UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE
PUBLIES l'Ail LES sons
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBl.lol É.
Par arrêté du a août 1870, le Ministre de l'Instruction publique, sur la proposition de
la Section d'histoire et de philologie du Comité des travaux historiques et des Sociétés
savantes, a ordonné la publication des Lettres de Catherine de Médiris, éditées par M. le comte
Hector de la Ferrière , membre non résidant du Comité.
M. Ludovic Lalanne, membre du Comité, a suivi l'impression de cette publication en
qualité de commissaire responsable.
a.-
LETTRES
DE
CATHERINE DE MÉDICIS
P Li B L 1 1. E S
PAR M. LE G" HECTOR DE LA FERRIÈRE,
MEMBRE Non RÉSIDANT DU COMITÉ DES TRAVAUX IIISrORIQIEs
BT DES SOCIÉTÉS SAVAÏTES.
TOME PREMIER.
1533-1563.
PARIS.
IMPRIMERIE NATIONALE.
M DCGG LXXX.
Ile,
•si
t./
1
SOMMAIRE.
Payes.
Introduction. I. La jeunesse de Catherine; son mariage i a xxvn
II. Catherine sous François Ier xxvn :| kxxviii
III. Catherine sous Henri II kxxviu a lvi
IV. Catherine sous François II lvi à txxxvi
V. Catherine sous Charles IX lxxxvi a i h w
Lisle des ouvrages qui ont été consultés clxvi à clxxi
Correspondance de Catherine i a 553
Appendice 555 à 018
Lettres analysées 619 à 627
Tahle des lettres par ordre chronologique 629 a H62
Table alphabétique des destinataires" 663 a 665
Table alphabétique et analytique des matières 667 à 725
INTRODUCTION.
CATHERINE DE MEDICIS AVANT SON MARIAGE.
, Brantôme, qui vécut tant d'années à la cour, nous dit de Catherine de Mé-
dicis : c Quand elle n'étoit point empêchée, elle-même lisoit toutes les lettres
de conséquence qu'on lui écrivoit, et le plus souvent de sa main en faisoit les
dépèches, cela s'appelle aux plus grandes et ses privées personnes. Je la vis.
une fois, pour une après-disnée, écrire de sa main vingt paires de lettres et
longues '. v
Brantôme n'a dit que la vérité; j'ai recueilli plus de six mille lettres d'elle,
autographes ou seulement signées : l'Italie m'en a fourni deux mille, la Russie
cinq cents, l'Angleterre environ deux cents, la France tout ie reste. De bien des
côtés, il m'en vient encore, et dans mes recherches de chaque jour à la Bibliothèque
nationale et ailleurs, j'en découvre de nouvelles.
Pourtant, il ne m'a pas été donné de mettre la main sur celles de sa jeunesse.
Je les ai vainement cherchées dans les archives de Florence, et dans celles du
Vatican. M. de Beumont, auquel nous devons une curieuse étude sur les premières
années de sa vie, et l'infatigable M. Armand Baschet, n'ont pas été plus heureux.
On comprend que nous les regrettions vivement; dans les premières impres-
sions de la jeunesse, on peut découvrir de précieuses indications; on peut
reconnaître les influences qui, plus tard, réagiront sur un caractère, sur une
destinée tout entière. Nous sommes donc réduits à ce qu'ont écrit d'elle ses con-
temporains et à ce que nous avons pU, çà et là, glaner dans les dépêches de nos
ambassadeurs.
Le i3 avril 1 5 i g , à sept heures du matin, Catherine de Médicis naquit à Flo-
1 Brantôme, édit. de L. Lalarme, t. VII, p. 374.
Cathemke de Médicis. — i. a
,i INTRODUCTION.
rence dans lesplendide palais de la Via Larga, bâti par Corne l'Ancien1; à quelques
jours de là, elle devenait orpheline; sa mère, Madeleine de la Tour d'Auvergne,
prise de fièvre après ses couches, mourait le 2 5 du même mois; son père, Laurent
de Médicis, succombait le h mai suivant. Il était à peine âgé de vingt-huit ans;
c'était l'orgueil et l'espoir de Léon X, qui l'appelait son cœur; chef des armées de
la République, disposant de fait du pouvoir souverain, sans en avoir le titre, il
avait fait preuve, quoique bien jeune, de rares qualités. L'année précédente,
il avait représenté le pape à la cour de France et tenu sur les fonts le premier-né
de François Ier. Un fils de roi n'aurait pas été plus fêté, ni plus splendidement
accueilli ; c'est qu'il était chargé de présents que trente-six bêtes de somme eurent
grand'peine à transporter au delà des Alpes2; c'est que par lui l'Italie nous en-
voyait deux joyaux qu'un roi eût pu offrir pour prix de sa rançon, la Sainte-
Famille et l'Archange saint Michel, de Raphaël; c'est qu'il apportait l'alliance de
Léon X avec la France, alliance dont il devenait le gage en épousant Madeleine de
la Tour d'Auvergne, fille de Jean, comte de Roulogne, et de Catherine de Rour-
bon, qui descendait, nous dit Brantôme, « de ce grand Godefroy de Bouillon qui a
porté les armes jusques dedans Hierusalem sur la sépulture de Noire-Seigneur et
se seroit rendu et fait roi par son épée et ses armes avec la faveur de Dieu , roi
non seulement de Hierusalem, mais d'une grand' partie de l'Orient 3; s
Dans le palais vide des Médicis, il ne restait donc plus qu'un berceau. Ca-
therine représentait à elle seule la branche légitime de sa maison. Sa triste
destinée a inspiré à l'Arioste ces vers touchants qu'il a placés dans la bouche de
la ville de Florence :
Verdeggia un ramo sol con poca foglia,
E fra tema e speranza sto sospesa
Se lo mi lasci il veruo o lo mi taglia 4.
' Elle fut baptisée le îG avril i5ig à Santa
Maria Nuova. Voy. Richa, Chiese Florentine, t. 1";
Trollope, The girlhood of Cateriite de Medici ,
London, Chapman, i83G; Delizie degli eruditi
Toscani, Stor. di Campi, t. X.X.I1, p. i54; Mardi ,
Stor. di Virenze, t. Ier, p. h.
' Il y avait, entre autres, un lit de parade in-
crusté d'écaillé, de nacre et de pierres précieuses,
art dans lequel les Florentins ont excellé de tout
temps. Voy. Archivio storico ital., Sommario délia.
tlor. d'ilalia, append. VI, Florence, i548; Mé-
moires de Fleurange , édit. de Michaud et Poujoulal.
t™ série, t. V, p. 6a; Fabroni, Leonis Y vita, Pise.
1797, adnot. \.\i\.
3 Voy. Brantôme, édit. de L. Lalanne, t. Vil.
p. 337.
1 n- Une seule branche reverdit avec un peu de
léiiillage; entre la crainte et l'espoir, je reste in-
certaine, me demandant si l'hiver me la lais-
sera ou me la prendra. n [Ludocico Ariosto opère
minori, Elegia prima; édition de Le Monnier,
p. 916.)
INTRODUCTION. m
La jeune duchesse d'Urbin, car c'est ainsi qu'on l'appelait, passa les premiers
mois qui suivirent la mort de ses parents sous la garde de sa grand' mère
Alfonsina Orsini, et du cardinal Jules de Médicis, légat de Toscane, auquel Léon X
avait confié le gouvernement de Florence.
Au mois d'octobre de cette même année 1619, elle fut amenée à Léon X par
Alfonsina. Marco Minio, l'ambassadeur de Venise à Rome, rapporte que le
Saint-Père, lui parlant de l'arrivée de ce frêle rejeton de sa race, lui dit, avec les
larmes dans les yeux, en se rappelant Virgile : rr Recens fert aerumnas Danaum '. -
A la mort d'Alfonsina Orsini, arrivée le 7 février de l'année suivante'2, Cathe-
rine vint aux mains de Clarisse de Médicis, la femme de Philippe Strozzi et la mère
de Robert, de Léon, de Laurent et de Pierre Strozzi que nous retrouverons plus tard
à la cour de France. Au printemps de 1 5 -2 5 , elle fut ramenée à Florence, avec
Alexandre de Médicis, qui passait pour être son frère naturel ?. Elle s'y trouvait au
moment où éclata la révolution que suivit de si près le sac de Rome \ A la pre-
mière apparence des émotions populaires, le cardinal Silvio Passerini, redoutant
quelque danger pour la jeune duchesse, l'avait fait partir pour la villa de Poggio, à
Caiano; mais les chefs du parti populaire, désirant l'avoir en leurs mains comme
otage , y envoyèrent des hommes armés qui l'enlevèrent et la conduisirent dans le
couvent de Sainte-Lucie. Clarisse Strozzi vint l'y rejoindre et toutes deux, quelques
jours après, rentrèrent sans obstacle au palais Médicis; leur séjour y fut bien court.
A la nouvelle que les neveux de Clément \ II, Hippolyte et Alexandre de Médicis.
s'étaient enfuis de Pise à Lucques, le peuple se souleva et le couvent de Sainte-
Lucie servit de nouveau de refuge à Clarisse et à Catherine. Les chefs de la
République n'y laissèrent pas Gatherine et la firent transférer dans le couvent de
Sainte-Catherine de Sienne. La peste qui sévissait alors à Florence s'y étant dé-
clarée, l'ambassadeur de France, M. de Vely, obtint de l'en retirer et, dans
la soirée du 7 novembre 1627, il la conduisit lui-même dans le monastère
des religieuses Rénédictines des Murâtes, où elle resta jusqu'à nouvel ordre.
Si épaisses que fussent les murailles qui l'enfermaient, les sourdes rumeurs
des émotions populaires durent arriver jusqu'à elle, elle put entendre les cris et
1 Voy. Armand Basehet, Préface de la Jeunesse t. Wll . [>. 178. Voy. Leltcre di Busini a Benc-
de Catherine de Médicis, VII, par M. de Reu- detl Varehi , Pise, 1822, p. 5 et s.
mont. (Dépêche du 39 octobre 1 5i 9 ; n° 4o2 ' Scipione Ammirato, Stor. Fiorent. , lib. XXX.
du recueil possédé par M. Rawdon Brown. à 4 Delizie degli eruditi Toscani, Stor. di Campi,
Venise.) I. XX11. p. 3i8; Nardi, Stor. Fiorent., édit. de
' Delizie degli eruditi Toscani, Stor. di Campi. Florence. i538, t. II, p. 1 56.
iv INTRODUCTION.
les menaces du peuple, lorsque, le 29 mai 1629, il se porta sur l'église de la
Sainte-Annonciade, en força les portes et jeta bas les statues de Léon X et de
Clément Vil l.
Durant les quelques années de ce séjour forcé de Catherine à Florence,
François Ier ne cessa d'avoir les yeux sur elle. Par son ordre, le vicomte de
Turenne, envoyé en mission en Italie2, la visita à plusieurs reprises, et dans
ses relations de chaque jour avec les chefs du nouveau gouvernement, entre-
voyant qu'ils étaient disposés à la lui remettre, il en prévint le duc d'Albanie,
son oncle, et lui conseilla d'engager le roi à la faire venir en France et à l'y marier.
C'est à la On de septembre i528 que le vicomte de Turenne faisait cette pre-
mière ouverture; au mois de décembre suivant, il écrivait de nouveau au duc
d'Albanie3 : « Madame votre nièce est toujours dans un monastère, faisant bonne
chère, peu visitée et estimée de ses seigneurs florentins qui la voudroient de bon
cœur en paradis. Elle s'attend que vous lui enverrez quelques présents de France
par le sr de Ferraris '; car je vous promets que je ne vis oncques personne de son
âge qui se sente mieux du bien ou du mal qui lui est fait, n
Les Florentins, en offrant de remettre Catherine à François Ier, allaient au-
devant de son propre désir. Le duc d'Albanie, dans un entretien qu'il eut avec
Carducci, leur envoyé en France5, le laissa entrevoir. L'ambassadeur répondit
1 Richa, Chiese Florentine, 1. 1", 2' pari. p. 0,4.
* Le vicomte de Turenne vint à Florence au
mois de novembre i5a8. Voy. Varchi, Slor. Flo-
rent., édit. de 1721, in-fol., p. 17 4. Voy. une lettre
que Clément VII fit écrire au vicomte de Turenne
pour le remercier de sou intervention : rrFiorentini
sïngannano niolto , se credono eue con tutlo clie
Sua Santita non Labbi cosa piu cara . die quella ni-
pote. la sia per fare cosa, che possa macebiar d'un
pelo il debito dell'oflicio suo, quale è, di non voler,
per ricuperar, il sangue suo, dar quello délia Cbiesa. 1
(Lettere di Principi, Venise, Ziletti, i58i, t. II,
p. 1 3 1 . )
3 Ribl. nat. fonds français. n° 3oA3q, p. 101 .
' Barlbolomée de Ferraris, secrétaire du duc
d'Albanie.
' Voici ce que l'on écrivait de Rome , le 1 0 août
1028, au légat Salviati alors en France : rFra po-
chi di parti di quà Messer Bartholomeo de Ferrariis.
secretario del duca d'Albania, col quale Sua Santita
mandara à un suo con le prinsioni, cbe biso-
gnera con vostra signoria, e concludere quai che
cosa nella causa délia signoria duebessima. » (Lettere
di Principi, Venise, Ziletti, i58i, t. II, p. 1 17, 70.)
— La première lettre de Catherine est datée de cette
époque, elle est adressée au vicomte de Turenne :
-Molto, excellente Signore mio, le amorevole de-
mostrationi e offerte che piu volte me ha faite V. S.
mi danno anima pigliar iiducial sicurta di quella
in affarticnrla , non solum per me, ma eliam per li
mia , Messer Rosso Ridolphi gentilhomo Fiorentino
stato mio primo governatore per spatio di sei anni
mi servi e governo molto excellentemente. Onde pa-
rendomi esserli troppo obligata e amaudolo corne
proprio pâtre, dessiderosa di restaurarlo in la sua
vechia eta, e non havendo modo alcuno di farlo da
per me, ho pensato co' el mezo di V. S. che la
Maesta Cbristiauissima mi faccio gracia di adjutar-
INTRODUCTION. v
qu'il n'avait aucune instruction, mais que si le roi lui en parlait, il en référerait
à la Seigneurie'. En le quittant, le duc le pria d'écrire à Florence afin d'obtenir
du moins que sa nièce fût convenablement traitée. Carducci répliqua qu'elle ne
pouvait l'être plus honorablement, ayant été confiée aux Murâtes dont le couvenl
était le plus vénéré de Florence'2. Quelques mois plus Lard, ainsi qu'il l'avait fait
pressentir, François Ier s'en expliqua avec Carducci et lui dit formellement qu'il
désirait qu'elle lût amenée en France. De son côté, le pape tenant à la ravoir
pour la marier à son gré, Carducci en conjectura, et avec quelque raison, que
le roi de France, pour éviter une alliance qui, peut-être, ne lui plairait pas.
voulait la mariera un Français de son choix3; les grands biens qu'elle possédait en
France motivaient d'ailleurs ce projet.
Au mois de janvier i53o, François Ier envoya à Florence M. de Clermont pour
.demander que Catherine lui fût remise, mais ne put l'obtenir \ Le duc d'Albanie
offrit alors, pour la seconde fois5, à Clément VII de se rendre à Rome soit pour
traiter du mariage de sa nièce, soit pour tenter île la faire sortir de Florence. Le
mir pagar questo debito. El modo e questo, che
avendo lui un figlio prête nomato Messer Vincenlio
Ridolphi. che Sua Maesla li dia una abbatia o attro
beneficio nel suo dominio per cinque o secenti
scudi e lo facia nbile a portarlo tener non obstante
non vi sia nato. In che sapplico tanto affectuosa-
mente quanlo taie posso V. E. inlerponer la auten-
tica opéra sua con la prefata Ghristianissima Maesta
che non mi nieghi la prima gracia domandatali
per un mio buono e qualificato servitore, certili-
cando V. S. che non ho cosa che al présente piu
dessideri per mostrarli gratiludine dell' optima ser-
vitu sua, di che pènso anchora adjutarmi. Expec-
tone da V. E\cellentia a sua venita di qua votiva
risposta. Et ben che ne scrivo anchora al signore
mio zio\ ma temo che 1 impedimento délia per-
sonna di Sua Excellentia no mi nuoeha. Et adio,
signore visconte, mio molto excellente, quai prego
adempia li sui virtuosi dessiderii e di continuo à
V. E. in snma co' la signora Contessa mi racomandô.
Di Fiorenza, alli xvi di marzo MDXXVIII. Al
comando di V. E. «Gaterina di MEDicib.r:
' Voy. les instructions données à Baldassare
Carducci, ambassadeur à la cour de France. (Né-
gociât, avec la Toscane, t. II, p. 102g.)
2 Ibid., dépêche de Carducci, p. îo'ii).
1 Ibid. , dépèche de Carducci , p. 1068.
1 Lettre de Sanga, secrétaire de Clément Vil.
au duc d'Albanie, dans le recueil Lettere di Principi .
Venise, Zilelti, 1S81, t. Il, p. 187 v" : rr 11 certo
e che el pontelice piu volte chiese la nepote e
sempre fui negata anche quando questi ne prego
il ie di Francia il quale per suo ambasciatore chiese
di Fiorentini la restituzione di Caterina ma senza
frutto.» (Richa, Chiese Fiorent., édit. de 17'ii.
I. 1 , 2e partie, p. g5.)
Déjà, au mois de mai i5sg, le duc d'Albanie
avait proposé au pape d'aller à Rome et de là à
Florence pour en ramener sa nièce; mais ne s'en
étant pas ouvert à François I", dont Clément VII
desirait avant tout l'agrément, le projet en resta
là. ( Lettre de Sanga au cardinal Salviati, Lettere di
Principi, Ziletti, 1 58 1 , t. II. p. 1G7 r°.)
' Le duc d'Albanie.
Baluze. Preuves (te l'hrsl. de la maison d'Auvergne , t. II, p. 1598.
ti INTRODUCTION.
pape lui fit répondre qu'après le refus fait au roi de France, il n'y avait aucune
chance de réussir.
Une évasion seule pouvait être tentée; François 1er chargea ses deux envoyés,
Nicolas Raince et Gramont, de s'en entendre avec le pape. De son côté, Clé-
ment VII avait eu la même pensée et fit part à Raince des moyens qu'il comptait
employer, tout en le priant de bien recommander au roi de faire en sorte que
ni l'ambassadeur de Florence ni ceux de son parti ne pussent se douter que le
projet venait de lui; ce serait lui ôter toute chance de réussite et mettre les jours
de la duchesse en grand danger.
Mais les événements marchaient avec rapidité; malgré toutes ses promesses,
toutes ses protestations, sacrifiant Florence au désir de revoir ses enfants,
François Ier, parle traité de Cambrai (août t520,), venait de s'engager à retirer
les capitaines et gens de guerre qu'il avait en Italie, où il abandonnait ses posses-
sions. Quelle déception pour les Florentins, ces fidèles alliés de la France, livrés
aux rancunes de Clément VII et de l'Empereur; après avoir compté jusqu'à la der-
nière heure sur l'appui du roi, après l'avoir aidé de leurs subsides, quelle indi-
gnation ne durent-ils pas ressentir lorsque, le 29 octobre 1529, sur les collines
qui dominent la ville, apparurent les premières troupes espagnoles réunies à celles
du pape sous le commandement de Philibert de Chàlon, prince d'Orange. A cinq
jours de là, un feu violent d'artillerie était dirigé contre le couvent de San-Miniato
dont Michel-Ange, mettant son génie au service de la liberté de sa patrie, avait
fait une citadelle imprenable.
Plus tard, au moment où le siège tirait à sa fin, le pape s'entretint de nou-
veau avec Gramont d'un projet d'évasion, et voici ce qu'il proposa : le roi ferait
venir devant lui l'ambassadeur de Florence, et lui dirait que, voyant l'extrémité
où étaient réduits les Florentins, il craignait que le pape, une fois maître de la
personne de la duchesse, ne la mariât à son gré et ne fît du futur époux de Ca-
therine le maître absolu de leur ville. L'ambassadeur serait ainsi amené à conseiller
aux Florentins de la remettre au roi, crau déçu du pape, n Quant à la route à faire
suivre à la fugitive, Clément VII insistait pour que ce fût par terre et non par
mer, se proposant de donner des ordres pour qu'elle pût traverser en toute
sûreté le camp des assiégeants.
Pendant ce temps, qu'était devenue Catherine dans ce couvent des Murâtes, où
la Seigneurie la tenait prisonnière? Les religieuses qui avaient eu bien des fois à se
louer de la générosité des Médicis, l'avaient accueillie avec bienveillance; elles la
INTRODUCTION'. - vu
placèrent dans la cellule que s'y était l'ait construire Catherine Sforza Kiario.
veuve de Jean de Médicis, et mère de Jean de Médicis, le célèbre chef des bandes
noires1. Deux femmes furent attachées à son service. Lorsqu'un pays est en proie
aux luttes intestines, les asiles les plus retirés, les cloîtres les plus paisibles ne
sont pas à l'abri des agitations du dehors; les passions du jour s'y glissent et v
divisent les âmes; il y avait donc des religieuses pour et contre les Médicis, et
la présence de cette jeune fille de onze ans, déjà rompue aux intrigues, avait pro-
fondément divisé le couvent où tout était en confusion-.
La Seigneurie s'en alarma; elle pouvait craindre que la jeune duchesse ne fût en-
levée; ce que nous venons de dire des projets de Clément VII et de François i "
justifiait cette appréhension; elle décida qu'elle serait ramenée au couvent de Sainte-
Lucie dont la situation était moins favorable à une tentative d'évasion. Sur son ordre,-
l,e 19 juillet, quatre gentilshommes se présentèrent au couvent: elle crut qu on
ne venait la chercher que pour la mener à la mort, elle pleurait et se lamentait.
A force de larmes et de supplications, les religieuses obtinrent la remise du
départ au lendemain. Toute la nuit se passa en prières; Catherine parut dans le
chœur :tr Je suis vôtre, dit-elle aux mères; quel est l'excommunié qui sera assez
osé pour arracher du cloître une épouse de Jésus-Christ?3-* Le lendemain, le
secrétaire de la Seigneurie, le chancelier Silvestro Oldobrandini, frappait à la
porte du couvent. Admis dans le parloir, il y attendit longtemps. Catherine parut
enfin derrière la grille; elle portait l'habit des religieuses. Avec douceur et bien-
veillance, Oldobrandini lui fit connaître la volonté du Conseil, a Allez trouver ces
seigneurs, lui répondit-elle d'un ton calme et respectueux, et dites-leur que j'ai
l'intention de me faire religieuse et de ne jamais me séparer de mes vénérables
mères '.n Oldobrandini n'insista pas, mais, sur un nouvel ordre de la Seigneurie,
il revint au couvent et finit par persuader Catherine de se laisser emmener.
1 Chronique du couvent dellc Murale, par sœur volessero far ammazare. (Gio-Balista Bussiiii,
Giuslina Niccolini. Voy. la Jeunesse de Catherine, Lettcrc a Benedetto Varchi sugli avvenimeiili dell'
traduction d'Armand Bascbet, p. 97. assedio diFireme; Pisa. 182a, p. 1 ^17. )
? Ancora avete a sapere che la regina che è 3 Voy. Richa, Chiese Florent., t. II, a* partie,
ora, era nelle Murate. e messe tanl'artc e confusione p. 97.
fra quelle, che il monastero era confuso e diviso, e * rAndate e dite a quei signori che io intende
chi pregava Dio (che altr' arme non avevano) per d'essere monaca e de starmi in perpetuo con
la liberta. e chi per i Medici; talche i magistrat! quesle mie révérende madri.» (Nardi, Slor-
la tramutarono, et maiidarono per M. Salvestro a Fiorent., édit. de Florence. i538, in-8". t. II.
cavarla di quivi; ed ella piangeva credendo che la p. 2o5.)
vin INTRODUCTION.
Elle fut mise sur une mule, et les magistrats qui l'attendaient à Sainte-Lucie la
recommandèrent aux religieuses.
Dans les derniers jours du siège sa situation devint périlleuse : un des exaltés
du parti des Arrabiati proposa, ou de la faire entrer dans une maison de dé-
bauche, afin d'ôter toute possibilité au pape de la marier à des princes ou à des
seigneurs étrangers, ou de l'exposer sur les remparts aux balles des assiégeants1.
Enfin après dix mois de lutte et à la suite du combat de Gavinana dans les mon-
tagnes de Pistoie, où périrent à la fois le prince d'Orange et François Ferruccio qui
venait au secours de la ville assiégée, les Florentins signaient, le 12 août i53o,
une capitulation. Redevenue libre, Catherine retourna à ce couvent des Murâtes
où elle était si aimée et où elle fut reçue avec des transports de joie; elle ne le
quitta que pour revenir à Rome, où l'appelait Clément VII.
Messer Ottaviano de Médicis, qui, au péril de sa vie, était resté caché à Flo-
rence pour veiller de loin sur elle, et Messer Rernardo Tornabuoni, évèque du
Saint-Sépulcre, que Clément VII venait d'envoyer dans cette ville pour remettre
au monastère des Murâtes un présent de i5o écus d'or, furent chargés de la lui
ramener.
Elle n'avait que onze ans et déjà bien des projets de mariage avaient été mis
en avant pour elle. Passons-les tous en revue : dès l'année i5a&, le duc d'Al-
banie, son oncle, avait pensé au jeune roi d'Ecosse , Jacques V2, qui, en i536,
épousa la princesse Madeleine, fille de François Ier, et, après elle, Marie de
Guise, dont il eut Marie Stuart. Plus tard il fut sérieusement question de Phili-
bert de Châlon, prince d'Orange; il commandait en chef l'armée qui assiégeait
Florence. Clément VII lui avait promis la main de sa nièce s'il s'emparait de la
ville rebelle, mais il avait trouvé la mort dans le combat de Gavinana. Puis
vient un long défilé de princes italiens : Hercule d'Esté3, marié plus tard
à Renée de Valois, la fille de Louis XII; Frédéric Gouzague, duc de Mantoue,
qui épousa l'héritière de Montferrat, Marguerite Paléologue; Guidubaldo délia
Rovere, prince héréditaire du duché d'Urbin, dont Catherine portait le titre;
1 rGli stulti cittadini volevan poire fra merli per archibitsale degT mimici.n (Segni, Stor. Fiorent.
esser uccisa, e chi raandare al prostibulo per esser in Augusla 1723, p. ia4.) — Voy. Ricba, Chiese
violatà.» (Ammirato, Slot: Fiorent., édit. de Flo- Fiorent., p. 95.
rence. 1827, t.X, p. 208.) Segnidil également dans 2 Voyez une lettre de Magnus à Wolsey dans
son Histoire de Florence : rrAncorcbè Lionardo Bar- le Calendar qf Staté papers (Henri VIII), t. IV,
tolini in quel tempo gridasse, cbe si dovesse met- p. 278.
terla in bordello publico, 0 sulla porta contro ail' ' Calendar of State papers (Henri VIII), t. Vf.
INTRODUCTION. ,x
enfin le plus sérieux, le protégé de Charles-Quint, François Sforza, duc de
Milan.
Dans la même année 1627, se mettent à la fois sur les rangs: Jacques V.
appuyé. de nouveau par le duc d'Albanie1; le duc de Vaudemont ?, frère d'An-
toine de Lorraine, el un fils naturel de Henri Mil, le duc de Richmond , proposé
officieusement par l'envoyé anglais Russell3. Celui sur lequel s'étaienl définitive-
ment arrêtées les visées de Clément MI, c'étail Henri, duc d'Orléans, le second
fils de François Ie'. En i53o, tous les prétendants s'étant, de guerre lasse,
retirés, l'un après l'autre, il ne restait plus en réalité que les deux ducs de
Milan et d'Orléans'. Mais ce projet d'union qui, durant des années, devait être
l'unique préoccupation de nos ambassadeurs à Rome, l'objectif de toutes leurs
dépêches, rencontra bien des obstacles, bien des difficultés, et un instant on dut
de croire à jamais compromis. Voici à quelle occasion : pendant les conférences qui
précédèrent la paix de Cambrai (août 1.529), Louise de Savoie et l'archidu-
chesse Marguerite d'Autriche, tante de Charles V, eurent la pensée d'unir par
des mariages les deux maisons de France el d'Espagne. Le Dauphin aurait épousé
la fille ainée de l'Empereur, l'infant d'Espagne une des filles de François Ier, et les
deux ducs d'Orléans et d'Angoulème, l'infante de Portugal el l'une des filles du
roi de Hongrie. François Ier, voulant donner suite à cette première ouverture,
chargea de l'affaire le secrétaire Bayart :'. et . de son côté, Charles-Quint envoya en
France son chambellan, Louis de Flandres, avec des instructions très détaillées0.
Le mariage du duc. d'Orléans avec la nièce du pape contrariait ses vues sur l'Ita-
lie; il voulait à tout prix le rompre, mais il ignorait jusqu'à quel point les pour-
parlers en avaient été poussés. Voulant s'en assurer, il refusa de répondre aux pro-
positions qui lui étaient faites pour le duc d'Orléans jusqu'à ce qu'il pût savoir du
1 Calendar of State pupers (Henri VIII), t. IV, questa parte ilel Regno possa adatlarsi secondo
p. 5()i; t. \ 1 . ]). 56i. quella ultima capitolalione tra la santa menioria
' Dépêche de Russell du 2 février 1027 à di Leone , e il Chrislianissimo , cbe non si manda poi
Henri VIII. (Calendar of State papers, Henri VIII. ad effelto, délia qnale credo ebe vostra reverendis-
t. VI, p. 564.) sima signoria habbia notitia, e il signor Al-
3 Ibid. berto cbe la (rattô, ne è infoimatissinio. (Leltere di
' La pape avait un moment pensé au dnc d'An- Principi, Ziletti, Venise, 1081, t. Il, p. ii8v°.)
goulême, le troisième fils de François I", et voïci '' Gilbert Bayart, seigneur de la Font, l'un des
ce qu'on en écrivait, le si août 1528, au cardi- secrétaires d'Etat de François I": il fut emprisonné
nal Saiviati : Nella parte del marital- la Ducbessinia . sous le règne suivant.
e promeltere la investilura al duca d'Angolem, Vby. Papiers d'Etat du cardinal de Granvelle .
non si farà dillicoltà; e pensa Sua Sanlita, cbe t. I", p. £72, 48o, 692, 695,519 et suiv.
Catherine de Medicis. — i. R
x [INTRODUCTION
roi lai-même s'il entendait poursuivre la négociation entamée avec le pape on
l'abandonner définitivement '.
Mis ainsi en demeure de s'expliquer, François I"' reconnut, peut-èlre im-
prudemment, qu'il y avait bien eu des paroles échangées entre le pape et lui
pour arriver au mariage de Catherine et du duc d'Orléans; mais que, depuis,
d'autres projets ayant été mis en avant par la reine sa mère et l'archiduchesse
Marguerite d'Autriche, il n'avait pas voulu que les pourparlers commencés de-
vinssent un obstacle, et qu'il avait donné ordre à M. de Villandry d'en rester !à,
ne voulant pas être accusé de jouer double jeu2.
Jusqu'alors les négociations avaient été conduites à Rome par nos deux envoyés
Gramont et Nicolas Rainée. Au mois de juin i53o, François Iur fit partir pour
Rome un nouvel agent nommé Francisque. Le pape, dès la première audience,
se montra très désireux de se mettre d'accord avec le roi; mais Florence tenant
encore, il fallait attendre a qu'il fût hors de cette affaire et que l'armée de l'Em-
pereur fût hors de ses épaules ;n> toutefois, il estimait l'honneur que le roi faisait
à sa nièce si grand et si avantageux qu'il ne l'oublierait jamais 3.
Une fois Florence rendue, les idées de Cément Vil se modifièrent; Gramoni
l'invitant à ne rien décider, à ne rien faire sans s'être entendu préalablement avec
le roi, désireux d'avoir sa nièce, il approuva ce langage, mais il insista pour que
personne, à l'exception du roi, n'en eût connaissance, espérant de lui-même
amener l'Empereur à donner le duché de Milan au duc d'Orléans, ce pourvu que
l'on ne pensât pas qu'il y eût l'intérêt qu'il y portoif'n.
Tout en tenant ce langage, Clément VII avait remis le gouvernement de Flo-
rence entre les mains des partisans des Médicis 5. C'est probablement ce qui décida
François Ier à rappeler Gramont et à le remplacer par le duc d'Albanie. Ce choix
n'était pas heureux : le pape s'en plaignit à Gramont et ne lui cacha pas que rrce
n'étoit pas l'homme avec lequel il pourroit négocier, n lui exprimant en même
temps la crainte que le duc ne prêtât trop complaisamment l'oreille à toutes les
intrigues ourdies autour de sa nièce, et qu'il n'en survînt un refroidissement entre
François Ier et lui. Gramont partageait ses craintes; il appréhendait surtout que
1 Papiers d'Etat du cardinal de Granvelle, t. I", bliot. nat., fonds Clairambault, vol. 333, p. 'i583.
p. 'ig6. ' Bibliot. nat., tonds Clairambault, vol. 333-,
2 Réponse de François I"r ( Papiers d'Elal du car- p. 'i58a.
diiwl de (jranrelle , t. I", p. 5au). 5 Dépèche de Gramont (Bibliot. nat., fonds
Lettre de Francisque au Grand Maître, Bi- Clairambault, vol. 333, p. 4645).
INTRODUCTION.
le duc ne revînt à son premier projet de mariage de Catherine avec le jeune roi
d'Ecosse; c'est sous cette impression qu'il écrivait au grand maître Aune de
Montmorency : r Surtout qu'il n'en parle pas, car si le pape en a quelque connois-
sance, non seulement il ne consentira au mariage, mais vous ne l'aurez de son
vivant et peut-être qu'il la mariera à son appétit ou à l'appétit de l'Empereur s'il
voit que l'on ne parle plus de l'un des enfants de France,'» et il ajoutait : «II me
semble que vous ne sauriez mieux faire que de l'avoir une fois en vos mains et
puis après en disposer comme verriez que sera plus le service du roi, mais je
vous supplie de ne parler du roi d'Ecosse ni d'autre que ne l'ayez entre les
mains l.r
Grampnt, que le pape avait supplié de ne pas quitter encore Rome, finit par
attendre l'arrivée de la jeune duchesse pour être mieux à même d'en parler an
roi -.
C'est Nicolas Raince qui va nous dire la réception faite par Clément VII à sa
iiièce :
-Madame la Duchesse arriva ici la semaine passée et lui a fait Sa Sainteté un
cordial et vrai accueil paternel, et s'est pu connoitre que c'est bien la chose du
monde qu'il aime le mieux. Il la reçut les bras tendus, les larmes aux yeux, mè-
mement par la grande joie et plaisir de la ouir parler tant sagement el la voir
en sipriidente contenance; mais elle ne peut oublier le maltraitement qu'on lui a
fait et a fort bonne grâce à en parler3.'»
Quinze jours se passèrent entre le départ de Gramonl et l'arrivée du duc d'Al-
banie. Francisque, dans cet intervalle, expose au Grand Maître toutes les inquié-
tudes, les perplexités de Clément VII, « répétant toujours que sa nièce n'était pas
digne de si haut mariage, mais disposé à tous les sacrifices, à toutes les conces-
sions pour y parvenir*, n
Il axait demandé à Raince si le duc d'Albanie venait comme ambassadeur;
sur sa réponse affirmative, il donna l'ordre de le recevoir avec tous les honneurs
qui, à ce titre, lui étaient dus. Les cardinaux et tous les ambassadeurs, même
celui de l'Empereur, vinrent donc à sa rencontre. Le lendemain soir de son
arrivée, le duc alla au Vatican sous un déguisement et resta enfermé avec le pape
jusqu'à minuit. Divers bruits couraient sur l'objet de sa mission : les uns disaient
1 Bibliot. mit., fonds Clairambault, vol. 3.33. ' Ribl. nat. , fonds fiançais, n° 3ogc), p. 7G.
p. 4647. ' Bibliot. nat., fonds Clairambault, vol. 333.
1 Ibid., p. 46 17. p. Z1713.
x„ INTRODUCTION.
iju'il venait demander la jeune duchesse pour le roi d'Ecosse, d'autres pour le
duc d'Orléans, d'autres, enfin, pour le cardinal Hippolyle de Médicis1. Tous
ces bruits tombèrent d'eux-mêmes. Le 5 novembre, le duc eut son audience et
fit la demande officielle de la main de Catherine. Le pape répondit (nous le sa-
vons par une lettre de Rainée) : ce qu'il voudroit que sa nièce eut épousé le plus
grand du monde, mais que, pour cela ni autre chose du monde, ne s'accorderoit
jamais à faire chose qui fut contre le bien public de la chrétienté, n Raince ajoute :
«Sa Sainteté désire merveilleusement ce mariage; mais aussi si l'on [le] met avant
en cette espérance, comme déjà il y est, si de fortune l'on ne lui tient promesse,
je doute que jamais plus il y auroit ordre de le regagner. Le duc d'Albanie a lou-
ché d'envoyer la Duchesse en France; à quoi il a répondu ne vouloir bouttre la
charrette devant les bœufs2, -n
De son côté, le duc d'Albanie pensait qu'il fallait aborder carrément la question :
le pape pensait être abusé, il tenait pour chose certaine que le roi avait fait faire
parBayart des ouvertures à l'Empereur pour le mariage du duc d'Orléans; depuis
l'arrivée de Gramont à la cour, par des courriers et des dépèches chiffrées, il était
averti de tout ce qui s'y passait, le plus honnête moyen serait donc d'avouer qu'en
effet, d'abord à Madrid, par l'entremise de la reine de Navarre, plus tard à Cam-
brai par celle de la reine mère et de l'archiduchesse d'Autriche, il avait été ques-
tion de plusieurs alliances avec la maison d'Espagne; que le pape, par sa grande
autorité, pourrait servir d'intermédiaire et amener l'Empereur à laisser de côté le
projet de mariage avec le duc d'Orléans qui, eu ce cas, serait réservé à la du-
chesse d'Urbin; ce serait assurer le repos de la chrétienté. A défaut du duc d'Or-
léans, le duc mettait de nouveau en avant le roi d'Ecosse; il allait même jusqu'à
proposer pour le cardinal Hippolyte de Médicis Jeanne d'Albret ou Marguerite de
Montferrat. Avait-il reçu de nouvelles instructions ou agissait-il de lui-même? Tou-
jours est-il qu'il s'insinua si bien dans les bonnes grâces du pape que Raince écrivait
au Grand Maître (21 mars 1 53 1 ) : «Je n'aurois cru que notre Saint Père et le
s' d'Albanie eussent pu être si bien ensemble, ni (pie Sa Sainteté y eut pris si bon
goût et se fut tant ouvert à lui, mais il l'a trouvé si chaud au service du roi et
dans si grand désir de les voir eux deux en parfaite amitié, qu'il lui porte une
parfaite foi. Hier soir Sa Sainteté entra en quelques propos de Madame d'Urbin,
' Lettres du présii lent des comptes de Provence. ' Bibl. nat., fonds Clairambaull, vol. 333,
BtbI. nat. . fonds Clairambault , vol. 333 , p. hj3 1 . p. U'jh 1 .
INTRODUCTION. xm
me demandant si j'avois fait faire ses armes et que je n'oubliasse d'y faire mettre
relies du duclié d'Lrbin, el sur telles paroles fut devisé de lui faire apprendre
à parler françois. 11 esl merveilleusement content de la peine que prend sou-
vent le duc d'aller visiter Madame sa nièce el de la mener aux stations de ce
carême '. -
Le bruit axant un instant couru que le duc allait être rappelé, le pape, dont le
bon vouloir persistait à son égard, s'en expliqua très vivement avec Raince, disant
hautement que ttc'étoif agir à la vénitienne," parce que lorsqu'une négociation
touche à son terme, on change de négociateur pour tout remettre en question.
Ces craintes si réitérées ne s'expliquent que trop : François Ier lui-môme avoua
plus tard que, dans le commencement, la négociation entamée n'était qu'une
feinte convenue avec Henri VIII afin d'écarter le jeune roi d'Ecosse -. -n
Tout reposait sur le retour de Gramont; s'il apportait plein pouvoir, Raince
regardait le mariage comme conclu. Le pape, dans chaque audience, revenait sur
ce point; déjà il avait commandé le logis du cardinal tout auprès de celui du duc
d'Albanie; il ne s'agissait plus que de régler les conditions du contrat. Pour les
préparer plus à loisir et avec plus de réflexion, François Ier se rendit au château
d'Anet3 alors possédé par le grand sénéchal de Normandie, Louis de Brezé4, marié
à Diane de Poitiers, et y passa les derniers jours d'avril5. Ce fut là qu'il signa le
projet de contrat de Catherine : il serait bien singulier que Diane, cette maîtresse
femme, eût été, à ce sujet, consultée par François Ier.
Gramont arriva à la lin de mai (1 53 1 ) et soumit sans relard au pape les sti-
pulations du contrat : le roi promettait à son fds une somme annuelle de
3o,ooo livres, et assurait à la duchesse un douaire de i 0,000 livres et un châ-
teau meublé; quant à la dot, il s'en rapportait au pape, persuadé qu'il aurait
égard à la grandeur de la Maison où sa nièce entrait0.
Voilà bien les conditions officielles; mais il y avait aussi les conditions secrètes :
1 Bibl, nat. , fonds français, n" 3o4o, p. 3o. fille de Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, et
1 Instructions à du Bellay, Bibl. nat.. fonds Cfai- d'Anne de Batarnai, alliée à la maison de Boulogne
rambault, vol. 334, p. 4<,M<(. dont était issue Catherine de Médicis. — Voy. de
Le 2/1 avril iS3i. Caraman, Anet, son passé, son état actuel, Paris.
1 Louis de Brezé prêta foi et hommage d'Anèt Duprat, 1 8 6 y .
à Charles Mil, le li mai îiiji. Il avait épousé en 5 -Per avec riposi, e sui piaceri. » (Bibl. nat..
premières noces, sans en avoir d'enfants, Catherine Dépêches des ambass. vénil., n° i, p. 83.)
de Dreux, et, en secondes noces , en loi h , à l'âge de " Bibl. nat.. fonds Clairambault, vol. 334,
cinquante-cinq ans, Diane, née le 3 septembre i i < 1 7 - p. 4/ujg.
xiv INTRODUCTION.
le pape promettait Livourue, Moclène, Reggio, et s'engageait à aider à reprendre
Gènes et Milan, et. s'il ne pouvait livrer Parme et Plaisance, en tant que biens
de l'Eglise, il promettait une compensation équivalente.
Clément VU approuva la forme du contrat, mais sous certaines réserves : les
biens que sa nièce avait à Florence ne seraient pas compris dans la dot de
100,000 écus qu'il lui constituait, et elle ne serait amenée en France qu'après
que le mariage serait consommé; pourtant il finit par se ranger à l'avis de Gra-
mont et s'engagea, le mois de mai une fois passé, à la conduire dans un lieu
choisi sur la frontière de France, où le roi et le duc d'Orléans se rendraient
de leur côté, et où aurait lieu la consommation du mariage1.
Le 25 juillet, Gramont repartit pour la France et emporta les contre-proposi-
tions du pape; le 18 août2, l'évèque d'Auxerre vint le remplacer et seconder le
duc d'Albanie qui quitta Rome le 1 5 septembre. L'ambassadeur vénitien en rési-
dence à Paris, à l'affût de toutes les nouvelles, écrit qu'il n'a rien pu découvrir
de ce qu'apportait le duc3; en réalité, les choses étaient restées au même point.
L'ambassadeur anglais Benêt mandait à Henri VIII, le 3o août, que le pape lui
avait dit que jamais il ne consentirait au mariage si le roi voulait le faire passer
par certaines conditions qui jetteraient le trouble dans la chrétienté, et, le 9 sep-
tembre, il ajoutait que le duc d'Albanie n'avait pu réussir à fixer les conditions
d'une entrevue entre le pape et le roi4.
Le duc, avant de quitter Rome, avait donné au pape pour sa nièce une bague
de fiançailles de 3, 000 écus; mais, ces fiançailles. Clément VII en recula indé-
finiment le jour sur les instances de Jacopo Salviati, de son secrétaire Sanga et
de l'ambassadeur de Venise, tous favorables à l'Empereur; il flottait alternative-
ment entre le désir de marier sa nièce au duc d'Orléans et les craintes que lui
inspirait Charles-Quint; tout en disant parfois qu'il espérait se venger de lui avant
de mourir, il ne cherchait qu'à gagner du temps. En elfet, à l'ambassadeur
de l'Empereur qui lui avait proposé de faire le contrat de mariage du duc de
Milan, il avait répondu : ce Ne me pressez point, j'en suis si avant avec le roi
de France que je ne le puis tromper sans lui faire grand tort; laissez-moi faire,
je conduirai cela de sorte que lui viendra à dédain et rompra. Je connois bien
Bibl. niit., tonds Clairàmbault, vol. 334, Bibl. nat. Dépêches des ambassadeurs véni-
p. 4 6 1 cj . tiens, 11° 1-, [>. 43.
2 Voy. Dépêches de l'évèque d'Auxerre. (Bibl. ' Calendar of State papers (Henri VIII), t. VI.
nat., fonds Dnpuy, 2G0, p. »3 et suiv.) p. 3 19.
INTRODUCTION. "
sa nature, il voudra avoir l'honneur d'avoir rompu avec moi, c'est ce que je de-
mande Kt
Ces Langueurs, ces irrésolutions avaient rendu courage au duc de Milan. Au-
dreasi, son envoyé, voyait souvent le pape, qui ne lui cachait rien de ce qu'il
exigeait de la France, et ne repoussait pas trop les espérances de sou maître.
Henri Mil. au courant de toutes ces intrigues par sou ambassadeur Benêt, crut
un instant que les chances du duc de Milan étaient vraiment sérieuses, et s'en
expliqua très catégoriquement : «Ce choix n'était pas sortable : le duc était âgé de
trente-huit ans et si infirme qu'on ne pensait pas qu'il put vivre. A sa mort, la
nièce du pape viendrait aux mains de l'Empereur, et le duché de Milan n'étant
donné qu'en viager, la grosse dot de la ducliesse ne trouverait pas les sûretés, les
mêmes garanties que lui offrait la France; il engageait donc Benêt à appuyer le
duc d'Orléans auprès du pape2.* 11 avait d'ailleurs tout intérêt à prendre l'ail et
cause pour François Ier. La question de son divorce avec Catherine d'Aragon était
pendante à la cour de Borne. Gramont, d'Albanie et d'Auxerre avaient eu, tour à
tour mission de le soutenir3. Les intérêts des deux rois étaient donc si intimement
liés que Raince (îa août i53i) avait dit au pape que le roi consentirait au ma-
riage du duc d'Orléans et de sa nièce s'il accordait au roi d'Angleterre la dispense
telle qu'il la demandait.
Les menaces d'invasion des Turcs qui inquiétaient alors la chrétienté, servirent
de prétexte aux deux rois pour une entrevue à Boulogne et à Calais. A l'avance,
il avait été décidé qu'elle serait aussi simple que possible et ne rappellerait en
lien celle du camp du Drap d'Or. Henri VIII, la reine Éléonore ne pouvant décem-
ment y assister à cause de la compagnie qu'il amenait d'Angleterre, Henri Mil
aurait désiré que la reine de Navarre y vînt du moins pour faire honneur à Anne
de Bolevn; il ne put l'obtenir, la favorite s'y trouva seule, et, sous le masque,
elle eut l'honneur de causer et de danser avec François Ier; le lendemain, le
prévôt de Paris lui porta de la part du roi un diamant de grand prix'.
("est durant le séjour des deux princes à Calais que vint la nouvelle du pro-
chain voyage de Charles-Quint en Italie; en prévoyant de prime abord toutes les
conséquences, François Ier, cette fois, n'hésite plus, et, se mettant d'accord avec
1 Dépêches de l'évêque d'Auxerre, ioi-2 (Bibl. Voy. une lettre de François Ier dans le n 2*7
nation., fonds Dupuy, n° 200, p. i3i). du tonds Dupuy, p. 5o.
a Dépêches de Henri V1U à Benêt (Calendar of ' Voy. pour 1" entrevue de Henri VIII et de Fran-
Statepapers, Henri VIII. t. VI, p. 3ia, 3i3). çoisl", le n° 334 du fonds Glairambault, p. 6717.
v., INTRODUCTION.
Henri VIII. il reprend ouvertement le projet de mariage du due d'Orléans, resté
en suspens depuis plus de trois ans1. Sans perdre une heure, il donne l'ordre
aux deux cardinaux de Gramont et de Tournon de partir pour Boulogne, et en
l'ait prévenir le pape par l'évècpie d'Auxerre.
Les deux politiques rivales de la France et de l'Espagne allaient donc encore
une Ibis se trouver en présence, et l'éternelle question de la suprématie en Italie
se posait de nouveau. L'évèque d'Auxerre avait de son mieux détourné Clément \ II
de cette nouvelle entrevue avec Charles-Quint, lui remontrant que ce n'était pas
chose à faire sans y bien penser; qu'une fois que l'Empereur l'aurait entre ses
mains, s'il allait à Gènes ou à Plaisance, il commencerait par lui faire payer la
dépense de son camp d'Italie, comme il l'avait fait jusqu'ici, et, sous le prétexte
du repos de la chrétienté, marierait sa nièce à son gré : si donc il se rendait
à cette entrevue, le roi son maître reconnaîtrait que ctous les dilemmes qu il
a faits n'étaient que pour le tromper, et que, dès le commencement, il n'a eu
nul vouloir de lui donner sa nièce V-
Charles-Quint était à Mantoue depuis le 6 novembre; il en partit le 6 décembre
pour se rendre à Modène; le 1 a , il entrait à Bologne. Le pape l'y avait précédé;
il avait mis dix-neuf jours pour venir de Borne, ce qu'il eût pu faire aisément en
trois jours, s'il n'avait été contraint d'accepter cette entrevue3. De leur côté.
Gramont et Tournon n'arrivèrent à Bologne que le k janvier. Jusqu'alors . l'évèque
d'Auxerre représentait seul la France. Charles-Quint avait amené avec lui le duc
de Milan, qu'il offrit de nouveau à Clément VII; sur son refus, il mit en avant
le duc de Bar4, qui ne fut pas mieux accueilli. Il changea immédiatement de tac-
tique : sans déconseiller le mariage avec le duc d'Orléans, il invita le pape à se
défier de François I", qui le tromperait s'il n'y prenait garde. Clément VII répon-
dit que c'était, il est vrai, un tel honneur pour lui qu'il ne pouvait se garder d'en
être en doute, mais que jusqu'à ce que le roi lui eût manqué de parole, il n'avait
occasion d hercher parti ailleurs. L'Empereur ne répliqua pas; mais le lende-
1 Voy. cette lettre de François 1" dans le fonds le a3 janvier t533, de dire à Henri VIII que
Clairambault, vol. 334, p. 6767. l'Empereur axait proposé au pape Catherine pour
" BiM. nat., fonds Dupuy, n° 260, fol. 196. le duc de Bar, mais que le Sainl-l'ère avait ré-
rOuasi per vera sforza' » ( Relaz. degli ambas- pondu qu'il y avait accord avec le duc d'Orléans, et
ciat. Venet., Relaz. di Soriano, série III. t. III, qu'ayant reçu un tel honneur, il ne voulait entrer en
., 3oa.) aucune autre pratique. (Bïbl. nat., fonds Dupuy.
; François I" écrivait d'Anet au bailli de Troyes, n" a'17. p. 189 v°).
INTRODUCTION. Xvn
main, revenant à la chargé, il lui insinua que le meilleur moyen de savoir si
l'offre des deux cardinaux (Mail sincère, c'était, de les presser de faire le contrai,
et que par là il verrait bien si l'on jouait franc jeu. Clément Vil lui cacha avec
soin que les articles en avaient élé rédigés de longue date, il fit semblant de
trouver bon le conseil et promit d'en parler aux deux cardinaux de Tournou et
de Gramont; en effet, dès le lendemain, il les pria de demander au roi d'envoyer
un pouvoir pour dresser le contrat, afin de le mettre sous les yeux de l'Empereur,
lui démontrer qu'il n'y avait pas eu d'autres articles passés de longue main, et
lui prouver que les cardinaux étaient prêts à conclure quand il le voudrait. Les
cardinaux en référèrent sur-le-champ à François Ier, lui faisant observer qu'il n'y
avait nul danger à envoyer ce pouvoir; ils avaient, d'ailleurs, le double du pre-
mier projet de mariage préparé à Anet; si le roi le voulait, ils pouvaient s'en
servir en ayant soin de présenter comme nouveaux les anciens articles; quant à la
partie secrète, elle avait été et serait toujours mise à part; et avec un peu de
flatterie, ils ajoutaient que lorsque le roi verrait le pape ail en feroit à son gré; il
étoit le meilleur ambassadeur de son royaume et sauroit mieux conduire ses
affaires que tout autre '. n
Un autre motif et non moins puissant avait déterminé Charles-Quint à venir
en Italie. Depuis des années, il avait toujours pressé le pape de réunir un concilr .
et dans ses entretiens de chaque jour il cherchait à l'y décider. Clément Vil s'y était
constamment refusé, et cette question du concile devint un puissant moyen d'action
pour nos deux cardinaux. François I" avait toujours appuyé le pape dans sa résis-
tance2. Déjà, en 1 53 1 , le duc d'Albanie avait parlé dans ce sens, et le pape en
avait été si touché qu'il avait dit à Raince trque, dût-il vivre jusqu'à la fin du
monde, il auroit la mémoire d'un tel bon tour et s'efforceroit de le reconnoitre3. n
Le pouvoir que réclamaient nos deux cardinaux ne se fit pas trop attendre:
dès qu'il leur fut parvenu, ils le mirent sous les yeux du pape; en le voyant,
«il ne sut, nous dit Raince, quelle contenance tenir de la grande joie qu'il en
avoit. v La veille encore, l'Empereur lui avait assuré que le roi ne l'enverrait
jamais. Le lendemain il se fit un malin plaisir de le lui montrer; à l'instant même
Charles-Quint se plaça sur un autre terrain : ne pouvant nier que ce ne fût une
1 Bibliothèque nationale, l'omis Dupuy, n° 260, Lambert. — Voy. Guichardin, trad., Mit. de
p. i83. Londres, 1738, t. III, p. ,'167.
' Voy. une lettre de François I" dans l'appendice 3 Bibl. nat. , fonds Clairambaolt, vol. 333,
de l'édit. des Mémoires de Du Bellay, par l'abbé p. /1733.
Catherine de Médicis. — 1. ..
xvr.i INTRODUCTION.
grande et inespérée aliiance, il remontra au pape qu'il ne devait l'accepter que
sous quatre conditions : i° qu'il ne fût rien innové en Italie; 2° que le roi de
France consentit au concile; 3° que les traités de Madrid et de Cambrai fussent
renouvelés; h° que le fait du roi d'Angleterre demeurât dans l'état où il était,
sans y procéder plus avant.
Le pape répondit très sagement qu'il était singulier que l'Empereur, qui lui
avait conseillé d'exiger ce pouvoir, maintenant que le roi de France a alloit si bon
chemin u, voulut mettre en avant d'autres conditions qui étaient étrangères au
mariage; il ajouta que l'honneur que le roi lui faisait était si grand que, quand
sa nièce serait héritière de la moitié de l'Europe, il ne voudrait pas proposer des
conditions pareilles, que l'Empereur n'avait jamais pu obtenir, même quand il
avait le roi de France entre ses mains. A deux reprises, l'Empereur revint à
la charge, mais ne put rien gagner. Restait la question de l'entrevue avec
François Ier. Le Saint-Père désirait qu'elle fût tenue secrète. Pour se voir plus
librement, Nice lui semblait le lieu le plus convenable et il se proposait d'en de-
mander le château au duc de Savoie.
La voilà donc enfin amenée à son terme, cette interminable négociation, et pour-
tant François Ier hésitait encore. Nous ne pouvons en douter, car après les paroles
données, il consulta de nouveau Henri VIII sur l'opportunité et les avantages de
cette union. Henri VIII lui fit répondre par le comte de Rochefort, le frère
d'Anne de Roleyn (mars i533), que, eu égard au haut rang que tenait dans le
monde la noble maison de France, ce mariage lui semblait bien disproportionné;
qu'il ne conseillait cette mésalliance qu'à la condition qu'elle fût rachetée et com-
pensée par de si grands avantages qu'il lui semblait, si ce n'est impossible, du
moins très difficile à Sa Sainteté d'y satisfaire1. Dans tous les cas, il offrait au roi
son frère son concours s'il était jugé nécessaire2.
Dans sa propre famille, le pape avait eu aussi à combattre de grandes résis-
tances. Giacomo Salviatiet Lucrezia, sa femme, n'avaient pas craint de lui dire que
sa nièce n'était pas un parti digne d'un fils de roi; ils lui avaient rappelé
l'exemple de Cosme l'Ancien qui n'avait jamais voulu s'allier à des maisons prin-
' Instruction donnée au comte de Rochefort dans * Relazion. degli ambasciat. Venet. , rdazione di
\eCalendarof State papers, Henri VIII, t. VI, p. 448. Soriano, série II, t. III, p. 3o3. — V'oy. à ce su-
11 Lettre du a.J août 1 533 (Calendar of State jet les réflexions de Soriano.
papers, Henri VIII , t. VI, p. 3o6).
INTRODUCTION. ta
Retournons en arrière, et autant que de raies documents nous le permettent
disons un mot de la vie que Catherine menait à Rome où nous l'avons laissée :
dans ses promenades à cheval elle était suivie par les pages du duc Alexandre
de Médicis dont elle occupait le palais, ayant à ses côtés tantôt l'évèque de
Forli, tantôt messer Tornabuoni et deux nobles Florentines; souvent en compagnie
du duc d'Albanie, son oncle, elle allait dîner chez Sa Sainteté qui l'aimait par-
dessus tout1. Dès son arrivée, elle avait été confiée à Marie Salviati, veuve de
Jean de Médicis. le chef des bandes noires, el 611e de Jacques Salviati2 et de
Lucrèce de Médicis, sœur de Léon X. La duchesse de Gamerino lui avait été
adjointe. Toutes deux étaient d'une vie exemplaire et renommées pour leurs
vertus. Leur influence ne pouvait être que salutaire; mais, à côté de la leur, il y
en avait une autre dont il faut tenir compte et qui dut exercer un grand empire
sur le caractère de la jeune fille : c'est celle de Clément Vil.
Les ambassadeurs vénitiens Gasparo Contarini et Antonio Soriano s'accordent à
nous dire qu'il avait le cœur sec et froid3. Le grand historien Guichardin, qui
fut l'un de ses familiers, nous «lit qu'il était grave et mesuré dans ses actions,
très maître de lui. très appliqué aux affaires et qu'il aurait brillé davantage
si la crainte n'avait pas souvent altéré son jugement; mais il vante son habileté
dans les négociations et sa profonde dissimulation4 : a sa nature est de reculer, v
écrivait l'évèque d'Auxerre au duc d'Albanie. Si à l'école de Clément Vil, Cathe-
rine apprit de bonne heure à feindre, à se replier sur elle-même, si elle se
lit ce masque impénétrable qu'elle gardera toute sa vie, elle tint également de
Marie Salviati, il est juste de le dire, ce respect des convenances, cette dignité
de vie qu'avant son veuvage ses" contemporains ne pensèrent jamais à lui con-
tester. Elle affectait, sous ce rapport, d'être si sûre d'elle-même que, lorsque
dans la nuit du 2 5 décembre 1 563 des placards injurieux furent apposés au
Louvre et à l'hôtel du Petit-Bourbon, elle écrivait avec un certain orgueil au
1 Lettre de Francisque au Grand Maître. (Bibl. degli ambasc. Vend., relai. di Contarini, série II.
nat., fonds Glairambault, vol. 333.) t. III, p. a65.) — L'ambassadeur Soriano dil
2 ttFra Maria Salviati, donna prudente e di vita la mémo chose : «E di un cuore frigidissimo, è
esemplare.* (Varchi, Sér. Fior.) — Voy. l'article. si risolve e molto irresoluto e mollo tardo risol-
que lui a consacré M. Guasti dans le Giornak slorico versi e seppur molto facile a muterai. « (Ibid. ,
degli arehivi Toscani, anno II, dispensa 1° (i858), p. 278.)
p. i3. ' Guichardin, trad., Londres, 1738, in-i°.
3 rLa nalurasua è un poco fredda; perp è tar- t. III, p. /170. — Voy. Varchi, Stor. Fièrent.,
dissimo nel risolversi, e non poco timido.» (Relaz. t. III, p. ?>6.
xx INTRODUCTION.
connétable : « Dieu merci, c'est la chose du monde dont je suis la plus nette et
j'en remercie Dieu l. ■»
Il est une qualité que Catherine ne tenait que d'elle-même , c'était une grâce
naturelle, une séduction irrésistible2. Italienne par les Médicis, mais Française
par Madeleine de la Tour d'Auvergne sa mère, nature hybride, formée des qua-
lités et des défauts de deux races si opposées, elle savait gagner habilement les
sympathies et savait les retenir.
Le peintre Vasari se laissa prendre à ce charme que la jeune fdle exerçait déjà
sur tous ceux qui l'approchaient; au moment où elle allait quitter pour jamais Flo-
rence, chargé par le duc Alexandre de faire son portrait de grandeur naturelle,
il écrivait à messer Carlo Guasconi : « L'amitié qu'elle nous témoigne mérite que
nous gardions auprès de nous son portrait d'après nature et qu'elle demeure réel-
lement devant nos yeux comme après son départ elle demeurera gravée dans le
plus profond de nos cœurs; ■» et il ajoute : a Je lui suis tellement affectionné, mon
cher Carlo, pour ses qualités particulières et pour l'affection qu'elle porte non pas
seulement à moi, mais à toute ma patrie, que je l'adore comme on adore les saints
du paradis. Son agrément ne se peut dépeindre, sans quoi j'en conserverais la
mémoire avec mes pinceaux 3. t>
Tous ceux qui virent Catherine dans sa première jeunesse s'accordent à
porter sur elle le même jugement. Sanga, le secrétaire de Clément VII, écrivait
au duc Alexandre de Médicis (3 octobre i53o) : rr Elle est d'une sagesse et d'une
discrétion au-dessus de son âge 4. -n A la même date, notre envoyé Francisque
disait au grand maître Anne de Montmorency : «■ Il ine semble qu'elle sera d'un
bon esprit \ •» L'ambassadeur vénitien, Antonio Soriano, est plus explicite encore :
trEHe est d'un naturel vif et d'un gentil esprit6, n Ce qui est plus significatif que
tous ces éloges, c'est qu'à l'âge de onze ans, ne l'oublions pas, elle avait boule-
versé et profondément divisé le couvent des Murâtes1.
1 Bibl. nat. , fonds français, n° 3i53, p. 1. ' « Disserta esaviasopra l'etasua.» (Sanga, Let-
' irEra di slile graziocissima , e per se stessa si fa- 1ère di principi, in Venezia, Ziletti, 1 58 1 , t. Il,
ceva amare da ciacuii.it Chronica di suor Gitistina p. 2o3.)
Nicolini, Jeunesse de Catherine, traduction d'Ar- b Bibl. nat., fonds Clairainbault, vol. 303,
mand Bascbet, p. 102. p. Û719.
3 Vasari, Vita di Sebastiano Viniiiano, édit. de ' Relaz. degli ambasciat. Venet. , relaz. di So-
Le Monnier, vol. X, p. i3i ; de Reumont, La Jeu- riano, série II, t. III, p. 283.
nesse de Catherine de Médicis, trad. par Armand 7 Voy. la note de la page vu.
Baschet, p. 171 .
INTRODUCTION. vu
Dans ce projet de mariage de sa nièce avec le duc d'Orléans, comme dans tous
les autres, Clément VII ne se préoccupait que de la grandeur et de l'élévation des
Médicis; il n'avait jamais consulté Catherine qui déjà avait fait un choix. Elevée à
Home avec son cousin Hippolyte de Médicis, le fds naturel de Julien de Médicis,
âgé de quelques années de plus qu'elle, beau de sa personne1 et dune nature
sympathique et prévenante, elle en avait t'ait le confident de toutes ses pensées.
C'est à lui qu'elle avait recours pour tout ce qu'elle désirait, tout ce qui l'intéres-
sait. Elle s'était prise d'amour pour lui, nous dit le Vénitien Antonio Soriano2.
Cette inclination s'explique lorsqu'on voit le beau portrait qu'a laissé Titien
d'Hippolyte de Médicis3: sa figure est douce et sérieuse; elle a bien l'expression
mélancolique que l'on croit retrouver souvent chez ceux qui sont destinés à une
mort prématurée; il est revêtu du riche costume hongrois de velours rouge qu'il
portait lorsque, envoyé comme légat en Allemagne, il y parut escorté de huit cents
cavaliers hongrois levés à ses frais; poète et musicien, il avait traduit en vers
italiens le second chant de ï Enéide et jouait agréablement du luth, de la flûte
et de l'orgue; passionné pour les carrousels, les tournois, les grandes chasses,
la main toujours ouverte, comme Léon X, il avait à sa suite des barbares de tous
les pays, des Tartares habiles à tirer de l'arc, des Éthiopiens dressés à la lutte,
des Indiens plongeurs intrépides, des Turcs pour conduire ses chasses''. Il se
disait le fils légitime de Julien de Médicis et d'une noble dame; par sa naissance,
il se croyait appelé à gouverner à Florence de préférence au frère naturel de Ca-
therine, Alexandre de Médicis, ce bâtard né d'une servante, ainsi qu'il l'appelait;
mais son caractère ardent et passionné allait mal au très circonspect Clément VII;
de ce neveu, né pour la lutte et la guerre5, il fit un cardinal, réservant Flo-
rence à Alexandre, auquel l'Empereur avait promis sa fille naturelle.
Pour couper court à cette inclination, au mois d'avril 1 53-2 , Clément VII, sous le
trHieri vidi il S. Hippolitino nol giardino deila de lous leurs biens en France, épousât plutôt un
casa di N. S., piu bello che alcuno de fiori di quel Italien qu'un prince français,
giardino. i (Eptst. Bembi.) 3 Ce portrait est à Florence au palais Pitti.
1 Relaz. degli ambasciat. Venet. , relai. di So- i Voy. Ammirato, Stor. Fiorcnl. , édit. de Flo-
riano, sériel!, t. II, p. 282. rence, 1897, t. X, p. 192; Nestor, Histoire des
Un instant il fut question de son mariage avec hommes de la maison de Médicis, Paris, i56'i.
Catherine. Notre envoyé, Nicolas Raincc, faisant p. 178 et 186 y".
partait duc d'Albanie du bruit qui courait alors, 5 irPiu inclinato ait anni che al sacerdozio. »
regardait comme plus avantageux pour le duc que (Ammirato, Stor. Furent., édit. de Florence, 1837,
sa nièce, avec laquelle il avait échangé une donation t. X , p. 1 0.2.)
XXII
INTRODUCTION.
prétexte du mauvais air de Rome, se décida à envoyer Catherine à Florence1. Pré-
venu de ce départ par messer Tornabuoni, l'évêque d'Àuxcrre le pria de de-
mander au Saint-Père s'il trouverait bon qu'il allât prendre concède la duchesse,
mais il n'en obtint aucune réponse. Il ne la vit donc pas. Hippolyte s'en montra
très mécontent et le pria d'empêcher le départ de Catherine, mais l'évêque s'y
refusa.
Elle fut conduite à Florence par Maria Salviati qui continua à en avoir la garde
jusqu'au moment de son départ pour la France. Nous savons peu de chose sur ce
nouveau séjour dans sa patrie : au mois d'août 1 533 , en compagnie de douze
dames ou demoiselles nobles, nous la voyons aller au-devant de Marguerite d'Au-
triche, celte fiancée de douze ans que l'empereur envoyait à Naples auprès du
vice-roi Pierre de Tolède, en attendant qu'elle épousât le duc Alexandre2. L'ordre
du départ étant enfin venu, elle réunit dans un splendide banquet les dames les
plus illustres de Florence; c'était le dernier adieu donné à une ville qu'elle ne
devait plus revoir; mais elle n'oubliera jamais le séjour qu'elle y fit, jamais elle
n'oubliera l'humble couvent des Murâtes où elle fut enfermée; lors de sa première
grossesse, elle écrira à ses amies les religieuses, leur demandant des prières pour
son heureuse délivrance3; à bien des années de distance, en leur envoyant des
présents , elle s'informera s'il s'en trouve encore de vivantes de celles qui l'ont connue
enfant. En 1 588 , arrivée au terme de sa vie, brisée par l'âge et la longueur de la
lutte, elle leur demandera de nouveau leurs prières pour le roi son fils, pour la
reine sa belle-fille, afin qu'il plaise à Dieu leur donner des enfants; au lieu de sa
statue en marbre qu'elle leur avait promise, elle leur enverra son portrait ce fait au
vifu. De lltalie elle emportait encore d'autres souvenirs; en se rappelant le siège
1 Voici la lettre où l'évêque d'Auxerre parle du
départ de Catherine pour Florence : s C'est sous pré-
texte du mauvais air de cette ville, écrit-il à Fran-
çois I", que Sa Sainteté l'envoie à Florence ; je ne
sçay si c'est pour éviter la dépense ou pour donner
crédit aux choses de Florence dont le gouverne-
ment, au commencement du mois qui vient, sera
mis aux mains du duc Alexandre, ou pour oster le
soupçon que pourrait avoir rErnpereur ;i et il
ajoute : «je sçay bien que luy ne ses gens ne se
lient du pape, ne le pape d'eulx. » Minute de la
dépêche de l'évêque d'Auxerre au Grand Maître,
du 3o avril. (Bibl. nat. fonds Dupuy, n" 260,
p. an.) — Catherine partie, Hippolyte, sous la
première impression de son irritation, voulait aller
en France; mais sur le refus du pape il consentit
à se rendre, en qualité de légal , en Hongrie, alors en-
vahie par les Turcs. Il partit de Rome le 8 juillet
1 532. Voy. les lettres de Clément VII (7 juillet
i53a) à Charles -Quint et au roi des Romains,
Lcltere diprincipi, Ziletti, Venise, 1 5 S 1 , p. i5 \°:
Arch. stor. ital. Hicordidcl Bontempi , vol. 16, p. 388.
- Segni, Stor. Florent., édit. de 1722, p. 160.
3 Voy. la lettre de Catherine, p. 8.
INTRODUCTION. xxin
de Florence, elle se rappellera Michel-Ange qui, durant le siège, travaillait à sa
Léda; elle se rappellera André del Sarte qui ne put survivre à la prise de Flo-
rence; elle se rappellera le Rosso enlevé à l'Italie par François 1' el qu'elle re-
trouvera décorant et embellissant ce palais de Fontainebleau où le Primatice a im-
mortalisé les tonnes de sa rivale, la duchesse de Valentinois; elle se rappellera le
palais des Médicisà la façade sombre et sévère, dont les liantes fenêtres semblaient
délier les menaces populaires; c'est là que Laurent le Magnifique réunissait les
savants de la Grèce et de l'Italie, les peintres, les artistes, les voyageurs célèbres;
c'est là que naquit Léon X; c'est là qu'elle vint au monde et que, toute petite
fille, elle jouait au milieu de ces marbres antiques enlevés à la Grèce el que
Michel-Ange enfant se plaisait à dessiner; elle se rappellera cette bibliothèque
fondée par Laurent le Magnifique et enrichie des manuscrits venus de l'Orient;
elle se rappellera ces splendides reliures à compartiments, dont l'Italie seule alors
avait le secret et dont, la première avec Grolier1, elle inspirera le goût à Fran-
çois Ier et plus tard à Henri II et à Henri III; elle se rappellera enfin ces admi-
rables jardins de la Rome de la Renaissance, jardins qu'embellissaient, comme
au temps d'Agrippa, des statues, des fontaines mythologiques et de véritables
rochers; elle en fera revivre les magnificences dans le jardin des Tuileries.
L'ordre du départ étant enfin venu, le jour où elle quitta Florence pour se
rendre à Marseille où l'attendait son royal fiancé, Catherine alla couchera la villa
Caiano. Le duc Alexandre la rejoignit à Boggio et la conduisit à Pistoie, où elle fut
reçue dans la maison de Gualtieri Panciatichi. C'est de Pistoie qu'est datée la
première lettre de notre recueil; elle est adressée au duc d'Albanie : rr Elle a reçu,
dit-elle, les présents du roi de France et la première lettre du duc d'Orléans, son
mari; jeudi, elle espère être à Pietra-Santa; vendredi, à Massa; stunedi, à la
Spezzia 2. •»
Catherine Cyho et Marie Salviati, ces deux gardiennes vigilantes, l'accompa-
gnaient; avec elles, comme escorte d'honneur, Philippe Strozzi, Palla Rucceliai,
dont la mère était sœur de Laurent le Magnifique, François Guichardin et
quelques autres seigneurs; elle arrivait à Nice le 12 septembre.
Obéissant aux injonctions de Charles-Quint, le duc de Savoie avait refusé Nice
pour l'entrevue du pape, et Clément Vil s'en était montré très froissé3. La gar-
1 On peut en voir les plus beaux spécimens ! Voy. la lettre de Catherine de Médicis , p. 1 .
exposés dans la galerie Mazarine à la Bibliothèque 3 Voy. Relaz. degli ambasciat. Venet., relu:, di
nationale. Giustiniano , série I", t. I", p. 175.
\XIV
INTRODUCTION.
nison en ayant été renforcée et l'accueil fait à sa nièce n'ayant pas été tel qu'il
l'attendait, il eut un instant la pensée de l'envoyer au château de Villeneuve,
où Mme de Villars avait fait de grands préparatifs pour la recevoir, mais il ne
donna pas suite à ce projet et la laissa prolonger son séjour à Nice1, d'où elle devait
se rendre par terre à Marseille. C'est de Nice qu'est datée une seconde lettre de
Catherine au duc d'Albanie : elle le prie de lui envoyer un joueur de tambourin,
qu'elle lui désigne, qui passe pour très bien jouer les danses françaises2.
Depuis bien des années, toute la cour s'informait de la jeune fiancée du duc
d'Orléans, rj'ai été fort enquis de sa beauté, écrivait au cardinal de Tournon
un gentilhomme venant de Florence, tant du Roi et de Madame que de toute la
cour, seigneurs, dames et damoiselles et surtout de Madame de Nevers3.v>
Lorsqu'elle revint à Rome, au mois d'octobre i53o, notre envoyé Francisque,
qui accompagnait le cardinal de Tournon dans la visite qu'il lui fit, nous dit qu'elle
était cr grande, belle et en bon point4n; elle avait alors onze ans. Le secrétaire du
pape, Sanga, écrit à la même date, au duc Alexandre de Médicis, qu'il la trouve
belle5. Andreasi, l'envoyé du duc de Milan, qui résidait alors à Rome, écrit éga-
lement qu'elle lui a semblé assez grande pour son âge, d'aspect agréable,
blanche de peau, la figure pleine, sans aucun fard, mais trop délicate encore
pour être mariée6. Deux ans plus tard, le Vénitien Antonio Soriano la trouvait un
peu maigre et petite; d'après lui, ses traits manquaient de finesse, et ses yeux,
un peu gros, rappelaient ceux de tous les Médicis7.
' ir Notre Saint Père, écrivait Raince au roi, ne
pourrait estre ruieulx délibéré , ne plus gaillard de
sa personne et n'y a homme en sa court mieuk dis-
posé qu'il est, grâces à Dieu, et dict, Sire , qu'il ne
feist oneques entreprise, ne voyage de si bon cueur.
Il a entendu par Miraumont qui est venu devers
luy que vous veniez à Arles environ le dixiesrae de
ce mois et aussi a sceu que le duc de Savoye avoit
envoyé renfort au château de Nice de gens de pied ,
que Sa Sainteté n'a pas trouvé fort bon que le duc
et la duchesse sa femme ayent si froidement recon-
gneu M"" la Duchesse sa niepee, à laquelle il a or-
donné estre escript qu'elle se retire à Villeneuve
avec M™" de Villars, là où le sieur de Miraumont a
certifié estre honneste préparatif. M. le cardinal de
Tournon luy a bien fort conforté, qui a encores plus
eschautTé le bon vouloir que Sa Sainteté avoit de
faire partir dudict lieu sa niepee et ne s'est pas tenu
de dire que M. de Savoye a aussi mal cogneu son
casque feist jamais homme de son pais.» (Bibl.
nation. , fonds Clairambault, vol. 334, p. 488i.)
2 Voy. la lettre de Catherine de Médicis, p. a.
3 Ribl. nation., fonds Dupuy, n° /i8o, fol. 66.
1 Bibl. nation., fonds Clairambault, vol. 333.
p. 4719.
s Letlcre di principi , Ziletti, Venise, 1 58 1 , t. II.
p. oo3.
6 Dépêche d' Andreasi, citée par Armand Bas-
cbet. append. de la Jeunesse de Catherine, p. 282.
7 n-Questa fanciulla è ora entrata nell' anno de-
cimo terzo ; è piccola di persona , scarna , e di viso
non delicato; ha gli occhi grossi, proprii alla casa
de Medici.» (Relaz. degli ambasciat Venet., relaz.
di Soriano, série II, t. III, p. a83.^
INTRODUCTION. %x\
Bien peu de temps avant son départ d'Italie, le B.ronzino fit son portrait, et
Alberi, qui a écrit sa vie, en a placé en tête de son livre une mauvaise repro-
duction : les cheveux sont noirs, abondants et légèrement relevés pour dégager le
front, où se révèle déjà l'habitude de la méditation et de l'observation; l'œil est
bien celui de sa race, un peu gros, les sourcils vigoureusement accusés, le nez
un peu fort, la lèvre supérieure fine, la lèvre inférieure un peu épaisse; il Y a,
dans l'ensemble, de la grâce et de la distinction.
C'est le jeudi a.'} octobre, à quatre heures du soir, que Catherine fit son entrée
à Marseille; elle venait d'Aubagne, où elle avait dîné. Une lettre du temps nous
en a longuement décrit les magnificences1 : huit pages à cheval ouvraient la
marche; les cardinaux suivaient, puis six haquenées menées en main, dont une
toute blanche et caparaçonnée de toile d'argent; puis venait la duchesse sur une
Jiaquenée (trousse», entièrement couverte de toile d'or; derrière elle, la duchesse
de Camerino et Marie Salviati avec douze damoiselles montées sur des haquenées
ei richement vêtues à l'italienne, la garde du pape et celle du roi faisant la haie;
un carrosse de velours noir conduit par deux pages, et les pages du duc Alexandre
de Médicis, montés sur de grands chevaux, fermaient la marche. Conduite dans
la salle où le roi l'attendait, ayant à ses côtés ses deux fils, le duc d'Orléans et le
duc d'Angoulème, elle se prosterna pour lui baiser les pieds, mais, la relevant
aussitôt, il l'embrassa et la fit embrasser par le duc d'Orléans, son mari, et par
le duc d'Angoulême, puis il la mena visiter la reine Ëléonore. Le 22 octobre, eut
lieu la cérémonie du contrat; le 28,1a bénédiction nuptiale. Le pape voulut offi-
cier lui-même et donna l'anneau aux jeunes époux. Jean du Bellai,évèque de
Paris, fit une belle harangue en latin. La toilette de la jeune duchesse attirail
tous les regards : elle portait une robe de brocart; par-dessus, un corsage de
velours violet garni d'hermine et parsemé de perles et de diamants; sur la tête,
une couronne de duchesse; sa coiffe était si chargée de pierreries, nous dit un
contemporain, qu'elle valait un royaume. Les perles de son trousseau étaient les
plus belles, les plus grosses qu'on eût jamais vues; plus tard, elle les fil réunir
en collier pour les donner à Marie Stuart, du vivant de laquelle elles vinrent
1 Lettre citée par Armand Baschd dans l'appeii- cérémonies du mariage. — Voy. également une
dice de sa traduction de là Jeunesse de Catherine. II lettre de Berthercau au bailli de Troyes. (Bibl.
indique également plusieurs lettres qu'il a trouvées nation., fonds Dupuy, a ^i 7 , p. a53); Bouche,
dans diverses archives d'Italie, et qui, toutes, ren- Hisl. de Provence, t. II, p. 509; Nestor, Hist. des
(lent compte du voyage du pape à Marseille et des hommes illustres de la maison de Médicis,
Catherine de Médicis. — 1. u
i). l<
XXVI
INTRODUCTION.
aux mains de la reine Elisabeth. L'objet d'art le plus précieux de cette corbeille
royale était une petite cassette de cristal de roche montée en or, merveilleux
travail de Valerio Vicentino1.
De part et d'autre, on échangea de splendides cadeaux; le pape offrit au roi
un bois de licorne de deux coudées de long, enchâssé dans un support en or mas-
sif. François Ier ne se laissait jamais surpasser en générosité; il offrit au pape
une tapisserie rehaussée d'or, représentant la Gène; il assigna aux cardinaux qui
accompagnaient le pape de grosses pensions sur les bénéfices de son royaume;
un seul refusa les riches présents qu'il lui offrait. C'était ce même Hippolyte de
Médicis qui avait aimé Catherine et que le pape avait amené à sa suite. Sur
son refus, le roi lui donna un grand lion apprivoisé, venu de Barbarie, qu'il
tenait de Barberousse -.
Trente-quatre jours se passèrent en fêtes et en banquets, mais la France ne
prit nulle part à ces réjouissances; si l'on en croit l'ambassadeur Marino Giusti-
niano, elle avait accueilli avec mécontentement le mariage du duc d'Orléans avec
Catherine; on redoutait une nouvelle guerre en Italie, et on trouvait que le pape
avait trompé le roi3.
Lorsque la dot de Catherine fut comptée aux mains du trésorier général de
Fronce, comme elle lui paraissait un peu mince : cr Elle n'est point si misérable
que vous le dites, lui répliqua Philippe Strozzi en présence de plusieurs gentils-
hommes; vous oubliez trois joyaux mis dans la corbeille : Milan, Gênes et Naples.
N'est-ce pas là une dot digne d'une fille de roi4?»
C'était de la pure forfanterie; à une année de distance, François Ier, revenu de
ses premières illusions, s'en prenait à Henri Mil qui, de son côté, prétendait qu'à
Calais François Ier lui avait promis qu'il ne ferait jamais ce mariage avant que la
1 C'est le plus rare bijou de la grande collection
florentine; il fut rapporté à Florence par Catherine
de Lorraine, la petite-fille de Catherine. En voici la
description : vingt images gravées représentent la
vie du Sauveur; aux coins, taillées dans le cristal, les
figures des quatre évangélistes; on y lit cette in-
scription : n Clément VII pontifex maximus.» (Ar-
mandBaschot, Jeunesse de Catherine, p. 180 et 345.)
2 rDedit mansuefactum leonem eximia: proceri-
tatis, queni e Mauritania Ilaredienus Barbarussa
transmiserat. b (Paul Jove, Paris, 1878, p. ia&.)
— Voy. Jean Nestor, Hist. des hommes illustres de
la maison de Médicis, p. 182 v°; — Pallavicini,
tlisl. du Concile de Trente, édit. de Rome, i65o,
in-fol., t. II, p. 3i3.
3 trPare ad ognuno che Clémente pontifice ahhia
gabbato questo re cristianissimo.i (Tommaseo, les
relations des ambassadeurs vénitiens , Relation de
Giustiniano, t. I, p. 10 h.)
4 Nicolini, Vita di Filippo Strozzi, Florence,
1867, p. 19a; Paul Jove, Histoire de son temps ,
Paris, 1578, p. 3i3.
INTRODUCTION. xxvn
cour de Rome eût terminé d'abord L'affaire de son divorce1; ce qui est plus vrai,
c'est que, d'abord, les deux rois devaient assister à l'entrevue de Marseille, et
que, plus tard, Norfolk, désigné pour remplacer Henri Mil, avait été rem-
placé, à son tour, par l'évèque de Wincester et Bryan, et qu'au moment où Fran-
çois Ier, fidèle à sa promesse, avait amené Clément VII à un projet de concilia-
tion, un nouvel envoyé de Henri \ III avait porté appel à un concile général
de la sentence rendue précédemment contre le roi son maître. Le pape en conçu!
un tel dépit que François Itr, voyant qu'il ne pouvait plus raccommoder les affaires
du roi son allié, n'osa plus réclamer la remise des villes promises, de sorte que,
par déférence pour Henri \ III et pour ne pas manquer à la parole qu'il avait
r donnée de parachever le mariage commencée, il avoue lui-même qu'il a pris
une fille «comme toute nue n,
II.
v T
CATHERINE SOIS FRANÇOIS 1er.
Tous ceux que Catherine a connus en Italie, tous ceux qu'elle y a aimés, tous
ceux qui l'ont aidée dans cette première partie de sa vie ou qui lui ont fait
obstacle, disparaissent successivement dans l'espace de quelques années: Clé-
ment VII ouvre le premier cette marche funèbre : il meurt le. 27 septembre 1 53 A.
Catherine avait été son unique pensée, son orgueil, sa grande affection; pas Un
mot d'elle ne nous dira ses regrets. Celui qu'elle a vraiment aimé, Hippolyte de
Médicis, succombe, à la fleur de l'âge, à Istri, sur le chemin de Rome à Naples ' :
pas une ligne d'elle ne trahira son émotion, ou du moins ses lettres ont dis-
paru. Sforze, ce chétif duc de Milan, que Charles-Quint voulait lui faire épouser,
meurt peu après, et, pour clore cette liste, le duc Alexandre de Médicis, qui était
accusé d'avoir fait empoisonner Hippolyte, est assassiné par son cousin Loi. 11-
zino.
1 Instruction à du Bellay. (Bibl. nation., fonds d'Aragon, pour l'infant d'Espagne. (lîibl. nat., fonds
Clairambault, vol. 334, p. /igi 3.) — Sans tenir français, n° aijo'i. p. îoi.)
compte du désintéressement de François I", 2 II allait visiter la beauté d'alors, la belle Giulia
Henri MIL en 1 5 3 7 , faisait proposer à Charles- Gonzaga, dont il était épris et dont il avait dû
Quint d'épouser la veuve du duc de Milan et offrait épouser la fille. (Nestor, Histoire des hommes
la main de Marie Tudor, qu'il avait eue de Catherine illustres de la maison des Médicis, p. 187.)
mm INTRODUCTION.
Dans la première année de son séjour à la cour, rien ne peut faire deviner
ce qu'elle sera plus tard; elle regarde, elle observe en silence. Charles-Quint,
comme s'il avait le pressentiment de la place qu'elle tiendra plus tard, ne
cesse d'avoir les yeux fixés sur elle : «Mandez -moi, écrivait-il à son ambas-
sadeur en France (le 7 novembre 1 536) , quel traitement se fait à la duchesse
d'Orléans, quelles gens elle a avec elle et s'ils sont en la même faveur, crédit
et respect qu'ils étoient du vivant du feu pape Clément VII x.t> Dans une
nouvelle lettre du 5 janvier suivant: ce Avertissez-moi, dit-il, de tout ce que
vous pourrez entendre, et comme continuera le traitement de la nièce du
feu pape2». Les préoccupations de l'Empereur s'expliquent : sans même tenir
compte des promesses échangées entre François Ier et Clément VII dans l'en-
trevue de Marseille et que la mort si prompte de celui-ci devait rendre inutiles, le
mariage de Catherine et du duc d'Orléans avait, par la force des choses, rouvert
In question italienne. Durant trois ans, les notes, les offres, les coutrequ'oposi-
tions se croisent et s'échangent. Des deux côtés, l'obstination est/la même. A la
proposition de François Ier de donner à François Sforze, en compensation du duché
de Milan, une grosse pension et l'investiture du marquisat de Montferrat, Charles-
Quint répond par l'offre de 60,000 livres pour le duc et la duchesse d'Orléans,
à prendre sur le duché de Milan. Dans un entretien qu'il eut avec le cardinal de
Granvelle, l'ambassadeur de France, le trouvant intraitable sur la cession de Milan,
lui fit entendre que l'on pourrait peut-être remettre Florence au duc d'Orléans,
en considération de son mariage avec la nièce du feu pape3. Le cardinal écarta
cette nouvelle ouverture en s'appuyant sur les engagements pris avec le duc
Alexandre, déjà fiancé à la fille de l'Empereur. Sur ces entrefaites, le duché de
Milan se trouvant vacant par la mort de François Sforze, Charles-Quint, pour
écarter le duc d'Orléans, proposa d'en investir le troisième fils du roi, le duc d'An-
goulême, à la condition d'épouser sa nièce Chrestienne de Danemark, veuve
du duc Sforze4; puis, revenant à sa première tactique, il essaya de tromper
encore François Ier, en reprenant les propositions faites à Cambrai et en faisant
entendre qu'il serait disposé à traiter du mariage de l'Infante de Portugal, sa
nièce, avec le Dauphin. Toutes ces négociations5, peu sincères des deux côtés,
' Voy. Papiers d'Étal dit cardinal de Granvelle, " Voy. Papiers d'État du cardinal de Granvelle,
I. II, j). 229. p. ^07, /i3a.
2 Ibid., p. 278. 5 Ibid. (Instructions de Charles-Quint au comte
Ibid., t. II. p. 33o. île Nassau), t. II, p. l'io, 229).
INTRODUCTION. , xus
devaient fatalement aboutir à la guerre. Le a 5 juillet i536, le jour de la fête de
saint Jacques, patron de l'Espagne, Charles-Quint, à la tète de son avant-garde,
franchissait la frontière de Provence.
Le nom de Catherine avait été mis bien des fois en avant dans ces opiniâtres
revendications, mais on ne retrouve aucune trace de son intervention; elle était
trop jeune encore pour être mêlée a ces débats, et de plus hautes destinées
l'attendaient: la mort du Dauphin, de duchesse qu'elle était, ambitionnant un
polit coin d'Italie, venait de l'aire d'elle la Dauphine, la future reine de France.
Sans appui, dans une cour divisée alors par les intrigues et où la duchesse
d'Etampes était toute-puissante, elle n'eut d'abord qu'un but, c'était de gagner
les sympathies de l'entourage du roi; elle s'y prit si habilement qu'elle se mit
à la fois dans les bonnes grâces de la favorite et dans celles de Marguerite d'Àn-
goulème, la sœur bien-aimée de François 1er; c'est Marguerite elle-même qui va
nous le dire. François Ier s'étant rendu au camp d'Avignon le 20 septembre,
et le Dauphin, le 3 octobre, Catherine obtint de les y suivre.
cr Sans la pitié que Madame la Dauphine et Madame d'Etampes ont eue de ma
vieillesse, écrivait-elle à François Ier, je crois qu'ils eussent pris la poste de peur
qu'ils ont de faillir à vous trouver, et qu'il survienne quelque occasion qui vous
contraigne les contremander. S'il vous plaisoit, par Fors qui reviendra demain,
feindre qu'il ne vous plaît pas que nous passons outre, vous leur feriez une ter-
rible alarme, et ne sais si vous serez obéi, car je crois que vous n'avez capitaine
en votre armée qui de meilleur cœur s'y trouve comme ils feront. Ce m'est grand
lieur d'être à cette bande, car je vous assure qu'il n'y a débat, sinon à qui plus
désire vous obéir et servir1, n
Voilà donc Catherine au mieux avec la duchesse d'Etampes, au mieux avec
Marguerite d'Angoulème qui lui sait gré de l'affection qu'elle témoigne au Roi,
son frère; mais, au moment où tous ses rêves d'ambition se sont réalisés par la
mort du Dauphin, au moment où elle touche enfin aux marches du trône, dans
toute la fleur de sa jeunesse, elle va être délaissée pour une rivale de trente-sept
ans, vieillie dans toutes les intrigues de cour et qui, jusqu'à la dernière heure,
maintiendra sur Henri II sa domination absolue : c'est en cela que Catherine
se sentira le plus cruellement blessée, car elle aussi, toute sa vie en témoigne , ne
recherchera jamais que le pouvoir et la domination.
: Genin, Lettres de Marguerite d'Angoulême , f. II, p. 22S.
xxx INTRODUCTION.^
Le grand artiste Léonard Limosin, transformant la cour de Henri II en une
assemblée des dieux, a placé dans son admirable émail Catherine et Diane de
Poitiers, la reine en Junon, la favorite en Vénus; faisons comme lui, mettons-les
en face l'une de l'autre, ces deux femmes qui longtemps renfermèrent leur haine
mutuelle au plus profond de leur cœur et sous l'œil du maître finirent, en appa-
rence du moins, par vivre en paisible intelligence.
Diane était née avec le siècle ; à quinze ans, elle avait épousé Louis de Brezé1;
il était vieux, un peu bossu, mais grand sénéchal de Normandie. Ce premier choix
explique sa vie. Restée veuve à trente-trois ans, elle se voue au noir et au blanc,
ces deux couleurs qui n'ont jamais de date, et elle éternise ses regrets par le splen-
dide tombeau qu'elle lui fait élever dans la cathédrale de Rouen.
Que croire de sa beauté dont la légende est venue jusqu'à nous et que, seul
de ses contemporains, le poète Voulté a contestée dans des épigrammes violentes,
mais écrites seulement pour les érudits, car il attaquait la favorite en latin. La vraie
Diane est-ce bien celle dont la peinture et le marbre ont divinisé les formes? Les
ambassadeurs vénitiens, ces conteurs si fidèles, gardent un discret silence. Bran-
tôme, qui la vit six mois avant sa mort, nous dit cr qu'elle étoitsi belle encore qu'il
ne savoit cœur de marbre qui n'en fut ému ».
François Ier vit avec le plus grand déplaisir la naissante liaison de Diane et de
son fils, maintes fois il chercha à la rompre, mais inutilement: cr Je n'ai pas
craint, le temps passé, écrivait Henri II à Diane, de perdre la bonne grâce du feu
roi, pour demeurer auprès de vous2. -n Les appréhensions de François Ier, nous
les retrouvons dans les dernières paroles qu'à son lit de mort il adressa à son fils :
1 «Les fériés de Pasques ioi5 fut espousé le
grand se'neschal de Normandie h la fille de Mr de
Sainct-Vallier, et fut la feste faicte en la maison de
Rourbon, à Paris, où y estoient le roy, la royne et
toute la seigneurie." (L. Lalanne. Journal d'un bour-
geois de Paris, p. 9.)
• Voici, et en entier, cette lettre de Henri II à
Diane :
• M.i mye, je vous suplye de me mander de vostre
sanlé, pour la poyne an quoy je suys d'avoyr an-
tandu vostre maladye , afin que selon sela je me
governe; car sy vous contynuyés à vous trouver
mal, je ne voulderoys fallyr là vous aler trouver
pour mestre poyne de vous faire servyse, selon
que je suis tenu , et ausy quy ne me seroy t possible
de vivre sy longuement sans vous voyr; et puysque
je n'e point creynt, le tans pasé, de perdre la
bonne gràse du feu roy pour demeurer auperès de
vous, à grant poyne pleynderège ma poyne vous
servir de quelque ebose et vous asure que je ne
seré à mon ayse que se porteur ne soyt de retour,
et pour sela je vous suplye me mander à la vérité
comme vous estes et quant vous pourés partir. Je
croy que pourés asés panser le peu de plesir que
j'oré a Fontainebleau sans vous voyr, car estant
ellongné de sele de quoy depant tout mon byen .
il est bien maléséqueje puysse avoyrjoye." (Ribl.
uat. , fonds français , n° 3 1 h 3 , fol. a . )
INTRODUCTION. XVll
«Ne vous soumettez à la volonté d'autres comme je suis soumis à la volonté dune
autre1. i) Redoutait-il l'esprit dominateur de Diane, son avidité? Savait-il à quoi
s'en tenir ? Le Vénitien Gontarini nous l'affirme: «• Elle fut aimée du roi Fran-
çois Ier et d'autres encore, selon le dire de tous, puis elle vint aux mains de
Henri II2. i> Brantôme ledit aussi, et, témoignage plus sérieux, un auteur con-
temporain, François Billon, favorable à Diane, le laisse également entendre et
en tire presque un éloge 3. Venant à parler de la grâce que le Roi, à son inter-
cession, fit à Saint-Vallier, son père, voici ce qu'il nous dit : ctUn roi ne sauroit
être mieux adouci que par le doux et opportun moyen d'une sage princesse ou
autre dame de lui tant soit peu familière, chose qui par plusieurs exemples de main-
tenant se pourront facilement prouver en toute cour et spécialement en
celle de France, où la haute et très prudente duchesse de Valenlinois, Diane
(te Poitiers, en a bien montré les preuves près des deux rois qui de leur temps
ont en Europe si fort ému les lettres, les armes et l'Empire, desquels elle a eu
tant d'heur et de faveur que non seulement elle a sauvé la vie à plusieurs par le
moyen de sa grâce et de sa douceur, mais aussi à plus que plusieurs fait octroyer
grans biens. •»
De l'intimité de Diane avec François Irr nous retrouvons encore les preuves
dans les lettres de Louis de Brezé, son mari : a Je n'ai point bougé d'avec les
dames de céans, écrivait-il d'Anet à M. de la Boche-Pot, jusqu'au jour que le
roi y vint, là où je vous assure que nous fîmes grande chère, car y avoit force
damoiselles de toutes sortes et conditions et de belles4. n Et dans une autre
lettre au maréchal de Montmorency : «Le roy soupe souvent en petite compagnie
chez Madame l'Àmirale 5 cl à ma chambre, là où il doit faire les beignets après dîner0, v
Le Dauphin, nous dit Tavannes1, est plus de vertu corporelle que spirituelle.
1 Voyez une dépêche de Sainl-Mauris dans In
Revue historique, de MM. Monod et Fagniez, t. V,
p. 85, et Bibl. nnt. , fonds français, les Dépêches des
ambassadeurs vénitiens, t. I, p. 89.
2 irFu amata e goduta dal re Francesco et da
altri ancora, per cpiello clie si dice publicamente, e
poi venne aile niani di questo re essendo Delphino.i
( Uolnz. degli ambasciat. Venet. , relaz. di Lorenzo
Conlarini, série I'°, t. IV, p. 77 .)
Le livre où il nous en parle a le plus bizarre
des titres : Le Fort inexpugnable de l'honneur fémi-
nin, construit par F. de Billon, secrétaire, Paris.
1 555 , m-h°, p. 170. Il est dédié à Catherine de
Médicis, à Jeanne d'Albret , à Marguerite de
France et aux deux duchesses de Nevers et de
Guise.
4 Voy. notre livre, La Chasse sous les Valois,
Aubry, 18G7, p. 106.
5 Françoise de Longwy, femme de l'amiral Brion.
0 La Chasse sous les Valois, p. 118.
' Mémoires de Tavannes, éd. du Panthéon titlé-
raire, p. 9. hh.
xxxn INTRODUCTION.
11 est tout muscles, ajoute le Vénitien Dandolo, qui le vit à l'âge de vingt-trois
ans, infatigable à la chasse et à tous les exercices des armes1. A côté de Diane,
aux formes splendides, à la fière et imposante beauté, la très frêle et très peu
précoce Catherine, telle que les Vénitiens nous la peignent dans sa jeunesse,
n'avait rien qui pût retenir longtemps Henri II; mais plus tard, avec les années,
ses formes se développèrent, elle devint une vraie femme; au moment de cette
première lutte, ce n'était encore qu'une enfant. Elle avait pourtant passé déjà
par de rudes épreuves; toute jeune, elle avait fait l'apprentissage de ces dis-
cordes civiles qui devaient remplir sa vie, mais peut-être aussi lui en était-il resté
une certaine timidité, peut-être lui manquait-il le charme irrésistible de la jeu-
nesse, et nous devons le croire, puisqu'elle ne sut pas s'emparer du cœur du
Dauphin, apprendre le rire à ces lèvres qui ne le connaissaient pas, éclairer ce
front si triste et mélancolique; car c'est ainsi que nous le dépeint Matteo Dandolo,
qui le vit à l'âge de vingt-trois ans : « II est d'une nature sombre et taciturne, il rit
ou fait semblant de rire bien rarement, au point que nombre de ceux qui sont à
la cour assurent ne l'avoir jamais vu rire une seule fois'2.1» Diane de Poitiers, qui
guettait sa proie, jugea bien que l'heure était venue, qu'il y avait là une place à
prendre et que Catherine n'était pas de force à la défendre; elle avait bien com-
pris que le jeune Dauphin était encore sans volonté, que c'était une pâte molle
qu'elle pourrait pétrir à son gré et qui garderait à jamais son empreinte. L'opinion
du temps ne s'y trompa pas; nous n'en voulons pour témoignage que ces vers cl un
auteur inconnu cités par Brantôme :
Sire, si vous laissez, comme Charles désire,
Comme Diane laid, par Irop vous gouverner,
Sire, vous n'estes plus, vous n'estes plu» que cire3.
Après la mort du Dauphin, la cour s'était partagée en deux camps : d'un côté
Montmorency, la reine de Navarre et Diane de Poitiers prenant parti pour le nou-
veau dauphin; de l'autre l'amiral de Brion4 et la duchesse d'Etampes, tenant pour
le nouveau duc d'Orléans, vers lequel inclinaient toute l'affection, toutes les préfé-
1 irNè grasso ne magro, nia ben membruto die ambasciat. \enet. , relaz. di Dandolo, série 1",
pare tutlo nervo, indefesso nelle fatiche et incomodi t. IV, p. kd>.)
délia caccia e dell' armi.n (Relaz. degli ambasciat. 3 Brantôme, Henri H, édit. L. Lalanne, t. III.
Venet. , relaz. di Dandolo, série I", t. IV, p. 46.) p. 266.
- trRide 0 fa segno di ridere rarissime volte. * Philippe de Chabot, plus connu sous le nom
talchè molti si trovano in quella corle che afferniano de l'amiral de Brion. comte de Charni. mort le
non l'a ver maiveduto unavolta ridere.» Relaz. degli l'juin i5a3.
INTRODUCTION. xxxni
rences do François Ier. Catherine eut l'habileté de rester neutre, elle avait ménagé
Brion lorsqu'il était en faveur; lors de sa disgrâce, elle s'arrangea pour ménager
il Annebaut devenu si puissant que rien ne se faisait que par lui1.
Elle avait pour auxiliaires les jeunes Italiens qui l'avaient suivie en France,
et dont plusieurs étaient alliés à sa maison : au premier rang plaçons Louis Ala-
manni, poète renommé, habile diplomate; Laurent, Robert, Léon et Pierre
Strozzi, ces quatre fils de Clarisse de Médicis, qui tous marqueront sous le règne
de Henri II; le comte de la Mirandole, dont Catherine attacha les deux sœurs
à sa personne. La galanterie, ce mensonge de l'amour, comme dit Montesquieu,
était la grande occupation de la cour et servait à y faire son chemin. François Ier,
au dire de Brantôme, ne tenait-il pas pour naïfs et pour sots ceux qui n'avaient
pas de maîtresse ? La reine de Navarre n'a-t-elle pas fait dire à Dagoussin dans
l Heptaméron : «Si nous pensions les dames être sans amour nous voudrions
être sans vie2. d L'ambassadeur de Toscane nous initie à toutes ces intrigues ga-
lantes. L'homme le plus goûté, c'était le prince de Salerne, Ferdinand de San-
Severino, dont le nom reparait souvent dans les luttes de l'Italie; chaque soir,
il faisait entendre aux dames de la cour des chansons napolitaines; à l'écouter
elles oubliaient les psaumes de Ma rot et la musique de Goudimel3. Parmi ces
dames d'humeur accommodante, chacun de ces galants avait sa préférée: Pierre
Strozzi , le futur maréchal de France, s'adressait à Madame de Bonneval, la grande
amie de la duchesse d'Etampes; Léon Strozzi, son frère, qui commandera plus
tard les galères de France, courtisait une des favorites de Catherine, et le comte
de la Mirandole, vrai coupable de lèse-majesté, osait s'attaquer à la duchesse
d'Etampes. Le Florentin ne s'y trompe pas, cette galanterie était intéressée,
c'était pour ces débutants le plus sûr moyen d'arriver aux honneurs et aux
richesses4. Monluc s'en plaint amèrement: a Le malheur est qu'en France les
femmes se mêlent de trop de choses; le roi devroit clore la bouche aux femmes
qui se mêlent de parler en la cour; de là viennent tous les rapports, toutes
les calomnies5, n Tavannes s'en plaint également: «Dans cette cour, partant,
les femmes faisoient tout, même les généraux et capitaines0. 11
Délaissée à dix-neuf ans, n'attendant rien d'une lutte inutile, Catherine ne
1 Claude d'Annebaut, amiral et maréchal de ' Négociations avec h Toscane, p. \hk.
France, mort à la Fère en i55a. 5 Monluc, édit. de M. de Ruble, t. III, p. 187.
3 L' Heptaméron. Paris , Gosselin , t. III, p. 45a. ' Mémoires de Saulx-Tarannes , édit. du Pan-
5 Négociations arec la Toscane, t. III, p. i4o. théon littéraire, p. i37-
CiTUEBiîiE de Médicis. — i. e
XXXIV
INTRODUCTION.
pouvait s'appuyer que sur celui dont le bras était le plus puissant, sur le roi
son beau-père. François Ier, toute sa vie, avait été adoré et adulé, d'abord par
Louise de Savoie, sa mère, puis par sa sœur, la douce Marguerite d'Angoulème,
cette perle des Valois, qui ne vivait que de sa vie. Avec ce coup d'œil profond
et sûr de la femme italienne, Catherine comprit bien vite que c'était au roi qu'il
fallait plaire, à lui seul. François Ier, ainsi qu'un historien moderne1 en a fait la
très juste remarque, avait cette différence avec tous les souverains de son temps,
c'est qu'il faisait plus, à leur exemple, que d'honorer et de protéger les lettres et
les lettrés, il les aimait. Pour lui complaire la jeune Dauphine se met à étudier,
et au grand étonnement de la cour, eJle va même jusqu'à apprendre le grec2.
Pour achever de gagner le roi, elle fait venir d'Italie les manuscrits les plus
rares en toutes sortes de langues et les place au château de Saint-Maur3 près
Paris.
C'était là un premier pas; il lui restait à se faire admettre dans la petite inti-
mité du roi : rr François Ier, nous dit Brantôme4, ayant choisi et fait une troupe,
qui s'appeloit la petite bande, des dames de sa cour, des plus belles, gentilles et
plus de ses favorites , souvent se dérobant de la court, s'en partoit et s'en alloit
en autres maisons courir le cerf et passer son temps. Notre reine, qui étoit lors
Madame la Dauphine, voyant telles parties se faire sans elle, fit prière au roi de
la mener toujours quant et lui et qu'il lui fit cet honneur de permettre qu'elle
ne bougeât jamais d'avec lui. On dit qu'elle, qui étoit toujours fine et habile,
le fit autant pour voir les actions du roi et en tirer les secrets, autant pour cela
que pour la chasse, ou plus. Le roi François lui en sut si bon gré d'une telle
prière, voyant la bonne volonté qu'il voyoit en elle d'aimer sa compagnie, qu'il lui
accorda de très bon cœur, n Désormais elle fut de toutes les chasses; rr elle n'aban-
donnoit jamais le roi, ajoute Brantôme, et le suivoit toujours à courir, car elle
1 Michelet, Histoire de Fiance, t. VII, p. àoh.
2 <rLa Delphina attende à studiare, ed è tanto
litterata, e massime in greco, che fa stupire ogni
uomo. -n (Négociations diplomatiques avec la Toscane,
t. [Il, p. l4o.)
3 ttCeux qui ont esté visiter cette maison royale
n'ignorent pas que l'image de ce grand monarque
est en bronze, au lieu le plus éminent de ce chasteau
là, et plus bas sont représentées en marbre blanc
les trois Grâces auprès desquelles sont les Muses qui
tiennent en leurs mains des instrumens de musique. -
(Hilarion de Coste, Les éloges et vies des reines,
princesses et des dames illustres , Paris, 1667, in-'i ",
t. I, p. ih-].) Parlant du château de Sainl-Maur,
Philibert Delorme, auquel elle en confia les travaux,
nous dit: r-Elle l'a fait achever avec une grande ma-
gnificence , suivant le bon esprit et jugement qu'elle a
très admirable surlefait des bastiments.i (Philibert
Delorme, édit. de Chaudière, 1G26, p. 17.)
1 Brantôme, édit. deL.Lalaune , t. VII, p. 344.
INTRODUCTION. xxxv
étoit fort bien à cheval et hardie cl s'y tenoit de fort bonne grâce, ayant été la pre-
mière d'avoir mis la jambe sur l'arçon1, d'autant que la grâce y étoit bien plus
belle et apparaissante que sur la planchette; elle avoit la jambe et la grève2 très
belle, ainsi que j'ai ouï dire aussi à de ses daines, et prenoit grand plaisir à la
bien chausser et à en voir la chausse bien tirée et tendue, a A suivre ainsi
François Ier, elle risqua plusieurs fois sa vie: «Je vous dirai, écrivait Bernard de
Médicis au duc de Florence, que la Dauphine étant venue au rendez-vous de
chasse sur une haquenée du roi, au moment du lancer-courre, un cavalier pas-
sant près d'elle à toute vitesse, sa bète, dont l'écuyer avait oublié d'attacher la
gourmette, s'emporta et ne pouvant être maîtrisée entraîna la Dauphine sous une
cabane et se heurta contre le toit qui était très bas; la secousse fut si violente
(jue l'arçon de la selle se rompit et la Dauphine en tombant fut violemment con-
tusionnée au côté droit. Le roi arriva sur-le-champ, la fit mettre au lit et la
soigna très affectueusement3.'»
Mais elle était sans enfants, et les difficultés de sa situation s'augmentaient de
cette stérilité persistante contre laquelle tous les remèdes se montraient impuis-
sants4. Diane de Poitiers eut un moment la pensée de la faire répudier; nous le
savons par un ancien serviteur de Marguerite d'Àngoulême5 : «Il me souvient,
écrivait-il quelques années plus tard à Catherine de Médicis, il me souvient que ,
étant au lieu et château de Roussillon, la connaissance de cette machination vint
à la feue reine de Navarre qui vous aimoit singulièrement, laquelle me dit :
« \ oilà de médians gens, car je sais aussi qu'ils désirent la mort du roi, mon sei-
ergneur et frère, lequel ne permettrait jamais la répudiation qu'ils prétendent0. »
L'ambassadeur Gontarini rapporte aussi ces bruits, et entre dans plus de détails7 :
«A la mort du dauphin, comme on doutait que Catherine de Médicis pût jamais
avoir. d'enfants, le bruit se répandit que François Ier désirait un divorce, espé-
1 Marguerite de Parme demandant un jour à 4 sNon nianca di pigliare perbocca lutte quelle
notre ambassadeur Ferey si la reine de France medicine che possono esserle di giovamento alla
allait à cbcval rrla jainlie pardessus farson,» — generazione.n (Relaz. degli ambas. Venet., relaz. di
trJe ne l'ay jamais vue aultrement, lui dit-il, depuis Dandolo, \" série, t. IV, p. /17.)
son advènement en France, et c'est d'elle que l'a- 5 Villemadon; voyez Régnier de la Plancbe.
voient apprins toutes tes autres dames de sa court, n Histoire de France sous François II, édit. Menne-
(Notre livre : la Chasse sous les Valois, p. i8, chet, p. 16.
d'après une lettre extraite de la collection Bourdin ' Cimier et Danjou, Archives curieuses de l'his-
brûlée avec la bibliothèque du Louvre.) luire de France, Ire série, t. III. p. 352.
2 Grève, jambe. ' Relaz. di ambasciat. Venet, relaz. di Contarini,
' Négociations avec la Toscane, t. III, p. 108. I" série, t. IV, p. 73.
xxm INTRODUCTION.
rant peut-être tirer parti d'une autre alliance. Catherine para ce coup avec son
habileté habituelle; allant trouver le roi, elle lui dit qu'elle avait appris qu'il
avait l'intention de donner une autre femme à son fds, et puisque Dieu ne lui
avait pas fait la grâce d'avoir des enfants, du moment qu'il ne plaisait plus à Sa
Majesté d'attendre davantage, il était bien convenable de pourvoir à la succession
d'un si grand royaume; quant à elle, se rappelant ce qu'elle devait au roi pour
l'avoir choisie, elle était prête à subir la grande douleur qui lui en viendrait, plutôt
que de contrarier sa volonté, toute disposée à entrer dans un monastère, ou à
rester au service de celle qui aurait la fortune d'être la femme de son mari; tout
cela entrecoupé de larmes et de sanglots. François Ier, d'humeur généreuse et
facile, en fut si touché qu'il lui dit avec émotion : et Ma fdle, puisque Dieu a voulu
« que vous soyez ma bru et la femme du dauphin, je ne veux pas qu'il en soit au-
ct (renient et peut-être Dieu voudra-t-il se rendre à vos désirs et aux nôtres. r> Les
espérances du roi ne devaient pas tarder à se réaliser; peu de temps après elle
devint grosse, et au mois de janvier suivant elle accoucha de son premier fds.
Marguerite d'Angoulème se trouvait alors en Béarn; à l'annonce de celte heu-
reuse nouvelle elle écrit sur l'heure au roi son frère : a Regardant les larmes
que, je suis sûre, saillent de vos yeux, par une joie d'autant plus grande que
celle que je vous vis à la naissance de votre premier-né, que cette-ci étoit plus
attendue et moins espérée; je vois tout vostre royaume fortifié de cent mille
hommes, enrichi d'un trésor infini. La maladie seroit bien forte qui ne se tour-
neroit en santé, ou qui me garderoit de m'en aller à la procession, faire avec le
peuple les feux de joie1.»
Cosme, le nouveau duc de* Florence, avait été élevé avec Catherine; à l'époque
du dernier séjour qu'elle fit en Toscane, dans les lettres qu'il écrivait à sa mère,
Marie Salviati, qui avait alors la garde de la jeune duchesse, il se rappelait à son
souvenir. Des premiers il la complimenta de son heureuse délivrance; tout en lui
rappelant qu'ils avaient passé tant d'années de leur jeunesse ensemble, il s'excusa
d'avoir suivi le parti de Charles-Quint, mais il osait espérer que ni le roi ni le
dauphin ne l'en verraient plus mal; car si les bienfaits qu'il avait reçus de
l'Empereur le liaient à lui, il resterait vis-à-vis d'eux non moins fidèle et
non moins dévoué ; par la volonté de Dieu il était devenu le chef de leur Maison,
et elle qui est de son sang n'aura jamais à rougir de Cosme, duc de Florence2.
' Lettres de Marguerite d'Angoulème , édit. Genin. - Négociations avec la Toscane, t. III, p. 1 35.
t. II. p. 328.
INTRODUCTION. mvn
De son côté, Catherine ne laissera jamais rompre les liens qui les unissent;
elle lui recommandera ces Italiens venus à sa suite et qui l'accablent chaque
jour de leurs suppliques, elle lui recommandera les amis des Médicis à Flo-
rence, trétant seuls aujourd'hui, lui dit-elle, qui devons porter le faix de la
maison de nos prédécesseurs. n A peine relevée de ses couches, elle lui fait part
de la naissance d'Elisabeth de Valois, espérant que ace sera le neud pour for-
mer et assurer toutes les alliances en plus grande fermeté, par lesquelles tous
ceux de leur maison seront plus réjouis et consolés1.:? Tantôt elle envoie des
haquenées de Bretagne à la duchesse de Florence, tantôt des lévriers au duc; en
échange elle en reçoit des lions. Lors de la paix de Crespy, elle lui annonce
qu'elle espère qu'elle lui sera profitable. Quand son ambassadeur, Bernard de
Médicis, sera forcé de quitter la cour de France pour une question de préséance
jugée en faveur de l'envoyé du duc de Ferrare, elle cherchera à adoucir la rudesse
de ce congé; elle écrira au duc qu'elle te n'a rien omis pour donner à connoître
l'amour qu'elle lui porte comme s'il étoit feu son frère; elle regrettera que l'am-
bassadeur parte pour un tel motif; si elle avait été plus puissante, elle l'aurait
empêché 2. t>
A partir de la naissance de son premier- né, les couches se suivent sans
interruption d'année en année. François Ier voulut être le parrain d'Elisabeth et
désigna pour marraines la reine Eléonore et la reine de Navarre; mais déjà il
ressentait les premières atteintes du mal qui devait assez rapidement l'emporter :
le changement survenu dans toute sa personne et qui trahissait ses secrètes souf-
frances, ces accès de fièvre devenus si fréquents que l'ambassadeur de Toscane
en prévint son maître, cette noire mélancolie dont il se sentait si profondément
accablé que la présence de Marguerite, sa sœur chérie, ne put la dissiper, cette
inquiétude continuelle qui lui faisait à tout propos changer de résidence3, c'étaient
là des signes certains qui ne devaient pas échapper à l'œil clairvoyant de Catherine.
Montmorency, alors en disgrâce et éloigné de la cour, allait être tout-puissant
1 Lettre du 5 mai i545, p. 10. ne pas aller à Florence, dont le duc lui était si
2 Lettre de fin juillet i5-'i5, p. 13. dévoué. François Ier lui répondant que Florence
J François I", devisant un jour avec la du- était bien loin, elle lui répliqua qu'elle se pro-
cbesse d'Étampes et les dames de la cour, et par- mettait bien que, s'il allait jamais à Milan, il irait
lant d'un projet de voyage en Italie, où il se jusqu'à Florence; à quoi il s'engagea de bonne
proposait de visiter Milan, Venise, Ferrare et les grâce. (Négociations avec la Toscane, dépèche
autres belles villes d'Italie, Catberine intervint de Bernard de Médicis à Lorenzo Pagni, t. III,
et lui dit qu'une fois à Milan, il ne pouvait pas p. t5i.)
mvm INTRODUCTION.
sous le nouveau rogne; dans cette prévision, de longue date elle l'avait ménagé;
lorsqu'elle désespérait d'avoir des enfants, il lui avait envoyé des remèdes propres
à faire cesser cette persistante stérilité: tr S'il plaît à Dieu qu'ils me servent, lui avait-
elle écrit, je tiendrai ce bienfait le plus grand qui me sauroit venir que de vous
et mettrai peine à vous faire connaître que vous n'avez de meilleure amie, r Dès
qu'elle se crut assurée de sa grossesse, elle lui en fait part, sachant bien rr qu'il
n'y a personne qui en sera plus aise, car c'est le commencement de son bien1 a ;
désormais elle l'appellera son compère; une fois pour toutes elle l'avait prié de
la traiter sans cérémonie, le mot est d'elle2.
III.
CATHERINE SOLS HENRI II.
« Au moment où François Ier agonisait, nous dit un auteur contemporain in-
connu, une femme renversée à terre se désolait et sanglotait; cette femme, c'était
Catherine de Medicis3. L'affection qu'elle portait au roi faisait-elle seule couler
ses larmes et éclater ses sanglots? Non; elle pleurait, elle gémissait sur elle-
même, sur la destinée qui l'attendait, n
François Ier mort, le règne de Diane de Poitiers commence; à elle les joyaux
de la couronne pour s'en parer, elle ne les rendra qu'à la mort de Henri II; à
elle, et en entier, le don immense des deniers pour la confirmation des offices4,
l'abandon des terres vagues; à elle Chenonceaux, le duché de Valentinois 5, la
confiscation des biens des protestants, l'argent des juifs; sa main avide peut
plonger impunément dans le trésor de la France , elle a mis à sa garde une de
ses créatures0. Lors de l'entrée de Catherine à Paris, Diane est au rang des prin-
cesses, haute et fière sur sa haquenée; deux écuyers vêtus de satin blanc la
suivent à pied et portent la longue traîne de son manteau; le duc d'Aumale,
dont elle a fait son gendre, marche à ses côtés; à elle les présents des bonnes
villes; partout elle sera reçue, traitée en reine. Lyon, qui au xvic siècle, devait
1 Voy. lettre delà page 5. 200,000 écus. (Bibl. nat., Dépêches des ambassa-
' Ibid., p. 5. denrs vénitiens, t. 111, p. 3a 5.)
J Cité par Alberi dans sa Vita di Caterina di Me- 6 Voy. Brantôme , édit. L. Lalanne , t. IX, p. 2^7.
dici, Florence, i838, in-8", p. 43. ' Blondel, au lieu du trésorier titulaire Dirai.
" Ce don dépassait un million, il fut réduit à (Cimber et Danjou, 4»-c/i. cur., I"sér., t. III, p. 1 84.)
INTRODUCTION.
\wi\
tout aux Florentins venus dans ses murs, ses richesses, ses monuments, ses
églises; Lyon, où à côté des Pazzi, des Guadagni, des Baglioni , on trouvait des
Delbene, des Gondi, des Alamanni, des Albizzi; Lyon qu'on pouvait, à tant de
titres, appeler la Toscane française, oublie quelle va recevoir une Médicis; elle
n'a des regards, des adulations que pour la favorite, et l'allégorie se prêta à
d'étranges flatteries. A l'entrée de la ville , on improvise une forêt et de ces bos-
quets artificiels sort une Diane chasseresse portant au front le croissant d'argent,
vêtue d'une robe de moire noire, semée d'étoiles d'argent, les pieds chaussés
de bottines aux broderies de perles; derrière elle, ses compagnes mènent en
laisse de petits lévriers retenus par des cordons de soie noire et blanche, te cou-
leurs du roi, nous dit Brantôme, pour l'amour d'une dame qu'il aimoit et qu'il
servoit l. n
, Rouen, la grande cité industrielle, ne fera pas moins que Lyon2. Une Naïade
récitera ces vers en l'honneur de la maîtresse du roi :
Ne seras-tu pas compaigne
0 Diane!
A louer la majesté'
Du roy, qui Ion croissant porte3. ..
Désormais son influence est sans conteste : «Le roi est avec elle, tout âgée
qu'elle est, nous dit le Vénitien Contarini4; chaque jour après son dîner, il va la
trouver, il passe des heures à l'entretenir et l'initie à tout ce qui arrive, à tout
ce qui se faitn. a On ne peut dire à quel point est parvenue la grandeur et l'om-
nipotence de la duchesse de Valentinois t>, écrit le Florentin Ricasoli au duc de
Florence5. Charles-Quint engagé son ambassadeur à se servir de l'influence de
Diane; le pape Paul III fait demander de ses nouvelles; les maréchaux, les
princes s'adressent à elle pour les besoins de leurs armées0.
' Brantôme ajoute : * Madame de Valentinois,
au nom de laquelle celte chasse se faisoit, n'en fut
pas moins contente et en aynia toute sa vie fort la
ville de Lion; aussi estoit-elle leur voisine à cause
de la duché de Valentinois qui en est fort proche, i
(Édit de L. Lalanne, t. IX, p. 3 18.)
1 rr En sortant de chez le connestable , les échevins
vinrent saluer la duchesse de Valentinois et lui of-
frirent deux grands bassins et deux aiguières d'ar-
gent doré de lin or, pesantes quarante-huit marcs.»
Prise de modestie , elle avoua qu'elle n'avait rien lait
pour mériter un tel présent, mais elle promit trdese
rappeler de leur ville et de leur venir en aide si Tor-
sion s'en offrait.^ (Archives municipales de Rouen.)
3 L'Entrée de Henri II à Rouen, publiée par
Louis de Merval. Rouen, 18O8, in-4".
" Relaz. degli ambasciat. Venet., relaz. di Con-
tarini, série I", t. IV, p. 78.
5 Négociations avec la Toscane, t. III, p. a53.
6 trJe n'ay point failli, écrivait le maréchal de
Xl INTRODUCTION.
Pour captiver le roi , Diane de Poitiers ne se fie plus uniquement à ses charmes;
elle appelle à son aide d'autres séductions. Le vieux manoir d'Anet qui abrita
longtemps ses amours discrètes avec le dauphin va tomber sous le marteau des
démolisseurs et se métamorphoser. Philibert Delorme tient dans ses mains la ba-
guette magique et c'est la France qui payera les chefs-d'œuvre du grand architecte l.
Madrid, Chambord sont oubliés; c'est à Anct qu'Henri II reviendra toujours. Bien
peu de temps après la mort de François Ier, il y donne une fête avec simulacre de
combat sur l'eau.
C'est d'Anet qu'il part pour faire son entrée à Rouen; au retour il s'y arrête.
Le 27 juillet i55o, Catherine accouche d'un fils; trois jours après, il la quitte
pour rejoindre la duchesse de Valentinois. C'est à Anet qu'il reçoit l'ambassadeur
anglais, sir William Pickering'2, venu pour proposer l'intervention d'Edouard VI
entre le roi et l'Empereur. La cour y était installée, et l'audience terminée, la
duchesse conduisit l'ambassadeur et sa suite dans une grande galerie où elle avait
fait dresser une collation , puis elle voulut elle-même leur montrer les magnifi-
cences de sa somptueuse demeure. L'ambassadeur en fut si émerveillé qu'il écrit
qu'on ne pouvait rien imaginer de plus riche et de plus beau 3. Au mois de dé-
cembre 1 556 la cour y fit un long séjour.
Saint-André au duc de Guise, de montrer vostre
lettre à la duchesse; elle faict ordinairement ce
qu'elle peut pour vous faire servir ce qui vous est
nécessaire, et montrer toujours de mieulx en
mieulx vous porter affection et bonne volonté , jus-
qu'à me prier toujours l'adyertir du langage qu'elle
debvra tenir au roy pour vous.» (Mémoires du duc
de Guise, collect. Michaud, série I", t. VI, p. 262.)
1 Delorme a écrit : crCe que j'ay fait à Anet,
où ii y a tant de belles choses, ça été par le com-
mandement du feu roy, qui estait plus curieux de
sçavoir ce que l'on y faisoit que de sa maison et se
courrouçoit à moy quand je n'y allois assez sou-
vent; pour ce c'estoit tout pour le roy."
' Le 20 mars i552. — Voy. Cakndar of Suite
papers, 1567-1 553, p. 258. — Voy. Ronsard,
Mascarades, ode à la duchesse de Valentinois;
Cabinet historique, t. IX, p. 2; Anet, par M. de
Caraman, Paris. Duprat, 1860. — Voy. aussi
dans le n° 862 du fonds français : Epistre du
roy estant à Annet à la royne estant demourée à
Saint-Germain en couches de Monseigneur d'Orléans
(i548), faict promptement par le commande-
ment dudict seigneur :
S'il vous souvient, Madame, d'avoir leu
En quelque livre élégant et esleu
Le dessein rare et la description
De quelque lieu beau en perfection ,
Je vous supply imaginer et croire
Que c'est d'Annet le portrait et l'histoire.
Après en avoir fait une pompeuse description
le poète a mis dans la bouche d'Henri II ces der-
niers vers :
Mais plus prochains sommes de vous revoir
Que ce beau lieu est de vous recevoir,
Délibérant d'en desloger demain ,
Pour vous aller trouver à Saint-Germain ,
Et plus au long de nous compte vous rendre
Que par autruy vous n'en sçauriez rendre ,
Avec espoir de venir quelque jour
Expressément ici faire séjour
Pour vous montrer en plus belle saison
Ce que de beau est en ceste maison.
i Calendar of State papers , i553-i558, p. 282.
INTRODUCTION. tu
En regard des largesses prodiguées à la favorite, il ne sera pas sans intérêt de
placer le budget modeste de la femme légitime. Claude de Beaune1, l'une de ses
dames, avait la garde de ses coffres, elle tenait ses livres en partie double, écri-
vant d'un côté la recette, de l'autre la dépense. A la fin de chaque semestre, Ca-
tberine approuvait le compte2. Anticipant sur les années, nous choisirons de
préférence le livre des dépenses de l'année 1 5 58 , cpie grossirent de beaucoup les
achats faits pour le trousseau de Marie Stuart. Cette année-là, la recelte s'éleva
à 57,621 livres, la dépense à 5o,,33i livres; les plus petites sommes s'alignent
sur le registre à côté des grandes; Claude de Beaune inscrit aussi bien les
3,000 livres qui sont la dot de Béatrix de la Chambre, mariée à René de Bruges,
que les quelques testons donnés à une pauvre fille qui vend ses cheveux à la
reine, ou au garçon qui a porté son perroquet de Beauvais à Saint-Germain. Bien
n'est omis, ni les gages de Noblesse, le gouverneur de ses nains Marvile et
Romanesque 3, ni les quelques sols payés pour les tranche-plumes et plumes à mettre
dans l'écritoire de la reine. De François Ier, elle a pris et gardé le goût de la
chasse; elle envoie des hérons1 à son château de Vie en Auvergne; elle fait
acheter trente grands levreaux pour peupler les garennes de Monceaux, à raison
de 2 5 sols pièce; la plus forte partie de la recette est absorbée par les réparations
faites à sa maison de la rue des Poulies5 et par les embellissements de son château
1 Elle élail appelée également M"' du Goguier
et recevait 4oo livres pour ses peines. 3oo livres
pour ses habillements, 13 livres pour le coffre et
ses registres. ( Voy. la note de la page o/i.)
3 Voici l'une de ses approbations : * Nous Cathe-
rine, par la grâce de Dieu roine de France, cerlif-
lions à nos amez et féaux les gens de nos comptes
et tous autres qu'il appartiendra que des deniers
provenuz de nostre domaine tant ordinaire que
extraordinaire, de noz terres et seigneuries que
nultrement en quelque manière que ce soit, il m'en
a esté mis en mes coffres durant les mois de jan-
vier, février et mars, avril, may et juing derniers
passez que la somme de trente sept mil six cent
cinquante six livres huict solz tournois, contenue
en troys feiùllelz de ce présant caier que nous
avons fait arrêter et vérifier par les gens de notre
conseil, de laquelle somme de xxxvn" vc 1. m I.
vin s. nous voulons nostre chère et bien amée
Claude de Beaune, demoiselle du Goguier, l'une
des dames de nostre chambre, ayant la charge,
garde et administration de nozdictz coffres, estre
tenue quitte et deschargée par les gens de noz-.
ditz comptes et partout ailleurs où il appartiendra
sans aucune difficulté, rapportant la mise parle
menu de ladicte recepte et des parties signées de
nostre main , car tel est nostre plaisir nonobstant
quelconques ordonnances et lettres à ce contraires.
Faict à Nanleuil. le un' jour de juillet i558. Ca-
terise.i (Bibl. nat., fonds français, 11° 10991.)
:' Catherine eut plusieurs autres nains, Bezon
ou le petit Nonneton . le grand Pollacre et le petit
Pollacre, I^a Roche. Merlin. Rodomont, Mandri-
cart, Mayostrie. Petavine. (Voy. Jal. Dict. .
p. 895.)
1 Ils avaient coûté le prix énorme de 385 livres.
5 La maison de la rue des Poulies joignait celle
que la reine avait achetée au sieur de Villeroy, et
Catherine de Médicis. — i.
mi INTRODUCTION.
de Monceaux1; elle n'avait encore à cetle date ni Philibert Delorine, ni Bullant,
ni Jehan Lescot pour réaliser ses ruineuses fantaisies, mais déjà les chiffres ac-
cusent son goût prononcé pour les grandes constructions, pour la création et
l'entretien de ses jardins.
En une seule fois, elle achète à Tours, pour Monceaux, 2,000 pieds d'arbres
fruitiers à raison de k sols chacun, 000 pieds de lauriers à 18 sols pièce. Denis
Thibaut vient de Tours pour les planter et y passe soixante-cinq jours.
A Fontainebleau, elle a un jardinier à ses gages; elle en fait venir un de
Padoue, dont le voyage seul coûte 65 livres; elle nous semble enfin et à tous
égards mériter les reproches que lui fera plus tard Cbantonnay, l'ambassadeur
d'Espagne, de compromettre sa santé à trop manger de fruits.
Après les bâtiments et les jardins, les plus fortes sommes sont affectées aux
achats nécessités par les noces de Marie Stuart'2; la liste des orfèvres est longue et
le livre des dépenses nous en donne tous les noms : Mathurin Lussault, son
orfèvre ordinaire, Pierre Vast et Michel Faure, de Lyon3, Claude Héry4et Jean
Joly, de Paris5, Jehan Doublet, orfèvre du dauphin6, Nicolas Vara7, doreur et
damasquineur.
dans le Hue des dépenses, nous voyons qu'en 1 558
elle la faisait approprier pour y loger MM. d'Or-
léans , d'Angoulènie , d'Anjou el Madame Marguerite.
1 Parmi les dépenses faites h Monceaux, nous
remarquons : A un doreur sur cuir, Jehan Foucaul,
3oo livres pour une tente de chambre faite sur
cuir de mouton, frizée de figures; à Benoît Le-
boucher, fondeur, îao livres pour des chenels; à
Jacques Conte, de Paris, 60 livres pour deux
grands chandeliers de salle; à Priamus Lucas,
peintre, demeurant à Paris, h livres 10 sols pour
avoir portraicl en parchemin le parterre du cloz du
Pail-maille\
- A Denis Gilbert, 28 livres pour avoir cherché
à Paris plusieurs bagues et pierreries dont la reine
a fait don à la reine d'Ecosse; à Badouet, lapi-
daire, cinquante-huit boutons d'émeraudeà 60 sols
pièce; à M. d'Elbene, qui est à la sœur du roi.
00 sols pour donner à un enlumineur qui a peint
deux devises pour la reine.
3 A Pierre Vast et Michel Faure, marchands à
Lyon, 38o livres pour un diamant taillé à face et
fait en écusson pour faire en partie un carcan dont
la reine a fait don à la reine d'Ecosse le jour de ses
épousailles.
1 AClaude Héry, demeurant à Paris, 1 ,3ao livres
pour une grande table de diamants enchâssée en un
anneau d'or pour en faire en partie le carcan dont la
reine a fait don à la reine d'Ecosse; plus 671 livres
pour neuf grosses perles pour être mises dans le
carcan de la reine d'Ecosse pour le jour de ses
noces.
5 A Jehan Joly, 9.<yi livres pour un rubis cabo-
chon enchâssé en un anneau d'or pour faire en
partie le susdit carcan donné à la reine d'Ecosse le
jour de ses épousailles.
8 A Doublet, orfèvre du dauphin, 110 livres
pour une paire de tablettes d'or.
7 A Nicolas Vara, doreur et damasquineur à
Paris, i3 livres pour une escriptoire sur laquelle
' Pallc-maille , mail; de l'espagnol pala-mallo. C'était un des jcuv préférés de Henri II. (Voy. Brantôme, édit. de L. Lalanne,
t. III, p. 277.)
INTRODUCTION. m.hi
Si durant dix ans Catherine n'avait pu avoir d'enfants, à dater de la nais-
sance du dauphin, les grossesses se succèdent presque sans interruption, «h
ce point, nous dit un ambassadeur vénitien, que Leurs Majestés étant encore
jeunes, elles craignent d'avoir plus d'enfants qu'il ne faut; car le roi vou-
drait laisser à chacun ^\\i\\\ un héritage qui répondit à la grandeur de son
nom '.-i
Henri II était le meilleur des pères; à la moindre indisposition de ses enfants,
il taisait partir son médecin avec ordre de lui en donner des nouvelles heure par
heure; suivant les saisons, il les faisait changer de climat, changer d'habitation,
choisissant lui-même les lieux les plus sains, les logis les mieux aérés, entrant dans
les moindres détails, dans les soins les plus minutieux; on en jugera par cette
lettre : rr J'ai entendu bien amplement, écrit-il à M. d'Humières, des nouvelles de
mon fds qui ne veut plus aller en femme, dont je lui sais bon gré . étant bien raison
qu'il ait des chausses à cul puisqu'il en demande2.* En i548, lors de son voyage
en Piémont, de toutes les villes où il passe ildemande des nouvelles de ses en-
fants. A son retour, forcé de s'arrêter à Moulins pour le mariage de Jeanne
d'Albret avec Antoine de Bourbon, il laisse la cour en arrière pour avoir le
plaisir de les embrasser plus tôt3. On s'étonne de rencontrer tant de sensibilité
dans ce roi à l'aspect si froid, à la figure si impassible. Diane de Poitiers vit bien
le parti qu'elle pouvait tirer de la tendresse du père pour ses enfants; il y avait là
un moven sur de toucher ce cœur, de -le faire vibrer. Elle aussi, elle prendra soin
des enfants de Henri II": crJ'ai vu, écrit-elle à M"'0 d'Humières, la lettre que
m'avez écrite et ce que m'avez mandé que Madame Claude s'est trouvée mal cette
nuit de sa toux, dont nous sommes tous marris; toutefois est une maladie qui
n'est point dangereuse, vu que madame sa sœur aînée en a eu de cette fason.
La reine vous en écrit son avis; il me semble que vous ferez bien de prendre
une bonne résolution pour ne mettre plus les choses en doute; je me fierai
plus en votre opinion que en celle des médecins, vu mêmement la quantité
d'enfants que avez cus.n Dans une autre lettre, nous voyons encore qu'elle lui
il y avoit un homme d'acier monté à cheval et un s'en va en grande dévotion pour voir ses entons et
Suisse tenant une hallebarde à la niaju, se doibt mettre un jour devant pour en avoir tout
1 Armand Baschet. la Diplomatie vénitienne, seul la bonne chère. » (Guiffrey, Lettres de Diane
p. ^79. de Poitiers , p. '17.)
' Bibl. nat., fonds français, n° 38o8, fol. 198. " Voy. (iuiffrey, Lettres de Diane de Poitiers,
' -Le seigneur roy, écrivait Diane de Poitiers. p. 83.
XL1V INTRODUCTION.
recommande de faire bon guet, car les officiers ne peuvent garder de trotter là
où sont leurs femmes.
Mais Diane aura beau faire, comme soins, comme sollicitude pour les enfants
de Henri II, elle ne pourra jamais dépasser Catherine; on n'a jamais vu, on n'a
jamais étudié que la femme politique; essayons de retrouver la mère. Son fils aîné
venait d'être malade : k Je vous prie, écrit-elle de Compiègne à Mme d'Humières,
prendre toujours garde à lui et qu'il ne soit rien oublié en ce qu'il faut faire et,
afin de m'ôler de peine, m'écrire de ses nouvelles le plus souvent que vous pour-
rez1 ;n elle ne recommande pas moins sa fille Claude: «Le roi et moi, écrit-elle à
Mme d'Humières (4 mai 1 568), nous sommes d'avis que l'on lui donne de la panade
plutôt que autre chose, car elle lui est plus saine que la bouillie et pour ce faites
lui en bailler. Je vous prie, ajoute-t-elle, de me faire peindre tous mes enfants,
mais que ce soit d'un autre côté que le peintre n'a accoutumé de les peindre et
portraire2.» Son fils, le duc d'Orléans, lui inspirant quelques inquiétudes : fr J'ai
vu, dit-elle à Mmc d'Humières, ce que m'avez écrit de la nourrice de mon fils que,
je crois, est honnête et bien conditionnée, mais nous n'avons tant affaire de sa suf-
fisance et de ses vertus que nous avons qu'elle soit bonne nourrice, ce que l'on
voit bien qui n'est point, car mon fils continue trop à se trouver mal; par quoi je
vous prie que je n'en oye plus parler et qu'elle lui soit changée, car par sa pru-
dence et sagesse son lait n'en est pas meilleur. Quant à ma petite fille, je serai
bien aise que vous soyez bientôt auprès d'elle; j'ay envoyé le tailleur qui fait les
corps des filles de Madame la connétable pour lui en faire3. -n Dans une autre
lettre à Mmc d'Humières elle lui demande comment son fils d'Angoulème se trouve
de ses dents \
On lui envoie les portraits de ses fils, elle demande s'ils sont ressemblants, et
«à toutes aventures, elle ordonne d'en faire faire deux autres, pour les repré-
senter l'un devant l'autre5, n Plus tard elle veut elle-même élever ses deux
filles, Elisabeth et Claude, car Marguerite n'était pas encore née: te La reine,
écrivait le cardinal de Lorraine à Marie de Cuise, sa sœur, prend avec elle
ses deux filles, ne leur fait aucun état, ayant délibéré de les faire coucher en sa
garde-robe ou en une chambre le plus près d'elle qu'elle pourra, et n'auront avec
elle que Mmc d'Humières et leurs filles de chambre, et dit ladite dame que jamais
' Voy. la lettre de la page ao. " Voy. la lettre de la page 63.
' Voy. la lettre de la page a3. 5 Voy. la lettre de la page3i.
Voy. la lettre de la page 4i.
INTRODUCTION. \i.v
tant qu'elle vivra, jusques à ce que ses filles soient mariées, personne qu'elle
n'aura commandement sur elles '.n
Un nouvel astre allait se lever à l'horizon; Marie Stuart était attendue en
France à la fin de i548: «J'espère, écrivait Catherine à M. d'IIumières, que la
compagnie de mes enfants augmentera et qu'ils auront avec eux la petite reine
d'Ecosse2, n Mmc de Guise, qui la vit la première, écrivait au cardinal de Lor-
raine : (f Je vous assure, mon fils, que c'est la plus jolie et meilleure que vous
vites oneques de son âge3, u Henri II, pour lequel elle avait des càlineries char-
mantes, en raffolait : et Je suis contraint de vous dire, écrivait le cardinal de
Lorraine à sa sœur, la reine d'Ecosse, que le roi prend tel goût à la reine
vostre fille, qu'il passe bien son temps à deviser avec elle l'espace d'une heure, et
elle le sait aussi bien entretenir de bons et sages propos comme feroit une femme
de vingt-cinq ans4, u
Diane ne tarda pas à s'apercevoir de la préférence marquée d'Henri II pour la
petite reine et mit tout en œuvre pour s'attirer son affection et l'enlever à Ca-
therine; l'intérêt de l'avenir était là. Elle y réussit, sans aucun doute, car Marie
Stuart écrivait à sa mère (28 décembre 1 555 ) : «-Il est incroiahle comme mes
oncles sont soigneux de moi&; je n'en dis pas moins pour Mme de Valentinois. v
Et dans une autre lettre, elle y revient d'une manière plus marquée : crAu de-
meurant, vous savez, ma mère, comme je suis tenue à Mœe de Valentinois pour
l'amour que de plus en plus elle me montre, n et elle demande à marier .la
petite fille de Diane, M"e de Bouillon, au comte d'Aran6. Tout en se louant de
l'affection de la duchesse, Marie Stuart se plaignait à sa mère de n'être plus
dans la bonne grâce de la reine7. Il n'y a donc pas à en douter. Si Marie
Stuart, même enfant, n'aima pas Catherine, c'est qu'elle subit l'influence de
la favorite; c'est celle-ci qui dut lui apprendre que la reine était file de nuir-
chands; mol cruel que l'imprudente Marie lui répéta plus tard et que Catherine
n'oublia pas.
Dans l'étude que nous nous sommes proposée du caractère de Catherine, il est
un point que nous n'avons jamais pu nous expliquer : comment cette femme si
habile, si supérieure à Henri II par son intelligence, n'a-t-elle jamais pu surmonter
' Labanoff, Lettres de Marie Stuart, t. 1. * I.abanoff, Lettres de Marie Stuart, 1. 1, p. 9.
p. 8. 5 Ibii., t. I, p. 3a.
2 Voyez la lettre de la page 26. " Ibid. . t. I. p. 1 1.
3 Bibl.nat., fonds Clairambault, vol. 5 G. ' Ibid., t. 1, p. h 1 .
XLVI INTRODUCTION.
la crainte qu'il lui inspirait ? Toujours préoccupée de conserver ses bonnes grâces,
elle est dans ce but prèle à tout sacrifier: amitiés, affections, liens de parenté.
Lorsque Léon Strozzi, le prieur de Capoue, quitta le service du roi et se réfugia
à Malle, elle écrit au connétable : crJe voudrois que Dieu eût tant fait pour lui
de l'avoir ôté de ce monde, à l'heure qu'il lui donna la volonté de s'en aller. Une
chose me réconforte, que je crois, quand il reconnoîtra sa faute, il se mettra en
lieu où il ne demeurera guères en ce monde, qui sont les meilleures nouvelles
que je pourrois avoir de lui \ n et pourtant Léon Strozzi est le 61s de Clarisse de
Médicis qui l'avait élevée.
Dans une seconde lettre au connétable, elle revient sur le même événement :
rc Vous savez, lui dit-elle, de quelle affection j'aime le roi et son service, tant que
je n'aurai jamais regard que à cela , et si je pensois qu'il dût trouver mauvais ceci
j aimerois mieux être morte '-. ■»
Être clans les bonnes grâces du roi, s'y maintenir, c'est son unique pensée, et Je
vis ce soir, écrit-elle au connétable le 18 juin i552, ce que vous me mandez
touchant ma maladie, mais il faut que je vous dise que ce n'est pas l'eau qui m'a
fait malade tant comme n'avoir pas eu des nouvelles du roi, car je pensois que
lui et vous et tout le reste ne vous souvînt plus que j'étois encore en vie;
assurez-vous qu'il n'y a serein qui me sût faire tant de mal que de penser être
hors de sa bonne grâce et souvenance; pour quoi, mon compère, si désirez que je
vive, entretenez-m'y le plus que vous pourrez et me faites savoir souvent de ses
nouvelles; c'est le meilleur régime que je saurois tenir3, v
Cette crainte de déplaire au roi ou d'en être oubliée provient-elle d'qn senti-
ment de tendresse conjugale? L'ambassadeur vénitien nous dit que Catherine
faisait prendre le deuil à toutes ses dames lorsque Henri II partait pour l'armée4;
mais ce témoignage ne nous suffit pas; d'ordinaire ces douleurs d'apparat sont
menteuses; une plainte plus discrète nous en apprendrait davantage. Catherine de
Médicis s'était liée avec la jeune duchesse de Guise5, Italienne comme elle, et
comme elle étrangère à la cour de France. Dans un de ces jours de tristesse où
les confidences s'échappent malgré nous, elle lui écrit : n- Si vous voyez le roi,
présentez-lui mes très humbles recommandations. Je voudrois être Marguerite
pour le pouvoir voir, car je pense que aurez longtemps encore ce plaisir d'être
' Voy. la lettre de la page 63. ' Armand Baschet, Diplomatie vénit., p. /179.
2 Voy. la lettre de la page 65. s Anne d'Esté, née, en i53i, d'Hercule d'Esté,
Voy. la lettre de la page 66. duc de Ferrare, et de Renée de France.
INTRODUCTION. xlvii
avec vostre mari. Plût à Dieu que je fusse aussi bien avec le mienl.i> Nous avons
d'elle une autre lettre où se révèlent à la l'ois les souffrances intimes de la femme
et l'affection profonde qu'elle eut toujours pour Henri II; c'est à sa fille, la reine
d'Espagne, qu'elle écrit; elle ne craindra donc pas de dire tout ce qu'elle a au
fond du cœur: trl'our ce, ma mie, recommandez-vous bien à Dieu, car vous
m'avez vue aussi contente comme vous, ne pensant jamais avoir autre Iribulation
que de n'être assez aimée à mon gré du roi votre père qui m'honoroit plus
que je ne méritois, mais je l'aimois tant, que j'avois toujours peur, comme vous
savez, et Dieu me l'a ôté2!ï>
Cette étude serait incomplète si nous ne cherchions pas à bien déterminer l'in-
fluence qu'exerça Diane sur Henri II et ce qu'il devint entre ses mains. Il est une
qualité que l'on a généralement reconnue à la grande sénécbale, c'est une forte
volonté, une grande fermeté de caractère. Eh bien! cette fermeté elle a su la
communiquer à ce prince encore dauphin. Voici ce que nous dit Marino Cavaib
qui le vit à l'âge de vingt-huit ans, et depuis onze ans il vivait déjà avec Diane: tt 11
est très net, très ferme dans ses opinions, ce qu'il a dit une fois il y tient3, il
dépense son argent d'une manière sage et convenable»; c'est encore l'esprit d'ordre
de Diane qui se fait jour ici et celui de son ami le connétable.
La grande sénécbale possédait à un souverain degré la science du monde; nulle
femme n'en eut plus besoin, car, dans les premiers jours de sa liaison, il fallait à
la fois détourner les soupçons de François I01', ménager la jalousie à demi éveillée
de Catherine, se garder des épigrammes de Marot4 et des médisances de la du-
chesse d'Elampes qui se plaisait à dire qu'elle était née. le jour du mariage de
Diane. Il fallait donner à cette •intimité les apparences d'un sentiment presque
maternel et dérouter l'opinion publique; elle y parvint si bien, que Marino Ca-
valli, ce diplomate si pénétrant, cet observateur à demi philosophe et moraliste.
y fut un des premiers trompés, cr II n'est guères adonné aux femmes, nous dit-il en
parlant du dauphin, la sienne lui sullit5. »
Pour être juste, reconnaissons que Diane, par de certains côtés, se distingue
' Voy. la lettre de la page 80. Vonsn'enstes, comme j'entends,
1 ir 1 1 .. 11 r;'o Jamais tant d'heur au printems
" Vov. la lettre de la nage 508.
1 n Qu en automne.
' Tommaseo, Relat. des anitiassad. Venet., relai. ...a .' . .
(Morot, ïjrennes aux aamcê ai l« coin-.)
de Cavulli , t. I", p. 287.
. s Tommaseo, Relat. des ambassad. Venet, relat.
Que voulez-vous, Diane bonne,
Que je vous donne? de ûtvnlli . I. 1", ]>. 287.
X1.vm INTRODUCTION.
des femmes de son temps; elle avait le sentiment profond des convenances, une
sorte de déférence pour l'opinion publique, des habitudes soutenues de discrétion.
Toutes ces qualités, toute cette prudence de la femme vraiment du monde, nous
les retrouvons plus tard dans Henri II devenu roi. rr II a cela de plus, nous dit le
Vénitien Lorenzo Contarini, c'est qu'en ses affaires amoureuses, il les tient si
secrètes que personne ne peut en parler; aussi la cour qui, du temps du feu roi,
était très licencieuse est aujourd'hui assez régulière Kt> C'est là peut-être le seul
bon côté de l'influence de la grande sénécbale; si l'on en doutait, c'est au témoi-
gnage de Catherine elle-même que nous aurons recours. Voici en effet les sou-
venirs qu'elle évoquait dans une lettre à Henri IV, alors roi de Navarre, lettre
où elle lui reprochait son manque de procédés à l'égard de Marguerite de Valois.
« Vous n'êtes pas le premier mari jeune et non pas bien sage en telles choses;
mais je vous trouve bien le premier et le seul qui fasse après un tel fait avenu
tenir tel langage «à sa femme. J'ai eu cet honneur d'avoir épousé le Roi monsei-
gneur et votre souverain et de qui avez épousé la fille, mais la chose du
monde de quoi il étoit le plus marri, c'étoit quand il savoit que je susse de ces
nouvelles-là; et quant Madame de Flamin fut grosse, il trouva très bon quand on la
renvoya 2 et jamais il ne m'en fit semblant ni pire visage et moins mauvais langage.
De Madame de Valentinois, c'étoit comme Madame d'Etampes en tout honneur,
mais celles qui étoient si sottes que d'en faire voler les éclats, il eût été bien
marri que je les eusse retinses auprès de moi, et si il étoit mon Roi et le vôtre,
celle-ci c'est sa fille, c'est la sœur de votre Roi qui vous sert, quand vous l'aurez
considéré, plus que ne pensez, qui vous aime et honore, comme si elle avoit au-
tant d'honneur de vous avoir épousé que si vous fussiez fils du roi de France et
elle sa sujette. Ce n'est pas la façon de traiter les femmes de bien et de telle
maison de les injurier à l'appétit d'une putain publique3, car tout le monde, non
seulement la France, sait l'enfant qu'elle a fait et par un petit galant outrecui-
dant et impudent, d'avoir accepté de son maître un tel commandement et lui
' Alberi, Relazioni degli ambasciatori Veneti,
relaz. di Contarini, série I", t. IV, p. 61.
2 Ce que dit Catherine de Henri II est confirmé
par Brantôme : fLuy qui estoit d'assez amoureuse
complexion , quand il alloit voir les dames, y alloit
I'1 plus caché et plus couvert qu'il pouvoit, afin
qu'elles fussent hors de soupçon et diffame. Et s'il
en avoil aucune qui fust descouverte, ce n'estoit
pas de sa faulte ny de son consentement , mais
plustôt de la dame, comme une que j'ay ouy
dire de bonne maison, nommée Madame Flamin,
d'Escosse, laquelle ayant esté enceinte du faict du
Rov elle n'en faisoit pas la petite bouche. 1 (Bran-
tome, édit. de L. Lalanne, Les Dames ,t.l\.p. hçfo.)
3 C'est M"* de Fosseuse qu'elle désigne ainsi. Voy.
Mcm. de Marguerite de Valois, éd. Gubache. p. 27a.
INTRODUCTION. mx
mander un tel langage, lequel je ne puis croire qu'il vienne de vous, car vous
êtes trop bien né et de la maison dont elle est issue pour ne savoir comment
devez vivre avec la fille de votre Roi el la sœur de celui qui à présent commande
à tout ce royaume et à vous, et qui outre cela vous aime et honore, comme doit
l'aire une femme de bien; et si je la connoissois autrement, ne la voudrois sup-
porter ni rien mander pour vous taire reconnoître le tort que vous vous êtes fait.
J'ai fait partir, ajoute-t-elle, cette belle brie, car tant que je, vivrai, je ne souffri-
rai de voir chose qui puisse empêcher ou diminuer l'amitié (pie ceux qui me
sont si proches, comme elle m'est, se doivent porter l'un à l'autre, et vous prie
que après que ce beau messager de Frontenac vous aura dit le pis qu'il aura pu
pour vous aliéner contre votre femme, de revenir en vous-même et considérer
le tort que vous êtes fait de avoir cru leur conseil, et retourner au bon chemin '. •■
Dans les premières années de la liaison de Henri 11 et de Diane de Poitiers,
Catherine, nous dit l'ambassadeur Lorenzo Contarini, eut grande peine à la sup-
porter, mais sur la prière du roi, elle la toléra patiemment et elle vécut habi-
tuellement avec elle. En retour, Diane avait de certaines complaisances; elle en-
voyait souvent le roi dormir avec elle2. Elle faisait plus encore: elle la soignait
dans ses couches, dans ses maladies. Lorsque Catherine fut prise à Joinville d'un
mal qui mit ses jours en danger : « Je vous puis assurer, écrivait-elle à M. de
Brissac, que le roi a fait fort bien le bon mari, car il ne l'a jamais aban-
donnée 3. n
Une seule fois , durant tout le règne de Henri II , le nom de Diane est prononcé dans
les lettres de Catherine et à propos de la grossesse de cette lady Fleming4 dont elle
parle dans la lettre de reproches qu'elle adresse à Henri IV. Cette maladroite rivale
de Diane, sur les charmes de laquelle le connétable avait trop compté pour sup-
planter la vieille favorite , fut priée , pour éviter un scandale , d'aller faire ses couches
en Ecosse. Au moment de son départ, elle vint saluer Catherine qui raconte sa
visite en ces termes à la reine d'Ecosse , Marie de Guise : « La comtesse prit avant
' Cette lettre, du 12 janvier i58a , est entière- ' Ces soins, ces attentions, elle sait bien se les
ment écrite de la main de Catherine; pour en faire payer. Le roi, d'une seule fois, lui donne
rendre la lecture plus facile , nous n'en avons pas re- 5,5oo livres en faveur des bons, agréables et re-
produit textuellement l'autographe , ainsi que nous" commandables services qu'elle a cy-devant faiçtz h
le faisons pour les autres pièces citées dans cette in- la royne. (Guiffrey. Lettres de Diane de Poitiers,
troduction. (Bibl. nat., fonds Dupuy, n° 21 1 , p. 8.) p. 83.)
2 Alberi, Relaz. degli ambasciat. Venet., relaz. " Voyez la note de la page 3g,
</(' Contarini, série I", t. IV, p. 78.
C*TUBR1NE DE MÉDIC1S. I.
L INTRODUCTION.
hier congé de moi , mais elle n'a pas laissé pour cela de venir coucher en cette ville ,
sans se montrer ni à Madame de Vakntinois , ni à moi, mais je crois que d'autres
l'ont vue, comme je vous conterai à Amboise K n Pour être contenue, la haine n'en
est pas moins vive; à la moindre occasion elle se manifeste. Le gendre de Diane,
le duc de Bouillon, s'étant laissé prendre dans Hesdin où il s'était mis avec
d'autres gentilshommes de marque, ce n'est pas cette place de peu d'importance
qu'elle regrette, mais la mort «des hommes de bien qui y étoientn, et s'en pre-
nant au duc, sans pourtant le nommer: «Mon compère, écrit-elle au connétable,
je ne puis pardonner à ceux qui l'ont rendue que pour l'honneur de Dieu, car sans
cela je voudrois qu'ils fussent en paradis il y a six ans'2."
Henri II mort, Diane de Poitiers était à sa discrétion; elle la fit chasser de la
cour, lui fit rendre les joyaux de la couronne et lui reprit Chenonceaux. «Elle
l'avoit tellement à contrecœur, nous dit Régnier de la Planche, qu'elle vouloit
bien pis la ruiner et dépouiller de ses richesses3. i> Mais c'eut été s'aliéner les
Guises. Plus habile que la duchesse d'Étampes, Diane avait pris ses précautions en
faisant du duc d'Aumale son gendre. La haine de Catherine à demi satisfaite n en
persista pas moins. Nous en trouvons la preuve dans la dépèche d'un ambassadeur
anglais. Au moment où elle quittait Paris pour se rendre au siège de Rouen, Anet
était sur sa route; Diane, par l'entremise des Guises, avait obtenu qu'elle s'y
arrêtât; elle l'avait promis, mais en chemin elle ne put s'y décider, et passa
outre".
Durant tout le règne de Henri II, les relations diplomatiques de la France avec
la Toscane n'eurent cours que de 1 6^7 à 1 568 et de i55o à 1 55 1 . Catherine
ne fit rien pour les renouer, rien pour retenir Jean-Baptiste Ricasoli venu pour la
féliciter lorsqu'elle devint reine de France, rien pour retenir Luigi Capponi, venu
éoalement en 1 55 1 , pour la complimenter delà naissance de son troisième fils;
pourtant elle ne cessa de correspondre avec le duc et la duchesse de Florence.
Elle pratiquait la politique des ménagements, protestant à chaque occasion de sou
amitié et de son dévouement; il est vrai de dire qu'elle pouvait bien peu pour un
rapprochement; son rôle politique était nul. En i 5 5 a , au moment où Henri II
partit pour cette campagne d'Allemagne qui nous valut Metz, Toul et Verdun,
1 Voy. la lettre de Catherine, p. 3g; Brantôme , : Régnier de la Planche, État de la religion sons
édit. de L. Lalanne, Les Dames, t. IX, p. Û90. François II, édit. de M. Mennechet, p. 8.
a Voy. la lettre du a3 juillet i553 au conné- " Record office, State papers.
table, p. 79.
INTRODUCTION. u
elle lut nommée régente; c était son droit, mais Diane fit limiter son pouvoir et
lui fit adjoindre le chancelier Bertrandi; elle n'accepta pas sans se plaindre ce par-
tage d'autorité; nous le voyons par une lettre de Du Mortier au connétable : kH
a pris fantaisie à la reine, écrit-il, de vouloir voir son pouvoir, et l'ayant fait tirer
de ses coffres, elle me Ta fait lire en présence de Monsieur l'Amiral et de M. de
Sacy; après la lecture elle m'a dit, en souriant, qu'en aucuns endroits on lui
donnoit beaucoup et en d'autres bien peu; que quand même ce pouvoir eût été
aussi ample que le roi lui avoit dit au départ, elle se fût touttefois bien gardée
de n'en user que sobrement, et selon ce que le roi lui eût fait entendre de
bouche ou par écrit, car elle ne veut penser qu'à lui obéir. Du reste, elle n'en
fera aucune plainte, elle ne demandera pas qu'il soit plus étendu; elle le fera
garder en ses coffres, sans l'envoyer au Parlement, sans l'y faire publier, car ce
seroit diminuer plutôt qu'augmenter l'autorité que chacun estime qu'elle a. Elle
s'est fait représenter celui donné par le feu roi à Louise de Savoie; il est plus
ample que le sien sans partage d'autorité, et comme on cherchoit à l'adoucir, elle
se borna à répondre qu'elle trouveroit toujours bon ce que l'on voudroit, pourvu
que le roi l'entendît ainsi '. r>
Elle prit néanmoins au sérieux le rôle secondaire qu'on lui laissait : «Mon com-
père, écrivait-elle au connétable, vous verrez par la lettre que j'écris au roi,
que je n'ai pas perdu de temps à apprendre l'état et charge de munitionnaire; si
chacun fait son devoir en tenant ce qu'il a promis, je vous assure que je m'en
vais maîtresse passée, car d'heure à autre, je n'étudie que cela, je vous prie de
m'avertir particulièrement de ce que j'aurai à faire en tout et partout, car je
m'y gouvernerai selon votre bon conseil2. »
Jusqu'ici la femme politique n'a pas encore paru, elle va se révéler dans une
lettre au cardinal de Bourbon : ce J'ai été avertie, lui écrit-elle, qu'à Paris il y a
quelques prêcheurs qui n'ont autre chose à dire que de parler des affaires
d'Etat pour soulever à mutinerie tout le peuple, dont nous devons nous garder
plus que du feu et de la peste, et entr'autres deux cordeliers qui ont prêché à
Notre-Dame des propos étranges tendant à sédition avec un témoignage de mé-
contentement quant à l'entreprise du roi monseigneur, même de l'alliance qu'il
a prise avec les princes allemands et de l'aide qu'il leur fait, semblablement de ce
que l'on a en outre fait description et inventaire des reliques, lesquels propos font
1 Ribier, Lettres et mémoires d'Estat, t. II, p. 43 1. — 2 Voy. la lettre de la page 56.
U1 INTRODUCTION.
suffisamment connoitre l'impudence de tels prédicateurs, avec leur arrogance
estimant plus de leur sens que de la bonté, prudence et religion de leur prince et
de son conseil; l'autre est un jacobin qui a prêché à S' Paul, lequel interprétant
ce passage de l'Evangile : principes sacerdotum concilium fecerunt adversus Jesum, a
dit que ce n'étoit pas le conseil de Dieu d'avoir accordé au roi de prendre
vingt livres par clocher sur les fabriques et joyaux des églises et que ce n'est le
moyen de perpétuer ce nom de très chrétien , mais ôter la dévotion aux gens de
bien de faire à l'avenir aucuns biens à l'Eglise et que l'on dira le roi être si
pauvre qu'il va fouiller en la poche des pauvres mendians. Vous entendez, mon
cousin, comme un peuple est facile sous telles couleurs à s'émouvoir et faire tu-
multe, à quoi il est plus aisé de remédier au commencement. ■» Par mesure de
sûreté, elle ordonne sans bruit ni scandale de mettre les deux moines en lieu sûr et
de profiter des fêtes de Pâques pour faire justifier par un prêcheur, homme de
bien, la conduite du roi et ses alliances, et démontrer à tous «que si les biens
de l'Eglise sont appelés les biens des pauvres, leur meilleur emploi c'est de con-
tribuer à ce que les sujets du roi par l'injure de ses ennemis ne soient pas réduits
à pauvreté. T>
Elle prit si à cœur son rôle de régente, elle s'y montra si habile que Diane la fit
de nouveau tenir à l'écart; elle s'en plaignit à Tavannes qui, si nous l'en croyons,
lui offrit de couper le nez à la favorite; elle l'en remercia, lui observant que
c'était courir inutilement à sa perte et, de nouveau, elle se résigna à la pa-
tience l.
Il fallut le désastre de Saint-Quentin pour qu'elle reparût sur la scène; c'est la
plus belle page de sa vie : le roi était à Compiègne, elle se trouvait seule à Paris:
une panique s'était emparée de tous les esprits. De son propre mouvement, de sa
propre inspiration, elle se rend au Parlement et là, faisant un chaleureux appel
au patriotisme de ses membres, elle s'exprime, nous dit l'ambassadeur vénitien,
avec tant de sentiment, tant d'éloquence, qu'un subside fut voté par acclamation,
et que les notables de la ville de Paris offrirent 3oo,ooo livres. Elle les remercia
avec des paroles si expressives et si douces qu'elle arracha des larmes à toute l'as-
sistance, et Ainsi se termina cette séance, ajoute l'ambassadeur, avec tant d'applau-
dissements pour la reine et des marques si vives de satisfaction de sa conduite .
que rien n'en peut donner l'idée; par toute la ville, on ne parle d'autre chose
sinon que de la prudence de Sa Majesté 2. n
1 Panthéon litt. Mémoires de Saulx-Tavanncs , p. an. — 2 A.Baschet, Diplomatie vénitienne, j>. 48a.
INTRODUCTION. lui
L'opinion, encore sous L'impression de la conduite tenue dans celte mémorable
journée par Catherine, s'était retournée vers elle. François Glpuet, ce qu'il n'au-
rait jamais osé faire auparavant, avait place son portrait de l'autre côté de celui
du roi, dans la médaille frappée après le siège de Tliionville '. Diane de Poitiers
se faisait vieille; son règne durait trop longtemps, la cour s'en lassait; Henri II
lui-même grisonnait, sa taille devenait épaisse, en dépit des exercices violents
auxquels il se livrait avec plus d'ardeur que jamais; mais, en revanche, L'ambassa-
deur vénitien Soranzo le remarque, il devenait plus assidu auprès de sa femme;
chaque soir, après souper, il se rendait dans ses appartements, et, là, trouvant
une réunion nombreuse de dames et de seigneurs, il y restait volontiers une
heure à deviser, à entendre de la musique; car il l'aimait avec passion et eu avait
les meilleures notions2.
Catherine de Médicis nous apparaît enfin dans son vrai jour; jusqu'ici la favo-
rite lui avait trop fait ombre : cElle est sage et prudente, nous dit le Vénitien
Contarini, nul doute qu'elle ne soit apte à gouverner3. « La femme a gagné
aussi : elle a le goût de la parure et des riches vêtements; pour en relever l'éclat,
elle porte ces joyaux aux délicates ciselures dont Benvenuto Cellini a révélé le
secret à nos artistes du xvic siècle et dont souvent elle-même donne le motif1:
elle a surtout un grand air de dignité, rr Vous seule êtes reine, lui dit Pierre Àrétin,
dans un sonnet qu'il lui envoie; il y a en vous de la femme et de la déesse 5. ■• Le
poète Habèrt l'appelle la nouvelle Pallas; le grand imprimeur lyonnais Roville
' Mémoires Je Vieilleville. édit. de Michaud et
Poujoulat. série I", t. I\, p. 270.
! A. Baschet, Diplomatie vénitienne, p. i'i(î.
! Ibid.
h Alberi, Relazioni degli ambasciatori Veneli.
relaz. di Contarini , série I", t. IV. p. 7 •• .
Voici deux commandes écrites de sa main :
■ 1 L'esmeraulde ayst piere fragile qui cet (se)
case aysement et yl y a deu mayns, qui signifie
une foys qui tyene l'esmeraulde e.t faut un mot que
dise que la foy et l'amitié que désire celle qui donne
cete bague ne souit come la pière, mes come lay
^ les) deus mayns qui sout ynseparable, et la coleur-
de quoy ayst aymallé la bague qui est tane", qui
ayst pas durable san se ayfaser (effacer).
^2° Pour monsieur de Loravne uu tour de bonet
avecques une enseyne où sera la pmlure de sa
femme et la devise que M' de Boysy luy dire. -
Bibl. nal., fonds français, n" Scjîi. p. 72.
1 Lettres de l' Arétin,, t. IV, e'dil. de Paris, p. 27.
— Dans le Litre de vers que Henri II avail donné
à Diane de Poitiers, sa maîtresse, voici l'éloge qui
est fait de Catherine :
Autant de fois que nous avons peu yeoil
Vostrc grandeur, qui tout ce inonde pare
Autant de fois avons nous peu sç.aveoir
Que rien mortel à vous ne se compare.
Qui vous veult voir fault donc qu'il Ipare
De ceste terre, et monte par désir
Jnsques au ciel, pour mieus vous y choisir,
Sçachant que là est vostre vraye image.
(Bibl. nal., fonds français, n" 885, p. 81.)
Couleur, feuille morte. Voy. Farin , Théâtre d'honneur, t. I.
uv INTRODUCTION.
lui dédie la première édition de la Circé de Gelli, traduite par Denis Sauvage et
il la félicite de ce qu'en elle se retrouve l'excellent naturel du grand Cosme Ier,
co restaurateur des lettres; Guillaume Poste!, le savant orientaliste, lui dédie
sa Description de la Terre Sainte. Elle encourage i'émailleur délia Robbia, le grand
artiste Léonard Limosin qui tant de fois a fait son portrait; elle a son peintre
ordinaire, René Tibergeau1; son sculpteur ordinaire, Nicolas Saget2; elle pro-
tège Jodelle, Mellin de Saint-Gelais, dont elle fait jouer la Sophonisbe, traduite
du Trissin3; elle prend pour aumônier le voyageur Thévet; elle fait donner pour
professeur à ses deux fds, Amyot que lui avait présenté L'Hospital. «La cour de
Catherine de Médicis, s'écrie Brantôme, étoit un vrai paradis du monde et école
de toute honnêteté, et l'ornement de la France, ainsi que le savoient bien dire
les étrangers quand ils y venoient; quand elle a été morte, on a dit parla voix de
tous, que la cour n'étoit plus la cour et que jamais plus il y auroit en France
une reine mère4. s Cet éloge de Brantôme n'a rien de trop flatteur; à bien des
années de distance, Mme de Motteville écrira : «Il y avoit encore en France
quelque reste de la politesse que Catherine de Médicis y avoit apportée d'Italie, ji
C'est que jamais la cour de France ne compta à la fois un si grand nombre de
femmes remarquables; au premier rang : Marguerite de France, la sœur de
Henri II, d'une si gracieuse courtoisie, d'une intelligence si élevée5, faisant sa
lecture habituelle des auteurs latins et italiens; c'est elle qui présenta Ronsard à
la cour et encouragea du Bellay. Après elle, nommons Marie Stuart : rr Cette petite
reinette écossoise, disait Catherine de Médicis, n'a qu'à sourire pour tourner
toutes les têtes françoises -n ; elle savait plusieurs langues vivantes, elle était mu-
sicienne et chantait en s'accompagnant sur le luth; Ronsard était son maître
en poésie. A l'âge de treize ans, elle déclama devant le roi et la cour un discours
latin de sa composition; auprès d'elle se tient Elisabeth de Valois, sa compagne
d'études à laquelle elle dédiait son recueil de thèmes latins6 que celle-ci, à son
et A lient! Tibergeau par sa quittance du x juin a La Sophonisbe fut jouée à Rome pour ta pre-
,558 dernier, la somme de quarante huict livres mière fois en i5i4 et à Blois en i55r). — Voy.
à luy ordonnée sur ce en réduction de la somme de Brantôme et les curieuses notes de M. L. Lalanne.
vi" ni. 1. i à luy dene pour plusieurs figures et (Brantôme, t. III, p. a55, et t. VII, p. 345.)
portraictures qu'il a faietz pour le service de ladite " Brantôme, édit. de L. Lalanne, t. VI,
dame, i ( Livre des dépenses de Catherine, Bibl. nat. , p. 3y8.
fonds français, n° io395.) 5 Voy. son éloge par Hilarion de Coslc. dans la
» "A Nicolas Saget, sculpteur, demourant à Vie des dames illustres; Paris, ib'rj. \>. &<).
Tours, 5o livres pour ses gages.* ( Ibid) ' Ce recueil qui se tronve dans le n° 886o du
INTRODUCTION. l»
lour, traduisait en français; nommons encore la duchesse de Guise dont Ronsard
cliantera la beauté1; Charlotte et Eléonore de Roye; Mœo de Grussol, une des
femmes de l'époque qui tournait le plus malignement une lettre; Diane de France
crut, en premières noces, épousa le duc de Castro, et devint la maréchale de
Montmorency; et s'il fallait toutes les compter, toutes les 6fles d'honneur, tonif-
ies dames qui suivaient la cour, tria mémoire, nous dit Brantôme, n'y sauroit
fournir, car on voyoit tout cela reluire dans une salle de bal, au palais ou au
Louvre comme étoiles au ciel en temps serein. Aussi leur reine vouloil-elle et
leur commandoit toujours qu'elles comparussent en haut et superbe appareil,
mais elle paraissoit bien la reine par dessus toutes2. » C'est bien en effet la reine
faite de la main du grand roi François Ier; à son exemple, elle prodiguai! l'or
pour encourager les arts; à la mort de Pierre Strozzi, elle faisait acheter de -a
Yeuve sa bibliothèque, que, il est vrai, elle ne paya jamais3; elle aimait toutes
sortes d'artisans et les récompensait si généreusement que, chaque année, elle
dépassait de beaucoup la somme que lui remettait le roi; c'est ce qui fera dire
plus tard à L'Hospital. cr Madame, le royaume s'en va en fêtes et eu avertisse-
ments, et que deviendront vos enfans, quand il n'y aura plus de royaume '.'■•
A ce moment de sa vie tout semblait lui sourire : chantée par les poètes, adulée
par les artistes, bien vue par les ambassadeurs pour ses manières affables, remise
dans les bonnes grâces de Henri II et s'y affermissant, restée étrangère aux mesure-
rigoureuses prises contre les réformés, elle était en pleine possession de la faveur
de l'opinion. Mais, lorsqu'elle n'avait plus rien à ambitionner, elle allait être
jetée au milieu de nouveaux hasards et de nouveaux orages. Le 3o juin 1 5 5 9 ,
dans le tournoi donné à l'occasion des fêtes du mariage d'Elisabeth de Valois,
Henri II, courant contre Montgommery, était grièvement blessé; le coup porté en
pleine poitrine avait été si violent «pie la lance s'était rompue et qu'un des éclats.
soulevant la visière, était entré profondément dans l'œil4: r Le Toi, nous dil un
récit du temps, tomba contre la lice, étant encore sur son cheval et fut porté au\
fonds latin, a été signalé, pour la première fois en ' Bihl. nal., fonds Saint-Germain, n" iai,
i853,parM.Lud. La\anne, dans VAthenaeumfran- fol. ih. — Voy. pour le tournois : Fonlanieu
cais, et depuis, publié à Londres, par M. de Mon- vol. 297 et 298; Arch. cw: de l'histoire de France,
taiglon, pour le Warton Club, en i855. lro série, t. III, p. 979; recueil de Maurepas, Chan-
Vénus ia Sainte en ses grâces habite; sons de la mort de Henri II ; lettre d'Anne de Cossé,
Tous les amours louent en ses regards. fonds français, n° 20627, p. 69; Mémoires de
1 Brantôme, édit. de L. Laianne, t. VII, p. ^98- Vieilleville, édit. Micbaud et Poujoiilat. I'c série.
3 Voy. la note de la page 563. t. IX, p. 283.
ty, INTRODUCTION.
Toumelles où la fièvre le prit, n On ne crut pas d'abord au danger; le h juillet,
l'ambassadeur Throckmorton écrivait aux lords du conseil : «On ne craint pas
pour sa vie, mais il perdra l'œil1; « mais bientôt des craintes trop réelles reprirent
le dessus. Le dimanche, 9 juillet, on fit une procession générale à l'église de la
Sainte-Chapelle; le lendemain, 1 0 juillet, il expirait aux Tournelles. Devant ce lit
de mort, Catherine resta tout un jour pâmée sans pouvoir dire un mot2. «La reine
est si épleurée, écrivait Anne de Cossé, qu'elle nous fesoit venir la larme à l'œil3, i>
••Elle est si troublée encore, écrivait Marie Stuart à peu de jours de là à sa mère,
et a eu tant de mal à la maladie du feu roi, que je crains une grande maladie,
avec l'ennui quelle en a 4. n
Lorsque l'ambassadeur de Venise vint la complimenter, elle répondit d'une
voix si émue et si faible, que personne ne pouvait entendre ses paroles, quelque
attention qu'on y portât, car, outre la faiblesse de sa voix, elle avait sur la tête
un voile noir qui l'enveloppait entièrement et lui couvrait même le visage 5.
Désormais elle ne portera plus que des vêtements de deuil0 et prendra pour
devise une lance brisée avec ces mots autour : Lacrymœ hinc, lune dolor,
IV.
CATHERINE DE MÉDICIS SOUS FRANÇOIS II.
L'ambassadeur vénitien Jean Gapello nous dépeint ainsi François II à l'âge
de dix ans : «Il parle peu, est un peu bilieux et manque de vigueur, pourtant il
a plus de goût aux exercices du corps qu'à l'étude des belles-lettres; il aime
beaucoup la petite reine d'Ecosse qui lui est destinée pour femme; c'est une très
jolie fille de douze à treize ans; ils se font tous les deux des caresses et aiment à
s'isoler au fond des salles pour échanger leurs petites confidences sans qu'on puisse
les entendre 7. « L'ambassadeur Soranzo, qui le vit à la veille de devenir' roi, tout
en signalant les difficultés de son caractère taciturne et obstiné, nous parle du
profond respect qu'il avait pour sa mère, sous la dépendance de laquelle il était
' Calendarof State papers(i558-ib5$),ip. 356. moudaines soyes, sinon lugubres, mais tant bien
BibL nat. , fonds français, n° 8565 , fol. 37. proprement pourtant etsi bien accommodées qu elle
1 Bibl. nat., fonds français, n° 20527, fol- G9- paraissent bien la royne par-dessus toutes.» (Bran-
1 Labanoff, Lettres de Marie Stuart, t. I, p. 71. tome, édit. de L. Lalanne, t. VII, p. 398.)
5 Armand Bascbet , Diplomatie vénitienne, ' Collection des documents inédits. Belat. des
p. /tn3. ambassadeurs vénitiens. Paris, 1837, t. 1, p. 357-
6 crDurant sa viduité elle ne se para jamais de Voy. Armand Bascbet, Diplomatie vénitienne, p. 48o.
INTRODUCTION. lvu
entièrement l. En effet, son attitude vis-à-vis de Catherine fut toujours soumise
et respectueuse ; il a voulu la servir à table, nous dit l'ambassadeur de Florence
liicasoli. et lorsque les secrétaires d'Étal se sont présentés, il les a renvoyés, leur
ordonnant de travailler dorénavant avec elle, car c'était à elle de diriger les
affaires du royaume2. ttJe crois, écrit Marie Stuarl à la reine d'Ecosse, sa
mère, que si ce n'étoit le roi son fils qui lui est si obéissant qu'il ne l'ait rien que
ce qu'elle veut, que mourroit bientôt, qui seroit le plus grand malheur qui sau-
roit avenir à ce pauvre pays et tous nous autres3. d — «Rien ne se lait sans
l'assentiment de la reine-mère, n écrit l'ambassadeur Capello4. De ces témoi-
gnages, il faut beaucoup rabattre. En conservant cette apparente déférence pour
Catherine, les Guises avaient peu à peu attiré à eux toute l'autorité; le duc
François s'était fait donner le commandement des armées, le cardinal de Lorraine
avait pris en main les finances et l'administration. Il dirige tout, écrit Hubert
Languet5; l'ambassadeur Ricasoli tient le même langage : «Le cardinal de Lor-
raine est pape et roi6, n II avait alors trente-sept ans; d'un esprit merveilleux,
éloquent, parlant le grec, le latin et l'italien à en étonner les Italiens, versé
dans les lettres, habile théologien, de noble et grave prestance, au dire de
l'ambassadeur vénitien Jean Michiel, c'était la plus haute personnalité, la plus
forte tète politique de son temps; mais, comme revers de médaille, sou
avarice et sa duplicité étaient extrêmes et sa violence était telle que, tant qu'il
eut le pouvoir, il blessa tout le monde et que dans tout le royaume on désirait
sa mort7.
Exclus du conseil et de toute participation aux affaires, les princes du sang se
réunirent au mois d'août à Vendôme. Là, se trouvèrent le roi de Navarre, le
prince de la Roche-sur-Yon, Coudé, Coligny, d'Andelot, l'amiral de Cliàlillon, le
prince de Portien, le vidame de Chartres, le comte de la Rochefoucauld, le se-
crétaire du connétable et d'autres encore qui joueront un rôle dans les prochaines
luttes. Le but de la réunion était d'aviser aux moyens de faire rentrer les princes
du sang au conseil et les grands dignitaires dans leurs charges. Dans la discussion
qui s'ouvrit, Coligny et Coudé prirent tous deux la parole et tout d'abord s'ac-
A. Baschet, Diplomatie vénitienne, p. 680. ; Hubert Languet, Areana seculi dccimi sextï,
- Négociations avec la Toscane, t. III. p. flot. Halae Hermunduror. t. II, p. 3a.
' Labanoff, Lettres de Marie Sluart , t. I, p. 7a. 6 Négociations avec.la Toscane, t. III, p. 4oa.
1 Arcb. de Vienne, Extraits des dépêches des 7 Tommaseo , Relat. des ambassadeurs vénitiens.
ambassadeurs vénitiens. I. I, p. '109.
Catherine de Médicis. — i. 8
tïia INTRODUCTION.
centuèrent les divergences de ces deux caractères si opposés. Coligny, c'était le
néo-protestant tel que Calvin l'avait modelé à son image, mais plein de respect
encore pour l'autorité royale, dont il avait été jusqu'ici le fidèle serviteur, il ad-
mettait une entière soumission au pouvoir établi et se demandait jusqu'à quelle
limite on pouvait combattre ces Lorrains qu'il détestait. Si impassible que fût
le masque, si grave et si sévère que lût le maintien, il y avait en lui ce que
l'on retrouve parfois chez les hommes de guerre, une prudence consommée, l'ha-
bileté du diplomate le plus délié; c'est bien ainsi <pie le juge Brantôme qui lui
a toujours été favorable: rrsage, mûr et avisé politique1,-» mais il y avait aussi
en lui, il est juste de le dire, un vieux fonds de patriotisme, qui sous la pression
des guerres civiles pourra avoir ses défaillances, mais qui, l'année même de sa
mort, dégagé de toute passion religieuse, reparaîtra tout entier et s'affirmera dans
ce grand projet qui eut sa dernière pensée, la conquête des Flandres par la
France. Coligny conseilla donc de se renfermer dans les voies de la persuasion
et de la conciliation; il proposa, il est important de le noter, de faire des repré-
sentations à Catherine et de négocier avec elle, et offrit de s'en charger. Cornée,
au contraire, * un cœur haut,» ne se ploiera jamais ni à l'absolutisme de Calvin
ni à sa discipline rigide; de son temps, on le tenait pour plus ambitieux que
religieux; c'est bien l'homme de guerre qui, emporté par sa fougue, ira se faire
prendre à Dreux et à Jarnac, au plus épais des escadrons ennemis, tandis que
Coligny se repliera prudemment et savamment pour maintenir et. sauver cette
cause protestante qui se personnifia en lui. Condé. appuyé par le vidame de
Chartres, n'invoqua et ne pouvait invoquer qu'un seul argument, le recours à la
force et l'appel aux armes.
L'avis de Coligny l'emporta; il fut décidé que le roi de iNavarre irait trouver
Catherine et au nom de tous lui ferait des représentations.
En attendant le sacre, la cour s'était retirée à Saint-Germain; l'ambassadeur
d Espagne, Chantonnay, arrivé tout récemment2, s'y rendit pour visiter Elisabeth
de Valois; au sortir de son audience, il demanda à voir Catherine. Philippe IL
dans sa lettre de condoléance au jeune roi, l'avait vivement complimenté d'avoir
remis l'autorité entre les mains de la reine sa mère dont il se plaisait à louer la
Brantôme, édit. de L. Lalanne, t. IV, p. 35r). du moins pour l'année i50o, car celle qui a été
Nous nous servirons souvent de la correspon- imprimée dans les Mémoires de Goadè ne commence
dance de Chantonnay avec la duchesse de Parme . qu'au h mars i 56 1 et, même à partir de cette date,
anservée aux archives de Vienne ; elle est inédite, est très incomplète.
INTHODUCTKiV lu
prudence et les hautes vertu*. Heureuse de cette approbation, flattée de cette dé-
marche, Catherine reçut l'ambassadeur avec le plus vit' empressement; elle lui té-
moigna toute l'affection qu'elle portail au roi, son beau-fils, se recommandant,
elle et ses enfants, à sa bienveillance, manifestant le désir qu'elle avait de le voir et
se promettant d'aller en Espagne à la première grossesse de la reine sa fille. En
quittant Catherine, Chantonnay fut reçu par le cardinal de Lorraine; il sut par lui
que le roi de Navarre venait d'arriver et que «les choses étoient plus paisibles que
beaucoup ne l'eussent pensé, car ceux qui prétendaient au gouvernement s'étoient
désistés, v Ce résultat était dû en partie à l'habileté de Catherine.
Le roi de Navarre, entouré de ses parents et d'un nombreux cortège, pouvail
parler haut, faire valoir ses droits, mais froidement accueilli par François II, qui
lui fit attendre deux jours une audience, il perdit toute contenance, toute réso-
lution; après avoir vécu en protestant à Nérac, il vécut en catholique à Saint-
Germain1. Catherine profita de ce moment de défaillance pour l'amener à ce
qu'on voulait de lui; caressante et souple, elle lui insinua que ce n'était pas le
moment de se heurter contre la volonté du roi, qu'il ne fallait pas l'aigrir par
des demandes hors de saison, que de lui-même il reviendrait aux Bourbons:
elle connaissait son faible, elle connaissait l'illusoire espérance qu'il nourrissait
de rentrer en son royaume de Navarre, elle lui lit entrevoir qu'en acceptant la
mission de conduire la reine, sa fille, à la frontière d'Espagne, il trouverait là
une heureuse occasion de se rendre Philippe II plus favorable et de plaider sa
cause, qu'elle lui promettait d'appuyer de toute son influence; il se laissa
prendre à ces décevantes paroles et se mit à sa disposition. Coudé, de son côté,
n'osa refuser d'aller à Gand pour la ratification du traité de Cateau-Cambrésis;
la place était donc vide, mais si, grâce à l'adresse de Catherine, les Guises avaient
pu momentanément se débarrasser des Bourbons, ils allaient avoir à compter
avec les dangers de plus en plus menaçants de l'agitation religieuse.
Dès le 12 octobre 1 559 , Chantonnay écrivait à la duchesse de Parme : «La
religion en ce royaume est en un si étrange tourment que si Dieu n'y met la main
je ne vois comme sera possible d'obvier aux troubles dont je crains fort que devant
peu on entende étranges nouvelles 2n.
Béprimé et contenu par François Ier, le protestantisme sous Henri II, à la faveur
des longues guerres contre la maison d'Autriche, avait pris une redoutable ex-
1 Mignel, Journal des Savants, année 1867, ! Arch.de Vienne, lettre de Chantonnay (octobre
p. 609. »55a).
Lx INTRODUCTION.
tension; la crainte qu'il inspirait l'ut une des causes déterminantes du traité de
Cateau-Cambrésis. Le vénitien Soriano le dit formellement : a Le roi veut éteindre
l'incendie qui brûle de toutes partsH-ii Les réformés avaient bien pressenti le sort
qui leur était réservé : a Si le roi fait la paix, écrivait Macarius à Calvin, c'est
pour se retourner contre nous et nous opprimer2. n D'ailleurs Henri II ne dis-
simulait pas son intention bien arrêtée de combattre à outrance l'hérésie ; lorsque
Guillaume de Nassau vint en France, il s'ouvrit à lui des moyens proposés par le
duc d'Albe pour exterminer les hérétiques3, et en plein Parlement, le cardinal
de Lorraine déclara que l'opinion du roi avait été de faire la paix à quelque prix
que ce fût pour extirper l'hérésie de Calvin4.
Cette agitation des esprits , ce sourd mécontentement qui gagnait toutes les classes
ne tenait pas seulement aux passions religieuses surexcitées par la persécution .
d'autres causes y avaient contribué, et en première ligne les grandes dettes laissées
par Henri II : «L'argent est si court ici, écrit Chantonnay, qu'il n'y a de moyen
d'arranger les finances pour longtemps 5. v La guerre que la France soutenait alors
en Ecosse aggravait les charges d'une nation épuisée; on la regardait plutôt
comme l'affaire de la maison de Guise que comme une guerre nationale; ajoutez
à cela le mécontentement des gens de guerre licenciés sans qu'on leur payât l'ar-
riéré de leur solde, et celui des gentilshommes qui étaient venus à la cour porter
leurs réclamations et qu'on avait chassés honteusement. Si les réformés, ainsi que
le remarque Claude Haton dans son Journal, n'avaient été d'abord ce que de petites
gens0», l'omnipotence de la maison de Guise, l'exclusion des princes du sang,
avaient jeté dans les idées nouvelles une partie de la noblesse. Alphonse Tor-
nabuoni, l'ambassadeur de Toscane, ne dit pas autrement : «A Paris, on prend
les hérétiques et on les brûle, mais ce sont de petites gens qui se sont laissé
séduire; quant aux gens importants qui perdent les autres, on les ménage \v
Cette situation est bien indiquée par Régnier de la Planche : «Il y avoit deux
sortes de huguenots; les huguenots de religion, pour ne pouvoir supporter la
rigueur et cruauté exercée à l'encontre d'eux, et les huguenots d'Etat, pour ne
1 Alberi, Relaz. degli ambasciat. Venel., relu: ai ' Estientte Pasquier, Paris, Laurent Sonnius.
Soriano, série I", t. IV, p. i3o. t. I", livre îv, p. >ar5.
2 lilacarius Calvino, 17 août i558, Opéra Cal- ' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à
vint, vol. XV11, p. 291. la duchesse de Parme (octobre i55g).
* Àrch. de la maison d'Orange, sériel", a" par- ' Collect. des documents inédits, Journal de
tiedu t. I, ]). 3/i; Apologie de Guillaume de Nas- Claude Halon, t. I", p. 127.
sau , Bruxelles et Leipsig. 1 858 . in-8", p. 88 , 8ç). ' Négociations avec la Toscane, t. III . p. 4o8.
INTRODUCTION. tu
pouvoir plus comporter l'usurpation faite par les Guises de l'autorité u appar-
tenant à autres cpie aux seuls princes du sang1.1»
Mais si le calvinisme comptail parmi ses chefs les princes et les grands, par les
doctrines égalitaires qu'il propageait, par le principe du suffrage populaire ap-
pliqué à sa hiérarchie, il s'adressait de préférence aux artisans des grandes villes,
à tous ceux qui, dans un renouvellement de la forme sociale ou de la forme poli-
tique, croyaient entrevoir un adoucissement, une amélioration à leur situation
présente. Lu auteur contemporain, Philippe Gamon, voit dans la Réforme un
retour aux formes républicaines. Les ministres prêchaient que le roi ne pouvait
avoir de puissance que celle qui plaisait au peuple; que les nobles n'étaient pas
plus qu'eux. Le calvinisme, c'était donc, par certains côtés, l'opposition démocra-
tique d'alors-. Dans ces doctrines propagées par des hommes venus de lointains
pays, au maintien grave et austère, il y avait toute la séduction de l'inconnu, et,
r chacun, nous dit Florimond de Raymond, vouloit goûter de la nouveauté . •
— «A Rouen, d'après un chroniqueur normand, ils n'étoient pas plus de vingl
d'abord, c'étoient des plus hardis et celui qui éloit ministre étoit toujours de
quelque métier; s'ils avoient demeuré quinze jours dans un quartier, quinze
jouis après ils alloient demeurer dans un autre4. n Dès que leur nombre s'ac-
croît, leur organisation se fractionne en quarteniers, en dizeniers, en centeniers,
en. anciens. Le protestantisme a dû commencer ainsi dans toutes nos provinces.
Depuis vingt années le concile se faisait attendre, certaines âmes religieuses croyanl
trouver dans la nouvelle religion une affirmation plus absolue de la rédemption,
une foi plus vigoureuse dans la parole de Dieu, une interprétation plus vraie de
cette parole, s'y laissèrent prendre et lui communiquèrent toute l'ardeur de leurs
croyances ravivées-.
Durant les douze années du règne de Henri II, quatre-vingt-huit protestants
avaient péri de la main du bourreau. La pénalité de ledit de Chateaubriand
(i55i) avait été renforcée par celle de l'édit de ib.57 qui remettait aux par-
lements et aux sièges présidiaux la punition des hérétiques. Toutes les rigueurs
avaient été impuissantes, et les progrès du protestantisme peuvent se mesurer au
' Régnier de la Planche, Histoire de France sous tionnaire. (Guizot, la Civilisation en Europe, la'le-
François H, édit. de Mennechet, Paris. i836, in- con, p. 356.)
fol. p. 180. 3 Florimond de Raymond, Histoire de l'hérésie,
- La crise religieuse du \viL' siècle n'était pas sim- 1 629 . in-'i ', p. 98A.
plement religieuse, elle était essentiellement révolu- ' Floquel, Revue rétrospective normande, i8ia.
LXIl INTRODUCTION.
nombre de ses Eglises. Aux cinq constituées en 1 556 s'ajoutaient en t 5 57 celles
d'Orléans, de Nîmes, de la Rochelle, de Dieppe: en 1 558 celles de Saintes, du
Groisic, de Saint-Jean-d'Angély, de Marennes, de Cognac, de Figeac; en 1 559, la
Bretagne seule en comptait dix; et en Normandie Caen, Vire, Saint-Lô et Evreux
avaient les leurs1. Toutes correspondaient avec Genève, la métropole du protestan-
tisme. Bien peu de mois avant la mort de Henri II, le premier synode des églises
réformées se réunissait à la porte du Louvre, pour régler leur discipline, leur
hiérarchie et leur confession de foi2.
Dès les premiers jours du règne de François II, les Guises reprirent, en les ag-
gravant, les moyens de répression; le conseiller Du Bourg, que Henri II avait fait
arrêter sous ses yeux en plein Parlement, est condamné et mené au bûcher, sans
tenir compte des supplications du comte Palatin; ils répondent ainsi à l'as-
sassinat du président Minard; mais les supplices, pas plus que les édits, n'ar-
rêtent la marche ascendante du protestantisme. Le courage indomptable des ré-
formés, supportant sans se plaindre les mêmes supplices que le paganisme expi-
rant avait fait subir aux chrétiens, les assimilait aux premiers martyrs et leur
gagnait des âmes : « Les feux, écrivait Tavannes peu enclin à la pitié, confirment
les hérétiques; une mort en gâte mille vivants, i> C'est ce qui faisait dire par Ca-
therine à Mme de Mailly : rr qu'en voyant ces pauvres gens brûlés, meurtris et
lourmentésnon pour volerie ou brigandage, mais seulement pour maintenir leur
opinion, aucuns de gaîtéde cœur, elle étoit émue à croire qu'il y avoit là quelque
chose qui outrepassoit la raison naturelle3. « — tr II est impossible que cela dure plus
longtemps, écrivait le plus modéré des protestants, Hubert Languel, le 3i jan-
vier i56o; les prisons sont pleines, n Le cardinal de Lorraine a supprimé l'Eglise
de Paris; mais depuis, plus de soixante nouvelles églises ont été constituées et
Genève ne peut suffire aux demandes de ministres. Déjà les persécutés se défen-
dent par les armes contre les officiers du roi. Les Gascons ont chassé les commis
sures envoyés parle Parlement de Toulouse; il en est de même dans la province
de Narbonne et non loin de Marseille , et il ajoutait : ce Le cardinal de Lorraine est
abandonné par beaucoup des siens qui redoutent les événements *.»
1 Mignet, Journal des Savants, année 1867. 3 Régnier de la Planche, Hist. de France sous
■ L'Église de Paris était constituée depuis 1 555. François H, édit. Mennechet , p. n3,
(Voys Henri Lutlerolh, La réformation en France " Hubert Languet, Arcana seculi decimi sexti ,
durant sa première période, Paris, Meyrueis, 1859, t. II, p. 3a.
p. 1-27. 1
INTRODUCTION. lïui
\ toutes ces causes de mécontentement, à tous ces germes de haine, ajoutons
encore les difficultés extérieures: Elisabeth venait de monter sur le trône d'An-
gleterre, femme d'uQ esprit supérieur et (1*1111*: habileté admirable, nous dit
l'ambassadeur Jean Michiel. A son avènement elle intronise en Europe uue
politique toute nouvelle, le droit d'intervention; elle met en pratique cette
maxime qu'un État n'est jamais plus prospère, plus à l'abri d'agitation, que
lorsque les États voisins son! en proie à des luttes intérieures1, et pour mettre eu
jeu cette politique perfide, elle envoie en France, en qualité d'ambassadeur, Su
Nicolas Tlirockmorton, homme actif , infatigable, le plus grand ennemi de notre
nation et dont nous retrouverons partout la funeste influence. Dès le lendemain
île la mari de Henri II ( 1 3 juillet) , il écrivait à Elisabeth: «Je crois le moinenl
favorable pour reprendre Calais, le temps est propice pour tous ceux qui ont une
revanche à exercer contre la France-." A la propagande anglaise se joint la pro-
pagande calviniste dont Genève est le centre et le point de départ; la France est
inondée de libelles, de pamphlets. La détresse causée par l'insuffisance des
récoltes vint encore favoriser le progrès du protestantisme; certaines proviuces,
comme la "Normandie, étaient si misérables '-que l'on ne paxoit plus la taille el
que les curés et vicaires s'étaient rendus fugitifs par crainte d'être emprisonnés
A ne se disoit plus le service divin en grand nombre de paroisses3.- Voilà
où en était la France, voilà les difficultés contre lesquelles devaient lutter les
Guises.
L'heure de partir pour le sacre était venue : la cour quitta Saint-Germain . prit
la route de Reims, et séjourna quelques jours à Villers-Cotlerets. par suite d une
indisposition de la jeune reine d'Espagne. Le connétable et Condé parurent au
sacre; mais tous deux subirent un nouvel affront; Coligm s'était désisté du gou-
vernement de Picardie en faveur de Condé, François II en disposa pour Brissac.
Au début du nouveau règne, froidement accueilli par le jeune roi qui lui avait
conseillé le repos, le connétable de Montmorency \i\ail loin de la coin-, ne vou-
lant pas se soumettre à ceux qu'il avait toujours commandés4; sans eu remplir les
fonctions, il n'en avait pas moins conservé la charge de grand maître; François de
Guise la voulut pour lui et il remit à Catherine le soin de cette difficile négociation.
Pour y préparer le connétable, elle obtint d'abord pour sa 611e l'abbaye de Mau-
' Joseph Stevenson, Préface du Calendar of State 3 De Bras, Recherches de la Veuslrie, édit. de
papert ( i55r)-i56o ), p. xux. i833. p. 260.
1 Calendar of State papen (i5*o), p. 78. ' La Popelinière, Hisloirede France, 1. 1, p. 1 43.
L„v INTRODUCTION.
buisson, sans qu'il en eût fait la demande1; puis, plus tard, lorscpie sur la pro-
messe du maréchalat pour son fils aîné, il renoncera à la grande maîtrise, le jour
même où François de Montmorency apportera à Blois sa procuration, elle repren-
dra la plume pour annoncer à son compère que le roi venait d'assigner les sommes
nécessaires pour sa rançon, ce que jusqu'à ce jour avait refusé le cardinal de Lor-
raine. Agir dans l'intérêt des Guises, leur en donner un gage, garder par leur
moyen sa part d'autorité et en même temps ne pas trop s'aliéner le connétable,
avec la pensée de s'en servir un jour, ainsi procède Catherine. Elle n'était pas de
celles qui, comme Jeanne d'Albret, lorsqu'elles se donnent à une cause, y ap-
portent l'opiniâtreté, la virilité de leur nature. L'absolu du parti-pris n'allait pas
à son caractère. Désormais, nous la verrons pratiquer cette politique à double jeu.
laissant toujours une porte ouverte à une transaction, à un rapprochement, se
tenant à égale distance des extrêmes, dans le milieu des situations; mais le plus
souvent, quand son intérêt personnel n'était pas en jeu, elle n'a été que le chan-
geant reflet de l'opinion dominante.
Les cérémonies du sacre terminées, la cour se remit en marche et, le icr oc-
tobre, prit la route de Bar-le-Duc, où le roi conduisait sa sœur, la duchesse de
Lorraine. Chantonnay, qui suivait la cour, nous fournit de curieux détails sili-
ce voyage : « Le roi Très Chrétien est tant mis à la chasse à l'entour de Bar-le-Duc
et Saint-Désir par des villages et places qui sont à Messieurs les ducs de Lorraine
et de Guise qu'il n'y a projet d'arrêter nulle part jusques à Eclairon ou au Vau-
luisant; encore là ce ne sera que deux ou trois jours; il semble que ces seigneurs
(les Guises), qui peuvent le tout, mettent ce prince à ces plaisirs pour l'y accou-
tumer et, par ce, retenir plus longuement la maniance des affaires, car si le roi
accoutume de s'en décharger, il est à penser que difficilement il y voudra rentrer2, n
Le sol tremblait sous leurs pas, une vaste conspiration enveloppait la France
d'un réseau invisible; mais , infatués de leur omnipotence , inconscients et sans dé-
fiance, les Guises promenaient le jeune roi de forêt en forêt, de château en château.
Le recours aux armes devant lequel princes du sang et grands seigneurs avaient
reculé, un simple gentilhomme du Périgord, François du Barry, sieur de la Re-
naudie, allait, à lui seul, le tenter. Condamné pour avoir produit une pièce
fausse dans un procès contre Jean du Tillet, greffier du Parlement, ayant voué
une haine implacable aux Guises qui avaient fait emprisonner et mettre à la tor-
\oy. lettres de Catherine, p. ia5, 126 et 2 Arch. de Vienne, lettre de Chantonnay à la
]97 duchesse de Parme (octobre i55o).
INTRODUCTION. lw
ture son beau-frère Gaspard de Heu. accusé d'avoir accepté une mission du roi
île Navarre auprès de l'Allemagne protestante, La Reoaudie s'était retiré en Suisse
à Lausanne, et s'était ouvert, de ses projets à Cal\ in qui les avait blâmés. Sans tenir
compte de cette désapprobation, il étail secrètement rentré en France et, devenu
le chef du complot, il réunissait à Nantes, le ."> lévrier, tous les chefs de la future
prise d'armes; faisant passer en eux par sa parole ardente sa soif de vengeance,
il assignait à chacun son poste, sa mission, sa province à soulever et leur donnait
à tous rendez-vous, le 6 mars, à Blois, où alors résidait la cour et où il pensait
qu'elle prolongerait son séjour. Le but avoué de l'entreprise, c'était de délivrer
le roi de la tyrannie des Guises et d'abolir les édits rendus contre les protes-
tants; le but secret, c'était de massacrer tous les Lorrains1.
Le célèbre jurisconsulte François Hotman en avait reçu les premières conti-
dences de son beau-père, Guillaume Prévost, sieur de Saint-Germain, protestant
comme lui, et les avait transmises à Sturm et à tous les Français réfugiés alors à
Strasbourg. Le 26 février, il en faisait part à Calvin et lui annonçait (pie plus de
quarante mille hommes étaient en armes2. Il y avait alors en Allemagne une foule
de coureurs d'aventures ne cherchant que les occasions de guerroyer et de piller:
le plus audacieux de tous, Grumbach, que Catherine prendra plus tard à sa solde
et qui, après avoir assassiné l'évêque de Wurzbourg, finira par la corde, se montra
très disposé à entrer en France, mais avant tout il voulut en obtenir le consen-
' Une lettre de Sturm à Hotman l'affirme : «Tu
gloriabaris nnllum de sanguine Lotharingico et
Guisiano superstitem fore et in ea gloriatione ute-
baris illo biblico proverbio quod dicebas- fore ut
omnes occiderentur in ea familia qui ad parietem
queant mejere.i (Lettre citée par M. Dareste, dans
son étude sur Hotman, Revue historique, de Mo-
nod et Fagniez, année 1870. p. i85.i
" Voici le récit fait par le cardinal de Lorraine à
( lhantonnay de ce qu'il avait appris du projet des
conjurés : relis dévoient, ou de nuit ou de jour, jeter
quatre à cinq cents hommes dedans le palais du roi
icy, ou à Blois , serrer les portes et la plus grande pari
d'eux se tenir fort au milieu de la cour, les autres
se saisir de la personne du roy et de Messieurs ses
frères et de là aller prendre tous ceux de la mai-
son de Guise, faire convocation de tous les Etats de
France et conduire le rov et ses frères à la religion,
si faire se pouvoit, et sinon en créer un aultre, allé-
guant les protestans qu'il valoit mieux mettre un
roy idoine et suffisant que d'en avoir un infi-
dèle; et si ceux de la maison de Guise ne vouloient
consentir à la loy, les proscrire, comme c'a étoit
l'opinion des prédicants d'Angleterre, de Strasbourg
et autres villes protestantes, lesquelles n'ont jamais
trouvé bon que l'on s'en saigne les mains ni du
sang du roy, ni de ceux des Guises, ni autres. 1
Chantonnay ajoute : «Le cardinal m'a dit qu'outre
la déposition des prisonniers il en avoit advertisse-
ment par quelque prince protestant son ami; que, à
la prise et poursuite des conspirateurs. M. de Mont
morency avoit fait fort bon office ; enfin , que ceux de
Genève ont été moins scrupuleux, car ils ont conclu
expressément que jure licito l'on pouvoit tuer tous
les contrarians.n (Archives de Vienne, lettre de
Chantonnay à la duchesse de Parme. Mars i56o.)
Catherine de Mldicis.
Ljm INTRODUCTION.
tement de l'électeur Palatin dont il était le conseiller; il s'adjoignit Sturin et
Conrad deMansfeld, et tous trois se donnèrent rendez-vous à Heidelberg. Hot-
mail, après avoir justifié de ses relations avec les protestants de France, obtint de
l'électeur une lettre de créance pour le roi de Navarre et Gondé. Muni de cette
lettre, il se rendit auprès de celui-ci et fut reçu par lui le h mars. Mais l'heure de
l'exécution était déjà sonnée. Gondé joua son rôle de capitaine muet, Hotman n'en
obtint que des paroles vagues.
A Blois, où la cour s'était rendue après le départ de la reine d'Espagne et dès
les premiers jours du mois de janvier, le projet de partir pour Amboise, en chas-
sant chemin faisant, avait été arrêté, mais aucune crainte ne l'avait encore mo-
tivé1. C'est le 12 février seulement, il est utile de bien préciser les dates, entre
Montoire et Marchenoir, que le cardinal de Lorraine reçut un premier avis de la
conspiration; il était si peu renseigné que, croyant La Renaudie hors de France,
il écrivait de Montoire, le 17 février suivant, à Coignet, notre ambassadeur en
Suisse, de surveiller toutes ses démarches2. Le 22 février, la cour arrivait à Am-
boise. A ce premier avertissement reçu le 12 février, d'autres succèdent venus
d'Espagne3, d'Allemagne où Hotman et Sturm s'accusent réciproquement d'indis-
crétion, de Paris enfin, où un avocat, nommé Avenelles, révèle tous les secrets
que lui avait confiés La Renaudie; pourtant rien de précis, si bien que le 2 5 février
le roi, sous bonne escorte, fit venir de Vincennes trois prisonniers qui y étaient
enfermés depuis quelque temps, un nommé de Soucelles, le baron de Saint-Ai-
gnan et l'Écossais Robert Stuart accusé d'avoir assassiné le président Minard. A
leur arrivée, à Amboise, tous trois furent mis quatre fois à la torture, mais on
n'en put rien tirer.
Nous avons vu Catherine, à la nouvelle du désastre de Saint-Quentin, prendre
l'initiative des mesures de salut; cette fois, ce sont les Guises qui, à bout de
voies, reviennent à elle et lui restituent la part d'autorité qu'ils lui avaient
prise; ils en sont réduits à conseiller à Marie Stuart d'user de toute soumission
vis-à-vis d'elle4. Dans les situations difficiles, quand tous désespéraient, son esprit
1 Voy. Cartier, Hist. d' Amboise ; Archives natio- 5 Chantoimay écrivait qu'il les avait en attiré
nales, lettre de Chantoimay, B. 10, n° 169. prévenus de la conspiration, d'après des informations
2 trllsez de telle dextérité et vigilance, mettant transmises des Pays-Bas par le cardinal de Gran-
peyne de découvrir quelque menée que La Renau- velle. (Arch. nat.. collect. Simancas. B. 11, 111a
■ lie a pratiquées avec ceulx de Berne pour donner 1 16.)
faveur aux mal sentans de la foy qui sont en " Archives de Vienne , lettre de Chantoimay h la
France.)! (Bihl. nat., fonds français, n° 17981.) duchesse de Parme (mars i56o).
INTRODUCTION. uvu
subtil savait trouver des ressources. Le premier conseil qu'elle donna fut d'appe-
ler Coligny à Amboise. Le prétexte mis eri avant pour le décider à venir était la
crainte dune attaque par la Hotte anglaise de nos vaisseaux qui allaient porter
des secours en Ecosse; il s'apprêtait à aller à Tanla\ rejoindre son frère d'Andelot;
sans perdre une heure, il se rendit à ce pressant appel l.
Tous les ambassadeurs étrangers avaient suivi la cour à Amboise; seul, celui
d'Angleterre, Tfirockinorton, n'y arriva que le 'aU février; il venait de parcourir
la France, de visiter Metz et toutes nos places de la frontière, cherchant sans
aucun doute le point vulnérable d'une attaque de compte à demi avec l'Alle-
magne. Reçu à son arrivée par le roi, il fut au sortir de son audience conduit
par le duc de Guise chez Catherine; elle avait à sa droite Marie Stuart, à sa
gauche les deux cardinaux de Bourbon et de Chàlillon, et Coligny. Après lui
.avoir présenté ses lettres de créance, l'ambassadeur lui dit de vive voix que la
reine d'Angleterre attendait tout de sa médiation entre les deux royaumes; Cathe-
rine se borna à remercier la reine sa sœur de la bonne opinion qu'elle avait d'elle
et promit de la justifier2; mais de part et d'autre on resta dans le vague des com-
pliments et des protestations officiels. Dans sa dépêche à Elisabeth, Throckmorton
attribue les causes de cette apparente bienveillance : (tau peu de moyens qu'ils ont
d'entrer en campagne, à la pénurie de leurs finances et aux craintes que leur
inspirent leurs propres sujets , pour cause de religion '. ■•
Nous touchons au drame d'Amboise; mais avant d'en aborder le récit, il est
indispensable de rechercher et de déterminer la situation que Catherine avait
prise vis-à-vis des protestants et qu'elle avait maintenue jusqu'alors. C'est à Am-
boise que son rôle politique commence, que sa main est visible dans les affaires
de l'Etat; revenons donc sur le passé qui servira à expliquer le présent.
H y eut un moment où la cour de François Ier, et n'obéissant qu'à la mode, au
progrès des lettres et au plaisir de comprendre la sainte Ecriture et de chanter
les psaumes en français, faillit se trouver luthérienne et calviniste sans le savoir, n
Ce que dit là un écrivain moderne4, un contemporain l'avait ditavantlui : tt Rien
n'a tant facilité l'entrée des nouveautés que le chant doux et chatouilleux de ces
psaumes rimes; ils ont attiré les âmes par ces harmonies5, i> Mmc d'Etampes,
1 Voy. une lettre de Coligny au connétable dans "Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 1",
le n° 3 i 57 du fonds français, p. 22 et 2.3. p. 16&.
2 Calendarof State papers(\bbçj-i§(>o),i>. /109. '" Florimond de Raymond , Hist. de la naissance
3 Ibid., p. 4n. de l'hérésie, p. 1069.
LXVII1 INTRODUCTION.
Diane de Poitiers avaient chacune adopté un psaume, et le chantaient sur des airs
vulgaires, en attendant que Goudimel leur eût prêté le charme de sa musique.
Catherine en avait choisi un :
Vers l'Eternel des oppressez le Père
Je m'en iray, luy monslrant l'impropère
Que l'on me fait
Marguerite d'Angoulème l'entendant chanter un jour, dit à Villemadon \ son se-
crétaire : «• Je ne sais où la Dauphine a pris cet air : « Vers l'Eternel ;n il n'est des
traduits de Marot, mais il n'est possible qu'elle en eût su trouver un autre où son
affliction soit mieux dépeinte, n Faisant allusion à l'abandon où l'avait laissée le
dauphin, Villemadon lui écrivait plus tard : «Quand vous aviez une plaie fort san-
glante au cœur, et cherchiez par larmes et prières le Seigneur, parce qu'en aviez
affaire, en ce temps-là vous le reconnoissiez , honorant sa sainte Bible qui étoit
en vos coffres ou sur votre table, en laquelle regardiez et lisiez quelquefois, et
vos femmes et serviteurs avoient cette heureuse commodité d'y lire2. i>
Souhise, un des chefs protestants pour lequel Catherine' eut toujours une cer-
taine sympathie, lui rappellera également le temps où elle était de la religion et en
parlait ouvertement3. Écartée du pouvoir sous Henri II par Diane de Poitiei>.
l'ennemie déclarée des protestants, elle avait pu échapper à leur haine qui s'était
tout entière portée sur la favorite. Le choix de son entourage pouvait faire croire
à ses bonnes dispositions en faveur des réformés; ses confidentes étaient Mme de
Crussol, la duchesse de Montpensier et Mlle du Goguier4 qui, toutes, inclinaient
vers le protestantisme; ses conseillers habituels, Monluc, l'évèque de Valence, C. de
Marillac, archevêque de Vienne, et Morvilliers, évêque d'Orléans, passaient tous
trois pour à demi convertis aux idées nouvelles. Voilà les faibles indices qui firent
un instant croire aux protestants qu'en recourant à Catherine ils pourraient peut-
être obtenir un adoucissement à la persécution si violemment reprise par les
Guises. Coligny, nous l'avons vu, s'était chargé à Vendôme de lui faire des repré-
sentations. Accompagné de Mmb de Mailly et du prince de Condé, il la vit à Vil-
1 Villemadon n'est qu'un pseudonyme, et nous ihenay. sieur de Soubise. Paris. Willem, 1879,
avons quelque raison de croire que son véritable p. 9 1 .
nom était Jehan de Frotté. ' Monluc évêque de Valence, l'appelait sa fille
- Cimber et Danjou, Archives curieuses de l'hist. spirituelle (Bibl. nat., fonds français. 11° 31898.
de France, l" série, t. III, p. 319. p. 28.)
Jules Bonnet. Mémoire de la vie de Jean Par-
INTRODUCTION. lux
lers-Cotterets durant le court séjour qu'elle y fil en se rendant au sacre; elle s'é-
tait bien gardée de refuser cette entrevue, c'était une bonne occasion pour elle
de connaître les secrets des protestants afin, le cas échéant, de s'en servir contre
eux ou de s'assurer leur appui. M"e de Mailly porta la parole, elle lui rappela tout
d'abord que, du vivant de Henri II, elle lui avait promis sa faveur et son amitié;
elle lui dit que les réformés voyaient en elle une nouvelle Esther; elle la supplia,
en leur nom, de ne pas permettre que ce nouveau règne fût souillé de sang rrqui
déjà avoit tant crié devant Dieu , qu'on avoit bien pu s'en apercevoir à sa colère l. n
Catherine crut voir dans ces paroles une allusion à la mort de Henri II : ce De quoi
me menace-t-on'? lui répondit:elle; comment Dieu pourroil-il me faire pis,
m'ayant ôté ce que je prisois et aimois le plus? a S'apaisant peu à peu, elle lui
promit de faire cesser la persécution, pourvu que chacun vécût paisiblement et
sans scandale; elle alla plus loin encore dans un nouvel entretien avec Mme de
Mailly, elle lui fit entendre qu'elle n'était pas éloignée d'être mise en rapport
avec un ministre de l'église réformée de Paris et de conférer avec lui, ainsi que
le lui avait conseillé l'amiral, et elle lui désigna Laroche-Chandieu ; tout aussitôt,
Mme de Mailly le fit savoir au consistoire de Paris, et après de longs débats le dé-
part de Chandieu fut décidé. Le lieu choisi pour l'entrevue était un petit village
près de Reims; mais ce jour-là Catherine fut retenue par des visites de cardi-
naux et d'ambassadeurs, et la conférence n'eut pas lieu.
Loin de cesser, la persécution ayant redoublé, et le supplice de Du Bourg avant
poussé les choses à l'extrême, les réformés écrivirent de nouveau à Catherine
pour lui rappeler ses promesses et se hasardèrent à lui dire que Dieu ne laisserait
pas une telle iniquité impunie, et que, tout ainsi qu'il avait châtié Henri II. son
bras était encore levé pour achever sa vengeance, rr Ils me menacent, répondit-
elle, cuidant me faire peur, mais ils n'en sont pas encore où ils pensent1.?)
C'est à cette pression maladroite que fait allusion le plus modéré des protes-
tants, Hubert Languet, dans une lettre à Mélanchthon : «Ceux qui gouvernent
les choses de la religion ont exaspéré la reine mère, qui cherchait à tout modé-
rer, en la menaçant du jugement de Dieu et du sort du roi son mari; prise d'une
grande indignation, elle les a traités de scélérats, et leur a intimé de ne plus re-
venir; c'est ainsi que les nôtres conduisent les alfaires; si quelqu'un conseille la
modération, on l'accuse de trahir la cause de la religion2. t>
' Régnier de la Planche, llisl. de France sons 2 Hubert Languet, Arcana sccnli decimi sexti,
François II, édit. fie M. Mennechet, t. I", p. 4G. t. II, p. ht.
,.„ INTRODUCTION.
Telle était donc la disposition d'esprit de Catherine au moment où de tous les
points de la France les protestants marchaient sur Amboise. A l'arrivée de
l'amiral, elle le prend à part et dans une entrevue où elle avait admis le chance-
lier Olivier et le cardinal de Châtillon, elle lui demande conseil et le supplie de
ne pas abandonner le roi son fils. L'amiral rejeta tous les périls de la situation
sur les Guises; et à son avis le seul remède c'était d'assurer le repos et la liberté
de ceux de la religion en publiant un édit et en l'observant scrupuleusement,1.
L'édit du 8 mars accepté à contre-cœur par les Guises lut le premier pas dans
la voie nouvelle; le roi ne voulant pas que la première année de son règne fût
ensanglantée par la mort de ses pauvres sujets, et désirant les ramener par la
douceur et la miséricorde, ordonnait qu'aucune poursuite nouvelle n'aurait lieu
pour le fait de la religion; il étendait le pardon et l'amnistie à tous ses sujets,
n'en exceptant que les ministres et ceux qui, sous prétexte de religion, auraient
conspiré contre la personne de la reine sa mère, la sienne et celle de ses prin-
cipaux ministres. Coligny et le cardinal de Châtillon signèrent tous deux ce
nouvel édit,
Nous touchons au dénouement et nous emprunterons à Chantonnay les der-
nières scènes de ce drame : «On veille jour et nuit à l'intérieur et à l'extérieur,
écrivait-il à la duchesse de Parme; le sr de Losses couche dans le château ainsi que
la garde du roi, comme si l'on devoit s'attendre à un siège. n Le 3 mars, il vit le
cardinal de Lorraine qui se plaignit à lui de la connivence de la reine d'Angleterre
avec les rebelles et lui avoua qu'ils ne savaient (ta quel conseil se donner, ni à
qui se fier2. ■» Chantonnay, tout en se moquant des frayeurs du cardinal, les ex-
plique par un incident de sa vie : étant à Rome, il s'était fait dire la bonne aven-
ture par un juif qui lui avait prédit qu'il serait tué en i56o.
Les Guises, d'après les avis reçus, s'attendaient à une attaque le 6 mars. Au-
cune troupe n'ayant été signalée, ils reprirent confiance. Chantonnay peint bien
cette situation: «Le roi est allé le 10 mars à Chenonceaux avec toute la cour; en
trois jours ils ont perdu toutes leurs peurs, après avoir fait grande démonstration
et fait garder le château sans en bouger; maintenant, le roi va à la chasse et à la
volerie; les Français sont si peu persévérants que déjà l'on commence à être hon-
teux de si grande démonstration3, m
Mais le i3 mars les craintes reprirent le dessus; le comte de Sancerre étant
' Voy. La Popelinière, Histoire de France, p. »64. — 3 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à
la duchesse de Parme (mars 1060). — 3 lbid.
IN TKODUCTION. lxxi
allé en reconnaissance du côté de Tours, se trouva en l'ace dune troupe armée,
la chargea et lui fit quelques prisonniers qu'il ramena à Amboise. Le i5 , la marche
des conjurés est signalée par groupes de trente à quarante. Le 16, après dîner,
quelques piqueurs du roi allant dresser la chasse trouvèrent en forêt une troupe
d'une soixantaine d'hommes; dans ce nombre, il y avait trois ou quatre personnes
de marque, tous les autres étaient des artisans, la plupart sans armes. L'éveil
étant donné, le duc de Nemours et les jeunes princes qui étaient en cour mon-
tèrent à cheval et sans grand'peine firent quelques prisonniers. Le roi était à une
fenêtre du château; les voyant passer, il leur parla avec douceur, leur fit donner
à chacun un écu et les renvoya à l'exception de trois ou quatre; mais ils ne vou-
lurent s'en aller que si tous leurs compagnons étaient remis en liberté. On leur
demanda pourquoi ils étaient venus: rpour parler au roi. répondirent-ils, et lui
demander de leur permettre de vivre selon leur religion pour le salut de leurs
âmes, ou qu'il fit d'eux ce qu'il lui plairoit; ils dirent davantage qu'ils avoient
été mis hors de Genève et que ceux qui ont commandement sur eux leur avoient
ordonné d'être à lenteur de cette ville à un certain jour et que peu à peu ils les
suivraient et s'assembleroient avec la compagnie, qui est de plus de qua-
rante mille hommes, dont ils disent avoir vu le rôle dressé en leurs églises, étant
plus que moins et de toutes sortes l. n
Sur ces entrefaites, on apprit que le baron de Casteluau et les principaux
capitaines étaient venus se loger au château de Noisai, à petite distance d'Ain-
boise, pour y attendre La Renaudie. Le duc de Nemours, sur le refus de Vieille-
ville, y fut envoyé. Aux abords du château, il fit prisonniers deux capitaines,
Mazères et Raunai, et étant entré. en composition avec Casteluau, qui demandait
à parler au roi, il lui promit la vie sauve, et le ramena, lui et ses compagnons, à
Amboise.
Le 17, qui était un dimanche, une troupe de cent cinquante cavaliers se pré-
senta devant la porte des Bonshommes; tous mirent pied à terre comme s'ils
s'attendaient à ce que du dedans on l'ouvrirait. La porte restant fermée, ils ti-
rèrent quelques coups d'arquebuse et se retirèrent; la poursuite eut lieu dans
toutes les directions, et toutes les petites bandes qui marchaient à la suite se dis-
persèrent ou furent faites prisonnières.
Durant toute la journée, on ne cessa d'amener des prisonniers, par dix, par
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de Parme (mars i56o).
lxxii INTRODUCTION.
vingt, par trente, écrit Cliantonnay. La clémence dont avait usé le roi n'ayant pro-
duit aucun fruit (on en avait repris de ceux qui avaient été relâchés les premiers
jours), dès ce jour-là on commença à pendre aux créneaux du château; :cau
nombre des prisonniers que l'on amène, ajoute-t-il, ils seront forcés de leur lier
les mains et de les jeter à l'eau, car il est impossible d'en faire autrement l'exé-
cution. Croyez que c'est cbose comme par enchantement qu'il est impossible de
décrire, et sont ces malheureux si dépourvus d'esprit qu'ils viennent tous donner
dans le filet sans savoir que leur entreprise est découverte et se suivent file à file h *
Une gravure du temps 2 a reproduit cette lamentable tragédie : à tous les cré-
neaux les corps des suppliciés sont suspendus et se balancent dans le vide ; sur
un échafaud dressé devant la grande porte, un patient est à genoux et le bourreau
a le bras levé pour le frapper; à toutes les fenêtres du château gentilshommes et
grandes daines regardent. Tramée à ce spectacle, la duchesse de Guise, prise
d'horreur, s'en vint tout éplorée en la chambre de Catherine, et là, ses sanglots
redoublèrent; la reine lui demandant ce qu'elle avait pour se plaindre de si étrange
façon : a Je viens de voir, lui dit-elle, la plus piteuse tragédie et l'effusion du sang
innocent des bons sujets du roi. Je ne doute pas qu'à bref délai un grand malheur
ne tombe sur notre maison 3. -n
Une seule tête manquait, celle de La Renaudie. Le 20 mars, elle fut apportée;
venant en toute hâte au secours de Castelnau, il fit rencontre dans la forêt de
Château-Renaud de M. de Pardaillan, il le tua de sa main, mais, frappé d'une
balle à la tête, il tomba. Le chef mort, tous les conjurés se dispersèrent. Calvin
avait raison de dire : jamais entreprise ne fut plus mal conçue, ni plus stupide-
ment exécutée4. A quelques jours de là, Jean d'Aubigné passant devant Amboise
vit à une potence les têtes de ses compagnons encore reconnaissables; il avait avec
lui son fils Agrippa, alors âgé de huit ans et demi : et Mon enfant, lui dit-il, re-
garde bien, il ne faut que ta tête soit épargnée après la mienne pour venger ces
chefs pleins d'honneur; si tu t'y épargnes, tu auras ma malédiction 5.»
Le 28 mars, Cliantonnay fut mandé par le roi et le trouva entouré de ses
frères, du cardinal de Lorraine, du duc de Guise, du maréchal Saint-André. Ca-_
1 Voy. lettre de Cliantonnay à la duchesse de 4 crQuod stulte agitaverunt, pueriliter deinde
Parme (mars i56o). aggressi sunt.i (Lettre citée par Mignet dans le
2 Voy. le recueil de Tortorel et Perissin. Journal des Savants, année i853, p. 671.)
3 Régnier de la Planche, Flist. de France sous 5 Mémoires d' Agrippa d'Aubigné , édit. de L. La-
François II, édit. de Mennechet, in-fol., p. 102. lanne, p. 5.
INTRODUCTION. lxxiii
therine prit la parole; elle lui dil que, pour reconnaître la bonne volonté du roi
son maître, elle tenait à l'avertir de certaines menées qui se pratiquaient contre
lui en Espagne. L ne heure avant son exécution, le capitaine Mazères l'avait fait de-
mander, ayant îles révélations à lui faire. Escortée par le cardinal de Lorraine et
le maréchal Saint-André, elle était allée à pied à la prison qui est hors la cour.
L'échafaud était dressé et déjà beaucoup de spectateurs étaient tout à l'entour. Le
capitaine lui raconta qu'en Espagne il y avait une entente secrète entre tous les
parents de ceux que l'inquisition avait fait mourir; les Morisques de Grenade, de
Valence, d'Aragon s'y étaient joints d'accord avec ceux d'Alger. Les chefs du com-
plot étaient passés par sa maison avant de s'embarquer pour Alger; l'exécution en
était remise au temps de la moisson. Il avait demandé à être gardé où l'on voudrait
jusqu'à ce moment-là. Chantonnay remercia Leurs Majestés, mais sa réponse fut
fière et hautaine : les grands et les peuples d'Espagne étaient obéissants et fidèles et
en aucune sorte infectés de ces nouvelles erreurs; il n'y avait rien à craindre de
ces Morisques d'Espagne, gens avilis et dégradés; Mazères n'avait cherché qu'une
prolongation de vie de six mois; déjà il avait tout fait pour obtenir vingt-quatre
heures de grâce; monté sur l'échafaud, il avait cherché encore à gagner du temps.
car il s'était fait, par quatre fois, débander les yeux et, à la quatrième, il s'était
relevé tout d'une pièce, si bien qu'on ne pouvait achever de le mettre en posi-
tion1.
Nous en a \ons fini avec ce drame d'Amboise, mais nous nous arrêterons à une
dernière considération : tous ceux que l'on accuse d'être mêlés à cette conspira-
tion s'en disculpent: le cardinal de Lorraine, dans un entretien avec Chantonnay,
lui dit qu'elle part de Genève2," mais Calvin décline toute participation au com-
plot3. Throckmortbn, accusé d'en être par le cardinal de Lorraine, s'en défend
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
duchesse de Parme (mars 10G0).
2 Ibid.
3 Voici la réponse de Calvin à Coligny : "J'ai esté
adverty par mon frère qui est avec vous, qu'il vous
sembloit bon que je fisse imprimer une excuse pour
me décharger du blâme qui m'a été mis sus, lou-'
chant l'entreprise d'Amboise , comme si j'y eusse con-
senti ; vrai est que déjà de longtemps et de plusieurs
endroits j'ay esté requis et sollicité de ce faire; mais
' Lettres de Calvin, édit. Bonnet, t. I, p. 383.
Catherine de Médicis. — i.
je m'en suis abstenu", et il ajoute : «Quelqu'un
ayant charge de gens me demanda conseil s'il ne
serait pas licite de résister à la tyrannie dont les
enfants de Dieu estoient pour lors opprimés, je
m'efforçay de lui remontrer qu'il n'y avoit nul fon-
dement selon Dieu et môme que selon le monde il
n'y avoit que légèreté et présomption qui n'auroit
point bonne issue, et que s'il s'épandoit une goutte
de sang, les rivières en découleraient par toute
l'Europe \»
uu, INTRODUCTION.
également. Dans un entretien qu'il eut avec Chantonnay, il affirme que la reine, sa
maîtresse, n'en a lien connu, et que même elle hait Calvin.
D'Andelot, arrivé le 16 mars à Amboise, proteste de son dévouement. Condé,
très suspecté, accepte la défense de la porte des Bonshommes; plus tard, à Che-
nonceaux, il donnera un démenti et offrira le combat à quiconque oserait 1 ac-
cuser, et le duc de Guise se portera son second.
Coligny, arrivé le premier de tous, désavoue toute complicité, et invite Calvin
à s'en justifier. Brantôme affirme qu'il n'y fut pour rien, et Calvin, lorsque
La Benaudie, venu à Genève, se servit du nom de l'amiral, était persuadé «que
l'affronteur avoit pris une fausse couverture1, n
Nous laissons de côté le roi de Navarre; le cardinal de Lorraine avait déclaré à
Chantonnav qu'on ne lui avait rien communiqué, car il était trop léger, « mais on
se faisoit fort qu'après le fait il le trouveroit bon'-. -n
Ainsi, tous ceux que l'opinion du temps accuse, à tort ou à raison, d'avoir mis
la main à 1 entreprise, tous ceux qui, à coup sur, en auraient profité si elle avait
réussi, la renient; tous sont là; devant eux on pend, on noie ces malheureux
égarés et tous sont muets, tous restent à la cour.
L'exécution des chefs à Amboise n'avait en rien modifié la situation : à Saint-
Lé, on prêchait publiquement3; à Montpellier, les réformés s'étaient emparés de
l'église des Cordeliers; en Languedoc, Mouvans avait pris les armes, brisait les
images et pillait les églises*; à Rouen, une émeute venait d'éclater et AI. de Bor-
dillon, à la tète de cinquante hommes d'armes, avait arrêté un ministre au milieu
du peuple soulevé5. Catherine qui. en intercédant pour Castelnau et plusieurs des
chefs, s'était ménagé Coligny, obtint, de lui de se rendre en Normandie et de
s'y enquérir du véritable état des choses. Mais le moment était, venu d'inaugurer
une politique nouvelle et il fallait qu'elle put se personnifier dans un homme
dont le nom fut une autorité, la parole une garantie. Cet homme, ce fut l'Hospital,
le conseiller intime de Marguerite de France qu'il avait suivie en Piémont et qui
elle-même, nous dit Calvin, était en assez bon train de se déclarer pour la reli-
gion. A Catherine revient le mérite, on ne peut le lui contester, de l'avoir la
1 Jules Bonnet, Lettres de Calvin, t. II, p, 558. 4 Régnier tle la Planche, Histoire de France
2 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la sous François 11, e'dit. de Mennechel, 1 836 ,
duchesse de Parme (3 avril i56o). p. îio.
archives de Vienne, lettre de Chantonnay à B Archives de Vienne, lettre de Chantonna) à
la duchesse de Parme (avril 1060). la duchesse de Parme (avril i56o).
INTRODUCTION. im
première désigné el de l'avoir secondé dans ses généreuses tentatives dapaisemenl
et de conciliation, nous ne disons pas de tolérance, c'est un mot que Ion ne
connut pas au xvie siècle.
Le premier pas dans cette nouvelle voie, c'est l'édit de lîomoranlin; il faisait
passer la connaissance du crime d'hérésie aux ecclésiastiques, mesure très favo-
rable aux réformés, suivant Chanlonnay, qui en donne celte singulière raison :
et que par crainte de la haine qu'on a contre le clergé les ecclésiastiques n'ose-
ront pas sévir '. -
Mais ce n'est pas l'édit en lui-même, ce sont les paroles prononcées par l'Hos-
pital devant le Parlement qui annonçaient, dans sa pensée du moins, que tout
devait être changé : ce Clracun s'est fait une religion, les uns à bonne lin, les autres
par malice; les uns voudroient que leur religion fût reçue et que celle des autres
fût chassée; le remède doit venir de plus grand lieu, par la main de Dieu cl du
concile universel; jusques-là faut essayer à vivre doucement et qu'il y ait nue
façon de vivre. Les maladies de l'esprit ne se guérissent pas comme celles du corps.
Si un homme est obstiné en ses erreurs, on doit lui fermer l'église et après le
rendre au bras séculier, n
Laissons, pour un instant, les luttes religieuses et portons nos regards du coté
de l'Ecosse où la lutte était engagée entre l'Angleterre et la France. Le 28 mars,
Lonl Grey franchissait la frontière; son armée, forte de six mille hommes de
pied et de deux mille chevaux, était précédée par une nouvelle machine de
guerre, la proclamation de la reine Elisabeth, proclamation dans laquelle, faisant
appel à l'opinion publique, chose toute nouvelle en Europe, elle protestait de son
désir de rester en paix avec l'Ecosse et avec la France'-, ("est à la maison de
Guise seule qu'elle faisait la guerre, lui reprochant de s'être emparée du pouvoir
durant la minorité du roi, à l'exclusion des princes du sang à qui revenait le gou-
vernement. Cette proclamation avait été traduite en français dans le but de s en
servir comme moyen d'agitation : cr II sera bon, écrit Throckmorton à Ceci!, de
la répandre en Bretagne et en Normandie, par l'entremise des marchands, pour
animer davantage le peuple contre la maison de Guise :;. ■
1 Archives de Vienne, lettres de Chantnnnay à 3 Lettre de Throckmorton à Gecil: «It will be
la duchesse de Parme (avril i5Go). — Papiers de well to raake current the proclamation by means ci
Simancas, série B, liasse K , n" 1 3a. merchants through Brittany and Normandy, to ani-
5 Voy. Cakndar of State papers, i56o, p. 65a , mate the people more against the bouse of Guise.»
/i53. (Caleudar of State papers, i56o, p. 5o<).)
lxxvl INTRODUCTION.
Voilà bien cette fois la main de l'Anglais dans nos troubles : «Le moment est
venu de jeter notre monnaie, écrivait Throckmorton à Elisabeth, au lendemain
d'Amboise; jamais argent ne sera plus utilement dépensé', n
La situation de nos troupes en Ecosse devenant de plus en plus critique, Ca-
therine se charge de réclamer l'intervention de l'Espagne; elle s'adresse d'abord au
duc d'Albe : et Les choses d'Angleterre , lui écrit-elle , seraient en plus mauvais termes
encore quelles ne sont, si elle n'avait pas tenu la main bien ferme, et disposé le
roi son fils à la patience. Les représentations du roi d'Espagne n'ont servi de rien
jusqu'à ce jour; il est temps qu'il fasse bien sentir à la reine d'Angleterre qu'il ne
veut pas abandonner la cause de la religion qu'elle semble vouloir opprimer; il
faut qu'il lui dise qu'il sera contraint d'aider le roi son frère à châtier ses sujets
rebelles et hérétiques; n et elle ajoutait : «les choses de la religion sont désormais
allées si avant qu'il est besoin d'y remédier à bon escient, j'estime que l'insolence
de ceux d'Ecosse conforte ceux qui sont, en ce royaume et en vos pays, de cette
opinion2, v
Remarquons-le bien, à la même heure où en France elle faisait appel aux idées
de modération, en Espagne et pour décider Philippe II à une démonstration éner-
gique, elle faisait vibrer la corde religieuse, elle s'adressait à ses sentiments ca-
tholiques. Elle ne se borne pas à cette démarche auprès du duc d'Alhe, elle a
recours à la reine sa fdle : «La reine d'Angleterre, lui dit-elle, est si près d'une
folie, si le roi, vostre mari, n'y met la main; pour ce, ma mie, je vous prie de
lui en parler de telle sorte qu'il lui plaise mander ses intentions à la dite reine,
afin qu'elle sache qu'il aura très désagréable qu'elle ait allumé un tel teu.n
Philippe II, dont la flotte venait d'être battue par les Turcs dans la Méditer-
ranée, se borna à de stériles remontrances. La résistance héroïque d'une poignée
de Français enfermés dans Leith, la mort de Marie de Guise, la mission en Ecosse
de Cécil qui, personnellement, désirait une solution pacifique, toutes ces causes
facilitèrent le traité d'Edimbourg acheté, il est vrai, par la dure condition de
l'évacuation de nos troupes. C'en était donc fait de notre ancienne influence en
Ecosse. On nous avait arraché la promesse de n'y plus revenir3.
Au milieu des préoccupations que lui donnaient et les troubles intérieurs de
la France et celte guerre d'Ecosse, Catherine trouvait encore des heures pour
1 Forbes, vol. I, Throckmorton to the Queen, - Voy. la lettre de Catherine, p. 1 36.
si mars îûGo. — Voy. Fronde. Hislory of Eu- 3 Voy. la lettre de la page i36.
gland, vol. VII. p. ao6.
INTRODUCTION. lxxvii
écrire à sa iille la reine d'Espagne, pour lui tracer des règles de conduite vis-
à-vis de Philippe 11 et des femmes de sa maison; ce n'est plus la mère qui
conseille, c'est la femme politique qui dirige : tr Encore, Dieu merci, écrit-elle à
I é\èque de Limoges en parlant de la reine, sa Iille, qu'elle ait le naturel bon et
l'entendement tel que, quand elle le voudra appliquer à quelque chose, je m'as-
sure qu'elle le fera bien, si est-ce que pour la jeunesse qu'elle a, elle ne peut
avuir tant de connoissancc des choses du monde que l'âge et l'expérience lui
pourront apporter; je sais combien votre sage discours et avis lui ont été pro6-
tahles1. v Dans une autre lettre, faisant allusion à une difficulté survenue à l'occa-
sion de sa dame d'honneur, Mme de Vineux : et Je suis fort aise, écrivait-elle, de
ce qui a été fait par le roi d'Espagne en faveur de la reine, nia fille, pour
Mmo de- Vineux; c'est un témoignage de l'amour qu'il lui porte et du moyen
qu'elle pourra avec le temps avoir avec lui2. t> L'influence de sa fille sur Philippe II,
voilà ce qu'elle ambitionnait.
Au mois de juillet la cour s'installa à Fontainebleau pour y attendre l'ouverture
de l'assemblée, fixée au 2 1 août, et à laquelle les Guises avaient appelé les princes,
les plus puissants seigneurs, les chevaliers de l'ordre, les principaux magistrats,
pour y délibérer en commun sur les affaires de l'Etat: crNous sommes venus
ici, écrivait Catherine à l'évêque de Limoges, pour prendre une bonne résolution
en toutes nos affaires et y établir quelque bon ordre; ce n'es! pas, comme vous
pouvez penser, l'œuvre d'un jour ni d'un mois, aussi y sommes-nous depuis un
demi mois et plus, et nous délibérons y demeurer trois ou quatre3. 71 Le connétable
se présenta à Fontainebleau avec une armée de gentilshommes. A son arrivée, le
roi et les Guises lui firent bon visage, mais de part et d'autre on s'observait : «Le
connétable, nous dit Ghantonnay, a l'air très emprunté à cette cour; il dissimule
tant qu'il peut et chacun peut penser qu'à ces caresses il n'a pas tant de fiance4, n
C'est à Catherine de Médicis qu'avait été laissé le soin de convoquer le roi de
Navarre à l'assemblée de Fontainebleau. Depuis Amboise il avait tenu une très
prudente conduite; l'ambassadeur anglais Throckmorton lui ayant adressé une
copie delà proclamation de la reine d'Angleterre, il la lui avait renvoyée, se plai-
gnant d'être ainsi méconnu dans ses sentiments de fidélité envers son roi et l'invi-
tant à dire à la reine sa maîtresse, de ne plus mettre son nom en ses écrits el
1 Voy. la lettre de Catherine, p. 16a. ' Archives de Vienne, lettre de Chantonna} à la
2 Voy. In lettre de la page 1/12. duchesse de Parme (août i56o).
3 Voy. la lettre de la page 1 43.
lAxvm INTRODUCTION.
proclamations, car ce sérail lui nuire, cl l'aire croire à de secrètes intelligences
qu il répudiait '.
La première réunion de l'assemblée de Fontainebleau se tint dans la chambre
de Catherine de Médicis; elle dit quelques mots, puis le roi indiqua les points
principaux sur lesquels devaient porter les délibérations: la religion, la justice, le
payement des dettes (elles se montaient à quarante-sept millions de francs), le
soulagement du peuple par des lois somptuaires, et la révision des monnaies. Tous,
au nombre de quarante, donnèrent leur opinion (le roi avait voulu qu'il en fût
ainsi) : cries uns chaudement, les autres froidement2. r> A l'ouverture de la pre-
mière séance, Coligny se leva et, tirant de sa poche une requête, il la lut : il \
était dit, qu'il plût au roi permettre qu'il y eût en France deux sortes d'Eglises,
l'une catholique, l'autre protestante, et que chacun pût vivre à sa volonté.
Quand cette supplique fut lue, nous dit Ghantonnay, chacun se retourna bien
ébahi, et l'on demanda à l'amiral de qui il tenait cette requête; il répondit qu il
n'en savait rien, qu'elle s'était trouvée au milieu de beaucoup d'autres qu'on lui
avait remises. Le roi le prit à son serment , mais il persista à dire qu'il n'en savait
rien. On lui demanda alors à qui l'on pourrait remettre la requête, quand elle
serait appointée; il répliqua qu'il ne savait; mais le roi avec un visage sévère lui
dit qu'il s'en allât à sa place3. Depuis on sut que cette requête avait été remise à
l'amiral par les réformés normands, elle n'était pas signée, car il n'avait pas voulu
faire de convocation sans autorisation du roi , mais il offrit d'y faire mettre au bas
cinquante mille signatures.
A certains jours, il y a des courants d'opinion qui traversent les assemblées,
les portent à la violence ou à la modération. A Fontainebleau, les idées d'apaise-
ment dominèrent : dans la bouche de Moulue, évoque de Valence, dans celle de
Marillac, archevêque de Vienne, elles n'étaient pas nouvelles; «mais il dut sem-
1 Record office, State papers , France, vol. XXII.
— Voy. lettre du roi de Navarre à François II,
Négociations sous François II.
' Archives de Vienne, lettre de Cbantonnay a
la duchesse de Parme (aoûl i56b).
3 Celte version, donnée par Ghantonnay, est
identiquement la même que celle de l'ambassadeur
vénitien, rapportée par M. Armand Iiaschet. (Voy.
Diplomatie vénitienne, p. 5o6.) La version de Régnier
de la Planche est tout autre : trSa Majesté, sur cela .
lui déclara qu'il avoit toute asseurance sur sa tidé-
lité, qu'il ne doutoit nullement que nulle autre
chose ne l'avait meu que le zèle de son service, de
quoy il lui savoit bon gré. v (Régnier de la Planche .
Hist. de France sons François II , édit. de Mennechel ,
in-fol. p. a35. ) La version de Castelnau nous semble
plus vraie: tfLarequeste estant lue, le roi commanda
à l'assemblée de lui donner conseil sans aucune pas-
sion.» {Mém. de Castelnau, édit. de Le Laboureur,
1. 1. p. 46.)
INTRODUCTION. lxxh
hier étrange d'entendre dire au cardinal de Lorraine que le roi ne voulait plus qu'à
l'avenir on poursuivit ceux qui iraient au prêche sans armes et chanteraient les
psaumes, et que, ([liant à lui, «pour ramener ces pauvres dévoyés, il serait
heureux de donner sa vie. -i
La convocation des Etats généraux, hautement demandée parles Guises, el la
réunion du clergé de France, fixée au 20 janvier, sortirent des délibérations de
l'assemblée de Fontainebleau; la majorité des suffrages l'avail ainsi décidé. Le
9 septembre suivant, Lllospilal se rendit au Parlement et lui annonça que chacun
des trois états pourrait, parler librement, présenter ses remontrances, exposer ses
griefs. Il avait fallu une nécessité bien absolue, bien urgente pour amener les
Guises à de pareilles concessions. François II, en l'annonçant à l'évèquc de Rennes
lui dit formellement qu'il était décidé à poursuivre le concile général, mais que, m
les choses allaient trop en longueur, la division, qui est fort grande au fait de la
religion, le contraindrait de venir au national, le seul remède qui leur restât de
préserver le royaume de la ruine et de la désolation1. Morvillier, l'évèquc d'Or-
léans, tient le même langage : ctLe roi d'Espagne trouve le concile mauvais, écri-
vait-il à l'évèquc de Rennes; il craint que ses sujets ne sentent quelque nouveauté
à notre exemple, mais ils ne connaissent pas le mal qui nous presse. i>
Nous cherchons vainement la part prise par Catherine dans les débats engagés
à l'occasion du concile national; elle dut y pousser secrètement, nous n'en dou-
tons pas, mais elle se tint sur la réserve. Se prononcer ouvertement, c'eût été
indisposer contre elle le roi d'Espagne qui s'y montrait si opposé et qui envoyait
Don Antonio de Tolède pour offrir en son nom des hommes et de l'argent à la
condition de renoncer à cette fâcheuse idée. Lorsque Don Antonio retourna en
Espagne, dans la lettre qu'elle écrit à Philippe II, nous la verrons encore se
retrancher derrière la dépêche officielle que {'ambassadeur emportait.
Au moment où l'on espérait arriver à la conciliation des esprits par les voies
pacifiques et légales des Etats généraux et du concile, les violents, les impatients
qui, à toutes les époques, compromettent les causes, rejetèrent le pays dans
de nouvelles complications, dans de plus graves difficultés. François II, dans sa
lettre au Parlement, du 3 1 mars, ayant dit que la conspiration naguère découverte
avait été soudainement rompue, les protestants réfutèrent violemment cette asser-
tion qu'ils attribuèrent an cardinal de Lorraine: tr L'orateur s'abuse en disant
1 Négociations sous François II , p. 5o2.
lixx INTRODUCTION.
que l'entreprise qu'ils appellent conspiration a été soudainement rompue; tant
que le roi sera en bas âge et ne gouvernera son royaume par lui-même ou
légitime conseil, cette entreprise ne sera rompue et tentera-t-on de faire
justice de la tyrannie, cruauté et ambition de ceux de la maison de Guise1.!:
François II ne tarda pas à le reconnaître, car il écrivait, au mois de septembre,
à l'évêque de Limoges: rtLe feu a toujours couvé depuis l'exécution cpii se fit à
Amboise 2. n
Ce feu était attisé par les nombreux pamphlets que d'un bout de la France à
l'autre on se passait de main en main. Un seul les résume et les dépasse tous;
c'est plus qu'une catilinaire, ainsi que l'appelle un écrivain moderne, c'est une
provocation à l'assassinat. Ce pamphlet c'est le Tigre3. Le Tigre c'est le car-
dinal de Lorraine, et l'auteur, c'est ce même Hotman que nous avons vu naguère
proposer au comte Palatin de se joindre aux conjurés d'Amboise et d'entrer en
France. Après avoir reproché au cardinal la conquête de Metz dans le seul but
de s'en approprier l'évèché et d'en rançonner la population; après l'avoir accusé
de vols, de meurtres, de pillage et de concussion, il lui jette à la face cette san-
glante apostrophe : «Tu fais mourir ceux qui conspirent contre toi et tu vis en-
core; tu as conspiré contre la couronne de France, monstre détestable, et tu vis
encore. Va-t'en, décharge-nous de ta tyrannie, évite la main du bourreau, n
Si, à Paris, sous l'excitation de ces paroles ardentes, on se contente de pendre
en effigie le cardinal de Lorraine, dans le Midi, où les têtes sont plus chaudes,
les émeutes se multiplient et le sang coule; cette agitation gagne le Périgord,
1 Agénois et le Limousin. Le ter septembre, Bertrand Sabatier, procureur général
au Parlement de Toulouse, écrit au cardinal de Lorraine que quatre cents écoliers
sont venus demander une église pour y faire prêcher suivant le rite de Genève.
Le 1 1 septembre, Joyeuse prévient le cardinal que la plupart du peuple du Lan-
guedoc a pris les armes et qu'il ne peut plus être obéi ni par douceur ni par
menaces4. Les chefs reconnus sont des hommes considérables par leur situation,
Mouvans et Montbrun, neveu du cardinal de Tournon. Mais ce n'était encore là
que des tentatives de révoltes locales, sans plan d'ensemble, sans mouvements
combinés; pour donner aux réformés du Midi l'unité d'action qui leur manquait
il fallait un homme de la même trempe que La Henaudie, et ce fut un échappé
1 Négociations sous François II , p. 5oa. Read. Paris, Académie des bibliophiles, 1876.
'■ Mignet , Journal des Savants , anne'e 1857. 4 Dom Vaisselte. Histoire du Languedoc, t. V.
; Le Tigre de i56o, reproduit par M. Charles p. 193.
INTRODUCTION. txi&i
d'Amboise, Maligny, qui se sentit de force à jouer un pareil rôle. C'était un vrai
chef de parti, actif, audacieux, infatigable; aprèsavoir nouédes intelligences avec
les protestants de Lyon, il s'était rendu à Genève où il s'était assuré le concours
de Calvin, de de Bèze, de Spifame, de Pastoureau; puis, passant en Allemagne,
il y avait recruté des soldats et les joignant à ceux qu'il avait enrôlés en Dauphiné
ci en Provence, d'accord avec Mou vans et Monlbrun dont il s'était assuré le concours,
il les faisait, par groupes de trois ou quatre, entrer à Lyon dontil voulait s'emparer;
le 5 septembre était le jour fixé pour l'exécution. Maligny, on ne peut en douter,
était l'homme, l'agent de Condé qui, retiré à Nérac et en correspondance avec tous
les mécontents, attendait son heure. Prévenus par un nommé Bonval, les Guises
firent arrêter à Étampes La Sague, domestique de Condé; il était porteur de lettres
du vidame de Chartres et du connétable de Montmorency. Menacé de la torture,
il lit des révélations. Qu'elles fussent vraies ou fausses, les Guises se croyant en
danger déployèrent une grande activité, remplaçant tous les gouverneurs suspects,
changeant les garnisons. La conspiration de Lyon échoua; Maligny prit la fuite
et le vidame de Chartres fut arrêté et conduit cà la Bastille : s Dieu nous a bien aidés ,
écrivait Catherine de Médicis à la reine d'Espagne, car il semble que c'est un vrai
miracle de la façon que avons tout su1.» Le roi, de son côté, annonçait à l'évèque
de Limoges que le prince de Condé était le chef de la conspiration, qu'il n'avait
aucune certitude de la complicité du roi de Navarre, mais que la reine d'Angle-
terre y était mêlée bien avant; enfin, qu'il avait fait arrêter le vidame de Chartres
et envoyé M. de Crussol vers le roi de Navarre pour lui intimer l'ordre d'amener
son frère, le prince de Condé2. Le connétable de Montmorency était soupçonné;
avec lui on dissimula : Catherine -de Médicis lui prodigua ses feintes caresses, mais
dans les instructions qu'emportait Crussol, il était perfidement accusé d'avoir fait
prendre La Sague et d'avoir redit tout ce qu'il lui avait confié de la part du roi de
Navarre. Ainsi accusé, le connétable se plaignit amèrement: « si ce fût été autres
personnes que le roi et la reine qui en eussent écrit, je publierois le langage qu'un
homme de bien et d'honneur doit tenir quand on le charge d'une chose où il n'a
jamais pensé3, tj Son indignation ne s'en tint pas là; il eut avec Catherine une violente
discussion dont nous devons le récit à Chantonnay : cr Le 1 6 de ce mois de sep-
tembre il y eut de grosses paroles entre la reine mère du roi et le connétable, qui
se plaignit ouvertement de la défaveur qu'on lui avait faite après le trépas du feu
1 Voy. lettre _de Catherine, append. p. 564. ' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
! Voy. Négociations sous François II , p. 3i5. duchesse de Parme (septembre i56o).
Catherine de Médicis. — i. k
lixsii INTRODUCTION.
roi Henri, et qui reprocha à la reine de vouloir conduire le royaume, n'ayant eu
que si peu d'expérience jusques à maintenant, et tenant autour d'elle et de son
(ils des ministres peu capables et haïs de tous1.» Le lendemain au matin il partit
pour venir à Paris, d'où il se rendit à Poissy afin d'assister au chapitre de l'ordre
de Saint-Michel, mais avec l'intention bien arrêtée de se retirer en sa maison et
de ne plus retourner à la cour.
Les Guises, on ne peut en douter, avaient résolu d'en finir avec les résistances;
la perte de Condé était décidée. Voici comment en parle l'ambassadeur de Venise :
ce H y a de grandes levées de troupes; on dit que c'est pour faire face à quelque
mouvement du roi de Navarre et du prince de Condé. Le vidame de Chartres
dans sa confession a avoué que les deux princes voulaient se saisir de Bordeaux
et, à un signal donné, soulever le royaume. Les lettres interceptées témoignent
des mêmes projets et de l'intention de vouloir changer la religion et de remplacer
les Guises dans le gouvernement. Le vidame de Chartres avait fait entrer près de
six cents chevaux à Paris; il devait se porter à Fontainebleau où était le roi et
attendait des secours de divers côtés 2. s
A en croire Chantonnay, la lettre du connétable saisie sur La Sague portait que
rla venue de M. de Vendôme en la saison présente eût été à propos, 17 et celle qui
était écrite par le vidame disait également que ce le sieur de Vendôme tardoit beau-
coup à son entreprise, et qu'elle devroit être déjà exécutée, ou tout au moins com-
mencée;'» dans une autre lettre, le vidame prévenait rr qu'il ne pouvoit rien entre-
prendre qu'on ne lui envoyât encore sept ou huit mille écus. •» — ce On ne sait,
ajoute Chantonnay, si c'est pour amasser des gens ou autres causes; mais,
par lettres interceptées, on a découvert qu'il étoit sorti de Paris plus de cent
mille écus, et l'on conjecture que cette somme a été recueillie par les églises
protestantes3, n
Dans ces circonstances, avec cette facilité qu'elle avait de changer de conduite
et de politique, Catherine se mit tout à fait du côté des Guises : ce La reine mère
est pour eux, écrit Chantonnay, quoiqu'elle soit l'obligée du connétable. Mmc de
Guise, l'ancienne4, est ici, et Mme de Guise, la jeune, pousse la reine Marie
Stuart vers la reine mère.» La conclusion de Chantonnay est importante à noter :
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la ' Archives de Vienne , lettre de Chantonnay à la
duchesse de Panne. duchesse de Parme.
2 Archives de Vienne, extraits des dépêches des 4 Antoinette de Bourbon, la mère de tous les
ambassadeurs vénitiens. Guises.
INTRODUCTION. lxxxiii
^ Tout ceci se tient l'ait contre le roi, combien que ce soif pour l'envie du crédit
de la maison de Guise et la haine qu'on leur porte1. n Vainement les Châtillons,
sur les prières d'Éléonore de Roye, cherchèrent-ils à intéresser Catherine au soi I
du prince de Condé; elle leur prodigua de bonnes paroles, mais elle continua à
jouer son rôle. La voilà donc tendant le filet pour les Guises, attirant le* Bourbons
à Orléans, endormant leur défiance; mais, au même inomenl , pour ne pas s'aliéner
le cardinal de CluUillon, elle prenait sa défense vis-à-vis du nonce. Voici à
quelle occasion : la veille il avait assisté à l'office de l'ordre de Saint-Michel, et
il n'y avait pas eu une très bonne tenue, imitant un peu trop l'ambassadeur d' An-
gleterre qui, à l'élévation, avait affecté de tourner le dos à l'autel. Le nonce vint
se plaindre du scandale donné; la reine mère excusa le cardinal, elle excusa même
les propos qu'il avait tenus à l'assemblée de Fontainebleau, déplorant toutefois la
saison présente, si malheureuse pour les choses de. la religion, s'en disant fort
troublée; et comme le nonce insistait sur la nécessité de la répression, elle ré-
pliqua que c'était chose très grave, eu égard au nombre des réformés, d'user
tant du glaive , car il y aurait lieu à exterminer les deux tiers des sujets du royaume,
elle en remit le remède au concile que le roi et tous ceux du conseil désiraient, et
donna à entendre que le retard du concile général forcerait le roi son fils à re-
courir au remède du concile national. Le nonce se plaignit de ce langage à M. de
Guise; à quoi le duc répondit «que ce n'étoit merveille que la reine parlai plus
doucement que les hommes, mais qu'il comptait sur la venue du cardinal de
Tournon qui avait sur elle une grande autorité2, n
Catherine joua jusqu'au bout le rôle qu'elle avait accepté, d'attirer les Bour-
bons; à chaque ville où s'arrêtait le roi de Navarre, il recevait une lettre d'elle
l'encourageant à se rendre sans délai à Orléans; les promesses, les assurances
les plus positives venaient calmer ses craintes, raffermir sa décision. Le piège
était bien dressé, les deux princes s'y laissèrent prendre; mais au lendemain de
l'arrestation de Condé, c'est à qui la désavouera. Le roi de Navarre reprochant au
prince de la Roche-sur-Von que c'était sur sa parole qu'ils étaient venus, le
prince, pour se justifier, rejeta tout sur la reine mère et MM. de Guise «qui lui
avoient donné l'assurance que rien ne seroit fait contre ses cousins 3. r, De son côté ,
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la les meilleures paroles au prince de la Rocke-sur-
duchesse de Parme. Y°n et promis que si le prince de Condé venait, il
2 Archives de Vienne (septembre i56o). serait bien vu et encore mieux traité.» (Ambus-
; Jean Michiel affirme que r Catherine avait donné sadeurs vénitiens, t. I. p. ^37.)
usiiv INTRODUCTION.
Catherine disait que «le roi avoit tout, fait de sa propre volonté »; les Guises, à
leur tour, prétendaient (pue tout avait été arrêté entre le roi et sa mère, et qu'ils
n'avaient rien su. Mécontent d'avoir été pris pour dupe, le prince de la Roche-
sur-Yon ne voulut plus reparaître à la cour. Le roi de Navarre se montra plus
facile; la reine mère peu à peu parvint à l'adoucir en l'appelant son frère, et
lorsque le jeune roi allait à la chasse, il se laissait emmener1. Les protes-
tations du prince de Condé furent repoussées par arrêts du conseil des i5 et
20 novembre, mais entre ces deux dates le roi était tombé malade : a Je n'ai pu
voir le cardinal de Lorraine, écrivait Chantonnay, le 17, à la duchesse de Parme;
il est toujours à l'entour du roi, lequel s'est trouvé mal ces jours passés et crai-
gnoit-on que la fièvre ne le prît; il a tenu la chambre quelques jours2, v
Cette maladie dérangeait tous les projets de déplacement et de chasse, car
la cour se proposait d'aller à Chambord et à Blois et de ne revenir à Orléans
que pour l'ouverture des Etals. Elle avait fait de si rapides progrès que la
chambre du roi était étroitement fermée et que l'entrée en était refusée même
à ses gentilshommes. La reine et MM. de Guise y passaient leurs journées, et se
faisaient apporter à manger dans l'antichambre. On ne savait que penser : une
matière noire coulait de l'oreille; le corps était épuisé3. Dès le 28 novembre,
Chantonnay en désespérait: «H est merveilleusement phtisique, écrivait-il, quel-
que remède qu'on y face; on l'a accoutumé à être journellement à cheval ou à la
volerie, ou après les lièvres, ou au jeu de paume, ou à la grosse chasse, laquelle
se fait pour l'ordinaire une fois la semaine; tout cela ensemble lui a fait un sang
brûlé qui lui allume le foie. Le duc d'Albe, à son départ de cette cour, remontra
la violence de ces exercices à MM. de Guise et particulièrement à la reine mère,
lui recommandant d'y avoir égard et l'inconvénient que ce seroit pour toute la
chrétienté si mal en avenoit au roi, en tant que ce royaume vînt aux mains de
ses frères en bas âge, mais l'on n'a cessé à continuer par chaud et par froid; je
suis ébahi comment il est possible qu'il ait tant tardé à s'en sentir 4. n
Les visages étaient bien sombres; l'inquiétude ne pouvait se dissimuler, et
pourtant le procès marchait toujours. Condé refusant de répondre même au chan-
celier, en cas de nouveau refus, on disait qu'on le tiendrait pour convaincu. Au
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la * Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
duchesse de Parme (septembre 1 56o). — Voy. une duchesse de Parme (novembre 1 56o).
lettre de Jeanne de Gontaud à la reine de Navarre, , 3 Ibid.
dans le n" 6908 du fonds fiançais, p. 1 65. " iota.
INTRODUCTION. lsxiv
27 novembre, nulle amélioration dans l'état du roi, qui s'empirait de jour en jour.
Les portes de sa chambre n'étaient ouvertes qu'à quelques grands personnages : le
maréchal de Saint-André seul y entrait, le duc de Guise y passait les nuits, Cathe-
rine et le cardinal de Lorraine y restaient très tard, et y revenaient dès quatre
heures du malin. Chantonnay remarque que le roi de Navarre et la reine mère se
promenaient souvent et longuement dans la salle de bois construite pour les Etats1.
Sa lettre est datée du 2 5 novembre. Catherine agissait donc déjà sur l'esprit du
faible prince; son œil ne l'avait pas trompée, elle avait pressenti le fatal dé-
nouement, elle s'y préparait. Le 2 décembre, il n'y avait plus grand espoir; une
fièvre continue, de grandes douleurs de tète annonçaient une fin prochaine. On
commençait à parler du gouvernement à venir, chacun selon son parti et ses
affections. Chantonnay envoya son secrétaire à Catherine, lui offrant, si elle le
jugeait convenable, de faire partir un courrier pour l'Espagne. Le secrétaire ne
put pas même pénélrer dans la première cour. On avait de grandes craintes pour
la nuit suivante; le roi était tombé en syncope et était resté longtemps sans con-
naissance. Le h décembre, la veille de la mort, Chantonnay alla trouver le car-
dinal de Tournon, le suppliant de dire à Catherine qu'il se mettait à sa disposition.
Le cardinal lui fit répondre que le cardinal de Lorraine l'attendrait en son logis
et lui parlerait au nom de la reine, trop affligée pour le recevoir. La réponse
sembla étrange à Chantonnay, la chose la touchant d'assez près. Le cardinal de
Lorraine lui raconta en se lamentant l'état du roi son maître; la reine mère
s'excusait et le priait d'envoyer un courrier en Espagne et de la recommander
au roi son gendre, se confiant aux offres qu'il lui avait faites autrefois. Du reste,
(ttout était prévu, le conseil s'était assemblé et l'administration du royaume reve-
nait à la reine mère; le roi de Navarre, présent au conseil, y avait acquiescé et
avait juré entre ses mains de respecter son autorité»; puis, après s'être apitoyé sur
la triste destinée de Marie Stuart, sur les malheurs de leur maison, le cardinal
déclara à Chantonnay que Catherine était prête à s'aider de toutes les forces du
royaume, pour se maintenir dans son autorité et qu'elle demandait, l'assistance
du roi d'Espagne pour parer à tous les inconvénients qui menaçaient la religion,
si le gouvernement du royaume ne lui était pas reconnu2.
C'est au nom de la religion menacée que Catherine faisait appel au roi
d'Espagne, mais il fallait avoir sous sa main d'autres appuis; déjà elle s'était
' C'est aux lettres de Chantonnay à la duchesse ' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
de Parme que nous empruntons tous ces détails. duchesse de Parme (décembre i5Go).
lxxxvi INTRODUCTION.
retournée du coté de Montmorency; le connétable était de ceux qui ne peuvent
se passer du pouvoir; elle le prit par son faible : rJe voudrois, lui avait-elle
écrit dès le mois de novembre, que votre santé pût permettre que vous fussiez
avec nous, vous aideriez à sortir le roi bors de page1, n H restait à s'assurer du duc
de Savoie; elle écrit une lettre pressante à la duchesse2. Le moment du danger
venu, elle appelle en toute bâte le connétable; elle prévient les gouverneurs des
provinces de l'état désespéré où se trouve son fils, les engageant à maintenir le
peuple dans le devoir; elle leur fait entendre que le royaume n'est pas dépourvu
de légitimes successeurs; qu'elle est la mère du nouveau roi, et qu'elle prendra
en main la ebarge du gouvernement, en s'appuyant sur les princes et les grande
personnages cedont il n'y a pas faute 3v; si une émeute éclatait, elle donne l'ordre
de la réprimer immédiatement. Sa prévoyance va plus loin encore : elle a adroi-
tement remontré aux Guise que les maintenir au pouvoir après la mort du roi, ce
serait aggraver la situation; il serait plus sage qu'ils se contentassent de leurs
charges et que les affaires fussent conduites par le roi de Navarre, le cardinal de
Tournon, le connétable et autres gens expérimentés, et les Guises s'y étaient
résignés4.
Le pauvre roi était à son vingtième jour de maladie; la jeunesse seule le sou-
tenait; Catherine resta auprès de lui le h décembre jusquà minuit; il venait de
recevoir l' extrême-onction et on espérait qu'il pourrait vivre jusquau lendemain;
il s'éteignit en effet entre dix et onze heures du matin. «Les hommes, nous dit
Castelnau, ayant disposé de leur part, Dieu disposa de la sienne tout autrement
par un nouveau roi et un nouveau règne en France qui apporta l'occasion d'au-
tres nouveaux desseins5. t>
V.
CATHERINE SOUS CHARLES IX.
Au lendemain de la mort de François II, 1 ambassadeur Michel Soriano, jetant
un regard sur la France, nous en fait un lamentable tableau : a Un roi sans expé-
rience et sans autorité, un conseil divisé; la suprême autorité aux mains d'une
reine, femme d'un esprit sage, mais timide et irrésolu; le roi de Navarre, prince
1 Voyez la lettre de Catheriue de Médicis, l Archives de Vienne, lettre de Chaiitonnay à la
p. 1 53. duchesse de Parme (décembre i56o).
' Voy. la lettre de la page i5i. 5 Mémoires de Castelnau, e'dit. de Le Laboureur.
J Voy. la lettre de la page 628. t. I. p. 58.
INTRODUCTION. uxxvu
très noble, très affable, mais inconstant et peu exercé aux affaires; un peuple tra-
vaillé par les divisions, un royaume en désordre sous prétexte de religion, le
repos public chaque jour troublé par i\>'+ séditions, la justice avilie, l'autorité
royale mise eu doute. n Effrayé de ce qu'il voit, il ne peut s'empêcher de s'écrier :
((Malheur au pays où le roi est enfant l.n Catherine n'augurait pas mieux de
l'avenir : ce Dieu m'a oté votre frère, écrivait-elle à la reine d'Espagne, votre frère
que j'ai aimé comme vous savez, et m'a laissée avec trois enfants petits et, en un
royaume tout divisé, n'ayant un seul à qui je me puisse du tout fier, et qui n'aye
quelque passion particulière 2. n Elle disait vrai : tous ceux qui aspiraient au pou-
voir et dont, l'ambition fatale allait durant des années agiter et ensanglanter la
France étaient là autour d'elle; en présence de ces compétitions, son rôle était
tout tracé : se faire attribuer la régence et, en neutralisant ces impatientes riva-
lités les unes par les autres, se maintenir au pouvoir. Appelé par elle, le conné-
table arriva à Orléans dans la soirée du 6 décembre, et se mit tout d'abord à son
entière disposition; c'était un premier pas de fait. Le roi de Navarre aurait pu, à
bon droit, revendiquer la régence, ainsi que Calvin plus tard le lui conseillera3;
mais, peu fait pour une pareille lutte, il préféra s'en tenir aux conditions arrêtées
la veille de la mort de François II. Voici en quels termes Catherine en fait part à
la reine d Espagne sa tille : «Je suis contrainte d'avoir le roi de Navarre auprès
de moi, les lois de ce royaume le portent ainsi; mais que le roi votre mari n'aie
aucun doute, il m'est si obéissant et n'a nul commandement que celui que je lui
permets4. i> En effet, elle avait pris la meilleure part, s'élant réservé les audiences
à donner aux ambassadeurs, les dépêches, et s' étant fait remettre le cachet royal,
signe distinctif de l'autorité. L'influence que la princesse de Condé exerçait sur le
mobile roi de Navarre était à redouter, elle la pria de quitter Orléans, et celle-ci
1 Charles IX avait onze ans : rrll est d'un char- la moindre fatigue le condamne à un long repos;
mant naturel, nous dit le Vénitien Jean Michiel, l'étude ne lui plaît guère , mais il s'y met pour com-
d'une grande promptitude d'intelligence, d'une viva- plaire à sa mère; on attend, on espère beaucoup de
cité d'esprit remarquable; il a de l'ardeur, de la lui, si Dieu lui en donne le temps, a Hubert Lauguet
générosité, de la bonté; sa physionomie est belle, lui est également favorable : fil est faible de corps,
ses yeux liés beaux; il a de la grâce dans tous ses écrit-il, mais il y a en lui une très grande bon-
mouvements, dans ses manières, mais il est faible nêteté*. n
de tempérament, il mange et boit fort peu, et H" a - Voy. lettre de Catherine, p. 568.
d'autant plus besoin d'être ménagé qu'il aime pas- 3 Voy. J. Bonnet, Lettres de Calvin, t. Il, p. 363.
sionnément le jeu de paume et l'exercice du cheval; ' Voy. lettre de Catherine, p. 56u.
' Hubert Languel, Araina seculi decimi sexli, p. 137. Voy. Relaz. dcgli ambasciatori Vend. 1" sér. vol. I, p. (4.
tmviii INTRODUCTION.
obéit : tf Toutes choses se passent plus paisiblement qu'on ne l'espérait, écrit Chan-
tonnay à la duchesse de Parme; le duc de Guise et le roi de Navarre se parlent
amiablement, le progrès de cette affaire dépend de la reine1, a Dans les premiers
jours qui suivirent la mort de François II, un petit nombre de gentilshommes
s'était mis du côté du roi de Navarre, mais le connétable se rapprochant de plus
en plus de lui, le vide, peu à peu, se fit autour des Guises2; Goligny, d'Andelot
et le cardinal de Châtillon s'étaient tous les trois rendus à Orléans. Catherine
avait de fréquents entretiens avec Coligny, elle lui témoignait une grande défé-
rence, espérant s'en servir tf pour adoucir les princes et les Etats », si on venait à
lui contester la régence3. Le nonce, Prosper de Sainte-Croix, sur les instances de
Chantonnay, s'en expliqua avec elle et la supplia de n'accorder aucune faveur aux
Châtillons tant qu'ils ne seraient pas revenus à l'ancienne religion. Elle se borna
à lui répondre que le cardinal s'était justifié4 vis-à-vis du cardinal de Tournon et,
sans tenir compte de ces représentations, elle rendit à Coligny le commandement
des forces maritimes, à d'Andelot celui de l'infanterie5. Coudé était toujours en
prison; le roi de Navarre exigeait qu'avant d'en sortir il se justifiât devant les
pairs du royaume et les princes du sang. C'était jouer le jeu de Catherine, car sa
présence aux Etats eût été à coup sûr un grand embarras et peut-être un danger :
«■Ce petit homme, nous dit Chantonnay, a merveilleusement grand cœur; en rece-
vant son épée et sa dague qui lui furent rendues, il a fait de grandes braveries
contre MM. de Guise. On avait délibéré de l'envoyer à Vendôme, on l'envoie à
Ham en Picardie. On dit qu'il a fait serment de ne plus entendre de messe de sa
vie6. n Son départ fut retardé de jour en jour. Le 24 décembre seulement, il
monta en coche, suivi de quatre archers sans armes; les habitants d'Orléans se
portèrent en foule sur son passage. Ce jour-là le connétable, le roi de Navarre et
autres seigneurs avaient été à la volerie du côté où le prisonnier devait passer; le
coche s'arrêta à un endroit convenu et ils échangèrent au passage quelques paroles.
Les Guises avaient pris un chemin tout opposé; ils étaient partis de grand matin,
pour aller à Notre-Dame de Cléry, sous le prétexte d'y passer les fêtes de Noël7.
La plupart des députés aux Etats s'étaient déjà rendus à Orléans. Quel était leur
' Archives de Vienne , lettre de Chantonnay à la itemque amiraldus, ut antea maritimis rébus, et
duchesse de Parme (i3 décembre i56o). Andelotius pedestribus totius Galba:. (Bcia Bullen-
'- Ibid gero, apud Raum, append. p. 17.)
1 Ibid. 6 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à
1 Ibid. la duchesse de Parme (décembre i56o).
1 rJustus est conestabilis munus secum obire. ' Ibid.
INTRODUCTION. «sxu
esprit? Quelles seraient leurs exigences ? Telles étaient les questions qu'on se posait
avec appréhension. Leur élection avait eu lieu sous l'influence des Guises, mais leurs
tendances ne semblaient pas se porter de ce coté : et Quasi tous les députés incli-
nent, écrivait Chantonnay à la duchesse de Parme, à ce qu'il y ait deux églises,
l'une catholique, l'autre protestante, et si on le leur refuse il pourroity avoir du
trouble '. n Plusieurs de leurs membres passaient pour être hostiles à Catherine et
invoquaient contre elle la loi salique; la question de la régence pouvait donc être
de nouveau soulevée. Pour contre-balancer cette opposition sourde et ces résis-
tances qu'elle avait lieu de redouter, elle ne se faisait pas faute de promettre aux
chefs catholiques de soutenir la cause de la vraie religion. Le duc de Guise lui
rappellera plus tard cette promesse.
Le i3 décembre s'ouvrit l'assemblée des États. L'Hospital, dans une de ces
harangues au langage élevé qui lui étaient familières, fit appel à la conciliation :
le seul remède aux maux présents, c'était l'unité de croyance et de culte, et on le
trouverait dans le concile; en attendant, la persécution devait cesser partout :
ff Gardons le nom de chrétiens, s'écriait-il en terminant, et supprimons ces noms
diaboliques de luthériens, huguenots et papistes, noms de parti et de sédition, n
Dix-huit jours s'écoulèrent entre la première et la seconde séance royale. Le
i janvier seulement, les orateurs des trois ordres répondirent au discours de
L'Hospital, et à leur langage on put apprécier l'étendue et la profondeur des dis-
sentiments qui les séparaient. L'orateur du clergé, Jean Quinlin, professeur de
droit canon à Paris, réclama la punition des hérétiques par le glaive; il demanda
que les portes du royaume fussent fermées à ceux qui en étaient sortis pour cause
de religion, et insista pour le châtiment de quiconque avait présenté ou présen-
terait une requête de ceux de la nouvelle religion; attaque directe contre Coligny
qui s'en offensa et obtint rétractation de cette injurieuse provocation. L'orateur
de la noblesse, Rochefort, sieur de Silly, repoussant les prétentions du clergé à
être exempt des subsides, proposa d'acquitter les dettes de l'Etat avec les
biens de l'Église. Au nom des nobles, il demanda la liberté du culte dans leurs
châteaux. L'orateur du tiers état, Lange, avocat de Bordeaux, dans une longue
diatribe, reprocha au clergé ces trois vices : l'ignorance, l'avarice et le luxe, et
conclut en invitant le roi à solliciter là réunion d'un concile pour remédier à tous
les abus.
Catherine, durant ces violents débats, est sobre de confidences vis-à-vis de nos
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de Parme (décembre j56o).
Catherine de Médicis. — i. L
xc INTRODUCTION.
ambassadeurs; elle se borne à écrire à l'évèque de Limoges que le gouvernement
lui est resté et qu'elle espère tirer des Etats un bon secours pour acquitter les
dettes dont le royaume est chargé1. C'était là la grande difliculté. Le déficit que le
précédent règne avait légué se montait à quarante-trois millions et demi. Pour
rendre les Etats plus dociles, c'est en vain que Catherine avait tout à la fois sup-
primé la vénerie, une partie de la fauconnerie, réduit la musique de la cha-
pelle, et réformé presque en totalité la maison du roi, les députés reculèrent
devant un si gros chiffre; prétendant que leurs pouvoirs étaient insuffisants, ils de-
mandèrent à être renvoyés dans leurs provinces. Leur requête fut admise , il fut
convenu que chacun des treize grands gouvernements élirait le 2 1 mars trois dé-
putés seulement: un clerc, un noble et un bourgeois, et qu'avant le ier mai les
trente-neuf élus se réuniraient à Melun pour répondre aux demandes de la Cou-
ronne. La clôture des Etats eut lieu le 3 i janvier.
Mais, sans tenir compte des divisions des trois ordres et des représentations du
clergé, L'Hospital était résolument entré dans cette voie de tolérance dont il avait
tracé le programme dès sa première harangue. Le 8 janvier il avait confirmé
ledit de Romorantin; le 28, il rouvrait l'entrée de la France à tous ceux qui s'étaient
réfugiés à l'étranger; le 3i, il promulguait l'ordonnance dite d'Orléans, dans la-
quelle, en se les appropriant, il adoptait une partie des réformes réclamées par
les Etals.
Catherine jusqu'alors était restée sur la réserve; une fois les députés éloignés,
elle ne craignit plus de s'associer ouvertement à la politique de L'Hospital, et c'est
dans cet ordre d'idées qu'elle écrit le 3i janvier à l'évèque de Limoges : vrNous
avons, lui dit-elle, durant vingt ou trente ans essayé le cautère pour cuider
arracher la contagion de ce mal parmi nous, et nous avons vu par expérience que
cette violence n'a servi qu'à le multiplier, d'autant que, par les rigoureuses puni-
tions qui se sont continuellement faites en ce royaume, une infinité de pauvre
peuple s'est confirmé en cette opinion, jusqu'à avoir été dit de beaucoup de gens
de bon jugement qu'il n'y avoit rien de plus pernicieux pour l'abolition de ces
nouvelles opinions que la mort publique de ceux qui les tenoient, puisque par
icelles elles étoient fortifiées, i> Et elle ajoute : a Les cendres du feu qui s'est éteint
sont encore si chaudes que la moindre étincelle le flamheroit plus grand qu'il n'a
jamais été.» Elle prie donc l'évèque de Limoges de travaillera le faire comprendre
1 Voy. la lettre de la page .S77.
INTRODUCTION. xci
au roi d'Espagne, afin qu'il ne prenne pas mauvaise opinion de ses actions; elle
insiste sur ce point que ce n'est pas comme en Espagne où ce mal ne lait que
naître, mais qu'en France il est si enraciné que le seul remède est le concile1.
Un pareil langage n'était pas fait pour plaire à Philippe II; ses préventions et
ses défiances s'en accrurent : Don Juan Manrique de Lara, lorsqu'il vint compli-
menter le nouveau roi, recommanda à la reine, au nom du roi son maître, de
veiller scrupuleusement sur les choses de la religion et surtout de ne pas admettre
dans sa familiarité un seul de ceux qui ne sont pas fermes dans leur religion comme
ils devraient l'être. C'était une allusion à Coligny et au cardinal de Chàtillon.
Catherine ne voulut pas répondre directement à Philippe II; c'eût été aborder de
front la difficulté; c'est à sa fille qu'elle écrivit : ce Quant à ce que vous dites dans
l'autre lettre, que votre ambassadeur m'a remise ce matin, au sujet du cardinal
de Chàtillon et de l'amiral, son frère, je vous prie ne pas vous chagriner pour
moi, car, grâces à Dieu, je commence à être si bien établie qu'il n'y a plus per-
sonne qui me puisse nuire. Je comprends que ce n'est autre chose qu'une com-
mission dont on vous a chargés d'ici, vous et le roi votre mari; c'est ce qui me
fait vous prier de lui dire, en lui montrant cette lettre, que je le supplie d'avoir
l'esprit en repos sur les affaires de ce royaume et qu'il veuille bien être assuré,
lui qui désire tant la conservation de la religion et de mon autorité, que j'en fais
le plus grand cas comme de choses qui touchent, l'une à l'honneur de Dieu, que
j'estime plus que ma propre vie, et l'autre à ma conservation, qui est indispen-
sable au service du roi mon fils. 11 peut être certain que je ne négligerai rien,
que je connaisse, qui pourrait nuire ou aider ces choses, étant sur les lieux et
connaissant les dispositions de ce royaume comme j'y suis et les connais, depuis
le long espace de temps que j'ai l'honneur d'y demeurer; je le supplie de répondre
à ceux qui l'auront pressé de me mander d'éloigner les uns ou de prendre les
autres, que ne connaissant pas plus comment on doit gouverner les affaires de ce
pays-ci que je ne connais comment on doit conduire celles de l'Espagne, il ne
veut se mêler de rien 2. n
Tout en tenant ce langage, Catherine ne perdait pas de vue le projet qu'elle
avait en tète de marier Marguerite de Valois avec Don Carlos. Marie Stuart
lui semblait pour sa fille une dangereuse rivale; elle surveillait toutes les dé-
marches des Guises et elle s'en explique avec l'évèque de Limoges : c? Je vous ai
' Voy. la lettre de Catherine, p. 577. — 2 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de
Parme (décembre i56o).
xcu INTRODUCTION.
fait dire par votre frère du mariage qui se brassait ici, j'ai su qu'il a été mis en
avant, prenez garde à cela pour en découvrir ce qui en est1. 11
Sous l'obsession de cette crainte, elle écrit à sa fille : cr Je vous prierai que vous
gouverniez en ces faits selon l'avis et conseil de l'ambassadeur, et que n'en parliez,
ni en fassiez semblant, sinon autant qu'il vous en dira. H m'a mandé que le prince
n'a plus la fièvre; s'il continue d'être guéri, ne perdez pas l'occasion d'empêcher
qu'il ne soit marié à autre femme que à votre sœur ou à votre belle-sœur2, car
autrement vous seriez en danger d'être la plus malheureuse du monde, si votre
mari venait à mourir, lui étant roi 3. ■»
Mieux avisés, les Guises se tinrent sur leurs gardes et désavouèrent même toute
participation au projet de mariage de Marie Stuart qui, d'après leur conseil, se
montra très obséquieuse vis-à-vis de Catherine4. Celle-ci n'en tint pas grand
compte, car elle écrivait ironiquement à l'évêque de Limoges : cr De son intention,
je n'en doute pas. •»
Dès les premiers jours de sa régence, Catherine avait écrit à l'évêque de Li-
moges : ffll est difficile que cette farce (elle parle du gouvernement) se joue à
tant de personnages, sans qu'il n'y ait quelqu'un qui ne fasse mauvaise mine5. *
En effet, une rupture était inévitable et la querelle s'engagea sur un point secon-
daire : en quittant Orléans la cour s' étant installée à Fontainebleau, le roi de
Navarre exigea que le duc de Guise lui remît les clefs du château, que celui-ci,
en sa qualité de grand maître avait entre les mains; il réclama, en outre, le cachet
royal, et en vint à demander que le duc de Guise ou lui se retirât de la cour; pour
forcer la main à la reine, il fit ses préparatifs de départ, mais au dernier moment
il se laissa retenir et les choses allèrent ainsi jusqu'au milieu de mars. L'arrivée
de Condé à la cour le fortifiant dans ses premières résolutions, il voulut être
nommé lieutenant général; Catherine raconte à sa fille cette petite révolution
de palais : crTout ce trouble n'a été que pour la haine que tout ce royaume porte
au cardinal de Lorraine et au duc de Guise, pensant que je les voulusse encore
mettre au gouvernement, ce que j'ai assuré que non, car aussi n'y suis-je point
obligée; car vous savez comment ils me traitaient du vivant du feu roi votre frère. Je me
suis délibérée de ne mêler plus leurs querelles avec les miennes, car s'ils l'eussent
pu, ainsi que je l'ai su, ils se fussent appointés et m'eussent laissée là, comme ils font
' Voy. la lettre de Catherine, p. 570. * Voy. la lettre de Catherine, p. 584.
' Dona Juana, sœur de Philippe II. 5 Voy. les lettres de Catherine, p. 870, 5<jt>,
1 Voy. la lettre de Catherine, p. 576. 5o3.
INTRODUCTION. icm
toujours de ce qui leur peut apporter grandeur et profit, car ils n'ont que cela dans le
cœur. On ne leur veut mal que pour les sottises qu'ils ont faites à tout le monde.
A cette heure qu'ils voient que j'ai permis au roi de Navarre d'être lieutenant
général de mon fils sous moi et que je connais tout le contraire de ce qu'il m'avoient
dit et que je n'étois haïe que pour l'amour d'eux, ils sont étonnés 1.-n
Le duc de Guise regagna bien vite le terrain perdu; à Paris, on prêchait
chaque jour publiquement au logis de la princesse de Condé, à la cour au logis
de l'amiral; à l'une des réunions du conseil, le cardinal de Tournon s'en plaignit
violemment; l'amiral et lui échangèrent d'aigres paroles, et le connétable, s'en
mêlant, déclara que c'était chose intolérable, «qu'il se tiendrait pour excommunié
s'il entendoit de tels prédicants, qu'il souhaitoit et prioit Dieu que lorsque l'on
se rassemblerait à ces prêches, que la maison se pût abîmer et tuer ceux qui
étoient dedans2, r, Dès ce jour, il y eut rupture entre Coligny et le connétable, qui
se rapprocha du duc de Guise.
A la suite de cette séance du conseil, Chantonnay vint trouver Catherine. L'en-
tretien fut vif: il lui prédit qu'elle serait bientôt renvoyée à Chenonceaux. Il eut
en partie gain de cause , car le prince de Condé alla faire la cène ailleurs et l'amiral
partit pour aller faire la sienne à Châtillon3; mais un nouvel incident remit tout
en question : le jour de Pâques, il devait y avoir sermon à la chapelle de la cour;
les ducs de Guise et de Montpensier, le connétable s'acheminaient pour s'y rendre:
en route, ils apprirent que le prédicateur devait être l'évêque de Valence, Mon-
luc, et peu désireux de l'entendre, ils s'en retournèrent.
Le soir même, la reine, se promenant dans les jardins, demanda au duc de
Guise pourquoi il n'était pas venu au sermon de l'évêque; il répliqua que ni lui
ni le connétable n'avaient voulu y assister, et l'entretien s'échaufl'ant, il finit par
lui dire cr qu'il ne falloit pas boire à deux fontaines et qu'elle devoit se déclarer
d'un côté ou de l'autre; que si on lui permettait d'user de la force, en bien peu
de temps il se faisoit fort de rétablir la religion, étant tout disposé à y sacrifier sa
vie. t> Catherine répondit qu'il voyait ce qu'elle faisait pour porter remède au
mal; elle rappela les édits qu'elle avait envoyés au Parlement. 11 répliqua que ces
édite n'étaient pas appliqués, qu'à peine publiés ils étaient révoqués; que, quant
à lui, il était disposé à ne plus tenir-compte de toutes ces révocations, de tous ces
atermoiements, et que, dans son gouvernement de Dauphiné, il ne manquait pas
Archives de Vienne, lettres de Chantonnay à la duchesse de Parme (avril i56i). — " Ibid. —
Ibid.
INTRODUCTION.
de gens de bien prêts a l'assister; qu'en donnant l'autorité à la reine, on avail eu
l'espoir qu'elle défendrai! la religion, car, sans cela, le roi de Navarre el les
princes du sang a avaient plus de droit qu'elle1. Si le duc de Guise tenait un pa-
reil langage, c'est que l'alliance venait de si; conclure entre les trois chefs catho-
liques, lui, Saint-André et le connétable. C'était le tnumviral qui parlait par sa
bouche et déclarait à la reine qu'on aurait recours à la force et qu'en dehors
délie on s'armerait, on résisterait.
Ces menaces se réalisèrent : à Béarnais, le peuple s en prit au cardinal de Châ-
tillon et il y courut risque de la vie; mais d'autre part les prolestants s'agitèrenl
el des émotions populaires éclatèrent à Roanne, à Metz, à Amiens, à Nantes, à
irles, à Agen, à Poitiers, à Nîmes, et dans la plupart des villes du Languedoc.
En Normandie, les officiers royaux se plaignaient que la nouvelle religion était
passée si avant qu'il n'y avail plus moyen d'y donner ordre: on ne leur reconnais-
sait que le droil de lever les anciens impôts: on refusait les nouveaux qui ne re-
posaient que sur le bon plaisir2. Pour arrêter ces désordres, une dernière ressource
restait, c'était le sacre; on en espérait un peu de répit : et La reine, nous dit un
ambassadeur vénitien, l'a fixé au 1 i de mai, pour rompre ainsi la réunion des
États et la renvoyer au 20 août3. r l ne indisposition assez grave de Catherine
le lit remettre au i5 mai. Au retour de Reims, passant par Nanteuil, maison
du duc de Cuise, elle voulut savoir à quoi s'en tenir sur la ligue formée entre
lui, le connétable et Saint-André; elle lui demanda formellement ce qu'il en
était; elle alla plus loin, elle lui demanda si elle et son fils changeant de religion,
ce que celles elle n'était pas dans l'intention de faire, il lui réinsérait ce jour-là
l'obéissance. Le duc répondit nettement que oui, mais que tant quelle et le roi
son fils suivraient la ligne de leurs prédécesseurs, il mourrait pour leur que-
relle el ne prétendait que garder la loi el la couronne sur la tête du jeune roi,
car perdre la religion, ce serait le moyen de perdre le roi et le royaume4. r.
N'ayant rien à attendre du triumviral opposé désormais à toute idée de conci-
liai ion. Catherine se rejeta du côté du roi de Navarre; elle le lia plus étroitement
à sa politique, en lui promettant de s'associer à toutes les démarches qu'il allait
tenter auprès du pape el de Philippe II, pour obtenir la restitution de son royaume
lives de Vienne, lettre de Chantonna) à la Archives de \ ienne, extraits des dépêches des
de Parme (avril i56i). ambassadeurs vénitiens.
• Archives de Vienne, lettre de Chantonnay ii la ' archives de \ ienne, lettre de Chantonnay à la
duchesse de Parme (a\ ril 1 5G 1 1. duchesse de Parme (juin 1 56 1 1.
iNTUODUCTION. scv
de Navarre ou, à son défaut, une compensai ion; mais, durant cet intervalle
l'esprit de rébellion avait gagné toute la France; dans les lettres de cette
époque, il n'est question que de tumultes, de séditions. Pour répondre tout à la
l'ois aux plaintes réitérées des protestants et pour mettre fin à ces déplorables
excès, il fut décidé, de l'avis de l'Hospital, que l'on consulterait le Parlement sur
la jurisprudence qui devrait, dans l'avenir, être appliquée aux dissidents. Les
princes, les grands officiers de la couronne, les membres du conseil seraient ap-
pelés à cette assemblée et donneraient individuellement leur opinion. On espérait
par ce moyen adoucir les décisions qui seraient prises. Le 19 juin, cette assemblée
formée de tant d'éléments opposés, agitée de tant de passions diverses, se réunit
pour la première fois au palais de justice; la discussion ne dura pas moins de
vingt jours. Goligny revendiqua en faveur des réformés le droit de libre exercice
,de leur culte. Le duc de Guise se rangea du côté de ceux qui l'interdisaient, et a
la majorité de trois voix, i'édit de juillet fut voté. Sous peine de confiscation de
corps et de biens, il prohibait les assemblées publiques avec armes et sans armes
et les assemblées privées où se feraient prècbes et administration des sacrements
en autre forme que selon l'usage reçu en l'Eglise catholique.
Le point important à noter dans les discussions de cette assemblée, c'est la
proposition qui y fut faite et admise de réunir à bref délai le clergé de France1. Le
roi d'Espagne et l'Empereur s'en alarmèrent, et croyant y voir un moyen dé-
tourné d'arriver à un concile national ils adressèrent à ce sujet les plus vives ob-
servations. Dans sa réponse à l'Empereur, Catherine décline toute responsabilité:
cette résolution a été prise en dehors d'elle par les princes. du sang et les conseillers
de la couronne; toutefois elle veut bien en déterminer la portée : il s'agit d'aviser
à l'élection de ceux des prélats que l'on enverra au concile général; il s'agit île
s'entendre en bonne et grande compagnie sur les choses qui s'y devront proposer
de la part de l'Eglise gallicane. A cette réponse, elle joint la lettre du roi son
fils à l'évèque de Rennes, afin que l'Empereur puisse bien juger qu'il n'y a rien
« qui tende au changement de religion 2. » Voilà bien le prétexte apparent de cette
réunion du clergé; mais le but caché, Catherine ne l'avouait pas; elle voulait obtenir
un subside, puis, à l'aide des craintes et des défiances qu'elle allait donner au
pape et à Philippe II, leur forcer la main pour la réunion prochaine du concile
général; sous ce rapport, elle en vint à ses fins.
1 Voy. une dépêche de Throckmortonà la reine Elisabeth dans le Calendar of State papers ( i5Ci). p. 209.
— 3 Voy. la lettre de Catherine, p. aarj.
xcvi INTRODUCTION.
r Sitôt que le roi d'Espagne a su que j'avois fait mander les prélats du
royaume, écrit-elle à l'évêque de Limoges, lui qui avoit toujours dit ne pouvoir
accepter la bulle de l'indiction du concile, sinon comme continuation de celui de
Trente, a déclaré soudainement qu'il l'acceptoit et que ses prélats seroient à
Trente pour le mois d'août prochain; mais, ajoutait-elle, connaissant que c'étoit
artifice pour rompre l'assemblée des nôtres, je lui ai répondu que je louois Dieu
de sa dépêche et de ce qu'elle se trouvoit concordante avec la nôtre. -n
L'édit de juillet, ce vain palliatif, eut le sort de tous les autres; Catherine en
fut réduite à écrire au président du Présidial de Poitiers que, puisqu'il craignait
que sa publication n'apportât que plus d'aigreur et de division, il suffisait de le
lire, et elle l'invitait même à ne pas en requérir l'observation1.
Ayant ainsi constaté l'impuissance de l'édit de juillet et n'en attendant plus rien,
elle se plaça résolument sur un autre terrain et, entrant dans une voie plus
large mais plus dangereuse, elle se décida à réunir à Poissy les évêques et les
ministres; elle était, il faut le dire, encouragée dans ce projet par le cardinal de
Lorraine qui, dès le premier moment, s'était montré très favorable à cette con-
férence où son savoir et son éloquence lui assignaient la première place. Il y avait
bien là de quoi éveiller les susceptibilités d'un ambassadeur aussi soupçonneux
que Chantonnay. Il accourut pour s'en expliquer avec Catherine, la suppliant
que, dans l'assemblée des évêques, il ne se fit rien au préjudice de l'Eglise ca-
tholique, car partout l'on disait cr que Viret et autres calvinistes s'y dévoient trouver
pour débattre leurs opinions, ce qui sentiroit un concile national ;n il insista enfin
pour que les choses n'excédassent pas la teneur de la lettre envoyée aux évoques, et
qu'il n'en fût pas comme aux Etats de Paris qui, «appelés à statuer sur les
décrets du roi, s'étoient mis à disputer de l'état du royaume, n A cette demande
directe, Catherine répondit que, cr quand on en viendroit à disputer en l'assemblée
des prélats avec des opinions diverses, ce ne seroit pas la première fois, t Chan-
tonnay répliqua qu'il ignorait que pareille chose eût jamais eu lieu; qu'en tous les
cas cela n'avait pu être qu'en désespoir d'obtenir un concile général, ce qui
1 Voy. cette lettre de Catherine, p. 2 33. Voici son conseil ne tend rien moins qu'à cela, ains est
ce que le ministre Merlin écrivait de Paris au sujet au contraire bien d'advis et luy plaist qu'en toute
de ce même édit de juillet : n- Combien qu'il vous simplicité, modestie et petit nombre nous pour-
puisse sembler que on nous veulle ravir et osier suivons de nous assembler, en attendant ce que
une si saincte et salubre pasture par la deii'ense des sera plus amplement et favorablement développe
assemblées que verrez faicte par l'édit , vous pouvez au prochain colloque. 1 (Bibl. nat.. fonds français,
néanmoins assurer que l'intention du prince et de n" 3255. fol. 55.)
INTRODUCTION. scvn
n'était pas le cas d'aujourd'hui, puisque le concile était ouvert et que les rois
d'Espagne et de Portugal y faisaient acheminer leurs évêques. Catherine se borna
à répondre que la France n'y ferait pas défaut1.
Chantonnay avait en face de lui deux adversaires non moins passionnés,
l'amiral de Coligny et l'ambassadeur d'Angleterre, Throckmorton ; aussi vou-
lait-il à tout prix éloigner C<>li<;n\. dont il redoutait l'influence croissante. A
chaque audience, faisant intervenir le nom de Philippe, il insistait pour son
renvoi de la cour et celui du cardinal de Châtillon; à l'entendre, ce seul acte
de sévérité suffirait pour rabattre la présomption des dévoyés. Que répond à
cela Catherine? Un prince, quelle que soit son expérience dans son propre
pays, n'est jamais bon juge quand il s'agit des autres; le conseil du roi son fils
étant formé de tous ceux qui, depuis tant d'années, maniaient les affaires du
royaume, une si longue pratique les mettait mieux à même de connaître l'humeur
de la nation et les remèdes à apporter à l'état des choses. Les avis du roi d'Es-
pagne étaient sans doute donnés pour le maintien de son repos et de son auto-
rité: mais si elle éloignait certains me'mbres du conseil, on ne manquerait pas de
dire qu'elle y avait été poussée par MM. de Guise; les haines, aujourd'hui tenues
secrètes, reparaîtraient au grand jour et plus violentes, et si l'on pouvait supposer
qu'elle avait cédé au conseil d'un prince étranger, le mécontentement n'en serait
pas moindre; elle termina en disant que tous ceux du conseil lui avaient autrefois
formellement déclaré que, si elle se servait d'avis étrangers, fût-ce même de ceux
du roi d'Espagne, ils se départiraient du respect qu'ils lui témoignent, ne voulant
pas, ne trouvant pas raisonnable que les affaires du royaume fussent communi-
quées et que la conduite à tenir fût tracée par d'autres que par ceux du gouverne-
ment. Chantonnay répondit que, lorsque d'autres princes lui feraient tenir le
même langage, elle prendrait peut-être une bonne résolution; que l'éloigne-
ment de l'amiral et de son frère ne pouvait être imputé, après tout, qu'à eux-
mêmes, à leur désobéissance; que cette sorte d'interdiction que ceux du conseil
lui avaient imposée, de se garder de tout avis étranger, n'était qu'une preuve
de défiance contre elle-même; qu'en définitive il ne s'agissait que de l'éloigne-
ment de l'amiral et de son frère. Catherine répliqua de nouveau qu'ils avaient
été admis de longue date aux atfaires "de l'État et que ceux du conseil auxquels
ils touchaient par tant de côtés, trouveraient mauvais qu'on leur fît cette delà
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de Parme (août i56i).
CATnEIUNE DE MÉDICIS. 1. ■
serai INTRODUCTION.
veur. Cliantonnay essaya, mais en vain, de la faire revenir sur cette résolution;
en le congédiant, elle l'adjura de ne point l'aire à d'autres de pareilles ouver-
tures, car sa principale étude était d'entretenir la paix et la concorde entre ceux
du conseil. Le hasard voulut que durant leur entretien il y eut un~prêche dans
le propre logis du roi; les chants des psaumes couvrirent un moment la voix de
l'ambassadeur. Le roi en parut très déconcerté et envoya des gardes pour dissiper
tout ce peuple1.
Le lendemain, se servant du prétexte de ce prêche, Cliantonnay reprit l'en-
tretien; il osa dire à Catherine qu'elle était perdue si elle ne faisait de la religion
sa principale pensée. Plus réservée, plus sèche qu'elle ne l'avait jamais été, elle se
borna à répondre que son principal soin était de conserver le royaume et d'éviter
que par mécontentement il ne tombât en division -.
Les membres du clergé, dans leur séance du ic' août, consentirent à tenir une
assemblée; mais pour décliner toute apparence d'un concile national, ils ren-
voyèrent leurs décisions au bon vouloir et au jugement du Saint-Siège. Cette dé-
claration parfaitement orthodoxe n'entrait "pas dans les idées de transaction que
Catherine poursuivait alors. D'un autre côté, les Etals s'étaient ouverts le 5 août
à Pontoise , et l'élément protestant s'y trouvant en majorité , elle avait de bonnes
raisons pour s'en méfier, car, dans le synode tenu à Poitiers, le 10 mars précédent,
les ministres avaient rédigé un mémoire pour demander l'exclusion des femmes
du gouvernement et rétablissement dune régence légitime3; aussi, dès les pre-
mières séances, son autorité avait-elle été mise en question, avec la pensée de la
faire passer tout entière aux mains du roi de Navarre; il ne fallut pas moins de la
double intervention de celui-ci et de Coligny pour amener les députés à ne
pas toucher à l'accord conclu pour le gouvernement. Cliantonnay en profita pour
revenir à la charge et manifesta de nouveau à Catherine les craintes que lui inspi-
rait l'altitude prise par les Etats. Elle lui répondit ce qu'elle avait négocié avec ceux
qu'elle craignait le plus, qu'elle hâterait pourtant leur réponse pour les empêcher
d'être débauchés, et qu'elle les renverrait aussitôt qu'elle le pourrait et ne re-
tournerait jamais en ces ternies; la convocation en avait été faite du vivant du
feu roi et l'on n'avait fait que suivre ce qui avait été commencé, m En se séparant
de Cliantonnay, elle se plaignit de sa santé, et sur son observation qu'elle passait
pour se tuer avec les fruits, elle répondit que cr c'étaient autres melons et fruits
archives de Vienne, lettre île Cliantonnay à la duchesse de Parme (août 1 5 G i ) . — : Ibid. — 3 Voy.
La France protestante , Introduction,]), ivii.
INTRODUCTION. *cn
que ceux de ses jardins qui lui causoient ces maladies et qu'elle avoit grand' peur
d'avoir une lièvre quarte 1.v Elle se montre moins réservée en rendant compte au
duc d'Étampes de ce qui s'était passé dans l'assemblée du tiers état et de la no-
blesse, elle se laisse aller à tonte son indignation : rtll n'a pas tenu à ces fols, lui
dit-elle, qu'ils ne m'aient mise en pourpoint et spoliée de ce que je pense légiti-
mement ra'appartenir 2. y>
Le moment s'approchait où les prélats et, les ministres allaient se trouver en
présence, mais tout en ayant en la première pensée de ce colloque, loin d'en
accepter la responsabilité, elle la décline à cette dernière heure, elle la rejette
tout entière sur les princes du sang et les gens du conseil, et Ils ont pensé, écrit-
elle à l'évêque de Rennes, eu égard aux grands troubles où se trouve le royaume
par la diversité des opinions, qu'il n'y avait, meilleur moyen ni plus fructueux
.pour faire abandonner les ministres par ceux qui leur adhèrent qu'en faisant pu-
bliquement réfuter leurs erreurs3. i>
Le h août, le cardinal d'Armagnac demanda à l'assemblée des évêques
si (die voulait entendre les ministres. Cette communication souleva de violents
murmures et resta sans réponse jusqu'au 21, jour où l'assemblée en délibéra. Le
cardinal d'Armagnac parla le premier, et fut d'avis de les recevoir et de les en-
tendre, mais toutefois sans entrer en dispute avec eux. Le cardinal de Lorraine,
plus explicite, déclara que, puisque telle était la volonté du roi, il ne restait plus
qu'à délibérer sur la manière dont ils seraient entendus et qu'à fixer le jour du
colloque; selon lui, les dévoyés devaient d'abord envoyer leurs propositions signées
d'eux tous; puis en présence des théologiens leur délégué, serait entendu; il sérail
alors facile de faire une réponse verbale ou par écrit, suivant ce que la docte
compagnie en déciderait. Son avis fut agréé par la plupart des prélats, à l'excep-
tion de cinq ou six qui protestèrent. Cette approbation publique donnée par le
cardinal de Lorraine au colloque était très diversement appréciée: selon les uns.
il croyait y trouver le moyen pratique d'arriver à présenter au concile général
un rapport sur les demandes formulées par les protestants4; selon les autres, il
s'était mis d'accord avec les princes d'Allemagne pour y faire entendre les doc-
teurs luthériens et il espérait bien profiter de leurs querelles avec les calvinistes.
C'est le piège que redoutait Calvin; pour l'éviter, il écrivait à Coligny : et Surtout
' Archives de Vienne , lettre de Gbantonnay à la \«). la lettre de Catherine, p. 607.
duchesse de Parme (août i56i). ' Archives de Vienne, lettre de Chantonna} à la
Voy. la lettre de Catherine, p. 180. duchesse de Parme (septembre i56i).
c INTRODUCTION.
je vous prie, Monseigneur, tenir la main que la confession d'Augsbourg ne vienne
au jeu, laquelle ne seroit qu'un flambeau pour allumer un feu de discordes, et
de fait elle est si maigrement bâtie, si molle et si obscure qu'on ne s'y sauroit
arrêter1. n
Les réformés français auraient désiré d'être représentés au colloque par leur
plus illustre cbef, par Calvin en personne; mais ni Coligny ni Catherine ne furent
de cet avis2.
Ce dut être un singulier spectacle que l'arrivée des ministres à Saint-Ger-
main : «Us sont aisés à connoitre à leurs visages, •» écrit ironiquement Ghanton-
nay à la duchesse de Parme. Au milieu de ces courtisans vêtus de soie ou de ve-
lours, disputant aux femmes les rubans et les dentelles pour en orner leurs
pourpoints, au milieu de ces grandes dames parées de toiles d'or et d'argent,
pliant sous le poids de leurs robes traînantes de damas ou de brocart, il
dut sembler étrange de voir passer ces hommes au maintien grave, au visage aus-
tère, aux vêtements sombres. Vo'ici comment nous les peint un de leurs contempo-
rains, l'historien Florimond de Raymond, qui après s'être prononcé pour la ré-
forme, s'en était retiré : et Ils se déclarent ennemis du luxe, ennemis des débauches
publiques et folâtreries du monde, trop en vogue parmi les catholiques en leurs
assemblées et festins; au lieu des danses haut-bois, c'étoient lectures de bible
et chants spirituels, surtout des psaumes; les femmes, à leur port et habit mo-
deste, paraissoient en public comme des Eves dolentes ou Madeleines repenties,
ainsi que disoit Tertullien de celles de son temps. Les hommes tout mortifiés
sembloient être frappés du Saint-Esprit; c'étoient autant de saint Jean prêchant
au désert 3. n
Les ministres désignés par les Eglises et venus à Saint-Germain étaient au
nombre de douze, mais à leur arrivée à la cour les députés des provinces s'étaient
joints à eux: tells furent mieux accueillis que n'eût été le pape de Rome s'il
1 Voy. Jules Bonnet, Lettres de Calvin, t. II,
p. 4a8.
"' Voici ce qu'en écrivait à Calvin le minisire
Larivière en lui adressant le sauf-conduit et la per-
mission donnée à tous les sujets du roi de venir au
colloque : «Monsieur l'admirai n'est neullement
d'advis que vous entrepreniez le voyage et avons
bien congnu que la Roynene auroit pas à cueur de
vous y veoir aussi et dict franchement qu'elle ne
voudroit pas asseurer de vous conserver par deçà
comme les autres , et les ennemis de l'Evangile de
l'autre côté disent qn'ilz entendroyenl volontiers
parler tous les autres, mais quant à vous qu'il/; ne
vous srauroyent ouyr ne veoir.» (Société de l'his-
toire du protestantisme français. Bulletin historique,
t. XVI, p. 6o3.)
3 Florimond de Raymond, Naissance de l'hé-
résie, Rouen, 179.3, in:')°, p. 864.
INTRODUCTION. ci
lui venu,D s'écrie avec indignation Claude Ilaton dans son curieux journal '.
Ghantonnay, sujet à exagérer, nous dit que le cardinal de Ghâtilion voulut avoir
a son logis douze ministres'2. L'amiral de Colignv n'en prit qu'un, Jehan Malot,
qui devint l'un des pasteurs de l'Église réformée de Paris3.
Théodore de Bèze était arrivé un des premiers, le 23 août; c'était le disciple
aimé de Calvin, l'orateur désigné par tous. A son début dans la vie il s'était adonné
aux lettres profanes, et son recueil de vers latins, JuvcniUa, comme il l'intitule, ses
dédicaces à des Lesbies imaginaires, comme il le prétendit depuis, tous ces péchés
mignons de sa jeunesse, désavoués plus tard, n'annonçaient guère qu'il serait un
jour un polémiste si redoutable. Esprit élégant et souple, subtil et passionné, qui
sait, il n'eût été peut-être, sans Calvin qui le moula à son image, qu'un poète de
second ordre, qu'un Catulle de basse latinité; mais comme orateur, nous dit
.Haton, et d'une langue disserte et bien aflilée par un beau et propre vulgaire
lïançois, il avoit la mine et les gestes attrayants les cœurs et vouloirs de ses audi-
teurs4. » Genève le vit partir avec regret, mais elle avait cédé aux instances du
roi de Navarre et du prince de Condé qui tous deux réclamaient sa présence.
Dès le lendemain de son arrivée, il prêcha au logis du prince de Condé et
rravec une telle aflluence que la cour du donjon ne put suffire pour contenir tous
1 Journal de Claude Haton, t. I. p. i55*
2 Archives tle Vienne-, lettre de Ghantonnay à la
duchesse de Parme (septembre i56i).
3 Voici tes noms des ministres qui siégèrent au
colloque: Jean Raymond Merlin, qui devint aumô-
nier de Coligny et se trouvait auprès de lui dans la
nuit de la Saint-Barthélémy; Jean de l'Espine, un
des plus savants ministres, que Renée de Ferrare
avait recueilli à Montargis et que la Rochelle voulut
avoir après le colloque; Marlorat, ancien moine
augustin , qui venait de présider le synode provin-
cial de Dieppe et qui , l'année suivante , devait être
étranglé devant le parvis de Notre-Dame de Rouen;
François Morel, pasteur de l'Eglise de Paris, qui
avait présidé le premier synode tenu sous Henri II ,
en 1 55y ; François de Saint- Paul, pasteur de l'Eglise
de Dieppe ; Nicolas Follion, plus connu sous le nom
de la Vallée; Jean Boquin, ancien protégé de Mar-
1 Calendar of State papers (i56i), p. 209.
1 Voy. Zurich Letters , Cambridge, i840, in-S", p. 120.
guérite d'Angoulême et, à ce titre, appelé par le roi
de Navarre au colloque; Nicolas des Gailards, qui
remplissait a Londres les fonctions de pasteur de
l'église française et qui vint en France avec une
mission de la reine Elisabeth, et, sur la demande
de Coligny *, Claude de la Boissière, de Saintes,
Jean Malet, de Paris, Nicolas Thobie, d'Orléans.
Pierre Martyr n'arriva que le dernier; pour plus de
sûreté il s'était fait donner le titre d'envoyé des can-
tons Suisses b; il eut grand'peine néanmoins à se
décider à quitter Zurich; le 2 3 août, il écrivait à
l'évêque Parkhnrst : n-Je suis appelé en France, j'ai
un sauf-conduit signé du roi de Navarre et de la
reine mère. Les lettres du roi de Navarre sont si
pressantes que je ne puis différer mon départ; mais
le danger est si grand que je me recommande à vos
bonnes prières. »
4 Journal de Claude Haton, t. I", p. 1 56.
i \ruoi>; gtion.
les assislans . •■ Le soir il fui appelé en la chambre du roi de Navarre 0C1 se trou-
\ aïeul Catherine de Médicis, le prince de Condé, le duc d'Etampes, les cardinaux
de Bourbon cl de Lorraine el M""' <lc Crussol. Vprès avoir fail sa révérence à la
reine, il lui exposa en peu de mots les causes de sa venue, et le désir que lui et
•;es compagnons avaient de servir Dieu et le roi dans cette sainte et nécessaire
entreprise; rt la reine l' écouta avec un fort bon visage et répondit qu'elle seroit très
aise d'en voir un effet si bon et si heureux que le royaume en pût venir à quel-
que bon repos. « Alors le cardinal de Lorraine, prenant la parole, dit à de Bèze
qu'il le connaissait déjà par ses écrits et l'exhorta à la paix; puis la discussion
I igique venant à s'engager sur la cène, chacun doux donna son argument,
sa définition, mais à armes courtoises, avec l'intention bienveillante de chercher
les termes de rapprochement, plutôt que les termes qui éloignent. En se séparant,
le cardinal dit à la reine que les dernières paroles de de Bèze lui donnaient beau-
coup de contentement et l'opinion que la conférence serait heureuse'2, et Ce propos
fini, Madame de Crussol . comme elle est fort libre en paroles, dit qu'il lalloit avoir
de 1 encre et du papier pour faire signer au cardinal ce qu il avoit dit et avoué3. •»
Ce premier entretien fit grand bruit à la cour; Chantonnay accourut le lende-
main pour présenter ses remontrances à Catherine; elle se tint longtemps dans
il" vagues généralités; enfin, ne pouvant se défendre de parler de la controverse
qui avait eu lieu en sa présence, elle dit -■ qu il en étoit sorti ce bien que de Bèze
s'étoit reconnu en l'article du saint sacrement de l'autel et avoit assuré que si
Ton salisfaisoit toujours ainsi par allégation suffisante, il seroit content de con-
fi sser son erreur et tous les autres points et de réduire cent mille personnes qui
i toient dans même opinion '.-.• — «Je n'ai pas fait grand fondement sur ceci, écrit
Chantonnay, car je sais bien le but de ces galants qui procèdent [dus par ambi-
tion que par ignorance; aussi cvux de sa suite ont fait sentir au contraire qu'il avoit
confondu le cardinal et forcé par vives raisons de nier la transsubstantiation,
aujourd'hui et avant-hier il a fait un sermon dedans le donjon de Saint-Germain,
à peu de chambres loin de celles du roi, où il nia clairement que le cardinal ait
rien gagné sur lui et corrobora sa mauvaise opinion plus que jamais, et le lende-
Letti'i' de ( hantonnaj h la duchesse de Parme Archives de \ ienne, lettre de Chantonna} .:i
(aoûl 1 56 1). •- Une lettre de de Bèze à Calvin, la duchesse de Parme (septembre 1 56 1 ,
pour lu annoncer son arrivée ;'i la cour, a été De Hèze , Histoire des églises réformées , édit. de
imprimée |>;u M, le comte de Laborde dans son Lille i84i, t.I, p. 3o().
livre itants à la cour de Saint- Germain, ' archives de Vienne, lettre de Chantonnaj à la
duchesse de Parme l septembre i 56 1 .
INTRODUCTION. cm
main, qui lut hier, à la chambre iln prince de Coudé, lil le sermon le plus abo-
minable <pie jamais eût été l'ait, et y entroil-on par les portes et les fenêtres avec
une furie admirable '. n
Le parti de la réforme allait avoir une puissanle recrue dans Jeanne d'Albret,
qui arrivait de Béarn; on disait tout liant à la cour ipfelle était 1res irritée de ce
que son mari entendait la messe, el quelle en avait écrit au cardinal d'Arma-
gnac, y croyant voir son influence. Un motif plus humain, disait-on encore, l'avail
poussée à ce voyage. On ne lui avait pas laissé ignorer l'attachement de son mari
pour MUc de la Beraudière, la belle Rouet, comme on l'appelait alors, et On
l'attend comme le Messie, » nous dit Cbantonnay. Partout où elle passe, elle eu-
courage le peuple à se maintenir dans la nouvelle religion; elle invite les juges à
user de douceur envers les réformés. Sa présence à Paris pouvait y amener une
sédition populaire; par mesure de prudence elle se rendit tout droit à Saint-Ger-
main, où des appartements lui étaient destinés2. Quelques jours auparavant,
Catherine avait quitté cette résidence et était venue à Meaux pour qu'on
eût le loisir de faire les préparatifs de la réception qu'elle lui ménageait. Le jour
de son arrivée, il y eut grand banquet à la cour, des courses de taureaux, et le
soir un feu d'artifice3. Catherine paraissait toute joyeuse, à ce point que Chan-
tonnav en fit la remarque; elle venait de réconcilier le duc de Guise et le prince
de Condé au logis du connétable qui , à cette occasion , avait somptueusement traité
la cour4; elle en était encore aux illusions sur le futur colloque de Poissy, et
pour neutraliser Jeanne d'Albret, elle avait en réserve un moyen puissant, c'était
l'espoir qu'elle avait jeté à sa vanité du double mariage de son fils avec Marguerite
de Valois et de Catherine de Bourbon avec le duc d'Orléans. Pour Marguerite,
ce n'était pas un projet né de la circonstance. Antoine de Bourbon en avait reçu
la promesse de Henri IL Toute zélée protestante qu'elle fut, Jeanne d'Albret ne
perdait pas de vue les intérêts de sa maison et son orgueil était flatté d'entendre
la reine mère appeler du nom de fils le jeune Henri de Béarn : ce Comment puis-je
1 Archives de Vienne, lettre de Cbantonnay à la l'autre, le duc de Guise, le prince de Condé, le roi
duchesse de Parme (septembre i5Gi). de Navarre, les cardinaux de Lorraine et de Châ-
2 Ibid. tillon et les autres seigneurs de la cour. (Archives
1 lOiil. - de Vienne, lettre de Cbantonnay à la duchesse de
1 Dans la salle du banquet on avait dressé deux l'arme , 1 56 1 .) — Voy . une lettre de Throckmorton
tables, l'une tout en haut, l'autre dans sa longueur; à Elisabeth dans le Calendar of State papers, 1 56i-
à celle du haut, la reine, le roi, le duc d'Orléans, i56a, p. 281.
la princesse Marguerite et la dame de Crussol; à
civ INTRODUCTION.
vous nommer maintenant, lui dit-elle un jour, puisque la reine vous traite de son
liis? Désormais c'est Monsieur que je vous dirai ].n En caressant ces prétentions.
Catherine jouait un double jeu , car déjà elle était entrée en pourparlers au sujet
du mariage de sa fille avec le jeune roi de Portugal qui, en recevant le portrait
de la princesse, s'en était épris à première vue; aussi fit-elle prier l'ambassa-
deur du Portugal de retarder son départ, mais tout en menant de front ces deux
intrigues, elle ne renonçait pas à ses visées sur Don Carlos, et dans ses lettres
à sa fille, la reine d'Espagne, elle y revient toujours et avec les mêmes in-
stances.
Le colloque de Poissy fut précédé par de longues discussions préparatoires; elles
méritent qu'on s'y arrête pour bien déterminer la part qu'y prit Catherine. D'abord .
elle fit venir les théologiens catholiques à Saint-Germain et eut avec eux une première
conférence; il s'agissait de leur expliquer la pensée du colloque et de fixer les points
sur lesquels la discussion devait porter; elle les résume ainsi : l'usage des images,
l'administration du sacrement de baptême, le sacrement de la communion, l'im-
position des mains et vocation des ministres; enfin elle insiste sur la nécessité
de bien constater les causes de séparation et d'examiner en quelle manière l'Église
primitive en a usé pour trouver le moyen de revenir à une bonne union'2.
Il s'agissait ensuite de fixer les conditions de ce tournoi théologique, et ce ne
fut pas sans de vives contestations dont nous retrouvons la trace dans les lettres
de Des Gallards à Throckmorton, le confident habituel des ministres.
Les ministres demandaient que les parties ne fussent pas leurs juges, que les
différends fussent jugés par la parole de Dieu, contenue dans l'Ancien et le Nou-
veau Testament; enfin que les secrétaires fussent élus des deux côtés3. Cette pre-
mière requête fut admise comme équitable : «Nos adversaires, écrivait des Gallards
à Throckmorton, se voient empêchés et voient bien que leur état ne peut durer;
ils voudraient bien nous étonner par menaces ou abuser par finesses, mais nous
sommes délibérés de ne céder sans montrer tout devoir; nous ne sommes pas
destitués d'amis qui veillent pour nous4. n 11 disait vrai; Catherine s'en effraye :
« Ils ont été présentés et assistés, écrit-elle à l'évêque de Rennes, par les députés
de la plupart de la noblesse et des gens du tiers état de la meilleure partie des
provinces du royaume, de sorte que par cette assistance vous pouvez juger s'ils
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay (sep- 3 Record ollice, State papers, France, vol. XXI.
tembre 1 56 1). ' Record ollice , State papers, France, vol. XXI,
' Record office. State papers, France, vol. XXI. lettres de Des Gallards.
INTRODUCTION. cv
ont faute de gens et en grand nombre qui leur adhèrent, et s'il y a aussi peu de
difficulté de trouver et appliquer le remède propre à la guérison d'un tel mal1.-»
Le 8 septembre, des Gallards annonce à Throckmorton que les ecclésiastiques ne
seront point leurs juges : «11 a plu au roi, à la reine et aux princes de présider
cette dispute. Les docteurs de Sorbonne venus aujourd'hui à Saint-Germain pour
s'y opposer n'ont rien obtenu, n En terminant, il ajoute: «Pierre Martyr est à Brie-
Comte-Robert; celui qui était allé le quérir est ici et nous l'amènera mercredi2. »
C'est dans le vaste réfectoire du couvent des dominicains de Poissy, bâti par
saint Louis, qu'eut lieu la première séance du colloque. L'afiluence était telle que,
bien que le duc de Guise se tint aux portes, en qualité de grand maître, il y eut
des chevaliers de l'ordre qui ne purent entrer3. Les gravures du temps repro-
duisent fidèlement l'ordre qui fut observé: dans le fond, le jeune roi ayant à sa
droite le roi de Navarre, le duc d'Orléans; à sa gauche, la reine sa mère, Mar-
guerite de Valois et Jeanne d'Albret; derrière le roi, les gentilshommes de sa mai-
son, les chevaliers de l'ordre et les membres du conseil privé; au pied des lourds
piliers romans qui soutiennent la voûte, deux longues rangées de bancs; sur ceux
de droite, les archevêques et les évèques; sur ceux de gauche, le reste du clergé:
sur un fauteuil réservé, le cardinal de Lorraine seul et en avant; en dehors de
l'enceinte, derrière la barre et faisant face au roi, de Bèze et les ministres. Le prévôt
du guet et les archers les avaient introduits et placés ainsi 4.
Nous laisserons de coté les questions théologiques qui se débattirent au colloque;
ce que nous cherchons, c'est la pensée intime de Catherine, c'est le but qu'elle
poursuit. Nous lui emprunterons donc le récit qu'elle fit à l'évêque de Rennes de
la première séance du colloque :.« De Bèze portant la parole, lui dit-elle, pour tous
les autres, commença et continua longuement sa remontrance en assez doux
termes, se soumettant souventes fois, si l'on montroit par la Sainte Ecriture qu'ils
errassent en aucune chose, de se réduire et laisser vaincre à la vérité; mais étant
tombé sur le fait de la cène, il s'oublia en une comparaison si absurde et tant offen-
sive des oreilles de l'assistance, que peu s'en fallut que je lui imposasse silence et
que je les renvoyasse tous, sans les laisser parler plus avant; •» mais elle ajoute
que, « craignant que cette interruption de la séance ne tournât à leur avantage, les
assistants qui avaient écouté cette exposition de doctrine venant à se retirer sans
' Voyez la lettre de Catherine, appendice. 3 Archives de Vienne, lettre de Chantonna\ à la
p. 608. duchesse de Parme (septembre 1 56 1).
1 Record office, State pnpcrs. France, vol. XXI. 4 Ibid.
Catherine de Médicis. — i. N
en INTRODUCTION.
en avoir entendu la réfutation, elle se contint, mais bien offensée toutefois de ces
propos, ri
Dans ce récit, elle passe sous silence la véhémente apostrophe du cardinal de
Tournon à de Bèze et les murmures de l'assemblée qui, un instant, intimidèrent
l'orateur au point que la fin de sa harangue s'en ressentit K
La seconde séance s'ouvrit le 16 septembre, en présence du roi, de la reine et
du même auditoire. C'est en cette séance que le cardinal de Lorraine prit la parole
et obtint un grand succès oratoire. Catherine, ne voulant pas s'en rapporter uni-
quement à l'approbation si chaleureuse de l'auditoire catholique, manda à Saint-
Germain de Bèze et Pierre Martyr; ils s'y rendirent tous deux; emmenant à l'écart
Pierre Martvr, elle le pria de lui indiquer les remèdes propres à apaiser les
troubles2. Si l'on s'en rapporte aux lettres de Martyr et de de Bèze, il tint un lan-
gage conciliant, il proposa de réserver l'article de l'eucharistie et de permettre à
chacun de croire et de prêcher la doctrine qu'il jugerait conforme à la parole de
Dieu; il conseilla même de garantir le temporel du clergé catholique pour le
rassurer et le rendre plus favorable. L'entretien en resta là; la reine remercia le
vieillard et se rapprochant du feu où le roi de Navarre, le prince de Condé et
l'amiral se tenaient avec Théodore de Bèze, elle congédia les deux ministres en
les exhortant de nouveau à travailler à l'union.
Dans les jours qui suivirent, elle continua à donner des audiences à de Bèze et
à Pierre Martyr3; quelquefois le roi y assistait, le plus souvent Jeanne d'Albret
1 Voy. de Bèze, llist. des églises réformées, édit. si modestement et vertueusement que nous avons
de Lille, i84i, 1. 1", p. 3ao. grande occasion de vous en louer et vous remer-
2 D'après le dire de Chantonnay, il répondit dure- eyer, comme nous faisons de bien bon cœur, de ce
ment qu'aux « choses de la foi il n'était venu mettre que vous luy avez permis de venir par deçà, estant
la paix sur la terre, mais le glaive. 1 Archives de bien marrye que du colloque et conférence qui s'y
Vienne, lettre de Chantonnay (octobre i56i). — est faicte, il n'est sorty le fruict que nous désirions
Voy. kliffer, Le colloque de Poissy. et qui est si nécessaire pour l'amour de toute
3 Pierre Martyr prit congé de la reine le 29 oc- l'église chreslienne en une mesme saincte et catho-
tobre seulement. Catherine lui lit donner par le lique religion; mais estant ung bien qu'il faut
jeune roi 200 écus pour son voyage et écrivit, en attendre et espérer de l'infinie bonté de Dieu qui
outre, la lettre suivante, datée du 28 octobre, au seul régit telles choses, nous le supplions qu'il nous
conseil de la ville de Zurich : le veuille bientost donner et départyr tel qu'il sçail
rrEn retournant par devers vous, le docteur nous estre nécessaire". Apund Baum. Append. ,
Martyr, vostre bourgeois, présent porteur, nous p. 11 5- 116. — Voy. Calendar of State papers,
avons voulu l'accompagner de la présente pour vous années 1 56 1-1 56-i , p. 39g; de Bèze, Histoire des
tesmoigner que es choses qui se sont traictées par églises réformées, édit. de Lille, 1861, t. I",
deçà pour le faict de la religion, il s'est comporté p. 3'jg.
INTRODUCTION. cvii
était présente. Faisant allusion à ces fréquentes entrevues, Hubert Languet en
conçut quelque défiance: a Pierre Martyr, écrit-il, est très prudent, mais elle est
florentine;» et il ajoute: «Que dirai-je d'elle? vraiment je ne le sais, mais ce
dont je ne doute pas, c'est que, de quelque côté que tourne la fortune, son prin-
cipal soin, c'est de gouverner; et ni pour les papistes, ni pour les réformés elle
n'est disposée à jouer sa destinée l. n
Sur ces entrefaites arriva le légat du pape, le cardinal Hippolyte de Ferrare; il
était bien de la race de ces babiles diplomates italiens du xvic siècle, esprits
souples et déliés dont les Vénitiens semblent les modèles et que n'eût pas désavoués
Macbiavel. Sa mission portait sur deux points essentiels : mettre fin à ces confé-
rences entre ministres et prélats catholiques et obtenir le maintien des privilèges
de la cour de Rome. Catherine travailla dès le premier jour à le détacher du
cardinal de Lorraine; aux plaintes qu'il lui fit sur le colloque qui sentait trop le
concile national, elle eut bien soin de lui rappeler que sous François II la pre-
mière idée d'un concile national était venue du cardinal; la convocation des Etats
d'Orléans et de ceux de Pontoise lui était également due, et si le protestantisme
y avait trouvé un point d'appui, la faute en devait retomber tout entière sur les
Guises. Le légat se plaignant à Chantonnay du cardinal de Lorraine et le désignant
comme le principal auteur du colloque de Poissy et de la réunion des Etats,
celui-ci écrivit le jour même à la duchesse de Parme : tr C'est de la reine qu'il lient
cela, car elle m'a dit la même chose2. a
Des harangues on passa à des conférences particulières entre les plus madères
des théologiens catholiques3 et les principaux ministres, afin d'arrêter de concert
la rédaction d'un formulaire qui pût satisfaire l'un et l'autre parti. Alarmé de ces
pratiques secrètes, Chantonnay vint de nouveau trouver la reine, l'adjurant de
lui dire au moins quelques bonnes paroles afin de rassurer le roi son maître sur
sa présence au colloque, se plaignant de jouer toujours le rôle de Cassandre dont
il était lassé4. Elle répondit qu'il y avait grand amendement et qu'elle avait plus
d'espoir que jamais. Chantonnay lui demandant si elle prenait pour amendement
1 nls tjuidem est prudenlissiraus , sed ipsa etiam Pierre Martyr, des Gallards, Marlorat et de l'Espine;
Florentina.» (Hubert Languet, Arcana scculi cte- du côté des catholiques, Jean de Monluc, évoque
cimi scxii, Halœ Hermanduror, iib. II, p. 1 4i.) de Valence, du Val, évoque de Séez, et trois doc-
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la leurs, Despence, Salignac et Boutelier.
duchesse de Parme (septembre 1 56i). " Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
1 Du côté des protestants se trouvaient de Bèze, duchesse de Parme (septembre i56i).
mu INTRODUCTION.
ce qui se faisait en Normandie et en Guyenne, elle répliqua : «qu'elle voudroit
que ceux qui l'avertissent du mal, le fissent semblablement du bien.1» Sur la ques-
tion qu'il lui posa et si elle savoit ce qui s'était passé à Caen où on avoit tué deux
prêtres et coupé le nez à des gens d'église i>, elle se borna à dire trque tout s'habil-
leroit fort bien avec le temps a. En la quittant, Chantonnay lui jeta cette menace :
«Le changement de religion amène le changement de roi1.1»
Cette sécurité qu'elle affectait vis-à-vis de Chantonnay, elle ne la partageait pas,
car le langage qu'elle tient à ses agents à l'étranger est tout autre : «Des deux
communications faites à divers jours, faisait-elle écrire à l'évêque de Limoges par
le jeune roi, l'on n'a rapporté que confusion de disputes sur disputes, nourries
de dissensions et discordes beaucoup plus que d'union2. i>
Le colloque se trouvant interrompu, les évêques apportèrent au roi leurs canons
disciplinaires. La réforme du clergé y avait été traitée d'une manière large, ils
renfermaient d'excellents et pratiques conseils; mais ce n'était pas là le but prin-
cipal que s'était proposé Catherine; cette réforme disciplinaire n'avait pour elle
qu'un intérêt secondaire; ce qu'elle avait en vue, c'était le côté politique du col-
loque, la transaction avec les réformés, comme apaisement des troubles civils, et,
malgré toute son habileté, elle avait échoué; on peut juger de son désappointe-
ment par ce qu'elle en écrit à l'évêque de Rennes : « Les prélats ont touché fort
catholiquement en beaucoup de choses ce qui appartient à la réformation des
mœurs des ministres de l'Eglise, et en d'autres passé fort légèrement; je ne vois
point en tout ce qu'ils proposent qu'il y ait chose qui puisse pourvoir aux troubles
que suscite en ce royaume la diversité de la religion3, -n Si Catherine, uniquement
guidée par son froid scepticisme, si L'Hospital, inspiré par ce sentiment de la jus-
tice qui était inné en lui, ne purent obtenir cette trêve des partis, c'est que des
deux côtés les prétentions étaient trop absolues; parmi les esprits modérés, il s'en
trouvait beaucoup qui regardaient la coexistence de deux cultes comme une grave
atteinte à l'unité nationale. En définitive, les réformés furent les seuls à qui le
colloque profita : «Pensant avoir eu cet avantage, écrivait Etienne Pasquier,
d'avoir été ouïs en public, se pensant par cela aucunement autorisés, ils parlent
plus haut qu'ils n'avoient fait4.n D'Aubigné confirme le dire de Pasquier : « Toute
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à 3 Voy. la lettre de Catherine, p. 3q8.
la duchesse de Parme (septembre i56i). " Lettres d'Estienne Pasquier, Paris, jicix, t. I,
1 Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, lettre de p. 199.
Charles IX à l'évêque de Limoges. ,
INTRODUCTION. cm
la France se sentit du colloque de Poissy, les réformés élevés de leur droit ne
chantoient que la victoire de leurs ministres '.n
Tandis que de part et d'autre on restait à Poissy sur le terrain des discussions
ihéologiques, les réformés en province mettaient la main sur les églises, brisaient
les images, brûlaient les reliques2, cr S'ils demandent des temples, écrit Hubert
Languet, c'est qu'ils les ont déjà 3 ; ils sont maîtres des églises d'Orléans, de Blois.
de Tours, d'Angers, de Lyon, de Montpellier et de presque toutes celles de
Gascogne, u Le duc d'Llampes écrivait de Bretagne à Gatberine : « Ceux de la nou-
velle religion commencent à faire dans les villes des assemblées de trois cents à
quatre cents personnes et en quelques lieux se sont saisis des temples ;n et, s'en
prenant à sa politique il osait lui dire: «Vous ôtez, Madame, la force à ceux
à qui vous recommandez de cbàtier les autres 4. -n Gatberine se borna à atté-
nuer ces excès; c'est par suite de l'incommodité de l'hiver qu'ils se sont saisis
de quelques églises pour faire leurs prières, et encore au premier avertissement ils
s'en sont retirés. Une ordonnance qu'elle a fait rédiger empècbera à l'avenir de
pareilles entreprises. C'était là une étrange illusion : l'ambassadeur vénitien, Marc-
Antoine Barbaro, écrivait de Lyon, le 27 octobre : a On prêche publiquement, et
les huguenots, là où ils sont les plus forts, chassent à main armée les catholiques
de leurs églises. n En voyant partout en France l'administration sans règle, la
justice avilie, les inimitiés mortelles, l'impiété des grands, la désobéissance et la
turbulence du peuple, pris de pitié et de regret, il s'écrie avec tristesse : et Ce
n'est plus là la France que j'avais vue autrefois si soumise, si unie, si forte et si
grande 5. »
Catherine affectait donc en apparence une confiance qu'en réalité elle avait
perdue. Du côté de l'Espagne, des bruits alarmants lui étaient venus sur les inten-
tions de Philippe II; pour s'en éclaircir, elle attendait avec impatience l'arrivée de
d'Ausance que le roi de Navarre y avait envoyé. Le \h octobre, il était de retour
et tout aussitôt il vint la trouver à Saint-Germain. Lorsqu'il se présenta, elle
avait avec elle le cardinal de Lorraine; elle affecta de demander beaucoup de
détails sur sa fille, la reine Elisabeth, sur la cour d'Espagne, ne voulant entrer
1 D'Aubigné, Histoire universelle , Maillé , mcxvi-, 3 trNihil vero petunt, quod non jain babeant. »
t. I, p. 111. (Ibid. p. ikk.)
1 trOccupantur tenipla ab evangelicis, detur- ' Bibl. nafc.. fonds français, n° 1 5875, foi. 2q5.
bantur imagines.» (Languet, Arcana sectdi decinti 5 Documents inédits, Relations îles ambassadeurs
sexti, liv. II, p. i35.) vénitiens, t. II, p. 67.
ex INTRODUCTION.
dans la partie secrète de ia mission que lorsque le cardinal l'aurait quittée. Resté
seul avec elle, d'Ausance lui dit clairement qu'elle n'avait pas à s'abuser; si les
affaires de la religion ne s'amendaient, elle pouvait s'attendre à la guerre, car les
Pays-Bas ne se contenaient que par la rigueur de la justice; à Grenade, à Valence,
à Naples même, il y avait des germes de révolte, et le roi d'Espagne disait tout
haut : « Qu'il falloit mieux aller éteindre le feu dans la maison de son voisin
qu'attendre en la sienne1.'!! L'entretien continuant, la reine lui demanda quelle
opinion Philippe II avait de ses enfants; d'Ausance lui répondit que le roi pensait
«que le jeune Charles IX feroit tout ce que sa mère voudroit, mais que quant à
M. d'Orléans et à Mmc Marguerite2, il seroit malaisé de les pervertir, ajoutant que
la reine n'avoit pas à s'étonner de ces particularités, carie roi savoit par le menu
tout ce qui se passoit, connaissant les noms des clames et des grands qui avoient
crédit sur elle, et renseigné sur ce que la reine disoit et faisoit, aussi bien
qu'elle-même 3. n
A ce moment de l'entretien entra M. de Vendôme4, et d'Ausance ne lui cacha
pas qu'il n'avait rien à attendre d'Espagne, les choses de la religion restant dans
les mêmes termes; si le mécontentement allait plus avant, c'est lui qui le pre-
mier payerait peut-être pour le tout, et sur ses possessions de France, le roi d'Es-
pagne n'étant pas à ignorer ce qui en était de la religion de Mrae de Vendôme et
de celle de son fils. A celte déclaration qui sentait la menace, Catherine se troubla,
et se tournant vers le roi de Navarre, lui dit qu'il était urgent d'y remédier; il
répondit qu'il l'avait toujours pensé ainsi b. . .
Sans perdre une minute, Catherine écrit à l'évêque de Rennes, elle l'invite à
pénétrer les desseins de l'Espagne; elle réchauffe le zèle de l'évêque de Limoges :
et Ne vous laissez endormir, lui écrit-elle, car beaucoup d'avis et de nouvelles de
Rome, de Flandres, d'Allemagne et d'ailleurs concourent à semblable but, qui
est la guerre, n Chantonnay ne cachait guère les intentions de Philippe II; se trou-
vant au palais de Saint-Germain avec plusieurs gentilshommes qui sortaient d'une
audience, il leur dit ouvertement que le roi son maître avait fait proposer toutes
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la ' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay
duchesse de Parme (octohre i56i). (octobre 1 5Gi).
1 «Je fis résistance, dit Marguerite dans ses ' Chantonnay, par ordre sans doute de Phi-
Mémoires, pour conserver ma religion du temps lippe II, affectait de ne pas l'appeler le roi de IVa-
du Sinode de Poissi, où toute la cour estoit in- varre.
fectée d'hérésie. * Mémoires, édit. de i8^2,in-8°, 5 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
p. 6. duchesse de Parme (octohre i56i).
INTRODUCTION. ai
ses forces à la reine pour s'en aider contre les rebelles et, qu'en cas de refus, il
les offrait à tous les catholiques1 : «Je trouve cela si étrange, écrit Catherine à
l'évêque de Limoges, que si vous en aviez fait autant à ses sujets, je vous assure
que je vous enverrais quérir2 ;d elle l'engage donc à s'en expliquer avec le roi
d'Espagne; quant à elle, elle se réserve personnellement, à la première audience,
d'en dire sa pensée à Chantonnay. Gela ne tarda pas, il vint la trouver le îG oc-
tobre, voulant juger de l'effet produit par les paroles de d'Ausance. Quand il
l'aborda, son visage était sévère, son air résolu : et La réponse était faite à l'avance,
écrit-il à la duchesse de Parme, elle en avait longtemps conféré avec l'amiral, le
cardinal de Châtillon, l'évèque de Valence et M. de Vendôme. » Chantonnay lui
donna d'abord des nouvelles du roi et de la reine apportées par M. d'Ausance;
les réponses furent brèves, elle avait hâte d'arriver à la partie sérieuse de l'en-
tretien. Chantonnay le comprit et formula nettement les intentions de son maître :
il fallait changer de route, renoncer à ces moyens de douceur, à ces essais de tolé-
rance tentés jusqu'à ce jour. D'une voix sèche, Catherine le pria de remercier son
maître de sa bonne volonté et de ses offres; elle s'était demandé à qui en France
le roi catholique pourrait prêter aide pour conserver la religion, se refusant
à croire que, sans son consentement, il fut disposé à secourir quiconque le lui
demanderait. Le roi son fds avait assez de forces pour se faire obéir de ses vassaux,
sans s'aider de personne, et si quelques-uns d'entre eux, sans sa permission,
réclamaient un secours étranger, il saurait y aviser et les châtier de telle sorte
qu'ils s'en repentiraient. Devant cette ferme etfière déclaration, Chantonnay battit
en retraite et limita la portée des offres de Philippe II; son intervention n'était
offerte que dans le cas tout particulier où un sujet fidèle du jeune roi viendrait à
prendre, dans une province, les armes pour sa cause, et aurait à lutter avec des
forces insuffisantes contre les protestants rebelles. « Elle n'a pas voulu avaler ceci, n
ajoute Chantonnay. Elle reprit d'un ton plus accentué : ce Monsieur l'ambassadeur,
vous direz ce que vous voudrez, et le roi mon beau-fils écrira ce qu'il lui plaira;
je ne crois ni ne croirai jamais qu'il donne aide aux vassaux du roi mon fils, sans
son congé ou le mien, et quand quelqu'un le lui demanderait, il ne devrait le
lui donner, encore que ce fût le duc d'Orléans, et quiconque le fera on lui mettra
la main dessus, n Chantonnay lui représenta que le danger était proche; qu'on
savait d'Allemagne que les rebelles ne se contenteraient pas de la faire, elle et ses
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de Parme (oclohre i56i). — ' Voy. la lettre
de Catherine, p. ail.
cm INTRODUCTION.
entants, prisonniers; qu'elle se rappelât ce proverbe italien : crClie huomo inorto
no fa guerra; v il l'engagea à ne pas laisser ses enfants ensemble. Elle répondit que
si elle s'en séparait, elle aimerait mieux en envoyer un en Espagne. Ce qu'il avait
dit de l'Allemagne ayant piqué sa curiosité, elle le pria d'expliquer ce qu'il en-
tendait par là; il répondit que les choses parlaient d'elles-mêmes, seulement qu'il
la suppliait et qu'il n'en fût pas comme d'Amboise où quand il dit un mois aupa-
ravant ce qui arriverait, on lui répondit qu'on le savait bien. ■» Avant de se séparer,
elle posa carrément à Chantonnay les questions suivantes : à quel propos le
secours a-t-il été offert par le roi son maître ; dans quel but et à quel effet ? A
cette interrogation directe, il répondit que si les bons entraient en désespoir, s'il
leur semblait qu'elle soutenait les hérétiques et que l'oppression fût ainsi mani-
feste, il n'y avait personne qui, dans ce cas, pût leur dénier secours. Sur cette
parole, elle l'arrêta: ce Pensez-vous, lui dit-elle, que je soutienne les hérétiques?
— Dieu me garde de le croire, reprit-il; mais si vous me permettez de parler,
je dirai que les hérétiques ne peuvent demander plus de faveur que la douceur
dont vous usez envers eux; si vous ne les favorisez pas, vous temporisez et les mé-
chants répètent partout que ce qu'ils font c'est de votre consentement. » H en donna
pour preuve les communications habituelles que la reine avait avec l'amiral,
l'évêque de Valence et le cardinal de Châtillon, et les prêches de chaque jour
au palais et à la cour. Elle resta sur la réserve, lui donnant pourtant à entendre
qu'elle ne pouvait rien contre le prince de Condé et Jeanne d'Albret. L'impression
que Chantonnay rapporta de cet entretien, c'est que Catherine, tout en redou-
tant la puissance du roi d'Espagne, n'avait réellement confiance qu'en Coligny et
ceux de son parti , qu'elle irait partout ailleurs qu'en Espagne chercher du secours,
et que tout ce qui serait proposé par le roi son maître serait mal reçu et mal
interprété1.
Mécontents et tenus à l'écart2, les chefs catholiques se décidèrent à quitter la
cour et à faire le vide autour de Catherine. Quand le duc de Guise vint prendre
congé, elle lui dit qu'elle savait bien qu'il avait des intelligences en Allemagne,
mais qu'il eût bien «à regarder comme il en useroit3»; il n'en disconvint pas,
mais protesta que c'était pour le service du roi. Un événement peu grave en ap-
' Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la hands.» (Dépêche de Throckmorton à la reine Eli-
duchesse de Parme (octobre i56i). sabeth, Calendar of State papers , 1 5 6 1 , p. ioo.)
1 tThe Chancellor of France and the Admirai 3 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
hâve the principal management of affaire in their duchesse de Parme (novembre i56i).
INTRODUCTION. cx.ni
parence ajouta aux appréhensions de la reine. Le duc de Nemours, au moment
de quitter la cour, proposa au duc d'Orléans de l'emmener en Savoie; le jeune
prince répéta tout à sa mère1, qui rapprochant cet aveu des paroles de Clian-
lonnay, du départ précipité du duc, en conçut les plus graves soupçons; elle ne
se contenta pas de faire emprisonner Liguerolles2 venu pour justifier le duc de
Nemours; elle s'en ouvrit au roi d'Espagne3, tout en affectant de ne vouloir agir
que d'après ses conseils, et elle dépêcha M. de Crussol auprès du duc de Guise qui
répondit qu'il n'en avait pas entendu parler; cette réponse ne calma pas ses dé-
fiances, et son refroidissement pour la maison de Guise en devint plus marqué.
Qui sait? les exilés pour la conjuration d'Amboise durent peut-être à cette unique
cause l'édit qui les rappelait et leur rendait leurs biens. Catherine ne s'en tint
pas là; elle renvoya d'Ausance en Espagne pour mieux s'édifier sur les desseins
de Philippe II, et Rambouillet en Allemagne, sous le prétexte de s'entendre avec
les princes allemands sur le lieu du concile, mais en réalité pour réclamer leur
assistance en cas de lutte contre les Guises; dans une conversation avec Ghantonnay
qui se plaignait du retard du départ des prélats français pour Trente, elle lui
demanda en souriant s'il pensait que le concile serait libre et tel qu'on pouvait le
désirer, et pour le choix du lieu et pour le fond des discussions ; il répondit qu'on
offrait toutes sûretés et sauf-conduits. Elle répliqua que les protestants n'auraient
garde d'y aller en petit nombre.
Dans les provinces le mal s'aggrave ; en Gascogne, on prend les armes; en Lan-
guedoc, un gentilhomme de la chambre du roi, M. de Fumel, est assassiné; à
Nimes, l'évêque est jeté en prison; h Montpellier, des prêtres sont massacrés; à
Meaux, les protestants attaquent les catholiques dans la cathédrale; à Amiens, à
Orléans, l'on met en question l'hérédité de la couronne ; à Dijon, ce sont les catho-
liques qui se ruent sur les protestants; à Paris, ce sont les protestants qui saccagent
l'église de Saint-Médard, brisent les images, profanent le saint sacrement, mas-
sacrent les catholiques, qui à leur tour saccagent le temple de Popincourt. Une
telle situation était intolérable, et elle a été justement appréciée par un historien
protestant moderne : rt Les protestants, nous dit-il, se laissèrent enivrer par la
prospérité; quelques mois auparavant ils auraient accepté avec reconnaissance une
tolérance, même tacite; ils ne demandaient au roi que la permission de s'assem-
bler en quelque coin de ses villes , et alors qu'ils pouvaient célébrer publiquement,
1 Voy. la note de la page a 66. — 2 Voy. dans le n° 10600 du fonds français une lettre de Liguerolles
à Catherine. — 3 Voy. la lettre de Catherine, p. ïkh.
Catherine de Médicis. — 1. 0
cxiv INTRODUCTION.
ils ne furent pas contents; ils voulaient des églises; mais en édifier était trop long
au gré de leur impatience; ils s'emparèrent à force ouverte de celles des catho-
liques et, par leurs violences, ils s'attirèrent de sanglantes représailles; on regrette
d'avoir à dire que les ministres qui auraient dû donner l'exemple de la modéra-
tion ne montrèrent en général aucune intelligence des embarras du gouverne-
ment 1.v
Comment sortir de ces inextricables difficultés? Comment faire rendre par les
protestants ces églises et ces villes dont ils s'étaient emparés? crL'édit de juillet,
écrit Catherine à l'évêque de Rennes, avait été jugé nécessaire pour arrêter le
cours de tant d'assemblées qui se faisaient en ce royaume, mais par la désobéis-
sance et dureté des peuples, et pour s'être trouvé de trop périlleuse et difficile exé-
cution il est demeuré sans effet2. n Le colloque de Poissy, elle l'avoue encore, n'a
apporté aucun remède au mal ; c'est alors qu'en désespoir de cause , de l'avis de
L'Hospital, elle convoque une nouvelle assemblée à Saint-Germain. Elle y appelle
les présidents et les conseillers des huit parlements du royaume ; son choix s'était
sans doute porté sur les plus disposés à seconder ses vues; elle les réunit au con-
seil privé pour avoir l'opinion de chacun, ainsi qu'elle l'avait fait l'année précé-
dente. Les Guises appelés n'y vinrent pas, mais le connétable et le maréchal de
Saint-André assistèrent à la première séance , qui s'ouvrit le 3 janvier.
Ici l'Hospital reparaît; une fois de plus il affirme les idées de tolérance aux-
quelles il a consacré sa vie. Dans son discours d'ouverture, il revient sur le passé,
il rappelle tout ce qui a été tenté inutilement, il expose la situation nouvelle et
fait ressortir la nécessité d'un nouvel édit qui règle la position des réformés et ôte
aux séditieux tout prétexte de troubler le royaume. Chantonnay reste à son poste
de sentinelle avancée; il surveille les débats de la nouvelle assemblée, il en cause
avec le nonce, il encourage le légat qui comme lui se défie un peu du vote de
ceux du Parlement de Paris, mais qui s'en repose sur la sagesse des membres du
conseil privé3. Avant le vote, Chantonnay vit la reine et s'efforça de lui démontrer
le danger qu'il y avait à consulter dans des matières de cette importance ceux qui
ne sont pas du conseil et n'ont pas la connaissance pratique et habituelle des
grandes affaires politiques; mais elle connaissait d'avance le résultat des votes, il
était acquis aux idées de tolérance; appelée à donner la dernière son opinion,
elle pouvait donc, sans rien risquer, faire devant tous profession de son ortho-
1 La France protestante , introduction , p. xv. 3 Négociations d'Hippohjte d'Esté, Paris, Piget.
' Voy. la lettre de Catherine, p. 269. i658 , in-û°, p. 6.
INTRODUCTION. cxv
doxie. Le nonce fut sous le charme de sa parole: et On n'a jamais entendu ora-
teur, écrit-il au Saint-Père, qui se soit exprimé avec plus d'éloquence, ni avec plus
d'énergie et de succès. Sa Majesté a dit elle-même que, daus cet instant-là, il lui
sembloit que Dieu lui dictoit les paroles qu'elle prononçoit1. u En terminant elle dé-
clara hautement qu'elle, ses enfants et les membres du conseil entendaient vivre
dans la religion catholique et sous la sainte obéissance de l'Eglise romaine; elle
annonça à ceux qui demandaient des temples qu'ils n'en pourraient avoir et qu'ils
eussent à rendre les églises dont ils s'étaient emparés; à l'avenir il leur serait dé-
fendu d'en construire dans les villes, ou de s'y assembler, mais, sous réserve de
certaines conditions, on permettrait leurs assemblées. Après le discours de la
reine il y eut parmi les catholiques comme une sorte d'approbation générale :
«Les huguenots, écrit le nonce, semblent être tous dissipés et n'oser plus se
montrer en aucune part2n; mais ils comprirent mieux et plus vite la portée d'un
édit, qu'un historien protestant moderne juge comme crie plus libéral qu'ils ob-
tinrent jusqu'à celui de Nantes3. n De Bèze et les ministres restés à la cour se hâ-
tèrent d'écrire à leurs coreligionnaires d'y obéir sans retard. Chantonnay qui
était venu l'un des premiers complimenter Catherine, ce dont elle s'était montrée
toute joyeuse, et qui sous sa première impression avait écrit à Philippe II, arracha
le nonce et le légat à leurs illusions; l'édit publié n'était pas tel qu'on l'avait dit
d'abord , ni si mauvais pour les réformés qu'ils l'avaient cru au premier moment ;
il était ambigu, douteux; quant à lui, il était en droit de se plaindre après ce
qu'il en avait écrit au roi son maître, et il chargea le légat d'aller porter ses
regrets et ses doléances à Saint-Germain. En présence du connétable, la reine
se ût apporter l'édit et le fit lire; la lecture faite, le légat expliqua les points sur
lesquels portait le mécontentement de Chantonnay, mais la reine ne se rendit à
aucune des raisons opposées, soutenant à son tour que du moment que les mi-
nistres jureraient entre les mains de ceux de la justice qu'ils ne prêcheraient que
conformément à la parole de Dieu et au symbole de Nicée, il y avait là une ga-
rantie de bonne doctrine 4.
A la fin de janvier une nouvelle assemblée s'ouvrit à Saint-Germain, mais
il en fut de cette assemblée comme du colloque, et voici le jugement qu'en
porte Catherine dans une lettre à l'évèque de Hennés : « Après que l'on avoil
1 CimberetDanjou,4rctaYe.scMnWs, lettre du = La France protestante , introduction, p. xix.
nonce Sainte-Croix. Ie série, t. VI, p. 29. 4 Archives de Vienne, lettres de Chantonnay à
1 Ibid., p. 3o. la duchesse de Parme (janvier i56a).
..wi INTRODUCTION.
consumé douze ou quinze jours en disputes sur une simple chose, l'usage des
images, ils ont plutôt combattu pour ne se laisser vaincre que disputé et conféré
pour se soumettre à la vérité et à la raison1.')? Fatiguée de ces lenteurs et de
ces stériles discussions, elle rompit rassemblée et remit le tout à la décision du
concile.
Le connétable venait de se séparer brusquement de Coligny, la rupture était
définitive; dans l'intérêt de la cause catholique, il fallait gagner le roi de Navarre
et le rapprocher de Guise. Chantonnay s'en chargea; du caractère dont le prince
était, ce n'était pas chose difficile : «J'ai toujours pensé, écrivait le Vénitien Dan-
dolo, que le roi de Navarre qui a déjà changé trois ou quatre fois en sa vie et qui
ne vise qu'à son propre intérêt, ne se mettra du côté des catholiques que par
l'espoir d'une compensation pour son royaume perdu 2;n mais il croyait aussi que
Philippe II promettrait beaucoup, et ne donnerait rien. Il ne se trompait guère;
et voici ce que le cardinal de Granvelle conseillait à Philippe II : c: La puissance
de Vendôme est trop bien établie maintenant pour la renverser par des menaces;
peut-être seroit-il bien de l'amuser par des espérances et même des offres, afin
de voir si, par ce moyen, on pourvoit l'amener à faire quelque chose pour la reli-
gion, puisqu'il dit que, jusqu'au succès de sa demande, il ne veut rien entre-
prendre dans la crainte de perdre ses amis3. -n Quel décevant mirage fit-on passer
devant ses yeux? est-ce la Sardaigne, bien inculte alors? est-ce Tunis? est-ce
Sienne? est-ce l'espoir d'un divorce, et en perspective la main de la belle Marie
Stuart lui apportant la couronne d'Ecosse, et peut-être un jour celle d'Angleterre ?
Nous ne pouvons le préciser, mais toujours est-il que Chantonnay parvint à ses
fins, et à l'aide d'une promesse illusoire, s'assura de son concours dans toutes les
mesures à prendre pour soutenir la cause catholique, rt Cette négociation s'est faite
d'une manière si secrète, écrivait le nonce Prosper de Sainte-Croix, que la reine
ne sait pas elle-même toutes les intrigues de ceux qui travaillent pour cela4.:? De
longue date et la première Catherine avait soutenu les revendications du roi de
Navarre auprès de Philippe II; c'était pour se l'attacher, pour le lier à sa politique ;
mais accepter les offres de l'Espagne, sans passer par ses mains, se faire le chef
et le centre du parti catholique, elle ne pouvait le trouver bon. Le légat ne tarda
pas à s'en apercevoir : «La reine n'a pas été bien satisfaite, écrit-il au cardinal
Voy. la lettre de la page 276. — 2 Collection des documents inédits. Ambassadeurs vénitiens, t. II,
|>. 95. — Papiers d'Etat du cardinal de Granvelle, t. VI, [>. AGi. — ' Cimber et Danjou. Archives
curieuses, lettre du nonce Sainte-Croix, série 1". t. VI, p. £9.
INTRODUCTION. cxvn
Borromée, de voir que le roi de Navarre s'étoit jeté si avant dans ce parti-là, et
qu'il sembloit ainsi faire plus d'état des autres (pie d'elle-même1. i> De ce jour, en
effet, la politique de Catherine se modifie, elle se rapproche des protestants :
«f Le jeune roi semble aussi pencher de notre côté, dit Languet2, et à coup sûr,
c'est du consentement de la reine, car elle l'empêcherait si elle le voulait bien.
Hier encore, le duc d'Orléans, un enfant, lui a demandé, et devant nombreuse
compagnie, pourquoi elle lui donnait des précepteurs qui n'étaient pas luthériens;
celte question l'a fait sourire, n Nous trouverons une preuve plus sérieuse et plus
certaine du changement de Catherine dans une communication faite par Colignv
à Throckmorton lors d'une entrevue qu'ils eurent à Fontainebleau et que celui-ci
transmit à la reine Elisabeth3 : a D'après les confidences de l'amiral, la reine mère
verrait avec plaisir une grande réforme dans l'Eglise; elle voudrait surtout que les
catholiques ne fissent plus la loi aux réformés; dans ce but, il faudrait que la
reine d'Angleterre et les princes protestants envoyassent des députés au concile;
tous réunis ils pourraient alors, d'accord avec les députés de l'Empereur, présenter
leurs remontrances et leurs griefs à l'assemblée contre les abus de l'Eglise romaine
et demander en commun un libre concile. » Throckmorton se montrant un peu in-
crédule et alléguant les avances que le roi de Navarre et la reine faisaient en ce
moment aux catholiques, et lui représentant que ses frères, lui et la reine de Na-
varre allaient être forcés de quitter la cour, l'amiral répliqua que le roi de Navarre
était obligé d'en agir ainsi à cause du roi d'Espagne, mais qu'il pouvait affirmer
que la reine mère était très bien disposée pour la religion; que si en apparence
elle était tenue de faire bon visage à ses ennemis, elle avait retenu le cardinal de
Chàtillon qui se disposait à partir; que, quant à lui, les couches prochaines de sa
femme allaient le. forcer à s'éloigner, ainsi que son frère d'Andelot, appelé dans
les provinces pour l'inspection de l'infanterie . mais que la reine avait prié le prince
de Coudé et la reine de Navarre de ne pas quitter la cour. Avec sa duplicité habi-
tuelle, Catherine trompait évidemment l'amiral, car, tout en la retenant, elle
n'aimait guère Jeanne d'Albret. Dans un moment d'expansion et à une époque
bien récente, elle avait dit à Chantonnay : cr qu'elle voudroit que Dieu eût pris
la reine de Navarre, afin que tout d'un chemin on mariât le roi son époux
Négociations du cardinal Hippolytc d' Este , Paris , s Voy. dépêche de Throckmorton à la reine Éli-
l'iget, i658, in-4°. sabeth, Calendar 0/ State papers (i5Ga), p. 545
2 tcOstendit se nobis addictiorem quani antea.» et 5'iG.
(H. Languet, Arc. seculi decimi sexti, t. II, p. 202.)
cxvm INTRODUCTION.
avec la princesse sœur du roi son gendre, et que de ce mariage en sortiroienl
d'autres qu'elle ne vouloit pas dire pour l'heure '. v Elle usait de la même dissimu-
lation vis-à-vis du légat, lui annonçant que l'on verrait désormais des choses qui
apporteraient grande consolation2. Mais comme, après tout, l'avenir était incer-
tain et gros d'orages, Catherine avait de fréquents entretiens avec le prince de
Gondé , et faisait secrètement demander aux chefs protestants de combien d'hommes
ils pouvaient disposer3. La situation était si tendue que, pour ne pas donner une
signification fâcheuse au départ de l'amiral, elle aurait voulu que tous les gou-
verneurs des provinces fussent tenus de se rendre à leur poste; c'était le moyen
d'écarter de la cour le maréchal de Saint-André, mais le maréchal était resté, sou-
tenu par le roi de Navarre qui venait de rappeler tous les Guises à Paris. Parti de
Joinville le 28 février, François de Guise couchait le même soir à Dammartin, et
le ier mars il entrait à Yassy. Les Guises avaient bien utilisé leur temps depuis
leur départ de la cour. Dans le but de priver les réformés du secours de l'Alle-
magne protestante , cr cette pépinière de reîtres -n , ils venaient d'avoir une conférence
à Saverne avec le duc de Wurtemberg et ses théologiens, et, dans les discussions
engagées, les apparentes concessions du cardinal de Lorraine, ses conciliantes dé-
clarations sur la confession d'Augsbourg, son indirecte adhésion à une transaction,
avaient si bien impressionné le duc, que de sa main, il avait écrit (le 27 fé-
vrier i562) au roi de Navarre, que si une conférence pareille avait lieu entre
gens savants, conférence à laquelle seraient appelés des ministres de l'Allemagne,
il ne doutait pas qu'il n'en sortît quelque heureux fruit ou que tout au moins les
églises de France ne fussent placées dans la même situation que celles d'Alle-
magne '.
■ Archives de Vienne, lettre de Chanlonnay à
Marguerite de Parme (21 novembre i56t.)
Négociations du cardinal de Ferrare, lettre du
ai février i56a, p. 87.
' Voy. une lettre de Throckmorlon à la reine
Elisabeth ( Calendar of Stuie papas, 1 5Ga , p. 5hj ).
Voy. également sa lettre du même jour à Cecil
(ibid., p. 5 'kj).
4 Voici cette lettre qui fait bien apprécier l'habi-
leté des Guises : cr J'ai heu une familière comersa-
tion avec eulx, touchant le faict de la religion et
préalablement avec Monsieur le cardinal de Lor-
raine, lequel je trouve fort sçavant et de grand
jugement, des principaux articles de la foy et reli-
gion chrestienne, assavoir de la justification, de la
messe, de la saincte cène, de l'invocation des
saincts , des prières pour les trépassés , de cctletias-
tica hierarchia , et plusieurs aultres semblables ar-
ticles, tous contenus en la confession d'Auguste, et
s'est ledict sieur cardinal démonstré tel que j'espère
certainement . si derechefz une conférance se faisoit .
entre quelques gens sçavants, craingnans Dieu et
d'esprit tempéré , sus une certaine confession comme
est la confession d'Auguste, ou aultre semblable, il
en sortiroit quelque bon fruict. 1 ( Arch. de Stuttgard .
cité dans le Bitllct. de l'hist. duprot. t. XXIV, p. 122.)
INTRODUCTION. mi
Lorsqu'une révolution est mûre dans les esprits, que l'opinion de chacun est
irrévocablement fixée, l'événement le plus inattendu précipite souvent la crise
finale; au xvic siècle, cet événement, les uns, suivant leurs passions religieuses,
l'appelèrent i'échaufi'ourée, les autres le massacre de Vassy, le duc de Guise le
traita A'arrulvnl; mais de quelque côté que vint la provocation, ce fut le signal de
la première guerre civile.
Catherine était à Monceaux, l'une de ses résidences favorites; de Bèze et Fran-
court y vinrent, au nom de la noblesse protestante, lui demander compte du
sang versé; elle n'eut pour eux que de douces et captieuses paroles; elle promit
que bonne information serait faite. Le roi de Navarre, moins maître de lui, s'at-
tira cette véhémente réplique de de Bèze : « C'est à l'Église de Dieu d'endurer
les coups et non pas d'en donner, mais aussi vous plaira-t-il de vous souvenir que
c'est une enclume qui a usé beaucoup de marteaux '. n
Le duc de Guise mandé par Catherine refusa de s'arrêter à Monceaux et se
rendit à Paris tout droit. Il y entra par la porte Saint-Denis, réservée aux entrées
royales; harangué par le prévôt des marchands qui le qualifia de défenseur de la
foi. il fut acclamé et reçu en triomphateur. Ainsi bravée, Catherine se retira à
Fontainebleau. De longue date elle redoutait le retour de la domination des
Guises; bien des mois auparavant, elle avait écrit à sa fille la reine d'Espagne : «• La
guerre avenant, il faudroit que je me remette en leurs mains2. i> Vainement pour
la rassurer, le cardinal de Bourbon vient-il la trouver; de plus en plus effrayée et
craignant pour son autorité, elle se jeta du côté de Condé : trJe vois, lui écrit-
elle, tant de choses qui me déplaisent, que si ce n'étoit la fiance que j'ai en Dieu
et assurance en vous que m'aiderez à conserver ce royaume en dépit de ceux qui
veulent tout perdre, je serois encore plus fâchée3. -n
Ce n'est pas uniquement l'approche du danger qui dictait ces lignes à Cathe-
rine; elle avait toujours eu un faible pour Condé; elle trouvait peut-être en lui ce
qu'elle ne rencontrait pas dans les autres, cette grâce toute française, cette sou-
plesse d'esprit, cette facilité de caractère qui le rendait, nous dit Brantôme «fort
agréable, accostable et aimable4; -n aussi l'Italien disait-il : trDieu nous garde de la
1 De Bèze, Histoire des églises réformées, édit.' continue celte nouvelle évolution de Catherine:
de Lille, i84i, t. II, p. 9. "The queen mother at tins présent does not trust
2 Voy. la lettre de Catherine, p. 58a. any ofthepapists.» (Calendar of State jHipers , i56i-
3 Voy. la lettre de Catherine, p. a83. Throck- i562, p. 55o.)
morton, dans une lettre à Cecil du 6 mare i56a, " Voy. Brantôme, édit. de Lalanne, l. IV, p. 33g,
INTRODUCTION.
douce façon et gentille du prince de Coudé el de l'esprit et du cure-dent de l'a-
miral ' ! ii Peut-être aussi ne s'était-elle pas bien rendu compte jusqu'alors que
cette anparence de légèreté recouvrait un grand fonds de ténacité et de véritable
fermeté. Lorsqu'elle voit Paris acclamer François de Guise, le cardinal de Bourbon
remplacer comme gouverneur le maréchal de Montmorency, jugé trop favorable
aux réformés, elle n'hésite plus à implorer l'assistance de Condé, rcelle l'invite à
avoir. souvenance de conserver la mère et les enfants 2v, et du jour où il se crut
assuré du secret concours de la reine, Coudé, qui s'était rendu à Paris sur l'invi-
tation de Catherine 3, dispute la place à ses adversaires. Les réformés se propo-
saient de faire leur cène le jour de Pâques fleuries; décidé à s'y opposer, le roi
de Navarre, devenu tout espagnol4, revint la veille de Fontainebleau. Avertis de
ces dispositions, les réformés, ne se sentant pas assez forts, reculèrent. Suivant un
antique usage, la grande ville s'en allait ce jour-là en procession à Sainte-Gene-
viève; toutes les paroisses, bannières déployées, s'y donnaient rendez-vous, et le
cortège, grossi de tout le peuple, se rendait ensuite à Notre-Dame pour y entendre
la grand'messe. Le roi de Navarre avec tous les ambassadeurs suivait à pied la
procession ; le connétable, pris par sa goutte, suivait à cheval; une lutte devenait
imminente; pour l'éviter, le cardinal de Bourbon invita Condé à sortir de Paris.
Pouvait-il refuser? Les armes venaient d'être rendues au peuple; l'Université, le
corps des marchands étaient déclarés contre lui ; il consentit à partir, mais sans
plier devant ses adversaires; il y mit pour condition que Guise partirait en même
temps. De part et d'autre il y eut donc une convention tacite. Condé prit la route
de la Ferté-sous-Jouarre; il allait appeler à lui tous les chefs protestants et, une
fois réunis, les mettre à la disposition de la reine. Guise se dirigea sur Corbeil:
c'était sa première étape avant de se rendre à Fontainebleau , où il allait mettre
la main sur la royauté. Le maréchal de Saint-André et le roi de Navarre le sui-
virent et passèrent la nuit à Corbeil. M. de Gonnor, frère du maréchal de Brissac.
avait été envoyé auprès de la reine pour la prier de rentrer à Paris; mais Cathe-
rine, méfiante et inquiète, avait répondu à cette première mise en demeure crque
sa présence y étoit bien peu nécessaire , qu'il étoit plus à propos pour elle d'avoir
égard à la santé du roi que d'apprendre à tant d'hommes si avisés ce qu'ils avoient
à faire dans un temps aussi troublé. r> Cette réponse laissant tout en suspens, le
Voy. Brantôme, édit. de Lalanne, t. IV, p. 33g. well accompanied , with the king's authorily.»
Voy. la note de la page 282. (Calendar 0/ State pnpers , i56i-i50a , p. 55a.)
' "The prince came to Paris froni the court, ' «Is ail Spanish. * (Ibid., p. 553.)
INTRODUCTION,
roi de Navarre accompagné du duc de Guise, de Saint-André et de nombreux
hommes d'armes se présenta le vendredi 27 mars au château de Fontainebleau.
L'accueil du jeune roi et de la reine fut très froid ; tous deux lui firent comprendre
qu'ils trouvaient étrange qu'on vînt ainsi en armes à la cour; mais après de longues
hésitations et un semblant de résistance, il fallut bien céder : le jeune roi et la
reine se laissèrent conduire à Melun.
Durant ce temps, que faisait Condé? Le aU mars il avait quitté Paris et il at-
tendait Coligny à Meaux. Si ferme qu'il parût en apparence, il y avait dans le ca-
ractère de Coligny une secrète tendance à l'indécision; en cette circonstance,
peut-on l'en blâmer'?- Il connaissait par sa propre expérience le peu d'unité du
parti protestant composé d'éléments si divers; l'élément populaire et violent re-
présenté par les ministres, et l'élément aristocratique recruté dans les rangs d'une
noblesse remuante, ambitieuse et facile à se décourager -, il savait aussi qu'avoir la
royauté pour soi, c'était la force, la certitude du succès, et lui, le héros de Saint-
Quentin, le vieux serviteur de la monarchie, l'homme de la discipline et de
l'exemple, pouvait-il se jeter à la légère dans les hasards de la guerre civile, sur
les promesses de la reine que peut-être demain elle désavouerait? D'Aubigné a bien
rendu les angoisses qui durent traverser le cœur de Coligny à ce moment fatal
de sa destinée '. Cédant enfin aux larmes de sa femme, aux obsessions de ses amis ,
il monta à cheval, et le 29 mars il rejoignait Condé à Meaux. Le surlendemain,
avec 1,000 gentilshommes et 3oo argoulets, Condé et lui passaient sous les murs
de Paris et venaient prendre position au pont de Saint-Cloud; c'est là qu'ils ap-
prirent que Guise et le roi de Navarre les avaient devancés à Fontainebleau et
s'étaient rendus maîtres delà personne du roi. Il ne leur restait plus qu'à se diriger
sur Orléans; Condé en prit la route, mais lentement, attendant à chaque heure
un message de la reine; il le reçut en effet des mains de M. de Fresnes, mais tout
autre qu'il l'espérait, Catherine l'engageait à désarmer et à revenir à la cour avec
son train ordinaire; d'un autre côté il apprit que M. d'Estrées marchait sur Or-
léans; que Tripier qui y commandait et dont il se croyait sûr, faisait entrer dans
la ville des soldats envoyés par M. de Cipierre; que d'Andelol parti en avant en
trouverait les portes fermées2. 11 n'y avait plus une minute à perdre; il était à Ar-
tenay; six lieues le séparaient d'Orléans3; il les franchit au galop. Tripier évacua
1 Voy. d'Aubigné, Histoire universelle, Maillé, É\isaheÙ\(Calend.ofStalepap., i5f>t-i56a , (>• 078).
1616, in-fol., t. I", livre III, p. i3a. 3 Voy. Mémoires de Mer/rcy, édit. Poujoulat et
" Voy. la dépêche de Throckmorlon du 1" avril à Michaud, 1" série, t. IX, p. 56<(.
Catheiuxe Dt MÉD1CIS. I. p
ctïii INTRODUCTION.
la ville, qu'il n'osa défendre, et les bourgeois reçurent le prince au cri de vive
l'Evangile! Voilà donc Coudé maître de cette ville, qui va devenir le centre de
la résistance protestante; de là il écrit à toutes les Eglises de France, aux syndics
et conseil de Genève; dans un manifeste, qu'il répand à profusion, il expose les
raisons qui ont déterminé sa prise d'armes, et il envoie par Spifame à l'empereur
Ferdinand les lettres que Catherine lui avait adressées pour invoquer son appui.
Les triumvirs n'avaient pas à se justifier : le roi étant avec eux, ils représentaient
l'autorité et combattaient la rébellion ; mais du moment qu'ils se servaient du
nom de la reine mère, il fallait subir toutes les tentatives de négociations qu'elle
allait essayer. Dans tous ces messages, dans ces perpétuelles allées et venues de
Paris à Orléans, c'est donc Catherine, c'est son esprit, c'est sa pensée que nous
allons retrouver : c'est d'abord M. de Chemault, maître des cérémonies, qui vient
au nom du roi inviter tous les seigneurs réunis à Orléans à disperser leurs forces;
ce premier message étant resté sans résultat, arrive un ambassadeur plus conci-
liant, l'évèque de Valence, Monluc, qui passait pour avoir une certaine autorité
sur Coudé dont il partageait à demi les opinions religieuses; il apporte des condi-
tions presque acceptables; sans les refuser, Condé offre à la reine de venir à Or-
léans ou de désigner une autre place où l'amiral, d'Andelot et lui iront s'entendre
avec elle; il demande pour otages les princes de Joinville et de Navarre et Dam-
ville, le fils du connétable. Catherine était disposée à accepter, mais le roi de
Navarre, Guise et le connétable s'y opposent. Sans se rebuter, elle renvoie
MM. d'AHuye,de Fresnes et de Gonnor; mais Condé ne consentant pas à se séparer
de Coligny, l'évèque de Valence retourne le i3 avril à Orléans; cette fois, il en
rapporte une réponse peu faite pour rapprocher les esprits : Condé et ceux de
son parti exigent l'application de la décision des États d'Orléans touchant la restitu-
tion des dons octroyés sous le roi Henri II au connétable, à Guise, à Brissac et à
Saint-André. Cette nouvelle prétention soulève une grande irritation parmi les
chefs catholiques. Catherine néanmoins obtient de renvoyer, le i5 avril, MM. de
Gonnor et d'Alluye; faisant un pas en avant, elle promet l'exécution de l'édit de
janvier, à la seule condition qu'on ne prêcherait ni à Paris, ni à deux lieues de
distance de la grande ville; mais de nouvelles exigences remettent tout en ques-
tion, et l'ambassadeur d'Espagne en profile pour annoncer hautement l'intervenu
tion de son maître. Catherine ne se décourage pas; elle offre de partir pour Saint-
Germain avec le roi de Navarre et le reste du conseil, à l'exception des Guises, de
Saint-André et du connétable <|iii se retireraient en leurs maisons; les forces du
INTRODUCTION. «xm
roi seraient licenciées, ainsi que celles du prince de Coudé. L'évèque d Orléans et
l'Aubespine portent ces nouvelles propositions qu'agréait le roi de Navarre et dont
l'ambassadeur d'Angleterre espérait une heureuse issue, niais tout vient encore
échouer devant les résistances des triumvirs. Ne se fiant plus qu'à elle-même,
Catherine veut essayer d'agir directement sur les chefs protestants; elle avait tou-
jours tenu en grande privauté le cardinal de Cliàtillon d'une conscience accommo-
dante; elle s'adresse à lui pour arriver jusqu'à Condé. Sa lettre précise bien h's
variations par lesquelles elle avait passé ; elle reconnaît qu'elle a autorisé Condé
à prendre les armes pour sa sûreté et le service du roi, à la condition toutefois
de les déposer dès qu'elle lui en donnerait l'ordre; mais Condé s'y refusant, car il
v va de son honneur, et prétextant que s'il a pris les armes, et que s'il les garde,
c'est pour sauvegarder l'autorité de la reine, pour qu'on ne lui ôte pas ses en-
fants, quelle est sa réponse? Le roi de Navarre seul doit commander; si Condé et
les siens ne se soumettent pas, elle sera forcée de se prononcer contre eux. Elle
reproche à Condé de se servir de son nom pour prendre les villes, et de dire partout
qu'il agit par ses ordres. Les conseils qu'il reçoit, et que l'amiral seul lui donne,
seront la cause de la perte de ce royaume; elle lui rappelle le.bien qu'elle lui a
fait, la faveur qu'elle lui a toujours témoignée; elle fait appel à ses sentiments de
bon Français et de patriote; il est de cette maison royale et ne peut en vouloir la
ruine; en terminant elle lui dit ces paroles qu'au plus fort de la lutte il dut se
' rappeler plus d'une fois : «Tout cela s'en ira en fumée, mais que l'on sache la vé-
rité que le roi mon fils ne veut ni moi aussi que nul ne s'assemble; que ce n'esl
point pour son service et qu'il ne veut pas toucher au fait de la religion1. n A cette
lettre pressante, le cardinal se borne à répondre qu'il a vu son frère; mais que,
sans tenir compte de ses remontrances, il persiste à déclarer qu'il n'a en vue que
de rendre la liberté au roi, et qu'il ne poursuit pas d'autre but. Condé prend la
plume à son tour et cherche à se justifier; il supplie Catherine de ne pas voir en
lui un preneur de villes, mais un fidèle serviteur; loin de chercher à s'élever, à
s'enrichir par usurpation, il n'entend qu'obéir et combattre ceux qui veulent en-
treprendre sur l'autorité de sa régence2. En écrivant ces lignes, s'il était de bonne
foi, il se faisait une étrange illusion et n'envisageait pas les tristes nécessités qu'il
allait subir. Une fois engagé sur cette pente fatale, on ne s'arrête plus, on ne
s'appartient plus. Encore quelques semaines, lui et les siens appelleront à leur
1 Voy. la lettre de Catherine, p. 29, et celle du cardinal de Châtilion qui l'accompagne. — 2 Bibl. Bat.
fonds Brienne, n° 20 5.
cxxiv INTRODUCTION.
aide les Allemands, et pour les décider à entrer en France, que leur promet-
tront-ils? Le pillage de Paris1. L'étranger, comme toujours, profitera donc seul
de nos discordes civiles. Notre meilleur allié, le duc de Savoie, en retour du
secours qu'il fera si longtemps attendre, exigera la restitution de nos places
d'Italie; c'est eu vain que Bordillon, inspiré par le plus pur patriotisme, refusera
de les rendre; c'est en vain qu'il résistera à deux jussions, force lui sera d'obéir,
en exigeant toutefois une décharge pour sauvegarder son honneur. De son côté.
l'Angleterre, à l'affût d'une revanche, saisira la première occasion favorable. crJe
sais de bonne main, écrivait l'ambassadeur Throckmorton à Cecil (1 7 avril i56a),
que le roi d'Espagne a l'œil ouvert sur Calais; dans le cas où les chefs catholiques
voudraienl mettre aux mains de l'Espagne quelque port ou forteresse, il faudrait
que les prolestants fussent amenés à nous livrer Calais, Dieppe et le Havre, ou
tout au moins une de ces trois places, n'importe laquelle, pourvu que nous en
ayons une; mais cette demande doit venir d'eux, et l'occasion s'en présentera
d'elle-même lorsqu'ils nous demanderont des hommes et de l'argent, n L'heure n'en
était pas encore venue, et pour mieux dissimuler ses projets, Elisabeth offrit sa
médiation; et c'est Henri Sidney, proche parent de Leicester, qu'elle en char-
gea2. Sidney fut reçu au Louvre le 5 mai; Catherine remercia la reine sa
sœur du témoignage de bonne amitié qu'elle lui donnait dans ces temps de
trouble; elle espérait pourtant que son entremise serait inutile, et que le prince
de Condé et l'amiral se rendraient aux dernières conditions qui leur avaient élé
proposées. Le roi d'Espagne offrait 3o,ooo hommes de pied et 6,000 chevaux;
le duc de Savoie et d'autres princes offraient également un puissant secours ; mais
le roi son fils écouterait avec faveur les avis de la reine sa sœur, et elle engagea
Sidney et Throckmorton à les lui faire connaître. Throckmorton prit le premier
la parole : Si quelques princes offraient des hommes de guerre et conseillaient la
force, la reine sa maîtresse ne les imiterait pas, estimant que la paix et une bonne
composition étaient la meilleure des voies, et que la guerre n'était pas sans dan-
gers pour le jeune roi. Sidney ajouta qu'ils étaient chargés de ne communiquer
ces conseils qu'à la reine et au roi de Navarre; c'était écarter tous les autres.
Catherine répondit qu'elle ne pouvait qu'approuver les conseils de sa bonne
1 <tPrinceps Comlensis promittit Gerraanis urbis historique, t. II, juillet et septembre 1876, p. 3o.)
Parisùnsisdireptioneminprœdam, quodmv&lospotest 3 Voy. lettre Je Sidney et de Throckmorton à
allicere." (Vov. cette lettre à l'Electeur Palatin cite'e Elisabeth, dans le Calendar of Slale papers (i56a 1,
par M. Daresln dans son élude sur Hotman, Bévue p. 19.
INTRODUCTION. cxxv
sœur, conseils entièrement conformes aux conditions quelle venait de soumettre
au prince et à l'amiral; elle les avait toujours tenus pour de bons serviteurs
de cette couronne, elle aimait à croire qu'ils les accepteraient; mais s'ils refu-
saient, le roi en appellerait à la force, ne pouvant tolérer plus longtemps les
outrages et insolences qui se commettaient tous les jours; elle rappela le meurtre
récent de la Motte-Gondrin, à Valence, le pillage des églises, la destruction des
images, contrairement à leurs propres promesses : ceux que le prince de Coudé
prétendait éloigner de la cour, servaient cette couronne depuis François Ier; dans
l'intérêt du repos du royaume, ils avaient d'eux-mêmes offert de se retirer de
la cour. Throckmorton reprit qu'il ne doutait pas des bonnes intentions de
Condé, et il se mit, Sidney et lui, à sa disposition; elle répliqua que, d'après la
réponse du prince, le roi son fds apprécierait s'il pouvait, oui ou non, utiliser le
bon vouloir de la reine Elisabeth. Cette médiation, on le voit, était vague et
mal définie. Elisabeth ne s'explique pas plus clairement dans les nouvelles in-
structions qu'elle donne à ses ambassadeurs; elle leur recommande la circonspec-
tion; il faut conserver son crédit des deux cotés, empêcher à tout prix l'inter-
vention d'une puissance étrangère; elle leur envoie des lettres de crédit auprès de
Condé et de l'amiral, mais avec cette restriction que la reine mère leur permettra
de les voir. De ces réticences, de cette conduite ambiguë, il n'est pas difficile
de conclure que cette offre de médiation n'était qu'un leurre pour endormir les
défiances de Catherine, et qu'Elisabeth, se rendant aux conseils de Throckmorton,
n'attendait qu'un moment favorable pour mettre la main sur une de nos places mari-
limes de Normandie ou sur Calais1. Catherine ne s'y trompa pas; elle reçut Sidnej
avec une pompe vraiment royale, voulant qu'il emportât une haute idée de la
cour de France, elle lui donna au Louvre un brillant concert, mais elle ne le perdit
pas de vue; il lui avait demandé de retourner à Londres par le Havre, et elle y
avait consenti, mais cette ville venant d'être surprise par le vidamede Chartres pen-
dant que Sidney était encore à Paris, elle lui laissa le choix de s'embarquer à
Calais ou à Boulogne, et comme il choisit Calais pour lui et sa suite, ce qu'elle
aurait voulu éviter, elle fit partir dans un seul jour cinq courriers pour bien
mettre sur ses gardes M. de Gourdan qui en était gouverneur2.
En faisant parade des 3o,ooo hommes de pied et des 6,000 chevaux offerts
par Philippe II, elle avait voulu en imposer un peu à Elisabeth et rendre peut-être
' Voy. la lettre de Catherine, p. 3io. — 2 Voy. les lettres de Catherine, p, 3i3, 3i5.
cxxvi INTRODUCTION.
aussi ceux d'Orléans plus accessibles à ses propositions; car, au Tond, c'est avec
regret qu'elle avait recours au roi d'Espagne. Dans une lettre du 7 mai, à l'évèque
de Limoges, le surlendemain de l'audience donnée à Sidney, elle fait dire à
Charles IX : tr J'espère être assez fort sans employer aide ni secours de pas un
de mes voisins d, et dans une nouvelle lettre écrite le 8 mai, tout en acceptant le
secours offert par le roi d'Espagne: te Ce n'est pas 3o,ooo hommes de pied et
6,000 chevaux qu'il demande, mais 10,000 hommes de pied seulement et
3,ooo chevaux. 11 En transmettant à l'évèque de Limoges cette dépêche offi-
cielle, Catherine a bien soin d'ajouter : tr Quant à moi, je trouve merveilleusement
bon le service de la bourse, et aimerois beaucoup mieux que nous eussions l'argent
pour lever les hommes à volonté que les hommes; en cela, vous ferez le mieux
que vous pourrez. v>
Peu de jours après l'audience donnée à Sidney, Catherine annonça aux chefs
catholiques qu'elle partait pour Monceaux. La retenir était difficile; elle alléguait
la santé du roi qui avait peine à supporter les chaleurs de la capitale; du moment
que l'on voulait traiter, il fallait d'ailleurs ôter tout prétexte de refus à ceux d'Or-
léans; une fois Catherine à Monceaux, ils ne pourraient plus alléguer qu'elle était
prisonnière. Pour être plus libre, elle laissait derrière elle le roi de Navarre, Guise,
Saint- André et le connétable; mais pour montrer que l'autorité royale résidait
en elle, elle se faisait suivre par la plupart des chevaliers de l'ordre et par une
partie des membres du conseil, et elle emmenait le cardinal de Ferrare qui était
ouvertement du parti de la paix. Ce voyage soulevait bien des appréhensions :
tfOn craint, écrit Chantonnay à la duchesse de Parme, qu'elle ne se mette, elle
et son fils, aux mains des adversaires; elle ne déclare pas de quel côté elle est1. n
Après quelques jours de séjour à Monceaux, elle fit appeler le roi de Navarre : trll
y fut hier, écrit Chantonnay le 19 mai, car il n'y a que trois postes d'ici, et a
promis de revenir demain ; il est à penser qu'il a été mandé pour moyenner quelque
appointement plus favorable pour ceux d'Orléans; on l'y pourra mieux induire,
étant séparé de ses seigneurs catholiques et entouré par la reine, le prince de
Condé, le chancelier et d'autres; il a promis de- ne consentir chose quelconque
au préjudice de la religion catholique2. * On peut juger par là du degré de con-
fiance que les chefs catholiques mettaient dans le roi de Navarre; on venait d'ap-
prendre que les jours de Don Carlos étaient en danger, à la suite d'une chute ;
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la * Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
duchesse de Parme (mai 1 56a ). duchesse de Parme ( mai 1 50a ).
[NTRODI CTION.
l'espoir du mariage du prince de Béant, son lils, avec la jeune Marguerite de Va-
lois, lui était donc revenu, et la reine était trop habile pour ne pas en profiter.
Pendant ce temps-là comment Catherine usait-elle de sa liberté à Monceaux,
quelles étaient les pensées secrètes qui l'agitaient? reTout ce qui se l'ait d'un côté el
d'autre, écrit-elle à la reine d'Espagne, n'est que par ambition et envie de gou-
verner, et de m'ôter la puissance 1.d Le but qu'elle poursuivait, c'est que de part
el d'autre on déposât les armes et que le passé lût comme non avenu; mais cette
suite d'égalité entre les deux cultes, entre les deux partis, les chefs catholiques
n'en voulaient à aucun prix. Loin de se laisser assimiler à ceux qu'ils traitaient de
rebelles, ils demandaient, avant tout, la restitution des villes occupées par les pro-
testants et la réparation des dommages commis. La guerre était donc inévitable,
el Catherine, malgré ses répugnances, s'y prépare : elle ordonne de garder les
rivières, les passages qui peuvent servir à ceux d'Orléans : crYous verrez, écrit-
elle au roi de Navarre, par l'ordre que j'ai donné, que je suis bon capitaines; elle
trace la route que devront suivre les troupes espagnoles à leur arrivée en France :
elle écrit à Tavannes de presser les levées d'hommes en Bourgogne; au duc de
Bouillon, de se servir de l'argenterie des églises de Normandie; à Burie, de veiller
sur la Guyenne, car c'est de cette province que ceux d'Orléans attendent le plus
de secours; elle somme les rebelles de Bouen de rentrer dans le devoir; elle
invite le roi de Navarre à renforcer la garnison de Caen, et à masser des forces
pour reprendre le Havre; si elle ne le t'ait pas venir à Monceaux, c'est qu'on dira
1 Voici la lettre qu'elle écrit , à ce sujet . au roi de
Navarre et que nous avons récemment retrouvée :
■•Mon frère, je viens d'estre advertye par Grant-
vîlle sur ung advis que vous avez eu par de là que
ceulx de la religion qui sont dedans Pans ont
résolu au temps que ceulx d'Orléans se mettront
aux champs se souslever et se saisir de certains
lieux de Paris pour travailler les autres et empes-
cber que les forces du Pioy monsieur mon fdz
n'en soient secouruz. Vous avez, par l'advis des
princes et seigneurs qui sont près de vous, résolu
l'aire ordonnance pour éviter ce danger, que tous
'•. uix île ladicte nouvelle religion ayent pour quelque
temps à se retirer el absenter de ladicte ville, ce
que je trouve très bon, mon frère, vous estimanl
si saige et lesdietz princes et seigneurs estant près
de vous si ad visez, que vous mettez en très bonne
considération tout ce que appartiendra au bien du
service du Roy mondict lilz et de son royaume, et
ne sçaurois pour ceste cause avoir voz délibéra-
tions que très agréables en cella et toutes autres
eboses, eslimant aussi que ce sera beaucoup plus de
seurelé à ceulx de ladicte nouvelle religion d'en
estre dehors que parmy le peuple armé et irrité
comme il est; aussi m'asseuray-je qu'il ne leur
sera lait tort ny injure en leurs personnes, nj i a
leurs biens, comme il ne seroit raisonnable, ayanl
bien voullu vous rn Caire sçavoir incontinnnt mou
advis, afin que la longueur n'y amenas! quelque
inconvénient. Priant Dieu, mon frère, vous don-
ner ce que plus désirez. De Montceaulx , le
sivii'jour demay 1062. Votre bonne sœur, Cate-
rinb,» ( Oi'ig. signé, lîibl. uat., fonds français
n" 66aG. p. 077.)
cxxviii INTRODUCTION.
tiu'elle «n'agit que par contrainte ;i> à toutes les demandes qui lui sont faites de
rentrer à Paris, elle répond « qu'elle y est haïe; que ce peuple de Paris voudrait
la voir morte, v A ce moment, d'ailleurs, une vive agitation s'y manifestait : il
était à craindre que les protestants qui y étaient restés, lorsque leurs coreligion-
naires s'en rapprocheraient, ne se soulevassent pour faire une diversion et ne
s'emparassent de certaines positions dans la capitale; et, pour éviter ce danger,
on leur avait ordonné de s'absenter pour un certain temps. Catherine s'associa à
cette mesure de sûreté, mais avec cette restriction et qu'il ne leur serait fait tort
ni injure ni en leurs personnes, ni en leurs biens l.v Elle se décida enfin à rentrer
au bois de Vincennes, et nous l'y retrouvons le 3o mai; deux jours auparavant,
MM. de Villars et de Vieilleville étaient revenus d'Orléans avec de meilleures
paroles qui semblaient rendre un accord possible. Sur celte assurance, le roi de
Navarre fait proposer à Condé une conférence à Toury en Beauce; le prince
l'ayant acceptée, à la seule condition que les chefs catholiques n'y assisteraient
pas, et ceux-ci, de leur côté, consentant à partir pour l'armée, tout semblait pré-
parer les voies à une pacification prochaine : «La reine, nous dit le cardinal de
Ferrare, en recevant la réponse favorable de Condé, eut un transport de joie;
elle croyait déjà tenir la paix dans ses mains2, v Le 2 juin, elle fait mander Throck-
morton au bois de Vincennes pour lui annoncer l'entrevue que le roi de Navarre
devait avoir avec le prince de Condé : il y avait grand espoir de s'entendre; elle
le pria d'en informer la reine d'Angleterre; enfin elle lui annonça son départ pour
Étampes, fixé au lendemain3. A l'heure dite, elle quitte Vincennes où elle laisse
le jeune roi sous la garde de Philippe Strozzi ; elle arrive de nuit à Etampes,
où l'attendaient l'évèque d'Orléans et l'Aubespine. Le lendemain, jeudi h juin,
elle se rend à Toury, en compagnie du roi de Navarre, de Damville et
de MM. de Sansac et d'Escars; pour escorte, elle emmenait 200 chevaux et
3oo hommes de pied; Condé ne devait amener que 100 chevaux et 100 hommes
de pied; cette différence de forces était une sorte d'hommage rendu à la reine.
Le jour fixé pour l'entrevue était le 5 juin; le lieu choisi, une vaste plaine «rase
comme la mers, mais Condé, sur des rapports qui lui vinrent de divers cotés,,
craignant une embuscade, ne se rendit pas au rendez-vous. La reine et le roi de
^Navarre retournèrent donc à Etampes. Le lendemain, samedi 6 juin, Condé vint
à Toury avec une escorte assez forte pour ne pas craindre une surprise; il avait
1 Voy. sa lettre publiée dans la note précédente. — i Négociations du cardinal de Ferrare, Paria, i658.
in-4°, p. 210. — ' Calendar qf State papers (i56a), p. 38G.
INTRODUCTION. cxxix
avec lui Grammont, Genlis et de Piennes. L'entrevue fui très froide entre les deux
frères; le roi de Navarre se montra fort obstiné et nullement disposé à des con-
cessions; il demanda l'annulation de l'édit de janvier, le bannissement des mi-
nistres, la reddition des villes. Coudé récrimina amèrement contre la maison de
Guise, et se réserva de conférer avec l'amiral et d'Andelot. Catherine ne se mon-
tra pas aussi conciliante qu'on l'espérait; elle ne voulut pas admettre qu'il y eut
deux religions dans le royaume: elle offril la liberté de conscience, mais non la
liberté du culte. Durant les deux longues heures que dura cet entretien, les deux
escortes, l'une commandée parDamville, l'autre par la Rochefoucauld, se tenaient
à huit cents pas l'une de l'autre; des deux côtés, il y avait des frères, des amis,
des parents; loin d'en venir aux injures, les mains se cherchèrent, et la plupart
se séparèrent les larmes aux yeux; c'est qu'il y avait de quoi pleurer sur l'état de
la France, et sur les calamités que la guerre civile allait amener à sa suite. Les
'étrangers les moins sympathiques à notre nation ne peuvent se défendre d'un sen-
timent de tristesse : «Toutes les affaires, dans ce royaume, sont suspendues, écrit
Chantonnay à .Marguerite de Parme, que c'est grande pitié. n Hubert Languetvoit
1 avenir sous un jour encore plus sombre : et II n'y a pas un coin de terre qui
échappe à la dévastation, s'écrie-l-il, je quitte la France à regret, et si elle doit
périr, je voudrais m'ensevelir sous ses cendres1. n
L'armée royale à sa sortie de Longjumeau étant venue prendre position à
Montlhéry, Catherine s'arrête plusieurs jours à Etampes; de là, elle envoie ses
ordres à tous les gouverneurs des provinces; elle ordonne à Maugiron de se
joindre à Tavannes pour nettoyer le pays «de cette vermine de rebelles^; elle au-
torise Joyeuse à se servir des deniers du Languedoc; elle félicite Moulue de sa
conduite à Toulouse; elle l'engage à réunir ses forces à celles du comte de Tende
et à aller droit à Agen, le principal centre de la résistance; elle lui prescrit de
désarmer les protestants partout où il sera le maître; enfin, elle lui fait abandon
des confiscations qu'il a ordonnées. Elle ne croyait donc plus à la possibilité d'un
accord; elle s'y était portée avec un grand zèle; Hubert Languet lui rend cette
justice qu'elle est hors de reproches, qu'elle s'est conduite en femme prudente et
aimant son pays, qu'elle s'est faite la suppliante des deux partis, mais que sur
certains esprits obstinés l'ambition et le désir de la vengeance ont eu plus d'em-
pire que les prières les plus justes et que les larmes d'une femme 2.
1 Hubert Languel, Arcanasecuti decitni sexti, t. II, p. 227. — 2 Uni., p. 228.
CiTBEMNE DE MÉDICtS. I. Q
cm INTRODUCTION.
Les rôles changent, c'est Gondé qui reprend les négociations. Catherine était
rentrée le i5 juin au bois de Vincennes, dès le lendemain, elle est rappelée par
le roi de Navarre qui avait obtenu une trêve de six jours; en revenant d'Etampes
elle avait fait une chute de cheval, et avait été saignée le matin même; pourtant
elle n'hésita pas à repartir, et le 1 7 juin elle montait en litière. Throckmor-
lon l'attendait sur la route. Au moment où elle allait traverser la Seine, elle
l'aperçut, le fit monter dans son bateau et s'entretint avec lui. Aux offres d'in-
tervention officieuse qu'il renouvela au nom de la reine Elisabeth, elle répondit
qu'elle était bien désireuse d'un accommodement, mais que la grande difficulté
était l'édit de janvier dont le peuple de Paris ne voulait à aucun prix. Throck-
morton lui dit qu'elle pouvait juger par là du danger qu'il y avait à mettre les
armes dans les mains d'un peuple aussi obstiné; l'édit avait été observé tout le
temps que le prince de la Roche-sur-Yon et le maréchal de Montmorency avaient
été à la tête de la ville; elle répliqua que le roi ne demandait pas mieux que
d'abattre l'orgueil de ces Parisiens, et que, si la paix se faisait, il en viendrait à
bout; elle le pria d'envoyer deux de ses secrétaires auprès du connétable et il 11
duc de Guise pour les disposer à l'accord recommandé par la reine d'Angleterre;
ce qu'il promit de faire, et, dès le lendemain, il envoyait Henri Middlemore au
camp des catholiques1. Les choses étaient admirablement préparées; 1 évèque de
Valence s'était chargé de Gondé; on avait également agi sur le roi de Navarre.
Aucune réponse favorable aux demandes qu'il avait laites à Philippe II n'étant
encore venue d'Espagne, on s'était habilement servi de ce retard pour le mettre
■ ■il défiance; c'est sous cette impression toute pacifique qu'il avait envoyé chercher
Catherine à Vincennes. Chantonnav attendait impatiemment un courrier d'Es-
pagne; il arriva le 30 juin, apportant une lettre de Philippe II pleine de pro-
messes; sans perdre une minute, il dépêcha un de ses gens qui arriva juste une
heure avant la conférence; les sentiments du roi de Navarre se modifièrent à l'in-
stant même; des idées de conciliation il passa brusquement aux idées de résis-
tance. Gondé ayant insisté pour le maintien de l'édit de janvier et le départ de
Guise, cril se mil à parler plus haut, nous dit Chanlonnay, et a tenu plus fort
que l'on ne pensait et ne voulut condescendre à aucun des deux points, de ma-
nière que le fil fut rompu et que chacun rentra dans son camp '-. n Les négocia-
tions ayant ainsi de nouveau échoué, au dernier moment, grâce à cette inter-
1 Calendar 0/ State papers (i56a), lettre de " Archives de Vienne, lettre de Chantonnav à
Throckmorton à Elisabeth, p. ia3. la duchesse de Parme (juin i56a).
INTRODUCTION.
veiitioi) de Chantonnay, Catherine les reprit en son nom et envoya le maréchal
de Montmorency au camp des protestants; il les trouva en ordre de bataille el
prêts à marcher; il lui à haute voix la commission dont il était porteur, mais
tous rangés en escadrons commencèrent à crier: bataille! bataille!
Pour l'aire tomber les armes des confédérés, que proposait Catherine? Ce que
demandait Coudé dans toutes ses requêtes, dans toutes ses lettres: la retraite des
triumvirs; voulant à la lois se débarrasser des chefs protestants et des chefs catho-
liques, elle avait obtenu des triumvirs la promesse conditionnelle de se retirer,
et maintenant elle demandait à Condé de venir la trouver et de se mettre entré
ses mains pour garantir la soumission de son parti. Les triumvirs, en effet, quittè-
rent leur camp de Talcy, le 27 juin, mais sans trop s'éloigner toutefois, car ils
s'arrêtèrent à Châteaudun. C-ondé vint alors au camp de Talc\ avec une petite
escorte; d \ revint le lendemain, et dans les deux entrevues qu'il eut avec la reine,
'il maintint ses premières conditions, le rétablissement de l'édit de janvier et l'éioi-
gnement des chefs catholiques. La reine continua à le supplier de ne pas s'opiniâ-
fcrer dans sa rébellion et d'attendre la majorité du roi, en se contentant de la
liberté de conscience. Le 29 juin, Coudé revint une troisième fois, amenant avec
lui les principaux seigneurs protestants, Coligny, Genlis, Rohau, Soubise, le prince
de Portien. Catherine se montra très gracieuse envers eux tous; elle leur fit mille
caresses, en appela à leur patriotisme, leur remontrant combien le nombre des
catholiques était supérieur au leur; il ne s'agissait que d'avoir un peu de patience,
la majorité du roi étant si prochaine. Condé, dans un de ces moments d'entraîne-
ment que l'on se prend à regretter dès le lendemain, lui proposa de se retirer,
lui et les siens, jusqu'à la majorité du roi, si leur éloignément pouvait être utile
à l'Etat. Catherine attendait, elle guettait ce premier élan de générosité; elle ré-
pondit avec douceur «qu'elle ne vouloit chasser personne de ce royaume, mais
au contraire les prier de s'accommoder à ce qui sembloit être si raisonnable n , et
avec un semblant de répugnance et comme forcée par les circonstances, elle
accepta l'offre de retraite du prince. Les chefs protestants se regardèrent avec stu-
peur; mais la reine revint avec habileté sur le peu de temps que durerait cet
éloignément volontaire, elle promit avec une si apparente sincérité de tenir la
main à ce que la majorité du rôi fût. proclamée à quatorze ans, les priant de
l'appuyer si on v faisait obstacle, que la paix parut comme conclue; tout le monde y
croyait; elle-même y comptait tellement qu'elle en lit prévenir, le matin du 3o juin,
tous les gouverneurs des provinces. Le tour avait été si bien joué, l'escamotage
«•
cixxn INTRODUCTION.
si habile que ie duc de Guise écrivait au cardinal de Lorraine : tfEn nous con-
duisant et tenant bien, la religion réformée s'en va à vau-l'eau et les amiraux
aussi mal que possible; toutes nos forces nous demeurent entières, les leurs
rompues, les villes rendues, sans parler ni de prêches, ni d'administration des
sacrements à leur mode. tj Mais le lendemain tout était remis en question; dans un
conseil tenu à Orléans, les confédérés décidèrent qu'on ne pouvait mettre bas
les armes : «Ils m'ont fait cette bonté, écrit Catherine au duc d'Etampes, d'em-
mener le prince malgré moi, faisant en cela connaître le peu de compte qu'ils
faisoient de moi et la mauvaise récompense qu'ils me faisoient de tant de peine
que j'avais prise pour empêcher qu'on ne les taillât en pièces1»; et elle ajoute :
rrVous pouvez juger quelle satisfaction je peux avoir d'eux après avoir tant fait
pour eux pour le désir que j'avois de voir ce royaume en repos et éviter une
cruelle effusion de sang qui se prépare, d'autant que je n'ai [dus de moyen incon-
tinent que je serai partie, qui sera dès demain2. n Il paraît, d'après un ambassa-
deur vénitien, qu'il vint à la connaissance des chefs protestants que le roi d'Es-
pagne avait promis une compensation au roi de Navarre, à la condition d'extirper
l'hérésie du royaume et que, dès lors, prévoyant que l'accord ne serait point
exécuté dans la forme convenue, ils le rompirent les premiers3. Quoi qu'il en
soit, la voie des négociations était close; il ne restait plus que celle des armes.
En quittant Talcy, Catherine vint le 2 juillet à Chàteaudun; le k, elle était à
Melun où elle séjourna jusqu'au 8, jour où elle rentra au bois de \incennes. Plus
que jamais, le séjour de Paris lui répugnait; le 6 juillet, écrivant de Melun à Vieil-
leville, alors à Metz : «Ce porteur vous fera entendre, lui disait-elle, le remuement
qui s'est fait à Paris, et par quels gens4. i> Ces répugnances persistantes de Cathe-
rine à l'égard des Parisiens, Tbrockmorton les signale à son tour dans une lettre
à Elisabeth (a3 juillet) : aLa reine et le roi sont bien aises d'être à Vincennes,
et hors des mains des Parisiens n; et il ajoute : «Le chancelier de France n'est pas
à l'abri du danger, il loge dans un village tout près de la cour, et il est obligé de
s'y faire garder par les Suisses; car non seulement on a armé le peuple de Paris,
mais encore tous les villages des environs s. ■» L'effervescence était telle, qu'il crai-
gnait lui-même pour sa vie, et que le maréchal de Brissac avait été obligé de le
' Voy. la lettre de Catherine, p. 344, el les notes. '' Mémoires de Vieillcville , édit. de Michaud et
2 Voy. la lettre de la page 345. Poujoulat, 1™ série, t. IX, p. 299.
Archives de Vienne, Extrait des dépêches des s Caîendar of State papers (1662), lettre du
ambassadeurs vénitiens. 23 juillet, p. 176.
INTRODUCTION. cxxxm
faire changer de logis. Il faut être juste; que pouvait Catherine, n'ayant plus avec
elle que L'Hospital alors si peu écouté? Le peuple de Paris repoussait violemment
l'édit de janvier, et ne voulait souffrir aucun protestant dans ses murs. Quelles
conditions plus favorables pouvait-elle offrir à Condé et aux siens, que de patien-
ter jusqu'à la majorité si prochaine du roi et de se contenter de la liberté de con-
science? mais cette liberté de conscience que, soit par modération de son esprit,
soit par indifférence religieuse, elle déclarait être prête à concéder, elle n'était ni
comprise, ni acceptée par les hommes de son temps1 et elle était insuffisante. Il
faut avoir passé par une longue série de calamités pour qu'on sente la nécessité
d'une transaction : lorsque les armes, soit découragement, soit lassitude, tombent
des mains des partis extrêmes, le rôle des politiques commence. On en était loin
alors, il fallut plus de trente-quatre ans de troubles et de guerre pour en arriver
là. Dans ce triste moment, la préoccupation constante de Catherine, c'était la crainte
'de l'occupation des villes de Normandie par les Anglais. «11 faut nécessairement,
écrivait-elle à Vieilleville, le 6 juillet, que vous passiez la mer, afin que par votre
dextérité, vous détourniez les forces qui pourraient venir en ce royaume de ce
côté-là. n Sa clairvoyance était bien justifiée par les convoitises que Throckmorton
ne cessait de suggérer à Elisabeth et à ses ministres; le 12 juillet, il écrivait à
Cécil : «Ces gens-là ont grand'peur d'une surprise de Dieppe, et surtout du
Havre; si la reine est disposée à secourir d'argent le prince de Condé, il vaudrait
mieux avoir le Havre en garantie que des bons2;» et le 27 juillet, au retour de
son audience au bois de Vincennes, il écrivait à la reine Elisabeth : a Si Sa Ma-
jesté veut venir en aide au prince de Condé, défendre les villes de Normandie
ou les prendre pour elle, l'heure est propice, il faut se hâter3, n
Les yeux toujours fixés du côté de l'Angleterre, et en proie à des appréhensions
de plus en plus justifiées, Catherine voulut s'en expliquer avec Chantonnay, et le
fit venir au bois de Vincennes. L'entretien fut long1; en débutant, elle lui dit qu'elle
venait de recevoir une lettre de Coligny, où il la prévenait «qu'il ferait entrer
1 M. Guizot le reconnaît bien dans son introduc-
tion à Y Histoire de la république des Provinces-Unies ,
par Motley : nLe protestantisme ne saurait être lavé
du reproche d'intolérance et de persécution; il n'a'
point proclamé la liberté de conscience, et il l'a
souvent violée, mais il en contenait le germe, et ce
germe, méconnu ou non, désavoué en principe'.
ne pouvait manquer en fait de se développer *. «
' Calendar of State papers (i56a), p. 106.
3 Calendar of Stale papers (i56a), p. j 85.
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
duchesse de Parme (juillet i56a).
Introduction à l'Histoire des Provinees-Vnies , p. 73.
vwn INTRODUCTION.
en ce royaume, autant d'Allemands et d'Anglais qu'il se pourrait pour le service
du roi; n à cela, elle avait répondu : rr qu'il n'en était pas requis, et que ce n'était
pas pour le service du roin; il serait donc utile que le roi d'Espagne fit quelques
remontrances à la reine d'Angleterre, cela l'arrêterait peut-être; le plus pressé,
c'était de hâter l'arrivée des secours promis. Chantonnav lui répondant d'une
manière évasive, elle l'invita vivement à en écrire à la duchesse de Parme, car
elle voulait absolument savoir à quoi s'en tenir du côté des Pays-Bas; puis, jetant
un coup d'œil rapide sur l'ensemble de la situation, elle arriva à conclure que le
moment était venu de reprendre l'offensive, d'attaquer sur tous les points, et elle
lui développa tout un plan de campagne, mais, avant tout, les secours des Pays-*
Bas lui étaient indispensables. Pour mieux impressionner Chantonnay, elle lui
montra de Bèze allant à Genève, non pas uniquement pour presser l'envoi des
Suisses promis à Condé par les cantons protestants, et attendus à Lyon, mais pour
conférer avec Calvin et voir s'il n'y aurait pas moyen d'amener les sacramentaires
à la confession d'Augsbourg. A la fin de juillet, des nouvelles plus fâcheuses étant
venues d'Angleterre, elle fil encore appeler Chantonnay; cette fois, sa parole
fut aigre et amère; elle se plaignit de n'avoir reçu aucune assistance; pourtant
c'était sur une promesse formelle qu'elle avait jusqu'ici soutenu à elle seule le
poids de ce royaume; si le secours offert par le roi d'Espagne ne venait pas, elle
était décidée à traiter pour sauver la couronne de son fils; à sa majorité, il arran-
gerait les choses de la religion comme il l'entendrait. Chantonnay essaya tant bien
que mal de la calmer, affirmant qu'il n'y avait pas de mauvais vouloir, et que
déjà les Italiens et les Espagnols étaient en marche; elle ne doutait pas. répliqua-
t-elle, de la bonne volonté du roi, mais il y avait autour de sa personne de?
conseillers qui y mettaient des entraves pour amener la ruine de ce royaume; elle
saurait bien l'empêcher, n'importe à quel parti il fallût se résoudre, fût-ce même
à un appointement; si on manque d'hommes, qu'on lui donne au moins de lar-
gent, et elle recrutera des Suisses et des Allemands. En rendant compte de cette
conversation, Chantonnay ne cacha pas à la duchesse de Parme, que si Catherine
ne recevait pas une réponse favorable pour le secours demandé, elle traiterait
avec les protestants1.
Revenons aux triumvirs. Une fois maîtres de Blois, ils résolurent de marcher
sur Bourges, mais ils voulaient emmener avec eux le roi et la reine, soit qu'ils
Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la duchesse de Parme (juillet i50a ).
INTRODUCTION. cxxxv
craignissent de laisser derrière eux Catherine, ton jouis disposée à négocier, soit
qu'ils voulussent ôter toute excuse de rébellion à leurs adversaires, et se fortifier
du prestige si puissant alors de l'autorité royale. Le 27 juillet, Damville vint donc
à \ incennes demander à Catherine de l'accompagner au camp; il fut suivi de
près par le roi de Navarre, qui arriva dans la nuit du 28 juillet; mais ils eurent
grand'peine à vaincre la répugnance de Catherine encouragée dans sa résistance
par les conseils de Vieilleville, revenu la veille d'Angleterre. Jusqu'à la lin, Chan-
tonnay douta de son départ : crLa détermination, écrivait-il à la duchesse de
l'arme, a été trois ou quatre fois prise et rompue1, a Enfin elle céda; mais avant
de partir pour Bourges, elle eut une dernière entrevue au Louvre avec Throck-
morton, venu pour lui annoncer qu'il était rappelé. Elle commença par rejeter
tout le blâme de la rupture sur Condé; puis venant à parler du rappel de l'ambas-
sadeur, elle insinua qu'on pourrait bien y voir le désir qu'avait Elisabeth de se
'montrer favorable aux protestants rebelles. Throckmorton repoussa ces soupçons;
sa révocation avait toute autre cause que la volonté de la reine d'intervenir dans
ces démêlés; puis il chercha à justifier Condé. Catherine reprit qu'elle avait lait tout
ce qui était en elle pour arriver à la paix, et qu'après tout, cela la regardait plus
que personne, à cause du roi son (ils, et sur ce, elle le congédia2. Au sortir
des Tuileries, le jour même, elle alla coucher au château de Madrid, et la ville
de Parisayant accordé les 200,000 écus qu'elle était venue solliciter, il fallut bien
songer au départ, mais auparavant elle écrivit au vidame de Chartres et à Brique-
mault, et leur faisant part des bruits qui couraient sur leur trahison, elle leur
demanda de. s'en expliquer; tous deux répondirent que, si elle laissait chacun dans
sa liberté et sûreté de conscience, jamais ils ne feraient entrer les Anglais ni à
Dieppe ni au Havre. Elle ne tarda pas à comprendre ce que valait une telle ré-
ponse, car les pourparlers avec Elisabeth allaient aboutir.
La résistance de Bourges fut plus longue que ne l'avait pensé le connétable;
rendant compte du siège à M. de Saint-Sulpice, alors en Espagne, Catherine ne lui
dissimule pas les difficultés de l'entreprise : la ville s'est trouvée plus forte qu'on ne
pensait; il a fallu gagner le terrain pied à pied; mais les troupes royales étant en-
fin maîtresses du fossé, et le Rhin grave ayant été donné pour otage, d'Ivoy est venu
la trouver pour traiter de la capitulation. Et elle motive ainsi la modération des
conditions : il lui a tr semblé qu'au jeune âge du roi, la miséricorde étoit plus
1 Archives de Vienne , lettre fie Chantonnay à la duchesse de Parme (juillet iStis). — 3 Calendar oj
Staie papers (1 562 ) , p. 209.
cxixvi INTRODUCTION.
séante et plus convenable que la rigueur et la sévérité, i> et elle ajoute : «que la
majeure partie de la population étant, catholique», c'est ce qui l'a engagée à avoir
pitié des habitants, et s'applaudissant d'avoir sauvé cette belle ville de la désola-
tion, elle lui annonce que le lendemain de la reddition, accompagnée du roi et de
tous les chefs, elle a été entendre la grand'messe dans la cathédrale, et fait dire la
messe dans toutes les églises1. Elle comptait sur cet acte de clémence, pour rame-
ner à l'obéissance d'autres villes rebelles. C'est sous la même pensée qu'elle écri-
vait à Monluc presque au même moment : «Je vous prie de recommander qu'on
ne saccage plus les maisons des gentilshommes, d'autant que cela n'apporte rien
de bon au service du roi mon fils, et ne fait que désespérer les hommes davan-
tage2, t Elle est encore plus explicite dans une lettre au duc de Montpensier :
«D'autant que j'ai entendu ceux du Parlement de Toulouse, continuer toujours
de faire de cruelles exécutions de ceux qui avoient pris les armes, et que par
l'avis de tous ceux du conseil, j'ai pardonné tout ce pauvre peuple qui a été abusé
et se veut reconnaître, il n'est raisonnable de pousser les choses à l'extrémité.
Quand les chefs sont punis, l'on se doit contenter, car de vouloir tout châtier, l'on
n'auroit jamais fini 3. n
En quittant Bourges, Catherine entra dans Gien, qui ne se défendit pas; elle
y passa la Loire, puis vint à Montargis. C'est là que s'était retirée la noble fille de
Louis XII, la duchesse Renée de Ferrare, une de ces douces figures sur lesquelles,
dans ce désolé xvie siècle, les regards aiment à se reporter; dans des jours plus
malheureux encore, elle continua le noble rôle que, sous François Ier, s'était donné
Marguerite d'Angoulême. De Montargis, Catherine vint à Etampes, où elle sé-
journa quelques jours, car il fallait prendre un parti. Deux plans de campagne
étaient mis en avant: assiéger Orléans et en finir avec les rebelles, ou assiéger
Rouen. Après avoir envoyé le maréchal de Saint-André, en Champagne, pour
barrer le chemin à d'Andelot et aux reîtres qu'il ramenait , on se décida pour le
siège de Rouen : « Nous allons en Normandie, écrivait Catherine, le 20 septembre,
à l'évêque de Rennes, pour remettre à l'obéissance les trois places que les rebelles
y occupent encore, et ne sommes pas sans défiance, qu'ils appellent les Anglaisa
leur secours; déjà y a en Angleterre des préparatifs qui tendent à cette fin4, -n
Elle ne se trompait pas. Le 29 août le Havre était livré aux Anglais.
A cette nouvelle, il y eut en France une explosion d'indignation. Un historien
1 Voy. la lettre de Catherine, p. 388. 3 Voy. la lettre de Catherine, p. 3i4.
' Voy. la lettre de Catherine, p. 398. 4 Voy. la lettre de Catherine, p. 4o3.
INTRODI CTION. cxxxvn
anglais moderne a porté sur Condé ce sévère jugement : irPour un prince du
sang, appeler l'Anglais en France, c'étail là un crime de trahison1.!) Le chevale-
resque Morvilliers, rj ui commandait à Rouen et qui naguère avait repoussé le duc
il \umale, la rougeur au froni quitta la ville et ne voulut plus servir avec les pro-
testants. Colignx et Condé eurent si bien conscience de la réprobation qui s'atta-
chait à ce houleux marché que Throckmorton écrivait de leur pari à Elisabeth,
que ce serait une tache d'infamie à jamais sur leurs noms, s'ils n'avaient introduit
les anglais dans les places de Normandie que dans le seul but de les garder à leur
plaisir et convenance: el avec une prescience que les événements justifieront, il
avertit Elisabeth que le jour où les protestants traiteraient en dehors d'elle avec
leurs adversaires, si elle voulait s'obstiner à garder les places de Normandie,
toutes les forces de la Fiance se retourneraient contre elle2. Le négociateur du
traité . le vidame de Chartres est à son tour pris d'une sorte de remords : et Je ne
'puis vous écrire, dit-il à Cécil, l'affliction que je ressens, voyant que la préserva-
tion de la Normandie, qui était le principal but de l'espérance que nous avions
en la reine, ne s'ensuit point, n et il ajoute : «Faites que je n'aie occasion d'être
tenté de désespoir de voir jacturam honoris esse sine fiuct/i3.-
Catherine s'achemina lentement vers Rouen, car elle espérait toujours arriver
à un accommodement. Après la prise du fort Sainte-Catherine, qui dominait la
ville, elle s'y logea, et de là elle suivit les opérations du siège. C'est à ce moment
•pie vint la trouver le président de Montfort, envoyé par le duc de Savoie; il fut
donc, cl à ses côtés, témoin du violent assaut livré le i ô octobre, assaut où le roi
de Navarre fut mortellement atteint d'un coup d'arquebuse.
Catherine avait tout d'abord mal auguré de la blessure; dès le 5 novembre,
elle annonçait à M. de Gonnor « qu'il était en-danger «, et déjà elle avait pris ses
précautions: c'est Charles IX qui annonce sa mort à M. de Saint-Sulpice : s Notre
Seigneur l'a appelé à lui, écrit le jeune roi, avec tant de connaissance de lui et telle
repentance et résolution., qu'il se peut dire avoir fait la plus belle et la plus sainte
mort qu il est possible '. - Cela s accorde mal avec le récit de d'Aubigné5, qui nous
le montre allant d'un médecin catholique à un médecin protestant, entremêlant
les prières catholiques avecles lectures de la bihle. Quoi qu'il en soit, sa dernière
' Froude, History o/England, t. VII, p. hzo. livre-: La Normandie à l'étranger, Paris, 1873,(1. g
Calendar of State papers (i56a ), p. 3o8. el suiv.
' Record office, State papers, Fiance, vol. \\\ . ; \ oy. la note de la page /i36.
— Voy. pour ce cpii tient à celte négociation . notre s D'Aubigné , Hist. univ. Maillé, 1 6 1 6, 1. 1, p. 1 58.
Catherine de Mf.dicis. — 1. n
cxkvm INTRODUCTION.
parole fut pour recommander à Mezières, son médecin, de dire à son fils de bien
servir le roi. Il avait à peine trente-quatre ans; il était, nous dit d'Aubigné ce d'un
agréable rencontre, et s'était ployé à tous changements, plus par faiblesse de cer-
velle que de cœur1, n
Deux mois nous séparent de la bataille de Dreux, qui décida du succès de cette
première guerre civile; avant d'y arriver, il nous reste à examiner quelle fut la
politique adoptée et suivie par Catherine au concile de Trente, qui, après dix ans
d'intervalle, et sans attendre les prélats de France et d'Allemagne, s'était ouvert le
18 janvier i562. Il y avait une politique pour ainsi dire obligatoire, politique
inaugurée par François II et les Guises; Catherine n'eut qu'à se l'approprier :
François II avait blâmé le choix de la ville de Trente pour le lieu de la réunion
du concile; c'était vouloir en exclure l'Allemagne, et travailler à l'union de
l'Eglise sans l'Allemagne, d'où était sortie la première séparation, et sans en-
tendre les dissidents, c'était vouloir à jamais maintenir les divisions. Allant plus
loin encore, il avait menacé la cour de Rome d'un concile national, si le concile
général venait à faire défaut. Interprète de celte politique qui, en réalité, était
la sienne, le cardinal de Lorraine écrivait à levèque de Limoges, notre ambas-
sadeur en Espagne : «-Si le roi catholique s'aheurte à reprendre les erres du
concile de Trente, j'ai bien peur que cela soit cause de gâter tout, et au lieu de
la paix que nous travaillons à mettre en l'Eglise, que ce soit nous en reculer
plus que jamais, n Pour remédier aux maux qui accablaient la France, que de-
mandait-il ? La réformation du clergé. Et dans quels termes ? cr II faut que ion
voie une telle réformation dans les gens d'église qui doivent servir d'exemple et
de miroir, que le commencement puisse retirer et rappeler les dévoyés, et éteindre
le feu qui croît tous les jours2. i>
La politique de Catherine de IVIédicis fut-elle différente? tint-elle un autre lan-
gage ? Nullement. — Elle aussi, elle désire un lieu plus agréable à l'Empereur
que celui de Trente, «plus rapproché de l'Allemagne, ni si suspect, écrit-elle à
Lansac, aux princes protestants qu'ils prissent de là occasion de ne s'y pouvoir
trouver sûrement3, r Elle désire que le concile commence a par une bonne et solide
réformation des mœurs n; elle voudrait qu'on reculât les décisions sur la doctrine
jusqu'aux dernières sessions, «car, si une décision était prise dans la doctrine
contre ce qu'ils en sentent et qu'ils n'eussent premièrement été entendus, il ne
1 D'Aubigné, Hist. universelle, Maillé, 1616, t. I, p. 109. — ' Négociât, sous François II , p. 43a, 616
et G i<). — ' Voy. la lettre (lu 17 août, 'le Catherine à Lansac. p. 379.
INTRODUCTION. xix
seroil en puissance d'homme du monde d'y faire comparaître, et se plaindraient
toujours d'avoir été condamnés, non entendus.- Ainsi, même manière de voir et
même langage.
Mais, dans la politique de Catherine, il y a toujours un côté réservé et caché
qu'il faut chercher à pénétrer. Tout en ayant trois ambassadeurs à Trente, elle
continuait à négocier sous main avec les princes protestants d'Allemagne, et pré-
voyant le cas où. pour la pacification de la France, elle ne retirerait pas du con-
cile les fruits qu'elle en attendait, elle avait donné mission à Rambouillet, envoyé
de nouveau en Allemagne, de proposer aux princes prolestants de tenir un colloque,
séparé, où les principaux et les plus doctes de la confession d'Augsbourg ou de
celle de Calvin pourraient rechercher en commun les moyens de parvenir à un
accord «■ qui plus tard pourroit être soumis à l'approbation du concile et observé
dans toute la chrétienté. i> Elle offrait une ville de France pour le lieu de la réu-
'nion, et promettait d'y assister avec le jeune roi; c'était élargir la pensée du
colloque de Poissy et l'appliquer à l'Europe. Pendant qu'elle cherchait ainsi à se
rendre favorable l'Allemagne protestante, elle prescrivait minutieusement à Lan-
sac sa règle de conduite, mesurant à l'avance la portée de chacun de ses pas1;
ce qu'elle désire avant tout, c'est qu'on attende les prélats de France; le a3 juil-
lel . elle annonce que le cardinal de Lorraine se rendra à Trente avec soixante pré-
lats; le 6 août, elle affirme qu'ils arriveront le i5 octobre; si les pères du concile
refusent de les attendre, Lansac s'opposera à ce que la discussion s'engage sur
la doctrine; si l'on passe outre, il ne doit accepter aucune des décisions prises, car
rsi on frappoit un mauvais coup, on perdroit toute espérance de pacification. i>
La situation déjà si difficile de notre ambassadeur se compliquait d'une question
de préséance soulevée par l'Espagne, et, notre honneur national s'y trouvant en-
gagé, Catherine se montra vraiment énergique; elle intima l'ordre à Lansac de
se retirer, si l'on contestait le droit qu'avait toujours eu la France de précéder
l'Espagne.
A Trente, on se demandait, non sans inquiétude, quel langage le cardinal de
Lorraine allait tenir au concile; lui, le représentant le plus absolu en France du
catholicisme, était redouté à Trente comme un novateur, et on se défiait autant
de sa modération, que les protestants de France de sa violence.
Le lendemain de son arrivée, accompagné de nos ambassadeurs, il fit visite
' Dupuy, Instructions et actes concernant le concile de Trente. Instructions à Lansac, p. 62.
oxl INTRODUCTION.
;tu\ légats; au nom du roi, il repoussa, de prime abord, la pensée dune ligue
catholique dont s'effrayait l'Allemagne et dont on lui prêtait, bien à tort, la
pensée. Laissant aux ambassadeurs le soin des affaires politiques, il se ren-
fermerait dans les travaux du concile, bien résolu, autant qu'il serait en lui.
à conserver et à accroître l'autorité pontificale si menacée. Celte profession de
loi rassura les légats, et la conversation devint plus intime, ils remontrèrent au
cardinal qu'il avait un beau rôle à remplir, en se posant comme médiateur entre
les ambassadeurs français et eux. C'était faire allusion aux instructions remises
à Lansac.
Le 20 novembre, le cardinal parut au concile. Après la lecture des lettres du
roi faite par Lansac, et une réponse du cardinal de Mantoue, il prit la parole
avec cette autorité que donne une grande situation, cette séduc'.ion de formes et
ce grand air qui s'alliait si bien à la pourpre; il ne parla ni en prince de l'Eglise.
ni en théologien, mais en homme d'État. Les malbeurs de la France, la désolation
de son Eglise furent le thème sur lequel il s'étendit; le remède, c'était la réforme du
clergé. Le salut de la France en dépendait; mais les évêques venus avec lui seraient
toujours les serviteurs de Sa Sainteté le pape Pie IV, le pontife suprême et uni-
versel. Après lui, le président du Ferrier prit la parole; son discours, surchargé
de citations, et sec dans la forme, fit ressortir la simplicité si habile de celui du
cardinal, auquel Catherine elle-même rendit justice, tout en louant aussi celui de
du Ferrier, qui se rapprochait de sa propre politique.
Le langage si conciliant tenu par le cardinal de Lorraine n'était-il pas un peu
intéressé? Cet appui prêté de si bonne grâce aux légats dans la défense de la su-
prématie du pape, n'était-ce pas pour préparer la voie aux demandes que nos am-
bassadeurs allaient soumettre au concile? Lansac avait parlé du Saint-Esprit ap-
porté dans la valise des légats; dans la sienne il y avait un lourd bagage : trente-
quatre propositions dont quelques-unes allaient paraître bien hardies; c'était le pro-
gramme tout entier de Catherine clans sa lettre à Pie IV du mois d'août i 56 1 ', <•'•
cette fois, outre sa signature et celle du jeune roi, outre celles des trois triumvirs,
elle portait celles du roi de Navarre, de Charles de Bourbon, du chamelier de
L'Hospital et du maréchal François de Montmorency. Les nécessités de la situation
avaient amené ce. rapprochement inattendu entre des hommes jusqu'à ce jour si
profondément divisés. Et au nom de ces hommes réunis par la force des circon-
1 Voy. celte lettre dans le tome IV de V Histoire universelle (h de Thon, trad., Londres, îy.'i'i , p. 78.
INTRODI GTION. cxli
stances ilans une pensée commune, que demandait-on? La communion sous les
deux espèces, la permission de chanter les psaumes eu français, «le dire les
prières en langue vulgaire, une grande réserve dans l'application des anatbèmes
et des excommunications, la réforme des abus des pèlerinages, des confréries, l'a-
bolition des expectatives, des commendes, des résignations en faveur de certaines
personnes, des jtensions allouées sur les bénéfices et revenus ecclésiastiques; enfin
on demandait encore des synodes diocésains tous les ans, des synodes provinciaux
tous les trois ans, et tous les dix ans, si cela était possible, des conciles généraux.
Etait-ce l'intérêt réel de l'Eglise qui avait inspiré toutes ces demandes? Etait-ce
an nom de la religion que Catherine sollicitait toutes ces réformes? Nous ne pou-
vons l'admettre; c'est la raison seule qui détermina sa conduite, la raison seule
qui voulut que ces demandes, sans être communiquées préalablement aux légats
et par leur intermédiaire à Rome, lussent directement portées au concile. Lorsque
'les légats s'en plaignirent au cardinal de Lorraine, il ne put que se retrancher
derrière les ordres formels qu'il avait reçus, et, pour s'excuser, il leur fit entendre
que, si les propositions n'avaient pas été plus rigoureuses, on le devait à son inter-
vention.
Nous nous arrêterons ici, nous réservant de reprendre plus tard le récit de ce
qui se passa au concile, et de mettre en lumière la conduite tenue par Catherine.
Nous sommes' presque à la veille de la bataille de Dreux, revenons à Coudé et
suivons-le dans sa marche sur Paris : le 8 novembre, il partait d'Orléans; le i h .
il entrait à Étampes d'où il se dirigeait sur Corbeil; mais avant d'en venir aux
mains, il voulait de nouveau tenter la voie des négociations; il était lassé d'at-
tendre, et son impatience se trahissait par des confidences imprudentes. Il ne
pouvait s'empêcher de dire à Throckmorton, venu au camp des protestants pour
le surveiller, que si Catherine réunissait ses forces aux siennes, la France ren-
trerait vite dans le repos, et qu'avec lui, elle aurait bien plus d'autorité que du
vivant du feu roi de Navarre, son frère1. Throckmorton transmettait fidèlement
à Elisabeth ces défaillances et ces nouvelles aspirations; c'est en vain que La
Haye et le vidame de Chartres écrivaient à Coudé pour le raffermir et l'avertir
du mécontentement qu'éprouvait la reine de ne rien savoir de ses projets; ces!
en vain qu'Elisabeth lui écrivait elle-même, le suppliant de ne pas écouler ceux
qui voulaient le séparer de ses vrais amis et de l'amiral2. C'était peine perdue,
' Calendar of Slaie papers (1562), p. 485. — ' Ibid., p. 5 1 3 .
mlii INTRODUCTION.
il se laissait aller aux persuasions de Catherine; il avait accepté une entrevue,
cédant, Throckmorton nous le dit, à cette sorte d'attraction sympathique qu'elle
lui inspirait, et dont il n'avait jamais su entièrement se défendre. C'est donc sous
cette impression, et prédisposé à des concessions, qu'il partit de Corbeil. sui-
vant la rive gauche de la Seine, tandis que Saint-André marchait parallèlement
sur la rive droite. Le 25, il vint coucher à l'abbaye de la Saussaie, entre Juvisy
et \illejuif; le jour de l'entreviie avait été fixé au lendemain 26. Dès le matin.
Catherine se rendit au pont de Charenton, accompagnée du connétable, du ma-
réchal de Montmorency, de l'Aubespine et de d'Oisel. Condé campait sur la rive
opposée, au Port-à-1'Anglais ; craignait-il un piège ce jour-là? On peut le supposer;
car il ne vint pas au rendez-vous, et prétexta une subite indisposition. Néan-
moins, le connétable vit Coligny, et eut avec lui un entretien d'une heure. Le 27,
de part et d'autre on s'observa; le 28, l'armée protestante prit ses positions depuis
Arcueil et Gentilly, où se tenaient le prince de Condé et l'amiral, jusqu'à Vaugirard
occupé par Genlis; ce n'était qu'une feinte démonstration; des deux côtés, on vou-
lait arriver à une trêve, et d'un commun accord, elle fut fixée à trois jours. Ce
délai était tout favorable aux catholiques; déjà le duc de Nevers avait fait entrer
à Paris une forte cavalerie; les Gascons et les Espagnols étaient chaque jour atten-
dus; si la tentative d'accord venait à échouer, l'armée royale pouvait reprendre
l'offensive avec la supériorité du nombre. Condé voulant et ne voulant pas, aspi-
rant à la possession de ce pouvoir que, tant qu'il vivra, le duc de Guise lui dis-
putera, avait perdu, comme l'écrit l'ambassadeur Smith, ce son temps et sa mon-
naie1. •» Après la prise de Rouen, lorsque l'armée royale était éloignée, c'était
l'heure de marcher sur Paris; Guise n'était pas là pour donner du cœur à la
grande ville, entièrement dégarnie de troupes; une pareille occasion ne se re-
trouve pas. Plusieurs jours se passèrent en négociations : le connétable, le car-
dinal de Bourbon, le prince de la Roche-su r-Yon, de l'Aubépine, de Gonnor,
s'abouchèrent avec l'amiral, la Rochefoucault, d'Andelot, Genlis, Gramont et
d'Esternay. Catherine assista plusieurs fois aux conférences.
La question religieuse qui semblait la plus difficile à résoudre, fut celle qui
souleva le moins de difficultés. Condé obtint à peu près ce qu'il demandait; de
lui-même, il avait proposé le renvoi des étrangers, se portant fort pour la reine
Elisabeth. La paix semblait donc conclue; Catherine l'annonça même à l'ambas-
1 Cakmlar of State papers ( 1 56 a ) , p. 485.
INTRODUCTION". cxnn
deur anglais Thomas Smith, en lui faisant valoir les grandes concessions obtenues
parle prince. Smith lui ayant demandé s il pouvait en faire part à la reine Elisa- ,
beth : «Certainement, reprit-elle. D'autant plus, ajouta-t-elle incidemment, que
votre maîtresse doit retirer ses hommes d'armes du Havre et des autres places de
Normandie; le prince l'a promis et nous a assurés de son agrément. 13 Au dernier
moment, tout fut remis en question; à qui en revient la faute"? Catherine la re-
jette sur Condé et les siens : «Tout était accordé pour la religion, écrit-elle à
1 évèque de Rennes; s'ils ont rompu, c'est pour leur fait particulier '. n Le prince
île Condé, de son côté, accuse les Guises d'avoir fait revenir la reine sur les con-
ditions convenues. Qui croire? Throckmorton, bien placé pour savoir ce qui se
passait, semble excuser Condé qui avait accepté d'impossibles et déshonorantes
conditions; d'après lui, ni la reine ni le conseil n'ont voulu reconnaître l'armée
de Condé comme l'armée du roi, ni accepter la charge de payer les Allemands, et
'c'est à ce refus qu'il attribue la rupture2. Ce qui est plus vrai, c'est que, des deux
côtés, on cherchait à se tromper. Condé, désavouant les 'premiers engagements
pris en son nom avec Elisabeth, prétendait n'avoir jamais donné l'ordre de livrer
le Havre, et pourtant Throckmorton avait en ses mains la copie du traité; Elisa-
beth la lui avait envoyée pour s'en servir à l'ocacsion. Smith parlait de paix
chaque jour et de conciliation, tandis que Throckmorton poussait par tous les
moyens à la reprise des hostilités, et menaçait les chefs protestants de l'ahandon
de l'Angleterre3. Les manœuvres de Catherine avaient donc réussi, et les défiances
réciproques éveillées par ces négociations allaient porter leur fruit. Le 7 décembre,
les Espagnols et les Gascons étaient entrés à Paris; la défection de Genlis qui.
suivi de trente gentilshommes, venait de quitter le camp protestant, était d'un dan-
gereux exemple; la position de Condé devenant critique, il se décida à la retraite
et le 10 décembre, il prenait le chemin de la Normandie. Pour apaiser Je mé-
contentement d'Elisabeth, il lui envoya un long récit de sa négociation avec
Catherine, tardive et intéressée justification, car il lui demandait à la fois que les
troupes du Havre se joignissent aux siennes, et quelle voulût bien lui envoyer
l'argent depuis si longtemps promis pour le payement des reitres. Smith apprécie
sa conduite dans les termes les plus durs; s'il veut bien se charger d'appuyer sa
demande, c'est que cette marche de l'armée protestante sur la Normandie est
favorable aux intérêts anglais; et il a soin d'ajouter, qu'en traitant à l'avenir avec
1 Voy. la lettre de Catherine à i'évêque de Rennes, ' Calendar of State papers (lôGa), p. 53 el 55 1 .
[i. 6/j8; Calendar of State papers (1562), p. 529. ' Ibid., p. 56i.
cjxiv INTKODUCTION.
les protestants, il ne faudra plus se payer de mots et de promesses, mais se mettre
en règle par des actes authentiques et signés '.
Les armes allaient donc en décider; mais avant de risquer une bataille décisivi .
lés chefs catholiques voulurent en avoir le commandement exprès du roi el de la
reine; à cel effet, ils firent partir Gastelnau pour le Lois de Vincennes2. Catherine
le reçut à son lever ; après l'avoir laissé longtemps parler, pour toute réponse elle
lui dit : tr qu'elle s'émerveilloit comme le connétable, le duc de Guise et Saint-
André, tous bons capitaines, envoyoient demander conseil à une femme et à un
enfant a, puis, se tournant vers la nourrice du roi : rriNourrice, dit-elle, le temps
crest venu que l'on demande conseil aux femmes délivrer bataille, que vous en
ft semble ?T! Lors, la nourrice dit plusieurs fois que, puisque les huguenots ne vou-
loient se contenter de raison, qu'elle étoit d'avis que l'on leur donnât la bataille. ■•
Dans l'après-midi, M. de Losses vint de nouveau prendre les ordres de la reine.
Catherine chargea Castelnau de dire aux chefs catholiques qu'ils fissent ce qu'ils
jugeraient le plus à propos, en profitant de tous leurs avantages. C'était là la ré-
ponse officielle; Catherine devant la cour avait voulu rester dans cette réserve
prudente; mais, le 17 décembre, elle écrivait au connétable : et Je vous prie d'a-
bréger cette guerre, car nous n'avons plus moyen de l'entretenir à la longue3, a
Elle était donc aussi d'avis de livrer bataille, mais, incertaine du résultat final,
elle se ménageait comme toujours un terrain de retraite.
Le connétable obéit à cette injonction; il gagna de vitesse l'armée protestante:
dérobant sa marche, il traversa l'Eure, de nuit, et força Gondé et Coligny à reve-
nir sur leurs pas et à accepte)' le combat dans des conditions défavorables (îq dé-
cembre).
Anxieuse, agitée, Catherine de Médicis attendait au bois de Vincennes le ré-
sultat de la bataille. Un page du connétable, voyant son maître prisonnier, ses
gendarmes rompus, fut pris d'épouvante, se sauva des premiers et vint annoncer
à la reine que tout était perdu. Dans la nuit du 2 1 au 22, deux autres messagers
arrivèrent, l'un à minuit, l'autre à trois heures du matin, tous deux confirmant
la défaite : tr A été pitié, écrit Chantonnay, de voir l'affliction en quoi a été celte
ville la nuit passée et la cour, et a été un vrai miracle de recouvrer la perle faite.
el ce malaise nous a duré jusqu'à ce matin, environ les neuf heures, que M. de
Losses apporta la lettre de Guise annonçant la victoire4. i> Catherine vint à Paris avec
1 Record office. France. — 2 Voy.Mém. de Castelnau, eil.de Le Laboureur, 1. 1, p. 122. — : Voy. la lettre
de Catherine , p. h 5 2 . — 4 Archives de Vienne , lettre de Chantonnay h la duchesse de Parme ( décembre 1062).
INTRODUCTION. cxlv
le jeune roi, et alla droit à Notre-Dame pour rendre grâces à Dieu1. Le surlen-
demain, Smith, l'ambassadeur d'Angleterre, \inl au Louvre féliciter Catherine de
sa victoire: il fit habilement allusion à la tristesse qu'elle avait dû éprouver de la
perte de tant de gentilshommes et de braves capitaines; elle lui répondit qu'en
effel elle sentait combien de pareilles victoires et de pareilles défaites étaient
calamiteuses pour le roi son fils, qu'elle avait tout fait pour l'éviter, concédant
tout ce qu'ils demandaient pour la religion, mais ils avaient un autre but et
d'autres desseins2.
C'est surtout par ses conséquences que la bataille de Dreux fut considérable.
Le chef des protestants, Condé, était prisonnier, et leurs hommes de pied, tués ou
dispersés3. Sans de nouveaux secours, la lutte pour eux devenait impossible. Ca-
therine s'en rendit bien compte, et elle n'eut plus qu'une pensée, c'est par tous
les moyens d'arriver à la paix; se croyant moins libre à Paris, où elle aurait eu à
lutter contre les passions de la population et les résistances du Parlement, elle
prit le parti de se rendre à Chartres, en passant par Rambouillet, où le duc de
Guise lui avait donné rendez-vous; elle avait quelque raison de croire un accord
possible, car, dès son arrivée à Orléans, le connétable lui avait fait connaître par
l'ancien évêque de Troyes, le prince de Melphe, tous les égards qu'avait eus pour
lui la princesse de Condé, sa nièce, et il croyait y voir un acheminement à une
prompte négociation; mais a sa première entrevue avec Condé, Catherine n'en
augura pas aussi bien : «■ H se tient ferme, écrivait Throckmorton à Elisabeth, et
ne veut faire aucune concession à ses adversaires.il C'est ce que confirme Goligny
dans une lettre à Elisabeth : <xLe prince, lui écrit-il, au lieu de recevoir de nous
consolation de sa captivité, nous renforce le courage4. « Tout en cherchant à négo-
cier, Catherine s'occupait activement des moyens d'augmenter l'armée 3 et de main-
tenir les provinces en repos; elle donne l'ordre à du Lucie de veiller sur la Touraine
menacée par Coligny; à d'Humières, elle recommande la même vigilance en
Picardie, l'autorisant à se servir, en cas de danger, des hommes des communes et
à les soulever au son du tocsin; à Damville, elle enjoint de garder Condé plus étroi-
tement que jamais et de ne le laisser parler avec aucune personne, de quelque
qualité qu'elle soit, sans une permission de sa main; son séjour se prolongeante
1 Archives de Vienne, lettre de Chanlonnay à la lois (Pion, 1879) , le récit delà bataille de Dreux
duchesse de Parme (décembre i5Ga). envoyé par Goligny à la reine Elisabeth, p. 89.
2 Cakndar qf State papers (i56a), p. 588. ' Record office.
" Voy. dans notre livre , Le xvi' siècle et les \ a- ' Voy. Calendar of State papers (1 563), p. 19a.
Catueuine de Médicis. — 1. s
cxu. INTRODUCTION.
Chartres, elle y fait venir Charles IX; l'argent lui manquant, elle l'ait sans cesse
appel à Gonnor : aFouillez bien avant, lui dit-elle, dans beaucoup de bourses,
vous en avez beaucoup sucé, mais il faut sortir de cette boue. i> Son activité est infa-
tigable; elle entre dans les moindres détails, elle demande si les canons destinés
au siège d'Orléans seront de fonte neuve, ce car les vieux rabillés ne pourront porter
l'effort. ii Au milieu de ces préoccupations de chaque jour, elle est si maîtresse
d'elle-même qu'elle trouve encore le temps de prescrire à Gonnor de faire planter
a,ooo ou 3,000 ormes dans l'allée du bois de Vincennes où elle se promène
d'habitude1.
Thomas Smith, l'ambassadeur d'Angleterre, et Somers, le nouvel envoyé de
la reine Elisabeth, vinrent la trouver à Chartres; ils s'étaient fait accompagner
par Tlirockmorton, qu'elle refusa de voir'2; un agent d'Elisabeth, Middlemore,
était chargé de suivre Coligny, de l'entretenir dans ses dispositions belliqueuses,
et voici maintenant que Somers venait se plaindre d'une déclaration de guerre
publiée à Paris contre l'Angleterre. Certes, la guerre était dans les prévisions
de Catherine, mais l'heure n'en était pas venue; elle voulait d'abord traiter
avec les protestants, elle ne s'en cachait pas : pLa paix nous est nécessaire, écri-
vait-elle à Gonnor, pour chasser l'étranger. ■» Ne voulant pas répondre directement
aux deux envoyés, elle leur promit d'en référer au conseil, et d'après son avis,
elle se borna à leur dire qu'aucune déclaration de guerre n'ayant été publiée, il
n'y avait pas lieu à la révoquer, et elle les congédia. Le 20 janvier, elle avait l'ait
annoncer à Smith quelle retournait à Paris, et qu'elle l'y verrait; mais, dans la
nuit du 22 au a3, elle donna brusquement l'ordre du départ, et malgré la rigueur
• le la saison, elle se dirigea à marches forcées sur Blois. L'armée de Coligny avait
passé la Loire à Jargeau; elle redoutait une surprise. Les membres du Parlement
pouvant s'inquiéter de ce brusque départ : «• Le roi monsieur mon fils, leur
écrit-elle, s'en va à Blois pour favoriser son armée; quand vous verrez les occa-
sions qui l'y meuvent, vous en aurez assez de contentement 3. i> Et elle leur fait
dire par Gonnor que, si la ville de Paris était menacée, le roi y reviendrait. Elle
n'avait pas pourtant à se louer de l'esprit de conciliation du Parlement; il n'avait
pas voulu recevoir les lettres de pardon général qu'elle lui avait soumises, et il
venait d'admettre la requête de ceux de Paris qui demandaient à faire la recherche
1 Lettre île Catherine à M. Je Gonnor, p. firjl». \ alentinois ijui l'avait fait conduire au camp du dur
! Il avait assisté à la bataille de Dreux; la voyant de Guise, d'où il avait été renvoyé à Saint-Denis.
perdue, il s'était réfugié à Anet, chez la duchesse de ' Voy. la lettre de Catherine, p. 485.
[NTR0D1 CTION. cxtvn
des huguenots rentrés dans leur ville, ce qui devint l'occasion de quelques meur-
tres; mais rien ne pouvait rebuter Catherine dans ses tentatives d'accommode-
ment. Llle fit plus encore, elle ménagea une entrevue à Blois, entre le duc de
Guise, qu'elle y fil venir de BeaugeUcj '. el Coudé qu'elle y tenait prisonnier
Plusieurs conférences eurent lieu, et il lut convenu, pour faciliter une pacification,
que Boucart et d'Esternaj viendraient s'aboucher avec le prince de Condé, el
que d Oise! et l'évêque de Limoges se rendraient à Orléans pour conférer avec le
connétable. L'amiral j consentait; il prévint Condé que Boucart et Esternay étaient
prêts à partir dès qu'il les manderait, s'applaudissant du choix des deux négo-
ciateurs d'Oise! et de l'évêque de Limoges ccplus capables de raison n; il espérait .
grâce à leur entremise, arriver à une bonne paix, car vous savez, ajoutait-il.
crque l'on n'a jamais rien tant cherché ni désiré2. -n
Cette fois encore. Catherine fut déçue dans son attente : ir A l'heure que l'amiral
devait envoyer Boucart et d'Esternay, écrit-elle à Gonnor, le h février, il est parti
et s'en va en Normandie avec ii,ooo chevaux, si bien que nous ne savons plus
où nous en sommes, sinon que M. de Guise va demain au matin assaillir le Por-
tereau d'Orléans el le pont3.* Tout était donc remis de nouveau aux hasards
des armes.
Au moment où l'on avait tant de peine à fournir aux dépenses de la guerre, le
magasin de poudres de l'arsenal, à Paris, vint à sauter, sans qu'il fût possible d'en
découvrir la cause : ctCe fut un terrible fracassemenl, écrit Chantonnay à la du-
chesse de Parme, il vient très mal en la saison présente \ r Tout aussitôt, Catherine
donne des ordres pour qu'il soit rétabli dans le même lieu; elle fait demander en
Provence, en Lorraine, en Bourgogne, de grandes quantités de poudre, la perte
n étant pas moindre de 5o milliers. Pour faire face à un tel désastre, elle invite
Gonnor à arracher enfin aux membres du Parlement la vente des 100,000 livres
de rente qu'elle sollicitait depuis longtemps : « Dites-leur bien, écrit-elle à Gonnor,
que nous n'entendons pas que l'on épargne les biens de ceux qui troublent ce
royaume, tiennent les villes et portent lés armes; s'ils eussent usé d'aussi bonne
' Ce fait jusqu'ici ignoré, nous a été révélé par fort avant en termes de faire leur pacification. »
une lettre du sieur Archambaud à M. de Gon- (Bibl. nat., n° 3a 16. fol. 3G.)
nor, datée de Blois. le 27 janvier, et que voici :' ' Voyez cette lettre dans le n° 34 10 du fonds
irJe vous diray que M8' de Guise, après avoir parlé français, p. 45.
plusieurs fois à M' le prince de Condé, qui estoit 3 Voy. la lettre de Catherine, p. 4a6.
en ceste ville [Blois], s'en est retourné aujourdbui " Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la
au camp près Beaugency. et ay entendu qu'ilz sont duchesse de Parme (janvier i563).
cxlvih INTRODUCTION.
diligence que nous la désirons, ils n'auraient pas occasion d'en murmurer à cette
heure1. s Elle jugeait bien de la gravité de la situation : «Je crois, écrivait-elle à
Goiinor, qu'il ne faut plus rien attendre du clergé, et peu de choses d'ailleurs:
aussi il est besoin que fassiez de nécessité vertu, car en quelque sorte que
soyons, il faut avoir de l'argent; tout le monde crie la paix et la conseille, mais
je ne sais s'il plaît à Dieu que nous l'ayons; de sorte qu'il faut se préparer, comme
si ce mal avait à continuer. n Elle ajoutait : «Si M. de Guise prend le Portereau
d'Orléans (ce que Dieu veuille), je crois qu'il y en aura qui se repentiront d'être
partis, et connaîtront qu'il ne fait pas bon se moquer de son roi2. n
L'attaque du Portereau fut vivement menée; les lansquenets qui défendaient les
barricades du faubourg ayant été pris de panique, le duc de Guise entrait dans
la ville à leur suite si d'Andelot n'en avait en toute hâte fait fermer les portes.
\ peu de jours delà, les Tournelles, par manque de vigilance de «eux qui les
gardaient, furent surprises; tout était donc prêt pour un assaut. Le 17 février,
Catherine écrivait à Goniior : ccM. de Guise, demain, doit faire une belle peur à
Orléans, d Et parlant des nouvelles démarches faites par la princesse de Condé pour
renouer les négociations, elle ajoutait : « Je crois qu'elle a belle peur de nous voir
si près de là sans son congé, mais quand demain nous aurions Orléans, nous au-
rions la paix à meilleure condition en tenant la ville3, n
Un grave événement allait de nouveau bouleverser toutes les situations. Entre
six et sept heures du soir, le duc de Guise revenait du faubourg du Portereau et
se rendait au château de Corney, près de Saint-Mesmin, où venait d'arriver la du-
chesse; il avait traversé la Loire en bateau et envoyé en avant le sieur de Crenai,
pour rassurer sur son retard. Depuis une heure, un cavalier allait et venait sur la
route que le duc devait suivre, demandant à tous ceux qu'il rencontrait, si c'était
bien le chemin par où devait passer le duc; il fit la même demande à Crenai, qui
lui répondit qu'il ne h; devançait que de quelques instants. Le duc venait au pas.
lyanl à ses côtés Tristan de Rostaing; un jeune page, monté sur une mule, mar-
chait devant; le meurtrier, caché derrière une haie, le laissa passer, et lorsqu'il
fut à cinq ou six pas, il tira sur lui par derrière son pistolet chargé de trois halles:
le coup entier porta sous faisselle droite. Au moment où il fut frappé, le duc
s'écria : rr.le suis mort n; il baissa la tète jusque sur le cou de son cheval; puis se
redressant par un effort violent, il voulut tirer son épée, mais le bras était sans
1 Voy. tn lettre de Catherine, p. '493. — J Voy. la loltre de Catherine, \>. Ù96. — ' Voy. ta lettre 1
de Catherine, p. 5ag.
[NTRQDI CTION. calm
force. Rostaing s'étail précipité du côté où le coup était parti, mais le meurtrier le
menaça de son épée et, grâce a la nuit el à la vitesse de son cheval, parvint à s'é-
chapper. Egaré dans les taillis, il erra toute la nuit; à la pointe du jour, après <li\
heures d'une course insensée, il se trouva au pont d'Olivet, non loin du camp des
Suisses, dont il croyail s'être éloigné; son cheval étant harassé, il entra dans une
terme et s'y reposa: c'est là que, rencontré par de Seurre, lieutenant du duc de
Guise, il se laissa prendre sans opposer de résistance; il était né en Angoumois,
âgé de vingt-six ans, et se nommait Poltrot de Mère. Il avait servi comme page le
vicomte d'Aubeterre; fait prisonnier à Saint-Quentin et mené en Espagne, il avait
si bien pris la voix, l'accent, les manières et les mœurs de cette nation qu'on ne
l'appelait que l'Espagnol; au retour d'Espagne, devenu protestant, il s'étail at-
taché à M. de Soubise et. recommandé par lui à l'amiral, il était venu à Orléans.
Catherine voulut l'interroger, et voici ce qu'elle en écrit à la duchesse de Savoie :
Il a avoué tcqu'il avait reçu cent écus de l'amiral pour faire ce mauvais coup,
qu'il n'y voulait pas venir, mais que de Bèzc et un autre prédicant et d'Espine
l'avaient prêché et l'avaient assuré que, s'il le faisait, il irait en paradis: cl
qu'alors il s'y était décidé; que l'amiral en avait dépêché soixante pour tuer M. de
Guise, le duc de Montpensier, Sansac, Sipierre et elle, et qu'elle ferait bien de
faire garder ses enfants et de prendre garde à sa personne, car l'amiral la haïssait
infiniment, n Et elle ajoute : crll a nommé un rousseau qui depuis hier a été [iris
dans la cour du château de Blois; ce n'était plus pour M. de Guise, car il mourut
hier. Voilà. Madame, comme cet homme de bien, qui ne l'ail rien que pour la
religion, nous veut dépêcher1.1»
La blessure n'avait pas d'abord été jugée mortelle, elle ne louchait point aux
os ttet n'avait pas pénétré dans le coUïc-n, mais l'entrée de la balle était plus
grande que la sortie, on en augura qu'il y en avait plus d'une, les chirurgiens ap-
pelés de Paris furent d avis qu'une grande incision devait être pratiquée. L'opéra-
tion eut lieu le :?3, le quatrième jour après la blessure; le duc la supporta très
courageusement; il avait commandé k de besogner encore qu'il criét3.* Le sixième
jour, il vit bien que tous les remèdes étaient inutiles. En face de la moi I .
Guise conseilla à Catherine de faire la paix el lui recommanda ses enfants: il
demanda à sa femme pardon des peines' qu'il lui avait causées, des offenses dont
elle avait eu à se plaindre; il enjoignit au prince île Joinville de servir Dieu el
Voy. la lettre de Catherine, p. 5i6. — : Archives de Vienne, lettre de Chanlonnny à la duchesse il
Parme (février i563). — "' Ibid.
cl INTRODUCTION.
son roi, et d'honorer sa mère. Le mercredi, %k février, entre dix et onze heures
du matin, il rendit l'âme; le lendemain, on l'étendit sur un lit de parade de
damas hlanc, tout habillé et ses mains gantées; la messe fut dite comme s'il
était vivant : crDans le camp, tous le plaignent, écrit Smith à Elisabeth, tous
vantent son courage sloïque, la patience avec laquelle il a subi de cruelles inci-
sions; beaucoup de gentilshommes s'éloignent, car beaucoup ne servaient que par
attachement pour lui. C'était bien le plus grand homme de guerre de France, et
on peut dire de toute la chrétienté; dur à la fatigue, d'une grande expérience
dans la conduite des armées, courtois et éloquent, aimé du soldat et des gentils-
hommes 1.i> Dans la bouche d'un adversaire, d'un étranger, cet éloge, certes, n'est
pas suspect: «Le roi mon fils, écrivait Catherine à M. du Lude, a perdu l'un des
plus grands et plus dignes ministres qu'il sauroit jamais avoir ;n et au cardinal de
Guise, elle disait : et Je vous assure bien que je mettrai tout ce que j'ai au monde
de crédit et de puissance pour m'en venger, et je suis sûre que Dieu me le par-
donnera 2. t>
Cette mort l'avait jetée dans les plus grandes perplexités; vis-à-vis du roi d'Es-
pagne, elle se montre disposée à continuer la guerre, et elle lui dit qu'elle a en-
core sous la main de grands capitaines; mais elle tient un autre langage à la du-
chesse de Savoie : «Nous n'avons homme pour commander, lui dit-elle, que le
maréchal de Brissac, que j'ai envoyé chercher, encore qu'il soit impotent, et en at-
tendant, il faut que je commande et fasse le capitaine.» Accablée par cette res-
ponsabilité, elle demande au duc de venir et à la duchesse de l'accompagner.
En annonçant la triste nouvelle aux gouverneurs des provinces, elle leur recom-
mande la plus grande vigilance; elle prodigue les lettres à François de Montmo-
rency, elle proteste de son bon vouloir pour ceux de Paris; elle les entretiendra
dans la bonne grâce du roi, elle veillera à leur conservation: à Gonnor, elle écrit :
te Dites bien au premier président combien je l'aime, n ,
Condé était à Amboise où se trouvaient la jeune Marguerite et le duc d'Anjou.
Pour le pressentir sur ses dispositions, Catherine lui avait envoyé le prince de la
Roche-sur-Yon, et de leur entretien, elle avait pu augurer qu'il se contenterait
de la liberté de conscience. H était si désireux, si pressé d'en finir, qu'il écrivait,
le a5 février à sa femme : «La paix sera le seul moyen pour éteindre les déso-
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la ' Voy. la lettre de Catherine, p.»5i q , et la note
duchesse de Parme (8 mars 1 563). . — Calendar of qui l'accompagne.
Siate papers ( 1 563 ) , p. 209.
INTRODI GTION. ,1.1
iations présentes. L'entrevue de M. le connétable et de moi serait le meilleur
moyen pour parvenir à la paix que tout le monde désire, et qui est a ce pauvre
royaume si nécessaire. Ne trouvez donc plus de difficulté s'il est possible, afin que
nous nous puissions voir1.!) C'est avant la mort du duc de Guise qu'il parlait
ainsi; dès qu'il l'apprend : tr L'opinion ne m'est nullement dérangée, écrit-il dv
nouveau à sa femme, suppliant celui qui tient les cœurs des rois et des hommes
qu'il les dispose à réserver les moyens et reculer ceux qui voudront aller au con-
traire et châtier ceux qui n'y voudront entendre. Je m'assure que vous emploierez
en tout ce que vous pourrez, ce que vous prie de faire de toute votre puissance,
car je ne désire rien tant comme une bonne paix2, a
Ainsi encouragée, la princesse de Coudé écrivit à Catherine qui l'invita à venir
la trouver. Le ier mars,' accompagnée de deux demoiselles, elle vint au camp et
resta deux heures à conférer avec elle. Lorsqu'elle la quitta , sa satisfaction étail
si visible, qu'elle fut remarquée3. Le h mars, à la suite de cet entretien, Dam-
ville amena Condé d'Amboise à Blois, sous l'escorte de dix enseignes de Suisses.
Le prince coucha cette nuit-là dans une petite auberge du faubourg. Le lende-
main matin, il fut conduit au camp de Saiut-Mesmin, et le G mars eut lieu l'en-
tretien avec le connétable dans l'Ile-aux-Bœufs, sous Orléans. La reine conduisit
le prince jusqu'au bateau, mais demeura avec les membres du conseil dans une
maison sur le bord de l'eau. Qn avait préparé sur le bateau un pavillon recou-
vert de tapisseries; le connétable et Coudé préférèrent causer en se promenant.
L'entretien dura deux heures; on les suivait des yeux, mais on ne pouvait les en-
tendre4. Ce jour-là (7 mars), il n'y avait dans l'île que Damville, de Losses et
l'Aubépine. Lorsqu'ils se séparèrent, le connétable fut reconduit à Orléans, et
Condé au logis où il était gardé. Le jour même, il y eut une longue séance du
conseil; rien ne transpira; on sut seulement que le connétable et Condé devaient
se revoir. Le lendemain, ils furent ramenés dans l'île; le prince n'était déjà
plus traité en prisonnier; on lui avait rendu son épée5. La reine assista à l'en-
tretien qui dura trois grandes heures. Condé réclamait le l'établissement de
I'édit de janvier, et le connétable s'y refusait; mais Catherine intervint, elle usa
' Bibl. nat., fonds français, n° G618, fol. -Ji5. ' ' Archives de Vienne, lettres de Chantonnay
Henri d'Orléans, Histoire des princes de Coude . (marsioO'.l);Caleiidar(ifStalcpapers(iî>tï>-2-iï>()'i).
t. I"r, p. 3(|8. '-■ Archives de Vienne, lettres de Chantonnay
Archives de Vienne, lettre de Chantonnay à la (mars 1 5 G 3 ) ; Galendar of State papers (i5G>
duchesse de Parme (mars 1 563). »56<5).
CLii INTRODl GTION,
avec Coudé de ces caresses, de ces séductions de langage dont il ne savait jamais
se défendre. D'ailleurs, il en avait assez de la vie de prison; il en avait assez du
rigorisme des soixante-douze ministres enfermés à Orléans et de leurs tyranniques
exigences; il aspirait à la liberté et à ce premier rang dans le royaume qui lui
appartenait, et que Catherine lui avait fait secrètement offrir; au retour de l'en-
trevue, il parut tout joyeux; de son côté, Catherine en revenant, riait et dansait
de joie avec le duc d'Aumale1. C'est que jamais espérance de paix n'était venue
plus à propos et dans un moment plus critique. On venait de recevoir la nouvelle
de la prise de Caen par l'amiral; du côté de l'Allemagne, il y avait de graves
inquiétudes ; l'Empereur avait fait partir un ambassadeur pour exiger la restitu-
tion de Metz, Toul et Verdun, et des troupes se massaient sur nos frontières '\
La paix s'imposait donc et devenait une nécessité. Mais avant tout, il fallait y pré-
parer l'opinion de Paris : «Si vous trouvez vos marchands refroidis, écrit Cathe-
rine à Gonnor, si c'est pour les nouvelles qu'ils ont de la paix, ils ont de bonnes
espies, car je la tiens comme faite; mais c'est à cette heure que nous avons le plus
affaire d'argent pour décharger ce royaume des sangsues qui le sucent jusqu'à la
mort; par cette paix, le roi demeure le maître, les forces des étrangers vident ce
royaume, et nous baillons le moins que nous pouvons, mais beaucoup plus que
je ne voudrois sans le besoin et la nécessité où nous sommes. On nous promet
de chasser les Anglois en ratifiant le traité; ne parlez encore à personne des con-
ditions, car j'ai toujours peur qu'ils ne nous trompent, encore que le prince de
Condé leur a déclaré que s'ils n'acceptent ces conditions, il s'en reviendra avec le
roi mon fils et se déclarera leur ennemi 3. n
Lorsque Condé rentra à Orléans tr l'esprit déjà prisonniers, suivant l'heureuse
expression de d'Aubigné, il eut à lutter contre l'opposition des ministres; ils étaient
là soixante-douze sectaires impolitiques et intraitables, car ce n'est pas seulement
1 Archives de Vienne, lettre de Chantonnay; ront les villes de Metz, Thoul et Verdun, et s'ilzns
Calendar of State papers (t 56 a-i 563)-, p. 200. pouvoient advenir aultreoient qu'ilz auroient re-
2 La pensée de reprendre Metz ne fut point cours aux armes, et se saisiraient des places qu'ilz
abandonnée par l'Allemagne, et voici une lettre de pourraient sur Vostre Majesté, de la mesme façon
Saint-Sulpice à Charles IX, du i5 avril 1 563, qui que ladicte royne d'Angleterre a faict du Havre de
confirme les craintes exprimées par Catherine : -Il Grâce pour ravoir Calais.'» (Bibl. impér. de Saint-
a été escript ici que l'Empereur et les princes d'Al- l'élersbourg , Dépêches de Saint-Sulpice, t. XCVII.
lemagne s'entendant avec la royne d'Angleterre et p. 61.)
voullantse servir de son mesme prétexte, estaient 3 Voy. la lettre de Catherine, p. 5a6.
après à redemander par tous moyens qu'ilz pour-
INTRODUCTION. cliii
le rétablissement intégral de l'édit de janvier qu'ils demandaient, ils voulaient la
pleine liberté des synodes, le châtiment des auteurs du massacre de Vassj et de
Sens, et oubliant déjà qu'ils avaient combattu et souffert pour la liberté de con-
science, ils invitaient Coudé à requérir du roi des peines rigoureuses contre les
alliées, les libertins, les anabaptistes et autres scbismatiques. te A peine échappés
du bûcher, ils réclamaient le droit d'y traîner d'autres victimes 'n, nous dit avec
raison un historien moderne; mais les gentilshommes, las de la guerre et auxquels
Condé avait fait entrevoir qu'il pourrait reprendre le premier rang dans le royaume,
H qu'il ne les oublierait pas, adhérèrent à la paix; Condé se contenta de leur assen-
timent et passa outre. Pour en arriver là , des deux côtés il y avait eu également
lutte : crNous avons fait, écrivait Catherine à Gonnor, tout ce qu'il est possible
de faire pour contenter tout le monde; je vous assure que ce n'a pas été sans
crier; je vous ai souhaité pour rn 'aider, mais puisque la paix est faite et qu'on la
trouve bonne à Paris, Dieu soit loué l-n
Le préambule de ledit d'Amboise fut rédigé par L'Hospital ; il rappelait les mal-
heurs de la guerre civile, faisait appel à la conciliation, et mettait l'espoir de
I avenir dans un saint, libre, général ou national concile, et la majorité proebaine
du roi; les condamnations passées étaient abolies, les offenses oubliées, chacun
rentrait dans ses biens, honneurs, état, charge et oflice; Condé était tenu pour un
bon parent, un fidèle sujet et serviteur, ainsi que tous ceux qui avaient suivi sa
fortune. Enfin toutes les villes étaient remises en leur possession, état, et tous les
étrangers étaient renvoyés hors du royaume; c'était la clause que Catherine enten-
dait bien appliquer aux Anglais. L'édit permettait à tous gentilshommes tenant
plein fief de haubert, de vivre, en leurs maisons ce en liberté de conscience et exer-
cice de la religion réformée avec leurs familles et sujets »; quant aux possesseurs
de simple fief, ce droit se limitait à eux et à leur famille; dans les villes où la re-
ligion était en exercice avant le 7 mars, le culte était autorisé; mais dans le reste
delà France, il ne l'était que dans les faubourgs d'une seule ville par bailliage el
sénéchaussée; Paris et le ressort de sa prévôté et de sa vicomte en étaient exceptés.
Ce traité était plutôt une trêve qu'une paix. Catberine avait laissé échapper le se-
cret de. la situation; et C'était, disait-elle, reculer (jour mieux sauter, n II restait à
en faire vérifier les lettres par le Parlement; inquiète du résultat, craignant les
résistances de cette compagnie, Catherine agit à la fois sur Gonnor et sur le maré-
Henri Martin, Histoire de France, I. I\. p. i56.
Catueiupe m. MÉDICIS. — 1. t
r.uv INTRODUCTION.
chai de Montmorency : tr L'amiral vient ici, leur écrit-elle, avec 5,ooo chevaux,
ne se voulant désarmer ni nous mettre dans Orléans que la lettre ne soit passée
sans restriction ni modification, et s'ils ne la passent tout ainsi, tenez toutes
choses pour rompues; il faut qu'ils s'accommodent au temps. r. Le 20 mars, elle
l'ait de nouvelles instances : «• Faute de vérification, ajoute-t-elle, si la paix se
rompait, l'on mettrait au hasard et la personne du roi et toute cette armée et la
ville de Paris où ils disent qu'ils iront si l'on ne passe ce que le roi et son conseil
leur ont accordé, v
Les membres du Parlement se rendant à ces incessantes sollicitations et ayant
enfin décidé qu'ils publieraient la lettre l, dès qu'elle apprend cette bonne résolu-
tion, elle écrit de sa main à Gonnor : <rJe vous prie de leur dire comme je suis
contente, quelque nécessité que le roi mon fils aie, que je veux qu'ils soient payés
pour voir le devoir qu'ils font à ce qui concerne le bien et repos de ce royaume.
Je crois qu'il nous faudra trouver de quoi payer leurs reitres si voulons qu'ils
sortent du royaume; mais il n'en faut encore dire mot, car, si je puis, je n'en
ferai rien 2. v
Revenons à Coligny; dans les jours qui suivirent la bataille de Dreux, après
avoir reconstitué l'armée dont il était devenu le chef et traversé la Beauce, il
était rentré à Orléans. Briquemault et Beauvoir lui conseillaient de se rendre à
Lyon, et de s'y joindre à Soubise qui en était maître, mais il préféra aller en Nor-
mandie. Laissant d'Andelot à Orléans avec 6,000 hommes de pied et i,5oo che-
vaux, il se mit en chemin le ier février, suivi de 6,000 reitres; il passa devant
Evreux qu'il ne put forcer faute d'artillerie, séjourna à Touques, et le 12 février
il arrivait à Dives; de là, il envoya Theligny en Angleterre pour presser l'envoi
des subsides promis. Les reitres, qui sur la route avaient pillé toutes les églises,
exigeaient avec menaces leur solde arriérée; mais, quand il s'agissait de tirer de
l'argent de la très parcimonieuse Elisabeth, les difficultés commençaient. Middle-
more, son envoyé auprès de l'amiral, discuta tout d'abord le chiffre de la somme
à verser, et sous prétexte d'avances faites à Montgommery, il le réduisit de beau-
coup. Elisabeth exigeait en outre la ratification par l'amiral du traité qui lui avait
1 Voici ce que le président de Thou écrivait à qu'il ait plu au roi nous envoyer deux de MM. les
Catherine le s3 mars : trLes lettres seront publiées princes du sang.» Et il désigne le prince de Monlpen-
et enregistrées sans aucune restriction ni niodifica- sier et le cardinal de Bourbon. (Bibl. nat. , fonds
tion; mais pour oster l'envie que l'on a sur nous français, n" 6618, p. 19 et 2 a.)
et qui pourroit eslevcr ceux à qui ces conditions 2 Voy. la lettre de Catherine, p. 53g.
déplaisent, l'exécution en a été retardée jusqu'à ce
INTRODUCTION. eu
livré le Havre. Pour parvenir à ses fins, elle envoya au camp de l'amiral son plus
habile diplomate, Throckmorton, rentré en Angleterre tout récemment.
Le château de Caen était encore aux mains du marquis d'Elbeul et des troupes
royales; tant qu'il résisterait, la complète de la Normandie n'était pas assurée;
pour s'en emparer, il fallait de l'artillerie. Ce lui Tlirockmorlon qui l'amena du
Havre; il y mit pour condition la ratification du traité passé avec le vidame de
Chartres. L'amiral signa, mais affirmera plus tard qu'il n'avait entendu que ga-
rantir ainsi le remboursement de la somme prêtée par Elisabeth. Lorsque, le
58 février, Throckmorton arriva à Caen, l'amiral était, à table avec tous ses capi-
taines qu'il fêtait ce jour-là; invité par lui, il y prit place. C'est durant ce re-
pas que fut apportée la lettre de d'Andelot annonçant la mort du duc de Guise.
L'amiral la reçut sans manifester la moindre émotion, et la transmit immédiate-
ment à la reine Elisabeth comme un simple accident et sans la moindre réflexion.
A la lettre de d'Andelot était jointe la déposition de Poltrot dont Catherine, s'en
servanteomme d'une arme, avait partout envoyé des copies. L'amiral ne pouvail
rester sous le coup de pareille accusation; il répond sur l'heure, article par ar-
ticle, à la déposition qui l'accusait, et c'est à Catherine qu'il adresse sa justifica-
tion. Niant ou avouant suivant le besoin de sa défense, il reconnaît tr qu'il a donné
de l'argent à Poltrot à deux reprises différentes; la première fois, 5o livres, lorsque
Soubise le lui envoya; la seconde fois. 3oo livres pour acheter un cheval, lorsqu'il
se rendait au camp du duc de Guise. Bien avant le tumulte d'Amboise, il avait
plusieurs fois averti la duchesse de Guise des attentats médités contre son époux:
depuis Vassy, il a tenu le duc comme ennemi de Dieu , du roi et du royaume; mais,
sur sa vie et son honneur, jamais il n'a approuvé qu'on attentât à sa personne;
depuis, ayant été averti que le duc et le maréchal Saint-André avaient cherché à
le faire assassiner, quand il a entendu dire à quelqu'un que, s'il le pouvait, il
tuerait le duc dans son camp, il ne l'en a point détourné, mais jamais il n'a re-
cherché ni sollicité personne à le faire, a II supplie Catherine de faire soigneu-
sement garder Poltrot, tr craignant que ceux du Parlement ne le voulussent faire
exécuter pour laisser à sa charge cette calomnie et procéder contre lui. t> En ter-
minant sa défense : «Ne pensez pas, Madame, ajoute-t-il, que ce que j'en dis,
soit pour regretter la mort de M. de Guise; j'estime que c'est le plus grand bien
qui pouvoit avenir à ce royaume et à l'Église de Dieu, et particulièrement à moi
et à toute ma maison; s'il plaît à Votre Majesté, ce sera le moyen pour mettre ce
royaume au repos, -n
cm INTRODUCTION.
Etienne Pasquier, un de ces neutres qui n'ont pas de parti pris et qui sont
comme l'écho de ce qui se dit autour d'eux, parlant du manifeste de l'amiral,
ne lui est guère favorable : «S'il n'avoue pas franchement, nous dit-il, avoir con-
senti à celte mort, aussi s'en défend-il si froidement, que ceux qui lui veulent
du bien , souhaiteroient ou que du tout il se fût tu, ou qu'il se fût mieux défendu lv»
D'Aubigné, parlant des confidences de son dessein que Poltrot prodiguait an\
chefs des protestants, se borne à dire que : «les langages qu'on lui tenoit sen-
toient le refus et donnoient le courage 2. n
L'ambassadeur Thomas Smith comprit bien vite quelle serait dans l'avenir la
portée et la conséquence de la déposition de Poltrot; c'est un des arguments dont
il se sert pour détourner d'Andelot du traité de paix : « Vous n'ignorez pas qu'ils
ont semé le bruit partout et de la bouche de la reine que Merey qui a tué le duc
a confessé l'avoir fait par le commandement de l'amiral et de vous, et par l'ex-
hortation de Théodore de Bèzo, et qu'il avait charge de vous-même de tuer la
reine et le roi, le cardinal de Ferrare et je ne sais quel autre; les esprits étant
ainsi prévenus, si quelqu'un des Guises en fait autant à 1 un de vous, tout le monde
jugera que c'est justice; ce que la maison de Guise souhaite le plus, c'est de vous
séparer de vos amis et alliés, et de vous sacrifier l'un après l'autre, soit par force
ou par trahison, n C'était fatalement prédire la Saint-Barthélémy3.
Le -2 mars, l'amiral entrait par composition dans le château de Gaen; la brèche
pratiquée était si petite que Catherine, qui la vit quelques mois plus tard, ne put
s'empêcher de dire qu'elle aurait pu être défendue par quelques servantes armées de
leurs balais. Les autres villes s'étant successivement soumises, l'amiral, à l'exception
de Rouen, de Cherbourg, de Granville et du Mont-Saint-Michel, était donc maître
de la Normandie. C'est à ce moment qu'il fut rappelé par Coudé à Orléans.
Le 18 mars, a la veille de quitter Caen, il envoie à la reine Elisabeth le sieur
du Chàtellier bien instruit crde toutes les occurences qui s'offrent4. i> Le 21 mai.
! Livre IV des heures, p. a5a, Paris, Laurent
Sonnius, 1 G -2 y .
' D'Aubigné, Histoire universelle , édit. de Maillé,
1626, in-fol., t. I, p. 176. Un écrivain protestant
auquel nous devons une récente et intéressante étude
sur Coligny, n'a pu s'empêcher de dire : n La gravité
de l'accusation l'a surpris; il se débat, il se rejette
en arrière de toute la force de sa vieille loyauté qui
proleste et s'indigne. Il a beau faire , elle est atteinte ,
et sa grandeur morale diminuée. * C'est ainsi qu'il
explique la tristesse profonde que causa h l'amiral la
guerre civile, tristesse qui ne le quittera jamais,
inconsciente parfois et inavouée, mais qui n'en sera
que plus poignante. ( Jules Teissier, Elude sur Cn-
ligny, Paris, Sandoz, 1873, p. 78.)
3 Calendar of State papers (1 563 ) , p. ao3.
1 De Bèze, qui s'est justilié lui-même d'avoir en
rien participé à ce crime, avait trop de pénétration
INTRODUCTION. CLï„
étant à Brives dans le Perche, il reçoit une lettre de Coudé qui lui annonce que
les conditions de la paix sont arrêtées. Sans perdre une heure, il en prévienl la
reine Elisabeth, ne lui cachant pas qu'il reste à prendre une résolution en ce qui
concerne l'Angleterre el l'autorité qu'aura le prince de Condé. Quant aux articles
du traité, ils sont à peu près les mêmes que ceux dont il lui a envoyé une copie
par le sieur du Châteilier1.
De cette lettre, il ressort donc que l'amiral avait reçu une copie du projet de
traité, qu'il l'a fait. passer à la reine parle sieur du Châteilier, et qu'en réalité- les
conditions qui viennent de lui être transmises diffèrent peu de celles dont la reine
a eu précédemment communication. Middlemore, l'envoyé d'Elisabeth, était aux
écoutes; une première fois à Mortagne, il demande a l'amiral de lui faire connaître
les conditions de la paix, car elles passaient pour être très défavorables aux An-
glais. L'amiral répond que tous les articles n'étaient pas définitivement arrêtés,
mais que, dans tous les cas, la reine d'Angleterre aurait satisfaction -.
Le 22 mars, l'amiral, au moment de quitter Brou, fait venir Middlemore et
lui dit qu'il vient de recevoir une lettre du prince de Condé pour la reine, qu'il
va l'envoyer sur-le-champ, et il l'invite à préparer ses dépêches, qu'il joindra aux
siennes ; Middlemore lui demandant s'il a quelque bonne nouvelle à trans-
mettre à la reine, l'amiral, plus réservé encore, quoiqu'il eût entre les mains
le traité, répond que le prince ne lui a écrit que pour ce qui le concernait per-
sonnellement; qu'il n'est en aucune manière fait mention de la reine, que,
d'ailleurs, on a remis d'en parler à son arrivée, et qu'au risque de sa vie il dira
librement son opinion. Middlemore, revenant sur la menace de l'expulsion des
étrangers, l'amiral lui répond qu'il en avait écrit à Condé, et il répète de nouveau
que la reine aurait lieu d'être satisfaite3.
Elisabeth ne se contenta pas de ces vagues promesses ; en répondant à Coligny,
elle lui remit sous les yeux les engagements que, par l'entremise deThrockmorton,
il avait pris dernièrement vis-à-vis d'elle, et elle en appella à l'honneur de Coudé.
pour ne pas s'apercevoir du côté dangereux de la voulu, quoi qu'il en deut advenir, que toute sa dé-
défense de l'amiral. C'est en ces termes qu'il cherchée claration fût ainsi rédigée par escript.» De Iîèze.
eu atténuer le mauvais effet: rr L'amiral, homme rond Histoire des églises 1 , édit. de Lille, i84i,
et vraiment entier, s'il y en a jamais en sa qualité.' t. Il, p. 186.
avait de lui-même répliqué que puis après adve- ' Calendar of State papers 1 1563 |, \>. ao5. —
nant confrontation, il confessoit quelque chose da- Voy. notre livre Le xn' siècle el les 1 (dois, p. i 1 '■).
vantage, il donnerait occasion de penser qu'encore Gakndar of State papers ( 1 563), p. 220.
n'auroit-il pas confessé toute la vérité, et avoit 3 Ibid., p. 226.
<:luh introduction.
L'amiral laissant" ses reîtres à deux lieues d'Orléans, y arriva le a3 mars. Déjà
sans tenir compte de sa supplique, Poltrot avait été exécuté. Il s'en plaignit vive-
ment à Catherine; pour se couvrir, elle n'aurait eu qu'à lui mettre sous les yeux
les lettres du président de Thon et celles de du Tillet. Tous deux, en effet, lui écri-
virent et à plusieurs reprises qu'inévitablement le peuple se soulèverait, envahirait
la prison et se ferait justice par ses mains, si l'exécution de Poltrot ne précédait
pas les funérailles du duc de Guise, et tous deux, après le supplice, affirmèrent
que le Parlement avait eu la main forcée.
De sa nature le peuple de Paris est d'humeur violente; il aime et déteste avec
le même emportement. H avait poursuivi de ses menaces, de ses malédictions, le
tombereau qui, de la conciergerie du Palais, traînait Poltrot à la place de
Grève; le lendemain vendredi, 19 mars, en vêtements de deuil, il avait suivi,
silencieux et morne, la dépouille mortelle du duc. Le samedi, 92 mars, il se
précipita en masse dans la nef de Notre-Dame, pour y entendre le frère Jacques
Le Hongre prononcer son oraison funèbre. Les paroles qui tombèrent du haut
•le la chaire n'étaient pas faites pour calmer des passions si vivement surex-
citées. L'orateur rappela à cette multitude frémissante qu'il y avait un an à pareil
jour que le duc de Guise était venu au secours de Paris, et maintenant il y ren-
trait mort; il rappela la journée de Renty, la défense de Metz, la reprise de
Calais, que les Anglais, ces anciens ennemis de la France, tenaient par usurpa-
tion depuis deux cent onze ans : ce Hélas, sécria-t-il , c'était bien loin de les intro-
duire au royaume de France l-n II rappela le siège de Rouen où le duc était monté
\è premier à l'assaut, la bataille de Dreux, sa douceur pour les soldats, sa pitié
pour les vaincus; le comparant à Macchabée, il lui appliqua cette parole de
saint Augustin : «Ce n'est pas la peine, mais c'est la cause qui fait le martyr w;
en souvenir de son père qui, en mourant, avait pardonné, il exhorta le prince
de Joinville à la clémence et à l'oubli; puis, se retournant vers cette multitude
dont les flots tumultueux remplissaient le vaste édifice : w Quant à vous, peuple
de Paris, exemplaire de notre religion, voyez combien ce bon prince vous a
aimés! Il vous a faits héritiers de son cœur; c'est pour vous donner à entendre
qu'ainsi qu'il a eu le cœur si ferme en les querelles et la cause de Dieu, vous
l'ayez aussi 1.i>
1 Le 0 mars, te président de Thou écrivait à vault h autre chose, sinon à faire crier et scanda-
Catherine : « Je vous supplie, Madame, qu'il soit tiser ce peuple qui dit qu'on veult le faire guarder
procédé au jugement du prisonnier; sa garde ne pour le faire desdire, et si ainsy estoist qu'il va»
.
INTRODI GTION. CL1S
Le souvenir de ces trois journées, la première de sang, les deux autres de
deuil, coûtera la -vie à plus d'un huguenot.
Coligny rentra à Orléans le 3 mars; dans les deux réunions du conseil du roi
qui suivirent son arrivée, el où il assista, il prit chaudement la défense de la liberté
religieuse; il obtint pour les réformés des temples dans trois villes par bailliage;
concession importante, puisque les prêches, par le nouvel édit, n'étaient autorisés
que dans les faubourgs; il obtint également que les gentilshommes de la prévôté
et de la vicomte de Paris jouiraient dans leurs maisons de la même liberté reli-
gieuse dont on userait ailleurs; ces concessions lui parurent sans doute suffisantes;
il dut s'en déclarer satisfait, puisque Middlemore éçrivaità Elisabeth : (tfamiral
trouve bien maintenant tout ce que naguère, en venant à Orléans, il repoussai!
si vivement, et il se contente des rigoureuses conditions acceptées par le prince
de Condé pendant son absence1. Le prince et lui m'ont dit qu'ils n'avaient encore
parlé que d'une manière générale à la reine mère des demandes de Voire Majesté.
mais j'ai des raisons de croire que c'est un point arrêté, car à chaque occasion
ils me font entendre que la reine mère et le conseil ne consentiront jamais a la
remise immédiate de Calais, mais maintiendront le terme fixé par le traité, offrant
d'en donner, s'il le faut, de plus fortes garanties, ce que j'ai refusé; v et il ajoute :
«Le 26 de ce mois, le prince m'a fait prévenir que, sur sa demande, la reine
mère venait d'appeler ici sir Thomas Smith pour prendre part à leurs délibéra-
tions, et m'a prié de préciser les conditions exigées par Votre Majesté; je les ai
sommairement rappelées : la remise de Calais, la réédification des places détruites
et la restitution des sommes avancées; il s'est récrié et m'a répondu que pour
Calais c'était impossible, qu'il aimait à croire que Votre Majesté s'en tiendrait a sa
première proclamation, dans laquelle elle avait déclaré quelle ne voulait venir en
aide qu'à la religion et au roi opprimé par des usurpateurs; si maintenant elle
riast, je vous laisse à penser ce que l'on pourroil
dire.» (Bibl. nat. fonds français, n° 6610, p. 1/1.)
Le 17 mars, il écrivait de nouveau à Ca'herine :
rrll a semble que l'on devoit surseoir la pompe du
corps mort du duc de Guise, jusques à ce que la
justice eust esté faicte du corps vivant de celuy
qui est en prison pour le parricide par luy [ira-'
ditoirement et inhumainement commis, et de faict
il a esté ainsi ordonné par crainte de veoir le
plus grand trouble et scandale qui oneques advint
en ceste ville de Paris, dont plusieurs de la court du
Parlement ont bien voulu -.jus advertir et envoyer
personnage exprès devers vous pour cesl effect, et
de ma part, je vous ay bien voulu espripre parlicu
fièrement, vous suppliant vouloir croyre qu
crierîe sur ce prisonnier est bien mille fois plu
grande que je ne le poqrrois dire et que, votre ré
ponse vue, la conclusion et résolution est prise de
faire bonne et prompte justice. i (Ibid.) Yov. dans
le même volume les Lettres de du Tillel à Catherine,
1 Voy. dans le Calendar of State papers ( 1 563 1
les lettres de Middelmore, p. a44, ->i6.
\
INTRODUCTION.
voulait garder le Havre jusqu'à la remise de Calais, témoignant ainsi qu'elle n'a
eu en vue, ni l'intérêt de la religion, ni la cause du roi, mais ses propres avan-
tages, ce serait un grand discrédit pour la cause de la religion, pour elle une
grande défaveur, peut-être l'occasion de la perte de Calais pour toujours, et pour
lui-même ce serait une grande disgrâce, un tel déshonneur qu'il ne pourrait plus
lever la tête ni rendre aucun office à la reine. L'amiral était présent à l'entretien,
et en tout point il a tenu le même langage. •» Le lendemain, l'amiral et Condé
firent demander à Middlemore communication des instructions de Throckmorton
et des réponses qui y avaient été faites; après en avoir pris connaissance, ils eurent
avec lui une nouvelle entrevue et lui annoncèrent tout d'abord le prochain départ
pour Londres de Briquemault, que la reine Elisabeth connaissait de vieille date
et qui était chargé d'insister auprès d'elle pour obtenir qu'elle renonçât pour le
moment à la reddition de Calais, et se contentât de quelque autre garantie; une
concession de sa part permettrait de mener à bonne fin une alliance entre les
deux royaumes; Middlemore répondit que la meilleure voie pour y parvenir, c'était
de tenir ses engagements'.
Smith ne sera pas plus heureux dans sa négociation. Catherine le reçut avec
plus de courtoisie qu'elle ne l'avait fait auparavant; aux félicitations qu'il lui
adressa pour la paix, elle répondit qu'elle ne doutait pas qu'il n'en fût aussi dé-
sireux qu'elle. Smith lui ayant manifesté le désir de parler au prince de Condé,
qu'il n'avait jamais eu l'honneur de voir, quoiqu'il n'eût pour lui aucune commis-
sion de la reine sa maîtresse2 : ce Ce n'en sera que mieux, -n reprit-elle, et le conné-
table, qui était présent, dit de même. Il lui demanda encore si, aujourd'hui que
tout était pacifié, elle était dans l'intention de donner satisfaction à la reine, elle
répliqua : ttAvez-vous un pouvoir particulier pour m'en entretenir ?? crNon, reprit
Smith, je n'ai que le pouvoir général qu'ont tous les ambassadeurs, mais l'objet
de ma demande est bien connu, -n et Est-il vrai, reprit-elle, que votre maîtresse se
contentera de l'ancien traité et nous rendra le Havre? n Smith répondit qu'il était
opportun et convenable de remplir d'abord les clauses de ce traité : et Bien, dit-
elle; si votre maîtresse ne réclame que ce qui lui est dû, elle sera satisfaite, n II.
répondit qu'elle ne prétendait qu'à son droit, et que cependant elle avait lieu de
se plaindre de ce qu'on retenait certains vaisseaux marchands sous le prétexte
qu'on était en guerre : et Est-ce que garder le Havre n'est pas un cas de guerre,
Calcndar of State papers (i503), p. \ihb. — ' Ibi'L, p. a5o.
INTRODUCTION.
répliqua Catherine? Finissons-en avec les grandes affaires, ajouta-t-elle , le reste
sera facile à traiter, d L'ambassadeur observant qu'il fallail savoir à quoi s'en tenir,
et déclarer en définitive si on voulait ou la paix ou la guerre: a Nous voulons la
paix, lui dit-elle, et puisque vous désirez voir le prince de Condé, causez-en avec
lui.- Sur cette dernière parole, elle rompit l'entretien '.
Catherine était dans son rôle: voyant les défiances d'Elisabeth s'accroître, son
ressentiment grandir contre Condé et l'amiral, spectatrice impassible de cette que-
relle dont elle entendait bien recueillir les fruits, ne s'y mêlant que pour l'enve-
nimer, elle les laissera se débattre et récriminer jusqu'au moment où elle pourra
se retourner contre l'Angleterre avec toutes les forces de la France. Sur son invi-
tation, Smith alla donc coucher cette nuit-là à Orléans, et après souper, il se
rendit au logis de Condé qui était tout à la fois gouverneur de la ville et lieute-
nant général de toutes les forces du camp; il n'y eut de présent à l'entretien que
l'amiral. Condé, avec cette faconde et cette manière chaleureuse de dire que ne
put s'empêcher d'admirer Smith, rappela tout ce que la reine avait fait pour leur
cause; mais ayant été si longtemps prisonnier, et l'amiral ayant eu auprès de lui
Throckmorton avec lequel il était resté depuis en correspondance , il serait plus à
même que lui de savoir ce qui s'était passé et d'y répondre avec plus d'exactitude;
c'était habilement mettre à couvert sa responsabilité. L'amiral prit la parole : il
îappela les entretiens qu'il avait eus avec Middlemore d'abord, puis avec Tbrock-
morton: il rappela que la reine Elisabeth l'avait tout dernièrement vivement en-
gagé à traiter, car les charges de la guerre étaient devenues trop lourdes pour
qu'elle pût continuer à les supporter à elle seule; en réalité, ils n'ont donc fait
qu'obtempérer à ses désirs si nettement exprimés; d'ailleurs, ils ne lui ont rien
laissé ignorer des négociations entamées, et ont ainsi rempli vis-à-vis d'elle tous
leurs engagements. Que pouvait répondre l'ambassadeur? Il fit appel à leur hon-
neur; ils connaissaient bien les droits de la reine sa maîtresse, elle ne voulait que
Calais, et quant au reste, on se mettrait bien vite d'accord; tous deux répondirent
spontanément qu'ils ne se reconnaissaient pas le droit de livrer aucune des villes
de France ; que le roi seul et la reine en avaient le pouvoir. L'ambassadeur, énii-
mérant les divers motifs pour lesquels la reine leur était venue en aide, insista de
nouveau sur le droit formel qu'elle avait sur Calais, et se reporta au mémoire
qu'il avait remis à la reine mère le 19 décembre dernier; le prince et l'amiral
1 Voyez ia lettre de Smith à Elisabeth dans le Calendar of State papers (1 5G3 ) , p. q5o.
Catherine de Médicis. — i. u
,;,a,i INTRODUCTION.
lui demandèrent s'il en avait apporté avec lui une copie; et sur sa réponse néga-
tive, la conférence fut remise1.
Le lendemain, 98 mars, qui était un dimanche, l'amiral, le prince et leurs ca-
pitaines se rendirent à l'église Sainte-Croix; de Bèze prit la parole; il leur remit
sous les yeux qu'à pareil jour, l'année d'auparavant, ils avaient tous fait la cène à
Meaux; maintenant ils allaient se séparer, mais après avoir conquis leur liberté
religieuse, pas aussi étendue pourtant qu'ils l'avaient désirée; il ne fallait pas moins
en rendre grâces à Dieu. Six mille personnes prirent part à la cène, ce fut comme
l'adieu de de Bèze; il quitta Orléans et la France, désapprouvant les concessions
faites par les siens. Smith dîna ce jour-là avec le prince, l'amiral, d'Andelot et la
Rochefoucauld, et après dîner l'entretien se reprit; les questions et les réponses
ne varièrent guère : Smith insistant pour que la reine sa maîtresse fût égale-
ment satisfaite, puisqu'ils l'étaient eux-mêmes, l'amiral demanda à Smith dans
les termes les plus vifs à quel titre et pour quelle cause les iVnglais étalent entrés
au Havre, et si ce n'avait pas été uniquement pour la défense de la religion et la
sûreté de ceux qui la pratiquaient. Smith répliqua qu'il n'était pas au Havre,
et qu'ainsi il ne pouvait pas connaître à quelles conditions les forces de la reine
y étaient entrées, ni quelles conventions avaient pu être faites. Le point en litige
et sur lequel insista l'amiral, c'était d'établir que la clause de la restitution de
Calais n'avait pas été insérée dans la proclamation imprimée à Orléans. Au dire de
Smith, elle avait été mise en marge de l'original, et si la proclamation imprimée
à Orléans n'en avait pas fait mention , c'était par oubli. La discussion s'aigrit :
l'amiral , tout en protestant de leur reconnaissance, déclara que s'ils livraient
maintenant Calais, ou si la reine gardait encore le Havre, ce serait à jamais sur
leur nom une note d'infamie, non seulement dans ce siècle, mais dans l'histoire:
Smith observant qu'il n'y avait pas plus d'infamie à rendre Calais qu'à restituer
les villes du Piémont : s Je l'accorde, reprit l'amiral, mais le temps n'en est pas
venu.; la reine aura Calais, mais ne peut-elle pas attendre sous bonne garantie ?-
A cela, Smith échauffé par la discussion , répondit : tr Quelle assurance peut-on at-
tendre des Français qui ne tiennent ni promesse, ni traité, ni rien qui puisse les
lier? nous n'avons qu'à garder ce que nous tenons et en appeler aux armes; avec
les Français, c'est la seule assurance certaine2.')!
Le ier avril, Smith revit encore le prince de Condé et l'amiral, mais cette fois
\ >yez la lettre de Smith à Elisabeth dans le Galendar 0/ State papers (i563), p. a5i. — ! Ibid..
[). -2Ô3 et suiv.
INTRODUCTION. clxiii
séparément; Condé, pour échapper à la discussion, mit en a\anl des propositions
chimériques; il proposa de marier Charles IX avec la reine; Smith lui répliqua
qu'une union si disproportionnée ferait dire de la reine ce qu'on, avait dit de sa
sœur la reine Marie, qu'elle étail la grand'mère du roi son époux1; ce n'était vrai-
ment pas sérieux . et l'amiral, lorsque Smith vint le retrouver, en quittant Coudé.
le reconnut lui-même; il annonça à Smith que le départ de Briquemault pour
I \ngleterre était fixé au lendemain; puis, il revint avec amertume sur le passé :
s'il avait pu avoir seulement treize jours plus lût le subside promis, ils ne se se-
raient pas contentés de l'accord qu'ils avaient été forcés d'accepter; sans aucun
doute, il aurait fait lever à Guise le siège d'Orléans, imposé d'autres conditions,
>'t maîtres de la situation, ils auraient pu répondre tout autrement aux demandes
de la reine qu'ils ne le font aujourd'hui; mais, dans l'état des choses, il espérait
qu'elle voudrait bien se contenter de leurs offres. Cette réponse arrachée par les
entraînements de la discussion, montre bien quels dangers menaçaient la France,
si Catherine n'avait pas traité coûte que coûte avec Condé.
_ C'est à la paix d'Amboise que s'arrête ce premier volume de la correspondance
de Catherine de Médicis; il renferme les lettres qu'elle a écrites durant trente
années. Les volumes suivants comprendront les lettres des vingt-cinq dernières
années de sa vie, années plus remplies, plus attristées encore par les passions
religieuses et les guerres civiles, mais cette première période a un caractère tout
particulier : Catherine s*y montre à nous sous plusieurs aspects peu connus et qui
méritaient d'être étudiés à part. '
Dans cette introduction nous avons donc été amené à rechercher les influences
qui dans sa jeunesse ont pu réagir sur son caractère, les impressions qu'elle ressentit
des événements où elle se trouva mêlée, et les souvenirs qu'elle emporta d'Italie.
Sous François Ier, nous avons suivi ses premiers pas à la cour, nous l'avons
montrée se ménageant l'appui de Marguerite d'Angoulème et de la duchessr
d'Etampes, à force d'habileté se faisant admettre dans l'intimité de François I' .
s'y affermissant et gagnant si bien sou affection, que ce sera sa meilleure sauve-
garde pour détourner la menace d'une répudiation.
Sous Henri II, reléguée au second rang par l'ambition jalouse de Diane de
Poitiers, elle se renferme dans ses devoirs d'épouse soumise et de mère dévouée,
et se consacre Uniquement aux soins de ses enfants; appelée momentanément
comme régente au gouvernement de la France, elle est mise de nouveau à l'écart
' Voyez la lettre de Smith à Elisabeth dans te Calendar of State papers (i563), p. afi3.
exuv INTRODUCTION.
pour y avoir peut-être révélé de trop grandes aptitudes, et une supériorité mar-
quée; enfin elle ne reparaît sur la scène qu'après le désastre de Saint-Quentin;
quand tous désespéraient elle rend du cœur à Paris, arrache par son éloquence
un subside au Parlement, et en un seul jour ramène à elle l'opinion publique.
Sous François II, privée peu à peu de toute influence par les Guises, elle reprend
à Amboise la part d'autorité qu'elle ambitionnait; elle demande conseil à Coligny,
lait venir du Piémont L'Hospilal, et s'associe aux premières mesures de tolérance
religieuse; puis par un de ces brusques changements dont elle était coutumière,
elle se rejette du côté des Guises, et les aide à attirer les Bourbons à Orléans;
enfin au moment où l'arrêt de mort contre Condé allait être rendu, surprise par
la maladie du jeune roi, mais non déconcertée, elle revient au roi de Navarre,
rappelle à Orléans Coligny et le connétable, et le lendemain de la mort de Fran-
çois II, s'aidant de leur influence, elle s'empare de cette suprême autorité, le but
de sa vie, et que jusqu'alors elle n'avait pu atteindre.
Sous Charles IX, elle est tout d'abord en lutte avec les compétitions am-
bitieuses qui s'agitaient autour d'elle et qu'elle neutralisait les unes par les
autres; mais forte de cette conviction qu'elle eut toujours, que de la pacification
religieuse dépendait l'apaisement politique, elle essaye de la transaction tour à
tour par l'édit d'avril, le colloque de Poissy et ledit de janvier; elle résiste aux
remontrances de l'Espagne , et pour se soustraire à la domination des triumvirs ,
elle fait appel à Condé et implore son appui pour elle et ses enfants. Après Vassy,
ramenée par les triumvirs à Paris, elle leur échappe bientôt pour aller à Mon-
ceaux tenter de nouvelles négociations avec ceux d'Orléans; à l'entrevue de
ïoury elle fait de vains efforts en faveur de la paix; au retour du siège de Rouen,
et presque à la veille de la bataille de Dreux, elle essaye une dernière fois de
traiter avec Condé sous les murs de Paris; enfin lorsque, après la mort du roi de
Navarre et du maréchal de Saint-André, l'assassinat du duc de Guise lui a laissé
le champ libre, elle arrache à l'impatience et à l'ambition de Condé cette paix
d'Amboise qui a sauvé la France de la ruine et d'un démembrement.
Dans une lettre au cardinal de Lorraine, elle en a résumé les tristes nécessités:
nous ne pouvons mieux finir qu'en lui empruntant ce passage : a Nous avons vu,
lui dit-elle, tant de mal se préparer à l'entière ruine de ce royaume par les levées
qui se faisoient pour les autres en Allemagne, les menaces de ceux de l'Empire sur
la restitution de Metz1, dont nous ne savons encore ce qui sortira, les Anglois
' Cakndar of State pnpcrs (i563), p. a63.
INTRODUCTION. ci.xn
étendre m avant leurs desseins, que déjà la basse Normandie étoii quasi à leur
dévotion1. le château de Caen perdu, notre royaume plus épuisé, comme vous
pouvez savoir, nos amis si froids et dont les desseins sont aussi à craindre'2; tout
cela amassé' ensemble et mis en bonne considération, a été cause qu'il valoil mieux
conserver le roi et le royaume que de l'exposer à un apparent et véritable danger
par l'introduction de tant d'étrangers3.-^
M. Guizol a donc eu raison de dire : tr Si au point de vue moral un ne saurait
juger Catherine de Médicis trop sévèrement, à travers tant de vices, elle eut (1rs
mérites; elle prit à cœur la ro\aulé et la France; elle défendit de son mieux,
contre les Guises et l'Espagne, l'indépendance de l'une et de l'autre, ne voulant
les livrer ni aux partis extrêmes ni à l'étranger 4. n
1 Au moment où Coligny quittait la Normandie,
Elisabeth lui avait fait" offrir par Throckmorton
d'en devenir lieutenant générât , s'en réservant pour
elle la souveraineté'. (Instructions de Throckmor-
ton, Calcndar of State papers , l563, p. ia5.) Le
•20 juin i566, Bellièvre, alors notre ambassadeur
en Suisse, écrivait de Soleure à M. <le MorvUliers,
à l'occasion de la possibilité' d'une guerre avec l'Em-
pire pour la possession de Metz : *Nous sommes as-
seurés, disait-il. de n'avoir point d'Allemands à
notre secours, et les ayant, nous ne nous y devons
• fier pour l'infidélité qui est en cette nation. Nous
serions asseurés que l'Angleterre n'oublieroit pour
celte occasion de poursuivre la querelle de Calais; -
et il ajoute: it Philippe II est maître de l'Italie et nous
pourra assaillir avec les forces de celle province el
s'il nous suscite la querelle de Metz et de Calais.
nos ennemis seront redouble's. Les Snisses nous
restant, nous pourrions lutter, estant cette nation
presque toujours invincible.- i Biblioth. nat.. fonds
français, n° 15890.)
' Elle fait allusion à Philippe II qui , dans un
entretien qu'il eut avec Challoner, l'ambassadem
d'Angleterre en Espagne, avait admis la légitimité
du droit d Elisabeth à garder le Havre en garantie
de la remise de Calais. ( Calendar of State papers .
1 563 . p. 54i.)
V
ov. p. 54o .
lettre de Catherine,
" .Guizot, introduction à I1 Histoire de lu foin
delà république des Provinces-Unies, p. lxvvii.
LISTE
DES
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LETTRES
DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1533. — 2 septembre.
Copié. Bibl. nat. fonds Dupuy, ms. 186, f 43.
H DEC D'ALBANY'.
Monseigneur mon oncle, j'ay receu une
lettre que m'avese envoyé par Monsr le cont
de Tunarra2, mon bon parent, lequel me
diel plusieures choses que nie sont estez forte
agréables, et les liens en mon cueur avec les
lettres de mon maistre le Roy, nostre sire, et
lé présens qu'il m'a envoyez contenant la pri-
mer lettre du nom de Monsr d'Orliense son fdz
et mon mary. de quoy je le marcy grande-
ment à nostre sire le Roy et à son lilz Mons"
d'Orliense et anchore à vous, mon oncle et
1 Jean Sluart, petit-fils de Jacques II. ici d'Ecosse,
né en France en î i 82 , nommé régent d'Ecosse durant
la minorité de Jacques V, mort le 9 juin i536, ne lais-
sant point d'enfants d'Anne de la Tour d'Auvergne, com-
tesse d'Auvergne, tante de Catherine de Médicis. —
Voy. Relations de la France et de l'Ecosse, publiées par
Teulet, 1. 1, p. 79; Lettres du duc d'Albany au Roi, Bihl.
nat.f.fr. vol. 807^: Francisque Michel, Les Ecossais en
France, 1. I , p. 33^ et suiv.
- Sans doute Carrara, Laurent Cyho, neveu des deux
papes Innocent VIII et Léon X. qui épousa l'héritière
de Massa et de Carrare; ce fut lui qui porta au duc d'Or-
léans les présents que luiemoyait le Saint-Père.
1 1 : h 1. m \ f. ne Médicis. — i.
père; et pour vous fare entendre de nous no-
vclles, nous partime hière de Florense et à
jorduy sommes venusàPistoye1, où nous avons
trové Monsr le cont de Tunarra mon parenl
desus dict; demain à soir, plaisant à Dieu.
nous alogerons à Lucha, jeudy venant à Pelra
sancta et vendredy à Massa avec Mous' Reve-
rendissimo Cardinale de Cibo2. Samedy j'ay
espérance de vous parler à la Spase3, où là
après ousy comme il \ous plara. Le présent
porteur sara Raptiste4, lequel vous coulera de
bouche plus à plein; ausy nous ataudons res-
ponse de vous par ung nostre homme q le-
peschimes dy'manche.
Et à voslre bone grâce louljours me recom-
mande.
1 Elle \ passa un jour dans la maison de Gualtieri
Panciatichi. — Voy. de Reamont., La jeunesse de Catl
de Médicis, Irad. par Armand llaschet, p. 187.
- Innocent Cyho. — Voy. Sansovino, Origm
famiglie illustri, édit, de Venise, i65o, p. i55
'■■ La Spezzia.
1 Jean-Raptiste de Gondi, né le 10 novembre 1Ô01 ;
il se lit naturaliser Français et épousa, en l558, Made-
I ine Buonariti, dam" d'atour de Catherine de Médicis.
veuve de Louis Alamanni, poète distingué, dont Catherine
avait fait un de ses maîtres d'hôtel. — Voy. Corbinelli,
Histoire généalogique de la maison île Gondi, I. I. p. a45.
2 LETTRES DE CATH
Escripl à Pisloye, le deusième jour de sep-
tembre 1 533.
Figliola et nipote,
Catemna Medici.
A Monseigneur Monseigneur et oncle, mon père le Duc
d'Albanye.
1533.
septembre.
Orig. Bibl. ont. fonds Dupuy, ms. 486, I* 55.
W DUC D'ALBANY.
Illuslrissimo et eccellentissimo signore mio
osservandissimo,ho înteso, non perô da certo
au tore, che le navi che furono lasciate alla
Spetia son mal capitale et Venu te in man de
le fuste di Barbarossa1, il che essendo, che
Dio nol vogli, certo, ne havrei grandissimo
dispiacere, et pero supplico V. Eccellenza
ch' ella me ne dio notitia sapeudone cosa
certa.
Et perche intendo ch' el capitan Gianazo ha
un taniburino che suona inolto beue queste
danze francesi, et desiderando io haverlo
presso di me, la prego che per amor mio gli
Io vogli domandare et mandarmelo, che me
ne fara gratia singulare. Ne mi accade dirle
altro, se non che la signora duchessa di Ca-
uierino2, la signora Maria 3 el io ci racomman-
' Kliaïr-Edyn, «lit Chérédin ou Hariadan, connu sous
le nom de Barberousse; en i»i8, il succéda à son frère
Aroudj sur le liône d'Alger, devint, en i 536, capitan
pacha , et mourut à Goostanlinople en juillet î ô 'ili. Bran-
tôme lui a consacré un article. — Voy. Brantôme, édll.
.le I,. Lalanne, t. II, p. 67, et P. Jove, liv. XXXIII.
2 Catherine Cyho, épouse de Jean-Marie Varan©, duc
de Camerino. (Sansovino, Origine délia famiglie d'italia.)
— Voy. sa lettre à la duchesse de Mantoue, pour la prier
de faire broder à Mantoue les robes et parements de la
fiancée, dans la Jeunesse de Catherine, trad. par Armand
Baschet, p. 392.
3 Marie Salviati de Mediris, fille de Jacques Salviati
1 de Lucrèce de Médicis, sœur de Léon X, veuve en
i5aC de Jean de Médicis, chef des bandes noires, et
mère de Côme, premier grand-duc de Florence.
EBINE DE MEDICIS.
danio a V. Eccellenza et a Monsignore di Si-
rignano. La signora Maria rende infinité gralie
de le gran cortesie cbe le uso in galea, el dire
che se s'inconlra cou le fuste la fara molto
maie, poi ch'ella ne e fuori con noi altre si
ralenti cavalière.
Di Niza, il xu di septembre del 1 533.
(De sa main) : E a V. Exa mi racomando e
pregola si degni racomandarmi al signore
conte di Tenda '.
Di vostra Ex1.
Figlia,
Cateriha Medici -.
Mio 111"° et Ecc"" S. mio osser"" il S. Ducua <li Albani.
1533. — i4 septembre.
Aul. Archives «le Turin.
V LA DUCHESSE DE SAVOIE'.
Ho visto quanlo Vostra Eccellenza in una
sua mi scrive, et anche inteso quanlo il gran
Scudiero a bocca in suo nome mi ha riferto,
et perquesta mia le rendo infinitissime gratie
de la sua amorevoleza et gran cortesia, et certo
ne le resto con perpétua obligalione; el qui
per sua gratia sliamo assai cominodainente el
bene, el non ci manca cosa alcuna. Ne mi oc-
correndo dirle altro, di continuo me le rac-
com.man.do.
Di Nizza, il i h di septembre del î 533.
Corne figlia,
Caterina Medici.
Alla lllustrissiuia Eccellentissima Sij;nora mia osserran-
dissima la Signora Ducbessa di Savoia.
1 Claude de Savoie, comte de Tende et de Somme-
rive, fils aine de René de Savoie et d'Anne Lascaris,
gouverneur el grand sénéchal de Provence, mort le
a3 avril i5lil>. — Voy. Bouche, H«»t. de Provence, t. Il .
p. io47.
- Elle axait d'abord écrit Medei, puis elle a ajouté l'i
oublié, que, par erreur, elle a placé avant le </.
3 Béalrix de Portugal, fille de Ferdinand, roi d Ara-
1533. — 3 décembn
B : ! h. il. fonds Dupuj . iris. 486, f° 79
U 1>1 C D'ALBANY.
Signore, questa sola per fare inlendere a
Vostra Eccellenza corne io liogran voglia d'in-
tendere nove di vostra Eccellenza, perche lio
micssu che I' Eccellenza \oslra m sentiva un
poco |)iu maie che non aveva avulo a Marsilia,
c pero io li mando Batista ' per saperne la
verita, e pregola che si degni qualche volta
Parmi sapere coine si porta; ne altro; a vostra
Eccellenza mi racomando.
Di Gremius2, ali m di décembre m d xxxiii.
Di Vostra Eccellenza,
Obediente figlia,
Caterina.
Ail' lli",J et Eccm0 Sig" 11 Sig°' Duca d'Albania paire os-
ser°°, etc.
( 1536. — août.)
Aut. Bilil. oat. fonds français, n° 3iao, f° 37.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE Glt.YN MESTRE3.
Mon conpère, j'é reseu à nuyt voslre letre
par le quele é antandeu coman Madame la
cran métrese ' el acuchée, de quoye j'é e'té bien
ayse, quant j'é veu que me mandyé que je le
tvnse voslre figle5, car je avès'granl peur de
ne le tenyr po'ynt; et osis, mon conpère,
gon et de Naples, et de Jeanne, reine de Sicile, morte
le 8 janvier 1 538.
1 Baptiste de Gondi , cite pins haut, p. !.
- Gremieux (Loire).
3 Anne de Montmorency, maréchal de France, le
G août 1022, après la bataille de la Bicoque, gouverneur
du Languedoc, par lettres du 36 mars iôa6, connétable
le 10 lévrier i538, tué à la bataille de Saint-De'nis en
1 5 1 i 7 .
■ Madeleine de Savoie, troisième fille de Hem légi
lime de Savoie.
5 Ce doit être ou Anne ou Louise de Montmorency.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 3
gardé li\en que Monsigneur ' ui^r l'ase poynl
de mal, car j'é beuj dire qui tonbil l'otre
jeur et qui sel quiudé2 afoler.
Je vous prie, gardé le byen . que seré la
lin, me racomandant bien fort à vous.
\ ostre bonne cousine el comère,
Caterime3.
1538. — ao janvier.
Orig. A i . li. d« MWicis, dalla Blzo A736, nuova onmerazione , p. 1.
AL SIGNORE MIO CmiNO
IL SIGNOR COS1MO DE MEDIG1
Signor cugino mio charissimo, havendo
cognosciuto sempre Mess. Andréa Ri nier i di
bona mente verso la bona memoria di mio
fratello5, et al présente molto servitore di
1 Le duc d'Orléans étant devenu Dauphin par la mort
de son frère aîné François, mort le 1 2 août 1 536, obtinl
de François 1" la permission de rejoindre Montmorency
au camp d'Avignon et de faire la campagne sous ses
ordres. Catherine, dans relie lettre, y fait allusion et re-
commande le duc, son époux, aux bons soins du grand
maître.
5 Quiudé afoler, pensé se blesser.
3 Ce n'est pas la première lettre que Catherine écri
vait au grand maître; en voici une autographe et sans
date qui lui est antérieure.
n \ mon Cousyn monsyenr le gran mestre,
" «Mon cousin, j'é. receu la letre que m'avés eterypte,
vous aceurant que m'avés l'ayt le pleus grant plésyr quj
let posibyle, é vous veo pryer de me fayre à cavoyr dé
' noveles, et que ne m'esecripvié pleus en syrimonye (cé-
rémonie), car vous savés byen que se net pas à moy à
quy l'an fo (faut) fère.que cere la fin, me racomandant
byen fort à vous. s
«Voslre bonne cousyne.
«Catebine.»
(Bibl. nul. fonds français, 11" 3aga , f* 72.)
1 Fils de Jean de Médicis, chef des bandes noires,
et de Marie Salviati, né à Florence, le 11 juin i5icj,
élevé à Rome avec Catherine de Médicis , et , après l'assas-
sinat d'Alexandre de Médicis, devenu duc de Florence,
le 9 janvier 1.537, créé grand-duc de Toscane par Pie V,
le 1" septembre i56g, mort en avril 1 5 7 'i .
5 Alexandre de Médicis, assassiné' par Lorenzino de
Médicis, fils de Pier-Lorenzo.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Vostra Signoria, non posso lare non glie ne
raccomandi strectamente, che oltre alla fede
che ha in Vostra Signoria, che veramente da
([ueila riconosce la vita et la roba, li pincera
anchora per araor inio liaverlo per raccoman-
dato in tutle le sue occurrentie, cerlificando
([iiella me ne farà piacer singuiare, et offeren-
domi a Vostra Signoria.
Di Lione, alli \x gennajo MDXXivij.
Di V. S.
Vostra bona cougina,
Caterine.
1539. — i" août.
Orig. Arcli. des Médicis , dalla Jîlza &72G, nuova "inimerazione, p. 3.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
.Mon cousin, j'ay en ma maison ung gen-
tilhomme de la Duché d'Urbin, nommé Jehan
André, lequel s'employe chacun jour à me faire
service, de sorte que je me sens grandement
obligée de le recongnoislre tant envers luy que
les siens; et pour ce qu'il a ung sien frère
appelle Jehan Bernardino, homme de bien el
féable ', qui mérite d'estre recuilly en bon lieu
pour les vertus et honnestetéz qui sont en
luy; à ceste cause, mon cousin, pour le désir
que j'ay de luy aider, aussi sachant que tous
reulx de leur maison se sont, de tous temps,
monslrez bons serviteurs de la nostre, cela me
l'ait vous escripre, pour vous pryer bien fort
voulloir, pour l'amour et en faveur de moy,
prandre et recepvoir avec vous le dit Jehan
Bernardino pour vous servir de chambryer,
I ayant pour recommandé en tout ce qu'il vous
sera possible. Et en recompence vous povez
estre asseuré, mon cousin, que me trouverez
tousjours en bonne volunlé de faire pour vous
1 Fidèle.
ce que je pourray en tous ces endroits où me
vouldrez employer, aydantle Créateur, lequel
je prye vous donner ce que plus désirez.
Escript à Chantilly, ce premier jour d'aoust
i539.
(De sa main) : Io penso che Vostra Signio-
ria per amor mio non farà difficulté de pilliare
queslo gentilomo al suo servitio, ma per questo
non vo'restare de novo de pregarnele, el sicu-
rare Vostra Signioria che, in qualche allra
cosa, che io li farà tutti li apiaceri che a me
sera posibile.
Vostre bonne cousine
Catebine.
1 54 1. — 8 juin.
Orig. Arch. des Médicis, dalla lilza 6736, nuova numerazione , p. 8.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, estant advertie que Messire
Amerigo Bency s'en vouloit retourner à Flo-
rence, je ne l'ay pas voulu laisser aller sans
vous porter de mes lettres, pour vous advertir,
que, pour le présent, ne scauroys avoir plus
grant contentement que si cognoissiez la bonne
volunté que j'ay de vous faire p'aysir, ainsi
que pourrez plus particulièrement entendre
du dit Bency. Messire Jacques de Turcelly, mon
aulmosnier, m'a bien faict entendre la grande
affection que luy avez monstrée pour l'amour
de moy et ce que vous luy avez promys faire
pour son nepveu à ma contemplation. Je vous
prie , mon cousin, advenant l'occurrence, à
vostre commodité, en avoir souvenance, qui
sera l'endroict où je me voys1 recommander à
vous et à ma cousine vostre femme2. Priant
1 Vais.
■ Eléooore de Tolède, fille de Pierre Alvarez de To-
lède, vice-roi de Naples, second fils de Frédéric de To-
lède, duc d'Allié, morte à Pise, le 18 décembre i56a.
LETTT.ES DE CATIIHI'.IU'. DE MEDICIS.
Dieu vous donner, mon cousin , ce que désirez.
Escripf à Chastellerault, le viij" jour de juing
MV.cl\LI.
\ ostre bonne cousyne,
Caterine.
Bertalds1.
I 541. — Septembre.
Irch.das Médicis, dalla ûlza £721», nuova uamcrazione , p. 1 17.
A MOS 1:01 SIS
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, Manuel Riccio , marchant ge-
nevois2, nous a faicl entendre comme il avoit
envoyé en Italie Dominico Pallavicino Roccha,
son facteur,- avec une certaine quantité de ba-
gues et joyaulx à luy aparlenans, pour les y
vendre et débiter, ainsi que marchans ont
accoustumé 1ère, et en ce le mauvais devoir et
office que le dict facteur avoit usé envers luy,
qui. en lieu de vendre et débiter icelles bagues
au plus offrant et dernier enchérisseur pour
en recouvrer promptement les deniers, les
auroit engaigez cà et là à plusieurs personnes,
entre autres une partie à Bernardo Veccietli.
Surquo\ le dict lliccio, estant deuementaverty,
a eu main mise et arresl , offrant au dict Vec-
cietti les deniers qu'il dit avoir prestéz au dict
facteur sur icelles bagues; et oultre luy offre de
bailler bonne et suffisante caution, si besoing
en est, et pour tous les dommaiges intérestz,
qui, pour ce, luy pounoienf advenir, pourveu
qu'il ait aussi délivrance de ses dictes bagues
et joyaulx qui sont es mains du dict Veccietli,
ce que me semble estre raisonnable. A ceste
1 ^"5- P- 9-— «Un bon de cent livres tournois est dé-
livré le 10 scplemlirc i537 à Rend Bertauld . «pour avoir
-servy les moys d'avril eljuinjj en plusieurs voyages, en
"son état et office, n ( Bibl. nat. fonds français, ms. 3 120,
P i3a.)
2 Génois.
cause, sur la requeste que le dict Riccio nous en
a faille, nous \011s avons bien voullu escrire la
présente, pour le désir que nous avons de lesou-
laiger en ses affaires; vous priant , autantaffec-
tueusemenl que l'aire pouvons , luy vouloir l'ère
ou faire 1ère droit el bonne justice à ce requise,
et que verrez estre à l'ère, l'ayant en ce, pour
l'amour de moy, pour singulièremenl recom-
mandé. En quoy faisant, oultre l'obligation
perpétuelle qu'il en aura à jamais envers unis,
vous nous ferez très agréable plaisir. Qui est
l'endroit où je prye Dieu vous donner, mon
cousin, en prospérité accomplissement de vos
désirs.
De Fontainebleau, ce... jour de septembre
16&1.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1542.
1 •> juin.
Ori(j. Arch. des Méilicis (cartons des couvents supprimés),
n" 91, filza 100 , n° a.
A MADAME DES MURATTES
DE FLORENCE '.
Madame des Murales, avant Francisque le
Peîlisse. présent porteur, si à propos qu'il s'en
va par delà, il m'a esté grant plaisir pour le
désir que j'avons lousjours de vous faire savoir
et entendre de mes nouvelles, qui sont si
bonnes qu'il est possible pour la très bonne
santé de Monseigneur et de moy, grâces à
Dieu. Vous priant que vous et vostre bonne
societté de relligieuscs vueillez tousjours avoir
en singulière affection de voz dévoles prières
mon dil Seigneur el moy pour recommandez,
me faisant savoir de voz estât et disposition,
et si aucune ebose s'offre où je vous puisse
1 Voy. pour le couvent des Murale, La jeunesse de
Catherine <lc Médicis, par Réunion t, trad. par Armand
Bascliet, p. 07.
6 LETTRES DE CATHE
faire plaisir, je m y emploieray de 1res bon
cueur. Priant Dieu vous avoir avec voslre dite
compaignye en sa très saingte cl digne garde.
Escript à Escleron l, le xnc jour de juing
MDXI.Il.
La byen voslre,
Caterinb.
1542. — 1 2 juin.
Orig. Arch. des INJéJicJs , dalla Glza ^726, nuova numc-razione, p. i3.
1 MON CODSIS
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, ayant ceslc occasion du retour
de Francisque dict le Pellisse , je ne l'ay permis
partir de deçà sans vous faire savoir de la dis-
position de Monseigneur2, et de inoy, qui est
très bonne, grâces à Dieu. Et pour ce que j'ay
ceste confidence3 que des choses que con-
gnoistrez me estre agréables vous y vouldrez
faire, comme savez que je vouldroies en sem-
blable faire pour ce qui vous touchera, et
que le dict Francisque, présent porteur, est
homme qui a usé la plus part de son temps
au service de nostre maison comme savez,
et qu'il est jà en son vieil âge, ouquel il ne
pourrait endurer ne porter les travaulx qui
sont requis à la sintle de la court par deçà,
où je le vouldroies bien employer, s'il lepour-
roit faire. Je vous prie, mon cousin, que,
considérant ce que dessus, et en ma faveur et
conlemplacion, vous le vueiilez avoir en si
bonne recommandation que de l'employer en
endroict où il puisse, faisant service, estre le
résidu" de sa vie, ainsi que bien il le mérite.
Et vous me ferez très giant plaisir, qui sera
' Éclaron, en Champagne, département de la Haute-
Mai ne, arrondissement de Vassy, canton de Saint-Dizier.
!.■' Dauphin , son époux.
- Confiance.
■ Résidu . reste.
ni.NE DE MÉDICIS.
l'endroicl, mon cousin, où , après me estre très
fort recommandée à voslre bonne grâce, je
prieray Dieu vous tenir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Escleron, le xijmc jour de juing
MXclXLlj.
Voslre bonne cousyne,
Gaterine.
1543. — Juin.
Aut. Bih] nat. fonds français, n° 3 1 1 9 , f° a8.
AL CONNÉTABLE DE MONTMORENCY.
Mon conpère, pour se que je say byen que
vous désirés autant que moy de me voyr des
aniàns, je vous ay byen veoleu ayscrypre pour
vous mander l'espéranse que j'é d'estre grose,
ayslant aseuraye qu'y n'y é personne quy au
souyl plulx ayse que vous, corne set ayle (c'est
elle) qui hayst le coman sèment de leut mou
byen ayl heur, aysi ay ayspéranse que le par-
acbeveré, de quoy je prye à Dyeu, et quv
vous douynt set que désyrés.
Voslre bonne comere et amye,
Caterine K
A mon compère Monsieur le Couestable.
1 Dans une lettre antérieure, sans date, elle L'avait
déjà remercié des remèdes qu'il lui avait conseillés pour
vaincre celle persistante stérilité, contre laquelle lullait
en vain toute l'expérience de Fernel; voici cette lettre :
^Mon conpère, je ne vous remersyré poynl de set que
em'avés anvoy, car, sy playst à Dyeu quy me serve, je ne
«tyendré set byenfé, quy ayt le plulx grant quy me say-
ttroyt à venyr, que de vous, et mayteré poyne, sel (si) je
itpuis jeaniès, île vous donner à connavslre çpie vous n'a-
evés povnt de mylleures amys ne amye que
e Voslre bonne comère et amye,
kCaterike.»
I Bibl. nat. fonda franc. n° oaip . t',J 58 r°. Autographe 1
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1543; — 7 octobre.
Orif. Arcb. des Médicis, dalla lilza /^aû , nuova numcrazione, p, i r».
A MON COUSIN
MONSIEUR LE fMC DE FLORENCE.
Mon <•< msi ii . je désireroys merveilleusement
recognoistre les services que beaucoup de
gens de Florence ont faiclz à Dostre mayson,
^i leur commodité et la mienne se pouvoienl
conformer, parce que plusieurs, les ungs vieis
et les aultres déterminez ne partir de leurs
maysons, ne me donnent le lieu que jepuysse
faire comeje voldroy pour eulx. Au moyen de
quoy je vous ay escript, et fault aussi que je
le face ainsi, pour la bonne amitié que je
tiens à vous et que par semblable correspon-
dance j:> feroys de ma part à l'end roict où je
pourroys, pour l'amour de vous, comme je
l'avs présentement en faveur de Messire Ange
de la Lune, oncle de Lucresse l, l'une de mes
damoyselles que j'ay amenée de Florence, et
qui a esté nourrye el eslevée avecques moy de
jeunesse; vous priant bien fort, mon cousin,
que le vueilliez avancer en quelque estât, ou
aultre moyen, duquel je puisse ressentir de
ma faveur envers vous. Je vous promeetz que
vous me ferez bien grant et singulier playsir,
que je recognoistray, soit que vous me vueillez
employer pour les vostres, ou aultrement.
Priant Dieu, mon cousin, après m'estre re-
commandée à vous, qu'il vous doint ce que
désirez.
Escript de Villiers Cousterayz, le \ij'" joui
d'octobre .\i\''\liij.
Vostre bonne cousyne ,
Caterim?.
(Rescrklo dcl Granduca.) Inlender qae] che cost;ii che •
raccomandato vuolc.
Lui rèce Gavalcanli.
I 543. — î 2 oclobre.
\nli. tlee Médicis , delta filza/1796, duovo numenizione , p. 17.
A MON COI SIN LE I>1 C DE FLORENCE.
Mon cousin, je vous ;i\ plusieurs foyÊ
cript pour ung procès que a Messire Bernard
de Salviaty contre Nasj el Carnesegni, à
cause de quelque somme de darers (sic) deue
au dict de Salviaty, lequel m'afaicl entendre
qu'il û'en a sceu encores avoir expédition, e!
pour ce que, tant en sa faveur que d'aucuns
ses parens et familiers, mes serviteurs ordi-
naires, je désire iceluy Salviaty sortir de cesl
affaire, el qu'il congnoisse que ma faveur el
support lu\ ayt en ce donné aide et secours;
je vous prie derechef, mon cousin, luy vouloir
nermectre que le dit procès puisse eslre en
brief liny el terminé par la voye de la justice
ordinaire de Florence, où accoustume d'estre
voyiez lelz affaires et différendz, et ordonner
par delà que bonne et briefve justice leur en
soict faicte, avant le bon droict du dict Sal-
viaty pour recommandé, duquel serez ample-
ment informé par Messire Housse Buondel-
monle, oncle du dict Salviaty. Et oulliv ce
que y ferez devoir d'équité el justice, vous me
ferez très grant et agréable plaisir; vous priant.
mon cousiir, de. m'en faire savoir sur ce voslre
bon vouloir et intencion. Priant Dieu vous
tenir en sa saincte et digne garde.
Escript à Villiers Cousterayz, ce xii" jour
d'octobre mvc'.\liii.
Vostre bonne cousyne,
Caterinr.
1544. — Février.
Orig. Arcb. dea Médicis, dalla filza 079.6 , ntiova numorazione, p. ao.
A MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'av receu présentement \oz
lettres du wn'"" de décembre, par les quelles
r
m'advertissez du decedz de feue ma cousine,
vostre mère ', el de l'amertume cl douleur
qu'elle vous a layssée; c'est raison que nous le
sentyons; aullreinenl soroil nous publier n'estre
de chair, ni naturelz, maysaussy, comme ver-
lueulx se conformanl à la voulunté de noslre
Seigneur, fault prendre*le reconffort qu'il nous
a donné, ef que, puys qu'elle a faict tout le
debvoirde bonne cliristienne, soit partecipante
de la gloyre de Paradis, comme prudent et
saige vous l'aurez sceu bien faire; el ne reste
aultre pour le présent, sinon vous advertir,
que jà vous pourrez avoir entendu par Aiessire
Jehan Baptiste, mon maistre d'hostel2, com-
ment, après avoir este débaracée démon es-
fantement, le lilz et la mère se»portent très
bien, grâces à nostre Seigneur, que tous ceulx
de noslre mayson debvons louer, regrâtier et
magnifier pour la seurete' que ung chacun doibt
prendre au grant support que de ce leur est
survenu3, estant asseurée que c'est l'un des
plus grans playsirs que ayez eu , de long temps,
que de l'avoir sceu, correspondant à celluy
que j'ay lousjours eu de vostre exaltation et
grandeur, et de tous ceulx de nostre maison.
El si j'en pourroys faire quelque plus grande
démonstration, je le feroys de bien bon cueur,
duquel je prie Dieu , mon cousin , après
m'estre recommandée à vous, qu'il vous doinl
ce que désirez.
Escript à Fontainebleau, ce ... jour de
febvi ier mV'm.ih ( 1 544).
Vostre bonne cousine,
Catkrine.
TRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
154 'i. — 0 juillet.
1 Marie Salviati, citée plus haut, p. a.
1 pndi . cité plus haut, p. i el 3.
Le 3 mars i5i4, Cosme I" complimentait Cathe-
rine de la naissance de son premier fils, et lui rappelait
qu'ils avaient été durant tant d'années élevés ensemble.
— Voj Négociation» avec la Toscane (Documents iné-
dits), t. III. p. i36.
Orig. Arrh. du Florence (carions des couvents supprimés), n° 2 1 ,
filza 100.
A MADAME L'ABBESSE DES MURATES
DE FLORENCE.
Madame l'abbesse, j'ay receu voz lettres par
lesquelles j'ay bien cogneu que je n'ay point
esté frouslrée de mon oppinion que j'ay tous-
jours eue que vous faysiez prier Dieu et Nostre
Dame de la Conception pour moy, vous priant
bien affectueusement de vouloir continuer et
que voz religieuses, à qui je m'en sens tant
atténue, vueillent persévérer, les asseurant,
comme vous devuez eslre de vostre part, que je
n'oublieray point le playsir que vous et elles
m'avez faict et que j'espère feront encores, et le
recognoistray vers vous et elles en telle ma-
nière et endroict que me vouedrez employer.
soit en général, ou particulier. Vous remer-
tiant aussi du beau présent que vous m'avez
envoyé que j'extime beaucoup, la récompence
duquel j'espère vous donner à cognoistre en
lieu, où vous apersceverez que j'ay eu souve-
nance de vous et que je vous feray tousjours
tout le plaisir que je pourray. Priant Dieu,
madame l'abbesse , après m'estre recommandée
à vous, qu'il vous donne ce que désirez. Escript
à Paris, le vi"'c jour de juillet HDXLiiii.
La bien vostre,
Caterive.
Ibà'i. — 1" oclobre.
Oi'Îjt. Imprima par Armand Baschel dans sa traduction de la Jeu-
nesse de Catherine de Médiat, p;ir Rcuroont (Appendice, p. 339).
A MESDAMES DES MURATES
DE FLORENCE.
De par la Uoyne,
Chères el bien amées, nous avons receu par
Messer Nicole de Médicis, présent porteur, les
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
lettres que nous avez escriptes,el entendu par
luv ce qu'il nous a dict de votre part, mesmes
la volunté en laquelle vous persévérez ordi-
nairement de pryer Dieu pour la prospérité
du Roy monseigneur, de nous el de noz enf-
fans, vous prians bien forl de voulloir cou
tinuer, estanl asseurés que nous les recognois-
trons vers vous, nous lu\ avons donné charge
de vouz dire de notre pari quelques choses.
Vous nous ferez bien granl et singuHier plaisir
de le voulloir entendre et croyre pour eslre
homme de foyetcréance, asseurés comme vous
mesmes le congnoissez de bonne et entière
suffisance. Et à tant, chères el bien amées,
nous prions Dieu vous avoir en sa saincle el
digne garde.
Donné à Lyon, le premier jour d'octobre
MV' \liiii.
Caterine.
Rertalld.
1544. — aa décembre
\:,l rsMédicis, dalla filza £796, nuovanumerazioDe, p. 5i.
A MON CODSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu les lettres que vous
m'avez escriptes par Monseigneur l'évesque de
Furly1, et par luv entendu de'voz nouvelles.
! lîernard tir Médias, évêque de Forli, venu en
Fiance pour complimenter François 1" à l'occasion de la
paix de Crespy; sa légation ne dura (pie du mois de dé-
cembre i544 au mois de juillet i545. — Vby. Veg
mi avec la Toscane , t. III, p. '•> el 1 38.
Voici la lettre qu'il écrivit au duc de Florence à son
arrivée en France :
-Alli xv del présente arrivai alla Corte del Cristianis-
simo ron li altri miei, et la grazia di Dio a buon salva-
menlo, e per favore deli' Illustrissima Signora Delphina
lio havnlo l'alloggiamento molto commodo a poco più di
dua miglia italiane lontano da Fontanablo, sendo 1' ordi-
nario che gli altri Ambasciatori stieno alloggiatti lontano
< UNI .lilM. DE MÉDICIS. 1.
lie quo\ y ay eu bien granl plaisir et aura}
Ions les fois que \oiis m'en vouldrez l'aire
scavoir, vous asseuranl que je suis bien forl
;use de la paix <|ni est faicte , pour l'espérance
que j'ay, que ce sera le bien et repos d'un
chacun, el que voz affaires s'en porteronl beau-
coup myeulx;et povez estre seur, mon cousin.
que là où j'aurav le moyen de faire quelque
chose pour vous, rpie me trouverez lousjours
en bonne voulunté de m'y employer de bien
bon cueur, duquel je me recommande bien
fort à vous, priant Dieu vous donner, mon
cousin , bonne vye et longue.
De Fontainebleau, le x x îj '"" jour de décem-
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1545. — a 8 février.
Orifj. Arcli. des Médicis, ilulia filza 6736, nuova naraerazione , p. 02.
A MON €01 SlH
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, aultres foys je vous ay escripl
en faveur et contemplation des sires Anthoine
el Loys Bounyzy, marchans de Lucques, pour
ung différant! qu'ilz on!, avecques Alexandre
Anthinory et les créantiers de Bénédicte
Gondy, lesquelz m'ont faict depuys entendre
que leur a esté donné sentence, suyvanl ung
h leghe; e quanto prima andai a visitare la prefalta
Illustrissima Signora Delphina, congratnlandomi seco, in
nome dell' Eccellenza Vostra, non solamente del figlio mas-
cbio, conte scuse convenienti del non baver fatto prima
questo uffizio, ma amena deila pace ira l' Imperatore e la
Maestà Oislianissima , et inollre la pregai, che corne
sempre innanzi era notissimo lei baver fatto, seguilasse in
o^ni tempo di far quelli buoni ufficii per l' Eccellenza
Vostra, per li quali la tengo in grazia del Re Cbrislianis-
simo e dell' Illmo. Signor suo Consorte, distendendomi
in tutlo largamente secondochè nella instruzions si ron-
tjene.n li. feiVes des Médieif,
10 LETTRES DE CATHE
statut et couslunie de la ville de Florence
gardez seullemenl et observez entre les ci-
toyens, inanans et habitans dans Florence, et
sans avoir esgard à ce qu'iiz sont estrangers,
non subiectz, ny judiciables à iceulx slatuz et
coustume; à cause de quoy, se sentans les ditz
Bounyzy grefvez désireraient et vouldroient
bien que leur dicte dilïerand feust reveu avec-
ques la dicte sentence, non par ceuk qui les
ont jugez, et donnée, ny aultre des marcbans,
inays par les juges souverains de vostre Rotte
de la dite ville, pour et affin qu'iiz regardent
aux raisons des loix et non aux statut et cous-
tume, ausquels ils ne sont subiectz, qui est
une cbosc tant raisonnable, que riens plus.
Au moyen de quoy, pour le désir que je ay
de leur faire plaisir, estant aussi pryée d'au-
cuns de nies serviteurs, à qui ils touchent, je
vous prie bien fort, mon cousin, voulloir
commander aux gens de vostre dicte Rotte de
reveoir les dicte sentence et differandz, el
qu'iiz regardent à la raison et équité, et loix,
el non aus dits statut et coustume de Flo-
rence, comme il est très juste et équitable,
les faisant obeyr, ainsi qu'il appartient, vous
me ferez bien grant et singullier plaisir; priant
Dieu, mon cousin, après m'estre recom-
mandée à vous, qu'il vous doinct ce que
désirez.
Escript à Bloys, ce dernier jour de febvrier
Yl'vclXLUll ( 1 5&5).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
RINE DE MÉDICIS.
des pupilles, contre le devoir et ordre s'est
marié à une vefve estant en sa dicte garde et
charge; à l'occasion de quoy a esté condempné
en mil escuz d'amende , pour le paiement des
quelz il a esté constitué prisonnier; et pour
ce que j'ay esté advertye qu'il n'est homme
garny de biens pour y pouvoir satisfaire, je vous
prie, mou cousin, que, pour l'amour demoy,
luy vueillez fere telle grâce que sa commo-
dité le pourra porter, de quoy me ferez très
grant plaisir pour en avoir esté priée par au-
cuns de ses amys, mes serviteurs, ausquelz
je désire bien subvenir ; priant Dieu vous avoir,
mon cousin, en sa saincte garde.
Escript à Romorentin l, le ii"'0 jour de may
mvc1xlv.
Vostre bonne cousyne,
Caterine.
1545. — 3 mai.
Orig. Arcli. 'les Médicis , dalla lilza 6736 , cuova nuujerazione , p. aâ.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay entendu que Gismondo
de Meleto, ayant par de là charge de la garde
1545. — 5 mai.
Orig. Arcti. des Médicis, dalla lilza 4726 , nuova numerazione , p. 46.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, si j'ay si long temps actendu
de vous faire scavoir de mes nouvelles , et
comment, grâces à Dieu, je suys accouchée
d'une fille2, il y a ung moys ou environ, ce a
esté à cause que j'ay demouré depuis quasi
tousjours foutte mal disposée jusques à pré-
sent, et commance à me bien porter, Dieu
mercy. J'espère que ce sera le neud pour former
et asseurer toutes les alliances en plus grande
1 C'était une des résidences favorites de François lel ';
elle avait été bâtie par les comtes d'Angouléme.
2 Elisabeth de Valois, née le vendredi 3 avril 1 545, à
Fontainebleau, entre onze heures et douze heures du
soir; destinée d'abord à Don Carlos, elle épousa Phi-
lippe II le 22 juin i55g, et mourut en couches le dimanche
3 octobre 1 568. — Voy. sa vie par le marquis du Ptal,
Paris, i85g; Bilil. nat. , f. fr. n° 3i5o (Naissance des en-
finits de France I.
fermeté, par laquelle lous ceulx de nostre
maysoD seront plus resjouys el consoliez. Je
xous av cy davant faicf responce à ce que
m'avez escript louchant Anthoine Gazette,
qui est encore prisonnier; je le vous recom-
mande, et ce à cause que j'ay marié Cathe-
rine Gazette, sa seur, avecques le visconte de la
Mollir au Groing, parce que je Fay amenée en
France avecques moy. Je nous prie, mon cou-
sin,luy faire tous les plaisirs que vous pourrez,
pour l'amour de moy, comme vouldriez que
je feisse en pareil pour vos serviteurs, ce que
je feroys de bon cueur et en toutes aultres
chouses que me vouldriez employer. Priant
Dieu, mon cousin, après m'estre recom-
mandée à vous . qu'il vous doinl ce que désirez.
Escript à Fontainebelleeau, le v™ jour de
mav mvCI xlv.
Vostre bonne cousine,
Catebinb.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS. 11
Escripl à Falaize, le mme jour de juing
mil \" xi.v '.
Vostre bonne cousine.
Catebinb.
1545. — i ti juin.
ilia film \--ji'< , nuo\a numerazioue.
A HA COOSINE
LA DUCHESSE DE FLORENCE1.
Ma cousine, envoyant par de là ce porteur,
l'un des gentizhommes de ma maison, pour,
de ma part . vous visiter et savoir de voz bonnes
nouvelles, aussi vous dire des miennes, qui
sont très bonnes, estans Monseigneur et moy
en bien bonne santé, je l'a] bien voulu accom-
paigner de ceste lettre pour vous présenter
quatre bacquenées du pays et creu de Bre-
taigne, que je vous prie, nia cousine, recevoir
d'aussi bon cueur, que je me vouldrois em-
ployer à vous l'aire plaisir et que je nie recom-
mande à vostre bonne grâce; priant Dieu, ma
cousine, vous avoir en sa saincte garde.
1 Citée plus liant, p. 4.
1 545. — i(3 juin-
ircb.de! Médicis, dalla Glza 4736 . auova numerazioue, p. 39.
\ MON I m si\
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'envoye ce porteur, l'un des
gentilshommes de nia maison, pour, de ma
part, vous visiter el savoir de vos bonnes nou-
velles, et aussi pour vous faire entendre des
myennes, qui sont très bonnes, estant Mon-
seigneur et moy en bonne santé; aus<i lu\ a\
donné charge vous présenter six lévriers du
pays de Bretaigue, que je vous prie recevoir
d'aussi bon cueur, que je me vouldrois em-
ployer à vous faire plaisir et que je me recom-
mande à vostre bonne grâce; priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Faleze, le xvi",c jour de juing
MV'1 XLV.
\ bstre bonne cousine,
Caterixe.
,(I5-'i5. — Fin de juillet.)
Aut. Arch. des Médias . dalla lilza 4730 , nuova ouraerazione.
A MON C01S1N
MONSIEUR LE DEUC DE FLORANSE.
Mon cousin, je n'ay voleu fallir, ancore que
je sache byen que la seufisanse de Monsieur
de Fearly (Forly) souit asès, et le personnage
pour aystre creu de set que ie lux ay pryé
vous dyre de part moy, de l'acompangner de
sete lestre, vous pryant le volouyr croyre et
vous aseurer que je n'é moyen omys de vous
1 EUe avait accompagné François 1", qui s'était rendu
en Normandie pour surveiller les préparatifs de la guerre
contre les \n;;lais.
\i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
povoyr 1 1< mi ix r ;i ronoslrc l'amour que |<' vous
porte, que se s'éloyl à mou l'eu frère1, car
ayslvino Ion I vnsyn, cl me doplaysl
iiimiI de sel (|ll\ l'aill i|n;' VOSll'e Ani-
basadeur- s'an retourne, pour licune lele au-
rasvon. Je voodré que l(; chose feusenl pasé
autrement, el sj je use plulx pleusenl aysté3,
cnuicnl luy même sous dvré, qu\ an'etol
l'aurl ' tonnante, de peur de fallyr à voslre I
lomandement, sel que je suvs seure, quy ne !
1ère ieamés, cai' ie ne vys ieamés personne
inyeulx fayre sou devoir, n\ ayslre plulx
afoclyonc à personne quv l'aysl à vous; et
ancore que je sache hven qu\ né besongne '
le vous recomander, pour vous aystre l'afec-
i\ oné son \ loin . qu\ vous a\ si . je ne me puj s
guarder do vous pryer, pour l'amour de moy,
l'avovr leuneur an lele recomandatyon que
avés antérieur, ri pour se que je uie resmel
deu leul à luy, je fayré fyn, me recomandanl
à vostre lionne grase, ri prj ré nostre Syngneur
vous donner se! que désj rez.
Vostre honne cousine,
Caterine.
1 545. - a novembre
On,;. \,.l, .1. M id
\ \lo\ O.XCLK
MONSIEUR LE !)l <: DE FERRARE4.
Mon oncle, j'ay receu la lettre que vous
m'avez escripte par le s' Camille Eslcnse de
rassoni, présent |iorlcui', envoyé de votre part
pour vous rondoloir de la mort de feu mon
Wexandre de Médicis, cité plus haut, p. ■'.
Bernard de Médicis, rite plus haut, p. g
usse plus puissante été.
■ En ri.nl fort.
Il- m nie II d'Esté, duc de Fer rare , Modène el Reggio,
avril i.x'X, morl le .1 octoI)re ■ 558. Il avail
I le i ~> juillel i >'.i . I!n le li. nu r, fille .1.'
Louis \ll
frère, Monsieur d'Orléans '. de laquelle je ne
fairtz douille (pie miiis n'ayez entendu les nou-
velles, avec granl regrecl el desplaisir, tant
pour l'affection que je scaj que vous avez au
!lo\ et à la couronne de France, que estant
auss\ la perte sj grande, tanl pour la grandeur
ci valleur de la personne (pie pour estre ceste
die le perle VC 'si mal à propos pour le bien
el repos universel de toute la républicque
cristienne, du quel repos il sembloit devoir
estre instrumenl cl moyen; mais, puys qu'il a
pieu à Dieu, par ceste mort,oster l'espérance
desia reçue par tout le monde d un;; s\ grant
bien , laissant ung regrecl en l'entendemenl
de lous ceulx qui le désirent, cl mesmenl de
ceulx qui ayment ce royaulme, du nombre
desquelz je scaj que mois estes des pins affec-
tionnez, je vous laissera^, croire quoi el coill-
liicn grant est le dueïl que j'aj porté cl porte
de resi accidenl advenu, mois merciant bien
fort de la visitalion que vous m'avés faicte on
ces! eudroict, cl. après m' estre recommandée
à \oiis de bien bon cueur, je prie Dieu mois
donner, mon oncle, •'<• que vous désirés.
Escripl à Mouchy2, le h" jour de novembre
i ô A ô .
\ oslie bonne niepse,
Caterine.
I 'i'i.i 7 ili;i embre.
On.. Vrch. îles Mcriicis , dalla filza 6726, nuova unuicrazi
\ MIT, 1,111 Sl\
MONSEIGNE1 r, LE l)t C DE FLORENCE.
Mon cousin, Jehan André, l'un de mes
gentilzbommes, est arrivé puis n'aguères par
dora, lequel m'a fait entendre comme il vous
1 Charles, duc d'Orléans, troisième fils il.' Fran-
çois I' , morl .1' fièvre maligne à Forèl-Moutier, près
il' Vbbcville, le s septembre 1 545.
Oise). Château bâti sous le règne de François I".
LETTRES DE CATH
a parlé pour recevoir à vostre service Messire
Octaviano Bentivoglio \ ainsi que jà lui avez
laid, à quoy je congnois la bonne affection
que me portez, dont je vous remercye bien
fort, el pour ce que je désire le bien e( l'ad-
vancemenl du dicl Messire Octaviano, en
faveur de Messire Federic Bentivoglio son
frère, qui me faict ordinairemenl service, à
ceste cause, mon cousin , je vous prye voul-
loir pourveoir le dit Messire Octaviano en
quelque office honorable, où il vous puisse
faire service, selon que congnoissez que son
scavoir le mérite, et, pour l'amour de tnoy,
l'avoir pour recommandé en tout ce qu'il vous
sera possible, el je vous asseure que me ferez
bien granl plaisir ce taisant; pryant Dieu
vous donner, mon cousin, bonne vye el
longue.
De Villiers Couslerez, ce vn° jour de dé-
cembre.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
ERINE DE MÉDIGIS. 13
lui donnez à cognoistre la bonne amitié que
je pence estre correspondante à celle que je
porte à vous el à toute vostre famille, estans
seulz aujourdhuiz qui debvons porter le festz
de la maison de nos prédécesseurs. Je vous
prie, mon cousin, l'avoir en ses affaires pour
recommandé, vous me ferez bien granl plaj
sir; priant Dieu, mon cousin, après m'estre
recommandée à vous, qu'il vous doinl ce que
désirez.
Eseripl à Paris, le \x'"° jour de janvier
MVl\LV ( 1 546).
Vostre bonne cousine,
( Iatrrine.
Bertault.
1 546. — ao janvier.
Orig. Arcli. des Mddicis , dalla filia (1736, ouova numerazione, p. 6.
\ mon 1 onsra
MONSIEUR LE DEC DE FLORENCE.
Mon cousin . pour ce que Mr \ incent de
Bhedolphi, qui est de mes serviteurs, se veull
retirer à Florence, où il s'en va présentement,
encores que je soys bien asseurée que vous
avez tousjours tous ceulx de ma maison en telle
recommandation que vous vouldriez que j'aye
les vostres, occurrans les affaires, je vous ay
bien voulu escripre et prier davantaige que, à
ma laveur et contemplation, quelque foys vous
1 Vov., pour celte brandie de la famille des Bentivo-
glio, Sansovino, Origine e fatti délie famiglie ilhutri
lia . . ilit. de Venise, p. 3o3 ; il donne quelques détails
sur Oltaviano el Federigo Bentivoglio.
I ."> 16. - 17 février.
Orig. Arcli. des Mettrai , dalla lilza 4721', . nuova numerazione . p. ia.
A MON COUSIS
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, vous aurez peu entendre de
quelle volonté el affection Messire Dominicque
de Benchyveny1, prieur des relligieulx de
sainct NicoHas de la rue de Cuocumbre2, a
tousjours faicl service à nos prédécesseurs el
à toute uostre maison, lequel a ung uepveu,
jeune homme bien scavant en grec et en latin .
qualifié de vertu et bonnes meurs, qui désire-
roit entrer en vostre service, et d'aultant que
je pense ne desvoyra 3 de ses prédécesseurs el
s'employra vertueusement . à ce que le cognois
sez, e! qu'il fera merveilleusemenl bien son
debvoir.je vous prye, mon cousin, le voulloir
accepter en vostre service, luy donnant quelque
1 Sans doule un parent de Jehan-Baptiste Bencivenny,
abbé deBellebranche, qui fui son premier aumônier et
son bibliothécaire. — Voy. Inventaire <hs meubles de Ca-
. . pub par E. Bonnaffé, p. a'-i.
- Via del Cocomero, près San Lorenzo.
Dévoyera.
l/l
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
moyen et ayde qu'il se puisse entretenir, te-
îKinl la main que ses païens luy en faeenl,
vous l'obligerez, el ses diis parens, et si nie
ferez davantaige plaisir, que je recongnoistray
en pareil ou semblable endroict. Priant Dieu,
mon cousin, après m'estre recommandée à
vous, qu'il vous doint ce que désirez.
Escript à Sainct Germain en Lave, le
\vnmc jour de febvrier mil vcl xlv ( j 546).
Vostre bonne cousine.
Catemne.
line, vous me ferez bien grant et singullier
plaisir; priant Dieu, mon cousin, après m'estre
recommandée à vous de bon cueur. qu'il vous
doint re que de'sirez.
Escript àParis, le xic jour de mars mil vcl xlv
(i546).
Vostre bonne cousine ,
Caterive.
1546. — i i mars.
Orig. Ai cii. des MiMiris. dalla filza 6756 . auova nameranone, p. s3.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, le chevalier Millerin Obal-
dine, de la nation florentine, qui a esté cap-
pitaine durant ces guerres passées au service
du Roy, a une querelle contre ung cappitaine
albanoys appelé le chevalier Tboumas Boa;
pour vuyder el dérider laquelle, il reserebe
toutes les oppinions des premiers et grans clers,
mesmes de ceulx d'Italye, ainsi que plus am-
plement serez adverty par le porteur de ces
présentes; à ceste cause et qu'il est des plus
anciens serviteurs de nostre maison et bien
estymé entre toutes gens de bonne renomée
et valleur, ayant faict preuve davantaige de
tout cella par sa personne en toutes ces guerres,
je vous prve, mon cousin, luy estre aydanl,
et à son bon droict, luy mandant par ce dicl
porteur votre oppinion de ce que vous sem-
blera qu'il debvera faire et à se maintenir à
l'encoutre de son adversaire pour avoir répa-
ration du grief et tort qu'il luy a faict. et. en
ce faisant, mon cousin, oullre que le person-
oaige le mérite, et que recongnoistrez les ser-
vices faietz à noz prédécesseurs, encores ne
fus! seullement qu'il est de la nation lloivii-
1 546. — 1" mai.
Orig. Arcli. îles Médicis . dalla fi!za Û7Î6. nuova numerazione, p. ai.
\ mon r.orsix
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu voz lettres que piecà
vous m'avez escriptes, faisant mention du
bon voulloir et affection que vous avez de me
faire plaisir et à Messire Dominicque Benehi-
veny ', pour avoir esté ancien serviteur de
nostre maison et pense qu'il ne le soit moins
en vostre endroict, qui sont choses qui mé-
ritent îecongnoissanee, et pour ce qu'il a ung
nepveu, qu'il \ouldroit voluntiers advancer
en l'Eglise, et luy se résigner ung bénéfice
qu'il dicl deppendre de vostre disposilion, je
vous prie, mon cousin, que, à ma faveur et
contemplation, le luy voulloir accorder. \ous
me ferez bien grant et singullier plaisir, oullre
ce que vous obligerez davantaige l'oncle et le
nepveu à vous faire perpétuellement service:
priant Dieu, mon cousin, après m'estre re-
commandée à vous, qu'il vous doint ce que
désirez.
Escript à Fontainebleau , le premier jour de
may mil vc1xlvi.
Vostre bonne cousine,
C&TBHINB.
Cilé plus haut, p. i3.
LETTRES DE CATHE
I .Vif>. - 1 5 mai.
Orig. Airti. ilf Modène.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DTK'. DE FERRARE.
Mon oncle, j'ay receu voz lettres par le
coule d'Athènes, préseni porteur, et bien
amplement entendu de luy tout ce que m'a
dict de vostre part, et luy ay respondu ce qu'il
vous dira de nui part, qu'il vous scaura très
bien dire, attendue la foy et créance que vous
avez de luy, qui me gardera de vous en es-
cripre plus longue leltre, si non que je seroys
merveilleusement aysedevous donner cognois-
sance de l'envye et bonne volonté que j'ay
tousiours eue et auray de vous faire playsir
en tous les endroietz que me vouldrez em-
ployer, et de très bon cueur, duquel je prie
Dieu, mon oncle, après m'estre recommandée
àvous, qu'il vous donne ce que désirez. Escripl
à Sainct Germain en Laye, le \vmc jour de
may bvxlvi.
Vostre bonne nyepsxe,
Caterine.
1546. — 21 mai.
Orig. Arcli. de Modèoe.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DLC DE FERRARE.
Mon oncle, encores que je vous aye na-
gueres escript par le conte d'Athènes, lequel
s'en retournoit devers vous, je n'ay pourtant
voullu laisser aller le cappitaine Emilio Ca-
vriau , cappitaine de vostre garde, qui s'en va
devers vous, pour vous raffraichir la bonne vo-
lume' que j'avois que congnoissiez en quelle
intégrité ie vous vouldroys faire plaisir et à
voz serviteurs, et lui av donné charge de vous
dire de ma part aucun propos, dont je vous
prye luy voulloir donner plaine et certaine
RINE DE MÉDICIS. 15
foy, et mesmes de me faire ce plaisir de re-
metre l'amende en laquelle a esté condenné
Hercules Seghizo, nepveu de mon premier
m* d'hostel, Messire Jehan Baptiste l, à cause
de certain cas advenu par lu} en la personne
de l'ung de voz subieetz; vous scavez, mon
oncle, ce que nous debvons faire pour noz
serviteurs et en tel/, et semblables endroietz,
par quoy je me liens asseurée par ce que
m'avez si souvent escripl que luy remetterez et
le forfaict et l'amende, estant asseuré que, si
je le puis recongnoistre, je le feray de très
bon cueur, duquel je prye Dieu, mon oncle,
après m'estre recommandée à vous, qu'il vous
donne ce que désirez.
Esnipt à S1 Germain en Laye, le \\f jour
de may mvxlvi.
Vostre bonne nyepse,
Caterine.
1546. — î 5 juin.
Orig. Arcli. des Médias, dalla (ilza U72O, nuova Dumerazione.
A MON COOSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu les lettres que vous
m'avez par cy devant escriptes, et par icelles
entendu de. voz nouvelles, dont j'ay eu bien
granl aise et plaisir, et auray toutes les fois
que vous m'en vouldrez faire scavoir. Et quant
à ce que me mandez que vous vouldriez bien
envoyer quelque gentilhomme en France2,
mais que vous craignez de ce faire , pource que
Pandolphe est prisonnier; il ne fault point
pour cela que vous laissez à y envoyer cclliiy
que vous vouldriez, car l'occasion pour quoy
le dict Pandolphe est prisonnier ne vous tombe
en rien que ce soit, et n'en debvez avoir au-
1 Cité plus haut, p. i .
* Voy. leltre de Cosme à Catherine de Médicis, Né-
gociations de la France avec 1" Toscane, t. III, p. 169.
16
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
cune doubte, et pour ce, mon cousin, si vous
voulez envoyer aucun personnage pour vous
par de cà, je vous puis asseurer qu'il sera le
liés bien venu envers le Roy, et pareillement
envers Monseigneur1 et moy, et là où j'auray
moyen de l'aire quelque chose pour vous, je
m'y emploieray tousjours de bien bon cueur,
qui esl tout ce que vous aurez pour ceste fois,
priant Dieu vous donner, mon cousin, bonne
vye et longue.
De Fontainebleau, le xvm" jour de juing
1 546.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1546. — a juillet.
Orig. Arcli. de Modène.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, Mess" Jehan Baptiste'2, mon
premier m' d'hostel, m'a faict entendre comme
par cy devant vous avez donne à Francisque
Seghizo3, son cousin, l'office et estât de juge
del victuailles de vostre cyté de Modène pour
un;; an seullement , et pource que le dit an est
prest à finir et que j'ay sceu ledict Seghizo
avoir très bien faict son debvoir au dicl office,
pour le désir que j'ay de luy ayder en ses af-
faires en faveur du mon dict m' d'hostel, à
ceste cause, mon oncle, je vous prye bien fort
du v ou Hoir prolonger encores pour ung an au-
dit Francisque Seghizo le don du dict ollire de
juge del victuailles au dite Modène, cl. pour
l'amour de moy, lavoir pour recommande; ce
faisant, je vous asseure que me ferez bien grant
Le Dauphin , son époux.
J Jean-TSapliste de Gondi, cité plus haut, p. i et i5.
Seghizo, attaché ;'i la personne de la reine, citû
plusieurs fois dans les Négociations avec lu Totcane, I. III,
p. i8s ,.| 189.
plaisir, priant Dieu vous donner, mon oncle,
bonne vye et longue. De Fontainebleau, le
deuxième jour de juilliet 1 546.
Vostre bonne nyepse ,
Caterine.
1546. — 12 septembre.
Orig. Arch. des Médicis , dalla fîlza 6726 , nuova nunierazione , p. 5o.
A MON CODSIN.
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, par cy devant Messire Jehan
de La Cazc, commissaire ordonné pour les
décimes de par de là en ma faveur, a laissé en
derrière les bénéfices de Messire Jacques de
Torsulis, mon premier aulmosnier, à celle fin
qu'il ne y payast point. El depuis est advenu
Irémeur1 de terre au pays, de sorte que les
dits bénéfices sont bien fort tumbez en ruyne,
et a convenu y employer le revenu d'iceulx en
réparation, et pour ce, mon cousin, qu'il se-
roit difficile au dict Messire Jacques de payer
décimes de ses dicts bénéfices, actendu la dicte
trémeur de terre, et aussi qu'il est en ce pays,
où il despend beaucoup à me faire ordinaire-
ment service, et qui luy seroit difficille jouir
de son bien et revenu; à ceste cause, je vous
prye bien fort de voulloir comander à celluy
qui a la charge de recouvrer les dicts décimes
qu'il ne veuille prendre aucune chose sur ses
diclz bénéfices, et qu'il ne luy soit faict aucune
fascherie en iceulx, et, pour l'amour de moy,
avoir par de là le dict Messire Jacques pour
recommandé en tous ses affaires; ce faisant,
je vous puis asseurer que me ferez bien grant
plaisir, duquel je vous sçauray fort bon gré,
comme aussi je vous scay de la grâce que avez
faicte en ma faveur à Messire Dominique Ben-
ehiveny'2, suyvanl ce que je vous ay prié pour
1 Tremblement.
5 Cité plus haut, p. 1 3.
LETTRES DE CATH
luy, qui est l'endroict où je voys prier Dieu
vous donner, mon cousin, bonne \ie et longue.
De Cuserys', ce \n' jour de septembre
i546.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1546. — ■- si ptembre
Orip;. Arch. des Médicis, dalla Olza £1726.
V MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, les sieurs de Chastillon et
Dandelot, frères2, gentilshommes de la
chambre du Roy mon seigneur, et aultres de
leur compagnie, ont entreprins de fayre ung
voyaige, pour ce que surtout ilz ont désir de
\ovr vostre ville de Florence et les anticquite's
qui y sont. Je vous prye, mon cousin, leur
fayre bon accueil, à ma considération, et prie-
ra), le Créateur vous donner ce que désirez.
Le xxviii0 jour de septembre mdxlvi.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1546. — ao décembre.
Orig. Arch. des Médicis, dalla filza 6736 , ouova numerazione, p. 56.
\ WON COUSIN LF DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay entendu que Jehan Bap-
tiste de Bouy, pour estre chargé de famille, et
à l'occasion d'un procès qu'il a eu, est venu
en nécessité, donlav dueil et compassion pour
la recongnoissance que j'ay des services qu'il a
faiclz à notre maison; qui m'a esmeue \ou> es-
Sans doute Cuisy (Seine-et-Marne).
; Gaspard deChàtilion, comte de Colignv et amiral
de France, marié en 1 ."> 4 7 à Charlotte de Laval, et en
■ 1 ondes noces, le a5 mars 1 571, à Jacqueline de Mont-
lnl, dame d'Enlremont, tué le ai août 1572. — Fran-
çois de Châlillon, né le 18 avril tôai, seigneur d'Ande-
lot, marié le ig mars tolfj à Claude de Rieux, et en
j Anne de Salm, mort à Saintes le i-t mai 1 ."> G 9 .
Catbbbise de Médicis. — I.
ER1NE DE MEDICIS. 17
cripre la présente et vous pryer bien fort, mon
cousin, de l'avoir en bonne recommandât-ion .
et luy voulloir faire quelque bien , soit d'offices,
ou autres choses. Et mesmement je vous prye
bien affectueusement vouloir faire reveoir son
procès par l'ung de voz auditeurs nommé Mes-
sin- Lelio, lequel ay entendu estre fort homme
de bien, car il n'a moyen d'entretenir le dit
procès, autrement ce luy seroit granl dom-
maige et ruyne, que je ne vouldroys luy ad-
venir. Aussi, mon cousin, je vous vouldroys
bien pryer qu'il vous pleust tant faire que la
Duchesse voslre cousorte ' priut à son service
l'une des filles du dict Jehan Baptiste Rony,
pour l'amour de moy; et si n'estoit qu'il esl
bien loing, et aussi qu'elle n'est accoustumée
à ce pays, je la retirerais voluntiers à mon
service, car je vouldrois faire davantaige pour
l'amour de luy, et pour ce que je désire bien
fort qu'il ait de vous ceste grâce, je vous pro-
meclsque, ce faisant, vous me ferez ung sin-
gulier plaisir; priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Compiègne, le xxmc jour de dé-
cembre mil vc xlvi.
Voslre bonne cousine.
Caterine.
i5i6. — 21 décembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, f° 7.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES2.
Monsieur de Humy ères, j'ay receu la lectre
1 Votre femme.
2 Jean d'Humières, chevalier de l'ordre, gouverneur
de Péronne, Montdidier et Roye, lieutenant général
pour le Roi, en Dauphiné, Savoie et Piémont, fut choisi
en *5'i(i pour l'un des gouverneurs de François, dur
d'Orléans, le futur Dauphin. 11 avait épousé, le i janvier
1507, Françoise de Conlay, fille de Charles de Contay
et de Barbe de Hallwin, dont il eut dix-huit enfants; il
mourut en juillet i55o.
3
18
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que m'avez escripte, el m'avez faict bien grand
plaisir m'avoir mandé des nouvelles de mes
enflans1. Je suys bien ayse de quoy madame
de Humyères est arrivée là pour le soullaige-
ment qu'elle vous fera au gouvernement de
mes dils enflans. Monsieur et moy ne les vous
recommandons poinct, pour l'asseurance qu'a-
vons du soing que vous et Madame de Hu-
myères prenez à leurtraictement. Je vous prye,
Monsieur de Humyères, continuer à me faire
souvent sçavoir de leurs nouvelles, car plus
grand plaisir ne sçauriez faire à Monsieur et
à moy, qui sera l'endroict où je prieray le
Créateur, Monsieur de Humyères, après m'esi re
recommandée à vous, qu'il vous doinct ce que
désirez.
Escript à Compiengne, le xxic jour de dé-
cembre M Ve \LVI.
La byen vostre,
Caterine.
1547. — ili janvier.
Orig. Bibl. naf. fonds français, n" 3i2o, f° i . — Copie, Cinq-cenls .
Colb. vol. a3.
A MONSIEUR DHUMYÈRES.
Monsieur de Humières, Monsieur vous es-
criplen faveur du painlre, présent porteur;je
vous prie que, suivant sa volunté, vous l'ayez
pourrecommandé, el me ferezbien grant play-
1 François, duc d'Orléans, depuis François II, né
à Fontainebleau, le 19 janvier i.Y'i3; Elisabeth, citée
plus haut, p. 10. — Le même jour, Henri, Dauphin,
écrivait à M. d'Humières : "J'ay receu vostre lettre du
mx" jour de ce présent mois, par laquelle j'ay entendu
-bien amplement des nouvelles de mes enfans et naesme
•■ de mon filz , qui ne veult plus aller en femme , dont je luy
•sçay bon j;ré, et est bien raison qu'il ayt des chausses à
•cul puisqu'il en demande, car je ne fais point de double
•■pi'il ne sache très bien ce qui luy est nécessaire.» —
M accepte le neveu de M. d'Humières, le jeune Mailly,
<omme enfant d'honneur. (Bibl. nat. fonds Clairambault,
vol. 5i , p. 7867, copie.) — Voy. même vol. Lettre de
Henri II, p. 780^.
sir de me faire sçavoir souvent des nouvelles
de mon lilz et de ma fille l, les vous recom-
mandant lousjours, ainsi que Monsieur et moy
avons parfaicte et entière fiance en vous;
priant Dieu, Monsieur de Humières, qu'il vous
ayt en sa saincle et digne garde,
Escript à Villiers Cousterays, le xvi° jour de
janvier i5&6 (1 547).
La byen vostre,
Caterine.
1547. — su janvier.
Orig. Arch. des Médicis , dalla filza £796, nuova nuroerazione.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay congneu le respect que
vous avez eu à la prière et requeste que je
vous ay faicte pour Anthoiue Gazette, et, ainsi
que l'on m'a rapporté, avez commandé de luy
faire meilleur traictement que auparavant,
dont je vous remercie de bien bon cueur, sai-
chant que l'avez faict à ma contemplation et
pour l'amour de moy; et d'aultant que puys
six mois en çà le mary de Catherine Gazette,
sa seur, est allé de vye à trespas, el qu'elle
est destituée de compaignie de ses prochains,
je vous prye, mon cousin, lui voulloir envoyer
son frère, vous asseurant que tous foys et quantes
que vous en pourrez avoir affaire il vous sera
renvoyé en tel estât que s'il n'avoit jamais
bougé di lieu où il est dépendenl ; cl ce faisant .
vous ferez œuvre de charité, et à moy bien
grant el singullier plaisir; priant Dieu, mon
cousin, après ra'estre recommandée à vous,
qu'il vous doienl ce que désirez.
Escript à Paris, le xxix" jour de janvier mil
Vcl XLVI (l 547).
Mon cousin, je vous prie de rechief faire
1 Voy. la lettre précédenle.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
19
grâce en ma faveur au dil Gazetty, et me ferés
singulier plésir, car j'a\ affaire de luy pour
quelque choses, que en briefvous escriray.
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
1 "ii7. ■:■> juin.
Orig. Arch. des Médici: ■'■ Lia Glza '.; 5, ouova oumerazione , p. 58.
A MCA CODSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay esté advertye par Messire
Jacques de Torsulis, mou auimosnier1, de la
surprinse que l'on a faicte à André de Torsu-
lis. son nepveu, pour luy faire espouser une
fille, la quelle n'est pas sortable à luy; el pour
ce que le dict Messire Jacques m'a laid des
services qui méritent d'estre recongnuz en-
vers Luy el ses parens, cela esl occasion que
je vous prye bien fort, mon cousin, que, es-
tant informé du faict du sudict nepveu, vous
le vueillez supporter et favoriser en tout ce
qu'il vous sera possible, à rencontre de ceulx
qui s'esforcent de le molester et fascherpour le
did mariage, el . pour l'amour de moy, l'avoir
pour recommande'; ce faisant, je vous puis
asseurer que me ferez bien grant plaisir.
Prvanl Dieu, mon Cousin, vous donner ce «pie
plus désirez.
De Ennet2, ce \x\c jour de juing 10/17.
\ ostre bonne cousine.
Caterine.
■ Cité plus haut, p. 1 6.
" Anet, résidence de Diane de Poitiers. C'est là que
furent signées, le ai a\ rit 1 53 1, les stipulations du
contrat de mariage de Catherine de Médicis et du duc
d'I trléans. — Voy. Jeunesse de Catherine , Irad. d'Armand
Bascliet, appendice, p. 3oo. Cf. tonds franc. n° 3oio.
1547.— 8 juillet.
Orig. irch des Mé*dîeis, dalla filza/1726, nuova numerazione, [». Gi.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mio cugino, io sou stala molto contenta
d' baver visto in quesla corle Messer Giovan
Francesco Nigrini da Mantova, il quale mi
porlô vostreletlere, 0 mi lia l'alto amplamente
intendere nuove di voi, dello stato vostro, di
mia cugina, et de' vostri figliuoli, riducen-
domi a memoria il tempo passato et récogni-
tion! che bavete usate verso lui, supplendo in
parte alla recompensa de' servitii che egli ha
l'alto tutta sua vita a nostra casa; per la quale
voi havete mostrato la virtù, la grandezza el
magnanimità voslra.il che non è piccola cosa,
et a me è stala molto grata d' intendere da lui
i benefitii che lui et i suoi figliuoli hanno ri-
cevuto da voi. Et restando con dispiacere che
io non gli babbia potuto far la ricompensa
che io harei voluto et desiderata, ma io spero,
con la gratia di Dio, d' baverne un giorno
buona memoria, et se io non ho possulo farlo
a benefitio suo, i suoi figliuoli se ne senti-
ranno : pregando intanto voi, mio cugino.
quanto affeluosamente far posso, a voler con-
tinuare verso lui el i suoi figliuoli la buona
voluntà che li havete, favorendolo, corne voi
sete costumato; et me ne farete tanto et si
grau piacere, quanta mi potessi fare in altre
occasioni; et li crederete il sopra piû di tutto
quello che vi dira da mia parte, stando io as-
sicurala délia sua fede et leallà. Avvisandovi,
mio cugino, che sarô sempre ben contenta di
potervi far qualche piacere, che vi sia grata;
che sarà la conclusione, donde io mi racco-
mando a vostra buona grazia, et a mia cugina
vostra moglie, pregando Dio vi dia quanto de-
siderate.
20
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Scripta a San Germano ail' Aya, alii otto di
di luglio 1 ôiy.
Vostra bona cugina ,
Caterina.
(U.A7.) — 3 i juillet.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, f° 3o.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROY.
Monsieur de Humyères, vous m'avez faict
bien grant plaisir de me mander des nouvelles
de mes enffans , pour l'aise que j'ay, saichant
qu'ilz font bonne chère ; qui est occasion que
je vous prye de m'eseripre le plus souvent que
vous pourrez de leur santé; n'ayant à présent
autre cbose à vous mander, je ne vous feray
plus longue lettre, sinon que je prye Dieu,
Monsieur de Humyères, vous donner ce que
plus désirez. De Villiers Cousterez, le dernier
jour de juillet (î 5Z17 ) '.
La byen vostre,
Caterine.
( 1547.) — i3 août.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 32o8, f° n3.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES.
Monsieur de Humyères, j'ay entendu par
voz lettres comme mes enffans sont arrivez à
l'Isle Adam2 et se sont bien portez par les
chemyns, de quoy je suis bien fort aise. Je
vous prye me faire souvent sçavoir de leurs
nouvelles. Il me semble qu'ilz seraient myeulx
logez au pavillon que au chasteau, pour ce
qu'il est près de l'eau; qui est tout ce que
aurez pour ceste heure; pryant Dieu vous
1 Voy. lettre do Henri II, datée du même lieu, le
7 août 15A7 (Bibl. nat. fonds français, n" 3i 30, P 3 ti).
3 L'Ile-Adam (Seine-et-Oise). Le château était bàli
dans l'ile formée par l'Oise.
donner, Monsieur de Humyères, ce que plus
désirez.
De Compiègne, ce xin"jour d'aoust (t Ô/17) '.
La byen vostre ,
Cateri>e.
(1547.) — 2.3 août.
Orig. Bibl. nat. fonda français, n" 3iao, n° 3g.
A MONSIEUR D'HUMYÈRES.
Monsieur de Humyères, j'ay eu la lettre
que m'avez envoyée, et me semble que ne
scauryez myeulx faire que d'obéyr au com-
mandement du Roy, et que vous estes si saige
que vous y gouvernerez de façon que mon
filz ne s'en trouvera point pys, que, après le
regrect que le Roy et moy pourrions avoir s'il
avoit mal2, vous en ayant la charge, en seriez
le plus fasché; qui sera cause que ne vous en
feray plus longue lettre , synon de vous pryer
de me mander souvent de ses nouvelles et
ensemble de tous les autres; pryant Dieu,
Monsieur de Humyères, vous donner ce que
plus désirez.
De Compiègne, ce xxni''jourd'aoust(i 5^7).
La byen vostre,
Caterine.
(15â7.) — 7 septembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n"3i30, f° 43.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES,
CHEVALIER DE L'ORDRE DC ROT ET GOUVERSErR DE MES ENFFANS.
Monsieur de Humyères, vous m'avez faict
1 Une lettre de Henri II nous donne la date certaine
de celle-ci; elle est écrite à Jf. d'Humières, de Com-
piègne, le i3 août 1 5 '1 7 : «J'ay veu comme mes enfans
Ksont arrivés à l'Isle Adam en bonne santé. . . Je suis ce-
"jourd'huy arrivé en ceste ville, d'où je partira) mecredy
« prochain pour aller visiter ma frontière de Picardie. 1
(Bibl. nat. fonds français, n° 3 120, f° 36.)
2 Une lettre de Henri II à M. d'Humières nous fournit
quelques détails sur la maladie dont cette lettre fait men-
tion : rPour ce que mon filz a eu la petite vérolle, dont
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
21
bien aise de me mander l'amendement de
indu lilz et qu'il commence à se porter bien .
veu la malladye qu'il a eue, dont je loue Dieu.
Marc Anthoine1 m'en a dict bien au long
toutes nouvelles, à quoy je congnois qu'il a
esté très-bien servy et secouru. Je vous prye
prendre tousjours garde à luy et qu'il ne soit.
rien oblvé de ce qui luy fault l'aire, comme
j'en ay en vous toute fiance et que je suys as-
seurée que vous ferez, et, afiîn de me oster de
paine, m'escriprede ses nouvelles le plus sou-
vent que vous pourrez. A tant vois pryer Dieu,
Monsieur de Humyères, qu'il vous doint ce
que plus désirez.
De Compiègne, ce vne jour de septembre
(i647)V
La byen vostre,
Cateeine.
1547. — 8 octobre.
Arcb. (les Médius , copie transmise par M. Armand Baschet.
\ MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'aye esté advertye que ung
nommé André Lepsy, ebargé de plusieurs en-
fans, a procès en vostre justice de Florence,
pour partie de la succession qu'il prétend de
- ii n'est pas encore bien guary , je vous prie partir in-
-continant la présente receue, et vous retirer auprès de
"luy pour avoir l'œil à ce qui luy sera nécesaire et m'en
"faire, à toute heure, sçavoir des nouvelles et de ma fille.
-• Le pénultième jour de juillet î 5^7- s (Bibl. nat. fonds
français, n°3i20, f° 27.) — Voy. British Muséum, col-
lect. Egerton, Lettres et mémoires du règne de Henri II,
copie.
1 Marc Antoine avait la charge du haras de Meung.
— Voy. Brantôme, édit. du Panth. lilt. (Dames galantes),
p. 392.
1 Une lettre de Henri II à M. d'IIumières, datée de
Compiègne le même jour, est écrite dans les mêmes
termes : « Vous m'avez faict bien aise de me mander l'a-
r-mendement de mon filz, veu la maladie qu'il a eue.»
( Rritish Muséum , collect. Egerton. )
feu Jehan Francisque Lepsy, son oncle, la
longueur duquel lui vienl à perte et dommaige.
El pour ce qu'il m'a esté recommandé par au-
cuns de mes serviteurs, vous en ay bien voulu
escripre, vous priant, mon cousin, comman-
der que le dict procès soit promplement veu
et vuydé en bonne et briefve justice et. l'avoir
pour recommandé, qui sera l'endroit où, en
faisant fin, je prieray à Dieu, mon cousin,
après m'estre recommandée à vous, vous don-
ner ce que désirez.
Escript à Fontainebleau, le viiir jour d'oc-
tobre 15/17.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1548. — 2/1 février.
Orifj. Bibl. nat. n" 90659, f* 5i.
A J10N COUSIN
MONSIEUR LE GRAND1.
Mon cousin, le Roy monseigneur estant
adverty de la mort de Boniface2, qui estoit
commis à la moiclié de son liaraz de Montforl
Lamaury, a donné sa charge, à ma faveur et la
prière que je luy en ay faicte, à Laurens Manuel,
frère de l'escuyer Moret que bien cognoissez.
lequel ayant faict son debvoir si bonnestement
aux baraz de mon dict seigneur à Meung3.
sçaura beaucoup myeulx s'acquiter en cest en-
droict cy; et pour tant qu'il part de ma main,
pour le désir et bonne volunté en laquelle je
vous ay tousjours trouvé à me faire plaisir, j'ay
1 Claude Gouffier, duc de Roannez, marquis de goisy,
comte de Maulévrier, grand écuyer de France en 1 536 ,
mort en 1570, à Villers-Cotterets; il était possesseur du
célèbre château d'Oiron. — Voy. le P. Anselme, t. VIII,
p. 5o5 , et la Vie de Jean Cousin, par Firmin Didot, p. 55.
2 Boniface, cité dans une lettre de Henri II à M. de
Boisy (Bibl. nat. fonds français, n" 20659, p. 77).
3 Voy. pour le haras de Meung-sur-Loire (Loiret),
Brantôme, édit. Lalanne, t. III, p. 274.
22
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
pensé, inays que vous sachiez que j'en ay faict
la prière pour luy, vous le Iraicterez, pour
l'amour de moy, ou à tout le moins lui don-
nerez à congnoistre que vous avez en quelque
recommandation la prière que je vous en fays
pour luy; estant asseuré, mon cousin, que
j'eslynieraj le plaisir que vous luy ferez,
comme pourmoy-mesme, ou de nies spéciaulx
sen ileurs , et sur reste confiance , je prye Dieu ,
mon cousin, qu'il vous ayt en sa saincte et
digne garde.
Escripl à Fontainebleau, le xxiv0 jour de
febvrier mvc xlvii ( 1 548).
Caterine.
Marchant.
1548. — 27 mars '.
Orig. Bibl. nal. fouds français, n° 3iao, f° 16.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES.
Monsieur de Humières, j'ay esté bien ayse
d'avoir entendu, par ce que vous m'avez rescript,
des nouvelles de mon filz et de ma fille2, et de
ce qu'ilz se portent bien depuys qu'ilz sont à
Saiucl Germain 3, et mesment mon filz ; je pense
que, de cesle heure, ma fille4 sera arrivée là;
1 En 1 548, le jour de Pâques était tombé le 37 mars.
"- François et Elisabeth. — Voy. plus haut, lettre du
21 décembre i5'i6, p. 18.
3 La crainte d"s maladies qui régnaient alors avait forcé
Henri 11 d'envoyer ses enfants de S'-Germain à Villiers-le-
Bel : niais, dès le 20 mars 1 5 '18, il écrivait de Fontainebleau
à M. d'Humières : « Aiant veu par ce que vous avez escripl
nau conestable que l'on ne se mouroit plus à S' Germain ,
■•et que la femme qu'on disoit mallade est guérye, vous
-mennerez incontinent mon (ils et nia fille Helisabeth au
-iliit lieu, où dedans ung jour, ou deux pour le plus lard,
«j'envoiray ma fille Claude." (Bibl oat. fonds français,
11' 3 1 20, f° i3.) — Voy. lettre de Henri 11, datée de Fon-
tainebleau, le 3i mars; il y parle de l'arrivée de sa fille
Claude à Saint-Germain. ( Bibl. nat. fonds franc., n" 3 1 20 ,
1» n
' Claude, née à Fontainebleau , le 1 3 novembre 1.V17,
qui épousa, le 5 février i558, Charles II de Lorraine.
je vous prie me faire scavoir comment elle se
portera là, et le plus souvent que vous pourrez
de leurs nouvelles ; vous me ferez bien grant
el singulier plaisir; priant Dieu, Monsieur
de Humières, qu'il vous ayt en sa saincte et
digne garde.
Escript à Fontainebelleaue, le xxvii" jour
de mars uvc \lvu (i5&8).
La byen vostre,
Caterine.
1548. — 7 avril.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n° 3sia, f° 7.
A MONSIEUR
L ÉVESQUE DE CONSERANS'.
Monsieur de Conserans, j'ay rescript par
deux foys à ma cousine la vicontesse de Mar-
tigues2 pour le don que feu mon cousin le
conte de Laval et elle feirent à l'un de mes
secrétaires, Me Hierosme Marchant, des greffes
de Fronsac, que me semble ne debvoir poincl
estre retracté, estant confirmé d'elle el en son
éaige de le pouvoir faire, mesmes que s'est
pour récompanse des services que ledict Mai-
chant a faictz à feu mon cousin le seigneur
de Lautrec 3 son frère et à eulx; et, comme
1 Évêcbé dans la province d'Aucb ; à celte date Menaud
de Martres en était titulaire. Le n° 32 1 2 du fonds français
renferme beaucoup de lettres adressées à l'évêque de
Conserans.
- Claude de Foix, fille d'Odet de Foix, maréchal de
France; elle avait épousé en premières noces Claude de
Laval, mort en 1Ô47, et en deuxièmes noces Charles de
Luxembourg, vicomte de Martigues; voy. lettres d'elle,
fonds français, n° 3-2 13. — Cf. un sonnet de Melin de
Sainct-Gelays npour les masques de M. de Martigues à
fia cour, après qu'il eusl espousé madame de Laval, -
dans ses Œuvres , édition dé M, P. Blanchemain, t. I",
p. 30,4.
3 Odet de Foix, seigneur de Lautrec, maréchal de
France, marié à Charlotte d'Albrel, dont il eut Claude
de Foix.
LETTRES DE GATI1
sçavez, (ous services demandent recongnois-
sance, loyer el payement dâvant Dieu, où tous
debvons prendre grande i sideration; el av
esté très aise quant l'on m'a advertie qu'ilz
vous avoyent envoyé quérir pour donner ordre
à leurs affaires, d'aullant que vous scaurez
mieuix que nul aultre pourveoirà toutes leurs
choses. A ceste cause, je vous ay bien voullu
escripre la présente, vous priant de remonstrer
à son mary et à elle que, oullre ce qu'ilz fe-
ront œuvre méritoyre et la descharge d'eulx,
ilz me feront grant plaisir, et vous de vous y
employer en manière que, pour si peu de
chose, ilz ne nie reffusent, et je le recongnois-
trav en ce qu'ilz auront fairtz pour l'amour
de moy et vous, quant me vouldrez emploier.
Priant Dieu, Monsieur de Conserans, qu'il
vous ail en sa saincte et digne garde. Escript
àNogentsurSenne, le vif jour d'avril vivc xlviii,
après Pasques.
Catebine.
Bbrtaold.
Orijj. Arrh. (Il- Vlm]èn>\
\ MON ONCLE
MONSÏEl P. LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, ce ue seroit chose" raisonnable,
envoyanl le Roy monseigneur mess* Thomas
dal Vechio, son aulmonier ordinaire, devers
vous, que je ne vous escripve el face scavoir
de mes nouvelles, et la disposition entière en
quoy je me trouverais davanlaige quant je
vous pourroys donner à congnoistre l'affec-
tion de laquelle je vous vouldroys faire plai-
sir bien agréable; estant bien asseurée. mon
oncle, que je n'y fauldrav point en tous les
endroietz que je pourray, j'ay donné charge
audict dal \echio vous dire et supplyer à vous
dire de ma part le surplus pour le plaisir que
ERINE DE MÉD1CIS. 23
je pense vous aurez plus grant de l'entendre
;'i bouche de luv, estant sa suffisance telle
qu'il vous pourra satisfaire et respondre à
tout, vous priant, mon oncle, le voulloir oyr
el croyre, et, si quelquefoys luv ou les siens
avoienl affaire à vous, leur impartir vostre grâce
et bénignité, car je vous puys asseurer que les
vertu et honnesteté du dicl dal Vechio méritent
bien que l'on face quelque chose pour luv;
oullre ce que vous luy en avez donné cognois-
sance par effect , à ma faveur et contemplation .
je m'en ressentiray la paît qu'il vous plaira
m'employer; priant Dieu, mon oncle, après
m'estre recommandée à vous, qu'il vous donne
ce que désirez.
Escript à l'abbaye de Veauluysanl ', le pre-
mier jour de may mvxlviii.
Vostre bonne niepse,
Caterine.
. 1 0 'i S . i — 'i tuai.
Orig. Ht hl. un t. fonds français , n* 3iao, fc 18. — * pie aq-cents,
Colbert , vol. a3.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES,
CHLVALIH! DE L'ORDRE Dl BOÏ.
Monsieur de Humyères , j'ay receu voz lec-
tres du premier jour de may, et ay esté bien
aise de scavoir des nouvelles de mes enffans
qui se portent très bien, dont je loue Dieu;
quant à ce que m'escripvez pour le liourris-
sement de ma fille Claude, le Roy el mo\
sommes d'advis que l'on luy donne de la pan-
nade plustoust que autre chose, car elle luv
est plus seine que la boullye , et pour ce failles
luy en bailler. Je vous prve, Monsieur d'Hu-
myères, de me faire paindre tous mes enffans ,
mais que ce soi t d'un autre cousté (pic le
1 L'abbaye de Vauluisanl , cb' l'ordre de Ctteaux, située
ru Cliampagne, à six lieues de Sens, et à côté du village
du même nom , était au nombre des bénéfices du cardinal
de Châtillon.
:lh
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
painctre n'a acoustumé de les paindre et por-
traire, et m'envoyez les painctures inconlinant
qu'elles seront faictes. Je vous puis asseurer
que le Roy et moy faisons très bonne chère,
Dieu mercy, auquel je prye vous donner ce
que plus désirez.
De A'auluysant,ce nu" jour de may (1 568)1.
La byen vostre,
Caterine.
1 548. — 6 mai.
Orig. Arcb. des Médicis , dalla filza A726 , nuova numerazione , p. 71.
A MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin , l'évesque de Cortonne 2, que
vous avez envoyé vers le Roy monseigneur,
vostre ambassadeur, s'en retourne, ayant très
bien laict son debvoir es charges que vous luy
aviez données, comme vous pourrez con-
gnoistre par le succedz des chouses qu'il vous
comptera. Vous le congnoissez, et ses vertus et
mérites, pourquoy ce ne seroit que chouse su-
perflue vous en dire aultrement, sy non qu'il
esl capable d'estre employé et de faire' grans
services, ainsi que je pence; oultre ce que
vous en avez eu claire et certaine expériance,
vous le scaurez encores mieulx présentement,
remectant à luy et à sa créance ce qu'il vous
dira de ma part, dont, pour sa suffisance, je ne
vous en escripray davantaige, et vous prieray
1 Une lettre de Henri II, datée de Vauluisant le 3 mai
i548, nous donne ta date de celle-ci; voy. Bibl. nat. fonds
fiançais, n° 3i2o, f° 53. — Cf. lettres de Diane de Poi-
tiers, édit. par Guiffrey, p. s3.
■ Jean-Baptiste Ricasoli , du conseil privé du duc de
Florence, nommé en 1 538 évêque de Cortone. A la
mort de François I", il avait été choisi par Cosme pour
porter ses compliments de condoléance et ses félicitations
à Henri II. Les bons rapports entre les deux cours ne
s'étant pas rétablis, lîicasoli fut rappelé et ne fut pas rem-
placé. — Voy. Négociation» diplomat. avec la Toscane,
LUI, p. 187.
scullement le voulloir entendre et croyre.
Priant Dieu, mon cousin, après m'estre re-
commandée à vous, qu'il vous doint ce que
désirez.
Escript à Escouen, le vf jour de may
MVCXLV1II.
Vostre bonne cousine,
CaTERIKE.
(1548.) — a 3 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, f* ao.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES.
Monsieur de Humyères, ma cousine la srr
Strosse ' m'a faict entendre le désir et affection
qu'elle a deveoirmes enlïans , qui est occasion
que je vous prye bien fort de les luy voulloir
monstrer, mais qu'elle vueille aller à S1 Ger-
main, et la recevoir pour l'amour de moy,
comme vous scavez qu'elle mérite , et vous me
ferez bien grant plaisir, et mesmement de
în'escripre le plus souvent que pourrez des
nouvelles de mes dicts enlfans; quant à celles
du Roy et de moy, je vous puis asseurer qu'elles
sont très bonnes , grâces à Dieu , auquel je
prye vous donner, Monsieur de Humyères, ce
que plus désirez. De Doulevant le Chaslel'2,
ce xxiii0 jour de may.
La byen vostre,
Catebine.
1 Philippe Strozzi laissa de Clarice de Médicis sept Gis
et trois filles : Marie, qui épousa Lorenzo di Piero Ri-
dolli-, Louise, mariée à Luigi di Giuliano Capponi, et
qui mourut, dit-on, empoisonnée; Madeleine, mariée à
un noble romain, Flaminio dell' Angnillara; nous ne
pouvons dire s'il s'agit ici de l'une d'elles ou de Lauda-
mine de Médicis, femme de Pierre Strozzi, frère de
Robert et de Léon Strozzi. — Voy. Vie de Philippe
Strozzi, publiée par Nicolini, Florence, 1867. in - 1 s .
p. CKI11.
1 Dans le département de la Haute-Marne, arrondis-
sement de Vassy.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
25
1548.) — 17 juin.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3178, f° aoi.
A MONSIEUR DL HT MYÈRES,
CBB1 ii T . • 1 ■, M ■■! I : M 1 UilSO* DE MES BXI
Monsieur de Humyères, j'aj recéu les
painctures de mes enffans que vous m'avez
l'aie t faire, lesquelles j'aj trouvées forl belles
et bien faictes, et me semble advispar là que
mes dietz enffans sont bien amendez depuis
que ue les ay veuz; je vous prye ne vous
lasser à m'escriprele plus souvent que pourrez
de leurs nouvelles. Le Roy a donné à ce por-
teur.' maistre Germain, ung estât de vallel de
chambre de monfilz; je vous prie l'avoir pour
recommandé en cela et faire pour luy tout ce
que pourrez; car je voy qu'il mect bonne
paine à nous contenter, le Roy et moy, qui est
fendront où je prye Dieu vous donner, mon-
sieur d'Humyères, ce que plus désirez. De
Joynville, ce \\u'" jour de juin» ( 1 548) x.
La bien vostre,
Cateri.ne.
1548.— ai juillet
. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, f" 6o.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES.
VIonsieur de Humyères, il "est arrivé en
ceste ville un» petit filz et trois fdles du conte
delà Myrandolle2, desquelz le Roy m'adonne
les deux <;iandes filles, et a advisé d'envoyer à
mon filz et à mes filles le petit fi Iz et la plus
Due lettre de Henri 11 à M. d'Humières, datée de
Joinville, le 18 juin i548, nous donne la date exacte de
celle-ci. — Voy. Bibl. nat. fonds français, n° 3 120, f° ây.
J Celaient les enfants de Galeotlo Pic, 11e du nom,
comte de la Mirandole, qui venailde livrer sa principauté
au roi de France en se mettant sous sa protection. — Voy.
lettre du connétable, 20 juillet, où il parle des fils et filles
du comte de la Mirandole. (Bibl. nat. fonds français,
n°3i&7,P 88.)
Catherine de Méuicis. — 1.
petite lille, qui est occasion que je les vous
recommande, et que les faciez traicter selon
que congnoissez la maison dont il/, sont. Je
fera} que les deux filles qui me demeurent '
auront leur ordinaire avecques les dames de
ma maison. Vous Iriez le semblable de relit
qui va vers vous, à laquelle vous fric?, def-
frayer une da moy selle et ung serviteur seul-
lement; quant au petit filz, je m'actends que
le Roy vous en mande son voulloir, qui me
gardera vous en faire plus longue lectre; pryant
Dieu vous donner, monsieur de Humyères. ce
que plus désirez.
De Challon sur Saulne, ce xxi jour de
juillet i548.
La byen vostre,
Caterine.
(1548.) — 29 juillet.
Orig. Bibl. nat. fomls français, n° 3iao, f° a8.
A MONSIEUR D'HUMAÈRES.
CIIEVALIED DB L'ORDRE DU IlOÏ.
Monsieur d'Humyères, M Cliristolle -, qui
s'en va pour demourer près de mes enffans ,
ainsy qu'il a acoustumé, vous dira amplement
de mes nouvelles et Testât en quoy je suis ,
aussi l'aise et contentement que ce m'est d'en-
tendre des nouvelles de mes dicts enffans, qui
me faict vous pryer de m'en escripre le [dus
1 Catherine de Médicis garda les deux ainées. Sylvie
et Fulvie; la troisième fut envoyée à la petite cour de
Saint-Germain. Sylvie épousa François de La Rochefou-
cauld : Fulvie , Charles de La Rochefoucauld , sr de Randan ,
mort en 1062 des blessures recuis au siège de Rouen;
restée veuve à vingt-deux ans, elle ne se remaria pas. —
\»\. Hilarion de Coste, Les éloges et les vies des reynes,
prinçfsses et daims illustres, Paris, Cramoisy, iim;
t. II. p. 762; Ducbesne, Généalogie des La Rochefou-
cauld; Chazot de Nantigny, Généalogies hitlor. t. 11,
p. 3 18.
2 ChristophteiChrestien, médecin du Roi.
k
M
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
souvent que vous pourrez, et vous nie ferez
biengranl plaisir. Le Roy entend que AI Jehan
Goueverot1 demeure aussi avec mes dietz enf-
l'ans, comme je luy mande; et pour ce que le
(lict Christofle est suffisant pour vous dire le
surplus, je feray fin de lectre, pryant Dieu
nous donner, monsieur de Humyères, ce que
plus désirez.
De Mascon -, ee XXIXe jour de juillet.
La byen vostre,
Gvterine.
(1548.) — 3 septembre.
Orig. Bibt. nat. t'omis français, n° 3iao, f1 ûi.
\ MONSIEUR DE HDMYÈRES.
Monsieur de Humyères, il n'y a guyères que
je vous av escript; présentement vous venlx
bien advertir que j'ay receu voz dernières
lectres, et que me faietes bien grant plaisir de
me mander souvent des nouvelles de mes enf-
fans. Il m'a esté dict qu'il y a à présent fort
grant dangier à Paris et que l'on si meurt
bien tort; pour ceste cause, je vous prve de
vous en enquérir el le sçavoir ;'i la vérité, affin
de donner ordre que ceulx qui viendront de
Paris n'entrent où seront mes dilz enffans et
que l'on s'en preigne bien garde. J'espère que
bientoust la eoinpaignye de mes enffans aug-
mentera et qu'ilz auront avecques eulx la
' Gouevrot, né à Bellème. Il fut successivement le mé-
decin de François I", de Marguerite d'Angoulème et des
enfants de Henri 11. 11 a publié le Sommaire de toute
. dont on connaît trois éditions. — Voy. Odolant
Desnos, Hist.des durs d'Alençan.
ri II, dans uni- lettre à M. d'Humières, datée
le Bourg-en-Bresse, le 27 juillet i548, lui annonce qu'il
i P mont et qu'il laisse à Màcon . avec sa femme,
pour entendre à ses affaires, ses cousins, le cardinal de
Lorraine, le duc de Guise, le chancelier, le sieur de
Saint-André et l'évêque de Coutances. (Bibl. nat. fonds
i" 3i 2 o, f 63 1
petite royne d'Eseosse \ de quoy je suis bien
fort aise; quant est de mes nouvelles, je v.ous
puis asseurer qu'elles sont très bonnes, grâces
a Dieu, auquel je prye vous donner, monsieur
d'Humyères, ce que plus désirez.
De Lyon, ce un' jour de septembre.
La byen vostre,
Catrrinb.
15'iS. — li septembre'.
Orig. Aivh. de Modène.
I MON ONCLE
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, le cappitaine Jerosme Pepé ma
laie t entendre comme, il y a cinq ans passez,
qu'il bailla en garde entre les mains de Guy-
chardiny, marchant florentin, demeurant "ii
vostre ville de Ferrare, la somme de sept cens
escuz d'or soleil, et qui! est advenu que ledicl
Guychardiny, peu de temps après, pour son
mauvais gouvernement, a fairt banquerolde,
et par voire' commandement esté mys prison-
nier en voz prisons, et ses biens, debtes et mar
chandises à luy appartenans saisiz et mys en
mains de commissaires pour satisfaire à ses
créanciers; el pour ce, mon oncle, que je dé-
sire ledict cappitaine Pepé estre payé et rem-
boursé de ce que le dict Guichardiny luy
doibt, pour estre de long temps serviteur du
Roy soubs la charge de mon cousin le sieur
Parestroie, cela est occasion que je vous prie
1 Voy. pour le débarquement de Marie Stuarl , l'r. Mi-
chel, Les Brossais en France, t. I, p. 63g. La (lotte qui
l'amenait quitta l'Ecosse le 7 août 1 548; elle aborda le i3
an port de Boscoff, près de Morlaix , on plus tard on elev a
une chapelle commémoralive. — Voy. pour l'arriver de
Marie Stuarl, lettres de Henri II, mémoires de Saulx,
collect. Pelitol, 1'" série, t. XXIV. p. 32: lettre de Henri 11
à M. de Marillac, Bibl. nat. fonds Clairamhault, vol. 3'iti;
lettre de Henri II à M. d'Humières, Bibl. nat. fonds
français, n°3i3a, f la, el n° 3iao, 1° 69.
LETTRES DE C ITHE
bien forl de commander qu'il soil payé sur
tous aultres de sa dicle debte de sepl cens es-
el lu\ estre aidant et favora"ble de loul ce
que pourrez pour l'amour de moy, el vou6 me
ferez, en ce faisant, bien granl plaisir; priant
Dieu, mon oncle, qu'il vous doint bonne vye
et longue. IV la Cousle de S' ^ndré1, ce
Min jour de septembre i 548.
Vostre bonne niepse,
Caterine.
1548. — Septembre.)
Brilisfa Uuseam.
\ m SOEUR LA ROÏNE DE NAVARRE5.
Ma seur, j'é aysté bien ayse d'antandre de
veos noveHes et de selles deu roy de Navarre3,
mésbyen marrie d'avoyr antendeu par sel pour-
la pouyne en quoy vous aytyés lou deus,
aurore que sel souit san aucasyon. voyanl
l'amylié que le Roy vous porteà lou deus. come
plulx au Ion vous dire set jeantyllhomme pré-
sent porteur, car je trouve byen mauves set
que l'on vous a fayst; et pour se que y et bien
C'eslà I: Côte-Saint-André que Henri II, au retour
du Piémont, rejoignit Catherine Je Médias. Dans une
Leiln i !" 8 septembre i 548 . il écrivait à
M. d'Humières : rJe vous advise que j'espère arriver
-mardv a la Couste S -André, où ma femme nu- vient
- trouver.^ ( Bibf. nat. fonds français, n° 3 120, f° 65.) 11
date une nouvelle letlre de la Côte-Sainl-André, le
1 septi ml - ',,;'»' 1 67.
Marguerite d'Angoulème, duchesse d'Alcnçon, sœur
de François I". fille de Charles d'Orléans et de Louise de
Savoie, née le 11 avril i4o,a, mariée en premières
noces à Charles d'Alençon , et en secondes, en 1527, à
Henri d'Albret. Celle lettre fut écrite à l'occasion du
mariage de Jeanne d'Albret avec Antoine de Bourbon,
qui eut lieu à Moulins, en octobre 1 5 ') 8 , contre le gré
de la reine de Navarre. — Voy. Lettres de Diane de Poi-
1 blii par Guifirey. p. 28, et les Lettres de
Marguerite di Navarre, édif. Génin, I. I", p.
Henri d'Albret
RINE DE MÉDI01S. 'i~
j ustruvl de leut, je ne vous en fayré redyste,
me rcmetanl sur sa seufysance.el seulement je
vous pryeré de panser que n'arésjeamès heune
mylheur parente, ni qui désire plulz vous
ton deus content que moy. n\ que de myll
cueur s'emplouye pour teut set que je saré el
pensi ré qui vous puysse ayder el ayderé, car
je n sans veos annui, come j iurs conu
que avésl'aystlé mien, etvousconeusy aimanl
le Roy, autant que j'é coneu pour mon parti-
ceulyer, que sela m'oublige ancore daventage
à nous ayslre seine et bonne amye, el vous
prye le croire \n>i et je fayré fin, me n
mendant à vos bonne- grases.
Vostre bonne seur.
Caterim .
1548. — 1' 01 tobi .
Orig. Ai . is.dalia Clza 4756, nuova l
\ MON COUSIS
MONSEIGNEUR LE DUC DF. FLORENCE.
Mon cousin, j'aj receu voz lettres par Mes-
sire Nicollas de Medicis, lequel m'a ara]
ment compté de voz nouvelles, dont j'ay esté
1res aise, et d'aultant que les services qu'il 0
tout le temps de sa vye faietz à voz préd
seurs méritent la recongnoissance envers luy
et les siens, et ceulx qu'il recevra en sa patrye
luy seront de plus grand estime et valleur que
beaucoup plus grans qu'il recepveroil en c<
pays, je vous ay bien voullu pryer, aullant af-
fectueusement que je puys, de luy faire du
bien, el l'avoir pour recommandé: il esl
chargé de grande famille et mesmemenl de
filles ausquelles j'espère aider, quant viendra
temps oportun de leur party; en a\ d n
prince de Melphe 1 son fils Lyon, qu'il a
n Caracciolo , deveni , en i5s . prin 1 de Mel-
phe par la mort de son père: en l544, il fut nommé
maréchal de France, et, en i545, gouverneui du Pié-
4.
28
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
amené avecques luy pour aprendre cl se adex-
Irir avec luy, et, selon qu'il se sera façonné, le
faire mettre en tel estât, que, à l'imytation de
son père, il se esvertue à faire service et estre
homme de bien et valleur, etayderay tousjours
à les pourvoir le myeulx qu'il me sera pos-
sible. Je luy ay donné charge vous dire quel-
ques choses de ma part. Vous me ferez bien
grant et siugullier plaisir de le voulloir oyr et
croyre de ma part, comme je pense que vous
avez entière fov et créance de- luv, priant
Dieu , mon cousin , après m'estre recommandée
à vous, qu'il vous doient ce que désirez.
Escript à Lyon, le premier jour d'octobre
>ivcl XLVIII.
Vostre bonne cousine,
Catbrine.
1548.
octobre.
Ong. Imprimé par Armand Baschel , dans sa traduction de la Jeu-
de Catherin? de Mèdicis, par R<'umont ( Append. p. 3ao).
\ MESDAMES DES MURATTES
DE FLORENCE.
De par la Royne ,
Chères et bien amées, nous avons receu par
messer Nicole de Médicis, présent porteur, les
lettres que nous avez escriptes, et entendu par
ln\ ce qu'il nous a dicl de votre part, mesmes
• ilunté, en laquelle vous persévérez ordi-
nairement, de pryer Dieu pour la prospérité
lu Roy monseigneur, de nous et de noz enf-
ans, vous prians bien fort de voulloir conli-
mer, estans asseurés que nous les recognois-
trons vers vous; nous luy avons donné charge
de vouz dire de notre part quelques choses.
\ ous nous ferez bien grant et singulier plaisir
rie ie voulloir entendre et croyre, pour estre
mont. — Voy. Mémoire» de Vieilleville, liv.I, chap. vu;
Bilil. tiat. collection Gaignières. vol. 3a8.
homme de foy et créance, asseurés comme
vous mesmes le cognoissez de bonne et entière
suffisance. Et à tant, chères et bien amées,
nous prions Dieu vous avoir en sa saincte et
digne garde. Donné à Lyon , le premier jour
d'octobre mvcxlviii.
Caterinb.
Rkrtalld.
(1548.) — 8 octobre.
Orig. Bitil. nat. fonds français, n" 3iao. f° ûG.
A MONSIEUR DE HUMYÈRES.
Monsieur de Humyères, j'ay veu par dez
lettres que m'avez escriples comme vous avez
esté contrainct de vous en aller pour les ob-
secques de feue Madame de Contay ' , vostre
belle-mère, qui est déceddéc, dont j'ay esté
et suys fortdcsplaysante, et cognoissant qu'elle
avoit passé son temps en l'eage de s'en aller
en repoz avecques nostre Seigneur, et qu'il est
nécessaire de se conformer à sa volunté, quant
luy plaira nous appeller, j'ay pensé que vostre
prudence sera si vertueuse et forte qu'elle
vous donnera la consolation que vous méritez;
qui sera cause que je ne vous en dirav pour le
présent davantaige. Je suys bien asseurée que,
pendant vostre absence, Madame de Humyères
supployera assez au gouvernement de mon
filz et de mes tilles; louteffoys vous me ferez
bien grant playsir de retourner le plus tous!
que vous pourrez et je vous en prye. A tant,
Monsieur de Humières , Nostre Seigneur vous
ayt en sa saincte garde.
1 Barbe de Hallwin,de la famille des Hall win originaires
de Flandre; elle avait épouse Charles de Contay, seigneur
de Moncourl et de Fricourt. — Voy. lettre de Henri II
à M. d'Humières, datée de Saint-André, le 7 octobre
1 548 , et écrite à l'occasion de la mort de M™* de Conta]
(Bibl. nat. fonds français, ms. 3i2o,f° 70).
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
29
Escript à Sainct-André1, le vm° jour doc-
lob IV.
La byen vostre,
Caterine.
1548. — ao octobre.
Orij, Arch. des Médicis , dalla lîlza 4731'), nnov» numeraiione, p. 78.
\ M0K 1 01 S1N
MONSEIGNEUR LE DEC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay esté priée vous escripre pour
une nommé lia; née de Paule Stocque de Late-
rine, et, à ce qu'on m'a donné à entendre,
es! l'un de voz subjeetz, qui trouva en terre
quelque petite quantité d'escuz, il y a environ
quatre ans, qu'il dit avoir despenduz, et, par
faillie d'avoir fait le debvoir envers vous qui!
esloit tenu fère, a esté depposseddé de ses
terres; à ceste cause, mon cousin, etqu'ii est
parent d'undeinesolIiciers,je vous prie l'avoir
pour recommandé, luy faisant telle gracieuseté
et pardon qu il puisse retourner en la joyssance
de ses liiiiis. qui scia i'endroict, mon cousin,
où je prie Dieu vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Moulins, le x\me jour d'octobre
t548.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
I5/i9. — 12 mars.
Orig. Arch. des Médicis, dalla filza £726 , uuova numeraiione, p. 81 .
Y MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay esté advertie par Hie-
rosmme de la Rubie- qu'il est empesché en la
1 \ illage et seigneurie prés Tarare , dont Jacques <T A!-
bon, maréchal de France, prit le nom.
J Le célèbre sculpteur et émailleur Délia Robbia. —
Voy. pour ses divers Ira vaux, Laborde, La Renaissance a la
de Franco, t. I, p. 375. 5o3, 507, 534; V Histoire
jouyssance d'une maison qu'il a eu vostre
ville de Florence par le cbappilre de l'église
Sancte Marie ciel Fiore, parfaulte de leur-avoir
payé le debvoir seigneurial qu'ilsonl , par cha-
cun an, sur la dite maison; et d'aullanl qu'il \
a pleus de trente ans qu'il a tousjours de-
meuré en France au service du feu Roy et du
Roy monseigneur, où il est encores, de pré-
sent, ordinairement employé pour la conduicte
el édification d'aucuns de ses bastimens, je
vous en ay bien voulu escripre, vous pryant,
mon cousin, l'avoir en ceste affaire pour re-
commandé, et, pour l'amour de moy, luy ayder
et donner faveur envers le susdit chappitre,
allîn que, en payant leur deu, il puisse joyr
paisiblement de sa dite maison, jaçois que il
n'y soit allé en personne pour l'empeschemenl
qu'il a aux affaires d'aucuns bastimens de mon
dict seigneur le Roy. Ce faisant, vous me ferez
grant plaisir, qui sera l'endroit où je prye à
Dieu, mon cousin , vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à S1 Germain en Laye, le m' jour
de mars i5&8.— (i5it).)
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Marchant.
(De sa main.) Raccoinanda Hieronimo délia
Rubia per la moleslia che li è data d'una casa
ebe ha in Fiorenza dal Capitolo di Santa Maria
del Fiore, per non baver pagato il censo ogni
anno, et questo esser mancato per essere stato
già molli anni in Francia al servitio del Re
jiassalo et di questo, et priega Vostra Eccel-
lenza a far opéra col Capitolo che la moleslia
cessi; sua Excellenza ci l'ara quell' opéra che
potra, ma le son cause ecclesiastiche.
(/« château de Madrid, par le même; Barbet de Jouy,
Les Delhi Robbia, élude sur leurs travaux, Paris, t855
im i \ï!Ii:iil SE DE i DU
\ |,. M.II1I..I!
\U)\ ( m s|\ |.i. os . i»;; \| VMOl E .
; ,/,!, , vous ;n ez prin 1e d estre mon compère
1 ii' lien cl mo\ ious avons cbois\ coraini
<clu\ «j ne n mon; plus prouche cl
iidiiiil e. don veulx bien rem
[■ou.siu lo iju il h csl
■
de m itrrh l'c pin ■, il \ , jou
bien venu pour i
't à lin, comme pan tilhomme, présent porteur, vous dire e
: bien dél ' i 1er ri de , . i où j
■ iii lu\ loul ' e bien I lien von - donner, mon oncl , ve el
endi voys pryer lh eu Ion
v\e. De S Germain en im ce wir jo
ri' x\i jour d a\ i il mdxlix. ma\
ine . \ ostre bonne
i\: GAI
! — ! i,
■il El II Ll DU DE FEKHARE .
. je vous jçii -
1549 - S juin.
i nnti
i 01 SIS
MoY- Dl C DAl \] U i.i. .
i . i r i ces q u c
lion i ii
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Ludu 'i I ■ ' ' ■ '■ • ' •' Ni H 'I"
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n en i :, (3 .; ; il ( ;
.... ,].■ François île Cl
M.,! n i i. ,1, Boni] .i dndiicliédi \ '- '''■"""
. [iGryphius,
— Vov. UÏ'mmm i/« r/uc r/i I >'°! Brunct,
; i , ' ' '.
I.1..1 ..I n.
Henri i 3 p i.'i'ii), à M. de M
1111 nouvfi François 1 ie pril le lili
LETTRES DE CATHERINE DE VÎÉDICIS.
11
les ivogadre père et fil/ ont, de longtemps,
laid/, au Roy el contyauent chascun jour,
j'avois délibéré vous pryer de voulloir donner
à Michel Wogadre le filz l'une (fis trois judi-
catures e,stablies au marquisat de Saluées;
mais je n'av eu depuis moyen Je vous von.
qui est occasion que, pour l'affection que j a\
.mi ccst endtoict,je vous envoyé le placet qui
m'en a esté baillé, et vous prye bien forl de
pourveoir en ma laveur le dict Avogadre de
l'une desdictes trois judicatures , le préférant à
tous autres, pour l'amour de moy, el je vous
puis asseurer que me ferez bien granl plaisir;
pryânt Dieu, mou cousin, qu'il vous doint ce
que pins désirez.
De S' Denis, ce vin jour de juin;; '.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
plaisir en ce faisant. Priant Dieu vous don-
ner, mon cousin, lionne vye el longue.
I).
1549. — 8 juillet.
Mi ' .i , dalla filza 6796, nuova m razione,p. 517.
i MON CODSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay entendu comme vous avez
prins à vostre service Jullien de Spiquio et
luv avez baillé l'une de vos offices du collège,
de quoy je vous sçay bon gré; et pour ce
que je porte bonne affection" à Benedic de
Spiquio son filz', et que je désire m'employer
pour eulx où jepourray, à reste cause, je vous
prie, mon cousin, voulloir continuer le dict
Jullien en vostre dict service, et à l'yssue du
dict office du collège, le pourveoir en quelque
autre de vos offices que congnoistrez luy estre
propre, allin qu'il se puisse plus commodé-
ment maintenir en son estât, et vous me ferez
•[lie l'année suivante , à la mort de son père , Claude de
Lorraine, arrivée le 12 avril i55o.
1 L'avant-veille de son sacre, qui eut lieu le 10 juin
1 54g.
aris, ce \n|'" jour de juillet i ô'in.
! re bonne cousine.
tl\ rr.iim..
1549.) — 29 août.
Ori(J. Bibl. nat. fuods français, n° 3i'j<>. IJ M;.
\ MONSIEUR DE BUMYÈRES,
chi < slieb de L'ordre or roy et gouverneur de mes enffans.
Monsieur d'Uuniyères. j'av receu la painc-
ture de mon filz1 (jue vous m'avez envoyée,
que je treuve bien, au reste qu'il me semble
que le visaige ne luy repporte pas du tout, ne
pareillement de la paincture que m'avez en-
voyée de mon lilz d'Orléans2; et pour ce je
vous prye me mander s'ilz sont bien faictz et si
leur ressemblent, el à toutes adveutures me
faire encores faire deux autres visaiges de mes
clitz deux filz, que vous m'envoirez pour les
représenter l'un devant l'autre, allin d'osier
l'oppinion que j'en ay. Aussy vous prye de
m'envoyer les painctures de mes autres enf-
fans, ainsi que le painctre les dépeschera, el
me mander des nouvelles de ma petite fille'',
comme c'est qu'elle se portera; et si voyez
qu'elle fust encores mallade, je serois d'advis
que maudissiez incontinant quérir Goeverof '.
et pour ce vous pourvoirez à cela le plus tousl
que pourrez; qui est fout ce que vous aurez
pour ceste foiz, après avoir pryé Dieu vous
donner, Monsieur d'Humyères, ce que plus
désirez. De Compiègne, ce xix" jour d'aousl '.
La byeti vostre,
( Utérine.
François dauphin.
■' Louis d'Orléans, sonsecond Gis, né le '■'< février 1 ."> la,
mort en octobre 1 55o.
1 Claude.
* Cité plus liant, p. 2l).
r' Elle parle dans cette lettre de ses deux fils: Louis
32 LETTRES DE CAT
15/19. — 3i août.
Orig. Arch. de Manloue.
A MOU COUSIN
LE S LUDOVIC DE GONZAGUE'.
Mon cousin, j'ay receu les loclres que vous
m'avez escriptes, où me mandez que mon filz
vous a faict très bonne chère et bon recueil,
de quoy je suis bien ayse, et n'eusse pas este'
contente deluy s'il eut faict aultrement, pour
l'amour de la bonne volunlé et amitié que je
vous porte, vous asseurant- que je suis bien
marrye que vous estes malade, mais j'espère
(jue vous ne le serez pas longuement, et, pour
ce, je vous prye de mettre poyne d'estre bien-
tost guari, affin de retourner incontinent de-
vers mon filz; qui est tout ce que je vous es-
cripray pour ceste heure, priant Dieu, mon
cousin, vous donner ce que désirez. De Com-
piègne. ce dernier jour d'aoust mdxlix.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
HERINE DE MÉD1CIS.
de mes enffans, comme la chose de ce monde
que j'ay autant en désir et affection, me faict
vous prier de voulloir continuer les advertis-
semens que m'en donnez en aucune occasion
commode, où j'auray tant d'aise, que ne me
le sauriez donner plus grant, ne tant agréable.
Au demourant, mon cousin, pour ce que, à
ma requesle, le Roy monseigneur a accordé
et donné la place que tenoit deffuncte Fon-
taines à la femme de mademoyselle de Danne-
inarie \ je vous eu ay bien voulu advertir,
pource que le dict seigneur veult qu'elle soit
mise au lieu de la dicte deffuncte; et à tant,
mon cousin, je prye Dieu qu'il vous ayt en
sa garde.
Escript à Nemoux, le quatriesme jour de
mars, l'an mil cinq cent quarante neuf ( i55o).
La byen vostre,
Caterine.
1550. — 6 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3o6a , f° 5a.
A MON COUSIN
MONSIEUR D'HUMYÈRES,
, CHEVAI.1E11 DE L'OnDRE DL- ilOÏ MO.NSE1CNEUH.
Mon cousiu , le grant bien et plaisir que
j'a\ d'ente.ndre la bonne santé et disposition
d'Orléans, son second fils, élant né le 3 février i5A8
(i56g), cette lettre est donc certainement de i5/ig, car
M. d'Humières mourul dans le mois de juillet de l'année
suivante. — Voy. lettre de condoléance de Henri II à ma-
dame d'Humyères, datée d'Anet, le ao juillet i55o (Bilil.
nat. fonds français , n° 3 1 20 , f° g '1 ) , et les vers latins de
Melin de Sainct-Gelays : De natalibui Ludovici Aurelia-
nensium ducis, dans ses Œuvres, édit. de P. Blanche-
main, t. II, p. 3ai .
Cité plus haut, p, 3o; envoyé pour élre élevé avec
le Dauphin.
1550. — i3 mars.
Orig. Arrh. des Médicis, dalla filza 67a6,nuova numerazione , p. 8a.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, Messire Agnolo de la Stuffa,
en deux ans qu'il a esté par deçà, a tant sceu
fère et si bien poursuivy avec une vertu, une
patience et dextérité si grande, que finable-
ment il a obtenu la restitution et délivrance
de Messire Pandolphe son frère2, je dys avec
ung contentement et satisfaction, non point
du Roy monseigneur tant seullement, ny de
moy, mais générallemenl de tous ceulx à qui
1 Anne Lemaye, dame de Dannemarie, avait assisté
Catherine de Médicis dans l'une de ses dernières couches.
— Voy. lettre de Henri II, Bibl. nat. fonds français,
n° 3 120, f" 'ig; Etat de la maison de Marie Stuart, dans
les Négociation» tous François 11, p. 345.
- Cité plus haut, p. 1 5.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
33
il a eu à faire en cesl endroict, en sorte que
je ne puis que, par luv mesmes, je ne vous
escripve ce que j'en ay veu et congneu, ne
povant assez louer ny estimer ung tel et si
rare serviteur que vous avez en luy, et qui mé-
rite bien que vous en tenez compte; et com-
bien que je saiche qu'il n'en soit jà besoin;;,
-i vous veulx-je pryerque, oultre ses dits mé-
riteSj vous le vueillez, pour l'amour de moy,
avoir pour agréable, et le tenir pour recom-
mandé, en le favorizant, comme vous avez
accoustumé ceulx qui en sont dignes, comme
il est. Ce me sera, en ce Taisant, mon cousin,
bien tort grant plaisir, sur quoy faisant fin,
je prye Nostre Seigneur vous donner très bonne
et longue vye.
Escript à S1 Germain en l'Aye, ce xin" jour
de mars 1 54y (t55o) '.
Vostre bonne cousine.
Cateiùne.
de Guyse; laquelle terre, au moien du dit
décès, est tumbée en rachapt qui appartient à
mon dift cousin , et pour ce; que le dict rachapt
luy est deu par le dict Noyant et ses seurs et
que je serois fort ayse de leur faire plaisir en
cest endroict, je vous ay bien voulu escripre
cesle leclre pour \ous prier, mais c'est bien
affectueusement, l'aire que, tant de vostre pari
que par mon dict cousin, ilz soient bien traic-
tez, et que, en cela, ilz se ressentent de ma la-
veur, de sorte qu'ilz cognoissent que j'ay envye
de leur faire plaisir, qui ne me sera moindre
que à eulx;me recommandant à vostre bonne
grâce, et priant Nostre Seigneur vous tenir, ma
cousine, en sa saincte garde. Escript à Paris,
le vic jour d'avril, l'an mil cinq cens cinquante.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Maiiieu.
1 550. — fi avril.
Orig. Bibl. liât, fonds Clairambaut , vol. 364 , f" 9900 .
A MA COUSINE MADAME DE GUISE5.
Ma cousine, le s1" de Noyant, l'un de nies
gentilzhommes servans, m'a faicl entendre que
naguères Yollant de Prez , sa belle mère , est dë-
ceddée, à laquelle appartenoil la terre de Prez,
estant de valleur de sept à buict cens livres
de revenu annuel et assize au marquisat de
Mayne, appartenant à mon cousin Monsieur
' Pareille lettre fut adressée à la duchesse de Florence,
\a). dalla filza n" '17-20, p. 83.
2 Antoinetle de Bourbon, tille de François, comte de
Vendôme et de Marie de Lu\emhourg, née le 2 5 dé-
cembre 1 '19/1 ; elle avait épousa , le 1 8 a\ ril 1 5 1 3, Claude
de Lorraine, qui fut le premier duc de <iuise; elle mourut
le :!•! janvier 1 583, à l'âge de 8g ans. La Bibliothèque na-
tionale possède un grand nombre do lettres d'elle, dont
plusieurs ont été publiées dans le Cabinet historique.
CATHERINE DE MÉD1C1S. I.
1550. — 1 '1 avril.
Orig. Arcb. des Médias, dalla filza 6736, nuova nunierazione , p. 97.
A MON COUSIN UE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, si pour plusieurs respect/,
mentionnez es lettres que vous m'avez escript,
vous avez eu occasion de grandement vous
resjouir pour la création du nouveau pappe1,
je vous puis bien dire que je ne l'ay eue
moyndre de ma part, tant pour l'avoir cogneu
auparavant affectionné au service du Hoy mon-
seigneur, que pour l'entière confience que j a\
que. par cy après, il fera l'office de très sainct
Père envers mon dict seigneur es affaires cou
cernant l'eslat de son royaulme et de la répu-
blique cb.res tienne ; d'autant que vous m'avez
faict ce plaisir de me faire part de cest heu-
1 Jules III , Jean-Marie del Monte , né le 1 o septembre
1/187, élu pape le 8 février 1 ')'><> , mort le a3 mars 1 555.
— Voy. lettre de Henri 11 au duc de Florence, Négocia-
tions avre la Toscane, t. III, p. a33.
3A LETTRES DE < : AI IL
reux contentement que en avez eu. je vous ay
bien voulu rendre le semblable d'aussi bon
cueur, comme je me recommande à vostre
bonne grâce, et prye le Créateur vous tenir,
mon cousin, en sa saincte et digne garde.
Ksrript à Paris, le xni]m6 jour d'avril 1 55o.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
VIahieu.
1550. — 26 juin.
Orig. Arch. «les Médicis, dalla fdza £796 , auova namerazione , p. jos .
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, puis naguères est mort en
vostre ville de Florence Messire Boncassin
Alamauny, dont est héritier en partie Messire
Loys Alamanni1, mon maistre d'bostel ordi-
naire, et d'aultant que je le liens près de moy,
comme bon et loyal serviteur, que je ne veulx
qu'il s'en esloigne aucunement, pour les bons
services qu'il me faict ordinairement, allîn de
se asseurer des biens qui luy peuvent ap-
partenir de la succession de son dicl frère, il
envoyé présentement en vostre dite ville de Flo-
rence ung nommé Pierre Migliorati da Prate
pour porteur, avec procuration, où il nomme
Vndrea , filz de Thomas Alamanni , son parent ,
procureur espécial, et sire Nicolas Parenli procu-
reur en vostre justice; à reste cause, mon cousin.
1 Poète estimé, né à Florence te 28 octobre 1 /1 y 5 ,
mort à Amboise le 18 avril 1Ô56. Banni de Florence en
i5aa, il se réfugia d'abord à Venise, puis en France.
Combla de bienfaits par François 1°', il a dédié à ce prince
son poème la Coltivazione, et à Henri II, en 1 5 'i 8 , celui
du Girone il cnrlese. Dans une édition de Londres du pre-
mier poème se trouve une lettre à Catherine de Médicis ,
alors dauphine, datée de Fontainebleau le ti6 juillet i546.
\laiu nui fui employé dans diverses missions importantes
"l deux lois envoyé en Espagne.
ERINE DE MÉDICIS.
pour la bonne affection que je porte à mon dicl
maistre d'bostel , j'ay bien voulu vousescripre la
présente, et prier de très bon cueur voulloir
tant fère pour moy, que, où on luy feroit aucun
empeschement ou procès en la dicte succes-
sion, luy ayder de vostre faveur, pour l'amour
de moy, et envoyer quérir les dicts Andréa et
Nicolas, ses procureurs, pour leur commander
qu'ilz facenl bien leur debvoir pour la conser-
vation du bon droict de mon dicl. maistre
d'bostel, lequel, mon cousin, je vous recom-
mande, désirant que vous estimiez et pen-
siez de luy comme vous factes de voz plus
proches et meilleurs serviteurs, pour ce que,
en mon endroit, je le tiens tel, et vous me
ferez très grant et singullier plaisir. Sur ce.
mon cousin, je prie le Créateur vous donner
! ce que désirez.
Escript à Sainct Germain en l'Aye, le
\\vimrjour de juing i55o.
[De sa main). Mon cousin, je vous prye
avoyr son afayre pour recommandé, et qui
n'aie poynt de proses.
Vostre bonne cousine,
Caterine '.
1 5 ."> 0 . — a6 juillet.
Orig. Vi'h des Médicis , dalla filza 0736 , nuova numerazioue , p. io£.
A MON CODSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay par cydevant pryé inon-
1 (lelle lettre est écrite la veille de son accouchement ,
car le lendemain, 27 juin, Henri II écrivait au duc de
Guise: r Ce matin, i ntre cinq et six heures, la Royne, ma
«femme, est accouchée d'ung des plux beaux enfans qui se
«sçauroit voir. Je dépesche en Espagne vers le roy de
- Bohême pour le pryerd'estre mon compère, et à ma taule
«la duchesse de Ferrare pour estre ma commère. n {Mé-
moires du duc de <inise, collect. Michaud , p. '1.) — \ oy.
L. Paris, Végociatioiu :<"ttK François Il , p, 893.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
seigneur de Cortonne '. à son parlement de ce
pays . dé vous pryer de ma pari de me donner
ung jeune lyon cl une lyonne, si tuusl qu'ilz
seroienl hors de tetter leur mère; el pour ce
que je crains qui ne lin soi! souvenu de le
vous dire, je le vous a\ bieu voulu escripre,
vous pi'YHnl bien fort, mon cousin, de mi
voulloir donner les dictes deux petites bestes ,
et les m'envoyer par de cà; et sij'ay chose don!
vous ayez envye , vous en grat direz, d'aussi bon
cueurqueje me recommande à vous, et à ma
cousine, vostre femme, priant Dieu vous
donner, mon cousin, bonne vye et longue.
De Sainct Germain en Lave, ce wvi" jour
de juillet 1 55o.
Vostre bonne cousine,
Catkeine.
1550. — 39 juillet.
On'g. Arch. des Médicis, dalla Giza A726, nuova numcniziotie, p. 10c.
A MOV COOS1N
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, la damoiselle Katherine Ga-
zette-, qui esl à moy, m'a faict entendre
comme Antlionio Adimary a voulloir de rési-
gner et bailler à Messire Pierre Gazette, doc-
leur el procureur eu court de Romme, son
cousin, une chapelle el bénéfice qu'il (ienl,
moyennant le regreclz et réserve de fruits, sa
vye durant, et qu'il vous plaise l'avoir ainsy
agréable. Et pour ce que cellame semble bien
raisonnable, et que le dict Messire Pierre Ga-
zette m'a faict des services à Homme et con-
tynue à m'en faire en ce qu'il esl employé
pour mes affaires, cella me faict vous prier,
mon cousin, de voulloir accorder el consentir
que le dict Adimary lin baille le dict bénéfice,
moyannanl les dicts regrectz et résen e de fruit/..
1 Jean-Baptiste Rieasoli; vov. plus haut, p. a4.
\ oy. plus haut, p. 1 8.
sa dide vye durant. El vous ferez, en ce fai-
sant, chose de quov je vous sauray forl hou
gré, pryanl Dieu vous donner, mon cousin, ce
que plu - désire/.
De Saincl Germain en l'Aye, ce x.xix°jourde
juillet 1 55o.
\ ostre bonne cousine.
Caterine.
l'er esser dl palronato sua Eccellenza non
vuoi consentire al regresso; ma per compiacere
a sua Maeslà, prometterà che vacando il bene-
filio per morte di colui a chi sarà renuntiato,
che il principale non ne restera privo.
El informarsi che benefitio sia questo che
in'tonio Adimari vuolrenuntiareamesserPiero
Gazzetli, procuralorc in Roma.
1550.— 3i juillet.
Orifj. Arch. de Modène.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DIJC DE FERRATtE.
Mon oncle, le cappitaine Jheronymo Pepj
m'a faict entendre qu'il y a huict ans que
Laurent Guichardiny, l'un des banequiers de
voire ville de Ferrare, luy doigt la somme de
six cens cinquante escus, elque puis naguières
vous ave/ laid saisir el mectre en vos mains
les biens du dit Guichardiny, de sorte qu'il
n'espère pas recouvrir la dite somme, si ce
n'est de voire grâce et bonté; et pour ce que le
dit cappitaine Jherony esl des anciens servi-
teurs de ma maison , pour lequel je désire m'em-
ploier où je pourray, àceste cause, mon oncle.
je vous pry '(hunier qu'il so\ I payé et salis-
faict de ce qui luy esl deu sur les biens du dicl
haucquier, el,en ma faveur, l'avoir pour recom-
mandé. Ce faisant, je vous puys asseurer que
me ferez bien grant plaisir, pryant Dieu vous
30
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
donner, mon oncle, bonne vye et longue.
De S' Germain en Laye, ce dernier jour de
juillet i55o.
Vostre bonne nyepsse,
Caterink.
1550. — 1" octobre.
Orig. Arcli. des M^dicis, dalla Glza 4726 , nuova numerazione , p. 107.
A MON COUSIN'
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay sceu comme le feu pape
l'aule1 ordonna , en son vivant, qu'il feust vendu
trois maisons appartenons aux relligieuses de
Sainct Nicolas, et que, depuis, avoir entendu
que l'ordonnance qu'il avoit faicte n'estoit rai-
sonnable, ne saincte, veu que lesdictes relli-
gieuses n'ont beaucoup de biens, auroyl
révoque' icelle ordonnance avant son trespas;
et pour ce, mon cousin, que je veulx bien
m'emploier pour lesdictes relligieuses en ce
que je pourray, cela me t'aict vous prier bien
fort de leur faire rendre lesdites trois maisons
el les faire remettre en possession d'icelles,
comme elles ont autrefois esté; et vous me
ferez, en ce faisant, playsir, dont je vous sau-
i-ay bon gré, priant Dieu, mon cousin, qu'il
vous doint bonne vye et longue.
De Rouen , ce premier jour d'octobre 1 55o'-.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
la bonne volunlé que avez de faire donner au
sr lheronymo Pepy J l'expédition que je vous
ay en sa faveur recommandé par les miennes,
je n'ay voullu faillir par ceste lectre de vous
la mercier pour bien fort y continuer, et en ce
faistes luy faire donner la dicte expédition
prompte et meilleure que faire se pourra, à
ce qu'il ait occasion de tost retourner icy
pour mon service, et vous asseurerque, en pa-
reil cas, je ne fauldray à recongnoislrc envers
ceulx qui me seront de vous recommandés lu
plaisir que luy avez faict en ce, d'aussi bonne
affection que je me recommande à vostre
bonne grâce et prie Dieu qu'il vous donne en
sauté, mon oncle, bien longue vie. Escript à
Rouen, le xume jour d'octobre i55o.
Vostre bonne nyepse,
Caterine.
I 550. — 1 2 octobre.
Orig. Arcli. de iModène.
A MON ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, aiant congneu par vos leclres
Paul III, mort le 10 novembre J 5 A 9 .
' CeUe lettre est écrite le jour même de l'entrée
de Henri II à Rouen. — Voy. Entrée de Henri 11 à Rouen,
publiée par Louis de Menai (Rouen, 1868), d'après le
manuscrit do la bibliothèque de Rouen.
1550. — 26 octobre.
Orig. Arch. des Méilicis, dalla Glza 6736, nuova numerazione.
A MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, pour le désir que j'ay de veuil-
le bien et l'avancement en l'église de mou
cousin le protbonotaire de la Chambre2, j'ay
esté très aise d'avoir entendu que. par vostre
moven, sur ma réquisition, il ait pieu à nostre
Sainct-Père luy faire expédier l'abbaye de
Corbie, el par ceste lettre n'ay voullu faillir
de vous en remercier bien affectueusement,
• Voyez plus haut, p. 35.
■ La famille de la Chambre était alliée à la maison de
Savoie par le mariage de Jean de la Chambre avec Isa-
beau de Savoie et par celui de Jean, s' de la Chambre,
avec Agnès de Savoie, enfin par celui de Ame de la
Chambre avec Marie de Savoie. (Voy. Guichenon, Hat. île
la maison de Savoie, t. III, p. 33.) Ce protonotaire était
Sébastien de la Chambre, abbé de Corbie par la résigna-
lion de son oncle, cardinal-évèque de Tusculum, mort à
Rome en i55o. Il fut le premier abbé commendataire de
Corbie et mourut jeune encore en i55'j.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS. 37
prier de continuer envois luy el ceulx qui vous I laisse une jeune fille à pourveoir, de laquelle
seront de moy recommandez en ceste bonne ' le mariage esl sortable avec Messire Nicolas
voiunté.ci asseurer queje u'estimeray le plai- ; Alamanny, l'un de mes gentilzhommesservans,
sir que lui avez en ce fait moins que si moy- j lilz du dicl Messire Loys, el désirant de toute
niesine l'eusse reçeu, en lionne dévotion de la '. affection que le dicl mariage se l'ace au con-
recongnoïstre en (oui ce qu'il vous plaira lentement du dict Messire Loys, j'ayadvisé de
m'emploier, l'occasion s'offrant, d'aussi bon vous escripre la présente, pour, de bien bon
,n, mm (pie je -ecommande à vostre bonne cueur, vous prier, mon cousin, vous employer
grâce, el prie Dieu qu'il vous donne, mon cou-
sin, en santé et bonne vie la sienne.
Escripl à
fan 1 55o '.
Dieppe, le xx"'e jour d'octobre
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1551. — -it) janvier.
Orig. Arib. ,1, s Uédicis , (lolla filza 0726 , uuova numerazione , p. g3.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, estant asseurée de la bonne
volunté que vous portez à mes serviteurs, pour
l'amour de moy, et que, en ma faveur, vous
emploierez tousiours à faire pour eulx tout ce
qu'il vous sera possible, mesmemenl pour ceulx
qui le méritent , comme laid Messire Loys Ala-
manny2, mon maistre d'boslel ordinaire, du-
quel je désire le bien et avancement autant et
plus que de. personne qui soit à mon service,
pour les bons et recommandables services qu'il
m'a dès longtemps faietz et qu'il contynue
ebacun jour. Cela est l'occasion, mon cousin,
que, ayant sceu que feu Tbomas Guadagny3 a
' Le roy esl resté huit ou dix jours dans l'intention de
visiter Dieppe et les autres villes de la cote. (Dépèche de
sir John Masune, Rouen, 6 octobre.) — Voy. Calendar
of state papers , 1 5 '1 7 — 1 55.5 , rù|;ne d'Edouard \1, p. S'y.
Voyez plus haut, p. 34.
^'Thomas Gadague était fils d'Olivier Gadagne, mort
en i54a, le premier de sa race qui vint s'établir en
France vers 1 33 0 ; il fixa sa résidence à Sainl-Victor-de-la-
Côte, en Languedoc, et fut surnommé le Magnifique pour
'on amour des arts et le luxe de sa maison. Henri II, qui le
à accorder icelluy mariage, et en voulloir
parler aux seigneurs Jacques et. Pbilippes Gua-
dagny, frères du dict l'eu Thomas Guadagny,
affin qu'ilz vueillent donner consentement que
leur dite niepee soit mariée au dict Messire
Nicolas Alamanny avec pareil dot et semblables
condicions que celles du mariage qui fut l'aict,
il y a environ deux ans, d'une seur de la dite
lille au iilz de Alexandre Antinory, qui n'est
pas de meilleure qualité et condicion que esl
le dict Messire Nicolas Alamanny, lequel je
suis délibérée d'avantaiger en tout ce que je
pourray, si le dict mariage se faicl, comme je
le désire, et que j'espère, moyennant vostre
bonne ayde el faveur; vous priant aussy, mon
cousin, voulloir escripre lettres favorables pour
cest effect au seigneur Paulle Antboine Gua-
dagny, demourant en Avignon, tiers frère de
susdiclz seigneurs Jacques et Pbilippes, et pa-
reillement aux seigneurs Thomas Sartin et Al-
bize de! Bene ', demourans à Lyon , tuteurs de la
visita dans son hôtel à Avignon, en fit un de ses maîtres
d'hôtel. C'était le neveu du riche Thomas de Gadagne
établi à Lyon, où il fonda un hôpital. — Voy. L'Hermite
deSolliers, La Toscane française (art. Guadagni); Cama-
rini, Familles illustres d'Italie, et Bibi. nat. tonds fian-
çais, n" L!0.'l6«l.
1 Albisse d'KIbène, général des finances, marié à
Lucrèce Cavalcanti , l'une des dames d'honneur de Cathe-
rine de Médicis. — Voy. La Toscane françoise , de L'Her-
mite de Solliers (art. d'Elbène). — Le numéro ao64
du fonds français renferme un grand nombre de lettres
de ce personnage, qui fut employé dans diverses mis-
sions diplomatiques.
3*
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
dite fille et héritiers du dict l'eu Thomas Gua-
dagny, les prianl et incitant d'avoir agre'able
que le dict mariage s'accorde, car je suis seure
qu'ilz feront beaucoup pour vous, el bailler
voz lettres à Pierre Mignorati, l'acteur du dict
Mjessire Loys Alamanny, estaul à Florence,
par lequel je vous foiz bailler la présente, à
lin de les leur l'aire tenir incontinant; et, oultre
ce que les dicta père et filz vous demeureront,
en ce faisant, perpétuellement tènuzet obligez,
je vous puis asseurer que me ferez plaisir très
agréable, que je recongnoistray à l'endroict
que me vouldrez employer, d'aussy bon" cueur
que je me voys recommander à vostre bonne
grâce, suppliant le Créateur vous donner, mou
cousin, bonne vye et longue.
De Bloys, ce \u\c jour de janvier i55o
(i55i).
(De sa main.) Mon cousin, pour se que je
désyre set maryage sortir à l'eyfayct, je vous
prye vous y voulouyr employer, comme ie
veodrés fayre pour vous.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1551. — 28 février.
Copie. Arch. déparlement, de la Côte-d'Or.
AL CARDINAL JEAN DL BELLAY1.
Mon cousin, connoissant la bonne affection
dont vous avez toujours poursuivi le bien de
mes affaires, comme vous m'en avez fait dé-
monstration, el principalement au procès que
j'ay en cour de Rome, requérant raison el jus-
tice de la longue usurpation que l'on fait sur
moy des biens et possessions qui m'appar-
1 Jean du Bellay, évêque de Paris, fils de Louis du
Bellay, s' de Langei , et de Marguerite de la Tour-Landri.
EmpluM- sous Krançois I" dans plusieurs grandes ambas-
sades , il fut nommé cardinal le 2 1 mars 1 535 ; â l'avéne-
ment de Henri II, il se retira à Borne, où ilmourulen i 56o.
tiennent en Italie par droit successif de mes
prédécesseurs, lequel procès estoil par vostre
moyen, du vivant du l'eu Pape1, fort avancé,
et mon droit tant éclairci que je l'estimois en
état d'eslre bieniost jugé, voyant aussi ce que
du depuis est succédé, qui me pouvoit tenir
ledit jugement e! décision en autre grande et
ennuyeuse longueur, si je n'y pourveois, ayant
en la dite cour tant d'amis comme j'en ay pré-
sentement, entre lesquels je m'assure que
tenez bon lieu, je vous écris cette lettre pour
vous pryer, mon cousin , mais c'est affectueu-
sement el de bon cœur, que veuillez poursuivre
el avoir eu voire recommandation et souve-
nance accoutumée le fait et expédition dudil
procès, à la conservation de mon droit, em-
ployant pour ce. cependant qu'estes là, votre
moyen et faveur envers ceux que vous con-
noissez me pouvoir ayder et dont vous adver-
tira et remémorera Bouclier, mon secrétaire,
qui y est, et a charge de moy en ceste affaire;
et vous me ferez bien grand plaisir, lequel
augmentera la dévotion que j'ay de recon-
noistre, en ce que vous voudrez tn'employer,
ou les vostres, ces autres plaisirs que j'ay cy-
devant receus de votre bonne volunté. Et sur
ce, mon cousin, je me recommande à votre
bonne grâce, et prie Dieu le Créateur qu'il
vous donne, en santé, bien longue vie.
De Montargis, le dernier jour de févriei
UDL (l 55 1 ).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1551. — 1" avril.
Orig. Arch. des Médicis . dalla filza «736 , nuova nutiierazîone.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, encores que je saiche très bien
1 Paul III.
LETTRES DE GATH
que feu Laurenl de Médicis ' aye faicl et com-
mis une si grande faultë en la personue de
feu mon frère2, qu'elle nese doil jamais pblyer,
e( que je suis celle qui s'en doil le plus doul-
ioir cl plaindre, toutesfois, congnoissanl que
Jiillicn de Médicis, son frère, estojl lors si jeune,
qu'il n'eusl pu avoir le jugement el congnois-
sance d'un si malheureux faicl. el qu'il en esl
ygnocent, je n'aj voulu laisser à m'employer
pour luyen toul ce quej'aj peu, el m'asseu-
ranl bien que vous vouldriez avoir esgard à
luy pour l'amour de moy, j'ay bien voulu le
vous recommander, et vous pryer bien forl de
luy Voulloir fère rendre le bien qui luy appar-
tient, comme j'ay pryé mon cousin, vostre
ambassadeur, vous escripre de ma part. Par-
quoy, remectant le surplus à luy, je feray fin
de lettre, après m'estre recommandée c!e bien
bon cueur à vous, pryant Dieu vous donner,
mon cousin, bonne vye el longue.
DeBlovs.ee premier jourd'avril i 55 i, après
Pasques.
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
ERIiNE DE MÉDICIS.
39
(1551. — 18 avril.)
Aut. Bibt. nat. fonds français, n° 399a, P 78.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE l>K GUYSE .
Ma cousine, je vous anvoy sel laquay pour
savoyr cornent vous portés, el vous prye, que
ancore que ne santyés plu de mal. de ne
1 Lorenzino de Médicis, l'assassin d'Alexandre de Mé
ilicis, était fils de Pier-Lorenzo et appartenait à une
branche collatérale de Gosme, père de la patrie.
'- Alexandre de Médicis.
vime d'Esté, fille d'Hercule d'Esté, deuxième du
nom. duo de Ferrare, et de Renée de France. Veuve de
François de Guise, elle se remaria au duc de Nemours,
et mourut le 1 7 mai 1 G07, âgée de soixante-seize ans.
léser pour sela à vous byen guarder, el ne vous
mestre trop loi à l'ayr, car sel annaye les
rougoles sonl fort dangereuse, sj l'on ne se
guarde el que l'on ne praygne tnedesyne alla
fyn; el vous l'avés veu par mou fys quj n'an é
|io\ ni pryns, j I an é morl '. 61 sa seur2 ay$
guérye depyuys qu'ele l'a prynse, el san seli
v m'on mandé qu'el aystél angran dangé; par
quoj je vous prye d'y volouyr byen panser el
tic greyndre poynt d'an praandre avenl que
sortyr délia chambre. La peur que je av que
ayés mal me faysl vous mander sesy; n'an seyé
poynt marrye de set que je vous an mande.
Ma cousyne, pour vous due de sel que aysl
aveneu depyuys que ne vous ;i\ veue, la
contese3 prynt, avenl yer, congé de moy, mes
;i\ n'a lésé pour sella de venyr arsouyr cou-
cher an sete vylle, san se montrer, au moyns
' Louis d'Orléans, morl au mois d'octobre i55o. — \ oy.
une lettre du connétable de Montmorency à M"" d'Hu-
mières, où il lui parle de l'enterrement du dur d'Orléans
Bibl. nat. fonds franc. 3n6,f°85),el \\w autre de Diane
de Poitiers, du 8 novembre i55o, à M*" d'Humières
où il est question des meubles qui u estoient à la chembre
«de feu mons' d'Orléans-*. (Bibl. nat. tonds franc. 3iab.
f 19.) L'ambassadeur anglais, sir .lobn Masoné, écrivail
deCandebec. le -i novembre i 5ôo, aux membres du con
seil : -The récent dealh of tbe Duke of Orléans by small
"poxbas causod much heaviness at court.» 1 Kalendar >
«tniv pii/iei-s, règne d'Edouard VI, p. (h.)
1 Elisabeth. Dans une lettre du 37 décembre 1 56g, le
connétable parle de la rougeole do madame Elisabeth
1 Bibl. nat. fonds français, n° 3n(), f° 5.)
J Elle fait allusion à lady Fleming, qui un instant dis-
puta à Diane de Poitiers le cœur de Henri 11. Brantôme.
dans ses Dam s galantes, parle d'une demoiselle Flamin
d'É.c — , de qui Henri 11 eut un lils; quatre épigrammes
de Buchanan, Ad Variant Flaminiam, semblent s'appli-
quera lady Fleming. Voici du reste ce qu'écrivait d'Am-
boise, le iS avril i55i, l'ambassadeur d'Angleterre, sii
John Masone, aux membres du conseil : -Lad; Fleming
- départ ed honev vvith ihild by tbe Frencb king, and it is
itthoughthal upon thearrival oftheQueen Dowager (Marie
«de tiuise) in ScotJand she .-hall corne again to fetcb ano-
sther.n (Ealemliir of itate payer s , 1 567-1 553 , p. 90.)
40
LETTRES DE CATH
à madame de Valantynoys 1, ny à moy; mes je
croy byen que d'aultres Ton veue, cornent je
vous conteré . mes que je \ mis voye . et ansamble
d'aultre chause. Je prye à Dyeu que se souyt
bven tôt, et an ausy bonne santé' que la vous
désyre.
Vostre bonne cousyne et amye,
Caterine.
1551. — 1" mai.
Orig- \rch. 'les Méilicis. dalla Glza 6736 . nuova numerazione , p. 1 to.
\ MON CODSUi
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'av receu ie présent du lion
el de la lionne que vous m'avez envoyés, dont
je vous mereie de bien bon cœur, et il m'est
tant agréable que je vous prie me vouloir dire
que. s'il yaquelquecbosequi vous puisse estre
agréable, vous me laciez sçavoir, vous asseu-
rant que je serav très aise de vous en satis-
faire. Je prie Dieu, mon cousin, vous con-
server.
D'Amboise, 1" may i5ôi.
\ Ostre bonne cousine,
Caterine.
ERINE DE MEDICIS.
; (advenant l'occasion) de luy ayder en ci' que
je pourray, et pour y commancer, vous prie,
mon cousin, faire joyr le dit Cbappin de ce
qui appartient à sa femme, mère de la dicte
Portia, affin qu'il aye meilleur moyen de la
continuer en ceste bonneste nourriture. Vous
donnan seureté que j'estimeray beaucoup le
plaisir que luy ferez pour l'amour de moy.
Et sur ce , mon cousin , feray fin et prière à
Dieu vous donner ce que mieulx desirez.
Escriptau plessis lez Tours, le vnme jour de
may 1 55 1.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1551. — 7 mai.
il, g, \,, ) . le. Hédicù ■ dalla lilza 6726. niiova numerazione, p. n3.
\ MON COUSIN
MnNSEIGNELIt LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, aux propoz que m'a tenuz le
seigneur Cbappin Orsin, et à ce que autres
mon dit, j'ay congneu la bonne amytié qu'il
porte à Portia, fille du feu seigneur Maletesle,
el le bon Iraictement qui luy fait et fait fère
journellement, dont je suis bien ayse, délibérée
1 Diane de Poitiers. C'est la première fois qu'elle la
nomme; née avec le siècle, Diane avait alors cinquante
et un ans.
( 1551.) — a5 mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, f°2i. —
(Copie, Cinq cents Colbert, vol. WIII. 1
A MADAME DE HIMYÈRES.
Madame de Humyères, j'ay veu ce que
m'avez escript de la nourrice de mon filz
d'Orléans1 que je croy est bonneste et bien
condicionnée, mais nous n'avons pas tant
affaire de sa suffisance el de ses vertus, comme
nous avons qu'elle soit bonne nourrice, ce que
l'on voit bien qui n'est poinct , car mon dict filz
continue trop à ce trouver mal, parquoy, ma-
dame de Humyères, je vous prie que je n'en
oye plus parler, et qu'elle luy soit changée,
car, pour sa prudence et sagesse, son laict n'en
1 Charles Maximilien . duc d'AngouIéme, devenu duc
d'Orléans par la mort de son frère, arrivée te ai octobre
i55o; il était né le 27 juin 1 .)."><> ù Saint-Germain. De
son côté, Diane de Poitiers écrivait à M"" d'Humières ,
d'Oiron, le 20 mai i55i : «On dit que le lail n'est bon
rt et que sella luy donne des émotions, parquov il me
r semble que vous fériés bien d'y adviser.» (Lettres de
Diane de Poitiers, publiées par M. Guiflrey, p. 85.) —
Voy. également une lettre de Henri II à M™* d'Humières,
d'Oirou, le a3 mai 1Ô01 : s Sur tout fault bien regarder
rqu'elle a\l nourry plus d'ung enfant et que son laict soit
«bon et asseoré.»(Bibl. nat. fonds franc, n" 3 130, P79.)
LETTRES DE C \ 1 H I
es1 pas meilleur, on le voii par expérience. Je
m' veulx pas. à faulte d'\ pourvoir d'heure,
qu'il en vienne inconvénient. Quant à ma pe-
tite fille1, je seray bien ayse que vous soyez
bientosl auprès d'elle2; j'ay envoyé le tailleur
qui faicl les corps des filles de madame la
connestable pour luj en faire3. Je vous prie
que l'on prenne bien garde qu'il soit fort bien
faicl. Priant Dieu, madame de rlumyères,
vous avoir en sa saincte garde.
De Fronlevault, ce xxv" de mai.
Vostre bonne amye,
CàTEKINE.
1551.
■■:! mai.
Orig. Bibl. uat. fomls français, n° 3ino, f° 23.
(Copie, Cinq cenls Colhcrl, vol. XXIV, P i4.)
A MADAME D'HUMYÈRES.
Madame de Humières, le Roy monseigneui
envoyé le s' Dandelot 4 pour vous dire son
intencion de ce qu'il veult qu'il soit fait pour
mon lilz d'Orléans5, et aussi je renvoyé mon
Claude, à laquelle était arrivé un accident dont fait
mention une lettre de Henri II : -Il est très aise de l'es-
-jn-raii.-i- qui- donnent les médecins et chirurgiens qui
-sont auprès d'elle, qu'il se y pourra y remédier. - (Voy.
Bibl. nal. fonds français, n" 3i4o, f° 79-)
■ Diane de Poitiers écrivail égalemenl à M"" d'Hu-
mières : s Je suys bien aise de-ce qu'estes arrhée à Blois.»
\i.\. Glriffrey, Lettres de Diane de Poitiers, p. 84.)
5 Le connétable écrivait d'Oiron, le 23 mai i55i , à
M .11 lumières: -La Royne m'a commandé vous envoyer
•• 1" tailleur de madame la connétable four faire le corps à
k madame Claude sa fille.» (Bibl. nat. fonds français.
n03ii6,f°a2.)
■ D'Andelot, voy. plus haut, p. 17. Le connétable
dans une lettre datée d'Oiron, le a3 mai i55i , parle de
la mission de d'Andelot; voy. Bibl. nat. fonds français.
d°3ii6, f 28.
'- Une lettre de Henri II , datée également d'( liron , le
2 3 mai 1 55 1 , et dans laquelle il parle de la nourrice de
son fils d'Orléans, nousdonne la date certaine de celle-
ci. | Voy. Bibl. nat. fonds français, n° 3iao, P 79.)
Catiierike DE MÉD1C1S. — 1.
RINE DE MÉDICIS. à)
médecin pour ne bouger de là jusques à ce
que l'on ayl trouvé une nourrisse; par cyde-
\anl j'avois escripl que on trouvasl une nour-
risse ou lieu de la retenue, et que, s\ mon dict
lilz ne se Irouvoil liien de la sienne, qu'on la
fisl servir, el m'esbaye commenl on n'a suyvy
ce que j'ay mandé, ce que derechef je vous
prie qu'il M>ii fait, en suyvanl ce que j'en a\
par devant escripl à madame du Peron1.
(Dr su main.) Je vous prye, ne lésé plulx
fayre cornent Tons a fayst sete fouys de re-
mander tant de fouys heune chause, a\ que
d'ysy en avenl, quant le Roy au moy le vous
aron mandé, fayte le, au aultrement nous
n'an seryeon pas contant. Quant à ma |>elyt(e
fille, set porteur vous en dyré ynsyn que je
lui ay comandé, et de ne bouger de là que
n'ayés an anvoyé la nouryse reteneue et an
trové heurine lionne en sa plase, el quy ne le
vous falle plulx mander à terteux2; au de-
mourant croyé le de set quy vous dyré.
Vostre bonne amye,
Cateiunu.
(1551.) — 3i mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n°3iao,Pa5.
A MADAME D'HUMYÈRES.
Madame de llumyères, puisque mon lilz
d'Orléans se trouve mieulx depuis qu'on lui a
changé d'autre nourrisse, vous pouvez penser
1 Catherine de Pierre-Vive, gouvernante des enfants
de France, femme d'Antoine de Gondy, dont le fils aîné
fut le maréchal de Retz: elle lui apporta le château du
Perron, silué dans la banlieue de Lyon (commune d'Oul-
lins). Catherine y alla souper le 5 juillet i56'i. (Voy.
Voyage de Charles IX, dans les pièces fugitives publiées
par d'Aubais; Corbinelli, Généalogie de la maison île
Gondy, t. I.)
8 Tertous, trestous (tous), voy. Roquefort, Glossaire.
t. Il, p. 605.
te
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
l'ayse que j'en puis avoir, el m'est grant plai-
sir de ce que m'en avez escript, à quoyje vous
prie continuer, el aussi à me mander des nou-
velles de ma 611e1. Il ne fault pas (et je croy
que ainsi le faictes) qu'on face pire chère à
l'aultre nourrisse pour chose qui se soyt l'aicte,
qui est l'endroit où je prie Dieu vous avoir en
sa saincte garde. Esçriptà Duretal2, le dernier
jour de may.
Le Roy et inoy entendons que la nourrisse3
qui a donne' à tetler à mon fdz demeure au-
près de Iuy ou de l'une de mes filles, ainsi que
adviserez pour le mieulx.
Vostre lionne amye,
Cateriine.
( 1551— Fin juin.)
Aiit. Pibl. nal. fonds français, n° 32gi , f° 63.
\ MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUY SE4.
Ma cousine, je né poynt veoleu léser part) i
Bolongnye san vous mander pour sertayn que
de set annaye monsyeur de Guyse ne bou-
gera d'ysy d'auprès deu Roy, et pour se que
1 Claude. — Henri II écrivait à Al"" d'Humières, le
>•! mai 1 55 1 : «Je suis aussy très aise de ce que c'est si
«peu de chose de l'accidanl survenu à ma fille Claude,
-il de l'espérance que donnent les medecyns et chirur-
«giens qui sont auprès d'elle qu'il se y pourra remédier
«avecques si aisez moyens que cenlx qu'ilz ont advisez,
I - ]iielz à cesle cause ilz accomoderont et mectront
tt peine de y avoir l'œil et pourveoir si soingneusement
«qu'il ne soit requis venir à plus ruddes remoddes.n
( Bibl. nat. fonds français, n° 3 i 30 , P 79. )
* Duretal, en Anjou.
3 Diane de Poitiers écrivait également le 3 juin
1 55 1 : « Le lïoy et la Royne mon dict qu'ilz ne voulloienl
«que la nourrice bougea pour encores d'auprès de Mon-
- sieur, vovanl les services qu'elle a faietz à mon dict
«sieur d'Orléans.» (Voy. Guiffrey, Lettres de Dion* >!•'
Poitiers, p. 88.)
\ r 'H
de tendes aullrc chause je le remeteré à le
vousdvre pour l'ayspéranse que je ay de byen
tôt vous voyr, de quoy je suys fort ayse, je ne
vous fayré plus longue lestre, après m'eslre re-
comandaye à vostre bonne grase et avoyr
pryé Nostre Sygneur vous dauner se que dé-
syre's.
Vostre bonne cousine et amye,
Caterine.
( 155 I. — Fin juin '.)
\ul. Bibl. na(. fonds français, n° 3iÇ)4 , f° 76.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE .
Ma cousine, je vous lieuse plulx tôt anvoyé
pour savoyr cornent vous vous aystes trovaye
de vostre voyage, set que je désire grandemenl
d'antendre, et que se souyt aveques ausi bonne
santé que je la désire pour moy; mes qui
m'an a guardé, set que j'é teurjeur aysté ma-
lade d'eun dévaluent d'estomac; mes. Dieu
mersi, asteure je me porte très byen. Au de-
meurant dé noveles délia guerre, je croy que
monsyeur de Guise vous an a mendé, qui me
guarderé de vous an fayre rediste, sinon de
vous aseurer que, pour sel annaye. ny le Ro\
ny luy n'yron point par se que voirés. car y
s'an vè de Chatobrien vous trover, et ausi
i'aysl la royne d'Ecose3, el pour ne vous povoj r
1 Une dépêche du marquis de Norlhampton , datée di
Chateaubriand, le a 6 juin 1 55 1, nous permet de fixer la
date précise de celte lettre : «The king leavos for Nantes
~nn Monday.next, minding to (arry on the way, intending
« to conduct the Queen, vvhere she shall be brougbt to hed. »
(Kahndar qf statr papers, règne d'Edouard VI , p. i
1 Anne d'Esté.
Marie de Lorraine, mère de Marie Sluarl, née le
32 novembre i5iô, veine de Jacques Y, roi d'Éco^i .
morte le 10 juin lâfiu. Elle était venue eu France, et
toutes les pièces relatives à ce voyage sont conservées
dans les archives du département du Cher.
LETTRES DE G AT H
mander miHeurenovelles,ny qui vous souyenl
plulx agréable après séste, je fayré fyn à ma
lestre, me recomandanl à vostre bonne grase,
el ausi à madame de Cuise '.
Vostre bonne cousine el amye,
Caterinb.
I 551 . — .'7 août.
|j lis. dalla lilzn «736 . mima uuuierazione . p. i îG.
A MON i 01 sin
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin. Rostaing ■-, abbe' de Pibrac, l'un
de mes aulmosniers, a procès à Rome pour
ung bénéfice contre ung nommé Tierry du
Chastellet du pais de Lorraine, lequel, comme
j'entends, estant nepveu d'un cardinal du dicte
Rouie, peut estre tellement supporté, qu'il est
à doubler que le bon droicl du dict Rostaing
nerecoyve \ssue selon son mérite, et en cela
je veulx bien, en considération des services
que ung sien frère, gentilhomme de la chambre
du Roy monseigneur, et luy fonct ordinaire-
ment à mon dict seigneur el moy, les fère res-
sentir de la bonne volunte' que vous avés tous-
jours monstrée en l'endroicl de tous ceulxque
nous avez congneu m'apartenir : vous priant,
lant affectueusement qu'il m'est possible, vou-
loir escripré et mander à vostre ambassadeur
au dicte Rome d'ayder el de porter l'anere du
dict Rostaing envers nostre SainctPère, et par-
tout ailleurs où besoin;; sera, comme pour
l'un de mes principaulx serviteurs, que j'ai
en telle et si singulière recommandacion que
cerne sera merveilleusement grand et agréable
plaisir d'entendre que, par vostre secours,
son droict aict esté veu el entendu avec expé
dicion de bonne et brefve justice, de quo\
Antoinette de Bourbon, voy. plus haut, p. 33.
- Jacques de Rostaing. voy. P. Anselme, t. VIII.
qûs.
ERINE DE MÉDICIS. 43
encores une lionne fois je vous prye, el pour
plus ouvertement entendre ce que désire
veoir, et que j "a\ pryé vostre ambassadeur,
estant de par de çà, vous escripré de ma pari .
vous oil'ranl tousjours de hou cueur le sen-
blable pour tous ceulx des vostres qui auronl
i oing de chose (pie je puisse, el priant
Dieu, mon cousiu, vous donner ce que plu-
désirez.
Escript à Fontainebleau, le xxvij"1' jour
d'aousl i5.r)i.
\ ostre bonne cousine.
Caterine.
(1551.) — 26 septembre.
Orig. Bibl. ual. fonds français, n° .'iiag, f° 4a.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
Mon c père, j'ay entendu par Brezé1 la
faulle qu'a l'aide le Prieur2, de quoy je suis
la plus, la plus ennuyée qu'il esl possible, et
vouldrois que Dieu eusl lanl faict pour luy
1 Artus de Maillé, s' de Brézé.
- Le prieur de Capoue, Léon Strozzi, fils de Philippe
Strozzi et de Clarice de Mi dicis. Mécontent de ce qu'on
lui avait enlevé le généralat des galères (charge qu'il oc-
' cupait depuis longues années) pour le donner au marquis
de Yillars, craignant pour sa vie à laquelle, à l'en croire,
avait voulu attenter un nommé Jean-Baptiste Corso son
domestique, il le lit arrêter à Saint-Victor de Marseille,
le prit à son bord, l'emmena à Toulon, l'y garda huit
jours, et, après l'avoir appliqué à la question et tiré de lui
des aveux, le fit poignarder et jeter à la mer dans le
port de Marseille; après ce meurtri-, il franchil la barre
du port avec deux galères el se relira à Malte. ( l«. le
rapport du procureur du roi de Marseille, Britilh \ln-
si vm . collect. Egerton. Voy. les articles contre le prieur de
( iapoue par le procureur du roi, dans l'appendice du qua-
trième volume de l'édition de Brantôme de L. Lalanne.
p. 393, d'après le n° 3iag du fonds français.)
L'évèque de Béziers lui reprochant d'être parti légè-
rement el d'avoir allégué sans aucune raison plausible la
6.
hh
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGÎS.
de l'avoir osté de ce inonde à l'heure qu'il luy
donna la volunte' de s'en aller. Une chose me
réconforte, que je croy : quant il recongnoistra
sa faulte, il se mettra en lieu où il ne de-
meurera cuères en ce monde, qui sont les
meilleures nouvelles que je pourrais avoir de
luy, estant asseurée qu'il ne l'a poinct f'aict
par meschanceté. Je croy qu'il vous souvient
bien de ce que j'en ay clict autreffois au Roy
mesmes, le jour des nopces de Memillon. Je luy
envoyé des lettres qu'il m'avoit escriptes, les-
quelles je ne luy avois poinct monstrées, ne
supériorité que Ton venait de donner à M. de Villars sur
lui et le danger qu'il s'était imaginé que courait sa vie,
Léon Strozzi répondit que, plus il considérait les disposi-
tions du roi à son égard et la malice de ses ennemis,
plus il s'applaudissait du parti qu'il avait pris. (Arcli.
nat. collect. Simancas, K. i 48g, pièce n° 65.)
Dans une lettre au roi du 16 septembre i55l (Clai-
rambault, vol. 86), il dit qu'il a appris que le sieur
de Villars vient d'obtenir la surintendance de l'armée
de mer. 11 rappelle les services rendus tout le temps
que cette charge lui a été confiée. On en veut à son hon-
neur, à sa personne: il croit devoir rester à Malte, et là
servir sa religion.
Dans une lettre de Luigi Capponi (Négociations diplo-
matiques avec la Toscane, t. 111 , p. 391), où il est longue-
ment question de l'affaire du prieur de Capoue, il est dit
que le roi a mandé Pierre Strozzi et qu'il a envoyé Mor-
villiers auprès de la reine pour la consoler. — Voy. sur le
même sujet une lettre de Henri 11 à M. d'Aramon , Ribier,
t. 11, p. 3io, et dans le Kalendar 0/ state papers , 15Û7-
1 553, p. 175 : *Letlers from Genoa state that tbe Prior
«of Capua, feeling aggrieved by tbe Grand Conslable ap-
itpoinling bis nephew gênerai of tbe fleet, bad departed
-wilh two galloys, and gone to Malta.n
Dans un recueil curieux imprimé à Venise (1 58 1 ) sous
ce titre : Lettere di Principi , t. III, p. io5, se trouve une
longue lettre en italien du prieur de Capoue au cardinal
de Ferrare; elle est datée du port de Syracuse, le 2 jan-
vier i55a; c'est l'explication et la justification de sa
conduite ; il prie le cardinal de communiquer sa lettre
à la reine Catherine de Médicis et à tous ses amis de
fiance. (Voy. Charrière , Négociations dans le Levant,
t. II, p. i65.) — Léon Strozzi fut tué sur les cèles d'Italie
Je 2.) juin 1 554.
înesainblant l'heure à propos, et aussi que je
ne pansois jamais voir chose qui aprochasl de
reste faulte, et q'ung si meschanl homme,
comme Jehan Baptiste Corse, eul eu puissance
de luy faire peur ou doubte; je vous prometz,
mon compère, que j'en suys extrememant
faschée. Je vous prie, sur tous les plaisirs que
me voulez jamays faire, que le Roy ayt tous-
jours le seigneur Pielre l pour recommandé,
car bien que son frère ayt failly je suis cer-
taine de luy qu'il mourra à son servyce, et ne
craignez poinct de le prandre en vostre pro-
tection, car je vous responds qu'il ne fera ja-
mais faulte. Je me recommande de bien bon
cueur à vous, et prie Dieu, mon compère, vous
donner ce que désirez. De Fontainebleau, ce
xxvi" de septembre.
Vostre bonne commère et amye,
Caterine.
( I .">5 1 . — 26 septembre, i
Aul. Bibl. nal. fomU français, n° 3iag, f° 3i.
AU ROY MONSEIGNEUR.
Monseigneur, j'é antandeu par Brése sel
qui vous a plulx luy comander de me dire, el
vous aseure que je n'é jéamés heu chause qui
plulx m'anuyàs, non pour luy, synon de pan-
ser que yl esl anuyé, car le plulx grant plé-
syr que serés avoyr, se serel d'antandre qu'y!
(Mil plulx à Dyeu l'avoyr fayst nayer canl y
prynt sete délybéïatyon, mes pour voyr la
faillie qu'yl a fayste à vostre servyse, asteure
(pie je ayspérès qu'y vous an deut fayre au-
tant que servyteur que vous heusyés, el ancore
1 Pierre Strozzi, fils de Philippe Strozzi et de Clarice
de Médicis, passa au service de la France en î.Vi.'i.
Nommé maréchal de France en 1 554, il mourut le
20 juin 1 558 d'une blessure reçue au siège de Tbion-
ville.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICÎS.
&5
que jesaj seure que se n'ayl que désespouyr,
el non pas méchanscté, ynsyn 'I'"' ïoyr^s Par
heune lestre que je vous anvoj '. non poynl
pour le aysceuser, car l'esceuse que je veodrès
fayre pour luj serel l'oter de sel monde,
mes seolemant pour vous fayre conestre, à
mon avys, Paucasyon de sa faulte, el me dé
playsl que Jean Balyste Corse, aystanl sj mé-
chant, cornant luy mesme Paveua, aysl heu
la pyusanse,an ly fesanl sy granl peurdesa
vye, de lin avoyr fayst Uml fayst failyr à luy
el à seos à qu'y! aysl laiil teneu et aublygé,
car je ne veo eroyre que chause quy luy aysl
dys'Ie souyl vraye, pansanl lé jean, de quoy y
parle trop jean de byen, mes pour le mouyns
v l'a creu; mes, Monsîgneur, je vous suplye
très humblemant, que s'y! aysl maleureus
qu'y ne pyuse fayre maleureus seos à quy
teuche, car je suy seure qu'j n'y an y e pyèse
quy ne le désyre au fonl de la nier, et que, sel
y le tenayt, \ n'an l'y se heune aysanple pour
leul seos quj veodronl jeamés fayre ynsyn, el
prynsypalemen sou frère, le sygneur Pyetre,
lequel, Monsygneur, je vous recomande el
vous suplye 1res humblement que la faulte
de sel maleureus n'è pyusanse de \ous fayre
aublyer lé servyse quy vous ha faysts; car je
suys seure de sty-là, quy moura plulx toi de
san myie morl que de vous fayre jeamés
faillie, nv aublyer l'aublygasyon quy vous ha.
Je vous suplye me pardonner, set je vousanuy
de sy longue leslre, ay m'esceuser, pansant
le déplésyr que je hay que personne dy quy
je vous ay lanl parlé el m'elre sel qu'yl est
vous" aysl fayst faulte à Poure2 que je ayspé-
rès quy vous deusl tant servyr, el ne voy ryen
\n.. lettre du prieur de Capoue (en italien) à la
Reine, en date du h septembre i55i.(Bibl. nat. Ponds
français, n° 3 129, F 25, et lettre au Roi, en italien,
même volume f" s».)
J A l'heure.
quy nie le pyuse auter, que de lieux dyre
que Dyeu Paye fayst nayer, el que. pour lente
sa nialeurlé. je n'an saye aylongnayede vostre
bonne grase , an laquele 1res humblemant nie
recomande, pryanl [Vostre Sygneur vous dau-
ner très lionne el longue vye el félysyté an
veos afayres.
Vostre liés humble é très hobéysante
l'anime,
Catemne.
(1551. — Fin septembre. I
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 0139, f 38.
A MON ( OMPÈRE
MONSIEUR LE GONESTABLE.
Mon conpère, la granl anuy et déplésyrque
j'é heu de la faillie que le Pryeur1 a faysté au
Roy m'est ancore ausy mauves corne le pre-
mver jeurque l'on me le dyst, et tan plulx je
panse à nie le auter, y me auhianle. creygnanl
que, ayent considéré luy mesme sel qu'yl a
fayst élan quele tanps, que son désespoyr luy
aumante tant, que y pregne aultre servyse , la-
quele chause me tonnante tant que j< se
cornent je le sarés porter, sy le feset, sel que
je ne veos eroyre, uns, pour m'auter de sete
pouyne, je ay seuplyé au Roy de me permette
qu'y se vyene jeustyfyer, non pas qu'y méryte
que le Roy fase ryen pour luy, car y n'y an y
é povnl quy conese plulx sa faulte que moy,
ne qui ly an veolle plulx de mal, niés, pour
l'amour de son servyse, je an dys sesy que y
se vyegne jeustyfyer, et après que le l5oy an
dyspose ynsyn qu'y luy pléra,car de moy, mon
conpère, vous savés de quele afayetyon je
avnie le Roy et son servyse. tant que je n'aie
jeamès reguard que à sela, et se je pansés
' \ oy. p. 43.
LETTRES DE CATH
qu'j deul trover mauves sesy, je aymeré
myeulx aystre morle que de luy an seuplyer;
mes je suys seure quy consydéreré l'aucasyon
pour quoy je luy dyl, et vous ausy, lequel je
prye de luy an parler et fayre tent pour moy
que me fayré conestre an sesy l'anvye que
ivés de me l'ayre plésyr, et aseuré-vous que le
fayré pour personne que le reconestra quant
en are le moyen, et vous prye m'an mander
la réponse et quant je are' le byèn de voyr
le Roy. et an setpandant me recomanderé à
vostre bonne grase.
Vostre bonne comère et amye,
Caterine.
(1551. — Fin septembre.)
Aut. Bil)l. nat. fonds français , n03iao, f° &&.
A MON COMPERE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, j'é antandeu set que avés
donné charge à Alberto d'Albene de dire au
signeur Piètre1, et sui seure que sela le ré-
confortera tant de la ynpasiansede son frère de
\oir la volante que lui portés et l'auneur que
le Roy luy fayst de ne léser, pour la faillie de
son frère, à le tenir an sa bonne grase et se
sovenir dé servise qui lui ha lays, que, pour
satisfayre à sete aublygasyon, qui la hasar-
dera plulx sa vye qui ne fyst jeamés pour luy
l'ayre servise, et de vous, mon coopère, vous
povés aseurer que an fesant pour luy, que
fayré pour heune personne qui n'an seré
jeamés yngrat, et de qui vous pourés dis-
poser comme de chause vostre, et ausi vous
in'aubligerés tan plulx à vous, aurore que je
n'aye neul moyen ni vous besouyn que je
fase pour vous pour le mouyns de volante,
l'ii'ire Strozzi.
ER1NE DE MÉDIG1S.
laqueli'je guarderé teurjeurpourla vous inons-
trer par ayfayst, quant y vous playré. Je ne
vous fayré plulx longue leslre, pour aystre
ancore fouyble, car, depiuys que j'é seu ses
fâcheuse novelles de set que le Prieur avest
fayst, je n'é dormy que sete nuyst seulement.
Vous pryré de me tenyr en la bonne grase deu
Roy, et me mander de ses novelles, an alaudent
que je aye le byen de le voyr, que je seuplye
à Nostre Sygneur aystre byen tôt et qu'y vous
douynt set que vous désvré.
Vostre bonne comère et amye,
Caterixe.
1551 . — 17 octobre.
Orig. Bibl. nat. fonds Clairanibault , u 3ii , 1' ioa13.
A MON COUSIN MONSIEUR DE GUYSE.
Mon cousin, ma sage femme1 m'a l'ail en-
tendre comme le Roy monseigneur luy a na-
guères accordé et promis de luy donner le
premier estât de commissaire du Chastellel
qui viendrait à vaquer pour luy ayder à marier
sa ûlle : et pour ce qu'elle a esté adverlie qu'il
y a ung commissaire qui ne garde l'heure
d'aller de vye à trespas, à sa requesle, je vous
ay bien voullu fayre la présente, autant affec-
tueusement que faire puis, de vouloir, en ma
faveur et pour l'amour de moy, tenir la main
et vous emploier en cest endroit pour elle en-
vers le Roy mon dit seigneur de sorte qu'elle
puisse avoir et obtenir le dit estât de commis-
saire venant à vaquer. Vous sçavez les services
qu'elle me fait, par quoy je vous la recom-
mande, qui sera l'endroit où je prye Dieu
1 La reine était accouchée à Fontainebleau, le samedi
20 septembre i55l, à minuit trois quarts, d'Edouard-
Alexandre, duc d'Anjou, depuis d'Angoulême, qui plus
tard prit le titre de duc d'Orléans el devint roi de
France sous le nom de Henri III.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
vous donner, mon isin, en santé ce que
plus désirez.
De Fontainebleau, le xvif jour d'octobre
i ."> .", i .
\ ostre bonne cousine,
Ci iKHINK.
(1551. — Fin oclobre.)
lut. Bibl. nat. fonda français, n° .'Î109. P ao.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, y s'an vè dever le Roy heun
homme |>luK anuié et tonnante que je n'an
vys jeamés pour la faulte que le Pryeur1 a
Fayste asteure au servise deu Roy, lequel y
fault que je vous recomande, qui ayst le si-
gneur Pyetre2; et m'ayenl ayscrypt que me
fayryé conestre an sou androyl l'anvye que
avyés de me fayre plésyr, je vous prye que ce
souyl ;ms\ byen parayfaysl cornent an escryp-
teure, el que le volyés de si bonne fason
le recoinander au Roy, que je conese à bon
aysyen l'anvye que avés de fayre pour moy;
vousaseurenl que ne me la saryés myeulx fayre
c stre que de fayre pour luy, car le conesanl
si afectyoné au Royel à son servyse cornent yl
esl . el aystanl aseuraye qui ne luy fayré jeamés
faillie, scia aysl Gause que je lé vous recomande
de la fason que je foys. vous aseuranl que je
aystymeré sel que l'on fayré pour luycomepour
ino\ mesme, metanl pouyne, teutte ma vye,
de le reconestre anver seos qui s \ anploy-
ront;el m'aseurant que le fayrés, pourl'amoui
de moy, je ne vous fayré plulx longue lestre,
après m'etre recomandaye à vostre bonne
grase.
\ ostre lionne comère el amye,
Caterine.
on Slrooi.
l'ici ■! e Strozzi.
] 551 - Fin octobn
lut. Bibl. nat. fonds français. n"3iaij, I 19
VI RO^i MONSEIGNEUR.
Monseigneur, le signeur Piètre1 ay pasé pal
\si. qui m'a fayl tanl de pityé de le voir si
lormanté, de peur que la faulte deu Prieur
soit cause de la\ aylongner de vostre bonne
grase, et ausi que je le conois an plulx grande
afayetion de mètre sa vie pou, vostre servise,
s'il el posible, qui n'a faystjeuques ysi, que
sela ayst cause que se jeuques asteure j é prins
la hardiese de le vous recomander, que meyn
tenant je vous la\ recomande pluK que je
n'ay jeamés fayst, vous supliant 1res humble-
ment, si vous playst, ancore qui vive pour
vous fayre servise, qui vous playst; luy fayre
conestre cornent il aysl an vostre lionne gràse,
el que la faulte deu Pryeur n'a piusanse de
vous fayre aublier le servise qui vous ha fayst,
ni de méconestre la volante qu'il a de vous
an fayre; car, Monseigneur, se je ne aysté In eu
aseuraye qui ne changeré jeamés daupinion.
je le désaveurés el ne veodrés jeamés' prandre
l'ardyese de vous parler pour luy, niés aystanl
aseuraye de luy come de moy. je vous suplye
1res humblement ne trover mauves sel je le
vous recomande, car an lésant pour luy je
l'aystyme corne pour moy mesme. Le voyanl si
afectioné à vous cornent il é. je ne vous
anuyré de plulx longue lestre, après vous avoj r
présanté mes 1res humble recomandatyon à
vostre bonne grase, el avoyr pryé Nostre Sy-
gneur vous damier ausi longue el heureusi
vye que la vous désyre
Vostre très humble el hobéysante fai
Caterine.
1 Piern' Slrozzi.
18
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(1551. — Fin octobre.)
\nl. Bibl. nat. fomls français, n° 32Ç)4 , f° 16.
\ M \ COUSINE MADAME DE GUYSE.
Ma cousyne, je ne vous manderé point dé
novelles délie guerre, car voyant monsveur de
Guyse vous an seré de luy là véryté, et depyuys
y n'é ryeu seurveneu quy n aye byen seu ; mes
sete lestre seré seolement pour vous pryer de
nie mander de veos novelles, et cornant vous
portés, et vous aseurer que je de'syre byeu fort
d'antandre que ayés fayst lieun beos fys, et que
vous an portyés ausy byen que l'aultre fouys;
car vous ne sanés avoyr mal que je n'an san-
tyse ma part, pour l'anuys que je an ares; et
quant à dé novelles de sete eonpangnye, y sont
cnme quant voslre mary s'an et alav. synon
que la royne d'Ecose et depyuys partve1, et
vous aseure que je me seuayste avoyr l'ayse
que ares de la voyr, carj'ey byen sy grant re-
-i de son parlement que n'y sarovs panser
san lé larmes ans yeulx. Je ayspère, mes que
je vous aye laysaye, d'avoyr le byen de vous
voyr, de quoy je vous prye que ce souyst le
plulx tôt que vostre santé le pouré pourter, et
ansetpandant vous aseurer que me retroverés
autan I à vous corne quant me laysate; je vous
prye que je vous trove ynsyn ausy, et de t'ayre
mes recomandatyon à monsyeur de Guvse, et
an volnuyr prandre voslre pari, d'ausy bon
ceur que le vous faysl
Voslre bonne cousyne el ainye.
Caterine.
1 152. — 7 janvier.
Aul. Arcli. des Médias, dalla cîtata filza 4730.
1 MON CODSIH
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin , j'é aysté bien ayse de avoyr
le Guise débarqua à Portsmouth.le ■;■• oclolire.
entendu par le sr Troylo ' si au long de vos
nouvelles et de la bonne volante que avés au
service de cete couronne, cet que je vous prie
continuer et vous aseurer que en cet que auron
le moyen de vous fayre conoystre conbien cete
bonne volante nous ayst agréable, que le w>n<
fayron paroystre par ayl'est , corne plus au long
le dicl sr Troylo vous dire de ma part, em-
semble aucoun aultre cbouse que luy ay prié
vous dire touchant quelques propos que vous
ay par une myene lelra de ma propre mayu
ayscripte, sur quoy je désire avoyr vostre ré-
ponse; aussi ne veulz fallir vous remersier de
la belle fontayne qu'il m'a disl el le capitayne
Mcolo Alamanni, que m' envoyés, laquele,
aultre la beaulté qu'il m'ont disl qu'eie baie,
1 aymeré et l'estimeré beaucoup pour venir de
vous, el vous prie reguarder d'ysi cet que dé-
sireriés, car je sayré byen ayse d'avoyr quelcbe
cbouse pour me pouvoyr levencher de cet beau
présaut; et me fayré grent plésir de me men-
der de ce que auryés envye, et me remectant
sur la sufisance du dysl sieur Troylo feré fin,
prient Dieu vous donner cet que désirés.
De Viller Coslré, cet vij",e jour de jean-
vier 1 55 1 (i552)2.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
escortée par le baron de Lagarde el d\\ vaisseaux de
j;uerre. (Voy. lettre des lords du conseil à sir William
Pickering , Kalendar of state papers . i fi 'i - - i .'î ."> f> .
p. 190.)
1 Ce Troylo doit être le Troile Orsini, ou ibs I rsins,
cjiii fut assassiné à Paris, le 3o novembre i .3 7 7 . (Voy.
Journal de l'Es toile, édit. de 16/16, t. 11, p. 29.)
5 L'ambassadeur du 'lue de Florence avait quille la
France au mois d'octobre i5ôi ; les relations diploma-
tiques étaient interrompues; mais on verra par cette
lettre que Cosme n'avait pas cessé de rester en bons
termes avec Catherine de Médicis. (Voy. Négociation*
diplomatiques ai-cr la Toscane, t. III, p. ao5.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
/i9
1552. — 'i>j février.
Orig. Bibl. nai fonds français , n 3i33. f iS.
\ MADAME D'Hl MYÈRES.
Madame de Huraières , j'aj receu la lectre
que m'avez envoiée el par [celle veu ce que
me mandez de la disposicion de ma fille ' el de
son amandement, donl je suis bien forl aise;
je vous prie avoir s^ convalescence en bonne
recoinmendation el continuer souveni à me
mander tant de sa santé1 el lion portement, que
de celle de mes autres enfans; ce faisant,
madame de Humières, vous me ferez grant
plaisir, et à tant je prie Dieu qu'il vous avl en
sa saincte garde.
Escripf à Villers Costerez, le xxi!c jour de
février i r>5i (1 55a).
Vostre bonne amye,
Caterine.
i 1552. — Du 10 au i5 a\ril.)
\til. ilil»!. liai. fiTiiU français , n" 3 i i y , f S.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon coopère, je ne veos l'allyr suyvant set
que nie pryales de vous mander de mes no-
velles , et pour se que je ares peur de vous don-
ner trop de pouyne à lyre benne longue
lestre sy mauvèse que la myene, j'épryé mon-
sieur le cardynal de Chatyllon2 de vous an
1 Claude. — \oy. même volume, Pi3, lettre du con-
nétable de Montmorency à Mm*d'Huniières, du 8 février
i )5ii , où il lui parle de la maladie de madame Claude :
-Le Roy a esté bien aise d'entendre que la fièvre luy es-
loit diminuée.^
! Le cardinal de Cbâtiilon était à Joinville avec la
Reine qu'il ne quitta pas durant la dangereuse maladie
où elle fut si près de la mort. (Voy. Lettre de Diane de
Poitiers, Bibl. nat. fonds français, n" 3 12/1, P 53.) —
M"" do Iîoisy écrivait a sa fille M"" de Brissac qu'il n'y
avait point d'espérance que la Reine dût guérir, «mais le
Catuerike de Mkdicis. — 1.
conter el les \ a\ touttes dystes, par quo} je
ne vous fayré la prësante plulx longue, après
Miiis avoyr pryé de ne changer de volante à
mon androyl pour aystre louyng, non plulx
que je vous aseure que je ne fayré au vostre,
el. que me retrouverés la mylleure el pluK
seure amye que ayés, n\ ares jéamès; je prye
à Dveu que sel puyse aystre byen tôt, ayanf
fayst sel que désyrés et ansetpandent me re-
comanderé à vostre bonne grase et à madame
la conestable.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
1552. — 16 avril.
Orir;. Bibl. nat. fonds français, n" 83a . f' 34.
A NOS AMEZ FKALI.X
LES GENS TENANT LA COL'RT DE PARLEMENT DU ROI
À DIJO>.
Nos amez el féaulx, [lource que noussa\ons
que le Roy monseigneur a dispose' de toutes
les amendes qui luy ont. esté adjugées par vous
à l'encontie des président, conseillers etaultres
otîiciers de la cour de parlement de Chambérj
et desquelles il a l'aicl don à nostre très chère
et très amée cousine la duchesse douairière
de Guyse ', à reste cause, nous voulions, vous
mandons bien expressément que n'aiez à em-
ployer, ne convertir lesdictes amendes en
quelques aultres affaires que ce soit el n'y
l'aides faulte. Donné à Joinville. le xvi° jour
d'avril 1 55a.
C\ iijiim:.
BoCllETEL.
Seigneur y a mis la main». (Bibl. nat. fonds français,
n ;!".j5, f 34.) — Voy. également sur la maladie de Ca-
tberine, Lettre de Marguerite de France, Bibl. nat. fonds
franc. n° 3i5a, f 3a. — Henri H quitta Joinville, où
était resiée la Reine, le 1 1 avril.
1 Antoinette de Rourlion.
50
LETTRES DE CATfl
1552. — =1 avril.
Imprime dans flibier, Lettres et mémoires d'Estat, I. tl . p. 38çv.
A MON COCSIN
LE CARDINAL DE BOURBON'.
Mon cousin, j'ay esté advertie qu'à Paris
il y a quelques prescheurs2 qui n'ont aultre
chose à dire que de parler des affaires d'Eslat
pour soullever à mutinerie tout le peuple, dont
nous nous debvons plus garderque du feu el delà
peste, el enlr'aiillres deux, F ung cordelier qui
1 Charles de Bourbon , cinquième iils de Charles , duc
de Vendôme, et de Françoise d'Alençon, évêque de Ne-
\ers, puis de Saintes, cardinal en 1 5/17, archevêque de
Rouen en i.">5o, mort en îâgo à l'âge de 67 ans.
- Lettre écrite par le cardinal de Bourbon à la re:ne
| 27 avril i5ôa) :
■■ Madame, suivant ce qu'il vous a pieu me mander par
voslre lettre du xvi, et que depuis j'ay écrit à M. l'Ad-
mirai, je me suis enquis bien amplement et au vray des
propos tenus durant le caresme dernier par les prescheurs
de reste ville, tant à Nostre Dame de Paris que ailleurs;
entre lesquels s'en est trouvé aulcuns fort téméraires et de
mauvaise édification, non toutefois si aigres qu'il vous a
esté rapporté; pour la réparation desquels et du scan-
dale qui en pourroit estre, j'ay enjoint à celui qui avoit
presché à Noslre Dame de révocquer publiquement au
dict lieu les fols et téméraires propos qu'il avoit ditz, ce
qu'il a faict dimanche dernier en ung sermon solennel,
assistant grand peuple, comme par forme d'abjuration,
exhortant chasenn, comme il doit, en l'obéissance du Roy
et de ses ministres et à luy aider et servir de ses biens
en ses affaires et facilitez sans en excepter personne.:; —
••L'emprisonnement aurait été une mauvaise voie. 11
s'attendait qu'un cordelier, Mc Michel Foucon, qui
avait prêché très follement ce carême au couvent des
rordeliers en fit autant, mais au lieu de ce faire il
s'est absenté. Il a^été contraint de faire prêcher en ce
couvent par un autre religieux de l'ordre la substance de
e que le dit cordelier devait dire et il a donné une prise
de corps qu'il a envoyé exécuter au couvent d'Etampes,
où il s'était retiré; et s'il n'y était pas, ordre a été donné
aux archers de le suivre jusqu'à Orléans, où est son cou-
leut. Il pourvoira sitôt que le Roi et la Reine seront con-
tents.- (Brilish Muséum, rollect. Egerton, vol. VI , f G3.)
ERINE DE MKD1CIS.
j a presché à Nostre Dame des propos estraages
tendant à sédilion , avec ung tesraoignage de
mécontentement quant à Penlreprinse du Rov
monseigneur, mesme de l'alliance qu'il a prinse
' avec les princes allemans et de l'aide qu'il
leur fait; semblablement de ce que l'on a
aussi faict une description et inventaire des
reliques, lesquels propos font suffisamment
cognoistre l'imprudence de tels prédicateurs,
avec leur arrogance estimans plus de leurs
sens que de la bonté, prudence et religion de
leur Prince et de son Conseil; l'aiiltre est ung
jacobin, qui a presché à Sainct Paul, lequel
interprétant ce passage de l'Evangile, principes
sacerdotum concilium fecerunt adversus Jesum, a
dict que ce n'estoit pas le conseil de Dieu
d'avoir accordé au Roy de prendre vingt livres
pour clocher sur les fabriques et joyaux des
Eglises, et que ce n'est le moyen de perpétuer
ce nom de 1res chrestien, mais donner occa-
! sion aux estrangers de lever leurs creues, el
oster la dévotion aux gens de bien de faire à
l'advenir aulcuns biens à l'Eglise, et que l'on
dira le Roy estre si pauvre, qu'il va fouiller
en la poche des pauvres mandiens, adjouslant
qu'après que le feu Roy fut pris, il recognul
la faillie qu'il avoit faite, d'avoir pris le
treillis de Saint Martin. Vous entendez, mon
cousin , comme un peuple est facile , sous telles
couleurs de zèle et dévotion, à s'esmouvoir et
faire tumulte, à quoy il est plus aisé de pour-
voir au commencement qu'après que les dits
propos seroient confirmez et réitérez. Pour
cette cause, je vous en ay bien voulu escrire,
sur l'heure, de l'advertissement que j'en ay eu ,
après en avoir conféré avec mon cousin l'Ad-
mirai et aultres que le Roy a laissez icy au-
près de moy; 'vous priant, aultanl affectueu-
sement que je puis, qu'avec les sieurs du
Conseil establis par delà, vous ayez à inconti-
nent consulter et adviser sur ceste affaire.
LETTRES DE CATHERINE DE MËDICI&
51
pour donner prompte provision qui nesçauroit
estre meilleure que ili' faire diligemment in-
former du faict el secrètement se saisir des ditz
prescheurs ei aullres leurs adhérans et com-
plices, sans en faire aucun bruit ny scandale
public, les faisanl mettre en lieu seur, cepen-
dant que vous en advertirez le Roy pour vous
i il mander son vouloir el intention. Il me
semble que ce ne sera que bien faict de l'aire
cependanl parmi aultre prescheur homme de
bien, tel que vous sçaurez bien choisir, re-
inonstrer dextremenl au peuple, à quelque
procession générale qui se fera durant ces bons
jours d'après Pasques, les bonnes, justes el
raisonnables causes et occasions qui ont meu
le Rov de s'aider par prest des offres que les
prélats, ou la plus grande partie d'entreux
qui estoient assemblez dernièrement à Paris
lorsque nous y estions, avoient eux-mesmes
faillis; quant aux vingt livres pour clocher,
chose que le droit permet audit seigneur pour
la conservation de ses pais el subjets, au
nombre desquels sont les églises el monastères
d'iceux, et ne pouroient estre tels deniers
employez en œuvres plus pitoyables que pour
éviter aux entreprises de ses ennemis qui ne
tendent,1 sinon à la diminution de sa grandeur,
et à la ruine et pauvreté de ses dits subjets; et,
si les biens de l'Eglise sont appeliez les biens
des pauvres* l'on ne doibt point trouver mau-
vais qu'ils servent et soient appliquez pour
empescher que, par l'injure des ennemis du
Roy, son royaume et ses dits subjets ne soient
réduits à la pauvreté, et surtout il est bien
nécessaire deremonstrerque, pour l'obéissance
que les dits prédicateurs et aullres doibvcnl à
leur prince, il faut qu'ils révèrent et inter-
prètent à bonne part ses Constitutions et Or-
donnances, et ne leur appartient aucunement
d'en parler, et moins les calomnier ou dé-
clamer (outre icelles publiquement. Sembla-
blementest requis quant à ce qu'ils ont louché
de l'alliance que le Roy a prise, et de l'aide
qu'il fait aux princes allemans, qu'il leur
fasse bien entendre que l'intention dudit
seigneur à cel endroit est si bonne et bien
fondée, que l'on pourra cognoistre cy-après,
par ce qui en pourra succéder que le (oui ne
tend qu'au bien, repos et union de l'Eglise,
ulililé et augmentation de nostre religion,
qui est tout ce tpie je vous en sçaurois dire,
remettant le surplus à ce que vous el vostre
compagnie pouvez mieux juger de l'impor-
tance et conséquence de la chose pour y pour
veoir, et après me faire entendre ce que vous
aurez fait, priant Dieu, mou cousin, qu'il
vous ait en sa saincte garde.
A Chaalons, 21 avril i552.
Ca-
1552. — ag avril.
Ori(J. P.nhsli Mus. collect. Egerton, vol. V. Lettres lies cuis
et reines de France.
VI CARDINAL DE BOURBON.
Mon cousin, vous sçavez la dépesche qui
vous a été par cy devant faite pour lever en
vostre diocèse les vingt livres tournois par
clocher qui, par la congrégation et assemblée
dernièrement faite à Paris, fut accordé au
Roy mon seigneur et époux, de les prendre par
manière d'emprunt pour iuy subvenir et ayder
à l'urgente el extresme nécessité de ses affaires
de guerre, qui sont tels que chacun peu II voir et
cognoistre, et encore que je ne fasse nul double
que, suivant ce que ledit seigneur, depuis la
dite dépesche et peu auparavant son partement
pour aller où il est maintenant, vous a mandé,
vous ne voudrez faillir de satisfaire el fournir
à ce qu'il von; a requis dedans le temps et
lerme qu'il vous a prescript par la dessus dite
dépesche ; touteftois sachant Testât certain
7-
52 LETTRES DE CATH
qu'il en a faicl pu ce même temps pour subve-
nir à la itespense et entrelencment de sou
armée, et afin qu'il n'y ait aucune faulte de
vostre costé, je vous en ay bien voulu faire
cette recharge par la présente, vous priant,
autant affectueusement que je puis, que, pour
faire cognoistre, par effet, à mon dit seigneur
la bonne volonté et singulière affection que
vous lui portez, et par conséquent au bien et
prospérité de ses affaires , vous ne faillez, au be-
soin, au fournissement de la somme que doibt
porter votre diocèse , de sorte quelle puisse estre
es mains du recepveur général dedans ledit
terme fixé; oultre le remboursement qui vous en
est asseuré, vous ferez ung plaisir au Roy mon
dit seigneur, tel et si à propos que plus grant
ne se pourrait estimer pour le moment. Priant
Dieu, mon cousin , qu'il vous ait en sa saincte
et digne garde.
Escriptà Chaalons, le xxix" jour d'avril 1 552.
Caterimî.
ER1NE DE MEDICIS.
sanse davantage, je sayré byen marrye, teulte
lé foys qu'i faudré que je an né pour luy fayre
servise, non pas que je luy an fase à regresl,
mes je say byen qu'i fault que je n'aye pas set
heur de ayslre auprès de luy, qui me fayst
sauesler que, quant yl aviseret beun aultre
fouys besouyn que vous beusié ma plase et
moy la vostre, pourtant que la guère deurerayl
et que je luy peusse fayre aultant de servise
que luy an n'avés fayst ; je vous prie, puysque
sela ne peolt ayslre, de fayre pour moy corne
véodryés que je fyse pour vous, de me fayre
ayslre byentot auprès de luy et me mander de
ses novelles et si vous aystes sy près des anemys
que l'on nous an a fayst ysi peur. Se fais yer
voyr monsieur le Cardynal : qui ayst près d'ysi .
qui se porte asés byen. Je ne vous sarès mander
aultre chause,qui me fayré fynirma lestre au
me recomandant à vostre bonne grase.
Vostre bonne commère et amye,
Caterine.
1552. — (Fin avril.)
Orig. Bibl. nat. fonds français, n°3i99, i" i&.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTARLE.
Mon coopère, j'é veu set que me mandés et
vous inersie byen fort de la haseuranse que
me dînes deu contantemant que le Roy lia
de moy . qui ayst teut sel que je désire an sel
monde que d'estre an sa bonne grase, et quant
à set q:ie me mandés de mon pouvoyr1, je
suys In en ayse, puysqu'i fault qu'i souyt veu,
qui aouyl de fason que Ton conese que set
qui- me mandés ay vray que je suys an la
bonne grase deu Roy; mé quant à avoyr puy-
1 Kilo fail allusion au pouvoir qui lui avait été donné
pour In régence. (Voy. à ce sujet une lettre de Du Mortier
ible, dans li' Recueil do Ribier, t. Il, p. 388.)
1552. — ^Fin avril.)
Aut. Bibi. nat. fonds français, n° 3ia5, f" 9.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTARLE.
Mon coopère, je ne vous sarès asés remersyer
deu byen que m'avés fayst de m'anvoyer sel
put leur, el de set que je bay heu dé lestre deu
Roy, car j'é ayslés an granl pouyne pour la
longueur deu lampsquil'y avestque n'an n'avés
seu; par quoy je vous prye, si le disl signeur
et vous avés anvye que je ne retombe poynt
malade2, que je aye le byen d'an savoyr plulx
sovant. Je loue nostre signeur de sel que nous
somes au pays aveques le Papa1, et me san-
1 Lo cardinal de Bourbon.
- Voy. pour la grave maladie qu'elle venait d'avoir à
Joinville la noie de la page 'ig.
3 Jules III. (Voy. Lettre do Coeine I", i 5 avril i 55 i .
LETTRES DE GATA
Lie que Dyeu ayme lent le Roy ay se royame
que nous ne I i saryons asés rem,ersyer, je l>'y
seuplye qu'i veolle leurjeur contyneuer pour
nous corne \1 a faysl jeuques ysy. Mon con-
père, je ne vous mande ryen dé novelles d'ysy,
car vous voyrés sel que an n'anvoyons au Roy,
our l'amour de sela, teu sens deu Consel
aunt aysté d'oupinion que monsieur l'Amiral '
ne bougea de sel payys, jeuques à set que le
Roy, après avoyr veu sel que luy mandons,
aist aultremant comandé; par quoy mandé
nous vystemant sa volante, al'yn que ne fasyon
fauile à Panseuivre. Je fera) fin, me recomari-
Janl à vostre bonne grase, tcné moy en selle
deu Roy.
Vostre lionne comère et amie,
Caterine.
ERINE DE MEDICIS; 53
Roy pour eulx; mes pour vous dire à vous la
vérité, quanl je l'a} conté au Roy, yl m'a dyst
qu'il se sovienl de sel que luy en n'avés dist et
qu'il veuli que la vérité souit coneue, el quanl
vous serés ysi aveques luy, que en parlerons
tous ensemble. Velà, mou conpère, sa réso-
lution, alin que n'an croyés aultre chause fâ-
cheuse, qui sera l'androyl où je prie Dieu
vous donner bonne santé.
Vostre bonne counière el amye,
Caterine.
( 1552. — Fin avril.)
Orig. Bibl, nat. fonds français, n° 3ng, f i'i.
1 MON ' OMPÊRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, Pino, présant pourteur, m'a
dist de vostre part que aytiés d'aupinion de
pardonner au poyeur et comisayres dé guerres,
chause que je ne se se je. douis croyre, me
resouvenanl de sel que m'av*és tousjour dist,
qu'il etoyl nésésayreque la vérité l'eut coneue,
autrement Ton dirouyl que je leur avoys fayst
tort, encore que je ne m'an mêle*, el an lèse
fayreau jeuges et pour ne savoyr pourquoy vl
me disouyt sesi, je lui ay dist qui découvrel la
vérité de Ions les larsins segrès et leur fason
île fayre el qui les ballet par ayscrit sin'aye
de leur mayns, que lors je parleré volontier au
'lins li s Négociations diplomatique* de ta France arec la
Toscane, t. III, p. 3o3. )
1 Claude d'Annebaut mis pur le roi auprès de Cathe-
rine, mort à la Fère, le 1 1 novembre i Jôa.
(1552.) — î" mai.
Orig. Rilil. nat. fonds français, u" 3i33, f" lu.
\ MADAME D'HUMYÈRES.
Madame de Humyères ', ce m'a esté bien
grant aise et plaisir, à mon arrivée en ce lieu,
d'avoir entendu par les lettres que vous m'avez
escriptes de Madon2 la bonne disposition en
quoy son! mes enffans et qu'ilz proufictent
très bien, dont je loue Dieu; louleffoiz. je
vouldrois bien sçavoir comme ilz se sont trou-
vez depuis qu'ilz sont à Amboise, et pour ce.
je vous prye de me mander et aussi de leurs
nouvelles le plus souvent que pourrez; quanl
esl des myélines, elles sont très bonnes , grâces
1 Le 3 avril i 55a , le roi avait écrit à M°" d'Humièrcs :
-J'ay enlenrlu ce que m'escrivez de la bonne santé et dis-
position de mes enfans et l'entière convaléssance de ma
fille Claude, dont j'aj esté très aise; et pource que j'ay
sceu qu'il est survenu quelque inconvénient de peste aux
lauhbourgs de Rloys, j'cscriplz présente ni au s' de
Montpippeau, si ce mal viioit à croistre, regarder s'il
sera besoinrj de les transporter à Burj ou à Madon.
i Fonds français, n° 3i33, f°3.) — Dans une lettre du
connétable de Montmorency, datée du 9 mai i55a 0 .
voit que les enfants furent conduits à Amboise. (Bibl. na!.
Fonds français, n° .'i 1 ■■.'!. 1 ' G.)
- Village du Blaisois, aujourd'hui dans la commune
de Condé, canton de Contres,, arrondissement de Mois.
5'i
à Dieu, auquel j>' prye vous donner, madame
de Humyères, ce que pins désirez.
De GhaaIIons, ce premier jour de may.
Catf.ri.nk.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
iectre du x de ce mois et auparavant en avois
receue une aullre, par laquelle me priez,
1552. — 5 mai.
Bil ! mil. fomls français, n" 3i33, f° \k.
A MADAME D'HUMYÈRES.
Madame de Humyères, j'ay receu vostre
lettre du prenne!' joui' de ce moys et suis très
aise que vous aiez trouvé le lieu et le séjour
d'Amboyse si beau, si sain et si à propoz que
vous ni escripvez pour y tenir mes enfens, dont
me ferez sçavoir des nouvelles le plus souvent
que vous pourrez; et au demeurant j'escriptz à
mademoiselle de Dammarye, suivant l'oppi-
nion de la Rommanerye1, qu'elle l'ace vestir
mon filz d'Angoulesme2, car il s'en trouvera
mieulx et plus'freschement durant ces chal-
leurs prochaines , parquoy vous luy ferez faire
de» habillemenlz. Priant Dieu, madame de
Humières. qu'il vous ail en sa saincte garde.
Escril à Chaalons, le ve jour de may i552.
CàTERINE.
1552. — î a mai.
:'ritish Mu>. Collecl. Egerlon , vol. V, f° 16. Lettres îles rois
et reines de France.
A MOX COUSIN
LE CARDINAL DE BOURBON .
LIF.tTE.-l V\T GÉNÉRAL tu ROI À PARIS.
Mon cousin, j'ay présentement receu vostre
La Romanerie, un des médecins d'Henri II cilé par
Marie Stuart dans une de ses lettres à sa mère : «Je vous
diray comme M. de la Romanerie, médecin du roy, m'a
prié de hij vouloir tant faire d'onnheurque de recevoir
me, qui est honnesle damoyselle, au nombre de mes
dames.» [Lettres de Marie Stuart, éd. du prince Laba-
noff, t. 1", p. 3i.)
- Edouard-Alexandre, depuis Henri 111.
comme vous faictes par ci sic cv, de souvent
vous faire entendre de mes nouvelles; surquov
je vous asseure, mon cousin, que depuis
quelques jours j'av esté en telle peyne, tant de
n'avoir de celles du Roy, que de veoir la force
desennemys prochaine de nous qui est grosse,
à quov il a convenu et convient rechercher
tous moyens de pourveoir qu'on n'a le loisir
d'escripre nouvelles; et pour eslre seur, mon
cousin, que, quant les occasions se présente-
ront, je ne fauldray de vous satisfaire , j'ay
envoyé deux ou trois genlilz hommes exprès
devers le Roy pour en sçavoir; de ce qui me
viendra je vous en départiray. Ce que je
ay peu en tendre par aucuns qui en sont
venuz, c'est que le roy est entre Agueno1 et
Strasbourg. Quant au couslé de deçà, nos
ennemys s'estoient approchés de quatre ou
cinq lieues de Saincte Menehoult, et à ceste
heure il semble qu'ils veullent tourner du
cousté de AIouzou; ils se sont amusez jusques
icy à brusler et piller deux ou trois petitz vil-
laides. On regarde, selon le peu de forces qu'il
y a, à pourvoir aux choses plus importantes,
le mieulx que faire se peult. Mon cousin , j'ay
esté très ayse d'entendre que vos diocèses de
Sens et de Laon ayent satisfait à cest emprunt
des clochers et églises, .le vous prie tenir main
que les aultres de vostre province facenl le
semblable, et sur ce prie Dieu, mon cousin,
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Chaalons, ce xn" jour de may
i 5 5 a .
Caterinb.
1 Haguenau.
1 Voy. Lettre du connétable de .Montmorency à Cathe-
rine, datée de Haguenau le 9 mai t55a. (Bibl. nat. fonds
français, n° 3i33, f° 6.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
oa
1552 — i3 mai.
Orijy. Brilish !Mus. c.l It-rt . E^r-iton. Lettres Jr
vt reines il. France , vo!. V.
\ MON COI SIK
LE CARDINAL DE ROI IllSO.V
LIEITES4M GÉSÉR1L Dt r."', \ PARIS.
Mon cousin, vous sçavez que le Roy mon-
seigneur, auparavanl son parlement de Paris.
ayantfaicl estai des deniers qui devoienl pro-
venir de la vente el composition des offices
nouvellement créez suivant plusieurs édietz,
commanda lui mesme de boucla' aux gens de
sa court de Parlemenl qu ils («lissent à expédier
et ventiler iceux e'diclz, quant ilz leur seraient
présentez, sansj user d'aucune longueur, re-
mise ne difficulté, de sorte qu'il ne fust pas,
par ce moien, frustré de l'attente qu'il avoit
au recouvrement des ditz deniers pour luy ai-
der m subvenir à l'entreténemenl de son année.
où il est en personne, et combien que les ditz
gens de la court de Parlement luy eussent
promis el asseuré de satisfaire à son vouloir
et commandement, toutefois ilz ont jusqu'icy
différé la publication des édita des Généraulx
tant de la justice des aides que des monnoies,
et que je trouve bien est range et sçais asseuré-
ment que le Roy le trouverait eucores plus,
s'il l'entendoit. Au moyen de quoy je leur es-
criptz présentement une bonne lettre par ung
courrier exprès, affin que, toutes longueur- et
diflicullez cessantes, ilz procèdent à la lecture,
publication et vérification d'iceulx éditz pour
m'estre incontinent renvoies par ce diet cour-
rier, de sorle que l'on n'ayl plus occasion d'en
escripre, vous priant, mon cousin, y vouloir
tenir la main el l'aire entendre à la dite court
quelle occasion de mal contentement elle
pourra donner au Roy, s'ilz l'aillent à l'aire
promplcment la dicte expédition, dont vous
rnadvertirez et je prieray bien, mon cousin.
qu'il vous ayt en sa saincte et digne garde.
Esc ri pi à Chaalons, ce xni' jour de ma\
i55s.
Caterine,
1552. — i .'i mai.
Orig. Hilti-li Vins, collecl. Bgerlon. Lettres des rois el reines
(!<■ France , vol. V.
A NOS \MIS ET FÉàOLX
LES GENS DE LA COURDl PARLEMENT
Nos amés el féaulx, nous avons esté advertie
que vous n'avez encores publié, ni vériffyé les
éditz des Généraulx tant de la jusiise des aides
que des monnoyes qui vous ont esté de piéi
présentés, encores que telles expéditions vous
eussent esté très expressément recommandées
par le Roy noslre très cher seigneur et espoux
auparavant son parlement de Paris, affin qui
vous n'eussiez à \ user d'aucune longueur,
remise ne difficulté, pour ce que c'estoil chose
dont il avoit faicl estât, comme des deniers
proveuans de la vente et composition des of-
fices créez et érigez par iceulx éditz pour aider
à subvenir et satisfaire à la grosse cl excessive
despence qu'il est contraint de faire et sup-
porter pour l'entreténemenl el conduicte de
son armée, où il est en personne. A reste
cause, voyant que pour avoir par vous esté
différée jusques h\ la dicte expédition, aucuns
qui ont fiiurnv leur argent des ditz offices -ont
tous les jours icy après à poursuivre el faire
instance désire remboursez el les aultres qui
en voulloienf estre pourvus se sont refroidiz,
ne m milan I bailler argent qu'ilz nevoyent iceulx
édilz publiez, chose qui importe grandement
aux service et affaires du Roy, lequel serait
très mal content de vous, s'il sçavoil et enlen-
doit que vous n'eussiez en cesl endroicl usé
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
d'aultre diUigence, nous avons bien voulu es-
cripre la présente, vous mandant et tesmoi-
"ikiuI 1res expressément cesle fois pour toutes,
que iceulx ôclitz vous ayez à faire lire, publier
.■I enregistrer sans aucune restrinction, modif-
ications ne difficulté, ne qu'il soit plusbesoing
vous en mander aullre chose, lesquelz par
vous vérifiiez et expédiez vous délivrerez au
porteur que nous envioions expressément de-
vers vous pour en faire la solicitation.
Ëscripl à Chaalons, le xmc jour de may
i55a.
CaTERINE.
DlTHIER.
(1552.) — 20 mai.
imprimé dans Ribier, Lettres et mémoires d'Etat, t. II, p. jio.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, vous verrez par la lectre que
j'escris au Roy que ie n'ay pas perdu temps à
apprendre Testât et charge de munitionnaire;
en quoy si chacun fait son devoir de tenir et
observer ce qu'il a promis, je vous asseure
que je m'en vais maistresse passée; car d heure
à autre je n'estudie que cela, et y occupe la
pluspart du temps Monsieur le garde des
sceaux1, et ceux du Conseil pour la peur et
rrainte que j'ay qu'il y art aucune faute ,
combien qu'il soit assez diflicile qu'en choses
si hastées et précipitées comme celle cy, il
n'advienne le plus souvent du désordre et de
la confusion; mais j'espère que le tout bien
acheminé et estably, comme il est, vous en
serez satisfait, pour le moins ne tiendra t'il
pas à moy quant à presser et importuner, et n'y
perdray point ma peine jusques à ce que je
sçache comme le Roy et vous en serez contens,
1 Berlrandi.
vous advisaut que j'ay très bien noté ce que
vous me faites sçavoir par le dernier article de
vostre lectre de ce que le duc Maurice a escrit
nu Roy depuis son arrivée en son camp, et
suis bien de vostre advis qu'il ne faut plus
croire en paroles, mais en effets qui ne sçau-
î oient estre, venans de ce personnage là , autres
que la foy et ses actions le tesmoignenl; et faul
que je vous dise , mon compère , que je ne veux
plus penser à luy, mais seulement a la reyne
de Hongrie, laquelle je voudrois bien eslre
attachée avec ses forces à l'une de nos places,
afin que vous eussiez la commodité et le loisir
de les y trouver pour sçavoir s'ils ont si bon
courage qu'ils disent. Quoy qu'il en soit, j ay
belle envie que nous ayons nostre revanche
sur eulx , et cependant ils ne me sçauroient
accuser que je ne les aye vaillamment attaquez
icy, sans avoir eu crainte d'eux, dont je pense
qu'ils ont esté bien advertis , ce qui les a gardés
d'oser d'entreprendre à y venir. Je vous prie,
mon compère . de m'advertir particulièrement
de ce que j'auray à faire en tout et partout,
car je m'y gouverneray selon vostre bon con-
seil et advis, priant Dieu qu'il vous ait en sa
saincte garde.
A Chalons, 20 may.
Vostre bonne commère et ainye,
Caterisb.
1552. — 20 mai.
Orig. Arch. de la Drôme.
A N0STRE AMÉ ET FÉAL
L'ÉVESQUE DE VALLENCE1.
Notre amé et féal , nous avons puis naguères
escript pour accellérer et dilligenter le recou-
vrement des deniers de l'emprunt que le Roy
notre très cher seigneur et espoux faict sur les
1 Jacques de Tournon, évéque de Valence de 1 537 à
,553.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
57
fabriques de votre diocèse à raison de \ i i>îj I
livres pour clocher, suyvanf l'accord qui lu\
en lut dernièrement faicl par les principaulx
prélat/ diocésains de ce royaulme deument
pour ce convocquez et assemblez en la ville
de Paris, et d'autant que, par 1rs responses el
remonstrances que font aucuns des ditz prélalz
diocésains el le peu «!<• dilligence dont usent
en cesl endroict la plus part des autres, ainsi
que sommes advertiz par les trézoriers géné-
raux des charges, ausquclz louche d'en faire
la sollicitation, nous ne saxons bonnement ce
(Hic nous debvons espérer de l'ayde el sub-
vention que le Roy s'est toujours attendu
d'avoir du dit emprunt des ditz \\ livres pour
clocher, selon Testai qu'il en a faicl; à ceste
cause voyant que, doresnavant le temps et les
affaires i s pressent, de sorte qu'il n'est
plus question d'user d'excuse pour paiement,
nous vous prions el neantmoins ordonnons que,
incontinent la présente reçue, vous ayez à vous
rendre el trouver en votre dicl diocèse, si desjà
\ i >n>- n'\ esles, pour pourvoir el donner ordre
que les deniers du dicl emprunt soient promp-
tement envoyez et consignez es mains de notre
receveur général, et cependant ne faillez d'en-
voyer au trézorier général de la charge le
roosle des cotisations faictes et arestées en
votre dicl diocèse avec le nom de celluy qui a
esté commis et dépusié pour y recouvrer les
deniers, faisant savoir au dicl trézorier général
dedans quel jour au vraj ilz pourront estre
délivrez à la recette générale, affin que de
tout ii nous adverlisse, vous advisant que
nous ne serons poinct bien asseuré du recou-
vrement des dietz deniers jusques à ce que
vous soyez en voire dicl diocèse pour en faire
vous-mesmes les diiligences et sollicitations,
ensemble des décimes. Aussi bien vous avoit
le Ro\ mandé et enjoinct, avant son parle-
ment, que vous eussiez à y aller résider,
Catherine de Médicis, — i.
comme nous estes tenu pour le debvoir el ac-
quit de vostre charge, dont nous vous voulons
bien semondre, attendu qu'il en est plus be-
soing que jamais, estant le seigneur absent de
ce royaulme, duquel en acquittant vostre cons-
cience vous ne sauriez faire plus de service
que vous serez là présent pour contenir son
peuple en unyon, avec observation de la reli-
gion et expulsion des erreurs, el pour le faire
au surplus vacquer à prières el oraisons pour
le bien de la paix et prospère succès des affaires
et entreprises que icelluy seigneur entretient.
Là où il y auroil aucune fausse longueur ou
dissimulation en ce que dessus, nous ferons
procéder par toutes les voies de contraincle el
autres que le Roy nous a expressément or-
donné d'user à f encontre des refuzans, dé-
faillais ou délayans, car nous ne vouldryons
pour rien luy donner occasion de penser que,
en cest endroict, il y aye eu de nostre costé,
iiv de la pari de ses minisires qu'il a laissez en
son conseil auprès de nous, aucune faulte de
soing,de sollicitation et dilligence envers vous
el voz semblables.
Donné à Chantons, le xx? jour de m'ai i55a.
Catrrink.
DlITHlER.
1552. — a3 mai.
Orig. Bilil. nat. fonds français, n'' ui03, f' 7.
A MADAME DE HUMYÈRES.
Madame de Humyères, j'ay receu depuis
trois jours la lettre que vous m'avez escripte;
e quant à ce quej'avois mandé par delà que
ceulx qui sonl auprès de mes enfans n'eussent
à faire par ensemble que une seulle lettre
pour m'advertir de leurs nouvelles, sans en
faire chascun une particulière pour une
inesme chose, qui est quasi autant de peyne
à les lire comme à les escripre, je vous ad-
58
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
vise 'aie en cella je ne vous ay pensé aucune-
menl comprandre, ne parler de vous, d'autant
que, pour le lieu que vous avez lousjours tenu
auprès de mes ditz en-fans, il vous appartient
pour le deu de vostre charge m'en escripre
particullièrement, et aux autres par une
inpsmu lettre seullement,par quoy vous obser-
verez en cest endroicl ce que jusques icy vous
avez acouslumé de taire, me taisant sçavoir aux
occasions qui se présenteront comme se trou-
veront mes dictz enfans, et vous me ferez tel
plaisir (pie vous povez penser, vous advisant
que j'ay receu une lectre de la Roinmanerye
avecques la vostre, laquelle faict mention
d'une autre qu'il dict m'avoir auparavant es-
cripte, niais elle n'est poinct toulelfois par-
venue en niez mains, comme vous luy pourrez
dire, pliant Dieu, madame de Humyères,
qu'il vous ait en sa saincte garde.
Escript à Chaalons, le xxiue jour de may
i F) 5 a .
Caterine.
DUTHIER.
1552. — a/l niai.
Orif;. Rritish Mus. collect. Egerlou , Lettres des rois et reines
de France, vol. V, f' 19.
A MON COUSIN
LE CARDINAL DE BOURBON
LIEUTENANT GÉNÉRAI. Di; ROV À PARIS.
Mon cousin, ayant entendu que messieurs
de la court n'ont proceddéà la publication des
édilz du Roy mon seigneur, concernant les
généraulx de la justice des aydes et ceulx des
nionnoyes, à heure convenable et selon les
formes et solemnitez à ce requises et aecous-
tumées, chose qui m'est ditliiille à croire, à
cesle cause et que par eulx-mesmes j'en désire
sçavoir et entendre la vérité, je leur escripts
présentement les lectres dont je vous envoie le
double , vous priant , mon cousin , les leur faire
présenter et suivant le contenu en icelles tenir
main et faire que incontinent ilz aient à dep-
puter deux bons personnaiges d'entre eulx
pour venir là part que je seray, pourveus et
instruiclz des choses que je leur mande , et que
à cela ilz ne facent l'aulte. Priant Dieu, mou
cousin, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
De Chaalons, ce xxrve jour de may io52.
Caterine.
BoCHETEL.
1552.
9J1 mai.
Orijr. Britisb Mus. collect. Egerton , Lettres des rois ci reines
de France, vol. V, f' ai.
A MESSIEURS DE LA COURT
DU PARLEMENT.
Nos amez et féaulx, combien que par vos
lectres du xvnc de ce mois nous escripvez
comme avez vacqué à la publication des éditz
du Roy mon seigneur concernant les généraulx
de la justice des aydes et ceux des monnoyes,
se néantmoings, comme nous avons entendu,
la dicte publication a esté faicte à heure non ac-
coustumée et les formes et solempnitez requises
non intervenues ny observées, chose que ne
pouvons ni ne voulions bonnement croyre que
premier ne l'ayons entendu de vous, à reste
cause nous vous prions et néautmoiugs man-
dons et enjoignons très expressément que, in-
continent la présente receue, vous ayez à
desputerdeux bons personnaiges d'entre vous
pour nous venir trouver là part que serons,
affin de nous faire entendre l'heure et forme
de la dicte publication, le nombre et les noms
des présidons et conseillers qui y ont adsisté,
et les gens du Roy mon dict seigneur qui y
ont comparu, l'extraict du registre signé du
greffier et la dite publication et aullres solemp-
nitez que en cela vous avez tenues et observées.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
59
el qu'il n'y ayt faultc; car loi esl le voulloir
du Roy el de nous.
Donné à Chaalons, le xxiv' jour do may
i ô 5 •-> .
Caterine.
1552. — 5(5 mai.
Imprimé daos Ribier, Lettres et mémoire* it'Eêtat, t. Ii, p. Uih.
AL ROY MONSEIGNEUR.
Monseigneur, le prince de Salerne1. à son
arrivée, m'a entretenu sur la seurelé que la
Seigneurie2 circonspecte, connue elle esl en
toutes choses, et mesmes en celles qui luy sont
de telle importance et conséquence, comme
est cette cy, désireroit avoir asseurance de
vous, venant à se déclarer pour faire ligue et
capituler, alléguant la souvenance que ladite
Seigneurie a\oil de ce que le l'eu Roy mon-
seigneur votre père, après une (elle ligue, les
abandonna pour traiter avec l'Empereur; sur
quov je luy sceus bien respondre que cela ne
se devoil poinl alléguer pour vous, el que
l'on n'avoit encore point veu que vous eussiez
jamais abandonné vos alliez, et aussi peu vos
simples amis, avant en toutes vos actions l'ait
profession de foy et vérité, prenant donc son
discours par une forme et manière de devis, je
n'en a\ voulu faire aucune mention par ma
lectre, mais voyant que depuis ii venoif tous-
jours à retomber sur les dites particularité/.,
m'en parlant encore plus ouvertement qu'au-
1 Ferdinand de San-Sevcriiio, dernier prince de Sa-
lerne. né le 18 juin 1007, marié à Isabelle de Villa-Ma-
rina , mort à Avignon en 1 568 ou 1 5 7 a ; il passait pour
s'être fait protestant et l'ut l'un des gentilshommes les
plus en faveur à la cour de François 1". ( Vov. Kalendat
of statr papen, règne d'Edouard VI. p. 333-331; Né
gociations diplomatiques avec la Toscane, I. III, p. 3oi.)
— De nombreuses lettres de l'Arétin sont adressées au
prince de Salerne.
5 La Seigneurie de Venise.
paravant, ii m'a parlé de deux choses lune :
ou cequ'il disoil estait comme de lin mesme,
pour sentir de moy lequel des partis qu'il
noms proposer.oil quant à ladite seurelé vous
seroil le plus agréable, et qu il pouroit plus
aisément obtenir de vous, ou bien qu'avant
esté instruit de ladite Seigneurie sur la pro-
position des dits partis, qui sont trois, il vous en
veuille présenter deux, qui luy semblent vous
estre à présent difficiles, afin qu'il puisse par-
venir à l'effet du troisiesme, qu'il estime vous
estre le plus facile et aisé, de faire un déposl
à Venise d'une bonne grosse somme de deniers,
à quo\ il pense, à mon advis, que vous ne
vouliez pas entendre pour les grandes des-
penses que vous avez à supporter; l'autre est
qu'en défaut de cettuy là vous mettiez es
mains de la Seigneurie quelqu'une de vos
villes et places fortes, ce qu'il trouve, à mou
jugement, aussi difficile que le précédent; el
le troisiesme, qu'il pense estre le plus faisable,
est qu'estant vostre fils d'Orléans advoué el
tenu par ceux de Naples pour leur Roy, vous
le vouliez envoyer à Venise pour y estre nourry,
ce qui seroit bien, si ainsy estoil, la seureté
que la Seigneurie, ce dit-il, auroit la plus
agréable; et là dessus s esl eslargj à me louer
les qualitez du dict royaume, et me dire le
grant boneur qu'estimeront avoir ces Estais
que vous bailliez votre fils pour leur Roy, et,
somme toute, qu'il ne tiendra qu'à vous que
cela ne se fasse, et que la Seigneurie ne se
déclare. Or, monseigneur, ce discours que je
vous en fais n'est pour vous faire penser que
je prenne tels propos pour argent comptant;
toutefois je penser ois avoir manqué, si je ne
vous en donnois advertissemenl . afin que, ve-
nant d'adventure à vous proposer, quand il
sera devers vous, les dites trois particularilez.
vous soyez desja tout préparé à la response
qu'il vous plaira lui faire là dessus. Il envoyé
8.
60
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICLS.
le sieur Amaury de San Severin devaut, pour
donner ordre à son passage jusques à vous, et
le suivra incontinent après , délibéré de ne faire
pas Ion;; séjour avec vous, comme il m'a dit,
car en une façon ou autre, sçachanl voslre ré-
solution, il s'en veut retourner à Venise '.
\ Chalons, le 26 may i555.
Vostre très humble el liés obéyssante
femme.
(Utérine.
( 1552. — Fin mai.)
Orig. Arcli. de Modène.
A MON ONCLE LE DUC DE FKRRARE.
Mon oncle, le Roy vous envoyé vostre am-
bassadeur pour vous faire entendre aulcuns
points touchant le fait de monsieur le prince
vostre filz2, de quoy je vous prie le croire et
vous asseurer qu'il a eu beaucoup d'ennui de
celuy qu'il a entendu que vous avez porté de
son département, et sans cela il eust esté que
fort ayse de le \oir et avoyr auprès de luy,
comme il sera encores, mais qu'il ait entendu
que vous en soyez content, de quoy, mon
oncle, je vous prie bien fort et vouloir par-
donner à monsieur le Prince s'il vous a faicl
faillie, qui ne peut estre sinon de sa venin',
' Voy. réponse Je Henri 11 à cette lettre, datée du camp
devanl Damvilliers, le S juin 1 55a : «Je vous prie, ma mie,
"lui dit-il, de faire venir devers vous l'ambassadeur de
r Venise et lui dire que j'ay esté bien marry qu'il soit si
« tost partv, d'aultant que je luy voulnis parler de ceste af-
• taire et lui faire entendre que le prince de Salerne s'en
-retourne à Venise." (Ribier, Mémoires, I. Il, p. 6i5.)
1 Alphonse II d'Esté, né eu 1 533 , mort en 1897,
marié en premières noces à Lucrèce de Médicis, fille de
Cosme, morte en 1 56 1 , et en secondes noces à Barbara .
fille de l'empereur Ferdinand; il était parti sans le con-
sentement du duc son père, et se battit deux ans en
Flandre. Renée de Ferrare, dans une lettre du b octobre
1 .r).Vi au connétable, parle du retour de son fils. (Bibl. nal.
fonds français, n* 3 1 67, f° 62. Voy. Litta, Familles d-
lustres d'Italie, t. I.)
sans voslre congé, car d'avoyr envye de voir
ceulx qui leur sont si proches, vous n'en
sçauriez estre courroucé, et croy, si vous pense/
l'amytié que le Roy luy porte et comme il le
voit de bon cueur, cela vous fera oublier l'en-
nuy de ne l'avoyr auprès de vous, ainsy que
c'est le désir de voir et apprendre pour nous
faire service qui l'a en partie amené. Je vous
asseure, mon oncle, qu'il se porte très bien
et que j'auray toujours soing de luy coine sa
mère. Vous entendrez tout au long de ses nou-
velles par ce porteur, qui me fera faire lin en
ces! endroit , me recommandant à vostre bonne
grâce.
Vostre bonne nièce,
Catkrine.
( 155*2. — Fin mai. 1
Aut. Bibl. nat. foDds français, n° 3i.'io , f* 1 .
AU ROY MONSEIGNEUR.
Monseigneur, l'anbasadeur d'Angletere '
ayst veneu asteure parler à moy pour me
dire cornant yl avest reseu dé lestres deu Roy
i son mestre2, par léquele y lui comandet de
me dire le tor que Ions avest faysl à auceuos
de ses seugés et marchans de son pays de
quelques navires que les Brettons avoynt
prinse, et qui vous an n'avest parlé quant yl
étoyt au camp3 par plusyeur fouis, et que lui
aviés donné dé lestres adresanle à seos oui
1 Dans une dépèche de l'ambassadeur, sir William
Pickering, datée de Metz, le jli mai 1 552 , on lit : -The
-ambassadors are uncourteously commanded and licensed
■tamongst impedimenta to départ (lie camp, and are from
«hencefort addressed to tlie Queeu and Conseil al Cha-
rlons in ail llieir masters' affairs.n {Kalendar of slale /»i-
jters, i5'i7-i553, règne d'Edouard VI, p. ■> 1 '1. 1
2 Edouard VI.
3 Une lettre de l'ambassadeur d'Angleterre, sir William
Pickering, à Cecil, est datée du camp, le 19 mai i55a.
| (Ibid. p. -../i.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
61
sont an Brettagne pour qous prier lui an fayre
jeustyse et qui n'an feset rien ; qui me priel
que je an parlise au Consel et qu'i leur an
présanleret heune requette, ay qu'i me priel
que je vous an veoleuse ayscripre; à quoy je
luyav répondeu qui ballal la requette, et que
vous antandés qu'i souit guardé le droyt dé
seujés ileu m\ d'Anglelere et qu'i leur souyl
faysl jeustyse comme au vostre mesme, et qui
se veoiél \ <>\ r sel que l'ons an avest faysl an
\ostre Consel, que yl arel aucasion de se cou-
tanter. V m'a dyst qu'il veolest baller sa re-
quête, et que le Roy son mestie et teutle la
noblese vous ayme tant, qu'i avest lieun conte
et dys jeantysomes qui's'an alet au camps
pour vous fayre servyse. Je luy ay dysl le
mieulx que j'é seu de l'amour que vous lui
portyés ausi , niés monseigneur Antoyno Pecbi ,
Senouis1. qui an vient asteure, m'a dis! que
Baudaulphin2 lui ha donné charge de me dire
que qui ne remédéré à se prinse que son poynt
de faulte; y voy seos deu peys si meutyné
qu'il a grant peur qu'i se melet deu conté de
l'Ampereur, et beocup d'aultre partyceulya-
rité que. de peur désire trop longue, je ne lé
vous ayscryps poynt, pansant que seluy que
Baudausphyn vous a hanvoyé cl ynstreuyt de
teut. Monseigneur, vous savés trop mieulx que
moy cornant y vous y fault cOndeuire, teutte-
louis l'afayctyon que je vous porte et à vostre
servise me fayst vous dyre qu'i me samble
que y serét bon de ne le coureuser poynt as-
teure que vous avés asés d'aultres afayres.
Monseigneur, le prynse de Feyrare sera de-
inayn isy; je vous an n'é byen veoleu aver-
tyr, auquel je fayre" le milleur receui que je
pouré pour vous ayslre set qu'il vous aysl et
pour l'amour qu'il vous porte , qui mérite tant .
' Siennois.
' .lean de Laval, seigneur de Bois-Dauphin, mort en
i554.
sel me sanhle. que teus seos qui aunl anvi
vous fayre servise le douyvent aymer el hau
naurer et de mov . corne selle qui a pleuW seti
volante que neul aollre, je méteré pouine de
l'aunorer el careser de teut sel que je pouré;
je vous suplye nie pardonner set ma letre aysl
sy longue et me tenir pour 1res bumblemant
recomandaye an vostre lionne grase.
Voslre lies humble et très hobéysanh
lamine.
Caterine.
( 1552. — 1°' juin. I
Aui. Bibl. ni't. fonds français, u ■■■, i I
\ VU (OLS1ME
MADAME LA DETJCHESSE DE (il ISE.
Ma cousine, je vous anvoy set laquay pour
.savoyr dé novelles de monsieur le cardynal '
et dé vostre et vostre mari. Je prye à Dyeu
qu'i souyt tyeule que le désyrés, car y ni a
personne qui an nayl plulx d'èse que moy.
Quant à selles de sete conpangnye, le Roy
heul arsouyr dé noyelles deu coulé de Cham-
pagne, et, à set qu'i nie dyst, y ni a ryen que
byen, et pour se qu'i me dyst qu'il anvoyrel
voyr monsieur le cardynal, je ne vous an
fayré redyste. Je luy demandys quant yl yrel
voyr; y merépondyst qu'il y l'eut aie byen toi .
mes que monsieur de Cuise et d'Aumale luy
avest dyst qu'il y étoyt mort de ses jeans deu
peoupre, et que pour sela yl atandret an-
core heun peou. Je veodrès que san danger,
corne je panse qu'i ni an y a plulx, qui l'eut
veu , pour l'espéranse que j'é que sela le gué-
riret deu teut. Je vous prye luy fayre mes re-
comandatyon et panser que n'avés personne
qui plus vous ayme que
Vostre bonne cousine el ain\e.
Catebine.
1 Le cardinal de Lorraine. Dans une lellre du milieu
■ lu même mois, elle parlera du rétablissement du prélat.
62
1552. — ic juin.
Orig. Bibl. na(, fonds français, n° 3i33, f° 8.
4 MADAME DE HUMYÈRES
ESTANT AUPRES DE MES ENFANS.
Madame de Huinyères, j'ay fecen vostre
leclre du pénultimede ce moys, par laquelle
vous m'avez amplement faict entendre des
nouvelles de nies enfans; et quant à mon filz
d'Orléans1, vous aurez veu ce que je vous avois
escript louchanl sa nourrisse , mais vous n'aviez
pas receu ma leclre quant vous luy avez re-
baillée, el suis très aise qu'il ne s'en soit point
mal trouve, car j'avois peur que ce sang chaull
qui se manifestait par ces dartres qui estoient
venues à teste nourrisse n'eust empiré son laict
mes mes en ces chaleurs icv. Vous ne m'escrivez
rien de ma petite fille, je croy que vous l'avez
obliée. Je vous prie m'en faire sç.avoir des nou-
velles par la première dépesche que vous me
ferez, et aussy vous ne fauldrez de faire
paindre au vif par le painclre que vous avez
par delà tous mes ditz enfans, tant lilz que
filles, avec la royne d'Escosse, ainsi qu'ilz
sont, sans riens oblier de leurs visaiges, mais
il sulfist que ce soit en cre'on pour avoir plus
tosl l'ait, et me les envoiez le plus tost que
vous pourrez, en quoy faisant vous me ferez
bien grand plaisir, et au demourant, puisque
mesditz enfans se trouvent bien ou lieu où
vous estes, il ne fault point parler de les re-
muer ailleurs, sy autre chose ne survient; et
au cas qu'il en fust besoing, le Roy a desjà
advisé de les envoier à Romorentin, priant
Dieu, madame de Huinyères, qu'il vous aict
en sa saincte garde2.
1 Charles Maximilien, né le 97 juin i55o, et devenu
'lut d'Orléans par la mort de son frère, arrivée le ai oc-
tobre i5âo.
D'Urf<: , le 3 juin i55j. parie d'une lettre qu'il a
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Escript à Chalons , le premier jour de
juimg 1002.
Dlthier.
Catbrine.
1552.
g juin.
0rt£. British Mus. collect. Egerton . Lettres des rois et reines
de France, vol. V, f° as.
A MON COUSIN
LE CARDINAL DE ROlRBOiN.
LIEUTENANT GÉNÉBAL BU ROY M0NSE10NEI B À PARIS.
Mon cousin, j'envoye par delà les lettres
desdietz qu'il a pieu au Roy monseigneur faire
sur le laid de la création en ebascun ba'illage,
séneschaussée, prévoslé et juridiction prési-
dialle de son royaume, ung juge magistrat cri-
minel pour les faire lire, publier et enregistrer
en sa court de parlement à Paris, vous priant ,
mon cousin, faire tant envers les gens d'icelle
qu'il soit par eux proceddé à la lecture, pu-
blication et entérinement des dictes lettres,
selon leur propre forme et teneur, et sans
aulcune restriction ne modification, en la
plus grande dilligeuce que faire se pourra;
sur quoy m'asseurant que vous ferez encores
mieulx que je ne vous sçaurois escripre, sa-
ebant bien que estes assez adverty de l'inten-
tion du Roy mon dicl seigneur en cest endroict,
je ne vous en diray davantage et m'en tairay
pour supplier à Nostre Seigneur qu'il vous
donne, mon cousin, ce que plus désirez.
De Cbaalons, le i\c jour de juing i552.
(Utérine.
Duthier.
reçue de Catherine, dans laquelle elle lui prescrit l'ordre
qu'il doit tenir pour la maison des enfants de France.
(Bibl. nat. fonds français, n° 3i33, P 16.) — La lettre
de Catherine n'a pu être retrouvée.
LETTRES DE CATHERINE DE UÉDICIS.
G3
1Ô52. — ;i juin.
Orig. Bibl. nat. fonds français, a 10^70, 1" ai.
\ MON COUSIN LE l>l ( DE GUYSE,
l'Ain DE FHAXI '
Mon cousin, encores que je ne face nulle
doubte que le sr de Maugiron ' ne vous aiet
envoyé comme à moy des nom elles de vostre
gouvernement de Daulphiné, louteflbys, pour
l'importance dont elles sonl , je n'ay voulu
faillyr à les vous mander, allin que vous re-
gardez premièrement à faire trouver bon
l'argent que ledit sr de Maugiron a l'aicl
prandre sur la récente généralle de Daulphiné
pour les causes qu'il mect par sa lectre, car, le
Roy eslant si près , je ne me mesle plus d'or-
donnance -; el d'autre coste' vous adviserez au
demouranl à ce qu'il faul donc faire prompte-
ment pour les choses qui se offrent pour
éviter aux inconvéniens; -\ est ce que je pense
que cella ne s'est peu ainsi passer que mon
cousin le maresohal de Brissac n'en aicl eu
congnoissance, et m'esbahys qu'il ne \ous en
,iicl mandé quelque chose comme il a bien faicl
du retour des Espaignolz à Dronyer3. Vous
ferez bien, mon cousin, de faire faire inconti-
nent là dessus quelque bonne dépesche selon
la résolucion que vous y prandez, priant Dieu.
mon cousin , qu'il vous ait en sa saincte garde.
Escript à Chàlons, le i\° jour de juing
I ■) Ô 9 .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Laurent de Maugiron, sr de Monlléans. lieutenant gé-
néral duDauphiné, dei55oà 1 556 et de 1678 à 1 588.
- Le :îo mai i55a, le connétable écrivait à la reine :
-Il me semble, eslant le Roy si prochain de vous, vous ne
-devez entrer en aulcune dispense ni faire aulcune ordon-
nance sans premièrement le luy faire sçavoir.i (Ribier.
Letlreê cl mémoires d'Ettat, t. Il, p. '11 4.)
3 Dronero, petite ville d'Italie dans le marquisat de
Saluées.
1552. — 1 o juin.
Orig. Bibl. oal. fonda français, n° 3i33, f" 13.
A MADAME DE HUMYÈRES.
Madame de Humières, j'ay receu la lettre
que m'avez escripte, par laquelle j'ay veu ce
que me failles sçavoir île mes enffans, qui
m'esl bien gran) plaisir; quant à la nourrisse
de mon lilz d'Orléans, qui luy a esté rendue
pour ies causes que me faicl entendre la Bo-
manerie, je ne le treuve que bon, puisqu'il
s'en treuve bien, vous priant continuer à
m'advertir ordinairement comme mes dilz enf-
fans se porteront et mesmement comme mon
lilz d'Angolesme se trouvera de ses dentz, et
sur ce, madame de Humyères, je prie Dieu
qu'il vous ayt en sa garde.
De Cbaalons, ce xe jour dejoing 1 5 5 2 .
Caterine.
bochetel.
1552. — i3 juin.
Orig. Arcb. des Mé-li.is . dalla filia '(737, nuoia numerasione.
\ MON COMPÈRE
MONSIEUR LE DUC DE MONTMORENCY
CONESTABLE DE FRANCE.
Mon conpère, j'escripts piésenteinenl au
Roy ce que j'ay entendu par lettre du seigneur
de Bléneau1, qui est auprès de mes enfans, et
trouve bon s il plaist au Roy que, le cas ad-
venant que mademoiselle de Dammarye2 allas!
1 François de Courtenai, seigneur de Bléneau, morl
en l56i; il avait été premier paunetier d'Eléonore d'Au-
triche, reine de France.
1 Voici une lettre de Montmorency en repense à celle
,b. la reine : "Il est impossible de mieulx ne plus deitre
c ment faire entendre à l'ambassadeur de \enise l'inlen-
• lion du llov que vous avez faict au propos dont les dietz
«seigneurs \ i.us onl escript . el en demoure satisfaici Pré-
•(sentement j'ay receu la lettre qu'il vous a plu m'escripre
••(lu mne de ce mois , par où vous me commandez mena-
Sli
LET1T.ES DE CATHEH1NE DE MED1CIS.
de vie à trespas, à cause de la grande maladie
cjui luy esl survenue, la femme du dicl sei-
gneur de Bléueau aict son estai et place, car,
• mitre ce quelle est femme honnesle et de
la qualité telle que je désire pour estre auprès
île m 1 1 ii lilz d'Orléans, ce sera moyen et occa-
sion au dict seigneur de Bléueau son mary.
qui es! tel que unis congnoissez, pour de-
mourer plus ordinairement auprès de mes
enfans. dont je seray très aise. Par quoy je
vous prie, mon compère, vouloir tenir main
en ce que le Hoy m'en face response et m'en
mande son bon vouloir et plaisir, et en cest
endroict, je prie à Dieu, mon compère, qu'il
vous ;i\! en sa très saincle et digne garde.
Esciïpl h Chaaloos, le un' jour de juing
1 f)5a.
Vostre lionne commère et amye,
CaTERINE.
I 552. — Milieu de juin. )
\-it. Bibl. nat. fonds français , n*2 3 1 a". . 1 i
A MON COMPÉHE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
i > F. I C I>F, HOMHOKASCr.
Mon conpère, sete letre ne seré que pour
•ous prier de me \olouir mander dé novelles
deu Bo\ et me tenyr te'urjeur an sa bonne
grase, yusin que je m'aseuré que vous faysles,
i'l pour se que y/1 y é quelque tamps que n'é
lieu de veos novelles, je cregnès que vous
feul veneu quelque mal. corne ha monsieur
■jiloji'i envers iceluj seigneur [«mi- faire entrer la dame
nde Bléneau lieu de la demoiselle de Dannemarie, si elle
v ienl à mourir; à quoy j'ay trouvé que le Roy avoil pieçà
p *eu , comme vous sçavez par ce qu'il vous a escript,
'mais à nue aultre occasion je suis sur qu'il aura bien
éable que une si honnesle femme qu'est la dame de
-Bléneau soil auprès de ses enfans.» (Bibl. nat. fonds
I »i roi. 3 1 o, I" l 'i. i
le cardynal ', lequel, à set que m'a mandé
Beurjeansis2, se porte myeulx. Je vous prie
fayre byen guarder le Boy 3, car vous voyés lé
fâcheuse et dangereuse maladye qui coure! sel
annaye, et me fayre set byen que sovanl je
sache de ses novelles, afyn que je soy plulx à
mou ayse sachant qu'i se portet byen, de quov
je suplye Nosfre Sygneur luy fayre la grase et
à nous teus de le voyr byen sayn. Je luy ay ays-
cripl cornant monsieur d'Eurfay4 me deman-
del set qu'il fayret de ses anfans d'auneur qui
veolet revenir aveques luy, y ne m'an a rien
répondeu ; je vous prie m'an mander sa vo-
lante, et je fayré fyn.me recomendent à vostir
bonne grase.
\oslre bonne coumere et amye,
Catf.rink.
(1552. — Milieu de juin. )
Aut. Bibl. nat. fonds français, n .'v3rj3 , I ."t8.
A MA COUSINE
MADAME LA Dl CHESSE DE GUISE.
Ma cousine, j'é reseu arsouyr benne lestre
de vous, par laquele m'aseuriés de la haman-
1 Le cardinal de Lorraine; voy. p. (il.
2 Loys Burgensis. médecin de François Ier, puis
de Henri H.
3 Diane de Poitiers écrivait à peu près dans les
mêmes termes au connétable de Montmorency : s J'é receu
«voslre leclre hou vous me mandés que mestrés penne de
tthien garder le Roy, ce que m'assure, car il y a bien de
tt quoy le mieux garder que jamés , tant des poyssons que
t-de l'artylerye.i: (Voy. Lettres de Diane de Poitiers, pu-
bliées par GuifTrey, p. toi; Franc. Rabutin, Guerres de
Belgique, liv. III.)
4 Pierre d'Urfé, fils de Pierre d'Urfé et d'Antoinette
de Beauveau, marié en i53s à Jeanne de Balzac, dame
d'Entragues. Après avoir successivement représenté la
France au concile de Trente, au concile de Bologne et à
Borne en qualité d'ambassadeur, il devint en i55o gou-
verneur du dauphin François IL (Voy. Les d'Urfé, par
Aug. Bernard: Lettres de Diane de Poitiers, publiées par
Guiflre) , p. 6a : Bibl. nat. fonds franc, n" 3i33, p. îC.)
LETTRES DE C \THT.1!1\ K Ml VIEDICIS.
déniant de moiisieiir le cardynal '. de quoy
65
je De mius sares asés remersyer pour le grant
playsyr que an é reseu et m'avoyr haute de la
pouyne an quoy je aystès, qui aysté -\ grande
pour le mal que le medesyn m'avès mandé
qu il avest, qu'il faull vous dyre véryté je n'é
jeamès m sic pluh fachaye de la peur que je
ivès de le perdre; mes je loue Rostre Sygneur
de la grase qu'i nous a fayste à teus ses
parans de nous l'avoyr guéri; car je panse
que >u scie forteune nous feul aveneue que je
v ares aultanl perdeu que vous. Je vous su-
plye le fayre byen guarder et me mander s'y!
a hàfayre de chause quelqu'ele souyt . car
aseuré \ous, au n'i an arc' poynl au monde,
au je luy (an fay] ré recouvryr. Je veodrès que
sa santé peust porter de veuyr ysy, cary seret
niyeulx logé, ayant teut sest qui luy faudret
plulx prontemant ; quant sant danger y poura y
venyr, y me sanble qu'il y seré beocup myeuix.
Je vyen leut asleure de avoyr dé novelles deu
Roy par heun de ses valet de chambre qu'il
m a anvoyé,et me mande que y reviendré byen-
tol : je vous layse panser sel je suys byen ayse
de voyr byentot le Roy et monsyeur le cardynal
guéri; je vous prie luy fayre mes recomanda-
lyon à sa bonne grase et an prandre vostre
part il ausi bon ceur(sic) que le vous faystà teu
deus.
Vostre bonne cousine cl amye,
Caterine.
(1552. — Milieu de juin. |
Aul. Bibl. liai, fonds français. n° 029^1 . ! 67
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE5.
Ma cousine, par set que me mandés, qu'i
ne vous fault plulx de remèdes, je coné byen
Une lettre précédente parle di;jà de I\-niioii<l'.'ni>*iii
de la sanlé du cardinal.
: Anne d'Esté.
Catherine df. Médicis. — i.
la santé an quo\ a\st monsieur le cardynal,
de i|uo\ je loue Noslre Signeur de teut mon
ceur de nous l'avoyr randcu, et vous prye, sel
conèsés qui luy falle ancore quelque chause. ne
me fayre sel torl de creyndre à me le mander,
car je ne seré marrye sinon de n'avoyr le
moyen de le seucourir ynsin que le désyre, et
ne m'an remersié plulx. car teul le plulx grant
remersimant que je an désyre sel de le voyr
an ausi bonne santé que je la luy seuayte, el
veodrès povoyr fayre autant pour luv el pour
teut set qui luy teuche comanl je \ suj teneue;
mes ne povanl aultre chause je pryrée Noslre
Signeur de vous voyr ausi contans que le désirés
el vous prye luy fayre mes recomandatyon àsa
bonne grase cl à m'y y tenir el an la vostre.
Vostre bonne cousine el amye,
Caterine.
552
1 .1 Jlllll.
0ri(j. Ai-. I.. de la ville de \l-iz
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
Mon compère, je viens de recepvoir une
lettre de monsr de Ryou1, lequel, à ce que j'ay
entendu, envoie pardevers vous pour quelque
affaire qu'il' a, et par mesme veoye ay bien
voullu vous escripre la présente et aussi wm^
envoyer la lettre qu'il m'a escripte, affin que
paricelle veoyez les novelles qu'il me laid si a
voir. J'ai ce matin receu une lettre que m'avez
escripte par le Clz du général de la Chesnaye,
par laquelle, entre aultres choses, me faicles en-
tendre qu'il y a beaucoup de pyonniers soldalz
et gens de guerre qui se retirent du camp el
armée du Roy, alïin que j'eu face faire (elle
pugnition qu'il appartient, comme de déser-
teurs d'armée, chose qui est bien raisonnable
1 C'est sans doute Jean de Rieux, fils aine de Fran-
çois de Rieux el d'IsaGeau de la Brosse.
6<i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
pour estre mesmement en la dicte armée la
personne propre du Iioy, et pour reste cause ay
envoyé quérir le prévost des mareschaulx de
Champaigne, auquel j'en ay fait bien exprès
commandement , à quoy il fera, ainsi qu'il m'a
promys, tout le meilleur debvoir qu'il pourra.
Toutesfois il dict que pour ceste heure il
est très mal accompaigné, parce que la plus-
part de ses archers sont au camp. Si vous les
luy vouliez renvoier, il aura moyen, tant en
cest affaire que attitrés deppendans de sa
charge, de mieulx s'i emploier et acquicter.
Priant Dieu, mon compère, qu'il \ous ayt en
sa saincte garde. Escript à Chaalons. lexvc jour
de juing i552.
Vostre bonne commère et amie.
Caterime.
(1552. — Du i5 au 20 juin. 1
Aut. Bibl . nat. fonds français, n 399a, I 5fi
A MA GOUSINE
M*» LA DUCHESSE DE MONMORANCY '.
Ma coumère, je anvoye Lagarde pour sa-
vouer dé neouvelle deu Roy; je ne l'ay pas
veoleu layser paser sy près de vous sans vous
prier me mander des vostres ay savouer si
veous leuy veodré ryen coumander; il vous
dyra de teult sel que je \ous pourrais ayscrire,
qui seré cause (pie je m'en remèteré seur leuy
ay me recoumanderé bien fort à vous, priant
Dieu, ma cousine. \ous donner teult set que
désirés.
Vostre bonne coumère et cousine,
Caterine.
I ."> 32. — 1 8 juin
Orig. Bibl. nat. t'onil- français, 11 Si33 1
\ MADAME DHUMYÈRES.
Madame de Humières, par vostre lettre du
Madeleine de Savoie.
xiu" de ce moys j'ay veu la dilligerrce que
faicl le paincire de paindre ma lille la royne
d'Escosse et mes fîlz et tilles; sitosl qu'ilz
seront painctz, je vous prye ne faillir de m'en
envoyer les portraictz, et au surplus continuer
lousjours à m'advertir de la disposition de nies
ditz enffans, et \ous me ferez plaisir. Priant
Dieu, madame de Humyères, qu'il vous ait
en sa garde.
Escript à Chaalons, le xvnï jour de juing
i55a.
Caterinb.
Il De sera besoing de in envoyer le paintre;
maiz je vous prie m'envoyer les ditz portrait»
par la poste.
Bochetki..
( 1552. — Du 1 8 au iô juin. )
\ni Bihl. nat. fonds français, n° 3tio, fu 1a.
1 MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE,
DECC DE MOMORANSI, l'EIt DE FRANCK
Mini conpère, je \is arsouyr sel que me
mandés touchant ma maladye, mes \ fauil
que je vous dye que se n'é pas l'eau qui m .iv
fayst malade, tant corne n'avoyr poynl dé 110-
velles deu Roy. car je pansés que lui et vous
et teu le veste ne \ous sovynt pluK que je
aystès ancore an \ie; aseuré vous qui ni a
sayrayn qui me seul l'ayre tant de mal «pu1
de panser aystre aur de sa bonne grase el
sovenanse; par quoy. mon conpère, sel désirés
que je \i\e ay sauye sayne, antertené m'i le
plulx que pourés et me fayste savoyr sovanl
de ses noveiles; et \ela le milleur rejeyme
que je sarès tenir. Mon conpère. teu le monde
nie dysl que m'an wiy à Mésières. mes je ne
ni'an ause réjeuir pour n'an n'avoyr h au neul
comandemanl deu Roy; s'il et vray qu'il le
veolle, fayte le mm mander, el je mèleré sesi
LETTRES DE C LTUE
aveques tant d'aullre cbause que avés l'a
pour miiv. Je me recomânde à voslre bonne
grase.
Lre bonne couière el amie,
I .1 h m m:.
III m: DE MKlHi.l-
67
I 552. — Du a juin
: fonds frança
V MON CONFÈRE
MONSIEUR LE DEUC DE MOMORANSI,
i II l DE FRANSE
Mon conpère, je vous mersie dé bonnes no-
velles que m'avés mandé délia bonne santé
deu Roy, de quo\ je loue Dyeu, ê seuys seure
que la guarde que prandrés de là luy fayrc
- rver seré cause que, se Dyeu playst, \
n'aré plulx de mal. Je vous suplye me fayre
sel byen de me mander sovent de m-:- novelles,
car \ous ne m'an saryé fayre heun plulx grant,
■A de ino tenyr an sa b grase, de quoj je
fous suplye do teut mon cueur. Mon con-
père, vostre famme s'an est alaye cheu vous el
m'a dysl qu'ele reviendré mes qu'ele aysl faisl
quelque afayre qu'ele lia pour vous. Je veodrès
qu'ele l'eut de'jea de releur: je suys anuyt ary-
vaye an sete vylle do Lan; je prye à Dyeu
que je y n \ demeure guyère sans voyrle Roy,
et que an atandenl je \ aye d'ausi bonnes
welli ■ i|ni' j Y- lion lia f.lialolls; je no unis
fayré plulx longue lestre, après m'estre reco-
raandée an vostre bonne grase.
Vostre bonne coumère el amye,
Caterine.
1 052. — Du 20 -m ; iin.
lut. Bibl. Dat. fonds français. n: 3iAi<
\ MON I ONPÈRE
MONSIEUR LE DUC DE «OMORANSI,
PAYH ET COMESTIBLE DE FRAN-.F.
Mon conpère. le Roy m'a mandé par Brive
cornant unis si,-'- que je aile à Vlésièrcs. Je
ne \ous dire point l'ayse que je a\ de m'apro-
cberde lui, et, afin d'i ayslre plulxtost,je voj
coucher anuil à troys lieulx d'isi, el demains
à Vrtel. Madamede Nevers1 a fayst lanl de
peur à teutte se fammes, car ay dysl que nous
n'iront pas seuremant san scorie d'Artel à
Mésières, que s'el heun pase tamps do lé voyr.
Quanl à moy, i<- délybèred') aystre vanderdy
au soyr; si me faull scorte, que !>' chemin
ur souil -.oui', je panse que m'an anvoyrés;
par ansi je fayré la milleure délyganse que
pouré, car je are pour le moyns l'ayse de
savoyr sovanl dr ses novelles, el \ous prie
m'an mander le plulx sovanl que n'avés faysl
si vous playst, car je n'ay aultre byen que
seleui là. Je \ous aseure, mon conpère, que
vostre lamme a bêle peur, je veodrès (pie vous
la visié. Je prie à Dyeu que se souil byenlol .
el an setpandant je me recomande lié- hum-
blemant alla bonne grase deu Ro) <■! byen
fort alla VOStre.
\ ostre bonne coumère et amye .
I i R1SE.
15V2. — a3 juin.
Oriz. Britisb .Mus. Lettres des rois el reine I .
collect. Egerton , vol. V. f
A .MON COUSIN
LE CARDINAL DE BOURBON,
LIEl TENANT M. M R il. Dl mil l PARIS
Mon cousin, à mon arrivée en ce lieu est
arrivé... varlet de cbambre du Roy, que le
dict seigneur a envoyé par devers mo\ |
m'advertir qu'il est présentement seigneur
,['\ >u\ 2, ri quo ceulx du dedens, quoique bra-
Margnerite de Bourlion, sœur d'Antoine de Boui-
llon . loi de NavBrre, mariée à François de Glèves, lils
■ I.. Charles de Glèves fi de Mai : d Ubret.
- |. ■ •:; juin i55a, Henri 11 annonçait au cardinal
68
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
verie qu'ilz aient faicte an commencement,
n'en ont pas eu meilleur marché que çeulx de
Danvilliers, car on les a contrainctz de se
rendre à voullonté, qui est vray miracle et
œuvre de Dieu, dont il est bien raisonnable
de ln\ en rendre grâces et louanges infinies,
ce que je \ous prie, mon cousin , faire faire tant
en la \ille de Paris que es autres lieux d'envi-
ron, comme il est plus que requis et néces-
saire; car un si grand bénéfice n'est prouvenu
1 1 y ne peult prouvenir que de son infinie bonté,
le priant, mon cousin, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escripl à Relhel, le xxiiï jour de juing
i r> 5 a .
Catbrine.
15ôL>. — i" juillet.
Ong. Bibî. nat. fonds français, n° 3i33,f* i5.
V. MADAME DE HUMYÈRES.
Madame de Humières, j'ay amplement en-
tendu tout le discours de ce qui s'est ensuyvy,
quant mes enffans partirent de Madon pour
aller à \mboise, de la querele de RufBac,
vallel de chambre de mon fil z d'Angoulesme,
qui bailla ung soufflet à ung nommé Lisle, qui
est clerc du coitlreroileur de la maison de
mes ditz enffans, pour ce qu'il l'avoit desmenty,
ainsi qu'on m'a dict , et d'aultant que le Roy
monseigneur ny moy ne voulions ne enten-
dons souffrir régner querelles ne discentions
là ne ailleurs, mays toute paix et amitié, et
affin que cest affaire ne tire pius oultre, ac-
tendu aussi qu'il n'y a aultre blesseure, je
vous prie ne faillir à leur faire deffenses, de
de Bourbon la prise d'Ivoy, où le comte de Mansleld
s'était renfermé : -La Laiterie commença hier matin et
•a continué furieusement jusques à aujourd'hui dix ou
••onze heures; à midi ceux du dedans se sont rendus. -
i British Muséum, coll. Egerlon, n° 5, P 7.)
par mon dict seigneur et moy, qu'ilz n'ayenl
à eulx injurier l'un f aultre, ne faire actes
qu'ilz soient dignes de répréhension, à la
charge que le dict Ruffiac demandera pardon
à mes enffans; et au reste qu'ilz se donnent
garde de faire le contraire de ce que vous en
mande, leur donnant bien à entendre que
une aultreffoys faisant lelz actes, voires beau-
coup moindres, ny eulx ny aultres n'en se-
ront quicles pour une si gracieuse satisffac-
tion ; et sur ce. madame de Humières, je prie
le Créateur vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Sedan, le premier jour de juillet
mil v lu '.
Caterimk.
Madame de Humières, depuis mes lettres
signées, j'ay advisé et veulx que Ruffiac de-
mande le pardon à vous comme représentant
mes enffans.
Lory.
( I5.V2. — Milieu de juillet2.)
Aul. Bibl. liai, t'omis français, n° 3ao6. t° 68.
V MOU GONPÈBK
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mou conpère, je vous ay byen voleu en-
voyer «et pourteur pour savoyr cornent vous
portés et vous dyre que nous ne partirons d'isi3
1 Henri 11 fui quelques jours malade à Sedan, où la
reine le rejoignit. Le 27 juin, il date de cette ville une
lettre au cardinal de Bourbon lui annonçant qu'il va aller
trouver les forces que la reine de Hongrie a amassées du
côté de la Picardie. (British Muséum, coll. Egerlon.
„û -,_ f g.) — «Le Mareschal tourna trouver le Roj qui
nestoit à Sedan, se retrouvant sa Majesté un peu mal.»
(François de Rabutin, coltect. Michaud , t. VII. p. '126.1
2 «Le Roi fut contraint de rompre son camp dès la fiu
-du mois de juillet- (Rabutin, Guer.de Belgique, lo. IV. ^
3 Sedan.
LETTRES DE GATHI
que venderdi au samedi, et serons à Fayra1
mardi prochayn, au je prie à Dieu \ous trover
en n'ausi bonne santé que \ous désire cela
qui vous guarde tou playn de novelles à vous
dire .
\ ostre lionne coumère el atnye .
(Iatf.rinf..
(1552. Du l5 au ao juillet.)
\ni. Bibt. nat. fonds fraoçais , n 3i s 9 , f* 10.
v MON COOPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère,j'é aysté bien ayse d'entendre
dé novelles deu Roy et de set que y revien-
dré sytot, car je avès grant peur que m'eusyé
trompaye el que le voyage deùi plulx deurer.
Je partyré mécredy pour aystre à Fayre quant
ay \011s, sv m'est posyble, pour vous dyre an-
core inieulx l'ayse que je ay de set que avés
heun petyl fyJs de madamede Tourayne2, car
j'euse avslé byen marrye qui n'y an eut poynt
heu an sete mayson, car j'espère que de la
rase de quo\ yl esl de lout coulé, qui fayré
heun jour servyse au Roy et au syens, el puys
pour le.plésyr que je say que an avés; car
aseuré vous, mon conpère, que tous veos
ayse au anuy je lé resans xome lé myens
même. Je ne vous fayré plulx longue" lestre,
après m'estre recomandaye à vostre bonne
grase, et vous prye de me tenyr an sele deu
1 La Père.
! Éléonore de Montmorency, 611e ainée du connétable ,
mark''' en février i.Viô à François de la Tour, troisième
du nom, vicomte de Turenne, né le a.~> janvier «5a6.
Blessé à Saint- Quentin , le 10 août 10Ô7, il mourut
trois jours après. Le fils dont parle Catherine esl Henri
île la Tour, vicomte de Turenne, qui devint premier
gentilhomme de la chambre du Roi et maréchal de
Kram >'
RINE DE MÉDIC1
Roy, et an réconpanseje pryré Noslre Sygneur
vous damier sel que désyrés '.
\ ostre bonne coumere el ainye,
1 , V IKUINE.
1552. — 30 juillet.
Orig Ircli des M^dicis, dalla Olia 47s6,nuova numeraiiom p ■•-
v vio\ COUSIN
MONSEIGNEUR LE M C DE FLORENCE.
Mon cousin, après avoir receu lc> lettres
que m'avez escriptes en laveur de Jehan de
Monlagu marchant Florentin, touchant la
prinse d'une nef à luy appartenant faicte pai
cy devant par le prieur de Lombardye tcy, a\
escripl au Roy monseigneur, qui m a mand<
la bonne volunté qu'il a de pourveoir en ces!
affaire, et suyvanf icelle, en rescript présente-
ment au dict prieur de Lombardie et à mon
cousin le conte de Tende en recouvrer res-
ponse pour la luy envoyer incontinant, vous
asseurant, mon cousin, qu'en cesl affaire et
autres qui toucheront vous etvoz subjetz trou-
verez tousjours mon dict seigneur bien affec-
tionné el mov scmbiablement, mais ce sera
de bon cueur duquel je [nie Dieu vous don-
ner, mon cousin, ce que désirez.
Escripl a la Fère. le x\n" jour de juillet
1 5 5 -.> .
Vostre bonne cousine
Catekine.
Marguerite de France écrivait au connétable : <*J(
ttsuis bien aise aussi d'entendre comme madame de : u
tiranne est accouchée d'ung beau BU; je ne fayré faulli
ssuyvant ce que vous me mandés du voyage du Roj 't'
•• lavre compaignye à la lieyne pour l'aller trouver à Fère,
ncar le temps depuis que je ne l'aj vu m'a semblé bien
ffort long, comme vous pouvés pencer. (Bibl. ont. fonds
français, n° -U .">■.> , f° 58.)
;atheki I L)l UÉDICIS.
I)
I l-.-l J.
» : I
iiîi . le im <: m: eerh ire
iour it que | a\ grandement
• mandation mess1 Jehan Bapl iste ! .
mon premier maislre <l hostel . en recongnois-
- des bous services qu il m a de long temps
faielz el laii i . tant je désire lu\ l'aire toul l'ayde
einenl que je pourrai . ''I aux sieus
amour de lu\ : à ceste cause el que je
erlye <|u il a un sien uepveu nommé
rosme Malagoule, natif de vostre
idèni1 . homme cappable el ^uHi^an i
poui esl 'e employé en lions affaires, cela, avec
que 1 1 ■ a l'aide |)Our ln\ ledil
le. m .1 donné volunlé unis escripre c !
bien bonne affection . voulloir, en
en . poui i eoii i année ; rocliaine ledil
mie de I office de juge des \ iwes de
le de Modène. vous asseuranl,
i in, ce faisant . ii il- ferez singulii
pour le désir que j a\ faire congni
ii'. comme à eeulxqui lu\ toucbenl .
- espi i ■; ; j i < • t .i leur faire 1 1 i oii
h bien el ad\ancement . mais r Y-i de
ueur duquel . mon oncle . je prie
Seigneur vous donn i i e que dé il ez.
l' nllambrav le \\\ i'" jour de piillcl
i oslre bon ne niep se .
' iTKHIMS.
- . dus i isidences fa-
1 1; le I inoois I' . qui > i bossail dans les forêts de
! Si inl Oobain I ne li ttre de Henri II au roi
re esl datée di Follambray, le 20 juillet 1 55a.
m il de Ribiei I II, p ioi
i i52 1 ; ioùi
liibl.
A MADAME DE III VIYÈRES
Madame de Humyères,j'a) receu voz leltres
ou me faictes sçavoir des nouvelles de mes
enffans, donl j'a) esté bien aise; quanl à moi
lilz d'Orléans1, je veulx 1res bien qu'il soil
sevra) de sa mammelle quanl il en sera
temps el que le médecin l'ordonnera, sans
sartendre à moy, car vous estes sur les Iveux
pour myeulx congnoistre ce qui ln\ faull que
je ne sçaurois faire; el quanl au manger de
mon lilz d'Anigoulesme 2, je suis d'advis qui
I on ne l'en efforce poinl Irop, car mes enfl
siml plustousl mallades d'estre Irop gras qui
meigres; remectanl le demouranl à vous el au
médecin, je ne vous fera) à présent plus
longue lettre, fors que je prye Dieu vous don
madame de Humyères, ce que plus désirez.
1)'' Foilembrav, ce mu' jour d'aoust.
RIS».
i 552 1 - - 11
\ MADAME DHUMYÈRES
Madame d'Humyères, j'a\ veu par les leltres
que vous m'avez escriptes comme mon lil/
il Orléans c esl trouvé mal d'un rhume a e
smotion de fièvre, de quoj je suis en pavne,
car je crains que cela viengne de sa nour-
risse qui luj ail peu donner de maulvais laid
el pour ce je vous prye de faire prandre garde
cl que I on suvvc le contenu de ce que es-
monsieur Burgensis. Je vo\ bien par
mis dictes lettres que vous n'avez pas encores
receu celles que je vous a\ dernièrernenf es-
Cliarles-Maximilien,
- K'I mdn
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
i
criptes. par lesquelles vous gçaurez bien au
long mon intencion, qui me gardera vous faire
à présent plus longue lettre, lors que je vous
prye de me mander des nouvelles de mon dicl
filz le plustousl que pourrez, <•! vous me ferez
plaisir, qui est l'endroil où je vois pryer Dion
vous donner, madame d'Humyères, ce que
plus désirez.
DeVilliers Cousterez, ce \\n jour d'aoust1
(i55a).
(INTERIM-:.
1552. — a'i septemhre
Orig. A rc 1 1 . det> M£dicis . dalla filza 6736 , nuova uumeraxione , p ia8
1 MOV C0US1K
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin . le Roj monseigneur ren-
voyant le sieur de Manne - devers nostre
S' l'ère le Pape 3, et saiehanl qu'il vous pourra
veoir eu passant, je n'ay voulu qu'il soit partj
sans vous mander par luy de mes nouvelles
et vous pryer de me taire sçavoir des vostres,
et estre asseuré qu'eu tous les endroits où
j'auray moyen de faire quelque chose pour
vous je m'y emploirai tousjours de bien bon
iiieur. El pour ce, mon cousin, que je désire
le bien et avancement de mon cousin l'abbé
île Corbie ' pour les bonnes eflouables vertuz
ijue je congnois estre en luy, je \ous prye bien
tort \oulioir estre moyen envers nostre dict
Saint Père à ce que le bon plaisir de sa
Saincteté soil de pour veoir mon dicl cousin
d'une dignité de cardinal, car je scay que po
1 Diane .If Poitiers écrivait à M"" de Humières, de
Villees-Cottei-ets, le 37 août 1 1 55a | : -J'ay receu la lellre
•^par laquelle me mendés comme mons' d'Orléans esl
-bien guéry.n - Bibl. nat. fonds français, 11" :î i33,f ao
! L'abbé de Manne, envoyé plusieurs fois à Rome en
mission; voy. Bibl. nal. fonds français , n° i6o38,p.s63.
- Joies III.
Si bastien de la Chambre.
\ez beaucoup pour luy en cela, et vous povez
estre certain (pie vous me ferez eu ce taisant
plaisir dont je v>us sçaqrez bon {jré, ainsi
vous entendrez plus amplement parle dicl sieui
île Manne. l;arquo\ reincrlaut. le surplus il sa
suffisance, je fera} lin de lettre, priant Dieu
vous donner, mou cousin, bonne vye el
longue.
De Rains. ce wmii' de septembre i552.
\ ostre bonne cousine,
Caterini
1552 Octol ■ ■
\iit Bibl oat. foods ftança s, n :ii 3g
V MOV CONPÈRE
MONSJEl I! EE DEUC DE MOMORANS
CDNMisi 4BLK ht FI
Mon conpère, je ne \eo fallyr, ancore qui
je sache que savés a->és sovant dé novelles
Roy et de la bonne santé an quoy \l est,
mois mander pour le plésyr que je say qu< se
vous ayst. J'é aysté byen ayse d'antandre dé
\oslre par Lansae1, ef vous prie ne me layre
aysceuse de ne me ayscrypre, car je say s asés
romani Vous aystesanpeché; et me sanbleque
vous l'aystes asés pour moy quant vous tra
pour le servyse deu Roy comenl vous fai
J'é ayspéranse que vostre pouyne lourni
sj granl hauneur ci profyst pour le Roy
vous el nous (eus en louronl Nostre Si;;,
car je lys parler ver lieun homme au R05
qui dvsl que l'Anpereur n'a plulx d'arganl
que pour troys moys, ny ayspéranse d'an •
covryr. Je véodrébyen qu'i dyst vray,mès '.nus
le devés ancore myeulx savoyr, el ausi que je
croy que ie lîo\ unis mandere leul sel qu -
' Louis .If Saint-Gelflis, sieur de Lansae. ehei
d'honneur de Catherine de Médicis, l'un des diploo
les plus habiles du ivi" siècle, el qui représenta la -
au «ne il' di I '.-nie: iik.I'I m 1 '<-,,.
72 LETTRES DE CATH
a dysl . qui seré cause que ne vous an fayré re-
, -i.-. sinon , mon conpère , que aveques voslre
proudanse acoleumée guardé byen que Bouy-
sonpyere' ne vous trompe; je fayré fyn me
recomandanl à vostre bonne grase 2.
Vostre bonne coumèrè el amye,
C VTEKINE.
1 552. — a" octobre
i cl), les Médias, dalla filza 0736 , nuova numerazioin-, p. 127.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mou cousin, j'ay congneu que ce porteur
Jehan de Montagu a faict par de çà son deb-
voir de poursuivre son affaire contre le grant
prieur de Lombard) e, et ont esté oïz les par-
lie-, au Conseil privé du Roy monseigneur sur
leur différend, en quoy je me suis employée
pour l'amour de vous, comme le dicl de Mon-
tagu vous dira, ayant affection que cela l'usl
vuydé; mais pour le présent, les alïaires estans
telz quelz sont, le dict Conseil n'y a voullu
toucher, remectant le dict différend en aultre
saison qu'il sera mieulx à propos; demourant
en ceste bonne volunté de m'y employer alors,
avec l'ayde de Dieu que je supplye, mon cou-
sin, vous avoir en sa saincte et digne garde.
EscriptàReins.ce x\"' jour d'octobre i55a.
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1 François de Bettstein ou Bassompierre ; il avait as-
sisté la duchesse de Lorraine, Christine de Danemark,
durant la minorité du duc Charles son fils. (Voy. tes Mé-
moire» de Bassompierre . publiés par le marquis de Chan-
l«Tar, t. I , p. t 3.)
■ Le connétable était encore à Beims le a4 septembre;
il écrivait à madame d'Humières à cette dale : eLe Roy
-H'- marche point pour ceste heure, je vois dresser son
r armée. 1 (Bibl. nal. fonds Clairambanlt, vol. 57; Mé-
moirei 'In dut île Guùe, éclil. Micbaud.)
ERINE DE MEDICIS.
1552. — si novembre.
Orig. Irch des Médicis , dalla filza /1736, nuova Dumerazione , p. i3v
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, le sieur de Manne m'a es-
cript comme, à ma faveur, prière et requesle,
avez escript de voslre main à nostre très sainct
Père le Pape de tant me gratifîier que de
veoir pronieu à la dignité cardinalle mon
cousin le seigneur de Corbie ' qui, pour la
singulière recommendation en laquelle je
l'av et tous ceulx de sa maison, et ceste oppi-
nion que estant mon dict cousin personnaige
acompaigné de toutes bonnes meurs, louables
qualilez et claires vertuz, il sera pour faire
choses dignes et louables en la compaignie
des cardinaulx du sainct Siège, s'il plais! à sa
Saincteté l'y appeller. Et pour ce, mou cou-
sin, que voyant que pour l'amour de moy
vous avez faict ce commencement pour ceulx
qui me touchent de si près, comme faict la
maison de la Chambre, qui est sortie de celle
de Boulongne comme moy, ainsi que sçavez,
je ne veulx obliyer à vous remercier très-
affectueusement de la bonne grande démons-
tration que m'avez faicte en cest endroit, et
\ous dire que je ne sçaurois faire moins pour
mon dicl cousin de Corbie que de luy ayder
de ma prière el requesle envers sa dicte
Saincteté, et la vostre. A ceste cause, mon
cousin, je vous ay bien voulu escripre la pré-
sente pour vous prier, le plus très affectueu-
sement qu'il m'est possible, que vous me vou-
liez tant faire de faveur que, pour l'amour de
moy, faire envers sa dicte Sainteté qu'elle veille
pourveoiren ceste dignité cardinale mon dict
cousin de Corbie pour eslre successeur au
lieu de feu mon oncle le cardinal de Bou-
1 Sébastien de la Chambre, elle plus haut.
LETTRES DE C \TIII
longue. Ht oultre l'obligation que lui et les
siens en auront envers sa dicte Saincteté, à
vous et aux vostres, et le grand plaisir que
ce me sera de nie veoir gratifiée en cest en-
ilroit . j'en denieureray toute nia \ie tenue et
obligée envers sa dicte Saincteté, le sainct
et vous; priant Dieu, mon cousin, vous
tenir en sa saincte et digne garde.
Escripl à Reims, le xu jour de novembre
1 j ,r> •). .
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
Marchant.
ÎR1NE DE MÉDICIS. 7;<
vous aye mandée, je ne vous an fayré redyste,
mes je vous feré comte seolemanl le ayse que
je an é ei pour le servise deu Roy et pour le
bouneur que je ayspère que an raporteré i i
sieur de Guise. Je prie à Nostre Signeur qu'i
souyl tyeul que le désirés, et à vous, ma cou-
sine, fayre mes recomandatyon à madame de
Guise] et medames de Saynt Pyere2 el An-
touynete3 et an prandre vostre part d'ausi bon
ceur que le mois fayst
Vostre bonne cousine et aniye,
Caterine.
(1552. — Décembre! |
A tit . Bibl. nat. fonds fronçais, n' 3ao,3 , f' 67.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine , je anvoy set pointeur à Verdeun
pour fayre Irover bon à monsieur le Marichal1
que sa famille2 quej'é Irovée ysi ne pase aultre,
et luv av comandé paser là heu vous aystes,
afyn qu'i me raporte de veos novelles, léquele
je ayspère aystre mylleures que quant je par-
tys, veu les bonnes novelles que le Roy et
monsieur le Cardynal in ou mandée, qui sont
veneue de Mets3, et pour se que je ne fouys
neule deutte que monsieur lé Cardynal ne lé
1 Jacques d'Albon, marquis de Fronsac , seigneur de
•Saint-André, maréchal en iu'17, lue à la bataille de
Dreux en 1Ô62; il était venu pour traiter à Rosier avec
Bassompierre (François de Bettstein) qui s'était retiré
dans tes Vosges avec quelques troupes. — Voy. pour cette
négociation, Mémoires de Batsompierre , publ. par M. de
Chantérac, t. 1", p. i3.
- Marguerite de Lustrac, dame de Fronsac, fille d'An-
toine de Lustrac et de Françoise de Pompadour; veuve
du maréchal de Saint-André, elle épousa en secondes
noces Geoffroy de Caumont qui , après avoir été abbé de
Clairac, s'était fait protestant et échappa au massacre de
la Saint-Barthélémy.
■ Le duc de Guise s'était rendu à Metz dès te 1 7 août.
Catherine de Médius. — 1.
1553?)— î-'i janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3aoG , f 7a
A MA COUSINE
MADAME LA CONTESTABLE.
Ma cousine, aianl entendu la pi lie qui est
en la femme et six pelis eniïans d'un nommé
Pierre Garnier vostre subject, pour l'accusa-
lion faicte contre ledicl Garnier d'avoir tué
ung serf en voz bois près Roissy; pour raison
de quoy il est absent et fugitif et ne s'ozeroil
trouver, cause que ladicle femme et enffans
qui u'avoient autre vie que de la peyne d'icel-
luy Garnier sont conctrainetz quicter le pays
el maridyer's'il ne vous plaist remectre et par-
donner la peine ou amende en laquelle ledit
Garnier a ou pourrait eslre condanipné, je
vous av bien vollu escripre la présente et pryer
que, en ma faveur aiant pitié et miséricorde
desdietz femme et enffans, vous remède/
quictez et pardonnez au dit Garnier la peine
ou amende en laquelle a ou pourrait eslre
condanipné pour raison dudit cas, à la charge
1 Antoinette de Bourbon.
1 Renée de Guise, abbesse de Saint-Pierre-les-Dames.
Voy. pour les dons qu'elle fit à la cathédrale de Reims .
Cerf, Htst. de la cathédrale de Revus, p. '1 7 < « .
1 Antoinette, abbesse de Farmoutier.
74
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
que s'il \ retourne jamais, qu'il soit puguy
de punicioD exemplaire aux autres. Ce faisan! ,
oultre que ferez œuyre charitable, vous me fe-
rez plaisir très agréable, priant Dieu, ma cou-
sine, qu'il vous ayt en sa saincle et digne
garde. Escript à Paris, ce \iiii""' jour de jan-
vier.
Voslre bonne cousine et amye,
Caterine.
I 553. — 19 janvier.
\ rcll. des Médias , tin] ht lil/a a-2ij . nuova numerazioue , p. 1 i 8.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, il vous a pieu long temps, à
ma faveur, pourveoir messire Jehan Baptiste
Bencivenny1, mon chappelain ordinaire, de
l'une des prébendes de l'église de Sainct Lau-
rens de Florence fondées de nostre maison
de Médicis'-. Toutesfois à cause qu'il n'y peult
faire résidence sur le lieu, estant ordinaire-
ment occupé à mon service, j'ay bien \oulu
\011s escripre el prier bien affectueusement de
faire que, oultre le bien que luy avez donné,
il soit recongneu comme l'un des serviteurs de
nostre dicte maison et que, estant auprès de
ma personne comme il est, vous le l'aides joyr
des frùiclz de la dicte prébende entièrement
comme s'il esloil résident sur le lieu, de la
quelle aullremenl il reporterait peu de prouf-
lict , oultre le désir que j'ay de son advancemenl
à l'Eglise. Avant lousjours receu tant de bien
1 Abbé de Bellebranche, donl plus lard elle lil son
bibliothécaire; quelques letlivs do Catherine lui sont
adressées. — Vov. Tmentaire des meubles de Catherine de
Wdicis , publié par Bonnaffé, Paris, Auhry, 1874 , p. a
-' C'est dans cette église que sonl les tombeaux des
Médias il les deux mausolées que Léon \ commanda à
Michel-Ange : l'un, celui de Laurent do Médicis, le père
de Catherine; l'antre, celui de Julien de Médicis, duc
de Nemdnrs,
de vous, (jue ferez toute faveur à ceulx qui
vous sont de ma part présentez, je me tiens
asseurée que en cest endroict vous ne lin
ferez moyns de faveur que avez faict à vostre
chappellain qui, à ce que j'ay entendu, tient
une aultre des dictes prébendes, et que en
tous ses aullres affaires fayiez lousjours pour
recommande'; et oultre ce que luy el les siens
v ous en seront à jamais très atenuz et obligez .
vous m'aurez faict très grant et singulier plai-
sir que je recongnoistré, Dieu aydant, mon
cousin , auquel je prye vous tenir en sa
saincle et digue garde.
Escript à Paris, lexixejour de janvier i55a
(i553).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Marchant.
(Rescritto.) La Regina prega vostra Eccellenza
a voler concédera a M. Jiovan Batista Ben-
civenni, suo capellano, che possa godere i
frutti de la prebenda di san Lorenzo, non
oslanle die sia assenle, per stare résidente
appresso lei.
1553. — 5 février.
Ou r, Vuli. des Médicis, dalla lilza 4726 , nuova uumerazione , u. îao.
V MO\ COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, pour ce que présentement
j'escriptz à Nostre S' Père1 à ce que son bon
plaisir soit consentir les expéditions de l'éves-
ché de S' Brieux en faveur de messin: Jehan
Du Tillet2, l'un de mes aulmosniers qui esi
1 Jules III , moi 1 If ••! mars 1 555.
- Jean du Tillet, originaire d'Angouléme , évéque de
Sainl-Hrieuc transféré au siège île Meaux on îôii'i.
Il était fife puiné de Jean du Tillet, greffier on chef du
Parlement de Paris. Il esl surtout connu par sa Chro-
nique idin m| drs mis de Frnner ; il mourut en 1 070.
LETTRES DE C VTHI
de ma nourriture, el encore que je saiche
assez que sa Saincteté a très lionne volunté
do me faire plaisir, néantmoins pour la grande
faveur que je suys asseurée que su dicte Sainc-
teté vous porte el le désir que vous avés à
vous employer pour moy, je nous ;i\ voulu
aussi escripre et affectueusemenl pryer à ce
que vueillez, pour l'amour de moy, luy faire
entendre le contentement que je recevray que
sa dicte Saincteté consente ce que dessus.
Aussi, mon cousin, vous prye luy ramentevoir
la longue poursuicte que j'ay faicte en ung
procès que j'ay des palludes Pontines contre
les héritiers de feu messer Dominique de Ju-
venibus, duquel encores que les juges qu'il
a pieu à sa dicle Saincteté nous bailler eu
soyent bien inslruiclz, je n'ay peu jusques ici
en avoir la vuydange; qu'il plaise à sa dicte
Sainctolé, selon l'espérance que j'ay tousjours
eue en sa droicture, équité et justice, comman-
der que le dict procès au plustosl preigne
quelque lin; m'asseurant bien que sa dicte
Saincteté , à vostre requeste , ne m'y deffauldra ,
dont ne me sentiray ingrate de ce plaisir à
l'endroict que me vouldrez employer; me
recommandant de bien bon cueur à vous, je
prie Dieu vous donner, mon cousin, bonne
vye ei longue.
De Sainct Germain en Laye, le vcjour de
février i 55a (1 553).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1553.— 5 mai1.)
Aut. Bibl, nol. fonds français, n° 3296 , î° a5.
A MA COUSUE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE2.
Ma cousine, vous antandrés par Sarlan
1 La lettre suivante est datée de Melun le t> mai.
Anne d'Esté.
RINE DE MÉDICIS. 75
comme toutes chauses sont pasayes, quy me
gardera vous escripre granl letre; toutesfois
je ne l'ay vouleu layser aller sans set mot pour
vous adverlyr que j'espère haystre demayn de
bonne heure à Meleun où je m'atans \ous voir
ay nous an prye byen fort, ay remetanl toul
sel que je nous pourrais mander sur le dysl
Sarlan , je voys pryer Dyeu, ma cousine, vous
avoyr en sa saynte garde.
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
(1553.)— 0 mai.
Orig. liîlil . nat. fond? français, n° 3oo3. f° 8.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR. LE DUC DE MONTMORANCY,
PAIR ET CONKESTABLE DE FRANCE.
Mon compère, ainsi que j'arriviz arsoir
en cesle ville1 comme nous dira ce porteur,
je receuz par luy noz lectres el incontinanl
s'en alla trouver Monpipeau pour luy dire ce
que luy aviez commandé, et suis bien aise que
le Roy ne faict encores Nenir ses enfans, veu
le ebault qui laid, et quant à ce que me
mandez que me verrez anuit, j'ay plus de re-
grect que luy que ce ne peult estre jusques à
demain, pour n'avoir donné ordre à avoir mes
chevaulx, pensant qu'il deust revenir comme
il m'avoit dict, et vous asseure qu'encores que
je n'eusse riens eu, que s'il m'eust escript,
comme vous dictes, que je n'eusse point failly
d'y estre; mais voiant que dans sa lectre, il
n'\ avoit que : «le plustost que je pourvois avec
imite la compagnie*, je n'ay sceu y arriver
plustost que demain pour l'amour d'eulx ;
car sans cella nous saNez comme j'ay acous-
tumé d'aller pour aller trouver le Roy, et
aussi de l'obéyr; car. Dieu mercy, depuis que
1 Melun.
76
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
j ' a v l'onneur de luy estre ce que je luy suis,
je ii ay jamais failly de faire ce qu'il m'a com-
mandé, m'asseurant qu'il me faict cest lion-
neur de le croire ainsi dans son cueur, qui
me faict estre contante et m'asseurer que j'ay
cesl heur que d'estre en sa bonne grâce et
qu il me cognoist pour telle que je luy suis;
qui me rend asseure'e de n'en estre jamais
esloignée , tant plus quen je sray qu'estes
auprès de luy, qui estes et l'aides profession
d'homme de bien. Je ne vous feray la présente
pins longue, pour l'espérance que j'ay de vous
veoir demain; après vous avoir prié présenter
mes très humbles recommendalions à sa bonne
grâce, priant Dieu vous avoir en sa saincte
garde. De Meleun, ce VIe de may.
Vostre bonne coumère et àmye,
Caterine.
( 1553.— Fin juillet.)
Aut. Iîibt. nat. fonds français, n° 3179, fu 7.
A MA CODSINE
MADAME LA DMB DE MONTMORANCY '.
Ma cousine, pour set qu'yl y a longtamps
que je n'é antandeu de veos neovelles, je an-
voye sel pourteur pour en savoir, lequel vous
dyça des myenne, quy me gardera vous an
hayscrire davantage; j'ay haysté byen marrye
de sel qui ayst aveneu à Hedyn -, non pas pour
la plase, car ce n'es! pas cheouse qui importe
beaucoup au Roy, mais pour la perte dé geans
Madeleine de Savoie.
2 Voy. Lettre de Henri II sur la prise de Hesdin , qui
eut lieu le iS juillet 1 553. (Mémoires <h< duc de Guise,
■ "f I . Michaud, 2e série, t. VII, p. 655.) — Dans une lettre
de Henri II à M. de Vieilleville, datée de Compiègne le
sa juillet 1 553 (fonds Clairambanlt, vol. 59,f° 1397),
on lit : «et encores que ce fust une place qui n'est pas de
«grand compte, touttefoys y estoient entrés quasi contre
-ma volunté le duc de Bouillon, mon fils le doc de
■■ C1--I1 >
de byen qui y estoyent, mesme de vostre frère
pour l'amour de vous; piuis qu'il liaysl an
santé, il me samble que ne vous devez pleuk
anneuyer; je veoudroys que vous feusiez icy,
je mettroys peyne de vous an garder; man-
dez moy, je vous prie, quant vous y veolés
venyr. Monsieur le Connestable m'a ayscripl
de ses nouvelles, je ne vous an dyré rien,
par set que je m'assure vous an n'avez bien
souvant; j'espère, à set que j'entends, que le
Roy aura sa revanche de set que noz annemys
hont faict. Je ne vous 1ère, ma cousine, pleuK
longue lectre; me recommandant bien fort à
vous, je prie noslre Seigneur vous donner set
que désirez.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
(1553. — Fin juillet.)
Aut. Bibl. nat. fnnils français, nc 3 1 &7 , f° 3.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLK
DE MONT1WORANSI.
Mon coopère, j'é aislé bien ayse d'antandre
par veos letres des bonnes novelles du Roy, et
ansi de set que m'avés anvoié de Mets. Je ays-
père que, à la fin, si plet à Dieu leur ayder
cornant yl a faysl jeuques ysi , l'Anpereur an
n'aré la bannie que je lui désire qu'il an re-
soyve. Je nc se rien que je vous piuise man-
der de Qoveos, qui seré cause que ne \ou>
fayré longue lelre, sinon que je vys arsouir
monsieur le cardinal '-'. «le quoy je feus byen
1 Honorât de Savoie, comte de Villars, frère de la
duchesse de Montmorency; il fut fait prisonnier. Mar-
guerite de France, dans une lettre à Henri 11, loue
Dieu -de quov M. le comte de Villars est en vie», et
elle ajoute : f Je croy que les bonnes prières de madame
-la connestable l'ont sové.n (Bibl. nat. fonds français .
n' 3ai g, f° 58.)
' Le cardinal François de Tournon, né en i486
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
77
ayse pour savoyr ancore mieulx dé aovelles
deu Roy; j s'an retourne demaya; je veodrès
que si'< afayre lin permise! qu'i o'eul pas la
pouine de s'an aler el qu'i peull venyr \ si.
Se seré quant v pleré à Dyeu que Hedin ' souil
prins. Je vous aseure que je ue piuis pardon-
ner à seus (|iii aystel dedans, el s'il é vraj
sel (|ni' l'on m'a disi anuyl que monsieur de
Rase2 a heu heun coup d'arquebouse, j'é
granl regrel qu'i ne L'eu! avant randre Hedin,
car i me sanble qu'il esl cause de quov je ne
un pii\ nt le Roy, et qu'il a anpèché beocup de
ji'an (|iii lv lieuse! faysl servise allenr. Je vous
prie, 'mon conpère, que an atandant que je
aye sel bien, de me contyneuer à me mander
sovaril de ses novelles et me tenir an saboi
grase à laquele je vous prie présanter nies
1res humble recomandatyon, et au volouir
prandre vostre pari d'ausi bon ceur que le
vous faysl
Vostre bonne cou mère el amye,
Caterine.
(1553. — Fin juillet.)
lut. Bibl. nat. fonds français, n° 3119, f° f>.
A MOV COMPÈRE
MONSIEUR LE DEUC DE MONTMORANSI,
PEU Et COKNESTABLE I1K PRISSE.
Mon conpère, je aryvys arsoyr an set lyeu
lieu j é limé mes autans sel portant fort byen :
deuxième lils de Jacques de'Fournon, comte de Rous-
sillon, et de Jeanne de Polignac), archevêque de Lyon
et cardinal d'Oslie, mort en niai i56a.
1 Hesdin avait été pris le 18 juillet par les Impé-
riaux; Catherine ne parle ici que de la reprise do cette
place.
G'esl ainsi qu'elle désigne Horace Farnèse, duc de
l.asirn, marié au mois de février précédent à Diane de
France. — Voy. sur sa mort, Ribl. nat. fonds Fontanieu.
roi. 373 el 3-6, et une lettre de Marguerite de France,
fonds franc, n" 3i ao. f 58.
et ausy font sos que j'é lésés Ânboise; mé
■m réconpanse j'é trové madame de Castre sa
anuyée corn' el1 an a aucasyon pour la perte
qu'ele lia faytte, de quoijesuy byen marrye,
car le Roj \ a perdeu heun bon servyteur2.
que y n'c: posyble de voyr personne plulx
fâchée qu'ele ayst. S'el granl déplésir de la
perte de Hedin, mes y me sanble que le Ro\
tyent tant de leur plase que sete perle ne
serel ryen si se n'étoil lé Jean lie biens el de
non qui son! murs ay prins dedans, et me
fâche de panser qu'i ni va point de tieule per-
sonne de leur cous té à la guère, carjeayspèn
que bientôt Dieu nous fayré lagrase de revan-
cher la prinsedeTérouane3 et sete ysi4, el que
y ne s'an faudréque deu'i troverjean de tyeule
aytofe; par quoy, mon conpère, je vous prie,
consellé byen au Roj qu'i ne permete pluK
de mètre de tyeule personnes au plase qui ne
valet guière, car les prisonier qu'il ont de ses
deus plase leur donnera plulx de repeuta-
tyon que lé ville qu'il ont prinse, car. Dieu
mersi. le Roy a des leur plulx et beocup mvi-
leures. Vous me aysceuserés si je vous an
mande sesi, car vous pouvés panser qu'i ni a
1 Diane de France, fille naturelle de Henri II et de
Philippe de Coni, avait épousé en 1 553 Horace Fai
nèse, duc de Castro; en i 55"! elle se remaria à Fia ii :
*de Montmorency, fils du connétable; c'est elle qui en
l6og fit rapporter de Blois à Saint-Denis le corps cl.
Catherine de Médicis; elle mourul a Paris le i i janvier
i6iç). âgée 'f' quatre-vingts ans. — Voy. fonds franc
n !o649,f*36.
2 Elle fait allusion a la moi I d'Horace Farnèsi
Voy. pour la prise de Thérouanne les dépêches des
envoyés anglais en France,. sic Wotton , William Pickerin|
et sir Thomas Chaloner. i Kalendar "/ State papere . i -Vi--
1 553 , règne d'Edouard \l, p. 289.)
' Elle rappelle la prise de Hesdin où furent laits pri-
sonniers le duc de Bouillon , le comte de \ illars, le sr de
Prie, le baron cli- Culanl <-i autres gentilshommes de
marque1. — Vov. François de Rabntin, Guerres de Bel-
gique, liv. V.
78
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
créateure qui santé plulx la perle deu Roy ay
aye regrel à la jeoye de ses eanemys que
moy, ni qui de milleur reur prie Dieu que
teutte chause allaynl selon sa volonté el la
voslre, mon conpère, que faysi
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
(1553. — Commencement d'août.)
Aut. Bibl. nat. fonds franr-ais, u° 31G7. f° 7.
A MON COMPÈBE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
Mon compère, j"ay antendeu que vous
trouvés mal, de quoy je siuis byen fort marrie;
j'av donné charge à Camby de vous aller voir
aflyn que j'en sache des nouvelles, car je se-
rois en grant peyne que vous eussiés mal , pour
l'amour de vous ay aussi pour le Roy ay
pour says afiayres. Yl ne tyendra à prier Dieu
(pie i'enlrcprinse que vous halle's fayre1 ne
vienne à bonne fyn, ay ayspère que vous rem-
plirés byen le boys de Vyncennes avant qu'il
soyl guères de tamps; mais je vous prie, mon
compère, m'an mander incontynant des nou-
velles. Je vous prie me tenyr tourjour an la
bonne grase deu Roy et an la vostre et me
mander set que je douys répondre au deuc de
Floranse , car y me sanble qu'yl seret byen à
propos come vous mande plulx au long mon-
sieur le cardynal de Touinon, qui seré cause
que fayré fin, priant Dieu vous donner bonne
santé.
\ostre bonne coumère et amye,
Caterink.
1 Le connétable quitta Compiègne dès qu'on eut
reçu la nouvelle de la prise de Hesdin , et rejoignit
( 1553. — Du 1 5 au 20 août'.)
Copie. Bibl. nat. fonds CUirambault, vol. 63, P 4i33.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, depuys ma lettre ayscriple
je an n'é reseu heune de vous de l'onsieme de
set moys et veu cornant les anemys font myne
de vous volouyr atandre; je m'aseure byen
que aveques l'ayde de Dyeu que vous lé bale-
rés, mes je ne sèse pas pour sela de désyrer
que le Roy n'y souyt poynt, car s'il avienl
byen, come je m'aseure tousjour, l'aunneur
et le byen luy an retournera; s'yl avçnel au-
trement, n'y estant poynt, le mal ne saie!
aystre lyeul que y ne remedyé, de sorte que
les annemys n'aret ryen guagné. Je vous an
parle en femme et an personne qui navra
rien, pourveu que sa personne n'aye mal,
car vous ayant l'amour à luy, comme vous luy
avés, que vous yrez plus ardyment, quant
vous panserez que luy pouré fayre servyse san
que y luy souyt an dangé; je vous prye
luy byen mander et vous aseure que de mon
coûté je fouys pryer tant Dieu que je m'a-
seure qui vous ramènera aveques luy come je
le désire.
Caterine.
( 1 553. — Du 1 5 au ao août. )
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3ia6, P 90.
A MON COMPERE
MONSIEUR LE DUC DE MONTMORANCY,
PEU ET CONNESTABLE DE FRANCE.
Mon conpère. je ne vous dyré poynt l'ese
1 Lettre écrite avaut d'avoir reçu la nouvelle de la dé-
l'aile des Impériaux par le connélable, qui eut lieu le
i3 août i553. — Voy. Bibl. nat. fonds Clairamhault,
vol. 5<(, f" 1.357.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
79
que je a\ des bonnes aovelles que m'avés
mandée, car \l \ a deus aucasyon pour le
vous fayre croyre tyeul que je l'a\ : La prymyère
pour le servyse deu Roy et l'aultre pour l'a-
mour de vous qui avés teurjour ayslé beureus;
mes à asteure vous avés monstre que l'êtes
lanl que vous remelés le Rov an sou heur que
les aullres avel cuydé démyneuer ]>ai lour
faultes; mes je loue Dyeu que vostre antande-
mant el eondouyte a reparé tout sela, car sete
defayste ayl plulx à mon gré que chause que
aye fayl set annaye l'Anpereur, ay vous povés
panser le plésyrque je an san, car je ayspère
que, se voyant bateu de vous aveques heune
parlye.de l'armaye deu Roy, que y ne nous
hauseront jeamès atandre1, mes que l'ayés
loutle. de quoy je suplye Nostre Sygneur el
unis mou conpère de ne permetre que le Roy
aile où \oiis aystes2, que vous ne le Irovyés
hou pour la réson, el non pour luy com-
plère, car asteur là que ly consellerés je
m'aseureré que se seré pour -;» répoutatyon el
san danger pour sa personne. Je ne vous
anuyré de plulx longue lectre après m'etre re-
comandée à vostre bonne grase el avoyr pryé
Nostre Sygneur vous conserver an \ostre bon
heur corne le désire sele qui »«h ayme autant
que anfant qui' ayés.
\ osliv bonne rouinère el ainye,
Caterine.
1 Le i 'i aoûl , Henri II annonce également la
victoire du connétable à M. de Vieilleville; il espère
••■(lie les Suisses estant joinls à lui il passera plus
avant.» (ISibl. nal. l'omis (ilairambaull, vol. igi
F 1 3 '. :. - 1
Henri II était encore ;i Gompiègne le 17 août; ce
u'esl que le ai août que le connétable annonce son a/rri-
\ ée au camp. — Voy. Bibl.nat. fonds 1 ilairambaull , vol. 5g,
i-'l-i: Commentaires de François de Rabutin, coll. Mi
iliattd, p. 'ii|6.
1 l .') j:i. Fin août.
\ui Bibl. n. it. 1 m ls h inçiiis . a 3i3a , fJ 11.
1 MOU COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE
DE MONTMORANSI.
Mon conpère, je vous mersie byen forl de
sel que avés fayst pour M" Jean Batiste1, cl
je m'aseure tant de vous et de sel que ne
vous ay donné ni donneré jeamés aucasion de
avoyr aultre volante que de fayre pour mo) el
pour lé miens, que je n'an foys neule doulte
que ne \ous anployés tourjeur de bon ceui
pour tnoy. Je ne vous demande que de iui
tenyr an la bonne grase deu Roy, de quoj
je \olis prie byen fort, et de me mandei co
inaul vous faystes sovant de ses novellcs que
je désire qui conlineue teurjeur de mieulx an
myeuht, romani je ayspère qui fayronl . veu lé
contyneuelle pryère que l'on faysl partout pour
lu\ el prinsipalemanl an sele >.ille. qui aunl
tant d'anvie (pie Haydyn souit reprins qui
leour sanble qu'il. an seront plulx an seureté.
el de moy vous povés panser cornant je le dé-
sire pour son servise el pour l'amie que j\
de le voyr, qui aysl rose que je ne piuis par-
donner à sons qui l'on randeu (pie pour Tan-
neur de Dyeu, car san sela je veodrès pour
qu'i l'eusel a\s!é an Paradis yl y a sis ans.
Je hué sel propos pour VOUS prier me mander
cornant te Roy ara trové ses anfans, mes \ n<
sont pas tous byen fayst, mes se luj seré
aulanl de pase-tanps à lé voyr, velà p -
quoi je lé luy anvoy. Je ne vous fayré pluLx
longue lelre. me reeoniandanl à VOStre bonne
grase.
\ ostre lionne eoumère el amye .
Caterine.
1 Gondi , cité plus haut.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
i.")53. — Fin août. |
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3»93 . f" 56.
A H V COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE'.
Ma cousine, afyn qui vous sovyegne de me
mander clé novelles deu Roy et dé voslre. je
i m -. -,<\ byen veoleu anvoyer de nous freuys,
car là heu vous ayste je panse que n'an n'a-
vi;s guière; je parlyré demayn pour ni'an aier
Ambovse-, afyn d'estre plulxtot de retour
pour avoyr plulx sovaut dé novelles deu Roy;
si vous le voyes, présanté ly mes très humble
recomandatyon. Je veodrès aystre Marguerite
pour le povoyr voyr, car je pause que ares
ancore lontamps set plésir d'estre aveques
vostre mari. Plet à Dyeu que je tousse aussi
byen aveques le mven! Je vous prie fayre
mes recomandation au vostre et à madame de
(iuise3. et an prandre vostre part d'ausy bon
ceur que vous an prye
Vostre honne cousine et amye,
Caterine.
pleusent autant, je ne l'auidrès de vous an
fayre part. Madame Daysnay m'a d\<l que
vous ne povyés venyr ancores. de quoyje s\ui*
byen marne ay vous prye, sy madamoyselle
de la Berlandyère1 ne vous sert pleulx, que.
pour l'amour de madame de Castres, nous la
veolyés ranvover. Teute lé foys que j'aré dé
novelles, je ne faudré poynt de vous an man-
der; je prye iVostre Sygueur qu'ele soyest t\ cli-
que vous ay moy les désirons.
Vostre bonne cousine et amye,
Caterine.
1553. — Fin août.)
Aot. Bibl. nat. fonds français. n° 3iaa , f" 90.
1 MA CODSINE
MADAME LA CONNÉTABLE.
Ma cousine, j'envoye set pourtour pour sa-
TOyr de veos novelles ay pour vous porter
sayste laystre de monsyeur le conétable par
où vous antandrés de son estât ay deu lyeu
où vl ayst. Heung secrétaire de monsieur le
cardynal de Tournon quy an veynt hyer lays
m'a aportayes, ay me dyst qu'y se porte très
byen ay aussy teult set quy vous touche. Sy
je savoys quelque autres novelles quy vous
inné d'Esté.
! File y allait voir ses enfants.
Antoinette de Bourbon.
(1553. — Fin août.)
Aut. Bibl. nat. fonds français , n° 399a , f° 68.
A MA COUSINE
MADAME LA CONNETABLE.
Ma cousine, je vyens de resevoyr iirung pa-
quet de monsieur le connétable que je vous
anvove, par heu vous verres tant de ses no-
velles que je ne vous en escriré poynt. il
m avcrvst qu'y vous mande vous an venyr. Je
vous prye n'en fayre poynt de dvfieullé, puysque
vous portés byen, comme j'ay antandeu par
madamoyselle de la Berlandyère. An sete aseu-
' Hilaire de Marconnav, dame de la Berlandière. une
des dames d'honneur de la reine Marie Stuart. — Voy. Né-
gociât, sous François II, p. 7Ù5. — Dans une lettre de
condoléance à la connétable, à l'occasion de la prise de
M. de Villars , Marguerite de France lui écrivait : - Veuillez
-croire M"' de la Berlandière, elle vous donnera ce bon
r confort que je suis sure vous ne serez pas malade. -
( Bibl. nat. fonds français , n° 3 1 5 3 , C 08.) — Voy. égale-
ment lettre de Marguerite de France, fonds français.
n° 3iia, f° 12. — Robertet, dans une lettre datée dé
Compiègne, le 5 juillet 1 56i, écrivait au duc de Nemours:
r Entre M"" d'Hauteville et MUe de la Berlandière il y aune
«si grande fraternité et intelligence qu'elles ne bougent
-plus d'ensemble et qui la veult trouver la pluspart du
r temps ne la cherche plus chez Madame, on la trouvera
-entre madame la connestable et la mignone Berlan-
«ife.?> (Bibl. nat. fonds franc. n°3200, f i3q.)
LETTRES DE CATH
ranse je ne vous feré pleulx longue letre,
>\ iiiin me recoumander byen forl à vous ay
pryer Dyeu, ma cousine, vous donner sel que
désire
Vosliv bonne cousine el coumère,
Caterim:.
El'.liVE DE MED1C1S.
81
1553. - — 3 septembre.
Copie. Archives du RIioikv
\ MONSIEUR DE LEZIGW.
CONSEILLER ET MAISTRE D'HOSTEL ORDINAIRE DD ROÏ J10NSE1GNEI 11
TRESORIER DE FRANCE ET GEM-RaL DE SES I1MNCES.
Monsieur le trésorier, le lieu où est de pré-
sent le Roy monseigneur, avecque nécessité
de ses affaires qui est telle que chacun peut
estimer et juger, sera cause que je vous priray
et néanlnioins ordonneray par la présente',
que là où vous ne seriez de ceste heure en
vostre charge, que ayez à vous en aller, incon-
tineiil icelle receue, pour y résider, sans que,
pour quelque occasion que ce soit, encores
ipie ce feusl pour faire vos visilations ou pour
autres affaires survenans, vous en puissiez au-
cunement divertir que le Roy mon dit sei-
gneur ne soit de retour de son voyage, tant
pour accélérer el faire recouvrer tous les de-
niers et finances du Roy mon dit seigneur,
dont jà les termes de paier sont escheuz, que
pour donner ordre de recueillir des bonnes
villes de vostre dicte charge les roolles et cer-
tiffications, pour lesquelles vous ont esté en-
voyées les commissions de ce que montent en
chascune cf belles les cens el rentes foncières,
et entendre des habitans quelles assignations ils
vouldronl demander pour asseurer ceulx qui
en feront les rachaplz. Et s'il advient qu'ilz
' La Reine était de nouveau régente par lettres pa-
tentes du î ."> aoi'il i û.V; ; on lui avait adjoint le chancelier
Bertrandi , Claude d'Urfé el André Guillard sieur du
Mortier. — Voy. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, I. lor, 1*6 :.
Catherine de Médicis. — i.
optent aucuns de nos greniers, vous nous en
envoyerez les valleurs, el où ilz aymeroienl
mieiiK d'autres nos fermes, vous ferez aussi
d'icelles une année commune sur les cinq OU
six dernières années. Et, ce l'ail, envoyerez in-
continent le tout es mains des sieurs Duinor-
tier, de la Costeel di- Voysinlieu.
Sur quoy m'asseurant qu'il ni aura faulte,
je ne vous en l'eray la présente oins longui
si n'est de prier à Dieu qu'il vous ayl en sn
saincte et digne garde.
Escript à S1 Germain en Lave, le in" jour
de septembre î 553.
Caterine.
1553. — .'i septembre.
Orijj. Arcli. de l'Hôtel de Ville de Toulouse, liasse ig, n° 9.
A MESSIEURS LES CAPITOULZ
DE 1.1 MLLE DE TIIOLOSE.
Messieurs, ayaul été advertie par le Tréso-
rier général de Tholose, Portai, de la bonne
volonté et affection que vous portez es affaires
du Roy mon seigneur et de l'honneste res-
ponse que suivant cela vous luy avez faicle sur
les choses qu'il vous a remonstrées de sa part,
ainsi qu'il luy avoyt esté par lui commandé, je
ne veulx oublyer à vous en remereyer bien
fort et pareillemenl à vous adviser que je n'ay
l'ailly à le luy faire entendre; et pour ce, Mes-
sieurs, qu'il est besoing que le dit Seigneur
soit par vos bons moyens el facilitez prompte-
ment secouru en ses dictes affaires, el aussi
qu'il a faict eslat certain des deniers qui pro-
viendront tant de l'engaigement qu'il vous a
faict de son domaine, pour le payement des
gens de guerre qu'il a présentement en son
service, que aussi du rachapt des rentes fon-
cières, je vous prie que en continuant ceste
bonne volunté vous donnez ordre de dilligen-
ter le recouvrement des dicts deniers, de façon
S:!
qu'ils puissent eslre receuz au terme qu'il voua
, esté mandé, et do tant plus vous y userez
de dilligence, d'autan) vous lui ferez service à
propos et à moi tirs agréable. Priant Dion.
Vfessieurs, qu'il vous ait en sa sainete cl digne
garde.
Escripl à S' Germain enLaye. le m" jour
de septembre i .">53.
Gatbrine.
Bdrgensis.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
mander pieux aseurémanl de bonnes nou-
i 1553. — Du 3 au 8 septembre.)
\ul. Rtht. ikh. fonds français, n° 3ia5, f° 17.
A MON CONPÈRB
MONSYEIR LE CONTESTABLE.
Mon conpère . j'ay reseu vostre laystre ay an
tandeu parLansac1 comme les anemys se son!
trouvés sy estonnays qu'y ne savet que fayre2,
de quoy je su\s byefi fort ayse ay an loue
Nostre Seigneur; sy contyneuent, y ne nous
feront poynl de mal pour sayste anuayée, et
je l'an prye de bon cueur, ay qu'y vous donne,
mon compère, aussy bonne forteune que vous
avez teurjeur acoutumé d'avôyr.
\ oslxe lionne coumère et amye,
(Utérine.
(1553. — Du 3 au 8 septembre.)
Va. lîibl. nal. fonds français , n° 3i&o,f°35.
V Ml COMMÈRE MADAME l.A COHSESTABLE,
DEUCHESE DE MON MORANSY.
Ma comète, j'ay atandeu à vous ayscripre
jeusques à sesto heure pour vous |)ouvoir
Louis de Sainl-tîelais, cité plus liant.
Le a septembre i533 le connétable écrivait à M, .le
VieHieviUe : -I.es ennemis voyant le ra\ marcher vers
«euh se sont toujours retirés le plus avant dans leur
•<pays.- (Bibl.nat. fondsClairambault, vol. 5a, p. i383.)
Voy. dépêche de sir Wotton. (Kalmdar 0/ State pa-
ptn, année i553, règne de Marie, p. 9.)
voiles de monsieur le conneslable que j'ays-
père, si les chouses contyneuent, sera pour
sayte fois hors de dangier, car l'Empereur
fayst reculle d'eune jeournaye1. Je me doute
que nous aurons pieux d'affaires deu coslc de
Picardie, toutesfois je m'assure bien que le
I!<>\ ay monsieur le conneslable y mêleront
si bon ordre, que teut yra selon son intan-
cion. Si vouldrois-je, ma commère, que vous
feusyez icy, tant pour aystre pieux loing des
ennemys que pour le plaisir que ce me serait
vous avoir auprès de moy; en l'atlandant je
vous ferav teusjeurs part de noz bonnes nou-
velles. Je sauray par set porteur des vostres
quejeprieN'oslre Seigneur aystre ausy bonnes
que je les désire.
Vostre bonne comère et amye,
Caterine.
(1553. — Du 3 au 8 septembre.)
Anl. Bibl. nat. fonds français, n" 3ao,S , f so.
A MA CODSIRE
MADAME LA DELCHESSE DE GUISE
Ma cousine, j'é aysté la plulx marrye deu
monde de avoyr antandeu que ne vyendryé
poynl ancore; je vodrès que feusyé au moyns
pasée par vsy, car j'é grant peur de ne vous
voyr de lontamps, et je vous prye me mander
alla véryté quant je are set plésyr, el an set-
pandanl au moyns que je aye sovant de vos
1 Dans une dépêche de l'ambassadeur Wotton, < 1 ui-
nous traduisons, on lit : -La reine Catherine a tnformi
«ries ambassadeurs que le Roi et son armée avaient
-passe la Somme et marchaient à l'ennemi, qui avait
-évacué son camp et se relirait en grand désordre. La
s reine est très-joyeuse de ces nouvelles. L'armée fran-
-çaise compte 3o,ooo hommes d'infanterie, y compris
» les Suisses nouvellement venus, et -c. ■ chevaux.- {Kn-
lendar of State papers. règne de Marie, p. 9.)
Inné d'Esté.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CTS.
83
ni i\ elles, que vous n'an manderés jeàmès à
personne (jui vous ayrae myeulx ny que dé-
syre plulx qu'ele souyl tyeules que vous mêmes ;
les saryés désyrer que je l'oins. Quant à vous
mander dé myenes, je suys plulx à mon ayse
que né ayslé, ayant seu que les annemys sont
recoulés, qui nie faysl aseurer qu'i n'j ora
poynl de batalle cl que le Roj ne serel pas
guyère demeurer après avoyr fayst quelque
lionne chause, corne je ayspère qu'y fayré,
qui serë cause, par vanteure ', de fayre venyr
l'Anpereur à quelque apouyntemanl : de quoy
je prye Dveu de bon ceur et \ous. ma cou-
svne . de fayre nies recomandatyon à ma-
dame de Guyse et an prandre vostre pari.
Vostre bonne cousine et amye,
' Caterine.
espérant que île brief, à l'ayde de Dieu, nom
en aurons de meilleures dont ne faudra^ vous
advertir, priant Dieu, mon oncle, vous avoir
eu sa saincte garde.
Escripl à S' Germain en Laye, le vin juin
de septembre i 553.
\ ostre bonne nyepse,
Caterine.
BoCHETEL.
1553. — si septembre.
Orig. Arch. de Modène.
A MON ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon ourle, allin de vous fayre tousjours
participant des nouvelles que j'ay de l'armée
du Roy monseigneur, je vous envoyé un petit
extraie! de celles que j'ay dernièrement eues2,
1 Ventewe, aventure, en italien Ventura.
5 C'est sans aucun doute la reproduction d'une note
envoyée à Florence le 1 5 septembre i55o et que voici :
-Per avanli vi ho scritto le nove che havemo havuto dal
-campo del Re mio signore, et ancora che per quel!'
-vi ho mandalo ultimamente vi habbi fatto intendere che
ndose l'esercito dell' Imperatore diviso per la mettà,
-una parte del quale era di là del fiume di Lescault, et
-l'allia in Cambrai, nientedim^no havendo nel hora del
isuo arrivo in detto luogo bavulo aviso che l' Impera-
-tore con qnalche allre forze veniva a ritornar l'allra
-parle del esercito, quai era passalii la fiumana di Les-
-cault, et se era reliralo verso Valenlianes, Sua Maestà
-Christianissima mutô proposilo et deliberalione e passé
-oltra nel paese inimico per andar a Irovar delto tope-
-ratore et preseotarli la baltagtia, et repulsarlo dentro
-al suo paese il phi avanti che polrà ; et poi deliberar
1553. — 9 septembre.
Orig. Arch. de rltùlel de Ville de Toulouse, liasse ig, n* 10.
A MESSIEURS LES CAPITOLLZ
DE THOLOIZI.
Messieurs, aiant entendu le contenu d'une
requeste qui a eslé, de vostre part, présentée
aux gens du conseil prive' du Roy monseigneur,
pour le faict des rachaptz des rentes et cen-,
sives estant tant en la ville de Tbolouze que
fauxbourgs d'icelle, qui ont veu l'édict parti-
culier que par cy devant vous a esté expédie
et coppie des lettres patentes que dernièrement
vous ont esté envolées; sur quoi a esté par
eulx advizé que assemblée généralle sera l'aille
en la maison de vostre ville, ainsi que avez
accoustumé de 1ère, en laquelle seront appe
lez ceulx qui" y prétendent droit de censive.
comme vous pourrez plus amplement veoir et
entendre par l'appoinctement mis au pied de
la dicte requeste, et pour autant, messieurs.
qu'il est bien requiz qu'il soit en cela par
vuu> promptemenl procédé, à ceste cause je
vous prie et néanmoings ordonne par la pré-
sente que le plus tost et à la meilleure dili-
gence que 1ère ce pourra, vous aiez à 1ère la
rcon li soi capilani quel che havrà da lare. \i posso
cassicurare che doppo che Sua Maestà Christianissima
ne in campo, ha sempre cacciato li suoi nemici, senza
nchemai l'babbiano voluto aspettare.n (Arch. des Me-
rlin-, dalla filza A72O, nuova numerazione, p. 187.)
8/1
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
dicte assemblée et en mander à cenlx du dict
conseil l'adviz et résolution que sur ce vous
en aurez prinse, pour icelle veue y eslre pour-
veu par le Roy mon dict seigneur, comme il
verra estre à fère par raison, en quoy faisant
ferez service au dict seigneur el à moy très
agréable et à Dieu, messieurs, qui vous ayt en
sa saincte garde. Escript à S' Germain en Laye,
le ix* jour de septembre 1 553.
Caterine.
RllRGENSIS.
1553. — i5 septembre.
Orig. Arch. de Modène.
■V MON ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, je vous ay cy devant advertv
des nouvelles que j'avoys receues du camp du
Roy monseigneur el combien que, parce que
je vous en ay dernièrement envoyé, je vous
aye faict sçavoir que s'estant Tannée de l'Em-
pereur départie la moiclyé de delà la ryvière
de l'Escault et l'autre s'estant gectée dedans
Cambray, où le Roy les avoit poursuivyz,
ayant une fois délibéré assiéger la dicte ville,
toutesfois ayant, sur l'heure qu'il arriva là,
esté adverty que l'Empereur avecques quel-
ques nouvelles forces venoit retrouver l'autre
partie de son année qui avoit passé la rivière
de l'Escault et s'esloit retirée vers Vallen-
ciennes, le dict seigneur changea d'adviz, passa
oultre dedans le pays de ses ennemis pour
aller trouver ledict Empereur, luy présenter la
bataille et le repouser encores dedans ses
dicts pays le plus avant qu'il pourra, pour, ce
faict, après adviser et délibérer avecques les
gens de bien et cappitaines qu'il a avecques
lux ce qu'il aura à faire; tant y a que je vous
puis asseurer, mon oncle, que depuis que le
lîoy est entré en son camp il a tousjours
chassé et repoussé ses ditz ennemis devant luy
sans qu'ilz l'ayent jamais ousé attendre: de
ce qui en viendra cy après, je ne fauldro\
vous donner advis. Priant Dieu, mon oncle,
qu'il vous ait en sa sainte garde.
Escript à S1 Germain en Laye, le \v° jour
de septembre 1 5 5 3 .
Vostre bonne niepse,
Caterine.
BûCHETEL.
1553. — ai septembre.
Orig. Arch. de Modène.
A MON ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, sçacbant le plaisir que vous re-
cevez d'entendre souvent nouvelles du Ro\ el
de son armée, je vous envoyé celles que j'ai
dernièrement eues, par où vous verrez ta
honte que le Seygneura faicte à ses ennemys,
ausquelz il a eslé jusques à leur nez présen-
ter la bataille, mais quelque chose qu'il y ait.
ils n'ont jamais osé sortir de leur fort. Il est
vray qu'il a pris sa revenche sur le dommaige
qu'ilz ont cy devant faict en son royaume, tel
que, de tous temps, ils en auront souvenance.
Priant Dieu, mon oncle, qu'il vous ait en sa
saincte garde. Escript à S1 Germain en Laye.
le xvi1"' jour de septembre i553 '.
Voslre bonne niepce,
Caterine.
BûCHETEL.
1553. — a3 septembre.
itii;.. liibl. nat. Tonds français, n° 3901, f* i.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
Mon compère, ayant entendu voslre inalla
1 Voy. la dépêche de sir Wolton à la date du ao sep-
tembre. [Kalendwof Statu papers, règne de Marie, p. i3. )
LETTRES DE C \THE1UNE DE MEDICIS.
85
die' dont H m'a grandement despieu el des-
plaist, j'ai dépeschéce gentilhomme pour vous
aller visiter de ma pari, vous priant, mon
compère, me faire ce bien et plaisir de me le
renvoyer incontinent et me faire advertir par
quelq'ung de ceulx qui son! à l'entourde vous
comme vous vous serez trouvé et de l'estal et
disposition de vostre personne dont je ne
serav du tout à mon aise que je ne la sache;
quant à la mienne, ce porteur vous en dira
des nom elles, el encores que je me porte bien,
si est-ce que pour estre le jour de ma fièvre,
laquelle touteffoys, comme j'espère, ne me
tiendra poincl, cela a gardé que je ne vous ay
escripl de ma main; priant Dieu, mon com-
père, vous donner aussi bonne santé que je la
désire pour moy; escripl à S1 Germain en
Lave, le xxme jour de septembre 1 553.
Vostre bonne coumère et aune.
Caterine.
1 553. — i'i septembre.
Orig. Arcli. des Médias, dalla lil/.t 1736, nuova Dumerazione, p..i38.
A MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre du pre-
mier jour du mois passé, par laquelle vous
m'avez l'ail entendre le mariage qui vous a
esté proposé de l'une de voz. tilles avec le -.ei-
gneur Paule Jordan Ursin2, el les causes et
considérations qui vous meuvent d'y entendre,
Lord Grev écrivait de Gaines le ■>'■> septembre 1 553 :
-Le roi s'est retiré à Sainl-Quenlin à cuise de la maladie
- du connétable.'; (Kalendar qf State paper$ , iv;;ne de
Mario, p. 10.) — Le cardinal de Lorraine écrivait à M. le
duc de Nevers : «Le conneslable est fort maigre, débile
el il a besoin d'un long repos pour se refaire.-1 (Bibl.
luit, fonds Clairambault, vol. ôq, p. 1 iT>7 ). — Voy. We-
motrea du due de Guise, collecl. Mirhaud, I. VI, p. -M2.
J Isabelle de Médicis. tuée en 1576 par son mari,
Paolo Giordano Orsini. — Voy. Lilta , Famiglie eekbri ita-
liane, t. II.
lesquelles je trouve raisonnable-, ayanl esli
1res aise que vous m'ayez voulu l'aire partici-
pante des contantement el satisfaction que
vous en avez, lu quand vous m'advertirez de
vostre vouloir et inlencion sur les paili/ que
vous désirez trouver, tant pour marier voz
deux autres filles1 dont l'aisnée est l'une, que
semblablemenl pour voz lilz-, je vous presti
r.iv en cella de bien bon cueur tout le conseil,
ayde et faveur que je pourray, pour la sin-
gulière affection que je porte, comme en telles
choses il est bien raisonnable à ceulx qui sont
\ssuz île ma maison paternelle, lesqueiz je
désire estre alliez el collocquez en lieux dignes
et convenables à la grandeur dont elle est. El
sur ce je prieray Dieu , mon cousin, qu'il vois
aict en sa très saincle et digne garde.
Escript à S1 Germain en Lave. le xxnr jour
de septembre 1 553.
[De sa main): Je veodrès, mon cousin, qu<
vous creussiés veos bon parans el amis qui
vous ayme mieulx que ne pansés, come le
conestrés quant vous veodrés.
Vostre bonne cousine.
(Iateiii.vk.
1 553. — a8 septembre.
Copie. Bibl. du Louvre, B iaô3, registres <hi Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENANT LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, j'ay receu les lettres que m ave/
escriptes avec les doubles des placardz qui onl
Virginie, mariée au duc de Modène; Lucrèce , née
en i.Vi:!, mariée à Alfonse d'Esté, duc de Ferrare, morti
1.' i> 1 avril i56i. — Voy. Litla, Famiglie celebn italiatu
t. II.
' Giovanni, né en i543, fait cardinal en i56o, morj
en 1 562 (sa mort est attribuée à son frère Garzia); Garzia .
né en i5'io, mort en 1Ô62; Ferdinand, né eu ij'i;i.
mort le 20 décembre 1637. — Voy. Litla, Famiglie celebrt
italiane, t. Il, et Bibl. nal. fonds franc. n° 1 5^77. I" 56(j
86
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
esté mis à S'Inuocenl et à la porte du Chas-
telel à vous présentez de la part du prévost
des marchans et eschevins de la ville de Paris;
el encores ([ue je pense bien, ainsy que m'es-
cripvez,que cella soit proceddé d'aulcuns mal-
veillans desditz prévosts des marchande et
eschevins, et plustost pour intimider que pour
entreprendre, si est, Messieurs, que n'eussiez
sceu mieux faire que d'en donner advis à moy
et aux gens du conseil du Roy monseigneur
estant icy eslablys, aussy d'adviser à l'expé-
dient qui pour ce estoit nécessaire, amplement
desduict par voslre lettre, lequel avec les gens
du dict conseil j'ay trouvé aullant bon, pru-
dent et délibéré qu'il est possible. Et toutes-
fois pour mieulx et plus facilement descou-
vrir telle entreprise, si eutreprise elle se doibt
appeler, il m'a semblé qu'on doibt accroistre
reste somme de deux cens escuz pour le loyer
de ceux qui la révéleront jusques à cinq cens
escuz, et aussy qu'il sera trop bon, sans trop
esmouvoir la ville, ne faire chose qui puisse
amener scandalle; que debvez faire informer
secrettement de cesle affaire icy et mectre
peine de faire cognoistre l'escripture desdictz
placardz, ordonner aussy aux commissaires et
quarteniers d'avoir l'œil et de prendre garde
que aucunes assemblées ne se facenl es lieux
ei endroictz de leurs charges, et s'il s'y en
faicl, les départir et dénoncer à justice, vous
ad\ isant au surplus que j'escrips présentement
au sr de Bois Dauphin que, si ceux de la ville
ont besoing de quelque artillerie légère,
pouldre et bouletz, combien que je pense qu'ilz
eu avent assez, qu'il leur en face délivrer, el
quant employer en la conduite d'icelle ung
des commissaires de l'artillerie qui a nom Le
l'ont , et telz autres qui se trouveront là, ayant
charge de ladicte artillerie. Estimant, Mes-
sieurs, que par voz prudences, vous donnerez
à toul si bonne et diligente provision que
quand ores telles assemblées se debvroient
faire, vous les sçaurez si bien rompre et dé-
partir qu'il n'en adviendra danger ny incon-
vénient quelconque. A quoy je vous prye tant
que je puis, veiller el travailler, comme le Rov
et moy y avons entière et parfaicle fiance,
conduisant toutesfois les choses, si faire se
peult, par telle dextérité que aucun trouble,
émotion populaire ou scandalle n'en puisse
provenir; et sur ce je prie Dieu, Messieurs,
qu'il vous ayt en sa saincte garde. Escript à
S1 Germain en Lave, le xxvme jour de sep-
tembre 1 553.
Caterinb.
bocuetel.
(1553. — Fin septembre.)
Aut. lîibl. nat. fonds français, n' 3aai , l is."
A MA CUISINE MADAME DE GUÏSE'.
Ma cousine, je vyens asteure de resevoyr
set deus lestres et non aultres, que je né heu
le loysyr que de lyre et vous ayscrypre set most
pour les vous auvoyer, sachant byen le plésyr
que vous fayré. Tout le monde set porte byen,
je vous an n'aseure. Adyeu , car je suys sy
ayse que je ne vous say que dyre, synon que
le Bov set porte très byen et est au Cateo an
Cambresy anuyt -. \1 est jeudy, et qualr'eures
après nivdv. Mes recomandatyon àvostre belle-
mère et à vous.
Vostre bonne cousyne,
Caterine.
1 Arme d'Esté citée plus haut.
2 Une lettre d'Henri II au cardinal de Ferrare est
datée du camp de Cateau-Cambrésis, le 20 septembre
i553. — Voy/Ribier, Mémoires d'État, t. Il, p. 473. —
Dans une Relation des Itostihtés dam le Cantbrésit, en-
voyée par l'ambassadeur Renard et non datée, mais qu'il
faut rapporter au ao septembre 1 553, on lit: eLexYiii"
«allarent (les François)jusqu'auxespaules(fortifications)
1553. — Fin septembre.)
Aut. BiM. nat. fonds français, n° 3iio , f" 39.
\ MA COI SYNE MADAME LA DEl GHAYSE
DE MOMIOIUNSY'.
Ma cousine, je bay à se soyr heu heung de
mes laquays quy m'a apourtaj des nouvelle
ilen Roy, quy doyl haystre aujourd'uy à Chas-
teau Cambrésy ay se porte byen, aussy faysl
monsyeur le connestable ay Danvylle. Pour
sel que l'on ne me hayscrist autre chouse, le
Kov me avoyra demain Robertet pour me
mandayr teull au long- de ses novelles. de
quoy je vous feray part ynconlynanl, vous
pryant, ma cousyne, me mander des vostres
a\ vous an venyr ysy ie pleulx toust que vous
pourez nous voyr, car j'ayspère que nous ne
serons pas lohgtamps sans revoyr la compa-
gnye, dont je prye Nostre Signeur ay vous
donner, ma cousyne , teut set que vous désy-
rés.
Vostre bonne cousyne et comère,
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS. 87
je vous avois parle, d'aller au camp, pour ce
que j'en ay nécessairement affaire, ce qu il
m'a accordé comme je vous escript présente-
ment; à ceste cause, je vous aj aussi bien
voulu escripre la présente par ce porteur que
je vous envoyé exprès et vous prier suivant la
\ ilimlé du dii't Seigneur, actendu mesmesque
je n'a\ pour le présent autres gentil/.boninies à
mon service qu'eulx, les voulloir excuser d'aller
audictcamp, vous asseurant que , ce faisant,
meferezbien plaisir, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
De S' Germain en Laye, ce deuxiesmejoui
de novembre.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
hossignol.
1 1 553.) — a novembre.
Orig. BiW. nat. fonds français, n" 20/1.59, I' 53.
\ MON COUSIN MONSIEUR DE BOISt.
CHEVALIER DE L'ORDRE DC DOT MONSE*'Mi T
CJMlfD KSCU1ER DE FRANCE ET CAPITAINE DES CBNT CF.NT1LZ-HOMM ES
DE I/IIOSTEL DU DIT SEIGNEUR.
Mon cousin, depuis vostre parlement de ce
lieu, j'ay parlé au Roy monseigneur et prié
de voulloir excuser les srs de Murât et de la
Tour d'Argy, mes gentilzhommesservans, dont
itdeCbasteau-Cambresiz, et le xi\' y séjournarent pour
1 faire marcher tours bagaiges, et dois là vont à Guise
sel Saint-Quentin pour se retirer, rompre leur camp
-et asseoir leurs garnisons. 1 ( Papiers d'Etat du cardinal
ie Granvelle, t. IV, p. 107.)
1 Madeleine de Savoie.
1 I 553, Novembre.)
Aut. BiM. net. fonds français, u1 3>nt. f 3o.
A \|o\ COKPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, s'an alant M°NycoloAlamannj
dever le Roy et vous1, y m'a pryé le vous re-
comander, set que j'é byen veoleu fayre, el
vous pryer le volouyr aysceuter2 de set qu'il
vous veolt dyre touchant son faysl dé gualère.
Quant à mes novelles, je aryvys mécredys au
souyr en set lyeu3, heu j'é trové Madame4
fesant très bonne chère et angrésaye, et ma
pettiytte fylle5 se portant sy byen que, aurmys
qu'ele é byen mégrie par le cor et heun peu
foyble, vous dyryé à voyr son vysage qu'ele
n'a poynt ayslé malade el à le heuyr parler.
1 II allait être envoyé en Angleterre pour porter des
présents à la reine Marie. — Voy. Kalendar of State pa-
pers, règne de Marie, p. ai.
2 Écouter.
Auiboise.
1 Marguerite de France, sœur de Henri II.
Marguerite de Valois.
iS
LETTRES DE CATH
Je ae vous fayré plulx longue letre, après mes
recomandalyou et pryer Dyeu vous donner set
i]iio vous de'syre
Vostre bonne coumère et araye,
Caterine.
(1553. — Fin décembre. )
Orig. Irch. des Médicis, dalla Dlza 47:16, nuo\a numerazionc.
A LÉON STROZZI.
Mon cousin, j'ay entendu par Gilles tout
ce i|ue me mandez, à quoy je ne vous feray
response pour ceste heure , car Tomaso ï sera
bientost dépescbe' vers vous, par lequel co-
gnoistrez de tout bien au long-, mais je vous
diray combien j'ay esté aise de ce qu'avez
mandé, et non pas moy seulement, mais aussi
le Roy et monsieur le connestable2. 11 ne fault
pas que vous pensiez que ce que je vous ay
escript t'ust que j'eusse aultre opinion de vous
que ce que je vois; mais je voulois que vous
tussiez adverty de tout e! que fissiez cognoistre
à tout le monde vostre intention comme à moy,
i»t comme vous avez faict à ceste heure. Je
vous asseure que vous n'aurez jamais tant de
bien et de contentement que je vous en désire,
comme vous cognoistrez tousjours plus par
effect que par parole. Tomaso m'a dict qu'il
1 Thomasso del Veccbio.
2 Le a 5 décembre i553, Pierre Strozzi de son côté
sollicitait du connétable de Montmorency la rentrée en
grâce de son frère le prieur de Capoue venu à Terra-
cine. Il lui rappelait que son frère avait refusé toutes les
offres de l'étranger pour reprendre le service du roi. Le
prieur demandait l'entretien de six galères (il en amè-
nera quatre toutes armées et les deux autres dans un an)
e l réclamait le titre de général de toutes les galères qui
-nui sur les cotes d'Italie. Par une lettre du 26 janvier
. '1 , le connétable accepta toutes ces propositions et
chacune de ces galères fut entretenue à raison de '100 écus
par mois. (Bibl. nat. fonds Clairambault, vol. 5g,
1 5i3.) — Voy. la lettre du connétable à Pierre Strozzi.
l'omis Clairambault, vol. 5g, f° 1575.)
ERIINE DE MEDICIS.
est lout presl à vous bailler l'abbaye, qui vous
vaudra trois mil deux cents livres, et si n'estes
content de cela, qu'il vous baillera encore
pension jusqu'à quatre mil livres, et non pas
cela seulement, mais l'évesché. L'abbaye, il
est prest de la remestre entre mes mains si
vous voulez ce qu'il demande que vous vous
eu contentiez, affin qu'il ayt meilleur moyen
de vous favre service en s'en entretenant hon-
nestement. Il en parle de si bonne façon et
se montre tant affectionné à vous, que j'ay
bien voulu vous en escripre, car il m'a dicl
qu'il ne veult tenir bien que de vous. Je ne
vous manderay pour ceste heure aultre chose,
pryant Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en
sa garde.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1554. — Mai.)
Orig. Arch. de Modène.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mou oncle, encore que M' Thomasso del
Vechio1 soit assez suffisant pour vous dire
bien au long de nos nouvelles, du Roy mon-
seigneur et de toute ceste compagnie, si n'ay-
je voulu laisser pour cela de vous escripre
cette cy pour vous asseurer toujours du plai-
sir que je aurois, si je avois le moyen de vous
faire cognoistre par effect comme je me sens
tenue à vous de la bonne volonté que me
avez toujours porlée, ainsi que je prie Mr Tho-
1 Une lettre de Gabriel Simeoni datée de l'Isle-Adam ,
le 3o avril 1 5 5 '1 , parle du départ de Thomas del Vec-
cbio pour Sienne. Le aa mai suivant, Simeoni écrivait
au prévôt de Paris, Duprat de Nantouillel : t-Ge matin, à
« neuf heures , le Roy est party de Compiègne ; cet après
rdisner partira la Royne; la cour ira à Olfémont passer
"huit jours; la Uoyne suivra toujours le Roy." (Bibl. nal.
fonds franc. 11° 6o5a, f '17.)
uiasso vous dire plus au long de ma part, qui
.sera cause que ne fera} plus longue lestre,
me remettant de toul sur luy el fera) fin, me
recommandant à vostre I ne grâce, prianl
Dieu de vous donner ce que vous désirez.
Vostre bonne niesse,
Caterime.
LETTRES DE CATHERINE DE WÉDICIS. 89
contantemant, corne de personne quy désire
tant le vostre que vous mesme ne le désirés
pas pleuk; ay prie Dieu quy le vous donne
tourjeur tyeul que le souhaytés.
Vostre bonne cousine el coumère,
CàTERINK.
1554. — Commencemenl de mai?)'
Aul. Bibl. nat. fonds français, n" 339a , P 66.
1 MA COUSINE
M" LA DIÎLCHESSE DE MONMORANSY.
via cousine, j'ai antandeu que vous haystes
mallade, de quoy je souys en pouyne, ay an-
foye set porteur pour savoyr de voz novelles.
Je \ous prye m'an fayre hayscrire par mada-
moyselle de la Berlandyère2, afayn que vous
n'ayez pas la peyne vous mesmes. J'ay heu de
saylles de monsyeur le connétable quy se
porte fort byen; ay faut que je vous dye sel
qu'yl a fayst pour moy, m'asurant que n'an
serés poynt marrye : s'est qu'il a tant fayst
anver le Roy qu'il a haysté cause de fayre le
seigneur Piettre 3 marychal, de quoy je me
sans tant teneue ay hobligaye à leuy que
teute ma vye je metray pouyne de le recon-
noislre anver leuy ay le' syens, autent set
quy sera an ma pyuysanse. Je ne in'ay sceu
garder de le vous mander, sachant byen que
vous avez teurjeur playsir en sel que j'auré
1 Le h juillet l'ambassadeur Renard écrivait à l'Em-
pereur : «Le Roy estant à Marchais a appris que Ma-
«rienbourg s'estoit rendu au conneslable. Il se délibère par-
ti tir le jour suivant . délaissant la Royne à Reims elle car-
» dînai de Tuurnon pour,estanl absent, traicler Iesaf5ai»es.i
( Papier» d'Etat du cardinal de Granvelle, 1. 1\ , p. 271.)
Citée plus haut. .
1 Strozzi avait obtenu un brevet de maréchal de France
pour la première incarne par lettres du nô avril i55i.
- \.?\. Pinard, Chronologie militaire, t. Il, p. 276.
Catherine lie Médicis. — 1.
I 554. — 1 1 juillet.
Copie. Communiqué par M. le comte des M avilie.
A M. LÉVÊQIE DE BAYONNE1.
Monsr de Bayonne, affin que soyez ordi-
nairement adverly de ce qui me viendra du
Hoy monseigneur et de son arme'e en la pour-
suite de l'entreprise qu'il a commancée, je
vous envoyé les nouvelles qui m'en vindrenl
hier au soir. H y a eu pour quatre ou cinq
jours quelque peu de retardement en ladite
entreprise depuys la prise de Mariebourg, au
moyen de quelque difficulté de vivres, pour
estre ce pays plain de boys, montueux et dif-
ficile; mais depuis il y a este' donné si bon
ordre que les vivres sont de présent en très-
grande habondance et y continueront encor
de bien en mieulx. De ce qui en viendra c\
après, je ne fauldray de vous donner conti-
nuel advis, priant Dieu, Monsr de Bayonne,
qu'il vous ayten sa garde. Escript à Reims, h'
m' joui de juillet i.5o£2.
Catemne.
bochetel.
' Jean des Moustiers, s' du Fraisse, nommé à l'é-
vèché de Bayonne en i55o, envoyé en ambassade la
même année auprès des princes de l'Empire, puis eu
1-554 auprès des Grisons, était né en i5i4 au chà-
teau du Fraisse; il mourut à Paris en t.">6<). Il était le
deuxième fils de André des Moustiers, écuyer, s' de Ro-
clielidoux et du Fraisse, et de Isabeau de Soubsmoulin.
2 Celte copie est extraite du registre tenu par l'évèque
de Bayonne des dépêches de son ambassade, registre
l'esté entre les mains de sa famille.
90
LETTRES DE CATHERINE DE MÉBICIS.
1554. — Da 10 ;m i5 juillet?)
Aul. Bibl. nal. fonds français. n° 3i29,f°36.
\i ROY MONSEIGNEUR.
Monseigneur, Mc Carie' a posé par \> J,
(jui vous va Irover de par le signeur Piètre3
"l le pryeur4, ynsin que plulx au long y vous
conteré; mes pour se qu'il est heun de sous
qui a aysté cause an parlye de favre que lé
Kloraniyn payenl dé jeans pour sete antre-
prynse, je n'é veoleu fallir uous an n'averlyr
pour vous suplyer de luy dyre quelque bonne
parole et même de set que vous an faytes que
se ne! que pour leur liberté; car aseuré vous
que y le dire à tout les aultres el sela seré
cause que y çonfrybeuroni aurore davantage,
yosyn que je vous dyré mes que je aye le
byen de vous revoyr, que je piye à \ostre Sy-
gneur aystre byen tôt et de vous donner, Mon-
seygneur, après m'estre 1res humblemanl re-
comandée à vostrë bonne grase, autant d'eux
el de felysyté que vous an désyré.
Set que luy an dues, Monseygueur, qui ne
panse pas que vous an n'ay ryen mandé, mes
que l'avés antendeu deu sygneur Pvettv le bon
aufyse qu'yl a faysl.
Vostre très humble cl très hobéysante
femme,
Qatbrine.
: Sans doute Charles de Birague. cité dans une lettre
d'Henri II i fonds franc. n° ao5aa , f° 70).
J La Reine était à Reims avec le cardinal de Tournon :
elle quitta cette ville te 21 juillet pour aller résidera
Cempiègne : -Tbe Queen left Rheims on Saturdaj the
■■ 1 lorCompiègne.T (Dépêche de W'otlon dans le Kali
I State papers , règne de Marie, p. 1 08. 1
Pierre Slrnzzi.
' Léon Strozzi était rentré au service du Roi. — Vov.
sur sa mort arrivée en ce même mois une lettre de Burie
da 17 juillet i5.V, (Ri[,|. nal. f. fr.-o53i, f°7a):-On
«a tait entendre sa mort ce matin à la Uovne qui l'a
1 prias pins pakiemmenl qu'elle n'eus! laict, puisqu'il
-•si mort au service du Rn\.-
(1551 —Milieu de juillet? 1
Copie. Arch. de Turin.
U BAILLY D'AVESNES.
Très cbier et bien amé, nous avons ce jom-
d'huy îeceu lettres du duc de Savoye, aus-
quclles sonl joinctes celles que le sieur de
Trelon1 luy avoil escripl du jour d'hyer, delà-
quelle lettre vous feis mention vous estant icj .
et comme par la communication que fut lieue,
vous avez entendeu que l'intention de Sa Ma-
jesté estoit de ne donner à l'ennemy loisir de
s'estatuer devant places, j'espère que avecq
le bon debvoir de ceulx que seront dedans
îM'sues, la ville ne courrera aucun dangier,
ors qu'elle n'est de lotis poinetz pourveue
contre ung long siège. Sy n'avons nous a
le moyen de vous furnir harequebuserye d'iev
dont dictes avoir le plus de besoing; et de-
pins vostre parlement sont arrivez icby du
enseignes du régiment du conte d'Arreni-
berghe pour icelles donner secours el ayde
aux frontières en cas de besoing. Vous pour-
rez continuellement jecter gens dehors pour
entendre le cbeinin des ennemys et nous en
advertir;et ce jourd'huv n'avons riens entendu
de leur conduvle. synon que ledil duc uous a
i'aict entendre que lesdits ennemys envovoienl
leurs bagages vers France; dont l'on ne peult
comprendre si vouldroieut taire rese- avecq
1 (Test peut-être le poète Claude Trellon dont les
œuvres poétiques ont été imprimées en 1 .V '1
•'Faire rese avec une armée délivrai), c'est-à-dire
faire incursion avec des soldats sans bagages, allé;;c- de
tous les impedimenta.
Rete, plus ordinairement rotje (de l'ancien liant alle-
mand reisa incursion, expédition guerrière; cf. Diez.
Etijmolog. Wurterb. s. \"). est fréquent au moyen âge :
-Tnsi après, Us mdtrps Gantois tirent une rese ivr let
marches de ilainaut- (Olivier de la Marche, Ducange,
Kd. Henscucl, \ , 681); «Lue grande rese qui fut faite «or
les ciin mis di Dieu* < Froissnrl. Kd. Kcrvyn. VII, 48o).
LETTRES DE GATHE
une armée délivre*, ou faire retraicte. J'envoys
3 bonne somme d'argent pour les six ensei-
gnes du dil de Trelon estans audil Avesnes,
laquelle se répartira par les compaignyes en
tant moins de ce que leur est deue de leurs
arrierages, puisqu'on reste conjoiucture u'esl
possible de passer mou-Ire. Nous vous pryons
que le dil sieur de Trelon tienne la main que
l'on extende le dit argent le plus que l'on
peult el que les liants officiers et ceulx qui ont
plus de moien de suractendre et vivre ne re-
çoipvenl sinon quelque paiement modéré pour
non consumer la dite somme et que secy soit
usé de toute la discrétion requyse atant.
Caterine.
1554.)— 17 juillet.
Owg. Bibl. nat. fonds Clairambaull , t. 3/17, I 1730.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE Gl ISE.
Mou cousin, j'ay receu la lettre que m'avez
escripte par le sr de Ville(mur) ', à laquelle ne
vous puis pour ceste heure faire responce de
ma (main) pour me retrouver ung peu lasse,
et aussi que ce malin je vous aj jà esoript par
l'homme du seigneur Pierre2, vous advisant,
(mon) cousin, que j'ay esté très aise d'avoir
entendu par le dit (sieur) ce qu'il a pieu au
Roy monseigneur'me faire sçavoir (de sa) dé-
libération, el ne fauldray suivant sou voulloir
de (partir) samedv d'icy pour me rendre au
lieu que sçavez, et au demourant tiendrai
Cette locution devient plus rare au \wr siècle, et dès le
xvne elle disparaît de la langue militaire : dès i5i6,
dans le Dictionùrium latmo-gall. de Robert Eslienne, m-
cursionem faeere n'est plus traduit que parjure coi
ou saillie nu- les nmemit.
' La lettre a été un peu lacérée, mais II est facile de
rétablir les mots qui manquent.
M' Carie, cité dans une lettre précédente, et en-
voyé par Pierre Strozzi.
R I DE MEDICIS. 91
main, et d'heure à aultre sollicitera} m
cousin le cardinal de Tournon et au! 1res mes-
sieurs de son conseil à (ce qu'ilz) entendenl
el pourvoient dilligemment à tout ce que ledil
i ur) a e cript, tant pour le faicl
de ses Qnances que aultres provisions néci
saires pour le faicl de son armée, vous priant,
mil! (cousin), de tant que désirez me faire
plaisir, donner ordre, s'il est ( possible ) . que je
puisse dimanche ou lundy prochain avoir t-
\ elles du (Roy) monseigneur, qui me sera le
plus grand bien que je sçaurois (à ceste) heure
recepvoir; priant Dieu, mon cousin, qu'il
vous ayl en sa très saincte garde.
Escript à Reyms, le xvii" jour de juillel
(i55A).
\ ostre bonne cousine ,
ClTERINE.
(De sa main) : Mon coiisyn, ne craygnés
pour votre mo(vèse) ayscrypteure de me man-
der dé novelles deu Roy, car pourveu qu'ele
souyt bonnes el que je an sache sovant, je ne
la saré trover movese et l'eusyé vous (ayscripl)
d'eun charbon. Je suys byen mar(rye), vostre
femme s'an vé; mandé ly que me vyegne byen-
tot trover, se veolés que je panse qu'y vous
sovyegne de me tenyr (an la) bonne grase deu
Roy, de quoy je vous prie byen fort '.
(1554.) — 28 juillet.
Copie. Communiqué par M. le comte de Moutiers-MérinvUle.
\ M. L'ÉVEQUE DE BAYONNE.
Monsr de Bayonne, atlin que vous enten-
diez le discours du voyage du Roy depuys la
1 Dans une lettre datée de Mariembourg le i" juillet
l55Ù, le duc de (luise parle d'une lettre que lui aurait
écrite Catherine de Médicis pour l'évéchéde Bazas, dont
le choix du titulaire était, sur la demande de la Reine.
accordé à Pierre Strozzi. — Vov. Bibl.nal. f. IV. 3l38,Pl.
92
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
prinse de Bovysnes cl des ville el chaslenu de
Dynan, je vous envoyé l'extraict d'une leclre
(|ui m eu a esté escripte, affin que soyez tous-
juins participait des bonnes nouvelles que je
ri'cov ; el s'il en survient d'autres, je ne faul-
dray, Mous' de Bayonnc, de vous en donner
advis, pryanl Dieu qu'il vous ayl en sa garde.
Escript à Compiègne, le xxvme jour de juille!.
Caterine.
BoCHETEL.
1554. — 3 aoùl.
Bibl. du Louvre, B ia53. Registres du Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
lENAMT LA COURT DD PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrez les causes pour les-
quelles il a pieu au Boy monseigneur créer
el ériger quatre maistres des requestesvordi-
naires de son bostel, outre le nombre tant de
l'ancienne que des trois nouvelles créations,
par l'édict qu'à ceste fin il en a laid expédier,
que je vous envoyé présentement. Et pour ce
qu'il veult qu'il sorte son plein et entier effeet,
je nous prie et ordonne bien expressément
que vous ayez, incontinant la présente receue,
essans toutes raisons ou difficultez, à pro-
céder à l'entérinement, vérification, lecture et
publication dudict édict de poinct en poinct ,
selon sa l'orme et teneur, el m'asseurant que
ii \ ferez faulte, je fera} fin de prier Dieu.
Messieurs, qu'il vous ayl en sa sainte et digne
garde. Escript à Compiègne, le m" jour d'aoust
.556.
C NTER1NE.
BrJRGENSIS.
1554. — Milieu d'août?)
kul 'îibl. nal. fonds français, n° .'îao,3 , f° 6a.
A MA COUSINE
M"' LA DLCHESSE DE MONMORANCY.
Ma cousine, je su\s byen marrye de la
peyne ay anneuy où vous haystes de la mort
de. madame de Vvllars ' ay m'esayerois vou-
luntvers à vous consoler an teult sel qu'yl me
seiel posible, ancores que je congnoise vostre
vertu ay preudanse sv grande que vous pran-
derés set qu'yl plaist à Dyeu vous anvoyer,
couine venant de sa main; je vous plains an-
cores davantage de set que monsieur le con-
nectable n'est auprès de vous pour vous dy-
mynuer sayste fascberye. Je sav bien que vous
an savez sovant des novelles, mays pour sel
que j'en n'ay lieu ancores anneuyt, je vous
aseureré qu'y se pourle très byen, ay que
Dynan ' ayst prins sans avoyr andeuré l'asaull.
Quant à voslre dueil. ma cousine, je vous
veodrès demander conseil pour heune autre,
quy savez myeulx que personne commanl le
doyvenl porter de leurs mère les deucbeses
couine vous; mais je vous conseille, tant que
vous seréschez vous, de vous habiller le plulx
à vostre ayse que vous pourrez, ay vous prye,
pour l'amour de moy, ne vous fascher que le
moings que vous pourrez d'eune chose où il
n'y a point de remède, et pansés, sy vous
demeurvés malade, la peyne où seroyl mon-
sieur le connestable. Dieu vous en vueille
byen garder av vous donner autant de conso-
lacyon que vous an désire
Vostre bonne coumère el cousine.
CnTERIXE.
Au dos est écrit : Ma cousine, je ne nous ce-
leré que je panse avoyr senty bouger mou en-
fant, dequoyje suys bien aybéie3.
1 Anne Lascaris , mariée en i 198 au comte de \ illars.
— Voy. le P. Anselme, I. XII. p. 38g; et une lettre de
Marguerite de France. Bibl. nal. fonds franc. n° 3i5a,
p. 68.
Voy. pool la prise de Dînant, dépêche de Wotlon
du 99 juillet t55i, Kalendar of State papers , règne de
Marie, p. 108: François de Rabulin, collect. Michaud ,
t. Vil, p. 57a.
3 Voy- dépèche de Wotton . Kalendar oj State papers .
LETTRES DE CATHE
I 554. i 7 août.
. Communiqué par M. le comte de Mouliers-Mè*rin\iIie.
\ M. L'ÉVÊQI E DE BAYONNE.
\lims' de Bayonne . je vous advise que le
Roy lenanl assiégée la place de Renty1, l'Em-
pereur se délibéra venir lever le siège el pour
cesl effect, congnoissant ung bois prochain de
là fort advanlaigeulx tanl pour lui que pour
favoriser ladicte place, dès dimanche dernier
\n de ce movs sur le soir, envova un bon
nombre de arquebouziers ; ce que ayant le
l!o\ entendu, \ envoya de son coste' mess" les
ducs de Guise el de Nevers avec leurs compai-
gnies e1 quelques arquebouziers, par lesquels
furent incqntinanl reponlsez lesdits ennemis.
Mais le luncly matin voulant ledit Empereur
faire tout l'effort à luy possible de gaigner
ledil boys, \ feil marcher tout son advan-
garde, laquelle fut si bien el vaillammenl re-
cueillie des nostres, encores que le nombre
excédas! de beaucoup celui qui esloil lors
avecques lesdits sieurs de Guyse et de Nevers,
que toute ladicte advàngarde fut deffaicle et
mise en routte avec douze mille, que Alle-
mands que Espaignols, dont sur l'heure vin-
drent en congnoissance , et furent apportées
au Roy vingt et une enseignes tant de pié que
de cheval et cinq pièces d'artillerye de cam-
paigne. Et vous puys dire, Mons'de Bayonne,
que si les Espaignols s'attribuèrent quelque
occasion d'appeler l'advantaige qu'ilz eurent à
la Bicquoque une battaille gaignée, encores
qu'il n'y eusl de nostre pari perte d'enseigne
uy de pièce d'artillerye, à plus forte raison à
règne Je Marie, p. i3"; Catherine élail enceinte alors
du (tue d'Anjou et n'accoucha que le 18 mars i555.
1 Voy. pour la bataille de Renty , François de Rabutin .
collect. Michaud et Poujoutal, t. VII, p. '181 ; Lettre de
Dupral de Nantouillet, Bibl. nat. fonds liane n° 'ioÔ2,
f 33.
RINE DE MÉDICIS. 93
ceste deffaicte cy, où il \ a eu bon nombre
d'enseignes et d'artillerye perdues poureulx,
et que le camp en est demouré au lîn\ mou-
seigneur, nous pouvons nous vanter d'avoii
gaigné la bataille sur ledil Empereur qui n'a
laissé pour ses gouttes, comme j'ai entendu,
à bien vistement se retirer pour regaigner son
fort, ayant perdu audict combat de deux à
trois mille hommes mortz el <le quatre à cinq
cens prisonniers dont la pluspart son! gens
d'apparence qui n'ont esté encores du (oui
recongnuz. 11 se dict «pie Donqil Ferrant y a
esté tué, le conle de Nasso1, le s1 de Benig-
court2, un marquis d'Espaigne nouvellement
venu d'Angleterre et plusieurs autres de nom.
Ces! une très grande grâce qu'il a pieu à
Dieu de faire au Roy mon dit seigneur, à qui
en sont deues les louanges et remereyemens
comme à celui qui en est auteur et distribu-
teur, lequel après l'avoir de ma pari infinie-
nieul loué el regratié, non toutesfoiz si souf-
Bsemment que je doibz, attendu le grand
service qu'il lui a pieu nous eslargir, je plie-
ra) le Créateur, \Ionsr de Rayonne, vous avoir
dans sa saincte et digne garde. Escript à
Compiègne, le wn1 jour d'aoust 1 554.
Caterine.
bochetel.
( 1534. — 17 août.)
Minute. British Mus. collect. Egi/rton . miscell. lelters , vol. I\ i s6i
M^^ SUSCRIPTION
(A MADAME DE MONTMORENCY
Madame, je ne veulx faillir vous avertir que
1 Jean IV, comte de Nassau , frère cadet de Guillaume
le Taciturne, prieur d'Orange, commandail un corps di
troupes dans l'armée de l'Empereur. Le bruit de -.1 morl
n'était pas plus fondé que pour Ferdinand de Gonzague.
- Bugnicourl ou Bignicourt, un des chefs de l'armée
impériale. — Voy. Lettre de François de Montmorency,
Bibl. nat. fonds français. n° 3i 55 , f ■>-.
.('<
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
l'Empereur feignant vouloir donner bataille
[joui- empescher l'entreprise du Roy et lever
le siège devant le chasteau de Renly, a faict
marcher son avant-garde en bonne ordon-
nance de bataille jusques à ung bois bien pro-
chain de ce lieu, où nous avions mis quelques
ii arquebuses en embusche qui ont esté chas-
sées par la dicte avant-garde et repoussées,
mais ilz ont esté secourus par nostre cavalerie
qui a chargé de plus eu si grande furie la
dicte avant-garde, de façon quelle a esté mise
en déroute et eu a esté tué environ deux mil
hommes tant de pied que de cheval des enne-
mys et treize enseignes de gens de pied, trois
guidons de cavallerie et sept pièces d'artillerie
prinses, que le tout a esté porté sur ces tran-
chées pour le monstrer à ceux du chasteau
qui n'ont guères tiré, après les avoir veues et
ne font plus la bravade qu'ilz ont faicle; a esté
l'aict en la dicte bataille quatre ou cinq cens
prisonniers, tant Espagnolz que Allemands,
■I qui n'ont esté encore recogneus, sans qu'il
eu soit demouré beaucoup des nostres, et de
tout ce ne sont gens de nom. J'espère que
devant demain la dicle place sera frauçoise,
qui sera la plus grande honte que l'Empereur
receut jamais pour l'avoyr laissé prendre,
comme son armée si près de nous et en sa
barbe.
Caterine.
(Î554. — Fin août.)
lut. BiM. nat. fonds Français, n° 3ao3, f° 79.
A .MA COUSINE
M»« LA DEUCHESSE DE MONMOIUNSY.
Ma cousyne, depuys mon seupé le reseveur
de Sans m'a ayscrypl cornant le Rov, monsieur
le cdnestable set portet très byen et son party
davant Ranty cl veneu campera heune lyeulx
de Monlreul pour s'an revenyr tout beleniant
aveques l'hauneur que Dyeu Jours lia faysl
avoyr d'avoyr baieu son annemys; de quoj
je suys sy ayse que je n'é veoleu avoyr sete
joye sole san la donnere ausys à mes amyes,
de quoy je vous pause dé mylleure; ei vous
ay yncontynanl anvoyé set laquay pour vous
an n'avertyr, et vous pryer vous au venyr me
trover le plulx lot que vous pourés, vous aseu-
rant que ne seré jeamès sytot que le désyre
Vostre bonne cousyne et coumère,
Caterink.
( 1554. — Fin août.)
Orig. Arch. de Manloue. — Copie transmise par M. Aruiaud Baschel.
A MONSIEUR LE CARDINAL FARNÈSE1.
Mon cousin, j'ay reseu heune letre de vous
après la desfayte du maréchal Strossc 2 estant
à Conipiègne, à laquelle je vous feys response
byentost après et à set que j'ay antandeu par
Mademoyselle deu Goguier3 vous ne l'avyé en-
' Alexandre Farnèse, lits de Louis Farnèse, duc de
Parme, et d'Hieronyme des Lrsins, né à Rome le 7 oc-
tobre i5ao; nommé cardinal le 18 décembre i534 à
l'âge de quatorze uns, archevêque d'Avignon, eni53ô.
mort le a mars 1589. Il fut envoyé à Rome par Henri II
au mois de juillet 1 5 5 '1 pour gérer les affaires de France
durant l'absence du cardinal deFerrare. — Voy.àcesnjet
la lettre de Henri 11 au cardinal du Bellay, dans les
Mémoires d'Etal, de Ribier, t. II, p. 5a3.
■ Elle fait allusion à la bataille de Marciano gagnée
par le marquis de Marignan, le 3 août i55S. — Voy.
Boivin du Villars, édit. du Panthéon littéraire, p. 667;
Cornant Maires de Montluc, édit. de Buhle, t. Ier, p. ^t * V — :
Segni, Storia Fiorentiun, édit. de 1726, p. 371 ; et un
récit de cette bataille par Pierre Strozzi, Bibl. nat. fonds
Dupuy, vol. 5oo, f° 34.
■ Mural, dans ses Etrennes aua liâmes de lu cour, finit
par un quatrain à «madame Du Gaugier», édit. de P.
Jannet. t. II, p. a 10. Dans les œuvres de Saint-Gelays
nous trouvons : Abnanach à madfone Du Gaugier, édit. de
M. P. Blanchemain, 1. I" , p. a'uj; ce serait selon lui,
Marie Hélin, épouse de Louis Burgensis (de Blois), le
médecin de François f", puis de Henri II.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
95
cores bene, quant vous luy ayscryvistes, de
quoj je suis en pe\ ae, car je ne vouldroys pas
qu'elle fus! perdue; aussi elle m'a dicl que
\ n 1 1 s eraygnyés eslongné de ma bonne grâce;
je serois bien marye que vous heusyès sayste
opinion, car vous n'avez pareille qui ayl pleulx
d'envve de fayre pourvonsel vostre eontante-
menl que moy et pour tous ceulx qui vous
louchent, corne vous congnoisfrés en toul ce
que nie vouldrés employer; ay depuis reseu
deux de vos letres, rime à Villers Costeretz el
i'aullre an sayle ville, à quoy j'attendois à l'aire
response que messer Thoma^o del Vecchio
l'usl arrivé; la venue du quel n'a poinet dimy-
nué au Roy la bonne voulunlé qu'il a de
secourir les choses de delà, comme je say
qu'il nous mandera bien au long, vous prianl
mon cousin, de vostre part, voulloir continuer
à \ eslre affectionné comme vous avez tous-
jours esté, de quoy je ne vous sarois assez
remersyer ay de la bonne voulante que vous
avez particulièrement, à mon cousin le niares-
cdial Strozzi .laquelle je i erongnoistré lousjours
d'aussi bon cueur que ce que Nostre Signeur
vous faira contant.
Vostre bonne cousine,
Gaterine.
1554,
gtembre.
Orig. Arch. rie Mnnloue.
\ MON COUSIN LE DEC DE MANTOUE
Mou cousin, ayant entendu corne Augustin
Suzanini, Mantouan, pour l'homicide par luy
commis en la personne de Jacques Bonpulci,
natif de Veronne, dix ans sont ou environ, et
eslans lors l'ung et l'autre encores jeunes en-
fans, l'ut par vous dés ce temps là banni de
sa patrie, et obtempérant à la requesle el
prière d'aulcuns mes principaulx serviteurs et
aultres gens de bien qui me l'ont recommandé
en toute affection, j'ay bien voulu vous es-
cripre ces!'' lectre, vous pryant de bon cueur.
mon cousin, et le plus affectueusement qu'il
m'esl possible, que considérant le temps et
l'âge du dicl Suzanini lorsque le délit fusl
commis, ayant esgard aussj aux pertes el
dommages, poynes et molestés qu'il a souf-
I ri/, depuis qu'il est en exil, qui luj peuvent
tenir compte d'une bonne pugnition, i! vous
playse avec tout cela , pour l'amour de moy. lin
remectre et pardonner ceste faulle, le rape-
lant, le restituant entièrement en sa maison el
biens et luy en l'aire expédier telles leclres
qu'il se y puisse librement et seuremenl repa
trier el retirer, et encore l'avoyr en toutes ses
aultres affaires pour bien recommandé. En le
faisant, oultre qu'il vous en demeurera toute
sa vye Ires grandement oblygé, vous me ferez
tel el si orant plaisir que vous vous pouvez
asseurer; où il se présentera quelque occasion
pour le recognoistre en vostre endroicl je le
feray d'aussi bon cueur que je prye Dyeu,
mon cousin, vous donner ce que désirez. I)e
Villers Costeretz, ce \\\n" jour de septembre
i554.
Vostre bonne cousine,
Caïerine.
1 55/i. -r- 6 octobre '
'lui;. Bîbl. Il.ll. tonds l'iîMIi. Il-- . Il ÎUJ-.'Î , I grj
V MON COUSIN
MONSIEUR LE M UîESCII \L DE BRISSAC.
Mon cousin, le s' Paul Anlhoine Suderin,
gentilhomme florentin, m'a fait entendre par
l'une de mes princippaulx offieiers que puis
1 -Voy. dépêche deWotton, Kalendar qj State paperi
rèjjtio cli' Marie, p. i s3.
96
certain temps ung sien lîlz prieur de Noslre-
Dame de Thurin est allé de vie à trespas, au-
quel lors de son décez estoit deu à cause du
dicl prieure' tant en argent, grains que autre
revenu quelque somme notable, de laquelle
ne pourrait avoir paiement sans le moyen du
Roy monseigneur et le vostre, et d'autant que
désire taire aide de mon pouvoir au dict gen-
tilhomme, je vous prie, mon cousin, luy voul-
loir tenir main et en faveur de moy le l'aire
si favorablement traicter que son droict lui
soil gardé et réservé en bonne justice, acten-
dant que pour raison de ce il obtienne du
Roy mon dict seigneur plus ample provision,
si besoing est. Eu quoy faisant, vous me ferez
plaisir bien agréable.
Escript à Chantilly, le vie jour d'octobre
i55i.
\ ostre bonne amye ,
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Escript à Paris, le iv" jour de novembre
1554. — A novembre.
Orig. Arch. de Manloue.
A MA COUSINE
LA 'DUCHESSE DE MANTOUE1.
Ma cousine, j'ay receu les lectres que m'avez
escriptes èsquelles m'avez faict entendre l'ayse
que vous avez eu du mariage que vous avez
faict de vostre lille donna Isabel avec le mar-
quis de Pesquaire2 etvous advise, ma cousine,
que je suis bien ayse de ma part du contente-
ment que vous en avez, qui sera l'endroict où
je vais supplyer le Créateur vous tenir en sa
saincte et digne garde.
1 Marguerite Paléologue, fille de Guillaume Paléo-
logue , marquis de Mdntferrat , et d'Anne d'Alençon , veuve
de Frédéric 11, duc de Manloue.
J François Ferdinand, fils d'Alphonse d'Avalos, mar-
quis d>-l \aslo puis de Pescaire, et de Marie d'Aragon.
.554 '.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
(1554.) — 6 décembre.
Orig. Arch. de Manloue.
A MA COUSINE
LA DUCHESSE DE MANTOUE.
Ma cousine , pour l'affection que avons d'en-
tendre de vostre santé et bonne disposition, le
gentilhomme qui m'a apporté la leclre que
m'avez escripte, m'a donné granl plaisir el
contentement de m'avoyr faict entendre la
cbarge qu'il avoit de vous; il vous dira de ma
part ce que luy ay dit et faict entendre el le
bon estât en quoy il a trouvé le coule Ludovic-,
vostre filz, lequel avons toujours en telle et si
bonne recommandation que je désire, comme
aussy feray prière à Nostre Seigneur vous
donner, ma cousine, outre bonne santé, longue
et heureuse vye. De Compiègne, le sixiesme
jour de décembre.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1555. — au lévrier.
Orig. Bihl. nal. fonds français, n" ao3aô, f" 19.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE MARESCHAL DE BKISSAC
Mon cousin, ce gentilhomme présent por-
1 Voy. dépêche de Wotton, Kalendar of State papers,
règne de Marie, p. i3g.
- Ludovic de Gonzague, troisième fils de Frédéric H
deGonzague.qui était élevé avec le Dauphin.— Voy. Lettre
de Henri II annonçant son arrivée, Bibl. nat. f. Clairam-
bault, vol. 6o. — Voici ce qu'en dit Brantôme : «Ludovic
sde Manloue avoit esté nourry du roy Henry près mon-
ttsieur le Dauphin et en sa court, si bien qu'il lui 1res
fbon et loyal François. » (Ed. Lalanne, t. IV, p. 37g.)
:l Charles de C.ossé, premier du nom, comle de Bris-
ETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
97
■ m nommé Jehan Alamanni, ayant grande
envie de faire service au Roj monseigneur
auprès de vous, esl occasion que je unis es-
criptz la présente pour vous adviser que luy et
ses prédécesseurs et tous ceulx de leur famille
cm( esté tant asseurez et affectionnez serviteurs
des miens et de moy que je désire pour recog-
uoissance de ce m'employer, et faire pour le
dict Àlamanni tout ce qui me sera possible
pour son liien et advancemenl; et pour cest
effecl je vous prie bien affectueusement que,
pour l'amour de moy, vous lui vueillez donner
moyen de s'employer au service du Roy mon
dict seigneur et de vous, l'asseurant homme
de bien, adextre et expérimenté aux armes et
tel qu'en aurez grant plaisir et contentement,
et sçay que quant ce ne seroit que pour les
lionnes parties qu'il a, que vous ne le laisseriez
sans honneste et convenable appointement et
entretenement, qui me faict asseurer que,
joinct avec cela ce que vous vouldriez faire
pour moy, il ne luy défauldra riens pour se
pouvoir employer et faire son devoir selon la
bonne voluulé qu'il en a; et sans vous en faire
pins longue lettre, je le vous recommande
d'aussi bon cueur quej'auray très agréable le
plaisir et laveur que lui ferez et que je prie
Dieu, mon cousin, vous donner ce que désirez.
De Fontainebleau, ce \\c jeur de febvrier
Vostre bonne amye,
Caterine.
I
1555. — a mars.
Orig. Ardi. des Médicis . dalla lilza (173G, nuovo numeraziooe, p. isg.
A MON COUSIN
LE MARESCHAL STROZY.
Mon cousin, avant sceu par de Plais, mon
sai . fils aîné de René de Cossé et de Charlotte Goutlier,
créé maréchal en iôjo, mourut à Paris le 3i décembre
1 r>f>3 , à l'âge de cinquante-sept ans.
CiTtlEBlNE DE MÉDICIS. I.
secrétaire, que il a ung sien ncpveu par de là,
nommé Hauldry, aiant charge soubz le tré-
sorier de l'extraordinaire, lequel a bon com-
mancement et encores meilleur désir de s'em-
ployer au service du Roj monseigneur, el pour
ce que le dict de Plais, qui est de mes plus
anciens serviteurs et l'un de ceulx que Rem-
ployé le plus ordinairement en mes affaires
plus recommandez, mérite que les siens s'en
ressentent, je veulx bien, en faveur de luy,
favoriser son dict nepveu en tout ce que pour-
ras . mesmes en ce qui concerne le service du
dict seigneur; pour ceste cause, mon cousin,
vous ay je voulu escripre la présente pour vous
prier tant que je puis que vous faictes mec-
tre le dict Hauldry en l'estat des contrôleurs
pour faire ces monstres des compaignyes et
en autre chose où vous congnoistrez qu'il
pourra estre employé, l'advancer et favoriser
en tout ce qu'il vous sera possible, vous as-
seurant que vous me ferez bien grant el
agréable plaisir, pour le désir que j'ay de faire
congnoistre au dict de Plays que les services
qu'il m'a faietz profictent non seulement à
luy, mais aux siens. Et à tant je prie Dieu,
mon cousin, qu'il vous ait en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le 11e jour de mars
i55i (i555).
(De sa main) : Je vous prie fayre le tyeul
plésir que vous pourez, pour l'amour de moy.
au neveu de mon secretère, n'ayent tent à
ceur que d'ariver à vous fayre plulx à plésir.
Votre bonne cousine,
Caterine.
(1555? — Mai?)
Aut. ililil. nat. fonds français, 3i5o. t 3
A MON CONPÊRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère. je reseu anuit voslre letre
i3
98
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que Monsieur l'amiral m'a ballaye, ay seuys
bien ayse de avoyr veu que vous portés byen.
Quanl au cuysinyer que me mandés, je n'nn
veos poynt pour set coup, car je fayré tort au
pappe <iui seré 1, car je m'asseure byen que
s'y n est tyeui que l'on se fet acroyre, qui
iiouré byen ancore avoyr set bon aufysyer.
.le croy que nous an sereon byentot dé no-
\ elles. Quant au myenes, ayle sont bonnes. Je
prye monsieur l'amyral de vous an mander,
car j'é tourjour peur que ne puysyé lyre mes
letres, qui seré cause que je fayré fyn, me
recomandant à vostre bonne grase et pryant
Dyeu vous donner ausy beureus voyage que le
vous désyre
\ ostre bonne coumère et amye,
Caterine.
1555. — ah mai.
Orig. Ai-cli. de Mantoue.
V MA C0LS1NE
MADAME LA DUCHESSE DE MANTOUE.
Ma cousine, je n'ay pas voulu laisser partir
Gérin , mon valet de chambre , présent porteur,
-ans la présente, laquelle sera seulement pour
' Montmorency, auquel est adressée cette lettre, ayant
été nommé connétable le a3 août i 538 et étant mort
le 10 novembre î ô ( 5 7 , cette désignation c Le pape qui
-sera-) ne saurait s'appliquer à Paul III, assis sur
le trône ponti6cal depuis i53ù, et ne peut désigner
qu'un de ses successeurs antérieur à » 5Cy, c'est-à-dire
l'un des cinq papes: Jules III (i55o-i 5Ô5) , Marcel
(i555-t555), Paul IV ( j 55."">- 1 55g) , Pie IV (i55g-
1 565), et Pie V (1 5G5-i 57:1 ). Si l'on rapporte celte
lettre a 1 555 (ce que rend plus que probable la double
élection d'un pape en cette mémo année) , elle ne pourrait
en aucun cas prendre place qu'après la lettre du 3 mars,
puisque Jules III ne mourut que le "3 mars, et sans
doute avant celle du 1 '1 mai , puisque le pape Marcel , mort
le 3o avril i555, fut remplacé le a3 mai suivant par
Pa.d IV.
vous asseurer de la bonne vol un té que j'a\
de vous faire plaisir en ce que me voudrez
employer, corne vous cognoislrez toujours par
effect quant les occasions s'en offriront et
même à l'endroicl de mon cousin votre filz.
Comme j'ay donné charge au sr Gérin vous
dire plus amplement, qui me gardera de
vous en faire aultre discours eu la présente
que de vous pryer de le croyre de ce qu'il
vous dira de ma part, pryant Dveu, ma cou-
sine, qu'il vous ayt en sa saincte et digne
guarde.
Escript à Fontainebleau, le xxiiii0 de mai
1 555.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
( 1555. — Fin mai.)
Aul. Bibl. nat. fonds français, n" 3iag, fJ 36.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONTESTABLE.
Mon conpère, j'é aysté byen fort ayse de
savoyrde veos novelles, et pour se que Rober-
let vous d\ré dé myenes, je ne vous dyré
synon que je me porte myeulx et aveques
plulx de aucasyon que quant Rostyn ' parlvl .
corne je vous manderé sy je avès le loysyr;
mes yl est tant àlé de partyr que je le reme-
teré à heun aultre fouys, et ausy pour vous
il\ re que je suys an pouyne de set que le syége
avsl à Porlercole2, non pas que je ne m'a-
seure que le marychal Strozy y maura3 plulx
tôt que yl an lèse venyr yncovényent. mes je
crayns que, ynsyn qu'y feut abandonné av
lésé1 au jour de la bat aile5, que ausy asteure
1 Tristan de Roslaing.
2 Port-Hercules.
; Maura, mourra.
' Lésé, laissé.
5 Elle fait allusion à la bataille de Marciano. Voici ce
LETTRES DE CATHEKINK DK MKDICIS.
«)!)
(oui sous qui -oui aveques lu\ ne aye parelle
afayctyon . m volante au servyse deu Roy qu il
a, ef qu'i lu\ fasenl quelque méchanseté, veu
qu'i n'a guyère de FraDsès aveques luy, ny
a ultre jeans à qu'il se puyse fyer; mes je ays-
père que avent (ju'il est le loysyr d'y fère
guyère d'efort que vous ares faysl quelque
chause de bon au vous aystes '. \ guardànt
lourjour la répeutatyon deu Roy, come me
mandés; car je m'aseurebyen que. là heu vous
-■Tes, que l'on n'y aumeteré ryen. Quant au
pappe j n'y an y a ancore poynt; Dyeu nous an
douj nt lieun bon '2. Je me coureuseré volanlyer
à \ou< de me remersyer de set que a\ anvoyé
à madame la concstabic, car vous vous pouvés
aseurer que tout set qui vous loucheré el que
aymerés que je ne faudréjeamès de fayre pour
Ih'us come pour moy-même, car je n'oublyré
jeamès l'auMygalyon que je vous ay, et aseuré-
vous-an. Je ne vous en dyré davantage, car
vous n'y treoveré jeamès faulle, et vous prye
me tenir autant à vostre lionne grase, come
je vous lyens à la myene.
Vostre bonne coumère et amye,
CaTERINE.
i|u'ini lit dans l'histoire clos hommes illustres de la mai-
son de Médicis : r Quand les hommes d'armes du mar-
-quis de Marignan approchèrent quiestoient environ
-quatre cens, la cavalerie du comte de La Mirandole
rse retira et se mit en fuite.- (Paris, Charles Périer,
i56â.) — Voy- Segni, Storia Fiorentma, p. 218;
Commentairei de Mordue, édil. de Ruble, t. 1", p. 565
el suivantes; Discourt de Piern Slrozzi sur lu bataille
Marciano, Bihl. nat. fonds Dupuy , 11° 56o ,
l'°3'i.
1 Le connétable était alors aux conférences d'Ardres;
l'évêque d'Arras écrivait de Gravelines le 18 mai : sLe
-connétable sera lundi à Ardres.a | Papiers d'Etal du car-
• lie Granvelle, t. I\ . f '12.)
Marcel, élu pape le 9 avril ■ 555, mourut le 3o avril.
el Paul IV, son successeur, fut nommé le a3 mai sui-
vant. 1 555.
( I 555. Juin.)
\ut. Bibl. uat. fonds français, "' 3iaa
v MON COMPÈRE
MONSIEI 11 LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'é reseu vostre lefre aj
seuys byen marrie de set que lé chouse ne
prègne si lot la fyn que je désirerès, mes si
ne me puige désespérer qu'i n'an n'aviegne à
la fyn lieune bonne pays1, voyent que Dyeu
n'a pas veoleuqu'i l'aye, s'et que, à mon avis,
y s'atendès de Casai'2, qui seré par vanteure
cause de lé fayre aystre plulx résonable qui
n'ont aysté jonques ysi, set que je désire de
bon cour; et en prie à Dyeu encore daventage
depuis que je ay set bien et beur de revoyr le
Roy, afyn que je n'aye plulx d'aucasion de le
abandonner pour nie voyr contyneuer en la
joyequejeay d'estre aveques luy et l'bauneur
qu'il me fayst de me fayre si bonne chère que
je ne la sarès désirer milleure; el m'aseurant
que n'an serés marri, je le vous ay bien veoleu
mander et ensanble vous fayre mes recoman-
dalyon et prier Dyeu vous donner la grase de
revenir aveques benne bonne pays.
\ 1 1 s ( ro bonne coumère el amye,
Caterine.
( 1535. — Fin juin. |
\nt Bibl. nat. fonils français, n° 3i2D. I lit
A MON CONPÈRE
MONSIEI II LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'é aysté byen ayse de savoyi
1 Elle fail de nouveau allusion aux conférences d \r-
dres.
- Les Français, sous la conduite du capitaine Saluu-
son, s'emparèrent par surprise de Casai. — Voy. Lettre
de fin mars 1 555 ( Papier» d'Etat du cardinal de Granvelli
t. IV, p. &23); Y. François de Rabulin, coll. Michaud .
t. Vit. p. 393; De 'f hou. liv. XV; Litta. FamigUe italiam
i3.
100
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
île veos novelles par Lansac et byen marrye
deu peu d'espérànse qu'il m'a donné de ryen
de bon pour la pays ny brève1. Dyeu, par sa
grase, veolle amolyrles ceurs de veos dépeutés
ynpéryauk et fase corne yl a acoteumé que à
l'eure que l'on s'ay désespéré deu (oui qu'il
monstre sa puysanse, car je n'an n'eu jeamès
plulx d'anvye; ancore, mon conpère, que je
ayspère byen que sy l'Anpereur ne la vcolt que
Dveu l'an peunyre', ay aydera au Roy de s'être
myx an teule devoyr corne yl a fayst; car déjea
vous dyrié que y ly anvoye tou playn de belles
antreprynse , ay fasyle à ayséceuter, sy l'armaye
deu Tourc vyent corne l'on dyst; et pour se
qu'ele ne se peovent fayre sans arjent, j'é trové
moyen que ynsyn que vous dyre' Vylandry 2 de
ma part que l'on luy presteré deus sans syn-
quante myle esceus, et promesse de le ranbor-
ser de teut an cas que lé cbauses avyegnet
corne je ayspère qu'il fayront. Je luy ay conté
tout pour le vous dyre pansant que Porlercole
l'euse désasyégé, mes ne le aytant poynt corne
voirés, vous ne laré pas pour sela , pour l'amour
de moy, de le aysceuler et an mander vostre
aupynyon au Roy, afyn que, yncontynent Po-
tercole désasyégé3, le Roy sacbe vostre réso-
leusyon pour anployer sete armaye; car y ne
la lault pas léser chômer, cornent aylle a fayst
les aultres fouys et prysypalement asteure
à l'article Gonzague. Henri II écrivait au connétable :
s Quand ils enlanderront les nouvelles que je vous é
"mandé de Casai, je panse qui meteront de Peau en
rieur vin.- (Bil)l. nat. fonds franc. n° 3i3g, f° as.)
1 Voy. une tellre du 8 juillet annonçant la rupture
des conférences d'Ardres, dans les Papiers d'Etat >ln
cardinal de Granvelle, t. IV, p. /i3o.
Iran Le Bretlion, sieur de Villandry.
' Les prévisions de Catherine de Médicis ne se réali-
sèrenl pas; les bastions qui protégeaient Port-Hercules
lurent enlevés par le marquis de Marignan le 1 3 juin et,
au mois de juillet, la ville était rasée. — Voy. Cahndur
</ State papers, règne de Marie, p. 170-179.
que nous avons heun pappe bon ' pour le Ho\ .
au y seré le plulx méchant qui feut jeamès;
et an setpandant qu'il est an bonne volante
luy donner aucasyon de la monstrerausy byen
par ayfayst corne yl a dyst de belles paroles cl
s'auster, car yl y a danger que quelque catare
l'éteufe comme pappe Marselo2. Quant à mes
aultres novelles, set porteur vous en dyré, qui
seré cause que je layré fyn, me recomandanl
à vostre bonne grase.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
( 1 555. — Fin juin3.)
Aut. IîîIjI. nat. fonds français, n° 3 157 , f° g3.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'é peur de vous ynporleuuer
de vous ayscrypre sy sovant, mes se m'et latil
de plésyr, ne povant parler à vous, de savoyr
de veos novelles et vous mander dé myennes
que sela an est cause; et pour se que vous
savés la fyanse que j'é an Rostyn et ausy
que je say cornant y vous ayst servyleur ly-
dèle, je luy ay donné charge de vous dyre sel
que vous veolès mander par Monsyeur l'Amy-
ral et me remetant seur luy, je ne vous layré
plulx longue lelre, après vous avoyr dyst (pie
je auvoye la Rerlandyère dever madame la
conestable pour la servyr an sa maladye3, la
quele, je ayspère, ne seré poynt dangereuse,
d'autant que teut asteure le Roy an n'a heu
dé novelles qu'ele ayst byen fort amandée. de
1 Paul IV; Jean-Pierre Caraffa, né en 1 '176, élu pa pi-
le a3 mai 1 5 5 5 , mort le 18 noùl 1 55g.
3 Marcel II, cité plus liant.
J Dam ville, dans une lellre du ■> 1 juin i555, parle au
connétable son père de la maladie de la connétable sa
mère et des conférences de Boulogne où se trouvaient
Coligny elle connétable. — Voy. liibl. nat. fonds français,
n° ao'iSa, P 1 55.
LETTRES DE CATHI
.juin je suys byen ayse; el vous prye panser
que an teut set que je saré, au panseré la po-
ïoyrsecouryr cl luy ayder à recovryrsa santé
nue je y n'y aypargneré chause qui souyt an
ma puysanse; car le plulx grant plésyr que
je puyse avoyr s'et que je vous puyse fayre
conestre l'amour que je vous porte et à tout
set quv vous touche!, ancore que m'aseurc que
n'an fayle doutte, non plulx que je fouys de
vous. Je prie Dyeu qu'i luy douyu bonne santé
i>l à vous sel que désirés.
Vostre lionne couinère el amye,
Caterine.
I 555. — 16 juillet.
Oriff. Bibl. nal. Cinq cents Colbert, n1 3g3, 1» 33.
\ MONSIEUR DE S1 LAURENS1,
.OREILLER DU ÎIOÏ ET SON *UB\SSADF.(n ES sClS^E.
Monsieur de S' Laurens, nous verrez ce que
le Roy monseigneur vous escript en laveur
de mes cousins les contes de la Chambre, pour
favoriser en tout ce que vous pourrez l'accord
qu'ilz désirent l'aire avec les créanciers qu'ilz
ont en Suisse et pour lequel ilz envoyent par
dellà ces deux genlilhommes présents por-
teurs, el avant délibéré, ainsi qu'ilz m'ont dict
de venir à si honnestes condicions avec eulx
qu'il vous sera bien aisé de les ayder grande-
ment en chose si raisonnable, et encores que
je m'asseure que vous ne fauldrez d'y faire tout
le meilleur office que vous pourrez, si esse que
pour m'atoucher de parenté et les cognoitre
1 Bernardin Bochetel , fils de Guillaume Bochetel et de
Marie de Morvilliers, fut d'abord abbé de Saint-Lanrens
(diocèse d'Auxerre), puis, par le crédit de son oncle Jean
de Morvilliers, évêque d'Orléans, il entra au Conseil du
Roi. En i ôô'i , il fut envoyé en quatilé d'ambassadeur en
Suisse, et en 1Ô60 en Allemagne. 11 mourut vers 1070.
Le numéro 3g3 du Cinq cents Colbert tout entier
renferme les lettres qui lui furent adressées de i55'i à
i55o.
EUNE DE MÉD1CIS. 101
bons el affectionnez serviteurs du Roj mon
dicl seigneur, je ne les veulx faillir de ma re-
commendation en vostre endroict, vousprianl
que vous vous employez en leurs affaires de
5j bon pié et avec si honnestes moyens qu'il/
puissent parvenir au dict accord, ce que vous
sçaurez bien l'aire, avec telle prudence el dex-
térité, comme le Roy monseigneur le vous
escript et comme vous sçavez estre nécessaire
pour le bien de son service, priant Dieu.
Monsieur de S1 Laurens, qu'il vous donne ci-
que plus désirez.
Escript à S' Germain en Lave, le xvi' jour
de juillet 1 555.
Gaterim
Roi'RDIN.
I 555. — 5 octobre.
Orig. Bibl. uni. fonds Moreau , n" 832. P 61.
V MESSIEURS LES CONSEILLEES
DU ROY MONSEIGNEUR.
EN SON l> U',1. F.V1F.XT \ DIJON.
Messieurs, combien que je ne vous aye en-
cores escript des affaires qui sont pendans par
devant vous entre la vei've du feu sr de Mont-
fort, ma cousine1, et principallcment d'un pro.es
qu'elle a contre le sr de Belvois, Bourguignon
estrangier, qui s'efforce sans juste occasion, a
ce que j'entends, la travailler en procès et
choses qui ne sont raisonnables, si esse ce qu.
je l'av à ce besoing voulu faire et vous priei
bien affectueusement l'avoir en bonne justici
pour recommandée et considérer de combien
doit plus estre graliffié ung subject du l'un
monseigneur luy ayant faict telz devoirs et
services qu'a faiclz le dict l'eu sr de Montfort,
que celuy qui luy est ennemy; au moyen de
1 Françoise de la Queille, tille de François "de la
Qoeille el de Marguerite de Castelnau.
[02
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
(|uov et que je désire subvenir en tous les af-
faires de la dicte vefve de mon pouvoir, je vous
prie que, à ma faveur, vous veillez avoir ses
dicts allaites pour tellement recommandez
qu'elle en puisse avoir bonne et briefve yssue,
chose dont je me ressentira y tant en général
que particulièrement, quant d'aulcune chose
me vouldrez requérir; à tant je prie Dieu,
Messieurs, qu'il vous ait en sa garde.
EscriptàS' Germain en Laye, le cinquiesme
jour d'octobre i5-J5.
Caterine.
Marchant.
1536. — si janvier.
Orig. Bihl. nat. fonds français. n° agi6, f" 39.
A MONSIEUR Dl BOUCHAGE1.
Monsieur du Bouchaige, Jehan Narbonneau ,
I un de mes fourriers, m'a faict entendre qu'il
a puys naguères acquis du sr de la Baraudière
une maison estant en vostre fief de Beaumont
près Chinou pour le pris de huict cens livres
tournois à faculté touteffois de rachapt dont
le temps dure encores, et pour ce que les
droietz et profficlz seigneuriaulx ou féaudaulx
vous apppartiennent pour raison de ladicte
acquisition, je vous ay bien voulu escripre la
présente et prier que en ma faveur vous vueil-
icz donner et remectre audicl Narbonneau ce
que vous peult appartenir pour les dietz droietz
seigneuriaulx ou féaudaulx. et le traicter en
ce faict, pour amour de mov, le plus doulce-
ment et gratieusement que vous. pourrez. En
quoy vous me ferez bien grant plaisir que je
recongnoisteraj voulontiers et de bon cueuren
1 René de Batarnav, comte du Bouchage, seigneur do
Monlrésor; il avait épousé la tille puînée de Rem-, bâtard
i' Savoie, et se trouvait ainsi le beau-frère du connétable
■ le Montmorency, marié à Madeleine de Savoie: il mourut
en novembre i58o.
voslre endroict a' offrant l'occasion. A tant je
prye Dieu, Monsï du Bouchaige, qu'il voit? ayl
en sa saincte et digne garde.
Escript à Cbamborl. le \\iinm jour de jan-
vier 1 555 (i55G).
Caterine.
Deplays.
( 1556.) — 5 mai.
Orig. Arch. des M<-dicis , dalla Glza 6726 , nuova numoraiione , p 1
A MON COUSIÏi
LE CARDINAL DE FERRARE .
Mon cousin, j'ay receu deux lettres que
vous m'avez escriples", et veu le contantement
(pie vous avez de mon cousin le mareschal
Strossi'2, qui m'a este' bien fort grant plaisir,
et suis assurée qu'il continuera tousjours ii
faire son debvoir en vostre endroict, et n'ou-
bliera rien qui touche le service du Bov. nv le
vostre aussi. Vous n'avez pas eu tort de dire
que je serois bien ayse d'entendre ces nou-
velles, car elles m'ont esté fort bien agréables
et espère que d'iev en avant j'en auray tousjours
plus grant contentement. Je remetz sur la suf-
fisance de Manne3 à vous dire de toutes celle-
de deçà , et vous prie m'excuser si je ne vous
escriptz de ma main. Je suis si preste d'accou-
cher1 qu'il ne m'est possible escripre; mais
1 Hippolyte d'Esté, dit le cardinal de Ferrare. lils d'Al-
phonse I", duc de Ferrare, et de Lucrèce Borgia. né I'
■ '1 mars i5og. archevêque de Lyon, puis cardinal en
i558, légat en France en 1061. mort en décembre 1072.
2 11 était à Rome en i556.
' L'abbé de Manne, cilé plus haut, p. 7 1 .
4 Elle n'accoucha que le e'i juin de deuv filles, Jeanne
et Victoire, dont la dernière venue au monde rdemeura
morte six heures en sou ventre, qui convint rompre une
jambe pour saulver la dite dame.- (Dépèche de l'ambas-
sadeur Renard , Papiers d'Etat du cardinal de Graiwelle.
t. Y, p. 61 3.) — Voy. dépêche de Wolton, Kalendar 0)
LETTRES DE G AT H
\ous ne laisserez, s'il vous plaist, de panser
qu'en tout ce qui vous touchera, je n'oublieré
jamais rien de ce qui sera en ma puissance;
me recommandant bien forl à vous, je prie
Dieu vous avoir en sa saincte garde.
De Fontainebleau, ce v" may.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS. 103
priant Nostre Seigneur vous donner ce que
\ oslrc bonne nièce,
Caterine.
désirez '
(I55G. — 17 mai. |
Orif;. Arch. de Mantoue.
A MON ONCLE
MONSIEUR LE DUC DE FERRAI! E.
Mon oncle, vous envoyant monsieur le
Prince notre ambassadeur, encore que je sache
bien qu'il soit instiuict de toutes choses et qu'il
ne nous faille après cela des redistes, je n'ay
laissé pour cela de vous prier le croire de ma
part comme moi-mesme, et si les choses ne
son! du tout comme les désirez que pour cela
ne laissiez de continuer la bonne volonté que
avez toujours aportée au Roy, vous asseuranl
que ne la sçauriez continuer envers prince qui
vous estime plus qu'il faict. Je suis asseurée
qu'il vous le fera toujours cognoistre davantage
quant les occasions se présenteront, pour quoy
je vous prie n'avoir point de regard aux choses
présentes et ne vous an-ester pour peu de
chose, mais seulement penser à ce qui peult en
advenir et à l'amour qu'il vous porte et à l'en-
vie qu'il a de faire toujours davantage pour
vous aider; de ma part, vous pouvez asseurer
que n'avez parente qui s'emploiera de meil-
leur cueur en toutes les choses qui vous tou-
cheront que moy, ni qui aye désir de vous faire
contentement, qui sera l'endroict où feray fin,
State papers, règne de Marie, p. a36 j Cantique sur la nati-
vité a\ Madame I ictoire, fille du roy Henri II , par le s' de
la Maison-Neuve. Paris, i556, in-8°.
(1556. — Août.)
Orig. Bibl. nal. fonds français, 11° S119, f° 38.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'é entendeu par Lavau que
vostre l'yls2 seré mécredy a Péronne3, de quo\
je suys byen ayse et vous prye vous aseurei
qu'i ny éré jeamès personne qui set réjouyse
plulx de tous veos ayse et contentemens que
moy. Je ayspère que, puys qui comansent à
fayrequelquegrasyosité, que nous n'aronpoynt
la guère, corne l'on nous avest veoleu fayre
acroyre ysy, de quoy je louré Dyeu et le prye,
mon conpère, vous donner set que désyrés.
Vostre bonne coumère et amye,
i] iTERINE.
Mou conpère. en ferment sete lelre je an
n'é reseu heune de vous, par laquele me man-
dés que le léguât4 s'en vé bien contant, de
1 Voy. pour L'intelligence Je cette lettre, uneletlredi
l'évêque de Lodève, dans Ribier, t. II, p. (i'17.
- François de Montmorency, prisonnier depuis la prise
de Térouanne. Dans une lettre au connétable, novembn
1 553, il dit qu'il dépense 3 écus par jour et qu'il doit
déjà -'ion écus au sieur de Bogniconrt. (Bibl, nat. f. Ir.
n°3i55, P 54.) — Dans une autre lettre du G avril
Î554, il ajoute qu'il n'a pas d'air dans sa chambre depuis
dix mois (même volume, S" 07).
5 L'ambassadeur Renard écrivait, le 37 juillet l556 :
«On a envoyé 5o,ooo écus à Péronno ])nur la rançon du
sieur de Montmorency.» (Papiers d'Etat du cardinal de
GranveUe, t. IV, p. 666.)
1 Le cardinal GaraSâ, neveu de Paul IV; il avait fait
l son entrée à Lyon le 4 juin, et à Paris le 27 juin; à la fin
.Ir juillet, il était attendu à Marseille par Pierre Strozzi.
— Voy. lettre de l'ambassadeur Renard, du 37 juillet i556.
I (Papiers d'Etal du cardinal do GranveUe, t. IV, p. 64g. )
IO'i
LETTRES DE CATHERliNE DE MEDICIS.
quoy je suys byen ayse, car s'ct cliause qui
aysl bonne pour le servysedeu Roy, et ancore
plulx ayse s'y! el vray set que m'eseryvés que
l'Ampereur s'an aile1 et que le roy de Boayme2
souyt mal contant, car son toutte cliause fort
bonne pour le Roy. Je ue veo fallyr à vous dyre
que, Dyeu mersy, la royne d'Escose 3 s'et porté
beocup myeulx que n'a fayst depuys la say-
gnaye.
1556. — 10 août.
Orig. Bibl. nat. fonds Moreau , n" 83s, P 03.
A MESSIEURS DE LA COURT
DE PARLEMENT DE DIJON.
.Messieurs, la vefve de l'eu mon cousin le
s' deMontfort4 m'a faict entendre la bonne jus-
tice que vous luy avez, en ma faveur, faicte et
administrée aux procès et affaires qu'elle a euz
el a ancores par devant vous à l'encontre de
plusieurs ses partyes adverses et que son bon
droict luy a esté si bien gardé qu'elle et ses
petitz enffans vous en seront à jamais tenuz;
de quoy je vous veulx bien aussi de ma part
remercyer comme de cliose qui me touche; et
1 Charles V partit le 8 août de Bruxelles, après avoir
lait ses adieux à sa fille, la reine de Bohème, et à son
gendre Maximilien. (Mignet, Charles-Quint; son abdica-
tion, p. 129.)
-' Ferdinand i", frère puîné de Charles V, né le 1 0 mai
1 5o3 , roi de Hongrie et de Bohème en 1 537, élu roi des
Bomains le 5 janvier 1 53 1 , empereur en 1 550 après l'ab-
dication de Charles-Quint, mort à Vienne le 2 5 juillet
I 56 '1 II avait épousé , le 5 mai 1 5a 1, une fille de Ladislas ,
roi de Hongrie, dont il eut quinze enfants. Brantôme lui
a consacré un chapitre. — Voy. Brantôme, édit. Lalanne,
t. I", p. 81.
Marie Stuart. L'ambassadeur Renard écrivait le
I I août i556 : f J'entends que la reine d'Escosse est fort
malade à Fontainebleau d'une lîebvre continue et qu'elle
n'est sans dangier. » ( Papiers d'Etat du cardinal de (jran-
'■•■II, , t. IV, p. 661.)
4 Voy. p. io».
pour ce que je désire veoir ladicte vefve et
enffans eslre du loul hors de procès et affaires,
je vous prye, Messieurs, en continuant le bon
œuvre que vous avez desjà faict, et duquel
tousjours me souviendra les voulloir, pour
l'amour de moy, avoir en telle souvenance
que bonne et briefve justice leur soit faicte le
plus lost cjue faire ce pourra, en ayant tous-
jours leur bon droict pour recommandé; et je
prieray le Créateur, Messieurs, qui vous ait en
sa saincte garde.
De Fontainebleau, le xc jour d'aousl i55G.
Cateiune.
Prévost.
I 556. — 20 octobre.
Orig. Eibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 390, f° 1.
A MONSIEUR DE ST LAURENS,
CONSEILLER DU BOV ET SON AMBASSADEUR EX SLYSSE.
Monsieur l'ambassadeur, le Roy monseigneur
escript présentement aux sieurs de Berne en
faveur du commandeur de Genevoys pour aul-
cuns affaires qu'il a avec eulx, et pour ce qu'il
est personnaige auquel je veulx en cest en-
droictayder tant pour la recommandation de
sa vertu que pour ce aussi quil est alyé el
proche parent du sr de Charantonnay, l'un de
mes gentilzhomm.es, j'ay bien voulu escripre
de ma part ausdiclz sieurs de Berne et vous
envoyer ma leclre pour la leur présenter avec
celle de mondicl seigneur; vous pryant que,
oui Ire la charge que vous avez de luy pour ce
faict, vous recommandez encores particuliè-
rement de ma part l'affaire dudict comman-
deur; en quoy vous me ferez bien grant et
agréable plaisir, car les services que m'a dès
longtemps faict et continue chacun jour ledict
de Charantonnay méritent bien que je le re-
congnoisse envers les siens. A tant, monsieur
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
10:,
l'ambassadeur, je prye Dieu qu'il vous ayt eu
sa saine te el digne garde.
Escripl à Paris, le w'"' jour d'octobre 1 55G.
Catebike.
DEPLAYS.
( 155G. — Décembre, i
Orig. Arch. de MuJène.
V MOIN ONCLE LE DUC DE FERIURE'.
Mon oncle, je ne vous diray point le plaisir
que j'ay receu d'avoir entendu par vostre am-
bassadeur que les choses sont comment je 1 ay
désiré tle si longtemps et de voir la bonne vo-
lonté en quoy le Roy a pris de envoyer mon-
sieur de Guise si bien accompaigné, comme il
est, qui me l'aict espérer que, avec i'ayde de
Dieu, et le vostre, que je verra} le Roy en
Italie comment je luy souhaiste el que vostre
grandeur augmentera avec la sienne, comme
la raison le \cult el que je désire pour l'obli-
gation que je vous ay en particulier de tant de
honnestes offres que vostre ambassadeur m'a
laides tle par vous, de quoy je vous remercie,
me remectant à ce que je prie le comte Tbéo-
phile vous en dire de ma part, mais prieray
Noslre Seigneur me donner le moyeu de le
pouvoir re'cognoislre par effect comment je en
ay la volonté, et vous donner ce que désirez1.
Vostre bonne niepse,
Caterine.
affaires pendans par devant vous entre la vefve
du feu s' de Mouil'orl , mon cousin ', et ses
parties adverses, entre aultres contre la vefve
l'eu sr de Lugny el le seigneur de Seneeey-
qui ensemblement el d'une alliance sont bandez
contre elle, taschans el s'efforezans par tous
moiens el par leur grande malveillance de
ruyner et destruyre ladicte vefve el sesdietz
enffans, connue vous en povez avoir eu con-
gnoissance; ce qui ne me peult tourner que a
regrecl el desplaisir, ayant bonne intention de
la secourir el aider en tout ce qui me sera
possible; cependant, Messieurs, je vous ay
bien voullu escripre et pryer que, en conti-
nuant vostre bonne justice acoustumée, vou
vuëillez, en ma faveur, avoir ladicte vefve ei
enffans pour bien recommandez en leur gar-
dant leur bon droict avecques bonne et briefve
expédition de justice; de sorte que je puisse
dire que vous avez satisffaicl el compleu à la
prière que je vous faiz qui n'est que juste el
raisonnable, vous asseurant que plus de plaisir
el service vous ne me sçauriez faire que je re-
congnoisteray d'aussi bon cueur si en quelque
clinse vous me vouliez employer, que je voys
prier le Créateur, Messieurs, qu'il vous ail en
sa très saincte et digne garde. De S1 Germain
en Laye, le xvm' jour de décembre 1 556.
Caterine.
l'iîÉVOST.
1506. — îS décembre
Orig. Bibl. nal. fonds Moreau , n" 83a, f° 65.
V MESSIEURS DE LA COIRT
DE PARLEMENT DE DIJON.
Messieurs, encores que je VOUS ave p;u' Cy-
devanl escript el recommandé les procès el
\ny. tel ire 1 1 1 ■ Henri II au duc de Ferraredu s8 no-
vembre i556. (Ribier, Mémoires d'Etat, I. Il, p. 053.)
CtTIII ira Dl MÉDICIS. 1.
1 557. — 26 février.
Orijj. Arch. de Modène.
A MO.N ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, estant assez, advertie de l'indi-
1 Cité plus haut, p, 1 01 ; il était de la maison delà Queille
el , par sa mère Isabeau de Bourbon-Busset, cousin de I la-
thi 1
2 C'esl sans doule Nicolas de Baufremoni, baron de
Sénecé, mort en 1 58a.
1/1
106
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
«nation que vous avez île long temps conceue
contre le sr François Ville, laquelle combien
que ce a esté à bonne raison et juste occa-
sion, si esse que, pour la faveur que je luy
porte, el à tous ceulx de sa maison, tant pour
les verluz et bonnes parties qui sont en luy,
que pour ses mérites, et spéciallement pour
l'affection qu'il a tousjours eue et portée au
service du Roy monseigneur où il s'est très
bien et fidellement acquicté, dont II est Lrès
recommandable, j'ay singulièrement désiré
qu'il leust réconcilié en votre bonne grâce
ainytié, et ayant sceu que, pour cest effeot,
mon dict seigneur vous escripl présentement,
je n'ay voullu faillir dVcompaigner sa lelre de
la présente, pour vous prier, de ma part, au-
lanl affectionnement que je puys, vouloyr en
faveur de mondict seigneur el de moy, oblyer
ceste votre juste indignation, qui, pai' vertu
de tant d'années jà expirées doibl auçulnernenl
estre digérée el éstaincle, el la convertir en une
bénévolence, remectant et réintégrant le dict
v Ville en vostre dicte amytié et bonne grâce.
Ce que faisant, mon oncle, oultre l'occasion
■ I ■ contentement que vous donnerez à mon dict
seigneur, j'en recevray de ma part très grant
el agréable plaisir, estant ce bien el faveur
faietz à ung gentilhomme que j'ay en très
bonne et singullière recommandation. Vous
priant me faire responce sur ce de vostre in-
tention, laquelle, comme j'espère, correspon-
dera à celle de mon dict seigneur et la myenne,
qui me gardera vous en dire davantaige, et
me recommandant à vous de bien bon cueur,
je prie Dieu vous donner, mon oncle, ce que
désirez.
Escripl à Blovs. le \\m" joui- de febvrier
i ô 5 (i ( i ô ."> - ) .
Vostre bonne niepse,
Catemne.
( 1557. — i3 mars.)
Ori(;. British Viuseum.
A MON ONCLE LE DUC DE FERRARE.
Mon oncle, j'ay esté bien ayse de entendre
de vos nouvelles par monsieur le cardinal de
Lorraine et la bonne volonté que vous por-
tez au Roy, encore que je ne en ay jamais
doublé. Je suis bieu marrie qu'elle ne se peult
à ceste heure exécuter, mais je vous prie la
garder comme je m'asseure que vous ferez à
quant l'occasion se présentera qui peult estre
sera plus tost que l'on ne pense, si Dieu plaist ,
au moins je le vouldrois. Je donne charge à
ce porteur de vous dire quelque chose de ma
part, de-quoy je vous prie le croire et me re-
mectant sur luy de toutes les nouvelles de ceste
compagnie, je feray fin, me recommandant si
bien fort à vostre bonne grâce.
Vostre bonne niepse,
Catemne.
1 .jo /. — la juin.
Orig. Bibl. u.it. fonds Moreau, n° 83-j , f° 7s.
v MESSIEURS LES PRÉSIDE\S
ET CONSEILLERS DU ROÏ MONSEIGNEUR
K\ SA COURT DE PARLEMENT DE Dl.loY
Messieurs, ayant entendu que mon cousin
le s' de la Cueille' a ung procès par devant
\ous à cause de certaine garentye par luy l'aide
d'une terre pour le feu sr de Montfort, son
frère, envers aucuns marchans de Lyon, je
vous ay bien voulu escripre la présente pour
vous prier bien affectueusement voulloir tant
faire pour moy que d'avoir en justice le bon
droit dudicl sr de la Cueilli' en singullière re-
commandation. El vous me ferez plaisir fort
1 Jean île la Queille.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1117
agréable; car je désire, pour ce qu'il m'atoucbe
de parenté, luy ayder el subvenir en cesl affaire
el aultres là où je pourray. A tant, messieurs,
j(? prie le Créateur vous avoir en sa saincte el
digne garde. Escripl à Rains, ce xnm° jour de
juin;; 1 .">•>-.
c*
Lof
I 557. — S juillet.
Mi l'.ill. nui. fonds français, u' 3898, 1 70.
AU PAPE.
Tirs Saincl Père1, nous avons bien ample-
ment entendu par l'abbé de Sainct-Ferme2,el
depuis par noslre cousin le mareschal Strossy3
comme il a pieu à Vostre Saincteté commectre
le jugemenl du procès que nous avons au
doyen de la Doue et au sieur Bartbolomej
de Bénévent, de l'intégrité et dilligence des-
quelz nous avons telle confiance que nous es-
pérons en avoir prompte et briefve expédi-
lion en justice et joissance des biens par nous
prétenduz4, el dont, comme vostre bumble el
dévoile fille, en mercions Vostre Saincteté,
1 Paul IV..
; Etienne Boucher, ilejà cil';, p. 38, fils de Tristan
Bouclier. Il lui d'abord abbé de Saint-Ferme (prieuré
dans le diocèse do Bazas) , puis devint , en 1 56o ( 5 avril),
évéque de Quimper, en récompense des soins qu'il avait
donnés dorant de longues années aux affaires el aux
nombreux procès de Catherine de Médicis en Italie.
3 Pierre Slrozzi.
' Il s'a;;isviil i|i. la succession du cardinal llippolyle
de Médicis, fils naturel de Julien de Médicis, cousin de
Catherine, mort à Étri, le i3 août i535; celte succes-
sion était disputée à la l'ois par les créanciers du cardinal
et par la duchesse de Parme, Marguerite d'Autriche,
mariée en premières noces à Alexandre de Médicis,
frère naturel de Catherine. Voici ce que nous lisons dans
['Histoire des illustres familles d'Italie, par Litta (article
Médicis, I. 11) : itlppolito lu padrone del ricco fede com-
cmesso instituito da Clément Vil di tulli i lioni <li casa
laquelle nous supplions continuer lousjours
ceste bonne volunté envers nous et tenir la
inainà ce que noslre droicl soyl bien veu cl
entendu , el que la lin et expédition s'en en-
suyvenl le plus promptemenl que faire ce
pourra; priant Dieu, 1res Saincl Père, qu'il
vueille longuement préserver et garder icelle
\ ostre dicte Saincteté au bien, régime el gou-
vernement de noslre mère saincte Eglise.
Escripl à Compiegne, le vme juillet i"i.r>-.
Vostre dévotte Clle,
la rov ne de France.
Caterim .
1557. — ( Fin d'aoùl.)
Ani. Bibl. nal. fonds français, n" 3iio, I I
A MON COMPÈRE
MONSIE1 R LE CONESTABLE.
Mon compère, j'ay anlandeu que vous desy-
ryés savo} nies nouvelles deu Roy. des myennes
et de mes enfans qui, je vous aseureray, sonl
dès lionnes el voudroys byen que vous Eeusyés
ysy pour les voyr, car je croy que vous 5 pran-
dryés grant playsyr; enatandantje vous prye
mètre peyne de garder vostre santé, ay ne
vous anneuyer que le moyns qu'yl vous sera
possyble1. (Juant vous aurés la commodyté,
je seray byen ayse que vous me mandyés de
veos nouvelles, que je prye Dieu, mon com-
père, esire telles que vous les souhayttés.
Noslre bonne commère et aime.
Caterisi
■ Medici , passato dopo di lui ai duca Alessandro che ebbe
ttconteslo con Paolo III per rispetto de boni nello Stato
r.pontificio ed allie suppeleclili lasciate dal cardinale, Ira
r\n ipiali una célèbre armoria.»
1 Elle fait allusion à la prison du connétable; celte
lettre est postérieure à la bataille de Saint-Quentin perdue
If i" août 1 557.
i'i.
lus
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
(1557. — Septembre.)
Orig. Arcli, du château de Gaalaincoarl; copie transmise
par M. Goraart.
A MONSIEUR DE CAULINCOl RT '.
Mous, de Caulincourt, le Roy monseigneur
esl très bien informé du bon devoir et des
1res notables efforts que vous et les sieurs de
Trémecourt et d'Amerval2 et autres vos bons
parents et amis avez fait pour éloigner les en-
nemis de ce royaume et conserver la ville de
S'-Quentin sous son obe'issance; par quov en-
core que la fortune soit de présent malheu-
reuse, je ne veux faillir de vous assurer l'ex-
tresme contentement que j'ai eu de ce témoi-
gnage de votre affection au service du Roy
mon dicl seigneur, espérant que l'aide de Dieu
et la vertu et valeur des bons serviteurs tels
que vous nous donnera en bref consolation
et réconfort, ce qui m'oblige de vous augmen-
ter ma bonne volonté et afection et mon désir
de conforter celle du Roy mon dict seigneur
en votre endroit, laquelle en toutes occasions
qui se présenteront je la vous ferai cognoislrc
par efet, comme le désire
Votre bonne amie,
Catemxe.
1557. — y septembre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" 38ç)8 , f' G7 v°.
AU PAPE.
Très Sainct Père, il vous a pieu cy devant
comectre le jugement du procès que nous
avions pardevant vous au doyen de la Rotle et
au conservateur de Naples3, lesquelz suivant
vosfere commandement et commission que à
' Caulaincourt, quatrième du nom, il se fit huguenot.
— Yoy. Brantôme, édil. L. Lalanne, t. VI, p. 176.
3 Simon d'Amerval , s' d'Asservilliers. — Voy. La Ches-
naie-Desbois, Dict. île la noblesse, I. I, '187.
3 Ce doit être Barlholomée de Benévent, nommé dans
ses fins il avoit pieu à Vostre Saincteté faire
expédier, avoient veu le tout et en estaient
prestz et instruiclz pour en donner leur sen-
tence et jugement. Touteffois aianl esté ad-
vertie que ledict conservateur vcult revenir en
France sans arrester plus longuement par
dellà1, nous avons bien voulu escripre la pré-
sente à Vostre Saincteté et la supplier bien
instamment que, si le dict conservateur est
partv, ou qu'il ne veulle attendre la lin et
jugement de noslre procès, qu'il vous plaise
commectre et subroger en son lieu avec le dicl
doyen de la Rotte quelque homme de bien,
d intégrité et preudhomic, et duquel nous en
puissions espérer bonne et briefve expédition,
laquelle nous supplions à Vostre dicte Sainc-
teté de vouloir commander nous estre faicte la
plus prompte que faire se pourra, veu le long
temps qu'il y a que nous sommes à la pour-
suitte pour en avoir l'expédition, laquelle a
esté tousjours relardée par les menées et sub-
terfuges des parties, qui ne demandent que à
reculer le plus qu'ilz peuvent le jugement du
dict procès. Priant Dieu, très Sainct Père,
qu'il veuille longuement maintenir et préserver
Vostre dicte Saincteté au bien, régime et gou-
vernement de nostre mère saincte Église.
(Au dos.) Au Pape. Cesle despesche datée
du ix" septembre i5b-] a esté envoyée le dict
ixc du dict mois de septembre.
la lettre précédente. Par le titre de conservateur, on dési-
gnait les juges que le Pape nommait pour certaines causes
particulières.
- Saint-Ferme écrivait le 7 octobre 1557a Catherine:
«Les créanciers emploient tous leurs amys pour parler
de noz affaires et monstrent de vous vouloir ayder
contre madame d'Autriche, mais ilz ne vouldroient relas-
cber les cinquante mil escus , desquelz encore qu'ilz soient
entre leurs mains demandent encore asseuronce, j'espère
avec l'ayde de Dieu de les bien promener, puisque le con-
servateur demoure par deçà.i (Bibl. nat. fonds français.
n° 38oS, f°i3a v°.)
LETTRES DE CATH
1557. — i.'î octobre.
itinute. Bibl. ual. fonds français , I ^3.
A MONSIEUR LE CARDINAL STHOSSV.
Mon cousin, je vous ay escripl piéçà et faicl
responce à voz lettres, el depuis, oultre Ge que
j'ay entendu par mon cousin le mareschal
Strossy, j'aj receu des lettres de Monsieur de
Selve2 el de l'abbé de Sainct-Ferme par les-
quelles il/, m'adverlissent que le conservateur
de Naples, qui avoil grand volunté de reve-
nir en France, demourera encores par dellà,
suivant le commandemenl qui lux en a esté
faict de la part de Nostre Sainct Père, tant
poui i • jugement de mon procès que pour
autres affaires que Sa Saineleté luy fera en-
tendre, dont j'ay esté bien ayse pour ce qu'il
est bien instruict du procès, et si j'ay bonne
oppinion qu'il me conservera mon droict. A
ceste cause, mon cousin, je vous prie tenir la
main que l'on en poursuive l'expédicion le plus
promptement et diligemment que faire ce
pourra. Au demourant, quant à ce que mon
cousin le sieur Robert Strossy1, vostre frère,
m'escripvit dernièrement pour le mariage de
sa lille, lorsque je luy en escripvis , j'en avois
volunté, d'autant qu'il me sembloit eslre à
propos et pençant que les affaires de la Tos-
1 Laurent Slrozzi, évêque Je Béziers |i~>'i
véque d'Albi i56l), puis d'Ail (i566), né à Florence
en i5a3, mort à Avignon le l 'i décembre 1071.
- Jean-Paul de Selve, ambassadeurà Rome en 1 555
évêque de Sainl-Floox en i56o, morl en i56g.
* Boberl Strozzi, l'rère de Pierre cl Léon Slrozzi. Après
avoir pris pari aux guerres d'Italie sous Henri 11, il de-
uni chevalier d'honneur de Catherine de Médicis el mou-
rut en France en i566. De Madeleine de Médicis, il
avait eu Irois filles : Alphonsine, qui épousa Scipion de
Fiesque; Giulia, mariée à Mario Frangipaui . qui pi il du
sei 1 ice en France , et Catherine , mariée en 1 ô 7 1 a 1 lar-
lotlo Orsini. — Voy . Lilta. Famiglie italiaiw, t. VI.
ERINE DE MÉDICIS. 109
cane allassent autrement qu'il/, n'ont faict;
mais à présent voianl l'estal auquel sont les
affaires par deçà1, il me semble que ceseroil
plustot à son désadventaige que à son adven-
taige, tellement que je suis d'advis qu'il re-
garde par dellà de trouver quelque bon el
bonneste parly et en bonne maison, où il la
puisse mectre, et de ma part asseurez-le que
je y tiendra^ la main et lui ayderay de tout ce
qu'il me sera possible. Au surplus, mon cou-
sin, le mareschal Strossy m'a dict qu'il vous a
laissé ung mémoire de plusieurs besongnes
qui me sont nécessaires , je vous prie de re-
garder de les recouvrer suivant le contenu eu
icelluy et m'advertissez de ce que vous y aurez
faicl. Au demourant, envoyez moy quelque
homme qui puisse bien besogner en son estât
et arrosiez avecques luy ce que je luy don-
neray par chascun an. Aussi regardez d'en
trouver ung autre qui saiche bien paindre au
vif et luy ferez faire vostre pourtraicl . ou de
quelque autre que je cognoisse el le m'en-
voyez à ce que, si je le trouve bon et bien
faicl, vous m'envoyez le dict personnaige pour
qu'il serve par deçà, et surtout qu'ilz soyenl
des meilleurs et plus excellentz en leur arl et
mestier que l'on pourra rencouvrer, priant le
Créateur, mon cousin, vous avoir en sa saincle
el digne garde. De Saint Germain en Lave,
ce. . . jour d'octobre.
(Au dos.) A Monsieur le Cardinal Strozzy,
fin \ui' octobre i ô.j-.
1 Philippe II, pour réagir contre les conséquences qu'il
redoutait Je l'alliance de la France avec le Saint-Siège,
avait cède, le 7 juillet 1 5 5 7 , au duc il'' Flor ne, l'Étal
de Sienne, en se réservant Orbitello, Porto-Ercol i, Tela-
moue. Monle-Argentaro et Porlo San-Stefano. — Voy. poin-
ta situation de l'Italie a cette 1 pbque, dépêche de Pero
Pelido à Cosme I . !< iciation» diplomatique! nvec In
Toscane, t. III. p. :!7'i et :;7">.)
il'
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1557 — i 3 octobre.
Hinu ■■■ Bilil nai : ' " ■'*'.<-■ ' ' "•
\ NOSTRE TRÈS SAINT PÈRE.
Très Saincl Pi re, ayanl cnlcndu comme il
i ; | .,, ;, Voslre Sainclelé envoy r devers les
juires c\ devant commis pour !e ju;;emenl de
procès, pour la prompte el briefvc expé-
(lirion d'icelluy, nous avons bien voulu en re-
mercier Voslre dicle Saincleté el la supplier
bien instammenl de commander encores de
rechef que, conservant nos Ire droict, il/, y
inectenf une lin et que le jugement s'en en-
suive le plus losl que faire ce pourra, eu
esgard au loup, temps qu'il y a que nous
«mimes à la poursuicte du dicl procès et que
l'expédition en a lousjours esté retarde'e par
ublerfuges el dellayemens des parties qui
ne demandent que à reculler el fuir le plus
,|U'ilz peuvent. Aussi aiant entendu que mes-
ure Jehan Baptiste Ozio, evesque de Rieti ,
dntaire de ■ tre dicte Saincteté, qui a esté
nostre advocat, est détenu prisonnier, mous
avons aussi bien voulu supplier icelle Voslre
dicte Sainclelé de voulloir commander en
uoslre laveur le dicl Ozio eslre délivré et mis
en liberté, priant Dieu, très Saincl Père, qu'il
veuille iongtn ment préserver el garder icelle
Voslre dicte Sainclelé au bien, régime et gou-
vernement de nostre mère saincle I
Vostre dévote Qlle la royne de France,
Caterine.
I \udos.) \u Pappe, du xm0 octobre i ■<■<-■
I 1557. - i '■ octobre.)
Minute, l'.ill. nat. fonds fra s, n 38g8, 1 fto.
VU COMTE DE PALLIANO1.
Mou cousin, ayant enl lu la I ne vo-
! .-..n i araffa neve i de Paul IV, c I" de Mantoue
lunlé de laquelle vous continuez lousjours .1
vous employer es affaires qui me touchent, el
mesmos en l'expédition de mon procès contre
les créanliers du feu cardinal de Medicis ', tant
à l'endroicl de Xoslre Saincl Père que de mes
juges, en Mule qu'il \ a eu sentence à mon
profficl ; je vous a\ bien voulu escripre la pré-
sente pour vous mercier bien fort de ce que
vous v avez faicl pour moy, el vous prier de
lenir encores la main que le procès que j'a\
ronlre la duchesse de Parme2 pour raison de
la succession de la maison de Médicis soyl
jugé le plus losi que faire ce pourra; vous
asseuranl que, ce faisanl . me ferez plaisir très-
agréable, lequel je recognoistray on voslre en-
droicl eu ce que me vouldrez employer, el ce
d'aussi bonne volunté, que je prye le Créa-
it ur vous avoir en sa saincte garde, elc.
] 557. — 1 '■'< octobre.
Minul Rihl. nal. fonds français, n' 38gS , I :>i.
\ MONSIEUR LÉVESQUE DE FORLY.
Monsieur de Forly3, aiant entendu par ce
que l'abbé de Sainct-Ferme m'a escript, la
bonne voulcnté el affection de laquelle vous
avés parlé aux juges de mou proies, pour
la prompte expédicion d'icelluy avec la con-
servation de mou droict, je vous ay bien
voulu escripre la présente et mereyer bien loti
de ce que vous v avés laid , vous priant de
el duc de Palliano. Arrêté par ordre de Pie IV, il eul la
1 iie m .nid le 6 mars 1 5G 1 . pour avoir abusé de I au-
torité ilti pape, son oncle, el pour avoir fait étrangler,
sous prétexte d'adultère, Dias Cari la, son épouse,
qui (Hait grosse. — Voy. Lettre de l'évêque de I. iges.
( liilil. nat. fonds franc. n° 3897, p. 2 13.)
; llippolyle de Médicis, cité plus baut p. 107.
- Marguerite d'Autriche, fille naturelle de Charles-
Quint, veuve d'Alexandre de Médicis, el mariée en se-
condes noces à Octave, duc de Parme.
■ Bernard de Médicis, cité plus baut, p. 9.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
il!
continuer quanl il eu sera besoin;; el que vous
en serés requis de tua part par le dict de Sainrt-
Ferme; el en ce que je me poura} employer
pour vous, je le feray de bien bon cucur.
Priant le Créateur, Monsieur de For! y, \ous
avoir en >a saincte garde.
| Au dos. : \ Mon >ieur l'Evesque de Forly,
du \ni octobre 1 55
I ."jô7. — 27 octobre.
Minute. Bibl. naî. foni!s français, n' 3807, i' ■ 7
U COMTE DE PALLIANO.
Mon cousin , j'ay receu la lettre que m'avez
êscript el faicl entendre au Roy monseigneur
le contenu en icelle, lequel, continuant tous-
jours en la bonne voulenlé qu'il a eue envers
Nostre Sainct Père cl les siens, a esté bien ayse
de ce que Sa Sainctelé s'esl accommodée en ses
affaires par l'accord1 qu'il a faicl avec le Roy
d'Espaigne, avant mieulx aviné se mectre en
poyne pour la mectre en repoz et transquillité
que d'en avoir usé aultrement,s'asseurant bien
qu'elle sera tousjours mémorative des bons
offices que le Roy mon dicl seigneura faietz en
son endroict, el pour ce que je vous aj tous-
jours cogneu affectionné tant envers le Roj
mon dict seigneur que en ce qui a concerné
mes affaires particullièrement, je vous ay bien
voulu escripre la présente et vous en mereyer
bien fort, vous priant de vouloir tousjours
continuer et avoir mes diclz affaires, quant il
vous en sera parlé de ma part, en telle re-
commandation que vous avez eue jusques icy,
et en ce que le Roy mon dicl seigneur et moj
1 Elle fait allusion au traité que le Pape venait de 'con-
clure avec le duc d'Albe, qui consentit à venir faire à
Rome des soumissions et à y recevoir l'absolution au
nom de Philippe II ( i.'i septembre). — Voy. Relations di-
plomatiques de la France avec le Toscane, t. lit, p. 378.
nous pourrons employer pour vous nous le
ferons d'aussi bon cueur que vous nous en
sçauriez requérir, priant le Créateur, mon
cousin, qu'il vous ayl en sa saincte garde.
i l« dos.) \ M. le Comte de Palliano, du
\w 11 octobre i '>'■>-.
I 557. — V''. irabi
Miaule. Bibl. uni 1 I ranpi ..■.;.
A MONSIEUR DE SELVE1,
ÉVÈQDE HE S'JYI FLOUS, AMDASSADEUB \ HOME.
Monsieur de Selve, despuis vous avoir ês-
cript du dixiesme de ce moys, j'ay receu vostre
lettre du douziesme, par laquelle vous m'ad-
\ .'i tissez que le doyen de la Houe et le conseï
valeur de Naples soûl du tout instruietz du
faict de mon proies et prelz à prononcer- i
que loutteffois le dict conservateur a délibéré,
quelque remonstranecs que vous luy ave/, sur
1 e faictes, de s'en venir par deçà pour le< rai-
sons qu'il vous a alléguées, ce que, si ainsi
esl , et qu'il parle avant que prononcer la dicte
sentence, viendra lies mal à propos el se. a
cause d'une grand" longueur pour le long
lemps qu'il fauldra à celluy qui sera commis
e! subrogé en son lieu, avant qu'il en sovl
prest et instruict; si est-ce qu'il y fault pour-
veoir etpour cesl effecf je v eus envoyé une le! h e
que j'escriptz à Nostre Sainct Père, par la-
quelle je supplie à Sa Saincteté que si le dicl
conservateur s'en vient, il veulle commectre
en son lieu quelque homme de bien el bonne
intégrité et preudhommye el duquel j'en puisse
espérer bonne et briefve expédition, et pour
cesl efféct faull que vous demandez2 ,
que l'on m'a asseuré estre de la qualité que
I il j il us liant, p. 1 09.
Le nom est laissé en blanc.
112 LETTRES DE CATH
dessus et fort affectionné au service du Roy
monseigneur, tellement que par ce moien j'en
pourrais espérer meilleure et plus prompte
expédicion que de nul autre, et entretenez
tousjours aussi ledoien de la Roue en la bonne
volunté en laquelle il est, auquel vous baillerez
la lettre que je luy cscripls à ses fins, et sur-
tout encorcs que le dict conservateur soit par
dellà, ou qu'il soit party et qu'il y en ait ung
autre commis en son lieu, il en faull solliciter
l'expédicion le plus disligemment que faire ce
pourra , pour ce que je désire sur toutes cboscs
d'en avoir une fin. Je vous ay escript ample-
ment par la dernière dépescbe que je vous ay
l'aide mon intencion sur l'accord que les scin-
diez des créanciers du feu cardinal de Médi-
cis voulloient faire avec nioy, suivant ce qu'ilz
m'avoient escript et qu'ilz avoient aussi dict à
Nicot1, ce que vous ensuivrez et m'advertirez
tant de la responce qu'ilz vous auront sur ce
faicte que aussi de l'estat de mon dict procès,
lequel, saichant l'affection que vous y avez et
à tout ce que touche et concerne mon service
et le bien de mes affaires, je ne vous recom-
manderay poinct aultrement que de vous prier
y faire vostre debvoir. Priant le Créateur, Mon-
sieur de Selve, vous avoir en sasaincteet digne
garde.
ERINE DE MÉDICIS.
dernier décédé; à ceste cause, je vous prie le
voulloir faire coucher en l'estat à semblables
gaiges et prolfictz que le dict Chancel et les
.aultres trompettes de mon dict seigneur ont
acouslumé d'avoir et m'asseurant que vous le
ferez ainsi, je finiray ceste lectre pour prier
le Créateur, mon cousin, qu'il vous ait en sa
saincle garde.
EscriptàSaintCcrmain enLaye, cexiin'jour
de décembre 1 557.
1557. — 1 '1 décembre.
Orig. Bibl. ont. fonds français, vol. 2oa5ç), p. 95.
A MON COUSIN MONSIEUR DE BOISY,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU POY MONSEICNEHR ET GRAND ESCUIEB DE EltA.NCE.
Mon cousin, il a pieu au Roy monseigneur
de retenir ce trompette présent porteur en son
service, au lieu et place de Pierre Chancel,
1 Jean Nicot, sieur de Yillemain, né à Nîmes en i53o;
il fut longtemps ambassadeur en Portugal, et mourut le
10 mai i5(io.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
Rossignol.
1557. — (10) décembre.
Miaule. Bibl. nat. fomls français , n° 3898 , f° 68.
AU PAPE.
Très Sainct Père, aiant entendu que com-
bien que la duchesse de Parme L et les créan-
ciers du feu cardinal de Médicis s'estans
joinetz ensemble aient faicl toute l'instance à
eulx possible pour faire remectre mon pro-
cès à la Rotle pour tousjours deliayer et éviter
l'expédicion d'icelluy, il a pieu à Vostre Sainc-
teté, comme chose très juste, accorder de
vostre propre mouvement que, nonobstant les
protesterions qu'ilz avoient baillées contre noz
juges, ilz passeraient oultre, de manière que.
suyvant vostre sainct vouloir et commande-
ment, la sentence s'est ensuivie à nostre prol-
(iet; nous en avons bien voulu mercier icelle
Vostre dicte Saincteté, et la prier bien ins-
tamment, en continuant ceste bonne volunté,
vouloir de rechef commander aux dietz juges
que, ayans nostre droict en bonne recommen-
dacion, ilz meelent une fin au procès que
1 Citée plus haut, p. 1 in.
LETTRES DE GAT
nous avons encores contre la dicte duchesse
de Parme, pour raison de la succession de la
maison de Médias, lussi nous avons bien
voulu prier Vostre dicle Saincteté, suivanl ce
que luv avons cy-devant escript, de voulloir,
en nostre faveur, commander Messire Jehan-
Baptiste Ozio, évesque de Rielty, qui a
nostre advocat. estre dellivré de la prison où
il e>t. et mi< en liberté. Priant Dieu, très
Sainct Père, qu'il \eille longuement maintenir
et préserver icelle Vostre dicte Saincteté au
bien, régime et gouvernement de nostre mère
saincte Eglise.
Escript à S1 Germain en Laye, le. . . .jour
de décembre 1 ■>■<'■
Vostre dévoste fille la royne de France,
Catf.rine.
HE
1557. — 1 5 décembre.
Minule. Bibl. nat. fonds français , a° 3898, f 26.
\ MONSIEUR LE CARDINAL DI BELLAY1.
.Mon cousin, j'ay receu vostre lettre du
xxin* novembre cl veu par le contenu d'ieeHc
la bonDe volunlé de laquelle vous continuez à
vous employer es affaires qui me touclient
et mesmes en l'expédicion de mon procès,
tant à l'endroicl de Xostre Sainct Père que
de mes juges, en sorte que. comme de dès-
puvs j'ay esté advertye, la sentence a esté
donnée . par laquelle les xx,a escus qui estoient
entre les mains des créantiers du feu cardinal
de Médicis, ensemble les fruiclz provenans
d'iceulx despuys que la dicle somme estoit
en leurs main- m'a esté adjugé, dont je vous
mefcye bien fort et de ce que vous y avez faicl
1 Déjà, en i55i, Catherine avait écrit au cardinal
du Bellay à l'occasion de son procès, et nous avons im-
primé cette lettre, p. 38, d'après une copie tirée des
archives de la Cote-d'Ûr. Depuis nous en avons retrouvé
l'original dans le n° 3gs8, du fonds français, f i5-
Catbemhe de Médicis. I.
RINE DE .MÉDICIS. 11::
pour moy, vous priant de tenir encores la
main que le procès (pie j'ay contre la duchesse
de Parme, pour raison de la succession de
la maison de Médicis, soyl jugé le plustol que
faire ce pourra, et à ce que je me puisse veoii
du tout bor> de procès, vous asseuranl que ce
faisant me ferez plaisir liés agréable, prianl
le Créateur, mon cousin, vous avoir en sa
saincte garde.
De S1 Germain en Laye. ce. . .jour de dé-
cembre.
Caterinb.
(Au dos.) A Monseigneur le cardinal Du
Bellay, du xve décembre 1 ô ■". 7 .
1057. — (i5) décembre.
Mioule. Bibl. nat. fonds français, n° 3898. P 22.
A MONSIEUR DE SAINT FERME .
Monsieur de S1 Ferme, j'ay receu vostre
lectre du xvnc novembre, par laquelle m'es-
cripvez que la duchesse de Parme et les créan-
ciers du feu cardinal de Médicis s'estoienl
joinctz ensemble et laid toute l'instance à
eulx possible pour faire remectre mon procès
à la Rotle-. ce qui leur a esté reffusé par
Nostre Sainct Père et accordé en ma laveur de
s.on propre mouvement; que, nonobstant les
proteslacions qu'ilz avoient baillées contre mé-
juges, ilz passeraient oultre. et depuis, par
une autre de voz iectres du xxv ". j'ay en-
tendu comme le xxiuie du dict mois la sen-
tance a esté donnée, par laquelle m'a esté
1 Cité plus haut, p. 38.
Vov. pour tout ce qui lient à ce procès, lettres de
Boucher, abbé de Saint -Ferme. (Bibl. nat. fonds fran-
çais, n° 38g8: f 1, i3, 16, 35.) — Voy. également
toutes les lettres écrites par le cardinal du Bellay à Cathe-
rine ( Tonds franc; -I '5,6,8,3a); une k-llr.
de Bahou delà Bourdaisière (même volume, p. 89.)
iô
Il'l
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
adjugé les \\l" escus qui estoient es mains tics
iliclz créanciers, ensemble les fruiclz prove-
nais d'icculx depuis que In dicte somme est
entre leurs mains, qui reviendra, comme je
pence, à cinquante mil escuz ou environ. Il
reste à présent à faire procéder à l'exécution
d'icelle l'aiant premièrement faicle soubz-
scripre en maintenue de possessoire, comme
m'escripvez, à ce qu'ilz n'en puissent appeller,
et pour ce qu'il fault que j'en passe procuration
à celluy que je vouldroys pour recouvrer les
sommes qui me seront adjugées, advizez par
dellà ce qu'il fauldra faire pour cest elTect el
m'en envoyer les mémoires pour là-dessus
faire dresser les dictes procurations pour les
vous envoyer inconlinant. Je trouve bon que
vous aiez baillé au doyen de la Rotte ung
bassin et boccal d'argent, et pour ce qu'il fault
aussi récompencer mes advocat et procureur
el autres gens qui m'auront faict service au
dict affaire, vous en ferez ung roole avec
mon dict cousin , dans lequel vous mectrez ce
qu'il vous semble que je doibz donner à cha-
cun d'eulx , lequel vous m'envoierez incontinant
pour vous mander sur ce ma volunté et ce
que je veulx qui leur soit baillé. J'escriplz
tant à Nostre Sainct Père, au doyen de la
Rotte que au conservateur de Naples, les lettres
que je vous envoyé, les mercians de la bonne
expédicion el justice qu'ilz m'ont laicte et les
priant de continuer au procès que j'ay cn-
cores avec la duchesse de Parme, lesquelles
vous leur présenterez; et par la leclre de Nostre
dict Saint Père je le prie encores de faire es-
largir mon advocat Ozio1 suivant ce que je
luv ai escript cy-devant. Quant à ce que m'es-
cripvez crue l'agent de la dicte duchesse vous
a parlé de venir à accord2, je vous ay escript
1 Cité plus haut , p. 1 10.
- Dans une lettre du 17 septembre précédent. Saint-
par la dernière dépesebe que vous a esté
laicte suivre mon intencion qu'est que, veu
qu'ilz ont tousjours différé jusques icy à y venir,
et sachant bien qu'ilz ont faict tout ce qu'ilz
ont peu pour empescher que je n'eusse la
sentence que j'ay obtenue, je n'y veulx aucu-
nement entendre et veulx avoir ce que m'ap-
partient et que par droict et raison me sera
adjugé et non autrement. A ceste cause ne
vous arreslez plus là, ains poursuivez ordi-
nairement et continuellement l'expédicion de
mon dict procès. Au regard des deux prieurez
que Nostre Saint Père vous a donnez1, vac-
cans par le décès du feu évesque de Soissons.
j'en ai parlé au Roy monseigneur, lequel m a
asseuré qu'il commendera que justice vous en
soit faicte; el de ma part, quant il m'en sera
parlé par ceulx qui en auront charge pour
vous par deçà, je m'y emploieray tousjours et
en cella et toutes autres choses qui vous tou-
cheront pour vous faire tout le plaisir qu'il
me sera possible; aussi de vostre part, si vous
m'avez faict service jusques icy , je vous prie de
continuer et mesmes pour l'exécution de la
dicte sentence de laquelle vous m'enverrez
par la première dépesebe la coppie, et après
poursuivez jugement du procès contre la-
dicle duchesse de Parme, priant le Créateur,
monsieur de S1 Ferme, vous avoir en sa
saincte garde.
De Saint Germain en Laye, ce. . . .joui de
décembre.
Ferme avait écrit à Catherine : «La duchesse de Parme
fest forcée de demander accord, car elle sera tenue de
« rapporter vos bagues , vos jnyanlx, et de vous laisser joo'yr
« de ce qu'elle 'possède, n (Bibl. nat. fonds franc. n"38p,8,
V 16 V.)
1 Elle répond à une lettre de Saint-Ferme, du a5 no-
vembre précédent, qui lui annonçait la laveur que le
l'ape lui avait faite. — Voy. celte lettre. (Bibl. nat. fonds
français, n° 3898, P 36.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
115
I .V>7. — i "• décembre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, u" S897, il! s5».
V MONSIEl II LE CARDINAL STROZZY.
Mon cousin, j'a\ entendu par ce que m'a
escripl l'abbé de S' Ferme comme la duchesse
de Parme el les créanciers du l'eu cardinal
de Vlédicis s'estoient joinctz ensemble el faicl
toute l'instance à eulx possible pour faire re-
mectre mou procès à la Rotte,ce que leur a
esté reffuzé par Nostre Saincl l'ère el accordé
en ma faveur de son propre mouvement, que
nonobstant les protesterions qu'iJz avoient
baillées contre mes juges il/, passeronl oultre,
en sorte que le winc du moys |>;issi; la sen-
tance a esté donnée par laquelle m'a este
adjugé les \x'" escus qui estoienl es mains
desdictz créantiers, ensemble les fruictz pro-
venans d'iceulx despuis que la dicte somme
estoil en leurs mains, qui reviendra, comme
j'espère, à cinquante mil escus ou envyron; il
reste à présent à l'aire procéder à l'exécution
d'icelle, à quoy, mon cousin, je vous prie
tenir la main de vostre pari à ce qu'elle soit
faicte li! plus prompte ment que l'aire ce pourra,
el pour recouvrer la dicte somme advertissez
de ce qu'il, fauldra faire, et faictes dresser au
dicl de S1 Ferme les mémoires pour ce néces-
saires que vous m'envoyerez à ce que je vous
envoie incontinant les procurations qu'il faul-
dra que je lasse à ceulx à qui je donneray
charge de recevoyr la dicte somme et toul ce
qui me sera adjugé par la dicte sentence, el
m'advertissez aussi de ce qu'il fauldra bailler
à mes advocat et procureur el autres qui m'au-
ront l'ail service au dicl affaire, et doutvous ferez
ung roole avec le dict de S1 Ferme, dans lequel
vous mectrez ce qu'il vous semble que je
doyz donner à chacun d'eulx; après le m'en-
voyerez et je \ous manderay sur ce ma vo-
iunlé et ce que je veulx leur eslie baillé. Il
reste le procès à poursuyvre contre la du-
chessede Parme pour ce que je ne veulx poincl
venir à aucun accord avec elle, mais \eul\
avoir toul ce qu'il m'appartiendra et que par-
les juges me sera ordonné1. A reste cause,
l'aides en taire la poursuilie par le dicl. de
S1 Ferme el eu ce qu'il sera besoing le plus
diligemment que faire ce pourra, el m'adver-
tissez le plus souvent que vous pourrez comme
toutes choses passeront2, priant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa saincle garde.
(Au dos.) A monsieur le cardinal Strozzy, du
w' décembre i 007.
1557. — 1 5 décembre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 3897, f" 3A9 «'.
\ MONSIEUR LE CONSERVATEUR DE NAPLES,
Monsieur le conservateur, j'a\ receu vostre
lettre du \wic novembre et entendu par
icelle le bon devoir que vous avez laid en
justice el comme chose très juste au juge-
meiil de mon procès, s'en estanl ensuivie
>cul :e à mon prouffict. Je vous ay bien
1 En iâGi le procès durait encore. — Voy. à ce sujet
une lettre île Babou de la Bourdaisière (Bibl. oat. fonds
français, n'3998, f°8'i); cl une autredu cardinal de Fer-
rare à Catherine, en juillet i5Gi (même volume, ï'99).
- Saint-Ferme ayant été accusé d'avoir offert au pape,
au nom de Catherine, tout ce qu'elle possédait en Italie,
s'en défend dans une longue lettre. (Bibl. nat. fonds
fiançais. n° 3898, f" 3u.)
De son côté le cardinal du Bellay écrivait à Cathe-
rine, le ■"> décembre 1 5^7 : k li me déplais! que M. l'am
liassadeur soyl si mal content de Sainct-Ferme , car le
pauvre homme a, comme dict est, assez d'autres gens à
nui respondre, et on a rapporté des choses que le dirl
Sainct-Ferme désavoue avoir dictes, ne, l'aides. Je désire-
roys fort que eulx deux qui seulz se meslent icy des af-
faires du tioy ne peussent en ce théâtre, où noz ennemiz
nul tant de ministres, se plaindre l'ung de i'aultre. s (Bibl.
nal. fonds français, 11" .'f.SqS, I" 0.)
116
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
voulu escripre la présente pour vous mercier
bien fort de la bonne expédition que m'avez
faicte, vous asseurant, monsieur le conserva-
teur, que, oultre la bonne souvenance que j au-
ray de ce qu'avez faict pour moy, qu'en tous
les lieux et endroictz où je le pourray recon-
gnoistreen voslreendroictz, je le feray de bien
bon cueur; et quant à ce que m'escripvez de
vous donner pouvoir d'accorder avccques ung
aultre qui sera depputté de la part de la du-
chesse de Parme pour composer aimablement
du procès et différend que nous avons en-
semble, vous pouvez premièrement advertir,
envoyer et escripre par le menu quel accord
la dicte duchesse veult faire et à quelles con-
ditions, et là dessusje vous feray entendre ma
volonté; mais cependant je vous prie ne lais-
ser pour icelle de faire et administrer la jus-
tice qui me sera nécessaire pour la prompte
expédition d'icelle. Au regard de ce que m'es-
cripvez de vostre fdz à ce qu'il ayt moien de
vivre par deçà, j'en ay parlé au Roy monsei-
gneur, qui m'a dict et asseuré qu'il ne l'obliern
poinct et lui fera du bien, et de ma part je luy
en parleray aussi sovent que les occasions s'y
offriront; et sur ce je prieray le Créateur,
monsieur le conservateur, vous avoir en sa
saincte garde.
De Saint Germain en Laye, ce. . . .jour de
décembre.
(Au dos.) A Monsieur le conservateur de
Naples, le xv" jour de décembre 1557.
1557. — 3i décembre
Orifl. Bibl. nul. fonds français, n° 4139, f" 3i.
A MONSIEUR DE LA VIGNE1,
AMBASSADEUR DU nov UONSB10NBI II D8VBH9 Li: GHANT SSICNKDn.
Monsieur de La Vigne, saichant que 111011-
1 Jean de La Vigne, ambassadeur à Conslanlinople en
sieur de Rrueil1 alloyt devers vous, je n'a\
voulu qu'il soyt party sans ma lectre, par la-
quelle je vous prye bien fort d'avoir souve-
nance de ce que vous m'avez promis que
debvez recouvrer d'une femme que sçavez, el
vous me ferez grant plaisir. Au surplus, je
vous asseureray que le Roy monseigneur se
loue bien fort du bon service que vous luy
l'aides, veu ce que je luy en ay oy dire, et de
ma part vous povez estre certain que où j'auray
moyen de m'employer à faire quelque chose
pour vous, je le feray d'aussy bon cueur que
je prye Dieu vous donner, monsieur de La
Vigne, se que plus désirez.
De Paris, ce dernier jour de décembre
i5E
Catemne.
(1558. — Fin février.)
Aut. Bibl. nat. fonds français, n" 3i ig , f° 3a.
A MON COVIPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, je vous veolès tourjour fayre
réponse à la lestre que j'é reseu de vous, mes,
pour se que le Roy n'est reveneu que asteure
de voyr Calays 2, je n'an n'é peu avoyr le moyn
i5o7 et 1 5 5 S , mort au retour à Raguse en i55g. —
Voy. pour les ambassades de M. de La Vigne, Charrière,
Négociations de la France dans le Levant, t. IL — Le
n" iiag du tonds français renferme les lettres qui lui
furent adressées durant son ambassade dans le Levant.
1 M. do Boistaillé, abbé du Breuil et de la maison de
Hurault. — Voy. Lettre où l'évêque d'Acqs parle de sa mis-
sion (Charrière, Négociations de la France dans le Le-
vant, t. II, p. 43 1); lettre du cardinal de Lorraine à
M. de La Vigne, du 3o décembre (Bibl. nat. fonds fran-
çais, n" '1129, f 5i).
- Voy. Lettre de Henri lia M. de La Vigne, datée de
Fontainebleau, le 3 mars i558. Il lui dit qu'il revient
de Calais où il a fait un voyage de quelques jours pour
s'entendre avec le duc de Guise. (Bibl. nat. fonds français ,
nVii2(), f°8.)
LETTRES DE CATH
jeuques à présanl que je ne veos fallyr à vous
dyre quay je aysté byen ayse de savoyr de
veos novelles, et veodré que lé premyère que
je an naré qu'ele feusel lyeule que le désirés
et que vostre playe feut toulte guérie. Quant
alla sente du 1!<>\ et de ses enfans et de moy,
je vous puis aseurer (jue nous ne portasmes
jeamès myeulx <|ue, Dyeu mersi, nous fayson
terlous, el veodré que heusié sel playsyr d'estre
ysi pour voyr la bonne chère que fayson en
sete vvlle pour l'èse que je m'aseure que an
nariés; se seré quant y pleré à Dieu, lequel
je prie que vous fase la grase que sel puise
aystre ausitot que le désire
Vostre lionne coumère el aune.
Caterine.
ERINE DE MEDICIS. HT
l'erav tout ce qu'il me sera possible, et me
semble qu'avecques la réputation que vous
avez, j'auray tousjours plus de moyen de vous
ayder el l'aire plaisir comme vous sçavez que
j"a\ envye de faire pour vous el de vous venir
autant advancé que je désyre, priant Dieu ce
pendant, monsieur l'ambassadeur, vous avoir
en sa garde.
De Fontainebleau, le m" jour de mars
1557 ( 1 558).
CaTERINE.
1558. — 3 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 6129, f 3o r'.
A MONSIEUR DAUYILLIERS1,
CONSEILLER Dl' BOT UO>SEIG>El"C tî N"\ t3flBlS5ADBDB ES LEVANT.
Monsieur l'ambassadeur, ce m'a esté fort
grand plaisir d'entendre le contentement que
le Roy monseigneur a du bon devoir que vous
l'aides à son service, comme il a peu con-
gnoistre par la dépesche que luy avez faicte
par du Perat 2, présent porteur; el pour la vou-
lonté que j'ay de vous veoir récompencé de
voz mérites, je vous prye de continuer ainsy
qu'avez cy devant faict en vostre charge, vous
asseurant de ma part que, s'oiïrant l'occasion
que je me puisse emploier pour vous, je y
1 Cène peut être que M. de La Vigne, ambassadeur
dans le Levant, qu'elle désigne par un nom de seigneurie.
3 Voy. Cbarrière, Négociation» île la France dans b< Le-
vant,\. II, p. 445. Il cite une lettre de Henri II tirée des
manuscrits de La Mare, où il est question de du Perat
qui retournait en Orient et portait des dépêches à M. de
La Vigne, notre ambassadeur. — Vo\. également lettre de
Henri II à M. de La Vigne. (Bibl. nat. fonds français.
a° Ù139, 1*8.)
(1558.) — 27 mars.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3i3g, f' a^.
A MO> COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, j'é ayté bien ayse d'avoir en-
tendeu de veos novelles par Mereu ' et de
sel que vostre playe set porte si bien2; je prie
à Dyeu que bientôt vous puisiés aystre en
ausi bonne santé que la désirés el pour se
que je say que set vous ayst plésir d'entendre
dé novelles de Sete compagni, je vous aseu-
reré que le Roy et tous ses enfans se portet
très byen, el après ses paques, yl partyré cl isy
pour faire lé nose de son fyls3 et de la Rov ne
1 Charles de Montmorency, sieur de Méru. Il avait été
fait prisonnier à Saint-Quentin. — Voy. pour sa rançon
lettre du connétable du 1 1 mars i558. ( Bibl. nat. fonds
Fontanieu, n°" a85-286.) — Une lettre du cardinal de
Châtillon au connétable, du 28 mars i558, parle i
l'arrivée de Méru à la cour. (Bibl: nat. fonds fra
n°3i3a,P48.)
- Le 28 juin suivant Gabriel de Montmorencj 1 Mont-
beron) écrivait à la connétable ([ue la plaie du conné-
table était totalement fermée. (Bibl. nat. fonds l'i
n io5i, T 40.)
3 Le dauphin François avait écrit de sa main à Méru
le 25 mars précédent : -Je vous veulx bien asseurer qu'il
medéplaist fort que ne vous Irouvez aux nopees de vostres
bien bon compère.- [Ibid. T 34.)
M, s
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
d'Écose à Casimodo à Paris, là heu je veo-
dré qui pleut à Dieu qu'y puysyés ayslre,
vous aseurant que aysle seuayslé de bon cour,
pour le plésyr que je m'aseure que ariés de
voyr le Roy et toutte sete conpagnye en si
bonne avstat, car l'on ne parle que de faire
bonne chère et de joye et de plésyr. Dyeu,
par sa grase, nous y \elle conlyneuer et vous
veolle byentot heuter de là heu vous aystes,
et on entendent qu'i luy plése, je vous prie
ne vous ennuyer poynt et mètre pouyne de
vous hyen guarder et de recovrer vostre parfète
santé, afyu de povoyr revoyr vostre mestre et
nous aultres aveques aullent de joye, comme
je prye à Dyeu vous en donner, qui ayt l'an-
droit heu je me recommenderé à vostre bonne
grase.
De Fontèneblayau, set ce wvu"" de mars.
\ "-Ire bonne coumère et amye,
Caterine.
I •"> 58. — 10 août.
Orig. Bibi. nat. fonds français, a° 4129, f' 3n.
A MONSIEUR DE LA VIGNE ,
LEO PL" C0\ *0\SEIf.>EUr. ET S05 UUASS1DECE DEVET.S J.E Cr.\JP
Monsieur de La Vigne, estant advertie que
une pouvre gentilhomme, nommé frère An-
thoine de Serman dict de Condat, chevalier
de l'ordre de Sainct Jehan de Jhérusalem, es-
toit détenu captif es mains du Grand Seigneur,
il y a plus d'un an, et que le Roy monsei-
gneur vous a escript pour sa délivrance, j'ay
bien voulu accompaigner sa lectre de la pré-
seule et vous prier, attendu que le dict de
Serman est de mes vassauk, qu'il puisse hien-
tosl eslre mis hors de ceste captivité, et en
faire telle requesfe de ma part bien au dict
Grand Seigneur ou autres qui le détienent,
comme verrez estre requis el neccessaire; et ce
faisant me ferez plaisir et service très agréable.
Escript à Reims, le \c jour d'aou>t i558.
Gatbrinb.
Fises1.
i 1558. — Septembre.)
Aul. Biht. nat. fonds français, n" 3399, 1 7
A MA COUSfflE
LA DICHESSE DE MO.NTMORA.NCY.
Ma coumère. je donnay charge à Campy de
passer par vous, afyn de porter de veos no-
velles à monsieur le oonnestable, si vous !eu\
veolés ayscripre, aussi d'y repasser pour vous
en dyre, ay me raporterdes vostres. J'ay der-
nièrèmanl antandeu qu'elles estaient très bon-
nes, ay que vous porliés bien, de quoy je
seuis bven ayse. Je sçay bien que vous avez
antendeu teult set que je vous pourrois man-
der, parquoy je feray fyn, après vous avoyi
dict que je vous souhailte bien isy, si vostre
santé ay veos afayres le povoient parmettre.
Je vous prie me mander quant vous \ \ \ endrés.
Je me recommande byen fort à vous, ay prie
Dieu vous donner set que désirez.
Yoslre bonne coumère et cousine.
Caterine.
1 1558. — Octobre.)
Aut. Bibl. nal. fonds français, n° 3ug,
A MON C0BP1 RE
MONSIEUR LE DUC DE MOMORA.\SI
PEU ET COHUESTABLE DE rrmsE.
Mon coopère, monsieur de Bésiés2 .-an \é
1 Simon de Fizes, baron de Sam es. mort en 1 f> 7 . 1
Il lut d'abord secrétaire du garde des sceaux Bertrand),
puis fut emoyé au concile de Trente, et devint au retour
secrétaire des commandements de Catherine. Au moi*
d'octobre 1067. il remplaça Florimont Robertet, en qua-
lité de secrétaire d'État.
s Laurent Slrozzi.cilé p. 1011.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
■11!)
dever vous1 pour l'aucasion qu'il vous dire,
car je veos que leul seos <ju<- j'é ancores
dé mien, au qui dépandenl demoy, fasent an-
ver vous de l'ason que vous eonèsiés l'amour
que je vous porte, ne le vous povant fayre co-
nestre par aultre moyen el que vous ayés auca-
sion de aystre contanl d'eulx , au aultremenl je
lyres pas d'eulx. Je laré sel propos pour
uni- aseurer de la bonne santé deu Roy, an-
coreque luy-même le vous mandé, et ausi pour
vous dyre que j'é heu anuyf dé novelles de
l'homme que savés, el pour se que le Roy m'a
< I > s t qu'i vous manderé teut, je ne vous an
fayré redyste, sinon que je loue Dyeu de sel
que teul va si byen pour nous, qui me faysl
ayspérer que ne scron pas lontenps s;m vous
revoyr, de quoy je prie à Dyeu de bon ceur el
ansepandant me recomanderé à vostre bonne
grase.
Vostre lionne coumère et amye,
Caterine.
I ."iSS. — 1 5 octobre.
Orig. Bibl. uat. fonds français, n° so5s6, I' 89.
A .MON COUSIN
MONSIEUR LE MARESCHAL DE BRISSAC.
Mon cousin, j'ay entendu par Plancy2 la
1 Le connétable assistait alors aux conférences de Cer-
camp. (Papiers d'Etal du cardinal de Granvelle, t. V.)
— Voy. Letlre de lui datée de Gercamp, le a3 novembre
1 558. (Bibl. nat. fonds franc. n° 23192.)
- Il est question du commissaire Plancy dans une lettre
du dauphin François au maréchal de Brissac, lettre datée
du camp près d'Amiens le 7 octobre i558 (même vo-
lume, f°8a); il est également question dans celte lettre
de la victoire remportée par M. de Gonnor sur les Espa-
gnols à Cerisoles en Piémont. — Voy. à ce sujet, (ettre
de M. de Boisy au maréchal de Brissac (G octobre 1 558).
-Le roy, lui dit-il, me trouvant à son pourmener du
-camp, me le compta, de façon qu'il en donnoyt tout
t l'honneur de l'exécution et victoire à monsieur de Gon-
«nor, et à vous l'entreprise. ^-( Bibl. nat. même vol. f° 8.)
belle desfaicte qu'à faicl monsieur de Gon-
nor1, de i|uo\ j';i\ esté bien ayse, tant pour
le service du lio\ que pour l'amour de lu\ el
de vous et de voir que Dieu vous continue
tousjours vostre bonheur et, qu'encores que
n'ayez guères de gens, vous ne laissez pas de
battre les ennemys et, s'il? ont prins des bic-
quoques, vous les avez battus en la campaigne
pour récompense. Je prie Nostre Seigneur
qu'ilz ne vous puissenl faire non plus de dom-
maige qu'ilz onl faict jusques icy, en atten-
dent qu'il luy plaise nous donner une bonne
paix, laquelle (oui le monde espère pour les
apparences qu'il y en a, ainsi que vous dira
plus au long ce porteur, qui me gardera vous
faire plus longue leclre, après vous avoir as-
suré que là où j'auray jamais moyen, vous
me'trouverés tousjours preste à vous faire
plaisir d'aussi bon cueur que personne de ceste
compagnie; el à tant je prie Nostre Seigneur
vous avoir en sa saincte garde.
Vostre bonne amye,
Caterine.
[Au dos.) La Royne, le xv octobre t558
1 1 558. — Fin octobre.)
Aut. Bibl . nal. fonds français, n° 3ao6 , fJ 6a.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, s'an alant monsyeur Dan-
\\lle2 vers vous, je ne l'ay veoleu layser par-
tyr sans vous hayscripre set mot, non pas pour
1 Arthus de Cossé, comte de Segondigny el seignem
de Gonnor, né vers i5i2; il fut successivement surin-
tendanl des finances, grand pannetierde France el mourut
au château de Gonnor, en Anjou, le i5 janvier i58a.
— Voy. le P. Anselme, t. IV.
- Henri de Montmorency, comte de Dam ville, puis
duc de Montmorency, né à Chantilly le i5 juin i534,
120 LETTRES DE CATH
vous mander de uoz nouvelles, car yl hayst
sy byen ynformé de toutes chauses, que je les
remettray seur leuy, ay vous pryeray avoyr
teurjeur vostre fylle, madame de Monmo-
ransy pour recommandaye, ay la me veoloyr
anvoyer byentosl, suyvant set que son mary
et elle m'avoyesl promys à leur partyr d'isy, et
fayre mes recommandasyons à madame la
connestnble l, ay en prandre vostre part d'aussy
bon cueûr que lays vous fayst
Vostre bonne commère ay meilleure amye,
Caterine.
ERINE DE MÉDICIS.
vous faire entendre toutes cboses bien au long,
je ne vous feray plus longue lettre, sinon pryanl
le Créateur, mon cousin, vous avoir en sa
saincte et digne garde. Escript à Villers Cos-
teretz, ce îx avril i55o.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1559. — 9 avril.
Orig. Arcli. de Mantoue.
A ,M0N COUSIN
LE DUC DE MANTOUE.
Mon cousin, par l'affection qu'avez tousjours
portée à cesle couronne je m'asseure vous re-
cevrez grant plaisir des bonnes nouvelles de la
paix et du mariage de ma fille2 au Roy catho-
liquc, que le Roy monseigneur vous envoyé
par le comte Théophile Calcagni, gentilhomme
ordinaire de sa chambre, et remectaiit sur luy
mort à Agde le 2 avril i6i4. La bibliothèque de Tou-
louse, le fonds français de la Bibliothèque nationale et la
collection Gaignières renferment un grand nombre de ses
lettres.
' La connétable et la duchesse de Montmorency (Diana
de France) étaient venues voir le connétable; les pléni-
potentiaires espagnols parlent, le 20 octobre , d'une visite
faite à la duchesse de Lorraine par la connétable et la
duchesse de Montmorency. ( Papiers d'Etat du cardi-
nal de Granvelle, t. V, p. 280.) — ■ Voy. Lettre de lioisy au
maréchal de Brissac, du 7 octobre 1 558 (Bibl. nal.
fonds franc. n° 2o5a6, f°84); à cette date la connétable
était à Amiens où elle attendait le connétable.
-' Elisabeth. — Voy. pour son mariage avec Philippe 11,
Papien d'Etat da cardinal de Granvelle, t. V, p. 556 et
653; lettre de Bobertet à M. de La Vigne. (Bibl. nat.
fonds franc, n" '1129, f° 65.)
1559. — 25 avril.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
LE DUC DE SAVOIE1.
Mon frère, j'ay veu par la lettre que m'avez
escrilte l'aise et contentement que vous avez
de ceste paix , lequel n'est pas moindre de mon
costé, congnoissant le bien que c'esl pour toute
la chrestienté, et particulièrement pour le
vostre, lequel je vous ay désiré il y a long
temps, ainsi que j'ay prié le conte de Stro-
pian vous dire plus au long et vous asseurer
que, oullre l'honneur et l'amitié que j'ay toute
ma vie portée à madame ma seur2, à laquelle
j'ay tousjours désiré tout l'heur et le bien
qu'elle mérite, j'ay souhailté pour vous ce que
je voy, me resentant de l'alliance que autrefois
votre maison et la mienne ont eue ensemble;
car la congnoissant comme je fais, je suis cer-
taine, oultre l'honneur que ce vous sera, vous
ne pourriez recevoir un plus grant heur et
contentement, et si jusques à ceste heure j'ay
eu envve de m'emplover en ce qui vous touche,
je vous prie croire que d'icy en avant je m'\
emploiray de toute telle affection que pour
mes enfans propres, comme j'espère le vous
faire congnoislre en lotîtes les occasions qui
se présenteront; et cependant je me recomman-
1 Emmanuel Philibert, fds de Charles, duc de Savoie,
mort le 3o août i58o.
2 Marguerite de France, la sœur de Henri 11.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
121
deray bien fort à votre bonne grâce, priant
Dieu vous avoir en sa sainte garde.
De Fontainebleau , ce \\\ avril i5.j<).
\ otre bonne seur,
Caterine.
1 559. — 25 avril.
Orig. Bibl. iial. fonds français , n° S0597 , f 12.
\ MADAME DE BRISSAC
Ma cousine, Je conte Tbéophille2 s'en allant
en Italie, je luy donne charge de m'achepter
quelques draps d'or, de soye et autres bardes en
passant à Milan, qu'il m'a mandé avoir faictes
et ne reste plus que les me faire tenir; et en-
cores que je ave eserit par luy et pryé luy
donner les moyens de ce faire, touteffois je
vous ay bien voulu de rechef escrire la pré-
sente et TOUS pryer, ma cousine, incontinent
icelle receue, faire envoyer ung passeport à
.Milan par mon cousin rostre père et ferez
laisser I»1 nom du marchant en blanc et l'ad-
dresser audicl conte, afin qu'il anvoye le tout
en diligence, et favoriserés celuy qui aura
charge des dictes bardes pour l'amour de moy,
en ce que congnoistrés qu'il aura besoing de
vostre ayde et laveur, et ne souffrir qu'on luy
face payer aucun tribut, ay dace3, de peur que
cela ne fust cause de les retarder, désirant les
pouvoir avoir pour servir aux nopees de ma
fille; ce taisant, vous me ferez grand plaisir,
priant le Créateur vous avoir en sa saincte
garde.
A Fontainebleau, ce xxv' avril i55a.
'. ostre bonne cousine,
Caterine.
1 Charlotte d'Esquetot. Le volume 20527 du I Is
français renferme un grand nombre de ses lettres, cu-
rieuses pour l'histoire du temps.
s Théophile Calcagni, cité plus haut.
Taxe. — Voy. Ducange, Glois. t. I\, p. 1 17.
CilBERltlE DE MÉDICIS. I.
1 r>59. — 8 août.
Minuit. Uibl. 1 11 1 ; . . de Saint-Pétersbourg, vol. 18, f 77.
V LV PRINCESSE DE PORTUGAL1.
Madame ma bonne niepee, ayanl veu ce
(pue par le marquis de Tanara2 m'avez escript
et entendu ce qu'il m'a dicl de vostre part, j'ay
esté fort ayse et satisffaicte pour l'bonneste
consolation que me avez donnée en l'ennuy et'
affliction où je me trouve pour la perle es-
tresmeque j'ay faictedu feu Roy monseigneur;
laquelle j'ay d'aultant mieulx receue qu'elle
nie semble partir d'une personne qui ayant
esprouvé et senly une pareille fortune que la
mienne, sçait mieux congnoistre de quel poix
elle est et d'aultant est plus encline à plaindre
el avoir pitié de ccul\ qui en sont tourmentez;
et si mon mal esloit tel qu'aultre chose que
Dieu et la longueur du temps le penssenl
guérir, je vous puys asseurer que voz saiges
remonstrances y auroient peu donner beau-
coup d'allégement pour la bonne et sincère
affection dont je les estime estre proceddées,
dont je vous mercie fort affectueusement et me
sens infiniment tenue a vous aymer et conti-
nuer toute ma vie reste bonne el parfaicte
amytié, union et alliance qui s'esl si bien com-
mencée entre nous; pour l'entreténement de
laquelle saichant la ferme et constante vo-
lunté que le feu Roy monseigneur en a voit,
je n'oublieray jamais chose quelconque, el par-
ticulièrement je vous prieray, madame ma
bonne niepee, vous asseurer que, s il \ a chose
1 Jeanne, seconde fille de l'empereur Charles-Quint et
d'Isabelle de Portugal, mariée à l'infant Don Juan, fils
do Juan III, morte en i'7s-
* Il était envoyé par le prince de Portugal pour porter
ses compliments de condoléance à l'occasion de la mort
de Henri II. — Voy. sur cette mort , lettre d'Anne de
Cossé. (Bibl. liât, fonds franc. n° 20527, ^ "9-)
if,
22
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
eu quoy je vous puisse donner quelque tesmoi-
gnage de l'amytié que je vous porte et veulx
porter, comme j'ay prié le dict marquis vous
dire de ma part, vous congnoistrez par effect
n'avoir poinct une meilleure, ne plus parlai cte
amye que
Voslre bonne tante,
Catemne '.
1559. — S août.
Minute. Bibl. irop. de Saint-Pélersbourg , vol. 18, p. 7S.
A MONSIEUR LE PRINCE D'ESPAGNE J.
Monsieur mon nepveu, je ne vous sçauroys
dire combien j'ay receu de plaisir et de conso-
lation de l'honneste visitalion que m'avez faict
l'aire et au Roy mon fdz par le marquis de Ta-
nara, et de quel contentement m'a esté le tes-
moignage que par ià vous me donnez de l<i
sincère et parfaicte amytié que nous portez,
laquelle estant si bien commencée entre le feu
Roy monseigneur et le Roy catholique mon
bon lilz, et depuys continuée entre luy, le Roy
mon fdz et vous, je veulx croyre debvoir per-
pétuellement durer; me délibérant tenir toute
ma \ie la main à sa continuation, comme à la
chose du monde que je sçay le feu Roy mon-
seigneur avoir eu en plus de recommandation ,
et dont j'estime debvoir plus procéder de bien ,
de repoz et tranquililé à toute la chrestienté,
comme je \ous prie faire le semblable de vostre
part et croyre ce que j'ay prié audit marquis-
\ous en dire de par moy, comme vous vouldrez
faire moy mesmes. Et prieray Dieu, monsieur
1 \n dos est écrit : s La Rov;ne à la princesse de Por-
tugal , du viii* jour de aousl 1 ôâg.n
1 Don Carlos, né le 8 juillet i5&5 du premier ma-
riage de Philippe II avec Doua Maria, infante de Portu-
gal, tille du roi Jean III et de Catherine d'Autriche,
sœur de Charles-Quint. Il mourut le »h juillet 1068.
mon nepveu, vous donner l'heur et le bien que
vous désire
Vostre bonne tante ,
Caterine.
[Au dos.) La royne au Prince d'Espaigne.
vin" d'aoust 1 569.
1559. — (M) août.
Orig. Arch. des Médicis , dalla filza A780 , nuova numeraziooe.
A MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, l'honneste lettre que vous
m'avez escripte par vostre ambassadeur1, oul-
tre ce qu'il m'a dict de vostre part, m'a telle-
ment consolée en ma cruelle affliction, qu'il
est bien raisonnable que je vous en remereye,
comme je faiz de bien bon cueur, n'ayant
failly au mesme instant de mon infortune de
suyvre le semblable advis et prudent conseil
que vous me donnez : c'est assavoir de me con-
former à la volunté de Dieu et prandre toutes
choses comme venant de sa main, considérant
l'incertitude et instabilité de tout ce qui est
soubz le ciel; mais vous pouvez penser comme
il est bien difficille , quelque vertu et prudence
qu'il y ayt, de pouvoir dissimuler une juste
douleur procédante d'une si triste occasion
que celle qui se présente à mes œilx et à mon
cueur, ausquelsla vraye médecine est la bonne
consolation des parens el amys, dont entre
autres vous vous estes très bien acquitté avec
ma grande satisfaction, prenant et acceptant
de vous toutes choses, ainsi que vous les dictes,
et m'en asseurez par vostre dicte lettre, sans
avoir csgard à ce qui est passé; et ne vous prie
d'autre chose, mon cousin, sinon qu'il vous
en souvienne, et en ce faisant continuer en
' Leone Ricasoli. — Voy. Négociation* diplomatique*
avec la Toscane, t. III, p. io2.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
123
la bonne délibération que vous avez prise de
m'estre tel et à ceubt qui me toucheat, que
je doibz désirer el soubhaiter d'ung bon parent
et vray amv; en quoy faisant vous trouverez
en uio\ la réciprocque. El suis certaine que
le Roy monseigneur mon filz suyvra celle
inesme oppinion et ainsi que nous congnoistrez
par effecl es lieux el endroietz, où il aura
moyen et pouvoir de faire pour vous et l'aug-
mentation de vostre grandeur; et pour ce que
plus particulièrement j'ay devisé el commu-
niqué tant de relia que d'autres particulla-
ritez avec vostre dict ambassadeur, sur lequel je
me remettray, je ne vous feray la présente
]ilus longue, priant Dieu, mon cousin, qu'il
vous ayl en sa très saincte et digne garde.
Escript à , le .... jour de aoust
i55o.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1550. — 22 aoi'il.
Irch. des Médicis, «IMla tilza /^afi. nuova aamerazioue . p. i/i/i.
A MON COI S!\
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, aian! entendu que Hoaostanl
ce que monsieur le duc d'Albe vous avoit
laid entendre et prier de ma part, que vous
faisiez encore^ quelque difficulté de donner
permission et liberté' à la mère grand et à la
mère de messer Jehan Cavalcanti de pouvoir
disposer de leurs biens en faveur du dict Ca-
valcanti ou de ses enfans, remonstrant que,
à cause de la rébellion de messire Cavalcanti
tilset mary des susdites femmes, leur bien après
leur mort revenoit à vostre fisque el que vous
avez desjà donne' la dicte confiscation à ung
de voz serviteurs, lequel vous ne voudriez
frustrer et priver du don que luy avez faict,
je vous ay bien voulu escripre la présente et
prier, usant de bénignité et grâce, vouloir en
ma faveur et requeste donner la dicte permis-
sion aux susdictes l< mmes de pouvoir disposer
de leurs susdicts biens, el leur remectre et
quicterl'offence que leur filz et mary pourroient
avoir faicte e1 commise contre vous; et oultre
que ce faisant vous obligerez ledict Cavalcanti
et Ions les siens, vous me ferez pour beaucoup
de respeetz bien grant plaisir, lequel je ne
meclray poinl en oUbly et me trouverez tous-
jours preste à le recognoistre en semblable
cas ou meilleur, priant le Créateur, mon cou-
sin, vous avoir en sa saincte garde.
De Sainct Germain en l'Aye, le xxn"'" jour
d'aoust i 55g.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
(1559.) — 27 août.
Orig. Arcli. des Mciliiis, dalla filza £756, nuuva numerozion
(Imprimée dans les W-muirrs d'Étal de Ribier, 1. II, p. 881.)
I MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, je vous ay faict response à
l'honneste lettre que j'ay receue de vous par
les mains de vostre ambassadeur1 sur le trépas
du feu Roy monseigneur et époux, et pour ce
(pie par vostre diète lettre vous vous estes tant
et si libéralement offert au Roy monsieur mon
fils, à moy et à mes enffans, ce que j'ay de
très-grand eueur accepté par ma dicte response,
comme estant offres et paroles précédentes
d'un mien bon parent et amy que je vous es-
lime et répute; à reste cause se présentant
maintenant l'occasion par la mort du Pape2
1 Leone Ricasoli. — Voy. Négociations diplomatiques
avec I" Toscane, I. III , p. 4o6.
- Paul IV (Jean-Pierre Caraffa), né en î/iyC, mort
le 18 août i55g. Son successeur, Pie IV, ne fut nommé
que le ■<■> décembre 1 5 5 9 .
16.
l'2'4
LETTRES DE C \TIII
umniencerà vous employer à faire quelque
rliosc pour l'amour el en faveur du Iîov mon
■ lil sieur el fils el de moy, je vous ay bien
\ ou i ii escrire la présente, el vous prier aultanl
ii usemenl que je | m i-- . mon cousin . pour
le hou crédit que je sçay que vous avez envers
plusieurs de messieurs les cardinaux du S.
lége . de vouloir aider en loul ce que vous
pourrez mon cousin le cardinal de Ferrare à
■ . car oultre qu'il vous esl à pré-
sent de si près allie', comme il esl . el que par
ce moyen vous n'en pouvez, nj devez espi rc
sinon que loul bien, faveur el commodité en
vos affaires el à la grandeur de rostre maison,
vous estes asseuré que vous ne me sçauriez
pou i ceste lieure pins grand . n\ plus
agréable plaisir que celuy-là, el pareillement
i si 'm Roy mon Gis . lequel a faicl el
Ii va loul ce qu il pourra de sa pari avec mes-
sieurs les cardinaux qui sonl ;'i .sa dévotion el
la diligence de ses ministres pour faire par-
venir à ceste dignité le dicl sieur cardinal de
Ferrare, qui n'a laillv tic l'advertir des bou-
es offres que vous lu\ avez sur ce déjà
l'aides, clonl il a esté très aise el grandemenl
satisfaict; estimant qu'avec vostre moyen et le
i ou pourra faire quelque bonne chosi
pour le dicl sieur cardinal de Ferrare; aultre-
uii'iil el là où il n'\ auroil pas moyen, je vous
prie encore une bonne fois, mon cousin, de
m m- Miuloir dépesi liei à faire loul ce que vous
pourez pour >i' mesme effel en laveur de mon
cousin le cardinal de Tournon % dont les loua-
bles qualitcz el mérites vous sonl assez con-
nus, ayant par cy devant quelquefois faicl dé-
Si Ci ne le v uloil . dil on, Feri n sei ■ il papi .
I)épi:i heilc Leone Ricasoli du 1 1 septembre Vi rocia
i , l. I II , p. h
Voy. dans l s M i 'Etat . de Ribier 1 1. Il ,
p s:; • , rie; particularités du conclave où le cardinal
re le i ardinal de Tournon pape. -
IRI.NE DE MÉDIGIS.
monstration de l'aimer, estimer el honorer,
comme certainemenl il en esl digne; el je croj
qu'il ne se trouvera dedans le Saint Collège
personnage qui soil pour mieulx , n\ plus sain-
tement s'acquiter du devoir de ceste charge,
comme il esl certain qu'il fera.
\ \ ille Costerets, le \wn aoust.
i RINE.
I 559 Fin .i" i
\ul . Irch de Turin.
A M05 FRÈKE
LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, j <; reseu votre [être, par laquele
av entendeu cornent le roj il Espagne, mou
fyls, n'é poynl enbarqué1, pour u'avoyr le
venl à propos, de quoj je suvs bven marrye
pour I en-, vi ■ que je aj qu'il souyl byentot en
iyspagne, afyn que la Royne ma fylle puise
avoyr sel byen de aystre plulx toi auprès de
luy pour augmenter en tout sel que le pouré
1 amytic qui aysl entre le Roj son frère et luv,
el ausi pour l'envye que je aj de unis revovr
en sete compagnie, heu unis aysles désiré,
corne pouvés panser, de madame de Savove,
ma -eur. el du Roy, mon fyls, el de moy, tenl
que je panse que seré heun dé plulx granl
contentement que je aj poynl reseu depuis la
fortenne que Dieu m'a envoyé cl pour l'espé-
ranse que j'é que se ot, je ne fayré
pluK longue la présanle, prient Notre Signeur
vous donnerai! boni de Fan hem: beaus fyls.
\ olre bonne seur,
RIXE.
Philippe II pai lil i.1 aâ aoùl i jôg pour 11-
oi'i il n'arriva que le s septembre, après avoir essuyé au
di barquemenl une horrible tempête. Voy. .Lan de
Ferreras, Histoire d'Espagne, t. IX, p. 'i i niions
sous François II. p. -li.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
12£
i 1559. — Septembre.)
Aut. Bibl, liai . fonds français, n" 3393, f° il.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTARLE.
Mon conpère, ver au souyr l'on vint de-
menderau Roy mon fils l'abeyede Maubison1,
el me resovenanl quel es1 bonne et que voslre
seur la tinse, et près de vos méson, je la luy
demandis pour vostre fille qui est à Saynt-
Pierre à Rayns2, cet qu'il lia acordé et fayst
ayscripre ans religieuses de ue fayre neule
aylection d'aultent qu'il la donnaye à vostre
liile et retinse cete abeye du nombre de seles
qu'il ne veull qui souini myses en naylectyon.
Mon conpère, je ne \ous menderé poynt de
novelles, car depuis que vous avons lésé n'a-
vons eu ryen de noveau et seulement avons
fayst fayre les dépêches que Monsieur de
Gounort3 m'a disl qu'etiés d'aupinyon que
lisions pour le servise du Roy, mou fils, lequel
s'et porté très byen et toulte cete conpagnye,
qui scia aimyl dimyneuée de mon fils et ma
fille de Lorayne 4 que n'avons peu plusretenyr.
Nous en nalons mouler dan le bateau eelc
après dynaye el seré byen ayse quant saré de
vos novelles, léquele je prie Dyeu aystre ausi
lionnes que le désire
Voslre bonne coumère el amye,
Caterine.
1 Maubuisson, célèbre abbaye de lillns, do l'ordre de
Citeaux, dans l'Ile-de-France (Seine-ct-Oise), diocèse de
Paris v fondée en 12Ù1 par Blanche de Castille.
2 Louise de Montmorency.
3 Arlhus de Cossé, cité plus haut.
1 Claude.
1559. — 1 1 septembre.
Oriç. Rcconl office, State papers, France.
A TRÈS HAULTE ET EXCELLENTE PRINCESSE
rostre mus aimée bon\e selii et cousike
LA ROYNE D'ANGLETERRE ».
Très haulte el 1res excellente princesse,
uoslre très chère el très atnée bonne sœur el
cousine, à vous tant el si affectueusemenl que
faire pouvons nous recommandons. Nous avons
receu la lettre que \ous nous avez escripte par
le sieur deMewtes2, vostre panetier ordinaire
présent porteur, el entendu de luy leshonnesii»
et verlueulx propoz qu'il nous a lenuz de voslre
part, pleins d'une si saige et prudente conso-
lation que vous nous donnez en noslre infor-
tune, que nous ne voulons faillir à vous en
mercier autant affectueusement qu'il nous esl
possible, et vous asseurer que la douleur que
nous ressentons de la perte que nous avons
l'aide du feu Roy noslre très honoré seigneur
et mary nous est si récente et si lamentable et
en portons ung si extrême ennui, regret et
desplaisir que nous avons bon besomg (pie
Dieu qui nous a visité de cesle affliction nous
donne la force de pouvoir supporter et la grâce
de nous conformer à son sainct vouloir, auquel
nous nous soubzmettons, comme il est raiso-
nable. Nous vous voulons bien dire, pour cor-
respondance de la bonne intention que vous
avez à l'entreténement de l'amitié entre le Roy
monsieur mon filz et vous et l'observation des
traitez, que nous ne ferons jamais aultres offices
auprès de sa personne que ceulx que nous co-
gnoistrons pouvoir servir, non seulement pour
le confirmer de plus en plus en la parfaicle et
1 Elisabeth.
-' Sir I'. Mewtas. — Voy. dépêche de Tbrockmorton
à la reine Elisabeth. (Kalendar of State papers , 1 558-
i 55g, p. 5'i8.)
I2G
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
saincte amitié que nous sçavons qu il vous
porte, mais aussi pour la perpétuer, accroistre
el augmenter au commun bien, repoz et tran-
quillité de voz royaumes, cstatz et pays, ainsi
que nous l'avons déclaré plus amplement au
sieur de Mewtes, sur lequel nous remectant,
nous prierons Dieu , très haulte et très excellente
princesse, qu'il vous ayt en sa très saincte et
digne garde.
Escript à Villers Costeretz, le 11e joui
septembre 1 55g.
Vostre bonne seur et cousine,
Catemne.
de
1559. — i5 septembre.
Orjg. Archives des affaires étrangères, Correspondance d'Angleterre ,
t. XX, p. 5s.
A MONSIEUR DE NOAILLES1,
10SSBILLBB DU ROY MONSIEUR MON HLZ , W° DES BEQtïESTRS EH SON HOSTEL ,
ET SO.V AMBASSADEUR EX ANCLETERBE.
Monsieur de Noailles, pour ce quejeveulx
envoyer en Angleterre l'un de mes escaliers
pour acheter demye douzaine de guilledins2,
je vous ay bien voulu escripre la présente, à
ce que cependant et en atendant qu'il soit
arrivé par dellà vous regardiez d'en faire choi-
sir et recouvrer des plus beaulx et meilleurs
que l'on pourra trouver, à ce que aussitost que
le dict escuier sera arrivé par dellà il les puisse
amener et faire conduire incontinant de deçà;
et ce faisant , vous me ferez service très-agréable,
priant le Créateur, monsieur de Noailles, vous
tenir en sa garde.
1 Gilles de Noailles. fils (te Louis de Noailles et de Ca-
therine de Pierre-Buffiero, frère d'Antoine et de Fran-
çois de Noailles, né en i5aû, mort le 1" septembre
1 5f)7- 11 remplit plusieurs missions importantes en An-
gleterre, en Pologne et à Constantinople.
2 Cheval hongre. Ce nom est resté dans la langue an-
glaise. — Voy. Roquefort, Glossaire, t. I, p. 7^3.
De Césanne, près Reyms, ce xvc jour de
septembre i55p,.
Catëmne.
Fises.
1559. — 3o septembre.
Orig. Arch. de Mantoue.
A 51 ON COUSIN
LE DUC DE MANTOUE1.
Mon cousin, j'ay receu vostre leclre du vne
de ce mois et veu, tant pour le contenu dicelle
que parce que le sr Sigismond Gonzaga- m'a
dict de vostre part, le desplaisir que vous avez
receu de la mort du feu Roy monseigneur et
de la perte que par ce moyen non seulement
moy, mais aussi ce royaulme et tous ses bons
serviteurs ont faicte; ce qui m'a amené ung
tel ennuy et si grande fascherie que vous po-
vez penser, mais puisque ainsy il a plu à
Dyeu, il se fault conformer à sa volonté et le
prendre patiemment, vous asseurant que vous
me troverez toujours en bonne volonté de vous
faire plaisir en toutes les endroitz esquelz vous
me vouldrez employer, comme j'ay donné
charge au sieur Gonzaga vous dite plus am-
plement de ma part, que me gardera, me re-
mectant sur sa suffisance, de vous taire plus
longue lectre que de pryer le Créateur, mon
cousin , vous tenir en sa saincte guarde.
Escript à Bar le Duc, le dernier jour de
septembre i55g.
Vostre bonne cousine,
Catekine.
1 Guillaume de Gonzague, deuxième fils de Frédé-
ric II de Gonzague, devenu duc de Mantoue par le décès
de son frère, François de Gonzague, en iôdo.
2 11 appartenait à la branche des Gonzague, marquis
de Vesco Vado , éteinte en 1779; voy. Litta , Famiglie ita-
liane (article Gonzague), t. IV. — L'ambassadeur anglais
Tbrockmorton en fait mention dans une dépêche. ( Forhes ,
State papers, l. I. p. a45.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
127
(1559. — t3 oclobre.)
Aut. Bibl. uni. fonds français, n° 3392, f i5.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon coopère, vostre segretayre s'en retour-
nant ver vous, j'é byen voleu vous mender de
mes novelles, lesqueles sont bonnes quante à
ma santé, au demeurant corne m'avés laysée.
Je sayré byen ayse d'entendre dé vostre. Nous
en calons dan deu jours d'ysi pour achever
nostre voyage à Bloys, et vous aseure que je ne
\ is jeamès lent de cbases que en n'avons heu
eu tout set pays1. J'espère que la Royne ma
lylle- seré bventot mandée, set que je désire
byen tort, Je croy que ares seu la mort du duc
de Ferrare3, qui a ayslé byen soudeyne; son
fils 4 s'en vé bientôt. Je ne vous l'ayré plulx
longue lelre pour set coup, prient Dyeu vous
avoyr en sa seynte guarde.
Vostre bonne coumère et amye,
Cateuine.
1 11 est question de ces chasses dans une dépêche de
Throckmorlon à la reine Elisabeth. (Forbes, State pa-
liers, 1. 1, p. 2Ù8.)
3 Elisabeth. Le 23 octobre, elle écrivait à l'évêque de
Limoges, notre ambassadeur en Espagne : sJ'ay receu
les lettres que m'avez escriptes, par lesquelles j'ay en-
tendu le désir qu'a le Roy mon seigneur de me veoir qui
esl cause qu'avec moins de regret je suis délibérée de
m'achenjyner bientost pour l'aller lrouver.11 [Négociations
tous François 11, p. l3.)
Hercule d'Esté.
1 Alphonse d'Esté, né le 19 janvier i533, mort le
27 oclobre 1Ô97; il se trouvait à Bar-le-Duc avec la
cour au moment où arriva la nouvelle du décès du duc
de Ferrare, son père. Voici ce qu'en écrivait Cbanton-
uay, l'ambassadeur d'Espagne, à la duchesse de Parme,
le i3 octobre : <• A la nouvelle certaine de la mort du duc
de Ferrare, dont le filz est très marry à cause des que-
relles qu'il a eues en Italie et parce qu'il désiroit que le
dit duc son père lia apaisasl, le Roy et les Reynesont esté
visiter pour condoléance madame de Guise.i (Archives
de \ ienne. Lettres de Chantonnât/ à la duchesse de Parme.)
1559.
1 S octobre.
Orig. Bibl. oat. fomls Mareau, 11° 83a . f io4.
V MESSIEURS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT
POLR LE ItOV, UOHSIEDn MON TILS, À DIJON.
Messieurs, aiant entendu du sr d'Aumonl '
qu'il a ung procès pendant par devant vous
contre le sr de Corrabeuf, qui est dès long-
temps en estât de juger, duquel il a longue-
ment poursuivy l'expédition sans l'avoir peu
encores obtenir, quelque poursuitte qu'il en
ait faicte, je vous ay bien voulu escripre la
présente et prier de faire en sorte qu'ilz en
puissent estre promptement dépeschés en
bonne et briefve expédition de justice, de ma-
nière qu'ilz n'ayent plus occasion de revenir
pour cest effeet devers le Roy monsieur mon
filz et moy, priant le Créateur, Messieurs, qu'il
vous ait en sa garde.
De Esclairon, ce xvme jour d'octobre i55o,.
Caterine.
Fise>.
(1559. — Fin octobre.)
\nl. Arcli. Je Turin.
\ MON FRÈRE
LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, s'en reteournant le conte de
Bene2, je ne l'é veoleu léser partir sen cet mot
de letre pour vous prier de me mender de veos
novelles et cornent vous trouvés depuis que
avés recouvert vostre ayr; quant aux miè-
nes , ayle sont lyettle que pouvés penser et mil-
leure que quant vostre segretayre partyt, d'aul-
lent que anuit madame de Savoye ma seur
1 Jean d'Aumont, né en i532, maréchal de France
en 1579, mort en i5<j.>.
1 D'Elhene. — Vov. La Toscane françoise de l'hermite
de Solliers (art. D'Elbene).
128
LETTRES DE CATHERINE DE MED1GIS.
nous ayst reveneue trouver, qui ayst le plus
grant plésir que je sare's avoyr que de la voyr,
quy vous peult fayre panser conbyen je are
d'anui quant y fauldré qu'ele vous aile trou-
ver1, qui serct encore plulx grant si sen'éloyt
l'ayse que je lui voys de vous revoyr byentost
et l'espérance que je ay, mes que alyons à Mar-
-i'lle, de vous revoyr tou deus, et en setpendent
je nous priré me mander sovent de veos no-
velles, vous aseurant que n'an manderés jéa-
mès à personne qui vous aime mieulx, ni vous
désire plulx de contentement et de repos et
grandeur que fayst
Vostre bonne seur,
Caterine.
Nous attendons demayn heun jeantillioinme
de la chambre du Roy mon beo fyls, qu'il en-
voie pour quérir sa femme, qui nous fayst
aster d'aler à Bloys2.
1559. — ih novembre.
Copie. Arch. de la ville de Metz.
AUX MAGISTRATS DE LA VILLE DE METZ.
\h>sieurs, j'ay veu par la lettre que m'avez
escripte du cinquième de ce moys la prière
que vous me faictes de faire supercéder l'exé-
cution des lettres que le Roy monsieur mon
fils vous a escriptes pour le l'aict de la Reli-
gion 3, en quov je me feusse voluntiers em-
1 Diane de France écrivait au connétable de Monlmo-
rency : <■ Je ne veulx faillir de vous asseurer comme la
royne, mère du Roy, et madame de Savoye ont très grand
regret de se laisser l'une l'autre qu'elles relardent de
jour en jour le parlement de ceste ville.)) (Bibl.nat. fonds
franc. n° 3i88,f' loi.)
- Elisabeth do Valois écrivait à l'évêque de Limoges,
te aa octobre i ")5g : «Le roy mon frère s'est ynconlincnt
mis en chemin de Blois où il fera la fête de Toussaint*. -
— Vov. Négociations sou* François II, p. l5l.
3 Voy. pour la lettre de François II et tout ce qui tient
plove'e comme je feray toujours en toutes,
choses que j'estiineray vous pouvoir apporter
quelque bien, proffict et utilité, mais saichanl
combien pernicieuse et dangereuse est la diver-
sité de la religion en une ville et quelz trou-
bles et ruynes elle y apporte ordinairement,
je ne vous sçauroys mieux conseiller en cela
que de satisfaire à la lettre que le Roy mon
dit sieur et lilz vous en a escripte, et à ce
qu'il vous en respond présentement, comme
à chose qui appartient à l'honneur de Dieu
et qui aidera au bien et repoz de votre cité, et
sur ce, Messieurs, je prie Dieu qu'il vous ayt
en sa très saincte et digne garde.
Escript à Rloys, le quatorsieme jour de no-
vembre mil cinq cenl cinquante neuf.
Caterine.
1559. — ■ Fin novembre.
Aul. Bibl. nat. fonds français, n° 3 1 57 , f° 98.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'é reseu veos lelre, l'eune
par monsieur de Monmoransi l et l'aultre yer
par lu y mesme, et enlendeu set que lui avés
donné cberge de me dire, à quoy vous heuse
fayst pluktot réponse se n'eul aysté que je
vous veolès mander tout d'eun trayn sel que
le Roy mon fyls avest fayst pour vostre dis!
fyls, après avoyr veu la procouralyon que m'a-
\ 1rs envoyé pour luy remestre la grant mes-
à la prohibition de l'exercice de la religion protestante à
Mclz, VHÙioire île Metz, parles religieux bénédictin-,
t. UI, p. 86.
1 François de Montmorency. — Voy. Letlre du maré-
chal de Saint-André, du 17 novembre i55g, au conné-
table ; il lui fait part du contentement que le Roi et la Reine
ont eu en recevant la procuration envoyée par le conné-
table; il lui annonce qu'aujourd'hui son fils a prêté sit-
tnenl pour le maréebalat. (Bibl. nal. fonds franc. n°3l57,
f 11.,.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
129
trise entre ses mayns1, sel qu'il a trové si bon
de l'auneste fason que en aavés hausé que
yncontynenl \l a faysl dépéché la marichau-
syé à vostre fyls . ynsin que plulx au long
\ vous pouré mender et a comendé ausi
vostre asinasion pour vostre ranson2, et vous
iseure que vl é en très bonne volenté ver
vous et veos enfens; el de ma part je meteré
pouyne de la lui Fayre tourjour contyneuer
tyeule, el vous prie vous en naseurer et que
me troverés tourjour preste à fayre plésir à
vous et au vostres. Je vous prie fayre mes re-
comandation à vostre femme. Nous partons
demayn 3 pour aler mener ma f\ lie jouques à
Verteul4; moy et le Roy mon fyls ne paseré
Chateleraus. .Madame de Savoy5 s'en vé ausi,
de quoy je suys fachaye corne povés panser,
se se u'etoyt l'espéranse que j'é de byentot
la revoyr, je croy que je seuayterès que l'eut
encore à marier. Je ne vous fayré plulx longue
letre. après avoyr prie Nostre Sygneur vous
avpyr en sa saynte guarde.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
1 Le dnc de Guise avait exigé que le grande maîtrise
lut retirée au connétable et lui fût donnée. — Voy. P.An-
selme, t. VIII, p. 387; Régnier de la Planche, Commen-
taires de V estai de la religion (édit. de 1 5 G ■"> ) , f' 3.">.
- L'année suivante, le 22 novembre îô 60, le conné-
table priait la reine d'intervenir pour faire ratifier le
don que les Etats du Languedoc lui avaient fait : a Ce sera,
disait-il, occasion pour m'ayder de m'acquitter ce que je
doy pour ma ranson. 1 (Bibl. nat. Cinq cents Colbert,
1 ■•-, fJ if)3.) — Voy. Lettre du cardinal de Chàtillon
au connétable. (Bibl. nat. fonds franc, n" 3 1.07, f° 22.)
3 Le dépari de la reine d'Espagne eut lieu le 27 no-
vembre. — ttTbe xxvn of tins présent llie Queen catolike
departed from Chaslelerault towaresSpaine, acumpanied
with the King and Queen of Navarre and the cardinal of
Barbon. n (Lettre de Kitligrew à la reine Elisabeth, dans
Porbes , State papers , p. 267.)
4 Verteiiil-sur-Charente.
5 Marguerite de France.
Catherine de Médicis. — 1.
(1559. — Fin décembre.)
Aut. Arch. de Turin.
\ MON FRÈRE
LE 1)1 C DE SAVOIE.
Mon frère, le Roy mon fyls ayenl enten-
deu que aviés an mené Madame sa tente eu
votre ménage1, yl a veoleu yncontinenl en-
voyer Leni, jeantiihomme de sa chambre,
ver vous teu deus, pour vous visiter de sa
pari et vous fayre entendre le plésir qu'il a
reseu d'avoyr entendeu par Teligni2 el sel
qu'elem'a ayscript de l'auneur et bonne chère
qu'ele resoyt de vous et le contentement qu'élu
en né, qui l'aublige tent à vous aymcr el
fayre pour vous, qui vous fayré conestre ([in-
né sariés fayre chause qui seut aystre plulx
agréable, je ne vous dis poynt de moy, car
sachant, corne vous faystes, l'amour que je
luy porte, vous pouvés panser que je resenl
tout set plésirs el contentemens, corne se
s'étoyt à moy-mesme; n'ayenl chause en se
monde qui me peut plulx donner de joye, set
je an puis encore avoyr, que de la savoyr con-
tente et vous prie vous aseurer que je m'an
sent tent aubligée que vous povés fayre aystal
et disposer de moy corne de vous mesme.
Je montré au Roy mon fyls voire letre qu'il a
trovée si hauneste et si bonne qu'il a comendé
1 La duchesse de Savoie était encore à Blois le 1 9 no-
vembre 1 56o. — Voy. Forbes, State papers , 1. 1, p. aôg
— Elle fit son entrée à Lyon le 17 décembre 1 55o, se
rendant à Nice et accompagnée par L'Hospital, son chan-
celier, qui a écrit en vers latins le récit de ce voyage. —
Voy. Péricault, hôtes et documents pour servir à l'histoire
de Lyon.
J Le futur gendre de Coligny. — Voy. Lettre d l.i
duchesse de Savoie où elle parle de Téligny (Bibl. nat.
fonds franc. n"3i'j3. f°t)Q) et ce que dit de lui Le La-
boureur dans les Additions aux mémoires de Cdêtelnau .
t. II, p. 577 etsuiv.
130 LETTRES DE CATI1
que la pansion vous souyt dépêchée, corne le
rlésirés el non pas solement seia, mes ne
touttes lé chause qui vous toucheront, y vous
l'ayre loutjour coneslre cornent y vous ayme et
veoll fayre pour vous, qui ayst le plulx grant
byen que je sarès avoyr que le voyr en sete
volante, en laquele meleré pouyne toutte sa
vie de l'anterténir sella qui vous seré à jamès
Votre bonne seur,
Caterine.
1560. — 3 janvier.
iut. Bibl. nat. fonds français, n° 3i58, f° 8.
I \l MARÉCHAL DE MONTMORENCY'.)
Mon cousin, s'an retournant vostre femme'2
ynslruitte de la volante entièrement du Roy
mon fils , yl m'a semblé que n'étoyt pas grent
hesouing que vous fisc la présanle; mes voyent
la fiense que me mendés avoyr en moy, j'é
bien voleu aconpagner de la présantc pour
vous dire que n'an serés jeainès troupe, et que
cet3 pansés que, par le pasé, je ave lest quel-
que chause pour vous, que à présant n'y ai
moyndre volante en vostre endroyt, ni de dé-
sir de vous nv.iyiliors depouine et des creintes
que hordineyrèment avés que j'é eu parle pasé,
et par cete aucasion vous ay l)ien voleu l'ayre
cet mot aultre cet que je an né dist à vostre
femme pour vous dire de ma part que, cet jea-
mès eu! les volante de servir ha Dieu d'amy
catolique et ha vostre Roy, corne estent veneu
de ceulx qui bout si bien servi et bout ayté
1 A cette date il n'y avait de maréchaux que Brissac,
Saint-André el François de Montmorency, marié à Diane
légitimée de France. Cette lettre sans stiscriplion s'ap-
plique évidemment au maréchal de Montmorency. La
charge de grand maître venait d'être enlevée à la maison
de Montmorency.
Diane légitimée de France, citée plus haut.
1 Cet, m.
ERINE DE MED1CIS.
tent honnoré des siens el qui hont lent faysl
de servise à cet royaume que devés à leur
ymitation posposer toutes aultres cbauses et
considération pour en fayre de mesme, quant
bien conestrié vostre mal en le faysant, par
plus forte rayson devés enbraser et ayfeetuer
la volante du Roy à cet coup, veu que en lui
hauhéisant c'el voslre honneur, vostre conser-
vation et grendeur et de toute vostre may-
son qui me sanble que, ayent l'anlendement
aveques la volante tele que vous avés fest
aseurer que san dificulté favré cet servise à
voslre Roy, au royaume et à vous mesme de
mestre pouine de telement efectuer son co-
mendement que le Roy et le royaume vous en
seré aubligé et vostre sûreté si aseuraye que
n'aurés plus d'aucasiou de rien creyndre. Je
vous prie donc vous y résuldre, et ne vous aré-
ter aus chauses pasayes, car ynsin que les
afayres sont, corne de vostre coûté nous ayst
donné défiense et supeson, croye's que du
nostre on n'an fayst pas moyns; mes yl failli
couper chemin à tous ces fayseulx de novelles el
qui n emeret que de la division et du trouble, et
servir à cet coup à cete saynte et bonne volante,
de laquele en peult sortir l'antié repos de cet
royaume, la réunion de tous ses sugés grans
el petits, et anfiii revoyrlcs chause coine avons
veu d'aultre foys, m'aseurent que cet y volés
fayre cet qu'est en voslre puisasse, que en
rcsortirc le bien que en nespérons. Je vous
prie donc, monsieur le marischal, l'ayre cet
grant servise à vous et à nous tous et pansés
que le lestes au Roy, vostre bon mestre, mon
signeur, et à vostre patrye de la mestre en re-
pos; cet son fils qui est sa vray ymage de
corps, d'esprist el de bonlé; vous n'an seré non
plus troupe et aullent aviné el aveques lent
d'aucasiou lui ayent faysl un si grent cervise
qu'il ne faull jeainès doucter qui' sa bonne
grase vous la perdiés. aveques cel que cet son
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICI.s.
1 3 1
nature] de vous ayiner. Cet a\és quelque
créanse en moy, pour vous avoyr lousjours
monstre el an> vostres ma bonne Nolanté,
crdyés moj à eel coup, et si en nestes tronpé,
guardés cete letre pour me décrier la plus
malheureus el misérable non royne, ne nryn-
sèse, mes créateure que Dieu aye jeamès
'.r. el \ous donnés cet contentement et à
ions ics vostres de avoyr ayté cause de la res-
teauration de cel pouvre royaume et lésé cete
belle mémoyre de vous alla postérité et non
de avoyr aydé aile rouyner. Je prie à Dieu
nous fayre la grase de vous résouldre si bien
que le Roy. le royaume et tous les sugés \ous
soyt aubligés.
DeBloys, cet m' de jeanvyer i55o, (i56o).
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
i 1 ô 6 0 . — Février.)
Ant. Bil>l. nal. fonds français. nb 3ap,3, f° i.
A MADAME MA TENTE
LA DUCHESSE DE FERRARE1.
Madame ma tente, j'é reseu vostre letre et
\eu cornent vous en nestes retournaye à Mon-
targis, et que set je conoysès que vostre pré-
sanse feut nésésére ysi que aytes preste à y
venir, chause qui nous 'sera lousjour très
agréable et que vostre présanse nous sera à
grent contentement et bauneur; et se ne cre-
gnions I incomodités du temps el deu lieu pour
ne l'avoir lontemps sertayn, alant corne fay-
sons-, que san seles auçasions vous suplirions
croyre que c'est cet que désirons le plus que de
1 Renée de France, fille Je Louis XII et d'Arme de
Bretagne , née à Blois le 2 5 octobre 1 5 1 0 . morte à Mon-
targis l«- 1 ? juin 1 ô - Ç. . Elle fut mariée (i5a5) à Hercule
d'Esté, duc de F. Tiare, et était la mat raine de •Charles IX.
- Voy. pour son arrivée en France. Bibl. nat. fonds
franc, n" 1587a , f a 19.
nous voyr baurdinérement en 6ete conpagnie.
corne conoystrés, set Dieu nous fayst la grase
d'eslre de retour lia Fontainebleau , au ;iy s|ir
ron ' après sel caresme-perna2 aler; cl eu set -
pendent nous suplyrons croyre que si luj
plest de venir qu'ele sera la tics byen veneue,
ou si sa comodité ne luv permet, que cel qui
vous eu plera fayre sera Irové lousjour très
lion cotne de touttes chauses qu'ele fayra de
scia, qui se remest surBacbeforl Louchant no^
afayres , qui est tout cet que pour sel heure
luy peut mender
\ ostre antièrement bonne nyepsse,
Catebine.
I 560. — 3 février.
Orig. Arch. nat. C.ollect. Sîmanças, K, 1 i 9 .'ï , tt. 11.
AU ROY CATOLYQUE, M» MON FILZ.
Monsieur mon filz, pour ce que le sr Sci-
pion conte de Fiesque 3 m'a laid remonstrer
que, suivant la cappitulation du traicté de la
paix l'aide entre le feu Roy monseigneur et
nous, il doibt eslre remis en la possession '■!
joissance de ses biens que plusieurs lui occup-
pent et détiennent, et prié vous faire resqueste
pour luy de le recongnoistre pour vostre bon
serviteur, l'oyr en ses droietz, raison et jus-
1 Au aysperon , où espérons.
2 Caresme-perna, carême-prenant.
3 Le quatrième (ils de Sinibaldo, comte de Lavagne.
Banni de Gènes en 1 y'i 7, pour y avoir voulu faire revivre
les prétentions de la France, il se réfugia en France où
il devint chevalier d'honneur de Catherine de Médicis.
II se distingua au siège de la Bochelle en 1 573 , et obtint
le collier de l'ordre du Saint-Esprit en iTiSo: rrtarié à
Alphonsine Slrozzi. dame d'honneur de Catheri :'•. il mou-
rut à Moulins en i5p,8. — Voy. Lettre de l'A ubespinef Bibl.
nat. fonds français, n'J 10875, f° i5a); Dépèche de l'i -
vèque de Limoges ( Négociations sous François II , p. 2 90 ) ;
Lettre de Philippe II dans les Papiers <lu ranimai de Gran-
velle, t. V. p. 364; Lettre de François II (Archives nal.
K. i493, B. 11).
L32
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
lice, et luy vouloir faire tant de grâce et
■ le bien que de luy bailler la terre de Pontre-
inoly qu'il dict lui apartenir; je vous ay bien
voulu piier par la présente de lui vouloir ac-
corder en ma faveur ce qu'il demande comme
chose qui semble eslre juste et raisonnable, et
par ce moien vous le rendrés plus obligé et
affectionné à vous faire service; et de ma part,
Uni pour la maison de laquelle il est issu,
que pour les bonnes parties qui sont en luy,
je recevray le bien que vous lui ferez à plaisir
très-agréable. Priant le Créateur, monsieur
mon fdz, vous avoir en sa très saincte et digne
garde.
Escript à Bloys, le m" jour de février i55a
(i56o).
Voslre bonne mère et seur,
Caterine.
(1560. — Fin février.)
Aul. Bibl. nat. fonds français, n° 3292 , f° ai.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, je reseu vostre letrc et pour
se que je prie monsieur le cardinal de Cha-
tyllon 1 vous eu mender set que j'é fayst lou-
chant set que me mandiés, ne vous en feré
rediste; et sete ysi seré solement pour \ous
aseurer que je me porte bien de ma santé et
en ausi bonne volenté de vous faire plésir,
corne vous ay tourjour aseuré, qui seré l'en-
droyt heu je fayré fvn, vous priant fayre mes
recomandatyon à vostre femme'2 et à madame
de Monmoransi3, laquele je vous prie avoyr
' Lalellredu cardinal de Chàtillon , à laquelle fait allu-
sion celle de la reine, a été imprimée dans les Négo-
m sous François II, p. a6i; elle est du 20 février
1 56o.
- Madeleine de Savoie.
Diane de France.
tourjour pour recomendée et me l'anvoyer à
Bloys, ynsin que m'avés promys; et je priré
Dieu vous avoyr eu sa saynle guarde.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
(1560. — Mars.)
Orig. Record office, State papers , vol. 18.
A MADAME MA BONNE SEUR
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Madame ma bonne seur, allant l'évèque de
Valence l, conseiller au conseil privé du Roy
mon filz, par devers vous, pour l'occasion que
vous entendez, je n'ay voulu que ce fust san^
ceste lettre de moy, lui ayant donné charge
de vous visiter de ma part et dire aucunes
choses dont je vous prie le croire tout ainsi
que vous feriez la personne de
Vostre bonne seur et cousine,
Caterine.
1560. — Mars.
Aul. Bibl. nat. fonds français, n' 3396, f' 53.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GLYSE2.
Ma cousine, je n'écris poynl à monsieur le
cardinal, mes je vous ay voleu fayre cet mot
d'aultent que avons aysté avertis que de loul
coûté marche jeans à l'anteur de Bloys et en
la Beause 3, et que le Roy mon fyls leur ha
mendé le malcontentement qu'il an na el que
tous ayenl à leur retirer cheus eulx, aveques
1 JeandeMonluc. — Voy. pour le récit de sa mission en
Angleterre et en Ecosse, Négociations sous François Il .
p. 3ga; Bibl. nat. fonds Brienne, vol. 54 , f° ao5; Mé-
moires de Condt'-, t. I, p. 533; Tomizey de Larroque,
Notice sur Jean de Moidnr.
2 Anne d'Esté.
3 Ce fut le i5 mars qu'éclata la conspiration d'Amboisc.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
133
d'aultre provision qui luy lia donné; de peur
que, vous en venaut ton dus, vous les rancon-
trisiés, je vous ay voleu fayre cet mot pour
vous dire que je suys d'oupinion, san fayre
sanblanl que vous aye ryen mendé, que lam-
porisiés eun peu à Rayns ou à Nanteul, jeu-
ques à sel que tous souinl retiré, et ynconti-
nent le vous fayré entendre; car ne venant
poynt aconpagné, corne le Roy mon fds ne
veull plus que personne viegne le trover que
aveques son trayn, y me semble qu'il é iny-
leur le fayre, corne je vous mende, et ne
fauldré yncontinent vous avertir de tout pour
l'anvye que ha de vous voyr
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1560.) — 33 mars.
Orig. V M i i-, Jalla filîa 473G, nuuva nunierazioue, p. ilrn.
A MON COISIV
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, pourceque le Roy monsieur
mon tilz escript au cardinal de Tournon1 de
s'en venir en France et qu'il a à présent be-
soin;; de ses gallères, je vous ay bien voulu
escripre la présente et prier de luy en vouloir
bailler deux des vostres,' pour le mener et
conduire par de çà. Et ce faisant vous ferez
au Roy mon dict seigneur et filz, et à moy
bien grand plaisir, comme ce gentilhomme
présent porteur vous dira plus amplement de
1 François de Tournon , né en 1 48g à Tournon , mort
u Paris le as avril 1 5Ga , le cinquième fils de Jacques de
Tournon et de Jeanne de Polignac. Il fut successivement
archevêque d'Embrun (1517), de Bourges (i5a5),
d'Auch (1537), de Lyon (i55i), évèque de Sabine
i55o), d'Astre et de Vellelri ( i56o)., cardinal ( i53o),
abbé de Saint-Germain des Prés, gouverneur du Lyon-
nais et de l'Auvergne. La collection Gaignières renferme
un grand nombre de ses lettres.
ma part, qui me gardera de vous faire plus
longue lettre que de prier le Créateur, mon
cousin, vous tenir en sa très saincte garde.
Escript à imboise, le xxn°jour de mars.
Je vous prie le luy fayre bailler aussitôt
qui le demandera, afin que l'ayons plus toi
auprès de nous.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1560. — 27 mars.
Orig. Arch. de MoJène.
A MON COUSIN
LE DUC DE FER MUE1.
Mon cousin, s'en retournant le s'dom Loys-
par de là, je ne l'ay voulu laisser partir sans
vous escripre ce mot et vous prier, encores
cpie je sçay c'est chose superflue, l'avoir en
[elle recommandation qu'il le mérite. L'amy-
tié que le Roy mon filz et moy luy portons,
et ce qu'il estoit si proche au feu Roy monsei-
gneur me faict le vous recommander de telle
affection, vous asseurant, mon cousin, que le
Roy mondit filz et moy nous employions
tousjours pour luy en tout ce qui luy touchera
et pour vous, mon cousin, samblablement
comme je luy ay prié vous dire et d'autres
choses dont je vous prie le croire; et m'en re-
melaut sur luy aussi de toutes nos nouvelles,
je prieray Nostre Seigneur vous donner bonne
et longue vie.
De Amboise, ce xxvir5 mars i56o.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Alphonse d'Esté.
2 Louis d'Esté, né le a5 décembre i538, archevêque
d'Auch , puis cardinal en 1 5G 1 . — Voy. Lettre de Renée
de l'errare où elle parle au duc de Guise, son gendre.
de son fils Loys parti sans leur consentement «comme In
I aisnéu. (Bibl. mit. fonds franc, n" aobba, f° 391
13'.
•LETTRES DF, CATHERINE DE MÉD1CIS.
( 1560.) — 20 avril.
Orig. Arch. de Modène.
A MON COUSIN
LE DUC DE FERRARE.
Mon cousin, jai receu votre letre du deux
de ce mois, et entendu de Jehan Baptiste1,
l'un de mes gentilzhommes servans, tout ce
qu'il m'a dit de vostre part, surquoy je vous
ay bien voullu advertir que aianl veu l'affec-
tion et bonne voulonlé que vous axez eu tant
à fendroict du Roy monsieur mon lilz que au
myen, j'en ay telle asseurance qu'il ne sera
pas besoing de m'en donner aultre plus grand
témoignage par letre que celluy que j'en ay
cogneu jusque icy, vous merciant bien fort
du désir que vous avés de continuer, unis
asseurant aussy que, en tout ce que vous me
vouldrez emploier vous me trouvères en mes-
mes voulante de vous fère tout le plaisir qu'il
me sera possible, priant le Créateur, mon cou-
sin, qu'il vous ayt en sa saincle garde.
Escript à Chenouceau, ce xx' jour d'avril.
Vostre bonne cousine.
Caterlni:.
(1560. — ai avril.)
Orig. Arch. de Turio.
A MON FRÈRE
LE DEC DE SAVOIE.
.Mon frère, je reseu la lettre que m'avés ays-
cripte par Leny et entendeu par leuy set que
luy aviés comendé me dyre, de quoy je ma-
seurès avent que me l'eusié mendé, car je ne
fayré jeamès daulte2 que ne veolyés fayre pour
le Rov mon fils tout set que pourés, voyenl
; Jean-Baptiste Goncli ; il se rendait à Florence pour
m procès. — Voy. Lettre Je Catherine de Médicis an duc
de Florence, du i " juin suivant.
hni/hr . doute.
cornent y désire fayre pour \ous, set que je
in'aseure qui vous fayré toutes jour conestre
daventage, car y se saut tent leneu à vous de
la démonstration que vous luy faysle de l'a-
mour que luy portés, que je vous puis aseurer
qui le recon.es tré en touttes les cliause qui
pourré fayre pour vous; de moy je ne vous
an veos rien dire, car y m'en semble que, à
l'amour que je porte à madame de Savoye et
à vous, que vous povés vous prometre tout sel
que je pouré jeamès pour vous le fayre en-
core mieulx conestre l'anvye que j'i é de luy
fayre servise, et fayre pouyne en tou vous don-
ner toutes contentement que sarié désirer; et
encore que, Dieu mersi, lé cliause souvent en
aystel que nous n'ayon besoyng de vous don-
ner neule poygne, si ne léson nous de vous
avoyr la mestne aublygation que set vous feu-
sié veneu , laquele le Roy mon fils et mov
n'aublyron jeamès come vous conestre mieulx
par les ayfayst que de paroles; et pour se que
set jeaiityllhomme vous conféré byen au long
touttes chauses1, je ne vous fayré plulx longue
letre après vous avoyr dyst que j'é peur que
ses novelles avent fayt etnpyrer Madame2, por-
(|uoy je vous suplye l' aseurer, come la vérité
ayst ausi, que touttes chauses s en vont m
apèsée qu'i ne s'en fault plulx donner de
pouyne, mes remersier Nostre Signeur de la
' 11 s'agissait de la conspiration d'Aniboise. — Voy.
Lettres de François II au connétable de Montmorency
(même volume, P" il et lu); Lettre du cardinal d>
Lorraine et duc de Guise au connétable (même volume,
r;S); Mignet. Journal des Savant», cahier d'août 1 s 5 7
Aux archives du ministère des affaires étrangères, dans
1rs Papiers ie Vàtifles, vol. \\, f 36a, et sous ce titre:
Nouvelles venues de France . on trouvera de curieux détails
■~ur celte conspiration.
s Dans une lettre du îO juin 1 .">."> 1. le- duc de Savoie
donne à Catherine quelques détails sur la maladie de la
duchesse, et la remercie de lui avoir envoyé Castellan.
son médecin. (Bibl. nat. tonds français, n" 38a8 ■ I 65. 1
LETTRES DE CATHERINE l>E MÉDIGIS.
135
grase qui nous lia fayte, laquele je aystymeré
encore plulx grande, se rant lyeule seule à
madame de Savoye que luy désyre
\ ostre bonne seur,
CiTKRINB.
( 1560. — Fin avril.)
Aut. Arch. de Turin.
\ MON FRÈRE
LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous me faytes (ou les jour co-
nestre daventage l'amour que me portés,, en-
core que je n an deute poynt, voyeut le souiug
(jue avés de moy, de quoy je ne vous reiner-
siré poynt, mes vous aseureré byen que n'an
nore's jeamès de personne, aurmys sel qui
1560. — a'i avril.
Orijj. Arch. àV Modènc
A MON r.Ol SIK
LE DUC DE FERRAI? E.
Mon cousin, j'ay reccu votre letre du xxn"
mars dernier, ensemble les trois l'aulcous (pie
le présent porteur m'a présentés de votre part,
desquelz j'en ay prias et rhoisy ung, et les
deux autres ont esté baillés à mes cousins les
cardinal et duc de Guyse, ainsy qu'il estoit
porté par votre letre; vous remerciant aultanl
affectueusement que je puis de la bonne sou-
venance que vous avez eue en cesl endroicl
de moy, dont j'espère avoyr ma revenebe,
quand je cognoistrav qu'il y a ebose en ma
puissance qui vous puisse servir et soyt agréa-
ble, priant le Créateur, mon cousin, qu'il vous
ayl en sa très sainte et digne garde.
Escript à Amboise, ce xxinT jour d'avril
1 5 6 o .
Voslre bonne cousine,
Caterine.
vous louche de si près que madame de Sa-
voye, qui vous ayme plulx, ny désire daven-
tage votre contentement et grandeur, et \otis
pouvés aseuré que, lent que je vyvray, le co-
nelré \nsin en loutes les cliauses, en (pioy je
are moyen de le vous l'ajre coneslre, el me
semble que ne vous en puys donner pluz bêle,
ny mylleure aseuranse que d'avoyr auprès de
vous la chause de set monde que j'é ausi chère;
et sachant cornent vous l'aymés ay Irélés, set-
la m'aublyge lent à vous que vous en pouvés
aseurer corne de vous mesme et ayslent ser-
layne que n'en doutés poynt, je ne vous fayré
plulx longue la présente, me recomendenl à
votre bonne grase.
Votre bonne seur,
Caterine.
(1560. — Mai?)
Orig. Rihl. mil. fonds français, n" 3a92 , f" 39.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, j'ay veu par la layslre que
vous m'avez bayscrypte ay ausi à set que m'a
dysl Méreu ' comment vostre fylle de Dan-
vy lie2 ayst accuchée d'eung fyls3, de quoy j'ay
bayslé byen ayse pour le playsir que, je suys
seure, vous an navez reseu; ay quanta set que
me mandés de le l'ayre teayr, j'en bayscryplz
à madame de Monmoiansv, laquelle je vous
prye m'envoyer après qu'elle aura l'ayst pour
moy sest offyse. Je ne vous manderay poynt
des nouvelles de sayste compagnye par sel ipie
1 Charles de Montmorency, sieur de Meru, troisième
lils iln connétable, cité plus haut, p. 1 17.
■ Antoinette de La Marcl , fille de Robert dp La Marck .
dur de Bouillon, et de Françoise de Brézé, mariée à
H1111 v de Montmorency le -iti janvier i558(l55q).
1 II ne m'a été possible de désigner ce fils. — Voy.
Duchesne, Histoire de lu Maison Montmorency, y. hh\, el
Preuve*, p. 3o3.
136
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
tous lays entendrés par le dyst Meru et aussy
par monsieur le cardynal de Chaslillon que
vous verres byentost; seullement vous prieray
fayre mes reconiandatyons à madame la con-
neslable ay en prandre vostre part d'aussy
bon cueur que les vous favst
Vostre bonne coumère et amye,
Caterixe.
1560. — ai mai.
Copie. Arch. des affaires étrangères, Angleterre, t. XXI.
AU DUC D'ALBE '.
Mon cousin , et parce que le Roy mon bon
filz2 m'a escripl, et par ce que le seigneur Gar-
cillasso de la Vega3 m'a dict de sa part, et
par la lettre que m'avez envoyée, j'ay de plus
en plus occasion de louer et remercier Dieu
de la grâce qu'il lui a pieu me fayre de me
donner ung tel fdz, qui de jour en jour me
donne nouvelles occasions de contentement
el satisfaction ; vous povaut asseurer, mon cou-
-in. qu'entre les bons offices que le Roy ca-
tholique mon bon filz a faicl pour l'enfretè-
nement de la commune amityé d'entre luy et
le Roy mon fdz, je n'estime point cestuy-tà
petit d'avoir envoyé le seigneur Garcillasso
par deçà , pour tenir la main , de sa part, à la
pacification des choses d'Angleterre, lesquelles
feussent en plus mauvais termes encoresqu'elles
ne sont, si je n'eusse tenu la main bien ferme
et disposé le Roy mon filz, autant de fois que
la Royne d'Angleterre luy donnoit occasion de
■-aigrir et se revancher, d'avoir patience à
1 Ferdinand Alvarès de Tolède, troisième duc d'Albe,
né en i5o8, mort le 12 janvier i582. — Voy. Bran-
tome, édit. L. Lalanne, t. I, p. ai.
- C'est ainsi qu'elle désigne toujours son gendre Phi-
lippe II.
3 Voy. Instructions données par Philippe II , le 16 avril
i56o, à Garcilasso de la Vega (Arch. nat. Collection Si-
mancas, K t6g3, B. 13); Mission de Garcilasso de la
Vega (Bibl. nat. fonds franc. n° ii>855, P 4g).
cloire les yeux à tout cela pour venir à ung
bon appoinctement, estant très aise que ledict
seigneur Garcillasso voye et entende et vous
mande, comme j'estime qu'il fera, le debvoir
en quoy nous nous sommes mis pour ne ve-
nir à la guerre où elle nous veult, maugré
nous , attirer ; chose que je puis vous dire que
je n'eusse faict et que nous n'eussions enduré
sans l'extresme envye que j'ay de conserver le
repos à la chrestienté que le Roy mon sei-
gneur y a laissé, et le désir que j'ay de com-
plaire au Roy mon bon filz, et lui faire con-
gnoistre combien je faiz de comple el veulx
mectre peyne d'ensuivre ses bons et saiges con-
seils et advis; m'asseurant que, quand il en-
tendra le faict comme il est passé, il trouvera
que nos actions sont trop justifiées devant
Dieu et les hommes. Si ne fault-il en demou-
rer là, car jusques icy ce que le Rov mon bon
filz a fait faire par ses ministres à l'endroict
de la dicte Royne a peu servy et profité, et s'il
n'y mect maintenant la main, luy faisant bien
sentir qu'il ne veult habandonner la cause de
Dieu qu'elle seulle veult opprimer, et que.
puisque nous nous mectons à toutes les raisons
possibles, si elle ne si accommode de son
costé, qu'il sera contrainct d'embrasser la
deffense de la religion et ayder au Roy mon
filz à chastier ses rebelles subjeetz e! héré-
tiques, je ne voy pas qu'il y ait chose que la
puisse renger à la raison ny disposer le Roy
mon fdz, si elle continue à luy faire la guerre
comme elle faict, de avoir plus longue pa-
tience. El pour ce, mon cousin, que cela me
desplairoit extrêmement et que je sçay com-
bien de vostre part vous avez tousjours esté
amateur du bien et repos de la chrestienneté,
je vous prie vous y employer comme en une
chose où je juge, quant à moy, y aller plus de
de Dieu (pie de l'intérêt du Roy mon filz.
n'estant, Dieu mercy, despourveu de force et
LETTRES DE CATI1E1UNE DE MÉDLCIS.
13i
moyen pour se deffendre d'une royue d'An-
gleterre, pour se que les choses de la religion
sont désormais allées si avant qu il est be-
soing ne plus tarder à \ remédier à bon es
sient. J'estime que l'insolence de ceulx d'Ecosse
conforte ceulx qui sont en ce royaulme et en
voz pays de cesle oppinion en leurs erreurs cl
leur donne audace pour en faire quelquefois
aultanf comme ilz ont faict. De quoy je vous
parle plus privément qu'à ung aultre, pour ce
(pie congnois vostre zèle à l'honneur de Dieu et
l'amitié et bonne volunté que me portez, dont
vous faictes tous les jouis tant de démonstra-
tion' à l'endroict de ce qui me touche et le
Roy, mon filz et à l'endroict de la Royne ca-
Lholicque, ma fille, que vous pouvez asseurer,
mon cousin, je ne la mectray jamais en oubly
pour m'en ressentir en tout ce que je pense-
ray pouvoir apporter quelque bien et utilité à
vous et aux vostres, comme vous congnoistrez
plus aux elfectz que de parolle je ne le vous
puis exprimer. Qui sera fin, priant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Loches, ce x\i° jour de may i56o.
1560. — 22 mai1.
Miaule. Iiihl. h;it. fonds français, u° 10871, f" 17D .
A MONSIEUR LE COMTE DE TEIVDE2.
Mon cousin, le Roy mon filz escript pré-
sentement à mon cousin le grand prieur3, ca-
pitaine général de ses gallayres, qu'il ayt à
faire partir en la plus grande dilligence qu'il
1 Les instructions données à l'évêque de Rennes allant
en Allemagne sont datées de Loches le 39 mai i5(3o. —
Voy. Cinq cents Colbert, n° 3r)i , f 93.
2 Cité plus haut, p. 2.
3 René de Lorraine, marquis d'Elbeuf, septième fils
de Claude 1" de Lorraine et d'Antoinette de Bourbon,
né le 1 .'1 août i53(>, mort en i56G.
(]\THF.nne de Mkdicis. — 1.
pourra deux des gallayres qui restenl à Mar-
seille pour aller quérir mon cousin le cardinal
de Tournon, à quy, affin de oster toute occa-
sion de délay, je faictz présentement envoyer
deux mille escuz, assavoir mille pour chas-
cune gallayre pour pouvoir sortir el faire ce
long voyage, sans qu'ilz soyenl employez à
aultre chose; el pour ce je vous prie, suivant
ce qui en sera ordonné par mondict cousin à
vostre iilz ' d'envoyer une de ses gallayres, de
donner ordre qu'il n'y use d'aulcun délay,
d'aultant qu'il importe beaucoup pour le ser-
vice du Roy mon filz que ledict cardinal de
Tournon soyt icy. Estant tout ce que je vous
puys dire, sinon que je vous prie faire tenir à
madame de Savoye le pacquet que nous lin
envoyons. Priant Dieu , mon cousin , vous avoir
en sa saincte et digne garde.
De Loches, ce. . . . jour de may.
(Au dos.) La Royne à Monsieur le comte
de Tende, du xxn° jour de may i56o.
1560. — 1" juin.
Orig. Arrh. île Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, ayant entendu les deffenses par
vous faictes à tous vos subjects de n'aller au
service des autres princes et sachant comme
Françoys de Manthon2, seigneur de Conciles.
1 Honoré de Savoie, fils aîné du comte de Tende, pril
d'abord le titre de comte de Sommerive , puis celui de
comte de Tende; né en octobre 1 538 à Marseille, morl
à Avignon le H octobre 1Û7J.
2 François de Menthon , sieur de Couettes (ou Coveltes )
et de ta Gésière, marié à Marguerite de Chàteauvieux et
qui devint gouverneur de Bourg. — Voy. Guiclienon, His-
toire de Bresse (1 " partie) , p. a53.
18
1:58
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
enseigne do la compaignie de mon cousin,
le duc d'Estampes ', est nécessaire en sa dicte
compagnie , je vous prie luy permectre la ve-
nir trouver et y demeurer librement, sans
pour ce luy faire ou donner aucun trouble,
ne empeschement soubz ombre de vos dites
fielleuses, et vous me ferez plaisir très agréa-
ble; priant Dieu, mon frère, vous donner en
parfaicte santé longue vie.
Escript à Romorantin, le premier jour de
juing i56o 2.
Vostre bonne seur,
Caterine.
1500. — 7 juin.
Orig. Arch. de Turin.
A MESSIEURS DE GÈNES.
Très chers et grands amys, les sieurs Tobie
Pasavicin et Jhérosme Lumellin, vos ambassa-
deurs devers nostre très-honoré seigneur et
(ilz, nous ont apporté les lettres que vous nous
avez par eulx escriptes, et oullre icelles faict
entendre les gracieux propos et honnestes
offres que vous leur avez donné charge nous
fayre et tenir de vostre part; sur quoy nous
leur avons faict les responses et remerciements
qu'ilz vous sçauronl bien et fidellemenl rap-
porter à leur retour devers vous, dont nous
vous prions les vouloir croire comme nous
mesmes, et nous supplierons le Créateur, très
chers et grands amis, qu'il vous ayl en sa
1res saincte et digne garde.
Escript à Bloys, le vne jour de juin i56o.
Caterine.
1 Jean de Brosse, marié en i.r>3(i à Anne de Pisseleu,
maîtresse de François 1er; il lut comblé de biens el
d'honneurs el oblinl l'érection du comté d'Étampcs en
■1 'M Ih:.
2 Une lettre adressée par M. Jones à l'ambassadeur
Tbrockniorlon nous donne l'itinéraire de la cour : de
1560. — 8 juin.
Minute. Bibl. itnp. de Saint-PéVrsbourg , vol. 18, f'' 79 el 8u.
A MONSIEUR DE LIMOGES '.
Monsieur de Lymoges, le discours que le
Roy mon illz vous faict de ce que l'ambassa-
deur d'Espaigne2 estant icy a faict ces jours
passés me semble bien mériter d'estre bien
pesé et considéré; car estant bien pris, je
m'asseure, il ne sera nullement du monde
trouvé bon par delà, et d'aultre cosléje crains,
si nous n'en pouvons tirer le fruict que nous
espérons, qu'il soyl cause de l'irriter davan-
tage pour fayre encore pis; et pour ceste cause
vous en userez comme vous connoistrez qu'il
sera meilleur el plus utile pour le bien du
service du Roy mon filz, me semblant qu'il
sera bon que vous faciez tenir ce discours au
duc d'Albe et que luy dissiez que je u'ay
voulu faillir de l'en adverlir, pour la promesse
que je luy fiz à son parlement de luy dire
franchement et l'advertir de tout ce que je
congnoistroys qui pourrait amener quelque
Loches elle était venue à Montrésor, puis à Saint-Aignan ,
d'où elle gagna Romorantin , où elle devait séjourner quel-
ques jours. (Forbes, Slate paper», t. 1, p. i 87. )
1 Sébastien de l'Aubespine. second fils de Claude de
l'Aubespine, né le 3i avril i5i8, porta d'abord le litre
d'abbé de Bassefontaine, puis promu à l'évêché de
Vannes, il l'échangea contre celui de Limoges; il mourut
le ■:. août i58a.
- Thomas de Perrenol de Granvelle, sieur de Chan-
tonnay, frère du cardinal de Granvelle. — Voy. Lettre
autographe de Philippe II , du 3o mai 1 5(io , annonçant sa
nomination. (Bibl. nat. fonds français, n° 3i5q, f'G6.)
— Voy. Lettre du cardinal de Lorraine à l'évéque de
Limoges; il se plaint vivement des procèdes de l'ambas-
sadeur d'Espagne : rNous lui ferions 1res bien sentir, dil-
il, s'il l'ignoroil, que la maison de Lorraine et celle de
Perrenot ne sont pas d'une mesnie qualité et qu'il debvroil
se conduire plus modcstemenl.- (Bibl.'nat. tonds franc.
n° i5N7A, P5i.)
LETTRES DE (. \TII
altération en l'amitié des Roys mes filz, ainsi
comme de son cousti'- il me promis! de faire
semblable office, et d'aultant que c'est chose
qui est de telle conséquence qu'il peult juger
pour le malbeur qui peult advenir de telz
malcontentemenl que les princes peuvent avoir
de ceulx qui négotienl avecques eulx, j'au-
roys graot regret que cela passast plus avant
et seroys bien fort ayseou que le dict ambas-
sadeur lui si advisé doresnavant de ne nous
estre si ennuyeux et insupportable, comme il
i esié jusques ic\ par ses estranges déporte-
mens, ou bien qu'il y en eut ung aultre qui
se monlrasl plus désireux d'entretenir l'amytié
qui est entre le Roy son maistre et le Roy
mon filz; sur quoy \ous verrez bien comme il
prendra lout ce que dessus, et après lui avoir
bien faict entendre que nous en sommes fort
irritez et que vous avez nommément charge
de vous en plaindre et douloir de nostre part
à l'endroict du lîoy mon bon filz; ce qu'il
\ous respondra1 dores vous sera ung advis
pour sçavoir comme esl que vous avez à en
parler au Roy mon bon filz , lequel, il est très
nécessaire, entendra comme c'est qu'il se gou-
verne et qu'on en est en peyne, afin qu'il lui
chante bien sa leçon et le lace estre plus saige
et plus retenu. J'en escriptz une lectreaudicl
Duc que vous lirez et la lui présenterez si vous
voyez qu'il en soyt de besoing. Au demourant
j'av veu ce que m'escripvez de ceste fille2 qui
s'esl précipitée, ce qui est bien grande for-
On a efface : -et la façon dont il l'aura pris.n
J Voici uni; lettre de l'évêque de Limoges (10, mai
îôtio), qui explique celle de la reine : cAvant le parle-
ment de la Royne catholicque pour aller à Ranchois où
elle est fort bien traictée et caressée de son tnarv,, il rint
une fortune à une des filles des damoiselles que je n'ay
voullu laillir à vous mander, madame, crainte que l'on
ne >ous empire le compte. Elle se nommoit Chaineau et
eroy qu'elle esloit de Blois; par les chemins s'estent
trouvée fort mal de la fièvre, el depuis avoir esté arrivée
ERINE DE MÉD1CIS. 139
tune, mais la fureur du mal aura excuse ce
qui en tel cas peult advenir à toute personne
du monde. Je désire fort que toutes les aultres
se ci induisent si sagement comme le m'esrri-
vez, vous priant, M. de Limoges, quand vous
entendrez quelque chose qui n'ira pas bien
d'en advertir la Royne ma fille, affin qu'elle
y donne ordre. Et quant à ce que me mandez
du peu de moyen qu'il y a que de ceste année
je puisse veoir le Roj mon bon tilz, je suis
merveilleusement ayse d'entendre qu'il soyl
en pareille volunté que moy, car cela sera
cause de luy en fayre ' quand la com-
modité de ses affaires le pourra porter, les-
quelz quant à moy je respecte tant que je ne
vouldrois pour chose quelconque estre cause
d'y apporter la moindre incommodité du
monde, m'asseurant qu'il sçait assez que ce
que j'en faisoys n'esloyl que pour l'extrême
envye que j'ay de le veoir et l'asseurance eu
quoy je suis que ceste veue ne sera inutile
pour le bien de la chrestienté et de ces deux
royaumes; mais puisque ses affaires ne me
peuvent permettre de jouir si tost de ce bien
là, que je desiroys, j'atendray sa commodité,
à laquelle je seray tousjours fort ayse de
m'accommoder. Vous ne fauidrez au demou-
rant, monsieur de Limoges, de luy faire eu-
tendre le regret que le Roy mon tilz et moy
en ce lieu, aussi on la misl pour estre mieubt et plus soi-
gneusement Iraictée en ung monastaire, où les dames
avoient d'elle tout le soing qu'il esloit possible; qui ne
peult tellement proulfiler touteffois que son esprit ne se
troublast, ce que luy resta après avoir perdu sa Gèvre
sans que on lu peust garder de retourner au chasteau où
elle fut receue et logée comme elle souloil en la chambre
de \|lk de Guittinière; d'où, la nuit suivante, sur lu mi-
nuit, elle se jelta par les fenestres qui sont forl haut tes,
tellement qu'elle demeura morte sur la place. La royne
en fut deux ou trois jours en quelque fraieur.» ( liibl.
liât, tonds franc. n° 1 5876 , f° 17.)
• Illisible , peut-être ouverture.
18.
lâO LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
avons de la perte que son armée à soufferte '
cjui ne me louche pas moings quant à moy
que si ce malheur estoyt advenu au Rov mon
filz, pour les aymer égualement et estimer
leurs fortunes si conjoinctes que riens ne
sçauroit advenir à l'ung de bien ou de mal
que l'aiiltre n'en doibve sentir sa part; sur
quoy vous lui ferez le plus honnestemenl
qu'il vous sera possible offre de tout ce que
le Roy mon filz a eu sa puissance et me man-
derez comme est qu'il l'aura reeeu. Priant
Dieu, monsieur de Limoges, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
DeBloys, ce. . . . jour de juin i56o'2.
C&TEMNE.
1560. — îG juin.
Orig. Arch. desMédicis, dalla filza 6726, ouova numerazione.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, s'en allant Gondy 3, l'ung de
mes gentilshommes servans, à Florence pour
poursuivre le jugement d'ung procès qu'il y a,
pour raison de quelque héritaige qu'il prétend
luy apartenir et à sa mère, je vous prie com-
mander qu'il luy soit faict la plus prompte et
hriefve expédition, de façon qu'il soit bientost
délivré de ces affaires, ce que faisant, mon
cousin, j'auray pour très agréable. Je prie le
Créateur vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à Chasteaudun, le xvic juing i5Go.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Les Turcs venaient de reprendre l'île et la forteresse
de Zerbi l h mai i56i). — Voy. Lettres de Vévèque d'An-
goulème publiées par Henry; Reims, «859, P- -6.
Au dos est écrit : r La Reyne mère du Roy ce ni"
jour de juin i56o, à Monsieur de Limoges. n
3 Jean-Baptiste de Gondi, cite plus haut, p. i.
(1560 —Fin juin.)
Aut. Arch. de Turin.
A MA SEOft
MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, je vous ayscrivis l'aultre jour co-
rnent le Roy mon fils avoyst donné congé au
président de Birague ' pour vous aler trover.
1 Voici une lettre de François II au duc de Savoie,
que nous avons copiée à la bililinthèque de Saint-Pé-
tersbourg; elle est du i5 juin i56o et donne de curieux
détails sur la maison de Birague : o Mon oncle , il y a jà
assez longtemps que j'eus quelque advis que les Birague
vous recherclioient pour entrer en vostre service, dont je
ne voulus riens croire que premièrement je ne fusse bien
informé, ne me semblant raisonnable de penser que per-
sonnes qui avoient esté bien traitez au service des feuv
Rois mes grand-père et père et grandement honorez d'eulx
et de moy, se voulussent départir de mon service sans
occasion; ni aussi peu me pouvois-je persuader qu'ilz
feussent praticqués de vous, estans tous en mon service
en charges grandes et honorables, qui a esté l'occasion
qui m'a jusqu'icy retenu et empesché de vous en mander
et jusqu'à ce quej'aye sceu qu'ilz estoient fort avant en
ces termes, ayant pour cest effect envoie Cari de Birague.
l'ung de leurs frères, devers vous, chose que j'ay trouvé
bien estrange, tant pour ce que je ne puis que trouver
grandement mauvais que le feu Roy mon père leur a\t
faict tant de biens et d'honneurs et usé d'ung si bon trai-
tement à leur endroict qu'il leur a faict à tous particu-
lièrement, par où il a bien recogneu les services qu'ilz
luv ont faietz et que maintenant ilz venllont, de gailé de
cueur, quitter mon service sans juste cause, si ce n'est
que peull-eslre ilz sont navrés de n'avoir l'autorité en
Piedmont qu'ilz ont eu devant que la pluspart du pays es-
toit entre les mains de feu Roy monseigneur et père; en
quoy ilz n'ont pas grande occasion de se plaindre, car
s'il est diminué de leur puissance et de leur autorité en
ce que leur commandement ne s'estend point si avant
qu'il souiloit, il n'est riens diminué, ne deschen de leurs
eslalz et pensions, estant aussi bien et grandement trair-
iez de moy, comme si tout le pays estoit encores en mon
obéissance, et qu'ilz furent oneques par le passé, et
oultre cela il y en a ung qui est chevalier de mon ordre
qui avant quitté mon service faudrait qu'il fut appelé de-
\ant les frères de l'ordre, el que là il feist apparoir de
LETTRES DE CATH
set qui l'en-, comenl j'- vous a\ déjèa mendé,
mes v m'a disl depuis qui ne partyré poynt
pour vous aler trover, que premièrement y ne
sache quel byen il are auprès de Monsieur de
Savoye el de vous, d'aultent qu'il a lieu set
hauneur que d'estre premyer présidenl en
beune cour) de Parlement de un Roy de
Fiant I qu'il désire, avant partir de Turin,
heu y ré '. savoyr la réponse; ]>i>u i- se, Ma-
dame, je le vous ay byen voleu mender, afin
qu'j \oiis pièse luy mender voire volante el
ausi d'aultent que je an né parlé, je le vous
recomende et vous bèse lé mayn.
Voire très humble et très bobéisante
seur,
Catérine.
i 1560. — Juillet.)
Ant. Arcli. de Turin.
\ MON FBÈRE LE DUC DE SAVOIE.
Mou frère, \l i é si lontemps que n'é heu
de vos novelles et de selle de madame de Sa-
voye que je ne me puis contenter et ay peur
qu'i lui souit seurveneu quelque mal. Je nous
prie comender que, tou les saymène, par la
poste aurdinère que je an né. J'é aysté bien
l'occasion qu'il auroit eu de se plaindre de son souverain
et de renoncer au serment qu'il a laid en prenant le dict
ordre; etd'aultant, mon oncle, que vous n'avez peut-estre
entendu le traitement qu'ilz ont receu de moy tel qu'il
est, je le vous ay bien voullu mander, comme verrez par
ce que dessus, vous priant bien considérer ou les recher-
chant ou les retirant eslans à mon service es charges où
ilz sont, quel tort vous feriez à l'amitié et bonne intelli-
gence qui est el doibt eslre entre nous, pour ce que estant
chose de soy qui ne peult estre trouvée bonne et aussi peu
accouslumée entre amvs, cela donneroit occasion à' beau-
coup de gens cpie famylié n'j seroil telle qu'elle est, ni
de i oslre costé le respect qui est requis à l'entrelénemenl
d'icelle.n
1 lieu '/ré. où irait.
ERINE DE MÉDICIS. lui
ayse d'entendre par monsieur le chanselier1 si
byen au long de ses novelles el d<: votre et du
hou trètemenl que luy faystes el de l'amour
que luy portés, qui ayst lyeul à sel qu'il m'a
d\sl que vous ne vous contentés soulement de
la servir en sa maladie-, mes Pavés socoureue
d'argeanl . el aultre scia luy avés asiné sel que
lu\ avés promis devint mile ayscus, dont , mou
frère, ne vous puis usés remersier, aystimenl
sel que haiint fayst pour a\llo plulx que
pour moy; car l'amour que je luy porte et
tyeul que, ne la pouvent voyr, ne sarès avoyr
plulx grant contentement que la savoyr ausy
contente cornent y m'a aseuré quel ayst, qui
m'aublyge de plulx en plulx à mfanployer
pour vous et Ions vos afères, de quoy vous prie
vous aseurer que me troverés tout jour ausi
preste à vous conplère, conte le désirés de selle
qui vous veost touljour demeurer
Votre lionne seur,
Cateiiine.
1 Michel de l'Hospilal, né à Aigueperse, en Auvergne.
vers i ;"> ' 7 , mort le i3 mars 1 5 7 o . L'Hospilal était à Nice
vers la fin de mars i56o auprès de la duchesse de Sa-
voie, dont il était le chancelier. Ce fut là qu'il apprit
la mort du chancelier Olivier et sa propre nomination;
il se mit de smte en route, mais n'arriva à Paris qu'à
la lin d'avril ou au commencement de mai. (Taillan-
dier, Vie rie L'Hospilal, p. ."Sa.) — ■ Voy. Lettre du
cardinal de Lorraine à L'Hospilal pour l'engager à ve-
nir en France. (Bibl. nat. fonds français, 11° 1 ,"> 8 7 1 ,
fso'i.)
J François II, dans une lettre au duc de Savoie datée
de Saint-Régis le 1" juillet l56o, l'ail allusion à celte
maladie : *Je ne vous puis citer l'aise cl le plaisir que
j'ay d'entendre l'amendement de ma tante, car je vous
[mis asseurer que la ebose du monde qui me lourmentoil
I ■ plus pour l'amour que je lui porte estoit la crainte
que sa longue maladie ne luy apporlast quelque inconvé-
nient, mais j'espère à Dieu que l'aiant jusquea icy con-
servée,, il parachèvera son entière guérison." (Bibl. imp.
de Saint-Pétersbourg, Lettres des rois et reines de
France, n" 34.)
142
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
(1560. — Juillet.)
Aut. Arcb. de Turin.
A MON FRÈRE LE DEC DE SAVOIE.
Mon frère, monsieur de Toulon1 m'a prié
vous recomender son bau- frère Morelle, et
pour se que je seay comeut ie Roy monsigneur
l'estymayt jeantil rompagnion et \ allant, je
n'ay craynt vous prier pour lui pour le pren-
dre vostre lieutenenl de sant homme d'arme,
si u'avés promis lia aullre; car encore que je
aye envie de lui fayre plésir, si sere-ge lout-
jour bien ayse de set qui vous plèré. Je ne
vous en fa y ré plulx longue arangue et vous
priré seulement que me fasié tent de bien de
me mander yncontinent que la fièvre ara lésée
à madame de Savoye, ma seur, car jeuques
que je lay sache je ne puis aystre à mon
ayse. et prie à Nostre Signeur que ce souit
ausitot que le désire
Vostre bonne seur,
Caterine.
1560. — 17 juillet.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3 1 57 , f' A5.
A MON COUSIN LE S" DE MONTMORENCY,
M.UltSCHAL.
Mou cousin, pour ce que j'ay nécessaire-
ment affaire de vous pour chose qui touche
le service du Ro\ monsieur mon filz, je vous
prye ne faillir à vous rendre demain icy par
devers moy et n'oublier d'amener ma cousine
vostre femme1 que je désire avoir aussi au-
Jérome do la Rovère, évèque de Toulon; ce fut lui
qui prononça les deux sermons funèbres pour les ob-
sèques de Henri II, l'un à Notre-Dame de Paris, le
samedi 19 apûl 1 55g , l'autre le lendemain dimanche à
Saint-Denis. Ils onl été tous doux imprimés en i55o,
par Henri Estienne.
1 li me de France.
près fie moy. l'ryanl Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte garde.
De Saint Germain en Laye, le \vnc jour de
juillet i5Co.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1560. — 28 juillet.
Minute. Bibl. iïnpér. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, p. 81.
Imprimé dans ies l\ègocitttions sous François II, p. A58l.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je ne vous puys dire
le plaisir que me faictes d'ainsi particulière-
ment m'advertir de toutes choses qui passent
à l'entour de la Revue ma fille et me discourir
de toutes ses actions tant par le menu, comme
jusques icy vous m'avez faict, car vous pou-
vez penser combien ce m'est de bien et de
contentement entendre qu'elle sôyt tantaymée
du Roy son mari et estimée de tout le monde,
comme vous me le mandez, el de sçavoir
qu'elle s'y comporte de telle façon que tant
luy que ses principaulx ministres en ayenl
tant de contentement et de satisfaction. En
quoy je n'ignore point le service que vous luy
faictes et combien elle vous en est tenue, car
encores que, Dieu mercy, elle ayl le naturel
bon et l'entendement tel que, quand elle le
vouldra appliquer à quelque chose, j'espère-
ray tousjours qu'elle le fera bien, si est-ce
que pour la jeunesse qu'elle ha elle ne peull
pas avoir tant de cognoissance des choses du
monde que l'eage et l'expérience luy pourront
apporter; et je sçay combien cependant voz
saiges records et advis luy peuvent servir el
proulfiler, lesquelz je suis merveilleusement
aise de veoir qu'elle mecte peine d'ensuyvre,
comme j'av bien congneu en beaucoup de
' L'importance de celte lettre ne permet pas do l'ana-
lyse! et nous croyons devoii la reproduire en entier.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
m
choses el mesmemen! en ce qui est dernière-
ment passé touchant la contesse d'Ureigna où
je trouve qu'elle a le mieux faicl qu'il est pos-
sible; et eu fault user de cesle façon à reulx à
qui deffault l'honneur el la révérence qu'ilz
doibvenl portera leurs maistres ou maislresses.
El ce qui plus me contente estde voir que le
Roy son mari ayt trouvé bon ce qu'elle en a
faict, car cella est une grande démonstration
de l'a m y lie qu'il lui porte; laquelle j'espère avec
l'ayde de Dieu augmentera de jour à aultre,
se conduisant la Reyne ma fille comme elle a
1res bien laid jusques icy, et vous lui faisant
un si fidelle service comme vous faicles; je
vous puis asseurer, monsieur de Limoges, que
je m'en souviendray perpétuellement et qui ne
se présentera jamais riens pour vostre bien et
advancemenl qu'il ne me soyl en telle recom-
mandation que vous pouvez désirer, comme
vous le cognoistrez par effect quand vous
m'employerez en quelque chose. Au demou-
ranl vous sçavez les propoz qui ont esté mis
en avant de la veue du Roy mon bon filz et
de inoy, laquelle Dieu pour la commodité des
ungs el des aultres a remys jusques aujour-
d'buy, nous eslans survenus depuys quelques
moys tant d'affayres que, quelque voluntéque
j'en eusse eue, il ne rn'eust esté possible de
la pouvoir exécuter. Et maintenant nous som-
mes venuz en ce lieu de Fontaynebleau pour
prendre une bonne résolution en tous noz
affaires, el y eslablir quelque bon ordre et
réglemant, ce qui n'est pas, comme vous pou-
vez très bien penser, ung oeuvre d'ung jour,
ayd'ung mois; el pour ce que nous nous déli-
bérons y en demeurer troys ou quatre, je dé-
sireroys bien que cesle veue fust remise, s'il y
avoit au monde moyen.au commencement de
la primevère, mais il fauldra que vous con-
duissez cella, monsieur de Limoges, avec telle
dexlerité qu'ilz ne congnoissent que l'envie
m'en fusl diminué, uy que j'eusse volunté de
la retarder ny différer concurrement, car je
désire infinimenl qu'elle se face en quelque
façon que ce soyt, mais, si leur commodité
et la nostre se pouvoynl rencontrer, ce me
scia ung grand repozel contentement, ce que
mus pourrez brasser, comme de vous-mesme .
de longue main, vous excusant sur ce que je
deviens ung peu pesante et que je ne pu\s
pas aller comme j'ay faict et sur la saison qui
sera si rudde et si incommode qu'il y aura peu
de moyen de faire ung si long et pénible
voyage, de façon que vous basassiez cela si
dexlrement que d'eulx-mesmes ilz vous en
recherchent, s'il est possible, leur faisant bien
entendre qu'il n'y a riens que je désire plus
que de voir le Roy mon bon filz. J'ay tant
esprouvé vostre bon entendement en choses
de plus grande importance que je me pro-
mecteray bien que vous ne ferez pas pis que
vous avez faicl en tout ce qui vous a esté
commis par le passé; à tant me gardera]
\ous en dire riens davantage L
(Au dos.) La Royne mère du Roy à \1' de
Limoges du. . . . jour de juillet.
1560. — 2.) juillet
Oi ',; \ ' li iea Médicis <l.>lla filzn ^aG , nuova Diimerazione , p, i5çj
\ MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mou cousin, j'ay receu vostre lettre du u"
de ce mois par l'évesque de Borgo2 que vous
1 M. L. Paris, dans la copie qu'il a imprimée, a donné
la date du 18 juillet — Voy. Négociations sous Fran-
çois Il . p. 138 el vmï\.
N lo Tornabuoni. Au mois de1 juillet, il succéda
en qualité d'ambassadeur à son oncle Alfonso Torna-
buoni, par la renonciation duquel il élail devenu évêque
de Borgo San-Sepolcro. — Voy. Négociations diploma-
tiques avec ta Toscanes, t. III, p. 'i a 3 .
l'i'l
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
avez envoyé ambassadeur pour résider auprès
du Roy monsieur mon filz , et entendu de luy
(oui ce qu'il m'a dict de vostre part. Surqnoy
par l'évesque de Borgo1, qui s'en retourne
devers vous, je vous ay bien voulu advertir
que je verrav lousjours vostre dict ambassa-
deur de bien bonne voulenté, etentendray de
luy tout ce qu'il aura affaire envers le Roy
mon dicl seigneur et filz. Je m'y emploieray,
et y feray pour vous tout ce qu'il me sera
possible , selon l'affection grande que j'ay de
vous l'ayre plaisir, comme le dict évesque
vous fera entendre plus amplement de ma
part, suivant la charge que je luy en ay
donné, qui me gardera de vous en escripre
aultre chose en la présente, m'en remectant
sur sa suffisance. Priant le Créateur, mon
cousin, vous tenir en sa saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le xxix° jour de
juillet i56o.
Vostre bonne cousine,
Caterim;.
gnoysance de l'amylyé que luy portés a aug-
menté la nostre an votre endroyt, ancores
qu'elle t'usl desjà telle qu'yl ne s'y pouvoyt
guères adjouster, comme vous connoystres
teuljour, mon frère, à toutes les occasyons qu\
se présanteront, ay en tout set que nous vou-
drés amployer. Je vous prye me mander s'il
hayst vray qu'elle soit grose, car c'est la chose
de set monde que désirereyt le plux
Votre bonne seur,
Caterine.
(1560.— Fin juillet.)
Aut. Arch. «le Turin.
A MON FRÈRE LE DUC DE SAVOIE.
.Mon frère, j'ay reseu les letres que vous
m'avez ayscrytes par Leny 2 et ay haysté byen
ayse de set que nie mandés de la santé de
madame de Savoye, ma seur, mais je le seroys
beocoup davantage, si je pouvois antandre
son antière guèryson pour le recouvrement
de laquele je say la peyne qu'avez prynse, ay
le devoir qu'avez faysl de la secouryr; de quoy
je vous ay plulx d'obligatyon que de tout set
que vous saryés jéamays fayre pour moy; ay
m mis asure, mon frère, que le Roy mon fyls
en a byen grant contantement et que la con-
1 Alfonso Turnaliuoni. (Voy. la note précédente.)
2 André Provana, cilé plus liant.
(1560. — Août.)
AuL. Bibl. nat. fouds fraudais, a'' 3aoi , f" 77.
A MA COUSINE
MADAME LA COiNESTABLE.
Ma cousine, vous voyrés cotne le Roy mon
fils désyre que monsieur le conestable souit
]irès de luy et moyausi; et pour sele aucasion
yl anvoye le sieur de Lestrange ' présant por-
teur ver luy, afin qu'i le viene trover à Foii-
taynebleau, au yl espère ayslre venderdy en
heuyt jour; et m'aseurant par sel que vous a\
heuy tousjour dyre que s'et set que désirés le
plus qu'il y souit et luy fase servise et qui ni
an saret fayre heuu plus grant que de venir
asteure, je ne vous en fayré plus longue lelre.
m'aseurant que luy conselleré de set fayre et
vous prye byen fort de le fayre ynsin el de
croyre le dist sieur de Lestrange de set qu'il
vous dire de la part de
Vostre bonne cousine eteomère,
Caterim;.
1 Nous croyons que sous ce nom de seigneurie est dé-
signé Gilbert de Hautefort, lieutenant de la compagnie du
sieur d'Escars ; le 8 août i5(ia il fut fait gentilhomme de
la chambre du roi Charles IX, et le 8 février suivant il
reçut à Toulouse le collier de l'ordre. — Voy. P. An-
selme, t. \II, p. 33ft et 36a.
LETTRES DE CATH
(1560. — Août.)
Aul. Arch. des Basse r ■ E, 58o.
a BONSIEDB
MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE1.
Mon frère, le baron de Laguarde2 m'a de-
mendé congé pour s'an naier. Je lui ay dist
qu'il alal premièrement vous trover. Ramené-
le en son bon sanc, car y nie faysi pitié. Il est
désespéré. Je uai se qu'il a. Je ne vous mende
rien de nous no\ elles, car je vous ayscrips
par le sieur de Lose3 qui vous dira cornent
vostre frère m'a envoyé Bochavane4. Ne soyés
aupiniatre à set que je vous mende par luy et
par d'Escars 5, car je ne veulx pas non plus
1 Antoine de Bourbon, né en i5i8, marié en oc-
tobre l5û8 à Jeanne d'Albret, mort ie a5 novembre
ia6a, d'une blessure reçue au siège de Rouen.
! Antoine Escalin, baron de La Garde, connu sous le
nom de capitaine Poulin ou Polin, né à la Garde
(Drôme) vers 1Ù98; lils d'un paysan, il suivit des soldats
comme goujat et dut sa liante fortune à son courage et à
son intelligence; après avoir été envoyé en ambassade
auprès de Soliman II en îô'n, et après avoir négocié
l'alliance de la France et de la Turquie, il fut nommé,
h 1 563 , lieutenant général de l'armée de mer du Le-
\ant et général des galères en i5.'ii ; destitué en i5l>7
pour les massacres de Cabrières et de Mérindol et empri-
sonné, réintégré en i53i, puis de nouveau remplacé en
1507, '' fllt cufin cn l56t3 remis dans sa cnarSe l"'1
conserva jusqu'à sa mort en 1078.
3 Jean de Lusses devint sous Charles IX gouverneur
du prince de Béarn, depuis Henri IV, et capitaine des
gardes sous Henri III; mort en i58o. — Voy. Commen-
taires de Monluc, édit. de Ruble.
1 ( Ihristophe de Lamelb , un deslieulenants de Condé ;
marié' à Isabeau de Bayencourt, béritière de la maison
de Boucbavaiines, mort en 1572.
/ François de Peyrusse, comte d'Escars, obtint une
commission de lieutenant du roi en Guyenne,, charge
qui lui fut enlevée sur la demande de Moulue. En i568
il fut mé gouverneur de Limoges, et mourut à la
fin du rè;;ne de Henri III. — Voy. ses lettres dans te
vol. :'7'i > de la collect. Gaignières, et dans le n° 15876
du fonds français.
f'.ATHEBISE DE MtDICIS. — I.
ERINE DE MÉDIGIS. 1'"".
que vous \<iw ln\ reaume en proye de touttes
ualvon. Velà tout set que pour set coup vous
aurésde sela qui se recomende ha vostre bonne
grase.
L'on distqu'i tyentà moy que vostre fils ne
va ha la mese, et vous savés set que m'an oavés
dyst. Mandé-moy vostre volante.
Vostre bonne seur,
Catebikb.
1560.— (Août.)
Minule. Bibt. naU fonds français, n° 15876, f° 110.
A MONSIEUR DE LIMOGES1.
Monsieur de Lymoges, le Roy mon fil/.
vous faict une si ample dépesche que je 11 \
sçauroys qu'adjouster, si n'est pour vous dire
que j'ay esté fort ayse d'avoir veu ce que me
mandez des propoz que vous a tenuz le prince
d'hboly2 du mariaige de ma fille Marguerite
avec le prince d'Espaignè, me semblant que
les choses sont pour le temps et la saison en
assez bons termes, et qu'il n'est pas à propoz,
comme bien me l'escrivez, de les presser da-
vantaige. De nostre coste' estant ma dicte fille
si jeune, je vous puys asseurer, pendant que
j'auray espérance à ce party là, que je n'en-
tenderay à aultre quelconque, mays bien les
tiendray-je tousjours en longueur, que je cau-
seraysur sa grande jeunesse, et dont vous pour-
rez asseurer la Royne ma fille, laquelle de
son coste' cependant ne debvera laisser passer
les occasions d'en parler et entretenir ceste
bonne volunté tant à l'cndroict du Roy son
mary que de ceulx qu'elle congnoistera y pou-
voir servir. J'ay esté aussi fort ayse, monsieur
de Lymoges, de quoy les choses se sont si bien
1 Voy. Lettre du cardinal de Lorraine à l'évèque de
Limoges (même volume, f 87); Lettre de l'évèque de
Limoges au cardinal de Lorraine (même volume, f°i36).
2 lîuv Gomcz, prince d'Eboly.
><J
146 LETTRES DE CATH
accommodées que le retardement que je dési-
roysdenostre enlreveue soyt proceddé d'eulx,
car vous pouvez veoir quel moyeu, en cesl sai-
son el aux troubles là où nous sommes, j'aur
roys d'y satisffaire. J'espère que, entre cy et ce
temps là, Dieu nous fera la grâce d'en sortyr
el y avoir donne' le remède qui est requys el
ssaire. Au demeurant vous m'avez laid
forl grand plaisir do ce que vous m'avez es-
rript avoir esté laid par le Roy d'Espaigne en
laveur de la Royne ma fille pour madame
de Vineuf1; car c'est ung tesmoignage de l'a-
inour qu'il luy porte el du moyen qu'elle
pourra avec le temps avoir avec luy, dont
vous pouvez penser si je seray marrye, tanl
pour le contentement d'elle que pour le bien
du service du Roy mon filz2. Il est besoing à
ceulx qui se mescongnoissent de monstrer ung
peu les dentz, car aultrement ilz prendroyent
trop de licence et de liberté, el auroyt danger
à la fin qu'ilz en abusassent. Je vous prye con-
tinuer de m'en mander souvent des nouvelles
et persévérer de faire aussi bons offices auprès
de la Royne ma fille, que vous avez faict jus-
ques icy, et vous asseurer que c'est chose que
j'auray si agréable que je ne la meleray jamays
pu oubly. Priant Dieu, Monsr de Lymoges,
vous avoir en sa saincte garde.
[Au dos.) La royne mère du Roy à Mons1
de Lymoges, du. . . . jr de. . . . i5Go.
ERINE DE MEDIGIS.
vous ne faudrés d'aystre an sayste compagnye,
au tans que le Roy mon fylz vous a mandé, je
vous pryeray ausy ne fayllyr d'amener avec
nous madame la marescbale de Monmoransy,
car j'ay byen forl grant anvye de la voyr, el
crayns sy je failloys à sete foys ne povoyr la
voyr de longtemps; y ne fault poynt que sa
groyse nous en ampescbe1, car je vous aseure
que sela ne leuy fera poynt de mal. Je ne vous
feray pieux longue letre, espérant vous voyr
byentost; seulement vous prière fayre mes re-
commaudatyons à madame la connestable et
an prandre vostre part d'ausy bon cueur i)w
les vous faj st
Vostre bonne coumère,
(Utérine.
(I5G0. —Août.)
Aie. Bibl. nal. fonds français, n° 3ao3, f' i.
A MON C0NPÈ1SE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, par set que je m'aseure que
' L'évéqne do Limoges dans ses lettres écril : \ ineux.
- Voy. Lettre de l'évêque de Limoges à Catherine de
Médicis du 3o août 1Ô60. (lîild. nat. fonds franc.
0 L5874, f ■■ 1/1 el Slliv.)
(1560.— 3 août.)
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. 34 , f° 18.
AU ROY DE NAVARRE.
Mon frère, j'ai tant souffert de deuil depuis
ung an et ay veu ce pauvre royaulme affligé
de tant de calamitez l'une sur l'autre que je
n'a y peu jusques icy prendre grant loisir, mais
voyant les gratis affaires en quoy se trouve le
Roy mon filz, oultre les troubles et émotions
qui sont depuis quelques moys commencez en
ce royaulme, il ne m'a semblé ni à tous bons
serviteurs se pouvoir trouver meilleur moyen
en la nécessité présente que d'assembler tous
ceulx qui oui cest honneur d'estre de son con-
seil , affin qu'en une si bonne el grande com-
pagnie l'on puisse trouver le remède du mal
présent et apaiser Ions les troubles que nous
voyons en ce royaulme. et pour ce, mon
frère, que vous avez cesl honneur d'appar-
1 Diane de France accoucha d'un lils au mois d'oc-
tobre suivant. L'ambassadeur de Venise l'annonce dans
une dépêche du ta octobre 1 56o. ( Extraits des dépêches
• les ambass
ssadeurs vénitiens, Archives de Vienne.)
LETTRES DE CATHE
tenir de si près au Roy mon Blz, que vous
faictes, et que vous estes des premières per-
sonnes de son conseil, j'ay bien voulu qu'on
commenças! par \ous, m'asseurant que tout
ainsi que vous estes le premier qui le touche
de par le sang, \ous serez aussi le premier
en la dévotion que vous avez tousjours montré
porter au l'eu Pn>\ mon seigneur el à luy. Je
xous prie doneques vous en venir le trouver
incontinenl suivanl le désir qu'il a comme il
le vous mande et vous asseurer, mon frère,
que luy et moy métrons peyne de vous faire si
bonne chère que. oultre le contentement qui
vous demeurera de luy avoir faict service en
une telle nécessité de tant d'affaires que nous
avons, vous n'aurez aucasion de plaindre vos-
tre venue en une compaignie où nous serez
tani aimé el estimé, ainsy que j'ay donné
charge au sr de Carrouges ' vous dire de ma
part, lequel je vous prie croyre comme vous
voudriez faire.
Vostre bonne seur.
Caterine.
1561 - - < ornai menl de i ( pli mbi
Copîi ' ' ■ - E , 5So.
\ MONSIEUR DE GRUSSOL.
Monsieur de Coursol2, ne l'allés à due au
Tannegu; Leveneur, fils de Jean Leveneur, baron
du Hommel tdi Carrouges, et de Gilonne de Montejean,
premier comte de Tillières (1 565), lieutenant général au
menl de Normandie, mort en 1 5ga.l Le château
arrouges, dans l'Orne, appartient encore à un des-
cendant en ligne directe de cette illustre maison.)
- Antoine de Crussol. comte de Crussoi, puis duc
d'L'zès (1 565), premier pair de France (1Ô72), cheva-
lier d'honneui de Catherine de Médicis, mort sans en-
fants 1 . 1573. Sa femme, Louise de' Clermont,
était très en faveur auprès de Catherine de Médicis et
en correspondance habituelle avec elle. — Voy. Bibl.
nal. fonds franc. 3i5g, I* 6. — Les instructions données
par François II .1 M. de Crussol sont dafa u août
IIIU; DE MÉDICIS. 147
roy de Navarre que tout l'avertisemanl que le
Roy monsieur mon Glz a heu de ceste entre
prinse que monsieur le conestable lu\ a fest '.
el a esté en partie cause de la prise de la
Sague2 et du Vidame3, el dil le conestable que
la Sague avesl parlé à luy le jour devant que
partit d'isi, pour aller trouver le Vidame, luy
aient tout découvert l'intension du roy de Na-
varre et de son frère el de toutte leurs forces,
au moins selles qu'il espèrent avoyr, et le non
de la plus grande part de seus qui le devesl
acompaigner et à qui y donne! charge jus-
ques à luy nommer le conte de Tende '; el
le mareschal de Monmorancy5 et Danvillec
n'en ont pas moyns dit fesans comme jens de
bien. Ne fallés de dire tout cecy, c'esl la
vollenté de
Caterine.
Françoys.
( 1560. — Commencement de septembre.)
Aul. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEl I! LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, monsieur de Toulon a tousjour
retyns set courier depuys mes letres pour
atendre le retour de monsieur de Coursol,
0; elles ont été imprimées dans les Négociation» tous
François 11. p. '482. — Voy. Cinq cents Colbert, vol. II,
[•5o.
1 Le connétable se justifie de cette accusation dans
une lettre au roi de Navarre, imprimée dans les Négo-
ciation* sou* François H, p. 377.
Jacques de la Sague.
François de Vendôme, vidame de Chartres: il fui
mis à la Bastille le 27 août i56o. Voy. Lettre du car-
dinal de Lorraine à madame la Vidame à l'occasion de la
prison de son époux. (Bibl. nat. fonds franc. n° 391
r 'm.
1 Cile plus liant.
François de Montmorency, cité plus haut.
Benri de Montmorency, cité plus haut.
148
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
qui ayst cause que je vous fayré encore set
petvt mot, non pour vous mender rien de set
qu'il a Importé; d'aulteut que je an necrips
bien au long lia madame de Savoye, ma seur,
m'assurant que voyré tout, mes sete vsi sere'
souiement pour vous mersier des haunesles
letres et autres que nous faystes par yselle,
vous aseurant que encore que je m'an aseurasc
tousjour, corne je foys, asteure ayent veu
sel que nous en mandés que si vous fayste
nous conestre de plus en plus l'amour que
nous portés, laquele et si respondenle de notre
coûté que vous pouvés asseurer que n'émerés
jéamès personne que désire plus votre gran-
deur et contentement que fayst le Roy mon
fils et
Vostre bonne seur,
Caterine.
(1560. — Commencement de septembre.)
Orig. Arch. des Basses-Pyrénées, E, 58o.
A MASOEUR LA ROYNE DE NAVARRE1.
Ma seur, envoyent le Roy mon fyls Mr de
Coursol2 ver le Roy vostre mari, pour l'au-
casion que entendrés de luy, je n'é voleu que
set aysté sen vous fayre set mot de letre pour
vous prier le croyre de set qu'il vous dyré de
ma part, corne se s'estoyt moy-mesme, car je
me fye en luy corne povés panser, tenent le
lyeu qu'il tyen auprès de moy; qui seré cause
qui' je ne vous fayré plu long dyscour, nie
lemetent de tout en luy et vous priré souiement
vous aseurer que n'arés jeamès heune myl-
1 Jeanne d'Albret, née à Pau le 7 janvier i5a8, morte
à Paris le 9 juin 1072, fille unique de Jean II d'Albrel
et de Marguerite d'Angoulème, sœur de François I". Elle
avait épousé en 1 548 , à Moulins, Antoine de Bourbon,
duc de Vendôme.
2 Voyez la note de la page précédente.
leur parante, ny qui désire plulz vostre con-
tentement et repos, et du Roy vostre marv
que fayst
Vostre bonne seur,
Caterine1.
(1560. — Commencement de septembre.)
Aut. Arch. des Basses-Pyrénées, E, 58o.
A MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, le Roy mon fyls vous envoy
monsyeur de Coursol pour l'aucasion que y
vous dire et que voyrés par lé letre qu'il
vous ayscript,et sachent comment vous savés
que je l'ayme et l'estyme et le lyeu quy
tyent auprès de moy, je ne vous fayré pas
longue letre, pour m'aseurer que le croyrés
de set qu'il vous dyré de ma part, corne moy-
niesme; set que je vous prie volouyr fayre
et vous aseurer qui n'y é personne qui
désire plulz vostre repos et contentement que
fayst2
Vostre bonne seur,
Caterine.
1 Calberine avait fait en outre écrire par M. de Burie
à Jeanne d'Albret, dont voici la réponse datée de Né-
rac, le ît septembre 1 568. «Monsieur de Burie, parce
que le Roy mon mary vous fait bien au long entendre
par sa lettre de combien il a délibéré et bon vouloir
suivre le saige conseil que lui donnez en la vostre de s'en
aller bienlost à la cour, je ne vous allongeray ceste-cy
d'aulcune reditte, si ce n'est pour vous asseurer qu'il
usera de vostre advis, comme venant de celuy qui aymez
son repos et grandeur et vous sçait fort bon gré et moy
aussy de ce que si fidèlement luy conseillez. :> (Bibl. nat.
fonds franc, n" 15873, copie.)
- Voy. Ordre donné à Burie pour le passage du roi do
Navarre (Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 27, P 28);
Mémoire de. ce que M. d'Auzance fera entendre de la
part de M. de Burie sur le départ du roi de Navarre
(ibnl. f 28); Lettre du cardinal d'Armaignac au cardinal
de Lorraine du 7 octobre i56o, où il annonce qu'il
vient en compagnie du roi de Navarre (ibid. f° 33).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
119
( 1560. — Fin septembre.)
Aul. Arih. nal. collect. Simancas, K , l.'io,3, d" 97.
A M" MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon (Ils, j'é reseu grant plésir
d'avoyr veu don Anlonyo de Tolède', sachant
l'houneur qu'il a que d'eslrc en vostre bonne
grase et pansant que par luy pourés encore
mieuK aystre sertayn de la bonne volante et
amytyé que le Roy vostre frère et moy vous
portons, corne ausiyl a aysté daventage l'ayenl
heuy parler, conèsant (jue le souyng que vous
aves de le voyr en repos et son royaume our
dé trouble luy fayst tourjour fouys daventage
de l'amytyé que luy portes, laquele troverés
tourjour eu toutes aucasion si résiproque, co-
rnent yl a prié le dyst don Antonio vous dire
et aseurer de sa part; qui seré cause que ne
\ous en fayré longue harangue, tent de sela
que de la réponse qui luy ha fayste sour les
chauses que par luv luy avés mendé et à moy
ausi que, me remetent sur sa seufisanse , ne
vous fayré plulx longue letre, après vous avoyr
suplyé le croyre de set qu'il vous dyré de ma
part et ausi que n'y are jeaniès personne qui
désire plulx tous vos contantemens que fayst
Vostre bonne mère et seur1,
Caterine.
1 Antonio de Tolède, prince de Léon et beau-frère du
duc d'Allje. envoyé par Philippe II pour s'opposer au
concile national auquel on avait pensé pour pacifier les
troubles religieux. — Voy. Instructions de Philippe II
à Don Antonio de Tolède (Arch. nal. collect. Simancas,
K, 1 'ii)3, R. 1 1, pièce 80); Rapport sur les réponses faites
par le roi de France à Antoine de Tolède (Archives nat.
collect. Simancas, K , 1 Itc/i , B. 1 1 ); Lettre du cardinal de
Lorraine à Philippe II (Archives nat. collect. Simancas,
K. 1 'iq3,B. 1 1, pièce 98); Bibl. nat. fonds franc. n° i 0876,
f°'i3i et i3'i; Lettre de François II, où il parle du
départ de don Antonio de Tolède, 26 septembre i56o
(Bibl. nal. fonds franc. n° 3iô-, f 54).
(15G0. — Milieu d'octobre.)
Aut. Arch. nal. collect. Simancas, K, 1&93, n° aa.
A AI" MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils, depuis le par tentent de
Don Antonio, j'é entendeu par vostre emba-
sadeur l'aurdre qu'i vous ha pieu donner pour
secourir le Roy vostre frère, s'il an na à faj
dont ne vous sarès asés remersier voyenl par
sela l'amitié que luy portés que, encore que
n'an deutision point, si esc que toulles lé
fouys que je an voy de novelle démostration
je an resan deuble ayse pour le désyr que je
ay de la voyr non soulemenl contineuer, mes
aucmanter, cornent je m'aseure que le fayré
tourjour de vostre coûté et que le Roy mon
fils n'aré jeamès forse ne puisense qu'i n'an-
ploye ausi lybéralement pour vous secourir ci
ayder quant en nariés afayre que vous faystes
àprésant pour luy; et pour se que son enba-
sadeur vous dire byen au long cornent toultes
chouses sont par de se1 asteure cl ausi le si-
gneur Don Antonyo, je ne vous eu fayré re-
disle; seulement vous suplyré croyre le dist
embasadeur de set <in"il vous dire de ma part
touchent la maladye de la Royne ma fille, la-
quele, en lyeu de la vous pleulx recomender.
je vous suplyré plulx lot qu'i vous plèse lui
comender de ne se tenvr si mignarde, car set
l'é grose au non je ares peur que se tenyr
Ion temps au lyst ne luy fist pas grant byen :
et vous suplye m'escouser set que je vous en
mende que l'amour de mère et anvye de l'estre
byen tôt grant mère me le faysl dyre el prier
tou lé jour Notre Signeurde mefayre la grase
de le voyr et vous donner en toutes chouses
aconplysement de vos désir.
Vostre bonne mère et seur,
Catbrine.
1 Par de se, par deçà.
150
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1560. — 17 octobre.
Ong. Ari-h. des Basses-Pyrénées, E, 58a.
* MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, j'ay esté bien esbahie de veoir
ce (|ue vous m'avez escript de l'occasion qui
vous retarde poursui\ re vostre veoyaige à \enir
trouver le Roy mon filz , vous asseurant bien
que personne n'a eu charge ne commande-
nu -nt de luy, ne de moy de vous tenir ce lan-
gaige l qui est esloigné de ce qui a esté es-
cript au mareschal de Termes2, comme vous
sçaurez bien en passant à Poicliers où il est3,
estimant, mon frère, que cela (après avoir
receu ceste lettre que je vous envoie par cour-
iier exprès) ne vous empeschera de continuer
vostre chemyn pour nous venir trouver aussi
tost que je le désire où vous ne trouverrez
riens esloigné de ce que je vous ay cy-devant
escript, dont je m'asseure que vous me croy-
iez bien ; et sur ce je prieray Dieu , mon frère,
vous avoir en sa très saincte garde.
Escript à Arthenay, le XVIIe jour d'octobre
1 5 6 0 .
Vostre bonne seure,
Caterine.
1 Voy. Lettre de M. de Montpezat, du 22 octobre
1 50o, à Catherine de Médicis qui aiait blâmé les propos
qu'il avait tenus au roi de Navarre. (Bibl. nat. Cinq cents
Colbert, n° 27, f 112.)
- Paul de Labarthe, seigneur de Thermes, d'une fa-
mille noble de Gascogne: fait maréchal après la journée
de Saint-Quentin, il perdit la bataille de Gravelines: gou-
verneur do Paris au début des troubles, il mourut en
: 56a.
Vous lisons dans une letlre du maréchal de
Thermes, que le roi, après avoir couché à Poitiers le
in octobre, en] partit le lendemain pour coucher à
Châtellerault où il voulut courir un cerf. (Bibl. nat.
Cinq cents Colbert. n° 27, S" 58, 08, 72, 76.) — Cf.
Bordenave, Histoire de Navarre, publ. par P. Raymond,
p. io'j.
1500. — 20 octobre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n 3 1 Ti 7 . E 60.
Imprimé. — \égocititions sous François 11, p. 6G7
A MES COUSINS
LES CARDINAL DE CHASTILLON
ET DUC DE MONTMORENCY,
PAIRS ET CORKESTABLB t>t PBAIÏCB.
Mes cousins, j'ay esté fort aise d'entendre
par Rocbe-Montais, présent porteur, ce que
vous l'aviez chargé de me dire de vostre part,
à quoy je luy av fait la responce telle que, je
m'asseure, il nous sçaura très-bien rapporter,
dont et de toutes noz autres nouvelles, donl
il vous rendra compte, je vous prie le croire,
comme vous vouldriez faire moy mesmes, et je
prieray Dieu, mes cousins, qu'il vous ait en
sa saincte et digne garde.
Escript à Orléans, le xxm jour de octobre
i56o.
(De su main.) Je serés bien ayse de savoyr
que madame de Monmoransi > set guérise et
byen marrye s'il estoyt aultrement. Je la \oti-
recomende et à vostre femme.
Vostre bonne coumère et cousine,
Caterine.
1500. — Fin octobre.)
Copie. Bibl. nat. fonds Brienne, n° ao5 , f° aoo.
A MONSIEUR DE MONTPEZAT .
Monsieur de Montpezat, j'ai receu vostre
1 Diane de France. — Voy. Lettre de François II.
où il exprime ses regrets au connétable à l'occasion de la
maladie de sa belle-fille et de la perle de son petit-fils
(Bibl. nat. fonds franc. n° 3 1 5 7 , fJ Oi); Lettre de Fran-
çois de Lorraine au connétable (ibid. f° 0a); Lettre de
François II au cardinal de Chàlillon et au connétable
(ibid. f° 04); Letlre de Robertet au connétable ( iBid.
P08).
• Melchior des Prez. seigneur de Montpezat. maître
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
151
lectre avecques l'honneste requeste que vous
m'avez envoyée ', laquelle je vous advise (jue
le Roy seroi! bien marry d'avoir sceu qu'elle
eust esté leue aux Eslats de Poictiers, mais
je désire bien que unis donniez ordre de
l'aire, s'il est possible, attrapper cellui qui la
vous a présentée pour le l'aire loger el metlre
en lieu où vous lui en peussiez respondre , en
\ous asseuranl que \ous ne luy sçauriez faire
plus grand service et de tenir la main aus-
dits Estais (ju'il ne se face chose de scandalle
où le remedde ne soit aussy tost applicqué et
de tout nous faire part; priant Dieu, monsieur
des eaux el forèls, sénéchal de Poitou. Il avait épouv. le
26 juin 1 56e, Henriette de Savoie, laquelle étantveuvc se
remaria, ie n-3 juillet 1076,3 Charles de Lorraine, duc de
Mayenne. — Voy. L. Paris, Négociations sous François H,
p. 662, pour les instructions données à AI. de Mont-
pezat.
1 Voici la lettre ipie M. de Montpezal écrivit le 12 oc-
lohre i56o ni cardinal de Lorraine, en lui envoyant la
requête de ceux de la religion de Chàtelleraut; elle ex-
plique celle de Catherine de Médicis : a La présente sera
pour vous dire que samedy dernier estans assemblez les
Estais à Chastellerault pour adviser d'envoyer aux Estais de
Poiclon le \ de ce mois à Poitiers, il y eut ung fou
du die lié qui vint présenter une requeste, de laquelle
je vous envoyé un double el croy qqe peu de gens l'avoue-
ront. Si est-ce que je ne l'ay voulu meclre en cesle peyne
;iiant qu'il \ en eusl plus, que je ne pense. Je ne
sceuz que hier qu'elle eusl esté présentée, qui est l'occa-
sion que je ne la vous ay envoiée plus tost et par ce que
je me délibère de lenir les Kstals de Poiclou, je vous
supplie liés humblement nie commander ce que nous
aurons à faire de ce faicl el sj l'on fera présenter la dicle
requeste. -1 (Bihl. nal. fonds Brienne, n° ao5, I 19g.)
— Voy. Lettre de François II au connétable au sujet de
la requèl nuniquée par Montpezat: "Il a voulu
I soudainement l'envoyer à la Reine sa mère qui la
trouve bien fort mauvaise, et de dangereuse consé-
111. eice comme aussi il fait;» il espère qu'avec le temps il
découvrira de quelle main elle est escripte et déjà il
y en a quelque petite présomption.» (Bibl. nal. fonds
franc. n° 3i '17, C 5o.) — Voy. celle requête (même vol.
1**90-
de Montpezat, vous donner ce que plus dé-
sirez.
Catemne.
1 560. — 7 novembre.
Minute. Bibl. nat. I i° 1 SS-jh , f lis.
V. MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, estant survenue \os-
tre dépesclie du xxvi du passé avant le parle-
mrnl de celle qui vous est présentement faicte,
je n'ay voulu faillir d'y adjouster encores rv
mot pour vous dire que je suys 1res aise de
veoir que le Roy, mon bon filz, se soyt bien
trouvé el content lant des jardiniers que je
luy ay envoyez, que de celluy. qui a la charge
de les conduyre, lequel revenant icy m'appor-
ler la dicte dépesclie est demeuré mallade par
les chemins, dont je suys fort niarrye. Incon-
tinent qu'il sera arrivé, je donneray ordre de
l'acompagner de lettres et de toul ce qu'il
aura besoing pour recouvrer de bons arbres
fruictiers, comme il a charge d'en chercher,
de quoy vous pouvez asseuner le Roy mon
filz que lui ferez toute la faveur que sera pos-
sible de faire, que s'il y a riens de bon en
France, il en sera accommodé, 1res ayse que
ces gens que je luy ay envoyés soyenl lelz
qu'il en puisse tirer services et ayenl moyeu
de lui donner plaisir. Ne voulant au demou-
rant faillir à vous recommander monsieur de
Morenge, médecin de la Roync ma fille, el
prier de le favoris']' de ce que vous pourrez;
car cela luy donnera d'aultanf plus d'occasion
de mieulx servir la Royne ma 611e el conti-
nuer à faire de sou mieulx en mieulx; priant
Dieu, monsieur de Lymoges, vous avoir en a
saincle el digne garde.
De Orléans, ce [vu"] jour de novembre i56o.
( lu dos.) A Mons. de Lymoges, du vn'jour
de novembre 1 56o.
152
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
15G0. — 8 novembre.
Copie. Bibl. du Louvre, B, ia53, registres du Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENAKS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrez ce que ie Roy mon-
sieur mon filz vous escript présentement sur
les diOlcultez que vous faictes de procedder à
la vériffication tant des lettres patentes du
feu Roy monseigneur, que des siennes conte-
nons l'omologation et approbation des bulles,
privilèges et institution de l'ordre et religion
de la Compagnie de Jésus 1, qu'il désire estre
receu et approuvé en ce royaume, aiant faict
veoir en son conseil privé ce que l'évesque de
Paris et les docteurs de la Sorbonne allèguent
pour empescber la publication des bulles; et
attendu ce que les relligieux, prebstres etescol-
liers de ladicte compagnie ont déclaré qu'en
la réception de leur ordre et religion qu'ilz
poursuivent estre faicte en ce royaulme, ilz
consentent que ce soit à la charge que leurs
privilèges obtenuz du Sainct Siège apostolique
pf leurs règles et statutz de la dicte Compagnie
ne soient aucunement contre les loix rayalles
de ce dict royaulme, avecaultres restrinclions
et limitations à plain spécifliées es dictes let-
tres du Roy mon dict seigneur et filz, suivant
lesquelles et son vouloir et intention à cet
endroict je vous prie procedder à la dicle vé-
rillicalion et enthérinement des dictes lettres
païen tes et omologation de bulles sans plus
y user d'aucune difficulté, laquelle vous luy
ferez entendre avant que de procedder à aill-
ai n arrest ou jugement d'icelles, afin que
sur ce il soit par luy pourveu comme il verra
estre à faire par raison, priant le Créateur,
' Voy. Crétineau-Joly, Histoire de la Compagnie de
!.. l. I. p. ioo et suiv.; Guillemin, Le cardinal de
Lorraine, p. 266 et suiv.
Messieurs, qu'il vous ayt en sa saiucte et digne
garde.
Escript à Orléans, ce vui°jourde novembre
i56o.
Caterine.
(1560. — 10 novembre.)
Imprimé. — Négociations sous François II, p. 706.
A MADAME MA FILLE
LA IÎOYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, j'é entendeu par d'aucoun
qui sont veneu d'Espagne comment vos fem-
mes ne se peuvent acorder ensanble, et que
madame de Viueulx veolt à toulte forse entrer
à vos afayres, set que je trove merveilleulx-
sement mauves, et voyré set que je luy en
mende, et ausi à madame de Clermont. Pour
ce, suives set que je vous dis au partir, car
vous savés cornent y vous ynporteret que l'on
seut set que vous avés; car set vostre mari le
savest, aseuré-vous qui ne vous voyret jeamès.
Etancore que je panse qu'elevous souit fidèle,
si ay-se que j'é entendeu qu'el ayme fort la fa-
veur et les byens; et puisque sela ayst, l'on
s'oublie quelque fouis set que l'on douit à sa
mestresse pour complère à son mestre, qui a
plus de moyen de luy en fayre que vous n'a-
vés. Et ausy j'é heoy dyre à seus qui aunt
ayté auprès de vous, que vous ne faysfes cas
de pas heune de vos femmes tant que de Vi-
ueulx1; et que de ma cousine2, ni de madame
1 Voy. ù l'Appendice l'analyse d'une lettre de Cathe-
rine à l'évèque de Limoges du 1 0 novembre 1 56o ; elle y
revient sur les démêlés de madame do Vineuf et de ma-
dame de Clermont; Lettres de l'évèque de Limoges à Ca-
therine de Médicis dans les Négociations sous François II ,
p. 7°7» 721-
2 Anne de Bourbon -Monlpensier, fille de Louis de
Bourbon, duc de Montpensier, et de Jacqueline de
Longwy; elle épousa François de Clèves, comte d'Eu et
duc de Nevers.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
I..
de Clermont, ni même de sa mère, vous n'an
tenés conte au prys d'elle : si bien que tous
les Ayspagnol ei vostre mari mesme s'en mo-
quet. i:.i de vray, au lieu que vous tenés ei
heoù vous aystes, sela syel très mal, et mons-
trop de avoyr ancore de Paillant, d'entre-
tenir et fayre cas, devent lé jeans, de vos
filles. Quant \<>us aystes seule en vostre
chembre, en privé, pasé vostre temps ei vous
jouays avecques aylle et louttes; et devant lé
jeans faistes cas et bonne chère à vostre cou-
sine et à madame de Clermont, et les entré-
es souvent et croyés les; car y sont tonde
ifeus sages, et n'ème ryen tent que vostre
hauneur et vostre contentement; et ses aul-
tres jounes garse ne vous pouveut aprandre
que folye et des sotises. Pour se, faystes set
(jue je vous mende, si vous vole's que je saye
contente de vous et que je vous ayme, et que
je ciov que me aymés cornent devés, vous
aystent sel que je vous suys, et ne désirent
ryen pluls en set monde que \ous voyr si eul-
reuse que gai. toutte vostre vye aystre con-
tente : s'el vostre bone mère .
Caterine.
(1560. — i3 novembre.)
Aut. Bibl. nat. fonds français, n'J 3i57, f° 86.
Imprimé, — NégotÙUions MU François II, p. 678.
A MON CONPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE'.
Mon coopère, le Ro) mon fils vous envo)
le marquis de Yilars 2, pour vous conter de ses
novelles et tout cet que ayst aveneu depuis que
\oy. Ldtre (te Robertet au connétable, du i3 no-
où il lui parie de la réponse que lui adresse le
Roi (Bibl. nat. fonds Iran.;. D :ii.'i;, f° 5a); Lettres
du ro I ' is II au connétable (ibid. r* 106 et
108); elles donnent la date de celle-ci ; le maréchal de
Saint nom du roi de Navarre, engageait égale-
ment le connétable à venir à Orléans (ibid. f m).
C I ; nde.
ne \ous ayerivis, et me dépiest qui falli
sovent retourner à nos fàcheus afayres, car
sela lase tout le monde. Je voldrès que vo
saule peul permetre que feusiés aveques mur-
car je cré fermement que l'on seroyl plus
sage, et, ne l'étant, vous ayderié à sortir le Roj
aur de page, car vous avés tousjour voleu
que \os mestres feussèt aubéi partut. Je m
vous anuiré de longue letre, me remétanl sur
le disl sieur marquis, et fayré fyn. après vous
avoyr dist que je vous seuhayst auprès de
vostre roy et de
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
(1560. — i3 novembre.)
Aut. Bilii. nat. fonds français, n° 3aoG . i
A H \ COUSINE
MADAME LA CONESTABLE.
Ma cousine, je prie le marquis de Vilar de
vous dyre quelque ebause de ma part, corne à
sela que je say qui désire que touttes chauses
allest corne ayle douvest, pour le servise de
Dyeu , du Roy et repos public, et pour se que
j'é prié et dist au dist sieur marquis byen au
bmg cet qui se présante et de le vous redire,
je ue vous fayré la présente plus longue . sinon
pour vous dyre que je voldrès que monsieur le
coneslable feull asés sayn pour aystre auprès
du Roy et vous aveques luy auprès de
Vostre bonne cousine et coumère,
Caterine.
1500. — 28 novembre.
Onl;. Bibl. nat. anc fonda français, n° 3107, f 7a.
Ci pie. Fonds Coibert , vni . 27. f 316.
\ MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, par la lettre que le Roy mon
filz vous escriptvous verrez la résollution qu'il
C LTOERISE DE MÉDICIS.
154
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
a prinse sur ce que vous demandiez et la re-
queste que je luy en ay faicte de vostre part,
dont je ne m'estendray à vous riens dire da-
vantage, si n'est que cest Edict a este' faict
avecques si bonnes et justes considérations, et.
est de tel fruict et utillite' pour le pauvre
peuple, qui d'ailleurs est tant foullé et chargé,
que je m'assetire vous ne luy vouldriez con-
seiller l'entra indre pour vostre respect, ny
ayant encores pour qui que ce soyt esté tou-
ché, et n'estant pas délibéré le Roy mon filz
de s'y lascher; ce que, ce faisant pour aultres,
vous vous pouvez asseurer que vous seriez de
ce nombre, qui est, mon compère, tout ce
que je vous puys dire pour cest heure, priant
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
D'Orléans, ce xxvm0 jour de novembre
1 56o.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine1.
1560. — 3o novembre.
Orig. Brilish Mus. Bindn papers, n" 6873, ï° 77.
A MONSIEUR D'ANGOULÈME2,
\Mn\SS\DEUR ADP11È9 DE NOTP.E S1 PERE LE PAPE.
Monsieur d'Angoulesme, suivant ce que
1 Elle répond à une lettre du connétable du a 9 no-
vembre dans l;i([iielle il lui demandait d'intervenir pour
obtenir la ratification du do» que venait de lui faire le
pays de Languedoc; l'original de cette lettre du conné-
table se trouve dans les Cinq cents Golbert, vol. 39,
f iû5. — Vt>>. Lettre du cardinal de Cliâtillon au conné-
table, dans les Négociations sous François H, p. 266;
Lettre du duc de (luise au connétable (Bibl. nat. fonds
franc. n° 3107, f°Si); Lettre du comte de Villars (ibid.
11° 3 1 57 , f" i')6); Lettre de François II au connétable
(Bibl. nat. fonds français, n° 3 1 57, P 106).
' Philibert Babou de la Bourdaisière , né en , ;
d'abord doyen de Tours, Il devint successivement évéque
d'Angoulême, abbé du .tard , cardinal et évéque d'Auxcrre;
Il mourut a Home en 1070, après y avoir passé douze
ans, d'abord avec le litre d'ambassadeur, puis r,n qualité
j'escriptz présentement à Nostre Sainct-Père !<■
Pape en laveur du sr Pierre Aldobrandin, je
vous prie l'avoir pour recommandé en la re-
queste et. instance qu'il a à faire à Nostre
Sainct-Père pour estre réintégré en l'office
d'advocat fiscal, dont il a esté suspendu par
cy devant, atendu que, comme il m'a faict
remonstrer, ce n'a esté par sa faulte ou mal-
versation; vous priant, de nostre part, tenir
main et vous emploier à ce que le dicl Aldo-
brandin puisse estre gratiffié en sa dicte pour-
suite et en toutes autres choses, dont il vous
requerra, luy prester, pour l'amour de moy,
tout l'ayde et faveur que vous pourrez et vous
ferez chose qui me sera très agréable. Prie à
Dieu, monsieur d'Angoulesme, qu'il vous ait
en sa grâce.
Escripl à Orléans, le dernier jour de no-
vembre 1 56 0.
Gaterine.
i 1560. — Fin novembre.)
Aul. Arch. île Turin.
A MADAME MA SEUR
MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, je ne se par heu comensé ma
lestre, quant je panse l'état en quoy je me
trove des annuy et aflictyon qui plest à Dyeu
m'envoyer après ten de matils et de malheur
de voyr Testai en quoy ayst le Roy mon fils l
de une doleurde leslesi ayslrème que, encore
que je ayspère que Noire Signeur ne me fayré
pas lent de malheur que de me l'auter., si
ay-se, madame, qu'il a bocoup de mal et an-
nnv que je sache byen come nous resantyré
de protecteur des affaires de France. Sa dorres] dance
a été publiée par l'académie de Reims en 1 85ç).
(Vile lettre est écrite bien peu de jours a\ nul la morl
de François II, dont déjà elle désespérait.
E m LTHERINE DE MÉD1C1S,
sete piteuse novelle, tenl pour l'amour que
luv portés, el luy aystre sel que vous luy ays-
tes, que pour le mal que vous povés panser
que je an seufre, l'aymenl corne vous savés,
mes ayenl teusjour coneu l'hauneur que m avés
tousjour faysl de resantyr tous mes mauls
• me moy mesme, pour y estre ausi partysi-
pente, aysteul setquenous aystes, encore que
granl peur de vous donner pouyne el anuj
muI que voire sente en n'ai ou pys, car se
serel la chause du monde que je craydré le
plus, niés \oyenl lé grant perte que \ous el
moy a. uns fayste \ si davent, je m'aseure que
métré pouyne de nous guarder votre santé,
afin que, si plest à Dveu, me le léser, cornent
je croy, pour meyntenyr tousjour monsieur
de Savoy e en la volante en qupy yl est pour
son servyce; el m jétoy si malheureuse que yl
an'avysl ' aultremeut pour ayder etsecurirset-
luy qui' nus avés tousjour lent aymé, lequel
'lit tic l'âge de quoi, yl est cl ayent lé
Iroulile en sèt royaume lieuls qui sont, ne
peut aystre (sauvé), que set Dyeu ni mes! la
mayns, que tous ses bon parans ne luy serve
by en , de quoj je m'aseure que votre bon
mari est dé mylleurs, el que vous, madame.
aultre set que vous ayst, que pour l'amour
que me portes, ne me fauldrés jeaniès. Je
vous suplye, madame', nie pardonner, set je
vous mes en pouyne, car i'envye que j'é
de me voyr si apeuyé que le roy de Navarre
ne fase tort à set qui ayst de votre senc
enné cause, el non pas pour aystre aur d'es-
pouyr de le voyr guéri, car je ayspère que
Dyeu !" permeteré pour vous fayre myeuls
çonestre cornent vl ayme vous el votre bon
mary qui n'a heu le moyen de le fayre jou-
ss ysi. Je ne fouldrè de vous renvoyer yn-
contynent, set Dieu me faysl la grase de le
) / an : ml.
guérir cornent je lus en souplye, el de vous don
ner aultent de contentement que vous en désire
Votre très humble é très bol éysanl
Ci BRISE.
1560. — .', décembre.
Oit;;, lîihl. nal. ronds français, n ii5"t
\ MOtl ' 0DS1H
MONSIEUR LE DUC DE MONTMORENCY
PAIR ET COMPTABLE DE FRANCE.
Mon cousin, j'.iy choisy le s' de Lanssac'
chevalier de l'ordre, présent porteur, comme
personnaige auquel je me fye grandement.
et sça\ aussi que vous croyiez bien volun-
tiers, pour envoier devers vous vous dire et
faire entendre aucunes choses de ma part; à
quoy je vous prie adjouster autant de foy que
vous ferez à moy mesmes. Priant Dieu, mou
cousin, vous avoir en sa sa incte garde.
Escript à Orléans, le cinq" joui de dé-
cembre 1 5Go.
istre bonne coumère et amie.
Caterine.
1560.
ip décembre.
Orig. Bibl. oat. Cinq cenls I olberl . n 3go .1 i5.
Imprime1 .Lin H I . additions de Le Laboureur
i. I, p. 478*.
A MONSIEUR DE RE.WES,
HA18TRB DES REQBESTES DE L'HOSTEL DL IlOY MO> FIL?
ET SOU AHBASSADEtiB PAU DEVERS L'E.MI'EREITI.
Monsieur de Kenes, j'ay grand regret qu il
1 Loui* de Saint-Gelais, seigneur de Lausac; il avait
rempli 'i-- nombreuses missions diplomatiques, nol
to '■ i548 à 1 555, et devint le confident de
Catherine. — Voy. Négociait* Fi ançois II . Méritoires pow
ife de Trente .- Cm, ne, ni, •ire.--. île Honluc . id.de Ruble .
I. III, p. i64. Ronsard, dans l'une île si 1 ilii
de lui :
Lausac des muses le souci .
Dont le renom s'honore en autre part qu'il
Le Tvbre l'a connu . etc.
Les incorrections il'1 lu copie imprimée motivent la
IÔG
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
l'aille vous mander une si triste nouvelle que
celle que vous verrez par la lettre que vous
script le Roy monsieur mon filz, et vous puis
bien asseurer que l'affliction que je sens en
cela m'est si poignante et doloreuse, qu'elle
ine seroyt du tout insupportable si je ne con-
sidéroys que telle a esté la votante* de Dieu,
qui dispose de nous, comme il luy plaist , et
•i je ne veoys les deux grandes pertes que j'ay
aictes en si peu de temps revivre en la per-
sonne du Roy mondit sieur et fils, et en ce
qu'il promet! de Douté et de vertu, qui est tout
ce que je puys aujourd'hui recevoir de conso-
lation parmy tant de pleurs et d'ennuys, et
dont j'ay grande occasion de louer et de re-
mercyer Dieu infiniment; ayant bien déli-
béré au jeune eaige auquel il a pieu à Dieu
l'appeller à ceste couronne, le faire si bien
norrir et instituer en fa craiucte de Dieu, en
l'amitié de tous princes ses voisins et amys,
et en toutes aultres choses vertueuses et dignes
du lieu qu'il tient, et mesmes en celles que
l'Empereur a si souvent l'aict recorder au feu
Roy monsieur mon filz, et qu'il m'a tant de
recommandées, qu'il ne verra jamais sor-
tir de luy que ce qu'il doibt attendre d'un bien
vertueux prince, amateur du bien et conser-
vateur de nostre relligiou chrestienne, du re-
poz général et universel de la chrestienté , et
qui eu particulier l'honorera et aymera aussi
chèrement que mérite sa vertu, et que ayt
jamais l'aict aultre prince vivant; ce que je vous
prie luy faire bien entendre, et sur tout ce
que le Roy mondict sieur et fils vous escript
de restai, de ses affaires, que je ne doubte
poinct que beaucoup de personnes se mectent
en devoir de lui dépaindre de diverses couleurs
'■I de luy faire les vofuntez de ces princes,
que je tiens si bien unyes, du tout aultres
réimpression de celte lettre importante dans laquelle Ca-
ine l.i il connaître sa pi ns ie sur le concile de Trente.
qu'elles ne sont; vous advisant que sçachant
le devoir que vous faictes au lieu et en la
charge que vous tenez auprès dudict Empe-
reur, je vous y ay faict continuer, et si vou>
veulx bien asseurer que, si en la mort du feu
Roy mondict sieur et filz vous avez perdu ung
bon maistre, vous en avez recouvert ung aultre
qui n'oubliera jamais les services, ny la récom-
pense de ses bons et dignes serviteurs, etmov
aussi peu d'y employer ce que j'auray de pou
voir, de moyen et de crédict en son endroicl.
Au surplus, nous avons reçues votre dé-
pesche du vnGdu passé, par laquelle s'est en-
tendu le propos que le dict Empereur vous
tenu sur la commodité de Rezancon pour la
tenue du concile, et de ce qu'il désireroyt bien
que le Pape l'eust trouvé bon; mais pour ce
que par une dépesche, que nous avons eue au
mesme temps que la vostre, de l'évesque d'An-
goulesme, du xv° dudit moys passé, il mande
que la sepmaine ensuivant se devoyt faire ung
consistoire le vendredy pour y lire fa bulle de
l'ouverture du concilie, qui seroyt apportée par
les cardinauLx Saracene1, Puteo2 et Cicade3,
qui avoyent la charge de la dresser; et le di-
manche ensuivant seroyt la dite bulle publiée .
et ledict concile à Trente, il semble qu'il n'y
a plus de lieu de parler dudict Rezancon, si
ce n'estoyt pour la translation, qui n'est pas
chose preste et dont il faille faire instance de
si longue main. Ledit évesque mandoyt que
quelque instance que l'ambassadeur dudict
Empereur et luy eussent faicte que l'on pro-
cédast à l'ouverture dudit concile par nou-
velle indiclion et non par continuation de cel-
1 Jean Michel Sarracena, Napolitain, archevêque d'Ace-
rensa, et évéque de Sabine, mort en i568.
2 Jacques du Puy, natif de Nice, archevêque de Bari,
mort en i 563.
3 Jean-Baptiste Gicada , Génois, cardinal du litre de
Saint-Clément, mort en i.v,
LETTRES DE C LTHE
luy dudil Trente, ils n'en avoyenl peu venir
à bout, bien leur donnoyt-on espérance que
l'on feroyten sorte que chascun auroyl occa-
sion de se contenter, ce qui se verra par la-
dicte bulle qu'il promectoyt nous envoyer par
courrier exprès, incontinent après parlement
de sa dicte depesche, qui me l'aie! croyre que
nous ne pouvons guières à larder l'avoir; et
Dieu uieille qu'elle soyt telle qu'il en puisse
réussir le bien qui est si désiré et nécessaire
pour l'amour de toute la chrestienté en une
mesme relligion. Si vous entendez quelque
ebose de plus certain et particulier des deux
mariaiges dont vous avez donné advis par vostre
dicte depesche, faites le nous sçavoir, et tout ce
que vous verrez qui le mérite. Je commanderay
le payement de vostre estât sitost que nous au-
rons ung peu acheminé noz affaires, etjevoys
prier Dieu, monsieur de Renés, qu'il vous ayt
en sa très saincte garde. Escript à Orléans, le
vi jour de décembre i5Go.
Caterine.
ROURDIN.
1500. — 7 décembre.
Orig. Bibl. oat. fonds français, n° 163(j ,
A MON COUSIN LE DUC DAUMALLE ',
KlIR DF Ff.A\CE, GOUVBBJHUB F.T LIBUTBliAKT (.F.MiRAL DU ROY -MO.\ FILS
ÎOH UBOTSR1ST Al DIT GOUYF.RSBMENT.
Mon cousin, vous penserez assez l'ennui
e! doloureuse affliction que je puis avoir de la
perte que j'ay faicte du feu Roy mon filz, qui
m'excusera de vous faire longue lettre, estant
eesle-cy pour accompagner celle de mou autre
tilz qui par son décès a receu sa coronne,
atlin de vous prier si vous avez bien fait! en
ce que concerne le service d'icelle.par le
1 Claude II de Lorraine, duc d'Aumale, troisième fils
; lande de Lorraine, premier duc de Guise, né en
;, tu ii s de la Rochelle le i4 mars i5-.'i: il
un des GHi - -1 ■ Dian le Poilici •
R1NE DE MÉDIClS. 15
passé, vouloir continuer et embrasseï ce que
vous verrez j appartenir avecques l'affection
que vous y avez tousjours desmonlré. De ma
pari, je medélibère supplér à l'aage tendre de
mon dict Glz, et puisqu'il luy plais! ei en suit
priée par les princes et grans personnaiges de
son royaulme, prendre le soin;; nécessaire à
l'administration d'icelluy pour le conserver en
son entier à l'honneur de Dieu el bien de ses
subjeetz, à quoy je suis certaine que de vostre
part VOUS ne serez jamais moins prest et dis-
posé de vous employer que \ous avez tous-
jours esté. Priant Dieu, mou cousin, vous
avoir en sa saincte garde1.
Escript à Orléans, le vn° jour de décembre
i56o.
Caterine.
De l'Aubespim:.
1500. — (8) décembre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n 1DS71 , f 00.
Y MONSIEUR LE LIEUTENANT CRIMINEL
DE PARIS5.
Monsieur le lieutenant, estant le Roy mon
iilz mallade3, je u'ay voulu faillir d'accompa-
gner la lettre qu'il vous escript d'autre pari
pour vous confirmer ce qu'il vous mande, el as-
surer que plus grand service vous ne lui sçauriez
faire que de l'ensuyvre et exécuter de point
en point. Priant Dieu vous avoir, monsieur le
lieutenant, en sa saincte garde.
D'Orléans, ce. . . . de décembre i56o.
Caterine.
1 Semblables lettres lurent adressées par Catherin.
MM. de Jarnac et de Noailles; il suffil de les indii
(Bibl. nat. Cinq cents Colbert, vol. 29, f" a3a et suiv.
' Une pareille lettre fui adressée au président de Thoi
(même «rolume, F ">7 l; il s'agissait .le quelques pi
niera d'Étal enfermés au petit Châtelel el donl I" Ro
1 raignant l'évasion, ordonnait pour plus de BÛret ! Iran.,
lation à la Bastille.
ries l\. Voy. sa lettre (même vol. I
158
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1560. — i3 décembre.
Minute. Bibi. nat. fonds français, n° 1 587^ , i° 1/17.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Mous' de Lymoges, le feu Roy mon filz,
dont Dieu ayt rame, avoyt faict provision de
sacres ' pour envoyer au Roy calholicque mon
bon lîlz, suivant ce que luy aviez mandé du
désir qu'il avoyt de recouvrer de bons oyseaux
pour le plaisir qu'il prend à la vollerie, et
que sa mort intervenue luy a empesche' de
pouvoir exécuter, comme il désiroyt. Si ne veux-
je pour cela laisser de luy satisffaire et le gra-
liffier, et pour ce je vous prie luy présenter
de ma part les sacres que je luy envoyé pré-
sentement et l'asseurer que sont des meilleurs
que se soyent peu recouvrer, lesquelz je voul-
droys bien pouvoir eslre telz qu'ilz luy peus-
sent donner aultant de plaisir comme je dési-
reroys, car uon seullement en cela, mais en
toutes aullres cboses qui seraient en ma puis-
sance je suys fort ayse de luy pouvoir tesmoi-
gner combien je l'ayme et l'estime et auroys
de plaisir et de contentement de le gratifier
el faire cbose qui luy fust agréable. Priant
Dieu, monsieur de Lymoges, vous avoyr en
sa saincle el digne garde.
D'Orléans, ce .... jour de décembre
1 56o .
(Au dos.) Du xin' jour de décembre i56o.
(1560. — Milieu de décembre.)
Aut. Imprimé. Négociations sous François II, p. 781.
\ M^MA FILLE LA REINE CATOLYQUE.
Madame ma fille, je donne cherge à set
pourteur vous dyre bocup de chauses de ma
Le plus estimé el le plus cher de ions les oiseaux de
"'•lie; il est originaire des pays septentrionaux.
part, qui me gardera de vous fayre longue
letre, seulement vous dire ne vous troubler
de ryen et vous aseurer que je ne feré pouyne
de me gouverner de fason que Dyeu et le
monde aront aucasion d'estre contensde moy,
car s'et mon prinsypale bout de avoyr l'beu-
neur de Dyeu an tout devent les yeulx et con-
server . mon authorité, non pour moy, niés
pour servyr à la conservatyon de set royaume
el pour le byeu de tous vos frères, lesques
je ayme, corne du lyeu où vous ayles tous
veueus. Pour se, ma fille, m'amye, recomendé-
\ous byen à Dyeu, car vous m'avés veue ausi
contente corne vous, ne pensant jeamès avoyr
aullre Iryboulalyon que n'estre asés aymayé
à mou gré du Roy voslre père, qui m'onorel
pluls que je ne mérités; mes je l'aymè tant
que je a\ès tousjour peur, corne vous savés
fayrememant asés; et Dieu me l'a baullé, cl
ne se contente de sela, m'a liaulté vostre frère
que j'é aymé come vous savés, el m'a lavséc
aveque Iroys enfans petys, et en beun reaume
tout dyVysé, n'y ayent beun seul à qui je me
puise du tout l'yer, qui n'aye quelque pasion
partycoulyère. Pour se, m'amye, pansés en
moy el que je vous serve d'esanple que ne vous
fyées tent en l'amour que vous porte vostre
mari, à 1 lteiinneur et ayse que vous avés as-
teure, que vous ne vous recomendyés à seluy
qui vous peull conlyneuer vostre heur et ausi.
quettt y li pleret, vous mestre en l'état en quoy
je suys, que je aymeré myeulx mourir que
vous y voir, de peur que ne puysié porter
tent de maulx cornent je an nav heu el an
nay, que je m'aseure, ^ans son ayde, ne sarel
porter.
Vostre bonne mère.
Catkrine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
159
1560. — 21 décembre.
Orig. Bibl. iiat. fonds fiançais, n° &63a , f° 89.
\ MONSIEUR DE T\\ INNES1,
CHEVALIER DE L'ORDRE
BT L1SI I l DU ROT w GonvRRKmstn ni ROI '
Monsieur de Tavanes, ce m'a esté grant
plaisir d'entendre par vostre lettre que tous
z si tost arrivé par delà en bonne santé,
m'asseurant que vostre présence y a grande-
ment servy et servira tousjours à y maintenir
les choses au repoz et obéissance que je dé-
sire veoirpanny les subgetz du Roy monsieur
mon filz, où cognoissant l'affection que je sçay
de longtemps que vous portez au bien de ceste
couronne, il ne vous fauit plus a\ant recon-
mander d'avoir l'œil et y tenir la main, estant
certaine que vous n'y obmectrez riens. Ausi
vous priray-je estre asseuré qu'il ne sera riens
oublyé en voslre endroict de la recongnoissance
que ung si digne serviteur peult actendre
d'un bon tnaistre, ayant bien délibéré d'em-
ployer tout devoir à nourrir mon dict filz en
ceste volonté d'aymer et bien faire à ceulx qui
le mériteront. Priant Dieu, monsieur de Ta-
vanes, vous avoir en sa saincle garde.
Escript à Orléans, le \xie jour de décembre
1 '.) (j o .
Caterine.
De l'Aobespine.
Gaspard deSaulx, né à Dijon en mars 1 509, sei-
gneur de Tavannes. Chevalier 'If l'ordre, d'abord gou-
verneur de Provence, puis lieutenant général au gouver-
nement de Bourgogne, par lettres de novembre 1 56
maréchal de France on novembre iSto, gouverneur de
Provence et amiral des mers do Levant en 1 ô 7 •• , mort
bateau <\o Sulli. près Aulun. en juin i.'iy.'l. — Vby.
les Mémoire/, publiés par son lils Jean de Sauk; Bran-
tôme, édit. de !.. Lalanne («m article); L. Pingaud,
Le» Saulx-Tavannet ; Paris. Didot, 1876, in-8°.
1560.
décembre.
Ong. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n" 390. t° ig.
Imprimé dans les additions ans bVmotrai de Casielnau, par Le Labou-
reur ,1.1, n. A79 '.
\ MONSIEI i! DE RENNES'.
Monsieur de Renés, je vous ay laid faire
cette dépesche par l'advis du conseil du Roy
monsieur mon til/. , pour vous informer et ins-
truire de ce que l'abbé de S'-Gildas es) venu
faire par deçà, et de ce que nous craignons
que l'Empereur et les estats catholiques de la
Germanie n'ayent aggréable la bulle de l'in-
diction du concilie, soubz couleur qu'il est dit
que c'esl en oslanl et levant tout suspension
quelle qu'elle sovl, ce qui semble plulost une
continuation de celuy de Trente qu'une nou-
velle indiction: chose en quoy j'eusse bien dé-
sire1 que [Vostre Saint-Père ne se fust monstre
si ferme comme il a faicl; d'autant que pai
là il laisse à penser à beaucoup de personnes
qu'il ne veull ledict concilie que en apparence
ei non par effect. Et s'il est ainsi, il nous con-
traindra, à mon grand regret et contre ce que
j'ay faicl jusques icy en ceste affaire, de venir
au national, pour pourveoir aux périlz et dan
giers de ce royaume, qui nous pressent de
trop près pour demeurer sans remèdes et en-
durer tant de remises et prolongemens. Ce
qu'il n'y aura poiucl de mal que vous laciez
entendre audil Empereur affin que la crainte
qu'il a dudict national lui face procéder en
ceste affaire avec plus de diligence, el dépes-
cher vers le Pape pour la refformalion de lu
dicte bulle si elle escliel, mi bien pour l'es-
claircissemenl de ce qui s'y sera trouvé de
difficulté, ainsi que le Roy mon dicl sieur et
1 Le texte de cette lettre donné par Le Laboui
in plel
li 1 nadin V<<« li il i - cité p. 101, 1 o'i.
160
LETTRES DE CATH
filz le vous escript plus particulièrement, et
dont je me remectray sur sa despesche pour
vous dire, monsieur de Resnes, que nous
avons receu la vostre du ix° du passé, à la-
quelle il n'eschet pas de faire aultre response
pour ce qui concerne le faicl dudict concilie,
que ce que vous venez cy-dessus. Et quant à
la nouvelle qui a couru par delà que l'on vou-
loyt faire roy de Toscane du duc de Florence;
par les advis que nous avons de Rome, il se
tient pour chose asseurée qu'il n'en est riens,
et que sans la maladye qui l'a retenu audict
Rome, il feust party il y a déjà longtemps
pour s'en retourner. Si vous entendez que le
mariage que ledict duc a fait rechercher de
l'une des filles de l'Empereur pour son fils
aisné soit pour tirer oultre, vous nous en ad-
vertirez, et de toutes autres choses que vous
estimerez dignes de noslre connoissance. Nous
n'avons point encores receu la dépesche que
vous nous avez faicte par la voye de Georges
Aubrelh, se sera pour les premiers jours; et
puisque vous mandez qu'il n'y a riens dedans
qui importe de le sçavoir tost ou tard, nous
l'attendrons avec moindre regret que si vous
ne nous en eussiez poinct advertys. Priant
Dieu, monsieur de Rennes, qu'il vous ayt en
sa saincte garde. Escript à Orléans, le xviii"
jour de décembre i56o.
Caterine.
BODBDIN.
1560. — a 8 décembre.
Orig. Arrli. de la maison de Polignac. Copie communiqué.'
par M. de Merval.
A MONSIEUR DE SENARPONT,
B DB L'ORDRB DE ROT MONSIEUR MON FILZ ET SOT LIEL'TE\»\T
n M M r...l\EI;TEMENT RE RICAItDÏE, ET L'ADSBNCB
RE MONSIEUR LE MAiîÉCIIAI. DB BBISSAC.
Monsieur de Senarpont1, pour ce que vous
1 Jean de Momliy, sieur de Senarpont, baron de
ERINE DE MÉD1C1S.
verrez par la lettre du Roy monsieur mon filz
la résolution qui a esté prise sur celle que
m'avez escripte du \viiic de ce moys et mesmes
pour ce qui concerne le faict de l'excluse, je
me remetteray à ce que le Roy mondict sieur
et fdz vous en mande présentement et vous
prieray seullement que vous ayez tousjours
l'œil ouvert, ainsi que vous avez fort soigneu-
sement et continuellement faict jusques icy, à
tout ce qui sera du bien de son service et de
la conservation de ses droietz et possessions,
pour garder qu'il ne se face aucune entreprise
ou innovation à son préjudice, sachant que
parmy vos voysins vous n'avez poinct faulte
de personnes qui n'oublieront de faire tout ce
qui leur sera possible pour penser tirer tous-
jours quelque chose à eulx à la diminution
de ce qui nous appartient, et à ceste heun
plus que jamais , s'ilz ne voyent que l'on y
tienne la main bien royde et que l'on ne s'en
donne garde de bien près, ainsi que je vous
en prie et que le Roy mon dit sieur et filz s'en
fie à vous entièrement. Et sur ce, monsieur de
Senarpont, je vays prier Dieu qu'il vous ayt en
sa saincte garde.
Escript à Orléans, le x\vnic jour de dé-
cembre i56o.
Caterine
BoiRDlN.
1561. — i" janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 8a , f 43.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, j'ay receu vos lettres par voz
confrères, présent porteurs, qui avecq ce
qu'ilz ont dict au Roy monsieur mon filz de la
bonne et affectionnée volonté en quoy est vostre
Wismes, capitaine de Corbie, puis de Boulogne; il s'é-
tait distingué à la prise de Calais en 1 558.
LETTRES DE CATH
compaignie envers luy et moy, j'ay receu,
de ma part, grand plaisir, et ne sçauriez
rien faire qui nie soit plus agréable, ne qui
me donne plus d'occasion de contentement;
aussy estes vous asseurez que, l'aymantet esti-
mant comme je faits, il ne s'offrira jamais rien
qui vous touche en général et en particulier,
où je ne vous face cognoistre combien je l'ay
tousjours eu en recommandation. Vous sçau-
rez au demeurant d'eux ce que se peull l'aire
pour ce qui vous est deub, et m'asseure que,
considérant les affaires que pour le présent
nous avons, vous nous ayderez à attendre un
peu ce que je vouldrois bien que nous puis-
sions faire dès cette heure, et à quoy avecq le
temps y sera pourveu. Cependant je vous prie
vouloir embrasser le faict de la justice du bon
zèle acouslumé, à l'honneur de Dieu et au bien
de sou peuple. Priant Dieu, Messieurs, vous
donner ce que désirez.
Escript à Orléans, le premier jour de jan-
vier mil cinq cens soixante (i5Ci).
Caterixe.
De l'Aubespine.
ERINE DE MÉDICIS. 161
faultes qu'ilz ont l'aides, pour avoir raison
desquelles, il y a longtemps que l'on esl après
pour les atlrapper1. Maintenant, le Roy mon-
sieur mon lilz et moy avons sceu qu'ilz se
sont retirez en Bourgogne, où ce porteur vous
dira, qui est envoyé pour faire la diligence et
user de toute dextérité pour les avoir; ce qui
ne se pourra paravanlure pas faire sans vostre
ayde, force et auctorilé, que je vous prye,
tant que je puys, adjoustant à ce que le Roy
mon dict filz vous en escript2, n'y espargner,
mais de vostre part y faire tout ce qu'il vous
sera possible, avecques asseurance que ce nous
sera ung service fort agréable; pryant Dieu,
monsieur de Tavannes, vous donner ce que
plus désirez.
C.VTERINE.
Si de fortune les ditz de Malligny estaient
hors de vostre gouvernement, et touleslfoys en
lieu qui n'en fut pas trop loing, où vous nous
puissiez faire ce service, je vous prye de vous
y accomoder et ne laisser pour cela d'y faire
ce que vous pourrez.
(1561. — 6 janvier.)
Orig. Bibl. uat. fonds français, n" 463a, f' 83.
Copie , fonds Moreau , 875 , f° U.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
CHEVALIER DE L'ORDRE , LIEDTENAST GENERAL DU BOT MONSIEUR MON FILZ
10 GOUVERNEMENT DE EOL'RCOGNB.
Monsieur de Tavannes , vous avez assez en-
tendu, ainsi que je m'asseure, comme les
Mallignyz1 ont cy devant remué mesnage et les
1 Jean et Edme de Ferrières. Leur père, François de
Ferrières, lenail le nom de Maligny d'une seigneurie
située dans la commune de Ligny-le-Chàtel (Yonne).
Leur mère, Louise de Vendôme, était sœur de François
de Vendôme, vidame de Chartres. Tous deux avaient été
compromis dans la conspiration d'Amboise. Edme, le
cadet, avait été en 1507 guidon dans la compagnie du
CATHERINE DF, MÉDICIS. I.
1501. — i5 janvier.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" 15876, i° i5i.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'ay tant receu d'af-
flictions depuys quelques années en ça et tant
enduré d'enuys et de tribulations que la nou-
prince de Condé. — Voy. la Vie île Jean de Maligmj, par
Léon de Bastard.
1 Le comte de Tende parle dans deux lettres de
l'ordre qu'il a reçu du roi d'appréhender les Malligny.
(Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 27, P -J-Jtj; fonds
franc. n° i587:>, P a66.)
- Voy. cette lettre dans le fonds franc. n° 4633,
P 10.
2 1
162
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vello de la malladie de la Royne ma fille ', ne
me peult avoir apporté que beaucoup de
peyne pour l'incertitude et peu d'asseurance
<|ue je veoy es choses de ce munde. Bien se-
royt-elle encores plus grande sans l'asseurance
que vous me donnez de son amendement,
lequel m'est confirmé de tant d'endroicts que
je me console et prens bonne espérance que
Dieu, par sa saincte grâce, nie la conservera
et se contentera, s'il luy plaist, de ne croistre
point daventaige les pertes que j'ay l'aides.
Et pour ce que, comme vous pouvez penser,
ceste maladie me touche tant au cueur, que
je ne puys avoyrbien, repoz, ne contentement
que je n'en entende l'entière guérison, j'en-
voye ce courrier en toute diligence devers
vous pour en sçavoir des nouvelles, m'asseu-
rant que, avant son arrivée, vous m'en avez
depesclié ung aultre pour me tenir d'heure à
aullre adverlye de sa santé; ce que, si vous
n'avez faict, je vous prie, à l'arrivée de cesluy,
m'en redépescher ung fraiz et par luy me
mander amplement comme elle se sera portée
et Testât en quoy elle sera. Cependant je vous
piieray, Monsieur de Lymoges, luy bien re-
eorder ce que je vous manday l'aultre foys
qu'elle fut mallade de semblable malladie et
adverlir son médecin , comme je le luy escriplz ,
'ic bien prendre garde à luy conserver les
yeux et garder qu'il n'y ayt des tasches 2, s'il
est possible, en quoy nous trouvons icy que le
sang de pigeon et la cresme sont excellente
remeddes. Toulesfoys les médecins qui con-
1 Le 16 janvier i56i, l'ambassadeur d'Espagne Chan-
tonnai écrivait d'Orléans à la duchesse de Parme : nSont
arrivées lettres d'Espagne annonçant que la jeune Reine
est prise de la petite vérole et a eu la fièvre sept à huit
I v, qu'elle a été saignée, mais que la lièvre a diminué.»
(Archives de Vienne.)
Madame de Vineuf écrivait à Catherine : rLcs lâches
de vérole ne paraîtront guères, sinon quelque peu de
Fosses sur le nez.» (BiM. nat. fonds franc. n° 0189, f° '1, S.)
gnoissent les remeddes qui sont les plus usile/.
par delà et les plus utiles et prouflitables eu
useront comme ils penseront esliv pour le
mieux, car nous voyons par expérience qu' en-
cores que la maladie soyt là comme icy sem-
blable, si est-ce que la façon de la panser est
différente, d'aullant que la segnée en telles
maladies est icy peu acoustumée, et là, puys-
qu'elle a esté pracliquée en son endroicl, je
doibz penser qu'elle est fort ordinaire et usitée.
Quoy qu'il y ait, je vous prie de leur bien
dire et à elle et à ses médecins, qu'après
qu'elle sera guérye qu'elle se donne bien de
garde de sortir de vingt jours, pour ce que.
quand l'on sort plus tost, le flux de ventre est
fort dangereux. Le soing que le Roy son mai y
en prent et la dilligence dont je voy que
usés à la panser me faict espérer sa guérison
briefve et me donne assurance qu'il n'y sera
rien obmis, ce que je ne vous reconimanderay
point, congnoissant assez combien vous l'avez
en singulière recommandation.
Au demeurant, je vous advise que je suis
sur la conclusion des Eslatz l, par lesquelz je
vous veulx bien advertir que le gouvernement
et administration de la personne du Roy mon-
sieur mon filz et du royaume m'ont esté con-
firmez-, et suis après à tirer d'eulx ung si bon
secours pour m'ayder à acquiter les grandes
et excessives dettes dont ce royaume est
chargé, que, avec leur ayde, je puisse entiè-
rement en quelques années mettre les affayres
du Roy mon dict sieur filz en repoz. de quov
je vous puys dire que je voy tous les Estai/,
unanimement se mectre à tant de rayson que
je n'en puys que avoyr bonne espérance, ne
vous voulant aussy celer que je suis après à
donner ordre au pavment des cens tant de
1 Les Etats d'Orléans clos le 3l janvier 1 âlio (1 56 J ).
' Voy. Lettre de l'évèque de Limoges. (BiM. nal.
n" 3l89, P .'.>).)
' fil m ^ i
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H p.
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LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
163
mille escuz qui sonl duz maintenant pour la
mariage de la Royne ma fille, à quo] dans
peu (le temps sera satisll'airt; qui est ion! ce
que vous aurez pour asleure de no/, non—
relies, en actendant qu'icy à peu de jours je
vous l'ace une plus ample dénesclie de lotîtes
doz affayres, qui sera après l'arrivée du sieur
Ion Juan Manrique l (|ue nous aclendons en
lionne dévotion, l'ryanl Dieu. Monsieur de
Lymoges, vous avoyr en sa saincte el digne
ode.
Je ne veulx faillir de vous dire que j'ay
\nullu l'aire fournir en Espaigne les cens tant
de mil escuz qui se doivent maintenant four-
nir; mais l'ambassadeur ne l'a voullu accepter
et a demandé qu'on les baillas! à Anvers, à
quoy, encores qu'il nous feust beaucoup plus
Chantonnai écrivait à la duchesse de Parme, le
5 janvier i56i : '•Don Juan Manrique de Lara vient iry
pour plaindre le deuil ; mais il lardera encore quelque
temps, et ne vient comme j'entends en grande diligence
pour ce qu'il <>l de grande complexion.- Le 22 janvier,
: nait de nouveau à la duchesse : r J'espère que don
Juan Manrique arrivera vendredi ou samedi.-: (Archives
de Vienne.)
Voici quelles étaient les instructions de cet ambassa-
deur extraordinaire : t'En ce qui touche aux affairesde la
religion, vous devez parlera la reine Catherine Ires clai-
rement et très ouvertement , en l'exhortant de uostre part
au plus grand soin et à la plus grande vigilance pour les
choses de la religion; qu'elle ne permette jamais aux
nouveautés qui oui pris naissance, dans son royaume d'y
faire plus de progrès; qu'elle ne favorise en aucune ma-
nière et n'admette dans sa familiarité aucuns de ceux qui
ne sont pas fermes, comme ils devroient l'être, dans leur
religion. i Extrait des instructions, datées du h janvier
i56l. ' archives nat. K, i4p,5.) — Vo\. Lettre du dur
de (luise à Philippe II, du 3i janvier i5(>i (Arch. nat.
collect. Simancas, K. i/iyfi, B, 12, pièce 29); Lettre du
cardinal de Tournon où il est question de don Juan
Manrique, lettre datée du 3i janvier îliOi (iW. pièce
n' ■.'! |; Lettre de Charles IX à Philippe II, du i3 fé-
vrier i56l (iIjiiI. pièce a5); Lettre de don Juan Man-
rique el de Chantonnai à Philippe II, où il est question
de l'audience de don Juan Manrique (ibiil. pièce 55).
incommode que l'Espagne, je me suis accom-
modée; mais il presse tant que cela soil à jour
nomé que, se c'esloit sept ou huit jours plus
tard, il penserait que tout feust perdu. J'ai
requis pour la seuretë de la Royne ma fille
que ceste somme feusl endossée, comme il
esl aceoustumé, au doz de son contrai de ma-
riage, mais ledict ambassadeur s'est excusé
qu'il ne l'avoit icy, et qu'il y auroit une trop
grande longueur. Voiant cela je me suis ré-
solue de faire délivrer ladite somme en An-
vers, à la charge d'en avoir bonne scurelé de
la délivrance, laquelle il sera besoin;; que
vous recouvrez, dès que vous serez adverty de
la réception, pour me l'envoyer; ce que je dé-
sire que vous faciez bien entendre au Ro)
mon filz, aflîn qu il congnoisse combien je
veulx observer les Iraictez.
(Au dos.) La Royne à monsieur de Ly-
moges.
Du \v jour de janvier i56o(i56i).
(1561. — i5 janvier.)
Aut. Arcli. nal. collecL Sioiancas, K, iAg4, n'' 19 '.
A M. MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils, j'é reseu anuit heune
letre de V. M., par laquele ay entendeu la
maladie de la Royne ma fille, que encore que
me fasiés set bien de m'aseurer de son amen
dément, dont je ne vous puis asés afectioné-
ment remersier et auei de l'houneur qu'i vous
pi est luy fayre et du souign que avés de sa
santé; mes aveque toutle la seurté que m'en
donnés, ne me pui-ge guarder d'en aystre en
pouyne,qui aystcause que je ranvoy sel pour-
teur pour ynconlinenl savoyr cornent aylle ora
contyneué à s'amender, car après leanl de
' Au dus : Cette lettre a été reçue le s3 janvier
21 .
L6û
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
perte et de malheur quej'é heu depuys heun
ban et demy eu se au deus, je suys tourjour
eu craynte d'an voyr d'aultre et prinsipale-
ment en aylle qui ayst pour set heure la
plulx chère chause qui me souyt demeuraye;
que me fayst vous suplyer, Monsieur mon fils,
de luy volouyr byen comender de fayre tout
set que luy sere' aurdonné pour sa santé, afin
qu'y plèse à Nostre Signeur luy redonner la
santé tyeule que vous ay moy luy désirons,
el que je ne soy pas si malheureuse de voyr
philx de malheur, et qui luy fase la grase de
\\vn; pour vous aystre agréable et servyr, et
contyneuer l'amytyé qui ayst entre vous et sete
couronne, laquele je métré pouyne de enler-
teoyr et augmanter tent qui pleré à Dyeu y
léser en set monde
Vostre bonne et afectyonnée mère.
Câterinf..
1 56 1 . — 17 janvier.
Orig. Arcli. de Turin.
A MON FREF.E
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous avez donné à ma requeste
au fils de d'Elbene lecteur de Madame, ma
seur, vostre femme, l'abbaye de Haultecombe1,
de laquelle , comme j'ay esté advertie, les gens
du cardinal Farneze2 s'efforcent d'obtenir de
vous par importunité la possession et en frus-
tre] le dict d'Elbene, encores que cy-devant
j'aye prié instamment le dict cardinal de
lu\ vouloir, à ma requeste, quicler le droict
qu'il v prétendoit. A ceste cause je vous prie,
Al)lia\e de l'ordre de Citeaux, sur le bord occidental
du lac du Bourget, près d'An en Savoie, fondée en 1 1 35.
C'esl dans cette abbaye que les ducs de Savoie étaient
inhumés.
Cité jjlus haut.
mon frère, de le vouloir, pour l'amour de
moy, conserver en la dicte possession jusques
à ce qu'il en soit autrement dict et ordonné
par vostre sénat de Ghambéry. Et ce faisant
vous me gratifierez autant que pour autre
affaire dont je vous puisse requérir, poul-
ie désir que j'ay que ce bien que je luy
ay procuré luy demeure et ne luy soit pas
osté, priant le Créateur, mon frère, quilvous
ait en sa très sainte et digne garde.
Escript à Orléans, ce xvn" iour de janvier
1 56o ( 1 56 1 ).
Vostre bonne seur,
CaTERINE.
1561. — 17 janvier.
Copie. Bibl. nat. fonds Moreau , 773, fJ 2.
A MONSIEUR DE TAVANNES.
CHEVALIER DE L'ORDRE DC ROY MON FILS ET SOS L1ECTEXANT
AE GOUVERNEMENT DE BOURGOGNE.
Monsieur de Tavaues, je vous ay naguières
escript par ung gentilhomme nommé La Ri-
chardie pour luy donner toute l'ayde et force
dont il auroit besoing pour prandre Maliguy1.
que j'avoys sceu s'estoit retiré de ce cousté là.
Depuys j'ay entendu de bon et sur lieu qu'il
est de présent en sa maison, prez deToneres,
où il se tient à demy caché et aucunement
accompaignez. Et pour ce que je n'ay de rien
plus d'envye au monde que de le pouvoir at-
traper, m'asseurant sur l'affection que vous
avés tousjours desmontrée de me vouloir
faire service, et pour la parfaicte fiance que
j'en ay m'addresser plus franchement à vous,
pour m'en monstrer à ce coupt l'effect, qui
est que je vous prye, sur tant que vous dési-
rez jamays m'en faire, regarder tous moyens
que vous pourrez pour le prendre , et , sans vous
1 Cité plus haut, p. 161.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
165
en descouvrir à personne, dont vous ne vous
asseuriez aullant que de vous mesmes, vous
acheminer de ce cousté là, suivy et accoin-
paigné, autant que vous jugerez qu'il sera be-
soing, et là essayer, à quelque pris que ce
soit, jusques à ruiner sa dicte maison , s'il est
besoing, de luy mectre la main sur le collet,
el , si vous le pouvés avoir, le faire mener et
conduire secrètement en quelque lieu si seur
et si caché que personne n'en puisse sçavoir
nouvelles et à mesme instant m'en advertissez
en extrême dilligence. Vous avés dedans le dict
Tonneres ung banquier, nomme' Cénamy, qui
vous- donnera addresse et tiendra adverty du
lieu où sera le dict Maliigny, et comme vous
vous devrez conduire en ceste exécution ; mais
si est-il besoing que vous ne faciez pas co-
gnoïslre que le dict Cénamy soit de la me-
née, ne qu'il s'en mesle aucunement, vous
conslantant d'apprandre de luy, par personnes
interposées, le moyen que vous devez tenir,
par lequel ce faict sera d'aultant plus facille.
Et si vous fault bien garder d'en dire ne dé-
clairer aucune chose au dict La Richardye,
luy laissant conduyre son entreprise à part,
pour laquelle vous n'y laisserez, s'il vous en
requiert* de l'accomoder de ce dont il aura
besoing, afin que, en une sorte ou autre, la
chose puisse réuscir, ainsi que je le désire;
car vous ne ferez jamays service plus notable,
ne agréable au Roy monsieur mon filz et à
inoy que cestuy là. Pryant Dieu, Monsieur de
Tavanes, vous donner ce que plus désirez1.
D'Orléans, le \viic jour de janvier i56o
(>5Gi).
Caterine.
' Tavannes répondit à la Reine que le jeune Maligny
n'était pas au château et que pour s'emparer de l'aîné il
faudrait r tirer le quart des compagnies de gendarmes
qui sont en ce pays et que l'entreprise se trouveroit inutile
sans avoir de l'artillerie preste, qui ne peut estre amenée
1561. — 22 janvier.
Copie. Arch. «lu Ministère des affaires étrangères (Angiet. reg. \i\).
Imprime*. Belotiona politiquss <lc. lu Francs et «V VËcostei
Ti-uiet , t. II , [i. iô().
A MM. DES TROIS ESTATS
DU ROYAUME D'ESCOSSE '.
Messieurs, le singulier désir que leHoy mon
filz a de veoir durer et se continuer entre ses
deux royaulmes la bonne el ancienne amytié
et parfaicte intelligence qui y est de tout
temps, est cause qu'il dépesche par delà le
s1' de L'isle2, son conseiller et maistre des re-
questes de son hostel, pour vous faire sur ce
entendre son intention, lequel j'ay bien voullu
accompaigner de ceste lettre pour vous asseu-
rer, de ma part, de l'affection grande que je
y ay aussy, et que le plus grand plaisir que je
sçaurroys recepvoir, c'est de veoir que la dicte
amytié aille se fortifiant et augmentant, à quoy
je tiendray toujours la main, de ma part, pour
le bien commung que j'espère en sortira,
ainsy que j'ay donné charge au dict s' de
d'icy qu'avec un certain temps.» 11 est d'avis de recouru
à la ruse plutôt qu'à la force. (Bilil. nat. fonds frani
n" 4635, f" ria-43.) Dans une seconde lettre du 2J jan-
vier, Tavannes écrit à la Reine qu'il fera reconnaître
encore ladite maison, et, si elle peut être forcée il le fera
entreprendre. L'entreprise ne sera point découverte à la
Ricliardie, ainsi qu'elle le prescrit, et il ajoute : rj'ai
entendu que celluy dont est question se fie que sv l'on fait
entreprise forte contre luy, il en doit estre adverly de la
court, et sy on l'a fait foible, il est en estât de se (juar-
der.n (Ibid.)
1 Marie Stuart de son côté avait écrit aux Etals d'É-
cosse, le 12 janvier précédent; et leur parlant en termi
très-élogieux de Catherine et de Charles IX, elle leur
avait annoncé la mission de Gilles de Noailles. — Voy.
Labanoff, Lettres de Marie Stuart, t. 1, p. 80 et suiv.
(d'après une copie des Archives du ministère des affaii 1
étrangères, t. XIX, p. 3g6).
5 Voy. les instructions données à Gilles de Noadles
allant en Angleterre. (Arch. du ministère des affaires
étrangères, t. XIX, p. 396.)
IL-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
L'isle vous dire plus amplement, dont je vous
prie le croire lout ainsy que vous feriez moy
mesme. Priant Dieu, Messieurs, vous avoir
en sa sainte garde.
Escript à Orléans, le xxnc jour de janvier
i 56o (1061).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — ai janvier.
^r ig Arrh. des MMieis , dalla filza /1726 , nuova numerazione , p. 1A9.
A MON COUSIN
LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, j'ay receu les lettres que vous
m'avez escriptes par ce gentilhomme présent
porteur, et entendu tout ce que vous luy aviez
donné charge de me dire, dont je me sens
grandement obligée à vous, cognoissant de
combien vous m'aymez et vous portez bien
aigrement les afflictions qui me sont envoyées
de Dieu, ainsy qu'un bon parent et amy doit
faire; desquelles toutesfois j'essaye à me ré-
souldre plus que je puis, voiant que pour la
perte que j'ay faicte du feu Roy Monsieur et
filz,j'en ay recouvert ung autre, duquel les
commencemens sont si bons, que je n'en
doibz espérer, sinon toute consolation et con-
tantement à l'advenir, et si son jeune aage ne
permect pour le présent de recognoistre ses
meilleurs et affectionnez amys, du nombre
des quelz je vous> tiens et estime, je vous puis
asseurer, mon cousin, que je luy sçauray bien
imprimer et faire entendre avec le temps. Ce-
pendant je ne manqueray aucunement à leur
respondre de tous les devoirs d'amityé, dont
je me pourray adviser, et. quant à vous, mon
cousin, je suis si asseurée de la bonne vo-
lunlé que vous me portez, que je me ferois
torl , si je ne m'en sçavois revencher à toutes
occasions où vous nie vouldrez employer,
ainsi que plus particulièrement j'ay donné
charge à ce dict porteur vous dire de ma pari ,
lequel je vous prie croire comme moy mesmes.
Et sur ce je prie Dieu, mon cousin, qu'il vous
ait en sa saincte et digne garde.
Escript à Orléans, ce xxiiii" jour de janvier
i56o ( 1 56 1 ).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1561. — Fin janvier. )
Au!. Arch. nat. coilect. Simancos, K, 1&9&, n" il.
A M. MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils, j'é reseu la lelre ' que
m'avés ayscripte par don Jouan2 et entendeu
par luy tous set que luy avyés comendé de me
dire, dont ne puys asés vous mersier des au-
nesles aufres que m'a fayst de vostre part et
luy ayent prié de vous dire cornent je m'an
sant teneue et aublygée el ausi mon ynlantyon
tent enver Dyeu que enver vostre Majesté, sy
au long, et de la pouyne que je vos prendre,
tent pour la nuryture du Roy vostre frère,
que pour louttes les afayres de set royaume,
je ne vous en fayré redyste, m'aseurent que sa
1 Voici la lettre de Philippe II (traduite de l'espa-
gnol) : «Votre Majesté aura appris de don Juan Man-
rique, par la relation que je lui ai fait envoyer, l'indispo-
sition de la Reine, et l'état où elle se trouvait. Depuis lors
le mieux a continué, et hier soir, à mon retour, je la
laissai sans fièvre; la petite vérole est séchée et tombe.
Elle est dans un état si satisfaisant que j'espère, Dieu ai-
dant, que bientôt elle sera tout à fait guérie. J'en ai
rendu de grandes grâces à Dieu, et j'ai voulu donner cette
bonne nouvelle à Votre Majesté pour la tirer de l'inquié-
tude qu'elle a dû en avoir avec juste raison. Elle appren-
dra d'autres détails de don Juan Manrique, ainsi que le
désir que j'ai de savoir des nouvelles de sa royale per-
sonne, que Noire-Seigneur veuille garder comme je dé-
sire. De Tolède, le xn" de janvier l56i.n (Archives nal.
k, i'm/i, B, ia.)
2 Don Juan Manrique de Lara , cité plus haut.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1tt7
seufisanse ay tyeule qui vous sert? rendre bon
conte de toutles le chauses qu'il a veu el en-
tendeues, qui seré cause de vous suplyer sou-
lement l'en volouyr croyre de (set) qui vous
dyré de ma part et vous aseurer que la plulx
grande consolatyon que je puyse avoyr ayst
d'entendre que ayé byen la conésanse de
l'amour que vous porte selle quy vous demeu-
loulte sa vye
Vostre bonne et afectyoné mère et seur,
Caterine.
(1561. — Commencement de février.)
Aiit. Arcli. nal. collect. Simancas, K, îfigi , n" 18.
\ M. MOIN FILS LE ROY CATOLYQl E.
Monsieur mon fils, je vyens tout asteure de
resevoyr la letre que m'escrivés, par laquelc
m'aseurés de la entyère guérison de la Royne
ma fille, de quoy j'é reseu tel ayse et conten-
tement cornent voos pouré dire don Jouan
Manque, que ne m'ay seu guarder de yn-
contynent vous fayre set mot pour vous en
remersier le plulx afayeteueusement que je
puis et m'en réjouyr aveque V. M., pour l'es-
pérense que je ay que say é seré cause de nous
inlvneuer touttes lé vostre en l'amylyé en
quoy nous somes, qui me la fayst, aullre qu'el
est ma fille, la luy désirer, plulx longue que
in- l'ont lieue ses prédéseseur; et pour se que
le disl don Jouan m'a l'est entendre l'aime
que avés de savoyr byen au long- de nous no-
\ elles el en l'état en quoy sont touttes cliauses
ysi, encore que je luy en naye dyst byen au
long, si n'é-je voleu léser d'en ayscripre à mon-
sieur de Lymoge byen empleinent, afin de le
vous fayre entendre en natendent que luy
mesmes souyt de retour dever Vostre Ma-
jesté, pour vous dyre tout set que je luy ay
prié vous conter de ma part, et me remetent
à set que l'embasadeur vous dyré, je fayré fin
à la présante, après vous avoyr suplyé de
en>\ re que D'é chause plulx à cour, ne que dély-
lière plulx de meynlenir que la relygion co-
rnent ayl a aysté jonques ysi; à quoy j'espère
que Dyeu m'ayderé el me fayré la grase «le
m'y conduyre selon sa volante el alla satysfa-
sion de vous el tous les prinse crétyens, mim
sella qui volt ayslre loutte sa vye très cratyeni
et
\oslre bonne mère el seur,
duiililM'.
1561. — 3 février.
Orig. Bihl. uat. fonds Moreau, n° 83s , f" ia8.
A MESSIEURS LES GENS
TENASS LA COURT DE PARLEMENT A DIJON.
.Messieurs, vous entenderéz du sr de Vinte-
mille présent porteur, à quoy il tient que vous
ne soyez satisffaietz de ce qui vous est den el
qu'elle est la volunté du Roy monsieur mon
filz et la mienne en cest endroicl, dont je vous
promestz que je ne laisseray perdre l'occasion,
veoyant la comodité meilleure, comme je I a\
dict à ce dict porteur, sur lequel me remec-
tant, je prieray Dieu vous donner ce que dé-
sirez.
Escript à Orléans, le incjour de février i 56o
(i56i).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — 8 février.
Orig. Bibl. nal, foiuls français , n° 4632 , f 85.
A MONSIEUR DE TAVANINËS,
CHEVALlEIt DE I.>0KDI1B ET LIEUTENANT CENBIIAI. DU HOT UONSIEUII Mw il,'
AU GOUVERNEMENT DE 1101J1COCNE.
Monsieur de Tavanes, j'ay receu vostre lettre
par ce gentilhomme présent porteur, et de
luy entendu ce que vous avez voullu essaier
168
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
eu l'affaire dont je vous avois escript1, dont je
vous prie ne vous lasser, et en une sorte ou
aultre regarder tous inoiens et dextrement
tost ou tard d'en venir à bout, estant asseuré
que jamaiz vous ne ferez service au Roy mon-
sieur mon filz, et à moy plus agréable, ainsi
que je l'ay dit au dict gentilhomme. Priant
Dieu, monsieur de Tavanes, vous donner ce
que désirez.
Ce Fontainebleau, le vin0 jour de février
1 56o (1 56 1).
Caterine.
De l'Acbespine.
1561. — ii février.
Copie. Bibl. nat. Parlement, voî. 8a , f° 63 v°.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous entendrez du sieur de Vil-
leunes2 présent porteur quelle est l'intention
du Roy monsieur mon filz sur l'exécution des
lettres qu'il vous escrivit d'Orléans, laquelle
je vous prie suivre et cesser toute difficulté,
qui est le plus agréable service que vous lui
sçauriez faire, ainsy que j'ay donné charge au
dict porteur vous dire encores de ma part,
dont je vous prie le croire. Priant Dieu, Mes-
sieurs, vous donner ce que désirez 3.
De Fontainebleau, le quatorziesme jour de
febvrier mil cinq cens soixante (i 56 1).
Caterine.
De l'Acbespine.
1 Elle fait allusion à la prise des Malligny.
- Jacques Bourdin, sieur de Villaines, secrétaire d'E-
tat, mort en 1567; il avait épousé Marie Bochetel.
3 Le parlement faisait quelque difficulté de vérifier et
enregistrer les lettres patentes données à Orléans, ordon-
nanl de faire ouvrir les prisons à ceux qui étaient déte-
nus pour le fait de la religion, et de cesser les poursuites
c i.iuiinMii ■■<-. .'Ollll'i; eux.
1561. — i5 février.
Orig. Bibl. nat. fonils Moreau, u" 83a , fû i3o.
A MESSIEURS LES GENS
tenans la court de parlement A DIJON.
Messieurs, les lettres que vous avez der-
nièrement receues du Roy monsieur mon filz
et ce que présentement je vous escript vous
tiendront advertiz de ce que aurez à faire es
choses qui s'offriront pour le faict de la reli-
gion, où le plus grant désir que nous ayons
est que le tout passe en tranquillité et sans
aucun Irouble, s'il est possible; à quoy vous
ne lui sçaurez faire service plus agréable que
d'y tenir la main, en manière que son inten-
tion soyt suivie en cest endroict; priant Dieu,
Messieurs, vous tenir en sa garde.
D'Orléans, le xvc jour de febvrier i56o
(i56i).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — i5 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 463a, C 88.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROï MONSIEUR MON FILZ
RT SOS LIEUTENANT GENERAL AU GOUVERNEMENT DE EOURGOGNE.
Monsieur de Tavanes, par ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript présentement1
et les lettres que vous avez cy-devant eues de
luy, vous sçaurez comme vous aurez à vous
conduyre es choses qui s'offriront pour le faict
de la religion, ce que je vous prie suyvre et y
usez de telle dextérité que les choses passent,
s'il est possible, sans bruit ne tumulte.
Au demourant, quant à ce qui vous est
1 Yoy. Lettre de Charles IX à M. de Tavannes, en
date du 1 5 février 1 56 1 . ( Bibl. nat. fonds franc. n° 463a ,
T 19.) Il s'agissait d'une assemblée tenue à Beaune et des
mesures prises, à cet effet, par le parlement de Dijon.
LETTRES DE CATHERINE DE MED ICI S.
L69
lieu, il me desplaist trop qu'il faille que la
nécessité, dont nous sommes assailliz, me
contraigne vous escrire el prier d'avoir ung
peu de patience, espéranl que le temps me
donnera aultanl de moyen de vous conlanter
que j'en aj de volunté, sçachant, comme je
faiz, ce que vous méritez, el combien il esl
raisonnable. Priant Dieu, monsieur de Ta-
vanes, vous donner ce que desirez.
De Fontainebleau, le ive jour de février
1Ô60 (1 5Ci).
Escripl ;'i Fontainebleau, le win""' jour rie
fév rier i 56o (i .')Gi).
Catbrink.
RoBERTET.
Caterine.
De l'Aubespine.
1 56 1 . — 18 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 3179. f° 68.
A MONSIEUR DHUMYÈRES.
Mous' d'Humières1, pour ce que je désire
présentement de recouvrer quelque quantité
de cynes et que je sçay que es environs de
Peronne il y en a ordinairement grande quan-
tité; à ceste cause je me suis advisé de vous
< scripre ceste lectre pour vous prier de regar-
der à m'en recouvrer jusques à une vingtaine,
dont il y en ait douze jeunes de ceste année
el Imict grandz, lesquelz estans par vous re-
couvertz, vous me ferez bien fort grand plai-
sir de les m'envoier incontinent eu ce lieu où
je me délibère de les mectre et y en tenir
ung bon nombre; el pour ce que je m'asseure
que vous vous y emploierez de tout voslre
pouvoir, je ne vous feray plus longue lectre,
priant Dieu, monsieur d'Humières, qu'il vous
ait en sa saincte et digne garde.
1 Jacques, sire d'Humières, marquis d'Encre, seiijn ur
de Roquencourt, de Mouchj : il fut fait conseiller el cham-
bellan ordinaire du roi en iôôij, et rjouverneur de Pe-
ronne le iô décembre 1ÔG0. Il mourut en 1 570.
Voy. V FU xniis François Il . p. 3 1 5.
Catherine df. Médiris. — 1.
1561. — 1 s (é\
• \vcb. Mi dèue.
A MON COI SIN
MONSIEUR LE DUC DE FERRARE.
Mon cousin, le sieur Guydo Bentivoglio,
gentilhomme de la chambre du Roy monsieur
mon filz, m'a faict entendre ce que vous lu\
avez donné charge de me dire de votre part.
oultre la lettre que vous m'avez par lu\ es-
cripte sur la disgrâce et inconvénient advenu
par le décès du feu Roy monsieur mon filz,
vous consolant néautmoing de lui veoir un suc-
cesseur de telle et si boune espérance que le
Roy qui est à présent mon seigneur et lilz.
que, je vous asseure, ne vous porte moindre
amvlié et bonne volunté que ont faict les sieurs
roys ses prédécesseurs. Vous priant croire que
je liendray tousiours la main envers luj à ce
quelle ne puisse jamais diminuer, mais plus
lost augmenter en votre endroit, pour les bon-
offices et démonstrations d'affection dont vous
avez tousiours usé envers ceste couronne. En
quoy je vous prie bien fort continuer et croire
que. en tous les lieux et endroitz où j'aurav
moyen de faire pour vous, je m'v employera)
Imisjours de bien bon cueur, ainsi que j'aj
dict à celluy sieur Guydo pour vous faire en-
tendre de ma pari , auquel vous adjousterez
telle l'ov et créance que vous vouldriez faire
à moy-mesme. Et je supplieray le Créateur
vous donner, mon cousin, ce que désirez.
Escripl à Fontainebleau, le xviir7 jour de
lévrier 1 56o (1 061 ).
\ oslre bonne cousine,
Caterive.
170
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
I 561 . — ao février.
Orig. Record office, State papers, France, vol. ao.
V LA REINE D'ANGLETERRE.
Très-haulte et très -excellente princesse
nostre très-chère et très-amée bonne seur
et cousine, salut: du conte de Betford1, con-
seiller en vostre conseil privé présent por-
teur, nous avons receu vostre lectre et en-
tendu tant et de si bons honnestes propos
de vostre part touchant le désir que vous
avez à la continuation et augmentation de
l'amitié et alliance, qui est de tout temps
entre ceste couronne et la vostre, que nous
en avons un singulier contentement, vous as-
seurant que c'est une des choses de ce monde
que plus nous désirons et à quoy vous co-
gnoislrez par les effects que nous emploie-
rons tous les bons offices y convenables, dont
nous vous prions estre certaine et que vous
recepvrez ceste correspondance de nostre af-
fection en cest endroict que vous en aurez
parfaicle satisfaction, comme plus long l'avons
dict au dicl conte , auquel nous nous remec-
lons et au surplus que sur ce vous pourrions
escripre, priant Dieu, très-haulte et très-
excellente princesse, nostre très-chère et très-
amée bonne seur et cousine, vous avoir en sa
très-saincte et digne garde.
Escripl à Fontainebleau, le xxe jour de fé-
vrier 1 5Go ( 1 56 1 ).
Vostre bonne seur et cousine,
Caterine.
De l'Aubespine.
1 Francis Russel, comte de Bedlord. — Voy. Lettre
de lui à Tlirockniorton (tG mars i56i), Kalendar of
State papers (iô0i-iô6a), p. 23; Frottde, llistory of
England, I. 11, p. 817, 319 et 3aa. On y trouvera quel-
ques détails sur la mission du comte de Bedford en
France.
1561 . — sa février.
1 opie. Bibl. nat. Parlement , vol. 8a , (• 68.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous sçaurez l'intention du Roy
monsieur mon fdz sur les affaires pour les-
quels ses advocat et procureur généraux sont
venus icy, et par les lettres qu'il vous escrit
entendrez combien il luy deplaist, ainsy qu'il
faict à moy, que vous ne puissiez eslre si
promptement payez de ce qui vous est deub
du passé, ainsy que nous le désirons; à quo\
je vous prie estre certains qu'il sera pourveu
le plutosl et le mieux qu'il sera possible; re-
mettant le surplus sur eulx, je ne vous l'eray
plus longue lettre, priant Dieu, messieurs,
vous donner ce que désirez.
De Fontainebleau, le vingt deuxiesme jour
de febvrier fan mil cinq cens soixante (i56i).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — a 5 février.
Copie. Bibl. nat. collecl. Périgoril , vol. 6 , f° 8.
A MONSIEIR DE CAUMONT1.
Monsieur de Caumont, vous entendrez de
ce gentilhomme présent porteur l'occasion
pourquoy le Roy monsieur mon filz envoie
devers vous, à qui j'ay commandé dire aussy
de ma part aulcuues choses dont je vous prie
le croire tout ainsi que vous feriez moi-mesme ,
priant Dieu, monsieur de Caumont, vous
donner ce que vous désirez.
' François Nompar de Caumont, vicomte de Lauzun,
né en l5a6, massacré à la Saint-Barthélémy, en août
1573. — Voy. Commentaires de Montuc, édil. de Nubie,
t. Il, p. 386 et '11 3.
— _
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
De Fontainebleau, le xw" jour de février
Caterine.
171
i56o (i56i).
De i. Vubespine.
1561. — Mars.
.Minuit'. Bibl. nat. fonds français, n° 1587a, f° i53.
\ MONSIEI R DE LIMOGES.
Monsieur île Lymoges, vous verrez par la
lettre que le Roy monsieur mon fils vous es-
cripl les termes en quoy nous en sommes et
la |n\ oe que j'ay à paciffier et appaiser la di\ i
-1011 qui est entre ces princes, en quoy je vous
puys asseurer que je n'ay peu de peyne et de
travail, tan.1 pour le mal que cela peult appor-
ter au bien et service du Roy mon filz, que
pour l'amour que je leur porte , et le regret que
j'auroys de venir qu'il leur advienne inconvé-
nient. .1 a\ lanl faict (pie mon frère, le roy de
Navarre, et messieurs de Guyse sont appoinc-
tez el réconcilyez el se sont promis amylié. Et
ne reste plus que d'en faire faire aultant à
monsieur le Prince qui s'est rendu, ung peu
plus difficille 1 ; toutesfoys j'espère qu'il selayrra
luyre à la raison; il est après à se purger
el justiffier entièrement2. En quelques jours
nous en verrons la fin, dont je vous advertiray,
comme j'ay bien voulu faire de tout le dessus,
affin que vous le laciez entendre au Roy mon
bon filz. Il ne me reste pas grand chose à vous
dire, sinon que je vous prie ayder et guyder
1 La réconciliation entre Condé et le duc de Guise
1 lien que le ai août îfilii. — Voy. les Idditioni
aux Mémoires de Cattelnau, par Le Laboureur, t. I, p. 7 .'12 :
île Tliou (édil. de Londres), I. IV, p. 78; Procès-verbal
de la réconciliation du prince de Condé et du duc de
(luise (Arcb.nat. collecl. Simancas, K, 1 '0/1, B. ta.)
2 Les lettres d'abolition sont du 1 3 mars i5fii (i56o).
— Voy. iddiliont aux Mémoires de Castehau, par Le La-
lioureur, t. 1, p. 70.3.
n cousin le comte d'Eu ', affin qu'il ne face
poinl de faulte en sa négociation; priant Dieu .
monsieur de Limoges, vous tenir en sa saiucle
el digue garde. De Fontainebleau.
[Au dos.) La Royne à monsieur de Lymoges
du jour de mars i5(io (i5(ii).
1561. — 7 mars.
Orig. Bibl. nal. Cinq cents Colbert, il' 390, f° >i'r
A MONSIEUR DE RENNES.
' OKSEILLBB DD nOÏ JIONSIECR MON T1U ET 60iV AMBASSADEOK
PRÈS L'BHPERBDft.
Monsieur de Rennes, j'ai receu voz lettres
du \iv. x\i et xxvhi" janvyer de lotîtes les-
quelles je ne recueille une seulle lumière de
ce (pie l'on doibt espérer du concilie, y mons-
trant l'Empereur en apparence grande affec-
tiou, maiz peu de résolution, ce qu'il faicl
par aventure pour beaucoup de respectz, mai/
si veoyons nous le feu si allumé qu'il seroyl
bien raisonnable que chascun courust au re-
medde el que l'on considéras! que le temps
empire grandement le marché, dont nous
cryons, il y a longtemps, comme ceulx qui en
sentent le mal, et craignons pis. Vous sçaurez
par les lettres du Roy monsieur mon filz la
résolution prinse d'y envoyer el verrez que
nous taisons comme les bien fort mallades qui
essayent toutes médecines et à la fin sont con-
trainclz de venir à l'extrême remedde, comme
il nous sera force, si le concilie ne va connue
il doyt, ce qu'il sera très à propos que vous
ne vous lassiez de faire bien entendre à l'Em-
1 François de Clèves, deuxième du nom, fils de Fran-
çois I** de Clèves; il allait en Espagne pour en ramener
sa fiancée Anne de Bourbon, seconde fille de Louis de
Bourbon , duc de Montpensier et de Jacqueline de Longwi.
— Voy. Négociations sous Fronçais H, p. fiX.'J et suiv. el
dans les 11" 20,7-298 du fonds français la quittance de l'ar-
gentier du Roi pour étoiles d'or et d'argent fournies pour
le mariage du comte d'Eu qui eut lieu en septembre 1 56 1 .
r
Lt; l'TRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
pereur pour le mouvoir à se resouldre et que
la chose ne demoure plus en longueur; dont
touttefoys je uesçay que espérer si les princes
de la Germanye ne s'accomoddent autrement
que de ce que nous entendons du recès de
l'assemblée de Nambour1, par où je suis hors
de toute espérances que les catholicques ne les
protestons se trouvent , dont nous actendons des
nouvelles par vostre première dépesche. J'ay
sceu aussi par vos dictes lettres tout ce qui
s'offroyl par delà et comme aucuns des pac-
quetz qui vous ont esté envoyez ce sont trou-
vez ouvertz, qui sont choses assez fascheuses
i'l d'importance, pour à quoy obvier je trouve
vostre advis très bon de taire prendre le che-
min à voz pacquetz par Suisse, dont vous ne
laisserez pas d'envoyer le dupplicatta par
Flandres, ayant jà escript à Coignet2 faire sa-
tisfaire aux porteurs d'iceulx, qui ne sera
pas grande despence, puis qu'il n'est question
ijue de trovs ou quatre escus par cbascun
pacquet, désirant que le plus souvent que
vous pourrez nous en ayons,, qui est le plus
grand service que vous nous sçauriez faire, et
d'estre advertiz de tout ce qui surviendra de
vostre cousté, vous advisanl que j'ay ordonné
que vostre estât et voz fraiz soient paiez. sça-
chant que vous n'estes pas là sans eii avoir
bon besoing. Priant Dieu, monsieur de Rennes,
vous donner ce que désirez.
De Fontainebleau, le vnc jour de mars 1 5(>o
(.56i).
1 Les princes allemands de la Confession d'Augsbourg
s'étaient rassemblés à iNanmbonrg en Saxe te an janvier
précédent. Un des points mis en délibération était de dé-
cider s'ils enverraient des députés an concile de Trente.
— Voy. de Tboti . t. IV, p. 1 1 1 et suiv.; Lettre de Mundt
à Ceci! (Kalendar qf State vapers, i56i-i56a, p. 5).
- Mathieu Coignet, sieur delà Tliuillerie, né en i535,
mort en i ~>St>; il lut d'abord pourvu de la charge de pro-
cureur généra) du parlement de Savoie, puis envoyé en
ambassade en Suisse.
Puisque noz pacquets sont ainsi ouvertz
par Flandres, il ne sera jà de besoing d'avoyr
un dupplicatta par là.
Catkrise.
De l'Albespine.
1561 . — il mars.
Copie. Arch. nat. collect. Simancas, K . i4o,& , n° 3/i.
AU SIEUR DOLl .
MBASSADBUB El TUHQOIE.
Dnlu, vous verrez par la lettre que le Roy
monsieur mon filz vous escript présentement'2
l'office et instance qu'il désire grandement
que vous faciès envers le Grand Seigneur pour
obtenir de luy qu'il trouve bon que l'on traicte
de la rançon des sieurs Don Alvaro de Sandy
le filz du vice-roy de Cecille 3, Don Sanche
de Léria, ses deux filz, Don Rerenquier de
Requesens 4 et les aultres qui furent amenez
des Gelbes5 l'année passée par le général
de l'armée du Grand Seigneur, lesquels le roy
catholicque des Espaignes mon bon filz désire
extrêmement de recouvrer; au moyen de quoy
vou^ regarderez d'user en cest endroict de
1 Jean Dolu, valet de chambre île François I", envoyé
auprès de Soliman 11, mort de la peste à Constantinople
en juillet [56i. — Voy. Charrière, Négociation» dans le
Levant, t. Il, p. 66i.
' La lettre de Charles IX se trouve dans le même car-
ton.
3 Alvaro de Sande, illustre parle BÎége qu'il soutint
en 1 ôfio contre Dragul , dans le château de l'ile de Zerbi ,
près de Tripoli de Barbarie: il y fut fait prisonnier dans
une sortie; Charles IX envoya le chevalier François de
Salviati, parent de Catherine, à Constantinople pour de-
mander sa liberté- plus tard il devint vice-roi d'Oran. —
Vov. de Thou, livie \u : Brantôme, édit de L. La-
lanne, 1. 1, p. 827, et la note p. 3<p • : Mission du chevalier
Salviati (Bibl. nat. fonds liane. n°3l8g, P 3'i).
' Également pris au siège de Zerbi, remis en liberté
le 10 aoùl 1 56a.
5 Voy. Brantôme, édil. de L. Lalanne, t. I, p. 837.
toute la dextérité et diligence donl vous | rez
adviser pour parvenir à ceste composition; car
pour ceste heure ne sçauriez-vous là\ re au dicl
sieur Roj mon Glz et à mov plus grand ne
plus aggréable ser\ ice que eeslm là . cl dont cl
ni' ce que en succédera vous no faudrez de
nous advertir, atin que nous le puissions faire
menderau dicl sieur Roy catholicque mou bon
lilz; priant Dieu, Dolu, qu'il vous ayl en sa
saincte cl digne garde.
Escripl à Fontainebleau, lexi" jour de mars
i56o (i5Gi ).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 173
lilz la noslre très affectionnée en cest endroit,
en quiiv il m m s plaira croire le sieur Dollu tout
Caterine.
RoBERTET.
I 561 . — 11 mars.
Copie. \iili. nat. follecl. Simancas, K, î&gfl, n° 5a.
AU GRAND SEIGNEl R.
Très liaull. très excellent, très puissant,
très magnanime et invincible prince, le grand
Empereur des montz, surnommé sultan Soli-
man Sarch1,en qui tout honneur et vertu ha-
bonde, nostre très cherel parfaict amy, Dieu
veille augmenter voslre grandeur et haultesse
avec lin très heureuse. Nous avons bien voullu
accompaigner de la présente celle que le Roy2,
nostre très cher seigneur et lilz, escripl. présen-
tement à vostre haultesse sur le désir el affec-
tion que luy el nous semblablement avons d'ob-
tenir de vous certaine grâce3 dont le sieur
Dollu de sa chambre el son agent à vostre
Porte a charge vous faire instance, adjoustanl
à la prière et requeste du dicl sieur lii>\ noslre
' Soliman II. Gla unique de Sélim. el qui lui succéda
n i5ao, mort le à septembre 1 566.
lire de Charles IX se Iroine dans le même
• arien et donne les noms îles prisonniers dont il demande
la libei lé.
I.a délivrance des prisonniers espagnols pris dans
Pile de Zerbi. — Voy. Gharrière, Négociations dans le
Levant, 1. II . p. 675.
ainsi que vous vouldrez faire noslre personne;
ei nous supplions le Créateur, liés hault, 1res
excellent, 1res puissant, 1res magnanime el
invincible prince, le granl Empereur des
montz, surnommé sultan Soliman Sarch,
noslre très cher el parfaict amy, qu'il \ous ayl
en sa 1res saincle et digne garde.
Escripl à Fontainebleau, le u" jour de mars
i56o ( 1 56 1 ).
Vostre bonne et parfaicte amye,
Caterine.
Rorertet.
1561 . — (11 mais. !
Minuit?. Bibl. nat. Cinq cuis Colbert, (<>!. 27, f"3i2.
A MONSIEUR D ESTAMPES1.
Mon cousin, saichanl qué"vous estes main-
tenant sur la conclusion des Eslals, où je ne
double point que n'ayez beaucoup d'affayres a
conduire les choses selon ce que vous sçavez
qu'il est besoing pour l'establissement démon
aulborité el pareillement à empescher les pra-
tiques e| menées qui se peuvent faire au
contraire, je vous veulx bien advertir de ce qui
esl survenu à Paris, aussi est ce qu'à rassem-
blée qui c'est tenue tant du tiers Estai que de
la noblesse2, où ilz intervinrent quatre ou cinq
qui n'en nont guères cl ilz désavouèrent toul
ce qui a esté faict à Orléans, comme n'ayanl
ceulxqui Toul accordé aucun pouvoir; el de là
soûl venus ii eslire un;; gouverneurdu royaulme
' Jean de lîrosses, qui devinl duc d'Étampes el gouver-
neur de Bretagne, la1 n° îês-à du fonds français ren
N 11 n un ;; ia iid nombre de ses lettres. — Voy. p. ! j . 160,
495 et 3i8.
Voyez, pour ce qui se passa à celte assemblée
de Paris, de Thon (édition de 1744), t. IV, p. 53
et 54.
1 561 . — i i mars.
I op l \ i .li m', colle' t. Niin.im.i-. k i '. ,'i \t
LETTRES DE C VIII ERINE DE MEDICIS.
mi esl le vo) de Navarre1 et, s'il ne le veull cousin, vous avoir en sa saincte el digne
accenler. son frère; m'onl dépossédée du gou- guafde.
vernement, me laissanl la simple charge de la De Fontainebleau, le. . . . jour de mars
nourriture de mes enfans; de là sonl venus à l56o (i56i).
Pstablir un;; conseils où ils mectenl je ne sçaj fAn dog^ \ \y d'Kstauipes le mars
combien de genlilshommes privés qui n'oul i56o.
m expérience ni jamais eu maniement d'af-
fayres, et déposenl tous 1rs anciens serviteurs
du lio\ monseigneur. \ uns pouvez penser, mon
cousin, m quo\ cela tend el quelle honte et
déshonneur ce m'est fait avoir «le tue venir ! * RUSTAN BASSA.
prive'e et dépossédée de ce qui m'a esté ac- Illustre Seigneur, sur l'occasion pour la-
cordé. que tous 1rs Princes ont consenti quelle le Roy mon très-cher Seigneur et filz
"i que je pense justement m'aystre conceddé, raict présentemenl ceste dépesche au Grand
chose que je me délibère avant que endurer Seigneur, nous avons bien voullu particuliè-
;,,, moins pauvreté plustosl qu'ilz m'ostenl remen| donner charge expresse au s" Dollu
avec l'honneur la vie; et pour ce que je ne (|(. ,;1 ,.|i.iml>re du dicl seigneur R05 nostre
veulx croyre que en tous les endroitz de ce |ii/r (|| M1|| (|,,(l||| à );i |H11.|,, ,],, sa Haultessc
royaume la brigue soit si forte pour le partyde voug fa;re (, ndre |(. sïr»gUHer désir el affec-
■ei.K qui me veullenl ouvre qu'elle a esté en [ion ((U(, nous ,|V0|)S a ,,, ,]ll(, i(.(,]|,u Dollu a
e petit nombre de popuiasse,je ne veulx a , , ., ( ,, , : ,-; t de nostre [>art à sa Haultesse; en
encore promettre tant de mal de Ions endroitz ^^ n()||S prions aujtan) affectueusement que
comme de Paris j'en endure. Affin d'y reine- faire |lllinous estre ,.,, ceS| endroict aydanl el
,i ceste lettre vous (parvient) à temps, je ravorajjie e| croyre le dicl s' Dollu de ce
us prie, mon cousin, sur tout ce que vous (|u-|| uu|S dira (a dessus de par nous, comme
etistes jamays faict pour moi el vous adjure vouldriez fayre nous-mesmes, el nous sup
par l'amitié que nous sçavez que je vous porte rons (e Créateur, illustre Seig ir, qu'il vous
H l'affection et dévotion que vous axez h, us- ^ ej) ga saj||(i(o e| (li,;|||, ,;.(|.(h)
tanl tesmoignée à moy, faire preu\e de " Escripl à Fontainebleau, le xi' jour di
la lîdellilé que vus me portez en empeschanl ,H,||N , -i(m1 ( , -, (; {\
diminution d'aulhorité el coufirmanl Caterink.
celle qui m'a eslé accordée el ratifliée à Or- ' Robertet.
léans; en quo\ y vous prie ne rien obmettre
ei ne faillir à me donner incontinent advis de 1561. — (i3 mai-. 1
ce que VOUS aurez laid el qui en sera Mie- Minute. Bibl. nat. I Is français, n* i58?i 1' i5;
eédé par l'homme que envoyrez exprès, el ^ MONSIEUR LE PRINCE DÉYOLl'.
esclaircir si l'on u'\ aura poinl envoyé de
mémoyres, comme l'on a laid parloul pour Mons' le prime, je n'aj voullu laisseï
conduire ceste praticque. Prianl Dieu, mou I partir mon cousin le comte d'Eu 2, sans l'a-
im Lettres du i"i de Navarre ri du chancelii r de 'Ru; Goraez de Sylva, cité plus haut.
l'Hospital. (Ilil.l. 11 il fonds franc, n° ■■:■-:>■,.) - Cit.' plus haut.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
17c
coinpagner de ce mot, pour vous remercier
de tant de lions offices i|iie vous faicles tous
les jours pour la Royne ma fille, et de la
démonstration que vous faicles ''ii loul ce
i|ui me louche de la bonne volunté que me
portez, qui ne m'est chose nouvelle, car
vous m'en avez tant donné de tesmoignage
que je in' sçauroys jamays doubler. Je vous
prie doncques continuer et vous asseurer que
ceste noslre volunté sera de s'en recognoislre
en loul ce qui se présentera où j'auray quel-
que moyen de vous gratiffier et faire co-
gnoistre combien je vous ayme et estime, ainsi
que j'ay prié mondict cousin vous dire de
ma part, et je vous prie le croyre comme
moy-mesmes; et je prie Dieu, monsr le
prince, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Fontainebleau, le joui de mars
i56o (t56i) '.
1561. — i3 mars.
Minute. BibI, nat, fond- français, a' ibB-jh, ï" i58.
V MADAME LA COMTESSE D'UREIGNE8.
Madame la contesse, encores que vous en-
tendrez bien amplement de noz nouvelles par
mon cousin le comte d'Eu, si ne veulx-je par
icelle laisser de vous escrire ce mot de mé-
moire particulier, qui sera pour vous tesmoi-
gner le contentement et la satisfaction que
j'ay des bons offices que vous l'aides auprès de
la royne ma tille, qui est tant contente et moy
1 Pareille lettre lut écrite au comte d'Albe et au duc
d'Albe : il sullit de les indiquer. (BiW. nal. fonds franc.
n 15376.) — Voy. même vol. I'" ibb et 1Ô7.
1 De la maison de Giron , fille de Françoise-de Tplède ■
lilli' du premier duc d'Albe et sœur du duc. d'Allmquerque.
— \oy. Imliulï. Gengahgia vieinù illustrium in Hitpania
familui, 11,11 . |i -t| ; SéjTocinliont (OUI François 11 . p. 1G8
et 170.
par conséquent, comme vous pouvez penser.
que je ne veulx faillir de le vous Lesmoigner,
ei prier de continuer, comme la chose la plus
agréable que sçauriez jamays fayre pour moy.
Doncques. si Dieu me donne le moyen de me
pouvoir reveneber en quelque chose et recon
gnoistre envers \otts et les vostres ceste bonne
volunté, que vous pouvez asseurer et croyre
que j'auray toute ma vye à singulier plaisir
de vous pouvoir gratiffier en quelque chose
et faire congnoistre la bonne volunté que je
vous porte, comme j'ay pryé mon dict cousin
vous le dire plus à plain de ma part, lequel
je vous prie croyre, comme vous vouldrez
faire moy-mesmes. Priant Dieu, madame la
contesse, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
(Au dos.) La Royne à Madame la cou-
lisse ill reigne, du xm" jour de mars i5Go
(i56i).
CàTERINE.
1561 . — a'i mars.
Orig. BibI. nat. fonds Clairambaull, vol. 66, p.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, je remectray sur la
suffisance du sieur Vielleville ', présent por-
teur, tout ce que je vous pourroys escripre.
dont je vous prie le croire tout ainsi que vous
feriez moy-mesmes, priant Dieu , monsieur de
Rennes, vous avoir en sa garde.
Escript à Fontainebleau, le sxim0 jour de
mars i56o (i56i).
Caterine.
De l'Aobespine.
1 François de Scepeaux, sieur de Vieilleville, n 1
1. '1119, mort en 1 57 1 , créé maréchal de Franceen 1 56
Son secrétaire Vincent Carloix a écrit ses mémoires. -
Voy. Dissertation sur le maréchal de Vieilleville, P. Daniel .
Hiit. à France, I. 11. p. s'it'>.
76
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1560. — sa mars.
Copie. Bibl. du Louvre, B . ia&3, Registres du Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous sçaurez du président Se-
guier1 et conseiller Violle2 que nous avons faict
plus t[ue ne pouvons, mais j'ay tant d'envie
de \ous faire connoislre combien ce qui vous
louche m'est recommandé qu'il ne se présen-
tera jamais occasion en quoy je vous puisse
bien faire que je ne le face, comme ils vous
pourront dire, et ma bonne volonté envers
vostre compagnie, dont je me remetlray sur
eux. Priant Dieu, messieurs, vous donner ce
que désirez. Escript à Fontainebleau, le vint-
cinquiesme jour de mars i5Go ( 1 5 G 1 ) .
Cateuine.
De l'Aubespine.
1561. — 36 mars.
Minute. Bibl. nal. fonds français, na 1087/1, f° iG3.
A MADAME MA FILLE5.
Madame ma fille, ayant entendu que ces
jours passez l'abbaye de Félines4 en Flandres
est vaquée par la mort de la dame de Lalain 5
qui la tenoit, j'ay esté suppliée de la part de
mon cousin le connestable de vous prier bien
affectueusement vouloir tant faire pour moy
(pie de la demander au Roy \oslre mary pour
seur Claude de Montmorency, une sienne cou-
1 Pierre Seguier, président à mortier, né en iôo'i, à
Paris, mort le a5 octobre i58o.
2 Guillaume \ioile, conseillera» parlement.
3 Elisabeth de Valois.
' Abbaye de l'ordre de Citeaux, fondée par Margue-
rite comtesse de Flandres. — Voy. Histoire de celle abbaye
• Halle, 1789, in-i 2). Aujourd'hui Flines, diocèse d'Arras.
• Ancienne famille qui a marqué dans l'iiistoire des
Flandres.
sine, estant religieuse de longue main nourrie
en ladite abbaye1, et y estant l'une des olli-
cières d'icelle; laquelle est tant aymée des re-
ligieuses qu'à ce que je puys entendre la plus
pari luy ont jà donné leurs voix. La bonne
volunléque je porte à mon dit cousin et l'envye
que j'ay de le bien traicter en tout ce que je
pouriay, me faict vous prier d'en faire tanl
instance envers le Roy monsieur mon lils, de
façon que par vostre moyen mon dit cousin
puisse être gratiffié de cela et vous pouvez
asseurer qu'en ce faisant vous ferez chose que
j'auray bien fort agréable. Priant Dieu, ma-
dame ma lîlle, vous donner bonne cl longue
vie. De Fontainebleau.
(Au dos.) La royne à la rovne d'Espaigne,
le xxvi0 jour de mars i5(io (i 56 1 ).
1561. — 27 mars.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 1587/1, ^ '^-
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges , nous vous escrivismes
le xmi" de ce inoys'2 les lettres cy encloses,
pensant que mon cousin le conte d'Eu deust
partir deslors pour le voyaige qu'il faict pré-
sentement. Toute fois ne s'estans peu accorder
les articles de son mariage, j'ay esté très con-
tente qu'il ayl remis son parlement jusques à
ce qu'ilz ayent esté d'accord. Cependant je ne
vous veulx celler l'extresmeennuyen quoy j'ay
esté que je vous diray par le menu, d'aullanl
que, je m'asseure , vous en aurez eu divers
ad\iz qui vous auront tous mis en une grande
peyne. Vous devez doneques sçavoir qu'après
1 Voy. une lettre de l'évéque de Limoges à Philippe II ,
du 3 avril i56i, au sujet de celle même abbaye (Arch.
nal. collecl. Simancas, K, 1 ioû, B, ta).
- Voy. Lettre du i3 mars à M. de Limoges (même vol..
Pi 56).
LETTRES DE C \TII l'.KI \K DE MÉDICIS.
1
que je feuz sorlye du travail en quo) j'eslois
pour le faicl de mon cousin le ; rince de Coudé
et sa réconciliation avec 1 isieur de Guyse,
pour laquelle je meclois tout le soing que je
pouvois, je ivnlray tout soubdain en ung plus
grand laberinthe que jamais, d'aultanl que
avant à Orléans esté ordonné que les Esta tz se
l'assembleraient de nouveau par les provinces
particulières de ce royaume, pouradviser (sui-
vant ce qu'il leur fut lors proposé) du moyen
qu'iiyauroil desubvenirau Roj monsieur mon
lil/. cl lin ayder de sortir de ses affaires, à
l'assemblée de Paris, il y eut quelzques l'ois
qui feirenl une menée lapins malheureuse du
monde pour me priver de l'authorité et gou-
vernement, et l'attribuer au roy de Navarre;
à quov il/, proceddèrenl si avant qu'ayant de
longue main [ramé ce laid el se trouvans en
quelque nombre, il leur feusl aysé, n'y voul-
lans assister les gens de bien, qui avoient veu
leur brigue illégitime de prononcer en petite
compaignie ce que en grande il/, n'eussent peu ,
el mesmement qu'il n'y avoil que gens de basse
qualité qui parloient pour tous les aultres
Eslatz; ce que entendant, et craignant que
ailleurs par tous les autres endroictz de ce
royaume on en feist aultant, à l'exemple de
ceulx de Paris, qui est la ville cappitalle de ce
rovaume, je \ouluz moy-mesmes parler au roy
Navarre, pour, sçavoir si c'estoit à sa solici-
tation (| ;ela se faisoit, ne pouvant que trou-
ver bien estrange de ce que, après m'avoir
ceddé l'authorité et me l'avoir Ions les Eslatz
approuvée à Orléans, il se Irouvoit des fol/.
qui me la voulsissent osier. Il me feit res] se
qu'il e-inii bien ayse de ce qu'il voyoit, car
par là je congnoislrois ce qui lu\ appartenoil
el ce qu'il faisoit pour mo\ en me le ceddant.
Je luy réplicquay que je sçavois assez ce qu il
faisoit pour moy, mais que de luy avoir obli-
gation d'une chose qui m'osteroil l'honneur
Catherl>£ de Médicis. — i.
que je pensoys m'appartenir, je ne le pouvois
nullement du momie endurer. Ceste disputlc
a duré trois ou quatre jours, estans les ungs
et les aultres en la plus exlresme contention
du momie, d'aultanl qu'il demandoil deux
choses : l'une d'eslre lieutenanl général du Roj
par tout ce royaume, el l'aultre que i sieur
de Guyse, en quelque façon que ce feust, s'en
allast de ceste court. .I'a\ sur ce dernier
poincl insisté infiniment, ne pouvant à ung
prince d'honneur et de vertu, qui avoil bien
servj le l!o\ monseigneur et ceste couronne,
l'aire ceste honte de le chasser el l'envoyer
comme ung malheureux; et luy persistant si
obstinément en relia qu'il ne m'estoil possible
d'\ trouver moien. A la lin. pendant que Mes-
sieurs des Estatz faisoient leurs crieries el que
les ungs m'approuvoienl et ne voulloient cou
sentir qu'on diminuast de mon authorité, el
«pie les aultres qui avoient eslé pralicquez la
luy vouloient bailler, nous nous sommes par
le moien de ma cousine de Montpensier 1, de
mon cousin le connestable el de monsieur le
chancelliei •'-. accordez, ayans mis des articles
par escript, par lesquelz je consentz qu'il soit
lieutenant général du Roy mon lilz par tout
le royaume3 et commande soubz moy à toutes
les forces, comme eslôit monsieur de Guyse,
du temps du l'eu Iîoy mon lilz; et ce faisant il
me ceddeet quicte par sa promesse signée de sa
main tant pour luy que ses frères .ausquelzil I a
faicl signer et rattiffier, tout ce qui leur pou-
voit cstre attribué par les Eslatz de puissance
et d'aulhorité, et veult et consent que je com-
mande absolument partout sans jamais m' j
pouvoir donner aucun trouble ou empescbe-
I icqueline il«' Longwy, femme de Louis de Bourbon
duc ili' Montpensier.
- Le chancelier de l'Hôpital.
\ oy. pour la réconciliation de Catherine et du roi de
Navarre, de Thon (edit. de 17&3), t. IV, p. 54.
178
LETTRES DE GATHERINE DE MÉD1CIS.
ment. Je relions toujours la prinripalle aulho-
i ilé. comme île disposer de tous les estatz de
ce royaume, pourveoir aux offices et bénef-
liccs, le cachet et les dépesches et le comman-
dement des finances, et par ce moien nous
avons paciffié tous noz dilTe'rendz, et nous
sommes faietz les meilleurs amyz du monde,
en despit des Estatz qui nous voulloient
brouiller; ausquclz nous faisons entendre f u-
nyon et accord qui est entre nous, et leur
mandons bien expressément qu'ilz n'ayent à
parler en leur assemblée de la puissance des
ungs ny des aullres, car nous en sommes d'ac-
cord, mais seullement du moyen qu'ilz pour-
ront trouver de secourir le Roy mon filz; les-
quelz nous ferons pour cest effect rassembler
de nouveau, pour avoir esté par la pluspart
des provinces de ce royaume l'assemblée qui
s'en est faicte illégitime, et la remectrons jus-
ques à la fin de juillet, et cependant nous
irons à Reyms faire sacrer le Roy mon filz,
le xi™° du moys de may; et au partir de là luy
ferons faire son entrée à Paris, le premier
jour de juing, qui est tant désirée d'une bonne
part de noz plus affectionnez serviteurs, qu'on
estime cella debvoir contenir beaucoup d'es-
pritz désireulx de nouvelletez. Ces deux let-
tres doneques, monsieur de Lymoges, vous
donneront ung ample discours de tout l'estat
où nous nous sommes trouvez depuis le parle-
ment de vostre dernier homme, que je puys
dire avoir esté le plus dangereulx et diflicille
à résouldre qui se soit encores présenté, dont
<i le Roy monsieur mon fils avoit eu quelque
vent et que vous veissiez qu'il en feust en
peyne, vous luy en ferez le discours à la vé-
rité, l'asseurant bien que, si je me feusse trou-
Née en ceste extresmité pour conserver mon
authorité et maintenir mes enffans d'employer
l'ayde de mes fidelles amys, il eust tenu le
premier rang entre tous, et comme, au prin-
cipal, mon principal recours eust esté pour la
certaine asseurance que j'ay qu'il ne m'eusl
habandonnée de son ayde et secours, ny en-
duré qu'on m'eust faict tort. Mais, Dieu mercy,
toutes choses se sont composées et paciffiées
avec tant de doulceur et bonne intelligence,
que, continuant comme j'espère, nous serons
hors de toutes ces brouilleries, où j'ay esté'
depuys la mort du feu Roy mon filz. Durant
lequel temps il fault que je vous die le bon
office qu'a faict le sieur de Chantonné ' de me
visiter de deux en deux jours et se venoyl ordi-
nairement offrir à moy, pour sçavoir ce que je
vouloys qu'il feist, m'asseurant que toutes ces
démonstrations, qu'il fit lors, il les feroyt en
tous lieux que je vouldroys et non seullement
tiendrait tel langaige que je luy diroys, mais
quand il en seroit temps, feroit l'office envers
le Roy son maistre qui seroyt convenable à
nostre estroicte alliance et parfaicle amytié2;
1 Thomas Perrenot, sieur tle Cliantonnay.
- De son côté, Cliantonnay, te 28 mars, fait à la du-
chesse île Parme le récit de ce conflit : «Tous les offices
« que j'ay faits avec la Royne mère pour te maintien de son
k authorité n'ont pu tant servir qu'enfin parles menées de
« madame de Montpensier et d'autres qui ont crédit auprès
"d'elle elle ne se soit de nouveau accordée avec le duc de
«Vendosme, le faisant lieutenant général de tous les gens
«de guerre de ce royaulnie et l'accompaignanl en tous les
«affaires, de manière qu'elle n'a en iceulx non plus d'au-
«thoritéque luy; et les autres du conseil donneront leur ad-
«vis quant par eulx deux il sera demandé , dont ceulx qui
«favorisent la maison de Vendosme sont si haussés que je
«ne sçay s'ils se tiendront à tant, car me semhle que de
«degrés en degrés la Rovne ne viendra à n'avoir que le
«gouvernement de la personne du Roy son filz, et Dieu
«veuille que en cela elle se sçache encores maintenir. Je ne
«sçay si ce sont les offices du conneslahle, car le jour que
«l'on fist ceste résolution, il fut longtemps enserré auca-
«hinet de la Royne avecques elle, où après ilz appelèrent
« M' de Guise , lequel demeure en son estât de grand maistre
-ri aullrts à condition qu'il n'a^t à recognoistre à aullre
-qu'au Roy, lequel estant enflant et dépendant luy mesme
«d'autres, il esl certain qu'il fanldra que le grand maistre
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
dont je vousprye, monsieur de Lymoges, re-
mercier bien affectueusement le lb>\ mon fiiz
;. ma part, m'asseuranl que cela procède de
la bonne volunté qu'on a pensé qu'il nie porte
e1 du soing qu'il a de mon bien el repoz; qui
esl l'occasion <jue je vous faietz ceste dépesche
i envoyé ce courrier exprès, tanl pour vous
ire entendre le discours de tout ce qui s'est
passé, et que nous soyez hors de la peyne où
on vous pourrait avoir mys pour les troubles
dont j'ay esté ces jours passez travaillée, que
pour luy faire ces remercimens qui luy don-
nent occasion une aultrefoys, se présentant
une semblable occasion , de faire encores mieux.
\ ons en ferez aussi part à la Royne ma fille et
luy ferez entendre tout ce que dessus, qui sera
lin. Priant Dieu, monsieur de Lymoges, vous
avoir en sa saincte et digne garde. De Fontaine-
bleau, ce.. . . jour de.. . .(Mars). . . . i56o
(i56i).
(,\ ILIUNE.
lu dos.) Ce \xvii' jour de mars 1 56o
(,56i).
179
nu- donner loisii
1561.
27 mars.
ainsy qu'il est accousturoé poi
de taire les préparatifs du Palais, ce que je
vous prie de faire le plus tost que vous pour-
rez. Priant Dieu, Messieurs, vous donner o
quedésirez. — De Fontainebleau, ce vint-sep-
tiesme jour de mars mil cinq cens soixante
(i56i).
Copie. Bibl. nal. Parlement, vol. 8a , f 23C7 r .
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous entendrez du sieur de Lé-
zigny1, présent porteur, comme il a estéadvisé
faire l'entrée du Roy monsieur mon lils à Paris,
le dixiesme juing, ainsy que luy-mesme le
vous escript, au moyen de quoy il sera besoin
que vous changiez de logis pour un temps.
-lui- obéisse aussi. Parlant quelqu'un au ronneslable de
scestfi affaire, il luy dit qu'il estoyt besoingde complaire
«au s"-de Vendosme en quelque chose, donnant à entendre
«qu'il le convenoit ainsi l'aire pour le bien de la Royne,
••qui me fait croire que cecy se soit fait par son advis.i
(Archives de Vienne.)
1 Charles de Pierre-Vive, sieur de Lezigny, cité
p. 81.
Caterine.
De l'Aubkspinh.
1561. — 27 mars.
Minute. Bibl. net. fonds français , 11° 15876, f" 17'L
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je nous feiz der-
nièrement une dépesche, pensant quelle dusl
bien plus tosl arriver devers vous qu'elle in-
féra, pour avoir esté le parlement de mon cou-
sin le conte d'Eu retardé pour accorder, avant
que s'esloigner, les articles de sou mariage
avec ma cousine de Bourbon de Montpensier1.
Je vous diray bien que nous avons icj esté
en de grandz troubles, qui m'ont apporté une
poyne extresme, et ce par la follye de quelques
particuliers qui en cesle assemblée d'Estatz,
qui s'est dernièrement faietc parles provinces,
suivant ce qui fust résolu au partir d'Or-
léans, nous ont voulu mectre mon frère le ro\
de Navarre et moy en division et aliénacion.
comme s'ils fussent suffisans à nous faire con-
tendre de l'aulhorité, aftin de ruiner par là le
royaume et mectre toutes eboses sans dessus
dessoubz. Mais Dieu nenousapas voulu après
tant de malheurs encores tant affliger de per-
mectre un tel déplaisir; car au lieuqu'ilz nous
pensoyent le plus mal ensemble, nous nous
sommes faietz plus grands amys que jamays;
en quoy il fault que je vous die, monsieur de
Lymoges, que mondict frère le roy de Navarre
1 Voy. toutes les pièces relatives à ce mariage, dans
les Négociations sous François H, p. 683 à 691.
23.
180 LETTRES DE CATHE
m'a lanl salisffaict et c'est lant acommodé à moy
que j'ay la plus grande occasion du monde de
m'en louer et m'en sentir infiniment tenue à
luv, comme m'est aussi une obligation de luy
procurer tout le bien et grandeur qu'il me sera
possible, d'aultant que je voy qu'il ne la dé-
sire, ny ne la veult avoir que pour le bien du
service du Roy mon filz et ma conservation.
Et pour ce, monsieur de Lymoges, que vous
sçavez que par mes dernières je vous escrivis
pour sentir du Roy mon filz s'il vouloit que je
lisse quelque bon office à l'endroict du Grand
Seigneur pour faire quelque pacifficacion entre
eulx, et que cependant je vous priay de sentir
soubz ceste ouverture s'il y auroyt moyen de
le faire condescendre à quelque récompense
honorable pour mon dict frère1, je vous veulx
bien encores répéter ce mesnie langage et
prier, puysque je ne luy puys faire mieux , de
faire tout ce qui sera en vostre puissance pour
essayer de y faire quelque chose de bon , et
s'il y a au inonde moyen d'en faire sortir quel-
que bon fruict, dont mondit frère puisse avoyr
contentement. En quoy le Roy mon filz me
fera de plus en plus congnoistre la perfection
de l'amytié qu'il me porte, d'aultant que,
m 'ayant tant obligée à luy mon dict frère, comme
il a faict, se comportant si lioneslement en mon
endroict comme il faict et restant son amytié
si ulille et nécessaire pour le bien de tout
ce royaume, je seray merveilleusement ayse
que par mon moyen il soit gratiffié et puisse
recevoir par ma faveur ung bien qu'il estime
lanl; pouvant vous asseurer, monsieur de Ly-
moges, que vous ne me sçaurez faire chose
plus agréable que d'y faire le meilleur office
1 II s'agissait de la restitution do la Navarre ou tout
an- moins d'une compensation pour en tenir lieu, et il
avait été parlé de la Sardaigne. Voy. de Thou (édit.de
1743), t. IV, p. ia3 et ia4; Arch. nat. collect. Si-
mancas, K, iligU, pièce 1 10.
RINE DE MÉDICIS.
que vous pourrez, encores que l'on avt affayre
à gens bien durs et malavsez en ce qui louche
leur profficl; si est-ce que je seroy bien ayse
que le Roy mon fils entende le plaisir qu'il
me fera en faisant quelque chose pour mondicl
frère, affin que cela luy eu croisse la volunlé
et que semhlablementmondicl frère entende le
debvoir, en quoy je me meetz pour le rendre
bien content. Ains est tout ce que je vous dira]
pour à présent. Priant Dieu, monsieur de Li-
moges , vous tenir en sa saincle et digne garde .
de Fontainebleau, le jour de mars 1 56o.
(Au dos.) De Fontainebleau, le wvif jour
de mars 1 5Go (1 56 1).
1561. — a g mars.
Minute. Bil.l. nat. Cinq cenls Colbert, vol. 37, F :!'i3.
A MONSIEUR D'ESTAMPES.
Mon cousin, je ne vous puis dire le plaisir
que j'ay receu de la dernière lettre que vous
m'avez escripte par le courrier que vous ay
dernièrement envoyé, pour ce que j'ay veu les
choses estre, Dieu mercy, beaucoup mieul.x
passées au lieu où vous estes qu'elles n'ont
faict en d'aultres endroiclz, où il n'a pas tenu
à des fols que ils ne m'ayent mise en pourpoint
et spoliée de ce que je pense justement m'ap-
partenir. Il est vrai qu'en beaucoup d'aultres
endroiclz de ce royaume l'on n'y a pas voulu
croyre et a-t-on faict, comme vous avez faict.
Pour à quoy pourveoyret empescher que plus
grand inconvénient n'en advienne nous nous
sommes accordez mon frère, le roy de Navarre,
et moy et si lanl bien que j'estime qu'il ne sera
en la puissance de lelz séditieux de nous alié-
ner. Par ce moyen je l'ai faict lieutenant gé-
néral du Roy mon fils partout le royauhne
soubz moy, auquelle reste la suprême authorilé,
le commandement des finances, les dépesches,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
181
■ ! la provision des offices à toujours, comme
je l'a\ eu jusques ic\ ; el moyennant cella il
m'a cédé par sa promesse escriple el lignée
de sa main lout ce <|ne les Estalz luy povoient
attribuer d'authorité el de puissance el que
jamays ne luy, ne pas uns des princes du sang
en puissent riens quereller, ne m \ donner au-
cun trouble ou empeschement; laquelle pro-
messe a esté ratifiée et signée par tous les
aultres princes du sang, el par ce moyen nous
sommes devenus les meilleurs amys du munde
el estimons que les choses continueront de bien
en niieulx; de quoy je n'ay voulu faillir vous
donner incontinent advis pour ce que je m'as-
seure, mou cousin , que vous en recev rez beau-
coup de contentemenl pour les raisons que
liés saigemenl vous me déduisez par vos dictes
lettres. Nous en allons au sacre et de là à l'en-
trée de Paris, ou je m'asseure que ne ferez
faulte de vous trouver et que là nous vous ver-
rons. Et sur ce je prie Dieu vous avoir en sa
très saincteet digne guarde. De Fontainebleau,
ce. . . . jour de mars i5Go (i5Ci).
(Au dos.) La Royne à Monsieur d'Estampes,
le xxixe jour de mars 1 5Go (1 56 1).
1561. — !>g mars.
Orig. Bibl. ual. Cinq cents CoUVrl, n" 390 , f 3i.
A MONSIEUR DE RENNES,
CONSEILLER DC ROÏ MONSIEIR MO> FILZ ET SON AMB1SS4DECR
DEVERS L'EMPERErR.
Monsieur de Rennes, je ne sçay que res-
pondre à toutes voz dépesches, oullre ce que
vous venez par la lettre du Roy monsieur
mon lilz. synon qu'il m'ennuye grandement
de veoir que le faict du concilie passe avecques
si diverse espérance, laquelle trayne une lon-
gueur qui produira grand mal si Dieu ne nous
ayde. Pour le moins ne dira-on poinct qu'il
vienne de nous, ne qu'il tienne à nous que les
choses 11'ailleni mieuk.ri touttefoys si cela a
plus grand traicl, je \eo\ que par force nous
serons contrainetz de venir au national. J aj
veu ce que vous m'escrivez de ceste précédence,
dont je ne puys estre contente, el vous prye ne
cedder riens en cesl endroicl pour la conser-
vation de fauctorité du Roy mon lilz. ro'es-
bahyssant que l'Empereur veuille tant s'ou-
blyer que de mectre cela en controverse.
Au demourant je sçay bien, monsieur de
Rennes, que estant là en despence et faisant
le service que vous faictes, ce n'est pas à vous
qu'il fault rongner de voz estatz, mais pour
faire la chose égalle vous avez esté osté de ce-
lu\ du Roy mon filz, ainsi que tous les autres
évesques, ce qui ne demourera pas sans ré-
compense, je vous asseure, et sur ce je prie-
ray Dieu, monsieur de Rennes, vous donner
ce que desirez. De Fontainebleau, le xxix'jour
de mars 1 56o (1061).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561 . — 3o mars.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 8a, f° 339.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COUR DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs . vous entendez par ceste dépesche
l'occasion pourquoy il a esté advisé faire faire
nouvelle assemblée et convocation des Estais
et la bonne disposition et union et bonne in-
telligence qui est icy pour toutes choses coti-
cernans le bien de ce royaume et le service du
Roy monsieur mon filz, dont j'ay d'autant
plus de contentement que c'est ce que je dé-
sire le plus en ce monde, n'ayant voulu faillir
à vous en advertir et prier que, en ce qui se
présentera par de là que vous jugerez appar-
tenir à un si grand bien, vous vous y employez
182
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
de vostre part autant que je suis seure que
vous aymez les choses bonnes et le bien de son
service et de son peuple, priant Dieu, Mes-
sieurs, vous donner ce que plus désirez. De
Fontainebleau, le trentiesme mars mil cinq'
cens soixante (1 5(3 1).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — a avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n°ao&5g, fJ li5.
A MON COUSIN MONSIEUR DE BOISY,
GRAND ESCDTBR DE FRANCE ET CAPITAINE DES CENT GENTILZHOMMES
DE LA MAISON DU DOT.
Mon cousin, vous verrez par la lectre que le
Uov monsieur mon filz vous escript1 la réso-
lution que nous avons prinse de le faire sacrer2
ce mois prochain, chose qui nous est conseillée
par une infinité de noz bons serviteurs, où
il est bien raisonnable que vous vous trouvez
avec une partie des gentilzhomm.es de sa mai-
son. Touteffois, il ne nous a pas semblé,
actendu la despence et le long séjour qu'ilz
avoient faict à Orléans qu'il feust à propoz de
les faire tous venir, mais seullement vingt-cinq
de chascune compaignie, ausquelz nous ferons
bailler de l'argent et, le sacre faict, les renvoi-
rons en leurs maisons pour faire venir à l'en-
trée leurs aultres compaignons, affin de les
soullaiger le plus que nous pourrons; qui est
tout ce que je vous en puis dire. Priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Fontainebleau, le u" jour d'avril i56o
(i56i).
Caterine.
1Ï0BERTET.
\ oy. la lettre tic Charles 1\ à M. de Boisy, à l'occa-
-ion de son sacre, lettre datée également de Fontaine-
blcau, le a avril i 56 1 (même volume, 1* 1 1 3 ).
Yoy. Tlioroscope de Gabriel Simeoni pour le choix du
1561 . — 2 avril.
Copie Bibl. nat. Parlement, vol. Sa, f° a33.
Copie. Bibl. du Louvre, B. 1 2 53 , re^. du Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrez par ce que le Roy
mon filz vous escript le besoing qu'il est de
pourvoir à l'insolence d'aulcuns prescheurs '
qui ne sont pas si sages que je dési rerois;
et pour ce je vous prie tous de tenir la main
qu'il en soit bien et soigneusement informé
suivant ce que mon cousin le sieur de Montmo-
jour du sacre de Charles IX (Bibl. nat. fonds français,
n°3j59, f 16).
1 A la suite de cette lettre, on lit : rMe Fournie!
ttpreschanl à S' Séverin dimanche dernier, en son
«presche, parlant de la Royne-mère, dist si c'estoit sou
restât et d'une femme de conférer les éveschez et béné-
«fîces et allégua ung passage de la saincte escriture assez
smal à propos, disant : r Peuple, regarde si ceste bonne
nmère. Royne mère de Jesus-Christ, en l'élection de
rs' Matthias au lieu de Judas, si elle s'en voulust mes-
rler, encores qu'elle fust présente." En cemesme sermon,
«qui estoit de l'entrée de Jésus à Jérusalem et y a
« comme Jésus dit à deux de ses disciples : tt Allez en ce
rchasteau qui est contre vous.» Et au peuple : -Sçais-tu
«cechasteau qui est contre vous"? c'est ce chasleau
cqui vous jettera hors de voz maisons. Au latin, dit-il.
et il y a caslellum; mais il n'est pas entier. Chasteau
tteomme le nommerons-nous? Cattellum est diminutif de
f Castrum. Il le fault nommer en françois chastellet. Cbas-
tttellet n'est pas propre, il fault donc dire ChasiiUon;
r c'est ce Cbastillon qui est contre vous et qui vous ruy-
rnera si vous n'y prenez garde."
De son côté Charles IX écrivait au gens du Parlement :
« Depuis deux jours nous avons esté adverlis que en la
<• paroisse de S" Séverin ung nommé Fournier avoit pres-
-ché propos scandaleux qui ne tendraient qu'à émouvoit
de peuple et à ceste saison où il est préparé à faire quel-
ttque sédition; et pour que c'est chose, si elle est vraie,
'•qui mérite pugnition, nous en avons adverty nostre amé
r. et féal cousin le sieur de Montmorency, gouverneur ri
b lieutenant général en l'isle de France, pour se Irans-
-porter devers vons.i (Bibl. nat. Parlera, vol. 82.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
183
rencv vous dira, affin que l'on y puisse remé-
dier, comme il esl requis pour le bien du ser-
vice du Roy mon die! sieur et filz, et le repos
et tranquillité de ses subjeclz. Je ferais torl à
la dévotion que je sçay que nous avez tous au
bien île son service de vous en faire plus lon-
gue lettre, si ce n'est pour prier Dieu. Mes-
sieurs, de unis avoir en sa saine te el digne
garde.
De Fontainebleau , ce deuxième jour d'avril
mil cinq cens soixante, avant Pasques (1061).
Caterine.
RoBERTET.
1561. — 3 avril.
Minute. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, f" 36.
\ MONSIEUR LE COMTE DE TENDE.
Mon cousin , vous verrez ce que le Roy mon-
sieur mon lilz vous escript touchant les émo-
tions dernièrement advenues en Prouvence1,
qui ne sont point de peu d'importance et pour
ce qu'il est Iiesoing d'y pourveoir prompte-
ment, je vous prie, mon cousin, d'y donner
ordre le plus lost qu'il vous sera possible , pour
en ayant faict faire bonnes et dues informa-
lions qu'une bien réelle pugnition se face des
aulleurs de la sédition de quelque religion
qu'ilz soyent et pour quelque occasion que ce
soyt, car il est bien dangereulx que le peuple
se mecte de soy-mesmes à faire la pugnition
par ses mains de ceulx qui aucunes foys peult
estre, sans occasion, il jugera la mériter, et de
ce que vous en aurez faict je vous prie nous don-
ner incontinent adviz. Cependant je prie Dieu,
mon cousin, vous avoyr en sa saincte et digne
garde:
1 Yoy. Discours véritable des guerres et (roubles adve-
vemis au pavs de Provence, envoyé à M. le c'c de Tende,
lieutenant général près le Roy en Provence, par N. R. P.
De Fontayneblcau, le . . . jour d'avril 1 56o
(i56i).
(4m dos.) La Royne à Mr le comte de Tende ,
le m' d'avril i ôb'o.
1501. — 7 avril.
Orig. Bibl, oal. fonds français, n° 3i03, f° so. Nouvelle acquisil.
A MONSIEUR DE LIMOGES,
CONSEILLES DC BOÏ MONS1ECR MON FILS, M' DES BEQDESTES
DE SON BOSTEL ET SON AMBASSADECB EN ESPAGNE.
Monsieur de Lymoges, avecques l'occasion
de l'allée par delà de mon cousin le coule
d'Eu , je l'ay chargé de remporter le collier et
le manteau de l'ordre de la toyson que avoyl
le feu Roy mon fdz, suivant ce que vous m'avez
cy devant escript qui esloit nécessaire, affin de
de le présenter au Roy catholicque monsieu)
mon filz-, à quoy vous l'assisterez et regarderez
de l'advertir de ce qu'il vous semblera qu'il
devra faire en cest endroict, priant Dieu,
monsieur de Lymoges, vous donner ce qui
désirez.
De Fonlainebleau, ce vnejour d'avril 1 50 1 .
Caterine.
De l'Àubespine.
• 1561. — 7 avril.
Vlmiite. Bibl.de Rouen, fonds Leber, porlef. D. 572O.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
J'ai tant faict que j'ai faict déchiffrer la lettre
du religieux ' que m'avez envoyée; il ne parle
Lyon, Rigaud, i563 (in-ia); Papon, Histoire générait
de Provence (Paris, 1786), t. IV.
1 L'évéque de Limoges écrivant à Catherine de Mé-
dias (10 mars i56i ) lui parle de ce religieux envoyé
pour négocier le mariage de Marie Sttiart et de don Car-
los; une lettre en chiffres esl tombée merveilleusement
dans ses mains, n'ayant pu la déchiffrer, il l'envoie à la
Reine qui en aura plus le moyen. Ce religieux s'est d'abord
|S',
LETTRES DE CATI1E
en somme que du faict de Florence ayant esté
ci-devant depesché pour suivre ung propos que
je lins une fois au prince d'EvoIy et duquel
je \ous ay ci-devant eseript pour essaier de
remectre cest estai là en sa première liberté,
et ce religieux chargé d'en parler de la part
de ceulx du pays au dict Prince et luy faire
de grandes offres et ne s'ennuyer du temps pour
\oir si quelque occasion se pourra présenter
qui serve à cet effet. Vous sçavez, monsieur de
Limoges, comme je dois désirer cela, mais
pour rien au monde je ne voudrais que l'on
sceut que je fusse de la partie, sinon ceulx
auxquelzj'en ai déjà parlé, et toutesfois je vous
prie regarder tous moiens possibles pour favo-
riser tant envers ledict Prince cesle praticque,
auquel il n'y aura point de mal que vous dites
que vous sçavez la charge du religieux, sans
toutesfois que vous veuillez que ledict religieux
saiche que vous en entendiez rien et là dessus
auriez beau subject, ce me semble, avant de
mi ivre ce que je vous ay dernièrement eseript
en faveur de mon frère le roy de Navarre, pour
le i égard de Sienne en récompense de son
royaume, car le Roy catholique a quelque ja-
lousie de la grandeur du Duc1, comme il y a
assez de quoy. Il a honneste excuse de s'aider
ili' ceste pièce pour la dicte récompense, de la-
quelle, comme j'entends, il a ces jours der-
rs prias nouvelle investiture2 de l'Empereur
qui ne peult eslre sans occasion3, faisant bien
entendre au dict Prince que, d'une mesme
mis en un couvent, puis, son séjour se prolongeant, il
s'esl retiré dans une maison privée, se disant emoyé par
la reine Catherine. En terminant, l'Évêque engage la
Reine à n'en rien dire, afin qu'à Paris on ne s'en doute
pas. (Bibl. de Rouen, fonds Leber, n° 0731.)
1 Cosrne de Médicis.
Voy. Dépêche de John Sliecrs à Cecil (Kulendar oj
State papas, année i56i-i56a, p. i3 et si).
|).m> une dépêche du aa mars 1 50 1 , John Sbeers
écrivait à Cecil : -De plus en plus le bruit s'accrédite
RINE DE MÉDICIS.
menée, il sortirait trois choses fort utiles: la
première que le dict Roy catholique ferait chose
équitable et louée de Dieu et des hommes de
remectre le dict estai de Florence en sa pris-
tine liberté, dont il pourrait tirer grands de-
niers, ayde et amitié; l'aultre il s'osteroit du
pied ceste épine du royaume de Navarre, dont
est pour saigner longuement et daventage. Le
dict prince d'Evoly, oullre l'utilité qu'il tirerait
de ceux qui cherchent son ayde en cest en-
droict, entamerait par ce moien bien avant la
faveur et le lieu du duc d'Alve, tellement que
le dict Prince seroil où le désirent ceulx qui
aiment sa grandeur, et si se pourrait asseurer
que le roy de Navarre ne serait point ingrat de
ce qu'il ferait pour luy. C'est chose, mon-
sieur de Lymoges, queje désire singulièrement
pour l'amitié grande que je reçoy de luy et
tant de bons offices qu'il faict en mon endroict ,
qui me faict vous prier y emploier toul ce que
vous y pourrez et penser que, s'il estoit une
fois en cest estât de Sienne, ce me seroyl ung
bon moyen d'avoir plus de commodité en cest
estât de Florence et d'en avoir pour ma maison
la raison que j'en attends et désire il y a long-
temps. Ce sont discours jetés de loing, mais
non sans apparence de fruict avec le temps,
estant toutes choses du monde possibles et su-
jectes à vicissitudes, comme vousentendez assez.
Au demeurant pour ce que toutes choses
me sont suspectes, encores que je sçays bien
que le dict religieux est là pour la dicte pra-
ticque, toutlefois je serais bien aise que vous
observiez ses actions assez soigneusement el
avec ce que vous pourrez recouvrer de ses
pacquetz que vous me les envoyez, sans qu'il
en sache riens, ni personne aussi, car ayant
«que le roi d'Espagne veut s'emparer de Sienne. Le duc
«de Florence y est en ce moment et fait fortifier la
e place.- ( Kulendar of State paper», année 1 50 1-1 56a .
p. 5.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
18f
recouverl le dicl chiffre il me sera toujours
aisé de voir de quel pied il chemine, n'es tan I
pas souspicion qu'il ne feusl par advenlure
chargé de quelque autre office, ni que ceulx
qui poursuivent sourdement le mariage du
gentilhomme1 ne feussenl bien pours'en aider;
je 1<; dis pour le doubte que j'en aj toujours
el qui m'esl d'autant plus augmenté par vostre
dernière dépesche paroi j'ay veu que l'on n'ou
blie pas assez les pires offices que l'on peull
pour rendre mes actions odieuses par delà
■ ■i faire luire les aultres. Ce que je m'asseure
ne pouvoir sortir d'autre bouticque que de
celle des ditz poursuivants2, lesquelz ne peu-
vent gouster cesle diminution de grandeur.
Le dicl gentilhomme est ces jours pari) de
reste compagnie et doit après ceste feste aller
voir sa grand-mère3, el à ce que j'entends,
l'esl venue voir à lieims la duchesse de Ascot *;
il v a eu de grands discours entr'eux deux et
l'oncle qui est là5; je ne sçay si ce serait point
un précurseur pour commencer à baslir cesl
édifice, ce dont vous pourrez avertir la Reyne
ma fille, afin qu'elle essaye de sçavoir par
delà ce que peultestre du dicl voyage, comme
je fais de mon costé.
A Fontainebleau, le \n avril i56i.
1 ô (i 1 . — g avril.
Onjj. Bili!. nal. fonds Moreau, mss. 83a . r 1 3g
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A DIJON.
Messieurs, l'ambassadeur du Roy catho-
licque0 monsieur mon bon lilz. m'ayanl faicl
1 Elle fait allusion à Marie Sluart.
1 Elle désigne les Guise.
; Antoinette de Bourbon.
1 La duchesse d'Arschot . tante il" ifarie Sluart.
I. i ardinal de Lorraine.
' Chantonna;'.
1 tTHERIJE DE Mt.un.l-. — I,
entendre que la damoiselle dé Bernaull rési-
denl ou conté de Bourgogne a ung procès pen-
danl par de\anl vous à l'encoiilre du s' de
Montmorl ' el prié, de la pari de mon lion lilz.
avoir, en sa faveur, l'affaire de la dicte damoi-
selle en recommandation , je vous ay bien
voullu faire la présente, oultre ce que le Roj
monseigneur mon lilz \ons en escript2, poui
prier e( admonester de lenir main à ce que la
dite damoiselle puisse avoir la plus briel'vc el
prompte expédition de son dicl procès que
faire ce pourra, luy conservant el gardant son
bon droit en justice, ainsy que vous avez bien
acoustumé envers Ions, estans asseu'rez que
vous ne sçauriez faire à mon dict filz et à moj
service plus agréable, priant Dieu, messieurs,
vouz donner ce que désirez. De Fontainebleau
le i\ jour d'avril i 56 i .
Caterine.
Dr l Ai bespine.
1561 . — l 'i avril.
Orig. liibl. noL fonds Moreau, mss. 833, 1° 171.
A MESSIEURS DE LA COURT
TENANS LA COI RT DE PARLEMENT A DIJON
Messieurs, ayant entendu que le sr d'Au-
mont3, gentilhomme ordinaire de la chambre
du Roy monsieur mon filz, a un procès en la
court de parlement contre la damoiselle de
Corrabut, duquel il a longuement poursuivj
l'expédition comme il vous sera donné entendre
de sa part, je vous ay bien voulu escrire la
présente et prier, d'autant que je désire la jus
lice estre bien el deuement administrée à un;;
chascun le plustosl que faire ce pourra, san-
1 Monlinorl, seigneurie possédée .m mn" siècle jj.u la
maison de liouihon-Namy el qui a passé depuis a elle de
Bernauit. — Voy. La Chesnaye-Detbois , t. Xl\ . p. 436.
\nv. Lettre de Charles IX (même volume. fJ l35).
1 Jean d'Aumont, <ilé p. 1 ■■-
186
LETTRES DE \THERI\E DE HÉD1CIS.
lis tenu en longueur, il- faire en sorte qu'il
en puisse avoir prompte et briefre expédition,
à ce '[il il ne se consume plus longuement en
fraix à la poursuyte dudict procès; et ce fai-
san! , vous ferez chose que j'aurav très agréable ,
priant le Créateur, messieurs, tous avoir en sa
saincte et digne garde. Escrit à Fontainebleau .
Ii s jour d'avril t 56 1.
Catbrujb.
Fizes.
1561. — i i avril.
Urig. Bibl. nat. Cinq cents Celbert. ns $90 . t'-' 35 et <aii.
A MONSIEUR DE RENNES.
-IÏLLEK DC BOT X03S1ETI *OJ F1LZ ET tWSSABUEl
PBt* LESfPERECR .
Monsieur de Rennes, hver je reeenx ' -
lettre du xm' de mars venue par la voye de
sse et ce jourd'huy celle du \i° par chemyn
• le Flandres, par lesquelles j*ay congneu que
vous estes fort bien et seuremenl adverh des
lioses qui passent là. et respondant à la der-
nière, je vous diray que la teneur de la lettre
que l'ambassadeur à Rome de l'Empereur luy
escript, dont avez faict cet extraie!, est le
même langage que je tins au dict domp Jouan
Manrrieque sur la propre négociation qu'il
a faict icy. par "ù m'est confirmée de plus en
plus une opinion que j'avois descouverte que
le dict Manrrieque n'atoit pas esté dépesché
icy pour une condoléance seulle. pour estre
personnaige près de son maistre fort avmé
du prince Charles1, joiuct les autres argum
que j'avovs d'ailleurs que l'on pouUoit fort à
ceste roue là de ce eonsté icy, chose que je ne
vouldroys poinct veoir pour l'importance de
l'estat de ce royaulme, et à ceste occasion
desirè-ge, monsieur de Rennes, sur la fiance
1 L'archiduc Ourles, le dernier fils de l'empereur
Ferdinand V.
que j'oy en tous et au devoir que ceux qui
sont employez au service du Rov monsieur
mon lilz doibrent, qne vous laciez dextrement
tout ce que vous pourrez pour esclaircir le
faict de la dicte praticque de ce mariage de la
royne d'Escosse ma lille et le prime Charles
par tous les moyens que tous sçaurez bien
faite, pour incontinent et à toute heure que
\ous en deseourrirex quelque chose m'advertir
par lettres particulières que nous mectrez en
chiffres dedans le pacquet de Laubespine, me
touchant par le menu les tenanz et abl
tisans de ce que vous en descouvrirez, qui me
ira à m'y faire voir clair et. advertye comme
j'en seray. me donner moyen de mieulx remé-
dier à ce qui sera nécessaire.
Par TOslre première lettre, j'ai sceu quelle
est l'espérance du concile du coustc de delà,
qui m'en faict avoir bien peu d'ailleurs, en-
cores qu'il soit venu icy ung bruict que le
Pape y a déjà expédié ses légatz. Ce sont re-
mèdes en apparence et peu en effect; d'autant
que je ne veoy poinct que le- autres y che-
mynent guères plus franchement. Quant à
moy, \ous aurez veu par ma précédente dé-
pesché. comme nous tenons noz ambassa-
deurs et prélatz prestz à ceste fin, quant on
verra que ce sera à bon essienl . et ne se trou-
vera personnes mieulx disposées à chercher ce
bien tant nécessaire que nous, selon aussi le
besoiug que nous en avons, qui n'est pas petit.
J'aj considéré ce que vous m'escrivex 'bj-
propos qui courent par delà de la tille du
roi de Bohème1 et du Peu monsieur mon lilz:
en quoy comme prudent et saige tous tous
- gouverné sans en parler, ne respondre
-ans en avoir charge: el pour ce que c'est ung
partv que je n'ay jamais que bien désiré pour
plusieurs considérations, tous ne -canne/.
tnne cTAotriche, la fille ain-e il» Maximilien.
1561. ■- i 1 a '
Orig. Bibl. nal. fond* français, n 17^61
A MONSIEl i! COIGNET,
UDASStUEDIi ES st:S!-L '". ,
Monsieur Coignet, je ne sçaurroys aultre
Elisabeth d'Autriche, qui épousa Charles I X en 1570
: Mathieu Coignet de la Tbuillerie, déjà cité u. 17-'.
LETTRES DE G VTHE
rien faire qui me soil plus aggréable que de
l'aire dextremenl el comme de vous-inesme
entendre à ceulx qui peuvenl faire ceste pra-
licque, que vous estimez que ce part] ae seroil
trouvé que bon, el que par mesme moyen se
pourroil faire le mariage de la seconde Bile1
au filz du ro\ de Navarre, qui es! ung prince
seul, grandemenl riche el si bien aparenlé
qu'il est, le père tenanl le lieu en ceroyaulme
qu'il fairt. estant entre luj el uaoj telle el si
grande amylyé el parfaicte intelligence qu'il
\ a. Mays -i les dicLes choses venoienl à cesle
fin, on desireroil singulièrement que les deux
GHes demourassenl auprès de la mère, el que
l'on se gardas! bien de les laisser transporter,
ne demourer ailleurs, conduysant cela avec
telle dextérité qu'il ne se cognoisse poinct que
mm- en eussions trop d'affection, parée <pi il
\ assez de temps entre cecy el les effectz, el il
ne seroil nyhonneste n\ raisonnable que cela
se descouvrisl en vain. Je suys seure que ce
sera une nouvelle qui ne leur desplaira pas
trop . mais il faull que ce suil roui me pari a ni de
vous et sans qu'il soil congneu que vous en
tyez aucun advis d'icy, où il ne s offre de qttoj
vous taire plus longue lettre, n'y estant rien
surveau depuis le parlement du sieur de \ iel-
Imille. Pryanl Dieu, monsieur de Rennes,
vous donner ce que plus désirez. De Fontaine-
bleau . le \i' jour, d'avril 1 5<i 1 .
I Iaterine.
De 1. Aubespine.
RINE DE MÉDIGIS. 187
chose respondre à vostre dépesche du premier
de ce mo\ - . -\ 1 1 1 1 1 1 que je suis très ayse que la
résolution de la journée de marche ayt esté
remise à la prochaine journée de Badde ' :
m'asseurant que u>us rabillerez les choses el
ferez en sorte qu'ilz s'apaiseront entendant,
comme \ous avez sceu par no/, dernières lettres
les sommes de deniers que je leur l'aiclz tenii
prestes pour satisfaire les plu-- nécessaires
debtes, donl je me remeetz à vous, qui pouvez
eslre asseuré qu'il ne se perdra ung seul quarl
d'heure à l'advancement de ces deniers. Quant
au sel que demandent ceulx de Berne, nostre
dernière dépesche vous y salisfaicl que vous
trouverez conforme à votre advis. Présentement
je \ous envoyé ung pacquet pour l'évesque de
Renés que je vous prye luv faire tenir le plu-.
tost el le plu- seurement que faire se pourra;
pryant Dieu, monsieur Coignet, vous donner
ce ([ue désirez. De Fontainebleau, le xi' jour
d'apM'il 1 56 1 .
Caterine
De l'Aubespixe.
lôtïl . — iG avril.
1 opie. Bibl. nal. coilect. Périgord , vol. VI, f' 8.
\ MONSIEUR DE CAUMONT.
M' de Caumont, comme le Roy monsieur
mon filz et inoy désirons accomoder ses bons
serviteurs, ayant sceu nos affayres, il a reçu
agréablement vostre excuse accompaignée de
sa bonne vollonlé à lui faire service à autre
orra-ion: que, pour ceste heure, vous serez.
exempt du voyaige d'Angleterre2, m'assuranl
bien que là où vostre commodité le pourra
La prochaine assemblée à lîatlc l-n Argo ii
1 Nous pensons que c'est en qualité d'otage pourle traité
de Cateau-Cambrésis qu'il avail été question d'envoyei
P. cl.' Caumont en Angleterre en remplacement dn comte
deRoussv. Voy Kalendm of State papert{t56t),f- 63
188
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
potier il ne vous faudra pas (prier d'aller et
vous employer où vous cognoitrez estre de son
service; priant Dieu, monsieur de Gaumont,
vous donner ce que désirez.
Escript de Fontainebleau, le xvrjour d'a-
vril 1 5 6 1 .
Caterine.
De l'Aubkspine.
1561. — 19 avril.
Orig. liibl. nat. fonds français, n° aoââç,, f° 33.
A MON COUSIN LE SIEUR DE BOISY,
CHANT BSCOIEB UE FRANCE.
Mon cousin, avant veu par la lettre que
\ous m'avez, escript e et ce que ce gentilhomme
présent porteur m'a dict de vostre part, j'ay
bien congneu le maulvais estât en quoy vous
estes pour venir au sacre du Roy monsieur
mon lilz. et le besoing que vous avez de vous
aller reposer, qui est cause que je trouve très
bon et ay fort agréable que vous en alliez en
vostre maison pour vous renforcer et vous re-
poser jusques à l'entrée de Paris, où je désire
bien que vous vous trouviez; et quant à l'est a t
(jue m'avez envoyé de la despence qui sera né-
cessaire pour la dicte entrée, je y adviseray
plus à loisir, affin de ordonner ce qui s'y debvra
faire, priant Dieu, mon cousin, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
De Fontainebleau, le ox" jour d'avril i56i.
La bien vostre,
Caterine.
I 561. — .20 avril.
Copie. Arch. collect. Simoncas, k, ligfl, n° Si
\ MONSIEUR L'AMBASSADEUR D'ESPAIGNE.
Monsieur l'ambassadeur, satisfaisant à la
promesse que je vous l'eiz hier de vous faire
veoir l'ordonnance l'aide dernièrement pour
pourveoir aux troubles qui s'offrent, j'en aj
l'aie! l'aire une coppie que présentement je vous
envoyé1, aflîn que vous sachiez et voyez ce
qu'elle contient, priant Dieu, monsieur l'am-
bassadeur, vous donner ce que désirez.
De Fontainebleau , le xxc jour d'avril 1 oli 1 .
Caterine.
De l'Aubkspine.
(1561. — 31 avril.)
Déchiffrement. Bibl. de Rouen, t'omis Leber, n' h--i~j.
\ MONSIEUR DE LIMOGES5.
Pourmieulx mouvoir mon lilz3 à cela ',
je juge que vous ne pourriez entrer en chose
qui lui soit plus agréable que sur le laie! de la
dicte religion et du roy de Navarre, qui sonl
deux points qui le poignent plus que nuls
autres, et comme vous estes dextre et advîsé el
cognoissez les humeurs de ceulx qui peinent
servir, fauldrait, monsieur de Limoges, com-
muniquer tout cela à la Reyne ma fille , et bien
l'instruire, et bien advertir de ce qu'elle aurait
à faire, et, avec elle, vous résoudre qui vous
y emploierez, ou le dur d" Allie ou liuy Cornez,
ne laissant pas de costé le confesseur, et leur
bien imprimer que ce que je cherche le plus
en cet endroit, est d'avoir moyen de contenir
1 Après avoir accusé réception de l'édil , Chantonna) ré-
pondit à Catherine : Ht me semble. l'Edict bien consi-
déré, que au lieu de paciffier les choses et les réduyre
en quelque bon eslal, par icelluv est donnée voye el
moien de les confondre mettant les Catholiques ''n dé-
sespération.- En terminant il ajoute : rje supplie Y. \l.
lie souffrir que l'un y nage entre ilen 1 e.nn .- 1 \1vl1 nat.
fonds Simancas, k, i 'ni'i. n' 8a.)
2 Le commencement de cette dépêche manque el le bord
de la lettre est déchiré. — Voy. Chéruel, Marie Sluart
ii Catherine île Médîcis, p. ->i ; Mignet, Journal île, •
gante, juillet 1 s-.">.
3 Philippe II.
1 L'entrevue qu'elle désirait avoir avec lui.
LETTRES DE CATHJ
le faicl de la dicte religion et aussi lu\ disposer
le dicl n>\ de Navarre, de sorte que je guérisse
cette plaie de la querelle de Navarre . qui sera
autrement perpétuelle, et mesmes au confes-
seur que ce seroil pour pourvoir lanl mieulx au
faicl de la religion ; lesquelles deux choses peu
vent, avec le temps, apporter incommodité el
danger. Vous pourrez aussi vous servir de l'en-
vie que j';ii que toul le monde cognoisse que
le dicl Roy catholique prend le Roy mon Gis en
sa lutelle el protection, et que cela le dispose,
en çel aige tendre, à le plus aymer, sachant «jim*
ce qui esl accru en la jeunesse, difficilemenl
ou point se peut jamais altérer ni changer, el
là dessus adviser ions moïens par où vous pour-
rez bâtir cette entrevue que je désire plus que
chose en ce monde, pour le fruil qui en sorti-
rait, comme je m'assure, el principalemenl à
moy et à ce royaume, ne voyant rien qui
puisse lanl commander el contenir toutes
choses que cela. Ce que vous prie bien consi-
dérer, ei. sur toul le service que désirez jamais
me l'aire, le conduire, en socle que j'en puisse
lirer quelque satisfaction pour en toute dili-
gence m'en adverlirparledicl poil eue qui aura
charge de retourner trouver votre dicl frère 'chez
luy, où je lu\ ay donné congé il aller pourquel-
ques joues, afin que delà il me lasse entendre
secrètement la résolution que vous en aurez
lirée, car, jusques après voire réponse, je u \
disposera v rien. Bien cognois-je les choses assez
à propos pour venir là. comme à l'improvisle,
d'autant que je vois par vos lettres que le l'on
catholique esl pour aller aux courtz de Mous-
son-, à celle septembre; el, vers la lin de juil-
let, l'entrée du Boy mon fils se fera à Paris au
retour de son sacre à Reims, où je le mène
lundy prochain pour être couronné le \i" de
1 Claude il'' l'Aubespine, marié ii Marie Clulin, fille
du s' île Villeparisis et qui mourut en 1 56g.
- Moin un. ville forte d'Aragon.
RINE DE MÉDIC1S. IN!)
may, el les Estais seront achevés à la mv-aoust.
\ près lesquels, selon votre réponse, je me pour-
rois achemineren Touraine souhz ombre d'aller
voir Chénonceau; el de là le Boy de Navarre a
envie nous mener en I Sascoigne | r faire voir
le Ro\ à ses subjecls, d où nous ne serions pas
loin;; pour faire le dicl voïage que je désire lanl.
duquel je ne parlerois polnl lanl que nous
fussions par delà; aussi il \ auroil peu de
compagnie el penseroit-on la chose non pré-
méditée '.
Faicles leur gouster le bien que le Bo\ ca-
tholique fera à ce royaume, el par conséquent à
loute la chrétienté; en quoyses pays ne courenl
pas les moindres dangers; el que la Reyne ma
611e considère bien toutes mes raisons el com-
bien ce que je cherche à faire la regarde el
son repos, afin d'ouv rir ses esprits el s'ayder de
tous moïens possibles; jugeant si la prince
sa belle-sœur v pourroil de rien servir, et,
pour l'y allumer davantage, dire à la dicte prin-
cesse que mon allée là seroil, si le mariage
du ltov mon lils ne peut se conduire , au moins
faire q eluv du princed'Espaigne,sonneveu,
ne lui faillis! point où j'aurois quelque moyen.
Je sçays bien . monsieur de Limoges, que le Boy
catholique chemine en toutes choses par con-
seil; mais si n'en aura-t-il jamais de meilleur
que d'user en cecj d'occasion qui se présente,
guidée de ma bonne et affectionnée volonté
envers lui, que j'aime comme mon propre lils.
el le bien publicq. (le que je dis à bon escient .
el comme, entre tous moïens enlre lesquels en
ai considéré un qui meserviroit plus que toutes
les choses du monde, ce me semble, duquel,
pour la parfaicle fiance que j'aj en vous, j'aj
voulu vous adverlir par ci' porteur exprès, sans
que je veuille que personne vivante le sçache
1 C'est donc quatre années avant l'entrevue de Bayonne
qu'elle eu conçut la première pensée.
LETTRES DE CATH
que vous cl votre frère, lant jusqu'à ce que je
ce qui se pourra espérer. Je ne me suis
jamais pu dissuader dé l'envie que j'ay toujours
eue de voir le Hny catholique, et plus m'aug-
mente-t-elle à celle heure que jamais j)our le
bien que cela feroil à la chrétienté, à ce
royaume et à moy, ce me semble, dont je vous
louchera y les principaux points.
Vous cognoissez, monsieur de Limoges,
I inimitié grande el jalousie que le Roy catho-
lique peut avoirdu Roy de Navarre, et la crainte
qu'il a. tenant le lieu qu'il laid, que ce soit
pour croistre son autorité, el , en ce faisant,
diminuer la mienne, et , de là, cherchant raison
de son royaume, souffler quelque feu qui allu-
meroil une guerre, el parmy là donner fureur
au faicl de la religion si troublée qu'elle esl à
iste heure; qui sont deux articles que le dicl
Roy catholique, comme prudent qu'il esl , con-
sidère plus que chose qu'il soit. Or. si j'avois
assurance de le \oir, quand ce ne pourroif estre
que vers la fin de eeste année, ce me seroit un
moïen cependant de contenir en l'un et l'autre
point le l'ov de Navarre, le nourrissant d es-
pérance que celle vue apporterait quelque
raison de ce qu'il prétend, el de crainte pour
faire aller le dicl roy de Navarre el ceulx qui le
poussent, et par conséquent tout ce royaume,
plus retenus au faicl. de la religion.
.le ne puis dire, si le mariage de nia fille,
la reyne d'Ecosse ', esl si avanl en termes que
nous le pensons; ce seroil un object pour le re-
froidir et tenir la poursuite en suspens. Par ce
moïen. nous voyant I un l'autre, qui ne seroil
-ans mener ma petite fille-, peut-eslre que j'en
ferois sortir ce que je désire. S'il v a plus que
1 II s'arpl toujours du projet de- mariage avc< don
Carlos.
Marguerite de \alois, était née en ! 55a , et, pat con-
séquent, n'avait que neuf ans à l'époque où sa mère écri-
vait rette lettre.
ÏRINE DE MÉDICIS.
du bruit à la nouvelle de celte \ue, se con-
tiendraient et refroidiroient tous desseins, me-
nées etpraticques qui se peuvent par advenlure
faire par le Roy catholique au préjudice de ce
royaume, ou autres qui seroienl bien aises de
le \oir troublé. Si je le voyois aussi disposé à
la practique du religieux dont vous m'avez en-
voyé les pacquels, chose que j'ai grandement à
cœur, j'y acheminerais ce que je désire en voir,
el par adventure il se ferait pour cela entre lu\
el moi tel marché que nous en tirerions lousles
deux prouffict et honneur eladvanceiuenl pour
nos deux maisons, el de là pourrions prendre
pied pour leur donner plus d'accroissement,
et ne luy servirait pas peu celle faveur pour le
repos en ses affaires de Levant et crainte à tout
le demeurant de la chrétienté qui ne pend,
comme vous savez, que de l'œil el confort de
toutes deux, et étanl unis en une même chose
nous seroit aisé d'y imposer telle loy que nous
vouldrions; de quoy, luy recevrait honneur
comme père du Roy, que je luy dédiroys et se
nourrirait en ses jeunes ans à son amitié et (elle
dévotion qu'il ne serait jamais tel qu'il ne le
trouvas) . tel que son propre enfant.
J'en sçay aussi d'autres qui suivront ce-
prestiges et seront en cette même dévotion,
qui sont instruments propres pour faire en
tout les plus grandes choses du monde, ce que
luy el mo\ jugerons être ulile et convenable à
l'appuy el fortification de cette notre mutuelle
el véritable intelligence, en toutes lesquelles
choses Dieu serait servi le premier et nous
contenterions l'esprit de ce que les grands
princes ont accoutumé : el ceulx qui soûl parmy
les afflictions et en sentent les pointures doi-
vent avoir l'esprit plus tendu aux remèdes,
l'eut-eslre cognoistra-t-il un jour que je n'en
parle pas sans bien grande raison , que je vous
estime assez clairvoïant pour juger aussi de
là où \ous estes. Ce sont remèdes légers qui
LETTRES DE C ITHERINE DE MÉDICIS.
Mil
néanmoins portent grande conséquence. Par
adventure, quand il les aura bien pesés avec
-es plus i-ln'is servi leurs, ne les vouldra-t-il
négliger.
Ce n'esl pas à dire qu'il \ ail rien de dé-
ploré ni gâté en ce royaume, ni que j ave faillie
<lc puissance ni d'obéissance pour \ faire aller
toutes choses, ainsi qu'il appartient, quelque
advis que l'on en donne par delà, ni que mon
dicl lils le Roy catholiqoe doibve craindre qu'il
doivbe survenir, lanl que je tiendray, comme
lais, les deux bonis de la courroye. chose de
deçà oui siiii pour le faseber.
1561. — 22 avril.
Oriç. Bil>l. nat. Cinq cenls Colbert , n" 3go . f" /i3 el suiv.
V MONSIEUR DE RENNES,
I OKSEIUER DI HOÏ MONSIEUR MON FILZ F.T SON M(B*SSM>EUR
PRES L'EMPEREl'R.
Monsieur de lieues, par les deux lectres
que m'ayez escriptes des \vm el \x\" du moys
passé j'ay ven que l'Empereur1 estoit lorsen-
cores actendaml la responce des Electeurs ca-
tholicques sur le faict du concilie el du Pape,
sur ce qu'il !u\ a faict entendre du succè-- de
la diette de Nambourg, qui es1 cause que par
\os dictes deux dépesches vous ne m'avez peu
riens mander pour le regard .du dict concilie,
où j'ay un merveilleux regret de veoir une si
grande longueur et irrésolution, et que cepen-
dant les choses, qui parla diversité des opinions
qui régnent aujourd'huy en la religion se sont
altérées, se vo\ sent empirant de jourà aultre et
niesnienienl en ce rovaulme auquel d'autant
que le péril mouche- à de plus près, plus je
crains d'y veoir advenir quelque subvertion
' Ferdinand 1".
- Le mot mouche, compris dans la partie déchiffrée de
relie lettre, par erreur de lecture a dû être écrit pour
le mot louche.
pour la multitude des séditions qui se (btil
souvent en divers endroicli! d'icelluy, à cause
de la dicte religion; el pour ce estant cons-
Iraincle d'y donner l'ordre el provision que
I importance de la chose requiert nécessaire-
ment, j'ay advisé avec mon frère le roj de Na-
varre et par l'adviz des antres princes du sang
el gens du conseil privé du Roy monsieur mon
filz, après avoir tenté divers moyens, une foys
de rigueur el de sévérité, el l'aullre foys de
doulceur el clémence, qu'il ne reste aultre
meilleur expédient que d'assembler un bon
nombre des plus grans, digue-, el vertueux
personnages de ce dicl royaulme et des plus
recommandez en sçavoir et sincérité de vie.
pour prendre adviz d'eulx sur ce qui sedevera
faire au faict de la dicte religion, afin que, en
aclendant et l'assemblée e1 le fruict dudicl
concilie général qui e-,1 ce que je désire de tout
mon cueur, l'on ayt moyen de contenir toutes
choses en repoz, et en l'union et tranquilité qui
est requise pour la conservation de :el Estai;
ayant considéré que faisant la dicte assem-
blée je ne faiclz chose qui ne soit plus que
nécessaire el qui ne doibve estre estimée bonne
el sainetc de qui que ce soit, qui en vouldra
parler ou juger sans passion ; car si le dicl con-
cilie général selienl comme j'espère, j'auray
faict consulter et conférer en une bien vertueuse
compagnie el. comme il est plus que raison-
nable, ce que l'on aura à proposer au dicl
concilie de la part de l'église gallicane pour la
refformation de ce qui ce trouvera y devoir
estre corrigé el rabillé; et par ce moyen auraj
d'aultanl advancé la dépesche qu'il sera besoiag
d'en faire aux év expies el prélatz de ce ro\ anime
qui auront à se trouver au dict concilie pour
la tenue d'iceluy. iussy, si la cfestienté, que
Dieu ne vueille et qui serait bien à mon plus
grand regret, se trouve si infortunée que de
n'avoir poinct le dict concilie, il fauldra bien.
192
LETTRES DE CATH
deffaillanl ce remède si désiré el salutaire,
|ue nous semions de l'adviz de la dicte assem-
blée pour arresler ce qui louche à la reffor-
mation îles églises de ce royaulme, atlin de
pourveoir à l'entière pacification des troubles
■I union de ce peuple en une inesme relligion;
;ar de le penser contenir en obéissance el
concorde pendanl que les espritz seront ainsi
agitez el pecuppez de diversitez d'opinions et
e doctrines, il n'y a parsonne en ce monde
ne le juge impossible et je ressens de trop
- le mal el le péril qui en despend pour le
laisser plus si longtemps sans remède et pro-
vision . et je vous envoyé le double de la lettre
que le Ro\ monsieur mon lilz en escript aux
évesques déco dicl royaulme, courtz des par-
lements el sièges présidiaulx, allin que, si
l'avanture l'on la volloyt calompnier au lieu
où vous estes, la [missiez monstrer à l'Empe-
reur mon bon frère et partout où besoingsera,
in'asseuranf que vous sçaurez bien les rendre
-i capables des justes causes, raisons et occa-
sions qui nous meuvent plus ;i faire la dicte
issemblée qu'il n'y aura homme qui, au lieu
de la blasmer, ne soyl conlrainct de la louer
grandement. Quant à ce que le nonce du Pape '
residanl par deçà, a escript au cardinal Ozius2
de l'acceptation de la bulle du concilie, il n'y .1
esté faicl ne dicl aultre chose que ce que vous
w-7. sceu par ce qui vous en a esté mandé
par cv-devant. J'ay von par vos dictes lettres
■ Prospcr de Sainte-Croix, évêque il llbano, envoyé
[ualité il" nonce d'abord en Espagne, puis en France.
Catherine de Médecis le fil d'abord nommer à l'arche-
vêché d'Arles, puis cardinal par Pie IV en i565.
lettres dan- les Archives curieuses de Cimber et
Danjou.
: Stanislas Hosius, né à Cracovie, d'abord évéque de
Warnie, puis promu au cardinalat en l56i; en qualité de
il . ista à l'ouverture du concile de Trente; nommé
1 .1 igoire XIII grand inquisiteur de l'Eglise, il mou-
!
ERINE DE WEDICIS,
l'advis que vous me donne/, des parlicularilez
qui s'oflrenl au lieu où vous estes et mesme-
menl pour le regard de la cession que le dicl
Empereur veult faire de sa couronne de Hon-
grie en faveur du roy de Bobesme el pense
bien , puisqu'il y a succédé comme héréditaire -
qu'il lui sera aysé d'en venir à bout, ainsi
qu'il prétend. Si vous pouvez sçavoir ce qui
a esté Iraiclé et résolu en l'assemblée de Brpns-
vich, vous ferez service au Roy mon dicl sieur
et filz el à moy de nous en advertir, comme
aussi de toutes aullres occurrances que vous
en cognoislrez dignes, ainsi que vous avez
l'a i c t jusques icy fort soigneusement, priant
Dieu, monsieur de Renés, qu'il vous ayl en
sa saincle garde. Escript à Fontainebleau, le
xxue jour d'avril i5Gt, après Pasques.
Ceste dépesche estant jà faicle et preste à
fermer, nous avons receu la vostre du premier
de ce moys, par laquelle vous nous escripvez
que l'Empereur sera pour se résouldre sur le
faict du concilie si losl que la response du
Pape luy sera arrivée, sans attendre celle des
Électeurs calliolicques, de laquelle l'on avoit
tousjours estimé que sa dicte résolution deusl
despendre plus tost que d'aultre endroicl. Si
ainsi est, vous aurez moyen de nous esclercir
bientost ce que nous en deverons espérer, car
Sa Sainteté ne peult plus guières lardera lui
envoyer la dicte respouce; el semble par les
dépesches que l'on nous a faictes de Rome
quelle soyt délibérée de basler la tenue du
dicl concilie et d'y faire toul ce qui sera de
son office et devoir. Reste d'en \eoir les
effeetz, qui ne sera jamais si tosl que je le
désire pour le bien général el universel de la
crestienté.
Caterinr.
BoilRDIN.
1561. — 27 avril.
Copte. Bibl. nat. fonds Brieune, n° ao5 : f: sï>3.
\ MONSIEUR LEPROCl RE1 II GÉNÉRAL1.
Monsieur le procureur. j'a\ veu par la vostre
que vous m'avez escrite du hii* de ce mois que
vous estes en peine de sçavoir quelle response
vous aurez à faire à ceux qui vous escrivent
pour le faict des assemblées qui se font pour
la religion2 el mesines pour les séditions qui
s'en peuvenl ensuivre qu'il n'est pas besoing
de négliger ; sur quoy je vous diray que vous ne
pouvez faillir de leur respondre que le csdiclz
et ordonnances faictes là dessus les reiglent en
cela et qu'ilz les ensuivent el lacent ensuivre,
suivant ce que le Roy monsieur mon filz leur
en aescript3 et rordonnance qui leur en a esté
envoyée de nouveau depuis deux ou I rois jours
en cà, sans trop curieusement resercher ceulx
qui seront en leurs maisons, ny trop exacle-
ment s'enquérir de ce qu'ilz y feront. J'ay
mandé mons* le mareschal de Montmorency
pour s'en aller à Paris, où vous l'aurez bien-
tosl pour pourveoir à ce qui s'i \eoil d'aparence
1 Gilles Bourdin.
- Le mois d'avril avait été agité par de violentes sédi-
tions : la première dans le quartier Saint-Eustache, la
seconde à Popinconrt, la troisième et la plus sérieuse au
Pré-aux-Clers, et voici la cause de cette dernière : de
fréquentes assemblées se tenant dans la maison du sr de
Longjumcau (Nantouillet), le peuple s'en émut et s'y
porta en nombre. Assisté de ses amis le s' de Longjumeau
ayant l'ail une sortie pour dégager sa maison qu'on avait
commencé à démolir, quatre ou cinq personnes avaient
été tuées. (Voy. Bibl. nat. Parlem. n° 82, P" aS8 , 269
et 2Ô3.) — Voy. Instructions au Boi de Navarre allant à
Paris pour pourvoir aux séditions. (Bibl. nat. fonds
Brienne, n° 2o5, f a5G.)
3 Par lettres datées de Fontainebleau le 2 avrili56i
Charles IX, pour remédier aux troubles où l'on était pour I
la diversité des opinions, enjoignait au Parlement de
tenir la main à ce que l'Édit de Bomorantin l'ail du temps
de François II fût observé de point en point. (Bibl. nat.
Parlem. n" 82,1° 2 3. '1.)
Catherine de Médicis. — i.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS. 193
el qui v esl survenu de trouble et sédition el
faire faire des chefz et aucteurs de telles émo-
Iiiims si roide punition et démonstration sans
avoir esgardà leur qualité, estai, condition et
religion, que les aultres y pregnent exemple.
ayant esté advisé en ceste compaignie que la
chose a besoin d'un tel remède el qu'il ne s'y
peull pourveoir paraultre moyen, plus prompt
expédient; priant Dieu, monsieur le procu-
reur, qu'il vous ait en sa garde. Escril à Fon-
tainebleau, le xxvii0 jour d'avril i5Ci.
1561. — 28 avril.
Orift. Bibl. not. fonds français , n° 3178, P l3.
A MONSIEUR DE HUMIÈRES.
CHEVALIER DE L'ORDRE DD ROV MONSIEUR MON FILS .
LIEUTENANT GENERAL DU GOUVERNEMENT DE PICARDIE.
.Monsieur de Humières , ce nous a esté bien
grand plaisir d'entendre par voslre dépesche
du dix-neufviesme de ce moys que toutes eboses
voisent si bien à IVronne et en telle union el
pacification que vous le nous tesmoignez par
voz lettres , et que à ce qui s'estoit offert dé
(rouble à Montdidier, vous y avez pourveu si
songneusement; et pour ce que nous avons jà
eu divers alarmes de ladicte ville de Montdi-
dier, et que .nous voyons, pour la malice du
lemps où nous sommes, que la présence et ré-
sidence sur les lieux des gouverneurs, bailliz
et cappitaines esl plus nécessaire que jamais,
el mesmes en ceulx qui sont plus prochains
de la frontière, comme est vostre gouverne-
ment, je désire, monsieur de Humières. que
vous ne parliez poincl encores de là, et au
retour du sacre du Roy monsieur mon filz, et
que nous nous serons raprochez plus près de
vostre frontière, je vous feray accorder voslre
congé pour luy venir faire la révérance et re-
cevoir de luy le bon visaige que vous méritez;
priant Dieu, nionsr de Humières, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
25
19'j
LETTRES DE CATHERINE DE V1EDICIS.
Escript à Fontainebleau, le \xvnie jour d'a-
vril i56i.
Caterine.
BoGRDIN.
1561. — -ni avril.
Ong. Bibl. nat. fonds français, n° 3 1 83 , ï° i.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mou compère, ce porteur vous dira de mes
nouvelles el l'occasion qui nie garde de pouvoir
partir d'icy jusques à vendredy prochain, qui
n'est pas que, pour cela, j'aye riens changé du
jour du sacre du Roy monsieur mon lilz. Il est
vray que le retardement que je suis contraincle
de l'aire en ce lieu me gardera de séjourner
en vostre maison de Fère ', où je faiclz compte
(jue nous arriverons mecredy prochain, si ce
n'est à noslre retour, que je vous y clonneray
tout le séjour que vous vouldrez. Je vous ay
faicl accorder les droictz de relief dont vous
me faictes requeste, et après in'estre remis
du surplus que vous pourroys escripre sur la
suffisance de ce porteur, je voyz prier [Dieu],
mon compère, qu'il vous ayt en sa saincte el
digne garde.
Escript à Fontainebleau, le dernier jour
d'avril 1 56 1 .
Vostre bonne coumère el amye,
Caterine.
Bourdin.
voyr dan dys jours, si n'è-je voleu léser de
vous ayscripre set pelyt mot pour vous re-
mersier de sel que avés fayst pour l'évéché de
Sanslyst,et ancoreque l'évesque ne souvl mort
je vous en se ausi bon gré que se lé chouse
feuset aveneue, m'aseurenl que y tyendré si
liyen la mayn que, le cas avenent de la mort,
\ous y are donné si bon aurdre que tout seu-
séderé ' conie le désire le Roy mon fils et moy
pour le fils de madame du Pérou. Mon coo-
père, vous savés le bruyt qui couret ysi quant
vous partîtes que tous asanblet des jeans et
des armes à Rayns et ancore que je n'an croy
ryen, si serè-ge byen ayse d'an .savoyr la vérité
de jeans non seuspès, corne je say que vous ne
l'aytes, que pour le Roy, afin de povoyr dyre
au roy de Naverre qui n'an né ryen, el quant
et quant que ne les heuns ny les au 1 très ne
menase conpagnye strasordynère2; pour se,
je vous prie me fayre set plesir d'en volouyr
savoyr la vérité et me la mender, et vous fayré
fort grant piésir hà
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
1561. — (Commencement de mai1.)
Au!. Bibl. nat. fomls français, n" 3i8/i, f° 1.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, encore que j'espère de vous
' Le château de la Fera avait été construit par Marie
de Luxembourg à la fin du xv" ou au commencement du
wf sàecb
Catherine parle dans cette lettre de rassemblements
1561. — 6 mai.
Copie. Bibl. nat. Parlement , vol. Sa , f°* 265 et suiv.
A MESSIEURS LES GENS
li:\\\S I.A COURT DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, encores que je m'asseure que ne
faudrez de faire faire telle diligence à la con-
fection des extraits dont le Roy monsieur mon
lilz vous escril3, qu'il n'est poincl de besoin
en armes que l'on craignait à Reims. C'était sans aucun
doute à l'occasion du sacre et du séjour de la cour à
Reims; le sacre de Charles IX ayant eu lieu le i5 mai,
cette lellre a dû être écrite dans les premiers jours de mai.
1 Seutéderé, succédera.
-' Strùtordynère , extraordinaire.
3 Une querelle s'élail élevée, querelle suscitée parles
Cuise, sur le nombre des pairs qui devaient assister au
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
195
que je mette en peyne de vous recommander
en cella aultrenienl l'exécution de son inten-
tion; si est-ce qu'estant chose dont nous avons
promptement et nécessairement affaire, je ne
laisseray de unis prier que vous l'aides procé-
der à la confection des dictz exlraicts avecq telle
promptitude et par gens de rostre compagnie
qui \ vacquenl avec telle assiduité que le Roy
monsieur mon lils s'en puisse voir satisfait au
temps qu'il le vous mande par sa dicte lettre;
en quo\ faisant, je vous puis bien asseurer
que vous luv ferez service qu'il aura bien
agréable, et. je \ois prier Dieu, messieurs,
qu'il vous ait en sa très saincte garde.
Escripl à Nanleuil, ce sixièsme jour de maj
uni cinq cens soixante et un.
L'occasion pour laquelle Ion demande les
dits extraicts est pour ce que le Roy monsieur
mon lilz veult faire servir mon iils le duc d'Or-
léans . son frère, de pair au lieu et représen-
tant le duc de Bourgongne, qui est celuy qui
lient le premier lieu, et pour ce je vous prie
faire voir es dilz registres ce qui y pourra
avoii servant à son intention, et mesmes pour
sourdre la difficulté que Ton luy faict, que
encores queson appennage lin soit acquis, qui
n'est jamais baillé aux enfans de France qu'en
pavrie, ce néantmoings, il ne doit estre tenu
pour pair que le duché d'Orléans n'ait esté
érigé en pavrie, attendu que depuis la pre-
mière érection qui en fut faicte2, il est retourné
en la main des feux Roys.
Gâter i m..
BoiRDIN.
sacre et sur le rang qu ils devaient \ occuper. (Voy. de
Thon, t. IV, p. 62.) Le Roi, dans une lettre du même
jour, charge le Parlement de faire chercher dans. ses re-
gistres et extraire les noms de ceux qui ont assisté aux
sacres et couronnements des rois et représenté les pairs
laïques du royaume. (Même vol. P 266.)
1 Henri, frère du roi. depuis Henri III.
■ Le duché d'Orléans fut donné en apanage à Phi-
1 jôl . — ig mai
Du,;, ttiltl n;it. ronds français, n" ao'iGçt. (' is5,
\ MON COI SI\ LE S1EI i; DE BOIS\.
nr.iuitl; DE l.'oatir.t. GI.JSB ESCD1EB DE ! r. v M I .
Mon cousin, pour ce que je désire bien lorl
de veoir comme se porteront les mandilz
que
vous devez faire faire aux harquebuzyers de la
garde du Boy monsieur mon lilz, à cesle cause
je vous prye incontinent la présente receue,
s'il \ a quelqu ung desditz mandilz qui soyl
achevé, me le vouloyr envoyer par homme
exprès, affin de vous faire entendre, pu\s
après, s'il nous aura contenté; el cependant
vous ferez différer de hesongner aux aultres,
jusques à ce que vous ayez entendu nostre in-
tention; el d'aultant que je ne sçay si, de ceste
heure, vous serez encor à Paris, j'escris au
conlrerolleur de l'escuyerye qu'il ayt en vostre
absence à satislïaire au contenu en teste lettre;
el n'ayani aultre chose à vous escrire.je prye
Dieu, mon cousin, qu'il vous doinl ce que
désirez. De S1 Marcou2, ce xixmt jour de may
1061.
La bien vostre
Caterine.
BoBERTKT.
lippe de France, par lettres de son père Philippe VI,
le i(i avril i3'i'i, pour le tenir en pairie. — Voy. P. An-
selme, t. III, p. 173.
' Voy. Ducange, au mot Mandile, édit. Didot, I. \,
p. 22.S; Littré, Dicl. t. III, p. 617. — «L'homme de
cheval à présent porte au lieu du casque un mandil.r.
(La Noue, p. 286.)
- Saint-Marconi de Corherie (Aisne). Les rois carlo-
vingiens y avaient un domaine et un palais que Charles
le Simple donna en goo à l'abbaye de Sainl-Remy de
Reims pour y fonder un prieuré. — Voy. A. Matton.
Dictionnaire topographique du département de V Aisne,
p. .Mi.
196
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
1561. — 20 mai.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 3189, f° 88.
A MONSIEUR DE BURYE1.
Monsieur de Burye, à ce que j'ay veu par
voz lettres du vu", ceulx d'Agen continuent
tousjours de faire les folz - et pour ceste cause,
puisque leur séneschal n'y peult aller pour la
charge qu'il a, il sera bon, n'estant loing de
là, que vous y laciez ung tour, car rostre pré-
sence y servira grandement et vous leur sçau-
rez aussi trop niieulx faire entendre ce qu'ilz
auront à faire que autre qui y puisse aller,
dont je vous prie, monsieur de Burie, si vous
voyez qu'ilz continuent et qu'il en soit de be-
soing. Priant Dieu vous avoir en sa saincte et
digne garde.
De Marches3, ce jour de mai i56i.
[A u dos. ) La royne à M' de Burye , du x\c jour
de mai i56t.
1561. — au mai.
0ri(j. Bibl. imp. de Saiul-PtHersbourg , vol. 18, f1 ao.
MONSIEUR DE BORDILLON ,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DU BOT M0NS1E0F. MON FILS EN PIÉMONT*.
Mon cousin, aiant entendu par vostre secré-
taire occasion de son voiage par deçà et les
choses que vous luy aviez donné charge de
nous remonstrer pour le service du Roy mon-
1 Charles de Coucy, sieur de Burie, lieutenant du Roi
à Bordeaux. — Voy. Commentaires de Moulue, édit. de
P.uhle, t. Il, p. 34o,344.
- Voy. pour les troubles d'Agen : Lettre de Cliarles IX
(même vol.PSq); Bibl. nat. fonds franc. n°3S75,r' 16.
3 Le château de Marchais, après avoir appartenu aux
ducs de Lorraine, est aujourd'hui la propriété du prince
de Monaco; il est situé dans la commune de Marchais,
canton de Sissonnc( Aisne). — Voy. A. Mallon, Dict. lo-
pographiqne du département de l'Aisne, p. i6i.
1 Imbert de la Platière, sieur de Bordillon, chevalier
de l'ordre du ici, maréchal de camp en i55a, lieutenant
général en Piémonl en i55o, maréchal de Franc le
sieur mon filz et la conservation de ses places1,
nous avons advisé de différer à vous le dépes-
cher jusques à ce que nous soyons de retour à
Villers Gosleretz, afin de veoir, estant arrivez
là, quel moien il y aura de pouvoir satisfaire
à ce que vous nous demandez; de quoy cepen-
dant je vous ay bien voulu donner advis, \<m*
priant au demourant de vouloir fayre tenir
seurement à ma seur madame de Savoye ung
petit pacquet de lectres que je vous envoyé cy
encloz, que vous recommanderez bien fort à cel-
luy par quy vous luy envoyerez de ne le mectre
en attitrés mains que les siennes propres; et
au surplus sur ce que vostre dict secrétaire m'a
fait entendre de vostre part touchant vostre
mariage'2, je vous veulx bien advertir, mon
cousin, comme je luy ay lait response que je
n'ay jamais en sorte au monde Irouvé mauvais
que vous aiez prins ceste alliance là, mais bien
est-il vray que j'eusse désiré que, axant que le
fayre, vous m'en eussiez ung petit escript, car
vous aymant comme je faiz, j'eusse eu fort à
plaisir de vous le conseiller et d'avoir esté
moyen de faire le dict mariage; el n'ayant
aultre chose à vous escrire, je prieray Dieu,
mou cousin, qu'il vous ail en sa saincte et
digne guarde.
Escript à (S' Marcou3), le \\' jour de may
i56..
Catbrine.
2Ô décembre i56a, mort à Fontainebleau en i565. —
Voy. P. Anselme, t. VII, p. 330.
' Voy. Kakndar of State papers , i56i-i562, p. ib-j.
Il y est lait mention des précautions prises puni- garder
les places du Piémont.
- Il avait ét'; en premières noces marié à Claude de
Damas; en secondes noces il venait d'épouser Françoise
de Birague, fille unique de René de liirague, lieutenant
général au gouvernement de Lyon, el qui plu* tard devint
chancelier de France. — Voy. Brantôme (art. Ilm-dillon),
édit. Lalanne, I. V, p. 71.
3 C'est par erreur que l'on a écrit Saint-Manon, car
LETTRES DE CATH
( 1561. — ao mai.)
Minute. Bibl. du Louvre, collcet. Bourdin , I" 316, vol. I, f io,4.
A MESSIEURS TENANS LA COURT
DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, unis verrez ce que le Roy mon-
sieur mon lilz vous escript présentement pour
la prompte et briefve expédition du procès de
mon cousin le prince de Condé1, et si son inno-
cence se trouve bien et effectivement prouvée
et instituée, pour luy en fayre telle réparation
que mérite la grandeur de la maison dont il
est et le lieu qu'il tient eu ce royaulme, estant
bien raisonnable que, tout ainsi que le blasme
que l'on a pensé luy donner en cela a pu cou-
rir par tous les plus grands lieux de la chres-
tienté, la réparation qui se trouvera luy en estre
deue soit ensemble si clairement congneue,
divulguée et publiée qu'il n'y ail personne qui
en puisse doubler. Et encores, messieurs, que
je m'asseure que vous ne fauldrez satisfayre au
contenu de la lectre du Roy monsieur mon
lilz et d'exécuter ce qu'il vous mande avec la
sagesse et prudence que mérite l'importance
d'un tel procès à la conservation de l'honneur
d'un prince du sang tel que est mon dict cou-
in, si vous en veul.\-je bien prier de ma part
t que par le jugement du dict procès vous en
assiez prompte réparation, dont il se trouvera
ucontinent une si honorable déclaration qu'elle
puisse estre publiée et divulguée par toute la
dans une leltre de Charles IX, datée du même jour, on a
biffe Saint-Marcou pour y substituer Marchais. (Bibl. nat.
fonds français, n° 3189, f° 88.)
1 Le procès de Condé avait été instruit à Orléans, et le
26 novembre i56o le prince avait été condamné à mort;
c'était la révision de ce procès qui élait portée devant le
Parlement pour inobservation des formes; c'est le i3 juin
suivant que fui rendu l'arrêt du Parlement. — Voy. le
Journal de Claude Haton, Coll. des documents inédits,
1. 1 , p. 1 3 t ; Mémoire* de Condé, t. II , p. 2 83 et suiv. ; de
Thou, t. IV, cliap. xvm, p. 6.
ERINE DE MÉD1CIS. VjI
chrestienté, à la conservation de l'honneur el
de la réputation que eeulx de la maison dont
il est se sont de si longtemps acquise par lant
de louables services qu'il/, ont faietz à reste
couronne; ce que le Roy mon dict sieur el lilz
vous escript et dict plus particulièrement. Sur
ce, messieurs, je prie Dieu qu'il vous ayl en
sa saincte et digne garde1.
Caterine.
1561. — (21 mai.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 3109, f° 5oa.
A MON COUSIN
(MONSIEUR LE DUC DE NEMOURS3).
Mon cousin , j'ay veu par la lettre que vous
m'avez escriple le désir que vous avez que je
ne diminue poinctla bonne oppinion que j'a\
tousjours eue de vous et la bonne volunté que
de longue main je vous ay portée, pour la
dernière collèrc dont vous me parlasles à Nan-
tueil , laquelle encores que je la trouvasse d'aul-
lant plus estrange qu'elle venoit d'une per-
sonne que j'ay ordinairement bien fort aymée
et que, pourceste raison, j'eslimois me debvoii
porter plus de respect qu'un aultre; si est-ce
que je l'excuse aysément, puisqu'elle ne vous
1 Voy. la .lettre de Charles IX. (Bibl. nat. Parlement,
vol. 82, f" 267 et suiv.)
- Cette lettre sans suscriplion est sans aucun doute
adressée au duc de Nemours, car dans une leltre auto-
graphe de lui à la reine et qui est jointe à celle-ci (même
volume, f' ia), il s'excuse des propos qu'il a tenus à
Nanleuil, et que le duc de Guise, à son retour à la cour,
lui a dit que la Beine avait trouvés mauvais. — Roberlcl
écrivant au duc de Nemours, de Marchais le 21 mai 1 50 1 ,
pour l'engager à venir à la cour, lui disait : c\cms serez
rie bien reçu, encores que la leltre de la Royne ne le
«monstre tant par escript, comme dedans son cœur.-
(Bibl. nat. fonds franc. n° 3soo, P i33.)
5 Jacques de Savoie, né le 12 octobre i53i, mort à
Annecy le 1 5 juin i585; il eut un long et scandaleux
procès avec Françoise de Rohan qu'il avait séduite, et
épousa la veuve de François duc de Guise.
193
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
a peu faire changer la dévotion que vous avez
au service du Roy mon filz que je croiray
tousjours vous debvoir eslre perpétuellement
en telle recommandation qu'elle a esté par le
passé , et se présentant une bonne occasion d'en
faire preuve, vous en donnerez telle expérience
que vous avez faict jusques icy, qui me faict
vous asseurer que ce qui est passé ne m'eni-
peschera poinct, quand le moyen s'offrira de
faire quelque chose pour vostre bien et gran-
deur, que je ne le face de pareille volunté que
vous sçavez que je me suys tousjours employée
en ce qui vous a touché, dont si vous avez rap-
porté si peu de satilïaclion qu'il vous semble
avoir grande occasion de vous plaindre, c'est
au malheur du temps à qui il fault que vous
en preniez, qui m'a forcée souvent faire tout le
contraire de ma volunté, et non à moy qui ay
esté contraincte de m'y accommoder mesmes
en choses qu'en aultre saison pour riens du
inonde je n'eusse voullu faire. Or, mon cousin,
persévérant en la dévotion que vous portez au
Roy mon filz et à moy et luy touchant de si
près que vous faictes, vous ne debvez espérer
de luy et de moy que toute l'amytié et faveur
que pouvez désirer de personnes qui seront
tousjours bien fort ayses de vous veoiret de vous
faire bonne chère à toute heure que voz affaires
vous permettront de revenir par deçà; et sur
ce, mon cousin, je prieray Dieu vous avoir en
sa saincte et digne garde.
De (Marchais), le (21e) jour de maii56i.
(1561. — Du 20 au a5 mai.)
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3392 , f° 5.
A MOPÎ COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère , quant Sanse l est arivé je
1 Sens qui fut envoyé en Portugal. — Voy. une lettre
de Catherine de Médicis au connétable. (Bibl. nal. fonds
français, n° 3292, f 27.)
estoys sur la dépêche que le Roy vous fesoyl
pour vous avertir corne yl a eu novelle de la
grende asemblée qu'il font et de l'ordre qu'il
donnet partout, et suisbyen ayse quesoyés de
cete opinion d'envoyer vostre fils1 à Paris, car
à cet que l'on m'escrips de là, y comenset avoyr
peur. Nous en nalons anuit coucher à Rrene2
et seron demayn à dinner aveque vous, et j'es-
père que aveques vostre bon consel qu'il au-
ront la loye pour le venyr3 et toust cet rompera ,
mes en cetpendent y ne s'i fault pas endormyr
cl donner bon hordre à toust, come avés déjea
fest, à cet que m'a dist le dist de Sanse qui
vous constera si au long de nos novelles que
je fayré fin, prient Dieu vous donner cet que
désirés.
Vostre bonne coumère et amye,
Catrrine.
1561. — -2h mai.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 82, 1* a3o v°.
A MESS1EDRS
LES PRÉSIDENS TEMNS LA COUR
DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs les Présidens, le Roy monsieur
mon fils vous ayant escrit4, pour faire payer à
ceux du guet de Paris de ce qui leur est deub
de leurs gaiges, suivant la parole et promesse
que \ous en dounastes à mon frère le roy de
Navarre à son partementdudicl Paris, a trouvé
bien fort estrange que vous ayez faict si mau-
vais devoir et diligence d'y satisfaire qu'ils
soient encores aujourd'huy à en estre payez,
et que, pour vostre nonchalance et lentitude,
1 Le maréchal François de Montmorency.
- Pelile ville dans le Soissonnais.
3 La loye pour le veniv, la loi pour l'avenir.
4 Voy. cette lettre. (Bibl. nat. Parlement, vol. 82,
f°377v°.)
LETTRES DE CATH
ils cessenl de faire le service qui est nécessaire
pour réprimer les troubles qui surviennent
ordinairement en sa ville de Paris, capitale de
son royaume, et du repos de laquelle dépend
la principalle tranquillité de tout son estât;
avant bien voulu voua en faire ceste seconde
despesche, après laquelle vous pouvez estre
bien asseurez que, si vous ne donne/, promp-
tement ordre au faicl dudicl pavement, il le
fera prendre sur ce qui vous doit eslre l'ourny
pour vos gaiges, el de tout le corps de sa
cour de Parlement; el quant à moy je suis
bien délibérée de luy conseiller, car la cbose
est de très grande conséquence pour la négli-
ger comme vous faictes, et pour faillir à ce que
nous en avez promis; el allin qu'il sache s'il y
aura esté salisfaict ou non, ne l'aillez de l'en
advertir, aflîn que selon ce que vous lu \ Ferez
sçavoir, il regarde s'il est besoin d'j faire pour-
voir, ainsy qu'il sera nécessaire pour le bien
de son service,
Priant Dieu, messieurs les Présidens, qu'il
vous ayt en sa garde.
Escrit à Nisy le Cbasteau1, le vingt-qua-
triesme jour de may mil cens soixante et un.
Càtbrinb.
BOI RDIN.
! 561. -1 -l'i mai.
Orig. BiM. nat. fonds français, a9 3i8â. f'3.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE QONESTABLE.
Mon compère, ce ne m'a esté peu de plaisir
d'entendre, par les lettres que m'avez escript
du jour d'hier, que vous ayez envoya mon
cousin le mareschal de Montmorency vostre
lilz à Paris pour pourveoirà ce que je \ crains
1 Château dans le Soissonnais.
ERINE DE M El) ICI S. 199
de trouble1 el sédition, el d'aullre part, que
vostre santé soyt telle quelle vous permecte
d'acompaigner le Moy monsieur mon lilz en
son voyaige, qui est l'une des choses que je dé-
siroys le pins ainsi que j'espère vous dire plus
particulièrement à nostrearrivéeàChantillyqui
sera sans faulte mécredy prochain , ayant bien
voiillu vous dépescherce porteur pour nous en
asseurer de nouveau el vous compter du bon
portement de ceste compagnie. Priant Dieu.
mon compère , qu'il vousayl en sa très saincte
garde. Escript à Soyssons, ce vv\' jour de ma)
i56i.
(De sa miiin.) Mon conpère, Lansac m'a
dist que vous demendé si le Roy mon fils et
moy demourerons plulx d'eune nuyst à Chan-
lellys; mes que je vous voye, si vous volés
beun jour, je le vous donnerés; mes davan-
tage, m'ayenl heuy parler, je m'aseure que
nous ebaseré de cbeu vous, encore que se ne
soayl vostre coteume.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1561. — (•!•") mai.)
Minute. Hibl. nat. fonds français, n° 3i8g , f 90.
\ MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'envoye Lhuillier2
en Espaigne devers les Roy el Royne ma fille
pour leur rendre compte du sacre du Roy mon
lilz et de Testai de loules choses eu ce royaume .
et aussi pour faire ung bon office en son en-
droict pour la royne d'Ecosse ma fille, à ce que
s'en retournant dans peu île jours en son
1 Le 17 juin suivant, Charles IX écrivait au maréchal
François de Montmorency pour le féliciter de ce que Ij
Fête-Dieu s'élail passée sans sédition, (ISihl. nat. fonds
franc, n" 3 189, p. 86.)
- Jacques Lhuillier, abbé commendataire de l'abbaye
d'Épernay, el secrétaire de la reine Elisabeth,
200
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
royaulme d'Escosse et ayant par fortune de
temps ou pour sa commodité à toucher en ses
costes, elle y puisse trouver recueil, faveur
et bon traictement. Comme je m'asseure qu'il
en sera très content, je vous prye vous y
employer comme vous sçavez que je le désire,
de façon que nous puissions avoir avant qu'elle
parte ce commandement à ses ministres qui
sont en leur pays. J'ay veu ce que me mandez
des filles ' de la Royne ma fille ; en quoy il me
semble qu'elle a bien faict de se gouverner
comme elle a faict. Je suis prié du sieur de
Mandosse2, premier maistre d'hostel du Roy
mon filz, que vous congnoissez , de prendre
une sienne seur et la mectre de sa maison.
J ay ouy dire que c'est une fort honneste da-
moyselle, et oultre cela, il a tant faict de ser-
vices à ceste couronne et son père pareillement
qu'elle me fera ung singeulier plaisir de le
gratiffier en cela comme je le luy escriptz ; et
de vostre part, je vous prie, monsieur de Ly-
moges, l'en solliciter, affin qu'elle me contente
de ceste requeste. Le surplus de mes nouvelles
i us l'entendrez par ledict Lliuillier, qui me
' Elle veut parler du départ pour la France d'une
partie des filles d'honneur qui avaient accompagné la
Reine sa fille en Espagne. Dans une lettre du 10 ruai pré-
cédent, l'évèque de Limoges lui écrivait que d'aLord il
avait été question du retour en France de Mu" de Curton
et de Noyan , mais que M' de Fumet maintenant redeman-
dait ses deux filles, et il ajoutait: r. Madame de Vineux et
-sa fille et cinq ou six autres filles françoises qui demeu-
rrent par dellà se délibèrent de bien et dignement l'aire
- leur service. » — Dans une nouvelle lettre rendant compte
du départ qui eut lieu le îô mai, la reine Elisabeth,
écrivait-3, rpour l'esgard de mesdames la comtesse d'Eu
-et de Clairmont démonlra tant de pleurs et de lamenta-
- lions, qu'oncques ne s'est veu en maison de roy si pi-
-teuse journée." (Bibl. nat. fonds franc. n°3iaa, f" 1
et 48.
Jacques de Mendozze, qui avait été premier maître
d'hôtel de François I", et qui remplit diverses missions
à l'étranger. — \ov. P. Anselme, t. I, p. 20,3.
gardera de vous en riens dire davantaige, si
n'est que je prie Dieu, monsieur de Lymoges.
vous avoir en sa saincte et digne garde. — De
Soissons, ce (xxve) jour de may 1 56 1 .
(1561.— 25 mai1.)
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K î&cjfl . o' ttli.
A M» MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils , sachant par tent de dé-
mostration, qui vous plest me fayre, l'amour
que me portés et à tous vos frères, je m'aseure
que ares tourjour grant contentement quant
enlendrés la conlineualion de mon repos et
rétablissement de touttes lé chauses qui nous
povent aporter tranquilité et contentement,
qui ayst cause que le Roy mon fils vous en-
voyé Loulier2 présant pourteur pour vous fayre
entendre content y! a aysté sacré aveques l'ou-
nion et contentement de tous ses sougés, tanl
gratis que petis, monstrant tous leur bonne
coteume de l'amour qu'il portent à leur Roys,
dont j'é voleu ausi moy-mesme vous en naver-
tyr pour l'aseuranse que j'é du plésir que en
reseverés m'ayent asés fayst conestre du dépit*
sir que ariés si lé chauses alet aultrcment . . .
. . . 3, mes si aseurère-ge bien que ne désireré
jeamès bien ny repos ny contentement à per-
sonne quii'aymeplulx, ni soytplous resantente
de tout ses heurs, ny qui en rende de mylleur
cour grase à Dyeu, ny le suplye de mylleui
cour de le vous volouyr contyueuer et aug-
manter que ays et fayst
Vostre bonne seur et afecUonée mère,
Catf.rine.
1 Au <l"s: Leltie reçue le 17 juin.
• Lliuillier.
3 II y a dans cette partie de la lettre quelques mots la-
cérés qu'il ne m'a pas été possible de rétablir dans leur
vrai sens.
LETTRES DE G AT HE
1561. — (27 mai.)
Minute. Bit»], aat. du Louvre , coliect. Bounlin, F. 31G,
vol. 1 , C 196.
A MESSIEURS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT
À PARIS.
Nos aînés et féaulx, nous estimons que de-
puis le temps tjue nostre très cher et très aîné
cousin le prince de Condé s'est retiré par de-
vers vous pour la justification de son inno-
cence des cas que l'on luy avoit voulu mectrc
sus, vous avez faict telle diligence à l'instruc-
tion de son procès qu'il doibt estre de ceste
heure en estât de juger. Touttelbis, désirant
sur toutes choses y veoir la plus prompte fin
que faire se pourra, nous n'avons voulu diffé-
rer de vous en escripre et de vous mander et
enjoindre le plus expressément qu'il vous est
possible que vous ayez à procéder à la vuidange,
jugement et diversion du dict procès en telle
et si briefve expédition de justice que nous
ayons occasion de nous louer de la diligence
de laquelle vous y avez usé; en quoy faisant,
si vous congnoissez la justification de nostre
cousin bien et suffisamment prouvée et luy tel
que les plus gens de bien de ce royaulme l'ont
toujours estimé et congneu et que ses vertus,
mérites et sei vices le témoignent assez, vous
considérerez la grandeur de la maison dont il
est etlerancqu'il lient en ce dit royaulme pour
luy en fayre fayie telle honorable déclaration
qu'il mérite d'avoir, et que les solempnitez luy
soient en cela tellement gardées que tout ainsy
que le blasme que l'on luy a donné a esté
grand et a peu courir par tous les plus grands
lieux de la chrcstienté, ainsi la réparation y
soit si clairement et manifestement divulguée
et publiée que la maulvaise opinion, que l'on
pourrait avoir légèrement imprimée, soit déra-
cinée de la mémoire et opinion des hommes.
Catherise ut Mimas. — 1.
UNE DE MÉDIC1S. 201
pour y laisser la mesme bonne odeur et répu-
tation que lu} et ceulx de la maison dont il
est se sont par tant de grands, vertueux et re-
commandables services et mérites de si long-
temps acquise et toujours conservée si digne-
ment1.
Le (27) jour de inay i5Gi.
Caterine.
(1561. — Fin mais.)
Aut. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, n'aient voleu le lîoy mon lils
que le conte de Gaiazo3 qu'il anvoie vysiter le
Venitian soit pasé sans vous aler visiter et
Madame sa tente de sa part, pour vous dire
de ses novelles, lesquelles lui et moy nous
aseuron vous aystre agréable, d'aultent que
entendre de sa bonne santé et l'espéranse que
avons que le voiage que nous avons fayst en
sette ville" nous aporteré à la fin quelque re-
pos pour tout set Royaume, encore que ni
soyon guière demeurés et que ayons remis
l'an liée de mon dist fils jouques au moys
de jeanvier, de peur que, la faisant par ses
chaleurs, y s'an troveat mal, et j'espère, que
s'il è vray set que l'on m'a mendé, set que je
suplie à Notre-Signeur qu'il souyt, que vous
1 Voy. le journal de Claude Haton , Collection des docu-
ments inédits , t. I, p. i3i; Mémoires de Condé, .'. II,
p. 356 et suiv. ; Additions aux Mémoires de Castelnau , p;i:
Le Laboureur, t. I, p. 73a.
2 Voy. Kalendar of State papers ( 1 56 1 - 1 56a ), p. 1 32 ,
7 juin i56i : Intelligences of from plaie: «Tlie Duc in -
f of Savoy is with Child.w
3 Ce doit ôtre Galeas de Saint- Severin. comte dl
Gaiasso, gentilhomme ordinaire du Roi. — Voy. P. An-
selme, t. VIII, p. 5o4; Imhof, Généalogies d'Italie (An
terdam, 1710), p. 291.
1 Paris.
26
202
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
voyrons asteur là avequcs heun bel enfant, si
plustol je n'ay puis avoyr set byen que je dé-
sire infiniment et vous suplye que, incontinent
que en serés aseurés, nie fayre sel plesir que
m'an navertir p©ur le pluta gravi plésir que
sariés fayre, ne que sarel resevoyr
Vostre lionne seur,
Caterine.
( 1561. — Juin.)
^'it. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE Dl C J)E SAVOIE.
Mon frère, je ne vous puis ase's remersier dé
bonnes novelles que m'avés emoiée de set
que madame de Savoie ayst grose, car depuis
(ouïtes mes malheureuse forteune n'é santi
joye pour chause que je aye lieu qne quant j'é
seu sete bonne novelle, de quoi je loneNostre-
Signeurde tout mon cour, et le suplie qu'i nous
fase à Ions La grase de guardé si bien la mère
qu'eie an puise avoyr bocoups d'aultre, et rail-
lent le conserver pour le conlenlemenl de vous
et de nous; el vous prie, mon frère, ne per-
mette qu'eie bouge d'il1 ayle ayst qu'eie ne
■jouit en son setiesme moys el encore la fayre
porter en benne chèze el que se ne souil pas
louyng, se la volés remeuer. Vous m'escouserez
de sel que je vous en mende, car l'anvie que
j'é de coserver sa santé el que son enfenl vhe
me le t'ayst \ous le mender el ausi que ne la
lèsiés pas tenl aparéser que ne se promené tou
deusement en lyeu playn et beuni, car \l i arel
danger, se ne fayset aysersise, que s'an trovat
pluk mal à son acoucbenienl. Mon frère, j'é
reseu lentde plésir par sel porteur qui lia l'hau-
neur de vous aystre linéique chause que je ne
nie puis guarder vous prier de volouir que par
' fi'tt ayle ayst . d'où elle I *t
luy mesme je reseve1 l'antyère joye de set qui
pleéré bà Nostre-Signeur donner à madame de
Savoye, qui me fayst \ous prier me mander
par luy set bonnes novelles que je suplie à
Dyeu aystre tyeule que le désire
Vostre bonne seur,
Caterine.
(15S!.— Juin.)
ii Kilil. nal. fond* français, n° 3ag2 , l° '17.
A MON COMI'KRE
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon compère, le Roy mon lils arsouir ( juste i
quant y! l'eut aryvé ysi -, \ se délibéra s'an
naler par eau jeusques à Gallon et ira anuyt
coucher à Vylaynecheu Bttrdin3 el se délibère
aystre de retur à S' Germayii la velie de la
S' Bernabés4 el reviendra par S' Ligier, où y
curera eun cerf, et je pians la clierge vous mi
navertis et vous prier de sa part et delà m venue,
si ne nous volés venir trover, que vous trovyons
à noslre arivaye à S' Germayn, el volouyr en-
voyer quérir le capitayne Corse5 et avecques
les plus belles paroles luy donner congé el le
ranvoyer el luy faire baller deu sans escus " par
le trésoryer de l'Espargne. Toute celé coropa-
1 Reseve, reçoive.
Saint-Germain-des-Prés.
1 Boûrdin, sieur de Villaines.
' La Saint-Barnabe esl le 1 1 juin.
San Pietro Corso, capitaine cuise qui , en 1 533 . pas»
au service de France el fut de toutes les expéditions des
Français en Corse; marié à la belle Vanina d'Ornano, il
l'étrangla de ses mains, et, victime à son tour delà ven-
geance desOrnano, il fui assassiné en i 367. v*oy. à ce
sujet les lettres de Brissac (Bibl. Bat. fonda français,
n' aoii'i3, f" ac), 1 35 et 1 5 U ) ; Forquevaux, Vie îles grande
capitaines, p. 83 ; Cbarrière, Négociations dam le Levant .
I. Il, p. /•'. '1 et suiv.; Papiers d'Etal du cardinal de Gran-
velle, i. VIII, p. 277, .Vu, 357, ù53, &8o.
Vnv. Lettre de San Pietro Corso datée de Marseille.
le 5 juin i56l, el dans lai]iielle il accuse réception de la
gnie vous favst ces recomendations el vous prit
nous envoyer vostre (ils et s» femme1.
Rostre bonne coumère el amye,
( Iai bbine.
LBTTBES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 203
ville et vous avez faicte envers le Mo\ de Ho-
I 561 . — <i juin.
Orig. Bibl. nni. Cinq •culs Golberl, d* 890, f" '19 cl suiv.
\ MONSIE1 lï DE RENNES,
LLEI BT M DES REQCBSTBS DB UH06TBL DD ROI MON ]
et son urusSADBDR phés l'lmpeeecr.
Monsieur rie lieues, par les lettres que
m'avez escriptes des xv et xvn avril, vi. vin. \n
el xxc au passé, je n'ay poincl veu qu'il se soyl
avancé grand chose au faict du concilie, ne
que le canobio par lequel l'on en espérait une
si ample et totale résolution du Papeayt riens
apporté que si général que je n'y puys co-
gnoistre aultre chose que longueurs, remises
el prolongemens qui se sont tant continuez
jusques icv que je ne sçay [il us que m'en
proniectre. ne pour quant nous m devons es-
pérer l'ellert. le fruict et l'utilité qui est si né-
cessaire au bien, union el repoz «le la cres-
lienté. J'entendray en bonne dévotion ceste
plus ample dénesclie que Sa Saincteté doibt
faire au dict Empereur après avoir oy Domp
Jehan d'Avalle et si c'est avec aussi peu de réso-
lution qu'il s'est veu parses autres précédentes
dépesches, si je pense que l'on neveull paislre
le monde que d'apparence et à nous qui
sommes les plus proches du péril faire con-
sommer le temps inutilement, il me semble
que j'en auray grande et juste occasion, qui est
tout ce que je vous puys dire et respondre pour
ceste heure quant au faict du dict concilie; et
venant à l'aultre poinct de vos dictes dépesches,
qui esl eellin de l'instance que le s' de \ ieille-
somme payée. (Bibl. nat. fonds franc. n° 3i8g,f° 'iG, et
iï i33<j,f 71.)
1 François de Montmorency et Diane de France.
hesme pour persuader l'Empereur d'envoyer
par de çà mi;; ambassadeur, actendu le Ion;;
temps qu'il \ a que le Roy monsieur mon filz
\ous lient auprès de luv, comme à la vérité il
est bien honneste et raisonnable, el qu'il s'esl
tousjours observé el correspondu entre grans
princes amys, je nous dirav que c'est chose
qui a esté de long temps considéré et ne pen-
sion- pas à ceste beure à \ous resvuquer, n'eusl
esté que nous avons cogneu que vostre pré-
sence par delà avec une si honneste coulent
que celle du faicl du dict concilie n'est pas
sans fruict et utilité au service du Roy mon-
sieur mon fil?.; au moyen de quoy il est né-
cessaire que vous demeurez Va encores quelque
temps, ce que je m'asseure que vous ne plain-
drez poincl , puisque c'est sur une bonne occa-
sion. Le dict sieur de Vieilleville n'est point
encores arrivé; après son retour el qu'il nous
aura rendu compte de tout ce qu'il aura apris
en son voyaige, je vous feray l'air te bien
ample dépesche sur les particularitez qui au-
ront besoing de responce de nostre coslé. Ce-
pendant j'ay à vous advertir que par le plus
que j'ay veu le discours que me faictes des
propoz que vous avez tenuz au Roy de Bo-
hesme sur le faict des mariages don! vous avez
escripl1 el encores que ce que vous luy en avez
dicl avl eslé comme de vous mesmes et si ré-
servement qu'il aura peu d'occasion dépenser
que une telle ouverture vienne d'aultre que
de vous el de l'affection que vous avez de le
voir estroitement lyé d'amitié et alliance avec
ceste couronne, si esse que j'eusse bien désiré
que vous ne finissiez pas allé vers luy expres-
sément sur ceste occasion et que vous eus-
siez actendu, en luy communicquant d'aullres
1 Le mariage d'Anne d'Autriche avec Charles IX el
celui de sa sœur cadette Elisabeth d'Autriche avec le jeune
roi de Navarre.
a6.
204 LETTRES DE CATH
affaires, à faire tomber ce propoz là comme
chose inopinée à laquelle vous n'eussiez jamais
pensé auparavant et craignant que vous esti-
miez que ce que vous en ay escript ayt esté poul-
ie désir que j'aye au dict mariage, je vous
vculx bien dire que, pour le bas aage du Roy
mon dict sieur et filz , je n'ay encores pensé de
le marier, ny obligée là et ailleurs, et n'estre,
comme je vous en ay mandé, à aultre fin que
voir si, en meclant les diclz deux partyz en
avant comme de vous mesmes, vous pourrez
rompre les aultres qui sont en termes, qui est
ce qu'il fault que vous ayez tousjours de devant
les veulx et venant le dict Rov de Bohesme à
reprendre les dicts propoz, vous vous gardiez
bien de luy donner à cognoislre que l'on vous
en ayt jamais escript, ne que l'ouverture que
vous luy en avez faicte ayt esté que de la
seulle affection que vous lui portez, autrement
vous entendrez assez que ce ne seroyt pas
seullemenl advancer ce que nous avons envye
et que vous travaillerez de recoller, mays d'ung
affectionné amv en faire son ennemy et avec
assez maulvaise occasion perdre tout au coup
ce que nous pensons avoir acquiz en son en-
droict d'asseurance etestablysement de bonne et
parfaicleamytié; de sorte, monsieur de Rennes,
qu'il est besoing que par l'ung \ous ne gasliez
rien en Ta nltre, mais comme vous qui estes saige
et advisé le sçaurez bien faire prudemment et
considérément, sans luy rien dire du trans-
port des filles, ny d'autres particularitez, si ce
n'estoyt si à propos que vous veissiez claire-
ment qu'il ne s'en peult offencer poui Tadvenir.
Vous mecterez peine de sçavoir s'il y aura aultre
occasion ou du mauvais mesnaige qui est entre
1 Empereur et luy que celle que vous m'avez
escripte par voslre lettre du xin° et si la
guerre d'entre le roy de Polongne1 et le Mos-
1 Sigismond, roi de Pologne. — Voy. deThou, t. IV,
liv. xviii. p. i i5 el sciiv.
ERINE DE MÉD1GIS.
covite sera pour tirer oultre, et aussi si l'am-
bassadeur de Ferrare aura riens proposé pour
marier son maistre avec l'une des filles du dict
Empereur, affin de m'advertir de toutes les
dictes particularitez, comme de toutes aultres
choses que vous en estimerez dignes aussi soi-
gneusement que vous continuez ordinairement,
priant Dieu, monsieur de Renés , qu'il vous ayt
en sa saincle garde.
Escript à Sainl-Germain-des-Prez-lez-Pai is .
le vie jour de juing 1 56 1 .
Catbrink.
Bourdin.
1561. — 8 juin.
Aut. Arch. des M'Micis, dalia filza «7307, iiu<»\a Dtitnerazione.
A MON COUSIN LE DUC DE FLOKENGE.
Mon, cousin j'é reseu vostre letre du xxiin"16
de may, et veu cet que me mendés, lent de
cet que vous avoys mendé de sursouir d'en
parler, que du fest du conte de Gaiazo ', de
quoy je ne vous saroys asés remersier de vous
voyr conlineuer en celé bonne volante ver
toutes les chauses que désirons, coine ausi
pour Bruest2 que vous volés envoyer: cel que
voyenl que le trovés bon, je le vous envoyeré
un de ses jour, et ne vous parleré plus ausi
de cet que j'é dis à 1 évesque Salviati pour vous
dire, car encore que ne m'en louchiés rien
dans vostre letre, je ne deule poynt qu'il ne
1 Envoyé en mission à Venise, il avait été mis en
prison à Rome comme suspect de protestantisme. Il y
était encore en i it 7 1 , et, cette même année, Charles IX
écrivait au cardinal de Rambouillet : «Je vous dirav que
«je receuz vostre depesclie du xvii" du mois d'aoust, par
«où j'ay bien cogneu la vil'vc instance que vous faictes
«pour la délivrance du comte de Gavazze, mais je \i.\ en
«ceulx à qui vous avez affaire uni' si molle et froide vo-
c Imité qu'il fault que je vous die que je me commence à
classer de tant prier et importuner. n (Bilil. nal. tonds
français, n° 3899, f° 393.)
2 Sans doute l'abbé de Rreuil , s' de lioistaillé.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
205
vous aye disl (oui cet que je l'ai ]>ryé, el qui
vous touchoyl, come ausi je ne veulx failir
de vous avertir; et vous prie le tenir segret
que l'embasadeur d'Espagne ysi résident lia
dist à quelque personne que le Roy son mestre
avoyt envoyé quérir le sieur Chapin Vilelle1
pour le vous envoyer, et vous fayre entendre
que sa volante ayst d'avoyr Siene2 pour Don
Jean d'Austria3, el pour vous persuader à ne
le dédire, ni vous y auposer, et vous promelre
beaucoup de belles chauses en le faysant, et
ne le faysant, beaucoup de mal. Quelque foys
cel embasadeur ha acoteumé de mentir, mes
yl m'a semblé que ne conresponderès à l'ami-
lit-' que vous veulx porter, cet ne vous en neuse
averti, cornent je foys et ency que je ferais.
J'é reseu par le segreteyre de vostre embasa-
deur les deus lelres pour le Roy mon fds, et
pour moy, à laquele je vous foys, par la pré-
sanle. réponse; mes Je Roy mon fils n'a peu
vovr la siène, pour s'être un peu blesé à la teste
en courant le serf, mes d'eultent que c'et peu
de chause, j'espère, dan deus ou troys jours,
qu'il vous en fayré réponse, et conestré qu'il
est prinse qui désire le bien el conservation
de la crétienté, aultenl qui quelqu'aultre
prinse puisse fayre. Je vous prie que ne sove
aléguée à l'avertisemenl que vous donne; car
1 Chapin Vitelli. Brantôme lui a consacré un article.
- Voy. Brantôme, édit. Je L. Lalanne, t. 11, p. 187.
L> Dès le 1" mai, Throrkmorlon, dans une lettre à
Cecil , le prévenait d'un dissentiment survenu entre l'Es-
pagne et le duc de Florence, au sujet de Sienne. (Raleii-
dar of State paner» (1ÔG1), p. q3.)
:l Don Juan, lils naturel de Charles-Quint, né à Ratis-
bonne en îfi'ili, mort près de Namur en 1 078 , d'une
lièvre pernicieuse. (Voy. Brantôme, édit. L. Lalanne,
t. II, p. 108.) — Dans une dépêche de Marsilio, du
1" août i56i, il est dit que Don Juan d'Autriche aura
le gouvernement de Sienne. (Kalendar of State papers,
(i56i), p. 219.) Catherine avait pensé au roi do Na-
varre pour Sienne, ainsi que nous l'avons vu dans une
lettre précédente; elle jouait donc un double jeu.
l'amitié que je vous porte, et envie que j'é de
la conservation de vostre grandeur, me le faysl
fayre, et je priré Dieu qu'i vous asiate, et
mayntiegne comme le désirés.
De la forest de Lion (Lions), cel vin'" iour
de jouin 1 56 1 .
Vostre bonne cousine,
Caterine,
15G1. — i4 juin.
Copie. Bibl. nat. manuscrit français, n° 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Monsieur Coignel, j'ay faicl veoir au con-
seil du Roy monsieur mon lilz le mémoire que
m'avez envoyé pour la traicle du sel de Pec-
quaiz que demandent les Suysses. Et s'i estant
trouvé le général de la charge, lequel il a esté
bien raisonnable d'oyr là dessus, il a esté
advisé qu'on luy remeclroyt tout ce négoce
entre mains pour s'enquérir el informer du
proffil ou domaige que le Roy monsieur mon
lilz i'l ses subjectz pourront avoir en accordant
ladicte traicte; et que. avant que luy avoir
donné temps et loysir de faire ladicte enqueste ,
et de nous en donner advis, l'on ne se haste-
roil point d'en riens ordonner: qui es! cause
que je ne vous puys encores mander quelle
sera la résolution, en laquelle touteffoys je
prandray à grand plaisir de pouvoir faire gra-
tiffier lesdicts sieurs des Ligues, pourveu que
ce ne soyt avec évident domaige pour nous,
et que l'on puisse establir tel ordre au faicl
de ladicte traicte que ceuh qu'il/, y employront
et ausqueiz ils en donneront la charge n'en
puissent abuzer. Vous voulant bien dire là
dessus que l'on eust bien désiré que lesdicts
sieurs des Ligues se l'eussent contantez que les
subjectz du Ro\ moud ici sieur el filz leur
eussent faicl amener et délivrer ledicl sel en
quelque lieu proche d'eulx à pris raisonnable,
dont ilz eussenl convenu ensemble; pour ce
2<H
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS,
que 1 on considère que l'on garderoil beaucoup I
myeulx nos diets subjectz d'abuser de ladicte
traicte que l'on ne pourra faire les mai-chaos !
Suysses qui ne sont noz justiciables, et qui,
corne nous sçavez ont de bonne coustume de
tirer toutes choses, eneores qu'elles leur soyeut
accordées de grâce , en bien estroicte et expresse
obligation. Si en attendant que ledicl général
s'informera de ce qui luy a esté commis en
cest affaire, vous pensez que lesdicts sieurs
dos Ligues soyenl pour se laisser conduire à ce
second parly, ou bien que vous les y puissiez
persuader; advertissez nous en au plustostque
vous pourrez, pour nous en servir en la réso-
lution que nous avons à prandre au faicl de
cesle traicte; j'attenderay à \eoir el arrester
lestai que m'avez dernièrement envoyé poul-
ies pensions desdicts sieurs des Ligues jusques
à voslre arrivée. Pour ce que je seray bien ayse
de vous oyr sur les relrauchemens dont m'avez
escript, el de sçavoir s'il s'y pourra point en-
cores espargner quelque, chose davantage, où
vous ayez crainte de mectre la main. Cependant
je \ous reuvoye voslre secrétaire pour le be-
soing que vous pourrez avoir de luy sur le faict
de voz payemens, et vous ad vise que j'ay receu
voz lettres des premier et VIe de ce moys, par
lesquelles j'ay veu comme les choses sont pas-
sées au faicl de mon frère le dur dr Savoye, où
jusques ic\ . ainsy que j'entends, il a faicl beau-
coup de despences avec peu d'advancemenl
et d'utilité. Le principal est qu'il cognoisse
comme vous y estes employé de bon pié. el
qu il ne tient à nous qu'il n'en reeoipve le con-
tentement qu'il désire etque vous n'y ayez faict
voslre plain debvoir. Pryant Dieu, monsieur
Coignet, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Sainct-Germain-des-Prez-lez-l'aris,
le iiin° joui dejuing 1 56 1 .
Caterine.
Jîoirdin.
15(51.
juin.
Orig. Bibl. nal. Cincj cents Colberl, n° 3go , f° 53 et sui*.
Imprimé dans les Additions
aux Mémoires de Caslehiwr . par Le Laboureur, t. I. p.779etsui\.
A MONSIEUR DE RENNES,
Ct^SEILLER, He DBS REQUESTES DE L'nOSTEL DU BOÏ MON F1LZ
ET SOS AMBASSADEUR PRrS L'EMPEPEOT..
Monsr de Renés, ayant receu la lettre que
m'avez escripte du vingt-septiesme du passé,
el entendu par icelle l'advis que vous me don-
nez de l'opinion qui est parnrv plusieurs de la
court de l'Empereur que nous ne sommes pas
pour joyr longuement du bien de la paix,
d'aullant que le roy d'Espaigne a envie de re-
muer mesnaige, j'ay conféré cest advertisse-
menl avecques celluy de voslre leclre du
treziesme, et me semble que tel bruict doit
procéder plus lost de la mauvaise vohinté que
vous porte l'ambassadeur du dict roy d'Es-
paigne résident par delà, qui a voullu conti-
nuer en ces premiers propoz men trônez en
voslre dicte leclre du xnf, que d'intelligence
qu'il ayt de Pintencion de son dict maistre,
envers lequel nous n'avons jamais laid , comme
aussy n'avons nous receu de luy que tous
offices honnestes el amiables , et telz que princes
doivent exercer les ungs envers les autres pour
la conservation de leur mutuelle amitié et fra-
lernilé. Toutcffoys, et pour ne négliger chose
de si grande importance, j'ay bien voullu, en
actendant ce que vous m'en ferez plus ample-
ment sçavoir par vostre première dépesche,
vous envoyer ce petit mot de leclre, pour vous
prier que vous mectez toute la peine et dilli-
gence qui vous sera possible et employez tout
ce que vous pouvez avoyr de moyens et intel-
ligences pour descouvrir d'où vient el procède
telle opinion et qui c'est qui en a donné la
cause et occasion, el je faietz envoyer à l'évesque
de Limoges ung double fie l'article de vostre
dicte lettre, affin que de sa part il observe plus
LETTRES DE CATHERINE DE MEDK'.ls.
207
soigneusement que jamais les actions de ceulx
auprès desquelz il réside; et comme il a lous-
jours esté Tort véritablement et fideHenrenl
adverlv, il n'oublie riens qui se doive faire pour
sçavoir si l'on a envie de rompre avec nous
el en tirer de toul ce qu'il pourra de lumière
el esclaircissement, donl il ne fauldra de m'ad-
vertir incontinent.
J'ay considéré les propoz que l'Empereur
vous a tenuz sur l'advertissement qu'il a eu
que non-, voullions faire un;; concilie national
en France, el loue ce que vous luy en ave/.
respondu fort saigement, car s'il failli venir à
la comparaison des offices que les princes
chrestiens onl l'aietz pour procurer et avancer
le concilie général , l'on ne peult nyer que nous
n'ayons esté les premiers à en faire l'ouverture
et la poursuicte, et que ordinairement nous
n'ayons esté quasi seulz a en procurer el taire
poursuivie l' exécution, où des aullres ne se
son! jamais veues que remises, comme encores
elles se continuent, au grand trouble, préju-
dice et doumaige de toute la clireslienté, et
allin. monsieur de Renés, que vous voyez soubz
quelle occasion l'on mande les prélatz de ce
royaulme pour se trouver en ceste ville au
\x'"" du moys prochain, el si c'est pour faire
chose pour laquelle la célébration du dit con-
cilie général puisse estie rompue, je vous en-
voyé le double de la lectre qui en a esté expé-
diée et envoyée à tous les ditz prélatz, pour
la faire veoir au dict Empereur, si vous pensez
qu'il oyl besoing; qui esl ce que j'a\ à
vous dire par ceste petite dépescbe, el l'endroict
où je voys prier Dieu, monsieur de Renés,
qu'il vous avt en sa saincle garde. Escript à
S'-Oeimaiu-des-Prez lez-Paris, le wn" jour de
juin;; 1 56-1 .
Catebine.
Bourdin.
1561. — 80 juin.
Copie. Bibl. 'lu 1 fre, B ia53, registr-s .lu Pfcrtement,
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COUKT DK PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, ['envoyé par devers vous le sei-
gneur île Vilaine1, conseiller du Roy monsieui
mon lilz et secrétaire d'estat de ses iinauces,
pour vous dire aucunes choses de ma pari con-
cernant le faict de la transaction faicte avec
mon cousin le duc de Montpensier- touchanl la
succession de la maison de Bourbon, et ce qui
est encores en dilférends là-dessus entre luy el
les gens du Roy mondict seigneur et lilz. donl
je vous prie le croire, el luyadjouter la mesure
foy que feriez à moy-mesme qui prie Dieu,
messieurs, vous avoir en sa 1res sainote <•!
digne garde. Escript à Saint- Germain -des-
Prez, faubourg de Paris, le xx" jour de juin
1S61.
Gatebine.
robertet.
.1561. — a6 juin.
Copie, liibl. nul. tonds Brienne. n° ao5, 1' ^70.
A MESSIEl RS LES GENS
TENANS LA COURT DU PARLEMENT DE PARIS
H a esté jugé que vous avez fort prudemment
faict, à la nécessité du temps où nous sommes
1 Bouillir).
1 Cette transaction, intervenue entre le duc de Mont-
pensier et François 11, est datée d'Orléans, le v-j no-
vembre i."i6o; elle a été imprimée en entier dans la !..
de Louis de Bourbon, iluc de Montpenrier, par Nicolai
Coustureau (Rouen, Jacques Gailloaé, 1693). — Il
s'agissait de la succession d'Anne de France et de Charles
de Bourbon. En vertu de cette Iransaction, le duclie de
Montpensier, délaissé |iar François I", par lettres pa-
tentes d'août i538, à Louise de Bourbon, tutrice d<
son fils, et depuis érigé en pairie sous le nom de Mont-
pensier, demeurait audit duc de Montpensier, el , en
208
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
d'avoir faicl doucement .surseoir et temporiser
à l'exécution du décret de prise de corps contre
les doux prédicants dénommés en iceluy et
vous ferez service de procéder en telles choses
le plus doucement qu'il vous sera possible. A
S'-Germain-des-Près, xxvi° juin i56i.
156i . — 29 juin.
Copie. Bibl. nat. collert. de D. Housseau , A io. pièce n" k'i-iU.
A MONSIEUR LE COMTE DU LUDE1.
Monsieur du Ludde, le Roy monsieur mon
filz vous escript - l'ad\is qu'il a des émotions
qui adviennent journellement à Poictiers et ez
environs pour le faict de la relligion.où il est
requis et nécessaire pour le bien de son service
que vous rendiez le plus tost que vous pour-
rez, ailin que pour le lieu que vous tenez,
estant sur les lieulx, vous advisiez d'y donner
l'ordre et provision qu'il sera de besoing. Je
m'asseure que pour la fidellité que vous por-
tez au service du Roy mondict filz et pour la
nécessité et importance dont vous congnoissez
estre telles choses, vous y employerez, de fa-
çon qu'ii ne tiendra pas à vous que le tout
n'aille à nostre contentement et satisfaction,
dont je vous prye, comme je faietz Noslré-
oulre, François H, pour supplément des successions de
Hourbon et Montpensier et d'Anne de France, lui délais-
sai! la terre et seigneurie de Beaujolais et le pays de
Dombes. Ce ne fut qu'en i56i que cette transaction fut
définitivement homologuée par le Parlement. — Voy. à
ce sujet la lettre de Charles IX du a5 février 1 56i (Bihi.
nat. Parlement, n" 82. f° 71); Remontrances du Parle-
ment sur quelques points de cette transaction (ibid.
f° 282 ) ; Enregistrement de cette transaction , en date du
"..rj juin i56i (ibtd. f° 296).
' Guy de Daillon, comte du Lude, gouverneur du
Poitou, mort le 1 1 juillet i585. — Voy. son éloge, dans
les Additions aux Mémoires de Caslelnau, par Le Labou-
reur, I. II, p. 698.
' Voy. Lettre de Charles IX (même volume, pièce 432).
Seigneur, vous avoir, monsieur du Ludde, en
sa saincte et digue garde. De S'-Germain-des-
Prés-lez-Paris, ce 29' jour de juing i56i.
Caterine.
robertet.
i56i.
ao juin.
Ong. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 390 , p. 09 et suiv.
Imprimé dans les Additions aux Mémoires de Caslelnau,
par Le Laboureur, t. I , p. 780 et suiv.
A MONSIEUR DE RENNES,
M* DES REQUÊTES DE L'HOSTEL DU BOÏ MONSIEUR MO» FILZ
ET SON AMBASSADEUR PRÈS L'EMPEREUR.
Monsieur de Renés, encores que je n'aye
poinct creu, comme je vous ay escript par ma
dernière le bruict que l'on faisoyt courir au
lieu où vous estes que nous ne serions pour
joyr longuement du bien de la paix, el que le
Roy catbolicque des Espaignes estoit sur le
poinct de ne laisser perdre l'avantaige que le
temps luyprésentoyt sur nous, si ay-je esté bien
ayse de m'eslre veue confirmée en mon opi-
nion et en l'asseurance que j'ay tousjours eue
de l'amitié du dicl Roy d'Espagne parla lellre
que j'ay receue de vous du 111e de ce movs,
et mesmes que le Roy de Bohesme ayt esté
celluy qui vous en a tenu les propos contenus
envoslre dicte lettre, esquelz comme en toutes
aultres choses qui regardent les affaires du
Roy monsieur mon filz .je le voy procéder si sin-
cèrement et avec une si ouverte démonstration
de la bonne affection qu'il luy porte, que je
m'en sens bien fort tenue à luy et désire que
vous l'en mereyez de ma part bien affectueuse-
ment et l'asseurez qu'il trouvera tousjours par
effect en la personne du Roy mon dict sieur
et filz et en la mienne pareille correspondance
d'amitié en toutes choses qui le concerneront.
Je ne vous fera y poinct de responce quant
aux deux premiers poinetz contenuz en la lettre
qu'il vous envoya communicquer du lieu où il
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
20!)
se baignovt. pour ce que je ne trouve grand
fondement en I élection de ce nouveau Roy des
Romains I, qui est le premier article, encores
que j'en eusse jà entendu quelque vent d'ail-
leurs; niais ce n'esl pas d'endroict qui me soyt
fort recommandable et que je tienne digne de
grande foy, aultrement je n'eusse oublyéà vous
en donner advis. ÎVous verrons ce (pie le temps
nous en apr Ira davantaige et pareillement
du mariaige du duc de Ferrare2, duquel, s'il
s'en traicte quelque chose, vous aurez bon
moyen de vous en eclercir et de nous en ad-
vertir ordinairement. Ce qui me poyse est le
dernier article de la dicte lettre, car plus nous
allons avant, plus il se descouvre que l'on ne
procède au faict du concilie général que par
mines et apparence et avec infinies longueurs
et desguisements, et qui soyt vray puisque,
oultre les aultres argumensque nous en avons,
l'on veoyt que le Pape est le premier qui faict
escripre à l'Empereur pour retarder le parle-
ment de son ambassadeur et par conséquent
l'advancement du dict concilie. Je ne sçay ce
que l'on dovbt espérer du demeurant, vous
voulant bien advertir sur ce propos que si tost
que le roy d'Espaigae a sceu que j'avoys faict
mander les prélatz de ce royaulme pour con-
venir et s'assembler en ceste ville au xxc de ce
moys prochain, ainsi que vous avez veu par
l'advis que je vous en ay donné et la coppie
du mandement que je vous en ay faicte en-
voyer, luy qui avoit tousjours pardevant dict
ne pouvoir accepter la bulle de l'indiction du
concilie, sinon qu'il la vist premièrement re-
tournée en continuation de celluy de Trente,
a déclairé soudainement qu'il l'acceptoit, et
m'a faict advertir par son ambassadeur rési-
dent par deçà qu'il avoit mandé les prélat/.
1 C'est le roi de Danemark qui y prétendait.
' Il épousa Barbe d'Autriche, fille de l'Empereur.
Catherine de Médicis. — i.
qui feroil partir si promptemenl pour se trou-
ver au dict concilie qu'ilz seroient au lieu de
Trente pour ce moys d'aoust prochain; et co-
gnoissant que c'estoit ung arlifliee pour rompre
l'assemblée dos nostres, je luv, ay respondu
que je louoys Dieu de la dicte dépesebe e1 de
ce qu'elle se trouvoit accordante avec la nostre,
d'aultanl que doz prélatz se trouveans en ceste
ville le \\" du dict mois prochain seroient
prestz d'aultanl plus tost pour s'acheminer au
dict Trente et s'y rendre en mesme temps que
les siens. Je ne vous diray poincl les aultres
brigues et menées qui sont faictes et continuées
tous les jours pour empescher nostre dicte
assemblée; mais je vous veulx bien envoyer le
double d'une lettre que m'a escriple l'Empe-
reur, qui m'a eslé présentée par les mains du
dict ambassadeur du Roy catbolicqùe et dont,
comme j'estime, le mémoire luy a esté envoyé
d'icy. Et pource que je seroys bien ayse de
sçavoir la vérité, s'il y a moyen de la descou-
vrir, je vous prye que vous y faictes toul le pos-
sible et m'en donerez advis incontinant. Vous
trouverez avec ceste dépesebe la coppie de la
responce que je luy faietz là dessus suivant
laquelle je désire que vous l'asseurez que je ne
feray ne consentiray jamais qu'il se face chose
en ce royaulme qui soyt pour changer la re-
ligion, mais quejeseray bien ayse quant, par
l'advis de tant de notables prélatz, l'on y verra
une telle correction de meurs el refformation
de ce qui s'y trouve dépravé, qu'elle sera ré-
duicte en sa pureté, et toutes bérésies répu-
gnées l'on aura ramené les brebis esgarées en
bergerie et obéissance de l'Église, qui est chose
si nécessaire et recommendable que quant il
n'y auroyt aultre respect que de l'honneur de
Dieu, qui ainsi le nous commande, je ne pense
pas qu'il se trouve prince en ce monde qui
ne l'embrasse de sa part de toute son affection.
Quant aux adviz qu'il vous a baillez que l'on
27
210
LETTRES DE G AT H
lui a affirmé avoir esté" envoyez en France, je
ne sçay ce qui en est, mais je vous diray bien
que je ue les avoys jamais veuz, et quant ilz
m'eussent eslé présentez, j'ay trop d'asseurance
et de confirmation de son amitié et si faictz
trop d'estime de sa vertu et intégrité, et de
tant de grans princes, que les dictz advis taxent
pour avoir creu légièremenl une chose qui est
si esloignée de vérité et que porte avec soy le
tesmoignaige de la malice, témérité et impu-
dence de son aucteur que d'elle mesme elle se
dément et destruicl ; et pour ce , vous le requer-
rez de ma part tru'il ne pense poincl que je
soys si légière el facile à persuader que j'ad-
jousle jamais l'oy à chose qui me lace doubler de
l'affectionnée bonne volunté qu'il a à la con-
servation de la paix el trancquilité publicques
et qu'il porle au Roy monsieur mon lilz el à
moj en particulier.
Priant Dieu, monsieur de lieues, qu'il vous
ayl en sa saincle garde.
Escript à Saint-Germain-des-Prez-les-Paris,
le dernier jour de juing iô(ii .
1 1 UTERINE.
RODRDIN.
ERINE DE MEDICIS.
maine, laquelle il prétend n'estre subjecte à
ladicte réunyon pour les causes et raisons que
l'on fera entendre de sa part, je vous ay bien
voulu, à sa requeste, escripre la présente et
prier de luy faire sur cela plus prompte et
briefve expédition de justice que faire ce pour-
ra; ce que je recevray à plaisir liés agréable,
priant le Créateur, messieurs, qu'il vous ail en
I sa sainte el digne garde. Escript à Sainl-Ger-
main-des-Prez-lez-Paris, ce un' jour de juil-
let i56i.
Catehine.
Fizes.
1561. — 'i juillet.
Irig, Bibl. nat. fonds Moreau , tus. 83-j , f° iâ5.
\ MESSIEURS DE LA COURT
DU PARLEMENT DE DIJON.
Messieurs, ayanl entendu de mon cousin,
monsieur le mareschal de Saint André1, qu'il
envoyé présentemenl devers vous pour pour-
suivre la main levée de la terre de Saing-Seigne-
sui'-Vigene2 qui a esté saisie à la requeste du
procureur du Roy monsieur mon lilz, en vertu
de l'ecdit de ta réunyon généraile de son do-
1 Jacques d'Albon , cité plus haut.
' Saint-Seine-sur-\ ingeanne (Côte-d'Or), arrondisse-
i ienl de Dijon, canton de Fontaine-Française.
I ô(il . — ."> juillet.
M in il t*-. Hilil. nat. fonds français, n° i5S7.">, I" 17.
A MONSIEUR NICOT1.
Monsieur Nicot, puisque, au lieu où \ous
estes2, l'on faict si peu de cas du lieu que vous
1 Jean Nicot déjà cité, p. 112. — La Bibliothèque impé-
riale de Saint-Pétersbourg possède quelques lettres de lui,
! écrites durant son ambassade à Lisbonne. J'y ai noté
plusieurs particularités dignes d'être mentionnées : le 1 2
novembre i55o, il adressait de Portugal 1,200 pieds
de marbre au cardinal de Lorraine pour son château de
Meudon. Le 27 avril t56o, il expédiait à Nantes des oran-
gers, des citronniers, des figuiers pour Catherine de
Médicis et une certaine berbe merveilleuse, pour la guéV
rison des fistules. — Voy. Lettre de Nicot datée de Lis-
bonne le 29 décembre i5Co (Cinq cents Colbert, n° 27,
1" a53)i Lettre de Charles IX à Nicot (même vol. f° 18).
2 Nicot écrivait à Charles IX, le 5 mai i56i : «De-
itpuis cesl accident du Brésil, la Reine régente elle
«s'est turnéeau rebours, et est réduite la négociation de
■■ma charge à la perplexité et difficulté en quoy la
«trouvay à mon arrivée en ce pays, ayant recommence''
■■ses officiers à l'aire à vos subjects et à mes serviteurs
«traitement pire que jamais, duquel changement je ne
«sçay quelle peut avoir esté la cause, si n'est aucune
-procédant de son ambassadeur, estant bien adverty que
«je vous ay très fort exaspéré sur le fait des Portugois
k touchant le thasteau de Villegaignon. Je me suis sou-
8 vent aperceu par les- propos de la lîoyne que le dicl
«ambassadeur se mesle trop de lui escrire de l'estal de
LETTRES DE GATHE-RINE DE MÉD1CIS.
211
tenez, comme më le mandez, je ne suis pas
d'adviz que vous \ demeuriez, ne d'j envoyer
d'au] Ire; el pour ce, vous en venez . comme le
llo\ monsieur mon (il/, le vous mande, et ad-
visèz de nous revenir trouver le mieux ins-
truicl que vous pourez de toutes choses de
par delà el ensemble de ce qu'ilz sonl délibérés
Faire du forl de Villegagnon1. J'aj faicl bailler
de l'argent à vostre secrétaire, pour s'en re-
tourner devers vous et l'ay faict payer de ce
qui nous est deu de vostre estât, qui est le
mieulx qu'en ceste saison nous sçaurions faire
pour vous; à quoy il fauldra pour àcesl theure
que vous accommodiez, en actendenl qu'il se
présente quelque bonne occasion de vous
mieulx traicler.
•Priant Dieu, monsieur Nicot, vous avoir en
sa saincte él digne garde.
De S'-Germain-des-Prés-lès-Paris, le jour
de 1 56 1 .
dos.) La liovne à monsieur Nicot, du
\r jour (!<■ juillet 1 56 1 .
1561. — 8 juillet.
Minute. Bibl ont. fonds français, n° 3ioî. f1 n iNom. acquisil.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, j'ay entendu par Mi-
chel Aubery, mareschal des logis de ma tante,
madame de Ferrare , comme ung navire Fran-
çois appelé la Garde qui partit de la Rochelle
-vos affaires de delà touchant la religion, ce qui faict
ivent sentir des rudesses grandes et inopinées à vos
fsubjeetz venans et residans en ce pais, otdtre la grande
-diffamation en quoy nostre royaume est par de çà. Je
-^ih> au milieu d'un peuple animé contre les François,
-violent et furieux, sans chef, ne gouvernement."" ( R i 1 > I .
nat. fonds franc, n" 3iga,-f" ()'■>: Papieri d'Etat il"
cardinales Granvelk, t. Mil, p. i a3. )
1 Nicolas de Villegaignon, de la maison de Durand, né en
lâio à Provins (Brie), mort à Beauvais le g janvier
i5^i; il élait parti du Havre en 1 555 pour fonder une
au moys de may mil cinq cens soixante, qui
esloil conduicl par lecappitaine Boileau, a esté
prins el arresté à Feret, près Callongne en
Ëspaighe, eu retournant du cap île Vèrl el
Benyn chargé de marchandises, par aulcuns
Espaignolz subjeetz du Roy cathoiicque mon-
sieur mon beau lilz, ainsv que plus amplement
vous sera donné à entendre par le ieur \u-
berj qui s'en va par delà poursuivre la resti-
tution du die! navire el marchandises, duquel
navire le s' Auberj a la moiclié eu tout el
l'aullre appartient au cappitaine Mesmyn qui
esl de la Rochelle el à ses bourgeois, comme
il appert ainsi qu'il m'a dicl par leur charte.
\ ceste cause je vous ay bien votillu vous
escripre la présente en faveur du dicl aubery,
à ce que vous en parlez au dicl Roy catho-
iicque, le prianl de ma part leur l'aire faire
restitution d'icelluj navire et des marchandises
v estans et pour cesl effect commander qu'il
leur soit faicl la plus prompte expédition de
justice que faire ce pourra, et le faisant vous
ferez chose qui me sera très agréable , priant le
Créateur, monsieur de Lymoges, qu'il vous
ail en sa saincte garde.
Escripl à S'-Germain-des-Préz-les-Paris. le
v uie jour de juillet 1 56 1 .
Caterine.
Fues.
1561. — y juillet.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 10875, f° 3u.
A MONSIEUR DE BURYE.
Monsr de Rurye1, nous avons si souvent des
colonie au Brésil , avec l'aide de Coligny. — Voy. la France
protestante, I. 1\. p. 488-ùao; Brunet, Manuel du
libraire, 1. V, col. 1 935-1 287; Théodore de Bèze, His-
toire ecclésiastique, édit. de Lille, i84i-i84a, t. 1°',
liv. 11, p. 100, 102; Jean de Lery, Histoire d'un voyage
fait ni la tenc du Brésil, 1 5gA , in-8°; de Thotl, Histoire
universelle, livre xvi, année i555.
1 Charles de Coucy, sieur de Burie, cilé plus haut.—
27.
21-2
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
alarmes si semblables que il esl plus que m:-
'.>,.;iiiv d'en faire instruyre el ne permectre
i|u'il/. passent plus avant. El pour ce nous avons
i;. vous estanl occuppé à Lestoure '. d'en-
■ j \ ■ ■ è monsieur de Moulue qui nV-i loi ng delà
! I -, rnllr- ci Serignac3, afïîn que, s'il esl pos-
sible, il face bien chastier les autheurs de telles
foilves. S'il avoil besoins d'estre renforcé, je
prie vous y en aller avecques tout ce que
pourrez, de façon que le Roy monsieur
■ (ilz s iv I obe'j el que nous puissions voyr
inimité d'une lettre de Charles 1\ à M. de Burie,
juillet lôtïi (Bibl. nat. fonds franc. n° 15870,
Lettre do Charles l\ à Monluc (même volume,
'Iti'i' de Burie à Charles IX même volume, f°o,3).
Lecloure. — Dans une lettre écrite de Bordeaux i
■ <!u 1 -ï juillet, nous voyons que la * eue
été faite publique il el en armes à Lectoure, le
er dimanche de juinel le premier dimanche de juillet,
nat. fonds français, n° 1 Û87J . f° 17-) — Voy. le
0 re intitule : -Ce qu'il senibl à M. de Burve dé-
ni Roi pour le voiagi qu'il plaisl à Sa Majesté
face ; Lestoure" 1 ibid. I 21 1; L illre de 1 harles IN
: \\ il Burie -de se rendre à Lestoure pour faire
1 1 \ qi I outra; saii envoyés par
du ['ai lement il" Toulouse-' 1 ibid. f° 2 7
1 Lot-et-l laronne.
Soi ignac Lot-et-Garonne), arrondissement d'Agen,
'. de '.i Plume. — Burie avait écrit à Charles l\ de
. ,le 9 juillel précédent , que les protestants avaienl
é l'i glise de l.yrolles el tué I" rei leur
itanl .1 Serignac el à Rraz I Bras .
■ lui qui sonnait 1rs cloches, et, en
1 ni sa lettre, il avait ajo il" . • (Test 1 qui m faii !
s il/ sont abandonnez il" Dieu cl qu'ilz n'ont
linj que 'i un° bon 1 hnslienionl . qui se fera quand
■ Majesté le ' ommander à bon cscyenl
.1 Igen pour m'amenei ic\ lesnbstitud du
1 .il "i un;; huissier 1!" la courl de Parle-
1 iTbo ! msi qui sont détenuz au dii ! Igen , el qui
1 il e ilé p ins .1 Li cloure ; mais je 1 loubte que
j pas si bon crédil envers cculx qni lesdétien-
qu'ilz me les veulenl envoier.n (Bibl. nat. fonds
16875, f' \ oy. instructionsde Charles I \
i cars allant à Bordeaux à l'oi 1 asion des troubles
■ 1". nal fonds français, n° 1 >,-:,. | E
enfin en nostre vie quelc'un de ces malheureux
pugniz comme il mérite : en quov je m asseui e
que vous employerez, comme vous sçavez très-
bien juger qu'il esl de besoing pour le bien du
service du li<>\ mon li!s, vous priant croire
ce que le cappitaine Ame1, présent porteur,
vous dira de ma pari, e) je prye Dieu, mons'
de Burye, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De S'-Germain-des-Prés-lez-Paris, ce. ...jour
de juillel 1 ôii 1 .
(Au tins.) Du ix1- jour de juillet 1 56 1 .
1561. — i'i juillet.
Aui. Arcli. nal. eollecl. Simancas, k ii.)0 n a6.
A M" MOIS FILS LE l'.Or, CATOLYQLE.
Monsieur mon lils. le Ro\ mon iils voyenl
1 II étail guidon de la compagnie du roi il" Navarre,
"I voici les instructions qui lui furcnl données : ■• Vyant
■ esté le Ro\ advertj par M. de Burie , son lieutenant gé-
snéral en Guyenne en I absence du roj de Navarre, i!"s
«excez advenus à Lyrolles, Serignac "I Braz , ou 1rs églises
-ont esté ruvnées el abbatues par aucuns séditieux el
"avecques la mort de quelques ungs, Sa Majeslé . pour ne
-laisser ung l"l acte impugny en ceste saison où il semble
•■que plusieurs abusent 'I" la doulceiir et cl imence donl
[telle a uîé depuis son avènement à la couronne , ont
-peins une licence si affreuse qu'elle ne promecl rien
nmoings qu'une subversion "m toutes choses, si "II" estoyl
-plus longuement lollérée, a advisé d'envoyer présente-
-ment I" cappitayne Arne devers le s' de Burye el pour lui
-l'aire entendre, comme ayanl tous les jours semhli
•■ nouvelles d'une infinité il" lieux de la Guyenne el uian-
-il.int sur cela continuellemenl an s' il" Burye tantosl en
t ung lieu, tanloslen ungaultre pour les 1 hastiei "I 1 n faire
ries pugnitions 1 Iles qu'elles puissent servir d'exemple
- pi m r les autres, "II" n'a pi" m encores entendu 411" il"
p telles eliose> "n aucun lieu ayenteslé chastiéès, chose
-qui lui il" |il,n -1 lu l'un nt, d'au lia ni qu'il se voit par >'\-
-pi'iieiire qu'il "II" impugnité est cause de l'audace que
- les autres prennent.» (Bibl. nal. f. français, 11° 10875 1
f 3.) _ Lettre de Charles IN à Monlur. ( Ibid. n
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
213
la fason rompnt le roy de Navarre s'el governé
à mon endroyl pour son servise et pour le re-
pos et Iranquililé de son roaume el desessou-
gèsaysl lieule qui l'aublige tenl à luj monstrer
comenl \1 ayme el a agre'able sa fason de vivre
que oe lu\ a voleu dényer d'envoyer le sr d'O-
sanse1 pour asisteraveques l'éveque <l' \u\ere2
en la requeste qui vous fayré de sa part, pour
ausi mois suplyer de la siene de voulouyr
avoyr ayguard et volouyr luy fayre conestre
que ses recommaadatyons aunl quelque pui-
san-e en vostre endroyt, corne je m'aseure que
\ veoll i|uelé voslres ayenl au sien; el pour se.
monsieur mon fils, que je conès ton le jour
daventage l'amytié qu'il vous plest me porter
particôulyèrement, corne seluy qui resant 1 a-
mour (pie je luy porte rome à mon propre
enfant , et que je voy cornent A ostre Majesté dé-
sire me voyr en repos et contyneuer au lyeu
que je tyens et en la conservatyon de la rely-
gion en set royaume, et que je conouys ser-
tavnement queryen plulx m'y peulf conserver
en touttes ses deus chouses que la contyneua-
lyon de l'amytyé que me porte le roy 'le Na-
1 Jacques de Monlberon, sieur d'Ausance. — Voy.
Généai fi de la maison de Montberon dans le tome \ II du
1'. Anselme, p. 16 et suiv. — Voy. Leltrede Charles l\ à
M. de Limoges, à l'occasion de la mission de M. d'Ausance.
Bibl. nat. fonds franc, n" 16876, t il. Nous y lisons:
•■Je ni doute point que vous n'ayez à combattre îles per-
ssonni s qui ont les oreilles bien sourdes depuis qu'il est
-question de faire raison à quelc'un et qui es choses où
-il va de leur vie sont pas fort fironi|ils à répondre,! el il
ajoute: -Au demeurant, je ne \cul\ point qu'on sème ces
■ l;.uk liruits par delà touchant le faicl de la religion et
r qu'on ne nous lace plus mallades que nous sommes, el
- pour cesle occasion il m'a semblé qu'il serait fort à pro-
•<po- que le s' il' Vusances feis! entendre au Roj mon frère
-les termes en quoy nous en sommes. 1 1 lhitl.,(" ia.) —
Voy. Lettre autographe de Charles IX à Philippe 11 (Arch.
nat. collect. Simancas, K i'iqG, n° îi): Lettre de Ca
therine à sa fille la reine d'Espagne dans les Sègoi laitons
sout Frunçoi* II, p. 85 1 et 85i.
: Philippe II de Lenoncourl.
varre, je prins l'hardièse de conseller au Roy
mon ilisl lils de vous envoyer sel jeanlilhoninie
de sa chambre el mois ayscriprele plulx afayc-
lionémenl que j'é peu luv fayre fayre, afin
que parsela. si vous playsl fayre quelque
chouse pour le dyst roy de Navarre, qui
conèse que, en faysant pour son servise el
pour moy en particoulyer cornent y fayst, que
non soulemenlluy le veoll reconestre, mes que
Vostre Majesté, pour la parentelle qui aysl
entre nous et l'amytyé ynséparable, luy volés
ausi fayre conestre comenl luy an navés d'ou-
blygatyon el come aystimés le servise que l'on
faysl au Roy vostre frère, et len plulx quant
s'el pour conserver nostre saynte relygion,que
en volés oublyer set que vous pouret ynporler
à vostre partycoulyer pour heun si grenl byen
pour toute la erétyenté; car, monsieur mon
filz, je prendre l'ardyèse de vous en parler,
comme je fayrès à mon propre fils, qui aysl
que, voyent le roy de Navarre qu'il a perdeu
son royaume sans ayspéranse de plulx le ra-
\ovr, aie au moynsheune réconpanse.je crayn-
dré byen fort que je ne pense plulx l'anter-
tenyr en scie bonne volonté ver noslre relygion
et qui pensai, se monslrent de l'aultre. avoyr
plulx de moyen, voyent que yl y an ny a lent
en set royaume qui ne se conlyenet que pour son
comendement; car Vostre Majesté sel que,
aytent perdeu sel royaume, loutte la erétyenté
serel byen aybranlaye, que j'émerès myeuls
mourir que nous voir venir à sela et ausi. si
vous plest luy fayre quelque byen. y s an san-
tyret lenl teneu à moy, pansant que m'arié fayl
set houneur que par mon moyen l'avié voleu
satisfayre en quelque chouse, que sela serel
cause de le fayre contyneuer en mon endroyt,
cornent vl a fayst jonques asteure, qui avl
lélement que j'é grant aucasion de avoyr ses
afayres en vostre recomendatyon que lé
myen propres, qui ayt cause que je ne me puis
21 :
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
guarder de vous suplyer de grande afectyon de
volouyr fayre pour luy, se u'el luy raudre set
qu'il demende, au moyns quelque réeompanse
el tyeule qu'ele n'ynporte pourvostre servyse,
mes qui couèse que le volés satysfayre en quoi-
que chouse, carhaullre1 sel que fayrés bocup
pour mon repos, vous aublygerés heuue per-
sonne à nous, qui, set je venès à mourir, y
contyneuret tourjour à nouryr mes enfans en
la mesme amylye' en vostre endroyt, coine je
mest pouyne de fayre, qui ayst la prinsipale
aucasion que je désire que sous2 que le Ro\
mon fils et luy nous envoyons s'an revienet
aveques quelque contantement pour le dysl
roy de Navarre. Vous me ayscouserés, sel je
vous anuy de si longue letre et vous suplye ne
la trover mauvèse et panser que l'amour que
je nous porte et l'anvye que je ay que l'amytyé
qui ayst entre vostre frère et son royaume el
vous el le vostre conlyneue ausi byen après ma
mort, comme je meteré pouyne de la fayre
contyneuer dourant ma vye, en nel cause; et
m'aseuranl ([ue conèse's asés l'afavctyon que je
nous porte, je ne vous en fayre' aullre redyste,
et suplyré Nostre-Sïgneur soulementvous don-
ner aultent de heur et contentement que vous
désiré et vous croyre set que le sr d'Osanse
vous dyré de la par de
Voslre bonne mère et seur,
Caterine.
1561. — i'i juillet.
Minute. Bibl. rjat. fonds français, n° 13875, î° b'à.
A MONSIEUR LE DUC D'ALBE.
Mon cousin, envoyant le sieur d'Auzances,
gentilhomme de la chambre du Roy monsieur
mon fil/, devers le Roy voslre maistre pour
I occasion qu'il vous fera entendre , je n'aj
voulu faillir de vous en escrire particulière-
1 Haultre, oullre.
■ Sous . ceux.
ment, tant pour la congnoissance que j'ay de
la bonne vol un té que me portez, que de In
puissance que je sçay que vous avez auprès
du Roy voslre maistre qui croyt et estime vos
sages conseils aultant que vostre prudence el
expérience, et les recommandables services
que vous luy avez faietz le méritent. Je vous
prie doneques, mon cousin, en cecy me faire
congnoistre combien vous désirez faire pour
moy en chose niesmemeut qui ne redunde
qu'à l'entreténement de nostre commune
amytié et pour la perpétuer sans que riens
puisse jamays survenir entre nos successeurs
qui soit pour y apporter quelque altération.
Si mon frère le roy de Navarre rapporte
quelque favorable responce du Roy mon bon
lilz, je sçay combien je vous en auray d'obli-
gation pour ce que je veul\ croyre que, avec
sa bonne intention, vostre conseil n'y aura
point nuy. Aussy vous pouvez vous asseurer
qu'en tout ce qui vous touchera jamays, et où
vous aurez besoing de mon ayde ou faveur,
vous en pouvez faire estime comme d'une per-
sonne qui vous ayme el estime et qui sera
bien ayse de s'employer en toutes choses qui
seront pour le bien de vous ou des vostres ,
ainsi que j'ay donné charge au dict sieur
d'Auzances vous dire de ma part, et de ce
qu'il vous dira je vous prie le croyre comme
moy-mesmes; et je prieray Dieu, mon cousin,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
(Au dos.) A monsieur le duc d'Alve. du
xiiiic jour de juillet i56i.
1561. — i'i juillet.
Minute, lîibl. nat. fonds français, n° 1 5875 , f° ûo !.
A MONSIEUR LE PRINCE D ÉYOLY.
Monsieur le prince, vous m'avez tousjours
1 Semblable lettre fut écrite par Catherine de Médicis
au secrétaire d'État Erasso. (Bibl. nal. même volume.
f°5i.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
2 15
tant faict congnoistre que vous m'aymiez que
cela me faicl vous escripre particulièrement
d'une chose que le sT d'Auzence , gentilhomme
de la chambre du roy monsieur mon (ils vous
dira qui m'importe extresmement; c'esl que
mon frère le roy de Navarre ayant esté par
oostre Sainct-Père i.'inis au rang des roy s el
par là remis au rang el tiltre qui luy avoienl
este ostés, il m'a prié el requis le plus du
inonde d'escrire en sa faveur au Roj mou bon
Glz à ce qu'il luj plaise luy vouloir faire faire
quelque honneste raison, ne désirant riens
plus que de l'acommoder et d'avoir sa bonne
grâce, pourveu qu'il luy plaise aussy luy faire
quelque honneste récompense eu esgard au
rang et au degré' qu'il tient. Je sçay combien
vous pouvez en cela, que je vous puis dire ne
tendre que- au bien el repos de tant que nous
sommes, et à l'entreténement de nostre com-
mune amvlie. Je vous prie doneques vous y
employer de façon qu'il en puisse réussir quel-
que bon fruicl qui serve par ainsi à congnoistre
de plus en plus l'obligation que j'ay au Roy
mon fils el donner occasion au roy de Navarre
mon frère de continuer en la volonté où il est i
de le servir, aymer et honorer; en quoy je re-
congn'oistray particulièrement le bon office que
vous aurez faicl pour m'en ressentir en toutes
choses qui seront pour vostre bien, où voua
me vouldrez employer, aiusi que j'ay donné
charge au dict sieur d'Auzence vous dire de
ma pari, lequel je vous prie croyre comme
vous feriez moy-mesmes, et je prieray Dieu,
monsieur le prince, vous avoir en sa saincte
et digne garde.
| lu dos.) La Royne à monsieur le prince
d'Évoly, du \mr jour de juillet 1 5 G i „
Catebine.
(156t.— i4 juillet.)
\ il. treb. nat. collect. Simaucas, K 1^96, n° 11.
\ \|o\ 1 ol sl\
MONSIEUR LE DUC D'ALBE.
Mou cousin, me sovenant de set que me
priâtes quant vous partites de set lyeu de
Saynt-Germayn, el ausi de set que je vous
promis, je n'é voleu asteure, qui me sanhle
qu'il v an né qui désireret par venteure alté-
rer par leur mauves aufise1 l'amytyé qui aysl el
que je désire qui deure toulte ma vie entre les
Roys mes lils, l'allyr à vous mender set que je
voyqui ne me playst, pour l'anvye que j'é de
\o\ r augmenter et non dimineuer nostre amy-
Ivé; et m'ayent senblé que ne le vous pouvi •
fayre entendre par personne qui me l'eut plulx
fidèle que le sieur d'Osanse, présanl poin-
teur, je luy ay donné cherge vous dyre de ma
part sel que j'é à vous mender là deseus,
comeà seluv que je m'aseure n'avoyr moyndre
volante à la conservation de set saynle el
bonne pays que je ay, et vous prie aseurer le
lîov monsieur mon fils que, lent que je vi-
vray , je méteré pouyne de la fayre si byen
entertenir que l'amytyé entre le Roy son frère
et luy set puise tou les jour augmanter, el
ynsin que avés ayté le moyen de la fayre, je
vous prie aytre seluy ausi de l'enlei tenir, en
me avertvsant, si conèsé qu'il y et aucoun qui
fase mauves aufise, au aultre chouse qui en
puise fayre douter et me le mender ausi au-
vertemenf que je fayré tourjour enver vous en
toutte chouses san dysimoulatyon et. aultn
que en set faysant vous fayrés auvre dyne de
vous, vous aubligeré de plus en plus
\ ostre bonne cousine.
I '.\ FERINE.
1 Aiijist1 , office.
216
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1561.— 16 juillet.
Ong. Arch. des Médiris , dalla filza 6736 , nuova nunierazione , p. 16a.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, vous entendrez par ce que le
Roy monsieur mon filz vous escript présente-
ment, comme, pour les causes contenues en sa
lettre, il désire que vous ne permectez que
aucun des trésoriers et recepveurs, ayant cy-
devant manyé les finances par deçà, et qui
pour se sentir avoir malversé en leurs charges
se vouldroyent absenter de ce royaulme, afiîn
de se saulver et retirer es terres de vostre
obéissance, y soient seurment receuz; à quoy,
pour l'asseurance que j'ay que vous voul-
iez bien graliflîer ie dict seigneur Hoy mon
fiiz en ceste sienne requesle, que j'accompaigne
de ia myenne, je ne vous diray riens davan-
iaige, me remectant sur la lettre du dict sei-
gneur Roy mon filz, auquel et à moy senbla-
blement vous ferez en cella bien agréabie
plaisir, priant Dieu vous donner, mon cou-
sin, ce que vous désirez.
Escript à Saint-Germain-en-Laye , ce xvie
jour de juillet 1 56 1 l.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1561. — 1 8 juillet.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15875, f° 5i.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, encores que par les
lettres du Roy monsieur mon filz et f instruc-
tion du sr d'Auzances, vous pussiez apperce-
voyr et comprendre le désir que nous avons
de voyr quelque fin à l'affaire pour laquelle
il est envoyé, si est-ce que pour cela je ne
1 Pareille lettre fut écrite au duc de Ferrare. La lettre
de la Reine est conservée dans les archives de Modène.
veulx laisser de le vous tesmoigner par la pré-
sente et vous asseurer que ne sçauriez faire
chose qui soit plus agréable que de vous y
employer de bonne façon et y faire tout ce que
vous pourrez, car cela importe grandement
pour le repoz de tout le monde. Je vous prie
meclre peyne de descouvrir, selon les moyens
que vous en avez, comme ilz auront prins
l'allée du dict sr d'Auzances et ce que l'on en
pourra espérer, et surtout vous ferez bien
entendre comme rien ne m'a meu à cela que
le désir que j'ay de voyr toutes les occasions de
malveillance ostées et levées entre nous, aflîn
qu'ilz ne se forgent point d'aultres causes.
Vous voyez assez ce qui vous est escript de la
religion, qui est la pure vérité qu'il est bon
vous faire entendre, aflîn qu'ilz cognoissent
que nous sommes meilleurs chrestiens que
peult estre.ilz ne s'ymaginent. H y a ung
paquet pour Nicot, l'ambassadeur qui est en
Porlugal, que je vous prye luy faire tenyr par
la première occasion , car je désire qu'il y
soyt avant qu'il parte pour s'en revenir; qui
est tout ce que je vous sçauroys mander,
priant Dieu , monsieur de Lymoges , vous
avoyr en sa saincte et digne garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le joui
de juillet i56i.
Caterine.
(Au dos.) La Royne à monsieur de Limoges,
du xviif jour de juillet i56i.
1561. — a : juillet.
Arch. nat. collcct. Simancas , K 1696, B i4.
AU SIEUR ERASSO,
AÏ1NT LA CHARGE DBS FINANCES DU ROT CATUOMCQCB DES BSP41GNES
MONSIEUR MON FILS.
Sieur Erasso1, j'escriptz présentement au roy
1 François Erasso avait d'abord été au service du
banquier Jean Vesques. Ses malversations entraînèrent
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
217
d'Espaigne mon bon filz, à ce qu'il soit cou-
lent de commander que les quatre cens huit
escus prins par le cappitaine Labbé, run» des
cappitaines de ses gallères, pour la rançon de
treize pouvres Françoys estant détenuz sur sa
gallère, soient rendu/ et restituez au cappi-
taine Lisle , qui s'en va présentement par
delà pour cest effect , à quoy je vous prie
tenir la main et faire en sorte que le dicl Lisle
puisse retirer les dicts deniers et qu'ilz soient
prins et rabbatuz sur Testât et enterténement
que le dict Labbé a pour ses dictes gallères
du dict sieur Roy mon filz; en quoy faysant,
ce me sera bien agréable plaisir, priant Dieu,
sieur Erasso, qu'il vous ait en sa saincte et
digne garde.
Escript à Saint-Germain-en-Laye , le x.\ii°
jour de juillet 1 56 1 .
Caterine.
1561. — a6 juillet.
Minute. Orig. Blbl. liât, fonds français, n° 15875, f° 84.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE MARTIGIES'.
Mou cousin, j'ai trouvé très bon Tordre
que vous avez donné pour la seureté de la
ville de Nantes2, et remédier aux desseings de
-a disgrâce et son emprisonnement. — Voy. ce que dit
de lui l'évéque d'Arras, Papiers d'Etat du cardinal de
Granvelle, t. IV, p. 298; voy. les Relazioni degli ambas-
ciatori Veneti , série 1 - IV, p. 65.
1 Sébastien de Luxembourg, vicomte de Marligues,
fils de François de Luxembourg et de Charlotte de
Brosse, mort d'une blessure reçue au siège de Saint-
Jean -d'Angély, le 29 novembre i56g.
- A l'occasion des troubles de Nantes, voici ce qu'é-
crivait le duc d'Étampes, le 2 juillet précédent, à Cathe-
rine : rCe n'a esté que des hapteryes entre aulcuns par-
"liculiers, qui touttefois, parce qu'il y en avoitdes deulx
s religions, en eussent peu admener de plus grandz s'il
ttn'yeusl esté pourveu, mais l'on a prins incontinent ceulx
nqui y estoient.i (Bibl. nat. fonds franc. n° 15875, f° 5.)
CaTBEBINE DE MÉDICIS. I.
ceulx que vous estiez adverly s'en vouioyr sai-
sir; en quen il me semble que vous estes si
bien et si sagement comporté que de vostre
providence ' je recognoys entièrement la con-
servation de l'obéissance du Roy monsieur
mon Tdz et du tepoz et tranquilité publicque.
ipii par leur entreprise eussent esté merveil-
leusement troublez. Je vous prie, mon cou-
sin, puisque vous avez si bien faict jusques
icy et que très sagement vous avez différé
l'exécution de quelques ungs qui peull estre
eussent eu besoing d'estre cbasliez, mectre
peyne doulcemenl de contenyr toutes choses
en paix et tranquilité et actendre que je vous
face entendre la résolution qui aura esté prise
à noslre dernière assemblée, sans les travail-
ler, sinon ceulx qui feront sédition ou scan-
dale , lesquelz , en quelque temps et pour
quelque occasion que ce soyt, méritent une
seure et prompte pugnition. Quant à ladite
ordonnance, Ton vous fera entendre aussy la
façon dont vous aurez à vous gouverner pour
l'exécution d'icelle, si amplement que vous n'y
sçauriez faillir; et pour ce que je sçay que
vous avez envye de vous en venyr, quand
monsieur de Bouille2 sera arrivé par delà,
vous luy ferez entendre tout ce que dessus,
affin qu'il Tensuyve de point en point, et cela
faict, vous en viendrez, quand les affayres le
vous permettront, et soyez asseuré que le Roy
mon filz et inoy serons bien ayses de vous
voyr. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en
sa saincte el digne garde.
De Saint-Germain-en-Laye , ce . . . . jour
de juillet 1 56 1 .
Caterine.
(Au dos.) La Roy ne à monsieur de Mar-
tigues, du xwi" jour de juillet i56i.
1 Providence, prévoyance.
- René de Bouille, marié à Jacqueline d'Estoutevilk- ,
comtesse de Créance.
a8
218
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
1561. — 27 juillet.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3167, f' 45.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE MONTMORENCY,
M.'.RF.SCHAL DE FRANCE.
Mon cousin, pour ce que j'ay nécessaire-
ment affaire de vous pour chose qui touche
le service du Roy monsieur mon fdz, je vous
prye ne faillir à vous rendre demain icy par
devers moy et n'oublier d'amener ma cousine
voslre femme, que je désire avoir aussi au-
lnes fie moy; priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte garde. De Saint-Germain-
en-Laye, le xxvne jour de juillet 1 56 1 '.
Vostre bonne cousine,
Caterink.
1561. — 28 juillet.
Copie. Bibl. du Louvre, B 1 2 53. Registres <lu Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, nous avons tardé quelque temps
à vous envoyer les ordonnances de ce qui fut
arresté aux estatz derniers tenuz à Orléans2,
et non sans quelque bonne occasion; ce que
le Roy monsieur mon filz faict présentement
et vous escript le désir qu'il a que la publi-
cation et vérifllcation en soit faicle le plus-
lost que faire se pourra, dont je vous prie de
ma part, et que ce soit sans aucune longueur,
ne restriction; priant Dieu, messieurs, vous
1 Voy. une lettre île François de Montmorency du 27
juillet. (Bibl. nat. fonds français, n° 4i5l, f° 53.)
2 Une lettre de Catherine, du 2 août suivant, lue au
Parlement le 5, demande de nouveau la vérification de
cette ordonnance dans le plus bref délai. Une autre
lettre du 17, lue le 18, est encore plus pressante tou-
illant le même objet. H suffit de les indiquer. — Voy.
Bibl. nat. Parlement, vol. 8a, p. 38 1 et suiv.
donner ce que plus desirez. De Saint-Ger-
main-en-Laye, le xxviii0 juillet 1 5 6 1 .
Caterink.
De l'Aubespine.
I 561 . — ey juillet.
Copie. Bibl. du Louvre, B iq53. Registres du Parlement.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon fils vous
envoie l'édict qu'il a faict dresser selon la der-
nière résolution qui en fut prise en sa cour de
Parlement, lequel je vous prie iucontinenl
faire vériffier et entretenir sans y uzer d'au-
cune modification, restrinction , longueur ne
difficulté, d'autant que comme vous avez peu
entendre par ce qui vous en a esté dict et qur
vous veoyez tous les jours à l'œil, le mal nous
presse tant qu'il a besoing d'ung prompt re-
mède. Cella faict, je vous prie encore le faire
publier et tenir la main à l'observation d'icel-
luy la plus estroicte que vous pourrez, afin
que nous en puissions recevoir le fruict que
nous en attendons, et je prieray Dieu, mes-
sieurs, vous avoir en sa saincte et digne garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le xxtxc juil-
let i56i.
Caterine.
lîOBERTET.
1561. — 80 juillet.
Copie. Arcli. nal. collect. Simancas, K i'io,5, B i3.
A MONSIEUR DE CHANTONNAY ,
AMBASSADEUR DU ROY CATUOLIQUE MONSIEUR MON BEAU-FILS.
Monsieur de Chanlonnay, le cappitaine Lisle
présent porteur, qui avoil esté cy devant dé-
pesché pour aller en Espaigne faire relaxer et
meclre en liberté aucuns prisonniers françois
LETTRES DE CATHE
estans par delà, m'a faict entendre que contre
et au préjudice de l'intention du çoy d'Espaigne
monsieur mon beau-filz et de l'accord faict
;i\it iuv par le traicté de paix sur la déli\ rance
des prisonniers d'une pari et d'autre, le eapi-
taine Labbé, l'un des cappitaines des galères du
dict s' r<>\ d'Espaigne auroil m\s à rançon troys
des dicts prisonniers françois qu'il avoit sur sa
gallère et d'iceulx prins quatre cens huict es-
cus par les mains du dict capitaine Lisle, le-
quel veult maintenant faire instance et les
répéter el les recouvrer, comme il esl bien rai-
sonnable, attendu mesmes les conditions du
dict traité de paix; à ceste cause je vous ay
bien voulu advertir el prier d'en escripre au
s' roj d'Espagne, lui remonslrant bien parti-
culièrement le faict du capitaine Lisle, à ce
qu'il veuille ordonner au dict capitaine Labbé
de lu\ rendu' el restituer les dicts quatre cens
biiit escus ainsi par luy prins que dict est
pour la rançon des susdietz prisonniers fran-
çois, el que à ce faire il soit contraincl par
toutes voyes et manières requises el raison-
nables; el au cas qu'il voulust user en cela de
subterfuges ri délay, comme il pourra faire,
qui seroil pour consommer en frais cependant
icelluy capitaine Lisle à ceste poursuite, vous
escriprez par mesme moyeu au sr Erasso, su-
perintendant des finances du dict sr roy d'Es-
paigne, à ce qu'il veuille faire payer et délivrer
icelle somme au nom du dict capitaine Labbé,
laquelle il la pourra fayre rabatre et déduire
pour ce qu'il luy sera deu pour son estât et
entreténement , faisant en cela tout office que
requiert la bonne amitié, intelligence d'entre
nous selon parfaicte fiance que j'ay en vous.
et oultre que vous ferez chose digne du
lieu que vous tenez, vous me ferez plaisir 1res
agréable, priant Dieu, monsieur de Cban-
tonnay, qu'il vous ait en sa saincte et digne-
garde.
RINE DE MÉDICIS.
219
Escript à Sl-Germain-en-La\e. ce \\\' juin
de juillet i56i.
Catbrine.
FlZES.
1561. — : 3i juillet.
Orig. Bibl. nat. fonds Moreau . n" 83a. 1" 117
A MESSIEURS DE LA COURT
DU PARLEMENT DE DIJON.
Messieurs, le Roy monsieur mon filz vous
envoyé l'Ecdicl1, qu'il a fait dresser selon la der-
nière résolution qui en fut prinse en sa court
de Parlement, lequel je vous prie incontinant
faire lire, vérifier et enlhériner sans y user
d'aucune modification, restriction, longueur
ny difficulté, d'aultant que, ny comme vous
avez peu entendre par ce qui vous en a esté dicl
et que vous voyez lous les jours à l'œil, le mal
nous presse tant qu'il a besoing d'un prompt
remedde. Cela faict, je vous [nie encores le
faire publier et tenir la main à l'observation
d'icelluy la plus estroicte que vous pourrez,
affin que nous en puissions recevoir le fruicl
que nous en attendons, et je prieray Dieu,
messieurs, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Sl-Gcrmain-en-Laye, le dernier jour de
juillet 1 56 1 .
Caterine.
ROBERTET.
('1561. — Fin juillet.)
Aul. Bihl. nat. fonds français, n" 3'jij/i, fu G-j r .
A MA COUSINE
MADAME L.\ DUCHESSE DE GlISE.
Ma cousine , l'on me vient de dire que mon-
sieur de Guise ayst malade, de quoi je suis
1 L'édit de juillet. — Voy. p. 2a 1 , col. 2, note 3.
28.
220
an granl pouyne, corne selle qui ne ly désire
<|ue lent confanteinent et santé come pour moi
me[sme] et aussi, ma cousine, pour se que je
say la pouyne an quoy vous pouvés aystre, je
ay byen veoleu incontinant vous anvoyer set
porteur pour vous pryer de m'an volouyr man-
der de sa santé et de la vostre; et pour ne vous
povoy r mander d'ysy aultre novelles , sinon que ,
Dieu mersy, toulte la conpangnye fayst bonne
chère , je fayré l'yn , me recomandant alla bonne
grase de monsieur de Guyse et alla vostre et
pryant Nostre-Sygneur lui dauner bonne santé
et à vous come la vous désyre l
Vostre bonne cousine et amye,
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que vos mauls ne ceront pas si grens, si Dieu
(1561. — Fin juillet.)
Aut. Bibl. nat. fouds français, n" 3a9'i, f° £9.
A MA CODSIHB
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, je ne vous fayré pas longue
lelre, car Jean Batiste 2 présant pourleur vous
dira bien au long de nos novelles et cete ysi
cera solement pour vous dire que, aystent aver-
tie par cet dist pourteur que aytiés demeurés
our la maladie de vostre bon mary, je vous
lé bien voleu envoyer pour savoyr de ces no-
velles et dé vostres, ne vous povent voyr cytot
que je euse bien désirés, encore que j'espère
Voy. une lellre du duc de Guise à Catherine du
a8 juillet i5Gi, où il lui parle de la fièvre qui le tra-
■ aille et de l'indisposition du cardinal de Lorraine. (Bibl.
...t. fonds frauç. n" 15875, P 64). — Henri de Montmo-
rency écrivait de Mello à son frère François de Mont-
morency, le 27 juillet i56l : ''Monsieur mon frère,
•pour ce que mon sieur de Guise et le cardinal sont
•demeurés malades à Meru et que la Royne ne partira
-de là de tout demain, j'ay advisé de vous aller trouver
«demain pour courre ung serf.^ (Bibl. nat. fonds franc.
M.P53.)
J Goudi , cité plus haut.
plest, que bientôt n'aye le plésir de vous voyi
bientôt
Votre bonne cousine,
C.VTER1NE.
(1561. — Fin juillet.)
Aut. Bibl. uat. fonds français, n° 329a . f' 67 rc.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, par set que me mandés qui
ne vous fault plulx de remèdes, je conè byen
la santé an quoy ayst monsieur le cardynal ; de
quoy je loue Nostre-Sygneur de teul mon ceur
de nous favoyrrandeu et vous prye, set conèsés
qu'i luy falle ancore quelque chause, ne me
fayre set tort de creyndre à me le mander, car
je ne seré marrye , sinon de n'avoyr le moyen de
le seucourir ynsin que le désyre, et ne m'an
remersié plulx; car teut le plulx grant remer-
simant que je an désire, s'et de le voyr an ausi
bonne sanlé que je la luy seuayte et veodrès
povoyr fayre aidant pour luy et pour teul set
qui luy teuche cornant je y suy teneue; mes
ne povant aultre chause, je pryrée Nostre-
Seigneur de vous voyr ausi contans que le
désirés et vous prye luy fayre mes recomanda-
tyons à sa bonne grase el m'y y tenyr et an
la vostre.
Vostre bonne cousine et amye,
1 Iati 1:1 si .
( 1561. — Août.)
Aut. Bibl. nat. fonds français, n" 339a , f" 17.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONESTABLK.
Alon conpère, j'é tout veu et antendu par
vostre letre et par sel pourleur et pour se que
LETTRES DE C VTI1
ver monsieur de Gonnort1, parti! pour vous
aler trover, à qui je dis tout cel que je pause,
je ne vous en fayrê" redisle, seulement vous
dire que je suys byen ayse de .set que me
mendés que tout aysl si byen, et quant y ne le
seret, vous aystent là, m'aseure de tout cel
que pouroyt avenir, sachant que ne vous
lairrë endormyr et y serés byen pourvoyr. Je
désirerès byen que avévisiés cet que dist le
bally d'Aunis pour le châtier et les aultres
s'il a manli, ou, si dist vray, pour y pour-
voyr, ynsin que plus au long j'é dist à sel
pointeur, qui me fayra fayre lin, prien Dieu
vous donner cet que désirés.
Vostre bonne coumère et amye,
Caterine.
(1561.— \oût.)
Aul. Areh. aaU collect. Siroaocas , K iif|tj, n B
\ M' MON FILS LE KOY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils, voienl que les prélat
de sel rbyame son! asanblé2, suivent set que
le Roy mon lils leur avet coniandé pour re-
guarder à sous3 que y veolt chausir pour aler
au consile et aystant arivé à Pouisi, yl y est
aie pour leur comander qui veolt et antent
que, aven t partir de set lyeu, qui reguardet
acomoder et régler lé' chause de quoy sont
veneu lé trouble en set royaume, de l'ason que
1 Artluis de Cossé, seigneur de Gonnor, déjà ci
page 119.
- -La première congrégation des évesques a eu lieu le
dernier du mois passé (juillet), à laquelle est intervenu
le Roy, la Reyne et tout le conseil. Le Roy a dit quel-
ques paroles; on a eu peine à les entendre; mais la con-
rlusion, c'est qu'il t'alloit oster les tumultes et, divisions
qui sont en ce royaulme à cause de la religion et que les
prélats ue sortiront de là que ce ne lust mis à repos. -
(Lettre de Cliantonnay à la duchesse de Parme, An-hia1-
tlc Vienne.)
1 Sous, ceux.
ERINE DE MÉDICIS. 221
se songes1 puise vire2 en quelque heunion en-
Ir'euls, en n'atendent la fin deu consile gé-
néral, el néannioyns entent et veoll que tout
souit avisé siiuhz le autorité et puisanse de
nostre Saynt-Père et de nostre mère saynte
\\glise, en i'aubéisanse de iaquele \ voult
que iuy et ses sougès vivest, et pour se que je
m'aseure que en serés averty de bocup de
l'ason, je vous suplye fayre set hauneur à selle
qui vous ayme corne son propre enfant et que
ne vous volt en rien mentyr de ne croyre rien
au conlrère de set qu'ele vous mende ysi des-
soubz etausi que contyneuréà vous avertir de
tout set qui en sousederé3 vérytablement, et en
set pendent vous suplye tenyr en vostre bonne
grase
Vostre bonne seur et afeclionné mère,
Caterine.
1561. — 1" août.
Minute. Biiil. nat. fonds français, a" îâSp, f' io5.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je ne sçauroys
guères que adjouster à ce que le Roy mon-
sieur mon tilz vous escript *, si n'est pour vous
dire qu'il. est besoingque vous laciez entendre
ce qui vous est escript au Roy monsieur mou
bon filz, et luy monstrer le double de nostre
édicts; comme je ne doubte point qu'il ne dise
qu'il est bien doulx en beaucoup de choses;
mais il fault qu'il considère aussy que le temps
I ire , vivre.
J Sousederé, succéderait.
1 Vov. la minute de la lettre du roi (même volume.
f 1 10 et suiv.).
; L'édit de juillet, ainsi appelé à cause du mois où il
lui rendu. — Voy. pour toutes les prescriptions qui y sont
i contenues, de Tliou, édit de 1736, t. IV, p. 71 ; Frafice
j protestante, pièces justificatives, p. -'i5.
222
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
ue permeci plus qu'on use do la morl et rigueur
de justice, comme l'on a usé par le passé,
lanl le mal esl creu et a attainct une extresme
quantité de personnes, de façon que le plus
sage que nous pouvons faire est de tenyr les
choses en tranquilité et empescher qu'il n'ad-
vienne point de sédition. Hz en parlent bien à
leur aj se, mays s'ilz estoyent icy! ilz ne l'eu-
rent jamays si empeschez; et je vous prye me
mander ce qu'ilz auront dict el principalle-
ment de l'assemblée de noz évesques qui ne
commencèrent que hier, et espère que Dieu
leur fera la grâce de faire quelque chose de
bon, lequel je prie, monsieur de Lymoges, vous
avoyr en sa saincte et digne garde.
De S'-Germain-cn-Laye, le premier jour
l'aoust i56i.
Depuys cestre lettre escriple, l'ambassadeur
du Rov mon bon filz est venu devers moy, le-
quel m'a dict avoir charge et commandement
de son maistre de me faire instance de ne
prendre point du temporel des biens de l'église
pour l'acquit des dettes du Roy mon fdz, et que
le ducd'Albe vous l'avoit dit pour me le man-
der; el pour ce que je trouve bien estrange
ou qu'il y ayt sceu et esté adverty de ce à quoy
l'on n'a peu quasi penser, ou bien qu'on se
mesle si avant de noz affayres, je vous prie
-ravoir et descouvrir ce qui eu esl, et s'il l'a
iaict de son authorité, ou bien s'il luy a esté
commandé, dont vous m'advertirez par le
prochain courrier. Je croy qu'il ne se souvient
que son maistre est après à avoir permission
de vendre pour cinquante mille escus, il y a
m longtemps, et qu'en ce faisant nous ne fe-
rions que suyre son exemple l.
(Au dos.) La Royne à monsieur de Lymoges,
du premier jour d'aoust i56i.
1 L.i minute de la fin de cette lettre se trouve dans
n° 1S875 du fonds français, p. 55.
1561. — .."août.
Copie. Rihl. nat. fonds français, n° 17988 . P 7.
A MONSIEUR DE L'ISLE1,
CONSEILLER DC IlOÏ MONSIEUR MON FIL* .
MUTRC DES REQUESTES ORDINAIRES DE SOS IlOSTEI.
ET PREMIER PRESIDENT DE SA COURT DB PARLEMENT DE BRETAGNE.
Monsieur de L'Isle, j'ay donné charge à
] vostre père de vous mander quelque chose de
ma part, laquelle je m'asseure exécuterez si
bien et si saigemenl que je ne vous en fcray
point redicfe, seullement vous prieray pré-
senter au Pape les lettres du Roy mon filz2,
1 André Guillart , (ils d'André Guillart, sieur du Mortier
i el neveu de Louis Guillart, et qui fut successivement évêque
I de Cliartres, de Châlons et de Senlis. Il arriva à Rome In
6 juin 1 56l. Plusieurs lettres de lui ont élé imprimées
par Du Puy dans les Mémoires pour le concile de Trente.
— \oy. Instructions données «par le Roy à M. de L'Isle.
quand il partit de Fontainebleau pour venir résider am-
bassadeur pour Sa Majesté près nostre S'-Père le pape le
xii avril 1061.1 ^Bibl. nat. fonds franc. n° 17988, f i.)
En voici le sommaire :
Dans le cas d'une audience particulière, à la suite de
l'audience publique, M. de L'Isle devra remettre au Pape
deux petites lettres que Leurs Majestés lui écrivent de
leur main et lui découvrira toutes les occurrences de la
cour de France, et la paix et concorde qui régnent entre
les plus grands. Il insistera auprès du Pape pourla prompte
convocation du concile ; il s'informera aussi douce-
ment que possible de ce qui a été fait du collier de
l'ordre du feu duc de Palliano, naguères exécuté , et fera
instance à ses parents de le faire renvoyer à Sa Majesté ;
il résistera à toutes les tentatives faites par l'ambassadeur
d'Espagne pour empiéter sur les droits et privilèges de
préséance qu'ont toujours eus les rois de France, «re-
monslranl combien ce seroit ung crime capital à ung am-
bassadeur, servant ung rov mineur d'ans , de lui laisser
perdre aulcun die ses droietz et privilléges. »
2 Cette lettre accompagne celle de la Reine (même 10-
lurae, p. 7). Après avoir loué son ambassadeur des pro-
pos qu'il a tenus au Pape sur la raison des troubles,
la diversité de religion et le fait du concile, Charles IX
lui envoie le double de l'édit de juillet, dont la lecture
lui fera apprécier la nécessité où il est, cqui est beau-
coup plus grande que le Pape ne se l'imagine, quand il
LETTRES DE CATHERINE DE M EDI CI S.
223
celles du roy de Navarre el les miennes, et
faire que incontinent, s'il est possible, Sa
Sainteté nous en face la response; à tant je
prye Dieu, monsieur de L'Isle, vous avoir en
sa saincte el digne garde.
De S'-Germain, le premier jour d'aoust
i 56 1 .
Caterine.
1561. — 2 aoùl.
Minute. Bibl. nat. fonds, français , n' i Ti S 7 5 ■ f" 108.
\ MADAME LA COMTESSE D'UREIGNA.
Madame la contesse, j'ay bien veu par la
lettre que vous m'avez escripte par Lhuillier
combien vous continuez a me donner adviz
de la santé de la Royne ma fille et du soing el
sollicitude que vous en avez, qui m'est si
agréable que vous debvez estimer qu'en toutes
choses qui se présenteront, où je le pourra)
recongnoistre, je m'y employeray avec telle
affection que je sçay (pie le méritez; et, pour
ce, je vous prie continuer, comme vous avez
dicl qu'il ne fault en telles choses espargncr ny le 1er ny
le feu- ; el s'il a trouvé les sujets obéissants, ainsi qu'ils
font été envers ses prédécesseurs, en ce qui touche le
l'ait de leurs consciences il lésa trouvé merveilleusement
opiniâtres, -de façon que si par bon conseil il n'eut
rompu et empesché les aigreurs, alliénations et divisions
où la différence de leurs opinions les amenoit, il s'en fut
à la fin cnsiiivy une grande désolation et la manileste
ruine des ungs et des autres; par là aussi M' de L'Isle
connoitrait qu'il a fallu prendre l'exemple des bons el
sages médecins qui, en la guérison d'une grande et obstinée
maladie, sont souvent contrainctz de changer de nou-
veaux remèdes selon la diversité des accidents qui sur-
viennent.-! En terminant le roi rappelle que par le fer et
le feu on a d'abord espéré arrêter le mal; mais par mille
preuves on a connu depuis que cette façon de faire ne l'a
pas empêché de pénétrer plus avant, et il a atteint tant
de personnes que ce serait aussi pernicieux d'agir aussi
rigoureusement aujourd'hui, comme alors cela a pu sem-
bler utile. C'est sur ces moyens plus doux qu'est fondé
l'édit qu'il lui envoie, «qui est pur politique.»
1res bien faictjusques icy, et vous asseurer que
ne ferez jamays pour personne moings ingrate
que pour niiiv, car je désire vous l'aire con-
gnoistre quand l'occasion se présentera de le
vous tesmoigner el vous gratiffier en quelque
chose de bon. El pour la lin je vous recoin
manderay èncores ung coup la Royne ma
fille, comme la chose du munde que j'ay assez
chère, et je prye Dieu, madame la contesse.
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le ... jour d'aousl
i56i.
(Au dos.) Le 11°" jour d'aoust 1 56 i .
1561. — a août.
Minute. Bibl . nal. fonds français, n" 15870, f° 10O.
A MESSIRE VINCENZE.
Messire Vincenze, j'ay receu la lettre que
vous m'avez escript par Lhuillier, qui m'a
esté beaucoup de plaisir, pour ce que par icelle
vous m'avez bien au long adverly de l'estat de
la santé de la Royne ma fille; en quoy vous
m'avez faict beaucoup de plaisir, comme vous
ferez de continuer et de la servir avec la fidé-
lité, le soing et diligence que vous avez faict
jusques icy; vous pouvant asseurer que, de ma
part, je n'oublieray jamays le service que vous
luy faictes, et que se présente l'occasion de
le recognoistre, je le feray de façon que vous
aurez occasion de vous contenter; priant Dieu .
messire Vincenze, vous avoyr en sa saincle el
digne garde. De Sainct-Germain-en-Laye. le
jour d'aoust 1 5 G 1 .
(Au dos.) La Royne à messin' Vincenze, du
deuxiesme jour d'aoust t 5G 1 .
•l-l'l
LETTRES DE CATHE
(1561. — 3 août.)
Fragment de lettre (copie). Bibl. nat. fonds français, n° 17988,
f'oet.o.
V MONSIEUR DE L'ISLE,
CONSEILLER DU ROÏ MONSIEUR MON FILZ ,
BI11STRE DBS RBOUESTES ORDINAIRES DE SON HOSTEL
ET PREMIER PRÉSIDENT DE SA COURT DE PARLEMENT DE BRETAGNE.
Monsieur de L'Isle, vous serez si au long et
si amplement informe' et inslruict de touttes
nos nouvelles par la lettre que le Roy mou-
sieur mon filz vous escript présentement que
cella me gardera de vous en faire par ceste
lettre aultre discours; seullemenl je vous te-
moigneray qu'il n'estoit pas possible de se
mieulx conduire et gouverner à vostre arrivée
>m vostre charge que ce que vous avez faict;
en quoy je vous prye de continuer tousjours et
vous asseurer que faisant ainsi et vous ayant
pris en ma protection, je ne vous déiaisseray
point; et surtout je vous recommande l'affaire
du concilie pour le besoing que vous sçavez
que nous en avons, vous pryant aussi par
mesme moyen de prendre incessamment garde
à rompre et à dissiper beaucoup de mauvais
bruitz et nouvelles que bien souvent l'on faicl
semer de nous à tort et sans cause; d'aultant
que nos actions et façons de procéder ne mé-
ritent que l'on face ces offices là contre nous.
1561—8 août.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17981 '.
A MONSIEUR COIGNET,
AMBASSADEUR EN SUISSE.
Monsieur Coignet, oultre ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript 2, je veulx bien
vous advertir qu'il a esté respondu à toutes
lettres que nous avons eues cy-devant de vous,
cl nous est grand plaisir d'entendre que vous
Ce volume n'est pas folioté.
•t cette lettre, fonds franc, n' 1798t.
RINE DE MÉDICIS.
donniez si bon ordre par delà à satisffaire à
toutes les hargnes ' qui s'offrent, mesmes à
eschapper aveques quelque raison de ses in-
térêts que je vous prye laisser en meilleur estât
que vous pourrez avant vostre parlement ; très-
ayse que vous ayez recouvert les dix molles2
de ces faulx monoyeurs que je vous prie m'en-
voyer le plus lost que vous pourrez, affin que
sur iceulx l'on puisse mieulx juger les mon-
noyes; à quoy il sera besoing de prendre
garde et faire tout ce que vous pourrez pour
faire descouvrir et prendre ceux qui en sont
coulpables, remonstrant bien aux Seigueurs
de Berne et aultres des Ligues que c'est ung
danger commun que de souffrir une telle pesle
en ung pays; pryant Dieu, monsieur Coi-
gnet, vous avoir en sa garde. De S'-Germain-
en-Laye, le vme jour d'aoust 1 56 1 .
Caterine.
De l'Aubespine.
(1561. — 12 août.)
Imprimé. — Vie du maréchal de Matignon, par Caillères.
A MONSIEUR DE MATIGNON 3.
Monsieur de Matignon, vous ayant toujours
conguu pour très fidèle et affectionné au ser-
vice du Roy monsieur mon fils, je n'ay point
cru que personnev ous ayt deu accuser de mal-
1 Hargne, querelle, incommodité. — Voy. Littre,
Dict. p. 1983.
Mille, moule.
} Jacques de Matignon, fils de Jacques de Matignon
et d'Anne de Siily, né au château de Lonrai, près
Alençon, le 26 septembre iSaô, mort le 27 juin UH17
à Lesparre(Girondi). Fait prisonnier à Saint-Quentin, il
recouvra sa liberté par le traité de Caleau-Cambrésis
( 1 T. ."> ci ) et devint gouverneur de Basse-Normandie. Ce
fut lui qui assiégea et prit Montgomraery en 1.576 dans
le donjon de Domfront, où il s'était réfugié. Créé maré-
chal de France en 1079, il fut nommé l'année suivante
gouverneur général delà Guyenne où il combattit la ligue.
— Voy. son article dans Brantôme, édit. de L. Lalanne.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
225
versalion, et mon intention n'a pas esté d'or-
donner au général Nouveau1 de vous com-
prendre dans aulcune information, ains seule-
ment d'informer contre quelques particuliers
qui son! accusés d'avoir faict des levées de
deniers sans le commandement du Roy, ainsj
que verrez par la lettre du Roy monsieur mon
fils escripte au général Nouveau. La présente
n'estant à autre fin, je prieray le Créateur
qu'il vous tienne, monsieur de Matignon, en
sa saincte garde.
Caterine.
1561. — l 'i août.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15875, f" 129.
\ MONSIEUR DE JOYEUSE2.
Monsieur de Joyeuse, vous verrez par in
lettre que le Roy monsieur mon filz vous es-
cript3 le désir qu'il a que, suivant l'édict qui
1 René de Nouveau. Sa famille était orignaire de Tours.
| Bibl. nat. cabinet des titres.)
- Guillaume, vicomte de Joyeuse, né vers i5ao,
mort en i5ga. Il fut d'abord évêque d'Aleth jusqu'en
1 56o . sans avoir reçu les ordres; par suite de la mort de
son frère aîné, il quitta pour les armes la carrière ecclé-
siastique et devint maréchal de France en 157g. —
Voy. Addit. aux Mémoires de Castelnau, par Le Labou-
reur, t. II, p. 5. '
3 Voici la lettre de Charles IX dont parle Catherine :
s Monsieur de Joyeuse, j'ay veu ce que vous avez escripl
à mon cousin le connestable des insolences qui sontad-
venuz en Languedoc depuis quelques jours, sur quoy je
désire bien que, suivant l'édict que je vous ay envoyé ce
jourd'huy, vous faciez bien ebastier ceulx qui sont si folz
et téméraires de commectre telz scandalles, puisqu'ilz
n'ont nulle religion qui les contienne, et affin que vous ayez
moyen de ce faire je vous ay ordonné trente harquehu-
ziers à cheval pour vous accompaigner, affin 'que vous
ayez moyen de me faire obéyr, m'assurant que vous y
sçaurez donner si bon ordre que il ne tiendra à vous que
toutes ces follyes ne cessent et les séditieux ne soient bien
pugniz. J'ai veu aussi ce que vous mandés à mon dict
cousin des galliottes qui sont venuz en ma coste; envers
Caiherise de Médicis. — 1.
vous a esté ces jours passez envoyé, ceulx qui
ont commis el esté cause des scandalles qu'il
a entendu par mon cousin le connestable et
veu par les lettres que vous luy en escrivez
estre advenuz en Languedoc soient pugniz et
chastiez comme ilz méritent, sur laquelle me
remectant, je ne m'estendraj à vous en riens
dire davanlaige, si n'est vous prier faire en
suite que sc> voulloir et intention soient suiviz,
et au demourant que passant les galliottes
d'Algier vous ayez, suivant aussi ce qu'il vous
est mandé par la lellre du dict sieur Roy mon
filz, s'ilz demandent des armes et autres mu-
nitions, à leur faire la responce qui vous est
mandée, leur faisant bailler au demourant
vivres el ralïrescliissement en payant, affin de
ne leur donner occasion de piller nostre coste.
et m'asseurant que vous y sçaurez bien et sai-
lesquelz vous désirés bien sçavoir comme vous aurez à
vous gouverner et entendre sur ce mon intention , laquelle
je vous diray estre qu'on leur face bonne chère et baille
vivre et rafraîchissement en payant, car je ne les veux
désespérer et donner occasion de piller ma coste, mays
aussi je ne veux qu'on leur baille pouldre , bouletz, armes,
rames, ny autre munition de guerre, et si l'on vous en
demande leur fauldra respondre qu'il n'y en a que ce qui
est nécessaire pour la garde des places, ayant esté le reste
consommé es guerres dernières en telle quantité qu'il
n'en est demeuré que la provision du pays. Voylà la façon
dont vous leur respondrés, affin qu'ilz se contentent et
qu'on ne mescontente point le Roy calbolicque mon bon
frère. Et quant vous serés au lieu où les Espaignolz pas-
seront et qu'ilz vous en parleront, vous leur direz et asseu-
rerés qu'il n'a esté baillé ausdietz corsaires aucune muni-
tion de conlrebende, et que si l'on leur a baillé des vivres,
ce a esté en payant, affin de ne les désespérer et donne)
occasion de piller mes subjeetz, car nous n'avons poinct
la guerre avecques eulx et je ne puis leur reffuser, ne
m'estans ennemys, les vivres qui se prennent en tous
pays; qui sera lin, priant Dieu, monsieur de Joyeuse,
vous avoir en sa saincte el digne garde. De Sainct-Ger-
ruain-en-Laye, le (mu") jour d'aoust 1 56i .n (Bibl. nat.
fonds franc. n° 15875, P 126, minute originale.) —
Voy. à cesujetune lettre de Pierrebon à Catherine (même
volume, P i3?i).
99
22G
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
gement pourveoir, je feray fin pour pryer
Dieu, monsieur de Joyeuse, qu'il vous ayt en
sa saincte garde.
De Sainct-Gerinain-en-Laye, le jour
d'aoust i56i.
(Au dos.) La Royne mère du Roy à monsieur
de Joyeuse, le xime jour d'aoust 1 56 1 .
1561. — 16 aoûl.
Copie, lîibi. du Louvre, B ta53. Registres du Parlement.
Imprimé. — Mémoires de Condé, t. Il , p. 636 , édit. de Londres , 17Û3.
A MESSIEURS LES GENS
TENAMS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrez, par ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript, combien il
trouve, avec raison, maulvais que l'on imprime
ainsi indifféremment toutes choses, dont on
voit icy ordinairement beaucoup de livres et
œuvres diffamatoires, ce à quoy je vous prie,
suivant son intention, pourveoir et donner
ordre que ceste licenlieuse et téméraire au-
dace de ceulx qui sont si folz soit contenue et
réprimée comme il appartient, et que vous ju-
gerez assez qu'il est raisonnable, priant Dieu,
messieurs, vous avoir en sa garde. De Saincl-
(îermain-en-Laye, le xvie aoust i56i.
Caterine.
De l'Aubespine.
(1561. — 17 août.)
Aul. Arch. de Tunn.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, encore que le Roy mon lils vous
mende byen au long de touttes nous novelles ',
si n'è-ge voleu léser pour sela vous fayre set
mot pour vous dyre cornent l'on m'a dyst
1 La minute de la lettre du Roi se trouve dans le
n° 1.5875 du fonds français, f° 1/1A; elle est datée du
17 août i5fit.
que madame a santy bouger son enfant l,
de quoy je suys si ayse que depuis touttes
nies malheureuse forteune je puys dire aveque
vérité n'avoyr santy joye à bon aysien que
asteure, laquele je n'ause encore du toul
prendre, d'aullent que vous ny aylle ne m'an
navés ryen mandé, qui me fayst vous prier
m'escripre s'il est vray. Je ne ly en né ryen ausé
mètre clans sa letre, de peur que, si n'étoyt yn-
sin , qu'el feut marrye que l'on me l'eut mandé.
Je me remeteré au démolirent dé novelles
sour la seufisanse du sieur de d'Ecars2 pré-
sant porteur, que le roy de Navarre envoy ver
nostre Saynt-Père pour l'aucasion qu'il vous
dyré et m'aseure que en set que coneslrés lu\
povoyr ayder que ne vous aypargneré poynt.
et ausi je vous en seuplye que, aullre set que
fayrés pour luy, je le repeuteré corne pour
moy. Vous l'aublygerés à jeamès, quelque for-
teune qui puise avenyr, à vous fayre plésir en
touttes vos afayres; et vous ayment, cornent je
lays, je désire que tous les monde vous ayme
corne fayst
Votre bonne seur,
Caterine.
1 Chantounay ecii\ait le 11 août à la duchesse de
Parme : "La Royne m'a asseuré que la ducliesse de Sa-
voie estoit grosse et qu'elle a senty l'enfant à quatorze
semaines. 1 (Lettre de Clianlonnay à la duchesse de
Parme, Archives de Vienne.) — A la date du 7 juin, dans
un rapport venu d'Italie, il est parlé de la grossesse de
la duchesse de Savoie : fis with chi\d.i> {Kalendar if State
paper», année 1 56i, p. 1 02.) Elle accoucha le 8 janvier.
(Ibul. p. 486.)
- François de Peyrusse. comte d'Escars, cité plus haut.
En allant à Rome, il était également chargé de visiter,
en passant, le duc de Savoie et de lui remettre une lettre
de Charles IX. ( Voy. cette lettre, même volume, f° i/u't.) Le
jeune Roi lui parle de l'assemblée des prélats de son
royaume à Poissy, -où ilz travaillent incessamment à la
reflbrmalion des mœurs qui sont fort dépravez et de beau-
coup de choses de l'Eglise qui ont besoin d'une bonne
correction. » — Voy. Commentaire de Monluc, édit. de
Ruhle, 1.111, p. 70.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
i±l
1561. — 18 août.
Orig. Arili. <!,■ M. ..Lu
A MON COUSIN
MO\SIEI li LE DUC DE FERRARE.
Mon cousin, le singulier zelle et affection
que j'ai toujours eu à l'administration de jus-
tice el principalement aux estrangiers travaillez
en procès, nie faictvous recommander Alfoncc
Loppez Gaillo, lequel, ainsi qu'il m'a este' re-
montré de sa part, ayant cerche' par voye
amyable tous les moyens possibles de se faire
paier de certaine somme de deniers que les
hérétiques portugois demeurant à Ferrare luy
doivent longtemps, n'eu a touttefois ancores
peu avoir aucune raison; au moyen de quoy il
a esté contrainct les l'aire appeler el pour-
suivre en justice, qui est ung chemyn qui
peult prendre long traict et en ce faisant luy
apporter grand perte et domaige pour l'esloi-
gnement qu'il faict de sa maison. A ceste
cause, mon cousin, je vous ay bien voulu es-
cripre la présente en faveur dudit Alfonce,
vous priant ordonner à voz ministres de la
dicte justice de vacquer et entendre à la vui-
dange et décision de son dict procès el diffé-
rent en la meilleure et plus prompte expédi-
tion que faire ce pourra ; ayant le droict et
equicté de sa cause en justice pour recom-
mandé, et oultre ce que vous ferez œuvre
digne du lieu que vous tenez, dont icel-
luv Alfonce vous demeurera perpétuellement
obligé, j'estimeray à très grand plaisir le bien
et faveur qu'il recevra de vous en cest eudroict
attouchant comme de faict à aucun de mes ser-
viteurs, priant sur celé Créateur qu'il vous ait,
mon cousin, en sa très saincte et digne garde.
Escript à S'-Gerinain-en-Laye, ce xvine jour
d'aoust 1 56 1 .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1561. — 18 août.
Minute. Bibi. nat l'omis français , n° 15875, f" i5t.
A MONSIEUR
LE CARDINAL DE LA ROI RDA1SIKRE '.
Monsieur le cardinal , vous m'avez faict
grand plaisir de m' envoyer la lectrc de l'éves-
que de Cornoaille2, par laquelle j'ay congneu
les bons offices qu'il souloyt faire, et ne m'es-
babis point si beaucoup de choses ont esté
descouvertes, pendant <[u'il a esté par delà, puis-
qu'estant icy il en faisoit si bon marché. Il en
a desjà esté en partie chastyé; mais il n'est pas.
encores comme il en demeurera; ce qui me
reste à vous dire est que je vous prie en ce
qu'aura affaire le sr d'Escars pour l'effet pour
lequel il est présentement envoyé par mou
frère le roi de Navarre , de luy faire toute
l'ayde et faveur el secours que vous pourez,
qui sera chose que auray fort agréable; en
quoy m'asseuranl que ne ferez faulle, je prie
Dieu, monsieur le cardinal, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le [xviir3] jour
d'aoust 1 56 1 .
Caterine.
1561. — 18 août.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" 15875, f° 1*8.
A MONSIEUR DE L'ISLE.
Mous, de L'Isle, vous m'ayez faict fort grand
plaisir d'ainsi particullièremenl nous escripre
de toutes choses qui se présentent au lieu où
vous estes, comme vous ferez encores plus de
1 Philibert Baljon , cite plus liant.
2 Louis Simoneta, Milanais, administrateur de l'évê-
ché de Cornouaille, évêque de Pesaro, cardinal en i56i,
mort en i568. Il vint en France en octobre i56o. —
Voy. Henry et Loriqnel, Correspondance de Babou de la
Bourdaiiière; lteims, i55q, p. hh.
'J9-
228
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICtS.
continuer; surquoy le Roy monsieur mon filz
vous faict bien ample responce1. Il ne me res-
tera donc à vous dire aultre chose que de
vous recommander tousjours le laid d'Annibal
Ruccelai 2 et prier de ne laisser passer occa-
sion de le ramentevoir à nostre Sainct Père.
De deçà, si le Nunce3 m'en parle, je luy feray
bien congnoistre combien j'auray agre'able de
me veoir en cela gratiflîe'e de nostre S1 Père,
comme je seray semblablement de la promo-
tion des archevesques Ursin * et celuy de Thu-
rin, pour qui je vous ay escript par ci-devant.
Quant à ce que m'avez mandé de l'advis que
le Nunce a donné par delà de ce qui c'est l'aict
en la court de Parlement et que particullière-
ment il a touché l'oppinion de vostre père, j'ay
faict remonstrer au dict Nunce combien en
cela il se faisoit de tort, qu'il nye le plus du
inonde ; comme je m'asseure qu'il ne l'ad-
vouera jamais, vous y aurez l'œil ouvert pour
entendre ce qu'on leur mande, affin de faire
bien cognoistre à Sa Saincteté que nous ne
sommes pas tant perdu comme ilz nous croient,
et qu'il ne l'ault pas croyre tout ce qu'on leur
1 Voy. cette lettre de Charles IX (même volume,
[° i '19), il lui recommande d'intéresser le Pape à la resti-
tution du royaume de Navarre, cpour ce qu'estant père
commun sans passion, ny respect d'aucun intérêt par-
ticulier, ses raisons et remontrances en seront d'aultant
mieulx pesées et auront plus de force et de vertu. 11
voudrait que le Pape voulût bien envoyer en Espagne
quelque personnage d'auprès de lui et de qualité, afin de
rendre le Roi catholique plus fa\orable.
' Il fut d'abord secrétaire du cardinal Caraffa ; à la mort
du pape Paul IV, il vint en France où il remplit des mis-
sions importantes, et plus tard fut nommé évèque de
Carcassonne; rentré au service du pape Clément VIII et
sur le point de devenir cardinal, il mourut au mois d'a-
\ril 1601. — Voy. Passerini, Genealogia délia fanuglia
Rucellai, Firenze, 1861, p. 110.
Prosper de Sainte-Croix.
4 François des Ursins, archevêque de Cosenza , qui fut
légat en France.
escript, mais adjouster principallement foy à
ce que vous leur en direz. Je ne sçay plus que
vous dire, sinon que je vous prie faire pour
le roy de Navarre mon frère tout ce que vous
pourrez et assister au sieur d'Escars de toute
l'avde, faveur et conseil que vous lui sçaurez
donner, affin que, s'il est possible, il obtienne
de nostre Sainct Père ce qu'il demande. Quant
à vostre affaire, dont vous m'escripvez, asseu-
rez-vous que je y feray tout ce qui sera pos-
sible pour vous bien traicter et donner couraige
de bien servir, comme je sçay que vous en avez
la volunlé. Et pour la fin je vous prieray re-
mercier très affectueusement de ma part Sa
Saincteté de la grâce qu'elle a faicte en ma fa-
veur à monsr de Puy ', dont je me sens bien fort
tenue à luy reconuoistre, quand en quelque
chose il me voudra employer, priant Dieu,
monsr de L'Isle, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le (18e) jour de
aoust i56i.
(Au dos.) La Royne à M. de L'Isle, ce xviii'
jour d'août.
ClTERlNE,
1561.
s3 août.
Orig. Bibl. nat. Cinq ciuts Colbert, n° 390, f0' 63 et suiv. Imprime
dans les Mémoires de Castclnaut additions de Le Laboureur. I. 1 .
p. 377.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, voz lettres des \\.
xxii et xxixr juillet m'ont esté rendues quasi en
mesmes temps, par où j'aysceu les propoz que
vous a tenuz l'Empereur des advis qu'il a de
ce qui se remue par deçà au faict de la relli-
gion; de quoy encores il m'a escript du xvedu
dict moys, par une lettre que m'en a baillé
l'ambassadeur Chantonné qui est icy : qui
1 Martin de Beaune, évèque du Puy.
LETTRES DE CATH
sont plaines de la craincte qu'il dict avoir, que
rassemblée des prélatz, qui est. dn présent à
Poissy, ne soit pour faire quelque préjudice
au concilie général, el pour innover chose
qui pourroyt invertir ou altérer aucunement
le train el cours d'icelluy. Sur quoy je luy ay
l'a ici responce par le mesmes ambassadeur, et
adverty, comme vous luy pourrez encores dire,
que ladicte assemblée n'est que pour myeulx
préparer les dicts prélatz au dit concilie, aflSn
que par une généralle communication ilz
puissent faire élection de ceulx d'entre eulx
qui seront plus propres et dignes de s'y trou-
ver, que bien pourroyent-ilz, eulx qui veoyent
le mal que nous sentons de ces divisions et
troubles dont ce royaume est afligé, adviser si
cependant il y auroit moyen d'y donner quel-
que allégement, actendant le dict concilie, et
tout soubz l'auctorité de nostre très-Sainct Père
le pappe , qui n'est pas chose qui doyve ame-
ner soubzpeçon d'aucune innovation; maiz
ceulx qui sont extresmemenl malades sont ex-
cusez d'applicquer toutes herbes à la doulleur
pour l'appaiser, quant elle est comme impor-
table, actendant le bon médecin, que j'estime
devoir estre ung bon concilie pour une si fu-
rieuse et dangereuse malladye, dont ceulx qui
la sentent peuvent parler plus hardyment, et
y sont les plus empeschez. Je sçay bien dont
luy viennent télz advis ', aussi luy touchay-je
ung mot par ma lettre de croyrè aux effeclz
et non aux propoz de ceulx qui ne veoyent et
ne congnoissent bien souvent que la superfi-
cie des affaires, encores qu'il/, lacent bien les
empeschez; à quoy ils n'ont pas faillie de gens
qui les poussent, car estant la division en ce
royaulme telle que vous la sçavez, il ne faut
pas doubler qu'il n'y ayt des cerveaulx bien bi-
garrez, et qui seroient bien ayses d'y veoir pis
1 Elle désigne le nonce Chantonnay.
ERINE DE MEDIAS. 229
qu'il n'y a, Dieu mercy. \u demourant, j'ay
entendu les nouvelles que vous m'escripvez des
affaires de delà, e1 de la disposition de l'Em-
pereur, sembiablement comme les choses de
Hongrye se manyent, et ne sçauroys avoir
plus de plaisir que de veoir que tout luy suc-
cedde ainsy qu'il désire, et que vous conlinuez
à me tenir ordinairement advertye de ce que
vous apprendrez. Quant à ce qui vous est deu.
j'ay commandé qu'il vous y soit satisffaict. el
suis bien marrye que plus tost il n'y a eu
moyen de le faire, pryant Dieu, monsieur de
Rennes, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le xxnie jour
d'aoust 1 5 G î .
Caterine.
J'oublyois à vous dire que je suis priée par
aucuns cappitaines, serviteurs du Roy mon
filz, faire instance envers l'Empereur pour ung
pauvre prisonnier, selon ung mémoire cy-en-
cloz, ce que je vous prie faire de ma part autant
que vous verrez luy povoir ayder.
De l'Aubespine.
1561. — aâ août.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, f° 21.
A MON COCSIN
MONSIEUR DE RORD1LLON,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DD LOT MONSIEUR MON FILS EN P1EDM0NT.
Mon cousin, j'ay receu vos deux lettres et
avecques la dernière les pappiersque vous m'a-
vez envoyez, où j'ay veu plusieurs choses de ce
que je demandoys et m'a suffît d'avoir rompu
ce coup là1, qu'il faudra excuser, s'il en vient
1 Elle fait allusion à un courrier arrêté par son ordre
el gardé qualre jours à Turin. — Dans une lettre à M. de
Bordillon, L'Aubespine lui mande qu'il ne doit montrer
à qui que ce soit la dépêche qui lui a été faite par l'avis
de la Reine et du roi de Navarre, et il ajoute : «que les
230
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
plaiucte, comme je m'en asseure, ainsi que je
vous ay eseript. Présentement je vous les ren-
voyé pour les faire bailler et rendre à ceulx
qui en esloient porteurs, et vous en descharge
ainsi que vous verrez qu'il sera à propos, vous
estimant si saige et si advise' que vous sortiriez
bien d'un plus fascheux passage, me conten-
tant décela, sans que pour l'advenir vous en
laciez plus prendre, ne arresler d'autres, pour
éviter toute occasion de plaincte, vous advi-
sant que ne suys pas à ceste beure à con-
gnoistre quelle affection vous me portez et au
bien des affaires et du service du Roy mon-
sieur mon filz, aussi vous liens-je au rang de
ceulx desquelz j'ay plus de fiance, comme je
vous feray tousjours congnoistre, quant l'oc-
casion s'en présentera; priant Dieu, mon cou-
sin , vous avoir en sa saincte garde.
Eseript à S'-Germaiu-en-Laye, le xxvcjour
d'aoust 1 56 1 .
Catërine.
De l'Albespine.
1561. — 26 août.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg , vol. 18, V 22.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE BORDILLON,
LIEUTENANT CÉnÉRAL DU ROT MONSIEUR MON FILZ EN PIEDMONT.
Mon cousin, par la lettre que le Roy mon-
sieur mon filz vous eseript, vous entendrez
l'ordre qui a esté donné pour le payement
d'un moys de noz soldatz et pour les vivres des
places et, par ce que le sr d'Escars vous dira,
vous sçaurez si amplement de mes nouvelles
que je ne m'estendray à vous en dire davan-
tage, si n'est pour vous asseurer qu'il ne se
peult pour ceste heure faire mieulx et qu'in-
lettres et paquets éloient parvenus es mains de la Reine
et du chancelier, où ils ont trouvé partie de ce qu'ils dé-
rir oient, lesquels on les lui renvoie; on ne soucie plus de
voir les paquets, il ne les arrêtera plus.n (Bibl. nat. fonds
franc. n° i55/J2, f' 35.)
continent que nous aurons la meilleure com-
modité, comme nous espérons, nous donnerons
si bon ordre pour les choses de delà que vous
ne serez plus en ceste nécessité; cependant je
prieray Dieu, mon cousin, vous avoir eu sa
saincte et digne garde.
De Sainl-Germain-en-Laye, le xxvie jour
d'aoust 1 56 1 .
Catërine.
robertet.
1561. — 29 août.
Orig. Bibi. imp. de Saint-Pé'tersbourg, vol. 18, f° a3.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE BORDILLON,
LIEUTENANT CENERAL DU BOT MONSIEUR MON FILZ EN PIEDUONT.
Mon cousin, vous entendrez par la lettre
que le Rov monsieur mon filz vous eseript la
plaincte que le nonce de Nostre Sainct-Père
et l'ambassadeur du roy d'Espagne mon bon
filz m'ont faict faire d'ung courrier qu'ilz
disent que vous leur avez faict arresler, ayant
ouvert ses lettres et pacquetz l; sur quoy dési-
rant sçavoir ce qui en est et leur faire con-
gnoistre qu'ilz ont esté mal informez en test
1 Une leltre de L'Aubespine à M. de Bordillon nous
donne l'explication de cette contradiction entre la lettre
de la Reine du 25 août et celle du 29; il lui parle
d'abord de l'alarme nouvellement survenue au Roi par la
plainte des ambassadeurs de ce qu'on a arrêté les paquets
en Piémont : "C'est pourquoy, ajoute-t-il, il faut qu'il
trouve des raisons pertinentes pour montrer ce qui l'a
obligé à cela, car ils disent que ce courrier a esté arrête
par commandement des officiers du Roi, de quoi il se
justifiera par lettres bien et clair qu'on pouira montrer et
lire devant tout le monde. » r II est assez advisé pour en sor-
tir et donner la couleur que l'on désire. n (Bibl. nal.
fonds franc, n 1.J.V12 , f° 36.)
Dans une lettre qui accompagne celle de Catherine,
Charles IX se borne à dire : c Qu'il veut estre éclairci de ce
que l'on a gardé le courrier quatre jours à Turin et que
le Pape et l'ambassadeur d'Espagne s'en plaignent?) ; mais .
dans une leltre à son ambassadeur à Rome, M. de L'Isle.
revenant sur ce fait du courrier arrêté, il lui dit : rQuanl
à ce que Nostre Sainct-Père s'est plainct à nous en si
LETTRES DE CATH
endroict, nous avons bien voullu incontinent
vous faire ceste dépesclie pour vous pryer,
mon cousin, de nous mander au vray ce qui
en est, afin de les osier de i'oppinion où il/.
sont que Ton leur ayl voullu faire telle chose;
de ijuoy, jusques à ce que nous ayons eu nou-
velles de vous, nous ne leur sçaurions res-
pondre; qui me faict vous prier de y user de
dilligence, priant Dieu, mon cousin, qu'il
vous aict en sa saincte et digne garde.
Escript de S'-Germain-en-Laye, lexxix'jour
d'aoust 1 56 1 .
Catgrine.
RûBERTET.
1561. — 39 août.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colberl , n° 390, f° 67.
A MONSIEUR DE RENNES,
CONSEILLEE , MA1STRB DES REQUESTËS DE U'BOSTEL DU ROI
MONSIEUR MON FILZ ET SON AMBASSADEUR PRÈS L'EMPEREUR.
Monsr de Renés, par vostre dépesclie du
vm° de ce moys, que je viens de recevoir tout
présentement , j'ay bien au long entendu ce
que me faictes sçavoir de la jalousie que l'on
a conceue au lieu où vous estes de l'assemblée
(jui se debvoit faire aux nopces du prince
d'Orenge1, des troys ellecteurs séculiers de
l'Empire et de ce que le roy de Dannemarcq
s'y debvoyt trouver '2, pour l'opinion que l'on
grande aigreur et'coilère de l'arresl de ces courriers,
c'est chose que vous lui pouvez tesmoigner m'avoir aultaut
despieu qu'à luy, et que vous lui assurerez avoir été
faicte et exécutée par le sr de Bordillon, mon lieutenant
général en Picdmont, de sa seulle autorité et sans aucun
commandement qu'il eust denioi,ny de la Reyne Ma-
dame et Mère, comme il se peult veoir par la lectre que
ledict s' de Bordillon vous escrit, rendent tesmoignage
de l'occasion pour laquelle il l'a faict, de laquelle je vous
envoie un double pour la monstrer à mon dict'Sainct-
Père. 1 (Bibl. nat. fonds franc, n" 17998, f° 10.)
1 Guillaume, prince d'Orange, fils de Guillaume de
Nassau. Ses noces avec Anne de Saxe furent célébrées
avec beaucoup de magnificence à Leipzig, le -j 5 août 1061.
- Frédéric II, né en i53û, mort le '1 avril 1 588. Il
ERINE DE MÉD1CIS. 231
a que aspirant à l'empire, il pourroyl par le
moyeu de la susdide assemblée et de sa pré-
sence avancer el promouvoir cest affaire et en
faire mectre les fers au l'eu bien avant, de
façon que vous doublez que sur l'impression
de ceste praticque l'on vueille mectre l'Empe-
reur et le roy de Bohême eu la défiance des-
dits ellecteurs séculiers, et de la jalouzie
qu'ilz en pourraient prendre, l'on feusl an
dangier d'en voir advenir ce que vous discou-
rez bien saigement par vostre dicte lettre;
dont il est besoing, sur tout le service que
vous désirez faire au Roy monsieur mon fdz,
que vous mectiez peine de vous esclaircir et
clariflier le plus véritablement qu'il vous sera
possible pour m'advertir ordinairement de ce
que vous pourrez descouvrir, comme je tra-
vailleray de ma part d'en sçavoir quelque
chose par le moyen de l'ambassadeur que
nous tenons auprès du dit roy de Dannemarcq
auquel j'en faictz une bien ample dépesche,
affin que sur les advertissemens qu'il nous en
donnera, que je vous feray sçavoir inconti-
nent, et sur les vostres, vous puissiez plus
aysément tirer la vérité de ce qui en sera. Il
est vray que, si leur opinion n'estoyt principal-
lement fondée que sur le voyage du dict roy
de Dannemarcq, ilz auront eu de faict grande
occasion de la diminuer, d'aultant que le-
dict ambassadeur m'a mandé par une sienne
dépesclie du xvie juillet, que s'estant ledict
roy du tout résolu de partir pour se trouver
aux nopces du dict prince d'Orenge, jusques
à avoir faict publier le jour de son parlement,
et mandé au dict ambassadeur qu'il se prépa-
rast pour Facompaigner en son voyaige, il
avoit si soudainement changé son entreprise el
rompu le dicl voyaige que c'estoit chose as-
n'ussista pas aux noces du prince d'Orange. — Voy. Ar-
chivetdela maison d'Orange; Leyde, 1835, 1" série,!. I.
page G8.
232
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
seurée qu'il ne le feroit poinct;ilzont dict que
c'estoit à la persuasion des conseillers de son
royauline, qui ne l'avoient jamais trouvé bon.
Toutesffoys, ledict ambassadeur qui n'en avoit
encores peu descouvrir aultre chose, ne pou-
voit crovre qu'il n'y feust survenu quelque
nouvelle occasion, m'escripvant au demeurant
que la royne de Dannemarch1, qui estoit allée
expressément en Saxe pour traicter le ma-
riaige d'entre le dict Roy son filz et Tune des
tilles de l'Empereur, estoit retournée sans
riens faire, et que, à ceste heure, l'on com-
mençoyt à parler de la fille2 de l'électeur de
Brandebourg3, qui est le sommaire des advis
que le dict ambassadeur nous a donnez des
affaires du dict roy de Dannemarch, par la
comférence desquelz avec ce que vous appren-
drés de jour en jour au lieu où vous estes,
vous jugerez quelle apparence il peult avoir
en ce dont vous avez escript pour vous en
esclercir et nous tenir continuellement adver-
tys de que verrez qui le méritera; et si la
diette impérialle tire oultre, je seray bien ayse
de sçavoir en quel temps elle se pourra tenir;
priant Dieu, monsieur de Renés, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
Escript à Sl-Germain-en-Laye, le xxixc jour
de aoust 1 5G 1 .
Caterine.
(1561. — Fin aoûl.)
Aut. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, la peur que je ay que Madame",
' Dorothée de Saxe, morte en 1571.
- Sophie de Brandebourg, qui épousa Guillaume de
Rosenberg.
; Joachim II, né le 9 janvier i5o5, mort le 3 jan-
vier 1071.
4 La duchesse de Savoie.
sache la perte qu'elle ay moy avons fayste
de une si bonne parante et que nous aymions
toutte deus come nous mesmes que madame de
Monpansier l, m'a fayst vous ayscripre la pré-
sante, de craynte que, set le Iiset, que s'an
saule, et s'el éloyt grose2, sou enfent en valeul
pis; qui me fayst vous prier de reguarder la
fason content y vous sembleré le myeulx pour
luy dire et ne luy baller ma letre que premiè-
rement ni ayés avisés et veu sete ysi; car,
heultre le regret que je ay de sa mort, j'é si
grant peur que s'an trove mal, le sachant, que
sela nie redouble mon ennuy, et se n'etoyt
l'aseurense que je ay que y fayrés selon que je
say que l'aymés et avé chère sa santé, je an
serès en heune aystrème pouyne pour ne
povoyr aystre auprès d'elle; et pour sete auca-
sion je vous envoy set pourteur, afin que par
luy je sache à la vérité et incontinent cornent
ayle s'an porteré; car, après tent d'annuys, set
Dyeu me forteunet tent qu'el eut mal, je ne
say cornent je lay3 sarès porter, qui me fayst
vous prier que, après tout set que luy saré
très byen dyre, la suplyer de par moy que,
set l'ayme ma vye et veolle me la conserver,
qu'ele guarde sa santé, laquele je suplye Dyeu
luy guarder et à vous ausi, ausi longuement
que tel tous deus la désiré.
Votre bonne seur,
Caterine.
1 Jacqueline de Longwy. — Voy. Davila, Histoire des
guerres civiles en France, édit. de 1757, t. I, p. 8i et 92,
et le président de Lapiace , Commentaires de l'estat de la
religion, édit. de i5(35, f° 2 3 7.
2 Dans la lettre du 1 7 août précédent, elle avait dit que
la duchesse de Savoie avait senti bouger son enfant. — Il y
avait encore des doutes sur cette grossesse , car, le 1 3 sep-
tembre, Marsilio délia Croce écrivait à Shers : «The
duchess of Savoy is undoubtedly pregnant.n (Kalendar 0/
State papers , i56i-i56a, p. 3o5.)
3 Lay, le.
LETTRES DE CATIIE1UNE DE MEDICIS.
23.Î
( 1 5G ! . - — Commencement de septembre '. )
Aul. Arcb. ii.ii. Coilect, Siinnncas, K. 1&961 F*, ih
A M. MON FILS LE ROY CATOLYQl E.
Monsieur mon fils, depuis ni a lettre ayscripte,
mes cousines de Borbon2 el île Clermonl3 sonl
arivées, léqueles m'ont tcntdisl l'honneurqui
vous lia pieu leur fayre tent à leur demeure que
au parlement, que je ne voleu fallvr par la pré-
saule en remersicr \ . M. el ensemble du bon
trélemenl el grande a mytié que faystes et dé-
inonstrés en l'androyf de la Royne ma fille,
qui ayl lyeule, à sel qu'il m'ont coule que. à
jeamès, le Roy son frère el moy nous en de-
morerons aubligés , metenl pouine de vous fayre
tourjour coneslre en loulles aucasions, corne
désirons par efayst plul\ (|ue en parolle vous
randre le témoynyage de sel que en resantons,
et nm\ encore partycoulièrement pour l'hon-
aeur que m'ont loulle deus aseuré que me
faystes de \ous aseurer de l'amour que je vous
porte, qui serténement aysl lyeule que je ne
mesl neule diféranse entre le lioy voslre frère
el \ous, désirant à tou deus aultent de heur
et de contentement que mère peull jeamès dé-
sirer lia anfans, el pour sel ayfayst n'épargneré
jeamès ny vy.e ny byens et pour vous enler-
lenir en l'amytyé en quoy vous avtes.
Vostre bonne mère et seur,
Caterine.
1 Reçue le 1 3 septembre.
- Anne de Bourbon, fiancée au conile d'Eu, Elle de
Louis de Bourbon, duc de Monlpensier el de Jacqueline
de Longwy.
; Louise de Bretagne, mariée à Gui, baron ie Cas-
telnau el dé Clermont-Lodève. — Voyez ses lettres à
Catherine de Médias, dans les \ég cialion» sotls Fran-
eoii 11.
M DE Mkdici
I5G1. — 2 septembre.
Minute. Bibt, nat. fonds français, n: 15879, f1 20G.
A MONSIEUR LE PRÉSIDENT
DD SIÈGE PRÉSIDIAL DE POITIERS '.
Monsieur le président , j'ay veu ce que vous
m'avez escript pour la difficulté, en quoy \011s
vous trouvez, de la façon dont vous aurez à
vous gouverner pour la publication du dernier
Edict2, que j'ay trouvé fonde sur grande et
apparente raison, comme très saigemenl vous
me la déduysez, el pour ce je n'ay voulu plus
longuement différer de vous mander en cela
ma résolution, qui est de chercher par tous
les moyens possibles de garder l'authorité du
Roy monsieur mon lilz en loul et partout el
contenir le peuple en paix, unyon cl concorde,
sans leur donner occasion de s'esmouvoir ou
altérer aucunement. El pource qu'il esl à
craindre, par les remonstrances qui vous onl
esté l'aides3, que cesle publication n'apporte
le contraire de ce que nous voulons el au lieu
du repoz engendre plus d'aigreur et de divi-
sions, il n'est'à propoz qu'elle se lace; en
quoy \ous les pourez contenter, qui leur déli-
vra estre une juste occasion de se contenir,
sans faire scandalle ny sédition , et affin aussv
que les aullres ne se puissent plaindre et dé-
1 François Aubert, sieur d'Aventon; il fut le premiei
en titre des présidents au présidial (la charge avant été
1 ' par édil de juin 1 .">.">-): antérieurement il était con-
seiller au Parlement de Paris, et devint maire de Poifiei -
en t564.
- L'Édit de juillet.
3 Voy. une lettre du président du présidial de Poitiers
à Catherine de Médias en date du i3 août îôtii : Le
ministre de l'église réformée lui a déclaré que : -les
Gdelles se mesconlenleroynl fort du contenu en l'Edict:
qu'ilz n'entendoienl le garder el entretenir et me admo-
qi -li.il sur toute chose de ne le faire publier, autrement
il ne pourroit empesi-her les lidelles de faire nne sédition
et folle entreprinsecommegensdesesperez.il (Bibl. n;H
fonds franc, n" 1 .") 8 7 5 , I* îa'i. 1
nh
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
sespérer, pour les contenter, vous ferez seul-
ement lire le dict Edict au siège sans en faire
la publication à son de trompe, comme il est
acoustumé, et ne vous mectez en nulle peyne
d'en requérir l'observation si exacte, puysque,
comme me mandez, vous voyez bien qu'il n'y
a moyen de le faire observer, qui u'auroit de
grandes forces. Bien \ous prieray-je de faire
tout ce que vous pouvez pour maintenir entre
euh le plus qu'il sera possible de union et
bonne intelligence; en quoy il me semble que
la prudence des juges et officiers peult beau-
coup servir. El je prie Dieu, monsieur le pré-
sident, vous avoyr en sa saincle et digne garde.
De Sainct-Gerniain-en-Laye, le (9e) jour
de septembre 1 56 1.
15G1. — 8 septembre.
Copie. Bibl. nat. fonds français , nJ i85aS, P 27.
> M. LE PRÉVOST DES MARCHANS
DE PARIS '.
Monsieur le prévost, vous sçavez comme la
résolution avoit este' prise de faire la nouvelle
et joyeuse entrée du Roy monsieur mon fils,
en sa ville de Paris, le quiuziesme jour du mois
de janvier prochain, et pour ce qu'il a esle'ad-
visé pour la commodité et incertitude du temps
qu'il faict ordinairement en telle saison et
pour certains aultres bons respects et considé-
rations, qu'il vault mieux remettre la dicte
entrée jusques au jour de Quasimodo qui sera
le huictiesme jour après la prochaine feste de
Casques2, j'ay bien voulu vous en advertir dès
à présent, afin que, le sachant d'heure, vous
1 Guillaume de Marte, s' de Versigny.
2 Voici ce que nous trouvons sur cette entrée : «En
un lundi 1" d'apvril , le roi Charles IX' de ce nom lit
son entrée en armes à Paris, où il n'y eust que les mar-
chands et aulcuns conseillers de la ville qui assistèrent. Le
Boy csloit entre la Beine mère et le roy de Navarre.»
1 Journal d'un curé ligueur, publié par E. de Barthélémy.
Paris, Didier, p. .'17. )
ne vous hastiez point de faire les préparatifs
nécessaires pour la dicte entrée plus tost qu'il
sera requis pour les avoir prests au temps que
dessus. Priant Dieu, monsieur le prévost,
qu'il vous donne ce que désirez. Escript à
Sainct-Germain-en-Laye, le vin0 septembre
mil cinq cents soixante-un.
Catekine.
BOURDIN.
1561. — 8 septembre.
Cojiii'. Bibl. nat. fonds Dupuy, n° a 16, f° 17a.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, présentement vous sont envoyez
les articles arrestez sur les cahiers des Estalz
d'Orléans pour en faire la publication et es-
mologation ' ; à quoy je vous prye, suivant ce
que le Roy monsieur mon filz vous escril,
voulloirproceddereu la plusbriebve et prompte
expédition que faire ce pourra, pour le besoin
que vous sçavez que nous en avons, et vous
luv ferez et à moy service très agréable; priant
Dieu, messieurs, vous donner ce que désirez.
De Sainct-Germain-en-Laye, le vin* de sep-
tembre i56t.
Caterine.
De l'Aubespine.
1 .")6I . — g septembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° îôâ&s , f° Au.
A MON COL'Sl.V
LE SIEUR DE BORDILLON,
CHEVALIER DE L'OEPRE DU ROT MONSIECR MON FILZ,
ET SOS LIEUTENANT GENERAL EN PIEDMONT.
Mon cousin, vous verrez par les lettres que
le Roy monsieur mon filz vous escript l'an-
1 Voy. la Sommaire exposition des ordonnances du roi
Charles IX sur les plaintes des trois Estais de son royaume
tenus à Orléans l'an MDLX; par .loachim du Chalard,
Lyon, B. Rigaud, i5Sa, in-ia.
LETTRES DE CATHERINE DE M El» ICI S.
235
vvc qu'il a de sçavoir el entendre ce que vous
avez peu descouvrir par les paquetz par vous
arrestez ' el quelz advertissemens l'on vous
avoit donne/, qui peussenl tant importer à ses
affaires et service, e! pour ce que je m'asseure
que vous ne fauldrez de les nous faire incon-
tineni entendre ri de faire el exécuter ce qu'il
vous mande par lecontenu doses dictes lettres,
je ne vous foray la présente plus longue. Priant
Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en sa saincte
ci digne garde.
Escriptà Sainct-Germain-en-Laye, le ix"jour
de septembre i ;>*> i .
Caterine.
PlOUERTET.
1561. — i h septembre.
( Ui^. Arrh. de Turin.
A MESSIEURS
LES SEIGNEURS DE GÈNES.
Très chers et bons amis, la présente ne sera
que pour accompaigner celle que le Roy mon
très cher lil/. vous escript en faveur de notre
amé et féal le comte de Fiesque, gentilhomme
ordinaire de sa chambre, lequel pour l'affec-
tion que nous luy portons et l'envie que nous
avons qu'il lui soit par vous satisfaict selon le
contenu du Irailé de Pavie2 et la promesse par
nous l'aide, nous vous prions autant que nous
pouvons l'avoir pour recommandé et considérer
que nous ne vous en vouldrions nullement
presser, si nous ne cognoissions pas eslre liés
juste et raisonable, et pour cesle cause vous
adviserez de lui administrer telle et si équi-
table raison et justice que nous ayons occasion
d'eu demeurer contens el salisfaiets; sur quoy
1 II s'agit encore des paquets arrêtés à Turin par ses
ordres. — Voy. la lettre de Charles IX ( même vol. p. 4 i).
Snpion de Fiesque avait été compris dans le traité
de Caleau-Camlirésis. — Voy. Dumont, Corpi diploma-
tique, t. V, i" partie, p. 45.
vous asseuranl tant de voslre amitié que rien
ne vouldriez nous refuser en ceste requeste el.
après nous estre remis sur le contenu de la
lettre du sieur Roy nostre très (lier lil/., nous
prierons Dieu, 1res chers et bons amys, qu'il
vous avl en sa très saincte et digne garde. Es-
cript à Saint-Germain-en-Laye, le \° jour de
septembre i 5(ii .
Caterine.
t.'ifi 1 . — i o septembre.
Copie Ribl. liât, fonds Dupuv, n" aiG. f" 172.,
A MESSIEURS LES GENS
TENASS LA COIlttT DE PARLEMENT \ PARIS.
Messieurs, depuis vous avoir envoyé le ca-
hier des Estai/. d'Orléans, il a este- advisé d'en
différer la publication jusques à vendredy,
ainsy que le Roy monsieur mon fdz vous a es-
cript, comme j'ay bien vouleu faire de ma
part, el pryer d'employer la journée de de-
main à le veoir, et vendredj v procedder se-
lon son intention. Priant Dieu, messieurs,
vous donner ce que désire/..
De Sàinct-Germain-en-Laye, le dixième
jour de septembre i56i.
Caterine.
De l'Aibespine.
1561. — i5 septembre.
Orijj. Vrili. <lo Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEl U LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, s'en retournant en Piedmonl
le coullonnel Francisque Iharamont, j'ay bien
voullu l'accompaigner de la présente pour vous
plier, mon frère, (pie, sien quelques une de ses
a lia ires luy ou son lilz ont besoin;; de votre ayde,
faveur et support. vous leveuillez faire pourl'a-
mour et en faveur de moy; les ayant tousjours. si
vous plaist, pour recommandez; en quoy faisant,
30.
236
ojiUre ce que nous les oûbligerez grandement
à vous faire service, j'esliineray loul ce que
vous leur ferez en ma faveur comme s'il esto.it
laid à moy mesmes el donl je seray lousjours
preste de me revencher eu toules semblables
occasions; el sur ce que je prie Dieu, mon
frère, qu'il vous ayt en sa saincte et digne
garde.
Escript à Saint-Germain-en-Laye , le xv"'°
jour de septembre i 0C1.
Votre bonne seur,
CATEBINn.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1 le Roy monsieur mon filz vous escript la ré-
solution que Ton a prinse sur vostre remons-
1561. — -i-j septembre.
Ong. Bibl. nat. fonds français, u" 3o45i, f° aGg.
A MON C0US1N
MONSIEUR LE CONTE DE BRISSAC ',
CHEY1LJBB DE I.'ORRIIE PLI HOV MONSIEUR MON FIL7 ,
CAI'IUTUNE M Civil 1NTE LANCES DE SES OHDONN ANCES
ET COLI.ONtl. DES RENDES FtlANÇOISES.
Mon cousin, j'ay esté bien ayse d'entendre
que vous ayez, suivant les lettres que le Roy
monsieur mon filz vous a escriples, prins le
chemin de Poyliers avec voz compagnies, les-
quelles je vous prie couduire et mener si seu-
rement qu'il ne leur puisse advenir aucun
inconvénient; cl pour ce que je m'asseure que
vous n'y oblierez rien de vostre debvoir, je
feray fin., priant Dieu, mon cousin, vous tenir
en sa saincte et digne garde. Escript à Sainct-
Maur-des-Fossez, le x\vuc jour de septembre
i56i.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1561. — a octobre.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n" i55A9 . f° A8.
\ MON COUSIN
LE SIEUR DE RORDILLON.
Mon cousin, vous verrez par la lettre que
1 Voy. la noie de la page Q.6.
trance touchant le retranchement que l'on
avoit ordonné estre faict sur toutes les com-
paignyes de Piémont pour en faire une au
sieur de Lyoux ' pour la garde de sa place de
Pignerol; à quoy ne pouvant aucune chose
adjouster, si n'est de vous asseurer qu'il nous
est du tout impossible de faire nouvelle aug-
mentation de despence, et après m'estre remise
sur le contenu de la lettre du dict sieur Roy
mon filz , je prye Dieu, mon cousin , qu'il vous
ayt en sa saincte et digne garde.
Escript à Saint-Germain-en-Laye, le n" jour
d'octobre i56i.
Cateiune.
PlOBEBTET.
1561.-
cloln
Orig. Brilisti Muséum, Original leltcrs autl State papers.
Bibl. Ha ri. n3 7016.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CO\ESTABLE.
Mon compère, depuis noslre parlenienl
j'ay eu infiniz plainctes de eeulx du Langue-
doc de ce qu'ilz ont enlendu que vous y en-
voyez quelque compagnie de gendarmerye,
dont ilz sont entrez en telle frayeur qu'il est
à craindre que le désespoir les amène à faire
quelque folye, et pour ce que cela en ceste
saison est dangereulx pour la division que
vous voyez partout, je vous en ay bien voulu
escripre, vous priant, si jà vous avez mandé
aux dictes compaiguies de s'i acheminer, de
les conlreinander et enjoindre de ne bouger
encor.es des lieux où elles estaient en garni-
son, que nous ne voyons plus grande occasion
1 Joncbim de Monluc, seigneur de Leoux ou de Lioux,
frère de Biaise de Monluc, gouverneur d'Albe en 1 5 5 3 ,
mort en 1 5117. 11 y a des lettres de lui dans le vol. 453
du fonds Gaignières.
LETTRES DE C \f!l
de ce faire, el suivant cela le Roy monsieur
mon lilz a escripl à monsieur de Joyeuse à ce
qu'il ayt de son costé à suivre son intention à
ce que les dictes compaignies n'ayenl à passer
plus avant, qui est lou! ce que je vous diray
pour ceste heure, priant Dieu, mon compère,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le \" jour de
octobre 1 56 1 .
Vostre bonne commère etamye,
Caterine.
1 56 1 . — 8 octobre.
Orig. Record office, SUile papers, France, vu!. XXI.
A MONSIEUR
1/ AMBASSADEUR D'ANGLETERRE1.
Monsieur l'ambassadeur, je pense que vous
avez bien entendu comme incontinent après
que vous m'eustes parlé dernièrement de cer-
tains endroictz contenus en la préface faite au
livre du feu rov Henry d'Angleterre2, sur
L'Assertion de sept sarremens contre Martin
Luther3, j'escripvis au séneschal de Lyon ' qu'il
ordonnast bien expressément à l'auteur de la
1 Sir Throckmorton.
- Henri VIII.
3 Assertio septem sacramenlorum adversus Martinum
Lutherum, aedila ab invinclissimo Hcnrico ejus nominis
octavo. Apud inclytam urbem Londinum, inœdibus Pynson.
Ann. HDXXI; in-4° de 78 feuillets. — Brunet, dans son
Manuel du libraire, ne cite que la réimpression donnée par
Fischer, à Anvers, en 1 3-23, el n'a pas connu celte édi-
tion dont parle Catherine. «Ce livre, dit Calvin , fut basti
par quelques moynes et caphards adonnez à babil et
contention, et le Roy (Henri VIII) estant persuadé par
mauvais conseillers souffrit qu'on l'imprimast en son nom ;
or pour ce qu'il s'est depuis repenti de ceste ardeur incon-
sidérée et que le livre esloit si lourd et si fade que la mé-
moire en pouvait estre incontinent abolie, il est demeuré
enseveli par l'espace de trente ans. » (Recueil îles opuscules
de Calvin, Genève, Pinereul, i566, in-f°, p. 182Ô.)
1 Guillaume de Gadagne.
ERINE DE MÉD1C1S. ^37
! dicte préface ' de réformer les dicta endroitz
qui estoienl offensifs à la mémoire du défuncl
Roy, el davantaige qu'il fui l'ail 1res expresses
défenses au libraire2 qui avoit faicl imprimer
le dicl livre de n'en vendre el exposer en
vente, el aussy de n'en envoyer hors du
royaulme, jusques à ce que la dicte réforma-
tion eusl esté faicle et qu'il me l'eusl envoyée
pour la veoir el après luy en mander mon
intention, ce que le séneschal a bien et due-
menl exécuté, ainsi qu'il appert par sou pro-
cès-verbal3 el aussj par la correction faicte
des dicts poincts que je vous envoyé, afin que
vous voyez le tout et me fassiez sçavoir s'il y
aura chose qui vous semble avoir besoing
d'aultre provision et correction; pour laquelle
vous pouvez estre asseuré que je feray tou-
jours faire, comme en toutes choses qui con-
cernent la revne d'Angleterre, ma bonne sœur,
ou les siens, loul ce qui se peull désirer et
requérir entre bons et seurs amys; prianl
Dieu, monsieur l'ambassadeur, qu'il vous ayf
en sa saincte garde,
1 Gabriel de Saconay, précenteur de l'église de Lyo 1.
C'est Calvin qui, le premier, dénonça à Throckmorton la
préface de Saconay. Nous avons retrouvé au Record /, ci
la lettre de Throckmorton, datée du 12 août i!J0i et
nous l'avons imprimée en entier dans le tome \ Il des h •
chives des Missions, 3' série. — Voyez, à ce sujel , dan
même volume, une lettre du ministre Nicolas des Gallards
à Throckmorton. On y trouvera quelques détails curieux
sur la polémique violente engagée entre Calvin el
conay.
J Guillaume Ro ville, à VEcu de Venise; ce rare vo-
lume est in-4°. Catherine ayant ordonné qu'il fût sup-
primé, le lieutenant civil en trouva 800 exemplaires chez
les libraires de Paris. (Dépêche de Throckmorton, dans
le Kalendar 0/ State papers, i56i-i56a, p. I61.) Il
sérail curieux de retrouver un exemplaire avec la |
mière préface non corrigée de Saconay.
3 Voy. ce procès-verbal dans le Kalendar of St
pers (i56i-i56a), p. 3ao, et dans les Archives des
sinus, 3e série, t. VII.
238
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
Escripl à Saint- Germain-en-Laye. le via'
jour d'octobre 1 50 1 .
Catkiunk.
1561. — i h octobre.
Orijj. Bibl. n;it. fonds français, n" 3ai8, P h\.
A MADAME MA TANTE
LA DUCHESSE DE FÈRRARE1.
Madame ma tante, renvoyant le Roy mon-
sieur? mon filz à Molins Nicolas de Nicolay2,
l'un de ses valletz de chambre et géographe,
pour la conlinualion et poursuitte de la charge
qu'il a de la visitation et discription général le
et particulière de ce royaulme, et craignant
le dict de Nicolay qu'il luy soit donné quelque
empeschement sur le chemyn de Montargis et
Briarre, je l'ay bien voulu accompaigner de
la présente et par icelle vous prier de le faire
conduire seurement jusques au dict Briarre et
plus loing si besoing est, afin que l'affaire
qu'il a encommancé ne demeure imparfaict;
en quoy faisant vous ferez au Boy mon dict
sieur et filz et à moy plaisir très agréable; et
sur ce, madame ma tante, après vous avoir
présenté mes affectionnées recommandations
à vostre bonne grâce, je prieray le Créateur
vous donner en très bonne santé très longue
vie.
Escripl à Paris , le \iiiicjour d'octobre î 56 1 .
Vostre bonne nyepse,
Gaterine.
1 Renée de France.
' Voy. une notice sur Nicolas de Nicolay, sr d'Arfeuilles,
géographe et valet de chambre du roi Charles IX, par
Victor Advielle ( Paris , Aubry, 1 865, in 8' ). — Cf. Brunet ,
Manuel du libraire (article Nicolaï), t. IV, 1 " partie, p. 67;
Lettre de M. de Marillac au connétable, 23 juin i54g
(Bibl. nat. fonds Clairambault, vol. 55, in - 8 '). —
M. Advielle a réimprimé la description du Berry, par
Nicolas de Nicolay. Paris, Aubry, « 805.
(156t. — 23 oclobre.)
Copie. Bill. tint, fonds Dupuy, un 3oq , f fi'i .
A MONSIEUR LÉYESQliE DE RENNES.
Monsieur de Renés, par ma dépcschc du
qnalorziesme du moys dernier, vous aurez
bien particulièrement et minulement entendu
tout ce qui c'esloit passé jusques à ces! heure
là en la première assemblée de Poissy '-. en
1 Une semblable lettre fut adressée le même jour, par
le roi Charles IX, à M. de l'Isle et à M. l'évêque de
Limoges, notre ambassadeur en Espagne. La minute ori-
ginale de ce curieux document fait partie de la collection
de la bibliothèque de Saint-Pétersbourg, vol. 86, f° 8A.
Le British Muséum possède l'original de celte dernière
dépêche, signé par le Roi et contre-signe par Robertet
(vol. 1 0272 , f" 2 3 et a '1). Il nous a semblé utile de don-
ner les variantes de la lellre du Roi dont voici le com-
mencement : r Je vous ay bien voulu envoyer vostre
r. homme, afin que vous sçachiez l'eslat en quoy sont
f-mes affaires, qui est que, après avoir longuement tra-
~ vaille pour faire assembler les prélalz de mon royaulme .
-comme vous avez peu veoir par mes précédentes, et
-là estans ensemble prendre un bon expédient pour
aies choses de la religion, j'ay esté conlraincl par la
-nécessité du temps et à l'instante requeste de tous les
-Kslats de mon royaulme de permettre aux ministres des
^églises réformées, ainsi qu'ils les appellent, de venir
tten icelle assemblée, où après avoir esté ouïs en leurs
« remonslrances , etc." — Voy. plus loin, p. 2Û0, note 1.
- Vov. sur le colloque de Poissy, Mémoires de Claude
Union, p. i5g et suiv.; Discouru du colloque de Poissy.
par M. d'Espenee, du 37 janvier l56l, envoyé par la
Royne mère du Roy aux théologiens de Paris, à l'as-
semblée de Saint-Germain (Bibl. nat. fonds (t. 338a);
Récit de ce qui s'est passé au colloque de Poissy (Bibl.
nat. fonds Dupuy, n° 609); Mémoires de Cnmlé . t. I[,
p. 1 go ; Théodore de Bèze, Hist. cccles. livre IV, p. /190 ;
Bref, recueil et sommaire de ce qui s'est passé eu la petite
ville de Poissy (Bibl. nat. fonds Dupuy, n" 6')i); Jour-
nal de Itrulart , dans les Mémoires de Coudé, t. I, p. '11 ;
Requête des huguenots au Roi (Bibl. nat. fonds Fonta-
nieu.vol. 397-31)8); Klipptel, le Colloque de Poissy, élude
sur la crise religieuse et politique de i5Gi (Paris, 1867.
in-12); Anne de Marquelz, Soncts , pi-ièrcs et devitcs en
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
239
laquelle les ministres avoieut esté ouïz en
leur remonslrance et sur la confession de leur
lux. qu'il/, présentèrent par mesme moyen;
sur quoy j'espérois vous l'aire entendre, peu de
jours après, ce qui y auroil esté respondu de
la part de nos prélatz et docteurs: mais y
avant mon cousin le cardinal de Loraine laid
une tort prudente et catholicque responce, il
n'a esté possible de la retirer de luy jusques
à présent que, sitost qu'il l'a eu mise en
lumière, j'ay bien voulu sous en envoyer une
coppie pour la veoir et en taire telle pari à
l'Empereur mon bon frère, que verrez bon
estre, estimant qu'il ne prendra à peu de plai-
sir de veoir ce qu'elle contient. Depuis la
dicte responce faicte, désirant, comme vous
pouvez bien penser, que j'en ay prou d'occa-
sion de veoir quelque union et concorde en
tant de diversitez d'oppinions qui reignenl
pour le jourd'huy en la religion , et qui tou-
chent le repos de ce royaume, je trouve bon
que nos dietz prélats et évesques entras-
sent en quelque collocque gratieux avecq les
dietz ministres sur les articles de leur dicte
confession de foy; mais ayant veu que dis
deux communications qu'ilz avoient faictes,
à deu\ divers jours, l'on n'avoil raporté que
confusion de disputes sur disputes, norrisses1
de dissensions et discordes beaucoup plus que
d'union, et congnoissanl d'aultre part que
hos dietz prélatz et docteurs se disposoient
pour ne venir plus en tel collocque et confé-
rence, je m'advise de faire essayer si, par
cinq ou six d'entr'eux des plus recommandez
de sçavoir et doctrine, l'on pouroit persuader
les dietz ministres à ce que nous désirons
d'eulx pour les ramener à l'union de uoslre
formes de pasquin* , pour l'assemblée de messieurs les pré-
lat: et docteur s, tenue à Poissy (in-8°, Paris, chez la veuve
Guillaume Morel, |566).
1 Norrisses, nourrices.
('■•dise et les faire convenir avecq nous en une
mesme doctrine; à quoy les diclz députez
auraient travaillé quelquejours, et non, comme
il sembloit, sans espérence d'en veoir quelque
utilité; mais m'estant apperceue que ce moyen
là ne plaisoit |>as au surplus de nos diclz pré-
lats et docteurs, pour ce que je n'av jamais
voulu faire chose qui ne leur fust général-
ement agréable, je ne me mis pas en peine
de faire aultrement poursuivre reste dernière
v.oye, et remis le Lout à ce que eulx en advise-
royent pour le mieulx, lësquelz finalement,
sans estre entrez en aultre nouvelle conférence
avecq les dietz ministres, me sont venus pré-
senter les canons des choses par eux délibé-
rées et decrettées en leur assemblée de Poissj .
où ilz ont fort catholicquement touché en
beaucoup de choses ce qui apartient à la ré-
formation des meurs des ministres de l'église;
mais quant à ce qui touche leur grandeur et
la pluralité de leurs bénéfices, je laisse à vous
et aux aultres qui verront leurs diclz canons.
avecq plus de jugement que je ne puis avoir
en lidz affaires, déjuger comme ilz y ont passé
légièrement. 11 esl vray que je ne oièray pas
que je ne voye bien que en tout ce qu'ilz pro-
posent il n'y a riens qui puisse pourvoir aux
troubles que suscite en ce royaume la dissen-
cion et diversité de religion, qui esl bien à mon
grand regret; et quant tout est dicl contre l'es-
pérance que aucuns d'eux m'en avoienl don-
née, et ce que j'espérois de fruit d'une si
notable et grande compaignie, et de ce qu'ilz
monslroient avoir de zèle droit et saint à une
si nécessaire provision; et pour ce, monsieur
de Renés, que durant le temps que ces choses
se sont traictées, il y a eu de nos subjeetz de
la nouvelle religion qui se sont ingérez, pour
l'incommodité de l'yver, où nous entrons, de
se saisir de quelques églises pour faire leurs
prières, et pi incipallement à Tours, Bloys et
240
Orléans ; encores que, au premier mandement
que je leur ay envoyé faire, ilz n'ayenl faicl
faultedece retirer el départir des dictes églises,
je suis après à faire résouldre el establir par
l'advis de tous les princes du sang cl gens du
conseil du Roy monsieur mon 11 lz un si bon
ordre pour empescher à l'advenir telles inno-
vations et entreprises el faire rendre au 1 ï < > \
mon dicl sieur mon fil/, l'entière obéissance
qui luy est deue, que je ne puis, eslans les
\olunlez d'un chacun d'eux si unanimes et
accordantes en cesl affaire, que en espérer
une bien grande satisfaction el conlantemènt.
\\ant considéré que, quant cela sera bien
ordonné el observé en ce royaume, nous pour-
rons avec moings de péril et plus de repos
attendre ce que nous apportera de fruit le pro-
chain concilie général , encores que jusques icy
il s'i soil congneu si peu d'advancement que je
ne sçay que m'en promettre. Asseurémenl
j'attendrav ce que vous me ferez sçavoir du
temps que debveront partir les prélatz el am-
bassadeurs que \ doibl envoyer l'Empereur
mon bon frère, pour sur cela résouldre le
parlement des miens, suivant ce que je vous
en av escripl par cy-devant.
J'a\ receu mis dépesches des ïingl sixiesme
d'aoust, deux, et dix-huicliesme septembre,
qui m'ont apris qe qui s'esl offert en tous ces
temps-là an lieu où vous estes digne que je
sçaiche, el mesme quant au parlement du
dict Empereur pour sem voyage en Bohesme,
où je faicl/. compte que vous vous serez ach -
miné sitost quevostre saule le mois aura per-
mis; car quant à vostre argent, il y a esté
pourveu dès le cpmmancemenl du dict moys
de septembre, el fut mis dès lors es mains
de Gondy, pour le nous faire tenir incon-
linanl. Vous continuerez à me mander tout
ce qui s'offrira de quelque importance du-
rant le dicl voyage, el je \ms prier Dieu,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
monsieur de Renés, vous avoir en sa saincle
garde1.
UATERINE.
1 Voici comment se termine la lellre de Charles I\
dont nous avons donné le commencement, p. a38 : rLa
-lin de ma lettre sera pour vous parler d'ung propos que
«m'a tenu l'ambassadeur du Roy mon bon frère, et qui
rm'a esté confirmé par le sr d'Auzances, qui est qu'il me
«prurit m'asseurer que si j'avois besoing de son aide
-pour l'établissement de mon obéissance, qu'il y em-
-ploieroil lout ce qui seroit en sa puissance, et en cela ne
difficulté à toutes occasions de l'employer comme
«le meilleur et plus parfaict amy que j'eusse en ce
« monde; mais qu'il me prioil ne trouver eslrange si
-aimant et embrassant, comme il faicl, la conservation de
«la religion, il ne pouvoit, estant requis par aucuns de
-mes subjeclz de l'ancienne religion, de leur assister à la
r manutention d'icelle, s'ilz estoient conlrainclzde s'esle-
nver el prendre les armes pour cest effect, de les secou-
-rir et employer ses forces et sa puissance en leur aide:
-sur quoy je vous prieray quant au premier point de
rie remercier très-affectueusement de ma part de cesle
r bonne volonté, qui m'est une obligalion de lui faire
s pareil office en tontes eboses où il aura besoing de mon
-aide el secours e! faveur, enrores que, Dieu merry, je
-voie toutes choses en mon royaulme en tel estai que
-j'espère avoir, sans y employer personne, telle autorité
set obéissance que je la sçaurois désirer: mais quant au
-second point qui touche l'élévation de mes subjeclz. je
r ne puis tenir de trouver ce propos estrange; d'aullant
-que n'estant licite à aucun subjecl de s'élever contre son
-prince pour quelque occasion que ce soit, je ne puis
-noire qu'en une cause commune et qui touche et re-
r garde tous les princes el potentatz, ceulx de mes subjeclz
s qui se seraient tant oubliés puissent trouver faveur,
-support el avde contre ceulx qui me seraient anus, el
«rooius encores luy qui, d'aullant qu'il m'est plus grand
ramv et estroilement allié, les devroit plus rejeter; à
«quoy, quant à l'amitié qui est entre nous ne le convie-
ttroit, il devroit être incité par la recongnoissance d'un
its mblable bon office que le fen Roy monseigneur el
«frère a faicl envers lu] quant, à Amboise, Mazères l'ad-
«vertit qu'il y a\oit dos Espaignok qui avoient conjuré
«contre lui. dont il lui donna soudain avertissement;
«lequel ad\is, encore qu'il ne soit venu de moy, ains de
-mon frère, si est-ce que je me promets tant de l'amitié
«du Rov mon dict frère que j'estime et veuli croire qu'il
sue manne ius qu'il ne faisoil luy, qui me faicl plus
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
241
1561. — 23 octobre.
Minute. Bibl. uat. foi . n" 15877, l
V MONSIEI I! DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je fuz bien aysed'en-
lendre par l'homme que vous dépesebastes
dernièremenl le discours des choses qui se
présentaient par delà, donl nous nous adver-
tisles, comme je seraj encores plus contente
[d'entendre] par nous, comme je m'asseure que
vous ferez. La peyne où nous avez esté, pour
estre si longuement sans entendre de noz nou-
velles, csl cause de la dépesche qui vous esl
présentement faicte, plus que grand argument
qu'il y en ayt , si n'est pour vous donner adviz
de ia continuation de nostre assemblée de
Poissy. Vous entendrez par la lectre du Roy
monsieur mon filz comme les minisires y ont
esté oyz et ont proposé leur confession de foy,
laquelle on est après à examiner pour veoir ce
que les dits préialz y trouveront de maulvais el
-lost espérer que, congnoissanl lois mutins rebelles et
•ennemys de moy et ma couronne, s'ilz s'adressent à
-luv, non seulement il les rejettera comme ennemis et
-perturbateurs du repos public, mais m'advertira de leurs
-noms et qualilez pour en faire faire la [munition et chas-
-tiement tel que leur malice le mérite: autrement il me
-fera con;;noislre le peu d'asseurance qu'il y aura en ses
-paroles et offres de sa bonne. volonté tant de fois réito-
■^rées, dont, s'il v a. rien de vray, je le prie et le conjure
"par l'amitié qu'il me porte, tout aussi que je ne m'em-
-pesclie de ses affaires plus avant qu'il ne veiilt, me laisser
-faire des miennes, espérant sans qu'il soit besoing d'y
-empescher personne en venir si bien à bout qu'il ne me
"sera de besoing y employer ni luy ni aultre quelconque
«de mes voisins, qui est tout ce que je vous sçaurois dire,
-monsieur de Limoges, si ce esl que je prie Dieu vous
-avoir en sa saincle el digne garde.
-De Saint-Germain-en-Laye , le nui* jour, d'oc-
-lobre l56l.»
(Brilisli Muséum, vol. 19272, f" 23 et . '1 .
Lne minute de celte lettre de Charles IX se trouve
dans le n' iSH^ô du fonds français, f" 364. — On lit
mi dos : Le Roy à M' de Lymoges, du xim octobre 1 56) .
CATUEMSE DE MÉDICIS. I.
pernicieux. Je vous prye nous mander souvenl
de voz nouvelles, et ce que l'on en dira par
delà, ne doubtanl point que leur ambassadeur
ne face à l'acoustumée de beaux comptes, le-
quel je désireroys bien estre hors de sa charge.
Il est vray que je trouve la condition que me
mandez si peu adventageuse pour le service
du Roy monsieur mon filz que je ne la veulx
accepter encores de quelque temps, el fauldra,
monsieur de Lymoges, que nous ayez patience
pourceste heure que le temps et la sayson ne
seront point si rigoureux, comme ilz ont esté
cest esté, nous advisant que je sçays vostre
présence par delà encores si utile et nécessaire
pour le bien du service du Roy mon dicl filz
qu'il n'est expédient que vous en partiez si
tost, estant asseuré que vostre demeure ne
vous retardera ne bien, ne honneur, que vous
pouvez, estant par deçà, recevoir; mais au
contraire augmentera le contentement que j'en
ay et la volunté de le recongnoistre; cepen-
dant je prieray Dieu, monsieur de Lymoges,
vous avoyr en sa saincle et digne garde.
De S'-Gennain-en-Laye, le . . . jour d'oc-
tobre 1 56 1.
(Au dos.) Le xxiii* jour d'octobre i56i.
(1501. — 2 !i octobre.)
Orig. British .Mus. n° 1927a, f 27.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, depuis cette dépes-
che l'aide. j"a\ entendu ung office que a faicl
L'ambassadeur qui est icy, qui, je m'asseure,
excède sa commission,- car je suis trop as-
seurée de l'amytié du Roj monsieur mon filz
pour penser qu'il luy 11 i t donné charge de
dire à tous les gentilz hommes qu'il a trouvés
sortant de l'audience que je leur avois-baillée,
que le Roy monsieur mon filz m'avoit envoyé
3i
2&S
oll'rir toutes ses forces pour m'en ayder contre
les rebelles, et en quoy que je ne me en eusse
voulu ayder, qu'il les offrait à tous les catho-
liques pour leur en ayder à maintenir la re-
ligion, chose que je trouve si estrange et
tous eeulx du conseil du Roy mon filz, que. si
vous en aviez aultaut faict à ses subjetz , je vous
asseure que je vous renverrais quérir, \ous
taisant cognoistre que ne serais contente; ce
que je vous prie lui faire entendre, allin que,
ainsi que je m' asseure de l'amitié qu'il porte
au Roy mon filz et à moy, qu'il fasse cognois-
tre qu'il ne trouve pas bon que ses ministres
nous viennent brouiller nos subjelelz. non plus
que nous ne voulons que le nostre brouille
les siens; et sur ce je prie Dieu vous avoir en
sa saincte garde.
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1561 . — 26 octobre.
Orig. Bibl. ual. foods français, n° îâôia, ia 5o.
A MON COLSIN
MONSIEUR DE BORDILLON.
Mon cousin, vous verrez ce que le Roy
monsieur mon filz vous escript en respouce
de la dépesche que vous nous avez l'aide par
le sieur Caries de Birague1 et comme nous
sommes après à donner ordre au faict de voz
assignations, dont vous serez bientost content
et satisffaict. Cependant je vous diray qu'ayant
bien et meurement considéré ce que le dict
Caries nous a dit de voslre part, nous n'a-
vons pas jugé qu'il feust util ny à prapoz en
ceste saison de faire riens entreprendre au
Roy mon filz, mais bien ne le pouvant faire
nous a-t il semblé qu'il esloit aussi peu a
Voyez, dans le n° 1 5877 du fonds français, f° 66,
une lettre de Caries de Birague, où il donne de curieux
détails sur lui-même et sur les services (ju'il a rendus à
la France.
propoz que les aultres le feïssent; et pour et' je
vous prie, puysque nous ne le pouvons faire,
faire tout ce que vous pourrez pour empescher
que les aultres ne le facent, ainsi que plu?
amplement vous entendrez par ce que le dict
Caries vous eu mandera suivaut la charge
que je luy en ay donnée; et m'asseurant que
par vostre bonne vigillanee et adviz il ne sera
riens obmis en cest endroict, ny aultres qui
louchent le service et affaires de Sa Majesté .
je prieray Dieu, mon cousin, qu'il vous a\l
en sa saincte et digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le xxvi' jour d'oc-
tobre 1 5 G 1 .
Caterine.
robertet.
1561. — 26 octobre.
Orig. Arch.duchâleaud'Azay-le-Rideau ,àM.ie marquis de Bienoourt;
copie transmise par M. Stéphane- de Menai.
A MONSIEUR DE POTOIS ,
i!\L IPAGEHOIS ET C1PPITM>E DE CENT USQCEBOZIEIS
DB Ll CARDE Dl" BOY HMSCBOI MO.V F!LZ.
Monsieur le séneschal, j'ay esté très aise
d'entendre par ce que monsrde Rurye nous a
mandé et la lettre que m'avez escripte que
vous soyez trouvé maintenant à vostre sénes-
chaulcée pour l'asseurance que j'ay que, pen-
dant que vous y serez, toutes choses y passe-
ront en plus de tranquillité qu'elles n'ont faict
par le passé. Je vous prie, suivant ce que le
Roy monsieur mon filz vous en escript, ne
bouger encores de quelque temps et tenir la
main bien roidde; que, s'il y a des folz sédi-
tieux qui facent des scandalles, qu'ilz soient
prins et bien chastiez; en quoy je ne doubte
poinct que vous ne vous employez, de pareille
fidélité et dévotion que vous avez lousjours
faict en toutes choses qui se sont présentées
pour le service de ceste couronne, et tenez
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
2/i 3
vous certain que ny le Roy mon lilz. ny moj
n'oublirons poinct le service que nous ferez.
Priant Dieu, monsieur le séneschal. vous
avoir en sa saincte et digne {farde. De S'-Ger-
main-cn-Laye, le xwi"'" jour d'octobre 1 56 1 .
Catebine.
RoBERTET.
1561. — 27 octobre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15876, f° 36.
A MONSIEUR D ESTAMPES.
Mon cousin, vous verrez ce que le Roy
monsieur mon filz vous escripl ' et l'ordon-
nance qu'il vous envoyé, laquelle il fauldra
meclre peyne de faire observer; en quoy vous
n'aurez pas grand peyne, d'aultant quelle se
conforme quasi à la pluspart de celles que "
vous y listes dernièrement. Puysque les éves-
ques qui cstoyent à Poissy n'ont riens faicf
pourappaiser les troubles de la religion, nous
sommes après à prendre ung aultre adviz, qui
est d'assembler beaucoup de gens de bien des
courtz de Parlement et là, estans tous assem-
blez, adviser du moyen qu'il y aura de faire
cesser les troubles qui sont en ce royaume et
mainclenir l'obéissance du Roy mon dict filz,
qui est en beaucoup de lieux subvertye. Ce-
pendant je vous puys asseurer que nous ne
sommes pas sans une grande peyne pour la
infinité de troubles et embarras qui advien-
nent tous les jours en tant d'endroietz que je
ne sçay que ce sera à la lin, si Dieu n'y mect
la main. Xous y pourvoyons au jour la journée
le mieulx que nous pouvons. Je prie à Dieu
qu'il nous face la grâce d'y trouver quelque
bon expédient; car sans cela j'apperçoie que
nous demeurerons longtemps en travail. Je
vous prie de vostre part , comme je m'asseure
1 Voy. la minute de la lettre du Roi datée du 26 octo-
bre 1 56 1 ; elle accompagne celle-ci. (Bibl. nat. fonds
français, n° 16875, f° 3C8.)
que vous faictes, tenyr la main le plus que
vous pourez à l'entretènement de l'unyon et
aCCOrd entre le peuple; car le lieu où vous
estes est fort peuplé de gens de la nouvelle
religion, el je sçay que beaucoup (faillies
prendronl exemple sur ceulx-là; qui sera fin,
priant Dieu, mon cousin, vous avoyr en sa
sainte el digne garde. De S'-Germain-en-Laye,
le xxvnc jour d'octobre 1 56 1 .
1561. — 3o octobre.
Orig. Bibl. imp. de Saint- Pétersbonrg, vol. i8, r" a&.
V MON COUSIN
MONSIEUR DE RORDILLON,
USUTHKAHT GBRBnAL DO BOT MONSIEUR MON" FILZ EN IMEDMONT.
Mon cousin, je n'adjousterai rien à la dé-
pesche que le Roy monsieur mon fdz vous faicl
présentement, si n'est de vous prier de la
suivre et accomplir de poinct en poinct, vous
asseuranl que ce n'est pas sans grande occa-
sion que je vous mande telle chose, dont, si
jusqu'ici vous n'avez sceu des nouvelles, vous
en sçaurez bientôt cy après et telles que vous
les jugerez bien étranges1, qui me fait vous
prier encores une fois de voulloir plus que ja-
mais prendre ;;arde et avoir l'œil ouvert à la
conservation de noz places et estât de par de
là, ainsi que le dict sieur Roy mon filz et moy
en avons en vous parfaicte fiance; priant
Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escript de Saint-Germain-en-Laye, le \\\
jour d'octobre 1 5(ïi .
Catebine.
1 Elle veut parler du projet d'enlèvement du dur
d'Orléans par le duc de Nemours ; voy. la lettre de Cbar-
les IX en date du 3o octobre i5Gi à M. de Bordillon; il
l'invite à ne pas laisser entrer te duc de Nemours ni au-
cun des siens dans les places du Piémont. ( Bibl. nat. londs
français, n" i55&s , f° 5i.)
3i.
244
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
( 1561 . — Novembre.)
Aut. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, encore que je vous aye ayscript
par le sieur de Ramboullet1 bien au long,
ayent depuis reseu de vos lelres par le sieur
de Moretle2 et entendeu par luy byen au long
tout set que luy ave's comendé me dire, je
u'é voleu fallyr par Niquel3, présant poin-
teur que mon cousin le cardinal de Ferarre
envoyé ver le Pappe, vous fayre sel mot, pour
vous mersier de sel que je conoys ton lé jour
de pluls en pluls l'amitié que me portés, veu
set que m'a dist le dist Morette; et pour se que
je luy ay donné cherge de vous mender bien
au long de tout set que je luy ai dist, je ne
sous en fayré redite et vous priié soulement
vous aseurerque, quelque cbause qu'il y aye,
que je ne dimineuré jeamès en votre endroyt
de l'amityé que je vous porte et de l'anvye que
je ay de fayre pour vous corne j'espère le co-
nesfrés bientôt; m'aseurent que, set l'on se
consellet à vous, que lé chause ne feuset pas
cornent aylle auret couydé4 aystre et pour
avoyr donné cherge à sel pourleur vous dyre
aucoune chause du propos que vous ay déjeà
mendé par Ramboillet touchant monsieur de
Nemours, je ne vous fayré la présente pluls
1 Nicolas d'Angennes, seigneur de Rambouillet, mort
en ioG'2; il était envoyé en Savoie à l'occasion du fait
imputé au duc de Nemours d'avoir voulu enlever le duc
d'Orléans.
2 Au nom du duc de Savoie il allait annoncer à la
reine Elisabeth rjue la duchesse de Savoie était parvenue
à son huitième mois de grossesse. — Voy. une dépèche
de Throckmorton, ambassadeur d'Angleterre, qui donne
quelques détails sur cette mission, Kalemlar of State
papert (i56i-i56a), p. hoi.
1 Niquel, abbé de Saint-Gildas, était secrétaire du
cardinal de Ferrare.
1 Couydé, cru.
longue, après vous avoyr prié le volouyr croyre
et vous aseurer que n'aré jeamès parante qui
désyre plulx votre grandeur et contentement
que fayst
Votre bonne seur,
Caterine.
1 50 1 . — ( Novembre. )
Minute. Ribl. nat. fonds français, D° 10875, f° 277.
A MONSIEUR DE LYMOGES.
Monsieur de Lymoges, le Roy monsieur
mon lilz vous escript de deux navires de ces
pauvres gens du Croisic ' qui ont esté prins
et retenuz à Séville à cause de la religion,
comme ilz dient; et pour ce que cela est de
grande conséquence, je vous prie vous enqué-
rir de la cause de leur prinse pour m'en don-
ner adviz, et à présent faictes ce que vous
pourez devers le Roy mon filz et partout ail-
leurs où il sera besoing, de façon que, s'il
est possible, ilz puissent eslre satisfaictz; car
il n'est point raisonnable de se servir de ceste
accusation de la religion pour retenyr noz
subgeclz et les travailler2. Je vous prie, man-
dez-nous au juste ce que vous en aurez faict.
allin que, s'il en est besoing, j'en rescrive en-
cores par là avec l'affection qu'il est requis; et
sur ce je prieray Dieu, monsieur de Lymoges,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
De Saint-Germain-en-Laye, le de
novembre 1 56 1 .
(1561. — Novembre.)
Aut. Arch. nat. collect, Simancas, K. iao,6, n" 7.
A M» MON FILS LE ROY CATOLYQUE6.
Monsieur mon fils, pour se que par les fa-
1 Petit port de Bretagne. — Voy. cette lettre de
Charles IX (même volume, f° 285).
2 Travailler, molester.
:l Philippe II répondit à cette lettre le 27 novembre
i56l. (Arch. nat collect. Simancas, K. 1/10/1, B. 12.)
LETTRES DE- CATHERINE DE MEDICIS.
245
tuiliers el amiable déportemans dont vous
avés usé un mon endroil el la contineuele dé-
mostration que vous m'avés fayste de vostre
amitié, j'é pris la mesme aseuranse de vous
que je sarès avoyr deu piuix afectionné de tous
mes enfans; fault que seur scie Ganse je me
découvre à vous dunne chause <[iii mepouise1
v u lin in ici il sur le cœur pour m'en dolouyr pre-
mière] I aveque vous, el puis vousdemender
avis el conse] de sel quej'auré à fayre en set
endroyt : s'et, monsieur mon lils, que ayent
toute ma vie aymé monsieur de Nemours ausj
chèrement que aultre prinse qui feut en sel
royaume pour les servise qu'il a fayst à sete
couronne et pour i'avoyr tourjour estimé dé
plulx afectionnés et lmubligés enver seus qui
me louche de si près que sont mes enfans, je
a'avoys jeamès pansé qu'i lui peut tomber au
cour de fayre chause qui feut tenl à leur dé-
saventage et au mien que selle (ju'il a quelque
jours au paravent son partement de sete court
tanlée en l'androyt démon fils d'Orléans2, qui
a esté de le me volouyr lever d'antre lé bras
pour le mener aur3 de sel royaume, faygnant
que s'etoyl pour le fayre nourir au aveque ma-
dame ma seur la deuchese de Savoye, au sa
seur de Lorayne, au y ly prometouyt, pour
plus aysément le perseuader à se léser anlever,
qu'il seroyt plus dousement trèté et caresé
qu'il n'étoyt auprès de moy. Du comensement
que l'anfenl me le vint dire, je me trovis si
aytonnaye que j'en n'an pouvès rien croyre;
mes voyent qu'il contineuet de fayre prati-
quer, y me feut bien aysé de jeuger set qu'il en
nétoyt alla vérité, et touttefouys en la pouine
au je me trovys et en la doutte au je me re-
' Pouine, pèse.
- Dans une lettre écrite à l'évèque de Limoges, on
trouve de longs détails sur le projet d'enlèvement du dur
d'Orléans. (Bibl. de Rouen, fonds Leber, n° 573;).)
lue, hors. (
trouvys pour uesavoyr quel parti prendre en
beun si périlleus afayre, carie découvrent ans
grans de set royi , je ne doutoys poynt qu'i
ne me presace d'en prendre la revenche toul
seur l'heure; je me résoleus de donner hourdre
dousement à la seurelé île la personne de mou
dist lils el de voyr quele pourseuite mon < 1 î — t
sieur di' Nemours fayrel de son entreprise,
qu'il a telemenl continuée qu'il n'a leneu que
au consentement de mon dist fils, qu'i ne
l'aye esécoutée, et prenant congé de luy l'a
prié de se sovenir de set qui luy avest dyst.
Je layse là toutes les aultres perseuasions dont
\l a usé pour le conduire au point qu'il dé-
siroyt; mes je \011s aseureré bien que jeamès
chauses ne fut plulx segrétement menée el
condeuite, de sorte que set je me trove en
neune yncroyable pouyne de set que j'é afauc
pour me guarder (renne tele entreprinse. Je
m'aseure que ne le troveurés aystrange
me consellerés ynsin que je vous en seuplye
de tout mon cour, corne je auré à me go-
verner en l'androyt deu dist sieur de Ne-
mours pour l'avenir. Je avès délibéré de luy
fayre dire qu'i ne s'i yngère plus de venir en
sel royaume, d'aultenl que je ne sarès jeamès
prendre neule seurelé de luy, après m'avoyr
voleu fayre beun si lâche tour; touttefouys
si l'afayre ne me prèse daventage, je atendré
vostre milleur consel el avys que je vous prie
encore beun coup me volouyr donner tel
que j'espère de vostre amityé en chause qui
me touche de si près, que je vous suplye ne
le volouyr resevoyr en \ostre compagnie, ni
servise, encore que je pense qui ne s'i yn-
géreré poynt, sachant l'amityé qui aysl entre
nous, laquele peult bien déplère à sens qui
aunl ausi mauvèse volante que luy el ayslre
cause qui recherche ayde de vous soubz
haumhre de la religion, en laquele je fayré
toujour conestre sel que j'é de bon zèle et
■2!t6
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
an toultes aultres chauses combien vous aysl
afectionnée !
Vostre bonne mère et seur,
Cateiune.
1 Voici de nouveaux détails que nous empruntons à
une note émanée d'un agent diplomatique (British Mu-
séum, cott. Vespasien, Paa57) : «Le samedi, 18 octobre,
le jour que le Rov commença à sortir après la gnérison
de sa maladie, Monsieur, frère du Roy, estant en la
chambre du dict seigneur, vint monsieur de Nemours qui
lui demanda s'il estoit huguenot ou papiste ; à quoy Mon-
sieur respondit qu'il estoit de la religion de la Royne sa
mère. Lors monsieur de Nemours lui dist s'il luy plaisoit
pas qu'il luy dist vingt cinq paroles. Monsieur respondit
que oui. — Monsieur de Nemours le tira à part sur ung
coffre qui est près de la porte du cabinet du Roy et luy
dit: « Monsieur, je voy que le royaume de France est
«perdu et ruiné par ces huguenots, et le Roy et vous
« n'estes pas en seureté, pour ce que le roy de Navarre
" et le prince de Condé se veullent l'ayre roys et feront en
-sorte qu'ils feront mourir le Roy el vou*. Par ainsi, mon-
« sieur, si vous voulez éviter ce danger, il faut que vous
«advisiez et, si vous voulez, MM. de Guise et moy vous
«ayderons et secourerons et enverrons en Lorraine ou en
0 Savoye.i Monsieur respondit qu'il ne voulloit point laisser
le Roy ni la Royne. — Monsieur de Nemours réplicqua en-
cores : «Advisez bien, Monsieur, à ce que je vous dis, car
itc'esl pour voslre proffit,» — à quoy monseigneur ne ré-
pondit rien. Monsieur de Nemours luy dit : r Vous fiez-vous
«pas en Carnavalet el Villequiei ■'? — Ouy,-> dit monsei-
gneur.— Lors il dit : «Ne leur dites rien de ce que je vous
"dis et de ce que je vous tiens si longuement propos," et
lors le sieur de Nemours le laissa. Sur ces entrefaites,
M. de Guise estoit devant le feu qui parloit au prince de
Joinville son fils, lequel voyant que M. de Nemours lais-
soit monseigneur, il lui dit: - Monseigneur, j';<\ entendu
«que la Royne veult envoyer Monsieur votre frère et vous
tien Lorraine en un fort beau ebasteau pour y prendre
[d'air; par ainsi, advisezsi vous voulez y venir avec nous,
"nous vous y ferons bonne chère." — Lors Monsieur dit :
s Je ne pense pas que la Royne ma mère veuille que j'aban-
"donne le Roy.» Le prince de Joinville répliqua: -Si
~\ons voulez venir en Lorraine et entendre à ce que M. de
"Nemours vous a dict, il vous en prendra bien.» — Mon-
sieur ne répondit rien à cela. Le lendemain, le prince de
Joinville revint vers Monsieur et lui tint encore le mesme
langage , el luy dist que s'il vouloit sçavoir le moyen comme
1561.-
novembre.
Oiig. Bibl. nal. fonds français, n° 3iSi, f ' 27 et suiv. —
Copie. Fonds Dnpuy, vol 367, f' 357.
A MONSIEUR DE RENNES,
CONSEILLEE , MUTEE DES P.EQUESTES DE L'DOSTEL DU ROT MONSIEUR
MON FILS ET SON âMBàSSADEIR FEES DE L'EMPEREUR.
Monsieur de Renés, depuys le parlement
de la dépesche que je vous ay faicle au xvm
du passé, par laquelle vous aurez entendu
comme l'assemblée de Poissy s'est séparée
sans aucun fruict, contre l'espérance que m'en
avoient donnée les principaulx de la dite as-
semblée et ce que, par raison, je me devoys et
pouvoys promectre d'une si notable compagnie
en ung œuvre si sainct et nécessaire que celluy
pour lequel ilz avoient esté convocquez et as-
semblez, j'ay receu vostre lettre du x\vc de
seplembre qui est venue par la voye de Ve-
nize et par l'adresse que m'en a faicte l'am-
bassadeur que nous avons là, et d'aultant que
vous ne m'avez rien mandé de l'occasion pour
laquelle vous avez faict tenir ce cliemyn à
voslre dicte lettre, veu que vous n'estiez en-
cores esloigné de Vienne, je pense que ce aura
esté plus lost pour avoir trouvé la commodité
de quelque courrier allant au dit Ycnize, que
pour résolution que vous ayez prise de chan-
ger la voye ordinaire de Suysse que je faict
suivre à ce pacquet, estimant que s'il esloil
on l'emméneroit, il le luy diroit. — Monsieur dit qu'il le
voudrait bien sçavoir. — Le prince de Joinville lui dit :
«On vous enlèvera en plein minuit et on vous fera sortir
«par une feneslre qui respond sur la porte du parc et après
«on vous mettra en coche et ainsi vous serez en Lorraine
«devant que l'on s'en advise.-i — Monsieur ne respondit
à cela et laissa le prince. — Le Icndem dn , M. de Nemours
s'en alla et vint prendre congé du Roy et, en prenant
congé, dit à l'oreille à Monsieur : «Souvenez-vous de ce
«que je vous ay dit et n'en dites à personne, n et ainsi
s'en alla le duc de Nemours.-' — Voy. aussi une lettre
du duc de Nemours au maréchal de Montmorency pour se
justifier, dans le n" 3 1 5 7 du fonds français. P gt.
LETTRES DE GATH
besoiug de prendre aultre adresse, vous n'eus-
siez faillj à m'en donner advis. J'aj veu, mon-
sieur de Renés, par le contenu en vostre lettre
que les nouvelles venues au lieu où vous estes
«in costé de Rome, l'on tenoil la guerre toute
certaine entre le Roy monsieur mou filz et le
Roy catholique des Espaignes, et qu'ilz en (on-
doient le molil' sur une certaine cause si lé-
gière et si peu véritable, qu'il est aysé déjuger
que ceulx qui ont donné cest avis sont plus
meuz de déplaisir qu'ilz reçoivent de veoir la
chrétienté en repoz et l'amityé d'entre ces deux
grans princes si seulement establie et for-
tiffiée que d'aultre occasion. Or, pour vous es-
claircir de l'es ta I auquel nous nous retrouvons
avec le Pape et le dict Roy catholique et du peu
de fondement qu'il y a en ung tel advertisse-
ment, je vous diray en peu de parolles, quant
à Sa Sainteté, que, si elle a voulu doubter en
quelque chose de la dicte assemblée de Poi-->\
contre t'asseurance que nous luy avions tous-
jours donnée qu'il ne s'y feroyt riens qui feusl
nu préjudice et diminution de son auctorité,
et qui nefeust remis à sa détermination el or-
donnance du concile général, elle \oyt , au-
jourd'hui que la dicle assemblée s'est séparée,
qu'elle a deu s'asseurer beaucoup plus tost de
nostre parolle que doubter de noz actions sur
une légère impression. Nous avons receu son
Légat qui est, comme vous sçavez, le cardinal
de Ferrare, avec tout l'honneur qui se peult
désirer, et pour ce que, par l'ordonnance
l'aicte à la requesle et sur les remonstrances
des Estatz généraulx de ce royaulme, il a eslé
ordonné qu'il ne s'envoyera plus d'argent à
Rome pour le payement des annales, et que
d'aultre part les préventions n'auront plus de
lieu dans ce royaulme quant au possessoire
des bénéiiees el que le dict Légat nous a re-
monstré , comme a faict en semblable son
Nonce, que c'est chose que Sa Sainclelé veult
ERINE DE MÉDICIS.
■i\i
prendre à diminution de son aulhorité; ouitre
ce que nous luy avons cy-devanl faicl remons-
trerlàdessus par le président du Ferrier1, qui
lui envoyé vers sa dicte Sainctelé; à cesle fin,
nous mettrons peine d'accommoder si doulce-
ment l'un et l'autre affaire que , en pourvoyant
par sa dicle Saincteté aux abbus qui en naissenl .
comme ses dietz Légat el Nonce nous asseurent
qu'elle veul l'aire, elle s'en trouvera si con-
tente ei satisffaicte qu'elle cognoistra par toutes
no/ actions que nous ne voulions riens dimi-
nuer de l'obéissance et dévotion que ont porté'
au Sainct-Siége apostolicque les prédécesseurs
Roys de France, el aussy peu du tiltre que
cesle couronne porte méritoirement de Roy très
ebrestieo. Cependant nous avons accordé à son
dict Légat d'user de ses facultez en la niesme
forme que ont faict ses prédécesseurs légatz ,
nonobstant le contenu en la dicte ordonnance,
dont le dict Légat se sent tant aratiffié qu'il
n'est possible de plus; car ayant, comme vous
sçavez, ce royaulme privillège exprès de n'y re-
cevoir aucuns Légatz, il estoit en nous de nous
en excuser honnestement, qui ne sont pas, à
mon advis, termes sur lesquelz Sa Saincteté
puisse fonder ung juste mescontenlemenl ; el
avec cela je la. tiens si saige et si prudente, que,
avant que nous susciter une guerre, elle con-
sidérera que, nous alliénant d'elle par ung si
mauvais office, elle perdroyt le principal ap-
puy et soubstènement de sa grandeur et du-
quel seul ses prédécesseurs et luy doivent re-
cognoistre leur entière conservation. Quant au
Roy catholicque, depuys le dernier traicté de
1 Arnaud du Ferrier, ambassadeur au concile de
Trente, puis à Venise. Né à Toulouse vers i5o8, mort
en octobre i588. Ses négociations, conseï réea en manus-
crit à la Bibliothèque nationale, ont. été en partie im-
primées par Dupuy, clans les Instructions el lettres des
rois très-chrétiens et actes concernant le concile tic Trente
Paris, Gratnoisy, 1 654.)
■2U8
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
paix, nous avons vescu ensemble en telle dé-
monstration d'amitié el ont este' noz muluelz
déportemens si gracieux , paisibles et amiables
que, si l'on cust jamais occasion de s'asseurer
di1 l'eslablissement d'une perdurable amitié,
il fault confesser que c'est celle d'entre ces
deux princes, estant mesmement confirmée
et retenue par ung si seur lyen et si agréable
que celluy dont le dict Roy catholicque nous
est a taché, de sorte que d'entrer légièrement
en aucune deiïîancc de luy, c'est chose qu'il
me semble que je ne puys ny doy faire,
m1 ayant mesmement puis naguères faict offrir
et sa personne et toutes ses forces pour m'en
servir à l'encontre des rebelles de ce royaulme
si j'en avoys besoing, ce qu'il n'a pas faict seul-
ement par le sieur d'Ozance qui estoyt allé
vers luy pour le prier de la part du Roy mon-
sieur mon filz et de la mienne d'avoir agréable
que mon frère le roy de Navarre envoyast vers
luy pour négocier doulcement et gracieuse-
ment de la récompense du dict royaulme de
Navarre, selon l'espérance qu'il nous en a
donnée, mais freschement par son ambassa-
deur qui me l'est venu asseurer de nouveau;
et pour ce, monsieur de Renés, que ceulx qui
ont donné ce bel adverlissement du coslé de
Rome et les aultres semblables discoureurs
des choses du monde pourroieut fonder ceste
opinion de guerre sur les divisions que l'on
leur dépainct beaucoup plus grandes en ce
royaulme qu'elles n'y sont pour le faict de la
religion , estimans que le dict Roy catholicque
ne seroyt pour, pendant tels troubles, laisser
passer inutilement une si belle et bonne occa-
sion, je vous veulx bien dire que, depuys la
séparation de la dicte assemblée de Poissy,
j'ay, par l'advis de mon dict frère le roi de Na-
varre et des aultres princes du sang et gens
du conseil du Roy monsieur mon filz, pour-
veu par une si bonne et si saincle ordonnança
à luy faire rendre l'obéissance qui lui est deue
et garder ceulx des deux religions de venir à
aucune aigreur et main-mise les ungs à l'en-
contre des aultres, que j'espère contenir de ce
royaulme en repoz et tranquilité, en atten-
dant la célébration du concilie général et de
ce qui s'y fera de décision et détermination es
dilïérens de la dicte religion, de sorte que
ceulx qui présagent quelque chose de sinisliv
en ce royaulme sur une telle occasion, se trou-
veront, avec la grâce de Dieu, bien loing de
compte, et ceulx qui seroyent en volonté de
nous mal faire grandement esloignez de leur
intention, m'estant résolue de faire acheminer
au dict concilie yncontinent après la prochaine
feste de la S'-Martin une partie de noz pré-
latz choisys pour y comparoistre, ayant sceu
que aucuns de ceulx qu'i a députez à ceste
mesme fin le dict Roy catholicque se sont jà
acheminez; et je ne veulx point que, ayant esté
les premiers à procurer et promouvoir ung si
bon et si sainct œuvre, nous soyons veuz les
derniers en ce qui appartiendra à l'effect et
exécution; et seray bien ayse, à ceste cause,
que vous me mandez , comme je vous ay si sou-
vent escript, en quel temps l'Empereur mon
bon frère se délibère d'y faire trouver les siens.
Au surplus je pense que vous avez entendu,
avant que ceste lettre puisse estre à vous, le
service que le clergé de ce royaulme faict au
Roy monsieur mon filz de la somme de
\lii>"" de livres pour le rachapt des domaines
et aydes que la longueur des guerres passées
a contrainct ses prédécesseurs d'aliéner; je
liendray main que le rachapt se face le plus
promptement et en moindres années qu'il sera
possible, considérant que par ceste réunion
augmente son revenu ordinaire de n*°°s de
livres par an, et l'asseure quant et quant d'un
moyen de trouver tousjours jusques à xx-°°s de
livres par ung nouvel engaigment des dicts
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
2A9
domaine et aydes pour subvenir aux frays
d'une longue guerre, quanl il en sera besoing,
chose donl vous regarderez de vous prévalloir
au lieu ou vous estes, affin de donner le plus
que miiis pourrez de réputation à nos affaires
et faire cognoistre à tout le nde que nous
ne sommes pas avec si peu de moyen de nous
bien deffendre que, toultes et quanteffoys que
l'on pensera de s'atacher à nous, celluj qui le
vouidra entreprendre n'ayt aultant affaire à se
conserver qu'il pourra avoir d'envye de nous
entamer; vous advisant, pour fin de ma lettre,
que, après avoir aymé mon cousin le duc de
Nemours et lenu aussi cher que s'il eust esté
l'un de mes propres enffans, il s'esl tant ou-
blié que de m'avoir voullu enlever mon fi lz le
duc, d'Orléans soubz la persuasion qu'il lui fay-
soit de le mener en Lorraine, ou en Savoye,
où il seroyt plus caressé et gratieusémenl
traicté qu'il n'estoit auprès de moy. Je luy ay
escripl . d'aultanl qu'il y a quelques jours qu'il
a pris congé de moy pour aller chez luy,
qu il me vienne trouver pour se justifier d'une
telle entreprise; vous sçaurez cy-après ce qui
en sera, car je n'oublieray de vous en tenir
adverty ordinairement; priant Dieu, monsieur
de Renés, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escripl à Saint-Germain-en-Lâye, le pre-
mier jour de novembre 1 56 1 .
(', ITRRIiNE.
Je ne veulx oublier à vous dire que nous
avons choisy le sieur de Candalle ' pour l'en-
voyer ambassadeur du Roy monsieur mon fîlz
au concilie, et tiendray main à le faire partir
bienlost après le parlement de noz premiers
prélats.
BoiIRDIN. .
' Henri de Foix, coirile de Candalo, marié à Marie
de Montmorency, dame d'honneur de Catherine de Mé-
dias.
Catherine de Médicis. — 1.
1561. — 3 novembre.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE Dl G DE SAVOIE.
Mou frère, le sieur Morette m'a l'aie! en-
tendre comme vous auriez eu advis par quel-
qu'un de vos minisires qui sont à Home que,
nous voullaus dernièrement excuser envers
Noire Saint Père le pape de la prinse et arresl
que le sieur de Bourdillon aurait faicte sans
noire commandement de quelzques ungs de
ses courriers, nous aurions là dessus faict re-
monstrer et déetairer à Sa Sainteté par notre
ambassadeur que le dicl arrest n'aurait esté
faict, pour son respect, mais seullemenl. pour
la crainte et delliance que nous aurions eue
de vous et de quelques unes de voz allions el
pour ce, mon frère, que c'est une pure men-
songe el calompnye, et que tout ainsi que vous
ne nous avez jamais donné occasion d'entrer
en deffiance de vous, tout ainsi aussi n'en avons-
nous prins aucune et moins voullu charger el,
regecter une telle chose sur vous. \ ceste cause .
je vous ay bien voullu escrire ceste lettre pour
mois prier bien fort de ne voulloir ouyr, n\
adjouster Iby à telles calompnies de quelque
lieu, bouche ou endroict qu'elles puissent
avoir esté dictes; car je vous asseure encores
une Ibis que jamais ung tel propoz n'a esté
tenu et que ceulx qui disent cela monslrenl
bien que nous ne devons avoir telle fiance
en eulx, comme nous avons en vous, en ré-
compence de laquelle vous devez croire, mou
frère, que nous essayerons, si Dieu plais!, e
bienlost, de vous faire cognoistre par effect
combien nous vous savons de gré et aimons
et estimons; ce que attendant je prie- Dieu,
mon frère, qu'il vous doinct ce que plus dé-
sirez.
3a
250
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
De Saint-Germain -en-Laye, ce 111e jour de
novembre 1 5 6 1 .
(De sa main.) Je vous suplye ne panser que
je aye jeamès aupinion de vous aultre que je
hay de mes propres eufaus et vous prie ausi
croyre que n'are's jeamès aucasion d'en navoyr
aultre de moy que de ia milleure et plus afec-
lionne'e seur que feut jeamès enver frère qui
ayst.
Votre bonne seur,
(Iatf.rine.
kobbrtet.
1561. — S) novembre.
Orijj. Bibl. nal. fonds français, n° ao45o, f° 1 33.
V MON COUSIN
MONSIEUR DE BOISY,
CH ,>D ESCDYBH DE FFtiXC.E.
Mon cousin, je receuz hier au soir à mon
coucher vostre lettre du xu" de ce inoys par
laquelle j'ay este' bien ayse d'entendre vostre
arrivée à Paris pour l'espérance que j'ay de
vous \eoir bientost en ceste compagnie, où je
vous puvs asseurer que vous serez le très bien
venu. Quant aux vingt-cinq gentilzhommes
vous avez assemblez par le chemyn pour
amener quant et vous, ainsi que je \ous avoys
escript, j'ay jà commandé au sr de Roslaing
de leur faire départir leurs logeis; et pour le
regard de leur équippaige, il sullira qu'ilz
viennent en leurs acoustremens ordinaires
avec la haiche, sans qu'ilz se mectent en des-
pence de fa i re venir leurs armes et grans
chevaulx. Je n'ay poinct escript au conte de
Sanxerre qu'il envoyé de ceulx de sa bende,
ayant laid mon compte que ce sera pour le
prochain quartier, ainsi que je rerneclz d'en
adviser plus particulièrement avec vous à vostre
arrivée, aclendant laquelle, je \oys prier
Dieu, mon cousin, qu'il \ous avt en sa saincte
garde. Escript à Sainl-Germain-en-Lave, le
vin" jour de novembre i ôii i .
La byen vostre,
Catf.rine.
Boi'RDIN.
1561 . — 10 novembre.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 16875, f° a83.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, le Roy monsieur
mon filz vous escript la chose qui est advenue
depuys quelques jours1, dont je me suys
trouvée en grande peyne pour eslre telle que
je ne l'eusse jamays espéré d'une personne
tant obligée au feu Roy monseigneur et ayant
cest honneur de luy appartenir de si près,
comme faict monsieur de Nemours, de la-
quelle il m'a semblé estre besoin;; vous ad-
vertir pour la faire entendre au Roy mon bon
lilz, et à la Royue ma fil le , m'asseurant que
lavant sceu, ilz ne la trouveront inoings
maulvaise que je faietz, et que cela, me tou-
chant tant et si avant qu'il faict, ne sera prius
d'eulx aultrement que requiert l'amylié el es-
troicte alliance qui est entre nous. Je vous
prie doneques me mander comme le Roy mon
dict lilz l'aura prins et la responce qu'il vous
en aura faiele, et ce que l'on en dira en cesle
court, ne doublant point que leur ambassa-
deur n'en mande incontinent des nouvelles à
l'accoustumée. Au demeurant vous verrez ce
que nous avons advisé de faire pour avoyr
moyen d'entendre de voz nouvelles plus sou-
vent; à quoy vous tiendrez la main pour esta-
1 Yoy. la minute de celle lettre de Charles IX, dan>
le n° 10875 du fonds franc. f° 3*."). «Le fond de cela,
dit-il à févëque,ne tendoit c]U*à exciter une ç.raguerie.
comme il s'en est veu aullrefois en ce royaulme», et en
terminant il le prie de savoir rs'il est vray que eu la
frontière de Ronssillon ilz aient as> blé de leurs gar-
nisons qu'ilz font couler vers Bayonne.n
blir cela comme uDg ordinaire, de façon que,
de quinze jours en quinze jours, nous ayons
nouvelles les unjjs des aultres, el vous mec-
frez les lettres que la Royne ma fille m'escrira
dans vostre paquet , el quand il \ aura quelque
chose d'importance, vous ne lairrez pour cela
de m envoyer nomme exprès <|m me puisse
compter de ses nouvelles el luy rapporter
les miennes; qui est, monsieur de Lymoges,
loul ce que je vous diray pour ceste heure,
prianl Dieu vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Saincl-Germain-en-Laye, le . . . jour de
novembre : 56i.
( l/( dos.) Le \cjoui' de novembre i.jGi.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 251
vous ae l'aictes vostre entier debvoir pour j
1501. — i A novembre.
Copie. Bibl. uni. Parlement, vol. 83. f 46 » .
A MESSIEURS LES GllNS
TKN'ANS LA CODRT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon filz vous
escript1 pour une affaire qui esl de telle im-
portance et qui louche si avant au faict de
son estai-, que je ne faits poincl de doute
que, en ayant esté advertis, comme vous estes,
1 Voy. celte lettre de Cljarles IX (même volume,
1 6 r").
2 Celte lettre fut <:ciile à l'occasion d'une thèse sou-
tenue à l.i Soi lionne par Jean Tanquerel, bachelier du
collège d'Harcourt, sur «le droit du pape de déposée les
rois et empereurs qui favorisent l'hérésie», Prise de corps
ayant été ordonnée contre le jeune bachelier, il s'y déroba
par la fuite. Le doyen et les docleurs de Sorbonne furent
mis en demeure de le faire arrêter, mais ue pouvant ou
ne voulant pas exécuter cet ordre, ils furent contraints
de faire lire en pleine Sorbonne et en présence de tous
les docteurs, du président de Tliou et de deux conseil-
lers du Parlement, la rétractation de Tanquerel et, en
son nom, ils implorèrent la clémence du Roi. — \"\.
Bib!. nat. Parlement, vol. 83, f" 17, ào et 55; de Thon,
II, si. universelle, édit. de 17,'J'i, t. IV, p. 106.
donner la saige el prudente provision que
vous sçaurez bien juger la chose le requérir.
Toutefois, considérant quelle conséquence tire
après so\ une telle affaire, je ne puis moins
que (!<• vous prier de mn part de l'embrasseï
el de vous \ emploier avecq tel soing el conti-
nuelle sollicitude que nous y puissions veoir
le remède que nous espérons de vos iiiléjpiiV/
el du zèle el dévotion droicte el sincère que
VOUS aurez au bien de ceste couronne et à la
seureté et conservation de Testât du Roy mon
dict sieur el fils. Prianl Dieu, messieurs, qu i
vous ail en sa hès saincle garde. Escripl à
Saint- Germain-en-Laye, le xuu° novembre
i56i.
(', HERINE.
BoURDIN.
1561. — a.i novembre.
Minute. Bibl. net. f<,mis fronçais, n° 1587"», l'38i. —
1 1, \g, Bibl. de Rouen - fonda l< ber.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, la lettre du Roy
monsieur mon filz el l'instruction qui a esté
baillée au s'' d'Ozances ' sont si amples que je
ne vous \ scaurrois qu'adjouster, si n'est vous
dire que je suis merveilleusement marrye d<
veoir, par l'imposture et calumnyedequelzques
malheureulx, le Roy, mon beau filz, prendre
une sinistre oppinion de noz depportemens,
et croire que imus luy portons moy ngs d ami-
I était sa seconde mission 1 n Espagne d'où il étail
revenu au mois d'octobre précédent. Voy. Calendat 0
State papers (i56i-j56a, p. 438) el les Instructions
données à M. d'Ausance, Bibl, nat. fonds franc, n" 1 5875,
I 27g ; - - Lettre de Charles l\ à M. de Limoge: no
vembre i56i ), fonds franc, n" 1.187."), 1*38') (elle ion,
plète celle-ci); — Lettre de Charles 1\ à M. de Limoge
1 io décembre i56i |, même volume, I" 'i'i'i el suiv.;
— Mémoire envoyé par \1. de Limoges sur la tfùuii
de d' Amance , même volume, C3o3.
■i:,2
.ETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Ive nue nous ne misons, vous advisanl que s il
failloil ' rroirc aux bruilz que I on sème, nous
aurions beaucoup plus d'occasion d'entrer en
leftiance qu'il ne sçauroil avoir de nous, d'aul-
inl que tout le monde veoit quel/, prépara lifz
nous faisons, el les I nui lz qu'on nous faict de
costé ne sont pas sans quelque apparence,
fouttefois, je ne veulx riens croire, tant je
l'estime prince de vérité, de vertu et de parolle,
no pouvant me persuader qu'il soil pour entre-
idre ■ guerre sans juste occasion, de la-
[tielle il !u\ peull aultant advenir de mal [uc
m. Au demeurant, je ne veulx oublyer de
vous dire que hier l'ambassadeur d'Espaigne
i il son audience, m'a dict que le l!ny son
inaislre estoyl en jalousie des inlelligences
ijti'il sçavoyl qu'aucuns des subjeclz ilu lîo\
mon lii/. avoyenl en Allemaigne; à quoy lin
. . il respondu que je ne sçavois poinct qu'au-
cuns \ eussent aultres intelligences qui' celles
le Ro\ mon lilz y avoyl avec la plusparl
ius les grands princes de la Germanie, il
mi' répliqua que ce n'estoyt |ias cela el que
loyenl [larticuliers, me nommant le roj de
\ irre. Je luy dis lors que je m'assuroys que
le dicl m) de Navarre n'j avoyt intelligence
que je ne susse ei que le sachant il se pouvoil
issurer que ce u'estoil chose qui fust contre
le ii<>\ iiiiui beau-filz, me voulanl soigneuse-
meiil enirelenir son amitié, il se pouvoit pen-
ser que je n endurera} qu'il v eul eu cela chose
qui fust pour nie la faire perdre; bien pensoys-
que c'esloycnt amyliés de particulier à par-
ticulier, comme il va entre les princes; mais
d'aultres intelligences, que je ne permetroys
lis que personne des subjetz du Ro\ mon
!:is en eusl que en son nom el pour miii ser-
vice, ce que je vous a j bien voulu escrire, aflin
vous en soyez instruict, pour le faire en-
' !..
tendre au Roy mon beau-filz, ce que j'estime
qu'il n'aura failly de le mander, comme il nie
I a dicl , el que lui disiez à la vérité la responce
que je lui a\ faietc, que je ne vouldroys qu'il
en usasl à sa mode. Je vous prie m'advertir
bien amplement par les' d'Ozances de toutes
choses, lequel vous priera; croire de ce qu'il
vous dira de ma part comme vous feriez ne>;-
mesmes. Priant Dieu, monsieur de Lymoges,
vous avoir en sa saincte cl digne garde. De
Sainct-Germain-en-Laye, le . . . jour de no-
vembre i 50 i '.
( '. \tkiunk.
1 56 1 . — •■ ■' novembre.
Orïg. Bibl. imp de Saiot-Pélerekouig •
A MO\ l,o| Sl\
MONSIEl !î DE BORDILLGN,
UBUTENANT GSNBBAL DU HOt MOXSIEUH MOS II./ IN l'Il.DMOM.
Mon cousin, le Roy monsieur mon lilz
nous salisll'aicl si amplement à toutes vos dé-
pesches que, sans vous en faire aucune aultre
redicte par la présente, il me su (lira de vous
dire que nous avons faict regarder avecq le
commis du trésorier de l'extraordinaire de
l'iedmonl m voz assignations n'esloienl pas
bonnes, el s'est trouvé qu'il n'y en a de plus
promptes ne plus seines, qui me faii I penser
que bientost .mis en serez satisffaict el que.
par cy-après, nous n'aurez plus la peine de
nous en escrire, me remeclanl du surplus sur
la leclre du dicl sieur Rov mon fil/, el priant
Dieu , mon cousin . voie- avoir en sa saincte el
digne garde. De Saint-Gcrmain-en-Laye, ce
wui jour de no\ embre i ->ii i .
( Iaterine.
l'oiiKl: i II.
1 l..i minute il.' la Bibl. nationale porte écrit <"/ </<>.s :
Lu Honiii' à M. île Limoges, du nxiii jour de novembre
i56i.
LETTP.l-S DE CATHERINE DE MÉDICIS.
I 56 1 . a3 novembre.
Copie, lîibl nal Pai h ni , vol. 83 , f ag ,
A MESSIEURS LES GENS
TESÀNT LA COI RT DE PARLEMENT K PARIS.
Messieurs, je vous ay cy-devanl faict en-
tendre par monsieur le président de Beaune,
le désir que j'ay qu'il soit mis une bonne et
prompte fin au procez provisionnai que le
sieur de Saint Ciergue ', l'un des secrétaires
du Roy mon tilz, a pendant pardevant \ous
;'i ('encontre d'aucuns du collège des secré-
taires de la maison de France, pour raison
de ses prétendus droiclz desboursez, et pré-
sentement ledict seigneur Roy mon filz vous
en escrit les lettres que vous verrez2, lesquelles
j'ay bien voullu accompagner de la présente,
voue priant l'avoir en sondict procez pour bien
recommandé en la meilleure et [dus prompte
expédition de justice que faire se pourra, en
manière que l'issue s'en puisse de brief en-
suivre telle qu'il appartient, et vous me ferez
en ce faisant plaisir très agréable. Priant Dieu,
messieurs, qu'il vous ayl en sa garde.
De Sainct-Geimain-en-Laye, le vingt Iroi-
>me jour de novembre mil cinq cens
soixante et un.
Caterine.
De l'Aubespine. .
1561. — aô novembre.
Orig. Arcln'vcs de Maine-et-Loire.
A MONSIEUR DE VIELLEVILLE,
CBEïALIEn DE L'OItllRE DU BOÏ WOSSIEl B MON FILZ ,
(OVSEILLER EX SOS COKSEIX. PBIVÉ ET SON LIECTENANT GENERAL A M8TZ.
Monsieur de Yielleville, nous avons esté
advertiz que ung marchant de S' Nicolas,
nommé Anllioine Go, a esté à Troies pour y
1 Sans doule de la maison des Boliicr, sieur de Clic-
nonceau et de Saint-Ciergues.
2 Voy. cette lettre de Charles I\ (même vol. f 3o).
recouvrer sept ou lui ici cent matellatz , ainsi
que vous verrez par ung advis que je vous
envoyé, et parce que j'en désire bien sçavoii
I occasion, je vous prie meclre peine de la des-
couvrir pour m'en advertir et continuer à me
faire sçavoir comme toutes choses vonl par-
delà. J'ay sceu quelque chose de vostre indis-
position, dont il nie desplaist. Si vous avez
besoing de ebose qui so\i icy, adverlissez
m'en, et je donneray ordre de vous en faire ac-
comodder pour le désir que j'ay de vous veoir
en parfaicte santé. Priant Dieu, monsieur de
Vielleville, vous donner ce que désirez. Dr S
Germain-en-Laye, le \xv jour de novembre
i 5 6 1 .
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — a S novembre.
Fin d'une dépêche. Copie transmise par M. Etienne Char voy.
\ MONSIEUR DE LIMOGES.
Le s1 d'Ozence ne sçait rien de ceste dé-
pesche et icy n'a esté entendue que de troys
personnes; achevez de la conduire selon le
commencement, et si vous étiez si heureux
d'en tirer quelque bonne conclusion , vous
m'aurez faict le plus agréable service que je
sçaurois désirer, car me trouvant asseurée de
ce costélà, il me seroil bien facile de maniei
tout le dénouement à ma commodité et au
bien et advantage du service du Iioy monsieur
mon filz; mais, parmi tout cela, ne laissez
pas d'avoir les yeux ouverts près et loing pour
veoir s'il n'y a riens de caché et ne vous laissez
endormir, car beaucoup d'advis et de nouvelles
de Rome, de Flandres, d'AHemaigne et d'ail-
leurs concurrent à semblable but, qui est la
guerre, e! povez bien asseurer par de là que
d'ici n'en viendront point les occasions, et, s'il
y en a, tenez pour certain que ce sont des
25/i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
idées que ceulx qui sont mal disposés se
forgent d'eulx mes m es; au demouranl, affin
que vous sachiez que l'advis que je vous ay
donné de monsieur de Nemours n'est pas sans
rondement, combien que l'on n'aytpas encores
atteint la source et la pure vérité du mal, si
ferrez-vous bien par la copie de l'instruction
qu'il a baillée à ung gentilhomme des siens,
envoyé ici pour s'excuser, qu'il avoit parlé à
mon fils d'Orléans de telle sorte qu'il est aisé
à juger qu'il y avoit quelque chose de caché,
el que je serois très ayse que vous fae.iez en-
tendre par de là; et quant à voire successeur,
je y pourvoiray le plus lost que je pourray,
vous [triant cependant de l'aire de bien en
iniculx et que je sçache au plus tost ce cjue
vous avez receuilly de ceste dépesche; remet-
tant le surplus à ce dict porteur, auquel, en
vostre faveur, j'ay fait accorder une place de
>arlet de chambre du Boy monsieur mon Clz,
pour eslre mis au prochain estai. Priant Dieu,
monsieur de Lvmoges, vous avoyr en sa saincte
garde.
Escript à Saint-Germain-en-Laye, ie xxvin0
jour de novembre 1 56 1 .
Caterine.
De l'Aubespine.
15(51 . — ai) novembre.
Orijj. Bibl. nal. Cinq cenls Colbert, u°3go, f ' 7") el 7G.
Imprimé dans tes Aâdit. aux Mémoires de Cattehutu > par Le Laboureur,
1. I. p. 734.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Renés, j'ay receu à troys jours
près l'un de l'aultre les deux lettres que
m'avez escriptes du pénultime oclobre et vic
du présent. Par la première desquelles j'ay
veu cr qur l'Empereur, mon bon frère1, vous
a respondu sur l'instance que vous luy avez
: Ferdinand I
faicte de vous déclairer en quel temps son
ambassadeur se pourra rendre au concilie avec
sesprélatz et évesques, affin de pouvoir selon
cela disposer si à propoz le parlement dos
nostres qu'ilz ne faillissent à s'y trouver au
mesme temps que eulx; et pour ce que je or
cognoys par la dicte responce que longueurs,
prolongemens et remises, et qu'il me laid
bien paroislre, par l'incertitude avecques la-
quelle il vous en parle, que j'employe assez
mal à propoz ce que je despendz de sollicita-
lion et poursuicle pour l'advancenienl de ces!
affaire, je suys d'advis , puysque ainsi est,
que vous ne luy en parlez plus , et que seule-
ment vous vous constituez observateur de ses
actions pour m'adveilic de tout ce que vous
en pourrez aprendre ordinairement, et selon
le chemin que je luy verray prendre en cela
et aux aultres princes chrestiens , je regarde-
ray de faire satisfaire à ce qui sera du devoir
du Roy monsieur mon fdz en cest endroict.
J'ay veu le dupplicala de vostre dépesche du
neulîesme oclobre, qui a esté ostée au cour-
rier de Pouliongne, sans laquelle il estoitbien
mal aisé que je sceusse comprendre en quoy
se consistait la gratification que vous désiriez
que je feisse envers le roy de Bohesme pour
une perpétuelle assurance et confirmation de
nostre amytié; sur quoy je vous diray, mon-
sieur de Renés, que nous avons esté advertyz
de bon lieu que le dict roy deRohesme, qui
■, eull nous entretenir en opinion de son amv-
lié el s'avantaiger en tout ce qu'il pcult de
celle qu'il porte au roy d'Espaigne, n'entend
rien de Testât des affaires de ce royaulme, ne
aultre chose qu'il congnoisse aparlenir au bien
du service du dict roy d'Espaigne, dont,
eue 1res que ce soit à nostre préjudice, il ne
l'advertisse ordinairement, de sorle qu'il est
bien nécessaire , comme je m'asseure que vous
l'avez tousjours faict et saigemenl et prudem-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
255
ment, que sans vous promectre trop de l'hon-
neste Familiarité do laquelle il use en vostre
endroict et des ;i«i \ is qu'il vous donne quelque-
Ibys, vous ne vous ouvrez e( laissez entendre
à luy que (les choses généralles el qui soient
de si peu d'importance qu'il ne nous préju-
dicie en riens que le dict roy d'Espaigne le
sçaiche ou non; et toutesffoys, continuant en
la démonstration que vous luy avez tousjours
faicte de vous asseurer plus de sou amylié et
de sn parole que de prince de ce monde, regar-
dez de tirer tle luy le plus que vous pourrez
des délibérations et des dessaiugs du dict roy
d'Espaigne pour ce qui nous regarde , el
mesmes pour ce bruict de guerre dont il s'est
parlé, et semblablement de ce qu'il luy vien-
dra cl à l'Empereur son père de l'intention du
Pape; envers lequel, ainsi que l'entendz, le
faict de la religion avoit rendu noz actions,
pour avoir esté mal prisez el interprétées ,
ung peu plus odieuses qu'elles ne seront à
présent que Sa Saincteté a sceu qu'elle a esté
!'is-ue de l'assemblée de Poyssy, de laquelle
l'on luy avoil l'aie! beaucoup plus de peur
qu'elle n'en a senly de mal, el quelle voit
d'aultre pari ce que son Légal ' reçoit icv de
gratification en tout ce qui concerne ses facul-
tez el l'aucthorité du Sainct-Siége apposto-
licque; en quoy nous travaillons à nous coni-
: rler de (elle sorte que Sa dicte Saincteté
n'en peult ressentir qu'un entier contentement.
Quant à offrir et promectre quelque chose,
suivant voslre advis , au dict roy de Bohesme,
de la volunté du Roy monsieur mon (ilz et de
la mienne, au faict de sa promotion et suc-
cession en l'empire, je considère que c'csl
chose qui peult loucher de si grandz princes
que, pour n'offencer personne, ce sera bien
faict que vous n'y entrez aucunement, et que
vous vous conteniez de luy en avoir tenu les
1 Le cardinal de Ferrere.
propos donl me l'aides mention par une de
\os dictes lettres, estant bien aise qu'ilz ayenl
oslé si généraux que vous l'ayez peu faire
sans commission ny commandement ; car en-
cores que je n'aye riens sceu de la pratlicque
du ro\ de Danemarc ' avec l'électeur de Saxe2,
el que je ne pense point qu'il v ail chose qui
soil pour traverser ce que le dict roy de
Bohesme peull jà avoir d'assurance en la dicte
succession, si est-ce qu'il \ a beaucoup de
considérations qui ne nous peuvent permectre
de nous en empescher, et encores moins de
nous y obliger de parolle et promesse, laquetb
ne se peull faire si secrette et particulière
qu'elle ne soil sceue incontinanl ; vous advisanl
que l'évesque de Limoges m'a adverty, par
une sienne dépesche , qu'ilz tiennent en
Espaigne pour chose certaine que non seulle-
uienl le prince de Bohesme y doibl passer
bientost, suivant l'advis que vous m'en don-
nez, mais aussi l'une des filles avec encores
l'un des garsons3, ilz en faignenl l'occasion
sur l'indisposition du prince d'Espaigne el je
pense que ce soit [dus tosl pour avoir en leurs
mains le plus seur gaige qu'ilz peuvent dési-
rer de l'amitié du dict roy de Bohesme, affin
de le retenir et conserver à eulx. entièrement.
Vous sçaurez bien descouvrir ce qui en est,
estant au lieu où vous estes, pour m'advertir
de ce que vous en pourrez apprendre el de
loules aultres particularités qui seront dignes
de moy, ainsi soigneusement que vous avez
faict jusques icy. Priant Dieu , monsieur de
lieues, qu'il vous ayt en sa sâincte garde,
1 Frédéric II, (ils de Christier» 111, mort le 'i .uni
i588, laissant de Louise de Mecklenbourg, qu'il avait
épousée le 30 juin 1 55a , Christiern , son successeur.
2 Auguste, dit le Pieux, ne le .'il juillet [5a6, mort
le i i février i 586.
3 Rodolphe, le lits de Maximilien, et qui depuis lui
empereur.
256 LETTRES DE CATH
Escript à Saint-Germain-en-Laye , !e x\i\c
jour de novembre 1 50 i .
Entre aultres choses dont le dict roy de
Bohesme a donné advis au dicl roy d'Espaigne,
il n'a pas oublie' les propos que vous luy avez
lenus du mariage, dont il vous feust escripl,
pendant que le' sr de Vieillevillc esloit par de
là, el de dire que nous estions après à luy
rechercher des premiers.
Caterine.
Bourdin.
(1561. - Décembre1.)
Aut. Arch. nat. collect. Simancas, K. 1Ï196. B. i4.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC D'ALBE.
Mon cousin, j'é lousjours conçu que, es
chauses qui ont touché mon contentement et
l'anlerlenement de la amitié de ses dus roys2,
di qui Dieu m'a fayst tent de heur d'estre mère,
vous m'avés leneu promesse, faysent si bon
aufise, comme l'évêque de Limoge me témoigne
aurdinèrement par ses letres, et la bonne dis-
posision en quoy yl vous ha trové pour aco-
moder le fayst délia réconpanse de mon frère,
le rov de Navarre, dont j'é eu grant plésir, et
ne vous saroys prier de chause plus afectonau-
semeot3, sachant combien sela seroit à propos
iour le rendre contant, duquel contentemenl
le Roy catoiique monsieur mon bon fils auroyt
entière aseuranse du roy de Navarre à iuy
favre très humble servise, corne je le voy bien
disposé, et à vous dire ouvertement, ayst de
si bonne nateure que, ayent lousjours heu
ayspéranse en sa bonne grase, il mérite d'en
aystre en grande recomandation , veu ausi le
Imii aufise qu'il fayst en mon endroyl et pour
1 Reçue te ■•■' di 1 embre.
Dut roy», deux roys.
1/ 1 tonauiement , affectueusement.
ERIiNE DE MÉDIC1S.
le byen et repos de sel royaume que m'aseure
pour l'amitié qui plest au Roy monsieur mou
fils me porter qu'il an naré davantage de con-
sidération; ù quoy je vous prie tenir la mayn
pour heun dé plus grant plésyr que pouriés
fayre h à
Vostre bonne cousine,
Caïebine.
1561. — 3 décembre.
Orig. Archives de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, après que nous avons entendu
toutes les remonstrances et raisons que vous
nousavez escritese lavez commandé à l'évesque
de Thoullon votre ambassadeur nous faire en-
tendre touchant la difficulté où voz depputez
sont entrés avecq les nostres l, le Roy monsieur
mon filz a advisé, oultre ce qui a esté dit de
bouche à votre dict ambassadeur, de vous fère
ceste présente despeche, à laquelle pour estre
les lettres que le dict sieur Roy mon filz vous
escril assez amples, je ne puis riens adjouster,
si n'est vous prier, mon frère, de croire et vous
asseurer que, quelzques raisons et argument/
que vos dits depputez vous puissent mectre en
avant, ilz n'ont pour colla tant de vollunté ei
d'envye de vous veoir conlent comme nous
1 Elle fait allusion à la conférence qui avait lieu à
Lyon entre les députés île Charles IX et ceux du duc de
Savoie à l'occasion des places de Piémont occupées par
les Français, et que le duc de Savoie revendiquait. —
Voy. une dépêche de l'ambassadeur anglais Throrkmor-
ton, Calendar of State papers ( 1 ."ili 1-1 56a), p. A34. Dan-,
les archives de Turin se trouvent : i" la relation des né-
gociations qui eurent lieu à Lyon dans l'abbaye de Sainl-
Just entre les députés de Charles IX et ceux du duc de
Savoie; 2° la correspondance d'Emmanuel-Philiberl avei
ses députés à la conférence de Lyon, conférence qui ne
put aboutir.
LETTRES DE CATHE
avons; cai le chemin el moien que nous dé-
sirons tenir tousjours avecq nous ne vous re
présentera jamais que toute affection el amitié;
au moien de quoy je vous prie, mon frère,
que, recongnoissant, comme je m'asseureque
»ous faictes, noz bonnes vouiiontez, vous
veillez escrire à vos dicls depputez qu ilz re-
gardent à s'accomoder doulcement avecq les
nostres, veu mesmemenl que ceste dite confé-
rance doibl estre outre eulx si doulce el amiable
qu'elle serve plustosl à facilliter le chemin de
vous meclre à votre aise que à retenir les
choses en plus grande longueur, comme il s'en
suivroil si les dicts depputez estoient creuz en
la façon de besongner avecq les nostres qu'ilz
veullenl tenir et pour ce que, tant sur ce pro-
poz icy que plusieurs autres, j'ay plus au long
discouru avecq le dit évesque de Thoullon,
votre ambassadeur, pour le vous fère entendre,
cella sera cause que, m'en remectant sur luy,
je ne vous feray la présente plus longue,
priant Dieu, mon frère, vous avoir en sa
saine te el digne garde.
De Sainct-Germain-en-Laye, ce iu jour de
décembre toGi.
Votre bonne seur,
CaTERINE.
RINE DE MÉDIC1S. 257
pryant, mon cousin, luv en faire bailler el
délivrer pour el jusques à la somme de
huict cens livres, à quoy semoule ce qu'il luy
esl lieu; qui luv sera grande comodité el au
tant de descharge à la bourse <\u Roj i -
sieur mon lilz, pryant Dieu, mou cousin, vous
donner ce que désirés.
De S'-Germain-en-Laye, ce vi°jour de dé-
cembre i 5Gi .
La byen vostre,
Caterine.
De !.' \< BESPINE.
1561 . — fi décembre.
Orig. Bilil. Dat. fonds français, n' no&Bç), f° ai.
A MON COUSIS
LE StElP, DE BOIS\.
cm>D BSCUTER l'£ i u
Mon cousin, le sr de Bresse, cappitaine
des gardes, m'a dict qu'il désire bien recou-
vrer quelques jumentz de celles du haratz que
nous voulions oster. el en prendre en paye-
ment dune somme qui luv est deue. laquelle
aussi bien luy fauldroyl-il bailler contant; ce
que j'ay trouve' bon et eu très agréable, vou>
C miuiiM. de Mfdicis. — 1.
1 . j 0 1 . — 7 décembre.
Orig. Bilil. imp. de Saint-Pétersbourg, vol 16 , p. 61.
A MONSIEUR SÉRAPHIN,
Al DITECH DE LV HOTE.
Monsieur Séraphin, j'ay receu vostre lettre
et assez entendu de longtemps et par celles
aitssv que m'a escrites mon cousm. le coule
de Tournon ', avecq quelle affection vous v i i
employez par de là en ce qui se présente pour
les affaires, non seulement du Roy monsieur
mon lils, mais aussi en ceulx qui regarden el
concernent ses subjeetz, dont vous pouvez estre
certain qu'il luv denionre et à moy aussi toul
contentement et que, continuant, ce que vous
méritez ne sera pas oublyé par bonne recou-
gnoissance, ne aussi de vous accommoder en
tout ce qu'il sera possible en voz allaites par-
ticuliers, comme du dict conte de Tournon
pourrez vous plus avant entendre l'intention
1 J iist 11 de Tournon, seigneur de Tournon, sénéchal
d'Auvergne, lieutenant général du Roi en I guedoc:
il était lils de Just 1" de Tournon et d'Anne de Vissai
.•I avait épousé, en i533, Claudine de la Tour, Glle du
\ ii unité de. Turenne. 11 en eut Hélène de Tournon, dont
Marguerite de Valois , dans ses Mémoires, ;i raconl
mort. 11 hérita des biens du cardinal de Tournon el 'lu
comté de Roussillon, acheté par le cardinal vers i53o,
el don) il prit le titre.
258
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
du Roy mon dicl lilz. A quoy je me remettray,
priant Dieu, monsieur Séraphin , vous donner
ee que désirez.
De Paris, le vu" jour de décembre 1 56 1.
Caterink.
1561. — îa décembre.
Orig. Bibl. inip. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, F 36,
A MON COUSIN
MONSIEUR DE BORDILLON,
LIELTENANT GENERAL DU T.OV MONSIEUR MON FILZ EN PIEDMONT.
Monsieur de Bordillon, j'ay sceu par vostre
lettre du dernier du passé que je receuz hier
au soir ce que vous avez peu entendre du faict
de monsieur de Nemours, et veu la lettre de
créance qu'il vous avoit escripte, laquelle je
vous renvoyé jmur veoir par icelle que le ca-
pitaine la Barge en est le porteur, et pour ce
que le dict la Barge est ung de ceulx qui
ilowent plus sçavoir des nouvelles de l'iulen-
tion du dict sieur de Nemours, estimant aussi
que le voiage qu'il va faire à Ferrare ne peult
estre sans quelque occasion deppendant à
l'aventure de ce premier faict, où je cherche
à veoir clair en toutes façons, j'ay ad visé vous
faire incontinanl ceste response, en vouspryant
que. revenant le dict de la Barge, vous essayez
tous moyens pour tirer de luy, s'il est possible,
l'occasion de son voiage. e1 aussi ce qu'il peult
sçavoir du premier faict du dicl sieur de Ne-
mours, estant certain que luy estant ung des
capitaines dont le dict sieur de Nemours faict
plus d'estat et du nombre de ceulx qui le de-
voyent aller trouver à Lyon où vous sçavez
qu'il en avoit mandé plusieurs au mesme
temps de l'enlreprinse descouverte sur mon
(ils d'Orléans, qu'il n'est pas qu'il ne sçache
quelque chose qui pourroil grandement servir
à ce que j'ay désir sçavoir pour mon repoz,
chose que j'ay tant à cueur, pour l'importance
dont elle est, que je ne craindray poiucl à vous
dire que j'entens et veulx, comme aussi le
vous escril le Boy monsieur mon filz, que vous
ne faciez difficulté d'arrester le dict la Barge
repassant, pour eu sçavoir tout ce qu'il en
sçait et le faire oyr par le président de Bi-
rague sur l'entreprise de l'enlèvement de mon
dict filz d'Orléans, et aussi de sou voiage, si
tant est que, par aultre moyen et dextérité,
vous n'en puissiez tirer ce que je ne fais double
qu'il ne sçache, affin que, en une sorte ou
aultre, la vérité s'en descouvre, car vous ne
me ferez jamais service plus agréable. Priant
Dieu, monsieur de Bordillon, vous donner ce
que plus désirez.
Escript de S'-Germain-en-Laye, le xii" jour
de décembre 1 56 1 .
Caterine.
De l'Aubespine.
Je désire que vous usiez en cecy si de\l re-
nient que la dicte inquisicion se face sans sus-
picion de mon cousin le duc de Ferrare, et
qu'il ne se doutast pas qu'on recherchast le
dicl la Barge qui vient de devers luy.
I 5(î 1 . — ia décembre.
Oiïg. Bibl. de In ville d'Angers.
A MONSIEUR DE CRISSÉ'.
Monsieur de Crissé, la fiance que le Roy
monsieur mon filz a de vostre bonne volonté
et affection à luy faire service est cause qu'il
vous a plus volontiers choisi, pour le voyaige
d'Angleterre dont il vous escript, pour lequel
je vous prie disposer, ailin de vous rendre au
temps qu'il désire ici, et le plus tost possible
que vous pourrez, vous asseurant que luy fai-
sant ce service luy et mo\ en aurons si bonne
souvenance que vous en rapporterez ce que
1 Sans duule Jacques Tiirpirj . s' de Crissé.
LETTRES DE G AT H
vous méritez, el s\ dônneray ordre, que ce
sera pour si peu de temps que vous D'en re-
cepviez auicune incommodité; prianl Dieu,
monsieur de Crissé, tous avoir en sa garde.
De S'-Germain-en-Laye, le \nr joui- de dé-
cembre 1 56 1 .
Catbbihe.
1501.
Copie. Bibl. du I. mivrc. B. u53 , rcgisl. .lu Parlement. —
lni[ i 'le Condé, I. Il , p. 54o.
\ MESSIE! RS LES GENS
TBBANS LA COURT DE PARLBMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrez ce que le Roy mon-
sieur mon filz \ous escripl pour l'expédition
de l'abolition généralle qu'il a octroyée pour
le faict des assemblées d'Amboise et autres,
où il désire, et moy aussy, qu'il soit mis une
bonne lin. qui me faict vous prier vacquer
et procedder à Pentbérinemenl et vérification
d'icelles en la meilleure et plus briefxe expé-
dition que taire se pourra, sans permettre que
la chose -oit tenue en plus grandi! longueur.
Priant Dieu, messieurs, vous avoir en -a
garde.
Escript à Sainct-Germain-en-Laye, le qua-
torziesme jour de décembre î 56 t.
Catemne.
De l'Aubespine. '
(1561. — Du i5 an 20 décembn
Aut. Bibl. liai, fonds français, n" 3o(/j , f' 65 r°.
A MA COI SINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, vous a\é> fayst si bonne cbère
I. - Guise s'étaient retirés à Joinville et se prépa-
raient à aller en Lorraine. Catherine, sur le relus du duc
de revenir à la tour, ne voulant pas rompre ouvertement,
maintenait*"* relations amicales avec la duchesse. — Voy.
i ■>'.■, ,■■',/, i./'.si,k, intjjrrs 1 1 Mi,- i56a), p. 616 et 633.
ERINE DE MÉDICIS.
lieu ' vous ayste <|ui ne vous sovient plus de
me mender de vos novelles; el pour savoyrque
VOSlre bon mari et bon frère et vous n'este
que beun come la Trinité, je ne fouis- poynl
ausi tousjour troys letres, mes sel coup je vous
ay byen voleu prier me mender dé novelles de
ma lille3; car. depuis qu'el a aysté malade, je
n'ay heu que beune foins de se novelles par
heun corrier que jV\ envoyé, qui me fayst
avoyr peur qu'ele souyl encore malade, et co-
mende à set pourteur l'aler trover pour m an
naporter sertaynes novelles el vous prie par
luy m' an mender el dé vostres et vous aseurer
que rien ne me démineuré 4 jeamès la boum
volante et amitié que je vous porte et au
vostres el aseuré vous de
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1561. — i"> déceml)re.
Copie. Bibl. du Louvre, B. n53, repst. du Parlement.
A MESSIE! I5S LES GENS
TENANT LA COCRT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vou* entendrez du président de
Tbouet conseiller Viole, aussy par ce que le
Ro\ monsieur mon fil/, vous escript son in-
tention sur- le faicl des facultez de monsieur
le Légat5, el la rémission desAnglois, dont je
ne m'estenderay plus a\aut, sinon pour vous
prier cesser pour ceste fois toute difficulté
es dietz deux poinetz pour les raisons qui ont
1 Heu, où.
a Fouis , fais.
3 Claude de Valois, duchesse de Lorraine
Démineuré, diminuerait.
5 Le Parlemenf avail présenté des remontrances lou-
chant les facilités accordées par le Saint-Siège aii cardinal
deFerrare, loVaten France, el la mise en liberté d'Anglais
prisonniers; te lloi lui ordonne de passer outre. — Voy.
Bibl. uni. Parlement, n° 83, f 56: dépêche de Throck-
morlon à la reine Elisabeth, Cahndar of State pajien:
(i56i-i56a), p. uio.
33.
260
LETTRES DE C iTHEIilNr] [)E MEDICIS.
- ansiiici/ île Tliou el \ iole qu'ilz
w>us l'cronl entendre, priant Dieu, messieurs,
iloniH'i' ce que désii ez.
De S Germaiu-en-Laye, le w jour de <\r-
embri' 1061 .
( Iaterini .
Di l'Ai bespini .
I 561 . — ii déi embrc.
I
S MON COUSIN LE S1EI 11 DE BOISY,
. U1I*0\.
Mon cousin, le !!(i\ monsieur mon (Hz \ous
ii)l |u éseutemenl en faveur du ùeur du
auquel, comme \ous verrez, il a ac-
lace de gentilhomme de sa maison
[enoil le feu sieur de Scmyel , de laqi m
il désire qu il soil pourveu comme je fais aussi
iMi considération des seniees < j u il a cv-de-
iclz à ceste couronne; vous pryant,
cousin . le recevoir en la dicte place, où
asseun qu'il s'acquittera si bien de son
mi que mon dict filz en tirera le service et
1 jonteutement (jue povez désirer; pryanl
Dieu, mon cousin, vous donner ce que plus
ez.
De S'-Germain-en-Laye, le mx*" joui do dé-
i embre i 56i .
La bien vostre,
Caterim ■
De i \ubespine.
lectre, | avoys desjà bien sceu ceste pollice im-
primée ' dont m'a . ez escript ; el sur cella
escripl à mon frère, 1 <* roy de Navarre, qui
estoyl encores à Paris, faire bien sçavoir doù
cella estoyl venu, pour en faire faire la dé-
monstration telle qu'elle mérite, ce qu'il feist,
ri l'imprimeur pris, qui' [ou trouve l'avoir
faicl di' sa pure authorité el sans charge au-
cune, de sorte que la réparation en sera faicte,
comme aussi de ceulx qui se trouverronl avoir
faictz el mis les placard/, donl vous m'escrivez:
de ipm\ jusques ic\ ii ne s'esl riens congneu
que j'aye entendu; vous advisant que telles
choses mi' desplaisent tant que ne sçauroys
assez désirer que l'nu les puguisse Ibrl griefi -
ment. Priant Dieu, mou compère, vous avoir
en sa saincte el digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le \\m jour de
décembre i 36 i .
Vostre bonne coumère el amie,
l ! iterine.
ii -.i déi embi '
I lii,; [Util : ' 1 l'is fl S . M .'!l<|i , f 2Ç).
Imprimé. Ifi "1 ira 'f< t'.>>i<il>- . 1 . I - y '
\ MON 1 OMI'I M
LE l>i C DE MONTMORENCY ,
l'Ail: RI COHRI :'>: .
Mon compère, avant que receusse vostre
^.in> douti Duplessis-Grefiîer cité dans I'1- mémoires
I â(> I . — :'â décembre.
0 11: u ' .111 il" Fume!. Copie transmise par M. .le !
\ v \duii-: m: Fl MEL.
M-ddame de Fumel, ayant entendu la mon
il: monsieur de Fumel j. votre mari . si cruelle
de Vieillevilie édit. de 1707, 111-1 9, t. III, p. 909. 917,
3 19).
1 Cette police ;i été imprimée dans les "■
Coudé, édit. de 1 7 i3 1 II, p ">35 . sousce litre ; P
et ordre gardez en la distribution des deniers aulmi
aux pauvres de
L'article 1" portail <] no huit notables seraient élus, el
quatre surveillants pris dans le consistoire. Celte po-
lice fut publiée dans le faubou g Saint-Antoine, à Po-
pincourl et au lieu nommé le Patriarche, dans le Fa
bourg Saint-Marcel. — Voy. BulL tin de la Société de l'his-
toire du protestantisme, I. I . p. 903 el suiv.
•' François, premier du nom, baron de Fumel, sieur
de La Caussade, chambellan '■! gentil! 1e ordinaire 'I"
h chambre 'lu Roi; il avait été envoyé '•" ambassade .1
LETTRES DE CATHE
el inhumaine qu'elle a esté, j'en a\ porté le
deuil el ennui que pouvez penser, tant pour
avoir le l<>>\ monsieur mon fils perdu un
bon serviteur, que pour votre respect; et pouf
ceste cause, vous vous pouvez assurer que je
tiendra] la main pour faire faire si cruelle el
si rigoureuse punition d - ailleurs <l un si mé-
chant et si malheureux acte, qu'il en sera mé-
moire à jamais; et quant à vous, croyez que
tout ce qui sera pour le bien de vous et de vos
enfants, je vous auraj en telle recommanda-
tion que ses services le méritoient. Avant fait
dépêcher le brevet du l!o\ de six cents livres
de j ension pour votre fils aine, el ayant pour
agréable que vous remettiez entre les mains
de votre fils puîné l'abbaye de Bonneval, ainsi
Conslanlinople, en juillet 10/17, el devint p'l,s lar(' i>°"~
ur de Mariembourg. Ayant voulu empêcher un mi-
nistre protestant de prêcher devant ses vassaux, ils se
révoltèrent, forcèrent les porle* du château et le massa-
crèrent dans les bras de sa femme, le 9 '1 novembre 1 56 1 .
La punition qu'en tira Monluc fut terrible. Burie écrivait
au Roi, le n3 mars i56a : -Nous axons tellement faict
faire le procès à seize des coupables que hier et aujour-
d'hui ilz ont esté deffaiclz, les ungs par la roulie, les
aultres penduz et les aultres ont en les testes trenchées; et
quant aux aultres prisonniers qui soulicy en grand nombre,
le lieutenant el conseillers y demeurent pour leur faire
leurs procès el les pugnir selon qu'iU l'auront mérité.
Pour favi rizer lesquelles procédures nous laissons i< y le
cappilaine Tilladet avec Ions ses gens et aulx environs
d'eulx trois ou qualre compaignies de gendarmes; de
sorte, Sire, que nous avons remis madame de Fuiiiel,
laquelle et ses enfans il faict pileux de \eoir, en sa mai-
son.- — Voy. les leltresde Terride, de Burie et de Mou-
lue, datées de Fumel (Bibl. nat. fonds franc, n" 3i86,
f" 5 6 - ô 8 , Go et (îa); Commentai, n 'i de Monluc, édil.
de Ruble, t. Il, p. 344; les pièces publiées par M. de
Maslatrie, t. VII, 2' série des Aient, des antiq. de France;
Calendar 0/ State papert (i56o-i56i), p. 46o (dépêche
de Tbrockmorton). — Le château de Pumel appartient
à M. le baron de LangsdorfT, dont la grand'mère était une
Fumel; celle famille subsiste encore dans le Bordelais,
el c'est de l'un de ses descendants que nous tenons celle
copie.
I ; 1 N l : DE MÉDICtS. 261
que la demande/; el quant à vos Clles, en-
voyez-les moi, et je les prendrai pour estre
nourries avec moi, comme elles esloienl avec
la reine ma Glle '. Priant Dieu, madame de
Fumel, vous avoir en sa saincle el digne
garde.
\ S'-Germain-en-Laye, le \w" jour de dé
cembre 1 56 1 .
Caterine.
1561 . — 3o décembre.
■ Bibl. nat. Parlement , n 83 . f' 05 v°.
A MESSIEURS LES GENS
TESANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, encor que par cy-devant vous
avez entendu l'intention du Roy monsieur
mon Qlz et la mienne, sur la publication de-
facultez de Mr le légat2, si est-ce que, s'en
retournant devers vous les advocals et procu-
reurs du Roy niondicl Gis, je n'ay voullu faillir
de leur faire entendre pour vous dire le be-
soin qu'il est, pour le bien de ce royaume,
et la tranquillité el repos publicq, qu'il y soit
promptemeut proceddé, el que je m asseoie
ils vous sçauronl bien el Gdelle ni référer,
qui me gardera vous en faire reditte, si n'esl
que je mois prie mettre cela en considération
el leur adjouster fox, de ce qu'ils vous dironl
de ma pari connue à moy-mesmes. El prieraj
Dieu, messieurs, vous avoir en sa saincle el
digne garde.
De Sainct-Germain-en-Laye, le \x\ jour
de décembre mil cinq cens soixante el un.
Caterine.
RoBERTET.
1 Elisabeth, reine d'Espagne. — Voyez la noli de la
page -'oo.
- Le cardinal de Ferrare. —Voy. la letlrede Charles IX
qui précède celle-ci (même vol. I' 65 r").
262
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1 561 . — 3o décembre '.
1 opie. Bibl. nat. Parlement, v. 83, f' 67. — F. Rrieune, n° ao5,
1 &8i v°. — Imprimé. Mémoires de Condé, t. II, p. 55a, <5dit .
Micbaud , t. VI , p. 6 1 G ; Archives curieuses de l'histoire de France,
1" série, t. IV, p. 68.
\ NOS AMEZ ET FÉAULX LES GENS
TEHANS NOSTRE COURT DE PARLEMENT, A PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon lilz - et
inoy, ayans entendeu la téméraire entreprinse ,
l'aicte par ceux dont il vous esciïpt, de forcer
ainsy le portier de la porte Saint-Anthoine,
veulf, et je le désire aussy singulièrement,
que la vérité eu soit sceue, etqueluy et sa jus-
tice en ayenl la réparation telle qu'il appar-
tient ; qui me donne occasion de vous en es-
cripre aussy, et prier y mettre la main, si à
1 Le 28 janvier suivant, une nouvelle lettre fut écrite
pour le même objet et presque dans les mêmes termes.
2 Voici la lettre de Charles IX qui complète celle-ci :
-Nosamez etféaulx, nous avons entendu que, la nuict
v passée, ung nommé Bertrand, sieur de Popincourt,
-• serait allé à main armée, accompagné de grand nombre
« d'hommes en armes et garniz de harquebuzes ont con-
rtrainct celuy qui a la garde des clefz de la porte Sainct-
- Anthoine d'ouvrir la dicte porte et laisser toute la nuict
Rouverte pour faire sortir autre nombre de gens armez,
r comme ilfeislà deux trouppes, environ sur la minuyt,et
ries troys heures au matin; qui est chose, pour l'impoh-
Hjncedont elle est, que nous ne voulons demourcr impu-
•gnye. A ceste cause, nous vous mandons et ordonnons très-
si xpressémenf que vous ayez à en (aire diligemment el
1 actemenl informer, et contre le dict Bertrand et autres,
-qui se trouveront chargez el coupables d'une telle faùlte,
-procédez à faire et parfaire leur procès, de sorte que la
Justice el punition exemplaire s'en ensuvve, telle que le
«cas le requerra.
'•Donné à Saincl-Germain-en-Laye, le xx\° jour de dé-
cembre i56i.i (Bibl. nat. Parlement, n° 83, f° 06 v°.)
- Voyez la «Harangue de M' le conneslable de Mont-
morency à la cow de Parlement, louchant les assemblées
qui se faisoienl par ceux de la nouvelle religion-. On y
trouve quelques détails sur la violence exercée contre le
portier de la porte Saint-Antoine ( Bibl. nat. fonds Brienne ,
n" ao5, f" 79 et suiv.; Parlement, n° 83, f" 03 et
suiv.).
bon escient, qu'il en puisse avoir contente-
ment et vous asseurer que, encores qu'il soil
jeune, il aura perpétuellement mémoire d'une
telle faulle, et du debvoir que vous, tenans le
lieu que vous l'aides d'en faire justice, ferez à
chaslier chose de tel poids et de si grande im-
portance que vous la pouvez assez juger; priant
Dieu, messieurs, vous avoir en sa garde.
Escript à Saint-Germain-en-Laye, le Iren-
tiesme jour de décembre mil cinq cenl soixante
el un.
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — Fin décembre.
Aut. Arch. nat. collerl. Simancas. k. 1696, B. li.
A M" MON FILS LE ROY CATOLYQLE.
Monsieur mon fils, s'an alant D'Almeido',
présant pointeur, vers \. M. par le comende-
I ment du roy de Navarre, son meslre, je n'é
voleu fallii- par la présante suplier V. M. de
luy faire eonestre à son dist meslre que le té-
moynage que je lui ran du bon devoyr qui
fayt de m'ayder au fayst de la religion el lé
conlineuayle recomendation que je luy av lavsl
pour le volouyr gratifier luy aye servi en voslre
endroyt, et que me fasié set bouneur qui
j conèse que la volante qui me porte vous ayst
si agréable que luy volés donner satisfalion en
set qui vous suplie el la seurelé que je <lc
avoyr part en voslre bonne grase m'an fayst
vous en parler de sete façon, m'aseurant que
me faysle set hauneur, quelque chause que
puisiés beuir2, que d'estre aseuré que je suis
1 Le portugais Antonio d'Ahneida , plusieurs fois en-
voyé en Espagne par le roi de Navarre; il revint de cette
mission le il février suivant. — Voy. Arch. nat. rollect.
Simancas, K. i '197, pièce g; et un résumé des lettres de
Chantonnay (1/196, pièce 45).
! lleuir, ouïr.
LETTRES DE CATHE
prinsèse crétiene, etmenl ' la conservation de
aostre religion, come je m'aseure le fayré
tousjour conestre, el que aeule créateure n'a
plus d'afection enver Dieu el Voslre Magesté"
que moy, comme j'espère, mus que je aye sel
heur que de vous povoyr \<>\r, \ous mieulx
fayre conestre et \<>us suplie que bientôt je
puyse avoyr sel bien el me fayre set hauneur
de me mander sertaynemenl le temps que se
poura aystre pour réconforter île luulles ses
aversité selle qui vous suplye la rontineuer
toulte s;i vie eu xoslre bonne grase.
Voslre bonne el afectii '■ mèreetseur,
Caterine.
1 562. — Janvier.
Miaule. Bihl. nat. fonds français, n°3i8<), f* 84.
\ MONSIEUR DE CRUSSOL2.
Mon cousin, j'attendz en grande du\ olion
de yoz nouvelles touchanl ce que vous aurez
l'aie! eu Avignon, d'aulianl que j'entendz que
ce nepveu du Pape3 ne se comporte pas fort
discrettement. Je vous prye ne faillir, si jà ne
l'avez faiet, de nous en donner incontinent
advis, cl an demeurant je vous prye adviser
d'advertir souvent mon cousin le prince de
Coude. (|ue nous envoyons présentement en
1 Etmenl . aimant.
2 Voy. Instructions de Ivf. de Crussol allant en Lan-
guedoc | Bibl. nat. f. IV. u" i ."1875 , f a63)i Lettre duRoi à
M. de Crussol ; ib. p. 45o); Lettre du cardinal d'Armagnac
à la Heine mère (Bibl. nal. I. l'r. D° 10877, f" 3j)0 i.
1 Fabricio Serlieloni, neveu du pape Pie 1\ . — Voyez,
ce sujel , une lettre de Saint Sulpiceà la Reine (Bibl. nat.
f. IV. n° 15870, f° 138). Nous lisons dans une lettre de
Charles 1\ à l'évêque de Limogea (même volume, f°û45),
-J'ay an demeurant adverty le légal pour escripre au
• Fabricio qu'il ne se joue pas de faire gens dans le mi-
lieu de mon royaume, car je suis, Dieu mercy, assez fort
peur 1 11 v conservei Testai de S. S. .sans qu'autre prince
que moy s'en mesle et que là où il en userait autrement
que je luy mecleray d. si bonnes forces en teste qu'il s'en
trouvera mal.™
RI NE DE MÉD1CIS. 263
Guyenne1, de tout ce que vous entendrez ci
que vous ferez, allin qu'il vous secoure, si
vous en avez besoing el que semblablement
s'il a affayre de vous cl de voz forces que vous
le veniez trouver, ou les luy envoyez, ainsi
qu'il vous ordonnera; qui esl lotit ce que je
mois sçauroys dire pour ces! heure, priant
Dieu, monsieur de Crussol, vous avoir en sa
saincte el digne garde.
De S'-Germain-en-Laye, le jour de
janvier t 50 1 ( 1 56a).
(1502. — Commencement de janvier-. I
Vnl . Arrli. tle Turin.
A MADAME MA SEUK
MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, ayent eutendeu par le Plesi3 sel
que monsieur de Savoye m'a mendé, monsieur
le cardinal, maréchal de Brisac et ebancelyer4
et moy avons ayté d'aupinion de vous ranvoyer
yncontynent le disl Plesi, pour prier monsieur
de Savoye et vous de volouyr aséter5 le party
que l'on vous aufre ° el vous suplye panser
que ne saurié fayre plus graut plesir hà voslre
neveu, ynfin que set pourteur vous dyra; scie
letre servira pour monsieur de Savoye, et je
prie Dieu vous donner à leus deus7 sel que
désirés.
Vostre 1res humble el 1res hobéissanle seur,
CATERINB.
' Voy. les instructions du prince de Coudé allant en
Guyenne (Bibl. nat. f. l'r. 11° 1 0875 , f" 85 et '111); Ar-
ticles proposés par le prince de Condé pour remettre les
rebelles à l'obéissance (même volume, f '109).
Vov. dépêche de Throckmorton, du 8 janvier i56a.
I Cali i"l<tr "f State papi ri . I" Ï8 1 . 1
C'était un des secrétaires de la «Inclusse de Savoie.
' Le chancelier de L'Hospital.
Ait ter, aci epter.
Il s'agissait de la restitution des places du Piémont.
I teui deui . à tous deux.
26 'j
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
i 1562. — Commencemenl de janvier1.)
Aut. Arcli. liai, coîlccl. Simancas, K. i A96 , n11 37.
\ M1 MON FILS LE ROY CATOLYQI E.
Monsieur mon fils, en cor es que je n'aye
jeamès doullé, pour l'amour que me pourlés,
vous n'aies santi vostre part de mes ennuis,
-i ay-se que se ma avsté bocup de pl<-si i- d'a-
voir \pu par vostre dernière letre que m'avés
avscripte de vostre mayn conbien le déplésir
que j'é reseu pour le fayst du duc de Nemours,
lequel, je vous puis aseurer aystre du tout ay-
longné du zèle de la religion, vous lia touché;
qui m'a aysté heun tel témoinage de vostre
amitié et bonne volante queje puis aseurer V. M.
ne savoyr jeamès rien à venir qui aye puisanse
de m'en fayre doulter, tout ynsin que je vous
prie croyre, et avoyr lele Ganse de la miene
qui ni a cliause quelqueaunque qui la puise
ni dimineuer ni altérer, me semblent qui ni a
rien plus nésésère pour noslre repos et la tran-
(|nilité de ses deus royaumes que sete meu-
leuele aseuranse de nous volontés qui aulteré
[mil tes les dulles2 et défianse où l'on nous
voldrès mestre les heun les aullrcs. et, si au-
coun vous en navovt voleu donner, (pie je
n'euse mis tout te s les pouines et ayséié tous
1rs moiens que je me suis peu avyser et que
l'on m'a consellés pour remédier au trouble de
la religiou, je vous suplie ne le croyre poynl
et panser queje ni aubliré ebause quele quele
souil pour remetre set royaume en repos et
aulter le moyen à seus qui nous voldresl eu-
core fâcher seubz cete couleur, corne j'espère
1 L'évêquc île Limoges, ilans une dépêche à Catherine
iln if) novembre i56i, fait mention de cette lettre fie
l'Iiilippe II qui cherchait à excuser le duc (le \emours,
imputant ce qu'il avait dit plutôt à la légèreté de In jeu-
nesse qu'à sa mauvaise volonté. ( Bibl, nat. f. fr. n * i oS-."..
- Ilnilr, doute.
den peus de temps fayre coneslre à \. M., h
laquele je me sens yufiniment aubligée, non
seulement du déplésir que avés reseu du mien .
mes ausi de l'aunesle réponse que m'avés fayste
de ne favoriser jeamès homme qui m'aye au-
fansée, vous pouvent aseurer. monsieur mon
(ils, que ne se presaateré jeamès cliause. en
quoy je vous puise témoinier conbien vous
ayme el estime vostre amitié que je ne fase
conestre à \. M. conbien je sans sete dernière
aubligation et désire m'an revancher en quel-
que chause qui vous souyt agréable. Quant à
>e| que me mandés que les catoliques aystent
poursouiv is de touttes pars, aunt1 de trover re-
feuge en quelque lieu et que me priés ne
trover mauves si s'et à vous, qui ne leur pouvés
fallir en sela, je loue bien vostre bonne inten-
tion, d'aultent que, an se qui conserne la pro-
tection dé dis catoliques. aylie aysl conforme
alla miene; mes je ne puis entendre pour-
quov pièse- des seugès du Roy mon fils avs!
jouste aucasion de recourir alloue pour sete
rayson, d'aultent que tenl s'an fault que je
veulle permettre qu'il y an ni ave qui souinl
poursuyvis; que, si l'étoyent, je voldrès em-
ployer touttes chauses pour les conserver, de
fason que en lieu du monde plus de seurlé.
plus de protection, ni plus de faveur ne saroynl
trover que a mon endroyt; mes la religion
ayst lieune couverteure, dont sovent Ion se
sert pour cacher lieune mauvèse volante, el
pour sete cause je vous prie, monsieur mon
filz, pour aystre prinse sage, prudent el avise.
aysaminé bien l'intention de seus qui se
servet de sel manteaulx el setpendenl non
rien moins que religion au cour3, afin qu
quelque heun seul)/, sel nombre vous vole! yn-
trepéter sa pasion heun zélle de religion,
1 Aunt, ont.
J Piàte, quelques-
Cn'ir, cœur.
LETTRES DE CATH
vous leui ' aieutiés ausi peu i\<- fouys, corne ses
actions feront c ineslreà V. M. en devoyr aystre
l>ou ajousté, i't d'aulteat qu'il est aysé à co-
nestre que la pasion domine plus que la ray-
son en seus qui praudroynt scie aucasion de
se playndre de l'ynégalité que vous alégùés
aystre entre les dévoyés et catoliques, je vous
puis aseurer, monsieur mou lils, que je fayré
tousjour grande diféranse entre sens qui lieue
nostre lionne religion et les aultres qui s'en
départent, et suis bien manie que le ayage2
dû Roy mon iils et lé troubles que j'ey trové à
l'avènement de sa coronne ne m'on permis
d'avoyr peu fayre conestre à tou le monde set,
que je an né dan le cour et m'on contre) ni
favre bocup de cbause que en heun aullre
sayson je n'euse fayst; et quant au consel que
seur se me donnés, set chause que durant la
minorité du Roy mon fils je ne dois fayre,
il aullciiL que je ne peus aler au eonlrère dé
loys du royaume s'an troubler limites chauses,
vous aseurant qui ni a heun seul dé serviteur
du Roy monseigneur que aveques rayson puise
dyre aystre ayiongné des aytas et lyeuix dont
y les avest haunorés. ormis le manimant des
afayre, lequel j'é prins pour m'estre plus jous-
tement deu que à neul aultre et ausi avoyr en
sela seuivi vostre consel, dont je m'aseure qu i
ni en ny é poynt si mal* avisé de s'en pleindre,
[uinsipalement à vous que m'aseure ne le
voldriés aycouter, ni favoriser en sela. Velà,
monsieur mon fils, set que je vous ay bien
xoleu mender à la vérité, afin que conèsiés
par setsi les aucasion que l'on y a d'estre
malconteus. Je ne veulx, au demeurant, lallir
à vous remersier bien afectueusement du bon
consel que V. M. me donne touchent mes en-
l'ans, espérant avesques l'ayde de Dieu mestre
tel souin qu'il n'an naviendré ynconvénient,
1 Leui, lui.
: fyagi', ;">S''-
Catueiiine de Médicis. I.
ERINE DE MÉDICIS. 265
el seuls qui pouresf avoyr bâti seubz set fon-
demenl la seubversion de sel aystal s'an trove-
rons ausi aylongnés, corne de pouvoyr rompre
nostre amityé , laquele deureré de mon coulé
tant que Dieu laré ' en vye
Votre bonne seui' el afectionné mère,
CvTERINE.
1 .">G2. — -j janvier.
Orig. Bibl. iuip. de Sainl-PAerebourg, vol. 18, f° 18.
\ MONSIEUR DE BORDILLON,
CHEVALIER KE L'OIiDKE DU FIOÏ MONSIEUR MON FILS
ET SON LIEUTENANT GÉNÉRAL EN PIEDMOM.
Monsieur de Bordillon, à ce que j'ay veu
par vostre lettre du xxni° du passé, vous avez
eu trop tard l'advertissement que je mois avois
faicl du retour du capitaine la Barge2, qui
vous a osté le moien de salisffaire à ce que je
désiroys et aussi d'apprendre de ses nouvelles,
et si depuvs vous en avez sceu quelque chose.
je m'asseure que vous ne fauldrezà m'en adver-
tir, estant si asseurée de vostre affection à ce
qui touche le service du Roy monsieur mon
filz, que vous, n'y obmectrez jamais riens;
aussi povez vous croyre que je vous liens pour
un;; de ses plus chers el meilleurs serviteurs,
et sur ce propos veulx bien vous advertir que
je ne sçay qui a faicticy courir ungbruict que
je vouloys envoyer par de là en vostre place
le sieur de Monlluc, chose à quoy je n'ay ja-
mais pensé, ayant bien voulu que vous le
sceussiez premièrement de moy, affin que
vous n'en soyez point en peyne, car ce sont
des fumées des espritz lurbulentz dont ce
royaulnie esl plus plain qu'il ne fut jamais.
Pryant Dieu, monsieur de Bordillon, vous
donner ce que plus désirez.
1 Laré, laissera.
2 C'est à l'occasion du duc de Nemours qu'elle avail
donné à Bordillon des instructions |iour surveiller le capi-
taine la Barge. — Voy.p. 2Û8.
3/i
266
LETTRES DE CATII
De Saint-Germain-en-Laye, le ne jour de
anvier i 56 i (1 56a).
Catebink.
(562. — à janvier.
Orig. Bilil. de la ville de Rouen, fonds Leber, n" 5731.
A MONSIEUR DE LIMOGES,
CONSEILLER DU IIOT MONSIEUR MON FILS,
MUTEE DES DEnUESTES DE SON UOSTEL ET SON AMBASSADEUR EN ESPAIGNE.
Monsieur de Lymoges, la responce qui vous
esl présentement l'aide ' satisfaict à partye de
ce que je vous sçauroys dire sut' la despèsche
géneralle du sieur d'Ozances, et sur le surplus
serez bientosl plus avant esdarej ; maisavecque
l'occasion de ceste-cy, ay bien voullu vous
advertyr que j'ay veu ce que la Royne ma fille
el vous m'escripvez de l'entrevenue dont vous
a parlé le duc d'Alve, que j'estime procedder
du commandement du maistre; c'est chose
ijue je désire singulièrement el [dus que nulle
autre dont vous me pourriez contanter, me
resjoyssanl grandement que colla soit venu
d'eulx etqu'ilz raus en ayent laid l'ouverture,
que je veulx eslre suyvye et en veoir sortir
' Il y a une lellre de Charles IX à M. de Limoges, en
date du 96 décembre i56i, qui complète celle de la
Reine. Nous y lisons : « Il fault que le Roy mon frère con-
sidère que chacun veult estre maistre en sa maison et se
faict servir à sa guyse, et n'appartient pas au subgect,
quand un prince luy commande chose raisonable, de s'en
plaindre ou recourir ailleurs pour se dévoyer de l'obéis-
sance qu'il luy doibt. Si je garde ce respect au Roy mon
Irère de luy communiquer toutes mes actions, comme à
mon second père et au meilleur et plus parfaict amy que
j'aye, et de qui j'honore et estime infiniment le conseil
el prudens avis, ce n'est pas à dire pourtant en ce qui
1 le mon privé que je veuille endurer que mes suli-
gects prennent le chemin de s'adresser à lux, ny aussi peu
m'assugélir à luy en rendre compte qu'aultanl qu'il me
plaira.» ( lîibl. nal. fonds franc. n° 1 Ô87."), 1*444.) — \ oy.
une dépêche de Throckmorton à la reine Elisabeth, annon-
çant le retour en l'Yanre de M' d'Auzanre. (Caleiitlar of
State papers, i56i-i56a, p. 48o.)
ERINE DE MÉD1GIS.
Peffect le plus tost qu'il sera possible, vous
pryanl à cesle cause remereyer de ma part
ledid duc d'Alve de la bonne volunté dont je
veoy qu'il continue es choses concernant le
bien et enfreténement de l'antylié qui est entre
le Roy son maistre et moy, et luy dire que
si j'ay tousjours désiray de veoir le Roy et la
Royne mes enfaus, que ceste envye me croysl et
augmente tous les jours, le pryant qu'il vueille
bellement conduyre et disposer cella que se
puisse eslre plus tost aujourdhuy que demain,
et, s'il esl possible, avant les courtz de Monzon
ou dedans le plus brief temps que faire se
pourra. En quoy vous ne me ferez jamaiz ser-
vice plus agréable que d'employer tous moyens
dont vous vous pourrez adviser; mais il fault
que je sois advertye d'heure, du temps et du
lieu, car ayant des enfans à mener, que je ne
puis conduire que à petites journées, suyvant
\ ostre response je me disposerons. Je sçay bien
que le couslé de Perpignan me serait plus à pro-
pos pour la comodité; mais pour m'accomod-
der aussi à la sienne, je ne refuseray nul lieu,
pourveu que je le saiche à temps. Qui est
pourquoy je vous prye suyvre ceste ouverture,
el que je saiche au plus tost ce que j'en doibz.
espérer. J'ay veu par vostre lettre escripte à
vostre frère, par le courrier de l'ambassadeur
arrivé depuis le s? d'Ozances , que vous avez levé
le masque et parlé le iangaige que portoit le
mémoyre de Lutaine, que je ne sçay comme
il devra estre receu; maiz puisqu'il fault . guarir
ceste playe, il esl besoing d'en oster la pityé.
el ne seray poincl ayse que je ne saiche la
responce qu'ilz vous y auront laide. Cepen-
dant asséurez-vous que le roy de Navarre el
moy ferons ce qu'il se peult espérer de nostre
pouvoir pour contenir toutes choses et les
remectre an bon chemin. Pour le nioings ne
peult le liov mon beau (ilz liens craindre de
trouble, ne de mal de ce roslé. eslans noz allée-
lions telles en sou endroicl . ne cherchans autre
chose que de lin en donner claire lumyère
par eifect^ >'l autrement. Qui vous es) argu-
ment pour avancer et achemyner le faicl <!<•
la réromponce du rov de .\a\ai Te, que je ni'
sçaurov sassez vous recommander. PryantDieu,
mous' de Lymoges, vous avoir en sa s1 garde.
Escripl a S'-Germain-en-Laye, If nu' jour
de janvier t r>G i 1 1 56 i
(De sn main.) Monsieur de Limoge, je suis
tourmentée de tous saisi1 aystrémement, pour
aystre conic désespéré de set que je leur aj
dis! . afin qu'i ne me fise plus tout le bien de
la bonne amitié que je aytois seure que me
portetle Roy mon beaus (ils, quej'égrant peur
qu'i metet pouyne de me braser encore quel-
que meschasetè2, où je ne voy milleur remède
pour rompre leur mauves desayn que de nous
voyr, el que set puise aystre [dus lot qu'j ne
le puise savoyr, car je m'aseure qu'i fayrétoul
sel que \ pouré pour le rompre; sel que je dé-
sireré du roulé de Parpignan , s'el que lé che-
min sont pins beans, pour l'amour de mes en-
fans, lequels je ne veaulx léser louyngde moy.
Tenés byen 1rs yeulx ouvers, car je m'aseure
que y lieront leur ayt'ort, corne layt le baston
quant Ion jette à l'eau el ancore revient, et
me sache mender set que liaure' fayst le mestre-
d'autel de madame de Lorayne, qui net aie
pour rien de bien pour nous.
Catekim S.
(De la main de VAubespine.) L'on dit icy que
le mariage du prince d'Espaigne el de la fille
de Clèves3 se poursuit, dont je vous prie
mectre peine de sçavoir la \(:rilé pour m'en
Saisi, ceci.
- Elle lait allusion aux craintes que lui inspiraient les
(inise et l'ambassadeur d'Espagne, Ghantonnay.
■ L'une des rinq filles de Guillaume de Glèves et de
Marie d'Autriche, tille de l'empereur Ferdinand.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. '267
advertir el par quelle main se mauve et remue
pratique.
I 562. 8 janvi
0 ■ Bibl. imp.de SaioL-Pétersbourg , vol. 18, f 19.
V MON COUSIN
LE SIEUR 1)1. BORDILLON,
CBBVAL1BB Pb L'ORDRE DO BOÏ HONSlBlrfl JIO\ P1LZ .
Mon cousin, VOUS venez par le mémoire
qui mois esl présentemenl faict response au
vostre que nous av oit apporté ces jours passés
le sieur de Bricquemault ', toul ce qui s'esl
pour le présenl peu l'aire pour les affaires
p iur lesquelz il estoil dépesché, estant impos-
sible de l'aire davantaige, el pour ceste cause
vous devez adviser à vous passer le mieulx
qu'il sera possible el considérer que nous
sommes tanl chargez d'ailleurs que nous ne
sçavons ausquelz entendre. Nous voulions bien
promettre que par cj après vous vous sçaurez
aussj bien conduire el gouverner avec si peu
de forces que vous avez, comme vous avez faicl
par le passé, lesquelles toustefoys nous sem-
blent assez suffisantes, si nous ne veoyons les
choses autremenl empirer, ayant eu ces jours
passez adviz par lequel nous sommes asseurez
que noz voysins ne sont pas sy pretz ne déli-
bérez d'entreprendre sur nous que jusques icj
on a peu en avoir des conjectures; non pas
que, pour cela, vous délaissiez d'avoir l'œil
aussv ouverl que vous avez toujours eu à la
conservation et deffencedes places, mais affin
que par là vous cognoissiez n'estre poinl tanl
de besoiug de vmh augmenter le nombre de
voz gens, von-- asseuranl bien que, par le
1 François 'le Béarnais, s' de Briquemault, gentil-
homme proteslanl . ex dé e 1 octobre 1 579 , en pi ice de
Grève, sous les yeux de Charles IV Voy. Lu France
protestante, ;i I. lit vivais; Commentaires de Monluc, édil
de Ruble, 1. I. p. "77-
34.
268
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
moyen de vostre vigilence accoustumée, il ne
sera en Façon que ce soit pour en advenir in-
convénient, et par ce nous en reposant sur vous
el après m'estre remise du reste sur le dict
mémoire que l'on vous envoyé, je prie Dieu,
iiimi cousin, qu'il vous ayt en sa saincle et
digne garde. Escript à Saint-Germain-en-Laye,
le vme jour de janvier 1 56 1 ( 1 5 6 -2 ) .
Caterine.
RoBERTET.
1562. — i h janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, voi. 83, f1 75.
A MESSIEURS LES GEINS
TENAHS LA COUUT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, pour ce qu'il importe au service
du Roy monsieur mon lilz de prendre prompte-
ment une bonne et saine résolution sutTomo-
logation des facilitez de mon cousin le cardinal
de Ferrare, légat de nostre Sainct Père1, le
Roy mon dict sieur et fiiz a advisé de vous
escrire la lettre qui vous est présentement en-
voyée2, à laquelle je vous prie ne faire faillie,
longueur, ne remise de satisfaire, et de luv
envoyer promptement tout ce qui a esté faict
et arresté en l'affaire de mon dict cousin sui-
vant ce qu'il vous en mande plus particuliè-
rement. Priant Dieu , messieurs, qu'il vous ail
en sa saincte garde. Escript à S'-Germain-en-
Laye, le miii' jour de janvier 1 56 1 (i562).
Caterine.
BoURDIN.
1562. — i IS janvier.
Copie. Record office, State papers , vol. XXII.
\ M» L'AMBASSADE! R D'ANGLETERRE.
Monsieur l'ambassadeur, pour le long temps
1 C'est le 16 février suivant que le Parlement homo-
logua les facultés du légat. — Voy. Calendar nf State pa-
pers (1561-1063), p. 5ag.
- Voy. celte lettre de Charles IX dans le même volume,
! 5 ') V°.
qu'il y a que les sieurs de Pont1 et Nermous-
tiers2, deux des quatre oslaiges qui sont en An-
gleterre, et pour les urgens et pressés affaires
qu'ils ont par deçà, nous avons advisé les reti-
rer, et en leur lieu y envoyer le sieur de Pa-
laiseau 3, gentilhomme de la chambre du Roy
monsieur mon filz, et le sieur de Courtenay'1
de la maison de Dampmartin , qui sont gentils-
hommes de lieu et de qualité telle que je
m'asseure qu'ils seront très agréables à la royne
d'Angleterre, ma bonne seur, dont néanmoings
je n'ay voulu laisser vous en advertir, affin
que vous en estant enquis par deçà, vous luy
en puissiez, de vostre part, faire encores plus
de foy, d'aultant que je fais compte les faire
partir à la fin de ce mois. Priant Dieu, mon-
sieur l'ambassadeur, vous donner ce que dé-
sirez.
De S'-Germain-en-Laye, le XVIIIe jour de
janvier 1 56 1 (1 56a).
Caterine.
De l'Aubespine.
1 Sans doute Jean de Paris, s' de Rennepont, mort
en 1.570.
2 Louis III du nom, sr de la Tremoille, premier duc
de Thouars, seigneur des iles de Ré, Marans et Noir-
moutiers, né en iSaa, mort au siège de Melle en Poitou,
en 1577. — Voy. P. Anselme, t. IV, p. 1 70; Lièvre, Hist.
des protestants du Poitou, t. I, p. 302.
3 De la maison de Harville. — Voy. dans le Calendar
of State papers (i56i-i563, p. Soi et5n) les lettres
de l'Aubespine à Throckmorton sur son refus d'acceplei
M' de Courtenay pour otage, quoique appartenant à la
maison de Damruartin.
4 Nous présumons que ce doit être Guillaume de Cour-
tenay, premier du nom, mort en i5ga, fils de Jean de
Courtenay et de Louette de Chantier. Dans les Preuves
de l'histoire de la maison de Courtenay, Françoise d'Anjou,
comtesse de Dammarlin, dame de Courtenay, reçoit hom-
mage pour divers fiefs de damoiselle Louette de Chantier,
veuve de Jean de Courtenay. (Hist. généalogique de lu
maison de Courtenay, p. 207.) Guillaume de Courtenay
devint gentilhomme de la chambre de Henri III et sol-
licita avec ses cousins son droit de prince du sang.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
269
1562. — i 8 janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 83, f" --, > ■
\ MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT DE PARIS.
Messieurs, le Roy monsieur mon iilz envoyé
lesrdu Mortier1, conseiller en son conseil prive,
par devers nous, pour nous l'aire entendre sou
vouloir et intention sur le faict de l'esmolo-
gation et vériffication des facultez de mon cou-
sin le cardinal de Ferrare -, légat de Nostre
Sainct-Père, affin que l'ayant entendu par
bouche, vous n'ayez plus d'occasion d'uzer de
longueur, remise, ne difficulté en ceste expé-
dition, de laquelle il vous % ouït bien asseurer
qu'il deppend chose appartenant au service du
Roy mondict sieur et filz, qui requiert que
nous le laide aiusy nécessairement, selon que
vous l'entendrez plus particulièrement dudict
sr du Mortier, à la suffisance duquel je m'en
remectray, et prie Dieu, messieurs, qu'il vous
ayt en sa saincte et digne garde. Escript à S'-
Germain-en-Laye, le xvm' jour dejanvier 1 oG 1
(i5Ca).
Caterine.
BoCRN.
1 502. — 20 janvier.
Copie. Bibl. nal. Parlement, vol. 83, f 8i v".
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, les conseillers Mil ou 3 et Millet1
1 André Gnillard, sr du Mortier. — Voy. Blanchard,
les Présidents au Mortier, p. 187; Additions aux Mé-
moire* de Castelnau, par Le Laboureur, t. I, p. 5oa.
; Voy. une lettre de Charles IX ( Pari. vol. 83 , f 7;) r°) ;
remontrances présentées par le s' du Mortier au Parle-
ment (ibid. f 79 v°).
3 Gabriel Miron qui, plus lard, devint lieutenant mil
de Paris.
4 Jacques Millet qui, en i560, résigna sa charge à
Philibert de Turin , son gendre.
vos confrères, présents porteurs, vous diront
ce que j'aj commandé et ordonné pour voz
gaiges à ceulx qui ont la charge des finances
du Rov monsieur mon Iilz. el ce que vous en
debvez espérer, dont je me remectraj à eulx,
vous asseuranl que nous ne sçauriez en cela
ne toute aultre chose estre sy bonnorable-
ment traictez que je le désire. Priant Dieu,
messieurs, vous avoir en sa saincte el digne
garde.
Escript à Sainct-Germain-en-Laye, le w
jour de janvier 1 50 i ( 1 56 ^ ) '.
Caterine,
De l'Ai bespike.
I â6"2. — sa janvier.
Copie. Bibl. nat. fonds lirienne, n° so5, P" ai3 et Buiv,
A MONSIEUR DE RENNES,
SOS AMBASSADBCR VERS L'EMPEr.Ein.
Monsieur de Renés, j'ay receu h's deux
lettres que m'avez escriptes des quinze et dix-
neufviesme du mois passé; par la première
desquelles j'ay veu ce que me mandez des
advis que l'on reçoit ordinairement au lieu où
nous estes venans de Rome et ne faisans autre
mention que de menasses que l'on nous faict
de la guerre, et comme vous estant adressé'
à mon bon frère l'Empereur pour luy en parler,
il vous a confessé qu'il esloil vray que l'on
escrivoit d'Italye de quelques soupeçons que
l'on fondoit sur deux causes principalles : 1 une
sur le faict du royaulme de Navarre, et l'autre
sur la restitution des places de Savoye; à quoy
l'on adjousloit encores la venue du marquis
de Saluées en France avec la cession qu'il a
faicte du droict .qu'il prétendoit audit marqui-
1 Voy. le compte rendu de l'audience donnée par le
Roi et la Reine mère aux envoyés du Parlement (Pari,
vol. 83, P 81 r°) et une lettre du chancelier de L'Hos-
pilal [ibid. P82 v°).
LETTRES Dr. C VfH
sa!1, <jui sont, monsieur de Rennes, discours
de cerveaux fort turbulëns et irréquietes ef qui
1 1 1 1 ■ ; i ( tel desplaisir de veoir la Chrestienté
vivre au repos que Dieu luy a donné et l'amitié
d'entre nous et les princes noz voisins si lon-
guement continuer, qu'ilz ne veuilent riens
oublier à remuer ce qu'ilz penseronl pouvoir
servir à nous mettre en delfiance les ungs des
autres et altérer noz mutuelles et sincères affec-
tions, vous voullanl bien asseurer que mon
frère le roy de Navarre n'a jamais eu vollonté
de riens entreprendre par la force pour le
regard de son dict royaulme de Navarre. Et
quant il y aurait penséj l'espérance que le
1 Jean-Louis de Saluces était fils de Louis II. marquis
di Saluées, et il" Marguerite de Foix. fille de Jean de
Foix, captai de Buch, et de Marguerite de Sufïblk. A la
mort de son père, le marquisat de Saluces devait lui
échoii : mais Marguerite de Foix iui fil préférer François
son frère, /le troisième dans l'ordre de naissance, élevé
enfaut d'honneur de François I". Jean-Louis lui enfermé
à la Bastille. François se monlra peu reconnaissant du
passe-droit fait en sa faveur, el sur la promesse de l'in-
vestiture du marquisat de Monlferrat, il trahit la cause
de la France el passa du col i ■ Charles-Quint. Quel-
que lemps après, il fut tué d'un coup de feu au siège
de Carmagnole, et ne laissa point de postérité. Jean-
Louis rentra alors en possession de l'héritage di
pères mais aigri sans doute par l'injuste prison qu'il
avait suhie. il donna de nombreux sujets de plainte au
Roi qui concéda l'investiture du marquisat de Sa
.1 Gabriel, évêque d'Aire, quatrième el dernier fils de
Louis II et de Marguerite de Foix. Celui-ci fui, à 'on
tour, dans Pignerol, où il mourut.
Jean-Louis tenta à plusieurs reprises de i ml
ts, el s'était retiré à Asti pour y attendre une on
favorable, lorsque le maréchal de Bourdillon, secondé
par Auguste de Saluées, le détermina à se retirer en
France, el à céder au roi ses droits sur les marquisats de
Saluces el rrat, moyennant la promesse de
oo livres de rente en fonds de tene. Il mourut
au château de Beau fort, en Anjou, où il s'était retiré.
avons emprunté ces détails à la Généalogie de la
ton de Lnr el Cession du marquisat de Saluces a la
France. (Bordeaux, i s • "> 5 , in-8°.)
EMSE DE MÉDIGIS.
i!o\ Catholicque mon bon lilz luy donne d'une
prochaine récompense luy aurait faict perdre
entièrement reste intencion. Nous sommes,
d'autre part, en telz termes pour raccord el
paciQication de noz prétentions avec mon-
sieur de Savove que j'espère en venir bien-losl
l'issue que nous désirons à noslre commun con-
tentement; et si nous avons retiré' en France
le marquis de Saluces, ce n'a pas esté pour
delfiance que nous avons de nostre droit au
marquisat du dit Saluces et que nous ayons
faict cas de celuy qu'il y vooiloil prétendre;
mais c'est pour la pilyé que nous avons eue
de sa pauvreté, ayans advisé de le retirer en
France pour luy pourveoir de lieu, auquel
par la libéralité du Roy monsieur mon lilz
il puisse vivre avec plus de repos et dignité
qu'il ne faisoit là, où il esloil ordinairement1;
et par ainsy, estant ces fondemens là si foibles,
-i ceux qui devisent ainsy librement de la
guerre, n'en allèguent poinct d'autres, je ne
voy pas que nous ayons occasion d'en riens
craindre, comme aussy n'en ay-je jamais doublé
jusques à présent. Toultesfois, afin que Ion
ne pense poinct se servir de telz prétextes pour
couvrir une entreprise, si d'aventure l'on la
voulloil faire à nostre préjudice, je trouvera)
bon que, continuais lesdicts advis de guerre,
vous faict - i utendre audict Empereur que,
estans si bien que nous sommes avec le Roy
Charles IX, le 8 janvier précédent, avait éeril à Jean-
Louis, marquis de Saluces: nJ'ay bien voulu vous taire
la présente pour vous prier bien fort d'adviser de vous
mettre en chemin pour me venir trouver avec vos entans,
auxquels je désire de faire du bien et de l'honneur, après
toutefois que vous aurez mis ordre à vos «flaires, pour
lesquels j'écris présentement au s' de Burdillon vous
bailler l'argent qui vous sera nécessaire pour vostre voyage.
i attendant qu'à vu tri arri ■■•■■je vous satisfasse entièrement
de tout ce qui vous a esté promis et qui peult vous estre
I deu el semblablement à vos enfans. » (Généalogie de la
maison de Lnr, p. 6 1 et 6a.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
271
Catholique, mon bon filz, el ledicl sr dur de
Savoye, il n'j sçauroil avoir autre occasion de
rompture que la seulle cause de la religion,
affin que, considérant la conséquence qui
deppend d'une telle entreprise, il lace pour
la conservation de la paix el tranquilité pu-
blicque ce qu'il s.-ait lu\ estre autanl utille el
nécessaire que à autre prince de la Chrestienté;
ce que je ne vous dis pas pour défiance au-
cune que j'aye du Pape, n'en ayant, Dieu
mercy, poinl d'occasion, comme vous enten-
drez ey après; mais, afin que ceux qui pen-
senl se prévalloir, au lieu où vous estes, de
ce bruicl de guerre, congnoissenl que, quanl
l'on in viendroil là. il/ trouveraient plus de
gens de l'a partie qu'ilz n'auroienl peut-eslre
pensé. !'a\ veu ce que me respondez parvostre
dernière lettre sur ce que je vous avois escripl
pour le regard du roj de Bohesme, et ay
bien considéré les raison- que vous me dis-
courez servans à vostre intention. Touttesfois
vous suiverez *■<■ que je vous a\ faicl sçavoir
par ma lettre du dernier de novembre, à la-
quelle je m'en remetz entièrement. \u surplus,
monsieur de lienes, vous sçavez quelz troubles
nous a suscité en ce royaulme la diversité
d'oppinions qui reignenl aujourd'huy quasv
par toutle la Chrestienté au faicl de la reli-
gion, qui n'est pas ung'mal qui soit nouvel-
lement pénètre' es espril/. des hommes et
auquel l'on ayt seullement depuis le commen-
cement du reigne du Rov monsieur mon filz
commencé de remédier, ayans les provisions
que le t'en iio\ François mon beau-père el
après luv le iîo\ monseigneur ) mil données
esté telles qu'il ne se peut dire qu'ils v ayenl
riens oublyéde leur vivant; toutesfois il semble
que, tant pluz l'on s'esl efforcé de amortir ce
l'eu, [dus il a pris de force, vigueur et accrois
sèment; qui a esté cause que le feu roy Fran-
çois dernier décédé mon sieur el filz y aurait
tante divers remèdes; et moy, depuis l'advéne-
ineiil du Roy mon dii sieur el liiz à pré
régnant, auroys esté conseillée de faire eu la
courl de parle ni de Paris la grande el noi-
lable assemblée, dont vous avez esté adverh
par c\ devant, laquelle produief l'édil do mois
de juillet . dont la coppie vous lui bientosl
après envoyée , comme la provision qui fui lors
jugée ei ad\ isée la plus nécessaire pour arresler
le cours à tant d'assemblées qui se faiso ni
en ce royaulme pour la religion; mais par la
désobéissance el dureté des peuples el pour
s'estre trouvé ledit édictde trop périlleus
difficile exécution, il est demeuré sans effei ':
el s'estans les troubles et séditions, au lieu de
s'appaiser, de beaucoup augmentés en divers
endroietz de ce royaulme, j'ay esté conseillée;
a'estnnl mesmemenf réussy de l'assemblée de
Poiss} aulcun fruict pour le repos de ce
royaulme, de l'aire une seconde assemblée eu
ce lieu qui a esté composée du conseil i\t\ l'ôA
monsieur mon lilz, des principauix et plus
noltables présidens el conseillers des cours
souveraines recommandez eu sçavoir. doctrine
e! pieté contenus au mémoire qui sera c\ en-
clos; lesquelz. après avoir faict saigement,
prudemment, et vertueusement poisé, débattu
el considéré de touttes choses, se son! Bnable-
ineu! accordez à l'ordonnance dont je vous
envoyé la coppie1, par laquelle vous verrez si
nous sommes si esloignez de l'obéissance du
Pape que Ion nous a calomnyé, et si la néces-
1 L'édit de janvier. Voy. La France protestante, l. ]
p. '118; Mémoires de Condë (édition de La Haye , 17/1.3
1. [II, p. 8; une lettre de Charles l\ au Parlement (Bibl.
nal. Parlement, vol. 83, I 86); compte pendu de la
séance du Parlement, le jour où le roi île Navarre de-
manda la vérification immédiate de l'édil (ihjd. I 11
il suiv.); compte rendu de la séance du Parlement du
36 janvier, el poursuites contre le libraire Langelier qui
avail imprimé l'édil à > ii>;;l exemplaires (ilml. Coi : l<
Thou, lltst. universelle, édit. de i7-i'i, t. [V, p. 1 .". . 1 .
!79
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
ih: de no/ affaires ne nous eust pas excuse/
le nous licenlier en beaucoup plus de choses
[ue nous ne faisons par ie flict édit, auquel
I Un a procédé si réservement que mon cousin
le cardinal de Ferrare, légat de nostre Sainct-
Père el l'ambassadeur du Roy Catholicque
mon bon filz résidens par deçà qui, voyenl
sur le lieu ce qui nous point et presse le plus,
s'en sont tellement contentez qu'ilz m'en sont
venus mercier incontinent; ayant aussy mon
dit cousin le légat trouvé bien fort bonne
une autre résolution prise en ladicte com-
paignie, qui a esté de mander, comme j'ay jà
faicl aux doyen et docteurs plus anciens de la
faculté de théologie de Paris, de choisir cer-
tain nombre des plus suflîsans docteurs de
leur compaignie, amateurs de l'honneur de
Dieu, de la conservation de son église et du
repos de cedict Hoyaulme el me les envoyer
pour, en présence de mondict cousin le légat
el auprès de luy, conférer par ensemble des
causes pour lesquelles ceulx de la nouvelle
religion se tiennent séparez de nous et adviser
s'il \ auroit moien de venir à telle modération
et pacification de Ions noz différends que cela
feusi cause de les réunir et ramener en nostre
église et en l'obéissance du Sainct-Siége, ainsy
que je le désire infinienient, ayant arresté
avec mon dict cousin que l'on dressera des
articles bien amples de tout ce qui aura esté
adwsc en la dicte compaignie que nous en-
i us (Tons à Nostre dict Sainct-Père pour les faire
examiner et en ordoner ce qu'il congnoistra
estre pour le bien de l'église et repos de cest
estât. Cependant je ne laisse de faire ache-
miner nos évesques au concilie, délibérée de
faire suivre bientost après nostre ambassadeur,
choses que vous ferez entendre à l'Empereur
mon lion frère, affin que, sçacbant lasincérité
de mes actions, il juge s'il y a autre passion
en cria qui me même que le seul désir que
j'ay à l'union de l'église el au repos de ce dict
royaulnie, et si je y procède par autre voye
que sçauroit faire parmy tant de troubles la
plus chreslienne et catholicque princesse qui
soit aujourd'huy en la Ghrestienté. La court
de Parlement a longuement faict reffus de pro-
céder à l'omologation des facilitez de mon dict
cousin le légat; touttesfois j'ay tant faicl après
plusieurs reytérezcommandemens qu'elles ont
esté vériffiées, ayant en cest affaire postposé
(outles les raisonnables et justes occasions qui
empeschoient ladicte vérification pour grat-
tiffier Nostre Sainct-Père et en donner à mon-
dict cousin le légat ung entier contentement.
1502. — 23 janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 83, fJ 90 v*.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, sçachant combien l'ordonnance
résolue en ceste compaignie, et qui vous a esté
envoyée ces jours passe/, importe au service
du Roy monsieur mon fil/, el la prompte pu-
blication en est nécessaire pour pourveoir aux
troubles et séditions dont ce royaume est plain,
je ne puis moins que d'accompaigner la lettre
que vous en escript le Roy mon dict sieur el
filz, pour \ous prier que toutes longueurs,
remises el difficulté/ cessans, et tous autres
affaires postposez, vous ayez à procedder
promptement à la lecture, publication el en-
registrement de la dicte ordonnance, et que
ce soit dès demain matin, selon que vous le
dira plus particulièrement, de la pari du Roy
mondict sieur et filz, mon frère le roy de
Navarre, son lieutenant générai, représentant
sa personne par tous ses royaumes et pais,
et le verrez par ce (pie vous en escript. Priant
Dieu, messieurs, qu'il vous ayt en sa saincte
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS
garde. Escrit à Sl-Germain-en-Layc, le xxin°
273
janvier i5G i 1 1 56a .
BoUHDIN.
CaTERINE.
15C2. — v'J janvier.
Copie. Record office, State yaprrs , Prance, fo] WIL
A M" L'AMBASSADEUR D'ANGLETERRE'.
Monsieur l'ambassadeur, le sieur de l'Au-
bespiue m'a faict entendre ce que vous luy
avez escript du sieur de Courtenay, et la con-
sidération que vous mettez en avant de ne le
pouvoir trouver bon ostaige pour le regard de
ses biens2, qui ne respondent pas à la dignité
de sa maison et à ce que le traicté porte; sur
quoy je vous diray que je pensois que le Roy
monsieur mon filz avoit faict si bonne eslec-
tion de luy, qu'il n'y auroit point de difficulté',
comme il me semble qu'il n'y en a pas grande
occasion, estant personnaige qui a suffisam-
ment de quoy, et qui en attend encores beau-
coup, et (lui estdavantaige de sang et de mai-
son si illustre que tout cela ensemble luy
donne assez de qualités pour ung tel, ou ung
plus grand lieu; ce que je vous prie considérer,
et l'ayant desjà faict mettre en frais pour se
préparer au voyaige, le vouloir accepter, dont
j'espère que la Royne vostre maislresse ne vous
désadvouera point, joint-qu'elle se peult tenir
asseurée qu'il n'y demeurera pas longtemps.
Priant Dieu, Monsieur l'ambassadeur, vous
donner ce que désirez.
De Saint-Germain-en-Laye, le xxuf1 jour
de janvier 1 562.
Caterine.
1 Sir Throckraorlon. — Voy. sa lettre à la reine
d'Angleterre, Calendar of State papert (l56i-i6p2),
p. 5oi; Lettre du même à l'Aubespine, ibid. p. Ô17.
- Tlirockmorlon, dans une lettre a la reine Elisabeth,
prétendait que M. de Courtenay n'avait pas plus de cinq
à six mille livres de rente. (Calendar of State papert,
l56l-l562 , p. 5o2.)
Catherin de Médicis. — 1.
1 ,'>(i'2. — 'ici janvier.
Oritf. Bibl. nal. fonda Cinq cents Colberl, n" 3ijo , f 33.
\ MONSIE1 I! DE liE\:\ES.
Monsieur de Rennes, par ung advis que j'ay
eu d'Allemaigne, l'on me mande que la jour-
née impérialle a esté accordée à l'Empereur
mon bon frère, mais que le jour n'en estoyt
encores arresté ny résolu, et jaçoyt que je
m'asseure que vous ne fauldrez, si cesl advis
là est véritable, de me mander par vostre pre-
mière dépesebe ce qui en est, et connue il en
\a. et de vous informer et enquérir le plus
particulièrement qu'il vous sera possible des
occasions de la dicte journée et de ce que
l'Empereur aura résolu d'y proposer et faire
traicter. Si est-ce que, estant grandement re-
quis et nécessaire pour le bien du service du
Roy monsieur mon filz que nous en soyons
advertiz d'heure pour les occasions que vous
pouvez bien considérer, je n'ay voullu différer
de vous en faire ce petit mot de lettre pour
vous pryer que vous mectez peine de vous
esclercir si amplement de toutes les susdictes
particuliarités, si vous ne Testes à la réception
de la présente, que vous m'en puissiez mander
bien au long la vérité. Je vous ay faict sçavoir
par ma dépesebe du \.\iic de ce moys comme
s'est passée l'assemblée qui a esté faicte en ce
lieu pour mectre ordre aux tumultes et sédi-
lions que nous suscite en ce royaulme la di-
versilé des opinions en la religion et vous a\
mesmes envoyé la coppie de l'ordonnance qui
en a esté résolue, de sorte qu'il ne me reste
riens davantaige à vous mander quant à ce
point, si ce n'est que nous avons commancé
du jour d'hyer la conférence des docteurs el
gens sçavans donl je vous ay parlé par la
dicte dépesebe; de la fin de laquelle et de
ce qui y aura eslé advisé je vous advertiray,
s'il y a ebose qui le mérite. Pryanl Dieu,
35
27i LETTRES DE CATH
Monsieur de Rennes, qu'il vous ayt en sa
garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le xxix'jour
de janvier i5Gi (i56a).
Catf.rine.
Bocrdin-
( 1562. — Fin janvier.)
Aut. Arcli. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, envoyent le Roy mon fils le sieur
de Lansac1 au consille,je n'e' voleu qui souit
pasé heu vous aystes, san set mot de moy,
pour vous prier le croyre de set qui vous dire
de ma part et sachant corne le conèsés et
que savés la fianse que je ay en lui, je me
renie teré seur sa seufisance et ne vous fayré
plus longue letre, après avoyr prié Notre-Si-
gneur vous donner set que désirés.
Votre bonne seur, .
Caterine.
1502. — 3 février.
Orig. Record ollire , State papas , France, vol. XXII.
A M" L AMRASSADEUR D'ANGLETERRE2.
Monsieur l'ambassadeur, depuis que je vous
ay faict escripre par le sieur de TAubespine,
je me suis bien et exactement faict enquérir
et voulu sçavoir la vérité des facultés du sieur
de Gourtenay, afin que je me satisfasse pre-
mièrement moy-mesmes de l'eslection que j'en
avois, ce me sembloit, bien faicte; et ay trouvé
pour certain que, quelle que chose que l'on
vous ayt dicl, il ne doibl pas six mil francs
en tout, m'esbahissant bien qui vous ay peu
1 Lanssac arriva à Rome le i 7 février. — Voy. sa lettre
au Roi, Mémoires du concile de Trente, p. iô.3.
2 Voyez, à ce sujet, Leltre de Throckmorton à la reine
Elisabeth, Calendar of State paperi (1 5 6 1 - 1 56a), p. 517.
ERINE DE MÉD1CIS.
donner ung tel adverlissement de l'eslat de
ses affaires, estant ainsy que je le vous ay
escript, ce que je ne fais pas sans y veoir clair
et sça\oir la vérité. Il me semble, pour estre
de la maison dont il est, riche et aisé, meil-
leur messaiger que vous ne le pensez, que la
difficulté que vous le faisiez de l'accepter pour
ostaige auprès de la Royne vostre maistresse
doibt cesser, dont je seray très aise, et de en-
tendre que, sur ma parole, vous l'ayez agréable
pour ce voyage, pour lequel il est prest el dis-
posé de partir, puisqu'il est question du ser-
vice du Roy monsieur mon filz, et sur ce nie
faire sçavoir vostre résolution incontinent.
Priant Dieu, Monsieur l'ambasadeur, vous
avoir en sa saincte garde.
Escript à Sainct-Germain-en-Laye, le in*
jour de février 1 56 1 (i56a).
Catf.rine. .
1 562. — 1 -i février.
Copie. Bibl. nat. Parlement, vol. 83, fJ igo V.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, pour ce qu'il semble nécessaire
de sçavoir ce que vous avez arreslé sur le faict
de l'ordonnance x qui vous a esté dernièrement
envoyée, et que la longueur apporte tousjours
quelque inconvénient, le Roy monsieur mon
lilz vous escript envoyer voz députez pour cesl
1 L'édit de janvier. — Voy. la lettre de Charles IX aux
gens du Parlement, datée du 27 janvier (Bibl. nat. Par-
lement, vol. 83, f° 97 r°); Déclaration l'aile par le s' de
Rostain , au nom du Roi, dans la séance du Parlement du
| 3o janvier {ibid. f° 98 r°); Réponse du Parlement (ibid.
i'<)S v°); Lettres de Charles IX, des ic' et 12 février
[ilutl. f" 18S et 189); Délibération du Parlement, en
date du 7 février, refusant la vérification de redit [ibid.
f° 189 r°); Audience donnée à Saint-Germain par le Roi
el la Reine aux députés du Parlement [ibid. f° iq.'i v° et
suiv.); Mémoires de Coude, édit. de 17^3, t. III, f° 46.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
27;
ofî'ect par deçà; ce que J6 vous prie faire in-
continent, on manière qu'iiz soienl demain iej
de bonne heure. Prianl Dieu, Messieurs, vous
donner ce que désirez. De S'-Germain-en-
Layc, le unziesme jour de février mil cinq
cens soixante et un (i56a).
Catebine.
De l'Aubespine.
1 562. — i 5 février.
pie. Bibl. nat. Parlement, vol. 83, f' ii)3 r\
A MESSIEURS LES GENS
. TESAKS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, vous verrezpar la despesche que
vous portent les président de Tliou et conseiller
Violle, voz confrères, la résolution que le Roy
monsieur mon iilz a prise, par l'advis de tout
son conseil, sur les remonstrances que nous
luv avez envoyées par vos confrères à son or-
donnance du dix-septiesme jour du mois de
janvier dernier passé, et encores que je m'às-
seure que vous ne fauldrez d'obéir et satisfaire
à son voulloir et intention bien à plain dé-
claré dans ladicte despesche; si est-ce que pour
cognoistre si clairement que je faicts l'impor-
tance et conséquence de L'affaire, j'ay bien
voulu, de ma part, vous prier que vous pro-
cédez à la lecture, publication et enregistre-
ment de ladicte ordonnance, et de la déclara-
tion et interprétation faicle sur icelle,en telle
diligence que le Roj mon dict sieur et filz le
vous mande par sa dicte despesche, et selon
(jue vos -dietz confrères le vous diront plus
particulièrement de sa part, suivant la charge
qu'il leur en a donnée, et je vay prier Dieu,
Messieurs, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escripl àSl-Germain-en-Laye,lequinziesme
jour de février i5Gi (i562).
Caterine.
Boukdin.
I 562. — i 6 février.
Orig. Bibl, nat. fonds Cinq cents Colbcrt, n" 390, f" S5 et suiv. —
fonds Dupuy , n° 309, f* hS. — Imprimé dans Les ià I
a 1 c \ii ntoii M dû Gastclnau , t. 1 , p. 735.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Relies, j'av receu les deux
lettres que m'avez escriptes des xn et xxvi0 du
passé; par la première desquelles j'aj entendu
ce (jue l'Empereur mon bon frère vous a res-
pondu sur les propoz de la guerre dont Ton a
faict tant de bruicl du coslé d'Italye, que je
penseray tousjours estre procédé ou de dis-
cours de personnes passionnées, ou bien de
délibération de gens qui, n'ayans pas faulte
de xolunlé de nous nuire, ne se sont trouvez
avec assez de moyen pour en tenter l'exécu-
tion; et là-dessus estant asseurée, comme je
suys, et avec bonne et grande occasion, de l'a-
mitié du Roy catholique des Espaignes, mon
beau-filz, et d'aultre part n'ayant donné au-
cune cause au Pape d'eslre mal contant de
nous, ainsi que vous avez peu cognoistre par
ce que je vous ay faict sçavoir ordinairement
de toutes noz actions; et voyant oultre cela ce
que me mandez du désir que mondicl bon
frère l'Empereur a à la conservation de la paix
et tranequilité publicque, pour luy estre aussi
utile et nécessaire que à aultre prince chres-
iien, je ne puys juger sur quoy ces beaux
discoureurs d'Italye ont voullu fonder leur
bruicl de guerre , et fault que je l'atribue à
l'infiny regret qu'ilz ont de veoir la chres-
tienté joyr du bien de la paix si paisiblement.
Je scray bien aysc, mais que vous ayez veu le
roy île Robème, de sçavoir quella response il
aura faicte sur ce faict de ligue pour la reli-
gion; car. encore que l'alarme s'en soit bien
refroydy despuys ung m<>\s ou deux en çà, si
est qu'il est tout notoire qu'il en a esté faict de
grandes et diverses poursuictes, et il importe,
35.
276 LETTRES DE CATH
comme vous sçavez, eu telles choses, de des-
couvrir de la part de qui eu est procédée la
première ouverture, et qui sont ceux que Ton
a recerchez et qui s'y sont accordez ou non
pour v entrer. Vous ferez tout ce qu'il vous
sera possible pour en descouvrir les particula-
rité/, et m'en advertir.
Au demeurant, je vous ay envové avec ma
dépescbe du \\f du passé l'ordonnance qui
a este' re'solue en la grande et notable compa-
gnie de princes, conseillers du conseil privé,
présidens et conseillers des courlz souveraines
couvocquez en ce lieu; et si vous ay mandé la
résolution qui avoit esté prise en la mesme
compagnie, et par l'aprobalion de mon cousin
le légat, de faire une conférence d'évesques
el docteurs en théologie, pour adviser aux
causes pour lesquelles ceulx de la nouvelle
religion se tiennent séparez de nous, et regar-
der s'il y auroit moyen de les réunir et ramener
en nostre église et en l'obéissance du Sainct-
Siège, el que de tout ce qui auroit esté advisé
se dresseraient articles, que j'envoyeroys à
\oslre Sainct-Père pour les faire examiner et
en ordonner et statuer ce qu'il cognoistroyt
eslre pour le bien de l'église et repoz de cest
estât. Or quant à la dicte ordonnance, pour
ce qu'il s'est trouvé qu'il y en a eu qui luy ont
voullu donner aultre interprétation que celle
que nous avons tousjours entendue, il a esté
faict, pour l'esclereissement des poinclz qui
pouvoienl tomber en diverses intelligences, la
déclaration qui sera cy-enclose, par laquelle
chascun pourra clairement cognoistre de quel
pié je marche en ce qui appartient à la con-
servation de. nostre religion ancienne, et que,
si ce n'est entièrement selon mon désir, j'ay
lanl de choses qui s'y opposent qu'il l'ault
excuser, si, pour la malice du temps et néces-
sité de l'affaire, je suys contraincle de me con-
tanter de ce que je puys en cest endroicl; et,
EKINE DE MÉD1CIS.
pour le regard de la dicte conférence, ayant
veu après que l'on a eu consommé douze ou
quinze jours en disputes sur une simple chose,
i qui est à l'usaige des imaiges, il n'en est
réussy que une dureté et obstination des ungs
et des aultres qui ont plustost combatu pour
ne se laisser vaincre que disputé et conféré
pour se soubzmectre à la vérité et à la raison,
jugeant que d'un si obstiné commencement
il faillovt plustost actendre pour le demeurant
une continuelle contrariété et dispute que ung
bon el raisonnable accord et pacification , j'ay
rompu ladicte conférence et remis toutes choses
à la décision et détermination du concilie, où
j'ay faict acheminer noz prélats, ainsi que je
vous ay mandé dernièrement. Il est vray que
je désireroys merveilleusement de sçavoir avec
quelle instruction ont esté dépeschez au con-
cilie les ambassadeurs de mon beau-frère, et
vous prie que vous n'espargnez moyen que
vous ayez pour vous en informer et retirer,
s'il est au monde possible, ung double du mé-
moire de leur dicte instruction, afin de le
m'envoyer incontinent, et m'adverlir au de-
meurant de ce que vous aurez apris du lieu
et temps que la dietteimpérialle et des aultres
parlicularitcz qui eu despendent, dont je vous
ay escript par une petite lectre du xxix" du
passé. Je ne me puis aulcunement contanter
de la difficulté qui vous est faicle en votre
précédence, et treuve bon que vous n'ailliez
en aucuns actes publiez pour les raisons tou-
chées en vostre seconde lectre; et à la vérité
c'est chose qui m'a fasché de supporter si lon-
guement; toutefoys, pour ce que en ung temps
si turbulant et plain d'alarmes et incertitudes,
il nous est grandement nécessaire d'a\oir gens
saiges, prudenset bien advisez en toutes parlz,
et surtout près de ceux qui ont le plus de pou-
voir, pour descouvrir leur actions et déporte-
meus et nous en tenir continuellement advertiz,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
277
je suis coutraincle de vous laisser eucores par
delà jusques à ce qu'estant la saison plus
advancée, nous voyons ce que le temps nous
aura apporté el appris et à quoy nous nous
pourrons assurer pour le demeurant de l'esté;
et pour ce vous reguarderez d'excuser vostre
demeure sur ce que vous ne voyez encore le
faict du concilie si bien acheminé et arresté
qu'il n'avl besoing de l'office des ministres qui
sont auprès des princes pour moyenner la
pacilîication de ce qui se pourra oflïir de dilli-
cullé sur le commancement; el, après ces
Pasques, s'il ne survient nouvelle occasion de
demeure, je \ous lèray accorder voire congé
et révocation. Priant Dieu , Monsieur de Renés,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript de S'-Germain-en-Laye, le xvic jour
de febvrier 1 56 1 (i5Ca).
Caterine.
RoiRDlN.
1562. — 23 février.
Copie. Arch. Je la ville de Chalons-sur-Marne.
A MONSIEUR DESPAULX,
QBNTILIIOMME DE LA CHAMBRE DO ROY MONSIEUR NOS FIEZ .
ET SON LIEUTENANT AU GOUVERNEMENT DE CIUMFAICNE.
Monsieur Despaulx, le Roy monsieur mon
lilz ayant sceu le département qui a esté faict
de la garnison de la compaignye de mon filz
le duc d'Orléans son frère en la ville de Cliaa-
lons par la plaincte qui luy en a esté faicte et
à moy par les esclievyns de la dicte ville, et
désirant la soullagier de cella, comme elle a
estée cy devant, ainsi qu'il semble estre raison-
nable, vous en escript ce que vous verrez; à
quoy je vous prie satisfaire et deslogeajil la
dicte compaignie de la dicte ville la renvoyer
en son ancienne garnison, ou la mectre ail—
lieurs, priant Dieu, Monsieur Despaulx, vous
avoir en sa saincte garde. Escript à Saint-Ger-
main-en-Laye, le win" jour de febvrier 1 56 1
(.503).
Caterine.
De l'Aubespjne.
1562. — 'j3 février.
Orig. Bibl. nat. fonds fiançais, n° aoa5ç), f° t uj.
A MON COUSIN MONSIEUR DE BOISY,
C1UHD BSI I ISB DE FRANCE.
Mon cousin, avant que recevoir voslre Lectre
du xnc de ce moys par le contrerolleur de
l'escuyrie j'avoysbien sceu les voyages que vous
aviez faiclz à S-Légier et à Meung1 et le bon
ordre que vous aviez donné partout, et depuis
ce temps là ay pourveu à ce qui estoit au
dicl S-Légier en faveur de Domenc et d'ail-
leurs regardé par autre moyen à loger Marc
Anlboine, de sorte que lout se trouverra bien
ainsy. Quant à voslre pension, j'ay commandé
à ceulx qui ont charge des finances de vous
en faire bailler assignation et suis bien marry
que noz affaires soient lelz que nous ne puis-
sions faire si bien que je vouldroys; ce que, je
m'asseure, vous ne prendrez que en bonne
part, sachant comme vous faictes quelle est
ma bonne volunté en voslre endroict. Pryant
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le xxih0 jour
de février i5Gi (i562).
La bien voslre,
Caterine.
De l'Audespine.
1562. — 'ji février.
Copie. B ï b 1 . nat. fonds fronçais, n" 3/uo, f° 80.
A MON COUSIN
M" LE MARÉCHAL DE MONTMORENCY2.
Mon cousin, ayant entendu le désordre qui
1 Les haras de Saint-Léger et de Meunp;.
- Sans suscriplion; elle est adressée sans aucun doute
Ï7c
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
dvcneu à Paris ees jouis passez, je de'sire
bien fort de parler à vous pour me resouldre
de la force que j'auray à vous bailler pour
conserver ceste ville là en repoz et tranquilité
el garder le peuple de tumulluor, et pour ce
je vous prye que vous soyez icy demain sur
les huit heures ou neuf heures du matin, aflîn
que, la chose résolue, vous y puissiez retourner
dès demain , et je veoys pryer Dieu , mon cou-
sin, qu'il vous avt eu sa saincte garde. Escript
à S'-Germain-en-Laye, le xxmr jour de feb-
vrier 1 50 1 (i56a).
L'on me vient de dire qu'il y a grand nombre
des habitants de la ville qui veullent venir b y
en trouppe de deux ou troys cens et pour que
ce n'e>l que aigrir les choses de plus en plus,
je vous prye adviser de les destourner, si tant
est que cest advis là soyt véritable.
Voatre bonne cousine.
Catrrine.
Bqkrdin.
1 Ô62. — 3 mars.
<>r:g. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 3<jo. f" 91 et suiv.
A MONSIEUR DE RENNES.
.Monsieur de Renés, par les deux dépesches
que m'avez faictes des n et ixm du moys passé
j'av bien au long entendu tout ce que vous
avez peu descouvrir du faict de la ligue dont je
vous avoys cy-devant escript et donné advis.
el av tousjours bien pensé que malaysement
l'Empereur, mon bon frère, y vouldroit en-
tendre; niais aussi n'estoys-je pas si mal
advertie, que je ne sceusse bien qu'il s'en lai—
soit une bien cbaulde et vit've poursuicte et
que l'on sondoyt et sollicitoyt les voluntez de
au maréchal François de Montmorency, bien qu'elle
fasse partie d'un recueil de lettres adressées au conné-
table; mais un sait qu'en écrivant â celui-ci Catherine
toujours ? Voilre cominère.
beaucoup de grans princes pour sçavoir s'iiz
vouldroient estre de la partie, et je loue Dieu
de ce qu'ilz ne s'y sont pas trouvez si promptz
et disposez que l'on se promectoit et pour ce
que ceste pratieque là , quelque secrette que
l'on la pensast, ne s'est pas conduicle sans
avoir esté entendue et mandée en plusieurs
lieux de la chrestienlé et principalement aux
princes de la Germanie qui ont assez de soing,
de cure et de sollicitude de se bien informes
des actions de ce monde, vous pouvez bien
juger que ce n'a pas esté que ce que je y ay
de serviteurs n'en ayenl senty le vent; et que
là dessus ilz n'en ayent pour leur devoir ouvert
quelques propoz à ceulx des dictz princes aus-
quelz ils ont estimé que la chose pouvoit le
plus desplaire; mais il ne se trouvera poincl
que le conte Rbingtave ï qui est dès longtemps
en Allemaigne, ne le sieur de Rambouillet qui
y est allé visiter aucuns des ditz princes de la
part du Roy monsieur mon filz , ayent eu charge
et commission de moy, ny de mon frère le roy
de Navarre de ce faire, ne aussy qu'ilz se soient
ingérez d'eulx mesmes d'en parler plus avant
(pie ce que vous en avez saigetnent respondu
à mon dit frère l'Empereur et auparavant au
roy de Bohesme, lequel, monsieur de Renés,
je seray bien ayse que vous saluez de ma paît
et le mercvez des ordinaires démonstrations
qu'il vous faict de l'amilyé qu'il nous porte,
à laquelle il se peult bien asseurer que nous
luy correspondons de toute l'affection qu'il
peult désirer de ses meilleurs et plus seuts
amys.
Ce nous eust esté grand plaisir que vous
eussiez peu entendre ce que portent les ins-
tructions des ambassadeurs que mon dit bon
1 Jean Philippe deSâlm, né en iâ^i5, lue en i5Gg à
la bataille de Moncontour où il commandait les retires ; il
avait épousé Diane de Dompmartin, dont il n'eut qu'une
fille, mariée à Robert de Ligne.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
279
frère l'Empereur a dépeschez pour le concilie
et vous prye que vous faictes toul ce qui sera
au monde possible pour en tirer quelque chose
et nous en advertir inconlinanl; car je ne
iloulilc que les propoz que le dicl rov de Ro-
liesme vous a Lenuz de la poursuicte que le duc
de Florence faict du mariaige de sa seconde
fille n'avl esle' à l'effet et intention que vous
me discourez par votre seconde lettre; mais
vous tairez ce que je vous a) cy-devanl escripl
sur ce subject. Je n'av rien changé despuis e(
faictes bien de passer lousjours ces choses là,
quand elles s'offrent, le plus doulcement qu'il
vous est possible; et pour ce que je désire bien
fort sçavoir ce que mon dicl bon frère l'Em-
pereur résouldera sur l'instance que les élec-
teurs luy font de délaisser le droict d'élection
au dict roy de Bobesme, et ce que d'aultre part
amènera de nouveau la spoliation faicte de la
Moldavie sur le duc d'Alexandrie1, et à quo\ se
terminera celle qui semble se. préparer contre
le roy de Transsilvanye2. Je vous prye que, à
mesure que vous serez esclercy des dictes par-
ticularitez, vous m'en donnez advis et aussi de
tout ce que vous pourrez aprendre du faict de
la prochaine dielte, suivant ce que je vous en
ay escript bien particulièrement par mes pré-
cédentes. Au surplus, eucores que je n'aye
esté priée de faire faire aucune instance envers
mon dict bon frère l'Empereur pour la resti-
tution du conté de Pelillan3, si est-ce que,
1 Le duc Alexandre Lepuchnano, expulsé par un aven-
turier nommé Jean Basile, qui se disait despole de Samos
etqui était soutenu ouvertement par la Porte. — Yoy.Ham-
mer, Eût. de l'Emp. ottoman ( Paris, i8.'!G, t. IV, p. i5o).
'- Jean-Sigismond Zapolyn, (ils de Jean Zapolyn qui, en
1026, disputa la couronne de Hongrie à Ferdinand 1";
en îôio, il se mil sous la protection du Grand Seigneur
et mourut en îâ^i.
' Nicolas des Ursins, comte de Petigliano. — Voici ce
que M. de Liste écrivait de Rome à Charles IX, le
10 janvier 1662 : n Nouvelles sont venues icy ce malin
pour ce qu'il r.-i cogneu par toute la chres tient é
serviteur du Ro\ monsieur mon lilz et cheva-
lier de son ordre, il ne sera que bien à propoz
pour la démonstration du soing que nous avons
de ceulx qui sont serviteurs de eesle couronne,
que vouspryez, de ma part, mon dict bon frère
de luy faire administrer sur ce telle et si briefve
justice, estant, comme il est. vassal de I Em-
pire, que l'on cognoisse qu'il ne luy aura
poinct deffailly du support et de la faveur
qu'il luy doybt pour la réparation du tort qu il
a receu en sa spoliation; en quoy vous vous
gouvernerez de telle sorte qu'il ne pense
poinct que nous nous en vueillions mesler plus
avant que de remeclre le tout à sa justice et à
son plus prudent et saige jugement. El poui
ce, Monsieur de Renés, que le conte Scipion
de Fiesque m'a faict entendre que mon dicl
bon frère l'Empereur l'a receu en grâce et luy
a accordé de déléguer juges pour luy faire
droict sur les tortz qu'il prétend avoir receuz
el que je ne double poinct que la prière e)
reconimendation du Roy mon dict sieur et lilz
que le conle de Petillan a esté chassé de son .,l;ii pa*
ses subjelz, qui semble un mal héréditaire en ceste maison
parce qu'on avait chassé le père spoliateur de son aïeul .
et a ung fils de dix-sept ans, lequel se voullanl pré-
\alloir de cesle occasion a sollicité les diez subjeclz de
le recepvoir pour seigneur, au lien de son père; ilz l'ont
refusé combien qu'ilz le favorisassent auparavant; ce qui
faict penser que le duc de Florence y ait empio;
sien.n Dans une autre lettre du s 5 janvier suivant.
M. de L'isle annonce au Roi que, sur la demande des
habitants de Petillan, le sr Vitel Chappin est entré dans
la place et en a pris possession au nom du «lue de Flo-
rence, son maître. — Voyez, pour ce qui tient à cette
rébellion el à ses suite, les dépêches de M. de L'isle
dans le n" 3(|jj du fonds français; Discours sur la prise
de Peligliano (Arch. nal. collecl. Simancas, n° 1 £96,
pièce 13); Lettre au connétable pour lui recommander le
comte Nicole de Petillan (Bibl. nal. fonds franc. uo445,
f° 1 i3); Instructions en date du 9 avril 1 563, à l'évêque
de Mâcon, allant en Espagne pour le fait du comte de
Pelillan (Bibl. nal. fonds franc, a" 38q(j, f 12).
280
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
el la mienne ne lui ayent grandement servy à
luy faire avoir une si favorable dépesche, nous
l'en remercions par les lèches que nous luy
en escripvons, ainsi que verrez par les coppies
d'icelles qui seront encloses avec la présente;
mais d'aultant que l'exécution de cela gist à
luy faire arrestèr le lieu où sa cause sera com-
mise, je désire que vous saichez de son agent
quel lieu il désireroyt avoir non suspect, affin
que, selon l'instruction qu'il vous en donnera,
vous en laides requesle à mon dict bon frère,
vous servant de la créance qui en est remise
sur vous par nos dictes lectres, et faisant en
faveur du dict conte tous les bons oflices que
vous cognoistrez nécessaires pour luy faire avoir
en son affaire une bonne el prompte expé-
dicion. Priant Dieu, Monsieur de Renés, qu'il
vous ayt en sa saine te garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le 111e jour
de mars 1 56 1 (i562).
Catemne.
BoURDIN.
1562. — ■ Il mars.
Orig. Bibl. nnt. Cinq cents Colbert, n" ai , f° 46 r".
A MONSIEUR DE GONNORT,
CHEVALIER DE L'ORDRE DE EOY MONSIEUR MON FILZ ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnort, ayant veu ce que
vous m'avez escript par vostre lectre du 11e de
ce mov s , le Roy monsieur mon filz et moy avons
présentement escript à mon cousin le Cones-
table du différend qui se trouve entre le lieu-
tenant, du sr de Meru et l'exempt des gardes
que vous y avez voullu mectre pour la garde
et seurete' de ce que nous faisons retirer à la
Bastille, affin qu'il regarde à y pourveoir, de
sorte, ou que le dict lieutenant se charge elres-
ponde pour cet effect des quinze mortes payes
qu'il a soubz luy en la dicte Bastille, ou bien
que, ne s'entremeslanl plus de cesle charge,
il la laisse faire au dict exempt accompaigné
des archers que pour ce luy ont esté ordonnez.
Vous niant bien voullu sur ce faire la présente
à ce que, en attendant la responce de mon
dict cousin le coneslable, vous ne différez de
continuer tousjours de faire apprester et re-
mectre eu la dicte Bastille l'argent, vaisselle
el meubles que vous sçavez, pour, après la
dicte responce oy, estre pourveu à la dicte
garde, ainsi que nous verrons bon estre, estant
bien aise du bon commancement que vous
avez donné pour le faictdes monnoyes et dont
je m'attendz d'en avoir par vous quelque bonne
résolution, à noslre arrivée à Fontainebleau,
selon ce que vous m'escripvez; qui est tout ce
que vous aurez de moy pour ceste heure,
priant Dieu qu'il vous ait, Monsieur de Gon-
nort, en sa saincte et digne garde. Escript à
S'-Germain-en-Laye, le 1111e jour de mars 1 56 1
(1662).
(De sa main.) Monsieur de Gonnort, si vous
ne venez samedi à Monseaulx, je ne dire
jeamès bien de vous, et si vostre frère y veult
venir yl i seré le très bien veneu.
Caterine.
robertet.
1562. — 5 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français1.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, par le dernier cour-
rier que vous avez envoyay vous a esté faicl
ample responsc à tout ce que avons eu de
vous el depuis n'est survenu chose qui mérite
long discours; mais s'en retournant Almeyde2
dépesché de mon frère le roy de Navarre sur
l'occasion de son affaire particulier, il fault
1 11 ne nous a pas élé possible de relrouver le numéro
du fonds français où a élé copiée celle lettre.
2 Antonio Almeida.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
•281
<|ue je vous prie, Monsieur de Limoges, conti-
nuer à v faire tousjours de bien en mieulx el
d'y employer tous aoz moyens, de manyère
que ce qui esl si bien commencé el estant les
choses en bon chemyn auquel elles sont, nous
.■h puissions veoir sortir le fruicl qui est une
des choses que je désire le plus, cl que je
m'asseure que vous sçaichant comme vous
laides n'y obmectrez riens.
\u demeurant je suis en singulière expecta-
tion de la nouvelle certaine de l'entreveue dont
m'avez donné si bonne espérance, et le sr de
Chantonnay aussi par le commandement du
Roy son maistre, laquelle je vous prie hasler
et avancer le plus que vous pourrez et que l'on
ne s'arreste à incommodité quelle qu'elle soyt,
v taisant de manyère que j'aye le parfaict con-
tentement; et de l'assurance qu'il y aura don-
nez nous advis, le plus tost que vous pourrez.
à Fontainebleau, où je m'en \oys avecques le
Roy monsieur mon filz, pour n'en partir que
je n'aye sur ce de voz nouvelles; priant Dieu,
Monsieur de Limoges, vous avoir en sa garde.
De S'-Germain-en-Laye, le v"jour de mars
i56i (i56q).
( De sa main.) Je vous prie, faysfe tout set
que pourés, afin que à sel coup le roy de Na-
varre puise savoyr de quele fason il douit
aystre et vous ne sarié fayre plus pour moy,
ni pour tout set royaume.
Caterine.
De l'Ai bespine.
1562. — îi mars.
Copie. Bibl. Parlement, a" 83, f' »34 v .
A MESSIEURS LES GENS
TENAIS LA COURT DE PARLEMENT A PA,R1S.
Messieurs, vous verrez par la lettre que
vous escrit le Roy monsieur mon filz 1 la juste
1 Voy. cette lettre (même vol. P a34 v°); Dépêche de
CATBERIRE DF. IIÉDIttS. — I.
occasion qui le meul de laisser et estàblir à
Paris mon cousin le cardinal de Bourbon son
lieutenant général, représentant sa personne,
avecq la puissance el autorité contenues au
pouvoir qu'il vous en exhibera; et encores
que je sois bien asseurée que ne fauldrez de
respecter mondict cousin et le faire obéir
en touttes choses qui appartiendront au bien,
repos, pacification et tranquillité de ladicle
ville, selon que le Roy mondict sieur et filz le
vous escrit et qu'il est mandé' par son dicl
pouvoir, si ne laisseray-je, de ma part, de
vous en prier de bon cœur el de le croire de
ce qu'il vous dira de par moy, comme vous
feriez vous-mesmes, qui prie Dieu, Messieurs,
vous avoir en sa très saincte garde.
Escrit à Crécy \ le quatorziesme jour de
mars mil cinq cens soixante un (i562).
Caterine.
Rourdin.
1562. — (Du 16 au t>6 mais.)
Copie. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° 390, f' iso,*. — Copie.
Fonds Périgord , t. XVII , fJ i£3 3; fonds français, n" 3176 , f ' 61
et tiù. — Imprimé dans les Mémoires de Coudé, édil. de 1743,
t. III, p. 3,3. — Copie du temps, imprimée, fqnds Fontanieu
n ' 3o3-3o4. — Copie jointe au mémoire envoyé au roi d'Espagne.
(Arch. nat. collect. Simancas, K, îôoo, n°37.)
A MON C0CS1N "
LE PRINCE DE COïNDÉ.
Mon cousin, j'ay entendu par le baron de
la Garde ce que luy avez dict, dont, mon cou-
Tlirockmorlon à la reine Elisabeth, en date du ao mais
(Calendarof State paper», i56i-i56a , p. 5 ."• • > ) ; on avait
adjoint au cardinal de Bourbon les maréchaux de Termes
et de Brissac.
1 Crécy (Seine-et-Marne).
2 Cette copie est du temps.
3 Au haut est écrit : -Copie des lettres envoyées par la
Royne à M' le prince de Condé, par lesquelles elle le prie
d'avoir en recommandation Testât de ce royaume, la vie
du Rnv el la sienne et en entreprendre la défense contre
ses ennemis.»
36
■2b-2
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
sin, j'ay esté el suys asseurée que je ne mas-
seure pas plus de moy-mesmes et que je n'ou-
blyeray jamais ce que ferez pour le Roy mon
filz el moy; et pour ce qu'il s'en retourne pour
l'occasion qu'il vous dira, je ne vous feray
plus longue lettre, el vous prye seullement le
croire de ce qu'il vous dira de la part de celle
de qui vous pouvez asseurer comme de vostre
propre mère,
Qui est voslre bonne cousine,
Catf.rine.
[Explication ajoutée par Catherine*.) Ce que
1 Catherine de Médicis, dans une lettre à la duchesse
de Lorraine, datée du 5 décembre 1 56 2, et que l'on trou-
rera plus loin, avoue avoir écrit quatre lettres au prince
île Condé; elle l'avoue aussi, dans une lettre à l'é-
vèque de Rennes, que l'on trouvera également plus loin;
elle fait plus encore: elle déclare à l'évèque de Rennes
que l'explication qu'elle a fait mettre en marge de cha-
cune des lettres dont elle lui envoie copie est d'elle; elle
voudrait que l'évèque pût se faire représenter les origi-
naux; car les lettres qu'elle a écrites ont pu être n tron-
quées en aucunes choses qui en eussent peu éclaircir le
sensu. — Yoy. les propositions faites par M. de Passy (Spi-
fame, seigneur de Passy), ministre de la parole de Dieu,
en une chambre impériale en Allemagne (la diète de
Francfort), devant l'Empereur et tous les électeurs de
l'Empire. (Bibl. nat. fonds français, n° 181&, et dans les
Additions eux Mémoires de Castelnau, par Le Laboureur,
I. Il, P" 28 et suiv.) — Voici le passage important de
cette harangue : «Du commandement que la Royne a faict
à Monsieur le prince de Condé de prendre les armes pour
la liberté du Roy et la sienne, oultre ce que dessus, il y
;t tesmoignage de plusieurs chevaliers; aussi il y a lettres,
lesquelles sont par devers mon dict sieur le Prince, qui
n'a voulu les hasarder au danger des chemins, mais nous a
recommandé, Sire, de recouvrer de Madame de Roye, sa
belle mère, estant avec messieurs ses enfans à Strasbourg,
quatre lettres escriptes et signées de sa main que nous
exhibons, Sire, à Voslre sacrée Majesté.» — Voy. lettre
de Condé, du 3 octobre 1062, aux magistrats de Stras-
bourg, relative au passage de Spifame dans cette ville
M. A. de Henlzinger, Docum. hislor. t. I, p. 64); La
Popelinière, Mst. de France, il, 333. — Nous lisons dans
de Bèze [Hitt.eccl. t. II, p. 178) : rSpifame exhiba les
quatre lectres es [uelles il requit que le sceau de la chan-
Monsieur le Prince avoyt mande- à la Royne es-
toyt qu'il de'siroyt que de luy obéyr, dont la
Royne luy mandoytqu'elle s'asseuroyt bien fort,
et que pour le luy faire paroislre, qu'elle le
pryoyt sortir de Paris1, et s'en venir trouver le
roy son filz et elle2, s'asseurant que s'il le fai-
soyt, le roy de Navarre et les autres seigneurs
qui esloynt à Paris en feraient de mesmes.
( 1562. — Du 16 au 96 mars.)
Copie. Bibl. nal. Cinq cents Colbert , n' 390 , f' 139.
A MON CODSIN
MONSIEUR LE PRINCE DE CONDÉ.
Mon cousin j'ay parlé à Ivoy 3 aussi libre-
ment que si c'estoyt à vous-mesmes, m'asseu-
cellerie de l' Empire fut apposé, afin qu'on ne pust dire
puis après qu'elles eussent esté contrefaites et falsifiées
par quelque artifice; ce qu'il obtint de l'Empereur, après
qu'il luy en eust donné copie et que l'original eust esté
leu et collationné.» — Voy. dans les Mémoires de Coudé
(t. Il, p. H2, 1 i3), uue conversation entre Chantonnay
et Catherine, au sujet de ces lettres: «Lorsqu'il lui en
montra la copie, elle voulut, dit-il, en entreprendre la
justification et les viroit et tournoit à tous costés pour leur
bailler une autre induction; des fois elle nyoit les lettres,
l'aullre elle disoit que l'on n'y mettoit pas tout.» — Voy.
Mémoires de Claude Eaton, 1. 1, p. aSg, el de Tbou, Hisl.
unir, trad., édit. de Londres, t. IV, p. 173. — Monluc,
dans ses Commentaires, raconte une conversation qu'il eut
à Toulouse avec Catherine, au sujet de ces lettres : b Je sçay
bien, dit-il, qu'elle a esté accusée d'estre cause des pre-
miers remuemens qui advinrent aux premiers troubles,
et Monsieur le Prince lui fist ce tort d'envoyer ses lettres
en Allemaigne et les monstrer et faire imprimer partout.»
( Comment, de Monluc, édit. de Ruble, t. III, p. 5a. |
1 11 y était rentré le même jour que le duc de Guise,
le 1 6 mars. — Voy. dépêche de Throckmorlon à Elisabeth ,
en date du 20 mars (Cdender of State papers, 1061-
1562, p. 658).
- Le Roiel la Reine avaient quitté le 7 marsSainl-Ger-
main, pour la résidence de Monceaux, d'où ils s'étaient
retirés à Fontainebleau (ibiù. f ôâi ).
3 Jean d'Hangest, s' d'Ivoy. de la branche de Genli>.
mari''' à Jeanne de Boucarl.
LETTRES DE CATH
liinl de sa lidi;lilr. el qu'il ne dira riens que à
unis mesmes et que vous ne m'alléguerez ja-
mais el aurez seullement souvenance de con-
server les enffans el la mère et le royaume,
comme celluy à qui touche, et qui ce peult
asseurer ne sera jamais oublyé. Bruslez ceste
lectre incontinant.
Vostre bonne cousine,
CaTERINE.
[Explication.) Cestelestre fui escripte pour
ce <jue la Royne estoyt advertye que le roy de
Navarre el ces seigneurs faisoienl ung grand
amas de gens de tous coslez; et pour ceste
cause, elle le pryoit de sortir de Paris1, aflin
<|u'ilz eussent occasion d'en l'aire de mesmes,
prévoyant dès bien que, si la chose passoyl
plus avant, ce seroyt la ruyne du Roy, d'elle
el de tout le royaume; de la ruyne duquel elle
le prye n'estre cause, d'autant que cella ne
touchoyt (pie à luy.
(1562. — Du 16 au 26 mars.)
Copie. Bibl. nal. Cinq cents Colbert , n" 3go , (" 139.
A MON CODS1B
MON.SIEII! LE PRINCE DE CONDÉ.
Mon cousin, je voy tant de choses qui me
déplaisent que, si ce n'estoit la fiance que j'ay
en Dieu , et asseuraoce en vous que m'ayderez
à conserver ce royaume et le service du Roy
mon filz, en despit de ceulx qui veullent toul
perdre, je seroys encores plus faschée; mais
j'espère ([ue nous remédirons bien à tout avec
vostre bon conseil et ayde et pour en avoir
dict à ce porteur mon adwz bien au long, je
ne vous en leray redite par la présente, el
1 II quitta Paris le 25 mars. — Voy. dépêche 'do Throck-
morton du 20 mars à la reine d'Angleterre (Calendar oj
Statepapers, i56l-i56a, p. 558 et suiv.) ; Arcana seculi
ilecimi sexti Huberli Langueti , et eptstolœ (Halir Uerinun-
duror. in-'i'. p. 9 1
III .NE DE MÉDICIS. 283
vous prye le croir ce qu'il vous en dira à
tous deux de la part de
Vostre bonne cousine.
Catkiunk.
(Explication.) et Ayant la royne mandé par
une infinité de foys au prince quelle le pryoyl
de désarmer, il luy escrivil qu'elle estojt abu-
sée et qu'elle s'asseurast, s'il partoyt de Paris
le premier et qu'il posast les armes, qu'elle
verroyt choses qui luy desplairoyt infiniment.
Sur quoy elle luy respond qu'elle a veu lanl
de choses qui luy déplaisoient, comme d'avoir
veu prendre les armes et les garder contre sa
volunlé et ne les avoyr voullu poser quant
elle l'avoyt commandé, que cella la meclroit
en grande peine, sans l'espérance qu'elle avoyl
que de sa part il luy obéyroil, et n'en feroyl
pas de mesmes ; et que, si pour cette coatenc-
tion où ils estaient à qui se désarmeroyt le
premier, les choses conlinuyoient , elle pré-
voyoyt la ruyne du royaume; et que si les
autres voulloient tout perdre en ne se désar-
mant, qu'elle le pryoyl n'en faire de mesmes,
estant asseurée qu'estans tous ensemble auprès
du Hoy, ils s'assembleroyent pour prendre ung
bon conseil, par où il se remédiroytà tous les
maulx que l'on prévoyoyt devoir advenir, lit s'il
avoyt aussy bien produict une lettre subsé-
quente à ceste cy que la Royne luy escrivit
après qu'il luy eust réplicqué qu'il ne pouvoit
pour son honneur se désarmer le premier, il
se verroyt qu'elle luy mandoyt que l'honneur
estoyt à qui obéyroyt le premier, et non à cel-
luy qui demeureroyt le dernier armé.*
(1562. — Du 16 au 26 mars.)
Copie. Bibl. mit. Cinq cents Colbert, n" 390, f" 199.
A MON COI si\
MONSIEUR LE PRINCE DE CONDÉ.
Mon cousin, je vous remereye de la peine
:i6.
284
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
que prenez de si souvent me mander de voz
nouvelles et pour espérer vous veoir bientost,
je ne vous feray plus longue lectre, et vous
prye seullement vous asseurer que je n'ou-
blyeray jamais ce que faicles pour moy, et si
je meurs avant avoir le moyen de le pouvoir
recongnoistre , comme j'en ay la voulonté, j'en
lairray une instruction à mes euffans. J'ay dict
à ce porteur aucune chose pour vous dire, que
je vous prye croire, et m'asseure que vous con-
noistrez que tout ce que je faictz est pour re-
îneclre tout en paix et en repoz, ce que je
sçay que désirez autant que
Vostre bonne cousine,
Caterine.
S'il vous plaist vostre femme, belle mère
et oncle trouveront icy mes recommandations.
(Explication.) Ceste lettre montre l'inten-
cion de toutes les autres et faict clairement
paroistre que tout ce qu'elle faisoyt n'estoyt
que pour le l'aire sortir de Paris, comme il
luy avoyt mandé, lorsqu'elle fut escriple, qu'il
vouloyt faire , tendant à paciffier toutes choses. »
1562. — 18 mars.
Copie. Bibl. nat. mss. Parlement, n" 83, f° 287 1'.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, je me tienls tant asseurée de
l'alfeclion grande et sincère que vous portez
au bien du service du Roy monsieur mon lils,
et à la subvention de ses affaires qui lui ont
esté laissez, comme vous sçavez, si embroullez
et chargez de debtes, que je ne penseray ja-
mais que vous n'embrassiez tousjours de bon
cueur ce qui sera pour luy apporter quelque
soulagement; et à cette cause estant l'édict des
adjournemens de la qualité de ceux dont on
peut attendre une bonne subvention en ses
dictes affaires , je vous prie que vous proceddiez
à la lecture, publication et enregistrement
d'iceluv, eu telle sorte et si bonne expédition,
qu'il puisse estre expédié avant la prochaine
feste de Pasques, suivant ce que le Roy mon-
dict sieur et filz vous en escrit 1 plus particu-
lièrement. Priant Dieu, Messieurs, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
Fontainebleau, le dix-huitiesme jour de
mars mil cinq cens soixante et un (i56a).
Caterine.
BoURDIN.
1562. — ai mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, a' 20G&7, f' 1.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE GRANT ESCUYER3,
C4PPITAISE DE L'UNE DES BENDES DES CENT GBHTII.ZH01OIB9
DE L'BOSTEL DU ROY MONSIEUR MON FILZ ET CHEVALIER DE SOS ORDRB.
Mon cousin, je croy que vous aurez bien
entendu les troubles qui sont aujourd'huy en
ce royaume telz et si périlleux qu'il me semble
que je ne puis moins faire que de désirer veoyr
le Roy monsieur mon filz accompaigné d'un
bon nombre de ses plus fidèles et affectionnez
serviteurs, et vous tenant de ce nombre , je vous
prie que, incontinent la présente receue, vous
montez à cheval pour le venir trouver le plus
tost qu'il vous sera possible et mandez jusques
à vingt cinq ou trente gentilz hommes de sa
maison, de ceulx qui sont soubz vostre charge
1 Yoy. celte lettre de Charles IX (Bibl. nat. Parlement
n° 83). Nous y lisons : r Nous avions estimé que vous ne fau-
driezde procédera la dicte publication, en la diligence que
nous désirons; mais, ainsy que nous avons sceu, au lieu de
ce faire, vous avez tenu un langage de sujets qui veullent
capituller avecq leur prince souverain, que nous trouve-
rions d'autant plus estrange de vous qui devez, par raison ,
servir d'exemple d'obéissance plus que nulz autres à nos
sujetz.»
* Boisy.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
28c
pour en amener quant et vous1 le plus que
vous pourrez et assigner le demourant du dict
nombre à vous venir trouver incontinent après
vostre arrivée, le plus diligemment qu ilz pour-
ront et qu'ilz soyent en bon équipaige de faire
service et estant bien asseuré que vous aymez
trop le (ilz et la mère pour \ faire faillie, je
prie Dieu, mon cousin, qu'il vous ayt en sa
saincte et digne garde.
Escript à Fontainebleau, le va' jour de
mars i56i (i562).
(De sa main.) Je ne faict doute du monde
que incontinent que aurés reseu la présante
ne me veniés trover et en la mesme volante
que m'avés lousjour aseuraye, qui me fayst
vous pryer de vous en venir, incontinent la
pre'sante reseue.
La bien vostre,
Caterise.
1562. — 20 mars.
Copie. Bibl. naU fonds français, n° 17981.
A MONSIEUR COIG.NET,
IMBiSSADFAÏl EN SU1SSB.
Monsieur Coignet, reste petite lettre sera
pour accuser la réception de la vostre du
xviii" de ce moys et par mesme moyen vous
advertir que j'ay faief envoyer aux conseillers
de Lyon les provisions nécessaires pour leur
faire ratifier le contract qui a esté passé avec
le me Aubrecbl2; à quov je me tiens asseurée
1 Quant et vous, avec vous.
4 Georges Aubrecht. C'était sans doute un de ces ri-
ches banquiers étrangers établis à Lyon au xu* siècle. —
Il est question de lui dans une lettre d'Hubert Languet
écrite après la paix d'Amboise : -Magno studio, conque-
ritur pecunia ad numeranda stipendia equitibus germa-
nicis et ad hoc negotiura Agust Israël Minckel, Georgins
Aubrecht et Johannes Hier, negociatores.i (H. Lan-
guet . EpiitoltB , Halae Hermunduror. 1709, in-V,
p. 9/10.)
qu'ilz m' feront aucune difficulté après cela.
J'a\ an-s\ laid escrire à Monsieur de Savoye
pour le laid des postes dont \011s ave/, lieu les
plainctes; mais pour le laid du secours, dont
vous nie touchez quelque chose en parolles
ci m vertes, pour ce que je seray bien tort ayse
d'estre éclereye plus particulièrement de ce qui
vous en a esté dict par de là que je ne sais par
vostre dicte lettre, je \ousprie que vous nie le
mandez si clairement et minulemeul que je
vous en [misse respondre et vous faire entendre,
ainsy que désirez, comme vous aurez à vous y
gouverner. Vous me donnerez aussy advis de
ce que vous aurez faict en vostre voyage de
Berne et de toutes autres eboses que vous cog-
noislrez importer au service du Roy monsieur
mon fils et qui se diront par de là sur les ad\ is
qu'ilz pourront avoir heuz du voyage qui a
esté faict à Paris J et de ce que l'on y a veu
d'armes parmy ceulx des deux religions, qui a
esté touteffoys jusques icy, Dieu mercy, plus
par deffiance qu'ilz ont légèrement prise les
ungs des aultres que pour inimitié qui soit
entre eulx et pour euvye qu'ilz ayent eue de
s'offenser. Je suys après pour les retirer de là,
comme j'en ay jà faict sortir une bonne part} e ,
et que j'espère avoir achevé dedans ung jour
ou deux; priant Dieu, Monsieur Coignet, qu'il
vous ayt en sa saincte garde. Escript à Fon-
tainebleau , le xxvcjour de mars 1 5Ci (1 5G2)2.
Caterine.
BoLRDIN.
' Elle vent parler de l'arrivée du duc de (luis;- à Paris.
— Voy. les dépêches de Throckmorton à Elisabeth. (Ca-
\f State papers , i56i-i56a, p. 553 et 558.)
2 A la date du a5 mars, Catherine avait encore écrit
à l'amiral Coligny deux lettres que nous n'avons pu re-
trouver; mais l'analyse en est donnée dans la réponse
suivante que lui adressa Coligny :
«Madame, j'ay receu deulx lettres qu'il a pieu à
s Vostre Majesté m'escripre, toutes deulx du x\v° de ce
••mois, la première par ung courrier envoyé devers M' le
286
LETTRES DE GATH
156*2. — 3i mars.
Copie. Bibl. nnt. fonds français, 17981.
A MONSIEUR COIGNET,
AîlBASSADEl'H EN SUISSE.
Monsieur Coignet, ce m'a esté plaisir d'en-
tendre par vostre lettre du xxiu0 du passé que
- Prince et la seconde par vostre vaietde chambre; et pour
«respondre à toutes deutx, en premier lieu je ne sçay
«d'où te roy de Navarre a eu advertissement que je fai-
5 sois levée de gens, mais je vous respons sur mon hon-
«neur, Madame, que je n'y ai pas seulement passé; bien
tiay-je adverti quelques ungs de mes voisins et amys et
-prie de me faire compagnie pour venir trouver mon dit
- sieur le Prince; que si d'avanture il s'en est veu en ma
-compagnie d'armés, il me samble qu'il ne doibt estre
«trouvé non plus estrange que de ceulx qui \ont trouver
«monsieur de Guize aveques armes descouvertes et dont
«je puys parler, comme les ayant veus; davantage que je
-suvs adverti de plusieurs endroicts que monsieur de
« Guize me menace tort, ce que m'a encore icy confirmé
«Monsieur le Prince, corne l'ayant enttendu de bon lieu
net pour ceste cause je vous supply très humblement,
« Madame, ne trouver rnaulvais que je me tienne sur mes
k gardes. La seconde lettre de Vostre Majesté faict encores
n mention de ce que vous avez enttendu que je suys parti
«de chez moy aveques grande compaguie de gens armés
rd'armes creues0 et descouvertes et que je faicts ainsy
'•marcher ma compagnie, l'ayant levée de sa garnison.
« Quant à avoir bonne compagnie , je confesse que je l'ay
- et la meilleure que je pourré pour me garder d'eslre
«oultragé; quant àarraes descouvertes, je n'en ay en ma
«compagnie, sinon de pistoles et pistolets, ce qui est
«commun par tout le royaulme de France; quant à avoir
«levé ma compagnie de sa garnison, il ne s'en trouvera
h nul mandement de moy et ce que principalement m'en
gardé, c'est que je sçavois bien qu'il n'y avoit pas tant
«de gens que cela me peust porter grande faveur; et tou-
«tefois, Madame, quant je l'aurois manùée, je n'aurois
laid que ee que ont faict d'aultres. Quant à ce que me
-mandez, si j'ay faicl faire ung serment à ma compagnie
i parler du Roy , offin que vous congnoissies la vérité
«du faict, il y a plus de quattre ans que je ne fus en
■ An pre le dict. de Monnet, désignai! une armure
qui couvre un homme de pied en cap. On lit 'tans la Satyre Ménippée
qu'un -Feuillant boiteux, armé tout à crud , se faisoit faire place.»
(Sflfi/c lit. de kerver. 171», t.I.p. II.)
ERINE DE MÉDICIS.
au voiage que vous avez faict à Fribourg, Berne
et Solleure, vous ayez trouvé les Seigneurs des
dietz Cantons si affectionnez au service du Roy
monsieur mon Clz et faciles à suporler ce
qu'il y a de difficulté au payement de ce qui
estdeu de reste en Suysse, comme le tesmoigue
vostre dicte lettre; car j'espère avec ceste gra-
tieuse attente et le bon ordre que je fera y
donner l'année prochaine au payement du dict
reste nous en veoir du tout dehors à leur en-
tier contentement, qui ne nous sera uug petit
repoz, ne peu de faveur et réputation aux
affaires du Roy mon dict sieur et fîlz en ce
pays là et pour le renouvellement de l'alliance
qu'il sera doresnavant temps de commencer
et négocier, dont touteffoys, ne pareillement
de les négociations que vous avez à faire avec
les Seigneurs de Reine je ne veulx, ny n'en-
tens vous prescrire aultre chose que ce que
vous, qui voyez cler en lelz affaires, cognoistrez
«monstre de ma compagnie, là où les sermens se font;
«d'en avoir faicl faire depuys, en quelque sorte que ce
«soit, si vous trouves qu'il en soit rien, je veulx que vous
«me tenies pour infâme et déshonoré. Au demeurant je
«vous supply très humblement, Madame, croire qu'il n'y
«a genlilhome en France qui plus désire vous veoir en
«repos et contente que moy, ce que je feré plus particu-
«lièremenl entendre par le capitaine Breuil que Monsieur
« le Prince envoyé devers Voslre Majesté ; et sur ce je
«priray Noslre-Seigneur, Madame, vous donner en par-
«faicte santé 1res heureuse et longue vie.
«Vostre très humble et très obéissant sujet et serviteur,
«Cbastillos.»
«De Meaux, ce xxvnc de mars 1 5Gi (t.'iOa).
(Bibl. nat. fonds français, n" aoifji, f° ai; r et v",
autographe.) Catherine de Médicis écrivit également une
lettre au prince de Condé qui n'a pu être retrouvée.
L'est le a avril que Condé entra à Orléans et, le 7, il écri-
vit aux Églises réformées de Fiance pour leur demander
des hommes et de l'argent. — Voy. sou manifeste ( 8 avril)
peur justifier sa prise d'armes; le Traité d'association pour
la libellé du Roi et le repos du royaume; les Lettres de
Spifame et de Bèze aux Églises réformées (Bibl. nat.
fonds Fontanieu, vol. 3oi-3oa).
LETTRES DE CATH
estre pour le myeulx. Nous n'avons point en-
tendu que le trésorier des Ligues preigne au-
cune chose pour fraiz de convertissement, ou
aultres despences soit et en diminution des
cinq cens mil litres qui vous oui esté ordonnez
pourceste année, et luy devra bien suffire d'y
avoir ses gaiges, ainsy que le Roy monsieur
mon lilz luy escripl présentement el mesmes
de ne taire aucun convertissement sans pre-
mièrement vous en aveoir adverly, et si vous
veoyez qu'il en soit besoing vous le nous man-
derez pour après vous en faire sçavoir et à luy
l'intention du Roy mon dict sieur et fdz et luy
faire expédier le mandement nécessaire, ainsy
qu'il est accouslumé en semblable cas. Quant
au mandement de cent mil livres qui est sur
les deniers du quartier de juillet, vous pouvez
bien penser que l'on y a faict tout le possible,
el que s'il y eust eu moyen d'en bailler l'assi-
gnation sur deniers plus promptz, l'on eust
esté bien ayse de nous en mettre et vous aussi
en repos, puysque c'est chose qu'il fault tous-
jours payer et don! le retardement, sans l'im-
possibilité qui y est, ne nous pcull apporter
aucune comodité. Je ne vous recommanderay
poincl le faict des marchans qui ont argent au
grand party1, estant bien asseurée que vous
n'oublirez rien qui puisse servir à en avoir
une bonneste composition, laquelle je seray
tousjours bien ayse d'entendre pour l'infiny
désir que j'ay que nous nous puissions veoyr
ung jour hors de leurs mains; pryant Dieu,
Monsieur Coignet, qu'il vous ayt en sa saincte
garde. Escript à Fontainebleau , le dernier jour
de mars 1061 (i5(î->).
Caterine.
BoURDIN.
1 1 il me de finances s'appliquant à cou» qui afferment
les revenus de l'Étal . el de là te mot partisan.
ERINE DE MÉDIC1S. Wt
( 1502. — Fin mars. 1
Aut Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mou frère, le sieur de Morette, présa ni poin-
teur1, vousconteré si au long de nous uovelles
que ne vous fayré la présente longue, el seré
soulemcnt pour vous dire que vous prie m'es-
couser si n'é peu jeuques asteure fayre pour
vos afayres selon que je an né la volante- el que
lé trouble, en quoi nous soumes, en sont cause
el non pas faulte de vous fayre conestre corne
je désire voyr contens Madame de Savoye et
vous, corne j'espère vous fayre conestre, mes
qu'i plèze à Dieu apéser touttes ses folies, lé-
quelc je panse n'yront plus avent et que tous
reconeslron la faulte qu'i font; et ayspère qu'i
me fayré la grase d'y remédier,.de fason que
i n'i auré mal que pour seus qui les auront
entreprise; etm'aseure,mon frère, que quant
anrés3besouin de ayde el socours, que ne fau-
driés à sella ' qui désire vostre grandeur et
contentement corne de ses propres enfans , qui
aysl
Vostre bonne sein .
Caterine.
(1562. — Fin mars.)
Aut. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DEC DE SAVOIE.
Alon frère, la seufisance deu sieur de Mo-
1 Le 16 avril i56a, le duc de Savoie écrivait à l'am-
bassadeur d'Angleterre Tlirockmorton, pour le remerciei
de ses Irons offices envers le sr de Morette. — Voy. Calm
ihtr "f Stnlf pii/iirs, l5()I-l562, p. 6o3.
1 Une lettre de Charles IX . jointe à celle-ci, explique
la cause de la non-restitution des villes du Piémont.
\urét, j'aurai.
* Sella, celle-là.
288
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
relie ' me guarderé de vous fayre longue lelre,
car y vous saré rendre bon conte de touttes
chause, tent de nos afayres que dé vôtres, et
pour se qui s'est byen ynformé de tout, je ne
vous fayre' longue letre, après vous avoyr prie'
le rroyre de set qu'il vous dyre' de ma pari
corne moy mesme et vous asseurer que n'y
é personne après Madame de Savoye qui dé-
sire plulx vostre grandeur et contentement que
fayst
Votre bonne seur,
Caterine.
1562. — 3 avril.
Imprimé dans les Négociations sous François II , p. 883
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lynioges, je vous prie panser
que je ay guant regret qu'il ay l'alleu vous
révoquer, voyent le temps tel qu'il ayst, et la
fason de quoy, pour le service de cet royaulme,
vous vous aytes governé; qui me fayst vous
dyre que vous pouvés aseurer que en tout
set que auray moyen de le reconestre, ne
fauldré de le fayre, de fason que conètrés
cornent je an suis contente. Mes puisque ne
pouvez plus demeurer, je vous envoy Sent-
Seuplise 2, lequel conèsés seufîsant et de si
bonne volante, que aytant du tout inslruyt de
vous avent partir, comme je vous prye fayre,
1 Moretle revint en France à la fin du mois d'avril
suivant. — Voy. lettre de Throckmorton du 5 5 avril, à la
reine Elisabeth, Calendar qf State papcrs , i56l-l56a,
p. 63i.
2 Jean Evrard de Saint-Sulpice. Dans une lettre à l'é-
vèque de Limoges, en date du 6 avril 1 56a , il lui mande
qu'avant de se rendre en Espagne la Reine lui avait ac-
cordé un congé; mais il a été rappelé à la cour et après
élre retourné cour quelques jours dans ses terres, il
ira le remplacer et le prie de lui garder sa tapisserie.
(Bibl. nat. fonds français, n" 66l4, f ' 1 1 8. ) — Le
i ci mai suivant nous le retrouvons à Burgos.
et ne luy rien disimouler, d'aultanl que je
m'aseure qui ne conest que le Roy mon fils et
moy, afin qu'i puisse continuer set que avés
sy byen fayst; et avent partir, je vous prie dire
à ma fille byen au long tout ce qui vous semble
qu ele douvet fayre, lent pour son respos que
pour mentenir nostre amytié, et ausy je dési-
rerès que, avent que partissiés, vous aportisié
la résoloution de set que peult ayspérerle roy
de Navarre, et à la vérité dans conbyen je
puys ayspérer de voyr le Roy monsieur mon
fils. Je vous prie, ayez an la résolution de
touttes ses deux chauses et vous fayré grand
plésir hà
Caterine.
1562. — h avril.
Orig. Bibl. uat. fonds français, n° 3178, f G.
A MONSIEUR D HUMIÈRES,
GENTILHOMME ORDINAIRE DE LA CHAMBRE DO BOT BIOS F1LZ
ET GOUVERNEUR DE PERONNE.
Monsieur de Humières, pour ce que je suis
bien asseurée que vous aymez trop le service
du Roy monsieur mon iilz , et le bien de ses
affaires , pour faire faulte de satisffaire songneu-
sement et dilligemnient à ce qu'il vous escript
présentement, je ne vous en feray autre re-
commandation ne redite par ce petit mot de
lettre; et seullement vous prieray que, comme
les cboses sont plus troublées en ce royaulme
qu'elles ne furent jamais, vous ayez d'aultant
l'œil plus ouvert à la guarde de vostre place pour
garder qu'il n'y advienne aucun inconvénient,
et je veoiz prier Dieu, Monsieur de Humières.
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Meleun, le iiijmo jour d'avril
1 56a.
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
280
1562. — 4 avril.
Archives de la maison de Poiignac; copie transmise
par M. Slephano de Menai.
\ MONSIKl U DE SÉNARPONT,
i 1ER DE L'ORDRE DU FIOY MONSIEUR MO* K1LZ
ET SOS MEUÎEMNT GÉNÉRAL AU COl'VERNF.MENT DE PICARDIE.
Monsieur de Sénarpont ', vous verrez par
eestedespescheen quel/, troubles nous sommes,
qui est bien au plus grand regret el ennuy que
j'euz jamais; et pour ce que les beaux jeuz
donnent souvent à ung voisin occasion de faire
ce qu'il n'avoyt peult-estre poinct pensé aupa-
ravanl, atfin que durant telz troubles l'on ne
nous face poinct de surprise, le Roy monsieur
mon filz a advise' vous faire la despesche qui
vous est présentement envoyée; suivant la-
quelle je vous prie faire si soigneusement et
diligemment pourveoyr aux cboses qu'il vous
escript et aultres que verrez estre nécessaires
pour la seureté des places de sa frontière de
Picardye que nous en puissions demeurer en
repoz; luy faisant cognoistre en cela, comme
vous avez tousjours faict en toutes aultres
choses qui se sont offertes appartenans à son
service, que vous ne recognoissez aultre que
luy et qu'il n'y a respect de chose de ce monde
qui vous face riens perdre ne diminuer de la
fidélité que vous luy devez et du service qu'il
attend de vous à l'encontre de qui que ce soyt.
Priant Dieu , Monsieur de Sénarpont, qu'il vous
ayt en sa saincte garde.
Escript à Meleun, le ihic jour d'avril 1062.
Caterine.
BOURDIN,
\"\. une lettre de M. de Sénarpont. (Bibl. nat. fonds
français, n° 3a'i3.) — Le mois suivant, deux des fils de
Sénarpont allaient rejoindre le prince de Condé, et lui-
même tentait de s'emparer de Calais. (Calendar of State
papers, 1 5 6 2 , p. 45.)
Catherine de Mtuicis. — 1.
1562. — 8 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n" 17981.
\ MONSIEUR COIGNET,
AMBASSADEUR ES SUISS8.
Monsieur Coignet, vous entendrez par ceste
dépesche les occasions pour lesquelles le l'un
monsieur mon filz veult taire la levée de
Suysses1 dont il vous escript ; et pource qu'elle
ne sera du lotit selon le contenu en l'alliance
et qu'il aura besoing de voslre prudence en
la conduicte de cest affaire, je vous prye que
vous advisez de bonne heure les hommes el
moyens dont vous aurez à vous servir pour en
venir à bout; vous y employant du mesme bon
pié que vous avez tousjours faict en toutes
choses qui ont appartenu au bien de son ser-
vice; et je veoyz prier Dieu, Monsieur Coignet.
qu'il vous ayt en sa garde. Escript à Paris, le
\iiie jour d'apvril i56q.
Caterine.
Bolrdix.
1562. — 9 avril.
Imprimé dans tes Instructions et lettres des rois fret rltrcsliens
et mitres actes concernant le concile de Trente, par Dupuy. p. 2GG.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, j'ay avec vostre lettre
du xvie du passé receu le duplicata de celle
que m'avez escripte quatre jours auparavant,
de laquelle l'ambassadeur d'Espagne ne m'a
encores envoyé l'original, et touttefois sans
l'attendre, m'asseurant qu'il ne contient rien
davantage que le dict duplicata, j'av voulu
vous taire incontinent ce mot de response,
pour vous advertir que je ne pense jamais avoir
receu dépesche qui m'ait esté plus agréable
que celle-là, pour avoir entendu par les pro-
pos que vous a tenus l'Empereur, mon bon
1 Voy. deux lettres de Charles IX, datées du même
jour, pour cette levée des Suisses (même volume),
•37
290
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
frère, sur le faict du concile, qu'il y procède
de m bon pied, comme je me l'estois toujours
bien promis, qu'il fault que je loue Dieu de
ce que son intention se trouve en cela si con-
forme à la mienne, qu'il ne l'eut sceu de plus
près approcher, quand je luy eusse découvert
mol après aullre tout ce que j'en avois dedans
le fonds de mon estomach; car n'ayant jamais
désiré chose de plus ardente affeclion, que de
voir la guérison des maulx dont la chres-
lienté est aujourd'huy génerallement affligée,
cl mesme ce royaume chreslien, par la diver-
sité des opinions qui régnent eu la religion,
et craignant que les particulières et différentes
passions et opinions de ceulx qui ont à in-
tervenir au concile, nous en fissent perdre
toute l'utilité, je ne sçavois bonnement que
m'en promettre, jusques à ce que j'ay veu par ce
que l'Empereur, mon bon frère, s'en est ouvert
à vous, nos intentions et volontés si unanimes
et accordantes, que je tiens desja le fruict du
dict concile comme prest à cueillir; vous
priant, Monsieur de Rennes, qu'incontinent
la présente receue vous alliez trouver mon
dict bon frère l'Empereur pour l'en remercier
de ma part et l'asseurer que son intention en
cela est la mienne et que je n'en ay jamais
eu d'aultre, de sorte que la principale charge
que je fais donner au sr de Lanssac, que le
Roy monsieur mon fils envoyé au dict concile
pour son ambassadeur et qui doit partir le
quatorziesme de ce mois, est de s'assembler,
conférer et communicquer ordinairement avec
ses ambassadeurs, pour d'un commun advis
et accord proposer et poursuivre vifvement la
bonne et roicle réformation de la discipline et
des mœurs, dont il vous a parlé, et ordonner
à nos prélats qu'ilz s'accommodent et accor-
dent avec les siens, pour de leur part procéder
eu toutes choses d'une mesme volonté et ne
s'opiniastrer point à tenir les choses positives
avec telle dureté, que cela soit cause d'em-
pescher l'accord et réunion au corps de l'église
de ceulx. qui s'en sont tenus séparez et distraits
jusques à présent; mais pour ce que, si le Roy
catholicque des Espagnes, mon beau fils, con-
curroit avec nous en cela, ce seroit la perfec-
tion d'un si bon œuvre, et que je ne sçay s'il
auroit aussi agréable la requeste que je lui en
pourrois faire, que si elle procède de mon dict
bon frère l'Empereur, vous lui en pourrez parler
pour sçavoir s'il trouvera bon de faire négocier
envers luy cet alfaire, comme je l'estime né-
cessaire, pour lever tout obstacle que l'on vou-
drait opposer à nostre bonne et saincte intention
et par ces trois volontez ainsi unies tellement
confirmer le faict du dict concile, qu'il n'y ail
plus personne qui nous puisse empescher de
le recueillir tel qu'il est requis pour le bien
de l'église et la générale union et concorde de
toute la chrestienté en une mesme saincte et
catolicque religion. Priant Dieu, Monsieur de
Reunes, vous avoiren sa saincte et digne garde.
Escrit le ix0 jour d'avril i562.
Cateeine.
(1562. — 10 avril.)
Aul. Bibl. nal. fonds français, n*3ig3, f° 7. — Fontanieu, vol. 3o3-
3o4. — Imprime. Mémoires de Coudé, édit. de 17/13, t. III, p. 21G.
A MON COUSIN
M" LE CARDINAL DE CHAST1LL0N1.
Mon cousin, encore que j'euse délibéré de
1 Voici la réponse du cardinal de Cliàlillun :
^Madame, aussy tost que j'ay receu la leetre qu'il a
-pieu à Vostre Majesté m'escriprepar le prothonolaire de
rSarragosse, je n'ay faiUy de L'envoyer à Monsieur le
r prince de Condé, le priant de permettre à l'un de mes
b frères de venir à Jargueau, où j'avois résolu de me trouver
s pour faire ce qu'il vous plais! me commander; mais ayant
c ledict sieur Prince veu par ladicte lettre que vous désirez
«entendre quelle seureté il demandait pour laisser les
n armes, il a voulu prendre ceste peine de me venir faire
-lny-mesme sa responce en ce lieu, où je n'ay rien oblié
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
291
ne rien pius mender à mon cousin Monsieur
le prinse de Condé, voyent que y m'avest
mendé par Rouehavene, le iandemayn qui
sorlii île self ville de Paris, tfue je ne trovise
mauves, si, pour sa seureté, luy aytent à la
Ferlé, yl élovl armés, et que se n'étoyt que
pour le servise du Roj mon fils et le mien, et
que, viicoiilini'iit que je lui menderès , qu'i se
désarmeret, et me fiant en lui je lui mandis
que ne le trovè mauves pourveu que y ne
lallit à set désarmer, queut je lui manderès.
El depuis <]ue le roy de Navarre et tous ses
aultres signeurs feuret arivés au Fontayne-
itde ce que j'ay peu et sceu juger propre et nécessaire
cpour l'effect de vostre intention, laquelle, comme chacun
«peut veoir; ne tend qu'à la tranquilité de tout ce royaume ;
rà quoy il m'a respondu pour résolution qu'il ne désire
-plus grande seureté pour luy et pour toute sa compaignie
'•que de veoir le Roy et vous eu plaine et entière liberté;
- el qu'après cela , au moindre commandement de Vos Ma-
njestez, il fera clairementet proinptement veoirà un cha-
-cun qu'autre occasion ne luy a mis les armes à la main
- que le très exprès el urgent service du Roy et vostre.
sVoyla, Madame, tout ce que j'ay peu tirer de luy, quel-
aque vifve remonstrance que je luy aye sceu l'aire de l'ex-
-tresine eunuy que vous portez de veoir ces troubles et du
•-désir que vos subjectz doivent avoir d'y procurer bien-
••tost quelque bonne Gn; et pour ce qu'en cela je ne me
Rvouldrois laisser surmonter au plus affectionné et obligé
«de vos serviteurs, je vous diray pour la fin, Madame,
rque je m'cslimeray bien heureux si là ou ailleurs mon
trlabeur, mon bien et ma vie vous peuvent apporter le con-
- lanternent que vous désirez; et cependant, après avoir
- présenté mes plus que très humbles recommandations à
-la bonne grâce de Vostre dicte Majesté, je supplieray le
-Créateur vous donner, Madame, en très parfaite santé
-plus que très heureuse et très longue vie.
rrVostre très humble et très obéissant subjectz et ser-
• vilenr,
«Le Cardinal de Chastillou.
irDe Liste, ce xxi" jour d'avril j56a.»
(Copie, Bibl. ual. fonds Brienne, a° 20a, f° 3gi r°).
Voy. nouvelle Réponse du cardinal de Chàtillon. (Bibl.
nat. fonds Brienne, n"ao5); Réponse du prince de Condé
1 33g3); Dépêche de Throckmorton à lareine Eli-
sabeth (Calendar of State papers , i56t-l56a, p. 595).
bleau , je lui envoys heun mien valel de
chambre, cl fin ayscrivis que luy pries qu'i
sel désarmas! cl (pie les auitre en fayré le san-
blable, cliause qui ne volent, disant que yl
avest ayté le premier hà houbéirau comende-
ment du Roy mon Mis de sortir de Parys, el
que y li ynportet de l'bauneur el répeutation
si encore y seret le premier à se désarmer; cl
voyent sela, et qu'i me mandet ausi qu'i volet
guarder ses forse, afin que Ton ne me dimi-
neuast rien de mon auctorité et que l'on ne me
aultast mes enfans; qu'il avesl entendeu qu'i
n'atandet que d'eslre lé plus fors pour le layre
et pour lui mender la vérité de set que je dé-
sires, et qu'i n'eut aucasion de panser que se
feul par forse, je lui ranvoys Serlan, auquel
je comandis lui dire que je lui priés, d'aultenl
que je m'aseure qu'i me aymest, qu'i se voleul
désarmer, et que y ne prinl poynt sete aysceuse
de dyre que se lui seret honte d'estre le pre-
mier à léser les armes, veu que asteure tous
avés remis lé leurs entre lé mayns du roy de
Navarre, qui aytoyt lyeutcnant du Roy mon fils ,
et que l'on pouret dire aveque bonne rayson
qui n'i avest personne armés que le Roy ; et que.
quant à mon respet, que je luy prie de ne lé
volouir retenir plus pour sela; car je aytoys
contente, et qu'i n'étoyt rien de tout set que
l'ons avest dist, et que si ne se désarmest, que
je serès contrcynte d'estre contre beulx. Je
m'aseure que Serlan ne fallitpas de lui dire,
et an setpandant yl m'a anvoyé Rourbavane,
par lequel me manda que je luy mandise sel
que je voles qu'il fist, el quant je lui demandis
de ses novelles, il me dist qu'il éloyl à Clay el
venet coucher à Livri, chause que je trovis si
aystrange et aylongnée de la promèse qu'il
m'avest fayste, que je l'ay dis au dist Rou-
chavanne que se n'étoyt pas set que y m'avesl
dis! l'aultrefouys et promis de par Monsieur le
Prinse, et que, en lieu de se désarmer, conie
■ 37-
292
LETTRES DE CATHERINE DE MED1C1S.
y m'avesl aseuré, quanlje lui menderès qu'i
marchet; que je le trovès byen mauves, et que
je lui priés de s'en retourner incontinent pour
luv dyre de ma part que, s'il avest jeamès euvye
de fayre ryen pour l'amour de moy, il set dé-
sarmast incontinent qui seret de retour ver
lu\ , et ranvoyast tout le monde cheulx eulx;
et, en lyeu de set faire, Serlan revynt qui me
dist le mesnie que mon valet de chambre, que
jamès ne le fayret d'estre le premier, et depuis
pour chause que le Roy mon fils ni moy luy
avyons mendé par quelque personne que sel
aysté,y] a tousjour coutineué sou antreprinse,
ri ne s'é pas contante de n'avoyr voleu me
tenir proniése de se désarmer, quant je luy
ay mandé et prié; mes par tout set royaume,
en son non, me font set tort de dire que s'et
moy qui l'ay fayst armer, et qui veulx que l'on
pregne lé villes que l'on prant en son non.
Vous pouvés panser set s'et aveques jeuste
cause que je me deulx 1 et que je suis faschée
de voyr que le nom yra par toutte la crétienté,
que moy, qui ay lent reseu de hauueur de set
royaume, en set cause de la royne2; car jecroy
que aveque vérité, et à mon grant regret, je
puis dire que seus qui conselle Monsieur le
Prinse de fayre set qu'il fayst seront cause de
rouyner set royaume, et tout le monde dist que
Monsieur l'amiral aysl son seul consel. Il me
sanble que je luy ay trop fayst conestre comeni
je l'ay tousjour porté et fa\orisé en set que
je ay peu , pour s'ayder de mon non pour beune
lele aucasiou et pour beune si ayvidente rouyne,
corne heun ehéqueun la voyt. que j'énierès
mveulxaystre morte de san mile mors, que non
pas d'an nestre cousantente, mes que me feut
jeamès entré en la pasée3 de vivre tent que de
voyr heun si grant malheur. Et pansés, mon
Me deulx, me désole.
1 Royne, ruine.
Votée, pensée.
cousin, que je an suys si troublaye deu mal
que je voy préparé et du tort que l'on me faysl ,
et an si grant colère, que je n'ay plus délybéré
de tanter neule voye, sinon de ranforser si fort
le Roy mon fils qu'i souit le mestre et se fase
aubéyr, corne la réson le veult; et set n'eut
aysté qu'i m'a sanblé par vostre letre qu'il y
auré ancore quelque moyen pour apéser ses
troubles et que j'é tent reseu de bauneur de
set royaume et ayme tent mes enfans, que je
aublyré tousjour mon intérêt et ynjeure pour
la conservation de set royaume, je n'euse jea-
mès envoyé ver neul d'entre heulx, et me suis
byen voleue décharger de tout set que je saus
qui me aufanse jeuques au cour avent vous
dire que je vous prie de considérer set que
l'on dysl et poura-t'on dire par si après de
Monsieur l'amiral qui ayst vostre frère; car
l'on ne panse pas que san luy Monsieur le
Prinse ne se feut déjea désarmé , et moy je lay l
croy puisque y me l'avest ynsin promis. Velà
pourquoy je vous, prie reguarder tous les
moyens que vous pourés trover, afyn d'apéser
sesi, et parse que j'é entendeu que Monsieur
le Prinse dyst qu'y veult aystre parant et amis
de Monsieur de Guise et qu'i n'a neule querèle
aveques luy, y me sanblet'il qu'yl est aysé aco-
moder tout; car quant à l'édyst, neul ni veult
toucher. Quant à Monsieur de Guise et vostre
frère, je ne luy en né heuy parler en neule
mauvèse fason, et set vous voyés qu'i feut be-
souyn que je y fise quelque chause en sela,
je désire tant le repos et du royaume et de sete
court, que je m'i employré de bon cour ; et de
dyre que l'on leur fayré déplésir à seus qui
sont à Orléans, neul ne leu veult mal, mes
qu'il aubéise et qu'i sedésarmet. Quant à dire
que sosi2 se désarme! et qu'i s'au nallet, y De
fault plus parler de sela, car lé chause sont en
1 Lay, le.
'- s,
im, ceux-a.
LETTRES DE GATH
termes que ysi y ni a plus armés que le Roy
mon fils, qui ne veult pas aultres armes que
l'amour el l'aubéisanse de ses seugès, mes qui
m' soyt poynt armés, y n'an naré poynt
d'aultre qu'il a acoteumé. Je vous a\ voleu tout
mander, afin que consydériés si avés moyen
de le l'ayre désarmer et d'apéser set feu qui
s'aleume aveque tele violanse que je ne se
quanl l'on le voldré ape'ser, set l'on poura; car
quanta nous, je vous aseure que avons mandé
partout, sour pêne de crime de lèse-magesté
d'aler à Orléans, el de neul seuget, jeantis-
hommes et aultres de prandre les armes sans
aysprès comendement du Roy mon fils et de
iiniv el du roy de Navarre, et tout set que
povons pour nous fayr fors, aseuré vous que
n'an noblyons ryen. Pour se, je désirerès que,
set pouves quelque chause, que le feysiez le
plus lot que pourés et je le désire infiniment et
\ voldrèsmeslre ma vie pour voyr tout en tel re-
pos (pue le désyre et prie à Dieu nous le donner
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Depuis sole letre ayscripte, Monsieur de
Gounort ayst arivé, lequel n'a raporté que set
que les aultres ont lousjour disl; par ansin je
n'i voy pas granl aysperanse; car, set y veulet
demeuré ostinay, je voy la perte manifeste de
toutte sele monarchie-. Pour se, vous qui avés
tousjours fayst profésion de bon patri[ole,]
monstre à set coup que vous et vos frères ne
volés pas aystre cause de la rouine de vostre
patrie, mes au contrère de la conservation,
corne vous ferés, si vous trovés fason de l'ayre
désosliner Monsieur le Prinse, et lui dyre que
se n'é pas à heun souget de volouyr monstrer
tant de forse à son prinse, come il a dist qu'i
monslreré à seus que Tons y anvoyré; car je
m'aseure que, aystant de sele mayson, y
n'an veult pas la rouyne, et que set qu'il ayst
suyvi , s'et que l'on pause que set qu'i l'aysl souit
ERINK DE MÉDICIS. 29.".
par comendement du Roy mon fils el de mon
seu; mes je m'aseure, veu sel qu'i m'a dist
d'aultre fouys, «pie tout sela yra en feumée.
mes que. l'on sache la vérité (pie le Roy mon
lils ne veult, ni moyausi, que neul s'asanble,
et que se n'é pas por son servise, el qu'i ne
veult poynt rien toucher au fayst de la rely-
gion. Par ansi, je luy conselle de s'an venyr
fayre bonne chère aveques nous, au aultrement
v ne se troveré pas si byen aconpagné qu'i
panse; et je désire son byen et contentement,
encore qu'i m'aye fayst tort de ne m'avoyr
tyns set qu'i m'avesl promis, et ne me puis
guarder de dyre que, set yl an ny a qui ayst
donné quelque aucasion de trouble, que y ne
douit pas praudre là son aysample; car yl
a [dus d'aucasiou de yder à conserver set
royaume que les aultres, pour aystre set qu'il
ayst; et si set feut désarmé la semène saynte,
corne je luy avès mandé, déjea la plus granl
part de seus qui aytoyt veneu s'an naloynt,
el aveslmisde son Coulé le droyt, au asteure,
si ne se désarme, il y meteré le tort, chause
de quoy je serès ynfinimenl marrie.
1562. — 11 avril.
Orig. Dibl. nul. fonds français, n° G6o5, p. 78.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur deLymoges, si nous avons lardé
à faire responce aux deux dépesches que avons
eues de vous depuys mes dernières, ce a esté
sur la diversité de tant de choses qui se sont icy
présentées depuis, que j'ay tousjours actendu
pour veoir si Nostre Seigneury améneroil quel-
que amendement, et si ce feu qui commança
d'assez longtemps , comme vous sçavez , se pour-
roil eslaindre, ou pour le moins demourer sans
croistre, pour avoir plus de moyen peu à peu de
l'amortir du tout, ainsi que j'ay tousjours dé-
siré, el pour cest effect chercher tous les expé-
294
LETTRES DE CATHERIiNK DE MEDIGIS.
diens et tons les remeddes dont je me suis peu
adviser, et que j'ay trouvé par conseil y pouvoir
servir. Usant en cela comme femme, mère d'un
Roy pupille , qui a pensé la doulceur plus conve-
nable à ceste maladye que nul autre reinedde,
dont vous avez assez sceu et cougneu l'inten-
tion par les discours que je vous ay faictz, et
tant de personnages qui ont esté envoyez par
delà; mais à la fin il n'a pas pieu à Nostre-
Seigneur que cela soit venu à effect; car au con-
traire le mal est tellement empiré que ceulx qui
couvoient ce feu , voyans et congnoissans que
le progrès de mes intentions esloit autre qu'ilz
ne vouloient, ont levé le masque, faignans
et simullans une certaine deffiance que l'on
les vouloit offenser et leur courir sus; et soubz
ce prétexte, quilz couvroient tousjours du
manteau de la religion, pris les armes et faict
grande et grosse assemblée de ceulx de leur
opinion et de toutes sortes de gens avecques
lesquelzilz se sont saisiz de la ville d'Orléans,
dedans laquelle ilz sont et la tiennent comme
par force; ne s'estans pas contantez de cela,
ont faict aussi prandre la ville et chasteau de
Bloys, autant à Tours et au Mans, et tumultué
les peuples en plusieurs autres endroictz; et
quelque commandement du Roy monsieur
mon lilz ny de moy, ne prières que je y aye
employées et infiuiz personnages d'bonneur
et de grande qualité que j'aye envoyé devers
eulx, n'y a eu jamais moien de les povoir
faire désarmer, ne entendre ce qu'ilz veu lient,
de sorte que c'est à bon escient qu'il fault
croyre et confesser que c'est une pure sédi-
tion, et que leur dessaing tend à l'entière
ruyne et éversion de ce royaume; à quoy, pour
colorer leur faict et attirer plus de gens à
leur dévotion, ont publyé que ce qu'ilz en fai-
soient estoit pour le service du Roy mondict
filz et de moy, et par mon consentement, d'au-
tant que nous estions prisonniers de ces princes
| i'l seigneurs qui sont de présent autour du Ro\
mondict lilz. De quoy, quant à mon particulier,
je me tiens si fort et si avant offensée, saicbant
comme j'ay l'intention claire et necte en cest
endroicl, que pour deux singulières raisons je
n ay après la grande perle que j'ay faicte cy-
devant jamais senty chose qui m'aye si avant
touché au cueur : la première que je veoy
l'honneur de Dieu pris icy en prétexte et servir
d'umbre d'une des plus malheureuses et per-
nicieuses entreprises qui fut jamais faicte en
ce royaume, duquel j'ay receu tant d'honneur
que mille vyes vouldroys-je employer pour la
conservation d'iceluy, qui est celle des enfans
dont Dieu m'a faict la grâce d'estre mère;
l'autre que je veoy mon nom et ce que je
doys avoir aussi cher et plus que la vye, mis
eu dispute que je soys particippante d'une si
pitoyable chose que celle que je veoy dépendre
de l'intention de telz et si dangereulx person-
nages que les conducteurs d'icelle; lesquelz,
il fault que je croye, retiennent contre son
gré mon cousin le prince de Condé dedans
ladicte ville d'Orléans, pour donner plus d'auc-
torilé à leur faict; estant certaine, pour estre
du sang de ceste maison, il ne luy sçauroit
entrer en l'esprit et volunté de désirer réver-
sion de ceste couroune qu'ilz moustrenl assez
par les commancemens de leurs effectz avoir
entreprise. J'ay tenté tous moyens pour les
faire désarmer et séparer, et cherché tous
expédieus pour leur faire changer de volunté;
mais je y congnoys telle dureté et veoy tant
de venyn caché que je me suys délibérée (et à
mon très grand regret forcée) de mectre le
verd et le sec pour leur faire sentir et con-
guoistre que j'ay toute ma vye esté et seray
bien eslongnée de leur intelligence, et que la
doulceur dont j'ay usé cy-devant a plus esté
pour cuyder vaincre la maladye par gratieux
remèdes, que de toucher où je veoy que la
LETTRES DE CATH
nécessité cl leur malice et témérité ma con-
traincte, comme je feray à bon essient. Ayant
trouvé mon frère ie roy de Navarre et tous ces
princes et seigneurs qui sont icy si bien dis-
posez à servir le Roy mondict filz en cest en-
droit'! et conforter ma bonne intention, que
tant s'en fault que j'aye occasion de doubler
de leur volonté en mon endroict, qu'il n'y a
celuy qui ne m'aye de nouveau promis et
asseurée d'employer jusques à la dernière
goutte de son sang pour faire rendre à mon-
dict tilz L'obéissance qui luy est deue, et à moy
qui ay cest bonneur d'estre sa mère me main-
tenir en rauctorité et en la puissance que j'ay
en ce royaume, à laquelle aussi m'ont- ilz
tousjours bien faict congnoistre qu'ilz ne voul-
dront jamais toucher, chose dont à la vérité
je n'ay de ma vye doubté, qui est bien pour
combattre et dissiper la faulso imposture dont
les autres se couvrent, publyans que le Roy
mondict filz el moy sommes prisonniers; mais
si prisonniers y a, ce sont lesdicls princes et
seigneurs desquelz le Roy mondict filz et moy
tenons et les cueurs et les vyes si affectées au
bien de ceste couronne que je les veoy preslz
à les sacriffier pour la conservation d'icelle et
le service du Roy mondict filz envers lequel
ilz ne se monstrent pas ingratz des biens et
des honneurs qu'ilz ont receuz des Roys ses
père et grand père. Voyla, Monsieur de Li-
moges, Testât en quoy Dieu veult que nous
sovons de présent, qui changera bientost, si
lin plaisl; car j'ay parl'advis de mondict frère
le roy de Navarre, et le bon conseil desdicts
princes et seigneurs desjà donné tel ordre à
amasser forces, et assembler ce que j'estime
nécessaire pour ravoir l'obéissance et chastier
les mauvais que bientost vous orrez dire, si
Dieu plaist, qu'ilz auront changé aussi de
volunté, et que dedans et dehors on parlera
autre langage que l'on m'a faict par cy-devant
ERINE DE MÉDICIS.
295
des affaires de ce royaume, qui ont esté, comme
je sçay certainement, calomniez et interprétez
autrement qu'il n'appartenoit à ma sincère et
droicte intention. Comme je vous ay faicl sçavoir
pannes précédentes, j'avoys résolu de ra'ache-
nivner \ers lilovs après ceste feste de l'asques,
mais ceste descouverte conspiration m'a faicl
changer cest ad vis, ayant estimé qu'il falloil
commancer àasseurer ci'sli' ville et la uectoyer
de ceste vermyne, comme il a esté faict, el re-
garder aux remeddes nécessaires au mal dont
le demourant du royaume est affligé. Ce que
je désire que vous faictes très bien entendre
au Roy catholicque monsieur mon beau filz. à
ce que il sache la peyne et l'ennuy auquel
je suis, et touteffois non pas hors d'espé-
rance de veoir que, avant que d'en venir au
faict, ilz ne se recongnoissent, et que toutes
choses ne passent par la voye doulce et amyable,
synon j'ay les derniers remeddes bien pretz el
promplz à yapplicquer, dont il sçaura et vous
aussi bientost les nouvelles.
Au demourant, j'ay sceu par voz dernières
dépesches, tant de ce porteur que de Challair,
comme toutes choses sont par delà, et l'espé-
rance qu'il y a en la récompense de mondict
frère le roy de Navarre, que je veoys tousjours
de plus en plus désirant, espérant que l'arrivée
d'Almede1 par delà y apportera plus de facilité
que vous n'y en avez pensé jusques icy, dont
il me tarde que je ne sache des nouvelles, et
cependant vous prye y employer et faire tout
ce que vous pourrez comme pour la chose du
monde en quoy je désire autant le veoir con-
tant et moy aussi. Quant à l'entreveue, puysque
le Roy mon dict filz partira si tard pour les
court/, de Mousson, je ne puis espérer que ce
soit sitost que je vouldroys bien ; et pour cela ,
1 Yoy. uae lettre du roi de Navarre à l'évèque de Li-
moges, à la date du 11 avril, au sujet de la mission
d'Almeida. (Bilil. nat. fonds français, n" G6<j6, f° 2.)
29G
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
cneores que j'en aye singulière envye, je ne
laisseray de donner plus à loisir ordre à noz
affaires qui certainement ont aussi besoing de
quelque temps et aetendray ce que la como-
dilé en amènera. Vous ayant depuis quatre ou
cinq jours de'pesché le sieur de Sainct Sulpice
pour vous lever le siège, lequel je vous prye
bien instruyre et laisser adverty de tout ce que
vous congnoistrez appartenir au bien de noz
affaires, en manière que le regret que j'ay de
vous tirer de là en ceste saison ne soit aucune-
ment augmenté par faulte de la congnoissance
qu'il n'auroit pas encores de ce que y pourroit
survenir. Et remectant le surplus sur ce dict
porteur, je prye Dieu, Monsieur de Limoges,
vous donner ce que plus désirez. De Paris, le
xic jour d'avril 1 562.
Caterine.
De l'Aubespine.
1562. — 12 avril.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 66o5 , p. 8a.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, suivant ce que Lu-
laine présent porteur m'a dit de vostre part, je
vous envoie par luy une esmeraulde des belles
pour présenter de par moy à ma cousine la
duchesse d'Alve, non pour valleur de la pièce,
maiz pour tesmoignage de l'amitié que vous
la prierez de ma part s'asseurer trouver tous-
jours en moy et du plaisir que j'ay receu de
veoir l'affection qu'elle démonstre à la Royne
catolicque ma fille, que vous veoyezmieulx que
moy, estant sur le lieu comme vous estes, qui
sçaurez au demourant faire envers elle l'otlice
que jugerez y estre convenable pour la tenirtous-
jours en meilleure volunté. Priant Dieu, Mon-
sieur de Limoges, vous donner ce que désirez.
De Paris, le xnr d'avril i56a.
Caterine.
De l'Aubespine.
1562. — i5 avril.
Orig. Iîini. nat. fonds français, n° 31^8, f° lu.
A MONSIEUR DE IIUMIÈRES,
CEMILUOMME OntilKAUlB DE Là CHAMBRE DU BOY MONSIEUK MON NLZ
ET COUVBRNEUB HE PEBONNE.
Monsieur d'Humières, j'ay veu par la letre
que m'avez escriple du xm° de ce moys le
meurtre qui a esté faict à Péronne, du feu
baron deBanas1, et la façon dont la chose est
passée, qui m'a bien fort dépieu, et vous prye
que, suyvant la dilligence que avez encotn-
mancée pour faire prendre et apréhender ceulx
qui ont commis le dict meurtre, vous faicles
tout ce qui sera au monde possible pour en
saisir la justice et faire procéder à l'encontre
d'eulx, pour la pugnition d'un tel débet, ainsi
qu'il sera de raison. Pryanl Dieu, Monsieur
d'Humières, qu'il vous ayt en sa saincle garde.
Escript à Paris, le xv° jour d'apvril i56a.
Caterine.
Bourdin.
1562.— 16 avril.
Imprimé dans les Négociations sous François II , p. 880.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'é bien voleu que
tous les signeurs ayscripve au roy d'Espagne
de la fason que je souis pour respect de la
religion, non pour témoignage que je veulle,
ni devant Dieu ni les hommes, de ma fouys2
ni bonnes heuvres; mes, pour regart de nian-
terie que l'ons ha disles de moy et lé calonnie
que l'on m'a données. Car set Ions ha mandé
auparavent aultre chause que set que l'on
fayst asteure , l'on ha manti , car je n'ay changé ,
1 Nous trouvons bien en Picardie une famille de Bay-
nast représentée, à cette date, par Jean et Léon de Bay-
nast; mais nous n'avons pu rien découvrir sur le meurtre
dont se plaint la Reine.
■ Fouis, foi.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
29'
ny en néfayst, ni en volonté, ai en fason de
vivre, ma religion, qui! y a quarante et troys
hans auuit que je liens, et li\ (; aysté batisée
et nourrie, et je ne se' si tout ie monde en
peultdire aultent; et set je en suis marrye, ne
s'en fault aybayr, car set mensonge deure trop
lontemps pour ne s'en fascher à la fin ; et prin-
sipalemenl, quant l'on se sent la consiense
neste, \ l';i\st bien mal que seus qui ne l'ont
pas tent en parlent si hardiment. Monstre' sete
letre au duc d'Albe et au Roy monsieur mon
fils, car je ne voldrès qu'i pansaset que j'euse
mandié heun témoynage pour hestre alaye1
toutfe ma vye le droyt chemyn; mes je l'ay
iavst pour ne povoyr plus endeurer que l'on
me preste de charité' et que sela ferme la
bouche à seus que d'isi en uavent s'an vol-
droyst encore ayder et mestre tousjour pouine
de me aylongner de la bonne grase du Roy
monsieur mon fils, que je tien plus chère que
ma propre vie. Pour se assuré-me sy bien,
avent que partyés, que neul n'aye puisanse
de m'y deminuer, et diste à -la Royne ma
fille que s'ele veult fayre chause pour me fayre
vivre contente, quel lay2 mi y entertienne
et luy fase faire tousjour bon pour moy; que
je ne seré jeamès que set que j'é aysté jeuques
\ si . qui est crétienne catolique et point mante-
resse et qu'i le trouveré tousjour
ynsin. Set pourteurvous dira touttes nos nou-
velles y m'est serviteur et homme de
bven : vous le croire de set qui vous dira de
la part de
Caterine3.
i En tête.) Lettre de la Royne à Monsieur de
Lvnioges, du xvie d'avril i562.
1 Alaye , ait
2 Laij, le.
'' La copie de celle lettre est incorrecte: n'ayant pas
sous les yeux le texte original, nous n'avons pu la cor-
riger.
Catherine de Médicis. — i.
1 502. — l6 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n" 179S1.
A MESSIEURS COKiNET ET PASQUIER1.
Messieurs, vous verrez ce que le Roy mon-
sieur mon filz vous escript2 pour croistre la
levée de Suysses, pour laquelle vous estes de
ceste heure par de là, encores de cinq en-
seignes; si d'avanlure les seigneurs des Ligues
font difficulté de la vous laisser faire seulement
de xv enseignes, suyvant la charge qui vous en
a esté donnée, et vous veoyez que ceste diffi-
culté feust pour vous y aporter quelque lon-
geur ou retardement, ce qui est remis à vostre
discrétion pour en faire ainsy que cognoistrez
eslre pour le myeulx, car encores que nous
feussions byen ayses de n'avoir que les dictes
quinze enseignes, néaumoingtz pour l'impor-
tance et précipitation de l'affaire auquel nous
avons à nous en servir, il ne se fault arrester
à chose qui puisse relarder la dicte levée au
temps qui est porté par l'instruction qui en a
esté expédiée el ce que vous, sieur de Pasquier,
en avez bien particulièrement entendu à vostre
parlement. Quant au faict des deniers des pen-
sions et autres qui doibvent estre fourniz par de
là en ceste année, dont vous, Coignet, m'avez
escript de nouveau par vostre dernière lettre
du IXe, d'aultant que vous, sieur de Pasquier,
avez eu charge d'en parler au m° Aubrcch
et au trésorier en passant par Lyon, je faietz
compte que vous sçaurez , avant que ceste lettre
puisse estre à vous, ce que l'un et l'autre
vous en a donné d'asseurance, leur ayant esté
• Pasquier, à ce que <lil 'le Bèze, était" Dauphinois el
ancien clerc du greffe à Grenoble. (De Beze, IIisl. ecclés.,
édit. de Lille, i84j, I. Il, p. 5i.)
- La lettre de Charles IX précède celle-ci (même vo-
lume), el elle n'y ajoute rien. — Voy. une lettre du capi-
taine \\ ilhem Freuiich à Charles IX, datée de Soleure, le
1 •_> mai i ôt3 a. (Bibl. nat. fonds français, n" 15876, f 5.)
38
298
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
escript d'iry qu'ilz lacent telle diligence à la
dicte fourniture de deniers que le Roy mon-
sieur mon filz se puisse louer du service qu'il
aura receu d'eulx en cest endroict, et princi-
pallementpourle payement des dictes pensions
que nous avons lousjours désiré estre faict
avant le temps de la journée, allia de rendre
les diclz seigneurs des Ligues d'autant plus
traictables en ce que vous avez à négocier avec
eulx pour le faicl de la dicte levée, et il se fera
toute diligence pour vous faire avoir le surplus
de l'argent le plus tost que l'on pourra suyvant
les assignations que vous sçavez qui en ont
esté baillées; qui est tout ce qui s'en est peu
faire pour le myeulx, pryant Dieu, Messieurs,
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Paris, le xvi' jour d'avril i56a.
Catbbisb.
BoURDIN.
1562. — 16 avril.
Orig. Bibl. aat. fonds français, 11° 66o5, p. 83.
\ MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'ay esté bien eston-
née d'avoir veu par vostre dernière dépesche
la façon dont l'on a prins le voioge qu'a faict
Ramboillet en Allemaigne, lequel n'a esté eu-
treprins que pour visiter les princes noz ainys
avec lesquelz le roy d'Espaigne mon beau filz
ne doibt pas trouver estrange que nous ayons
amityé, et que nous soyons soigneulx de la
conserver et entretenir ; car nous avons esprouvé
combien elle nous est ulille et honorable, et
à toute occasion de plus en plus en sentirons
le fruict. Or en cela il me semble qu'il me
l'aict grand tort, me congnoissant comme il
faict, et sçaichant le désir que j'ay que ceste
amityé se conserve et maintienne perpétuelle-
ment , de enivre quej'aye consenty que homme
envoyé de la paît du Roy monsieur mon filz
ayt tenu les langaiges que l'on luy a rapportez.
Et pour luy en faire foy j'ay bien voullu luy
envoyer celluy mesure dont il est question, qui
à luy et à tout aultre pourra rendre compte de
ses actions si véritablement qu'il aura occa-
sion d'eu demeurer grandement satisfaicl. Je
vous prye, oultre ce qu'il en dira, faire bien
entendre au Roy mon beau filz l'ennuy que je
sens de ce qu'il a creu, ayant tant de certitude
qu'il a de ma vollunté et bonne intention. Et
ne faull poinct, Monsieur de Lymoges, que cela
retarde aulcunement la récompense de mon
frère le roy de Navarre; car ce seroyl vérita-
blement chercher une querelle d'Allemaigne
aussi mal fundée qu'il est possible; et pour
ceste cause je vous prye oster d'une part ceste
maulvaise impression, et de l'aultre continuer
en la bonne intention qu'il nous a donnée de
voulions faire quelque chose pour la récom-
pense du Roy moudict frère. Quant au faict
des Fiasques, c'est chose dont je ne sçay riens,
sinon que je croy qu'ilz poursuiveut, suivant
le traie té, d'estre remys en leurs biens et ne
demandent riens que l'observation du traicté;
de façon que y procédant de ceste sorte le Roy
mon beau filz ne doibt trouver estrange qu'ilz
cherchent tous les honnestes moyens qu'ilz
peulvent de retrouver leur bien. Je vouldroys
qu'au faict du conte de Pétillane1 et du navire
Le Chien ilz feussent aussi promptz à faire
raison à noz alliez et subgectz comme ilz sont
tardifz à ce faire, qui sera fin, priant Dieu,
Monsieur de Lymoges, vous avoir en sa saiuclc
et digne garde.
De Paris, ce xvie jour d'apvril 1 56a.
C.VTERIiSE.
PlOBERTET.
1 Voy. pour le comte de Pelillan, la note p. 479, et
une dépêche de l'évêque de Limoges. (Bibl. uat. fonds
français, n°tioi4, f° lia.)
LETTRES DE CATII
1562. — 20 avril.
Orig. Bibl. nnt. fonds français. n° i63a , f° ai.
\ MONSIEUR DE T\\ INNES,
MUT I>1 nov yONSUOR MON FILS IV (,or\ tr.M.UCNT DE BODBGOIKHE.
Monsieur de Tavanes,j'ay receu voz lectres
du \n' (!<■ ci' mois, cl entendu lestai en quoj
-mil les affaires de delà, tant par iceUes que
[par] ce que m'en a dict le s de S1 Vincent1;
et me desplaisl grandement que vostre gouver-
nement ne soyl quicte des troubles, non plus
que les aultres; si esse que je veoy qu'il y a
ung peu moins de mal, encores que aux aul-
tres: 1 e que je vous prie donner ordre d'anester
le mieulx qu'il vous sera possible par tous les
bous remeddes que vous pourrez adviser pour
éviter tous inconvéniens, tant du dedans que
du dehors, actendant que l'on ayt moyen d'y
mectre la main avecques plus de comodité. Et
quant à vostre pension , j'ay cômandé que vous
en soiez satisffaicl; maiz noz affaires sont pour
reste heure si urgens, que je y veoy plus de
longueur que je ne vouldrois; si esse qu'il y
9era posrvew, et vous eu rapportera vostre
homme bonnes nouvelles. Priant Dieu, Mon-
sieur de Tavanes, vous donner ce que désirez.
De Paris, le \\c jour d'avril i56q.
Caterixe.
De l'Abbespine. .
ER1NE DE MLDICIS. 299
tendu du sieur Jehan Guazzo1, trésorier de
madame la marquise de Mont ferra I2. lesgrande-
pertes qu'il a cy-devanl eues et souffertes à la
prise de Casai3, je vous aybien voulu escripre
la présente, el pour d'autant que ledil Guazzo
m'a este recommandé par aucuns de mes spé-
eiaulx serviteurs, ausquelz je désire l'ère plaisir
d'avoir eu bonne recommandation les biens et
maison d'icelu y Guazzo, et luy permeetfe souf-
frir et laisser joyr des semblables exemptions,
droietz et auctoritéz qu'il voulloit fère, lors
que le sieur de Salvoison4 tenoit \otre lieu, et
luy fère en ma faveur tous les plus homnestes
et gracieux traictemens que pourrez; ce fai-
sant, me ferez plaisir très agréable, priant le
Créateur, Monsieur de la Motte-Gondrin. vous
avoir en sa saincle garde. De Paris, ce xxvm
jour d'avril.
(1562.) — 38 avril.
Orig. Arrh. de Turin.
A MONSIEUR DE LA MOTTE-fJONDRIN.
Monsieur de la Motte-Gondrin2, aiant en-
1 La famille Dubois de Saint-Vincent était originaire
de Savoie où, dès le xv° siècle, elle tenait un rang dis-
tingué. Celui qui est cité dans cette lettre doit être An-
toine de Saint-Vincent, gouverneur d'Apt en 1 607, et
qui testa en 1 .".s,,.
- Biaise de Pardaillan, s' de La Molle-Gondrin. —
Vov. P. Anselme, t. IV, p. 1 86.
Gaterixe.
Rossignol.
1562. — 3o avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français. n° (7981.
A MESSIEURS COIGNET ET PASQLTER.
Messieurs, j'ay receu vostre dépesche du
XXIIe de ce moys par laquelle j'ay veu l'ache-
minement que vous avez donné au faict de la
levée pour laquelle a esté assignée la journée
au xxvir de ce dict moys, et ayant considéré ce
qui se proposoit de difficulté d'un costé el
d'espérance de l'aultre, je m'asseure que. avec
les saiges et prudens moyens que vous y avez
' Il y a dans le n' 3370 du fonds français plusieurs
lettres du cavalier Guazzo, dont une datée de Cnsal.
3 Marguerite Paléoldgue, fille de Guillaume Paléo-
logue, marquis de Monlferrat, morte en |566.
3 Voy. pour la prise de Casai la note de In page 9g
1 Jacques de Salvoison, d'une famille noble du Péri-
gord; il avait été, à ce que dit de Thou (livre XV), obligé
de s'enfuir en Italie pour un grand méfait. Brantôme lui
a consacré un article. — Voy. Brantôme, édil. de L. La-
lanne, t. IV, p. 93 et suiv.
•38.
300
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
employé, vous aurez obtenu ce que vous aviez
à demander pour le faict de la dicte levée el
que, s'il c'esl offert trop de contradiction à ne
prendre que w enseignes de Suysses pour le
moingfz, vous aurez accordé pour les vingt,
dont j'atensdes nouvelles etdanslroys ou quatre
jours et mesmes du jour que les cappitaiaes
auront arresté pour l'aire partir leurs soldatz
de leurs maisons et de celuy auquel ilz se de-
vront rendre à Dijon, qui est le lieu que nous
avons pris pour leur monstre comme le plus
propre el commode, puisque le passage nous
est ouvert et accordé par la Franche-Comté,
ainsy que je le vous mande dès l'heure par
courrier exprès. ('■'■ que j a\ plus à vous dire
est que Jehan Hier1, qui estoit allé à Lyon pour
faire fournir par le m° Aubrech les premiers
ii m L.. m'est venu retrouver depuys deux
jours, qui m'a asseuré que les dietz n' m. L. ont
sté délivrez en sa présence es mains du tréso-
rier des Ligues, lequel, comme j'estime, n'aura
l'ailly de vous en donner advis incontinant, el
là dessus vous aurez peu faire partir ceulx qui
vous ont accordé d'aller prendre leurs pensions
au dicl Lyon; car, estant les choses (elles (pie
le dicl Jehan Hier me l'asseuré, ilz ne sçaur-
ront plus trouver de faulte, longueur ny retar-
dement. Il y a jà long temps que les tréso-
riers onl faict partir l'argent tant pour les fiai z
de (ajournée que pour les avances, et ne puys
croyre qu'il ne vous soyt arrivé au uiesme
temps que vous nous avez faict rostre dicte
dépesche, el que de ceste heure vous ne vous
1 Jehan Hiei étail souvent employé par Catherine <l;ni~
des missions secrètes. Au muis de juin suivant nous le re-
trouvons à Strasbourg où il avait été envoyé pour agir
sur le maréchal de Hesse el empêcher l'entrée des
retires en France. — Voy. sa Iwire à la Reine (Bibl. nat.
fonds français, n" 16876, I" i56), el une lettre de lui
lél ible, au nom duquel il traita du prix de sa
in avei I" reitre Volpesl qui l'avait pris à Dreux
| Bilil. nat. fonds français, n" 3i 'i3, f° 101).
trouviez pourveuz de tout ce qui est nécessaire
pour l'un et pour l'aultre effecl. Je donnerav
ordre aussy que l'argent de la première monstre
des iliclz Suysses sera au dicl Dijon avant leur
arrivée, sachant combien il importe que, par
faulte de payement, ilz ne séjournent, ainsy
qu'il est souvent advenu par le passé, et estant
tout ce que j'ay pour reste heure de provision
à donner en cest affaire el que je vous puys
escrire, je prye Dieu , Messieurs, qu'il vous ayt
en sa saincle et digne garde. Escript à Paris,
le dernier jour d'avril i56a.
Caterine.
BoURDIX.
15(32. — 00 avril.
Copie. I!il'!. u.it. t'onJs français, n" 17981.
A MONSIEUR COIGNET,
AUBASSADKUn EN Sl'I^SE.
.Monsieur Coignel , oullre la lettre que
j'escris en commun à vous el au sieur de
Pasquier responsive à la vostre du xxne du
présent, j'ay encores en particulier à vous dire
que j'ay receu voz dépesches des 1111e, ix% xii' ,
xiii0 et xvme de cedict moys. Et quant à l'offre
que vous est venu faire ung certain gentil-
homme demeurant sur les limites des Ligues,
de nous faire fournir par certains capitaines
qu'il a en main jusques à quatre mil pistoliers
et dix mil hommes de pied, si nous en avons
affaire, vous le mercirez de son honneste offre
et de la démonstration qu'il laid en cela de
sa bonne volunlé en laquelle vous le prierez
de continuer; mais oullre que nous n'avons,
Dieu mercy, affaire de si grandes forces, nous
avons jà dépesebé celluy qui esl desjà allé faire
la levée de noz pistoliers, ci nous reste lanl
de vaillantz colonnelz el cappitaines pension-
naires à employer qu'il ne seroil pas raison-
11 il il' que nous en advancissions de nouveaulx
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
:!01
pour les laisser les derniers. Aussi, survenant
ung grand affaire, ne vouldrions nous pas né-
gliger riionneste offre que vous a faicl celluy
qui a parl<; à vous. Je ue me suys encores du
tout résolue de ce que je doibz acorder aux
Daruz pour le regard de leur préviliège, car
d'un costé je désire bien gratifier ceulx de
Basle en la requeste qu'ilz en ont par tant de
fovs l'aide; mais je considère d'aultre part que
ceste natiou là tire toutes choses en consé-
quence et faict d'une gracieuseté et honnesteté
une bien expresse obligation , et n'y a quanllion
aux Ligues qui ne prétende semblable grâce
pour ses combourgeoys et qui ne se sente
offencé, si l'on l'en refuse après en avoir gra-
tifié ung aultre. Touteffoys, c'est chose à quoy
j'adviseray avec plus de loysir pour y prandre
une dernière résolution. J'ay esté bien ayse
d'entendre la négotiation que vous avez en-
commancée avec troys des premiers du conseil
de Berne pour le faict de ceulx qui ont de-
niers au grand party de Lyon, car j'ay tous-
jours pensé que ceulx là qui sont gens gran-
dement observateurs des loix', ordonnances et
constitutions du pays, se monslreront beau-
coup plus traictables et raisonnables en cest
affaire que nulz aultres; et si vous acordez une
foys avec eulx, ce sera une conséquence poul-
ies aultres que l'on fera puys après beaucoup
plus aysément passer par le mesme accord et
party; faictes y selon vostre acoustumée dex-
térité et l'affection que je sçay que vous portez
au bien du service du Roy monsieur mon filz,
et prenez garde surtout à nous faire prolon-
ger le rembourcernent des cinquante mil escuz
deubz à ceulx de Solleurre dont est respon-
dante la conté de Neufchastel, de peur qu'il
n'en advienne quelque inconvénient; vous
aurez beau moyen de leur en faire payer la
censé1 sur les deux cens mil livres que a tou-
' La censé, la rente.
chez le trésorier des Ligues, ainsy que je vous
mande par mon autre lettre et que je pense
que vous y aurez desja pourveu. Pryant Dieu .
Monsieur Coignet, qu'il vous ayl en sa saincte
garde.
Escript à Paris*, le dernier jour d'avril
1 5 G 2 .
Caterine.
BoiRDIN.
(1562. — Fin avril.)
lut. Irck. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mou frère, j'é veu set que me mendé et ne
vous en puis asés remersier et vous prie panser
que n'an serons jeamès meconésant ni la mère
ni les enfans, et set Dyeu nous donne jeamès
repos et pays, je m'aseure le vous fayré en-
core mieulx conestre par ayfayst que je ne le
vous ayscrips ; et pour se que j'é dyst byen au
long à vos jeans mon aupinion, je ne vous en
fayré redyste et fayré fin, me recomendent à
vostre bonne grase; pryent Dyeu vous donner
au lient de bounheur et de contentement que
vous en désire
Vostre bonne seur,
Caterime.
1562. — (Fin avril.)
Aul. Arch. nat. collecl. Simancas, K, ï'io6, B. 16.
A M" MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon filz . ayent entendeu quelque
propos que l'on vous ha mendé que le sieur
de Remboullet1 avest tins en nAlaimaugne,
1 Le a5 avril 1 50a , l'ambassadeur Throckmorlon écri-
vait à la reine Elisabeth que Rambouillet était envoyé en
mission en Espajme. (Calendar of State papers, i56i-
î ~iC>->, p. 623.) Le i5 mai suivant, Rambouillet écrivait
de Madrid à Catherine : -rEncores qu'il y ayt desja neut
302
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
quant le Roj mon lils luy envoyé visiter lé
prinse de la Germanie1, lesquels sont si con-
trères au eomendement qu'il eut de nous et à
set qui leur lia dist que, pour l'amour que je
vous porte et envie que je ay de contineuer
l'amitié qui ayst entre noua et set royaume, je
le vous ay bien voleu envoyer, afin que par
lui-mesme Vostre Majesté en nantende la vé-
rité, et vous suplie penser que, eu set queauié^
de moyen de vous augmenter de amis et ser-
viteur, que je me employré toutle ma vie d'ausi
bon cour", corne pour mes attitrés enfans, et
non pour vous neuire ni fayre pratiques contre
Votre Majesté, laquele je ay prié croyre le
sieur de Ramboullet, présant pourteur, come
jours ((ne ja mus arrivé en ceste ville, je n'ay encores peu
avoir audience de Sa Majesté à cause de la maladie du
Prince, laquelle a été si extresme que l'on l'a tenu comme
pour mort, et le Roy son père pour ne luy veoir jetter le
dernier soupir s'en vint au monastère de S1 Hieronime,
qui esl à cinq quart de lieue de ceste ville. Depuys il a
commencé à s'amender et les médecins en ont eu meil-
leure espérance, et le Roy son père est retourné à Alcala
auprès de luy, où , si nous voyons qu'il y doibve rester,
nous faisons conte, Monsieur de Limoges et moy, de l'aier
trouver incontinent.^ ( Bibl. nat. fonds français, n° 1 5876,
f° 49). — \'oy. la lettre de Charles IX à Philippe II, dont
était porteur Rambouillet, pour répondre aux calomnies
répandues sur la précédente mission de Rambouillet en
Allemagne (Arch. nat. collect. Simancas, K, 1696,
n° a3); Lettre de Saint-Sulpice à Catherine de Mé-
dicis dans le n" 15876 du fonds français, P 78. Dans une
lettre de l'évèque de Limoges à Catherine ( même volume ,
f° 88), nous lisons : ti que le roi d'Espagne a tenu le
sr de Rambouillet plus que deschargé des propos qu'on lui
avoit mis sus". — Voy. encore une lettre de Rambouillet
à Catherine, datée de Madrid, le i5 mai i56a (même
volume, f ' 4a ), et la réponse de Philippe II, en date du
19 mai i5l):>, aux lettres apportées par Rambouillet
(Arch. nat. collect. Simancas, K, i4t)6, uM 77 et 79).
C'est au mois de décembre 1 56 1 que Rambouillet
avait été envoyé en Allemagne. — Voy. une dépèche
de Throckmorton à la reine Elisabeth dans le Calendar
apers, 1 56 1-1 56a, p. 43i.
cœur.
moy-mesme de set qu'il vous dire de la pari
de
Vostre bonne seur et mère,
CaTEBINB.
(1562.— Mai.)
Aut. Areb. de Turin.
V MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, Lambert qui s'en vé vovr *a
femme , je ne l'é voleu léser qui souyt parly
san que je vous aye fayst set mot pour vous
mersier de set que Dalbene ] m'a dyst de votre
part, set j'ouse beu à fayre; de quoy je vous
en ay le mesme aublygation que set l'aucasion
sel l'eut présentée de vous employer, etmestré
pouyne en teultes les chauses qui vous tou-
[ cheront vous fayre conestre que n'an seré yn-
grale, come j'espère que mes aylects vous
lémoyront'2, et il m'a ausi dyst sel que avés
délybéré d'envoyer ver le Roy monsieur mon
beau fyls, que je trove fort bon et vodrès que
déjea la réponse eu feut veneue pour vous
fayre conestre par ayfayst set que je vous dys
par ayscript; mes en natendent je vous priré
croyre que n'y are jeamès personne qui désire
plulx votre contentement que Payai
Votre bonne seur,
Caterine.
1562. — (Mai.)
Miaule. Bibl. nal. fonds français, n* 15876, f' 8.
VI X OFFICIERS DE LA ROCHELLE.
Messieurs, puisque le malheur de noslre
temps a voulu que les troubles et divisions qui
sont, à mon très grand regret, en ce royaume
soient advenuz, il me semble eslre plus de
1 Alhisse d'Elbene.
Témoyronl, témoigneront.
.ETTRES DE CATHERINE UE MÉDICIS.
303
besoin;; que jamays que les bons et loyaulx
subgectz du Ro} monsieur mon filz travaillent
à taire preuve de leur fidélité el obéissance et
employent leurs volontez à la manutention de
son authorité el le assistent de leurs biens et
fortune; el pour ce qu'il n'y a lieu plus pé-
rilleux durant ces dilz troubles «pie voslre ville
pourestre au lieu où elle est, el anviée peult-
estre de nos voisins, je vous prie vouloyr veiller
à vostre seureté, comme peur vous-niesmes
et en ceste saison tesmoigner vostre bonne et
grande volunté, a (fin que ce soyt une occasion
au Roy monsieur mon filz de vous bien traicter,
ainsi que vos services le mériteront; à quoy
de ma part je liendray tousjours la main; et à
présent je prie Dieu, Messieurs, vous avoyr en
sa sa in de et digne garde.
De Paris, re jour de mai 1062.
(1562. — Mai I
lut Arch. nal. collect. Siraancas, K, 1696, B. ja°.
A M" MON FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils, ayent entendeu par
l'évesque de Limoge Fhauneste et grant offre1
qui vous plest fayre au Roy vostre frère et à
moy à nosfre grant besouin, n'é voleu l'allir
par la présante, beultre sel que an ay com-
mendé au dist évesque mersier2 V. M., come
mérite l'oubligafion en laquele nousmetés, de
\o\i- come désirés nostre conservation, laquele
seré tousjour pour asarder tous que je auré
moyen pour voslre grandeur et servise; set
que vous suplie croyre, come se s'étoyt l'Inpé-
ratrise3 propre que le vous dist, car je n'é
moyndre volonté à vostre grandeur et servise
qu'eî auret, si ayle ayloit en vye; el pour
mieulx et plustot nous mètre aur de ses trou-
1 Philippe II avait offert des troupes à Charles IX-
1 Mortier, remercier.
Isabelle île Portugal.
blés, j'é disl à vostre embasadeur set que désire
pour nostre scconr, et an ay aycripl au dit
ayvesque de Limoge, qui seré cause que ne
l'annuiré de plus longue letre, après avoir
suplié V. M. tenir en vostre bonne grase.
come mérite l'amour que vous porte
Vostre bonne mère et affectionnée seui
Caterinj .
( An bas. ) Reçue le 20 mai.
I 1562.— Mai.)
Aul. Arch. île Turin.
A MADAME MA SFXP,
MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, le sieur du Bouchel1 présanl pour
leur vous dyré si au long de nous novelles
que ne vous fayré longue lelre, seulement vous
dyré que le fayst de Monsieur de Nemours2
ayst acomodé et m'an seuis remise à tous ses
signeurs, voyent Paublygatyon qu'il ont tous
au père, je m'aseure qu'i ne voldrel rien eon-
seller au fils qui ly feul préjoudisiable à son
bauneur; et asleure que le roy de Navarre ayst
ausi conlent, je croy qu'i le fayronl venir. Je
vous suplye, Madame, n'ayés pas lent (!<• regrel
en voire fils que n'ayës envie de voyr votre
seurqui n'a àultre joye que panser avoyr I heur
et bauneur de vous voyr bientôt, sel nue je
vous suplye très humblement et me lenyr en
votre bonne grase loulte ma vye, come le mé-
rite l'amour que vous porte
Votre 1res humble é très hobéisante seur,
CATEniM).
1 François du Bouchet, qui devint lieutenant généra!
de Bretagne sous le duc de Montpensier.
A la date du •• mai, !•■ duc de Vnmur- idail eucun-
en Savoie. — Voy. une dépêche de Throckmorton , <l iu-
le Calendar oj State papi p. 3.
304
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
(1562. — Mai.)
Aut. Arch. lie Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous nous faystes tousjour co-
noystre, de plus en plus, l'amytié que nous
portés, corne l'avons coneu par la dépesehe que
nous havés fayste par Bouivin, présant pour-
teur, et cet que lui avés comendé nous dire;
à quoy ne sarès fayre aultre réponse par la
présante que de vous en remersier byen fort
et me remetre sur ce que luy ay donné cherge
vous dire de ma part ausi touchant vos afayres,
lesquels, je vous prie, panser que je auré
tousjours en tele recomandalion que conoystrés
que c'el eun dé plus grents plésir que puise
avoir de vous satisfayre, corne en tout cet que
aura de moyen vous fayra conoystre
Votre bonne seur,
Caterine.
1562. — Mai.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 15876, fJ 29.
\ MONSIEUR LE COMTE DE TENDE.
Mon cousin, vous verrez par la letre que le
Rov monsieur mon fîlz vous escript comme
il désire que le veniez incontinent trouver; ce
dont je vous prie pour le besoing qu'il en est
pour le bien de sou service et que présen-
tement vous ordonniez à mon cousin vostre
filz ce qu'il aura à faire durant vostre absence,
à ce qu'il n'advienne aucun inconvénient en
ce pays, et m'asseurant que n'y ferez faulte,
je prieray Dieu, mon cousin, vous avoyr en
sa saincte et digne garde l.
De Paris, ce jour de may i562.
(Au dos.) A Messieurs les contes de Tende
1 De violents dissentiments s'élaient élevés entre le
et de Sommerive , du
1 56a.
■ . jour de may
1562. — Mai.
Minute. Bibl. uat. fonds français, n° 15876, f° 30.
A M» LE COMTE DE SOMMERIVE.
Mon cousin , pour ce que le Roy monsieur
mon filz a advisé de mander mon cousin le
conte de Tende vostre père pour aucunes
choses qui concernent son service et que, à
présent et durant son absence, il luy escript
vous laisser par delà, je vous prie faire du
mieux que vous pourrez pour empescher qu'il
n'y arrive inconvénient et que ce pays demeure
en plus de repoz et de tranquillité qu'il sera
comte de Tende, gouverneur de Provence, et son fils, le
comte de Sommerive; le comte de Tende écrivait à la
Reine, dans ce même mois, pour se plaindre d'une levée
d'hommes d'armes faite par son fils : «les réformés lui
ont faict entendre que cette levée n'est pour autre occa-
sion que pour les tailler en piècesi ;il a remontré à son
fils que ce serait l'occasion de grands désordres; celui-ci
lui a répondu (tqu'il sçavoit bien ce qu'il faisoit et qu'il
ne le faisoit point sans avoir des ordres du Rois ; il craint
que les gens qui sont avec lui n'en viennent aux mains
avec ceux de son fils; il s'est retiré, coupant tous les ponts
derrière lui. ( Bibl. nat. fonds franc. n° 15876, f° 43.) De
son côté, le comte de Sommerive écrivait à son père qu'il
avait reçu ordre du Roi de le retirer des mains des mal-
heureux qui le retenaient prisonnier. (Bibl. nat. fonds
franc, n" 10876, t° 100.) Le 20 mai i56a, le comte de
Tende licencia ses troupes (même volume, f 80); plus
lard, il se relira auprès du duc de Savoie, et le sieur
de Gordes, en allant voir ce prince à Nice, écrhait
au maréchal François de Montmorency, le 1" février
i563: «Je me mesle mal volontiers entre père et filz,
loutefovs pour les accomoder je n'y espargnerey ce qui sera
en mon pouvoyr, délibérant de mectre soubz le pied lout
ce qu'ilz me dyront quy pourra les tenir en différent, et
mectre en avant ce qui les pourra mectre d'accord. Bien
suis-je esbéy comment l'on pense que ceulï qu'on y em-
ployé à ceste heure puissent fayre ce que M. le maréchal
de Vieilleville n'a faict." (Bibl. nal. fonds franc. n°ao5o7,
T 1 65.) — Voy. Lettre du comte de Tende au connétable,
du 2 5 novembre 1 563 , pour se plaindre de ce que son
lils lui a fait piller ses meubles (ibid. n" 32Ù3, f 65).
LETTRES DE CATH
possible, et ce sera chose que lui ferez agréable;
priant Dieu, mon cousin, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
De Paris, ce jour de may i562.
(Au dos.) A Messieurs ies contes de Tende
et de Sommerive du jour de may i562.
1562. — i'r mai.
Imprimé tlaus les Mnnoires pour le Cvucile de Trente, p. 1S0.
A MONSIEUR DE LAN SAC.
Monsieur de Lansac,mon autre lettre estant
jà signée, et le pacquet prest à fermer, j'ai
receu la vostre du vingt cinquième du passé,
par laquelle j'ai esté bien aise d'entendre le
progrez de vostre voyage, et que, après avoir
pris quelques médecines pour pourvoir à la
confirmation de vostre santé, qui est ce que
je vous veux recommander sur toutes choses,
vous vous soyez acheminé vers Monsieur et
Madame de Savoye, et de là à Milan, en atten-
dant l'arrivée de vos collègues, que j'ai donné
charge à ce porteur de haster s'il les trouve
par les chemins, afin que, s'il est au monde
possible, vous vous rendiez avec eux ou celui
d'eux deux qui sera le plus portatif à Trente,
au temps et pour les causes que je vous mande
par mon autre lettre, a.yant trouvé la dépesche
que vous y avez faite par l'un de vos gens fort
à propos; et n'y aura point de mal si vos
santez ou les diflîcultez et longueurs des che-
mins ne vous permettent de vous y rendre si
tost, que vous y fassiez une seconde recharge,
d'autant que j'estime que les pères vous sça-
chans si avant acheminez ne se monstreront
si difficiles, qu'ils ne veuillent bien donner
quelques jours pour vous attendre, et ne vous
faire perdre la commodité de leur prochaine
session; vous voulant bien avertir, Monsieur
de Lanssac, qu'estant venu en cette cour mon
Catherine de Médicis. — i.
ERIiNE DE MEDIGIS. 305
cousin le prince de Mantoue1, il m'a l'ail en-
tendre qu'il a sceu par le moyen de mon cou-
sin le cardinal de Mantoue son oncle2, qu'es-
tanl le marquis de Pescaire arrivé à Trente
pour y tenir le lieu d'ambassadeur du Ro\
catholique des Espagnes mon beau-fils, après
avoir fait sa proposition et harangue, et avoir
esté receu par les pères, a, entre autres choses,
passé jusque là que d'avoir dit et déclaré à
mon dit cousin le cardinal de Mantoue qu'il
entendoit précéder l'ambassadeur du Roy mon-
sieur mon fils, et avoir le premier siège près
celui de l'Empereur, ou par amour ou par
force, et que mon dit cousin le cardinal de
Mantoue lui répondit que ce n'estoit pas la
façon dont il falloit procéder en telles choses .
et qu'il croiroil ce qui en serait dit en bonne
et notable compagnie. Montrant mon dit cousin
le cardinal de Mantoue la faveur qu'il vouloil
prester à la justice de la cause du Roy mon
dil sieur et fils, et ce qu'il lui porte en parti-
culier de bonne et louable affection; chose
dont je désire que vous le merciez de la part
du Roy mon dil sieur et fils et de la mienne;
et quant à la dite précédence, vous sçavez ce
qui vous en fut dil à vostre parlement, et ce
qui en est porté par vostre instruction3, la-
quelle vous suivrez entièrement, sans permettre
que, pour quelque respect que ce soit, l'on
révoque à présent en doute, dispute ou diffi-
culté, une chose qui est de si long-temps et
si méritoirement acquise à ceste couronne, et
de laquelle l'on a toujours jouy sans aucnn
contredit ny empesshement. Et sur ce, Mon-
1 Louis de Gonzague.
- Hercule de Gonzague, Gis de François II, duc de
Mantoue, né en i5o5. Durant la minorité doses neveux,
il gouverna seize ans leurs États; nommé par le pape
Pie IV son premier légat au concile de Trente, il mou-
rut après la pemière session, le 2 mars i 563.
3 Voy. les instructions données à Lansac dans les Mé-
moires pour le concile de Trente, p. J 68.
39
306
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
sieur de Lanssac, je vais prier Dieu qu'il vous
;iil en sa sainte garde.
Caterine.
1562. — 3 mai.
Orig. Arcli. de Lyon.
\ MONSIEUR DE MAUGIRON.
Monsieur de Maugirou, vous verrez par les
lettres que le Roy monsieur mon filz vous
escript, comme s'étant présente' l'occasion de
vous faire du bien et de l'honneur, l'on ne
vous a poinct oublyé, vous ayant choisy pour
estre lieutenant au gouvernement de Dau-
phine', après avoir entendu la cruelle mort du
l'eu sieur de la Mothe-Gondrin l. Et, pour ceste
cause, je vous prye de regarder, par tous les
moyens qui vous seront possibles, d'appaiser
toutes ces esmotions, qui sont maintenant par
delà, soit par la voye de doulceur ou de force,
et tout ainsi que le dit seigneur Roy mon filz
vous mande par sa dicte lettre, sur laquelle
me remectant, je prye Dieu, Monsieur de Mau-
girou, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Paris, le m™ de may i562.
Caterine.
Robertet.
1562. — 5 mai.
Orig. Bibl. liai, fonds français, n° &63a , f° 95.
A MONSIEUR DE TAVANNES.
MEUTESANT DD BOT MONSIEUR MO» FILS Al! GOUVERNEMENT DE BOURCOGNE.
Monsieur de Tavannes, par ce que le Roy
1 Biaise de Pardaillan, sr de La Mothe-Gondrin, pris
et massacré à Valence le 27 avril i56a. — Voy. Cliorier,
Hiit. du Dauphiné; Lettre imprimée du baron des Adrets
à Catherine de Médiras, sur la mort de La Mothe-Gon-
drin (Bibl. nat. fonds Fontanien, 3oi-3oa); Gravure
représentant la mort de La Mollie-Gondrin, dans le re-
cueil de Tortoret et Perussin; Mémoires de Cnndé, édit.
de i7i3,t. [H, p. 344.
monsieur mon filz vous escript, vous enten-
diez qu'il a1, comme aussi il en est besoing,
que vous vous retiriez incontinent en la ville
de Chalon sur Saonne, pour la tenir en la seu-
retté qu'il appartient et pourveoir aux autres
places, ainsi que verrez qu'il sera besoing,
laissant vostre frère 2 dedans Dijon pour, en
vostre absence, y donner ordre, h as tant aussi
tant que vous pourrez la levée des hommes,
dont il vous a esté dernièrement escript, dont
le paiement a esté despesché et le trésorier
parly ; vous priant eu tout et par tout faire dil-
ligence, car vous ne la sçauriez emploier en
service plus nécessaire. Priant Dieu, Monsieur
de Tavannes, vous donner ce que désirez. De
Paris, le cinquiesme de may i562.
Caterine.
De l'Aurespine.
I 562. — 7 mai.
Minute. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. t8, f° 88.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je suys merveilleu-
sement marrye de veoir les troubles et divi-
sions qui sont , à mon très grand regrect, en ce
pauvre royaulme pour la ruyne et désolation
dont ilz nous menassent; mays je suys bien
fort ayse aussi, puisque Dieu les veult per-
meclre, d'esprouver en une telle saison l'effect
de l'amityé et bienveuillance du Roy mon
beau-filz et congnoistre par expérience que je
ne me suys trompée de ce que je m'en suys
tousjours promys, dont j'ay en nostre calamité
le contentement que poulvez penser et ferme
asseurance que, passant le mal en pys, et ve-
nant à la nécessité d'esprouver la foy et l'amityé
de noz voysins, son alliance ne nous sera
1 Qu'il a. Il y a ici un mol oublié qui devait avoir le
sens de désir ou de volonté.
-' Guillaume de Saulx, s' de Villefrancon.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
307
poincl peu fructueuse. Vous l'en remercirez
donc de la pari du Roy monsieur mon filz et
de moy, aultant que vous sçavez que nous
avons obligation de ce faire el puysque la né-
cessité nous contrainct pour la conservation de
ce royaulme el l'entreténemenl de cest Estai
recourir à l'ayde d'aulcun prince, tout ainsi
qu'il tient après le Roy moD filz le premier
rang en ma vollunlé, c'est aussi le premier à
qui nous aurons le principal recours. L'ambas-
sadeur du Moy mon bon lilz a réitéré les
mesmes offres que vous a laictes le dict Roy
son maistre, et sur cela nous lui avons de-
mandé le secours de dix mille hommes de pied
et troys mille chevaulx, comme vous verez par
la letre que le Roy mon dicl filz vous escript1.
En cela \ousy ferez du mieulx que vous pourrez
el mecterez peyne, avant que partir, d'en avoir
la résollution, de laquelle vous nous advertirez
incontinent, pour sçavoirce que nous en pour-
rons espérer, pouvant asseurer le Roy mon-
sieur mon dicl beau-filz qu'il ne sera jamays
que je ne me souvienne et n'entretienne le Roy
monsieur mon filz eu la souvenance de l'obli-
gation qu'il lny a et de l'amour et bonne vo-
lunté qu'il luy doibt perpétuellement porter;
qui est tout ce que je vous diray, priant Dieu,
Monsieur de Lymoges, vous avoir en sa sainte
et digne garde.
De Paris, ce jour de mai i562.
(Au dos.)La Royne à Monsieur de Lymoges,
du vif jour de may i562.
1 Dans la minute on a effacé cette phrase : «Quant à
moy je trouve merveilleusement bon le secours de la
bourse et aymerois beaucoup mieulx que nous eussions
l'argent pour lever les hommes à noslre volluntc que les
hommes. » — Voy. une lettre de Charles IX au comte de
Orthe, gouverneur de Bayonne, où il parle du secours
offert par le roi d'Kspagne. (Bibl. nat. fonds français,
a° 10871;, '"7-)
1 562. — 8 mai.
Miaule. Bibl. ont. fonds français. 11e' 1 5S76 , f 11
AUX CAPPITOULZ DE THOULOUZE.
Messieurs, les inconvéniens que nous avons
veu advenir en beaucoup de villes de ce
royaume ont esté cause que le Roj monsieur
mon filz a advisé de vous envoyer le sieur de
Négreplisse ', gentilhomme ordinaire de sa
chambre, pour commissaire en vos villes el
pourveoyr à vostre seureté, laquelle luy esl
si chère pour la dévotion et fidélité qu'il a
tousjours congneue en vous, qu'il n'espargnera
jamays riens pour icelle. Je vous prie, de vostre
part , de vous y employer comme pour vous-
mesmes, oultrelebien du service du Roy mon
dit filz, el je prye Dieu, Messieurs, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
De Paris, ce jour de may i56a.
(Au dos.) Le vin0 jour de may 1 56a.
1562.— 8 mai.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" 15876, f" ai.
A MONSIEUR DE BURTE*.
Monsieur de Rurye, ce que nous avons en-
tendu par ce' porteur du mal qui est par delà
a esté cause que nous vous l'avons voulu ren-
voyer en toutte dilligence, affin qu'il vous face
entendre sur cela nostre intention, et vous
rende compte de l'estat en quoy nous sommes.
qui est tel qu'unne partie de l'effecl de tout ct'c\
deppend de vous aultres, d'aullanl qu'estanl
1 Louis de Carmain, sieur de Négrepelisse , Gis d'An-
toine de Carmain el de Françoise d'Aure d'Aster.
2 Voy. l'instruction adressée par Charles IX à Burie et
Monluc (8 mai i56a); il leur annonce, pour les encou-
rager à la résistance, l'arrivée en Guyenne de Caudale,
de d'Aussun , de Biron et de Négrepelisse. ( Bibl. nat. fonds
français, n° 1 587G , f" 16 et suiv.)
39.
308
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
la Guvenue le lieu de ce royaume, dont ceulx
qui sont à Orléans actendent plus de services,
si vous leur en ostez le moyen en les empes-
chaut . ce ne sera point faict peu de service au
Roy monsieur mon filz et à tout ce royaume.
Je m'asseure qu'il ne tiendra poinct à vous
que cela ne se face; et pour ce qu'il vous dira
amplement de nos nouvelles je ne vous eu diray
riens davantaige présentement. Priant Dieu,
Monsieur de Burye, vous avoir eu sa saincte et
digne garde.
De Paris, ce jour de may i 062 '.
(Au dos.) La Royne à Messieurs de Burye
et de Monluc, du vine jour de may 1.062.
1562. — 9 mai.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 15876, f* 37.
A MONSIEUR DE MARTIGUES.
Mon cousin, Molart vous porte la lectreque
je vous ay escripte pour vous faire entendre
le don selon qu'il a pieu au Roy 2 monsieur
mon filz vous faire, à ma requeste, de la moic-
tié de la compaignie du feu le mareschal de
Thermes3; par la dicte lectre je vous escripvois
1 Pareille lettre fut adressée à Monluc avec cette seule
variante : « Quant à ce qu'il m'a dit de vostre part , encores
que je me soye tousjours asseurée de vostre bonne volunté ,
si est-ce que ce m'a esté plaisir de l'entendre et pour ce
croyez que j'ay en cecy tant de Gance que , s'il advenoit
que j'eusse iesoing de m'en servir, vous seriez tousjours
des premiers que j'employrois à me rassurer. A ous vous
asseurerez que, se présentant quelque bonne occasion de
le récompenser, je n'oublieray jamays voz bons services
et voz mérites. Priant Dieu, Monsieur de Monluc, vous
avovr eu sa saincte et digne garde. De Paris, ce
jour de may i56a. (Bibl. nat. fonds français, n° 15876,
P4.) — Voy. la minute de la lettre du Roi à Monluc
(même volume, f 18).
: Voy. œtte lettre de Charles IX dans le n" 15876 du
fonds français, f 60.
1 Paul de la Barthe, seigneur de Termes, maréchal
pourveoir Boisjourdan, nepveu du dicl sieur
mareschal, du guydon; mais ayant entendu
que Buron de Thermes, bastard du dict mares-
chal, l'a et qu'il est tombé à vous, le sr de Bois-
jourdan estant tombé compaignon au sr d'Es-
cars qui a eu faultre moictié, je n'ai voulu
faillir de vous escrire en faveur du jeune Bois-
jourdan par ce porteur pour vous prier de lui
bailler, en ma faveur, vostre compaignie; c'est
ung houueste gentilhomme qui, j'estime, vous
sçaura bien et dignement servir et dont vous
aurez contentement; et oultre cella vous ferez
chose que j'auray fort agréable; priant Dieu,
mon cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde. De Paris, ce jour de may 1 062.
(Au dos.) A Mr de Martigues, du ixe jour de
mai i562.
1562. — 9 mai.
Copie. Bibl. nat. fonds français, na 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Monsieur Coignet, la responceque vous faict
le Roy monsieur mon filz l est si ample qu'il
ne me reste riens à vous dire davantaige sur
ce que vous nous avez escript du dernier du
passé, synon que, s'il se faict quelque accord,
comme je y travaille sans cesse, je ne fauldray
de vous en advertir en toute diligence et suys
bien marrye que ce ne peult estre dès à pré-
sent. Toutefibys, affin que choses de si grande
importance ne voysenl pas trop à la longue,
diligentez le plus qu'il vous sera possible l'ac-
cord de la levée, pour laquelle, si elle n'est
de France (1557), né à Couserans(Ariége). mort à Paris,
le 6 mai i56a. Après avoir pris part à ta bataille de
Cérisoles (i5&A), remplacé Montalembert en Ecosse
(i5ig), défendu Parme contre les Impériaux (i55i), il
fut défait par le comte d'Egmont à Gravelines (155g),
où il fut fait prisonnier.
1 Voy. cette lettre dans le n" 17981 du fonds français:
elle précède celle-ci.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
309
que de quinze enseignes, le trésorier de l'ex-
traordinaire aura receu quinze cens escus plus
qu'il ne luy faull pour l'advance à bailler ung
escu pour homme; niais cela luy sera rabatu
sur ses aultres assignations; pryanl Dieu, Mon-
sieur Coignet, qu'il vous ayl en sa saincte
garde. Escripl à Paris, le i\ jour de may i5G2.
En signant reste tertre l'on m'a adwrly que
par le traie té d'alliance nous ne sommes point
tenuz d'actendre une seconde journée, quant
il est question de demander une levée, et que,
après avoir proposé nostre demande en la pre-
mière, l'on peult lever dès le lendemain sans
acteridre le consentement des seigneurs des
Ligues. Sy ainsy estoit, je trouveroys bien
eslrange la remise que vous auriez permise en
cesl endroict, et pour ce mendez moy comme
il en va.
Caterine.
Rourdin.
1562. — 9 mai.
Copie. Bihl. nat. fonds lîrienne, n" ao5, f° AA5.
Copie fonds français, n" 6630, f° ada.
I MON COUSIN
LE PRINCE DE CONDÉ '.
Mou cousin , si vous avez bien considéré la
responce qui vous a esté faicte au mémoire 2
qu'envoyastes dernièrement par l'abbé de Saiuct
Jehan3, présent porteur, vous trouverez asseuré-
nient que le Roy monsieur mon filz et moy
faisons assez claire déclaration que nostre in-
tention n'est poinct de commander à mes cou-
sins les duez de Guise, counestable, et mares-
1 En tète, on lit : n L'intention de la Reine n'est pas
que Messieurs de Guise, connétable, et maréchal de Saint-
\inlré, partent de la cour.»
! Voy. ce mémoire, daté du a mai, dans le n° 66ao
du fonds français, p. 189 et suiv., et la lettre de Condé
à la Reine, ibid. n° 15876, f ia5.
3 Jliron, abbé de Saint-Jehan de Laon.
chai de Sainct André de partir d'icy ei que
d'eulx mesmes par une petite requeste1 ilz
nous firent l'offre qui y est contenue, laquelle
je ne pouvois raieulx vous représenter que de
la y faire coucher de mot à mot; sy relia nous
faict dire qu'ilz nous font signer les despesrhe*
après qu'ilz les uni faictes, je vous laisse à
penser s'il \ a apparence; mais je vous asseu-
reray bien que c'est le dernier escripl qu'ilz
ont jamais présenté au Roy mon dict sieur et
filz et à moy aussy, cl que la requeste, dont
vous dictes, mon cousin, avoir eu une eoppie,
nous l'avions auparavant eue et beaucoup de-
vant qu'il ne se resollust auculne chose de la
dicte responce que vous jugerez bien aussy n'y
eslre aucunement en manière que ce soit
fondée; el n'ont pas accoustumé les princes
reffuser ce que leurs subjeetz leur présentent,
dont ils prennent ce que leur semble utille,
nécessaire et à propos, comme nous avons
faict de la dicte responce; qui nie faict vous
prier, mon cousin, ne vous amuser pas à
petittes choses et croire que de là où je seray
il ne partira riens pour leur regard où je pence
scrupulle, ne double. De Paris, ce \\" jour du
moys de may mil cinq cens soixante deux.
1562. — 9 mai.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n» 66o5, f' 88.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLIQUE.
Madame ma fille, je ne vous puis dire asés
le contentement que j'é reseu de voyr la bonne
volunté que le Roy vostre mari nous porte et
de l'aufre qu'il nous faysl qui est si grant et
bon que je vous aseure que en tous mes inaulx,
qui ne sont pas petis, je n'ay heu plus de re-
1 Voy. cette requête dans les Mémoire» de Condé (édit.
de 17^3), t. III, p. 388, et la réponse du prince de Condé
à cette requête {ibid. p. 3 'i •">_).
310
LETTRES DE CATH
confort que de conestre, par set que m'escript
l'évesque de Limoge cornent je me puis aseurer
de sa bonne grase, en iaquele je vous prie me
contineuer et empescher que neule menterie
que Ton lui mende d'isi de moy ne m'an puise
etlongner; car je vous aseure que tout set que
l'on se peult aviser pour me fayre hayr l'on le
dist à son embasadeur, pour l'anvie que l'ons
ha de me fayre mal, et pansant que, tent qui
m'aymere',qu'ine le endeureret; car jeuques à
dire dé chause que ne vous ouse ayscripre
pour le soupeson que Tons ha que je l'ayme
trop et pour sete aucasion trover de' chause
à quoy ne pense's jeamès, pour m'auller de sa
bonne grase, corne je an ne' diste d'augueune1
à Seint-Seuplise et à Rambeullet; et demandé
leur, afin qu'i ne se oublye de le vous dire; et
encore depuis leur parlement y m'est veneu
beaucop de chause à ma conèsanse, qui me
fayst conestre que tout set que l'on fayst d'eun
coûté et d'aultre set n'ayst que enbision et
envie de governer et m'aulter la puisanse que
je ay, laquelle je métré pouine de conserver
pour la conservation de mes enfans et pour la
enployer pour le servise de vostre bon signeur
et mari, s'il avest à fayre; et ma fille ma
mye, aseuré le et luy dystes que je ne le puis
asés remésier de set qu'i fayst pour nous; qui
me fayst vous prier m'i ayder et l'aseurer de
moy comme de vous, et je prye Dieu vous
donner à tous deus aultent de heur et de féli-
sité que vous en désire
Vostre bonne mère,
Catbrjnb.
1562. — 9 mai.
Copie d'aut. Bibl. nat. fonds français, n" 6620, f° ao3.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, il seufit que avés
1 D'augueune, d'aucune.
ER1NE DE MÉDICIS.
mendé au Roy mon fils de l'ofre que vous ha
comendé le Roy son bon frère de luy fayre de
sa part et à moy ausi, et pour ne savoyr asés
à mon gré l'en remersier; qui me fayst, oultre
toutes les autres letres, vous ayscripre la pré-
sente de ma mayn, afin que n'oublié rien de
set que m'aseure que saurés bien fayre et dire
pour luy fayre conestre combien je m'an sant
teneue à luy et coubien le Roy mon fils désire
qu'i conèse l'oubligation qu'i lui en na et qui
désire qu'i se présente aucasion, non pas pa-
relle, mes pour sa grandeur, afin de se pou-
voir revancher envers luy de la grande han-
nestelé qu'i lui euse en son endroyt et démos-
tration d'amityé; laquelle, avant que parties,
y fault que aytablissiés si bien que neul n'ait
puysanse de la dimineuer et ne luy puise fayre
croire de moy aultre chause que de la plus
afectionnée mère que enfant heut jamès; et le
conest'-on tent que yl i an n'i é ' qui en sont en
soupeson, corne plus au long vous aurez en-
tendu par le sieur de Saynt-Seuplice, lequel ne
larés2 oublier de vous conter set que luy en né
dist; et pour se que vostre frère vous ayscript
bien au long ne vous fayré la présanle plus
longue, après vous avoir prié, si vostre sauté
le peult porter, de demeurer encore heun peu
jeusques à set que voyés quel chemin pren-
dront ses troubles, lesquelz ne peuvent deurer,
à mon aupinion, lontemps; et ne le pouvent
fayre, je vous prie léser si byen instruit le
dist sieur de Saynt-Seuplice que rien ne nous
puise brouller de ce cousté là; car j'ay ryen
que je ne port,e, mes que je me voye conti-
neué en la bonne grâce de set Roy là. Je
prie Dieu que neul ne nous y puisse broul-
ler et qui vous douint set que désirés. Je ne
vous mande point set que demandons de
1 Que yl i an n'i é, qu'il y en ait.
- Larés, laisserez.
LETTRES DE CATH
torses, car vous le voyrés par la lettre du Roy
mon fils '.
(Au bas.) De la main de la Reyne, du i\
mai 1562.
Catbbine.
1562. — 10 mai.
Orig. Bibl. ini|n;r. de Saint-Pélersbourg, vol. 18, p. 57.
— Minute. Bibl. nal. fonds fraDçais, n" 1587G, f' 3o.
A MONSIEUR DE MARTIGUES1.
Mon cousin, il y a longtemps que j'ay bieu
désiré d'avoir quelque bonne occasion pour
vous faire paroistre l'envye que j'ay eue et
ay dé vous honorer et recongnoistre les ser-
vices que vous avez faietz au feu Roy mon sei-
gneur et au feu Roy mon filz, et continuez
encores tous les jours à cestuy-cy; mays les
choses ne se sont pas trouvées à propos comme
j'eusse bien uiullii. Maintenant, s'offranl la
mort du mareschal de Termes, je n'ay point
voullu laisser passer ceste occasion sans vous
faire avoir la moytié de sa compagnie, comme
il y a long temps que j'en a\oys euvye, m'as-
seurant que ce vous sera donner plus de moyen
decroislre la vollunté de continuer les services
que vous avez faietz à ceste couronne. Quant
à moy, vous poulvez asseurer que je seray
tousjours bien ayse d'avoir moyen de vous
faire du bien et de l'honneur; en quoy je ne
m'espargneray jamays pour la congnoissance
que j'ay de voz mérites. Je vous prye, mon
cousin, donner le guydon de ladicte compai-
gnye au cappitaine Roisjourdan, nepveu du
l'eu mareschal de Termes, qui est, à ce que
j'ay entendu, ung fort homme de bien, et de
' Vov. celte lettre (même volume, P 198).
2 Voy. les dépêches de Sidney et de Throcknforton
dans les Calendar of State papers , i5Ô2, p. 21. On j lil :
- A la suite de la morl du maréchal de Termes, sa compa-
gnie a été divisée entre M. de Martigues et M. de la Siize,
lieutenant du prince de Salerne.*
ERINE DE MÉDICIS. 311
qui vous pourrez tirer beaucoup de service. Ht
je prieray Dieu, mon cousin, vous avoir en
sa saincte et digne garde.
De Paris, le jour de may i562.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(Au dos.) La Royne à M. de Martigues, le
\° jour de may i5f)2.
1562. — 1 1 mai.
Orifj. Arch. de Lyon.
A MONSIEUR DE MAI GIRON.
Monsieur de Maugiron, vous entendrez par
le sieur de Suze1 et le mémoire qui luy a esté
baillé pour vous communiquer l'intention du
Roy monsieur mon filz sur l'occasion pour
laquelle il l'a dépesché par delà, et le désir
qu'il a que vous luy faictes rendre l'obéissance
qui luy est deue.avec tel chastiement de tous
ces malheureux rebelles que l'on en puisse
repurger le pays; à quoy m'asseuranl, Mon-
sieur de Maugiron, que, pour l'entière affec-
tion que vous portez à sou service, vous n'ou-
blierez riens de tout ce que vous et le sieur
de Suze penserez estre à faire et exécuter en
cest endroict pour parvenir au but de nostre
intencion, je- me remectray du surplus sur ce
que le dicl seigneur Roy mon filz vous eu
escript et qui est contenu par le dit mémoire,
oulfre ce que vous dira là dessus, de nostre
part, le dit sieur de Suze, lequel je vous prie
croire là dessus' comme moy-mesmes. Et je
supplieray le Créateur, Monsieur de Maugiron,
qu'il vous ait en sa saincte et digne garde.
Escript à Paris, le ximc jour de may i56a.
CàTERINK.
ROBERTET.
1 François de la Baume, comte de Suze, liaron de
Lers, marié à Françoise de Levis, mort en i 587 des hles-
surcs reçues au siège de Montélimai t.
312 LETTRES DE CATH
i ': mai.
A MON FRÈRE LE ROI DE NAVARRE.
Alun frère, Bourdin m'a amené en ce
li' gentilhomme de mon cousin le duc de
Bouillon ' par la bouche duquel el le contenu
en sa dépesche j'a) avec ung extresme regrel et
ennuy entendu les choses qui sonl passées au
Havre de Grâce2, sur lesquelles je désire sin-
gulièrement avoir vostre advis et des seigneurs
qui sonl demeurez auprès de vous; et m'ayanl
semblé qu'il ne seroyt que fort à propoz de
vous envoier le dicl gentilhomme pour l'oyr
i h plaine compaignie, je luy ay commandé
de remonter incontinent à cheval pour vous
aller trouver el vous prye que. l'ayant oy,
nous me faicles par luy mesmes une bien ample
dépesche de la provision que le Roy monsieur
1 Henri Robert de la Mark, duc de Bouillon, né le
7 lévrier i53ç), mort le 2 décembre
Voy. ses
lettres dans le n 1 556 du fonds français.
Voici la réponse du duc de Bouillon, datée de Caen,
le 21 mai suivant : r Madame, j'arrivay dimanche dernier
lieu (Caen i, où trouvay les choses en pan 'il trouble
très lieux pour ta craincte et adver-
j ut que les babitans de reste ville m'ont dit qu'ilz
\1' de Hugueville vouiust nui lie \1 d'Au-
i i n- lu\ céans ir : de
aflin que personnes el » ivres
n'entrassent en ci ilz faisoicntjour et nuicl guet
. t entoui d'icelle, el aflin d'év iter tous autres
ivéniens e rire les babitans tons d'accord, el leur
mes, me suys mis dans teste dicte place
au ; depuis ilz se sonl tous retirez et apaisez. n
i: am .H-. u i 5 ••; (i .1 77.)
\ oy.poui la pi i-.1 du Havre pai le \ idame de Chartres,
fi t. V, p. 1 '>s : 'l" Thon.
ici t. IV, p. 1 çjo ; Minute d'une lettre
• à Cathei ine. où il lui parle de la prise
•l.i il li indique 1rs mesures à prendre po
.! liihl. nal. fonds français, n 10876, 1 53);
. .1 Catherine, où il revienl sur la prise
. 1 5g .
ERINE DE MEDICIS
mon lilz aura à donner en cest endroict, affin
que j'en puisse incontinent advertir mon dicl
cousin, car de vous donner la peine et à la
compaignie de venir demain à Lagny1, ainsi
que le dict Bourdin me l'a proposé de voslre
pari, il me semble que ce seroyt. en vous tra-
vaillant, remectre la chose en plus grande lon-
gueur: cependant je feray fayre une dépesche
à mon dicl cousin par une courrier volant
pour le pryer qu'il se dilligente d'aller à Caen
pour garder qu'il ne s'y lace pareille surprise
! que au dicl Havre de Grâce, et si besoing esl
renforcer la garnison du chasteau de plusgraul
nombre d'hommes que l'on en a ordonné au
sieur de Hugueville2 qui est lieutenant là de-
dans: el pour ce qu'il ne seroyt raisonnable,
estans les choses du dict Havre de Grâce en
l' estai qu'elles sonl. que le millort Sydné3 y
allast faire son embarquement, ainsi que je
luy av accordé, je désire, mon frère, que vous
envoyez vers luy ung saige et advisé gentil-
homme qui le prye de n'y aller poinct, non
pour deffiance que je voulsisse avoir de luy,
mais je craindroys que en ce trouble l'on luy
feisl quelque desplaisir ou discourtoisie; cl
avec cela je l'estime si saige que, saichant ce qui
v esl survenu, il aura de luy mesmes changé sa
première opinion, aflin de ne nous mectre en
souspeçon et jalousie du passaige qu'il Lroyt
faire par la dicte ville, qui est, mon frère,
ton! ce que j'ay à vous dire pour ceste heure
el Fendroict où je prye Dieu vous donner l'heur
et contantement que vous désirez.
Caterine.
1 Di sa main.) Mon frère, pouravoyrle plésir
1 Lagny (Seine-et-Ma n
- Philippe île Roie berolles, s' de Hugueville. mort le
U mai- 1 570.
Il avail été envoyé pat Elisabeth pour proposer sa
médiation ; 5 • . i562 ). — \ oy. ses
instructions datées du 28 avril ( ibid. p. t>3<>).
LETTRES DE GATH
de \oiis vovrel toutte la conpagnie, j'euseaysté
byen ayse de vous donner la pouyne de venir
trover le Roy mon filz à Langui, mè voyenl
leur aupinion que je ne fouis ryen que par
contreynte, y m'a semblé, pour ayseyer tout
set que l'on peult, beaucoup mieulx de avoyr
vostre aupinion et de tous se signeurs sen que
veniés, afin qu'i pensel que set set que le Roy
mon fils leur mendera par mon aupinion qui
n'é en rien Corsée non plus quel a aysté et
qu'ele sera tousjour île croyre la vostre el la
leur.
\nsire bonne seur,
Caterine.
(Audos.) Du ximme may i56a.
1562. — 16 mai.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, f° 3o.
A MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère ,la première chose quej'ayfaicte,
après eslre arrivée, a esté de m'enquérir des
advenues de ce lieu et des passages qui sont
sur les rivières prochaines, sur lesquelz j'ay
départyes les enseignes des gardes, ainsi que
vous verrez par le mémoire que je vous en
envoyé. Reste, mon frère, à pourveoir à ceulx
delà rivière de Seyne comme Corbeil, Melun
et pont de Samoys et Montereau Fault-Yonne,
qui sont les endroietz où , s'il venoit trouppe
d'Orléans, il fauldroit, à ce que j'entendz,
qu'elle dressast là : et encores que je n'en puisse
rien craindre, ne croire, si esse, mon frère,
que pour ne veoir chose cy- après que l'on
puisse dire avoir esté négligée, je vous prye
\ faire donner ordre, afin qu'il n'y passe riens
dont nous n'ayons advis d'heure. Au démou-
lant j'ay receu ung pacquet du sieur de Bar-
bezieux1, où estoil ung advis que je vous en-
' François de Barbezieux, seigneur de Cliemerault.
Cathebibe de Médicis. I.
ERINE DE MEDICIS. 313
voye, par où vous verrez qu'il a entendu
quelque amas de gens qui se faict de delà; à
quoy il me semble que l'on luy a assez respondu
quant à ce poinct, luy ayant esté ci-devant
mandé que, s'offrant telles assemblées, il re-
garde de les séparer le mieulx et par tous les
moyens qu'il pourra. Touttesfoys. avant que
luy faire respondre à son dict mémoire, j'ay
bien voulu avoir vostre advis sur tous les
poinetz d'iceluy; semblablement vous envoyé
une lelre venue de Metz, par laquelle vous
sçaurez, mon frère, que Salcedde1 n'a peu
faire bailler pour les soklatz le moys que l'on
pensoit avoyr de luy, et le danger qu'il y a que,
faulte d'argent on en desbauche une parlye,
comme il y en a grand commancement, pour
commander au trésorier de l'extraordinaire
qu'il face diligence de recouvrer ses assigna-
tions et cependant qu'il envoyé de l'argent
qu'il a à Chaslons, ainsy que j'ay sceu, ce qu'il
pourra pourtousjours bailler aux diclz soklatz,
actendant le demourant; pareillement ordon-
ner à Duval, trésorier des réparations de Cham-
paigne, qui est par delà, qu'il hastc les deniers
des ouvrages du dict Metz qui sont jà failliz,
et estant certain qu'il en doibt avoir en ses
mains, ne luy en laisser, s'il vous plaist, passer
ung seul jour, ne aussi à me faire sçavoir de
voz nouvelles, pryant Dieu, mon frère, vous
donner bonne vie et longue. De Montceaulx,
le xvf jour de may i5G2.
Caterine.
(De sa main.) Mon frère, ynsin que je volés
siner sete letre, le conte de Rosillon2 aysl
arivé, et veu set que me mandés très sagement
et vous aseure que n'é heuy chause qui m'aye
plulx fachaye que la prinse du Avre de Grase,
Dans le n" 3ai6 du fonds français, p. 43, se trouve une
lettre de lui à M. de Gonnort.
1 Nicolas de Salcede, sieur d'Auvillars.
- Just de Touinon.
lio
314
el vncontynent que Monsieur le chanselier1
-eré arryvé, je fayré dépêcher lé letre patente
et suy bien d'aupynion, sy ne servet, que mon-
sieur d'Omale souyt si prest, que lé face au-
beyr seuyvent set que an navons résoleu en-
semble, avent partyr de Paris, et en setpendent
qu'il assembleré ses force et vous lé vostres;
à quoy y ne fault perdre beune seule heure de
temps et que, se ayst le moyen que avés trové
bon, y fault fayre corne avés aysté tous d'avys
de ne rien ynover, ny altérer; el quant à seus
de Rouan2 si vyene ver moy, je avyseré à set
que me avés mendés, mes que les ay beuy3.
Vous voyré par l'ordre que je donne au pasage
cornent je suys bon capiteyne, et par touttes
mes actyons conestré que vous suys ay seré
toutle ma vie encore milleure seur ayt amye;
qui me fayst vous prier ne panser que ay creu
que fasié jeamès ryen au contrère de set que
m'auré promys ; ausi ne m'avé-t-on pas dyst que
set feut vous, ny nul dé signeur qui sont an
vostre compagnie, auquel, si vous plest, fayré
ysi mes recomandatyon.
Vostre bonne seur,
Catf.rine.
Je suis bien ayse, mon frère, que nous
' L'Hospital.
1 Voici la lettre écrite par tes conseillers, manans et
habitants de la ville de Rouen , à Charles IX , à la date
du xi mai i5Ô2 : -'Sire, cejourd'hui en l'assemblée géné-
ralle des manans et habitans de ceste ville en l'hostel com-
mun d'iceille pour adviser quelz moiens se pourraient
mectre en avant pour apaiser les troubles et émotions (pie
Ton voit augmenter de jour en jour, a esté advisé de
supplier Voz Majestez du Roy et de la Royne de consi-
dérer le piteux estât en cpioy l'on voit tumber le pais de
Normandie s'il n'y est promptement pourveu, et aussi de
resvoquer la commission que l'on dict avoir esté adressée
i Monsieur le duc d'Aumalle pour venir en ceste ville,
pour les causes et raisons que les députez de la dicte ville
présens porteurs vous pourront déduire plus à plain.'i
(Bibl. nat. fonds français, n" 15876, P 4i.)
• Heuy, ouï.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
soions trouvez de mesme soing el oppiuion
quant aux passaiges.
(Au dos.) La Royne, du xvie jour de may
l 56a.
1 362. — 1 7 mai.
Orijj. Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, vol. 18, fJ 3a.
A MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, estant Monsieur le chancellier
arrivé et ceulx du conseil qu'il amenoit quant
et luy, je me suis résolue de la dépesche d'Or-
léans à ce que vous verrez par la coppie que
je vous en envoie et faiz présentement partir
les sieurs de Vieilleville et conte de Villars1
pour aller essaier s'ilz pourront faire ce que
je désire tant, dont je n'ay riens oublié de les
instruyre, ayant pensé que le meilleur estoit
pour ceste heure n'y envoier aucune pactente,
qui n'eust faict que aigrir et ce fera toujours
assez à temps, selon qu'ilz se résouldront au
dict Orléans, dont ces deux seigneurs vous
advertiront inconlinent; maiz bien ay-je faict
dresser la pactente pour les villes occuppées,
de laquelle je vous envoyé la minusle pour la
veoir, affin d'avoir sur ce vostre advis, et celuy
des seigneurs qui sont avecques vous, avant
que la faire dépescher. Une chose ay-je bien
pensé depuis, qu'il seroit peult-estre aussi à
propoz d'addresser la dicte pactente, qui ser-
vira de forme à toutes les aultres provinces,
à quelque gentilhomme advisé et de qualité
qui allast de ville en ville, leur coniander faire
le contenu. Sur quoy j'actendray à sçavoir
vostre oppinion, estant à ce que je veoy et
que j'entendz par les advis qui me viennent de
tous coustez les choses en tel estât qu'il n'y
1 C'est le 1 8 mai que la reine dépécha de Monceaux
le comte de Villars, Vieilleville, de Givry et Carrouges
pour s'aboucher avec ceux d'Orléans. (Calendar of State
papers, année 1 56a , p. 38<j.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
315
l'ault riens oublier [>our retenir le cours de
ceste maladie, actendant que Dieu nous pour-
veoye de ce qui sera après nécessaire; pour
lequel je m'asseure, mon frère, que vous ne
perdrez temps ny lieure. J'ay receu un<| pac-
quel du sieur de Tavanes que je vous envoyé,
par où vous verrez qu il n'en a guières meil-
leur marche' que les au! très, faulte d'argenl
pour les gens que l'on luy avoit comandé lever.
Sur quoy vous ferez, s'il vous plaist, sçavoir
au trésorier de l'extraordinaire à quoy il tient
que les assignations qu'il a eues n'ont este'
receues, et m'advertirez de vostre advis sur ce
qu'il demande de l'aide des Suisses en pas-
sant, qu'il me semble toutesfois peu à propoz
de retarder aucunement.
Vous voullant signer cesle lelre, mon frère,
est arrive' l'homme dépesché de mon cousin le
duc de Monlpencier avecques ung pacquet
contenant Testai des choses de sou gouverne-
ment que j'ay pensé vous envoyer pour le veoir
et vous prier, mon frère, sçavoir du trésorier
de l'extraordinaire à quoy il lient que les de-
niers des gens que l'on luy a ordonné lever
ne sont là et aussi veoir l'estal d'iceulx , lequel,
il me semble, qu'il faict beaucoup plus de
granl que n'avions advisé, pour sur le tout me
faire sçavoir vostre advis pour y faire pour-
voir inconlinant. Priant Dieu, mon frère,
vous donner bonne et longue vie. De Mont-
ceaulx, le xvn° jour de may 1062.
\ os Ire bonne seur,
Caterine.
1562. — 17 mai.
Orig. BiM. imp. de Saiut-Pi.;lersbourg, vol. 18, f 33.
\ MON FRERE LE ROI DE NAVARRE.
Mon frère, j'ay receu les deux iectres que
m'avez escriptes du wme de ce moys1, par la
1 Yoy. la minute de ces lettres du roi de Navai re dans
1 5876, f° 53, du fonds français.
première desquelles j'ay entendu comme le
sieur de Sidenay '. après plusieurs honnestes
remonstrances et excuses que vous luy avez
faictes, s'est finalement acommodé de n'aller
poincl faire son embarquement et passaigeau
Havre de Grâce, au lieu duquel j'eusse esté
bien ayse, comme aussi je m'asseure que vous
l'eussiez bien désiré de vostre part, qu'il eust
choisy Boullongne et non pas Calais; mais
pour ce que de lui proposer l'un plustost que
l'aultre ce eust esté montrer quelque deffiance
de luy et de sa compagnie, je suys bien d'advis
que l'on luy laisse aller faire son dict passaige
à Calais, où j'envoye ung courrier en toute
dilligence vers le sieur de Gourdan'2 pour l'en
advertir et luy mander qu'il donne ordre à sa
réception et l'acommode si bien et si prompte-
ment de tout ce qui luy sera nécessaire pour
son embarquement qu'il n'ayl point occasion
de séjourner dedans sa place, ny de loisir et de
moyen d'y traicter, veoir ou apprendre, ny
faire traicter, veoir ou apprendre par ceulx
de sa suite chose dont ilz se peussenl préva-
loir cy-après. L'homme du sieur de Matignon
est arrivé par devers moy qui m'a bien parti-
culièrement faict entendre Testât des choses
de la Basse Normandye; je le renvoyé tout
présentement devers son dict maistre, avec une
lelre du Roy monsieur mon fils qui luy mande ,
suivant vostre advis, qu'il face une cornette de
cent harquebuziers à cheval, s'il n'ayme mieulx
11e harquebuziers à pié, dont je luy laisse
l'élection; et pour ce que vous sçavez le peu de
moyen que nous avons de fournir à tant de
despences extraordinaires et qu'il nous donne
l'espérance de faire porter celle des dilz har-
1 Sidney quitta Paris le 18 mai. — Voy. une dépêche de
Throckmorton à la reine Elisabeth. [Calendar 0/ State
papers, 1562, p. 55.)
2 Girard de Mauléon, sr de Gourdan el gouverneur de
Calais, moitié 27 septembre i5o3.
4o.
316
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
quebuziers aux gens d'église du pays, en leur
permectant de s'ayder de l'argenterie des
chasses et reliquaires de leurs églises, je luy
faictz escripre qu'il en accorde avec eulx; mais
aussi qu'il preigne garde qu'il ne se face
poinct d'abbuz au faict de la dicte argenterie et
que pourungescu qu'il fauldra à l'cntreténe-
nienL de la dicte force les dilz gens d'église n'en
vendent pas pour beaucoup davantaige pour
après le mettre en leur bourse et l'applicquer à
leur profit particulier. Quant à la dépescbe du
sieur de Mandosse dont vous me faictes men-
tion par vostre seconde lettre, il me souvient
que, quant vous me feistes veoir la lettre que
\ous out escriple les depputez des sept cantons
catholicques et une aultre qui estoit venue de
la part de Coignet, il fut dicl que, si le sieur
de Mandosse eust peu faire le voyaige pour
lequel le commissaire Pasquier avoit esté en-
voyé en Suysse, il eust bien gardé que l'accord
de la levée n'eust pas esté remisa une seconde
journée et que en telz affaires il sçavoit comme
il falloyt manier ces gens là, mais que son
indisposition n'eust jamais porté le travail du
dict voyaige et que esloit l'occasion pour la-
quelle il n'y auroit point esté dépesché sui-
vant la résolution qui en avoit esté prise
premièrement qu'il s'en deust faire aultre
despeche. Je n'en ay jamais ouy parler, car
(juant à la dicte levée je la tiens de ceste heure
pour accordée, et que à ceste seconde journée
il ne s'y sera trouvé aucune difficulté; mais
si c'est pour révocquer Coignet et l'envoyer en
son lieu, je ne sçay si telle révocation vien-
drait bien à propoz aux affaires que nous avons
à démesler avec les Suisses pour l'infiny argent
que nous leur devons, où l'on ne peult nyer
(|ue le dict Coignet n'ayt faict si bon devoir
et si dextrement et saigement manié ceste na-
lion là qu'il en a tiré ce que aultre devant
luy n'avoil jamais sceu faire pour l'actente
de ce que l'on doybt à leurs marchans du
grand party, pour modérer l'intérêt de xvi à
cinq pour cent, et sur l'actente et recullement
de ce qui leur doybt estre fourny ceste année,
que l'on avoit promis leur faire payer à Sl-
Jehan prochaine, et noz nécessitez le recullent
jusques en septembre et octobre; dont je crains
qu'il vienne beaucoup de mescontentement et de
crierie et de leur oster sur toutes ces difficultez
celuy qui en a toujours besoigné et négocié avec
eulx pour leur donner ung nouvel ambassa-
deur, je ne sçay comme ilz le pourraient prendre
et auroys grand peur qu'ilz pensassent que,
après leur avoir tant de foys failly de parolle
et promesse que nous avons faict, l'on ne l'eisl
ce changement pour sercher nouvelles delfaictes
et recullemens; mais quant le dict Coignet
aura achevé d'accorder des choses susdites,
comme il en est sur le poinct, je seray bien
d'advis que l'on le révocque pour y envoyer
le dict sieur de Mandosse, ou tel aultre que
l'on advisera pouvoir estre plus agréable aux
cantons catholicques, ausquelz cependant je
n'ay auculne responce à faire, car ilz ne m'onl
riens escript, mais bien à vous, mon frère, qui
leur ferez, s'il vous plaist, responce telle que
vous jugerez propre pour leur donner ung
honneste contentement. J'envoye au cappi-
taine de Laou les dépesches nécessaires pour
l'exécution du contenu au mémoire que vous
m'avez envoyé et ayant receu du comte de
Tende les leclres que trouverez cy encloses,
j'ay bien voullu les vous faire tenir, affin que
les ayant veues, vous me mandez si vous
trouverez bon que l'on cscripve au conte de
Sommerive son filz l qu'il lève une enseigne
de gens de pié pour pourveoir aux désordres
et insolences qui se font par delà et garder
' Voy. une lettre du roi de Navarre au c'° de Som-
merive, datée de mai i56a. (Bibl. nat. fonds français,
noi5870,f"Gi.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
317
que l'on ne s'entre-injure, se provocque et
offense les ungs les aultres pour le laid de la
religion, suivant ce qui en est porté par tant
d'édilz et ordonnances qu'il est bien nécessaire
de faire si rigoreusement chastier ceuk qui y
contreviendront que l'exemple serve à contenir
les ungs et les aultres en obéissance, et en
repoz et tranquililé.
Mon livre, ainsi que j'estoys sur ces! en-
droict de lectre, l'on m'a apporté une dépescbe
de mon cousin Monsieur d'Aumale, qui ira
avec la présente, par laquelle vous verrez le
peu de seureté et d'apparence qu'il y a qu'il
puisse avoir des forces de la Normandye; au
moyen de quoy je vous prie d'adviser avec les
seigneurs qui sont par delà à ce dont vous le
pourrez renforcer et secourir, de sorte que
pendant le voyaige que les sieurs de Vieille-
ville cl conte de Villars vont faire à Orléans,
il ne perde point de temps à assembler ce qui
luy sera nécessaire à l'effect pour lequel il est
allé par delà. Je luy escriplz que je vous ay
envoyé sa dicte dépescbe et que vous luy ferez
pourveoir sur ce qu'il demande, affin qu'il
s'en adresse à vous et face ce que vous luy
manderez, qui sera l'endroict, où, après vous
avoir présenté mes bien affectionées recom-
mandations, je prieray Dieu qu'il vous doinct
L'heur et contautement que vous désire
Vostre bonne seur,
Caterine.
(Au dos.) Lettre de la Roy ne, du xvn may
l5Ô2.
1562.
17 mai.
Orig. Brilish Mus. Original letlers and Suite papert ; Bibl. Harl.
a' 7006 , !" 8.
\ MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONNESTARLE.
.Mon compère, j'ay receu vostre letre par
ce porteur et ay esté très aise de sçavoir de
voz nouvelles; à ce que j'ay veu, vous avez eu
allarme là aussi bien que icy, mais je loue
Dieu que ce ayl esté pour néant, estant ass ée
que y ayant là si bonne compagnie il n'v peull
rien survenir (pic vous ne prévoyez et y pour-
voie/, bien. Je ne vous feray pas longue letre,
car vous verrez celle que escripls à mon frère
le ioy de Navarre et la copie de la dépescbe
que j'ay envoiée à Orléans; seullement vous
diray que les enffants et la mère font très
lionne chère, Dieu mercy, et vous souhaictent
icy. Soyez tous en bonne paix cl repos que je
prie Nostre-Seigneur vous donner et à vous
ce que plus désirez.
De Montceaulx, le xvif jour de mav l562.
1562. — 18 mai.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n" 15876, fù 7G.
A MESSIEURS LES CONSEILLERS
ET ESCHEVINS DE LA VILLE DE ROLEN
ET &UTB2S lUNAltfi i.T IIAIUTANS D'ICELLË.
Messieurs, j'ay receu les deux lettres que
m'avez esciïptes par vos depputez présens por-
teurs1 et entendu d'eulx l'excuse que vous les
avez chargez de me faire des troubles, dé-
sordres et insolences qui se sont faiclz à Rouen,
dont vous sçavez bien rejeter la coulpe sur
1 C'est le i3 mai que les députés de Rouen furent
reçus par la Reine. (Calendar of State papers , année 1 56 •
p. 37.) On a la réponse en date du 21 mai. faite par ceux
de Rouen à M. d'Aumale, après le retour de leurs députés
de la cour; ils prient le duc d'Aumale de donner ordre :
trà ce qu'ilz ne soyenl pillez et saccagez par gens ramassez
«qui se sont vantez, en son nom, et faict publier par les
•bourgs et villages que le sac de ceste ville estoyt aban-
donné à tous ceulx qui voudroyent prendre les armes
-soubz les cappitaines de Clère, Ausebosc, Malassis et
n autres. îi (Bibl. nat. fonds français, n° 1ÔS76, f'8'1.)
— Voy. De Tbou, llist. univers, trad. t. IV, p. 187 et
suiv.
3 1 8
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
certains particulliers; mays je ne veoy point
que vous vous soyez mys en debvoyr pour l'em-
pescher et y remédyer en quelque sorte que
ce sovt; ce que je trouve le plus estrange,
ayans les principaulx habitants promys à mon
cousin Monsieur de Bouillon, quant je le vous
dépesché après le premier désordre et tumulte,
de contenyr toutes choses au repoz et en la
pacification en laquelle il les avoyt estahlys et
laissez à son parlement. Il n'a pas plus tost esté
deslogé que les insolences, désobéissances et
saccagemens se sont faictz en vostre dicte ville
beaucoup plus granz qu'ilz ne s'estoient point
encores veuz auparavant; et combien que telz
actes ne méritent riens moings que l'exécution
d'une bien royde et rigoureuse force, touttes-
foys désirant que les actions du Roy monsieur
mon fdz et les myennes soyent plus tost re-
commandées en doulceur et- bénignité que de
rigueur de justice, je me suys résolue de tenter
ung dernier remedde qui est d'envoyer dedans
peu de jours ung notable personnage en vostre
ville pour veoyr si l'on y vouldra déposer les
armes, rendre au Roy mon die! sieur et fi Iz
l'obéissance qui luy est deue et remectre ladite
ville en son premier estât et deu en liberté,
pour estre régye par les gouverneurs, officiers
et magistratz, ainsi qu'elle estoyt auparavant
lesdilz troubles et désordres; qui est ce que
le Roy monsieur mon filz veull de vous et des
autres habitans de ladicte ville; à quoy vous
regarderez de si bien disposer toutes, choses,
que, à l'arrivée dudict personnage, il ne s'y
trouve aucune désobéissance, ne difficulté.
Autrement ne pensez pas que le Roy monsieur
mon dict sr et filz soyt pour plus longuement
supporter telles désobéissances et follies, et
qu'il ne soyt assez puissant prince pour sça-
voyr tirer obéissance de ses subjeetz, quant ilz
s'oublient tant que de ne la luy voulloyr rendre
voluntairement. Pryant Dieu, Messieurs, vous
avoyr en sa saincte garde. Escript à Monceaux ,
ce xvin jour de may i56a l.
Cateiunk.
Bourdin.
1562.— 18 mai.
Orig. Bibl. uat. fonds frauçais, n° 6oo5, f°* cjo et suiv.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, vostre courrier m'a
trou\é icy où j'ay amené icy le Roy mon filz
et peu de compaignye, pour lever l'opinion
que certains font courir que luy et moy fus-
sions prisonniers, comme vous l'avez assez
entendu par noz dernières dépesches et sur
laquelle ilz ont faict difficulté d'obéyr à ce qui
leur a esté plusieurs foys commandé, et ay
laissé à Paris mon frère le roy de Navarre et
les autres princes et seigneurs qui y estoient
avecq nous, afin que d'icy j'essaye si je pour-
ray paciffier les troubles qui sont plus grandz
partout que je ne les vous puys dire et faire
laisser les armes à ceulx d'Orléans et les sé-
parer, comme j'ay délibéré faire aux autres,
de manière qu'il n'y ayt que le Roy armé pour
faire chastier les séditieux 'et ceulx qui l'au-
ront mérité, comme j'espère que Dieu nous
en donnera le moien; de quoy j'ay voulu vous
advertir incontinent à ce que vous sachez l'oc-
casion pourquoy je suis partie de Paris, qui
a esté par l'advis de mon dict frère le roy
de Navarre et autres seigneurs desquelz je ne
me suis autrement séparée, ne à autre inten-
tion; car il n'y a expédient ny invention que
je ne cherche, comme il est raisonable, pour
adtnortir ce feu qui traine ung incroiable dan-
ger. Cependant il ne se perd poincl de temps
à amasser les forces de tous costez, afin que,
1 Voy. les instructions do M. d'Oisel, allant à Rouen,
datées du a 5 mai 1 56 2. (Bibl. nat. fonds Brienne, vol. ao5,
f°5o6.)
LETTRES DE GATH
si les choses ne se peuvent terminer par doul-
ceur, on y merle l'extrême remède, qui est les
armes, pour faire rendre l'obéissance au Roy
mon filz. Au demouranl , l'occasion pourquoy
je vous renvoyé ce courrier voilant, est pour
vous dire que, ayant bien considéré l'inconvé-
nient que liens pour certain du prince d Es-
paigne1, dont vous penserez assez le desplaisir
que je puise avoir, encores que je ne face
doubte que ma fille ne soit pour avoir des en-
fans avec la grâce de Dieu, qu'il m'a semblé
que je ne puis sur ceste occasion faire chose
plus utille au royaume que de trouver moien
de conduire le mariage de la princesse de Por-
tugal2 et du Roy, encores que les âges, soient
assez dissemblables; que vous voiez bien que
• les choses du monde sont incertaines. Si le
Roy catholicque laissoit ceste grande succes-
sion sans enfans, elle tombcroyt à la Royne
et à elle; au moien de quoy, je vous prie, sa-
chant que personne ne peull mieuix que vous
conduire ceste affaire, regarder à demourer
encores quelques jours de plus par de là pour
dextrement avec le moien de la Royne ma fille
adviser d'enfourner et mectre en termes le dict
mariage, moitié comme de vous-mesmes, et
partie aussi comme de chose que vous pourrez
bien faire sentir que j'aurois pour fort agréable
et que vous n'en parlez, pas sans quelque com-
mandement. Vous considérerez et jugerez
mieuix que personne si le duc d'Alve ou le
prince d'Evoly seront l'un plus que l'aultre
1 L'évëqne de Limoges parlant de don Carlos écrivait
à Charles IX le 10 mai : trj'ay retardé ceste dépesche
jusques à ce soir, pour avoir moien de vous escripre seu-
rement l'espérance qu'il y avoit en la vye du prince d'Es-
paigné, qui est si petite qu'il est comme abandonné, el
depuis ceste nuit du tout sans parole, avec augmentation
de fièvre et tellement perdu qu'il est comme mort.»
(Bibl. nat. fonds français, n" GIJ20, f°ao&.)
2 Dona Juana, sœur de Philippe II, veuve du prince
de Portugal.
ERINK DE MÉDICIS. -il1»
propre pour acheminer cela et y ferez sur le
lieu, cognoissant les humeurs de ceulx à qui
vous aurez à faire, mieuix que je ne vous sçau-
rois escrire; mais j'entendz qu'en ce faisant et
soubz ceste occasion cl attente, advenant la
dicte succession aux deux filles, la dicte prin-
cesse eust pour son partaige les Pais-Bas et le
duché de Milan qui seroit pour faire cesser
toutes querelles et establir par ce moien une
perpétuelle bonne paix et amitié en ces deux
grandes maisons et par conséquent en toute
la chrestienté. Vous entendez ce que je veulx
dire; dressez cela, Monsieur de Lymoges, et le
meclez si avant avec dextérité loutcsfois et sans
en rien oblyer, que vous ne parliez poinct de
là que ne soit en si bons termes que vostre
successeur avec l'ayde de ma dicte fille, celle
■que y pourra faire aussi la dicte princesse,
quant elle verra ung si grand contentement
lui estre préparé, le puisse après vostre parle-
ment manier et disposer plus aisément, dont
vous le laisserez bien instruict; mais il fault
que ce enfournement soit saigement et pru-
demment conduict, afin aussi que le Roy ca-
tholique ne prinl pas timbre que l'on feisl
eslat de sa succession, ne ma fille aussi que
l'on voulsist qu'elle n'eusse poinct d'enfans;
car c'est la chose.de ce monde, comme vous
pouvez penser, que je souhaite le plus; mais
c'est pour ne négliger pas le fruict qui en peult
sortir et continuer et fortifier nostre amitié el
alliance de plus en plus, joinct que le temps
nous servira pour cnforcer ce que sera de bon
et utille au bien de ce royaume. Je n'eu escriptz
pas clairement à Madame ma fille, de peur
que mes lettres feussent veues par d'autres, el
remectz sur vous à lu\ faire entendre mon in-
tention plus au long, dont je m'asseure que
vous la sçaurez bien instruire et dresser la
partie si à propos qu'elle se Iraiclera comme
je la désire; qui est chose en quoy il fault que
320
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vous tendiez lous les nerfz et les espritz pour
y faire ainsi que j'attendz de vostre dextérité'
et prudence.
J'ay veu vostre dépesche que a apportée ce
dicl courrier, que j'ay envoyée à Paris à mon
dict frère le roy de Navarre pour la veoir; à
quoy le premier jour vous sera faict responce
par ung courrier de Bayonne que je retiens
icy, joinct que j'attendz bientost à sçavoir ce
qui sera survenu depuis lepartement de vostre
dict courrier, et aussi ce qui se doyt espérer
en l'affaire de mon frère le roy de Navarre par
Almede qui devoit partir bientost après; de
quoy, quelque cbose que vous m'escrivez, je
ne veulx désespérer tant que j'aye veu ce qu'il
rapportera. Par le dict courrier vous sera
esciïpt plus au long de toutes choses, comme
je désire que vous me faictes souvent sçavoir
de voz nouvelles et m'advertissiez en toute di-
ligence de ce que vous aurez faict et com-
mencé en tout ce que dessus, et de ce que vous
êscrirez d'importance faictes le mectre eu
chiffres, pour ce que, estaus les choses trou-
blées comme elles sont, il se trouve assez de
lieux où il y a des gens assez folz qui ne fonl
poinct de difficulté de veoir toutes les lettres.
Priant Dieu , Monsieur de Limoges, vous don-
ner ce que plus désirez. De Montceaulx, le
xviii0 jour de may 1 56a.
[De sa main.) Je vous envoy beune resète1
que ballerés au médecin de la Royne ma fille,
de quoy je me suys tro\ée fort byen pour
avoyr des anfans, afin qu'i luy fase fayre,
car s'et la chause de set monde que je désire
le plus.
Caterine.
De I.'AlBESPINE.
' Resète, recette.
1562. — ao mai.
Orig. Record office , State papers, France , vol. aa.
A M" L'AMBASSADEUR D'ANGLETERRE '.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay receu vostre
lettre par vostre homme présent porteur, et
ne sçaurois assez remercier la royne d'Angle-
terre, vostre maistresse, madame ma bonne
sœur, de la démonstration grande qu'elle faict2
pour le bien et repos de ce royaulme, pour
l'effecl de laquelle je recepvray tousjours agréa-
blement tous les bons offices qu'elle vous
commandera faire en ce qui s'offre, et si,
pour cet effect, vous voulez envoyer à Orléans,
mon frère le roy de Navarre vous baillera le
passeport, puisque je ne suis plus là3. Priant
Dieu, Monsieur l'ambassadeur, vous donner ce •
que désirez.
De Montceaulx, le xxc may i562.
Caterine.
De l'Albespine,
1562. — sa mai.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n° 83, f" 336 et suiv.
A MESSIEURS LES GENS
TENABS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, je croy qu'il y a peu de per-
1 Sir Throckmorton.
2 Elle fait allusion aux offres de médiation de la reine
Elisabeth. — V oy . Calemlar of State papert , 1663, p. ai.
3 Voici la réponse dit roi de Navarre à Catherine : « J'ay
entendu , Madame, ce que vous m'avez mandé touchant le
passeport de l'homme de l'ambassadeur d'Angleterre; sur
quoy je vous diray en premier lieu que je ne suis pas d'ad-
vis, comme ne sont tous ces seigneurs, que lui proemetiez
en envoyer, afin qu'on n'accoustume les ambassadeurs à
se mesler de noz affayres plus que de raison , et aussi que je
crains el ay grandement suspecte sa négociation et quand
vous vouldrez qu'il passast oultre, je vous suppliray. Ma-
dame, de le luy bailler vous-mesme, car je ne vouldroys
pas entreprendre cela.n (Bibl. nat. fonds français,
n° 15876, f"6o.)
LETTRES DE CATHEIU\E DE MÉDICIS.
■a-i\
sonnes (|iii ne sçachentque depuis le commen-
cement des troubles, qui vont s'augmentent
en ce royaume de jour à autre, à mon grand
et iulin\ regret et desplaisir, je n'ay cessé de
recercher el essayer tous les moyens que j'ay
pensé pouvoir servir à composer les choses
par voye de douceur, creignant que de celle
de la rigueur el des armes nous venions à tom-
ber aux inconvéniens irréparables que les
guerres et dissentions civiles nul apporté aux
(dus grands Estais et monarchies qui ayent
esté eu ce inonde, lesquels n'ont enfin ressenty
de telles calamittez que ruyne et désolation.
Touttesfois, ainsy qu'il se void à l'œil, il ne
s'est perdu cependant une seulle heure de
temps aux préparatifs des dictes armes qui se
continuent tous les jours avecq toutte la dili-
gence qu'il est possible, de sorte que en fai-
sant l'un, il ne s'est rien obmis de ce qui est
deub faire de l'autre moyen, qui est celuy de
la force, qui se va préparant diligemment. Et
pour ce que, au long séjour (pie le Roy mon-
sieur mon filz a faict à Paris, je m'estois
aperceue qu'il estoit nécessaire de luy faire
changer d'air pour le bien de sa santé, et afin
aussy de donner à connoistre à un chacun
que luy et moy ne sommes prisonniers,
comme aulcuns l'ont voulu dire, il me semble
que je ferois fort bien de l'amener jusques en
ce lieu et que, laissant audict Paris mon frère
le roy de Navarre accompagné d'une bonne
partie des princes et seigneurs du conseil
privé pour advancer l'assemblée des forces, il
ne se trouveroil rien à redire pour nostre
absence et pour le peu de séjour que nous
ferions en ce dict lieu , où je n'ay aucuns pour
accompagner le Roy mon dict sieur et filz que
mon filz d'Orléans son frère, mes cousins les
princes de Navarre, cardinal de Rourbon,
conte Daulphin, prince de la Roche-sur-Yon
et de Joinville, et quelques uns des seigneurs
Cathebine DE MÉDICIS. 1.
dudict conseil privé, et pour force celle qui
lu\ est ordinaire, des deux cens gentilzhommes
de sa maison et cinq cens archers de ses
gardes, que j'ay fait départir es lieux mesmes
el nécessaires pour la seureté de ce lo;;is, d'où
j'ay incontinent après uostre après disnée des-
pesché à Orléans les s'" de Vieilleville et coule
de Villars, chevaliers de l'ordre et conseiller^
audict conseil privé, personnages notables et
recommandâmes, pour tousj ours moyenner la
pacification de nos troubles, faire déposer les
armes et essayer de remectre les choses de ce
royaume en leur premier estât , repos et tran-
quilité. Et combien que mon intention feul de
vous faire moy-mesmes entendre ma dicte réso-
lution avant nostre parlement, ce néanlmoings
en ayant esté diverlye et interrompue par mul-
titude d'autres affaires, et parce que le jour
de nostre deslogeinent il fut force que je par-
lisse du matin pour l'incommodité de la cha-
leur contraire à la santé du Roy mou dicl
sieur et filz el de son dict frère, je fus con-
Iraincte de remettre à vous faire sçavoir par
lettre ma dicte résolution, ce que je fais pré-
sentement, vous priant croire que ce que j'en ay
fait n'est pas pour m'esloigner de vous, et que
n'aye bonne souvenance , s'il réussi 1 de ma négo-
ciation le fruit que je désire, de vous faire pari
des premiers d'une si bonne et désirable nou-
velle; si aussy il ne se peut rien faire qui nous
apporte la pacification de nosdictz troubles et
le repos que je désire, je me retireray auprès
de vous aveq ce que j'ay de plus cher et précieux
en ce monde, qui sont mes dicts entants, pour
participer avecq vous à lout le bien, ou le mal
qui en pourra advenir et succéder. Priant
Dieu, Messieurs, qu'il vous ayt en sa saincte
garde. Escriptà Monceaux, le vingt deuxiesme
jour de may mil cinq cens soixante deux.
Caterine.
BoDRDIN.
.'.1
3-22
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
1562. — a 3 mai.
Orig. Bibl. nat. fomls français, n° 3178, f> 16.
A MONSIEUR D'HUMIÈRES,
..ENT1U10MUE OEDI.NAIRE DE LA CHAMBRE DO ROT MONSIEUR MON FIEZ
ET GOUVERNEUR DB PEROME.
Monsieur de Humières, ayant receu la lettre
que vous m'avez escripte du vingtième de ce
moys, j'ay bien voulu vous y faire incontinant
ce mot de responce pour vous dire que je dé-
sire bien sçavoir quelz propos les Cambre'siens
réfugiez à Montdidier ont tenu sur le marché
de vostre place, pour lesquelz, par craincte de
quelque sédition, vous les avez faict arresler
prisonniers; affin que, venant par deçà le dé-
puté de ceulx de Cambray, je saiche quelle
sera leur charge pour, selon cela, résouldre ce
<jue je luy en deverai faire respondre; et pour
ce, je vous prie que, incontinant la présente
receue, vous m'envoiez l'extraict de l'informa-
tion qui a esté faicle à l'encontre d'eulx; et
cependant faictes-les tenir en bonne et seure
garde jusques à ce que, veu l'extraict de la dicte
information, je vous mande ce que vous en
aurez à faire. Priant Dieu, Monsieur de Hu-
mières, qu'il vous ayt en sa garde. Escript à
Monlceaulx, le xxm8jour de may i56a.
Caterine.
Bourdik.
1562.— a3 niai.
Orig. Bibl. imp. de Sninl-Pétersbourg, vol. 18, f 36.
A MON FRÈRE LE ROI DE NAVARRE.
Mon frère, je vous renvoyé le sieur de Losses1
avec ung petit mémoire et instruction 2 de ce
1 Jean tic Beaulieu, s' de Losses, mort en 1676.
2 Voici cette instruction, datée du a4 mai i5Ô2 :
a Le sieur de Losses dira au roy de Navarre devers le-
nquel la Royne le renvoyé présentement comme les ma-
qu'il me semble que l'on pourra faire poui
composer les choses de Rouen par quelque
Bnans et habilans de la ville de Rouen ont envoyé deux
5 députez devers elle pour luy faire les excuses de ce qui
« est passé en la dicte ville jusques à présent et la supplyer
«de leur voulloir mander et faire entendre son bon com-
« mandement sur ce qu'il luy plaist qifilz facent pour y
Bobéyr, n'ayans jamais eu, ainsi qu'ilz dieul, aultre vo-
Blunté que de se conserver soubz l'auctoiité et obéissance
Bdu Roy pendant les troubles qui sont en ce ioyaulme et
Baussi se préserver de la menasse qui leur est faicte public-
«quement de saccaiger la dicte ville, qui est la seconde
sde ce royaulme et capitale du ducbé de Normandye.
«La dicte Dame là dessus n'a riens oublié de ce qu'elle
sieur a deu dire pour leur faire recognoistre la grandeur
b de leurs faultes et désobéissance et qu'ilz les ont monstrées
«en tant de divers effectz qu'elle leur a bien sceu déduire
«et reprocher les ungs après les aultres, qu'ilz ne s'en
Bsçauroient excuser envers Dieu ny envers les hommes
«et aussi peu les réparer, quant ilz auroienl sacrifié pour
«cela jusques à leurs propres vies; et pour ce qu'il ne fail-
« loyt pas qu'ils attendissent d'obtenir jamais aucune grâce
«et miséricorde du Roy, ny d'elle, que premièrement ilz
«n'eussenl remis la dicte ville au mesme estât et obéis-
«sance qu'elle estoyt y a six mois. Et pour ce qu'ilz ont
« respondu et déclaré à la dicte Dame que les ditz habi-
«tans sont prelz de ce faire pourveu qu'ilz ayent seureté
«de n'estre point puys après invahys et molestez des forces
«que Monsieur d'Aumale assemble et prépare en ces
«quartiers là , et que la dicte Dame en les renvoyant leur
Ba dict qu'elle leur fera sçavoir dedans un jour ou deux
«comme ilz auront à se gouverner en cela, elle désire
«avoir sur ce l'advis du roy de Navarre, et des princes et
«seigneurs qui sont auprès de luy, sans lequel il ne luy
«a pas semblé se debvoir résouldre sur ce qu'elle en a
ttadvisé.
«Qui est, que pour commencer à mectre en repoz ce
«pays là, qui est si esmeu et troublé qu'il n'est possible
«de plus, et faire déposer les armes à ceulx qui les ont
«prises sans le commandement de Leurs Majeslez; en quoy
«la dicte Dame pense que l'exemple de la dicte ville de
«Rouen, capitale de tout le duché de Normandye, servira
«aultant que nulle aultre chose; elle estime que ce ne
«seroyt poincl mal faict de dépescher un saige, prudent et
«advisé gentilhomme, chevalier de l'ordre ou d'aultre
«louable qualité, qui ayt charge et pouvoir de se trans-
«porter en la dicte ville et de leur commander ce qui
«s'ensuit :
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
323
doulceur, en actendant ipie Dion nous donue
moyen <l \ pourveoir avec plus de loisir. Vous
«Premièrement du rendre tous généralement l'obéis-
csanci' qu'ils doivi al au Roy et de vivre les nngs avec les
icaullres eu paix, amitié el union sans se entre-injurier,
trprovocque . ni offenser, et eu sur h-s peines contenues
édicts faiclx à ceste fin.
« II affin de restituer en la dicte ville la liberté accous-
-tunji;'' que, dès l'heure de son arrivée, ilz chassent et
«meelent hors d'icelle ville toutes les forces qu'ilz y ont
-faicl venir du dehors, de sorte qu'il ne demeure plus en
rla dicte ville que ceulx qui en sont vrays habitants.
«Qu'ilz ayenl tous générallemenl à déposer les armes,
uelles le dict gentilhomme fera prendre et lever de
s leurs mains et meclre en lieux seurs telz qu'il advisera
«en la garde de bons et notables personnaiges qu'il com-
«mectera pour en avoir les clefz et la charge jusques à ce
jn aultrement en ayl esté ordonné.
«Ordonnera et disposera de la garde des portes et seu-
itreté de la ville jusques après la pacification des troubles
«du pays, sans que aultres que ceulx qu'il députtera à
-ceste fin l'en puissent aucunement empescher et ce, pour
«garder que pendant lesditz troubles aultres se vinssent
-soi -ii delà dicte ville, qui seroyt ung second inconvénient
■>plus grant que le premier.
«Que les eo lésiasticques soient remis en leurs charges
fret dignitez et en la joysance de leurs biens et que eulx
«et les aultres catholicques vivent en leur forme de reli-
«giou accouslumée, ainsi qu'ilz faisoient auparavant les-
trditz troubles, sans les y troubler en quelque sorte que ce
«soyl , et sauf à leur pourveoir cy après sur les sacaigements
<- et pillei ies faictes en leurs églises, reliquaires, et orne-
itmens, ainsi qu'il sera de raison.
«Que les gallaires. soient restituées et remises es mains
«de leurs cappitaines en Testât et équipaige qu'elles
«estoient , lorsqu'elles ont esté saisies par ceulx de la dicte
«ville.
«Que ceulx de la nouvelle religion voisent faire leurs
«presches hors la ville sans aucun port d'aunes, suivant
«l'édicl de janvier, et se contiennent en l'obéissance qui
«est deue par bons et loyaulx subjeetz.
«Toutes lesquelles choses ainsi restituées et restablies
«soubz l'auclorité et obéissance du Roy, le dict gentil-
- homme en advertira Monsieur le dur d'Aumale devers
«lequel il passera en allant au dict Rouen, pour luy faire
«entendre sadicte charge et le prier, de la part de Leurs
- Majestez , qu'il hasle et qu'il dilligente le plus qu'il pourra
(d'assemblée de ses forces, d'aultant que plus les habitans
considérerez, s'il vous plais t, l'importance de
la chose el quel plaisir ce nous sera de de-
meurer eu repos de cesle ville là pour aller
donner ordre au demeurant et, le plus tosl
que vous pourrez, m'en manderez vostre advis,
aclendanl lequel je ne vous feray la présente
plus longue que de vous prier croire le dict
sieur de Losses de ce qu'il vous dira de ma
part tout ainsi que vous feriez la propre per-
sonne de
Vostre bonne sœur,
Caterine.
(De sa main.) Mou frère, je vous ay renvoyé
le sr de Lose, voyent que seus qui aytoyt aies
à Orléans ne seront jeuques à demayn ysi, de
peur que heusiés afayre de luy et ausi poui
icdu dict Rouen les sentiront gaillardes et prestes à mar-
(ceber, plus ilz s'advanceront de rendre à la majesté
••du Roy l'obéissance qui lui est deue et de remeclre la
« dicte ville en son premier estai el liberté. En quoy faisant
ctet selon que le dict gentilhomme luy fera sçavoir, mon
«dict sieur d'Aumalle ne passera poinct oultre à exécuter
«aucune chose à rencontre de la dicte ville, mais mar-
trehera vers les aultres pour les remeclre en l'obéissance
itde Sa Majesté, suivant le pouvoir qu'il en a et qu'il sçayl
irde son inlenlion, et demeurera le dict gentilhomme au
itdicl Rouen pour contenir toutes choses au repoz, pacifi-
cation et obéissance qu'il y aura estably jusques à ce
«que l'on aytadvisé de le révocquer de là et d'y envoyei
«le gouverneur, ou son lieutenant, ou tel aultre qui sera
rdepputé cy après à ceste fin.
'Qui sont les principaulx chefs des choses qu'il a -in
«blé à la dicte Dame se pouvoir faire en la nécessité du
«temps où nous sommes pour la pacification de la dicte
«ville qu'elle remect au jugement du dict sieu roj d
~ Navarre et des aultres princes et seigneurs estans en sa
-compaignie pour y changer, adjouster et diminuer ce
«qu'ilz estimeront pour le mieulx et luy en mander le
-plus dilligement qu'il sera possible leur advis et sembla-
«blement sur l'élection du dict gentilhomme, d'aultant
«que cest affaire requiert prompte expédition.
«Faict à Montceaulx, le xxiv mav i56a.
«Catbbinb.i
(Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg, n 18 des manus-
crits français.)
4i.
32â
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
me sembler sete dépêche de tele ynportense
que requiert byen heun homme qui vous puise
byen donner entendre tout par le meneu. Je
me remecteré à sa seufisanse pour toutes
chause que je lu y ay pryé vous dyre de la part
de
Vostre bonne seur,
Caterine.
(Au dos.) La Royne, ce xxm may i562.
1562. — ai mai.
Orig. Bibl. imp. de Saint-Pélersbourg, vol. 18, f 38.
A MON FRÈRE LE ROI DE NAVARRE.
Mon frère, l'ambassadeur d'Espagne1 a en-
voyé icy devers moy se plaindre que ceulx qui
commandent à Mollins n'ont pas voullu faire
rendre les vingt mil livres qui furent arrestez
au sieur Molvede, marchant espaignol, dont le
Roy monsieur mon filz leur avoit cy-devant
escript, de quoy je suis fort esbahie et n'en
puis penser la difficulté, qui me faict vous
prier, mon frère, avecques ce que le Roy mon-
sieur mou filz et moy en escripvons derechef
au sieur Montrond 2 et de Montare 3, leur en
l'aire une lectre, affin qu'il y soyt incontinent
satisffaict et sçavoir si, depuis nostre dernière
dépesche, il en auroit riens esté escript au
contraire, pour rendre le dict ambassadeur
contant et satisfaict en cest endroict, comme il
est raisonnable. Priant Dieu, mon frère, vous
donner bonne et longue vie.
Escript à Montceaulx, le xxiiue jour de
may i 56a.
Voslre bonne seur,
Caterine.
1 Cbantonnay.
- De la maison de Saint-Germain (Forez), issue de
celle d'Apchon. — Voy. Guiclienon, Hist. de Bresse.
Delà maison de Muuimoiïn, en Auvergne.
1562. — ai mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 463a, f' 96.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DU BOÏ MON5IEUE MON FILZ
EN SON GOUVERNEMENT DE BOURGOGNE.
Monsieur de Tavanes, avecques la commo-
dité de ce porteur auquel j'avois desja faict
bailler mes aultres lettres, le Roy monsieur
mon filz a voullu vous faire sçavoir son inten-
tion sur le secours de deniers qu'il désire que
vous ayez des argenteries des églises de delà1;
à quoy je vous prie faire ce que vous verrez
nécessaire, et croire que aux affaires que nous
avons ailleurs il y a peu d'aultre moien de vous
mieulx aider. Priant Dieu, Monsieur de Ta-
vanes, vous donner ce que désirez. De Mon-
ceaulx, le xxuiie jour de may i56q.
Caterine.
De l'Aubespine.
1562. — a 5 mai.
Orig. Arcb. de Lyon.
A MONSIEUR DE MAUGIRON.
Monsieur de Maiigiron, j'ay entendu par
deux despesches que vous nous avez faictes,
le service que vous vous estes essayé faire au
Roy monsieur mon filz, depuis que vous estes
par delà, et les empeschemens que vous y
avez euz; à quoy ne défaull la bonne volonté,
laquelle je m'asseure que bientost, avecques
l'ayde de Dieu, vous aurez moyen d'exécutter
1 Toutes les pièces relatives à la saisie de l'argenterie
des églises sont au portefeuille Fontette, 36 A, f" 1-18;
le procès-verbal de la saisie se trouve aux archives de la
Côte-d'Or, 3 , 1 170. — Voy. Lettre de S'-Point à Tavannes
(Bibl. nat. fonds français, n" &63t, f° 13); Pingaud, Les
Saiih-Tavmmes (Paris, Didot, 1876, p. 33); Mémoire
de M' Quantin sur la levée de l'argenterie des églises à
Avallon (Soc. litl. de l'Yonne, i8âô).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
325
au bien du service, du Roy monditfiiz1. El pour
ce que mon frère le roy de Navarre vous
escripl présentement ce que pour ce vous au-
rez à l'aire, je m'en remectray à lu\ , après
vous avoir pryé faire el exécutterce qu'il vous
mande et ordonne pour ces! effect. Pryaul
Dieu, Monsieur de Maugiron, vous donner ce
que désirez.
De Montceaulx, le xxv jour de may i562.
(Iaterine.
De l'Aubespine.
1562. — a5 niai.
Orig. Bibl. imp, de Saint-Pétersbourg, vol. 18, f° is.
A MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, le sieur de Mura2, présent por-
teur, vous monstrera ce qu'il a rapporté de
son voiage et fera entendre ce qu'il m'en a
dict, par où vous sçaurez en quelz termes
sont toutes choses au lieu d'où il vient, qui
est si mal que je n'en puys avoir que très
grand eunuy et incroiable desplaisir, désirant
de plus en plus veoir une fin à ce grand mal ;
à quoy je vous prye, mon frère, après avoyr
bien considéré tout ce qu'il vous dira, vouloir,
aultaut que je suys certaine que vous aymez
l'enfant et la mère et la conservation de cest
Estât, bien penser et adviser aux moyens né-
1 Les gens du Parlement de Dauphiné écrivirent à
Catherine, au sujet des ordres donnés à Maugiron : qu'eu
égard au nombre des réforn.és, et craignant que la ren-
contre des deux forces ne mette en danger la ville de
Grenoble où sont tous les titres du domaine du Roi, et
qu'il n'y ait une grande effusion de sang, ils ont prié
Maugiron trde suspendre pour quelques jours d'y venir, es-
timant beaucoup meilleur céder à la nécessité du temps que
de mectre en ruyne ceste pauvre ville et conséquemment
tout le pays». Ils ont écrit semblablement à des Adretz
rpour faire retirer les forces de cculx de la religion -.
(Bibl. nat. fonds français, n 15876, f * 96 et \\-. 1
1 D'une maison du Dauphiné d'où sont sortis les
sieurs de Lestang.
cessaires pour éviter l'inconvénient auquel je
prévoy que ce royaulme est pour tomber. Il a
trouvé aussi par les chemyns ung pacquel de
Provence que je vous envoyé, par lequel VOUS
venez ung ce tencement de guerre entre le
père el le lilz ', lotîtes choses qui m'augmen-
tent la pevne en quoj je suis, el donl je ne
puys recourir que à vous, mon frère, que je
tiens comme père de mes enfans, qui est tout
ce que je vous puys dire pour le présent , vous
ayant tant escripl par le coule de Villars el
sieur de Vieilleville et depuis par Alluye- que
j'en suis àdemy malade, avecques ce que, de-
puis vostre partement, je ne me suis guières
bien portée. Pryant Dieu, mon frère, vous
donner ce que plus désirez. De Montceaulx.
le xxve jour de inay i562.
(Desa main.) Mon frère, je ne pran pas tenl
mes plésirs que je nay soye si fachaye3 que
n'ay heun heure de santé. Je voldrès que
seulx qui penset que je an naye tenl ysi n'an
neuse non plulx que moy, et qui désirase aul-
tent le byen et repos de set royaume conte
qui devel, et qui l'aymaset aultent la pays
corne yl echaufe la guère.
Vostre bonne seur,
Caterine.
(Au dos.) La Royne, du au mars i562.
1 562.
3i mai.
Orig. Bibl. nat. fonds français , 11" 4G3-1 , f* 98.
A MONSIEUR DE TAVANES,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROY MONSIEUR MON riLZ
ET SON LIEUTENANT GENERAL AU GOUVERNEMENT DE BOURGOGNE.
Monsieur de Tavanes,je suis bien l'aschée
de veoir de jour en jour nouveau trouble par
1 Le comte de Tende el M. de Sommerive, son fils.
— Voy. ce que nous en avons dit à la note de la p. 3o'i.
2 Florimond Roberlet, s' d' Alluye, mort en i56q.
3 Nay soy si fachaye, ne sois si fichée.
326
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
dellà, et uiesmes que cmlx de Chaallon 1 se
soyent tant oublyez qu'ilz yayent tiré el faict
entrer des forces dont m'escripvez ; en quoy
je sçay bien que vous avez donné tout Tordre
qu'il vous a esté possible. Et acleudant que
vous ayez moyen de myeulx faire, je vous prye
adviser de conserver les autres places, et con-
lenir le pays en la plus grande trancquillité
<pie vous pourrez, vous aydant de ce dont vous
escript le Roy monsieur mon filz, à la lettre
duquel je me remectray , et à ce que le général
de Bourgongne, présent porteur, vous pourra
dire. Prvant Dieu, Monsieur de Tavanes, vous
avoir en sa garde. Escript au boys de Vin-
cennes, le dernier jour de may i562.
(Utérine.
De l'Adbespine.
(1502. — 3i mai.)
Aut. Arch. de Turin.
A MADAME MA SECR
MADAME LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, je croy «pie aurés reseu la lelrc
que vous ayscrivis arsouir bà la hasle par
l'homme qui s'an veau consile, et asleure je
vous ay bien voleu ayscripre la présante pour
vous prier de m'ayder à vous remersier et vostre
bon mari de set que ton deux faystes pour
nous qui avons bon besouing que nous parans
et amis set monlret asteure, veu le pilous
avtal en quoy nous souines , lequel serlénement
aysl misérable, et se se n'étoyl l'ayspéranse
que j'é en Dieu , et que y m'a tenl de fouis aydée,
je ne se cornent je pourès pourter lé maulx,
les ennuis que je ay et ay aucasian d'avoyr;
mes je me lie tent en sa bonté que yl auré
pilyé de mes petis enfans qui n'ont poynt
1 Monlbrun, à la têtu îles bandes du Midi, s'était fait
ouvrir les portes de Chalon par ses coreligionnaires; il
\ avait interdit la messe el pillé les églises.
mérité encore pour leur ynnosanse tous les
maulx qu'il ont et qui se prépare! en sel
pouvre royaume san son ayde.etqu'i lu\ pièse
y mette la mayn par sa miséricorde et ne nous
déléser en ses troubles au que nous soumes.
Je vous suplye, Madame, me contineur tous-
jour vostre bonne grase et ausi la bonne vo-
lante que nous pourtés et y mentenir Monsieur
de Savoye, l'aseurant que ni la mère, ni les
enfans ne seront yngras de set qui faysl à
nostre nésésité pour nous; et pour se que le
président1 et Forget vous manderont byen au
long nostre yntansion et que je l'ay dyste de
bouche ausi à set pourteur, je fayré fin, me
remetent seur heulx, prient Dyeu vous con-
tineuer vostre bonheur et contentement.
Vostre très humble et très hobéissanle
seur,
Caterine.
Madame, je vous suplie volouyr donner à
Madamoyselle deu Goguier2 quelque prolis
désirés, car vous savés cornent aylle me sert,
et en réconpanse set je puis fayre quelque
chause pour sele qui vous servet, m'an esti-
meré heureuse.
( 1562. — 3 i mai.)
Orig. Bibl. iinp. il»; Saint-Pétersbourg, vol. i8. f 37.
A MONSIEUR
MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, je vous envoyé la dépesche que
1 Le président de Monlfort, ambassadeur de Saioie.
J Voy. note de la p. o4. D'après M. Blanchemain, l'é-
diteur de Saint-Gelays, nous avions d'abord pensé que
M"1 du Gauguier pouvait bien être Marie Helin, épouse de
Louis Burgensis, médecin de Henri II; mais depuis nous
avons reconnu que son vrai nom était Claude de Beaune et
qu'en 1 5 5 7 et iôTiS, en qualité de demoiselle d'honneur
de Catherine, elle contre-signail toutes les dépenses de sa
maison. — Voy. le registre des dépenses de Catherine de
Médicis. (Bibl. nat. fonds français, n' io3o6.)
LETTRES DE C AT II
j'ay faicl dresser pour le gentilhomme que l'on
doyt envoyer à Orléans et aussi pour l'Angle-
terre, que je vous prie vouloir veoir et faire
veoir aux seigneurs qui sont avecques vous el
m'en mander vostre advis, affin que je l'ace
partir incontinent l'une el l'autre dépescl I
si, par mesme moien, vous me voulez faire
sçavoir de vos nouvelles, vous ferez chose que
prendra à grand plaisir
Voslre bonne seur,
Gaterine.
(De sa main.) Je viens de resevoyr vostre
letre et suis bien ayse que le logis souit si
à propos et ne bougeré que n'aye de vos no-
velles. Je voklrès by&n que seuls de Rouan
feuse si byen consellay que la ville ne feut en
danger d'estre sacagée. Mandé nioy set que y
vous répondron el que aurés veu à set matin.
Je vous envoy la letre de Clerveaulx1 et vous
vovré la seude-de ses soldas et par là conèlré
qu'il an na beaucoup comendé.
ERINE UE MÉDICIS.
•tel
1562. — 'i juin.
Copie. Arcl). de la mairie de Dijon, Iî. 19g.
A MONSIEUR DE TA VANNES,
L1IUTEHANT AL GOUVEHNEMENT PC BODBGOCHB.
J'ai sceu par oc que m'avez escript el que
m'a dit de votre part Pelissier, présent pour-
leur, comme est passé le faicl de Chalon d'où
se sont retirés ceulx qui s'en estoienl saisiz3;
de quoy j'ay esté très aize et très contente du
bon ordre que vous avez donné pour les ré-
1 Antoine de Vienne.
* La seuile, la solde.
1 Tavannes était rentré à Chalon, le i juin, après
avoir dispersé une des compagnies envoyées par Mont-
brun pour batlre la campagne. Ne se sentant pas assez fort ,
MoDtbrun s'étnit embarqué sur la Saône, laissant ses
coreligionnaires à la merci du vainqueur. — Voy. Perry,
Hist. de Chalon, p. 33o.
(luire à la peur qui les a réduit, ce donl il ne
l'aul pas perdre le fruit; désirant que suivant
ce que vous aurez peu entendre de l'entencion
du Roy monsieur mon lilz el de moy, par
la despesche que vous a esté dernièrement
l'aide par le corner, vous laciez tout ce que
vous pourrez pour achever île nettoyer toul le
pays de Bourgongne de este vermine de pré-
dicans cl de ministres qui v ont mis la pesl
ainsi que vous avez bien commencé, ou pour
dire la vérité, qui sont causes des insollences
qui y onl esté faictes el de la désobéyssance
qui s'y est échue jusques icy, que je vous prie
recovrer par tous moyens et n'y espargner n'y
oublier riens, extimant, comme il me semble
bien raisonnable, que vous serriez ceux de
Lyon le plus près que vous pourrez. Et regardez
et recovrez de ce couslé là tout ce que s'\ estoil
perdu, en manière que le Roy mon dit lilz \
soil obéy, et les sédicieulx ebastiez comme ilz
foui méritez. Priant Dieu, Monsieur de Ta-
vannes, vous donner ce que plus désirez.
D'Estampes, le quatrième jour de juinj;
1 5 G 2 .
Catemne.
De l'Aubkspine.
1502. — 9 juin.
Archives <lti Rhoue.
V MONSIEUR DE MAUGIRON,
GBHTILH031VB OBD1HAIBB I>E LA CHAMBRE DE BOT
BT SON UETJTBEIAUT SBRBRAL B1 . UMÉ ,
Bfl L'ABSENCB DE MON COUSU LE PLC D8 COl
Monsieur de Maugiron, pour ce que, entre
leschasleaulxqui sont de garde el conséqu :e
au gouvernement de Daulphiné , j'ay entendu
que celluyduCbasIeau-DaupbinesIdu nom lire,
lequel, à ce que l'on nous a dict.esl en bien
fort mauvais estai «le munitions el de gens
de guerre; à eesle cause, désirant qu'il \ suit
pourveu à ce qu'il n'en advienne aucun incon-
:>28
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vénient, je vous j » iî o el ordonne que, incon-
tinant la présente receue, vous aiez à faire
mener et conduire en icelluy une moyenne ou
hastarde, et quelques aultres pièces d'artil-
lerie des plus prochains et comodes lieux du
dit chasteau; donnant ordre que, advenant ung
besoing, vous y puissiez faire gecter dedans
ung nombre de cinquante hommes et quelques
armes, y faisant conduire cependant la quan-
tité de \ ivres et munitions que vous congnoistrez
estre nécessaire pour la garde d'icclluy. Et pour
ce que je irTasseure que vous n'y ferez auculne
faulte, je ne vous en feray la présente plus
longue. Priant Dieu, Monsieur de Maugiron,
qu'il vous aict en sa saincte et digne garde.
Escript à Estampes, le ixm° jour de juing
1062.
Caterine.
1562. — (13 juin.)
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 15876, f° 166.
A MONSIEUR DE FOURQUEVAULX '.
Monsieur de Fourquevaulx, j'avoys aupara-
vant la réception de vostre lettre du xxii1, jour du
niovs passé bien entendu l'exécution qui c'estoyt
faicte à Thoulouze2 et le bon debvoyr dont
vous y avez usé, chose qui ne m'avoit semblé
estrange pour l'asseurance que j'ay que par-
tout où vous trouverez, vous adviserez de
1 Iîavmond de Pavie, baron de Fourquevaux ou For-
quevaux, d'une Camille noble de Languedoc, se distingua
dans les guerres d'Italie, sous François 1" et Henri II.
Nommé gouverneur de Narboune en i."i.jS, il prit part
aux premières guerres civiles et, plus tard, remplaça
comme ambassadeur en Espagne M' de Saint-Sulpice ;
il mourut à Narbonne, à l'âge de soixante-cinq ans, en
lO'jli. La Bibliothèque nationale conserve plusieurs vo-
lumes de sa correspondance. — Voy. les n° 7070 et
10753 du fonds français.
\ oy. pour la pari qu'il prit aux troubles de Toulouse,
de Mordue, édit. de Ruble, t. IV, p. 1.37; de
Tliou, Hist. univert. trad. (Londres 1 7.36 , t. IV, p. 377).
mesme et ne ferez pas pis que vous avez faict
jusques icy pour le service du Roy monsieur
mon filz; mais j'ay esté infiniment ennuyée
du mal que j'ay veu par vostre dicte lettre estre
en Languedoc semblable à celluy qui se vovl
par toutes les aultres provinces de ce royaume,
pour la craincte que j'ay qu'il n'en advienne,
corne il est croyable, tant de malheurs et de
calamitez que ce sera une pitié. Depuys que
ceulx de la nouvelle religion sont si fortz,
comme le me mandez, je trouve bonne la levée
que a faicte Monsr de Joyeuse \, affin de pou-
voir avoyr moyen de remédier à leurs des-
seings2 et asseurer le pays en l'obéissance du
Roy mondil filz, el pour l'entretenir je ay
faict dépescher ung mandement audict sr de
Joyeuse pour prendre des denyers de ce pays-
là jusques à la concurrence de la somme de
xl1" 1. Et encores que ce soyt chose qui sera
malaysée en ceste saison , il requerra Montagne3
de s'en servir le mieulx qu'il pourra, et vous
priant, M. de Fourquevaulx, de vostre pari
vous y employer et adviser de faire tout ce que
vous penserez qui pourra profiter au repoz
public et à la conservation de l'authorité du-
dit Roy mon filz, comme de celle de Dieu, el
y travailler sans y perdre une seulle heure de
1 Joyeuse, pour s'opposer à Crussol, avait six mille
hommes de pied et cinq cents chevaux. — Voy. Dom Vais-
sète, Hist. du Languedoc, t. V, p. a33.
2 Le 3 mai les églises de Béziers avaient été saccagées.
Maître de tout le pays jusqu'au Rhône, Crussol avait armé,
le 2.3 mai, les habitants de Montpellier. Le a juin, les
protestants avaient pris Beaucaire. — Voy. Dom Vajssète,
Hist. du Languedoc, t. V, p. !>3a et suiv.; Mesnard, His-
toire de Nîmes, t. IV, p. 368 etsuiv. ; Lettre de Crussol
à la Reine, en date du 1" juin (Bibl. nat. fonds franc.
D° 15876, P. 10»).
3 Jacques de Montagne, né au Puy-en-Velay, qui, de
1 555 à 1070, exerça la charge d'avocat général de la
cour des aides de Montpellier; il a composé une histoire
de l'Europe, de i56o à 1587. — Voy. le n° i54p,5 du
fonds français.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
329
temps, de façon que j'espère dans peu de
jours d'une façon ou aultre y voyr la fin. et
sur ce je prie Dieu. Monsieur de Fourque-
vauix, vous avoir en sa saincte et digne garde.
D'Estampes, ce (xn) jour de juing 1 56a.
(Au dos.) La Royne à Monsr de Fourque-
vnulx. du .... jour de juing i56q.
1562. — îa juin.
Orig. Arcb. du Rhône.
A MONSIEUR DE MAUGIRON,
CBSTILEOim ORDINAIRE DE LA CHAMHRE DU ROÏ MONSIEUR MON FILS
VÎ 'ON LIEUTENANT GÉNÉRAL AU GOUVERNEMENT DE DAUPHLNE,
B8 L'ARSENCE DE MON COUSIN LE DUC DE GUYSE.
Monsieur de Maugiron, vous entendrez par
la lettre que le Roy monsieur mon filz vous
escript présentement le contentement et sac-
tiffaction qu'il a du bon debvoir dont vous
usez par delà à faire lever des forces, et
comme, au contraire, il a trouvé très mau-
vaise la harangue du depputté de la court
de Parlement, chambre des comptes, conmis
des estatz et consulz de Grenoble l, ausquelz
il a faict présentement une bonne lettre là
dessus, comme vous pourrez veoir par le
double qu'il vous en envoyé. Vous entendrez
aussi quelle est son intention sur l'allée par
delà du sieur de Tavannes, avec ses forces,
affin de vous aydèr à nectoyer le païs de ceste
1 Les gens de la cour du Parlement de Grenoble
avaient prié la Reine de retarder l'arrivée de Maugiron â
Grenoble, occupée par les buguenols, craignant qu'on n'en
vint aux mains. rNous avons, disaient-ils, advisé escrire
au s' de Maugiron et luy donner advis de suspendre pour
quelques jours d'y venir, sinon qu'il eut exprès comman-
dement de ce faire, estimant beaucoup meilleur de céder
à la nécessité du temps que de mettre en ruyne ceste
puiivre ville et conséquemment tout le pays; et semblable-
mont aurions aussi escript au s' des Adrets pour faire re-
tirer les forces de ceulx de la Religion, i (Ribl. nat. fonds
franc. n° 16876, f° 96.) — Voy. Chorier, Hist. du Dau-
phiné, p. 564.
Cathehise DE Mt'BICIS. — 1.
vermyne de rebelles, comme il a jà faict en
Bourgongne. Estant bien requis que, en ceste
si urgente occasion, vous regardez à vous bien
entendre avec luy, et luy obéyr ainsi que le
dict seigneur Roy mon filz le vous mande plus
amplement par sa dicte lettre; sur laquelle
me remectant du surplus pour l'asseurance
que j'ay que ne fauldrez à luy sactisfaire en
cest endroict, je prieray Dieu vous avoir.
Monsieur de Maugiron, en sa saincte et digne
garde.
Escript à Estampes, le xir* jour de juing
i562.
Catemne.
Je vous envoyé la dicte lettre pour la court
de Parlement, fermée à cachet vaulant, affin
que la voyez et la leur faictes tenir avec la
myenne, et aultant aux conmis des estatz de
Daulphiné.
1562. — 1 2 juin.
Orig. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous entendrez par la lettre que
le Roy monsieur mon filz vous escript présen-
tement la prière et requeste qu'il vous faict de
ne trouver mauvais que les sieurs de Tavannes
et de Maugiron lacent passer par la Bresse, ou
aultre endroict de voz païs, les forces qu'ilz
ont avec eulx pour les faire joindre en-
semble, affin de repurger le Daulphiné des
rébellions et désobéissances qui se y usent,
dont j'ause bien me promectre, mon frère,
que suivant votre accouslumée bonne volunté
en notre endroict, et estant question en cella
d'une si bonne occasion , vous ne nous vouldrez
reffuser; par quoy demourant en ceste asseu-
rance je ne vous en feray aultre redicte par la
présente , priant Dieu , vous donner, mon frère ,
A 2
330
après mes bien affectionnées recommanda-
tions à vostre bonne grâce ce que désirez.
Escripl à Estampes, le xne jour de juing i56a.
Caterixe.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1562. — i3 juin.
Copie. Bibl. oat. fonds français, n° G6o5 . f°' 96 et suiv.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, vous aurez veu la
dépesche qui vous fut faiete hier par le cour-
rier de Bayonne que je vous ay renvoyé, par
où vous avez entendu Testât en quoy nous
sommes, qui n'est de riens amendé depuys,
et veoy ces troubles et inconvéniens aller s'ai-
grissans de jour en jour, de façon que comme
femme et mère d'ung roy pupille, je croy que
\ous pensez bien que je ne suis pas sans grande
peyne pour infinyes raisons que vous considé-
rez assez , dont je vous en toucheray deux par-
ticulières, qui sont si importantes que nul bon
subject et serviteur de cette couronne ne sçau-
roit guères remémorer en son esprit sans
grand desplaisir, et pensez donques jusques
où cela me pénétrera. Je veoy premièrement
tous les plus grands hommes et dignes capi-
taines de ce royaulme et les principaulx de la
noblesse ayant les armes en la main les ungs
contre les aullres, aigriz et animez de telle
sorte qu'il ne s'en peult actendre que prochaine
ruvne et perte de l'une ou de l'autre partye et
par aventure de toutes les deux, pour estre la
querelle et l'occasion telle que vous les sçavez1 ;
et de l'issue de cela le chemin et la porte ou-
verte à tous les estrangers qui vouldronl iuvahir
ce royaume desnué et privé de ceulx qui le
devrovent deffendre, qu'il sera à la merci et
discrétion du vainqueur de bailler la loy à
tout ce royaume, et ne sçay s'ilz la voudraient
En marge est écrit : Ici commence le chiffre.
bailler au filz ou à la mère, et quant je consi-
dère bien la friandise que telles occasions peu-
vent donner, vêla , Mr de Limoges, la discrime l
et angoisse d'esprit en quoy je suys et pour
une aultre occasion aussi que je vous veulx
bien déclarer, craignant tous inconvénients,
qui est que je veoy le prince de Condé bien
fort, et grandement accompagné et ne puys
ne craindre que, tournant la victoire de son
cousté, mon filz le Roy catholicque, s'il medsa-
venture aux chefs qui sont en nostre armée, ne
voulsust alors entreprendre la vengeance décela
et, soubz umbre de m'ayder à deffendre et con-
server ce royaulme, n'y mecte et face entrer
toutes ses forces, monstrant vouloir prendre la
protection et se rendre comme tuteur de mon
filz, qui serait le comble du malheur et la
ruyne totalle et éversion de cest Estât, envyé
de tant de gens et de si longs temps qu'il est
bien à croyre qu'il n'en perdrait pas l'occasion,
et n'y a alliance ny amytié qui m'en puisse
donner aucune asseurance. Cecy vous escris-je
de bonne heure, Monsieur de Limoges, afin
que vous prépariez dextrement le dict Roy ca-
tbolicque à recevoir l'événement qu'il plaira
à Dieu envoyer, comme il fouit faire, toutes
venans de sa voulunté, sans qu'il cognoisse
que je vous aye esciipt ; l'advertissant que, pour
rendre l'armée du Roy mon filz tousjours plus
forte, je fais venir icy six mille Suisses et six
mille lansquenetz qui seront bientost par de çà
avecq deux mille chevaulx allcmans, lesquelz,
s'il advenoit quelque désastre entre cv et là,
avec beaucoup d'aultres forces que je fais tenir
prestes, serviraient à faire ce que la première
armée n'aurait pas faict, afin que, sçachaut cela
le dict Roy catholicque, vous lui puissiez par
ce moien rumpre le coup et faire perdre l'ap-
pétit d'entrer en ce désastre avecq grande
' Discrime, crise.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
331
force en ce royaolme; chose que je veuix par
tous moieus éviter, pour estre de l'importance
que vous cognoissez ; et vous prye en cela
employer Ions voz cinq sens de nature, car
je crains aultanl qui' la mort de veoir adve
nir à mon filz et à moy ces! importable acci-
dent. sçachant quels -cul les conseils, pra-
(icques et menées de ceulx qui nous ont excité
ces (roubles où y pend tant de mal que je ne
\ous puis dire; mais ayant trouvé ce porteur
je ay bien voulu mectre ceste lectre à l'aven-
ture.
1562. — (i 3 juin.)
Minute. Bibl. oat. fonds français, n° 13876, P' 109 el suiv.
A MONSIEUR DE MONLUC.
Monsieur de Monluc , auparavant que j'eusse
receu vostre lettre du xxne du moys passé,
j'avoys très bien entendu le bon exploict que
vous avez fairt à Thoulouze ', et comme vous
l'avez préservée de tumber entre les mains de
ceulx qui la vouloient soustraire de mon obéis-
sance, car vous pouvez assez penser que j'avoys
receu le contentement tel que vous pouvez dé-
sirer pour vous attribuer la gdoyre principalle
de la conservation de ceste ville avec l'ayde de
tant de gens de bien et bons serviteurs de
ceste couronne qui vous y ont assisté; et pour
ce que j'ay veu par le porteur comme vous en
1 Voy. Dom Yaissète, Histoire générale du Languedoc,
t.V, p.aig-aa4 ; Commentaires de Monluc, édit. de Ruble,
I. II, p. /100, Itolt et il 6 , et t. IV, p. t3a et suiv.; De
Thou, Histoire univers, trad. t. IV, p. 370; Bosquet,
Histoire des troubles advenus en la ville de Tolose (Tolose,
Colomiez, 1 5 6 3 , in-12). Cette relation des troubles de
Toulouse a été plusieurs lois réimprimée, et notamment
en 1 8 (î 2 , à l'occasion du trois-centième anniversaire de
la sédition et de la délivrance de la ville. Cf. Lettres
du cardinal d'Armagnac, publiées par M. Tamize] de Lar-
roque, dans la Revue historique, de MM. Munod et
Fagniez (1. I. p. 517 I.
allez à Lavauret Castres, et que, par tous les
adviz que nous avons de ces quartiers-là, les
choses sont en telle confusion qu'il est besoin;;
d'\ mectre ordre promptement,qui ne vouldra
les laisser aller en ruyne et désolation. Aussi
est-ce pour vous prier, suyvanl ce que nous
avons résolu, que vous regardiez d'assemblé)
toutes vos forces et vous mectre tous ensemble,
vous et Messieurs de Tende et de Gondrin *,
et qu'avec les gendarmes et gens de pied el
tout ce que vous pourez avoyr assemblé, si
vous en avez affayre, tant de la noblesse que
des communes, vous regardiez d'aller aux lieux
que vous jugerez plus nécessaire d'estre ré-
duietz en l'obéissance du Roy monsieur mon
filz, affin de regagner pied à pied ce qu'ilz ont
usurpé sur luy; mais seullement que, après
avoyr nectoyé Castre, Lavaur et telles places,
vous debvez aller droict à Agen qui est le prin-
cipal magazin de toutes leurs forces, ne doub-
lant pas qu'en ayant prins une ou deulxetfaicl
bien etsévérement [punir] les chefz el les prin-
cipaulx de ceulx qui les ont prinses, les aultres
u'v prennent un exemple; vous priant, puis-
que vous avez la force en main, que vous
ne la laissiez point que vous n'ayez nectoyé
tout le pays des séditieux qui ont usurpé no/.
villes, remectant à vostre discrétion d'aller
es lieux que vous jugerez les plus importans
et de faire comme vous congnoistrez plus né-
cessaire pour y mectre promptement une fin,
et affin que vous ayez moyen d'entretenir les
forces que vous avez et en faire d'aultres, si
vous en avez besoing, il vous est présentement
envoyé ung mandement pour prendre aux
1 Antoine de Pardaillan, s" de la Mothe-Gondrin, —
Vov. Comment, de Monluc (édit. de Ruble, t. Il , p. 38o):
Lettre de Bellegarde au lioi, datée de Toulouse, le la
juin i5Ô2 (Bibl. nat. fonds français, n° 10876, f° 1 16) ;
Lettres des capitouls de Toulouse à la Reine et au Roi
! ibid. t " 117, 1 19, iai).
ûa.
332
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
receptes généralles de Guyenne et de Thou-
louze jusques à la somme de cent mille livres
lanl des deniers des dixmes que aultres,
pour satisfaire à voz despenses; sur laquelle
somme le Roy monsieur mon fils trouve bon
et je vous ordonne prendre jusques à troys
mille livres pour vous donner les moyens de
satisfaire à la despence qu'il vous convient
faire, vous pouvant bien asseurer qu'il ne se
présentera occasion de vous faire du bien et
de l'honneur, que je ne recognoisse les services
que vous faictes à ceste couronne et la grande
peyne et soing que vous en prenez, voullant,
comme il vous a esté mandé par l'une de noz
dépesches, en tous ces lieux là que vous puis-
siez oster les armes à tous ceulx de la nouvelle
religion et les mectre entre les mains des gens
de bien qui en soyent responsables et pro-
mectent n'en abuser, ains les employer pour
le service du Roy mondit filz et la conserva-
tion de son obéissance, ne doublant point
qu'avant qu'il soyt peu de jours, en proceddanl
de ceste façon, vous ne rendiez ce pays là
aussy tranquille comme maintenant il est des-
bordé; vous advisant au demeurant que je
trouve bon que vous ayez retenu la Mothe-
Rouge ', comme me le mandez, et que je vous
ay accordé la confiscation dont m'avez escript
que je seroys bien ayse valloyr encores davan-
tage qu'elle faict , pour vous donner à cong-
noistre le contentement que le Roy monsieur
mon filz et moy avons de voz services; quand
vous en oyrez la fortune2, les dépesches vous
en seront faictes, qui est tout ce que je vous
1 Voy. pour ta Mothe-Rouge, Comment, de Monluc,
•■'lit. de Ruble, t. I, p. lioo; t. II, p. liù-2; t. III, p. 18;
t. IV, p. 1 '1 1 .
s Sans doute elle a voulu dire : g Quand vous appren-
drez la bonne fortune qui vous arrive, les dépêches en
seront déjà faites, » — Voyez une lettre de Montluc (Com-
ment, édit. de Ruble, t. IV, p. 1H.)
diray pour à présent. Priant Dieu, Monsieur
de Monluc, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
D'Estampes, ce (xiv°) jour de juiug i56a.
[Au dos.) La Royne à Mr de Monluc, du . . .
jour de juin i562.
1562. — 16 juin.
Orig. Arch. de Saône-et-Loire.
A MESSIEURS LES ESCHEVINS,
MANANS ET HABITANS DE LA VILLE DE MASCON.
Messieurs, j'ay grant ennuy quand il fault
que je cognoisse de si lordes faultes en subjeclz
et obéissans que je vous ay tousjours veu et
que en ces temps troublés vous vous soyez tant
obliez '; mays puysque la chose eu est jusques
là, il fault que, avec une bonne recognoissance,
accompagnée des effaicts, vous nous laciez
cognoistre que les choses sont plus advenues
par mauvaise intelligence, oufaulte d'advis que
de sinistre intention, et monstriez tel debvoir
d'obéissance que vous heussiez aultre volonté.
Priant Dieu, Messieurs, vous avoir en sa
garde 2.
Du boys de Vincennes, le xvi° jour de juing
i56a.
Caterire.
De l'Aubespine.
1562. — iC juin.
Orig. Bfl>l. nal. fonds Moreau, 11° 833, f" 166.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A DIJON
Messieurs, vous verrez ce que le Roy mon-
1 Au mois de mai i56a, les protestants s'emparèrent
par surprise de Màcon, et s'y livrèrent pendant plusieurs
jours à de nombreux excès. — Voy. les Lettres de Tavannes
au Roi. (Ribl. nat. fonds français, n° 15876,1*277.)
! Une lettre de Charles IX accompagne celle de Cal lie-
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
:;:;:;
sieur mon lilz vous escripl du contantement
qu'il a eu du bon devoir ([ue vous avez faic!
et t'aides à maintenir les choses de delà eu
repos el tranquillité, comme j'ay de ma part;
mais le principal est de taire de bien en
mieulx, comme je vous prie l'aire, remectanl
le surplus sur vos confrères présens porteurs.
Priant Dieu, Messieurs, vous avoir en sa garde.
Escripl au boys de Vincennes, lexvi* jour
de juing i562.
Caterine.
De l'Albespine.
1562. — iG juin.
Copie. Bibl. nal. fonds Brienne, n° 367, f" 116 et suiv.
\ MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Renés, l'occasion pour laquelle
j'ay demeuré quelque temps à vous faire
sçavoir de mes nouvelles a esté que, voulant
el désirant pourvoir aux troubles que l'on nous
a suscité en ce royaume comme au mal qui
nous emporte et presse de plus prez, je n'ay
guères pensé à autres choses que à y trouver
les remèdes nécessaires, ayant estimé que le
meilleur et plus salutaire conseil que je pou-
vois prendre, c'estoit de composer et pacifier
le plus tost qu'il seroit possible les choses à
l'amiable, pour nous garder de tomber en une
guerre civille, qui a esté, comme vous sçavés,
la ruine de tous les plus grands et florissans
royaumes et Estats de ce monde , dont les
exemples nous sont encor aujourd'huy tout
récens; et estant ainsy, sur ceste négociation
que j'ay poursuyvie sans intermission le plus
chaudement et le plus vivement qu'il m'a esté
possible, il m'a fallu trouver beaucoup de
pierres les unes après les autres et tenter divers
moyens pendant lesquels j'ay patiemment porté
rine ; elle est conservée dans les archives de Saône-et-Loire,
el n'ajoute aucuns détails à celle-ci.
tout ce qui s'est trouvé de difficulté, dureté el
obstination, et, enfin m'estant trouvé j avoir
consumé cinq ou six semaines de temps sans
y avoir peu moyenner aucun accord et pacifi-
cation et voyant que l'armée que conduit mon
livre le roy de Navarre, s'acheminoit à Orléans,
où mon cousin le prince de Condé a recueilly
'ce qui luy a venu des forces qui ne sont pas
petites, j'ay bien voulu m'incommoder jusques
là que de me priver de la présence du Roy
mon fils, peudant lequel je l'ay laissé en ce
lieu du bois de Vincenne accompagné de mon
cousin le prince de la Roche-sur-Yon et autres
notables seigneurs, et me suis allée mettre
entre les deux armées, espérant que, si je
pouvois attirer mondict cousin le prince de
Condé à parler à moy, je le persuaderais à
quelque raisonnable condition; mais m'estant
venu trouver el mondict frère le roy de Na-
varre, il ne s'est voulu accommoder aux con-
ditions que je luy ay proposées, de sorte
qu'après avoir veu que ma présence ne pro-
fitoit plus à l'advancement de ceste affaire, je
m'en suis venue retrouver le Roy mondict sieur
et fils avec bien peu d'espérance de pouvoir
garder que la chose ne se terminast par les
armes, qui sera bien à mon grand regret et
déplaisir; et estant sur ce doubte, les choses
se sont par la grâce de Dieu tellement rap-
prochées entre mondict frère le roy de Navarre
et mondict cousin le prince de Condé son frère,
que je pars demain1 pour aller retrouver la
compagnie et veoir si, à ceste fois, je pourray
conduire la chose à unegénérallc pacification,
dont el du succez que prendra mon voyage
1 D'après une dépêche de Throckmorlon à la reine
Elisabeth, Catherine reçut le 1G juin une lettre du roi
de Navarre portée par M. de Fresnes qui L'invitait à re-
venir au camp pour une nouvelle conférence, et elle partit
on litière le lendemain 17 pour s'y rendre. (Caleiular <>)
State papers, i56a, p. ia3.)
33'.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
je vous donnera) advis incontinent. Cepen-
dant je vous diray que j'ay receu vos lettres
du pénultième mars, xinc et xxnc avril et xie
may, par lesquelles j'ay entendu que les choses
alioienl empirant pour le jeune prince de
Trausilvanie ' et crains bien que la deffaicte
des chevaux du Bassa de Budes y attire une
grande partie des forces du Turc, et qu'au lieu
de secourir le prince il se veuille servir du
moyen qu'il aura de s'impatronir de tout son
pays au préjudice de la chrestienté, sy l'Em-
pereur mon frère et le dict prince ne s'accor-
dent, comme vous me mandez qu'ils en estoienl
en quelque praticque, dont j'attends des nou-
velles par vos premières despesches; et cepen-
dant vous asseureray que je suis bien ayse de
la responce que vous avés faite à mondict bon
frère sur les propos qu'il vous a tenu de nos
troubles, desquelz (il eust esté aussy aisé et
facile d'y pourvoir que à ceux qui sont loing
du péril et danger en peuvent discourir à leur
ayse) nous feussions délivrez il y a longtemps,
car je sçay en ma conscience que je n'ay oublié
de ce que la plus catholicque et religieuse
princesse de ce monde pouvoit faire tant pour
la conservation de l'honneur de Dieu que
pour faire restituer à ce royaume sa première
tranquillité, en attendant ce que le concile
nous apportera de réformation en la corrup-
tion qui est pour le jourd'huy si grande en la
discipline el meurs des ministres de l'Eglise,
qu'il ne fault pas s'attendre de venir quelque
estât que ce soit de la chrestienté longuement
tranquille s'ils ne sont réformez, comme il
appartient; en quoy il fault que je loue infini-
ment, la bonne et saincle intention de mondict
bon frère l'Empereur, et ne me puis garder,
puisque nos désirs et volontés se trouvent en
cela si conformes, de concevoir en mou cœur
1 Jean SigismonH.
une si certaine espérance du fruict dudict con-
cile qui' je le pense bien aysé à cueillir. Il est
vray que j'ay mandé au sieur de Lansac mon
ambassadeur audicl concile qu'il essaye de pro-
longer les prochaines cessions; mais c'est pour
donner loisir à nos prélats d'y arriver, et gar-
der que cependant il ne se termine chose ap-
partenant à la doctrine que l'on veuille puis
après révoquer en doubte ou difficulté; je les
feray partir le plus tost qu'il sera possible,
n'ayant peu , comme ils m'ont faict remonstrer,
satisfaire au commandement que je leur avois
faicl faire de s'y acheminer il y a plus de trois
ou quatre moys à l'occasion des dessus dicts
troubles dont la pluspart de leurs diocèses se
sont trouvés si grandement travaillés qu'il a
fallu par force que ils soient demeurés sur
les lieux pour y donner le meilleur ordre qu'il
leur a esté possible, et avec le devoir qui les
faict retenir en l'obéissance de l'Église ce qui
n'y estoit encores gasté.
Je trouve que vous avés eu raison de ne
présenter à mondict bon frère les lettres que
je luy escrivois en faveur du comte de Fiesque l :
je les ay faict réformer suivant le contenu en
vostre mémoire et les vous renvoyé présente-
ment, vous priant que vous continués de faire
pour luy en sa faveur tout le meilleur office
qu'il vous sera possible, aussi que vous con-
tinués à faire pour luy ainsy que vous avés
très bien commancé et selon la démonstration
que vous avés faicte d'avoir son affaire pour
favorablement recommandée. Je tien le cou-
ronnement du roy de Bohesme pour résolu,
et son élection au rov des Bomains si bien
acheminé, si les advis que j'en ay des divers
endroicts de la Germanie sont véritables, que
je ne pense pas qu'il s'y trouve aucune diffi-
culté. Et pour ce que je m'asseure que les
1 Voy. la noie de ta page i3i .
LETTRES DE GATH
princes de Germanie voudront, en ce faisan! ,
tirer quelque gratification de mondict bon frère
l'Empereur, niellez peine de découvrir quelle
elle sera pour m'en donner advis. Je pense
que vous aurez bien entendu, avant que celle
despeche puisse estre à vous, comme les légatz
i'i pères <pii sont assemblez à Trente pour le
laid du concile ont fait bailler à Monsieur de
Lansac noslre ambassadeur la scëance ' après
celuy de mondict bon frère l'Empereur, qui est
vuider la querelle que vous en a voulu faire
l'ambassadeur du roy d'Espagne mon beau-
fils résidant au lieu où vous estes; de sorte,
que mondict beau-fds n'aura plus d'occasion
de faire difficulté' de suivre ce qui en a esté
décidé par ledicl concile et de vous en faire
jouir sans contrediction ny empescbement.
Quant à vostre particulier, à mon retour de
voyage, je regarderay de vous faire gratifier de
quelque don qui vous donne moyen de supor-
ter les despences que vous laides et qu'il vous
fauilia continuer plus grandes que auparavant
pour les occasions contenues en vos lettres qui
sont dignes de considérations 2 d'un
bon maislre à l'endroiet d'un si digne ser-
viteur que vous. Priant Dieu, Monsieur de
Rennes, vous avoir en sa saincte et. digne
garde.
Gaterine.
1562. — ig juin.
Copie. Bibl. nal. Parlement, n' 83 , f> 378.
A MON COUSIN
LE MARESCHAL DE BRISSAC.
Mon cousin, estant près d'Orléans, mon
cousin le prince de Condé et beaucoup des sei-
gneurs qui sont prez de luy m'ont fait remons-
1 Scéance, préséance.
- Mois illisibles.
ERINE DE MÉD1GIS. 335
lier que le prolhonotaire de Luzarches1 est
détenu prisonnier en la conciergerie du Palais
et que la cour de Parlement procedde contre
luy exlraordinaireuienl pour le laid de la reli-
gion, mesmement parce qu'ayanl quelques
ordres sacrez il s'est néantuioins marié, donl
ils murmuraient forl en ceste compagnie là, et
peuli cela apporter beaucoup d'aigreur à ce qui
se traide par la pacification pour laquelle je
suis venue icy, joint qu'il/, tiennent , à ce qu'ils
disent, beaucoup d'autres hommes en leur
puissance contre lesquels ils pourraient bien
revancberà ce que l'on ferait au dicl Luzarches;
et pour ce que je ne voudrais que peu de
chose altéras! le bien qui se peult espérer de
ma venue et de ce que mon frère le roy de
Navarre m'a mandé y avoir commencé, je vous
prie faire entendre de ma part aux gens de la
dide cour qu'ils ayentà surseoir el différer la
procédure commencée à l'encontre du dict de
Luzarches et ne passer pas outre jusqu'à ce
qu'ils ayent autres nouvelles de moy, el en cela
vous employer de sorte que tout demeure en
suspens; qui ne sçauroil préjudiciel' à per-
sonne, d'autan! qu'il n'y a que le Roy mon-
sieur mon lils qui y ait intérest. Piianl
Dieu, mon cousin, vous donner ce que vous
desirez.
D'Arlhenay2, le dix neufiesme jour de juin
mil cinq cens soixante deux.
Vostre bonne cousine,
Gaterine.
1 Voy. la réponse du Parlement à la letlre de la Reine
(Bibl. nat. Parlement, n° 83, f° 378 v°); d'après cette
lettre Luzarches n'avait pas été arrêté pour cause de reli-
gion, ni pour s'êlre marié, ce qu'il avait de lui-même
avoué, mais pour sédition. H fut échangé avec Georges
de Selve qui avait été pris par ceux d'Orléans. — Voy. Mé-
moires de Castelnau, Addit. de Le Laboureur, t. J , p. 1 1 3.
' Catherine de Médicis y eut une entrevue avec la
princesse de Condé. —Voy. Calendar of State papers,
l5G2 , p. IU-2.
336
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1562. — 22 juin.
Minute. Bibl. na). fonds français, n" 15876, f° 180 '.
Minute. Bibl. împ. de Sairil-Pétersbourrj, vol. 18, f"' 100 etsuiv.
AUX AMBASSADEURS D'ESPAGNE
(1,'ÉVÉQUE DE LIMOGES ET M' DE S1 SULPICE).
Messieurs, depuys ia dépesche que je vous
liz par le courrier de l'ambassadeur d'Espaigne
et par Marnât j'en ay receu troys de vous,
l'une par laquelle vous me mandiez l'extrémité'
du prince2; l'aultre par où vous m'advertissiez
de sa convallesceuce; et latroysiesme que m'a
apporte'e le sr de Rambouillet3, ausquelles il
1 Cette minute est incomplète
2 Don Carlos. — Voy. Gachard, Don Carlos et Phi-
lippe II , t. II, appendice A, p. 6a8 et suiv.
3 L'évêque de Limoges, dans une lettre du 2 3 mai,
avait annoncé le retour de Rambouillet. (Bibl. nat. fonds
français, n" 15876, p. 88.) Voici une seconde lettre de
lui au roi de Navarre, datée du mêmejour :
rSire, Mons' de Rambouillet, oultre le petit mémoire
f qu'avons tous dressé, va si instruict de tout ce qu'il a
k négocié de par deçà que ce seroit sans propos travailler
"\ostre Majesté de plus longue lettre; pour le moins je
mous prie, Sire, tesmoigner qu'il s'est acquicté en ce
-qui vous touche bien et diligemment et que en toutes nos
« négociations, suivant le commandement du Roy, de la
rRoyne et de vous, cet article a esté comme principal
«remonstré. Sa Majesté Catbolicque m'asseure que pour
'•toute ceste semaine elle ne fauldra de s'en résoudre
ret envoyer Almeida, lequel ne le peult croire pour le
«long temps qu'il y a qu'on lui dist le niesmes. Toutes-
cfois, Sire, il faut par force attandre leur commodité,
r puisque la maladie du prince leur donne occasion d'ex-
ttcuse; si est-ce que je suis d'advis, afin de ne rien perdre
crde ceste bonne occasion et volunté', que vous faciez bien
rrentendre à leur ambassadeur la peine que vous donnent
r telles remises. Quant à moy, je vous supplie très bum-
itblement croire que je ne me lasserai jamais de vous y
rr faire service et avant que partir, s'il y a au monde moien,
<t mectray peine de salisfaire à vos lettres. Quant à ce que
-nie mandez par le sieur de Marnai qu' Almeida s'en re-
tr tourne et parte au plus lost despeché, luy mesmes est
itle plus ennuyé de ne vous avoir tenu promesse. Toutes-
rfois, si Dieu permet qu'il n'y ayt que perle de temps, ce
- ne sera pas grande perte. Je présenterai à Sa dicte Ma-
ne vous a point esté faict de responce jusques
à ceste heure, pour s'estre trouvez les affayres
du Roy monsieur mon filz réduietz en tel
estât que je ne sçavoys bonnement que vous
en mander, et touteffoys, affin de ne vous
laisser en peyne, et vous mander à la vérité
le succez des choses , je vous advise, Messieurs,
qu'après avoir mon frère le roy de Navarre,
auparavant le parlement dudict courrier, faict
lestât des forces qu'il aura jugées nécessaires
pour l'armée que le Roy monsieur mon dict
filz faict assembler, et donné tout l'ordre pos-
sible pour les faire avancer, affin de pouvoyr
réduyre par ce moyen ceulx qui sont à Orléans
et tous les aultres qui ont prins les armes par
ce royaume en son obéissance, je n'ay, ce
temps pendant, de mon costé voullu perdre
lenips pour tenter tous moyens, affin de pacif-
fier ce faict et composer par voye de doulceur,
sans permectre qu'on vint aux armes; et à
vous en dire la vérité, l'obstination a esté telle
que jusques icy je y ay peu prouffilé, sinon
de tesmoigner à Dieu et aux hommes l'ennuy
extresmeque je porte de veoyr devant mes yeulx
la ruyne prochaine de ce royaume et n'y pou-
voir remédier. Plusieurs conditions ont esté
proposées par nous, toutes à la conservation
de l'honneur de Dieu et l'ancienne religion,
et pour ce faict plusieurs personnes de toutes
qualitez envoyez vers eulx, affin de les pou-
"jesté dedans ung jour ou deux M' de S' Sulpice, auquel
"je ferai encores faire ung bon el roidde office, afin que
rla Royne et vous, Sire, entendiez qu'il ne tient pas et
trfaulte de bonne volunté et dilligence que ne soyez satis-
rr faict, comme ils m'ont dict distinctement qu'ils vendent
c faire.
tcSire, je me recommande très bumblemcnt à voslre
trbonne grâce, suppliant le Créateur vous donner en très
ttbonne santé très heureuse et longue vye. De Madrid .
crie xxni' de may 1562."
(Bibl. irap. de Saint-Pétersbourg, documents français,
vol. 97, pièce n° a3, f° 87.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
:.."..
voyr réduyre par doulceur el persuasion à
poser les armes, s'accommodera la volunté el
commandement du Roy monsieur mondicl lilz,
et remeclre toutes choses en L'estat qu'elles
estoyent, desquelles je n'ay peu tirer nuire
froid, si n'est ung désir extresme de mou cou-
sin le prince de Coudé de me veoyr; cspérans
tous (jue, si cela se faisoyt, il m'obéyra et
meclera la fin à la guerre civille dont ce
pauvre royaume est travaillé. Et cependant,
Messieurs, mon frère le roy de Navarre avec
tous ces seigneurs el l'armée a marché jusques
en ce lieu d'Estampes, ailin de ne perdre pas
de temps par ung moien, ny par l'aultre, et
nieclre une fin à ces troubles qui durent trop
longuement, el moy pour ne laisser en arrière
une seulle chose que j'aye pensé pouvoyr
amener la pacification de moy tant désirée et
de tous les gens de bien do ce royaume et
bons serviteurs de ceste couronne, aianl en-
tendu par les srs de Lyoux, frère de Mons' de
Valence, et de Boucart1,que mondicl cousin le
Prince avoyl envoyez devers moy. l'envye qu'il
avoyt de pouvoir parler au roy de Navarre et
à moy, pourveu que ces seigneurs n'y fussent,
n'ay point plainctma peyne pour ung si grand
bien de venir du boys de Vincennes oùj'esloj
avec le Roy monsieur mon filz jusques en ce
lieu, d'où mondict l'rèjre le roy de Navarre et
mOy sommes allez, entre Angerville etThoury2,
en la campaigne parlera lin, n'ayant chascun
mené que cenl chevaulx , affin de ne le mectre
en double ne soupeçon, e1 ayanl mis soubz
1 François ou Jacques de Boucarl comûiandait l'ar-
lillerie de l'année protestante; il était fils d'Antoine de
Boucart et d'Anne de l'Hôpital, el mourut an mois de
mai i£>6g, (Dans la minute de Saint-Pétersbourg son
-l éi rit Boucal.)
' Voy. pour cette entrevue le récit qu'en a donné La
Noue dans ses mémoires el nno lettre de Vieillevillc à
l'évêque de Rennes, imprimée dans les Hémoiret deCtu-
trhuut . addit. de le Laboureur.
Catueuihï dk Mfoicis. — i.
le pied lous les respelz qu'en cela je pouvoys
el debvoys gauler, lesquelz n'ont point eu lanl
de lieu en mon endroict que le désir que j'ay
de veoir ce royaume pacifié ne les ayl sur-
montez. Le Roy mon dicl frère m'a accom-
paigné et conduict là avec une telle asseu-
rance et tant de respect à tout ce qui m'a
louché, et à l'honneur de Dieu et au bien du
royaume, que je ne vous puys celer que j'ay
toutes les occasions du monde de m'en louer
el le recongnoistre par Ions les moiens que je
me pourray adviser envers luy. La conclusion
et la résolution de nostre veue a esté que
uostte année qui estoyt demeurée à Chartres
soubz la conduicte de mes cousins les ducs de
Guyse et conneslable, en l'absence de mon
frère le roy de Navarre qui estoyl avecques
moy, niarcbcroit jusques à deux lieues d'icy,
affin cependant de ne perdre temps, la leur
ne bougerait d'Orléans, et demain le Roy mon
frère et moy, avec mes cousins les cardinal de
Lorrayue, duez de Guyse et de Montmorency,
et mareschal de Saint-André, el ung numbre
de gentilzhommes, qui a esté arresté, nous
debvons retrouver en ung lieu entre. ledicl
Angerville et Tboury, où mondict cousin le
Prince avec les cardinal de Chastillon, amy-
ral el sr d'Andelot se trouveront pareillemenl
acompaignez du nombre d'hommes qui a esté
résolu pour veoyr les moiens qu'il y aura de
trouver la paciffication que je désire; eu la-
quelle je ne prétends riens que l'honneur de
Dieu, le repos du royaume et la conservation
de l'aulhorilé du Roy mon dicl filz, vous
pouvant asseurer que je n'entendray à chose
du monde que ces trois poinetz ue soyent les
premiers résoluz, el si j'en puis venir à boni
de ceste façon, j'espère en avoir plus de
louange el ce royaume m'en debvoir plus
d'obligation que si je laissoys venyr les choses
à l'extrémité d'ung l'aict d'armes, dont l'yssue
63
338
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ne peull eslre que périlleuse et la conséquence
Irop dommaigeable à ce royaume. Mais si Dieu
pour noz péchez ne veult point fleschir son
ire, et qu'il luy plaise voiiiloir plus avant
pugnir ce pauvre royaume qu'il n'a esté par
tant d'afflictions qu'il a receues depuys troys
ans, ce sera à mon très grand regrect; en
quoy ayant faict tout ce que les hommes
peuvent, il ne m'aura faict la grâce d'en
raporler le fruict que j'y désire, non pour
moy, mais pour tout le monde; vous advisant,
Messieurs, que si de ceste dernière espérance
il ne réussit aultre chose, je me retireray avec
le Roy mon filz au boys de Viucennes, et mon
frère le roy de Navarre mènera l'armée aux
lieux qu'il estimera plus à propos pour réduire
par la force ceulx d'Orléans à l'obéissance dont
ilz se sont déparliz, m'asseurant qu'il n'y ou-
blira riens de ce que le Moy monsieur mon filz
doibl atclendre dusoing, de la dilligence, de
la dévotion et prudente conduicle de la per-
sonne du monde qui plus ayme et luy et moy et
le bien universel de ce royaume. Vous priant,
Messieurs, faire entendre ce que dessus au Roy
monsieur mon beau-filz, allîn do l'advertir de
l'estal de noz affaires el luv l'aire congnoistre
comme nous ne perdons une seulle heure de
temps pour estaindre le feu qui est allumé et
appaiser le mal présent1. Dieu par sa grâce pa-
rachèvera ce que nous ne pouvons faire. Si ne
veulx-je je, sur ceste occasion , oublyer de vous
prier, si Almeda2 n'estoit party, de faire bien et
1 C'esl là que s'arrête la inimité de la Bibl. nationale.
\ oy. au sujet île la mission d'Almeida, Bibl. nat. fonds
franc, n" 10877, f" 5 et i3; Lettre d'Ant. d'Almeida dans
le carton K. 1696 des Archives nationales, pièce 90;
Réponse favorable de Philippe II emportée par Almeida
(ibid. pièce 89); Lettre du roi de Navarre au prince de
Coudé, son frère, au sujet d'Almeida, parti d'Espagne le
1 1 juin; il lui rappelle la promesse qu'il lui a faite do le
lui renvoyer s'il avait été fait prisonnier (Bibl. nat. fonds
franc. n° 16876, f 201).
vifvement entendre au Roy mon dict beau-filz le
contentement que j'ay de mon dict frère Ierov
de Navarre, le zelle et grand dévolion dont il
s'emploie en ce faict, et l'obligation que le Roy
monsieur mon filz et moy lui en avons, et le
prier de nostre part, s'il a jamais euvye de
faire riens pour nous, en quoy il nous vueille
donner à congnoistre l'effect de son amityé,
que ce soit en cest endroict, pour estre la
chose du monde dont il nous peult plus obliger
à luy, comme je le mande bien à la Royne ma
fille pour, si elle m'ayme, le Roy sou frère et
ce royaume, s'y emploier et mectre peyne de
luy faire faire quelque honnesle récompense.
allin que ce soit uug moien pour lions faire
vivre toutes noz vyes en paix et repoz, el
coupper la racine à toutes les querelles qui
pourraient jamays naistre entre nous ; ce
qu'estimant vous devoir eslre assez en recom-
mandalion, je ne vous en diray riens davan-
taige. Quant au faict du conte de Pétillan1, je
vous puis asseurer qu'il n'est rien de ce que
l'ambassadeur de Florence en a mandé de par
de là et ne me sçaurez faire plus de plaisir
que d'en continuer une vive poursuicte, comme
de deçà je nie délibère bien d'en parler à
l'ambassadeur; qui est tout ce que vous aurez
pour ceste heure, priant Dieu. Messieurs, vous
avoir en sa saincte et digne guarde.
D'Estampes, ce x\n" jour de juing 1 5(3 2 .
Depuys loulcecy, le party ci-dessus proposé
a esté rompu; mais je ne suis pourtant hors
d'espérance et pour cesl effecl y ay renvoyé
le sr de Fresnes.
Gaterink.
RoRERTET.
1 Voy. la noie de la page ^79 el le> instructions don-
nées .1 l'évêque de Mâcon allant en Espagne l'année sui-
vante (avril |563) pour lofait du comte de Pétillan
I Bibl. nat. fonds français, n° 1 587;), f° 197); Lettre de
l'évique de Hernies dins laquelle il parle au comte de
1 362. - - :!:» juin.
Orig. Bibl. a;it. fonda français, n 3stg, f 7J
A MONSIEUR DE GONNORT,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
donner, Monsieur de Gonnorl, ce que dé-
sirez. Escrit à S1 Symon, le xxu'jour de juin;;
1662.
CAïliRINli.
ROBERTET.
CHSVALIEB DE L'OBDBE DI7 BOT MOKSIBCG MON IILI
ET CONSEILLER EN "UN CONSEIL l'Blïî.
Monsieur de Gonnort, pour ce que suyvant
la réquisition des Eslalz et ce qui leur a esté
dernièrement accordé, il esl nécessaire de
mettre l'office de viguier de Thoulouse1 cuire
les mains de personnage qui l'exerce en per-
sonne, et quisoyteongueu et ayl quelque crédit
et auctorité au pays; à ceste cause me souve-
nant 1res bien de la promesse qui en a esté
c v-de\ ant faicte au sieur de Boisjourdau l'aisné,
par l'incapacité de celluy par l'exécution du-
(juel le dicL office est à présent vacquant, et
voulant en cella le gratifier et luy faire sortir
elïect la dicte promesse, estant mesmemenl
personnaige de la fidellité et quallité dessus
dictes, qui excercera ledict office en personne,
fa\ advisé de l'en faire pourvoir, el vous prier
par la présente vous contenter, pour l'amour
de moy, que icelluy office lui demoure, pre-
nant en récompense l'office de lieutenant gé-
néra! de Bar-sur-Seyne, qui est ù présent
vacquant, estant de semblable valleur, à ce
qu'on m'a dict; ce que, s'il n'estoit, je vous
promeetz de vous en faire donner ung meil-
leur, de sorte que vous en serez contant. Et à
ceste fin, j'escriptz présentement à Bourdin
qu'il dépesche celluy de viguyer audict Boys-
jourdan et celluy de lieutenant général à cel-
luy que vous luy nommerez, et lequel je vous
accorde par la présente, priant Dieu vous
Pétillai] ( liil'l. nal. fonds Dupuys, nr 3 ."j 7 , 1*11.3); deux
Lettres de Moulin Commentaire* de Montluc, édit. de
Ruble. t. IV, p. 167, 271).
Jean Portai, vig r iIh Toulouse, ;i\ail été dé ipil
après l'émeute de mai 1 5G
(1562. — sa juiu.)
Minute, liib!. oal. fouda français, u° i DS-jG , f° 16g
A MU^SIEI iî DE MONLUC,
CBB7ALIEQ DE L"OHDBE DU BOÏ MON TILS
LT CU'lTUNE DE CINQUANTE UOMSJES D'ADMEâ.
Monsieur de Moulue, pour ce que j'estime,
vous serez en poyne de sçavoyr de noz nou-
velles, j'ay bien voulu vous renvoyer ce gen-
tilhomme que m'envoyastes dernièrement, par
lequel je ne vous diray que ce que je voi
manday d'Estampes par ung aultre de voz gi u
que m'avez dépesche : qui est que je désire cl
vous prie assembler vos forces et vous nicclre.
vous, Monsieur de Terride1 et Monsieur de
Gondriu tous ensemble, avecques les gens de
pied et de cheval que vous pouvez avoir, pour
essayer de reprendre les places que ceulx de
la nouvelle relligion détiennent et occupent,
remectanl àvostre discrétion devons addresseï
à celles les premières que vous jugerez le
plus importantes, et affin que vous ayez plus
de moyen d'entretenir les gens de guerre qu
vous avez, ou eu souldoyer d'aultres, s'il en est
besoin;;, je vous ay faict envoyer ung mande-
mcul de trésor de l'Espargne pour prendre
jusques à cent mille livres des deniers des dé
cymes des receptes de Guyenne et de Thou-
louze, espérant qu'avec cela et la bonne volunté
que vous avez vous sçaurez liés bien réduyre
Antoine de Lomagne, baron de Terride, seign d
Sainte-Colombe, mort à Hanze , en octobre 1 ^69. — Voy.
Commentaires de Monluc, édit. d'- Nubie, t. II, p. 370,
3! 9 "1 397.
340 LETTRES DE CATHE
toutes choses en obéissance. Quant à nos nou-
velles je me remelz à ce que mon frère le
roy de Navarre vous escript de nostre ar-
mée; je vous diray seullement de moy que je
suys venue jusques ce lieu pour chercher tous I
moyens, essayer de niectre une paix et un;;
repoz en ce royaume. Ces choses n'estant en-
civ.es quesbauche'es, je ne sçay s'il playra à
Dieu que Ton re'ussisse; mais tant y a que je
dis et proteste que j'espéreray trop mieulx voir
la paix que une maulvai.se guerre. Priant Dieu,
Monsr de Monluc, vous avoir en sa saincte et
digne garde. De S'-Symon , ce .... jour de
juing J0G2.
(Caterine.)
1562. — 35 juin.
Copie. Bibl. nat. fonda français, Parlement, u" 83, f0' 667 et sniv.
ot o' i6333 , f° a.
A MESSIEURS LES GENS
TEKANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, Nostre-Seigneur pour nous l'aire
de plus en plus connoistre sa grandeur nous
avoit laissé aller si avant que je n'atlendois
plus qu'une cruelle cl inévitable ruyne de ce
royaume par une bataille preste ù se donner
le lendemain par ces deux armées qui ne sont •
(jue à une heure l'une de l'autre; et hier au
soir nous regarda de sou oeil de pitié si béni-
guement qu'il mit un bon accord et pacifica- j
tion parmy nous, qui retournera, aiusy que
je ni'asseure, à son honueur et gloire, repos
de ce royaume et contentement d'un chacun,
comme jugerez par les particularitez que
vous en entendrez cy-après plus au long, et ;
verrez par les effets qui s'en ensuivront; à
quoy nous seri ira et aidera grandement voslre ;
bon conseil et advis; n'ayant voulu faillir à
vous en advertir iucontiuanl et m'en resjouir
avecq vous que je sçay aimer et désirer le
RINE DE MEDICIS.
bien de ce royaume, ayant pour achever toutes
choses et y mettre meilleure tin esté nécessaire
faire venir le Roy monsieur mon filz à Fon-
tainebleau , où je luy escris s'acheminer, comme
je feray dedans peu de jours de ma part. Ce-
pendant je vous prie de tenir main, de vostre
part, comme vous avez tousjours bien faict,
que toutes choses passent en la plus grande
tranquillité que faire se pourra au bien du
service du Roy mon dit filz, etutillité de vostre
ville, comme le plus agréable service que vous
luy sçauriez faire. Priant Dieu, Messieurs,
vous donner ce que plus désirez1.
1 Catherine, un instant, croyait si bien que la paix
était faite qu'elle envoyait des commissaires dans toutes
les provinces pour se faire rendre les villes détenues par
les protestants. Voici les instructions qu'elle avait don-
nées à M. de Sennetene :
- Monsieur de Sennelerrc, chevalier de l'ordre du Roy,
restant présentement envoyé en Lyonnois, Daulphiné et
« Provence pour faire remettre en l'obéissance du Roy
set rendre entre les mains des gouverneurs ou de leurs
'•lieutenants toutes les villes qui ont esté saisies et oc-
t-cupéespar ceulx de la nouvelle religion, fera ce qui s'en-
r suit :
«Au premier lieu ira droict à Lyon avec le gentilhomme
cqui lui est baillé, où estant arrivé fera remelre entre les
rrmains de Monsieur de Sault la dicte ville.
k Estant la dicte ville entre leurs mains, la première
•chose qu'ilz feront sera de faire sortir tous les soldats et
-autres gens de guerre estrangers qui troublent le repos
■set la tranquillité publique, n'i demeurant que les habi-
-tans domiciliés en icelle pour les laisser et remettre en
•rieur première liberté, faisant ouvrir les portes sans y
- tenir aucunes gardes, en manièreque tout empeschemenl
rqui y a esté ces jours passés cesse et que les habitons y
f puissent vivre paisiblement ; à quoy tant le sieur de Sault
-que les officiers magistrats et eschevins tiendront la main
-roide et donneront ordre que toutes injures, offenses, el
- molestez cessent, faisant faire prompte et rigoureuse pu-
- nition de ceulx qui provocqueronl les aullres de fait et de
-parole, el les entretiendront en union et tranquillité le
- plus qu'il sera possible , pour vivre ensemble sous l'obéis-
-sance du Roy comme bons et loyaulx subjects et conci-
-toyens, sans qu'il soit loisible à pas un d'emporter
-aucunes sortes d'armes, sinon aux gentilshommes et mi-
LETTRES DE CATHERINE DR MÉDICIS.
De Baugency, le vingt cinquiesme jour de
juin î 56a.
De l'Albesi'ine.
3 il
Caterine.
1502. — (a."> juin.)
Minute. Bit>l. ,nal. fuuJs fraoçaia , n" 15876 , F » 58,
-iiish ■■■ de justice, ce tout ainsi qu'il s'esl ordinairemenl
obseï né es autres villes.
s Feront remettre et rétablir les gens d'église dedans
rieurs églises, maisons, biens el possessions pour conti-
nuer le service divin accoustumé et jouir de leurs dils
comme ils souioienl, avec défenses à toutes per-
f sonnes de les \ empescher, ou molester eu façon quel-
conque sur peine de la vie: baillant les dits habilans en
-guide les nngs aux aultres, et leur deffendant qu'ils
ni à se médire, ni meffaire, mais oubliant toutes
-injures passées s'enlre-aimer, s'appuier et favoriser les
• ungs el les autres en l'honneur et crainte de Dieu, obéis;
-sauo' 'lu Roy, sûreté et tranquillité d'eulx, de leurs
• biens el familles, ordonnant à tous juges faire prompte
ttjuslice de ceulx qui altéreront ce repos et feront chose
••au contraire.
-De Lyon, le sieur de Senneterre avec le gentilhomme
-de Monsieur le Prince s'en iront en Dauphiné, où ili
- feront s mblablemenl remettre entre les mains de Mon-
de Maugiron , lieutenant au dict gouvernement,
-toutes les places qui sont détenues par ceulx de la nou-
velle religion, auxquelles il donnera pareil ordre que
-relui qui aura esté donné à Lyon, affin ipi'ils entendi ni
• -l'ii.l ntion du 11 uv ■ i de la Reine el que selon cela ilz se
» gouvernent.
-F,t d'aultanl que la Boyne a entendu que Monsieur le
• comte de Sommerive a marché avec des forces vers le
• Daulphiné a et que le baron ries Adrets a assemblé toutes
forces que ceulx de la nouvelle religion ont par delà
-et qu'il est à craindre qu'ilz \ vinssent aux mains, selon
-les iioinelles qu'ilz en auront en Daulphiné se hâteront
-île les aller trouver, auxquels ilz feront entendre l'accord
-et pacification faite, laquelle entend estre partout, el par
•reste cause leur ordonneront faire suspension d'armes,
-aflin que le baron des Adrets se retire et licence' ses
■•gens, el que snil. laidement Monsieur le conte de So:n-
trmerive se retire en Provence avec toutes ses forces pour
s là recevoir l'obéissance des villes el remettre toutes choses
r. en i'éslat qu'elj is doivent, attendant nouvelles de ce qu'ilz
-auront à faire, cependant cessanl toute hostilité el con-
- tenant ses gens sans faire moleste ni offense à personne;
' Voy. une [élire il" rouite <J>; Sommerive annonçant qu'il quitte
le siège <k* Si^l^ron j>o:ir se porter à la rencoalru de dea Adrela.
( Itilt). nal. fon'ls français , n" 1 "'876, f" 77.)
A MONSIEUR DE MONTPENSIER1.
Mon cousin , vous aurez bien entendu
comme nous avions faict quelque accord avec
mon cousin le prince tic Condé. L'issue en a
esté lelle qu'il m'a promis s'en aller avec (oui
ce qui estoytavec luy et sortir hors du royaume
comme en semblable feroienttous ceulx de sa
religion qui sont partout le royaume, en leur
donnant quelque temps pour ce faire, à la
charge qu'ilz joyroienl de leurs biens. Aux
aullrcs qui ne s'en vouldront aller je leur ay
promis de vivre en leurs maisons en liberté de
leurs consciences, pourveu qu'ilz ne lacent
scaudalles; qui est, mon cousin, ung grand
point gaigné; car l'on ne fera plus d'assemblées,
et ce royaume demeurera en paix par ce moyen,
et toules les villes qu'ilz tiennent seront re-
mises entre les mains du Roy monsieur mou
(ilz. A reste cause, vous envoyrez en celles
qu'ilz lieuuent quelques gens de bien pour le-
recevoir, ausquelz vous commanderez qu'estanl
là ilz donnent ordre qu'il ne leur soyl faict
aucun desplaisir, aflin qu'ilz ayent moyen de
donner ordre à leurs affayres pour eulx en
-mais l'aire vivre les subjects de Sa Majesté aux lieux, où
- ii sera, dans la plus grande union que l'aire se pourra ; el
«après que le dict Senneterre aura faict tout ce que dessus
-et qu'il aura laissé les choses en repos que la dieti
-Dame désire el recommande aux magistrats le devoir et
••seing que chascun y doibt, se retirera à la c I | 1
tt rendre compte de ce qu'il aura fait.
uLe xvv juing 1 "163.
-ClTF u\i ■..••
(Orig. Bibl impér. de Saint-Pétersbourg, Doeum.
franc. Il" vol. f" 91 el 9a.)
De semblables instructions furent adressées par le roi
île Navarre à MM.de Lioux et deSaluces pour la Guyenne
el le Lang loc. (Bibl. nat. fonds français, n" 15876,
r tti'i et i65.)
1 Louis H de Bourbon, duc de Montpensier.
LETTRES DE CATHE
aller. El d'aultaul que mondit cousin m'a prié
d'envoyer à Bloys et à Tours pour recevoir
lesdites villes, j'ay envoyé à Bloys; et quaut à
Tours, je vous prye en vous en venant cl pas-
sant par là regarder d'y laisser quelque hou-
aeste gentilhomme pour y commander, auquel
vous en chargerez expressément qu'il donne
Lien ordre qu'il n'y soytfaicl aucunes violences,
à ce qu'ilz ayent moyeu de s'en aller el donner
ordre à leurs alïayres, ne qu'on les recherche
pour les choses passées, mais qu'ilz se com-
portenl les ungs avec les aultres en toule mo-
destie, et ce en actendant que nous soyons à
Fontay nebleau , là où estans vous avecques
nous, comme je vous prye vous y venir,
nous prendrons une bonne résolution pour
toutes choses. Cependant je suys d'advis que
renvovez à Val-la-Rivière les deux cauons qui
vous ont esté envoyez de Nantes, d'autant que
vous- n'en aurez plus que faire, et quant à la
capilaynerie du Ponl-de-Sé, il l'aull sçavoir
qui en estoyt cappitayne et pourquoy il en a
esté osté; car on n'en sçauroyl pourveoir celluy
que vous y avez mis aultrenient, el pour ceste
raison, mon cousin, vous m'en advertirez,
estant asseuré que je seray très ayse de le gra-
liilier en vostre faveur, si c'est chose que je
ise faire. Vous priant pour la fin que, si
vous laissez quelcun dans Tours, que ce ne
soyt point le cappitayne Richelieu l, pour ce
qu'ii y a entre eulx quelque pique et j'auroys
peur que cela feust cause de quelque brouil-
lerie, dont nous n'avons besoing pour ceste
heure; priant Dieu vous avoir en sa saincte et
digne garde'-.
1 Du Plessis, s' de Richelieu, lue au siège du Havre
; [563.
; Voy. la dépêche de Throckmorton à la reine Elisa-
beth pour lui annoncer que la faix a été conclue te
■ i i lui en faire connaître les principales conditions
parfaitement conformes à celles que Catherine r îatait
RltNE DE MÉDICIS.
De Tallcsy ', ce jour de juing i56a
(Au dos.) La royne à monsr de Montpensier.
Du ju'u{,r »56a.
1562. — 26 juin.
Ong. Bibh imi>. (le Siiial-Pétersbonrg, vol io, f A3.
A MON COUSIN
MlhASIEUR DE JOYEUSE.
GENTILHOMME ORDINAIRE DE LA CHAMBRE DU BOÏ ,
ET SOR LIEUTENANT GÉNÉRAL AU COIVSRNEMENT DU LANGUEDOC,
EN L'ABSENCE DE A10NSr LE COHNKSTABLE.
.Mou cousin, ayant pieu à Dieu nous envoier
une paix et composer ceste guerre à l'heure
que moings nous l'espérions et désirant que
le semblable se face par tous les eudroicts de
ce royaume el que l'obéissance soit rendue au
Roy monsieur mon filz, en remectanl les villes
qui ont esté occuppées entre les mains de ses
gouverneurs qui en ont la charge; nous avon^
advisé d'envoyer le sieur de Clervaulx, cheva-
lier de son ordre, et avecluv un gentilhomme
de mon cousin le prince de Coudé, pour vous
faire remédie toutes les villes de voslre gou-
vernement entre les mains avec la mesme au-
thorité et commandement que vous aviez au-
paravant que ceulxdela nouvelle religion s'en
lussent saisiz, et pour ce, mou cousin, vou;
adviserez de les recevoir et ferez suyvant cela
sortir tous les soldatz et autres geusde guerre
d'icelles et regarderez de pourveoir à la seu-
reté des habitans et donner ordre qu'ilz ne
s'injurient, ny lacent aucun scandalle, ains
se comportent le plus doulcemenl qu'ilz pour-
ront les ungs avec les aultres, qui est seulle-
menl ce que pour ceste heure vous aurez à
faire en attendant que dans peu de jours je
vous mande bieu amplement mon intention
dans sa lettre au duc de Montpensier. [Cahnda •
: . 1 5ti-> . p. 107 et p. 166.)
1 Talcy( Loir-et-Cher).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
pour sçavoir comme vous aurez a vous y gou-
verner, croyant au demeurant le tlict Cler-
vauk de ce qu'il vous dira de ma part, comme
vous feriez moi-mesme; et je prîeray Dieu qu'il
vous n\l en sa saincle el digue garde.
De Baugency, le xxvi" jour de juin i5G2 '.
Catbbine.
1 562. — 27 juin.
Oiijf. Iîibl. nul. fond* fiançais, o' 3178, i' if».
\ MONSIEUR D'HUMIÈRES,
Monsieur de Humières , j'ai receu voz lettres
et sceu par icelles le trouble survenu en la ville
de Montdidier2, deppendant de vostre gouver-
nement, à cause d'aucuns des Pays-Bas qui
s'y sont relirez adhérans à ces nouvelles opi-
nions; qui sont personnes dont ma seur la
duchesse de l'arme, régente es dilz Pays-Ras,
la ici instance et requiert comme fuitifz desdietz
\vé\> el prévenuz de justice, iuv eslre rendu/
en vertu des traicléz; chose que vous leur ferez
entendre, leur enjoignant euh retirer incon-
tinaul, s'ilz ne veuillent que pour le devoir je
les y fasce remener et rendre à ladicte du-
chesse; et quant aux autres subgectz qui , soubz
prétexte de ladicte opinion nouvelle, troublent
ladicte ville, remontrez-leur que, eslans toutes
choses pacifliées et accordées comme elles sont
icv, où il a esté advisé et résolu que chascun
vivra tranquillement el doulcemenl, sans s'of-
fenser l'un l'autre, ils ayent à se contenir et
vivre ensemble dans la plus grande tranquillité
qu'il sera possible, y commandant ce que verrez
'■-ire nécessaire pour le bien du service du
Roy mon lilz. bien et repos de ladicte ville, en
Voy. la minute d'une lettre du roi de Navarre à
M. de Joyeuse, datée de Beangeocy, le 26 juin i'j'h.
(Bibt. nat. fonds franc. n° 15876, f* 161.
! Voy. ponr les trouble- de Monldidiei
du fonds fran
1 verlu de la puissance et auctorité que unis y
avez; à quoy le sieur de Mesvilley1 ue sedoyl
ingérer, estant ladicte ville en vostre gouver
oement, ainsi que je Iuv escris. Pryanl Dieu,
monsieur d'Ilumièies. vous donner ce que
désirez. De Baugency, le xsvii' jour dejuing
i562.
Caterine.
De 1," ArBEsiMNE.
1 562. — a8 juiu.
Orig. Bib!, nal. fonds français, 11" 3 ■» 1 9 . f' 7/1.
Y MONSIEUR DE GONNORT.
Monsieur de Gonnor, il n'est demouré à
Callaiz des compaignies vieilles que celle du
cappitaine Desme, qui n'a poinct esté payée,
il y a plus de troys moys, h ce que dit ce por-
teur que j'envoie devers unis, vous priant faire
pourveoir à son paiement le plus tost « | u .^ faire
se pourra, estant bien certain qu'il luy sera
impossible de retenir ses gens sans cella, et
qu'il en pourroit venir quelque inconvénient
à la place où il n'y a que nouvelles bandes;
priant Dieu vous donner ce que désirez. De
Baugency, le xxvm de juing t 56a.
Caterime.
De i.'Aubespine.
tâ(i'2. — 3o juin.
Orig. Bibl. nat. fond? français-, a9 A63s
A MONSIEUR DE TAVANNES
l.in;TS\lM (.ÉNi'bU OT BOT AC COPVEBS£U£n-.
Monsiear de Tavanes, j'ay entendu par la
despesrhe que nous avez laide par le siei
la Montaigne, présent porteur, la duretlé et
i Ce «l"it êtn vnl ne de Brouiily, sieur d
villiers,
un
LETTRES DE C VTHEKiMi: DE MÉDICIS.
obslinaiion de ceulx do Mascon, qui est lelle
qu'ilz méritent bien ung bon cliaslyment ';
maiz puisqu'il a pieu à Dieu nous donner ung
commencement de paix, et que nous sommes
en termes de veoir bientost le rcpoz mis eu ce
royaulme tel que je le désire, je vous prie,
Monsieur de Tavanes, surceoir et supercedder
en toutes choses la poursuytte et exécution de
vostre entreprise, tenant toutes choses en
suspendz jusques à ce que vous ayez autres
nouvelles de moy, que j'espère seront d'une
entière pacification, comme vous pourra dire
le diii sieur de la Montaigne, qui a veu mon
cousin le prince de Condé jà retiré auprès de
mon frère le roy de Navarre, et moy en cesle
compaignye où nous achèverons bientost ce
bien si avant commancé. Au demouraut, estaus
les eboses comme elles sont, nous ne sommes
poincl encores résoluz de quel cousté nous
avons à nous servir de la trouppe des Suisses
qui est arrivée par dellà , la monstre et le paye-
ment de laquelle seront , comme j'estime , faiclz
avant que vous ayez ceste despesche. Et pour
ce qu'il n'est pas à propoz qu'ilz passent en-
cores oullre, je vous prie donner ordre, incon-
tinent la présente receuc, de les faire loger et
retenir dedans Chaallou,ou quelque aullre lieu
commode par dellà, où ilz puissenL commo-
dément vivre et ne faire poinct de dommaige
au peuple, s'il est possible; aclendanl que je
vous face sçavoir, comme je feray bientost, où
ilz debveront marcher, baillant au collonnel
Freulich les lettres que je luy en escriptz à ce
qu'il ferme'2 et arrestelàses gens, etpourveoye
à les faire bien vivre, tant qu'il ayt autres
nouvelles de moy; qui vous diray que j'ay
aussy reeeu voz lettres du xxi% aveeques celles
unes olait alors sons les mure de Màcon, tout
prêt à j entrer par force. — Voy. PingauL, les Saulx-
-
1er, dans le sons italien fixer.
du sr de Maugiron, auquel je mande comme
à vous, par aulire despesche que je luy faietz.
surceoir aussi de son cousté et n'aclemplcr
ne poursuyvrc plus aucun efl'ect d'hostillité,
comme vous ne ferez de vostre part; espérant
que par le cbemyn et moyen que nous tenons
présentement touL se pacifliera. Pryant Dieu,
Monsieur de Tavanes, vous donner ce que
désirez. De Talcv, le dernier jour de juin;;
l5Ô2.
Depuis ceste lettre escripte, nous avons
accordé les choses, en sorte que ceulx qui
estoient assemblez à Orléans se retirent bois
ce royaulme, et pourra estre qui seraient pour
approcher du pays de Bourgogne, dont j'ay
bien voullu vous advertyr, afin que, si ains\
advenoit, vous donniez ordre qui ne leur soii
faict aucun ennuy, ne (pie l'on ne leur coure
sus en façon quelconque, et mesmes contenir
les Suisses, ainsy que je vous escriptz cy des-
sus, à ce qu'ilz ne lacent aucune entreprise,
ne vous aussi, jusques à ce que vous ayez
autres nouvelles de moy.
Gaterinf..
De l'Aubespine,
1562. — 3o juin.
Orig. Bilil. Dat. ancien fonds français, D° &63-J , 1' loi.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
LIF.riE\SST CÉ>ÉBil. DO IlOT iU CODTEBNBMEJT DE BOIBGOGK.
Monsieur de Tavanes, je vous ay ce malin
despesche le sr de la Montaigne et mandé que
vous eussiez à retarder et faire temporiser les
| Suisses, à Chaalon, ou autre lieu prochain de
! là, estimant que nous n'en aurions (pie faire;
maiz, à ce que je veoy, ayant affaire à gens
| sans raison, il faull y mectrela force de nostre
cousté; qui me faict vous prier les faire, in-
I continent la présente receue, partyr el achc-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
345
myner par deçà aux meilleures journées que
l'aire se pourra, leur baillant gens pour les
conduyre jusques hors vostre gouvernement,
et ad ver tyr d'heure mon cousin le duc de Ny ver
nois1 pour faire le semblable au sien, el don-
ner ordre aux vivres, en manyère qu'il n'y -ayl
aulctin désordre; maiz surtout ne leur laisser
poincl perdre temps, el de vostre cousté n'en
perdez poincl aussi à faire remectre l'obéys-
sance au 1<<>\ mou filz où vous veoyez qu'il est
besoing2, suyvant la charge et le povoir que
vous avez de luy; car je veoy bien que j'ay
perdu mes peines de cuyder pacillîer les choses
par la doulceur, et avoir voullu indulger à
ceulx-cj ; ce que je vous escriptz avecques très
grant regret, pryant Dieu, Monsieur de Pa-
vanes, vous donner ce que plus désirez. De
Talcy, le dernier jour de juing 1 56a.
CaTERINE.
De l'Adbespire.
15fi2. — 3o juin.
Copie. Ril'i. nat. fonds français. n° 3aig, f° ia6.
ie Fonds Fonlanien , n°* 3ol-3oa.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnort, la dépesche, que je
vous avois mandé tenir preste pour l'allée, du
sieur de Mandosse vers les pistoliers et d'un
autre gentilhomme vers le comte le Reingrave*
ne servira de riens; car, à ce que je veoy,
ceulx que nous pensions estre pacifiez sont
plus roides que jamais et sommes aussi loing
1 François 11 de Clèves.
2 Se conformant à ces dernières instructions, Tavanncs
attaqua Mâcon, le 4 juillet; mais, dès le lendemain, il se
repliait sur Dijon.
Voy. une lettre du Roi où il est question du Rhin-
grave Jean Philippe de Salm (Bibl. nat. fonds franc.
n" 1587(1, f° 18G); Lettres du Bhingrave, dans la \or-
mandie « l'étranger, Paris, Aubry, 1 S 7 3 , in-H", p. 113
et 1 1 '1.
ClTHBBUIB DE MÉDICIS. — 1.
de la paix que nous en pensions estre près.
qui est cause que nous mandons audicl conte
Reingrave mai-, -lier incontinanl avec ses
bandes pour se rendre par deçà le plus tosl
qu'il pourra; el pour ce qu'il ne peull partit
sans avoir faicl monstre, je vous prie, si le
paiement de ses bandes n'estoit là. le y faire
tenir en la plus grande dilligence qu'il sera
possible, autrement ce seroil despence perdue.
Nous faisons aussi venir les Suisses el les pis-
tolliers que j'estimois estre paiez. el faull de
bonne heure penser au paiement de leur second
mois, car je veoy bien que nous sommes aux
affaires jusques aux yeulx, puisqu'il n'a pas
pieu à Dieu que nous y aions mis fin par la
doulcevoye; à quoy je n'ay rien oblyé, m'as-
seurant que de ce qui en adviendra je sera)
juslillîee devant Dieu et les hommes. Prianl
Dieu, Monsieur de Gonnort, vous donner ce
que désirez.
De Talsy, le dernier jour de juing i56g.
Vous n'oblierez aussi, Monsieurde Gonnort.
de taire pourveoir aux talfetas des ensei;;
desdicts lansquenetz.
Caterink.
De l'Auhespine.
1562. — (Juillet.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 1 5S76 , f' 25i.
A MON COUSIN
MONSIEUR D'ESTAMPES'.
Mon cousin, je croy que vous avez bien en-
1 Pareille lettre fut adressée par la Reine à Monluc, et
j'en ai copié la minute dans le n° i8 (f 80) des documents
français de la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg; elle
u'offre aucune variante avec celle de la Bibliothèque na-
tionale; c'est une seule et même circulaire adressé'- le
même jour à tous les gouverneurs de provinces, et entre
autres t;à MM. de Monlpensier, de Biron, de Jarnac, de
Sommerive, d'Estampes, le dernier jour de juin-.. Celle
que nous donnons ci-dessus, d'après la minute, est sans
44
:',',(,
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
tendu la peine que j'avois prinse de venir jus-
ques icy ' pour meetre une fin à ces troubles
el les paciffier plutost par quelque honneste
composition que de les laisser terminer par
ung faict d'armes; et pensois avoir conduict
les choses en telz termes que l'issue en seroit
à mon contentement et au bien de tout ce
roiaume. Messieurs de Guysc, connestable et
mareschal de Saint-André, pour le désir qu'ilz
avoient de veoir le repoz de ce roiaume, s'en
alloient en leurs maisons, suivant l'offre qu'ilz
en avoient faille, toutes et qualités fois que
l'obéissance seroit rendue au Roy monsieur
mon lilz en luy restituant ses villes, estimant
qu'aiant faict cela , dont ceulx d'Orléans avoient
tant faict d'instance et m'avoient promis et
asseurée par la requeste signée de leurs mains
qu'au mesme instant ilz m'obéyroient à tout
ce que je leur commanderoys, dont mon cou-
sin le prince de Condé se coustitucroit pleige
entre mes mains, ilzydeussentsatislTaire; mais
au lieu de cela , estant allée parler à Monsr l'amy-
ral et autres de sa compaignye, accompaignée
de mondict cousin le Prince qui estoit avecques
moy, contre la i'oy et la paroi le qu'il m'avoit
donnée de revenir, et à mon frère le roy de
Navarre, ilz me firent ceste honte de l'amener2
maugré moy, me faisant en cela congnoistre
le peu de compte qu'ilz faisoient de moy, el la
mauvaise récompense qu'ilz me faisoient de
tant de peyne que j'avois prinse pour empes-
eher qu'on ne les taillast en pièces. Si lors
j'euz grande occasion de me plaindre et mal
contenter d'eulx, ilz l'ont encore depuis aug-
suscription , mais il y est parlé Je la recelle de Nantes,
c'est donc évidemment celle qui était destinée à M. d'E-
tampes; elle porte la date de juillet et doit être du 1",
Loutps les autres étant datées du 3o juin.
1 Voy. le récit de ce qui se passa dans cette entrevue
dans le n° y'i'i du fonds Dupny, p. Ml et suiv.
[mener, emmener.
menlée par ung acte que je remeclray à vostre
discrétion pour juger quel il peult estre. C'est,
mon cousin, que leur ayant faict entendre
comme tout le conseil du Roy monsieur mon
filz n'estoit point d'opinion que l'édict de jan-
vier s'observast pour l'impossibillité qu'il y
avoit, quand bien je le voudroys, et que pour
ceste cause je les prioys s'accommoder de vivre
en leurs maisons, leur promeclanl toute seu-
retté et pour leurs biens et pour leurs vyes et
pour la liberté de leurs consciences, pourveu
qu'il ne se fist d'assemblées, ny autres telles
choses publicqu.es dont le peuple estoit scan-
dalizé, ilz me respondirent lors que, puisque
l'édict ne pouvoit estre entretenu, et qu'en
seuretlé de leurs consciences ilz ne pouvoient
vivre selon noz loix, qu'ilz nie prioient au
moings leur permectre de se retirer hors du
roiaume jusques à ce que le Roy monsieur mon
fils eust attainct l'aage de quatorze ans qu'il
sera majeur, et cependant leur permectre de
joyr de leurs biens et leur donner seuretlé pour
amener leurs femmes; ce que leur aiant faict
pryer ne faire poiuct, je fuz à la fin contraincte
leur accorder, protestant que c'estoit contre ma
volunté et que je ne voullois chasser personne
de ce roiaume, mais au contraire les pryer
s'acommoder à ce qu'il me sembloit estre si
raisonnable et qu'ilz se faisoient grand tort
de le reffuser. Enfin je n'en peuz avoir autre
raison, et me promirent tous dès aujourd'hui
s'en aller; mais ilz ont faict tout le contraire,
car ilz ont marché avec leur armée en çà et
m'ont en cela manqué de la promesse qu'ilz
m'avoient faicte, et vous pouvez, mon cousin,
juger par tant d'occasions quelle satisfaction
je puys avoir d'eulx après avoir tant faict pour
eulx que j'ay faict jusques à ceste heure pour
le désir qui1 j'avois de veoir ce royaume en
repoz, et éviter une cruelle effusion de sang,
comme celle qui se prépare, d'aultant que je
LETTRES DE G LTHERINE DE MÉDICIS.
347
ne \n\ plus de moien, incontinent que jeseray
partie, qui sera dès demain, s'ilz oe se retirent,
que bientosl l'on ne vienne aux mains el que
la force ne les contraigne d'obéyr; de quoyje
n'ai voullu faillir de vous advertir pour le
faire entendre partout, affinque s'il/, publioient
quelque chose à mon désadvantaige , vous
sçaichez de quo^ effacer reste impression. \ ous
priant, mou cousin, plus que jamais estre
songneux de vostre gouvernement, ainsi que
nous avez esté si bien jusques icy, que j'ay
{fraude occasion de m'en contenter. Au de-
meuranl je' vous a\ par cy-devant mandé de
faire porter tous les denyers de la receple géné-
ra lie à Nantes, ensemble ceulx des fermes où
vous m'avez mandé qu'il y pourroit avoir à ceste
S1 Jehan en\ iron cens mille livres , dont , puisque
les choses en sont au terme où nous les voyons,
vous [vous] ayderez de douze mille livres pour
le payement de voz gens de guerre, remectant
à vostre discrétion de les mesnager, comme
vous congnoistrez qu'il sera plus à propoz;
vous ayant bien voulu mander cela, allin que
vous n'en demeuriez en poyne et que l'aulte
de payement ne vous face perdre voz gens;
vous priant continuer, comme \ous avez très
bien faict jusques icy, à tenir ce pays en lestât
où vous l'avez maintenu, et nous advertir sou-
vent de toutes choses, comme vous en avez,
ainsi que j'espère, plus de moyen que jamays,
avant ouvert le passage comme l'on fera dans
peu de jours. Priant Dieu, mon cousin, vous
avoyr en sa saincte el digne garde. De Tallesy,
ce .... jour de juillet.
Caterine.
1562. — (Juillet»).
Aut. Arch. oot. collect. Siiuancas, K. 1&96, n° l3. '
AU ROY CATOLYQDE.
Monsieur mon fils, j'é aysté mervilleuse-
1 Reçue le 8 juillet.
m. mu ayse d'avoyr entendeu par l'évêque d<
Limoge l'antière guérison de Monsieur le
l'rinse. corne selle qui resantiré el louré Nostre-
Signeur de tourtes les ehauses qui vous don-
neront joye el contentement, come la milleure
de vii^ amye qui partisiperé tousjour à tout
set qui vous aporteré plési, ou déplesir1.
156-2.— 3 juillet.
Copie. Bibl. liât. Parlement, a' 83, I
A MESSIE1 US LES t.KNS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT \ PARIS.
Messieurs, celuy que avez envoyé au camp,
portant adverlisseineut de ce qui esloil advenu
à Meaux2, m'est venu ce jourdliuy retrouver
icy où j'ay receu vos lettres par lesquelles
m'ont esté confirmées les nouvelles que j'a-
1 Celte lettre de Catherine, autographe mais sans signa-
ture, a dû èlre écrite dans les premiers jours de juillet;
™ effet, c'est le l 'i juin ipie duu Carlos se leva pour la
première fois, et Philippe II vint à Alcala, le a * • juin,
pour s'assurer par ses yeux de l'entier rétablissement de
son Gis. - Voy. Gachard, Don Carlos ci Philippe II , t. I .
p. go i't suiv.; voy. également dans les Papiers d'Etat
du cardinal de Granvelle, I. VI, p. 587 >■! suiv. le rap-
porl du docteur Olivaies, premier médecin de don I 11
los, sur la longue el dangereuse maladie de ce prince,
résultat d'une chute, et sur le traitement employé. CI.
le même ouvrage, t. III, p. 178, et t. IV. p. hgh.
- Voy. une lettre du roi de Navarre (Bibl. nat. fonds
français, n" i6332, f' 17): Lettre de Charles I\ sur le
tumulte de Meaux 1 Mém. de Condé, édit. de 1743, t. III.
p. 5 iç)); Réponse du Parlement à cette lettre du Roi
(Bibl. nal. Parlement, n" 83, f" 4g et suiv.); Lettre du
roi de Navarre aux gens du Parlement ( Bibl. nat. Par-
I lit, n" .s3, 1° 5o4 1: Dépêche de Throckmorton à la
reine Elisabeth pour lui rendre compte des troubles de
Meaux (Calendar of State papers , i56a, p. i38); Ins-
tructions à M. de Serlan, premier maître d'hôtel de la
Reine, allant à Meaux à l'occasion des troubles (Bibl.
nat. fonds Brienne, t° a65); Compte rendu par le ma-
i 1 ii, ,1 de lii issac et par M. de Serlan de leur mission à
Meaux, dans la séance du Parlement du 3 juillet 1 5 1 j u
(Bibl. nat. Parlement, n°83, f" 471 et suiv.).
- 44.
Vis
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vois desja eues de ce qui y est passé, dont
j'ay voulu sçavoir plus particulièrement la
vérité, et trouve qu'il y a eu assez de mal
pour en faire faire un bon exemple, et non
loutesfois tant que l'on m'avoit dicl, ayant
advisé pour le commencement de despécher
un gentilhomme auclict Meaux pour faire
rendre l'obéissance et venir à moy les princi-
paux de ladicte ville et se saisir des autheurs
de la sédition; ce que, s'ils ne font, je me del-
libère d'y employer une bonne force pour les
faire chastier à bon escient. Priant Dieu,
Messieurs, vous donner ce que plus désirez.
De Mellun, le Iroisiesme juillet mil cinq cent
soixante deux.
Caterine.
De l'Aubespine.
1562. — G juillet.
Copie. Record office , Slale popers, France, vol. a8.
A MON COUSIN LE DUC DAUMALE.
Mon cousin, l'ambassadeur de la royne
d'Angleterre1, madame ma bonne seur, rési-
dant icy, m'a advertie que aulcuns de vos
gens ontprins prisonniers certains marchands
angloys qui alloien t à Rouen pour leurs affaires,
lesquelz ilz détiennent encores et fout difficulté
de les mettre en liberté; chose que j'estime que
vous n'entendez pas ainsi, pour l'importance
don) elle est; vous priant à ceste cause donner
ordre de sçavoir où ilz sont pour incontinent
les faire délivrer et leur faire rendre et restituer
tout ce qui leur a esté prins et retenu lorsqu'ilz
furent arrosiez. Priant Dieu, mon cousin, vous
donner ce que désirez2.
De Mellun, le vic jour de juillet i5G2.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Sir Tlii'ockraorlon.
3 Voy. laréponse.luducd'AumaleùlaReineetàThi'ock-
morton. {Calendur qf State papers , 1062, p. i5o.)
1562. — (7 juillet.)
Copie. Bibl. nal. fonds français, n° 17981
A MONSIEUR COIGNET,
AMEASSADSCR EN SUISSE.
Monsieur Coignet, je comenceray ceste
lettre par vous dire que, après avoir conféré
avec les intendans des finances du temps de-
dans lequel nous pourrions faire rembourser
les vm" m. escus deutz aux marcbans Suysses
ayant argent au grand party, je me suis trouvée
en poyne de ce que je vous en pourroys res-
pondre pour ce que je désire que l'on ne leur
promette riens en cela qui ne leur soyt entiè-
rement observé et entretenu ; et pour ceste cause
veoyant les troubles où est réduict ce royaulme
et les grandes despenses que nous sommes
conlrainctz faire pour y pourveoir, qui nous
oste tousjours le moyen de payer noz debtes,
je suys d'advis que vous mectez toute la poyne
qu'il vous sera possible pour obtenir desdits
marcbans particuliers que ledict rembour-
sement se face en cinq années par esgalle por-
tion, et, si vous ne les pouvez persuader aux-
dilz cinq années, que pour le moings ilz nous
en acordent quatre qui est le moindre ternie
que nous pouvons prendre pour n'y faillir point ,
et pour le relard de l'intérest, il fault pour la
conséquence des autres qui sont en semblable
cause que vous les l'aides contenter de cinq pour
cent; et tenez bon à cela jusqu'à l'extrémité.
Touteffoys si, après avoir employé tout ce que
j'ay de serviteurs pardelà et comme vous pourrez
penser de moyens propres pour les réduire à ce
point, vous veoyez que vous n'en puissiez es-
chapper aucunement, je suis d'advis que plutost
que d'en venir à une journée de marche vous
leur donniez quelque chose davantaige ; mais il
fauldra que ce soit par forme de don et libéralité
qui se payera à la fin desdicles quatre ou cinq
années, et non en considération dudict in-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
349
téresl qui leur sera délivré par cbascune des-
dictes cinq années à ladicte raison de cinq
pour cenl, ainsi qu'il a esté accord'' avec les
autres marchans créanciers dudicl grand parly.
Je vous anvoirav avec les premières dépesches
les lettres qui vous sont nécessaires pour la
prorogation du remboursement de cinquante
milescusdeubtzàceulx de Solleure, dépeschées
en lamesme forme que vous les demandez, dont
celles du Roy monsieur mon liN .-mil toutes
prestes et n'attend/, que celles de mon cousin
le duc de Longueville ' qu'il a envoyées sceller
i Biandiz, où est son sceau, d'où, ainsi qu'il
m'a faict dire, il les attend pour les premiers
|ours.
Au demouranl , j'ay veu par les lettres que
m'avez escriptes du xx de ce moys que les
Seigneurs des Ligues, en accordant la I
que vous leur avez demandée à quinze en-
seignes, ont lellement conditionné leur accord
qu'il ne fault pas s'atendre qu'il y ayl ung seul
de leurs hommes qui parte pour venir au ser-
vice que premièrement l'année de leurs peu-
sions ne leur a\ I esté portée et délivrée en la
ville de Solleure, et ayant au mesme instant
entendu que le baron des Aurez, qui c'est im-
palroné de. la ville de Lvon 2, a faict arrester
les n H 1. destinez pour le payement desdictes
pensions es mains du trésorier des Ligues qui
us a receuz, j'ay escript bien rigoureusement
audict baron des Adrez pour lever ledict
arresl et par mesme moyen au M' Aubrech
que, attendu la longueur dont il a usé aux
fournissements desdietz n h. I.,ce qu'il semble
avoir faict expressément pour donner loisir au-
dict baron de faire ledict arrest, il l'ace fournir
1 Léonor d'Orléans, duc de Longueville, mort en août
i.">-3. Il épousa, en 1ÔC3, Marie de Bourbon, déjà
veuve de deux maris: le duc de Bourbon et François de
Clèves, duc de Xivernois.
Voy. de Tliou, But. univers., trad. I. IV, p.
promptemenl soit par lettres de change, ou
autrement, en la ville de Solleure jusques à la
concurrence de ce qui est deu du payement
desdictes pensions qu'il reprendra puis après
des deniers qu'il a mis es mains dudicl tré-
sorier des Ligues, qui luy rendra à Lyon tout
ce qu'il lùy aura faicl délivrer audict Solleure
pour l'effect que dessus, ayant considéré que.
si ledict baron continue à faire le loi et obstiné,
ledict M" Aubrech, pour les craintes qu'il aura
que je luy lace révocquer ses autres assigna-
tions, ne nous defauldra en ung tel besoing
et cependant j'advance le plus que je puys
en la pacification de noz troubles, et s'il s'y laie!
quelque chose de bon et que nous n'ayons que
l'aire des Suysses, vous en advertiraj en extrême
diligence pour nous sauver la despence de leur
solde et entreténemenl : pryant Dieu, Monsieur
Coignet, qu'il vous ayt en sa saincte el digne
garde.
CàTERINE.
[En marge.) Le vu juillet.
1562. — 8 juillet.
Copie, liibl. du Louvre.
A MESSIEURS LLS GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, à ce que nous voyons, ceulx de
Meaux ' l'ont démonstration de n'eslre pas si
obéissans que nous désirons; de sorte que par
adventure sera-il besoing d'y employer quel-
que force, laquelle nous ne pouvons, pour le
présent, avoir plus à propos que de vous ; vous
priant, suivant ce que je vous en" ayl escript
el faict entendre par mon cousin le niareschal
de Brissac, faire préparer celle dont vous nous
voudrez ayder pour cest effect, et vous accom-
Voy. une lettre (1rs habitants de Meaux à Catherine:
datée du 3o juin i56a. (Bibl. nat. fonds français,
n" i5879,P >7->-)
350
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
moder aux choses dont nous avons besoing de
vous, suivant ce que vous en dira, de nostre
pari , ledicl sieur mareschal et le sieur Destrez l,
qui s'en va par delà pour haster les prépa-
ratifs, estant nécessaire n'y perdre une seule
heure de temps, afin qu'il y ayt tant moins
de difficulté, et en avoir la raison; priant
Dieu, Messieurs, vous avoir en sa garde.
Caterine.
1 562. — 1 1 juillet.
Orig. Bibl. nat. Cinq rcnts Colbert , n° 390, f° 173.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, par ma dépesche du
xvic du passé, je vous feiz entendre le voyaige
que j'avovs faict entre les deux armées pour
moyenner la pacification de noz troubles , et
comme estant retournée sans aucun fruict ne
effect, et avec cela désespérée de pouvoir garder
que la chose ne se tenninast par les armes,
mon frère le roy de Navarre m'avoit mandé
qu'il avoit tellement rataché et renoué ce né-
goce avec mon cousin le prince de Coudé, son
frère, qu'il me prioyt ne plaindre poinct ma
peine d'aller encores faire ung voyaige jusques
au delà d'Orléans, où estoient leurs armées,
pour essayer de parvenir à l'effect de la dicte
panification; ce que je feiz dès le lendemain
de madiote lettre avec très grande incommo-
dité de ma personne, me trouvant si mal
d'une chcute que j'avovs prise à Estampes, au
retour de mon premier voyaige, que je ne me
pouvoys soustenir ny remuer que avec grande
peine et diificulté. Toutesfoys, postposant ma
santé au bien, repos et trancquilité de ce
l'oyaulme. je me feiz porter en litière en une
maison qui est assise entre Baugency et Or-
1 Jean d'Estrées, grand maître de l'artillerie par lettre
du o juillet 1 56o ; il s'était distingué à la prise de Calais
en 1 558 et mourut en 1067.
léaus, à costé desdictes deux armées, n'ayant
riens oublié et prélermis ' de ce que j'ay pensé
pouvoir servir au faict de ladicle pacification:
mais ce a esté avec si peu d'effect, pour la du-
reté et obstination de quelques particuliers qui
possèdent mon dict cousin le priuce de Condé,
que j'en suys retournée depuis troys jours en
çà aussy faschée et ennuyée que je feuz jea-
mais; et pour ce que j'ay faict dresser ung
discours desdicts deux voyaiges, et de tout ce
qui s'y est passé, que je vous envoyé avec la
présente, je me remecleray de tout ce que je
vous eu sçauroys escripre à ce que vous en en-
tenderez par la lecture dudict discours, et
viendray à vous dire que, pendant mondict
second voyaige, j'ay receu voz lettres des xxi
et x\vm- may, et vin et xvmmc du passé, par
lesquelles j'ay veu que l'élection du roy des
Romains est consentye et accordée de tous les
électeurs, et le temps remis à la discrétion de
l'Empereur mon bon frère; le couronnement
de Bohesme différé jusques en septembre et
octobre; la trefve entre mondit bon frère et
le prince de Transilvanie accordée et les
choses de la paix entre luy et le Turc en assez
bons termes pour en espérer quelque bon
accord, qui sont toutes prospéritez à mondict
bon frère qui me donnent grand plaisir et con-
tanlement, et que je souhaite luy continuer
toujours de bien en mieulx.
Quant à ce qui appartient au faict du con-
cilie dont vous me faictes mention par vosdictes
lectres, et la bonne intencion que mondict bon
frère l'Empereur monstre toujours avoir de le
faire fructueux, je n'ay encores riens veu de
luy que bien fort louable, et qui ne se con-
forme à sa parole; toutesfoys ses ambassadeurs
avoient du commencement parlé fort froide-
ment au sieur de Lanssac des choses quilz dé-
1 Prétei-mis, omis.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
351
siroient estre traictées audicl concilie; mais
depuys il/, se sonl laissa plus clairemeni en-
tendre; qui a esté après en avoir sceu l'inten-
cion de mondict bon Frère, qu'il ne leur avoil
peult-estre faict encores entendre ou bien qu'ilz
voulloienl veoir premièrement de quel pied
les nostres marcheroient; lesquelz, comme je
vous ayjà mandé, mit commandement des'ad-
joindre telle ni avec ceulx de mondict bon
frère, qu'ilz ne soient que une mesme chose
en uns si bon œuvre. Et pour ce que les
évesques espagnols sonl puis naguières venu/.
dire au sieur de Lanssac que Von n'avoif «pie
l'aire pour l'heure présente de traicler de la
doctrine, puysque ceulx qui l'impugnent et
débatent ne sont poinct au concilie; et qu'il
lailloil commancer par une bonne et roide
refformation des meurs, qui est ce que l'on a
tousjours désiré d'eulx, et ung poinct de très-
grande importance pour faciliter le fruict que
l'on espère dudicl concilie; encores que je
saiche bien que mondict bon frère et moy
n'avons toujours eu en cela que une mesme
intencion et volunté, si suys-je d'advis, Mon-
sieur de Renés, «pie vous I n y en parliez et le
requéryez de commander encores de nouveau
i sesdiets ambassadeurs qu'rlz prenent ce faict
en main et en sollicitent tellement lesdicls
Espaignolz, que cela se propose et requière de
commun accord et consentement d'eulx et de
nous, avec telle chaleur et instance que les
légalz n'y puissent poinct l'aire de difficulté,
estant hesoing que les décisions en la doctrine
se diffèrent pour les dernières cessions dudicl
concilie, et ne s'y face riens, s'il est possible,
que noz prélatz ne soient par delà, et que l'on
n'ayt essaye'' d'y amener les protestans; les-
quelz si l'on avoil une foys laid une décision
eu la die te doctrine contre ce qu'ilz en sentent,
qu'ilz n'eussent premièrement esté oyz, il ne
seroit pas en puissance d'homme du monde
d \ faire comparoistre, et se plaindraient tous-
jours d'avoir eslé condampnez non o\z. El
pour ce faictes cesl office envers mondicl bon
frère, el j'ay mandé au sieur de Lanssac qu'il
n'y oublie rien au lieu où il est, el si vous
avez peu entendre avec quelle résolution e(
dépesche l'archevesq le Prague1 s'en esl re-
tourné, mande/, luv en des nouvelles, comme
je m'asseure que vous ferez tousjours de toutes
idioses qui regarderont le faict de sa charge,
ci que vous cognoistrez de quelque importance
el dignes de luy; pryant Dieu, Monsieur de
Renés, qu'il vous ayl en sa saiacte garde.
Escript au boys de Vincennes, ce xi° jour de
juillel i 56a.
Caterink.
BoUIIDIN.
lôO'J. — i i juillet.
Copie. Bibl. nat. Parlement, D° 83, i'° A79.
A MESSIEURS TENANS LA COURT
DE PARLEMENT DE PARIS.
Messieurs, j'escris présentement à mon cou-
sin le mareschal de Brissacq2 vous faire en-
V»v. Gains, Séries r]/ism|m'«w.
ar Catherine à
1 \ntonius Brus. •
p. 3o3.
- Voici les instructions adressées
M. de Brissac :
■Monsieur le mareschal de Brissac sçait comme la
cBoyne l'ut mandée du roy de Navarre pour retourner
«par deçà sur l'espérance qu'il luy donnoit du lion com-
«mencement qu'il avoit faict de paciflier ces troubles, où
a arrivée qu'elle fusl à Sainct Simon, elle trouva que le
s dict seigneur roy de Navarre, ayant déjà parlé à Mon-
sieur le Prince son frère, y avoit aucunement préparé les
s choses; pour lesquelles poursuivre et achever elle trouva
amoven de faire, non sans grande difficulté, venir par
ndevers elle Mondict. sieur le Prince par deux fois audicl
«S1 Simon, où après plusieurs propos passez entre eux et
ilongues disputes tendans au moyen de paciffiei te
«royaume, elle lui remonslra l'impossibilité qu'il y avoit
-de pouvoir faire oliserver l'édicl de janvier, le priant
:S52
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
tendre comment sont passées les affaires au
voyage que j'ay fait par deçà, eslanl bien
squ'il fui content l'aire déposer les armes pour le repos de
-ce royaume, tant que luy et ceux de sa suitte, et se con-
(tteriir doucement en leurs maisons, pour quelque temps,
•■(lin sut lequel on par un bon concile ou autre expédient
-se pourrait l'aire chose qui donnerait contentement à
«chacun et mettrait ce royaume en repos, sans oublier
«par ladicte Dame à luy faire bien entendre le sang dont
■il est issu, et en quelle considération il doit mettre le
-service du Roy, la conservation de ceste couronne et le
-repos des sujets, y adjoustant toutes les vives et conve-
nables persuasions dont ladicte Dame, se peut adviser,
-qui servirent de si peu que toujours Mondict sieur le
-Prince insista aux deux premiers points, ausquelz il s'est
«premièrement attaché, qui sont : que Messieurs de
«Guise, connestable et marescbal de Saint-André se reti-
rrassenl on leurs maisons, et que ledict édict eut lieu. La-
r dicte Dame, demeurant toujours ferme à ne se laisser
-conduire à l'un ny à l'autre desdicts deux pointz, con-
- tinua à le prier qu'il voulsit bien penser au mal qui sor-
«loit de ceste sienne duretté, et que d'elle elle ne pouvoit
«ny devoit luy en donner aucune espérance, et qu'il estoit
«besoins qu'il s'accomodast aux choses raisonnables , sça-
•• chant bien qu'il n'y aurait point de propos d'esloigner
«de l'armée du Roy ces personnages là, qui sont des pre-
«miers officiers de France, en temps si troublé que ces-
-luy-cy, et moins encores de laisser aller l'édict, estant
rrles catholiques armez comme ilz sont, dont il sortirait
r nouveau et beaucoup plus grand trouble que l'autre,
r l'exhortant et admonestant de se contenter que chacun
«vescut doucement en sa maison. A cela ne le peut-on
«aucunement conduire, mais finalement quinze ou seize
«des principaux seigneurs qui sont en sa compagnie en-
«voyèrentunescrità ladicte Dame, par lequel ilzofl'roient
« que, se retirons lesdicis trois seigneurs en leurs maisons ,
-ilz obéyroient à tout ce qui leur serait commendé par
-elle et le roy de Navarre, supplians Mondict seigneur le
-Prince se venir rendre entre les mains de Leursdictes
« Majestez , pour gaige et caution de leur promesse , ainsy
«qu'il se verra par la coppie dudict escrit qui est présen-
«lement envoyé; lequel offre fut approuvé par Mondict
-sieur le Prince et trouvé bon par ladicte Dame et ledict
«seigneur de Navarre, entre les mains desquelz, pour
«satisfaction dudict offre, se vint rendre Mondict sieurle
-Prince, où arrivé qu'il fut, fit entendre à Sa Majesté les
••ilesMisdicIs estre prests d'obéir, et. que plutost que de
r laisser ce royaume en trouble, ils estoient délibérez de
marrie qu'il n'en est sorty le fruit el le repos
tel que j'espérois plus de la grâce de Dieu que
«s'en retirer, supplians ladicte Dame que son bon plaisir
«fut de tant graliffier lesdicts sieurs que de les vouloir
«ouyr, aflîn qu'ils receussont d'elle ses bons commande-
«mens, de l'obéissance desquels elle aurait contentement.
«Ladicte Dame, qui s'étoit toujours laissé aller à tout ce
«qu'elle a pensé pouvoir servir à appaiser ses troubles,
«s'accomoda volontiers à la requeste de Mondict sieur le
«Prince, el suivant icelle print la peine d'aller le lende-
«mainjusques à trois grandes lieues du camp pour les
«ouyr, accompagnée seulement de buict ou dix que che-
«valiers de l'ordre quegenlillommes sans armes, Mondict
«sieur le Prince estant tousjoursavecq elle. Eux là arrivez,
«ladicte Dame leur fit entendre, après plusieurs autres
r propos, la substance de leursdictes offres et le contenle-
«ment qu'elle avoit du devoir auquel ils se mettoient,
«voulant obéir à ses commandemens, les priant doncq et
«leur ordonnant, suivant cela, qu'ils eussent à laisser les
« armes , et chacun se retirer en sa maison , où il pourrait
«vivre doulcement attendant que l'on eut autrement pour-
aveu au mal qui s'offroit; et leur lit entendre là-dessus
-toutes les plus dignes remontrances dont elle peut s'ad-
«viser pour les persuader à se contenter; mais comme ils
«ont toujours durement el obstinément poursuivy leur
«desseing, ils insistèrent infiniment à ce que l'édit fut
«entretenu, disans ne pouvoir vivre en ce royaume sans
«cela; sur quoy passèrent plusieurs disputes, et finable-
«ment leur ayant ladicte Dame absolument déclaré qu'il
«ne se pouvoit faire, les pria se contenter de ce que
«dessus, dont ils montrèrent avoir peu de satisfaction ; et
«là dessus, prinrent résolution entre eux de dire à ladicte
«Dame que, puisqu'ils voyoient que ledict édit ne pou-
«voit avoir lieu, ils estoient résolus de partir et se retirer
«hors ce royaume, la supliant leur en vouloir donner
«congé; ce que ladicte Dame trouva très élrange, leur
«remonstrant que jamais elle ne se consentirait qu'une si
«grande noblesse et tant de sujets partissent, et que ce
«serait une trop grande playe à ce royaume, les priant
«changer celle oppinion et recevoir agréablement ce
-qu'elle désirait faire pour eux, attendant que par autre
«meilleur moyen on peut pourvoir au bien de cedict
«royaume. Toujours insistans que ledict édict demeurast
«ou avoir congé de s'en aller, dont ilz luy faisoient une
«trop importune instance, voyant qu'il n'y avoit autre
«remède, leur dict, à son très grand regret, qu'elle aime-
«roitdonr beaucoup mieux qu'ils se retirassent jusques
«à la majorité du Roy, ainsy qu'ils requéraient, dont ils
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
353
de la dureté de ceux àusquels j'avois affaire;
mais j'auray ce contentement en mo) el croy
que je sera) justiffiée devant Nostre-Seigneui
el tout le monde quej'ay fait tout ce qu'il m'a
esté possible, comme je remets à vous, Mes-
sieurs, à en juger après avoir ouy mondict cou-
sin le mareschal que je vous prie croire .
comme vous feriez moy-mesme. Priant Dieu,
Messieurs, vous avoir en sa garde. Escrit au
chasteau du boys de Vincennes1, le unziesme
jour de juillet mil cinq cens soixante deux.
Catebine.
De l'Aubespine.
r. montreront avoir grand contentement, disans qu'ils par-
tiraient dez le lendemain, et laisseroient, par ce moyen,
-ce rovaume tranquille; mais comme ils ont bien monstre
nqu'ilz àvoient très mauvaise intention, ayans fait venir
r après eux cinq cens hommes de cheval et bien mil har-
rquebusiers à pied, cachez auprès du lieu où fut cette
r conférence, ils remonstrèrent à ladicte Dame que Mon-
-dit sieur le Prince avoit satisfaict à sa promesse et qu'ils
-le vouloienl amener quant et eux, el de fait conlre sa
-volonté, et comme par force, l'arrachèrent de ses mains
net l'amenèrent; de sorte que Mondict sieur le Prince ne
epeust tenir sa promesse. Et le lendemain, conlre ce
irqu'ils avoientdit à ladicte Dame, au lieu de se retirer,
r levèrent leur camp et marchèrent droit à celhiy du Roy,
^montrant par leurs déportemens qu'ils ont une très-
trmauvaise et sinistre volonté, et que leurs desseins sont
sautres que de la religion; ce que ladicte Dame désire
nque Mondict sieur le mareschal entende, le priant en
-faire part à Messieurs de la cour de Parlement et au
«prévost des marchands et eschevins de la ville de Paris,
rpour faire conuoistre leur mauvaise intention, et la sin-
ccérité des actions de ladicte Dame.
r Catebine.»
(Copie. Bibl. nat. n" i6332, f" îG et suiv. et Parle-
ment,^ 83 , P" A 73 et suiv.) — Voy. la réponse du Parle-
ment à cette lettre (Bibl. nat. Parlement, n°fc3, f" £72 et
suiv.); le récit de l'entrevue fait par le maréchal de
Brissac devant toutes les chambres réunies (ibid. f" 673
et suiv.; Mémoires de Condé, édit. de 17AA, t. IV, p. 5a5
et suiv.).
1 Le copiste par erreur a écrit Chasteaudun.
Catherin)! de Médicis. — 1.
1562. — 1 1 juillet.
1 pie. Dilii. nat. fonds français 1 n' 17961.
\ MONSIEl R COIGNET,
AMBASSADES.
Monsieur Coignet, voslre homme a demeuré
longtemps par de là. mais ce .1 esté soubz l'es-
pérance où j'ay esté par diverses foys de moj en-
ner quelque accord el pacification au faicl de
niiz troubles, selon l'infiny désir que j'en avoys;
en quoy jeneay espargné mon travail, ne rien
obmis qui y ayl deu raisonablement servyr, si
j'eusse eu affaire à gens aussy gracieux et traie-
tables que je me suys avancée à leur offrii
conditions justes et équitables pour la liberté
de leurs consciences et leur seureté, ainsy que
vous verrez plus particulièrement par le dis-
cours que j'en fera y bailler au sr de Mendossi
dedans ung jour ou deux, comme je l'envoiraj
par de là pour les occasions que vous sça'vez
de luy. Cependant j'ay faict mectre es mains
de vostre homme présent porteur, que je vous
renvoyé, les promesses et obligations pour les
cinquante mille esçus deubz à ceulx de Sol-
leure el si vous veulx bien advertir que j'aj
receu vostre dépeschedu \xvin" du passé, par
laquelle j'ay veu que, à la dernière journée,
vous n'avez rien peu accorder avec ceulx qui
ont argent au grand party; en quoy je m'as-
seure bien que vous avez faict tout le possible,
mais si ne se faut-il pas rendre et vous prye
que vous continuez à manier et conduire cesl
accord avec une telle dextérité que vous nous
en puissiez mectre en repoz, car d'en venir à
une journée de marche nous n'y aurions nul
advantaige, ny proflit. Je désire que vous tenez
ferme pour faire comprendre le Jonviloys en
la neutralité de Bourgogne, ainsy que je vous
av tousjours escrit; toutteffoys, si après avoir
tenté tous moiens possibles vous cognoistrez
qu'il ne se puisse faire, nous ne laisserez de
/i5
354
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
passer oullre sans ladicle spécification , et
quant à l'advis que vous avez eu des promesses
que les cinq quanthonset mon frère Monsieur
de Savoye se sont mutuellement faictes, pour
ce qu'il semble qu'il y auroit en cela quelque
chose de caché pour troubler le repoz de ce
pays là, je désire que vous mectez toute la
peyne qui vous sera possible pour sçavoir ce qui
en est à la vérité, et que vous y faictes ce que
\ errez estre pour le bien du service du Roy
monsieur mon filz et la conservation de la
paix puhlicque d'entre les canthons. Quant à
i-e qui concerne vostre particulier, je sçay avec
quelle fidélité et affection vous vous estes con-
tinuellement employé au devoir de vostre
charge et que vous en rendrez lousjours bonne
raison, et pour ce ne vous donnez peyne de
chose que l'on dye et vous asseurez que je
prendray tousjours en toutes choses justes et
raisonables la protection des bons serviteurs
du Roy monsieur mon filz, tel que je vous ay
congneu et estimé. Pryant Dieu, Monsieur
Coignet, qu'il vous doint ce que vous désirez.
Escript au boys de Vincenues, le xic jour de
juillet i56a.
Catebink.
Boit.din.
1562.— 11 juillet.
Minute. Bibl. nal. fonds franrais, n" i54io, f° 36.
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lansac, ce porteur arriva au
boys de Vincennes avec vostre dépesche du
vne du passé ', ainsi que j'estoys de retour du
premier voyage que j'avoys faicl en la Beausse
entre Estampes et Orléans pour moyenner en
tout ce qui me seroyt possible quelque pacifi-
' Lansac était parti pour te concile de Trente à la fin
d'avril. — Voy. une lettre de lui à M. de Gonnor, dans le
H) du fonds français, f°9g.
cation aux troubles qui sont aujourdliuv si
grans en ce royaulme qu'il n'est possible de
plus, et que j'estoys preste à remonter à cheval
pour m'en retourner encore trouver les deux
armées au delà d'Orléans pour semblable occa-
sion; qui fut cause de me faire remectre la
response sur le contenu en ladicte dépesche
jusques au retour de mon second voyage qui
a esté beaucoup plus long et avec inoings de
fruict que je n'espéroys, ainsi que vous verrez
par ung discours que j'en ay faict faire où
toutes choses sont minutieusement déduictes,
ainsi qu'elles sont passées à la vérité; qui me
gardera vous dire autre chose là dessus, sinon
que, après m'estre infiniment travaillée et in-
commodée en ce dernier voyage, j'ay esté
contraincle de venir retrouver le Roy monsieur
mon filz, aussi ennuyée et faschée que je fuz
jamais de veoir que par la dureté et obstina-
tion de certains particuliers qui possèdent mon
cousin le prince de Condé, les choses soyent
remises au hasart des armes, ce qui est [la]
dernyère des ealamitez. Mon frère le roy de
Navarre, depuis mon partement, est rentré
dans Bloys qu'il a remis en l'obéyssance du
Roy mondict sieur et filz, comme il luy sera
aisé de faire en semblable à Tours et aux
autres villes le long de la rivière de Loyre, qui
se sont rebellées et qui ont encores les armes
en main. Or pour venir à ce qui regarde vostre
susdicle dépesche, je vous ay faict faire res-
ponse bien amplement sur chascun article du
mémoire que m'avez envoyé par cedict por-
teur, ayant conféré avec ledicl mémoire ce que
vous avez depuis mandé par vostre subsé-
quente dépesche de l'unziesme dudict moys
passé1, et me resteroytpeu de chose à adjous-
ter à ladicle response, si ce n'estoyt qu'il fault
1 Voy. cette dépèche dans le recueil de Dupuy, Instruc-
tions aux ambassadeurs et actes du concile de Trente,
p. a3o,
que je vous dye . quant à ce qui concerne vostre
séance el précédence, pour Laquelle l'on vous
ii \ oui 1 ii faire ouverture de quelques moyens
de composition, que vous avez forl bien faicl
d'avoir respondu résolument à ceuh qui vous
eu oui parlé, que vous n'estes poincl allé par
pour un composer ne permectre qu'il
s'en face aucune innovation, cl là où l'on voul-
dro\ l révocquer la chose en doubte cl difficulté,
cl la mectre eu controverse, vous sçavez ce <jui
vous en a esté baillé par injonction île vostre
souverain de poincten poincl , sans en actendre
autre commandement du Roj mondict sieur
et de moy, qui ne permeclrons jamais qu'il se
l'ace une telle entreprise et innovation à chose
qui est si justement deue et acquiste, et qui de
temps immémorial a esté inviolablement cou-
servée à se- prédécesseurs roys. Pour le regard
du mescontantemenl que le Pape a faict dé-
monstration avoir de vous et des offices que
vous laides au lieu où nous estes, ce n'est pas
de merveilles, si cclluy que l'on lasche de
redonner se plaincl ordinairement. Le prin-
cipal est que vous n'estes là pour favoriser sa
cause, sinon en ce qu'elle sera juste et rai-
sonnable,et m'asseure tant de vous et de vostre
prudence que vous le ferez tousjours ainsi;
mais pour procurer anltant qu'il vous sera
possible l'exaltation de l'honneur de Dieu et
refformatioo des abuz introduietz en l'église,
desquelz la court de Home faicl une bonne
part, et à ce que j'av veu par vostredicte dé-
pesche, s'il a à se plaindre, ce seroyl beau-
coup plus de l'Empereur mon bon frère, et
de ses évesques et ministres, qui, jusques icy,
ont bien parlé aultre langage que vous, et
procédé en tout ce qui appartient, à ladicte
refformation plus sévèrement et rigoureuse-
ment el loulesfoys, aultant qu'il est possible,
catholicquemenl et religieusement. Je loue la
dépesche que vous en avez faicte à Sa Sainc-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 355
teté, et à uostre ambassadeur résidant auprès
d'elle qui n'aura pas failly, comme je mas
score, à \ faire l'office dont vous le requérez.
Quanl au Roy mondict sieur et fil/, el à y,
asseurez-vous que nous avons tel conlenlemenl
de la façon dont vous ave/, procédé par delà
en toutes choses depuis vostre arrivée, que
vous en pouvez demeurer en repoz et oe nous
sçauriez faire service plus agréable que dv
continuer et d'asseurer mon cousin Monsieur
le cardinal de Mantoue que le Roy mondicl
sieur et lilz et moy nous sentons bien forl
tenuz à luy de la grande démonstration qu'il
faicl de l'affectueuse volunlé qu'il nous porte,
et du zèle droict et sainct qu'il a de rendre le
concilie fructueux pour le bien général et uni-
versel de la chrestienlé, et la réunion d'icelle
en une mesme saincte et catholicque religion.
Quant aux advis particuliers mentionez en voz
susdictes dépesches, j'aclendray ce que vous
en pourrez tirer de [dus ample certitude, donl
je m'asseure bien que vous ne fauldrez de me
advertyr. Priant Dieu qu'il vous ayt en sa saincte
el digue garde '.
1562. i5 juillet.
Orig. Bibl. 11114). de Saint-Pétersbouig , vol. 18, I' Mj.
A MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mon frère, j'ay tant d'allarmes et si souvent
que je ne sçay ausquelles courir, comme vous
verrez par une lettre du sieur de Barbezieux
que je vous envoyé, auquel j'ay faict response
qu'il ne sçauroil, niieulx faire que de tenir la
\ ille de Sens bien fermée et les habitons armez
et faisans bon guel et aux autres villes pro-
chaines, où ces gens de cheval pourroient
1 Catherine, la veille, avait envoyé à l'évêque île
Rennes une dépêche qui est en partie la reproduction de
celle qui est adressée à M. de Lansac.
65.
356
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
faire entreprise, cl qu'il advertisse bien les
Suysses pour se tenir sur leurs gardes sans se
jouer de les retenir ung seul quart d'heure,
mais au contraire les avancer tant qu'il pourra,
l'ay semblablement escrit à Monsieur de Ne-
vers1 qu'il pourvoye à Troyes et de sa part
donne ordre que là, ne ailleurs, n'advienne
aucun inconvénient aux villes, ne auxdicts
Suysses, et fais présentement partir le sieur de
Lihoux - et la compaignye de Strossy3 que
j'avoys icy pour aller dedans Meauix, ayant
ceulx de ladicte ville mandé qu'ils sont preslz
d'obéyr à tout ce qui leur sera commandé.
J'entendz, mon frère, que le sieur d'Escars
est par chemyn, lequel j'aclendz en bonne dé-
votion , pour sçavoir plus particulièrement
toutes nouvelles de vous et du lieu où vous
estes; d'icy ne vous puis-je dire aultre chose,
syuon que je fais tout ce que je puys pour
advancer deniers et les forces. Pryant Dieu,
mon frère, vous donner ce que plus désirez4.
Au boys de Vincennes, le xVjour de juillet
i562.
Vostre bonne seur,
Caterihb.
1562. — i 5 juillet.
Orig. Bibl. irup. de Saiot-Pétersboarg, vol. j8, f° &4.
V MON FRÈRE LE ROY DE NAVARRE.
Mi m frère , le conte de Sommerive m'a envoyé
p,u ce messaiger présent porteur une sienne
1 François II de Glèves.
3 Joachim de Monluc, frère de Biaise de .Moulue.
Philippe Strozzi , né à Venise en i 54 i . Mis à la tète,
'•n î.'iSa. d'une flotte envoyée pour soutenir les préten-
dons d'Antoine, prieur de Crao, il tut battu et pris dans
la mer des Açores, le î 9 juillet , par le marquis de Santa-
Crux qui le fil jeter à la mer.
'' Voy. les minutes des lettres du roi de Navarre à Ca-
therine. (Bibl. nat. tonds français, n" 16876, f 20a,
ao3, 29a, 3oi .)
dépêche qui est du xvm° du passé, par la-
quelle il vous donne advis de la prise d'Orange '
et de l'occasion qui l'a faict retourner en Pro-
vence avec ses forces pour pourveoir aux dégatz
que y faisoit Mouvans2; et encores que ce soient
choses vieilles et dont nous avons jà eu adver-
tissement, si est-ce que, pour ce qu'il demande
que l'on luy face sçavoir ce qu'il aura à faire,
d'aultant qu'il n'a pas receu les dépesches qui
luy en ont esté envoyées, et que je ne vouldroys
pas l'en résouldre, sans en avoir vostre advis,
je vous envoyé ses lettres par le mesme mes-
saiger qui les m'a apportées, et vous prie,
mon frère, le voulloir faire incontinent dépes-
cher avec ung ample mémoire et instruction
audict conte de Sommerive de tout ce que
vous jugerez qu'il aura à faire pour le bien et
service du Roy monsieur mon filz. Le sieur de
Fresne3 vous représentera, s'il est besoing,
ung double de ce qui en a esté résolu cy-de-
vant pour le revoir et y faire adjouster, chan-
ger et immuer ce que verrez bon estre, selon
les occasions. Mon cousin Monsieur d'Aumalle
m'a aussi mandé que, sur l'advertissernenl que
je lui ay donné des forces qui marchoient du
costé de la Normandye, il a retiré son artillerye
de devant le fort du mont Sle Caterine et s'al-
loyt loger en lieu seur pour sa troupe, et d'où
il aura peult-estre moyen d'entreprandre quel-
que chose de bon, incistant fort que je le
renforce encores, comme je le voy plus que
nécessaire, et le désireroys bien, si j'en avoys
le moyen. Je luy ay escript que je vous en
1 Voy. Joseph de la Pise, Tableau de l'histoire des
; princes et principauté d'Orange ( La Haye, i638, in-i°);
il donne de curieux détails sur la prise et le sac de cette
ville par Sommerive et Fabricio Serbelloni.
2 Paul Richiend, sieur de Mouvans, capitaine calvi-
niste, né à Draguignan, mort au combat de Messignac
(Dnrdogne), le ab octobre i568.
1 Florimond Robertet, s* de Fresnes.
LETTRES DE GATH
advertiroys pour luy faire du mieulx qu'il
vous sera possible, ainsi que je vous en prie,
et aussi d'ordonner que la compaignye du
sieur de Chaulne1 soyt payée, car sans cela
elle veut habandonner S1 Quentin où elle a
jusques icy demeuré continuellement en gar-
nison aux hostelleryes, ainsi que me mande
ledicl sieur de Chaulne; et il ne faultpasque,
en ce temps de troubles, ladicte ville de-
meure dénuée de la dicte force qui est seulle
là dedans, comme vous sçavez. C'est, mon
frère, tout ce que j'ay à vous dire par ceste
petite dépesche et l'endroict où, après vous
avoir présenté mes affectionnées recomman-
dations, je prie Dieu vous donner en sancté
bonne et longue vye.
Escript au boys de Vincennes, le xvc jour
de juillet i5G2.
Vostre bonne seur,
Caterine.
ERINE DE MÉDIC1S.
357
ma pari et de le croyre de ce que je lui eu ay
donné charge de vous dire tout aiasy que
feriez moy-mesmes; priant Dieu, Monsieur
Coignet, qu'il vous ayl en sa saincte garde.
Escripl au boys de Vincennes, le svï jour de
juillet 1 0G2.
CvTF.RlNE
BoiRDIN.
1562.— 1 fi juillet.
Copie. Ribl. nat. fonds français, n° 17981.
\ MONSIEUR COIGNET,
AMBASSADEUR EN SUISSE.
Monsieur Coignet, le sr de Mendosse, con-
seiller et premier maistre d'hostel du Roy
monsieur mon filz2, s'en va par delà pour
l'occasion que vous entendrez bien de luy et
ancores que je m'asseure que vous ne fauldrez
de vous employer à ce qu'il vous dira selon la
démonstration que vous avez tousjours faict
de l'affection que vous portez au bien des
affaires du Roy mondict sieur et filz et de son
pstat, si ne laisseray-je de vous en pryer de
1 François d'Ongnies, comte de Chaulnes, tué à la
bataille de Dreux (décembre îôfia). Chaulnes, an-
cienne baronnie de Picardie, fut érigée en comté en fa-
veur de Louis d'Ongnies (i563).
3 Voy. pour la mission de Mendoze en Suisse , de Thou .
trad. t. IV, p. 3oâ.
1562. — 17 juillet.
Ong. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous escripvant présentement le
Roy monsieur mon filz en laveur du sieur de
Commarrien ', gentilhomme ordinaire de sa
chambre, et de ses frères cohéritiers du I
sieur de Ruffey2, d'aultant que par le traicté
de paix fait au Chasteau de Cambresy, lors qu«
le feu Roy mon seigneur remist en voz mains
voz pais, terres et seigneuries, il a esté expres-
sément dict et accordé que les arrelz inter-
venuz auparavant entre les subjeetz d'une pari
et d'aultre et des choses deppendans desdictes
terres auraient lieu et sortiraient leurs effeetz;
néanlmoins, soubz coulleur et quelque donne
à entendre des héritiers du feu conte de Varax '
vous avez, puis naguères, descerné vos lettres
patentes pour les restablir en la joissancedes
terres, dont s'en estoit ensuivy arrest du grand
conseil du Roy mondict seigneur et filz au
proffîct d'iceulx héritiers dudict feu de Ruffej
tellement que, par ce moyen, ce serait con-
1 Sans doute Commarin. En Bourgogne il y avail uni
baronnie de ce nom qui passa au xvie siècle dans I;
son de Vienne.
2 Ce doit être un sieur de Ruffey de la maison de
Vienne. Il y a des lettres de lui dans le n° 3a 1 fi du fonds
français.
1 Varax, seigneurie de Bresse, qui a donné son nom
à une ancienne maison, sur laquelle on peut voir Gui-
chenon, Histoire de Bresse, tfiôo, in-f°, p. 3 7 < ) .
358
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
trevenir audict Iraicté de paix, chose que je
m'asseure n'a este' par vous entendue et venue
à votre congnoissance. A cesle cause, je vous
ay bien voullu par mesme moyen escripre la
présente el prier bien affectueusement, mon
frère, pour la recommandation en laquelle
j'ay lesdicts héritiers dudit feu de Ruffey, en
considération des services que eulx et leurs
prédécesseurs ont faictz à cesle coronne, et
puisque c'est chose résolue et passée par iedict
traicté de paix qui ne se peult aultrement
rescinder, ne interrompre, voulloir recevoir
leur bon droict en votre protection et ne per-
mectre qu'ilz soient en icelluy aucunement
troublés par aucuus de voz officiers, attendu
la paisible joissance en laquelle ilz en sont
demourez depuis que lesdicts arrestz sont in-
tervenuz. Ledicl sieur de Commarien fust allé
devers vous pour cest effect avec la présente,
sans ce que je l'ay retenu icy pour le service
du Roy mondicl seigneur et filz. Priant le Créa-
teur, mon frère, qu'il vous aict en sa très
saincle et digne garde.
Escript au boys de Vyncennes, le xvn" jour
de juillet i562.
Voire bonne seur,
Catebine.
1562. — 17 juillet.
Orijj. Bihl. nat. fonds français, n°3i78, f 17-
A MONSIEUR D HUMIÈRES.
Monsieur de Huinières, j'ai veu par la lettre
que m'avez escripte du xmc de ce moys l'ordre
que vous avez donné à Montdidier, tant à en
faire sortir ceux qui s'y estoient retirés des
Pays-Ras adhérans aux nouvelles opinions,
que à en mectre aussi dehors qnelques-ungs
des habitans qui se sont monstrez plus opi-
niastres, et pour lesquels vous avez connu que
le demeurant du peuple se fusl plus aysément
animé et mutiné, estimant que par ce moyen
toutes choses s'y passeront doulcement; qui
est ce que je désire et à quoy il faull que chas-
cun travaille en tout ce qu'il peult, au temps
turbulent où nous sommes, affiu de réduire
nng chascun à demeurer en obéissance et non
pas que le peuple s'atrihue l'auclorité d'offen-
ser qui bon luy semblera, comme il se veoyt
en beaucoup de lieux. J'escriptz au sieur de
Mesvillier qu'il me vienne trouver incoutinant,
puisqu'ilz l'ont si odieux en ladicte ville, el
adviseray à ce que l'on pourra faire pour le
regard des officiers, lesquelz cependant vous
admonesterez de vivre et se comporter en sorte
qu'ils ne facent poinct de scandale, et ne don-
nent occasion au peuple de se mutiner; et au
demeurant, avant vostre parlement, ferez com-
mandemeul à ceulx de ladicle nouvelle reli-
gion qui seront restez en ladicte ville de vivre
et se comporter doulcement et paisiblement en
leurs maisons, sans faire aucunes presches,
assemblées ni aultres actes scandaleux; et le
vous promectant ainsi, vous les baillerez en
garde aux aultres habitans, affin qu'il ne leur
soyt mesfaict ny mesdict en leurs personnes
et biens en quelque sorte que ce soyt, et par
mesme moyen deffendrez qu'il ne soyt riens
rompu et démoly aux maisons de ceulx qui
s'en seront allez, ny voilé et pillé aucune chose
de leurs meubles et aultres biens jusques à ce
qu'il en ayt esté advisé et ordonné; et ayant
estably cest ordre en ladicte ville, vous vous
retirerez à Péronne pour avoir l'œil à tout ce
qui appartiendra à la garde, seureté et conser-
vation de la place, et à y contenir toutes choses
au repoz auquel elles y sont demeurées jusques
à présent. Priant Dieu , Monsieur de Humières,
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript au boys de Vincennes, ce xvne jour
de juillet 1 56-2.
Caterine.
Bourdin.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
359
(1562. — 17 juillet.)
Copie <tu temps. Bibl. nal. fonds français, 11° 3io5 , f° 15.
\ MONSIEUR DE RORDILLON.
Monsieur de Bordillon, ce gentilhomme pré-
sent porteur a esté longuement attendant réso-
lation de ce qui Pavoit amené iey; qui estoit
principalement pour le payement de voz sol-
datz l, où il vous dira enfiu ce que la nécessite'
nous a permis de pouvoir l'aire pour le pré-
sent, dont je me remettray à ce que vous en
sçaurez de luy, espérant que d'icy en avant il y
aura meilleur ordre, encores que je vous puisse
dire que je ne veoy pas les tumultes de ce
royauhne en estât d'eslre de longtemps paci-
fiez, pour la dureté et oppiniastreté de ceulx
qui ont pris les armes et les villes, lesquels,
quelque peyne que j'aye mise et moyens que
j'aye propposezpour lesadouleiret leur donner
senreté, ne se sont jamais voullu laisser con-
duire à la raison, monstrans bien par leurs
déportemens qu"il y a quelque chose de mau-
vais caché soubz leurs desseings et délibéra-
lions; et alïin que sachiez ce que je leur ay
offert et voullu l'aire pour eulx, je vous envoyé
ung discours de tout pour le faire entendre à
qui vous verrez qu'il sera à propoz.
Au demeurant, je veulx bien vous advertir
que nous avons esté longuement à cominunic-
quer avec les depputez de mon frère Monsieur
de Savoye sur l'accord des places qu'il vous
doibt bailler; et finablement pour le grattifier
et donner plus de contentemenl, par l'advis
de tout le conseil du Roy monsieur mon filz.
1 Dans une lettre de Bourdillon du 12 juillet à
Charles IX, nous lisons : ciFaulte de noz payemens, pour
estre den tantost aux soldatz six moys, je ne seay plus
moyen de les secourir, joinct qu'il court icy certain bfuit
qui continue de longtemps, de la restitution de ses
places, qui mect les habitans d'icelles en tel desespoir
qu'ilz ne veullent plus rien prester.i (Bibl. nat. fonds
français, n" 15870, !" 290,.)
nous sommes contentez de prandre Pinerol,
la Përouze etSavillan, avec les antiens Gnages
et territoires; el pour autant qu'il se trouve
parmy lesdiclz Gnages, et aussi dedans ce qui
demoure audicl sieur de Savoye, beaucoup de
petites villes, bourgs el villages, tant du mar-
quisat de Salures que du Piedmont, qui in-
commoderoienl el luy et nous chascun en son
regard, avons advisé que, de commun accord.
s'en pourra faire quelque escfaange, et que cela
se traittera et négotiera par vous avec luy ou
les ministres qu'il depputera par delà à ceste
lin ; vous priant à ceste cause entendre dudicl
sieur de Savoye comme il aura délibéré d'en
faire, et suyvant cette nostre intention , appellei
avec vous ceulx que vous sçaurez avoir plus de
congnoissances des choses de delà, vacquer et
entendre à cela avec tout le soing et saige
considération et respect que la chose le re-
quiert, faisant premièrement bien exactemenl
sçavoir et considérer quelz sont les antiens li-
nages desdicts trois lieux, et aussi les places et
lieux dont on les peult niieulx accomoder, aiser
et boniffier pour la fin [où] \ous jugez que nous
tendons; en manière que de vostre dextérité
et saige maniement, nous tirions la clarté el
lumière, et aussi l'utilité et commodité que
nous en désirons, sans obmettre doulcement
et dexlrement à faire très-bien entendre au-
dict. sieur de Savoye, ce que nous faisons pour
luy en cest endroict, affin de le retenir plus
amy et affectionné à ceste couronne, et en la
bienvueillance où nous désirons qu'il demeure
perpétuellement. Je ne craindray poinet a
vous dire que j'ay sceu que Bouchot, l'un
desilitz deppulez, lequel s'est tousjours monstre
assez dur et malaisé à manier pour nous acco-
moder, est party depuis deux ou trois jouis.
avec le sieur de Montigny ', beau-frère du conte
1 Floris de Montmorency, sieur de Montigny. Il avait
été envoyé en Espagne au mois de mai précédent par la
(60
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
d'Orne1, pour retourner par delà; et semble
qu'ilz ayent iutention de brouiller quelque
chose; car le voyage dudict sieur deMontigny
estoit dressé pour Espagne, et néantmoings
changé à la requeste et sollicitation dudict Bou-
che!, qui doibt faire entendre à son maistre
que peu volunliers on le gratiffie par deçà,
et tire on son faict à la longue, cuydant, par
la nécessité où il veoil ce royaume, le desbau-
cher ou altérer ce qu'il a tousjours monstre
uous porter d'amytié; ce que j'estime loutesfois
!uy sera fort malaisé; à quoy je vous prie
prandre garde de près, et mectre peine de
savoir quelz seront les offices que fera ledict
Bouchet; et aussi ce que traittera ledict sieur
de Monfigny, s'il passe là, pour rompre et
dissiper ce que vous congnoislrez y estre au
préjudice du bien des affaires du Roy mondict
tllz, lequel, quand tout est dict, et moy aussi
faisans en cet endroicl. tant pour ledict sieur
de Savoye, et nous contentans de si peu, que
je congnois assez qu'il nous en doibt savoir
bon gré, de tout ce que vous y ferez, appren-
drez et négotierez , nous advertirez incontinent,
faisant faire bons et véritables desseings et
description des lieux et finages, qui nous deb-
vront demeurer, tant par ce qu'il nous délaisse
que de l'eschange, [afin] que vous nous puissiez
accorder et dresser là un petit estât et pays
sur lequel personne n'ayt rien à veoir ne tou-
cher ; et me renvoyez incontinent le tout avec
vostre advis. H fault aussi, Monsieur de Bor-
dillou, que suyvaut ce que le Boy mondict filz
el moy escrivons à mondict frère le duc de
Savoye, vous faciez instance envers luy à ce
que, en la plus grande diligence qu'il sera
possible, il mette sus les trois mil hommes de
pied et deux cens chevaulx dont il uous veult
duchesse de Parme pour exposer à Philippe II la situa-
lion des Pays-Bas.
1 Philippe de Montmorency, comte de Hornes.
secourir l, et les faire marcher et approcher
du lieu où je luy ay cy-devant faict sçavoir que
je désire que s'en face la première monstre,
qui est à Montmeillan, affin que delà on les
mette incontinent en besongne; et s'il nous
pouvoit tant faire de plaisir que de les payer
du premier moys, ainsi qu'il nous en a donné
cy devant espérance, pour la difficulté qu'il y
a d'y envoyer le payement, il nous auroil de
tant plus donné de contentement, et je l'en
ferois incontinent rembourser. Par mesme
moyen, il sera besoing que vous envoyiez de-
vers le marquis de Pescaire2 pour sçavoir
quand les trois mil Italiens que nous baille
aussi nostre beau-filz le Boy catholicque , seront
pretz, pour, s'ils ne le sont, les hasler; et, s'il
est possible, les avoir au plus tost pour ache-
miner lesdictes deux trouppes ensemble ou
ainsi qu'elles seront prestes, en la plus grande
diligence que faire ce pourra; car nous com-
mancerons à faire dresser et acheminer quel-
ques bonnes forces du costé de Lyon, pour
essayer, tout cela joinct ensemble, d'y recou-
vrer l'obéissance et remettre les choses au
premier estât; en quoy aurons nous par advan-
lure besoing aussi des vieilles enseignes que
vous avez en Piedmont, que l'on en pourra
tirer, si tost que Ion sera d'acord avec ledict
sieur de Savoye, retenant seullement ce qui
sera nécessaire pour les places qui nous de-
mourront et le marquisat de Saluées; et pour
ce qu'il est nécessaire en tout ce que dessus
faire diligence , estant les affaires de ce royaulme
en tel estât qu'il a besoing de tout ayde et se-
1 Maugii-on, dans une lettre à Catherine, du î 2 juillet,
lui annonce que le duc de Savoie fait marcher ce qu'il
a promis rtant de cheval que de pieds. (Bibi. iiat. fonds
fiançais, n° 15876, P2&3.)
- François Ferdinand, marquis de Pescaire, filsd'Al-
fonse d'Avalos, marquis del Vasto puis de Pescaire, et
de Marie d'Aragon. — Voy. Brantôme, édit. Lalanne, 1. 1 .
p. 31 3.
LETTRES DE CATHE
cours, je vous prie. Monsieur de Bortlillon, |
n'y perdre nue seuile heure de temps et que
sur ce j'aye souvent et au plus tosl de voz
nouvelles. Priant Dieu qu'il vous ayt en sa
saincte garde.
Caterine.
1562. — 18 juillet.
Orig. Bibl. Dal. fonds français, u" 66oj, p. io3.
\ MONSIEl I! DE RORDILLON.
Monsieur de Bordillon, encores que le mé-
moire que je vous envoyé des places dont
nous désirons que l'eschange se face avecques
Monsieur de Savo\e contienne la terre de
Sanfré1, si esse que pour avoir esté et estre
le sieur dudicl Saiucl-Fré si bon et si affec-
tionné serviteur du Boy monsieur mon lilz
que \ous le congnoissez , j'ay bien voulu vous
en l'aire encores reste lettre particulière, en
\ous pryant, tant (|ue je puis, faire en sorte
que ladite terre de Sanfré qui n'est que à
deux lieues de Carmagnolles, et troys de
Savillan, nous demoure, comme chose* que
nous désirons singulièrement; et en l'aire telle
et si vifve instance, et avecques telle dextérité
; Voici ce qu'écrivait, en faveur de Sanfré, le maré-
chal de Brissac à la Reine, au mois de septembre suivant :
••Avant entendu le s' de Sanfré les diflicultez sur la resti-
tution des quatre places de Piedmont, il a jugé que Vostre
.Majesté ponrroit sur cela avoir occasion de faire quelque
dépesche par ung gentilhomme exprès tant à Monseigneur
le iluc de Savoye qu'à Monsieur de Bourdillon et que,
s'il ponrroit avoir ceste commission , que cela luy pourrait
ayder à adoulcir ung quelque mauvais visaige ou froidde
volunté que Monseigneur luy peult porter pour les rai-
sons que YosIreMajestésçayt assez. 11 supplie Vostre Majesté
de lui faire cette grâce, aflin qu'au moins, ne pouvant avoir
mieulx icy, il essaye d'estre en seureté et toute paix auprès
de sa maison qu'il a perdue pour ce service. Vostre Majesté
sçait si bien ce qu'il a faict et ce qu'il a mérité par le tes-
moignage que je luy en ay souvent donné." ( Bibl. nat.
fonds français, n° 15877, f io.)
Catherine de Médius. — 1.
RINE DE MÉDICIS. 361
que cela |iasse ainsi; car vous ne sçauriez rien
l'aire qui nous soit plus agréable. Pryanl
Dieu. Monsieur de Bordillon, vous donner ce
que plus désirez. Du bois de Vincennes, le
w m jour de juillet i 56a.
Caterine.
I >!. [.' \l BESPINE.
1502.
9 J
juillet.
Orig. Bibl. nfit. fuiuls français, n° 3 1 78, f' t8.
\ MONSIEUR D'Hl MIÈRES.
Monsieur de Humières, j'ay esté advertye
qu'il y a grand nombre de gentil/hommes et
soldatz tiui se retirent d'Orléans et Rouen,
soubz coulleur de l'offre que je leiz dernière-
ment à mon cousin le prince de Condé que
ceulx qui vouldroient laisser les armes pour
se retirer en leurs maisons et y vivre doulce-
ment le pourraient faire, sans danger d'estre
resercliez du passe', et pour ce (pie je ne sçay
s'il n'y en a poinct entre eulx qui facent cela,
plus pour avoir comodité de se remectre en
équipaige, ou bien pour envye qu'ilz ont de
faire quelque surprise sur aucunes de noz
places fortes, que pour affection et délibéra-
tion qu'ilz ayent de se réduire en leurs dictes
maisons, j'ay faict expédier des lectrcs closes
du Boy monsieur mon filz à tous les bailliz
et sénescbaulx du pays de Picardye pour leur
faire faire certaines promesses et soubzmis-
sions de ne reprendre les armes et de ne faire
cbose qui soit au préjudice du service du Boy
mondicl sieur et filz, et de son estât, et avec
cela ay bien voullu vous prier que vous l'aides
prendre garde que l'on ne laisse entrer telles
personnes en vostre place en nombre, ny en
équipaige d'armes, et par mesme moien faites
songneusement observer qu'ilz ne lacent quel-
ques pratiques et menées envers voz soldai/,
ou habitans, qui soient pour leur donner
Au'
.162
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
moyen de vous faire une surprise; à quo-y vous
aurez l'œil le plus ouvert qu'il vous sera pos-
sible, et je priray Dieu, Monsieur de Hu-
mières, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript au boys de Vincennes, le six" jour
de juillet 1 562.
Caterime.
BOUBDIN.
1562. — au juillet.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 3187 , P ao.
A MONSIEUR DE CHAULNES.
Monsieur de Chaulne, le Roy calholicque,
veoyant les affaires que nous avons, nous a
offert, pour le secours de ce royaulme, dix
mil hommes de pied et troys mil chevaulx;
desquelz y doibt avoir quatre mil lansquenetz,
troys mil Ytaliens et troys mil Espagnolz , deux
mil cbevaulx flammens, et mil pistoliers, les-
quelz lansquenetz et chevaulx nous doibvent
esfere délivrez du costé de deçà et mesmes les-
dictz chevaulx flammens, desquelz une bonne
partie est desjà preste et jusques au nombre de
xv% pour lesquelz avoir j'escriptz présentement
au sieur de la Forest1, mondict ambassadeur
par delà, les faire marcher el vous advertir
quant et où ilz entreront en nostre frontière,
où vous les irez recuillir et recepvoir, pour les
premiers vc qui arriveront les mectre entre les
mains du sieur de Chocqueuse qui sera de-
dans peu de jours devers vous pour les con-
duire et mener droict en Normandie, là part
1 Jacques Bochetel, fils de Guillaume Bochetel, sr de
Sassy. Le titre de sr de la Forest qu'il avait porté dès
sa jeunesse, lui demeura toute sa vie; c'était le frère
de l'évêque de Rennes; après avoir rempli les fonctions
d'ambassadeur aux Pays-Bas, il fut nommé, en i563,
maître d'hôtel ordinaire du Roi; il avait épousé Marie de
Morogues el fit sou testament en 1 5g5. — Voy. ce qu'en
dit Le Laboureur dans les Additions aux Mémoires de
Castelnau, t. III, p. 1Ô1.
que ' sera mon cousin le duc d'Aumalle que
vous en advertirez d'heure, affin qu'il envoyé
au devant d'eulx et pourveoye à leurs vivres,
comme vous ferez faire tant qu'ilz seront en
Picardye, el le surplus baillerez à conduire au
sieur de Marivaulx2 que je vous envoyeray d'icy
pour les admener par deçà. Surtout prenez-v
songneusement garde et y pourveoyez de
sorte qu'ilz n'ayent occasion de mal contente-
menl, ne aussi de faire désordre. Ledict sieur
de la Forest nous advertira du temps qu'ils
seront prestz et où vous debvrez trouver, de
sorte que vous aurez tout moyen de satisfaire
à ce que dessus; en quoy je vous prie n'obmectre
rien, ne ausi à m'advertir incontinent de ce
que vous aurez entendu. Priant Dieu, Monsieur
de Chaulne, vous donner ce que désirez. Du
boys de Vincennes, le xxme jour de juillet 1 562.
Caterine.
De i/Albespine.
1562. — 21 juillet.
Orig. Arcli. imp. de Vienne.
A MA SOEDR
MADAME LA DUCHESSE DE PARME.
RÉGENTE ES PATS-BAS POUR LE BOY CATOLTQl'E MONSIEUR WON REAU-FILZ.
Ma seur, estant les choses de ce royaume
en tel estât, que nous sommes contrainetz nous
ayder du secours que le Roy calholicque mon-
sieur mon beau-filz nous a offert, mesmes
des deux mille chevaux flammens que j'ay en-
tendu eslre jà pretz, j'escripts au sieur de la
Forest résidant là pour les affaires du Roy
monsieur mon filz vous en parler de sa part
et de la myenne, vous priant estre contente
les voulloir faire partir et acheminer le plus
tost que faire se pourra, et à l'advancement du
surplus dudict secours faire faire toute la
1 La part que , là où.
2 Marivaux.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
363
dilligence nécessaire, en manière qu'il ne se
perde poi nt de temps, croy an I sur ce ce que vous
dira de ma pari ledict sieur de la Forest, tout
ainsy que vous feriez mo\ -mesmes. Priant
Dieu, ma seur, vous donner ce que désirez.
Escript au bois de Vincenncs, le m" jour
de juillet i56a.
Yostre bonne seur,
Catebine.
1562. — 22 juillet.
Orig. Bilii. nat. Cinq ceuls Colbert . n" 390 , f" 9a el suiv.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Renés, je n'ay pas encores
receu vostre dépesche du 11e de ce moys, mais
le dupplicata m'en a este' rendu y a jà deux ou
Iroys jours et voyant de quel pie mon bon
frère f Empereur continue de marcher en l'af-
faire du concilie pour le rendre fructueux, je
me confirme de [dus en plus en l'espérance
que j'ay conceue qu'il s'y pourra faire quelque
chose de bon; et sera bien malaysé (si mon
filz le Roy catholicque des Espaignes esl une
fovs persuadé de s'adjoindre à nous, comme
vous m'avez cy devant mandé que mondict bon
frère l'Empereur y faict tout son possible) que
l'on rompe et dissolve ledict concilie, quelque
menasse qui s'en puisse faire de la part du
Pape, que l'on n'ayt bien vifvement touché à
une bonne el saincte refformation ; quant à
inov je me délibère de m'y porter si vertueu-
sement que je garderay bien que l'on n'obmec-
tera riens de la part du Roy monsieur mou filz
que l'on doive acttendre d'un prince 1res catho-
licque et religieux et premier filz de l'Eglise,
ne vous voullant celer que mon cousin Mon-
sieur le cardinal de Lorraine désire infiniment
d'aller en personne audict concilie, ce qu il
fera , sitost que nous verrons quelque commen-
cement de pacification en noz troubles, et avec
ung si bon nombre de noz prélatz que la com-
pagnie en sera grandement fortilliée pour \
faire le fruict qui esl si nécessaire pour le
repoz de la chrestienlé. Touteffoys vous n'en
ferez encores grand bruict el seroys bien ayse
qu'il peusl arriver par delà avant qu'il/, le pen-
sassent parly. Le Pape s'est fort plainct du
sr de Lanssac, mais avec si peu d'occasion,
ainsi que je m'asseure qu'il le vous aura es-
cript, qu'il est bien ayséà juger que ses effecta
et intencions ne respondent pas à ses parolies
et aux belles promesses qu'il a faic.les el tant
de foys réitérées, quant il a esté question du-
dict concilie, qu'il ne voulloit et desiroit riens
tant en ce monde que une roide et rigoreuse
relTormacion. Et fault dire qu'il l'entendoyl
pouraullruy et non pour luy, de sorte que s'il
n'y est de.xtrement conduict, il y a grand dan-
gier qu'il ne s'y laisse enfourner bien facile-
ment. C'est grand plaisir de ce que mondict
bon frère le cognoist et qu'il est ainsi résolu
d'y tenir bon, qu'il le vous a tousjours asseuré
et promis et l'ont tesmoigné ses effeclz jusques
à présent.
Au demourant, vous aurez veu par mes
précédentes dépesches le devoir que j'a\
faict pour parvenir à la pacification de noz
troubles, et comme par la dureté et obstina-
lion de ceulx à qui j'ay eu aiïaire les choses
sont réduictes à estre terminées par les armes;
qui est ce que j'ay tousjours voullu aultant
fuyr que ma propre mort , et pour ce que nous
avons advis que ceulx qui sont à Orléans ayans
persuadé les princes de la Germanie que loul
le subject et fondement de noz dissensions
est le seul faict de la religion, sont en grande
espérance d'avoir quelques secours d'eulx de
gens de cheval et de pié, el qu'il s'y voyt quel
que apparence, mesniement en Suysse, où il
s' esl fait aux cantons protestai) u quelques levées
de gens à leur faveur et dévotion, je désire.
46.
36'i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
Monsieur de Renés, que vous le remonstrez à
mon bon frère l'Empereur, affin que luy, qui
sçayt la juste occasion que nous a amenez à
ceste guerre civille, et que c'est pour la con-
servation de l'honneur de Dieu et de son église
catholicque, la restitution de l'auctorité du
Roy monsieur mon filz et de son obéissance ,
et le recouvrement des villes et places que ses
propres subjectz luy ont occuppées, et qu'ilz
luy retiennent par force, vueille escripre aus-
dictz princes protestons de la Germanie, et
faire tant envers culx qu'ilz ne donnent aucun
secours de forces et d'argent à ceulx qui sonl
rebelles à leur prince souverain contre toute
disposition divine et humaine, et en chose de
si grande importance, ne se laissent persuader
des impostures et calompnies dont l'on les a
abruvez jusques à présent. J'ai envoyé vers
eulx le sieur d'Oysel 1, que vous cognoissez
1 Henri Clutin, sieur d'Oisel et de Ville-Parisis, fils
de Pierre Clutin, président aux enquêtes; envoyé en mis-
sion en Angleterre en 1 56 1 , puis à Rome en i56a, il y
mourut en i5fi6. On trouve dans le fonds Brienne,
n° 2o3, p. 25, les instructions qui lui furent données
au départ; nous nous bornerons à les résumer som-
mairement : il devait remontrer aux princes allemands
que ttsi aucuns ont pris les armes, c'est pour servir à
leuis passions particulières et ambition, et que les
deux couleurs qu'ils avoient recherchées, l'une de la
religion, l'autre de l'emprisonnement du Roy et de la
Royue n'estoient que pures calomnies, ainsi qu'il se dé-
couvrait assez évidemment. i Puis, rappelant le voyage
de la Reine el ses efforts pour amener une solution paci-
fique, l'offre qu'elle leur avait faite de vivre en leurs
maisons en toute liberté de conscience, sans être recher-
chés pour le passé, il devait établir qu'ils avaient de-
mandé à sortir du royaume, et que la Reyne s'y était tou-
jours refusée. Enfin , d'Oisel devait se prévaloir de l'amitié
qui a toujours régné entre les princes allemands et les
rois de France, amitié que le Roi actuel maintiendra.
Et il devait assurer ces pri nces que , «i le Roi , son maître ,
"était forcé de requérir des secours, ce ne serait que pour
la conservation de ses Etats et se faire rendre l'obéissance
qui lui est justement due.
personnaige dextre et capable, pour leur faire
toucher au doigt et à l'œil la vérité de la
chose; avec cela j'estime que une bonne dé-
pesche de mondict bon frère l'Empereur n'y
sçauroit que servir grandement; vous l'en re-
querrez de la part du Roy mondict seigneur
et filz et de la mienne et nous manderez in-
continant quelle responce il vous y aura faicle
et en quelle volunté vous l'aurez trouvé de
nous en gratiffier. Priant Dieu, Monsieur de
Renés, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript au boys de Vincennes, ce xxne jour
de juillet i 56a.
Caterine.
Rourdin.
(1562. — a3 juillet.)
Minule. Bibl. nat. fonds français, n° i5iio, f° Al.
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lansac 1, je viens d'estre adver-
tye que mon cousin le cardinal de Mantoue -,
voyant comme il est mal secondé en la bonne
et saincte intention qu'il a de rendre le con-
cilie fructueux, est en quelque volunté etdelli-
bération de se retirer de tout, qui me seroyt
bien le plus grand desplaisir que je sçauroys
recevoir en ce monde, scachant de quel zèle
et affection il a tousjours marché en la charge
qu'il v a, de sorte que, s'absentant, je per-
droys la meilleure partie de l'espérance que
j'ay eue jusques icy de veoir réussir dndict
concilie le fruict qui est si nécessaire pour le
bien et repoz de toute la chrestienlé, et mesmes
1 Catherine, dans une lettre à Lansac, du mois d'août
suivant , lettre dont Dnpuy donne un extrait dans ses mé-
moires pour le concile de Trente (p. 273), se reporte
à cette lettre du 23 juillet qui n'a pas été publiée par
Dnpuy.
2 Hercule de Gonzague, cardinal de Mantoue, mort le
2 mars 1 563.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
361
pour la guarison des maulx particuliers de ce
royaulme si granset calamiteux qu'il n'est pos-
sible de plus; cl pour ce, je vous prie, Monsieur
de Lansac, incontinent la présente receue,
que vous alliez veoir el visiter mondict cou-
sin delà part du I5oy mondicl sieur [ et fils J ,
et do la mienne, et après luj avoir remonstré
combien nous espérons de son intégrité et sin-
cérité en la direction dudict concilie, et le
granl contentement que nous recevons de la
louable affection avec laquelle il y a procédé
jusques à présent; vous le prierez et requierez
que postposant toutes les causes et occasions
qui le peuvent aliéner et dissuader de plus
longue demeure audict concilie, et oubliant
tout ce qui se présentera en cela d'indignité
el juste mescontanlement, il vueille tant faire
que de ne s'en ennuyer cl n'en partir aucune-
ment ; mais tenir main à toutes choses sainctes
et nécessaires pour le rendre fructueux, ainsi
qu'il a si dignement et vertueusement faicl
jusques à présent; en quoy faisant, il ac-
querra d'un si bon œuvre une générale el. per-
pétuelle louange et recommandation eux ers
toute la ebrestienté, et en obligera si avant le
Roy mondict sieur et filz el moy que ne serons
jamais à noz ayses que nous ne nous en
soyons ressentys envers luy en tout ce qui
pourra concerner sa grandeur et son conten-
tement; l'asseuraht que, encores que noz
troubles soyent grans, ce néantmoins voyant
l'aparence qu'il y a, par la réduction qui a jà
esté faicte de beaucoup de villes et de peuples,
qu'ilz sont au chemyn de prendre dedens
quelque temps une bonne fin, je me suis ré-
solue de faire trouver audict concilie pour tout
le moys de septembre prochain ung bon nombre
de noz prélatz, gens notables et recomman-
dables, qui sera pour tousjours le fortifier en
ses droictes et sincères intentions. Je faietz
compte, pour ne vous en rien celer, que ledict
nombre sera de soixante, conduietz par mon
cousin Monsieur le cardinal de Lorraine:
mais je remectzàvous de |le| déclarer à mon-
dicl cousin el aussi de le faire entendre aux
prélatz espagnolz, si vous estimez qu'il sovl
à propos et nécessaire, el aussi si vous voyez
qu'ilz feussenl pour s'en effaroucher, vous re-
tiendrez la chose à vous-inesmcs el en userez
ainsi que par vostre prudence vous cognoistrez
s'en devoir faire pour confirmer ceulx qui pro-
cèdent eu cest affaire de bon zèle, et garder
que, en actendant l'arrivée desdiclz prélatz, il
ne se face chose qui soyt pour nous empeschei
de recueillir d'une si grande et vertueuse as-
semblée une bonne et nécessaire refformation.
Je m'actends avoir dedens un jour ou deux de
voz nouvelles pour ce qui aura esté faicl el
décidé à ceste dernière cession. Cependant, je
prie Dieu, Monsieur de Lansac, qu'il vous ayt
en sa saincte et digne garde.
1562. — a5 juillet.
Copie, lîibî. liât, fonds français, o° 1 5981 .
A MONSIEUR COIGNET,
AMBASSADEUR EN SUISSE.
Monsieur Coignet, la responce que je vous
l'eray aux troys- lectres que j'ay receues de vous
des un, vin et xm de ce moys ne sera aultre,
synon que je vous ay de longtemps adverty
que le trésorier des Ligues a touché y a jà plus
de deux moys les premiers nc m. l. de ses
assignations de ceste année, sur lesquel/. il a
despieça mandé avoir fourny î.x ou lxx"' l.
pour le payement de ceulx de Valays et de
quelques cantons des Ligues qu'il a satisffaietz ,
de façon que, si les autres vous accordent
d'aller prendre le reste de leurs pensions à
Lyon, je tiens la chose toute preste si ledict
trésorier ne vous a mandé du contraire, dont
je n'ay riens entendu , mais bien que le baron
366
lettres de Catherine de medigis.
des Adrèz luy avoit voulu faire une foys bailler
iesdiclz deniers, dont il s'est deffendu et sauvé,
de sorte que tout luy est demeuré entre les
mains. Je l'ay mandé pour me venir rendre
compte de ce qu'il a faict de ladicte partye et
advisé sur le surplus de ses assignations, mais
je pense que pour cela il ne laisse de donner
ordre au fournissement desdictes pensions, si
lesdictz seigneurs des Ligues les veullent aller
prendre sur le lieu; car de les tirer et sortir
pour les leur envoyer, ce a esté où c'est trouvée
toute la difficulté. Il fauit qu'il délivre sur les-
dictz iic m. L.les nm vc escus deubz à censé à ceulx
de Solleure, d'auitant que l'on a tousjours en-
tendu qu'ilz se prendrerout là dessus et n'y
a moyen de les fournir d'aillieurs. Je désire
que ion ne vienne point à la journée de
marche qui a esté assignée pour ceulx qui ont
argent du grand party et vous prye que vous
l'aides tout ce qui vous sera au inonde possible
pour en sortir avec une honnesle et gratieuse
composition, ainsy que je vous ay escripl
par cy-devant. Je n'ay point receu voz lectres
du vu accusée par celle du lendemain portant
advis des levées qui se faisoient à Berne et
aulties lieux circonvoisins, et suys bien marne
de ce qu'il c'est aussi perdu des dépesches
que je vous faisois, car c'est aultant de retar-
dement aux affaires dont le retour de vostre
secrétaire vous aura amplement satisffaict et
esclercy. Vous adviserez avec le srde Mendosse1
ce qui sera bon de faire touchant la levée des
Suysses que le Pape faict démonstration vou-
loir faire, car j'ay tousjours estimé que Ion
doibt empescher aultant qu'il est possible que
aultres princes ne potentatz n'ayent de leurs
gens par levée comme le Roy monsieur mon
tilz; toutteffoys je m'en remecteray à ce que
' Voy.tlans le fonds Brienne, n° ao3, f™ 3o et suiv.,
tes instructions données à rH. de Mendosse allant devers
Suisses».
vous deux, qui estes pralicqz des affaires du
pays et quisçavezque telles choses importent,
en résouldrez ensemblemenl. Pryant Dieu.
Monsieur Coignet, qu'il vousayt en sa saincte
garde. Escript au boys de Vincennes, le \\\
jour de juillet i56a.
Caterine.
Bolrdix.
1562. — 27 juillet.
Orig. Record office, State papers, France, vol. 23.
A TRÈS HAUTE, TRÈS EXCELLENTE PRINCESSE
KOSTRS TRÈS CHÈRE ET TRÈS ASIEE SCBUH ET COCSI.\E
la royne d'Angleterre.
Très haute et très excellenteprincesse , nostre
très chère et amée seur et cousine, salut.
Nous cognoissons tousjours de plus en plus
l'inclination bonne et singulière affection que
vous avez au bien de ce royauime par les hon-
nestes propos, bons et amyables dppportemens
dons vous usez envers nous, et mesme parce
que m'a dict, de vostre part, le sieur de Throck-
morton l, vostre ambassadeur icy résidant , de
l'intention que vous aviez d'envoyer par delà
deux bons personuaiges de vostre conseil en
intention d'y faire quelque fruict, dont le Roy
nostre très honoré seigneur et filz, et nous, de
nostre part, nous avons assez d'obligation et
nous vous remercions très affectueusement;
ayant advisé sur ceste occasion vous dépescher
le sieur de Vieilleville'2, conseiller du Roy nostre
filz eu son conseil privé et chevalier de son
1 Vov. deux dépêches, de Throckmorlon, en date des
2-3 et 27 juillet, à la reine Elisabeth: il lui rend compte
des deux entrevues qu'il a eues avec Catherine. ( Cakndar
uf State papers , 1Ô62, p. 176 et i83.)
2 Throckmorlon, dans sa lettre à Elisabeth (27 juillet
i56a), pense que Vieilleville n'est envoyé que pour se
rendre compte de ce qu'il y a à craindre d'une tentative
sur les côtes de Normandie. (Calendar of State papers ,
i56a,P 18'r.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
307
ordre, présent porteur, pour vous dire sur ce
nostre intention et aulcunes choses dont nous
vous prions le croire, tout ainsi que vous feriez
nostre propre personne. Priant Dieu, très
haute et très excellente princesse, nostre très
chère el très a niée seur et cousine, vous don-
ner ce que plus désirez.
\u boys de Vincennes, le xxvne jour de
juillet 1 562.
Vostre lionne seur et cousine,
Caterine.
De l'Aubespine.
1562. — 37 juillet.
Aut. Arcb. desMédicis, dalla citata lïlza A730.
\ MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, je vous envoy dal Bene l, pour
vous mersier de l'auneste aufre que par vostre
embassadeur nous havés fayst fayre, vous aseu-
renl que en set que le Roy mon fils et moy
luroul moyen de nous en revancher et le re-
conestre, que ni ayparneron-chousequi souit
n nostre puisanse, et voyant corne nous
» mines, je vous ay byen voleu mender par
set pourteur pour ausi vous prier, puisque
nous pourtés si bonne volante et que des jeans
en navous asés, que nous volves acomoderde
quelque argent, ynsin que plus au long ledyst
dal Bene vous fayra entendre de ma part; et
m'aseurant que fayré set quepourés,ne vous
fayre" plus longue letre, vous prient croyre que
n'aurés jamès parante qui désire plus vostre
grandeur que fayst
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Voy. les lettres d'Albisse d'Elbène , envoyé en mission
à Florence. (Bibl. nat. fonds français, n° 1 587O, P (176,
et n° 10877, P 36.)
- Ayparneron , épargnerons.
1 562. — a août.
Orig. Record office, State papers, France, vol. XXI II .
A TRÈS HAUTE, TRÈS EXCELLEMTE PHINCESSK
NOSTR8 TRÈS CHKRB ET THES AUKB SEUR ET COOSINB
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haute et excellente princesse, très chère
et très amée seur et cousine, salut.
Le sieur Pierre Meautis1, présent porteur,
venu de vostre part pour les plainctes d'aucuns
vossubjectz, s'il nous eustpeu dire particulière-
ment où, par qui et quand ilz ont esté offensés
par les noslres,nousy eussions peu donner meil-
leure et plus prompte provision ; mais , ne nous
en ayant parlé que en général , nous n'avons peu
mieulx, ni autrement faire que d'escripre par-
tout pour sçavoir ce qu'il en est et, de ce qui
se trouvera mal faict, faire la justice et répa-
ration (elle qu'il appartient, comme nous avons
toujours faict de ce qui est venu à nostre
cognoissance, et que nous vous prions croire
que nous ferons pour le respect de l'entreté-
nement de la bonne paix et parfaicte amitié
qui est entre nous; à quoy vous ne trouverez
jamais faulte, comme nous luy avons plus
avant faict entendre et dont nous nous remec-
tons à luy; priant Dieu, très haulte et très
excellente princesse, nostre très chère et amée
seur et cousine, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript au boys de Vincennes, le n jour
d'aoust i562 2.
Vostre bonne seur et cousine,
Caterine.
1 Sir Peter Mewlas. — Voy. une lettre de lui à Cecil
dans le Calemlar of State papers, i56a , p. 211 1 , el une
lettre de Tlirockniorlon à Cecil (ibid, p. 19/1).
3 Une lettre de Charles IX accompagnait celle de
Catherine. — Voy. Calendar of State Papers, iSfia.
p. 201.
6?
LETTRES DE CATHERINE DE MED1GIS.
1562. — a août.
Mmuie. lîibl. nat. fonds français, n° 15876, f° 35o.
A MONSIEUR DE SOMMERIVE.
Mon cousin, je vous avoys dernièrement des-
pesehé le cappitaine Barges, présent porteur,
pour vous adverlir du devoir que j'avoys faict
de venir jusques à Baugency pour trouver
quelque honneste moyen de paciffier ies trou-
l)les et différais qui sont aujourd'huy en ce
royaume, et comme je n'avois peu riens faire,
qui estoit l'occasion, comme le besoing du Boy
monsieur mon fllz le requiert, que pour finir
les maulx l'on cherchas! tous moyens. Tant de
ce costé que ailleurs de deçà , il y a de si bonnes
et grandes forces que j'espère, avec l'ayde de
Dieu, dans peu de jours que l'on y verra plus
d'amandement que l'on n'a encores faict, en-
cores que, Dieu mercy, les choses soyent passées
assez advenlageusement, et d'aultant que, de
vostre costé, il est besoing d'y mectre les mains
à bon essicnl pour les forces qui s'assemblent
en ces quartiers là. A ceste cause, je vous prye
avec ce que vous pourrez assembler vous
joindre avecques les forces qui viennent d'Ilal-
lye et de Savoy e, affin que tous ensemble
vous puissiez avoyr moyen de faire désamparer
ce baron des Adretz ' sa retraicte et recou-
vrer au Boy monsieur mon filz, ce pays là, et
advertir souvent Monsrde Tavannes pour sça-
rair ce que vous avez à faire et en faire de
mesme à Monsr de Bordillon, affin que vous
sacbiez la leve'e des Italliens et les lieux où
vous devrez trouver, etl'effect que vous devrez
faire, eslaus tous ensemble; en quoy je vous
1 Voy. une lettre du roi de Navarre à Catherine datée
de Blois, le 23 juillet, pour la prévenir que le baron des
Adrets était parti avec dix-huit enseignes de gens de pied
et deux cents chevaux tipour s'en aller du costé du Forest
et que jà il avoit priens la ville de Montbrison d'asseult.»
(BiW. nat. fonds français, 11° 16876, P 3oi.)
prie vous employer, mon cousin, avec le zelle
et la dévotion que vous avez tesmoignée avoir
au bien et service du Boy monsieur mon filz
selon 1'espe'rance qu'il en a et moy aussy ; et je
prieray Dieu vous avoir en sa saincte et digue
garde.
Du boys de Vincennes, ce ir"U3jour d'aoust
1 562.
1562. — 2 août.
Minute. Bibl. nat. fonds français, o° 15876, f°35i.
A MONSIEUR DE SOMMERIVE.
Monsieur le coûte, voyant les forces qui
s'assemblent du costé de Lyon, il fault que du
vostre vous regardiez ce que vous pourrez
faire, affin de vous joindre avec les trouppes
qui viennent de Savoye et d'Italye pour, et
estans tous ensemble, faire ung bon et gaillard
effect pour le service du Boy monsieur et filz;
en quoy vous vous conduirez selon l'adviz
des sieurs de Bourdillon et Tavannes à qui
vous en escriprez, ne doubtant point que
estans tous ensemble et en une bonne et
mesme voluntéde bien faire, vous aurez bien
moyen de réduire le pays qui est desvoyé, el
renger à la raison ceulx qui ne la veullent
conguoistre, ne doubtant point que de vostre
part vous ne vous y employez, comme jusques
ici vous avez très bien et dignement faict.
Priant Dieu, Monsieur le conte, vous avoir en
sa saincle et digne garde.
Du boys de Vincennes, ce u* jour d'aoust
i56a.
1562. — 2 août.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 15876, fu 356.
A MESSIEURS DE LA ROCHELLE.
Messieurs, j'ay esté merveilleusement ayse
de la leclre que vous m'avez escripte par ce
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
porteur, d'aultanl qu'elle me donne lanl d'as-
seurauce de vostre bonne ratante* el la dévo-
tion que vous axez au service du Ro\ monsieur
mon filz1, et de reste couronne, que je ne puis
n\ ue veulx doubter, tout ainsi que je ne me
suis peu persuader que il ayl |>eu entrer en
vostre entendement chose si eslongnée de la
fidélité que vous avez tousjours monstrée aux
Roys prédécesseurs du Roj monsieur mon filz,
el si contraire au bon, doulx et gratieulx traic-
tement dont ilz ont usé en vostre endroict.
l'uis doncques que vous estes en cesle bonne
volunté, je vous prie y persévérer et fermer
les oreilles à tous ceulx qui vous en pourraient
destourner, estans asseurez que de là il vous
reviendra aultant de bien, de repoz et de sa-
tisfaction, comme du contraire il vous faull
attendre du mal, de travail et de desplaisir,
vous priant croire que cesle vostre bonne vo-
lunté sera tousjours recongneue du Roy mon-
sieur mon lilz el de mo\, comme elle mérite;
et sur ce, je priera] Dieu. Messieurs, vous
avoir en sa saincte et di;;ne garde.
Du boys de Vincennes, ce if jour de aoust
i 56a >.
1302. — h août.
Minute. Orig. Bibl. nal. fonds français, n" 15876, f 353.
\ MONSIEUR D'ESTAMPES.
Mon cousin, j'ay receu vostre lettre du
wvn du passé et veu par icelle ce qui vous a
engardé d'envoyer les deniers qui vous avoyt
esté mandé d'envoyer de la recepte généralle
de Bretaigne, pour ce qu'il n'y en avoit aucun
Voy.une lettre de Charles IX aux maire el échevina
de ta Rochelle (Bibl. nat. fonds français, n" 10876,
P353), ta réponse du maire et des échevins delà
Rochelle au maréchal de Saint-André (même vol. f' 077),
el une lettre du maréchal Saint- André au Roi, du
21 août îôCa (même vol. f'3ga).
Catherine de Médicis. — 1.
exprès commandement de moy '; qui a esté la
cause que je vous ay bien voulu faire la pré-
sente pour \ous prier, mon cousin, \ faire
incontinant satisffaire et les faire conduire cl
mener à Bloys2 en la meilleure el plus seure
garde que vous pourrez, d'aultanl qu'il en esl
plus que de besoin;; pour le bien du service
du Roy monsieur mon lilz, et pour la néces-
sité des affaires qui sont aujourd'hui; et d'aul-
tant que le roy de Navarre, mon frère, vous
a, du camp où il estoit, satisffaict à ce que
vous demandiez, qui estoit d'avoir moyen de
demeurer encores tout ce moys avec voz forces,
je vous diray que c'est chose que je trouve
très bonne, vous priant avec icelles cependant
essayer par tous moyens de pacifier les choses
par de là et empescher qu'il n'y arrive plus de
désordres qu'il n'a faict jusques icy par vostre
bonne conduicte, et mesmement en ce que
vous escripvez à mondict frère le roy de Na-
varre de l'émeulle qui estsurveneue à Nantes3,
en quoy il faut procéder avec grande discré-
tion; si est-il nécessaire d'en faire quelque jus-
tice, comme je vous prie faire, et je le vous
mande, affin que nous ne croissions pojnct
noz brouilleryes et désordres de tous costez.
Quant au demeurant de mes nouvelles, je vous
1 Vov. une lettre du duc d'Etampes au Roi datée du
9 juillet i56a. (Bibl. nat. fonds français, n° 1 0876 ,
fao.3.)
2 L'armée royale était alors à Blois, attendant l'ordre
de marcher sur Bourges. — Voy. une lettre du connétabli
de Montmorency à Catherine de Médicis, du 3i juillet
(Bibl. nat. fonds français, n" 1587G, P33a): tr Madame,
lui dit-il, quant à ce que vous me mandez, que le feu est
par tout le royaume, j'espère maintenant que les forces 'In
Rov seront lantost ensemble qu'en esteignant celuy que
nous avons en ces quartiers, l'on estouffera la teste, el à
la fin l'obéissance demeurera à Sa Majesté.-
3 Voy. les lettres du duc d'Etampes à la noblesse et
au* évèques de Bretagne (Bibl. nat. fonds français.
n° 1 5876, f" 272 el 27a ) et les lettres du roi de Navarre
à M. d'Estampes (même vol. P 355).
370
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
advise, mon cousin, que, ayant entendu de
mondict frère !e roy de Navarre le besoing qu'il
est que le Roy mon filz et moy nous appro-
chions de l'armée qui est à Bloys, j'ay re'solu
de m'y acheminer1 et le y mener avecques
moy, dont je n'ay voulu faillir de vous advertir.
Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Du boys de Vincennes, ce ivc jour d'aoust
i56a.
Caterine.
1562. — liaoût2.
Minute. Bibl. uat. fonds français, d° 15876, f- aG5.
\ MONSIEUR DE ST STJLPICE.
Monsieur de S' Suipice , par vostre homme
qui vous feust dernièrement renvoyé vous
feusles bien amplement adverty de tout Testât
de noz alïayres, et particulièrement par mon
frère le roy de Navarre du souspeçon en quoy
nous estions des Angloys, tant par les advis
que nous en avions de nostre ambassadeur que
par les grandes apparences que nous en voyons ,
ne doublant point que , suy vant cela , vous n'en
ayez faict instance , comme il vous estoy t mandé,
à l'endroict du Roy mon beau-hlz. Depuys,
pour plus grande approbation de la mauvaise
volunté de la royne d'Angleterre, son ambas-
sadeur estant icy m'est venu demander congié3,
1 Nous savons par une dépèche de Throckmorlon à Eli-
sabeth que le maréchal de Montmorency était arrivé à la
cour dans la nuit du 26 juillet pour décider le Roi et la
Heine à venir au camp, leur présence y étant indispen-
sable pour donner un peu de cœur aux Suisses et surtout
aux mercenaires allemands qui semblaient peu décidés à
se battre contre Condé et leurs compatriotes. ( Calentlar of
State papers, 1 56a , p. i83.)
- Une lettre de Catherine de Médicis à M. de S'-Sul-
pice, en date du 16 août, et que l'on retrouvera plus
loin, se reporte à celle-ci et nous en donne la date.
* C'est le 3 août que Throckmorlon présenta à Ca-
me disant avoir charge de sa mais tresse de se
retirer; qui est une si manifeste déclaration
que nous ne pouvons plus espérer d'elle et de
ses déportemens que tous actes d'hostilité.
Je vous laisse à penser comme, ayant les enne-
mys dans nostre royaume si avant que nous
avons, ceste descente d'Angloys viendra mal à
propos pour retarder le cours de nostre entre-
prinse ei fortiffier et favoriser les desseings dé
ceulx de la nouvelle religion qui ont prins les
armes, lesquelz par la bonne et sage conduicte
de mon frère le roy de Navarre estoyent ré-
duietz à telle extrémité que je n'en pouvoys
que bientost espérer bonnes nouvelles, là où
maintenant cela leur croistra le courage et
nous diminuera le moyen de pouvoir terminer
ceste guerre qu'avecques beaucoup de péril el
une grande longueur; ce qu'il est besoing que
vous faciez bien et vifvemenl entendre au Roy
mon beau-filz, affin qu'estant ceste cause com-
mune à luy, comme il a lousjours dict et me
l'a monstre par le secours qu'il nous a offert
et baillé, il regarde de nous ayder et y pour-
voyr à bon essient, et le remède sera à mon
advis le plus nécessaire en faisant de sa part
une bonne instruction à l'ambassadeur de la-
dicte Royne estant près de luy ' et envoyant
oultre cela quelque gentilhomme exprès jus-
ques devers elle pour luy faire bien entendre
que, n'ayant nul intérest en ce faict, sinon de
therine ses lettres de rappel; il prétextait les outrages
qu'il avait reçus du peuple de Paris. Catherine lui promit
que bonne justice serait faite et qu'elle répondait de sa
sûreté; mais avant de lui donner son congé elle voulait
s'assurer que son ambassadeur en Angleterre et M. de
Vieilleville pouvaient rentrer en France en toute sûreté.
(Calmdar of Slate papers, lâlia, p. 209.) Dans sa dé-
pèche, tout en rendant compte de son entrevue, Throck-
morlon y donne de curieux détails sur la situation de la
France.
1 Challoner. — Voy. ses dépêches dans le Calmdur <■/
Stale papers, lût) a .
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
371
vouloyr soutenyr le subgec! désobéissant contre
son prince, il trouve bien estrange et fort niaul-
vais que, de gayetté de cueur. elle veuille eu-
treprendre la guerre contrece royaulme el ce
pauvre petil n>v pupille de qui la couronne,
pour avoir espousé sa sœur, el luy avoyr esté
recommandé par ie Roy son père à sa mort,
luy est en toile recommandation (pic la sienne
propre, et s'il vôyt qu'il soit besoing d'y adjous-
ter des menaces, là où elle passera plus avant,
te taire, ainsi que pour sa prudence il cog-
noistra estre plus à propos1. J'estime, Mon-
sieur de S' Sulpice, que cela ne prouffitera
point peu et qu'il retiendra une partie de sa
maulvaise intention, dont il est grand besoing
faire si vil'ves poursuytes que nous en puissions
voyr dans peu de jours la dépescbe. 11 seroit
encormieulx laid, si . passant elle plus avant à
se venyr déclayrer, il en faisoyt de mesme de
son costé et je vous requiers de faire de mieulx
que vous pourez, par où vous jugerez combien
le mal est grand et le besoing que nous avons
de secours, duquel vous dis présentement que
des trois mille chevaulx du costé de Flandres
et des qualre mille lansquenetz, il n'en est
nulles nouvelles, ni apparence quelconque,
chose qui ayant esté tant promise et assurée,
je pensoys estre certayne, qui nous apporte
ung grand retardement en nos affayres; et pour
cesle cause je vous- prye faire instance qu'il
fasse une bonne dépescbe en Flandres pour
faire venyr les deux mille chevaulx, ou ce qui
en sera prest, et faire avancer le reste le plus
diligemment qu'il sera possible el en faire de
mesme des mille restans et qualre mille lans-
1 Voy.'une lellre de Sainl-Sulpice à la Reine mère, où il
rend comple des remontrances qu'il a failes à ce sujet;'le
roi d'Espagne lui a répondu qu'il a écrit à la reine Elisa-
beth de ne pas se mêler des affaires de France, et qu'il a
lieu de penser qu'elle s'esl refroidie. (Bil)l. nat. fonds
français, n" 15877, f" 5.)
quenetz; en quoy s'il se trouvoyt de la diffi-
culté, el que le Roy mon beau-filz nous vou-
lus! secourir d'argent pour les souldoyer,
comme premièrement il vous fustdict,ce nous
seroyl aultantd'advantage, car nous en ferions
une levée de Suysses qui sont bons catholiques
et les aymerions beaucoup mieulx que les lans-
quenetz qui nous sont à cesle cause plus sus-
pect/.; vous priant, Monsieur de S1 Sulpice, ne
perdre une seulle heure de temps en cecy et v
faire une telle dilligence et si pressante instance
que nous en puissions sentir le fruicl tel que
nous l'aclendons; de quoy \ous nous adver-
tires en toute dilligence, vous advisant au de-
meurant que le Roy monsieur mon filz et moy
pour donner tousjours oultre plus de force à
nostre armée, nous y en allons, espérant que
cela apportera plus de frayeur à ceux d'Orléans
el de courage aux nostres. Priant Dieu, Mon-
sieur de S' Sulpice, vous avoyr en sa saincte
el digne garde.
De S' Léger, le (i56a).
Cateiîim:.
1 502. — 7 août.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n" 3a 19, f° 77.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CF1BVAL1BR DB L'ORDRE DU BOY MONSIEUR ÏION FI1.7
ET CONSEILLBR EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnort, vous sçavez que le
payement de noz lansquenetz escbet ie dixième
de ce moys, qui est fort prochain; et je seroys
bien marrye qu'il y eust faulte d'un seul jour,
et sur ceste résolution vous parlay-je dernière-
ment des quatre-vinglz mille livres que vous
me deviez envoyer icy dès aujourd'huy, dont
je n'ai poinct de nouvelles; qui est cause que
je vous envoyé ce porteur exprès, vous pryant
me les envoyer là part que je seray le plus tost
que vous pourrez, pour le moings avant ledirt
■;:■•
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
dixième el aussi l'estal entier par escript de
toute la despence de nostre armée jusques
au w' jour de septembre prochain, affin que
je veoye el sçaiche à quoy nous en sommes et
i quoj H fauldra pourveoir, sans laisser perdre
une seulle heure de temps à l'affaire qui vous
a laid demeurer par dellà. Pryant Dieu, Mon-
sieur de Gonnorl . vous donner ce que désirez.
De S1 Légier, le vu' jour d'aoust îuCa.
Caterine.
Je \ous prie aussi donner ordre que la com-
paignie du sieur Strossy soit paiée par ceulx
de Meaulx, ainsi qu'il a esté, connue vous sça-
vez, arresté; et aussi, des deniers que vous
avez à Paris, taire incontinent paier celle du
jeune Peyron ' à qui on escript se venir joindre
à celle du dicl Strossy, pour ensemblemenl
aller faire escorte aux batteaulx qui apportent
I artillerie de Chaalons, fort menassez par
quelques trouppes qui sonl là assemblées, el
qui seroient en danger sans cella.
De i Vlbespime.
1562. — 9 août.
Minute. Orig. Bibl. nat. fonds français, n 15876, I'ômi.
U MARÉCHAL DE DlilSSVC
Mon cousin, pour ce que je viens d'estre
présentemenl adverti que le cappilayne Bé-
lliunc- a sepl ou huicl cens hommes de pied
et de cent à six vingtz chevaulx, et s'en va au
1 Albert de Gondi, fil- d' Antoine de Gondi '■! il"
Marie dePierrevive, né à Florence le U septembre i5aa.
M devint comte il'' Raiz par son mariage (1 565) avec
Catherine de Clermont, rlai le Raiz, veuve de lean
d'Anncbaut. Nomme premier gentilhomme de la chambre
larlesIX, il lui envoyé en ambassade on Angleterre
7 .'. , lui maréchal de France en 1 5^3 , el mourut le
m avril 1602.
ges il' Bétbunc , gouverneur '-i capitaine de
1 11 1 .''"in.
devanl de mon artillerye qui vienl de Chasteau-
Thierry, je vous prie faire sortir mille ou douze
cens hommes de Paris des mieulx armez
pour y aller la quérir et les faire acompaigner
de ce que vous avez do \oslre compaignie el
de celle de M. de Crussol, suyvaut ce (pie le
Roy monsieur mon lilz en escript à celuv qui
la conduict, de toute laquelle Irouppe vous
adviserez de bailler la charge à quelque gen-
tilhomme bien advisé et suffisant pour pouvoj r
exécuter ce que nous désirons: cl avec cela il
fauldra regarder, s'il z les trouvent, de les com-
batre et les rumpre; et de quelque façon que
ce soyl amener seurement ladicte artillerye
jusques à tVIeaux où est la compaignie de
Slrozzi. laquelle serviret bien pour la con-
duicte de l'artillerye de là jusques à Paris, en
y laissant quelque autre trouppe jusque- à ce
que nous voyons que deviendra tout cecy.
Priant Dieu, mon cousin, vous avovr en sa
saincte el digne garde. De S1 Léger, ce w jour
d'aoust i5G-i.
(.1m dos.) V monsieur de Brissac, du i\ joui
d'aoust 1 062.
1 562. — i) août.
Orig. lîiljl. nat. Cinq cents Colberl , n° sa , I
A MONSIEIR DE GOmoti.
m.'U.IER DE L'ORDRE DC ROT UOKSIBDn MOS FILZ
-LII.LEn E\ >">\ COKSBIl fP.IVÉ.
MonsieurdeGonnor, je m'actendois que nous
aurions icy dès vendredj dernier les quatre-
\ ingtz mille livres dont je vous a\ encores der-
nièrement escript et toulcsfois il n'en est au-
cunes nouvelles, dont je suis en peine, estant
demain le jour du paiement de noz Lansquenetz
qui en ont grant besoing, qui est cause que
je vous en faiz cesle recharge, vous priant,
s'ilz n'estoienl partyz, les avancer le plus que
vous pourrez et bien ad vertir ceulx qui lésion-
L'ETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
o7:3
duiront de no venir sans escorte que leur fera
bailler jusques à Chartres mon cousin le nia-
reschal de Brissac voslre frère1, et eslans là
iju'ilz ne passent pas oultre sans nous en ad-
vértir au camp, d'où je leur envoyeroy gens
pour les y amener seurement, et le semblable
ferez observer de tous les autres denyers que
envoyerez. Priant Dieu, Monsieur de Gonnor,
vous donner ce que désirez. De Bonneval -. le
i\ d'aoust joGq.
Caterine.
De l'.Vibespine.
1562. — 1 1 aoùi.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 10876, f 4s5.
A MONSIEUR L'AMBASSADEUR DESPAGiNE3.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay esté merveil-
leusement ayse de ce que j'ay entendu par
vostre secrétaire présent porteur et que j'ay veu
par la lettre que Madame de Parme vous a
escripte du service quelle se délibère faire,
suwant le commandement du Roy monsieur
mon beau-filz, ayant trouvé les raisons qu'elle
vous allègue si pertinentes que je suys résolue
pour le bien du service du Roy monsieur
mon fdz de m'y acommoder; et pour ceste
cause je donneray ordre qu'arrivant les cin-
quante mille escuz à Péronne, ou aultre lieu
de nostre frontière tel qu'elle advisera, il y
aura gens pour les fayre conduyre seurement,
ne voulant faillir de vous remertier, Monsieur
l'ambassadeur, du bon office que vous y avez
faict; que je masseure avoyr eu telle vertu que
de là s'en est en bonne partie ensuyvy Peffect
que j'en voiz; aussy vous pouvez bien vous
asseurer que le Roy monsieur mondicl filz
1! moy le recongnoistrons en vostre endroict
1 H était gouverneur de Paris.
Eure-et-Loir, arrondissement de Châteaudun.
2 Chautonnav.
de tout ce qui sera en notre puissance, ainsi
que vous le pourrez par les effeetz mieulx
congnoistre, quand les occasions s'en présente-
ront. Sur ce je prye Dieu, Monsieur l'am-
bassadeur, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
De , ce xi" jour d'aoust i56a.
(Au dos.) La Royne à l'ambassadeur d'Es-
pagne.
1562. — \!i août1.
Minute. Orig. Bibl. nai. fonds français, n° 1587G, f iai.
A MONSIEUR DE SAINT-SULPICE.
Monsieur de S1 Sulpice, par ma lettre du
vie de ce moys, je vous ay adverty du souspe-
çon en quoy j'esloys des Angloys, tant pour
les apparences que je voyoisde leur maulvaise
volunté, que parle congé que m'avoit demandé
l'ambassadeur de la royne d'Angleterre2, le-
quel il a depuys continué, de façon que. ^an-
ce que je ne le veulx laisser aller que Monsieur
de Vieilleville que je y ay envoyé poursçavoj r
la résolution de ladicte dame, ne soyt de re-
tour, il feust jà parly; par où vous pourrez
veoir combien s'augmentent de jour en jour
les alfayresque nous avons, et le besoing qu il
est que la bonne volunté que le Roy monsieui
mon beau-filz porte à la conservation de ce
royaulme se monstre par les effeetz, comme
il a très bien commencé, d'aultant que j'es-
time que ce sera une bride aux aultres princes,
noz vovsiiis. pour les retenir et arrester silz
avoyent maulvaise intention. J'ay nouvelles de
Guyenne que les Espagnolz sont arrivez, les-i
1 Une lettre de Charles IX à M. de Saint-Sulpice ac-
compagne celle-ci ; elle est datée du 1 i août 1 56a. ( Bibl.
nat. fonds français, n° 15876. f' '12'i. |
■ Tlirockmorton. — Voy. ses dépêches à Elisabeth, à
l'occasion de Vieilleville. (Calendar / Stol , ,
1 'il'rl , p, l63.)
574
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
quelz j'espère serviront leilement à la réduc-
tion de ce pays-là que leur ayde el service ne
scia point de peu d'utilité. Les troys mille Ita-
liens aussy du costé du Piedmont, à ce que
j'ay entendu, s'advancent, et le Roy monsieur
mon filz les fera employer du costé de Lyon
avecques une bonne trouppe de Françoys et
d'AUemans pour recouvrer ceste ville et le pays
que ceulx de la nouvelle religion tiennent el
occuppent maintenant; et d'aultant que nous
ayant le Roy monsieur mondict beau-filz offert
eucores quatre mille lansquenetz et troys mille
chevaulx et du costé des Pays-Bas, j'ay escript
à Madame de Parme, el fay priée, puisque
l'intention du Rov mondict beau-filz estoyt
de nous secourir, et assister de ce nombre
d'hommes, si elle ne nous povoyl fournir d'Al-
lemans, pour le moings de nous bailler ce
secours en argent, dont nous lèverions des
Suisses en lieu; sur quoy elle m'a faictresponce
que ce qui l'avoyt gardée de nous envoyer les
hommes estoyt la craincte qu'elle avoil eu des
Allemans qui menassoyent, si du costé des
Pays -Ras il nous venoyt secours qu'ilz en
feroyent passer de leur costé eu faveur de noz
rebelles et que ceste considération l'avoyt
jusques icy retardée, estimant ce retardement
de plus grand fruict pour le bien de ce
royaume que si les hommes y fussent venuz.
Bien avoyt-elle à présent faict une brave ins-
tance ausditz princes, les asseurant que, s'ilz
se remuoient, de vostre costé vous en ferez le
semblable et n'y espargnerez poinct voz forces,
el toutesffoys pour ne laisser de nous assister,
suyvant le commandement du Roy monsieur
mon beau-filz, elle nous a asseuré de nous
envoyer cinquante mille escus dans cinq ou
six jours, qui est à peu près la solde pour
ung moys de quatre mille hommes de pied et
troys mille chevaulx, dont je veulx, Monsieur
de S1 Sulpice, que vous remerciez le Roy mon-
dict beau-filz, de la part du Ptoy mousieur
mon filz et la mienne, aultant affectueusement
comme vous sçavez qu'il est raisonnable; et
que vous luy dissiez que, pour les raisons que
Madame de Parme m'a mandées, dont elle l'a
aussy adverty par ung courrier qui passa hier,
nous sommes contentz pour ceste heure de ce
secours en argent, lequel vous le prierez, si
les Allemans ne se meuvent, continuer de
ceste façon pour les troys moys qu'il nous a
offertz, avec lequel j'espère que Dieu nous
fera la grâce de venir à bout de noz rebelles
el de réduyre ce royaulme en paix et en repoz:
et à présent, affin d'empescher que du costé
d'Allemaigne ilz ne pratiquent et ne persua-
dent et induisent lesdictz princes à prendre
les armes et les secourir, faire faire bonnes
remonstrances par ses serviteurs et ministres
ausditz princes et leur dire franchement que.
pour ne leur donner occasion de prendre les
armes, il a arresté le secours qu'il avoyt résolu
de nous bailler, comme il continuera en cas
qu'ilz ne s'arment; mais s'ilz passent oultre, il
se déclarera et nous assistera de toutes ses
forces; lesquelles remonstrances, si elles ser-
vent, ne nous seront poinct de peu de fruict.
et si elles ne les peuvent arrester, vous le
prierez, de nostre part, vouloyr aussi com-
mander que, estant les cinquante mille escus
pour le paiement de quatre mille lansquenetz
pour troys moys, qu'il veuille tant faire pour
nous que de nous secourir de troys mille che-
vaulx qu'il nous a promis et escripre une
bonne lettre à Madame de Parme à ce que.
à la première réquisition que nous en ferons
lors, elle ayt à les faire marcher là où nous
en aurions besoing pour la nécessité de nostre
pays contre lesdilz Allemans; ce qu'il est bien
besoing qu'il mande bien expressément par la
responce que l'on fera maintenant à ce qu'elle
n'en face difficulté et qu'elle commande que
LETTRES DE CATHERINE DE MEDD1IS.
375
la gendarmerye soit preste, s'il en est besoing,
d'aullant que, à ce que vous avez entendu, il
11 v a ung seul homme presl en apparence de
reste année. Le semblable direz-vous au duc
d'Albe, à ce qu'il y tienne la main, d'aultanl
que, si lesdilz Mlemans mai choient , il peull
bien penser quel malheur ce nous seroyt, et
par conséquent à leur Pays-Bas, qu'il nous
forçassent de faire chose que aultrement nous
ne vouldrions jamais faire1. De quoy vous es-
sayerez de tirer responce et d'en solliciter les
dépesches le pins promptement qu'il sera pos-
sible, d'aullant que en cela il n'y a rien si
cher que le repos; et du tout meclez-y la mesme
instance, à ce que je sçaiche ce que je doibz
espérer pou r, selon cela , nous résouldre ; priant
Dieu. Monsieur de S1 Sulpice, vous avoyr en
sa saine te et digne garde.
(Au dos.) La Royne à Monsieur de S1 Sul-
pice . du j0ur de aoust 1 562.
1562.— (îfl août.)
Minute, Bibt. nat. fonds français, n° 15876, f° 3g8.
\ MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, pour ce que j'ay
esté advertye que Monlgoinmery - assemble
quelques forces, j'ay mandé à mon cousin le
1 Cette suite et fin se trouve au f° 426; les f 4a3 ,
424, 4 25 sont remplis par trois dépêches du mois
d'août i563. — Voy. les lettres de Sainl-Sulpice à la Reine
et au Roi, du 2 août i5G2 (même volume, f™ 4o5, 607,
4o8 et 4io).
- Gabriel de Lorges, comte de Montgommery, ne
vers t53o; après avoir échappé à la Saint-Barthélémy,
il se retira en Angleterre. En 1574 il fut assiégé et
pris par Matignon dans Domfront et, conduit à Paris, il
eut la tète tranchée en place de Grève, le 26 juin. Ca-
therine de Médicis, qui ne lui avait jamais pardonné la
mort de Henri II, assista à son supplice. — Voyez ses
lettres dans la Normandie à l'étranger (Paris, Aubry,
in-8°, i875).
dur d'Estampes de s'y acheminer avec les
forces qu'il a pour essayer de luy donner advis
de vostre venue, et qu'il vous ayl à vous ad-
verlir, affin que marchant d'ung coslé et vous
de l'aultre, avecques ce que vous pourrez amas-
ser de forces vous mectiez poyne de l'attrapper;
ipii seroyt bien l'une des plus belles prises que
m mis luy sçauriez l'aire. De quoy je vous prie, de
vostre part, sur tout le service que i s désirez
jamays faire, vous employer de façon que,
s'il est possible, j'en puisse veoyr une exécu-
tion telle que je désire. Vous entendrez dudid
sieur d'Estampes1 ce que vous avez à faire
affin que, selon ce que vous aurez résolu pai
ensemble, vous y donniez une prompte pro
vision. Priant Dieu, Monsieur de Matignon,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
(Au clos.) La Royne à Monsieur de Mati-
gnon, du jour d'aoust i56a.
1562. — (ii août.)
Minute, lîibl. nat. fonds français, û° 1 5S76 , fu 3g5.
A MONSIEUR DE JARNAC.
Monsieur de Jarnac, cesle dépesclie satisfera
aux deux dernières que j'ay recettes de vous,
d'aullant que la première estoit ung advis
des choses de delà et la dernière est l'adver-
tissementde la mort de vostre frère2. Quant à
. ' Voy. une lettre de Charles 17< au duc d'Etampes, dans
le t. III (p. l3l8) de {'Histoire de Bretagne, par D. Mo-
rice et les lettres du duc d'Etampes à Catherine au sujet '
de Montjjonimery (Bihl. nat. Tonds français, n" 15876,
f" 363 et 38g). Dans une dernière lettre, du i3 août
i56a, le duc d'Etampes écrivait à la Reine : « Montgom-
mery s'est hasté de partir de chez lui avec sa femme ac-
couchée de cinq jours, et s'est retiré à Sainl-Lô avec le
pillage faict à Coutances, où il a tout ruynén; il empê-
chera, s'il le peut, sa jonction avec ceux de Rouen. (Ibid.
p. 436.)
2 Voy. la note suivante.
376
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
la première, il vous y a esté satisfaict par mon
frère le roy de Navarre en vous mandant que,
si vous voyez avoir besoing de forces, de faire
lever une compaignye ou deux de gens de pied
pour meetre dans la Rochelle avecques vostre
compaignye qui, avec la bonne votante qui se
voyt en ceulx de ladicte ville, sera suffisante
lune pour la garder d'une surprinse; de façon
que à cela je ne vous y fera y autre responce, si
n'est vous prier surtout de prendre garde aux
Anglovs qui, n'ayant pas la volunté trop bonne,
s'ilz pouvoient avoir moyen d'y entreprendre
quelque chose le feroient fort voluntiers. Quant
à ce qui touche la mort du feu sieur de Sle
Fov1, vostre frère, asseurez-vous, Monsieur de
Jarnac, que vous n'en avez poinct plus de
regrect que nous, et que si le Roy monsieur
mon filz et moy pouvons sçavoir qui est l'au-
theur d'un si malheureux acte, nous en ferons
faire si sévère pugnition qu'il en sera mémoire.
Et pour ce faict, je vous prye, estant sur les
lieux, en faire vous mesmes faire les informa-
tions et les poursuictes par auctorité de jus-
tice , et , quand vous aurez descouvert qui c'est ,
m'en donner adviz et j'espère que nous au-
rons bien moyen d'en avoir la raison plus
nous yrons en avant, car je congnoys bien que
le mal qu'il en a eu ne luy est advenu que
pour avoir dernièrement obéy particuliière-
ment à mon commandement de se retirer en
sa maison, qui m'augmente le regret de sa
mort et me donne d'aultant plus d'envye d'en
faire faire justice, comme j'espère avec l'ayde
de Dieu; car l'acte est trop meschant et trop
1 Charles Chabot, sieur de Sainte -Foy, lieutenant
d'une compagnie de trente lances du prince de Coudé;
il en est question dans une dépèche de Throckmorton à
la reine Elisabeth, en date du s3 juillet i56a; il lui
annonce que MM. de Piennes, de Vigean et de Sainte-
Foy ont quitté Orléans et se sont retirés dans leurs
maisons. (Caiendar of State papere, 1D62, (° îyi.)
malheureulx pour penser que Dieu le laisse
impugny; qui sera fin, pryant Dieu, Monsieur
de Jarnac, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
De Rloys, le jour d'aoust i5C>2.
1562. — (i'i août.)
Minute. Oiïg. Hibl. mit. fonds français, n" 10876. fJ 39/1.
A MM. DE BURYE ET DE MONLUC.
Messieurs, vous verrez ce que le Rov mon-
sieur mon filz vous escript du contentement
qu'il a du service que vous luv faictes par
delà en une saison si importante, vous priant
de parrachever comme vous avez très bien
commence' de si bien uectoyer toute la Guyenne
qu'il n'y puisse demeurer lieu de retraicte pour
ceulx qui font tant de rebellions et de déso-
béissances, et vous adviserai que je vous ay
faict accorder ce que vous demandez de ceulx
de Floyrac, dont je vous euvoye le brevet, et
quand ilz seront accordez et en envoyerez les
quictences, vous en aurez les vostres en forme.
Nous avons advisé d'envoyer Monsieur de Mont-
pensier ' par delà avec sa compaignie, pour
d'aultant vous renforcer et aussy avoyr plus
d'aulhorité pour la qualité, dont il est; et en
attendant lequel, je vous prie meetre poyne
de nectoyer la Guyenne, de façon qu'il n'ayt
qu'à aller en Xainctongepour nectoyer ce pays-
là. Et quant à ce que m'escripvez pour la venue
de vostre compaignie, c'est chose que je ne
puys faire pour le présent, estant si chargé
lestât du Roy monsieur mon filz que nous
n'avons besoing de croistre la despence; mais
je seray bien ayse. quand il se présentera
l'occasion, de vous gratilfier en toute aultre
chose que je penseray estre pour vostre bien
1 Voy. ce que dit Monltic de l'arrivée de M. de Monl-
pensier en Guyenne. ( Comment. de Monlur , édit. de Ruble ,
t. III, p. i3.)
LETTHES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
377
et advanlaige; qui sera fin, priant Dieu. Aies
sieurs, vous avoyr en sa saincle el digne
garde. De lllo\s. ce . . . juin- d'aousl i 562.
(Au dos.) A Mess" de Burye el deMonthic,
du jour de aoust i 56a.
1 ."i(i'2. — î 'i août.
Arcli. 'in Rhône.
\ MONSIEUR DE \l\l GIRON,
. . i.ii I»E LA CEMHBR8 DO BOT MOXSlblR MOS FILZ.
. i il .1 ii:\ UÏT ID i:p! ii:.\LUL\T DE DATJLpniNB.
Monsieur de Maugiron , j'ay entendu le ser-
vice grant que vous faictes par dellà au Roy
monsieur mon lilz, et le zelle que vous y dé-
monstrez, dont je vous asseure que luy el nioy
aurons à jamais souvenance. Et pour ce que, le
besoiug s'offrant tel qu'il faict, il est plus que
uécessaiie que ses bons serviteurs lacent de
bien en myeulx, comme j'espère de vous, von-
entendrez, par ce que j'escriptz au sieur de
Tavanes, l'ordre qui se donne pour renforcer
bien tost ce cousté là, et cependant satisfaire
les trouppes qui y sont, comme je seroys bien
avse que nous eussions moyen de faire aux
gentilzhommes de Daulpbiné qui vous ont
accompaigné, ausquelz je vous prie faire en-
tendre de ma part le con Lanternent que le Roy
mondict filz et moy avons de leur service, qui
sera recogneu, quoy qu'il tarde; espérant qu il
y aura bien tost si bon ordre en Daulpbiné,
qu'ilz auront le moyen de retourner à leur
ayse en leurs maisons, et de faire plus avant
cognoistre L'affection qu'ilz portent au service
du Roy mondict filz, et bien de ce royaume.
Priant Dieu, Monsieur de Maugiron, vous
donner ce que désirez.
DeBloys, le xnii0 jour d'aoust 1 5 f » a . .
Catemne.
1562.— lu: août,
nat. fonds français . n 3319 . f° 81.
A MONSIEl 11 DE GONNOR.
Monsieur de Gonnor, j'ay entendu que en
l'emprunct que vous avez faict en ma ville de
Paris vous \ avez comprins la baillifve Ro-
bertel pour la somme de six cens livres tour-
noyz, combien que le sieur de Fresnes son lilz
ayt lousjouis esté en ce camp ou auprès île
moy, comme il est encores à présent occuppé
eu aucuns mes plus grandz et importans af-
faires, où il faict assez de despenses pour
l'exempter dudict emprunct. A ceste cause, et
qu'il ne se roi t pas raisonnable que, nie faisant
service de deçà, il payast cependant emprunct
audicl Paris, je vous prie faire descharger la-
dicte Robertet dudict emprunt de vi' livres
et l'en faire tenir quicte et exempte, pour ce
que je n'ay jamais entendu, comme encores je
n'entendz, qu'elle y soit aucunement com-
prise, pour les raisons que dessus. Priant
Dieu, Monsieur de Gonnord, vous avoir en sa
saincte et digne garde. Du camp de Bloys, ce
xmf jourd'aoust i562.
Caterine.
De l'Aibesi'Im:.
CATHERINE DE MEDICIS.
"1562. —(lU août.)
Minute. Orig. Bibl. nat. fonda français, n 1&S7IJ l 31)9.
A MONSIEUR LE DUC D'ESTAMPES.
Mou cousin, par voz lettres du x\ix ". j a)
bien amplement entendu l'espérance en quoy
vous estes, avec les forces qui vous mil esté
laissées, de réduyre tout le pays de Bretaigne
en telle tranquilité que je le puys désirer, el
que vous trouverez façon de faire payer ung
tiers au pays; de quoy j'ay esté merveilleuse-
ment aize. el comme il vous a eslé mandé
L'aultre tiers se prendrait sur les denyers des
argenteries des églises, comme il a eslé faict
378
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
par toutes les aultres provinces de ce royaume,
suivanl la commission qui vous a este' envoyée;
c'est chose que ceulx du pays ne sçauroient
trouver maulvaise, d'aultanl que les denyers
n'en seront dépenduz que pour la conserva-
tion du pays et mesmement des gens d'église,
qui y ont 'e principal intérest, et mesmement
que il vault encores mieulx que telz denyers
s'apliquent pour le service du Roy monsieur
mon (Hz que si les aultres les prenoyent pour
les convertir et apliquer à son déservice. J'ay
semblablement esté bien fort ayse d'entendre
que ferez partir les xxx'" 1. de denyers et les
aultres \l'", dont nous avons fort grand be-
soiug, et quant à ce qui fauldra pour l'entre-
tènemenl de voz gens, vous en userez comme
le me mandez; mais je désireroys bien, comme
je vous ay cy-dessus mandé, que l'argenterie
nous servist à diminuer voz despences d'ung
tiers, s'il est possible, comme je m'assure que
vous y ferez tout ce qui sera en voslre puis-
sance, vous disant ce mot en passant, que,
quand vous ferez élargir ' le moys à voz gens, il
ne sera que bien à propos, d'aultantque ceulx
qui sont en ce camp ne sont pas tousjours
payez à jour nommé, et l'aull qu'ilz actendent,
et qu'ilz gagnent à présent leur avoyne. Tout-
lesfoys vous en userez selon ce que vous verrez
que vous aurez le moyen et la commodité pour
le service du Roy monsieur mondict filz; et
quani à ce que vous désirez sçavoir comme
vous avez à vous conduyre avec ceulx de la
nouvelle religion , qui n'ont point porté les
armes ne faicl séditions, ceulx-là, comme
par une aultre de mes lettres je vous mandoys
de Paris, il y a quelques moys, il esl peu rai-
sonnable qu'ilz soyent traictez comme ceulx
qui ont porté les armes et faicl. sédition et
scandalles; et pour ceste raison l'intention du
1 Elargir, donner. Il nous eu est resté \? nn>( lar-
Roy monsieur mon fdz et la mienne n'est
point que, vivant doulcement, sans faire scan-
dalle, presche, ne administration de sacre-
mens, ilz soyent soustrailz de toute injure et
violence; bien désireroys -je que, pour leur
oster le moyen de faire mal, que les armes
leur soyent ostées et qu'elles soyent laissées
aux catholiques, à la charge que le premier
d'eulx qui en abusera sera pugny exemplaire-
ment, et par ce moyen ilz seront délivrez de
mal et nous de souspecon de leur maulvaise
volunté; et pour cest effect je vous prie, mon
cousin , présentement que vous avez les armes,
ne faillir à exécuter ce que dessus et faire
chasser tous les ministres qui sont ceulx qui
par tout le royaulme ont allumé le feu que
nous y voyons, et s'il se trouve quelque ung
de ceulx qui sont retournez d'Orléans qui veu-
lent remuer mesnaige, je vous prie, ayant les
forces comme vous avez, de donner ordre de
leur inectre la main sur le collet pour les faire
bien chastier et leur oster le moyen de rien
entreprendre de nouveau. Ne voulant faillir
pour la fin, de vous dire que il me semble qu'il
est très nécessaire qu'en chascune des villes
principalles vous complétiez quelque gentil-
homme, homme de bien du pays, pour y
prendre garde à les maintenir en repoz et
obéissance. Je vous envoyé la déclaration que
demandez louchant la façon dont vous avez à
vous gouverner envers ceulx de la nouvelle rel-
ligion, et quant à la commission pour les em-
prunta, elle vous a esté envoyée; qui me gar-
dera de vous faire la présente plus longue, si
ce n'est de vous dire que j'ay accordé au cappi-
layne Trevignon la cappitayuerie que vous de-,
mandez pour luy. Priant Dieu, mon cousin,
vous avoyr en sa saincte et digne garde. De
Rloys, ce . . . jour d'aoust i562.
[Au ilns.) La Royne à Monsieur d'Estampes,
du . . . jour de a oust 1 56a.
LETTRES DE CATH
1 562. — i 7 août.
Minute. Bibl. ual. fonds français, n°i5iio, f* 5g. —
Copie. Foods Dupoy , n° 357, f i5s '.
\ MONSIEI I! DE LANSAC.
Monsieur de Lanssac, nous avons receu
voslre dépesche du v\ du passé2, paria-
quelle nous avons esté bien aises de veoir et
entendre que le concilie preigne ung si bon
progrez que celluy qui s') est cogneu jusques
à présent; car pouneu qu'il se continue nous
aurons tousjours espérance que toutes choses
nécessaires pour le rendre fructueux se meu-
rirout avec le temps, et que ce qui ne se sera
peu faire loul d'un coup ayant esté bien com-
mancé en une cession s'achèvera heureuse-
ment puis après eu une autre, et principale-
ment ce qui est si important, comme le faict
de la communion souhz les deux espèces3,
de laquelle il a esté traiclé dernièrement , où
je ne voy poincl qu'il ayt esté décidé chose
qui empesehe de pourveoir sur ce qui s'en
pourra remonstrer et requérir cy après selon
la nécessité et le besoing que chascun prince
en ressent en son Estât. Je vous ay escript par
une mienne lettre du xxnf du passé que, en-
cores que les troubles ayent tousjours continué
grans en ce royaulme, je m'estoys touteffoys
résolue de faire trouver au concilie pour tout
le mo\s de septembre prochain jusques à
["n fragment de cette lettre a été imprimé parDupuy.
— Voy. Mémoires du concile de Trente, p. -.'7 2.
; Voy. cette lettre de Lansac dans les Mémoires du
\cile de Trente, p. 2O0.
- Lansac écrivait à M. de Rennes, le i3 juillet : «Le
concile n'a fait que corroborer la décision du concile de
Constance, par laquelle étoit défendue la communion
fous les" deux espèces, si désirée pour pacifier les troubles,
et n'a pas touebé à la réformation." (Britisb Muséum,
collect. Egerlon, Miscell. lellers, vol. VIII.) — Voy. une
lettre de Lansac au Roi, datée du 23 juillet, dans les
Mémoires du concile de Trente . p. a64.
ER1INE DE MÉDICIS. 379
soixante de noz prélatz qui seroieut conduietz
par mon cousin Monsieur le cardinal de Lor-
raine, dont je remecloys à vous de dire ou re-
tenir ce que verriez estre à propos, selon la
disposition des affaires du lieu où vous estes,
niais comme toutes choses turbulentes el tu-
multueuses empeschent et relardent beaucoup
de bonnes résolutions, j'ay trouvé depuis que,
pour la continuation de noz troubles, mondict
cousin et lesdilz prélatz ne se peuvent rendre
audict concilie que ce ne soyt pour tout le
moys d'octobre prochain, d'aultant que la
plus grande dilligence qu'ilz peuvent faire est
de se trouver tous à Thurin sur le conimance-
ment dudict moys d'octobre plustôt que vers
le xv, aiusy que je le mande à nosdietz prélatz
bien expressément, ayant advisé de vous en-
voyer une liste où ilz sont tous nommez, la-
quelle vous communiquerez aux Légaiz et Pères
dudict concilie et leur direz que mondict cou-
sin mène davantaige en sa compaignie jusques
à douze docteurs en théologie des plus sçavans
de ce royaulme, nommez par la Faculté de
Paris, sans les aultres dont lesditz prélatz se
doibveut accompaigner, de sorte que, jugeant
noz intentions par les effeetz, comme il est
raisonnable, l'on congnoistra que, s'il y a eu
de la demeure1 en nosdietz prélatz, ce n'a esté
que par l'injure et calamité de nozdictz troubles
qui les en ont empeschez et engardez jusques
à présent, et que si tost que nous avons cou-
gneu noz forces assez gaillardes et su (lisantes
pour le restablissement de l'obéissance du Roy
monsieur mon filz et qu'il y a eu quelque ache-
minement à la pacification de noz troubles,
nous n'avons voullu riens prelermectre2 du
debvoir et de l'office que ce royaulme 1res
chrestien doibt pour l'assistance et comparu-
tion audict concilie de si longtemps procuré et
1 Demeure, retard.
! Pretermectre , omettre
48.
380
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
recherché de nous pour le bien général et uni-
versel de la chrestienté, et particulièrement
pour la garison des maulx de cedict royaulme
grans el calamiteux qu'il n'est possible de
plus. Ayant laid veoyr ladicte liste, vous ferez
demander logis pour vous, lesdiclz prélatz cl
principalement pour mondict cousin, que
\ons requerrez estre en cela traicté avec tout
le respect qui appartient à la grandeur du
lieu dont il est issu, et qu'il tient en cedict
royaulme, et l'advertirez de ce qui vous en
aura esté accordé au mesme temps qu'il pourra
arriver à Thurin, qui sera sur le commance-
ment dudict moys d'octobre prochain ; et pour
ce que n'estant le lieu de Trente capable d'un
si grand nombre de gens et pour les grandes
incommoditez qui s'y retrouvent, l'on pourra
parler de s'eslargiret de se réunir à Mantoue;
vous ferez entendre que vous n'estes pour y
contredire, pourveu que cela se face, non pour
translation dudict concilie, mais seullement
pour changement de lieu el jjusques à ce que
l'on ayl advisé et accordé d'un aultre lieu plus
commode qui soyt aggréable à tous les princes
chrestiens et principallemenl à l'Empereur,
monsieur mon bon frère, et non si esloigné de
l'Allemaigne et si suspect aux princes protes-
tais, qu'il z prissent de là occasion de ne s'y
pouveoir trouver seurement. Vous vouldrez bien
dire, Monsieur de Lanssac, sur le bruict que
l'on a faict courir que mondict cousin deman-
doyl à aller audict concilie en qualité de légat,
i[ue tant s'en fault qu'il ayt jamais poursuyvy
et recerché cest honneur, qu'il s'est résolu,
encores que le Pape le luy présentast, de ne
l'accepter aucunement, etd'ycomparoistreseul-
lemenl en qualité de cardinal el premier prélat
de France; et par ce moyeu vous et vos collé-
es serez satisfaictz de ce que vous avez dé-
siré d'avoir là ung prélat qui peust parler et
opiner le premier. S'il y avoit moyen, en
actandant une si grande et vertueuse com-
paignye, de prolonger la prochaine cession
assignée au xvnc du moys de septembre pro-
chain jusques à leur arrivée, ce nous serovl
ung grand plaisir, mais prévoyant ce qu'il y
auroyt de difficulté et craignant que la pour-
suicte que vous en pouriez faire, si elle estoyt
trop expresse, leur fust suspecte, je remectray
à vous d'en user ainsy que vous adviserez pour
le mieulx; bien fauldra-il que vous moyennez
que l'assignation de celle d'après ne se préci-
pite et ne se face plus tost que au xvii', ou
xxe novembre, qui est, quant tout est dict.
suyvre l'ordre qu'ilz y ont tenu jusques à pré-
sent. Cependant vous ne proposerez , ne mectrez
rien en avant de vostre part, soit pour la dé-
claration de la nouvelle indiction dudict con-
cilie, quelque chose qui en soyt portée par
vostre instruction, ou pour refformation et dé-
cision d'aucun poinct de la doctrine, mais vous
contenterez de vous conformer à ce que les
ambassadeurs de l'Empereur et les évesques
espaignolz en adviseront entre eulx, encores
les garderez-vous d'entrer es poinctz de la-
dicte doctrine le plus que vous pourrez, et sur
toutes choses ferez entendre à ung chacun que
l'intention et la charge de mondict cousin et
de nosdictz prélatz est de procedder en toutes
choses avec telle douceur, prudence et mo-
destye et à tel respect et révérence que l'on
doibt actandre et espérer des plus catholicques
prélatz qui soyent en la chrestienté. Au sur-
plus, Monsieur de Lanssac, je veulx bien vous
adverlir que le Roy monsieur mon lilz et moy
sommes venuz trouver son armée pour lever
l'excuse que beaucoup de personnes ont tou-,
jours donnée à leur désobéissance , telle que
vous l'avez bien sceue avant vostre parlement,
et pour essayer de ramener à nous ceulx qui
craignent d'estre notez de rébellion. Nous nous
acheminons à Bourges pour eu desloger le
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
381
jeune Genlys1 qui s'en cl -a\^\ depuys quel-
que temps, et qui a laid jusques icy dilligence
de la fortifier ri contenance de la voulloyr
garder. L'ayanl levé de là , comme je n'y espère
grande difficulté , nous tournerons mus Orléans
pour faire le semblable de ceulx qui y sont.
Cependant mon cousin le duc d'Aumalle ne
perdra pas temps, avec les bons moyens (pie
nous lu\ donnons, pour rcnieelre en Pobéys-
sance du Roy mondict sieur et lilz les jdaces
■ le la Normandye que les rebelles oui saysyes,
et principallement Dieppe et Rouen, ayant jà
nectoyé le demourant du pays, comme le srde
Montluc le l'aict d'aultre pari en Guyenne, et
sommes après à ordonner par le costé de Lyon
et Daulphiné, qui sera d'une si bonne sorte
et provision que, avec la grâce de Dieu, toutes
choses se restabliront de jour à aultre, ayant
grande espérance de les veoyr bientost du tout
réduictes en l'obéyssance du Roy mondict sieur
et filz. et en repos et tranquilité.
A Romorentin, du wu"' aoust i562.
(Au dos.) A monsr de Lanssac. du xwt'"'
jour de aoust 1 562.
1 5(32. — (17 aou.-i. 1
Minute- Bibl. nat. fonds français, n 15876, f> 38a.
A MONSIEUR LE COMTE DE TENDE.
Mon cousin, j'ày receu la lettre que m'avez
escripte par ce porteur, par laquelle vous me
faictes responce à une que je vous avoys
1 François de Hangest, frère tic Jean, sieur d'Ivoy.
Dans une lettre écrite par Ferej 1 \I. de (Jonnor, ilu
camp de Meung-sur-Yèvre, le 20 août, nous lisons :
-M' d'Ivoj à mandé à la Royne par le trompette qu'il a
retenu troys jours dedans Bourges qu'il luy voulloyt dire
cinq paroles et qu'il demandoit M' de Damville pour os-
taige, mais on luy a escript qu'il pouvoit venir s'aboucher
sans ostaige: l'en verra ce matin ce qu'il fera.- (Bibl. nat.
fonds français, n° 3a 1 g . f 85.
escripte pour laisser manier el conduire à
voslre lilz ' ce qui despend du laid des armes,
pour parachever ce qu'il avoyl encommencé
pour le service du Roy monsieur mon lilz. el
de beaucoup de choses que vous me mandez
avoyr esté laides par delà à mon 1res grand
regret ; donl j'ay i'ennuy et le regret que
pouvez penser pour n'avoyr en tout cela chose
qui ne me desplaise infiniment; mai-; j'a\
\eu tant de maulx estre advenuz de tous costez
depuis quelques moys en çà que je ii" sçay
que dire, si n'est que Dieu nous veult gran-
dement pugnir. J'ay esté très ayse que, après
la réception de mesdictes lettres, vous
soyez retiré, comme me mandez-, affin qu'il
ne se puisse dire que de vous sera proceddé
aucune chose qui puisse relarder le bien du
service du Roy mondict lilz; ce que je ne
vous dis pour aucun double ne souspeçon
qu'on ayl de vous, mais pour aultant que,
avant jà vostre filz les forses en main el en
ayant besoing pour le service de ce costé là.
l'on a estimé qu'elles luy obéyroienf plus vo-
lontiers qu'à vous; qui est la cause de tout ce
qui vous en a esté mandé3. J'ay aussy leu la
responce que vous en ont faicle ceulx qui
estoyent à Sisteron, que je vouldroys estre
1 Le comte d<3 Sommerive.
- Il s'était retiré à Sisteron, où son fils étail venu l'as-
siéger el avait trois fois donné l'assaut à la place. — \ ov .
sa lettre à Catherine, du 3i juillet i56a. (Bibl. nat. fond
français, n" i587G, I" 34a , et n° i5877, f 3a.)
3 De son côté, voici ce qu'écrivait Sommerive, i<
9 aoûl . a Catherine de Médicis : «Pour aultant qu'ilz dé-
tiennent le comte de Tende mon père, auquel i|„ font
faire les dépêches et provisions telles qu'ilz demandent
en constraignant les pauvres lieux et villages circonvoisins
de Sisteron de leur fournir vivres, de sorte que le pauvre
pays est en trouble.» En terminant, il supplie Leurs Ma-
jestés de contraindre son père à se retirer en son gou-
vernement, el il ajoute : rje n'ay pas sceu ne peu le
retirer de leurs mains, t I Bibl. nat. fonds franc. n° 15876,
7-)
382
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
bien saiges, affin qu'ilz ne troublassent riens
de ce costé-là. Je vous prie encore ung coup
les en prier, et s'iiz le font de vostre part, ne
les \ouloyr favoriser à ce que cela ne leur
donne courage de demeurer assemblez, qui
nous sera en somme une continuation de noz
m.iulx. Et quant à ce que vous demandez pou-
voyr estre nccompaigné de voz amys et servi-
teurs', c'est cbose, mon cousin, qu'il n'y a
personne qui puisse trouver maulvais, estant
ce que vous estes, et mesmement en une telle
occasion; mais je vous prie que ce ne soyt de
ces ;,ens qui ont faict tant de scandalles que
leur nom seullement faict estimer les aultres;
et pour la fin, je vous diray qu'il sera donné
ordre pour le payement de vostre compaignie;
D'estant la faulte d'icelluy procedde'e que de
nostre nécessité, qui [n']en a faict faire autre-
ment en la pluspart de toutes les aultres de
ce rovaume. Priant Dieu, mon cousin, vous
avoyr en sa saincte et digne garde. De Romo-
renlin, ce . . . jour d'aoust i56a.
(Au dos.) La Royne à Monsr le comte de
Tende, du . . -jour d'aoust 1062.
1562. — 17 août.
Copie. Bibl. liât, fonds Dnpny , n° 357, f™ i535 cl suiï.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, j'ay receu les deux
lettres que m'avez escriptes des seize et vingt-
deuxiesme du passé qui me confirment de
plus en plus la bonne vollonlé que l'Empe-
reur mon bon frère a de faire aller avant le
concilie, comme il appartient, et trouve son
advis fort saige et prudent de ne donner au-
cune occasion de le dissouldre; mais au con-
traire faire tout ce qui sera possible pour si
' Dans sa lettre à la Reine il en avait fait la demande. —
Voy. celle lettre. ( Bibl.nat. fonds franc. a° 15876, f°34i.)
bien l'establir et asseurer qu'il ne puisse plus
rompre et qu'il y ayt moien d'y mouvoir avec
le temps beaucoup de choses qui se trouveront
tousjours trop dures et crues du commence-
ment. J'avoys délibéré de faire trouver audict
concilie pour tout le moys de septembre pro-
chain ung bon nombre de noz prélatz con-
duietz par mon cousin Monsieur le cardinal
de Lorraine, et l'on en avoyt fait faire les
dépesches; mais la continuation de nos trou-
bles les a retardez jusques à présent, de sorte
qu'il n'v a moyen qu'ilz puissent arriver avant
la fin du mois d'octobre ensuivant. Je vous
envoyé la liste de tous ceulx qui sont ordon-
nez pour y aller et auxquelz il est faict si
exprès commandement de se rendre à Thurin
sur le commencement dudict mois d'octobre
que je m'asseure qu'ilz n'y feront faulte ny
prolongement. Mon cousin y mène davantage
douze docteurs en théologie des plus sçavans
de ce royaume nommez par la Faculté de
Paris, sans les autres dont lesditez prélatz se
doivent accompaigner; ce que vous pourrez
faire entendre à mondict frère et l'asseurer,
affin qu'il n'ayt suspecte une si grande et not-
lable compaignie, que toute leur charge et
intention est de procéder et se comporter avec
telle doulceur, prudence et modestye et tel
respect et révérence de toutes choses bonnes et
sainctes que l'on doibt attendre et espérer des
plus catholicques prélatz qui soient en la chres-
tienté. Je loue que vous ayez monstre à mon-
dict frère ce que le sieur de l'fsle vous a es-
cript de l'indisposition du Pape1 et du record
1 Voici ce qu'écrivait M. de l'Isle au Roi, à la date du
22 juin: f Avant hier j'eslois de lion matin en la vigne
de Sa Sainclelé où elle s'estoit logée deux ou trois jours
et en partit lors pour aller à S' Marc; par le chemin
chascun s'aperceut à son visage altéré et portement dé-
bile les signes de l'indisposition qui luy est survenue, il
y a trois jours, avec (lux de ventre et ung peu de fiebvre.
Quand je donnay le bonjour à Sa Sainteté, je congneuz
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
38:
qu'il vous faict de penser d'heure aux doux
points contenus on sa lottre que j'estime de
grande importance et sur lesquelz mon die t
cousin s'en ira bien instruic! do l'intention
du Roy monsieur mon filz ; toutesfois, puisque
mondicl bon frère vous on a respondu do la
-rie qu'il se veoit par vostre dicte lettre, je
suis d'advis que vous ne luy en parlez plus,
sinon le cas advenant. Vous ne me mandez
poinct par vostre dernière lettre on quelle part
il a roceu les canons faiclz sur la communion
soubz les deux espèces dont ses ambassadeurs
s'esloient tant promis. Quant à moy, je ne
trouve pas qu'il s'y soit faict chose qui em-
pesche de pourvoir sur ce qui s'en pourra
remoDstrer et requérir cy-après selon le be-
soing et la nécessite que chascun prince en res-
sent en son Estât. J'ay bien considéré ce que
m'escripvez pour vostre congé, qui n'est pas
■-ans grande raison; mais vostre présence par
de là nous est encores sy nécessaire que je ne
le vous puis faire accorder de quelque temps;
toutesfois je me trouve bien empeschée comme
vous ni' vous pourrez trouver aux grandes as-
davantage qu'il avoit courte haleine et la voix empeschée.
Pour cest accident ses gardes estoyent hier à l'entour du-
dict palais S' Marc empeschant le passage des coches et
des chevaux. Aujourdhuy malin je me suis rendu de
honne heure pour mieux congnoistre l'inclination de ce
mal. Ceste indisposition de Sa Sainteté a esté cause que
je n'ay eu moyen ny accez auprès d'elle ces derniers jours
plus avant que de luy présenter une lectre que luy a
escript Monsieur de Lanssac, en laquelle il se remect sur
moy de quelques remontrancee et plainctes qu'il désire
que je face de sa part sur ce que Sa Sainteté me dict ung
jour du moys passé que les ambassadeurs de Vostre Ma-
jesté au concilie semblent estre ambassadeurs des hugue-
notz. » Des deux points dont fait mention Catherine, le
premier était la question de la résidence des évèqucs que
les pères du concile semblaient alors vouloir déclarer de
droit divin; 1" second, c'était leur intention de ne passe
séparer tant que leur entreprise ne serait point parfaite.
Bibl. nat. fonds français , n° 30,55 , P* 102 et suiv.)
semblées qui se vont faire tant pour le cou-
ronnement du roy de Bohesme que pour la
diotlo impérialle, si vostre rang 110 vous est
baillé sans controverse toi qu'il nous appar-
tient; car d'eu faire nouvelle instance pour
n'en avoir autre meilleure raison que cy-de-
vant, il ne se peull honnestement faire; el
d'aultre pari de vous abstenir de touttes les-
dictes assemblées et n'y assister poincl el que
tous les autres ambassadeurs y soient, c'est
une autre indignité. Vous aurez encores pa-
cienco jusques au temps susdict desdictes
assemblées et nous verrons entre cy et là ce
que la disposition des alïaires nous conseil-
lera1.
1562. 1 8 août.
Orig. Signé. Bibl. nat. fonds français, n° 3igo, f* 5.
A MONSIEUR DE MATIGNON.
Monsieur de Matignon, j'ay entendu de la
Mauvissière2 ce qu'il m'a dict de vostre part,
tant sur Testai des affaires du lieu où vous
estes que sur les déportemens de beaucoup de
personnes, qui sont bien esloignez de ce que
je m'estoys promis d'eulx en tout ce qui appar-
tiendrait au bien du service du Roy monsieui
' La lin de la "lettre n'est que la reproduction, mot
pour mot, de celle qui a été adressée le même jour à M. de
Lansac.
Michel de Castelnau, sieur de Mauvissière. né
vers i5ao, à Mauvissière (Touraine), mort à Joinville
eni5ga. 11 remplit avec succès diverses missions en K< 0 1
et en Angleterre où, envoyé pour la seconde lois en l '>-i
il résida dix ans. Après la mort de Henri III il s'atlach
à la fortune de Henri IV. Il a laissé des mémoires publie;
d'abord en 1621 et réimprimés plusieurs fois, entre autres
en 1 (i 5 9 par Le Laboureur, 2 vol. in-f°, et en 1721 pai
Godefroy, 3 vol. in-f". On trouve beaucoup de l Un
lui à la Bibliothèque nationale dans diverses collections,
( I notamment dans le n" 5o du suppléai, français, à la
bibliothèque de l'Institut dans le fonds Godefroy, et enfin
à Londiesau Brilish Muséum.
m
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
mon tilz; el pour ce que ledicl la Mauvissière
vous rendra bon compte des dépesches que je
faictz là-dessus, crime pari à mon cousin le
duc d'Aumalle el de l'aultre à mon cousin le
duc d'Estampes, devers lequel il passera, je
ne \ous en fera y aucun discours par ce mol
lettre; mais, me remectant entièrement à
suffisance, vous prieray que vous le croyez
de ce qu'il vous dira de ma part, comme vous
feriez moy-mesmes, priant Dieu, Monsieur de
Matignon, qu'il vous ayl en sa saincte garde.
J'escriptz à mon cousin Monsieur le grant
Prieur1 qu'il nous vienne trouver incontinaut,
et qu'il vous laisse Cherbourg entre mains,
que vous garderez au Roy monsieur mon lils,
sans le dèclairer à qui que ce soyt.
Escript de \ ierzon , le xvnf jour d'aoust
1 5 6 2 .
Caterine.
BoORDIN.
1562. — 20 août.
Orig. BiM. nat. fonds français, a" 3219, f° 89.
\ MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIEUR MON FILZ ,
ET C0>SE1LLER EX S0> CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnord, par la responce que
nous faisons au mémoire que nous avez en-
-. oyé vous serez satisfaict de l'intention du Roy
monsieur mon lilz et de la mienne sur tout le
contenu, vous priant user de toute dilligence
à l'exe'cution; car nous n'avons de riens plus
affaire que d'argent, comme vous congnoissez
myeulx que personne. Priant Dieu, Monsieur
de Gonnord, vous avoir en sa garde.
Escripl à Meung, le x\' de aoust i562.
Caterine.
De l'Aubespine.
François de Lorraine, grand prieur de France
'■t général des galères, né le 18 avril i53i, mort le
6 mars 1 303.
1562. — (20 août.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n" 15876, f° 38i.
AU SIEUR DON DIEGO.
Sr Don Diego1, estant le Roy monsieur
mon tilz venu en son camp, je n'ay poinct
voulu qu'il y demourast plus longuement sans
vous y faire venir, et pour ceste occasion ay
advise' de vous envoyer le sr de Malicorne2,
gentilhomme ordinaire de sa chambre, pour
vous quérir, auquel j'ay donne' charge vous
dire combien et le Roy monsieur mon fdz et
moy nous resjouissons de vostre venue et de
voz trouppes, tant pour ce qu'elles viennent
du plus asseuré et plus certain de tous noz
amys, que pour ce que je m'asseure quelles
suyvront sa volunte' et se conformeront à tout
ce qui sera pour le bien et la conservation du
Roy mondicl iilz, et de tout ce royaulme,
ainsi que j'ay donné charge audict sr de Mali-
corne vous dire plus amplement de ma pari;
dont je vous prie le croyre, et je prieray Dieu,
sr Don Diego, vous avoyr en sa saincte et
cligne garde. De Meun-sur-Yerre, le. . . jour
de aoust i56a.
(Au dos.) Au sr Don Diego, du . . . . jour
d'aoust i5Ga.
1 Don Diego de Carvajal; il commandait les premiers
mille Espagnols envoyés par Philippe II. Arrivé à Cap-
Breton, à trois lieues de Rayonne, * il se trouva si mal de
la gravelle qu'il ne put aller plus loin.» (Lettre de d'As-
premont, fonds français, n° 15876, f 61.) Il assista à
la bataille de Dreux. — Voy. une lettre de lui, dans le
n° 15876 du fonds français, f° 38i. — Burie dans une
lettre à la Reine, d'Agen, le 29 août, donne quelques
détails sur la marche des Espagnols. (Bibl. nat. fonds
français, n° 10876. f .'192.)
- Jean de Chourses, seigneur de Malicorne, gentil-
homme de la chambre du roi, lieutenant en Poitou. —
Voy. les instructions qui lui avaient été adressées, dans le
n= 1587C du fonds français, f* 396, et une lettre de lui
(même volume, f '19a).
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1562. — s3août.
Archives île [a maison <lv Poligiur : copie transmue p.ir U. <k Uerval.
A MONSIEUR DE SENARPONT
CHBYAL1SB DE i IRDB1 i [101 UONSISUn MON FILZ
Eï BON LIBUTBMOT ni IBRT 1>B PICABDTB.
Monsieur de Sénarpont, je vous envoys le
passeport que m'axez demandé1 qui servira
pour vous et pourceulx que vous aurez à me
renvoyer, vous voullant bien advertir que, de-
puis vostre parlement, le sieur de Morvillier2
qui esloyt dedans Rouen m'a envoyé ung sien
gentilhomme pour m'advertir que, en satisfai-
sant au commandement que je luy avoys faict
l'aire de se retirer de ladicte ville de Rouen, il
en est party, et ayant sceu le traielé qui s'est
faict avec la Royne d'Angleterre pour mettre
les Angloys dedans Dieppe3 et le Havre-de-
Grace, il s'acheminoyl audicl Dieppe pour em-
pescher que lesdicts Angloys n'y soient receuz,
et pour y faire ung bon et notable service au
Roy monsieur mon filz; et considérant combien
cela nous importe et a besoing de prompt re-
mède, je vous prie, Monsieur de Sénarpont,
que. oultre la promesse que vous m'avez faicte
à voire parlement et pour l'entière et parfaicte
asseurance que j'ay en vostre fidélité et en la
singulière affection que vous portez au Roy
mondict sieur et filz et à la conservation du
salut de ce royaume, vous basiez vostre arrivée
1 Nous savons par une dépêche de Tlirockmorlon, en
date du 1" septembre i56a, que M. de Sénarpont et son
lils avaient (juillé Orléans el s'étaient remis sous l'obéis-
sance du Roi. (Calendar of State papers , i5fi-j, f 282.)
- Louis de Lannoy, seigneur de Morvilliers; il avait
rempli l'emploi de gouverneur de Boulogne-sur-Mer.
' \oy. une dépêche de Henry Killegrew à Cecil daléi'
de Dieppe, le 10 août. 11 y était venu trouver le vidame
de Chartres, et donne de curieux détails sur leurs diverses
entrevues et sur la situation intérieure de la ville. (Ca-
lendar 0/ State papers , i5Ga,p. 33s et suiv.)
Catiiuiim; dl Mtoicis. — I.
audicl Dieppe pour, de vostre pari, empeschei
la réceplion desdicls Angloys en ladicte ville et
à l'aide des amys el serviteurs (pie vous avez
là dedans garder qu'il ne si' face une si perni-
cieuse playe en cest Estai. Vous vous ayderez
aussi dudict sieur de Morvillier et des moyens
qu'il y peut avoir de sa part et vous escriprez
daventaige au sieur de Piennes qui m'a pro-
mis de s'y employer jusques au boni qu'il vous
vienne trouver et amène avec luy le plus grant
nombre de ses amys qu'il pourra, affin que
vous estant accompaigné d'eulx, vous puissiez.
par une commune intelligence el correspon-
dance de tous vos moyens joinetz ainsy en-
semble, pourveoir non seullement audicl
Dieppe, mais aussy au Havre-de-Grace el em-
peseber que cculx qui ont une si maulvaise
voluntéque de vouloir mettre lesdicts Angloys
dedans ces deux places ne la puissent mettre à
exécution; etsaichant combien la craincteque
l'on imprime aux habitants desdicts lieux que
l'on les veult troubler en leur religion sert à
les faire condescendre à ung si malheureux
traielé, vous les asseurorez que l'intention du
Roy monsieur mdn filz, que la mienne u'esl
poinct d'y innover aucune chose, ny de per-
mettre que par raison d'icelle ilz soient tra-
vaillez ou molestez en quelque sorte que ce
soyt, aflin que, ce doubte levé et considérans
les bons, gratieux et favorables traislemens
qu'ilz ont tousjours receus de ceste couronne
ilz ne s'oublient tant que de permettre qu'ilz
soient soubstraietz de l'obéissance de leur
prince naturel pour s'asservir à une nation qui
leur est naturellement ennemye et qui n'ou-
bliera cruaulté quelle qu'elle soyl pour, dès le
lendemain qu'elle se verra dedans leurs villes.
les priver el dcebasser de leurs propres villes,
maisons, biens el pays a\ec leurs femmes et
enffans, y adjoustant daventaige toutes les
autres persuasions et renions! rances que, selon
69
386 LETTRES DE CATH
la nécessité de l'affaire, vous recognoislrez estre
nécessaires pour nous préserver d'un si pé-
rilleux inconvénient. Priant Dieu, Monsieur
de Senarpont, qu'il vous ayt en sa saincte
garde.
Eseript au camp de Lazenay1, le xxm' jour
d'aoust 1 562.
Caterine.
BOURDIN.
ERINE DE MEDIGIS.
ce qui sera possible. Pryanl Dieu , Monsieur
de Gonnor, vous avoir en sa garde.
Eseript au camp de Lazenay, près Bourges,
le xxv° jour d'aoust 1 56a.
Gateriive.
De l'Aubespine.
1562. — 23 aoûl.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n" 3219. f" 87.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnor, Monsieur le inares-
chal de Brissac, vostre frère, m'escripl que
Monsieur de Savoye a retenu par delà unze
mille escuz des deniers que le sieur de Raco-
nys2 avoyl à luy du douaire de Madame de Sa-
voye, ma sœur, dont il doyt estre remboursé
par deçà; et pour ce que je désire et entendz
que iedict remboursement s'en face sans au-
cune longueur ne difficulté, je vous prie don-
ner ordre qu'il en ayt telle et si seure assigna-
tion qu'il n'y ayt poinct de faulte à le recouvrer
le plus tost que faire se pourra. Au démou-
lant, vous sçavez les services que a faiclz le
sieur de Sanffray, et ce qui luy est deu, dont
il a bien affaire, et je désire qu'il en soit aussy
satisfaicl, vous priant donner ordre que, sur
quelque office ou aultres deniers que vous
pourrez trouver promptz, il luy soit baillé jus-
ques à deux mille livres, et du surplus, mon-
tons 11'" vc ou m'" livres, luy bailler telle assi-
gnation qu'il s'en puisse ayder à la nécessité
qu'il en a, estant personnaige qui mérite tant,
qu'il est. bien raisonnable le graliflier de tout
' Dès le 19 aoûl, Charles IX et Catherine s'étaient
logés au château de Lazenay, à une demi-lieue de Bourges.
— Voy. Raynal, Hitt. du llen-y, t. IV, p. 57.
- François Abra de Raronis, trésorier des guerres.
1562. — ( Du a5 au 3o aoûl.)
Minute. Bibl. nat. fonils français, n° 16876, f" 638.
A MONSIEUR LE DUC D'ESTAMPES.
Mon cousin, par Berthemont présent por-
teur, j'ay receu vostre lettre du svm" de ce
moys et veu la bonne volunté que vous avez de
satisfaire à ce que je vous ay mandé touchant
Monlgommery \ ayant les provisions qui vous
sont nécessaires; sur quoy je. vous diray que,
au mesme instant, allin de ne riens retarder,
je vous ay faict dépescher le pouvoir que de-
mandez pour entrer en la Basse Normandie,
lequel vous est présentement envoyé, vous
priant oullre Iedict Montgommery, de qui la
prinse me seroit aultant agréable que le pou-
vez penser, estant en la Basse Normandie,
mectre peyne avec l'ayde du sieur de Matignon
de réduyre ce pays là à revenir à l'obéissance
du Boy monsieur mon lilz qui luy a esté ostée;
et quant à sçavoyr à qui vous remectrez les
places entre les mains, je vous prie, si vous en
recouvrez quelqu'une, y mectre quelque gen-
tilhomme, homme de bien el bon catholique
du pays, que vous cognoistrez s'en pouvoyi
bien aquicter; en quoy le sieur de Matignon
vous aydera bien fort, car il les congnoist tous,
et ayant à y demeurer el commander il sera
1 Dans une lettre datée d'Àvranches, le 11 sep-
tembre 1062, le duc d'Étampes annonce à Catherine
qu'il a fait sa jonction avec Matignon el le grand prieur.
(Bibl. unp. de Saint-Pétersbourg, vol. 87, original.) —
Voy. les lettres du duc d'Étampes au roi de Navarn
(Bibl. nat. fonds français, n° i58j6, f 436.)
LETTRES DE CATHE
bien raisonnable qu'il sache qui ils sont. Je
voys envoyé au demeurant la commission que
demandez Louchant les soixante mille livres
pour le suide des cinquante mille hommes1,
dlin de ne laisser riens en arrière qui vous
puisse servir. Je ne veulx aussy oublier de
vous dire qu'ayant entendu ce que vous me
mandez deceulx qui sont avec ledicf Montgom-
tnery qui auraient envye de s'en retirer, je vous
prye leur promectre, et à tous ceuLx qui s'en
vouldroyent départir, sûreté de se retirer en
leurs maisons sans qu'ilz craignent d'y estre
travaillez ne molestez, pourveu qu'ilz ne
lacent scandalle ny chose contraire aux édiclz
et ordonnances, suyvani ce qu'il vous eu a
este' mandé par la dernière déclaration qui
vous en a esté envoyée; qui est tout ce que je
vous diray, mon cousin, si n'est que je suys
devenue femme de guerre, estant maintenant
avec te Roy monsieur mondict tilz devant
Bourges, laquelle a faicl jusques icy bonne
mine, mais j'espère dans peu de jours qu'elle
changera de langaige. Priant Dieu, mon cou-
sin, vous avoir en sa saincte et digne garde.
Du camp de devant Bourges, le jour
d'aoust i 5 G 2 .
(Au dos.) La Rovne à Monsr d'Estampes,
du. . . jour d'aoust i562.
lilNE DE MEDICIS. 387
support qu'il reçoyl de vous1, es chose-, qui
s'offrent pour le service du Roy monsieur mon
lilz . qui en de ure bien fort satisfaicl et
\ semblablement; el encores qu'il ne vous
faille poinl semondre plus avant en telles
choses que je sçay que vous vous \ portez de
lionne affection, si vous prierai-je d'y voulloir
continuer, Taisant toutesfoys des voyaiges de
fois à autre en vostre place, selon que vous
conguoislrez et pigerez estre à l'aire pour veoir
comme tout s'i portera, et gauler que, parmy
tant de troubles, il ne se lace chose qui fust
au désavantaige du service du Roy mondict
sieur el lilz. Priant Dieu, Monsieur de Hu-
mières, qu'il vous ait en sa saincte garde.
Escript au camp de Lazenay, près Bourges, le
xxx" jour d'aoust i 569.
Caterine.
BoiRDlN.
1562. — 3o août.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3178, f° ao.
A MONSIEUR DHEMIÈRES,
CflAUSSUMl DU POY HOITS1BDB MO* F1LZ ET GOl VERHEUE DE PEROSSE.
Monsieur de Humières, mon cousin le car-
dinal de Bourbon m'a faict entendre la bonne
compaignye que vous luy l'aides et l'advis el
1 La minute porte bien cinquante mille hommes: mais
il doit y avoir erreur; c'est cinq mille hommes et non
cinquante qu'il laut lire.
1562. — 1" septembre.
Orig. BiLI. nat. Cinq cents Colbert, n° ai, f° 7G.
A MONSIEUR DE GOMOR.
Je vous renvoyé vostre secrétaire, présent
porteur, avec la responce aux articles par lux
apportés, par où vous sçaurés l'intention du
llo\ monsieur mon fils et la mienne sur le con-
tenu, n'ayant aultre chose à vous dire, sinon
vous prier faire toute diligence pour amasser
et recouvrer deniers le plus que vous pourrez,
comme de la chose dont nous avons le plus
affaire. Le demouranl, je le remets à luy qui
vous dira comme, à la lin. ceste ville a esté
remise en l'obéissance du Roy mondict lils.
1 Le cardinal iJe Bourbon venait d'être nommé lieute-
nant général du gouvernement de Picardie- — Voy. une
lettre de Charles IS à M. d'Humières (Bibl. nat. fonds
français, 11° 3178, P 19), et une lettre du cardinal de
Bourbon à M. d'Humières (fonds français n'3i87,
f aa).
Ag.
388
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
par composition. Priant Dieu, Monsieur de
Gonnor, vous donner ce que plus désirez.
Du camp de Lazenay, le premier jour de
septembre mil cinq cens soixante deux.
Caterine.
De l'Aubespine.
Il a esté trouvé bon, suivant voslre advis,
de faire faire le plus tost qu'il sera possible
jusques à vingt mille boullets et trois cents
milliers de pouldres.
1562. — (2 septembre) '.
Minute. Bibt. imp.de Saint-Pélerst»ourg.
A MONSIEUR DE ST SULPICE.
Monsieur de Saint -Sulpice, ce m'a esté
beaucoup de plaisir d'avoir si particulièrement
de toutes nouvelles du costé d'Espaigne par ce
que le sieur de la Molhe2 présent porteur m'a
dicl bien amplement, de mesme en ce qui
concerne la bonne et francbe volonté dont le
Roy, mon beau-filz, procedde en ce qui toucbe
le bien et conservation de ce rovaume; qui
m'est un grand lesmoignage et au Roy mon-
sieur mon filz, de la parfaite amitié qu'il nous
porte, laquelle ne se peult mieulx manifester
que par l'aide, secours et assistance qu'il faict
eu nos malheurs; dont nous lui sentons tant
d'obligation que, s'il se présente jamais chose
en quoy il ait besoin de nous et en tout ce qui
sera en nostre puissance, il s'en pourra asseurer
et en faire estât comme du sien propre, vous
advisant que les trois mille Italiens sont jà
entiez dans ce royaume et joints avec le sieur
df Tavannes, avec l'ayde desquelz, j'espère,
1 La minute d'une lettre de Charles IX, datée de sep-
tembre 1 56a, se reporte à celle-ci. — Voy. Bibl. nat. fonds
franc. n° 10877, f° >8-
\ «y. les instructions données à Lamollie pour sa mis-
sion en Espagne. (Bibl. nat. fonds français, n° 15876.
f" 465 et Buiv. )
comme jà il a très bien commencé, qu'il
pourra avoir moyen de repousser les Suisses1
qui esloient descendus, ayant jà regagné sur
eux la place de Màcon2 qu'ilz avoient, et les
ayant contraints de se retirer en arrière; et
quant aux Espagnolz qui sont, il y a quelques
jours, arrivés en Guyenne et joints aux sieurs
de Rurie et de Monluc, nous les avons mandés
pour venir en ceste armée3, d'aultant qu'estant
une si belle et bonne troupe de gens signalez
comme ilz sont, venant de la part du meilleur
et plus affectionné de tous nos amis, il n'y a
forces que le Roy monsieur mon filz put avoir
avec luy en ce qu'il eut tant de fiance que
celle là qui estasseuréeetdebontéet de Gdélité.
Du costé des Pays-Bas, j'ay nouvelle comme
les cinquante mil escuz estoient arrivez à Pé-
ronne, de façon que dès ceste heure j'estime
qu'ilz seront reçus, sur laquelle somme nous
adviserons de soudoyer quelque nombre d'hom-
mes qui nous seront nécessaires pour pouvoir
abréger et terminer ceste guerre. Vous advi-
sant, Monsieur de S1 Sulpice, qu'ayant en-
tendu que ceulx d'Orléans avoient envoie dans
Bourges douze enseignes et quelques travail-
leurs pour la fortifier, qui leur éloit une place
si utile pour le secours qui leur pourrait venir
1 Voy. pour l'entrée des Suisses protestants en Fraix . .
les Litres de l'ambassadeur Coignel ( Bibl. nat. fonds
franc. n° 16876, f" 198 et i4i), et une lettre de Ta-
vannes à Charles IX (même volume, f 280). Le gou-
vernement de Berne, ne voulant pas se brouiller ave
Charles IX, envoya en poste, à Lyon, un membre du
conseil pour les inviter à se retirer; ce qu'ils ne tardèrent
pas à faire. (Réponse faite par Messeigneurs du petit et
du grand Conseil de Berne aux ambassadeurs du Roy
très-chrétien, sur leur proposition du 5 septembre 1062. •
(Archives fédérâtes , à Berne). — Voy. Pingaud , (esSnulj:-
Tavaniies, p. /il.
2 La prise de Màcon eut lieu le i3 août.
3 Voy. Comment, de il/onruc,édit. de Ruble. Cène lu-
rent ni Monluc ni Bnrie qui amenèrent les Espagnols ,
mais Sansar.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
389
de Lyon, ou pour une retraite. le liov mon-
sieur mon fdz fut conseille' de la venir assaillir,
où estant venu, elle fut trouvée meilleure qu'on
n'avoil estimé, pour en eslre l'assiette bien fort
advantageuse, et l'abord si difficile et malaisé,
qu'il n'est possible davantage, de façon qu'elle
nous a tenus un peu plus longtemps que nous
n'avions pensé: mais ayant mon frère le roy
de Navarre avec tous ces seigneurs mis peine
de surmonter toutes les difficultez, et quelque
chose qu'ilz fissent pour les empescher si bien
advancer qu'il avoitlogé ses gens dans le fossé
et esloit fort près d'eulx, ceulx de dedans re-
connurent leur erreur et me supplièrent elle
Roy monsieur mon fdz de leur pardonner, ce
que j'aimois niieulx que de les avoir de force,
comme l'on eust fait, d'aultant que cela ne se
pouvoit faire sans la perle de beaucoup de
braves gens et le sac et pillage de ceste belle
ville, qui est une des meilleures de ce royaume
et dans laquelle la plus saine et grande partie
des habitans estoil calholicque; ce qui nous
•mous à avoir pitié d'eulx et par l'advis de
tous les bons serviteurs du Roy mon fdz, et
aussi pour parvenir plus tôt au but et chemyn
que le Roy mon beau-filz m'a plusieurs fois
conseillé que suivons, avons sauvé ceste belle
ville qui alloil tomber en une grande désola-
lion, et en icelle restabli la religion calho-
licque, ayant esté le lendemain le Roy mon
fdz et moy, accompagnez du roy de Navarre
el de tous lesdietz seigneurs, assister à la
messe en la grande église et faict dire la messe
dans toutes les aulres églises de ladicte ville.
Je vous envoyé le double de l'accord fait avec
ceulx qui estoient dedans1, affin que vous
' Voy. une lettre adressée par Charles IX , le 3i aoijt
t562, -aux capitaines, soldats et gens qui étoient dedans
Bourges^ (Arch. nal. collect. Simancas, K. iig8, pièce
n°3o);Baynal, Ilist. du Berry, t. IV, p. 61. — Il y a, dans
le n° 3a 16 du fonds fiançais, plusieurs lettres de Ferey
puissiez donner advis au Roy mon beau-filz.
à qui je communiquerai toute ma vie noz
bonnes el mauvaises fortunes, et aflin que nous
lui puissiez rendre compte de Testai de noz
affaires, aussi qu'après avoir recouvré ceste
belle ville, il a esté advisé par le conseil de
mon frère le roy de Navarre et de tous ces
seigneurs de acheminer l'armée du costé d'Or-
léans, afin de veoir, ce que le temps nous
apprendra, si les Angloys descendent dan- la
Normandie, comme il en est grand bruit el \
en a de grandes apparences, et y marcher
droict pour les en dénicher avant qu'ilz ayenl
loisir d'y prendre ung pied, sinon que l'on
vist que ce fut plus mine qu'effet, assiéger
Orléans et travailler en réduisant ceste ville a
inectre tout le royaulme à paix, de façon que
tout cela soit remis. Sur les nouvelles que
nous avons de ce costé là, ayant aussi donné
si bon ordre du costé de Champaigne que. m
les Allemans ne viennent bien forts, il leur sera
malaisé de passer. Au demeurant j'ay veu la
lettre pour l'assignation du douaire de la Ro\ ne
ma fille que vous m'avez envoyée, laquelle
je feray veoir au conseil, mais que .Monsieur
de Limoges soit icy, d'aultant qu'il nous en
pourra rendre meilleur compte que homme du
monde; et, cela faict, nous vous la renverrons
par la première occasion et vous advertiraj de
nostre intention. J'ay aussi mandé à Monsieui
d'Escars ' de se conjouir avec ce prince - de sa
convalescence, qui ne fauldra de faire cet office :
et quant à ce qui \ous touche, j'ay commandé
au trésorier de l'Espargne de vous faire du
et du trésorier Moreau à M. de Gonnor où il est ques-
tion du siège et de la prise de Bourges.
1 II venait d'être envoyé en Espagne par le roi de Va
varre. — Voy. une lettre de Charles IX à Saint-Sulpice pour
le lui recommander. (Bibl. liât, fonds franc, n' 1,6877,
'9-)
2 Don Carlos. — Voy. Gachard, Don Onks pi PhiHppi II
t. I, p.-
390
LETTRES DE CATH
mieulx qu'il pourra; mais vous seavez aussi
la nécessité où nous avez laissé qui n'est pas
a mandée, ainsi que ce porteur vous dira, le-
quel je vous prieray au demourant croire de
ce qu'il vous dira de ma part comme moi-
mesmes et surtout vous n'oublierez, suivant ce
qui par devant vous a esté escript et mandé,
de faire toute insistance envers ledict Roy
mon beau-fils, que si la royne d'Angleterre
vient à se déclarer bientost contre nous,
comme cela en fait la mine, il face de son
costé la mesme déclaration contre elle et en
nostre faveur1, ainsi que, plusieurs fois, il
nous eu a faict promesse par son ambassa-
deur; qui est la chose où plus vous aurez à
faire à ceste heure et y veillerez sans cesse,
nous ad \ei tissant de ce que nous en devrons
écrire, et sur ce je prieray Dieu, Monsieur de
S' Sulpice, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Bourges, le . . . jour de septembre i56s.
1562. — (2 septembre.)
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 30783, f" îaa v\
A MONSIEUR DE SOUBISE.
Monsieur de Soubise2. voyant par les lettres
1 Philippe II, loin de faire celle déclaration, tout en
envoyant des Espagnols au secours de Charles IX, avait
eu bien soin d'écrire à la duchesse de Parme que c'était
pour cause de rébellion de ses sujets qu'il venait en aide
au Roi son frère, mais non pour cause de religion, ne
voulant pas se brouiller avec les Allemands, et il invitait
la duchesse à faire connaîlre ses intentions. (Arch. nat.
collect. Simancas, K. là 96, pièce n° 86.)
: Jean Larehevêque, s' de Soubise, né en i5ia; il
lit ses premières armes dans le Piémont. En 1 556 il lut
nommé lieutenant général commandant l'armée de Tos-
cane; remplacé par Monluc, il devint au retour gentil-
homme de la chambre du Roi et fut créé chevalier de
l'ordre, le 7 décembre 1 55 1 . Un des premiers il se dé-
clara pour le prince de Condé, qui l'envoya commander
a Lyon à la place de des Adrets. Accusé du meurlre du duc
ER1NE DE MÉDICIS.
que vous avez escriptes tant à Monsieur le
prince de la Roche-sur-Yon qu'à mademoi-
selle du Goguyer que continuez en la mesme
bonne volonté que d'aultres fois je vous ay
veu de faire service au Roy mon filz et qu'avez
si bien et si saigement faict de n'avoir receu
les Suisses \ cela a esté cause que je vous ay
bien voulu escripre la présente pour vous dire
que, si avez si bonne voullonlé que me man-
dez, qu'il est en vous de faire ung bon service
au Roy mon filz et le me montrer par effect
en remectant Lyon du tout en son obéyssance,
et si avez envye de le faire et que m'en adver-
tissiez, vous pouvez asseurer que celuy que
de Guise, il se retira de la cour et mourut le 1" septem-
bre ij66. — Voy. France protestante, art. Larehevêque.
1 Voici ce que nous lisons dans un « Discours des choses
advenues à Lyon pendant que M. de Soubise y a com-
mandé- (Bibl. nat. fonds français, n° 20783, P ia3 v°) :
*Le sr de Tavannes s'estant approché à deux lieues
près de Villefranche, les Suisses (ils étaient à Anse) en
furent adverliz,qui fut assez lard , s'en vindrent coucher
deux lieues plus arrière, tirant vers Lyon, et le soir
mesme advertirent M. de Soubise qu'ilz seroient le len-
demain matin à Lyon , lequel incontinent feit faire leur
logis, assavoyr partye d'ung des cousiez de la Saosne et
partve de l'aultre. Deux jours après il leur fist faire monstre
et le lendemain les licencia, qui donna ung grand effroy
à plusieurs Lyonnois elmesmementaulx plus riches, pen-
sans estre tous morts ayans perdu leurs Suisses, lesquelz
ilz avoient faict venir pour garder leur ville, de sorte que
la plus part d'eulx sortirent avec lesdiclz Suisses, les tmgs
soubz coulleur d'accompagner les marchandises qu'on
envoyoit à Genève pour faire argent, les aultres d'aller
à leurs granges, et les aultres sortans à pied, feignans
s'aller promener pour veoir passer les Suisses; à quoy le-
dict sieur de Soubise, selon qu'il donna à entendre, n'eut
pas grand regret, disant publiquement que tous ceulx
qui avoient peur luy feroient grand plaisir de faire la
semblable ; estans lesditz Bernois licenciez et sur leur
parlement, les cappitaines des Vallèsiens et de Nenfchas-
tel se vindrent offrir audict s' de Soubize de faire six
enseignes de leurs gens et d'aulcuns Bernois qui estoienl
contens de demeurer avec eulx, ce que le s' de Soubize
accepta. -
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICJLS.
391
vous m'envoyerez n'aura uv mal nj desplaisir,
et que je recognoistray de telle façon le ser-
vice que vous ferez, qu'aurez occasion d'estre
contant plus que n'eussiez jamais; et si vous
m'eussiez voullu croire, quand vous partistes
de Fontainebieu , de dire ce que je vous avois
dicl à Monsieur l'admirai de renvoyer ses gens
el ne bouger de chez luy, nous ne fussions pas
en la peyne où nous sommes, et ce pauvre
royaulme fui en repoz; mais il n'a pas pieu à
Dieu et, s'il luy plaist et à vous de faire ce que
je vous mande, vous serez trop heureux et ce
pauvre royaulme et nous tous vous en serions
bien tenuz et vous ferons cognoislre par effect
comment nous estimons le service qu'aurez
faict en cela. Je prie Dieu qu'il vous doint la
volonté de le faire.
Caterine.
1562. — •> septembre.
Copie. Bibl. nat. Coilect. D. Houssrau, t. X , p. à35<j.
\ MONSIEUR DU LUDDE,
CENTILBOMME ORDINAIRE DE LA CBlMBBE DU BOY MONSIEUR MON FILS
FT -^ON LIEUTENANT AU GOCVEBNEMENT DE POICTOO ,
FN L'ABSENCE DO BOT DE NAÏABBE.
Monsieur du Ludde1, j'ay receu les lettres
que vous m'avés escriptes et par le lieutenant
général du siège présidial , et depuys du x\i\c
du passé. Et quant audict lieutenant je l'ay
faict satisfaire sur tout ce qu'il demandoyt, de
façon que, retournant par delà, il vous en ren-
dra bon compte. El quant à ce que me mandez
de ce qu'il y a plusieurs gentilshommes qui
désirent retourner en leurs maisons, s'ils
avoient seureté, vous ne sçauriez faire plus de
service au Roy monsieur mon fils que de le
1 Guy de Daillon, sieur du Ludo, fils de Jean , comte
du Lutle, lieutenant général en Guyenne; il se signala
dans les guerres de religion et mourut à Briançon. le
i ! juillet i 5
leur permettre de sa pari, pareille à celle qui
fut baillée aux -ieurs de Pieues1, du Vigeu-
el inliniz autres depuys, dont je vous envoyé
un double pour leur monstrer, les pouvant
asseurer que, s'estant relirez de cesle façon et
ayans seureté de nous, il ne leur sera faict
aucun desplaysir, non plus que aux autres, et
ne le permettrons jamays. Et pour ce il sera
besoing m'en envoyer les noms, afiin de leur
faire dépescherdes brevets qu'ilz garderont . el
n'y aura faulle qu'ilz ne vous soyenl envoyés
Quant à l'argent que vous avés, vous ne sçau-
riez mieulx faire que de l'envoyer avec lionne
seurelé el d'adverlir le sr de Clervaulx3 qui esl
à Tours, afin qu'il envoyé au devant pour
recullir et faire conduyre , et me donner advis
du temps qu'il partira pour leur mander le
lieu où ilz le feront tenir.
Au demourant, je vous advise que nous
avons reprins Bourges par composition, ayanl
esté donné seureté de leurs vies el de leurs
biens à ceulx qui estoyent dedans; ce que j'ai
faicl pour saulver celle belle \ille du sac et du
pillage dont elle esloyt fort près, si l'an y feus!
entré de force, comme l'on eust faicl s'ils ue
se l'eussent renduz, ayant aymé trop mieulx
l'avoir de ceste façon et la conserver en son
entier que aultremenl; qui est tout ce que je
vous diray. Priant Dieu, Monsieur le conte,
\ous avoir en sa sainte et digne garde.
De Bourges, ce n° jour de septembre nul
cinq cent soixante deux.
Caterine.
robertet.
1 Claude de Halltiin, s' de Piennes; il avait abandonm
le parti du prince de Coudé. — Voy. une dépêche du
io août dans le Calendar of State papers, i 56-.î , p.
5 François du Fou, sr du Vigean. — Vo\. Mén
de Caxt ■Inau, édit. de Le Laboureur, t. II, p. 3.
Paul Chabot, s' de Clervaulx. — Voy. Bibl. nat.
fonds Français (quittances), \ol. i5y. pièce i8?.3.
392
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
1 562. — 2 septembre.
Orig. Ardi. du Rhône.
A MONSIEUR DE MAUGIRON,
GENTILHOMME OBDINAIBB DE LA CHAMBRE DU BOT MONSIEUB MON HLZ ,
ET SOS LIEUTENANT GENEBAL ES DAULPHINE ,
EN L'ABSENCE DE MON COUSIN LE DEC DE CUISE.
Monsieur de Maugiron, vous entendrez par
la lettre que le Roy monsieur mon filz vous
escript présentement, comme il désire que
vous vous en allez promplement en Piedmont,
avec le sieur d'Alluye, présent porteur, affin
de prendre du sieur de Bourdillon et amener
par deçà jusques à Chaalon, où est le sieur de
Tavanes, les dix enseignes de gens de pied
françoys, les troys compaignies de gendar-
merie et les deux cornettes de chevaulx légers,
que ledict sieur Roy mon filz faict venir du-
dict Piedmont. Et pour ce qu'il est en cela
question d'user de toute dilligence, je vous
prieray bien fort de l'avoir en recommanda-
tion , selon le grand besoing que vous pouvez
congnoistre que nous en avons, ainsi que vous
dira ledict sieur d'AHuye, dont vous le croyrez
comme moy-mesmes. Et je supplieray le Créa-
teur vous donner, Monsieur de Maugiron, ce
que desirez.
Escript à Bourges, le n° jour de septembre
î 562.
Catehine.
1562. — h septembre.
( Imprimé daus les Instructions et lettres des Rois très-cbresliens et
de leurs ambassadeurs, et autres actes concernant le concile de
Trente, p. 380.)
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, pour venir à la res-
ponse que j'ay à vous faire sur vostre dernière
lettre, je vous diray que j'ay considéré l'ample
discours que vous me l'aides des propos que
vous avez tenus à l'Empereur monsieur mou
bon frère sur le faict du concile, et pour ré-
chauffer et faire poursuivre vivement par ses
ambassadeurs le faict de la réformation, lais-
sant pour la fin ce qui concerne la doctrine,
qui est suivre ce que, par l'advis de tous ces
seigneurs, je vous en avois escrit, et ce que
du commencement a esté jugé le plus néces-
saire pour rendre fructueux ledict concile 1.
Toutefois, cognoissant le danger qu'il y aurait
que cela trop vivement poursuivy donnast
occasion au Pape de chercher à dissoudre le-
dict concile, je vous ay mandé par ma der-
nière que je me conformerais à l'advis de mon
bon frère, qui est de s'accommoder à tout ce
qui sera possible, pour si bien asseurer et
établir ledict concile, qu'il serait hors de la
puissance du Pape de le rompre, quand bon
luy semblera, et lors les choses qui pour le
commencement ont semblé trop crues et dures
1 Voici ce qu'écrivait du Ferrier à l'évèque de Rennes ,
à la date du 1" septembre : r Quelque asseurance que
vous donne le nonce de remettre les articles de la messe
que M. de Lansac nous a envoies, on a entendu suriceulx
plus de soixante théologiens et cent quatre vingt évèques
et plus de cent ont dit leur opinion ; de sorte qu'ilz seront
canonisés " à la première session, et quelques difficultés que
les protestants facent en ceste doctrine, il n'y en a pas un
de tous les susnommés qui ait esté de contraire opinion.
L'on commença vendredi dernier traicter de la requesle
laicte par les ambassadeurs de l'Empereur pour obtenir
la communion sous les deux espèces. Quelques raisons
que ladicle requeste contienne, elle ne sera pas enté-
rinée, et le meilleur qui pourra advenir, c'est de la ren-
voier au Pape, encore que tous soient d'advis que dans la
primitive église on communia sous les deux espèces, et
qu'il n'en est d'autre prohibition que celle portée au con-
cile de Constance. La crainte d'osier le célibat après avoir
obtenu ceste communion empesebe qu'ilz ne peuvent
gouster la conséquence et l'importance de cette requeste.
L'on tâche de mettre fin au concile. 1 (Drilish Muséum,
collect. Egerton, MàceU. lett. I. VIII.)
■ Canonises, approuvés.
LETTRES DE CATHE
se pourront meurir avec le loups: au moyen
de <jti' \ je désire que vous délaissez cette pour-
suite de réformation, car aussi bien n'y pou-
vez-vous rien advancer ny promouvoir au lieu
où vous estes, et si suis bien d'advis avec cela,
puisque vous voyez que mondict bon frère remet
beaucoup de sa première sévérité en cet affaire
du concile, que vous ne lui en parliez plus que
.simplement et généralement, si luy-mesme
ne vous met en propos de quelque particula-
rité. Cependant mon cousin le cardinal de
Lorraine arrivera à Trente, qui sera pour tout
le mois d'octobre prochain, ainsi que je vous
ai escrit par madicte dernière dépesche, et avec
si bon nombre de prélats françois et de doc-
teurs en théologie, que j'espère qu'avec la
grâce de Dieu et à l'aide de tant de grands et
savants personnages qui sont audict concile
amateurs d'une bonne et saincte réformatiou,
il pourra faire amender et rabiller ce qui en
aura besoin, et vous advertira , selon les occa-
sions, à poursuivre et solliciter mondict bon
frère de quelque chose de particulier. J'ai esté
bien aise d'entendre qu'il a faicl démonstration
de désirer l'arrivée de mondict cousin audict
concile, et de ce qu'il le prie de se haster : cela
me faict croire de plus en plus qu'il a envie que
les ambassadeurs et prélats soient comfortés
en beaucoup de bonnes choses sur lesquelles
ils s'estoient bien .déclarez ouvertement du
commencement; mais depuis, pour ne mes-
contenterle Pape et peut-eslre pour cognoistre
qu'il n'y avoit rien d'assez préparé pour en
tirer le fruict qu'ils désirent, ils ont jugé, et
non sans grande occasion, y devoir aller plus
froidement et réservement. L'arrivée de mon-
dict cousin elle progrez que prendra ledict con-
cile, après qu'il sera là. fera lever le masque,
et nous découvrira ce que chacun \ portera de
bonne et saincte intention.
Ma lettre estant jà signée, j'ai reccu la vostre
Catiiem>e de Médicis. — 1.
RINE DE MEDICIS. 393
du \iu' du passé, par laquelle j'ay esté bien
aise d'entendre ce que mondict bon frère vous
a dicl de l'assemblée des princes protestans,
dont ceuxd'Orléans les requéraient; et suis bien
d'advis que, sans autrement presser mondict
bon frère d'en écrire, vous vous accommoderez
à ce qu'il advisera y devoir faire pour le mieux.
J'ai aussi pris grand plaisir à voir la despesche
qu'il a faicte à ses ambassadeurs an concile
pour remonstrer aux légats et pères, qui sont
assemblez à Trente. Et quant à vostre parti-
culier, je suis après à y faire pourvoir, consi-
dérant le lieu où vous estes, la dépense qu'il
vous fault continuer et le peu de moyen que
vous avez d'y satisfaire sans l'aide de la libéra-
lité du Roy monsieur mon filz, laquelle ne
peut estre telle et si présente que je désirerais ,
dont je suis marrie infiniment.
1562. — k septembre.
Minute. Bibl. nat. fonds français , n" i5&io, f° 73.
\ MONSIEUR DE L AIN SAC.
Monsieur de Lanssac, j'ay quasi en ung
mesme temps receu voz deu\ dépesches des
premier et xim"du mois d'aoust dernier passé,
avec le dupplicata d'icelle du xxime du précé-
dent l dont l'original n'est poinct venu en mes
mains; et fault qu'il se soit perdu comme beau-
coup d'autres pacquelz par les chemins. Or
pour vous respondre en peu de parolles sur
1 Voy. celle lettre de Lansac dans les Instruction* el
urtes concernant le concile de Trmte, p. 263. — Voici le ré-
sumé d'une autre lettre écrite par lui à l'évêquede Hennés
à la date du 3 1 aoùl : - L'évêque de Cinq-Eglises, a a
de l'Empereur, veut poursuivre avec nous la réformation
des mœurs. Nous déliter ins avec lui pour une action com-
mune, mais ce poinl ne sera pas accordé. 11 serait prêt
ral)le de voler par nation , el non par la pluralité des voix .
mais il attendra pour en faire la proposition.- {Brititl
Muséum, collect. Ege ton, \liscell. kit. vol. VIII.)
5o
39/i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
le contenu èsdictes trois dépesches, je vous
dirav en premier lieu : que par celle que vous
porte Baudon vous verrez comme il est impos-
sible que mon cousin Monsieur le cardinal de
Lorraine ny les prélatz qu'il mène quant et
luy au concile y puissent arriver assez à temps
pour la prochaine cession , estans les occasions
de leur retardement telles et si précises qu'elles
ne demandent poinct d'autre excuse que l'im-
possibilité que y a apporté la continuation des
troubles de ce royaulme, ainsi que chascun
le congnoist; mais il n'y aura poinct de faulte
que vous ne l'ayez avec la bonne et grande
compaignye de prélatz portée en la liste que
je vous en ay dernièrement envoyée pour tout
le moys d'octobre prochain. Cependant il esl
bien force que n'aiant poinct de part en la plus
part de ce qui s'ordonne et décrecte par les
légatz et pères, vous laissez passer doulcement
beaucoup de choses ausquelles mondict cousin,
mais qu'il soit par delà, essayera de pourvoir
el remédier selon le besoiug. Je trouveroys
estrange de veoir que chascun se soit ainsi
refroidy es choses bonnes et sainctes qui ont
esté proposées et qui sont demeurées sans dé-
cision, si je ne considéroys qu'ilz le peuvent
taire pour deux ou trois occasions : la pre-
mière qu'ilz craignent de mescontanter de pre-
mière abordée le Pape et que cela luy donnast
occasion de rompre le concile, ce qu'il fault
fuvr et éviter aultant que Ion peull; l'autre
qu'ilz ne se voient poinct assez fortifiiez de
vouz pour les choses sainctes et raisonnables
qu'ilz enlendoient poursuivre, lesquelles diffé-
rées se pourront meurir et faciliter par leur
pascience et dextérité avec le temps. Toute-
fois l'arrivée de mondict cousin, et le progrès
que prendra ledict concile après qu'il y sera
joinrt, en esclercira la vérité; car lors estant
la compagnye renforcée de sa présence et de
celle de nosdictz prélatz, il fauldra que chascun
lève le masque et descouvre ce qu'il y portera
de bonne intention.
Au demeurant, le sieur de Pibrac1, estant
tombé malade par lechemyn, n'a peu porter
le travail2 de la poste pour nous venir trouver:
mais nous a depesché ung gentilhomme avec-
une bien ample lectre qu'il m'a escripte de
tout ce qu'il avoit à nous dire et remonstrer
de vostre part; qui est en substance que, si
l'on veult tirer fruict du concile, il fault que
mondict cousin se rende le plus tost qu'il
pourra, et pour ce que je vous ay jà bien am-
plement satisfaict quant à ce poinct et que je
ne voy pas qu'il y ait particularité qui requière
aultreresponse, je me contanteray de vous dire
que le sieur de l'Isle, nostredict ambassadeur
à Rome, ne faict pas l'alarme de l'assemblée
des forces que font le Pape et le duc de Flo-
rence si chaulde qu'elle est au lieu où vous
estes, et semble, à ce qu'il en escript, que ce
soit plus tost pour la conservation de l'Estat de
Sa Sainctelé et de l'obéissance de ses subjectz ,
qui se mescoulantent et mutinent pour l'exac-
tion de ses nouveaulx subsides, que pour
offension 3. Le temps nous descouvrira bientosl
ce qui en est, mais je seroys bien marrye que
l'on se voullust ayder de ce prétexte pour la
dissolution dudict concile, qui est l'une des
choses que je craindroys autant.
Vous verrez, Monsieur de Lanssac, par ma
dernière lettre comme nous nous estions ache-
minez pour nous joindre à nostredicte armée,
et nous en venir au siège de ceste ville qui
' Guy du Faurde Pibrac, né en 1029, mort en i584.
un de nos ambassadeurs au concile de Trente. Sa vie,
par Guillaume Colletet, a élé publiée par M. Tatmzey d>-
Larroque. — Voy. une lettre de lui à Catherine de Médicis
dans les Instructions et lettres concernant le concile de
Trente, p. 2 70.
- Travail, fa ligue.
3 Offension , offensive.
LETTRES DE CATHERlPsE DE MÉDICI'S. 395
s'esl trouvée j » 1 u - forte el qui s'est l'aicl com-
batte beaucoup plus obstinément que l'on ne
pensoil qu'elle deusl faire. Il a fallu gangner
toutes choses pié à pie avant que l'on ayt ja-
mais sceu faire condescendre le s' d'Ivoy qui
s'estoil mis dedans à s'en départir et à la re-
naectre es mains du Roy monsieur mon (ilz.
Toutefois, voianl à la lin son fossé gangue et
noz gens logez dedans, il a accepté les condi-
tions que je vous envoie, que le Roy moiidict
sieur et lilz lu v a accordées à ma requeste,
telles (jue vous verrez, ayant estimé que es
premiers ans où il est encore constitué, il
seroyl plus séant et recommandante de les
\eoir plaines de grâce et de miséricorde que
de rigueur et de sévérité. Le sr de Tavanes
a surpris en Rourgongne la ville de Mascon
dont les rebelles s'estoient impatronez dès le
commencement de noz troubles, et repris
Tornu qu'ilz avoient pris depuis l'arrivée des
Suisses du canton de Renie, les ayant telle-
ment dénichez de tout ce qu'ilz avoient audict
pays de Rourgongne qu'il est anjourdhuy entiè-
rement remis en l'obéissance du Roy mondict
sieur et fîlz, et en repos et tranquilité, comme,
d'autre part, les s" de Ruryc et de Moulue ont
faict en la Guyenne, et le sr de Joyeuse au
Languedoc qui s'en vont réduietz sembiable-
men!. J'ay taict dépescher mon cousin le duc
de Nemours ' qui s'en va joindre toutes les forces
dudict pais de Rourgongne avec celles de Dau-
phiné et Provence , et le secours d'Italiens
que nous a envoyé ie Roy catholicque mon-
sieur mon beau-lilz, et avec ung bon nombre
• le cavalerie qu'il mène quant et luv, fera une
si gaillarde armée qu'il pourra facillemeut et
1 11 venail d'être misa I.. tête de l'armée que, com-
mandait Tavannes qui lui avait été adjoint en qualité de
lieutenant, niais <|ui , mécontent de cette apparente ili--
grâce, se retira. — Voy. Pingaud, Les Saule -Tavannes,
p. h i .
en peu de temps réduire tout ce que lesdiclz
rebelles occupent esditz paiz, et tellement
brider Lyon qui esl assiz en pays inlériille,
comme vous sçavez, que sans se mettre en
peyné d'y faire ung grant effort ny ruyner
une ville si grande et si riche, ceulx de dedans
soienl contrainetz par faulte de vivres de re-
congnoistre leur faillie et de venir aux pieds
du Roy mondicl sieur et lilz pour luy de-
mander mercy. Et par ainsi, ne restant plus
que Orléans et ce qui s'est rebellé en Nor-
mandye pour le plus diflicile, nous nous ré-
souldrons dedans peu de jours auquel cesle
armée aura à s'atacber le premier, avant pour-
veu du coslé de la Champaigne d'une autre si
bonne force que nous espérons bien empes-
cher que ce qui leur pourra venir de gens du
coslé d'Allemaigne ne nous fera grant dom-
mage et ne mectera pas le pié bien avant
dedans noz pays; qui esl en peu de parolles
Pestât auquel par la grâce de Dieu noz affaires
se retrouvent pour le présent, dont j'ay bien
voulu. Monsieur de Lanssac, vous faire si brie!
cl sommaire discours. Et sur ce, je voiz prie;
Dieu qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Rourges, le 1111e jour de septembre
i56a.
l 1 502. — 5 septembre . )
Copie. Record office , Slate papers , France', vol. XXIV.
A L AMBASSADEUR D ANGLETERRE '.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay aussi entendu
la plaincte (pie la reync d'Angleterre ma bonne
seur vous a faicte d'aucuns navires anglois
arrestés en Brelaigne et déprédations faictes
sur ses subjecls, dont je vous asseure que nous
n'avons encores riens sceu et m'en déplais!
grandement, ayant présentement dépesché
1 Sir Tlirockmorton.
396
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
ung courrier à loute diligence à mon cousin le
duo d'Estampes pour faire faire la réparai ion
cl restitution avec si bonne et roidde justice
de ceulx qui auront faictceste faillie qu'elle la
cognoisse estre advenue sans le sceu du Roy
monsieur mon filz et de moy, et à noslre 1res
grand regret.
Caterine.
J'ay eu response de mon cousin le duc d'Es-
tampes qui m'a mande' qu'il a fait entièrement
relascher tout ce qui avoit esté saisy en Bre-
taigne appartenant à des Anglois, tant navires
que marchandises.
1562. — 6 septembre.
'Copie. Bibl. nal. fonds fiançais , n° 17988 , f' 3/i r°.
A MONSIEUR DE L'ISLE,
CONSEILLER ET! IlOÏ MONSIEUR MON FILZ ,
MAITRE DES REQUESTBS ORDINAIRES HE SON HOSTEI. ,
ET PREMIER PRÉSIDENT DE SA COURT DE PARLEMENT DE BRETACKE.
Monsieur de l'IsIe, vous avez bien entendu
la façon dont il a esté jusques icy procédé au
faict du concile et comme la disputte de la
doctrine s'y traicle la première, sans que l'on
ait que peu ou point touché le faict de la
réformation, de sorle que cognoissant que
c'estoit plustot prendre le chemin de dissoul-
dre ledict concile que de le rendre fructueux,
j'en escripviz à l'évesque de Rennes pour en
faire remonstrance à l'Empereur mon bon
frère, qui en a faicf dresser une fort vertueuse
remonstrance qu'il a envoyée à Messieurs les
légatz, et ayant semblé à tous les princes et
seigneurs que nous le debvons seconder en une
si bonne intention, j'en ay faict soudainement
dresser ung mémoire ' que j'emoye au s'' de
1 Voy. ce mémoire dans les Lettres et instructions pour
le concile de Trente, p. a8& , et dans le 11° 17988 du fonds
français, f" 34 et 35, et une lettre de Charles IXà M. de
l'Isle du 5 septembre précédent (ibid. F 3a).
Lanssac pour faire envers lesdietz légatz et pères
dudict concile la mesme instance et remons-
trance que feront les ambassadeurs de inondici
bon frère et par mesme moyen ay bien voullu
vous envoyer une copie dudict mémoire, car je
désire que vous en faictes entendre le conte. m
à Sa Sainteté et la requérez que, pour les con-
sidérations qui y sont contenues, et ayant
esgard aux nécessitez de ce royaultne, elle
veille promptement escripre que l'on diffère et
remecte la prochaine cession jusques à l'ar-
rivée de mon cousin Monsieur le cardinal de
Lorraine et de noz prélatz françoys, qui seront
à Trente pour lout le tnoys d'octobre prochain :
et sy ladicte dépesche ne se peult faire assez
à temps, que pour le moins elle mande que
l'on diffère la publication des décretz jusques
en ce temps là; en quoy je ne pense point que
l'on puisse prétendre aucun préjudice, mais
plustost advantage ; car plus la compagnie
sera grande, quand ladicte publication se
fera , plus en seront authorisez les décretz.
Vous regarderez de luy faire gouster ceste dé-
pesche avec les plus doulces parolles et re-
monstrances qu'il vous sera possible, et l'as-
seurerez sur touttes choses que l'instance que
l'on laid de procéder premièrement au faict
de la réformation n'est point pour pervertir et
changer l'ordre des choses, ne que l'on veille
mettre en disputte ei jugement la vie, mœurs
et actions de Sa Sainteté, desquelz nous som-
mes si bien édifiiez que nous avons grande
occasion de louer Dieu de nous avoir donné
ung si bon père commun; mais c'est pour
plus facilement parvenir au point que lui-
mesmes désire, qui esl de veoir une union
en l'église, en la conservation et confirmation
de son authorilé et du Sainct-Siége et au salut
universel de la chreslienté, ce qu'il est im-
possible de faire sans venir à ung amendemenl
des meurs et à la correction et réformation des
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
397
abuz que ta malice des hommes et les cala-
mité/, des guerres onl introduit avecques le
temps; ce qui] faull chercher el embrasser, si
nous voulions apaiser l'ire de Dieu et divertir1
la ruine et désolation qui se veoynt tellement
prépare/, qu'il est bien nécessaire que chascun
en craigne l'événement. C'est. Monsieur de
l'Isle, ce que j'ay à vous dire par ceste dé-
pesche et l'endroict où je prie Dieu qu'il vous
ait en sa garde. Escript à Bourges, le vie jour
de septembre i50a.
Je vous faiz ceste dépesche parmi uug abisme
d'affaires et en extresme diligence, en atten-
dant que dedans deux ou trois jours je vous
en envoyé une plus ample pour vous faire en-
tendre les raisons qui nous meuvent d'envoyer
au concile niondict cousin, que je m'asseure
que Noslre Saint-Père ne trouvera, quelque
chose que l'on luy ail voullu imprimer de con-
traire, que très bonnes, sainctes et raison-
nables, et que son voyage et le but de touttes
nos intentions ne tend à aultre fin que à l'hon-
neur de Dieu, au repoz de son église et à la
conservation de l'authorité de Sa Sainteté el
du Saincl-Siége, de sorte qu'elle aura grande
et juste occasion de s'en louer et contenter.
Caterine.
Bon RDI N.
15G2. — •■ g septembre.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 30783, f° 125.
A MONSIEUR DE SOUBISE.
Monsieur de Soubize, je trouve bien es-
trauge que je n'ay eu nulle responce de vous à
la lectre que je vous escripviz dernièremeut2;
1 Divertir, détourner. ,
- Dans sa réponse, datée du 27 septembre, Soubise
proteste de son dévouement : il dit n'être venu à Lyon que
pour conserver la ville en l'obéissance du Roi; s'il a laissé
entrer une partie des Suisses, c'est la nécessité qui l'y a
qui est «anse que, s'en allant présentement le
s* de Montchenu1 par de là. je vous ay bien
voullu raffreschir par la présente ce que par
ladicte lettre je vous avois mandé; qui est le
respect que vous debvez avoir au bien et à la
conservation de ce royaulme et le malheur
qui vous peult advenir si par vostre moyen
cesle belle ville- tombe à la ruyne el désola-
tion dont elle est voisine, d'aultant que voua
ne doublez point, qu'attendant l'extrémité , il
sera mal aisé de l'en préserver; ce que je vous
veulx bien encore ung coup ramentevoir, affin
que de bonne heure vous vous résolve/, à
porter tant d'amour et d'obéyssance au Roy
vostre prince qu'estant en lieu où vous avez
puissance et commandement vous luy soyez
si bien serviteur que de luy sauver et conservei
une des plus belles villes de sou royaulmi
en la luy remectant entre les mains; aul
ment et s'approchant de vous les forces qui
s'y achemynent, je ne sçay s'il sera en nostre
pouvoir d'empescher qu'elle ne soitsaccag
et si tant de malheur advient, pensez qu'il
n'y va moings que de vostre vie et de la ruy ai
de vous et de toute vostre postérité; ce que
je vous ay bien voullu mander pour vous avoir
lousjours aymé, afin de vous faire cognois-
tre le péril où vous estes et le moyen que voua
avez de vous en tirer avec la bonne grâce du
Roy monsieur mon lilz et de moy; vous pou-
vant asseurer que, si vous estes si sage de me
croire, et d'obéyr à mon commandement, je ne
vous deffauldray jamais et serez aussi bien
forcé (Bibl. nat. fonds français, n 20783, p.ia5). •
les 'Mémoires de Soubise publiés par M. .1 - \' 1
d'après le manuscrit du fonds Dupuy (743) dans le Btil-
lelin hislur.de la Société du proteitantisme , année i>\ i
p. aj, 3o5, 65a, fiij'i el 56o.
1 Claude de Montchenu qui fut grand bailli di
nois el de Bresse et commanda jour le Roi en Dau-
pbiné.
5 Lyon.
898
\eu de ceste compagnie, comme le sçauriez
désirer. Priant Dieu, Monsieur de Soubize,
vous avoir en sa saincle et digne guarde. Du
camp de Sardon l, ce ixc jour de septembre.
Caterine.
HoBERTET.
156'2. — 12 septembre.
Copie. liibl. liât, fonds français, n° 20Û62 , f* h3.
A M ON SIEUR DE MOiNLUC,
CHEVALIER DE L'OBDHB DU ÎIOÏ, MO*SIEtn MON FILZ ,
ET C1PPITAHE DE GINQL'AMTE HOMMES D'AP.MES DE SES UIÎDOriN^NEES.
Monsieur de Montluc, j'ay veu la lettre du
vxiv du passé2, que m'avés envoyée avec
celle du sieur de Biron 3, laquelle après avoir
1 Cerdon (Indre-et-Loire) , arrondissement de Gien. —
Une dépèche du connétable de Montmorency à Throck-
morton est également datée du camp de Cerdon , le
9 septembre. (Calendar nf State papers , 1062, p. 288.)
- Voici ce que lui avait écrit Montluc : » Je suis con-
Irainct de vous advertir comme Monsieur de Biron a
escript à Monsieur de Burie et à moy à chascun sa lettre,
lesquelles nous vous envoyons, et par icelles vous verrez
tout ce qu'il nous escript estre contraire entièrement à
l'arrest donné dernièrement par la court de Parlement de
Paris et aux lettres qu'il vous a pieu nous escripre jour-
nellement; qui nous faict vous supplier qu'il vous plaise
le faire aller vers vous et luy faire sentir sa faute, » (Com-
mentaires de Moulue, édit. de Huble, t. IV, p. 1 5o.)
' Armand de Gontaut, lils de Jean de Goutaut, s' de
Biron , et de Benée-Anne de Bonneval. H fut successive-
ment lieutenant de la compagnie du maréchal de Brissac
(i55o), gouverneur de Turin (1 553), capitaine des
cbevau-légers du duc de Guise (1 557 ). Il se distingua à
la bataille de Dreux et fut nommé en 157.5 gouverneur de
Saint-Denis, et maréchal de France en 1576. Il mourut
en juillet 1592 aux côtés de Henri IV qui, dans une
lettre à M. de Beauvoir, son ambassadeur à Londres,
a raconté cette mort glorieuse dans les termes les [dus
élogieux. La lettre qu'il écrivit à Monluc , et dont l'ait men-
tion Catherine, a été publiée par M. E. de Barthélémy
d'après le manuscrit de la bibliothèque impér. de Saint-
Pétersbourg (Bordeaux, Charles Lefèvre, 1571, in-4 ",
p. 6).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
veue en la présence de mon frère le roy de
Navarre et de toute ceste coinpaignie, nous
n'avons pas trouvée si maulvaise comme vous
Pavez estimé , d'au! tant qu'elle estoit conforme
à ce qu'il nous avoyt esté dict, comme vous
pourrez veoir par la dépesche qui vous est
présentement l'aide et le pouvoir qui vous est
envoyé, duquel il se fault servir pour la né-
cessité du temps; car le feu est tel que vous
ne le pouvez esteindre quelque chose que vous
ayez peu faire ; despuys troys ou quatre nio\>
vous n'y avez encores peu tant faire qu'il soyl
si bien assoupy qu'il ne se rallume en plu-
sieurs endroietz et pour ceste cause il en fault
user ainsi comme tous ces seigneurs ont jugé
eslie plus utile. D'une chose vous veulx-je
parler, qui est que je vous prie commande»
qu'on ne saccaige plus les maisons des gen-
tilzhommes, d'aultant que relia n'apporte
riens de bon au service du Roy monsieur mon
filz et ne faict que désespérer les hommes
davanlaige ' ; ce que je vous dys, pour ce que
1 Voici la réponse de Monluc : fil est vray, Madame,
comme il vous a pieu m'escrire, que, èz troy ou quatre
movs qu'il v a que nous avons les armes à la main, je
n'ay peu esteindre ny assoupir le feu, de sorte qu'il ne se
relume; je vous respondray de ma teste que, si j'eusse
esté seul à commender par deçà , sans avoir rompaignon
qui m'intretaillast mes enlreprinses, il y a deux moys que
je seroys mort ou le s' de Duras deffunt; mais d'aultaul
que je porsuis et cherche de combattre, Monsieur il
Burve m'y contrarie et romp entièrement tous mes des-
seins. Voilà les alumettes qui tiennent tousjours le Feu
allumé. 71 — Quant au reproche d'avoir saccagé les maisons
des gentilshommes protestants, voici comment il s'en jus-
tifie : "Il n'y a maison de gentilhomme qui ait étésaccai-
gée, réservé troys ou quatre, èsquetles estoit la retraicte
de tous les sédicieux des environs, qui volloient et'
piltoient tous les passans qu'ilz congnoissent estre de la
religion et party du Boy.» Et il ajoute : «'Madame, je
veulx que vous me faictes coupper la teste si je ne vous
envoyé le rolle de bien près de deux cens maisons de
geiitilzbonimes que le camp de Duras et autres de la
i eligion on( saccaigées, bruslécs, prins les gentilz-femun.-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
399
\ous aymant, comme je faictz, privément je
vous advertiray tousjours de ma volunté, pour
l'assurance que j'ay que métrez peine de l'eu-
suyvre; aussi debvrez vous croire que tout ce
que je cognoistray qui sera pour vostre bien,
je le feray ainsy que le pouvés désirer. Priant
Dieu, Monsieur de Montluc, vous avoir lous-
jours en sa saiuete et digne garde.
De Gyen, ce xu" jour de septembre i56a.
Caterjne.
PlOBERTET.
1562. — (12 septembre.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, a" 15877, f* l*'
A MONSIEUR DE S* SULPICE '.
Monsieur de Saint Sulpice, je m'asseure
que vous sçavez assez combien j'ay tousjours
monsieur mon frère le roy de Navarre en re-
commandation et particulièrement le désir
que j'ay de le voyr satisfaict pour le faict
pour lequel Monsieur d'Escars est présente-
ment envoyé par delà; ne double point qu'es-
tant cela cogneu de vous, vous ne vous em-
ployez avec toute la diligence qu'il vous sera
possible à ce qui s'offrira pour ayder et assis-
ter mondicl sieur d'Escars; ce que je vous prie
faire avec pareille dévotion que si c'estoyt pour
mon propre faict ; au surplus desdictes nouvelles
vous croyrez ledict sieur d'Escars comme moy-
mesme. Et priray Dieu, Monsieur de S1 Sul-
pice, vous avoyr en sa saine te et digne garde. De
Gyen, ce [12] jour de septembre i562.
(Au dos.) La Royne à Mr de S' Sulpice,
du [12] jour de septembre i562.
mises en chemises et leur ayant faict d'autres choses in-
dignes vous eslre escriptes.i (Commentaires de Monluc,
édit. de Ruble, t. IV, p. 1 58 et i5g.)
1 Voy. les lettres de Saint-Sulpice à la Roine. (Bibl.
nat. fonds français, n" 16877, P" 5, 9 et 16.)
15C2. — lit septembre.
Onu. Bibl. nal. fonds français, n° 3sig. f° 97.
\ MONS1EI B DE GONNOR,
E L'ORDRE OU ROÏ HOH91SOB MON ril.2
ET CONSR1LLKR LN SON CONSEIL PB1YB.
.Monsieur de Gonnorl, j'ay esté bien aise
d'entendre par vostre lettre du xc de ce moys,
comme aussi par celle du sieur d'Estrée, que
l'on ayt licencié !<•> chevaubt de l'arlillerye
et que l'on n'en ayt retenu que cinq cens, sui-
vant la responce mise et codée sur \oz ins-
tructions. Ledict sieur d'Estrée m'escripl que
les ebarrettiers ne se veullent conlanter de
vu sous vi denyers pour chascun cheval par
jour, el je luy respondz qu'il fault qu'ilz en
jiassent par là; et, au demeurant, ne m'ayant
poinct envoyé l'estat dont vous m'escripvez, je
ne vous y puis faire aucune responce, etl'aten-
deray pour les premiers jours. Il se plainct
fort qu'il luy est deu cinq années de sa pen-
sion et troys deson estât de l'artillerye. Je vous
prie adviser si vous luy en pourrez faire
bailler une année, de laquelle je luy escriplz
qu'il se contante, saichant, comme il faict.
quelles sont nos nécessitez; et, sur ce, Mon-
sieur de Gonnorl, je voys prier Dieu qu'il
vous ayt en sa saincte garde. Escript à Gyen,
le xiiii0 jour dé septembre 1 562.
Ainsi que je voulloys signer ceste lectre
j'ay receu voire leclre avec le dessusdict estât
que je communicqueray à ces seigneurs si tost
que je seray arrivée à Nogent où nous allons
coucher et vous y feray faire responce dès ce
soir.
CàTERINE
BoURDIN.
400
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1562. — 1 5 septembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3ai(), f° g8.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'OEDRC DU ROÏ MONSIEUR MON FILZ
ET CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, j'ay bien voulu aecom-
paigner de la présente celle que le Roy mon-
sieur mon filz vous escript en faveur de maistre
Yaleran de Henez, son médecin ordinaire et
de mon filz d'Orléans, et vous prier, suyvant
le contenu d'icelle et pour les causes et rai-
sons y menlionées , faire en sorte qu'il puisse
eslre exempt de la somme de six cens livres à
laquelle il a esté cottisé pour l'emprumpt der-
nièrement faict et accordé en la ville de Paris;
et, ce faisant, vous ferez chose qui me sera
très-agréable. Priant sur ce le Créateur, Mon-
sieur de Gonnor, qu'il vous ait en sa saincte
et digne garde. Escript au camp de Chas-
teaudun, le xv° jour de septembre i562.
Caterine.
Fizes.
1562. — i0 septembre.
Orig. Bibl. ont. fonds fïaoçais, n° 66o5, f" loi.
A MON CODSIÎS
MONSIEUR DE ROURDILLON,
GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GBRBRAL DU ROT MONSIEUR MON FILZ
EN SON PAIS DB PIBDMOBT.
Mon cousin , vous verrez ce que le Roy mon-
sieur mon filz vous escript, qui me gardera de
vous dire rien davantaige, si n'est vous prier de
regarder avec mon frère Monsieur de Savoie
quel moyen il y aura de nous accommoder les
ungs les aullres louchant les munitions des
ivres, selon qu'il vous a esté escript et que le
Roy mondict filz luy en escript, d'aullant que
c'est chose qu'il doibt désirer et qui tourne à
sa commodité, comme à la noslre. Je ne pense
pas qu'il en face difficulté ; vous nous en
manderez sa volunté et je prieray Dieu , mon
cousin, vous avoir en sa saincte et digne
garde. De Monlargis, ce xvi° jour de septem-
bre 1 562.
Caterine.
RoBERTET.
1562. — 17 septembre.
Copie. Record office, State papers , France, vol. XXV.
A M» L'AMRASSADEUR D'ANGLETERRE1.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay veu ce que
vous m'avez escript, et entendu ce que m'a
dict votre homme présent porteur de votre
part; à quoy encores que de bouche je luy aye
sur le champ respondu, si est-ce que je seroys
bien aise de vous satisfaire par la présente à
tous les poinetz contenuz en vôtres lettres. Et
commenceray par la plaincte que vous me
faicles d'aucuns navires qui ont esté retenuz
en Bretaigne, desquelz, incontinent que j'oyz
parler, je feizescripre à Monsieur d'Estampes et
eu responec de luy qu'il les avoit faict relas-
cher; en quoy la dilligence dont il a esté usé,
et toutes les actions dont nous avons usé sub-
séquentes vous auront assez deu faire con-
gnoistre que tel arrest, s'il est advenu (que je
ne croy) par la l'aulte de quelqu'un mal
advisé pour le moings, ce n'a esté de nos com-
mandemens. Et quant au pacquet que dictes
vous avoir esté retenu, je ne sçay pas dont
vous pouvez avoir eu cest adviz; mais je sçay
bien qu'il n'en a jamais esté oy icy aucunes
nouvelles, si n'est d'un petit que je sçay avoir
esté baillé à votre homme par Monsieur le
conneslable, vous pouvant assurer, Monsieur
' Sir Tbrockniorlon.
LETTRES DE CATHE
l'ambassadeur, que s'il en feusl tombé d'au-
Ires entre noz mains, il vous eusl esté aussj
fidellement gardé et seuremenl envoyé, comme
requiert la bonne amytié qui est entre la Royne
votre maîtresse et le Roy monsieur mon filz;
el m à Bonneval il a esté arresté de vos be-
soingnes1 par quelque capitaine mal advisé et
ne saichant à qui elles estoient,ia restitution
prompte qui vous en a esté faicle a assez tes-
inoigné combien ce a esté chose que nous
avons peu approuvée, trouvant bien estrange
comme vous ayez faicl si grand ras de peu de
ciiose qui unis a esté rendue au mesme ins-
tant, et que du reste de vos besoingnes qui
vous a esté prins par la compaignie où vous
estes2, vous en soyez, teu et l'ayez si gratieuse-
ment comporté. Vous m'alléguez aussi la sous-
peçon qu'a tesmoigné Monsieur de Vielleville
de n'avoir \oullu passer en Angleterre sans
sauf-conduicl, et ne considérez pas que, vous
m ayant en ce temps là demandé congé pour
vous en aller soubz une assez, légière occasion el
inopinée, ledict sieur de \ ielleville estoit pour
demeurer par de là seul en ung temps, où la
révocation que la Royne vostre maistresse fai-
soil de vous son ambassadeur ne pouvoil ap-
porter que unjf grandissime souspeçon; pour
lequel éviter et pourvoir à sa seureté, ilreoher-
cba le sauf-conduit qu'en autre saison el autre
1 Besoingnes , bagages. *
- Elle fait allusion à son séjour à Orléans. Dans une
lettre à la reine Elisabeth, Throckmorlon explique com-
ment il y avait été conduit. Lorsqu'il avait quitté Paris pour
rejoindre la cour alors à Bourges, pour plus de sûreté le
maréchal de Brissac l'avait engagé à suivre un convoi
qui amenait à l'armée royale des munitions et de l'artil-
lerie. Le 1" septembre ce convoi avant été surpris à
Chéteaudun par Coligny sorti d'Orléans avec 800 che-
iau,v. l'ambassadeur avait été le lendemain conduit, a
Orlean9 où il avait été loge dans la propre maison de
l'amiral. — Voy. cette lettre dans le Calmdar 0/ State
/,«/>«■.< (i56a), p. :iSo. et le récit de de Thou [Hitt.
«mV. Irad. t. IV, p. |58 1.
Catherine Dt MÉDICI6. — 1.
RINE DE MÉDICIS. 401
occasion il n'eus! jamais demandé. Et trouve
bieu plus estrange que vous, estanl dans le
cueur de ce royaume, où il n'y a lieu qui ne
soi! ou doibve estre en l'obéyssance du \\o\
monsieur mon lilz. luj envoyez demander
sauf-conduicl ' pour venir d'un lieu de son
obéissance à l'aullre, loul ainsy comme si vous
aviez à traverser d'un royaume en ung antre.
el où la qualité' que unis portez ne vousferoil
respecter, comme elle a tousiours faicl en ce
royaume, où non seullemenl vous, estanl
ambassadeur, mais Ions les ministres el servi-
teurs de la Royne ma bonne sœur ont tous
jours esté respectez . comme la bonne amitié qui
es! entre nous le requiert; car d'alléguer qu e
lanl à Paris Monsieur le maréchal de lîri is H
adicl à l'uni; de vos gens avoir commandemenl
de \ous garder el d'y prendre garde, ce n'esl
pas bien, Monsieur l'ambassadeur, d 'interpréter
une chose que nous lismes à bonne intention
el à votre requeste; qui fut que. quant vous
plaignistes d'aucuns de la ville qui avoienl
usé de quelque insolence à l'endroict de m-
gens, lors nous commandasmes au Sr inares-
cbal de prendre garde à vous qu'il ne vous
fus! làist tort ny desplaisir, nv à pas un;; de
vos gens, el en cela tenir la main si rovdequ il
n'en pust advenir aucun inconvénient: ce qui
vous fut dict lors mesmes el se fut, non pom
1 Voy. la lettre écrite par Throckmorlon à Catherine
de VJédicis pour réclamer un sauf-conduit; il s'appuyail
sur ce cpéon en avait donné un à AI. de \ ieilleville allant
à Londres en mission. {Calendar qf State papers, 1 56
p. 399. I
Voy. une lettre de lui à la reine Elisabeth, datée du
lût, où il lui annonce que le maréchal de Brissac l'a
l'ail changer de logement mit' l'ordre de la Reine mère
et par crainte des violences du peuple du quartier où il
était l»;i''. Vo\. me- seconde lettre de lui du même joui
pour se plaindie du peuple de Paris et signaler les dan
gers qu'il court. {Calendar 0/ State papers, |5I
p; si >.)
Ù02 LETTRES DE CATHI
vous espier, mais pour satisfaire à voire prière,
éncores que nous n'en vissions aucune appa-
rence. Toules lesquelles raisons je vous ay
bien voullu présentement alléguer, aflîn de
\ous faire rongnoistre comme en toutes choses
nous procédions sincèrement, et que, si, de
vostre costé, vous y allez d'aussi bon pied, vous
ne debvez craindre de venir à toute heure et en
toute saison librement et seurement, et vous
asseurer qu'il n'y a sauf-conduit au monde
qui vous soit plus valable que le nom que
vous portez et la maîtresse que vous servez, de
qui nous aymerons et estimerons tousjours
l'amytié pendant qu'elle usera de mesmes
correspondance en nostre endroicl, dont je
croy qu'elle se trouvera aussi bien, comme
elle aura peu d'obligalions à vous on à ceulx
qui luy conseilleront le contraire et qui luy
vouldronl faire perdre ce qu'elle ne recouvrera
jamais1. Et sur ce je prieray Dieu, Monsieur
l'ambassadeur, vous avoir en sa saincle et
oigne garde'2.
De Chasteau-Landon 3, xvn° jour de sep-
tembre 1 56 a .
Caterine.
' Elle fait allusion à la restitution de Calais, qui,
d'après le traité de Cateau-Cambresis, devait avoir lieu
dans un délai de huit ans , mais qu'elle menaçait de ne pas
rendre.
8 Voici la réponse de Throckmorton : il ne veut pas
répliquer, quoique de nouveaux griefs se soient produils,
et notamment à l'occasion d'un Anglais maltraité par Mon -
lue qui, parlant de la reine de Navarre, S'est servi d'ex-
pressions si injurieuses, ainsi que ledit Anglais lui a
rapporté, qu'il ne peut autrement dire «sinon qu'il n'ap-
partient pas à ung si petit compagnon de parler de ceste
façon d'une telle princesse." En terminant, il sollicite
de nou\eau un passe-port et il prie Catherine, puis-
qu'elle est entrée en telle défiance, de lui permettre d'at-
tendre à Orléans sa réponse. (Record office, State papers,
France).
3 Château-Landon (Seine-et-Marne).
RINE DE MEDIG1S.
1562. — i Ç) spplpmbi-o.
\reh. d'Indre-et-Loire.
A MONSIEUR DE CLERVALLX.
CHEVALIER DE L'ORDRE DU HOÏ MONSIEUR MON FILS,
ET SOS LIEUTENANT ES TOU1UINR,
EN L'ABSBNCE DE MON COUSIN LE DUC DE MONTPENSIER.
Monsieur de Clervaulx1, j'ay receu la lettre
que vous m'avez escripte, par ce gentilhomme
présent porteur, par laquelle j'ay veu le diffé-
rent advenu entre vous et le sieur de Brunyaii
pour raison de la compaiguie de cent harque-
buziers achevai, qui a esté cy-devant ordon-
née pour la garde et conservacion de la ville
de Tours, dont ledict Brun y an dicl avoir la
charge par commission dépeschée du Boy
monsieur mon fils; sur quoy je vous ay bien
voullu faire responce, pour vous dire que,
affin que vous ayez quelques gens près de vous ,
et que ladicle ville ne soyt point chargée da-
vantage, j'ay advisé de séparer ladicle compai-
gnye en deux, et vous en bailler à chacun la
moitié : assavoir trente sallades et vingt ar-
quebuziers à cheval pour chacune, à tous
lesquels, estant dans la ville, j'entends que
vous commandiez; mais quand ledict sieur de
Brunyan les mènera à la campaigne et qu'il
sera hors de ladicte ville, il est raisonnable,
comme vous sçavez, qu'il leur commande; qui
est tout ce que je vous diray pour cesl heure.
Priant Dieu, Monsieur de Clervaulx, vous avoir
en sa sainte et digne garde.
D'Estampes, ce xixp jour de septembre
1 562.
robertet.
Caterine.
(On lit en marge, à côté de la signature de
Catherine:) tt Advisez avecques ceulx de la ville
1 Voy. la réponse de Clervaulx à la Heine, à la date
du ù'i septembre. (Bibl. nat. fonds français, n" 1.5877,
f 110.)
LETTRES DE GATH
quel oombre d'hommes il sera besoing pour la
garde du chasteau, affin qn ils regardent de
satisffère à cela pour quelque temps. ■"
1562. — 20 septembre.
Orig. Bibl. nal. Cinq cents Colbcrt, n° 890, f> io3.
\mê parLcLabourcur.il,. [es A/Mit. aux Iftbi imie Coitelnim,
1.1.,,. 8,7 '.
V MONSIEUR DE RENNES,
COtffiSCUBR dl KOI H0R91BUB *0!f FILZ ,
iibsthb »bs >. : uiDASSiOfioa
PRÈS Dt L'BMPBHBl H,
Monsieur de Renés, depuysqueje \ouseuz
faict et envoyé ma dernière dépesche que ac-
cusoj ! la réception de la vostre du xin' du passé .
je me misa considérer le contenu en la lectre
que l'Empereur mon bon frère a escripte aux
légatz qui président au concilie, dont vous m'a-
vez envoyé la coppie, el cogneuz bien qu'il se
repentoyt de s'estre monstre si mol es choses
dudicl concilie, et de s'estre départy de sa pre-
mière inlenclion. qui estoil que l'on touchasl
vifvement et avant tonus choses au faict de la
refformation, laissant celluy de la doctrine
pour le dernier; or, ayanl veu ce qu'il en mande
ausdiclz légats par sadicte lectre, pour le se-
conder et fortillier en cela, j'ay faict dresser
ung mémoire tendant à mesme tin que le sien .
quej'avenvoyéau sieur de Lanssac pour en taire
entendre le contenu ausditz légatz et pères, el
les requérir, de la part du Roy monsieur mon
filz. qu'ilz différassent la décision du sacriffice
de la messe ou bien la publication des décrelz
qu'ilz en pouvoient avoir arresté jusques à l'ar-
rivée audict concilie de mon cousin Monsieur
le cardinal de Lorraine et de noz aultres pré-
lalz françoys, et pour le moings jusques à ce
qu'ilz en eussent nouveau commandement du
pape, devers lequel j'avoys dépesché pourceste
' Le texte doniv par Le Laboureur est très-défei .
ER1NE DE M EDI GIS.
mesme occasion; el aj bien laict entendre à
mon cousin le cardinal de Ferrare, son légal.
que, comme très dévotz obéissans el aftec-
tionez enffans de l'Église et du Sainct-Siége,
nous n'avons jamais pensé de sercher aultre
remède à noz maulx que celluy qu tus ac-
tendons du concilie et de l'intégrité des pères;
mais si par une passionée précipitation l'on
nous en voulloit faire perdre le fruict, que
non.- regarderions à ce qui seroità faire pour
11 os Ire salut el conservation. J'actendz la res-
ponce que le Pape fera là dessus à nostre am-
bassadeur, et pense bien que les pères,
quelque requeste que l'Empereur mon bon
frère el le Roy mondict sieur et filz leur en
ayent faict faire, n'auront laissé de passer
oultre; mais si cela servira-il pour les faire
aller plus retenuz. Au demeurant mondict
cousin est parti pour s'acheminer audict con-
cilie el doibt prendre par le chemin la com-
pagnie des prélatz rontenuz au mémoire que je
vous envoyé dernièrement et font compte d'ar-
river à Trente à ceste prochaine feste de Tous-
sainetz ou ung jour ou deux après.
Au demeurant, j'ay receu voz deux leclres
des wwi' du passé et 111e du présent, par
lesquelles je n'ay cogneuque une honneste ex-
cuse, que mondict bon frère vous a faille de
ne se pouvoir employer à empescher le secours
que actendent ceulx d'Orléans des princes pro-
lestans, si ce n'est avec une longueur si grande
et si grand respect ausdietz princes que je
puys bien juger qu'il ne veult riens faire eu
cela qui les doive offenser; toutesloys c'est
chose eu la poursuit te de laquelle vous vous
conduirez selon que vous verrez estre pour le
mieulx , maisje \ous diray bien qu'il a esté pour-
veu à opposer ausdiclz Allemaus, a l'entrée de
noz frontières, une si bonne teste de ca\aller\c
et gens de pié que l'on les gardera bien d'\
mectre le pié bien avant. Nous nous en allon-
5i.
Wa
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
.mi tformandye avec ceste armée pour remectre
en l'obéissance du Roy mondicl sr et filz les
Iroys places que les rebelles y occupent enco-
rcsj qui sont Rouen ,' Dieppe et le Havre de
Grâce, et ne sommes pas sans quelque def-
fiancc qu'iiz appellent les Anglois à leur
secours; et desjà y a il en Angleterre des pré-
paralifz qui semblent tendre à ceste fin. Je
feray tanter pour le commencement tous les
moyens de doulceur qui me seront possibles,
el s'ilz me l'aillent , je me résoulz d'y faire em-
ployer le vert et le sec pour en avoir la raison.
Nous avons cependant laissé si bonnes et
grandes forces à la teste d'Orléans, que nous
ne craignons pas que ceulx qui sont dedans
puissent sortir pour faire nouvelles entre-
prises, el avec cela nous tenons Lyon1 si bridé
qu'il n'a plus que l'entour de ses murailles, et
l'ault que ceulx qui sont de dedans se reco-
gnoissenl bien losl, s'ilz ne veullenl mourir de
faim. Au surplus, voyant que le temps s'ap-
proche dedans lequel mondict bon frère se
doybt acheminer à la diette impériale , et me res-
souvenant de ce que vous m'en avez cy-devant
escript et je vous en ay respondu, il me sem-
ble, puisque mondict bon frère ne vous veult
faire aucune raison sur voslre précéance, que
vous ne sçauriez estreà Francfort pour ne bou-
ger de la maison, ou bien pour vous trouver
aux assemblées selon l'ordre qu'il proposa pour
eslre tenu entre vous et l'ambassadeur du roy
catholicque des Espaignes mon beau-filz , sans
quelque indignité , et qu'il vauldra mieulx que
vous faignez d'estre malade, et durant le temps
de ladicte «licite demeurez en quelque lieu
qui vous soit commode et non trop esloigné du-
dicl Francfort, ou bien faignez d'avoir affaire
au concilie et à cominunicquer avec le sieur de
' Voy- "il" lettré du sieur de Vaudargeut au conné-
table, datée du camp d'Anse, le l 'i septembre i56s.
(Bil>l. nat. tonds français, n° i ."1877, '*" "'• °' '' "'•
Lanssac de choses d'importance et y faictes ung
voyaige ou en tel autre lieu qui vous sera plus
commode et facile et que vous adviserez pour le
mieulx , laissant tousjoursà lasuicledemondict
bon frère ung bon saige et advisé personnaige
qui, de foys à aultre, puisse visiter les princes
devostre part, el qui saicbe bien recueillir les
advis de toutes les occurrances pour les vous
mander, ou de luy-mesme nous eu advertir
ordinairement; car de vous révocquer1, que
mondict cousin ne soyl arrivé audict concilie
el que l'on n'ayt veu ce qui s'en pourra espérer
de fruict, il n'y a personne qui en soyl d'achis.
Priant Dieu, Monsieur de Renés» qu'il vous ayl
en sa saincte garde.
Escript à Estampes, ce w jour de sep-
tembre i 562.
Catbrine.
BOORDIN.
1562. — 21 septembre.
Copie Bibl- nat. fonds français, n" 17988, f .'Ï7 v°,
A MONSIEUR DE LISLE,
CONSEILLER DU ROT MONSIEUR MON FILZ
ET MA1STRE DES REQI ESTES ORDINAIRES DE SOI* HOSTEL.
PREMIER PRÉSIDENT DE SA COCBT DE PARLEMENT HE BRETU.NK.
Monsieur de l'Isle, \ous entendrez par le
sr de Manne2 l'occasion de sa dépescbe qui
me gardera de vous eu dire autre chose, si
1 Révocquer, rappeler.
- M. de l'Isle, en annonçant au lîoi 1 1 7 octobre) l'ar-
rivée de de Manne à Rome le 9 octobre, accuse réception
de la dépêche de la Reine et rend compte de l'accueil
favorable que le Pape a fait à celui-ci. 1 Lettres et ins-
tructions concernant le concile île Trente, p. 3o8.) — Voy.
l'instruction baillée à M. de Manne allant à Rome. (Bibl.
nat. fonds français, 11° 1798, f° 38 v°. ) — Le but de sa
mission était d'obtenir do Pape une lettre pour les légats
el pères du concile, afin de les inviter à favoriser le car-
dinal de Lorraine dans toutes les propositions qu'il ferait
pour calmer les esprits en France et obtenir la réforma-
tion du I ter;;,;.
LETTRES DE CATHE
n'est que je vous prye intervenir avec tuy afin
de faire entendre à Nostre Sainct-Père l'occa-
sion de l'ailée démon cousin Monsieur le car-
dinal de Lorrayne au concile , afin qu'il sçache
el entende que ce n'est que pour le bien el
soulagement de ce royaulme et pour trouver
quelque bon movende remédier aux troubles
el divisions qui \ sont, d'aultanl qu'estant le
s' cardinal tel personnage qu'il esl et pour la
grande expérience qu'il a des affaires de ce
royaulme, sçachant mieux que nul aultre el
nostre mal et la médecine, il sçaura mieux
demander ce dont nous avons besoin;; et en
ceste assemblée remonstrera nostre nécessité.
Au demeurant, Monsieur de l'isle, j'ay veu
ce que vous m'avez escript par deux de vos
lettres de ce que vous plaigniez n'estre point
secouru de ce qui vous est deu de vos estatz;
sur quoy j'ay commandé au trésorier de l'Es-
pargne de vous pourveoir el faire satisfaire,
comme je m'asseure qu'il n'y aura point de
laulte. Cependant vous continuerez d'escrire
au Roy monsieur mon filz de vostre charge,
comme vous avez faictjusques icy, estant as-
seuré que les services que vous luy l'aictes ne
seront point incongneus, et que luy et moy les
recognoistrons quelque jour en vostre endroict
et n'en soyez point en double. Quanl à vous
envoyer ung successeur, c'est chose que je ne
puis encores si (ost, jnais incontinent que j'au-
ray veuz les moyens, je le feray el vous reti-
reray de là pour nous servir de vous; cepen-
dant je vous prie continuer de bien faire et
priray Dieu vous avoir en sa saincte et digne
garde.
D'Estampes, ce xxiê jour de septembre 1 56 9.
J'escripts à Nostre Saint-Père pour le l'ait
du conte de Roussillon1, afin de lui avoir
1 Ju«.l île Tournon, qui venait d'être créé comte de
Roussillon p| avait liérité du cardinal de Tournon. Vov.
Arch. nat. rollccl. Simancas, K. lio8.
III NK DE M i; 1)1 Cl S. ri05
raison de quelques deniers, qui esloyenl au
l'eu cardinal de Tournon '. de l'évesché 'I \ ustia
lorsqu'il mourut; je vous prye le lui recom-
mander bien affectueusement, de ma part,
en lui présentant les lettres et l'asseurer
qu'il me fera beaucoup de plaisir de l'avoir
pour recommandé. J'oublye à vous dire que
j'ay veu ce que vous me maniiez de noz in-
dnllz , dont je ne suis pas d'advis que parliez
pour reste heure; il fauldra laisser ci la pour
quelque temps, en attendant que non- voyons
ce que nous aurons à l'aire; cependant vous
en userez comme vous avez acoustumé el vous
tiendrez prest pour vous en venir, alin de vous
envoyer ung successeur, corne je me délibère
dans peu de jours. Je n'escriptz point au
Pape, il n'y a que le Roy monsieur mou ûlz.
pour le conte de Roussillon.
Catbi
ROBRRTET.
1562. s i septénaire.
Copie. Hicord office , Stnte papas , France.
A M" L'AMBASSADEUR D'ANGLETERRE.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay reçeu rostre
lettre du jour d'hier el ay l'ait bailler à vostre
homme, suivant la requeste que vous m'en
avez l'aicte, un passeport pour le voyaige qu'il
va (aire en Angleterre, non qu'il luy soit au-
cunement nécessaire, pour la liberté qi e vous
sçavez bien avoir toujours eue d'envoyei audicl
pays toutes et quantes fois que bon vous a
semblé; mais pour garder que, estans les
troubles et divisions en plusieurs endroicts de
ce royaulme tels que chacun sçail el la plus-
part des armes es mains de personnes incon-
sidérées et furieuses, il ne lui soit laict ou
' Il y a par erreur dans la copie Bourbon. C'est le
pape Pie IV qui nomma en î Mio le cardinal de Ton! i
évéque d'Ostie el doyen du sacré collège.
aOfi LETTRES DE CATHE
donné aulcun empeschement. Quant aux aul-
tres particularités contenues en vostre lettre,
je ne nie mectray point en poyne de vous y
faire particulière response, mais je vous dirav
bien que vous f ai êtes tort à la sincère et par-
faite amitié qui est entre la royne d'Angle-
I cii e , ma bonne sœur, et nous, de me de-
mander un saut-conduit pour me venir trou-
\er; car, comme je vous ay jà escript, il ne
\ous en fault point de meilleur ny plus seur
que le nom de la princesse que vous servez
et le lieu que vous tenez en ce royaulme de
son ambassadeur, qui sera toujours respecté
c! honoré de nous jusques au bout; et, pour
ce, si vous estes si avant passionné à la faveur
et par la persuasion de ceulx avec lesquels
vous estes, que de vous vouloir forgier beau-
coup de légières deffiances, je vous prie que
cela ne vous donne point occasion de me re-
chercher de chose qui soit contraire à nostre
amitié et à la fermeté et constance avec
laquelle j'y persévéreray, et que ce que vous
pouvez faire avec toute liberté et seureté, vous
ne le demandiez point par sauf-conduit et
comme si vous aviez à négocier avec déclarés
ennemis; chose queje m'asseure que ma bonne
sœur, nous aimant comme elle faict, ne sçau-
roit avoir agréable, comme tous aultres sem-
blables desporleniens. Quant à la piaincte que
vous laictes du sieur de Monluc, je vois faire
faire tout présentement une bien expresse dé-
pesche pour sçavoir comment il en va, et y
lerav donner telle provision que requiert nos-
Ire mutuelle amitié, et qui sera nécessaire
pour en donner, à ceulx qui se trouveront
avoir été offensés en cela, un entier conten-
tement. Priant Dieu , Monsieur l'ambassadeur,
qu'il vous ayt en sa saincte et digne garde.
! script à Estampes, le \xie jour de septem-
i i e t 56'i.
Caterine.
R1NE DE MEDIC1S.
1562. — 21 septembre.
Copie. Arcli. de l;i Dordogne.
A MONSIEUR DES BORIES',
CENTILIIOMME ORDINAIRE DE LA CHAMBRE DE BOÏ MONSIEOE MO.\ FILS.
Monsieur des Bory, j'ay entendu que vous
estes tombé malade à Metz d'une fièvre double
tierce qui s'est tournée en quarte, dont \ous
estes grandement travaillé; c'est pour ce que
je considère combien vostre plus longue de-
meure audict Metz vous seroit incommode, et
combien il vous servira de changer d'air pour
le recouvrement de vostre santé, je \ous ay
accordé vostre congé, et remect en vostre
liberté de partir et vous en venir si tost que
vostre santé le pourra porter. Priant Dieu .
Monsieur des Bory, qu'il vous ait en sa saincte
garde.
Escript à Estampes, le xxi jour de sep-
tembre mil cinq cens soixante deux.
C/VTERINE.
1562. — 29 septembre.
Orig. Bibl. uat. n" no45o,, P 35.
a mon COUSIN-
MONSIEUR DE BOISY,
GRAND ESCLÏEB DE FBANCE.
Mon cousin, j'ay receu la lettre que m'avez
escripte par le sieur de Cayluz2 présent por-
teur, et depuys ainsi qu'il estoyt prest à partir
pour s'en retourner par devers vous, m'est
' Lieutenant de la compagnie du prince de Navarre;
souvent cité par Monluc, sous les ordres duquel il fut
mis en 1 568 ; il mourut en 1072. — Voy. une note
détaillée sur lui dans les Commentaires de Monluc, édit.
deRuble, t. III, p. it>3, et fonds Clairarubault, vol. 347,
r 1/129.
5 Etienne de Caylus, s' de Colombières. Il t"Sla
en 157;") et était fds de Pierre de Caylus et de Marguei ili
de la Roque. Ce nom de Caylus vient d'une seigneurie da
Rouergue.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
io;
arrivée vostre première dépesche, par laquelle,
et ce que ledici sieur Cayluz m'a dicl . j'ay en-
tendu comme toutes choses passent au lieu ou
\ous estes doulcemenl et paisiblement. El
pour ce que je luy ay faicl entendre mon adviz
sur chacun article de <ou mémoire, et que je
m'asseure qu'il vous en sçaura rendre bon
compte, je me déportera) de vous en l'aire
aucune redite, et seulement vous pryera) que
\otis le croyez de ce qu'il vous dira de ma
part. Kl je pryeray Dieu, mon cousin, qu'il
vous ail en sa saincte garde.
Escripl à Gaillon1, le xxix" jour de septem-
bre i 562.
La bien vostre,
Gaterine.
1 562. — Fin septembre.
Minute. BiM. imp. Je Sainl-PHlersbourg, vol 18, f' 83.
A MONSIEUR DE BORDILEON.
Mon cousin, j'ay ïeu par la déclaration que
vous avez envoyée les difficultez que vous
faictes en la restitution des places2, sur quoy
l'on vous envoyé une seconde jussion pour
1 Tlirockniorlon écrirait à la reine Elisabeth, le 3 'i sep-
tembre i56a : tiEn ce moment le Roi est à Gaillon, une
des résidences (tu cardinal de Bourbon.- ( Calendarof State
papers, 1 56a , P 3ao.)
2 \ oy. dans le fonds Fontanieu ( Bilil. nat.), n° 3oa,
rrles remontrances envoyées au Roi et à son conseil par le
sr de Bourdillon lorsqu'il estoit solli. iti> de remeltre à
M. de Savoie les places que Sa Majesté s'esloit réservées
en Piémont-? ; elles sont imprimées et datées du 1 ô sep-
tembre i56a. Après avoir énuméré loutes les raison*
qui motivaient sa patriotique résistance, eu égard à la mi-
norité du Roi, Bourdillon exigeait que la patente de res-
titution fût signée par le Roi, les princes du sang, le
connétable, les membres du conseil privé et qu'ejle fût
enregistrée par tous les parlements de France, ou tout
au moins par celui de Paris et par la cour des comptes.
— Voy. Brantôme, édit. de L. Lalanne. t. V, p. 7.3 el
suiv.
passer oultre, d'aultnnl que ce que vous de-
mandez semble de peu d'importance el au
contraire il se congnoisi que laiongueur en rt'<-\
est grandement préjudiciable au service du
l'iov monsieur mon lilz; car quand tout est
dict, L'acte qui est signé de tous ceulx qui
ont conseillé ladicle restitution . lequel je
garde pour ma descharge, satisfaict à ce que
vous demandez, duquel . quand vous en aurez
besoin, vous en sera pour la vostre baillé une
coppie collationnée à l'original, et n'y en a
pas ung qui ne trouve véritablement que vous
avez raison de prévenir tout ce qui | importe]1
pour vostre seureié. mais de parler d'emolo-
guer en la court de Parlement, nv d'assem-
bler Estatz; l'un ne se peull faire pour des
raisons très pertinentes qui l'empeschent, qui
ne se peuvent mander el vous seront décla-
rées quand vous sciez de deçà; el l'aultre esi
bien chose si longue et. en ceste saison si
dangereuse qu'il n'y a bon serviteur du liov
monsieur mon lilz qu i le luy conseillas!; et
pour reste cause, mon cousin, il ne l'a n 1 1 que
cela vous arresle ; car après vous avoir en-
voyé la seconde jussion que, ayant oy voz re-
monstrances, vous a esté dépeschée, et satis-
faict et respond à la difficulté que vous
Faictes, il n'y aura personne qui ne croye que
ceulx qui l'ont conseillé- n'ayenl aullanl aviné
le service du Roy monsieur mon lilz que vous
ni aultre sçauriez fayre, et qu'ilz n'ont pas
moings considéré ce qui se debvoyl faire que
vous sçauriez avoir faicl, et que pour la seu-
reié d'eulx à l'advenir et de vous et de Ions
ceulx qui s'en mesleront ilz n'ayent regardé
à le faire en la meilleure forme qu il a esté
possible, de façon que l'on pensera que vous
seul, sans grande raison, l'avez empesctié: el
que s'il advenovl quelque inconvénient au ->r
1 Ce mol est lacéré.
'■08 LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS
\ ice du l'm\ monsieur mondicl lil/, en ceste sai-
son où nous avons beaucoup affaire d'avoyr de
l'argenl el nul besoing d'en envoyer, je ne sçaj
comme vous en pourrez excuser. Je ne vous
dis pas cela de moy seulle ny pour envie que
j'aye qu'elle se face si n'esl raisonnable, mais
pour ce que, voyant ce que je voy des affaires
de ce royaume el eslant conseillée de tant de
grandz personnaiges, et qui ont faut aymé et
bien servy à ceste couroune, de le faire en la
m dangereuse saison, pour en tirer quelque
h h ici en nnz affaires, comme nous espérons
que nous importunerez plus, je ne puis que
I approuver et désirer que l'exécution s'en face;
el quand vous serez hors de là et que \ous
verrez ce que nous voyons, pour estre bon el
alfectioné serviteur du Roy mon filz, comme
je vous ay tousjours congneu , nous direz que
nous avons eu raison. Je vous prie doneques,
mon cousin, ne tirer poinct cela en longueur,
car elle nous sei'oyt trop pernicieuse. Quant à
l'argent, nous regarderons de faire du mieux
que nous pourrons, alfin que, a\ec ce dont
Monsieur de ' respondra et ce qui vous
sera baillé comptant, les soldatz puissent avoyr
moyen de sortir, et vous voulant bien dire eu
passant que nous entendons bien que, quand
le capitaine \eull, les soldatz se mutinent et
que, si le capitaine fait bien son debvoir,
baillant au soldat commodité de sortir, il le fera
trop vol un tiers; et pour ce ce sera à eulx aussi
à qui l'on s'en prendra, quand ou les aura
contentez, s'ilz n'obéissent. Quant aux reques-
les que vous a\ez envoyées, Ion regardera de
faire à tout du mieulx que l'on pourra, et sur
les denyers qui seront envoyez en Piedmonl
aux assignations qui seront ordonnées l'on
regardera de vous pourveoir, de façon qu'ilz
auront occasion de s'en contenter; qui est tout
Nom propre iliisibii
ce que je vous diray, priant Dieu, mon cousin .
de vous avoir en sa saincte et digne garde.
A Caillou, ce . . . jour de septembre 1 56a.
(Au dos.) La Royne à M. de Bourdillon. du
. . . jour de septembre.
( 1 562. — Fin septembre-, j
Aul. Arcli. de Turin.
A MOIN FRKIŒ
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, j'é reseu vostre lettre que j'é
monslrée au Roy mon filz ], lequel encores
qu'i n'an creust rien de sel qu'on luy avoysl
mandé a haysté byen ayse de voyr set que
m'en escripvés, comme j'ay baysté atissv. el
\ous prie panser que ce que je vous an n "a\
fayst antandre, ce n'a esté [>our chause que nv
mov ny pièse de seuix quy sont auprès de
leuy en creusyons; mes seulement pour vous
avertyr de tout, comme je feré toute ma vye
des choses que je saré quy vous toucheront.
sachant byen vostre bonne voulunlé envers le
Roy mondyst filz et moy; afyn (jue s'il \
avoyst quelqung de veôs mynystres ou ser-
vyteurs, quy n'ansuyvysl vostre voulunté et
commandement, qu'en soyés averty et que
sette amytié que le Roy moiidisl filz vou.-.
porte et veull porter ne pyuisse jamès aystre
en ryen altérée. Je vous prie vous asseurré
qu'encores que n'ayés besoyng envers le Roj
mondist fils de protecteur pour l'amytié qu'yl
vous porte, si ne leseray-ge poursela de vous
1 Dans un mémoire daté du 30 septembre i563, el
où Ton rend compte des affaires de France, nous lisons :
b Los troupes du duc de Savoie sont retournées dans leurs
foyers (The company of the duke of Savoy lias returned
to tbeir homes).» C'est sans doute de celte retraite de ses
troupes que s'excuse le duc de Savoie. (Calendar oj Si •'■
papir*. année 1 562 . p. 3 1 '1. |
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
/i09
dyre que je vous seraj loin-jour telle que je
vous ay aseuré, non seulement comme bo
seur, mes c< ne afectyonnée mère, estant
certayne que serés tyeul à l'eudroyl deu lio\
mondisl (ils, que me donnerés occasyon de
contyneuer en sete vpulonté, ainsi que \ous
en aseurera davantage Madame de Savoye,
ma seur. qui vous est heung s\ seur gage de
mon amytyé qu'yl ne m'est, ce me samble, be-
soins de \ ou^ an dyre davantage; et vous prie
pour la Ivn de ma lettre, mon frère, me con-
tyneuer la vostre selon que vous aysl
\ ostre lionne seur,
Caterine.
i 1562. — Fin septembre,
lui Arcb. V-. Médicis, dalla cîlata Qlza 'i; 3o9 nuova numerazione.
I MON CODS1N
LE DUC DE FLORENCE.
Mio cugino, havendo inteso per quel che
del Bene ' m'ha scritlo l'amorevolezza cbe voi
usate verso il lie mio figliolo et me, et lo
aiuto et soccorso che libéral m ente rifafe sotto
la sicurtà délie nostre parole di rendervegli
di che non mancberemo, snhilo che piacerà a
Dio di rimetterci nel nostro Milito riposo; e
perô non ho voluto mancare di ringratiarvene
assai per questo corriere et assicurarvi, che
havete fatto piacere a un Principe, che non lo
dimentichera giammai et lo riconoscera in
tutte le occasioni che si presenteranno nel
nostro Rcgno di tullo quel ch' egli havra cli
modo et di potere; et pec la parte mia in
lulto quel chio polro affaticarmi per \oi vi
faro conoscere, corne io vi sono el voglio essere
\ ( ; . une lettre d'Albisse d'Elhene à Catherine, datée
de Florence, le 7 septembre lôlia; il répond à un- lettre
d'elle du 33 août >•! lui annonee que le duc de Florence
tient à sa disposition la majeure partie de la somme pro-
mise. ( Bibl. nat. fonds français, n" 1 5.S77. f 36.)
Catuoinf. db Médicis. — 1.
buona parente el arnica, e( vi prego a farne
altanto verso di me, c ■ di quella che vi
sura lulla la su;i \it;i
La vostra buona cugina .
Catherin \.
I 562. 3o septembre.
Copie Bibl. nat. tonds français, n" , f» S 7 7 . f u-
H PAPE.
Très-Sai net-Père, si l'abbé de S'-Gildas1
n'estoit si suffisant qu'il est, je vous dirois
plus amplement les raisons qui nous ont meu
de vous faire la requeste que vous Gsmes de
permectre à Monsieur le légat2 de vous aller
trouver, mais je m'asseure qu'il vous a sou-
vent rendu si lion compte qu'il ne sera l>r-
soing de vous en rien dire davantaige, si ce
n'est nous pouvoir tesmoigner que c'esi à
nostre très-grant regret de quoy la nécessité
nous contrainct, en une si fascheuse saison,
d'csloigner d'auprès du Roy monsieur mou
lil/. ung personnage de qui la loyauté, pru-
dence et grande expérience est si congneue
qu'elle est; mais l'espérance que nous avons
que estant près de Vostre Saincteté il pourra
luy servir el à loul ce royaume [tour ce qui
se présentera, estant ainsi de la requeste que
nous vous Usines de luy permettre de vous
aller retrouver, comme le Roy monsieur mon
lilz et moi vous en supplie aultant affectueu-
sement que nous pouvons, ainsi que j'ay
donné charge audicl abbé de Sl-Giblas vous
dire de ma pari, el je vous supplie le croire
coioine moy-mesme. El sur ce je prie Dieu.
Très Saincl-Père. etc.
( lu dos.) La Royne au Pape, du dernier
jour de septembre i ■>0i.
1 Vnv. 1rs instructions de l'alilic de Sainl-I nldas allant
.1 11 Bibl. nat. tonds français, n" IÔ877, f° 196.)
2 Le cardinal de Kerrare. — Vov. la minute d'uni' Iclllï
de Charles IX au Pape (même volume,!* i3o).
.r>3
1 1 o
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1562. — Octobre.
Minute. Bihl. nat. fonds fronçais , n" 15877, f° l83-
V MONSIEUR DE NEMOURS.
Mon cousin, il n'y a que deux jours que je
vous dépesebay Pelisson ' en toute dilligence
pour vous oster hors de la poyne où je res-
sens vous avoyr mis la despesche qui vous lut
faicte par Lansac2; depuis le partement duquel
IVIisson, nous avons advisé vous aooinmo-
der de 1 artillerye que demandez du coslé de
la Bourgogne3, de façon que, je m'asseure, il
n'y aura poinct de faillie que n'en soyez suivi
selon votre désir et le besoing qu'il en est pour
le bien du service du Roy monsieur mon filz.
Quant à l'argent, je y travaille tant que je
puys et maintenant que suis en bonne asseu-
rance d'en avoyr, vous vous pouvez asseurer,
mon cousin, qu'au même instant qu'il arrivera
il vous sera fourny, pour ne vouloyr qu'il soyl
employé à aullre chose que pour vous; car je
ne vous ay point mys là pour vous oublyer,
comme vous m'escrivez, niais pour me souve-
nyr à toute heure du service que vous l'aides
au Roy mon filz, et de la volunté que vous
avez de lui en faire encore daventaige , si vous
en avez autant de moyen que de vouloyr. Je
laietz porter les despecbes à Monsieur de Bour-
dillon pour hasler les Piedmontoys, et à Al-
1 Maugiron, dans une lettre datée de Vienne, le 5 oc-
tobre, parle du commissaire Pélisson. (Bibl. nat. fonds
français, n" 15877, ^ '63. )
- Voici ce que nous lisons dans une dépêche, en date
du 20 septembre : fils ont à Lyon (i.ooo hommes. Le
duc de Nemours se lient dans les environs avec environ
'1,000 hommes, les Italiens l'ayant quitté, el les troupes
du duc de Savoie étant rentrées dans leur propre con-
trée.» (Caiendar of State papers , lôlia, p. 3i4.)
1 Voy. au sujet de cette demande d'artillerie la minute
d'une lettre de M. de Tavannes à la Reine dans le
n" 46iio du fonds français, f° aà. Cette lettre a été im-
primée par \l Pingaud dans la correspondance de Ta-
vannes, p. 110. (Paris, 1877, in-8°.)
luye1 pour essayer d'avoyr aveoques des Gene-
vois2, comme il me le mande par son envoyé,
si cela peut prouffiler de quelque chose. Je
vous prie, incontinent que vous aurez leu la
présente, faire partir le courryer pour s'en
aller en toute dilligence audict Piedmonl.
affin qu'il puisse arriver à temps pour accellé-
rer le parlement desditz Piedmontoys. Priant
Dieu, mon cousin, vous avoyr en sa saincle
et digne garde.
Du camp devanl Rouen, le. . .jour d'oc-
tobre i56a.
(Au dos.) La Royne à Monsr de Nemours.
du. . .jour d'octobre i562.
1562. — Octobre.
Minute. Itibl. nat. fonds français, n" 15877, *"' °7'1,
A MONSIEUR DE MONTPENSIER3.
Mon cousin, vous entendrez par ce porteur,
et par la lettre que le Roy monsieur mon filz
vous escripl4, l'occasion de sa dépesche, qui
vous est de telle importance qu'il ne fault user
d'aulcùne longueur ny difficulté; car de là dep-
pend une partye de la victoyre; et pour cesle
cause je \ous prie, aultant que vous avez chère
la conservation de ce royaulme, donner ordre
que le sieur de Sanssac 5 parte avec les forces
1 Florimond Roberlet, baron d'Alluie, secrétaire
d'État de 1 ô">o, à 1 56g , fut employé dans plusieurs mis-
sions importantes en Angleterre et en Piémont. Il ne
laissa pas d'enfants de ses deux femmes Jeanne de Hal-
luin et Marie Clausse.
2 Génois.
3 Louis de Bourbon, duc de Monlpensier. — Voy. la
note de la page 207.
' Voy. la lettre de Charles IX qui accompagne celle-ci.
(Bibl. nat. fonds français, 11° 10877, 1" 270.)
'' Louis de Sansac , gouverneur d'Angoulème , mort des
blessures reçues à la bataille de Saint-Denis en 15O7.
— Voy. une lettre de Charles IX à M. de Sansac. (Bibl.
nat. fonds français, n° 10877, ^ 27^-)
LETTRES DE CATH
qu'il luy csi mandé, le plus dilligeminenl
qu'il lin sera possible, pour avec icelies
s'achemine! droicl à Tours èl se veuyrjoindre
à celles que nous faisons assembler vers Es-
tampes pour leur faire teste; car \ous debvez
penser que le corps m'en esl plus cher que les
membres, et que, si nous ne résistons à ceste
force, en vain se travaillera-on de les chasser
des aultres provinces; pour lesquelles raisons
je vous prie encore ung coup faire partir ce
se oui.- le plus diligemment qu il sera |
sible, de façon qu'il puisse arriver à temps
pour nous en servir. El je prie Dieu, mon
cousin, vous avoyr en sa saincte el digne
gardé.
De Houen.ce . . . jour d'octobre i562.
(Au dos.) La Royne à Mous' de Monlpen-
sieiydu . . . jour d'octobre i56a.
1562. — Octobre.
Munit''. Orig. Bibl. nal. fonds français, n' 1OS77. f 19.fi.
A MONSIEUR DE BOI ILLÉ.
Monsieur de Bouille', m'ayant mon cousin
le duc d'Eslanipes depuis quelques jours ad-
verly qu'il se remuoil quelque chose i\[\ costé
de Bretaigne et qu'il y avoil dangier qu il ne
se feist quelque assemblée el amas de gens de
ce costé là, je n'ay voulu faillir de vous faire
la présente pour vous prier d'j prendre garde
de regarder s'il y aura moyen de les contenyr
pardoulceurel, s'ils avoyent envye de s'amas-
ser, de les séparer par tous moyens --ans venyr
a la force; car je seray toujours d'advis que
ce chemin là se tiust le premier; et s'il ne
prouffite, \ous regarderez (rassembler ce
que vous pourrez avoyr de forces, tant de la
noblesse que aullres gens que vous prendrez
aux lieux et places où il \ en aura, pour les
rumpre el empescher qu'ilz ne facenl masse
ERINE DE MED1CIS. &i1
(jui puisse estre préjudiciable au bien du ser-
ilu llo\ monsieur mon Glz. Vous estes
saige et sur les lieux, où vous sçaurez mieulx
l'aire qu'il ne vous peull eslre mandé; el me
souffil seullemeut de vous en adviser, comme
faicl mondicl cousin, qui en a plus de co-
gnoissance, affin que vous \ remédiez dextre
ment, comme vous le sçavez lié- bien l'aire;
qui sera fin. prianl Dieu. Monsieur de Bouille,
vous avoyr en sa saincte el digne garde.
De Rouen, ce . . . jour d'octobre i 56a.
(Au dos. ) La Royne à Monsieur de Bouille,
du . . . jour d'octobre 1 f>G2.
1562. — Octobre.
Minute. Bibl nal. fonds français, n° i^'S— i 7.;
\ MONSIEI R DE SANSAC.
Monsieur de Sanssac, vous entendre/, pai
ceste dépesclie ce qui nous faict vous haster
parce que les Allemans marchent et se vonl
joindreàceulx d'Orléans, lesquelz ne fauldronl
avec ces forces el ce qui leur est venu de la
Rochefoucault de vouloir entreprendre quelque
chose. Pour ceste cause, je vous prie aultanl
(pie vous aymés le service du Roj monsieur
mon filz de soliciter, comme je désire. Mon-
sieur de Monlpensier de \ous bailler les forces
qu'il a là et de mander à tous les cappytaines
d'user de toute diligence pour partir, et par
liculièrement à Cbarrit1,àcequ'il remplisseses
compaignyes le plus qu'il pourra, de façon que.
s'il esl possible, il puisse faire jusques à troys
mille hommes ensemble et faire advancer les
compagnyesdegendarmerye, de façon que vous
nous puissiez amener ce secours, aux meil-
leures et plus raisonnables journées qu'il sera
i ques Prévôt, seigneur de Charry, l'un des favoris
de Catherine et maître de camp des dix enseignes de la
garde du roi. Il fui assassiné à la fin de l'année i563,
5 9 .
h\-l
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGLS.
possible, si à temps que nous en puissions tirer
le service que j'en ac tends. Je m'asseure bien
qu'il ne tiendra pas à vous à y faire toute la
diligence possible; et pour ceste cause, je ne
vous le recommande point davantage, mais
prie bien Dieu, Monsieur de Sanssac, vous
avoyr en sa saincle et digne garde.
De Rouen, ce ...jour d'octobre i56a.
1562. — Octobre.
Minule. Bibl. nat. fonds français, n° 51877, ^ a77-
A MESSIEURS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT
DE PARIS.
Messieurs, pour ce que je veulx employer
le sieur Davaine, conseiller en la court de
Parlement, et l'envoyer en quelque commis-
sion pour mes affayres, j'ay prié le Roy mon-
sieur mon fdz de vous en escrire pour vous
prier bien particulièrement descbarger ledict
sieur pour quelques mois durant qu'il vac-
quera à mesdictz affayres, comme je vous en
prie bien fort et vous asseure que ce faisant
vous ferez cbose que j'auray bien fort agréable.
Et je prieray Dieu, Messieurs, vous avoyr en
sa saincte et digne garde.
De Rouen, ce . . . jour d'octobre i562.
1562.— Octobre.
Minuta. Bibl. nat. fonils français, »° 10877, ^ ^ai.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE RORDILLON.
Mon cousin, s'en allant mon cousin Mon-
sieur le cardinal de Lorrayne en Piedmont, le
Roy monsieur mon lilz l'a prié de \ous bailler
par Chatelier-Portaut, l'un des familiers de Coligny et
de d'Andelot. — Voy. ce qu'en dit Brantôme, •'■<! il. de
L. Lalanne, t. V, p. 33S. 36 1 et suiv.; de Thon
(KvreXXXV).
la jussipn qui luy a esté délivrée pour vous
commander de sa part et amplement entendre
ce qui vous a esté précédemment mandé tou-
chant la restitution des places1, auquel, oultre
cela, il a si amplement faict entendre ses in-
tentions, et luy, pour avoyr assisté aux déli-
bérations qui ont esté faictes, est si bien in-
formé des raisons qui nous ont meudece faire,
que je m'asseure il vous en esclaircira si bien
qu'il ne vous en demeurera aulcun souspe-
ebon. Je vous prie duneques le croyre, et vous
assurer que ne sçauriez faire plus de service
au Roy monsieur mon lilz en ceste saison où
nous avons tant de besoing de nous renforcer
que de luy envoyer les forces de Piedmont,
dont il a exlresme besoing, et parce que nostre-
dict cousin vousle sçauramieulx faire entendre
que je ne le vous puys mander, je me remeclz
sur luy auprès de vous. Pryant Dieu, mon
cousin, vous avoyr en sa saincte et digne
garde.
Du camp devant Rouen, le. . .jour d'oc-
tobre i56a.
(Au dos.) La Royne à M. de Rordillon,
du. . jour d'octobre i562.
1 Voy. une lettre de Robertetà Catherine, du 31 oc-
tobre i56a.II ne croit pas que la restitution des places du
Piémont soit aussi facile qu'on l'a dit à la Reine; itcar
il y a trop de gens à contenter, et peu de moyen pour ce
faire. v (Bibl. nat. fonds français, n° 15877, f° 3 12.) —
Dans une autre lettre du 27 octobre, il résume toutes
les difficultés suscitées par Bordillon, qui voudrait que
dans l'acte signé pour sa décharge, «ce mot pur l'ex-
près commandement du Boy, n'y fust point mys, et
qu'oultre cella il pleust à S. M. vonloyr tant le favoriser
et bien traicter que do lui envoyer le double que S. M. a
par devers elle." aQuand vous ne luy accorderez riens,
ajoute t— il , il ne layssera de passer oullre; mais, Madame',
si vous le pouvez contenter aysément pour sadicte dé-
charge, j'estime que V. Majesté sera bien contente, non
seulement de lui accorJer cella, mais aussi de ne le laisser
sans party, comme il sera si sans quelque charge vous le
resvocquez par délia. •> (llid. p. 3a5.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
113
I :>6i>. — Octobre.
Minute. Bibl. imp, de Saint-Pétersbourg , vol. 18, I
\ MONSIEUR DE LA BROSSE.
Monsieur de la Brosse1, après avoir consi-
déré l'importance dont nous est la venue des
AUemans, et le mal qui nous pourrait adve-
nir, s'ilz se joignoient avecques eeulx d'Or-
léans, nous avons advisé d'envoier mon cou-
sin le maréchal de Saint-André' du costé de la
Champaigne avec tout ce que nous pourrons
de gendarmerye, et les troys mille Itallieus
que M. de Nemours a, les deux mille Suysses
que Al. de Tavannes luy amena et quelque
nombre de compaignyes françoises, estimant
que leur rompant ce coup et les empeschant de
venir là, ce sera le gaing de la partie; car
toutes choses après ne nous sçauroient estre
que bien tort aysées; et pour ce que de ceste
armée nous ne lui pouvons bailler de noz gens
de pied, pour en avoir peu et extrêmement af-
faire d'iceulx, il nous a semblé que l'on pour-
rait tirer quatre des enseignes françoises que
vous avez pour envoyer avecques luy el troys
de celle du sieur deLosses, et par ainsi il vous
demeurerait dix enseignes de lansquenetz, et
six de Françoys, et quatre compaignies de
gendarmerye, qui seront les compaignies des
- Vous, priant, Monsieur de la
Brosse, faire incontinent partir lesdictes com-
paignies suivant la lettre que je vous en es-
criptz pour se rendre à Ham3 aux meilleures
journées qu'il z pourront; pour lequel efleclie
vous envoyé le Plessis, mon varlet de chambre,
pour les conduyre, allin de leur faire faire
; \ oy. pour l'explication de cette lettre un mémoire
adresse â Messieurs de la Brosse et de Losscs dans le
n i 5877 du fonds français, p. 367 et suiv.
: Laissé en blanc.
1 On avait d'abord écrit Troyei, puis on a mis Ham.
dilligence. Le semblable feront les compai-
gnyes île gendarmerye, hormis les quatre que
miiis demande el la cavalerie légère, vous ad-
visanl de vous rendre audict lieu de Ham en
la meilleure dilligence qu'il vous sera pos-
sible, el d'aultanl que, partant la gendarmerye
qui est à Pluviers, le roy de Navarre, mon
frère, veult que Monsieur de Losses1 revienne,
nous avons advisé que le sieur de Prie-, lieu-
tenant de mon cousin le coule de Viilars, v
pourra demourer ou à Gyen, ainsi qu'il ad-
visera le plus à propos; et que cëpen lant les
troys enseignes des sept qui \ sonl y demeu-
reront. Quant à vous, ayant lesdictes loues.
vous regarderez de vous loger auprès de Cbas-
teaudun en quelque camp fortillié. si ceulx
d'Orléans ne sortent poinct, ou bien, si vous
entendiez qu'ilz marchassent du coslé de
Bloys, en ce pelil camp où nous logeasmes,
avec la faveur duquel vous pourrez conserver
la ville; vous priant mectre peyne d'entendre
bien souvent de leurs nouvelles pour m'en
donner advis d'heure à aultre, allin de sçavoir
ce qu'ilz deviendront; et ce sera fin, priant
Dieu, Monsieur de la Brosse, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen, ce . . . j d oc-
tobre i562.
(Mm dos.) La Rbyne à Monsieur de la
Brosse, du ... jour d'octobre iô<i>.
1 De Losses, le •! octobre précédent, écrivait à
Charles IX : qu'il mettait «grande peine à enclore dans
leur ville ceuls d'Orléans,- et il ajoutait i|ue, depuis son
arrivée en ce lieu, rla peste s'y esi échauffée de façon
qu'il n'est peur qu'il n'en meure un grand nombre de
personnes et de gens de guerre.» (Bibl. nat. fonds fran-
çais, n° 15877, ^" ' ''"■ p' su'v-)
1 Edme de Prie, sieur de Toucy.
41'i
LETTRES DE GATH
1562. — 6 octobre.
uat. fonds français . n° SO&59 , f* Ag*
V MON COUSIN
LE SIEUR DE BOIS^.
CRAND BKCUYBR DE FR1SCR.
Mon cousin, avant que vous faire responce
sur le coulent] en vostre lectre du 11" de ce
moys, je vous diray que Dieu a tellemenl fa-
vorisé nostre entreprise du fort du mon)
Sainte-Catherine1, que encoresque les rebelles
le tinssent pour une place imprenable tant
pour Sun sit que pour les grandes fortifica-
tions qu'il/. \ avoient l'aides, 110/. soldats font
reste après disnée emporté d'assault, et à cesle
prise ainsi brave et furieuse donné tel eslon-
nemenl à ceulx de la \ille. que je pense qu'ilz
ne resercberonl plus que la miséricorde du
lln\ monsieur mon lilz,el que dès demain Hz
; Robcrlet écrivait au duc de Nemours du camp de-
vant Rouen, le 19 octobre : ttje vous diray que nous avons
prinsleniontSainte-Catberinede Rouen de furie d'assault ,
mi nus gens feirenlfort bienetlesemporlèrentdebraverie.
■M ceuli du dedans s'eslonnèrent sy bien qu'ilz désempa-
renl I" parapet, et de là iiz perdirent tout; il en feul
tué deux cens. Nous sommes devant Rouen, qui est veu
11 courtine, et par le cul, et parla teste, de façon
qu'il est malaysé de se tenir sur le rampait, je ne diray
pas pour combattre, mais sur le ventre pour se cacher.
Nous avons jà rompu une tour, et demain en ferons au-
tant à ung portail, et nous logerons dans le fossé, d'où
ne sommes à dix pas. Cela fais!, je croy que quatre
cens Angloys tous corselets qui y sont entrez vouldroient
estro en Irlande, car nous logerons sur le rarnpart, et du
Mont nous les balterons de six canons. Hz sont si opiniastres
qu'ilz aiment mieux mourir que de parler de composition.
M onlgommery est dedans et brave infiniment. Les Anglois
sont dans !« Havre et en ont chassé les huguenotz.i
(liilil. nat. fonds français, n° 3aoo. fJ ia3.) — \ oj .
un<^ lettre du roi de Navarre à Chantonnay, l'ambassa-
deur d'Espagne, pour lui annoncer ta prise du fort
Sainte -Catherine. (Arch. nation, collect. Simancas,
K. 1 ')
BRINE DE MEDICIS.
seront prestz à luy remédie la ville entre les
mains; qui vous sera, comme je masseute, une
nouvelle aussi agréable que je suis ayse pour
ma part de la vous pouvoir rnauder. Au de-
meurant, quant à ce qui concerne le faicl du
Marché du Meaulx, je suis d'advis, mon cou-
sin, que estant le desmanlellement achevé, ve-
nez nous retrouver incontiuant , 11'eslant poinct
de besoing de leur envoyer pour eeste heure
les deux enseignes qu'ilz demandent sur la
crainte qu'ilz ont de la venue des Allemans:
car s'en allant par delà mon cousin le mares-
chal de Saint-André avec une bonne et grosse
force, tarit de cavallerie que infanterie, pour
s'opposer ausdietz Vllemans en leur entre-
prise, il les sçaura bien pourveoir de tout ce
qui leur sera nécessaire, s'il veoyt le besoing le
requérir; et quant au sieur Philippes Strossy,
je luv escriptz qu'il s'en vienne trouver ceste
armée et amène sa bende quant et luy. ainsi
que je sçay qu'il le désire, joincl aussi qu'il
n'est plus nécessaire audict Marché de Meaulx.
Priant Dieu, mon cousin, qu'il vous avt en sa
saincte garde.
Escript à Rouville, ce vi jour d'octobre
! .") G 2 .
La bien vostre.
(Utérine.
1 562. — (6) octobre.
Orig. Bibl. irap. de Saint-Pétersbourg, vol. 18 , f' 48.
A MON COl'sIN
MONSIEUR DE MONTPENSIER.
Mon cousin, j'ay esté bien ayse d'avoir
entendu de voz nouvelles par vostre dernière-
lettre et d'av tir veu que vous en allez à Thou-
louze p nr achever de tenir lousjours ce pays
en tranquillité, et d'aultanl qu'à ce que j'av
entendu ceulx du Parlement continuent tous
les jours de [aire de cruelles exécutions de
LETTRES DE CATHE
ceu lx qui avoienl prins les armes etque, par
l'adviz de tous ceulx de mon conseil estans
près de moy, j'a\ pardonné à i ou t ce pauvre
peuple qui n esté abusé el se veull recong-
noistre el qu'il n'est raisonnable d'estraindre
la cbose iusques à l'extrémité, je vous prie
vous-mesme aller dans ladicte cour de Par-
lement et estre moien qu'elle face cesser ces
pugnitions de ce pauvre peuple; car en telle
chose, quand les chefz sont pugnis, l'on se
doibt contenter; car de vouloir tout chastier
l'on n'auroyl jamais faict; ce que je vous re-
commande d'à ul tant que. estant de la pro-
fession que vous estes, je m'asseure que vous-
mesmes y tiendrez la main. Quant à mes nou-
velles, je vous advise, mon cousin, que j'a\
prins le mon! S'c-Calherine d'assault, où il a
esté tué trois ou quatre cens nommes, el suis
maintenant après la ville de Rouen de laquelle
j'espère venir ;i bout dans peu de temps, s'il
plaist à Dieu, estant très mary de quo] l'obs-
tination d'aucuns t'olz et malheureulx qui sont
dedans est telle qu'elle soit cause de la faire
saccaiger, comme elle sera si l'on y entre de
force; q.;i sera fin, priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen, ce . . . jour d'oc-
bre i 5 <» -3 .
Yostre bonne cousine,
Caterine.
1562. — S octobre.
Copie. ltecorel office, State papers, vol. \\\
\ M» I. AMBASSADEIR D'ANGLETERRE.
Monsieur l'ambassadeur, j'aj receu vostre
lettre et véu, parle contenu (ficelle, l'envie
que vous axez d'avoir un passeport, lequel,
comme je vous ay par ci-devant escript, ne
vous est nullement du monde nécessaire,
RINE DE MÉDICIS. I
d'aultanl qu'à ceulx de vostre qualité et venant
de la part de vostre maislresse, il n'en e^l pas
besoing el mesmemenl qu'il \ en a de plus
grande qualité que la vostre el de voslre nation
en ce royaulme qui n'ont poinct demandé de
passeport pour y venir; aussi espéray-je en
Dieu que, sans demander congé, il/, s'en re-
tourneront et de bref. Quanta vous, à toutes
heures que vouldrez venir, vous serez le bien
venu, car il n'y a personne en ceste troupe
qui mois voulus! faire mal, el me semble que
VOUS l'orniez ceste peine sans grande occasion,
comme, quand vous viendrez, vous cognois-
Irez pareffect; el sur ce je priera^ Dieu. Mon-
sieur l'ambassadeur, vous avoir en sa saincte
el digne garde.
Du forl S,e-Catherine, le \me jour d'octo-
bre îôO'i '.
Cati fune.
1 Voici la réponse de Throckmorton à celle lettre;
elle est dati e d'I Irléans, le 1 5 octobre : Il a reçu la letlre
lui annonçant le relus du saut-conduit qu'il demandait;
la Heine n'a pas eu égard aux raisons alléguées. Un ignore
pas qu'un des conseiller du privé conseil a tenu ce
propos : -qu'il ne falloit pas le laisser échapper de ce
royaulme, mais qu'il était besoin de le faire mourir par
quelque moyen que ce fust. - Les Anglais de qualité qui
sont venus en France n'ont eu d'autre intention que celle
d'éteindre un si grand feu allumé si près de l'Angle-
terre et mettre fin aux meurtres et saccagemenls si la-
mentables qui se l'ont tous les jours, auxquels il semble
qu'on se soucie peu de rechercher la voie d'j r mé
dier. Le reste de la chrétienté en a très-grande douleui
et compassion ; il a ordre de la Reine sa maîtresse d'aller
le faire entendre plus amplement ; à quoi il n'eût failli
s'il eût plu à Sa Majesté lui envoyer un passe-port et
sauf-conduit pour l'aller trouver en toute sûreté, Si on
vente les mauvais desseins qu'on a sur lui, la l!> ine sa
maîtresse saura bien ressenti] une telle offense, une
elle en a assez le pouvoir, i liecoid ollice. ^late papers,
France, vol XXV.
/ilfi
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1562. — (8 oclobrc.)
,\ul. Arch. '!«? Turin.
A MON FKÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère , le président Montforl ' s'an va
porter à mon cousin le cardinal de Lorayne le
dernier remède et sehii qui ne fauldra poynt
à mon avis aporler le fruit que désirons pour
\iilre contentement, mes que le sieur de Bour-
diilon antende set que mon cousin le cardi-
nal luv dyra de la part du Roy mon fils et de
moy et de tout le consel, heu yl a asisté, qui
hi\ pourra fa y r fou y que tous l'ont ainsy
pansé; si cela ne sert, reguardés et pansés set
quey pouron fayre daventage et nous lemendés
el vous aseurés qui ni a chause, quele qu'ele
souit, que ne vollyons fayre pour vous randre
roulent et Madame. Je donne cherge audist
président vous dire quelque chause de ma
pari louchant set que me senhle que devés
envoyer ver le cardinal de Chaslillon pour en-
lendre de luy sel que y vous volet dyre et
voyr s'il y auret moyen de fayre heune bonne
pays qui nous ayst, quelque chause que l'on
vous die, plus que nésésère et que ayons le
byen de vous voyr el Madame par desà; chause
que je veuk panser que fayré bientôt, veu
que j'espère que, à set coup, aurés set que dé-
sirés. Sel pourteur vous dyré en quel terme y
nous layse de sele ville de Rouan elde louttes
nos aultres afayres; qui sera cause que je ne
vous en fayré rediste el fayré fin, prient Dieu
vous donner se que désirés.
Votre bonne seur,
Cateiune.
1 Louis Oddinet, s' de Monfort. Il assistait au siège de
Rouen. — Voy. Lu Normandie à l'étranger, in-8°, Paris.
Aiilny. i853, p. 27.
1562. — 0 octobre.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, nn 3f)o . f' 107.
Imprimé dans les lililit. aux Mémoires de Castfhiau, par Le Laboureur,
1.1, p. 818, 819.
\ MONSIEUR DE RENNES,
CONSEILLE!) SU IIOY MONSIEUR MON FILZ ,
M.USTRE DES REQURSTES DE SON HOSTEL ET SON AMRASS4DEUR PRES L'EMPEREUR.
Monsieur de Renés, je ne vous feray auitre
responce sur le contenu en voz deux lectres
des x et xviie du passé quant à ce qui touche
le faict du concile, sinon que mon cousin Mon-
sieur le cardinal de Lorraine est parlv pour
s'y acheminer et n'y aura faut te, s'il n'est re-
tenu sur le chemin, ce que je n'espère pas,
qu'il ne soyt sur la fin de ce moys à Trente
avec un g bon nombre de noz preslatz; et vueille
Dieu que lors il se face chose audicl concilie
de laquelle nous puissions tirer plus de fruic!
qu'il ne s'est veu d'apparence jusques à pré-
sent; sans cela je ne veoy pas que nos maulx
se peussent facilement guérir, et que ceulx
qui s'en pensent exemptz s'en puissent sauver
el garantir longuement. Or, remerlanl donc-
ques tout ce faict là à la prudence de mondicl
cousin et à la bonne résolution qui en fut
prise à son partement, je viendray à ce qui
concerne la diette impériale, à laquelle je
vous mandé dernièrement que vous vous
pourriez bien excuser de vous trouver, pour le
tort qui vous est tenu à voslre précédence, et
qu'il suffirait que vous eussiez là quelque
homme saige el advisé qui peust visiter les
princes et qui recueillist les advis de toutes
choses pour les vous mander et après nous
en advertir; mais ayant depuys considéré
combien vostre présence nous y sera et utile
et nécessaire, je vous prye que vous ne laissez,
pour ce que je vous en avoys escript par mon
auitre leclre,de vous y trouver, affin que, avec
l'honeste occasion que vous aurez d'aller visi-
ter de la pari du Rov monsieur mon filz les
LETTRES DE CATHE
princes de la Germanie qui assisteront à la- 1
dicte diette, vous puissiez, oultre les paroles
el promesses accouslumées de son amitié, en-
trer en propoz particulièrement avec eulx sur
le faicl «les gens de guerre qu'ilz ont permis
eslre levez en Germanie à la fav ■ de ceulx
qui son i uotoiremenl rebelles au Roj mondicl
sieur el (Hz, el lelz jugez par la coui I de Parle-
: en quo\ vous regarderez de leur loucher
dexl rement la perpétuelle amitié el alliance
i|Lii a toujours eslé en Ire leSaind-Fuipire el la
couronne de France, les aydes, faveurs et
plaisirs que les princes de la Germanie ont
rcceuz de reste couronne, et signammenl des
feuz roys Françoys mon beau-père et Henry
monseigneur, l'utilité qu'ilz reçoivent encores
journellement de l'amitié el voisinance de la
France, de laquelle ilz ne peuvent nyer que
ne dépende une grande partye de leur conser-
vation, el que nous axons bien grande occa-
sion île trouver estrange que, en recognois-
sance de tant de bénéfices, il y en a\ I de ceulx-
là mesmes qui ne tiennent la liberté de leurs
personnes et conservation de leur estât que
desditz roys deffunctz , envers lesquelz il/, sont
encores débiteurs de grandes sommes, qui
ayent non seullement permis, mais aydé el
favorisé les levées que lesdictz rebelles ont
l'aides de gens de leur nation et en leur
propre pays pour les- amener en ce royaulme
et les employer à l'oppression d'iceluy. Avec
lesquelles remonstrances et les aultres per-
suasions que vous y sçaurez bien adjousler,
vous nieclerez peine, Monsieur de Renés, de
persuader et les ungs el les autres, de faire
révocquer lesdictz gens de guerre el faire co-
;;noistre., par ang tel acte propre à leur vertu
el constance, en quelle affection et recomman-
dation ilz ont la conservation de f Estât d'un
pupile qui, en ses affaires, ne penserod avoir
meilleur ny plus seur recoins que à eulx,
Catuerim: de Méoicis. — 1.
Kl M- DK MÉDICIS.
117
qu'il lieni pour les plus seurs et anciens amys
de sa couronne, lin quoj il ue sera poinct
mal à propoz (pie vous entremeslez ung petit
discours de l'heureux succès de noz affaires,
; ■ (li ii qu'ils cognoissenl que, quelques l roubles
qu'il v ayl :e royaulme, le Roy mondicl
sieur el lilz ne peull estre petil ennemj ne
inutile amy, el que la réputation des choses
qui s'acheminent à l'entier reslablissemenl de
son auctorité el obéissance, serve à les faire
aller plus retenuz. VA surtout prenez bien
garde que. en ladicle diette, il ne se Iraicle
n\ accorde riens entre lesdictz princes qui
soit pour tourner à la faveur desditz rebelles,
et si vous entendez qu'il s'en négocie aucune
chose, n'espargnez moyens que vous pensiez
propres pour les en divertir; requérez l'Empe-
reur monsieur mon bon frère de s'y employer,
selon l'asseurance qu'il vous en a ordinaire-
ineiii donnée, et mesme mectez en axant en-
vers lesditz Princes d'envoyer plus tost par
deçà leurs ambassadeurs pour Iraicler d'une
lionne pncillicalion el réconciliation, non par
les armes, mais par les doulx el gracieux
movens que, selon leur accoustumée pru-
dence, ilz sçauront bien faire proposer pour
ung si grand bien; vous advisant, Monsieur
de Renés, que depuys ce que je vousay escripl
du succès de noz affaires, les choses sont tou-
jours allées de bien en mieulx, tant du coslé
de la Bourgongne, Guyenne, Daulphiné el
Provence, où toutes les villes s'en vont entiè-
rement réduictes, que en ce duché de Nor-
mandye, où hier le fort du monl Sainte-Ca-
therine de Rouen, qui estoil tenu, tanl pai
son sit que pour les grandes fortifications qui
\ avoienl esté l'aides, place imprenable, fut
pris el emporté d'assault par noz Françoys,
qui a donné tel espouvantement à ceulx du-
dict Rouen qu'ils sont après à capituler ladicte
ville, qui sera, avant qu'il soyl vingt-quatre
53
il 8
LETTRES DE GATHE
heures, es mains et en l'obéissance du lîo>
mondict seigneur et fils; il ne restera plus en
ce duché que le Havre et Dieppe, où nous
sommes délibérez faire ung si furieux effort
que nous espérons avec l'ayde de Dieu , qui sayt
nostre juste querelle, d'en avoir aussy bien la
raison que nous avons eu du demeurant; qui
sera l'endroict, Monsieur de Renés, où je prie-
ravDieu qu'il vous ayt en sa garde. Escript au
camp près Rouen, le ixc jour d'octobre îSfis.
CaTERINE.
Bol IIDIN.
1562. — îi octobre.
Minute. Pibl. nat. fonds français, n° 13877. f" 1 ci ■"•
A MONSIEUR DE JARNAC,
CHEVALIER DE L'ORDRE DO ROT MONSIEUR HON FILZ ,
ET SON LIEUTENANT AC COUVERNEMFrîT DE LA BOCBELLË
EK L^ABSENCE DU BOY DE NAVARRE.
Monsieur de .larnac ', j'ay receu les der-
nières lettres que m'avez escriptes par l'ung
de voz gens que je vous renvoyé présentement,
el veu la résolution que vous avez prinse de
vous retirer en vostre maison pour pourveoir
1 Catherine répondait à une lettre que M. île Jarna'c
lui avait adressée de la Rochelle, le 93 septembre i ôGa .
et où nous lisons : a Madame , puisque le venin de la cons-
piialion à l'encontre de moy par ceulx qui me sont enne-
mis mortels pour avoir fidellement obéy et unicquemenl
receu les commandements du Roy et vostres, est si abnn-
rlanl qu'il soit parvenu jusqu'aux oreilles de Vostre Ma-
jesté, ainsi qu'il vous a pieu m'advertir. ce m'est ung
très-suffisant tesmoignage qu'il est très-contagieux et
mortel pour moy et limite d'y pourveoir oportunément,
et d'aultanl qu'il vous a pieu me faire ceste grâce et fa-
veur de m'en donner adverlissemenl sans toultefois me
pourveoir et secourir des remèdes que tant de foys j ~ ; ■ n
demandés, je me suys délibéré de les cereber, aflin que
je me puisse asseurément conserver en ma maison; car
je me suis résolu pour ces raisons m'acheininer bien
tost, tant pour cela que pour donner ordie à la santé de
ma femme, regarder à mes affaires el me guérir d'une
malladye qui me lient dès le commencement de l'esté."
(Ribl. nat. fonds français, n" 10877, ^ 99-)
RINE DE MEDIG1S.
à la seuretté de vous, vostre femme el enffans .
el empeseber qu'il ne vous soyt faict aucun
tort par ceulx qui ont conspiré contre vous,
pour vous estre montré bon et lîdelle servi-
teur du Rov monsieur mon filz et avoir donné
si bon ordre qu il/, n'ont peu exécuter la mal-
heureuse enlreprinse qu'ilz avoienl l'aide sur
la ville de la Rochelle où vous estes. Sur quoy
je vous diray que, prévoyant le danger plus
grand que jamais delà, de vous ne sçauriez
faire plus pour le Roy monsieur mondict filz,
ny pour vostre réputation , que de vous y tenir
encores, jusques à ce que nous voyons quelle
fin prendront tous ces troubles icy; car c'est à
ce couj) qu'il y faut veiller plus que jamais.
Et quant aux forces que vous demandez par
vos préceddentes lettres , il fui incontinent
mandé au sieur de Rurye de vous envoyer
deux enseignes de gens de pied , et veulx croire
que, si de ceste heure ilz ne sont arrivés, ilz
y arriveront bientost. Vous advisant, Monsieur
de Jarnac, que le Roy monsieur mondict lilz
et moy n'entendons poinct que vous ayez
«à faire à aultre que à mon frère le roy de Na-
varre, ny que personne vous commande eu
vostre charge que luy, mays bien que, eslant
le sieur de Rurye de l'aage qu'il est, il preigne
garde à lout ce qui se passera de delà, n'y
ayant personne que luy qui y commande, si
n'est mon cousin le duc de Montpensier que
le Roy mondict sieur et filz a envoyé son iieu-
Lenant général audict pais , en l'absence de
mondief frère le roy de Navarre, pour pour-
veoir aux afifayres qui s'y présentent, auquel
je m'asseure que ne vouidrez faillir d'obéyr,
comme cognoissons que vous l'aides; au de-
meurant je vous envoyé l'acquit que vous de-
mandiez dernièrement pour prendre les de-
niers qui sont entre les mains du receveur . . . ',
1 Le nom a été laissé en blanc.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
i19
pour estre convertiz el employas à la répa-
ration (1rs murailles de vostre ville; qui esl
toul ce que je vous diraj pour ceste heure,
priant Dieu. Monsieur de Jarnac, vous avoir
en sa sainle el digne garde.
Du camp devanl Rouen, ce moi jour d'oc-
lobre i 56a
Caterine.
i .>iyi. — i
Bibl. liiit. fonds français, n"3ino, f m.
V MONSIEl I! DK MATIGNON,
mcTENiNl ' . C0U1 BRKBHBflT 01 ' ..IWDTL
. •. I . UOR COUSIK LE Dl'C DE BOUILLI S1EUB DE V1LLEB0N.
Monsieur de Matignon, j i-s-i iptz à mon
cousin le dur d'Estampes que, après vous
ir laissé les forces qu'il cognoistra néces-
saires pour la Basse Normandye, où il a esté
advisé que vous demeurerez pour la conserver
ii obéissance et pacification, il nous vienne
trouver avee le demeurant de ses trouppes le
plus dilligemment que faire se pourra; et pour
ce qu'il a esté advisé en reste compagnie de
aire démanteler Saint-Lo, suivant ce que le
iio\ monsieur mon lïlz vous en mande plus par-
ticulièrement par sa lectre1, j'estime qu'il vous
faudra daullanf moings de forces, et que lu\
aura moyen de nous venir trouver daullanl
mieulx accoinpaigné; vous priant, Monsieur
de Matignon , que après son parlement et de
sesdictes forces, vous donniez ordre à contenir
toutes choses en telle doulceur qu'il ne soyt
en la puissance des soldatz, ni autres quelz
qu ilz soient, d'aller de leur auclorité privée
opprimer el piller qui bon leur semble; et
qu'il ne se lace riens que par votre comman-
dement, d'aultanl que je m'asseure que v'ous
1 \o\. cette lettre dans le n' .'lim, du fonds français,
I i - Charles IX ordonnait que la ville fût démantelée
aux frais des habitants.
sçaurez bien exploicter ou modérer toutes
choses selon que le besoing el les occasions le
requerront; et s'il \ en a qu! l'aient le rou-
ir. faictes les si bien chastier que chascun
\ preigne exemple. Priant Dieu, Monsieur de
Matignon, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escripl du camp devanl Rouen, ce \v joui
d'octobre i 562.
Cati rine.
Bol BDIN,
1 562. — i .i octobre.
* "l>i''. Bibl. n. il Parlement - n ' 83 . I 5 .
A MESSIEURS
TENANS LA COUP, DE PARLEMENT
Messieurs, incontinent que jav receu la
vostre, j'ay mis ordre que le Roy monsieur mon
fils a escril à Orléans pour la délivrance di
M" Baptiste Sapin1, l'un de vus confrères qui
a esié arresté avec monsieur de Selve2, ainsv
que me mandez, lesquelz s'ils sont bien advi-
sés ils ne fauldront de les renvoyer, donl je
serav autant aise que de chose du monde poui
l'envie que j'ay de faire pour eux et particu-
1 Baptiste Sapin , conseiller au Parlement de Paris.
lui pendu à Orléans te •->. novembre suivant, sous le pré
texte qu'il avait assisté à l'arrêt du Parlement qui déi I". il
rebelles ceux qui s'étaient retirés dans relie ville;maisei
réalité par représailles de I exécution faile après la prise
de Rouen du ministre Marlorat, et des conseillers <<>i-
lon de Berthonville et Gruchel deSoquence. Voyez !'■
récit que le procureur général Bourdin fit.de sa mort,
devanl (ouïes les chambres réunies du Parlement , le jeudi
i a novembre 1 56a ( Bibl. nat. Parlement . n" n 'i , f" i .'f::
el suiv.). LeiK novembre, le Parlement tout en lui assista
au service qui lui célébrée Notre-Dame pour I.' repos de
on âme. Son corps lui apporté à Paris el inhumé dans
l'église de tugustins. — Voyez Le Laboureur, [éditions
aux Mémoires de ùutelnau, I. II. p. 38etsuiv. el d'Au-
bigné, Hist. mm . liv. ill , p. i5o.
2 Georges de Selve.
53.
'i20
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
lièrement pourledirl Sapin; cependant jeprie
Dieu. Messieurs, qu'il vous ait en sa saincte et
digne garde. Du camp devant Rouen , ce quin-
ziesme jour d'octobre mil cinq cens soixante
deux.
Caterine.
RoBERTET.
( 1 562. — 1 ."> octobre.)
Aut. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n° lit , i k.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE'.
Ma cousine, je suis bien marrie que ne vous
puis mender la prinse de Rouan pour encore,
corne je espère que Dieu me fayra la grase de
la vous povoyr mender dans peu de jours,
mes les voyens si aupiniatre et se défendre
comeut yl font-, je ne vous puis dire quant se
1 Anne d'Esté.
1 L'ambassadeur du duc de Savoie, le président de
Monlfort, raconte en ces termes le rude assaut donné à la
ville de Rouen : -Jeudi dernier xve de ce moys, laReyne
m'envoya de bien bon matin à Ponl-de-1'Arclie M. de
'Fizes pour me conduire vers Sa Majesté, où en arri-
vant je ne peu luy parler, parce que sur le point même
se commançoit à donner l'assanlt, pour la veue duquel
cliascun courut aux fenêtres du fort Saincte-Catberine
et les autres au chemin là davant d'où l'on pouvoit avec
fort peu de danger voir le tout bien aisément, fort piteux
spectacle pour la mort de plusieursbonssoldatz et plus en-
core s'en retournant blessés, parmi lesquelz le roy de Na-
varre, lequel reçut une arquebnsade au-dessus de l'espaule
gauche, joignant le borddu corselet , plongeant le coup en
dedans et la balle est restée dedans; aussi M'de Guise
eut ung coup de pierre sur le bras et le duc d'Atrie sur
une cuisse. La batterie de xx ou xsvm pièces faisoil une
horrible boucherie de ceulx qui estoient sur le rempart
tant obstinés qu'il/, n'eu changèrent oncques de place.»
(Archives de Turin.) — A ce récit nous ajouterons celui
qu'adressa Roberlet au duc de iN'emours, le 21 octobre :
«Ceste canaille de Rouen nous a longuement aruuzez et
le désir qu'on a eu de les saulver nous a bien faict perdre
du temps. Cependant le roj de Navarre y a eu une bonne
poura aystre, et de pour que ayés L'alarme de
la ble'seure du roy de Navarre qui a heu
anuit heune arquebusade dan l'épaule goche
et ayspère que se ne sera ryen, je vous a\
voleu fayre sel mol pour vous aseurer que
vostre marys'et porte' fort byenet,Dieu mersi,
n'est poynt blésé, encore qui l'eut près du roy
de Navarre; ayspère que Dieu nous le guar-
dera, sel que je luy suplye, et qui vous fase
la grase de byentost acoucher et en bonne santé
\ous relever, afin que reveniés auprès de
Vostre bonne cousine,
Catbrine.
1562. — (Du 10 au 20 octobre.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15877, '^ 36o.
A MONSIEUR DE MONTPENSIER.
Mou cousin, la lettre du Roy monsieur mou
filz esi si ample que je vous feray ceste-cy
bien courte el me contenteray seullement vous
dire que je vous envoyé ce gentilhomme
exprès pour vous faire entendre ung propoz
qui est d'importance pour le service du Roy
monsieur mon filz; en quoy je vous prie vous
conduyre selon qu'il vous dira, el y avoir l'œil
ouvert comme vous congnoistrez que ce sera
de besoing. El je prieray Dieu, mon cousin,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen, le ... . jour d'oc-
tobre i5G-j.
harquebusade en lieu fort douloureux. Le pauvre M. de
Randan en est à l'extrémité et y attend l'on peu de vie.
Ni. us avons beaucoup de cappkaynes blessez et grande
quantité desoldatz. Je croy qu'il fauldra encore combattre
avant que y entrer.» (Ribl. nat. fonds fiançais, ti° 3aoo,
fol. ib\) — Dans une lettre datée du 19 octobre et sans
signature adressée au connétable de Montmorency pour
lui annoncer la blessure du roi de Navarre, nous lisons:
eDieu par sa grâce lui veuille venir en ayde, s'aylant
confessé', ay resu son créateur.» (Bibl. nat. fonds fr.
o" 3t58,fol. 107. 1
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
121
1 562. — -■" octobre
Minuit*. Bibi, mil. fonds français-, n 15877, ' a^-
A MONSIEl R DE MONLUC.
Monsieur de Montluc, encores que je vous
aye par Martinière et Concault1 respondu à
toutes les dépesches que j'ay receus de vous,
si n'ay-je voulu faillir de vous rescrire par ce
porteur particulièrement du faicl dont il avoyl
charge de me parler de vostre part, et vous
asseurer que je n'estoys en malcontentement
de choses que ayez l'aides par delà, comme
Tou vous avoyt avecques moins de vérité déjà
prévenu; mais avons receu tant de satisfaction
du service que vous avez faict au Roy monsieur
mon filz que je tiens une partie de la conser-
vation de la Guyenne de vous et de vostre di-
ligence; aussi debvez vous croyre et estre
certain qu'il ne se présentera jamays occasion
de le recognoistre envers vous et les voslres et
rénumérer voz louables services el mérites que
je ne le lace et n'y tienne la main, comme
je sçay que il esi plus que raisonnable, ainsi
que vous cognoistrez plus vous irez en avant;
et cependant je vous prierav, Monsieur de
Monluc, continuer comme vous avez très-bien
laid jusques icy. Et je prye Dieu vous avoyr
en sa saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen . ce | w ') jour d'oc-
tobre 1 56a.
(Au dos.) La Royne à Monsieur de Monluc,
du xx" jour d'octobre i5Ga.
1 Concault est cité dans une lettre adressée à Cathe-
rine, le i3 mars ,563, par Moulue auprès duquel elle
l'avait envoyé. (Voyez. Comment, de Monluc, édït. 'le
Rnble, t. IV, p. n4.)
I .")()•_>. - -ni octobre.
Minute Bibl. nat. ronds français, n i "■ S 7 7 . P >G8
A MESSIEURS
DE III JilK ET DE MONL1 C.
Messieurs, je ne vous sçauroys dire Payse
que j'ay receu delà bonne et heureuse nou-
velle que m'avez mandée de la dellaicle de
Duras1 par laquelle j'espère que vous aurez
mis lotit le pays de Guyenne en paix et en
repoz, et que, si vous avez bien commencé,
vous parachèverez, de façon qu'il n'y fauldra
plus retourner; vous pouvant asseurer «pie je ne
me suys jamais moings promis de vostre valeur
et de son peu d'expérience. Il failli , maintenait!
tjue vous n'avez plus tant de besoing de forces
que nous en serviez, comme nous en avons
affaire el nécessité d'estre servis d'hommes
d'assault, d'aultanl que nous en avons perdu
devant cesle place et que nous n'en pouvons
pas recouvrer de bons d'ailleurs que du lieu
où vous estes, .le vous prie user de diligence
de les nous envoyer cl leur faire faire si honue
el si raysonnable journée au venyr que nous
les puissions avoyr à temps pour ce nous en
servir. Ainsi sera fin, prianl Dieu. Messieurs,
vous avoyr en sa saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen, ce . . .jour d'oc
tobre i5Ga.
(Au dos.) La Royne à Mn de Monluc, du \\'
jour d'octobre tîJGa.
' Symphorien de Durfort, sieur de Duras, chef des
protestants de Guyenne, mort en i563. Catherine fait •il-
lusion au combat de Ver gagné par Burie el Monluc, le
9 octobre i56a. — Voyez Comment, de Monluc, édit. de
Ruhle, 1. NI, p. '16 et suiv. et l. IV, p. 1695 La Pope-
linière, t. I, p. 367; une lettre de Charles l\ à M. de
Montpensier pour le complimenter de la défaite de
Duras (fonds français, n° 15877, ' 2*>9)i el "'"' lettre
île Burie à Catherine après sa victoire de Vei [ibid
f° n43).
122
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
1562. — 20 octobre.
Bibl. oat. fou 3 1 87, f' 3o.
\ MONSIEUR DE PIENNES,
CHEVALIER DE L'ORDRE M ROY M0K5IEIR MON F1LZ .
CAPITALE DE CISQUASTS SOMMES DE .-ES OI'.DOANANCES.
Monsieur de Piennes1, vous avez bien peu
entendre que ce n'a pas eslé sans tnesconten-
tement de beaucoup de personnes que je vous
ay accordé la compaignie d'hommes d'armes
que je vous feis despécher dernièrement que
estiez icyj; de sorte que, pour fermer la
bouche à toul le monde, il est nécessaire que
ceubi que vous recepvez pour eslre de vostre-
dicte compaignie se comportent avec telle
doulceur el modestie que l'on congnoisse plus
tost en eulx une repentance d'avoir porté les
armes à la dévotion de ceulx auquels ilz ont
c\ -devant adhérez et une prompte volunté de
réparer ceslc faulle par leurs bons services,
comme ung désir de se vanger de ceulx des-
quelz ilz peuvent avoir esté en aucune cbose
offensez pendant qu'ilz estoient à Orléans; et
esl ce que vous en escriptz pour ce que je suis
advertie qu'il y en a de ceulx que vous avez
iuz pour estre de vojstredicle compaignie
(]iii menassent de rentrer aux villes et y avoir
leurs garnisons pour en chasser les catholicques
qui ne peuvent supporter de telles menasses,
lesquelles, sy elles continuoient, seraient de al-
lumer ung ici feu en Pycardie. qu'il n'en pour-
rait advenir que ung très-granl inconvénient,
et pour ce je vous prie que vous donnez ordre
la et, s'il y en a parmi ras soldai/, qui
soient si mutins d'user d'un tel langaige, vous
liassiez de voslredicle compaignie et adver-
tissez tous les autres de ce comporter en telle
doulceur que l'on n'ayt poinct d occasion d'en-
en dïïïicultez d'eulx et de leur depporte-
\ oy. la note de la page 891.
ment; et sy tost que vous, aurez vostre com
paignie assemblée, à quoy vous userez de toute
la dilligence qu'il sera possible, menez les à
bonnes et grandes journées à Bar-sur-Seine où
s'acbemyne mon cousin le maréchal de S'-
André pour en faire le service que j'espère de
vous et de vostre bonne volunté. Priant Dieu.
Monsieur de Piennes, qu'il vous ayt en sa
garde.
Escript au camp devant Rouen, le xxc jour
d'octobre i56a.
Cateri.ne.
BOURDIN.
J 562. — (Du 20 au 2G octobre.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 10877, ^° 3»0-
A MONSIEUR D'ALHJYE'.
.Monsieur d'AHuye, je m'asseure qu'ayant
receu les despesches que Monsieur de Saint-
Fré'2 vous a portées, vous trouverez si ample-
ment satisfaict de toutes les dillicultez qui vous
avoyent esté proposées que à ceste heure il
restera peu de choses, de façon que je doibs
croyre que vous ne serez maintenant plus em-
pesché à l'exécution de vostre commission qu'à
aultre chose quelconque, dont je désire bien
entendre des nouvelles pour l'empeschement
que nous est ce retardement, vous priant.
Monsieur d'AHuye, sur tout le service que me
désirez faire et au Rov monsieur mon filz, de
1 Floriinorid Robertet.
- Voy. les instructions remises à M. de Saint- Fre
allant en Piémont (fonds français, n° 15877, P 3i4).
D'après une lettre de Momifier, Saint- Fui arriva à
Tmin le e '1 octobre i56-j: il apportait les lettres de
jussion signées par le Roi, le uO septembre précédent
(fonds fiançais, n 15877, f° 3o6). — Voy. une lettre
de Bourdillon à Catlierine, en date du a5 octobre, pour
lui annoncer qu'il a vu le sr de Saint— F ré et qu'il va obéii
aux commandements du Roi [ibid. f° 362), et les lettres
de d'AHuye à la Reine {ibid f" 3o7. 3i a, 3i6 el 3! 0
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
423
solliciter cesl afïayre avec toute la dilligence
dont vous pouvez adviser ; et, si vous voyez qu'il
\ ayl quelque chose qui restast, ne craindre
m'en advertir <'ii toute diligence el iln remède
qu'il y fauldra donner pour y pourveoyr incon-
tinent. An demourant,j'aj leu ce que me man-
dez touchant les Génoys, que j'ay trouvé tort
à propoz, et si \ons pouvez trouver moyen
d'en tirer un ou deux cens mille escuz à
l'exemple des aultres potentatz de l'Italye, ce
ne serov l point peu faict, ni peu de succès pour
aoz affayres; el par ceste occasion je vous en-
voyé les lettres de créance pour la Seigneurie
de Gènes, lesquelles nous lui présenterez et
employerez dans tout ce que vous cognoistrez
à propoz pour la pouvoyr disposer à cela,
n'oubliant la bonne volonté de tous les princes
el potentatz de l'Italye, et le grand gaing que
leur ville tire ordinairement de ce royaulme
et du traffic de leur marchandise, lequel se
ruinant, comme il est, cela tournerait à aul-
tanl de diminution. Si vous estes si bon ha-
rangueur que \ous en pussiez tirer quelque
chose, je diray que vous estes habille homme;
vous advisant, comment que je sçache bien l'en-
vie que vous avez de renvenyr de deçà , qu'il est
nécessaire que ne bougiez avant que ne voyez
les choses du Piedmont si bien achemynées
qu'il n'y aye plus riens à redire, car autre-
ment je ne vouldroys que vous en revinssiez.
Quant à la roques te que me faictes pour vous
expédier Lisle1, c'est chose que jà vous ay
accordée, et j'en escriptz une lectre à Mon-
sieur de Bourdillon qu'il vous soyt utile pour
ce faire; oublyant à vous dire que nous avons
cuydé perdre mon frère le roy de Navarre,
d'une harquebusade qu'il a eue dans l'es-
1 Voyez la minute d'une lettre de Charles IX à Bour-
dillon, où il le prie de laisser la compagnie du capitaine
Lisle dans Savillan ou dans Carmagnole. (Bibl. nal.
fonds français, n" 15877, ^ '""''■ '
paulle; mais, Dieu mercy, il se porte bien el
espère qu'il n'en aura que le mal. Nous som-
sa présenta avoir Rouen, où il y a les plus
opiniaslres gens que je vis jamays el qui
veullent, en despil que nous en ayons, qu'on
les pille, ruyne el saccaige, tanl ils sonl mal-
heureux, ne s' estant, avant qu'ilz soyenl per-
duz, jamavs voulu ranger à chose quelconque
raisonnable, l'rianl Dieu, Monsieur d'Alluye,
vous avoir en sa saincle et digne garde.
Du camp devanl Rouen, le . . . jour d'oc-
tobre 1 56a.
1562.- — (Du in au sC) octobre )
Minule. Bibl. nal. fonds fr:in<;;iis , n 1 ~> ^ 7 7 , f ">l1
A MONSIEUR DE MONLUC.
Monsieur de Moulue, vous avez si mal faict
par delà que vous esles cause que le Koy
monsieur mon filz vous désire avoyr auprès
de luy. affin de luy ayder à chasser les An-
gloys et aultres estrangers, comme vous avez
laid les rebelles et séditieux quiestoienl en la
Guyenne, et je vous prie bien fort que nous
ameniez le plus de cavallerye comme de mille
hommes de gens de pied que vous pourrez.
Que vous les congnoissez bien, c'est à ce coup
qu'il fault que le mal se termine et que l'on \
mette la main à si hou essient qu'il n'j faille
plus retourner, et je soay combien en cela
vostre expérience acompaignée de la bonne
volonté que vous avez nous sera utile el né-
cessaire. Et vous pouvez asseurer que je tien-
drav la main de ma pari à recongnoistre tous
vos services, que vous ne vous repentirez
d'avoyr si bien faict que vous avez faicl jusques
icy, qui sera fin, priant Dieu, Monsieur île
Moulue, vous avoyr eu sa saincle el digne
garde.
Du camp devant Rouen, ce . . . jour d'oc-
tobre 1 562.
'rl'i LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S,
I 562. — (Du 20 au 26 octobre.)
Minuit'. Iîibl. nat. fonds français, nr- 15877, f 198.
\ MONSIEUR DE MORVILLIERS,
ÉVESQUE D'ORLÉANS '.
Monsieur d'Orléans, auparavant la récep-
tion de vostre dernière lettre il avoyt esté si
amplement pourveu à tontes les dillicultez
proposées par le sieur de Bourdillon confor-
mément à ce que m'en mandez que j'espère,
ayant receu les patentes qui luy ont esté en-
voyées pour sa descharge par le sieur Santié,
il n'y fera plus de difficulté et ne me semble
rester qu'une chose qui esloyt qu'il désiroyt
cest acte estre signé des Iroys mareschaulx de
France, dont il n'y en a qu'ung; mais la cause de
cela procedde de ce que l'ung,qui estoyt mon-
sieur le mareschal de Brissac , est à Paris, et
ne seroyt homme à oster résolution au moings
à la conclusion et pour ceste occasion ne le
peult signer; l'a u lire que le mareschal de Mont-
morency, qui y esloit adhérent, quand ledict
acte a esté envoyé, estoyt à Caudebec près des
Angloys,et nousnele povions le retirer, n'ayant
moyen lui envoyer ledict acte seu rement pour
le signer et povant estre perdu. Je vous prye,
Monsieur d'Orléans, comme vous eongnoissez
qu'il en est grand besoing, conseiller audicl
sieur de Bourdillon de se contenter de ce qui
lin a esté envoyé sans riens rechercher daven-
tage au délia pour que noslre concession leur
prouffite, tant par les raisons que vous lui
sçaurez très-dignement alléguer, que pour ce
1 Jean de Morvillier, fils d'Etienne de Morvillier et
li Marie Gaillard, né à Blois en i5o8, ambassadeur à
\ enise sous François I", évêque d'Orléans en 1 552 ,
garde des sceaux en i56j), morlle a8 octobre 1077. —
Voy. la minute d'une lettre de Catherine de Médicis
'I de Morvillier qui ne mérite pas d'être reproduite
(fonds français, u" 16877, ' 201.); Lettre de Morvil-
liei .1 Catherine ! ibid. p. -' ; — 1 > . M. Baguenault de Pu-
f a érrit la vie de Morvillier (Paris, Didier, 1870).
qu'il vous adjouslera plus de foy qu'à ung
aullre, l'assurant bien que, de ma part, je
n'oublierai voluntairement ce qu'il en a faict
pour que luy satisfassions de ce qu'il a deman-
dé, ce que nous avons cogneu se povoyr faire,
et qu'il n'en recherche point trop curieuse-
ment daventage. Quant au payement des gens
de guerre, je trouve ce que vous m'en eserip-
vez très raisonnable pour la crainte qu'ont
ceulx du pays qu'estant cela ouï par Monsieur
de Savove ilz ayenl loisir passer et que ce
soyt aultant perdu pour eulx, dont ay parlé
aux gens de mondict sieur de Savoye estans
icy, qui ont trouvé bien raisonnable pour l'ou-
verture que vous faictes des marches que l'on
donneroit aux soldatz et pense qu'ilz luy en
ont escript. Je vous prie, Monsieur d'Orléans,
ne vous esloigner de là que vous ne voyez les
choses effectuées, car j'ay grant peur que, si
vous en estiez party, que cela allast en une
telle longueur qu'elle nous porroyt engendrer
beaucoup de inconvéniens. Au surplus Mon-
fort s'en ira dans ung jour ou deux par delà,
qui portera tout ce qui reste, par lequel je
vous feray encore entendre de noz nouvelles
et vous dirav seullement à présent que nous
avons cuydé perdre mon frère le roy de Na-
varre d'une harquebusade qu'il a eu dansl'es-
paulle , dont, Dieu mercy, il se porlebien mieulx
qu'il n'a faict. Nous sommes tousjours davant
ceste ville, laquelle ceulx de dedans veullent,
en despit qu'on en ayt, faire saccager, tant il/,
sont opiniastres et desraisonnables; vous pou-
vant asseurer que si n'estoyt l'envye que l'on
a eu de la conserver du sac, il y a six jours
que nous feussions dedans; qui esl tout ce
que je vous diray pour cest heure, priant
Dieu, Monsieur d'Orléans, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
Du camp devant Rouen, ce . . . jour d'oc-
tobre i56a.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
425
1562. — (Du ao au a6 octobre.)
Minute. Bibl. Dat. fonds français, n" 15877, P a8s.
A MONSIEUR DE MONTPENSIER.
Mon cousin, je vous ay envoyé Concault, il
n \ a que deux ou troys jours, pour vous prier
m'envoyer troys mille Françoys et deux mille
Espaignolz; à quoy je m'asseure que ne faul-
drez de donner ordre aultant que vous sçavez
en estre de besoing, el depuis ayant entendu
comme la Rocliefoucaull avec ce que Duras a
pu recueillir de sa rutte1, s'achemine pour se
venir joindre avec ceulx d'Orléans2, il me
semble qu'estans ceul.x là hors de la Guyenne,
il n'y sera demeuré ny homme qui puisse
brouiller, uy forces qu'on doibve craindre, et
que pour ceste cause avec les forces de gens
de pied que je vous ay jà mandé m'envoyer,
vous y pourrez adjouster encores tout le
reste de la gendarmerie que vous avez là, re-
tenant quatre ou cinq compaignyes, comme
croirez en avoyr besoin, entre lesquelles le
roy de Navarre \eult que la sienne soyt de
celles qui demeureront, ne doubtant point que
venant Monsieur de Burie avec toute ceste
trouppe, tant de gens de pied que de cheval,
ce ne nous sera un beau et grand renfort et
qui équipollera bien pour le moins aux forces
' Huile , déroute.
- Dans une seconde lettre qui n'est que la reproduc-
tion de celle-ci, elle annonce à AI. de Monlpensier que
Duras et la Rochefoucauld sont venus à Orléans. (Bibl.
nat. fonds franc, u" 1 J877, f 283.) — Voyez une lettre de
Charles IX à M. de Burie (même volume, f° 25g).
Monluc, dans une lettre du 19 octobre, prévient Mon-
sieur de Monlpensier qu'il a désigné Monsieur de Burie
pour conduire en France le secours demandé. (Comment,
■'t lettre de Monluc, édil. de Ruble, t. IV, p. 17a.) —
Burie ne put quitter son gouvernement, et à sa place; ce
lut Sansac qui amena au Boi les bandes espagnoles et
les compagnies de Cherry. (Voy. une lettre de Sansac du
■j-?. novembre i56a, Bibl. nat. fonds français, n° 15877,
P388.)
Cathebi.\e de Médicis. 1.
qui ln\ seronl venues de la Guyenne, les-
quelles forces trouvant à Blois M. de la Brosse
avec dix enseignes de lansquenetz, quelques
compaignyes françoyses cl de la gendarmerye,
auront de quo\ faire bonne teste à ceulx du-
dict Orléans, el seronl pour les a n'ester ou
pour venir ici donner beaucoup d'ayde el
force à mes affayres; vous priant sur tout ce
que vous désirez jamais faire pour inov user
de diligence el faire en sorte que leurdicl
secours ne puisse arrivera temps, ce que j'es-
pérerai d'aullanl plus lost que je pensera}
ceste dépesche vous trouver bien près de
partir avec toutes vos forces, de façon qu'il
vous sera ayzé de m'envoyer ce que je vous de-
mande.
(Au dos.) Le Ro\ et la Royne à Monsieur de
Monlpensier, ce ... jour d'octobre ! 562.
1562. — 29 octobre.
Minute. Orig. Bibl. nat. fonds Colberl, o°aa, f° 81.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnord, depuis que Prévosl
voslre secrétaire est icy arrivé, j'ay receu de
vous autres voz lèches du xxvic de ce mois
avec celles que avyez eues de Scipion Sar-
diny1, le contenu èsquelles j'ay communicqué
1 Scipion Sardini , célèbre financier de l'époque, sur
lequel on fit ce distique :
Qui modo Sardini . jam nunc sunt grandia cete.
Sic alit italicos Gallia pîsçiculos,
Ce distique lut en même temps traduit ainsi .
Quand ces bougres poltrons en France sont veuus
Hz estoienl élancés, maigres comme sardaines;
Mais par leurs gras imposts ilz sont tous devenus
Enflés et bien refaits . aussi gros que baleines.
Quelques auteurs lui donnent pour femme la maîtresse
deCondé, la belle Limeuil, veuve de son premier mari.
Il bâtit, dans le quartier Saint-Marcel, au coin de la
rue de la Barre et de la rue du Fer-à-Moulin , un hôtel
aujourd'hui occupé par la boulangerie des hôpitaux el où
5'i
426
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
et fnict entendre tant à mon frère le roy de
Navarre que aux gens du conseil du roy mon-
sieur mon filz pour adviser ce qui estoit né-
cessaire de l'aire pour effectuer le négoce pour
lequel ledict Sardiny est allé où il est, tant
avec mondict frère touchant ses terres de
Flandres, dont on est en termes contracter
avec Monsieur le conte d'Aigucmont \ comme
sçavez, que pour sa récompense de sesdictes
terres et assignation de rente qu'il convient
pour ce constituer, oultre la valeur du revenu
de sesdictes terres. Et encores que mondict
frère, considérant noz affaires et pour en ac-
commoder le Roy mondict filz, se soit volun-
tairement condescendu à bailler sa chastelle-
nie de l'Isle et forest de Falapin, que ledict
conte d'Aigueinont demande au lieu de Bour-
bourg, dont avoil premièrement esté parlé,
avec celles d'Anguyen et de Rodes, et faire
ceste commutation ainsi que ledict conte d'Ai-
guemont la demande, touteffois ledict conseil
avant pensé aux autres clauses et condicions que
ledict sieur conte veult estre observées audict
contract n'a esté d'advis d'y devoir entendre,
et luy a semblé qu'il serait trop onéreux et
désavantaigeux pour le Roy mondict filz, tant à
l'occasion de ce qu'il ne pourra estre secouru
en ses affaires de ce qui proviendra de ladicte
vendition, sinon de cent cinquante mil escuz,
moicttié du prix d'icelle, y faisant entrer pour
l'autre moicttié des debtes de pareille somme,
et si demeurera chargé de bien trente-sept
mil cinq cens livres de rente, oultre la valeur
l'on remarque encore des arcades du xvi° siècle surmon-
tées de médaillons en terre cuite non émaillée. (La-
liorde. Revue nouvelle, i°r mars 18'iC, p. 367). II vivait
encore en i5t)2, et jouait le rôle de Mécène. II est
qualifié par le P. Anselme de v" de Buzancy et de
Chaumont-sur-Loire (t. IV, p. J2.r>).
1 Lamoral, comte d'Egmonl, né en i55a, décapitée
Bruxelles le '1 juin i568.
annuelle desdictes terres que on n'estime pou-
voir revenir que à vingt cinq mil livres de re-
venu par an, dont les gens du conseil de mon-
dict frère le roy de Navarre, entendent que
l'on luy baille par eschange aultres terres
du domaine du Roy mondict filz en duché,
conté et aultres bonnes seigneuries de sem-
blable tiltre et valeur; qui ne sera aisé à trou-
ver, déduict les deux douaires dont ledict do-
maine esta présent chargé, et si serait l'effect
et exécution dudict affaire de long traict,
parce que, avant qu'il puisse sortir effect que
on en touche les deniers, sera besoing en faire
expédier eedict et icelluy faire emologuer es
courlz de Parlement, chambre des Comptes et
cours des Aydes, ratiffier en oultre le tout et
y garder aultres solempnitez de justice qui
pourront tourner en longueur et estre de tar-
difve exécution, et cependant ne pourrions
estre aydez desdietz deniers, ainsi que lesdietz
affaires le requièrent, comme dictest. Par quoy
sera bon d'en advertir ledict Sardiny pour le
faire entendre audict sieur conte, et luy man-
der qu'il s'en revienne sans s'en mectre plus
en peyne pardelà. Il a esté advisé pour avoir
plus prompt moyen d'avoir deniers et à
moindre charge de constituer iusques à vingt-
cinq ou vingt-six mil livres de rente sur les
fouaiges de Bretaigne, dont on espère povoir
recouvrer en peu d'espace de temps jusques à
trois cens mil livres qui aprochera bien de la
somme qui se pourrait recouvrer par le moien
du contract dessusdict. Quant aux autres poinetz
dont m'avez auparavant escripl par vostredict
secrétaire, il vous y est satisfaict par autres
mes lettres que vous envoyé par luy avec la
présente; qui sera occasion de ne vous faire
la présente plus longue, et pour fin prieray
Dieu, Monsieur deGonnort, qu'il vous ayten
sa garde. Escript à Rouen, ce xxixc d'octobre
1 562.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
UTi
1562. — 39 octobre.
Orig. Bibt. nat. fon-l 'i63a , f° 10a.
A MONSIEUR DE TUAMES,
LIEUTENANT GÉNÉBAI. DU BOT. AL* GOl rURBHSfl I M. BOUBCOCNE.
Monsieur do Tavanues, je ne. vous dira y
point l'importance de l'affaire dont vous escripl
le Roy monsieur mon lilz, pource quevousestes
assez pratic et cognoissant en telles choses
pour le sçavoir bien considérer; mais je vous
pryeray bien , d'aultant que vous aymez le bien
de son service, que vous satisi'aictes à ce qu'il
vous mande eu toute la dilligence que faire
se pourra, et selon l'asseurance que j'en ay eu
vous el l'aHection que je sçay que vous portez
au bien de sou service. Prianl Dieu, Monsieur
de Tavanues, qu'il vous ayt en sa garde. Es-
cripl à Rouen, le xxixc jour d'octobre i562.
Caterine.
BODBMN.
I5G2. — 80 octobre.
Minute. Bibl. nal. fonds français, n° 3a 19, f° io3.
A MONSIEUR
LE MARÉCHAL DE BRISSAC.
Mon cousin, j'ay entendu la plaiucte que
vous laides par la lettre que m'avez escripte
du viugt-deuxiesine de ce mois, de ce que le
paveur de voslre co,mpaignye , après avoir esté
longuement à la poursuicte de sesassignations,
au lieu de faire payement à voslredicte com-
paignye de ce qu'il luy est deu des mois passez,
s'est excusé ne le pouvoir faire, parce qu'il n'a-
x oit peu recouvré deniers de sesdictes assigna-
tions, et mesmes eslinioit n'y avoir ordre d'en
toucher aucune chose de six sepniaines. J'en
ay parlé au trésorier de l'Espargne du Roy
1 Cette lettre n'a pas de suscription, mais elle est sans
aucun doute adressée au maréchal de Brissac, car elle lui
parle de son frère de Gonnor.
mon lilz, qui m'a dict luy en avoir de piéça
baillé bonne et seure assignation, qui esl ce
qu'il y a peu faire el que dernière ment r estant
à Estampes, au mois de septembre dernier,
lestai du trésorier des guerres, l'assac, fus!
veu et avoil moien d'y satisffaire; parquoj
présentement le Roy mon lilz luy en escripl
el mande venir incontinent vers luy pour en
respondre, ou bien que Monsieur de Gonnort,
voslre frère, et Grantville,qui a autant vers luy
dudicl estât, pendant qu'ils sont par delà, le
mandent et entendent de luy à quoy il tient
qu'il ne satisffaict à voslre compaignye de ce
qui luy est deu, mestnenient des quartiers de
janvier et avril derniers, dont il est chargé
par ledict estai; qui est ce qu'on y peu II faire
el n'y a nulles des au 1res compaigny es qui soit
mieulx traictée, dont me déplaist bien. Vous
pouvez aussi considérer de vostre part à quoy
il tient, vous advisant qu'on a aucunement
louché ausdites assignations, mais lousjours
entendu et mandé les préférer à toutes autres,
ainsi que le vous feront entendre lesdicts sieurs
de Gonnort et Grantville; et sur ce, mou cou-
sin, prye Dieu, vous avoir en sa saincte garde.
Escripl à Rouen, le xxxc d'oclobre i56a.
1562. — 3o octobre.
Copie. Record office, State papert, France, vol. XXV.
A MESSIEURS
LES OFFICIERS, ESCIIEVIÎVS,
\IAM\S ET HABITANTS DE LA VILLE DE DIEPPE '.
Messieurs, je vous envoyé ce porteur avec
1 Les Dieppois avaient voulu venir au secours de
Rouen, au plus fort du siège, mais avaient été défaits le
17 octobre. — Voy.àce sujet une lettre du 19 octobre dans
le n° 3 108 du fonds français, f" io5; et une dépêche de
Ormeaby à Cecil dans le Calmdar of State papers (an-
née 1062, f 392); Articles offerts à Dieppe, le 20 oc-
tobre (ibid. f 3Si).
56.
428
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
)62.
Caterine.
la résolution que le Roy monsieur mon fils a
prise sur le contenu des articles qu'il luy a
présentez et les remontrances qu'il luy a
faictes de vostre part; sur quoy vous verrez
que sa bonté s'est si avant estendue que vous
aurez grande occasion d'en louer Dieu et de
recognoistre par une promple et humble obéis-
sance la grâce dont le Roy monsieur mon iîlz
use envers vous en cest endroict, laquelle par
l'amitié que je vous porte et le désir que j'ay
à vostre conservation, je vous prie vouloir ac-
cepter et ne vous laisser persuader de ceulx
qui ne cherchent que votre ruyne et perdition,
car quand la seureté de ce qui vous est ac-
cordé par lesditz articles, je la vous feray ex-
pédier telle qu'elle vous sera nécessaire et
jusques à la vous faire expédier et homologuer
par la court de Parlement, ainsi que je Tay
dicta ce porteur. Priant Bien, Messieurs, qu'il
vous avt en sa saincte garde.
Escript à Rouen, le pénultième d'octobre
1562. — 3 o octobre.
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15877, ^ a^7-
A MONSIEUR DE CLERVAULX.
Monsieur de Clervaulx, j'ay veu par deux
de voz lettres comme vous n'avez poinct faict
publier l'abolition ' qui a esté accordée à ceulx
de Tours, et encores qu'en cela il y en ayt
quelques ungs, comme il advient en si grand
nombre, qui ne méritent la grâce que le Roy
monsieur mon fils leur faict, si ne faull-il
pour cela que les bons et ceulx qui se repen-
' Dans une lettre à la Reine mère, datée du 22 oc-
tobre précédent, Ctervaux lui explique qu'il était présent
lors du refus de la publication des lettres d'abolition,
et que c'est lui qui a autorisé la forme qui y a été suivie.
(Bibl. nat. fonds français, a" 1:1877, f 265.)
tent en pâtissent, et pour ceste cause vous ne
sçauriez faire que de la faire publier et joyr
du contenu d'icelle les habitants, desquelz,
s'il s'en trouve quelques ungs qui par leurs
actes ou leurs parolles s'en rendent indignes,
vous sçavez bien qu'ils les en fault assez pri-
ver, et ne faictes pas de difficulté en cela de
faire ce que le Roy monsieur mon filz et moy
vous commande, car vous sçavez bien que
vous n'avez à obéyr ny respondre de voz ac-
tions à autres. Et quant à ce que ce mavre et
eschevins escrivent que ce peuple s'est opposé
à ceste publication, elle ne s'entend pas pour
la généralité de la ville de laquelle les bons
n'ont point failly et pour ceste cause nul be-
soing de grâce, mais pour ceulx qui ont faict
chose par où ils ayent mérité grâce et aboli-
tion l. Et quant à ce que il vous avoyt esté
mandé d'envoyer le mayre'2 pour respondre
de beaucoup de choses dont il est grandement
chargé, il fault que je vous dye que vous avez
peu de raison de l'avoyr retenu, et est bien
ayséà voyrquec'estleur mesme fauteur aposté;
car vous estes assez advisé pour pourveoyr
à ce qui surviendra par delà sans son conseil
et advis, et pour ceste cause vous ne fauldrez
de l'envoyer incontinent sur Paris, où il y
fauldra qu'on envoyé quatre archers du prévost
de l'Hostel pour l'amener suyvant la requeste
que m'en a faicte mon frère le roy de Na-
varre, auquel je vouldroys bien qu'on eust
porté plus de respect qu'on n'a faict, ayant le
Roy monsieur mon filz et luy et moy escript
1 Le feu avait été mis aux poudres du château, et on
l'imputait aux protestants.
2 Voy. une lettre dans laquelle on expliquait la néces-
sité de la présence du maire, parce qu'on croyait à une
attaque des huguenots, et qu'on avait confiance dans son
expérience (fonds franc. n° 16877, P- a^7)ï Lettre de
Clervaux à lu reine (ibid. p. 263); Justification du maire
de Poitiers par les officiers du siège présidial (t'6«f.
p. io5).
LETTRES DE CATH
pour Redon1 son varlel de chambre, lequel
nonobstant cela on a condamné ou pour le
moings approché si pi es de cela qu'il ne vaull
guères mieulx. Pour ce faict \ous priant,
Monsieur de Clervaulx, de tenyr la main que
lanl ledicl mayre que ledict Redon soyenl in
envoyez avecques les charges et informa-
lions et qu'en cela il n'y ayt plus de longueur
nv de difficulté, car ceulx d'Orléans ne vous
iront pas assaillyr et ledict mayre n'est pas si
grand cappytayne que la ville en demeure
plus asseUrée par sa présence. Au demeurant
meck'z peyne d'estre souvent adverty de ce que
feront ceulx d'Orléans, allin de advertir de
jour à aultre Monsieur de Sanssac sur le direct
chemin de Poictiers et Chastellerault, lequel
amène des trouppes de gens, lesquels il fault
empescherque Monsieur le Prince ne taille en
pièces. Je luy ay mandé que souvent il aura de
voz nouvelles par lesquelles vous l'advertirez
de tout ce que vous entendrez, allin que selon
cela il dresse et poursuyve son chemin; qui
esl tout ce que je vous diray, priant Dieu,
Monsieur de Clervaulx, vous avoyr en sa sainte
et digne garde.
De Rouen, le xxxe jour d'octobre i56a.
(Au ilns.) La lloyne à Monsieur de Cler-
vaulx. ce xxxc jour d'octobre i56a.
ER1NE DE MÉDICIS. &29
gnie désire de vous voyr content et satisfayst
et cornent nous soumes tous marris dé difi-
coultés qu'il a faytes ' et l'ample soulution2que
lui en faysôn, si bien que je m'aseure ne fayra
plus de dilicoultés et satisfayra au comen-
dement du Roy mon lils, corne yl douit; el
pour se que le dist Saynl-Fré vous au randré
bon coule du comendement qu'il an na, je
ne vous en lavré daventage de rediste; et le
conèsant afectionné au servise du Roy mon
fils et désirant de avoyr votre bonne grase,
tout sela ensemble me fayst aseurer qu'il y
fera si bien son devoyr qu'i n'i fauldré plus
ranvoyer; ausi, mon frère, je vous prie, pour
l'amour de moy, lui fayre bonne chère et
l'aseurer de votre bonne grase et je m'an san-
tiré teneue du laveur que lui fayrés; y vous
contera ausi de touttes nous novelles et l'état
en quoy yl a laysé touttes chauses; qui sera
cause, après vous avoyr prié de le croyre de
set qui vous dira de ma part et que je vous
auré prié, mes que ayés acomodé vos afayres,
nous venyr voyr, que je fayré fin , prient Notre-
Signeur vous donner set que désirés.
Voslre bonne seur,
CaterineI
i I .'j62.. — 3i octobre. )
An t. Arch. île Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, vous voyrés par set que le sieur
de Saynt-Fré ha aporté au sieur de Rordillon
cornent le Roy mon fils et toulte sete conpa-
1 Pierre Reddon, orfèvre et valet de ebambre du roi de
Navarre. — Voy. une Indre ilu maire qui déclarait n'avoir
pas le droit de l'amener, et que cela regardait les juges
du présidial. | Komis franc. n° 1 ÏJ87 7 .)
(1562. — 3 1 octobre.)
Minute. Bibl. nal. fonda français, o" 15877, ^ ^62.
A MONSIEUR D ALLUYE.
Monsieur d'Alluye, ceste despêche n'est
1 Voy. une lettre de Courdillou à Charles l\, datée
de Turin le a5 octobre i5G2 (Bibl. nat. tonds français.
n° 15877, f° 302 ); e' une 'e"''e de i'évéque d'Orléans
à Catherine datée également du y.r> octobre [ibid.
p. 3o6). — Une lettre de notre ambassadeur à Venise,
Ilurault de Boistaillé, justilie la résistance énergique de
Bourdillon à la restitution des places du Piémont : «Par
cet abandon, écrivait-il, la France perd tout crédit <ti
Italien (Fonds fiançais, u° i 5 S 7 G , P 353.)
Soulution , solution.
430
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
faicte que pour advertyr Monsieur et Madame
de Savoye de la prinse de la ville de Rouen1
de la façon que vous entendrez par les lettres
qui leur en sont escriptes, et Messieurs les
\ngloys ont esté chassez, et espe'rons que nous
aurons bienlost de bon nés nouvelles de Dieppe,
car ilz ont envoyé vers nous de leurs depputez.
Nous sommes à présent à pourvoyr du costé
d'Orléans où Andelot avecques les Allemans
se va joindre; qui me faict désirer plus que
jamays que vous puissiez envoyer les levées qui
doibvenl venyr de Piedmont, ce que vous
solliciterez d'aultant plus vifvement que sans
cela vous ne pouvez revenyr; qui sera fin,
priant Dieu, Monsieur d'Alluye, vous avoyr
en sa saincte et digne garde.
(Au dos.) La Royne à Monsieur d'Alluye
du ... jour d'octobre i562.
1 La ville de Rouen fut prise le 26 octobre i5()2. A ce
sujet, vov. une lettre de Charles IX à Saint-Sulpice, où
il fait un long récit des opérations du siège et du dernier
assaut. (La Normandie à l'étranger, Paris, Aubry, 1873,
in-8°, p. 2 3). — Voy. Floquet, Histoire du Parlement de
Normandie, t. II, p. 366 et suiv.: Castelnau, Mémoires ,
édit. de Le Laboureur, t. I, p. 106 et sniv. ; Masse-
\ille, Hisl. sommaire île Normandie, t. V, p. lil et suiv.
Dans une lettre écrite par le trésorier Moreau à M. de
Gonnor, à la date du 3o octobre i562, nous lisons :
rLe sac a esté bien fort grand en ceste ville. L'on pansoit
que le Roy se deust prévalloir de uu' marcs de vaisselle
d'argent qui avoient esté mis en la monnoie le jour pré-
ceddent pour forger des testons pour le paiment des gens
de guerre qui estoient en ladicte ville. Toutefois, cela a
esté pillé par quelques cappitaines que l'on congnoisl bien ,
comme semblablemenl la chasse Nostre-Dame, où il y
avoit cinquante marez d'or et vu" d'argent, ouilregrande
quantité de pierres bien bonnes qui y estoient. Il y avoit
aussi ung cyboire d'or enrichi, enlreautres pierres, d'une
esmeraude estimée vin" 1. et davanlaige, tellement que
le Roy n'a amande du tout. (Bibl. nat. fonds français,
n° 32i6,f 80.) — Voy. une lettre de Saint-Sulpice à la
Reine, où il lui rend compte d'un entretien qu'il a eu
avec le roi d'Espagne à l'occasion de la prise de Rouen.
(Bibl. nat. fonds français, n" 1^877, f '129.)
1562. — (Novembre.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n° 15877, r' ^99-
A MON C0DS1N
M» LE CARDINAL DE LORRAINE1.
Mon cousin, encores que le Roy mousieur
mon filz et moy vous ayons par cy-devaut es-
cript pour, s'il survenoyt quelque nouvelle
difficulté sur le faict de la restitution, faire
exprès commandement au sieur de Bour-
dillon de passer oultre, et que je m'asseure,
les ayant receus, vous n'avez failly de ce faire,
tant pour la nécessité que vous cognoissez en
estre pour toutes lesalîayres du Roy monsieur
mon filz que pour la volunté particulière et
raison que vous avez de faire chose qui soyt
agréable à Monsieur et Madame de Savoye ; et
pour ne rien laisser, s'il restoit quelque chose,
je vous prie vous y employer, de façon que
nous y puissions veoir bonne fin avant vostre
partemeut de là. Nous avons prins Rouen
d'assault, à mon grand regret, où mon cousin
vostre frère2 s'est aussi peu espargné comme il
a accoustumé. Aussi fault-il confesser^ que de
luy deppend ceste victoyre, laquelle il eust
bien désiré estre d'aultre façon pour le regret
qu'il a eu de voyr saccager ceste belle ville.
Depuys, Dieppe, craignant l'exemple de ceste
ville, a envoyé devers moy, et après leur avoyr
fait entendre mon intention et l'envye que j'a-
voys de les faire bien et favorablement traicter
et ce que je désire estre saisye de la cita-
delle, ay envoyé devers le Roy mon filz pour
y envoyer gens dedans pour la garde de la
ville, où est allé Monsieur le maresclial de
Montmorency; et cela, comme je croiz,a infi-
1 Le cardinal arriva en Piémont le 26 octobre. Une
lettre de Morvillier (3o octobre 1662) annouce le pas-
sage du cardinal de Lorraine près de Turin. (Bibl. nat.
fonds français, n° 16877, f°332.)
- Le duc de Guise.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
431
aiment despieu à Messieurs les Angloys,
comme je pense, car ilz v ruydoyenl bien
l'aire leur magazin. Jenesçay encoreque nous
ferons et selon que deviendront les Allemans
qui se vont joindre avecques ceulx d'Orléans
nous nous résouldrons, ou d'aller au Havre,
ou d'aller au devant d'eulx. Pour la fin , je vous
prieray, avant que partir du Piedmont, de faire
tout ce que vous pourrez pour mètre fin à la
restitution des places, selon ce que vous sçavez
eslre l'intention du Roy monsieur mon filz.
Pliant Dieu, mon cousin, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
(Au dos.) La Royne à Monsieur le cardinal
de Lorraine, du . . . jour de novembre i56a.
tés1, que y vous conteré qui sont sourveneue
d'eure en aullre an nonl aysté cause; et pour
se que je m'aseure que nefaysles neule doulte
de l'amitié que le Roy mon fils et moy vous
portons et envye que avons de la vous l'ayre
ion les jour mieulx conestre, je ne vous en
favré plulx longue letre, me remetenl à set
que ledist Cocona vous en dire de notre part:
seulement vous priré me fayre tent de bien
de me mander sovenf de vos uovelles et de
selles de madame de Savoy, léquele je prie
Notre-Signeur qui souyt tyeule que le désire
Vostre bonne seur,
Caterine.
1562. — (Novembre. )
Aut. Arcb. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mou l'rère, je ne vous fayré pas longue la
présente , me remetent à set que vous dire de
ma part le Cocona l, lequel je vous prie croyre
corne moy-mesme et aussi s'il eut aysté po-
sible de plulx tôt le dépêcher que je an neuse
aysté ausi âyse que vous-mesme et pour se
que entendrés de lui Taucasion de sa longue
demeure, je ne vous en fayré rediste; soule-
ment vous priré ne panser que s'et faulte de
ne vous volouir satisfayre en toutes les chauses
que seront à notre puisance, sachant que le
Roy mou fils le veolt ynsin, mes les dificoul-
' Annibal c,v de Coconas, alors an service du duc de
Savoie et qui plus lard s'attacha à François duc d'Alençon.
Compromis avec La Mole dans une conspiration dont ,1e
but était de placer son maître sur le trône, il fut arrêté
le 10 avril 1 57 fi et exécuté avec son complice le 3o du
même mois. — Voy- Bibl. nat. fonds français. n° 30727,
p. 7:,.
1562. — ■') novembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n1 463a, f° io3'.
A MONSIEUR DE TAYANNES.
LBUTKI&ai GBKBBAL DU ROT AU GOt;ïER!IEM£\T DE BOURGOGNE.
Monsieur de Tavannes, j'ay ceceu vostre
1 Elle fait allusion aux difficultés survenues pour la
restitution des places du Piémont. Philippe II n'y était
pas étrange;': dans une lettre du 17 juin l56a il enga-
geait son ambassadeur Cbantonnav à soutenir toutes les
revendications du duc de Savoie. (Arch. nat. collée!.
Simancas, L. îioo, pièce 8O7. — Voy. Mémoiradu
de'Nevers, t. I, et le n' .". 1 ij."T> du fonds frai.
Enfin, voici une lettre que la duchesse de Savoie écri-
vait de Fossan au connétable à la date du T> novembre
i56a : «J'ai voullu vous faire sçavoir combien nous
sentons obligez à vous pour le faict de la restitution, de
laquelle, Dieu merry et \ostre faveur, est bien achemynée
que nous ne pouvons plus doubler que les choses ne se
portent bien, et est bien vraj qu'il reste encores quelque
peu de difficulté, laquelle pour ne vous enuyer davan-
taige, je donne charge à Forget mon secrétaire les vous
faire entendre et fault que je vous dise, mon père, que
la vernie de M. le cardinal de Lorraine m'a donné beau-
roup de playsir pour l'heur (pie ce m'a esté de le um
el par le bon chemin auquel il a mys nos affairesr vous
supliant, mon père. \ vouloir mettre fin, à ce que nous
n'aions plus à penser que à faire service au Roy.* ( Bibl.
nat. fonds français, n°36io, f°34.)
432
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
lettre du xxnc du passé, par laquelle j'ay en-
tendu la difficulté que les Suysses faisoient
de marcher que l'enseigne du canton d'Apen-
tsel ne leur feust arrivée; à quoy je m'asseure
que vous aurez donné si bon ordre, saichant
le besoins que mon cousin le mareschal de
S1 André a d'estre renforcé desditz Suysses,
qu'ilz se seront depuys acheminez, et que
vous-mesmes, suivant ce que je vous ay
escript par ma dernière, vous serez trouvé au
lieu de Chastillon-sur-Seine pour leur faire
faire leur première monstre1, et, ladicte
monstre faicte, les conduire diligemment là
pari que sera mondict cousin ungst bon et si
seur chemin, qu'il n'en adviendra aucun in-
convénient ; et pour ce que j'ay entendu par
vostredicte lettre les remuemens qui se com-
mencent sur ceste venue d'Allemans en plu-
sieurs lieux de voslre gouvernement, et la
surprise qui s'est cuydé faire sur la ville de
Chaalon, et que je ne faictz poinct de doubte
que ceulx qui ont volunté de tumultuer ne
s'enhardissent davantaige, quant Hz vous ver-
ront absent et esloigné dudict gouvernement,
je suvs d'advis que, après avoir consigné les-
dicles bendes de Suysses à mondict cousin le
mareschal de S' André, vous vous en retour-
nez en vostredict gouvernement pour y con-
tenir toutes choses en l'obéissance, en laquelle
vous les avez conservées jusques à présent; et si
ceste lettre ne vous trouvoyt encores party avec
lesdictz Suysses, et que vous eussiez quelque
bien saige et expérimenté cappilaine qui les
sceust seurement conduire à mondict cousin,
vous luy en pourriez bien bailler la charge,
et ne bougeriez de vostredict gouvernement,
de peur que, pendant vostre absence, il ne
.s'y face quelque nouveau mouvement; mais
ce que je vous en mande est au cas que vous
1 Voy. une lettre de Tavannes au sujet de la montre
des Suisses. (Bibl. nat. fonds français, n° 436o, f 9.)
ayez telle asseurance de la suffisance duclici
cappilaine , et veoyez telle commodité au che-
min qu'il aura à faire tenir ausdictz Suysses
qu'il n'y peust courir aucun péril ny dangier;
ce que je remectz à vostre discrétion pour vous
y gouverner selon l'affection que je sçay que
vous portez au bien du service du Roy mon-
sieur mon fdz. Vous avez très bien faict d'avoir
laid prendre prisonniers les quatre genlilz-
hommes de la compagnie de mon cousin
Monsieur le duc de Guyse qui ont laissé
aller pour de l'argent les eschevins dudict
Chaalon, qui estoient chargez de l'entreprise
qui se brassoyt sur ladicte ville; et s'iiz ne
vous représentent lesdictz eschevins , ainsi
qu'ilz s'y sont soubztnis, je suys d'advis que
vous les faictes chastier, selon que la faulte
qu'ilz ont faict en cela se trouvera le mériter.
Je vous ay faict accorder le contenu au mé-
moire que Pelissier m'a présenté de vostre
part, et pouvez estre asseuré que, en toutes
choses qui vous toucheront, je vous feray tous-
jours cognoistre combien je vous ay pour recom-
mandé. Priant Dieu, Monsieur de Tavannes,
qu'il vous ayt en sa saincte garde. Escript à
Rouen, ce m'' jour de novembre 1 562.
Gaterine.
Bourdin.
1562. — 7 novembre.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents CoibtTt, n° 3&, f° 83.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnor, je viens de recevoir la
lettre que m'avez escrite du vc de ce moys,
et loul aussy tost ay voullu vous y faire ce
mot de responce pour vous prier que vous
vous teniez tellement préparé pour le voyage
que vous sçavez1, que, silost que vous aurez
1 C'était pour aller trouver le prince de Condé et lui
proposer une entrevue, afin de Iraiter de la paix. Ce voyage
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
h:\:;
eu responce tic ceulx devers lesquels vous
avés envoyé, vous soyez presl à mouler à che-
val pour faire toute la diliigence qu'il vous sera
possible eu vostredicl voyaige, ainsy que je
sçây que vous le désirez de vostre pari. Je
loue la diliigence dont vous usez à faire l'omo-
logation des secondes lettres pattentes que je
vous a\ envoyées pour la constitution des cent
mil livns de renie du clergé, et suys bien as-
seurée qu'il ne tiendra à vostre soing et affec-
tion que nous n'en soyons bien tost secouruz.
Je suys bien ayse aussi de la diliigence avec
laquelle vous l'aides besongner à racoustrer
le logeis du boys de Vincennes, et vous prye
que vous en chargez bien expressément le
contrerolleur de (aire tellement avancer ce que
l'abbe' de Saint-Martin ' yafaict encoinmencer,
que je le trouve du tout parachevé à nostre
arrivée, de laquelle je ne vous sçauroys man-
der encores le jour, pour l'indisposition de
mon frère le roy de Navarre; mais je vous
puvs dire que ce sera bientost. Priant Dieu.
Monsieur de Gonnor, qu'il vous ayt en sa
saincte garde. Escriplà Rouen, le vu" jour de
novembre 1 5(J2.
(De la main de la Heine.) h- vous prie hâter
votre voyage en tout set que pourrés, car je
désirerès byen que, set Dieu non sforteunel2
tant que de prendre le roy de Navarre, qui
n'eut lieu que te 22 novembre suivant. — Voy.ce qu'en dit
de Thou (Hist. wriv. trait, t. IV, p. 668); cf. une lettre
de l'amiral de Coligny à M. de Gonnor, datée du 8 no-
vembre, au sujet de celte entrevue (Bibl. nat. Cinq cents
Colbert, n° 2/1, p. 21 5).
' Suivant Hurlant (ait. Vincennes) le capitaine du
château de Vincennes s'appelait Saint-Martin .-i-Voy.Fé-
libien , Hist. de Paris, 1, II, p. 1 17 S. Parmi les officiers,
et domestiques de la maison de Catherine (Bibl. nat.
n° ^854) nous trouvons Loys de Saint-Martin qui fut
en i56g un de ses éebansons et Melchior de Saint-
Martin qui fut en 15751m de ses panneliers.
: Sforteunet, défavorisait, de l'italien sfortvnare.
CATHEIÏI5E DE MÉDICIS. I.
ayst empiré, que, avent que sete maleur nous
avint, <|uc lé choses fusset si bien encom-
mensée qu'i ne se peuse plus retyrer de ache-
ver sel que au ries mis en navant, et ausy que
je aurès peur que sete forleune lé lisi tenir
plus baull, par ensi je vous prie déligenter.
Cati i'.im:.
liol RD1N.
15G2. — 1 " novembre.
On;;. Bibl. ii.it. fonds fr.inç.iis, il' 3219, f" no.
A MONSIEUR DE GONNOJS.
Monsieur de Gonnort, suivant ce que vous
m'avez escript présentement je vous envoyé
quatre lettres que j'ay faict escripre à ceulx
que vous pensez qui nous vouldront ayder,
dont j'ay laissé les noms en blanc, affin que
vous les laciez remplir, ainsi que vous cong-
noistrez estre à propos, des noms de ceulx
que vous jugerez les plus disposez à entrer en
ladicte obligation; en quoy je ne vous recom-
manderay poincl davantaige d'user de devoir
et diliigence, pour ce que je suis asseurée que
vous n'y oublierez riens; seulleinenl je vous
priray de nous advertir incontinent de ce que
vous y aurez faict, et de ce que nous en (lève-
rons espérer; dont aclendanl devez nouvelles,
je prye Dieu, Monsieur de Gonnort, qu'il vous
doint ce que plus désirez.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le x"u jour
de novembre 1 5 G a .
Catkrine.
robertet.
I 562. — 1 0 novembre.
Orig . Bibl. nat. Cinq cents Colberl , n° aS . P M.
\ MONSIEUR '
Monsieur, ayanl le Roy monsieur mon
1 Celte lettre est l'une des quatre adressées â M. de
Gonnor et donl il est question dans la lettre précé-
j dente.
55
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
fils et uioy envoyé à Paris le sieur de Gonnort,
chevalier de son ordre, cappi laine de cinquante
hommes d'armes et conseiller en son privé
conseil, tant pour trouver et empruncter quel-
que somme de deniers dont nous avons
affaire pour le bien du service et affaires du-
dict sieur Roy mon fils, que pour s'en obliger
en son propre et privé nom , il nous a depuis
faict entendre qu'il luy estoit impossible de
recouvrer la somme que nous demandions s'il
n'y avoit encores quelques ungs qui s'en obli-
gassent et qui ne feussent domiciliiez et habi-
tans en ladicle ville; au moyen de quoy et
considérant les moyens et crédict que vous
avés en celle et davantaige la bonne volunté
et affection dont vous avez tousjours faict dé-
monstration envers nous en tout ce où nous
vous avons voulu employer, j'ay bien voullu
incontinanl vous escripre la présente pour vous
prier que, suyvant ce que ledict sieur de
Gonnor vous dira et requierra de la part du-
dict sieur Roy mon fils et la mienne, vous
vueillez vous obliger et respondre avec luy de
ladicte somme qu'il empruntera, vous asseu-
rant que nous donnerons si bon ordre au rem-
bourcement que vous n'en tomberez en aucun
inconvénient, et que le service que vous nous
ferez en ceslendroiet sera bien le plus grand et
signallé que nous puissions pour cest heure
recevoir de vous, et lequel je n'oublieroy
jamais pour m'en revencher où j'auray le
moyen, ainsi que vous dira ledict sieur de
Gonnor, sur lequel me remectanl et dont vous
le croyrez comme moy-mesmes, je prieray
Dieu qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à S'-Germain-en-Laye, le dixiesme
jour de novembre mil cinq cent soixante deux.
Caterine.
robertet.
1562. — i3 novembre.
Orig. Bibl. lut. fonds français, n' 3i85, f° 59.
A MESSIEURS
DE GUISE ET DE MONTMORENCY.
Mes cousins, m'estant enquise depuis la
dépesche que je vous ay faicte ce matin , du
chemin que je pourroys tenir, au partir de
Ponthoise, pour gaigner le bois de Vincennes
en ung jour, j'ay trouvé que la traicte est si
longue, pour y avoir neuf lieues, qu'il fault
nécessairement que j'en face en deux jours; et
là dessus me suis résolue, pour n'avoir poinct
d'occasion de demeurer à Sainl-Denys, d'aller
coucher à Escouan, dont j'ay bien voulu vous
advertir, et vous asseurer que, si les affaires
permectoient de m'y venir trouver, je seroys
bien ayse de vous y pouvoir veoir. Priant
Dieu, mes cousins, qu'il vous ayt en sa saincte
garde. Escript au boys d'Eunemais1, le xnf
jour de novembre i5Ga.
(De sa main.) Mon conpère, si vous ne m'en
chasé et que veuiés, je suys délybérée d'i de-
meurer heun jour pour léser achever d'acou-
trer le boys de Vinseyne.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(Au dos.) A mes cousins, Messieurs les duez
j de Guyse, pair, grand maistre et grand cham-
bellan, et de Montmorency, aussi pair et con-
nestable de France.
1562. — 17 novembre.
Orig. Bibl. nat. fonds français, u° 463a , f° io5.
A MONSIEUR DE TA VANNES,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DU UOÏ AU'COUVERNEMBNT DE BOUHGOGNB.
Monsieur de Tavannes, j'ay receu voz Iroys
1 Le bois d'Eneuiets à 3 lieues sud-ouest de Gisois.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
435
lettres des wvif el dernier du passé, et com-
manceray à vous \ respondre par les dernières
qui parlent des lettres qui onl esté escriptes
an\ baillyzel séneschaulx de ceroyaulmepour
faire publier que tous ceulx qui oui cy-devanl
porté les armes contre le Roj monsieur mon
lil/. qui vouldronl recognoistre leur faulte et,
pour réparation d'icelle, viendront servir le
\\<>\ mondicl sieur el lil/. avec armes el grans
chevaulx, en portant certiffication des lieule-
nans généraulx de ses armées de l'équippaige
auquel ilzseronl comparuz et du service qu'ilz
auront faicl èsdictes armées, seront remis en
leurs maisons et Liens, selou qu'il est plus à
plaiu contenu èsdictes lettres ; lesquelles je
vous puys asseurer avoir es!é délibérées en
plain conseil, ayant tous ces seigneurs opiné
et conclud qu'il estoyt nécessaire d'ainsi le
taire , aflîn de retirer à nous par ceste voye de
doulceur le plus que nous pourrions de la
noblesse, el en affoiblir d'aultant noz enne-
mys. El est toul certain que si ceuh qui se
sontey-devant oublyez en cela sevoyent déses-
pérez d'en pouvoir avoir grâce, en prestant
l'obéissance au Roy mondict sieur et lilz telle
qu'ilz la luy doivent, et luy faisant service de
leurs personnes, ilzse désespéreront et ayme-
ront mieulx mourir les armes en la main que
d'estre pu'gnyz par la justice, laquelle sans la-
dicte grâce ne fauldra, comme ilz le sçavenl
très-bien, de procéder à l'encontre d'eulx fort
rigoreusement; qui sont, MonsieurdeTavannes,
aucunes des principales occasions de l'expédi-
tion desdictes lettres quej'ay bien voullu vous
discourir en peu de parolles, allîn que vous
saicliez qu'il n'a riens esté faict en cela que
avec meure délibération. Touteffoys jeremeetz
à vous, si vous voyez que la publication des-
dictes lectres iéust pour troubler ceulx du gou-
vernement de Bourgongne, de la faire surceoir
aullanl que vous cognoislrez qu'il eu sera de
besoing, saichant bien que vous n'aurez en
.niiii ii toutes autres choses aultre con-
sidération que celle qui appartienl au bien du
sei rice du Roy mondicl sieur et lilz el à la con-
servation du repoz dudicl gouvernement. .I<'
feray veoir le mémoire que m'avez envoyé des
affaires de par delà si losl que lelConseU sera
rejoinct ensemble, d'aultant que de ceste
heure que nous nous acheminons pour nous
raprocher de Paris, nous sommes escartez ça
i I là pour l'incommodité deslogeis; mais ce-
pendant je ne laisseray de vous dire que je loue
la dilligence dont vous délibérez faire user au
parachèvement du retranchement de terre
servant de citadelle à Chaalon, car ce seraung
grand plaisir de veoir une ville de telle impor-
tance asseurée et avec beaucoup moindre des-
pence que celle qui s'y faict ordinairement.
Les Suysses sont de ceste heure joinetz avec
mon cousin le mareschal de S'-André, qui
les est allé trouver jusques à Meleun pour le
peu de dilligence qu'ilz faisoient de se rendre
à luy. J'ay faict donner ordre aux m™ tant
livres, qui leurestoient deuz de reste de leur
premier paiement, el vous advise que nous
sommes après à dilligenter le plus qu'il nous
est possible l'assemblée de nos forces. Cepen-
dant nozdiciz ennemys se soni saisiz de Plu-
viers el d'Estampes1, mais j'espère que Dieu
nous fera la grâce de si bien pourveoir au de-
mourant que ce qu'ilz ont faict en ces deux
lieux là sera le plus grand de tous leurs elTectz.
Priant Dieu, Monsieur de Tavannes, qu'il
vous ayt en sa saincte garde. Escript au bois de
Vincennes, le xvhc jour de novembre 10G2.
Caterine.
Bocrdin.
1 V oy . les détails donnes par de ïliou sur la prise de
Pluviers qui eut lieu le 11 novembre, (flisl. unit), trail.
t.IV,p. 466.)
55.
136
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1562. — (ao) novembre.
Minute. Orig. Bibl. nal. fonds français, n' 15877, *"" ^8.
A MONSIEUR D'ESCARS.
Monsieur d'Escars, voyant la fortune inter-
venue de la mort du feu roy de Navarre1 et
qu'auparavant iceile il m'a mandé qu'il me
prioit qu'on vous révoquast sans vous laisser
passer oultre à vostre vovage d'Espagne, je
n'av point voulu faillir de vous renvoyer ce
gentilhomme icy envoyé pour vous enadvertir,
affin que, si vous estiez on chemin, vous re-
tourniez en vostre maison, et que renvoyez
les coinpagnyes de gendarmerye que vous me-
1 Nous n'avons trouvé aucune lettre de Catherine où
elle donne des détails sur la mort du roi de Navarre; mais
une lettre de Charles IX à Saint-Sutpice qu'elle a dû dic-
ter peut suppléer à ce silence: «Monsieur de Saint-
Sulpice, par ma dernière lettre que je vous esciiviz par
vostre secrétaire je vous faysois entendre la blessure de
mon oncle le roy de Navarre, laquele l'a tellement tra-
vaillé avec une si continuelle et si violente fiebvre que
finalement le ix° du présent mois, quelques remeddes qui
luy ayenl peu eslre donnez, Nostre-Seigneur l'a appelé à
soy avec tant de cognoissance de luy et telle repenlance
et résolution qu'il se peull dire avoir laid la plus belle et
la plus saincte mort qu'il est possible. Je vous laisse à
penser quel ennuy, regret et desplaisir il me laisse, le
perdant en une si turbullente saison, que je le puys dire
m'eslre failly à l'heure que sa présence m'estoit le plus
nécessaire; de quoy je n'ay voulu faillir vous advertir,
estimant que le Roy mon bon frère et la Royne ma seur
en recevront desplaisir pour le service qu'il faisoil à cesle
couronne et pour la peyne, le soin el la vigillance dont il
s'emploioit en lotit ce qui estoit pour le bien de mes
affaires. n (Minute. Bibl. irnpér. de Saint-Pétersbourg;
inimité. Bibl. nal. fonds français, 11° 1 38 77, f° 3 83.) — Voy.
une lettre de S'-Sulpice à Catherine pour lui faire part
de l'audience qu'il a eue de Philippe II, à la suite de la
mort du roi de Navarre (Bibl. nal. fonds français,
n 15877, f° 386); Lettre de Philippe II à Catherine
sur le même sujet ( Arch. nal. collect. Simancas, K,
i'ig6, pièce n° 77). Voy. dans les Mémoires de Condé,
t. IV, p. 1 16 et suiv. le récit des derniers moments du
prince, et d'Aubigné, Hitl. wiiv. édit. de îO'ali, t. I.
p. 1 58.
niez avecques vous, d'aullant qu'elles pourront
beaucoup servir, et aussy j'ay faict bailler la
moictié de la eompagnye de mondicl frère à
mon filz , le duc d'Orléans, et l'aultre moictié
à mon filz le prince de Navarre; et quant aux
trente harquebusiers vous les ferez casser
semblablement pour ce quilz ne vous seront
plus nécessaires, estant l'occasion deleurlevée
eî . entretenement cessé parla mort de mondict
frère; et quant à vous, Monsieur d'Escars, si
vous croyez pouvoir servir par delà aux trou-
bles qui se présentent, vous y demeurerez;
sinon, si vous voulez venyrde deçà, vous serez
le très-bien venu et seray bien ayse de vous
veoyr; ce que laissant à vostre discrétion , je
prieray Dieu, Monsieur d'Escars, vous avoyr
en sa saincte et cligne garde. Du boys de
Vincennes, ce jourde novembre 1 56a '.
(Au dos.) La Reyne à Monsieur d'Escars.
du jour de novembre 1 56a.
1562. — 31 novembre.
Orig. Bibl. nat. (omis français, n" 3219, f' 111.
A MONSIEUR DE GONNOR,
COSSr.ll.LBS DU ÏIOÏ MO* FILS EN SOS <;0\SE1!. PR1VB.
Monsieur de Gonnor, pour aucune chose
dont j'ay nécessairement affaire de vous, je
vous prie ne failir à vous trouver icy devers
moy de bon malin, sans différer, encores que
nous aillions disner à Paris. Priant Dieu ,
Monsieur de Gonnor, vous donner ce que dé-
sirez. Du logis de Vincennes, le xxi de no-
vembre 1 5 G a.
1 Voy. la réponse du s' d'Escars à la Reine ( Bibl. nat.
fonds français, n° 15877, f° A33) et le don fait par
Charles IX à celui-ci pour le dédommager des dépenses
failes pour le voyage d'Espagne interrompu par la mort
du roi de Navarre (ibid. p. 4a3). — D'Escars fut nommé
en 1 .')G3 (a3 mai) gouverneur de Bordeaux. Voy. Bibl-
nat. fonds Clairambault, n° aST), P 11 3.
LETTRES DE CATHERINE DE M El) ICI S.
437
i De sa main. • Je vous prie, soyez ysi à set
heure el ni fallés, set l'avés jeamès envye de
fayre ryen pour moy.
Caterine.
Di l'Ai bespine.
(,'esl pour aller coucher à Corbeii. Par ce
vous ferez bien d'amener ce qu'il vous fault
pour une couchée.
C'est voire bien humble serviteur,
De l'Ai besimne.
1562. — 22 novembre.
Ong. Bihl. nal. fonds français, n° aoi5y, f -i(j-
A MON COUSIN LE S1EIR DE BOISY,
CRàSD ESCCÏEB PK FBAB
Mon cousin, j'ay sceu par vostre lettre ee
qui vous a esté commandé à Paris pour faire
sortir Ions ceulx de la nouvelle opinion tant
habitons que estrangers que trouverez dedans
Meaulx; qui est chose que le Roy monsieur mon
fdz ne moy n'avions poinct entendue; à quoy
il \ auroyt peu de raison, sinon que Ton y
veist une apparente conspiration de tous pour
s'oubhiT de leur devoir. J'en ay parle aux sei-
gneurs qui estoient icy lors de la réception de
vostre lettre, lesquelz disent ne l'entendre
ainsy; vous estimant aussy si saige que vous
sçaurez bien pouneoir à ce qui sera néces-
saire pour la seuretté et l'obéissance que nous
désirons veoir en ladicle ville, sans en venir
là; mais seuUeinent en faisant sortir lesditz
estrangers, et s'il y avoit quelqu'un desaultres
sédieieulxet qu'il vous donnast quelque soubs-
peçon, le faire observer de près ou luy faire
dire qu'il se relire pour quelques jours, de
façon que vous puissiez plus à vostre ayse v
mettre l'ordre que nous désirons. Je ne vous
octroyé point d'aultre pouvoir que ceiuy que
vous avez, lequel me semble eslre assez suffi-
sant, seullemenl vous envoyé quelques lettres
que le Roy mondicl lilz et moy escripvons
aux officiers et eschevins, et si vous ave/, be-
soing de plus exprès commandement, nous
sommes si près de vous qui' vous en serez in-
continanl satisfaict. Prianl Dieu, i i cousin.
vous avoir en sa garde. Escript au bois de \ m
cennes, le xxii' jour de novembre i56a '.
La bien vostre.
Caterine.
ir>(i'2. — a3 novembre.
Orig. Bîbl, nat. fonds français, n soâ5g, f° 37.
A MOIN COUSIN LE SIEUR DE BOISY,
Mon cousin-, j'aj entendu que le duc de
Lunebourg s'est mis en chemyn soubz pré-
texte de venir en reste cour demander raison
de quelques pensions qu'il dictluv estre deues
et devoit passer par Chaaslons; mais il s'est
escarté et monstre voulloir prendre autre che-
myn, et pour ce que sa venue ne peull estre
1 Charles IX, dans une lettre du 25 novembre, invite
M. de Boisv à faire mettre en liberté Antoine Moissy,
Claude Frenet, Martin d'Esparnay et Antoine Boucher,
habitants delà ville de Meaux, «lesquels furenl dès lors
convaincuz d"eslre coulpables de la rupture des images,
eteondapnnez à la peyne des gallères, ebose ijiii ne tul
exécutée; car sont toujours depuis démolirez es prisons
de ladicte ville, qui peut tenir lieu de parlye de la peyne
qu'ilz eussent souffert èsdictes gallèresn. En terminant il
11 1 orde un pardon général à tous ceux coupables de sem-
blable cas, et il ordonne à M. de Boisy de les faire
mettre en liberté. (Bibl. nat. fonds français, n' 30?i5g,
• Il avait eu une querelle avec le duc 1b1 Guise ;"i
camp d'Amiens et pour ce fait avait été mis à la Bastille.
Vvec une nombreuse suite il venait pour se joindre au
prince de Condé et gagner Orléans; mais surpris dans
une auberge de Ramerupt par Bussy d'Amboise, il se dé-
fendit, fut grièvement blessé et porté en litière à Un-
ions, où il mourut peu de jours après. ( De Thou, Ihsl.
unk. trad. t. IV, p. 27,'i.)
A38
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
sans suspicion pour quelques querelles parti-
cuHières qu'il peull avoir et qu'il n'est pas rai-
sonnable qu'il passe oultre que l'on ne saiche
où il veull aller, je vous prie, s'il s'adressoit là
où vous estes, luy dire doulcement que vous
avez charge ne laisser passer personne sans
congé du Roy monsieur mou filz et faire en
sorte qu'il demoure là sans le laisser ^enir, ne
passer plus avant que vous n'ayez sur ce autre
commandement. Pryant Dieu, mon cousin,
vous donner ce que plus désirez. Du boys de
Vincennes.le xxiir5 jour de novembre 1 56a.
La byen vostre,
Catebine.
1 562. — 26 novembre.
Copie. Record office, State papcrs , France, toi. XXVI.
A MON COUSIN LE DUC DE GUISE.
Mon cousin l'ambassadeur d'Angleterre1,
Madame ma bonne seur dict que le seigneur
de Throkmorton"2 qui est au camp de mon
1 Sir Thomas Smith.
2 11 nous semble utile de placer ici l'extrait d'une
lettre de Tlirockmorton à Smith, qui l'avait prié de lui
indiquer les moyens d'arriver à une pacification : «Je
vous diray que depuis le temps que je suis en ceste com-
paignie, qui a esté assez long, pour avoir souvent moyen
et loisir d'en parler à Monsieur le Prince, voyant ces
inaulx et troubles tous les jours non seulement continuer,
mais augmenter, je suis entré en ce propos avec luy du
moyen d'y remédier; à quoy je ne l'ay trouvé jamais
sinon bien disposé el prest à entendre à toute pacifica-
tion sure et raisonable; qui m'a (ail plus esbahir, vu ce
qui est contenu en vostre lettre que vous trouvez ceulx de
deçà fort enclins à un;; accord raisonable, comme on a
tanct attendu à le faire, et comme y eslans les cœurs ainsi
disposés d'une part et d'autre, ceulx à qui la désolation de
ce royaume touche de si près laissant tant gaigner ce mal
p| prendre racine si avant. Après la réception de vostre
lettre, j'en suis entré encore plus avant en ce propos avec
ledict seigneur Prince que je n'avois faict, mais je vous
puis asseurer que, depuis la nouvelle de la mort du roy
de Navarre, je le troine si disposé à remettre ce royaume
cousin le prince de Condé a ung coffre à luv
où il y a chose d'importance dont ledict ambas-
sadeur a affaire et désire pour ceste cause le
recouvrer et faire amener seurement à Paris,
dont je luy ay dict qu'il ne pouvoit avoir plus
en repos, et si éloigné d'user de force et de violence qu'il
diffère d'emploier les forces qu'il a; et encores qu'il soit
provoqué, autant qu'il est possible, par ceulx qui sont de-
dans Corbeil, lesquelz ont refusé ouïr aucune chose de sa
part, ils'ahstientd'user d'hostilités contreeulx, et m'a dit
que, puisque Dieu l'avait appelé au rang et degré qu'il
tient à présent, qu'il lui falloit aussitost postposer toutes
choses au public, et. qu'il se sentirait à jamais coupable
devant Dieu et les hommes s'il ne se melloit en tout
debvoir de faire cesser ces troubles et calamités, ne pré-
tendant employer le lieu qui lui appartient en autre
chose, sinon à la conservation de ce royaume ; que s'il
plaisoit à la Iieyne s'y emploier selon la puissance qu'elle
en a, toutes choses seraient bienlost réduites et en bon
eslat, et quant à l'autorité de ladicle dame,' tant s'en
fault qu'il prétende lui en rien diminuer, que plustôt il
désire l'augmenter avec ung commandement plus grand
et plus asseuré qu'elle n'a eu du temps du feu roy de Na-
varre son frère, et qu'elle srait bien à sa conscience que
ce qu'il a faict n'a esté que pour le regard de son service
et pour la conservation de son autorité, et n'a esté par lu;/
entrepris que par son commandement; et pour vous dire
au vray ce que j'en pense et ay cogneu jusques icy, je ne
me suis trouvé jamais en compaignie plus affectionnée à
Sa Majesté que est cesle-cy, de sorle que je crois asseu-
rément qu'elle n'est en autre lieu de ce royaume plus
aimée et honorée; ainsi que, s'il plaisoit à Sa Majesté me
donner moyen, je lui pourrais faire cognoistre cl entendre
plusieurs autres particularités concernant le bien de ses
affaires et celui de ce royaume, dont, je m'asseure, elle
recevrait contentement. Au reste, je vous prie, Monsieur
l'ambassadeur, obtenir de Sa Majesté que j'aye ung pas-
seport pour m'en retourner voir la royne ma maistresse,
où j'auray plus de moyen de faire quelques bons offices
pour l'effect d'une paix que je n'ay icy, et en quoy je me
voudrais emptoier de meilleur cœur et plus sincèrement
qu'aucuns n'estiment. Je vous prie aussi d'obtenir ung
passeport de ladicte Dame à ce que je puisse seurement
vous envoier et délivrer la vaisselle de la Royne ma mais-
tresse qu'elle m'a commandé vous bailler.
rD'Essone, ce xxu novembre l 56a.» (Record office,
State papers, Franco, vol. XXVI.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Û39
seur moyen que de faire accompaigner d ung
trompette celuy qu'il vouldra envoyer, vous
priant, mon cousin, lui en bailler ung pour
cest effet et luy donner en cela toute la seureté
dont il aura besoing; priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
Du boys de \inceunes, le wvi' jour de no-
v< mbre 1 5Ga.
Caterine.
1562. — 27 novembre.
Orig. Bibi. nat. fonds français, n" 306S9, f° k"r
A MON COUSIN LE SIEUR DE BOISY,
CHiND ESCl'ÏElt DE PBA1ICB.
Mon cousin, m'aiant Jehan Doublet, or-
pbèvre du Roy monsieur mon filz, faict en-
tendre que pendant les troubles survenuz en
la \ille de Paris, il se serait avec sa femme et
enffens retiré en la ville de Meaulx et. pour ce
que à préseul il a esté mis garnison en ladicte
ville, il crainct d'estre par eulv molesté et tra-
vaillé; à ceste cause je vous ay bien voulu es-
cripre la présente et [nier, mon cousin, eu
considération de ce qu'il est officier domes-
ticque du Roy mondict sieur et lîlz, vouloir
tenir la main qu'il ne luy soil, ue à sadicte
femme et enffens, meffaict uy mesdict eu leurs
personnes et biens et faire en sorte que, pour
l'amour de moy, il leur soit l'ait le plus doulx
etgratieulx traictément qu'il sera possible, et,
ce faisant, vous me ferez plaisir bien agréable.
Priant le Créateur, mou cousin, qu'il vous ail
en sa saincte garde. Escript au boys de Vyn-
cennes, ce xxvne jour de novembre i562.
La byen vostre,
Caterink.
I Mil'. — Décembre i
Aut. Arch. de Turin.
A MON FRÈRE
MONSIEUR LE DUC DE SAVOIE.
Mon frère, le Roy mon lils vous renvoy le
sieur de Parele voyenl set que avés acordé
aveques le sieur de Bourdillon ' ; de quoj yi a
aysté tort ayse el conet tou lé jour daventage
l'amour et afeclion que luy portés, laqueleje
vousaseure qui reconeslen toultes lé chauses
qui \ous loueberon et qu'il pouré et, pour se
qu'il a donné cherge à set pourteur de vous
dyre byen au long de ses novelles el moy
ausi, je ne vous l'ayré la présante longue el
vous suplyré souleinent panser lé cbause en
quoy je vous pourès fayre coneslre l'amour
que je vous porte et l'aublygaslyon en quoy je
me sant redevable enver vous de l'amour que
me portés et de la volante en laquele je \ous
voy \er le Roy mon l'y Is; car je ne seré jeamès
à mon ayse que je n'aye fayst quelque cbause
de bon pour vous; et en setpendenl vous priré
panser que, après Madame, n'y é personne
qui vous ayme plulx ny désire plulx votre
grendeur et contentement que fayst
Votre bonne seur.
Caterine.
1 562. — Décembre.
Minute. BiU. nat. fonds français, □ 15S77, fJ a3i.
A AIKSSU l i;s
LES DUCS DE GUISE, DE MONTMORENCY,
CONltBSTiBLB DE FIUXCK ,
ET LE SIEUR DE SAINT-ARDRÉ, HARESCHAL.
\ie> cousins, je receuz hier deux dépesches
1 Voy. une lettre de la duchesse de Sasuie (Margue-
rite de France) à .M. de Uoniior pour la restitution des
villes du Piémont. (JiiM. nat, Cinq cents CouVrl, d
f9o.)
4A0 LETTRES DE CATH
du sieur de Bouidillon ; l'une du xxviiic du
passé, par laquelle il m'envoye quelques ar-
ticles que luy et l'évesque d'Orléans ont ac-
cordez entre ceulx de Piagella et Vaucluson et
les Briariçonnoys , pour les l'aire vivre en paix
il en repoz et oster les querelles, guerres et
inimitiez qui sont entre euh1, le tout soubz le
bon plaisir du Roy monsieur mon filz, les-
quelles je vous ay bien voulu envoyer et à
\mis principalement, mon cousin le duc de
Guyse, qui en estes gouverneur, affin de avoir
sur ce l'adviz de vous tous, pour sçavoir ce
que j'en doibz faire et la responce que je leur
envoyray. Vous verez par l'aullre dépesche
du u" de ce moys comme il faisoit partir lmict
compaignies pour s'aller joindre à mon cou-
sin Monsieur de Nemours; de quoy je suys
bien a\ se , car ce luy sera ung beau et bon ren-
fort de bons hommes, avec lesquelz il pourra
faire quelque chose de bon. Quant au démou-
lant de mes nouvelles, je ne vous en puys dire
aultre chose, n'estant riens survenu depuys
vostre partement, que ce que vous a esté en-
O]] é de la responce du prince de Coudé, vous
1 La lettre de do Bnurdillon à Charles IX, à laquelle
celle-ci repond, se trouve dans le n° 16877 du fonds
français, p. 4 1 5 : cite est datée du 26 novembre
1 5Ca , et voici les détails qu'elle donne sur les démêlés
que signale la Reine : tr Depuis les troubles de vostre
royaulme, les habitante du Briançonnoys et de Piagella se
sont levez un armes et couru sus les ungsaux autres avec
loute forme d'tioslitlilé , où ilz sesontfaict réciproquement
inliniz niaidx et dommaiges d'un coslé et d'autre; ce qui
n'euzl peu guères continuer que la tolalle ruyne et désol-
lation desdietz pays et subjeetz n'y feust ensuyvi , dont aussi
viiz subjeetz circonvùisins et autres qui souloient fréquen-
ter et Irafficquer èsdict pays ont receu beaucoup de perte
el d'incommodité; car au moyen des prinses et destrous-
sements c|ui s'y faisoient, nul n'y ausoyt plus aller ny
passer, de sorte que tout commerce et traflic y estoit
cessé; vos droiclz davantaige se perdoient.n A la suite de
cet exposé, Bouidillon envoie les articles de l'accord qu'il
a obtenu , grâce à l'intervention de l'évèque d'Orléans.
ERINE DE MÉD1GIS.
priant pour la fin me faire le plus souvent
que vous pourrez entendre de voz nouvelles ,
comme je vous feray des miennes. Et je priera y
Dieu, mes cousins, vous avoir en sa saincte
etdigne garde. Du boys de Vincennçs, ce ... .
jour de décembre 1662.
1 562. — 3 décembre.
Orig. Arch. de Turin.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC D'AUMALLE.
Mon cousin, vous verrez les advis que nous
avons d'Allemagne et considérerez le terme
que avez pour vous acheminer sur la frontière ,
eslans au demourant bien fort conta ntz du bon
ordre que avez commancé à donner pour pour-
voir aux passages, que sera le plus grand
service que pourrez jamais fere au Rov
monsieur mon filz que celuy-là, qui prierav
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa garde.
De Paris, le troisième décembre i5G2.
(De sa main.) Mon cousin, vous voyrés ce
que le Roy vous envoyé des avys qu'il a eu deu
conte d'Arenberque; je vous prie, encore qui
n'en soyt besouyng, de le vous ramentevoyr el
de fayre cet que pourés, afin qu'i nenousvye-
gnet menger notre pèys. J'é ayscript à Mon-
sieur de Savoye pour vous envoyer les miles
cbevaulx qu'i nous envoyest et fayré byen de
luy mender que vous l'ay escript,et lé lieulx,
eu1 volés qu'i vous allet trover, car j'é peur que
notre couryer souit prins,et afin qui voyeque
c'et l'yntansion du Roy mon fils, envoyé li la
présante. Mendé nous de vos novelles et de
celés de nos mauves voysins pour voyr s'il é
vray qui souynt sy près. Quant à nous, mon fils
ayst à Nemours et atant les Gascons et yncon-
' Eu, ou.
LETTRES DE CATB
tinent après j'espère qu i guardera nosennemys
d'aler si louyn au devenl leur reystre. Dieu
nous en douvnt la viclouyre et veulle guarder
mon fils el Loutle si compagnye.
\ otre bonne cousine .
< .A i i:lUN !..
17)62. — 5 déceiu
I uq cents Coïbert r n* 3go , f" 1 1 1 el suiv. Imprime1
'.
A MA SOBDB
MADAME LA i)l CIIKSSE
MU URIÈBE DE LORRAINE .
Ma seur, j'ai ieceu voz lettres el veu com-
ment mius en allez au couronnement du roy
de Bohesme2, et l'occasion pourquoy n'avez
menée nostre fille, que je ne puys que trou-
ver bonne, m'asseurant que vous lavez faiet
avec si lionne considération, qu'il est niieulx
que si l'aviez menée, et ay espérance que
vostre voyaige nous servira en ce royaulme,
m'asseurant que là où v ou» trouverez que pour
Paliance qui est entre nous et l'amitié que me
portez, que où l'on parlera de ces troubles et
de la façon «pie ceulx qui ont mis les Angloys
dans ce royaulme veullenl dire qu'ilz ont faicl
ce qu'ilz. ont laid, que me ferez ce bien d'en
respondre comme je vouldroys faire pour vous,
non pour nie jusliffier, pour ne penser le de-
voir faire, ny e'slre tenue que devant Dieu,
mais pour le regret que jauroys que l'Empe-
reur et tant de princes chreslnii-. à qui ilz
oui voullu imprimer le contraire de ma vo-
lonté, émissent que je leur eusse commandé
prendre les aimes pour ruiner ce royaulme.
: Christine île Danemark, duchesse douairière de
Lorraine, morte le y décembre l5oo.
- Maximilien, roi de Bohême, qui fut élu roi des Ro-
mains le 2 h décembre suivant et qui. à la mort de Fer-
dinand, devint empereur.
Catherine du Médicis. -
ERINE DE MÉDICIS. 441
de qui j'a\ receu tanl d'honneur, el de qui
j"a\ tant aune cl honoré les Boys, à quij'aj
tanl d'obligation el de qui mes ennansen sonl
demeurez encores Roys. Pour ceste occasion ,
je mois supplye que. mois trouvanl avec l'Em-
pereur el Ro\ son lils el les aultres prince
que, en venaul à propoz de ce que Spifame
leur a dicl de la pari du prince de (iondé, el
des lèches de quo\ ilz se veullenl ayder pour
se jusliffier de ce qu'il a pris les armes, leur
duc si j'av escript audict prince, lu\ estant en
ceste ville, alors que je mimas que le rn\ de
Navarre et aultres seigneurs ) estoienl venuz
avec grande compagnie et contre ma volunté,
allin que voyant que des deux costez les armes
se renforçoyent, el qu'ilz s'y opiniastroient de
ne sortir de reste ville de Paris, et luy me
mandant qu'il ne demeuroit en ceste ville que
pour empescher les entreprinses que l'on \oul-
loit faire contre mo\ el mes enffans pour les
m'oster, je luy escripviz des lettres1, où je le
mercioys et mectoys peine de le contanler,
allin de ne me trouver habandonnée de huis.
voyant que les aultres n'avoient voullu obéyr
à chose que je leur eusse mandée; uéau-
moings ce contanlementen quoj je i ayvoulleu
retenir, c'estoit lousjours en luy mandant (ju il
sortist de Paris, et qu'il en feist sortir les es-
trangiers, suivant la promesse qu'il m'avoyf
faicle quant il vint prendre congé du l!o\ mon
lilz pour s'en aller chez luy, nous estans à
Mouceaulx. et que je luy priay de se désac-
compaigner el nous venir trouver avec sou
train: ce que s'il ne le faisoyt, qu'il seroyt
cause de l'aire armer les aultres et mectre un;;
grand trouble en ce royaulme, et qu il eus!
pilié de mes enffans, de moj et du royaulme.
Et me respondant qu'il \ iroitdeson honneur,
s'il sortoyl le premier, je luy escripviz de ma
1 Voy. les lettres auxquelles elle fail allusion, p. 281.
U'rl
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
main, ce qu'il n'a pas monstre, que celluy qui
obe'yi'oit le premier seroyt celluy qui aurait
plus d'honneur; et lui envoyé mon maistre
d'iioslel Sarlan1, lequel feist tant qu'il le feist
sortir de Paris. Et estant sorty, il m'envoya
Bouchavannes son lieutenant, par lequel il
me manda comme il m'avoil obéy et qu'il es-
loi t sorty et qu'il me prioit, puysqu'il avoit
obéy, que je ne trouvasse mauvais s'il s'en
aiioit avec ces trouppes chez luy à la Ferté,
et qu'iiz y demeurassent avec luy ; car il
avoit entendu que l'on le voulloit l'aire prendre
el in'osler mes enffans, et qu'il seroyt là pour
se garder et pour servir au Roy mon filz et à
moy. Voyant cela, et que le roy de Navarre
ne bougeoit de Paris, et qu'il faisoyt de tous
coslez assembler gens de guerre, je luy es-
cripviz que je ne trouvoys poincl mauvais
qu'il ne bougeast de chez luy avec les armes,
jusques à ce qu'il visl que les advertissemens
qu'il me mandoyt ne feussent véritables; ne
pouvant, ce me sembloyt, devoir reffuser à
ung prince du sang de se garder, veu qu'il
disoyt que l'on le voulloyt l'aire mourir. Et le
lendemain le roy de Navarre partit de Paris,
et vint avec tous ces seigneurs et grande com-
pagnie trouver le Roy mon fdz à Fontaine-
bleau, où eslans arrivez, je dépeschay mon
maistre d'hoslel Sarlan vers le prince de Condé,
I uy mandant que , suivant la promesse que Bou-
chavannes m'avoit faicte de sa part de se dé-
sarmer inconlinanl que luy manderais, que
je luy pryroys qu'il eust incontinanl à se dé-
sarmer, d'aullant que je luy asseuroys que les
advertissemens qu'il avoit euz estoient faulx,
el que j'estoys en seureté de toutes choses,
et de luy qu'il pouvoit estre asseuré que nul
lui voulloit mal ny mal faire; et s'il ne se dé-
' Antoine do Sériai) qui devint premier maître de l'hô-
tel de la Heine en îîi^i. — Voy. l'état de la maison de
Catherine de Médicis, fonds français, n" 785/1, f° a5.
sarmoyt, qu'il serait cause que ces aultres sei-
gneurs demeureraient armez, et de mectre ung
grand trouble en ce royaulme; quoy voyant
et qu'il ne m'obéyst, que je seray contraincle
de me mectre contre luy; que je luy pryé qu'il
ne m'en donnast occasion.
Sur cela il alla prendre Orléans; quoy
voyant, je feiz armer le Roy mon filz, car
voyant qu'il s'estoit voullu ayder de mon nom
et amitié, faigoant que ce qu'il faisoyt au
commancement n'estoit que pour se garder,
el que inconlinanl il ferait ce que je luy man-
deroys. Et quant il se veist fort, il ne m'obéisl
plus, mais a voullu faire croire le contraire
de ce que tousjours je luy ay mandé et es-
cript, ne monstrant que des lectres qui ne
portoient que toutes parolles pour le contenir,
et ne disant la créance ny la fin de beaucoup
de lectres que je luy ay escriptes, par les-
quelles il appert évidemment que n'ay ja-
mais voullu qu'il s'armast. Cela m'a faicl grand
desplaisir, et plus tost en eusse respondu avec
vérité, mais je ne le voullois désespérer de
ma bonne grâce, pour tousjours essayer de
le retirer, et paciffier ces troubles. Dieu
mercy, nous sommes en termes de faire une
paix. Et encoresque cecy le puisse quelque peu
aigrir de veoir que je diz la vérité, et que l'on
cognoistra que les armes sont en ce royaulme
maulgré moy, si m'a il semblé que, estanl par
delà el voslre filz, que je ne puys plus me taire
de taire cognoistre la vérité, que cela ne préju-
diciasl grandement à ma réputation; m'asseu-
rant que ne le pourroys faire entendre par
personne qui le face plus doulcement, et qui
désire plus mon contanlemenl ; qui me faicl
vous supplyer de prendre ceste peine, s'il vient
à propoz, comme desjà je le vous ay dict, de
leur en dire ce que je vous en mande, vous
asseurant que c'est la pure vérité; et vous
supplye m'excuser si je vous donne ceste peine
LETTRES DE CATH
de lire une si longue el fascheuse lettre. Et
en récompense si je nous puys faire quelque
plaisir ou service, vous ne trouverez jamais
personne plus à vostre commandement (jue
moy.
De Paris, le ve décembre 1 5G2 '.
Catebine.
1502. — 7 décembre.
Orig. Bibl. nat. fouils Français, n" 3i3g, F tu.
\ MON COUSIN LE DUC DE MVERNOIS,
l'Ain m: FRANCE.
Mon cousin, je ne puis rien adjouster à la
lettre que le Roy monsieur mon filz vous
escript, si n'est de vous prier bien fort que,
mettant par vous en considération l'importance
dont elle est, vous y veuillez user de toute la
diligence requise et nécessaire; priant en cest
endroict le Créateur vous avoir, mon cousin,
en sa saincte el digne guarde. De Paris, le
ur jour de décembre 1 56a.
(Z)« sa main.) Mon cousin, yl vous fan II
1 Voici la répODse de la duchesse de Lorraine : «Ma-
dame , estant sur mon relour d'Alemaine , je receus ungne
lestre de Y. M. par laquelle icelle me commandoit que
j'euse à faire l'once, de sa part, tel que reqaéroit sadicte
lestre el à l'eiidroyt de La Majesté de l'Empereur el du
roy des Romains, et suis ayté fort marie que, pour estre
venue si tart vostre lestre, je ne pouvois en personne
faire l'otîce requis; néanmoins, pour ne l'allir à ceste oca-
sion à mon devoir, je dépeschis ung mien confident el
conseiller aucunement serviteur de L'Empereur vers Leurs
Majestés aveques nies leslres ensuivant vostre désir; le-
quel aytant de retour m'a raporté par lestre comment
Leurs Majestés ont eu fort agréable se que leur ay mandé
de vostre part, non pour en avoir quelque doute, mais
pour l'aseurance du sujet; lequel conrespont à l'oupimoii
qu'il ont lousjour eu de vostre vertu et prudence, laquelle
bonne oupioton l'Empereur a confirmé avant l'arrivée de
mes leslres par la response l'aile à Spil'ame à Franqueforl ,
laquelle Vostre Majesté sait miculx que moy. i (Aut.
Bilil. nat. fonds français, n° 66o(>, P ■_>:!.)
ERINE DE M É 1)1 CI S. 443
lialler de alcr trover Mesieus de Guise et Co-
lumlie, m'aseurant que pour le servise du Rov
vous aceorderé tous ensemble, ce que vous
prie bien fort
\ ostre lionne cousine,
Catebine.
1502. — i a décembre.
Orijj. Bibl. nat, fomis français, n° (ifiuri . p. 1 10.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, Francisco de Léon
Castillo, espagnol, m'a faict supplier et requé-
rir pour le désir qu'il a d'estre au service <ln
Roy catholicque ou en celluy de la Royne sa
femme, ma (ille, et estre emploie en tel estai
en l'une de leurs maisons qu'il leur plaira,
d'en escripre à la Royne madicte fille, comme
je feys présentement, et à vous pour leur en
faire la prière et requeste de ma part. A reste
cause, Monsieur de Lymoges, je vous pryede
leur en parler el recommander de bonne affec-
tion ledict Francisco, faisant en cest endroit
pour luy (oui ce que vous pourrez, de ma-
nière qu'il cognoisse que ce que j'en auray
escript en sa faveur ne luy aura esté inulille.
El ce faisant, vous mêlerez plaisir 1res agréable.
Priant le Créateur, Monsieur de Lymoges,
qu'il vous ait en sa saincte garde. Escript à
S'-Germain-en-Laye, ce xne jour de décem-
bre i56a.
Catebine.
Fi s es.
1 562. — i a décembre.
Oiij;. Bibl, nat. fonds français, n'' /iG3a , f" 107.
A MONSIEUR DE TAVAWES,
LIEUTENANT CENUIIAL DU ROY US SON GOUVERNEMENT DE HOURCOCHU.
Monsieur de Tavanes, d'autant qu'il n'a
poinct esté eucores prins de résolution sur les
56.
hkU
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
articles que avez cy-devant envoyez pour l'en-
trete'neinent des gens de guerre, lesquelz sont
pardevers mon cousin le duc d'Aumalle; ce
quej'ay remis après quej'auray eu sur ce son
advis que je luv av mandé m'envoyer, et aussi
comme il trouvera bon que l'on lire si grande
quantité d'artillerye et munitions de son gou-
vernement, je ne respondray pour cestc heure
que à la lettre que vous m'avez eseripte du vu0
de ce mois pour le regard des emprunctz que
vous avez ordonne' estre faictz sur aucuns de
la ville de Mirebeau, et ayant Considéré le con-
tenu en vostredicte lettre, et qu'il ne seroit
possible rembourser ce que avez jà despendu
sans lesdictz emprunctz, il a esté trouvé bon au
Conseil du Roy monsieur mon filz que la
levée desdictz emprunctz se face et des autres
que vous avez aussi coctisez1. Au moyen de
quoy vous ne retarderez aucunement ce que
vous en aviez commancé, m'asseurant que le
département et assiette que vous en avez faicte
a esté si juste et esgalle que vous n'avez rien
obmis de ce qu'il y faull garder de raison.
Pryant Dieu, Monsieur de Tavancs, vous don-
ner ce que plus désirez.
Du boys de Vincennes, le xn° jour de dé-
cembre i5Ga.
Caterine.
De l'Aubespise.
1562. — (Milieu de décembre.)
Minute. Bibl. nal. fonds français, n* 15877, f" 44i.
A MONSIEUR DE BOISTAILLÉ.
Mons' de Boislaillé-, je n'adjousteray riens
à la lettre que le Roy monsieur mon (ilz vous
escript3 pour estre si ample qu'elle est, si n'est
1 Coctisez, compris dans ie rôle.
: Hurault, sieur de Boislaillé, ambassadeur à Venise.
■ Vov. celte lettre de Charles l\ dans le fonds franc.
n" 15877, ^ '1'12 î >' s'y '0He ^u secours en argent qu'il
pour vous dire que j'ay beaucoup travaillé
pour pouvoyr estre si heureuse de remeclre ce
royaulme en paix et iuy restituer sa première
tranquilité, et encore que Dieu n'aylpas voulu
jusques icy que' les choses se soient acomnio-
dées, sy n'en suys-je pas désespérée. Quant à
ce que m'escrivez de vostre fâict1, asseurez-vous
que je n'en oys jamais parler et que j'ay trop
bonne opinion de vous pour en prendre aul-
cune maulvaise impression légèrement, niais
au contraire cognoissanl le service que vous
faicles au Roy monsieur mon lilz, se présentant
l'occasion de le recongnoistre, je le feray aiusv
que vous pouvez désirer.
Priant Dieu, Monsieur de Boistaillé, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
Du boys de Vincennes, ce . . . jour de dé-
cembre 1 562.
(1562. — Milieu de décembre.)
Aut. Bibl. nat. fonds français, n° 3396, f° 58.
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, j'é reseu vostre letre par le
mestre d'aultel Crené, ay veu corne Madame
vostre mère'2 vous ayst alay veoyr, et encore
que je l'euse entendu par Monsieur le cardinal
de Guise, je ne savès pas l'aucasion; et corne
vous dira le sieur d'Oysel présant porteur, yer
a reçu des Vénitiens, et donne de grands détails sur la
marche de l'armée prolestante et sur les négociations qui
eurent lieu sans succès sous les murs de Paris. — Voy.
une lettre aussi de Boislaillé pour le prêt fait au Roi par
les Vénitiens. (Bibl. nal. fonds franc. 11° 10876, f" H8tt; 1
1 Voici à ce sujet ce que lui répond Charles IX :
sQuant à ce que vous me mandez vous avoir esté flict de
quelque maulvaise impression qu'on m'a voullu donner en
vous du coslé de Romme, asseurez-vous que je n'en ay
poinct ouy parler.)) (Bibl. nat. fonds français, n" 15877,
ptiUS.)
- Renée de Ferrare.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
v.r,
vl i annv eu quy m'en parlarel el à leur lan-
guage je crov <|ui savet byen qu'ele désiret
Pacord1; set que je dis que ;m-i fayrè-ge, si se
pouvesl fayre, mes je ne savès cornent, corne
plus au longy] vous dira. Je croy que aurés reseu
ma letre par le jeune Marchaumont2 qui s'an
naloyl à Paris el pour se ([ue je sel corne ie-
dist sieur d'Oysel vous sara rendre bon conle
de touttes chauses, je nie remet ré seur luy et
pryré Nostre-Signeur vous donner set que dé-
sirés. Je suis byen ayse que ma fille3 amende
el prie Dieu de la trover ausi sayne que la désire
Vostre bonne cousine.
Ca.tep.ine.
(1562. — Milieu de décembre.)
Minute. Bibl. nat. fonds français, n' i5aoç), fJ 16.
U PRÉSIDENT DU FERRIER '.
Monsieur le président, ce m'a eslé ung
' Elle fail allusion aux pourparlers de paix qui eurent
lieu alors. Le 9 décembre, Condé écrivait : -Depuis ma
lettre escriptej'ay receu des nouvelles qui m'ont lbrtdéses-
péréde l'espérance quej'avoysde la paix, ce que je veulx
vous celer pour estre telle chose de grande importance :
c'esl quanl la Royne vint le dernier coup au inoliu pour
parachever ce qui avoit esté le jour d'avant accordé , M' de
Guyse vint trouver la Royne, comme elle venoit, lui di-
sant: «Madame, si je pensois (pie \ous voulussiez accor-
sdèr el tenir les articles qui vous ont eslé présentés, je
n, . opposerais;. mais je veulx croyre que le faicles en
••bonne intenlion pouj- séparer leur année; qui est cause j
■• que je vous suppliéray davant ceste compaignie que j'es- j
^time gens de bien et qui sont de vostre conseil qu'il
r. vous plaise nous promectre et que nous vous touchions
■•à la main que ne tiendrez chose que leur promectrez.--
\oilà les propos qu'un d'entr'eulx a dict et c'est vérité
que la Royne [ne] leur l'eit autre responce que de leur tou-
cher à la main et les asseurer qu'elle le ferait ; qui est le !
seul nioien qu'ilz ont trouvé et pensé le meilleur pour plus
aisément perdre la France.n (Copie, Bibl. nat. fonds
franc, n" 34io, f° 75.)
1 Pierre Clausse, seigneur de Marchaumont
Marguerite de Valois, alors à Amboise.
' Arnaud du Ferrier, président aux enquêtes du Parle-
grand plaisir d'entendre l'arrivée au concilie
de mou cousin Monsieur le cardinal de Lor-
raine «'l de veoirque sa présence donne espé-
rance à ceulx i|ui voyent cler aux affaires du-
dict concilie d'en faire quelque chose de bon
el utile pour le repos de la chrétienté; qui est
ce que je désire le plus en ce ide cl qui
esl plus nécessaire pour les remèdes de noz
maulx comme de l'Estat, desquelz je ne vous
diray riens par ceste lectre, me remeclant à
ce que vous en entendrez de mondict cousin
auquel j'en escripts bien amplement. J'ay com-
mandé au général de l'Espargne qu'il von- l'ace
assigner à Venize de ce qui se trouvera vous
estre deu de reste de vos contes jusques à la
fin de ceste année, ce qu'il m'a dict qu'il fera :
mais d'assigner riens sur la prochaine il ne
peut, parce qu'il sort à la fin du moys hors de
sa «barge, et fauldra que ce soyt son compa-
gnon. Je tiendrav toujours main que d'ung
et d'autre vous serez bien payez, considérant
que vous ne pouvez estre au lieu où si cher
et si incommode sans faire grande despense ,■(
estre soigné et secouru de ce que vous donne
le Roy monsieur, mon tilz pour \ s y entre-1
tenir.
(1562. — Milieu de décembre.)
Minute. Bihl. nat. fonds français, n° i5iog, i 1
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lansac, je vous ay faicl une
dépesche du xxvi0 octobre pour vous donner
ment de Toulouse, l'un des ambassadeurs de Charles IX
auprès du concile; il devint plus tard ambassadeur à Ve-
nise— Voy. une lettre cli' lui à la Reine ( fonds fiançais,
n' 15709, f 1). Au Britisfa Muséum se trouvent plu-
sieurs lettres de lui à l'évèque de Rennes, datées de
Trente, les 18 août, 1" septembre îôii'i et 23 juin 1 563.
(Collect. Egerton. Miscell. Letters, vol. V.) Le n" 1073")
du fonds français et le n" 506 du fonds Colbert renfer-
ment toutes ses lettres durant son ambassade à Venise.
ItliG
LETTRES DE CATH
advis de la prise de Rouen et de la dilligence
que mon cousin Monsieur le cardinal de Lor-
raine faisoyt de se rendre à Trente au concile,
le jour de l'assignation de la dernière cession
qui estoyt au m' du moys de novembre et
suivants, et depuis par la dépesche que vous 1
a portée le sieur de Pibrac, je vous ay mandé
quant à la dispute que le comte de Lune vous
prélendoit faire sur la précédence1, que vous
vous y gouverneriez par l'advis de mondict cou-
sin et par la résolution que vous en pren-
driez avec luy, et non seullement en cela,
mais aussi en toutes les choses et occurrences
qui s'offriroienl au lieu où vous estes et que
vous auriez à faire pour le service du Roy
monsieur mon filz, de sorte, Monsieur de Lan-
sac . que je pense vous avoir satisfaict quant à
ce poinct. Il me reste à ceste heure à vous
dire que j'ay esté merveiUeusement ayse d'en-
tendre par vostre lectre du xxvin" du passé2
l'arrivée de mondict cousin au concilie aussi
honnorable que vous me mandez, et encores
plus que vous soyez en espérance qu'il prouffi-
tera grandement à le rendre fructueux, car
encores que telle ayt tousjours esté mon oppi-
uion et que je me soys beaucoup promis de
son \oyage, si m'est-ce ung plaisir de me veoir
confirmée en cela par ceulx qui sont sur le
lieu et qui y doivent veoir cler comme vous.
J'ay faict mectre sa harangue en François et
me la suis faict lire, affin d'en entendre le
contenu qui est, à le vous dire en ung mot,
digne encores de luy et de sa suffisance; et me
semble que ce que le président du Ferrier y
1 L'ambassadeur d'Espagne disputait la préséance à
I.ansac. — Voyez, à ce sujet, les lettres de Lansac à M. de
L'Isle, ambassadeur à Rome, daDS les Instructions et actes
concernant le concile de Trente, p. 3ii et 35a.
\ oy. une lettre de Lansac (28 novembre), dans les
Instructions et actes concernant le concile de Trente, p. 3A3 ,
et deThou, Mut. univ. trad. t. IV, p. 36G.
ERINE DE MÉDICIS.
| a adjousté par son advis à esté fort à propoz.
! Ce qui me déplaist est que tous nos prélatz
françois qui ont esté ordonnez et mandez pour
, se trouver audict concilie avec mondict cou-
', sin l n'y sont arrivez. Je les en ay faict solliciter
par infinies dépescbes et a fallu à la fin. pour
le peu de compte qu'ilz ont faict d'y satisfaire,
que le Rov monsieur mon filz ayt mandé par
tous les bailliages que l'on saisisse le temporel
des desfaillans, dont je suis bien dellibérée
de ne leur faire jamais accorder la main levée
qu'ilz ne facent premièrement apparoir de
leur arrivée audict concilie par lettres de
mondict cousin, ou de vous, car je n'en ay
jamais faict excuser ung seul que l'évesque de
S' Brieu2 qui est tombé perclux et impotent,
et de veoir que par leur absence et négligence
il ne se perde une occasion de faire chose qui
sovt à l'honneur de Dieu et à la pacification
des troubles de son église et chrétienté. C'est
ce qui me déplaist infiniment, en ayant né
sairement ce royaume le besoin tel que vous
aurez entendu de mondict cousin, à son ar-
j rivée par delà. J'ay veu ce que me mandiez
de la mort du comte Fédéric Borromée nepveu
du Pape3 et du cardinal de Médicis '. eJ quant
1 Le cardinal de Lorraine.
2 Jean VII du Tillav, évèque du 1 3 septembre 1 553 à
i564.
3 II était frère du cardinal Borromée et marié à Virgi-
nia, fille du duc d'Lrbin. — Voy. Correspondance de
Babou de la Bourdaisiére , Reims, 1 869, p. 38. 63
107, 6 'i3.
» Jean de Médicis, fils du duc de Florence. Voici
ce que l'ambassadeur de France à Rome, M. de L'Isle,
écrivait le 5 décembre, à Charles IX : r L'occasion de la
mort du cardinal de Médicis filz du duc de Florence s'est
publiée icy, nonobstant quelques ministres de Son Excel-
lence s' efforçant de la celer. On dit que ledict cardinal et
don Garsia , son jeune frère, estoyent en différend et dis-
pute de chose légière , au retour d'une chasse de laquelle il
advint que ledict don Garsia donna ung démenti audict
cardinal son frère, lequel iui donna un souflet, et soudain
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
vr,
à l'indisposition du Pape vous avez entendu
par ia dépesche que vous a portée ledict sieur
de Pibrac ce que Ton a mandé à mon dict
cousin , etseray bien ayse que vous m'escripviez
quelle sera en cela son opinion. Vous sçaurez
t'ii quel estât sera noz affaires par ce que vous
en dira mon dict cousin, auquel j'en escripU
bien amplement, et me gardera de vous en
faire aultre discours; mais je vous diray bien
que j'ay parlé au commis de l'Espargne taut
pour le payement de vostre pension de ceslc
année que pour une demye année de vostre
estât, qui est du dernier quartier d'octobre,
novembre et décembre, et le prochain de jan-
vier. 11 m'a asseuré vous avoir assigné de
vostredief estât pour tout estre payé au lieu
que vous demandez et doybt faire bailler pa-
reille assignation pour ce qui vous est deu du
reste de vostre pension; mais quant à l'année
prochaine, d'aullant qu'il est à la fin de ce
moys hors de charge, il ne peult rien assi-
gner dessus, et fauldra (pie ce soyl son com-
pagnon.
fut blessé par ledict don Garsia d'un coup de dague en
ung lieu si dangereux de ia cuisse que cella a esté cause
de sa mort, et alors qu'il fut blessé il donna ung coup de
forceltes audict don Garsia qui en a esté malade. Le faict
m'a esté raconté ainsi dès le xxvu du moys passé et depuis
il s'est confirmé de jour en jour, tant qu'on le tient pour
certain.! (Bibl. nat. fonds français, n°3g55.) — Dans une
dépècbede Souillard, agent de Catherine à Rome, nous
lisons également : tt Madame, en une dépèche du ve de ce
- j'ay escript au Roy de la mort du cardinal de Médicis
et de l'opinion que l'on a icy. Il est venu depuis nouvelles
d'autres afflictions survenues en la maison du duc de
Florence; car don Garsia, son autre fils qui suivoil d'âge
ledict cardinal , est mort, et dit-on que la duchesse est en
extrémité de malladye et hors d'espérance de guérison.
Un autre fils de Son Excellence nommé don Arnaud est
mailade; c'est celluy que l'on estime devoir estre bientôt
pourveu de la dignité de cardinal. - (Bibl. nat. fonds fran-
çais, n° 10877, f°46G.)
1562.
i 5 décembre.
Orijj. Bibl. nat. Cinq eenls Colberl, na3go, I' ' u5el bu
Imprima dans 1rs Addition* aux Mémoires ai Cash
par Le Laboureur.
\ MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Renés, par les deux lettres que
m'avez escriptes des un et xni° du passé, el
depuys par celle du xxve, j'ai bien au long en-
tendu quelz ont esté les propoz que vous avez
euz avec les princes électeurs mentionez en
vosdictes lettres, et comme tant plus vous
avez mis peine de rendre capable mon cousin
le comte Palatin1 delà vérité des occasions des
troubles et divisions qui sont aujourd'huy en
ce royaulrne, plus il a monstre se confirmer
en l'opinion qui luy en a esté imprimée de la
part de mon cousin le prince de Coudé et de
ceulx d'Orléans; de sorte qu'il est aysé à co-
gnoislre que luy et les autres princes protestante
n'en veullent juger qu'à la dévotion de ceuh
dont la cause leur est recommandée. Touteffoys
vous ne laisserez toutes et quanteffoys que
les choses en viendront en propoz, de leur en
parler selon l'instruction que je vous en ay
donnée par mes précédentes dépesches; qui
est la vraye el nue vérité du faict, ainsi que
vous avez continué jusques icy saigement et
prudemment, et qu'il se veoyt par l'escript
que vous en avez baillé audict conte, que je
loue grandement. Quant à la belle harangue2
que Spifame a faicte à l'Empereur monsieur
mon bon frère, elle est plaine de tant de men-
songes, que je prendroys plaisir à y faire
respondre en plaine assemblée des électeurs.
1 Frederick III, dit le Pieux, né en 1 5 1 5 , mort en
157O.
2 Voy. la note de la page 281. François Hotman , le cé-
lèbre jurisconsulte, assistait Spifame à la diète de Franc-
fort où furent lues les lettres de Catherine, et il en parle
dans son livre Defuroribus (itillicis (1 5^3 , in- 1 ■>, , p. 6 ).
m
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
advis de la prise de Rouen et de la dilligence
que mon cousin Monsieur le cardinal de Lor-
raine faisoyl de se rendre à Trente au concile,
le jour de l'assignation de la dernière cession
qui eslnyt au xnc du moys de novembre et
suivants, et depuis par la dépesche que vous i
a portée le sieur de Pibrac, je vous ay mandé
quant à la dispute que le comte de Lune vous
prélendoit faire sur la précédence1, que vous
vous y gouverneriez par l'advis de mondict cou-
sin et par la résolution que vous en pren-
driez avec luy, et non seullement en cela,
mais aussi en toutes les choses et occurrences
qui s'offriroient au lieu où vous estes et que
vous auriez à faire pour le service du Roy
monsieur mon lilz, de sorte, Monsieur de Lan-
sac, que je pense vous avoir salisfaict quant à
ce poinci. Il me reste à cesle heure à vous
dire que j'ay esté merveilleusement ayse d'en-
tendre par vostre lectre du xxvnT du passé2
l'arrivée de mondict cousin au concilie aussi
honnorable que vous me mandez, et encores
plus que vous soyez en espérance qu'il prouffi-
tera grandement à le rendre fructueux, car
encores (pic telle ayt tousjours esté mon oppi-
nion et que je me soys beaucoup promis de
son \oyage, si m'est-ce ung plaisir de me veoir
confirmée en cela par ceulx qui sont sur le
lieu et qui y doivent veoir cler comme vous.
J'ay faicl mectre sa harangue en François et
me la suis faict lire, allin d'en entendre le
contenu qui est, à le vous dire en ung mot,
digne encores de luy et de sa suffisance; et me
semble que ce que le président du Ferrier y
1 L'ambassadeur d'Espagne disputait la préséance à
I.ansac. — Voyez, à ce sujet, les lettres de Lansac à M. de
L'isle, ambassadeur à Hume, dans les Instructions et actes
concernant le concile île Trente, p. 366 et 35a.
\ (iv. une lettre de Lansac ( a S novembre), dans les
lustrw tiom i'i actes concernant le concile de Trente, p. 363 ,
et deThou, Hi.it. univ. trad. t. IV, p. 366.
a adjousté par son advis à esté fort à propoz.
Ce qui me déplaist est que tous nos prélatz
François qui ont esté ordonnez et mandez pour
se trouver audict concilie avec mondict cou-
sin1 n'y sont arrivez. Je les en ay faict solliciter
par infinies dépesches et a fallu à la fin, pour
le peu de compte qu'ilz ont faict d'y satisfaire,
que le Rov monsieur mon lilz ayt mandé par
tous les bailliages que l'on saisisse le temporel
des desfaillans, dont je suis bien dellibérée
de ne leur faire jamais accorder la main levée
qu'ilz ne facent premièrement apparoir de
leur arrivée audict concilie par lettres de
mondict cousin, ou de vous, car je n'en ay
jamais faict excuser ung seul que l'évesque de
S1 Brieu2 qui est tombé perclux et impotent,
et de veoir que par leur absence et négligence
il ne se perde une occasion de faire chose qui
soyt à l'honneur de Dieu et à la pacification
des troubles de son église et chrétienté. C'est
ce qui me déplaist infiniment, en ayant néces-
sairement ce royaume le besoin tel que vous
aurez entendu de mondict cousin, à son ar-
rivée par delà. J'ay veu ce que me mandiez
de la mort du comte Fédéric Borromée nepveu
du Pape 3 et du cardinal de Médicis \ et quant
1 Le cardinal de Lorraine.
- Jean Vil du Tillay, évèque du i3 septembre i 553 à
t564.
3 II était frère du cardinal Borromée et marié à Virgi-
nia, fdle du duc d'L'rbin. — Voy. Correspondance de
Babou de la liourdaisière , Reims, 1869, p. 38, 63. 96,
107, 463.
4 Jean de Médicis, fils du duc de Florence. Voici
ce que l'ambassadeur de France à Rome, M. de L'isle,
écrivait le 5 décembre, à Cbarles IX : «L'occasion de la
mort du cardinal de Médicis filz du duc de Florence s'est
publiée icy, nonobstant quelques ministres de Son Excel-
lence s' efforçant de la celer. On dit que ledict cardinal et
don Garsia, son jeune frère, estoyent en différend et dis-
pute de cboselégière, au retour d'une chasse de laquelle il
advint que ledict don Garsia donna ung démenti audict
cardinal son frère, lequel lui donna un soullet, et soudain
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
•u
à l'indisposition du Pape vous avez entendu
par la dépesche que vous aportée ledicl sieur
de Pibrac ce que l'on a mandé à mou dict
cousin, et seray bien ayse que vous m'escripviez
quelle scia en cela son opinion. Nous sçaurez
en quel estât sera noz affaires par ce que vous
en dira mon dict cousin, auquel j'en escriptz
bien amplement, el me gardera de vous en
taire aultre discours; mais je vous diray bien
que j'ay parle au commis de l'Espargne lanl
pour le payement de vostre pension de ceste
année que pour une demye anne'e de vostre
estât, qui est du dernier quartier d'octobre,
novembre et décembre, et le prochain de jan-
vier. 11 m'a asseuré vous avoir assigné de
vostredict estât pour tout estre payé au lieu
que vous demandez el doybl l'aire bailler pa-
reille assignation pour ce qui vous est deu du
reste de vostre pension; mais quant à l'année
prochaine, d'aullant qu'il est à la fin de ce
moys hors de charge, il ne peult rien assi-
gner dessus, et fauldra que ce soyl son com-
pagnon.
fui blessé par ledict don Garsia d'un coup de dague en
ung lieu si dangereux de la cuisse que cilla a esté cause
de sa mort, el alors qu'il fui blessé il donna ung coup de
forceltes audict don Garsia qui en a esté malade. Le faict
m'a esté raconté ainsi dès le xxvn du moys passé et depuis
il s'est confirmé de jour en jour, tant qu'on le lient pour
certain, n (Bibl. nat. fonds français, n°3g55.) — Dans une
dépêche de Souillard; agent de Catherine à Rome, nous
lisons également : -.Madame, en une dépêche du v* de ce
moys j'ay escript au Roy de la mort du cardinal de Médicis
et de l'opinion que l'on a icy. Il est venu depuis nouvelle*
d'autres afflictions survenues en la maison du duc de
Florence; car don Garsia, son autre fils qui suivoit d'âge
ledict cardinal, est mort, et dit-on que la duchesse est en
extrémité de malladye et hors d'espérance de guérison.
Un autre fils de Son Excellence nommé don Arnaud est
mallade; c'esl celluy que l'on estime devoir estre bientôt
pourveu de la dignité de cardinal. - | Bibl. nal. fonds fran-
çais, n" 15877, r/160.)
1562.
■ ■• mbre.
1. Cinq cf-nls Colbert, n 3tp , f ' n"> el suit.
Imprima '!.<r;s II s Additions m/j- .HVmotr« de Ctstetnau,
pjr Le L;il*jureur.
\ MONSIE1 P. Dl. RENNES.
Monsieur de Renés, par les deux lettres que
m'avez escriptes des un et xnic du passé, et
depuys par celle du w\', j'ai bien au long en-
tendu quel/, ont esté les propoz que vous avez
euz avec les princes électeurs mentionez en
vosdictes lettres, et comme Lanl plus vous
avez mis peine de rendre capable mon cousin
le comte Palatin1 delà vérité des occasions des
troubles et divisions qui sont aujourd'huy eu
ce royaulme, plus il a monstre se conGrmer
en l'opinion qui luy eu a esté imprimée de la
part de mon cousin le prince de Condé et de
ceulx d'Orléans; de sorte qu'il est aysé à co-
gnoistre queluv el les autres princes protestanlz
n'en veullent juger qu'à la dévotion de ceulx.
dont la cause leur est recommandée. Toutelloys
vous ne laisserez toutes et quanteffoys que
les choses en viendront en propoz, de leur en
parler selon l'instruction que je vous en ay
donnée par mes précédentes dépesebes; qui
est la vraye et nue vérité du faict, ainsi que
vous avez continué jusques icy saigement el
prudemment, et qu'il se veoyt par l'escript
que vous en avez baillé audict conte, que je
loue grandement. Quant à la belle harangue2
que Spifame a l'aicte à l'Empereur monsieur
mon bon frère, elle est plaine de tant de men-
songes, que je prendroys plaisir à y faire
respondre en plaine assemblée des électeurs.
1 Frederick III, dit le Pieux, né en 1 5 1 5 , mort en
1576.
la note de la page -281 . François rlotman, le cé-
lèbre jurisconsulte, assistait Spifame à la diète de Franc-
fort où furent lues les lettres de Catherine, et il en parle
; dans son livre Dejuroribus (lallicis ( 1 5^3, in-i ■>, , p. 6 ).
LETTRES DE CATHERINE DE MED1C1S.
poiiicl pour poinct, si c'esloit de la dignité du
Roy monsieur mon fds; mais je ne suys pas
d'advis, d'aultant que nous n'avons à rendre
compte de noz actions à aultre que à Dieu,
que vous \ laides aultre responce que celle
que vous en avez desjà faicte, particulièrement
auxditz Empereur et roy des Romains et à au-
cuns des princes, que vous continuerez envers
les aultres, ainsi qu'il vous viendra à propoz
de les visiter. El touteffoys insisterez tousjours
envers les ungs et les aultres, à ce que, pour
les raisons amplement touchées par vostredict
escrit, ilz s'abstiennent de favoriser ceux du-
dict Orléans.
Rien m'a-il semblé que je vous devoys
faire sçavoir les occasions pour lesquelles
j'av escript à moudict cousin le prince de
Condé les quatre lettres que a exhibées ledict
S pi famé, alfin qu'elles ne soieni interprétées
en sens contraire à mon intencion, et que
vous le faictes dextrement et particulièrement
entendre ausdicts Empereur, roy des Romains
et princes; non pour compte que je leur en
doive, mais pour leur faire cognoislre de quelle
e de mensonges, artifices et impostures
les aultres se servent ordinairement en leur
l'aie;. J'en ay amplement instruict et adverty
ma seur la duchesse douairière de Lorraine,
par une lettre que je lui en ay escripte, pour
en respondre de sa part pour moy en tous les
lieux où elle se trouvera, et lui ai envoyé ung
pacquet pour vous, dedans lequel je vous
adresse une coppie de ladicte lettre, quelle
vous aura fait bailler incontinant, comme je
masseure; touteffoys, je ne laisse de vous
en envoyer encores présentement ung duppli-
cala avec ung aposlile que j'av faict meclre eu
la marge de chacune desdictes lettres pour
vous esclercir tousjours de plus en plus du
subject d'icelles, et désirerons bien que vous
trou\i>siez moyen de vous en faire représenter
les originaulx; d'aultant que je pense asseuré-
ment qu'il y en a une ou deux qui ont esté
tronquées en aucunes choses, qui eussent
grandement servy à l'esclercissement et intel-
ligence du demeurant, et à faire cognoistre
que tout mou but et intencion, comme la vé-
rité est, ne tendoyt qu'à faire déposer les armes
à mondict cousin le prince de Coudé, ainsi
(pie je l'espéroys faire faire aux aultres, pré-
vovant bien ce qui en naislroyt de malheurs et
calaniitez en tout cest Estât; et que j'aye tous-
jours procédé de cest esprit et voluuté en
cest affaire, le monstrent assez évidemment
les moyens que j'ai continuellement reserchez.
et les ordinaires peines et travaulx que j'ay pris
pour parvenir à une pacification, laquelle je
pensoys ces jours passez, et depuysque mondicl
cousin le prince de Condé a eu aproché Paris
avec son armée, avoir tellement avancée, que
j'en espéroys ung prompt et louable accord et
résolution; car ayant par l'advis de mes cou-
sins les prince de la Roche-sur- Yen, duez de
! Guyse, d'Aumalle, de Montmorency connec-
table, et des srs de Saint-André et de Mont-
morency, mareschaulx de France, et de tous
! ces seigneurs, accordé le faict de la religion
au contantement de mondict cousin le prince
de Condé et de ceulx de sa Irouppe, j'estimoys
qu'il ne se pouvoit plus présenter de difficulté
qui empeschasl ladicte pacification, mais iiz
ont mis de nouveau en avant certains poinetz
concernais leur particulier, et touteffoys gran-
dement importons à cest Estât; sur lesquelz,
encore- qu'il n'en eust point esté parlé du
commencement, leur a esté faict par le com-
mun advis de tous les dessusdielz seigneurs
la responce que vous verrez par les deux
escriptz que je vous envoyé, l'un parlant dudict
faict de religion, et 1 aultre de ieurdicl parti-
culier. En qiiov je pense m'estre eslendue si
avant (pie- si ceulx qui sont auprès de mon-
LETTRES DE CATH
dict cousin n'estoienl meuz d'aultre passion
que de celle de la religion, qui est le manteau
dont ilz veullent couvrir leurs en (reprises,
toutes choses estoient accordées et restablies à
leur première et désirée trancquilité; niais
eslans satisfaictz du premier poinct, ([ui est
celluy de la religion , et s'estans contentez de ce
qui leur en estoit accordé, il a failly que leur
mauvaise volunté se soit descouverte à ce der-
nier, sur lequel ilz ont pris argument de tout
rompre sans aucune raisonnable occasion; ce
que je veulx que vous faictes bien amplement
entendre ausdicts S" Empereur et roydes Ro-
mains et à tous les princes de la Germanie, par
la communication que vous leur ferez desdicls
escriptz , aflin qu ilz cognoissent de quel pié
procèdent ceulx du party dudict prince, et
que jugeans sainement de leurs intenctions
par leurs effectz, ceulx d'entre eulx qui se
sont laissé aysément persuader par leurs im-
postures et mensonges, désistent de plus les
croyre et favoriser au préjudice de la perfaicte
et sincère amitié qui a esté de si longtemps
continuée et conservée entre ceste couronne et
eulx, et mesmes en ung affaire où il est ques-
tion de la conservation de l'Estat d'un pupille,
qui en ung tel besoing n'a jamais pensé
pouvoir trouver ung plus seur et asseuré se-
cours que ausdicts princes, qu'il a tenuz et
tient au ranc de ses plus chers et affectionnez
aniys.
Et encores, Monsieur de Renés, que je soys
après à renouer et ra tacher ce négoce, et que
j'aye délibéré de ne cesser que je ne voye la
paix en ce royaulme, si me semble-il que l'in-
tercession desdicls princes n'y seroit que fort
à propoz, et qu'il ne la fault point retarder
pour la mort intervenue de mon frère le roy
de Navarre qui est décédé, comme vous aurez
bien entendu, du coup d'harquebuz qu'il eust
en l'espaule gauche dedans le fossé de Rouen;
Catherine de Médicis. — 1.
ERINE DE MÉDIGIS. 449
car leurdicte intercession servira ou à faci-
liter ladicte pacification, si elle n'est l'aide
avant l'arrivée de leurs ambassadeurs, ou bien
sera ung moyen, estans lesdicts ambassadeurs
par deçà, de tellement les esclercir de la vérité
de toutes choses, que ce qu'il/, en rapporteront
ausdicts princes ne sçauroyt que grandement
favoriser et advantaiger les affaires du Roj mon-
sieurmon (ils eu leurendroict. Etsi j'estime que
prenans lesdictz princes ladicte intercession en
main, cela les divertira cependant de penser
et entendre à faire aultre chose à la faveur
dudict prince et de ceulx de son parti. El quant
à la plaincte que vous a faicte le duc des Deux-
Pontz, de ce que celluy qui estoit venu de-
mander le sauf-conduicl de leurs premiers
ambassadeurs fut indignement traiclé, je vous
asseure qu'il n'en est riens et que je le fis ren-
voyer avec ung honneste présent. Et si lesdicts
ambassadeurs ne fuient dèslors admis, il ne
tint pas à moy, qui ne désirovs aultre chose.
pour l'ayde que j'en espéroys tirer au faict
d'une bonne réconciliation1.
Et pour ce, Monsieur de Renés, que je me
sens infiniment tenue audict roy des Romains ,
mon bon frère, du record et advertissement
qu'il vous a faict sur ce que nous devons
prendre guarde aux déportemens du roy d'Es-
paigne, mon beau -fils, et à mectre bien tost
fin aux troubles de ce royaulme, je désire que
vous le merciez, tant de la part du Roy mon-
dict sieur et fils que de la mienne, de la dé-
monstration qu'il nous faict en cela de la sin-
cérité de son amitié et affection, et par mesnie
moyen vous conjoyssez et congratulez avec
luy en nostre nom de son élection en la di-
gnité de roy des Romains, comme vous ferez
en semblable envers ledicl sieur Empereur mon
1 Les paragraphes suivants sont en chiffres dans l'ori-
ginal et nous les donnons d'après le déchiffrement qui
est joint à la lettre.
57
430 LETTRES DE GATH
bon frère, aimant les lettres de créance que
je vous en envoyé, les asseurant qu'il n'y a
princes en ce monde qui en soient plus ayses,
nv qui plus désirent leurgraudeur et contan-
tement, et soient plus prestz de l'ayder et fa-
voriser, que le Roy monsieur mon iils et moy,
en tout ce qui nous sera possible, tant nous
estimons leur vertu et avons chère leur amitié.
Et fault que je vous dyse sur ce propos,
qu'il y a quelques moys que le capitaine
Riffenberg. qui a amené des chevaulx pistol-
liers au service du Roy monsieur mon fils
soubz la charge du conte de Roeandolf l, feit
entendre à feu mon frère le roy de Navarre
et à moy, que mon cousin l'archevesque de
Trefves'2 luv avoit tenu quelques propos du désir
que mondict frère le roy des Romains auroit
nu mariage du Roy monsieur mon filz et de
l'une de ses filles, et que ledict Riffemberg s'en
retournant en Allemaigne, nous l'avoit bien
voulu faire entendre, pour scavoir si nous au-
fions quelque chose à luy commander là des-
sus. Sur quoy, après luv avoir loué le bon
office qu'il faisoit en cela, je luy diz que le
Roy mondict sieur et fils estoit encores si
jeune, que je ne pouvois bonnement penser à
rechercherai tost party de mariage pour luy;
nui h si mondict frère le roy des Romains y avoit
quelque désir et voiunté, et qu'il me le feist
entendre, je lui feroys congnoistre en quelle
estime j'av son alliance, pour estre à mon ju-
[ement l'une des grandes qui soit aujourd'huy
en la crestienté, comme aussi est celle du
Roy mondict sieuret fils, et qu'il pouvoit faire
ceste iesponce à mondict cousin l'évesque de
Trefves, que je mercioys de tant de démons-
trations qu'il nous faisoit ordinairement de sa
bonne voiunté et affection. Je n'ay poinct eu
1 Christophe , comte de Rockendolf ; c'est pour lui qui;
deux des iles d'Hyèies furent érigées eu marquisat ( 1 54 g).
' Jean von d'T I.even.
ERINE DE MÉDICIS.
despuis aucuns nouvelles de l'ung ny de
l'aultre. et ne sçay si mondict cousin en aura
mis quelque chose en avant à mondict frère
le roy des Romains durant leur voyaige; et
d'en escripre à mondict cousin, encores que
l'on die que c'est aux maris à rechercher les
femmes, il me semble que je ne le doys faire
aucunement. Mais je désire bien que vous
vissiez souvent ledict évesque de Trefves pour
entrer avec luy en discours des affaires de
France, et luy faire congnoistre que, pour la
bonne et affectionnée voiunté que vous sçavez
qu'il nous porte, vous en voulez plus familiè-
rement conférer avecques lui que avec nul
aultre prince de la Germanie. Et comme l'on
vient de propos à l'aultre, vous reguardorez
si vous le pourrez dextrement conduire à vous
parler dudict mariaige, pour sentir de luv s il
en a tenu quelque propos à mondict frère, el
en quelle voiunté et disposition il l'en aura
trouvé, pour m'en adverlir; car, oultre que
j'estime grandement ladicle alliance, il me
semble que le pourparler d'ung tel mariaige
ne sçauroit que beaucoup servir à favoriser
noz affaires à l'endroict des princes de la Ger-
manie, pt à nous concilier tousjours de plus
en plus l'amitié et bonne voiunté de mondict
frète, pour en tenir noz affaires en plus grande
réputation par toute la crestienté. Cependant
mectez peine de sçavoir s'il sera quelque chose
de ces retenues, que l'on vous a dict que
veult faire le roy d'Espaigne, et si les Anglois
qui sont par delà auront charge d'asseurer les
levées pour le printemps, et quelles; car
voyant ce qu'il y a de dureté et obstination en
ceulx d'Orléans, et qu'ils sont aujourd'huy sur
le chemin de la Normandie, je l'aietz grand
doubte qu'ils se voysent joindre avec les An-
gloys, en intention de faire sur le renouveau
leur grand effort1. Et pour ce, ayez continuel -
1 Charles IX. dans une lettre à Saint-Sulpice, écrite
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
451
lement gens après lesditz ingioys, s'il es! pos-
sible. pour descouvrir quelle sera leur charge,
el y employez toul ce que nous pourrez avoir
d'au! très moyens.
Quant ;iu mémoire que Federich Spel vousa
baillé des levées de gens de <-lit'\;ii cl de pié
qu'il oirre faire pour amener au service du
l!"\ mondict sieur et lils, oultre que nous
n'avons que faire pour ceste heure desdictes
levées, dous eognoissous si bien par deçà l'hu-
meur du personnaige que nous nous garderons
bien de nous servir de luj : et avons, comme
voussça\ez,nozaultrescollonelz,que nous pré-
férerions tousjours à gens nouveaulx telz que
cestùy-là, et pour ce vous regarderez de vous
en deffaire et excuser doulcement. Et d'au 1 tant
que vous sçaurez de voslre homme présent
porteur la provision que j'ay faict donner à
vostre particulier, je ne vous eu diray aultre
l'un des premiers jours de décembre, donne quelques
détails a ce sujet : « Pai les lettres que vous m'avez '-scriptes
1 i avili' du pnss':. j'ay vu bien amplement la response
que vous a faicte le duc d'Albe et le peu d'espérance que
je m'en doibz promettre, continuant la guerre plus avant,
d'avoir faveur de ce costélà pour les cliosts d'Angleterre;
sur quoy je vous diray, qu'encores que par cy-devant je
vous ave plusieurs fois escript et mandé de remonslrer au
roy mon frère le péril et inconvénient qui se présentait
à toute la chrétienté , passant le faict des rebelles plus avant
en leur faveur, et combien la royne d'Angleterre en les
favorisant donnerait de force et augmentation à la cause
qu'elle favorise, affin qu'estant entré si avant dans la
danse que je suis, et ayant une telle troupe étrangère sur
les bras, comme j'ay, il considérast que c'estoit chose que.
continuant, je ne pourrais maintenir pour est re une partie
de nos receptes entre les mains de mes subjeetz qui se
sont rebellez; et que pour ceste cause si. estant la royne
d'Angleterre si avant déclairée qu'elle est, il ne voulloit
de son eosté en laie de même, de ma part je serais con-
trainct de m'accorder avec mesdietz subjeetz, pour ne
voulloirveoir l'entière ruyne de mon royaume avec des con-
ditions que peult-estre en autre saison et hors la nécessité
je ne consentirais jamais.- (Minute. Bibl. de Saint-Pé-
tersbourg, et fonds français, n" 15877, P383.)
chose. Bien nm- assureray-je que j'ay tel con-
tentement du service que vous l'aides au Ro\
mondict sieur et lilz au lieu où vous estes, que
je tiendra^ main à le vous faire recognoistre
ainsi (pie vous le méritez. Priant Dieu. Mon-
sieur de Renés, qu'il vous ayt en sa saincte
garde. Escripl au boys de Vincennes, ce xv" jour
de décembre 1 56a ( i563 \.
Caterine.
BoiRDIV
1562. — 17 décembre.
Orig. Bilil. Dat. fonds français, n° 3i85. f 48.
\ MON COMPÈRE
M" LE CONNÉTABLE DE MONTMORENCY.
Mon compère, j'ai avecques vostre lettre
particulière d'hyer receu celles que mon cousin
le prince de Condé a escriptes aux capitaines
allemans et au sieur d'Esguillv ', et veu la res-
ponce que ledict sieur d'Esguilly v a faille, qui
ne povoit estre plus sage; par où je congnoys
île plus en plus, joinel à ce ce que vous aura
dict de ma pari le sieur d'Oysel, qu'il ne tient
à l'aulte de volunté qu'il n'est mieulx obéy en
ce royaulme; ettoutesfois trouvé-je assez mal
considérée celle qu'il a escripte ausdietz capi-
taines allemans, qui, comme d'eulx-mesmes,
pourraient luy faire responce qu ilz ne cog-
noissent poinct d'autres commandeurs en
France que le Roy monsieur mon lilz el moy
et scavent qu'ilz sont en son service (d'autant
qu'il a esté ordinairement parmy eulx et les
paye etentretiene) et estiment que tous ceulx
qui ne sont poinct avecques luy ne font riens
pour luy et pour son royaulme: le suppliant
ne les admonester poinct de faire chose que
1 Nous présumons que ce doit être Guillaume de Cliau-
mont s' d'Eguilly, marié à Mabaut des Essars, dame d'hou-
neur de Marie Stuart. — \ o\. \es Lettres des Rois et Reines
de France, tirées des archives de Chartres, el publiées
par M. Lucien Merlet. Orléans. »855.
452
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
gens de bien de leur nation ne feraient jamais.
Lesdicts capitaines pourroieut aussi escrire
aux autres capitaines de delà, pour la revanche
de ceste lettre, qu'ilz sont bien marriz de veoir
qu'ilz sont trompez, d'autant que l'on les a
levés pour le service du Roy, où ils voyent bien
qu'ilz ne sontpoinct, et que cognoissans cela,
ilz les pryent et admonestent ne demourer
plus en ceste erreur, et se retirer au Roy, où
ils seront bien traiclez et légitiment excusez
partout de ce qu'ilz feront, puysqu'ilz sont
venuz soubz le prétexte de son service. Peult-
estre que cest advis nous servira de quelque
chose, et, pour le moins, congnoistrout-ilz
que ceulx qui les veuilent desbaucher sont
bien loiug de leur compte. J'ai vu ce que vous
m'escrivez des légionnaires que je feray retenir
encores quelques jours, actendanl ce que le
temps produira et que demaudra l'armée du-
dict prince, de laquelle je vous prye me faire
tous les jours sçavoir des nouvelles et des
rostres aussi. Je vous ay envoyé le capitaine
Rocb avecques tous ses préparatifs, auquel
j'ay faict bailler troys cens escuz, affin que
rien ne fust retardé faulte d'argeut. Pryant
Dieu, mon compère, vous donner ce que plus
désirez. Du boys de Vincennes, le xvue jour
de décembre i56a.
Caterine.
(De sa main.) Mon compère, si vous trovés
bon mon avys que les capitayne ayscrivet, fête
leur mestre ausi que y ne combateron plus
pour la relygion, d'aultent qui leur ha aysté
acordé set qu'il on demendé; et vous prie que
je sache sovent de vos novelles et aveques
toutte lé seurtés et avantage abréger sete
guère, car nous n'avons plus moyen de l'anter-
tenir à la longue. Mes recomendation à Mrde
Guise et au maréchal.
Vostre bonne coumère et amie,
Caterixe.
1562. — 18 décembre.
Orig. Arch. des Médicis, dalia lîlza U-J3& , p. i65.
A MON COUSIN LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin, la dame du Peron l, l'une des
dames de ma chambre, m'a fait entendre que
le seigneur Jhérosme de Gondy'2, l'un de mes
gentilzhommes servans, est à Florence à la
poursuitte d'un procès qui luy touche à cause
de son dot et mariage, et aussy pour la suc-
cession de feu Alexandre de Gondy3, dont les
enfans de ladicte dame du Peron et ledicl
Jhérosme de Gondy y ont la meilleure part. Et
pour ce, mon cousin, que ladicte dame du
Peron et sesdicts enfans sont continuellement
près la personne du Roy monsieur mon filz et
de moy pour nous faire service, je vous veulx
bien prier, suivant les lettres que autres fois
je vous en ay escriptes eu leur faveur, de les
avoir pour recommandez, et de leur faire faire
bonne et briefve justice, comme j'ay entendu
' que desjà y avez bien commancé; vous asseu-
j rant, mon cousin, que ce faisant me ferez bien
grand plaisir, car je désire qu'ilz se puissent
rescentir de ma recommandacion et des ser-
vices qu'ilz nous font tous les jours. Priant
Dieu, mon cousin, qu'il vous ait en sa très
saincte et digne garde.
Escript au boys de Vincennes, ce xvme jour
de décembre 1062.
(De sa main.) Mon cousin, vous aurés asés
entendeu les servises que Madame du Peron
m'a fayst; qui est cause que je vous prie lui
1 Marie de Pierre-Vive, femme d'Antoine de Gondi.
-' Il était neveu de Jean-Baptiste de Gondi. — Voy.Cor-
binelli, Généalogie de la maison de Gondi. 1. 1", p. cclvi. Il
est bon de rappeler, en consultant cette généalogie, que
l'auteur était pensionné par le cardinal de Retz, qui lui
avait fait l'honneur de le reconnaître pour son parent.
3 Vov. Corbinelli , Généalogie de la maison de Gondi.
t. 1, p. CMKXXI.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
fayre tous lé laveur que pourez, lé reportant
453
corne a moy-mesme.
Voslro bonne cousine,
Catbhine.
1562. — i •!•'■ décembre.)
Minute. Bibl. nat. (omis français, n° 15877. ^ ^aa-
A MONSIEUR DE ST SULPICE.
Monsr de S. Sulpice, je ne \ous feray pas
bien longue lettre d'aullant que, par celle que
le Roy monsieur mon lîlz vous escript1, vous
1 Voici celte lettre de Charles IX dont la minute se trouve
à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg; elle donne quel-
ques détails sur la bataille de Dreux :
tr Monsieur de S1 Sulpice, par Luthaire que je vous dé-
peschay, il y a peu de jours, je vous advertis comme mon
armée s'étoit mise à suivre celle de mon cousin le prince
de Coudé qui est partie de davanl cette ville tirant en
Normandie, où elle alla si avant qu'elle esloit jà à ÎVo-
gent-le-Rotrou qui est près de la rivière de l'Eure qui
va en Normandie, laquelle gaignant ilz pourraient avoir
moyen de se joindre avec les Anglois avant que mon
.irmée eut moyen de les en empescher, ce que apprenant,
mes cousins les ducs de Guise et de Montmorency se
délibérèrent de gagner le passage de ladicte rivière, et
de f'aict le vendredy six de ce mois ils arrivèrent à
Mezence en Perche, village sur ladicte rivière, où estant,
sachant que le Prince esloit encore à trois lieues, délibé-
rèrent passer la nuit sans sonner trompettes ni tam-
bourins, aflin qu'ilz puissent estre de là levés avant que
les ennemis eussent aulcun advertissement de leur
arrivée, ce qui eut lieu1 en toute diligence, et à une lieue
de là ils commencèrent à ouïr les tambourins de l'armée
du Prince et la recognurent et marchèrent droict à eulx,
lesquelz, après qu'ilz eurent délibéré ce qu'ilz feroient,
ils se résolurent à se mectre en bataille et marcher
droict à euh par la belle plaine pour les combattre s'ils
les trouvoient en lieu où ils leur donnassent le moyen,
et comme il estoit ordonné à chascun des capitaines ce
qu'il y auroit à faire, ils se mirent l'avant-garde et la
bataille d'un mesme front et marchèrent les deux armées
droict l'une à l'aultre où esloit notre armée; arrivées au-
près d'un petit village ils firent halte et commencèrent
à tourner pour mettre ce village à leur flanc. Noslre ar-
lillerie leur tira six ou sept volées; cela fait ils firent
verrez la belle victoyre qu'il a pieu à Dieu
nous envoyer, laquelle, j'espère, mectra lin
marcher leur cavalerie en quatre ou cinq gros escadrons
de François et revinrent droict à ma bataille où comman-
dent mon cousin le conneslable, lequel ils allaquèreiitde
telle furie que mon cousin y fut jeté parterre, son cheval
lui;, et lui prins, comme il y eut beaucoup d'autres
gentilzhommes tués en crsle charge qui fut bien lourde
et comme ils combattaient avec une grande obstination,
tant que gendarmes que les Suisses, ilz furent trois fuis
rompus et trois fois se rallièrent, et mon cousin le dur
de Guise s'avança avec l'avant-garde et commença à leur
gaigner le liane avec sa cavalerie et une bonne troupe
d'barquebuziers françois et espagnolz avec lesquels
troupes il fit une (elle charge qu'il leur rompit un gros
escadron de mille ou douze cents et de ceste mesme fois
emporta toute la leste de leurs lansquenetz,de làçon que.
s'estant les troupes qui avoient donné à la bataille re-
tournées sur ces entrefaites, il y eut un grand et furieux
combat qui ne dura pas moins de trois ou quatre heures,
où il fut tué plus de deux mille reistres et de sept à
huit mille hommes de pied des leurs et le prince de
Coudé fut prins, s'estant l'amiral et d'Andelot sauvés
avec huit ou neuf cenls chevaulx et mondit cousin le
conneslable qu'ilz ont emmené prisonnier; el monstra
bien mon cousin le duc de Guise qu'il estoit grand el
expérimenté capitaine, car sans sa prudence la bataille
eut esté entièrement gagnée pour eulx. En ce combat a
esté tué mon cousin lé mareschal de S' André après avoir
fait une grande preuve de valeur, qui m'est une grande
perte pour m'estre un grand el digne serviteur; il y esl
mort aussi le s' de la Brosse, et de Givry et de Monlbron ,
l'un des enfans de Monsieur le connestahle. Maintenant
mon cousin le duc de Guise est après à suivre la victoire,
âffin de regarder tous les moyens qui seront possibles
pour les exterminer; de quoy je n'ay voulu faillir vous
advertir en telle diligence pour en faire incontinent pari
au Roy mon bon frère et à la Royne ma sœur, m'asseu-
rant qu'ilz participeront à l'aise, plaisir el contentement
que je reçois d'une si bonne et heureuse fortune, la-
quelle, j'espère, mettra lin à tous nos maulx et calamité:
de ce royaulme. Le surplus vous entendrez de ce por-
teur, ce qui m'euipescher.i de vous en dire davantage.
Priant Dieu, Monsieur de S' Sulpice, vous avoir en sa
saincte et digne garde. Du bois de Vincennes, le (a3)
jour de décembre i5tia.i
Voy. dans le t. VII des Archives des musions, la
lettre de Coligny à la reine Elisabeth pour lui annoncer la
/,;,', LETTRES DE GATH
aux maulx el calamité? dont nous avons esté
si longuement tourmentez. Je vous prie en l'aire
bien au long le discours au Roy monsieur mon
beau-filz et à la Royne ma fille , m'asseurant
qu'ilz n'en auront moindre ayse et plaisir que
nous-mesmes. Ne vous volant celer que, en ce
combat, les Espaignolz ont sy bien faict qu'ilz
en méritent beaucoup de louenge. Quant au
bataille de Dreux et en atténuer les résultats, d'après l'o-
riginal conservé au Record office; Discours de la bataille
de Dreux dicté par feu François de Lorraine (Archive*
furieuses, t. V, p. 97) ; Récit de cette même bataille par
un protestant, daus le n° 7'iû du fonds Moreau, p. i4i,
el le même récit par un catholique (ibid. p. i53); Lettre
du i5 janvier 1 503 de François Holman à l'envoyé et
au conseil de Berne pour dissimuler cette défaite ( Archives
de lierne): nous v lisons: «De prisonniers amenez à
Orléans y en a infinilz, entre aullres des chevaliers de
l'ordre huit ou dix, du nombre desquels sont Messieurs
le connestable et Damville son Hz.»
•• Le sieur de Guise ayant pris le prince de Condé ,
craignant que pour le bruict de la perte de la bataille ung
chacun se révoltast contre lui comme cause et aultheur
de tout le mal , l'eist despescher couriers de tous costez au
nom du Roy pour semer nouvelles qu'il avoit gaigné la
bataille et pris le chef."
••Les lansquenetz de Monsieur le Prince ont faict si
mal leur debvoir et ont esté si obstinez à ne point com-
batre que l'on juge pour certain qu'il v a eu de l'intelli-
gence practiquée avec quelques ungs de leurs capitaines
du temps des trêves qui furent faictes près de Paris.-
••Toute l'artillerie du s' de Guise qui estoit en grand
nombre a esté prise, et est entre les mains du s' amiral. m
Voy. une lettre de l'ambassadeurChanlonnay où il parle
île la blessure du connétable reçue à Dreux ( Arch. nation,
collect. Simancas, p. 1^99, n°7); Lettre de Charles IX
à M- de Burie (Bibl. nat. fonds français, 0° 16877,
I i39); Lettre de l'ambassadeur Smith aux membres du
conseil d'Angleterre dans le Calendar of State papers (an-
née i562,p.585);Leltredu mèmeà Cecil (ibid. p. J89);
La Noue, Mémoires, collect. Michaud, 1" série, t. IX,
p. 6o5; Vieilleville, Mémoires (ibid. p. 33i); D'Aubi-
gné, Ilist. univers, t. 1, chap. xiv, p. 166 ; Mémoires de
Condé, t. IV, p. iS3; Lettre de M. de Cbaulnes (ibid.
t. IV, p. 189); Lettre de deux Espagnols ( ibid. p. i83);
Lettre de Robertet sur la même bataille (Bibl. nat. fonds
■lis, n" 3i8o, P 1 7 '1 ).
ERINE DE MED1CIS.
demeurant de noz nouvelles vous l'entendrez
par ce porteur, qui me gardera de vous en
riens dire davanlaige , si n'est que je prie Dieu,
Monsieur de S1 Sulpice, vous avoyr en sa
saincte et digne garde.
De Paris, ce . . .jour de décembre 1062.
(1562.— a3 décembre.) '
Minute. Bibl. nat. foiids français, n' 15609, f' 18.
A MON COUSIN
M" LE CARDINAL DE LORRAINE.
Mon cousin , nostre dernière dépesche a ijsté
1 Le même jour, Catherine annonçait la victoire de
Dreux à l'évêque de Rennes; nous donnerons les variantes
de celte seconde lettre qui est originale et qui commence
ainsi : «Par la dépesche que je vous ay faicte dernière-
ment , je vous ay bien faict cognoistre qu'il y avoit plus
de particulière passion et ambition en l'esprit de cenlx
qui possédoient mon cousin le prince de Condé que de
zèle de religion; ce qui s'est assez démonstré par leurs
continuelles actions et encores plus par l'introduction
qu'ilz ont faicte des Angloys dedans ce royaulme, et der-
nièrement qu'ilz s'estoient aprochez de Paris et que je
m'estoys abouchée avec eulx pour le bien de la pais, par
la réception qu'ilz feirent de nostre négociation, après
leur avoir accordé le faict de la religion, suivant le con-
tenu en l'escriptque je vous ay envoyé avec madicle der-
nière dépesche, dont ilz avoient déclaré se contenter, et
davantage tellement accommodé leur particulier, que s'ilz
n'eussent esté meus d'aultre intention que du désir de la-
dicte religion, il ne restoil plus rien qui nous pusl em-
pescher de venir à une généralle pacification de toutes
choses, qui a tousjours esté le but où j'ay tendu depuis le
commencement de noz troubles et à quoy je travaille con-
tinuellement. Or Dieu , qui est juge de tous noz intentions
et qui ne veult poinct que nous couvrions noz mauvaises
entreprises du manteau de religion , a permis que, s' estant
mondict cousin retiré d'auprès de Paris avec son armée
et acheminé sur le cheroyn de la Normandye en délibéra-
tion de s'aller joindre avec les Angloys, et s'estant mis à
les suivre Messieurs les ducs de Guyse et de Montmorency
connestable de France et le feu mareschal de S' André
avec toutes noz forces, les deux armées sont venu à s'entre-
recognoistre et rencontrer samedy dernier xix' de ce moy>
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
du xvn de ce uioys qui esl allée la voye de
Flandres suyvanl ce que vous dous en raan-
dastes dernièrement. Ceste c\ vous sera portée
par ([ne j'envoye exprès devers \ous,
ainsi qu'il m'a semblé que L'occasion le mérite
bien, pour vous advertir <|in> samedy dernier
dix neufviesme de ce moys se donna la bataille
entre nostrc armée et celle du prince de Coudé
en une tort belle et grande plaine près d'un
village appelé le Nuyzenian distant d'une lieue
de Dreux, où du commancement quelques che-
vaulx françois et à leur queue deux grosses
trouppes de pistoliers feirent une si furieuse
et grosse charge à la cavallerye de la bataille
de nostredicte armée que conduisoyl mondict
cousin le connestable qu'elle l'enfonça et y
fust mondict cousin le connestable porté par
terre et pris prisonnier par le sieur de Bussy,
et de là donnèrent dans le bataillon de noz
Suysses qu'ilz entamèrent jusques aux en-
seignes, et louteiïoys lesdictz Suysses faisant
ce que les meilleurs gens de guerre sçauroient
faire se rallièrent jusques à la troysième fovs.
Ceulx qui se sauvèrent de ceste charge, tant
gens de cheval que de pié et autres qui par-
tirent d'effroy de bonne heure, feirent telle-
ment courir le bruict de la bataille perdue
pour nous que j'en suys demourée en un
extresme ennuy,. peine et fascherye1, jusques à
cejourd'huy malin -que ainsi que le Roy mon-
sieur mon lilz et moy estions à la messe, le
sr de Losses nous est arrivé, qui nous a
en une lort lielle et grande plaine près d'un villaige
nommé Nuizeman.» (Cinq cents Cotbert,n° 3go,f" i33
et suiv.) — Le récit de la balaille esl le même dans les
deux lettres.
1 Variante de la lettre à l'éve'que de Bennes : irJ'en de-
meura} près de xxiui heures en img extresme ennuy et
fascherie et jusqu'à ce que le sr de Losses arriva par
devers moy, qui fui hier sur les neuf heures du matin.»
— \o\. a ce sujet une lettre de l'ambassadeur Smilli
dans le Calendar of State papers (année i56s, p. .'i85.)
advertys que mon cousin le duc de Guyse,
vostre frère, qui estoit à la teste de lavant-
garde, voyani que la bataille de aostredicte
armée clinoyl ' et s'en alloyt rompue, feil tel
devoir avec les gens de bien donl il estoyt ac-
compaigné de charger le demeuranl des reistres
et gens de cheval de noz eni \s. qui mar-
choient pour venir au combat après les an lires.
qu'il les emporta, et de là donna èsdietz leurs
gens de pié françoys et lansquenetz qu'il miel
en tel désordre qui' noz gens de pié n'eurent
peine que d'en exécuter la victoire. Et après
cela alla encores si furieusement charger 1rs
aultres trouppes de cavalerye qui avoient faicl
lasusdicte première charge, qu'il les meit
toutes à val, gaigna leur artillerye, se feit
maistre du camp, et prit prisonnier mondicl
cousin le prince de Condé. L'on lient que
l'amiral de Chastillon, le sieur d'Andelot, sou
frère, et les sieurs de la Roçhefoucault et de
Grantmont se sont sauvez2 et qu'ils ont amené
quant et eulx à Orléans mondict cousin le
connestable. Et de vous mander les hommes
signalez qu'ilz ont perdu z en ceste bataille, je
ne le puys faire pour ne m'en avoir encores
esté riens mandé de certain; mais je vous
asseureray bien que leurs reistres et gens de
pié ont esté si mal Iraictez qu'il se trouve de
cinq à six mil hommes morlz sur le lieu du
combat. Les principaulx hommes que nous \
avons perdu à mon grant regret sont le ma-
resrhal de S' André3, qui a esté tué en pour-
Clinoyt , faiblissait.
- Variante de la lettre à Vévêqw dt Rennes : - kvsc
quelques reliques des gens de cheval qui ne peuvent estre
grand nombre, car il se recognoist de vi à vin"' hommes
morti tant an li'" du combat que sur les ehemyns pai
lesquelz a estépoursuivye la victoire, et comme telles choses
ne se peuvent exécuter sans perte de beaucoup de geni
de bien >'t ordinairement des meilleurs cappilaines, nous
y avons perdu à mon grand regret, etc.»
l'ait prisonnier el tué par le s' de Baubigny, son en-
456 LETTRES DE CATH
suivant la victoire, Monberon ', filz de mon-
dict compère, les sieurs de la Brosse2, de
Givry3 et des Bordes*. Mon cousin le duc de
Nivernoys 5 y a eu uug coup de pistolet en la
cuysse, dont Ton crainct l'événement, et Beau-
cour y auroyt este' bien fort blessé; mon cou-
sin le duc d'Aumalle, vostre frère, receut l'une
des premières charges en laquelle il fut porté
par terre et conculqué 6 par quelques chevaulx,
qui luy ont ung peu froissé une espaulle,
dont il a esté pansé chantant et s'en porte
fort bien, comme aussy faicl mon cousin le
grand prieur7, qui participa bien avant à l'hon-
neur de ceste victoire, et les sieurs de Damp-
ville et de Martigues qui y ont tous faict le
devoir que les plus gens de bien et vaillans
iiemi personnel. — Y oy. Brantôme, édit. de L. Lalanne
(art. Saint -André).
' Voy. dans le n° aoooS du fonds français, une
lettre de la ducliesse de Guise à la connétable, à l'oc-
casion de la mort de Monlberon (Gabriel de Montmo-
rency) : «Y'ous devez, lui dit-elle, avoyr grand conso-
lassion de panser que jeamès jeune sygneur n'asquit
plus d'honneur et bonne réputassion.i — Y'oy. une
lettre de Chantonnay, où il parle de l'extrême regret
qu'eut le connétable de cette perte (Arcb. nat. collec-
tion Simancas, K, 1 i 99 , pièce n° 5) et une notice
sur Gabriel de Montmorency, par Le Laboureur, dans
les Additions aux Mémoires de Castebuw , l. II, p. 85
et suiv.
: Jacques de la Brosse. — Voy. l'éloge qu'en l'ait Bran-
tôme dans son discours sur le maréchal de Vieilleville
(édit. de L. Lalanne) et une notice par Le Laboureur, dans
les Additions aux Mémoires de Castelnau, t. II, p. 89 et
suiv.
' René d'Anglure, le cinquième fils de François Sa-
lailin d'Anglure et de Marguerite de Roncberolles; il
avait épousé Jeanne Chabot, fille de Guy Chabot, baron
de Jarnac.
' 11 était neveu du maréchal de Bourdillon et l'unique
héritier de la maison de la Platière.
5 François de Clèves, comte d'Eu, duc de iNevers.
Com ulqué, foulé.
7 François de Guise, grand prieur de France, mort
le 6 mars i563.
ERINE DE MEDICIS.
cappitaines sçauroient faire en ung tel en-
droict. Dieu veuille, mon cousin, que ceste
victoire de laquelle nous sommes bien tenuz
de le louer et remercier nous soyt occasion
d'une bonne paix, qui remecte cest Estât en la
tranquilité que je désire et qui y est nécessaire
pour sa conservation; et que du lieu où vous
estes nous puissions veoir sortir une saincte
et sérieuse refformation des choses qui se
trouvent dépravées en l'église de Dieu et que
cela soyt cause d'une générale unyon et con-
corde en la religion; qui est chose que je me
metlroys en peine de vous recommander pour
l'extresme besoing que nous en avons en ce
royaume, si je ne sçavoys ce que vous y avez
de sincère affection '.
1 La lettre de Catherine à l'évèque de Rennes se ter-
mine ainsi : iVous ferez part de ceste nouvelle à l'Em-
pereur monsieur mon bon frère et au roy des Bomains
et pareillement à tous les princes de la Germanie qui
se trouveront encores en leur compagnie lors de la
réceplion de ceste lettre et aux aultres que vous aurez
moyen d'en faire advertir, et les asseurerez que le priu-
cipal fruict que j'espère tirer de ceste victoire est d'es-
tablir une bonne et sincère paix en ce royaulme qui
soit à l'honneur de Dieu et à la conservation et paciffi-
cation des subjeclz du Roy mondict sieur et filz, qui
est le but où j'ay tousjours tendu et que je cognois si
requis et nécessaire pour le salut de cest Estât que je
n'ay plus rien à cueur que cela. Y'ous vous emploierez
aussi envers les ungs et les aultres tant par les saiges
remonslrances que vous leur sçaurez bien faire que par
tous les aultres moyens dont vous vous sçaurez bien ad-
viser pour les garder que, sur la nouvelle de ceste vic-
toire, ilz ne facent, ne souffrent qu'il soit faict chose à
la faveur de ceulx du pari y de mondict cousin le prince
de Condé qui soit cause de les obstiner davantaige en
leur rébellion et désobéissance et de leur faire reffuser
ce que je me délibère leur faire accorder de bon et
doulx traictement tant pour la liberté de leurs con-
sciences que pour la joyssance de leurs biens; et quant
à mon cousin le prince de Condé, vous pouvez asseurer
tous ceulx qui vous en parleront que le Roy mondict
sieur et filz n'a aullre entencion que de le Iraicter comme
prince de son sang et son proche parent bon et gratieu-
1562. — 3i décembre.
Bibl.Dal.fom
\ M0NSIE1 R DE SOTJBISE.
Monsieur de Soubize, par la lettre que le
Roj monsieur mon Glz vous escript1, vous
sèment, in lui faisant remectro entre ses mains lès |
qu'il Iny a occupées; à quoy, puisqu'il n'est plus eu la
puissance de ceulx qui le possédoient, je m as
aucun refluz ne difficulté.*
\ oici coite lettre :
•Monsieur de Soubize, je nous leis l'aultre jour en-
tendre par mon cousin le duc de Nemours, la victoire
qu'il avoit pieu à Dieu me donner ces jours passez, il
l'occasion pourquoi je le vous mandois estoit, adin que,
cela estant sceu de vous et considéré le danger et péril
•■minent où vous meclriez ma ville de Lyon, si vous
vous vouliez oppiniaslrer à la tenir encor contre moi,
voulsissiez prendre et choisir le meilleur partj et, obéys-
-ant à mon commandement, la remissiez entre les mains
mondict cousin le duc de Nemours mon lieutenant
général et gouverneur par delà, en faisant sortir et re-
tirer hors d'u elle tous les gens de guene qui la trou-
blent et tienent à présent; mais depuis avant entendu
de mondict cousin le duc de Nemours, qu'il semble
que vous doubliez encor de cesle bataille gaignée et de
la prinse de mon cousin le prince de Condé, et que ne
faicles aulcun semblant de m'obéyr et accomplir mts-
dicts commandemcns , je vous ay bien voullu escripre
la présente pour vous dire que tout ce que vous avez
par cv-devant entendu par le moyen de mondict cousin
le duc de Nemours est très véritable; à Quoy encor je
vous puis adjouster davantage que mondict cousin le
prince de Condé commence depuys sa prinse à monstrei
la bonne vok.nl. - qu'il me porte, que j'espère par son
moven de bien lost rentrer en repos et es villes qui sont
occupées et détenues par force, et oultre mon gré. Ji
désire doncq que vous veuillez eslre si sage et advisé,
que, suivant le commandement exprès que je vous fais,
vous remédiez madicte ville de Lyon en liberté et entre
les mains de mondict cousin le duc de Nemours
faire faulte ny user de longueur : car' d'aullant que VOUS
vous basterez à vous monstrer et ceulx de ladicte ville
bons, loyaulx et obévssans subjeclz, en ce faisant, d'aul-
lant plus me donnerez vous ociasion de vous bien
traicter. veu mesmes que je ne désire rien tant que la
conservation de ladicte ville, et de vous tous; de la-
Cathkbike DE MÉDICIS. I.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS. Û57
verrez les nouvelles qu'il vous mande touchant
ceste bataille gaignée, el le commandemenl
qu'il vous faicl de remectre entre les mains de
mon cousin le duc de Nemours, gouverneur el
son lieutenanl général par delà, sa ville de
Lyon, auquel, pour vous avoir tousjours
cogneu prudent el advisé, el davantage ama-
teur du bien d repos de ce royaulme, je me
veulx promectre que vous serez maintenant
pour satisfaire aussytost que vous aurez, par
la bouche de mondict cousin 1" duc de Ne-
mours, et par les lettres dudictsieur li<>\ mon
iilz et les mienes, entendu nostre intention,
et receu le commandement. El gardez -nus.
je vous prie, que maintenant que vous ne
pourrez plus eslre advoué par mon cousin le
prince de Coudé des choses que vous feriez
cy-après, la particulière passion d'aulcuns ne
soit cause de vous faire perdre, el admener
une tolalle ruyne el désolation à ceste pauvre
ville là. qui esl toute certaine et préparée, si
vous el ceulx qui la tenez par force ne vous
recoguoissez el suivez le conseil que je vous
donne, vous ayant tousjours aymé. lu sur ce,
je prie Dieu. Monsieur de Soubize, qu'il vous
ayl en sa saincte garde.
Escript à Chartres, le dernier jour de dé-
cembre i56a.
Caterink.
bokertet.
quelle- je ne vois pas aultre chose que la ruyne mani-
feste, -i vous ne vous recognoissez et obéyssez prompte-
meiil à mesdicts commandemens. Et par ainsi vous y
penserez el m'advertirez soudain par le moyen de mon-
dict cousin le duc de Nemours de ce qui- vous en voul-
. li .z faire. Priant Dieu, Monsieur de Soubiz.' . qu'il
vous ait en sa saincte et digne garde.
i Escript à l'.uis. ce ixvu'jour de décembre i
I Bibl, nat. fonds franc. ! iJ '"j v").
58
i58
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIOIS.
1563. — i" janvier.
Copie. Itil)i- nat. inss. collection de D. Housse;ui , i. X.
\ MONSIEUR LE COMTE DU LUDE.
Monsieur le comte, après la bataille donnée
cl l'heureuse victoire qu'il a pieu à Dieu eu
envoyer au Roy monsieur mon fil.z, ceulx d'Or-
léans se son! relirez, oui ramassé ce qu'il/, ont
peu de cavallerye, et, comme nous avons
sien , passé la rivière de Loyre, dont l'occasion
et intention n'est poinct encores descouverte,
et louteslbis y a il apparence que ce pourrait
estre pour cheminer de vostre costé, ravager
le pays et faire quelque désordre; car de
prandre villes sans intelligences, il ne leur est
pas possible , n'ayant aucuns gens de pied ne
arlillerye que quelques pièces légères, s'ilz en
ont; de quoy je n'ay voullu faillir à vous
adverlir, vous priant donner le plus iost que
vous pourrez ordre d'adverlir les villes de
vostre gouvernement de se tenir sur leurs
gardes, et ies villes bien fermées, se mectans
eu armes pour les conserver et defTendre, et
aux peuples de rompre les ponts et passages,
ainsy qu'ilz entendront qu'ilz s'achemineront,
affin de les incommoder de tout ce qu'il sera
possible; et quanl à vous, mectre ensemble
les forces que vous avez ou bien les départir
aux villes et lieux importants qui en auront
besoing pour empeseber qu'il n'y advienne
aucun inconvénient, et surtout avoir l'œil ou-
verl sur les factieux et séditieux, desquelz
l'intelligence pourrait estre préjudiciable, et
sur laquelle il est croyable que ceux-là fondent
une partie de leurs entreprises. Priant Dieu,
Monsieur le comte, vous avoir en sa garde.
Escript de Chartres, le i" jour de janvier
1562(1563)».
Gaterine.
De l'Aubespine.
' L'ambassadeur Clianlonnay écrivait à la duchesse de
1563. — i" janvier.
Orig. Bibl. nat Cinq renls Colbert, vol. 94, fJ 5.
A MONSIEUR DE GONNOR ,
CHEVALIER DE L'ORDRE DC ROY MONSIEUR MON FI1.Z .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, après que vous aurez
ouy le sieur du Rois d'Ennebourg'. présent
porteur, vous congnoislrés encores mieulxque
je ne désire pas, sans grande occasion, que
mon cousin le marescbal de Rrissac, vostre
frère, se trouve en Nonnandye le plus Iost
qu'il sera possible; à quoy je vous prie tenir
la main et croyre que luy ne vous ne sçau-
riez faire service plus agréable, ne en occasion
plus à propos que celle-là. Priant Dieu, Mon-
sieur de Gonnor, vous avoir en sa garde.
Escri t à Chartres, le premier jour de janvier
i56a (i563).
(De sa main.) Fayste dite à mestre Enri,
lansier, qu'il anvoy yneonlinenl dose sans
lanses'2 et luy faite ballerde l'argent, car l'ons
an na alayre nésésérement. Je ne se encore
si nous auront la pays, mes les chause son!
en milleui trnvn que quant ayles parly 3. el
jeuques à set que se souit fayst au4 fally, vous
n'auré de mes novelles; et faytes mes recomen-
dation à la bonne grase du Roy mon fils5 el de
son frère.
Caterine.
De l'Aubespink.
Parme, le 2 janvier : ctLa Reyne mère s'est arrestée
Chartres pour voir si elle pourra suivre les négociations
de la paix, car en ceste ville (Paris) ne seraient \olou-
tiers vus ceulx qui viendroienl de l'aiiltie part.- ( Arcli.
inip. de Vienne.)
1 L'un des quatre secrétaires des finances, de la ia-
mille du Bosc, en Normandie.
2 Doze sans , douze cents.
' \ov. une dépêche de Throckmorton à la rein.' l'.h
sahetb. ( Cnfei»inr of Stalr piijieis , i.")o3, p. 20.)
I«. ou.
b Charles IX étail reslé à Paris. — Vov. une dépèche
de Smith à Cecil. ( Cahndar of State papers , 1 563 , p. h.)
LET1 RES 1)1. CATHERINE l>E MEDIC1S.
i 563. — 1" janviei
Bî] ' ; ;.' i lolbei i vol. .' 1
\ MONSIEUR DE GONNOR
CHSVALUSB PK L'ORDBB DU IlOV UO.tSlKl'R UQ\ riLZ .
m Ll:l; ts min i OKSBU l'IUVÉ.
VIonsieur de Gonnor, je vous envoyé une
lettre que le mareschal «le Vieilleville et le
sieur de Villebon ' m'escripvenl de la résolu-
lion prinse par eulx pour recouvrer le rhas-
teau Je Tancarville2; en quoj ilz ont besoing
d'estre secouruz de quelque argent (joui- four-
nir aux fraiz qui y sont plus que nécessaires,
mesmemenl pour faire la réduction des bandes
dont ladicle lettre faict mention; à quoy je
vous prye faire tout ce que vous pourrez, de
façon que la chose ne soit aucunement re-
tardée; ilz demandent aussi quelque chose de
l'artillerie, dont je vous envoyé lestât; laites
venir à vous le commissaire la Treille, lieute-
nant du sieur d'Estrée à Paris, auquel j'en
iscris, el avecquesjuv advisez sommairement
de ce qui leur faut, que \ous leur ferez quant
et quant envoyer et du tout les advertir par
edicl porteur que j'ay renvoyé, désirant que
cela se puisse advancer, afin que tant plus tosl
on puisse s'attacher à Dieppe, où j'entends que
Montgominery est entré3. Piyanl Dieu, Mon-
sieur de Gonnor. vous donner ce que désirez.
De Chartres, le premier jour de janvier i56a
(t563).
Caterink.
(De sa main.) La pais av fayste, mes n'an
diste rien et fornisénousdesan mitaysceu 'dau
' Villebon d'Eslouteville, bailli de Rouen. — Voy. Ho-
quet, Histoire du Parlement de Normandie , t. Il, p. 682.
- \oy. l)e\ille. Histoire du château de Tancarville, et
un Mémoire de ce qui est nécessaire pour reprendre
Tancarville dans le fonds français, n" 3ai6, Pal.
Montgommeiy était enlré à Dieppe le j<j décembre.
— .Voy. une dépêche de Warwick à Cecil. (Calendar oj
State papert , 1 56a . p. 5g5. 1
; ytceu . écus.
troys jours pour an uanvoyer lé reystre
anvoy quérir quatre consellier ' que je vous
prie dire au premier présiden qui me les en -
voye yncontinenl pour se que je au né afayre
pour l'avis que je veuh d'eus sur quelque
po\ n que je suis en difficultés; fayte les hasler.
Caierini
De l'Aubespine.
(De la main de V Aubespine.) La Royne a
voullu (jue ce courrier vous portas! ceste lettre
que je vous envoyois par ung homme de Nor-
mandye pour l'affaire \ contenu, mais il von-.
portera le demourant.
1 563. — 1" janvier.
Ong. Record office, Statepapers, France, vol. XXIX.
A MB L'AMRASSADEUR D'ANGLETERRE'
Monsieur l'ambassadeur, pour ce que je
fais compte de retourner à Paris dans deu\
jouis et que ce vous seroit fort incommodité
et au secrétaire venu d'Angleterre 3 de me
venir trouver en chemin, j'ay pensé que le
meilleur esloit que vous m'attendissiez là où
je vous douneray incontinent audience, et si je
vois que mon voyage fust aucunement retardé
davantaige, je vous en adverliray pour me ve-
nir trouver; cependant je vous donne ce pas-
seport pour le courrier que vostre homme pré-
sent porteur m'a dict que vous vouliez envoyer
en Angleterre, auquel est comprins celuy que
1 Ces conseillers étaient mandés à Chartres pour exa-
miner certains articles du projet de paix alors débattu el
que repoussaient les Parisiens. — Voy. à ce sujet, une
dépêche de Throckmorton à la reine Elisabeth. (.Calendar
of State papers, 1 563 . p. ao, |
Sir Thomas Smith. — Voy. une lettre de Sorae >
Cecil. (Qdeiidiir oj State papers, année i563, p. 2.)
3 Sir John Somer; il était arrivé à Paris le 3o 'I
cembre. — Voy. une dépêche de Somer à Cecil. (Calendar
of State papers, i">63, p. a.)
/iGO
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
vous distes avoir esté arresté à Boullogne, dont
je n'avois riens sceu : mais à ce que je vois est
la ta u I te de vostre homme qui ne fist mettre
que ung homme dessus ledict passeport, el
vous y envoyez deux; de quoy j'ai esté bien
marrie, n'ayant point entendu que les subjectz
de la royne d'Angleterre, ma honne sœur,
soient moins favorablement traitez en ce
royaulme que les nostres mesmes. Priant
Dieu , Monsieur l'ambassadeur, vous donner
ce que désirez.
De Chartres, le iCT jour de janvier 1 563.
Caterine.
De l'Albespine.
1563. — ■> janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 3aio,, f° ll3.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CBBVALIRR DE L'ORDRE DD ROT MONSIEUR MON FILZ .
CAPITAINE DE CINQUANTE HOMMES D'ARMES. ET CONSEILLER
EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnort, s'en retournant pré-
sentement ce chaoux du Granl Seigneur vers
son maislre, il fault que vous regardiez à faire
payer la despense qu'il a faicte à Paris, car
il n'est pas raysonnable que Monsieur de la
Garde la paye et, pour le regard du présent
que le Roy monsieur mon filz luy fera, je
suys d'advis que soyt une pièce de toylle d'or
pour luy et une robbe, et à ses deux assistans
des sultanes ' de damas vert et des robbes
d'escarlatte, ainsi que vous adviserez pour le
mieulx. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnorl ,
qu'il vous ayt en sa garde.
De Chartres, ce nc jour de janvier 1 563.
Caterine.
robertet.
1 Sultane, robe longue.
1563. — 3 janvier.
Orig. Bibl. nat. Cinq renls Colbert , n" a/i , f 7.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnor, trouvant les choses
en tel estai que, approchant le Roy monsieur
mon filz d'icy, il y a grande apparence que
son service et ses affaires se portent beaucoup
mieulx, je luy ecriptz présentement s'en venir
avecques toute sa suytte et son équipaige, el
pour autant que le plus important affaire que
nous ayons, c'est d'avoir argent et que je sçay
que vostre présence et demoure là pour quel-
que temps est nécessaire à ceste lin, je vous
prie n'en partir que vous n'y ayez donné tel
ordre que nous en ayons secours et service que
nous actendons de vostre sage conduicte el
dextérité. Cependant ne laissez à nous envoyer
le trésor de l'Espargne et ceulx des finances
dont vous vous pouvez passer, aflin qu'ilz nous
puissent satisfaire es choses qui s'offriront.
Priant Dieu, Monsieur de Gonnor, vous don-
ner ce que désirez.
De Chartres, ce ni" jour de janvier i56a
(.563).
[De sa main.) Je vous prie, haté-vousde nous
trover la somme que vous av déjeà niendée et
donner aurdre que bien losl en nayons d'aul-
tre; car au pays au guère1 y nous fault torse
argent pour salisfayre à tous nos jeans de
guerre; fayte prier Dieu et envoyé quelques
aumosne au couvans de famines et des hommes
et au prisonyer, afin que Dieu nous aulte de
tous ses maulx.
Caterixe.
De l'Aibespine.
•f»
jxiijx nu guère, ou paix on guerre.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
'i(il
1563. — 3 janvier.
Qrig. Bibl. de l'tnstilul collect. Godefroj fol 257, f° ao5.
I M'A COUSIN
LE SIKl li DE BORDILLON,
■.1.11 -1 11 IL DE lhAV 1:
COUVERNEIin DE F1UNEE et LISUTBItiHT GÉNÉRAL DU Itoï
U0KS1BUR MON FILS EN 1MBDMONT.
Mon cousin, rostre secrétaire Favelles,
présent porteur, ne pouvant estre si tost dé-
pesché tin la descharge que demandez pour la
restitution des places de Pietmont à cause de
la détention de mon cousin le duc de Mont-
morency el le trespas de feu mon cousin le
mareschal de Saint-André, avec plusieurs
autres nouveaultez puis naguères survenues,
joinct que la plupart des autres seigneurs du
conseil du Roy monsieur mon (Hz sont absens et
employez à remedyer à ces troubles dont nous
sommes travaillez, j'ay advise' le vous ren-
voyer bien instruicl de mon intention qu'il
\ uns fera entendre, niesmes que estans les
affaires où nous sommes passez, je vous ieray
l'aire et expédyer ladicte descharge telle et si
ample que vous aurez occasion d'en estre
content et demeurer à repoz; vous pryant, au
plus tost que vous aurez mis ordre es nouvelles
places que vous avez soubz vostre charge,
partir pour nous venir trouver là part où nous
serons, où vous serez le très bien venu et
agréablement rece.u du Glz cl de la mère, et
lors nous adviserous à prendre résolution de
ce qui sera nécessaire tant pour la seuretté et
conservation de nozdictes places que pour les
autres affaires. J'ay veu Testât de la despense
que vous m'avez envoyé par le sieur d'AHuye;
à (juo\ je donneray ordre que vous sera au
plus tost envoyé argent pour les soldatz; mais
est-il besoing aussi, mon cousin, actendu la
despense grande que nous aurons, comme
sçavez, à supporter, que vous vous contentyez
de raison, et à vous-mesmes je reniectray à la
considérer lorsque \ous serez ic\ . | r \ estre
au plus tost pourveu, selon que le service du
llii\ mon fllz le requyerl. l'rianl Dieu, mou
cousin, vous avoir en sa saincle garde.
Escripl à Chartres, le m' joui' de janvyer
i56a (i563).
Mon cousin, j'ay au demeurant bien
agréable, suivant ce que m'avez escripl. que
vous establvssyez pendant vostre absence le
sieur Ludovic de Birague ' pour commander en
vostre charge comme vous y faictes à présent.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
robertet.
I :"i(i:i. — .'i janvier.
Ori(j Liilil. n;it. fonds fronçais, n" 3tgA , f° 3.
A MON COUSIS
MONSIEUR DUV1LLE,
Wllli U. DE FRANCE.
Mon cousin, depuys \oslre parlement de ce
lieu, j'ay advisé qu'il est plus que nécessaire
que vous demeuryez auprès de mou cousin le
prince de Condé pour le garder seulement'-';
1 Ludovic de Birague , fils de César de Birague, s'était
distingué dans les guerres d'Italie, sous Henri II: plus
laid il devint gouverneur du marquisat de Saluées el
lieutenant général de nos possessions au delà des monts,
et mourut en 1 57 2, laissant un tils naturel qui lu! tué à
Dijon, en i.")8-;. par le duc de Mayenne.
-' Trois compagnies d'hommes d'armes et deux île gens
de pied étaient affectées à ce service; la faction se faisait
constamment à ta porte du prince el dans sa chambre.
On lui avait laissé le ministre Perucel, pris avec lui à
Dreux qui, chaque jour, prêchait en sa présence. — Voy.
• lui d'Aumale, Hitt. de lu maison de Condé, 1. I . p. 9 1 5.
Voici l'ordre qui avait été donné par Charles l\ el
Catherine pour le traitement de Condé :
"Le Roy veult et entend que les compagnies d'hommes
d'armes de Monsieur le connestable, de Monsieur l'amv-
ral de Dampville et du sieur de Thoré, ensemble celles
des gens de pied du cappitaine Nancey et cappitaine
Goart, seront eslablies pour la garde dudict sieui
Prince.
163
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
je vous prye doncques en voulloyr prendre
la charge que le Roy monsieur mon filz
el tnov \ous en donnons, el de croyre que
uns plus grant service en ceste sayson ne nous
uryez nous faire que de le bien garder el
de vous re'soudre à demeurer emprès de luy,
suyvanl ce que je vous mande cy dessus.
Pryant Dieu, mou cousin, qu'il vous doiul
ce que vous désirez.
De Chartres, ce 111e jour de janvier i56a
63).
i De sa main.) Mon cousin, je vous prie ne
vous lâcher d'i demeurer et avecque vous les
sieur d'Oysel et de Cheaumeau l, conlineuant
come ave's jeuques ysi fayst; et j'espère qui se
metra tant à la rayson qui ne vous donnera
pas longuement sete pouine; de quoy je sayré
!tQu<> la garde ce fera, tant jour que nuict, en sa
ihambre, d'un des membres desdictes compagnies de
gensdarmes, d'ung cappitàine de gens de pied, de un
lieutenant , de deux hommes d'armes el quelquefoys
quatre selon la nécessité des lieux.
-Qu'il couschera en la chambre du Prince deux de
ses valletz de chambre ausquelz avec le reste de ses gens
it pourra communiquer et parler en l'oreille: que ledict
Prince pourra aller en sa garde-robbe sans qu'aucuns
desdictz gardes y entrent.
-Que la garde ce fera devant les logis des domestiques
dudict Prince, seullement sans qu'ilz puissent être veuz
en leurs chambres, ne en leur cuisine, ausquelz gardes
seront baillés, quanl allant et venant ilz seront employez
pour le service dudict Prince , faisant au reste si bonne
garde tout autour du logis dudict Prince qu'il n'en puisse
arriver aucun inconvénient.!! (Orig. signé. Bibl. nat.
fonds français, n° 3ip/i , f° a.)
1 Jean Pot de Rhodes, qui, ayant recueilli dans la
succession de sa mère, Ysabeau de Saffray, la terre de
Chemeaux, dans l'Orléanais, en avait pris le nom. Au
sacre de Henri II , il fit les fonctions de maître des cé-
rémonies; en i54g, it fut chargé d'une mission en
Flandre, et après la paix du 26 mars 1 55o il fut envoyé
en ambassade en Angleterre, où il resta jusqu'en i55l.
Ses papiers, d'une certaine importance historique, ont
été publiés par le président Hiver. (Paris, Aubry, i864,
in-8°.)
byen ayse; et ensetpandent que neul ne le
voye, ni parle à lui de quelque qualité qui
souil , si ne vous aporte letre ayscrypte de ma
mayn.
Caterine.
1563. — ■ !i janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n° 3319, f° 1.
A MONSIEUR DE GONNOR.
< llfcVALIKH DE L'OHÛDE DU EOï M0\S1EIR MON PUS
ET CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, je \ous envoyé une
lettre que le cappitàine de Toucques en Nor-
mandye m'escript, afin que vous voyez la né-
cessité en laquelle luy et ses gents sont, et le
danger qu'il y a que ceste place là, assise eu
lieu pour ceste heure très important, soit pour
tomber es mains des Angloys, vous pryanl
donner tout l'ordre que vous pourrez pour
leur faire bailler quelque argent en actendanl
myeulx; affiu qu'elle ne demeure point desti-
tuée de force. Je vous oy dire qu'il y avoil
moyen d'en recouvrer de quelques fabriques
d'églises de delà; si cella y pooit servir, il
seroit très à propos; maiz, quoy qu'il y ayt,
pourvoyez à cest inconvénient. Pryant Dieu,
Monsieur de Gonnor, vous donner ce que plus
désirez.
De Chartres, ce 1111e jour de janvier i56q
(i563).
Caterine.
De l'Albespine.
1563. — 5 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds Français, u° 3319, f° U.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROÏ MONSIEUR MON FILS
ES SOS <;0>SE1L PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor, dictes el commandez
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
163
éncoresà \l Henry,le lancier1, qu'il envoie au
camp là pari que sera mon cousin le duc de
Guize douze cens lances, le plus tosl que faire
se pourra , doublant pourcesl effecl l'esquipaige
du <li;Min\ . pour le besoin;; ipn- lui i'l sa eom-
paignie en ont; à quoy je vous prie faire faire
toute dillig :e possible. Priant Dieu, Monsieur
de Gonnor, vous donner ce que plus désirez.
De Chartres, le v' jour de janvier 1 56s
(i 663).
Catkrine.
De I," I.CBESPINE.
1563. — C janvier.
Bibl. oat. Parlement, n S/i , P" 869 ef suii
A MESSIEURS
TENAIS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, estant venue jusque* icy pour
voir el entendre aux choses nécessaires au
bien de ce royaume et repos d'iceluy et pour
essayer de tirer tout le fruicl qu'il seroit pos-
sible de La victoire qu'il a pieu à Dieu nous
donner, j'ay trouvé qu'elle a porté déjà tant
d'utilité que tout le pais deçà la rivière de
Loire se trouve quasi nettoyé de ceulx qui la
troubloient, lesquelz ont passé ladicte rivière
où ils sont de présent. Davantage je trouve
mon cousin le prince de Condé tellement dis-
posé de s'accommoder à la volonté du Roy
monsieur mon lîlz et lu\ l'aire service que
j'ay pensé pour ne perdre ceste occasion que
le meilleur seroit l'aire approcher d'icy mon-
dict fils2, afin qu'il puisse donner plus de fa-
veur a son armée, laquelle je faits cependant
marcher et acheminer après les autres et aussy
d'autant mieux fortifier l'intention dudicl Prince
1 Voy. plus liant p. 158, coi. 3.
1 Charles IX quitta Paris le 5 janvier. — Voy. une
dépêche de Tlirnckmorlnn à la reine Elisabeth. ( Calendar
af State papert . 1 563 , p. 20. )
à leur confusion ; de quoy je n aj voulu faillir
vous advertir el vous l'aire part de s bonne
intentions dispensées avec le conseil des
princes el seigneurs que j'av m\ auprès de
iikiv et de l'espérance grande que j'a\ que
Nostre-Seigneur 1 ous a pas donné ce hou
commencement qu'il ne nous vueille encore
mieux faire; vous priant, Messieurs, suivanl
le zèle el fervente affection que j'ay tousjours
congneu en vous, tant envers l'bouneur de
Dieu que le bien du service «lu Roj mondicl
fils, vous veillez continuer aussy à tenir la
main de vostre pari à ce que toutes choses de
delà soient contenues en la tranquillité el es-
pérance d'obéissance accoustumée avecq es-
pérance que nous ne tarderons guères à re-
tourner vous voir selon le singulier désir que
nous avons d'estre souvent auprès de vous,
comme des meilleurs et plus Gdelles el affec-
tionnez sujets que nous avons. Priant Dieu.
Messieurs, xous donner ceque désirez.
De Chartres* le troiziesme jour de janvier
mil cinq cens soixante deux (1 563).
Caterine.
De l'Aobesihne.
1 âG.'i. — (i janvier.
Orig. Bibl. liai, l'oints français, n° 3aig, u. 7.
\ MONSIEUR DÉ GONNOR,
CI1EVALIEP. DU l.'OUDRE DU HUÏ MONSIEUR MON FILS .
COffSEILLl 1; BN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor t, je vous envoyé ung
mémoire que le Sr~de Tavanes m'a envoyé
du moyen qu'il a pensé de faire payer se
gens, que je ne troôveroys pas mauvàys, s'il
ne frappoyl en plain drap; et loutesfoys, pour
ce qu'il est besoin;; y donner quelque provi
sion, je vous prie v adviser, el taire en sorti;
que, à faillie de ce, il n'en advienne aucun
inconvénient, me faisant sçavoir comme vous
'.fi'.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
aurez pourreu, ei le moyen qu'il \ aura,
ilin que je l'en puisse advertir. Priant Dieu,
Monsieur de Gonnort. vous donner ce que dé-
sirez.
De Chartres, le ri jour de janvier i56a
i563).
Caterine.
De l'Ai bespine.
1 563. — 6 japviei .
Orig. Bill. nat. fonds français, nr' 3178, p. 6.
A MONSIEUR DE HUMIÈRES,
THEViLlER DE L'OBDEE DU BOT M05SIEIB 1I0> FIL?
ET GOOTEBRBTJI1 DE PBOTBXCB.
\i insieur de Hutuyères. j'ay receu vostre
lectre du xxvnc du passé et entendu par icelle
en quelle transquillité et obéissance \ous
maintenez le peuple de delà en l'ayse et plaisir
quilz ont receu de la victoire qu'il a pieu à
Dieu nous donner, moustrant par là de plus
en plu- quelle est leur dévotion et affection
au bien du Roy monsieur mon filz et de son
royaume, vous priant y taire de bien en
mieulx et au demeurant faire prendre garde
sui ceulx qui passeront en voz quartiers, al-
lans et \enans pour, s ilz n'ont passeport du
Rov monsieur mon Clz ou de nioy. quelz qu'ils
soient, à pied ou à cheval, les faire fouiller et
sçavoir ce qu'ilz portent, qui il y sont et où
ilz vont, sans touteffois offencer la voisiuance
1 bonne paix qui est entre le Roy catholicque
- s suhjectz et nous, et s'il se trouve riens
de suspect le faire arrester; car ceulx qui
troubleut ce royaume ont tant de gens par
pays et de diverses sortes portans lectres et
nouvelles pour allumer le feu et remuer mes-
nage qu'il est nécessaire que chascun gomer-
neurel capitaine en son de^troict1 face songueu
Dettroict . district
sèment garder les passaiges; et s'il s i offroil
trouppe où il faulsist employer plus de force
que celle que \ous avez, ne craindre poincl
de vous ayder des communes par tocquesaincl
si bien commandées et conduictes. comme il
appartient, que l'on puisse par ce moyen en
avoir la raison et interrompre leurs dessaings;
\ous advisant que je donnera) ordre que les
soldatz que vous avez dedans vostre chasleau
seront payez, ainsi qu'il est plus que raison-
nable. Priant Dieu. Monsieur de Humières.
vous donner ce que désirez.
De Chartres, ce vi' jour de janvier 1 563.
C.ATER1NE.
1563. — G janvier.
Orig. Bibl. nal. Cinq ceDts Colb«rt , u j& . r S.
A MONSIEUR DE GtmOR,
CHEVAUEC DE L'OBDRE Dt BOT SIOSSIEUB MO* FILZ .
IOSSEILLEB ES SOS CONSEIL PBITE.
Monsieur de Gonnort, je vous prie adviseï
avecques l'ambassadeur du Roy catliolique
monsieur mou beau-lilz au moyen que vous
auriez de faire paierpar deçà les Espaignolzel
en reprandreles deniers en Guienne.où il dit
qu'iiz sont1; car, à ce que j'entendz, ilz en
ont grande nécessité, et le plus lost sera ie
meilleur. Priant Dieu. Monsieur de Gonnor,
vous donner sancté.
De Chartres, le vic de janvier i56a( i563).
(IvTERIXE.
De l'Albespixe.
; Chantonna* écrivait à la duchesse de Panne, ie a jan-
vier : -Quinze mille escus sont venus à grand risqu
d"Espagne. le reste est à BayonDe.» i Arch. irup. r)i
Vienne, correspond, inédite, i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
16
I 563. — 7 Jim
Orig. Bibl. nnt. fonds franrais, n° 3aig, p. S.
\ MONSIEl U DE GONNOR,
CHBVALTBI PB L'ORDRB 1)1 ROI HOItSIBtll M< N F1I>
CONSEILLER E> SOS >>w:; PRIVE.
Monsieur de Gonnort, j'aj receu par Ar-
chambaull vostre lestre du jourd'huy, ave
mémoire que Monsieur le baron de la Garde
il dressé des présens que le Roj monsieur
mon fils pourra faire à l'ambassadeur de
Turquye, dont ayant trouvé vostre advis bon,
j'en a\ osté el diminue ce que verrez [iar
ledict mémoire, que je vous renvoyé, me
semblant que cela suffira bien honnestemenf
sans en faire autre despense; à tant je prie
Dieu, Monsieur de Gonnort, vous maintenir
en sa saincte garde.
Escript à Chartres, le vnc jour de janvier
.563.
Caterine.
De l'Aibespine.
1503. — g janvier.
Orig. Bibl. nat. Ciuq cenls Colbert , n' ai , f5 9.
\ MONSIEUR DE GONNOR,
CBE^LIER DE L'ORDEE DC ROT MONSIEl iR MOH FILS,
C05SEILLER 8S SON COSSEIL PBITÉ.
Monsieur de Gonnor, à ce que j'ai veu par
vostre lettre du un0 de ce moys, il n'y a pas
grande apparence que le mareschal de Yicil-
leville et le sr de Villebon ayent grand se-
cours de vous sur ce que je vous avoys escrit
pour l'exécution des entreprises ipi'ilz a voient
en main pour le regard de Tancarville et
Dieppe; et toutesfoys je reoy que malaisément
y pourront-ilz riens faire, s'il/, ne sont aydez
de vostre couslé, tant pour le fait de l'équip-
page que pour payer leurs Françoys et en
faire réduction: à quoy il est plus que néces-
Catuebise de Mldicis. — I.
saire pourveoir, el si vous avez moyen, ou
que vous le puissiez trouver, je vous prye que.
pour chose de telle importance, vous faictes
tout ce que vous pourrez. Il me souvient bien
que je vous [ayjescrisde plusieurs despenses
el provisions d'argent; mais c'esl selon le be-
soing que j'en veoy, dont je vous laisse la
discrétion à faire qui doyt aller devant ou
derrière; mais ce son! choses forcées que vous
congnoissez aussi bien que moy, el je sçaj
comme vous que eu cela ne pouvons nous pas
tout ce que nous vouldrions; néantmoins il
me fault pas demourer en si beau chemyn;
mais au contraire que vous tendiez tous voz
sen pour nous ayder à sortir de l'abysme où
nous sommes. Vous advisant au demouranl
que j'a\ esté' hés aise d'entendre ce que vous
m'avez escrit par le trésorier Brochet de la
diligence que \ous l'aides de faire sortir les
deniers de Monsieur le Légat et donner ordre
à ce qui pourra aussi provenir des cinquante
mille livres du clergé; à quoy il ne failli poinct
perdre de temps, ayant advisé d'envoyer le-
dict Brochet jusques au camp par devers mon
cousin le duc de Guise pour regarder à la ré-
duction des bandes el m'en faire sçavoir *<\\
advis, sur lequel j'en feray arrester l'estat,
qui vous sera après envoyé pour régler nostre
despence. Mais si veoy-je bien qu'il n'y peull
avoir si bon mesnage que nous n'ayons be-
soing que vous fouilliez bien avant en beau-
coup de bourses; vous pryant, pour fin de
ma lettre, faire haster le surplus des lan ;es
tant qu'il sera possible, car nostre armée ap-
prochant de l'aultre en aura bien affaire.
Pryant Dieu, Monsieur de Gonnor, vous don-
ner ce que plus désirez.
De Chartres, le i\ jour de janvier i56a
(i563).
Caterine,.
De l/AlBESPI.NL.
466
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIG1S.
1563. — 9 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n'J sofiog, f 3.
A MONSIEUR DE DAMVILLE,
AMIRAL DE FRANCE.
Mon cousin, je vous envoie par le sénes-
chal d'Agenois ', présent porteur, l'argentier de
mon cousin le prince de Condé auquel vous
le ferez parler et trouverez moyen qu'il l'ace
le veoyaige d'Orléans, suivant ce que je vous
deiz hier. Ledit séneschal d'Agenois s'en re-
tournera ayant mis ledict argentier en voz
mains, lequel vous prendrez en charge de
faire garder et conduyre ainsy que vous venez
qu'il sera besoiug et à propoz. Priant Dieu,
mon cousin, vous donner ce que désirez.
De Chartres, le ixe jour de janvier i56a
(»563).
Veoyez qu'il ne porte point de lettres ny
mémoires où il y ayt suspicion.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — 9 janvier.
Orig. Areh. du Rhône.
A MONSIEUR DE MAUGIRON,
LIEUTENANT DU ROY MONSIBUR MON FILZ
AU GOUVERNEMENT DE DACLPHIUB.
Monsieur de Maugiron, afin que \ous con-
gnoissiez que je ne vous ai pas oublyé, comme
je ne feray jamais ceux desquelz je congnoys
l'affection estre droicte et sincère au service
du Roy mon lilz, j'ay faict qu'il vous a ac-
cordé et donné la charge d'une compaignye
de cinquante hommes d'armes, laquelle je
vous prye regarder à faire dresser et mectre
sus des meilleurs et plus vaillans hommes, et
le plus tost que vous pourrez, pour lui en faire
1 François Raflin, sieur d'Azay-le-Rideau , dit Pollion ;
en 1.569 il était capitaine de Cherbourg.
service aux occasions qui se présentent, at-
tendant les lettres de provision que je unis
en fais dépescher. C'est pour le nombre de
trente lances fournyes, à quoy sont réduictes
toutes les compaignyes de ceste qualité. Pryant
Dieu, Monsieur de Maugiron, vous donner ce
que plus désirez.
De Chartres, le i\' jour de janvier i56a
(t563).
Caterine.
De l'Aubespine.
1563.
■ 9 janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement. D° 84, f" 87/1.
Imprimé. Mémoires de Condé , t. IV, p. 197.
A MESSIEURS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT \ PARIS.
Messieurs, avecq les remèdes desarmes que
nous cerchonsàces troubles, ainsy que chascuu
void, il a néanmoins semblé bien à propos
faire la déclaration ' qui présentement vous
est envoyée, pour essayer de retirer beaucoup
des sujets qui, par crainte, demeurent opi-
niastres, ainsy qu'avons entendu, et y auront
faut plus de fiance après qu'elle aura passé en
vostre compagnie; qui me faict vous prier.
avecq ce que le Roy monsieur mon fils vous en
escrit, procedder à la vérification et publica-
tion d'icelle, le plus tost que faire ce pourra.
Priant Dieu, Messieurs, vous donner ce que
désirez. De Chartres , le neufviesme jour de
janvier mil cinq cens soixante deux ( 1 563).
Caterinb.
De l'Aubespine.
1 Cet édit d'abolition , daté du S janvier, a été imprimé
dans les Mémoires de Coudé, édit. de t7&3, I. IV, p. igfl.
Chantonnay, le i h janvier, écrivait à la duchesse de
Parme : f Je vous envoyé la copie d'un pardon général
brassé par le chancelier. Le peuple de Paris est enragé.»
(Arch. imp. de Vienne.) — Voy. à ce sujet une lettre de
Charles IX. (Bibl. nat. Parlement, n° 8'i . f 87à.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
'i67
1 563. — ç( jain
i opie. Bihl. nat. Parlement, n* 84, r 873.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA CODRT DE PARLEMENT K PARIS
Messieurs, j'a^ entendu que Messire Jean le
Vlaistre '. lils du premier président -. a présenté
en vostre compagnie une lettre d'estal du pré-
sident des Enquestes non scellée, de laquelle
ii se veoll aider pour entrer en l'exercice du-
dict office, mettant en avanl que je le désire
el que la difficulté du sceau esl contre mon
intention. (Je que je vous prie ne croire . car
je ne veulx que ce qui esl raisonnable; qui e-(
l'occasion pourquov ladicte lettre n'a esté scel-
lée, estimant que sansledicl sceau, qui esl la
parfaicle approbation de l'intcnlion du I!o\
mondicl seigneur lils. vous n'avez passé el ne
passerez outre à sa réception, comme aussj iu-
le trouverions nous bon, joint qu'il sçait bien
ce qu'il lu\ a esté dit et promis le pourveoir
d'autre estât. Priant Dieu. Messieurs, vous
avoir en sa garde.
Escrit à Chartres , ce neufviesme joui de
janvier mil cinq cens soixante deux ( 1 5 G 3 ) .
Catfkixf.
Dt l'Adbespine.
1563. — 10 janvier.
Orig. Ribl. nat. njnJs frauçais . u° 3aig. f" 100.
A MONSIEUR DE GONNOR,
IBXYIUEB DE L'ORDRE DU BOT MON9IEIR IION FILS,
COHSB2LJ.BB ES SOS CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor, il est venu à Paris de
1 Jean le Maistre, conseiller an Parlement et roaitrr
des requêtes de Catherine, était le lits aîné de Gilles le
Maistre, premier président au Parlement, el de Mari'
Sapin. Il mourut en novembre i585.
= Gilles le Maistre, nommé premier président au Parle-
ment de Paris par lettres du «5 mai iô;u. mort le
5 décembre 1
l'argent de Caen destiné pour les garnison- de
Picardye el Champaigne; et pour ce que ce
gentilhomme présent porteur, lieutenant du
sieur de Mailly ' à Monstreul, m'est venu re-
monstrer l'extresme pauvreté des soldat/, qui
sonl dedansledicl Monstreul, ausquelsesl deu
sepl ou hoir! moys, et ne les peult-on plus
retenir dedans ladicte place, qui, à ceste oc-
cassion, courroit ung grand danger, je vous
prie donner ordre de leur faire département
desdicts denyers, si vous voyez ipj'ils puissent
avoir de quoy respirer, actendanl. inyeulx, el
(pie le reste de leurs assignations soyentreceues
pour les payer el satisffayre de tout. ainsv
cpi il est bien raisonnable. Pryant Dieu, Mon-
sieur de Gonnor, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Chartres, le x° jour de janvier
i56a (i563).
Caterine.
Uu l'Aubespine.
1563. — 10 janvier.
Orig. Bibl. nal. fonds français, n* 3319, f* 9.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROY MONSIEUR MON PLU .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, je vous av cy-devant
parlé du désir que j'avois que le sieur de Ba-
zerne2 feusl salislaicl de la somme de dix neul
mille tant de livres qui luy sont deubz par le
Roy monsieur mon lilz d'une consignation
qu'il a faict au grell'e delà court de parlement
de Paris de ladicte somme, affin ou de le
taire rembourser ou de luy bailler assignation
de la rante qui court sur son doz, que lu\
1 Gilles de Mailly, marié à Marie de Blanclieforl . ;;ou-
verneur de Montreuil.
■ Philippe de Chastelus, deuxième du nom, s' de Ba
serne, Prégilbert et Saint-Palais, enfant d'honneur du
Roi en i53o, marié en i5Gi à Jeanne de Gontlans.
.'.68
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
■ levons , à grand préjudice; ce que je vous prye,
encores ung coup, et vous le recommande
comme chose juste et raisonnable et que j'au-
roy bien agréable de le veoir satisfaict. Priant
Dieu, Monsieur de Gonnor, vous avoir en sa
sainte et digne garde.
De Chartres, ce xe jour de janvier i 56a
(i563).
Caterine.
{De sa main.) Je vous prie, Monsieur de
(Jounaurt, fayre le plus tôt que pourés set que
je vous mende.
Caterine.
1503. — 10 janvier.
Imprimé daDS les Instructions et actes concernant le concile
de Trente, p. 365.
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lansac, j'ay receu les deux
dépesches que m'avez envoyées des huict et
dix-sept du passé, et ay esté bien aise d'en-
tendre que vous ayez si résolument déclaré au
cardinal de Mantoue que vous n'estes pour
entrer eu aulcun traitté ou composition sur
vostre préceddence , qu'il ait recogneu que vous
estes par delà pour y tenir le mesme rang et
lieu qu'ont faict par le passé les autres ambas-
sadeurs de France, et non pour endeurer
qu'une chose si claire et si longtemps observée
se l'évocque en controverse et difliculté; lou-
lefois que ce ait esté avec ung si honneste
iangaige qu'il n'y ait personne qui s'en puisse
sentir offensé et qui n'ait occasion de vous en
louer; vous advisant que le Roy monsieur mon
lils, suivant ce qui vous en a esté baillé pour
instruction, et ce qui vous en a encore esté
mandé depuis, ne veult, en quelque sorte que
ce soit, rien céder de ce que ses prédécesseurs
lui oui acquis en cella méritoirement l. .l'ai
Voy. dans te n" .'C>- du londs Dupuy, p. aao, la
aussi eu grand plaisir de voir par la pre-
mière de vosdictes lettres, que, es décrets
du sacrement de l'ordre, nos prélats françois
ayent si doctement et religieusement opiné
qu'ils en ayent acquis envers les estrangers
une grande reppulation, et me desplait gran-
dement que la compagnie ne se trouve rem-
plie de son nombre , ce qui ne procède pas
de dispense que j'aye faict accorder à ceulx
qui ont été choisis pour cela , ou de faulle
qu'il y ayt eu de les en avoir sollicités, tant
par lettres que par les saisies que j'ay faict
faire du temporel des défaillais, et vous as-
seure que si je sçavois aultre plus fort re-
medde pour les haster, qui fust honnesle à
exécuter, je ne l'épargnerais eu leur endroict.
Je fais partir avec cette lettre deux dépesches
qui vont, l'une à l'évesque de Rennes, qui esl
nostre ambassadeur auprès de l'Empereur,
l'autre au sieur de Sainct-Suplice, nostre am-
bassadeur en Espaigne, pour faire instance
envers lesdicts deux princes, à ce que, suivant
tant d'asseurances qu'ils nous ont données de
la bonne intention qu'ils ont de rendre le
concile fructueux, ils mandent à leurs mi-
nistres étans audict concile, d'avoir telle cor-
respondance avec mon cousin le cardinal de
Lorraine, et vous aultres ambassadeurs et
ministres du Roy monsieur mon fils, que l'on
\ous voye tous marcher d'un mesme bon pied
et que, par ceste mutuelle intelligence, ceulx
qui ne se veullent joindre au faict de la ref-
formatiou demeurent confus; de quoy, si les
effets desdicls princes correspondent à leurs
paroles, il se doibt espérer quelque chose de
bon; mais je ne vous puis celer que je trouve
bien estrange que les prélats espaignols,
après le Iangaige que nous a tenu l'ambassa-
« Protestation du comte de Lnna, ambassadeur du roj
d'Espagne au concile de Trenle, louchant la préséance.
avec la response des ambassadeurs du Roy.n
! ETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
169
deur d'Espaigne résidant par deçà, couronne
à l'extraie! que je vous a} c\ devant envoyé de
la lciin> dudicl sieur i\r Sainct-Suplice , ayent
dict n'avoir aulcun commandement de leur
prince là-dessus, et qu'il j avoil trois mois
qu'ils n'avoient eu lettres de luy; car il me
semble que la chose n'est de si peu d'impor-
tance qu'elle se soit dru oublier ou négliger.
Si ne faut-il pour cela laisser à faire ce qui
sera de nostre debvoir, et je m'asseure que
Dieu, qui sçait nostre bonne et saincte inten-
tion, nous y assistera et favorisera autant qu'il
en sera de besoing. Je seray bien aise de voir
les articles de refformation que vous aurez
présentés aux pères, et vous prie, par vostre
première dépesche, vous m'en envoyiez une
copie et m'advertirez quelle sera la décision
sur la résidence des évesques, sitosl qu'elle
aura esté déterminée; si les gentilshommes
du duc de Bavière ' font quelque chose en l'af-
faire pour lequel vous me mandez qu'ils son!
allés à Rome2, je fais bien mon compte que je
ne puis faillir d'en avoir des nouvelles, ou de
la part du sieur de l'Isle nostre ambassadeur,
ou de la vostre, et n'ay point encore sceu
par la voye dudict évesque de Rennes que
l'Empereur ait envoyé à Rome pour ce mesme
effect.
Quant à la dépesche que le Pape a faicle
de l'évesque de Viterbe3 pour se tenir auprès
1 George-Jean , premier du nom, mort le alj mars
1693.
2 Lansac répondait le 1 3 janvier suivant à Charles IX.
au sujet des envoyés du duc de Bavière : tfA ce que
je puis entendre, ils demandent une dispense de la com-
munion sous les deux espèces, et s'adressent de rechef
à vostre Saint-Père, nonobstant que dès l'an passé il
lit response audicl duc qu'il s'adressast au concilie,
parce que cest article a esté remis par ledicl concilie à
la disposition de Sa Sainteté. 1 (Bibl. n.it. fonds Dupuy,
nQ 357, f" 189 et igo.)
3 Voy. un I ittre de Lansac à la Reine, du l3 janvier
de mondict cousin, je la loue si elle est pour
l'occasion contenue en vostre lettre, dont je
sera) bien aise de voir les effects, comme
aussj ceulxdela bonne et sincère volonté que
ledicl évesque asseure avoir tousjours eue au
bien du service du li<>\ monsieur mondict fils,
et me porter semblablement. pour après l'avoir
en telle opinion de fidèle et sincère servicteui
de ceste couron ju'il vous a dit vouloir estre
cogneu. Cependant vous l'entretiendrez du
plus honneste langaige qu'il vous sera pos-
sible, afin que, s'il est en quelque volonté et
disposition de rabillerle passé, il ne la change
poinct. Je trouve bon que vous accompaigniez
mon cousin au voyaige qu'il fera à Inspruck
devers l'Empereur monsieur mon bon frère;
mais je désire que ce soit de son gré et con-
sentement, et que sans luy dire que je vous
en aye rien mandé ny escrypt, vous faictes
tant envers luy qu'il l'ait agréable, et luy-
mesme, s'il est possible, vous y convie, affin
de luy monstrer que vous n'avez aultre but
que de vous conformer à toutes -es intentions
mais de vous donner congé au partir de là
pour nous venir trouver, c'est chose que je ne
puis faire, que premièrement les affaires du
concile ne soient tellement acheminéez que l'on
cognoisse que vostre présence n'y sera plus
nécessaire, et que l'on puisse faire une bien
seur jugement de tout ce qui en pourra i éus-
sir; ce que je ne pense pas, aux contradic-
tions qui se présentent ordinairement en
toutes choses qui s'y proposent, pouvoir estre
encore de quelque temps. Je ne feray celle-cy
plus longue que pour prier Dieu , Monsieur de
Lansac, qu'il vous ayl en sa saincte garde.
Escript à Chartres, le \l jour de janvier
1 5Ga (iô63).
Caterine.
suivant, où il lui parle de l'évêque de Viterbe, Sebas-
tianô Gualtieri. 1 Bibl. nat. fonds Dupuy, n° 357, f 190.)
I RES i)r. I \TH1 RINE DE MEDK lï
\ MOSSIE. !! DE '.ONN'iIî.
Wons i ave?
,i! vosti e su i -m
iiu iin\ monsieur mon li ./ . sur quoy
i esté prise la résolu I ion qui .uns vei rez par
lonce de ciiascun article el da i
ce qu'il vous en Hua: les remiers
iiicliai [i cli
illre poui i illers.
dont les provisions vous sonl >, vous
pivanl pour le surplus dudicl mémoire vous
laciez faire la diligence nécessaire el mesme-
pour la parlye du clergé ei avancemenl
iniers nécessaii j er en ÎVorman-
rjye pour ne perdre l'occasion des entreprises
main ceulx qui \ sont. Remectanl
li surplus à voslredicl secrétaire, j ■ vous
fera\ plus longue lettre, pryanl Dieu, Mon-
sieur de Gonnor, \ous donnei ce que désirez.
De Chartres, le \i jour de janvier 1 56a
-'■ i.
i !>r sa main ' . i Monsicui cl ; '•> lunorl , j é
eniendeu tout sel que m'avés inendé par set
pourteur, el vous aurés la résolution que avons
prinse sur tout; au reste, nous soummes en
termes de asemblcr le prinse de Condé, le
d)le. le cardinal son frère2, el Monsieur
h Guise en quelque Iveu, el atandons la
voyr s'il i voldronl léser venir
mestable pour chousir le lyeu. Velà à
nous en sommes, qui me semble bon
omensement. Mandé m'en vostre opin
faytes dépécher vostre frère yncontinenl qu'i
i.,i i|i i; |i ; i i i ■ mu i mé
Wi \dé, I. I\ , p.
' i liai les de Bourl frère de Condé
Paris, afin qui s un nalle à Normendie .
ii •- i perl --i ni va. el que ne lu\ en-
! pour les jean de pié fransoys:
i nssi de san mile a\ scus.
( Iaterine.
— l I juin ei
:
V MESSIE! RS LES GE.NS
Il VAN! I
ieurs, vous verrez les lettres que le
liuv monsieur mon fils vous escrit, pai
quelles ii mus mande qu'il envoyé à ses ad-
vocals el procureur général les lettres de dis-
pence de quatre offices de conseillers clerqs
en la cour de parlement ' qu'il a faicl expé-
dier pour icelles vous présenter, lesquelle
bien voulu accompagner de la présente poiu
- pi ier que . suivant le contenu d i< elles el
pour les causes v conti nues, vous ayez a pro-
céder à vériffier lesdictes lettres de dispence
le plus promptement que faire ce pourra,
toutes difficultez cessans; el outre ce que vous
satisferez à son vouloir et intention vous me
ferez plaisir bien agréable. Priant le Créateur,
Messieurs, qu'il vous ait en sa saincte etdigni
garde: escrit à Chartres, le unziesme jour de
janvier mil cinq cens soixante deux | l 563)
Caterine.
De i -\i BESPi.M
Les quatre conseillers que le 1
n i ii jo janvier suivant étaient \I\I. leai
lent aus requêtes, Ba Ihélemj Faye, Jacques Violi
el Pierre Grassion; tous les quatre avaient été mandés
I i qui désirait avoir leui avis su: l'a il que
l fa .i le prince de Condé
i ume ''ii repos : et, >\::us plusieu
es qu'elle eut avei ux, elle leur déclara quelle m
ferait rien sans l'avis du Parlement, i Bibl. nat. Par-
leroent. n* «i, f
LETTRES DE C kTHERINE b\i MÉÛIC1S.
17]
1563. — 1 1 janvier.
Orig. Bibl nat. Ei is.
\ MONSIEl li DE GONNO
Min de 1,'onnnK do soi HonsiBOi non pus,
CONSEILLEE EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, j'envoye d cousin,
le maréchal de Brissac, vostre frère en Nor-
mandie, suivant la résolution que vous sçavez
en avoir e>it: prinse dès pièca; el pour ce
que liiy ay promits, en le despeschant, de le
faire payer d'un quartier de ses estais et pen-
sions. ci des deux mil cinq cens livres qui luy
son! deubz de reste pour son plal ' de lieute-
nant général à Paris, je vous prye que vous
donnez ordre à l'en faire satisffaire inconti-
nant, el, par mesme moyen, faicles porter en
toute dilligence au maréchal de Vieilleville
\vn'l. suret tant moins de Testât qu'il vous
a dernièrement envoyé, affin que, avec ceste
somme, il regarde de procédera la réduction
des bendes françoyses au tiers , suivant ce qu'il
en a escript, et s'ayde du surplus pour les
lia i z de PartiHerye pour lesipiels il demandoyt
vml., et ce, en attendant que vous luy puis-
sez faire fournir autre meilleure somme,
ainsi que je luy escriptz; el je voyz pryer
Dieu, Monsieur de Gonnor, qu'il vous ayt en
sa saincle garde.
Escript à Chartres, le xie jour de janvier
1062 (1 563).
Caterine.
Bourdin.
1563. — i 2 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3a 19 , f i'i.
A MONSIEUR DE GONNOR.
CHEVALIER DE L'ORDRE DC LOI KOHSIBOB KOJ ll'ï.
CONSEILLER BN SON CONSEIL PRIVA.
Monsieur de Gonnor, le trésorier Brochel -
' Plat, frais de table.
- Voy. à ce sujet, deux lettres deFerey, s1 de Durescu,
estant arrivé icy, et trouvant mou cousin le
(lue de Guyse jà si esloigné avecques son ar-
mée, il a faicl ung ample ménio\re de ce qu il
avoit charge luy dire qu'il a envoyé à se*
commis près de luy ; el , de ma pari , je ln\ a\
escript bien au long, afin qu'il regarde à la
réduction etespargne qu'il pourroit faire poui
L'année où nous entrerons; etaussj qu'il s'ayde
des treille deux mille livres qui sonl à Toin ■
desdiez ' pour les garnisons de Picardye et
Champaigne, lesquelles vous ferez rempiyi
des denyersqui viendront delà ville de Paris:
par aiusv la voicture sera espargnée, el le
hazard des chemyns évité; et ce sera autant
d'avancement pour le payement d s gens:
niaiz il est nécessaire que au plus tosl vous
laciez aussi employer ladicte partye, el tariez
au demourant toute dilligence d'avancer les
autres payemens; qui est tout ce que j'ay à
nous dire pour le présent. Pryanl Dieu, Mou
sieur de Gonnor, vous avoir en sa saincte et
digne garde.
Escript à Chartres, le xn jour de janviei
i56a (i563).
Caterink.
De l'Aubespine.
1563. — 1 2 janvier.
Orig. Bibl. nat. Cinq eenls Coîh ri D03ao,f" 1 ;î —
\ MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, j'ay veu,par les deux
lettres que m'avez dernièrement escriptes des...
et ix du passé comme toutes choses s'estoient
passées à Francfort 2 jusques au jour du des-
logement de l'Empereur mon bon frère auprès
ambassadeur dans tes Pays-Bas, à M. de Gonnor, (tau-
le n" 3a 1 6 du fonds français, I ' •>."> et 28.
1 Débitez, destinés.
- Voy. les détails donnés par de Thou sur ta diète du
Francfort. {But. tmiv. t. IV, p. 354.)
474
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Escripl à Chartres, le xiT jour de janvier
1662 (i563).
Caterine.
(De sa main.) Monsieur de Gonnort, nous
n'avons l'ayst à set matin que liante deus che-
valyer de l'aurdre, pour se qui n'i an n'avest
poynt, et vint capitayue de Jean d'armes; (rové
de 1 arjent pour lé peyer ; et avés vostre creu
de dis1, afin que ne vous corusiés2, si l'ault de
l'arjeant ; et dites après que nous ne feson ryen
ysi. Mandé-moy s'il est vray que les eapitayne
de la ville de Paris souyst aies à la Court fayr
fayre heun ares! à leur mode. Breule'sete letre3.
Caterine.
Robertet.
1 563. — ia janvier.
Oi-ig. AitIi. tles Médicis. dalla filza U*;3o , nuova numerazione.
A MON COUSIN
MONSEIGNEUR LE DUC DE FLORENCE.
Mon cousin , pour ce que j'ay affaire par de-
çà du sieur d'Elbeyue4 pour l'employer en
quelques charges où il me peult servir, je luy
mande présentement par sou filz' qu'il me
vienne incontinent trouver. Et craignant que,
à l'occasion des empeschemens et lascheryes
qui vous sont survenuz puis uaguères, vous
11 ,.\ez eucores eu le moyen de lui parfournir
les lettres de bancque qui luy sont néces-
saires pour le parachèvement de la somme de
cent mille escuz, que vous nous avez promis
et accordé de nous prester, je mande présen-
tement audict d'Elbeyue qu'il aict à instruire
sondict lilz de Testât en quoy est cest affaire,
c{ de ce que reste à y achever, affin que en
1 Creu de dis, impôt du dixième.
1 Corusiés, courrouciez.
3 La partie autographe de cette lettre a été seule im-
primée dans les Mémoires de Condé, t. I\, p. 20:.
1 Albisse d'Rlbene.
estant informé par son père, et demourant
auprès de vous pour cesteffect, il puisse soli-
citer le recouvrement du reste de ladicte
somme, dont, comme vous sçavez, mon cou-
sin , nous av ons bien affaire durant ces troubles.
Je vous prie donques, au plus tost que vostre
commodité le pourra porter, de dépescher les-
dietz del Beyne, père et filz, et de croyre ce
que l'ung et l'aultre vous diront de ma part,
en cest endroicl, comme vous feriez moy-
mesme. Priant Dieu, mon cousin, qu'il vous
ayl en sa saincte et digne garde.
Escript à Chartres, le xnmc jour de janvier
i562 (i5r,3).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Robertet.
] ôii.'j. — 1 3 janvier.
Orig. Bibl. nal. Cinq cenls Colberl , vol. afi, i° i5.
A MONSIEUR DE GONNOR.
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROÏ MONSIEUR MON FILZ .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonuor, le sieur Dauzances
avoyt icy envoyé le sieur de Boisverdun, pré-
sent porteur, remonstrer la grande nécessité en
quoy est la ville de Metz, tant à faulte du
payement des gens de pied que retardement
des deniers des ouvraiges qui demeurent du
tout et, comme personne qui craint ung incon-
vénient, remonstre beaucoup de choses que
nous voyons et considérons bien. D'icy ne
puis-je donner aucun remedde, niaiz je luy
a\ dicl qu'il estoil venu quelque argent de
Caen à Paris pour ladicte place et qu'il se
retiras! devers vous pour sçavoirque c'esloit et
s'en allast avecques cela en attendant myeulx;
ce que je vous prie faire envoyer quant et luy
le plus tost et le plus que faire se pourra; car
j'ay bien retenu ce que le trésorier de l'exlraor-
LETTRES DE CATHERINE DE MKDICIS
dinaire, Brochi l , m'a dicl : les trente mil livres
venuz dernièremenl de Caen sonl pour Pi-
cardye et (Ilianipai^iK1 ri les wmii'" livres que
mou cousin le duc de (luise doibl prendre à
Tours des denyers cy-devanl ordonnez audict
Brochel el que \ous devez faire remplir sur ce
que vous recevrez de la ville de Paris, suyvant
le mémoyre que Prévosl vostre secrétaire a
rapporté, y sont pareillement destinez. Par
,iin>\ desdictes deux sommes pourriez wms
a oyer de quoy aucunement les contenter et
appaiser, chose qui est plus que nécessaire. H
\ a aussi quelques denyers extraordinaires
deubz au sieur Dauzances dont ledict de Bois-
verdùn porte les parties, de quoy il fauldra
que vous le l'aides payer par le trésorier de
l'Espargne , car il a peu de moyen et est,
ainsy qu'il m'escript, tous les jours aux em-
pruntz. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnor,
vous avoir en sa saincte et digne garde.
Escript à Chartres, le un' jour de janvier
i56a (i563).
(De sa main.) Monsieur do Gonnorl , sovegné-
vo us1 de troverle [dus loi que vous pourés lé
san mile escus pour lé reystre, car y son
d'accort pourveu qui aye neufvynt mile escus
qu'i fault yictement trover; et pour se que nous
en volons aler à la fin de set moys au Avre,
l'ayte diligense de nous aproslcr trante canon
et vingt mile boules, et quatre sans milié de
pouldre, afin qui n'y aye faulte que le tout
souit prest au trenlyesme de set présantmoys,
et si ne lé povés trover dans Paris aveques
seuls2 que fa y ré fondre, envoyé partout eu vous
savés qu'il y en ni é, et lé fayte mener audisl
Paris pour lé fayre mener par eau; et si n'y
laysle la cliligense quy est requise pour le byen
et repos entier de set ranime, je panseré que
; Sovegné-vous , souvenez-vous..
2 Seuls, ceux.
u'avés plusd aime de l'y voyr. Monsieur d'Eslré
se recomende à vous, car y se meurt.
Caterine.
I r>6.'î. — i 'i janvier.
Orig. Bibl. nai. fonds françaÎK, m 3-ju), f' 5.
V MONSIEl 1! DE GONNOR,
iliUALIER DS L'OBDBl m ROI UONSIBUB lion FILS.
MIWt.NUI H MIN COÏfSBIL l'IUVt.
Monsieur de Gonnor, le trésorier de l'Es-
pargne Bâillon escril pour ne venir aucuns
deniers de sa charge prestz à tomber en ses
mains devant la fin de février; il n'aura pas
moyen de fournir aux voïages el despenses
forcées qui surviennent louz les jours près du
Boy monsieur mon fils; qui est la cause qui le
garde de venir icy, et, de faict, nous en
sommes souvent eu peyne; qui me laid vous
pryer adviser si, des deniers qui se recoyvent
pour les affaires de la guerre, vous luy pour-
riez faire bailler quelque somme comme par
prest qu'il remplira après, afin qu'il puisse
nous en accomoder et servir icy, où vous scav ez
que l'on ne s'en peult passer. Priant Dieu.
Monsieur de Gonnor, vous donner ce que dési-
rez. De Chartres, le khi" jour de janvier i 56a
(1503).
Catehine.
De l'Albespine,
1563. — i ."j janvier.
Orig. lîibl. nat. Cinq cents Colbi ri . vol. aâ . ! i5 el suiv.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'OBDRB 01' ROI KOlfSIBlllI MuN HL7. .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PIHVK.
Monsieur de Gonnor, avant que recevoir
voslre lettre par le commis du trésorier Favel.
j'avoys escript à mon cousin le duc de Guise
prendre et retenir les quarante mille livres
que le trésorier Brochet avoit à Tours, lesquelz
00.
476
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
estoienl déjà veuuzjusques à Cliasteaudun où
je lu\ av mandé qu'il les envoya quérir cl
présentement sur vostredicte lettre l'ay adverrj
les soixante mille livres qui sont à Nantes et
à Tours provenans des décimes, afin qu'il
donne ordre sur les pappiers que porte ledicl
commis et les faire recouvrer, et que de cela,
avecques les xxwnr livres qu'il a eus du
Mans, il face la réduction des Frariçoys, ayde
;ut\ Suysses, et s'il y a quelque chose de reste
l'ace quelque prest aux Espaignolz pour pour-
veoir à leur grande nécessité, ce qui se rem-
plira de leur argent qui est à Rayonne que
leur payeur ira quérir avecques le moyen de
la seureté que l'on luy donnera. Je i'ay aussi
adverty de la diligence que leur faicles aux
pouldres, et qu'il n'oublye à renvoyer ce capi-
taine Tourtay à son ailellier à Tours, suyvanl
vostre àdvis, le deschargeanl de ses harque-
buziers; vous ad\isanl que j'ay esté très aise
d'entendre l'ordre que vous avez donné pour
Gaen et Cherbourg, aussi pour Metz et Calays
où il y a tant de nécessité que je ne me puys
garder vous pryer les avoir tousjours pour
recommandez, afin que les denyers que l'on
prend de leurs assignations ne faillent à estre
rempliz et satisfaictz, et semhlablement lesditz
i,xm livres desdictes décimes du rembourse-
ment des emprunts de Paris; à quoy je seroys
bien marrye qu'il y eusl faulte, mais je veoy
que vous laissez court le cousté de Normandye,
car les xxxm livres d'une part et les xmm livres
de l'autre, qui y ont esté envoyés, n'est que
pour les reytres et Alternants, de façon que le
maréchal de Vieilleville et Villebon n'auront de
quoy faire marcher les Françoys et demourera
par là leur entreprise; en quoy la longueur a
apporté desja très grand dommage, d'autant
que les Angloys sont entrez dedans Dieppe et
se renforcent tous les jours. Par ainsi vous
adyiserez s'il y aura moyen de leur faire
quelque secours et n'y perdre point du temps;
considéré l'importance de l'affaire, comme
vous jugerez aussi bien que personne. Quant
à la partie de Monsieur le Légat, vous ayant
les lettres patentes esté envoyées, il ne peult
plus avoir de difficulté, s'il ne veult que l'on
croye qu'il n'en veult rien faire du tout; de
quoy il faut faire toute diligence et quant à
la seureté il n'en est point encores venu faulte
avecques le bon ordre que le sieur de Chaulnes
luy en escrivant y pourra donner.
Au demourant, deschargez -nous de ces
Turcz le plus tost que vous pourrez et ayant
commandé àAlluye vous envoyer leur dépesche
pour les faire partir, laquelle je pensoys qu'ils!
eussent desja, ayant escril à mon cousin le
duc de Guise des estametz ' que vous tn'es-
cripvez pour ses soldatz, afin que, s'il en a
affaire, il vous en advertisse; qui est tout, ce
que j'ay à vous dire pour le présent, sinon
que nous allons de jour en jour tousjours en
meilleure espérance de paciffier les choses,
dont bientôt je vous feray sçavoir plus claires
nouvelles ; mais à quelque poinct que nous
tombions, il fault faire de nécessité vertu en
matière d'argent. Priant Dieu , Monsieur de
Gonnor, vous donner ce que désirez.
De Chartres, le xv" jour de janvier i56a
(i563).
{De sa main.) L'on m'a dist que si volons
trover secour d'arjeant de Paris qui fault tout.
aysterminer et ne fayre jeaniès pays, set que
je Irove ynposible et d'eune mauvèse volante;
et j'é veu votre aupinion que je Irove bonne:
mes s'et le tout de le povoyr fayre au conten-
tement d'un chequeun, afin que ne recomen-
sasel heunne aullre fouys sete danse qui nous
coule si cher.
Caterine.
De l'Aubespine.
Eitamei , étoffe de laine.
1 563. : 5 j mvier.
Orip. lïibl. nat. fnnils français, n° .'îaiçi, f iS
\ MONSIEUR DE GONNOR,
i "ORDRE DC BOl UOÏISUOII HOU PIM,
Monsieur de Gonnor, je vou's avois derniè-
rement dit que fissiez faire une vente de bois
jusques ;'t la somme de cinquante mille livres
pour les bastymens du l!<>\ monsieur mon lils,
et, pour ceste occasion , je vous envoyé ce por-
teur, qui est le controlleur desditz basti-
ments, allin que par lu\ nous me mandiez ce
que en aurez faict, car il est à ceste lieure
temps pour payer les ouvriers, et ne laisser
aller tout en décadence, et qu'ilz sachent où
qu'ilz doivent prendre l'argent; qui me
l'aict vous prier, si ne l'avez faict, de le com-
mander et regarder à trouver quelqu'un" qui
advance argent pour les quartiers, affin qu'ilz
puissent continuer ce qu'ilz ont commencé. Je
prie Dieu. Monsieur de Gonnor, vous avoir en
sa saincte garde. De Chartres, <v w jour
de janvier î ôC i ( î 56 3).
Caterine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. '.77
esté contraincl emprunter el s'obliger de tous
coustés; pourveoyez-y doncques, je vous prie,
et nous envoyez incontinent1. Priant Dieu.
Monsieur de Gonnor, vous donner ce que
désirez. Escript à ('liai 1res. |(> wr jour de
janvier 1 56a (î 563).
Vous prendrez pour cesl effet des deniers
de la ville qui se rempliront incontinent après
des premiers deniers des receptes généralles.
Caterine.
De l'Aubespine.
1563. — 16 janvier.
Orig. Bibï. nat. fonds français, n° 3319, f° 20.
\ MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROY MONSIEUR MOU KILZ,
CONSEILLER ES SON CONSEIL PRITK.
Monsieur de Gonnor, si vous ne donnez
moyen au trésorier de l'Espargne de venir icy
autrement que les mains pendantes, nous
serons en grande peine, car les affaires que
nous avons de jour à autre, el qui surviennenl
ordinairement, ne peuvent qu'il n'y ayt ,icy
ung homme qui ayt à toute heure la main à
la bourse pour voyaiges el choses forcées, et
pour lesquelles son commis présent porteur a
1563. — 1 6 janvier.
Orig. Ribl. n.-il. fonda français, n 3sig, f :■ 1 .
A MONSIEI lï DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DC BON MONSIEDR «ON FILZ ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Mons' de Gonnor, Monsieur le chancellier
m'a l'aict veoir la lettre que luy avez escri
du xue de ce moys, suivant laquelle je faietz
une despesche aux advocal el procureur géné-
ral du Roy monsieur mon fils en sa court de
parlement de Paris pour adviser de meclre
une fin au procès d'Alençon2, affin que les
1 Ln | irie d'argenl était si grande tju<
écrivait, le i4 janvier, au duc de Nemours: <tll faut
«pie vous entendiez, Monseigneur, que nous sommes
aujourd'hui si cnurlz el desnuez d'argent qu'il ne se
trouve pas ung denier pour l'armée de Monseigneur de
(luise où, à raison de ce, tout le monde meurt qua
faim.j) (Bilil. nat. fonds français, n" 3icio, P '17.)
Après la moi 1 du dm Hençon, I" duché
l'Alêne 1 le 1 ité du Perche avaienl été réunis à la
onne par arrêl du Parlement de Rouen, rendu
en i5a5; les deux sœu s du dur, la duch a Ven-
dôme el la marquise de Monlferrat, réclamèrent contn
ret arrêt. L'affaire fut plaidé.' en i5aG; le duché
d'Alençon el I" comté du Perche furent adjugés au Roi,
mais cet ' 1 in à toul s les difficultés : les
liérilieis de Francise et d'Anne d'Alençon reprirent le
procès, el demandèrent toutes les terres acquises el
unies au duché d'Alençon el au comté du Perche. Ui-
LETTRES (JE GATH
i . Qe démontent plus en t'incertitude en
laquelle elles ont continué jusques à présent:
m quoy, comme \ous sçavez, le Roy monsieur \
mon fils n'a jamais de proufiel. Je leur mande
iussj qu'il/, facent procéder à la saisie de
: seigneurye de Chasteauneuf et autres terres
comprinses à l'accord qui en avoyt esté faict
avec feu mon frère le roy de Navarre1, et prin-
.•ipallement des ventes de boys, de sorte que
deniers en tombent es mains du receveur
ordinaire, et que nous nous en puissions
ayder et servir en l'urgente nécessité de noz
affaires. Suivant rostre advis, je n'ay point ouy
parler que la court du parlement de Bour-
deaux vueille commander aux finances du Roy
monsieur mon fils, soyt pour le retranche-
ment de leurs gaiges ou pour autres occa-
sions; et s'ilz ont depputé quelqu'un qui vienne
à m'en parler, asseurez-vous que je luy en
respondray avec tel langaige qui luy sera bien
ij ié de connoistre que je n'y auray prins grand
plaisir, et que je ne suys pour leur lascher
chose qui appartienne à l'autliorité du Roy
niondict sieur et fils. J'ay commandé l'expédi-
tion de l'édicl pour la suppression de l'office
de général des finances de Lyon et unyon à
lestât de trésorier, selon ce qui en a esté arresté
par cy-devant, et vous prye, Monsieur de
Gonnor, que suivant ce que je vous ay escript
ce matin, vous pensiez ung peu à ce que nous
devons en Suisse, alïiu de leur donner ceste
année le plus que nous pourrons de contente-
grct plaidait pour eux , Lizet pour Charles IX. Une
transaction intervint le 2 et le 22 février 1 563. 11 est
de mentionner que, par lettres du 20 dé-
cembre 1 5 3 9 , François II avait donné à Catherine de
Médicis, pour la remplir de son douaire, le duché
'Alençon et le comté du Perche. — Voy.Odolant Desnos,
Mém.hUl. sur Alençon, I. 11, p. 255 et 256; Chopin,
Trou livres du domaine de la couronne, édit. d- 161 3,
1. 111, p. 281.
Antoine de Bourbon.
ERINE DE MÉDICIS.
' ment. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnor.
qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Cliartres, le xvic jour de janvier
i56a (1-569).
Vous ferez envoyer cedict édicl à la chambre
i des Comptes pour y eslre leu et enregistré.
Caterine.
BoiIîDIN.
1563. — 17 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n 32 19. f a3
A MONSIEI I! DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU BOï MONSIEUR MON FILZ ,
CONSEILLER E\ SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, attendant que je
vous renvoyé vostre secrétaire, je vous advise
que j'ay esté très aise que vous aiez retiré les
lettres de la déclaration géuéralle que avions
laide pour ramener les desvoyez '. Je vous prie
1 Dans une lettre de Cbantonnay à la ducliesse de
Parme, datée du 26 janvier, nous lisons : cCeulx de
Paris, après le refus du pardon général présenté par le
chancelier, vonloient faire retberche des huguenots rentrés
en ville, et ont présenté requeste à la court do Parle-
ment. Cette rentrée des personnes suspectes donnant
occasion au peuple de s'émouvoir ou de les assommer, la
couil en a délibéré et y eut opinion de part et d'autre,
car le président de Thou, qui de la main de la Reine a
esté faicl premier président au lieu du président Lemaitre .
qui mourut il v a deux mois, n'est pas si véhément ni
résolu au faicl de la religion comme son prédécesseur, et
pour lors se trouvoit en ceste ville le jadis évesque du
Puy°, chancelier de la Reyne, frère de mademoiselle du
Coguier veuve du médecin Burgensis, laquelle a tout le
crédil vers la Reyne et sollicitoit de maison en maison
que ceulï de Paris n'obtinssent les fins de leur requeste.
Cependant fut apportée une lectre du Roy très chrétien
seul et sans secrétaire, par laquelle il comminoit ceulx
du Parlement et commandoit que l'on n' accordas! pas le
contenu en la requeste. Cecy s'entretint quelques jours
1 oui la diversité des opinions, carie Parlement, plusieurs
estans rentrés, n'est pas aussi net comme du comrneii-
1 Martin de Beaure.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
','/■
la garder jusqu à ce que ayez sur ce autres nou-
velles de in<>\ ; espérant que \ostre-Seigneur
nous donnera nioien en une année ou autre
de veoir le repoz que je cherche en ce royaume
pour le bien d'icelluv el service du Roy mon-
sieur mon lilz. Priant Dieu, Monsieur de
Gonnord, vous donner ce que désirez.
Escript à Chartres, le xvn° jour de janvier
i563.
Caterine.
De l'Ai bespini .
1563. — i 7 janvier.
,Orïg. lîibl. nat. Fonds français, n" ">2i<), f° ait.
\ MONSIEUR DE GO.YAOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROÏ MOSSILLR MOS F1LZ ,
COXSEILLER ES SOS CONSEIL PMVB.
Monsieur de Gonnor, j'ay envoyé meetre
des gens dedans la Ferlé- au- Vidame, qui
tiennent à présent ce lieu pour le Roy mon-
sieur mon fils, dont j'advertiz son procureur
général, allin qu'il lace commander aux com-
missaires qui ont esté commis au régime el
gouvernement île hulicle terre, d'y taire leur
devoir; et, par mesme moyen, donne ordre
que les deniers des ventes de bois qui se sont
l'aides èsdictes terfes.se recouvrent par les
receveurs ordinaires du Roy mondict sieur el
lilz, pour s'en aydçr eu ses affaires. Si vous
pouvez sçavoir qui sont les marchans achep-
teurs desdicts bois, et les faire venir par devers
vous pour sçavoir quelz deniers ilz en doivent,
et adviser quel moyen il y auroit de les retirer
d'eulx, ce seroil bien laid. Nous y penserez
ei ferez pour le service du Roy mondict sei-
cement. Aussi leui fit-on un pasquin qui dit : «Vos estis
rraundi, seil non omnes.i Nonobstant toutes pratiques, la
Conrt a prononcé un arrest confomie à la demande Je
ceulx de Paris.- (Arcli. imp. de Vienne, et Mémoires de
Condé, éàil. ie i543, 1. 111, p. ia5i)
gneur et lilz selon ce que je sçay que unis \
a\ez d'affection. Priant Dieu. Monsi de
Gonnor, qu'il vous ayl en sa saincte gaule.
Escript à Chartres, le xvii" jour de janvier i 56a
(i563).
(1 V Il .l'.IM
Bot rdin.
I 563. — i 8 janvier.
Orig. BQ>I. imp. de Saint-Pé'tfirsbourg , vol. 86, i -,
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lansac , j'envoye à mon cousin
Monsieur le cardinal de Lorraine le double
d'une lettre que le Roy monsieur mou lilz
escript aux Pères qui sont assemblés à Trente
pour se conjoir avec eulx de la victoire qu'il a
pieu à Dieu luy donner contre ses ennemis el
les prier et requérir que, tout ainsy qu il
employé tout ce que Dieu luy a mis de moyens
en mains pour la manutention et conservation
de uoslre religion chrestienne et tant de grands
personnaiges oui libéralement sacrifié leurs
vies en ceste bataille et les aultres la hasardent
tous les jour- pour ceste mesme occasion, ils
veullent, de leur pari, en faisant œuvre digne
d'eulx el de leur piété nous aider par une très
saincte et sérieuse réforma lion non seulement
à la pacification de nos troubles, mais aussy
à la générale union el concorde de toute la
chrestienté en une mesme religion, el pour
ce que je remects ladide lettre au jugement
de mon cousin pour veoir si elle sera à propos
el pour en faire faire el différer la présenta-
tion, ainsy qu'il advisera pour le mieulx, vous
en userez selon son advïs el conseil el, si
d'advanlure mon pacquet vous trôuvoil jà
part) avec lu\ pour l'accompaigner en son
voyage dTnspruck, vous enverriez ladicte lettre
à vos collègues qui seront demeurés à Trente.
si tant est que vous jugiez par ensemble qu'elle
480
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
se doibve présenter en voslre absence Il n'est
riens survenen depuis nia dernière dépesche,
qui a esté du xpde ce mois, digne de vous; car
mon cousin le duc de Guise est demeuré à
Beaugency pour l'incommodité du temps et
des pluies qui sont par deçà si continuelles
qu'il n'est possible de plus ; et les ennemis qui
sont encores bien loris de cavalerie se sont
retirez du costé de la Sologne et en Berrj
ayant prins Montrichard, Selles et quelques
aultres petites viilettes qu'ilz ont depuis aban-
données, ainsy qu'ils ont marché plus avant.
Je suis après (voyant que les choses sont en-
cores pour tirer en longueur, et que cepen-
dant les Anglovs s'establissent et fortifient de-
dans le Havre et Dieppe et que au contraire
ce royaulme diminue tous les jours de gens
et d'argent) à l'aire accorder les moyens et
seuretés nécessaires pour faire une assemblée
en communication entre ses seigneurs et
essayer, si par quelque gracieux traicté l'on
pourra conduire les choses à une paix et pacif-
ication, ayant résolu d'y employer mon cousin
le duc de Guise et mou cousin le conestable
pour les principaulx députés de nostre parti;
s'il en réussit quelque fiuict vous en serez des
premiers adverly, et cependant pour n'avoir
de quoy vous faire la présente plus longue , je
la finiray en priant Dieu, Monsieur de Lans-
sac, vous avoir en sa saincle et digne garde.
Escript à Chartres, le xvine jour de jan-
vier i 563.
Caterine.
1563. — 18 janvier.
Orig. ïiibl. nat. fonds français , ii°32jq-
A MONSIEUR DE GO.MVOR,
CHKÏ4LIER l>t L'ORDRE DU BOT MONSIEUR MON FILZ .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, le sr de Bellefour-
rière1 m'est venu trouver pour, entre autres
choses, nie faire entendre le besoins qu'il v a à
Corbyed'y faire réparer une biesche du costé
de l'abbaye qu'il a esté contrainct, par faillie
d'argent, de faire fermer de palyz, pour la-
quelle réparation il demande seullement mil
livres, lesquelz pour la conséquence et impor-
tance de la place je vous prye trouver moyen
de luy faire fournir. II demande aussi le paie-
ment de son estât de gentilhomme de la
chambre de l'année passée, dont il dict ne
pomoir riens recouvrer du trésorier Morin, (■;
pour ce je désireroys bien que vous feissiez
venir ledicl trésorier pardevers vous pour en
scavoir l'occasion et que vous luy ordonnissiez
qu'il eust à le jiayer de sondict estât qui ne
monte que xic 1., lesquelz, s'il n'a encores entiè-
rement receu l'argenl de ses assignations, il
reprendra sur ce qu'il en recevera cy après; car
estant ledict sr de Bellefourrière ordinaire en
sa place, il est bien raisonnable qu'il soyt
favorisé en cela et que l'on ne le contraigne
poinct de consommer la meilleure partie de sa
somme à en envoyer poursuivre et solliciter
le paiement. Priant Dieu , Monsieur de Gonnor,
qu'il vous ayl en sa saincte garde. Escript à
Chartres, ce w m* joui de janvier 1 562 (i 3 6 3 J .
Caterine.
BoiKDlN.
1503. — 18 janvier.
Orig. BLbl. nat. fonds Colbert, n° 390. f i63.
A MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Bennes, je receus hier voslre
lettre du v de ce moys. cl seray bien ayse de
veoir et d'entendre par voslre première dé-
pesche, comme le roi des Romains, mon bon
frère, aura eu agréable la congratulation que
' Cliarles de Bellefourrière, promu au gouvernement
de Corbie par lettres du '1 juin 1 556, mort en avril 1 ■"> G ^
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
â 81
trous luy a\i7. faicte do la part du Roy mon-
sieur mon fils el de la mienne, et ce qui sera
passé entre luy et vous pendant que vous
aurez séjourné auprès de luy. el mesme s'il
sera nécessaire de dëpescher homme exprès
pour lui aller faire une nouvelle congratulation,
m'estant advis que je ne medoys point haster,
\i'u l'office que vous en avez desjà la ici, que
l'on ne voye premièrement comme en useront
les aultres princes de la chrestienté, pour nous
y conformer. Je vous ay donné bien ample
advis du succès de la bataille par la dépesche
qui vous en a esté envoyée le \xm du passé.
Je suys après, voyant que les choses sont en-
cores pour aller à la longue, à essayer par tous
les moyens qui me seront possibles de les con-
duire à une paix et pacification ' et espère
d'assembler et aboucher dedans quelques jours
tous ces seigneurs ensemble, ayant estimé que
la faute qu'il y a eu de se bien entendre les
ungs les aultres a pu causer tout ce qui s'y
est trouvé de deffiance el de dureté jusques à
présent. S'il en succède quelque fruict, je vous
en feray adverlir incontinent.
Au demeurant, j'ay bien considéré ce que
me mandez touschant le propos dont je vous
avoys dernièrement escript, et vous advise que
ce qui me fit faire au cappitaine ReilTemberg,
nepveu du collonel Reiffemberg, la response
telle que vous l'aurez entendeue par ma lettre,
fut la mesme considération que vous me lous-
chez par la voslre, jugeant bien que celluy
de la part duquel il en parloyl n'estoit pas
1 Chantonnay écrivait à la duchesse île Parme, le
il janvier : ^La négociation de la paix est très douteuse.
On croit qu'il n'est pas au pouvoir du prince de Condé de
remettre toutes les places au, Roy; il a demandé à aller
à Orléans sur sa foi. Le négociateur qui va et vient est le
jadis évéquede Troyes, premièrement moyne et abbé de
Sainte ictor, et va à cesle lieure avec la cape et l'épée el se
fait nommer prince de Melfi.» (Arch. imp. de Vienne,
et- Mémoire* th' Condé; édit. de 1 7 43 , t. II, p. 121.)
Catherine dl Médius. — 1.
subject propre pour le maniement el conduite
d'une affaire si importante. Je trouve vostre
advis bon, qui est que vous en parliez audict
roy des Romains mou bon frère, comme de
vous tnesmes, pour sçavoir si ce propos sera
procédé de son sceu et volonté ou du mouve-
ment de l'archevesque (de Trêves). El si mon
cousin le cardinal de Lorraine est arrivé au-
près de luy à la réception de ce pacquet el
avant que vous luy en ayez parlé, il se pourra
servir de ceste occasion pour entrer en l'ou-
verture de ce que je luy en ay escript derniè-
rement. Et quant tout est dit, sçachant quelle
est mon intention là dessus, il sçaura bien
choisir les moyens les plus propres et les plus
dexlres, sans luy en rien prescrire cl'icy. Priant
Dieu, Monsieur de Rennes, qu'il vous ayt en
sa saincte garde.
Escript à Chartres, le xvm' jour de janvier
i563.
Caterine.
Boi'RDIN.
1563. — ig janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n° 86 , P 9&5 r°.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, je renvoyé à Paris les porteurs
de la présente, vos confrères, et vous prie que
les croyez de ce qu'ils vous diront de ma part
suivant la charge que je leur ay donnée tout
ainsy que vous feriez moy-mesmes, qui prie
Dieu, Messieurs, vous avoir en sa très saincte
et digne garde1. Escrit à Chartres, le dix
1 Avant de les congédier, la reine leur fit part de tout
ce qui s'était passé au sujet de l'accord qu'elle espérait et
pour lequel elle les avait fait venir. Le prince de Condé
.iv.nl d'abord insisté pour sa mise en liberté; ce qu'elle
avait refusé à tous les princes du sang. En outre, elle les
tes
LETTRES DE CATHERINE DE MED1C1S.
neul'viesme jour de janvier mil cinq cens
soixante deux (t 563).
Caterine.
De i/Aubespine.
1563. — ig janvier.
Orig. Bibl . nat. Cinq cents Colberl, vol. ai, fJ' 18 el suiv.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEY&LIEU DE L'OBDnE DU ROT MONSIEUB MON FILZ .
ET CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, par une petite lettre
que je vous escriws hier malin, vous aurez sceu
(pue vous m'aurez faict grand plaisir de retirer
les lettres du dernier pardon , puysque la publi-
cation est en telle dispute, actendant ce que le
temps apportera de meilleur là dessus. Au de-
mourant nous avons veu au conseil l'édict pour
les cent mille livres de rente du clergé, qui a
esté ung peu rabillé et résolu ainsi que vostre
homme Prévost le vous porte et les lettres de
Monseigneur le Légat; par ainsi, si vous payez
aussi bien en argent que nous vous faisons en
pappier nous n'aurons pas faulte de ce qui nous
travaille le plus, encores que, du cousté du
clergé, je ne puisse croyre que ce soit chose bien
preste, puisqu'il faultque commissaires aillent
sur les lieux , et que l'on ayt la déclaration de la
valeur des bénéfices, où nous avons expéri-
menté combien il y a de longueur. Si esse que
on ne laissera d'en dresser les lettres pour estre
envoyées, si on trouve qu'il soit bon, et quant
aux commissaires pour faire la vente, il sera
bien faict que vous en dressiez ung roole par-
delà de ceulx que vous jugerez plus propres à
chargea de dire, en son nom, à leurs collègues du Parle-
ment qu'elle ne souffrirait pas deux religions, et qu'elle
ne consentirait pas à la délivrance du prince à moins que
les villes occupées par ses sujets rebelles ne fussent ren-
dues et les Allemands mis hors de France. (Bihl. nat.
Parlement, n" 8A, P oà8.)
cela que vous envoyerez icy, afin que sur iceluv
il y soit pris une résolution. Quant à ce que
vous m'escrivez des cent mille escuz que Mon-
sieur de Savoye a baillez aux bandes qui
estoient aux places du Piedmont, il estbesoing
de les faire rembourser, et le plus tost que vous
y pourrez pourveoir sera le meilleur, et aussi
de faire fournir à mon cousin le maréchal de
Brissac , vostre frère , l'argent de ses esta tz , afin
qu'il ne retarde plus son parlement tant néces-
saire, comme vous sçavez. Il n'y a personne icv
qui sache que c'est de ces amendes du parle-
ment de Thoulouse et Bordeaulx, toutesfois il
a esté commandé au sieur de Voisinlieu faire
escrire aux trésoriers des charges s'en enquérir
et en envoyer les estatz sur lesquelz il se faul-
dra régler pour les recouvrer. Depuis l'arrivée
de vostredict secrétaire j'ay receu deux autres
leltres do vous, l'une pour les lances où vous
dictes que le porteur en amenoyt cinq cens
ferrées et garnyes de cuyr, et il n'en a amené
que troys cens qui ne sont seullement que
esbauchées, et ay esté contraincte faire prendre
tous les ouvriers pour les faire achever à la
haste. Sachez, je vous prie, d'où en vient la
faillie, et hastez le demourant et veoyez-y de
si près que l'on ne vous y trompe plus; car
ceulx du camp n'ont de rien plus de nécessité à
ce quilz escrivent; l'aultre lettre est du xvic,
faisant mention de la diligence que vous faictes
faire pour les canons el les pouldres; à quoy
je vous prye ne perdre poinct de temps de
vostre cousté, et de cesluy-cy je feray pour
lesdictes pouldres escrire aux commissaires
des salpestres; et pour le regard des villes il
fauldroilquelecontrerolleur del'arlylleryequi
est là, ou son commis, advisast à la forme qui
s'y est cy-devant tenue et les depparlemens qui
s'en sont faictz, et sur cela on dressast les
dépesches, lesquelles envoyées icy seront in-
continent expédiées, autrement on y besongne-
LETTRES DE CATHERINE D-E MÉDIGIS.
/i8;i
mit à clos yi'tilx. l'otir lin de ma lettre je suis
toujours à désirée que vous ayez une bonne
somme pour ces imites, car, en une sorte ou
autre, paix ou non. cela sera plus mie néces-
saire, et me ferez service d'\ penser à bon
essieut. Je sçay bien que vous avez déjà succé
beaucoup de bources,si esse qu'il fault sortir
de ceste boue à quelque prix que ce soit. Il y
a une aultre despence à l'aire qui n'est pas trop
lourde, j'ai mandé au capitaine du boys de
Vincennes qu'il l'ace planter deux ou troys
mille ormes en l'allée où je me pourmenoys
au boys de \incennes. Ils cousteront deux ou
troys sols la pièce; faictes luy bailler argent
pour subvenir à cela et aux fraiz du plant qui
s'en fera et continuez à me faire sçavoir de
vos nouvelles, remectaiit le surplus sur votre-
diel secrétaire et pryanl Dieu vous donner,
Monsieur de Gonnor, ce que plus désirez.
De Cbartres, le xixc jour de janvier i562
(i563).
(De sa main.) Monsieur de Gonnort, y nous
fault trante mile ayscus dan quatre jour
pour envoyer en nAlemagne pour fayre baller1
pour latente d'eune levée de quatre mile
pistolier et quatre mile lansequenès; car nous
avons enlendeu que la royne d Angleterre en
fayst aultent et seulx d'Orléans ausi, et vous
savés ce que m'en navés tousjour dist que, en
lésant ynsin, aun2. leur ronpera lé leur et y
ne fault y perdre temps; au reste l'amiral et
ces reistres aunt pasé l'eau à Gergo3; si nous
vient asiéger, vené nous securir.
Caterine.
Le dix septième du moys on n'avoit en Nor-
mandie aucunes nouvelles des pouldres ni de
I argent, dont je m'esbahis.
De l'Albespi\e.
1 Baller, bailler.
- Aun, on.
1 Gergo, Jargeau.
1563. — i 9 janvier.
Orip. Bibl. liai, fonds français, nJ 3 2 1 ij , f' nG.
A MONSIKUR DE GONNOR,
CUEVALIKll DE L'ORDRE OU ROÏ MONSI1 IF MON' FILÏ .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor, pour ce qu'il esl
raisonnable que ceulx qui ont mis en avant
la subvention et ayde des deuyors que nous
avons des quatre conseillers ausquels le Ro\
monsieur mon fils accorde la dispense, en
recoyvent la commodité, en fournissant les
denyers, et que vous sçavez que le fils du feu
garde des sceaulx Montliolon \, nepveu du pré-
sident Seguier2, et le filz du feu procureur
général Leclerc, beau-frère du prévost de
I llostel, en ont faict les premyères poursuytes
et offres, je vous prie, à ceste cause, que,
fournissant pareulx les denyers à quoy les deux
offices de Sapin et Verjus3 ont esté arres tés,
les en faire despesclier et non autres, ausquels
ils doibvent estre préférés pour ceste cause et
les fraiz et travaulx qu'ils ont employez à la
poursuyfe, et la considération aussi des ser-
vices de leurs pères. Pryant Dieu, Monsieur
de Gonnor, vous avoir en sa saincle garde.
Escript à Chartres, le xi\e jour de janvier
i563.
Gaterine.
De l'Aubespine.
1 François de Mon thoton , né à Aulun vers îigo, mort
ie isjuin i563. Nommé avocat général en i53-! , il d'
viril successivement président à mortier en i534 et gardé
des sceaux en i5i3. Son fils François, dont parle Cathe-
rine, fut à son tour garde des sceaux depuis i .">SH jusqu'à
l'avènement de Henri IV, et mourut à Tours le i :i avril
i5qo.
- Pierre Seguier, président à mortier au Parlement de
Paris, né à Paris en i5o'i , morl le 35 octobre t'SSo.
8 Jacques le Verjus, reçu conseiller le a<5 avril i.Vifi,
morl en 1 566.
61
484
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIG1S.
156 i. — «o janvier.
Copie. Record office, State papcrs, France, vol. XXIX.
A MON COUSIN
LE MARÉCHAL DE MONTMORENCY,
LIBUTENANT GENEBAL DU BOT MONSIEUR MON FILZ
EN L'ISLE DE FRANCE.
Mon cousin, pour ce que je me délibère
partir dans ung jour ou deux, pour aller à
Paris1, j'ay advisé de avertir l'ambassadeur
d'Angleterre pourgaigner les devants; et d'aul-
tant que je désire qu'il soyt bien logé et ac-
commodé et qu'estant là il ne lui soyt faict ni
à ses gens aulcun oultraige par ce populasse,
je vous prie y pourveoir de façon qu'il ayt
occasion de s'en contenter, vous asseurant,
mon cousin, que ce sera chose que le Roy
monsieur mon filz et moy aurons bien fort
agréable. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir
en sa saincte et digne garde.
De Chartres, ce xx° jour de janvier i56a
(t563).
Vostre bonne cousine ,
Catebine.
1563. — ao janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 3319. f° 37.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CUEVALIEB DE L'ORDRE DU BOT MONSIEUR MON FILZ ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor, ayant este réduict en
l'obéissance du Roy monsieur mon filz le chas-
teau de Tancarville, il a esté advisé mectre
1 Chanlonnay écrivait à la duchesse de Parme, le
jy janvier : fLa Reyne est à Chartres; d'heure à heure
on annonce son retour à Saint-Germain, combien que
Ton parle aussi de Blois. Je n'y voy pas grande raison,
estons les affaires de Normandie brouillées comme elles
sont.n (Arch. imp. de Vienne, et Mémoires de Condé,
ëdit. de 17Î13, t. II, p. 12-3.)
dedans le sieur de Mauvissière, présent por-
teur, pour en avoir la garde, estant personne
qui a beaucoup servy à la réduction de ladicte
place et qui n'est pas sans intelligence et moyen
pardelà; et pour la seureté d'icelle place
ordonne une enseigne à mectre dedans; qui
ne peultestre sans qu'ils ayent de quoy vivre;
qui me faict vous pryer donner ordre qu'il
puisse avoir le payement de ladicte compai-
gnye d'un moys seullement, avecques lequel
il les meclra dedans et les contiendra avecques
plus grande comodité; autrement il ne sera
possible les y faire entrer, et ceste place là
demourroit en aussi grand danger qu'elle a
esté par le passé. Il est deu audict sieur de
Mauvissière son voiage d'estre venu icy et
s'en retourner en poste et quelque autre dont
il n'a poinct esté payé. Je vous prye le faire
satisfaire et ne luy poinct faire perdre le
temps là. Priant Dieu, Monsieur de Gonnor,
vous donner ce que désirez.
De Chartres, le xxc jour de janvier i562
(i563).
Catebine.
De l'Aubespine.
1563.
33 janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n° 83, f1 3g r".
Imprimé dans les Mémoires de Condé.
A MESSIEURS LES GENS
tenans la court de parlement a pabis.
Messieurs, aflîn que ne soyez en peine de
nostre si soubdain parlement de ce lieu pour
le voyage que le Roy monsieur mon fils s'en
va faire à Bloys pour approcher et favoriser son
armée, il a bien voulu et moy aussy vous en
donner advis avecq asseurance que, quand
verriez les effectz qui, avecq la grâce de Dieu,
sortiront des occasions qui luy meuvent, vous
en aurez assez de contentement; et cependant
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
485
je vous prie croire que loing et prez nous au-
rons le soin de la protection et delTense de
vostre ville, telle que de la plus chère chose
qui soit en ce royaume. Priant Dieu, Mes-
sieurs, vous avoir en sa garde. Escript à
Chartres, le vingt deuxiesme jour de janvier
mil cinq cens soixante deux (i563).
Caterine.
De l'Adbespinb.
1563. — 23 janvier.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n" 84 , P 88i.
A MESSIEURS LES GENS
TEXANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, outre ce que vous aurez entendu
de nostre parlement par ce que vous en aura
dit mon cousin le sieur de Montmorency, j'ay
donné charge au sieur de Mendozze, chevalier
de l'ordre et premier maistre d'hoslel du Roy
monsieur mon fils, vous le dire particulière-
ment de ma part, dont je vous prie le croire
tout ainsy que vous feriez moy-mesme '. Priant
Dieu, Messieurs, vous donner ce que désirez.
De Chartres, ce vingt deuxiesme jour de jan-
vier mil cinq cens soixante deux ( t 5G3 ).
Caterine.
De l'Aubespine.
1563. ' — 33 janvier.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert. vol. ai, f° 20.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORPBE OU ROT MONSIEUR SION FILS .
CONSEILLEE EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, le sieur de Granl-
1 5 Le sieur do Mendosse exposa au Parlement que le
voyage du Roy avoit été fait pour bonnes causes; que, si
les querelles ne pouvoient se pacifier par amitié, elles
le seraient par les armes; et que si les ennemis venoient
du cousté de Paris, l'armée du Roy les suivrait de près ,
ville vous dira l'occasion de mon parlement de
ce lieu; qui ne sera, comme j'espère, que pour
le bien de ce royaume el nullité du service du
Roy monsieur mon lilz; vous priant faire toute
dilligence d'avancer en ce «pie \ous pourrez le
recouvrement des deniers, que voussçavez nous
estre tanl nécessaires, et le croyre au demou-
rant de ce qu'il vous dira de ma pari , tout ainsi
que vous feriez moy-mesmes. De Chartres, le
xxn0 janvier 1Ô62 (i563).
" (De sa main.) Je m'aseure que sciés heuu
peu en colère; mes quant en tendres que l'ou-
casion pour quoy Monsieur de Guise et lotis
ses signeurs aunt1 aysté d'avis aveque moy
que le Roy mon fils s'aproche de son armav
pour la favoriser el ayséyer d'achever set que
samble prendre quelque bon comensemenl, je
m'aseure que, en lyeu de vous coreusé2, que
vous le fayré trover bon à tous seulx qui n'an
naret poynt d'envie et aseurés vous que, sel
yl y avest danger pour la vile de Paris, que je
ne fauldré de leur ramener le Roy mon fils et,
vous prie, fayte-nous trover de l'arjeant pour
envoyer en nAlemangne pour fayre la levée
que vous-mesme me (listes avent partir.
Caterine.
1563. — 9Ô janvier.
Orig. Record office, State jwpers, France, voi. XXIX.
A TRÈS HAUTE ET TRÈS EXCELLENTE PRINCESSE
NOSTRE TRÈS CHERE ET TRES AMBE SEDR ET COUSINE
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très haute et très excellente princesse, nostre
très chère et très amée seur el cousine, ce nous
el qu'enfin M' de Cipierre avoit charge de prier la ouïr il'
Parlement de maintenir les choses en tranquillité. 1 (Bibl,
nat. Parlement, n" S8, f 883.)
1 Aunt, ont.
2 De vous coreuté, de vous courroucer.
486
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
a esté nouvelle assez extraordinaire d'entendre
(jue le prévost de Paris , l'ung de noz hostages l
' Antoine Duprat s' de Nanlouillet, prévôt de Paris
(19 février 1 553) à la place de son père, l'un des otages
envoyés en Angleterre pour l'exécution du traité de Ca-
leau-Cambrésis. 11 était accusé d'avoir promis cent cou-
ronnes à un Italien, nommé Claude Andréa, et de lui
avoir donné un pistolet pour tuer un certain capitaine
Mazini, et, sur cette accusation, il avait été enfermé à la
Tour où il avait été interrogé le 1 h janvier. — Yoy. à ce
sujet les instrurtions de la reine Elisabeth à l'ambassadeur
Smith dans le Calendar of State papers (1 563 ), p. 73.
La lettre suivante et sans signature adressée au prévôt
de Paris , donne quelques détails sur cette étrange affaire :
-Monseigneur, j'ay receu vos lettres, et pour responce
j'ay dit au capitaine Diaize ce que me commandez par
icelles. qui s'asseure que n'avez telle opinion de luy,
comme il espère vous la faire cognoistre dans demain
qu'il ira disner avec vous.
••L'ambassadeur (Paul de Foix) eust audience, il y a
huit jours, à laquelle la Royne luydist que, quanton es-
loit venu vous interroguer, que vous aviez respondu fort
haultement: tt Quant on veoyoitle papier, on n'avoit point
rde pœur; mais quant on veoyaoit l'espée, que la poeur
rcommençoit à venir. n Et ne croit Sa Majesté , ainsi qu'elle
dict pour faite le cas plus criminel, que vous ayez jamais
pensé à faire ung tel acte; mais que ce pourroit avoir
esté Donville pour l'amour de vous. Le Gascon et vostie
petit barbier furent pris cinq ou six jours après vous,
à la porte du Maire. Donville est à la Tour, malade; je
croy qu'il se portera bien. Nous attendons N... d'icy à
demain ou jeudy au plus tard, lequel arrivé, je vous fe-
ray entendre toutes nouvelles. Et estadvis M. L. que vous
confessiez la vérité du faict, qui vous sera le meilleur;
car ilz pensent remettre cela sur la relligion, qui a esté
la cause de la rigueur que on vous a tenue. J'ay sceu
par quelqu'ung de voz serviteurs et de mes amys, que
Masinea dict, qu'il ne pense que ce aUesté faict pourvous
ressentir du passé, attendu l'accord qu'il dict que avez
fait ensemble. André a faict telle variation en sa deppo-
sition, qu'il feil le jourqu'il entra céans au soir, après avoir
faict son coup. Et nonobstant cella, il a tant eu ta gesne
qu'il est demy rompu, et traicté comme il le mérite. Tous
messieurs les hostaiges" se recommandent bien fort à vos
bonnes grâces, comme faict Monseigneur vostie frère et
Mons'd'Essay qui vous pryent ne vous ennuyer. La fin ne
sera telle que le commencement. Et croy qu'ilz voul-
' MM. il.. Moy. rie Palaiseau , de la Ferlé.
près de vous, ayt esté ainsi durement traité
et emprisonné et ung sien gentilhomme aussi,
droyent que, se feust à recommencer, ilz ne feroyent
ce qu'ilz ont faict. Je ne vous dyray que, quant Messieurs
les hostaiges ont parlé à Monsieur le chambellan
pour vostre traictement, qu'il en feit aussi peu de cas
que riens, et leur dict qu'il n'eust jamais estimé cela, et
que depuis vingt ans qu'il est du Conseil ung tel affaire
ne c'esloit présentée; voullant faire le cas plus grand qu'il
n'est. Je croy et espère qu'à la fin cette chaulde pour-
suite se refroidira, et tournera, avec l'examination qu'ili
prétendent faire, à néant. Hz ont cogneu que la vérité
du faict et le personage à qui ils avoyent à faire n'estoit
sans ressources. J'ay receu vostre linge et vous envoyé
une bouteille de vostre vin, vos chausses, mouchoirs et
chemises. Vous n'avez pas ven le papier de votre boitte
dedragés.Ti [Record office , France, vol. XXXI.) Pour ne
rien laisser de côté, voici d'abord la réponse faite par
Elisabeth à Catherine, le 7 février suivant: trTrès haute
et excellente princesse, par vos lettres du xxv" de ce mois
de janvier passé présentées à nous par le sieur de Foix,
l'ambassadeur icy résident près de nous pour nostre bon
frère le Roy vostre filz, nous avons entendu comme
l'emprisonnement da prévost de Paris vous semble nou-
velle assez extraordinaire et en estes grandement es-
bahie, avecques ceste opinion que nous, ayant bien
pensé, nous vouldrions condescendre à telles remons-
trances que te sr de Foix, ambassadeur de mon bon
frère le Roy vostre fils, sur ce nous feroit. Après avoir
leu vostre lestre et entendu ce qu'il nous a requis:
à sçavoir que ledict prévost fut envoyé en France ou
baillé entre ses mains, nous trouvons le contenu de vos
lettres bien estrenge, et aussi les requestes telles que ne
les pouvons pas accorder en la manière qu'elles sont
faictes et fondées. En quov nous avons déclaré nostre in-
tention au s' de Foix et quant à ce que vous trouvez
l'emprisonnement du prévost de Paris pour chose ex-
traordinaire, en quelconque teneur vos lettres eussent
esté conçues en faveur de luy, certes nous eussions fait
bien extraordinairement et contrairement à l'office que
par la grâce de Dieu nous tenons en ce nostre royaume,
si le vovant coupable d'un acte si horrible et extraordi-
naire l'eussions permis d'échapper. Quant à son em-
prisonnement , il a été si favorablement traité, n'estant en
autre lieu qu'en la maison d'un des principaux mar-
chands et conseillers de nostre ville de Londres, que nous
pensions et attendions plus tost en estre remerciée que
blasmée: et quant vous, très chère et bonne seur, aurez
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
doul eneores (|ue 1 on nous ayt dict l'occasion,
nous ne pouvons que grandement nous esbafaii
'iS7
bien considéré de plus près l'indignité de la chose et la
charge que Dieu a donnée à nous princes de faire jus-
tice, nous sommes assenrés que serez bien d'autre opi-
nion et approuverés ce que nous avons fait, et comme
il nous convient de le traiter tant par ordre de justice
que faveur, il n'est besoin que l'on nous enseigne et se-
lon la manière qu'on procédera avecques nous, sçaurons
bien respondrc et donner bon compte de nos actions.
Nous avouons, quant à l'adminisliation de justice sur
quelque acte fait en nos pays et dominations par aulcune
personne de quelque estât ou condition qu'elle soit, que
nous ne cognoissons sus Dieu aucun supérieur; et toutte-
fois en démonstration d'amilié envers un prince nostre
voisin , estant amicalement requise, nous ne voudrions
estre de nulz inférieure et pour ceste cause nous remec-
tuns la déclaration de ce que avons faict dans cette af-
faire au rapport que nostre ambassadeur vous en fera;
en quoy nous vous prions comme nous-mesme croire. »
State papers, France, vol. \\\.)
Le 1 9 mars suivant, elle écrivait de nouveau à Charles IX :
■ 1 1 t-s-haut et très-excellent prince; par le s' de Vaux
présent porteur avons reçu voz lettres du xxvui" du passé
touchant le fait du prévost de Paris, l'un de vos otages
pris de nous, et pour response vous voulons bien as-
searer que, comme nous avons sur ce point faict procéder
avec toute faveur doulce et en amys, eu égard à l'énor-
mité de l'acte de si mauvais exemple, ainsi n'avons peu
en honneur et équité passer si légèrement la vraie co-
gnoissance du faict; ne voulant penser ne croire que
ledicl prévost fut chargé d'une chose tant indigne de son
rang; ce que voulant entendre par sa response, il s'est lon-
guement tant opiniastré qu'il refuse de répondre à nostre
Conseil, eneores qu'on «it usé en son endroit de toute
la faveur et courtoisie qui se peult user en cas sem-
blable; et pourtant, estant très marrie que par ceste
opiniaslreté il auroit empesché l'intention qu'avions de
vous gratifier en le laissant à votre ambassadeur, avons
esté contrainte sur aullres instances dudict ambassadeur
de lui envoyer de rechef aulcuns de nosdilcz conseillers,
tant pour en tirer response, comme aussy permettre que
ledict s' de \aulx parlast à luy pour, par tel moyen, luy
retrancher l'occasion de son opiniastreté , ne voulant res-
pondre à un cas tant manifeste et clair, et finalement il
a respondu par escript en sorte que par iceluy on peult
bien voir combien il a mérité de réformation et de chas-
timent, eneores que es poinlz matériels varie tellement
et vouloir croire que, y ayant bien pensé, vous
aurez agréable, pour lu respect et du lieu qu'il
lient et la personne que c'est, vous accommoder
aux remonslrances que sur ce vous fera le sieur
de Foix que nous vous prions croire de ton t
ce qu'il \ous dira de uoslre part ainsi que nous
feriez uous-mesmes, qui prions Dieu , très haute
el très excellente princesse, vous avoir en sa
saincte garde.
Escript à Dlois, le xxv'jour de janvier i 563.
Vostre bonne seur,
Caterine.
I 563. — ab' janvier.
Oriç. Ribl. nat. Cinq cenis Colbert, vol. si. 1°' 21 '.'t suiv.
V MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIEUR HO\ PU!
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonuord, je vous envoie quel-
ques lettres et estatz que mon cousin le duc
de Guize a receu du conte Ringrave; à quoy
de la vérité apertement prouvée que de nulle raison il
mérite la faveur que, pour l'amour de vous, avons dé-
libéré lui faire; que après qu'il aura confesse la vérité,
comme elle est manifeste, nous déporterons, pour l'a-
mour de vous, de procéder envers luy par aulcune
aultre punition que le remettre entre les mains de vostre
ambassadeur et eslre par luy envoyé près de vous recep-
voir le traitement que jugerez y appartenir, tellement
que pour y donner moyen et ouverture avons de rechel
ordonné qu'il sera eneores une autre l'ois interrogé et la
vérité luy mise devant les yeux par bons témoignages;
et lors s'il s'y veull ranger, il sera incontinent délivré,
ou s'd pourra apparoistre qu'il refuse confesser la vérit<
pour crainte de sa vie, et non par aulcune volonté obs-
tinée, nous en tel cas serons contents d'user plustost de
lénité et grâce (eneores que ce soit contre la formelle
justice) pour vous gratifier par sa délivrance, que de le
traiter comme il mérite, comme avons plus amplement
déclaré à cediet porteur, lequel espérons vous satisfera
de nostre part; en cetendroict ferons fin , priant Dieu , etc.
En nostre palais de Westminster, le xxii" de mai t563
(Record iiffice , France, vol. XXXI, minute orig.)
488
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
pour ce qui luy est deu cl qui est raisonnable,
je vous prie faire pourveoirie mieulx et ie plus
tost que vous pourrez, afin que, estant mon
cousin vostre frère près de luy, vous le veriez
mieulx suivy et obe'y en ce qu'il aura à faire
pour le service du Roy monsieur mon filz, et
escripvez audict conte ce que vous aurez fait
pour luy et qu'il doyt espérer de vous, afin
que par ce moyen ses cryeries s'appaisent ung
peu et puisse aussi disposer ses gens aux termes
des paiementz et que les denyers viennent.
Vous advisant au surplus que nous sommes
veuuz gaigner cette rivière de Loyre en espé-
rance que noz affaires s'en porteront beaucoup
mveulx, comme nous commançons à co-
gnoistre, se trouvans les ennemys fort em-
pesebez, réduitz en tout ce qu'ilz peuvent à la
fortification de leur ville et à cbercher argent
de tous coustez pour contanter leurs Allemans
qu ilz ont séparez parmy de petitz villaiges
tirant de Jargueau à Bois-Commun et Lorriz,
fort mal contans et voyans bien qu'ilz ont été
abbusez, de façon que j'espère avecques l'ayde
de Dieu que toutes choses passeront par beau-
coup meilleure raison; mais je retourne tous-
jours à ma première chançon, qui est de vous
prier, Monsieur de Gonnor, faire toute diligence
à l'avancement et recouvrement d'une bonne
somme pour emploier en ce dont je vons ai
tant escript, car le temps s'approclie que nous
in aurons bien affaire, et me tenir souvent
adverty de voz nouvelles. Priant Dieu, Mon-
sieur de Gonnord, vous donner ce que plus
désirez.
De Bloys, le xm" janvier 10C2 (i563)'.
1 Chantonna; écrivait de Paris à la duchesse de Parme,
le ai! janvier : <*La Reyne est partie si hastivement de
Chartres, il y a trois jours, que le soir, quand elle se
coucha , il n'y avoit personne qui en sceut à parler et après
minuit l'on commença à charger les mulets et emrnena-
l-on le Roy en grande dilligence à Chasleaudun et de là ù
(De sa main.) Je vous prie, fayle provision
de sen trante mile ayscus que vous ay mendé
par plusieur fouis, car j'espère que y seront
si byen employé que vous coneslré que mon
voyage ysi étoyl nésésère et sera profitable pour
set que m'avés tousjour consellé de fayre, si je
volés que le Roy mon fils ne feut achevé de
rouiner, et vous prie de déligenter de lé trover.
Caterine.
De l'Al'bespine.
1563. — «5 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3178, f° û.
A MONSIEUR DE HUMIÈRES.
Monsieur de Humières, vous enteudrez du
baron de Maignac, présent porteur, l'occasion
pourquoy le Roy monsieur mon filz le dé-
pesche par delà, laquelle sceue par vous, je
m'asseure tant de vostre affection au bien de
son service et repos de ce royaume que vous
vous emploierez de tout vostre pouvoir à la
seuretté de vostre place et à ce que vous con-
gnoislrez appartenir à la tranquillité et repos
dudict pays, selon la fiance que luy et moy
avons en vous, qui vous prie croire ce que
vous dira sur ce de ma part ledict baron de
Maignac tout ainsy que vous feriez moy-mesmes.
Priant Dieu, Monsieur de Humières, vous don-
ner ce que désirez. Escript à Bloys, le xxvc
jour de janvier i56a (1 5 63 ).
Caterine.
Blois, sans ordre, ne accompagnement de pourvoyeurs,
vivandiers, cuisiniers, ne autre chose, pour quelque
avertissement qu'elle eut que, à titre de venir négocier,
plusieurs particuliers arrivoient à Chartres et par ce moien
l'amiral pourrait jeter quelques gens dedans pour se
saisir des portes, lorsque les chevaux des rebelles y arri-
veraient, lesquelz on disoit avoir passé la rivière de Loire
à Gergeau.» (Arch. imp. de Vienne.) — Voy. une
lettre de Smith à Elisabeth dans le Calendar qf State
papers ( 1 563) , p. 68.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
489
1563. — 07 jan\ ier.
Bibl. nat. fonds français, u" 3219. f° 39.
\ HOJVSIEl li DE GONNOR,
i.ordue r,i soi UOKSISDS HOU nu .
' l'W.II 1 ir M -un 1 1 h s - ; H pairs.
Monsieur de Gonnord, je vous envoyé une
lettre que le sieur de Trousseboysj gouverneur
il<' Vlaizières, m'escript, par où vous verrez la
nécessité qui est parmy sus gens el combien il
\ a au-sv qu'il ne fui payé de ses estatz, qui
-oui choses, quant je \ pense, qui ne me don-
nent peu île peine el de soucy, voyant une
place de telle importance si négligée. Vous
priant, à ceste cause, regarder des premiers
deniers qui oui àestre envoyez en Champaigne,
leur en faire départir telle somme qu'ilz puis-
sent avoir de quoy attendre mieulx. Priant
Dieu. Monsieur de Gonnord, vous avoir en sa
<[arde.
Escripl à Bloys-, le wwf joui1 de janvier
i562 (i563).
Caterine.
De L'AiiBF.spnE.
1 ."ili'i. — nS janvier.
Orig. Bill. Bal. Cinq cents Colbert , vol.,9Â, f01 39 et suiv.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIEUR WON FILS.
CONSEILLER" EX SOS CONSEIL IT.n ^ .
Monsieur de Gonnord, quant ce gentil-
homme présent porteur est arrivé, j'estoisaprès
a l'aire response à vostre lettre du \\e de ce
mois que je receus seulement hier, dont je fus
assez esbahye, el néantmoins euz plaisir d'en-
tendre que vous eussiez donné si bon ordre
aux canons, pouldres et munitions; si est-'ce
que je désire bien sçavoir si ce seront des
vieulx ou de la fonte neufve que vous les espé-
rez avoir, y ayant grant danger que les vieulx
Catherine de Médius. — i.
rabillés ne pourront pas porter l'effort que
nous serons par avanture contrainctz en faire;
et afin qu il n \ aj t riensobmis, je vous renvoyé
la commission pour la couppe des 1m>\s du
remontage expédiée comme il appartient, qui
seroil bien pour faire beaucoup d'abbus, si
cil u \ auquel elle s'adresse n'avoil son debvoir
en grande recommandation.
Par la lettre que m'a apportée ledict gentil-
homme, j'ay sceu que mon cousin le mares-
dial de liiissar vostre frère n'estoil poincl en-
core parly; de quoy je suis bien marrye . mais
ayant considéré l'occasion portée par sa lettre
et la vostre, et avant veu les estats que vous
m avez envoyés, j'ay jugé qu'il est raisonnable
qu'il ayl, allant là, moyen de faire bailler ung
mois aux soldatz, afin qu'il en [misse tirer plus
de service pour celuv du Roy monsieur mon
filz, et qu'il ne perde l'occasion , avec l'équipage
contenu èsdicls eslats, enlreprendre Dieppe,
s'il veoyl qu'il soit à propos, trouvant bon que,
pour y salisffaire, vous en preniez les deniers
surceulx qui doyvent venir de la ville de Paris
de la constitution des cens mille livres de rente
du clergé; car, quant aux quarante mille cm us
du Pape, je désire que vous en laissiez en
Flandres vingt cinq en main seure pour em-
ployer à la levée des pistolliers et gens de pied
que je fais compte v envoyer faire dedans peu
dé jours, dont je vous avertira}'; et les quinze
mille reslans, les pourrez-vous faire venir el
employer audicl faict de Normandie; en quoy
je vous prie qu'il ne se perde point de temps.
Je ne sçays pas touteffois si cela seroit pour
relarder en riens le payement de nostre année,
mais j'envoyeray la coppie de vostre estât à
mon cousin le duc de Guise, et après vous en
feray sçavoir ce que je sçauray de luy sur ce
et quelles sommes il aura reçues.
Quant à la difficulté que la court de Parle-
ment a l'aide de la despense des quatre con-
490
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
seillers, j'en parieray à M. Le chancellier et
après avi$eray à la dépesche qui s'y devra faire,
pour ne perdre point le moyen du secours qui
en doit venir, et, de quelque endroict que ce
soit, je vous prie faire bailler à voslredict frère
l'argent qui lui fault,afin qu'il ne perde point
de temps à partir, estant sa présence là plus
que nécessaire, mesmement pour ceste nou-
velle occasion survenue de la querelle du ma-
reschal de Vieilleville et du sr de Villebon1,
que vous aurez, comme je m'assure, entendue;
m'esbahissant bien que, s'il a fallu quelque man-
dement de trésorier de l'Espargne pour expédier
vostredict frère, que vous ne les ayez piéçà faict
expédier, car il n'est point icy et ne sçavons
où il est. Priant Dieu , Monsieur de Gonuor,
vous donner ce que désirez.
De Bloys, le xxviii" jour de janvier 1 563.
Caterine.
(De sa main.) Monsieurde Gonnort, le sieur
d'Eosel2 m'a dist que, sel l'on le volet asiner3
d'oultent d'argent cornent il an prestera de
nouveau, corne l'on feyst à tous seulx qui en
vole prester et à qui on nen douit4 du pasé,
corne l'on luy en doyt beaucoup et chause si
vésonnableque je vous en nay voleu ayscripre,
afin que vous reserviés l'argent qui veult de
nouveau prester au Roy mon fils et l'y fasiés
asiner ensemble parelle some du vieulx que le
Roy mon fils lui douit, corne y vous aparèlrn
1 Le -2 \ janvier précédent, une altercation s'étant élevée
an manoir abbatial de Saint-Ouen, entre le maréchal
de Vieilleville envoyé en Normandie en qualité de lieu-
tenant général de la province, et Villebon d'Eslouteville,
bailli de Rouen, tous deux mirent l'epée à la main et du
premier coup Villebon eut la main droite coupée. — Voyez
le récit qu'en donne Floquet dans l'Histoire du Purle-
ment de Normandie, I. II, p. I98; Cf. Mémoires de Vieilli
. coll. Michaud, série >"', 1. IX. p.
2 D'Eosel, d'Oysel.
', Asinei , assigner.
1 Douit . doit.
par set qui an net à la cbembre dé Conte. Au
demeurant je voy lé ebause qui s'acbemine de
fason que, set Dieu ne nous veult du tout
rouyner, j'espère que mon voyage ne sera yneu-
tile pour le repos de set pouvre royaume et au
contentement de tous lesjéan de byen ; et après
y nous fault aler de louttes lé forses que le Roy
mon fils poura avoyr contre les Engloys; qui
nie fayst vous prier de dilygenter l'artillerie et
tout set que pourés fayre au vous aystes; et de
set que me mandés de la Borgogne et de Tours
je donneré aurdre, afin que ne perdyon temps,
et à touttes ayvènement y nous fault envoyer
en nAllemengne, afin que la royne d'Angle-
tere ne puisse le tenter, set que Ton dist qu'ele
veult. Mendé-moy sovent de touttes novelles
et vostre aupinion lousjour lybrement corne
avés acoteumé.
Cateiune.
1563. — 3i janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds Gaiguières, français. n' 3oi3i, f° 5a r*.
A MONSIEUR DE MAILLY,
CAFITJUKS PS CEIQUAIITB BOBU1ES D'AMIBS DES ORDONNANCES PC BOT
UOKSIEUB -VI0\ FILE. ET col VEUNEUn DE UONTr.EUIL.
Monsieur de Mailly1, vous entendrez du baron
de Maignac, présent porteur, l'occasion pour-
quoy le Roy monsieur mon CIz et moy le
dépesebons par delà '2. laquelle scène par vous,
je m'assure tant de vostre affection au bien de
son rovaume que vous vous employrezde tout
vostre pouvoir à la seureté de voslre place el
à ce que vous cognoistrez appartenir à la tran-
1 Giles, baron de Mailly, chevalier détordre, vice-ami-
ral de France, marié à Marie de Blanchefort.
2 Charles IX écrivait, le 3o janvier, à M. de Mailly.
qu'il envoyait M. de Maignac pour réprimer les assemblées
-qui se commencent en Picanlye.-i (Bibl. nat. ibid. f° 5l.)
— Voy. les instructions données à M. de Maignac dans le
n° 31S7 du fonds français. f° 8.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
191
quiliité el repos dudicl païs, selon la Gance
que lin el nni\ avons en vous; qui vous prie
croire ce que vous dira de ma pari ledict baron
de Maignac, tout ainsi que vous feriez moi-
mesmes. Priant Dieu, Monsieur de Mailly,
vous avoir en sa garde.
I Iscripl à lilo\ s . le ixxic jour de janvier 1 56a
(i563).
Caterine.
I<563.
• >i janvier.
Orig. Bibl. Dat. foods français, n* 3i*|6 , f' ai.
Impri ' esdeCondéj I. IV, p. 21G.
A mon COUSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY,
; LL DE FBABCB ,
r&MECR r.T UEITKNAM GÉVÉHAL DI ROI HOJSIBUD MOU rus \ PARIS.
.Mon cousin, j'ay receu vostre lettre par ce
porteur et entendu le désastre advenu aux
pouldres1, dont je suis incroiablemeni en-
nuyée, vous pryant de mectre toute la peyne
que vous pourrez, pour avérer2 d'où il est
1 A propos do l'explosion il - poudres, voici ce que le
bal 'If Montmorency écrivait le .'ii janvier à la con-
nétable, sa mère: K-J'estoys au Bourget, voyant mes oy-
seaulx, lorsque ce désastre arrivaisl, et en peu d'espace de
temps le vent rapporta la senteur de la pouldie jusques
audict lieu; qui fut cause île me faire monter en diligence
à cheval et venir droict à l'Arsenal où je trouvay la com-
mune toute esmuè pour ce qu'elle pensoyt l'inconvénient
advenu par malice, combien que ce fut par mosclief seu-
lement. Je mys ordre de faire estaindre le feu et m'y
leiz obéyr, avecques grande compassion touttefois de tant
de personnes mortes et de plusieurs maysons ruynées. Le
Roy n'y a poinct perdu pour deux mille franez de pouldres
et d'estofles pour en faire-, car le salpaistre n'a guères
esléendommaigé: mais les granges et greniers sont ruinez.
(Orig. Bibl. nat. fonds français, n" 20507, fol. ii'i. 1
— C'est le 28 janvier qu'eut lieu l'explosion, et «on eusl
peine d'empescher la sédition du peuple, qui se yonloil
jeter sur ceulx soupçonnez de la nouvelle religion comme
autlieurs de ce désordre. •> (Bibl. nat. Cinq cents Colbert,
n° a5a , f 21 1. d'après le registre de l'Hôtel de Ville.)
2 Avérer, vérifier.
venu el pourveoir au demourant que le mal
qui est en la Bastille el au cabine! dw Roj
monsieur mon lil/. soil promptement réparé,
au moins pour éviter qu'il n'y ayo rien perdu,
el pour l'advenir regarder à faire prendre garde
avecq tOUl soin;; à ce que toutes choses soienl
conduictes eu la plus grand' tranquililé qu'il
sera possible; à quoy vous devra bien servir
cl à ceulx île Paris aussi, l'advis que jà von-
a\ donné par deux diverses dépesebes el gens
exprès, du dessaing que les ennemys font de
partir certainement demain pour s'acheminer
en Normandie, v prendre et recevoir les An-
gloys, et surtout pour faire pourveoir aux
pontz, batleaulx et passages de la rivière de
Seyue, chose très requise et en prompte dili-
gence. Quant à lafoyre Saint-Germain, je croy,
mon cousin, que vous ne sçauriez mieulx laite
que de la l'aire retarder et différer à quelque
autre temps, svnon que l'on veisl que sans
danger elle se peust tenir dedans la ville, mais
estants les choses au discrime1 où elles sont.
j'estime qu'il v aura peu de marchans. Dési-
rant au surplus, mon cousin, que vous me
teniez ordinairement et le plus souvent ailvertye
de voz nouvelles el de ce qui s'offrira; qui est
tout ce que vous aurez, remectant la demou-
rant audict porteur. Pryant Dieu, mon cou-
sin, vous donner ce que désirés. De Bloys, le
dernier jour de janvier i56a (i5G3).
Vostre bonne cousine,
Catebine.
15G3. — .'i 1 janvier.
Orig. Bibl. nat. fonds Français, n" 3i85, 1 18 r el v*.
A Mo'v 1 ODSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY,
CBAL IJI: FBA ' i.E .
eOOVBBKBDS ET LIELTEVAM GBNBBAL DU liOÏ MOHSIBOB MON P1LZ i PAP.IS.
Mon cousin, je vous ay adverti reste nuicl
Dwi rime, trouble, danger.
62.
492
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
des nouvelles que j'avois de l'armée de ceulx
d'Orléans par courrier exprès que je vous ay
envoyay, affin que, sçachant qu'ilz l'ont leur
compte de s'achemyner en Normandye, vous
donniez ordre et preniez garde qu'ils ne se
m luisissent pas avancer jusques à la rivière de
Seyne pour gaigner ung passage; qui me laid
croyre que, ayant en cest advis, vous aurez
pourveu à S' Gloud, Poissy et Meullant; car
de Mante en là jusques au Pont-de-Larche je y
ay dépesclie' le srd'Argeuce et ung gentilhomme
sur le chemin de la terre de Houdan, Dreux,
Evreux, et autres villes où leur dessaing pour-
royt estre dressé, affin que de touscoslez il y
ayt de quoy les empescher et incomoder,
comme je m'assure que de voslre part ferez en
tout ce que vous congnoislrez appartenir au
bien du service du Roy monsieur mon lilz et
que, en ce qui regarde les passages de ladicle
rivière de Seyne, vous n'oubliez Corbeil,
Alellun et le pont de Samoys, si vous aviez
advis qu'ilz dressassent1 là; et pour ce que je
scay que leurs dessaings tendent à remuer par-
tout et monstrent bien qu'ilz ne veullent rien
laisser en paix, tumul tuant 2, comme ilz font,
la Picardye, j'envoye le baron de Maignac,
présent porteur, jusques là adverlir les gouver-
neurs et cappitaines des places prendre garde,
chacun en sou endroict, qu'il n'y advienne
aucun inconvénient, et au sieur de Sénarpont
pourveoir au repos et Iransquillité du pays,
n'ayant quant el quant voullu faillir à vous
adverlir que j'entends qu'ilz ont ung certain
dessaing et intelligence à Beauvays, pour, au
retour du voiage de Normandye, venir fondre
là où on leur prépare sourdement vivres el
comoditez, chose que je ne croy pas aisément,
maiz pour ce que en telles choses tous les
umbres du monde portent argument de dan-
1 Dretsir, se diriger.
Tumultuer, troubler.
ger, je vous prie y faire prandre garde, el y
donner tel ordre que nous ayons de ladicle
ville la seuretté que l'importance d'icelle le
requiert. Il se parle d'une tour de l'évesque qui
facillite leur ac tente; péneclrez cela, je vous
prie, mon cousin, et sur la liance que nous
avons en vous meclez-y les remèdes cpie le
danger mérite, de manière que nous en soyons
en repos, croyant au dèmourant ce que vous
dira de ma part ledict baron de Maignac,
comme vous feriez mov-mesmes. Pryant Dieu ,
mon cousin, vous donner ce que plus désirez.
Escript à Bloys, le xxxic jour de janvier îBGa
(i563).
Voslre bonne cousine,
Catbrink.
1563. — s février.
Orig. Bibl. net. fonds français, n° 3i85, f° si.
A .MON COUSIN
LE SIEUR DE DAMYTLLE,
ADMIRAL DE FRANCE.
Mon cousin, j'ay entendu ce que le sieur
de Pemiolan m'a dict de voslre part sur ce
que mon cousin le prince de Condé désire que
les sieurs de Boucart ' et Esternay -, qui
doyvent venir d'Orléans, couchent dedans sa
chambre, sans garde. Sur quoy je luy ay faicl
1 François ou Jacques de Boucart, gentilhomme de
la chambre du roi, grand maître de l'artillerie de l'armée
protestante, fds d'Antoine de Boucart el d'Anne de l'Hô-
pital. Ami de Coligny, dévoué à Condé, il prit part à
toutes les guerres de religion et mourut an mois de mai
1 56g. — Voy. France protestante (article Boucart ), I. I.
p. 4oo.
2 Antoine Raguier, s' d'Esternay (dép. de la .Marne),
(ils de Louis Raguier et de Charlotte de Dinteville. Un des
premiers, il se joignit au prince de Condé, el le suivit
dans les trois guerres civiles. Il mourut de la pierre eu
1 56g. — Voy. les Mémoires de Claude Haton, t. I , p. î o :
France protestante (article Raguier, I. VIII, p. 363 |.
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
i93
entendre l'intention du llov m h msion l- mon
!il/. el la mienne, ne je m'asseure voussçaurez
bien suyvre et le crôyre de ce qu'il vous dira
sur ce de ma part, tout ainsi que vous fei
moy-mesnies.
Pryanl Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saincte garde.
De lilo\s, le n° jour de février i569(i563).
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
I 568. — 3 février.
Orig. Ril'I. n.ii. fonds franco i , D 'l'j.'i» . I 90.
. \ MONSIEUR DE TA VANNES,
LIEUTENANT GÉNÉRAL nu Rov u COBVEROTOIEST riE BODRGOCHS.
Monsieur de Tavànes, il importe infinie-
menl au bien du service du lloy monsieur
mon lilz que mou cousin le duc de Nemours
soil secouru de la quantité d'artillerye, poul-
dres et boulletz (jue le Iîoy mondict filz vous
escript1 et aussy des eschelles; qui me faicl
vous prier, cessant toute excuse et difficulté,
ne faillir à les luy faire bailler et envoyer le
plus tost que faire se pourra, dont si vous avez
besoins de plus ample seuielé que la lettre
du Roy mondict lilz el la présente, je vous
feray bailler toute. 1 lie et si bonne forme que
vous l<' sçaurez demander. Pryanl Dieu, Mon-
sieur de Tavanes, vous avoir en sa garde.
Escript à Bloys, le ni' jour de février 1662
( i563).
Caterine.
De l'Aubespine.
1 Voy. dans le n° i63S du fonds français, fJ -i , une
lettre de Tavannes à M. de Villefrancon au sujet de 1 ette
demande d'artillerie faite par la Reine.
1563. — 3 février.
Bibl. liai. Parlement, n' Si . [ 895 r 't v".
\ MESSIE1 l'.S I.KS GEÎNS
TENANS LA COI RT DE PARLEMENT \ PARIS
Messieurs, je sçay que vous connoissez bien
que ceux qui troublent ce royaume n'onl
poinct de meilleur moyen de continuer que la
jouissance de leurs biens; en quoy, comme
j'entens, beaucoup d'entr'eux ne sont aucune-
ment empesebez, chose à quoy j'estime que
vous n'avez obmis à pourveoir à l'endroict de
ceux que vous ave/, congneu le mériter; es-
tant plus que nécessaire y mettre la main
soigneusement cl exactemement, le Iîoy mon-
sieur mon lilz a advisé vous en escrire de-
rechef ' el moy de ma pari; vous priant
suivant son intention faire faire diligente in-
quisition contre ceulx qui portent les armes
contre son service el qui sont dedans les villes
où l'obéissance lui est desniée, et contre eulx
procedder el faire procedder eu justice comme
il appartient, el principallement à la saizie ■ ■!
déclaration de leurs biens el possessions-, en
manière que leur ostant par là le moyen de
continuer, ilz sentent la faultequ'ilzonl faicte,
cl nous puissions aider des deniers qui en
proviendront, pour satisfaire aux despenses
qu'ilz nous contraignent de faire à celle oc-
casion ; car plus grand service ne luy sçauriez
vous faire. Pryanl Dieu, Messieurs, vous avoir
en sa garde.
Escript à Bloys, le troiziesme jour de feb-
vrier mil cinq cens soixante deux (i563).
Caterine.
De l'Aubespine.
1 Ils ne se rendirent auprès de Catherine de Médias
11 ir n, février suivant.
1 Voy. une lellr* de Charles IX au maréchal Fran-
çois de Montmorency, pour lui recommande,' l'exécution
des mesures prescrites par ses lettres patentes. (Bibl, nal.
i9â
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1563. — 3 février.
Bibl. uat. fonds français, u 3igi , fQ 16.
A MON CODSIS
LE SIEUR DE DAMVILLE,
ADJI1BAL DE FRANCE.
Mon cousin, je vous envoyé le sieur du
Piessis ' pour vous mener ce gentilhomme qui
vient d'Orléans de la part de Madame la Prin-
cesse % lequel vous ferez parler à mon cousin
le Prince, ainsi que vous avez accoustumé de
taire parler les aultres, suivant ce que j'ay
donné charge audict Piessis vous dire; ce qui
sera fin, en priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa sainte et digue garde.
De Bloys, le m* jour de février 1662 (1 563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — i février.
Orig. Bibl. nat. Ciuq ceuls Culbert , u° ai , f" 25 et suit.
A MONSIEUR DE GOIVJVOR,
/
CHETAL1SH DE L'OBOKE DE KOI" MOXSIECI1 SIOX TILS ,
CONSEILLER EN buN COXSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnor, Prévost3 s'en re-
fonds franc. n°3i85,Pa8.) — Voy. l'arrêt du Parlement
du 10 février. (Bibl. nat. Parlement, n° 8i, f"ooo etsuiv.)
1 Le Piessis avait été envoyé par Catherine de Médias
à Orléans; il en est question dans quatre lettres non
datées d'Eléonore de lime à la Reine. (Bibl. nat. fonds
français, n" 6607.) Dans la dernière, nous lisons : irMa-
dame , Monsieur le connestable et mon oncle Dandelot
el mov nous a semble ne devoir plus diflérer à nous
renvoyer le Plessy, pour, attendant la réponse de ce que
nous a porté la Porte, avertir Vostre Majesté de i'avse
que nous avons tous receu de ce que aviez trouvé bon
ce que le capitaine Larivière vous avoit présenté et aussi
de la bonne volonté en quoy continuent tous ceuix qui
sont avec mon oncle Monsieur l'amiral et ceulx qui sont
icy pour obtenir de Dieu, s'il est possible, bonne paix.!)
Eléonore de Roye, mariée à Louis de Bourbon .prince
de Condé, le 2a juin i55i, morte le 28 juillet 1 564.
■ Nicolas Prévost , président aux enquêtes.
tourne avec toutes les dépesches dont l'aviez
chargé, et si bien iustruict de mon intention
sur ce qu'il m'a dict de vostre part que je
ne vous l'eray pas longue lettre, synon pour
vous dire que je congnoys très-bien la peyne
que vous prenez et les difficuitez que vous
trouvez à faire ce que vous congnoissez estre
nécessaire pour le service du l!o\ monsieur
mon filz, mesnies en matière d'argent; à
quoy, comme vous m'escrivez, ceulx de la
court de Parlement ne s'accommodent pas
aisément en ce que nous espérons avoir pour
les cent mille livres de rente du clergé. Si ne
fault-il pas laisser pourtant d'y faire tout ce
que vous pourrez en leur faisant quant et
quant bien entendre que pour cela le Roy mon-
dict fils ne moy n'entendons pas que l'on es-
pargne les biens de ceulx qui troublent ce
royaulme, tiennent les villes et portent les
armes, comme il se peult assez veoir par tant
de lettres que en avons escriptes et envoyées
à laclicte Court et autres de ce royaulme; en
quoi, s'ilz eussent usé d'aussy bonne diligence
que nous le désirions, ilz n'auroient pas occa-
sion d'en murmurer à ceste heure.
Quant à l'inconvénient adveneu aux poul-
dres el au lieu où on les faisoit, je trouve bon.
en actendant que ledict lieu soit reslablv et
mis sus, que l'on saute des Tournelles1 où
vous ad\iserez le lieu plus à propos et y ferez
dresser les mollins; et si ledict lieu est em-
1 Voy. une lettre de M. de Cipierre à M. de Gonnor,
datée du camp devant Orléans, le 7 janvier 1 568. f 11
n'a pour se loger d'autre maison que les Tournelles, et il
prie M. de Gonnor de choisir un autre lien pour l'atelier
des poudres que l'on pense y îneclre. ■■ | Bibl. nat. fonds
français, n° 32i6, f" <)3.) — Voy. dans le n" 0219 du
fonds français, p. 32, une lettre de M. de Boisy à M. de
Gonnor; il l'engage à faire placer les poudres dans les
-logis bas. au dessoubz du logis du Roy, chose que la
Reine a trouvé plus raisonnable que de toucher aux
escuries.r
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
pesehé de l'escurie, vous In pourrez envoyer
au logis d'Angoulesme ', qui est tout devant,
ainsi qu'elle a esté autrefoys; j'en parleray à
Monsieur le grand escuyer, afin qu'il en es-
cripve à ceulx de delà qui en onl charge. Ce-
pendant ledict Prévosl vous dira que je trouve
bon que vous regardiez à faire reffaire ledicl
lieu <!rs pouldres selon le portraict qu'il m'en
a monstre, afin de n'y perdre poinct de temps
et sur tout avancer la provision desdictes poul-
dres le plus que vous pourrez, comme chose
plus que nécessaire; j'en escriray au sieur de
Tavannes pour la Bourgongne, mais je ne puys
penser qu'il y en ayt si grande quantité que
vous en espérez, pour en avoir esté envoyé
jusques à quarante milliers à M' de Nemours,
et despendu quelque quantité en ces troubles.
De Tours je sçauray aussi ce qui y sera et
ne se perdra temps à avancer ce qui s'en
pourra faire ; mais j'ay tousjours opinion que
le plus grand secours doyt venir de Paris. Si
n'ay-je laissé d'escrire à mon fils Monsieur
de Lorraine adviser s'il nous eu pourrait faire
secourir d'Allemaigne jusques à cent milliers,
et faict une dépesche en Prouvence pour sem-
blable quantité de souffres, dont vous serez.
après adverly de la responce.
Je vous ay envoyé la commission pour les
bois de remontage d'artillerie et respondu
pour ce que demande Mr de Tavannes., auquel
on a trouvé bon bailler les deniers de delà
pour payer ses gens de guerre, et me semble
aussi que pour le payement des soldatz de la
Bastille vous ne devez pas faire difficulté de les
faire satisfaire.
' L'hôtel d'Angoulême était situé rue Saint-Antoine,
au coin de la nie des Égouls. François, comte d'Augou-
lême, monlé sur le trône sons le nom de François I ,
le joignit au palais des Tournelles avec lequel il fut
vendu par Catherine de Médias qui l'avait reçu on don.
— Voy. Sauvai, !.. Il, p. i.3o et 188.
En vous voulant despescher cedicl porteur,
j'ay receu vostre autre lettre et sceu par icelle
la résolution que mon cousin le mareschal de
Brissac avoil prise de partir dès byer | ■ Nor-
mandie, pour le voiage duquel vous avez as-
seuré les deux cens mil livres nécessaires, après
lesquelz et les remboursemens faietz, il ne
la 11 1 1. plus rien attendre des in™ I. du clergé
et peu de chose d'ailleurs. Si est-il besoing que
• vous laciez de nécessité vertu, car en quel-
que sorte que soyons pour tomber, il faull
avoir de l'argent. Tout le monde crye la paix
el la conseille, mais je ne sçay s'il playsl à
Dieu que nous l'ayons, de sorte qu'il se faull
préparer, comme si ce mal avoit à continuer;
à quoy il y a [dus d'apparence que autrement.
El pour cestc cause ay dépesche en Aliemaigne
pour faire tenir prest ung régiment de lans-
quenetz et quatre mille pislolliers, pour l'ar-
gent d'avance desquelz et aussy d'une année
de la pension des collonelz et cappitaines il
est besoing que vous donniez ordre, inconti-
nent la présente recette, faire tenir el envoyer
à Metz les xxv™ escuz que avez fait réserver
en Flandres et Ifoys mille davantage, dépes-
chanl pour cest effect le trésorier de l'extra-
ordinaire ou son commis qui les aille prendre
et face ces dilligences en manière que lesdilz
deniers soient audict Metz pour le plus lard de-
dans la fin de ce moys, où j'envoieray ung gen-
tilhomme en diligence pour arrester avecq les-
diclz col.loncls cl cappitaines ce qu'il fauldra
faire pour ladicte levée; à quoy il esl be-
soing ne perdre poinct de temps. Tout cela
faict, et si vous veoyez que vostre demeure là
ne soit plus nécessaire, pourrez partir pour
nous venir trouver le plus losl que vous
pourrez.
Remectant le surplus sur cedict porteur el
pryanl Dieu , Monsieur de Gonnor,vousdonnei
ce que désirez.
496
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
De Bloys, le un' jour de février i5C2
(.563).
Gateiune.
(De su main.) Monsieur de Gunort, à leure
que faillirai devest envoyer Bucart et Aysterné1
ysi pour parler au prinse de Condé et nous
envoyons le sieur d'Oysel et ayvesque de Li-
moges pour parler au conestable, ledist amiral
aysl parti el s'an va aveques quatre mile che-
vaulx qu'il a en Normendie, si byen que
nous ne savon plus au nous en somes, sinon
que Monsieur de Guise va demavn au malin
asallyr le portreau d'Orléans et le pont; si lé
prant, se que Dieu veulle, je croy qu'il i an
n'y ara qui se repautiron d'estre parti et co-
nestron qui n'est faysl pas bon se moquer de
son Roy. Je vous averliré yncontinenl de se
qu'il an avyendra, afin que le dyé2 à seulx de
Paris, que je vous prie guarder d'estoner si lé
raystre aprocbe de forteune de se coûté là,
car y n'ont ni jeari de pies ny artellerie.
Gateiune.
Dk l'Aubesplne.
1563. — !> février.
Orig. Ilibl nal. fonds Français, u° 3i84 , I" 5.
A MON COUSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY,
MAItESCHAL DK FRANCE, COUVERNFXR ET LIEUTENANT GENERAL DU ROY
MONSIEUR MON F1LZ À PARIS ET 1SUE DU FRANCE .
OU À SON LIEUTENANT AUDICT GOUVERNEMENT.
Mon cousin, d'autant qu'il est nécessaire
pour le service du Roy monsieur mon filz
faire incontinant assembler la gendarmerye,
uous avons faicl expédier leclres pour cesl
effecl à tous les baillyz et séuécbaulx de ce
royaume pour en faire faire la proclamation
1 Voy. la note de la page 692.
1 Dyé, (liez, disiez.
en leurs bailliages et sénesebaussées, el aflin
que tant plus losl cela se puisse exécuter nous
avons advisé vous en envoyer les leclres par-
ticullières pour les faire tenir aux bailliz
et sénesebaulx de votre gouvernement, vous
priant tenir, de vostre part, main qu'il y soit
salisffaict aveque telle diligence que nous
puissions estresecouruz de ladicte gendarmerye
au temps qui leur est mandé et ainsi que le
bien des affaires de mondict sieur et filz le re-
quiert. Pryanl Dieu, mon cousin, qu'il vous
ayt en sa garde.
Escript à Bloys, le imL'jour de février i56a
(i563).
Vostre bonne cousine,
Gaterine.
.1 av. depuis, advisé vous envoyer les pac-
quelz que vous pourrez plus commodément
faire tenir près de vous , et les autres yront par
la voye ordinaire de la poste.
1563. — h lévrier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3io4, f° 3i 1.
A MON" CODSIN
LE SIEUR DE DAMYILLE.
ADM11UL DE FRANCE.
Mon cousin, je viens tout à cesle heure
d'estre advertye qu'il est passé auprès de Bau-
gency ung gentilhomme qui va vers mon cousin
le prince de Gondé, qui ne s'est poincl \ouilu
faire veoir à mon cousin le duc de Guise ny
venir icy. Je ne sçay qui il est, ne à quelle in-
tention il va; faictes" y prendre garde et qui
que soit renvoyez le icy, sans souffrir, ne per-
mettre qu'il veoye mondict cousin qu'il n'aye
esté icy; faictes aussi prendre garde aux vil-
laiges et loges circonvoysins de vous, à ce
que riens ne s'assenble; car tout est par pays
el mectez peine d'estre bien adveity de tout
u;ï'[ res de c viiikuim; de médicis.
k\n
ce qui se réunira près de vous. Prianl Dieu,
mon cousin, vous donner ce que désirez.
De Bloys, le un février iô(i-> i i563).
Vostre bonne cousine,
Ca 1LIIINE.
15C3. — 6 févriei
Orig. Aivli. de Modàne
\ MON COOSIN
MONSIEUB LE DUC DE FERRARE'.
Mon cousin, le temps el les fascheux évè-
□emens qui ont par le passé esté aux affaires
du Roy monsieur mon filz seront assez suffi-
sant de nous excuser envers vous, si plus
souvent non;, ne \ous avons escript, lesquelz
pour estre mainctenant ungpeu plus soullagez
que nous n'avons esté par le moyen de I heu-
reuse victoire qui nous est advenue, nous
avons bien voullu, comme au meilleur amy
que nous ayons poincl, vous faire part de
Payse et plaisir «pie nous en avons receu el
vous advertir comme nous sommes mainc
tenant après à rendre ladicte victoire autant
fructueuse comme il est nécessaire à tout
l'estat de ce royaulme, ce que nous espérons
voir bientost réussy, si Dieu nous l'aict ceste
grâce que nous puissions poursuivre el achever
les choses comme elles sont encommancées.
El pour ce que sur le tout vous en serez plus
particulièrement informé par ledict sr Ca-
mille-, suivant la charge que nous lui en
1 Semblable lellre fut écrite, le même jour, au duc
de Mantoue el dans les mêmes termes. ( Archives de Alan-
toue.)
-' Dans une lettre de Charles IX au duc de Ferrare el
qui accompagne celle-ci, le s' Camille est désigné comme
l'un de ses écuyers ordinaires. Voici la lin de celle lettre :
"J'ay faict marcher' mon armée droit I aux 'portes
d'Orléans où elle est à présent, en estant le s' de Chas-
lillon sorty pour aller, avec les reislres qui luy sont
restez, du costé de la Normandye en espérance de se
CATUERINE DE MÉDICIS — I.
avons donnée, je ne vous en fera} autre plus
long discours; mais priant Dieu, mon cousin,
après m' estre bien affectueusement recom-
mandé à VOUS, VOUS donner en santé ce que
désirez. Escript à Bloys, le vi" jour de février
10G2 (i563).
Votre bonne cousine,
Caterine
KoBEBTET.
1563. — 7 février.
Orig. Bill!, nat. fonds français, n" 3ip/i, f°8.
A MON COUSIN
LE SIEUH DE MONTMORENCY,
il IBESCHAL DE FRANCE.
Mon cousin, avant mon cousin le duc de
Guise, gaigné leportereau d'Orléans ', comme
joingdre avec les Angloys ; à quoy j'ay donné si lion ordre
pour les en empescher que je m'asseure qu'ilz n'en rap
porteront que une honte et leur total le ruyne, ne lais-
sant pour cella cependant et pour l'envye que j'ay de
rendre tous mes subgects en repoz et tranquillité, d'es-
sayer tous les moiens que je pays pour venir à quelque
bonne paix; à quoy je trouve mon cousin le prince de
Coudé si Lien disposé que je n'en puys espérer qu'une
lionne yssue, dont je m'asseure que pour l'amitié que vous
me portez vous en recevrez aultanl de plaisir et con-
tentement que moy-mesmes qui sçay et congnoys combien
vous avez porté d'ennuy et fascherye de voir mes affaires
réduiclz en termes où ilz ont esté par le passé; de quoj
pour l'obligation je vous puys asseurer, mon cousin, que
vous n'aurez jamais paient, amy et allié, quel qu'il soit,
qui plus désire faire pour vous que moy el dont le!
effeetz vous rendront toujours plus de tesmoignage. ainsy
que j'ay donné charge audict Camille vous rapporter
plus au long de ma part; sur quoy je vous prie le croire,
comme vous vouldriez taire inoy-inesnies. Priant Dieu,
h cousin, qu'il vous ait en sa saincle et digne garde.
Escript à Bloys, le rj"" jour de février i56a (iJ63).
ttRoBERTBT V.l
i Archives de Modènv. 1
\i,\. den\ lettres du duc de Guise, l'une à M' de
Gonnor (Cinq cents Colbert, vol. ai, f" 37), et l'auln
à François de Montmorency, pour lui annoncer la prise
63
498
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
j'estime que vous aurez sceu, il veoyt appa-
rence de faire là ung notable service au Roy
monsieur mon fils s'il avoit jusques à dix
canons et leur équippage , dont j'escris au
sieur de Gonnor faire la diligence de les en-
voyer jusques à Gien, s'il est possible, et con-
gnoisse qu'il le puisse faire dedans douze
jours par les rivières de Seyne et Loing; à
quoyje vousprye tenir de vostre part la main
et pour la seurete' y employer voslre compai-
gnye et telle autre force dont vous jugerez
qu'ilz auront besoing; mais pour s'y conduire
seuremeut il fault estre bien adverty des nou-
velles de ceulx d'Orléans qui sont allez en _Nor-
mandye, afin que, s'ilz estoient sur le chemyn
de leur retour, comme il semble qu'ilz ne
veullent pas que leur voiage soit long, il ne
se mist rien en danger, et aussi s'ilz revien-
nent avecq équippage nous ne le perdions
poinct.
Vous ayant faict une autre dépesche par où
vous sçaurez l'ordre qui a esté donné pour
conserver la rivière de Seyne et Paris mesmes,
à quoy je me remectray, pryant Dieu, mon
cousin, vous donner ce que plus désirez. De
Bloys, le vne jour de février 1S62 ( 1 563 ).
Votre bonne cousine,
Caterine.
du portereau : coù il y avoit deux mille hommes soubs
douze enseignes. Aucuns, se voulant saulver, se sont
naiez, et le reste s'est retiré dans la ville. -> (Bil)l. nat.
n" -iigi, P to r°). — Voy. une lettre de Robertet au
duc de Nemours sur le même sujet (Bibl. nat. n° 3 180,
f 5) et une dépêche de Smith dans le Calendar of State
papers ( 1 563 ) , p. 1 38. — Voy. également une lettre du
duc de Guise à M. de Gonnor dans les Mémoires du duc
de Guise, collection Michaud et Poujoulat, 1" série,
t. VI, p. 5o5.
1563.
7 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3i85, f° 18.
Copie. Fonds Fontanieu, vol. 3o5-3o6.
A MON COUSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY.
MARESCHAL DE FRANCS.
Mon cousin, j'ai sceu par voz lettres du
dernier du moys passé le bon ordre que vous
aviez commencé à donner pour empescher que
ceulx d'Orléans dressants leur chemin en Nor-
mandye ne se puissent prévaloir d'aucun pas-
sage sur la rivière de Seyne, qui est chose do
telle importance que je désire singulièrement
qu'il n'y soit riens oublié. Depuis, et liyerausoir
seullement, je receuz troys de vos lettres des pre-
mier et 111 de ce moys. Par la première, sceu
l'instance que vous ont faicte ceulx de Paris
de bailler commission aux sept chastellenyes
principalles de la Prevosté et Viconté de Paris
d'eslire ung d'entre eulx pour conduire ceulx
qu'ilz veullent emploier à empescher les as-
semblées de ceulx de la nouvelle religion; en
quoy vous avez eu très sage et prudent advis,
ne pouvant trouver bon qu'ils recherchent ces
façons extraordinaires et encores moins qu'elles
soient suyvies, mais au contraire que riens
ne se face que soubz l'auctorité du Roy mon-
sieur mon filz, vous pryant, à ceste cause,
mon cousin, y-commectre quelques gentilz-
bommes prochains des lieux, les plus cap-
pables, gens de bien, bons catbolicques el
sans aucune suspicion, ausquelz vous ordon-
nerez y faire le devoir qu'il appartient et aux
peuples de les suivre et obéyr en ce qui s'ol-
frira pour le service du Roy mon filz, repos
et Iransquillité de leur pays.
Par les autres de voz lettres j'ay sceu le
dommage que le feu des pouldres a faict à la
Bastille, qui est moindre que je ne pensoys
et suis très ayse que vous ayez pourveu à ce
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
499
que le cabinet demoure en seureté, mais il
me déplais! intimement d'entendre la licence
dont la commune de Paris use, pour le danger
que cela pour raamener en ladicte ville, et re-
garderay aveq le conseil qui est icv à ce qui
s'y devra faire pour en cscripre bien expressé-
ment à la court de Parlement et au Prévost
des marchans et eschevins, en vous donnant
le moyen de les contenir el taire qu'il n'y ayt
en cela riens laid que par la raison et justice;
et bientosl aurez sur ce de uoz nouvelles, vous
pryanl cependant y faire tout ce que vous
pourrez et aussi à pourveoir et tenir les pas-
sages de ladicte rivière de Seyue en toute
seureté, ne faisant doubte que le retour de
Normandye ne soit beaucoup plus dangereux
que l'allée; d'autant qu'ilz ne sont pas allez
là que en espérance de venir bientost accom-
paignez d'artillerie el de gens de pied; vous
aydant pour cest effet de quelques compai-
gnies que Pasquiers a conduicles par delà
pour bs faire chemyner le long de ladicte ri-
vière, afin de les jeter dedans les places selon
le besoins qu'il en sera, aveq les peuples du
dedans pour les défendre, attendant qu'il vous
soyt pour cet effet donné meilleur moyen d'y
faire service au Roy mon filz, selon l'affection
grande que je sçay que vous y portez. Priant
Dieu, mon cousin, vous donner ce que plus
désirez.
De Bloys, le vu" jour de février i562
( i 563).
Mon cousin, voullant signer ceste lettre et
considérant au besoing qu'il est de vous donner
plus de moien de faire service au Roy mon
filz, si ceulx qui sont allez en Normandie
voulloient faire enlreprvse à Paris et sur les
passaiges de la rivière, j'ay incontinent dé-
pesché en Normandie et mandé au marescbal
de Vieilleville et au Ringrave s'en venir le
long de ladicte rivière avecques onze enseignes
de lansquenets et si\ de Françoys et troys
cornettes de reylres pour' deiïendre les lieux
qui en auraient besoing et les mettre dedans
les faugbourgs de Paris, s'il en est besoing;
dont je n'ay voullu faillir vous advertir, afin
qu'il y aye telle intelligence entre vous que
vous puissiez tant niieuh pourveoir au besoing
qui s'offrira.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — 7 f.Hrier.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3319. f° 34.
A MOiNSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'OUDEE DU BOT MONSIECR MON FILZ
ET CONSEILLEE EN SON CONSEIL PIIIVB.
Monsieur de Gonnor, je vous envoyé une
lectre du gouverneur d'Ardres, par où vous
verrez que le trésorier des réparations de Pi-
cardye, sorty déchargé de dix mille livres
qu'il a eues pour ladicte place, n'en a baillé
que huict; qui est une façon de faire que je ne
puis bien entendre el que je ne veulx pas
souffrir, nous pryanl le faire venir à vous et
vériffier à quoy il tient, pour, si vous trouvez
que cella soit demouré en ses mains, les luy
faire promptemenl vuyder et contraindre qu'il
porte ledict surplus audict Ardres , où le mectre
es mains de celluy qui exerce ceste année pour
le y faire incontinent tenir, pour y eu avoir
plus que besoing. Priant Dieu, Monsieur de
Gonnor, vous avoir en sa garde.
Escriptà Rloys,le vnejourde février i56a
(i5G3).
Caterine.
De l'Acbsspinb.
63 .
500
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
1563. — 8 février.
Orig. Bibl. nat. fonds Colbcrt, vol. au, f 28.
A MONSIEUR DE GONNOR,
OUEVALIER DE L'ORDRE DU ROT SIOSSIELR MON FILZ ,
CONSEILLER ES SOS CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnord, je vousay ceste après-
disnée despesché ung courrier, pour vous ad-
vertir que nous avons besoing de dix canons
et toute leur séquelle, et ne me souvenant si
je vous ay mandé ce que s'est, j'entendz qu'il
y ayt quant et quant quatre mille boulletz et
quarante milliers de pouldres; à quoy, je vous
prie sur tous les services que vous me sçauriez
jamais l'aire, faire faire extresme dilligence,
et n'y perdre ung seul quart d'heure, par le
chemyn de la rivière jusques à Monta rgis, et
mectre tant de chevaulx à tirer les batteaulx
qui l'apporteront nuict et jour, que l'on les
face voler, s'il est possible; qui est tout ce que
j'adjouteray à mon autre despesché, après vous
avoir asseuré que si nous avyons lesdictz ca-
nons à Orléans, j'estimeroys que bien lost vous
en aurez nouvelles qui vous seroienl fort
agréables. Priant Dieu, Monsieur de Gonnord,
vous avoir en sa sainte garde.
Escriptà Bloys, le viu'-'jour de février 1 50a
(*563).
Caterine.
De l'Aibespine.
tenyrla main qu'il soit faicle extresme diligence
et au demourant, oultre le contenu en mon
autrelectre,vou.sadvortirque,pourplusgrande
seureté de la ville de Paris, je trouveroys bon
que vous reguardassiez si vous avez moyen de
faire quelques enseignes nouvelles là autour
pour mectre dedans ladicte ville, le besoing
s'offrant de les arrester et faire tenir prestes
le plus tost que vous pourriez, et en m'en
advertissant je pourvoyray à leur payement:
mais le plus lost sera le meilleur. Pryant Dieu .
mon cousin, vous donner ce que désirez. De
Bloys, ce vni°jour de février i 56a (1 563 ).
Voslre bonne cousine,
Caterine.
1 5G3. — 8 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n° 32o3 , f" 3o.
A MON COUSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY,
HilIKSCBAÏ. DB FRANCE.
Mon cousin, aiant nécessairement besoing
des canons dont je vous ay cejourd'hui escrit,
j'en fais encores une recharge au sr de Gonnor
et luy mande qu'il fault qu'ilz soient accom-
paignez de quatre mille boulletz et quarante
milliers de pouldre. Ce que à quoy je vous prie
1563. —8 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" i63a , f° 91.
A MONSIEUR DE TAVANES,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DO ROT AU GOUVERNEMENT DE ROCRGOGNE.
Monsieur de Tavannes, le secrétaire Mar-
seille, qui s'en retourne présentement devers
mon cousin le duc de Nemours, vous dyra au-
cunes choses de la part du Roy monsieur mon
filz et de la myenne coucernans le bien de son
service, suivant la charge et commandement
très exprès qui luy en a esté donné, dont je
vous prye bien fort le croyre, comme vous
feriez ma propre personne, et je supplieray le
Créaleurvous donner, Monsieur de Tavannes,
ce que désirez. Escript à Bloys, le vine jour
de février 1 56a.
Caterine.
Hobertet.
1563. — ■ 9 lévrier.
Bibl. nal. fonds Colbert , n° ai, f' ay.
A MONSIEUR DE GONNOR,
aJKVAUEïi DE J.-onnitE DD ROV MONSIEUR mon FILS,
CO.NSKILLKK E\ SUN COHSB2L PBITÉ.
Monsieur de Gonnort, le trésorier Verdun
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
m'a Paie) entendre que vous estyez sur le
poincl de venyr icy nous trouver, mays d'aul-
tanl que depuys que vous n'avez eu de noz
nouvelles nous avons advisé d'envoyer mon
cousin le cardinal deGuyseà Parys pour plu-
sieurs choses d'importance, mes s pour le
faicl des cent mil livres de renie que sçavez,
et qu'il es) nécessaire que vous communicquyez
avec ln\ de (oui ce que vous avez faict; à cesle
cause je vous prye, si jà vous estyez party el
mys en chemyn, de vous en voulloyr incon-
tinanl retourner audicl Parys. affin de y
attendre mondief cousin et, si n'estyez party,
vous n'en bougerez qu'il n'y soyt arrivé. 11 par-
tira ccsl après disner el va par le chemyn de
Pluvyers, de façon que, si vous estiez en che-
myn, vous ne le sçauryez trouver venant par
Chartres; qui est, monsieur de Gonnorl, tout
ce que y vous diray pour ce coup, pryant
Dieu vous avoyr en sa garde.
De Bloys, ce ix'jour de février i56a (i563).
Caterine.
I Di sa main.) Je vous envoy le cardinal de
Guise ' afin de fayre paser le aydist de san mile
bans; et quant à set que m'avés mendé par
Verdun, je suis byen ayse de sel que les avés
si byen disposés etguardé que l'on ne lé re-
baille; et quant je vous voyré, je vous conleré
corne loutles chause sont. Breulé sele lelre el
ne nie alégué poynt; et pour fayre la pays,
corne me mendés, y failli par nécésité que je
demeure ysi, car y seurvient san chause que,
aystant louin de l'armaye, pour l'amour de
Monsieur de Guise, toul sel perderet.
1 Louis 1" de Lorraine, cardinal de Guise, évèque
de Trpyes et de Metz, archevêque d'Albi, abbé de Saint-
Victor de Paris, né le i5 octobre i5a7, mort à, Paris
le ■>'[ mars 1098.
1563. — g février.
Copie. Bilil. nat. Parlement . n° 8/i , I* 9
Imprimé dans les l/emotra de Condért IV, p
\ MESSIE! RS LES GENS
TENANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, j'ay faicl loul ce que j'ay peu
jusques à pré-cul el tenté ions moyens pour
cuider mectre fin aux troubles de ce royaum
el u'ay pardonné à chose du monde pour faire
venir à la raison ceulx qui en sonl cause,
comme chascun a veu, avec le hou ayde, con-
seil, confort et secours des bons serviteurs du
Roy monsieur mon lils, qui n'y ont espargné
la vie; mais quelque chose qui en soit sorty et
quelque espérance qu'il/, ayenl donnée de se
recognoistre , je y voys telle et si peu de fiance
que, en ne négligeant ce qui s'en peult
attendre, j'ay pensé, comme j'ay tousjours
faict, qu'il faull que le Roy mondict fils soit
le plus fort; el pour ceste cause, ay-je pourveu
qu'il aura, si Dieu plaist, son armée si grande
au dixième mars1; qu'il luy sera a\sé d'a-
chever ce qui est si bien commencé, c'est de
réduire les choses à leur bon chemin accous-
tumé à l'honneur de Dieu et repos de son
peuple; mais le principal est que argent ne
nous faille; en quoy nous espérons beaucoup
du party que vous dira mon cousin le cardinal
de Guise despesché du Roy mondict filz, que
je vous prie croire tout ainsy que vous feriez
moy-mesmes"2. Priant Dieu, Messieurs, vous
donner ce que désirez.
DeRloys. le ix° jour de febvrier 1 50 2 (1 563).
Caterine.
De l Adbespine.
' D'après le cardinal de Guise, l'armée royale devait
compter au 10 mars 12,000 chevaux, 22,000 hommes
de pied •! 3,5oo hommes d'armes. (Ibid. p. 910.)
' Voy. le compte rendu de la séance du Parle ni du
1.3 février et le discours du cardinal de Guise. (Bibl. nal
Parlement, n" 8-'i , p. 008 cl suiv.)
50:2
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1563. — 1 1 février.
Bibl. nat. fonds français, n° 3 19Ù , f1 a3.
A MESSIEDRS
DE MONTMORENCY,
MARESCHAL DE FRANCE,
ET
DE GONNOR.
Messieurs, encores que je puisse juger par
la leclre que vous m'avez escripte qu'il y a
assez de difficulté à faire venir les dix canons,
pouidres et boulletz dont je vous avois escript,
si esse que, estans nécessaire pour le service
du Roy monsieur mon lîlz, j'envoie vostrelectre
à mon cousin le duc de Guyse pour la veoir
et après vous faire sçavoir ce que vous devrez
fayre, et ce que je vous prie faire en toute
dextérité et extresme dilligence, telle que vous
aurez veu par ma seconde lettre que nous dési-
rons. Priant Dieu, Messieurs, vous donner ce
que désirez. De Bloys, le ximc febvrier i56a
(«563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — 1 1 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n" a/i5o, p. a5.
A MON COUSIN
LE SIEUR DE BOISY,
CliàND ESCUTBB DE FBiNCK.
Mon cousin, pour ce que je désire que le
chasleau de Chinon soit rendu fort et en estât
suffizant |iour résister aux entreprinses que les
séditieux y pourraient faire, je vous prie comme
celluy qui en estes cappitaine regarder à ce
qui y sera de besoing, allin de faire inconti-
nent, mettre la main, el s'il est trouvé que pour
la réparation dudict chasteau et aultres eboses
déppendanles de là il faille quelques arbres,
vous adviserez à les faire prendre en la fores t
dudict Chinon; ce que m'asseurant vous n'ob-
melerez de faire, je prie Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Bloys, le xiejour de février i 562
(i563).
La bien vostre,
Caterine.
1563. — 12 février.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert , n° si , f° 3o.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CPBTALlEr. DE L'OIIDBE DC BOÏ MONSIEUR SION FILS.
CONSEILLER LPi SON CONSEIL P1IIVB.
Monsieur de Gonnord, sur les entrefaictes
du voiage de mon cousin le cardinal de Guise,
le général Marras • est arrivé qui nous a bien
au long déclaré ce que luy avez dict et donné
charge touchant le moyen de recouvrer deniers,
en vendant pour cent mille escus du domaine
de l'Église, et cependant faire ung autre party
d'autres deux cens mille livres comme le pre-
mier des cent mille livres jà venduz, ce que
nous avons trouvé bon icy; mais parce que
ledict Malras n'a apporté aucun mémoire de la
forme de l'édict et que nous ne veoyons pas
assez clair en cela, il m'a semblé que nous
devyons actendre à nous y résouldre après que
vous aurez sur le tout bien au long commu-
niqué avec moudict cousin le cardinai de
Guise, et que luy, de son cousté, vous du
vostre, et après tous ensemble aurez senty et
advisé aussi aux moyens qu'il y fauldra tenir
pour sur le tout faire ung bon el ample nié- '
moire que vous nous envoyerez en toute
extresme diligence, dont je vous prye bien
fort, car estant mondiçt cousin le cardinal
party bien inslruict de nostre intention et de
ce que nous désirons, vous pourrez sur le lieu
' François Rougier, s' de Malras.
LETTRES DE CATH
vous résouldre de ce qui sera plus faisable
beaucoup raieulx que nous ne ferions icy, et
nous en advertissant, nous n'y perdrons point
de temps, ny aucune occasion.
Vous m'avez envoyé par ledicl Malras ung
estatdela despence desdictz six cent mille livres
provenans desditz cent mille livres; mais ledicl
eslat ne contient poinct la recepte, et je veuix
la veokpar le menu, pour sçavoir de qui elle
a esté i'aiete et les debtes qui y son! entrées,
vous prvant ordonner au receveur le dresser
et le m'envoyer le plus tost que faire se pourra .
trouvant bon aussi que vous vous aydiez des
escuries des Tournelles pour les meulles des
pouldres, actendanl que l'attelier soit faict,
puisque pour si peu de cliose elles se peuvent
après rabiller, et l'ay ainsi dict à M. le grand
escuyer, et cependant ne laissez poinct perdre
de temps à la construction dudict attelier,
puisque vous avez jà quinze mille franez re-
tenuz pour cela.
Aussi ai-je mandé à mon cousin le maréchal
de Montmorency que pour la seureté des places
de son gouvernement et mesmes de Paris, si
l'ennemy à son retour de Normandie dresse là ,
qu'il lève quelques enseignes oultre les forces
que l'on luy amènera de la Normandye; ce
qu'il ne fera que au besoing, lequel s'olliant,
je vous prye pour chose si importante ne faire
laulte ne difficulté de faire fournil' et bailler
les deniers qui- 'seront pour ce nécessaires.
comme je lui escris que vous ferez, et conti-
nuez à m'advertir de tout ce qui surviendra.
J'oublyois à vous dire qu'il est nécessaire
que vous regardiez au payement de la gendar-
merie, que j'ai ordonné se trouver auprès de
Sens au xc de mars, et principalement de
celuy des compaignyes nouvelles qui lurent
faictes en aoust, qui ont tousjours servy depuis
sans avoir touché ung Ivard, et qui ne sçau-
roient revenir ni demourer au camp où la
ERINE DE MÉD1CIS.
503
pluspart sont suis cela, comme m'escript mon
cousin le duc de Guise, et vous sçavez que
nous n'avons de riens plus affaire que de ces
gens là. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnort,
vous donner ce que désirez.
De Bloys.ce su jour dé îé\ rier i ÔGa (i563).
, Caterim:.
P. S. Depuis cette lettre signée et preste à
partir j'av eu encores une recharge de mon
cousin le duc de Guize pour haster les dix
canons, pouldres et boullelz dont vous ay tant
escript, lesquelz je vous prie faire monter
jusques à Montargis en toute dilligence sans
y perdre nuict et jour ung quart d'heure; et
estant là il donnera ordre que les chevaulx du
camp les ironL quérir avecques l'aide qui se
pourra faire de vostre cousté.
De l'Aibespine.
1563.
ta février.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbcrt. n° 3go, P lig.
In,|niiîi.j dans les Additions aux Wénwira de ùutelnm, t. I, i>. 79.5.
\ MONSIEUR DE RENNES.
Monsieur de Rennes, par vostre lettre du
xn" du passé, j'ay seu comme l'Empereur et
le roy des Romains ont pris la victoire que
vous leur feistes entendre de nostre part et la
façon dont nous avons entendu en user; qui
m'a esté grand plaisir; et vouldroys, pour grande
satisfaction de mon esprit, que tous les princes
de delà, que l'on a voulu imprimer1 mal des
actions dont nous avons usé. en eussent claire
congnoissance; car ils jugeraient que jamais
roy grand et puissant, comme cestuy cy, n'a
eu affaire si extraordinaire, usé de plus sage
ne plus prudent conseil, pour ayder éviter Le
mal, dont il a pieu à Dieu que ayons esté
assailliz, et plustost plus faict que nous ne
1 Imprimer, impressionner.
r.o'i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
devyons de doulceur el clémence pour rappeler
ei asseurer cetilx qui se sont oublyez. Dieu
m;;i\ l le nombre des seigneurs, gentilshommes
et autres qui sont revenuz, et combien de
peuples, ausquels on n'a pas dict une mau-
vaise parolle; et depuis la bataille mesme n'a-
vons jamais esté moins pretz de les embrasser
et réconcillier que auparavant. Et encores que
mon cousin le prince de Condé monstre très
bonne volunlé à la pacification de ce royaume,
et que pour y adviser il eust, avec le congé du
Roy monsieur mon fils, mandé deulx des prin-
cipaulx de cculx d'Orléans pour venir parler
à luy, comme j'en envoyois deux autres devers
mon cousin le connestable, i'amyrat de Cbas-
tillon, pour rompre ce coup là, est party avec
ce qu'il a peu amasser de cavallerie, et a pris le
cbemyii de la Normaudye, pour aller quérir
secours des Angloys, etquelqu'argent, qu'il en
actend pour le payement de leurs reytres,
dont je ne sçay ce qui luy réuscira; mais il se
peult par là juger qu'ilz n'ont pas grande
volunté de se recongnoistre. Il es! vray que
cependant nosire armée n'a pas perdu temps,
ayant forcé le portereau d'Orléans qu'ilz avoient
forfiffié, el pris la tour du bout du pont, sur
lequel nos gens commencent à combattre ceulx
du dedans, lesquelz sont fort empeschez el en
dangerd'avoir une bonne eslraicle '. Nostrcdiclc
armée ;i aussi pris et saisy tous les ponlz et
passages de la rivière de Loyre, de façon que
les autres n'y peuvent plus retourner et croy
que, avecques l'ayde de Dieu, quelque secours
qu'ils sepromectent de l'Angloys, leurs affaires
ne sonl pas pour aller cy après mieulx qu'elles
onl fnicl pour le passé. Ce sont toutes nos nou-
velles, par où j'ay bien voulu vous commencer
ceste lettre; vous advisant au surplus que j'ay
receuvostre autre lettre du sxvi'dudictmoyspar
Estraicte, défaite.
laquelle, avec ce que vous m'en touchez en la
précédente, j'ay entendu ce que vous avez
apprins des propos du mariage, et quelque
chose qui se praticqué du costé d'Espaigne au
contraire : je ne puys penser que l'eau ne leur
vienne à la bouche par delà, désirant bien
que dextrement vous nourissiez cesl espérance;
seullement touteffoys au roy de Bohème,
quand il retournera à vous parler de sa fille,
qu'il entende par voz responces qu'elle n'aura
jamais plus d'heur, ne de grandeur que cela,
ne luy une plus seure alliance; non pas en
termes si ouverlz, mais par manière de devis,
ainsi qu'il se trouvera plus à propos. Cepen-
pendanl ce me sera grand plaisir d'avoir les
pourtraietz que m'escrivez, et d'entendre
comme sera prise par delà la poursuitte, que
y est allé faire Gusman, de cest empire nou-
veau ] de quoy je suys de pieçà advertye et de
l'allée de Don Loys d'Avilla pour cet effect?.
El là dessuz il fault que vous sçachez que
despuis deux jours est icy arrivé ung gentil-
homme, qui dict eslre dépesché de l'Empe-
reur3, avec deux lettres, dont vous envoyé
copie, par lesquelles, comme vous verrez, il
demande au nom des estas de l'Empire, la
restitution de Metz, Thou[l] et Verdun, bien
chaudement et expressément, et a tellement
conduict son voyage, que jamais nous n'avons
1 Le roi d'Espagne voulait avoir le titre d'empereur
des Indes. — Voy. une lellre de Souillarl, un de nos
agents à Rome, à l'évéque de Rennes. ( Bibl. nat. Cinq
cenls Colbert, n° 3o,4, f° aïo.)
2 11 avait élé envoyé à cel effet à Rome, où il avait
en outre mission de demander une dispense pour le ma-
riage du^prince d'Espagne avec sa lanle. Le i3 février
il n'était point encore arrivé à Rome. — Voy. une lettre
de Lansac du a5 mars 1 563 dans le n° 3;i& des Cinn
cents Colbert, p. ag i .
3 Voy. une lettre de l'Empereur et la réponse du
Parlement dans te n° 84 du Parlement, p. 93 1 . (Bibl.
nat.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
505
non sceu, qu'il n'ayt esté à la porte de ce chas-
tenu, dont je m'esbahys grandement, et que
cela soil ainsi jia-si; . sans que vous en ayez
esté adverty, joinct qu'il dict avoir lettres de
pareille substance à la court de Parlement de
Paris, que ceuK, qui l'ont dépesché ', esti-
ment durant la minorité du Roy monsieur
mon fils, avoir grand moyen en cest endroict,
ijui est une façon de faire extraordinaire et que
je' ne puis bien concepvoir. Pour ce désireré-je
que. avec toute la peyne et dextérité dont
vous \ous pourrez adviser, vous laciez tout ce
qu'il vous sera possible pour sçavoir d'où cela
vient, si c'est à bon essient, et de par qui il
est po'ursuivy ; semblablement, s'il se fait aucun
préparatifz par lesdicts Estalz pour cesleffecl.
comme j'escriptz à mon cousin le cardinal de
Lorraine et au sieur de Lanssac, que j'estyme
debvoir éstre aussi prez de l'Empereur au temps
mesmes que vous aurez ceste lettre, faire de
leur pari, afin que d'un couslé ou d'autre la
vérité en soit touchée et descouverte, mais
1 Dans une dépêche Je l'agent anglais Clough à Chai-
loner, ambassadeur d'Angleterre en Espagne, nous lisons :
nLe comte d'Everstene (Helfenstein), qui pendant un cer-
tain temps représenta l'Empereur en Angleterre, est
maintenant en France pour demander, au nom des nobles
de l'Empire, la restitution de Metz,Toul et Verdun. Ayant
remis sen message au Parlement, il s'est rendu de Paris
à la cour pour en obtenir une réponse.» ( Calmdar »/ State
papers, i563, p. 190 et 191.) — Voy. les détails donnés
par Ghantonnay, à ce sujet, dans les Mémoires de Condé,
édit. de 1763, t. II, p. 1 3a. — De son coté Smith écrivait
de Blois, le 12 février, aux membres du conseil privé
qu'ayant appris qu'un ambassadeur de l'Empereur était
logé tout près de lui, il lui avait envoyé un de ses gens
pour lui exprimer le désir de lui présenter ses devoirs
comme à un ambassadeur de l'Empereur; que, touché de
cette démarche, il lui avait fait répondre qu'il n'était
pas un ambassadeur, mais un simple envoyé; et que
dans un long entretien qu'ils avaient eu, il lui 'avait
avoué qu'il était venu pour demander la restitution de
Metz, Toul et Verdun. (Calendar of State papers, 1 563 ■
p. i3g.)
CiTHEBINE DE MÉDICIS. 1.
pour ma particulière satisfaction , je vous prie
scruter el sonder le plus profondément que
vous pourrez, pour descouvrir s'il \ a poincl
en cela de menée secrelle, qui ne soil pas
d'Allemaigne; donl vous ne vous descouvrirez
que à nous mesme; el si le sieur de Lanssac
esl là, lu\ en pourrez communicquer aussy;
d'aullant que je luy en escripfz semblablemenl
et de ce que vous pourrez sur le tout apprendre,
m'advertirez incontinanl par courrier voilant,
sans perdre une seulle heure de temps; n'ayant
pas délibéré faire responce audict gentilhomme
(jue je n'ay la vostre el celle dudicl sieur de
Lanssac sur cest affaire. Quant aux mar-
chans d'Ausbotirg desquelz m'avez envoyé li
mémoire de ce qui leur peuil estre deu, je l'ai
f'aict mectre aux mains de ceulx des finances
pour y adviser, et pourront estre asseurez, quant
noz affaires le pou iront porter, ilz seront traictez
et salisi'aictz comme ilz le méritent; pryant
Dieu, Monsieur de Hennés, vous donner ce que
plus désirez. De Bloys, le \n' jour de fé-
vrier 1 562 ( i563).
Cateiune.
De l'Aubespine.
1563. — il) février.
Orig. BihI. nal. fonds français, u° 3ifi<V 1
A MON COUSIN
LE SIEUR DE MONTMORENCY,
HABBSCBAL Dfc FRANCE.
Mon cousin, j'ay esté très aise d'entendre
par vostre leclre du xiiic!,u' le bon ordre que
vous avez donné pour Mante et aussi pour
loger l'ambassadeur de l'Empereur qui ne
mène pas si grand train que voz fourriers y
soyent empeschez. Sur la dépesche duquel je
désire bien estre esclaircy de ce que avez
escript à l'Aubespine et le plus tost que faire
6S
.Mi.;
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
se pourra? il faict tousjours grande instance
d'aller présenter ses lectres à Paris; et à la
fin, luv en ilonneray le congé sur l'assurance
que j'av au préparatif que vous y avez faict et
à la raison qui le commande ainsi; qui est
tout ce que j'av à vous escripre, après vous
avoir prié, mon cousin, faire toute dilligence
pour haster les canons et l'artillerye, dont je
vous ay tant escript. Priant Dieu, mon cousin,
vous avoir en sa saincte garde. Escrip! à Bloys ,
le wi"""' jour de février 1 562 (t 563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — 16 février.
Qopie. Reconl office, State papers.
A TRES H tÙLTÈ ET TRÈS EXCELLENTE PRINCESSE
XOSTRB TRÈS CHÈRE ET TRÈS AMEB SKCR ET COl'SINE
LA ROYNE D'ANGLETERRE.
Très-haulte et très-excellente princesse,
nostre tiès-chère et très-amée seur et cousine,
salut. Nous avons receu la lettre de créance
que nous avez escrite par le sr de Somer,
vostre secrétaire, présent porteur, retourné
par deçà pour les mesmes occasions de son
premier voyage, et entendu ce qu'il nous a
dict de vostre part. Sur quoy il remporte du
Roy nostre très-cher seigneur et filz responce
à votre seconde lettre l, qui vous fera de plus
en plus congnoislre, que nous ne luv en
1 Voici la réponse de Charles IX :
«Très-haulte et très-excellente princesse, nostre très-
chère et très-amée sœur et cousine, salut. L'aultre
voiage que le sieur de Somer, ung de vos secrétaires,
présent porteur, vint devers nous sur l'occasion delà pro-
clamation faicte à Paris au mois de décembre dernier,
<jue vous prétendiez contenir publication de guerre contre
vous et voz subgetz , nous luv feismes faire deslors res-
ponce que nous n'avions eu aucune cognoissance que
telle publication èust esté faicte et ne l'avions jamais
lairt faire; par où el pu- les autres desportements dont
dismes lors aultre chose que la vérité, telle
que nous avonz estimé que vous avez deu
croyre d'une princesse qui préfère l'honneur
et sa parolle à toutes choses du monde l; qui
nous garde vous en faire plus longue lettre.
nous avons tousjours et depuis usé, il vous est aysé à
croyre et tout le monde cognoistra aussi assez que nostre-
dicte responce est conforme à vostredicle intention , chose
qui vous devoit tenir plus que satisfaicte. Et toutesfois
ayant veu par la lettre qu'il nous a présentée de vostre
pari du x\vic de janvier dernier, que ceste opinion vous
dureencores, et désirez que vous en donnions asseurance
par noz lettres, combien que la parolle d'ung prince tel
que nous sommes , fortiffiée de celle de la Royne nostre
très-chère et très-lionorée dame et mère qui leit de par
nous ladicte responce, ayt accostumée d'estre entre les
grands princes tenue pour le plus seur tesmoignage
que l'on en puisse prandre, et que depuis que nous
avons commencé à parler, nous avons apris , avecq l'ins-
tinct des Roys nos prédécesseurs de très-louable mé-
moire et du sang dont nous sommes sortis, à ne dire rien
que la vérité, et rendre nos effects conformes à nos pa-
rolles, si esse que voulant mectre toute la raison de
nostre costé, nous avons bien voulu, satisfaisant au con-
tenu de vostre lettre , encores vous en esclarcyr et asseurer
que nous n'avons point faict faire ladicte proclamation ,
et telle n'a esté aucunement nostre intention, mais en
toutes choses chemyner et nous desporter sincèrement ,
et comme il appartient à prince d'honneur et de vertu ,
tel que nous trouveront tous ceulx qui auront affaire à
nous. Priant à tant Dieu, très-baulle et très-excellente
princesse, nostre très-chère el Irès-amée seur el cousine,
vous avoir en sa saincte garde.
r-Escript à Bloys, le xvicjour de janvier i56a (i563).
r'ClURLES.7)
(Record office, State papers, France.)
1 Le i/i janvier, les deux envoyés, Smith et Somer,
demandèrent à Catherine de Médicis une explication au
sujet d'une proclamation de guerre contre les Anglais,
qui , le 1 1 décembre dernier, aurait été criée dans les rues
de Paris. La reine répondit que cette proclamation ne
s'appliquait qu'aux étrangers qui avaient porté les armes
et pour les mettre en demeure de se retirer hors de
France, sous peine d'être traités comme rebelles et en-
nemis, et qu'elle n'avait pas connaissance qu'aucune
autre proclamation eût été publiée. Somer ayant persisté
à soutenir qu'il y avait une autre proclamation désignant
LETTRES DE C \ïll
PryantDieu, très-haulte el très-excellente prin-
cesse, aoslre très-chère el très-amée seur el
cousine, vous avoir eu sa très-saincte el digne
garde.
Escripl à Bloys,le xvi'jourde février i56a
(t563).
\ oslre bonne seur et cousine,
Catf.rim:.
De l'Ai bbspine.
ÎRINE DE VIEDIC1S.
50"7
1 503. — 1 (i févi ter.
Oiig. Bibl. nat. fonds français, n° 319^1 , f" 95.
A MON COUSIN
LE SIEIR DE DAMVILLE,
AMIRAL DE FlIlM l
>Ioii cousin, présenlemenl esl arrivé ce por-
lenr secrétaire de mon cousin le prince de
Gondé avec une lectre de \ oslre père <|ue vous
tominativemenl la reine d'Angleterre, el insinuant que
la meilleure satisfaction à donner sérail d'en faire une
dans un sens opposé, Catherine répliqua que, quant à
la révocation delà proclamation, elle y serait disposée,
si Elisabeth en faisait autant de son coté. — Le mercredi
suivant, dans une nouvelle audience, elle dit à Smith el
à Somer que le Conseil et elle s'étaient assurés qu'aucune
proclamation n'avait été faite, el qu'ainsi il n'y avait pas
lieu de révoquer ce qui n'avait point été fait. Sur l'in-
sistance de Somer à maintenir que la reine sa maîtresse
était certaine de la publication d'une proclamation contre
elle et ses sujets, et que si le Roi voulait vraiment la
paix, il pouvait faire une déclaration dons ce sens pour
rectifier tous ces bruits, Catherine repondit qu'elle ne
pouvait pas dire plus qu'elle n'avait fait, et elle appela
en témoignage le cardinal de Bourbon el le duc de Mont-
pensier, qui confirmèrent son dire. Enfin Smith, soute-
tenant que le 1 1 décembre deux proclamations avaient
été faites, l'une dans le sens indiqué, l'autre contre la
reine sa maîtresse, la désignant comme ayant violé sa
loi, Catherine, sur l'honneur, déclara qu'il n'en était
rien, ce que confirmèrent le roi, le duc el le cardinal.
(Dépêche de Smilh et de Somer à Elisabeth, dans le
Calendar of State papers , 1 563 , p. 62 etsuiv.)
venez et par icelle entendrez l'occasion de sa
venue; je le vous ay voulu envoyer avecques
les sieurs de Boucard el d'Eslernay, affin que
tous ensemble ilz communiqueal avecques le-
dicl prince et là par ensemble ils prennenl
mu' lionne résolution de laquelle il retournera
en toute diligence advertir vostredicl père,
estant bien d'advis que lesdicts sieurs de Bou-
card el d'Esternaj demeurent là jusques à ce
(jue il soil de retour devers mondicl cousin
pour luv faire entendre ce que aurons résolu
à Orléans. Priant Dieu, mon cousin, vous
avoir en sa saincte et digne garde.
De Bloys, ce xvi" jour de lévrier i562
(1563)1.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1 Voici ce qu'écrivait Damville à sa mère. Madame la
connétable, du château d'Onzain,à la date du i5 février :
rrSamedy dernier Sa Mageslé la Royne passa icy près pour
aller voir Monsieur et Madame à Amboise où je fus avec
elle, et lors me comeuda vous présenter ses recomen-
dalions à vostre bonne grâce et qu'elle désire autant
la deslivrance et brief retour de mondict s ligneur que
vous-mesmes, vous pouvant bien lesmoigner, Madame,
que despuis qu'il est à Orléans, j'ay cogneu en plu-
sieurs façons plus de démonstrations d'amytié que Sa
Magesté luy porle que je n'avois faict d'oparavant son
emprisonnement et qu'il ne tiendra à elle qu'il ne soict
bien tost de deçà. Hier au soir arriva en ce lieu devers
Monsieur le Prince, Bocal et Eslernay; el au semblable
Messieurs d'Oisel et de Limoges arrivèrent hier à Orléans
devers mondict seigneur le connestable pour regarder
tant d'un cousté que d'autre le moyen de les fere em-
bouscher et parlementer ensemble, ce qui pourra estre
bien tost résolu, m'estaot advys à les voir qu'il désirent
la pais.'! En terminant il demande de l'argent à la conné-
lable : r Ne pouvant loucher ung seul liard de ses estats
et qu'il luy convyent fere fort grant despence pour entre-
tenir et tenir maison à tous ceulx cpii sont icj auprès de
luy et pour la garde dudicl Beigneur Prince. 1 (Bibl. nat.
fonds français, n" 20.509, f 26.) — Voy. La Borde,
I ie d'Eléonore de Baye: duc d'Aumale, Histoire de la mai-
son de Condé.
6!t.
508
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
| I 563. — i 7 février.)
Aul. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, vol. »4 , f 35.
A MONSIEUR DE GOMOR,
CHEVALIER DE I .'ORDRI DU ROY MONSIEUR MON FILS .
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVÉ.
Vous voyés set que sete letre porte ' ; je vous
prie y salisfayre promptement, car aultrement
tout demeure, et vous fayré perdre la plus
belle aucasion tant pour la vile d'Orléans que
aultre endroyt; je vous prie Tan salisfayre si
byen que je conèse que avés reseu la pré-
sante.
Caterine.
1 563. — 1 7 février.
Co] i' Bibl. nat. collect. de D. Housseau, t. 10.
A MONSIEUR LE COMTE DU LUDDE.
Monsieur le comte, j'entends que le roy
d'Espaigne monsieur mon beau-filz envoyé
icy devers le Roy monsieur mon (Hz le s' Don-
Ernaud filz du duc d'Alve2, personnage de
1 C'était une lettre du duc de Guise datée du camp
d'Orléans le 1 6 février, dans laquelle se plaignant de la
• maigre réponse de M' deGonnortn, ilexposait à la Reine
les nécessités de son armée et celles de l'armée de M. da
Brissac en Normandie , ce dernier réclamant de l'artillerie
pour l'entreprise de Dieppe. (Cinq cents Colbert, n° a 4 ,
3 Don Hernando de Toledo, grand prieur de Castille,
lils naturel du duc d'Albe, envoyé officiellement pour
complimenter le Roi sur la victoire de Dreux, mais en
réalité pour s'opposer par tous les moyens à la paix avec
les protestants que redoutait Philippe II , et avec pouvoir
d'offrir des secours de toutes sortes pour la continuation
de la guerre. — Voy. les instructions qui lui furent don-
nées, dans le n° 1499 de la collection Simancas(Arch. nat.),
pièce i ■! ; Lettre de l'ambassadeur Cballoner à sir John
Mason ( Calendar of State pnpers , i563 , p. 85). 11 n'avait
pas encore quitté l'Espagne le 1 8 février, suivant une
lettre de Challoner à Cécil (Calendar of State papers.
i563, p. i64). Catherine le retint longtemps à Bor-
deaux, sous prétexte que les chemins n'étaient pas sûrs,
quallitle', pour le visiter ; et pour ce que je
désire bien que par les lieux où il passera, il
soit favorablement receu et recueilly, je vous
prye y donner de vostre part l'ordre qu'il ap-
partient, luy faisant et faisant faire le plus
bonneste recueil que vous pourrez, et m'ad-
vertir en toute dilligence du jour qu'il sera
arrivé, les traictes qu'il fera, et quand il
pourra estre icy, affin que je donne ordre
d'envoyer quelcuu au devant de luy pour luy
faire l'honneur qu'il mérite venant de ce lieu
là. Priant Dieu, Monsieur le comte, vous
donner ce que vous désirez.
De Bloys, le XVIIe1 jour de février 1662
(i563).
Caterine.
De i.'Aubespine.
1563. — 17 février.
Orig. Dibl. nat. fonds Colbert. vol. 2/1 , f» 36.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DO ROT MONSIEUR MON FILS ,
CONSELLLBR EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, le sieur de Verdun
présent porteur nous a rendu fort bon compte
et par le menu de tout ce dont l'aviez chargé
et adverty du debvoir et dilligence qui se faicl
par dellà pour le recouvrement et avancement
des denyers dont nous avons tant de besoing,
de sorte que j'en ay eu granteontantement; et
pour ce que mon cousin le cardinal de Guysc
est allé par dellà pour mesme occasion et que
j'attendz de son voyage une bonne et utille
résolution, j'ay remis à vous faire sur telle
et qu'il lui fallait une escorte; et le a3 février, Chanton-
nay écrivait : k S'il y a quelque moyen d'accord, la Revne
conclura à ce coup-cy, et peult-estre se hastera avant la
venue de don Hernando de Toledo, doublant qu'il n'aye
quelque charge du Roy noslre maistre pour empêcher
l'appoinctemenl.i (Mémoires de Condé, t. II, édit. de
17/1.3, p. i36.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
:>0'J
chose aucune responce jusques à ce que j'aye
eu de voz nouvelles sur celle que vous porta
de nous le controlléur générai des guerres,
ayant donné charge audict sieur de Verdun
vous dire aucunes choses de ma part dont
je vous prye lecroyre, comme vous feriez moy-
raesmes. et que je vous attend/, en bonne dévo-
tion après que vous aurez donné ordre à ce
que j'actendz de voslre bonne dextérité el
moyen, avant remis à vostre arrivée à nous
résouldre sur l'office de général de Paris.
l'i v an! Dieu , Monsieur deGonnord, vous avoir
en >a garde. Escript à Bloys, le wu jour de
février i 562 (1 503).
(Dr sa main.) Je n'é pas de vos novelles
depuis que Maleras est veneu, et set porteur
nie dicl set que luy avyés comendé et, quant à
nos novelles. Monsieur deGuise dan demayn v
fayré belle peur à Orléans. Boucart et Sternaj
sont aveque le Prinse de Condé et lé nostre
aveque Monsieur le conestable qui m'a, depuis
qu'i sont avequeluy, envoyé lesegretayredudist
Prinse pour reseudre la veu et prèse fort Ma-
dame la Prinsesse qu'ele se fase. Je croy
qu'el a bêle peur de nous voyr si près de là
san son congé; mes quant demayn nousauryon
Orléans je sav byen que pour chaser les ays-
tranger y nous fault la pays que je désire,
mes nous l'aurion bien à milleur côndision
tenant la ville. Mé recomendation au cardinal
de Guise, nies que tou deux ayés layst. vené
vous en ensemble; hastés lé canon, car sela
leur fayra haster.
Catkrine.
1563. — i 8 février.
Orig. Bibl. uat. Ciuq cents Colberl, vol. ai, f' 38.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CfUHLIEF. DE L'OBDBE DC BOT MOSSIELB MON FILS ,
CONSEILLEE ES SOS CONSEIL PBITE.
Monsieur de Gonnord, je pensoys que nous
aurions plus tosl vostre responce sur ce que
je vous escrivis par le contrerolleur général
des guerres pour sçavoii-, après l'arrivée par
delà de mon cousin le cardinal de Guise1, ce
que auriez peu avancer en l'affaire pour le-
quel il \ esl allé, mais jusques à cesle heure
il n'en est poinl de nouvelles; cependanl il
m'a semblé ne devoir tarder renvoyer ledicl
sieur de Malras par delà, pour tousjours
avancer et promouvoir le recouvrement des
deniers qui pourront venir des deux cens mille
livres de rente qu'il est trouvé bon vendre:
qui est si bien instruict sur cest affaire el de
mon intention que je m'en remectray sur luy .
auquel je vous prye adjouster foy comme à
moy-mesmes. Pryant Dieu, Monsieur de
Gonnor, vous donner ce que désirez.
De Bloys, le x\me jour de février i56a
(i563).
Catekine.
(De sa main.) Je vous prie voyr set que je
ayscrips au cardinal de Guise et au premier
Président2 et considérer de combyen ses deus
1 Louis de Lorraine, cardinal de Guise en i
archevêque de Sens en 1 56i, sacra Henri III le i3 fé-
vrier 1573, mourut le 26 mars 1Ô78.
- Celle lettre n'a pu èlre retrouvée, mais la réponse
du président de Tliou se trouve dans le n° 66 1 ô du fonds
français, p. 4 , et la voici en partie : -Madame, j'ay receu
vostre lettre du xvmc de ce moys et entendu par \lr de
Haïras ce qu'il vous a pieu m'eslre dit de voslre part.
Quant au premier poinct touchant les Angloys, vous
pourrez estimer pour la vérité qu'il n'y a personne en la
compaignye qui ayt pensé que l'on deust ou peusl mal
prendre ce qui en est escript par l'arrest, parce qm- tons
nos registres sont pleins de pareilles clauses, toutes les
histoires et annales de France: et naguères par les lettres
qui ont esté envoyées en votre court de Parlement pour
vendre cent mil livres de la subvention accordée par l'E-
glise y a clause pareille à celle qui est portée par ledicl
arrest, qui porte par exprès ces mots (etmesmcs 1rs ln-
imciens ennemys) de laquelle toulefl'oys l'on n'a faicl
aucune plainte, combien que lesdictes lettres soient leues,
publiées et enregistrées et l'arrest intervenu sur icelles ayt
510
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
poyns que je luy mende mete de feu aus ays-
toupes, et y n'y an n'y a que trop d'aleumé. Yl
fauldret plu lot chercher de l'aytyndre que de
nu si re dé tison pour le mentenir, car y me
senbie qu'i ne devesl que enseuivre lé letrc pa-
tente et non pas y ajeuté de ce stile du procu-
reur; car y ne set pas bien set qu'i fault fayre
en matière d'Estat. J'en parle eun peu en co-
lère, car je ne puis teut fayre pour ayseier de
mestre le Roy mou fils et le reaume en repos,
qui n'y an n'y é qui ne me remeue plus de
ménaige en heun heure que l'on ne saret le
rabiller en heun an, car yl y a tantost tant
que nous soumes a set beau pasetamps. Quant
à moy, je an sui bien lase, ausi este-vous;
pour se, diste au premier Président qu'i le
fault prontement rabiller.
Oaterine.
1563. — 18 février.
Bihl. nat. Cinq cents Colbert, vol. ai, f° 3g.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE CARDINAL DE GUISE.
Mon cousin, j'ay esté très aise de sçavoir
par rostre lettre du xim de ce moys, que je
receuz seullemeut hyer, que vous ayez si bien
esté imprimé. Je désireroys fort pour les causes conte-
nues en vosdietes lettres qu'il n'eust esté faict aucune
mention par l'arrestdu \° de ce moys; touteflbys,puysque
les choses sont ainsi advenues, sans y avoir mal pensé , ny
avoir eu occasion que l'on le peust trouver mauvais, l'on
y pourveuera de telle sorte qu'il n'en viendra plus aucune
plaincte ni querelle. Touchant la clause concernant les
abolitions ou pardons, ainsi comme je vous en ay escripl,
il a esté bien amplement discouru et disputé de ce que
l'on eu pouvoit faire, veu la calamité du temps en la-
quelle il a pieu à Dieu que nous soyons tombez. Nous es-
pérons que, ayant entendu ce qui vous en aura esté
récité de la part de Monsieur le cardinal de Guise, vous
y saurez 1res bien pourvoir à ce que, les choses eslans
hors de difficulté et arrestées.il soiteogneu à un chascun
par où ou en debvra passer, v
disposé la court de Parlement qu'elle soit
pour accommoder ce que nous désirons du
clergé pour le secours dont nous avons tant
de besoing. Je n'attendz que vostre responce à
ce que je vous escripvis par le conlrerolleur
général des guerres, les mémoires et le double
de l'esdicl dernièrement dépesché pour les
cent mille livres du domayne que pensions
seullement vendre du revenu de l'Eglise pour
en faire faire l'expédition. Cependant ayant
trouvé bon que l'on se serve de la vente en-
cores de deux cens mille livres de rente dont
ce porteur m'apporta l'advis, il m'a semblé
bon, pour avancer et mieulx préparer les
choses, le renvoyer par delà amplement ins-
truicl de mon intention, dont je vous prye le
crovre comme vous feriez moy-mesme, qui ay
eu grand plaisir d'entendre que ayez fait don-
ner ordre à advancer l'artillerie et munition
que nous actendons en grande dévotion.
Quant à ce que vous m'escrivez estre advenu à
Meaulx1, je n'ay point trouvé dedans vostre
pacquet de lettres de mon cousin le maréchal
de Montmorency, par où je devoys sçavoir
l'ordre qui y a esté donné, mais je vous di-
ray bien que l'on ne sçauroit trop tost y
pourveoir, avant, pour la malladie de mon
cousin le grand prieur vostre frère, envoyé
par l'advis de Monsieur de Guise commission
au sieur de Pavan- qui est par delà pour y
pourveoir, ce que, je croy, lui sera mal-aisé,
s'il n'est favorisé de ceulx dudict Paris, et
q'ilz n'v envoyent une bonne trouppe de
leurs gens avec ceulx que ledict sieur de Pavan
1 Vov. l'ordonnance du maréchal de Montmorency au
prévôt des marchands et échevins «sur l'avis que les pro-
lestants s'étoient emparés du marché de Meaux et y
estoyent cantonnez, à ce qu'ilz ayent à faire lever par
chaque dizaine le plus d'hommes de pied et de cheval
qui se pourra pour aller secourir les habitans de Meaux. n
(Bihl. nat. Cinq cents Colbert, vol. a5a, f" lll.)
2 Charles des Coutles, sr de Pavan.
LETTRES DE CATH
amassera de son eousté. Pryanl Dieu, mon
cousin, vous donner ce que désirez.
De Bloys, ce xvnf jour de febvrier 1 56a
(i563).
[De sa main.) Mon cousin, j'é veu asteure
l'aresl que la Cour ha donné sur ié letre patente
que le Roy mon (ils leur avesl envoyé pour
sésir lé byens de seulx qui portet encore les
armes, mes yl i ont mis seulx qui les aunt
portées et qui aunt heu pardon du Roy mon
fils , si ne l'ont ynteriné et présanté à la Court;
et vous save's que neul de seulx qui aunt heu
le pardon ne leur ay ajouyn1 de le porter à la
Court, et sete close serct cause d'en fayre re-
meuer beaucoup; qui est cause que je vous
ay voleu ayscripre set mot, afin que le fasié
rahiller, au par heune déclaration, au aultre-
ment; car y sambleret que le Roy mon fils ne
leur pourel pardonner san le consantement de
la Court; je vous prie en parler au premier
Président cl qu'il y souit promptement re-
médié.
Vostre lionne cousine,
CvTF.RINE.
GRINE DE MÉDICIS.
511
15(53. — 18 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, u" 3 18'. . I ■'>■
A MON COUSIN
W LE MARESCHAL DE MONTMORENCY,
GOUVERNEUR BT LIEUTENANT GENERAL DU ROY MONSIEUR MON FILZ
EN L'ISLB DE FRANCE.
Mon cousin, encores que je n'aie point eu
de voz lectres de ce qui est advenu à Meaulxel
qui m'a tort despieu, j'estime que, aiant con-
sidéray de quelle importance cella est, vous y
aurez incontinent donné ordre, ce que je vous
prie faire avecques toute dilligence, si jà n'a-
voit esté fait, afin que le mal n'empire. J'avois
fait cv-devanl expédier une commission à mon
cousin le grand prieur pour purger quelques
assemblées que I on m'avoil escript se faire en
ces quartiers là, lesquelles ont en mou advis
produit ces! oraige, et depuis, ayant sceu l'ex-
trémité de sa inalladie, je l'a y l'ail addresserau
s'de Pavanpour j faire ce qu'il pourra; maiz
j'estime bien que, sans eslre aidé des forces
de Paris, il ne luy sera pas aisé, s'ilzsonl de-
meurez dedans le marché; qui me faicl vous
prier, mon cousin, regardera y faire toul ce
qu'il sera possible à ce que ceste espine soyl
ostée de Paris; j'en escriptz aux prévosl des
marchans et eschevius la leclreque je vous en-
voie; faictes y selon la parfaicte fiance que j'ay
en vous et si bien chaslier ceulx qui en soûl
cause que l'exemple contienne les autres.
Au demourant, j'einoie par delà le s' de
Malras, présent porteur, pour l'occasion qu'il
vous dira et de mes nouvelles, dont je \oiis
prie le croyre, tout ainsi que vous feriez
moy-mesmes. Priant Dieu, mon cousin, vous
donner ce que plus désirez. De Rlois, le wnr
jour de février 1 5 (Ï9 ( i 5G3).
Ainsi que je voullois signer ceste lettre, j'en
ay receu deux de vous; l'une par où j'ay veu
l'ordre que vous avez donné à reprendre
Meaulx, dont j'ay eu singulier plaisir; l'autre
avecques l'arrest de la Court, où il y a deux
poinz qui m'ont faschée,l'un d'avoir fait men-
tion des Anglois, et l'autre de n'exceptei
point ceulx qui ont pardon du Roy monsieui
mon fils, chose que j'enteridz eslre rabillée, el
en escriptz à mon cousin le cardinal de Guise
el au premier Président en parler à la Court,
comme je vous prie faire de vostre pari.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
Ajouyn , enjoint.
512
LETTRES DE C AT II
1563. — ig février.
Orig. Bibl. nat. fonds Colbert, vol. ai, f° /io.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE CARDINAL DE GUISE.
Mou cousin, lout à ceste heure je viens
d'estrc advertye comme hier au soir, environ
six heures, retournant mon cousin le duc de
Guise vostre frère des tranchées el ayant desja
repasse' la petite rivière de Loyret, pour se
retirer en son logeis à cent pas de là, luy
estant seullement aconipaigné du sieur de
Hostaing1, ung paillard estant derrière une
haie, hien monté, luy donna ung coup de pis-
tolie au haut de l'espaulle du cousté droit qui
a passé tout à travers2, qui m'est l'extresme et
desplaisant anuy que vous povez penser. Ayant
néantmoins sceu quant et quant que la halle
est passée oultre, et, pour ce premier appareil ,
jugent les chirurgiens que le coup n'est pas
mortel, qui me donne quelque confort, d'au-
tant mesmemeut qu'il ne touche point aux oz,
ny entre dedans le coffre; de quoy il a fallu
que je vous aye adverty pour m'en condoloir
avecques vous, et vous prier, mon cousin, ad-
vertir le mareschal de Montmorency et le sieur
de Gonnord, aussi tous les bons serviteurs du
Rov monsieur mon iilz, à ce que, pour cest
inconvénient, il n'adviene là aucun désordre,
1 Tristan de Rostaing. — Voy. de Thou, Hist. imiv.
trad. liv. XXXIV.
- Voici l'extrait d'une lettre de Robertet au duc de
Nemours, écrite de Blois, le 20 février, où après lui
avoir annoncé la blessure du duc de Guise, il ajoute :
rBien veulx-je vous advertir comme n'ayant pas quatre
heures que je l'ay laissé et veu. .Monsieur Castellan et
M' Vincent m'ont assuré qu'il n'en aura pas le mal et
qu'il n'est en aucun dangier de mourir. Si vous le veoyez,
vous ne le trouveriez point changé de visaige, ny de sa
constance et résollulion accoustumée.» (Bibl. nat. Cinq
cents Colbert, n° 2a, f° ia.) — Voy. une lettre de
l'ambassadeur Cbantonnay dans les Mémoires de Conde,
édit. de i743, t. II, p. i3i.
ER1NE DE MEDIGIS.
et de vostre cousté envoies là, en toute dilli-
gence, tout le secours de chirurgiens et autres
aydes que vous luy pourrez faire. Priant Dieu,
mon cousin , vous donner ce que désirez.
De Bloys, ce xixe février 1662 (1 563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(De sa main.) Mon cousin, encore que l'on
m'aye aseuré que le coup de vostre frère n'est
mortel, si ese que je suis si troublé que je ne
se que je fouys1;mès je vous aseure byen que
je tneteré tout set que j'é au monde et de cré-
dist et de puisanse pour m'en vanger, et suis
seure que Dieu me le pardonnera.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — 19 février.
Orig. Bibl. nat. fonds Colbert, vol. 96. f° Ai.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHBVALIEH DE L'OBDBE DU ROY MONSIEUR MON FILS .
CONSE1LLBB BN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, vous sçaurez par ce
que j'escriptz à mon cousin le cardinal de
Guise le malheureux inconvénient advenu à
mon cousin le duc de Guyse, d'un paillard qui
luy a donné ung coup de pistolle en passant,
qui est une meschancetté si exécrable que j'ay
horreur d'y penser el que j'espère que Nostre-
Seigneur en fera la juste vengeance que ung
cas si scellera mérite; pour cella ne dellaissez
pas de haster et dilligenter les préparatifs dont
je vous av escript et encores plus tost les avancer
et au deiïiouran t vous emploier par delà el
empescher que cest inconvénient n'admène
point de désordre; priant Dieu, Monsieur de
Gonnord, vous donner ce que désirés.
De Blois, ce xix" février i5G2 (1 563).
(De sa main.) Je suis si faschaye que jenay
1 Fouys, fais.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
,i-
se que je vous douysdyre, sinon qui me coû-
tera lout sel que ha le Roy mon Bis pour
savoyr qui ha faysi fayre sête méchanseté pour
m'en vanger, el s'il anpiret . sel que Dieu ne
\eulle, au qui ne peu! si Losl comender, je me
délibère envoyer quérir voslre frère el léser le
maréchal de \iellevile en Normendie. Pour
l'houneur de Dieu, guardé que sel peuple de
Paris ne s'étone el fayte haster lé canon. Vous
dirié que Dieu nous \eul\ du lout punir,
car nmis ;i\tion prest à nous abueber1 en-
semble.
UvTERIiNE.
1563. — iy février.
Bibl. uat. fonds français, n° 3iS5, fJ 3o.
A MON COUSIS
MONSIEUR DE DAMVILLE,
AMIRAL DE FEANCE.
.Mon cousin , je vous prie, suyvant ce que les
sieurs d'Oysel et évesque de Lymoges vous ont
mandé, ne faillir de vous en venir demain à
S' Laurent- des-Eaulx2, où je m'en vois disner,
et pour ce que vous estes des ostaiges qui
doibvent aller pour vostre père qui vient icy,
donnez ordre davant à la surreté du Prince3,
de façon qu'il n'en puisse advenir inconvénient.
Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa
saiucte et digne garde.
De Bloys, le: xixc jour de février i56a
(i563).
J'emmène le sieur d'Oysel avecques moy.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1 Abucher, aboucher.
- Loir-et-Cher, arrondissement de Btois, canton de
Bracieux. t
3 Le Prince de Condé.
CatHEBIMs Lit Mùiicis.
1 503. — ( Du i g au s !i févi
Aut. Dihl. D&l. fond
A MON COM
MONSIEUR LE CONESTABLE.
Mon conpère, je vous ranvoy Lacoudre pour
l'amour de ma cousine Madame de Guise, qui
m'a priée, suivenl la requeste que m'a fayste
son mari, de volouyr donner la grant mestrise
lui son fils, sel que n'é voleu fayre que pre-
1 Celle lettre a été écrite avant la mort du duc de
4 i 1 1 i s l' -
s Par lettres du 27 février, le jeune duc obtint le gou-
vernement de Picardie, tuais la grande maîtrise ne lui tut
donnée que plus tard , en avril. En effet , Catherine écrivail
au mois de mai suivant à M. de Saint-Sulpîce.que, sur
la prière des principaux seigneurs eleapi lai nés de l'armé ,
elle avait accordé la grande maîtrise au jeune duc de
Cuise; mais que le connétable, qui était prisonnier à
Orléans, en ayant été averli, lui avait fait demander de
la remettre entre ses mains, s'appuyant sur une promessi
faite du temps de François II; qu'elle lui avait répondu
qu'elle ne la ferait dépécher sans eu avoir préalablement
conféré avec lui et de son bon gré, qu'à son retour ii
avait insisté, mais qu'elle lui avait fait entendre qu'elli
ne pouvait revenir sur une parole donnée; ce qu'en ilil la
Reine est confirmé par une dépèche de Chantonnay à la
• lin liesse de Panne du 0 avril 1 563 : «Monsieur le con-
11. I.ilile est fort mécontent de ce que la Royne fait diffi-
culté de bailler l'office de grand maislre au maréchal de
Montmorency; ces Messieurs de Cuise se -nul laissé en-
tendre que, puisque là Royne leur avoit donné l'espoir de
pourveoir les estats de M. de Guise à son filz aisné el au
second, comme précédamment je l'ay escript, ils ne se
veulent contenter si elle ne l'effectue, et le connétable est
déterminé, s'il ne change d'opinion à partir le lendemain
et s'en aller à sa maison pour ne plus revenir.» ( Archives
impér. de Vienne.) — Le 1 2 , il écrivait à la ducb
f Le ronneslable est parti oujourd'hui fort mécontent. La
Royne accorde l'office de grand maislre à \l. de Cuise,
celui de chambellan pour son frère, celui de grand ve-
neur pour M. d'Aumale." (Mémoires tir l.»»Je édit. de
1763, p. lin,.) — Vov. dépêche de l'ambassadeur
colo Tornabuoni, dans le tome III des Négociations
avec la Toscane, p. âu6 . et une dépèche de Middlemorc à
Cécil dans le Calendar of Slate papers , l563,p. 387.
65
514
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
tnièrement ne le vous ay fayst entendre, d'aul-
lenl i|ue, à ma requête, vous en désistés, m'a-
seurant que avinés trop Monsieur de Guise
pour ne trover bon que je fase tout set que je
pouré pour sesenfans, \eu encore le méchant
hacte que Tons ha fayst an son endroyt , aytant
blésé de la lason et an faysant servise au Roy
mon lils. S'il an uavenet forteuue,y me sanhle
byeu résonable de reconestre en ses enfane
ses servise et scia sera aysample pour seulx qui
serviront byen le Roy mon fils et qui haunt1
byen servi ses pères et granl pères. Je luy ay
donné cherge de vous en parler; je désire byen
<]ii«- se souil sans témoyn, set que je m'aseure
vous acordera madame la Prinsesse2 pour
l'amour de
Voslre bonne counière et amye,
Caterije.
1563. — 32 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n'J 3ao3 , [' 34.
A MON COUSIN
I LE MARESCHAL DE MONTMORENCY,
Mon cousin, je croy que vous ne serez
poinct à avoir entendu de ceste heure la mal-
heureuse nouvelle de la blessure de mon cou-
sin, Monsieur de Guyse, ny la meschancelé de
iacle qui se peult dire des plus malheureux
qui se commist jamais en France, tant y a
(jue il a pieu à Dieu eu faire savolunté, n'y
ayant jamais eu moieu de le sauiver pour le
grand coup de pistole qu'il avoit dans fespaulle
droirle. duquel il est mort dans six jours3; et
' Haunt, ont.
Èléonore de Roye, princesse de Coudé.
\ m . les Lettre do Smith à la reine Elisabeth ( Cakndar
uj State papers , i5G3,p. 1 56 et i86);Lettrede Coligny à
Elisabeth pour lui annoncer la mort du duc de Guise, dans
le t. \1I des Archive» de» Missions; Eslienne Pasquier,
lettre 20' du liv. IV; Complainte du chancelier de l'Hos-
pour ce que je crains que cela ayt peu donner
occasion à ceulx qui ont maulvaise volunté de
la faire paroistre et s'esmouvoir, je vous en ay
bien voullu en toute dilligence adverlir, altîn
que vous y pourvoiez et regardiez qu'il ne s'en-
trepreigne riens dans vostre gouvernement pour
ceste occasion qui puisse deffavoriser lesalfaires
du Roy monsieur mon filz; car je vous asseure
qu'eucores qu'il ayt perdu l'un des plus grands
et des plus dignes ministres qu'il sçauroit ja-
mais avoir, qu'il n'a pour cela perdu riens de
sa première résolution, ny de la volunlé qu'il
a tousjours eue de conserver son auctorité et
obéyssauce par tout son royaume, et faire
pugnir et chastier ceulx qui la luy vouldront
oster ou diminuer. Et, de ma part, j'espère que
pilai sur la mort du duc de Guise; Brantôme (son article
dans la Vie des grands capitaines, édit. L. Lalanne) : Rela-
tion de la blessure et de la mort du duc de Guise dans
les Archives curieuses de Cimber et Danjou. t. V, p. 167
et suiv.; Lettre de Renée de Ferrare à Calvin [Aid, I. V,
p. 2 1 h ) ; Lettre de l'évèque de Riez au Roy ( ibid. p. 1 7 1) ;
de Thou, Hist. unir. t. V, p. 007 et suiv.; Le La-
boureur, Addit. aux Mémoires de Castelnau, t. II, p. 201
et suiv.; Lettre du cardinal de Lorraine sur la mort de son
frère (Cinq cents Colberl, n° ai, 1" rôg); Lettre du
maréchal de Montmorency à la Reine sur la mort du
duc de Guise (fonds Rrienne, n° 2o5, f° 3iy).
Robertet, le 23 février, écrivait de nouveau au duc
de Nemours : -Je ne sçay par quel costé je vous doy
coraencer ceste lestie, estant si affligé que je ne puys ny
respirer ni parler ; et l'aueasion vous l'entendrez par ce
porteur, qui vous contera tous nos maux, et pour l'hon-
neur de Dieu, Monseigneur, résolvez - vous à venyr et
amenez quant et vous vos forces, car nous ne savons que
c'est que ces malheureux icy desseignent de faire, après
avoyr fait un si beau coup, dont ilz prennent tant de
cueur que rien plus; mays je ne pensera; jamays qu'il y
avt un Dieu, si je ne veoy la vengeance de ce malheureux
acte. Vous avez, Monseigneur, perdu un bon amy, des
plus seurs que vous aurez jamoys , et moy un bon maistre.
C'est pitié que de ceste pauvre dame, car jamays on ne
veyt ung tel dueil, et a bien besoin d'estre consollée et
conseillée en ses affaires." (Bibl. nal. fonds français,
n°3i8o, f° 62.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
ili
Dieu luy fera la grâce de se 1 < * conserver avec
l'ayde de tant de bons et grands serviteurs qui
luy sonl encores demeurez. Vous priant, de
rostre pari en la charge que vous avez, contenir
loui le monde en bonne volunté el n'obmectre
un;; seul debvoir de ce qui sera nécessaire pour
la conservation el manutention de la province
qui \ou- esl commise, selon la parfaicte fiance
qu'il en a de vous. Priant Dieu, mon cousin.
unis avoir en sa saincte el digne garde1.
Du camp de Sl-Mesmyn, ce wncn" jour de
février i 56a (1 563).
\ ostre bonne cousine,
Caterine.
RoBERTET.
1563. — aa février.
Oritj. Bilil. nat. fonds français, ii^ 3196, f° 18.
A MON COUSIN
M" LE MARESCHAL DE MONTMORENCY.
Mon cousin, estant venu au camp \eoir mon
cousin le duc de Guyse blesse', comme vous
avez sceu par noz lectres dernières, je y ay
receu deux de voz lectres des xvm et xix de ce
mois; par la première entendu qu'il y aura
moings de deux canons que nous n'espérions
en la munition que nous actendons de vous,
laquelle j'ay esté très ayse estre jà bien ache-
tnyuée et pour la recevoyr a esté envoyé à
Montargis et pourveu à l'escorte nécessaire.
J'ay aussy sceu que mon cousin le cardinal de
Guyse a disposé le Parlement à meilleur che-
myn que nous ne pensions. Je m'asseure que
vostre moyen et l'affection que vous portez au
service du Roy monsieur mon lilz y ont aussi
bien eeny et que, en ce qui le regardera et
concernera, vous n'obmectrez jamaiz aucune
1 Pareille lettre et dans les mêmes termes fut adressée
par la Heine à M. du Lude, lieutenant général en Poitou.
Voy. cette lettre dans le n° 1 o de la collection de D. Ilous-
seau (BiM. nat. fonds français, n" li-j^b).
chose de soing, devoir et vigillance, comme
|.i\ \ eu aussi par vostre dernière lettré ce que
vous avez faicl pour la seurettéde Compiègne;
à quo\ et aux autres places rie vostre gouver-
nement, je vous prie, mou cousin, pourveoir
promptement et soigneusement ; car nous
sommes de présent au poinctque les autres re-
muent partout pour divertyr et troubler l'ordre
que l'on y veull mectre. Et pour cesl effect esl
besoing que, en chasteau, ville el passaige
d'importance, vous mecliez quelque seur et
fidelle gentilhomme liors de toute suspicion
pour y commander, et selon l'importance du
lieu faire que les villes et le pays \ entre-
tiennent quelques gens pour éviller au danger
qui y pourrait venir, lesquelz gentilzhommes
se pourront ayder aussi des peuples, quant il
sera besoing, pour rompre et empescher les
assemblées et entreprinses des meschans; el au
demeurant, mon cousin, pour le besoing que
en pourrez avoir, vous ay t jà escript faire lever
tel nombre d'enseignes que vous vouldrez el
au sr de Gonnord fournir aux denyers pour ce
nécessaires; qui est chose qu'il ne l'ault plus
répetter, estant cella remis à ce que vous verrez
estre nécessaire pour le service du Roy mon-
sieur mondict fils; et à ce qu'il n'ayt aucun
retardement, j'en escriptz encores audict s' de
Gonnord à ce qu'il ne facefaulte d'y l'aire satis-
faire. Pryant Dieu, mon cousin, vous donner
ce que désirez.
Du camp près Orléans, le xxin0 jour de
février 1 56a (i 563).
Vostre bonne cousine,
Cateiiine.
1563. — a 3 février.
Orig. Bibt. nat. fonds français, n° 3ao3, f° aG.
A MON COUSIN
M" LE MARESCHAL DE MONTMORENCY.
Mon cousin, j'ay entendu ce que ce genlil-
65.
5 1 6
LETTRES DE CATHERINE DE MKDIC1S.
homme m'a dicl de vostre part; à quoy j'ay
l.iiri responce telle que vous verrez etsçaurez
de lu y ; qui me gardera vous faire plus longue
In lie, sinon pour vous dire que je congnoys
(ous les jours de plus en plus quelle esl l'affec-
Ikiii que vous âne portez et au bien du service
du Roy monsieur mon filz, que je u'oublyray
jaraaiz. Pryant Dieu, mon cousin, vous donner
ce que désirez. Du camp près Orléans, le
\\niIM" jour de lévrier i5Ô2 ( 1 5 G 3 ) .
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — ah février.
Bibl. nat. niïs. Collect. d" D. Housscau, 1. 10.
\ MONSIEUR LE COMTE DU LUDE.
Monsieur duLud.de; j'ay entendu par une
lettre que le sr de Montpezat a escript à muii
cousin le duc de Guyse, comme il a quelques
,id\is qu'il se faict quelques assemblées auBas-
Poictou, dont vous ayant donné adverlissement,
je nedoubte point que vous n'y ayezpourveu.En
tout événement, je n'ay voullu faillir de vous
fairece motpour vous en raffreschirla mémoyre,
allin que , s'il est vray, vous regardiez avec vostre
compaignye, celle dudict sr de Montpezat à qui
j'escrips d'eu adviser avec vous, si cela con-
tinue, quel remedde il y fauldra tenir; ne
doublant poinct qu'avec voz deux compaignics
el les autres forces qui sont en Poictou, vous
n'ayez bien le moyen de les rompre, n'ob-
mectre ung seul debvoir de ce qui sera néces-
saire pour la conservation et manutention de la
province qui vous est commise selon la parfaicte
li :(• qu'il en a de vous. Priant Dieu, mon
cousin, vous avoir en sa sainte et digne garde.
Du camp de S'-Mesmyn , ce xxim0 jour de
février i562 (i 563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — a5 février.
Aut. Arch. de Turin.
A MADAME MA SEUR
LA DUCHESSE DE SAVOIE.
Madame, après avoyr heu beaucoup de
fason de mal et de pertes et avoyr mis pouine
en tout set que je avès peu d'aseurer el fayre
conestre la vérité de inoy à ses signeurs et que
tous , depuis la mort du roy de Navarre , s'étoynt
remis avequemoy, corne je lepeus désirer pour
le servise du Roy mon fils et pour mon parti-
culier, pour vivre en servant au Roy mon fils et
au réaume , aveque repos de panser que yl euse
coneu la vérité et qui m'ayderet, san s'oposer
: à nies action , à conserver cet povre réaume et
à l'apéser, chause que je avès tousjour désiraye
et que je conésès aystre nésésère pour le byen
et repos de set réaume que l'eussions tous
heunis et non divisés, corne le roy de Navarre,
tant qu'il a véqueu, metet pouine de nous
menlenir; et asteure que je avès tout remis en
nainityé aveque moy et qui désiret tous heunne
bonne pays, Dieu m'a voleu encore toucher et
set povre réaume, en nous aultent selui là qui
aystoyt demeuré seul et qui s'étoyt du tout dédié
au Roy mon Glz et à seuyvre ma volanlé, qui
ayst Monsieur de Guise, par la plus malheu-
reuse et meschanle fason que l'on pourèt inma-
giner; car s'et heun méchant qui l'y a donné
heun coup de pistolet par daryère et il an
net1 mort en sine jours; et ayenl parlé à se
malheureus qui l'eut pryns, corne vous contera
Serisole présant porteur, y m'a disl, san qu'il
est aysté menasé, que l'amiral luy a donné sant
ayeeu pour fayre set méchant coup et qu'i
n'y volet pas venir, mes que Bèze2 et heun
1 // an net, il en est.
- Théodore de Bèze, né à Vezelay (Yonne), le ail juin
ij 19, mort à Genève, le 1 3 octobre i6o5. — Voy. son ar-
ticle dans la France prolestante. La Bibliothèque nationale
LETTRES DE CATH
au! Ire prédicant et Despina ' l'on) prêché et
l'y onl aseuré que si le fayset qu'il yrel en
paradis; et que voyant sela y si' délibéra de
l'esécouter2; et davantage que ledist amiral en
na dépêché soysante pour teuer ledisl Mon-
sieur de Guise, I'' (lui- de Monpensier, San-
Sipierre3 el moy el que je fayré byende fayre
guarder mes enfans et prendre guarde à ma
personne, car y meaysoyl" ynfinimenl el entre
1rs autres \l an na nomé heun Rousseau qui
depuis ver ha aysté prin dans la court du chas-
se i;i.>\ s. Se u'étoyt plulx pour Monsieur
de Guise; car 5 moureut yer5 et ne atisi pour
moy, car je suis ysi au camp, mes mes enfans
sont à Bloys. Velà, Madame, come set homme
de byen, qui dist qui ne fest ryen que pour la
relygion, y nous veult dépêcher; néanmoyn
sela, jesuys après àreguarderde fayreheunne
pays, car je voy hven que, durant sesy, y me
leuret à la fin mes enfans et nous destiteuré
tout lé jean de byen; car, y fault dire la
vérité, nous avons fayst heunne grant perte en
-et homme, cars'étoyt le plus grant capitayne
qui souyt en se royaume et ne se come nous
affayres yront, sel la guerre dure; car Monsieur
le conestable ayst dans Orléans et n'avons
homme pour comender en tele armaye que
possède plusieurs de ses lettres éparses dans divers re-
cueils. Le Bulletin de la Société de l'histoire du ■proie
lame en a imprimé un certain nombre. — Voy. la réponse
de Coligny aux accusations portées par Poltrol , et celle de
de Bèze dans VHist. ecclés, des églises r lit. de
Lille, iS'ii, t. II, p. 179 et 1 Si, et dans le n" 2 '1 16 1
du fonds français, f° 83.
1 Jean de PEspine, un des ministres qui assistaient
au colloque de Poissy. — Voy. son article dans la F
protestante, t. VII, p. 37.
! L'esécouter, l'exécuter.
3 Philibert de Marsilly, s* de Cipierre , mort à Liège en
septembre l565-; il fut gouverneur de Charles IX et, après
la paix d'Arnboise, il commanda à Orléans.
1 Aysoyt, haïssait.
5 Le ai février.
ERINE DE MÉDICIS. .">17
le maréchal de Brissac (pie j'é envoyé quérir,
encore qu'i souyl ynpotant; et en setpendent
il fault que j'' comende et fase le capytaine.
Je vous layse à panser come je snys à monayse;
-cl je ausè1 vous suplier encore, je le fayrès
volontier, de \ous envenyr et Monsieur de
Savoye, car set avons la pays vous nous \
aideré à beaucoup de chause; si la guère
dure, je vous layse panser conbyen Monsieui
de Savoye nous sera nécésère el vous aveque
luy et l'aublygalion en quoy tou deus ni
le Roy voslre nepveu et tout set royaume que
à l'eure que nous soumes délésés el aban-
donnés de tout le inonde, que vous ayez heun
peu yncomodé mis afayres pour venyr secourir
ses povres enfans. Madame, je se trop come
m'aymés et tout sel qui vient du Roy monsi-
gneurvostre frère pour ne nous volouyr secourir
| de tout set que pourés et set que je vous prie.
se n'é que la présanse de vous deus; car je
m'aseure qu'ele servira de tant que vous seré
byen ayse d'estre cause de sauver vostre patrie
el vostre mesme sanc. Je vous suplie, Madami
er et me mander sel que en douj I i
rer la plu sforleunée du monde qui esl
Vostre très humble et très hobéissante
seur,
Caterine.
Je vous suplie que sete letre souil pour
Monsieur de Savoye ausi.
1563. — 2 5 février.
Orig. Bibl. Dat. fonda français, n° 3ao3. f' a8.
A MON COUSIN
M" LE MARESCHAL DE MONTMORENCY.
Mon cousin, pour ce que je crains que la
nouvelle de la mort de mon cousin le duc de
Guyse n'admeyne quelque désordre pardellà,
Set
je nusr . si |
518
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
j'av advisé en escripre à eeulx de ia court de
parlement et au Pre'vost des niar hans et
esclievyns, ausquelz je vous prye faire tenir
nies lectres et bien faire entendre partout le
dolloreulx ennuy que le Roy monsieur mon
filz et moy sentons d'une telle perte et tenyr
îiKiin qu'elle n'ameyne aucun de'sordre, les
asseurant que nous avons résolu de nous en
resseulyr et avecques l'ayde de Dieu en avoyr
la juste vengeance que me'rile ung acte si
malheureulx et détestable; ayant receu présen-
tement vostre lectre du xxn° de ce moys, à
quoy n'eschet autre responce. Pryant Dieu,
mon cousin, vous donner ce que désirez. Du
camp près Orléans, le xxve jourde février 1 56a
(i563).
Vostre bonne cousine,
Catebine.
1563. — 37 février.
Bibl. nat. fonds Colbert. vol. ai, f,J hh.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'OBDRE DU BOT MONSIEUR MON FILZ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, je vous renvoie Pré-
vost vostre secrétaire, présent porteur, lequel
vous rendra compte de tout ce que je vous pour-
rois escripre, n'ayant riens à y adjouster, sinon
vous prier avancer ce recouvrement de deniers
le plus tost que vous pourrez et penser que , cella
ainsi bien acheminé, il est plus que nécessaire
de faire nostre estât et regarder quelz deniers
nous pourrons emploier ceste année aux répa-
rations de noz places et aussi qu'il soit pourveu
à remplir de vivres celles dont on a mangé
les munitions, comme je l'ay dict à vostredict
secrétaire. Priant Dieu, Monsieur de Gonuor,
vous donner ce que désirez.
Du camp, le xxvu° de febvrier i56a (1 563).
[De sa main.) Je vous prie aseurer seulx de
la ville de Paris que je ne se qui veule dire
que l'on leur a fayst acroyre que je andeure
que l'on me die mal d'eulx, car je n'an n'é
poynt heuy parler, ni veu personne qui s'i
souyt ayseyé et au contrère vous leur pouré
dire , et si me fayré fort grant plésir de le fayre ,
que je leur prie de s'aseurer que je ne désire
rien tant que leur conservation et les entertenir
en la bonne grase du Roy mon fils comme ses
bons seugés et que beaucoup leur aunt voleu
fayre acroyre le contrère, mes qu'i coneslron
que y l'ont fayst pour leur particoulier et que
de moy je n'an né que seluy du Roy mon fils
et que ausi je ne veulx poynt que personne
panse que je veulx l'amityé de quel qu'isouit
que pour son servise; car seulx que je con-
nestré qui ne dépanderon que de lu y, je les
aymeré,non comme ses sugés, mes corne mes
enfans; et aussi m'aseure qui m'émeront
comme sela qui ne désire que le byen et la
conservation du royaume, car je voldrès mourir
pour sela. Distes ausi au premier Président
corne je l'ayme et aystime et que je conès de
combien y sert au lieu qu'il ha.
CiTERUiE.
1563. — 27 février.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3310,, P 5a.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROI MONSIEUR MON FILS ,
CONSEILLER BN SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnor, Serres1, qui est icy
auprès de moy en ce camp et armée, m'a
remonstré comme le grant magazin que, de
vostre ordonnance et commandement, il a faict
construire et édiffier en la citadelle de la ville
1 De Serres, commissaire des vivres, surintendant des
fortifications, et qui, d'après Brantôme, «avoit vu toutes
les guerres de son temps en Piémont et Toscane.» (Bran-
tôme, édit de L. Lalanne, article Guite.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
", 1 9
de Calais ajà, tout descouverl el sans combles,
enduré l'injure de deux hyvers, tellement que,
à l'occasion de ce, et des grandes pluyes qui
sont tombées sur les ca\es d'iceiuy, commence
fort à se dépérir el gaster; et, qui plus est,
menasse d'une totalle ruyne, si promptement
h j est pourveu; et que le remède en cela gist
en la somme de cinq mil livres, qui n'est pas
grant chose pour sauver ung oavraige estimé
par tous ceulx qui le voyent plus de six
vingtz mil livres, et est nécessaire, au lieu où
il est situé, de plus de deux cens mil, attendu
que c'est pour mectre tous les vivres el muni-
tions de Indicte ville, pour la conservation et
deffense d'icelle. Et pour ce, Monsieur de Gon-
nor, que je désire qu'il y soit promptement pour-
veu et remédyé, pour obvier à ce que dessus, je
vous prie bien tort voulloir l'aire délivrer comp-
tant lesdictes cinq mil livres es mains du tré-
sorier des réparations et advitaillement de
Picardye, pour les convertir et employer à la
construction et couverture dudict magazin,
affin que. cest été, ledict de Serres y puisse
faire loger tous les bledz^, farines el vins or-
donnez pour ravitaillement et munition de
ladicte place, car autrement, outre que ledict
magazin seroit du tout perdu, les bledz et
farines qui sont audict Calais logés en divers
endroictz se dymineuroient grandement, à
l'occasion de ce que la plus part sont mal
logez, et si faultq'ue le Roy monsieur mon fils
en paye le louaige chacune année.
Vous disant à Dieu, Monsieur de Gonnor,
lequel je prie vous avoir en sa saincte garde.
Du camp devant Orléans, le xxvn" jour de
février i56a (1 563).
Catebink.
De l'Aubespine.
1563. — Fin février.
Aut. lîibl. nat. fonds français, n" 3aga, I 3s.
A MA COUSINE
«ADAME LA DUCHESSE DE C\ [SE.
Ma cousine, j'é veu vostre lectre que m'a
aporté se! porteur et vous prie ne vous donner
pouine de set que vous av promis, car je vous
le promès encore qu'i n'auié homme, ni per-
sonne de quelque qualité qui puyse aystre, qui
me seut empêcher ay guarder que vostre lilz
ne l'aye, et vous prie seulement avoyr heun
peu de pasiense que je puisse achever sel que
nous est nésésère pour le servise du lîoy mon
fils et repos de set royaume; car, ma cousine,
vous savés le besouin que en navons el sela
ne empêchera en rien que je ne vous tiegne
set que vous ay promis, et me donnera moyen
que le Roy mon fils poura fayre encore du
byen daventage à vous et au voslres; à quo}
je m'anployré tousjour de tous lé moyen que
je auré. Sele lelre servira pour vos beaulx-
frères, si vous plaist, et vous ay > eulx y troveré
le recomendation de
Vostre bonne cousine,
Catebink.
1563. — Fin février.
Aut. Bibl. nat. fonds français, n" 329Û , 1° '1/
A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GtJISE.
Ma cousine, j'é veu par vostre leti'e come
désirés envoyer ce porteur ver Monsieur le
cardinal vostre frère2, set que me senMé,
puisque en volés mon-aupinion, plus que ré-
sonable; aysté bien aysc de set que l'avés
envoyé ysi, afin que, par lui je l'y é bien voleu
ayscripre; et touchant la grant mestrise, je
1 Ay, et.
2 Charles <le Bourbon.
/
>2fl
LETTRES DE C VTHERINE DE MEDICIS.
vous prie miiis aseurerde sel que vous en né
promis jcusque à set que je vous vove; car
\(iii> au ii? peu voyr par la letre que vous ay
a\ scripte à sel malin par Jean-Batiste, sel qui
< ii nesl passé depuis tiens jours; qui sera cause
que ne miiis en fayré rediste et Gniré la pré-
saule Mais prient de vous aseurer de moy,
corne de sella1 qui désire vostre byen et de vous
enfansaultenl que para ni el parantequeaye se.
\ ostre bonne cousine,
Cateri.\e.
1563. — «ai -
A ut. Vrch. n.it. collecl Simancas, K. i ^99 ] d° si.
\ M1 Mn.N FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mou lils, je vous ay volcu ran-
voyer la Mote présanl porteur pour avertir
Vostre Majesté de la malheureuse forteune
iveueue en la personne de mon cousin le dur
de Guise parla méchanseté d'un bomme qui, I
1] un coup de pistolet en luy donnant par da-
rièi'e, la faysl mourir en sine jours, chause
-1 abominable davent Dieu et les hommes que,
aullre la perle que le Roy vostre frère el moy
avons feyste et sel que de luy mesme méritet,
j ne doulte poynl que n an resantié le dé-
plésir que l'acte mérite; el comme selui que
je roués qui nous aune et res.int tons nos
lionnes el mavèse forteune, je né voleu l'allir,
\ ni oui inenl la forteune avenue, en naverlir
' Majesté et emsemble l'aseurcr que,
encore que ayons perdeu beun ilé j >! u s sages
ei valans prinse el capitayne de la crétienté,
que pour sela le cour ne nous av eu rien dinii-
neué m la volante que, sel \ ne plesl à Dieu
nous donner benne bonne pays à sa gloyre el
à la conservation de sou honneur et religion
Sella, celle-là.
La cote de la chancellerie espagnole indique que la
1 lire lui reçue I" a3 mars i563.
el de l'autorité du Iio\ mon lils et de son
aubéisanse, que je ne soye délibéraye de con-
lineuer par les armes plus vivement que n'avons
encore poynl feyst, aytanl asistée de lant de
prinse et Jean de byen, ayant encore tant de
grant capitayne que j'espère, que Dieu, qui
conest nostre jouste querèle, n'abandonneré
ni la mère ni les enfans; et en natendent le
maréchal de Brissac pour comender à sele
annave, aytant veneue vovr mondist cousin
de Guise, je me délibère ne bouger d'isi,
corne sel pourteur vous dira plus au Ion en-
samble touttes autres chauses que, de peur de
vous ennuier, je métré sur sa seufisauce, vous
suplyanl le croyre, comme fayrié sela qui ne
désire rien tent an sel monde que d'estre con-
tineué en vostre lionne grâce el qui suplie
Nostre-Signeur donner à Vostre Majesté heu-
reuse et longue vie, qui est ,
Vostre bonne seur et afectioné mère,
Caterine.
1563. — .'i mars.
1 1 •:■ bl. 11.1t. Cinq ci nls Colberl . vol. ah , I ' 15
A MONSIEUR i>E GONNOR,
' DE L'OBDRE Dl ROÏ MONSII i i UO , i I
CONSEILLER M Si^ i 035E1L PRU V
Monsieur de Gonnort, j'envoye le commis
du trésorier de l'extraordinaire en toute dilli-
gence de\ ers vous pour vous faire entendre que
|e me trouve en la plus grande peyne qu'il esl
possible . d'aultant qu'il n'y a pas ung sol [tour
satisfayre à cent mille parties si pressées que
je ne sçay comment y satisfayre, uy en venir
à boni ; car de s'attendre aux denyers venans
des décimes de Bourges, il n'y en a pas en-
cures ung denyt r levé, el cela esl si long que
c'esl une pitié, el pourceste cause je vous prie
nous renvoyer ce porteur en loutte dilligence
avecques une lionne somme d'argent, comme
LETTRES DE C ITHE
la chose la plus nécessaire qu'il se peull faire,
ainsi que ay donné charge à ce porteur vous
dire de ma part. Priant Dieu. Monsieur de
Gonnort, vous avoir en sa saincte et digne
garde.
Du camp de Saint-Mesmin, ce ni" jour de
mars 1 ôOs (i 563 ).
(Dr sa main.) Je vous prie, envoyé-nous
do l'argent, car auïtrement vous fayré de-
sespéré vostre frère1 qui sera demayn ysi, el
moy ausi, car nous n'avons pas heun seulx2,
et Ions les soldas qui ne se aypargne poynt
pour fayre servise sont en très-grande né-
sésité. \u reste, je vous veulx byen avertir
i|ue nous soumes au milieu du pont et que
vncontinent que l'artillerie sera arivave, si
n'avons la pays que j'espère, enlreron dan la
fille, Dieu aydent; et l'arivera samedi, et di-
meuche mon cousin le prinse de Condé el co-
nestable dovet parler ensenble au deseubz du
portreau, dedans beun bateau, au milieu de
l'eau; el le fayst venir ysi, au yl arivera samedi
bien guardé et le loge à Saynt-Mémin, aconpa-
gné de dis ensegne de Suise3. Set qui seusédera
je ne fauldré vous en navertir; en natendent
que mon cousin le cardinal de Bourbon aile à
Paris pour fayre entendre le tout à la Court el
à la vile, en setpendent disposé touttes chause
de fason que l'on trove bon set que avons le
plus de besouin d'avoyr, qui ayst la pays. Le
1 Le maréchal de Drissac.
' Heun ieulx, un sol.
1 Le prince arriva à Blois le 'i mars sous la garde de
Damville, et il fut logé dans le faubourg de Vienne* à
l'auberge des Trois-Rois. Le lendemain, monté sur une pe-
tite mule?, comme un prisonnier, il partit pour le camp de
Saint-Mesmin. ( Caleiidarof State papers, i r. i > 3 , p. 19a.)
— D'après une dépêche de Smith à Elisabeth, ceux qui
le virent passer lurent frappés de sa bonne mine, de sa
gaieté el même de son embonpoint. ( Record office, State
papers .)
Catherine de Médicis. — i.
R1NE DE MEDICIS. 521
prinse delà Roche-sur-Yon lia esté voyr, par
l'aupinion de nous tous, le prinse de Condé
[à j Emboyse ', lequel m'a mendé qu'il a tiré de
lu\ qu'i se contenteron, pourveu que léjeau-
lishommes ayst liberté de leur consiense en
leur mayson el seuretédeleurvye ay byen,el
du pasé et de l'avenir; si sela ayst ynsin je
croy que Paris et teut le réaume seret con-
tans; mande' m'en vostre aupinion.
Catemne.
1 Charles de Bourbon écrivait d'Amboise, le 3 mars, à
Catherine: «Si je me trouvay en peyne, recevant vostre
commandemant [de1 venir en ce lieu,encores plus quant
je m'y suis veu , estant si peu instruit comme toutes choses
estoil passées entre vous et mondict sr le Prince qu'il a
fallu je l'aye apris de luy-mesme; car vostre lettre ne
landoit principalement que pour la déclaracion de la sienne
ambiguë qui m'a montrée, et a assuré n'a ryen mandé que
de iiicsmcs ce qu'il a escript à vous, Madame, et à Ma-
dame sa famé, et que la mort de Monsieur de Guise,
qu'il a autant pris à cueur que de son propre frère, estant
morl son nmy, et qu'à son fils il ne le pardonnerait, dési
ranl sa punition où n'y espargnera sa propre vye au chas-
limenl de sy meschant acte; m'assurant ladicte mort ne l'a
laid changer d'opinion , ne moins l'affection qu'il a à vous
ol :i en tout ce qui vous playra, soit pour l'aboucher
avecques Monsieur lé connestable ou auïtrement pour
v"ai Déminer à la paix : mais il crint, comme il avoit dit à
Monsieur l'admirai qu'à l'heure il apela à thémoin, el
lui avoir dit, quant l'homme d'Orléans arrivas!, que
jamays il ne cortsentirest la sortie dudict connestable .
mondict sr le Prince n'y entrast, et que ce moyen tyroil
toutes choses en longueur; désirant, tousjours avec toutes
seuretés, soit de son lils, en ce que choysirés de pover
parler à ceux d'Orléans qu'il aseure ranger et manier de
sorte que dedans dix jours il espère la paix. Velà, Madame.
ce que j'ay peu tirer de ce petit homme. Il demande fort à
vous vovr, si l'avyés agréable; il me semble que ne seret
maulvays l'onyr parler, mais davant parti/ du Conseil \
asseroit jugemant sur ces propos et asseurances et pro-
messes, et davant tous on y adviseroit, et chacun parlerait
pour congnoyslre s'il y a tromperye.i (Duc d'Aumale ,
Histoire des prinas de ('.mule, d'après les archives de la
maison de Condé, t. I, p. 399.)
66
522
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
1 563. — 'i mors.
Oriff. Bihl. nat. fonds français, n^oiSô, f° 3*j.
A AlON COUSIN
LE MARESCHAL DE MONTMORENCY,
GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GENERAL DU ROÏ MON FILZ
EN LMSLE-DE-FRANCE.
Mon cousin , j'ay receu troys lettres de vous,
el entendeu ce que Laporte m'a dict de vostre
pari; sur quoy il vous dira la responce que je
luy ay faicte, vous merciant, mon cousin, de
l'affection que je veoy que vous continuez à
démonstreren ce qui touche le service du Roy
monsieur mon filz, qui est tout ce que je
cherche jiour mon contentement; aussi estes-
vous asseuré que j'en auray à jamais souve-
nance. Quant à l'abbaye de la Rivoie1, avant
que vous m'en eussiez escrit, ne sachant que
c'estoif, je l'avoys accordée au sieur de Bar-
bezieux, qui m'en avoit adverty; mais ayant
depuis sceu qu'elle n'estoit (]iie en garde pour
l'arcevesque d'Arles, je ne luy vouldroys pas
l'aire ce lort, et serez satisfaict en ce désir là à
la première occasion. Je ne veulx aussi faillir
vous advertir que nous sommes sur le poinct
défaire entreveoir Monsieur le prince de Condé
et Monsieur le connestahle sur ung balteau 2,
1 Rivoure, abbaye de l'ordre de Citeaux, à deux lieues
de Troyes, fondée en 1 1 ho par Hulon , évèque de Troyes.
2 La princesse de Condé qui, le 2 mars, avait eu une
entrevue avec Catherine, s'était chargée de choisir le
lieu de l'abouchement du prince et du connétable.
Voici la lettre qu'elle écrivit à ce sujet : rr Madame, ce
matin, les s" d'Oysel et de Boucbavane ont regardé au
long de l'eau , entre la tour S'-Laurent et la Madelaine et
encore plus loing, s'il y avoit moyen de là amener les
bateaux pour rassembler Monsieur mon mary et Monsieur
le connestahle ensuyvant vostre volonté et le désyr de
ceste compagnie, et qu'il?, ont trouvé impossible pour les
raisons que sçaitledict s' d'Oysel, mays sera bien aysé et
commode, s'il vous plaist, l'avoir agréable au-dessus du
pont, quy est une mesme chose autant commode pour
estre près de ceulx du porlereau comme de ceste ville;
au dessus de la ville, en la seureté qu'il ap-
partient; et verrons par là quel chemyn se
pourra prendre pour esteindre ce feu, où lou-
lesfois n'avons pas délibéré d'entrer sans le
bon advis et conseil des bons serviteurs de
delà; et pour cest effect mon cousin le cardinal
de Bourbon veult prendre la peyne, après
qu'ilz se seront veuz, d'y aller faire ung
voiage. Cependant, je vous prye mectre peyne
dextrement à les bien disposer, afin que en
une sorte ou autre qu'il plaise à Dieu tourner
les choses, nous en ayons le bon ayde de con-
seil ou secours qui nous est nécessaire. Pryant
Dieu, mon cousin, vous donner ce que plus
désirez.
Du camp près d'Orléans, le mi0 joui' de
mars t 56a (î 563).
Vostre bonne cousine,
Catebim:.
1563. — 6 mars.
Ori(r. Bibl. nul. fonds ColbiM-t , vol. 2I1, f° 6g.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROÏ MONSIEUR MON FILS,
ET CONSEILLER EN SON CONSEIL FRIVË.
Monsieur de Gonnord, ceste nouvelle de la
prinse de l'argent1 qui venoit de Flandres m'a
par quoy, Madame.il vous playra nous en mander vostre
volonté et faire visiter le lieu où il se pourra faire, quy
ne sera jamais si tost que le désyrons pour veoyr Voz
Majestés de tous bien servys, et vostre réaunie et vos sub-
jeetz en repos; ce que je supplie à Dieu qu'il vous donne
bien tost. (Bibl. nat. fonds français, 11° 6609, fol. 68.) —
Voyez également dans le même volume deux lettres d'Eléo-
nore de Roye à Catherine, f" ftp, et 5i, et la Vie d'Eléo-
nore de Roye par M. le comte Jules Delaborde (Paris,
1 876), chapitre îv.
1 Dans un mémoire secret envoyé par le nonce Prosper
de Sainte-Croix, nous lisons: «Un convoi d'Anvers ap-
portant ici vingt-cinq mille écus que la république de Ve-
nise donnoil à cette couronne fut rencontré par quelques
cavaliers des ennemis qui les enlevèrent, et on a reçu avis
t . «il despieu pour beaucoup de raisons, el ne
puys mécontenter de veùir tanl de négligence
en ceuta que nous employons et de malice aux
autres, de façon qu'il semble que toul soit
préparé à1 nostre ruyne, dont je seroys en
grande peine sans l'espérance que j;i\ que
Nostre-Seigneur nous àydera, él à la lin aura
pitié dé nouz pour nous mectre Ions de ce
travail en une sorte ou autre; mais, quo\ qu il
\ ayt, il est force forcée que le plus prompte-
nienl qu'il sera possible nous ayons iry 1111e si I.
pour satisfaire à reste aimée, ou le plus que
VOUS pourrez, pour s'en ayder. en prestz ou
autrement, estant ceste armée eu telle né-
cessité que, -ans cela, elle ruyne toul el
n'en peull-on avoir service; qui nie faicl vous
prier v faire de nécessité vertu. Il est vrai
que les prestz viennent à grand dommage au
l!o\ monsieur mon fils, et louteffois cela ap-
portera quelque contentement. Faictes-y dilli-
gence, je vous prie, et venant iry. que ce s • » \ I
avecques une bonne somme, estimant que
vous nous trouverez encores en ce lieu, où
j'actends votre frère aujourd'liuy. Priant Dieu
Monsieur de Gonnord, vous donner ce que
désirez.
Escript au camp près Orléans, le vi' jour
de mars 1 56a (i563).
Caterine.
(De sa main.) Je suis bien marrie de set que
Quans1 et prinsyet aurmis cela nos al'ayres ysi
que deux de ceux qui faisoient conduire cet argent sont
prisonniers à Valenciennes, l'un desquels est le gendre du
capitaine des gardes de la porte du Roi Très-Chrétien.»
(Archives curieuses de Cimber et Danjou, t™ série, t. VI,
p. i35.)
1 Quans, Caen. Le 2 mars, à six heures du matin, le
feu commença contre le château, et une brèche fut faite,
mais si petite que Catherine qui la vit quelque temps
après, dit : rqiTelle auroit pu être défendue par des ser-
vantes armées de leurs quenouilles." Voy. de Thon, Ht»*.
"mi-, trad. t. IV. p. D10: F. De Bras. Recherches tur
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. 523
; alel asés byen . car le prinse de Condé mende
lé plus bêle parole du monde1. Je voyré de-
mayn si les ayfaysl seront de mesme el vous
en uavertirés afin que le diéàseuk de Paris,
léquels lault que guagnié aultenl pour la mère
du Roy, qui ne le veull que pour mieiilx servir
son fils, corne ylontaysté pour le serviteui '.
Vous savé's corne la jeandermerie ayst asinaye3
à fayre monstre générale au disième de set
moys; si n'i a de Paijean,au lieu <le la monstre
qui ayst à Sans, vous \ voyré eraul confeu-
sion el pillerie pour fi' peuple, el s'an niront,
qui portera domage au servises.
(l.V'l ERINE.
Caen, p. 17.3; Lettre de l'ambassadeur Chanti a] d; iu-
les Mémoires de Condé, t. II, p. 1 38. — Colignyen lit part
111 ces termes à la reine Elisabeth : 5 Madame, ayant en-
tendu que M. le comte de Warvich dépéchoil vers \ . M.
Monsieur de Sommerset, présent porteur, je n'ai voullii
faillir à vous tenir par luy advertie de Pestai en quoyse
retrouvent toutes choses par deçà, et mesmes de ce qui
est succédé quant à la délivrence de ceste ville de la ly-
r.' ie et captivité où elle s'enalloit réduire', parla prinse
du chasteau, quia esté l'aide, grâces à Dieu , avec si peu
de perte, comme ledict Sommerset vous pourra bien am
plemeot et particulièrement faire entendre, qui me gar-
dera d'ennuyer V. M. de plus longue lettre. De Caen, ce
m" mars i.")6-j (1 563).» (Record office, State papers ,
vol. \\\. i — Voy. une dépêche de Throckmorton à la
reine Elisabeth dans le Calendar of State papert i563,
p. 178). Il lui donne de curieux détails sui la prise de Caen.
1 Le 5 mars, Charles de Bourbon rendait compte à
Gonnor de son entrevue avec Condé : rJ'ay receu voz
lettres au retour d'un lieu où vous ai bien soubaitté, et
comme j'en parfois, Monsieur de Limoges v est arrivé,
vous asseuranl que toutes choses sont si bien acheminées
au point que désirez, qu'elles me donnent meilleure es-
pérance que jamais du repos qui nous e t nécessaire,
ayant parlé seul à seul à ung petit homme que a sy grande
envye deveoirune fin à ces troubles que s'accommodera à
tout, ne désire rien plus que de faire très humble et lidello
service à S. M. et à la Revue sa mère, de sorte qu'il ne
tiendra poinct à luy que n'ayons bien lo^ une bonne paix, »
(BibLnat. Cinq cent» Colbert, n°a/i, Pû3.)
-' Le duc de Guise idolâtré des Parisiens.
Asinaye, assignée.
66.
'
LETTRES DE CATHERINE DE MED]
:
\ UONSIEl I! DE RENNES,
rie Rennes, par vos letl i es du \\i
■ il cousin
le Lorraim ien commencé auprès
île l'Empereur ' s el la
bonne cher
mais je m ncti mi/ que, du
ï\.'-Boni i >. plus au long les par-
licularitez, el que mondicl cousin a
lincl d'avi ilx qu'il a -
les disi qu il coi appar-
tenir au bi'-n que nous actendi us incille,
ani nécessaire désirée
de ceulx qui souffrent ce que nous portons,
qu'il me semble que je n en verray jamais assez
j rye que par ledicl sieur
de S'-Bonuet, s'il estoit eucores la. ou
premiè • clairement
i au 1 i aurez
5. Par mes dernières vous
le couvn
ées de là sans que en
avez ri 'ns sceu . au moins que
escripl : sur qu -
dant le gentilhomme est tousjours à lîl
nostre c| ■■ i j : i u ée pour le
ureux el détestable meurdre commis eu
■ I ■ Monsieur de Guise, lequel m'a
air jusqu heure
t ordre à ce qui -
ami stoil allé à Pai is pré-
i i de Parlement une
■ . . et une
■ Empereur lu-, en escrivoil, la
Ci irt a renvoyée au Roy mon
sans la vouloir ouvrir ne veoir, el . à vou
u ri té , trouve assez ; ceste façon de
faire. Xous verrons de faire response telle qu'il/
en devront avoir par de I imenl, en-
cores que nous avous sceu que pour le n
i1 desdictes villes il/ soienl aprèsà meclre
ensemble, ce que je m'asseure pourrez
il descouvrir pour nous en donn radvis
nanl et de tout ce qui s'offrira . ayant
bien délibéré le suivre quant à ce qu
cprès poui
faire les congratulations de l'élection «lu ro\
[es Romains; à quoy le préparatif que vous
avez faicl nous donne quelque loisir, i
Mi nsieur deRennes - : ani r ce qui
Du camp pn
De l' \r :bespixe.
1563.
"
\ MONSIEl 1! DE GONNOR.
garda
1 i
taire vous portoit toutes n luvelles de mou in-
tention sur ce qui s'offroit; el depuis n'avons
ans comm tînmes al
de tous à reg irder les moyens comme
l'on pourrait arrester ce mal, el à la liu sommes
tct, que Mo prince
Monsieur le i ible se verroul
sur un;; batteau, au meillveu de l'eaue, pour
adviser par ensemble par quel bout on pour-
uime:
en quoy il semble que chacun monstre très
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
bonne volunté; maiz, pour ce <]ue la chose esl
de granl poix, comme vous sçavez, avons ré-
solu, avant que d'y entrer plus avant, après
qu'il/, auront parlé ensemble, que mon cousin
le cardinal de Bourbon ira ung tour et dilli-
gemmeni par dellà pour rendre ceuh de Paris
capables de l' estai et de la disposition îles
choses, et recueillyr d'eulx ce qui s'en pourra
tirer sur l'occurrence de la cbose, à quelque
poinct qu'il plaise à Dieu la tourner; car. à
la vérité, nous sommes au but qu'il fauit, à ce
coup, [(rendre une finalle résolution d'en sortir
par ung chemyn ou par autre; dont j'advertiz
le premier président et ceulx de la ville, les-
quelz je vous prye dexlrement préparer, atlin
que, arrivant niondict cousin, il les trouve
tanl mveulx disposez à ce qui sera nécessaire.
J'atend/. demain icy vostre frère, qui me sera
ung grand plaisir; e1 , quoy qu'il y ayt, l'aictes
provision d'argent. Pryant Dieu, Monsieur de
Gjonnord, vous donner ce que désirez. Du camp
de S-Mesmyn, près Orléans, ce vm° jour de
mars i56a (t 563).
C.ATERJNE.
De l'Ai bespine.
de vivre calholiquement, auquel je feray dé-
pescher ung pardon, quand il le demandera.
Cependant jeprieray Dieu, Monsieur de Prie,
vous avoir en sa saincte el digne garde. Du
camp de Sl-Mesmin, ce i\" jour de mars i 56q
(,563 .
Le prisonnier s'appelle Augustin Frette el
est prévosl de Gyen.
I '>i)'A. — g mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3916, f" /17.
\ MONSIEUR DE PRYE,
GENTILHOMME DE LA CHAMBRE DU BOY MONSIEUR MON FILZ ,
ET LIEUTENANT DE LA COMPAIGNTE DE MONSIEUR LE COMTE DE VILLARS.
Monsieur de Prie,j'ay donné charge à mon
cousin le mareschal de Brissac , lieutenant gé-
néral du Roy monsieur mon lilz en ceste ar-
mée, de vous faire entendre ce qui' vous aurez
à faire, auquel vous obéyrez et ferez ce qu'il
vous mandera; et quant au prisonnier dont
m'escrivez, je trouve bon que le laciez bairler
au s'deVezins1, en promectant, comme il fa ici,
1 Charles de Vezins , séné' liai "I ;;omi'rm'ur du (jinir\.
Cateri.ne.
ROBERTET.
1563. — g mars.
Copie. Bibl. nat. Park-imiit, 11 s.'i , E° 90A.
Imprime dans les Ménwiret 'te Cimdr, tome 1\ . p. a83.
A MESSIEURS UES GENS
TEXANS LA COURT DE PARLEMENT A PARIS.
Messieurs, ja\ la \ille de Paris et sa con-
servation, aussy le contentement de tant de
notables, digne- ri affectionnez subjects que le
Roy monsieur mon lilz y a, en telle el m chère
recommandation, qu'il ne me faudra jamais
prier de les secourir et favoriser de tout ce que
je pourray, et il n'y a lieu en ce royaume où
je désire plus que nous soyons que là ' ; mais
estant venue icy pour l'inconvénient advenu à
feu mon cousin le duc de Guyse pour l'amityé
que je lu\ portois, afïin de le faire secourir, et,
après la fortune demeurée2, par l'advis de tous
1 Celait une réponse indirecte à une lellre que le pré-
vôt des marchands et les échevins de la ville de Paris lui
avaient adressée, le h mars précédent, et où nous lisons:
«Nous vous supplions de croyre que, quand vos affaires
!■• permettront el il vous plaira de nous faire veoir en nostre
belle ville de Paris nnslre Roy el Sa Majesté, êtes seure,
Madame, qui estes nostre mère, vous serez très bien ve-
duz el vos forces y croistronl lanl do bonnes voluntés que
de toutes anlrus cho nécessaires pour, avecq l'aide de
Dieu, avoyr la raison des rebelles el désobéisants à Voz
Vlajestez.» (Copie, Bibl. nat. fonds français, n
l i56.)
' Après lu fortune demeurée, c'est-à-dire après le ma!
heur n
526
les cappitaioes, pour donner laveur à ccste
armée el empescber qu'elle ne se ruynast,
nous sommes entrez si avant aux termes ou
d'adoucir le mal par quelque pacification, ou
d'avoir telle raison de ceste \ille que je ae
puis de rien plus espérer de bien et de fruit à
ce royaume que de l'issue prochaine que j'at-
tends de l'un ou de l'aultre; chose qui ne se-
roil raisonnable, ne à propos de laisser sans
effet, et qui nous retient par deçà. Avecq ce
que, grâces à Dieu, nous ne connoissons rien
qui nous presse, ne puisse l'aire tant désirer
nostre présence, pour faillir une si belle oc-
casion, estant asseurée que vous croiez bien
aussy que, s'il en estoit besoin, il n'y a rien
en cedict royaume que nous ne voulsissions
postposer au bien et seurele'de ladicte ville et
contentemen I de tant de notables persounaiges ,
bons et loyaux sujects que le Roy mondict filz
a en ladicte ville, de laquelle aussy el prez et
loing nous attendons tout secours et aide,
mesmement en affaire si urgent et ne'cessairc
que celluv qui s'offre. Priant Dieu, Messieurs,
vous donner ce que de'sirez.
Du camp de S'-Mesmin prez Orle'ans, le
neufiesme jour de mars mil cinq cens soixante
deux (1 563).
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
Caterine.
De l'Aubespine.
1 563. — la mais.
Orig. Bibl. nal. fomls Colberl , \ol. si, t 5i,
A MONSIEUR DE GONNOR,
CflBTAUBB D8 L>OBDBB Dl* flOl HONSIEEE MON FILb.
CONSEILLEE ES SON CONSEIL PPIVÉ.
Monsieur de Gonnord, je receuz hier vostre
lettre du \in de ce moys par le commis du
trésorier de l'extraordinaire, par laquelle je
sceuz la provision que vous avez envoyée icy
des xxvi mille el xvi mille livres qui doibvent
prendre à Bourges1, que j'eslimois estre en
actendant myeulx que vous me promettiez;
maiz, comme j'ay veu par celle que m'a ap-
portée le cappitaine Valfenyère, vous trouvez
voz marchans rel'roydiz de bailler denyers. Si
c'est pour les nouvelles qu'ilz ont de la paix,
Hz ont de bonnes espies, car je vous advise
que je la tiens comme faicte -, et en sommes
1 Yoy. la lettre du duc de Guise à la Rein? du i (> fé-
vrier dans le n° si des Ci n f j cents Coibert, f° 54.
" Voici le récit de cette négociation envoyé, le îomars.
par l'ambassadeur Chantoruiay à la duchesse de Panne:
il esl plus complet que celui qui aétépubliedansletomell
des Mémoires de Condé. -Le prince de Condé arriva au
camp le six mais; après disner, le prince et le connectable
se virent au lieu désigné où l'on avoit tendu un pavillon
à cause du ebaud; toullelbis ils n'y demeurèrent pas. aussy
parlèrent toujours promenant tous seuls l'espace de trois
grosses heures, et n'y avoit en l'isle que le sieur Danville,
M. de Cossé et le secrétaire l'Aubespine. La Reyne qui
avait accompagné le prince jusque à la barque demeura
avec ceux du conseil en une maison au bord de l'eau, el
s'étanl séparés le prince et le connestable, le prince fust
conduict par sa garde en son logis et le connestable ramené
à Orléans, et furent la Reyne etle Conseil bien longtemps
ensemble; mais il ne s'entendit aultre chose de la négo-
ciation, sinon que le prince et le connestable y dévoient
retourner le lendemain. Seulement au maintien de ceulx
du Conseil on cognoissoit qu'il y avoit espoir de paix,
et s'en retourna la Reyne en son logis, monstrant visage
tort content et s'en venoit riant et dansant avec M. d'Au-
male.
rLe huit mars, environ les sept heures, le prince el.
connestable se sont rassemblés en la mesme isle comme
devant, et la Reyne y est entrée, sans aucune de ses d.imes.
accompagnée de M. le cardinal de Bourbon, duc de
Montpensier et l'Aubespine, et avant que le prince de
Condé y arriva, car le connestable y estoit déjà, et estant
venu ledict prince, lequel déjà lors portoit son épée, ilz
furent tous ensemble jusqu'à onze heures et résolurent que
M. le connestable demeuM-oit au camp et que le Prince
iroil à Orléans pour communicquer chasrun avec ceulv
de son party et donna le Prince une signature et obliga-
tion el retourna le lendemain et attendoit-on l'amiral
pour le il ou 12 mars; et s'en vint le connestable avec
la Reyne disner au logis du maréchal de Brissac. où ilz
furent tout l'après disner. el se ne peut encore sçavoir s'ilz
LETTRES DE CATHKI'.l.NE DE MEUIGIS.
527
si avant <|ti'il n'y a plus de difficulté; maiz c'est
à ceste heure que nous avons plus affaire <l ar-
gent pour descharger ce royaume de tant de
sansues qui le succent jusques à la mort. Par
ceste paix, le Roy monsieur mon (ils demoure
le maistre, et lesforcesef lesestrangersvuydent
son royaume, et nous haillons le moings que
nous povons, maiz beaucoup plus que je ue
vouldroys, sans le besoing el la nécessité où
nous sommes, et pour évitter pis, veoyant ce
royaume en danger auquel il est. Je m'as-
seure, à ce que je vous en ay toujours oy
dire, que vous ne le trouverez que bon, puisque
le Boy demoure debout, comme il faict. Or, pour
bien achever tout, il t'aull de l'argent; qui me
faict vous prier y faire toute dilligence, et ne
parlyr poinct de là que vous n'ayez autres nou-
velles de moy el en amasser le plus que vous
pourrez, sans y perdre une seulle heure de
temps, et souvent m'en faire sçavoir des nou-
v elles; pryant Dieu, Monsieur de Gounord,
vous donner ce que désirez. Du camp de
S'-Mesmin près Orléans, ce xir" jour de mars
i5.6s (i563).
ont conclu; on croit qu'on attendra L'amiral.» (Archives
impér. de Vienne. )
Le la mars, Chantonnay reprenait le récii : -Tout se
passe en parlementages et en communications, mais le
prince de Condé ne veult conclure ni passer anlcunes
choses jusqu'à la venue de l'amiral. Les rebelles persistent
aux poinls qu'ils demandoient toutes les autres fois que
l'on a voulu entendre à l'accord. L'on tient communé-
ment qu'il se fera ce coup cy ; tous les princes entrent aux
communications, sauf M. d'Aumale et le cardinal de
Guise. M.d'Andelot et tous les autres de son parti accom-
pagnent toujours la Reyne du pavillon qui est en l'isl,-
jusques à son bateau et n'y a faulte de grandes caresses el
contentement de part et d'aullre.n
Le i3 mars, le connétable de Montmorency écrivait
à M. de Gonnor : ttLa pes est fayte, que je suis seur vuus
trouvé très bonne, veu la povreté de se réaume. Je vous
:id\ise que tout cryevive France d'icy à Bayonne.» (Bibl.
nat. Cinq cents Colbert, n° 2U, p. 53.)
(De sa main.) Je ne se corne vous trove-rés
la pays, \eii que le l!o\ demeure le plus fort
et que lé villes sonl randeue et nous promet-on
de chaser les Engloys en ratifient le trété.
Seulement s'et, si m'en sovient bien, sel que
m'avés tousjour dist, corne \ la falet fayre, el
au demorant en navoyr le milleur marché que
l'on poiicel, sel que avon mis peyne, mi's en-
core n'avou-nos pas sel que je voldrès; mes
tout le Consel dist qu'il an fault sortir, puisque
nous demoron les mestres. Sel que l'on leur
acorde, s'et en chèque balliage heun prêche;
et le lloy choysira le lieu et au villes qui tienel
ausi , disant san sela ne lé pouret fa> re rendre,
el Ions remis en leur biens, hauneurs el aystas.
Anuit nous nous rasenblou pour aviser dé'
seurtés; sela fayst, j'espère que tout se melra
en nésécousion l, el comenseron par sele ville
d'Orléans el ranvoyer lé reystres qu'il oui.
Mendé m'en vostre aupinion, aultrement je
panseré que avés changé d'avis depuis que ne
vousay veu; ne parlé pas encore à personne dé
condition, car j'é tousjour peur qu'i ne nous
Iroinpet, encore que le prinse de Condé leur
ha décléréqufisin'aséle2 ses condition el qu'i ne
veullè la pays, qu'i s'an viendré aveque le Roy
mon lils, el se déclérera leur annemys, chause
«pie j'é trovée 1res bonne. Disposé tousjour seulx
au vous aystes â la Irover bonne, veu la nésé-
silé en <pioy vous savés que nous soumes.
Caterine.
( 1563. — i3 mars.)
Aut. Bibl. 08t. T'ithIs Colbert, rai. itl
\ MON COUSIN
MONSIEUR LE MARESCHAL DK GOSSÉ.
Mon cousin , quant vous voa rés les articles3.
1 En néteçoviion . en exécution.
- Si n'asete, s'ils n'acceptent.
3 Voy. dans le n° ai des Cinq cents Colberl . page 7 A ■
les articles de la paix.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
vous conoystrés cju'i ne tient à nous que la
pays ne souit et le royaume en repos. Dyeu
nous la douynlbouue, en natcndent. Puysque
les Gascons sont veneus, ne perdes temps, et
vl sera plus honnorable pour tout de sapro-
cher, alors que la pays se fayra, èl l'on pan-
sera que l'ayés fayst l'ayre de peur.
Vostre bonne cousine,
CiTERINE.
1563.— i3 mars.
Orig. Bibl. nai. fonds Colbert, vol. 24 , f* 5s.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHETALIEB DE L'ORDRE DU ROÏ MOSSIEUB MON Fil.S
CONSEILLER ES SOS COSSE1L PRIVE.
Monsieur de Gonnord, ceste nuict est parti
ung courrier par lequel vous aurez esté ad* erty
de tout ce que nous avons faict et va cella
de bien en mieulx, je diz pour la paix; maiz
pour l'exécution de tout ce que nous faisons,
il fault de l'argent; qui nie fait vous prier faire
tout devoir et dilligence d'en recouvrer et
amasser le plus que vous pourrez, faisant à
ce coup et en ceste occasion ce que vous
cognoissez nous eslre nécessaire dextremenlet
comme je m'asseure que vous sçaurez bien faire
sans qu'il soyt besoing de plus longue lettre.
PriautDieu, Monsieur de Gonnor, vous donner
ce que plus désirez. Du camp, lexm0 de mars
i56a (.563).
(De sa main.) Je m'aseure que ne vous sarés
mander heune milleure novelle que s'et que
je tien prèque aseuré qu'é la pays; et pour se
que voyré set que en nescrips au marichal de
Monmonransi de ma mayn , ne vous en fayré
rediste, et seulement vous aseureré que san
argent lé reytres nous demeuré! sur lé bras et
oe lé povons fayre sortir du réaume, je dis lé
noslre et tout le reste de nos forse. Si mal con-
te ni è le soldas de voyr la pays, encore qu'i
sou in 1 enlerteneu, si ne sont payes, que je
peur qu'i fase quelque grande niutination
avecque lébonsolisileulx qu'il ont. Mandé-inoy
set en nanvoyré, au set que en pouvons ays-
pérer, car sesi achevé, le lloy mon fils et moy
nous en nalons à Paris pour remersier tous
seu de la Court et de la vile de set qu'il ont
fays! pour luy.
(Iateri.ne.
1563. — i3 mars.
Bihl. nal. fonds français. n° 3203, f° ai.
A MONSIEUR DE MONTMORENCY.
MARESCHAL DE FRANCE.
Mon cousin, puisqu'il a pieu à Dieu nous
tant gratiflïer que soyons lumbez d'accord, il
ne fault pas longue responce aux lectres que
j'ay receues et ce que m'a dict de vostre part le
sieur de la Porte présent porteur, d'autant qu'il
vous sçaura bien rendre compte de tout; seul-
ement vous prieray, mon cousin, regarder
doulcement à contenir toutes choses en la plus
grande transquillité que vous pourrez et pré-
parez le plus de voz amys et ceulx que vous
congnoissez avoir moyen à trouver bon et s'ac-
comodder à ce que nous aurons accordé pour
le bien de ce royaume et repoz du peuple. Le
Roy demeure sur ses piedz, restitué en toutes
ses places, les estrangers renvoyez chez eulx
et chascun remis en ses biens et estatz, moyen-
nant que en chascun bailliage il y ayt ung lieu
seul, tel que nous adviserons, où l'exercice de
leur religion se puisse faire et aux villes qu'ilz
tiennent, actendanl la détermination d'un bon
et saiuct concilie; qui est le meillieur marché
que en ayons peu avoir, avecques lequel nous
espérons que toutes choses se pourront cy après
plus commodément et facillement conduire et
establirau contantement d'un chascun; et pour
cesl effect, les articles touz résoluz, envoyeray
LETTRES DE G AT HE
par delà mon cousin Monsieur le cardinal de
Bourbon el Monsieur le connestable avecques
luv, pour rendre plus capables ceulx de Paris
de ladicte résolution, de laquelle vous ne ferez
cependanl aucun bruit; mais parsoubz main
donnerez commancement à ce que dessus, selon
vostre dextérité, etaux autres choses qui y pour-
ront servir; remectant le surplus sur ledict
porteur, Pryanl Dieu, mon cousin . vous avoyr
en sa saincle ;;arde.
Escript au camp près Orléans, le xin0 jour
de mars 1 50-2 ( i363).
(De sa main.) Dieu merci, la pays ay fayste
el aystant déb[atu] cpie la vile de Paris et tout
la Prévôté ayst aysant1 de prêche et d'ami-
nistration dé sacrement que, je panse, conten-
tera bieu fort seulx de la ville, ausi toutes les
mayson du Roy mon filz et la court. Je vous
prie le fayre entendre à Monsieur de Gounort
et au premier Président, et si vous pansé que,
en le disant au provost dé marchant, que
sela seit2 cause de leur fayre trover milleur la
pays ël qu'i coneuse par sela corne je désire lé
contenter en tout set que je puis; car, si s'eut
aysté à ma volonté, je vous aseure et vous prie
leur dire que pour seur y n'i an neut poynl heu
en neul lyeu; mes la nécésité du temps3 et lé
grant Ibrse qui leur vyenet m'on contraynte,
veu que tous seulx du Consel, de quelque qua-
lité qu'i souint, hont aysté de sete aupinion
pour l'ayr sortir lès ayslranger et que le Roy
mon filz rantre en touttes ses villes ay l'aubéi-
sanse de ses seugès.
\ostre bonne cousine.
Caterixe.
1 Aysant, exempte.
- Seit, soit.
s Le, nonce de Sainte-Croix écrivait : s Le conélable
fait voir que la nécessité oblige la Cour de signer' cet
accord tel qu'il est, niais qu'on y remédiera dans la suite.»
(Mémoire secret dans les Archive* curieuses de Cimber et
Danjou, i™ série, t. VI, p. i3ô.)
Catherine de Médicis. — 1.
RINE DE MÉDICIS.
529
1 563. i 3 mars.
Copte, Bibl. nat. ross. collect. de 0. Houssenu, t. 10, a" A35a.
\ MONSIEUR LE COMTE 1)1 LUDE.
Monsieur du Ludde, il a pieu à Dieu l'aire
tant pour nous de nous donner une paix (je
le prye qu'elle Suit bonne et durable), dont je
VOUS aj bien voullu adverlir. alliu que, au lieu
où von-, estes, vous regardiez de contenir toutes
choses en paix el en repos, en attandant que
nous facions sçavoir par tout le contenu en
icelle pour la faire observer, comme mon cou-
sin le Prince1 fera de même partout, aflîn qu'il
ne survienne, ny s'entrepreigne plus riens qui
puisse troubler le repos et la tranquillité pu-
blique. Priant Dieu, Monsieur du Ludde, vous
avoir en sa saincte et digne garde. Du camp de
S'-Mesniin, ce xiiic jour de mars 1 5Ga ( 1 5G3).
Caterixe.
RoRERTET.
1563. — i li mars.
Orig. Bibl. nat. Ciuq cents Cotbert, vol. ai. t'J 54.
\ MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALÏEB DE L'ORDRE DU ROT MOKSIECR MO» PIES,
CONSEILLES BU SOS COSSE1L PRIVÉ.
Monsieur de Gonnord, hier au soir je receuz
vostre lettre par le courrier que je vous avoys
envoyé; à quoy je ne sçaurois pour cesle heure
faire autre responce, sinon que, estant la paix
faictë et asseurée, tout ce que nous avons af-
faire, c'est d'avoir de l'argent pour licencier et
contanter noz gens et faire le meilleur mesnage
que l'on pourra. Pour ce quoy commancer il
nous sera aysé, si nous avons de quoy achever
de payer noz Suisses ce mois icy, de gaigner
pour le moings trente mille franez; qui me
faict vous prier donner ordre, incontinent la
1 Le prince de Condé.
67
530
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
présente receue, de in'envoyer en louttc dilli-
ence par ung commis du trésorierde l'extraor-
dinaire les cinquante mil fiancz que vous
m'escripvez avoir desjà receuz et plus, s'il est
possible, sans y perdre une seule heure de
temps el faire faire exlicsme dilligence d'en
recouvrer tousjours le plus que vous pourrez;
car vous ne sçauriez nous secourir à plus grant
beaoing. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnord,
vous avoir en sa saincte garde. Escripl au camp
de Sl-Mesmyn, près Orléans, le xvf jour de
mars i56â (1 563).
(De sa main.) J'é entendeu depuis sete lelre
àyscripte que ave's fayt baller l'argent; de
quov je suis bien ayse, car nous en riavons
nécesité ysi. Quant à set que me mendés de
mestre jeuques à heun consile, yl y é dan la
lettre patente et me senble que nous y avons
faysl tout set que yl est posible de fayre pour
contenter tout le monde, et vous aseure que se
n'a pas ayté san crier. Je vous y é seuaysté1
pour m'ayder, mes puisqu'el é fayte et con
la trove boune à Paris, Dieu souit loué.
Gaterine.
De l'Aebespine.
[ prisons du Poiclou, tant pour le faict de la
rclligion que pour avoir porté les armes, sans
i souffrir que par la commune il leur soit
faict aucun mal ny desplaisir, sur peine, là
où ilz le feraient, de leur envoyer une grosse
garnison et les faire bien et sévèrement chastier,
auxquelz prisonniers vous ferez bien entendre
la grâce que le Roy monsieur mon filz leur
faict, aflin qu'ilz regardent de vivre et se con-
duyre doresnavant si modestement qu'ilz ne
luy donnent occasion de leur faire mal. Prianl
Dieu, Monsieur du Ludde, vous avoir en sa
saincle el digue garde.
Du camp de SL-Mesmin, ce xvnc jour de
mars i5(>2 (1 563 ).
1563. — i 7 mars.
Orig Bibl. uat. mss. collect. de D. Housscau , t. lu , n" 63Â3.
A MONSIEUR LE COMTE DU LUDE.
Monsieur du Ludde, pour ce que par la paix
que nous avons faicte, nous avons résolu de
mectre tous prisonniers en liberté qui ont esté
prins durant ceste guerre, et que desjà à Or-
léans ilz ont relascbé tous ceulx qu'ilz avoienl
prisonniers, je désire que, de vostre part, il
en soit faict de mesme; et pour ceste cause,
vous ferez sortir tous les prisonniers qui sont ez
1 Seuaytté, souhaité.
Gaterine.
Robertet.
i 563. — 1 8 pars.
Orig. Bibl. Dat. fonds français, n° 3ao3 , f' 3s.
A MON COUSIN
MONSIEUR DE MONTMORENCY,
MARESCUAL DE FRANCE.
Mon cousin, j'ay entendu tout ce que m';i
dict de vostre part le sieur de Treignal1; sur
quoy à son retour il vous rendra compte de
mon intention, estant allé à Amboise faire ex-
pédier au Roy monsieur mon fdz le pouvoir et
les lectres de l'ordre pour le sieur de Méru,
vostre frère. Gependanl j'ay advisé vous faire
ceste petite dépesche pour vous envoyer la
commission pour prendre les tailliz enSenart-
et vous asseurer que la paix est bien et fer-
mement faicte, comme vous verrez par les
lectres qui seront demain envoyées par dellà
pour publyer; à quoy je m'asseure que vous
1 Ce doit êlre Geoffroy, s' de Pompadour, v" de Carn-
born et br " de Treignac, né le 10 juin i 5 1 3 , qui en
i 5Cg fut nommé gouverneur du haut et bas Limousin.
2 La forêt de Sénart.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
531
sçaurez bien tenir la main. Pryant Dieu, mon
cousin, vous donner ce que désirez.
Du camp près Orléans, le ivih' jour de
mais i56a (1 503).
Voslre lionne cousine,
Catbrine.
1563. — 18 mars.
Orig. Bibl. ont. fonds C.lbert, toi. au , f° 55.
\ MONSIEUR DE GONINOK,
CHEVALIER DE L'ORGUE DO BOl MnNSini BIOS EII.S ,
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, par mes dernières
lettres vous avez este' saLisfaict de tout ce que
vous désiriez, et depuis j'ay receu les vostres du
mu de ce mois, en responce desquelles je vous
diray que nous avons dépesché le chevalier de
Seure1 à Homme pour avoir le bref du Pappe
et le consentement du clergé pour l'alliénation
des uni mil escuz du temporel de l'église, et
si ne sommes pas si mauvaiz mesnager que
n'ayons escript à Metz pour ne bailler riens
pour la levée des pislolliers et lansquenetz,
sinon la pension des colonnels et capitaines;
mai/, pour la recrue des Suisses il n'y a pas
ordre de l'aire ceste espargne, aussi que, si
nous avons aiïaire de gens, ce seroit de ceulx
là dont nous nous soucions le plus; et, quoy-
qu'ii v ayt, asseniez- vous que la chose du
monde à quoy nous regardons le plus près est
1 Michel de Seurre, né à Lumigny-en-Brie, fut reçu
chevalier de Saint-Jean le fa janvier 103g; en i558,
il lui envové en mission en Portugal, puis en Corse en
i55çi; en cette même année il remplaça à l'ambassade
de Londres Gilles de Noailles; en i 56fl , il fut pourvu par
Charles IX de la grande maîtrise de l'ordre de Saint-Lazare.
— Vov. IliLil. nat. mss. Hist. de Saint- Lazare , n° 26967, et
dans le Calendarof State papers (1 563), p. 200 . une unie
au sujet de la mission de de Seurre à Rome. Cf. une lettre
du nonce Prosper de Sainte-Croix dans les Archives cu-
de Cimber et Danjou , 1™ série, I. V, p 128.
à faire la moindre despence que nous pou-
vons, si esse que, ayant à sortyr d'une telle
houe, nous ne povons que avecques grosse
d'argent, et est force que, oulliv les cinquante
mil livres que avez baillez au trésorier Fayet,
VOUS en mecliez en ses mains le plus et le plus
tosl que vous pourrez, car l'aull|e| île colla nous
ne povons l'aire la monstre des Suisses qui
nous couste xxxv ou xl, mil franc/ de perle
par mois; qui est tout ce que vous aurez poui
le présent, sinon que vous aurez bien lost la
lettre de la paix pour faire publier par ilellà;
pryanl Dieu, Monsieur de Gonnord, vous
donner ce que désirez. Du camp près Orléans,
le xviii0 jour de mars 1^62 ( 1 5 G 3 ) .
Catérine.
De i.'Aubespine. .
156.'}. — iij mais.
Orig. Bibl. nat. fonda français n" 3i<)3, f' i
A MONSIEUR DE GONNOR,
:iil\ \LILR DE L'ORDRE DV ROY MOKSlEI L MON PIU
CONNEILLEI; ES SON CONSEIL PRIVÉ.
Monsieur de Gonnord, par la lettre qui va
avecques la présente vous sçaurez que nous
n'avons pas perdu temps pour avancer le
moyen de nous ayder de la vente des cent
mille escuz du propre de l'église, aussi que les
pensions des colloneiz et cappilaines allemans ,
qui dévoient venir à Metz, payées, le surplus
de xxvin m escus qui y ont esté envovez esl
dédyé au payement des deux cornettes des
reystres qui éstoient avecques Monsieur de
Nemours, ausquelz il fauldra trois mois pour
lemoings, ayant mandé que de là où ilz soûl .
ilz s'achemynent droict hors du royaume el
que l'on les fera payer à Strasbourg de ce qu il
leur sera deu , dont ledict sieur de Nemours
leur fera sa promesse après avoir arresté
avecques eulx ce qu'il leur pourra failloyr; et
61-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
532
là-dessus j'ay eslé bien ébashye que, au lieu
des xxviu m escuz que je pensois avoir esté
portez audict Metz, il ne s'y en est trouvé que
xxvn et cncores en a le clerc despendu, à ce
qu'il dict, cinq cens, tant pour le convertisse-
ment1 que la voiture, de manyère qu'il n'y en
reste que xxvi m cinq cens escus; qui pourrait
estre cause de nous y tenir cours?, d'autant que
l'on avoit faicl estât de tout ladicte somme.
Quant à ce crue vous m'esciïpvez du paye-
ment de la gendarmerye, si vous n'y pourvoyez
nous serons en grande peyne et le royaume
plus mangé que jamaiz , ne vous excusant poinct
sur Testât général de ceste année, puisque vous
voyez qu'il n'est poinct et ne peult encores
estre faict à cause de vostre absence, n'ayant
pas voulleu ou peu m'envoyer le sieur de
Granlville3 jusques icy, pour y prendre une
seulle résolution, ainsy que je vous ay cy-de-
vant mandé; et croy qu'Usera malaysé de sortyr
que ceste paix ne soit publyée et du tout passée
à Paris; et cependant il ne fault pasactendre
à payer noz gendarmes. Au demeurant, il ne
reste plus pour la conclusion et seur establis-
sement de cesledicte paix que nous avons
bastye à si grande difficulté , que la vériffication
des lettres qui en ont esté dressées et arreslées
de comnmng consentement, laquelle il est né-
cessaire faire incontinent passer et sans aucune
difficulté; et pour myeulx y préparer les eboses
en envoyé une coppie et escriptz sur ce mon
intention à mon cousin le maresclial de Mont-
morency que vous verrez par ses lettres; sur
quoy vous adviserez par ensemble à gaigner
et préparer ceulx qui y peuvent, que, arrivant
lesdictes lettres que vous aurez deux jours
après la présente, pour le plus tard, il soit pro-
1 Cuurertissemenl , change.
2 Cours, court.
3 Charles le Prévost s' de Grandville et de Brou , se-
crétaire du Roi et intendant des finances.
ceddé et passé oultre à la vériffication, son-
dant dextrement les intentions des plusgrandz
et de ceulx qui y ont moien, en manière qu'il
n'y ayt modiffication, difficulté, longueur, ne
autre retardement, autrement se serait pis que
devant; ce qui sera bien aysé, si tous désirent
la paix si affectueusement et de bon cueur que
vous m'escripvez; et me renvoyez en toute dil-
ligence ce porteur, m'advertissant par luy de
ce que j'en devray actendre et espérer; pryant
Dyeu, Monsieur de Gonnord, vous donner ce
que désirez. Du camp près d'Orléans, le
xixe jour de mars i562 ( 1 563).
(Desamain.) Je vous prie, d'aultent que dé-
siré nous voyr aur de ses troubles et dé dé-
pense, de fayre en fason aveque le marichal de
Monmoransi que la court de Parlement ne
fase dificoulté de paser la letre patente tout
ynsin cornent ayle ayt arestée, car l'amiral1
1 Coligny, d'après une dépèche de l'agent anglais
Middlemore à Cécil (Calendur of State papers , 1Ô63,
p. 2o5), partit pour Orléans le îG mars. Il avait reçu
copie des articles de la paix , el le jour même de son
départ, il les avait adressés à la reine Elisabeth par
du Chastellier. Ceci ne l'ait pas doute, car en passant à
Brou, le ai mars, il écrivait à Elisabeth : «J'ay receu ce-
jourd'huy unelettredeM. le prince de Condé par laquelle il
m'adverlit cornent toutes choses sont conduites et arrestées
pour la panification des troubles de ce royaulme, synon
qu'il reste de prendre une résolution sur ce qui touche
vostre faict, puis aussi de t'authorité qu'il aura, et quant
au contenu des articles de ce traité, il ne m'eseboit vous
endireaultrecbose, Madame, synon qu'ils sont à peu près
suivant ceulx desquelz je vous ay envoyé une copie par le
t' du Chastelier. Je n'ay voulu faillir vous faire la présente ,
pour supplier très-humblement V. M. de croire que, quand
on sera sur ta délibération de ce qui touche vostre faict,
laquelle on me mande avoir esté remise el différée jusqu'à
ce que je me trouve au Conseil où l'on advisera de ce
point, je ne fauldray point de m'acquitter de mon debvoir,
suivant la promesse que j'ay faicle à V. M. (Record office,
State papers). — Coligny arriva à Orléans le a3 mars; il
avait laissé les reitres qui l'accompagnaient, à six lieues
de la ville. (Dépèche île Middlemore à Elisabeth, Ca-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
533
vient vsi aveques sine mile cheveaulx, ne se
volatil désarmer, ni rien ranvoyer, ni non-;
mestre dans Orléans que la letre ne souit pa-
saye san restrintion ni modification, et soume
contrayns de retenir tous les nostres ausi, si
byen que les r'oystres entrel dan le quatrième
moys dan deus au troys jours; vous savés que
sél à dire el si ne la pase tout ynsin, tenés
toultes ebause pour rompeue; yl faull qu'i
mode! aul temps.
Catbrine.
1563. — 19 mars.
Orig. Bibl. ual. fonds Colberl. vol. s4 , f° 57.
\ MONSIEUR DE GONNOR,
CHBT1LIBB DE L'ORDRE DU BOY MONSIEUR MON FILS.
CONSEILLER ES SON CONSEIL PRIYB.
Monsieur de Gonnord, la longueur et re-
tardement de l'argent que nous attendons de
vous, mesmes des cinquante mille livres que
je pensois estre par chemyu, nous tient icy en
peine, et, vous asseure, comme jà je vous ay
escript, a empesché, à ce que m'a dict .Mon-
sieur le connestable, que nous ne gaignons
pour le moins trente cinq mille francs sur ce
moys des Suisses; et j'ay sceu que ce qui vous
a fait commander au trésorier de l'extraordi-
naire ne les faire point partir a esté le pas-
saige des reytres retournant avecques Monsieur
l'aniyral , dont on ne seut riens encores en
«este Beauce, combien que mon cousin le
lendar oj Stute papers, i563, p. 2 6 4.) Celle dépêche
est intéressante pour tous les pourparlers qui eurent
lieu entre Coudé et la Reine mère, depuis l'arrivée de
l'amiral. - — Voy. aussi une lettre de Smilli à d'An-
delot, dans laquelle il lui reproche d'avoir fait la pan
sans nécessité et lui prédit que Pollrol les ayant accusés
de complicité, l'amiral et lui, dans le meurtre du duc de
Guise, un jour viendra où Coligny et lui seront assassinés
comme une jusle revanche du meurtre du duc. {Ibid.
p. ao3
prince de Condé nous eus! dicl qu'ils furent
icy dès hier pour estre Logés à Boiscommun,
Lorris et là aux enviions; el pour ce que ces!
argent là nous faicl grande faulte et feroil
beaucoup d'espargne si nous l'avyons. jV vous
prie, pour ne perdre tant de temps en ceste
incertitude, regarder à le nous envoyer, el da-
vanlaige tout ce que vous pourrez avoir depuis
receu, par le chemyn de Monlargis, jusques
auquel lieu la compaignie de mon cousin le
mareschal deMontmorency le pourra conduire ,
et là \ en a troys autres qui feronl le semblable
jusques à Gien,d'où le sieur de Prye qui \ en
a deux nous l'envoyera seuremeut icy; maiz.
aflîn qu'il y ayt moins de danger, plus de soing
et de respect que n'auroit un clerc, dont bien
souvent il est advenu inconvénient, je vous
prie le faire accompaigner de quelque gentil-
homme des vostres, qui preigne la charge de la
dilligence, de la seuretté et de la vigilance qui
est nécessaire, et sur tout le service que vous
désirez me faire, envoyez moi la meilleure
somme que vous pourrez. Du camp, le xrx'joui
de mars i56a (1 563).
Caterine.
1 563. — ao mars.
Orig. Bibl. -nat. (omis Colberl, vol. ?'i . ! 5S.
A MONSIEUR DE GONNOR.
CHEVALIER DE L'OBDBB DU ROÏ MONSIEUR MOV FILS
CONSEILLER EN SON CONSEIL PBITS.
Monsieur de Gonnord, suyvant la dépesche
que je feys hier a mon cousin le mareschal de
Montmorency et à vous, j'envoye par delà le
sieur de Losscs avec les lettres patentes scellées
el expédiées pour, selon vostre ad vis, les pré-
senter à la Court1, avec ce que je leur enescris,
1 Voy. la leltre suivante.
534 LETTRES DE CATH
comme vous verrez et entendrez dudict sieur
le Losses tout ce que je lui en ay donné charge
leur dire, vous pryanl Tadvertir, conduire,
Iresser et seconder en cest affaire, comme
vous eongnoistrez qu'il sera besoing et à pro-
pos, el le croyrè tout ainsi que vous feriez moi-
mesmes. Priant Dieu. Monsieur de Gonnord.
vous donner ce que plus désirez. Du camp
près d'Orléans, le xxc jour de mars i56a
(iS63).
(De sa main.) Je vous prie de fayre de l'ason
que sesi ne relarde rien, car je voy. s'il i a
lificoulté qu'ele ne souit pasaye, corne la pa-
tente ayst, san dimineuer ni augmanter. nous
serion ruynés; car leur camps ayst ysi auprès
et, si la pays se rompet. l'on metret en azard
■ ■t la personne du Roy mon fils et toutte sete
armaye et la ville de Paris, au dise1 qu'il
vront. si l'on ne pase'2 set que le Roy et son
Consel leur ha accordé.
Caterine.
De l'Aibespine.
ERTNE DE MED1CIS.
procéder le plus tost et en la plus bfiefve expé-
dition que faire se pourra l, croyans sur ce que
vous dira de sa part ledict sieur de Losse, tout
ainsy que vous feriez moy-mesmes. Priant
Dieu, Messieurs, vous donner ce que plus dé-
I sirez. Du camp près Orléans, le vintiesme
jour de mars mil cinq cens soixante deux
(i5C3).
Catebixe.
De l'Aibespine.
i 563. — j" mars.
Copie. Bib!. uat. Parlement. ;. 84, f 9S5 r\
Imprimé dans its Mémoires de C
\ MESSIEURS LES GENS
INS LA COCR DE PARLEMENT i PARIS.
Messieurs, après tant de caiamitez el maux
dont il a pieu à Dieu que ce royaume ait esté i
visité et travaillé, il a finalement voulu et
permis par sa bonté que nous soyons venus à
la pacification portée par les lettres patentes
qui en ont esté expédiées, et que je vous en-
voye présentement parles" de Losses. chevalier
de Tordre du Roy monsieur mon filz. à la pu-
blication desquelles il est besoin et vous prie
An </. .. où ils disent.
-i l'on ne ratifie.
1563. — Du 17 au 20 mars1
Ant. Arch. nat. collect. Sitciincis, k. 1 ir,5 , 11 ..
A M' MOIN FILS LE ROY CATOLYQUE.
Monsieur mon fils s'an retournent don Fra-
sisque3 je n'é voleu falir de fayre set mot à
V. M. pour la suplier de le croyre de set qui
lui dira de ma part et panser que. puisqu'il a
plu à Dieu nous donner heune pays, que l'au-
' Le a3 mars, le Parlement répondait à la Renie :
g Nous avons veu les leclres patentes que le sr de Losses
nous a présentées et sur l'heure les avons communiqués
à vos advocats et procureur général en vostre Cour t
pour en venir ce jourd'hui matin dire ce qu'ils adiise-
ronl: à quov ilz ont satisfaict et en la présence de voslre
très-bonoré s1 le mareschal de Montmorency avons attesté
que lesdirtes lettres patentes seraient publiées, et pour as-
sister à la publication vous escriprions qu'il estoit très-né-
cessaire que deux de nos très honorés seigneurs princes
de \ostre sang vinssent icv pour autoriser ladicte publica-
tion.-' (Copie, Bibl. nat. fonds français, n° 6620. p.i 55.)
Du Tillet. le greffier du Parlement, désignait le cardinal
de Bourbon et le dm de Montpensier comme les plu>
agréables au Parlement. (Ibid. p. i58.)
2 Reçue le 3o mars.
Don François de Alava. Voici à ce propos ce que
Chantonnav écrivait, le 19 mars, à la duchesse de Parme :
- Don François de Alava partit hier pour retourner en
Espagne. La Royne luy a donné grand espoir que tout
cecy se rabilleroit et qu'il falloit reculer pour mieulx sau-
ter.- — Voy. une lettre de Charles IX (Arch. nat. collect.
Simancas. K. tAgg, n° 90), et les lettres de Chantonnav
des 18 et 21 mars (ibid. n°' 2 '1 el
LETTRES DE CATHERINE l>K MÉDICIS.
,,
bligation nous ayst augmentée en l'androyl de
V. M. pour le ayde e( secours qu'i lui lin pieu
nous donner, aystimentque scia nous ha aydé
à plus tôt nous mestre en repos; et pour se qu'il
an pouret aystre mendé à V. M. yndiscreul-
ment, je la suplie D'ajouter fouys à rien qui
lui en souit mendé ni dist, que premièrement
û'aye heuy ' parler le sieur d'Ouysel que le Roy
mon fils a délibéré dan duus jours au Iroys
fayre partir pour randre conte à V. M. corne
toulles chause sont pasaye2 et l'aucasion qui
nous ba contrayns de se fayre et sur tout noslre
yutantion et volante, laquele, m'aseurc, tro-
vcrés de princese rraytiene, ayment la conser-
tion de l'hauneur de Dieu et de l'état de ses
enfans, corne je m'aseure que Dieu me fayra
la grase de me donner le moyen de le fayre
conestre par efayst, et en setpendent je métré
pouine de nous fayre entendre tout si déce-
rnent que V. M. ne croyré les aultres chause
que l'on pouret dire au contraire, sachant mon
vntention; qui me fayst vous suplier volouir
alendre ledist sieur d'Ouisei et contineuer en
vostre bonne grâce
Vostre bonne mère et seur,
Caterixe.
1ÔG3. — ao mars.
Orig. Bill, nat. fonds français, n" 32ia, (J 55.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CIIEV1L1EB DE L'ORDIIE DC ROY MONSIEUR SION FILS ,
CONSEILLER ES SON CONSEIL PRIVE.
.Monsieur de Gonnoi-d , les collonelz des gens
de cheval et cappitaines des gens de pied qui
sont avecques le Ringrave, voyant la longueur
qui est en leur payement, ont envoyé devers
moy me remonslrer ce que vous verrez par les
deux mémoires que je vous envoyé; sur quoy
je vous prye faire vériffier avecq les trésoriers
1 Heuy, ouï.
8 Pasaye, passées.
de l'extraordinaire ce qui leurpeull eslredeu;
et après regarder au moyen de les satisfaire
et rendre contans le pins tosl el le mieulx que
vous pourrez. Pryant Dieu, Monsieur de
Gonnord . vous donner ee que désire/. Du
camp près d'Orléans, le ix1 jour de mars i 56q
(i563).
Catebinb.
De l'Aobespine.
I 563. — ao mars.
Orijj. Bibl. nat. fonds français, n" 3 1 35 , fJ 3li i -
A MON COUSIN
(LE MARESCHAL DE M0NTM0RENG1
LIEtJTESàST GÉNÉBSL EX L'ISLE DE FUIR
ET A MONSIEUR DE GONNORT.
Mon cousin, et vous Monsieur de Gonnord,
j'ay receu vostre lettre par le courrier et depuis
oy vostre secrétaire, par où j'ay entendu que
une des principalles delfaictes qui refroidisl
ceulxde Paris est que n'est laide aucune men-
tion des maisons du Roy monsieur mon lilz
el de sa court'2; ce qu'il a semblé n'estre aucu-
nement nécessaire d'y mectre, d'autant que
s'est à nous à mectre les lieux et nommer où
se pourrait faire les presches, comme il est ar-
resté entre nous, ainsi que vous pourrez dire
et asseurer partout et faire très bien entendre
par de là ma grande nécessité contenue aux
mémoires baillez au sr de Losses depuis le par-
lement duquel nous avons eu advis tain
qu'il y a trente enseignes de lansquenetz et
quatre mille chevaulx prestz de Metz, qui mar-
chent et tant de forces debout de tous coustez
que, s'ilz y font aucune dilliculté ne moddifr-
cation, je veoy la ruyne prochaine el entière
' Sans suscriplion; mais elle s'adresse évidemment au
maréchal île Montmorency, car elle fait partie d'un recueil
qui ne renferme que des lettres à lui adre-
-' Elle explique un peu plus loin dans la même lettre
que l'on ne pourra prêcher à la cour.
536
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
du royaulme, comme vous leur sçaurez bien
dire et remonstrer; et quoy qu'il y ayt, il fault
iju'iJz passent oullre el que lesdictes lettres
soient publiées sans aucune condicion ne ré-
servation; car desja aussi bien la paix est pu-
bliée et arrestée; ainsi il n'y fault pas récalci-
trer. s ilz ne se veullent perdre et tout le
royaulme quant et quant; qui est tout ce que
je vous en puis dire, priant Dieu vous donner
ce que désirez. Du camp, le xx' de mars 1062
(i563).
(De sa main.) Je vous prye tou deus fayre
présanter lé letre el leur "dire qui fault qu'i lé
paset et qu'i n'an faset poynt de dificoultés, car
je heu anuyt novelles de Mes, corne yl i a
quatre mile reystre et trante ensegne de lan-
sequenès qui marchet et devet avoyr aysé-
couté leur entreprinse clans beun moys. Je
vous aseure que je voy le réaume rouyné, et
beulx lé premyer, si sesi set ronp \ corne y
sera, si font dificoulté et que y ne se hastet
de lé paser et nous renvoyer le sieur de Lose
aveque la publication faysle, et vous aurez
parler [à] l'homme qui en né veneu que je vous
envoyé. Dite à Mesieur de la Court que sesi
n'et pas beun prose2 ourdinâyre, et que san
l'aystresme nésésité y pouvet byen panser que
nous n'eusion pas fayst tout set qui ayst dan
la letre; v n'an .fault (dus favre de dificoulté;
car nous l'avons faiste peublyer anuit ysy.
Aseuré lé que les mayson du Roy mon filz et
la court en sont aysante3. Je vous prie ne bu-
ger, Monsieur de Gounort, et dire la vérité à
ses Mesieus, car y seront cause de nostre
rouyne; et reformé lé prescheur, car y sont
trops ynsolans à set que je antans.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
' Si sesi set ronp, si ceci se rompt.
2 Prose, procès.
3 Aysante, exemptes.
1563. — ai mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français , u° 3219, f° 5-.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CnEVALlEE DB L'ORDRE DC ROY MONSIEIR MOS FILS.
COSSEILLER ES SOS COSSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord , vous verrez , par ling
mémoire que je vous envoyé, comme le tré-
sorier Savoye ayant touché vingt-cinq mille
livres contant de noz deniers, dont il devoit
faire fournir aultant en Piedmont pour les
soldatz, a mis nostre argent en rentes à la
ville de Paris, et ne paye poinct par delà; qui
est ung mal à quoy il fault reinédyer, en luy
faisant sentir la faulte qu'il a faicte. Vous
priant à ceste cause le faire venir par devers vous
pour entendre l'ordre qu'il y aura donné, et,
selon que vous verrez qu'il vous eu satisffera,
le faire , s'il est besoing, arrester tant qu'il ayt
rendu lesdicts deniers, et, en tout événement,
faire arrester et mectre en la main du Roy
monsieur mon filz ladicte rente et le con-
traindre par toutes voyes à faire fournir la-
dicte somme par delà, dedans le plus bref
temps que faire se pourra, dont il ne sera pas
quicte, s'il y a de la malice, pour laquelle il
mériterait bien d'estre encores chastyé à bon
essient. Priant Dieu, Monsieur de Gonnord,
vous donner ce que désirez. Du camp près
Orléans, le xxicjour de mars 1062 (iôC3).
Caterine.
De l'Aibespine.
1563. — ai mars.
Orig. Bibi. nat. fonds français, n° 3319, fa 56.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE I/ORDBE M" BOT MONSIEUR MON FILS.
CONSEILLER EN SOS CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, depuis la dépesche
que je vous ay faicte par le sieur de Losses,
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
537
j'ay sceu qu'il y a quelque menée <|ui se f;iict
d'icy pour donner ordre par delà <| ii<- les lettres
que je y ai envoyées ne passenl pas si aisé-
ment que je désire el qu'il est plus que né-
cessaire pour le bien de ce royaulme, et y a
danger qu'il ne se l'ace là des brigues par
soubz main pour les retarder ou y meclre em-
peschement, qui seroit forl dommageable;
dont je n'ay voulu faillir vous advertir et pryer,
Monsieur de Gonnor, comme je lais mon cou-
sin le sieur de Montmorency, auquel j'en
mande aidant, mectre peyne de pénétrer cela
pour aller au devant de telz empeschemens ;
et les ayant descouvertz, disposer tellement
les choses que, pour cela, riens ne soit re-
tardé, y employant tout ce que vous aurez de
moyen; car jamais vous ne ferez chose dont
je reçoyve plus de contentement. Pryant Dieu ,
Monsieur de Gonnord, vous donner ce que
plus désirez. Du camp près Orléans, le xxic
jour de mars i56a (1 563).
Caterine.
De l'Aubespinb.
1563. — 21 mars.
Minute. DiM. nat. fonds français, n° 1 5G6S.
A MONSIEUR LE DUC DE LORRAINE.
Mon fdz, j'ay donné charge au sr de Pas-
quier, gentilhomme de la chambre du Roy
monsieur mon fdz, présent porteur, vous faire
entendre et remonstrer les raisons des plainctes
et doléances de ceulx de Metz sur les nouvel-*
letez que font vos officiers; sur quoy je vous
prie de y faire donner la bonne provision re-
quise à la court en ce détournement des pri-
vilèges-dudict Metz et des accords et traités
sur ce passez par vos prédécesseurs et eulx.
Croyez sur ce ledict Pasquier, (oui ainsi que
vous feriez moi-mesmes.
(Au dos.) A Monsieur le duc de Lorraine,
du xxie jour de mars i562 (i5G3).
Gathebihb Dt MtBICIs. — i.
1503. — 22 mars.
Orig. Ribl. nat. fonds français, n" 3igo, f' 10.
A MONSIEUR DE MATIGNON,
ClPITilNB DE CINQUANTE HOlUtSE DUBJI1
Monsieur de Matignon, le sr du Sacé1 qui
a la garde du Mont-S'-Michel m'a l'aie l entendre
la nécessité qu'i la en ladicte place, et combien
que nous soyons à présent (grâces à Dieu) en
plain chemyn d'une généralle pacification de
ce royaume, touteffoys pour ne négliger au-
cune chose, mesmement une telle place qui
est de l'importance que vous sçavez, je vous
prye, selon que vous verrez estre nécessaire,
pour la conservation d'icelle et le service du
Roy monsieur mon fils, adviser avec le moyen
que vous avez par de là d'accomoder el se-
courir ledict sr de Sacé, de sorte que l'on
puisse eschevir2 (oui inconvénient. Pryant
Dieu, Monsieur de Matignon, vous donner
ce que plus désirez. Du camp près Orléans, le
xxuc jour de mars t5G2 ( 1 563 ).
Caterine,
De l'Albespine.
1563. — ai mars.
Orig. Dibl. nat. fonds français, n° 3aio,, f° 58.
A MONSIEUR DE GONNOR.
s
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIEUR MON FILS
CONSEILLER EN SON CONSEIL l'PIVÉ.
Monsieur de Gonnord, je ne sçay si je vous
av escript que l'on m'advertist de Callaiz que
les grands veus qui ont couru ces jours passez
ont laid ung inlîny dommaige aux digues; à
quoy, pour évitter pis, il est besoing de pour-
veoir promptement; qui me faicl vous prier \
envoyer le plus tost que vous pourrez jusques
à trois mil franez des deniers destinez pour le^
1 C'est peut-être Guillaume Vau(|uelin, s' de Sacy.
- Eschevir, esquiver.
68
538 LETTRES DE GATH
fortifications de ceste année; aussi avoir sou-
venance, quand vous envoyerez en Picardye
quelques denvers pour le payement des soldatz,
d'en adverlyr le sieur de Sénarponl, et lui en-
voyer ung estât d'iceulx, pour sçavoir comme
ils devront eslre despendus, pour éviter aux
désordres et desguysemenls que y font les
clercz. Pryant Dieu, Monsieur de Gonnord,
vous donner ce que désirez. Du camp près
Orléans, le xxnii6 jour de mars i56a (1 563).
Caterine.
De l'Acbespine.
ER1NE DE MÉD1G1S.
sa garde. Escript au camp près Orléans, le
xxmi0 jour de mars i56a ( 1 563).
Caterine.
De l'Aubespine.
1563. — ai mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français. n° i63a , f° q3.
A MONSIEUR DE TAVANNES,
LIEUTENANT GÉNÉRAL DU ROY AU GOUVERNEMENT DE BOURGOGNE.
Monsieur de Tavannes, vous avez bien en-
tendu par les lettres que je vous ay dernière-
ment escriptes la conclusion de la paix puis na-
guères faicte, en faveur de laquelle il a esté
advisé que tous prisonniers dettenuz pour le
laid de la religion seront mis en liberté et que
toute hostilité cessera. Et néantmoings l'on m'a
faicl plaincte que la court de Parlement pro-
cedde fort cruellement contre aucuns délenuz
pour le faict de la religion prisonniers entre
leurs mains. Ce que je désire et entendz estre
cessé; qui me faict vous prier leur faire en-
tendre, de ma part, qu'ilz n'ayent à passer à
l'encontre de ceulx qu'ils ont pour les cas des-
susdietz en leurs prisons, maiz les leur faire
ouvrir, et les faire mectre à plaine et entière
liberté, et de voslre part faire le semblable de
ceulx que vous avez entre voz mains, sans
souffrir ne permeclre qu'il leur soit faict aucun
mal, moleste ne dommage en leurs personnes
ne biens, car ainsi il a esté accordé. Priant
Dieu. Monsieur de Tavannes, vous avoir en
1563. — 2f> mars.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert, n' ai, p. 63.
A MONSIEUR DE GONNOR.
Monsieur de Gonnord, vous sçavez par ce
que j'escriptz à mon cousin le mareschal de
Montmorency le contantement que m'a rap-
porté le sr de Losses de la résolution prise
en la court de Parlement sur la publication
des lettres patentes1; en quoy je sçay ce que
vous avez bien faict et comme j'ay tousjours
espéré de vostre affection droicte et sincère
anvers le filz, la mère et le royaume, chose
que je n'oubliray jamaiz. Ayant advisé pour
satisffaire ceulx de delà faire demain au point
du jour partir mes cousins le cardinal de Bour-
bon et duc de Montpensier pour estre ven-
dredy au soir à Paris et le lendemain faire
l'aire la publication qu'il vault myeulx estre
1 Lettres patentes du 1 y mars, notifiant la paix conclue
avec les protestants. Voy. le compte rendu de la séance du
Parlement qui eut lieu le 27 mars, et à laquelle assis-
tèrent ie cardinal de Bourbon, le duc de Montpensier, le
maréchal de Montmorency, MM. Odet de Selve et de
Gonnor, membres du conseil privé. ( Bibl. nat. Parlement .
n° 84, f" 9S9 et suiv.) On y remarquera que le clerc
du greffe se borna à lire seulement le commencement et
la lin des lettres patentes, «afin que la substance ouye ne
scandalize l'assistance des avocats et procureurs et peuple.»
Dans sa réponse du 29 mars, le Parlement pria la Beine
••de ne pas endurer dans sa maison personne qui ne
soit de l'ancienne religion; la tolérance accordée par la
pacification ne l'est que par nécessité et dans l'espérance
de réduire le tout à l'union qui estoil auparavant la divi-
sion de religion, mais cette excuse ne petit s'appliquer
à la maison du Boi ; ce seroit forcer Leurs Majestez
de se servir de personnes qui ne leur seraient fidèles. •;
LETTRES DE C A-THE
l'aide plus losl aujourd'hui que demain et vous I
prye tenir toules choses prestes à cest effect,
trouvant bon que, pour le contentement des
présidera et gens du Roy, vous leur faciez
bailler le quartier de leurs pensions, dont ilz
l'ont instance. J'escriptz aussi, suyvanl ce que
le sieur de Losses m'a dict, à la Court et au
premier président, pour les advertyr de 1 allée
desditz princes par dellà. et si ay faicl une
lettre particulière à ladicte Cour eu voslre fa-
veur pour nostre entrée et voix délibéralihe
en vostredicte court que vous pourrez bailler,
quant vous verrez qu'il sera à propoz. Pryanl
Dieu, Monsieur de Gonnort, vous donner ce
que désirez. Du camp près Orléans, le xxvc
jour de mars i562 (i5G3).
[De sa main.) Je vous prie leur dire corne
je suis contente; quelque nésésité que le Roy
mon fils ave, que je veulx qu'i souint péyés
pour voyr le devoyr qui font à set quy con-
seille le byen et repos de set royaume, et vous
prie leur dire demayn au matin , avent que ses
prinscs souint aryvés, afin que de milleur vo-
lonté v pase tout. Je croy qu'i nous fauldra
trover de quoy péyer leur reystre, si volons
qui sortet du royaume, mes y n'an faull en-
core dire mot, car set je puis je n'an fayré rien.
Caterine.
- 1-563. — a5 mars.
Copie. Bibl. nat. Parlement, a' 84, f 987 r'.
A MESSIEURS LES GENS
TENANS LA COCRT DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, j ay receu voz lettres par le sieur
de Losses et par icelles et ce qu'il m'a rapporté,
entendu en quelle prudente considération vous
avez mis les causes et raisons, motives des
lettres patentes qui vous furent par luy pré-
sentées, et la résolution par vous prise de
RINE DE MÉD1CIS. 539
les publier, qui nous a donné grand ronlen-
tement, et pour satisfaire à ce que vous avez
sagement désiré en cest endroit, j'aj prié mes
cousins Messieurs les cardinal de Bourbon el
duc de Montpensier prendre la peine d'aller
jusques là, ce qu'ilz ont, comme princes ai-
mans le bien de ce royaume et qui sçavent
comme nous le-besoing qu'il en a, volontiers
accordé pour y estre à cesl effet vendredj au
soir, dont j'ay bien voulu vous adverlir et prier
vouloir tellement continuer en la bonne vo-
lonté que vous avez démonstrée en cest en-
droit que l'issue en soit telle ot si prompte que
le besoin le requiert. Priant Dieu, Messieurs,
vous donner ce que plus vous désirez. Escript
au camp près Orléans, le vingt cinquiesme
jour de mars mil cinq cens soixante deux
(i563).
Caterink.
De l'Aubespine.
1563. — 25 mais.
Minute. Bibl. nat. tonds français, n" 10609, fJ 33.
A MONSIEUR DE LANSAC.
Monsieur de Lanssac, puisque vostre der-
nière despesebe du n" de ce moys apportée par
le sieur de Sl-Bonnet estoyt remise à la lectre
que m'escripvovt mon cousin le cardinal de
Lorraine, je puis bien remectre doneques ma
response à celle que je luy faiz, par laquelle
vous sçaurez la paix qu'il a pieu à Dieu nous
donner et en entendrez les raisons et condi-
cions par la coppie des lettres qui en ont eslé
expédiées, ne faisant double qu'elle ne sera
pas trouvée par delà si bonne que nous qui
sentons le mal la jugeons avecques juste occa-
sion , maiz nostre nécessité et l'apparente ruyne
de ce royaulme nous a faict prandre ce party,
espérant et actendant que d'un bon concilie
nous avons le parfaict remedde à chose tant
68.
550
nécessaire à l'honneur de Dieu et unyon de
tous ses peuples. Vous y verrez aussy une
plaincte que le nunce du Pappe m'a faicte en
passant des actions et depporlementz de noz
prélatz et ambassadeurs qui sont lesquelz il
dicl alonger les choses que son maistre désire
avancer, dont je croy ce qu'il en est. Et vous
sçavez combien la chose que vouz avez en
vostre instruction est contraire à cella; maiz
bien que nous puissions veoir sortir de là telle
et si bonne réformation que tout le monde
veoitestre nécessaire, et ne serez jamaiz désad-
voué de moy de faire telle instance ne de
poursuivre en cest endroict ce que vous avez
si bien commancé; en quoy je vous prie ne
perdre une seulle heure de temps, car je ne
seray jamaiz ayse ne satisfaicte jusques à ce
que Dieu nous ayt donné tant d'heur et de
repoz.
Au demouranl quant à la préceddence que
le conte de Luna met en disputte, c'est chose
que je ne puis en façon du inonde souffrir, ne
permectre estre interrompue ne altérée de
quelque condition que ce soyt; et quoy qu'il y
ayt, veulx et vous prie la garder, deffendre
de toute la raison dont vous n'avez pas de
faillie, n'ayant jamaiz esté révocquée en doucte
par le passé, maiz au contraire recogneue par
tout et de ceulx mesmes qui y font le trouble,
m'esbahissant que le Pappe n'y a mis dès le
commencement une bonne fin par sa pater-
nelle remonstrance et grandement aussy de ce
que les Pères du Concilie disent à ceste heure
qu'ilz ne peuvent en cella ne aultres choses
temporelles que prier et cependant laisser aller
avant, chose trop préjudiciable à l'auctorilé
du Roy monsieur mon filz, encores que ceste
ouverture de siège à part, combien moins
émynent que celuy où vouz serez, ayt quelque
coulleur-, sur quoy et toute autre innovation il
est besoing que vous vous monstriez entier.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1C1S.
sans néantmoings que l'on puisse prendre
occasion d'aucune altération entre le roy d'Es-
pagne et nous, ne aussi vous départir et laisser
de vous y trouver, pour ne donner argument
d'une interruption au progrez des choses com-
mencées, dont on rejetast la faulte sur nous;
maiz aprez y avoir faict tout devoir et usé
de toutes protestations pertinentes et conve-
nables prandre de ceste innovation telle décla-
ration que à l'avenir elle puisse partout servir
à la conservation des droictz du Roy mondict
filz, faisant néantmoings bien entendre aux
Pères que nous nous devrions ressantir envers
le Pappe de ce qu'il ne prend de luy mesme
la protection et deffence d'une si juste cause
pour rendre ledict roy d'Espagne cappable de
raison et assopir ce différent. En quoy vous
pourrez prendre encores le conseil de mondict
cousin le cardinal de Lorrayne et des autres
bons serviteurs que le Roy mondict filz a par
dellà pour n'y faire chose qui ne soyt à l'ave-
nir repparable et qui n'ayt coulleur de l'avoir
forcément lollérée pour le bien espéré de la-
dicte assemblée.
Quant à vostre estât, je croiz qu'il vous y a
esté satisfaict, et retournée que je seray au-
près du Roy mondict filz, s'il y restoit quelque
chose, je y feroy pourveoir, et vous aurez en
telle souvenance que vous méritez. Priant
Dieu, Monsieur de Lansac, vous avoir on sa
garde.
Ecrit à M. de Lansac, le xxv mars i5Ga
(i563).
1563. — s5 mars.
Minute. Iiibl. nat. fonds français, n i56og, f° ag.
A MON COUSIN
M" LE CARDINAL DE LORRAINE.
Mon cousin, par la longue lectre que vous
avez escripte au Roy monsieur mon filz, nous
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIUS.
;Vil
avons esté bien particulièrement advertiz de
tout ce que vous avez faicl en vostre voyage
d'Ispruch, ayant eu à singulier plaisir que
l'occasion ayt esté à propoz tjue vous \ ayez
peu si avant sonder el cognoistre la bonne
intention el disposition de l'Empereur et du
roy des Romains, premièrement sur ce <|ui
eoncernoit l'honneur de Dion, bien de la
chreslienlé e! l'avancement du Concilie, au-
quel point, à ce que j'av leu et conceu par
vostre lectre, vous n'aviez riens obmis à leur
toucher de ce qui doyt servir à les y inviter,
leur descouvrant nument ce que vous co-
gnoissiez de la suffisance et disposition de ceulx
(]ui manient ceste affaire en l'assemblée qui est
de présent à Trente; qui a esté très bien et sai-
gement l'aict , affin que , encores qu'ilz puissent
en avoir d'ailleurs cognoissance, ilz sachent
(|ue tout le monde y veoyt clair, el que les
choses de la chrestienté estans au discrime
auquel elles sontel principallement ce royaume
travaillé de ce mal là si oultrement qu'il est,
les rcmeddes doyvent estre présens et conve-
nables, et pour lesquelz avancer, comme vous
leur distes à Leurs Magostez , il est besoin",
mon cousin, que ces grans princes y mectent
la main. Comme j'ay cogneu par la responce
que vous feist ledict sr Empereur qu'il est en
très bonne volunté, de quoyje prie Dieu qu'il
sorte quelque fruict et que [son] approchement
de là serve à ce' qui y est tant nécessaire, ne
voullanl riens vous dire là dessus, mon cousin,
Sçachant que vous entendez mieulx que nous
ce dont nous avons tant de besoing; maiz si
veulx-je, en passant là dessus, vous advertir
([n'estant nostre nécessité telle et si grande que
ne la povyons plus supporter, après avoir faict
et tenté les moyens de pourveoir à l'inconvénient
qui nous menassoit par aultre voye que celle
que avons esté conlrainctz prendre comme tout
le monde a veu finallement après la bataille
gaignée(?) par feu mon cousin vostre frère se
tournant en quelque commancement de récon-
ciliation avecques mon cousin le prince de
Coudé entrèrent particullièremenl si avant en
propoz qu'ilz ou> rirent la porte par OÙ qous en
sommes sorliz et les principaulx poinetz résoluz
entre eulx, ayant tousjours en oppinion que le
temps pourroyt encores faire nostre marché
plus avenlaigeux pour une occasion que je veulx
bien que vous sçachiez, s'i estoyl l'espérance
que nous avions que les reytres se retireroyent,
temporisasmes jusques à venir devant ceste
ville, tenant néanlmoins toujours ceste pra-
tique vilve où ce malheureux malheur et dé-
sastre est advenu dont j'ay porté et porte in-
croyable ennuy. Et d'ailleurs avons veu tant de
mal se préparer à l'entière ru y ne de ce royaulme
pour les levées contraires qui se faisoyent pour
les aultres en Allemaigne, les menasses de
ceulx de l'Empire sur la restitution de Metz.
dont nous ne sçavons encores ce qui sortira,
les Angloys estendre si avant leurs desseings
que jà la basse Normandye estoit quasi toute
à leur dévotion, mesmement le chastéau de
Caen perdu ,aussv pauvrement nostre royaume,
eslevé de tous coustez et encores plus espuisé
comme vous en povez sçavoir des nouvelles
noz amys si froidz et desquelz les dessaings
sont aussy à craindre pour le moins il ne res-
leroyt que à comprendre, que tout cella amassé
ensemble, mis en bonne et profonde considé-
ration de tous les princes du sang, de Mr le
connestable et autres grans seigneurs et no-
taires personnaiges du conseil du Roy mon-
sieur mon lilz, il a esté advisé qu'il \alloil
myeulx conserver le lioy et le royaume en sou
entier, comme il demeure, que de l'exposer
en apparent et véritable dangier par l'intro-
duction de tant d'estrangiers; qui a esté cause
que leur avons accordé ce que vous verrez par
li coppie de la lectre sur ce expédiée, que
Ï42
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
j'ay faicl mètre dedens ce pacquez; qui est
beaucoup plus que je ue vouldroys, mais peu
auprès du dommage grand que y peudoyl ,
d'aultant que eu Lant de pays, villes et lieux
qu'il z occupoyent les gens d'église et le service
ili\in accoustumé n'y porroyt plus rentrer, ny
le Roy mondict filz avoir aucun commandement
que à leur niodde. Et par ainsy mes deux
autres lectres vous satisferont, au demourant,
mon cousin, qui me gardera de m'estendre
plus avant; mais quaut à ce qui touche l'am-
bassadeur d'Espaigne et du lieu qu'il mecl en
disputte pour la précédence, comme j'escriptz
au sr de Laussac, je n'entendz ny ne veulx que
l'on laisse, en cestendroict ni autre, enjamber
la moindre chose du monde au préjudice de
l'auctorilé et préhéminence du Roy mondict
filz, qui va de tout temps avant tous les autres
princes, que je ne me puis assez esbahir que
l'on y vueille à ceste heure toucher, et vous
prie, mon cousin, y employer vostre faveur et
• voz conseilz; car cognoissant l'humeur de
ceubt qui font jouer ce jeu, quelque desguise-
ment qu'il y ayt à seoir en ung siège à part,
je sçay que l'importance en seroyt trop grande.
1 563. — 26 mai*.
Orig. Bibl. nat. Cinq cents Colbert. vol. 3oo . f0' i5g cl suiv.
A MONSIEUR DE RENNES,
CONSEILLER DC BOT MOSMEL'B MO* FILZ ET SO> AMBASSADEUR
PRÈS L'EMPERBCR.
Monsieur de Reunes, avant que respondre
aux deux lettres que j'ay receues de vous de
mesine dacte, l'une par Flandres, et faultre
par le sr de Sl-Bonnet, je veulx vous advertir
que, après plusieurs allées et venues et que
nous avons tenté tous moyens pour sortir hors
des troubles où uous estions, nous n'avons
sreu mieulx faire pour la nécessité du temps
et les dangers grandz etévidentz qui nous uie-
nassoieut, telz que la couronne du Roy mon-
sieur mon filz s'en alloyt fort esbraulée par la
venue de tant d'estrangers dont ce royaume
est si fort remply desjà que d'aultres que nous
voyons préparez à y entrer, que de passer par
où vous verrez en la lettre de la résolution qui
en a esté prise, de laquelle je vous envoyé
coppie, aflin que vous en sçachiez par le menu
ce qu'il en est; qui est chose faicte par l'advis
de tous les princes du sang, de Monsieur le
Counestable et de tous les aultres seigneurs du
Conseil, bastie sur les fondementz que Mon-
sieur de Guise en avoit peu après la bataille
jà assiz et projectez avecques Monsieur le
prince de Condé; à la poursuitte et exécution,
à sa mort, de quoy il nous exhorta et admo-
nesta fort expressément, comme 1 extresme be-
soing et grande nécessité nous y a aussi plus
que forcez et menez, joinctle conseil que tous
nos amys nous en ont donné plustost que de
nous voir perdre et ruiner du tout, comme
nous en estions en chemin, et mesmes que eu
ce faisant nous avons certaine espérance, et
s'il se peult dire asseurance, que les Angiois se
retireront et délaisseront ce qu'ilz y ont occupé;
qui est chose de telle importance qu'elle ne
traine pas après elle moindre inconvénient
que de la désolation de Paris et perte entière
de toute la Normandye, joinct à celle aussy la
menasse de ceulx de l'Empire pour le respect
de Metz , Tbou [1] et Verdun, ce que vous pourrez
dextremeut faire entendre à l'Empereur et au
Roy des Romains aussi, leur faisant bien tou-
cher ce qui nous a amenez là, en actendant
que Niostre-Seigneur nous face la grâce que
d'ung bon concilie nous soions consolez et
confortez de ce dont nous avons tant de besoing.
à l'honneur de Dieu et repos de ce royaume,
qui est tout ce que je cherche, et pour à quoy
parvenir j'ay faict ce que jamais mère de-
mourée chargée d'un Roy jeune en temps si
LETTRES DE CATH
troublé et si fascheux sçauroyl faire sans par-
donner à toute! sorte de travail, danger et
aullres expédiens nue j'estimois \ pouvoir
servir, entre les(]ueiz n'a esté espargné celuy
des armes, connue chascun a veu, dont ce
royaume a souffert très grand dommaige;
niais, puisqu'il a pieu à Dieu, il a esté besoin;;
s'en contantes et remeclre tout à sa bonté el
grande miséricorde, qui à la fin a eu et aura
pitié de nous.
Vous advisant au surplus que j'ay entendu
par vosdicles lettres bien au long ce que vous
avez laid et apris au voiagc de mon cousin le
cardinal de Lorraine à Ysprueli, dont il m'a
escript bien particulièrement, et la disposition
bonne en quoy il a trouvé lesdictz sieurs Em-
pereur et roy des Romains au bien du Con-
cile et affection envers nous et semblablemenl
le desplaisir qu'ilz ont des levées qui se font
par de là au dommage de ce royaume, les-
quelles je congnois bien qu'il/, ne vendent, pas
faire semblant de c.ongnoistre et si bien ilz
leur desplaisent comme vous dictes, monslrent
bien qu'ilz ne veullent pas dosplaire à ceulx de
delà; qui me faict d'autant plus louer et re-
mercier Dieu du bien de paix qu'il luy plaist
nous donner, pour le respect duquel j'ay mandé
à ceulx que j'avois dépêchez pour hoz levées
ne passer pas oultre1, comme je m'asseure
aussy que ceste nouvelle retiendra ceulx qui
se remuoient pour les aultres, mais je suis
lousjours aux escoules pour sçavoir si cesie dé-
libération prise par l'Empire touchant le recou-
\ renient de Metz, Tlioufl] et Verdun passera
jusques aux effectz, dont on continue à ne
donner des alarmes, bien que n'ayant pas en-
core faict response à ce gentilhomme dudict
Empereur qui en apporta les lettres, ce qui a
1 Dans une note du temps, nous lisons : ^Le Roy de
France a conlremandé les quatre mil chevaux et les Iroys
régimens de lansquenet?, qu'il prétendait tenir si la guerre
BRINE DE MÉDICIS. 54:j
esté remis à quant nous serons de retour à
Ainboise auprès du Roy mon lilz. vous priant
cependant y esclairer de près pour m'en donner
advis et de toutes nouvelles dezdictz Empereur
et ro\ i]i^ Romains, mesmemenl en quelle
délibération il/, continueront pour le faict du
concilie.
\ ce que j'a\ entendu par la responce de
mondicl cousin le cardinal de Lorraine, il a mis
bien en avanl les fers au feu du mariage de
madame la roy ne d'Escosse avecques l'archi-
duc Caries1 tiers lilz de l'Empereur et sembla-
blemenl senty-ee qu'il a peu pour celm des
tilles du roy des Romains : l'une (la première
desquelles) est pour l'Espagne, comme il faull
croyre, et de l'aultre nous sera aisé, aynsi que
je veoy, d'en faire alliance pour le Hoy mon-
diclfilz; chose à quoy nous sommes pour en
entendre sans monstrer de parler plus de la
première, allin de n'irriter personne et en
choses aussy dont j'estime bien que ne serions
guères satisffaiotz, el suis pour en escripre par
la première dépesche audict sieur cardinal
suyvant ce qu'il aclend de moy; de quoy j'ay
bien voulu vous advertyr, allin que vous sachiez
tout ce qui se passera en cela entre nous,
semblablemenl du mariage du lilz aine du
roy des Romains3 a\ecq ma lille, pour là-
dessus veoir et -sentir comme les choses se con-
tinueront là où vous estes, el y l'aire dextre-
ment l'office convenable à chose de telle im-
eust continué, et beaucoup du gens malconlens, encores
qu'on leur eust envoyé leurs pensions pour les apaiser.»
(Record Office , State papers.)
1 Voy. Keitli, //«■«. i1 Ecosse, t. II, p. 186, 197 el 198;
I. élire à la duchesse d'Arscliott et fragment d'un mémoire
de Marie Sluarl , Lalianolf, Lettres dé Marie Sliirut. t. I .
p. aig, 396 et 397.
' Senti/, entendu.
3 Rodolphe, né en 1 55a, qui lut empereur après son
père Maximilien II, et mourut le 1 0 janvier 1613 sans
avoir été marié.
5 M
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
portance .selon les occasions, essayant par cela
retenir lesdictz deux princes et ce qui est de
leur dévotion en aultre devoir et respect en
nostre endroict et ce qui louche le bien de ce
royaume qu'ilz n'ont esté par cy devant, non
en apparence mais en effectz, et balancer par
là toutes aullres intentions qui y vouldroieul
eslre contraires, tant du coslé d'Espaigne que
d'ailleurs et semblablement tenir plus la royne
d'Angleterre en branle qui n'aura pas trop
agréable ledict mariage d'Escosse; mais il
fault que tout d'une main j'en face encore ung,
s'il est possible, qui est celuy de la fille du duc
de Cièves1 avec mon fils d'Orléans2, désirant
que, après vous estre bien enquis à la vérité
qu'il n'y a que une fille, vous regardiez les
moyens d'en faire ouvrir, comme de vous
mesmes, les propoz aux lieux et ainsi qu'il vous
semblera plus à propoz, ce que vous en sçau-
riez inieulx faire que après avoir sceu de quelle
main ledict duc de Cièves se laisse manier,
soyt du roy des Romains ou aultre de ses
païens et amys, et en cela me donnerez quel-
que lumière qui m'y puisse dresser et conduire
au point que j'y désire, continuant tout soing
et devoir de me tenyr adverty et de ce que en
aurez apris et de toutes aultres choses et sur-
tout comme ceste paix, qui est chose faicte
pour l'extresme nécessité du temps, sera receue
de Leurs Majestez; priant Dieu, Monsieur de
Rennes, vous avoir en sa garde. Escript au
camp près Orléans, le xxvi" jour de mars 1 502
(i563).
Caterine.
De l'Aubespine.
' Guillaume, duc de Cièves et de Juliens, qui, eu i546,
avait épousé Marie d'Autriche, iille de l'empereur Ferdi-
nand, dont il eut deux filles : l'une qui épousa Albert-Fré-
déric de Brandebourg, et l'autre qui épousa Philippe-
Louis de Bavière.
2 Henri III , qui plus lard prit le titre de duc d'Anjou.
1503. — 26 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n°3o45o, f° 29.
A MON COUSIN
LE SIEUR DE BOISY,
GRAND ESCUYER DE FRANCE.
Mon cousin , j ay receu vostre lettre et n'ay
jamais pensé que vous estant là comme capi-
taine et gouverneur1 n'y faciez vostre office,
aussi ce que le sieur de la Bordaizière2 en a
faict n'a esté que en vostre absence, et à ceste
fin luy escris vous remectre l'entrée qui y vous
appartient sans aultrement vous y empescher,
m'asseurant aussy, mon cousin, que le Roy
monsieur mon filz, mes autres enfans, ny la
place ne sçauroient estre en la garde d'ung
plus homme de bien, ne plus digne et affec-
tionné serviteur. Quant aux estallons du haraz.
il y a trois jours que j'en parlay à mon cousin
le prince de Coudé qui me promet faire rendre
ce qui en restait si tost que Monsieur l'amyral
seroit arrivé comme il est, demain je l'en feray
solliciter et rnoy-mesmes luy en parleray en-
cores pour les avoir le plus tost qu'il sera pos-
sible. Pryant Dieu, mon cousin, vous donner
ce que plus désirez. Du camp près d'Orléans,
le xxvie jour de mars i5G2 (i 563).
La bien vostre,
Caterine.
1503. — 26 mars.
Orig. Bibl. nat. fonds français, n° 3aoi, f* io,.
A MON COUSIN
LE MARESCHAL DE MONTMORENCY,
GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GENERAL I>C ROY MONSI8LR MON FIL2
EN L'ISLE DE FRANCE.
Mon cousin, le sieur de Losses m'a baillé
1 II était gouverneur d'Aniboise.
2 Jean Babou, s' de la Bourdaisière, maître général
de l'artillerie de France, mort en oclobre 1 56g.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
545
voz lettres et rendu compte du bon devoir et
de la dextérité dont vous avez usé pour amener
el conduire les choses de nostre paix au [minci
que jiiv sceu par 1 n \ . dont j'aj très grande
occasion de contentement, sachant combien
\ a servy vostre moyen el l'affection que vous
portez au service du Roj monsieur mon til/. et
au bien de ce royaume, el pour satisffaire à
ce que ceulx de la courl de Parlemenl dési-
rent, affin qu'il ne tienne pas à cella1, partent
demain au poinct du jour mes cousins le car-
dinal de Bourbon et le duc de Montpensier
(jui ne fauldront à se rendre vendredy au seoir
à Paris, pour le lendemain au matin faire taire
la publication des lettres, suyvant ce qui a
esté arresté en la court de Parlement; à quoy
je vous prie tenir toutes choses les plus prestes
et mieulx disposées que vous pourrez, remec-
tant le surplus au porteur qui vous dira com-
bien j'ay esté aise d'entendre les bonnes nou-
velles que m'avez envoyez par luy. Pryanl
Dieu, mon cousin, vous avoir en sa saincte
garde.
Escripl au camp près d'Orléans, cewvi'jour
de mars 1 5 6 a (î 563).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1563.— 2(1 mars.)
Aul. Bibi. nul. fonds français. n° loaio, f l36.
' ' A MA COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE (il [SE.
Ma cousine, je croy que Jean-Batiste vous
aura mendé corne la marechalla de Saynt-
Vndré2 m'a envoyé beun jeantilhomme par
lequel ayle m'a ayscript et me prie que je luy
permète me venir Irover, s'an volant aler hà
Afin que cela ne soit pas cause de la rupture 'le la
paix.
"•rite de Luslrac.
Caïhf.mnf. de Mémcis. — i.
Paris pour des afayres grandes qu'ele y a, et
m' veull paser plus avent san me voyr. Je luy
ay mendé que sel lyeu aytoyl mal comode el
que s'ele volet atendre Emboyse, que j'espérès
y estre byen tôt. ^1 m'a dist quel esl présaye1
il i aler el que je ne trove niâmes s'ele vient ysi.
Je lu\ aj répondeu set qu'ele voldroyl el vous
ayn2 né byen voleu avertir, afin que vous
aseuriés ausi que, j venant', je ne fauldré luy
dire corne je say que s'étoyt la volante de son
mari que vostre lils aypousat sa fille3 et qu'i
me la diste; etvoyentque s'élovl aussi sella de
l'eu Monsieur de Guise, qu'ele nesaroyt avoyr
beun plus grant hauneur et qu'ele ne saroyt
ayslre mieuls nourie que aveque vous et ausi.
puisqu'ele douyt ayslre vostre fille, que la fayre
nouii selon vostre volante et louttes les aullres
perseuasions que je mepouré aviser, vous aseu-
rant que en sela, ou aultre chause, je sayré
1 Présaye, pressée.
'</» , en.
3 La jeune Bile fut en effet remise aux mains il" la
duchesse de Guise, mais un procès s'engagea à cette occa-
sion et, dans une lettre du cardinal de Lorraine à la du-
chesse, datée de Trente, le 22 novembre i5G3, nous
lisons : ?J'escrips à la Roy ne, el quant à moy je lui quitte
la fille S'-Andi'é. Je vous supplie, et vous et nostre cardinal
(de Guise), failles an autant et ne pressez la Royne de
rienoultresa voionlé.^ (lîihl. nat. fonds français, n° 3 180,
P 112.) Dans un avis de la Cour daté du 9 novembre
1 563 (Bihl. nat. fonds français, n" 2062 '1, p. 5a), nous
lisons : r Madame de Guise a remis Mademoiselle de S'-
André entre les mains de la Reine et se continue que le
mariage d'elle el du lils du prince de Condé se fera.» D'a-
près une dépèche de Smith dans le Calendar ofStatepa-
pers (année 1 563, p. ."iao), ce fut par un jugement que
la maréchale obtint que sa fille lui fût rendue. L'am-
bassadeur vénitien Marc Ant. Barbare écrivait à Sa Sei-
gneurie, le ->•"> mars i563 : nOn dit que la Reine a fait
tirer des mains de la duchesse de Guise la très-riche de
Saint-André pour la donner au prince de Condé. ~> (Bihl.
nat. Dépêches des ambassad. vénitiens, lilza 5, p. 20 v°.)
C'est un double jeu que dans ces circonstances jouait
Catherine.
69
546
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
fousjour byen ayse de vous fayre coneslrc
comme je désire m'enployer pour vous randre
contente. Je vous prie fayre mes recomenda-
lion à Monsieur le cardinal de Guise et luy dire
corne la court de Parlement ha donné l'arest
de peublier et paser la lectre de la pavs , pour-
veu qu'il i asisie deus prinse du sanc, et m'on!
ayscript qu'i me prie y envoyer le cardinal de
Bourbon et duc de Montpansier, set que j'é
l'ayst, et son parti à set matin pour y aler, si
byen que j'espère qu'i n'i aura plus de difi-
coultés que je n'anlre byen tôt à Orléans, car
à set que j'é enlendeu y n'alendet sinon que
la peublication souyt fayste à Paris, pour avoir
seurté de fayre retirer les ayst ranger qui sont
dans la vile, afin qu'i puise aler à leur méson
et ausi ynconlinent y ranvoyron les restres. Je
prie Dieu que ayons plus de bien que n'avons
heu y a catre mois.
Vostre bonne cousine,
Catemne.
1 563. — a? mars.
Copie. Bibl. nat. Parlement, n" 8i , f* 99G v\
A MESSIEURS LES GENS
TE1UNS LA COURT DE PARLEMENT À PARIS.
Messieurs, j'ay esté présentement advertie
qu'il a esté meué pardevers vous jusques à
vingt-deux personnes de Meaux, prisonniers et
appelans pour le fait de la religion, et d'autant
que, par la pacification qu'il a pieu à Dieu
nous donner des troubles dont ce royaume
estoit travaillé, telles poursuittes cessent et se
sont assoupies, je vous prie donner ordre qu'il
ne soit en aucune sorte procédé à la confec-
tion de leurs procès, ne attenté à leurs per-
sonnes, mais user en leurendroict du bénéfice
porté parla déclaration naguières passée pour
ladicte pacification , qui a esté par vous vériffiée,
de manière que cella ne puisse rien altérer de
la tranquillité où je voy que toutes choses
commencent à se réduire. Priant Dieu, Mes-
sieurs, vous donner ce que plus désirez.
Du camp prez Orléans, le vint-huitiesme
jour de mars, mil cinq cens soixante deux
(i563).
Uaterine.
De l'Aubespine.
1563. — 28 mars.
Orig. Bibl. oat. fonds français, a° 3319, f° &S.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE I/ORDRB DU ROT MONSIEUR MON FIL* -
CONSEILLER EN SON CONSEIL PRIVE.
Monsieur de Gonnord, Prévost vostre secré-
taire est arrivé ceste après-disner, qui m'a
rendu fort bon compte de tout ce que luy
aviez commandé du peu de moyen que vous
avez de satisffaire à tant de partyes et sommes
de denyers dont je vous ay escripl, qui sont
néantmoings nécessaires, mesmes au parfaict
de un"1 11 1. qu'il fault pour les deux cor-
nettes de pislolliers, lesquelles doibvent estre
à Metz le ix du moys prochain; et pour ce que
c'est chose plus que forcée, si l'on ne veult
payer ung moys davantaige, et que le sieur
Prévost m'a dict que vous avez retenu là une
partie des cinquante mil livres venus de Chaas-
lons, de laquelle il vault mieulx achever de
payer le parfaict, je vous prye le faire doncques
prendre là dessus, si vous n'avez moyen d'ail-
leurs, et le faire porter audict Metz, en telle
diligence qu'il y soyt dedans le ixc d'avril, et
le surplus de ladicte somme, avecques tout ce
que vous pourrez avoir receu et amassé d'ail-
leurs, nous l'envoyer icy le plus tost que vous
pourrez; croyant pour chose certaine que ja-
mais vous ne feistes service au Roy monsieur
mon fils, ni bien à ce royaulme plus grand ni
plus à propos que d'en recouvrer de quelque
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
547
lieu que ce soit le plus qu'il sera possible.
V>u- regarderons à satisfaire à ce que Prévost
a apporté par mémoyre, et vous sera inconli-
neul renvoyé; qui est tout ce que \ous aurez
pour le présent. Priant Dieu. Monsieur de
Gonnor, vous donnes ce que désirez. Du camp
près d'Orléans, le sxvm' jour de mais 1 562
(i563).
( Iaterine.
De L Al'BESPINE.
! en paix et en repos les ungs avec les aultres,
sans troubler le repos publie; qui sera cbose
que le Roy monsieur mon filzaura fort agréable,
et en quoy vous luy pourrez plus faire de ser-
vice que en aultre cbose quelconque, Prianl
Dieu. Monsieur du Ludde, vous avoir en sa
saineh' et digne garde.
Du camp <li" S-Mesmin, ce wviu" jour de-
mars 1 f)Ga (1 563).
Caterihe.
RoBEliTET.
1563. — 28 mars.
Copie. Bibl. nat. mss. collect. de D. Housseau , l. 10, n° 4355.
A MONSIEUR DU LUDDE,
CHEVALIER DE L'ORDRE DO ROY MONSIEUR NON FILS
ET SOS L1ECTENV.M 01 I
EN POITOC ES L'ABSENCE DE PRINCE DE NAVARRE.
Monsieur du Lucide, j'ay veu par voz deux
lettres la publication que vous a\ez faict faire
de l'abstinence de guerre , dont j'ay esté fort
ayse, espérant qu'elle servira à contenir tout
le monde et empeseber les voyes de faict. Et
pour ce que vous me mandez qu'il y a quel-
ques chevaulx en Poictou qui font mille inso-
lences, pillent et saccaigenl, j'en ay inconli-
nant adverty mon cousin le prince de Condé
qui v enyoye présentement gens pour sçavoir
qui Hz sont et les faire séparer, et s'ilz ne le
l'ont, taseber à en faire faire justice, ne doub-
lant poiucl qu'après son commandement et
avoir entendu la conclusion de la paix, ilz ne
se retirent; autrement il leur fauldra courir
sus, auquel cas ilz seront bien foibles et mal
pourveuz de moyen pour continuer ce mestier;
de quoy je vous ay bien voullu advertir, allin
que vous soyez bien adverty de leurs déporte-
métis et que vous m'en advertissiez à la vérité
pour s'y conduire selon le besoing qu'il en
sera. Bien vous prierai-je en cas pareil de con-
tenir tout le inonde en vostre souverneinenl
1563. — 28 mars.
Orig. Iïibl. nat. fonds français, u° 3siç», f" G', r*\
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROT MONSIELR MO* FILS ,
COSSEILLER EN SOS CONSEIL PRIVh.
Monsieur de Gonnor, le commis du tréso-
rier de l'extraordinaire de la guerre, M8 Guil-
laume Brochet, a présenté son estât de la
recette el despense qu'il a faicte depuis que le
camp partit de Paris, l'année dernière, lequel
j'ay faict veoyr; et se trouve par icelluy qu'il a
faillie de fonds, pour satisffaire à ce qu'il doil
en ce camp de la somme de \ingt-uu mil tanl
livres, comprins les vivres qu'il a rabaluz, el
qu'il l'ault qu'il paye pour en satisffaire ceulx
qui les ont fourniz, ainsi que la raison le
veult. Ne le pouvant faire ledict trésorier,
synon avec le moyen que luy en pouvons
donner d'en estre payé ou assigné, sachant
' bien que les parties qu'il doy l sont fort pressées,
et que l'on ne peult reculler; au moien de quoy
je vous prie de regarder d'y faire pourveoyr.
sovt sur la maison de la ville de Paris, ou
ailleurs, ainsi que adviserez; en sorte que le-
dict trésorier Brochet puisse bienlost recevoyr
ladicte somme de vingt-un mil tant livres poui
acquicter icelles parties; et je prieray le Créa-
teur, Monsieur de Gonnor. qu'il vous ayt eu
69.
5'j8
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
sa saincte garde. Du camp près d'Orléans, le
x\viiic jour de mars i56a ( 1 5 6 3 ) .
J'ay donne' charge de vous envoyer le double
dudict estât, affin que voyez si ledict Brochet
a autres assignations pour le camp que ce qui
y est contenu.
Caterixr.
De l'Aibespine.
1563. — ag mars.
Copie. Bibl. nat. niss. colleci. de D. Kousseau , 1. 10.
A MONSIEUR LE COMTE DU LUDE.
Monsieur du Luddc, je vous ay escript
comme la paix a esté faicte, et le Roy monsieur
mon filz a envoyé la publication de l'absli-
nence de guerre pour la faire publier par tout
le pays, comme je m'asseure que vous aurez
f'aict ., et hier j'envoyai encores une lettre à mon
cousin le prince de Condé pour envoyer à
ceulx qui se sont assemblez en Poilou, de la
part de ceulx de la relligion, pour se séparer
et retirer en leurs maisons, lequel pour cest
elfect a envoyé devers eulx, et pour ce que j'ay
entendu qu'il se faictune assemblée pour aller
à la maison du sieur de la Rocbefoucault, où
s'est retiré Sa\ ignv ', et que vous avez entendu
par la Roche-Esnard'2 que mondict cousin le
Prince y a envoyé, la charge qu'il avoit, je
vous prie, si de vostre costé vous assemblez les
forces de Poictou pour cest effecl, superséder
le tout; car j'espère que ceste compaignye se
dissouldra sans qu'il soit besoing de venir aux
armes. Cependant faictes hardiment publier la
paix, car elle est faicte, passée et omologuée
' 11 passait pour être bàlard du feu roi de Navarre. —
\oy. uae lettre de Mare Ant. Barbaro dans les dépêches
des ambass. ve'nit. Bibl. nat. filza 5, p. 26 v°.
- René Hellies, sieur de la Roche-Esnard cl de Fou-
gery.
en la court de Parlement de Paris, qui sera
dans peu de jours envoyée par tous les gouver-
nements, affin de la faire observer et entre-
tenir. Priant Dieu, Monsieur du Ludde, vous
avoir en sa saincte el digne garde.
Du camp de S'-Mesmin, ce xxix' jour de
mars i56a (1 5G3).
Cvterine.
robeiitet.
1563. — 2f) mars.
Orig. Bibl. ont. fonds français, n" 2o/i5g, f° 3i r*.
A MON COISIN
LE SIEUR DE ROISY.
CrUXD ESCUTEP DE FEA'iiJE.
Monsieur le Grand, ayant esté advertve que
le sieur Don Fernando filz du duc d'Athe doit
demain ou après demain arriver1, je vous ay
bien voulu escrire la présente pour vous prier
d'aller au devant de luy un quart de lieu hors
la ville, le mieulx accompaigné que vous
pourrez, et le faire loger au logis que je luy ay
f'aict préparer où j'ay commandé au sr de Jars'2
de le faire bien Iraicter, vous priant, de vostre
part, faire tout ce qui vous sera possible pour
le bien recevoir et festoyer comme il mérite.
1 Le 27 mars Chantonnay écrivait à la duchesse de
Parme : rque don Hernando avait été pris en chemin el
mené dans une maison du comte de la Rochefoucaull;
le 3o mars il annonçait qu'il avait été remis en liberté
et qu'on lui avait rendu ses bardes moins i,5oo écus pris
et gardés.» (Arch. imp. de Vienne.) Il avait été dévalisé
par Savigny dont parle Catherine dans la lettre du
29 mars à AI. du Lude. (Voy. une lettre de Marc Ant.
Barbaro dans les dépêches des ambass. vénit. Bibl. nat.
filza 5, p. 27 v°. ) Sir Henri Cobham écrivait à Chal-
loner, l'ambassadeur d'Angleterre en Espagne, que Sa-
vigny taisait bonne chère avec l'argent de D. Hernando.
( Calendur of State papers , 1 Ô63 , p. 7^3.) — Voy. la note
de la page 008.)
2 François de Rocbechouart, s' de Jars, mort a Sens,
le 19 novembre 1570.
LETTRES DE C ITHE
Prianl Dieu, Monsieur le Grand, vous avoir en
sa saincte el digne garde. Du camp de S'-Mes-
niiii. ce xxix° jour de mars 10G2 (t563).
La bien vostre,
CàTERINE.
1503. — sg mars.
Orifj. Bibl. u:it. Cinq cents Colbcrt, vol. a.'i , p. 6/1.
Imprimé dans les Ifemotra <k Cu,i<1<-.
A MONSÎEl R DE GONNORD.
Monsieur de Gonnord, par les nouvelles
qui nous viennentcontinuellementd' Allemagne
confirmées d'infiniz lieux et mesmes de noz
principaulx serviteurs, l'entreprise que l'Em-
pire veult faire pour le recouvrement de Melz,
Thoul et Verdun est toujours en termes et
semble que sourdement on la trouve preste,
estans les gens advertiz, lesquelz en pou
d'heure on verroyt fondre de ce costé là à
['improviste; pour à quoy obvier je fais, comme
jà je vous ay escript, acheminer ceste part le
mareschai de Vielleville qui s'i en va à grandes
journées; mais il est bien croyable que, si les
soldatz qui sont dedans ne sont aultremenl
paiez, qu'il y auroyt danger de n'en avoir pas
le service, ne l'obéissance nécessaire; qui nie
faicl vous prier regarder au moyen que vous
aurez d'en envoyer le plus et le plus tost que
\ous pourrez, car il est besoing à reste heure
regarder ce costé là entre aiiUres pour le se-
courir, prévoiant que la nuée seroit pour y
tumber. Priant Dieu, Monsieur de Gonnord,
vous avoir en sa garde.
Escript au camp près Orléans, le xxixr jour
de mars i56g (1 563).
Caterine.
De e'Aubespine.
RINE DE MÉDICIS. 549
1563. - •">.> mars.
Orig. liibl. nal. fomls français, n° 15901
\ MESSIEURS
LE BAILLY DE VERMANDOYS5
01 SOU LIB< rEK INC À LAOS ,
l.r U'I.TIiES OFFICIERS lu ROI HOKSlSUfl UOS PUS IUDIT BAILLIAGE,
Messieurs, afiSn que vous sachiez mieulx el
plus particullièremenl ce qui a esté accordé
par le Roy monsieur mon filz par l'adviz des
princes de son sang et gens de son conseil
pour la paix, repoz et transquillité de ce
royaume et de ses subgetz, je vous envoyé la
coppie des lectres patientes qui en ont esté
cxpédyées, leues et publyées en sa court de
Parlement, à l'entreténement et observation
desquelles je vous prye et ordonne tenir main
et donner tel ordre en vostre ressort et juris-
diction qu'il n'y puisse subvenir chose qui
altère le bien qui s'en espère, et procedder
contre les conlrevenans de telle et si équitable
justice que le repoz y puisse demeurer Ici (pic
lions le désirons. PryantDieu, Messieurs, qu'il
vous ayt en sa garde. Escript du camp près
d'Orléans, le xxx° jour de mars 1 562 ( i 5(1 '■', ).
Caterine.
De l'Aubespine.
1563. — 3j mars.
Bibl. nat. Cinq rcnls Colbcrt, vol. si, f 6P.
A MONSIEUR DE GOMVOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DO ROV HOHS1BDB «OS HL^,
COïlSBILLBB BU *OV COltSBIL TRlVÉ.
Monsr de Gonnord, l'affaire vient à tourner
1 Ce volume n'est pas paginé ; cette lettre est la seconde
iln recueil. — Voy. une semblable lettre adressée aux gou-
verneurs de Péronne et de Montdidier, dans le n° Si -S
du fonds français.
' Huliert de Bossu, s' de Fierai en Laonnois, tué' dans
l'église de ce village en 1.570. — Voy. Collielte, Un.
nuit, tin Vermandois (Cambray, 1782), t. II, p. '168.
550
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
du coslé de Metz, ainsy que je veoy, et pour
ccsle cause tant plus de'siray-je que les places
de delà soyent secourues de ce qui y est né-
cessaire, entre autres que S-Dizier, où il est
deu quatre moys aux soldatz, soyt payé poul-
ie nioiugs d'une parlye; qui me faict vous
prier derechef, sur tout ce que désirez me don-
ner contentement, faire que des denyers que
le trésorier de l'extraordinaire a à recevoir ou
a en ses mains, il envoyé le payement de deux
moys; ce sont deux cens hommes et cinquante
chevauk; aussy bailler une année de la pen-
sion du sr du Mesnil qui en est gouverneur,
auquel il en est deu troys. Il a si bien servy
et est personnaige qui mérite tant qu'il me
desplaist qu'il soyt ainsy mal traicté qu'il a esté
jusques icy; mais je vous prye qu'il n'y ayt
point de faulte. Priant Dieu, Monsieur de
Gonnor, vous donner ce que désirez.
Du camp près Orléans, le dernier jour de
mars i56a (1 563).
(De sa main.) Je vous prie t'ayre ynconlinent
dépescher set que je vous mende ysi desubz, car
por certeyn nous avons avertisement que l'ont
vient aséger Mes. Je vous layse penser, se! nous
n'eusion heu la pays, corne nous serion; car,
à set que je anten pour serlayn, sele neuaye1
ne vient pas à la seusilation2 de seulx d'Or-
léans; mes l'Empereur et l'Anpire cant yl ont
veu que nous nous balion entre nous, pour en
navoyr milleur marché, et fault que j'anvoye
de i'arjeant à Mes, afin que lé soldas n'ave au-
i-asion d'estre malconlans.
Caterive.
De l'Aobespinb.
1 Neuaye, nuée.
Seuritation , snscilalion.
1563. — 3i mars.
Qrig. Bibl. nat. CiDq cents Colbert , vol. ai, f° 67.
A MONSIEUR DE GONNOR,
CHEVALIER DE L'ORDRE DU ROY MONSIEUR MON FILS .
CONSEILLER FN SOS CONSEIL FRITE.
Monsieur de Gonnord, je vous envoyé la
lettre du Roy monsieur mon filz et la myenne
à mon cousin le prince de Gondé avecques la
lettre pactente pour luy monstrer et bailler,
afin que luy et ceulx de sa trouppe en puissent
prendre tant plus d'asseurance, vous priant
n'obmectre riens de ce dont je vous ay donné
charge et faire en sorte que je puisse en cest
affaire fascheux veoir le repoz et le remedde
que je désire tant et que vous sçavez estre si
nécessaire au bien de ce royaulme et service
du Roy mon fdz; priant Dieu, Monsieur de
Gonnord, vous donner ce que désirez.
Du Portereau , le dernier de mars i56a
(i563).
Caterine.
De l'Aubespine.
1 563. — 3 1 mars.
Copie. Bibl. nal. fomls Moreau , rT 83a , (° i35
A MESSIEURS LES GENS
TÉNANS LA CODRT DE PARLEMENT DE DIJON.
Messieurs, vous entendrez par ce que le Ro\
monsieur mon filz vous escript et sçaurez
aussi par les lectres patentes qu'il vous envoyé
les causes qui l'ont meu avecques l'advis et
conseil des princes de son sang et gens de son
Conseil à accorder le contenu èsdictes lettres
pour le bien et transquilité de son royaume et
repoz de ses pauvres subjeetz , chose qui a esté
trouvée si à propoz et nécessaire par tous el
mesmes par la court de Parlement et autres
courtz de Paris que jà elles y ont esté publyées
et vériffiées; et grâces à Dieu veoid-on les choses
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
551
commencer à prendre le chenu n de réconcillia-
lion et pacification que nous avons tousjours
désire' y veoir, comme il fauit encores mieulx
espérer de sa bonté et grâce; et pour ce qu'il
esl nécessaire <pii' semblablemenl vériffication
se fasse en vostre compagnie, je vous prie \
procedder, vacquer et entendre leplusprompte-
mentque faire se pourra sans aucune restrinc-
tion ne modification et comme il a esté faiçl
en ladicte court du Parlement de Paris, ainsi
que vous dira ce gentilhomme présent porteur,
que vous croirez sur ce, comme vous feriez
înov-inesmes, tenant main que dès lors en
avant elles soient entretenues, gardées et
observées de poinct en poinct, de façon que
par là soient évitées toutes occasions de re-
tomber au mal dont nous sommes sortiz.
Priant Dieu, Messieurs, vous donner ce que
desirez. Escripl au camp près Orléans, le
xxxie jour de mars i56a ( 1 5 6 3 ).
Catemne.
De l'Aubespine.
( 1 563. — 3 1 mars. )
Minute. Bibl. nat. fon-ls franrais, n° 15876, f° A72.
A MONSIEUR DE MONLUC.
Monsieur de Montluc, je vous feis liier une
dépesche par l'homme que m'avez envoyé qui
satisfaisoit à. tout ce qui estoit conteneu au
mémoire qu'il ni'avoit baillé et ce qu'il m'avoit
dict de vostre part, et par luy vous mandois
comme dans ung jour ou deux, je vous dépes-
cherois homme exprès pour vous porter la
patente de la paix, aflin de la faire publier et
vériffîer en la court de Parlement de Bour-
deaulx comme elle a esté en celle de Paris.
Pour lequel effect, je vous envoyé le sieur de
Sle-Columbe, gentilhomme de la chambre du
Roy monsieur mon filz, ensemble devers la-
dicte court de Parlement, à ce qu'il luy lace
entendre les raisons qui nous ont meu de faire
ladicte paix, la nécessité qui nous y a con-
trainct, el comme pour le bien, repos et tran-
quillité publicque il est besoing que ladicte
patente suit vériffiée et publyée par ladicte
Court sans y faire aucune restrinction ny mo-
diflication, comme celle de Paris n'a faict, pour
le malheur que telles ou semblables choses
pourraient amener. Et faultque ladicte Court,
comme il luy est mandé, la passe sans y faire
aucune dilliculté. Nous priant pour ceste occa-
sion vous-mesnies aller en ladicte Court et
mener ledict Sle-Columbe avecques vous, el
estant là, oultre ce qu'i leur dira de la part du
Roy monsieur mon (îlz, de la vostre leur faire
bien entendre la nécessité présente et le besoing
qu'il estqu'ilz en usent de ceste façon, et faire
en sorte que cela se passe selon qu'il est requis
et nécessaire pour le bien et service du Roj
monsieur mon lilz; ne doublant poinct que,
entreprenant cela et y faisant ce (pie je m'as-
seure et me promeetz de vous, vous ne laciez
de poinct en poinct ensuivre l'intention du
Roy mondicl sieur el filz , dont j'estime dé-
pendre le bien et utillité de tout ce traité,
attendu que mon cousin le prince de Condé
envoyé parler à ceulx de la religion pour leur
mander, suivant ce qui a esté arresté, se dé-
porter des armes, se retirer en leurs maisons,
vivre en paix et repos sous l'obéissance du Roy
mondict sieur et lilz et l'autorité de son gou-
vernement, aflin qu'ilz puissent aux lieux qui
leur sont ordonnez par les bai 11 âges pour faire
leurs presches se retirer et y faire l'exercice
de leur religion , sans scandai le . portz d'armes .
et autres telles façons qui puissent convoyer
les hommes à leur courir sus et les tailler en
pièces. Aussi faut-il que les catholicques qui
ont monstre l'obéissance se contiennent ; et puis
que la nécessité du temps a contrainct d'ac-
55i> LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
corder à ceuk de la religion ce qui leur a esté
permis , les laisser vivre en paix suivant l'édict,
sans leur courir sus, ni les tourmenter, chose
qui dépend de \ostre prudence en voslre gou-
vernement, bonne et saige conduicte et de la
bonne el sévère justice que je m'asseure vous
ferez, tant d'une part que d'aultre, de ceulx qui
contreviendront à ce présent accord, et qui,
troublant le repoz publicq, nous vouldront
ramener aux misères et calamitez dout nous
sortons. En quoy il est besoing d'observer une
justice si rigoreuse qu'elle puisse establir l'u-
nion requise et l'ordre nécessaire pour coupper
la racyne à toutes querelles et débalz qui se
pourraient esmouvoir entre les parlyés poul-
ies choses passées, comme ledict sr de Slo-Co-
1 umbe vous dira, suivant ce que je luy eu ay
donné charge. Et pour ce que ce qui nous a
apporté les inaulx que nous avons a esté la
division qui s'est veue entre les subgectz du
Roy monsieur mon filz , les partialitez et les
associations qui se sont faictes1, j'ay en ce der-
nier traicté Tort insisté que celle de ceulx de
la nouvelle religion feust toute rompue,
comme vous pourrez entendre par la lecture
de la patente, et que depuis mon cousin le
prince de Condé, comme je vous ay mandé
' Elle tait allusion aux associations qui s'étaient formées
en plusieurs provinces entre les catholiques et, notam-
ment, en Bourgogne, sous le nom de confréries du Saint-
Esprit. — \ uy. dans le n" 10876 du fonds français, p. '190,
une lettre de Candale à Catherine, du ao mai 1 563 , et
la réponse de Monluc à la Reine. Voy. dans les Commen-
taires île Monluc, édit. de Ruble, t. IV, p. »oo. Voy.
également dans le n° i5bSj du fonds français, f° 38 1 , la
lettre de ceux du clergé de Bordeaux à Catherine de Mé-
dias : 5 Ce n'étoil, disent-ils, qu'une bonne et sainte inlel-
nce entre les trois estais, pour plus religieusement re-
cognoistre l'honneur de Dieu et de son église, et nous
maintenir en l'amour, crainte el obéissance que nous de-
vons à noslre Roi et rien de sinistre.- Cf. pour les as-
sociations catholiques en Bourgogne. Pingaud, les Sanlr-
Taqam c< . j>. 6 1 .
par ma dernière, a rompu en plaine assem-
blée, s'en déparlant d'icelle qui en a\oit esté
faicte entr'eulx, mais ayant remédié à ceste là,
j'ay esté advertye qu'il s'en est faicte une autre
en la Guyenne dont est chef Monsieur de Can-
dalle, laquelle encores qu'elle ayt esté faicte à
bonne intention durant la guerre, si n'est-ce
que, cessant ladicte guerre et se faisant la paix,
elle n'est plus nécessaire et ne la peult ung
roy trouver bonne, ny que ceulx qui veullent
eslre estimez obéyssans ne peuvent soustenir
sans encourir le mesme cryme de rébellion
dout ilz ont accusé leurs adversaires. Et pour
ceste cause, et que le Roy monsieur mon filz
n'est pas délibéré d'en souffrir plus aucun,
de quelque costé qu'elle procedde, ny per-
mectre plus à ses subjeclz, de quelque reli-
gion qu'ilz soient, d'avoir autre associalion
qu'a\ec luy et selon son obéyssance, il fault,
Monsieur de Monluc, que, pour le bien de son
service, comme il le vous commande expressé-
ment par ses lettres, que vous, qui estes son
lieutenant général par delà, faciez rompre
celle qui s'est faicte sans permectre qu'ilz ayent
aucune force, puissance ou authorité que celle
que vous leur baillerez, uy aucune volunté
que d'obéyr à ce que par vous, pour le bien du
service du Roy monsieur mon filz, leur sera
commandé; pour lequel efl'ect j'en escriptz,
comme faict le Roy monsieur mon filz, une
ledre audit srde Candalle et à tous ceulx qui
y sont comprins, comme nous en avons esté
bien amplement advertiz, vous priant de vostre
part y tenir la main et m'envoyer homme
exprès qui vous soit confident pour m'advertir
de ce que vous en aurez faict; car nous ne
voulions plus retumber d'une part ou d'aultre
là d'où nous venons, ny que personne ayt
| autre force que celle du Roy monsieur mou-
dict sr el filz, ainsi que j'ay douné charge au-
j dict sr de Stc-Columbe vous dire plus ample-
LETTRES DE CATTI
inciii de ma part, dont je vous prye le croire
comme moy-mesmes, el je prieraj Dieu,
Monsieur de Moulue, vous avoir en sasaincte
ne garde.
( 1563. - 3l mars.)
Aut. Uibl. n il çais, n° 3ar|A . f 3o.
\ MA CODSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, Jeu-Batiste s'an va ver vous,
lequel u'é voleu léser partir san se mot pour
vous prier nie mencler de vos novelles et vous
aseurer que sel que vous ay promis je le vous
ERINE DE MÉD1CIS.
tiendré1 el que l'on ne m'an na parlé que
froydement; à quo\ u'é fayst aultre réponse,
sinon que voyenl le servise qu'yl2 a faysl et la
fason comenl yl est mort au servise du Roy
mon lils, que ne pouvès tnoyn fayre que fayre
pour ses enfans; à quoy ne me répondis rien,
sinon qui mérite! beaucop. Je vous prie ne
vous en donner pouvue et VOUS aseurer que
ii amés jeainès personne qui désire pins VOUS
contenter que faysl
Vostre lionne cousine,
Cateiune,
1 La chargi '1" gi and mailn | our on lils aîné.
- Le duc de Guise.
Catbi RIKl M MéDICIS.
APPENDICE.
■ i33. — »3 septembre. )
Orig. Communiqué par M. r.haravay '.
U ROY.
lo ringratio mollo humilmente la majesta
vostra christianissimà di essersi quella de-
gnala di scrivere di nuovo alla sua humilis-
sima aacilla et servitrice per Monsignore el
vescovo d'Auxerre2, et ancora di (ucte le pa-
role le quali mi ha decie per parle di quella,
credendole, corne mi comanda per la sua lec-
tera la Majesta vostra, a piedi délia quale de-
sidero di condurmi sopra lucle le cose de!
mondo. come piu a pieno potra intendere dal
sopra decto Monsignore di Auxerre, al qualle
io mi rimecto, pregando Idio mi l'accia gra-
zia di obedire humilmente tueti i giorni délia
vila mia aIJi rommendamenti délia Majesta
vostra et del mio signore Monsignore di Or-
i it>n-.
Scritta a Mza a di xxm di septembre
V 1) XXXIII.
Ca.ter.ine.
1 Colleclion de M. Benjamin Fillon.
2 François II de Dinteville, évoque d'Auxerre du
'i mai i53o au 27 septembre i55'i. Il était ambassadeur
du Roi à Rome.
(Fin de 15/i8. 1
laScotica. Illuslrative collections of Lhe civil and literary his-
lory of ScoLland, cbicfly from original Mss. Bdinburgh edited l>*
James Maidmenl . h d ccc \1\1\.
Communiqué par M. Franciscjiu* Michel ' .
MADAME MA SEI R
LA ROYNE D'ECOSSE.
.Madame, j'ay h;»\ >t>- byen ayse de savoir
1 N'ayant pas eu sous les yeux la lettre originale,
nous n'avons pu corriger celte copie que M. Francisque
Michel a bien voulu nous communiquer d'après la publi-
cation laite à Edimbourg. C'est, au reste, la même lettre
dont M. Gauthier, dans son Histoire de Mark Stitarl
(Paris, 1875, iu-8°), t. I, p. 3o, a donné l'analyse sui-
vante : irVotre (ille possède tant de beauté, d'intelligence
et de bonté qu'il est impossible d'en avoir plu-: ell
a plus, en vérité, qu'on n'en demande à son à;;.-. I lli
sera, j'en ai la confiance, une grande bénédiction pour
ceux à qui elle appartient , et non seulement pour ceux là .
mais pour Ions. Et vous assure que le Roi est aussi content
d'elle que vous pouvez désirer. Pour moi , si je voulais lui
souhaiter quelque chose, je ne trouverais rien à changei
en elle.» Dans une lettre postérieure, elle ajoutait à ccl
1 loa : iJe ne puis m'empêcher de vous dire combiei
vous êtes merveilleusement heureuse d'avoir pareille
fille, si belle, si sage, si excellente; et moi aussi di o
qu'il a plu à Dii-u d'enrichir mon lot d'un tel bonheui
et me réserver une si grande consolation pour mes vieux
ans.- — Voy. les lettres du cardinal de Lorrain, à Marie
de Lorraine, sa sœur, dans Labanoff, lettres île Mari:
Stuart, t.I, p. 10, 11, 20, ai aa, 33, 34, 35.
55G
LETTRES DE CATHERIN-E DE MEDIGIS.
de vos nouvelles, ay m'enneuyoyl beaucoup
de haystre [si] louguemant sans an antandre,
coumeje hay[st]ay; quant aulx myennesayles
ne sauroyent h[ayslre] que bonnes, voyanl
<jue lays afayres prospèrent de touts
coustays; ausy sont selles de la Royne votre
tille, quy bayst tant belle, sage ay ver-
tueuse qu'il n'est posible davantage, ay pleulx
que son eage ne le requiert; ay me semble
que c'è heung grant heur à touts ceulx qui
leuy apartiefnnent] de la savoir telle, ay
mesmes à seulx qui ont a . . . Je vous aseure
que le Roy an na tout le conlantemant que
vous sauryez désirer, ay de moy, sy c'estoit à
souhaitier je n'y sauroys ry[en] adjuster. Je
suys byen ayse d'avoir trouvé ce moyen de
[le] vous mander, ay le conlantemant que
j'ay de Monsieur le cardinal l. Je vous sup-
plie, Madame, luy escripre qu'il contineue
(eutjeur en sayste bonne volunté qu'il me
porte; s'il haystoit aulremant, vous m'avez
tant fayst congnoistre l'amytyé que vous me
portés, ay j'ay telle fyense en vous, Madame,
que je ne me pourrais garder de vous en faire
ma plainte; mais je m'aseure byen quil ne
m'en donnera jamais occasion; je remetz à
leuy à vous ayscripre tout au long des affaires
de deçà, ay loue Dieu avec vous de ce que
ceulx de delà vont selon vostre intansyon; car
il n'y a en ce monde personne qui feust pieux
faschaye de vous voir en quelque peyne, ne
quy désire tant vostre contantemant que fayt,
ay fera toute sa vye
Vostre bonne seur,
Càterine.
1 Le cardinal de Lorraine. — Vov. Gauthier, Hilt. de
Marie Stuarl , t. I, p. 29 et 3o.
(Fin de 1548.)
Analecta Scotica. Illustrative collections of the civil and lilcrary bis-
tory of Scotland , chicfiy from original Mss. Edinburgh cdited by
James Maidmenl, m d ccc xixiv.
Communiqué par M. Francisqur Hichi
MADAME MA SEDR
LA ROYNE D'ECOSSE.
Madame, ancore qui n'y é pas longtamps
que je vous ay ayscript, si nè-je veoleu léser
partyr set porteur sans vous faire set mot de
lelre pour me ramantevoyr an votre bonne
grase toutte lé fouys que je aurié le moyen,
pour le plutx grant pleisir que je pouys avoir,
n'ay[a]nt setouyle x de vous povoyr voyr et
parler aveques vous, set que je désyroies mer-
vylleusemant pour mon contentement et ausy
pour setuyle que je m'aseure que aryés de
voir la Royne votre Glle si belle et sage et
auneste, cornant aylle ayst; quy ayst heun
grand contentemant, non seulemant pour
vous, mes pour moy et pour tout le monde de
la voyr tyeule; quy ayst cause quy je ne me
puys guarder de vous dyre ancore que ayste
mervvlleusemant heureuse de avoyr heune
tyeule fille, et moy ancore plutx de set que
Dyeu a dysposé léchause de me la balier2; car
je peanse que se sera le souport de ma vyel-
lese; de quoy je l'are auecques moy, de quov
je an loue Dyeu et le prye vous voloir donner
an teutte chose commant sesy autant de heur
que vous an désyre
Votre bonne seur, Càterine.
(1551. — Septembre.)
Analecta, Scolica. llluslralive collections of the civil and iiterary bis-
tory of Scotland , cbiefly from original Mss. F.diuburgb ediled by
James Maidmenl. M d ccc isxlv.
Communiqué par M. Francisque Michel.
MADAME MA SEUR
LA ROYNE D'ECOSSE.
Madame, j'anvoye ce porteur vers vous pour
sçavoir de voz nouvelles que je panse bien ne
1 Setouyle, cettuy-là. — 2 Balier, bailler.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
OOi
sçauroienl estre que mauvaises, veu la perte
que vous avez faicte; de quoy je porte tant
d'ennuv que je ne le puis dire et, s'il pouvoil
dymyouer le vostre,je me tiendrais bien fort
heureuse, car le plus granl regrel que j'ay,
de ne pouvoir vous faire le service el
consolation que je désire; mais quant il me
souvient . Madame, (pie vous avez esté si ver-
tueuse en toutes \oz adversité/., je m'assure
qu'en ceste-cj vous ne le serez pas moings et
vous réconforterez en la Royne voslre fille, de
laquelle an lamps de venir1 vous receverez tant
de contantemant, d'amour et d'obéisance qu'elle
récompansera toutes voz infortunes. Je vous
supplie, Madame, me pardonner, si je ne vous
escriptz de ma main, je me trouve encores
bien foible pour n'y avoir que huict jours que
je suis acouscbe'e2 et aussi que je suis fort
laschée de ce que l'on m'a advertie que le
prieur de Capoue s'en est allé3. Je croy, Ma-
dame, que vous ne l'eussiez pas estimé si fol
de laisser le Roy en ses affaires. Je croy qu'il
vous souvient bien de quelques tors qu'on luy
a faiclz d'autres fois; mais je n'eusse pas pansé
que pour toutes eboses il eust voulu faire une
telle follie, mesmes à cesle heure. Je m'en
plaincts à vous, Madame, pour l'amytié que
je suis certaine \ous me portez et ausi qu'il me
samble vous aviez si bonne opinion de luy que
vous trouverez ceste faulte autant estrange,
comme moy-. Je prie Dieu, Madame, qu'il vous
doinct toute la consolation que vous désire, ce
recommandant de bien bon cueur à voslre
bonne grâce,
Vostre bonne seur,
Caterine.
1 De venir, à venir.
1 Elle était accouchée, le tio septembre i55i, à
Fontainebleau, de Edouard-Alexandre, depuis Henri III.
— Voy. Calendar nf State papert , 1 5 ô 1 , p. 187.
3 Léon Slrozzi. C'est à la fin de septembre qu'ii quitta
ses galères et se réfugia àMalte. — Voy. la notedela p. 43.
! I 55 I . — Novembre.)
Analecta Scotica. [llustraUve collections of Ihc civil and b'terarj bis-
tory of Scotlaod , chiefly from original Mss. Edinburgb editcd by
I 1: Mi il mont . y u ecc xxxiv.
Communiqué par M. Francisque Michel.
MADAME MA SEI R
LA REINE D'ECOSSE.
Madame, sauchant Heumieres1 an Pycardye
pour les afayres quy vous dyré, je n é ve
fallyr de vous ayscrypre set deus mots, afyn
de me ramantevoyr an votre bonne grâce, an
laquele vous seuplye que je demeure ausj
byen, aystant louingde votre présence, corne
je m'aseuray d'y estre quant j'é eu set byen
d'estre auprès de \ous; et pour se que Mon-
sieur le cardynal2 m'a dytquej'avès teuttes les
novelles que sont seurveneue depuys voire
parlement, je ne vos fayré plulx longue lestre,
après vous avoyr présanlé mes heumbles re-
commandation à voire bonne grâce, el avoyr
pryé Nostre-Seigneur vous daunerset que vous
désyrés.
Votre bonne seur,
Gatemne.
1 552. — 6 juin.
Orig. Bibl. uat. fonds français . n° 6600 , Pi.
AU ROY.
Monseigneur, je vous ay despiéçà escript,
suivant l'advis de voslre Conseil , en faveur
d'ung nommé Jehan de Montagu Florentin,
patron de la nef nommée Saincte-Marye-
Sainct-Nieolas, que le prieur de Lombardie
a par ci-devant prinse, a {fin que voslre bon
plaisir fust pourveoir et ordonner ce que vous
verrez estre à faire pour le mieulx sur la re-
monstrance que ledict de Montagu a faict en
voslredict Conseil de l'oultraige qu'il dict ledict
1 Voy. la note de la page 17.
2 Le cardinal de Lorraine.
.158
LETTRES DE CATHERINE DE MED1CIS.
prieur luy avoir faict, luy présentant les lettres
que vous luy avyez escriptes et aussy pour luy
taire administrer justice sur la restitution par
luy requise, tant de sadicte nef que des mar-
chandises et aucunes personnes mariniers,
Ragouzoys et Vénytyens, qui ont esté prins
dessus par ledict prieur, lesquelz sont cncores
par luy relenuz, ainsi que vous a derreniè-
rement remonstré vostre confesseur, comme
il m'a dict à son retour par deçà, et d'autant,
Monseigneur, que ledict de Montagu est tous
les jours à la poursuilte dudict Conseil et après
moy, pour sçavoir s'il a esté sur ce par vous faict
responce et voyant qu'il n'en a nouvelles, il
m'a supplié, pour l'honneur de Dieu, vous
voulloir escripre la présente, dont il veult estre
porteur; ce que je ne luy ay peu desnyer, vous
suppliant, Monseigneur, vouloir faire bien en-
tendre son affaire, pour luy pourveoir, ainsy
qu'il apartiendra et selon la justice, raison et
équité de sa cause, dont vous estes desjà assez
informé. Par quoy, pour ne plus vous ennuyer
de ce propoz, je m'en voys recommander très
humblement à vostre bonne grâce, en priant
Dieu , Monseigneur, qu'il vous doint très bonne
et longue vye. Escript à Chaalons, le vic jour
de juing i552.
Vostre très humble é très hobéisante
famme ,
Caterine.
1552. — 6 juin.
Orig. Bibl. nal. fonds "Français , n° 66o5 , page 6.
AU ROY.
Monseigneur, j'ai receu une lettre du sieur
■ Il Villebon1, lieutenant au gouvernement de
Picardie , qui me faict entendre comme le sieur
de Roeux- avec son armée qui est de trois ou
1 Voy. la noie de ta page 45g.
' Adrien de Croy, premier comte de Roux, premier
quatre mil hommes de pied et de quinze cens
chevaulx ayant pris le chasleau de Frassyn1,
a faict ung aullre logeis tirant à Estaptesa ou
au Monthelin3, et comme luy, pour divertir
l'entreprise dudict sieur de Roeux, estoit
entré en Arthois, où il avoit pris et bruslé
deux fortz et mis en pièces ce qu'il avoit trouvé
dedans, pour se contrevenger de ce qu'ils
ont faict du costé de Guyse; oultre avoit ren-
contré quelque charroy chargé de munitions
de guerre et de harquebutes à crocq qu'il avoit
semblablement pris, ainsi que verrez plus am-
plement par ses lettres que je vous envoyé.
N'ayant, Monseigneur, pour cesle heure,
aullre chose à vous escripre, sinon qu'on con-
tinue ordinairement à donner toute la plus
dilligente et meilleure provision que faire se
peult à vous envoyer force vivres, ensemble les
aultres provisions, dont vous avez escript, me
recommandant, Monseigneur, très humble-
ment à vostre bonne grâce et priant Dieu vous
donner eu parfaicte santé très bonne et très
longue vie. Escript à Chaalons, le vic jour de
juing i55a.
Vostre très humble é très hobéisante
famme,
Caterine.
1552. — io juin.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n° 66o5 , page 7.
AU ROY.
Monseigneur, Fumel 4 est venu icy, suivant
la charge que vous luy avez donnée, pensant
y trouver mon cousin le prince de Ferrare,
maître d'hôtel de Charles Quint; ce fut lui (jui. en
i55a, emporta Hesdin de vive force.
1 Fressin (Pas-de-Calais).
- Flapies (Pas-de-Calais).
3 Mont-IIulin (Pas-de-Calais).
4 Voy. la note de la page 260.
LETTRES DE CATHE
lequel, à ce que l'on dict, n'ypeult eslreenco
de (juelques jours. Au moyen de quoy ledict
Fumel a eslé d'advis de ne Pactendre point
pour l'envye qu'il a de vous aller retrouver;
mais avant que de partir, je l'a\ bien voulu
l'aire comparoir en vostre Conseil, où il a en-
tendu les raisons de nqj dilligences quanl au
fournissement de voz vivres, el encores que
parle fil/, de la Chesnaye j'eusse byer envoyé
à mou cousin le connectable les responces
faictes à certains articles qu'il nous avoit
envoyez, touttefoys je n'ay voulu laisser de
\ous en faire tenir autant paF ledicl Fumel,
allin qu'il vous plaise les faire veoir avec les
estalz qui ont esle' portez par ledict la Chesnaye,
et parla vous cognoistrez les efiectz desparolles
que nous vous avons doune'es par toutes noz
lettres. Davantaige il fut accordé le jour d'hyer
un;; antre marché de vingt mil pains par jour,
vous ad visant, Monseigneur, que tous ceulx
qui sont venuzces jours passez de vostre camp
disent avoir trouvé grant nombre de ebarroj
porlans pains, farines et vins tant des estappes
que fie marchans voluntaires, el espère bien
que, pour l'ordre que nous y avons donné, à
nostre possible, vous aurez cause de vous con-
tanter, car maintenant toute la compaignye y
\acque et ne sçauroient, ce me semble, faire
mieulx qu'ilz font.
Au demourant, Monseigneur, je nefauldray
d'envoyer qnérir l'ambassadeur de \enize1 si
tost qu'il sera arrivé, car j ay sceu qu'il ne
l'est point encores, mais s'actend ce jourd huy,
et luy feray entendre tout ce qu'il vous a pieu
m'eseripre par vostre lectre que m'a apportée
ledict Fumel. y adjoustant les autres meill
pro[ioz dont je me pourrav àdviser, et vous
advertiraj de tout ce qu'il m'aura dict, remec-
tant le surplus sur ledict Fumel pour me re-
1 Giovanni Capeilo.
RINE DE MÉDICIS. 559
commander très humblement à vostre bonne
grâce. Priant Dieu. Monseigneur, qu'il vous
doinct en saule très bonne el longue vye.
Escripl à Chaalons. le \' jourdejuing i55a.
\ nstre très humble é 1res hobéysante
famroe,
M\E.
1 552. — 17 juin.
; ;. Bibl. nat. fonds français, D° 66o5 , page 10.
A MON COMPÈRE
MONSIEUR LE CONNESTARLE.
Mon compère, je receuz hier bien tard
vostre lettre du w' de ce moys, par laquelle
me faictes sçavoir que si Bourran. Pelocquin,
Pioche et le recepveur de Ligny satisfaisoient
à ce qu'ilz ont promvs. vous auriez assez vr
sans qu'on s'aydast du marché qu'on a derniè-
rement faict avecques Jehan Prévost; par q
n'estoitbesoing qu'on en passas! le marché, Je
vous ad vise, mon compère, que pour la crainte
que nous avons eu que le Roy eus! limite de
vivres, et aussy «pie iucessammenl ledicl sei-
gneur et vous escripviez qu'il vous y feust dilli-
gemment pourveu, a esté cause qu'on avoit
passé ledicl marché. Toutesfois on trouverra
quelque honneste expédient avec ledict Prévost
pour s'en démesler et rompre ledicl marché.
Et quant à celliiy de Pioche que vous avez
plusieurs fois escripl vous estre envoie, je
vous asseure, mon compère, que jusques à
l'heure présente je n'en avois rien entendu, et
si plus tost eusse sceu que l'eussiez voullu avoir,
il n'y eust eu faulte que ne vous y eusse faict
satisfaire. Monsieur le garde des seaulx ' m'a
bien asseurémenl promvs qu'il vous sefoil
envoyé quanl et la présente dépesche. Au sur-
plus, mon compère, j'ay trouvé merveilleuse-
1 Bertrandi.
500 LETTRES DE CATH
niciil i que de tous les chevaulx el
i\ qui oui conduicl el porté les \ i\ res, il
ni I venu ung seul nu camp, ainsi que
. i.i ne [>uis penser comme lesdietz
\ nul donques peu estre menez; si vous
ay-je bien qui' le recepvcur général de
reste ville, qui est Tung des commissaires géné-
raulx des vivres, en a lemi ordinairemenl bon
v. cl de sçavoir dont ceste faulte esl
'îidez, mon compère, puisqu'elle
au ■ mp où lesdiclz vivres onl
) lez, elle se pourra Irop mieulx <i
qu'elle ne fera pas ycy, ^ w>us vouliez
bien exi ressémenl ordonner qu i! en soil in-
formé, el nie semble que Bourran a lorl
d'avoir dicl a Blesneau qu'il n'en a poincl
aussv \eu de son cousté; raron a eu plusieurs
lellres de luv faisans meution comme lesdietz
vivres mil esté conduietz là. lesquelz, comme
voussçavez, ne peuvent pas voiler. Toutesfois,
mon compère, suyvant vostre adviz, je ordon-
nerav que doresnavanl lesdiclz vivres soienl
menez el conduiclz par gens qui en respondent
el qui les meclenl entre 1rs mains des com-
inissaires des vivres qui soûl là. donl ilz rap-
porl roui certiffication. Quanl aux trois ou
cens pionniers qui' demandez, le chc-
vaulcheur de Monsieur lf garde il' eaulx que
vous avions envoyé en a trouvé deux ou Irois
cens qui alloint an camp, el pareillemenl a
esté expédié la commission au sieur de Rare1
dont vi . e; aussv escript à Monsieur le
garde des seaulx pour en lever el tenir pretz
cens. \u regard des lectres que le con-
lerolleur de l'artillerie en a cj devanl escriptes,
je n'en a\ i ien entendu.
Mon compère, je vous mereye bien fort de
rlissemenl que me donnez de la liés
bonne sanlé du Roy, ri aussv que la mygrène
i iphe 'I" I..1111 y. s' de Raray.
ERINE DE MED1CIS.
î qu'il a rue ne luv ayl longuement duré. Je
vous prve me faire ce bien de contynuer à
a advei tir. El sur ce, je prieray le Créateui ,
mon compère, vous avoir eu sa saincte g
i Mil à Cbaalons,lexvn°jour de juing 1 5 ô -j .
Vostre bonne coumère el amie.
Caterixe.
1 335. - - 6 mars, i
i lopie - e par M. le marquis des Moulii
A MA COCSINE
MADAME DE S"-MESME'.
Ma cousine, j'av veu ce que m'avez escripl
el quanl à ce que je vous avais mandé d
mon fils le dm' d'Anjou cardinal, il ne faull
pas qui' vous mettez cela en vostre opinion el
en sovez marrie pour ce que je lav faict seu-
pour voir ce que vous m'en diriez . vous
asseuranl qui' la volonté du Roy et la mienne
[est] qu'il en soil; à cause de quoy ne vous en
mettez en peine cl pensez seulement à faire,
comme vous avez accouslumé, et île vous
Iraicter bien en vos couches. J'écris à ia Roma-
nerie cl au s' de la Borde pour \<>us faire tout
secours cl meilleur traitement qu'il leur sera
possible, comme le sieur de Sl-Mesme vous
dira plus amplement, lequel je renvoyé devers
vous uour vous tenir aussj compaignie. Prianl
Dieu, ma cousine, qu'il vous ayl en sa
garde. Ile Paris, le sixiesme jour de mars.
.le retiens vostre man jusques à ceste heure
pour ce que je ne m'en pouvois passer, estant
en celle ville, cl a ceste heure que je m'en
vovs, je le vous envoyé, alin qu'il vous fasse
1 Léonore Sluart, Glle légitimée de Jean Sluart, du(
d'Albanie, cl de Jeanne Vbernethil, écossaise, mari
28 octobre i5'i5, à Fontainebleau, en présence du Roi ,
à Jean 'I-' l'IIospilal, sieur de Saint-Mesme, coin!'' Ii
Choisy-aus l ivernour du duc d'Anjou et super-
intendant de si maison, mort en 1 558.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
:,r,l
bien traiter, que vous puissiez retourner
iiicuiil iiiciit après vos couches auprès do mou
lils. Lequel je vous recommande et suis d'opi-
uion que vous le sevriez à la fin de ce mois.
\ ostre lionne cousine.
(1 vil RIK
1557.
6 I M | i ,
Irchivosdu Ministère des affaires étrangères.
(Copie îles dépêches de M. de Noailles. t. IV, p. 389.)
\ MONSIEUR DE DÀX1.
Monsieur l'ambassadeur, j'ay eu la Icllre
que vous m'avez escripte par vostre IVère avec
la paibture delà royne d'Angleterre dont j'ay
esté bien fort aise, et ayant sceu encores de-
puis par les dernières lettres que j'ay receues
par Boudeville qu'elle désire avoir la mienne,
je vouldrois bien avoir plus tost sceu sou inten-
cion, car j'en eusse faict faire expressément
une qui eut esté inieulx que celle que présen-
tement je vous envoyé, que vous luy- présen-
terez de ma pari avec mes affectionnées recom-
mandations, l'asseurant qu'en cest endroict, et
tout aultre, je désire bien la gratifier en tarit
qu'il nie sera possible.
Caterine.
De Plaïs.
( 1557. — Du 6 au 3o mars.)
Copie communiquée par M. le marquis des Montiers Mériuville.
v MA COUSINE
MADAME DE S'-MESME.
Ma cousine, je vous envoyé vostre uiarv,
car je sçay que Taise que vous aurez de le voir
vous aidera beaucoup à vous guérir; il vous dira
de mes nouvelles bien au long, que me gardera
1 François de Noailles, évêque de Dax en 1 555 ; des
lettres inédites de lui ont été publiées par M. Tamizej
de Larroque, 1 8 0 5 , in-8°.
Catherine de Médicis. — i.
v eus en escripre; mais je vous prie vous traiter
si bien que incontinent que, après que vous
serez relevée, vous puissiez me venir trover à
Bloisoùje pense estre en ce temps là. M'as-
seurant que vous n'y ferez pus faillie, ne vous
en diray davantage, remettant tout pour ceste
heurt! là. Je prie Dieu, ma cousine, vous don-
ner ce que vous désirez.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1558. — 20 janvier.
Orig. Bibl. uat. fonds français, n GGoo , f 13.
AU ROY.
Monseigneur, j'ay receu la lectre qu'il vous
a pieu m'escripre du win" de ce mois, par la-
quelle vous me mandez de faire partir incon-
tinant le trésorier de l'extraordinaire Moreau
pour s'en retournera Lyon. Sur quoy, Mon-
seigneur, je vous advise que desjà (suivant ce
que les gens de vostre Conseil m'avoient dit)
je le luy avois commandé, et pour ce qu'il
disoit. avoir besoin;; de quelzques provisions
avant son partement, j'ordonnay aux gens de
vostredicl Conseil de l'oyr là dessus el les lu\
faire promplement dépescher; ce qu'il/, feirent
hier après disner, ayant ledicl Moreau promis
de partir ce jourd'huy, vous advisant que l'on
fait tout ce qud l'on peult pour recouvrer argent
de ceulx que vous avez faici mettre au roole
des emprunetz; mais il s'en treuve beaucoup
(et quasi lapluspartde ceulx qui sonl les plus
riches) et à qui vous avez faict [dus de bien,
qui reffusent lout à plat avec excuses les plus
frivolles qu'il est possible, el quelzques autres
qui, ou lieu des mil escuz que l'on leur de-
mande, nen offrent pas le tiers ou le quart;
sur quoy j'ay advisé avec les gens de vostredicl
Conseil qu'il fauldra user de telles voyes rigo-
reuses que l'on advisera pour les faire venir au
poinct, autrement l'on n'en viendra jamais à
7'
562
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
boni, el dès après disner j'envoieray des gen-
tilzhommes en leurs maisons les semondre
encores une foiz de faire leur devoir dedans
demain ou samedy pour le plus tard, leur
déclarant que, en deffault de ce faire, je y
pourvoieray selon le commandement que j'ay
de vous pour les contraindre; et que cependant
ilz ne Caillent de venir parler à moy, vous
povant asseurer, Monseigneur, que je leur
ehanleray bien leur leçon. J'ay voulu veoir ce
matin le roolle de ceulx qui ont payé depuis
voslre parlement, et se trouve que dedans ce
jourd'huy, comprins ce qui fut porté quant et
vous, il y pourra bien avoir de receu jusques à
deux cens milles en tout; ayanl ordonné là
dessus au trésorier de vostre Espargne Moreau
qu'il aicl à vous envoyer ce qu'il peull avoir de
(Omplant en ses mains desdietz emprunetz et
qu'il face le semblable à mesure qu'il se trou-
vera avoir somme notable, affin que vous
soyez satisfaict de ce que vous ordonnastes à
vostre parlement.
Monseigneur, hyer passoit ung Espaignol
avec ung sauf conduit dépesché de vous du
iv' de ce mois, tant pour aller avec lectres de
la mareschale de Navarre en la court du roy
Philippes trouver le marescbal de Navarre son
mary, que pour retourner en Espaigne devers
ladicte marescbale, et estant ledict Espaignol
à la poste il fut arresté et admené avec sa
valize au sieur de Bcauregard, lequel a\Tec
Nicot ' ouvrit, toutes les lectres qu'il porloit,
dont ledict. Bcauregard vous envoyé l'extraict,
par lequel vous verrez le conlenu desdictes
lectres qui importent. Et ont esté les gens de
vostre Conseil d'advis eloppinion de ne laisser
passer oullre ledict Espaignol, sans première-
ment entendre sur ce vostre vouloir, lequel
il vous plaira nous faire sçavoir. II n'y a que
ung propoz dedans lesdictes lectres qui me
1 Voy. pour Micot la note tle la page i 1 ■?..
mect en peyne, s'il est véritable, et dont vous
pourrez bien sçavoir ce qui en est par les pri-
sonniers angloix (qui estoient dedans Kalais)
et mesme par le debitis1, c'est qu'ilz disent que
la royne d'Angleterre - se trouve grosse de six
mois et deiny, ce que je pense estre une nou-
velle faicle à poste, pour eulx en servir el
prévaloir, et auront esté bien aises d'en faire
mention par les lectres de ce courrier, pensant
bien qu'elles seroienl veues et visitées de nous.
Au moyen de quoy, et que vous povez consi-
dérer, Monseigneur, combien il importerait
que cette royne allast faulcement et indus-
trieuseiuenl supposer ung enfant, comme il esl
assez aysé à faire, si elle l'entreprenoit pour
parvenir aux dessaings de son mary 3 et d'elle.
Je seroys bien d'advis, soubz vostre bonne cor-
rection, Monseigneur, que vous regardissiez
d'en sçavoir la vérité, car cella vous pourra
apprendre chose qui seroit pour vous servir à
la conduicte de voz affaires, et quant ce ne
seroit que pour adviser à ce qu'il seroit de faire ,
le cas advenant que cella fust vray.
Monseigneur, je vous supplie me vouloir
excuser, si je ne vous faiz la présente de ma
main, pour ne vous donner trop de peyne à
la lyre, et aussi j'ay considéré que puisque par
icelle je ne vous parle que de voz affaires,
mon excuse sera bien receue, en vous présen-
tant mes très humbles recommandations à
voslre bonne grâce. Et sur ce je prye à Dieu
vous donner en parfaicte santé très bonne el
longue vye. Escript à Paris, le xx° jour de
janvier 1507 ( 1 558).
Vostre très humble é très hobéissanle
famine,
Cateiune.
1 Debitis, terme de chancellerie clans te sens de com-
mandemenl.
- Marie Tuilor.
3 Philippe II.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
,,,
1558. — 2S juillet.
Copie. Bitil. de la ville d'Aix , collerl. Mcjanes. n3 778.
\ MA COI SINE STROZZI'.
Ma cousine, j'ay parlé au Roy monseigneur
pour vous bailler la garde, charge et tutèle de
la personne el biens du sieur Philippes Strozzi
rostre lil/.. ce que Sa Majesté1 m'a accordé, el
ponr ce que le sieur Jean-Baptiste Gondy a
manié presque toutes les affaires de feu mon
cousin le mareschal rostre mary et les entend
mieux que nul autre, je lu\ a\ '-'aussy lait mettre
pour vostre ayde et soulagement et pour ce
que je m'asseure que \ous l'aurez aiosy pour
agréable; et vous ayant dernièrement escrit
plus au long ce que le Roy monseigneur à ma
requeste vous avoit accordé, je ne vous en
Fera} plus long discours en la présente que de
prier le Créateur, nia cousine, qu'il vous avl
en sa saincle garde. De Reims, ce wwir jour
de juillet i558.
\ OSlre bonne cousine.
Ca.teb.ine.
1 .')Ô8. — 20 septembre.
Copie. Bibl. de la ville d'Aii, collecl. Mejanes, u° 578.
A MA COUSINE STROZZI.
Ma cousine, j'ay receu deux de vos lettres,
par lesquelles j'ay veu que vous avez receu
celles que. je vous avois escriptes, estant bien
ayse de la volonté en laquelle vous estes de
venir par deçà, où vous serez la bien venue; à
ceste cause, advertissez-moy en quel temps
vous voudrez partir pour vous l'aire envoyer
des gallères du Rov monseigneur pour vous
mener et conduire et apporter vos meubles el
1 l.audamine de Médias, mariée à Pierre Strozzi', ma-
réchal de France, tué le 20 juin 1 558 au siège de Thion-
ville. — Voy. la noie de la page lili.
- Je lui mj, je l'ay.
[nés telles que vous adviserez, estant bien
isque, entre les vostres, vous faictesap-
porterles livres1 et armes que feu mon cousin
' trll avoit, nous dil Brantôme, une très belle biblio-
Je 11" diray pas de luj comme 1" bon
rompu le roy Louis XI' disoil urne
qui avoit une très belle librairie el poit jamais,
qu'il ressembloit un bossu, qui avoit une belle grosse
-ui son dos et ne la voyoil pas; mais M. le ma-
reschal visitoit, u.\n;i r-i lisoil souvanl - irie;
ell1 estoit venue du cardinal Ridi I. be, 1 1 ai ip • a morl
acbeptée,qu'esloit un très sçavanl prélat. V.IV esloil i stimée
plus de quinze mili' escus.s François Pittou, qui en lil
plus lard la prisée, c l'estima plus de quinze mill1 si
pour la rai :\ .■! grandz livres qui j estoient.
Du despuis la morl di ti liai, la Reyne mère
relira, avecque promesse d'en récompenser son lilz el lu
luy payer un jour ; mais jamais il n'en a • u un si ul sol.
Je sçay bien qu'il m'en a dicl d'aulres fois, en estant
mal contant. Je croy qu'elle soit encore à Chi
tome, édil. de !.. Lalanne, t. Il , p. ■■ '12 ). Voi<
que le Parlement décida de la bibli - ine,
1" 12 ma s i5g€ : «Ce jour, après avoir veu par la Coui
les leltrespatenlesdu Roy, données au camp devant Laon,
1" 1 i juin 1 5g '1 . si;;u<;"s par le Roy et plus bas Revol et
scellées en cire jaune , par lesqnell 1 el pi 11 li causes j
contenues ledict seigneur déclare qu'il veutel entend que
tous les anciens exemplaires , tanl hébreux, grecs, latins,
ar ibes, que françois et italiens el anlres quels qu'ils soyent
trouvez entre les meubles de la défunte Roy ne, si belle-
mère et qui ont esté et sont encore en la garde de
ire Jean-Baptiste Hem ivenni, abbé de Bellebranche,
soyent joincls à sa librairie, auquel est enjoinct m
tous lesdicls livres et exemplaires entre les mains du
sieur d'Emery, nommé par ledict seigneur pour mai
de sadicte librairie, lequel les prendra par i ivenlairc
sur celuy estant pour ledicl abbé de Bellebranche,
lequel en demeurera deschargé, pour lesdicls exemplaires
demeurer joincls et escbeus aux meubles de la couronne
de France , sans en pouvoir à l'advenir estre disd
nv portez ailleurs; requeste à la licle Co ir par
les créanciers de ladicte défunte dame Ro n le 1 3 juil-
let ensuivant, conclusions du procureur général du lie;.
auquel ladicte requeste aure.it été communiquée, la
matière mise en délib ration, ladicte Conr a arresté et
ordonné que lesdicles lettres seront registrées es registres
d'icelies, ouy le procureur général du Roy, sans | ■■ éjudii i
564
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
le mareschal avoit, qui serviront par deçà
pour vostre filz, et des médailles et anliquilez
et autres choses belles et exquises, ce que vous
en pouissez recouvrer pour moy. Quant à la
charge qui a esté baillée au sieur Jean-Baptiste,
je ne l'ay faict que pour vous soulager, enten-
dant et voulant touteffois que vous en ayez
tousjours la première et principalle charge et
administration et que ledict Jean-Baptiste vous
soulage et relève de la peine que vous eussiez
eue autrement, en tout ce qu'il pourra; qui
est tout ce que je vous puis escrire pour le pré-
sent que de prier le Créateur, ma cousine,
vous avoir en sa saincle garde. De Paris, ce
xxe jour de septembre 1 558.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
15G0. — 2 i janvier.
Copie. Bibl. d'Aix , eollect. de Mejanes.
A MON COUSIN
(LAURENT STROZZI1).
Mon cousin, ayant esté mon cousin le sieur
■les hypotecques des créanciers et à la charge que lesdicts
exemplaires seront à ceste fin mis en lieu séparé avec les
autres exemplaires et livres de la bibliothèque du Roy. »
(Extrait des registres du Parlement, fonds Dupuy, n°5ii,
p. 1 1 6.) En 1698, le 5 mars, Henri IV écrivait au
président de Thou, devenu, à Fa mort de Jacques Amyot,
maître de sa librairie : tcje vous ai ci-devant escrit pour
retirer des mains du nepveu de feu l'abbé de Bellebranche
la librairie de la feue Royne, mère du roy monseigneur;
ce que je vous prie et commande encore un coup de faire
si jà ne l'aviez faict, comme estant chose que je désire,
nffin que rien ne s'en esgare et que vous la faciez mettre
avec la mienne." (Berger de Xivry, Recueil des lettres
de HenrilV, t. V, p. 62.) Voy. l'article que M. Leroux de
Lincy a consacré à celte précieuse collection dans le
Bulletin du bibliophile de Techener, t. XII; Léopold
Delisle, Cabinet des manuscrits, t. I, p. 207; l'abbé
Chevalier, les Créanciei-s de Catherine de Médiats, p. lviii;
Bonnafie, Inventaire des meubles de Catherine de Médiat
(Paris, Aubry, 1576), p. 23 et suiv.
! Cette lettre est sans suscription, mais il y a tout lieu
PhilippesStrozzimis hors de curatelle, espérant
que doresnavant il se gouvernera sagement et
par le conseil de ses parens et amys et le voulant
emploier au service du Roy monsieur mou fils
aussy tost que les occasions s'y offriront et
mesmes es choses dont je verray qu'il se pourra
acquitter et à ce que cependant son bien soit
régy, gouverné et administré, j'ay esté d'advis
qu'il en fist sa mère procuratrice et adminis-
tratrice généralle, et pour cest effect je luy en
ay escrit et à vous aussy la présente, pour vous
faire entendre que, pour la conservation de
son bien , je désire que l'on ne touche à l'ar-
gent ou autres biens qu'il peut avoir par delà
jusques à ce qu'il y ait advisé autrement, sui-
vant ce que je vous dis à vostre partemant, et
que ledict Strozzi vous a escrit depuis, ainsy
qu'il m'a dict; priant le Créateur, mon cou-
sin, vous avoir en sa très sle et digne garde.
Escript à Blois, le xxi'jour de janvier i55o,
(1060).
Vostre bonne cousine,
Caterine.
(1560. —Septembre.)
Aut. liibl. nat. f'e-ods franeais, n° 66o5, f* 5a.
Imprimé dans les Négociations sous François 11, p. 5a i.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, vous voirés l'aucasion de
sete dépèche par set que vous en dire l'enba-
sadeur; qui seré cause que ne vous en fayré
rediste; soulement vous dire que Dieu nous ha
bien aydé et fayré encore, si luy plesl à nous
ayder, de meslre touttes chauses en tele ayslat
que n'arou plulx aucasion de panser à le re-
mersier et servir, cornent devons, selon la
grase qu'i nous faysl de nous avoyr tout faysi
de croire qu'elle est adressée à Laurent Strozzi, évèque
de Béziers en 1 5 /a 8 .
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
565
découvir, car \ senble que s'et heun \ra\ mi-
racle de la fason que avons tout seu1 el uous
monstre bien comenl \ uous ayme el tout sel
royaume, qui vous dest2 fayre panser que
puisqu'i veolt mentenir nostre mayson qui
vous \ atyendré tourjour ausi en vostre con-
tenlemenl el grandeur, mes que le reconèsiés
ci servies comenl devés, sel que je vous |>riu
n'oublyer jeamés. Je laré set propos pour vous
dyre que suys si aybéie que n'avés heu le jar-
dinyer «jue vous ay envoyé, car le premier \1
\ é siiu] semayne qu'il est parti et Paultre heun
moys. Je vous prie me mander quant y seront
arivés et si vous satysfayront, car je l'ay désiré
byen fort. Monsieur de Vineulx ayst arivé et
ayslé fort ayse d'antendre par luy de vos no-
\ elles. Je prie à Dieu que puisés contyneucr
lou les jour lyeule etmylleure, s'il est possible;
et quant à set que me mandez que le Roy
vostre mari envoy ici don Antonio de Tolède
et que s'et heun personayje qu'y! ayme, je
vous aseure que le Roy vostre frère et mo\ en
sommes byen ayse de quo} j vient, ayspérant
que en natendent que je aye le byen de vous
voyr lou deus, que luy feson entendre par luy
sy byen et au long l'amytié que luy portons el
l'anvye que le Roy mon filz ha de la conlineuer
et selle que je hay qu'y la conlineue, que je
ayspère que après sela y ne sert; plulx en la
puisansc de personne de l'an melre en doutte;
et vous prie, nia fille, ma mye, vous en na-
seurer et l'aseurer ausi à luy-mesmes que nous
n'on seu avovr chause qui nous hait aporté
plulx de contentement que de povoyr voyr el
parler à quelque personne qui luy l'eut agréable
et an qui y s'i fiât byen fort, cornent vous
m'aseurés par vostre lette que setuicy luy a\ ^1 ,
et luj fayron si bon Irétement et recoul3 que
1 Allusion à la prise des papiers de La Safjue. — Voy.
la note de la page : '17.
2 Desl, doit. — 3 Recoul, recueil.
ares aucasion d'en demeurer satysfaysle. Je ue
vous puys envoyer encore lé besongne que vous
l'ouys fayre; de quny je siiys marne; mes je
y fayré fayre louttes la diligense qu'y m'esl
possible. Je ne vous fayrd plulx longue letre,
après vous avoyr prié me tenyr en la bonne
grase deu iiov vostre mary el l'aseurer qui n'y
tyendré jeamès personne qui l'ayme mieulx
après vous que fayst.
/'. S. {D'une autre main.) re Je r 1 ' ; 1 \ point
voule laiser partir ceste laitre sans vous faire
mais recomandasions et \011s dire que je me
porte bien l.»
(De sa main.) Vous conésés asés sete mayn.
\ ostre lionne mère,
Caterine.
(1560.) — 1" octobre.
Aut. Imprimé dans les Négociations sous Fnmrois îî, p. 611.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'aj receu vostre
lettre par laquelle me mande/, l'espérance que
que Ton a que la Royue ma fille soil grosse.
J'ay grant peur qu'il n'en soit rien, el en
mande bien au lonsf mon opinion à madame
de Clermont, laquelle vous verrez; et vous
prie de dire au Roy monsieur mon beau- filz
que, pour l'envie qu'il a de la veoir grosse
qu'il ne laisse pour cela de commander aux
médecins qu'il ne la tiennent pas tan! dans le
lict; car, si elle ne l'est point, j'aurois peur
que cela la gardas! el empeschast nature de
faire ce qu'elle doibl ; au>si ,-i elle l'estoyt, de
fortune, (die n'en sera que plus sayne et son
enfanl s'en portera mieulx, quant elle fera un;;
peu d'exercice, pourveu qu'il ne soit \ iollenl
el qu'elle n'eu aille en coche ny à cheval; pour
1 Par suite de la vérification (pie j'ai faite, il me parait
certain que ces lignes sont de la main de François II.
56C LETTRES DE C \TII
aller en sa littière, elle ne se saurait affoler1.
Si je le pensois aultrement, vous pouvez bien
croire que je ne luy vouldrois pas conseiller,
car la chose du monde que je désire le plus
esl de luy venir ung enfant; mais j'auroisplus-
tosl peur, voyant ce que le médecin m'en
mande, que ce feust quelque répleclion d'hu-
meurs qui luy baille ce mal de cœur, ou
qu'elle vienne aux pasles couleurs, veu la
grande...2 qu'elle a. Je vous prie, par le
premier qui viendra, me voulloir mander
comme elle se trouvera, et luy dire à elle-
mesme qu'elle ne se laisse pas tant aller à
son mal qu'elle ne se contraigne de faire ung
peu d'exercice, et qu'elle m'a veue grosse,
estant si malade que je ne pouvois marcher,
et beaucoup plus vieille quelle n'est; et avec
tout cela je m'efforçois encore de me faire
soustenir à deux personnes pour ne me lais-
ser acoquiner dans le lict, et que je la cognois
bien , de façon que du moindre mal qu'elle a,
elle ne vouldroit bouger de couscher, et que
cela l'affoleroit à la fin. Je ne vous feray plus
longue lettre, car vous verrez par ce que vous
escript le Roy mon filz toutes nos nouvelles.
Je vous assurerai seulement que je ne laisse-
ray perdre une seule occasion de faire souve-
nir le Roy mon fds de ce qu'il m'a promis
pour vous; qui sera l'endroict où je prierai .
Nostre-Seigneur vous avoir en sa saincte garde.
De Sainct-Germain, ce 1" octobre.
Caterine.
1560. — 7 novembre.
Imprimé dans les Négociations sous François II . [>. 7"
A MADAME DE CLERMOT.
Ma cousine, j'ay receu vostre lettre et ay
esté bien ayse de voyr que la royne ma fiHe
' Affoler, blesser.
Mol illisible.
EIUNE DE MED1CIS.
se porte bien. Je vous prie luy dire de par moy
qu'elle continue toujours son exercice et me
mande incontinent que ces besongnes luy
seron! venues. Je n'ay point receu les gants
(pie vous me mandés m'envoyer par le jardi-
nier, ny aussy les chausses de soye. L'on m'a
dii qu'il est demeuré malade par les chemyns;
si d'aventure il se meurt, il en faudra envoyer
ung aultre pour avoyr les arbres qu'il estoyt
venu quérir. Je vous prie continuer toujours
à me mander des nouvelles de la royne ma
fille, et vous assurer qu'en vos affaires je y
feray comme pour moy-mesmes : mais vos
gens ne m'en ont encores jamais parlé. Je vous
prie dire à Monsieur de Lymoges que je luy
prie de s'enquérir à la vérité si je doy espérer
de voir le Roy mon beau-fils , et en quel temps .
non pas qu'il en presse rien, car, encore que
je le désire beaucoup, les affaires que nous
avons icv ne me le permettront pas aussy bien
d'y pouvoir aller, que ce ne soit après Pasques,
car, jusques à ce temps-là, je ne pense pas
que nous puissions bouger d'auprès de Paris.
Mais je ne laisse pas pour cela de désirer
savoir à la vérité ce que j'en dois espérer.
Pour ce, monslrés-lui ceste lettre, et que
personne ne la voye que vous et luy, et la
bruslez après. Et je prieray Dieu, ma cousine ,
vous avoir en sa saincte garde. D'Orléans, ce
vu" novembre.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1560. — 6 décembre.
Copie. Bibi. nat. foods français, 11e 17981.
A MOiSSIEUR COIGNET.
j'ay grand regret qu'il faille vous mander
une si triste nou\elle que celle que vous
verrez par la lettre que vous escript le lioj
LETTRES DE GATH
monsieur mon filz1, etvous puys bien sseu-
rerque l'affliction que je sens en cela m'esl
m poignante el doloreuse qu'elle me seroit
du touf insuportable , si je ne considérais
que telle a esté la voluncté de Dieu . qui dis-
pose de nous comme il luy plaist, el si je ne
veoys les deux grandes perles quej'ay faictes
en si peu de temps revivre en la personne du
l!"\ mondict seigneur mon (il/, el ce qu'il pro-
met de boute et de vertu; qui est tout ce que
iuvs aujourd'huy recepvoir dv consolation
i Voici de Charles IX: «Monsieur Coignel,
il a pieu à Dieu visiter le feu Roj monseigneur et frère,
que Dieu absolve, d'une longue et grasve maladye qui
c'esl terminée par la plus désolante fin qui m'eust sceu
advenir, car estant décédé le jour d'hier sur les dix heures
du soir de ladicle maladie, je me sens de la perle d'un si
bon seigneur et frère plus de douleur que ne pourra
croyrc celuj qui ne regardera que mon bas eaige et qui
ne sçaufa l'honneur, révérence et naturel amour et ail. i -
lion (pie je luy porloys, mais ayant este telle la volonté
de Dieu , c'est bien raison que-je regarde à m'y conformer,
.'1 le prier, puisqu'il m'a voulu appeler si jeune à cesle
couronne, de me donner les i nécessaires pour
une si grande et importante charge et administration , en
laquelle cependant tous mes amys et alliez n'auront occa-
sion de se promettre autre chose que perpétuelle obser-
vation de nostre mutuelle aruylié et alliance et la conser-
vation de la paix et tranquillité généralle et universelle que
Dieu a donnée à la chreslienlé, car ayant supplyéla Royne
madame ma mère de prendre en main la charge des
affaires, de moy et de mon royaume pour le régir et
administrer par sa bonne et saige conduitte et le pru-
dent adviz e[ conseil'de mon oncle le roy de Navarre et
desgrans et notables personnaiges que le feu Roy mondict
sieur et frère m'a laissez de son conseil : en quoy je veoy
leurs volonlez si vives que j'ay grande occasion d'en
louer Dieu infiniment. L'on se doibt asseurer que la
Royne madicte dame et mère ne fera jamais aullres offices
que ceux qui appartiendront au bien de ici paix et
repos de la chreslienlé et à la conservation des amytiés
et alliances que mes prédécesseurs m'ont délaissées et
principalement de celle qui s'est de si longtemps con-
tinuée entre ceste couronne et les s" des Ligues mes
alliez et confédérez.71 (Bibliothèque nat. fonds français,
n 17981.)
ER1NE DE MÉDIC1S. 56*?
parmy lant de pleurs el d'ennuys, el donl j'aj
grande occasion de louer el remercier Dieu
infiniment, ayant bien délibéré au jeune eage
auquel il a pieu à Dieu l'apeller à ceste cou-
ronne, le faire si bien nom rir el instituer en la
crainte de Dieu el en toutes choses vertueuses
et dignes du lieu qu'il lien! et mesmes en l'ob-
servation de l'alliance el parfaicte amityé qui
desi longtemps continuée entre cestedicte
couronne et les sieurs des Ligues ! qu'iiz ne
trouvcrronl en luj avecques le temps que
toules perfections nécessaires pour l'accom-
plissement d'un grand el aige prince, el dès
à présent les mesmes fruietz de son amitj
alliance qu'iiz ont 1 - prédécesseurs:
chose dont je vous prye les asseurer el que.
ayant pour sou bas eaige pris en main l'admi-
nistration des affaires de ce royaume, ainsy
que vous verrez par sa lettre, je donneré
ordre que à ses prochains estatz i! se prandra
une résolution sur le payement de ce qui leur
esl deu et sur le temps dont je vous adverliray
incontinant; mais pour ce qu'il sera mal aysé
cominr nous sçaurez bien juger, que sur ceste
soubdaine et triste mutation el aux néces-
sitez où nous sommes d'argent il ue voyse
plus de longueur à leur payement que je ne
vouldroys, vous regarderez de vous servir de la
présente occasion el de toutes les aullres re-
monslrances que vous leur sçaurez bien faire
pour leur faire lousjours doulcement sup-
porter ung si long retardement pour l'avance-
ment duquel je vous veulx bien promectre
qu'il ne s'oublira rien qiii se puisse faire, et
que ce que je vous en mande n'esl pas faillie
d'affection que j'aye de veoir le Roy mondict
seigneur el filz quille de ce costé là, mais
seullemenl parce que je y crains el pn:w>\
des difficultez. Je sçaj quelz services vous avez
faietz jusques icy en ce mesme affaire et avecq
quel debvoir vous vous estes continuellement
568
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
acquitéau faict de vostre charge; en quoy je
vousprye continuer et vous asseurer que, si
en la mort du feu Roy mondict seigneur et
iilz vous avez faict perte d'un bon maistre, je
vous feray cognoistre que vous en avez recou-
vert une autlre qui oubiira aussy peu la ré-
munération de voz services avecq ce que je nie
délibère de ma part y tenir la bonne main,
ainsy que je sçay que vous le méritez. Et sur
ce, Monsieur Coignet, je veoyz prier Dieu
qu'il vous ayt en sa saincte garde. Escript à
Orléans, le vi' jour de décembre i56o.
Catherine.
BoiRDI.N.
( 1500. — 7 décembre.)
Imprimé dans les Négociations sous François 11 , p. 781.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQLE.
Madame ma fille, je donne eherge à set
pourtour vous dyre bocup de chauses de ma
part, qui me gardera de vous fayre longue
letre, seulement vous dire ne vous troubler
de ryen et vous aseurer que je ne feré pouyne
de me gouverner de fasou que Dyeu et le
monde arout aucasion d'eslre contens de mu; \
car s'et mon prinsypale bout de avoyr l'hen-
neur de Dyeu an tout devent les yeulx et con-
zerver mon authorité, non pour moy, mes
pour servyr à la couservatyon de set royaume
el pour le byen de tous vos frères, lesquels je
avme corne du lyeu où vous aytes tous veneus.
Pour se, ma fille m'amye, recomendé-vous
byen à Dyeu, car vous m'avés veue ausi con-
tente corne vous, ne pensent jeamès avoyr
aultre tryboulatyon que de n'estre asés ay-
mayé ! à mon gré du Roy vostre père, qui m'o-
- Aymayé, aimée.
noret pluls que je ne mérités; mais je l'aymé
tant que je avès lousjour peur, corne vous
savés fayrememant asés; et Dyeu me l'ahaulté.
et ne se contente de sela, m'a baulté vostre
frère que j'é aymé coine vous savés , et m'a
laysée aveque troys enfants pelys, et en beun
réaume tout dyvysé, n'y ayent beun seul à
qui je me puise du tout fyer, qui n'aye quel-
que pasion partycoulyère. Pour se, m'amye,
pansés eu moy et que je serve d'ésanple que
ne vous fyés tent en l'amour que vous porte
vostre mari, à l'honneur et ayse cjue vous
avés asteure, que vous ne vous recomendyés
à seluy qui vous peult contyneuer \ostie heur,
et ausi, quent y li pleret, vous mestre en
l'état en quoy je suys, que je aymeré myeulx
mourir que vous y voir, de peur que ne
puysié porter tent de inaulx cornent je an nay
heu et an nay, que je m'aseure, sans son
ayde, ne saret porter
Vostre bonne mère,
Caterixe.
1560. — 19 décembre.
Imprimé dans les Négociations sous François 11 , p. 791.
A MA FILLE LA ROYNE CATOLYQLE.
Madame ma fille, j'é aysté si troublaye,
quant vous ayscrivis l'aullre jour de la perte
que je avès fayste de vostre frère, et de peur
que l'ennuy que je m'aseure an avés prins
vous fist mal, que je ne vous puis ayscripre set
que je désirés byen que fisiés pour vostre frère,
qui avsl asteure Roy, et pour set royaume;
qui ayst cause que je envoy asteure set porteur
ver l'ambasadeur pour vous dyre, ma fille
m'amie, que d'aultent que vous nous aymés,
que metyés pouyne d'enlretenyr le Roy, vostre
mari, en la bonne volonté, laquele y portet au
feus Roys, voslres père et frère, et ausy à moy
partycoulyèrement; l'aseurent que, tent que
LETTRES DE CATlIEIiLNE DE MKDICIS.
569
je vivray, qui ne conestra de oosre coulé que
amytyé el bonne ynteiygence aveques luy, el
qui s'aseure que je nouriré le Roy mon fils
en sete volonté el que d'aultenl que asteure
j'é l'autorité et gouvernement en sel royaume,
que d'aultenl pluls sel doyt-il aseurer que y
n'ara neul aucasion de changer la volante en
noslre endroict. cl que encore que je soin con-
traynte d'avoyr le roy de Navarre auprès de
moy, d'aultenl que lé louys] de sel, royaume
le porte! ynsin, quant le Roy ayst en bas
ayage, que les prinse du sauc souyt auprès de
ta mère; si ue fault-y qu'il entre en neule
doulte, car y m'é si aubéysant et n'a neul co-
mendèment que seluj que je lu\ permès. Par
ensin y se peut aseurer fie luy corne de moy;
et ausi je rapèle auprès de moy Monsieur le
connectable et tous les \yeul.v servyteur de'
roys vostre grant-père et père, que tout sel
Consel me faysl ayspérer, l'ayent auprès de
moy, que liiiitles chauses yront sy byen pour
l'iiauneur de Dyeu el pour la relygion et repos
et pays de sel royaume, que luy, corne setuy-
îà que je ayme et haunore comme le Roy mon
fyls propre, et tous les aultres prinse craytyen
aronl aucasion d'eslre contens. Ma lille,
m'amye, vous voyés les aflyetion qui plest à
Dyeu m'envoyer, qui sont dé pluls grandes que
yl anvoyé jeaniès à personne. JNéanmoyns, ave-
ques tous mes malheurs, y me fayst la grase
de voyr vostre frère haunoré et aubéy, el moy
ausi, et set royaume en pays et heunyon;qui
m'est heun grant reconfort; mes le pluls grant
-;i\^l'2 l'espéranse que je ay en vous, qui en-
tretyendré le Roy vostre mari en la pays en la-
quele le Roy vostre père a lèse' set royaume
aveques luy. Et je m'aseure que ne fauldrés
d'y faire tous les bons aufyses que pourés.et
que l'ambasadeur vous dyré y estre ne'scsères,
1 Louyt, lois.
Saytt, c'est.
CATHERINE DE MÉDIC1S. I.
comme sete-là qui en né sortye, el que de
l'amytyé d'entre le Roy vostre frère el le Roj
vostre mari, dépandera loul noslre hem el
contentement. Je vous ay byen voleu mendei
loul sesy, afin que, selon les aucasion. en
aystent avertye, corne vous serés par sete
letre, vous ne oublyé à fayre toul sel que
l'cmbasadeur vous dyré. Mendé-moj de vous
novelles, car j'é grant envye d'eu savoyr, de
peur que ne soyés si sage en sel aflyetyon que
je le désire pour vostre santé, laquele je prve
Dyeu vous vouloir guarder et conserver come
le désire
\ ostre bonne mère,
Caterine.
1560. — 19 décembre.
Imprimé dans les Négociations sous François II , jj. 786.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, par la dernière dé-
pesche vous aurez sceu le malheureux incon-
vénient qui nous est survenu, el m'asseoie
que vous aurez assez jugé combien cria
(adjousté âmes aultres ennuis) aura peu aggra-
ver mes afflictions, que je ne pourrais, sans
bien grande grâce de Nostre-Seigneur, sup-
porter; mais come j'ay pensé etsçay qu'il faicl
tout pour le niieulx, je me suis résolue de re-
cepvoir de lui agréablement toutes choses, el
le louer et remereyerde ce qui luy plaist, re-
gardant avecque son ayde de luy nourrir el
eslever le jeune roy qu'il m'a laissé le mieulx
que je pourrai, à son honneur et gloire, et au
bien du peuple qu'il a mis en sa puissance,
puisqu'il a esté trouvé bon par tous les princes
du sang, seigneurs du Conseil et aultres grands
personnaiges de ce royaulme, que la principale
et souveraine auctorité m'en demeure; en quo>
il fault que je vous dye que le roy de Navarre,
qui esl le premier, et auquel les lois du
72
570
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
royaume donnent beaucoup d'avantage, s'est
si doulcenienl et franchement porte' en mon
endroict, que j'ay grande occasion de m'en
contente)-, s'estanl du tout mis entre mes mains
i'l despouillé du pouvoir et d'auctorité soubz
mon bon plaisir, sans touttefoys oublier que
après moy il tienne le premier lieu, comme
il est raisonnable et a esté trouvé et jugé bon
de tous les aultres princes et seigneurs, que
j'ay mis peynaà unir et accorder d'amytié et
lionne intelligence, affin que, toutes choses
du passé oubliées, ils ne tendent que au bien
de mon fils et de son royaulme, m'estant ré-
solue aussi ne faire riens que par leurs bons
conseils et en user si bien que j'espère, avec
l'avde de Nostre-Seigneur, rabiller doulcenienl
foui ce que la malice du temps peult avoir
gasté en ce royaulme.
Et encores, Monsieur de Lymoges, que je
ne regarde à aultre chose et employé tous
moyens pour contenir ung chacun aveques
contentement, ne pardonnant peyne, soing,
travail et tout aultre respect que une mère
songneuse du bien de son enfant et conserva-
lion de ses bons serviteurs et de ceulx que je
juge utiles à maintenir et advancer sa gran-
deur, si est-ce que, considérant combien il
est malaisé que ceste farce se joue à tant de
personnages sans ce qu'il y en ayt quelqu'un
qui ne face mauvaise myne, et que la diversité
des esprits meuz de beaucoup de passions
dont ce monde est si plain, est grandement à
craindre, mesmement que ung si soudain et
inopiné changement ne se peult, comme je
doibs craindre, gousler si tost par tout le
inonde, principalement par ceulz qui ont der-
nièrement tenu les premiers lieulx ] ; et que je
sçays que le roy de Navarre n'est pas trop bien
voullu du Roy catholique mon bon filz, il m'a
' Les Guise.
semblé, pour prévenir tout ce que l'on luy
pourrait, par soubs main, faire imprimer,
vous faire ceste dépesche par ce courrier
exprès, avec laquelle je vous envoyé seullement
une leclre à la royne ma fille, que j'advertys
de tout cecy, affin qu'elle en tienne le roy son
inary adverty (comme je vous prye faire de
vostre part) que le lieu que ledict roy de
Navarre tient icy n'est que soubz moy et mon
auctorité, et que jen'ay riens faict en son en-
droict ne des autres princes du sang qui ont
esté appeliez au Conseil que par force et né-
cessité; mais que je l'ay tellement gaigné, que
je fais et dispose de luy tout ainsy qu'il me
plaist; l'asseurant que je donneray tel ordre,
tant qu'il plaira à Dieu me faire vivre, que
ce royaulme et tout ce quy y est ne luy sera
moins dévot et affectionné qu'il a esté, et plus
qu'il ne fut jamais, y ayant la puissance que
j'y ay et i'aymant comme je fais, ayant bien
délibéré de ne penser à chose du monde si
expressément que à nourrir le Roy mon fils de
l'amour perpétuelle que je désire veoir entre
eulx et lui estimant père protecteur; le pryant
ne croire jamais chose contraire à cela, quel-
que rapport que l'on luy en face; et quant il
en aura quelque doubte, ou qu'il pensera riens
1 dont il veuille estre esclaircy, qu'il me face ce
plaisir, pour nostre parfaicle, maternelle et
lîlliale amytié, de m'en escrire privément, se
repposanl sur moy qu'il n'y aura jamais riens
en ce royaulme dont je ne luy face tousjours
avoir entier contentement.
Vous sçavez le propos que je vous ay der-
nièrement faict escripre par vostre frère du
mariage1 qui se brassoit icy. J'ay depuis sceu
qu'il a esté mis icy en avant. Prenez garde à
cela pour en descouvrir ce qui en est, et em-
ployez, Monsieur de Lymoges, tous vos sens
1 Le mariage de Marie Stuart et de Don Carlos.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS.
571
pour bien imprymer ledicl sieur l!ii\ catho-
licque du contenu ci-dessus, el empescher
qu'il ne se laisse abbfeuver de mauvaise opi-
nvon pour le nouveau changement forcé
comme dict esl, estimant avoir beaucoup
faict en cest extresme malheur de m'estre si
fermement establie que je puis dire n'y avoir
riens icy qui ne sovl en ma disposition . estant ,
avecques la votante* des princes. L'affection
des peuples telle envers moy, qu'ils estiment
à grand heur que Noslre-Seigneur, ayant voulu
prendre leur prince, m'ayt laissé icy pour
gouverner l'autre, quy est si bien nay et de si
bonne nature, qu'ils s'en promectent beaucoup
de bien el de consolation, comme vous luy
pourrez faire entendre. Vins sçavez de quelle
importance est cecy ; faictes-y, je vous prie
eneores ung coup, tout le bon et dextre office
que vous pourrez, non pas envers luy seule-
ment, mais aussy vers ceulx qui sont près de
luy, qui pourraient servir d'instrumens con-
traires, et m'advertissez incontinent par ledict
porteur, que vous renvoyerez sans autre dé-
pesche que sur ceste-cy, de tout ce que vous
aurez peu sentir à ce propos, tenant bien ma-
dicte fille advertie de l'office aussy qu'elle y
devra faire de son cousté.
Pryant Dieu, Monsieur de Limoges, vous
a\oir en sa saincte garde. D'Orléans, ce
xixe jour de décembre i56o.
Cateriîse.
De* l'Albespine.
1561. — 'i janvier.
Copie. Bibl. nal. fonds français, n 17981.
A MONSIEIH COIG.">ET.
Vous verrez par la dépesche du Roy mon-
sieur mon filz l'ordre que je faiclz donner pour
vous fournir jusques à 1111e tant de mil livres,
affin de commencer à nous sortir des debtes
<iui sont deues en Suysse el donner aux Sei-
gneurs de ce pays là le plus de contentement
que nous pouvons ; en quoy je vous puys bit u
asseurer que nous postposons el reculions de
qoz principaux plus importans affaires el qu'il
s'i faict plus que le possible, ainsv que. unis
qui sçavez la nécessité el grandeur de noz
debtes, le pouvez bien juger. Ce que l'on vous
mande du ter auquel toute ladicte somme
sera preste est bien certain, car avant que
I esci'ire ausdicts sieurs des Ligues j'a\ voulu
que l'on y ayl veu si clair que l'on sovl de-
meuré asseuré de ne trouver aucune faillie à
ce que le Roy mondict seigneur et lilz leur
en promect par sa lettre, sachant combien
cela importe et que leur Paillant de parolle
après tant de remises dont l'on leur a use
jusques à présent, ce serait nous faire perdre
tout noslre crédit et meclre les affaires de ce
pays là en telle combustion que nous serions
puys après bien empeschez d'y remédier. Le
principal est que, selon vostre dextérité ac-
coustumée, vous leur faictes doulcement sup-
porter ce qu'il y aura de prolongement jus-
ques à ce premier payement, et cependant
nioyennez la modération des interestz des ce.'"
escuz à telle et si doulce condition que cela
nous donne le moyen d'en sortir plus faci-
lement, et faictes sur le surplus du contenu
en la lettre du Roy mondict seigneur et lilz
selon la fiance qu'il en a en vous, et je veoyz
prier Dieu, Monsieur Coiguet, qu'il vous ayl
en sa saincte garde. Escript à Orléans, le
1111e jour de janvier 1 56o ( 1 50 1 ).
Catf.rine.
Boirdin.
572
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIG1S.
1561 . — 16 jauvier.
Orijj. Bibi. nat. fonds français, n° 66o5 , f° t8.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
.Monsieur de Limoges, les deux lettres par-
ticulières que j'ay receues de vous par voslre
homme et depuis par le courier que je vous
avoys dépesché m'ont fort satisfaicle, me
trouvant par icelles esclarcye d'une chose dont
j'estoys lors en grand double, et que le temps
m'a encores depuis plus faiet congnoislre et
mis en grande peyne pour les considérations
que vous povez penser, estant bien délibérée,
suyvant aussi vostre advis, de n'obmectre riens
pour rompre ce coup1, et à l'arrivée pardeçà
du sieur Don Joan Manrrique2 luy dire ouver-
tement la ferme espérance que j'ay au mariage
de ma fille3 pour sentir et tirer de luy tout
ce qu'il a de charge pour l'autre, pour lequel
traverser je faiz et fera y tout ce qu'il sera pos-
sible. D'une chose suys plus estonnée que ce-
luv qui est aucteur et conducteur de ce faict4
ne m'en a jamais parlé près ne loing, et si ay
essayé par tous moyens de l'y attirer pour
sonder en quelle opinion il en estoit, mais il
n'en a jamais faict aucun semblant mesmes à
ceste heure qu'il sent le faict esventé et des-
couvert, y chemyne fort froidement, et
monstre lente ceste praticque, peult-estre pour
faire que moins on y preigne garde, et de
présent ne se parle que de tirer le personnage
hors de ceste compaignye5, et dedans quelque
temps le tragecter en ses pays; mais en cela
j'useray de vostre conseil, et comme je veoray
1 Elle fait de nouveau allusion au projel de mariage
de Marie Stuart et de Don Carlos.
' Envoyé en France à l'occasion de la mort de
François II. — Voy. la note de la page 1 66 , a0 colonne.
Marguerite de Valois.
4 Le cardinal de Lorraine.
Marie Stuart.
l'affaire le requérir y applicqueray tous remèdes
possibles. Reste que de voslre part vous conti-
nuez à mectre peyne de sçavoir ordinairement
comme la chose se manyera pardelà, où vous
n'espargnerez riens selon l'affection grande
que vous démonstrezà mon service et au bien
de ce royaume, qui a plus que besoing d'éviter
cest inconvénient, sçaichant très-bien le danger
qu'il traynne après luy ; et comme la Royne
ma fille et vous avez bien commancé (ainsi
que j'ay veu par la fin de la lettre que vous
avez escripte à vostre frère du ix° de ce moys),
faire tout ce qu'il sera possible pour les de-
gouster de cela, pour lequel empescher il n'y
a riens que je ne feisse , et feusse 1 pour m'ayder
du moyen que madicte fille et vous m'escrivez
y estre propre.
J'ay aussi sceu les propos que le Roy catho-
licque et le duc d'Alve vous ont tenuz du con-
tantement qu'il a du lieu que je liens icy, et
la démonstration grande qu'il faict en mon
endroict pour m'ayder et favoriser en ce dont
j'auroys besoing de luy; aussi les propos qui
passèrent entre vous pour le faict de la reli-
gion. Vous le pourrez asseurer que c'est à quoy
je travaille, et que je n'employé les bons et
grandz serviteurs que j'ay, mesmes les cardi-
naulx et autres prélalz, que à regarder les
moyens de tenir les choses au bon chemyn et
faire cesser tant de troubles que cela a apporté
en cedict royaume, actendant ce que par ung
bon concile en sera ordonné, dont nous avons
grand besoing, estans les cerveaulx des
hommes si bigarrez qu'ilz sont; et espère que
Nostre-Seigneur me fera tant d'heur, qu'il
n'adviendra riens durant mon temps qui ne
soit à son honneur et satisfaction de tout le
monde, car je n'ay craincte ne envye de chose
tant que de ceste là, pour veoir ce royaume
Fume, fût-ce.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
.',7:;
en repos et Dieu servy connue il appartient,
m'esbahyssanl bien que l'on sesoil tant oublyé
que d'en avoir escripl pardelà autrement;
mais, comme vous dictes, il y en a qui voul-
droienl bien que l'on creusl que riens ne va
bien sans eulx1. Respondez bardyment partout
que je ne feray jamais riens que par bon con-
seil, et que, avecques l'honneur de Dieu, je
désire singulièrement le contantemenf du Roy
mon lilz. Noslre parfaicte mutuelle amytié
effacera toutes les calomnyes et passions d'aul-
tiuv, ci l'intégrité de noz réciprocques actions
et bons offices, l'un envers l'autre, fera crois! ie.
si Dieu plaist, nostre sincère intelligence.
Quant à la ducbesse qui est venue icy 2 vous
sçavez bien qui la y a faict venir, et s'il estoil
loisible de. le dire, j'en suys bien empeschée ,
mais estant du lieu et ce qu'elle est je ne la
puis eslongner que quant il luy plaira. Bien
puys-je asseurer qu'elle ne autre ne gastera
jamais riens en mou endroict. C'est tout ce
que vous aurez de moy, reniectant à satisfaire
à la dépesche qui touche le faict de Madame
de Clermoni par la première; en quoy il me
semble que vous ne poviez mieulx faire.
puysque les choses en estaient là. Le surplus
j'ay commandé à vostredict frère le vous es-
crire plus au long, et aussi que vous preniez
garde de ne laisser addresser une seulle lettre
de vous ny autre venant de là touchant les
deux affaires susdictes que à vostredict frère.
Pryanl Dieu, Monsieur de Limoges, vous
donner ce que plus désirez. Escripl à Orléans,
li' m" jour de janvier i5(5o ( 1 56 1 ).
Catewne.
De l'Aubespine.
1 Les Guise.
1 Sans aucun doute elle désigne la duchesse d'Ars-
chot, tante de Marie Stuart, qui négociait le mariage
avec Don Carlos.
1 561 . — 18 janvier.
Orig. Bibl. ii.il. fonda français . nB OOo'j , la û-j.
A MONSIEI R DE LIMOGES
Monsieur l'ambassadeur, vous sçavez le
;;rand désirqni' j'a\ lollsjoui'S eu que Lhuilliei' '
demourasl sur l'estal de la Royne ma fille sur
tous ceulx qui y esloienl. tant pour ce qu'il
est bien fort nécessaire panier à pour l'adver-
tir ordinairement de ri' qui s'y laid, comme
aussy pour ce (pie j'ay délibéré de m'en servir
pour l'envoyer quelquesfois en Espaigne, ainsy
que l'occasion s'y présentera. Et pour ce je
vous prie que, pour l'amour de moy et en ma
faveur, vous faictes entièrement ce qui vous
sera possible et trouvez moyen qu'il soit re-
tenu sur ledict eslat aux mesmes gaiges
que de coustume, pour l'un des plus grand/
plaisirs que je puisse recepvoir de vous; vous
pouvant asseurer. Monsieur l'ambassadeur,
que j'estimeray ce bien autant que si c'esloil
pour moy-mesmes,cognoissant ledict Lbuilliei
pour fort homme de bien, très dilligent, très
fidelle et très affectionné serviteur de sa mais-
tresse; qui vous doibl tant plus induire à me
fayre cognoistre que la recommandation que
je nous en fais ne luy aye point esté inutile,
ainsy que j'espère qu'elle ne sera en escrivant
en ces mesmes termes à la Royne ma tille, la-
quelle je vous prie solliciter pour cest effect.
Et je prieray Dieu, Monsieur l'ambassadeur,
vous avoir en sa très sainte et très digne garde.
A Orléans, ce xvinc janvier i56o (i56i).
Caterine.
1 Dans «l'estal baillé par la Royne d'Espagne au Koy
son mari, de ceux qu'elle a amenés de France, el qu'elle
désire conserver » , Luillier figure en qualité «d'agent
pour la Royne et ayant soin de ses affaires à la cour de
France.» (Bibl. nat. fonds français, n" 68'i3, f° 91.)
Elisabeth d>- Valois demandait également qu'on lui laissât
son violon et François Guillait, son joueur de musetti
(lbid,p. 9a.)
57i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1561. — 2-3 janvier.
Orig. Bibl. nat. fouils français, n' 17981-
A MONSIEUR COlGiNET.
Monsieur (ioignel, vous sçavez que nous
avons assemblé en ce lieu ies estatz généraulx
de ce royaulme, qui a esté en intention prin-
cipallement d'adviser choses nécessaires pour
la seureté, repos et Irauquilité de tout cest
Estai et pour ce que pour y parvenir f-'on a
trouvé que l'une des premières et plus impor-
tantes provisions qu'il y fault donner est celle
qui concerne l'obéissance qui est deue au Roy
monsieur mon filz, en laquelle il est mal aysé
de contenir ses subjeclz, si l'on ne faict cesser
entre eulx toutes causes et occasions de troubles
et divisions , ce que l'on cognoist procéder de la
malice de grand nombre de prédicaus et dogma-
tisans qui , soubz couleur de religion , animentel
excilent le peuple à uue désobéissance et ouverte
sédition, come il c'est veu et vérifié par les ef-
léclz en plusieurs endroictz et provinces de ce
rovaume. H a esté advisé en la délibération
que j'ay prise là dessus avec mon frère le roy
de Navarre et aultres princes du sang et gens
du privé Conseil du Roy mondict sieur et filz,
d'autant que la meilleure partye desdicts pré-
dicaus et dogmatisans viennent et sont envoyez
de Genefve, que le Roy mondict sieur et filz
escriroit à ceulx de ladicte ville la lettre dont
vous trouverez une coppie 1 enclose dedans ce
1 Voici celle lettre de Charles IX à Messieurs de Ge-
nève, datée d'Orléans le 23 janvier i56i : Parmi les
causeset origines des divisions on a reconnu que trsa prin-
cipalle naissance vient de la malice d'aucuns prédicans el
dogmatisans, la pluspart envoyez par vous ou les prin-
cipaulx ministres de vostre ville, lesquelz abusans du
nom, liltre et parole de la religion, dont ils se disent
faire profession, ne se sont pas contentez d'aller de mai-
son en maison semer diversité d'opinions et de doctrines
en ladicte religion et d'imprimer tacitement et occulte-
pacquel, laquelle j'ay bien voulu vous faire
tenir incontinant, affin que, si ceulx dudict
Genefve envoyent ung double de ladicte lettre
aux cantons des Ligues protestans pour avoir
leur advis de la responce qu'ilz auront à faire
là dessus, ou bien pour la calumuier et rendre
odieuse en leur endroict, vous sachez ce qu'elle
contient et remonstrez que ce que mondict sieur
et filz escript à ceulx duclit Genefve n'est point
pour se mesler du faict de leur religion, ne
pour volunté qu'il ayt de leur courir sus en
quelque sorte que ce soyt, mais bien pour
conserver le repoz de son Estât et garder que
lesdietz prédicans après tant de troubles et su-
blévations ' qu'ilz ont suscitez en ce royaume
n'ayenl moyen de rallumer le feu qu'ilz y
avoienl si malicieusement préparé qu'il c'esl
veu en l'entreprise de Amboyse et aultres sub-
séquentes. En quoy se cognoist assez le fons
de leur esperit et intention, et si ce sont les
fruiclz d'une pureté et simplicité de religion,
dont ilz se disent faire profession, que d'ani-
mer ung peuple à prendre ies armes contre
son prince et roy, et après qu'il a faict rece-
voir et retirer en leur ville les principaulx
chefz et autheurs d'une si damnable et mal-
heureuse conspiration , chose si eslongnée des
sainetz eommandemens de Dieu et de toute la
religion chrestienne, que je ne puys croire
qu'il y ayt prince, potentat ni républicque en
ce monde qui la voulsist aprouver en quelque
sorte de gens que ce soyt et moiugtz recepvoir
en son Estât et pays les promoteurs et instiga-
ment es esprits île la pluspart de nos suLjectz une perni-
cieuse el. damnable désobéissance, mais par inlîniz li-
belles diffamatoires qu'ilz ont composez et semez partout
et par presches qu'ilz ont faietz en assemblées de grand
nombre de nostie peuple, ont bien osé publicquement
animer et exciter nostredict peuple à une ouverte sédi-
tion, comme il s'est veu en plusieurs endroictz. 11 (Copie,
Bibl. nat. fonds Brienne, n°ao5,f° io.3.)
1 Sublévations , séditions.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
575
leurs d'une si scélérée ' entreprise, ce que vous
regarderez de remonstrer saigement cl pru-
demant ausdits cantons protestans, si voyez
qu'il en soyl besoing, allia de justifier le con-
tenu en la lettre de mondict sieur et lilz el
leur faire cognoistre que ce qu'il mande à
ceulx dudicl Genefve n'est pis sans luy en avoir
donné une forl grande etjuste occasion. Pryant
Dieu. Monsieur Goignet, qu'il vous ayt en sa
saincte garde. Escripl à Orléans le xxm'jour
de janvier i56o (1 5(3 1).
Caxerine.
BoiJRDlN.
1561. — 27 janvier.
Ong. Bibt. nat. fonds français, n° 66o5 , f° a3.
A MONSIEUR LE COMTE D ALVE.
Monsieur le conte, vous m'avez faict fort
grand plaisir de me mander l'amendement
de la Roy ne ma fille, car c'est la plus agréable
nouvelle que je sçauroys avoir. J'espère que
Dieu luy fera la grâce d'achever sa guérison;
le Roy son niary en a eu tel soing et l'a si bien
"l ^i songneusement faict secourir qu'elle luy
en a grande obligation, comme je nie sens
avoir de ma part et à tant que vous estes qui
y avez faict, à ce que j'ay esté advertie, tel
devoir et usé de telle dilligence à la bien
servir et secourir que je m'en sens bien tenue
à vous, et si en quelque chose je le nuys re-
congnoistre, asseurez-vous, Monsieur le conte,
que je le leray d'aussy bon cueur que je prye
Dieu vous avoir en sa saincte et digne garde.
D'Orléans, ce x\vnc jour de janvier i56o
(i56i).
GiTERINE.
RoBERTET.
1 Scélérée, scélérate.
1561. — 18 jani iei
Orig. Bibl. nat. fomls français, n° G6o5 , f° au.
A MONSIE1 R DE LIMOtiES.
Monsieur de Lymoges,je ne vous répéle-
ray riens de ce que le Rov monsieur mon lilz
vous escript; seullement je vous diray que je
vous envoyé ce courrier exprès en toute dilli-
gence puur le désir que j'ay de sçavoir des
nouvelles de la Royne nia fille dont j'ay esté'
en grande peyne pour le long temps que j'ay
demeuré sans en avoir ; qui medonnoit craincte
qu'elle ne se portas! si bien que j'ay veu par
voz lettres du xv", dont je loue Dieu. Je vous
prye luy bien dire qu'elle se garde bien el
qu'elle ne sorte à l'air, comme je vous ay par
cy-devant mandé, de longtemps après qu'elle
sera guérye. Je luy envoyé du bausme naturel
pour les plaies qui luy pourraient demeurer
de sa vérolle, comme son médecin me l'a
mandé. Au demeurant, je ne vous puis dire
l'ayse et contentement que j'ay de \eoyr l'a-
nivlié que le Roy son mary monstre et tes-
moingne tant luy porter par le soing et soli-
citude qu'il a prinse de sa santé et guérison:
qui est ung redoublement d'obligation pour
l'aymer et observer1 toute ma vye, comme ses
vertuz le méritent. Et je me sens infiniment
tenue pour l'amour qu'il me faict congnoistre
me porter et à tout ce qui me touche, ce qu'il
a monstre et en cela , et en ce qu'il m'a faicl
dire et offrir par Don Joan Manrique, dont
je vous prie le remereyer de ma part autant
affectueusement que vous pourrez, et l'asseu-
rer bien qu'il ne sera jamais trompé de l'a-
mytié qu'il me porte, d'aullant qu'elle sera
recongneue de moy avec tous les devoirs qui
se peuvent espérer d'une propre mère et de
le meilleure amye qu'il sçauroit jamays avoir.
1 Observer, estimer.
576
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
Je crois que ledict Don Joan partira dedans
cinq ou six jours, comme nous ferons aussi
pour nous en aller à Fontainebleau pour là à
loysir pourvoir el donner ordre à nos affaires,
afiiu de suyvre le chemyn qu'il nous monstre,
et durant la minorité du Roy monsieur mon
lilz luy accouslrer si bien ses affaires que,
quand il viendra en aage, il se puisse trouver
à son ayse avec moyens et puissance de con-
server honorablement ce (pic ses prédécesseurs
luy ont laissé; qui est tout ce que vous aurez
de moy pour ceste heure, sinon que je vous
prie renvoyer ce porteur incontinent et ne l'ar-
restez guères. Priant Dieu, Monsieur de Ly-
moges , vous avoir en sa saincte et digne garde.
D'Orléans, ce xxvm' jour de janvier i56o
(i56i).
Caterine.
Dictes à Madamoiselle de Lacourt, puis-
qu'elle ne faict plus riens pardelà, que je
trouve très bon qu'elle revienne au tamps
qu'elle me le mande et qu'elle sera la bien
venue et recongnoistray le service qu'elle a
faict à la Royne ma tille. '
( 1561. — Fin janvier.)
Au!. Bihl. nal. fonds français, a" 66oj, f° £8.
Imprimé dans les Négociations sous François II , p. 8lfl.
A MA FILLE LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, encore que je n'aye heu
de vos letres par sel pourleur, si nè-ge voleu
léser de vous fayre set mot, pour vous dire
que vous entendre l'aucasion de la veneue de
set pourtour ysi et de son retour par le évesque
de Limoge , qui me guarderé vous en fayre re-
diste; seulement je vous priré que vous go-
verniés en set fayst selon l'avis et consel de
l'ambasadeur, et n'an parliés ni en fasiés san-
blant, sinon aultent qu'il vous dire. Il m'a
mendé que le Prinse n'a plus la fièvre ; si cela
lui contineue désire guéri, ne perde pas 1 au-
casion de guarder qui ne soit marié hà aultiv
femme que à vostre seur, au à vostre belle-
seur1, et me sanble que y devés mestre tous
vos sin san 2, pour fayre l'eun au l'autre ma-
riage3; car aultrement \ous sériés en danger
d'eslre la plus maleureuse du monde, si vostre
mari venoyt à mourir, luy étenl Roy, cornent
yl seroit, si n'avest aypousé quelque femme
qui feut heun vous-même, corne seret vostre
seur. Et ausi j'é eutendeu que la prinsese
vous ayme ynfiniment, et, pour y parvenir, y
faull que vous disiés à ladisle prinsese qu'i fault
qu'ele l'épouse, au sela ne se pouret fayre, qui
I Donna Juana, sœur de Philippe 11.
- Sin san , cinq sens.
3 Voici ce que nous trouvons dans une lettre de l'am-
bassadeur d Espagne, Chantonnay, à la duchesse de
Parme (i6 janvier 1 56 1 ) : rChascun a tant fait de dis-
cours par ceste court sur le mariaige de nostre prince
avecques la royne vefve (Marie Stuarl), que la Royne mère
en a prins opinion et jalousie doubtant que cecy vient
de la maison de Guise; et de faict en a parlé à Mr le
cardinal de Lorraine, se plaignant de ce bruit. Ledict
sieur s'en est démeslé généralement, disant que ce n'es-
toit merveille que Ton fist discours sur le mariage d'une
princesse, puisqu'il se fait ordinairement de moindres
gens. La Royne et le conestable le craignent pour deux
raisons : l'une, pour ne nous veoir avecques la cou-
ronne d'Escosse et en Angleterre, et ledict sr connestable
ne désireroit ceste alliance avecques ceulx de Guise;
l'aultre. pour ce que tous désirent le mariage de M'"c Mar-
guerite avecques mondict seigneur nostre prince. Le
sieur de Vendosme (Antoine de Navarre) convient avec-
ques eulx quant à la première raison; mais il se donne
garde de la deuxiesme, s'asseurant beaucoup du mariage
de ladicte dame Marguerite avecques son filz.îi
II ajoute que le connétable lui a donné rendez-
vous à Notre-Dame pour en causer; mais comme il était
averti de la jalousie que la Reine mère avait et de ce
mariage, et de la reine veuve, nonobstant ies preuves
de confiance dont le connétable lui a dit vouloir userenvers
lui, il a pensé que ce qu'il lui en disait était avec commis-
sion de la Reine mère, ou qu'il voulait tirer de lui ce qu'il
en savait; aussi s'est-il tenu sur ses gardes, et la conversa-
tion en est restée là. (Arch. de Vienne.)
LETTRES DE CATHI
failli qu'elle vous ayde à lui fayre aypouser
■ seur, et que vous mestré pouinede lm
fayre aypouser le Roj votre frère;àquoj vous
pansés bien que u'axiés guière granl pouine,
si se fesel le mariage de vostre seur et du
Prinse; car vous l'aymé tenl que, en quelque
fason que ce souit, vous désirés qu'ele souyl
vostre seur; encore eun coup, au que vous ayés
le bien que vous ne bougies d'ensenble.
Velà, ma Elle, sel que me senble que devés
comenser de louin à bâstir, afin que 1 eun au
l'aultre aviengne; et en sel faysant, vous
fayrés ynfinisment pour vous et pour lous I
nous aultres ysy. Je ne vous en dire daven-
et fayré fin, prient Dieu vous donner
aullenl de heur que je vous en désire, et afin
qu'i le vous doint, ne L'aublyé point, et le
priés el serves corne devés; et que les plésirs
ni ayse et jeoye qu'i vous donne meyntenenl
ne soynl cause de le vous fayre aublyer; et
retournés tourjour à luy, et reconèsés de luy
et que san luy vous ne sériés ne pouryés rven,
afin qu'i ne vous euvoy de ses verge pour le
vous fayre reconestre, corne il a fayst lia
Vostre bonne mère,
Catf.iune.
RINE DE MEDICIS.
,:;
1561. — 3i janvier.
Orig. Bibi. nat. fonds français, n" 66o5 , P 37.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur deLyrnoges, je vous escriviz der-
nièrement si amplement par le courrier qui
vous feut envové, el ceatuy-cy a si haste de par-
tir, comme m'a faict entendre l'ambassadeur du
roy d'Espaigne, que je ne vous répéteray riens
de ce qui vous a esté mandé, ny ne vous feray
la présente plus longue, si n'est pour vous dire
que, Dieu mercy, je suis venue à bout de nos
Estai?.1 qui ont esté ce jourdhuy terminez de fa-
1 Les élals d'Orléans.
çon que, j'espère, il en reviendra beaucoup de
fruicl pour le bien du service du Roj monsieur
mon filz et pour l'adventaige de ses affaires,
el que par leur ayde el secours nous aurons
moyen rie l'aquiler entre r\ el quelques an-
nées. Vous advisanl au demeurant que toutes
choses passent en ce royaume, Dieu mercy,
avec telle tranquilité el union de lous estatz,
tant des grands que des petitz, que j'espère
avec son ayde qu'ilz y continueront. El quant
au faict de la religion, les exemples receusde
ce que nous axons veu devant nos yeux depuys
quelques ans nous ont monstre et enseigné
qu'à guarir ce mal venu de longue main ung
mesme remède n'estoyl suffisant de le guérir,
mais que, selon les nouveaux accidens, il
failloyt aussy changer de médicamenlz jusques
à ce qu'on eust recouvert celluy qui esl seul
unique pour nous donner entière guérisou.
Nous av ons, durant vingt ou trente ans . essayé
le cautère pour cuyder arracher la contagion
de ce mal d'entre nous, el nous avons veu par
expérience que ceste violence n'a servj qu'à
le croistre et multiplier, d'aultanl que par les
rigoureuses pugnitions qui se sont continuel-
lement faictes en ce royaume une infinité de
pauvre peuple c'est confirmé en ceste oppinion
jusques à avoir esté dict de beaucoup de per-
sonnes de bon jugement qu'il n'y avoit riens
plus pernicieux pour l'abollissement de ces
nouvelles opinions que la mort publique de
ceulx qui les tenoyent, puisqu'il se voyoil que
par icelles elles estovenl fortifiiez. Or les choses
en sont venues en telz termes qu'il s'esl veu en
ce royaume cequejamays n'\ estoyl advenu.
qui estoyl une sédition manifeste pour ce faicl
seullement, laquelle Dieu nousafaicl la grâce
d'appaiser el réduire toutes choses en telle
tranquilité qu'i ne se présente riens (pie nous
debvions craindre. Vray est qu'estant le Roy
monsieur mon filz en la minorité qu'il est, et
CATUEB1SE DK MÉMCIS. I.
578 LETTRES DE CATH
les cendres du feu qui s'est cstaint encores si
chauldea que la moindre scintille1 le flambe-
roil plus grand qu'il n'a jamays esté", j'ay
esté conseillée par tous les princes du sang et
aultres princes et seigneurs du Conseil du Roy
monseigneur et mon iilz d'avoir esgard à la
saison où nous sommes, où quelquesfoys nous
sommes contrainctz de dissimuler beaucoup
de choses que eu aullre temps l'on n'endureroit
pas, et pour ceste raison de suivre la voye de
doulceur en ce faict, affin d'essayer par hon-
nestes remonstianees, exhortations et prédica-
tions de réduire ceulx qui se trouveront errer
au laid de la foy et de pugnir sévèrement
ceulx qui feront scandales ou séditions, aflîu
que la sévérité en l'ung et la doulceur en
l'aultre nous puissent préserver des inconvé-
oiens d'où nous ne faisons que sortir. Ce que
suis bien ayse que vous faciez entendre au
Roy mon bon fllz, allin qu'il ne prenne point
plus mauvaise odeur de mes actions qu'après
les avoir espeluchees avec la raison il nedoibl;
car il faut qu'il considère que ce n'est pas tout
ung de ce royaume et de l'Espaigne, d'aullant
que là ce mal ne faict que naistre et, pour le
purger et le garder de croistre, la rigueur est
nécessaire, et il est icy si enraciné qu'il est
malaisé, voyre impossible de l'oster ou l'arra-
cher, qui n'aura le remède du concile, seul et
unique remède pour l'union de la chrestieuté
et la guérison de tous noz maux. Cependant
vous pouvez asscurer le Roy mon bon fdz que
je tiendray la main, comme je doibs, à l'entre-
ténement de la religion et foy catholique,
sans permeclre que chose du moude y soit
innovée, et mecteray peyne de contenir toutes
choses eu paix et trauquilité jusques au con-
cile; espérant que là il se prendra par la grâce
de Dieu une si bonne résolution que nous ne
1 Scintille, étincelle.
ERINE DE MED1CIS.
serons plus en ces peynes où nous a\ons \escu
depuys ung long temps en çà; qui est ce que
je puis adjouster à noz dernières lettres. Priant
Dieu, Monsieur de Lymoges, vous avoir en sa
saincte et digne garde.
D'Orléans, ce dernier jour de janvier i56o
(i56i).
Catkrime.
HoBERTET.
1561 . — 9 lévrier.
Ony. Communiqué par M. le marquis dea Moustiers-Mûrinvilk'.
A MONSIEUR DE STMESME ,
GBttVOiBOMItB ORDISàIRE DE Li CEHMERE DU ROT MONSIEUR *0.1 FILS .
ET CGUSIBEULO ORDIX4IRE DB NOS FILS L.B DUC D'ANJOU.
Monsieur de Sl-Mesme, ayant receu la lettre
que m'avez escripte du vif de ce moys, j ay
bien voulu vous y faire incontinent ce mut
de responce pour vous dire que j'ay esté bien
ayse d'entendre (pie le baron de Polwler1 ait
l'apporté telle satisfaction de la Visitation
qu'il a l'aide à mon fils d'Anjou que vous
me le lesmoignez par vostredicte lettre, et me
ferez plaisir de me mander de ses nouvelles
le plus souvent qu'il vous sera possible, en
attendant que je le mande, qui ne sera pas
si tost que le vous a dict vostre frère, car je
ne veulx pas que vous le bougez que le temps
ne soit plus beau et alongera mieux eschaufl'é
que nous ne l'avons trouvé à nostre arrivée, et
quant tout est dict jusqu'à ce que vous ayez
autres nouvelles de moy. Cependant je iuy
feray faire provision d'ung mulet, au lieu du
sien qui est aveugle, que vous aurez tout à
1 Nicolas, baron de Pohviller, gentilhomme de la
haute Alsace, qui fut grand bailli d'IIagnenau pour la
maison d'Autriche. Il s'empara de Constance au mois
d'octobre i5'i8, fit une invasion en France en 1 55 1 -
médita la prise de Metz en 1 565 et mourut après i58/i.
Il est souvent cité dans les Papiers d'Etat du cardinal de
Granvelle.
temps pour vous en servir, quand je vous
mandera y; • | n i esl toul ce que j'.u à vous
dire, après avoir prié Dieu, Monsieur de
S-Mesme, qu'il vous ail en sa garde. Escripl
ii Fontainebleau, 11' i\° joui- de février mil cinq
cents soixante (i 5 6 1 ) .
Caterinr.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S. 579
les princes qui se Irouveronl en ladicte as em
) 561 . — in lévrier.
Orig. Bibl. ii;it. Cinq ceuls ColbeH, n" 3<)o , i
I MONSIEUR DE RENNES,
CONSBII LB1 K1 Dl i litnlESTES DE L'HOSTEL DD !IOï UOK8UDB MON FIL8 ,
'i SOU AMBASSADEUR PAR DEVERS L'EMrtRElR.
Monsieur de Hennés, mon auitre dépesche
étant faicte et n'attendant plus que l'arrivée
de l'ambassadeur du Roy catholicque mon bon
filz el frère, résident par deçà, qui esl de-
meuré quelques jours à Orléans après notre
parlement, pour luy envoyer mon parquet,
atlin d ; vous le faire tenir ainsi qif il a de cous-
lume, j'av recru la lettre que m'avez escripte
du xmic du passé, par laquelle j'ayvu que IV-
vesque (ionunendon'qui estoyt venu de la part
du Pape devers l'Empereur mon bon frère,
s'estoyl acheminé avec l'évesque Delphin2 à la
diette de Nauburg3, en laquelle les ambassa-
deurs de mondict bon frère devoyenl compa-
roistre trois jours après que lesdicts nuuces y
seroyent arrivez, pour exhorter et persuader
Jean-François tiommendon, né à Venise le 17 mars
i52&. D'abord évéque de Zante, puis nommé cardinal
par Paul IV à la sollicitation de son neveu Cbarles Bor-
romée, il fui envoyé par Pie IV en qualité de nonce
auprès de l'empereur Ferdinand I" ; il mourut à Pa-
.loue, le a.'i décembre i585. Flécbier a traduil en
notre langue sa vie qu'avait écrite en latin Anlonio-Maria
Gratiani.
1 Zarbarie Dclfini, évêqne de Lésina, cardinal en
i565, mort on i!>K3.
3 Les princes d'Allemagne s'assemblèrent n Naum-
bourg le 20 janvier i56i.
blée à s'acco oder à l'affaire du concile,
affin d'en pouvoirtirer le fruicl el L'utilité qui
est si nécessaire à la chrestienté, chose, Mon-
sieur de Renés, que je désire de (elle affection
que je vous puis asseurer qu'il n'y a riens pour
le présent en ce monde que je veisse avec plus
de satisffaction; mais, puni' ce que l'affaire
n'est pas sans beaucoup d'espines el de diffi-
ultez, je ne scav ce que je m'en doj pro-
mectre, el pour ceste cause, je désire que,
suivant le contenu en mon aultre lettre, vous
laict.es toulcequ'ilvoussera possible pour sentir
de mondict bon frère l'Empereur ce qu'il sera
délibéré l'aire, au cas que les princes protes-
tans ne vueillenl accepter la bulle dudicl
concile et accorder d'y envoyer, affin que.
selon ce que vous nous en ferez sçavoir, le lio\
monsieur mon fils se puisse résouldre du
party qu'il aura à prendre en cesl ettdroict, Et
encores que je sçache bien que vous n'oublierez
riens de ce que vous verrez estre a l'aire poar
sçavoir quelle response lesdicts nunces auront
1 apportée de leur négotiatiôfi , el ce que.
d'aultre part, aura, eslé résolu entre lesdiclz
princes en leurdicte assemblée surce qui y aura
esté traicté et négolié entre ettlx; si vous veulx-
je prier que, pour l'importance de la chose,
vous employez toul ce que vous avez de
moyens pour entendre bien certainement el
particulièrement ce qui en scia, affin de nous
en donner le plus ample advis el le plus losl
qu'il vous sera possible. Nous avons sceu que
le comte Palatin s'est acheminé à ladicte
dielle, et si cestuy-là s'y trouve, je croys que
le duc de Wirteniberg n'y vouldra pas faillir.
J'ay veu ce que me mandez de l'accord qui
s'est faicl du mariaige de la seconde (ille de
mondict bon frère l'Empereur avec le duc de
Mantoue, et des aullres particularité/, qui
s'offrent au lieu où vous esles, dont vous me
!■'■
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
laides plaisir de me tenir advertye, et ferez
encore plus d'y continuer à mesure qu'il se
■ 'iilcra chose qui le mérite, ainsi que vous
avez toujours faicl fort soigneusement; prianl
Dieu, Monsieur de Renés, qu'il vous ayt en
sa sainie garde. Escript à Fontainebleau, le
v""- jour de février 1060 (1061).
Caterine.
BoiRDIN.
1 561. — 1 3 février.
Copio. Bibl. nal. fonds français, n' 17981.
A MONSIEUR COIG.NET.
\011s verrez par la lettre du Roy monsieur
mon filz : quelle résolution il a prise par l'advis
de son Conseil sur le contenu en vos deux
lettres des xxv et xxi.y"1- du passé, et cequ'il dé-
sire que vous faictes pour remectre la déclara-
tion de son intention jusques à la diette de la
Sainct-Jebau prochaine, s'il est au monde pos-
sible , affin que cependant l'on puisse traicter
et accorder avec les aultres marchans créan-
ciers, et que avant cela nous ne facions riens
qui nous y puisse préjudicier si faire se peult.
\ ous sçavez aussy bien que nous de quelle
importance est ce négoce'2, et estant bien as-
seurée que vous n'oublirez riens de ce que
vous estimerez estrc à faire pour conduire la
luise au point qui est nécessaire pour le bien
du service du Roy mondict sieur et lilz, je
ne me donneré pas grand poyne de la vous
recommander aultrement, et seulement vous
diray qu'estani ceste dépescbe jà résolue et
laicte pour la pluspart, nous avons receu la
vostre du vc de ce moys et la précédente du
dernier de l'aultre avec celle de l'évesque de
Renés donl nous avions heu auparavant l'ori-
1 La lettre de Charles IX se trouve dans le même vo-
lume et précède celle de Catherine.
- Négoce, affaire.
ginal, et pour ce que cestedicte responce vous
esclercira assez sur ce qui concerne le faicl du
: compte que demandent ceulx qui ont argent
au grand parly, je me contenleray de vous
advertir que j'escris à Lyou au sieur de Saviguv
que s'il y a moyen, sans insérer es passeportz
l'argent que sortent les marchans Suvsses, de
pourveoir aux abbuz qu'ilz y peuvent com-
mectre,soyt par les faire acompaigner jusques
hors la porte, quand il leur aura délivré leurs-
dictz passeportz , ou bien par aultre expédient
que luy, qui est sur le lieu , advisera pour le
myeux, il le face et en accorde avec lesdicts
marchans Suvsses, de façon qu'ilz n'ayent plus
occasion de s'en plaindre, ne mesmes la lon-
geur qu'ilz dient leur estre tenue à la déli-
vrance de leursdictz passeportz; car de leur
laisser ce faict là aussy libre qu'ilz le deman-
dent, il n'y auroit aucune apparence, et vous
prye qu'en attendant le renouvellement de
l'alliance vous pensez à l'ordre qui lors s'i
pourra donner, ainsy que le Roy mondict
seigneur et filz le vous escript plus particuliè-
rement; qui est tout ce que vous aurez de mo\
pour ceste heure, après avoir prié Dieu. Mon-
sieur Coignet, qu'il vous ayt en sa sailli ti
garde. Escript à Fontainebleau, le xnr jour
de fébvrier i56o (i56i).
Caterine.
Bolrdin.
1561. — Marr..
Aut. Bibl. nal, fonds français . n' 6000 , I
Imprimé dans les Négociations sous François il, p
A MADAME HA FILLE
LA ROINE CATOLYQLE.
Madame ma fille, le sieur de Coconat '. qui
1 Charles IX, dans une lettr>; du 1O avril à M. de Li-
moges, parle du passage de Coconas, maître d'hôte] du
duc de Savoie, revenant d'Espagne. (Bibl. nal. fonds fran-
çais, n° 6609, f -22.)
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
581
i mini frère le duc de Savoy, lequel \l
avest envoyé v-i pour L'aucasion tjuo vous en-
tendrés de luy, s'an vé ver le U<>\ vostre mari.
el n'é voleu perdre sete aucasiou de vousavertyr
par sete lelre cornent, Dyeu mersi, je suys en
repos el que touttes chauses comensel à
prendre heun si bon chemin que j'espère que,
d'ysi en Davent,vousn'arés que bonnes oovelles
de loui sel coûté, tenl pour lefaysl de la rely-
gion que pour la conservatyon de mon aulto-
rité, que, je m'aseure, ayst toul sel que le l!o\
- ic mari et vous désirés. El pour aystre
d'outenl en repos, je vodrès byen que tou deus
ue creusiés ' touttes lé menteries que Ton vous
mende d'ysi, et que vous aseurisiés que, quel-
que chause quisourviengne, que je nay fauldré
yncontynent vous en fayre avertyr par nostre
ambasadeur, lequel, je vous aseure, vous dyré
tourjour la vérité, quelque chause qui sour-
viegne au pieuse- avenir ysi. Et, pour se, je
vous prie le dyre au Roy vostre mari el l'en
prier de par moy, d'aultenl qu'i désire d'en-
tertenyr l'amytyé qui aysl entre nous, caraul-
trement, si s'émeuvet pour touttes ié chause
i[ue l'on luy manderé d'ysi, vous pouvés panser
que sous3 qui soulet aystre roj ' el qui nous
aunli ten5 enbrouilé nous afayres que s'el
sele soûle aucasiou qui me guarde de fayre
tout soudeyn set que désirés, meteron tourjour
pouyne de l'ayre trover mauvèse mes aclyons
léportement, de peur qu'i souyt coneu leur
faultes el grande enbysions, ausi byen des
aytrenger cornent ayle sont en sete royaume,
car yl y sont tenl hays, que lent que l'on les
ha veu près de moy, je n'é jeamès seu avoyr
l'aubéy sauce entyère, cornent j'é asteure que
1 Creusiés, crussiez.
-' Pieuse, puisse.
■' Sous, ceux.
1 Allusion aux Guise.
Ixiilt ten, ont tant.
\ s'an son! aies cheus heulx jeuques au sacre
du l'on mon lils, qui seré le heunsièmede may.
Madame ma Elle, je vous mende sesi, afin que
si le Ko\ vostre mari vous en parle, que vous
lien dysi la véryté, car je la vous mende toul
ynsin qu'el est, el me fasche byen qu'i se for-
lyfie asteure de luy; et,quanl ylavesl le moyen,
qu'il étel come roys, v ne faysé que mètre
pouyne de fayre trover mauve-- touttes ses
actyon; el ne avès pluK grant pouyne que fayre
conestre au feu Roy vostre frère, que --i'1 qu i
désiré qu'il ahayt le R<>\ vostre mari, que
s'etoyl de peur qu'il avel que y m'émasl trop
de set que aveques le temps yl eut coneu qui
set que j'é désiré l'entertenyr en namytyé en-
sanble lin aytoyl profitable. Et quant à la
peur que Tons ha deu roj de Navarre veolle1
nous mètre en guère, je vous prie en naseurer
le Roy vostre mari sour moy, que tenl qu'i
contyueuré à fayre démonstratyon de volouyr
nostre amytié, que \ l'are toutte ma vye; car
je luv en naseure, pour aystre la chaus
sel monde que je désire le plulx que de la voj i
contyneuer, el j'é asés de puisanse pour en-
pescher le contrère, el le royde Navare le dé-
sire corne moy. M est vray qu'i désirerél que
l'on lin balla quelque chause pour réconpanse
de son royaume, el si le Roy vostre mari veolel
le l'ayre, je vous aseure que non-soulement y
set pouret aseurer du roy de Navarre, mes je
me l'oins- forte qu'i luy l'ayre tout le servyse
qu'i pouret, encore que je feuse morte, qui
sont chause qui poulvet avenyr, et y seret le
premyer, san contraste3, qui comenderel tenl
que vostre frère seroyl en ''âge; el aultre sela,
y se santyrel lenl leneu à moy que toutte sa
v\r\ fayret pour sous qui seret veneu de moy,
et vivents en l'amytyé en quov nous soumes
' Veolle, veuille.
2 Fouys, fais.
' mlra»te, opposition.
582
LETTltES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
asteure, car aseuré vous qu'ele n'ay poynt
faynte de son coûté eu mon endroyt, et re-
pousé-vous-en sour moy. El quant à set que
me mandés du couestable,je le trove afectyoné"
pour le servyse de vostre frère, et pour moy
en partycoulier; pour se, je vous prie ne
croyés sel que l'on vous meude d'ysi, car les
aultres sont si fasché de ne governer plulx qu'i
ne laschet que à me fayre hayr à tous sous1 qui
panset que je vos2 entertenyr en namylié
aveques mon fils, pansant, se la guère aytoyt,
que y fauldrel que je me remyse encore entre
leur mayns, et que je m'an servyse; mes je
vous promès ma foys que non fayre's jeamès,
car y m'ont aysté trops yngras, et aunt rouyué
set royaume. En lyeu de panser que tout aile' en
rouyne, puysque le cardynal n'y ay plus, je
vous aseure que s'et set qui me donne le moyen
de re mètre tout en bon ayfal. Pour se, ne vous
en donne' poynt de pouyne et répondés-en sa-
gement, cornent je m'aseure que fayrés, mes
que l'on vous en parle encore, aseurent que je
suys aveques loutte l'autorité que pouvès dési-
rer que je aye, et que je suys crayslyene, te-
nanl la mesme forme de vyvre moy et mes
enfans que aunt fayst lé Roys vos pères et
graus pères, é n'é neule yntantyon de la
changer; et de sela aseurés-an le Roy vostre
bon mari, et me tené tourjour en sa bonne
grase; et je prie à Dieu qu'i vous douynt se que
vous désire
Vostre bonne mère,
Cateri.ve.
1561. — 3 mars.
Copie, liibl. nat. fonds français, n° 6Go5 , f' 3i.
\ MONSIEUR LE PRINCE D'EVOLY.
Monsieur le prince, oultre ce que j'escris à
Si Ȕ , ceux.
2 Vos, veux.
l'évesque de Limoges vous remercyer de ma
part des bons offices que vous avez faictz pen-
dant la maladye de la Royne ma fille, me
faisant par là de plus en plus congnoislre
combien vous m'aymez et elle aussi, je n'ay
voulu faillir avec l'occasion de ce porteur me
resjouyr avecques vous de sa santé et vous ad-
vertir de la grande satisfaction qu'il me de-
moure du soing que je sçay que vous en avez
eu et la grande recommandation en laquelle
j'enlens que vous avez tout ce qui la touche,
qui m'est tel plaisir que vous pouvez penser;
ce que je vous prie continuer et avoir souve-
nance du désir et de l'espérance que j'ay tous-
jours eue , comme vous sçavez , que l'amytié
et alliance commancée entre le Roy catbolicque
monsieur mon bon filz et nous se fortiffieroyt
et attacheroyt encores d'ung second lyen pour
faire perpétuellement durer le bien et l'heur
qu'il en fault espérer entre ces deux grandes
maisons et par conséquent à toute la Cres-
tienté. Vous y avez tousjours tant monstre de
bonne volunté que je ne craindray poinl
comme mère à vous dire que de cela j'ay
parfaicte liance en vous, dont l'effect seroit le
comble de tous mes conlantemens, etainsy que
j'escris audict évesque de Lymoges vous dire
encores plus avant de ma part, et vous prye
l'en croyre, comme je faictz Nostre-Seigneur
vous avoir en saincte garde. De Fontainebleau ,
le nic jour de mars i56o (i5Gi).
1 56 1 . — 3 mars.
Orig. Bji)i. nat. fonds français, n° 66o5 , f' 38.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, ayant mis en con-
sidération ce que je veoy par le mémoire que
vous avez envoyé de la peine en laquelle le
Roy catholicque monsieur mon bon filz est
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIC1S.
des préparatifz du Grant-Seigneur qui re-
gardent el menassent la plus grande partie
de ses païs,el veoyânt avecques cella la grande
et excessive despcnce qu'il esl contraincl faire
pour obvier au danger qui \ pend; qui esl
chose, pour l'amour que je lux porte et te
désir que j'a\ en son repoz, grandeur et con-
tantement, que je sentz el me poyse comme
le ma] de l'enfant faicl à la mère, je voys à
tonte heure pensant à ce que je pourroys faire
pour lu) en cest endroict, el considérant tous
moiens qui luy pourroient servir, entre les-
quels je me suis advisée que envoyant, comme
il est raisonnable que nous lacions bientost,
quelque personnaige devers ledict Grant-Sei-
gneur pour scullement concillier l'amytyé et
intelligence qui a de longtemps esté entre luy
et nous et tenir libre le commerce de noz sub-
jectz en ses pais, je pourrais, si mondict bon
tilz ie Irouvoyl bon, essayer de moyenner entre
lu\ et ledict Grant-Seigneur quelque pacifi-
cation, et luy donner par là moyen de mieulx
pourveoir avecques le temps à ses affaires: en
quov j'enploierois tout ce que nous povons
envers luy, ce que je désire que vous luy la-
ciez entendre de ma part bien et dextrement
et de sorte qu'il conguoisse de quelle inten-
tion je cherche à luy ayder; l'advei tissant que,
veoiant l'affection que me démonstre mon frère
le roy de Navarre, et comme il s'accomodde
de bon cueur à ce qui me plaist et sçayt que
j'ay eh recommandation, dont il faict une in-
croyable démonstration, je luy ay privément
descouverle ceste même délibération, affiu d'en
prandre son bon conseil ; en quoy je le trouve
si bien disposé de m'ayder et conforter que
j'ay de plus en plus cause de l'aymer et dési-
rer pour ceste raison et beaucoup d'autres de
le veoir avecques occasion d'embrasser davan-
tage les choses qui regardent et touchent
ledict sieur Roy mon bon tîlz. Et si y a plu-
sieurs autres considérations qui me meuvent
à souhaiter qu'il peust gratieusement avoii
quelque raison de son royaume; en quo) si
ceste occasion dont je vous escriptz c\ -dessus
povoyt servir, je vouldroys el vous prie, Mon-
sieur de Lymoges, regarder dextrement d'en
tirer el j préparer quelque moyen, informant
bien mondict bon lilz de l'amytié grande que
je reçoy de mondict frère le roy de Navarre,
ce qu'il laid en ma considération et pour
l'honneur et. service du Roy monsieur mon
filz, et bien de ce royaume, dont ses effeclz
et sa nayfve dévotion me rendent telle preuve
qu'il faultque je confesse que je luy suisgran-
dement tenue, et tellement que je ne seray
jamaiz plus ayse que quant je m'en pourrays
revancher pour le rendre d'autant plus affec-
tionné en mon endroict. Vous jugerez bien
aussi, Monsieur de Lymoges, combien ceste
faveur me l'obligeroyt davantaige, et me ferez
service très grand et très agréable de nous
emploier en ce qui touche mondict bon frère
de tout le moyen et dextérité dont vous vous
pourrez adviser, faisant par cest office con-
gnoistre combien j'ay cher et recommandé son
contantement; el de ce que vous recueillerez
en l'un et l'autre affaire m'advertirez inconti-
nant et le plus dilligemmenl que vous pour-
rez, affin que le temps ne se perde en ce que
je vouldroys faire pour mondict bon filz par
le veoiage decelluy que j'envoyeray en Levant,
lequel, selon l'occasion, je regarderais de choi-
sir de plus forte qualité et digne de manier
une telle négoliation; de laquelle je vouldroys
bien qu'il sortist quelque fruit au bien du
roy de Navarre que j'estime comme le mien
propre; maiz en ce cas il fauldroit aussi que
ledict roy calholicque me feist enrayer mé-
moires de ce qu'il vouldroit que je y feiesse,
et jusqnes où je me pourrays estandre pour
suivre en cella son intention ; qui est tout ce
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDIGIS.
que je cherche. Piianl Dieu, Monsieur de
Lymoges, vous donner ce que vous désirez.
De Fontainebleau, le 111e jour de mars i56o
(..Mil).
Caterine.
* De l'Aubespine.
I 50 1 . — 3 mars.
On;.. Bibl. nat. fonds français, n^ G6o5. f 35.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, à ce que j'ay veu
par vostre dépesçhe du XXIIe du passé, vous
continuez à estre bien et seurement adverty
de toutes choses , et avecques grant plaisir
avons entendu ce que vous avez bien et son-
gneusement remonstré et dict au Roy catho-
licque monsieur mon bon fdz pour le préparer
et rendre plus capable à recevoir agréable-
ment ce que le sieur Don Jouan Manricque
rapportera de sa négotiation; de quoy je ne
l'ai?, doubte qu'il ne l'ayt jà bien adverty au
moins des choses plus pressées et importantes,
tri s ;iyse qu'il se soit contante de la façon qui
s'esl observée jusques icy pour appaiser les
troubles et contenir les choses en la transquil-
lité requise; en quoy nous avons congneu que
la doulceur a grandement servy, soubz umbre
de laquelle l'on doibt croyre que j'employeray
tous moyens à ce qu'il n'y ayt riens altéré ne
changé de ce qui appartient à l'honneur de
Dieu et bien de ce royaume; à quoy servira
grandement l'espérance que nous avons en
ung bon et sainct concile, pour l'avancement
duquel (comme vous verrez par le mémoyre
qui vous en est présentement envoyé), nous
-.u \ vous et suyvrons de nostre cousté tout le
bon et droict chemyn que l'on sçauroyl dési-
rer, et ayans esté les premiers à le chercher
ferons congnoistre par les effeetz que nous
continuons à en demander le fruict tant né-
cessaire à toute la Crestienté. Et vous pro-
meetz, quanta moy, Monsieur de Lymoges,
qu'il n'y a riens en ce monde où j'aille de
plus franche et sincère volunté et affection,
congnoissant combien sans cella la Crestienté
a de souffrir; ce que je vous prie faire très
bien entendre, de ma part, au Roy mondietbon
fdz, à ce qu'il ne se laisse imprimer que nous
ayons autre intention, et que aussi il vueille
considérer le besoing qu'il est d'y procedder
sincèrement, car le feu va croissant et la lon-
gueur empire et aggrave le mal, comme il se
veoyt à l'œil , non pas seullement en ce royaume,
maiz partout. Dieu mercy, il y a pardeçà telle
unyon parmy les grans et les bons serviteurs
du Roy mon filz et veoy que chacun chemyne
de si bon pied, en ce que regarde l'honneur de
Dieu et le service de mondict filz , qu'il ne
s'enpeult espérer que tout bien. Et vous prie,
si on en escript aultrement pardelà , n'en croyre
riens, et asseurer que je ne sçauroys deman-
der plus de transquillité en ce royaume que je
y en veoy. Le demourant de ce que je vous
pourroys escripre des affaires, je le remectray
audict mémoyre, et feray fin à la présente,
après vous avoir asseuré que j'ay eu grant plai-
sir d'entendre l'entière garison de la Royne
ma fille , à laquelle j'envoyeray, à la première
commodité, les meilleurs hacquenées que je
pourray recouver. Pryant Dieu, Monsieur de
Lymoges, vous avoir en sa saincte garde.
Escript à Fontainebleau, le in° jour de
mars i56o (1 56 1).
Caterine.
De l'Aubespine.
1561. — ■'! mars.
Orig. Bibl. de Rouen, collecl. Leber, n° 5731.
Imprimé dans les h'égociatioiis sous François //, p. 818.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, avecques votre dé-
LETTRES DE CATHI
pesche du xxu" de février, j'ay reçu vos deux
lettres particulières, par où j'aj entendu ce
que desjà vous aviez pu sentir du Roy catho-
lique monsieur mon fils, de ce que Do m Joan
Manrricque lin doibt avoir escripl de sa négo-
ciation ici, et aussi comme vous avez inslruict
la r.oyne ma fille pour parler au Roj son sei-
gneur du propos que je luy avois tenu de sa
seur, et la responce qu'il y afaicle. Et encores
qu'elle sait généralle, si ne me puys-je gardei
de louer en cela votre bon conseil et advis,
désirant bien, puysque c'est chose dont j'ay
l'eflècl si à cuenr, qu'ils sachent et entendent
à bon essient par delà que je m'y active et le
désire 'singulièrement; au moins cela servira
pour rompre l'autre coup ', auquel je donneray
de deçà sourdement tout l'ordre que je pour-
rai. Et jà y a si bon commencement, que je
congnoys que ceulxqui ont mis en avant ceste
menée et celuy mesme à qui elle louche2, sont
bien empeschez à couvrir ce qui y est, et si
monstrent se refroydis qu'ils veuillent faire
croyre qu'il n'en est riens, ou endormir la
chose, jusques à ce qu'ils y croyent plus d'as-
seurance. L'un des oncles est party pour
aller en Champaigne, où elle le devoit suyvre
troys jours après notre arrivée ici; mais le
temps lust allongé, et monstre ici autant d'ob-
séquiosité envers moy qu'elle Est jamais3; de
l'intention je n'en doubte point, et suyvant
votre bon advis, y auray bien l'œil, sans plus
en parler, m'asseurant que, de votre cousté,
vous ferez qu'il n'y sera riens oublvé et mesme
au retour par delà de Dom Joan Manrricque.
Très-aise que la mère du prothonotaire y
chemyne de bon pied; à quoy la royne ma
fille sçaura bien esciairer de près; et a est pas
' Le projelde mariage de Don Carlos avec Marie Stuart.
- Le cardinal de Lorraine.
' Marie Sluart.
Catuemne ije Mébicis. — i. ,
R1NE DE MÉDIGIS.
mauvais que dexlremenl son marj congnoisse
qu'elle ne moj ne recevryons pas aisément
ceste olfense.
Suyvant aussi votre advis. j'eserisau prince
d'Esvolj la lettre donl vous verrez le double,
et ay baillé à ce porteur ung dyamanl pour sa
femme, que vous luy présenterez de ma pari
avecquesune petite lettre que je lin escris aussi,
allin que cela les tienne tousjours tant mieulx
disposez à ce que j'en désire pour le bien et
service de madicte fille, et espérai) e I mitre
affaire. Ne voulant toutesfoys oublycr à vous
dire que j'av ung peu considéré ce que vous
m'escriviez de la fiance que vous dictes que
ledict oncle absent a plus en luy que au dui
d'Alve, et qu'il luy a escript son parlement; à
quoy vous prendrez garde, afin que nous IM
chemynions point en ténèbres en cestendroict;
à propos duquel je vous diray que vous avez
assez de quoy rabattre les bruicts qui courent
par delà et ce que Ton y escript du mariage
du fils du IL D. \. . car c'est qu'il ne se pour-
ront mieulx, et n'en fui jamais nouvelles que
à ceste condition.
Quant à ce qui touche madame de Cler-
mont, j'en ay faicl faire la dépesche suyvant
voire premier advis que je vous envoyé poui
en user ainsi que vous sçaurez bien faire, el
trouvant bon qu'elle s'achemynast pour son
retour avecques ma cousine mademoiselle de
Bourbon, dont j'ay jà parlé à ma cousine de
Montpensier, sa mère. Et cependant j'escris à
la royne ma fille qu'elle achemyue toujours
madame de Vineux à ses affaires, et qu'elle si
résolve de luy laisser entre mains la garde de
ses bagues: ce que je remects à vous de pré-
parer et disposer ainsi que vous jugerez qu'il
sna à propos. Je trouve bon et raisonnable
aussi , suyvanl ce que vous avez escript à votre
frère, d'adverlir ledict sieur Roy mou Gis el
madicte fille du mariage de mon cousin le.
là
586
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
oonte d'Eu et de ladicle demoiselle ' ; ce que je
fais présentement, afin que, arrivant par delà
ledict conte d'Eu, la chose soyt plus hono-
rablement receue, faisant compte de le faire
partir dedans peu de jours pour aller faire les
\isilations de ma part et veoir aussi ladicte
demoiselle. Cependant, et affin que vous sachiez
comme toutes choses passent par deçà, il fault
que vous entendiez que, depuys notre paie-
ment d'Orléans, la doulceur et bonne intelli-
gence entre ces princes icy avoit tousjours
continué, et avoys mis peyne de les conte-
nir, si bien que tout estoit transquille et en
repos; mais, comme les humeurs et les esprits
se remuent bien souvent avecques peu d'occa-
sions, le roy de Navarre est entré en opinion
que Monsieur de Guyse avoit icy plus de fa-
veur et d'autorité qu'il ne devoyt, et que,
estant succédé à l'endroict du prince de Condé
et de luy ce que vous sçavez, dont il rejecte
toute la coulpe sur ceulx de Guise, s'esloil
opiniastré à vouloir qu'il s'en allast de ceste
court; et, comme il a veu qu'il ne povoit gai-
gner cela sur moy. qui ne suys pour souffrir
telles choses qui ont aparance de braveryes,
il a voulu s'en aller luy-mesme. Et quelques
doulceur. remonslrances, prières et autres
expédians dont j'ay peu user, n'é peuz tant
faire que jeudy dernier il n'ayt faict venir sea
chevaulx et mulets, troussé son lict, et ses
gens tous bottés prests à partir, disant qu'il
ne se trouverait jamais en lieu où fust ledict
sieur de Guyse, ce qui a amené parmy ceste
compaignye assez d'enuy et de peyne, voyaut
la chose passée ainsi. Toutesfoys, j'ay telle-
ment faict que cela s'est adouley, et , pour le
bien et repos de ce royaulme, tasche par tous
moyens à les rendre amys et faire oublyer le
passé, ayant accordé que ledict prince de
Condé viendrait icy saluer Je Roy mon fds,
1 M"' Anne de Bourbon-Montpensier.
el \ estant, y a espérance que ceste occasion
produira l'union que je désire y veoir: el
dont j'ay bien voulu vous advertir, ne faisant
double que la nouvelle de ceste alarme, qui . à
la vérité, a esté grande, n'aille bientost par
delà, affin que vous eu puissiez respondre à la
vérité, si on vous en parle, en la meilleure
forme que vous pourrez, et de sorte que l'on
congnoisse la chose encores plus doulce qu'elle
n'a esté, que vous pourrez bien colorir sur lé-
gière opinion prinse d'une part et d'autre, et
des rapports que font bien souvent ceulx qui
sont marriz de nous veoir en quelque repos.
Pour tout cela, vous ne laisserez pas d'asseu-
rer partout que riens ne sultirera de ce que
moudict fils désire veoir en esdict royaulme,
vous laissant à penser si je suys en peyne
d'avoir à dévider toutes ces fusées, dont j'es-
père toutesfoys que Notre-Seigueur me fera la
grâce d'eschapper, s'il luy plaist, avecques la
pevne, le soing et bon conseil que je y em-
ployeray. — H fault aussi que vous sachiez
que, depuys cinq ou six jours, l'ambassadeur
du Pape ayant eu audience de moy pour quel-
ques affaires qui s'offraient, entra à me dire
qu'il entendoit et veoyoit que es choses de la
religion on n'alloit pas si respectueusement
que l'on avoit accoustumé, et que on avoit
dépesché des lettres pour faire mectre en li-
berté les prisonniers qui estaient pour ce dé-
tenuz, dont le Pape serait pour se scandaliser,
entrant sur cela plus avant qu'il ne devoit;
si bien que, voyant qu'il passoit les bornes
de l'office qu'il a affaire, je ne me peus gar-
der de luy dire qu'il luy devoit suffire de
parler des affaires de son maistre et ne se
mesler point de ce qui se faisoit icy, et moin*
l'interpréter aultrement que bien; et que je
m'esbayssoys plus de luy encores que d'un
autre, m'estant tenu comme il est et sachant
le respect que j'ay tousjours eu envers sadiclr
LETTRES DE CATHE
Sainteté el ce qui concerne l'honueur de Dieu
el bien de son église, où je vouldroys bien
<|ue l'on pourveisl plus par effect que par ap-
parance, voyanl les embaras en quoy nous
csiiniis. ci le mal que personne en ce royaulme
ne sentoit plus que moy, ne qui en porte plus
de regrets, dont il se trouva estonné, et s'ex
cusa bien forl envers moy, me disant que ce
qu'il en disoit estoit comme de luy-mesme,
pour le désir et l'affection grande qu'il me
porte el au bien de cedicl royaulme. Sur cela
il se départit, el croy qu'il ne le cela pas à
l'ambassadeur d'Espaigne, ou dieu qu'il a esté
poulsé d'ailleurs; car quelques jours après il
m'est venu trouver et m'a tenu quasy ung
mesme langaige, y adjoustant qu'il n'y avoit
riens au monde qui peusl tant reffroidir le
Roy catholique son maistre du mariage que je
désiroys de ma tille et de son fils, que s'il
entendoit que je permisse que en ce royaulme
se changeas! ou altérast aucune chose en la
religion, ne que tant diminuas! l'amyfié qu'il
me portoil ; à quoy-jedevoys bien penser. Ma
responce l'usl que je n'avoys poinct besoing
d'estre admonestée de telles choses, puisque,
Dieu mercv, il n'y en avovt poinct d'occasion,
n'ayant eu intention de faire souffrir, ne per-
meclre chose qui peusl estre justement trouvé
mauvais de Dieu, ne des hommes, quant au
faict de la religion, et si bien la ne'cessile' du
temps m'avoit conduite, avecques tout le plus
sage et meilleur conseil que j'avoyspeuprandre,
à m'accomnioder à quelque doulceur et dé-
monstration de clémence pour les choses pas-
sées . qui n'est que pour mectre le repos en ce
royaulme et mieulx establir l'advenir, il ne
lalloit pas interpréter sinistrement, estant
l'intention bonne et saincte et tandanl à l'hon-
neur de Dieu el unyon de son peuple, envers
lequel je congnoissoys que la doulceur avoit
desjà beaucoup vallu, dont il monstra demou-
RINE DE MÉDICIS. 587
rer contant, el toutesfoys ne sçaj s'il en es-
cri ra en la pureté et sincérité de mon inten-
tion en cesl endroict.
Après tout cela, je vous diray, Monsieur de
Limoges, que monsieur de Savoye a envoyé
expressément pour le laid des places que non;.
avons encores de luy, mectant en avant qu'il
s'acommoderoil aisément à nous en laisseï
deux, en luy en rendant Iroys, et que, en ce
faisant . ce seroit ouvrir !e chenivn et la vo-
lunté au Roy catholique mon hou lils. de luv
rendre aussi celles qu'il a de ln\ ; adjoustant
à cela quelque ouverture, qui est assez poui
nous mouver, avecques le désirque nous avons
de le retenir en parfaite amytié; mais, comme
telles choses sont d'assez grande importance,
el que une des prinripalles raisons qu'il laull
considérer en cecy est de faire que ledicl sieui
Roy catholique s'y accorde de luy-mesme. et
fuvr toutes jalousies qu'il pourrait prandre eu
cesl endroict, j'ay esté conseillée d'escrire
audict sieur de Savoye qu'il en doyl, connue
il me semble aussi, escrire premièrement au-
dicl sieur Roy d'Espaigne et lui parler de la
restitution des siennes, faisant en sorte que
nous nous vouillons accorder à luy rendre
par ce moyen les siennes ou la plus grande
partie; cela ostera tout scrupule et sera cause
que tout s'en portera mieulx. De quoy j'ay bien
voulu vous advertir, non pas pour en parler à
personne, mais pour avoir l'œil connue cela
sera receu par delà; dont vous ne ferez pas
semblant de riens sçavoir et m'advertirez de
ce que vous en aurez découvert. Estimanl que
ledicl sieur de Savoye ne fauldra d'en escrire
inconfinant par delà. Pryant Dieu, Monsieur
• le Limoges, vous donner ce que plus désirez.
De Fontainebleau, le m joui de mars
i56o (i56i).
Catf.rinb.
De l'Aubespini .
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
I 50 ! . .'i mars.
■ ■■..... i 3 .
\ MADAME LA PRINCESSE D'EVOLY.
Pour tesmoingnage de conlanle ni que
I i\ de la grande affection et dévotion que je
sçay que vous portez à la Royne catliolicque
ma fille el du désir que j'ay que vous conti-
nuez, j'envoye à l'évesque de Lymoges nostre
unbassadeur pardellà une petite bague pour
vous présenter de ma part, que je vous prie
recevoir agréablement, non pour la valleur,
mais de la volunlé lionne de laquelle je vous
« ii faiz présent, que je désire que vous gar-
diez pour l'amour de mov et continuez à
ayiner el la mère el la fille autant que je
m asseure que faicl Monsieur le prince vostre
bon mary, comme il m'a tousjours deinonstré;
ce que je n'oubliray jamais, ainsi que j'es-
criptz audict évesque de Lymoges vous dire
plus avant de ma pari, dont je vous prie le
cro) ie comme vous feriez mov-mesmes. l'rvanl
Dieu, Madame la princesse, vous avoir en sa
sainte el digne garde.
Escript à Fontainebleau, le m jour de
mars i 5Co (1 56i).
I 56 1 • — i
\ MADAME l>K CLERMONT.
Ma cousine, javoys tousjours eu espérance
selon mon désir, que | auroys ce bien de veoir
le Roj catliolicque monsieur mon bon filz en
quelque endroicl de noz frontières, el que lors
je prandrovs occasion de '.mis retirer dedelà
pour plusieurs misons; el entre au lires avant
sceu que Pestai de la Royne ma fille a esté
sans avoii aullre égard à vostre traicle-
ni. el aussi pour osier toute jalouzie dos
li [nolz pendant que je les veo\ si contans;
maiz le cbangemcnl depuis survenu qui re-
culle du tout ladicte entreveue, aussi le désii
que j'ay de vous avoir près de mov est cause
que j'ay pensé ne perdre pas l'occasion de
vous rappeller, quant ma cousine de Bourbon
reviendra, el en escriptz ung mot à la Royne
ma fille, et à l'évesque de Lymoges, duquel
vous sçaurez sur ce plus avant mon intention.
J'ay receu toutes voz lettres, et sceu la par-
faicte santé de madicte fille et le soing el tra-
vail que vous v avez employay, dont j'ay tel
contantemenl de vous que je désire vous voir
el mieulx traictée et pin-, contante que vous
n'estes pardelà, sçachant que le service que
vous luv avez faict et l'affection que vous
m'avez tousjours portée le méritent aussi.
Priant Dieu, ma cousine, vous donner ce que
désirez.
De Fontainebleau, le un jour de mars i 5Co
(i56i) '.
Voici la réponse de Madame de Clermont :
•■ Madame, j'a\ i eceu une lettre qu'il vous a pieu m'es-
cripre par laquelle me mandez que je m'en aille \oiis
trouver avecques Mademoiselle; J quoyje ne fera; faillie,
encoresque j'aye grand regret de laisser le service de ia
Royne vostre fille, je m'eslimerois bien heureuse d'avoir
moien de vous en faire. Je suis en grand payne de sçavoir
pourquoi, de peur que l'on vous nit ilil que j'aye fait
quelque faulte; à quov j'appeleraj tousjours pour témoins
le Mov son «un el elle et Monsieur l'ambassadeur que je
crois ne vous faillent ce qu'ils cognoistroient. Si ne seray-
je jamais joyeuse que ne soyez certaine en la vérité, d
quov je vciiis supplie nés humblement, vussi, Madame,
il v a des filles de la Reine vostre fille qui s'en veulent
venir avec nous | i ce que leurs pères et mères les
mandent parce qu'ils les veulent marier; vous manderez,
s'il vous plaist, ce que vous voulez que j'< n fasse; ce qui me
fait vous en supplier el les bons services qu'elles ont faictes
,i la Royne vostre fille el que cognoissanl leur sagesse vous
.•a, -7. occasi le vous en contenter, el v a jusques à des
femmes Quitinières el ma niepee de Xoian < j ni esl
marii e. Des autres choses, Madame, je les laisseray peu:
un courrier que vous doit bientosl dépescher Monsieur
l'ambassadeur el pour supplier très humblement, Ma-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
58'J
61. — i mars1.)
Impur ! II ■ p. 839.
A MA FILLE LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, j'é veu par vostre der-
uyère letre cornent vous conlyneués à vous
byen porler ', dequoyje loue Nostre-Signeur,
corne de la chouse de sel monde que je désyre
le pluls, (|ue de vous savoyr (ousjour en ausi
bonne santé que je vous désire, el que conty-
noyés eu vostre bonheur, lequel je vous prie
de vous-mesme ausy vous ayder à le nous
fayre contyneuer, eu vous governenl lent au
contentement du Roy vostre mari qu'il aye
toute jour aucasion de vous aymer davantage;
laquele chause devés non soulement désirer
pour vostre seul contentement, mes pour le
byen el repos de toutte la créryenté, qu'afyn
que ayés pluls de moyen d'entertenyr l'amytyé
qui a\ si eutre luy et set royaume; qui sera ausi
cause de vous fayre aymer et haunorer davan-
tage de luy et de tous ses sougés. Et, alin que
je ne puvse jeamès voyr dymyneuer rycn de
dame, d'avoir jamais l'opinion de moy que comme très
humble et affectionnée servante: je dis plus que nulle du
monde et vous supplie d'avoir toujours reste opinion
-De vostre très humble et très obéissante subjecte
el servante,
IfLoi |SI Dl BbEI l'.vE."
(Orig. Britisli Muséum, n° 187 '11.)
' La lettre précédente nous donne la date de celle-ci
dont elle fait mention; elle est du mois de mars «1 56 1 el
non 3e i56o, ainsi que l'a indiqué M. !.. Paris.
Le ao mars suivant, l'évêque de Limoges écrivait à
Catherine : -Le Rov et la Reine catholique ont commencé
à se remarier depuis cinq ou six jours, estant ladicte
Dame en son naturel et hors de tout danger, bien que
je désirasse qu'elle se gouvernast un peu plus règlement
à son vivre, non pas qu'elle no soit sobre assez, mais se
levant à heures incertaines, quelquefois comme elle est
jeune et de bon appétit ne se peult se garder de manger
(mitre les heures, ainsi que j'ay chargé son médecin vous
escripre. afin qu'il vous plaise bien dire quelque pelil
mot.- Bibl nat. fond? français, il [5É
sete amylyé, je désire ton les jour davenlage
le mariageque vous savés; pour se, n'y perde
heune soûle heure, ny heune soûle aucasion
pour le povoyr voyr faysl. Je an ayscri à l'am-
basadeurtoul sel que je an ué aprins ; qui sera
cause que ne vous en manderé daventage
Madame ma fylle, voyent comme y ne m'es!
possible d'abandonner le Roj vostre frère, el
que y m'ect haulté le moyen de vous voyi si
tosl que j'espérès, je panse, puisque je voj
(jui n'y a por steure la comodylé, qui vault
mieulx que madame de Clermont s'an vyegne
avecque vostre cousine de Bourbon, laquele sa
mère a accordée en mariage au conte d Eulx :
car je ares peur, si voyé que ladyste dam<
Clermont demeure! encore, qui pensase qu
je la voleuse lenyr auprès de vous pour espion ,
et que cela feut cause que le Roy vostre mari
s'ettrangast2 de vous. Pour se. je vous prj e nan
neslre marrye et vous aseurer que je la tréleré
sy byen auprès de moy que aylle ay tout le
monde conestra cornent je ay agréable le ser-
v\se qu'eie vous lia fayst. Je vous le byen
voleu mender, d'aven! que le conte d'Euh
souyt par delà, afin que, san fayre sanblanl
que pansyés qu'ele s'an deuvesl venyr, que
comandyés à madame de Vyneuix d'antrer an
vos afayres el luy donnyés la cherge de vos
bagues, dysanl que, d'aullent qu'ele couchi
en voslre chembre, el que avés coneu cornent
aylle vous ayst fydèle, que vous le volés, el di
communiqués à personnesesi que à l'ambasa-
deur, qui vous consellera comenl vous v con-
duvrés. El ausi y me semble que (levés dyi
vostre marv cornent Monsyeur el Madame de
Monpensier vous aunl ayscript que. se luy ay
vous le trové bon. j doisl acordé le mariage
de leur fylle audy coule d'Eulx; el pour se que
Monsyeur de Lymoge vous fayra entendre byen
\m. h note de la page 171.
S'etlranger, s'éloigner.
590
LETTRES DE CATHERINE DE MKDICIS.
au long de touttes nous nouvelles; qui sera
cause que fayré fyn, après vous avoyr priée
de me coatyneuer tousjour en la bonne grase
deu Roy vostre bon mari , et vous asseurer que
n'arés jamès tant de heur et contentement que
vous en désire
Vostre bonne mère,
Caterine.
Je vous envoyé heun sotyé ' ; mes vostre bon
frère2 vous a voleu envoyer le chapelet et a
voleu ayscripre dedan le sotyer.
Je ne vos aublyer à vous dyre que l'amba-
sadeur vous parlera pour le fays du roy de
Navarre, s'il estoyt posiblede le satysfayre de
quelque chause, se seret heun grant repos
pour moy. Pour se, je vous prie, suyvent ce
que vous en dyra l'évesque de Lymoges, vous
y aniployer de bonne fason.
1561. — 7 mars.
Copie. Bibi. nat. fonds français, n° 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Monsieur Coignet, ceste dépesche n'est que
pour vous advertir que nous avons receu voz
lettres du xxmc dupasse; à quoy le Roy mon-
sieur mon filz faict respon.se3, qui est que vous
Sotyé, psautier.
Charles IX.
Voici celte lettre de Charles IX : ttMonsieur Coignet,
par vostre lettre du izni' passé, j'ay entendu le double en
i|Uoy vous estes de ne pouvoir contenter tant de deman-
deurs, et comme les cappitaines retournez de Piedmont
nionstrent ne se vouloir pas contenter des cinq pour cent
et si veullent les escus sol à xlvi s. pièce et des fraiz da-
v.intaige; à tout cela et aultres plaintes et remonslrances
portées par vostredicle lettre, je ne vous réponderé aullre
chose, synon que je faictz plus que je ne puys en baillant
les 1111" tant de mil livres dont je vous ay dernièrement
escript, au payement desquelz je donneré ordre qu'il n'y
aura point de faulte; vous priant regarder et préparer et
regardiez par le moyen des 1111e tant de mille
livres qui seront envoyez de conlanter les plus
fascheux, sans avoir espérance à cause des
aultres grandes affaires que nous avons d'avoir
aullre chose pour le présent.
J'ay aussy receu vostre lettre de I'unziesme
dudict moys avecques le pacquet de l'évesque
de Renés, auquel je faictz présenlement res-
ponse que je vous anvoye pour luy faire tenir
le plustost que vous pourrez par la voye d'Aus-
bourg, d'où il escript qu'il vous fera ordinaire-
ment tenir ses pacquelz et que vous payerez
les messagiers qu'il dict ne pouvoir monter à
plus de troys ou quatre escuz pour chascun
pacquet ainsi qu'il vous mandera, d'où nous
avons grande commodité, d'aultant qu'il as-
seure que, en ce faisant, nous aurons tous les
xv ou xviti jours de ses nouvelles et luy pourra
avoir des nostres. PryantDieu, Monsieur Coi-
gnet, vous donner ce que plus désirez.
De Fontainebleau, le vit0 jour déniais i56o
(i56i).
Caterine.
De l'Aubespine.
( 1561 . — 22 mars.)
Imprime" dans les Négociations sous François II , p. 83 1 .
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame nia fille, vous voyré par mon aullre
letre comment l'on me tourmente, et l'anvio
que l'ons ha , encore que je vive comme je aco-
teumé, et que je n'ay changé ni envie de chan-
ger de religion, de me fayre heun mauves
disposer les choses de delà en sorte que ladicte somme
adoucisse les plus grandz inauW et me donne loysir de
prendre aleyne pour achever le surplus que je remectz à
vostre dextérité et conduicte. Escript à Fontainebleau, le
vu" jour de mars 1060 ( i56i).->
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
591
luiir; i[ui aysl cause, puisque je \<>\ que, subs
la umbre de la religion, je ae volet haulter
tous mes enfans à toulle l'autorité que je av,
disant au roy de Navare que ni governe, que
s'et le seul moyen pour ravoyr la réconpansc
de son royaume j d'aultant que, ayant tout en
sa mayn, i lui pouré l'aire comenser touttes les
fouys qu'il voldré la guerre, et que ayant moy
l'autorité et désirent mcnlenir la pays, que je
ne permeleré jeamès que la guère soufr pour
son seul regard, cornent il est vray, car je l'an
garderé bien; par ansi, si vous volés que je
ay repos et si m'aymés, m'amie, faytes tent
enver vostre Roy et mari, qui lui fase quel-
que aseurense, et que ynsin que seux qui
m'ont voleu aulter vostre [)ère, et depuis di-
vertir de moy le Roy vostre frère, ausi qui
avoit peur, set je governet el qui me demeuret
entre les meyns, que . . . pour souvenir quel-
que l'oys du mauves tour qui m'onst et me
volet encore fayre, qu'i soient trové manteulx,
et que le Roy vostre mari, si veolt fayre quel-
que ebause pour luy, . . . qu'i me le mende
pour le dire au roy de Navarre, et que je ay
letre de luy pour luy fayre entendre que set
qu'il fayst pour luy, s'et pour avoyr entendeu
de moy qu'il ayst bon catolique; et, à ma re-
queste, lui ba balle set qu'i lui plaira mender,
et si ne fayst sela pour moy, au pour le moyns
m'aseurer, mes que je le voye, que contineuent
en la religion et à me aymer et ne faire rien
conlre moy que me aseure le satisfayre. Et,
ma fdle, il fault que vous fasié tent et que
le persuadiés par touttes les perseuasion que
pourés panser, afin qu'i fase cela pour moy;
aultrement il me tourmente et tous seus qui
se sont jeoyns avecques luy, non pas pour
amour qu'i luy portet, mes de peur de moy;
je ne panse
pas pouvoyr vivre longuement en set tour-
ment, encore que aye asés de serviteur et
d'amis [tour lé guarder de me rien fayre. Je
veu sel que me mandés du conte d'Albe !
el en voy écrire au duc d'Albe et au prince
d'Evoli; cl yer je an parles à l'ambassadeur
qui aysl ysi, pour en nescripre au duc d'Albe.
Je luy ayscrys aussi , afin qu'i tiengneia mayn,
que je vous puisse bientôt voyr; car sel unis
n'i prenés garde, seus qui l'ont des brigues ysi
font set qu'i peuvent aveques vostre ambassa-
deur, afin que je n'aye set plésir, et le con-
selle de mander à son mestrequ'i tiegne lotis-
jour en parole, mes que s'en souyt pas si tost.
Pour se, asteure que en serés avertie, fayte de
l'ason qu'i n'aye sete puisanse de l'ampescher.
et que le plus tost je ay[e] set bien, car set
tout set que pour set [heure] désire en sel
monde
Voslre bonne mère,
Caterine.
' Voici ce qu'écrivait la Reine d'Espagne à sa mère au
sujet de cette mort : * Madame, pour la hasle de ce por-
teur, et je ne vous dires davantage, sinon que, le second
jour de caresme, le comte d'Alve moureut, comme vous
entendrés plus amplement par les lettres de Monsieui
l'ambassadeur. En foi de quoy j'ay beaucoup perdu, car il
commansoit à fort bien faire son devoir, et me semble ,
Madame, que vous feriez fort bien d'escrire au dur d'Alve
et a lîtiy Gomès,pour afin qu'jlz sollissitassent que Beluv
(|u'on mettera en sa place soit liomuie qui entende ce
qu'il doit faire, combien qu'en sependant le Uoy mon sei-
gneur a commandé audirt duc d'Albe que me serve di
maior-domo maior tant que en est pourveu. De quoy je
suys fort ayse pour connoitre l'afeclion qu'il a en tool
ce qui vous louche et à moy aussy. Seroit-ce bien fait
si vous le trovez bon, lui toueber un mot du contente-
ment que vous avez de luy et du bon devoir qu'i faicl
comme je le vous ay mandé. Je prans la bardiesse de vous
le dire de sette fasson, m'assurant que vous ne les trou-
vères point mauvais.» (L. Négociation» sou» Franco» /).
p. 8 1 6.)
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1501. — 29 mars.
Orig. Communiqué par M. le marquis des MollsUers-Mc'riDïille.
A MONSIEUR DE ST-MESME,
CIUMBELLAK ORDINAIRE DE MOS FIES LE DEC DU1UOU.
Mon cousin de S'-Mesme, j'ay receu vostre
lectre du xxviiT de ce moys et veu ce que
mescripvez de l'estat, santé et disposition en
laquelle est mon fds d'Anjou, dont je suis bien
ayse, et pour ce que le Roy mon fds et moy
partirons bien tost d'icy pour aller à Reims
au sacre, et de là faire son entre'e à Paris, je
né veulx poinct que mondict fds vienne par
deçà, ausi qu'il nous attende là où il est ', jus-
ques à ce que nous soyons audict Paris. Priant
le Créateur, Monsieur de S'-Mesme, qu'il vous
ayt en sa saincte garde. Escript à Fontaine-
bleau, le xxixe jour de mars i56o (i56i)."
Caterine.
Fizes.
(1561. — Avril.)
Imprimé dans les négociations sous François 11 , p. 860.
A MADAME MA FILLE
LA ROY-NE CATOLYQUE.
Madame ma fille, encore que je vous aye
ayscrip par Monsieu le conte d'Eulx, si ne
larè-ge pour sela vous fayre set mot [par]
Montréal, présant pourleur, que Monsieur et
Madame de Monpansier envoyé pour quérir
ma cousine leur fille2; et ancore que je sache
cornent vous l'avés en recomendatyon, je ne
taré pour sela à la vous recomender, d'aultent
plus que l'amour que je porte à la mère le
mérite; car tous les jours aylle me donne au-
casion de fémer daventage; car, sans aylle, je
ne feuse pas encore hen repos corne, Dyeu
1 Amboise.
5 Anne de Bourbon, fiancée au comte d'Eu.
mercy, je vous puys aseurer d'y estre; car le
roy de Navarre et tou les prinses du sanc et
moy somes asteure si amys, corne vous enten-
drés plus au long par set que je an mende à
l'ambassadeur1 pour vous le dyre, que j'espère,
aveques l'ayde de Dyeu, que n'aurés plus que
bonnes novelles de set coulé, et vous prie re-
mersier le Roy vostre mari desaunestes aufres
que son enbasadeur2 m'a faystes contyneuele-
ment devant set trouble, lequel j'euse asepté
en ayfayst, se je an neuse heu besoyng; mes,
Dieu mersi, y n'a pas aysté nésesère, et vous
le pourés aseurer que je lui en né la mesme
aublygalyon que se yl eust ayté besouyn de
mestre les hauneslres paroles qu'il m'a dyste
en aysécusion; et le reconestré toutte ma vye
de tout set que je oré de puyssance de l'am-
ployer pour son servyse. Je vous veos3 byen
dyre, come yl est la vérité, que tout set trouble
n'a aysté que pour la hayne que tout set
royaume porte au cardynal de Lourayne et
duc de Guise, pensant que je lé voleuse en-
core remeltre au gouvernement de set royaume ,
set que je leur ayseuré que non ; car ausi n'y
suy-ge pas aublygée; car vous savez comment
v me Irélet du temps du feu Roy vostre frère;
et ancore asteure qui n'ont apuys que de moy,
vous savés set qu'i font contre moy pour le
mariage de vostre seur"; par ensi je me suys
délybérée de lé garder que l'ont ne leur fase
mal, et au demeurant regardera la conserva-
tion de vos frères et de moi, et ne mesler plus
leur quereles aveques les myenes, car s'il euse
peu , aynsi que j'é seu, y se heusent apoynté.
1 L'évêque de Limoges.
2 Perrenot de Cliantonnay.
3 Veos, veux.
4 Marguerile de Valois pour laquelle Catbeiine pensait
à Don Carlos, tandis que de leur côté les Guise cher-
chaient secrètement à le marier avec leur nièce Marie
Stnart.
I.KTTUKS [)K C ATI! Kl! I NK 1>K MKDICIS.
593
etm'eusenl lésayé1 Là, corne \ fonl tousjourde
tout set <iui leur peult aporter grandeur el
profit; car y uni) que sela dans le ceur. Je
vous av bven voleu mender tout sesi byen au
long, ;iliu que sy mende quelque chause par
seu moyn2 au Roy vostre mari, qui luy voleu-
sent fayre acroyre qu'i feusenl aylongné ou
pour l'ayfaysl de la religion ou pour aultre
aucasion, afin de se fortyfier toujour de luy,
que \oiis luy en dysiés la vérité el ne l\ lésyé
croyre autre chause. Haunt3 ne leur veolt mal
que pour les soltyse qu'il oui faystes à tous le
monde, faysant acroyre à sens qui l'ayssoit,
que n'élovs pas bon crayliene , afin de me mètre
en soupeson de tous, et que, par sel moyen,
je ne me Case pas lia heulx; nie dysant que
lous me volent mal, et que, sans heulx, je ne
demeure rès poynt an la autorité que je suys,
el asteure qui \oyent que j'é permys au roy de
Navarre d'estre lyeulenant général du Roy mon
fils soubs moy, et que jeconè toul le contrëre
que set qu'i m'avoyent dyst, et que je n'aytoys
hâve que pour l'amour d'eulx , v sonl aytonné.
Pour se, ma fille m'amye, ne lésé pas croyre
heune menterie au Roy vostre mari, et, si
vous voyés que l'on luy en veult mandé quel-
que chause, dite-luy la vérité; el l'aseuré que
je ne veulx changer en ryen ma vye et relygion,
et que set que je souys s'el pour conserver vos
frères et leur royaume. Et pour estre plus
àseurée,je mènecoronner vostre frère à Rayns,
lonsièmejourdemay, et le vyntyème de jouyns
à Paris fayre son entrée; et ayspère aytablir
tout si byen que vous el le Roy vostre mari en
narés contentement, set que je désire byen fort,
el que me conlyneuye's en la bonne grase du
Roy vostre mari. Je donne charge à sel pour-
tour de dyre à madame de C ter mont de s'an
' Lésayé (lasciata), laissée.
J Par seu moyn, sous main.
3 Haunt, on.
venyr aveque ma cousine pour laconpagner.
^seuré-la «pie je la tréleré si byen ysi, que j
luy fayré connestre comment j'é agréable la
pouv ne qu'el a prinse à vous servyr, el mandé-
niii\ par aylle byen au long de vos novelles, et
m'anvoyés ausi heun l\sl de reseuil ', de même
rlnv que anvoyastes à Monsieur le cardynal;
el ausy dé gans de mesnio lé dernier que
m'avés envoyés, comme Montréal vous dira. Je
suvs après à vous envoyer quatre haquenées el
sis gratis lévrier, pour donner au llo\ vostre
mari et à la princesse, car l'on m'a dyst qu'i
les aymet. Mandés-moy s'il y a aultre chause
en sel pays qui luy plaise. Je. ne vous fayré
plus longue letre, prient Dyeu vous donner
set que vous désyré.
Vostre bonne mère,
Caterink.
Payste acoleumer madame de Yyneulx à
fayre set que soulouy- Madame de Clermonl .
et ne permeté pas que aultre qu'elle entre en
vos afavres. Madame de Courton vous prie
donner rongé à sa fille ausi pour se venyr
niarvor.
1561.— Avril.
Imprime dans lefl PfégocUlwna <"».* Franfon //, p. 86-i.
A MADAME MA FILLE
LA RQYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, j'é veusset que me mandés
louchant le mariage de la Royne vostre scur el
du Prinse, et voyant que sela contineue. el qui
senble que le propos set réchaufet, je suys
d'aupinion que, set vous croyés que vostre
pettite seur ne le puyse aypouser, que vous
aidvés à la prinsese en tout set que vous
pourrés, afin qu'elle l'espose; luy disent que
la chause de set monde que vous désyrés le
1 Reteuil, ouvrage de lil travaillé à joui
Soulouy, souloil.
Catherine ot MtDicis. — p.
59'i
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
plus, se seret qu'ele aypousast le Roy vostre
frère, et vostre seur,le Prinse; mes voyenlque
le maryage du Prinse el de vostre seur ne se
peut fayre, el que, par mesme moyen ausi
aylle n'épouseret pas vostre frère, que puysque
vous y voye's de la dyficoulté, qui n'y a chause
qui vous en peut plus réconforter que s'ele
aypouset le Prinse; que pour l'amytye' que
vous luy portés, et sele que vous conésés qu'elle
vous porte, que vous désirés qu'ele souyt la
pluls grande qu'ele pourayst aystre, et avoyr
quant et quant set byen d'estre toutte vos vyes
ensemble, et que vous luy prie's de vous dyre
ouvertement en set qu'ele panse que vous luy
puysyës servyr en sela, et (jue vous luy fayré
conestre cornent vous l'aymés et son repos et
sa grandeur. Et vous couselle, ma fille, d'aul-
tent que vous nous aymés, de luy ayder et
fayfe tout set que pouv es, afin qu'elle l'épouse;
car vous fayrés en sela deus ayfayst : le un,
si se douyt fayre, vous l'aublygerés à vous de
fason que toutte sa vye vous aymera; l'autre,
que en luy dysant que vous désyrés qu'el
épouse son neveus, vous fayré que en tout set
qu'ele poura, elle metra pouync d'anpèclier
seluy de vostre beile-seur, et ausi byen je ne
voy lieu que d'espérer qu'il épouse vostre seur
\ n'y a pas grant fondement, et s'et le myeulx
quy vous puyse avenir et à nous, que, n'épou-
sant vostre seur, yl épose sa tente. Je ne vous
en dyre davantage, car je m'aseure que ne
fauldrés à fayre set que je vous niende. Je
vous ay déjeà ayscript pour parler pour avoyr
quelque réconpanse pour le roy de Navarre;
si vostre mary ne luy veolt rendre son royaume,
et pour se que je au nescrips à Monsieur de
Lymoges byen au long sel que je désirerès en
sela, je ne vous en fayré redyste; mes seule-
ment vous priré que, souyvant set que je luy
ru monde, que vous luy aydyés en tout set que
pourés, d'aulleul que vous désirés fayre quel-
que ebause pour moy; car, ma fylle, \ lauit
qui- je vous dye que tant pluls je vaysennavent
et pluls j'é aucasion d'estre contente de luy,
et pour se, ma fille, que en set faysant y seret
content, et ausi seret beun moyen pour par-
venyr à sel que désire vostre mari, que y faul-
dret, ayent sete réconpanse, qu'i s'au alast au
lyeu boù seroyt son byen. Pour se, ma fille,
considérés en sela le byen que vous fayryés,
si vous povyés tant fayre qu'i le voleust; et je
ares pluls de moyen de fayre ysi toultes chauses
à son contentement. Je ne vous fayré pluls
longue arengue, m'aseurant que fayrés par
l'avys de l'ambasadeur tout set que pourés. Si
me porte byen, ausi faunt tous vos frères et
seurs; je prie à Dyeu que ausi fasyé-vous, et
que vous contineue vostre bonheur et conten-
tement aussi longuement que vous le désire
Vostre bonne mère,
CaïERINE.
1561. — ie avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Monsieur Coignet, avecques voz deux der-
nières dépêches à quoy est présentement res-
pondu, j'ay receu les lettres que vous m'esenp-
vez el ne faietz doubte que ne soyez infiniment
travaillé des humeurs diverses et avarice grande
des gens ausquelz vous avez affaire ; mais ayant
les 1111e xx mille livres, dont le Roy monsieur
mon filz vous escript, ce vous sera ung moyen
de faire cesser beaucoup de plaincles, estant
bien d'advis que vous fassiez bien sonner et
entendre pardelà l'iniquité des intérestz et de-
mandes d'aucuns si desraisonnables, que, quant
elles seroyent bien considérées par les sieurs
des Ligues , je suys seure qu'il seroit aysé de leur
en rabatre une grande partye; ce qui est néan-
moingtz remis à vostre discrétion, qui cognois-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1C1S.
sez quelz gens sont pour n'y innover riens que
bien m poinct. Bien suys-jed'advisquevousayez
lionne souvenance de ceulx qui font si mau-
vais office pour ne les oublyer pas en Testai
• pensions de l'année prochaine selon qu'ilz
méritent. Présentement j>' vous envoyé ung
[uel pour faire tenir à l'évesque de Renés,
<|ue je vous prye lu\ envoyer le plus tost ci le
|)lus seurement que vous pourrez, et continuez
tenir adverliz de ce qui y surviendra.
Prvanl Dieu, Monsieur Coignet, vous avoir en
incte garde.
Bscript à Fontainebleau, le premier jour
d'apvril t56o (i56i).
Caterine.
Dk l'Acbespine.
1561.— iK avril.
- Végoàations soos ' .. S&4.
\ MO.NSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, la lettre de ma main
vous satisfera sut la plus importante chosi de
la despesche que je receus hier par l'un de vos
vallets de garderobhe, dont vostre frère m'a
faicl \eoir trois lettres, par où, de celles de la
royne ma tille, j'ay bien au long entendu le
goust que l'on commance à prandre par delà
du gentilhomme1, chose qui me desplail tant
que. suivant la dernière lettre de ma main,
que Madame ma fille vous monstrera, je veulx
et désire qu'elle et vous fassiez tout ce que
m h- sera possible pour rompre ce coup2, et le
faire tomber à latente, si mieulx ne se peult;
caril n'y arien que je ne veuille plustost lanter
el bazarder que de veoir ce qui me desplairoit
tant, et qui nous seroit, à elle et à moy, si
dommageable et à ce royauhne aussi. Ce qui
me donne asseurance que vous, le cognoissant
Marie Stuart qu'elle désigne ainsi.
J Le mariage de Marie Sluart et de don Carlos.
comme vous faictes, \ ferez autant que vo
aymez notre service, comme vous me l'avez
assez faict cognoistre; dont je ne vous diraj
aultre chose, et viendray à ce qui touche le
l'ail de midi frère le roy de Navare, auquel je
me sens tant tenue, pour la démonstration
ide qu'il fait véritablement en mon
droicl et au bien et service du Roj nom Gis.
Vous priant faire tout ce que \>>us pourrez
envers le Roy catholique mon bon fils, afin qu'il
se veuille accommoder à luy faire raison de
son royaulme, comme semble que l'équité el
la juslice le requèreiit devant Dieu et les
hommes; et, si bien lajalouziedudicf royaulme
le retienne tant qu'il ne veulle entrer là. qu'il
luy plaise au moins penser et bien considérer
qu'une si juste querelle ne demeure jamais
sans scrupulle; que, à la fin, l'ire de Dieu.
qui est le vray juge,
dont il soit bon d'eschapper, comme ledicl
sieur Roy mondict fils pourroit faire, en baillant
quelque pièce qui ne luy- est d'importam i
comme la Sardaigne ; et s il veoyt qu'elle lu\
soit de quelque importance
et s'osteroit une grande espine du pied. Ce
que j'en fais est pour son bien, repos, et aussi
pour ce que je' cherche par tous moiens de
rendre quelque contentement à mondict frère
le roy de Navare, digne de ce qu'il mérite de sa
bonté et affection envers le Roy el moy la
Royne, et que je seray bien aise qu'il n'y ayt
jamais occasion sortant d'icy qui puisse trou-
bler tost ou tard le repos dudict sieur llo\
mondict fils et de [se] païs, dont je ne vous sau-
rais tant dire que j'en ay d'envye, remettanl
le surplus à la première despesche que vous
aurez bien lost de nous. Priant Dieu, Monsieur
de Limoges, vous avoir en sa garde. Ëscript de
Fontainebleau, le premier jour de avril t T. *j <..
(t56i).
i /'■ sa main.) Monsieur de Lymoges, encore
596
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
que le roy de Navarre fase bonne myne de m'ay-
mer corne je panse , si serei-je bycn ayse qu'i eust
la re'companse de son royaume; car sela seret
cause que, si demeure ysi , y m'en serel aubligé,
et faret daventage pour moy; s'i s'en volet
aler s'y tenyr, encore myeulx, car y ne trou-
bleret plus ryen ysi; et aytent là, y pouret
servyr avoyr quelque cbause pour heun de
mes enfans. Je say bien que fault pas dyre
sesi hoù vous aytes, pour leur fayre fayre;
mes je vous en mende mon yntentyon et tout
le désayn que j'é en sella, afin que plus volon-
tyer vous y enployés tous vos moyens pour y
parvenyr.
Caterine.
1561. — 17 avril.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n* 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Monsieur Coignet, nous vous avons si ample-
ment respondu sur le contenu en voz dernières
dépesches, et mesmes quant à ce qui con-
cerne le faict de la traicte du sel pour aucuns
particuliers du canton de Berne, qu'il ne me
reste à vous en dire aultre chose pour ceste
heure que ce que vous en aurez veu par ce qui
vous a este mandé par cy-devant. Bien ay-je à
vous ad\erlir pour respondre à vos lettres du
vnc de ce moys que j'ay receues depuys deux
jours en ça , que nous avons esté bien ayses d'en-
tendre que vous soyez en quelque espérance
de faire entrer ceulx dudict Berne et Zurich en
l'alliance, et que, pour cest effect, vous soyez
allé jusques audict canton de Zurich et mesme
pour plus f'acillemeiil obviera la praticque dont
vous nous donnez advis, laquelle n'est pas de si
petite importance que nous n'en ayons jà quel-
que sentiment d'aillieurs et qu'il ne soyt bien
nécessaire que vous y veillez dextreinent et
soigneusement et mettez peine de descouvrir
ce qui en sera à la vérité pour vous y opposer
et l'empescher par tous les meilleurs moyens
qu'il sera possible, de sorte que vous rendez
veine l'entreprise de ceulx qui en vouldron!
faire la menée, et gardez qu'il ne se face chose
si préjudiciable au bien des affaires de ce
royaume, en laquelle il ne fault pas doubter
que les aultres ne s'employent jusques au bout.
J'ay faict sçavoir au trésorier de l'Espargne s'il
y aura moyen que vous puissiez avoir quelque
argent à Lyon pour la fin de ce moys, il m'a
asseuré qu'il a depesché partout à ceste fin, et
espère que pour la fin de cedict moys ou le
commencement du prochain il se pourra bien
trouver audict Lyon jusques à cinquante mil
livres dont vous serez tousjours adverty d'heure
à aultre pour vous en ayder à ce qui sera le
plus pressé, en attendant le surplus de voz
inic xxml., à quoy vous pouvez bien croyre qu'il
ne se trouverra point de faulte au temps qui
vous a esté escript par cy-devant. Pryant Dieu ,
Monsieur Coignet, qu'il vous ayt en sa garde.
Escript à Fontainebleau , le xvn° jour d'apvril
i56i.
Cateri;\e.
BoURDIN.
1561. — Mai.
Imprimé dans les Négociations sous François I! , p. 855.
A MADAME MA FILLE
LA ROINE CATOLYQUE.
Madame ma fille, le mari de voslre nourise
s'en va pour vous voyr; je l'ay byen \oleu
aconpagner de set mot, afin qu'il aye mylleui
moyen de parler à vous, et ausi pour le vous
recomender ; y vous contera bien au long de
nous novelles et de la santé de vos frères et
seur, que, Dyeu mersi, set portet très-byen.
Vostre seur de Lorayne me vyendra voyr à
Bayns, au sacre deu Boy voslre frère. Je ne se
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
597
qui vous a mandé lanl de menterie, de dyre
,|ik' je ne tenès conte d'elle ny de son mari;
car ta ni s'an fault, qu'eie a heu plus de no-
velles de moy et de son frère, depuys la mort
de mon lils. que n'ai) navest heu auparavant
en tout le temps qu'el avesl ayltî toutes les
deus fouyscheusayile, et si son oncle governès;
mes je suvs sa mère et la vostre, qui nous la\ ré
tousjour conestre à toulle deus qui n'i a per-
sonne qui vous ayme tent à bocup près que je
fouys. Pour se , couèsés que Ton ne vous mande
par delà (pie menterie, pour me fayre hayr,
si l'on pouvet, et aystimer de mauvèse nateure,
afin que l'on ne se fie pas len en moy; pansant
que se je l'aile à ma propre fille, quelle seureté
l'on pourré avoyr en moy? Pour se, si l'on
vous en parle, ne craygné d'en dyre sel que
je vous en mende , car s'et la vérité , et m'aseure,
si escrivés à vostre seur de la vous mender, que
vous voyré set qu'eie vous aycripré, encore
que je n'ay ryen voleu mander, car je
m'aseure qu'eie seret marie de croyre le tour
que l'on me faysl; mes je prans tout en pasiense.
Le prinsipal ayst que, Dyeu mersi, j'é tout le
comendement, et que je comense peu à peu
acomoder loutles chause de l'ason que je ne
me sousi plus de touttes leur menteries,
qui, aveques l'ayde de Dyeu, naront servy que
à me fayre conestre leur bonne volunté en mon
androyt. Ne vous tourmenté poynl de touttes
ses folles chauses que l'on vous aycript par
delà, et vous en reposés sour se que je an
mande aurdinèrement à l'ainbasadeur, car je
ne fauldré de le tenyr tousjour sy byen avril y
que vous garés tout, corne set vous feusiez ysi.
Recomendé-vous tousjour byen à Dyeu et le
reconèsés cornent vous devés, et aseuré-vous
qui' vous ne lara ' jeamès
Vostre bonne mère,
Caterine.
Lara, laissera.
I .Mil . — i 'i mai.
Copie. Bibl. naL fonda fr pis, n ' 17981.
\ MONSIEUR COIGNKT.
J'ay receu les Ici 1res «pie m'avez escriples
des xxi, xxvi et xxix du passé et un0 du pré-
sent, ainsy que nous estions jà parliz de Fon-
tainebleau pour venir au sacre du Roy monsieur
mon lîlz, qui se fera demain en ceste ville
avecques la grâce de Dieu, en grande et notable
compagnye et avec les louables céry monyes qui
ont lousjours esté observées en semblable ras;
et estant chose qui tient toute ceste compagnie
de princes et seigneurs grandement occupes . <•!
qui ne permect pas que nous nous puissions
assembler jusques à nostre retour à Villiers-
Costeretz, où je faietz compte d'acheminer le
Roy mondict sieur et filz dès samedy pro-
chain, j'ay remis à adviser sur le faict de la
traictedu sel dont font mention vosdictes lettre
jusques à ce que ceulx du Conseil soyent ras-
semblez audict lieu, dont je vous feray incon
tinant sçavoir la résolution qui y aura esté
prise que je hasteray le plus qu'il me sera pos-
sible, ainsy que je veoy l'affaire le requérir.
Cependant ce mot de despesche ne sera que
pour vous envoyer ung mémoire que le tréso-
rier de TEspargne me vient de bailler de
11e xi.vm I. qu'il dict estre dès à présent arrive/, à
Lyon, la pluspart des escuz testons et réalles,
sur les 1111e xxm I. qui vous doibvenl estre fourni/,
dedans la Sainct-Jehau prochaine, allin que
vous advisiez de vous en ayder au payement de
partyedeeequi est deu par delà, selon que vous
cognoistrez estre plus expédient et nécessain
ei que vous le m'avez escript Ordinairement. Le
surplus sera audict Lyon au temps qui vous a
lousjours esté mandé, me l'ayant ledicl trésorier
ainsy asseuré et luy ayant bien expressément
commandé d'y donner si bon ordre qu'il ne
s'v trouve point de faillie. Je vous ay faict escrire
598
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIGIS.
cy-devant que vous eussiez à vous trouver à la
diette assignée à Basle pour le différend que
mon frère le duc de Savoyc a avec ceuix de
Berne, affin d'y moyenner et faire tout le meil-
leur office qu'il vous sera possible selon l'as-
seurance que le Roy mondict sieur et filz
pi moy en avons en vostre prudence et dexté-
rité, et estant chose à quoy nous désirons que
vous ne faicles point de faulte, je le vous ay
bien voulu recorder de nouveau par la pré-
sente que je finiray après vous avoir dicl que
je remecteray, suyvant vostre advis, à faire res-
pouce aux quatre lettres que m'avez envoyé
des sieurs des Ligues jusques à ce que vous
m'avez envoyé le mémoire de ce que je leur
devray respondre et adverty du temps dedans
lequel il sera besoing que vous ayez mes lettres
pour les leur présenter. Pryant Dieu , Monsieur
Coignet, qu'il vous ayt en sa saincte garde.
Escript à Reims, le xnifjour demay 1 56 j .
Caterine.
BoURDIN.
1561. — 26 mai.
Copie. Bibl. nat. fonds français, n° 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
MunsieurCoignet, par la lettre que je vous ay
^scripte du xiin0 de ce moys, je vous ay mandé
comme je ne pouvoys faire résouldre le faict de
la traicte de sel que demandent les Suysses jus-
ques àceque nous feussions retournez àVilliers-
Costeretz et que là en l'assemblée de tout le
Conseil du Roy monsieur mon filz je y eusse
laid prandre une bonne résolution; mais pour
ce que depuis noslre partement de Reims nous
ivons changé d'advis sur le séjour dudirl
\ illiers-Costerctz et avons remis de l'aller faire
au chasteau de Roullongne qui est près de
Paris, vous ne pourrez avoir encores ladicte
résolution de quelque temps pour l'advance-
ment de laquelle je feray faire toutes fovs tout
ce qui sera possible. Cependant j'ay bien voulu
vous faire tenir la response que le Roy mon-
sieur mon lîlz faiel aux quatre lettres des sieurs
des Ligues suy\ant la minutie et le mémoire
que vous-mesmes m'en avez envoyé. Suyvant
laquelle response, dont la coppie sera enclose
avec la présente, vous pourrez advertir les
Suysses qui ont argent au grand parly de se
retirer à Lyon vers l'évesque d'Orléans J et le
sieur de Malralz pour faire compte de ce qui
leur est deu de leur principal et adviser de
leurs intérestz. Et quant aux cappitaines de
Pyedmont, si veoyez qu'après avoir tante tous
moyens vous n'en puissiez eschapper à plus
doulce condition que de huict pour cent, il
fauldra que vous passez oultre, leur faisant
quitter la promesse qu'ilz ont d'estre payez en
escuz xlvi s. pièce, et la demande qu'ilz pour-
roient faire de quelques fraiz. Le surplus de
ladicte response gist en la distribution de voz
1111e xxm 1. , de laquelle le Rov mondict sieur el
filz et moy nous reposons sur vous entièrement .
ayantz escript au trésorier des Ligues, auquel
nous faisons délivrer toute ladicte somme, qu'il
n'en face aucun payement, distribution ny
aultre chose quelconque, synon ainsy (pie vous
luy commanderez et ordonnerés, et vous advêr-
tisse de jour à aultre de ce qu'il aura receu sui
ladicte paitye, et mesme vous en envoyé les
bordereaux pour après luy mander ce qui!
aura affaire et nous gaigner, si vous pouvez,
les fraiz du convertissement2, suyvant l'espé-
rance que vous nous en avez donnée et le
debvoir et la poyne que je sçay que vous pren-
drez. Et si ledict trésorier faict faulte à chose
que vous luy escripvez et ordonnez , advertissez
m'en, et je vous asseure qu'il le sentira à bon
essient; il est vray que vous ne pourrez pas
1 Morvilliers.
1 Convertissrmnil , change.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
599
faire eslat île toute ladicte partye de imc \.\'" 1.,
car il fault que là dessus ledicl trésorier
preigne ses gaiges, ainsy qu'il est raison-
nable, et que je pense que vous l'avez tous-
jours bien entendu. Je n'ay pas encore veu
testai que \ous ave/, dressé pour cesle aimer,
mais si ne lesserai-ye de me louer du mesnaige
que vous y avez faict, ainsy «pie j'ay veu par
re lettre du vm° de ce moys et vous prye
croyre que je ne seray pas celle qui vous
escrira pour l'augmenter et qui ne trouve tou-
jours bon ce qui se pourra faire de diminution
et d'espargne, ainsy que nous en avons bon
besoing de toutes partz. Je feray veoir, après
nostre arrivée audict Bologne, ce que vous avez
dressé pour le renouvellement d'alliance, affîn
de vous pouvoir mander ce qui aura esté advisé
là dessus; mais cependant il fault que je vous
die que je tiens bien fort bonne la façon dont
vous avez délibéré procéder pour attirer en
ladicte alliance les deux principaux quantons,
que je suys bien d'advis que vous suyviez selon
ce que vous nous en discourez par vostredicte
lettre, qui est si bien et si saigement, qu'il
n'ait possible de plus; mais que vous ayez faict
faire la distribution de vostre argent et que
vous verrez que les affaires de delà pourront
comporter vostre absence pour quelque temps,
je trouverray fort bon que vous entreprenez le
veoiage que vous désirez faire en cesle court
pour nous venir rendre compte de toutes
choses et adviser d'y prandre une si bonne ré-
solution que nous nous puissions veoir en
repoz de tout ce qui restera à faire de ce
costé là.
Je me trouve en peyne du faict des passe-
portz, car j'avoys tousjours faict estât que vous
accorderez avec le sieur de Savigny de la façon
qu'on y pourrait tenir, pour garder qu'il ne s'y
face point d'abbuz et par mesme moyen con-
tenter ceulx qui en foDt instance. J'en escriptz
de nouveau audict sieur de Savigny; et si cela
ne se vuyde eutre -i el le veoiage que vous
ferez par delà, je vous prye que vous ne l'aillez,
en passant à Lyon, d'en adviseravec luy, pour
nous raporter ce que vous en aurez résolu par
ensemble et sur vostre advis et résolution re-
garder à nous en meclre dehors. Pryant Dieu,
Monsieur Coignet, qu'il vous ayt en sa saincle
el digne garde.
Escript à Soyssons. le wvi jour de maj
i56i.
ClTi.i
BoUItDIN.
1561. — 2o juin.
Orig. Cibl, nat. fonds français, n° 66o5 , !
A MONSIEUR DE LIMOGES.
La lectre du Roy monsieur mon filz est si
ample qu'elle satisfaict à tout ce que nous
avons eu de vous par voz deux dernières dépes-
ches ; sur quoy je ne vous diray rien da van taige,
si n'est que je vous prie, s'ilz parlent par delà
de l'assemblée que nous faisons et qu ilz la
voulsisscnt autrement interpréter qu'elle nVsi .
leur faire bien entendre la cause qui nous
meut de ce faire, qui est si juste et si raison-
nable que, au lieu d'estre blasmée oucalump-
niée, je m'asseure qu'elle sera louée et ap-
prouvée d'un chacun. La nécessité nous press
et contrainct de façon que nous ne pouvons
faire moingsque cela; quoyqu'il en ayt, il me
desplait grandement que leur ambassadeur ou
autre leur calumpnie noz actions et leur face-
l'on par de là entendre toutes choses au con-
traire qu'elles ne sont au préjudice de ma ré-
putation; car, Dieu mercy, encores qu'il y ayt
de grandes divisions pour le faict de la religion ,
qui ne sont commencées de ce temps, si est-ce
qu'il n'y a rien eu, depuis que j'ay prins l'ad-
ministration et le gouvernement, de changé
600 LETTRES DE GATHE
ne innove, ne s'y estant rien faict ny ordonné
quaultaut que la nécessité nous v a forcez et
que tout le Conseil du Roy mon filz a advisé.
pour remédier aux inconvéniens qui se prépa-
roient, estre nécessaire: laquelle reigle vous
les pouvez asseurer que je gardernv si exacte-
ment en toutes choses que rien? ne s'y fera
que ne soit avec grande et juste occasion. Pour
la fin de ma lectre je vous recommandera)
deux choses : l'une est le faict de la Royne ma
belle-fille ' que je vous prie, Monsieur Je Lv-
moges, avoir en telle recommaudation qu'elle
puisse estre gratiffiée en ce qu'elle désire: en
quoy je vous prie vous emploier et y faire
tous les meilleurs offices qui vous seront pos-
sibles: l'autre est le faict de mon frère le roy
de Xavarre que je vous recommande aussi de
pareille affection pour le plaisir que ce me
seroit. si par mon moien il pouvoit recevoir
quelque contentement eu ce qu'il prétend luy
estre justement deu.\ous advisant au demeu-
rant que j'ay faict chercher le livre de l'ordre
de la Toyson"2, mais il est à Revms en la maison
de mon cousin le cardinal de Lorraine qui l'a
envoyé quérir, lequel estant venu je ne fauldrav
de le vous faire emoier incontinent. Et sur ce,
Monsieur de Lymoges, je prieray Dieu vous
avoir en sa saincte et digne garde.
3 -Germai n-des-Prez-lez-Paris, le xxe jour
dejoing i56i.
Je vous prie, Monsieur de Lymoges, vous
enquérir à la vérité de ce que le Cauconnat3
qui est à Monsieur de Savoye, a dict par delà
de noz nouvelles; car il escript par deçà qu'il
\ a faict le meilleur office qu'il est possible et
qu il s'asseure que j'en auray grand contente-
Marie Stnart.
5 C'est sans doute le li>re des Statuts qu'elle désigne
ainsi.
3 Annibal, comte de Coconnas, cité plus haut, et que
le duc de Savoie venait d'envoyer en Espagne.
RINE DE MÉDICIS.
ment, dont je me remeclz à en crovre ce qui
me ap'paroistra estre véritable.
Cateiune.
1561.— Juillet.
Imprimé dans les .Vr^ocùftoiu sctu Trtnrr-û H . p. 85t.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQUE1.
Madame ma fille, vovent le repos eu quov
je me trove pour l'amour et aubéysance que
1 Voici la réponse de la reine d'Espagne à sa mère :
-Madame. Monsieur d'Osensse est arri>é en si mo-
vaise heure en cette court que j'avois grand peur qu'il
n'auroit pas si bonne odiensse, comme je désirois: car
il esloit enbouché de tout se qui s'estoit passé en
France qu'on leur avoit beau prescher du contraire, car
il n'en vouloit rien croire de chose qu'on leur dist, et
esloit si escandalisé de l'assemblée des évesques et du
congé que l'on avoit donné aux Lutériens que je penssois
qu'ils denssel ressevoir se porteur avec portes serrées
sans le vouloir ouir; mais vostre commandement a tant
de puissence à îendroyt du Roy monseigneur quancores
qu'il panssat qu'il vint pluslost annocsser guerre que
paix, il luy a fait si bon visage qu'il me samble estre
bien contant et avec réson. - — Puis venant aux demandes
du rui de Navarre, elle engage la reine sa mère à se
servir de lui rpour chastier les messhaus.- S'ils sont en
trop grande quantité, -Employez-nous, lui dit-elle, car
nous vous baillerons tout notre bien , nos gens et se que
nous avons pour soutenir la religion, ou si vous ne les
punisses, vous ne trouvrés point movais que ceux que de-
manderont secours audict Roymonseigneurpour guearder
la foy, il leur donne; car il luy est obligé et davantage
il luy touche autant qu'à personne , car estant Fiance luté-
rien, Flandres et Espagne ne sont point loin.- En termi-
nant, elle dit : -Je ne say plus que je dois dire, car le duc
il'Atbe m'a fort bien dit que asteures que vous estes du tout
au gouvernemant que je ne puis plus trouver d'excoises.
se que je leur av promis. Je vous supplie ne me faire
manteuse, puisque c'est une chose qui convient au senke
de Dieu, du Roy mon frère et de la crestienté et mesmant
avant plus de moyen de les chastier que jamais, vous ofrant
le Roy monseigneur toutes ses forses; et si vous temporisez
il v aura tousjours plus de méchans, car ils savet bien
dire issy que du temps du feu Roy monseigneur et père
LETTRES DE C \ NI
me porte le roj de Navarre, laquele je vous
puys aseurer aystre Lyeule que, s'il éloyl mon
propre lils, ne sarel aystre daventage, e1 lout
set royaume en né en repos et tranquilyté;
qui ayst cause que. en vous parlant corne à
ma fille, que je l'ayme, ;i\ granl envye de le
gratifier; el saebant qu'i n'y a chause, quele
qu'ele souyt, qui le puise pluls contenter que
de conestre que je désire de lin voyr avoyr,
-.mon son royaume de Navarre, au moyns
quelque réconpanse '. el ayenl envye, come je
vous ay déjà dist, de le contenler, j'é aysté
d'aupinyon que le Roj vostre frère luy aye
acordé d'eanvoyer le sieur d'Ozanze2ver le Roy
vostre mari et vous, pour asister à l'évesque
d'Ausère3,afin que de par luy y recomende ses
que l'on les cbaslioit qu'il n'y en ;« v . » i t point.» ( \til. Bibl.
nat. fondis français, n° 390a, p. 76.)
Le 3o octobre i56i, l'évéque de Limoges écrivait
dans le même sens à Catherine de Médias :
«Le Roi d'Espagne s'esl tellement persuadé que la mu-
tation de la religion, qu'il est advisé que l'on poursuit en
France, tend à la destruction el brouitlerie de ses Eslatz
qu'il en veult faire sa propre querelle et espouse cela
comme ne pouvant diviser son mal, el pour vous parler
cléremenl, luy et ses ministres vous ont assez dict et laid
entendre qu'ilz n'ont pas faillie d'avis et bonnes' entelli-
gences partout jusques à dire à M. d'Ozences ouverte-
ment que des quatre partz ilz en sçavoient les trois.» Et il
ajoute: «Ils sont tout sollicitez d'avis et courriers et
plaintes du Pappe el de l'Empereur el aussi de leur pas-
sion et ambition qui les mené bien aullant que la religion
que plus babille que moy y seroit bien empéclié, encores
' que je sacbe que l'amitié extrême que lelloy vous porte
soit pour entièrement remeclre et asseurer ting plus diffi-
cile passaige, avant en présence de M. d'Ozence, lorsqu'il
prit con^é, rechargé à ce que leur ambassadeur ne vous
travaillas! point et qu'il vous laissast vivre sans se mesler
de ce dont il n'avoit que faire. 1 (Bibl. nat. fonds français
n° 3yo3, f 88, orjg. ) — Voy. une lettre de RuyGomez
.1 Catherine (ibid. p. 86).
Réconpanse, compensation. '
3 De Montberon, sieur d'Ausance. Voy. la note 1
de la page il 3.
3 Philippe II de Lenoncourt.
Catuerike de Médicis. — 1.
ERINE DE MÉDIC1S. COI
afayres; et panse, Madame ma 611e, qu'i me
semble que. en vous prient de fayre toul sel
que pourés pour lin . en I androj 1 Au Roj vostre
mari, que je foys ausi pour vous; car sel je
venès à mourir, jevouslarès sel homme, qu'è
ledyst roy de Navarre, en sel royaume pies de
vostre frère, aublygé au Roy vostre mary, qui
continueurel en toul set qui pourel à fayre
contyneuer l'amytyé qui aysl entre nous et
vous, comme j'espère de faire, lenl qu'i plein à
Dieu me layser en sel monde; au set je faysl
ryen pour luy, je ares peur que v n'eust pas
si bone volonté en son endroyt connue je dé-
sire et ausy pour la conserva ty on de la religion ;
car. je vous dyré à vous privément, \l y an
a bocoup en set royaume qui se contyene sou-
letncnt pour son respect; el s'il étbytsatysfayst,
sela lé fayret se contenir lousjour en la rely-
gion , et leconleneuer1 en mon androyst cornent
yl est. Pour ce, ma fille m'amye, si vous
m'aymés et si nvés envye de mon repos, je
vous prie ne crayndre et ne croyre ny emba-
sadeur ny aultre, et fayre set que je vous prie,
qui aysl que, aystant aveques le Roy vostre
mari, luy dire: » Monsieur, vous ne trouvères
mauves set que la Royne ma mère vous ayscripl
touebant le roy de Navarre, et encore moyns
sel que je vous en dys; car aylle m'escript que
je vous dye, set vous désirés sa vye, son repos
el la conservation de la relygion dans le réaume
de France, que vous suplye fayre quelque
cliause pour ledyst roy de Navarre, et qu'ele
seiel byen marrie que vous pansisié que sel
qu'ele vous mande que se feul qu'ele désire!
pluls pour ledysl roy de Navarre que pour
vous; mes que l'amour qu'ele vous porte,
lequel n'é poynt moyndre que au Roy son fils,
aysl ausi delà perseuasion qu'ele vous en Lu si
av à moy ausi, conésant que. sel vous luy
1 Çonteneuer, continuer
602
LETTRÉS DE CATHERINE DE MÉDICIS.
avyés balle quelque cliause en réconpanse de
son royaume, qui ne préjeudysiasl à voslre
service ni grandeur, qu'ele voyt que sela \ous
a|iorteré et à aylle et à toutte la craytyenté
la ni de repos et tant de byen pour nostre reli-
gion que sela ayst cause de la afectyon de
quoy aylle nous en nescript à toutte deus. »
Et, ma fille m'amye, faytes tent pour moy
de gagner le duc d'Albe, Ri-Gomès, et Vasc[o] ',
et tous seus qui le governet, qu'i luy l'ase
eonestre cornent yl est vray que y feré fort
byen pour luy et pour tout le monde de luy
ballet quelque récompense. Et set je pansé
que set t'eut son domage, je n'arès jeamès
soul'ert que le Roy mon fils y heult envoyé;
mes coneésant ledyst roy de Navarre homme
de byen et bon, et tenant set qui promet,
corne sella qu'il a ayseyé en mon faist, vos luy
aseureré de ma part que, sel qui lui promelera
qu'i ne fayra faulte de le lenyr. Je ne vous en
dyré davenlage et pour la fin de set propos,
je vous priré de panser que ne sarié plulx
fayre pour. . ., que le fayre satisfayre.
Vostre bonne mère,
Gaterine.
156t.
Juillet.
Aut. Dritish Muséum, n° 2&200, (' a5.
Imprimé dans les Négociations sous François II , p. 854.
A MA FILLE LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma lille, encore qu'i n'y aye que
cinq jours que vous ay escript et que aupara-
vant par le sr d'Osance vous ayés eu byen au
long de nous novelles, et veu les pintures de
res frères et seur, si n'ay-ge voleu léser partir
set pourteur que le roy de Navarre envoy par
delà, san vous envoyer ma pinture, en atten-
dant que les vous envoy touttes en tableaux,
el ausi set mot pour vous dire que je vous
' Je n'ai pas eu sous les yeu» l'original et n'ai pu vé-
rifier le nom ainsi imprime.
prie (jue, si s'et possible, que ledysl r<>\ de
Navarre aye quelque salisfasion de set qu'il dé •
sire, l'ambassadeur, qui eslysi, luy tyen mil-
leur propos qu'i ne seulet1, qui me fayst ayspé-
rer que je oré set plésir de le veoir contenté .
que je désirerès ynfiniment qu'y feult content;
à quoy je vous prie tenir lannayn, set ayés
jeamès envye de fayre cliause agréable et de
quoy puisse eslre contente
Voslre bonne mère,
Caterike.
1561. — 16 juillet.
Copie. Bibl. nat. fonds français , n11 17981.
A MONSIEUR COIGNET.
Vous entendrez par ce que le Roy monsieur
mon lilz vous escript présentement comme il
désire que vous faicles instance envers les
sieurs des Ligues à ce que pour les causes que
ledict sieur Roy mon filz vous mande ilz soyent
contens de ne permeclre que aucuns des tré-
soriers et receveurs ayans cy-devaut manyé les
finances pardeçà, et qui pour se sentir avoir
malversé en leurs charges se vouldroient ab-
senter'de ce royaulme, afin de se saulver et
retirer es terres de l'obéissance desdicls sieurs
des Ligues, y soyent seurement receuz; à quoj .
pour l'asseurànce que j'ay que vous y ferez
l'office nécessaire, je ne vous diray riensdavan-
taige, synon que vous ferez en cest endroicl
audict seigneur Roy mon filz service bien
agréable, me remeclant aussy du surplus de
noz nouvelles sur sa lettre. Et pryeDicu, Mon-
sieur Coignet, qu'il vous ayl en sa saincle el
digne garde.
Escript à Sainct-Germain-en-Laye, le ivi
jour de juillet 1 56 1 .
Gatekise.
RoBERTET.
1 Seulet, sotiloit.
LETTRES DE C ITÉERINE DE MÉDICIS.
603
1 56| . _. 3g juillei.
■ Bibt. n.it. fonds traoçaîs, n 17981.
V MONSIE1 II COIGNET.
Monsieur Coignet, j'aj receu voz deux der-
nières lettres des \ e4 un de ce moys, par les-
quelles j'a^ bien au long entendu toul ce que
vous m'escripvez de noz affaires occurans au
lieu où vous estes el les devoir el dilligence
donl vous y usez pour le bien du service du
l!o\ monsieur mou lilz; qui m'a esté forl grand
plaisir, el av bien notté ce que vous estes il ad\ is
que ni ui> lacions, tant pour noz créanciers de
l.ucerne, que ceux du grand parh ; à quo\
nous regarderons de pourveoirau myeuLx qu'il
nous sera possible, allin d'appaiser qui pourra
toutes ses querelles et instances qui si fréquem-
ment nous en sont fairlesdeleur pari. Et]
ce que, ainsi que vous dictes par vosdicles
lettres, vous vous debvez bientosl rendre par-
deçà., ce que je désire bien i'orl : a reste cause
je nie remerlré à vosfre venue pour conférer
plus commodément de toutes les particularitez
1 ontenues par vosdictes depesthes pour \ don-
ner Tordre et provision qu'il semblera estre
requis; seullement je vousdiray parla présente
que j'a\ Irouvé bon que \ ous sov e/ einplové à
favoriser de nostre part les affaires que mon
frère Monsieur le duc de Savoye a pardelà el me
sera plaisir que, avant vostre parlement, vous
eu laides encore toute l'honnesle et favorable
recommendalion et instance de nostre part où
besoing sera et selon que vous verrez estre à
propos, sans que, pour ce. vous différez ne
retardez aucunement vostredicl parlement,
pour vous trouver ainsy que vous niVsrripvez à
In journée assignée pour traicler desdictes af-
faires, qui doibt estre au wiin jour du moys
prochain. Et en cest endroicl je priraj Dieu,
Monsieur poignet, qu'il vous avi en sa saincte
et digne garde.
Escripl à Sainct-Gerniain-eu- Lave, le \\n
jour de juillet i 56 i .
Caterine.
RoBERTKI .
156t. — 3o juillet.
i h ig, l'ilii aal l'un.! français . n" 1 798*1
\ MONSIE1 li COIGNET.
I av sceu par vostre lettre du xviu' de ce
\s et par l'appoinctemenl faicl aveGques les
cappilaines retournez de Pyedmont que m'avez
envoyé comme vous en estes eschappé, dont
j av esté 1res aise', ayànl certaine asseuranec
que toute lu somme des quatre cens vingt mil
livres cy-devant ordonnée pour vous envoyer
esi passée bu ici jours. receue,el entre les mains
du trésorier des Ligues; par ainsy vous aurez
moyen de les contenter, el avant vostre parle-
ment meclre toutes choseseu repoz, vousasseu-
rant que vous n'avez pas faicl peu de service
au lio\ monsieur mon lilz d'accommoder ceste
nation à prendre noz moiinoyes; car le con-
vertissement nous en revenoit chascun an à
grande tare ' ; qui est loul ce que j'ay à vous dire
pour le présent. PryanJ Dieu,MonsieurCoignet,
vous donner ce que désirez. De Sainct-Germain-
en-Laye. le \x\' jour de juillei i56i.
Caterine.
I Ie l' \i bespini .
1561. — Août.
Imprimé dans les Végoâatimu muFran\ «1 11 p.
V MADAME VU I-II.I.E
LA ROÏWE CAT0LYQ1 E.
Madame ma fille, je vous ranvoy sel pour-
leur afin que vous soyés averlye par sel que je
ayscrips à Monsieur de Limoge come toutles
/n- . . perte.
76.
60i
LETTRES DE CATHERINE DE MEDICIS.
choses sont asteure en set royaume, et cornent,
Dyeu mersis, les aylas ' sont achevés, heu - je
ayslé aprouvée de tous; asteure nous n'avons
jiluls à désirer, pour nous voyr tous en repos,
que la fin de set que layrons ses prélas3. Dyeu
1 Les Etats de Pontoise. Dans une lettre de Chanton-
iiay à la duchesse de Parme se trouvent quelques détails
curieux sur cette assemblée : <■. Plusieurs, écrit-il, parlent
d'osier l'autorité à la Royne et de la donner à M. de \ en-
dosine; c'est peut-estre pour rendre la Royne plus obligée
à M. de \ endosme. " A la suite de ces propos il crut devoir
s'en expliquer avec Catherine; il lui exposa: ttque le
prince de Coudé étoit-enraciné dans la religion, que tout
se brouilloit par l'amiral et son frère le cardinal de Cba-
(illon. et que le s' de Vendosme, s'il étoit bien inten-
tionné , devoit réprimer ces propos qui ne tendoient rien
moins qu'à la déposséder de l'autorité : que si elle étoit
aussi aubéie qu'elle le lui avoit dit tant de Ibis ou fait dire
à son maislre par l'évesque de Limoges, qu'elle en userait
comme elle devoit." — La réponse de la reine se ressentit
des craintes que Chantonnay lui avait inspirées; elle lui
répondit ^ qu'elle avoit négocié avec ceux des estats qu'elle
craignoit le plus et les avoit rapprochés; qu'elle haloit
pourtant leur response pour les enipescher d'estre des-
bauchés, et qu'ayant répondu, elle les renverra et ne
veille que nous aporte quelque repos! Entre
nous, songes, ma fille, le Roy voslre mari ha
ysi son enbasadeur ' qui se veolt mesler de
touttes nos alayres, et voy byen qui l'i convie,
qui l'y font fayre, et tousjour y dist que set
par comeudemenl de son mestre. De chause
que je n'aré que dyie, corne anuit, demayn y
s'an vicndré me dyre que le Roy son mestre
luy a ayscript etcomeudé m'en parler, si byen
que sela ayst trop ayvident que y ne parle que
par la bouche dé malcontenps, et je m'aseme
\ erlure de l'assemblée et il en donne l'analyse en ces
termes dans une lettre à la duchesse de Parme : --Le
remède est entre les mains des prélats; la charité envers
le prochain et ceux de la nouvelle religion est l'arme la
meilleure, les attirant doucement et sans user de la
rigueur du feu, comme on avoit fait autrefois, leur nombre
s'en étant plulost multiplié.)) Puis Chantonnay ajoute: le
chancelier vint à dire rqu'il s'esbahissoit qu'il y en eut
aucuns qui trouvassent étrange un concile national, n'es-
tant chose nouvelle; qu'ils l'appelassent au besoin assem-
blée et que leur délibération se pourrait envoyer au con-
cile général et tout se faire sous l'autorité du pape." —
Le cardinal de Tournon ayant réclamé cette proposition
retournera jamais eu ces termes; que l'assignation avoit | par écrit pour y répondre, le chancelier répliqua -qu'il
esté donnée du temps du feu Roy François; qu'elle n'avoit
lait que suivre.-) Chantonnay ajoute en terminant: nCeste
princesse a beaucoup d'alarmes et de travaux et tout pour
ne pas se vouloir déterminer, et je vois qu'elle en aura
davantage par l'insolence des protestants, lesquels font
presches où est la cour, comme s'il n'y avoit point d'édil ;
ne le pouvoit, parce que peu d'heures auparavant il lui
avoit fallu changer les propos qu'il avoit pensé tenir el
qu'il avoit parlé d'improvisation." — Sur de nouvelles
instances des prélats d'avoir par écrit ces propositions,
ce que le Roy et la reine accordèrent, le chancelier reprit
-qu'il y avoit en cesle compaignie des gens tant sçavans
et la royne va perdant terre et tous s'attachent au s' de l et de si bonne mémoire qu'ilz se sçauroient bien souvenir
Vendosme. Sa femme vient dans peu , déterminée de faire
du pis à la religion et de reprendre son mari bien fort de
ce qu'il entend la messe. La princesse de Condé est en
cour avec son prescheur ordinaire. Sa mère est en ceste
ville, laisant à son accousteumée, et pour dire vray les
choses empirent et menacent ruine.)) (Archives de
\ienne, Correspondance de Chantonnât).)
! lieu, où.
] Dans une lettre de Chantonnay au conseiller Tisnacq,
publiée dans les Mémoires de Condé, nous lisons : «-Les
évesques sont assemblés à Poissy, auxquels la proposition
a esté faite le premier du mois passé, sentant bien fort le
concile national." Ens'expriniant ainsi, il faisait allusion à
la harangue prononcée par le chancelier dei'llospitalàl'ou-
de ce qu'il avoit dit, qu'il pourrait faire une autre orai-
son, mais qu'il lui serait impossible de dire les mesmes
choses et dans le même ordre." Chantonnay en terminant
ajoute -qu'il cherchoil un subterfuge pour ne rien donner
par écrit ,» et que pourtant à la suite des demandes réitérées
des évèques, la reine commanda que la proposition fût
remise par écrit; mais qu'à quelques jours de là, on finit
par refuser, -excusant sur ce qu'il ne failoit pas s'arrêter
aux mots, puisque l'intention du chancelier étoit seule-
ment que l'on pust trouver remède pour pacifier le
royaume.') (Archives de Vienne, Correspondance de Chan-
tonnai).)
1 Elle lait allusion à toutes les pratiques, à loul 1<
mauvais vouloir de Chantonnay.
LETTRES DE CATIIE
trop de l'amitié du Ko\ mon bon fils pour uni- !
loyr tenir heun enbasadeur aupré du Roj son
frère, pour ue servir que de trover toutte mes
action mauvèse el m'en tormanter an son
san que \ l\ comende. Pour se, Madame ma
lille, trové fason aveques lu\ el seus qui sonl
auprès de lin , de le fayre révoquer, el qu'il
an nanvo) beun aultre qui ne parle <[ue par
son comendement et non pas par seus qui
avest acoutumé de se coureuser1 à mo\ de
l'amityé que je luy porte, et qui trové touttes
ses allions ausi mauvèses, corne y font encore;
uns que le dyselque secrètement, pour se qui
se vole! servir de sa laveur et souport pour le
tromper • après qu'il an naroy fayst, et je le
sa\ ; mes avenl parler de tout sesi, cotneuni-
. quez-ie à Monsieur de Limoge. J'é fayst l'a-
poyntemenl du prinse de Coudé et de Mon-
-i ■ de Guise2, pansant que sela me donneré
quelque repos, et pour se qui n'i a que deus
jouis enrore, je ne vous puys mender quele
byen \ m'aporteré sete apoyntement.
J'é veu l'esceusequele Royvostre mari vous
lia comendé me fayre touchant le mariage de
vostre belle-seur3; y ne sont pas trop fins de
1 Coureuser, courroucer.
- Clianlonnay en faisant part de cet accord au con-
seiller Tisnacq, écrivait : « Le prince de Coudé et Monsieur
de Guise monslrent en avoir grand contentement. Tou-
tesfois, beaucoup n'y font grand fondement, et ne le
pensent de durée. Quant à moy, je m'en remeetz à ce qu'il
• en adviendra." (Mémoires de Coudé, t. II, p. 16.)
Marie Stuart. Le 26 juillet, Clianlonnay écrivail :
-La royne Marie est partie devant hier, nonobstant que
la royne d'Angleterre ne luy a point voulu donner de
sanf-conduict, ne fut qu'elle ne ratifiast le traicté qui lui
lairt l'an passé en la frontière d'Escosse: qu'elle se démist
de toutes prétentions an royaume d'Angleterre, et qu'elle
ne menasf plus de cent François avec elle, ce qu'elle n'a
voulu accorder, remectant le tout à sa venue en Escosse.,
el pourtant prend son chemin par Calais où elle trouvera
les deux galères qui doivent la conduire. 1 ( Mémoires de
Coudé, édit. de 1 7 'i 3 , t . II, p. iû.) — Voyez-une dépêche
RINE DE M.ÉD1CIS. 605
l'an oavoyr prié, car s'el la confirmatyon de
sel que je me doules. Ele s'et cnbarquée \l J
a heuyt jours, et sel a lieu bon vent, ayle esl
en nEscosse.
Vola touttes les uovelles que vous puis pour
sel heure mender; qui nie fayré fayre fin après
vous avoyr priée que ne l'allyés de ra batte
tous les mauves aufises que l'on fayst fayre
contre moy à faudrait du Roy vostre mari
et ly aseurés tousjour que, tent que je vivray,
quelque chause qui puise avenir, je meteri
pouvne d'entertenir l'amityé qui aysl entre
nous, corne selle qui ne l'ayme poynt moyns
que son propre enfant, et qui vous seni tous-
jour
Vostre bonne mère,
Caterine.
1561. — i août.
Orig. Bibl. nyt. fonds français! D 66o5, l 6i,
A MONSIEUR DE LIMOGES
Monsieur de Limoges, j'ay veu les deux
lettres que m'avez escriples par Guibeberi e1
entendu ce que avez descouverl pardelà de
la ligue dont vosdictes lettres font mention
dont j'avois jà sceu et senly quelque chose
Toutefois, pour estre chose de telle impor-
tance que vous povez juger, je vous prie sur
lotit le service que désirez jamaiz me faire,
mectre peine d'en actaindre el sçavoir la vé-
rité, estant asseuré que vous ne m'en ferez
jamaiz de plus agréable, car en f estai où
nous sommes il importe beaucoup decognoistre
les humeurs d'un chacun; de quoy vous oe
devez point craindre de m'escripre clèremenl
par le moien accoustumé. Vous sçaurez par
nosire autre dépesche comme toutes choses
de sir Throckmorton à Cccil, dans le Cakndar <>/ State
papas (i56i), p. an; Labanoff, Recueil des lettres d,
Marie Stuart , 1. 1, p. g8.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1GIS.
passeul icy et ce qui est sorty de l'assemblée
de Paris; aussi le chemin où est celle des
prélats, dont nous espérons quelque utillité;
en quoy vous pourrez asseurer partout qu'il
n'y a riens qui tende que à l'honneur de Dieu,
service du Roy monsieur mon fdz et repoz
publicq. Priant Dieu, Monsieur de Lymoges,
vous donner ce que désirez.
De S'-Germain-en-Laye, le premier jour
d'aoust 1 56 1 .
Gàtbrihe.
1561. — g aoùl.
Oi'ig. Bibl. oal. fonds français, 11' 6Go5 , f° Gi.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, eslanl le Roy mon
filz en l'aage qu'il est et en la nécessité où
sont réduictz ses alTayrcs je tasche par tous
moyens de réduyre sa despance en tel estât
qu'il puisse s aquiler. Et d'aullant que je sçay
combien la façon d'Espagne est de beaucoup
plus grand espargne que la nostre, je dési-
reroys le plus du munde de pouvoyr veoir
lestât de la maison du Roy d'Espagne mon
lion filz, tant des mangeailles que de ceulx
qui ont vivres, ou sont deffroyez en argent
ou autrement, vous priant, Monsieur de Ly-
moges, faire tant que vous m'en puissiez
envoyer ung eslat , ensemble de la maison
de la Roy ne ma fille, car ils me serviront infi-
niment à trouver le moyen pour parvenir au
but de mon intention. Si vous me pouvez avec
cela escrire la façon qu'ilz tiennent en allant
par pays pour les trains : assa\oyr ceulx qui
sonl nourrie ou qui ont argent, el comme ilz
rn usent pour les loger et la conduicle des
bagaiges, ce sera encores le meilleur que je
vous recommande et vous prie me l'envoyer
par la première occasion. Priant Dieu, Mon-
sieur de Lymoges. vous avoiï eu sa saincle et
digne garde.
De S'-Germain-en-Lave, le ixc jour d'aousi
ifii.
Catep.ive.
1561. — a8 août.
Orig. Bibl. nat. fonds français , n" 66o5 , f" 66.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, le Roy monsieur
mon filz vous escripl une bien longue lettre
de tout ce qui s'offre par deçà, et principalle-
ment de la responce qui a esté faicte à l'am-
bassadeur du Roy mon bon filz sur le dernier
payement qu'il demande du mariaige de la
Royne ma fille; en quoy il a bien fort insisté,
et l'on luy a faict la responce que vous verrez,
qui est telle que l'on a peu en la minorité où
est le Roy mondicl filz ; là il c'est excusé que l'on
n'avoit poinct demandé l'assignat, el il ne s'est
pas souvenu que vous eusles ung pouvoir.
Monsieur de Lanssac et vous , pour le demander
et qu'ilz vous foirent responce que, d'aultaul
que les terres sur quoy ilz le vouloienl bailler
estaient engaigées, qu'ilz bailleraient aultanl
de rente, qui n'estoit pas chose raisonnable; de
façon qu'on n'en l'eil point de recharge, espé-
rant tousjours qu'ilz les desgaigeroient avant
la lin de 1 entier payement. Toute ffois, \oianl
qu'il n'en a esté encores rien faict , le Conseil a
déclaré qu'il ne se peult passer oultre ny aller
plus avant que ce qui est au traiclé; d'aultanl
qu'estant le Roy mon filz mineur, comme il esl .
s'ilz faisoient aultrement , ilz en seroient respon-
sables; chose qui sera besoing que vous laciez
entendre au Roy mondicl bon filz à ce qu'il
ne le preigne ny interprète aultrement que
esl nostre intention; qui est tout ce que je puis
adjouster à la Lettre du Roy mondict filz, qui
me fera finir la présente, après avoir prié
LETTRES DE CATHERINE DM MÉDICIS.
. 0
Dieu, Monsieur de Lymoges, vous avoir en .--a
saincle el digne garde.
De S-Gejrntain-en-Laye, le txviii"
d'aousl i ."iii i .
( . \ I I.IUM'..
ROBF.RTRT.
lour
1 561 . — l 'i septembre '.
Bfbl. nrti. Tin.! cents Colbert, a ïgo, t" 71.
Imprime* dans les Addit. mu- Mémoires de Cash-lmm, p. 73j.
\ MfOWSIEl lt DE RENNES.
Monsieur de Reries, j'a\ receu à tnaysjsrctrs
(nés l'un de l'aullre les deux lettres que
m'avez escriptes des xn et xi\"" du passé, par
lesquelles jay veu l'advis que me donnez des
- choses du lieu où vous estes, tant pour ce qui
concerne le laid du couronnement de Hon-
guerie et le voyaige de Bohesme, que pour
le regard du concilie, peur lequel l'Empereur,
ainsi que vous me mandez, vous a dicl avoir
ses ambassadeurs tout prestz et qu'il n'actend
à les l'aire partir que à la première nouvelle
qu'il aura du parlement de noz évesques el de
ceulx d Kspaigne; de façon que je ne voy pas,
nous remectans ainsi les ungs sur les aultres,
qu'il ne coulle eucores beaucoup de temps
avant que l'on mecte la main à l'œuvre aussi
\i (veinent que le requiert le bien et le repoz
de la chrestieuté. Quant à noz évesques, ilz
seront toujours prestz à partir du jour au len-
demain; mais de les l'aire mectre en chemyn
que nous ne saiebions quant ledict Empereur et
le roy calholicque des Espaignes vouldront
faine partir les leurs, ou bien que par ensemble
nous n'ayons accordé du temps qu'ilz auront
à se rendre infaliblement à Trente, il me
semble qu'il n'y auroit nulle apparence, et que
je seroys en dangier, les hastans plus tost, de
\"\. pagea38 la lettre du 39 octobre ir>Gi.
leur faire consommer beaucoup de temps el
de despence inutilement.
Cependant ilz ne laissent en assembler, ou
ils sont à Poissy, de prendre advis sur les
choses qui auront à eslre proposées audiel
concilie de la pari de l'église gallicane, qu'ilz
consultent el digèrent si meuremenl que je
m'aseure que, à leur arrivée audid concilie.
I on cognoistra qu'ilz n'auront poinct perdu de
I < ' 11 1 1 s. Or, il faut que je vous dve SUT ce pro-
pos que avant esté requise, y a jà quelques
nio\s, de la plusparl de la noblesse et des
gens du tiers estai de ce royaulme, de faire
oyr les ministres qui sont départys en plusieurs
villes de cedyt royaulme sur leur confession
de loy, je fuz conseillée par mon frère le roy
de Navarre, les aultres princes du sang et les
gens dû Conseil du Roy monsieur mon (ils.
de ce faire, ayans ad visé, après avoir longue
ment el meuremenl délibéré là-dessus, que
aux grans troubles qui sont pour le présent en
eediot royaulme, par la diversité des opinions
qui se trouvent en la religion, il n \ arroif
meilleur moyen ne plus fructueux pour faire
habandomfer lesdiclz ministres et retirer ceulx
qui leur adhèrent, que en toisant confondre
leur doctrine et en monslrant et descouvranl
ce. qu'il v a d'erreur el d'hérésie, ce qui ne Je
pou voit plus seurement faire, en aclendant la
célébration dudicl concilie général, que par
tant de notables prélatz et docteurs de grand
sçavoir el litérature, qui sont pour ce jourd'bui
assemblez audil Poissy, par devant lesquelz
ilz estoienl d' advis que je les féisse oyir.
Ayant doneques, suivant celte délibération,
accordé à ceulx desdietz ministres qui seroienl
nez en France de comparoistre audiel Poissy,
et leur ayant fait expédier le sauf-condiiil
nécessaire à ceste fin, ils sont comparuz en
assez bon nombre, et ayans esleu jusques à
douze d'entre eulx seulleinent pour faire leurs
(508
LETTRES DE CATHERINE DE MED1C1S.
remonstrances el confession de foy, ilz furent
oys en ladicte assemblée le lendemain de la
\ostre-Dame, qui fut mai'dy dernier, présentez
el assistez par les dcpputez de la pluspart de la
noblesse et des gens du tiers estai de la meil-
leure partie des provinces de cedict royaulme;
de sorte que par ceste présentation el assis-
tance, vous pouvez juger, Monsieur de Renés,
s'ils ont faulte de gens et en grand nombre
qui leur adhèrent; et s'il y a aussi peu de diffi-
culté de trouver et applicquer le remède
propre à la garison d'un tel mal, que ceulx
qui sont esloignez du péril et du dangier le
discourent bien à leur ayse, selon leurs pas-
sions.
Et pour ce que j'avoys faict dire auxdits
que, en leurs remonstrances, ils se donnassent
bien garde d'offenser l'honneur de Dieu et la
dignité des prélalz el aultres notables personnes
devant lesquelz ilz avoient à parler, attendu
mesmement que le Roy mondict sieur et fils,
accompaigné de mondict frère le roy de Na-
varre et des aultres princes de son sang et
gens de son conseil privé , se trouveroyt en
personne à l'assemblée el moy avec lui pour
empescher qu'il n'y survint aucun désordre ny
tumulte, de Baize1, portant la parolle pour tous
les aultres, commença et continua longuement
sa remonstrance en assez doulx termes, se
soulzmeclant souvenleffoys, si l'on monstioit
par la saincte escriture qu'ilz errassent en au-
cune chose, de se réduire el laisser vaincre à
la vérité ; mais estant enfin tombé sur le faict
de la cène , il s'oublia en une comparaison
si absurde et tant offensifve2 des oreilles de
l'assistance, que peu s'en fallut que je ne luy
imposasse silence, et que je ne les renvoyasse
tous, sans les laisser passer plus avant; mais
veoyant qu'il estoit sur la fin de sadicte re-
1 Théodore de Beze.
2 Offensive des, . ., offensante pour les. . .
monstrance, el considérant que, comme ilz ont
accouslumé de s'aventaiger de toutes choses
pour la confirmation et persuazion de leur
doctrine, ilz eussent plustost faict leur profficl
de tel commandement que receu correction el
amendement; et daventaige lel qui l'avoit oy
en ses raisons s'en feust allé imbu et persuadé
de sa doctrine, sans oyr ce qui luy sera res-
pondu; là-dessus je me contins, bien offensée
louteffoysde son propoz, ainsi que vous pourrez
juger par ce que luy et ses compaignons m'en
ont depuys baillé par escripl, que je vous en-
voyé, affin que, si l'on vient à en parler au
lieu où vous estes, vous saichiez comme il en
va, et puissiez clariffier corne la chose est
passée à la vérité. Et d'autant que sa remons-
trance finie, il n'eust pas esté raisonnable que
les susdits prélats eussent loul sur l'heure laid
faire responce à une chose de si grande im-
portance et concertée et délibérée de si long
temps entre lesditz ministres, qui n'ont poinct
faulte de sçavoir, comme chacun sçayt, ils me
prièrent, sans entrer en aulre responce, que
je feisse prendre leur confession de foy et que
je leur ordonnasse de mecttre par escript leur
remonstrance, affin que ayant veu l'une et
l'aultre, ils peussent faire entendre au Roy
mondict sieur et fils et à la mesme assistance
qui a comparu à cest acte, combien lesdilz
ministres sont esloignez de la pureté de la
doctrine évangélicque et apostolicque receue
et observée de tout temps en ce royaulme, et
ce qu'il y a en leurdicte confession de foy,
d'erreur et d'hérésies, à leur entière confu-
sion ; ce qui a esté fourni par lesditz ministres;
et sont aujourd'liuy lesdictz prélats et doc-
teurs sur cesle consultation et délibération, de
laquelle je prye Dieu voulloir faire réussir le
fruyt et succès qui est nécessaire pour la con-
futation de toutes hérésies et pour veoir tous
desvoyez doulcement réduiclz et ramenez au
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
609
bon chemin; car d'y procéder à présent par
la force, il -\ veoil un si éminent péril, pour
estre ce mai | >éin:t ré si avant, comme il est,
que je n'en suys en sorte du i ide conseillée
par ceulx qui ayment le repoz de cest Esta! :
le faict, j'ai esté contraincte, contre ma pre-
mière intencion, de faire surceoir l'exécution
du dernier ecdil résolu en l'assemblée de la
courl de Parlement jusques après la sépara-
lion de ladicte assemblée, en laquelle toutef-
foys il ne se prendra aucune résolution, mais
seullement advis sur les choses qui se trou-
veront avoir besoing de refformation, qui sera
remis au jugement et à la détermination du
Pape et'dudict saint concile, sans laquelle je
tiendray tousjours main qu'il ne se fera en ce
dict royàulme aucune immutation et innova-
tion contraire à ce qui s'y est gardé et observé
sainctement jusques à présent, m'ayanl sem-
blé. Monsieur de Renés, que je vous debvoys
faire ce petit discours, affiu que saichiez corne
toutes le- choses suscricles passent par deçà,
el si au lieu où vous estes l'on les veult ea-
lompnier et dépeindre aultres qu'elles ne sont,
vous en puissiez parler et respondre à la vé-
rité, et je voys prier Dieu qu'il vous ayl en
sa saincte garde. Escript à Sl-Germain-en-
Laye, le xiin0 jour de septembre 1 56 1 .
Caterine.
RotRDIN.
1561. — i3 octobre.
Orig. Bibl. nal. fonds français: a" 6Go5, f' 67.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Limoges, j'ay commandé à
vostre frère vous donner ung advis touchant
le sieur de Chantonnay qui est icy, duquel je
nous prye mectre peyne d'attaindre et sçavoir
la vérité pour en toute diligence et le plus tost
que vous pourrez m'en faire responce, em-
Catherihu de Médicis. I.
ployant Ions les moyens que vous avez pour
esclairer de près à telles choses cl aulres qui
concernenl l'entreténement de l'amytié que
vous sçavez que je désire estre parmy ces deux
royaumes, vous advisanl au demeurant que
j'ay receu voz lettres faisant mention du
double en quoy vous estes que le roy de Na-
varre ayl opinion que vous chemyniez en son
affaire autrement que d'affection, laquelle j'aj
voulu qu'il ayt veue, encores que je sache
assez l'asseurance contraire qu'il en a, < me
je veoy et me suys bien apperceue qu'il n'j
en a poinct d'occasion; vous pryanl en de-
mourer en repos et penser que quelque chose
que j'aye escrile à la Royne ma fdlc pour ce
regard, ce a esté loing de mon intention, el
hors de rentière seurclé que j'ay de vous en
toutes choses, dont je vous prye vous asseurer
el ne vous lasser de me faire service là. d'où
je vous retireray le plus tost que je pourray,
m'asseurant bien que sachant comme vous estes
ulille au bien du service du Roy monsieui
mou (ilz et combien il esl agréablement receu
de luv et de moy, vous supporterez tant plus
voluntiers l'incommodité que vous y povez
avoir à laquelle je pourveoiray avant que I heure
se passe. Le demourant vous l'entendre/, par
mes autres lettres; qui me gardera de vous
faire ceste-cy plus longue. Pryant Dieu, Mon-
sieur de Limoges, vous donner ce que plus
désirez.
De Sainct- Germain- en -Laye, le xm' joui
d'octobre 1 56t.
[De sa main.) Je vous prie ne vous faschei
de demeurer encore heu vous aystes pour
achever de faire servise au Roy mon fils, le-
quel luy et inoy reconcslron en tout sel que
pourons; car vous devés vous aseurer que yn-
conl y nent que je voyré tout ses troubles apa y ses,
je vous fayré revenir el en natendenlje vmi
77
610
LETTRES DE CATH
prie contineuer à nous avertyr sovent et tenir
set Roy en la milleure volante que pourés en
noutre androyt; car je say qu'il y en ny a qui
l'ont set qui peuvent pour nous le rendre en-
nemy. Vostre frère désire el fayst set qui peult,
afin que je vous fase revenir; mes je vous prie
ne le croyre poynt.
Gaterine.
EI'.INE DE MÉD1GIS.
Limoges, vous avoir en sa saincle el digue
garde.
De Sl-Germain-en-Laye, le xximc jour
d'octobre i56t.
Gaterihe.
rorkrtet.
15 (il . — ai octobre.
Orijj. lîibl. nat. fonds français, n° 66o5 , f3 68.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Après avoir entendu du srd'Ozances la charge
qu'il avoitet le discours de sa négoliacion, je
n'ay voulu plus longuement retenir l'homme
(pie vous aviez dernièrement envoyé, m'as-
seuranl bien qu'estant l'assemblée de Poissy
séparée vous n'avez pas faulte de belles nou-
velles. Vous en verrez par la leclre du Roy
monsieur mon iilz la vraye histoire de ce qui
s'y est faicl et passé que vous ferez entendre
au Roy mon beau-filz, aflin qu'il croye la
vérité de ce que vous luy en direz, el non par
ce que son ambassadeur, peult-estre passionné
d'aullres choses, luy en mandera, lequel je
désirerais bien estre hors de sa charge; il est
vray que je trouve la condition que me mandez
si peu avantaigeuse pour le service du Roy
monsieur mon filz que je ne la veulx accepter
encore de quelque temps, et fauldra, Mon-
sieur de Lymoges, que vous ayez palience pour
■•est heure que le temps et la saison ne seront
poinct si rigoreulx comme ilz ont esté cest
esté, vous asseurant que bienlost j'adviseray
au successeur que je vous debvray envoyer;
et cependant vostre demeure ne vous retiendra
ne bien ni honneur que vous pourriez, eslant
pardeça, recevoir; mais au contraire augmen-
tera le contentement que j'en ay et la volunté
de le recognoistre. Priant Dieu. Monsieur de
1561. — -iH novembre.
Orig. avec P. S. aulngrnnh.' , Bibl. Dat. fonds frauçais , n' 66o5 . f" 70.
A MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, j'ay esté très ayse
d'entendre que l'affaire de mon frère le roy de
Navarre soit au bon chemyn que vostre mé-
moyre contient, et veulx penser qu'il en sor-
tira quelque effect, puisqu'ilz sont entrez si
avant que dose descouvrir jusques à promettre
récompense; mais y ayant beaucoup de choses
enveloppées là dessoubz et principalement ce
qu'ilz recherchent et demandent déclaration
de Testât des affaires et de la relligiou, il fault
que je vous dye, recueillant ce que je sça\
d'ailleurs et les soubzpeeons qui s'offrent devant
mes yeulx tous les jours de la mauvaise volunté
de plusieurs, où il pourrait bien estre que le
Roy catholicque auroit intelligence, qu'il n'est
pas sans apparence que ceste déclaration ne
soit pour avoir occasion de prendre pied à
descouvrir ce qu'ilz tiennent de caché, et venir
aux effeetz dont ilz font tant de menasses, et
tout soubz prétexte de la relligion1. Veoyanl
1 Une lettre de Charles IX à l'évèque de Limoges, déjà
citée en partie, établit bien en quels termes de défiance la
France se trouvait vis-à-vis de l'Espagne : trVotis me dis-
courez bien amplement les propos que vous a lenuz le
Roy mon bon frère sur beaucoup de choses qui se pré-
sentent aujourd'huy pour le faict de la religion, qui se
conforment entièrement à la lettre qu'il en escript de sa
main à la Royne madame ma mère, et me mandez parli-
culfièrement les doubles et soupsons en quoy il est de
noz actions et les préparatifs qu'il faict pour donner
ordre à ses affaires; sur quoy je ne vous puys que répéter
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
(ili
bieu que aux termes où nous en sommes (donl
touteffois le remedde n'est pas es mains des
ce nue par la dernière dépêche que vous n portée
Monsieur d'Auzance vos avez entendu, qui est le peu
d'occasion qn'il y a d'entrer en deffiance de noz dépor-
lemens qui sont telz ipie je les désire estre aussi clairs
i aussi manifestes au Roy mondicl frère, comme il
me semble estre nécessaire ] r l'enlrelénemenl de
nostre commune amytié, m'asseuranl que pour estre
prince amateur de paii et de repoz, comme il est,
les recognoissant, il fermera l'oreille à tous ceulxquilcs
luv vouldroient desjpiiser ou malicieusement iulerpréter;
îuriiv . Monsieur de Lymoges, il faust que le Roy mon
frère considère que chacun veult este' maistre en sa mai-
son et se faict servir à sa guyse et n'appartient pas au
snbject, quand son [irince luy commande chose raiso-
nable, de s'en plaindre ou recourir ailleurs pour le des-
vover de l'obéissance qui luy doibt; car estant cela, s'il y
en avoit queicun des miens si malheureulx de s'en
' plaindre à mes voisins, je les ferois si bien cliaslier. s'il
venoil à nia cognoissance, que ce seroit un exemple
ii. i - aultres
Ce que je vous diz non pas pour me repentir de ce que
ii i jusques icy, mais allin qu'on ne vueille pas
donner la loy i a i hose en quoyje ne recongnois que Dieu
seul, qui iveruement de ce royaume et le ma-
niement de mon estai. Toultesfoys allin de vivre avec
luy en la bonne paix et ferme amytié que je désire et
lever tous scrupules que les malyns v sçauroienl semer, je
seray toujours bien ayse que vous entendiez comme toutes
choses passeront icy, affin de l'en esclarcir tant et si
avant que vous verrez estre bon et utile, » — Après lui
avoir rendu compte de ta mission qu'il a donnée à MM. de
Buric et de Crussol pour obvier aux désordres qui ve-
naient de se produire en Languedoc et en Guyenne, il
termine ainsi : r Je ne double poinct qu'estant cela sur-
venu promplement et y ayant esté promptement re-
médié, l'alarme n'en avl esté donnée à cest ambassadeur
(Chantonnay) et qu'il ne vous l'ayt baillée de delà aussi
chaulde, qui n'auroit pas f.iillv selon sa bonne constume
de faire encores le loup plus grand qu'il n'est; et pour
ceste cause je vous en ay bien voulu adverlir à la vé-
rité, affin que de tout cecy vous regardiez ce qui sera
bon de dire au Roy mon bon frère ou en taire ce qui
se devra taire. Ce que je vous diz plus pour prévoir les
mauvais olbces de ci st ambassadeur que par crainte que
' Ce qui se rapporle à chose.
hommes), l'on ne leur en pou 1 1 dur chose où
il/, ne puissent s'attacher. Par ainsy, il esl
besoing, Monsieur de Lymoges, que vous che
minyez prudemment en cecj el de ce qui esl
contenu au mémoire responsif (que je vous
envoyé) leur déclairiez songneusement ce qui
sera à propoz. Le premier poincl dudicl mé-
moyre est la pure vérité »'l à quo} nous en
sommes, et l'autre est ce dont je suis recher-
chée et importunée, <|ui seroit (quand tou
esl dict), le seul remedde; maiz je ne puis
gousler d'y entendre, encores que je veoye
(sans ce que Ton meele la main à arr ster i
fou) les choses en danger de pis. Et pour ci
désiray-je avoir advis «lu Roy catholicque nue;
bon filz, comme je m'y devray conduire. Cella
s'entend autre advis que la force; car je ie
veulxpas empirer le marché, ne moings avoii
affaire des estrangiers, maiz eschapper le
temps, s'il est possible, sans laisser riensgaster
irrémédiablement actendanl faage de mon lilz.
Ce que vous considérerez bien et luy en par-
lerez ouvertement, l'asseurant, comme devous-
mesmes, qu'il esl certain que personne ne
porte plus de peine ne d'eiinuy que moy, de
veoir les choses comme elles sont, maiz ce mal
procedde de la volunté de Dieu (comme il esl
croyable). Et si veoy bien qu'il en a a sez qui
seroienl bien marriz que j'eusse plus cfayse.
Pour le moings, je vous puis asseurer que le
peuple vyt et se contient en plus de modestie
que de coustume, et estime que peu de chose
accomoderoyt les ungs et les autres, si chacun
chemynoit de bon pied, maiz il faull actendre
cella de Nostre-Seigneur et cependant faire le
myeubt que l'on pourra. Voillà où j'en suis,
qui ne vouldroyspas endurer que, soubzumbre
j'.ive qui trouve mauvais ce que je faietz, iiy rendre
compte comme à mon maistre d'escolle de ce qu'il me
semble avoir raison de faire. (Minute, Bibl, nal. fonds
français, n° 15875, f" hkU etsuiv.)
612 LETTRES DE CATII
de charité, on nous gardas t quelque mauvaise
intention. Ce à quoy je vous prie regarder et
tasler bien le guay devant que d'entrer trop
avant à vous descouvrir. Sachant bien que
ceulx qui soufflent ce feu non! poinct de plus
aysé ehemyn à ce qu'ilz monstreni que de
tascherà descouvrir ce qu'ilz pensent que nous
avons dedans l'estomacli, qui est touleffois
bien loing de ce qu'ilz estiment. Je me l'ye en
\ostre prudence et dextérité que vous sçaurez
bien y faire ce qui est ne'cessaire et tirer de ce
commaucement ce que je seroys bien ayse de
veoir : qui est la satisfaction de mondict
frère le roy de Navarre, en laquelle, s'ilz
voulloient entrer franchement, les affaires ne
s'en pourraient que myeulx porter. Et aurois
à granl plaisir que, cella faict, il yeusl entre
le Roy catholicque, ledicl roy de Navarre
et moy pour toutes choses telle intelligence
(pie nous peussions conduyre le demourant
de la rhrestienté à nostre volunté, comme il
nous seroit aysé, ce que je vous prie l'en
loucher, comme vous verrez qu'il sera à pro-
poz, et la bonne volunté dudict sieur roy
de Navarre pour eu faire sorlyr au plustost
quelque fruict '
Caterine.
(De sa main'2.) Monsieur de Limoges, je me
défie tant de seus qui sont mal contens que
j'é peur qu'il ayt mendé pardelà vous fayre
tenir les propos que vous avés mendé par set
pourleur, pour, en nos aléchant de quelque
bonne ayspérance, y vinst à découvrir de quel
: Nous avons imprimé, page a53, la lin de celle
letli e d'après une communication de M. Et. Charavay, qui
n'avait en sa possession que ce fragment de la lettre au-
tographe de Catherine qui manque dans le n° 66o5 du
tonds français.
J La fin de cette dépêche était de la main de Catherine ;
il n'en reste que la copie dans le n° (S6o5 du fonds fran-
çais, p. 7.3.
ERINE DE MEDICIS.
fason nous volons vivre et quele religion nous
volons alla fin tenir; pour se prenés bien
guarde que se ne souyt pour sete occasion, et
pour vous dyre lybrement, je conoys ne pou-
voyr rien apéser ni ausi que le Roy mon fils
n'aré jamès l'entyère aubéyssance, si nous ne
faysons set que vous ay mendé par le mémoire ;
car je ne veos , ni ne suys conselleyé de venir ans
arme, et ausi je ne veos pas permetre set qu est
porté par set mémoyre que je n'ai soy aseurée
san fiquession' que set roy ne le trouve mau-
ves; pour se vous ne sariés fayre heun plus
granl serviseqne fayre de fason qu'i le (rou\et
bon; qui serel cause de nous conliiiueuer, sans
que personne nous peut plus troubler, en l'a-
mytyé en laquelle je désire que ses deux
royaumes demeure ma vye. Je vous prie ne
vous ennuyer et vous asseurerque je vous en-
voiré de l'argent.
1561 . — Décembre.
Aut. Biht. nat. fonds français, n' 66o5 , y. 'iS.
Imprimé dans les Négociations sous François 11, p. 8lfis.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, encore que je n'aye heu
de vos ietres par set pourteur, si n'ège voleu
léser de \ous fayre set mot, pour vous dire
que vous entendre l'aucasion de la veneue de
set pourtour ysi et de son retour par le évesque
de Limoge, qui me guarderé vous en fayre
rediste; seulement je vous priré que vousgou-
verniés en set fayst selon l'avis et consel de
l'ambassadeur, et n'an parliés, ni en fasiés
sanblant. sinon aullent qu'il vous dire. Il m'a
1 Fiquession, fiction.
- La copie dont s'est servi M. L. Paris était très-dé-
fectueuse; nous avons pu la corriger à l'aide de la lettre
autographe de la Reine.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
613
mendé que le prinse n'a plus la Gèvre1; si
cela lui contineué d'estre guéri, ne perde pas
l'aucasion de guarder qui ne soil marié hà
aultre femme que à vostre sein- ou à vostre
belle-si ur, el me sanble que \ devés mestre
tous vo sin san2, pour fayre l'eun ou l'autre
mariage; car aultremenl vous soirs en danger
d'estre la plus maleureuse du monde, si vostre
mari venoyl à mourir, luy étenf roy, cornent
y] seroit, si n'avesl aypousé quelque femme
qui feut heun vous-même, come serel vostre
seur;etausi j'é entendeu que la Prinsese vous
ayme ynfiniment, et pour y parvenir, y fault
que vous disi«:s à ladiste Prinsese qu'i fault
qu'elle L'épouse, au sela ne se pouret fayre,
qui fault qu'elle vous ayde à luy fayre aypouser
vostre seur, et que vous mestré pouine de luy
taire ay|iouser le Roy vostre frère; à quoy vous
pansés bien que n'ariés guière grant pouine,
si se l'eset le mariage de vostre seur et du
prince, car vous l'aymé (eu! «pie, en quelque
l'ason que se souit, vous désirés qu'ele souyt
vostre seur, encore eun coup, au que vous ayés
le Lieu que vous ne bougies d'ensenble. Yelà,
ma fille, sel que me senble que dors comenser
de louiii à bastir, afin que l'eun au l'aultre
aviengne; et en sel faysant, vous fayrés ynfi-
ntsment pour vous et pour tous nous aultres
ysy. Je ne vous en dire daventage et fayré fin,
prient Dieu vous donner aultent de heur que
je vous en désire, et afin qu'i le vous douint,
ne l'aublyé point, et le priés ef serves come
devés: el que les plésirs, ni ayse etjeoye qui
vous donne meyntenent ne soynl cause de le
vous fayre aublyer; et retournés tourjour à luy,
et reconèsés de luy, et que san luy vous ne
sériés ne pouryésryen, afin qui ne vous envoy
1 Vov. Gachard, Don Carlos et Philippe Il , t. 1 . p. 7IJ,
et les dépêches île l'évèque de Limoges à Catherine de
Médicis, dans les ùtiyicwiions sous Franco» II.
2 Vos sin san , vos cinq sens.
de ses verge pour le »ous faire reconestre,
come il a fa> si hà
Vostre bonne mère.
Caterine.
1 502. — 8 janvier.
1 Irig, Bibl. oal. îoudt francs . u 66o5 .1 ; '>.
\ MONSIEUR DE LIMOGES.
Monsieur de Lymoges, je n'adjousteray rien:
à la lectre du l!n\ monsieur mon lilz. qui esl
bien ample, que deux poinctz : l'ung pour vous
dire le conlentemenl que de ma part j a} recru .
voyant l'asseurance de ce que je me suys tous
jours promis de l'amibe du Roy monsieur mon
beau-filz, qui m'a esté la plus agréable nouvelle
que je pouvoys jamavs entendre tout ainsi que
le contraire me seroyl le [dus grand ennuy qui
me sçauroyt advenir, vous pouvant asseurei
que, de ma pari, tant que je vivray, je mecle-
ray peyne de l'entretenir el conserver pai
tous les honestes offices el déportemens dont
je me pourray adviser, de façon que j'espèn
de noslre coslé il n'\ adviendra aulcune romp-
lure, désirant bien aussi (|ue de leur coslé.
comme il z m'en donnent lanl d'asseurance, il/.
tuent le semblable; l'aultre poincl esttoucbanl
l'oppinion en quoy j'ay entendu qu'esl entré le
Roy mon beau-filz de Monsieur l'admirai, le-
quel il estime faire tout ce qu'il peull tant au
faict de la navigation que aultremenl pour la
diminution de noslre commune amityé et nous
mecte, malgré q ions en ayons, à la guerre ;
sur quoy je vous prie, Monsieur de Lymogei
particulièrement de ma pari luy faire entendre
que ledicl sieur admyral, pour lui l'aire cong-
noislre combien ceste impression est hors d<
toute raison, a faicl dresser ungmémoyre di
la façon qu'il luy semble qu'il se fault con-
duyreau faict de la navigation pour la conser-
61â LETTRES DE CATH
vation du commerce et ia liberté et traffic des
subjectz du Roy mon filz et du Roy mon beau-
fiiz; lequel estant veu par luy, j'estime luy
debvra satisfaire. Et oultre cela estant l'amityé
et bonne intelligence telle qu'elle est entre nous
et tant de volluncté de luy faire service qu'il se
peult asseurer n'y avoir une seulle personne de
deçà qui en une bonne occasion luy en fyst
meilleure preuve; et pour ceste raison je le
piye de oster ceste maulvaise oppinion et
croyre que tant s'en fault que cela soyt vray,
qu'il doibt croyre avecques vérité qu'il faict
tout ce qu'il peult pour nous maintenir et en-
Ireteniren ceste bonne intelligence, comme il
eongnoistra par ses effectz; ce _que vous luy
rcmonslrerez vifvement, aflin qu'il ne demeure
en ceste oppinion oùj'auroysregrect de le veoir
pour l'amityé que je porte audict sieur admy-
ral et la congnoissauce que j'ay du contraire,
pour le zelle qu'il a au bien du service du Roy
mon filz et à la tranquilité de ce royaulme,
dont vous me manderez des nouvelles par la
première dépesche. Priant Dieu, Monsieur de
Lymoges, vous avoir en sa saincte et digne
garde. De Saint-Germain-en-Laye, le vin0 jour
de janvier 1 5 G 1 ( 1 56a ).
Caterinf..
robertet.
(15G2. — Février.)
Imprimé dans les Négociations sovs François II , p, 84g.
A MADAME MA FILLE
LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille , je vous aseure que l'ons
voua lia manti de set que l'on vous lia dist de
vostre frère, car le cardynal de Tournon m'a
dvsi luy-mesiue qui l'a veu à la mese et que
l'on a\est inanty de set que l'ons an disel.
L'op vous dyst tant de manterie que je an suys
marrye pour la payne que l'on vous en donne;
ER1NE DE MÉDIC1S.
mes fayste corne moy, car je comense à m'an
en moquer de toultes leur inéclianseté, car
mon valet ayst plus bomme de byen que seus
qui en parle et je vous en naseure; mes, pour
se qu'i ne reconè que moy et ne dépand de per-
sonne , yl le aise ' ; mes s'el de quoy je l'ayme.
L'amiral et cardinal de Cbastyllon sont cheus
eulx2; quant y ne m'aront plus parlé de bra-
verie et touttes chause yron byen, mes y me
déplest bien fort que les au! Ires en nonl
l'honneur san qu'i leur apartienne.
1562. — t6 avril.
Imprimé ilacs les Négociations sons François II , p. 885.
A MADAME MA F1LLF.
LA ROYNE CATOLYQUE.
Madame ma fille, ayent entendeu les man-
teries que l'ons lia mendée au Roy voslre mari .
touchant le voyage que le sieur de Rambuul-
let a fayst3 en nAlemagne par le commande-
1 Yl le aise, ils le haïssent, (les Guise).
! Voy. pour le départ de l'amiral et de d'Audelol, une
dépêche de Chantonnay, dans les Mémoires de Cimilé, t. II,
p. 23.
3 Voici le mémoire rédigé par l'évêque de Limoges
pour rendre compte de la mission de Rambouillet :
crLe sieur de Rambouillet arriva en telle conjonction à
Madrid que le prince d'Hespaigne se trouvant extresme-
ment mal, ainsi que le Roy aura veu par les dernières
despesches, depuis empira jusques à l'extrémité, après
laquelle par volunté miraculeuse de Dieu il est rentré en
chemin de garison. Le temps qui s'est perdu en ce que
dessus ceste occasion que Sa Majesté Catholique, estant
affligée autant qu'un grand prince et père peult estre de
la calamité d'un sien fils unique , l'a continuellementassisté ,
et depuis l'avoir abandonné pour mort y est retourné,
sur la nouvelle de sa résurrection, laquelle continue de '
bien en mieulx, ainsi que ledict s' de Rambouillet dira; et
comme il ne luy a esté possible pendant ceste affliction
publique avoir andiance, estimant aussi l'évesque de Ly-
moges et luy peu raisounable de la demander, si n'a esté
sur l'amandement que Sadicte Majesté les a mandés à
méat du Roy rostre frère et de moy, je l'é byen
voleu envoyer ver luy, afya qu i luy fasse en-
LETTRES DE CATHERINE DE MÉD1CIS. 615
tendre la vérité; et, encore que se ne soail
chause acoteumée de rendre conte les prin es
\lcala où esl ledict Prince malade, leur ayant donné doux
udiance el le diic d'Albeen semblable, i hani les
points concernanl le voiagc d'Allemagne, la récompense
du royde Navarre, comportement des affaires de France,
équippaige d'une galliote aux ambassadeurs de 1 .»\ an i et
.lion violente du conté et ville de Petillan , desq
articles après avoir le s' de Rambouillet bien ei dignement
le t"ut faicl entendre, la n ponse esl en somm ',:
-Kn premier lieu , que Sa Majesté Catholique remercie
indûment le llov son Iwn frère et la Rovne sa mère aus-
. jih-Is ii feicl réponse par escrit de t'honneste communi-
cation '•< pation qu'ils luy donnent de leurs affaires
.■i comportemens d'iceulx, ce qu'il recognoist de leur pure
bonté, amitié el bonnesteté, se délibérant, comme il avoil
toujours proposé user du semblable en toutes occurances
ments qui importeront à leurs communs Estais,
royaun jecls, monslranl déplaisir de la peine que
de Rambouillet avoil pour cet effi et prise, et le tenant
pour plus que excusé el sans aucun lord; adjouslanl que ce
qu'il en avoil dict à l'évesque de Lymoges el escrit à son
ambassadeni avoit esté sur l'advis qu'aucuns lui avoient
donni , dési anl comme frère et amj ne garder rien sur
son cueur cl claii plaindre el ouvrir de ce qui
luv poisoil; monstrant au demeurant en toutes les d ux
audianees qu'il a donni — a ci qui com ei ne la ré :ompense
du roy de Navarre, de laquelle il fut fort pressé dudict
évesque et s' du Rambouillet , très grande satisfaction d'< D
tendre le chemin qu'il prenoit pour estre celuy qui luy
donnerait tousjours occasion d'accroistre de plus en plus
la bonne et vraie affection qu'il a en son endroict, ainsi
qu'il chargeoit ledict sieur de Rambouillet luj dire de sa
part; se remectant au reste quant à ce poimt au duc
d'Albe avec excuse de ce que la maladie de son fds en cela
et autres négociations que poursuit l'évesque de Lymoges
il ne s'estoit peu résoudre, ne esclaircir, faisant le sem-
blable de ce qui concerne le faict de Petillan; et quant à
la galliolte et autres particularités qu'on lui dict des
affaires et troubles du royaume rentrant en toutes les
bonnes et honnestes parolles qu'un;; prince peult donner
pour faire cognoistre combien tels offices luy estaient
agréables et d'autant plus que ledict évesque luy avoit
expressément touché, suivant les lettres du Roy, que le
voyage dud. s' de Rambouillet vers luy n'estoit pas chose
acconstnmée entre princes tenant les ambassadeurs près
les ungs des autres, si ce n'eust esté le respect de ceste
si sincère amitié el fiaternité,soubs le manteau et faveur
de laquelle Sa Maj isté Très Chrétienne el la Roj le vou-
loient, sans trop s'amuser aux solennités, luj osier tout
double el jalousie, s'asseuranl qu'il y correspondrait,
-Kl d'autant que le s' de Rambouillel après son au-
dience luj avoil présenté une lettre du roy de Navi rr<
de roessi ignenrs les ducs de Guis;, conneslable et ma-
reschal de S1 indré, Sa Majesté les remercia, aymant la
Roynesa bonne mère, connue il faisoit , de ce qu'ils 1
loienl ave telsoinget diligence, sachant la peine et i iu
qu'elle avoit portée par 1" passé pour les faulles d w I
que l'on eusl esté bi m aise de luy mectre, el sur
ce que maintenant par la malice et oultraiges d'au >■
estoit claie et descouvert, ce que d'autant plus prioit-il
ladicte dame faire cognoistre à tout le monde ce qu'il
sçavoil estre plus en recommandation à Sadicte M I
qu'à antres pour luy importer et au Roy davaulaige. -
largissant d'un long discours là dessus que M. de Ram-
bouillet sçaura mieux répéter, par lequel il assenroit la-
dicte dame de tout ce qui estoit en son pouvoir, le char-
geant quant et quant de recommander auxdictsseig
son assistance et obéissance laquelle il tenoit en telle é
vérance que sa vie propre; concluant par quelq
velles qu'il disoit avoir de nos frontières par où il jugeoil
et comandoit audict s' de Rambouillet dire à ladicte d
qu'il estoit temps ou jamais d'y remédier, par exi
se retournant à l'évesque de Limoges pour luv rén 1 mo
rer combien de fois il luy. avoit prédit ce que l'on veoit 1
son grand regret par les effects, ainsi que depuis feit le
duc d'Albe, auquel il remist le demeurant avec
long discours de tout le mal qui est de nouveau advenu
rentrant pour reprendre les poincts desquels son maistri
l'avoit chargé à dire, qu'ils tenoient le sr de Rambouillel
pour gentilhomme si vertueux et honnesle qu'il ne lalloit
pas beaucoup d'excuse pour faire cognoistre la vérité de
ce qu'il disoit du voyage d'Allemagne, estant loulesfois
la coustume des princes amys de s'adverlir les ungs les
autres de ce qui les offense ; et quant au second article
dont on les pressa et importuna vivement, respondit qu'il
ne falloit point prendre en mal le long temps pourvu que
la despechefust bonne, elque ceste indisposition, ennuys
el travaulx du père les avoient tellement désespéi s .1
desbauchés qu'ils s'asseuroienl eslre en Franc inq
timement excusés de ne s'estre encores peu résoudre en
cet affaire. Toutesfois que dedans quatre ou cinq jouis
ils mectroient peine d'y entendre el donner conlantiin.nl
au roy de Navarre, comme véritablement ses bons deppor-
616
LETTRES DE CATHERINE DE MEDIC1S.
Les lieuus ans aultres. de set qui font pour
temens méritoient, en commandant nommément audict
s' de Rambouillet dire en cet endroit à la Royne que Sa
Majesté, la voyant en plus de liberté et facilité de mons-
trer sa bonne affection et inclination qu'elle n'avoil peu
par le passé, auroit égard à ses prières en ce qui touchoit
le roy de Navarre et luv en manderait des nouvelles si
tosl qu'ils y aur oient peu adviser, répétant en présence
dudicts' de Rambouillet ce qu'ils avoient dicta M. d'O-
zence là-dessus.
irCela, après avoir si longtemps attendu, sembla trop
général à l'évesque de Limoges et, pour ceste cause, sup-
plia ledict duc luv dire s'ils ne vouloient pas despécher
Umeida et dedans quant; ce qu'il asseura estre l'inten-
tion de Sa Majesté en peu de jours qu'elle se doit retrou-
ver en ceste ville où la Royne et le roy de Navarre s'as-
seureront, s'il leur plaisl, qu'il n'y sera rien intermis.
Vrav est que le Portugais commance fort à se fascher
et penser qu'on le faicl pour quelque autre occasion; si
est-ce que l'on ne se peull plaindre d'enlx que du temps
et longueur, puisque jusques à présent ils ne se sont point
faict entendre , ce que l'évesque de Lymoges par tous les
moiens au monde solicitera et solicite tant qu'il ne les
laisse en repos ung seul jour, et dira bien le s' de Ram-
bouillet aussi l'office qu'ils y ont faict par ensemble
comme en semblable, dedans deux ou trois jours, que l'é-
vesque de Lymoges présentera Monsieur de S'-Sulpice
son successeur, fera observer et continuer pour ne perdre
le fruict de ceste occasion et de la bonne volunlé qu'ils
disent avoir.
t-Quant à Petillan, le duc d'Aibe respondit que sur les
lettres roiddes qu'il avoit escrittes au duc de Florence,
par commandement du Roy, lui ayant faicl sentir le peu
de contentement de son maistre, ledict duc avoit des-
peché courrier exprès à son ambassadeur résidant en
ceste court, par lequel on luv commandoit dire qu'il avoit
laissé au père conte de Petillan la citadelle, ville et pais
librement sans plus s'y vouloir inlermettre, par où l'on
cognoissoit assez qu'il rabbatloil de ses premières inten-
tions, et que toutesfois le Roy Catbolique son maistre le
chargeoil dire audict sr de Rambouillet que l'on avoit jà
léclaré audict ambassadeur que cela n'esloil point assez
et qu'il falloit qu'il passasl oultre, disant ledict duc que,
comme l'on avoit promis à l'évesque de Lymoges envoyer
homme exprès ou autrement y pourvoir, que incontiuant
estant le Roy en ceste ville de Madrid s'en résoudroit pour
le faire entendre audict évesque, lequel en donnerait
advis certain dont l'on pressa en ceste audience ledict duc,
leurs afayres, si ese que pour ie désir que je
comme chose importante à la chrestienté et première playe
faite à ung si important traicté de paix , jusques à luy dire
l'évesque de Lymoges, avec la modestie toutesfois qu'il
doit, quec'estoit à luy qui avoit faict le traicté d'y remé-
dier, d'autant plus que d'ailleurs il estoit soupçonné de
favoriser ceste cause au contraire pour estre de son
alliance et paranlaige. Estimons que Sa Majesté aura veu
par les derniers paquets l'extraict de la lettre du duc de
Florence que son ambassadeur bailla audict évesque qui
n'esl qu'ung deligadour que ledict duc pense trouver
pour temporiser et fault croire soubs correction que, s'il
plaisoil au Roy et à la Royne se monslrer fermes en cecy
plus que les ministres de Florence n'escrivent qu'ils font,
que les traictés seront gardés, et que le conte de Petillan
rentrera ou sera contante à son gré; mais il est nécessaire
de faire semblant d'en estre encore plus mary (pie l'on
n'en est. Leur ambassadeur a publié icy ung double des
lettres que l'ambassadeur de Florence résidant en France
escrit, par lesquelles il dict que la Royne se contante en
quelque sorte que ce soit moiennant que la place de-
meure en la maison des Ursins; dit que Monseigneur le
cardinal de Tournon luy en avoit parlé de mesmes et
déclaré cucores moindre l'affection du Roy, luy blasmanl
et vitupérant ledict conte Nicolas; finissant ceste belle
lettre par mander que Monseigneur le cardinal de Fer-
rare leur avoit dict le semblable et qu'il avoit faict co-
rne cire ung de ses gens pour aller à Rome traicter de cet
affaire, afin que toutes choses y passassent plus doulce-
ment; ce que je. sçay bien n'estre véritable, ainsi que
j'en ay respondu icy, et pourtant le Roy commandera, si
luy plaist, cet insolent oullrage estre ung peu soustenu
suivant ce qu'il m'en escrit, car il n'y a nulle difficulté
que Sa Majesté Catholique ne veuille que le duc de Flo-
rence en vuide ses mains; et toute la difficulté sera es
mains de qui on la remectra, ce que peult estre dényé au-
dict conte Nicolas, luy conservant le traicté sa possession
et réintégrande, ce sera grand honneur aux affaires du
Roy et consolation à tous ses serviteurs qu'assez d'estran-
gers , soubs couleur de sa minorité, pensent vilipender. A usm
le duc d'Aibe pria le sr de Rambouillet luy tesmoignei
l'asseurance au demeurant de la bonne grâce de Sa Ma-
jesté Catholique qui l'honorait et respectoit tellement
qu'elle en pouvoit et devoit faire estât comme de son
propre fils. Depuis entra à déplorer l'ennuy qu'elle avoit
à se veoir enveloppée de tant de travaulx, troubles et
confusions, exhortant Sa Majesté à s'y monstrer.
comme elle l'a faict jusques à présent en toutes choses
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
617
ay d'entretenir sete amityé qui esl entre ses
deùs roys, el la conésanse que je désire qu'il
aye perfelte1 de l'amytié que je lin porte,- jeluy
ay voleu envoyer ledict sieur de Ramboul-
let, présanl porteur, afyn que de luy-mênie
il antende la vérité de set que l'on luy ha
mendé, el qui conèse que, ni là ni halleur,
je ne désire lu\ fayr fayre mauves aufise,
mes au conlrère d'avoyr des amis el serviteur
ferme el vertueuse el emploier ce qui est eu leur
pouvoir, \ offrant quant à soy tout l'humble service
et dévotion qu'ung serviteur affectionné peult. Et à ce
propos discourant des nouvelles qu'ils avoient que ceulx
île la nouvelle religion approcboienl leurs remuemens de
leurs Frontières, entre autres dit t qu'ils entendoient qu'ils
loi tifioient Réziers et que notre noblesse voisine et proche
île leurs frontières de tous côtés commençoit à requérir
efsemondre la noblessedes frontières d'Hespaigne, comme
ils sont alliés et en assez de lieux parents et amys, de 1er
secourir et assister pour conserver leurs maisons, bourgs
et églises, ce qu'ils n'avoient voulu permeclre sans en
advertir l'évesque de Lymoges, lequel leur avoit respondu
estre chose trop importante pour s'en empêcher sans congé
et charge du Roy et de la Royne très expresse, lesquels, avec
l'aide de Nostre-Seigneur et des gens de bien qui les assis-
tenlavoient le moyen d'y pourveoir d'eux mesmes, ce que
toutesfois ledict duc par commandement de Sa Majesté
voulut estre remporté par ledict sieur de Rambouillet,
lequel se souviendra assez du comportement du prince et
des deux ouvertures qu'on luy a faictes soubz chacun des
yeulx, pour vuîder intime matière qui s'estoit là engen-
drée à cause de l'enllure qu'il a eue au visaige, se por-
tant toujours avec quelque peu de fièvre, tant exténué
que rien plus, mais hors de danger que peuvent prévoir
les hommes: qui est tout ce que nous avons de nouveau
uultre le contenu en mon dernier mémoire, par où il
s'est veu que l'on est après à osier dix galaires à André
Doria, qui s'en est senty tellement affligé et piqué que
par tous moyens veult se reposer, vendre ses galaires et
quicter le service du Roy, si on luy diminue sa solde
accoustumée, et sur ceste colaire est venu avec deux ga-
laires volantes jusques à Barcelonne et d'icy là en poste où
il est à ceste poursuitle ainsi que le sr de Rambouillet, qoi
l'a veu, lesmoignera. (Bibl. imp. de Saint-Pétersbourg,
vol. n° 97, p. 88.)
1 Perfelte, parfaite.
CiTHEBISE DE MÉDICIS. I.
I i' le Roy vostre frère, pour servir aultenl
au 1 1 1 1 \ vostre tuari, entre lesquels deux je ne
meteré jeamès de diféranse d'anvie de leur
augmenter leur grandeur en set que en auré
le moyen, et vous prie l'aseurer au Roy voslre
mari de la pari de
Voslre bonne mère,
Cati rine.
Croyés Rambouillet de set que je luj donne
charge de vous dyre.
( Au dos.) Du xvic avril 1 56a
(1562. — 16 septembre.)
Uib!. mit. (omis français, n° 102/10, P1 i5û.
A SU COUSINE
MADAME LA DUCHESSE DE GUISE.
Ma cousine, voussavéssi au long de toultes
nous novelles par sel que ayscripl vostre bon
mari à son frère que ne vous en fayré redyste;
seullement vous dire que j'é veu Madame la
duchesse de Ferarre, laquele s'et acomodée à
tout set que j'é voleu quant au servise des
ayglise dans la ville l, mes au ebatauh ayle \
tel à sa mode, et le prinse de Navarre- y est
demeuré avecques la roujole qui luy sortit le
matin que partîmes. Je vous prie me mander
cornent sel porte vostre vantre et set avés poynl
d'alarmes depuis que aystes arivée. Je prie à
Dycu que ne soyc's pas plus malade que feules
à Rloys3 et que fasié heun beaulx (Ils.
Vostre bonne cousine.
Caterine.
1 C'est le 16 septembre que Catherine passa .1 Mon-
largis; une lettre d'elle à Bordillon est datée de cette ville,
ce jour-là.
1 Le prince de Navarre était resté avec Catherine.
3 La duchesse de Guise accoucha le 2 5 octobre i.'ilin
de Maximilien de Lorraine . qui mourut à Reims en 1 56:i.
7*
618
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
1562. — g novembre.
Copie. Bibl. de la ville d'Aix , collect. Mejnnes.
A MOM COUSIN
LAURENT STROZZI.
Mon cousin , j'ay par une lettre que m'avez
escripfe et ce que le sindic d'Albigeois m'a
remonstré de vostre part par les articles qu'il
en a baillez de la grande despence que vous
avez faicfe pour la levée des gens de guerre
qui estoit nécessaire pour la garde, deflense
•'I conservation dudict pays et des deniers que
vous avez empruntez pour la solde et enlre-
tenemenl d'ieeulx dont vous demandez moyen
de vous en pouvoir acquicter et descharger, ce
qui ne se peull faire que premièrement l'on
ne voye Testât de ladicte despence et comme les
deniers auront esté employez, quels deniers en
seront deubs et à qui; à cette cause je vous
prie, mon cousin, faire dresser un estât au
vray, contenant bien au long ce que dessus,
ensemble des deniers pour la solde et entre-
ténementdes forces qui \ous seront nécessaires
audictpays, afin que je vous y puisse pourveoir,
ainsy qu'il sera nécessaire et vous fasse expé-
dier les validations et autres provisions pour
ce requises pour vostre descharge. Priant Dieu.
mon cousin, vous avoir en sa sainte et digne
garde. De Rouen , ce ixc jour de novembre 1 562.
Vostre bonne cousine,
Caterine.
1563. — g février.
Imprimé daD9 les Mémoires du duc de Xevers , t. I . p. 70.
A MON COUSIN
MONSIEUR LE DUC DE GUISE.
Je suis ce malin revenue d'Amboise. où
j'ay veu un petit moricau ', qui n'est que
guerre et que (empeste en son cerveau. Il 9e
porte très bien et sa sœur aussi 2. Pour le
chasteau, je vous puis asseurer que quiconque
y sera, n'en sortira pas sans congé, tant pour
estre la place très bonne que pour la fortifi-
cation que j'y ay faict l'aire. Je croys qu'il n'y
a lieu en France où Monsieur le Prince puisse
estre mieulx ny plus seurement, et si n'en'
bougeray mes enfans, car cela estant il y aura
double garde.
Cateiune.
1 François de Valois, alors âgé de neuf ans. 11 y avait
été envoyé avec sa sœur et élevé en compagnie de plu-
sieurs dames qui s'y étaient retirées dès le commencement
des troubles. Voy. Mémoires dit dur de Revers, 1. 1 . p. 69.
- Marguerite de Valois.
LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS
QLTI N'ONT CAS PARU DEVOIR ÊTRE IMPRIMÉES.
DATES
SDSCRIPTION
ANALYSES DES LETTRES
et
LIN! DE LUTES.
DBS IETTRBS.
ET SOURCES.
1529.
îG mars.
Florence.
A François I".
Les démonstrations d'amitié et les offres qu'il lui a faites par plusieurs fois, lui
donnent la hardiesse de l'importuner, non-seulement pour elle, mais pour
les siens. Rosso Ridoîli, gentilhomme florentin, a été son premier gouver-
neur pendant l'espace de six ans; elle demande pour son fils Vincent Bi-
dolfi une abbaye ou autre bénéfice.
Catalogue de la collection de M. de Monligny. (Paris. Laverdet, t8GJ.)
I5/i0.
0 avril.
A m boise.
Au cardinal Farnèse.
Elle lui recommande vivement le neveu de messire Job an-Baptiste son maître
d'hôtel ', afin d'obtenir du Saint-Père un des premiers bénéfices venant à vaquer
en Bretagne; elle se réjouit en même temps de la promotion du cardinal à la
légation d'Avignon.
Orig. — Arch. de Modéne.
27 septembre.
Evreux.
Au duc de Florence.
Elle lui recommande les affaires de M' Pandolfe touchant quelque argent que
ses frères et lui prétendent leur être dû à Florence.
Orig. — Arch. des Médicis à Florence.
2 7 octobre.
Dijon.
Idem,
Elle loi recommande le sieur Antoine Melin " qui va faire un voyage par delà.
Ibid.
1.541.
Idem.
Elle lui recommande le neveu de M' Tursulys. son aumônier.
1 9 décembre.
Fontainebleau.
Ibid,
1542.
a3 janvier.
Paris.
Idem.
Elle lui recommande Bernard Salviati qui a un procès avec Barthélémy Car-
vassegni.
Ibid.
Mai.
idtm.
Elle lui fait savoir de ses nouvelles par le s' Ottaviano Acciamoli . présent por-
teur et le lui recommande.
Ibid.
1543.
la décembre.
Villers-Cotterets.
A Octavien de Médicis.
Elle lui recommande le s' Bernard de Salviati à l'occasion d'un procès qu'il sou-
tient contre Nasi pour une somme qui lui est due.
Orig. — Arch. des Médicis.
1545.
Au dur de Florence.
Elle lui recommande Albissc d'Ëlbène.
27 mai.
Pontgon.
Ibid.
1 Gowti. Voy. la 11
2 ÎSe serait-ce pas
(Paris. Aubry, i863
oie de la page 1 .
e poète Melin de Saint-Gela
), et l'édition de Saint-Gela
fs, mort en i558î Voy. la Me de Mdùt de Smnt-Gelays , publiée par Gellibert des Seguin?
ys donnée par M. Blancheraain.
78.
620
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
SU SCRIPT ION
ANALYSES DES LETTRES.
et
LIEUX DE D*TES.
DES LETTRES.
ET SOURCES.
1565.
S septembre.
Au duc de Florence.
Elle lui recommande un neveu de Jacques de Tursulys, son premier aumônier,
qui retourna à Florence pour y faire désormais sa résidence.
Beauvais.
Orig. — Arch des Médicis.
l 'i décembre.
Villers-CoUerels.
Idem .
Elle le prie de restituer les biens de Antoine Perussy.
Ibid.
1546.
20 mars.
Blois.
Idem .
Elle le prie de restituer les biens de Pierre Jaeomigny, gentilhomme florentin,
lequel lui a rendu d'éminents services.
Ibid.
Sjain.
Villcneuve-le-
Comte.
Idem .
Elle lui écrit en faveur de Loys Alamanni \ l'un de ses maistres d'bostel et elle
ajoute : «les oflïciers de la communauté de la ville de Florence veullent le
molester pour le gabell ige d'une somme de six mille escus qu'ils prétendent
par luy avoir esté reçus pour le douaire d'une de mes filles qu'il a épousée;
elle certifie qu'il n'en a rien reçu.»
Ibid.
1-2 septembre,
fiasery.
Idem .
Elle lui recommande Nanine de Ridolfi, qui plaide avec Laurent ùmibi -, son
parent.
Ibid.
1547.
a 8 avril.
Au duc de Plaisance3.
Elle lui accuse réception des lettres que lui a 1 émises messire Jehan Francisque
Guinisio, gentilhomme dudit duc.
Ecouen.
Orig. -- Arch. de Modéne.
3 juillet
Saint-Germain-
en-Laye.
Au duc de Florence.
Elle lui écrit en faveur du s' Barthélémy d'EIbène \ valet de chambre du Roi,
contre lequel un nommé Abelotti, citoyen de Florence , a obtenu par surprise
une sentence de contumace en cour de Rome, en vertu de laquelle il a fait
saisir ses biens à Florence.
Orig. — Arch. des Médias.
ta août.
Villers-Colterets.
Au cardinal Farnèse.
Elle lui recommande de nouveau le frère de M' François de Vallence, son
niais Ire des requestes, à telle fin qu'il obtienne un canonicat à Avignon ; elle
lui témoigne le désir de voir l'évêque de Béziers (Laurent Slrozzi) promu
au cardinalat.
Orig. — Arch de Modène.
i5 août.
Compiègnn.
Au duc de Florence.
Elle lui recommande de nouveau Octaviano Bentivoglio 5, et le prie de le pour-
voir de quelque charge de justice; c'est le frère de Frédéric Bentivoglio, un
des gentilshommes qu'elle a à son service.
Orig. - — Arch. des Médicis.
2 0 septembre.
Fontainebleau.
Idem.
Elle lui recommande le sr Pallavicini °, lequel a quelque bien par delà, dont
Lesbini et Bardi 7, compagnons banquiers, se sont emparés «quasi par
force. »
Ibul.
1 Voy. In noie de
- Voy. La Toscane
3 Pierre-Louis F;i
Biné a Plaisance , le
4 Voy. pour la nia
s Sansovino. Orig
e Voy. in Toscane
1 Ibid.
la page 34.
française de l'Hermite de So
nèse . premier duc de Parmi
io septembre 1567.
ison d'F.lbéne, la Toscane/
ini délie famigHe d'Italia , p
françi ite,
liers (article Cambi).
; il avait épousé Hiéronyme des Ursins , fille de Louis, comte de Pilîgliano; il fut asas-
-ançoisc, et la note de la page 37.
58g, et la note de la page i3.
NON IMPRIMÉES DANS CE VOLUME.
621
D Mis
el
L1SUI Dl MTLs.
1548.
i (i jam iei
v- iini ■'" i M. .i
■ i. Laye.
1 6 février.
Pool linebleau.
ag juillet.
M.'irnrr
i/i décembre.
Sainlr Germai ti-
en-Lave.
1549.
9 avril.
Saint-Germaia-
en-Laye.
i5 avril.
Saint-Germain-
en-Laye.
7 juin.
Saint-Cermain-
en-Laye.
i 8 novembre.
Paris.
3 1 novembre.
Saint-Germain-
en-Laye.
1550.
a 8 février.
Saint-Gerniain-
en-Laye.
3o juillet.
Saint-Gërmaîn-
en-Laye.
3i juillet.
Saint-Gerraain-
en-Laye.
i septembre.
Blois.
si Si P,U'T10?<
DtS LETTRES.
Au duc il.' Florence.
vu cardinal Famé
Au duc de Florence.
Idem.
ïikm.
Idem,
Idem.
Idem.
Idem.
Idem .
Idem
Idem.
Idem.
ANALYSES DES l,K t I RBS
BT SOlT.i BS.
' Il est cité par l'ambassadeur Ricasoli. Yoy.
a l.'émaillcur délia Robbia , cité plus baut ,
Elle lui recommande de nouveau Intoine Gazette, toujours détenu en prison.
c'est le frère de 1 une de ses demoiselles.
Orig. — Arcb. des .Médicis.
Elle lui recommande \l Jules Boccabelli, maistre d'hoslel de s ousin le
cardinal de Ferrare, aGn <in il obtienne du Pape dispense de payer les droits
d'un prieuré auquel il a esté promu.
Orig. — Arcb. de Parme.
Elle le prie d'avoir pitié du s' Sartini, demeuranl .i Lyon, lequel 0 été imposé
à mille escus d'emprunt, ce qu'il ne p ra payer, n ayanl (juères de bon et
ayant renoncé au commerce; il est chargé de femme el d'enfants:
Orig. — Arcb. des Médicis.
Elle lui recommande messire Claude Albissy, imposé à quatre mille escus d'em-
prunt, qui est la plus grosse partie de son bien.
nu.
Elle lui écrit de nouveau en faveur de Claude Albissy.
Ibid.
Elle lui recommande François-Cosme Strozzi.
Ibid.
Elle lui recommande Julien Buonacorsi: il réside depuis longues années en
France , et n'a rien reçu, ni des biens provenant de son père, ni des autres
biens provenant de ses offices.
Elle lui recommande son premier maître d'botel , Baptiste Seghizo, natif de
Florence, qui désire entrer au service du duc1.
Ibid.
Elle lui recommande de nouveau Hierosnime delà Rubie' qui habite depuis plus
de trente ans en France, étant employé ans bâtiments. En ce moment il
a une difficulté avec le chapitre de Saint-Marcel del Fiore.
Ibid.
Elle le prie d'empêcher. que Louis Alamanni, son maistre d'hoslel, ne soit
imposé.
nu.
Elle lui recommande Donato Boldebinety, beau-frère de Catherine Gazette, l'une
de ses filles.
Ibid.
Elle le prie de venir en aide à Laurent Mauvelly pour le recouvrement d une
somme d'argent que feu son père a prêtée à l'hôpital de Sainte-Marie de Fb il en i le.
Ibid.
Elle lui recommande Laurent Tauini , citoyen de Florence.
Ibid.
Relations diplomatiques avec la Toscane , t. 111 . p. 188.
page ag.
622
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
SUSCBIPTION
ANALYSES DES LETTRES
el
LIEDS DB DATES.
DES LETTBBS.
ET SOURCES.
1550.
Au dur de Florence.
Elle lui recommande Anastase Pitti, citoyen de Florence.
3o septembre.
Gonipiègne.
1551.
27 avril.
Idem.
Orig. — Arch. des Médicis.
Elle lui écrit en faveur d'un nommé Vincent, fils de Rossi liidolfi, banni de
Florence pour un homicide; il s'est accordé avec sa partie; elle demande
Amboise.
6a grâce.
a5 juillet.
Sainl-Germain-
en-Laye.
Idem.
Elle lui écrit en faveur de Barthélémy Greluisson , docteur en droit, demeurant
à Modène, parent de son premier maislre d'hostel Baptiste. Elle demande
pour lui un office d'auditeur de rote à Florence.
/
Orig. — Arch. de Modène.
1552.
â5 janvier.
Idem.
Elle lui recommande le protonotaire Dey dont elle a fait un maître des requêtes,
et son frère nouvellement marié à Florence.
Blois.
Orig. — Arch. des Médicis.
1554.
Au duc de Mantoue.
Lettre de compliment».
6 septembre.
Gonipiègne.
Aut. — Arch. de Mantoue.
1555.
6 avril.
A la duchesse
de Mantoue.
Elle lui écrit en faveur d'Emilio Cavriana. un des anciens serviteurs du feu
Roi.
Villers-Cotlerets.
Orig. — Arch. de Mantoue.
i5 avril.
Yillers- Cotlerets.
Idem.
Elle lui fait faire ses compliments par Dominique qui s'en va par delà.
m. •
îô avril.
Villers- Cotlerets.
Au duc de Mantoue.
Elle lui envoie de ses nouvelles par le sieur Dominique.
nu.
1556.
12 janvier.
Au duc de Florence.
Elle lui recommande le s' Jehan André Ondadey. l'un de ses gentilshommes,
qui va lui porter ses compliments.
Paris.
Orig. — Arch. des Médicis.
1 8 janvier.
Blois.
A la duchesse
de Mantoue.
Lettre en faveur de l'écuyer Morel'. frère de Gaspard de Fellic.
Orig. — Arch. de Mantoue.
1557.
to mai.
Villers- Cotlerets.
Au duc de Mantoue.
Elle lui recommande le sr Morel écuyer d'écurie du roi, et le s' de Fultre,
son frère; elle demande pour eux l'exemption des contributions auxquelles
sont tenus les citoyens de Mantoue.
( Lettre du même jour à la duchesse.)
mi.
1558.
2 février.
Au duc de Ferrare.
Elle lui écrit en faveur du capitaine de Vernon, Marc-Antoine Segbizo, l'un
de ses gentilshommes servants , qui réclame les droits de sa capitainerie.
Paris.
Orig. — Arch. de Modène.
8 février.
Paris.
Au grand-duc
de Florence.
Elle lui recommande Pierre Paulure dont les biens ont été confisqués.
Orig. — Arcb. des Médicis.
Février.
Marchenoir.
Idem.
Elle lui recommande Baptiste Marlelle. frère du capitaine Baschi, qui fait or-
dinairement service au Boi.
Ibii.
1 Par une lettre c
u ai janvier 1557, Henri U
avait déjà recommandé au duc de Mantoue le sieur Morel , chargé du soin de ses haras.
NON IMPRIMEES DANS CE VOLl ME.
623
n vt b s
LIEUX DE DATES.
I 558.
lC mars.
Blois.
an août.
VilIcrs-CoUcrcls.
8 septembre.
Villers-Cotterets.
28 octobre.
Reims.
1553.
7 janvier.
Paris.
1557.
i3 octobre.
27 octobre.
Saint-Germnin-
eti-Laye.
8 novembre.
1 559.
18 août.
Saint-Germain-
en-Laye.
3o août.
SUSCBIPTION
DES LETTRES.
Au grand-duc
de Florence.
Idem.
Idem,
Au duc de Guise.
Au duc de Florence.
Au cardinal de Ferrare.
Au doyen de la Rôle.
A M. de Nouilles.
Au duc de Mantoue.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Fil'- le prie de taire remellre an s' Gazette une chapelle d'une église de Florence
dont son oncle Adimari a lait la résignation.
Orig. — Arch. des Médias.
Elle le prit' de traiter le pins doucement possible Nicolas Perussi, l'un de ses
secrétaires qui , à la suit*- de La mort de Thomas Strozzi , est retourné à Flo
rence, où il veut unir ses jours.
Ibid.
Elle le pne de remettre en ses biens , dont il a été dépossédé durant les guerreï
Antoine Perussi, frère de Nicolas Perussi, l'un de ses secrétaires.
Ibid,
Elle est bien inquiète de ce que l'armée de l'Empereur est si près de lui ' ; elle
craint qu'il ne lui arrive quelque mauvaise fortune; il est inutile qu'elle
le recommande à la bonne grâce du Roi, ainsi qu'il le lui demande, car il
l'aime comme il le mérite; elle priera Dieu pour lui.
Impr. Mémoires du duc de Guise . collect. Michaud , t. VI . p. 1 1 3 .
Elle le prie de s'employer auprès du Saint-Père en faveur de du Tîllet a, son
aumônier, pourvu par le cardinal du Bellay de l'évéché de Saint- Brienc , afin
que ses bulies soient promptement expédiées.
Orig. — Arch. de* Médius.
Donation au cardinal de Ferrare de terres situées en Italie, entre les villes de
Terracine, Piperro et Se^sï.
Minute. — Ribl. nat. fonds français, n" 3ig8, î° a5.
Elle le remercie des soins donnés au procès qu'elle soutenait contre les héritiers
du cardinal de Médicis.
Minute. — Ribl. nat. fonds français, n° 3hj8, f° ao.
Révocation du don ci-devant faict à M. le cardinal Farnèse ".
Minute. — Bibl. nat. fonds français. n° 3So,8 . f° 106.
crDon fait à M' Etienne Mauguin de tout ce à quoi peuvent monter les ïods et
ventes et autres droits à elle appartenants en raison de l'acquisition qu'il a
faite en i55a d'un tiers de maison sise en la ville de Clerniont louchant au
marché au blcd.n
Minute. — Bîb. nat. fonds français, n° 38o,8 , fJ 19.
Elle a reçu sa lettre du vi° de ce mois , et elle s'en remet à ce que le Roi son fils
lui écrit, le priant d'exécuter et de faire le devoir de sa charge.
Copie. — Arch. du Ministère des Affaires étrang. (dépêches de M. de Noailles.
t. IV, p, 63).
Elle accrédite le sr Léonard auprès du duc et de la duchesse.
Orig. — Arch. de Mantoue.
1 Leduc de Guise écrivait au Roi , le a6 octobre : «Je m'attends* de voir quelque commencement de leur approche." Mémoires 1I11 <Iuc de
Guise, collecl. Michaud . t. VI , p. nfi.
3 Voy. noie de la page 76.
s Cette révocation est motivée sur l'ingratitude du cardinal Farnèse et de son frère . le duc de Parme , qui avaient abandonné le service
de Henri II pour passer à celui de l'Empereur.
626
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
et
L1BUX DE DATES.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
15b9.
3o septembre.
A l'électeur Frédéric.
i a octobre.
7 novembre.
Blois.
1560.
3 mai.
Guenon ceaux.
i3 mai.
Chinon.
A M. t!e Noailles.
Au duc de Mantoue.
Au duc de Florence.
A l'évèque de Limoges.
ai mai.
Loches.
Idem
20 juin.
Ponlgoaîn.
Idem .
ANALYSES DES LETTRES
ET SOURCES.
Elle repousse d'une manière absolue supposition de favoriser les hérétiques.
Au point de vue auquel elle s'est placée, son fils fait bien, qusnd il punit
ceux qui se laissent détourner de la religion traditionnelle, laquelle est
la sainte, la vraie et la catholique, et il détourne ainsi par la crainte les
autres de telles erreurs. Quant à ceux qui, en Allemagne, lui attribuent
d'autres sentiments, ils trompent les hommes, comme elle veut qu'il soit
déclaré ici par écrit.
Arch. de Stullgard.
Elle a reçu sa lettre du 97 septembre que lui a remise La Alothe, et entendu ce
qu'il lui avait donné charge de lui dire. Elle s'en remet à ce que le Roi son
fils lui écrit.
Copie. — Arch. du .Ministère des Affaires étrang. ( dépêches de M. de INoailles.
t.IV,p,89).
Elle lui recommande le s' Laurent SHvauo.
Orig. — Arch. de MantQue.
Elle lui recommande Camille Spamochi, Génois, et ses frères, en considération
des services rendus par eux tant au feu Roy qu'à elle.
Orig. — Arch. des Médicis.
De pauvres femmes de Dieppe et de la Rochelle sont venues se plaindre de ce
que le roi d'Espagne retenait encore sur ses galères et ailleurs treize cents
prisonniers français, ne faisant aucun compte de remontrances réitérées;
elle invite l'évèque à faire de nouvelles instances pour obtenir leur liberté,
garantie parle traité de paix qui, du coté de la France, a été observé.
Imprimé dans les Négociations sous Françcis II, p. 37a.
Il verra par toutes les dépêches où ils eu sont avec la reine d'Angleterre : le
Roi, son fils, ne peut pas avoir de plus sage conseil que celui du roi d'Es-
pagne; l'évèque fera entendre tout ce qu'a fait In Roi son Ois pour ôter tout
.soupçon à la reine d'Angleterre et l'empêcher d'entrer en guerre avec lui, et.
finalement, ce qu'il a fait pour réduire les Ecossais par voie de douceur,
mais sans résultat jusqu'à ce jour, ce qui les contraindra, si Monsieur de
Randan ' échoue dans sa négociation, de venir à la guerre, chose qu'elle
déleste, tant pour son naturel ami du repos et de la paix que pour le désir
qu'elle a de maintenir la chrétienté dans la tranquillité que le t'eu Lui \
avait, avec tant de peine, établie. Personne n'y peut plus que le roi d'Es-
pagne, s'il fait en tendre à la reine d'Angleterre que «si elle fait plus la folle,
il aidera à la chastiem. Dès qu'elle aura abandonné les Ecossais, ils s'accom-
moderont; il faut user de vitesse, car, durant ces allées et venues, elle pour-
rait s'emparer du Pelit-Leilh; elle recommande vivement cette affaire a
l'évèque et le prie de lui envoyer sans relard la réponse du roi d'Espagm
Imprimé dans les Négociations sous François II , p. 38g.
Elle prie l'évèque de Limoges de faire de nouvelles instances envers le roi
d'Espagne en faveur des prisonniers français qu'il retient- Le capil due de
l'Isle qui a fait service au Roi, et a perdu sept de ses frères dans les der-
nières guerres, a remontré au Roi qu'il a quelques parents retenus prisonniers
depuis six ans , et actuellement sur la galère du capitaine Labbé à Palamos.
Ihid. p. iao.
1 Charles de La Rochefoucauld, sieur de Randan, tue au siège de Rouen, à l'attaque du fort Sainte-Catherine. Voy. Portas, StaU
papers, vol. I , p. 3io.
i\o.\ i\ii'Iîimi;i:s hw.s ck \ m,i vie.
625
DATl—
el
. ..
1560.
Veut
36 sept) mbre.
Germain
en Lave
jf> octobre
Orléans.
i o novembre.
'i décembre.
Milieu île décemb.
IMil
■».) juin.
SI SCRIPT10N
A In reine d'Ei
pagne.
A l'évèque de I imoges.
An duc de Florence.
A l'évèque de Limoges.
Au sieur
de \ itlefrancon :
-Au roi de Navarre.
A Ruslan Pacha.
Au sieur de Ci ussol.
\> \M SES DES LETTRES
01 IICBS.
iii< est impori par b< ip <] gens qui sollicitent d'Ôtre di sa maison
ou de celle du roi Bon mari, ne voulant pas refuser par égard pour ceux
qui les lui recommandent . elle la prie de ne pas tenir compte de ses lettres
el de ii «'M faire que ce qu'elle voudra
Imprimi deo ■ les Ve^oi i '<>■■■■ J ;; , ;, ,
Elle lui annonce l'arrivée de don Antonio '. On a tout mie en œuvre poui lui
faire honneur el le bien recevoir. Elle espère beaucoup de sa mit on
IM.
Elle lui recommande le s' Hiéronyme de Turin
Rot*:, et qui a été jugé sans être appelé.
I frig. Irch de! Médias
qn
procès à Rom* , à la
Elle écrit à la reine sa fille et à Madame de Clermonl qu'elle a appris qui «Ma-
dame de Vineux a voulu entrer aux affaires de la reine sa fille»; elle se
plainl à l'évèque de son silence, el de ne pas l'en avoir prévenue, afin d'éviter
que les Espagnols no s'en prennent à son mauvais jugement pour avoir atta-
ché à la personne de la reine sa Gll deux femmes qui ne savent vivre en
paix ensemble; elle prie l'évèque '\>- leur remettre à chacune d'elles Bes lettres
el de leur dire qu'elle entend qu'ellrs vivant nu bonne intelligence, qu'elles
n'entreprennent que ce qu'elle leur a prescrit an moment du départ Elle ne
vent pas que Madame de Vi neuf empiète en rien sur Madame de Glcrmont,
ni qu'elle entre aux affaires de la reine sa tille.
Imprimé dans lea Négociations tous François II . p. 70Û,
Le Roi Bon lit s depuis quelques jours s'esl trouvé «assailli d'un cathare accom-
pagné d'une grosse fièvre qui l'a mis en extresme danger n , elle espère que Dieu
le ramènera en parfaite saule, mais elle en avertit M' de Villefrancon , le
priant d'avoir l'œil plus ouvert que jamais el de contenir toutes choses en repos,
afin que, si ce regrettable inconvénient arrivait, il n'en survienne aucune
nouveauté et que tout reste sous l'obéissance due à cette couronne. Grâce
à Dieu , le royaume n'est pas dépourvu de léjji tunes Mic.n'ssrurs , dont elle est
la mère; elle prendra en ma m L'administration; les princes el grands person
nages qui l'entourent font parfaite démonstration de leur fidélité; elle s'assure
aussi de la sienne et le prie de l'avertir de loute8 les mi nées qui pourraient
se produire et d'j tenir si bien la main que force demeure au Roi Bon fils.
Iimi. p. 7.30.
Bibl. oat. 1 mds français, a' 4638 f 5.
Elle s'applaudit de ce qu'il a été nomme lieutenant général du Roi son fils
comme était Monsii ur de Guise du feu Roi son fils, elle ne fera nulle chose
sans la lui communiquer; il sera nommé dans toutes les lettres où elle sera
nommée elle-même.
Aut. — Arcb, des Basses-Pyrénées.
Elle réclame son intervention auprès du (Jrand Seigneur, alin que leur ambas-
sadeur, Dolu, obtienne de Sa Hautesse ce qu'elle et le Roi son fils lui ont
fait demander.
Arcli. mit. COllect. Sun. un ,i
i/194. B.
Elle lui recommande l'exécution des ordres de Bon fils à l'occasion d'une fabrique
clandestine de piques découverte dans une métairie de Guyenne.
Marquis d'Aubais , Pièces jugitbea de l'histoire de France , 1. 111 . p. 87, et fonds Fon-
tanieu , n"' ag*j-ajj8.
Antonio de Tolède. Voy. au sujet rit cette mission . In le! In- de ( Indien ne ,i l'Inique 11 . imprime.- p. 1 lnj . et la note qui l'accompagne,
Guillaume de Saulx, sieur de Villefrancon, mort le iq mars i563.
Catherine de Mkdicis. — 1.
79
6*6
SOMMAIRES DES LETTRES
DATES
LIEUX DE DATES.
1561.
h août.
Commencement
de septembre.
Du i o au i5 nov,
Saint-Germain-
en-Laye.
1562.
8 janvier.
6 mars.
Fontainebleau.
i 6 mars.
Fontainebleau.
-2 1 mors.
Fontainebleau.
3 avril,
\fehin.
5 avril.
Fontainebleau.
20 juin.
Saint-Germain-
cn-La\c.
i-2 juin.
SUSCRIPTION
DES LETTRES.
Au Saint-Père
A la reine
d'Espagne.
An roi d'Espagne.
A Févêque de Limoges.
Aux nièces de Madame
de Crissé.
ANALYSES DES LETTRES
ET SOUBCBS.
Fragment :
Elle énumère les moyens de ramener les dévoyés; elle demande la suppression
d'une partie des prières dans l'administration du baptême, la communion
sous les deux espèces, la psalmodie eu langue vulgaire, etc.
De Tliou . Histoire universelle , Irad. t. IV, p. 79.
Encore qu'il n'y ait pas cinq joui s qu'elle lui 3 écrit, elle profite de ce porteur
dépêché par le roi de Navarre pour lui envoyer son portrait; elle lui recom-
mande les intérêts du roi de Navarre.
Aul. — Imprimé dans les Nêgoeiqliona sous François II, p. 85&.
Elle a chargé l'ambassadeur du Roi son fils de lui tenir de sa part un propos
sur lequel elle désire connaître son opinion , ne voulant pas passer outre sans
avoir une réponse.
Au t. — Arcli. nat. collect. Simancas , K. 1696 , cot. C.
Au duc de Florence.
Idem.
A l'évèque de Limoges.
Au duc de Florence.
Au duc de Ferrare.
A l'évèque d'Acqs\
Erén- il»1 IVrre et de Léon Strozzi.
: François de Noailles.
Elle lui raconte un entretien qu'elle a
d'Espagne.
Bibl. nat. fonds français, n" 8189. f"
eu avec Chantonuay, l'ambassadeur
Le Roi et elle ont lieu de s'étunner de la lettre qu'elles lui adressent, car lors-
qu'on les a autorisées à se retirer dans la maison de Madame de Clervault,
c'est sur l'assurance qu'elles y recevraient un doux traitement. La dame de
Crissé leur étant parente si proche, elle lui écrit de les remettre en les mains
de Madame de Crissé leur tante pour les ramener en leur maison, où elles
regarderont à se comporter sous la conduite de ladite dame leur tante.
Oriff. — Bibl. nat. fonds français. n° 3i33. f" 36.
Elle lui recommande le sieur Scipnm de Piovène , premier écuyer du Roi, qui
va le visiter de la part du Roi son fils et de la sienne.
Arch. de Florence.
Elle lui recommande Laurent Pomarelly, ingénieur de Sienne, en considération
des services qu'il a rendus durant six ans de séjour en France ; elle le prie de
lui donner moyen de s'entretenir.
Ibid.
Monsieur de Saint-Sulpice lui rendra compte de l'état des choses ; elle le prie de
le bien l'instruire de tout ce qui importe au service du Roi.
Imprimé dans les Négociations sous François If, p. 882.
Elle lui recommande son cousin Robert Strozzi1, que le duc a bien voulu
amnistier, et elle le prie de lui continuer ses bonnes grâces.
Arch. de Florence.
Lettre de condoléance pour la mort de sa femme.
Orig. — Arch. de Modène.
Elle est fort aise de ce qu'en quittant Saint-Germain , il ne se soit pas éloigné de
la cour, et de ce qu'il a séjourné auprès du cardinal de Chatiilon; elle est
encore plus satisfaite des offices qu'il a faits auprès du prince de Condé pour
la pacification de ces troubles; elle le prie de continuer; elle en tiendra bon
compte.
Irnpr. Vertot . Ambassades de Messieurs de Noailles, t. 1 , p. 5o.
NON IMPRIMÉES DANS CE \oi.l ME
627
LIMES
et
LIEUX DE DITES.
SUSCRIPTlnN
ANALYSES DES LETTRES
DES LETTRES.
HT SOIÏBCBS.
1562.
96 juin.
r
Elle annonce le parlement de Messieurs 1rs dur de Guis* c table de
Montmorency et m ares chai de S*-André.
Beangency.
Imprimé dans les Menu ires du 'lue de Gttist . 1 ollei 1. Micbaod et Poujoulat, l. VI,
1" série . p. i>i"
Orig. — Bibl. nat 1 . français, n* 3iq£ , f 5.
3o juin.
An maréchal de Brissac.
Elle lui fait le récit de ia conférence qu'elle a eue avec les chefs protestants.
Beaugeocy.
Copie. — Bibl. nul. fonds français, n° i633a , registre coté 1 \\\\ 1
Imprimé dans tes Mémoires <le Condé, édiL de 176a. t. III . p. 5i5
2 juillet.
Châteaudun
Aux gens du Parlement
de Paris.
Elle écrit, au maréchal de Brissac pour qu'il leur fasse entendre ce qui s'est
passé au voyage qu'elle a fait par deçà; elle regrette qu'il n'en bt.it pas sorti
le fruit quelle attendait plus de la grâce de Dieu que de la dureté tir ceux
auxquels elle avait affaire; elle sera justifiée devant Dieu et devant tous, avant
fiiit tout ce qui lui a été possible.
Imprimé dans les Mémoires de Condé, édil. de 17/1.3 , t. III . p. 5iA.
37 aoùl.
Lazenay.
Au duc
de Wirtemberg.
H entendra du sieur de Rambouillet l'occasion pour laquelle le Roi et elle l'en-
voient et les choses particulières qu'il lui dira de sa part.
Imprimé dans les Mémoires de Condé, t. III, p. 633.
6 octobre.
Campdevant
Rouen.
Aux gens du Parlement
de Paris.
Elle leur annonce la prise du fort Sainte-Catherine.
Imprimé dans les Mémoires de Condé, t. IV. p. U\.
6 octobre.
Camp devant
Rouen.
A Monsieur
de Cbanlonnay.
Elle lui annonce la prise du fort Sainte-Catherine , certaine du plaisir qu'il aura
d'apprendre cet heureux succès; le siéj;e ne peut se prolonger, i! touche à
sa fin.
Copie. — Arch. nat. collect. Simancas, k. i5oo. B. 17.
a3 décembre.
Paris.
A Monsieur
deCrussoI.
Elle a appris qu'il avait été élu et fait chef de ceux qui ont pris les armes,
chose qu'elle a trouvée fort mauvaise; depuis ils ont perdu la bataille, le
prince de Condé est prisonnier; elle l'en prévient, eu égard à la bonne volonté
qu'elle lui a toujours portée; elle l'engage à s'accommoder et à remontrer à
ceux qui sont avec lui le peu d'espérance qui leur reste et la ruine qui les
menace; elle écrit au sieur de Joyeuse de lui accorder tout ce qui sera
possible pour la liberté de conscience, afin que. d'accord avec lui , il remette
cette province en repos; elle lui réserve, ainsi qu'à sa femme, toute sa bonne
volonté, ce qu'il lui facilitera en lui obéissant
Imprimé dans les Pièces fugitives recueillies par M. le marquis d'Aubais, t. III. p. 89.
79-
T\BLE CHRONOLOGIQI E
DES
LETTRES CONTENUES DANS CE VOLl ME.
NUMÉROS
O'OBOBB.
DATES.
1.
•2 septembre i 533.
II.
i a septen)bre 1 533.
111.
i 'i septembre L 533.
IV.
a 3 septembre i 533.
V.
3 décembre i533.
VI.
(Août 1 536.)
VII.
ao janvier i.V!~.
VIII.
l" août i53g.
I\.
8 juin i5'n .
X.
Septembre î ."> 'i i .
XI.
î a juin 1 54a.
XII.
î a juin î.Via.
xm.
Juin 1 5i3.
XIV.
- octobre |543.
XV.
la octobre 1 5 i3.
XVI.
Février i5â 't.
Wll.
6 juillet i5'i'i.
XVIII.
i" octobre l5 'c'i.
XIX.
as décembre i544.
XX.
28 février i5'i5.
DESTIN ATA] Il ES.
Au duc d'Albany
Au même
A la ducbesse de Savoie
Au roi François 1"
Au duc d'Albany
Au grand maître Anne de Montmorency
Au duc de Florence
Au même
Au même
Au même
A l'abbesse des Murâtes
Au duc de Florence
Au connétable de Montmorency
Au duc de Florence
Au même
Au même
\ l'abbesse des Murales
A la même .
Au duc de Florence
Au même
PAGES.
:t
\ pp. 555
3
3
3
.',
030"
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
D'ORDBB.
XXI.
XXII.
XXIII.
XXIV.
XXV.
XXVI.
XXVII.
XXVIII.
XXIX.
XXX.
XXXI.
XXXII.
XXXIII.
XXXIV.
XXXV.
XXXVI.
XXXV1L
XXXVIII.
XXXIX.
XL.
XLI.
XLII.
XLIII.
XLIV.
\LV.
XLVI.
xLvn.
XLVII1.
DATES.
9 mai i5.'i5.
5 mai i545.
16 juin i545.
Fin juillet i545.
a novembre i545.
7 décembre i545.
20 janvier i546.
19 février 1 546.
1 1 mars i546.
i4 mai i.Viii
i5 mai i546.
22 mai i546.
i5 juin 1 546.
2 juillet 1 566.
12 septembre i54G.
28 septembre i566.
20 décembre 1 546.
21 décembre 1 546.
16 janvier 1 547.
29 janvier 1547.
a5 juin 1547.
8 juillet 1547.
3i juillet 1547.
23 août (1547).
7 septembre (1547).
8 octobre 1547.
24 février 1 548.
27 mois i548.
DESTINATAIRES.
Au duc de Florence
Au même
Au même
Au même
Au duc de Ferrare .
Au duc de Florence.
Au même
Au même
Au même
Au même
Au duc de Ferrare.
Au même
Au duc de Florence.
Au duc de Ferrare.
Au duc de Florence.
Au même
Au même
A M. d'Humières . .
Au même
Au duc de Florence.
Au même
Au même
A M. d'Humières . .
Au même
Au même
Au duc de Florence.
A M. de Boisv ....
A M. d'Humières . .
PAGES.
12
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TAULE CHRONOLOGIQUE.
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17 juin 1 5 18.
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37 juillet 1 548.
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Septembre 1 5 18.
icl octobre 1 548.
1" octobre 1 5 18.
8 octobre i548.
20 octobre 1 548.
(Fin de 10/18.)
(Fin de 1 548. )
1 2 mars 1 . |
ai avril liiig.
22 mai i54g.
8 juin i5i9.
8 juillel 15/19.
•29 août 1 54g.
01 août 1569.
4 mars i55o.
i3 mars i55o.
6 avril i55o.
1 '1 avril îôâo.
DESTINATAIRES.
A l'évéque de Conseraos
Au duc de Florence
A M. d'Humières
An iluc de Florence
\ \l. d'Homières
\u même
Au même
Au même
Au même
Au duc de Ferrarc
A la reine de Navarre
\n duc de Florence
\ l'abbesse des Morales
A M. d'Homières
An duc de Florence
A la reine d'Ecosse, Marie de Guise
A la même
Au duc de Florence
Au duc de Mantoue
Au duc de Ferrare
Au duc d'Ànmaie
Au duc de Florence
A M. d'Humières
A Ludovic de Gonzague
A XI. d'Humières
An duc de Florence
A la duchesse de Guise
Au duc de Florence
i'\u -
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App. 55o
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33
632
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
D'ORDRE.
LXXVII.
lxxvid.
LXXIX.
LXXX.
LXXXI.
LXXXII.
LXXXIII.
LXXXIV.
LXXXV.
LXXXVI.
LX XXVII.
LXXXVIII.
LXXXIX.
XC.
XCI.
xcn.
XCIII.
XCIV.
xcv.
XCVI.
XCYII.
XOVIll.
c.
CI.
ai.
ait.
av.
DATES.
DESTINATAIRES.
aôjuin i55o.
26 juillet i55o.
27 juillet i55o.
1 2 octobre i55o.
ait octobre i55o.
29 janvier i55i.
20 février 1 55 1 .
1" avril 1 55 1 .
18 avril i55i
1 " mai 1 â 5 1 .
7 mai 1 55 1 -
2 1 mai 1 55 1 .
23 mai (i55i).
3i mai(i55i).
(Fin juin i55i.)
( Fin juin i55i.)
27 août i55i.
(26 septembre 1 55 1 .)
(26 septembre 1 55 1 .)
(Fin septembre i55i.)
(Fin septembre i55i.)
i5 octobre i55i.
(Fin octobre i55i.)
(Fin octobre i55i.)
(Fin octobre 1 55 1 .)
(Novembre 1 55 1 .)
- janvier i5Ô2.
22 février 1 552.
Au duc de Florence
Au même
Au même
Au duc de Ferrare
Au duc de Florence
Au même
Au cardinal Jean du Bellaj
Au duc de Florence
A la duebesse de Guise
Au duc de Florence
Au même
A M. d'Humières
A M""1 d'Humières
A la même
A la duebesse de Guise
A la même
Au duc de Florence
Au connétable
Au Roi
Au connétable
Au même
Au duc de Guise
Au connétable
Au Roi
A la duebesse de Guise
A la reine d'Ecosse, Marie de Guise.
Au duc de Florence
A M°" d'Humières
PAGES.
34
36
35
36
36
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App. 557
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TABLE CHRONOLOGlol E.
633
NUMÉROS
D'OBDBE.
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CXXI.
CXXII.
CXXIII.
CXX1V.
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CXXVI.
CXXVI1.
CXXVII1.
CXXIX.
CXXX.
(".XXXI.
CXXXII.
DATE".
( Du i o au i 5 avril 1 .">."> a . )
16 avril i55a.
31 avril 1 .">.">-.'.
29 avril i55a.
(Fin avril i55a.)
(Fin avril i5j2.)
(Fin avril i55a. )
1" mai (i55a ).
5 mai 1 5 ."» a .
12 mai i55a.
i3 mai 1D.V3.
1 3 mai 1 55a .
20 mai (i5Ô2).
20 mai i552.
:>'J mai i55s.
a& mai i55a.
ai mai i55a.
aG mai i55a.
(Fin mai i55a.)
(Fin mai 1 55a. )
' (1" juin i55a.)
1er juin i552.
6 juin i55a.
6 juin i55a.
9 juin i55a.
9 juin i552.
io juin i55a.
10 juin i55a.
l'I.sïl>ATAIRES.
Au connétable
Aux gens du Parlement de Dijon
\u cardinal de Bourbon
Au même
Au connétable
Au même
Au même
A Mmo d'Humières
A la même
Au cardinal de Bourbon
Au même
Aux gens du Parlement de Paris
Au connétable
A l'évëque de Valence
A M. d'Humières
Au cardinal de Bourbon
Aux gens du Parlement
Au Roi
Au cardinal de Ferrare
Au Roi
A la duebesse de Guise
A Mme d'Humières
Au Roi
Au même
Au cardinal de Bourbon
Au duc de Guise
Au Roi
A M™* d'Humières
PAGES.
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634
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
D'OPDBE.
CXXXIII.
CXXXIV.
cxxxv.
CXXXVI.
CXXXVU.
CXXXVIII.
CXXXIX.
CXL.
CXLI.
CXLII.
CXLUI.
CXLIV.
CXLV. .
CXLYI.
CXLVJI.
CXLVIII.
CXLIX.
CL.
CLI.
CLH.
CLIII.
CLIV.
CLV.
CLVI.
CLVII.
CLVIII.
eux.
CLX.
DATES.
DESTINATAIRES.
i3 juin i552.
(Milieu de juin i55a.)
(Milieu de juin lias.)
i5 juin i55a.
i5 juin i55a.
(Du i5 au 20 juin i552.)
18 juin i55a.
(Du 18 au a5 juin i552.)
(Du 20 au 23 juin i552.)
(Du 20 au 23 juin i55a.)
23 juin 1 55a.
1" juillet i552.
(Milieu de juillet i552.)
(Du i5 au ao juillet 1 552.)
20 juillet i552.
27 juillet i55a.
i3 août (i55a).
22 août (i552).
zh septembre i55a.
(Octobre i55a.)
20 octobre i55a.
21 novembre i55a.
Décembre i55a.
16 janvier 1 553.
îy janvier 1 553.
5 février i553.
(5 mai 1 5 5 3 . )
6 roai-(i553).
Au connétable.
A la duchesse de Guise. .
A la même
Au connétable
Au même
A la connétable
A Mmo d'Humières
Au connétable
Au même
Au même
Au cardinal de Bourbon. ,
A Mme d'Humières
Au connétable.
Au même
Au duc de Florence. . . .
Au duc de Ferrare
A M"" d'Humières
A M. d'Humières
Au duc de Florence. . . .
Au connétable
Au duc de Florence ....
Au même
A la duchesse de Guise .
A la connétable
Au duc de Florence. . . .
Au même
A la duchesse de Guise .
Au connétable
PAGES.
64
66
65
65
App.559
66
66
66
67
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74
74
75
75
TAULE CHRONOLOGIQUE.
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K l M E R 0 S
D'ORDRE.
CLXI.
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CLXII1.
CLX1V.
CLXV.
(XXVI.
CLXVII.
CLXVIII.
CLXIX.
CLXX.
CLXXI.
CLXX11.
clxxiu.
CLXXIV.
CLXXV.
CLXXVI.
CLXXVII.
CLXXVIII.
CLXXIX.
CLXXX.
CLXXXI.
CLXXX1I.
CLXXXIII.
CLXXXIV.
CLXXXV.
CLXXXVI.
CLXXXVII.
CLXXXV11I.
DATES.
(Fin juillet 1 jô'i.)
(Fin juillet i553.)
(Fin juillet i553.)
(Commenc, d'août 1 553.)
(Du i5 au 30 août 1 553.)
(Fin août i553
(Fin août 1 5 5 3 . )
(Fin août 1 5 5 3 .)
(Fin août 1 553.)
3 septembre 1 553.
3 septembre i553.
Du 3 au 8 septembre 1 553.
Du 3 au 8 septembre 1 553.
Du 3 au 8 septembre i553.
8 septembre 1 553.
9 septembre i 553.
i5 septembre 1 553.
ai septembre i553.
23 septembre i553.
a 3 septembre i553.
28 septembre 1 553.
Fin septembre 1 553.
Fin septembre 1 553.
2 novembre i553.
Novembre i553.
Fin décembre i553.
(Mai i55i.)
Commenc. de mai i554.
DEST1KATAIRES.
A la connétable
Au connétable
Au même
Au même
Au même
Au même
A la duchesse de Guise
A la connétable
A la même
A M. de Lezijjny
Aux capitouls de Toulouse
Au connétable
A la connétable
A la duchesse de Guise
Au duc de Ferrare
Aux capitouls de Toulouse
Au duc de Ferrare
Au même
Au connétable
Au duc de Florence
Aux gens du Parlement de Paris .
A la duchesse de Guise
A la connétable
A M. de Boisy
Au connétable
A Léon Slrozzi
Au duc de Ferrare
A la connétable
PAGES.
76
76
77
78
78
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80
80
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81
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85
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87
88
88
89
80.
636
TABLE CHRONOLOGIQUE.
M'MEROS
D'ORDRE.
DATES.
CLXXXIX.
1 1 juillet i554.
CXC.
Du io au i 5 juillet i554
CXCJ.
Milieu de juillet i554.
CXCII.
17 juillet (1 554).
CXCIII.
28 juillet (1 554).
cxciv.
3 août i554.
cxcv.
Milieu d'août i554.
CXCVI.
17 août i554.
CXCVII.
(17 août i554.)
CXCVIII.
(Fin août i554.)
CXCIX.
(Fin août i554.)
ce.
37 septembre 1 554.
CCI.
6 octobre 1 556.
(XII.
4 novembre 1 554.
CCIII.
6 décembre (1 554).
CCIV.
6 mars i555.
ccv.
ao février i555.
CCVI.
3 mars i555.
CC VII.
24 mai 1 555.
CCVIII.
(Fin mai i555.)
CCIX.
(Juin i555.)
CCX.
(Fin juin i555.)
CCXI.
(Fin juin 1 555.)
CCXII.
16 juillet 1 555.
CCXIII.
5 octobre 1 555.
CCXIV.
a4 janvier 1 556.
ccxv.
3 mars (i556).
(XXVI.
(17 mai i556.)
DESTINATAIRES.
A l'évêque de Bayonne
Au Roi
Au bailli d'Avesnes
Au duc de Guise
A l'évêque de Bayonne
Aux gens du Parlement de Paris
A la connétable
A l'évêque de Bayonne
A la connétable
A la même
Au cardinal Farnèse
Au duc de Mantoue
Au maréchal de Brissac
A la duchesse de Mantoue
A la même
A Mme de Sainte-Mesme
Au maréchal de Brissac
Au maréchal Strozzi
A la duchesse de Mantoue
Au connétable
Au même
Au même
Au même
A M. de Saint-Laurens
Aux gens du Parlement de Dijon
A M. du Bouchage
Au cardinal de Ferrare
Au duc de Ferrare
PAGES.
89
0°
9°
91
91
99
92
93
93
9*
9*
95
95
96
96
App. 56o
96
97
98
98
98
99
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103
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TABLE CHRONOLOGIQUE.
637
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D'OBDBB.
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CCXXIV.
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CCXXVI.
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CCXXVIII.
CCXXIX.
CCXXX.
CCXXXI.
CCXXXII.
CCXXX1II.
CCXXXIV.
ccxxxv.
CCXXXVI.
CCXXXVII.
CCXXXVIII.
CCXXXIX.
CCXL.
CCXLI.
CCXLII.
CCXLIII.
CCXLIV.
DATES.
(Août i556.)
10 août 1 556.
ao octobre i 55 G.
(Décembre 1 556.)
18 décembre i 556.
i»j février i Ti ."> — .
•jlj lévrier i ">.">-.
Du 6 au 3o mars 1 5 5 7 .
(12 mars 1557.)
ta juin IJ07.
8 juillet 1557.
(Fin août 1507.)
(Septembre 1557.)
y septembre 1 557.
1 3 octobre 1 5 5 7 .
i3 octobre 1 557.
(i3 octobre 1557.)
i3 octobre 1557.
37 octobre 1557.
(Novembre 1557.)
1 h décembre 1 557.
(i5 décembre) 1557.
i5 décembre 1557.
(i5) décembre 1557.
i5 décembre 1557.
i5 décembre 1557.
3i décembre 1657.
20 janvier i558.
DESTINATAIRES.
An connétable
Aux yens du Parlement de Dijon
A M. île Saint-Laurens
Au duc de Ferrare
Aux gens du Parlement de Dijon
A M. de Dax
Au duc de Ferrare
A M""de Sainte-Mesme
Au duc de Ferrare
Aux gens du Parlement de Dijon.
Au pape Paul IV
Au connétable
A M. de Caulaincourt
Au pape
Au cardinal Strozzi
Au pape
Au comte de Palliano
A l'évêque de Forly
Au comte de Palliano
A M. de Selve
A M. de Boisy
Au pape
Au cardinal du Bellay
A M. de Saint-Ferme
Au cardinal Strozzi
Au conservateur de Naples
A M. de La Vigne
Au Boi
PAGES.
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App. 56 :
638
TABLE CHROMOLOGIQUE.
NUMEROS
D'OBDBE.
CCXLV.
CCXLVI.
CCXLV II.
CCXLVIII.
CCXLIX.
CCL.
CCLI.
CCLII.
CCLIII.
CCLIV.
CCLV.
CCLVI.
CCLVII.
CCLVIII.
CCLIX.
CCLX.
CCLXI.
CCLXII.
CCLXIII.
CCLXIV.
CCLXV.
CCLXVI.
CCLXVII.
CCLXVIII.
CCLXIX.
CCLXX.
CCLXXI.
CCLXXII.
DATES.
(Fin février i558.)
3 mars 1 558.
27 mars (1 558).
a8 juillet i558.
10 août 1 558.
(Septembre i558.)
20 septembre i558.
(Octobre i558.)
i5 octobre i558.
(Fin octobre 1 558.)
9 avril 1559.
2 5 avril i55g.
25 avril i55g.
8 août 1559.
8 août 1559.
(8 août) i55g.
22 août 1559.
27 août (1 55g).
(Fin août i55g.)
(Septembre i55g.)
1 1 septembre i55g.
i5 septembre i55g.
3o septembre 1 55g.
(i3 octobre i55g.)
18 octobre i55g.
(Fin octobre i55g.)
îi novembre i55g.
Fin novembre i55g.
DESTINATAIRES.
Au connétable
A M. d'Auvilliers
Au connétable
A Laudamine de Médicis
A M. de La Vigne
A la connétable
A Laudamine de Médicis
Au connétable
Au maréchal de Brissac
Au connétable
Au duc de Mantoue
Au duc de Savoie
A Mmt de Brissac
A la princesse de Portugal
Au prince d'Espagne
Au duc de Florence
Au même
Au même
Au duc de Savoie
An connétable
A la reine d'Angleterre
A M. de Noailles
Au duc de Mantoue
Au connétable
Aux gens du Parlement de Dijon ,
Au duc de Savoie
Aux magistrats de Metz
Au connétable
PAGES.
116
117
117
App. 563
118
118
App. 563
118
"9
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120
122
132
12.'"!
123
1 ai
125
1 25
126
126
127
127
127
128
128
TABLE CHIKiNoLocioUE.
039
M MÉROS
D'ORDIB.
CCLXXII1.
CCLXXIV.
CCLXjXV.
CCLXXVI.
i t IWYIl.
<i I AXVIII.
CCLXX1X.
CCLXXX.
CCLXXXI.
CCLXXXII.
CCLXXXIII.
CCLXXXIV.
CCLXXXV.
CCLXXXV1.
CCLXXXVII.
CCLXXXYIII.
CCLXXXIX.
CCXC.
CCXCI.
CCXCIL
ccxcm.
ccxciv.
ccxc\ .
CCXCVI.
CCXCVU.
CCXCV1II.
CCXCIX- .
ccc.
DATES.
(Fin de décembre 105g.)
3 janvier i 56o.
2 1 janvier i 56o.
(Février i56o.)
3 février i5Co.
Fin février îôGo.
( Mars lôGo.)
(Mars i5Go.)
22 mars(i56o).
\h mars i56o.
20 avril (i56o).
(21 avril i5Go.)
24 avril i56o.
(Fin avril i56o.)
(Mai i5Go.)
21 mai 1060.
22 mai i56o.
1" juin i56o.
7 juin i56o.
8 juin i56o.
16 juin i56o.
(Fin juin i5Go.)
(Juillet i56o.)
(Juillet i56o.)
17 juillet îôfiii.
28 juillet i56o.
29 juillet i5Go.
(Fin juillet i56o.)
DESTINATAIRES.
Au duc de Savoie
Au connétable
A Luirent Strozzi
A la duchesse de Ferrare.
A PUilippe 11
Au connétable
A la reine d'Angleterre.
A la duchesse de Guise.
Au duc de Florence.. . .
Au duc de Ferrare. . . .
Au même
Au duc de Savoie
Au duc de Ferrare ....
Au duc de Savoie
Au connétable
Au duc d'Albe
Au comte de Tende. . . .
Au duc de Savoie
A Messieurs de Gènes . .
A Pévëque de Limoges .
Au duc de Florence. . . .
A la duchesse de Savoie.
Au duc de Savoie
Au même
Au connétable
A l'évêque de Limoges. ,
Au duc de Florence. . . .
Au duc de Savoie
PAGES.
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TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMÉROS
D'ORDRE.
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CCCXX.
CCCXXI.
CCCXXII.
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CCCXXIV.
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CCCXXVI.
CCCXWII.
CCCXXVIII.
DATES.
(Août i56o.)
(Août i56o.)
(Août i56o.)
(Août i56o.)
(3 août i56o.)
(Septembre i56o.)
(Comrn.deseptemb. i56o.)
(Comm.deseptemb. i56o.)
(Comm.deseptemb. i56o.)
(Comm.deseptemb. i56o.)
Fin septembre 1 56o.
ier octobre i56o.
Milieu d'octobre i56o.
17 octobre i56o.
2 3 octobre i56o.
Fin octobre i56o.
7 novembre i56o.
7 novembre i56o.
8 novembre i56o.
(10 novembre i56o.)
(i3 novembre i56o.)
(i3 novembre i56o.)
a 8 novembre i56o.
3o novembre i56o.
(Fin novembre i56o.)
5 décembre 1 56o.
6 décembre if>Go.
7 décembre i5Go.
DESTINATAIRES.
A la connétable
Au roi de Navarre
A M. de Limoges
Au connétable
Au roi de Navarre
A sa fille la reine d'Espagne
A M. de Crussol
Au duc de Savoie
A la reine de Navarre. (Jeanne d'Albret.)
Au roi de Navarre
A Philippe II
A l'évêque de Limoges
A Philippe II
Au roi de Navarre
Au cardinal de Châtillon et au duc de Montmorency.
A M. de Monlpezat
A M"' de Clermont
A M. de Limoges
Aux gens du Parlement de Paris
A sa fille la reine d'Espagne
Au connétable
A la connétable
Au connétable
A Babou, évéque d'Angoulême
A la duchesse de Savoie
Au connétable
A M. Coignet
A sa fille la reine d'Espagne
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CCCXLIX.
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CCCLII.
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28 janvier 1 50 1 .
Fin janvier 1 56 1 .
Fin janvier i5ui .
3i janvier 1 56 1 .
Commenc. de février 1 56 1
3 février 1 56i .
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Au duc d'Aumale
Au lieutenant criminel de Paris ■
A l'evriju.- de Limoges
\ sa fille la reine d'Espagne
\ la même
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\ M. de Tavannes
\ fêvèque de Hennés
A M. de Sénarpont
Aux gens du Parlement de Paris.
\ \1. dé Tavannes
A M. Coignet
\ l'évêque de Limoges
A Philippe H
\ l'évêque de Limoges
Au duc de Savoie
A M. de Tavannes
A l'évêque de Limoges
A AI M. des trois Estais de l'Ecosse.
A M. Coignet
Au duc de Florence
Au comte d'Albe
A l'évêque de Limoges
A sa fille la reine d'Espagne
A Philippe 11
A l'évêque de Limoges
A Philippe II
Aux gens du Parlement de Dijon..
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\ M. de Tavannes
A H, de S'-Mesme
\ l'évétrae de Hennés
A M. Gaignét
\n\ gens do Parlement île Paris.
Aux (jeus iln Parlement de Dijon.
\ M. de Tavamies
\ M. d'Haurières
An duc de Ferrare
A la reine d' Ingletei re
«juï gens du Parlement de Paris.
\ sa fille la reine d'Espagne
An prime d'Evoly
\ l'évéque île Limoges
\ la princesse d'Evoly
\ sa fille la reine d'Espagne. .
\ M. Coignel
\ l'inèipie île lï.'iines. ...
\n sienr Dolll
\n Grand-Seigneur
A M. d'Étampes
A Rustan Basse
An prince d'Evoly
\ la comtesse d'Ureigna
\ l'évéque de Limoges
A sa tille la reine d'Espagne.
\ l'évéque de Rennes
\u\ gens iln Parlement île Paris.
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DES I I N U M H ES
A sa Site la reine d'Espagne. . •
\ l'évên I" Limoges
Aux gens du Parlement de Paris
A l'évêque de Limoges
A M. d'Etampee
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A M. de S' Mesme
\u\ gens du Parlement de Paris.
A sa fille la reine d'Espagne. . . .
A la même
A M. Goignel
\ l'évêque de Limoges
A M. de linisy
Aux gens du Parlement de Paris.
Au ' omte de Tende
\ l'évêque de Limoges
\u même
Vux gens du Parlement de Dijon
Aux mêmes
A l'évêque de Rennes
\ M. Goignel
A M. de Caumont
A M. Coignet
A M. de Uoisy
A l'ambassadeur d'Espagne
A l'évêque de Limoges •
\ IVvéque de Rennes
Au procureur générai, Gilles Bonrdin.
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CCCCXXXVII.
CCCCXXXVIII.
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CCCCXL.
DATES.
28 avril i 56 1 .
3o avril i 56i.
Mai i56l.
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i 9 mai i56i.
au mai i56i.
30 mai i56i .
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Du 30 au a5 mai i56j .
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25 mai î 56l.
(a5 mai) 1 56i .
( a5 mai) i56i .
(37 mai) 1061.
Fin mai 1 56 1.
Juin i56i.
Juin 1 56 1 .
6 juin 1 56 1 .
8 juin i56i .
1 i juin 1 56 1 .
1 7 juin i56i.
30 juin 1 56i.
36 juin i56i.
ag juin i56i .
3o juin i56i.
Juillet i56i .
!i juillet 1061.
DESTINATAIRES.
A M. J'Humières
Au connétable
Au même
Aux gens du Parlement de Paris. .
A M. de Boisy
A M. de Burie
A M. de Bordillon
Aux gens du Parlement de Paris . .
Au duc de Nemours
Au connétable
Aux gens du Parlement de Paris . .
Au connétable
A l'évèque de Limoges
A Philippe II
Aux gens du Parlement de Paris. .
Au duc de Savoie
Au même
Au connétable
A l'évèque de Bennes
Au duc de Florence
A M. Coignet
A l'évèque de Rennes
Aux gens du Parlement de Paris. . .
Aux mêmes
Au comte du Lude
A l'évèque de Rennes
A sa fille la reine d'Espagne
Aux gens du Parlement de Dijon
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\ l'évêque de Limoges .
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Au duc il'Albe
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Au duc J'Allie
Au duc de Florence
\ \l . Coignet
\ l'évêque do Limoges
\ M. Coignet
tu sieur Erasso
V M. de Martigues
A François de MontmorenC)
\u\ gens du Parlement de Paris. .
Aux mêmes
\ M. de Chantonna)
\u\ gens du Parlement de Dijon.
A la duchesse de Guise
A la même
A la même
Au connétable
\ *.i tille la reine d'Espagne
\ ta même
\ L'évêque de Limoges
Au même
\ indré Guillart, sieur de L'M''.
A la comtesse d'Ureigna
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646
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
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(3 aoùl 1 56 1 . )
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CCCCLXXIV.
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CCCCLXXV.
(17 août 1 56 1 . )
CCCCLXXVI.
18 août i5Gi .
CCCÇLXXVII.
2 3 août 1 50 1 .
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a5 août i50i.
CCCCLXXIV
26 août 1 56 1 .
CCCCLXXX.
28 août i56i.
CCCCLXXXI.
29 août i56i.
CCCCLXXXIi.
29 août 1 56 1.
CCCCLXXX III.
Fin août 1 56 1 .
CCCCLXXMV.
Comm. de septemb. i56i.
CCCCLXXXV.
a septembre 1 56 1.
CCCCLXXXVI.
8 septembre 1 5 6 1 .
CGGCLXXXVH.
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CCCCLXXWIII.
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1 0 septembre 1 56 1 .
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1 h septembre i56i.
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1 5 septembre i56i.
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27 septembre i56i.
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2 octobre 1 56 1 .
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5 octobre i56i.
ccccxcv.
8 octobre 1 56 1.
CCCCXCV1
1 3 octobre i56i.
DESTINATAIRES.
A Mesure Vincenze
A André Guillart, sieur de L'isle
A l'évêque de Limoges
A M. de Matignon
A M. de Joyeuse
Aux gens du Parlement de Paris
Au duc de Savoie
Au duc de Ferrare
A l'évêque de Rennes
A M. de Bordilion
Au même
A l'évêque de Limoges
A M. de Bordilion
A l'évêque de Rennes
Au duc de Savoie
A Philippe II
Au président du présidial de Poitiers
Au prévôt des marchands de Paris
Aux gens du Parlement de Paris
A Messieurs les seigneurs de Gênes
Aux gens du Parlement de Paris
A l'évêque de Rennes
Au duc de Savoie
Au comte de Brissac
A M. de Bordilion
Au connétable
A l'ambassadeur d'Angleterre (Throckmoilon)
A l'évêque de Limoges
PAGES.
2 23
App.606
226
225
226
226
227
228
229
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App. 606
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232
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235
App. 607
235
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237
App. 609
TABLE CHRONOLOGIQUE,
64'
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D'ORDRE.
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CCCCXCVÏII.
CCCCXCIX.
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D\ll.
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DXX.
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DXX1I.
DXXI1I.
DXX1V.
DATES.
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Novembre 1 56 1
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3 novembre 1 56 1 .
8 novembre i56i.
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28 novembre 1 .Vu .
29 novembre 1 56 J .
Décembre 1 56 1
Décembre 1 56 1 .
3 décembre 1 5 G 1 .
0 décembre 1061.
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A la duchesse de Ferrare
\ l'évêque de Rennes
A l'évêque de Limoges
lu même
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\ M. de Bordillon
A M. de Polon
A M. d'Étampes
A M. de Bordillon
\u duc de Savoie
A l'évêqm de Limoges
A Philippe II
A l'évêque de lin s
Au duc de Savoie
\ M. 4e Boisj
\ l'évêque de Limoges
\n\ gens du Parlement de Paris.
A l'évêque de Limoges
\ M. cl<> Bordillon •. ■
\n\ gens du Parlement de Paris.
\ M. de Vieillevilie
\ M. de Limoges
An même
\ l'évêque île Rennes
\ sa fille la reine d'Espagne.. . .
\u duc Bl Hve
Au duc de Savoie
\ M. de Boisy
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648
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
D'ORDRE.
DATES.
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- décembre 1 56i .
DXXVI.
i ■> décembre i 5(5 1.
DXXVH.
î a décembre i 56 1 .
DXXVIÏÏ.
l 'i décembre i 56i
I)\\!\.
Du i 5 au 20 décemb. 1 56i
DXXX.
i 5 décembre î 56 1 .
DXXXI.
in, décembre i56i .
DXXXII
s 3 décembre i56i.
dxxxui.
a5 décembre 1 56 1 .
DXXXIV.
3o décembre i 50 1 .
DXXXV.
3o décembre î 56 1 .
DXXXVI.
Fin décembre i56i.
DXXXVII.
Janvier i56a.
dxxxvih.
Comm. de janvier i562.
DXXXIX.
Comm. de janvier i56a.
nxL.
9 janvier i56a.
DXLI.
h janvier 1062.
DXLII.
7 janvier i56a.
DXLI1I.
8 janvier 1 50-2.
DXLIV.
1 h janvier i56».
DXLV.
18 janvier 1062.
DXLVI.
18 janvier i56a.
DXLVI1.
30 janvier i562.
DXLVIII.
39 janvier 1662.
DXL1X.
2.3 janvier i56a.
DL.
•7.3 janvier i562.
DLL
■u) janvier 1662.
DLIl.
Fin janvier i56j.
DESTINATAIRES.
A M. Séraphin
A M. de Bordiilon
A M. de Crissé
Aux gens du Parlement de Paris
A la duchesse de Guise
Aux gens du Parlement de Paris
A M. de Boisy
Au connétable
\ M" de Fumel
Aux gens du Parlement de Paris.
Aux mêmes
A Philippe II
A M. de Crussol
A la duchesse de Savoie
A Philippe II
\ M . de Bordiilon
A l'évéque de Limoges
Au même
A M. de Bordiilon
Aux gens du Parlement de Paris.
A l'ambassadeur d'Angleterre . . .
Aux gens du Parlement de Paris
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Aux gens du Parlement de Paris. .
A l'ambassadeur d'Angleterre . . .
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A sa fille la reine d'Espagm
A MM. Poignet et Pasquier.
\ l'évêqae de Limoges. . .
A M. de Tavannes
A M. de La Motte Gondrin.
A MM. Coignet et Pasquier
A M. Coignet
Au duc de Savoir
A Philippe II ...
Au duc de Savoie
Aux officiers de la Hoche! I
A Philippe II
A la duchesse de Savoie . . .
iu duc de Savoie
Au comte de Tende
Au comte de Sommeiive.
A M. de Lansac
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A M. de Tavannes .
A l'évèque de Limoges. . . .
Aux capitonls de Toulouse .
A M. de Burie
A M. de Marligues
A M . Goignet
PAGES.
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DCXVIII.
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\ M. de Mai ligues
\ M. de Maugiron
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\ M. de Maugiron
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A M. de Monluc
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A M. de Montpensier
A M. de Joyeuse
A M. d'Humières
A M. de Gonnor
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Au même
A M. de Gonnor
A M. d'Étampes
A Philippe II
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A M. Coignet
Aux gens du Parlement de Paris .
A l'évêque de Rennes
Aux gens du Parlement de Paris .
A M. Coignet
A M. de Lansac
Au roi de Navarre
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A M. Coignet.
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\ M. de Montpensier
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DCCLI.
DCCLII.
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DCCLIV.
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DCC.LVI.
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DCCLVI1I.
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DCCLX.
DCCLXI.
DCCLXI1.
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DCCLXVII.
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DCCLXIX.
DCCLXX.
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DATES.
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'Du ao au aOoclobre 1062.)
(Du 20 au 26 octobre i56a.)
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Novembre) 1069.
3 novembre 1ÔO2.
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DESTIN VT.URES.
A M . de Piennes
A M. d'AUuye
A M. de Monluc.
A M. de Morvilliers, évèque d'Orléans.
\ AI. d Montpensier.
A M. de Gonnor
A AI. de Ta vannes. . .
Au maréchal de Brissac
Aux échevins de Dieppe.
A M. de Clervaax. . . ......
Au duc de Savoie
A M. d'AUuye
Au cardinal de Lorraine . . ■
Au duc de Savoie
A AI. de Tavannes
A M. de Gonnor. .
Au même
A AIM. de Guise et de Montmorency . .
A M. de Tavannes
A AI. d'Eseais. .
A M. de Gonnoi
de Boisy
Au même
Au duc de Guise. .
\ M. de Boisy
I duc de Savoie.
Aux ducs de Guise et de Montmorency.
\u du: d'Aumale
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DCCLXXVH.
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DCCLXXXH.
DCCLXXXIH.
DCCLXXXIV.
DCCLXXXV.
DCCLXXXVJ.
DCCLXXXVN.
l)ii I.WWIII.
DCCLXXXIX.
DCCXC
DCCXCI.
DCCXC1I.
DCCXCIH.
DCCXCIV.
DCCXCV.
Dccxcvr.
DGCXCVII.
DCCXGVIII.
DCCXCIX.
DCCC.
DCCCI.
DCCCH.
dccciii.
DCCC1V.
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i5 décembre i56a.
17 décembre 106a.
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(a3 décembre 1 5Ga.)
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1" janvier 1 503.
1" janvier 1 563.
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G janvier î 563.
G janvier i 563.
6 janvier i 5G3.
7 janvier î 563.
9 janvier 1 563.
g janvier 1 563.
DESTIN ATAUIES.
A la duchesse de Lorraine
Au duc de Nivernois
A M. de Tavannes
A la duebesse de Guise
Au président du Ferrier
\ M. de Lansac
A l'évéque de Rennes
Au connétable
Au dur de Florence
\ M. de Saint-Sulpice
Au cardinal de Lorraine
\ AI. de Soubise
Au comte du Lude
\ AL de Gonnor
Au même
A l'ambassadeur d'Angleterre. .
A M. de Gonnor
Au même '•
\ M. de Damville
A M. de Gonnor
Au même
Aux (jens du Parlement de Paris .
A AL de Gonnor
A M. d'Humières
A AI. de Gonnor
Au même
Au même
\ M. de Damville
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Catherine ul Médicis. — i.
83
658
TABLE CHRONOLOGIQUE.
\ ni k R o s
D'ORDRE.
DCCCV.
DCCCV1.
DCCCVII.
DCCCVIII.
DCCGIX.
DCCCX.
DCCCXI.
DCDA 11.
DCCCXII1.
DCCCXI V.
DCCCXV.
DCCCXVI.
DCCCXVII.
DCCCXVIII.
DCCCXIX.
DCCCXX.
DCCCXXl.
DCCCXXH.
DCCCXXIII.
DCCCXX IV.
DCCCXX V.
DCCCX XVI.
Dcccxxm
DCCCXXVIll.
DCCCXX IX.
DCCCXW.
DCCCXX XI.
DCCCXXXII.
DATES.
g janvier 1 563.
g janvier i 563
i o janvier 1 563.
10 janvier 1 563.
10 janvier j 563.
1 1 janvier 1 563.
1 1 janvier 1 5 6 3 .
1 1 janvier 1 563.
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12 janvier 1 563.
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î a janvier i563.
i3 janvier i 563.
î 4 janvier i 563.
i5 janvier i563.
î 5 janvier i 563.
16 janvier 1 563.
16 janvier 1 563.
17 janvier 1 563.
17 janvier 1 563.
18 janvier 1 563.
1 S jamier l563.
18 janvier 1 563.
i g janvier 1 563.
ig janvier 1 563.
ig janvier 1 563.
ao janvier 1 563.
30 janvier 1 563.
DESTINATAIRES.
A M. de Maugiron
Aux gens du Parlement de Paris .
A M. de Gonnor
Au même
A M. de Lansac
A M. de Gonnor
Aux gens du Parlement de Paris. .
\ M. de Gonnor ■
Au même
A I'évêque de Rennes
A M. de Gonnor.
Au duc de Florence
A M. de Gonnor
Au même
Au même
Vu même
\n même
Au même
Au même
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A M. de taasac
A M. de Gonnor
A I'évêque de Rennes
Aux gens du Parlement de Paris.
A M. de Gonnor
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A François de Montmorency.. • .
A M. de Gonnor
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Dl « CXXXIU.
DC< CXXXIV.
Di l CXXXV.
DCGGXXXVI.
Dl i l KXXVII.
Dl l I SXXVIII.
DCCCXXXIX.
DCCCXL.
BCCCXLI.
DCCCXJJI.
DCCCXLUI.
DCCCXLIV.
DCCCXLV.
DCi CXLVF.
DCCCXLVII.
DCCCXLVffl.
I): CCXLIX.
DCCCL.
DCCCLI.
DCI i LU.
DCCCLIII.
DCCCL1V.
DCCCLV.
DCCCLVI.
DCCCLVI1.
DCCCLVIH.
DCCCLIX.
UCCCLX.
DATES.
H i STINATA1RI S
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la janvier 1 563.
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a6 janvier i 563.
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8 février i 563.
8 février i 563.
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1 1 février îofio1.
«.m gens du Parle ni de Paris
\n\ mêmes
\ \1 . de Gonnor
A la reine d'Angleterre
\ M. d'Humièn s
\ M. de Gonnor
\u même
\n même
\ M. de Maill)
A François de Montmorency
\n même
A M. de Damville
K \1. de Tavannes
\u\ gens du Parlemenl de Paris
\ M. de Damville
A M. de Gonnor
A François de Montmorency
\ M. 'le Damville
Au duc de Ferrare
A François de Montmorency
Au même
\ M. de Gonnor •
Au même
\ François de Montmorency
\ M. de Tavannes
\ M. de Gonnor
Aux gens du Parlemenl de Paris
A MM. François de Montmorency et de Gonnor
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660
TABLE CHRONOLOGIQUE.
N U M G R 0 S
D'ORDRE.
DCCCLXI.
DCCCLXII.
DCCCLXIU.
DCCCLXIV.
DCCCLXV.
DGCCLXVI.
DCCCLXVII.
DCCCLXVIII.
DCCCLXIX.
DCCCLXX.
DCCCLXX1.
DCCCLXXII.
DCCCLXXI1I.
DCCCLXXIV.
DCCCLXXV.
DCCCLXXVI.
DCCCLXXVII.
DCCCLXXVIIT.
DCCCLXXIX.
DCCCLXXX.
DGGCLXXX1.
DCCCLXXXII.
DCCCLXXX1H.
DCCCLXX XIV.
DCCCLXXXV.
DCCCLXXXVI.
DCCCLXXXVII.
DCCCLXXXVIII.
DATES.
DESTINATAIRES.
i 1 février 1 563.
î a février i563.
î a février 1 563.
i 6 février i563.
16 février 1 563.
1 0 février 1 563.
17 février 1 563.
17 février 1 563.
1 7 février i563.
1 8 février 1 563.
18 février i563.
18 février i563.
1 g février 1 563.
îg février 1 563.
i g février 1 563.
Du îgau 26 février 1 563.)
22 février 1 563.
23 février i563.
a3 février i563.
2Û février 1 563.
■'.") février 1 563.
3.5 février 1 563.
27 février 1 563.
27 février i563.
Fin février 1 563.
Fin février i563.
Mars 1 563.
3 mars i563.
A M. de Boisy
A M. de Gonnor
A l'évèque de Rennes
A François de Montmorency. .
A la reine d'Angleterre
A M. de DamviHe
A M. de Gonnor
Au comte du Lude
A M. de Gonnor. . .
Au même
Au cardinal de Guise
A François de Montmorency
Au cardinal de Guise
A M. de Gonnor
A M. de Damville
Au connétable
A François de Montmorency.
Au même
Au même
Au comte du Lude
A la duchesse de Savoie. . . .
A François de MontmorenCj .
A M. de Gonnor
Au même
A la duchesse de Guise ....
A la même
A Philippe 11
\ M. de Gonnor
PAGES.
502
502
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520
TABLE CHRONOLOGIQl E.
G(il
M Ml ROS
D'ORDRE.
DCCCLXXX1X.
D.CCCXC.
DCCCXCI.
Dl CCXCI1
DCCCXCIII.
I» i CXCIV.
DCCCXCV.
DGCCXCVI.
DCCCXCVII.
DCCCXCVIII.
DCCCACIV
bcccc.
DCCCCI.
DCCCCII.
DCCCCI II.
DCCCC1V.
DCCCCV.
DCCCCVI.
DCCCCVIL
DCCCCVIII.
DCCCCI \.
DCCCCX.
DGCCCXI.
DCCCCXII.
DCCCCMII.
DCCCCXIV.
DCCCCXV.
DCCCCXVI.
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'i mars i 563.
6 mars i 563.
("> mars i 563.
8 mars 1 563.
g mars I 563.
i 9 mars i 563.
(i3 mars 1 563.)
1 3 mars i 51
i 3 mars i 563.
i3 mars i563.
16 mars 1 563.
i 7 mars 1 563.
18 mars î 563.
18 mars î 563.
îg mars i563.
i g mars i563.
ao mars i 563.
ao mars 1 563.
Du 17 au 20 mars 1 563.
90 mars 1 563.
9 1 mars 1 563.
31 mars 1 563.
2 1 mars 1 563.
aa mars 1 563.
3 '1 mars 1 563.
3 '1 mars 1 563.
2-5 mars 1 563.
2.5 mars i563.
DESTIN ITAIRES.
A François dt' Montmorency
A \l. de Goniior
\ l'évêque de Rennes
A M. de Gonnor
\ M. de Prie
\ M. de Gonnor
Au maréchal de Brissae
A M. de Gonnor
A François de Montmorency
Au comle du Lude
A M. de Gonnor
Au comte du Lude
\ François de Montmorency
A M. de Gonnor
Au même
Au même
Au même
Aux gens du Parlement de Paris
A Philippe II.
A MM. François de Montmorency el de Gonnor.
\ M. de Gonnor
Au même
Au cardinal de Lorraine
A M. de Matignon
\ M. de Gonnor
\ \l . de Tavannes
A M. de Gonnor
Aux gens du Parlement de Paris
PAG] S.
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53,
538
538
a «1
662
TABLE CHRONOLOGIQUE.
NUMEROS
D'ORDRE.
DCCCCXVII.
DCCCCXV1II.
DCCCCXIX.
DCCCCXX.
DGGCGXXI.
DCCCCXXII.
DCCCCXXIII.
DCCCCXXIV.
DCCCCXXV.
DCCCCXXVI.
DGCGGXXVII.
DCCCCXXVIII.
DCCCCXXIX.
DCCCCXXX.
DCCCCXXXI.
DCCGCXXXH.
DCGCCXXXIII.
DCC< CXXXIV.
DCCCCXXXV.
]) AT E S.
■i 5 mars i563.
>(> niais î 563.
26 mars 1 563.
■>i) mars 1 5 0 3 .
26 mars 1 563.
28 mars 1 5(io.
38 mars 1 563.
28 mars 1 563.
28 mars i563.
ag mars 1 563.
29 mars i563.
■M) mars 1 563.
30 mais 1 563.
3i mars 1 563.
31 mais 1 563.
3i mais i56o.
3i mars 1 563.
3i mars i563.
3i mars 1 563.
DESTIIVATAIRES.
Au cardinal de Lorraine
A Pévêque de Rennes
A M. de Boisy
A la duchesse de Guise
A François de Montmorencj
Aus gens du Parlement de Paris.
A \1. de Gonnor
Au comte du Lude
\ M. de Gonnor
Au comte du Lude
\ M. de Boisy
A M. de Gonnor
Au bailli de Vermandois
\ M. de Gonnor
1 11 même
Aux gens du Parlement de Dijon.
A M. de Monluc
A la duchesse de Guise
A la même
PAGES.
539
542
544
544
544
545
545
546
546
54 7
54 7
548
548
548
54g
54g
55o
55a
553
TABLE DES PERSONNES
\ QUI SONT ADRESSÉES LES LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS.
\
Albani i Le duc d'), i, 2 , 3.
Albe (Le comle n'), 57.").
\LBE(Le duc d'), i36, ai'i, a56.
Albret (Jeanne d'), i48.
\lliye I D' (i
Angoi lème (Marguerite d'), reine de
Yi\arre, 37.
Aobespine (Sébastien de l'), évéque
de Limoges, 1 38, 1 la, 1 15 . i5i,
i58, 1 7 « . 179, i83, 188, 199,
311, a 1 6 , 9 2 1, 3 4 1 , 2 4 '1 , ■'- ô 0 ,
a53. aO»', , 3io, 3i8, 33o, 565,
067, 57a . '-■;. '177. 584, 590,
5g5, Go5, 609 , 610, 611, 61 3.
Aiiiale i Le duc d'), 3o, 1Ô7. 348,
i'ju.
AoTILLIEBS I M. D' I, 117.
Aïesnes (Le liailli d"). 90.
B
Baboi. évéque d'Angouléme, i54.
Bassa (Rustan), 1 7 '1.
Batokve (L'évèque de), 91, g3.
Beleaï (Le cardinal dd), 38.
Bocbetel. — Voy. Re>>e~.
Boisi (M. de 1, 33, 87, 18a, 188,
195, 300, 260, >77- b85, i37,
. 5 '1 '1 , 5 '1 7 .
BoRDlLLON (M. DE), I96, I29, 230,
286, 343, 2.r>2, 208. a65, 367,
35g, 4oo. '107, '1 1 2.
Bories (M. des . io6.
BOCCHAGE (M. DD), 103.
BoClLLE (M. DE), 'Ml.
Bocrbon (Antoine de), roi de Navarre.
i45, i48,3ia, 3i3, 3i4, 3i5,
33a, i,356.
m (Le cardinal DB), 5o . 6a .
67.
B01 udin(L'' procureur général Gilles),
i93.
Brissai I \l " de), i 2 1 .
Brissac (Le maréchal de), g5, 119,
356, 335, 37a, 127.
VI. DE), 196, 311, 3.V
C
Carlos (Don 1, 133.
ClDMOST 1 M. DB), 1 87.
Cdamon.nu. ambassadeur d'Espagne,
188,
CnÂTiuON (Le cardinal de), l5o,
390.
Cuai lues (M. de), 36a.
Clermont i M de i. 565.
Clervai \ I M. in 1, ioa.
lion, net, ambassadeur en Suisse. 1 87,
;. :ino, 3o8, 3 13,
. 357, 365, 566, ..71. 574,
580,590, 5g4, 5g6, 6o3.
Cokdé (Le prince de), 281, 28" . s83,
3og.
Cosme I", duc de Florence, ■• . 1, 5,
6, 7, 9, 10, 11, la, i3, i'i.
■ 5, 17, 18, 19, 21, a3, - '1 . ag,
3i, 3a, 33, 34, 35, 36, 3
43, 48, 69, 71,7a, 7'i. 85, i3i,
ia3, i33, iio, i43, i6f>, so4,
S ig, 'l."|2 , '17'L
Couserans ( L'évèque de 1
Cbissé I \l. de),
Cri ssoi ' M. de), i '17.
i>
M. de), 16 i 166, 4g:
(|g5 . 507,
Di 5pai i \ : M. 1, 377.
DiEoo(Don),384.
Dieppe (Les échevins de 1, '1 1 ;
;;l'hs dn Parlement de),
1g, 101, lo4, 1 "•">. 1 06 . 137,
167, 168, i85, 210, 219, 549.
Doli ( L'ambassadeur), 172.
E
Ecosse | Messii 111 - des trois États d' i
i65.
, — VO I 11 ISI .
Elisabeth, reine d'Angleterre, 138,
i3a . 17". 366, lo5, 18
[ Elisabeth, reine d'Espagne, 1 ■">;'.
i58, 176, 309, 56o
56g, 576, igi, 592 .
5g3, 600, 6o3, ijo'i.
Erazo (Le secrétaire d'Etat),
Escars | M. 11' . 136.
Étampes (M. d'), 180. 345, i6g
377-
Evoi.i(La princesse d').
Evoli (Le prince d'). •' 1 '1 . ..-
Fabrese (Le cardinal), 94.
Eerrare (Laducliesse Ren ni
Febrabe i Le cardinal de), 60, 10a.
Ferrare (Le duc de), la, 1 "1 . 16,
3o,36,70,83,84,88
io5, 10O. i33, ■•■<--
664
Ferrier (Le président du), 465.
Forly (L'évêque de), 1 10.
Foi'RQUEVAUX (M. DE), 328.
François I", 555.
Fi «el (M'" de), 260.
Gênes (Messieurs de), 1 38 , 2.35.
Gonnor (M. de), 280, 33g, 343.
37i, 373, 377, 384, 386, 399,
4oo, 458, 459, 46o, 46i, 463,
464, 465, 467, 470, 471,473,
674, 475, Û77, 478, 479, 48a,
483, 484, 485, 48g, 494, 499,
5oo, 5o2, 5o8, 5og, 5ia, 5i8,
5ao, 5a2, 524, 526, 52g, 53 1,
533, 536, 537, 538, 545, 546,
548,54g.
Gonzagce (Ludovic de), 3a.
Grand Seigneur (Le), Soliman 11, 178.
Goiulart (André), s' de L'Isle, 222,
224, 396, 4o3.
Guise (Anne d'Esté, duchesse de),
33,3g, 4-2, 48, 61, 64, 73, 75,
So, 82, 86, 21g, 220, 25g, 420,
434, 438, 43g, 444, 5ig, 544,
552, 553.
Guise (Le cardinal de), 5io.
Gcise (Le duc de), 46, 63, 93, 434,
438, 439.
in i~e 1 Marie de), reine d'Ecosse, 555,
556.
H
Henri II, 5g, 60, 557, 558, 56i.
HiMiÈREs (M"'cd'), 4i, 6g, 53, 54,
6a, 63, 66, 68, 70.
HlMlÈRES (M. D'), 17, 20, 22, 24,
25, 26, 28, 3i, 32, 4o, 57, 70,
169, 193, 288, 822, 343, 358,
387, 464, 486.
1
Im.e. — Yoy. GriLLAi;
Jabsac (M. de), 37.5, h 18.
J"iu se (M. de), 3 S
TABLE DES PERSONNES
La Mothe-Gondrin (M. de), 29g.
Lansac (Guy de Saint-Gelais, sr de),
3o5, 354, 364, 379, 3g3, 4ii,
468, 479.
La Rocuelle (Les échevins de), 3oa.
La Rochelle (Les officiers de), 368.
Lavigne(M. de), 116, 118.
Lezignï (M. de), 81.
Lorraine (La duchesse de), 44 i.
Lorraine (Le cardinal de), 43o, 455,
537, 539.
Lude (Le comte du), 208, 391, 458,
5o8, 5 1 6, 5ag, 53o, 546, 567.
M
Mâcon (Les échevins de), 332.
Maillï (M. de), 4go.
Mantoie (Marguerite Paléologue, du-
chesse de), g6.
Mantoie (François deGonzague, duc
de), 3o, g5, 120, 126.
Marguerite. — Voy. Angoulêïe. —
Voy. Savoie.
Martigues (AI. de), 217, 3o8, 3n.
Matignon (M. de), 2a4, 375, 383,
419, 537.
Maugihon (M. de), 3o6, 3 11, 327,
3ag, 377, 3ga , 466.
Médius (Laudamine de), 563.
Metz (Les magistrats de), 128.
Moni.cc (Biaise de), 33 1 , 33g, 376,
3g8, 62 1, 53o.
MoNi.BC. — Voy. Valence (Jean de).
Montmorency (Anne de), 3, 6, 45,
46, 67, 49, 52, 53, 55, 65,
66, 67, 68, 69, 71, 73, 75, 76,
77, 78, 79,82,84,87, 8g, 98,
gg, 100, io3, 116, 117, 118,
119,125, 127, 128, i3o, i32,
i35, i42, i46, 1 53, ï55, ig4,
198, 19g, 202, 260, 317, 439,
43g, 45i,55g.
Montmorency (François de), i5o,
218, 484, 4gi, Ag6, 5oo, 5o2,
5o5, 5 1 1 , 5i4, 5i5, 517, 522,
528,535,546.
Moktpeksieb (Le duc de), 34 1. 4 10.
620.
MoNTPEZAT (M. DE), l50.
Morvilliers (De), évèque d'Orléans.
424.
Murâtes (L'abbesse des), 5, 8, 28.
N
Naples (Le conservateur de), 1 15.
Nejiours (Le duc de), 197,610.
Nicot (L'ambassadeur), 210.
NivERNois (Le duc de), 443.
Noailles (François de), évèque de
Dax, 136, 56i.
Palmako (Le comte de), 110, 111.
Paris (Le lieutenant criminel de).
i57.
Paris (Le prévôt des marchands de),
234.
Paris (Les gens du Parlement de),
55, 58, 85, g2, 168, 171, 176,
179, 181, 182, ig5, 197, 198,
201, 207, 218, 226, 235, 25g,
261, 268, a6g, 272, 276, 275.
281, 320, 34o, 367, 35i, 612,
4ig, 463, 467, 470, 48i, 534,
53g, 545.
Parlement. — Voy. Paris.
Parme (La duchesse de), 362.
Pasqdieb (M.), 297.
Paul IV, 107, 108, 110, 112.
Philippe II, 1 3 1 , i4g, 1 63 , 166,
167, 300, aia, 233, 244, s63,
264, 3oi, 3o3, 347, 5io, 535.
Pie IV, 4og.
Piennes (M. de), 4aa.
Poitiers (Le président du présidial
de), a33.
Portugal (La princesse de), 131.
Poton (M. de), a4a.
Prie ( M. de), 525.
R
Rennes (Bochetel. évèque de), i5y.
A OUI SONT ADIiKSSKKS I.KS LETTRES DE CATHERINE DE MÉDICIS. f»6.r>
181, 1 86, 191, I ■ 208 . a3 1 .
a38, - 16, "•"''' . 269, ■>-'■•. ■'-'■>.
I5o ! 13, 38a, 392,
lo3, 'mi. V17. 18o, 5o3, 5a4,
54a , 607.
Roi bn 1 Les échevins de). 307.
Saint-Ferme i M. de i, i i3.
Saiht-Meshb (M°" de), 56o, ô-s.
Saikt-Mesue (M. de), 56i, -'kj-.
Saist-Laibens (M. de), 10 li io5.
Saikt-Sulpice (M. de) 870. 3^3,
19 153.
Savoie I La connétable, Madeleine de),
-ù, 80, 8a, 87, 89, 92, 93, 'i'1 .
118, i53.
Savoie (Marguerite, duchesse de), 3,
i4o, i54, a63, 3o3, 3a6, r.i7.
Satoii i Philibert-Emmanuel , duc de),
1^7. i34, i.'i.'i. i-'!;. 1 io, 1 la ,
1 '1 '1 . 1 '17, "in . 102, '
35 tlih . 269, "•'>''. 274, 3oi,
;!,,',. 3ag, -..7. I08, 5i6, 129,
43i, i3g.
Selvb ( M. de), 111
SÉNAiipoxT (M. de). 160, 289, 385,
Si 1, u>niH 1 M. t. ■■'<-.
Sommer ivi 1 Le comte de) . 368, 384.
Soi bise (M. de), 3go, 3<i7. '1^7.
Strozzi (Laurent). 564.
Strozzi (Le cardinal), 10g.
Strozzi (Léon), 87.
Strozzi (Pierre |, 97.
Tavanhes (M. de). i5g, 161, i64,
1G7, 168, 299, 3o6, 3a4, 3a5,
327, 343, 344, 127, Vti. 134
143 'u,:: 5oo, 538.
Tende (Le comte de), i -■! 7 . l83,
3o4, 38t.
Throckmorton (Sir), ambassadeui
d'Angleb m 187, ■■*<*■ "7':
; ,, |g5 loo. '1 ig
T si | Les 1 apitouls de), 83, 307
I
I i;hi;m i La comtesse 1.' ), 1 7"'. ■"'•'<■
Valence (Jean de Monluc, évêque de
r,ii.
Vermandois (Le bailli du), 548
VlElUEVlLLB (M- Dï ). a53.
Catherine de Médius. —
34
—
TABLE DES MATIÈRES.
Ul.i. ■ l
iol] ( Ottaviano), 6 1 9.
- 1, 356 . noie.
Icqs I- évêché d'), 1 16, noie.
\ 1 > 1 m \ 1 l j ( \11ll1011io ) , 35 . 6a3.
Urbts | i..; baron des), prêt à en venir
aux mains avec les troupes du comte
de Sommerive, 34j, note. — Ce
1 it de sa mai 1 si roi de \a-
lission,
-
Adviblle (M.), cité, a38.
33i, 384.
AlGUEPERSB, I 'l 1 .
\l\ il. 270.
Alamanni (Andréa), 34.
Uaj st 1 Boncass 34.
wi (Jehan >. recommandé par
Catherine au maréchal de Brissac,
97-
Vlamakbi (Loys), note sur lui, 34. —
Recommandé par Catherine, ■'>-
ï (Nicoio), recommandé par
Catherine au connétabl , 87.
Don François de)., retourne en
Espagne, 534 , noie.
Albàki (Jean Slnart, duc d'), oncle
de Catherine; lettres que lui écrit
Catherine, 1, 2. 3. — Cité, ap
pend. ")(io.
Albe (La duchesse d'), !
Iherine une émeraude,
1 Le. comte d'), 1 7.1.
Ai.be (Le duc d'), lettre i[ue lui écrit
1 Catherine au sujet de la guerre dont
menace la reine d'Angleterre,
,36. —Cité, i.38, i75. — Ca-
therine veut le faire supplanter
par le prince d'Évoli, i84. —
Cité, 188. — Catherine lui re-
\l. d'Ausance envoyé
en mission en Espagne, ai4. —
Remercié par elle de ce qu'il fera
pour le roi de Navarre, 21 4. —
lo5 5o8. — Approuve
la ligne de conduite de Cathe-
rine, 57a. — Cité, append. .">-.">
- Ce qu'il a dit à la reine d'Es-
app md. 600. Catherine
cherche à le gagner, append. 602,
— Cité, append. 61 •">, 616.
Albissi (Claude), (i-> 1 .
Alboh ( Jacques »' |, s'de Saint-André,
note sur lui , -'-i.
Ai.iii'.i.t (Jean d'), i'i-S. note
Albret (Jean 17, note. —
Lettre «pu- Catherine lui adresse par
Crussol . 1 '18. — Nolesur elle, 1 i8.
Lettre que lui écrit Burie, i48,
noie. — Réponse qu'elle lui fait,
note. Injuriée par Moulue,
Unir.
Ali vi. v. 61 •">.
Aldobbakoin (Pierre), recommandé
par Catherine, 1 54.
h n 1. citi e, '.7 -, note.
'. ■ i 1 -ï ■ Chi 1 le d ' ité, '177.
\i, bkços 1 Françoise d'), cité, '177.
1 i - Le duché d' ) réuni à la
couronne, '177. — Procès el tran-
ons 11 ce sujel . '177, note. —
Donné pour douaire â Catherine,
478 . note
Alger i Les galèn 3 d'), a 1
11' UNI 1 I.' 1 198
fi83, 4g5, 600, 6 1 5
Allemands (Les) viennent s" joindre
à ceux d'Orléans, il 1, 4i4.
d i f Les 1 apitaines ). Catherine
voudrait obtenir d'eux une lettre.
15a
Alluie (Florimond Bobertet, d
cité, 3a5. Envoyé en Piémont
pour en rameni 1 392
— Chargé d'enrôler des G
'i lu. - Pressé pur Catherine d'en
finir avec la reddition d
Piémont . iaa . ia3. — Cbai
négoi ier un emprunt avec les Gé
nois. ')••'■'>. — Averti pur Catherine
de la blessure du roi de Vavai 1
1 i3 . — Chargé de faire partir les
envoyés turcs, 576.
Alméida, note sur sa mû
pagne, a6a. — Revient d'Espagne,
Sa no ion en
Espagne, 195, 338.
\i [se, 54 . 1 33, 5a 1 53
r>74, i;. s.
Ahboise (La conspiration d'), docu-
ments où il en esl question
unir, l6l.
AuERVAL ( Simon b'), i 08.
\mi-ii Jacqu i ' tl
Akdeloi 17. —
Envoyé en mission , 4i 1 .île ,
.'{.'17. \ .1 s,, joind ■ au» Alle-
mands, 'l.'i'i. S'i 1 happe de la
bataille de Dreux, i53, 455, 5 27,
note. — Smith lui reproche la paix
533.
84. ■
668
André (Jehan), 4, 19.
Andréa (Claude), accusé d'avoir voulu
tuer le capitaine Masini. note. 48(>.
\net (Château d'), 19.
\nGERVILLE, 337.
anglais (Les), 370, &5o, 16s, J76,
509, 54 o, 5 S ■
Angleterre (L'), i59.
'wooilème (Le duc d'), 1 63. — Voy.
C11 iules IX.
UgodlÊse (L'hôtel d'). 'ig5, noie.
Am.oclême (La reine de Navarre. Mar-
guerite d'), 36, note. — Lettre
que lui écrit Catherine de Médias,
à l'occasion du mariage de Jeanne
d'Albret, 27, 1/18, note.
Angcillara (Flaminio dell'). a '1 ,
note.
Anglïen (La chàtellenie d'), 42<3. —
Voy. E^CHEIS.
Anjou (Evèque d' |, projet de le faire
cardinal, 56o. — Visité par le baron
Polwiller, 578.
Annebalt (L'amiral d'), 53.
Anselme (Le Père), cité, 31, note,
119, note.
Anthinorï (Alexandre), g.
ANrERS, 5:22, note.
\ramont (D'), cité 44, note.
Ardres (La conférence d'), gg, 100,
note.
Ardues (Le gouverneur d'). suspecté
de concussion, append. ôgg.
Arcence (Le s'd'), 4ga.
Arles (Hippolyte d'Esté, archevêque
d'), 5aa.
Armagnac 1 Le cardinal d'), lettre où
il annonce sa venue avec le roi de
Navarre, 1 68 , note. — Ses lettres,
33 1 , note.
Ar.ne (Le capitaine), instructions qui
lui sont données, 212.
A bras ( Antoine Pe.renot, évèque d').
— Voy. Peurenct.
Vr.sciioTi (La duchesse d'), i83, ."> 13,
note.
TABLE DES MATIERES.
Artenai, 100, 335,
Artois (L'), 558.
Aspremont (M. d'), lettre de lui,
384, note.
Athènes (Le comte d'), envoyé au duc
de Ferrare. 1 5.
Air 11s (Le marquis d'), cité 4i.
Ai rerï (Michel), recommandé par
Catherine, an. — Son vaisseau
pris par les Espagnols, an.
Al'bespine (Claude de l'), défend à
M. de Bordillon de montrer la dé-
pèche l'autorisant à arrêter un cour-
rier, 22g, note. — L'invite à écrire
une lettre pour décharger le Roi et
la Reine de l'arrestation du courrier,
2.3o. — Throckmorton lui explique
le refus fait de M. de Courtenay
pour otage, a53.— Ecrit à ce sujet,
a74.
Acbespine (Sébastien de l'). — Voy.
Limoges.
Aibrecht (Le banquier Georges), cité,
160. — Ce qu'en dit Hubert Lan-
guet, 280, note.
Algsbodrg (La confession d'), 172.
Acgsbocbg (Réclamation des mar-
chands d' ) , S b 5 .
Acglstiss (L'église des), à Paris
4 19.
Aimale (F. de Lorraine, duc d'), cité,
61. — Catherine réclame ses services
pour Charles IX, 157. — Note sur
lui, 157. — Cité, 3i2. — Envoie
en Normandie, 3i4. — Sa venue
redoutée par ceux de Rouen , 3 1 4 ,
note. — Lettre que lui écrivent ceux
de Rouen le priant de les épargner,
317. — A besoin d'être renforcé,
317, 32.3, note. — Se retire de de-
vant le fort Sainte-Catherine, 356.
— Chargé de pacifier la Norman-
die, 38i. — Catherine lui écrit,
384. — Félicité par elle des me-
sures de défense qu'il a prises,
44o. — Renseigné par elle sur la
situation, 44o. — Blessé à Dreuv.
.'i5G. — Cité. Ô21, .">2G, 537.
Aimo.nt (Le sr d'), en procès avec le
sr de Corrabeuf, 127. — Note sur
lui, 127. — Recommandé par Ca-
therine au Parlement de Dijon.
1 85.
Aisance (Jacques de Montberon.s' d").
mémoire qu'il adresse sur le roi de
Navarre, i48, note. — Envoyé en
Espagne pour les intérêts du roi de
Navarre, 8i3. — Recommandé par
Catherine au duc d'Albe, ai 4 : —
au prince d'Evoli. 21 4. — Recom-
mandé de nouveau au duc d'Albe,
2 1 5. — Demande des secours pour
Metz, 4t4. — Sa mission en Espa-
gne, append. 601, 610, 61 1.
Alsebosc (Le capitaine), cité. 17
note.
Ai triche (Anne d'), son mariage avec
Charles IX désiré par Catherine.
ao3, ao4.
Autriche (Rarbe d'), projet de son
mariage avec le duc de Ferrare ,
20g.
Actriche (Catherine d'), 123, note.
Autriche (Don Juan d'); Philippe II
prétend lui faire donner Sienne.
200. — Note sur lui. ao5.
Autriche (Marie d'). 367.
Aiserre (Philippe II de Lenoncourt.
evèque d'); envoyé en Espagne.
2 1.3.
Avala (Don Juan d'\ envoyé à Rome,
2o3.
Aventon (François Auhert. s d).
président du présidial de Poitiers,
invité par Catherine à ne pas pu-
blier l'édit de juillet. 233. — Leltn
de lui à Catherine à ce sujet, 233.
note.
Avisves ( Le bailli d' 1 . lettre qu'il reçoit
de Catherine, go, 91.
\iii.non, 10g, note.
Avranches, 380, note.
TABLE DES M \T1KHES.
669
15
l!(nnl DE LA BOURDAISIÈRE,
d'Angouléme, 1 1 5 , noie. — Cathe-
rine lui recommande Pierre Udo-
brandin, t54. -Note sur lui, i54.
— Remercié par Catherine pour
avoir découvert les mauvais offices
de l'évêque de Cornouailles. 337.
l'un.nn Le trésorier), cilé, '1 7 "> .
I!n\- (Le baron de), est assassiné,
— Noie sur lui, 396.
Basai diebe (Le sr de la), 1 02.
Barbara, fdle de l'empereur Ferdi-
nand. 5g, noir.
Barbaro, l'ambassadeur vénitien Marc-
Antoine.' — Ce qu'il dit de la fille
de la maréchale Saint-André, 545,
note. — Lettre de lui, 548.
Barberocsse, cité, 9, note.
Babbbzibcx (François de), nouvelles
qu'il donne, 3 1 3. — Invilé par Ca-
therine à bien garder la ville de
S'il». 355. — Reçoit en don de
Catherine l'abbaye de Rivoure,
523.
Bardi. cit'; 6
Babge (Le capitaine), agent du duc
de Nemours, a58. — Catherine
donne l'ordre à Bordillon de l'arrê-
ter, 3 5 ■ -
BlR-LE-DlC. 1".6.
BaB-SOB-AdbE, 433.
Baschet (Armand), cité, 19, note.
B^ile (Jean), s'empare de la Mol-
. 25g.
Bassompiebbe retiré dans les Vosges,
7-3 , note. — Note sur lui , - 1 .
Bastapd (Louis de), cité, 161.
Bastille (La), 1A7, 170. — Cathe-
rine prescrit à Gonnor d'y déposer
des meubles et de la vaisselle, 280,
437, note. — Endommagée par
l'explosion des poudres, 4g8. —
Sa garnison, 4g5.
Batabnai (René de), s' du Bouchage;
Catherine lui recommande Jehan
Narbonneau. son fourrier. 102.
I! u BiOKî, tue à Dreux le man chai
de Saint-André, 455 , note.
Baviïri 1 ii e Jean . duc de i. envoi.'
une misi ion a Rome ■ 1 Bul
de cette mission, 46g, note.
Baïonns, 89, 38 '1 . '171».
i . lemai
Pierre Strozzi, 91, 107, note.
Bazekcoi m i [sabeau di . mai iée â
Christophe de Lameth . 1 15, note.
Bazebpe (Le s' de). Catherine le l'ait
rembourser pour une consigna -
lion faite au greffe du Parlement,
I67.
Beaucolrt, blessé à Dreux, 15(5.
Beaiifort (Le cliâteau de), 270.
Beaugencï, 3'm, 343, 35 1
196.
Beaujolais (La seigneurie de), 208.
Beadke (Assemblée des protestants
tenue à), 168.
îî e \ 1 v k (Martin de), évéque du Puy,
favorisé par le pape, 228.
Beauregard (Le sr de), cité, ••
Béai mis. D92.
Beadvaï (Antoinette de |, femme de
Pierre d'1 rfé, 64.
Bedfobd (Le comte de), envoyé en
mission en France, 70.
Bellay (Le cardinal Jean di i: lettri
que lui écril Cathei ine, 38. Noie
sur lui, 38. — Lettre qu'il reçoit
de Catherine à l'occasion d'un procès
qu'elle avait en Italie, 11Ô. -
Sa réponse, il 5, note.
Bellay (Louis du), 38, note. Cil .
623.
Belle-Foi -iuèbe (Le sr de), envoyé
pour surveiller les réparations de
l'abbaye de Corlu'e, '180. — Ré-
clame ses gages en qualité de gentil-
homme de la chambre, 48o.
Belvois (Le s,r de), en proeàs avec
M"'" de Monlfort, 101.
Bbkcivenkj (Jean-Baptiste), gardien
de la bibliothèqiii de Catherine,
■ 564. — Recom-
mandé par elle au duc de Flo
rence, 74. — Note sur lui. 7 '1.
Bi en (m Domin me 1: Catl
lei indi au duc de Flo m
i3, i'i, 16.
BBNC1 II | '|.
Iu.m'.u.nt (Bartholomée de), soutient
procè de Catheri >,n
1 117, 108.
Bebi 11 oglio | Antonio), cité, 1 3 , note
Bi rivoGi 10 1 Frédérii |, 1 îté , i3 (
Bi 9 1 ivoglio | Guydo ), cité, 1 6
Bi ■ , ivogi i" 1 1 Ittaviano 1, cilé, i3.
Beuceb de Xivbry, cilé, 564, not .
dibri 1 M de la), citée, 89.
Envoyée par Catherine pour
11er la connétable, 1 00.
Bbbs ibdino (Jehan) , cité, i.
i r ! M"" de), recommandée pai
Catherine au Parlement de Dijon.
i85.
Berne, a85 . a86.
BeBNE I Les seigneurs de), to4, 324.
Bernois (Les), enrôle» pai So
390, Mule.
I!i;i. 1RAM11 (Le chancelier), 81.
Besançon , 1 56.
Béthdke (Georges de), 372, note.
Bezb (Théodore de), cité, 338.
Ses lettres aux églises réformées,
" 2863 note. — Ce qu'il dit des quatre
lettres de Catherine à Condé, 387.
— Ce qu'il dit de Pasquiei .
Vccusé de la mort du dm di
Guise, "nC.
Beziers (L'évêque de I, 13. \ 1 j
Strozzi.
BlCMCOlIlT (M. DE), 93.
IÎ111AGIJE (Carie de), obtient un suhsidi
des Florentins, 91. — Envoyé pai
ses frères en Savoie, i4o, note. —
\ eut quitter le sei *i' e de Fran
çois II pour celui du due de 3
1 io. — Lettre à ce sujet de Fran-
çois Il . 1 io, note, i4i, — 1
670
TABLE DES MATIERES.
d'une mission auprès de M. de Bor-
dillon, 242.
Birac.ee (Françoise de), cilée, i gj .
Bibague (Ludovic de), cité, 46l.
Bibague (René de), cité. 196. — Sa
lettre pour ie mariage de Charles I\,
'i-3.
Iim . justifié par Catherine vis-à-v'is
de Moulue, 398. — Note sur lui,
Blanchard, cité, 269.
Blanchefo et (Marie de), citée, 490,
note.
BtANCBEHAIll (M.), cité, 77.
Bléxeai (M. de), cité, 56o.
Blois, 4, 10, 38, 5 1. 53, 79, 106,
î 27. 128, i3i, i32, i38, 1/10,
295, 34a, 354, 368, 37o, 377,
4a5, 484, 487, 489, 490, agi,
497, 498, 499, 5o5, 5o6,
."107, 5o8, 5og, 5n, 5ia, 5i3,
.">i7, 5ai, (517.
Boa (Thomas), i4.
Bocabelli (Jules), 621.
Bocbetel (Bernardin), sr de Saint-
Laurens, ambassadeur en Suisse,
101. — Catherine lui recommande
le La Chambre, loi. — Note
sur lui ,101.
BocnETEL (Guillaume), 101, note.
Bochetel (Marie). 168.
Bohème (La), io4, note.
Bohême ( La reine de) , fille de Charles-
Quint, 1 o4, note.
b( Maximilien, roi de), projet de
mariage pourses filles, 186, 187. —
Proposé pour la couronne de Hon-
— Projet du mariage de sa
fille aînée avec Charles IX, ao3. —
Sou entretien avec Pévéque de
m -s, 208. — Hostile à la France,
Cité, '78. — Sou couron-
nement différé, 35o.
BoiLBAt (Le capitaine), 211.
«Hun (M. de), cité, 488, 533.
Bois-Dauphin (Jean de Laval, sr de),
lio. — Chargé de veiller sur Paris,
I
Bois-Joi bdan, guidon de la compagnie
de M. de Thermes, 3o8, 3i 1. —
Lieutenant général de Bar-sur-
Seine, et pourvu de l'emploi de
viguier de Toulouse. 33g.
Boisï (Claude-Goulfier, sr de), lettre
qu'il reçoit en faveur de Manuel,
21. — Cilé, 73. — Ce qu'il écrit
au maréchal de Brissac à l'occasion
de la victoire remportée par M. de
Gonnor en Italie, 11g, note. —
Ce qu'il a fait pour les haras de
Saint-Léger et de Meung approuvé
par Catherine, 177. — Invité par
Catherine à n'envoyer au sacre que
vingt-cinq gentilshommes de chaque
compagnie, 182. — Dispensé d'as-
sister au sacre de Charles IX, 188.
— Catherine lui écrit au sujet des
arquebusiers du Roi , 1 gâ. — Au su-
jet des gentilshommes qu'il amenait .
25o. — Ecrit à Catherine pour des
jumenls des haras demandées par
M. de Brezé, 267. — Prévenu que
Charles IX a nommé M. du Plessis
gentilhomme de sa chambre, 260.
— Mandé par Catherine avec deux
gentilshommes, a84. — Catherine
lui recommande Jehan Doublet re-
tiréà Meaux, 438. — Reçoitl'ordre
de ne pas renvoyer les protestants
de Meaux, 437. — Ce que lui
en écrit Charles IX, 437, note. —
Invité par Catherine à ne pas laisser
aller le duc de Lunebourg plus loin
que Chàlons, 437, 438. — Lettre
de lui à Gonnor au sujet d'un lo-
cal pour les poudres, 4g4, note.
— Chargé de faire fortifier le châ-
teau de Chinon, 5oa.
Boisiaillé , abbé du Breuil,cité, 1 16.
— Note sur lui, 116. — Cité,2o4.
Boistaillé (L'ambassadeur Huraull
de), approuve la résistance deBor-
dillon, 499, note. — Renseigné
par Catherine sur les tentatives de
paix, 444. — Rassuré contre les
calomnies répandues sur lui, 444.
Boivix, envoyé en Savoie, 3o4.
Bologne (Le cercle de), 64, note.
Bomface (L'écuyer), cilé, ai,
Bonkafé i M.), 74. — Cité, 564.
IÎO!>.\ct (M. Jules), cilé, 397, note.
BoNNRVAL, 60 1.
Bonneval (L'abbaye de), 96a.
Boni (Jean-Baptiste de), recommandé
par Catherine au duc de Florence.
»7-
Bordeaux, 436, 482.
Bordeaux (Le clergé de), sa lettre à
Catherine pour justifier les ligues
catholiques, 55 2 , note.
Bordeaux (Le Parlement de), 478,
55i.
Bordelais (Le), 261 .
Bordera ve, cité, 100, note.
Rordillox (M. de); Catherine lui écrit
au sujet des places du Piémont,
196; — au sujet de son mariage,
1 g(j. — Arrête un courrier, 1! saisit
ses papiers, 22g. — Lettre qu'il
reçoit à ce sujet de l'Aubespine,
22g. — Prévenu par Catherine des
plaintes du nonce et de Chantennay
pour ce fait, 2.3o. — Invité par
l'Aubespine à écrire une lettre qui
en décharge le Roi et la Reine,
23o. — Rassuré par Catherine sur
la valeur de ses assignations
— Reçoit l'ordre d'arrêter le capi-
taine la Barge, agent du duc de Ne-
mours, 258. — Catherine lui écrit
de nouveau au sujet du capitaine
la Barge, 265. — Elle le prévient
qu'elle ne peutaugmenterse-- -
367. — Il invite Jean-Louis de Sa-
luées à se retirer en France, "7
— Reçoit une lettre de Catherine
pour le payement de ses troupes,
35a; — pour les négociations de
la restitution des places du Piémont.
35g. — Sa lettre à Charles IX,
:;:..,, note. — Cité , 368. — Chargé
de traiter avec le duc de Savoie
pour des vivres, 4oo. — Ses re-
montrances au sujet de la restitution
des places du Piémont, 407. —
Raisons qu'en allègue Catherine,
4o8. — Mis par elle en demeure
i \1!LE DES M AT [EUES.
,71
d'en unir, io8. Pressé de faire
partir les l'iémonlais, 4io. — Le
cardinal de Lorraine lui porte une
jussion pour la restitution des places
de Piémont, lia. - Cité, 6a3.
— Sa décharge, 4 a 4. — Ses lettres
à Charles [X, 4ag. — Cité, i3o.
— Renforce le duc de Nemours,
S io. — - Ecrit à Charles 1\ au sujet
îles querelles des Briançonnais et
drs habitants de l'iagellaet de \ au-
cluson , 'i io. — Cité . 156, note,
append. G 17.
Bokg] 1 1 Lucrèce 1 citée, 1 oa . noti .
Bor.ROMti; (Charles), cité, -"1711.
Borbomée (Frédéric), sa mort. 146.
Bobïes (Des), ohtient un congé pour
maladie, '10 li. — Note sur lui. io6.
BosoiET, cite, 3 3 1, note.
Bosse (Robert db), bailli de Vermati
dois, reçoit la copie de la publica-
tion de la paix. Vin.
Boixabt 1 Antoine de), iga , note.
Bodcabt (Jacques de), envoyé par
Condé auprès de Catherine, 337.
— .Note sur lui. 337. — Envoyé
d'Orléans auprès de Condé, I93,
ig6 , ôe-. — t.ité. 009.
BoUGBàVAKHES, agi, 5a
!' i 1 i L'historien), cité, a, note.
Bouchée (Antoine), 437, note,
iioiciiER, secrétaire de Catherine, 38.
BovcriEr. (Etienne), abhé de Saint-
Ferme, chargé par Catherine de ses
procès en Italie, 107. — Note sur
lui. 107. — Ecrit à Catherine, 108.
- — Cité, 109. — Reçoit une nou-
velle lettre de Catherine, 117.
lioiciiET (François du), envoyé par
Catherine en Savoie, 3o3. — Vit'1
sur lui, 3o3. — Envoyé par le duc
de Savoie, 35g. — Ses mauvais
offices, 36o.
Iî"i 11.1.É (lien" de), envoyé en Bre-
tagne, .317. — Note sur lui, 317.
— Chargé d'empêcher les assem-
blées des protestants en Bretagne,
'11 i.
B01 iLLOlt 1 Le duc de), pris à Hesdin,
77. note. — Prévienl Catherine de
la prise du Havre, 3ia. — Sa ré-
ponse a Catherine, 3 1 a, note. —
Promi - - à lui laiii ~ par 1
Rouen et non tenues, 3 18.
liol LOGNE, 385.
B01 um.m. 1 Conférence de) , 100, note.
Boulogne (Le château de). i6o,
598.
Boukisï ( Loys), cit<
B01 rbob - Mos 1 i'i Esiin 1 Ai 01
unie Mie elle, 171. — Son trous-
1 - 1 , note. — Retourne d'I s-
pagne en France, a33, 585. —
Son mariage avec le comte d'Eu,
append. 586.
BocRBOs (Antoine de), roi de Navarre,
27, 1 48. — Catherine le |
croire M. de Crussol que François II
lui envoie, 11*. — Cite. 17/i, 1 <j s .
— On veut substituer son autorité
à celle de Catherine, 1 77. — S'ac-
corde avec elle , 177. — Est nommé
lieutenant général, 177. — Ce
qu'en écril Catherine au duc d'E-
lajnpes, 180, 181. — Cal
demande à Philippe II de le dé-
dommager «le la perte de la Na-
varre, 180. — Voudrait pour lui
Sienne, -lui). — Mis au rang des
rois par le pape, a i5. - Cité
aag, a48. — Ce qu'en dit Cathe-
rine a l'évêque de Limoge
— Envoie Almeida .en Espagne,
a6a. — Recommandé par Catherine
au roi d'Espagne, 262. — Cathe-
rine remercie le duc d'Albe de ce
qu'il fait pour lui, 2.50. — Cité,
agi. — Négociations pour le dé-
dommager de la Navarre, 296.
— Recommandé par Catherine à
l'évêque de Limoges, 398. -
Elle lui mande qu'elle fait garder
les passages des rivières, 3i3; —
lui donne des nouvelles de Metz e|
de Chàlons.3i 3. — Prévenu par
elle de l'envoi de Vieilleville et de
Villars à Orléans, 3 1 '1 ; — de l'état
des choses dans le gouvernement du
due de Montpensier, .'i i5 ; — du
manque d'à 1 I h
— du départ de Si h : ' alai;
d l'i 1 1 de la bassi Nor
mandie,3i5. — Refuse un |
port pour \m des gens de l'am-
bassadeur d'Angleterre, 3ao, note.
i 11 envoie li S < On
dilions proposées à ceux de Rouen
poui se soumet! r
Elle lui envo bes dei tinéi -
à Orléans et à l'Anglelen
3a8; — lui dem
de ceux de Rouen, 328. -
entre'. 1 ndé sans résultat
— Renoue la négociation,
333.- - Marche avec l'armée jusqu'à
Etampes, 337. — Décidé à réduire
par la force ceux d'Orléans, en cas
d'insuccès de l'entrevue de Thoury,
338. — Cité, 346. — Renou i
négociations avec Condé, 35o.
Reprend Blois, 354. - l
Catherine de donner di
lions au coml
— Cité, 370. — Redemande M. de
Losses, 4i3. — Sa blessure.
— Ce qu'en dit Catherine, 4ao. —
. en pense Robertel , '1 20, note.
— Ce qu'on on écrit au coim tabl
lao.' — Sa compagnie, 5
Intéressé dans un échange de ti rres
le comte d'Egmont, la6. —
i — Sa mort
annoncée à d'Escars par Catherini
43G. — Détails sur ses dei
moments, 436, 44g. — Cité, 5 1 6.
— Désire le mari gi e Margue-
rite de Valois avec son fils, append.
576 note. — Catherine n
1 1 reine d'Espagne sui - int
lions, append. 58l. — Son démêlé
avec le duc François de Guise, ap-
pend. 586. — Consent à ne pas
quitter la cour, append. 586. —
Recommandé par Catherine à la
reine d'Espagne, append. 5gi. —
D'accord avec Catherine, append.
— Compensation sollicité
-■■' '—
(572
TABLE DES MATIÈRES.
pour lui, append, 5g5, 611. —
Loué par Catherine, append. 601.
— D'Ansance envoyé en Espagne
pour plaider sa cause, append. 601.
— Sa lettre au roi d'Espagne, ap-
pend. Gi5, note. — Cité, 6a5.
Bourbon (Antoinette de), duchesse de
Guise, citée, 33, 63. — Reçoit en
don ies amendes du Parlement de
Chambéry, 4g.
Bourbon (Charles de), prince de la
Roche-sur- Yon, va visiter le prince
de Coudé à Amboise, 5a 1 . — Lettre
qu'il écrit à ce sujet à Catherine ,
5 a 1, note.
Bourbon (La maison de), 207.
Bourbon (Le cardinal Charles de),
reçoit une lettre de Catherine pour
l'inviter à réprimer les prêcheurs qui,
à Paris, excitent le peuple, 5o, 5i.
— Note sur lui, 5o. — Reçoit une
lettre de Catherine au sujet de
l'impôt de vingt livres par clocher,
5i. — Cité, 52. — Catherine lui
écrit pour la création d'un juge cri-
minel dans chaque bailliage, 62.
— Elle lui annonce la prise d'ivoy,
67, 08. — Nommé lieutenant géné-
ral, 281. — Cité, 3a 1. — Rend
bon témoignage des services de
M. d'ilumières, 384. — Cité, 607.
— Son témoignage invoqué, 507,
note. — Cité, 5a 1 . — Sera envoyé
à Paris, 52 5. — Négocie la paix,
5a6, 629. — Agréable au Parle-
ment de Paris, 534, note. — Son
départ pour Paris annoncé par Ca-
therine, 538, 539. — Assiste à la
séance du Parlement du 27 mars où
sont enregistrées les lettres patentes
du 19 mars, 338.
Bourbon (Louis de), ducde Monlpen-
sier, 171, 177, 233, note.
Bourbon (Louise de), transige avec
François I", 207, 208.
BninnoN-BussET (Isabeau de), io5,
note.
BouRBos-N'.ncY (La maison de), 1 85.
Bourbourg, 4a6.
Bourdin (Le procureur général Gilles),
invité par Catherine à surveiller les
assemblées de ceux de la religion,
i93.
Bourdin (Jacques, sr de Villaines),
168, 202, 275, 3i2, 3 1 8 , 33g.
Bourges, 38 1, 386, 887, 3gi, 3g2,
397, 4oi, 691 , 5ao.
Bourgogne (La), 827, 329, 344,
617, 635, 690. — Les ligues catho-
liques de Bourgogne, 552.
Bourras, cité, 559, 56o.
BoUVINES, 92.
Brandebourg (L'électeur de), 232.
Brandeboirg (Sophie de), a3a.
Brantôme , cité , 2 1 . — Ce qu'il dit de
Lady Fleming, .'iy , note; — de
Ludovic de Gonzague, y5. — Cité,
108, 299, 607. — Ce qu'il dit
de la bibliothèque du maréchal
Strozzi, append. 5G3, note.
Brax (Troubles à), 21a.
Brésil (Le), 310, ai 1.
Bretagne (Anne de), citée, 1 3 1 ,
note.
Bretagne (La), 3g5.
Bretagne (Les louages de), 626.
Br.EuiL(L'abbé du). — Voy. Boistaillé.
Brezé (Arlus de Maillé, sr de), 63,
66. — Demande à Catherine des
juments des haras royaux, 257.
Briançonnais (Les), leur démêlé avec
les habitants de Piagella et de Vau-
cluson, 44o. — Lettre à ce sujet
de Bordillon à Charles IX, 44o,
note
Bricqceuault (François de Beauvais,
s' de), envoyé par Bordillon, 267.
— Note sur lui, 267.
Brissac ( Jeanne d'Esquetot , dame
de ) ; Catherine la charge de lui faire
envoyer des draps d'or d'Italie,
121.
Brissac (Le maréchal de), reçoit une
lettre de Catherine à l'occasion d'une
victoire de son frère en Italie, 1 19.
— Cité, 263, 281. — Catherine
l'invite à faire suspendre le procès
de Luzarches, 335. — Instructions
qu'il reçoit, 35 1, 35a. — Écrit à
Catherine en faveur du s'' de San
Fi'é, 3Gi, note. — Conseil qu'il
donne à Throckmorton, 4oi, note.
— Veille à sa sûreté, 4oi. — Cité,
4 2 4. — Reçoit une letlrede Catherine
pour le payement relardé de sa com-
pagnie, 427. — Pressé par Cathe-
rine départir pour la Normandie,
48g. — Parti pour la Normandie,
4g5. — Argent envoyé pour son ar-
mée, 489, 5o8, note. — Mandé
par Catherine à Blois, 5i3, 517.
— Attendu à Saint-Mesmin, 52 1.
— Cité, append. 627.
Brochet (Le trésorier), 4G5, 547.
Brosse (M. de la), chargé d'envoyer
de6 renforts au maréchal Saint-
André pourfaire lète aux Allemands,
4i3. — Opposé à ceux d'Orléans,
425. — Tué à Dreux, 453, 455.
Bnou, 53a , note.
Brunet, éditions citées par lui du livre
d'Henri VIII contre Luther, 287.
Brunswick (L'assemblée de), jg2.
Bkunïa.n (De), partage du comman-
dement de sa compagnie, 4oa.
Bruxelles, io4, note.
Bcchanan, épigrammes de lui sur
Lady Fleming, 3g, note.
Bude (Le BassaDE), 334.
Bugmcourt (Le s' de), io3, note.
Buonacorti (Julien), G21.
Burgensis (Le médecin Louis), 65,
70, 678.
Burie (Charles de Coucy, s' de), ordre
qu'il reçoit pour le passage du roi de
Navarre, i48, note. — Invité par
Catherine à se rendre à Agen pour
pacifier les troubles, 196. — Lettre
que lui écrit Catherine au sujet des
troubles, 311, 212. — Lettre qu'il
écrit à Charles IX au sujet de la
dévastation de l'église de Lyrolles,
212. — Cité, 2G1. — Chargé de
surveiller la Guyenne, 3o8. —
Obtient de Catherine ce qu'il a de-
mandé à ceux de Floirac, 876. —
Se joint aux Espagnols, 388. —
.. _
rABLE DES M VUKIlES
67:ï
Pacifie !■ Guyenne, -<<.i5. — Com-
mandement erai lui est donné,
.'un. l'Vliriic pai Catherine de
sa victoire sur Duras, liai. —
Catherine I" demande-,
Envoyé en Guyenne, appendici
6m'i
l!i ar, 53 . note.
Btssi Le É di Fait pri lonnier le
connétable è Dreux, 455.
lîi ssi i>" Vmboi! i . tue !" dm de Lune-
bourg, 'i.V, note
c
Carrières, i 45 , noie.
Cash . 3ia. I67 . '17 '1 ■ '17"). Sa
5a3, noie. — Ce qu"cn dit !
1 ilherine, 5a3 . note;
Calais, 116, 3i5, 'mi. 43o, 5*g,
535 .
Calcagîii (Le comle Théophile
vové auprès du duc de Mantone.
120.121. 12a.
Calvin, ce <|u'il dit du livre d'Henri
VIII centre Luther, a35, note. —
Dénonce à Throckmorlon la pré-
lace de Saconay qui accompagne la
réimpression de ce même livre,
237, noie.
CAMBRAI. 84, 322.
Cambbésievs (Les réfugiés) à Uont-
didier. .3aa.
Camille. envoyé par Charles IX auprès
du duc de Ferrare, igg.
Cajht, porte des dépêches, 118.
Candalle ( Henri de Fois, s'de), a4g.
— Chef des ligues calholiqm s de la
Guyenne, 55a.
Capello (Giovanni), l'ambassadeur
vénitien, 55g.
Cappom (Giuliano), ai, noie.
Cappom (Luigi), ce qu'il dit de la
fuite du prieur de Capoue. 44, note.
Cabaffa (Jean), comte de Palliano,
s'occupe des procès de Catherine
en Italie, 1 10.
Caraffa (Le cardinal), légat de Paul
IV. io3, 228.
Cabcassorhe (L'évêché de), aa8.
Cabdoma (Dias), étranglée par son
mari le comte de Palliano, 1 10, note.
Cablos (Don), 16, note. — Lettre
que lui écrit Catherine, pour le
remercier de ce qu'il lui a lait dire
par le marquis de Tanara , 121. —
CatUEBINE DE MÉDICIS. I.
vote sur lui ; tai. — Son m
Marguerite de Valois désiré
par Catherine, 1 45, 867. i n
danger de mort, 3ig, unie. — Sa
guérison, :•'[-. — Note sur sa ma-
lailie. .V17. — Va plus la fièvre,
append. .">-!>. — Le projet de son
maria;; avec Marie Stuart inquiète
Catherine, 535. 536, noie.
Carmagholes, 3fj 1 .
Carnavalet, e'ill.
C vrw sec.m , 7.
Cabbacioio (Jean) . prince de Melphe,
27, noie sur lui.
Cvrvvjal ( Don Diego de), amène les
Espagnols en France, 38 1. — Note
sur lui. 3SSÛ. — Ce qu'en dit Bu-
rie, 384, noie.
Casal (La prise de;, gg.
Castkll.am ( Le médecin) , 5 1 2 , note.
Castelsau (sr deMauvissière), envoyé
par Matignon, 385, 386.— Notesur
lui, 385. — Gouverneur de Tan-
carville, 534.
Castel.nai ( Marguerite de), 1 o 1 . noie.
Camille (Blanche de), fonde l'abbave
de Maubuisson, ia5, note.
Castres, 33l.
Cateac-Camrrésis (Le Iraité de), a35,
357, 686, note.
Cai debbc, 3g, 4a4.
Gaulajkcoobt, remercié par Catherine
de ses bons services, 108.— Note
sur lui . - 1
Cuuom (Geoffroy, de); note sur lui.
53. — Lettre qu'il reçoit de Cathe-
rine, i5o. — Note sur lui, 170.
Dispensé du voyage d'Angleterre,
■87-
Cavalcasti (Jehan), rebelle envers le
duc de Florence. I2ii.
Cai vi i 1.M1 1 Lucrèce), 7.
Catri v\ 11 Émilio), 1 ' .
Caixi s i Pierre db |, '106, note.
Catlds • La seigneurie), ,'106. note.
Cecil (Sir William), 60, note; 20.").
454, note; 45a, noie; ■>'■>,■<. noie.
Cekaiit (Le banquier), i65.
: bdoj (Le 1 amp de), 3o8.
Cébisoles (La bataille de), 119, note.
Cbsanne, 126.
Ghalabd (Joacbim di). son livre sur
les Etats d'Orléans, a34, note.
t.n illiiveb 1 L'ambassadeur anglais).
370, 5o8.
Ch alon-sdb-Saôre , 25,54,56, 57,
58, 5g, 60, 6a, 63, 66, 67,
:i(i(i. 3l3. — Sa garnison, dépla-
par Catherine, 2.55. — Sa
prise par Montbrun , 3a6, DOl
337. — Les Suisses v sont am lés
344. — Sa citadelle, 435.
Ciiàlo.vs (Les échevins de), mis 1 □
liberté par les officiers du duc de
Guise, 43a.
Chambbbi (Le Parlement de), 4g.
Ciivvibobt, 103.
Chambre I Les comtes de la ), dettes
qu'ils ont en Suisse, 101.
Champagne (La), 3g5, 4i3, /171.
'i75. 48g.
Chamcel (Pierre), lia.
Chantier (Louette de), 368.
Ch vmii.lv, '1 , 19g.
Cdabtorrai (Thomas Perrenot,s' de),
ce qu'il dit de la mort du dur de
Ferrare, 137, note. — Catherine
et le cardinal de Lorraine se piai
gnent de lui, j 38. — Note sur
lui. i38. — Lellre de lui à la du-
chesse de Parme à l'occasion de
l'envoi en France de Don Juan vl.m
85
674
rique de Lara , 1 o3. — Racoote à la
duchesse de Parme le conflit sur-
venu entre Catherine et le roi de
Navarre, 178. -*L La reine lui en-
voie l'ordonnance faite pour pour-
voir aux trouhles, 1 88. — Réponse
qu'il adresse à ce sujet, 188, note.
— Catherine lui recommande des
Français pris par le capitaine
Labbé, 219. — Raconte à la du-
chesse de Parme comment s'est
passée la première séance de l'as-
semblée des évèques à Poissy,
aai, note. — Ce qu'il dit de la
grossesse de la duchesse de Savoie,
227, note. — Remet à Catherine
une lettre de l'empereur Ferdinand ,
328. — Se plaint de l'arrestation
de son courrier par Bordillon, a3o.
— Réclame vingt mille livres pour
un marchand espagnol, 3a4. —
Prévenu des mesures prises pour
recevoir et conduire l'argent qu'en-
voie la duchesse de Parme, 37-3.
— Ce que lui prescrit Philippe II
au sujet des places du Piémont,
43 1, note. — Parle de la bles-
sure du connétable à Dreux, 654,
note. — Parle de la morl de Mont-
beron, 456, note. — Fait part à la
duchesse de Parme des résistances
du Parlement de Paris aux me-
sures de clémence en faveur des
protestants, 478, note. — Parle
du retour de Catherine à Paris,
484, note. — Annonce à la du-
chesse de Parme le brusque dé-
part deCatherine de Chartres, 488,
note. — Ce qu'il dit de Metz, 5o5,
note. — Ce qu'il écrit à la duchesse
de Parme au sujet de la compéti-
tion pour la grande maîtrise, 5i3,
note; 523, note. — Récit qu'ilfait
des négociations de la paix, 5a6,
note; 627. — Sa lettre à la du-
chesse de Parme sur la prise de
Don Fernando, 548, note. —Parle
desinquiéludes causées par le projet
de mariage de Marie Stuartavec Don
TABLE DES MATIERES.
Carlos, 576, note. — Son ejitrevue
à ce sujet avec le connétable, 576,
note. — Donne à Catherine l'espoir
d'une entrevue avec le roi d'Espa-
gne, 58 1. — Bruits alarmants sur
l'état de la France répandus par lui
en Espagne, append. note, 611. —
Charles IX se plaint vivement à l'é-
vêque de Limoges de ses mauvais
offices, append. note, 611.
Chappis Vitelli, 279, note.
Charles d'Autriche (L'archiduc, fils de
l'empereur Ferdinand), projet de son
mariage avec Marie Stuart, 543. —
La reine Elisabeth y esthostde, 544.
Chaules IX, i44, note, i45, 157.
— Sa lettre à Tavannes, 168. —
Intercède auprès du Grand-Seigneur
pour des prisonniers espagnols,
17», 173. — Écrite Boisy pour
son sacre, 1 82. — Enjoint au Par-
lement de Paris de sévir contre le
prédicateur M° Fournier, 182. —
Fixation du jour de son sacre, 189.
' — Prescrit au Parlement de Paris
d'observer l'édit de Romorantin,
193. — Ecrit au Parlement de Pa-
ris au sujet des pairs devant assister
à son sacre, 194, 195. — Félicite
le. maréchal de Montmorency de ce
que la Fête-Dieu s'est passée sans
troubles, 199. — Ecrit au cardi-
nal de Rambouillet au sujet de l'em-
prisonnement fait par le pape du
comte de Gaiazzo, 2o4. — Ter-
mine le procès a\ec le duc de Mont-
pensier pour la succession d'Anne
de France, 208. — Ecrità l'évèque
de Limoges à l'occasion de la mis-
sion ded'Ausance en Espagne, ai 3.
— Instructions qu'il donne à M. de
l'Isle, 222. — Lettre qu'il y joint,
322. — Donne l'ordre à Joyeuse
de châtier lesauleurs des troubles du
Languedoc, 22.5, note. — L'autorise
à laisser les galères d'Alger se ra\i-
tailler, 235. — Sa lettre en faveur
du roi de Navarre, a a 8. — Or-
donne l'arrestation du courrier
portant les dépèches du Nonce
et d'Espagne. — Ecrit à M. de l'Isle
pour en accuser Bordillon, a3o,
note; a3i. — Son entrée à Paris,
234, note. — Remercie Philippe 11
de ses offres de secours, dont il
n'a nul besoin pour le moment,
a4o. — N'admet pas que le roi
d'Espagne prèle aucun secours à ses
sujets, 2 4o, note. — Rappelle qu'il
a averti Philippe II de la conspira-
tion tramée contre lui et révélée
par Mazères à Amboise, 2 4o. —
Explique à l'évèque de Limoges les
projets du duc de Nemours, 200,
note. — Cité, s56. — Ecrit au Par-
lement de Paris au sujet de la tenta-
tive faite contre leportier de la porte
Saint-Antoine, 262. — Ecrit à l'é-
vèque de Limoges qu'il ne laissera
jamais ses sujets recourir à l'étran-
ger, 266, note. — Cité, 268, 269,
271. — Sa lettre au Parlement de
Paris pour la publication de l'édit
des ajournements, a84, note. —
Cité, 297. — Ecrit à Philippe 11
au sujet du secours promis. 307.
— Se plaint de la harangue du dé-
puté du Parlement de Grenoble,
329. — Veut envoyer Tavannes en
Dauphiné, 329. — Sa lettre aux
échevins de Màcon, 323, note. —
Cité, 367. — Écrit à ceux de la
Rochelle, 869.— A M. de l'Isle ,
3g6. — Recommande le médecin
Valeran à M. de Gonnor, ioo. —
Écrit à Bordillon pour une question
de vivres, 600. — Fait démanteler
Saint-Lô, 4 19. — Mande Moulue.
4a3. — Annonce à Saint-Sulpice
la mort du roi de Navarre. 436,
note. — Écrit à Boisy de mettre
en liberté quelques protestants
de Meaux, 437, note. — Ac-
corde un pardon général, 437,
note. — Serend à Nemours, 44o.
— Projet de son mariage avec une
fille du roi des Romains, 44 1. —
Prie Saint-Sulpice d'obtenir de Phi-
■ umi
TABLE DES MATIERES.
675
lippe 11 une déclaration contre la
reine d'Angleterre, 45 1, noie. —
Sa lettre à Boislaillé pour un prêt Eut
par les Vénitiens, 'i l 'i , note. —
Apprend par M. de l'Isleles circon-
stances de la mort du cardinal de
Médicis, 446. — Fait à Saint-Snl-
pice le récit de la bataille de Dri'ux ,
453. — Invite Soubise à se sou-
mettre et à rendre Lyon, /i57,nole.
— Resté à Paris après la liataille de
Dieux, 458, note. — Part pour
Chartres, 46o. — Règle la garde
du prince de Condé, 46i , 4Ga. —
Plaide pour le duché d'Alençon ,
/178, note. — Congratule le roi des
Romains, 48o. — Sa lettre à M. de
Mailly, 4o,o, note. — Prescrit au
maréchal de Montmorency de faire
exécuter les mesures ordonnées
contre les protestants, ftû3. —
Rend compte au duc de Ferrare de
la marche de son armée, 497. —
Lui parle des bonnes dispositions de
Condé, 4t)7, note. — Écrit à la
reine d'Angleterre pour désavouer
la proclamation de guerre dont elle
se plaint, 5oC>. — Annonce à
Coignet son avènement, append.
567, note. — Ecrit à Messieurs
de Genève pour se plaindre de la
propagande protestante faite par
ceux de leur ville, append. 574. —
— Fait le récit de l'assemblée de
Poissy, append. 609. — Expose à
l'évêque de Limoges ses défiances
à l'égard de Philippe II, append.
610, note; 611. — Envoie Burie
et Crussol en Languedoc et en
Guyenne, append. 611, note. —
Mis en avant comme prétendant à la
main de Dona Juana, append. 61 3.
Cbarles-Qitnt, part pour Bruxelles,
io4.
Cbarbièbe (M.), 44, note; 116, 172.
Cbabbï (Jacques Prévost, s' de), sa
jonction avec Sansac, 4i 1. — Note
sur lui, 4ii. — Sa compagnie,
425, note.
Chartres, --! .'» — . '1Ô7 à .'171, '17.;,!
48i , i83 .. 185.
Cuistres (Le vidame de), son entre-
vue avec Killegrew, i85, note.
< jnsTEi.i.KT (l)i 1, son procès avec Jac-
ques de Roslaing, 43.
Ciiâtkai i:i;iimi, ia.
Ciiàteai -I) vi rin\, sa garnison ren-
forcée, 327.
CllÀTEACD|i\ , 4 OO, 4l3.
Ciiàteal-Landon, 4oa.
CbAteau-Nbuf (La seigneurie de),
478.
Cn \tk\i -TiiiEitiiv (L'artillerie de),
332.
Ciiàteh -Yieix ( MargueriteDE), 1.37,
note.
Chàtelet (Le), 46.
Chàtellerailt, 5, 129, 429. — (Les
protestants de), 1 5 1 .
Ciiàtillos (Le cardinal Odet de),
lettre de lui, i3i. — Cité, 1 36,
i5o. — Catherine lui écrit pour
obtenir le désarmement de Condé,
290. — Sa réponse, 290, 291.
— Cité, 337. — Son interven-
tion réclamée pour la paix, 4i5.
— Envoyé par Coligny en Angle-
terre, 532 , note. — Retourne en sa
maison, append. 61 4.
Chaolxes (Françoisd'Ongnies, s' de),
sa compagnie non payée, 357. —
Note sur lui, 357. — Chargé de
recevoir les Espagnols envoyés par
Philippe II, 36a.
Ciiemeacï. (Jean Pot de Rhodes, s' de),
chargé de la garde de Condé, 4G2.
— Note sur lui, 462.
Chevoncealx (La seigneurie de), 252,
note.
Cuer (Les archives du département
du }, citées, 42, note.
Ciierboirc, 384, 456.
Cheroel (M.), cité, 188.
Cbesnaib (La), général des finances,
65.
Cbinon, 102, 5*02.
Ciioisï-ADX-LocES, 56o, note.
Ciiorier (Mcolas), 3o6, 329, 472.
Cbrksiibii (Ghistophle) , médecin de
Henri II, a5.
Cicada (Le cardinal Jean-Baptiste).
i56.
Cimbbb et DiNjni , ."1 1 '1 , note.
Cii'ihuie(M. de), envoyé auprès du
Parlement de l'.nis, 'iV> , note. —
Lettre de lui an sujet des poudres,
696, note; 5i6. — Note sur lui.
T. 11..
CJteadi (L'ordre de), ia5, note.
Cuibahbavli (Le fonds), 18, note:
76, note; 79, note; 436.
Cladsse (Marie), 4io, note.
Clément VII, 102 , note.
Clément VIII, 228.
Clère (Le capitaine), 317, note.
Ci.ebmdnt (Louise de Bretagne, dame
de), ses démêlés avec M"" de Vi-
neux, i52, note; i5a, 1 53. —
Rentrée d'Espagne en France, a33.
— Citée, 372. — Lettre que lui
écrit Catherine au sujet de la reine
d'Espagne et de l'entrevue qu'elle
désire avec Philippe II, append.
56o. — Mandée d'Espagne, ap-
pend. 5g3.
Ci.ermont-Lodève (Guy de), a33,
note.
Clervadx, sa lettre au roi de Navarre.
327. — Envoyé pour se faire re-
niellreles villes du Languedoc, 3 ia.
— Désigné pour escorter l'argent
envoyé par M. d'Ausance, 3gi.
. — Note sur lui , 3(ji. — Chargé
du commandement de la com-
pagnie du s' de Brunian, 4oa. —
Sa lettre à Catherine, 4o2, note.
— Mis en demeure de publier l'a-
bolition accordée par le Roi à ceux
de Tours, 4a8; — d'envoyer à
Paris le maire de Tours, 4a8; —
d'avertir M. de Sansac des mouve-
ments de ceux d'Orléans, 429. —
Sa lettre pour justifier la non-pu-
blicalion de l'abolition, '128, note.
Clèves (François de), comte d'Eu.
Voy. Eu.
Clèves (Guillaume de), 267.
676
Clèves (Le duc de), cité, 267. —
Sa fille recherchée par le duc d'Or-
léans, 544.
CLorGH, agent anglais, sa dépêche an
sujet de Metz, 5o5.
CoBBAji(Henri), sa lettre sur Savigny.
548, note.
Coconas (Annibal, comte de), envoyé
par le duc de Savoie, 43 1. — Ce
dont le charge Catherine, 43 1 . —
Note sur lui, 43 1. — Va en Espa-
gne, 58o. — Envoyé en Fiance
par le duc de Savoie, append. 600.
(Poignet (ambassadeur en Suisse), let-
tres que lui écrit Catherine au sujet
des payements à faire aux Suisses
et de la demande faite par ceux de
Berne, 187, 2o5, 306. — Fé-
licité par Catherine d'avoir dé-
couvert les nioule6 de faux mon-
nayeurs, 2a4, — Lettres qu'elle
lui écrit au sujet d'un traité passé
avec le banquier Georges Au-
brecht, a85; — au sujet des pos-
tes, 280 ; — au sujet de son voyage
à Berne, a85. — Rassuré sur la
prise d'armes, 280. — Catherine
el Charles IX le prient de faire une
-levée de Suisses, 289. — Charge
de refuser les offies de certains ca-
pitaines, 3oo. — Sa négociation
avec le conseil de Berne approu-
vée, 3oi. — Invité par Catherine à
obtenir un délai pour rembourser
ceux de Soleure, 3oi. — Beçoit
des obligations pour payer les
Suisses, 353. — Invité par Cathe-
rine à savoir quelles sont les pro-
messes intervenues entre le duc de
Savoie et cinq cantons suisses, 354.
— Félicité par Catherine, 354. —
Mendosse lui est adjoint, 3Ô7. —
Catherine lui écrit au sujet du paye-
ment des Suisses, 365, 366. —
A l'occasion de la mort de Fran-
çois II, 567. — Au sujet du paye-
ment des Suisses, 571, 590. —
— Lettre que lui écrit Charles IX,
append. 5go. — Invité à réclamer
TABLE DES MATIÈRES.
une remise d'intérêts, append.
5g5; — à faire entrer dans l'al-
liance Berne el Zurich , append. 596.
— Instruit de l'itinéraire de Cathe-
rine, 597. — Prévenu par elle de
l'arrivée à Lyon des deniers atten-
dus, 697. — Lettre d'elle pour le
payement des Suisses, append.
5g6, 597, 5g8. — Nouvelles in-
structions qu'elle lui donne à l'égard
des Suisses, append. 5g8, 5gg.
GouGit? (Gaspard de Chastillon, sei-
gneur de), amiral de France, 17,
note. — Assiste à la conférence de
Boulogne, 100. — Cité, 139,
note. — Sa lettre à Catherine ,
2 85, note. — Il est le seul conseil
de Condé, 29 ■>. — Ce que Cathe-
rine avait prié de lui dire, 3g i.
— Conduit Throckmorton à Or-
léans, 4oi , note. — Lettre de lui
à Gonnor, 433, note. — Sa re-
traite à la bataille de Dreux, 453,
455. — Minute Chartres, 488,
note; 5i4, note; 621, note. —
Annonce à Elisabeth la prise du
château de Caen, 5^3 , note. —
Son retour à Orléans, 53a, note.
— Annonce la paix à la reine
d'Angleterre, 532, noie. — Dé-
fendu par Catherine auprès de Phi-
lippe II, append. 61 3, 61 4. —
Retourne chez lui, append. 61 4.
Collette (L'hislorien), cité, 5 '19, note.
Commabiec, recommandé par Cathe-
rine au duc de Savoie, 357, 358.
. — Note sur lui, 35g.
Commendon (Le cardinal Jean-Fran-
çois), envoyé à la diète de Nam-
bourg, 579. — Note sur lui, 57g.
CojiriÈG>B, 20, 76, 78, gî, 9.3, g4,
g6, 107 , 5i5.
Coxdé (Éléonore de Roye, princesse
de), 282. — Ses lettres à Cathe-
rine, 4g5. — Noie sur elle, 4g5.
— Travaille à la paix, 5og. —
Lettre qu'elle écrit à Catherine pour
l'entrevue de son mari et du con-
nétable, 52 2 , note.
Condé (Louis II de Bourbon, prince
db), 161. — Réconcilié avec le duc
de Guise, 171, note. — Prompt
jugement de son procès demandé
par Catherine au Parlement de
Paris, 190, 201. — Envoyé en
Guyenne, a63. — Entre à Or-
léans, 280, note. — Assurances
que lui donne Catherine, 282. —
Sa réponse à la demande de désar-
mement, 290, 291 , note. — Pré-
tend n'avoir aucune querelle avec
M- de Guise, 292. — Catherine lui
écrit au sujet de la proposition de se
retirer faite par les triumvirs, 3og.
— Refuse les conditions de paix,
333. — S'abouche avec le roi de Na-
varre, 333. — Ses remontrances à
l'occasion du procès de Luzarches,
335. — Exprime le désir de voir
Catherine, 337. — Avait conclu la
paix, 34 1 , 344. — Ramené à Or-
léans par les protestants, 346. —
Son entrevue avec Catherine, 352,
407, note. — Ce qu'en écrilThrock-
morlon à Smith, 438. — Sa ré-
ponse à Catherine, 44o. — Ce qui
s'esl passé entre elle et lui au mo-
ment de sa prise d'armes, 44 1,
44a. — Calherine expliquée la du-
chesse de Lorraine le vrai sens des
lettres qu'elle lui a écrites, 44 1.
— Lettre qu'il écrit à l'occasion
de ses négociations avec Catherine
sous les murs de Paris, 445, note.
— Pris à Dreux, 453, 455. —
Catherine explique les quatre let-
tres qu'elle lui a écrites, 448. —
Sa garde, 46i , 462. — Lettre
que lui écrit Catherine, 472. —
Ses premières conditions pour la
paix, 48 1 , note. — Demande que
Boucart et Esternay couchent dans
sa chambre, 4g 2. — Bien disposé
pour la paix, 4g7,5o4,5o7, note.
— Déplore la mort du duc de Guise ,
52i, note. — Mesures ordonnées
pour la sûreté de sa prison, 5i3. —
Désire la paix, 52 1 , note. — Con-
TABLE DES MATIÈRES,
(.:•;
duitaucampdeSaint-Mesmin, 5a 1 .
— Note sur son voyage, 5ai. —
Son entrevue avec Charles de Bour-
bon, 5a3, noie. Négocie [a paix,
— \ eu) attendre Coli-
gny, ô-!7,note. — Avail déjà traité
de la paix avec le duc de Guise,
56a. Son (ils destiné à la fille
de la maréchale Saint-André, 545.
— Prisonnier à Vmlioise, append.
6.18.
Coudé (Collection dite les Mémoires
de), citée, 260, 2N3, note.
é,.\-ri\CE ( Le concile de) , 3gS , noie;
558.
I.>'\>TI\T1N0['LE, ï6l, 'l/!!.
Contaï (Charles de), 17, note.
Conta y (Françoise de), mariée à Jean
d'Humières, 17, note. — (îou-
vernante des enfants de Catherine
de Médicis, 18.
CovrnEs (Le canton de), 53, note.
Cokbeil, 3i3, 438, 492.
Corbie, 36, note.
Corbie (L'abbaye de), 30.
Corbie (L'évéquede).Voy. La Chambre.
Corbihelli , 1, note; Ai. — Note
sur lui, 45a.
CoB.xoiiAiLLEs ( Louis Simonela . réque
de |, ses mauvais offices découverts
par le cardinal de la Bourdaisière,
227. - - Note sur lui . 9 ■;.
Cohuadi't (La damoiselle de), 1 85>
ConsB (Jean-Baptiste), assassine par
l'ordre de Léon Strozzii S3, noie.
— Ce qu'en dit Cather 15.
Cobsi i La 1. 53 1 , note.
Corto.ne (L'évéque de). Voy. Rica-
soi 1.
Cosme 1", duc de Florence. Voy. Fuo-
BENCE.
Cossé (Anne db), isi, note.
CoSSÉ ( Al'tlllls DB). \ "V (iowoR.
Cossé (René de), 98, note.
Gosira (Hilarion de), cité 26, note.
Cotton, s' de Berthouville, itg,
noie.
Colcï ( La forêt de) , 70.
CouRTEN.ii (François de), s' de Blé-
neau, 153.
Coi i-.ienav (Jean de), a68.
Courtes*] (Guillaume de), a68.
Coirtenav (M. de), refusé comme
olage en Angleterre, 373.
Codsebans (Renaud de Martres, évo-
que de), !:>.
Cousin (Jean), 21 , noie.
Coutakces , .'i()Ô , note.
Coitancbs ( Philippe de Cossé-Brissai .
évoque de i, -li. note.
CiiAiioisv (L'imprimeur), a5, note
Ciitcv, 28 1 .
(ini:>K, le maître d'hôtel
Gbetmeau-Joly, cité, i5a, note.
Crissé (Jacques deTurpio .s' de), .ri
vite à se préparer à aller en Angle-
terre, a58.
Crissé (Madame de), 6a6.
Croisic (Le), aA4.
Croy (Adrien de), comte de Reux,
menace la Picardie, 558,
Crdssol (Antoine de), envoyé auprès
du roi de Navarre, iA-
N
sur lui, 1A7. — Ses instrucl
noie, 1A7. — Sa nouvelle mis-
sion en Languedoc, a63. — Sai
cage Béziors, .'1:8. — Anne les lia
bitants de Montpellier, unie.
— Sa compagnie, •>7-'.
Cuisï (Seine-et-Marne), 17.
ColAnt (Le baron de), pris à Hi
77 , note.
Curton, cilé, A83.
Ci iiion (M"" de), 300.
Cïbo (Calherine), ■!, note.
Cybo (Laurent), s* de Carrara, 1, n île
Ctbo ( Le cardinal ). 1 .
D.uns (Claude de), 196.
Dammarie (M"' de), en danger de
mort, 63. — Sa place auprès du
duc d'Orléans demandée par Ca-
lherine pour M"''de Bleneau, CA.
Dammartin, se distingue à Dreux,
A56.
Dm «artin (Diane de), 328.
Dammartin (La maison de), a68.
Damville (Henri de Monlmorencv,
sr de), parle au connétable de la
maladie de sa mère, 100, note.
— Cité, 38 1. — Se distingue à
Dreux, A56. — Sa compagnie,
A61 , noie. — Chargé de la garde
du prince de Condé, AGi , A62. —
Averlit Catherine du désir du
prince de Coudé de faire coucher
dans sa chambre Boucart et F.sler-
nay, A92. — Autorisé à laisser veil-
le prince de Condé par un gentil-
homme envoyé par la princesse,
hi)'i. — Chargé' d'empêcher un
gentilhomme de \oii Coudé, 696.
— Lettre que lui écrit Catherine
au sujet de la visite de Boucarl el
d'Esternay, 507. — Ce qu'il écrit
à la connétable sa mère au sujet des
négociations de la paix, 007, note.
— Mandé par Calherine à Saint-
Laurent-des-Eaux , 5 1 3.
Damvilliers, 68.
Danemark (Christine de). Voy. Lor-
- RAINE, 72 . Unie.
Danemark (Dorothée de Saxe, reine
de).
Danemark (Frédéric, IV, roi de
nonce comme devant assister .hit
noces du prince d'( (range , a3l. —
Renonce à ce projet, a3l. Ne
réussit pas à marier son fils a l'une
des lilles de l'Empereur, a3a. —
Songe à la fille de l'Electeur de
Brandebourg, e.'ia. — Hoslile au
roi de Bohème, tôô.
Duphiné (Le), 63, 3oG, .'S-.>A, 8A0,
377 , 38i , A17, A73.
l).upui.\É(Les gens du Parlement de),
678
prient Catherine de révoquer les
ordres donnés à Maugiron, 3a5,
note.
Davaine (Le conseiller), déchargé de
ses fonctions pour quelques mois,
'112.
Davila (L"hislorien), a3a.
Das. Voy. Acqs.
Delisle (Léopold), cité, append. 56'i,
note.
Delphin (L'évéque Zacharie), envoyé
à la diète de Nambourg, 579. —
Noie sur lui, 579.
Desbordes (Le s'), tué à Dreux, 656.
Desme (Le capitaine), 343. — Sa
compagnie non payée, 343.
Dbspaolx, prié par Catherine de dé-
placer la garnison deChâlons, 993.
Deville (M.), cité, 454, note.
Deï, 622.
Dibot (Firmin), cité, ai, note.
Dieppe, 37, note, 38i, 385, 4i8,
459. — Sa soumission, 43o, 465.
— Occupée par les Anglais. 476.
TABLE DES MATIÈRES.
Dijon, 46 1 , note; 3oo, 3o6.
Dijon (Les gens du Parlement de);
lettres que leur écrit Catherine,
101, 106, 106. — Catherine leur
envoie redit de juillet pour le vé-
rifier, 219. — Félicités par Cathe-
rine de leurs bons services, 333.
— Sévissentcontre lés protestants,
538. — Mis en demeure par Ca-
therine de publier la paix, 55o.
Dirais* 9a.
Dinteïille (Charlotte de), 492, note.
Dimetille (François de), évéque
d'Auxerre, 553.
Don (Jean), ambassadeur eu Tur-
quie; lettre que lui écrit Catherine,
17a. — Note sur lui, 17a. — Cité,
,74.
Dombes (La), 308.
Domenc, cité, 377.
Doufrom, 375, note.
Docblet (Jean), retiré à Meaux. re-
commandé par Catherine à Boisy.
43q.
Doilevant-le-Chatel, 24.
Dbecx (Bataille de), 73, note; 384.
— Récit qu'en fait Charles IX,
453. — Autres récits. 454. — Ce
qu'en dit Catherine, 455, 456.
j Du Bois d'Ennebocrg, secrétaire des
finances, 458.
De Casge, cité, 195.
Dcchesne (André), cité, i35.
Dcprat (Antoine, s' de Nantouillet).
188, note. — Emprisonné pour ac-
cusation d'assassinat, 486. — Ce
qu'en dit Paul de Fois, 486. —
Lettres à ce sujet de la reine Elisa-
beth, 48o, 487, note.
Dcbas (Symphorien de Durfort. sr
de); ce qu'en dit Monluc. 398,
note. — Sa défaite par Monluc.
4a 1. — Note sur lui, 4a 1. —
Vient à Orléans, 4a5.
DcnETAL, 6a.
Dctbier, 58.
Dival (Le trésorier), 3i3.
E
Éboli. Voy. Évoli.
Eclaro>. 6.
Ecosse (Les États d'); lettre que leur
écrit Catherine, i65. — Marie
Stuart leur annonce la mission de
M. de Noailles, i65.
EcoiEN, a4, 434.
Edoiabd VI, 37, note; 4a, 60.
Egerton (La collection), ai, note;
43, 5o, 379.
Egmoxt (Le comte Lamoral d'), fait
un échange de terres avec Cathe-
rine, 6a6.
Elbène (Albert d'), 46.
Elbène ( Albisse d'), 37, 137. — En-
voyé à Florence pour toucher le re-
liquat d'un emprunt, 367, 673. —
Rappelé de Florence, 454. — Cité,
append. 619, 6ao.
Elisabeth, reine d'Angleterre, re-
merciée par Catherine de ses let-
tres de condoléance après la mort
de Henri II, ia5. — Citée, 25g,
agi. — Propose sa médiation.
3ia. — Remerciée par Catherine de
ses offres. 36o. — Explications qui
lui sont données pour des Anglais
se disant offensés, 367. — Citée,
4oi. — Lève des troupes en Alle-
magne. 483. — Ses lettres à Ca-
therine pour justifier l'arrestation
de Duprat. s' de Nantouillet, 48o,
note, 4 87 ; 690. — Lettre qu'elle
reçoit de Coligny, 53a, note. —
Hostile au mariage de Marie Stuart
avec l'archiduc Charles, 564.
EiiERT (Le bibliothécaire), cité, 563,
note.
Emilio, agent du comte de Petillan.
■ 77:i-
Érasso (François), secrétaire d'Etat .
Catherine lui recommande le capi-
taine Labbé, 216. — Note sur lui.
216, 217.
Escars (François de Peyruse, s' d'),
166. — Note sur lui, 1 45. — In-
structions que lui donne Charles IX ,
a 1 a. — Chargé de visiter le duc de
Savoie, 226, note. — Envoyé par
le roi de Navarre vers le pape, 226,
227. — Obtient la moitié de la
compagnie de M. de Thermes, 3o8.
— Recommandé par Catherine à
Saint-Sulpice, 39g. — Apprend par
Catherine la mort du roi de Na-
varre, 436. — Son projet de voyage
en Espagne abandonné, 436. —
Ses lettres à Charles IX et à Cathe-
rine, 436. note. — Nommé gou-
verneur de Bordeaux, 436.
Escaci (L'), 84.
Espagne (L'), 288, 543, 544.
Espagnols (Soldats), leur arrivée en
_
Guyenne, 388. — Leur solde,
464.
Esparmï (Marin d'), Zh-j, note.
Espescb (D'), a38.
Espine (Le minisire Jean de l'),
accusé par Poltrot , 5 1 (i.
E<te (Alphonse d'), cité, 127. — Ca-
therine lui parle en termes affec-
tueux de son (ils Louis d'Esté, i33.
Este (Hercule p'), sa mort annoncée
par Catherine, 137. — Ce qu'en
dit Chantonnay, 137,
Este (Louis d'), retourne en Italie, j
i33.
Esternaï (Antoine Raguier, sr d'),
envoyé d'Orléans auprès de Condé,
493, 4y6, 507. — Note sur lui,
492. •
Esiie\>e (Henri), 1 '13 , note.
Estoile (Le journal de L'), cité, 48,
note.
EsTnÉES (D'), sa pension en retard,
399. — Cité, 45g.
Etaples, 558.
Etampes, 325,328, 329, 332, 337,
338,402,435.
Etampes (Jean de Brosses, duc n'),
T\i; LE DES MATIÈRES.
i38. — Note sur lui, i38. —
Catherine lui écrit au sujet des Etats
de Bretagne, 173. — Lettre qu'il
écrit à Catherine au sujet des trou-
bles de Nantes, 217. — Rensei-
gné par Catherine sur l'assemblée
des membres du Parlement , 943.
— Reçoit l'ordre de faire porter à
Nantes les deniers de la recelte gé-
nérale, 347; — d'en garder une
partie pour ses troupes, 34g; —
d'envoyer à Blois les deniers de la
recette de Bretagne, 36g. — Au-
torisé à conserver ses forces, 36g.
— Invité à punir les émeutiers de
Nantes, 36g. — Ses letlres aux
évèques de Bretagne, 30g, note.
— Peut maintenir la Bretagne
avec ses seules forces, 377. — Be-
çoit instructions de Catherine pour
le payement de ses troupes, 378. —
Invité à désarmer les protestants,
378. — Sa règle de conduite vis-
à - vis des protestants tracée par
Catherine, 378. — Lettre qu'il en
reçoit, 384. — Pouvoir qui lui est
adressé pour entrer en Normandie,
(17!)
386. — S'aidera de Matignon.
386, note. — Promettra pardon à
ceux qui quitteront Monlgommerv ,
387, — Fait relâcher des navires
anglais, 3g6, 4oo. — Prévient
Catherine de l'agitation en Bre-
tagne, 4 1 1.
Évou (La princesse d'), reçoit un^
bague de Catherine, 588.
Evou (Buy Coines, prince d'); lettre
que lui écrit Catherine pour le re-
mercier de sa bonne volonté à l'é-
gardde la reine d'Espagne, 178. —
Préféré parCatherine au ducd'Albe,
i84. — Cité, 188. — Catherine
lui recommande le s' d'Ausance en-
voyé en Espagne pour les affaires
du roi de Navarre, 21 4, 31 5. —
Complimenté par Catherine, ap-
pend. 582. — Favorable au car-
dinal de Lorraine, append. 585.
Eu (François de Clèves, comle d'),
171, 174, 176. — Rapporte en Es-
pagne le collier de la Toison d'or,
1 83. — Cité, a33. — Son mariage
avec M'k de Bourbon, 58g. — Va en
Espagne, append. 5g 2.
Falaise, 1 1.
Falapin (La foret de), 426.
Farnèse (Alexandre), g4 , note.
FàanèsE (Horace, duc de Castro), tué
à Hesdin,77.
Farnèse (Le cardinal), 61g, 6a3.
Farnèse ( Louis), g4, note.
Faïb (Le conseiller Barthélémy),
mandé à Chartres, 470.
Faïet (Le trésorier), 53i.
Félines (L'abbaye de), sa fondation,
176. — Lettre de l'évèque de Li-
moges au sujet de cette abbaye,
i7S.
Feltre (Gaspard de), 5aa.
Ferdinand (L'empereur), note sur
lui, 60 , 1 o4. — Projet du mariage
d'une de ses filles avec le fils du
duc deFerrare, ao4. — Cité, 267,
26g. — Ne peut ou ne veut em-
pêcher l'entrée des Allemands en
France, 4o3. — Catherine sollicite
l'accord, avec ceux de France, des
prélats qu'il a envoyés au concile,
468. — Son entrevue avec le car-
dinal de Lorraine, 54 1. — Ca-
therine désire savoir quelle ligne de
conduite il tiendra à la diète de
Nauinbourg, append. 57g.
Feret, 911.
Fernel (Le chirurgien Jean), cité, 5.
l'Eunir.E, 35.
Ferrare (L'ambassadeur de), ao4.
Ferrare (Hercule d'Esté, duc de),
lettres que lui écrit Catherine pour
Thomas dal Vechio, 23; — pour
Jerosme Pepé, 36. — Cité, 35. —
Lettres que lui écrit Catherine,
36, 60. — Note sur lui, 60. —
■ Averti par Catherine de la situation
de l'armée de Henri II, 83, 84; —
des nomelles de la cour, 88. —
Lettre qu'elle lui écrit, io5.
— Complimenté par elle, 106. —
Remercié par elle de sa lettre de
condoléance sur la mort de Fran-
çois Il , 169. — Prié par elle de ne
pas recevoir les receveurs et tréso-
riers qui auraient malversé, 216.
— Cité, append. 6a6.
Ferrare (Hippolyle d'Esté, cardinal
de), lettre que lui écrit le prieur de
Capoue après sa fuite, 44, note.
— Cité, 86. — Envoie Niquet à
(380
TABLE DES MATIERES.
Rome, 244. — Légat en France,
sa réception, slfj. — Catherine
sollicite ses facultés, 347, 360,
268, 369. — Son opinion sur
l'édit de janvier, 373. — Calhe-
rine demande pour lui , au pape , la
permission de retourner à Rome,
409. — Cité, append. 623.
Ferrabe (Renée de), 39, note. — Ecrit
au connétable au sujet du retour de
son fils, 60, note. — Demandée par
Catherine, i.3i. ■ — Note sur elle,
i36. — Recommande à Catherine
Michel Aubery dont le vaisseau a
été pris par les Espagnols ,- ai 1. —
Sa lettre à Calvin, 1 4, note. — S'ac-
commode à ce que demande Cathe-
rine, append. 606.
Ferrebas (L'historien Jean de), 1 9 '1 .
note.
Febrier (Arnaud dc), sa lettre à l'évè-
que de Rennes sur le concile, 393.
— Leltreque lui écrit Catherine au
sujet de l'arrivée à Trente du car-
dinal deLorraine, 445. — Note sur
lui, 445. — Catherine lui promet
le payement de son état, 445.
Ferrières (Edme de), compromis
dans la conspiration d'Amboise,
161. — Note sur lui, 161.
Ferrières (François de), s' de Mali-
gnv. note sur lui, 16 j.
Ferrières (Jean de), compromis dans
la conspiration d'Amboise, 161.
— Note sur lui, 161. — Tavannes
chargé de l'arrêter, 167.
Ferté-Vidame (Les bois de la ), 77.1.
Fiesque (Scipion de), 109, note. —
Recommandé par Catherine à Phi-
lippe II, i3i; — à la seigneurie
de Gènes, 3.35; — à l'évéque de
Rennes. 279.
Flandres (Les]
600.
Floqdet (M.), cité, 43o, 490.
186, 495. 579,
4,
34, i4i,
Florence. 1
i84,6i6.
Florence (Cosme 1", duc de), lettres
qu'il reçoit de Catherine, 3, 4, 5,
6, 7, 8, 9, 10, 1 1, 13 , i3 , i4,
i5, 16, 17, 18, 33, 34, 35, 36,
37, 38, 4o, 43. — Remercié par
Catherine de l'envoi d'une fon-
taine, 48. — Elle lui recommande
Jehan de Montage ( marchand flo-
rentin dont la nef a été prise, 69.
— Elle lui recommande Jehan du
Tillet. 74 , 70. — Elle trouve con-
venable le mariage de sa fille avec
Paule Jordan Ursin, 85. — Elle
s'offre comme intermédiaire pour
le mariage de ses autres enfants,
85. — Écrit à Catherine après In
mort de Henri II, isa, ia3,
124. — Elle lui demande une ga-
lère pour le cardinal de Tournon,
l33. — Elle lui recommande Gondi
allantà Florence, i4o. — Elle lui
écrit au sujet de l'emprisonnement
fait par le pape du sr de Gaiazo,
2o4. — Ses dissentiments avec
Philippe II pour Sienne, 2o5. —
Catherine le prie de ne pas recevoir
les receveurs et trésoriers qui au-
raient malversé, 216. — Reçoit
par d'Elbène une lettre de Cathe-
rine, 367. ■ — Prête de l'argent à
la France, 47.3. — Catherine lui
envoie Allasse d'Elbène, 409. — '
Elle lui redemande d'Elbène, 464.
— Cité, append. 63 5. 61C).
Florence (Eléonore de Tolède, du-
chesse de) , reçoit de Catherine une
haquenée, 1 1 . note, 333.
Florence (Nicolo Tornabuoni, l'am-
bassadeur de), 338.
Fors (Claude de), 23, note.
Foix (Jean de), 370.
Fou (Marguerite de), S70.
Fois (Paul de), son intervention en
faveur de Duprat, srde Nantouillet.
486, note.
Folembray, 90, note.
F11NTAINI CF.I.K II . 8, 9, l6, 21, 23,
3'.. 43, 44. 97. 98, n3, 117,
ll8, 121 , 169, 173, 174, I70,
176. 179, 180, 181, 189, i83,
186, 187, 188, 192, 19.3, 194,
380, 282, 284, 28.5, 291, 391.
557, S79, 58o, 58i, 582, 583,
584,585,586, 587,588.
FoNTANiEr (Le fonds), cité, 407.
FoNTEVBAILT, 4l.
Forbes (L'historien anglais). 129.
noie.
Forli, 8, note.
Forcos (Le cordelier Michel), 5o.
note.
Focrmer (M'), attaque Catherine
dans un sermon , 183, note.
Foiroleyaix (Raymond de Pavie, s'
de), 203, 329. — Prié par Ca-
therine de s'employer à conserver
l'autorité du Roi, 3s8. — Note sur
lui, 3s8.
France (Anne de), sa succession, 307.
France (Diane de), mariée au duc de
Castro, 77. — Chagrin qu'elle a
de sa mort à Hesdin, 77. — Citée,
80. — Va en Lorraine, 130. note.
— Sa lettre au sujet de l'amilié de
Catherine et de la duchesse de Sa-
voie, 138. — Citée, i3o. — Perd
son fils, i5o.
France (Marguerite de ), complimente
la connétable de l'accouchement de
sa fille la vicomtesse de Turenne.
69. note. — Se réjouit de ce que
le comte de \ illars n'a pas été
tué à Hesdin, 76, note. — Invile
la connétable à s'en rapporter
à M"* de la Berlandière. Ko.
note. — Séjourne à Amboise. 87.
— Citée, 130. — Lettre que lui
écrit Catherine au sujet des Bira-
gue, i4o, i4i. — Sa maladie.
1 4 1 . — Lettre à ce sujet de Fran-
çois II, i4i. note. — Soins que
lui donne le duc, i44. — Cathe-
rine lui annonce la maladie de Fran-
çois II. i54, 1 .">.">.
Francfort (La diète de), 47, 283.
4 0 4 . 471. '1 7 2 .
Franche-Comté (La), 3oo.
François I", cité, 1, 26. 27, 34,
172. — Sa transaction avec Louise
de Bourbon pour la succession
_
TABLE DES M ITIÈHES.
68 1
d'Anne de Fiance el de Charles de
Bourbon, 207, — Cité, 270. —
Ce qu'il a l'ait pour réprimer I"
protestantisme, i- - 1 . note. — Cité.
'i'i.'>. append. 61g.
Fbab< dis (Le dauphin 1, 119, note.
il I " par Pierre d'Urfé,
64. — Cité. i3i. — Se plaint au
duc de Savoie des Biragues qui
veulent quitter son service pour
entrer au sien, i'io, note ;i '11.
— Sa lettre de condoléance au
"i 1 . ir pour la mort du lils il''
Diane de France, i5o, note. —
S.i maladie annoncée p
à la duchesse de Savoie. 1 56.
Transige ave le duc de Montpen-
sier pour la succession d'Anne de
France el de Charles de Bourbon,
ÎO7, note. — Donne le duché
d'Alençon pour douaire à 1 alberine,
'17 V noie.
Frederick III (Le comte palatin), dit le
Pieux, défavorable à Catherine, '1 '17.
Fri ski - ' \l. m ), 333, 338.
Fressis
IL m ' Augustin i , prévâl de Cleo .
arrélé par ordre de Catherine
FnoNSAi ' Le greffe il" |, 2 ■<..
Fi bel ( M. de ). assassiné, "(io. —
< " qu'en éci il Catherine .1 sa veuve,
261. — Envoyé auprès de Henri II.
append. 554.
Fi «11 (M™1 de |, ce que lui éci il ' la
therine au sujel du meui Ire de son
mari, et du bien qu'elle (ail à ses
enfants, 260, a6i.
Fi mki. ( M"" de),
I 1 m 1 1 I.' château de . 161
Gadagne (Guillaume de i . sénéchal de
Lyon , chargé de faire réformer la
préface de Saconay injurieuse pour
la mémoire de Henri VIII. 237.
Gadagne (( ilivier de), note sur lui, 3-.
Gadagre (Paul-Antoine de), 37.
Gadagne (Thomas di 1, 36 7- 38.
GAiAzo(Le comte de), envoyé à Ve-
nise, soi. — Fait prisonnier par
le pape, ao4. — Charles IX s'en
plaint, 2o4 . note.
Gaillon , 203 , 4o5.
Gallards (Le ministre des i, sa lettre
à Throckmorton au sujet de la réim-
pression du livre de Henri VIII
contre Luther. 2.37.
Gabuieb ( Pierre ), 73.
G iscoNS (Les), 44o.
Gaigiec. i M Di .Claude île Beaune,
note sur elle, g4. — Citée, 390.
Gazette (Antoine), cité, 111. —
Recommandé par Catherine de
Médicis, 18.
Gazette (Catherine), i<S, 35.
Gizette (Pierre), 35.
Gènes (Les seigneurs de), lettre que
leur écritCatherineen faveur deS i-
pion de Fiesque, 2.35.
Genève, ,">7'i , Ô75.
Genevois (Le commandeur de), re-
commandé par Catherine à l'am-
bassadeur Saint-Laurens, Oo4.
Catherine di; Médicis. — 1.
Gévin (M.), éditeur des lettres de
Marguerite d'Angouléme, 27 ,note.
Genlis. Vov. Hangest.
Gerin, valet de chambre de Catherine,
1 nvoyé à Manloue, 98.
Germain, valel de chambre de Fran-
çois de Valois, •
Gebmame (Les princes delà), 172,
36a . 36 S . il 5.
Gien, ii3, 'm,s, 53.3.
Givrt (René d'Augliire, s' de), tué
à Dreux, 156.
Go (Antoine), recommandé par Ca-
therine , a53.
Gondi (Albert de), payement de sa
compagnie, 872.
Gondi (Alexandre de), sa succession,
45a.
Gondi (Antoine de), 'i 1 .
Gondi I Benedict de), 9.
Gondi (Hierosuie de), recommandé
par Catherine, 45.
Gondi (Jean-Baptiste de), 2, 7. g,
i5, 79. — Envoyé à Florence,
i.;'i. i'io. — Désigné' comme
tuteur de Philippe Slrozzi, ap-
pend. .r)ii'3, 564.
Gonnor (Artus de Cossé. s' de), sa
victoire en Italie, 119. — Ce qu'en
écrit Catherine, 119. — Ce qu'en
dit Boisy, 119, note. — Note sur
lui, 119. — Envoyé auprès du
connétable, 221 : — auprès du 1 ai
dinal de Châlillon, eg-i. — Invile
par Catherine à nommer Bois-
Jourdan vijuierde Toulouse, .33g.
— Chargé par Catherine de payei
la compagnie du capitaine Desme,
3 'i.'i ; - de rembourser le tréi 1
Raconys, .385. — Envoyé auprès du
prince de Coudé, i.3a. — Cathe-
rine lui écrit au aujet de l'artillerie
el de la pension de M. d'Estrées,
399. — Elle lui recommande le
médecin Valeran, '100. — Elle lui
écrit pour un emprunt, 'i33. -
Mandé par elle, 436. — Lettre
que lui écrit la duchesse de Savoie,
4.39, note. — Prié par Catherine de
■hâter le départ de Brissac pour la
Normandie, 658. — Elle lui de-
mande de l'argent pour une entre
prise sur le château de Tancarville,
459. — Chargé de payer les
dépenses de l'envoyé du Grand-
Seigneur, 46o; — de lui faire un
présent . '1 1 1 , . : — d'envoyer de Par
gent à Chartres, 46o. — I
de l'argent au capitaine de Touques ■
462. — Catherine lui demande deux
centslances, 463. — Priédepayerles
Espagnols venus en Guyenne, 464.
— Son avis jugé bon pour le pré-
sent à l'envoyé du Grand-Seigneur,
86
e>s-2
TABLE DES MATIERES.
465. — Invité de nouveau à envoyer
de l'argent pour la reprise de Tan-
rarville, 665; — à faire voter par
le Parlement les deniers pour le Lé-
gat, 465; — à solder la garnison de
Montreuil, /167. — Prié de rem-
bourser le sr de Bazerne, 667; —
d'envoyer de l'argent à Brissac,
670. — Prévenu de la réduction
demandée au duc de Guise, 4 7 1 . —
Prié d'envoyer de l'argent à Metz,
!f]li; — de remettre une somme
au trésorier Bâillon , 675 ; — d'en-
voyer les deniers qui sont à Nantes et
à Tours, 676; — de payer les ou-
vriers des bâtiments royaux, 677. —
Fait partirpour Chartres le trésorier
de l'Epargne , la bourse bien garnie ,
477. — Chargé de mettre fin au
procès pour le duché d'Alençon ,
477.478; — de payer les Suisses,
478. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine au sujet de la Ferté-Vidame ,
47g. — Chargé de faire délivrer
les offices de conseiller au Parle-
ment aux s" le Verjus et Mon-
tholon, 483. — Reçoit l'ordre de
payer les gages du s'deTrousseboys,
489. — Reçoit des instructions au
sujet de l'artillerie, 489. —
Chargé de remettre de l'argent au
maréchal de Brissac, 48g; — de
distribuer les deniers à recevoir,
48g. — Nouvelles instructions
qu'il reçoit de Catherine, 4g4,
495. — Nouvelles qu'elle lui donne
de l'armée, 496, 497, note.
— Elle lui demande dix canons ,
5oa, 5o3. — Chargé de vérifier
les comptes du gouverneur d'Ar-
dres, 4gg; — de faire partir l'ar-
tillerie, 5oo. — Invité par Ca-
therine à rentrer à Paris, 5oi; —
à demander au Parlement la pu-
blication de l'édit de cent mille
livres, 5oi. — Pressé de secourir
l'armée d'Orléans, 5o8, 5o8, note.
— Catherine lui parle de la
mission de M. de Verdun , 5o8 ; —
de l'office de général des finances de
Paris , 5o8 ; — de l'assaut que don-
nera le duc de Guise à Orléans,
5oq; — des négociations de paix,
5oq. — Prévenu de l'assassinat du
duc deGuiseparCalherine,5ia. —
Chargé de fournir deniers pour une
levée, 5i5; — de hâter la rentrée
des emprunts, 5i8; — de ras-
surer le Parlement de Paris sur
les dispositions de Catherine à
son égard, 5i8; — d'en obtenir
une somme pour les réparations de
Calais, 5ig. — Lettres que lui
écrit Catherine au sujet de la paix
et des nécessités d'argent, 536,
537, 5a8, 529, 53i, 53a, 533.
— Chargé par elle d'insister au-
près du Parlement pour la publi-
cation de la paix, 535, 536. —
Félicité par elle, 538. — Son
entrée au Parlement demandée
par Catherine, 53g. — Chargé
de témoigner au Parlement la sa-
tisfaction du Roi, 53g. — Prié
par Catherine de payer la garnison
de Metz, 546; — de fournir des
fonds au trésorier Brochet, 547.
— Prévenu des attaques méditées
contre Metz , append. 54g , 55o. —
Chargé d'en secourir la garnison,
append. 54g , 55o.
Gonzaga (Sigismond), envoyé du duc
de Mantoue, 1 36.
Gonzagie (Ferdinand de), g3,note.
Goszagbe (Frédéric IIde), g6, note.
Gonzagie (Hercule de), 3o5.
Gordes (Le sr de), écrit à François
de Montmorency au sujet des dé-
mêlés du comte de Tende et de son
fils le comte de Sommerive, 3o4.
Goievrot( Jean), médecin de Henri II,
envoyé auprès de ses enfants, 26;
26, note.
Goi'Ffier (Charlolle de), g8.
Gocrdax (Girard de Mauléon, s' de),
gouverneur de Calais, 3 1 5.
Grasd-Seigneur (Le), son envoyé,
46o.
Grantvili.e (Le trésorier), annonce à
Gonnor le départ de Catherine
pour Blois, 485.
Granveele Papiers d'Etat du cardi-
nal de), 87, note; gg, 102, io3.
io4.
Grassion( Le conseiller Pierre), mandé
à Chartres, 670.
Gratiam (Antoine), 07g.
Gravelines, gg.
Greluisson (Barthélémy), 523.
Grenoble (Les gensdu Parlement de),
arrêtent la marche de Maugiron
sur leur ville, 3ag, note.
Geet (Lord), parle de la maladie du
connétable, 85, note.
Grisons (Les), 8g, note.
Gcaltieri (Panciatichi), cité, 1, note.
GtJAZZO (Le trésorier Jean), recom-
mandé par Catherine à la Mothe-
Gondrin, 299. — Nolesurlui, 299.
Goicciardini (Laurent), cité, 35.
GricciARDiM, marchand florentin, 26.
Gucuenon (L'bis'orien), 36, 137.
GniFFKEY (Georges), cité, 2 4 , 27, 4o,
4i, 42,65, note.
GiiLLUT (François), joueur de mu-
sette de la reine d'Espagne, 073.
Gullart (André), s' de l'Isle, chargé
par Catherine de remettre au pape
la lettre de Charles IX, 223. —
Note sur lui, 332. — Ses instruc-
tions, 322, note. — Lettres qu'y
joint Charles IX, 222, 233, s3o.
— - Catherine lui recommande l'af-
faire d'Annibal Rucellai. — Elle se
plaint à lui du nonce, 338; —
l'invite à présenter au pape le
véritable étal des choses, 228; —
le charge de remercier le pape de
ce qu'il a fait pour l'évèque du Pny,
228. — Ce qu'il écrit de la mala-
die du pape, 385, note. — Ce
que lui écrit Catherine de la mar-
che du concile, 896. — Représen-
tations qu'il doit faire au pape.
396, 397. — Chargé de lui expli-
quer l'occasion de l'envoi au con-
cile du cardinal de Lorraine, 4o5.
- -. ~
.
TABLE DES MATIÈRES.
683
— Sera payé de ses états, io5.
— Pi i.> de recommanderai] pape le
comte de Roussillon, io5. —
Raconte à Charles IX les circon-
slances de la mort du cardinal Jean
de Médias, 'i i6, note : 'i '17.
GoiLHRT(Andrë), s'du Mortier, 8 1 ,
note. — Dépéché auprès du Parle-
ment pour les facultés du Légat,
GniLLEms, sa Vie du cardinal de Lor-
raine, 10a . note.
lii msio (Jean-Francisque), 6ai.
Guise (Antoinette de), abbesse de
Farmoulfer. 7 3.
iiiisK (Anne d'Esté, duchesse de),
Catherine lui écrit au sujet de sa
maladie; 3g. — Elle lui demande
des nouvelles de son voyage , 4 2 . —
Elle lui écrit au sujet de la maladie
du cardinal de Lorraine, 64, 05.
— Reçoit par elle des nouvelles du
siège de Metz. <]3. — Avertie de
l'arrivée de Catherine à Melun, 75.
— Félicitée d'être si bien avec son
mari, 80. — Catherine lui parle
de l'opiniâtreté de la défense de
Rouen, 4ao; — de la blessure du
roi de Navarre, 4ao. — Elle lui de-
mande des nouvelles de Claude de
Valois, duchesse de Lorraine. — Sa
lettre à la connétable pour la mort
de Monlheron, 456, note. — De-
mande la grande maîtrise pour son
fils, 5 1 3. — Catherine lui en re-
nouvelle la promesse, 5ig, 5ao.
— Chargée de la garde de la fille
du maréchal Saint-André, 545;
la remet à la maréchale, 545 . note.
— Reçoit nouvelle promesse de la
grande maîtrise, 553. Lettre
que bu écrit Catherine au sujet de
sa mère Renée de Ferrare, append.
617.
Gi 1-1 1 La ville de), 558.
1 1 1 (Le duc François de 1. ■
4a, 5i. — Lettre qu'il reçoit de
Catherine pour les besoins de son
armée, 91. — Envoyé en Italie,
io5. — Lettre de lui au connétable,
100, note. — Exige la grand.'
maîtrise, 129, note. — Récon-
cilié avec Condé, 171. — Cité,
îi)-. — Tombe malade, -119. —
Catherine demande de ses nouvelles,
220. — Détails sur sa maladie,
220, note. — Cité, 2 46. — Retiré
à Joinville, a5g. — Offre de quit-
ter l'armée, 3o8. — Cité, 337.
— Officiers de sa compagnie, punis
par Tavannes, 43a. • — Catherine
lui envoie son itinéraire, 434.
— Sa querelle avec le duc de Lu-
nebourg, 437. — Cité, 443, 448,
15a. — Sa conduite à Dreux, 453,
454. — Cité. 475. ■ — Reçoit avis
du voyage de Charles IX à Rlois,
485. — Se prépare à l'attaque du
Portereau d'Orléans, 496. — An-
nonce à Gonnor et à Montmorency
la prise du Portereau, '197, noir.
— Intérêt que lui pinte Catherine,
5oi. — Expose à Catherine les
besoins de son armée, 5o8, note.
— Sa blessure, 5ia. - Sa morl
5i3, 5i4, 5a5. — Ivait préparé
les conditions de la paix, 54a. —
Son conflit avec le roi de Navarre,
append. 585. — Sa lettre au roi
d'Espagne, append. (ii 5, note. —
Cité, append. (i-.!3, (127.
Guise (François de, grand prieur de
France), blessé à mort à Dreux.
456.
Gdise (Louis I" de Lorraine, cardi-
nal de), cité, 444. — Envoyé en
mission auprès du Parlement di
Paris, 5oi, 5oa, 5oQ. — Donne
le chiffre de l'armée royale, 5oi .
note. — Son discours au Parlement
de Paris, Soi, note. — Compli
menti'' par Catherine pour ses bons
offices auprès du Parlement de Pa-
ris, 5oi. — Note sur lui, 5 10. —
Catherine lui annonce la blessure
de son frère, 5ia. — Cité, 537,
545.
Gi'ise (Marie de, reine d'Ecosse), 48.
— Lettre qu'elle reçoit de Cathe-
rine au sujet de Marie Stuarl .
556, 557.
Guise (Renée de), 7.3.
Guises (Les), Catherine les accuse
d'être les auteurs des troubles, 592.
GniTTiMÈiiK (M"' de), i3g, note.
Gusman, envoyé par Philippe II à
Rome, 5o4.
Guyenne (La) , 212, 3o8,33a,33g,
. 34i, 376, 417, 42.5, 464.
Guïemve (Les ligues catholiques de
la), 552.
H
Hagdekead, 54 , 578.
Hallwis (Rarbe de), 17, note.
Haluyin (Jeanne de), 4 10, note.
Hakgest (François de, s' de Genlis),
s'empare de Bourges , 3 8 1 . — Note
sur lui, 38i. — Lettre de lui à Ca-
therine, 38i , note.
HANCEST(Jean de), s' d'Ivoy, envoyé
par Coudé auprès de Catherine,
182. — Assiégé à Bourges, 39a.
Harcocrt (Le collège d'), a5i.
Harville (La maison d'), 268.
Haton (Claude), son Journal, cité,
197, 201 , 2S1 .
Hauldrï,' recommandé par Catherine
au maréchal Pierre Strozzi, 97.
Il m tf.-Coside (L'abbaye de), i64,
Hautefort. Voy. L'Esthasge.
Havre (La prise du), 3i2, note;
3i3,3i5, 385, 4i8, 43i, i-5.
IIei.fevstein, envoyé pour demander
la restitution de Metz, 5o5.
Hellies (René), s'de la Roche- Esnard ,
Vis.
86.
684
TABLE DES MATIERES.
Henri II, lettres de lui à M. d'Hu-
mières pour ses enfants, 18, note;
20, ai, 26, a5, 36. — Lettre
de lui à M. de Marillac, a6. —
Annonce son retour à M. d'Humiè-
res, 37. — Lettre de lui au duc
de Florence, 33. — Cité, 34 , noie.
— Sonentréeà Rouen, 36. — Cité,
38. — A un fils de Lady Fleming,
39, note. — Lettre de lui à M.
d'Humières à l'occasion de la nour-
rice du duc d'Orléans, 4o, note.
— Lettres de lui pour un accident
de sa fille Claude, 4i, 4a, note.
— Mande Pierre Strozzi, 44 , note.
— Envoie Morvilliers auprès de
Catherine, 44, note. — Lettre
qu'il reçoit de Catherine au sujet
de la fuite du prieur de Capoue ,
44. — Quitte Joinville, 4g, note.
— Ecrit à M",c d'Humières au sujet
de ses enfants, 53. — Les envoie
à Amhoise, 53, note. — Répond
à Catherine au sujet de l'ambassa-
deur de Venise, 60. — Cité, 70.
— Lettre de lui au sujet de la
prise d'Hesdin, 76. — Annoncée
Vieilleville une victoire du conné-
table, 7g, note. — Écrit au cardi-
nal de Ferrare, 86, note. — Cité,
96. — Visite Calais, 1 1 6. — • Lettre
de lui à La Vigne, 117, note. —
Cité, 191, note; i43, 46a. — Let-
tres que lui écrit Catherine, ap-
pend. 558, 56i , 563.
Henri III, 385, note.
Henri IV, cité, 385. — Ce qu'il
décide au sujet de la bibliothèque
de Catherine de Médicis, append.
56 '1 , note.
Henri VIII, préface injurieuse à sa
mémoire, 387. — Réimpression
de son livre contre Luther, 287.
— Catherine en fait corriger la pré-
face, 337.
Henri (fabricant de lances) , 463.
Hentzinger, 383, note.
Hesdin (La prise d'), 76. — -• Ce
qu'en dit Henri II , 76, 78, note.
Hesse (Le maréchal de), 3 00, note.
Hier (Jehan), employé dans des
missions secrètes, 3oo ; 3oo,
note.
IIoldebinetv (Donato), 6ai.
Hongrie (La), 1 o4.
Hongrie (La couronne de), 192.
Hosius(Le cardinal), note sur lui,
92.
Hospital (Jean de l'), 56o, note.
Hospitai (Le chancelier Michel de l'),
donne à Catherine des nouvelles de
la duchesse de Savoie , 1 4 1 . —
Note sur lui, i4i. — Cité, 177,
263, a6g, 490.
IIotman (François), assiste Spifame à
la Diète, 443, note. — Atténue
l'effet de la défaite des protestants
à la bataille de Dreux, 454, note.
Hogueville ( Philippe de Roncherolles,
sr de), envoyée Caen, 3ia.
Huhières (Jean d'), note sur lui, 17.
— Lettres que lui écrit Catherine
pour ses enfants, i8,20,aa,a4.
— Lettre que lui adresse Henri 11 ,
30, note. — Lettre qu'il reçoit de
Catherine à l'occasion de la s™
Strozzi, s 4. — Soins qu'il est
prié de donner à Claude de Va-
lois, a4. — Catherine lui recom-
mande les enfants du comte de la
Mirandole, a5. — Elle lui écrit
pour les portraits de ses enfants, a5.
— Lettre qu'il reçoit de Henri II ,
26, note. — Henri II lui annonce-
son retour du Piémont, a6. —
Catherine lui écrit à l'occasion de
la mort de M™ de Contay, a8.
— Elle lui demande des cygnes,
1 6g. — Note sur lui , 16g. — In-
vité par Catherine à ne pas quitter
son gouvernement, ig3; — à veil-
ler sur ses places, a 88; — à ren-
voyer les réfugiésdes Pays-Ras, 343.
— Renvoie de Montdidier les ré-
fugiés des Pays-Ras, 358. — Reçoit
l'ordre de se retirer à Péronne.
358. — Chargé de surveiller les
gentilshommes et soldats qui quit-
tent l'armée protestante, 36 1 ,
364. — Loué par Catherine de ses
bons services, 385.
Humières (Mmc d'), chargée des en-
fants de Catherine de Médicis, 38.
— Lettres qu'elle reçoit du conné-
table de Montmorency, 3g, note;
— de Catherine pour la nourrice
du duc d'Orléans, 4o, 4i; —
de Henri II pour l'accident de
Claude de Valois , 4 2 ; — de Cathe-
rine pour la même cause, 49; —
de Catherine pour le départ pour
Amboise, 53. — Invitée par elle à
ne donner des nouvelles de ses en-
fants que par une seule et même
lettre, 58. — Recommandations
que Catherine lui fait pour ses en-
fants, 63. — Reçoit l'ordre de faire
sevrer le duc d'Orléans, 70. — Ca-
therine lui recommande de suivre
les prescriptions de Rurgensis, 70.
I
Indes (Les), 5o4.
Innocent VIII, 1 , note.
Isle (Chàtellenie de 1'), 4a6.
Isle-Adam (L'), 20, 88.
Ivov (Prise d'), 68.
Ivot. Voy. Hangest.
TABLE DES MATIÈRES.
Jacomigny (Pierre), 620.
Jacques II, roi d'Ecosse, 1 , note.
Iacqi bs V, roi d'Ecosse, 1, -'12, note.
Janvier (Édil de), 271, note; 371.
— Ce qu'en écrit Catherine au
Parlement de Paris, ù-'j. — Note
à ce sujet, 2 -'1.
Jaré (François de Rorhechouart, s'
de), 548.
Jaugeai-, 291 , 482, 488.
Jarkac (M. Guy Chabot, s'de), cité,
107. — Catherine lui écrit à l'oc-
casion du meurtre de Sainle-Foy,
son frère, 376. — Chargé d'en
faire les poursuites, 37G. — Invité
par Catherine à rester à la Rochelle,
'1 1 * ; — à obéir à Burie et au duc
de Mbntpensier, 4 18. — Sa lettre
â Catherine pour motiver son dû-
part , 4 1 8 , note.
Jean III, roi de Portugal , 121, 132,
Jérusalem (L'ordre de Saint-Jean de),
11 S.
Jiivmi.i 1 . 4g, 259.
J 01 \ MLLE (Hemi de Guise, prince de),
246, 321.
Johbs (Sir), envoie à Throckmorton
l'itinéraire de la cour, i38, note.
Joiei'se ( Guillaume de, vicoml
cité, 343. — Pacifie l<' Lan;;
Joana (Dona),sœur de Philippe II.
— Catherine pense à elle 1 1
Charles IX, 319. — Catherine prie
sa fille de favoriser son mariage
avec Don Carlos, 61 3, < harles IX
lui est proposé, 6 |3.
Jules III, 33, 02, 98.
Juvemrus (Dominique de), 7Ô.
Keith , l'historien, 543. noie.
Killegrew (Henri), sa lettre à Cecil
datée de Dieppe, 385, note.
Ivlipijfel, 338.
Labanoff (Le prince), cité, 543,
note.
Labbé (Le capitaine), détenu sur les
galères, 217.
Laborde (Le comte Jules de), cité,
507 , note.
La CnAHBRE (Amé de), 36, note.
La Cuambre (Jean de), 36, note.
Lt Cuambre (Sébastien de), évêque de
Corbie, 33, note. — Recommandé
par Catherine au duc de Florence,
7'-
La Chessaie, 55g.
Lacocdre, 5i3.
Licourt (M"c de), rappelée en
France, 556.
La Fère, 6g.
La Forest (Jacques Bochetel, s' de), am-
bassadeur aux Pays-Bas, 36s. —
Note sur lui, 362.
Lagabde (Le baron de), 48. — Va
trouver le roi de Navarre, i45. —
Note sur lui, i45. — Déchargé de
la dépense de l'envoyé du Grand-
Seigneur, 46o.
Lagnv, 3i3, 3 1 3.
Lalain (La dame de), prieure de l'ab-
baye de Félines, 176.
La Marcs (Antoinette de), son accou-
chement, 1 35.
La Mare (Manuscrits de), cités, 1 17,
note.
La Mirakdole (Fulvie de), 2.5, note.
La Mirandole (Sylvie de), 20, note.
Li Mole, 43 1, note.
La MoiaE(ChristopheDE), sr de Bou-
chavannes , envoyé parCondé auprès
de Catherine, 1 65. — Note sur
lui, i45.
La Mothe au Groing (Le vicomte de),
1 1.
La Mothe-Gondrin (Biaise de Pardail-
lan,s' de), .Catherine lui recom-
commande le trésorier Guazzo,
299. — Tué à Valence, 3o6. —
Note sur lui, 3o6.
La Mothe-Roige, retenu par Monlui
332. — Note sur lui, 'i3;>.
Laxgei (Seigneurie de), 38, note.
Langsdorff (Le baron de), 361.
Languedoc (Le), 37, note, 34i.
Languedoc (Les Etats de), leur don au
connétable, 139.
Languedoc (Les troubles du), 235.
Lsnguet (Hubert), ce qu'il dit du
banquier Aubrecht, 280, nol
La Noue (François de), 33^
Lansac (Louis de Saint-Gelais. s' de
note sur lui, 71. — Cité, S
Envoyé par Catherine auprès du
connétable, 1.V1. — Cité, 199. —
Envoyé au concile de Trente. 27':.
390. — Catherine lui recommande
de soigner sa santé, 3 1 ô. — Elle le
prie de hâter son départ, 3 0 •"> :
l'avertit des difficultés soulevées par
l'Espagne pour la préséance
— Communications que lui l'ont au
concile les évêques espagnols. :iô 1
686
TABLE DES MATIERES.
— Instructions que lui donne Ca-
therine, 35 1. — Elle lui fait part
de l'insuccès de son entievue avec
Condé, 356. — Loué parelle de sa
conduite vis-à-vis du pape, 355. —
Prié de remercier le cardinal de
Mantoue de ses bons offices, 355.
— Le pape se plaint de lui, 363.
— Invité par Catherine à agir sur le
cardinal de Mantoue pour le retenir
à Trente, 364, 365. — Catherine
lui annonce le départ pour Trente
des prélats français, 365. — Sa
lettre à l'évêque de Rennes sur la
marche du concile, 379, note. —
Prévenu par Catherine que les pré-
lats de France n'arriveront qu'en
octobre à Trente, 379. — Chargé
de préparer leurs logis et celui du
cardinal de Lorraine, 38o. — Tâ-
chera d'obtenir remise de la session
et la translation du concile à Man-
toue, 38o. — Se conformera à la
conduite des ambassadeurs de l'Em-
pire et d'Espagne, 38o. — Ecrit
au pape, 385, note. — Conduite
que lui trace Catherine, 3g4. —
Cité, 4o4. — Lettre qu'il reçoit de
Catherine à l'occasion de la pré-
séance et de la tenue du concile,
468, 46g. — Fait connaître le but
de la mission envoyée par le duc
de Bavière à Rome, 46g. — In-
formé de la paix par Catherine
53g. — Loué de sa conduite au
concile, 54o. — Invité de nouveau
à défendre le droit de préséance
sur l'Espagne, 54o. — Sera satis-
fait pour le solde de ses gages, 54o.
Laon, 67.
Lion (Le capitaine de), 3 16.
Li<>\ (Le diocèse de), 54.
La Place (Le président Pierre de),
232.
Lara (Don Juan Manrique de), sa
mission en France, » 63, 166, 167.
La Rochefoucauld (Charles de), a5,
note.
L'. Rochefoucauld (François de), 25,
note. — Vient à Orléans, 4a5. —
Se sauve à Dreux, 455.
La Rochefoucauld (La maison de),
558.
La Tour (Claudine de), 257, note.
La Tour (François de). Voy. To-
RENNE.
La Tour (Henri de), note sur lui,
69.
La Tour d'Argï (Le sr de), gentil-
homme servant de Catherine, 87.
La Tour-Landry (Marguerite de), 38,
note.
La Trésioille (Louis II, s1 de), otage
en Angleterre, 268.
Lavagne (Sinabaldo, comte de), 1 3 1 ,
note.
Laval (Charlotte de), 17.
Laval (Le comte Claude de), 22.
Lavau, cité, io3.
Lavaoz, 33 1.
La Vigne (Jean de, s' d'Auvilliers , am-
bassadeur à Constantinople), lettre
que lui adresse Catherine, 116. —
Note sur lui, 1 16. — Désigné sous
le nom de d'Auvilliers, 117. — Re-
çoit une lettre de Catherine à l'occa-
sion d'un prisonnier, 1 1 8.
Le Bois d'Ennemais, 434.
Leclerc (Le procureur général) , 483.
Lectoure (Troubles à), 212, note.
Légat (Le), obtient ses facultés, 255,
476.
Le Laroureir, cité, 385, note.
Lelio (M"), cité, 17.
Lemaistre (Giles), 467, note.
Lemaistre (Jean), Catherine lui est
défavorable, 667.
Lent (André Provana,s' de), 124.
Léon Castillo (Francisco de), recom-
mandé par Catherine à l'évêque de
Limoges, 643.
Léon X, 1, note; 79.
Léonard (Le s'), cité, 623.
Le Pelisse (Francisque), cité, 5, 6.
Lepsï (André), recommandé par Ca-
therine de Médicis au duc de Flo-
rence, 31.
Lepsï (Jean-Francisque), 21.
Lepuchnaxo (Le duc Alexandre), hos-
podar de la Moldavie, 27g.
Leroux de Linct, cité, 564, note.
Lesirange (Gilbert de Hautetort, s'
de), envoyé par Catherine auprès
de la connétable, i44. — Note sur
lui, i46.
Le Veneur (Jean), cité, 1 46, note.
Le Veneur (Tanneguy), sr de Car-
rouges, envoyé auprès du roi de
Navarre, 147. — Note sur lui,
1 67.
Levis (Françoise de), note, 3 10.
Lezignï( Charles de Pierre-Vive, sr de),
trésorier de France, 81. — Cathe-
rine lui mande de retourner à sa
résidence, 81. — Envoyé par Ca-
therine auprès du Parlement, 179.
Ligne (Robert de), 278.
Lignt-le-Châtei, 161.
Lihei iL(M"eDE), maîtresse de Condé,
425, note.
Limoges (Sébastien de l'Aubespine,
évèque de), 1 10, note. — Lettre
que lui écrit Catherine à l'oc-
casion de la maladie de sa fille la
reine d'Espagne, 161, 162. — Ca-
therine lui annonce la réconciliation
du roi de Navarre et de M. de Guise ,
171. — Ecrit à Catherine au sujet
du départ des filles d'honneur de
la reine d'Espagne, 200. — Cathe-
rine lui recommande Michel Aubery
dont le vaisseau a été pris par les
Espagnols , 211. — Chargé par Ca-
therine de faire relâcher des gens
du Croisic prisonniers à Séville,
244. — Lettre de lui sur le projet
d'enlèvement du duc d'Orléans par
le duc de -Nemours, 2 45. — -Ce que
lui écrit Catherine sur les motifs de
la mission ded'Ausauce en Espagne,
a5i, 252 , 266. — Lettre que lui
écrit Charles IX au sujet de Fabricio
SerbeHoni, 263, note. — Ce que
lui écrit Catherine pour l'entrevue
que lui propose le roi d'Espagne,
267; — en faveur du roi de Na-
varre, 267; — sur les craintes que
TABLE DES M VTIÈRES.
687
lui inspirent les Guises, 267. —
Remplacé par Saint-Sulpice, a88.
— Lettre que lui rnit Calh.-i
sujet de la mission de Rambouillet
en Allemagne, 398. — Catherine
lui fait le tableau de la situation,
3o6; — le prie de dire au roi
d'Espagne qu'elle accepte le secours
offert, .S07. — Elle lui annonce son
départ pour Monceaux, .3 18. —
Chargé de négocier le mariage de la
sœur de Philippe II el de Charles IV
319. — Annonce le danger de mort
où est Don Carlos, 319, note. —
Chargé par Catherine de prévenir sa
fille du projet d'alliance de Charles IX
et de la sœur de Philippe II, 3ig.
— Averti par Catherine des dan-
gers de la guerre civile, 33o; —
des craintes qu'elle a d'une inter-
vention du roi d'Espagne en cas de
victoire de Condé, 33 0; — de la
levée des Suisses, 33o. — Rend
compte à Charles IX de la mission
de Rambouillet, 336, note. — Ca-
therine lui recommande Francisco
de Léon Castillo. 4 63. — Envoyé
pour la paix à Orléans, 496,
509, note. — Recommandations
que lui fait Catherine pour les
soins de la santé de sa fille la
reine d'Espagne, append. 566. —
Elle lui explique ses projets, sa
ligne de conduite, append. 569,
570, Ô72. — Craintes qu'elle lui
témoigne pour le mariage de Don
Carlos et de Marie Stuart, append.
."' 7 1 . 5 7 •> . — Lettre qu'elle lui écrit
au sujet de l'intervention qu'elle
offre entre l'Espagne et le Grand-
Seigneur, append. 583. — Bons
offices qu'elle réclame de lui en la-
veur du roi de Aavarre, append.
583, 585. — Lettre qu'elle lui
écrit pour rompre le mariage de
Marie Stuart avec Don Carlos el
pour favoriser les revendications du
roi de Navarre, append. 5c)5. —
Elle se plaint à lui des calomnies de
Chantonnay, append. 598. — Sa
lettre à Catherine sur la mission de
d'Ausance en Espagne, append.
601 . note. — Lettre qu'il reçoit de
Catherine au sujet de la dot de la
r^in'' d'Espagne, append. 607. —
Elle lui fait connaître la véritable
situation des choses, append. 610,
61 1, t "> 1 3 . — Il fait le récit de la
mission de Rambouillet en Es-
pagne, append. 616. 61 5, 616,
617. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine, append. 636, 6a5, 6 16.
Liens (La Corel de), ao5.
M. de), frère de Monlur, 36 1 .
note; 337. — Envo\é à Meaux,
356.
Lisbonne, 210.
Lislb (Le capitaine), 4a3.
Litta (L'historien), cité, 87, 107.
Lizet (L'avocat), cité, 458, note.
Loches, 107, i38.
Loikg (La rivière de), 698.
Loire (La), 488, 5o'i.
Loiret (Le), 5ia.
Lombardie (Le prieuré de 1. 557, S58.
Londres, 4oi, note; 53i.
I.onuhï (Jacqueline de), duchesse de
Monlpensier, 1 71. — Sa mort, 23a.
Loin) aine (Charles de), dur de Mayenne,
i5i, note.
Lorraine (Charles II, duc de), 32,
note; 72. — Cité, 49.5. — Ceux
de Metz se plaignent de ses officiers ,
537.
Lorraine (Claude de), 33, note.
Lorraine (La), 2 '19.
Lorraine (La duchesse de), risitée par
la connétable, 130, note; 448.
Lorraine (Christine de Danemark,
duchesse douairière de), lettre que
lui écrit Catherine pour se justifier
et expliquer le sens des lettres
adressées à Condé, 661. — Sa ré-
ponse à Catherine, 4 63, note.
Lorraine (Charles de Guise, cardinal
de), 26, note. — Catherine de-
mande de ses nouvelles, 61. — Sa
maladie, 65. — Catherine s'en in-
forme, 65. — Son rél !
— Parle du mauvais étal de
la santé du connétable, s5. note.
— Se plaint de l'ambassadeui
d'Espagne 1 Ibantonnay,
— Invile L'flospital à venir "n
France, 161, note. — Ecrit à la vi-
dame de Chartres, 1 15, note; 1 '17.
note. — • Fait venir des marbres du
Portugal pourMeudon, 210, noie.
— Sa maladie, aao, note.
337. — Son départ | Trente
annoncé par Catherine à l.ansac.
365.— Attendu à Trente, 393 —
Ce qu'on espérait de lui, 3g3. —
Parti pour Trente, 4o3, 616.—
Chargé par Catherine d'en finiravec
l.i restitution des places du Pié-
mont, 63o. — Utilité de sa pré-
sence à Trente, 665. — Catherine
lui annonce la victoire de Dreux.
654, 655, 456. — Cité. Û68.—
L'évéque de I ilerh attaché à sa
personne, 669. — Part pou In*
pruck, 672. — Va visiter le roi
des Humains. 68l. - - Ses instruc-
tions, 48 1. — Lettre que lui écrit
Catherine à la suite de son voyage
auprès de l'Empereur, 56o, 54t.
— Tableau qu'elle lui fait de la
France, 56 1. — Invité par Cathe-
rine à soutenir Lansac et à défendre
le droit de préséance . 5 1 1
— Son voyage à [nspruck, 543.
. — Letlre de lui au sujet de la Bile
de la maréchale de Sainl- I
545, note. — Parti pour la Lor-
raine, append. 585. — En posses-
sion du livre de la Toison d'or,
append. 600.
Lorraine (Le duc de), 5o5.
Lorraine (Marie de. reine d'Ecosse),
son voyage en Franc 1 1 55 1, 62 .
note; 4a.
Lohb une (René de), marquis d'Elbeuf,
note sur lui, 1M7.
Lohbis, 'iSn, 533.
Lusses (Jean de), i65. — Note sur
lui, i65. — Envoyé au roi de Va-
«88
TABLE DES MATIERES.
varie par Catherine, 3aa. — Ses
instructions. 322, note; 3a3. —
Le roi de Navarre le redemande,
4 1 3. — Mémoire qni lui est adressé,
4 i 3 , note. — Sa lettre à Charles IX ,
'i î 3 , note. — Annonce à Catherine
la victoire de Dreux, 455, 544. —
Porte à Paris les lettres patentes
pour la paix, 533, 534, 536. —
Revient trouver Catherine, 538,
53g. — Cité, 544.
Loris XII, i3i, note.
Luciu, î.
Lode (Guy de Daillon, comte du),
Catherine lui écrit au sujet des
trouhles de Poitiers, 208. — In-
vité à laisser rentrer les gentils-
hommes protestants qui se sou-
mettront, 3<ji. — Enverra à Tours
l'argent qu'il a en main, 3o 1. —
Chargé de maintenir Tordre en
Poitou, 5 10. — Catherine lui an-
nonce la paix, 5ag. — Reçoit
l'ordre de mettre en liberté les pri-
sonniers protestants, 53o. —
Chargé d'empêcher le pillage du
Poitou, 547; — de faire déposer
les armes aux protestants, 548.
Lijgny (La veuve du s' de), io5.
Lena (Le comte de), dispute la pré-
séance à Lansac, 54o, 54a.
Lunebourg (Le duc de), ne peut en-
trer en France plus loin que Chà-
lons, 437. — Sa querelle avec le
duc de Guise, 437, note. — Tué
parBussy, 437, note.
Limelin (Jérôme), ambassadeur de la
seigneurie de Gènes, 1 38.
Lumigny, 53 1 , note.
Lcstrac (Antoine de), 73, note.
Lustrac (Marguerite de), 7.3, note.
LiTiiAiRE, note, 5a3.
Lither, son livre sur les sacrements
réimprimé à Lyon, 237. — Ce
qu'en dit Calvin, 237.
Lixembourg (Marie de), note, 33.
Lizarches, son procès arrêté par
crainte de représailles, 335. —
Note à ce sujet, 335.
Lyon, g, afi, 4a, io3, 129, 196,
a58,34o,36o, 38i,3go,3g5,
435, 453, 596,598, 599.
Lyonnais (Le), 34o, noie.
Lyrou.es (Les troubles de), a 12.
M
Mâcon, 26, noie.
Mâcon (Prise de), 3a2, note.
Mâcon (Attaques suspendues contre),
344.
Mâcon (Les échevins de), Catherine
leur reproche leurs fautes, 3aa.
Mâcon (Jean-Baptiste Alamanni , évèque
de), envoyé en Espagne, 338, note.
Madon, 53.
Madelcine (La), 5aa, note.
Maignac (Le baron de), envoyé auprès
de M. d'Humières, 488.
Mailly (Le jeune), 18.
Maii.ly (Gilles de), capitaine de Mon-
treuil, 46. — Note sur lui, 96. —
Catherine lui envoie le baron de
Maignac, 4go. — Noie sur lui,
Û90.
Maine (Le marquisat du), 33.
Malagoule (Jérôme) , neveu de Gondi ,
recommandé par Catherine au duc
de Florence, 70.
Malassis (Le capitaine), 317, note.
Malicorne (Jean deChourses, s' de),
envoyé par Catherine au-devant de
Don Diego, 384. — Note sur lui,
384.
Maligny ( La seigneurie de), 161.
Maligny (Les). Voy. Ferrières.
Malras (Le général des finances Fran-
çois Rougier, sr de), 5oa. — Envoyé
à Paris, 5og, 5i 1.
Malte, 44 , note.
Malvede, marchand espagnol, sa ré-
clamation, 334.
Manne (François de Bellicrs, abbé de),
note sur lui , 71. — Envoyé en mis-
sion, 7a, 10a, 4o4. — Ses instruc-
tions, 4o4.
Manriqie (Don Juan), envoyé en
France, append. 575. — Son dé-
part, append. 576, 584, 585.
Mans (Prise du), 394.
Mansfeld (Le comte de), 68, noie.
Mantoie (La duchesse de), a, note.
Mantobe (Hercule de Gonzague, car-
dinal de), félicité par Catherine de
ses bons offices, 354. — Veut
quitter le concile, 364, 365. ■ —
Favorable à la France, 468.
MANioiiE(Le duc de), reçoit une lettre
de Catherine à l'occasion du mariage
d'Elisabeth de Valois, 1 20. — Fiancé
à la fille de l'Empereur, 579.
Mantoue (Ludovic de), vient en
France, 96. — Note sur lui, g6.
— Ce qu'en dit Brantôme, 96, note.
— Avertit Catherine des difficultés
soulevées par l'Espagne pour la pré-
séance, 3o5. — Note sur lui.
3o5.
Manuel (Laurent), recommandé par
Catherine à M. de Boisy, 21.
Marins (L'ile de), 268.
Marc-Antoine, porte des lettres à Ca-
therine de Médicis, ai. — Chargé
du haras de Meung, 20, note. —
Cité, 277.
Marcel (Le pape), 98, note. — Sa
mort, 99, note; 100.
Marchais, 89, note; 196, 197, 198.
Marchand (Hierosme), aa.
Marchant, 73.
Marchai jiont (Pierre-Claude, s' de),
445.
Marciano ( Bataille de), g4.
Marconnay (Hilaire de), dame de la
Berlandière, 80. — Note sur elle,
80.
Marienbodrg (Prise de), 89, note;
91, a6i, note.
Marignan (Le marquis de), s'empare
de Port-Hercules, 100, note.
Marillac (M. de), 16, note.
Mariv u v ( Le s' de), envoyé en Picar-
die, 36a.
Marli: (Guillaume de), prévenu par
Catherine de la remise de l'entrée
de Charles IX à Paris, a34.
Marlorat (Le ministre), 4iQ, note.
Marnât, envoyé en Espagne, 336.
Marot (Clément), ses élrennes aux
dames de la cour, p,i, note.
Marseille, io3, note; 128.
Marseille (Le port de), 43, note.
Marseille (Saint-Victor de), 43,
note.
Marseille (Le secrétaire), 5oo.
Marsillio della Crdce, sa lettre à
Shers sur la grossesse de la duchesse
de Savoie, 23a.
Martelle (Baptiste), 622.
Mastiques (La vicomtesse de), sa.
Martigues (Sébastien de Luxembourg,
vicomte de), 22 , note. — Catherine
approuve sa conduite à Nantes, ■• 1 7
— Gratifié de la compagnie de
M. de Thermes, 3io. — Se dis-
tingue à Dreux, 456.
Martres (Menand de), évèque de
Couserans, lettre que lui écrit Ca-
therine en faveur de llierosme Mar-
chand, 22.
Masim (Le capitaine), assassiné, 486,
note.
Mas-Latrie (M.DB),a publié des pièces
relatives au meurtre de M. de F 11-
mel, 261.
Masone ( Sir John ), 3 6 , note. — Lettre
de lui sur le duc d'Orléans, 39,
note. — Ce qu'il dit de Lady Fle-
ming, 3g, note.
Massa (L'héritière de), 1, note.
Masseville (L'historien normand),
3ia , note.
Matignon (Jacques de Goyon, comte
de), disculpé par Catherine d'accu-
sation de malversation, aa4, aa5.
— Note sur lui, aa4. — Prévient
Catherine de l'état de la basse
Catherine de Médicis — 1.
TABLE DES MATIÈRES.
Normandie, 3 1 5. — Annonce la
priv d'armes de Montgommery,
37."). - - Reste en basse Normandie,
ii 9. — Reçoit l'ordre de déman-
teler Saint-Lô, 4 19; — de ré
primer le pillage, '119. — Lettre
que lui écrit Catherine au sujet du
Mont-Saint-Michel, 537.
Maiduissox (L'abbaye de), demandée
par Catherine pour la fille du con-
nétable, îaa et note.
Maigihon (Laurent de), lieutenant du
duc de Guise en Dauphiné, 63. —
Instructions qu'il reçoit de Cathe
rine, 3i 1. — Félicité elenn. ;
par Catherine, 32.5. — Le Parle-
ment de Grenoble prie Catherine
de révoquer les ordres qu'elle lui a
donnés, 3a5, note. — Invité par
Catherine à renforcer la garnison de
Château- Dauphin, 327, 3a8. —
Félicité par elle, 029. — Arrête
par le Parlement de Grenoble dans
sa marche contre cette ville, 3ag,
note. — Doit être remis dans les
places du Dauphiné, 34 1. — Reçoit
l'ordre de suspendre les hostilités,
344. — Annonce la marche des
troupes de Savoie, 36o. — Compli-
menté par Catherine, 377. — En-
voyé en Piémont pour en ramener
les bandes, 392. — Gratifié d'une
compagnie, 466.
Madgibon (Etienne), 62-3.
Maivellï (Laurent), 521.
Macvissière. Voy. Castelnab.
Maumiliev (roi de Bohême), io4,
note. — Catherine lui fait con-
naître les conditions de la paix, .".'il'.
— L'une de ses filles désirée par
Catherine pour Charles IX, 543.
Mazères (Le capitaine), révèle à Aiu-
boise une conspiration tramée contre
Philippe II, a4o.
Meaix (Le marché de), 4i4.
Meaix (Les protestants de), 546.
Meadi (Les troubles de), 347, 5io,
5n.
Mecklembolrg (Louise de), a55.
689
Médicis (Alexandre de), frère naturel
d>' Catherine, 3 , 3g, h>7, notes.
Médicis (Bernard de), évèque de
Forli. vient en France, 9. — Ecrit
à Cosui.- de Médicis, 9. — Lettre
que lui écrit Catherine, 1 10.
Médicis i Catherine de), raconte son
voyage ;»i duc d' dbanie, son oncle.
1. — Remercie la duchesse de Sa-
voie, a. — S'informe de la santé
du duc d'Albanie, 3. - Compli-
mente le grand maître à l'occasion
de la naissance de sa fille, 3. —
Recommande André Rinieri à Cosme
de Médicis, 3, 5. — Élevée avec
Cosme, 3, note. — Recommande à
Cosme Jehan Udré, '1 ; — Amerigo
Bency, 5; — Manuel Riccio, mar-
chand génois, 5. — Demande des
prières à l'ahbesse des Murâtes, 5.
— Recommande à Cosme Fran-
cisque le Pellisse, 6. — Annonce sa
grossesse au grand maître Anne de
Montmorency, 6. — Le remercie
des remèdes qu'il lui a donnés, 6,
note. — Recommande à Cosme
Ange de la Lune, oncle de Lucrèce
Cavalcanti, 7; — Bernard de Sal-
viati en procès avecNasi, 7. — An-
nonce son heureux accouchement à
Cosmé, 8. — En fait part à l'ah-
besse des Murâtes, 8. — Lui de-
manda des prières, g. — Annonce
à Cosme l'arrivée de l'évêque de
Forli, 9. — Lui recommande An-
toine et Loys Bounisy, 9; — Gir-
mondo de Meleto, 10. — Lui an-
nonce la naissance d'Elisabeth de
Valois , 10. — Envoie à la duchesse
de Florence des haquenées de Bre-
tagne, 1 1 : — à Cosme des lévriers
de Bretagne, i3. — Recommande
à Cosme Oltaviano Bentivoglio, i3;
— Vinacent de Rhidolphi, i3; —
Dominique Benrivenni, i3, i4; —
le chevalier Millerin Obaldini, i4.
— Fait mention au duc de Ferrare
des lettres qu'il lui a écrites, i5. —
Lui demande la 1 émise de l'amende
87
t>90
d'Hercules Seghizo, neveu de son
maître d'hôtel , i5. — Invile Cosme
à envoyer un gentilhomme en
France, 16. — Recommande an
duc de Ferrare Francisque Seghizo
pour un emploi, 16; — à Cosme
Jacques de Torsulis pour une re-
mise de décimes, 16 ; — à M. d'Hu-
mieres un peintre, 18. — Prie
Cosme de lui envoyer Antoine Ga-
zette, 1 8. — Recommande à Cosme
Francisco Nigemi, 19. — Lettre
d'elle à M. d'Humières, 20. — Re-
1 ommande à Cosme Frauçois Lepsy,
•m; — à M. de Roisy Laurent Ma-
nuel, 2 1 . — Lettre d'elle à M. d'Hu-
mières pour ses enfants, 39. — Re-
commande au duc de Ferrare Tho-
mas del Vechio, son aumônier, 23.
— Lettre d'elle à M. d'Humières
pour sa fille Claude, 23. — Écrit à
VI. d'Humières de laisser voir ses
'■niants à la signora Slrozzi, ai.
- Letlre d'elle à l'occasion de
l'évéque de Cortone envoyé en
Franco, 26. — Écrit à M. d'Hu-
mières pour ses enfants et leurs por-
traits, 20, 26. — Lettre d'elle à
Marguerite d' Angoulèmeà l'occasion
du mariage de Jeanne d'Alhrel, 27.
Recommande à M. d'Humières
les enfants du comte de la Miran-
dole, 2.5; — à Cosme Nicolas de
Médicis, 27. — Écrit une lettre de
condoléance à M. d'Humières à l'oc-
casion de la mort de M"" de Contay,
s8. — Recommande à Cosme Renée
de Paule, 29: — le sculpteur délia
Robhia, 29. — Parle au duc de
'vlantoue de son frère, 3o. — Re-
mercie le duc de Ferrare d'être son
compère, 3o. — Demande une ju-
dicature pour Michel Avogadn-, 3 1 .
Recommande à Cosme Julien
de Spiquio, 3i. — Demande à
M. d'Humières de nouvelles pein-
tures de ses enfants, 3t. - Ecril
à Ludovic de Gonzague, 3a; — à
M. d'Humières pour la place de
TABLE DES MATIERES.
défunte Fontaines, 3a. — Recom-
mande à Cosme Agnolo de la Stuffa ,
3a ; — Loys Alamanni, 33. — De-
mande à Cosme un jeune lion, 35.
— Lui demande un bénéfice pour
Pierre Gazette, 35. — Intercède
auprès de lui en faveur des reli-
gieuses de Saint-Nicolas, 36. —
Recommande au duc de Ferrare
Hieronymo Pepy, 36. ■ — Remercie
Cosme de l'avancement de M. de la
Chambre, 37. — Prie Cosme d'ai-
der au mariage du fils de Louis
Alamanni, 37. — Écrit au cardinal
du Bellay, 38; — à Cosme, 38 ; —
à la duchesse de Guise, 3g; — à
M. d'Humières à l'occasion de la
nourrice du duc d'Orléans, 4o; —
à Cosme, 4o. — Recommande à
Cosme Porlia , fille du sr de Mala-
teste, 4o. — Écrit à M™' d'Hu-
mières pour la maladie du duc d'Or-
léans, '10, Ai ; — à la duchesse de
Guise au sujet de son mari , 42 ; —
à la même, pour se plaindre de sa
santé ,4a. — Recommande à Cosme
Jacques de Rostaing, 43. — Ecrit
au connétable au sujet delà fuite du
prieur de Capoue, 48, 44. — Ce
qu'elle dit de Jean-Baptiste Corse,
44; — du dévouement de Pierre
Strozzi, 44. — Sa lettre à Henri II
au sujet du prieur de Capoue, 44,
45. — Sa lettre au connétable au
sujet du prieur de Capoue, 45. —
Ce qu'elle dit de Pierre Strozzi au
connétable, 46. — Recommande au
duc de Guise sa sage-femme, 46.
— Accouche de Henri III, 46, noie.
— Recommande Pierre Strozzi au
connétable, 47. — Le recommande
à Henri II, '17. — Parle de la
guerre à la duchesse de Guise, 48.
— Regrette le départ de la reine
d'Ecosse, 48. — Remercie Cosme
de l'envoi d'une fontaine, 48. —
Sa maladie à Joinville, 49, note.
— Écrit à M'"° d'Humières pour
la convalescence de sa fille Claude,
49. — Complimente la conné-
table, 4g. — Écrit au Parlement
de Dijon pour amendes infligées
à la duchesse de Guise, 49. —
Mande au cardinal de Bourbon
de réprimer ies prêcheurs qui se
mêlent des affaires de l'Etat, 5o,
5i. — Lui écrit au sujet de l'impôt
de vingt livres par clocher, 5i. —
Remercie le connétable de ses bons
offices auprès de Henri II, 52. —
Regrette de n'être pas auprès de
Henri II, 52. — Demande des nou-
velles de la guerre, 52. — Parle au
connétable de son pouvoir comme
régente, 52. — Ecrit à M"" d'Hu-
mières au sujet de ses enfants en-
voyés à Amboise, 53. — Donnedes
nouvelles de la guerre au cardinal
de Bourbon, 54. — Le compli-
mente de ce que ses diocèses ont
satisfait aux emprunts, 54. — Lettre
d'elle à M™" d'Humières au sujet
du séjour de ses enfants à Am-
boise, 54. — Y envoie le duc d'An-
goulême, 54. — Écrit au cardinal
de Bourbon pour la vente de nou-
veaux offices, 55. — Aux gens du
Parlement pour la vérification des
édits des aides et des monnaies ,
55. — Au connétable au sujet des
\ivres, 56. — Lui parle de la guerre.
56. — Ecrit à l'évéque de Valence
au sujet de l'emprunt à lever suc-
son diocèse, 56, 57; — au cardi-
nal de Bourbon au sujet des aides
et des monnaies, 58 ; — aux gens
du Parlement de Paris, pour la
même cause, 58.— Prie M"" d'Hu-
mières d'inviter ceux qui sont auprès
de ses enfanls de n'écrire qu'une
seule lettre pour en donner des
nouvelles, 57. — A reçu une lettre
de la Romanerie, 58. — Écrit à
Henri II au sujet de la venue du
prince de Salerne et des proposi-
tions des Vénitiens, 5g. — ParL>
de l'envoi du duc d'Orléans à Venise
pour y être élevé, 59. — Écrit au
TABLE DES MATIÈRES.
(j'.il
duc de Perrare an sujet de l.i venue
de son fils en France, 60. — A
Henri [I an sujet de vaisseaux an-
glais pris par 1rs Bretons, f>.r>. (il.
— Demande des nouvelles du car-
dinal de Lorraine à la duchesse de
Guise, 61. — Écrit à M™ d'Hu-
mières an sujet de ses enfants el du
changement de la nourrice du duc
d'Orléans, Ga. — Lui demande les
peintures de ses enfants el de Marie
Stuarl, 62. - La prévient que
le roi veut envoyer ses enfants
lomorantin, 62. - Écrit au
cardinal de Bourbon pour la créa-
lion d'un juge criminel dans chaque
bailliage, fia; — au duc de Guise
au sujet de son gouvernement de
Dauphiné, 63.— Parleà M"" d'Hu-
mières de la nourrice qui a été
rendue au duc d'Orléans, 63. —
Lui demande des nouvelles du
duc d'Angoulème. 63. — Demande
au connétable des nouvelles du Roi
el des siennes. 64. — Parle des
maladies qui courent, 64. — De-
mande des inslruclions pour les en-
fants d'honneur, 64. — Écrit à la
duchesse de Guise au sujet de la
maladie du cardinal de Lorraine,
li'i . 65. — La félicite de sa guéri-
son, 65. — Demande au conné-
table, en cas de mort de M'" de
Dannemarie, sa place auprès du duc
d'Orléans pour la femme du sr de
Bléneau, 63, 64.— Béponse que
lui adresse le connétable à ce sujet,
63, note. — Ecrit au conné-
table au sujet des pionniers qui se
retirent du camp. 65, 66. — De-
mande à la connétable de ses nou-
velles, 66. — Prie M"" d'Hntnières
de lui envoyer les peintures de s s
enfants et de Marie Stuart, 66. —
Ecrit au connétable que sa maladie
tient à ce qu'elle ne reçoit pas de
nouvelles du Boi, 66. — Lui de-
mande de l'eutretenir en la bonne
grâce du Boi, 66. — Attend un ordre
pour aller à Mézières. lui \i,
nonce au connétable son arrivée à
Laon, 67. — Parle du dépari de
la connétable retournée chei elle.
67. — Fait pari au connétable de
son itinéraire pour aller rejoindre
le Boi, 67. — Plaisante des frayeurs
de M" de Nevers, 67. - Innonce
la prise d'Ivoy au cardinal de Bour-
bon. 67. (iS. — Parleà M"*d'Hu-
mières de la querelle de Ruffiac,
valel de chambre du dnc d'Angou-
lème, et d'un nommé Lisle, 68. —
I tige que Ruffiac demande pardon
à ses enfants, 68. — Ecrit nu con-
nétable pour annoncer le jour de
son départ de Sedan et son arrivée
à la Fère, 68, 69. — Le félicite de
l'accouchement de sa fille de Tu
renne, 69. — Recommandeà Cosme
Jehan de Montagu, marchand flo-
rentin, à l'occasion d'une nef, 69.
— Invite M"* d'Humières à (aire
sevrer le duc d'Orléans, 70.
Bègle le manger du duc d'Angou-
lème, 70. — Inquiète de la santé
du duc d'Orléans, et s'en prend à
sa nourrice, 70. — Demande à
Cosme une place à Modène pour
le neveu de Jean-Baptiste Gondi .
70. — Fait visiter Cosme par l'abbé
de Manne qui va à Borne, 70. — Le
prie d'appuyer l'évêque de Corbie
qui sollicite le cardinalat, 71. —
Écrit au connétable que Lansac lui
a apporté de ses nouvelles, 71. —
Lui annonce que l'Empereur est
à bout di' viyres, 71. — Bemercie
Cosme d'avoir appuyé la demande
du chapeau de cardinal pour l'é-
vêque de Corbie, 7a. — Invite le
connétable à surveiller Bassom
pierre, 72. — Lui rappelle que la
maison de La Chambre est sortie
de celle de Boulogne, 72. — Re-
commande de nouveau à Cosme
Jeb.an de Montagu, 72. — Donne
des nouvelles du siège de Melz à la
duchesse de Guise, 73. — Recom-
mande Pierre Gantier à la conné-
table. 7,'i: àCosmeJean-BaptisIe
1'.. h. [venny, 7 '1. — Annonce
duchesse de Cuise son arrivée a
Melun. 7."). — Recommandi
Jehan du Tillel . son aumo
nier, qui sollicite du Pape les expi
ditions de l'évêchéde Saint-Brieuc,
7 '1 . -."•.. Soutient on procès à
Rome pian les. Marais Pontins, 7.Y
Se réiouil de c • que le Roi ne
lail pas venir ses enfants a cause de
la chaleur, 7"). - Annonce au conné-
lable le jourde son arrivée a Melun .
Regrette la prise d'Hesdin
76. — Écrit au connétable au sujet
du siège de Metz, 76, 77. — Lui
annonce la blessure mortelle d'Ho-
ice Parnèse, duc de Castro, 77
Plaint Diane de France de la
douleur qu'elle a de sa mort, 77.
- Fait des vceux pour l'heureux
-m cèsde l'expédition du connétable
78. — Lui demande ce qu'elle doit
répondre à Cosme, 78. S'applau-
dit des succès du connétable, -y.
Lui demande des nouvelles de
Henri II, 79. — Désire la reprise
lin, 79. - Se plaint de
qui ont rendu celle place, 79. —
Souhaite au connétable un heureux
succès dans la campagne qu'il 'en-
treprend, 79. -- Le fin aie di
>:< victoire, 79. — Ne voudiait
■ pas que le Boi rejoignit l'armée,
Envoie à la connétable des
nouvelles du connétable et la prie
de venir, 80. — Demande à la con-
nétable de ses nouvelles, 80.— Lui
redemande M"' de la Berlandière,
80. — Annonce à la dur liesse de
Guise son départ pour Amboise.
80. — Voudrait 1 aussi bien avec
son mari que la duchesse avec le
sien, 80. - Réclame, comme ré-
gente, aux capilouls de Toulouse les
di mers qui proviendront de l'enga-
gement du domaine royal, 81. —
Invite!.- trésorier de Lezignv 3
87.
692
TABLE DES MATIERES.
tourner au lieu de sa résidence, 81.
— Félicite le connétable de la re-
traite de l'ennemi, 82. — Annonce à
la connétable la retraite de l'Empe-
reur, 8a. — Regrette de n'avoir pu
voir la duchesse de Guise, 8a. —
Espère un appointement, 83. —
Regrette que la duchesse de Guise
ne vienne pas la voir, 82. — Lui
donne des nouvelles de la guerre,
83. — En donne au duc de Fer-
rare, 83. — Envoie demander des
nouvelles du connétable, 84, 85.
— Parle de sa fièvre , 85. — Ecrit
aux capitouls de Toulouse au sujet
du rachat des rentes de Toulouse,
85. — Approuve lemariage de la fille
de CosmeavecJordanUrsin, 85. —
S'offre pour marier les autres enfants
du duc, 85. — Envoie des lettres à
la duchesse de Guise, 86. — An-
nonce l'arrivée du Roi à Catean-Cam-
brésis, 8(5. — Ecrit aux gens du
Parlement de Paris pour se plaindre
des placards apposés à Saint-Inno-
cent et à la porte du Châlelet, 8G.
— Donne des ordres pour la sûreté
de la ville, 86. — Recommande
Xicolo Alamanni au connétable,
87. — Parle de la santé délicate
de Marguerite, sa fille, 87. —
Donne à la connétable des nouvelles
du connétable et de Damville, 87.
— Demande à M. de Boisy de ne pas
envoyer au camp les s" de Murât et
île la Tour d'Argy, ses gentilshommes
ordinaires, I
•Recommande au
connétable Micolo Alamanni, 87.
— Donne des nouvelles de la cour
du duc deFerrare, 88. — Ecrit à
Léon Strozzi qui demande à ren-
trer au service de la France, 88. —
Lui promet un évèché, 88. —
Donne des nouvelles de l'armée à
l'évéque de Bayonne, 8g. — De-
mande de ses nouvelles à la conné-
table, 89. — Lui annonce que,
grâce au connétable, Pierre Strozzi
est nommé maréchal de France,
89. — Invite Henri II à dire au
comte de Birague qu'il n'a en vue
que la liberté de Florence, 90.^
Lettre d'elle au duc de Guise pour
les besoins de l'armée, 91. — Com-
plimente la connétable à l'occasion
de la mort de M"e de Villars, 9a.
— Annonce aux gensdu Parlement
de Paris la création de quatre places
de maîtres des requêtes, 93. — Re-
commande au maréchal de Brissac
Jehan Alamanni, 93. — Fait part
à l'évoque de Bayonne de la bataille
de Renty, g.3, gi. — Annonce à la
connétable le retour du Roi et du
connétable, 96. — Répond à la let-
tre de la duchesse de Mantoue ap-
portée par le comte Ludovic, 96.
— Recommande son secrétaire de
Plais à Pierre Strozzi, 97. — Com-
plimente la duchesse de Mantoue,
98. — Ecrit au connétable au sujet
du cuisinier du pape, 98. — Lui
annonce qu'elle se porte mieux, 98.
— Inquiète du siège de Port-Her-
cules, 98. — Ecrit au connétable
à l'occasion de la conférence d'Ar-
dres, 99. — Envoie M"e de la Ber-
landière pour soigner la connétable
malade, 100. — Recommande à
M. de Saint-Laurens les comtes
de La Chambre, 101. — Recom-
mande M"e de Monfort au Parle-
ment de Dijon , 101. — Recom-
mande Jehan Narbonneau, son fer-
mier, à M. du Bouchage , 10a. —
Annonce an connétable l'arrivée de
François de Montmorency à Pé-
ronne, io3. — Complimente le car-
dinal de Ferrare, io3. — Recom-
mande le commandeur de Genevoys
à M. de Saint-Laurens, 1 oi. — An-
nonce au duc de Ferrare le départ
du duc de Guise pour l'Italie,
io5. — S'en remet à ce que lui
dira le comte Théophile, to5. —
Recommande la veuve du s' de
Monlfort, io5. — Complimente le
duc de Ferrare, 106. — Recom-
mande Jean de la Queille au Parle-
ment de Dijon, 106. — Écrit au
connétable en prison, 107; — au
pape pour son procès, 108; —
à Boucher au sujet de ses pro-
cès en Italie, 108, note. — Re-
mercie le s' de Caulincourt de ses
bons services, 108. — Ecrit au
cardinal Strozzi pour ses procès en
Italie, 109; — au pape pour ses
procès, 109. — Remercie le comte
de Palliano du soin qu'il donne à
ses procès, 110. — Écrit au
comte de Palliano pour le féli-
citer de l'accord fait par le pape
avec le roi d'Espagne , 110. — Lui
recommande ses affaires, 110. —
Ecrit à M. de Selve pour son pro-
cès, 111; — au pape pour la même
cause, 112; — à Saint-Ferme pour
la même cause, 1 13, 1 14, 1 15; —
au cardinal Strozzi pour la même
cause , 1 1 5 ; — au conservateur de
Naples pour la même cause, 11 5;
— à l'ambassadeur Jean de la
Vigne, 116; — au connétable
pour savoir des nouvelles de sa
blessure, 116, 117. — Donne des
nouvelles du Roi et de ses enfants
au connétable encore prisonnier.
117, 118. — Lui annonce les
noces de son fils avec Marie Stuart,
117. 118. — Complimente la con-
nétable, 118. — Recommande à
M. de la Vigne Antoine de Ser-
man, prisonnier du Grand -Sei-
gneur, 118. — Envoie l'évéque
de Béziers trouver le connétable,
118. — Écrit au maréchal de Bris-
sac pour le complimenter d'une
victoire de son frère de Gonnor,
119. — Écrit au connétable par
Damville, 119. — Ce qu'elle dit
de Diane de France, 120. —
Fait part au duc de Mantoue du
mariage de sa fille Elisabeth
avec Philippe II, 130. — An-
nonce la paix au duc de Savoie,
130. — Le complimente de son
__-,.
,-*-,
TUILE DES MATIÈRES.
693
mariage avecMargueritede France,
iai. — Prie M "" de Brissac de
lui faire envoyer des draps d'or
achetés en Italie, i -j î . — Remer-
cie la princesse de Portugal des
lettres de consolation qu'elle lui a
écrites, 121. — Remercie le prince
d'Espagne de l'avoir fait visiter par-
le marquis de Tanara, 139. —
Remercie Cosme de ses lettres de
condoléance après la mort de Hen-
ri II. 139. — Le prie de permettre
i la mère et à la grand'mère de Je-
han Cavalcanti de disposer de leurs
biens, \i'i. — Remercie de nou-
veau Cosme de ses lettres de condo-
léance, la.'i, 1 n '1. — Annonce au
duc de. Savoie l'embarquement du
roi d'Espagne, 12I. — Prévient le
connétable qu'elle a demandé l'ab-
baye de Maubuisson pour sa fi Ile ,
195. — Remercie la reine Elisabeth
d'Angleterre de ses lettres de con-
doléance, îsô, ia6. — Prie M. de
Noaiiles de lui acheter des chevaux
en Angleterre, 1 26. — Remer-
cie le duc de Manloue de ses
lettres de condoléance, 126. —
Recommande au Parlement de Di-
jon le sr de Corrabceuf, 197. —
Annonce au connétable la mort du
duc de Ferrare, 1^7. — Annonce au
connétable son départ pour Blois,
1 ■>.-. — Lui l'ait part du prochain
départ de sa fille pour l'Espagne,
127. — Fait demander de ses
nouvelles au duc de Savoie par
d'Elbène, 127, 1 28. — Regrette
le départ de la duchesse de Savoie,
128. — Ecrit aux magistrats de
Metz au sujet de l'exercice de la
religion réformée en leur ville,
1 28. — Remercie le duc de Savoie
des égards qu'il témoigne à Mar-
guerite de France, 1 ig. — Annonce
au connétable que François de Mont-
morency, son fils, est nommé ma-
réchal , 128,139. — Éc"' a" s"je'
de la rançon du connétable, 139.
- Part pour Veiienil, 129. — Xe
dépassera pas Châtellerault, 19g
— Demande à Renée de Ferrarre
de venir la trouver, i3i. — Re-
commande le comte de Fiesque
à Philippe II, i.'ii. — Conseils
qu'elle adresse à François de Mont-
morency, i3o, i3i. — Annonce
la conspiration d'Amboise à la du-
chesse de Guise, i39, — Donne
de ses nouvelles au connétable,
i.!j. — Lui recommande Diane de
France, 182. — La demande à
Rlois, i3a. — Fait visiter la reine
Elisabeth par l'évéque de Valence,
i39. — Demande une galère à
Cosme pour le cardinal de Tour-
non, 1 33. — Témoigne au duc de
Ferrare l'amitié qu'elle et le Roi
ont pour son fils Louis d'Esté. 1 33.
— Remercie le duc de Savoie de
ses offres de service au moment de
la conspiration d'Amboise, i34. —
Lui annonce que les choses s'a-
paisent, i34. — Remercie le duc
de Ferrare de ses bonnes démons-
trations, i.3'i. — Le remercie
de faucons qu'il a envoyés, i35.
— Complimente affectueusement
le duc de Savoie, i35. — Ecrit
au connétable à l'occasion de l'ac-
couchement de sa belle-fille Dam-
ville, î.'i.'i. — Ecrit au duc d'Albe
an sujet de la guerre avec l'An-
gleterre, ■ 36. — Sollicite son in-
tervention, i3G. — Donne ordre
au comte de Tende d'envoyer des
galères pour ramener le cardinal
de Tournon, 1.37. — Demande au
duc de Savoie de laisser François
de Menthon servir comme enseigne
dans la compagnie du duc d'Etam-
pes, 1.37, i38. — Remercie MM.
de Gènes de leurs offres, 1 38. —
Demande des renseignements à l'é-
véque de Limoges sur lesuicide d'une
des tillesd'honneurde la reine d'Es-
pagne, 139. — Recommande Gondi
à Cosme, 1/10. — Interroge la du-
chesse de Savoie sur la situation qm
leduc fera au président de Birague,
1 '10, 1 '1 1 . — Demande au duc d<
Savoie des nouvelles de la duchesse,
1 '1 1 . — Lui recommande Morette,
163. — Invite François de Mont-
morency i venir la trouver, 1 '1 1 .
— Remercie l'évéque de Limoge!
des non H qu il lui envoie de la
reine sa fille et des conseils qu'il lui
donne. 1 la, 1 13. — Lui annonce
son arrivée à Fontainebleau, 1 63
— Le prie d'obtenir que son en-
trevae avec le roi d'Espagne soit
remise, 1 63. — Fait témoigner par
l'évéque de Borgo de sa borne vo
lonté à Cosme, 1 '1/1. — Remercii
le duc de Savoie des soins qu'il
donne à la duchesse, 1/1/1. — Ma-
nifeste à la connétable le désii
qu'elle a que le connétable vienne
à Fontainebleau , tll. — Recom-
mande le baron de Lagarde au roi
de Navarre, 1 iô. — Invite le roi
de Navarre à ne pas s'opiniâtrei
Al5. — Lui demande s'il faut en
voyer son fils à la messe, i'i.'i.
Ecrit à l'évéque de Limoges au sujet
du mariage de sa fille Margueril"
et de Don Carlos, t45. — Satisfaite
de ce que le roi d'Espagne a fait
pour M™" de Vineux, i46. — Prie
le connétable d'amener sa belle
fille, la maréchale de Montmoren
1 46. — Invite le roi de Navarre à
venir à la cour, 166, 1 '17. — Prie
Crussol de dire au roi de Navarre
que tout ce qu'elle a appris de l'en-
treprise découverte par les papiers
de la Sague, l'a été par avertisse-
ment donné par le connétable, 1 16.
— Remercie le duc de Savoie de
ses offres de service, 1/17, 1/18. —
Prie la reine de Navarre d'ajoulei
foi à ce que Crussol lui dira de -
part, 1/18. — Écrit au roi il I!
pagne à l'occasion de la mission
d'Antonio de Tolède, iig. — Se
plaint au roi de Navarre de ce qu'il
69 'i
TABLE DES MATIERES.
retarde son voyage, i5o. — Écrit
an cardinal de Chàlillon et à Fran-
çois de Montmorency, i5o. — Se
plaint à Montpezat d'une requête
lue aux Étals de Poitiers, i5o, i5i.
— Satisfaite de ce que le roi d'Es-
pagne est content des jardiniers
qu'elle lui a envoyés. i5i. — Re-
commande le médecin Morange à
M. de Limoges, i5i. — Ecrit aux
gens du Parlement de Paris pour
les prier d'approuver l'institution de
la compagnie de Jésus, îûa. —
Écrit à la reine d'Espagne au sujet
des divisions des dames de sa suite,
i5a. — Conseils qu'elle lui
donne pourse tenir avec elles, i5a,
1 53, — Invite le connétable à venir
la rejoindre à Orléans. 1 53. —
Ecrit à la connétable pour y décider
le connétable, i53. — Écrit au con-
nétable à l'occasion du don qu'il a
reçu des États du Languedoc, 1 53,
î ~\ 'j : — à liabou , évêque d'Angou-
lème. en faveur de Pierre Aldo-
brandin, i5'i. -«- Annonce à la
duchesse de Savoie la maladie de
François II, i5u, i55. — Envoie
Lansac au connétable, î 55. — Fait
part à l'évêque de Rennes de la
mort de François II, i55, i56. —
Ce qu'elle écrit à l'évêque de Li-
moges sur le concile de Trente et
sur le lieu de sa réunion, i5(i,
i 07. — Invite le duc d'Aumale à
continuer ses bons services à Char-
les IX, iSy. — Enjoint au lieute-
nant criminel de Paris de suivre les
ordres du roi, 157. — Envoie des
tançons au roi d'Espagne, 1 58. —
Invite sa fille, la reine d'Espagne, à
ne pas s'inquiéter d'elle, i58. —
Conseils qu'elle lui donne, i58. —
Ecrit à Tavannes et compte sur sa
vigilance, 109. — Écrit à l'évêque
de Rennes qu'a défaut du concile
général elle sera tenue de venir au
> oncile national , 1 5g. — Dément la
nouvelle qu'on veut fairede Cosine un
roi de Toscane, 160. — Parle du ma- '
riage de l'un des fils de Cosme avec
unedesfillesde l'Empereur, 1 60. —
Invite Sénarpont à se montrer ferme .
160. — Donne l'ordre à Tavannes
de se saisir des Maligny, 161. —
Ecrit à l'évêque de Limoges à l'oc-
casion de la maladie de sa fille, la
reine d'Espagne, 162. — Lui an-
nonce la conclusion des États d'Or-
léans, 162. ■ — Prescrit des mesures
pour le payement de la dot de la
reine d'Espagne, i63. — Ecrit à
Philippe II pour savoir des nouvelles
desa fille, 1 03. — Demande au duc
de Savoie de maintenir le filsded'EI-
bène dans la possession de l'abbaye
de Haute-Combe, 16/1. — Donne de
nouvelles instructions à Tavannes
pour arrêter les Maligny, i65. —
Écrit aux Étals d'Ecosse, i65. —
Remercie Cosme de ce qu'il lui a
fait dire après la mort de Fran-
çois II, 1 60. — Remercie Phi-
Lippe II de ses offres , 16G; — de lui
avoir annoncé la guérison de sa fille,
167. — Ecrit au Parlement de Dijon,
167. — Écrit de nouveau à Tavannes
au sujet des Maligny, 1 68 ; — au
Parlement de Paris, )68; — au
Parlement de Dijon, 168. — Pres-
crit à Tavannes ce qu'il doit faire
pour les choses de la religion, 168.
— Demande des cygnes à M. d'Hu-
mières, 1 lig. — Remercie le duc
de Ferrare de sa lettre de condo-
léance après la mort de François II ,
16g. — Remercie la reine d'An-
gleterre de l'envoi du comte de
Redfordet de ses marques d'amitié,
j 70. — Ecrit au Parlement de Pa-
ris, 170; — à M. de Caumonl,
• 70. — Annonce à M. de Limoges
la réconciliation du roi de Navarre
et de M. de Guise , 171. — Écrit à
l'évêque de Rennes pour presser la
réunion du concile, 171; — au
duc d'Étampes au sujet des Étals de
Bretagne, 1 73 ; — à Ruslan-
Bassa, 176. — Remercie ic prinev
d'Evoli de sa bonne volonté à l'égard
de sa fille, 176, 175. — Re-
mercie également de ses bons offices
la comtesse d'Ureigne, 175. —
Se plaint au duc d'Étampes d'une
l'union tenue à Paris pour lui 6ter
la régence, 1 — '1 . — Écrit à l'évêque
de Rennes en envoyant vers lui
Vieilleville, 170. — Recommanda-
tions qu'elle fail au Parlement de
Paris, 1 7(1. — Demande à sa fille .
la reine d'Espagne, l'abbaye de Fé-
lines pour sœur Claude de Montmo-
rency, 176. — Écrit à l'évêque de
Limoges pourse plaindre d'une ten-
tative sur son autorité par une as-
semblée des États tenue à Paris,
177. — Se réconcilie avec le roi
de Navarre, 177. — Le nomme
lieutenant général, 1 77. — Se loue
des bons offices de Chantonnay dans
son conflit avec le roi de Navarre.
178. — Prévient le Parlement de
Paris du jour fixé pour l'entrée de
Charles IX à Paris, 17g. — Revient,
dans une lettre à l'évêque de Li-
moges, sur son conflit avec le roi
de Navarre, 17g. — Offre sa mé-
diation à Philippe II auprès du
Grand-Seigneur, 180. — Sollicite
auprès de Philippe II une récom-
pense pour le roi de Navarre. 180.
— Fait part au duc d'Étampes de
son conflit avec le roi de Navarre,
180, 181. — Annonce au Parle
ment de Paris la nouvelle convoca-
I mu des Etals, 181. — Se plaint à
l'évêque de Rennes de la longueur
de la convocation du concile, 181.
— Lui fait des promesses de récom-
pense, 181. — Enjoint au Parle-
ment de Paris de réprimer certains
prédicateurs, 182. — Écrit à Boisv
de n'envoyer au sacre que vingt-
cinq genlilhommes de chaque com-
pagnie, 189. — Prévient l'évêque
de Limoges que le comte d'Eu em-
porte le collier de l'ordre de la Toi-
fABLB DES MATIÈRES.
695
son, i83. — invile le comte de
Tende à punir les ailleurs des émo-
lious survenues en Provence, i83,
— Fait déchiffrer la lettre du reli
gicux que lui a envoyée l'i vêque de
Limoges, 188. — Lui fait pari
des prétentions de Philippe II mu
Sienne, i84. — Demande Sienne
pour le roi de \avarre, itSa. —
Veut élever te prince d'Evoli au
détriment do duc d'Albe, i84.
Ecrit an Parlement de Dijon en l'a-
veurde M'" de Bernaull . i85.
Recommande le s' d'Aamonl au
Parlement de Dijon, i85. Écril
à t'évéque de Rennes au sujet d'un
projet de mariage entre l'archiduc
Charles el Marie Stuart, 186. —
Ecrit à M. Geignet pour les paye-
ménts à faire aux Suisses. 187 : —
pour le sel demandé par ceux de
Berne, 187: — à M. de Caumont
pour l'exempler du voyage d'Angle-
terre, 1 87. — Dispense M. de Boisy
d'assister au saere de Charles IX.
186. — Envoie à l'ambassadeur
d'Espagne l'ordonnance l'aile pour
pourvoir aux troubles, 188. —
Ecrità l'évèque de Limoges au sujet
delà religion, 188, 18g. — L'en-
tretient des projets de mariage de
la sœur de Philippe II. 189.
L'engage à ménager une entrevue
entre elle et le roi d'Espagne. 190.
— Espérances qu'elle cherche à
donner au roi de. Navarre, 190. —
Se plaint à l'évèque de Rennes des
retards apportés à la convocation
du concile, 191. — A défaut du
concile, convoquera une assemblée
des prélats el grands personnages,
191. — Invite le procureur général
a surveiller les assemblées de la re-
ligion, 198. — Invite M. d'Hu-
mé res à ne point quitter son gou-
vernement, ii)3. — Annonce au
connétable son arrivée à son château
de la Kère, 196. — Lui l'ait accor-
der des droits de relief, tait. — Le
remercie de ce qu'il a fait pour
l'évéi lie de Senlis, 1 çi'i. L'avei lit
des bruits qui courent d'assemblée
d'hommes d'armes à Reims, ig'i.
— Écrit au Parlement de Paris au
sujel des pairs devant assister au
sacre, îg'i. — Veut faire repré-
senter au sacre le duché «le Bour-
gogne par son lils, le due d 1 II
léans, ioJ>. — Ecrit à M, de Boisy
pour les mandils des arquebusiers
du Roi, ig5; - à Burie poul-
ies irouliles d'Agen, 196; à
\l. de Bordillon pour les places
du Piémont, îgti; — au même
pour le mariage qu'il vient de
faire, 196; — au Parlement
de Paris pour presser le procès
du prince de Coude, 197. — Rap-
pelle au duc de Nemours le langage
qu'il lui a tenu à Nanteuil, 197.
— Approuve le connétable de l'envoi
du maréchal de .Montmorency à
Paris, 198. — Lui annonce son
dépai l pour Braine, 1 98. — Blâme
le Parlement de Paris de n'avoir pas
payé les gens du guet. 198.
Retiendra leur payement sur huis
iges, 1 i:i|, — Renie rie le conné-
table de l'envoi de son lils à Paris.
199. Lui annonce son arrivée à
Chantilly, 199. — Envoie L'Huillier
en Espagne. 199. — Ses bons
en l'aviur de Marie Stuart ,
190.—— Parleà l'évèque de Limoges
des filles d'honneur de la reine
d'Espagne, sa fille, soo. An-
nonce l'envoi de L'Huinier à Plu-
lippe II, -ioo.-- Ecrit au Parle-
ment de Paris pour en finir avec le
proi du prim e de Condé, acn .
— Au duc de Savoie pour lui
annoncer le relard de l'entrée de
Charles IX à Paris, nu ; — au
même pour le féliciter de la gros-
sesse de la duchesse, 20a. — An-
nonce son itinéraire au connétable,
20a. — Le prie de donner congé à
San Pietro Corso, 30a,- -Se plaint
a l'évèque de Rennes des difficultés
que rencontre la réunion du concile .
a".'!. Se plaint au duc de Flo-
le l'emprisonnement qu'a fail
le pape du comte de Gaiazo, ao5
— Pense au roi de Navarre |
Sienne. •.•0.1, noie. - Écrite Coi
gnel à l'occasion de la traite du sel
20Û, 206. -A l'évèque de Menues
au sujet des craintes que l'on a d'une
guei 1 e avec l'Espagne, :'.'>(>. Lui
parle des proposqueluia tsnusl'em-
percur Ferdinand sur le projet d'un
coni île national, 207. — Écrit au
Parlement de Paris touchant la tran-
saction faite avec le dur de Mont
pensier, 307, 208. — Approuve les
zens du Parlement de Paris den'a
voir pas l'ail arrêter deux predican'»
- Ecrit au comte du I. ml-
au sujet des émotions survenues .
Poitiers, 208. — A l'évèque de
Rennes pour démentir les bruit
qui oui couru d'une rupture avei
l'Espagne, 208. — Se plaint à lui
du retardement du concile, 309;
Parle d'une lettre de l'empereur I ei
dinaiid au sujet d'un concile n.l
lional, 209. — Ecrit au Parlemi ni
de Bourgogne en faveur du mari
chai de Saint-André, 210. — Re-
cuit de Xicot de, herbes merveil
leuses, 210, note. - L'invite ■
quitter le Portugal, 210, an.
Recommande a l'évèque de Limoges
Michel AiiIhi \ dont le vaisseau
été pris par les Espagnols, 211.
Écril â Burie au sujel des troubles.
212; — au roi d'Espagne en fa
vent du roi de Navarre, ■■ 1 •> . ai
— A permis l'envoi de M. d'àu-
sanoeen Espagne pour les affaires
du roi de Navarre, ai 4. — Reoom
mande au duc d'Albe le 8' d V
saine. 21 â. — Le recommande a
prince d'Evoli, Sl5. — Le recom-
mande de nouveau au duc d'Albe
21 5. — Prie Cosme de ne ps
rerevoir les receveurs ou trésn
696
TABLE DES MATIERES.
riers qui auraient malversé, 216.
— Recommande M. d'Ausance à
l'évêque de Limoges, 316. — Re-
commande le capilaine Labbé au
sT Erasso, 216, 217; — le ca-
pitaine Lisle au même, 217; — le
même au sr de Chantonnay, 218.
— Envoie l'édit de juillet au Parle-
ment de Dijon, 219. — Demande
à la duchesse de Guise des nouvelles
du duc tombé malade, 218. — Fé-
licite M.' de Martigues de l'ordre
établi à Nantes, 217. — Lui permet
de revenir à l'arrivée de M. de
Bouille, 217. — Invite François de
Montmorency à venir la trouver,
218. — Envoie au Parlement de
Paris l'ordonnance d'Orléans pour
la vérifier, 218. — Envoie l'édit de
juillet au Parlement de Paris pour
l'enregistrer, 218. — Réclame
la liberté de prisonniers français
détenus sur les galères du capitaine
Labbé, 217, 219. — Demande de
nouveau à la duchesse de Guise des
nouvelles de son mari, 220. — In-
vite le connétable à châtier le bailli
d'Aunis, 220. — Annonce au roi
d'Espagne la réunion des évêques à
Poissy, 221. — Explique le but de
leur assemblée, 221. — Envoie
l'édit de juillet à l'évêque de Li-
moges, 23i. — Le justifie, 222.
— Lui parle de l'assemblée des
évèques à Poissy, 222. — Se plaint
de l'intervention de l'ambassadeur
du roi d'Espagne à l'occasion de la
vente du temporel des biens du
clergé, 222. — Prie M. de l'isle de
remettre au pape les lettres de
Charles IX, 222. — Remercie
Mmo d'Ureigne des soins donnés à
la reine sa fille, 223. — Remercie
également le s' Vincenze, 223. —
Recommande l'affaire du concile à
M. de l'isle, 223. — Disculpe
M. de Matignon de l'accusation de
malversation, 22I1. — Félicite
Coignet d'avoir découvert les moules
des faux- monnayeurs, 2 ai. —
L'invite à faire des remontrances
aux seigneurs de Renie, a a A. —
Enjoint à M. de Joyeuse de punir
les révoltés du Languedoc, 2 2 5.
— L'engage à permettre le ravi-
taillement des galères d'Alger, 235.
— Invite le Parlement de Paris
à empêcher l'impression des mau-
vais livres, 326. — Félicite le duc
de Savoie de ce que la duchesse
a senti bouger son enfant, 226. —
S'en remet à M. d'Escars envoyé
vers le pape par le roi de Navarre,
226. — Recommande au duc do
Ferrare Lopez Gaillo, 227. — Re-
mercie le cardinal de la Bourdai-
sière de lui avoir fait connaître les
mauvais offices de l'évêque de Cor-
nouailles, 237. — Recommande à
M. de l'isle le fait d'Annibal Ru-
cellai, 338. — L'invite à faire con-
naître au pape le véritable état des
choses de la religion, 228. — Le
charge de le remercier de ce qu'il
a fait pour l'évêque du Puy, 228.
— Fait part à l'évêque de Rennes
d'une lettre de l'empereur Ferdi-
nand au sujet de l'assemblée de
Poissy, 229. — Lui fait part éga-
lement de sa réponse, 229. — Voit
avec plaisir la tournure des affaires
de Hongrie, 229. — Ecrit à M. de
Bordillon au sujet d'un courrier ar-
rêté par lui et de papiers saisis, 229.
— Lui défend d'en saisir d'autres,
300. — Lui annonce ce qui a été
fait pour le payement de ses trou-
pes, 280. — Lui fait part des
plaintes du nonce et de l'ambassa-
deur d'Espagne au sujet du courrier
arrêté, 23o. — Ecrit à l'évêque
de Rennes à propos des divisions
entre les électeurs séculiers de
l'Empire, 23 1. — Lui parle des
noces du prince d'Orange et de l'in-
tention du roi de Danemark de s'y
rendre , 2 3 1 . — Le prévient qu'il y
a renoncé, 23 1. — Ecrit au duc de
Savoie au sujet de la mort de M°" de
Montpensier, a32. — Craint que
cette nouvelle n'influe sur la santé
de la duchesse, 2 3a. — Remercie
le roi d'Espagne de l'honneur qu'il
a rendu à ses cousines de Rourbon
et de Clermont, a33. — Invite le
président du présidial de Poitiers à
ne pas publier l'édit de juillet, 233.
— Annonce au prévôt des mar-
chandsde Paris la remise de l'entrée
de Charles IX aujourdeQuasimodo,
a3/t. — Invite le Parlement de Paris
à publier les cahiers des États d'Or-
léans, s34. — Écrit de nouveau à
M. de Rordillon au sujet des papiers
saisis, 334, 2 35. — Recommande
le sr de Fiesque à ceux de Gênes,
235; — au duc de Savoie Fran-
cisque Charamont, a35. — Écrit
au comte de Brissac au sujet des
compagnies qu'il mène à Poitiers,
236. — . Fait connaître à M. de
Rordillon la décision prise sur le
retranchement des compagnies du
Piémont, a36. — Fait part au con-
nétable des plaintes de ceux de Lan-
guedoc sur l'envoi de quelques com-
pagnies de gendarmerie, a36. —
L'invite à conlremander leur départ ,
236. — Annonce à l'ambassadeur
d'Angleterre qu'elle a donné l'ordre
de réformer dans la préface du livre
de Henri VIII contre Luther, les
passages injurieux à la mémoire du
feu roi, 237. — Demande à la du-
chesse de Ferrare une escorte pour
Nicolas de Nicolai, a 37. — Fait
connaître à l'évêque de Rennes ce qui
s'est passé à la suite du colloque de
Poissy, 237. — Les évèques lui ont
apporté les canons qu'ils avaient
rédigés, 237. — A fait rendre au
culte catholique les églises saisies
par les protestants à Tours et à
Blois, 237. — Invite l'évêque de
Rennes à se rendre en Bohème, a 38.
— A remis l'argent de son traite-
ment aux mains de Gondi, a38. —
mm il h
TABI !■". DES MATIÈRES.
69-3
S'en remet à la lettre écrite par
Charles 1\ à l'évéque de Lie
sur le colloque de l'ni~- \ ■• 1 1 .
Prie l'évéque de rester encore en Es-
■■ 'i i . Se plaint de ce que
l'ambassadeur d'Espagne offre l'ap-
pui du roi son maître à tous les ca-
tholiques pour maintenir la religion ,
- Annonce à M. de Bordillon
qu'on donne ordre à Bes assigna-
tions, a '13. — L'invite à ne laisser
rien entreprendre, aia. — Engage
M. de Poton à ne pas quitter sa sé-
néchaussée, a fis. — Annonce nu
ducd'Etampes l'assemblée des mem
lues des cours cl" Parlement, 243.
— Ordres secrets qu'elle donne à
M. de .Bordillon , y '1 3 . — Annonce
à Philippe 11 le projet du duc de
Nemours d'enlever le duc d'Orléans,
9 1 '1. — Remercie le duc de Savoie
des preuves d'amitié qu'il lui donne ,
- Revient sur ce qu'elle lui
a dit du projet d'enlèvement du duc
d'Orléans par le duc de Nemours.
■ \':. — l'.i ni ., l'évéque de Limoges
en faveur de pauvres gens du Croisic
prisonniers à Séville, s44. — Fait
part à l'évéque de Rennes du chan-
gement d'itinéraire des courriers,
ado. — Dément ce qu'on dit d'une
guerre prochaine entre le roi d'Es-
pagne et le Roi son fils , a '1 7. — Parle
à l'évéque de la réception laite au
cardinal de Ferrare, légat du pape,
■•',-. — A fait accorder au légat d'u-
ser de ses facultés, ai8. — Cerlifie
à l'évéque de Rennes qu'elle est dans
les meilleurs termes avec le roi
d'Espagne, ai 8. — Lui demande à
quelle époque partiront pour le
concile les évèques d'Allemagne,
ai8. — Lui parle du secours donné
au Roi par le clergé, a'iS. — Dé-
savoue l'arrestation faite par son
ordre d'un courrier du duc de Sa-
voie, a'ig. — Annonce à l'évéque
de Limoges le projet d'enlèvement
de son fi Is d'Orléans par le duc de N e-
Catuerine de Medicis. — i.
ii s. g5o. — Rassure M. de Bor-
dillon sur la valeur des assignations
qu'il a reçues, a5a. ■ — ■ Ce qu'elle
éi i il du roi d'Espagne à l'évéque de
Limoges, 95a. Recommande
\I. de Saint-Ciergue aux gens du
Pari il de Paris, a53. — Motifs
qu'elle donne à l'évé > I" Limoges
de la mission de d' lusanec en Es
pagne ,351,35a. — Recommande
.i \1. de \ ieilleville Antoine <lo qui
Va â I : >3. — Invite l'é-
véque de Limoges à veiller sur les
projets du roi d'Espagne
- Lui fait pari des excuses du
duc de Nemours, 354. - ln-
vile l'évêq le Rennes à ne plus
parler du concile à l'Empereur, 954.
Écrit au Parlement de Paris à
l'occasion d'une thèse soutenue à la
Sorbonne, s54. — Invite l'évéque
de Rennes à se lenir sur la réserve
avec le roi de Bohème, a54. — Lui
annonce le projet de voyage du
prince de Bohème en Espagne, a55.
— Ecrit au duc de Savoie au sujet
des difficultés survenues pour les
places du Piémont, ^ôô. — Re-
mercie le duc d'Albe de ses lions
offices pour le roi de Navarre,
a5ii. — Prie M. de Boisy de faire
remettre à M. de Brezé des juments
des haras, 357. — Remercie l'au-
diteur de rote Séraphin de ses bons
offices, 307. — Invite l'évéque de
Rennes à féliciter le roi de Bohème
de sa promotion, a55. — Donne
l'ordre à M. de Bordillon d'arrêter
le capitaine La Barge, agent du duc
de Nemours, a.")8. — Invite M. de
Turpin-Oissé à se préparer pour
aller en Angleterre, an 8. — Ecrit au
Parlement de Paris pour l'aboli-
tion donnée à Amhoise, aôg. —
Le prie d'octroyer les facultés ré-
ées par le légat, 959. — De-
mande à Ja duchesse de Guise des
nouvelles de sa fille Claude, du-
chesse de Lorraine, a 5g. — Pré-
vient H"is\ que 1 haï les I \ .1 nommi
le s' du Plessis gentilhomme d
chambri - 160. Pi ie le con né-
la] 1 di d 1 oui 1 n 1 aul l'un
police affich e . 960. E> rit à
M"" de fume) à l'occasion du
meurtre de son mari, 960 . 9C 1
- Accord ie pension à son (ils
aîné . ci l'abbaye de Bonneval au
■ adel . 96 1 • i' rit de nouveau au
Parlement au sujel des facultés du
16 1 . Recommande le roi
de Navarre au roi d'Espagne, ■
Ordonne au Parlement de Paris
de poursuivre les auteurs de l'en-
treprise faite contre le portier de la
porte Saint-Antoine, 363. Invite
M. de Crussol à lui rendre compte
de sa mission en Languedoc, i63
— Renvoie Le Plessis à la duchesse
de Savoie, '.l>3. — Engage la du
à accepter les conditions pro-
posées pour les places du Piémont,
aii't. — Remercie le roi d'Espagne
de ce qu'il a blâmé le duc de Ne
mours, a64. — Lui déclare qu'elle
ne permettra jamais aux catholiques
de recourir à un secours étranger,
a64, 360. — Ecrit de nouveau
M. de Bordillon au sujet du capitaine
La Barge, a65, N'a jamais pensé à
faire remplacer Bordillon par Mou
lue 365. — - Ecril à l'évéque de Li-
moges à l'occasion de la mission de
d'Ausance, 366.— S'explique sui
le projel d'entrevue que lui proposi
le roi d'Espagne. ••(W'i. Bei oui
mande à l'évéque les affaires du roi
de Navarre, 967.- Propose l'entre-
vue avec Philippe il du côté de l'ei
pignan, 967. Prévienl M. de Bor-
dillon qu'on ne peut augmenter les
forces du Piémont, 367. — Ecrit de
nouveau pour les facultés du légat,
368, 969. I nvoie les conseillers
Miron et Millei auprès du Parli
ment île Paris, jliij. - Ecril a |V
vèque de Renies au sujet des bruits
de guerre, 969. — Invile le Parle
698
TABLE DES MATIÈRES.
ment de Paris à vérifier l'édit de
janvier, 273. — Écrit à Throck-
morton à l'occasion du refus fait
du sr de Courlenai comme otage,
■i-]3. — Invite l'évêque de Rennes
à l'avertir de ce qui se passera à
la journée impériale, 373. — Fait
visiter le duc de Savoie par Lansac,
'71. — Donne des explications à
Throckmorton sur la situation de
M, de Courtenai refusé comme
otage, 276. — Ecrit à l'évêque de
Rennes au sujet des bruits de guerre,
27Ô. — L'engage à parler au roi de
Bohème du projet de ligue pour la
religion, 27Ô. — Lui envoie l'édit
de janvier et l'explique, 376. —
A rompu les conférences sur la re-
ligion, 376. — Prie M. Despaulx
de déplacer la garnison de (.hu-
ions, 277. — Va faire partir les
évêques pour le concile, 3 7 (3. —
Demande à i'evèque de Rennes les
instructions données aux évèques
d'Allemagne, 376. — L'invite à
rester à son poste ,277. — Approuve
ce qu'a fait Boisy pour les haras de
Saint-Léger et de Meung, 277. —
Prie François de Montmorency de
venir la trouver pour lui prescrire
des mesures pour la tranquillité de
Paris, 378. — Ecrit de nouveau à
l'évêque de Rennes au sujet de la
ligue catholique, 278. — Demande
île nouveau les instructions données
aux é\èques allemands pour le con-
ole, 278. — Recommande à l'é-
vêque de Rennesle comte de Fiesque ,
37g. — Lui parle du droit d'élec-
tion laissé au roi de Bohème,
37p. — Lui parle des troubles de
la Moldavie, 379. — ■ Le prie d'in-
tervenir en faveur du comte de Pe-
tillan et du comte de Fiesque, 379.
— Ecrit à M. de Gonnor au sujet
du conflit élevé entre le lieutenant
du s'de Méru et l'exempt des gardes,
380. — Annonce au Parlement de
Paris la nomination du cardinal de
Bourbon en qualité de lieutenant
général, 281. — Ecritau prince de
Condé qu'elle compte sur lui, 381.
— Lui envoie Ivoy, 383. — Invoque
son appui, 3 83. — Le remercie et
l'attend bientôt, 28.3. — Explica-
tions qu'elle donne des quatre lettres
écrites à Condé, 281, 383, 288.
— Ce qu'elle dit de ces lettres à
la duchesse de Lorraine et à l'é-
vêque de Rennes, 382, note. —
Ce qu'elle en dit à Chantonuay et
à Monluc, 282, note. — Ecrit au
Parlement de Paris pour presser la
publication de l'édit des ajourne-
ments , 2 8 6 . — 1 nvite Boisy à venir la
trouver avec trente gentilshommes,
a84 ,28 a. — Ecrit à Coignet au sujet
d'un traité passé avec le banquier
Aubrecht, 280. — Lui parle du fait
des postes, 380. — Attend des nou-
velles de son voyage à Berne, a85.
— Lui écrit au sujet de l'argent dû
aux Suisses, 286, 387. — Écrit
au duc de Savoie au moment des
premiers troubles, 287. — Lui en-
voie Morette auquel elle s'en remet,
387, 288. — Annonce à l'évêque
de Limoges que Saint-Sulpice va
le remplacer, 288. — Recommande
à M. d'Humières de veiller à la
garde de sa place, 288. — Invite
Sénarpont à bien garder les places
du Piémont, 389. — Écrit à Coignet
pour la levée des Suisses, 389. —
S'applaudit des bonnes dispositions
de l'Empereur pour le concile, 290.
— Invile l'évêque de Rennes à l'as-
surer des mêmes intentions, ago.
— Envoie Lansac au concile, ago.
— Écrit au cardinal de Chàtillon
pour obtenir le désarmement de
Condé, 390, 391, 292, 2g3. —
Annonce les troubles et les progrès
des protestants à l'évêque de Li-
moges, 393, 396, 390. — Croit
que Condé est gardé de force par
les prolestants, 29/1. — Espère que
le roi de Navarre obtiendra sa ré-
compense, agS. — Ne compte plu5
sur une entrevue avec le roi d'Es-
pagne, 290. — Renonce à aller à
Blois, 395. — Prie l'évêque de Li-
moges de bien renseigner Saint-
Sulpice, 296. — Fait remettre une
émeraude à la duchesse d'Aibe,
296. — Déclare à l'évêque de Li-
moges qu'elle n'a pas failli à sa reli-
gion, 2g6, 3g7- — Le prie d'en
témoigner, 397. — Écrit à Coignet
pour une levée de Suisses, ag7- —
Justifie auprès de l'évêque de Li-
moges le voyage de Rambouillet en
Allemagne, 298. — Envoie à cet
effet Rambouillet en Espagne, ag8.
— Revient sur la récompense du
loi de Navarre, 2g8. — Recom-
mande l'affaire du comte de Petillan.
298. — Prescrit àTavannes ce qu'il
doit faire pour apaiser les troubles.
299. — Recommande le trésorier
Guazzo à M. de la Mothe-Gondrin .
299. — Écrit à Coignet etPasquier
pour la levée des Suisses, 299 ; —
à Coignet pour refuser l'offre de
certains capitaines suisses, 3oo. —
Approuve sa négociation avec le
conseil de Berne, 3oi. — L'invite
à demander un délai de rembourse-
ment à ceux de Soleure, 3oi. —
Écrite Philippe II pour désavouer les
propos prêtés à Rambouillet, 3oi,
3oa. — Remercie le duc de Savoie
de ses offres, 3os, 3o3. — Prie
les officiers de la Rochelle de veiller
sur leur ville, 3o3. — Annonce à la
duchesse deSavoie que le l'ait du duc
de Nemours est accommodé, 3o3.
— Le roi de Navarre le fera rentrer
en France, 3o3. — Remercie de
nouveau le duc de Savoie, 00 '1. —
Mande le comte de Tende, 3o'i. —
Donne ordre au comte de Somme-
rive de remplacer son père, 3o4.
— A appris le départ de Lansac
pour le concile, 3oô. — Presse son
arrivée, 3o5. — • Lui fait part des
difficultés soulevées par l'Espagne
****
: : -
TABLE DES MATIÈRES.
69'.i
pour la préséance, 3o;>. — L'invite
à n'y laisser rien innover, 3o5. —
An nonce à Maugiron qu'il est nommé
lieutenant au gouvernement du
Dauphiné, 3o6. — Donne l'ordre
i ï.iwinnes de se retirer à Chalon-
5aône,3ob\ — Charge l'évéque
de Limoges de remercier le roi
d'Espagne de son secours qu'elle
accepte, 3oG, 'ào-;. — Envoie le
s' de Negrepelisse à Toulouse . 307.
— Ecrit à Coignet pour presser la
des Suisses, 3o8. — Ecrit
au prince de Condé au sujet de la
proposition faite par les triumvirs
retirer, 3o8. — Invite M. de
Burie à surveiller la Guyenne, 3o8.
— Recommande à M. de Martigues
Buron de Thermes comme guidon
de sa compagnie, 3o8. — Envoie
le duc d'Annale en Normandie.
3l '1. — Répondra à ceux de Rouen
s'ils viennent, 3i'i. — Fait partir
Vieilleville et \ illars pour Orléans,
3 1 1 . — Envoie au roi de Navarre la
lettre patente pour les villes occu-
pées, 3 1 6. — Ecrit à sa tille la reine
d'Espagne au sujet des offres de ser-
vice laites par Philippe il, 3oy,
3 10. — Lui explique la situation,
Ji". — Envoie des instructions à
Maugiron; 3 1 1 . — Donne à H. de
Martigues la moitié de la compagnie
du maréchal de Thermes, 3 1 1 . —
Invile le roi de Navarre à surveiller
Sydney , 3 1 2 . — Lui annonce la
prise du Havre par les Anglais, 2 1 3.
— L'invite à venir la trouver à La-
gny, 3 12. — Le prie d'envoyer
M. de Hugueville à Caen, 3 12. —
Le prévient qu'elle a fait garder tous
les passages des rivières, 3i3. —
Lui demande son avis sur ce qu'écrit
Barbezieux, 3i3. — Le prévient
qu'il faut donner de l'argent à Sal-
cede pour Metz, 3i3. — Regrette
la prise du Havre, 3i3. — L'imite
à faire envoyer de l'argent à Ta-
vannes, 3)5. — Lui envoie les let-
tres de M'" de Mnntpcusier. ."> 1 ~>.
— L'avertit que Sydney retournera
en Angleterre par Calais. 3i5.
Envoie pour cette cause un courrier
à Gourdan. — Fait part an roi de
\ ..• in-e de ce qu'a fait Matignon el
de ce qu'elle lui a ordonné , 3 1 ">. —
Lui écril que l'indisposition de Men-
dosse l'a empêché d'aller en Suisse,
3 1 6. — N'est pas d'avis de révoquer
maintenant Coignet, 3 16. — Est
d'avis de le remplacer plus tard par
Mendosse, 3i6. — A envoyé les
ordres nécessaires au capitaine de
Laon.oiti. — A donné ordre à Soni-
merive de lever une enseigne , 3 1 (i.
— Invile le roide Navarreàrenforcer
le duc d'Aumale, 3i 7. — Rassurée
par une lettre du connétable, 317.
— Se plaint à ceux de Rouen des di
sordres commis, 317. — Les invite
à se soumettre, 3i 8. — Annonce à
l'évéque de Limoges qu'elle a mené
Charles IX à Monceaux, 3 18. —
Lui fait part des tentatives de paix,
3 1 8. — La maladie de Don Carlos
la force de penser à la sœur de Phi-
lippe Il pour Charles IX, 3içj. —
Invile l'évéqne de Limoges à em-
ployer pour ce mariage ou le prince
d'Évoli ou le duc d'Albe, 3i8. —
L'évéque fera sur ce connaître ses
instructions à sa fille, 3 18. —
Attend le retour d'Almeida d'Espa-
gne, 32 0. — Envoie une recette à
sa fille pour avoir des enfants, 3so.
— Remercie l'ambassadeur d'An-
gleterre de sa bonne volonté, 820,
noie; 320. — Charge le roi de
Navarre de donner un passeport
pour un des serviteurs de l'ambas-
sadeur, 3 20. — Demande à. VI. d'Hu-
mières quels sont les propos tenus
par lesCainbrésiens réfugiés à Mont-
didier, 3ai. — Motive son départ
de Paris sur la santé de Charles IX ,
3ai. — Conditions qu'elle offre à
ceux de Rouen , 3sa, 3a3. — Écrit
au roi de Navarre pour une récla-
mation d'un marchand espagnol.
. — Autorise Tavannes .1 se sei
vir de l'argenterie des églisi s, 3 là.
— Rend compte au roi de Navarre
de la situation des choses, 3ao. —
Lui l'ail part du conflit survenu entre
mte de Tende el l" comte de
S inerive, 3a5. — Ecrit à Ta-
vannes au sujet de la perte de Cha-
lon, 3a6. Remeri ie la duchesse
de Savoie du secours promis, 3a0.
— Demande l'avis du roi de Na-
varre pour deux missions à Orléans
et en Angleterre, 3a6, 327. —
Vomirait l'appointenient avec ceux
de Rouen, 327. — Ecrit àTava
au sujet de sa rentrée à Chalon,
3 au. — L'invite à serrer de près
Lyon, 3a3. — Invite Maugiron à
fortifier la garnison du Château-Dau-
phin, '■'•■<-. 3 2 H. - \ appris- l'ev
culion l'aile à Toulouse, 3a8. —
Approuve la levée faite par M. de
Joyeuse, 3s8. — Invite M. de l'om-
quevaui à tout faire pour conserve)
l'autorité du Roi, 3a8. — Enlretienl
le duc de Savoie de. la demande faite
d'un passage de troupes par la
Bresse, 329. — Félicite Maugi-
ron, 321). Expose ;'i l'évéque de
Limoges les dangers delà guem
civile et de l'entrée des étrangei s.
33o. — Craint l'intervention du
roi d'Espagne, en cas de victoire
de Condé, 33o. — A fail venu
six mille Suisses, 33o. — Félicite
Moulue de la délivrance de Tou-
louse, 33i. — L'inviteà se joindre
à MM. de Terride el Gondrin, 33i,
33(). — L'autorise à prendre cent
nulle livres sur la Guyenne et Tou-
louse, 33a , 33g.- — Reproche leurs
faules aux échevins de \leaux, 33a.
— Enumère à l'évéque de Rennes
ce qu'elle a fait pour la conciliation ,
333. — Lui annonce qu'elle repari
pour essayer de traiter, 333. —
Félicite le Parlement de Dijon de
ses services, 333. — A reçu de
88.
700
l'évéque de Rennes les nouvelles île
la Transylvanie, 334. — Lui rap-
pelle ce qu'elle a fait pour apaiser
les troubles, 334. — Fera partir ,
prochainement les évèques pour le
concile, 334. — Tient le couron-
nement du roi de Bohème pour
assuré, 334. — Annonce que les
Légats ont donné la préséance à
Lansac, 335. — Promet gralili-
cation à l'évéque de Rennes, 336.
— Invite le maréchal de Brissac
à ne pas poursuivre le procès de
Luzarches par crainte de représailles,
335. — A appris par l'évéque de
Limoges l'extrémité de Don Carlos
et sa convalescence, 336. — Lui
rond compte des tentatives de paix,
336. — Fait part à l'évéque de
Rennes des conditions de l'entre-
vue de Tlioury avec les chefs pro-
testants, 337. — Ce qu'elle fera
si l'entrevue de Tlioury ne réussit
pas, 338. — Rend justice du bon
vouloir du roi de Navarre, 338.
— Sollicite sa récompense, 338.
— Invite l'évéque de Limoges à
suivie l'affaire du comte de Petil-
lan, 338. — Note à ce sujet, 338.
— Accorde 1'olhce de viguier de Tou-
louse au sr de BoisjoLirdan l'aîné,
33g. — Ne peut rien dire à Mou-
lue des négociations entamées, 34o.
— Invite Gonnor à nommer Bois-
jourdan viguier de Toulouse, 33g.
— Annonce la paix à M. de Mont-
pensier, 34 1. — L'invite à mettre un
gouverneui à Tours, 34a. — Rede-
mande les canons envoyés à Nantes,
34a. — Ne veut pas de Richelieu
pour commander à Tours, 'Mis. —
Annonce la paix à Joyeuse, 34-2.
- Envoie Clervaux pour prendre
possession des places du Langue-
doc, 34a. — Invite d'Humiè. es à
faire retirer de son gouvernement
les réfugiés des Pays-Bas, 343. —
Donne l'ordre à Gonnor de payer la
compagnie du capitaine Desme,
TABLE DES MATIERES.
343. — Invite Tavannes à suspendre
son expédition contre Màcon, 344.
— Lui envoie le s' de Montaigne,
344. — Le prie de garderies Suisses
à Chalon, 344. — Donne l'ordre à
Maugiron de suspendre les hostili-
tés, 344. — Annoncée Tavannes les
conditions de la pacification, 344.
— Par suite des négociations rom-
pues lui ordonne de laire marcher
les Suisses, 344. — Annonce à
Gonnor la rupture des négociations,
345. — Mande au Rliingrave de
venir, 345. — Demande les Suisses,
346. — Annonce à M. d'Elampes
la rupture des négociations, 346.
— Se plaint du manque de parole
des chefs protestants, 346. — Prie
Tavannes de faire porter à Nantes
les deniers de la recette générale ,
346; — d'en garder douze mille
pour ses troupes, 346. — Félicite
Philippe II de la guérison de Don
Carlos, o'iy. — Invite le Parlement
de Paris à punir les auteurs des
troubles de Meaux, 348. — Y a
envoyé un gentilhomme, 348. —
Invite d'Aumale à relâcher des pri-
sonniers anglais, 348. — Engage
Coignet à demander délai pour le
payement, des Suisses, 348. — A
écrit au baron des Adrets de restituer
l'argent pris à Lyon et destiné aux
Suisses, 349. — Donne l'ordre à
Aubrechl de remplacer l'argent pris
par des Adrets, 34g. — Enjoint au
Parlement de Paris d'envoyer des
troupes à Meaux, 34g, 35o. — Ra-
conte à l'évéque de Rennes l'insuccès
de son nouveau voyage pour traiter
de la paix, 35o. — Se loue de la
bonne volonté de l'Empereur pour le
concile, 35o. — A donné l'ordre aux
évéques de s'entendre avec les siens ,
35 1. — Prie l'évéque de Rennes de
parler dans ce sens, 35 1 ; — d'ob-
tenir la présence des protestants au
concile, 35 1. — Ses recomman-
dations à Lansac, 35t. — Instruc-
tions qu'elle donne à Brissac, 35 1.
— L'envoie annoncer au Parlement
la rupture des négociations, 35a.
— En fait le récit, 35a , note. —
Envoie à Coignet des obligations
pour le payement des Suisses, 353.
— Le prie de découvrir quelles pro-
messes ont été faites entre les cinq
cantons et le duc de Savoie, 354 . —
Lui promet de le protéger, 354.
— Lui fait part de l'insuccès de
ces divers voyages pour la pacifica-
tion, 354. — Lui donne des nou-
velles de l'armée, 354. — Lui en-
joint de ne rien céder pour la pré-
séance, 355. — Loue sa conduite
vis-à-vis du pape, 355. — Le prie
de remercier le cardinal de Manloue.
355. — Invite Barbezieux à bien
garder Sens, 355. — A faire avancer
les Suisses, 356. — Confie au duc
de Nevers la défense de Troyes, 356.
— Envoie à Meaux Lioux elStrozzi.
356. — Annonce au roi de Navarre
la prise d'Orange, 356. — L'invite
à donner des instructions au comte
de Sommerive, 356. — L'avertit de
la retraite de d'Aumale de devant
Rouen, 356. — Le prie de faire
payer la compagnie du s' de Chaul-
nes, 35y. — Envoie Mendosse
auprès de Coignet et le prie de
le croire de ce dont il a charge ,
357. — Recommande M. de Com-
marieu au duc de Savoie, 307.
— Invite M. de Mesvillier à venir
la trouver, 358. — Ordonne à
d'Humières dese retirer à Péronne,
358. — Écrit à M. de Bordillon
pour la solde de ses troupes, 35g.
— Lui fait part des négociations
entamées pour la restitution des
places du Piémont, 35g. — Le
prie de presser le départ du se-
cours envoyé par le duc de Savoie,
36o. — Invite M. d'Humières à sur-
veiller les gentilshommes et soldats
qui quittent Rouen, 36 1. — En-
voie à Rordillon un mémoire pour
l'échange des places ilu Piémont,
36i . - Désire garder la terre tle
.San -Fié, 36t. — Donne l'ordre
à M. de Chaulnes de recevoir les
Espagnols envoyés par Philippe 11,
36a. Prie la duchesse de
Panne de presser leur marche,
36a , 363. — Espère dans le bon
vouloir de l'Empereur pour I n
cile, 363. -- Fail pari à l'évèque
de Rennes des plaintes (pie le pape
l'ait de Lansac, 363. — Le prie
d'obtenir de l'Empereur qu'il décide
les princes protestants de la Ger-
manie à ne pas secourir Condé,
363 , 3(ï'i. — Envoie d'Oisel en Al-
lemagne pour détourner les princes
prolestants de secourir Condé,366.
— Invite Lansac à agir sur le
cardinal de Mantoue, afin qu'il
ne quitte pas le concile, 36â , 365.
— Lui annonce le départ des pré-
lals français et du cardinal de
Lorraine pour Trente, 365. —
Écrit à Coignet au sujet du paye-
ment des Suisses, 365, 366.
— Le prie d'empêcher la levée des
Suisses par le pape, 365. — Re-
mercie la reine d'Angleterre de ses
honnes démonstrations, 365. — '
Lui envoie M. de Vieilleville, 365,
366. — Profite des olfres de Cosme
pour lui demander un prèl, 366,
— Envoie. d'Elbène à Florence,
367. — Répond à la reine d'An-
gleterre au sujet des réclamations
laites par des Anglais, 367. —
Fait part de l'insuccès des négo-
ciations à M. de Sommerive, ■'!<;-.
— L'invite à concenlrer ses forces
pour attaquer des Adrets, 368. —
Donne l'ordre à M. d'F.lampes
de conduire à Blois les deniers de
la recette de Bretagne. 36o. -
dompte sur lui pour pacifier la
Bretagne, 369. — L'invite à punir
les auteurs de l'émeute de Nantes,
36(). — Lui annonce son départ
pour l'armée, 370. — Avertit
TABLE DES MATIÈRES.
S. nul Sulpii r .1rs soupçons qu'elle
a contre les Anglais, ->-n: du
1 iinge que sollicite Throrkmorton ,
370. Le prie de réclamer l'in-
tervention de Philippe 11. .'I70,
371; — île faire instance pour
le dépari des a, 000 chevaux de
Flandres, .'Î71. — Prie M. île
Gonnor de payer les lansqi is,
371. — De faire payer la compa
gniede Strozzi el celle du jeune du
Perron parles habitants de M eaux,
.'I7 1 . — Ordonne à li. issar de faire
escortei- l'artillerie venanl de Châ-
teau-Thierry, 37a. — Inquiète de
n'avoir pas reçu l'argent pour solde
des lansquenets, 373, 37.3. -
Fera conduire en toute sûreté l'ar-
gent envoyé' par la duchesse île
Parme, 37.3. — Compte sur la
bonne volonté de Philippe II pour
arrêter les mauvais desseins des
Anglais, .'I7.3. — Fait part de nou-
veau à Saint-Sulpice des craintes
que lui inspirent les Anglais, 373.
— Lui annonce fa marche des Ita-
liens, 37'!. — Le prie de demander
un secours de trois mille chevaux,
- i 7 '1 , 37.5. — Avertit Matignon de
la prise d'armes de Monlgommery,
375. — Accorde à Rurie ce qu'il a
demandé à ceux de Floirac, 376.
— Fait la même faveur à Mou-
lue, 376. — Annonce le départ
du duc de Montpensier, 376. -
Ecrit à M. de Jarnac à l'occasion
du meurtre de son frère Charles de
Sainte Foy, 37.5. — Félicite Mail
giron et le charge d'exprimer son
contentement aux gentilshnniin s
de Dauphiné, 377. — Prie Gonnor
de décharger la baillive Roherlel
de l'emprunt levé sur Paris, '■'<--.
— Espère que le duc d'Etampes
pacifiera la l'.retagne avec ses seules
forces, 377. — Lui indique les
moyens ck payer ses troupes, 377,
3-S. — Voudrait qu'il désarmât les
protestants, 378. — Lui enjoint
701
de chasser les ministres, 378. —
l 'i ngage .1 mettre dans chaque ville
eu 1 liel ' atholique, 378. Lui
trace sa règle de conduite vis-à-vis
des protestants, 378. If ui
'li' la I ni' marche 'lu conrili
■1711. — Ne pourra faire parti 1
qu'en 01 tobre les prélats de France .
37g. - Envoie leur liste,
— Réclame un logis pour 1 11] -
pour le cardinal de Lorraine
— Voudrait la translation du
concile a Mantoue, 38o. - Von
ihail la prolongation de la sei
du conrili' jusqu'à l'arrivée des
prélats if' France, 38o. Pi
1 rit à Lansac de conformer sa Cl
duite à celle des ambassadeur!
d'Espagne et de l'Empire, 3f
— L'avertit de son arrivée au camp
■ ■I de son dépari pour lii
38o, Marchera sur (t. 1 .
38i. Fera soumettre le (<
mandie par d'Aumale, 38i ;
la Guyenne par Moulue, 38i.
Invile le comte de Tend, à lais:
le commandement a son fils
comte de Sommerive, 38?. — Lui
permet de se faire accompagni 1 pi
ses amis, 3-S-!. — Fera payei
compagnie, 38a. — S'applaudit >!•
la hume' volonté de l'Empere
pour le concile, 38a. — Annon •
à l'évèque de Rennes l'arrivée
Trente des prélats français poui
mois d'octobre, 38a. Lui parle
des canons rédigés sur la COUlmi -
nion sous les deux espèces, 383.
Lui trace sa conduite dans les as- 1
blées qui se tiendront , 383. I
vite Gonnor à recouvrer de l'argen
387. — Lui commande îles bol
lets, 388. — Témoigne à San,
Sulpice la satisfaction qu'elle . •
la bonne volonté de Philippe 11.
388. — Lui annonce l'entrée iè
Italiens, 388; — la prise de MAson
par Ta vannes, 388. — Se plan.:
Matignon de la conduite di cei
702
TABLE DES MATIERES.
laines personnes, 386. — Envoie
un mémoire à Gonnor, 384. — Lui
demande de l'argent, 384. — Féli-
cite Don Diego (le son arrivée, 384.
— Envoie un passeport à M. de
Sénarpont, 385. — Le fait partir
pour Dieppe pour la garder, 385.
— Annonce au duc d'Élampes
qu'elle lui a dépêché le pouvoir
d'entrer en Normandie, 386. —
L'invite à s'aider de Matignon,
386; — à promettre pardon à ceux
qui quitteraient Montgommery,
■ !N-. — Se vante d'être devenue
femme de guerre devant Bourges ,
388. — Prie Gonnor de rembourser
le s'de Raconys des onze mille écus
versés par lui pour dot de la du-
chesse de Savoie, 386. — Se loue
du service de M. d'Humières, 387.
— Annonce le siège de Bourges à
Saint-Sulpice, 389. — A sauvé la
ville du pillage, 38g. — Y a réta-
bli le culte catholique, 389. — Se
dirigera du côté d'Orléans, 389.
— A barré le passage aux Alle-
mands, 389. — Communiquera au
conseil l'assignation donnée pour
la dot de sa fille la reine d'Es-
pagne, 389. — A chargé d'Escars
de complimenter le prince d'Es-
pagne de sa convalescence, 389.
— Fera payer Saint-Sulpice de ses
gages, 3go. — Espère que le roi
d'Espagne se déclarera contre la
reine d'Angleterre, 3go. — Invite
Soubise à se soumettre, 3go, 391.
— Écrit à M. du Lude d'amnistier
les protestants qui se retireront,
3qi. — Annonce la prise de
Bourges à M. du Lude, 3gi. —
Envoie Maugiron en Piémont pour
en ramener dix enseignes, 3g2. —
Invile M. de Bennes à s'en tenir à
ce qui sera possible, afin d'éviter
que le pape ne rompe le concile ,
3aa. — Bépond aux trois dé-
pêches de Lansac, 3g3. — Excuse
le relard du départ des prélats,
3g4. — Engage Lansac à laisser
passer les choses doucement jusqu'à
l'arrivée du cardinal de Lorraine,
3g4. — Lui raconte la prise de
Bourges, 3g5. — Celle de Maçon,
et de Tournus, .'» 9 5 . — Ecrit à
Throckmoiion au sujet de navires
anglais pris en Bretagne, 3g5, 396,
4oo. — Se plaint à M. de l'Isle de
la marche du concile, 3g0. — Le
prie de solliciter du pape la remise
de la session jusqu'à l'arrivée à
Trente du cardinal de Lorraine,
39G. — Cherche à ramener Sou-
bise, 3gy. — Justifie Biron auprès
de Monlur, 3g8. — Ordonne à
Monluc de ne plus saccager les mai-
sons des protestanls, 3g8. — Re-
commande d'Escars envoyé en Es-
pagne à M. de Saint-Sulpice, 89g.
— Recommande le médecin Valeran
à Gonnor, 600. — Écrit à Rordillon
pour une question de vivres, Aoo;
— à Throckmorton pour un paquet
qu'il prétendait avoir été retenu,
A 00, A01. — 'S'étonne de sa de-
mande d'un sauf-conduit, 4oi. —
Écrit à Clervaux pour le commande-
ment de l'a compagnie de M. de Bru-
nyan, 4 02. — Envoie un mémoire à
Lansac pour le concile, 4o3. — De-
mande que la décision sur le sacri-
fice de la messe soit retardée, 4o3.
— Annonce le départ du cardinal
de Lorraine pour Trente, 4o3. —
Voit bien que l'Empereur ne veut ou
ne peut pas empêcher l'entrée des
Allemands en France, 4o3. —
Espère les arrêter, 4o3. — Craint
une descente des Anglais en Nor-
mandie, 4o4. — Engage l'évêque
de Bennes , par suite du refus de la
préséance, à ne pas aller à la diète,
4o4. — Prie M. de l'Isle d'expli-
quer au pape les motifs de l'envoi
du cardinal de Lorraine au concile,
hoh. — Lui fera payer ce qui est
dû pour son élat, 4o5. — L'entre-
tient des affaires du comte de
Roussillon , h o5. — Fait donner un
passeport pour l'Angleterre à l'en-
voyé de Throckmorton, 4o5. —
Lui refuse pour lui un sauf-conduit
inutile , 4o5. — S'informera de
ses griefs contre Monluc, h 06. —
Donne un congé à M. des Bories
malade, 4o(>. — Renvoie M. de
Caylus à M. de Boisy, 4o6, 407.
— Avertit Boisy de l'état des choses ,
A06, 407. — Envoie à Bordillon
une seconde jussion pour remettre
les places du Piémont, 407. — Jus-
tifie leur restitution, 4 07. — Le met
en demeure d'en finir, 4 08. — Fera
payer la solde de ses soldats, 4o8.
— Envoie à Florence Albisse d'EI-
bène, 4og. — Écrit au pape pour
lui demander de donner congé au
cardinal de Ferrare de retourner
•à Borne, 4og. — Envoie de l'ar-
lillerie au duc de Nemours, 4 10.
— Lui promet de l'argent, 4io.
— Le prie d'envoyer un courrier en
Piémont, 4 1 o. — Donne l'ordre
au duc de Montpensier de faire
partir pour Tours M. de Sansac,
Au. — Demande an Parlement de
Paris un congé pour le conseiller
Davaine, 4 12. — Prie Bordillon
de s'en rapporter au cardinal de
Lorraine porteur d'une jussion
pour la restitution des places du
Piémont, 4 12. — Invite M. de la
Brosse à envoyer des renforts au
maréchal Saint-André pour faire
tête aux Allemands, 4i3. — An-
nonce à Boisy la prise du Monl
Sainte-Catherine, AlA. — Le de-
mande, Ai 4. — Fait venir Philippe
Slrozzi avec ses forces, 21 4. — En-
voie le duc de Monlpensirr à Tou-
louse pour adoucir les rigueurs du
Parlement contre les protestants,
'ci"). — Lui annonce la prise du
Mont Sainle-Catherine, 4i5. —
Refuse de nouveau un passeport à
Throckmorton, 4i5. • — Annonce à
l'évêque de Rennes le départ du car-
^JÊÊÊ
dinal de Lorraine et des prélats pour j
Le i "iii ile, 'ii(i. — L'invite à assis-
ter à la diète, S ii>. — Envoie le
président de Montforl porter les der-
nières conditions pour la restitution
des places du Piémont, 4i6. -
Trace à L'évéque de Rennes sa con-
duite à la dièle, 4 17. — Le ren-
;ne sur la situation, 417. —
Lui raconte la prise du Bfonl Sainte-
Catherine, 3»7. — Invite Jaraac
à rester à la Roclielle, '1 1 .S. — Le
subordonne à Burie et au duc de
Monlpenaier, h 18. — Doun.' l'ordre
à Matignon d'entrer en liasse Nor-
mandie, '11 g; — d'empêcher le
pillage, '119. — Prévient le Par-
lement de Paris qu'on a redemandé
à ceux d'Orléans le conseiller Sapin,
4ig. — Annonce à la duchesse de
Guise la blessure du roide Navarre,
ûao. — Lui parle de l'opiniâtreté
de ceux de Rouen, 4 20. — Envoie
un message au duc de Monlpensier,
4ao. — Félicite Monluc de ses
bons services, 621. — S'applaudit
de la défaite de Duras, 4a 1. —
Demande à Monluc et à Burie des
hommes d'assaut, 4ai. — Presse
d'Alluie d'en finir avec la restitution
des places du Piémont, 4a3. —
Le prie de faire un emprunt aux
Génois, h-î'i. — Lui annonce la
blessure du roi de Navarre, 4a3.
— Invite de Piennes à surveiller
les protestants qu'il a enrôlés, k-i-i.
— Ecrit à Monluc que le Roi le dé-
sire auprès de lui, 4a3. — Prie
Morvilliers de faire accepter par
Bordillon la décharge portée par
San-Fré , 424. — Approuve ce
qu'il a fait pour la solde des troupes,
la 1. — Le prie de rester en Pié-
mont, 4i>6. — Lui parle du siège
de Rouen, 4s4. — Demande des
troupes au duc de Montpensier,
ia5. — Désigne celles qu'il gar-
dera, 4a5. — Annonce l'arrivée
do la Rochefoucauld et de Duras à
TABLE DES MATIÈRES.
1 Irl ans, ia5. — Ecrit à Gonnor
pour un échange de terres avec
le comte d'Egmont, !<■','<, ia6. —
Envoie Sardini en I landre, S 16.
— Donne une mission seci èle
Tavannes, '137. — Écrit à Brissac
au sujet du payi menl de sa compa-
gnie, '127. — Regrette les diffi-
cultés soulevées par Bordillon, ia8.
— San-Fré chargé de les aplanir
en rendra bon compte au duc
de Savoie, iag. — Prie d'Alluie
d'annoncer au duc de Savoie la
prise d>' Rouen, 13o. — Donne
des ordres à Tavannes pour la
montre des Suisses, i3a. — L'in-
vite à retourner en son gouverne-
ment après avoir remis les Suisses
au maréchal Saint- André, 43a. —
L'approuve des mesures de rigueur
qu'il a prises contre quatre gentils-
hommes, 43a. — L'assure de son
bon vouloir, 43a. — Invile le car-
dinal de Lorraine à en finir avec la
restitution des villes du Piémont,
43o. — Lui annonce la prise de
Rouen, 43o; — la soumission de
Dieppe. — Indécise sur ce qu'elle
doit faire, 43l. — Nouvelles dé-
monstrations d'amitié qu'elle fait au
duc de Savoie, 43 1. — Envoie
Gonnor à Condé pour une entrevue,
432. — Écrit à Gonnor pour un
emprunt, 433. — Lettre circulaire
pour cet emprunt, 434. — Pré-
vient le connétable de sa visite à
Écouen, 434. — Fait connaître son
itinéraire au duc de Guise, 434. —
Ecrit à Tavannes à l'occasion des
lettres d'amnistie adressées par le
Roi aux baillis et sénéchaux, 435.
— Presse les fortifications de la cita-
delle de Chalon, 435. — Mande
M. de Gonnor, 436. — Annonce à
d'EscarS la mort du roi de Navarre,
436. — Le prie de suspendre son
voyage d'Espagne, 436. — Donne
l,i l'iiinpagiiic du loi de ,a\arre pai
moitié au prince son fils et au duc
703
d'Oi léai " — Invile Boisv ,1
ne p 1- renvoyer de Meaux les pro-
testants, mais seulement les 1
gers, '1 ' i y - - Donne l'ord
Boisy de ne pas laisser continui
son chemin au duc de Lunebou g
i35, Prie le dm de ' luise d'en
voyerâ Paris un coffre réclamé par
ThrockmorliMi. i:i • . I; . . . .
mande à lîoisy l'orl vre I ban Dou
blet retiré ê Meaux, 43g. Pi
leste de son amitié envei • :
de Savoie 1 licite le dm
d'Aumnle d'avoir pourvu à la dé-
fense des passages, i io, I. n
envoie un avis reçu du (Oinh A |
remberg, 44o. — A écrit au duc
de Savoie d ■ lui 1 nvoyer mille 1 u
vaux, l4o. — Ecrit au duc de
Guise el an connétable pour inettn
d'accord les habitants de Piagella .
de Vaucluson et les Briançonnois .
'1 io. — Compte sur la duché
Lorraine pour se justifier aupré:
de l'Empereur, 44i. — Explique le
sens des lettres qu'i li a écrites à
I nulle. | J] 1 !!. Explique Si !
rapports avec lui et ses négociations •
44j. — Invile le duc de Nevers à
venir la trouver, 143. — Recom-
mande Francisco de Léon Caslillo à
l'évéque de Limoges, 4 i3. - Écrit
à Tavannes an sujet des impôts qu'il
à levés à Mirebeau, 444. — Fait
part a Boistaillé des efforts I il
pour la pacification, 444. — M'a
sur lui aucune mauvaise impre
sion, 444. — Entretient la duchei
de Guise des tentatives de négo-
ciation, '1 '1 '1 . 445. — Ecrit à du
Ferrier à l'occasion de l'arrivi
Trente du cardinal de Lon;
'1 i5. — Rappelle à Lansac les lettre
qu'elle lui a écrites, 440. — 1 1 >
reuse de l'arrivée du cardinal de
Lorraine à Trente, 44(i. — S'en
promet beaucoup, 446. — Regreth
que certains prélats ne soient
encore à Trente, 446. - ■ Regr< tte
70/i
TABLE DES MATIÈRES.
cjue le corale Palatin juge si mal
ce qui se pass3 en France, kà'j. —
Traite de mensongère la harangue
le Spifaine,
Dédaigne d'y
répondre, 448. — Explique à l'é-
\èque de Rennes le vrai sens des
lettres qu'elle a écrites à Condé,
448. — Lui fait part de l'insuccès
des dernières négociations avec
Condé sous les murs de Paris, 448.
— Lui annonce la rupture des négo-
ciations, 44g. — Regarde comme
utile une ambassade des princes al-
lemands, 44g. — Le prie de remer-
cier le roi des Romains des aver-
tissements qu'il a donnés par rap-
port à l'Espagne, 44g. — Lui fail
part de la proposition de la main
d'une des filles du roi des Romains
pour Charles IX, 45o. — L'invite à
voir souvent l'évéque de Trêves,
45o. — Redoute pour le printemps
une invasion des Anglais, 45o. —
Refuse les offres de Frédéric Spet
pour une levée d'hommes, 45 1. —
Fait part au connétable d'une lettre
écrite par le prince de Condé aux
capitaines allemands, 45i. —
Approuve la réponse faite à Condé
par le s' d'Esguilly, 45 j. — Lui
envoie le capitaiue Roch, 45a. —
Recommande à Cosme les enfants
de Madame du Perron, 45a. —
Invite Soubise à rendre Lyon,
'157. — Annonce à M. du Lude
la victoire de Dreux, 458. —
L'invite à veiller sur son gouverne-
ment, 458. — Prie Gonnor de
presser le départ de Brissac pour
la Normandie, 458. — Fait le récit
de la bataille de Dreux au cardi-
nal de Lorraine, 455; — à l'é-
véque de Rennes, 455, note. —
Remet l'audience de l'ambassadeur
Thomas Smith, 45g. — Donne
i'ordre à Gonnor de payer la dé-
pense de l'envoyé du Grand-Sei-
;oeur, 46o. — Lui indique les
présents à lui faire, 46o. — Lui
demande de l'argent, 40o. — Pro-
met à Bordillon de lui faire expé-
dier la décharge qu'il réclame,
46 1. — Invite d'Humières à sur-
veiller ceux qui passent par son
gouvernement, 464. — Ecrit à
Gonnor au sujet du payement des
Espagnols, 464. — Le prie d'en-
voyer de l'argent au capitaine de
Touques, 46a. — Demande deux
cents lances à Gonnor, 463. —
Explique au Parlement de Paris les
motifs du départ du Roi pour Char-
tres, 463. — Envoie à Gonnor un
mémoire de Tavannes, 463. —
Lui écrit pour les présents de l'en-
voyé du Grand-Seigneur, 465. —
Lui réclame de nouveau un en-
voi d'argent pour reprendre le
château de Tancarville, 465. — Le
prie de fouiller les bourses, afin
de payer le Légat, 465. — An-
nonce à Damville qu'elle lui envoie
l'argentier du prince de Condé,
466. — Accorde une compagnie à
Maugiron, 466. — Invite le Parle-
ment de Paris à publier un édit d'a-
bolition, 466. — Défavorable à
l'enlrée au Parlement du fils du
président Le Maistre, 467. — In-
vite Gonnor à secourir d'argent la
garnison de Monlreuil, 467. — A
rembourser le sr de Bazerne, 467.
— Proteste au duc de Savoie de
son bon vouloir et de celui de
Charles IX, 468. — Ecrit à Lansac
pour le maintien de la préséance
sur l'Espagne, 468. — S'applau-
dit de l'attitude des prélats français
au concile, 468. — Écrit à Saint-
Sulpice pour obtenir que les prélats
espagnols s'entendent avec ceux de
France, 468. — Ecrit également à
l'évéque de Rennes pour obtenir le
le même accord avec les Allemands,
468. — Prie Lansac de lui envoyer
les articles de réformation qu'il a
présentés au concile, 46g. — De-
mande un éclaircissement sur la
mission des envoyés du duc de Ba-
vière à Rome, 46g. — Est satisfaite
de la résidence de l'évéque de Vi-
terbe auprès du cardinal de Lor-
raine, 46g. — Invite Lansac à le
ménager, 46g. — Ecrit à Gonnor
pour les deniers du Légat, et la dis-
pense des conseillers, 470. — Lui
annonce les pourparlers de paix ,
470. — Ecrit au Parlement de Paris
pour la dépense des conseillers man-
dés à Chartres, 470. — Prie Gon-
nor d'envoyer de l'argent à Brissac.
471. — Ecrit au duc de Guise au
sujet de la réduction de ses troupes,
471 ; — à l'évéque de Rennes à
l'effet d'obtenir communication de
la réponse faite à Spifame par les
électeurs de l'Empire, 472. —
N'attend rien de l'Empereur, 47a.
— Entretient l'évéque de Rennes
des troubles de la Transylvanie.
472. — Charge le cardinal de Lor-
raine de négocier le mariage de
Charles IX avec une fille du roi
des Romains, 473. — Annonce à
l'évéque de Rennes la soumission
du baron des Adrets, 473. — En-
voie d'Elbène à Florence, 473.
— Réclame de l'argent à Gonnor
pour le duc de Nemours, 473. —
A fait trente-deux chevaliers de
l'ordre, 474. — Ecrit au duc de
Florence pour le départ de d'Elbène
et l'emprunt attendu, 474. — En-
voie M. de Boisverdun à M. de
Gonnor, pour un secours d'argent
pour la garnison de Metz, 474. —
Prie Gonnor de remettre quelque
argent au trésorier Bâillon, 475:
— de secourir MM. de Yieilleville
et de Villebon, 476; — de payer
les ouvriers employés aux bâtiments
royaux, 477. — Supprime l'office
de général des finances de Lyon ,
478. — Fait donner un acompte
aux Suisses, 478. — Invite Gon-
nor à envoyer à Chartres le tréso-
rier de l'Epargne, la bourse bien
,.i-*Z£=ï=*_-v.»-.
iSm
dii
TABLE DES M ITIERES.
705
'177. — Le prie d'en finii
avec le procès pour le duché d'A-
lençon, '177, ^78. — Lui écrit au
sujet du pardon accordé aux prc
testants, 178 ; — au sujet de la
vente des bois de la Ferté-au-A i-
dame, '1 — < ) . Envoie au carilinal
de Lorraine la lettre de Charles l\
aux nèros du concile, i'
9-'
Prie
Lansac d'être juge si elle doil ou
non être remise, '1711. - Lui
donne des nouvelles de l'année,
48o. Parle à Gonnor des répa
rations de l'abbaye deCorbie, 18o.
— Renvoie les conseillers du Par-
lement de Paris, 48 1. — Congra-
tule le roi des Romains, 489. —
Fait part. à Lansac de son désir de
la paix, 681. — Tient pour sé-
rieuses les offres du capitaine Reif-
femherg, Mil.. — Revient sur les
propos de mariage tenus par l'ar-
chevêque de Trêves, 48 1. — Ap-
prouve Gonnor d'avoir retiré les
lettres de pardon, Mis. — Lui
parle de l'emprunt fait au clergé,
48a; — d'un remboursement au
duc de Savoie, 48a. — S'informe
des amendes de Toulouse et de Bor-
deaux, 48a. — Réclame des lances,
48a. — Fait planter des arbres
dans le bois de Vincennes, 483. —
Demande à Gonnor trente mille
écus pour une levée en Allemagne,
483. — Le prie de l'aire dépêcher les
lettres pour un office de conseiller
au Parlement au fils du garde
des sceaux Moutholon'et au fils du
procureur général Leclerc, 483. —
Prie le maréchal de Montmorency
de veiller au logement de l'ambas-
sadeur d'Angleterre , 484. —
Nomme Mauvissière gouverneur
de Tancarville, 484. — Annonce
au Parlement de Paris le départ de
Charles IX pour Blois, 484. —
Reviendra à Paris, s'il y a danger,
485.— Se plaint à la reine Elisa-
beth de l'emprisonnement d'un des
Catherine de Médius. — 1,
otages, Dupral 5* de Nanlouill il
486, '1^7. Écril à Gonnoi
pour le payement des troupes du
Rhingrave, '187. Lui annonce
son arrivée à Blois, 488, Espèi
la paix par suite du dé ouragemenl
des Allemands , 488. — Envoies
M. d'Humières le baron deMaignac,
488. - - Invite Gonnor à payer les
gages du ■' de Trousseboys . 189.
- Lui donne des instructions pour
l'artillerie, 'i'-.i; - pour le paie
ment îles troupes de Brissac, 489;
— pour l'emploi des deniers à re-
cevoir, 48g. — Lui parle de la
querelle de Villebon et de Vieille-
ville, 4go; — d'un prêt pro-
posé par d'Oisel , 4go. —
Espère bon succès de son voyage à
Blois, 4<)o. — Écril au maréchal
de tfontmoren au sujet de l'explo-
sion des poudres, 4gi. — Lui an-
nonce le départ de l'armée protes-
tante pour la Normandie, 4g 1, Iga.
— Le prie de remettre la foire
Saint-Germain, '191. — Craint le
retour de l'armée protestante, iga.
Fait connaître ses intentions à
Damville au sujet deBoucarl el d'Es-
ternay que Coudé veut faire cou-
cher dans sa chambre, 4ga. — Prie
Tavannes de secourir le duc, de Ne-
mours d'artillerie, 4g3. — Invite
le Parlement de Paris à poursuivre
les rebelles et à saisir leurs biens,
4g3. — Invile Damville à laisser'
un gentilhomme envoyépar la prin-
cesse de Condé parler au prince de
Condé, 4g4. — Engage Gonnor à
obtenirpar tous moyens de l'argent ,
liait; — à choisir les Tournedos
pour y mettre les poudres, 4g4,
4g5; — à envoyer des poudres à
l'armée, 4gT>. — Lui remet une
commission pour le remontage de
l'artillerie, 4g5. — L'entretient
d'une nouvelle levée en Allemagne,
'1 <)•">. — Donne l'ordre au maréchal
de Montmorency de faire assembler
i.i gendai m u ie, 'igii. Sign
Damville un gentilhomme parti poui
s'introduire auprès de Condé, ûgG.
Avertit le duc de Ferrare de i
mélioration de la situation, '197. —
\ii;'.iiii e ,1 are, bal de Moulin..
rencj la prise du Portereau d'I h
leans, 4g7, Ï98. Lui dem
île faire partir l'artillerie, Û98. —
Lui envoie l'ordre de défendre la
Seine, 698. — Lui prescrit des
mesures | e npêcher les assem-
ble, s .1rs protestants, 4g8. — Lui
parle des poudres, 4g8. — Lui
manifeste ses craintes sur le retoui
de l'armée prolestante, 49g. -
Donne l'ordre à Gonnor d'examiner
les comptes du gouverneur d'Ar-
dres, 4gg. — Lui demande dix ca
lions, ôoo. — Trace l'itinéraire
de l'artillerie, 5oo. - Envoi
le secrétaire Marseille à Tavannes.
5oo. — Annonce à Gonnor l'envoi
du cardinal de Guise à l'ais. !>ui.
— Le prie de bi.n disposer le
Parlement, 5oj. — Expose iu
Parlement de Paris les nécessité!
d'argent, ,r>oi. — Lui envoies cel
effet le cardinal de Guise, 5oj. —
Invite ISoissy à l'aire fortifier le < hi
toau de Chinon, 5o2. — Recom-
mande à Gonnor une extrême dili-
gence, noa. — Lui écrit au suji 1
d'un édit d'emprunt, boa. — Lui
demande un étal des délies pavées .
."ne.. — Le prie de bâter le départ
des canons, 5o3. — Fait part k
l'évéque de Rennes de son désir de
conciliation et des moyens employée
pour y parvenir, 5o4. — Indique
à l'évéque de Rennes ce qu'il doit
répondre au roi de Bohême s'il vient
à parler de sa fille pour Ciiarles l\ .
5o4. — Lui annonce la demande faite
par l'Empereur de la restitution de
\b iU, de Toul et Verdun, 5o4. —
lieuent sur les dangers que court
Metz, 5o5. — En prévient Lansac
et le cardinal de Lorraine, 5o5. —
89
70G
TABLE DES MATIERES.
Félicite François de Montmorency
de l'ordre donné à Mantes, 5o5. —
Lui annonce le départ pour Paris de
l'ambassadeur venu pour réclamer
Metz, 5o6. — Le prie de hâter l'envoi
des canons, 5 06. — Ecrit à la reine
Elisabeth pour désavouer la procla-
mation de guerre, 5o6. — - Ecrit à
Damvilleausujetde la venue de Bou-
cart et d'Esternay, 507. — Presse
Gonnor d'envoyer des secours an duc
de Guise, 568. — Annonce au comte
du Lude l'arrivée de Don Hernando
de Tolède, 5o8. — Se plaint à
Gonnor des retards de l'emprunt,
509. — Envoie Malras pour recou-
vrement de deniers, 509. — Presse
Gonnor d'activer la rentrée de l'em-
prunt, 5og. — Le prie de l'aire
amender un arrêt du Parlement de
Paris, 5i 0. — Félicite le cardinal
de Guise du succès de sa mission à
Paris, 5i 0. — Lui parle des troubles
de Meaux, 5 10. — Le prie de faire
modifier les termes du pardon ac-
cordé par le Roi , 5 1 1 . — Lui an-
nonce la blessure de son frère, 5 12.
— En prévient M. de Gonnor, 5 1 2.
— Annonce au connétable qu'elle
a promis !a grande maîtrise à la
duchesse de Guise, 5i2, 5i3. —
Fait part au maréchal de Montmo-
rency de la mort du duc de Guise,
5i3. — Ecrit au connétable à l'occa-
sion de la grande maîtrise promise
au fils du duc de Guise, 3i3. — En
écrit également à M. de Saint-Sul-
pice , 5 1 3 , note. — Prie le maréchal
de Montmorency de maintenir l'or-
dre, 5i4 , 5i5. — Invite du Lude à
veiller sur le Poitou ,016. — An-
nonce à la duchesse de Savoie la
mort du duc de Guise, 5 16. — Lui
parle des révélationsde Poltrot, 5i 6.
— Accuse Coligny, 017. — Prie le
duc et la duchesse de Savoie de
venir, 517. — Recommandations
qu'elle fait au maréchal de Montmo-
rency après la mort du duc de Guise ,
5 18. — Prie Gonnor de hâter le
recouvrement des deniers , 5 1 8 ; —
d'assurer le Parlement de la bonne
volonté qu'elle lui porte, 5j8; —
de faire faire des réparations à Ca-
lais, 019. — Renouvelle à la du-
chesse de Guise la promesse de la
grande maîtrise pour son fils , 5 1 9 ,
520. — Fait part au roi d'Espagne
de la mort du duc de Guise, 520.
— Prie Gonnor de lui envoyer de
l'argent, 5ao. — Accorde l'abbaye
de Rivoure à M. de Barbezieux,
522. — Promet au connétable de
l'en dédommager, 52 2. — Annonce
au maréchal de Montmorency la
prochaine entrevue du connétable
et de Condé, 522. — Parle à Gon-
nor de la surprise d'un convoi d'ar-
gent, 022, 52.3; — des nécessités
de l'armée, 5a3; — de la prise de
Caen, 5a3; — des bonnes paroles
de Condé, 520; — de la montre
de la gendarmerie, 523. — Parle à
l'évèque de Rennes de la réception
faite par l'Empereur au cardinal de
Lorraine, 5a/i ; — de la demande
de restitution de Metz, Toul et
Verdun, 5s4. — Annonce à Gonnor
les conditions de l'entrevue de
Condé et du connétable, 52 4 , 525.
— Fait arrêter le prévôt de Gien,
52 5. — Explique au Parlement de
Paris les motifs de la prolongation
de sou séjour au camp, 025, 526. —
Accuse réception â Gonnor de l'ar-
gent venu du Bourges, 52Ô. — Lui
annonce la paix, 527. — Lui de-
mande encore de l'argent, 627. —
Lui fait connaître les conditions de
la paix, 527. — En envoie les ar-
ticles au maréchal de Brissac, 527,
528. — Demande de l'argent à
Gonnor et tient la paix pour as-
surée, U28. — Annonce la paix au
maréchal de Montmorency, 528,
529; — à M. du Lude, 539. —
Demande de l'argent à Gonnor pour
les Suisses, 529. — ■ Ordonne à
M. du Lude de remettre les prison-
niers en liberté, 53o. — Annonce
au maréchal de Montmorency l'envoi
des lettres pour la publication de
la paix, 53o. — Envoie à Rome le
chevalier de Seurre, 53 1. — L'an-
nonce à Gonnor, 53 1. — A sus-
pendu les levées des pistoliers , 53 1 .
— Attend de l'argent pour la montre
des Suisses, 53 1. — Invile Gonnor
et le maréchal de Montmorency à
insister auprès du Parlement de
Paris pour la publication de la
paix, 532. — Envoie par M. de
Losses les lettres patentes de la
paix, 533. — Prie Gonnor d'in-
sister pour qu'il n'y ait pas de mo-
difications, 534. — Presse le Parle-
ment d'en faire la publication, 534.
— Annonce la paix à Philippe II ,
534. — Lui envoie d'Oisel, 535.
— Prie Gonnor de faire payer les
colonels du Rhingrave, 535. —
Explique à Gonnor et au maréchal
de Montmorency pourquoi l'on n'a
pas mentionné les maisons du Roi
dans les conditions de la paix, 535.
— Leur parle des préparatifs contre
Metz, 535, 536. — Revient sur les
nécessités urgentes de la publica-
tion de la paix, 536. — Blâme le
trésorier Savoye d'un détournement
de fonds, 536. — Charge Gonnor
d'en faire l'information, 536. —
Transmet au duc de Lorraine les
plaintes de ceux de Metz, 537. —
Ecrit à .Matignon au sujet du Mont-
Saint-Michel, 537; — â Gonnor
pour les réparations de Calais, 537,
538. — Demande à Gonnor l'état
des garnisons de Picardie, 538. —
Ordonne à Tavannes de faire relâ-
cher les protestants prisonniers, 538.
— S'applaudit de la résolution du
Parlement de Paris pour la publica-
tion delà paix, 538. — -En félicite
Gonnor, 538. — Prévient le Parle-
ment du départ du cardinal de
Bourbon et du duc de Montpensier,
TABLE DES MATIÈRES.
707
i ; . 53g. — Annonce la paix .'<
Lansac, 53g. — En explique les né-
cessités, 539. — Loue Lansac de sa
conduite au concile, 5 .'10. — L'invite
à continuer, 54o; — à défendre le
droit de préséance sur l'Espagne,
54o. — Le satisfera du reste de
ses gages, 54o. — Annonce au car-
dinal de Lorraine qu'elle a appris
tout ce qui s'est passé dans son en-
trevue avec l'Empereur, 54 1. —
Le prie d'agir auprès de l'Empe-
reur pour la bonne conclusion du
concile, 54i. — Lui expose la triste
situation de la France et les néces-
sités de la paix, 54i. — Annonce
la paix à l'évéque de Rennes, 542.
— Lui en explique les nécessités,
5ii 2. — S'applaudit des bonnes dis-
positions de l'Empereur pour le con-
cile, 543. — Inquiète de l'expédi-
tion méditée contre Metz, 5'i3. —
Parle à l'évéque de Rennes du ma-
riage de la reine d'Ecosse avec l'ar-
cbiduc Charles, 543. — Lui parle
du mariage de Charles IX avec une
des filles du roi des Romains, 543 ;
— du mariage de sa fille Marguerite
avec le fils aîné du roi des Romains,
543. — Pense à une princesse de
Clèves pour le duc d'Orléans, 544.
— Écrit à Boisy qu'elle compte lui
réserver la garde d'Amboise, 544.
— Lui annonce que Condé rendra
les étalons des haras, 544. ■ — Pro-
met à la duchesse de Guise pour son
fils la main de la fille du maréchal
Saint -André, 545. — Parle à la
duchesse de la publication de la
paix, 545. — Engage le Parlement
de Paris à ne pas poursuivre le pro-
cès contre les protestants de Meaux ,
546. — Invite Gonnor à faire payer
la garnison de Metz, 546 , 55o. —
Donne l'ordre au comte du Lude de
réprimer le pillage en Poitou, 5 4 7.
— Prie Gonnor d'envoyer de l'ar-
gent au trésorier Brochet, j '1 7 . —
Envoie au bailli de Vermandois
copie de la publication de la paix,
549. — Donne l'ordre au comte du '
Lude de fair séparei I*'* protestants
encore en armes dans le Poitou,
548. — Avertit Gonnor «pie Melz
esl toujours sous la menace d'une
attaque, 54g-55o. \ envoie
Vieilleville, 54g. Prie Gonnor
d'en faire payer la garnison, 54g,
55o; de p tyer la garnison de
Saint-Dizier, >.>o. — Envoie à Gon-
nor une lettre du Roi, 55o. — Invite
le Parlement de Dijon à publier la
paix, 55o, 5.u. - Prie Monlucde
la faire publier parle Parlemenl de
Bordeaux, 55 1; — de rompre les
associations catholiques, 55a. —
Ecrit à la duchesse de Guise pour
maintenir la promesse de la grande
maîtrise, 553. — Sa première lettre
à François I", append. 554. — Ses
lettres à Marie de Guise, reine
d'Ecosse, où elle lui parle de Marie
Stuarl, append. 555 , 556, 507. —
Recommande à Henri 11 Jehan de
Montagu, append. 557, 558. —
Donne à Henri II des nouvelles de
la guerre, append. 558. — Lui
fait dire par Fumel ce qu'elle a
fait pour les vivres, append. 558,
559. — Ecrit au connétable au sujet
des vivres de l'armée, append.
55g, 56o. — A M"" de Saint-
Mesme au sujet du projet de faire
le duc d'Anjou cardinal , append.
56o. — Envoie sa peinture à
Marie Tudor, append. 56 1. —
Renvoie M. de Saint-Mesme auprès
de sa femme, append. 56i. —
Prévient Henri II des démarches
faites pour obtenir de l'argent,
append. 50 1. — Ne croit pas à ia
prétendue grossesse de Marie Tu-
dor, append. 56-j. — Désigne
Jean-Baptiste Gonds pour tuteur de
Philippe Strozzi, append. 563. —
Propose des galères à la veuve de
Strozzi, append. 503. — La prie
d'apporter la bibliothèque du maré-
chal Strozzi , append, .'lO.'i. — Désire
que Philippe Strozzi soi I mis s
la tutelle desa mère, append. 564,
note. — Annonce à sa fille la reine
d'Espagne la découverte d'un com-
plot, append. 565. Prescriptions
qu'elle ordonne pour les soins de
la santé de sa fille la reine d'Es-
pagne, append. 163
Parle à M'"° de Clermont de son
entrevue avec Philippe II, append.
5(>ij. — Recommandations quVII.
fait à sa fille la reine d'Espagne,
append. 568. - Triste tableau
qu'elle lui fait de sa situation, ap-
pend. 568. — Compte sur elle,
append. Ô69. — Annonce à l'é-
véque de Limoges la mort de
François II, append. 56g. — Lui
expose la conduite qu'elle suivra,
append. 570. — Le prie de veiller
suc les pratiques faites pour le ma-
riage de Marie Stnart et de Don
Carlos, append. 570. — Ecrit à
Coignel pour obtenir des Suisses un
prolongement de remboursement,
append. 671. — Parle de nouveau
à l'évéque de Limoges du mariage
de Marie Stuart et de Don Carlos,
append. 57a, "173. — Le prie de
bien expliquer au roi d'Espagne
et au duc d'Albe les motifs de sa
conduite, append, ."i->. 573. —
Demande le maintien de L'Huil-
lier su r l'état des serviteurs de la
reine d'Espagne sa fille, append.
573. — Se plaint à Coignel de la
propagande protestante faite par
ceux de Genève, append. 576, 575.
— Donne des conseils à sa fille
Elisabeth pour sa santé et lui envoie
des remèdes, append. .'17a. —
Remercie le duc d'Albe de lui avoir
annoncé l'amendement de sa fille,
append. "17."). — Fait remercier le
roi d'Espagne de ses offres, ap-
pend. 5 7 5 . — - Annonce à l'évéque
de Limoges son départ pour Fon-
tainebleau, append. 576. — Écrit
89-
708
TABLE DES MATIERES.
de nouveau à la reine d'Espagne
au sujet du mariage de Don
Carlos, append. -"i 7 G . — Recom-
mande à la reine d'Espagne de
suivre les conseils de l'évèque de
Limoges, append. 576. — Annonce
à l'évèque de Limoges la conclu-
sion des Etats d'Orléans, append.
.177. — Est résolue d'employer la
douceur pour ramener les dévoyés,
append. 577, 578. — Satisfaite de
la visite faite à son fils d'Anjou par
le baron de Polviller, append. 578.
— Invite M. de Saint-Mesme à ne
pas déplacer le duc d'Anjou, ap-
pend. 578. — Écrit à l'évèque de
Rennes à l'occasion de la diète de
Naumbourg, append. Ô7<). —
L'invite à pressentir l'Empereur sur
sa ligne de conduite, si les princes
protestants refusent de se rendre
au concile, append. U79. — Ecrit
à Coignet au sujet des marchands
suisses, append. 58o. — Donne
certaines instructions pour la déli-
vrance des passeports aux mar-
chands suisses, append. 58o. —
Prie sa fille la reine d'Espagne de
ne pas ajouter foi aux menteries
qu'on fait sur elle, append. 58i.
— La rassure sur les intentions
du roi de Navarre, append. 58 1.
— Ce qu'elle ditdes Guises, append.
58a. — Remercie le prince d'Evoli
de ses bons offices, append. 58a.
— Propose son intervention auprès
du Grand-Seigneur en faveur de
Philippe 11, append. 583. — Prie
l'évèque de Limoges d'insister pour
la récompense du roi de Navarre,
append. 583. — Ecrit à l'évèque
de Limoges au sujet de la négo-
ciation de Don Juan Maurique, ap-
pend. 584. — Proteste de son affec-
tion pour le roi d'Espagne, append.
584. — Parle de la tranquillité de
la France, append. 584. — Prie
l'évèque de Limoges de surveiller
le prince d'Evoli, favorable au car-
dinal de Lorraine, append. 585. —
Consent au retour de M'"" de Cler-
mont, append. 585. — Parle à
l'évèque de Limoges du refroidis-
sement du mariage de Don Carlos
et de Marie Stuart, append. 585;
— r de l'obséquiosité de Marie
Sluart envers elle, append. 585.
— Fait part à l'évèque du conflit
intervenu entre le roi de Navarre et
le duc de Guise, append. 586. —
Empêche le départ du roi de Na-
varre, append. 586. — Se plaint
du nonce, append. 586, 587. —
Annonce à l'évèque de Limoges
que le duc de Savoie demande la
restitution des places du Piémont,
append. 0S7. — Envoie une bague
à la princesse d'Evoli, 5S8. — Parle
à M '" de Clennont du retard de son
entrevue avec Philippe II, append.
588. — La rappelle, append.
588. — Félicite sa fille la reine
d'Espagne du contentement que son
mari a d'elle, append. 589. —
Conseils qu'elle lui donne, append.
58g. — La prie d'annoncer au
roi son mari le mariage de M"e de
Bourbon-Montpensier avec le comte
d'Eu , append. 58g. — La prie de
donner à M°" de Vineux la charge
de ses bagues, append. 58g. —
Ecrit à Coignet au sujet du paye-
ment des Suisses, append. 5go. —
Recommande à sa fille le roi le Na-
varre, append. 5gi. — Ce qu'elle
dit des Guises, append. 5g3. —
Mande M"" de Clermont, append.
5;|3. — La fait remplacer par
M"" de Vineux, append. 5g3. —
Ses plaintes contre les Guises, ap-
pend. 5g3. — Mènera couronner
François II à Reims, append. 5g3.
— ■ Demande' des gants à sa fille,
append. 5g3. — Lui enverra des
haquenées. — L'invite à favoriser
le mariage de Dona Juaua avec Don
Carlos, append. 5g3. — La prie
de solliciter une récompense pour
le roi de Navarre, append. 5g4. —
Lui donne des nouvelles de ses
frères, append. 5g3, 5g4. — Prie
Coignet d'obtenir des Suisses la re-
mise des intérêts en retard, append.
5g4. — Craintes qu'elle manifeste
du mariage de Marie Stuart et de
Don Carlos, append. 5g5. — Prie
l'évèque de Limoges de s'entendre
avec la reine d'Espagne pour em-
pêcher le mariage de Marie Stuart
et de Don Carlos, append. 5g5. —
Le prie de poursuivre la récompense
du roi de Navarre, append. 5g5.
— Envoie à Coignet un paquet
pour l'évèque de Rennes, append.
5g5. — L'invite à faire entrer Berne
et Zurich dans l'alliance avec la
France, append. 5g6. — Lui
promet de l'argent sur la recelte de
Lyon, append. 5g6. — Attend au
sacre le duc et la duchesse de Lor-
raine, append. 5g6. — Est restée
la même vis-à-vis de sa fille de
Lorraine, append. 5g7- — Elle a
tout le commandement et ne se
soucie plus des menteries répan-
dues, append. 597. — Prie sa fille
de toujours bien se recommander à
Dieu, append. 5g7- — Fixe à Coi-
gnet l'époque et le lieu où il lou-
cbera de l'argent pour les Suisses,
append. 397, 5g8, 5gg. — Fait
connaître à Coignet son itinéraire,
append. 5g7, 5g
Lui annonce
l'arrivée à Lyon des deniers qu'il
attend, append. 597,598. — L'in-
vite à se trouver à Bâle, append.
5g8. — Instructions qu'elle lui
donne par rapport aux Suisses,
append. 5g8. — Permet à Coignet
de venir en France, append. 599.
— Se plaint à l'évèque de Limoges
des calomnies répandues sur elle
par Cliantonnay, append. 599. —
Justifie l'assemblée tenue à Saint-
Germain-des-1'rés, append. 5gg.
— Justifie sa conduite, append.
600. — Recommande Marie Stuarl
à l'évêque île Limoges, append.
Goo. — Recommande Je nouveau
le fait du roi de Navarre, append.
600. — Se loue du roi de Na-
varre, append. G01. — Envoie | r
loi d'Ausance en Espagne, append.
601, l'i a. — Adresse à la reine
d'Espagne les peintures de ses frères
et sœurs, append. G02. — Fait
demander aux Suisses de ne pas
recevoir les receveurs infidèles et
fugitifs, append. 602. — ■ Félicite
Coignet de son règlement avec h-
capitaines suisses, append. 6o3.
— Remet de traiter d'affaires à
son retour, append. 6o3. — Prie
sa tille de faire révoquer l'ambas-
sadeur Çhanlonnav, append. 60A.
— Raccommode Condé et le duc de
Guise, append. 6o4. — Ses mé-
fiances à l'égard du mariage de
Marie Stuart, append. Goô. - —
Recommandations qu'elle fait à sa
fille d'aider Dona Juana à épouser
don Carlos, append. 60 5 ; — d'aider
le roi de Navarre, append. 6o5.
— Prie l'évêque de Limoges de
découvrir ce qu'il pourra d'un projet
de ligue, append. 6oô, GoG. —
Justifie auprès de lui l'assemblée
de Paris, append. 60G. — Lui
demande l'état de la maison du roi
d'Espagne , append 606. — Lui
écrit pour le payement de la dot
de sa fille, append. GoG. — Avertit
l'évêque de Rennes que les évêqnes
français sont préls à partir pour
Trente, append. 60G. — Lui fait
le récit du colloque de Poissy,
append. 607, 608. — Annonce
la suspension de fedit de juillet
à l'évêque de Rennes, append.
609. — Fait donner un avis à
l'évêque de Limoges sur Chan-
lonnay, append. 609. — L'assure
que le roi de Navarre n'a aucun
doute de lui , append. 609. — Le
prie de rester à son poste, ap-
pend. 609, G10. — A reçu le récit
TABLE DES MATIERES.
de la négociation de d' Ausance,
append. 610. — A appris de l'é-
vêque de Limoges la bonne tour
mire des affaires du roi de Na-
varre, append. 610. — Lui trace
sa c luite, append. 6to. — Lui
expose les difficultés de sa situation,
append. 6 ti, 61a. - Insiste auprès
de l'évêque de Limoges pour la
1 compense à donner au roi de
Navarre, append. 61a. — Invite sa
fille la reine d'Espagne à s'entre-
mettre du mariage de sa sœur et
de Don Carlos, append. 6i3. —
Invile sa fille la reine d'Espagne à
aider au mariagede Dona Juana avec
Don Carlos ou avec Charles l\,
append. Gi3. — Est heureuse des
démonstrations d'amitié de Phi-
lippe II, append. G 10. — Justifie
l'amiral de Coligny auprès de Phi-
lippe II, append. 61 3, G lit. —
Repousse les calomnies semées
contre le jeune Roi, append. 61 '1.
— Envoie Rambouillet en Espagne
pour donner des éclaircissements
sur sa mission en Allemagne, ap-
pend. 61 4, 61 5, GiG. — Instruc-
tions données à Rambouillet, ap-
pend. Gi.'i, Gij, 616, G 17. —
Ecrit à la duchesse de Cuise pour
lui annoncer que la duchesse de
Ferrare s'est accommodée avec elle ,
append. G 17. — Lui souhaite un
fils, append. G 17. — Promet à
Laurent Strozzi de le récompenser
des avances faites pour la guerre,
append. 618. — Parte de François
de \alois à la duchesse de Guise,
append. 618.
Médicis (Clarice de), A3, A4, notes.
Médicis (Garcia de), tue son frère le
cardinal de Médicis, 446, note;
S '17. — Meurt d'une blessure reçue,
4 A 7, noie.
Médicis (Isabelle de), tuée par son
mari, 8f>, note.
Médicis (Jean dk), le chef des bandes
noires, 2 , note.
709
M nu, is | Le cardinal Uippolyle de) , sa
succession, 107, note; tu, 1 iu.
Médicis | Le cardinal Jean di
— Tué par son frère Garcia . '1 '1 6 .
note ; '1 '1 - .
Médicis (Julien de), 7/1, note; 107.
Médicis (Laudamine nui. désire voir
les enfants de Catherine, ali. —
Lettre que lui écrit Catherine au
sujet de la tutelle de son lils, ap-
pend. 563. — Catherine lui offre
des galères, append. 563. La
piie de rapporter la bibliothèque
du maréchal Slrozzi, son mari, ap-
pend. 5G3. — Désignée par Ca-
therine comme administratrice des
biens de son fils Philippe Slrozzi ,
append. .'iii.'i , note.
Médicis (Laurent de), 74, unie.
Médicis (Lorenzino de), l'assassin
d'Alexandre de Médicis, ."-î., , note.
Médicis (Lucrèce de), fille de Cosme,
note sur elle, 60.
Médicis (Lyon de), vient en France,
27.
Médicis (Madeleine de), 109, note.
MÉDICIS (Nicolas m i. envoyé par le
duc de Florence, 27-28.
Médicis (Les), -\.
Meleto ( Gismundo de), recommandé
par Callicriiti- au dur de Florcnc,
- 10.
Meli\ (Antoine), 619.
Mei.i.e ( Le siège de), 968, note.
Mello (Le château de), 9
Meluk, ;.">. 76, a88, a8g, 3o.'i,
3o5, 435, '192.
\ll\ii"--l. (Jacques di 1. au,,. —Noir
sur lui, 200. — Une indisposition
l'empêche de se rendre en Suisse,
•>i i>. — Proposé par Catherine
pour remplacer plus lard Coignet,
3 1 6. — Envoyé en Espagne . 3 15.
— Expose au Parlemenl les mo-
tifs du dépari du Roi pour Blois,
i85.
Menthok (François de), enseigne de
la compagnie du duc d'Etampes,
1.37. — Note sur lui, 137.
710
TABLE DES MATIERES.
Merindol, i45, note.
Méhu. Voy. Ourle* de Montmorency.
Mervai. (Louis de), cilé, 36, note.
Mesmyn (Le capitaine), son vaisseau
pris par les Espagnols , a 1 1 .
Mesnil (Le s' du), gouverneur de
Saint-Dizier, 55o.
Mesvillier, odieux aux habitants de
Monldidier, 3.r)8.
\[etz, 60, note; 73. — (Nécessités
de), 454. — L'Empereur demande
sa restitution, 5o4. — Note à ce
sujet, 5o4. — (Entreprises proje-
tées contre), 54a, 543. — Sa gar-
nison non payée, 5/19, 55o.
Metz (Les magistrats de); Catherine
leur écrit au sujet de l'exercice de
la religion réformée en leur ville,
128.
Meudon, 310.
Meilan, 492.
Meung (Le haras de), 21, 277.
Meung-sur-Yèvre, 38i, 384.
Mewtas ( L'envoyé anglais , Sir Peter),
1 a5, 367.
MÉZIERES, 489.
Michel (Francisque), cité, 1, note:
26.
Michel-Ange, 74, note.
Middlemore, sa lettre à Ceci), 53a,
note.
Mi os et, cité, 10 4, note.
Mignorati (Pierre), 38.
Milan, 131, 3o5.
Milan (Le duché de), ambitionné par
Catherine, 3 19.
Millet (Jacques), envoyé par Cathe-
rine auprès du Parlement de Pa-
ris, 369.
Mirandole (Le comte de la), a5,
note; 99.
MinoN (Gabriel), envoyé par Cathe-
rine auprès du Parlement de Paris,
a6g.
Modène, 16, 70.
Modène (Archives de), 2,6.
Moisï (André), 437, note.
Moldavie (La), spoliée par le duc
d'Alexandrie, 979.
Monceaux, 380, 28a, 3i3, 3i5,
3i8, 3ao, 3ai, 3aa, 3a4, 3a5,
44i.
Monchenu, envoyé par Catherine au-
près de Souhise, 897. — Note sur
lui, 397.
Monluc, 94, note; i4E
Envoyé
par Catherine à Lyrolles et Serignac ,
aia. — Chargé de punir les meur-
triers de M. de Fumel, a6i, note.
— On parle de lui pour remplacer
Bordillon en Piémont, 365. — Ce
qu'il dit d'un entretien qu'il eut
avec Catherine au sujet des lettres
adressées à Condé, a8a, note. —
Cité, 3a8. — Félicité par Cathe-
rine de la délivrance de Toulouse,
33 1. — Invité par elle à se réunir
au comte de Tende et à la Mothe-
Gondrin , 33 1 . — Autorisé à prendre
cent mille livres sur la Guyenne et
Toulouse, 333. — Retient Maison-
Rouge, 33a. — Invité de nouveau
par Catherine à se joindre à Gon-
drin, 339. — Autorisé à prendre
ce qu'il a demandé de ceux de Floi-
rac, 376. — Chargé de pacifier la
Guyenne, 38i. — Se joint aux
Espagnols, 388. — Pacifie la
Guyenne, 3g5. — Ecrit à Cathe-
rine, pour se plaindre de Biron,
3g8. — ■ Se justifie des excès de
pillage qu'on lui impute, 3g8,
note. — Throckmorton se plaint
de lui, 4o6. — Félicité de ses ser-
vices par Catherine, 4si. — Com-
plimenté pour sa victoire sur Duras,
4a 1. — Demande lui est faite
d'hommes d'assaut, 4a 1. — Chargé
d'obtenir du Parlement de Bordeaux
la publication de la paix, 55i; —
de rompre les ligues catholiques,
55a.
Montagne (Jacques de), note sur lui,
3a8.
Montagu (Jehan de), marchand flo-
rentin, recommandé par Catherine
au duc de Florence à l'occasion
d'une nef qui lui a été prise. 69.
— Recommandé par Catherine à
Henri II, 557, 558.
Montaigne (M. de la), envoyé par
Catherine à Tavannes , 344 .
345.
Montaré (M. de), 324. — Note sur
lui, 324.
Montaugis, 38, 4oo, 5o3, 533. —
Catherine y passe, append. 617,
note.
Montbel (Jacqueline de), daine d'En-
tremont, 17, note.
Montberon. Voy. Montmorency.
Montbrison (Prise de), 368, note.
Montbrun, s'empare de Chalon, 32C.
note.
Montdidier, 3as, 358, 54g. —
(Troubles à), 193, 343.
Montejean (Gilonne de), 147, note.
Montferrat (La marquise de), 39g.
478.
Montferrat (Le marquisat de), 370.
Montfort (Françoise de La Queille.
dame de), recommandée par Cathe-
rine aux gens du Parlement de
Dijon, 101, io4.
Montport (Louis Oddinet, s' de), 106.
— Porte au cardinal de Lorraine les
dernières conditions pour la res-
titution des places du Piémont.
4 1 6. — Chargé de donner des
nouvelles du siège de Rouen, 4 16.
— Assiste à l'assaut donné à Rouen
4ao.
Montfort-l'Amaiht ( Le haras de) , 2 1 .
Montgommery (Gabriel de), assembk
des forces, 375. — Note sur lui.
375. — Pardon offert à ceux qui
le quitteront, 387. — Sa défenso
de Rouen , 4 1 4 , note. — Entre
à Dieppe, 45g et note.
Mostholon (François de), recom-
mandé pour un office de conseiller
par Catherine, 483. — Note sur
lui, 483.
Montigny (Floris de Montmorency.
s* de), 35g. — Sa mission en Es-
pagne, 36o.
Montmeillan, 36o.
TABLE DES MATIÈRES.
711
Mostmorenct (Anne de), lettres que
lui adresse Catherine de Médicis,
3, 5, notes. — Catherine lui fait
part de sa grossesse, 6. — Lettre
qu'il adresse à M. d'Humières, 3g,
note. — Lettre qu'il reçoit de ' i
tlierine à l'occasion de la fuite du
prieur de Capoue, 'i3. — Catherine
lui recommande Pierre Strozzi, 'i.">.
— Nouvelle lettre qu'il reçoit de
Catherine au sujet du prieur de
Capoue, 46. — Écrit a M. d'Hu-
mières à l'occasion de la maladie de
Claude de Valois, 4 g. — Lettres
qu'il reçoit de Catherine pour le
remercier de ses bons offices, 5a.
— Catherine lui parle de son pou-
voir comme régente, 5a. — Elle
lui demande des nouvelles du Roi,
5a. — Lui parle des larcins des
commissaires des guerres, 53. —
Henri 11 le prie d'envoyer ses en-
fants à Amhoise, 53, note. —
Ecrit à Catherine au sujet de la place
qu'occupait M"' de Dammarie au-
près du duc d'Orléans, 63. — Ca-
therine lui demande des nouvelles
du Roi et des siennes, 64. — Elle
lui demande des instructions pour
les enfants d'honneur, 64. — Écrit
à Catherine pour faire punir les
pionniers qui se retirent du camp,
65. — Catherine se plaint de ce
qu'il ne lui envoie pas des nouvelles
du Roi, 66, 67. — Elle lui annonce
le jour de son départ de Sedan et
de son arrivée à la Fère, 68, 69.
— Félicitée par elle de l'accouche-
ment de sa fille de Turenne, 69.
— Va dresser l'armée, 7a, note.
— Catherine lui annonce son arri-
vée à Melun, 70. — Elle lui écrit
à l'occasion de la prise d'Hesdin,
76, 77, 79. — Mandé par elle, 80.
— Sollicité par Pierre Strozzi en fa-
veur de Léon Strozzi, 88 , note. —
Catherine lui écrit au sujet du cui-
sinier du pape, 98; — au sujet de
la prise de Casai, 99. — Elle lui
annonce qu'elle envoie M"' de la
Berlandière soigner la connétable,
100. — Elle lui écrit au sujet de
l'arrivée de son fils François de
Montmorency à Péronne, io3. —
Encouragé dans sa prison par Ca-
therine, 1 07. — Reçoit par Camb)
une lettre de Catherin'', 118. —
Elle lui annonce qu'elle a de-
mande l'abbaye de Maubuisson pour
sa fille, ia5. — Nouvelles qu'elle
lui donne de son départ pour Rlois.
1 "7; — du prochain départ de
sa fille Elisabeth, 137; — de
la mort du duc de Ferrare, 137.
— Sa rançon, 139. — Don que
lui font les États de Languedoc,
129. — Catherine lui annonce son
arrivée à son château de la Fère,
19'r. — Reçoit d'elle des droits
de relief, 19Û. — Prévenu par
elle de rassemblements d'hommes
armés à Reims, ig4. — Ce qu'elle
lui écrit au sujet du don des États
du Languedoc, i54. — Note sur
ce don, i54. — Cité, a8o. —
Propose de se retirer, 3o8. —
Rassure Catherine, .'517. — Cité,
337. — Sa lettre au sujet des trou-
bles, 369, note. — Annonce sa vi-
site à Catherine, 434. — Cité,
'l 'iS. — Prisonnier à Dreux, 453.
— Emmené à Orléans, 46i. —
Catherine veut l'aboucher avec le
prince de Condé, '170, 48o. —
Ce qu'en écrit Damville à la con-
nétable, 507, note. — Catherine
lui envoie Lacoudre au sujet de la
grande maîtrise, 5i3. — Vient a
Orléans, 517. — Cité, 5ai. —
Annonce la paix à Gonnor, 537,
note. — Y est favorable, 54 1, 54a.
— Cité, append. 637.
Montuoheiscy (Charles de), s' de Méru,
note sur lui, 117. — Lettre que
lui écrit le dauphin François de
Valois, 117, note. — Son conflit
avec l'exempt des gardes, 380. —
\imoiice à Catherine l'accouche-
ment de la femme de son frère
Damville, i35. — Reçoit le collier'
de l'ordre, 53o
Montmobsnci (Éléonore i>e), femme
de François de la Tour, elle ac-
couche d'un fils, 6g.
Montmorency (François de), 77, g3,
notes. — Fait maréchal, ia8. —
Cité, r '1 '1 , 1 S:> . — Envoyé i Paris .
ig3. - Parle de la maladie du doc
de Guise, 330. — Prisonnier depuis
la pi'iseile Terournni' ■ 1 "3. — Cité.
a46. — Invité par Catherine à faire
une l'iiipiélepinir police allicb' e
au Patriarche, 3G0. — Sa harangue
au Parlement de Paris, 263. — Cité,
3 o5. — Va recevoir la soumission de
Dieppe, 43o. — Cité, 134, 148.
— Chargé du logement de l'ambas-
sadeur d'Angleterre, 484. — Sa
lettre à la connétable à l'occasion de
l'explosion des poudres à l'Arsenal ,
5g 1 , note. — Cité, 4g3. — Reçoit
l'ordre de Catherine de faire assem-
bler la gendarmerie. 696. — Cité,
497, note. — Dix canons lui sont
demandés par Catherine, 5oa. —
Chargé de lever de nouvel les troupes ,
5o3. — De rétablir l'ordre à Meaux ,
5 1 o , 5 1 1 . — Averti de la blessure
duduc île Guise, 5ia. — N'obtient
pas la charge de grand maître , 5 1 3,
note. — Apprend par Catherine la
conclusion de la paix et ses condi-
tions, 5a8, 5ag. — Chargé par
elle d'insister auprès du Parlement
de Paris pour la publication de la
paix, 53s , 535, 537. — Assiste à
la séance du Parlement de Paris.
538, note.
Montmorency (Gabriel DE),srde Mont-
heron; lettre qu'il écrit sur la bles-
sure du connétable, 1 17, note. —
Tué à Dreux, 456. — Note sur lui.
156.
Montmorencv (Henri de). Voy. Dah-
vrr.i.K.
Monthorescv (Louise de), ia5.
Montmorency (Marie de), a4g.
712
TABLE DES MATIERES.
Montmorin (La maison de), 3a4,
note.
Mo.nimort (La seigneurie de), i85,
note.
Mommort (Le s' de), i85.
Montpellier ( Les habitants de ) , armés
par Joyeuse, 3a8, note.
Montpensier (La duchesse de), récon-
cilie Catherine et le roi de Navarre,
•77-
Montpensier (Le duc de), transaction
de son procès avec la couronne,
portée au Parlement, 207. — His-
torique de ce procès, 207, note. —
Fait connaître l'état de son gou-
vernement, 01 5. — Envoyé en
Guyenne, 376. — Reçoit l'ordre de
faire partir Sansac pour Tours, 4i 1.
— Invité à remettre ses forces à
Sansac, 4ii. — Envoyé par Cathe-
rine à Toulouse pour adoucir les
rigueurs du Parlement contre les
protestants, 4i5. — Ses pleins
pouvoirs comme chef d'armée, 618.
— Reçoit un message de Catherine,
420. — Ordre prescrit pour les
troupes que Catherine lui envoie,
425. — Son témoignage invoqué,
507, note. — Cité, 517. — Né-
gocie la paix, 5a6, note. — Assiste
à la séance du Parlement de Paris,
538, note. — Agréable au Parle-
ment de Paris, 53g, note. — En-
voyé à Paris, 545, 546. — Cité,
585. — Envoie chercher sa tille en
Espagne, append. 5g2.
MoiNTI'ezat (MelchiordesPrez, sr de),
lettre de lui à Catherine, i5o, note.
— Note sur lui, i5o. — ■ Blâmé
par Catherine et François II
pour avoir laissé lire la requête
de ceux de la religion, aux Etats
de Poitiers, i5i. — Transmet
cette requête au cardinal de Lor-
raine, i5i , note. — Sa compagnie,
5 16.
MoNTPIPEAU, 75.
Montréal, envoyé en Espagne, 5ga.
Montrésor, 1 38 , note.
Montreuil (La garnison de), 467.
Montrond (M. de), 3a4. — Note sur
lui, 32 4.
Mont Sainte-Catherine (Le fort), sa
prise , 4 1 4 . — Catherine de Médicis
y. loge, 4i5.
Mont-Saint-Michel (Le), 537.
Moiieic (Le trésorier), fait le récit de
la prise de Rouen, 43o, note. —
Envoyé à Lyon, 56i, 562.
Morel (L'écuyer), 21, 622.
Morette , envoyé du duc de Sa-
voie, 2 44, 287. — Catherine s'en
remet à lui, 288.' — Note sur lui,
Morin (Le trésorier), 48o.
Morvillieh (Jean de), évèque d'Or-
léans, 4 2 4, note sur lui. — Prié
par Catherine de faire accepter
par Bordillon la décharge portée
par San-Fré, 4a 4. — Catherine
approuve ce qu'il a fait pour la
solde des troupes du Piémont, 4a 4.
— L'invite à rester en Piémont,
4a4.
Morvilliers (Louis de Lannoy, s' de),
en apprenant que l'on a livré le
Havre aux Anglais, se retire de
Rouen, 385.
Morvilliers (Marie de), 101, note.
Moscovite (Le), en guerre avec le roi
de Pologne, 20 4.
Moulins, i48, note; a38, 3a4.
Molstiers (Jean de), évèque de
Rayonne; note sur lui, 89. — Ca-
therine lui annonce la bataille de
Renty, 93, g4.
Mocvans (Paul Richiend, s' de), ra-
vages qu'il commet, 356. — Note
sur lui, 356.
Murât (Le s' de), gentilhomme ser-
vant de Catherine, 87. — Envoyé
par Catherine au roi de Navarre,
3a5. — Note sur lui, 325.
Murâtes (L'abbessedes), 5. — Lettres
que lui écrit Catherine, 8, 28.
N
Nançay (Le capitaine), 46, note.
Nantes, a 10, 476.
Nahtes (Troubles à), 217, 36g.
Nanteuil, io5.
Nantouillet (Duprat de), g3, note.
— Sa maison saccagée, ig3.
Naples, 5g.
Nassau (Guillaume de), prince d'O-
range, g3.
Nassau (Jean IV, comte de), passe
pour mort , g3.
Nasv, 7.
Navarre (La maréchale de), 56a.
Navarre (Le maréchal de), 56 1.
Navarre (Le prince Henri de), 3a 1.
— Catherine pense pour lui à la
fille du roi de Bohème, 187.
Navarre (Le royaume de), i84, 228.
Naumbourg (La diète de), 173,57g.
Negrepelisse (Louis de Carmain, s'
de), envoyé à Toulouse, 307. —
Note sur lui, 307.
Nemours (Jacques de Savoie, duc de),
3g, note. — Cité, 80. — Cathe-
rine lui écrit pour se plaindre des
propos qu'il a tenus à Nanteuil,
197. — Il s'en excuse par une
lettre, 1 97. — Note sur lui, 197.
— Accusé d'avoir voulu enlever la
duc d'Orléans, a 43, 2 44, a 45,
a46, a5o, a58. — Ce qu'en écrit
Charles IX, a5o. — Réconcilié avec
Catherine, 3o3. — Renforce son ar-
mée, 3g5. — Reçoit de Bourgogne
de l'artillerie , 4 1 0. — Catherine lui
promet de l'argent, 4 10. — Prié
par elle de faire partir un courrier
pour le Piémont, 4 10. — Situation
de son armée, 4io, note. — Aas
Italiens amenés par lui, 4i3. —
Rohertet lui annonce l.i [irise de
Rouen . 'i l 'i , mite. — Renfoi
Bordillon, 44o. - Annonce à Sou-
biseia victoire de Dreux, 607, note;
'i-v — Pénurie de son armée,
'170. — Secouru d'artillerie, &q3.
— Cité, 5oo. — Prévenu par Ro-
hertet de la mort du duc de Guise,
5 1 4 , note.
\ti:rcn ini. ( Les gens de 1, 3oo, noie.
Nicolai (Le géographe Nicolas de1);
Cathfiiii" il aiide p • lui une
escorte à Renée île I'htuv. -.,'is.
- Note sur lui,
Nicolas (Les religieuses de Sàiht-),
30.
Ni 01 im C L'historien), a-'i , note.
Nicot (L'ambassadeur Jean 1, note sur
lui. ita. — Invité par Catherine
à quitti 1 le Portugal où l'on fait peu
de cas de lui, a»o. — Ses lettres
TABLE DES MATIÈRES.
conservées à Saint-Pétersbourg,
aïo, note. — Lettre de lui à
1 lhai les 1\, aïo, note. - Cib
NlCOi (Le président Jean), mandé à
Chartres, '1711.
Nioriiii i Francesco 1 . apporte à Cathe-
rine une lettre du duc de Florence,
1 a. Recommandé par Catherine
au duc de Florence, 1 9.
Niquet, abbé de Saint-Gildas, envoyé
à Rome par le cardinal de Fei rare,
a44.
\i-i 1 Le 1 bateau de), 199.
Nivbrnois (François de Clèves, duc
de), 345. — Défend Troyes, 356.
— Mandé par Catherine, 443.—
Blessé à mort à Dreux .
Noailles (Antoine de), ia6, note.
Nouli.es ( Gilles de), ambassadeur en
Angleterre, Catherine I" prie de lui
acheter des chevaux, 126. — Noie
713
sur lui, 1 a6. — Envoyé en Eco
iii'i. Ses instructions, 1 65, note.
— Cité, 53i,6a6.
Noaiixbs ( François di ,1 irêquedeDax),
ia6, cote. Lettre que lui écrit
1 iatbei ine en lui envoyant son por-
trait, appi nd. 56 1 . — Cité, append.
61 3, 61 '1 . 6a3 .
loi
N0OEHT-I.E-R0TB.OI , '173, note.
Voci st-sur-Sei ■ .
Nihkm 1 1 I 'ile de 1.
Normandie (La), 317, 38 1, 3g5, 4 1 5,
'i.'hi , 158 . 16a . '17O. igo, 197,
igg . 5o3 , 5i8, 54
Normandie i La lî v-si. |, au pouvoii
dl S \iij;l.iis. 54 1.
Northampton (Le marquis de); dé-
pêche de lui . V- . note.
NoiiVF.ii' (René de), général des li-
nances, 2 ■'.">.
1 (Les' db). 33,
0
' Il ihiosi, N8, noie.
Oiboe (Le château d'), 22, note;
4i, note.
Oisel ( Henri Clutin s' d'), envoyé au-
près des princes prolestants d'Alle-
magne, 36-'i. — Note sur lui, 364.
— Ses instructions, 364 , noie. —
Cité, 444, 445. — Chargé de la
garde de Condé, 452. ■ — Offre de
l'argent, '190. — Envoyé à Orléans
pour la paix, '196, 507. — Cité,
">i 3 , ">2 2, noie.
Olbadim (Le chevalier), recommandé
par Catherine au duc de Florence,
i'i.
Olivier (Le chancelier), i4i, note.
Ondadet (André), 5aa.
Okzaih (Le chdleau d'), 507.
Oran, 172.
Orange (Guillaume, prince d'), ses
noces, a3t.
Oiibitelle, 109, note.
Orléanais 1/ ', 46a , note.
Orléans , 50 , noie; I 5l , l54, i 55 .
i58, 161 , 166, 167, 168, 182,
197, 207, 286, 3g3, ag4, 3o8,
317,320,321, .'! ■> 3 , 3 3 5 , 336 ,
350,361,371,371s, 3g3, 395,
4ci , 4o3 , 4t t , 4i3 , 'u5, 432 ,
/i 2 .">> '129, 43o, 437, A4i . 4g5,
497, 4g8, '199 , 507 , 5og, 5i6,
017, Ô27, 52g, 533, 535, 54o.
ORi.ÉA>s(Ceux d'), lèvent des troupes
en Allemagne, 483.
Orléans (Charles duc d'), mort à
Forét-Moutier, 1 a , 27, note.
Orléans (Le camp d'), 5a3, 545,
546,549, 55o.
Orléans (Henri de Valois duc d'), sa
maladie, 4l. — Amélioration dans
son état, 4l. — Catherine, ordonne
qu'il soit, sevré, 70. — Pris de
lièwe et île rhume, 7". Nii|;n
par Burgensis, 70. — Proposé pour
représenter le duc de Bourgogne au
sacre de Charles IX, 19a. —
Projet de l'enlever attribué au duc
de' Nemours, a'i3, note: a45
266, a58. — Cité, 3a 1 , 4oo.
Orléans (Le duché d'), ig5, note.
Orléans (Le Portereau d'), menacé
par Guise, 4g6. — Sa prisi
5i 4.
Orléans (Les Klals d'), '177.
Ornano (Vanina), tuée par son mari
San Pielro Corso, aga.
Orolant- Desnos ( L'historien) , 26,
note.
Orsin (Chappin), lo.
Obsiki (Troilo), 48, note.
Oi 1 uns, 'u , note.
Ozio (Jehan-Baptiste), évéque de
Rieli, 110.
Catherine de Médicis.
9°
71'
TABLE DES MATIÈRES.
Padoee, 57g.
PtLAISEAC (M. de), 268.
Palatin (Le comte), se rend à la diète ,
Paléolocce (Guillaume), marquis de
Montferrat, 399, note.
Paléoloble (Marguerite), duchesse
de Mantoue, 96.
Pallavicini( L'historien), append. 620.
Pandolphe, prisonnier en France, i5.
— Cité, 619.
Parèle (M. de), envoyé du duc de
Savoie, 43g.
Pareiti (Nicolas), 3g.
Parestroie (Le s'), 96.
Paris, 8,a5, 26, 33, 36, 76, 77,
89, 98, io5, 1 48, 181, s5o,
281,283,284, 385,391,398,
399, 3oo, 3oi , 3o3, 3o5, 3o6,
307, 3o8, 3og, 3io, 3si, 392,
'101, 4ig, 4a8, 436, 44i,44a,
443, 445, 474 , 475, Ù76, 4gi ,
4g8, Soi , 5og, 5i 1 , 5a5, 539,
545, 546, 548,56-j.
Paris (La facultéde), 679.
Paris (Le guet de), 198, 19g.
Paris (Le Parlement de) , sommé de
sévir contre les prédicateurs, 183.
— Lettre que lui écrit Catherine
au sujet des pairs devant assister
au sacre de Charles IX, igô. —
Invité par Catherine et Charles IX
à en terminer avec le procès du
prince de Condé, 197. — Blâmé
par Catherine de n'avoir pas payé
le guet, 198. — Menacé d'une
retenue sur ses gages, 19g. —
Mis de nouveau en demeure d'en
finir avec le procès du prince de
Condé, 201. — Félicité par Cathe-
rine d'avoir sursis à l'arrestation de
deux prédicanls, so8. — Invité
par Catherine à publier les cahiers
des Etats d'Orléans, a35. — Ca-
therine lui recommande M. de
Sainl-Ciergues, 3-53. — Mis en
demeure de vérifier l'abolition
donnée à Ambroise, 25g. — Re-
montrances qu'il présente pour
les facultés du Légat et pour des
prisonniers anglais, s 5g, 261. —
Nouvelles instances que lui fait
Catherine pour les facultés du
Légat, 268, 36g. — Chargé de
poursuivre les auteurs de l'attentat
contre le portier de la porte Saint-
Antoine, 263. — Refuse de véri-
fier l'édit de janvier, 372. — Ce
que lui en écrit Catherine, 272. —
Mis en demeure de vérifier l'édit
de janvier, 274, 375;
de
pu-
blier l'édit des ajournements, 986.
— Répond à Catherine au sujet du
procès de Luzarches. 335. — Ca-
therine lui annonce l'accord conclu,
34o. — Sommé de publier l'édit
d'abolition, 466; — de ne pas
admettre le fils du président Le-
maistre, 467. — Reçoit lettres de
dispense pour quatre conseillers,
47o. — Cité, 483, 484. —Dé-
favorable aux mesures de clémence
en faveur des protestants, 478. —
Averti du départ du Roi et de Ca-
therine pour Dlois, 463, 48o,485.
— Refuse de payer les dépenses
de quatre de ses membres envoyés
à Chartres, 4go. - — Invité à pour-
suivre les rebelles, 4g3; — à sai-
sir leurs biens, 4g3; — à prendre
des mesures pour l'entretien de
l'armée, 5oo. — Recommanda-
tions qu'il fait à Catherine pour la
religion, 538, note. — Le paye-
ment de ses gages est promis, 53g.
— Ce qu'il décide de la biblio-
thèque de Catherine de Médicis,
append. 563, note. — - Cité, 637.
Paris (Le peuple de), ses violences,
466, note.
Paris (Leséchevins de), leur lettre à
Catherine, 5a 5, note.
Paris (M. Louis), cité, i43, i5i.
Parme (Marguerite d'Autriche, du-
chesse de), plaide avec Catherine.
1 07, 110, 119, 1 1 5, 116. —
Citée, i63. — Demande l'extradi-
tion des réfugiés, 343. — Pressée
par Catherine de faire entrer les
Espagnols en France, 862. — Ar-
gentqu'elle envoie en France. '.',-?>.
— Secours qu'elle envoie, 374. —
Ecrit à Philippe II à l'occasion de
la conduite à tenir avec les Alle-
mands, 3go. — Lettre que lui
écrit Chantonnay, 678, note.
Pasavicis (Tobie), ambassadeur de
la Seigneurie de Gènes, 1 38.
Parquer, chargé par Catherine d'une
levée de Suisses, 297. — Ce qu'en
dit de Bèze, 397, note. — Cité.
3i6, 4 99.
Passerivi (L'historien), 338.
Paul III, 98, 107, note.
Pail IV, 98, note. — Lettre que lui
écrit Catherine au sujet de ses pro-
cès,107. — Cité, 132, 928, 579.
Pivan (M. de), chargé de mettre
l'ordre à Meaux, 5 10. — Note sur
lui, 5io , 5i 1.
Pays-Bas (Les), 37.5.
Pays-Bas (Les réfugiés desi, 343. —
Renvoyés de Montdidier, 358.
Pbcbi (Antonio), 61.
Pelissier, envoyé par Tavannes à
Catherine, 339, 13s.
Pelocqui», 56o.
Pepy (Jheronymo), 35,311.
Perat (Dr), porte des dépèches, 1 1 7.
— Cité ,117, note.
Perche (Le comté du), 478, note.
Péi.onne, 103,169, 193,296,37.3,
388, 54g.
Péro-Pelido, 10g, note.
Peroczk (La), 35g.
Perron (Le château du"), 4i.
Perron (Le fils de M. du), 196.
Perron (Marie de Pierre-Vive, dame
di ) , recommandée par Catherine
au duc de Florence, 45-j.
Perissi (Antoine), Gao.
Perissi (Nicolas), 618.
PïSi wr.E t François de), chef des lla-
liensvennsau secours de Charles IV
•'Kio; note sur lui . 36o.
Pescaire (Le marquis de), ambassa-
deur d'Espagne au concile de
Trente, 3o5.
Pltillar (Le comte de), recommandé
par Catherine, 398. — Sa récla-
mation. 'i7'i. append. 6l5, 616.
Petba-Sari ta . 1 .
Philippe 11. 10, note. — Sa politique.
109, note. — Quitte les Flandres
pour retourner en Espagne, ta 4.
— Lettres de lui, î.'ii. — Envoie
Garcilasso de la Vega en France,
1 .'!<>. — Instructionsqu'il lui donne.
■ 36. — Envoie Don Antonio de
Tolède en France. 1 69. — Sa
lettre à Catherine pour lui annoncer
la guérison de la reine, sa lille,
iiiù. — Cite, 190. — En di
ment avec le dur de Florence pour
la possession de Sienne, ■>o.">. — Ses
protestations d'amitié à Catherine,
208. — Cité, 397. — Remercié
de ses offres par Catherine. 3o3.
— Cité. 384. — Ne veut pas se
brouiller avec les Allemands pour
cause de religion, 3g2, note. —
Favorable à la restitution des pla-
ces du Piémont. 43 1, note. —
Son intervention réclamée contre les
Anglais, A5o, 65i. — Désire le
titre d'empereur des Indes. 5o4,
note. — Offre des secours pour em-
pêcher la paix, 5o8, note. — ■ Dis-
pute la préséance, 5 '10. — Cité,
5a6. — Content des agissements
de Catherine, append. 572.
Plvr.ELLA, 'l'in.
Pibrac, envoyé i Trente, '1/17.
Picardie (La;. 36 1 ,362, 667, 475,
'ni". 5ig.
Picardie (Le gouvernement de), 5 1 3 .
note.
TABLE DES MATIÈRES.
Picardie (Les garnisons de) . 471.
Picardie (Les places de), -1*9.
PiCkERisu (SirWilliam (.ambassadeur
d'Angleterre, 4N, 55. — Lettre de
lui, 60, note. — Cité, 77.
Pie IV, 1 ■'.'>. note. Le comte de
lioussillon lui est recommandé par
Catherine, 4o5. — Envoie l'évê-
qne Commendon auprès de l'Em-
pereur, append. ."179. — Catherine
se plaint de son nonce, append.
586, 587.
Pu nom ( Le] . 354, S3o, 536.
I'ii'mom (Les capitaines du), 6l3.
Piémost (Les places du), 869, 'us.
— Ce qu'en pense Robertet, '1 1 ■• .
note. — Difficultés pour leur resti-
lulion, 43i. — Leur restitution,
46i.
Pierres (M. de), 376, note. — Se
soumet. 391. — invité à veillersnr
les protestants qu'il a enrôlés , las.
Pierre-Vive (Catherine de), gouver-
nante des enfants de France, 4i.
Pisard, 89, note.
l'i\i. w i> (M.), cit''. .'! i '1 , 55a.
Piso, 53.
Pitti (Anastase), 632.
Plais (De), secrétaire de Catherine,
97-
Planci . cité, 1 1 9.
Plessis (Les' di ), nommé genlil-
• homme de la chambre de Char-
les IX, 3(io. — Cité, 423, 4p/i.
Plessis-lès-Todrs (Le château du),
4o.
Pliviep.s, 435. — Sa prise. 135,
note; 5oi , note.
Poissï, '191 .
Poissï (Colloque de), i54. — Les
évéques s'y réunissent, 931. — Ce
qu'en dil Gbantonnay, asi. — Ce
qu'en dit Charles l\ , a38, note. —
Livres écrits sur le colloque. a38,
note.
Poitiers (Diane de), 19. — Ses
lettres publiées par M. Guiffrey. 37.
— Lettres d'elle à M. d'Humières,
39, 4o, 4i , note. — Recommande
715
au connélablede veillersnr Henri 11 .
64. — Ecrit à M™" d'Humières au
sujel du rétablissement du duc
d'< Irléans, 7 1 .
Le t5i,nole;48g IMI
par 1rs protestants, .V18.
P01 Les Etats du 1, i.'u . note
Pou Les prisons du ! . 53o.
Policuac (Jeanne de), mariée à
François de Tournon, 77.
Pologre (La), 2."i'i.
Pologre i Le roi de), guerre entre lui
el le Moscovite, ao4.
Pou 11.1.1:11 (Le baron de), visite li
duc d'Anjou, append. 576. — Noie
sur lui , append. ~>7S.
PoMPADOoa (François de), ;.'i, note.
I'o-vt-de-l'Arciik (Le), ÛQ9.
PoPELiRiène (L'historien La), 28a
Pomrcouit (Bertrand de), veut s'era
parer de la porle Saint-Antoine
363.
Popiri 'ii rt 1 Si dilion à). 1 g.'i.
Portai. (Jean ), viguier de Toulon-,.
décapité' . 33g
Pobtal, trésorier général de Tou-
louse, 81 .
PoBTIA . lille du s' de Malateste.
56.
Porto-Eri.oi.e (Siège de), 100. —
Sa prise. 100, note. — 109. noie.
Pobtbgil (Jeanne, princesse m
seconde fille de Charles-Quint , 1 •> 1 .
— Remerciée par Catherine des
lettres qu'elle lui a écrites après 1 1
mort de Henri II, 131.
l'or.Ti i.al (Le), j 12 , 310, 53 1 ,nole.
Portugal (Le prince de), écrit une
lettre de condoléance & Catherine,
13 1.
Poton (M. de), sénéchal d'Agenois,
invité par Catherin'' à ne pas quil
ter sa sénéclianss.r, - \:\.
Prévost, secrélairede Catherine, io5.
Prez (La terre de |, 33.
Prez (Yollant de), 33.
Prie (M. de), envoyé à Gien, tit'.i.
— Chargé d'arrêter le prévôt 'I
Gien, 5a5. —Cité. 533.
go.
716
TABLE DES MATIERES.
Protestants (Les chefs), offrent de
se retirer, 346. — Ne tiennent pas
leur promesse, 346.
Provence (La), 1 83, 325, 34 1, '117.
Phovost, secrétaire de M. de Gonnor,
'130 , 4^5.
Pi'chesse (Baguenault de), cité. 4a4 ,
note.
Pcjy (Le), 3a8, note.
Piï (Le cardinal Jacques du), arche-
vêque de Bari , 1 56.
0
Ouantin, 324, note.
Qceille (Jean de la), recommandé
par Catherine au Parlement de I Queille (La maison de la), io5,note
Dijon, 106. I QiiMPEn (L'évêché de), 107, note.
R
Rabltin (François de), 77, 79, notes;
93'99-
Raconïs ( François de) ; Catherine prie
Gonnor de le rembourser de la
somme qu'il a versée au duc de
Savoie pour dot de la duchesse ,
386.
Raguïeb (François), s' d'Esternay,
/192, note.
Rambouillet (Le cardinal de), 2o4.
Rambouillet (M. de), envoyé en Sa-
voie, 2 44. — Note sur lui, a 4 4.
— Envoyé en Allemagne, 278. —
Sa mission en Allemagne justifiée,
298. — Envoyé en Espagne, 298,
3oi. — Ce qu'il écrit de Madrid à
Catherine, 3o2. — Note sur sa
mission, 3oi, 3o2. — Cité, 3 10. —
Sa mission en Espagne, 336, note.
— Mémoire sur sa mission rédigé
par l'évèque de Limoges, append.
61 4.
Randan (M. de), blessé à mort devant
Rouen, 420, note.
Rire (Christophe de Lancy, sr de),
56 0.
Iîeddon (L'orfèvre Pierre), mande à
Paris, 429.
Reiffemberg (Le capitaine), ses offres
refusées, 48 1.
Reims, 7.3, 89, 90, notes; 107, 1 85,
189, ig4, 593, 598, 600.
Reims (L'abbaye Saint-Pierre de),
125.
Reims (L'académie de), i54, note.
Renard (L'ambassadeur), relation qu'il
donne de la guerre dans le Cam-
brésis, 86, note. — Lettre de lui
sur la prise de Mariemhourg, 89,
1 o3 , notes.
Resnepo.nt (Jean de Paris, s' de),
268.
Rendes (L'évèque de), lettres que lui
écrit Catherine à l'occasion du con-
cile de Trente , 1 56 ; — au sujet du
concile, 1 7 1 ; — au sujet d'un pro-
jet de mariage entre l'archiduc
Charles et Marie Stuart, 186; —
à l'occasion des retards apportés à
la réunion du concile, 2û3; — au
sujet des craintes d'une guerre a\ec
l'Espagne, 206; — au sujet des
propos que lui a tenus l'empereur
Ferdinand sur le projet d'un concile
national, 207; — au sujet des
bruits d'une rupture avec l'Espagne ,
208. — Catherine lui fait part de
la lettre que lui a écrite l'Empereur
et de sa réponse, 229. — Elle lui
écrit au sujet des affaires de la Hon-
grie, 229 ; — au sujet des noces du
prince d'Orange, 23i. — Elle l'en-
tretient des divisions des électeurs
séculiers de l'Empire, 23 1 ; — du
projet du roi de Danemark d'as-
sister aux noces du prince d'Orange,
a3i. — Le prévient qu'il y a re-
noncé, 23 1 . — Invité par Catherine
à ne plus parler du concile à l'Empe-
reur, 2 54 ; — à se tenir sur la réserve
avec le roi de Bohème, a54,255;
— à ne pas favoriser les prétentions
du roi de Bohème, 2.55; — à l'a-
vertir de ce qui se passera à la
journée impériale, 27.3. — Elle
lui écrit qu'elle a lu ce qu'il lui a
mandé de la ligue, 278. — Ce
qu'elle lui en dit, 278. — Elle lui
demande de la renseigner sur les
troubles de la Moldavie, 279. —
Elle lui recommande le comte de Pe-
tillan, 279. — Elle le prie de voir
l'Empereur au sujet du concile,
290. — Elle lui expose ce qu'elle
a fait pour la conciliation, 334. —
Elle lui annonce le prochain départ
des évéques pour le concile, 334.
— L'approuve de n'avoir pas pré-
senté à l'Empereur les lettres pour
le comte de Fiesque, 334. — Tient
le couronnement du roi de Bo-
hème pour assuré, 334. — Lui
annonce que la préséance a été
rendue par les légats du concile à
Lansac, 335. — Le gratifiera à son
retour, 335. — Lui fait le récit de
la rupture de sa négociation avec
Condé, 35o. — Lui fait part de la
mission de d'Oisel auprès des princes
protestants, 364. — Lui parle des
espérances qu'elle a dans le concile,
364 ; — des plaintes que le pape
fait de Lansac, 364. — Le prie
d'oblenir l'intervention de l'Empe-
reur pour dissuader les princes pro-
TVBI.I- DES MATIÈRES.
717
testants de secourir Condé, 364.
Lettre qu'il reçoit de L.i
379, noie. — Invite à mode-
réclamations auprès de l'Kmpereur
pour les réformes, afin que le pape
ne rompe pas le concile, 399. —
Catherine promet de pourvoir à sa
dépense. 3g3. Ce qu'elle lui éci il
au sujet du concile, lo3. — Ce
lui dit de l'Empereur, io3.
Iverti par Catherine de ce qui se
passe au concile. io3 ; — de la ré-
sistance qu'on opposera aux Alle-
mands à leur entrée en France,
4o3. — Ne doit pas aller à la diète,
par suite du refuspour la préséance,
4n4. — Prévenu du départ pour le
concile du cardinal de Lorraine,
ii6. — Invité à se rendre à la
diète, I16. — Remontrances qu'il
doit présenter aux princes de la
Germanie, '117. — Renseigné sur
la situation, '117. — Chargé d'ob-
tenir de l'Empereur l'accord des
prélats allemands avec ceux de
France, 168. — Catherine lui de-
mande lu réponse faite à Spifamepar
leurs de l'Empire, '172. —
L'enlrelienl de la Transylvanie, I72.
— Invité par elle à bien instruire
de tout le cardinal de Lorraine,
173. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine au sujet du capitaine Reiffenj-
berg, ifii; — au sujet de l'arche-
véqne de Trêves , h S 1 ; — au sujet
du cardinal de Lorraine, 48 J. - —
Parle à Catherine du bon effet pro-
duit par la victoire de Dreux,
— Renseigné par elle sur les
espérances de paii , 5o4 ; — sur les
progrès de l'armée, Jo4. — Ce
qu'il devra répondre au roi de
Bohême offrant la main de sa fille
pour Charles IX , 5o i. -D m
de portraits que lui fait Catherine,
.1 i'i. — Instruit par elle de la de-
mande faite par l'Empereur de la
restitution de \Ielz, Toul et Ver-
dun, 5o4. — Lellres que lui écrit
Cathei ine: au sujet de la diète de
Naumbonrg, append. ."">-<>; — à
l'occasion du départ îles évéqnes
français jionr Trente, append. 606 ■■
— à l'occasion du colloq lePoissy,
append. 607, <>o8.
llt.Mi 1 Bataill note.
bks | Don Berenquier de), pri-
sonnier du Grand-Seigneur, 17:!.
Retbkl, 68.
Retz (Le cardinal de | , S5a.
Retz (Le maréchal de), Si.
Redhohi M di . 1 il . 1 . 5 , notes.
Rbedolphi (Vincent de), recommandé
par Catherine au duc de Florence,
i3.
RaïKGBAVE. Voy. S u.m.
Ridieh (Le recueil de), ôa, note; 8G.
Ri '.-"il (Jean-Baptiste) . envo
le duc de Florence pour compli-
menter Henri 11 sur son avènement,
a 4.
Ricasoli (Leone), ambassadeur du
duc de Florence . 1 • 1.
Riccio (Manuel I, 5.
RicuELiEi, la reine ne veut pas de lui
pour commander à Tours, 34a. —
Vote suc lui, :; la.
Ridoi.fi (Louise). I
Ridolfi (Rossi), t • 1 9.
Ridolfi (Vincent), 619, 6aa.
RiEDI (Claude de), 17, note.
lin 1 \ .ban DE ). in » t ■ - sur lui. 65.
Ru ! évéque de; , "1 1 i , note.
RiMF.Bi (Andréa 1, 3.
Robeiitet, 58. — Ce qu'il écrit au
duc de Nemours de M"" de la
Rerlandière et d'Hauleville, 80. —
Cil . 87. — Lettre de lui . 1 5o,
noie — Sa lcllre a Catherine au
sujet de la restitution des places du
Piémont, 4 12. — Raconte au duc
de Nemours la prise du Mont Sainte-
Calherineet lesiège de Rouen , '1 1 '1 ,
note. — Rend comple au duc de
X e moui-s de l'assa u t de Rouen , 4 a 0,
note. — 'Parle au duc de Nemours
de la pénurie d'argent, '177. — Lui
annonce la blessure du duc de
Guise. 5i • . note. — Lui an
sa mort, ôi ô.
Rocii (Le capitaine . 15a.
Rociii 1 ii 1, 4i8, noti
lliabitanLsde
Catherine de leur dévouemenl
— Lettre que leur écrit Charles IX .
36g, note.
s (Les ulliciers de la), invil s
â \ allersur leur ville,
3oa.
b-Yoîi Le pi ince delà
148.
R0CKEXD01.F !/• comte i ■■
lui , 45o.
Rodi - ! I„i châlellenie de), 5 i
Rodolphe .fils aine du roi des Romains .
- Dési é par Catherin
Marguerite de \ .lois.
Rouan i Françoise de), séduite par le
duc de Nemours, 1 97.
leiu uierie Le médecin La), di
lui, 54 , 060.
Rom uns (Le roi des); sa fille pi
a 1 iharles IX, 45o.
Rome, 35, 38, 13,
note; 46o. 53i, 616, append.
ne! ■.
R.iMui'.Avm. 10, 6a, i38, note; 38 1,
RoaoïiiMix (L'édil de |, 1 i.:.
Rom 111 iiùLLEs (Margueri!
note.
Roksard, scs vers sur Lansac.
note.
I Marguerite de la
1 I dossaire de), Ai.
1 "Il . :
Rosenberg (Guillaume de), a3t>, noie.
Rosi eh, 73.
lin m un6 (Jacques de), abbé d iPibrac,
recommandé par Catherine au duc
de Florence pour un procès, 43.
Ko -tu m, , fiislan de), 98, iOO,5ia.
RoDEV, 36, 37, 11"' 1. '11
\-- 1 .i donné •>
Rouen, 4 20. — Prise de Rouen.
l.e camp devant 1. '110, 4i3,
718
TABLE DES MATIÈRES.
4 1 5 , 4 1 8 , &19, 4 9 0 , 4ai, £22,
/ia3, 4s4.
Roubn (Ceux de), attendus par Ca-
therine, 3i4. — Leurs lettres à
Charles IX, 3i4, note; — au duc
d'Aumale, le priant de les épargner,
317, note. — Conditions que leur
offre Catherine pour se soumettre,
322, 3a3.
Roue» (Le Parlement de), 478, noie.
Roien (Les échevins de), rassurés par
Catherine sur l'exécution des pro-
messes du Roi, /138.
Roussilion (Just de Tournon, comte
de), recommandé par Catherine au
pape, 4o5. — Note sur lui, 4o5.
Roissillon (Le), a5o.
Roussillon (Le comté de), 357, note.
Rocville, 4i4.
HovERE (Jérôme de la), évèque de
Toulon; note sur lui, 142,147.
Roville (Guillaume), réimprime à
Lyon le livre de Henri VH1 contre
Luther, 287, note.
Rlble (M. de), cité, g4, 3a8, notes.
Rubis (Ilieronime de), 621.
Rucellai (Annibal), recommandé par
Catherine à M. de l'isle, a 28. —
Note sur lui, 328.
Ristan-Bassa, lettre que lui écrit Ca-
therine, 174, 626.
Riy-Gomes. Voy. Évoli.
Saconaf ( Gabriel de), dénoncé à Calvin
par Throi kmorton pour une pré-
face injurieuse à la mémoire de
Henri VIII, 337.
Sacï (Le sr de), capitaine du Mont
Saint-Michel, 537.
Saffraï (Isabeau de), 462, note.
Sagle (Jacques La), papiers saisis sur
lui, 147.
Saint-Aigu an, i38, note.
Saint-André (Jacques d'Albon, maré-
chal de), lettre qu'il écrit au sujet
du maréchalat pour François de
Montmorency, 1 38. — Recommandé
par Catherine au Parlement de
Dijon, 310. — Offre de se retirer,
309. — Opposé aux Allemands à
leur entrée en France, 4i3, 4i4.
— S'achemine a Bar-sur-Aube,
422. — Tavannes doit lui amener
les Suisses, 432. — Se joint aux
Suisses, 435. — Traité de la paix,
448. — Tué à Dreux, 455.
— Cité, 46i. — Sa lettre au roi
d'Espagne, append. 61 5, note.
Saint-André (La côte), 27, note.
Saint-André (La maréchale de), de-
mande audience à Catherine, 545.
— Réclame sa Aile, 545 et note.
Saint-Antoine (La porte), 262.
Saint-Antoine ( Le portier de la porte),
262.
Saint-Antoine (Le faubourg), 960.
— Tentative faite contre lui, 262.
Saint- Barnabe (La), 302.
Saint-Barthélesit (La), 375, note.
Sunt-Bonnet (Le s' de), 542.
Saint-Briedc (Jean du Tillay, évèque
de), 446.
Saint-Brieuc (L'évêché de), 74.
Sainte-Catherine. Voy. Mont-Sainte-
Catherine.
Saint-Ciergue (Bohier, sr de), recom-
mandé par Catherine au Parlement
de Paris, s5s.
Saint-Cloud, 493.
Sainte-Colombe, 443. — Envoyé en
mission à Bordeaux, 55i, 552.
Sainte-Croix (Le nonce Prosper de),
note sur lui, 192. — Ses mauvais
offices à l'égard de Catherine, 228.
— Se plaint de l'arrestation de son
courrier par M. de Bordillon, 23o.
— Parle de la prise d'un convoi
d'argent, 523, note. — Explique
les nécessités de la paix, 639, note.
— Lettre de lui, 53 1, note.
Saint-Denis, 77, note: 434.
Saint-Dizier, 6.
Saint-Dizier (La garnison de), non
payée, 55o.
Saint-Eustache (Sédition à), ig3.
Saint-Ferme (L'abbé de). Voy. Bou-
cher.
Sainte-Foï (Charles Chabot, sr de),
assassiné, 376. — Note sur lui,
376.
San-Fré, Catherine réclame pour lui
la terre de ce nom, 36 1. — Lettre
écrite par Brissac en sa faveur, 36 1 ,
note. — Sa mission en Piémont,
422. — Ses instructions, 4s2 , note.
Saint-Gelais, 22, note.
Saint-Gelais (La foire de), 70.
Saint-Germain (La forêt de), remise,
491.
Saint-Germain (La maison de), 324,
note.
Saint-Germain-des-Prés, 307, 208,
310, 211.
Saixt-Germain-en-Lave, i4 , i5, 20,
35, 33, 34, 35, 36, 75, 81,82,
83, 84, 103, 113, 116, ia3,
303, 316, ss6, 237, s3i, s34,
2.35, 337, s38, ail, 342, 243,
25o, s5i, 252, 253, a56, 257,
258, 25g, 260, 261, 263, 263,
266, 267, 268, 269, 273, 274,
375, 377, 378, 381, 283, 391.
433, 434, 484, 6o3, 609.
Saint-Gildas (Niquet, abbé de), i5g.
— Envoyé à Rome, 4 09 et note.
Saint-Laurent, 5a2, note.
Saint-Laurent (L'abbaye de), 101,
note.
Saint-Laurent-de-Florence ( L'église ) ,
74.
Saint-Laurent-des-Eaux, 5 1 3.
Saint-Léger (Le haras de), 377, 372.
Saint-Lô, 37.5, note. — Son déman-
tèlement ordonné, 419.
Saint-Marcel ( Le quartier ), 4 2 5 , note.
TABLE DES MATIÈRES.
719
Saint-Marcel (Le faubourg i. s6o.
SaINT-MaRCOII.-DE-CoRBERIE, I9O.
Saint-Martin (L'abbé de), 433. —
Note sur lui, 433.
Saint-Martin i Le treillis dr L'église
de), 5o.
Saint-Martin i Loys de), 433, note.
Saut-Mabtih (Melcbior de), 433,
noie.
Saiht-Mrsiie, renvoyé auprès de sa
femme, append. 56o, note. — Ca-
therioe lui donne des instructions
pour le duc d'Anjou, append. 578.
Siiht-Mesuc ( Léonore Stuarl, daine
de), lettre que lui écrit Catherine
au sujet du duc d'Anjou, append.
.r>6o.
Saint-Mbshin (Le camp de), 5iô,
5ai, 5a6, 5t>7, ."129, 53o, 53i,
53a, 533, 534, 595, 536, 537,
538, 547, 548.
Saint-Michel. Voy. Mont Saint-
MlCUEL.
Saint-Pail (L'église), à Paris, ôo.
— Jacobin qui y prêche, 5o.
Saint-Pétersboirg, i4i, noie.
Saint-Péteissboi ro (La bibliothèque
de),possèdedcslellresdeNicoi,2 lu.
Saint-Point, sa lettre à Tavannes,
124, note.
Siint-Qlentin, 1 17.
Saint-Qcentin (La bataille de), 107,
108.
Saint-Régis , i4i, note.
Saint-Seine (Saisie de la terre de),
note.
Saint-Simon, 34o.
SiiNT-SiLPicE. remplace en Espagne
l'évéque de Limoges, 288. — Noie
sur lui , a 88. — Part pour l'Espagne ,
296, 3io, 3a8. — Sa présenta-
lion au roi d'Espagne, 536, note.
— Chargé de réclamer l'interven-
tion de Philippe II pour arrêter les
mauvais desseins de la reine Elisa-
beth, 370, 371. — Prévenu par
Catherine des projets des Anglais,
378. — Renseigné sur la marche
des Italiens, 374. — Prié de sol-
liciter le secours de trois mille che-
vaux, 376,375. Catherine lui
recommande M. d'Escars, 399. —
Kent à Gonoor au sujet de l'ar-
tillerie et de M. d'Estr 1 -, 39g.
— S'entretient avec le roi d'Es
pagne de la prise de Rouen
noie. — Lettre que lui écrit
Charles 1\ sur les derniers 1110-
menls du roi de Navarre, '■■
Chargé de solliciter l'accord des
prélats espagnols avec ceux de
France, 468, 46g. — Lettre qu'il
reçoit de Catherine au sujet de la
grande maîtrise , 5 1 3 , noie.
Saint-Victor-de-la-Côte, 37, note.
Saint-Yincevt (Antoine de), 299. —
\ole sur lui , 299.
Salcbde, demande de l'argent pour la
garnison de Metz, 3i3.
Saler» i Ferdinand de San-Severino,
prince de), 5i). — Noie sur lui,
59.
Salm (Anne de), 17, note.
Salm (Le rhingrave Jean-Philippe DR |,
envoyé en Allemagne, 978. Note
sur lui, 27S. — Reçoit l'ordre de
venir, 3 '1 7 . — Etal de ses troupes,
487. — Payement ordonné pour ses
troupes, 4SS. — Appelé par Cathe-
rine, 4gg.
Sauces (Auguste de), 270.
Silices (François de), 270.
Silices (Gabriel de i, évèque d'Aire,
270.
Sallces (Jean-Louis de), vient en
France, 26g. — Note sur lui, 270.
Sauces (Louis II dei, 270.
Sauces (Le marquisat de), 35g, 36o.
Salviati ([Sernard dei, 7.
Salviati (François de), envoyéi Cons-
tantinople, 172.
Salviati (L'évéqne), 20A.
Salviati ( Marie on), 2 . note; 3, noie;
8, append. 617.
Salvoison , 299. — Note sur lui , 299.
Samoïs (Le'pontde), 3 1 3.
Sancbe de Léria (Dom, prisonnier
du Grand-Seigneur, 172.
Saidi (Don Alvares de), prisonniei
du Grand-Seigneur, 172.
sur lui , 1 7a.
Sa« Pu rio Coaso, Catherine imite le
connélableà lui donner ;
Note sur lui . 10a. - - Lellr
lui. 203, ao3.
Sahsac lacques Prévôt, s di . Cathe-
rine l'i nvoie i Tours '•! à Etampi -
4 1 o. — Reçoit l'ordre de se joindre
à Charrit pour tenir tête aux Alle-
mands, i 1 1 , in, taiène I- -
bandes es] agi I 1, '1 ■.'.. noli
— Cité, '■> 1 7.
S H-Severi» Auiaim de), 60.
Sansovino, cité, 1 .
Santa-Criz (Le marquis de".
note.
Sapin (Le conseiller), réciami pai
Catherine à ceux d'Orléans, il 9.
— Pendu à Orléans , 4 1 9 , note. —
Son oflice, 419.
Sardini (Scipiou). noie sur lui, ls5.
— Envoyé en mission, ia6.
Sabla» (Le maître d'hôtel . 75. —
Envoyé par Catherine aupn
Condé , 44a. — Noie sur lui . '
Saiiriceaa ( Le cardinal Jean Mil hi '
i57.
Sariiacosse (Leprolonotaired.
note.
S viiTiN 1 Thomas), 37.
Sartini, 62 1 .
S u 11 ( M. de) , sommé de rendre la
ville de Lyon, 34o, noie.
Saulx (Mémoires de), 26, noie.
Savigny (Le s' de), note sur lui, 5 4 8.
— Arrête et dévalise Don Hernando .
548.
Savilun, 36g . .'ilii .
Savoie (Béatrix de Portugal, duchés*
db), 2 , note.
Savoie (Claude de). Voy. Tende.
Savoie (Henriette de), i5o, note.
Satoie i Isabeau de), 36, note.
Savoie (La), a4g.
S non: 1 Le duc di:1. Catherine lui en-
voie M. d'Elbèno, 127. — Félicite
par Catherine de la grossesse de la
720
TABLE DES MATIÈRES.
duchesse, 202; — decequela du-
chesse a senti bouger son enfant,
226. — Son appui auprès du pape
sollicite pour le roi de Navarre. 262.
— Catherine lui annonce la mort
de M°" de Monlpensier, 232. —
Klle lui écrit pour désavouer l'arres-
tation d'un courrier, 269. — Elle
lui écrit au sujet de la conférence
tenue à Lyon pour les places du
Piémont, 256. — Cité, a63. —
Remercié de ses offres par Cathe-
rine, 3oi,3o3,3o4. — Charles IX
lui demande passage par la Bresse
pour ses troupes, 329. — Cathe-
rine lui recommande M. de Com-
marieu, .'iôy. — Négocie pour la
restitution des places du Piémont,
359. — Secours qu'il emoie à
Charles IX, 060. — Traite avec
Bordillon pour les vivres, 4oo. —
Prévenu par Catherine que le pré-
sident de Montl'ort emporte les
dernières conditions pour la restitu-
tion des places du Piémont, k 16.
— Cité, 42/1. — Catherine s'excuse
auprès de lui des difficultés que fait
Boidillon, 629. — San-Fré les
aplanira, 42g. — Lettres de protes-
tations d'amitié que lui adresse Ca-
therine, 4 08, 439. — Envoie
Coconas en Espagne, append. 58 1.
— Cité, append. 601, Go3.
Savoie (Le Parlement de), 172.
Savoie (Le trésorier de), accusé de
détournement, 536.
Savoie (Marguerite de France, du-
chesse de), son départ, 12g. —
Egards que le duc a pour elle, 129.
— Son voyage, 129, note. — Sa
maladie , 1 3 6 . — Sa grossesse, 201.
Sont bouger son enfant, 226. —
Sa grossesse affirmée, 2 3a. — Ca-
therine craint que la nouvelle de la
mort de M"" de Monlpensier n'influe
sur sa santé, 23a. — Arrivée à
son huitième mois de grossesse,
"'i'i. — Invitée par Catherine à
accepter les conditions proposées
pour la restitution des places du
Piémont, 263. — Catherine lui
annonce que le fait du duc de Ne-
mours est arrangé, 3o3. — Citée,
3o5. — Somme versée pour son
douaire, 386. — Citée, 4og. —
Ecrit au connétable au sujet de la
restitution des places du Piémont,
43i. — Ecrit également à Gonnor,
43g. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine pour lui annoncer la mort du
duc deGuise, 516,517. — Mandée
par Catherine, 5 17.
Savoie (René de), 102, note.
Saxe (Anne de), ses noces avec le
prince d'Orange, 2-3i.
Save (L'Électeur de), hostile au roi
de Bohème, a55.
Sedan, 68.
Seghizo (Baptiste), 620.
Segbizo (Francisque), jugea Modène,
16.
Seguizo (Hercule), neveu de Jean-
Baptiste Gondi, premier maître
d'hôtel de Catherine, recommandé
par elle au duc de Ferrare pour re-
mise d'une amende, i5, 16.
Seghjzo( Marc-Antoine), 5aa.
Segm (L'historien), cité, gg, note.
Seguer (Pierre), 176, 483.
SEiNE(La), mesures pour en défendre
les passages, 4g8, 499.
Selim (Le sultan), 173.
Selve (De), évéque de Saint-Flour;
Catherine lui recommande les pro-
cès qu'elle a en Italie, 111,112.
Selve (Georges de), arrêté à Orléans,
4 19.
Selve (OdetDE), 538, note?
Semïet (M. de), 260.
Senarpost (Jean de Mouchy, s' de),
lettre qu'il reçoit de Catherine,
160. — Note sur lui, 160. — Re-
commandations que lui fait Cathe-
rine pour son gouvernement, 160.
— Note sur lui, 160. — Cathe-
rine lui recommande de veiller sur
les places de Picardie, 289. —
Note sur lui, a8q. — Catherine lui
envoie un passeport, 385. — Lui
donne ordre d'aller à Dieppe et de
la garder, 385. — Ce qu'en dit
Throckmorlon, 385, note. — Cité,
4g2.
Senart (La forêt de), 53o. — (Com-
mission donnée pour les taillis de),
53o.
Senecei (Nicolas de Beaufremont, sr
de), io5.
Senneterre (M. de), sa mission à
Lyon, 34o, note; 34i.
Sens, 5o3, 555.
Sens (L'ambassadeur), ig8.
Sens (Le diocèse de), 54.
Sens (Le receveur de), g'i.
Séraphin, auditeur de rote, remercié
par Catherine de ses bons offices,
257.
Serbelloni (Fabricio), Catherine se
plaint de lui, a63. — Ce qu'écrit
de lui Charles IX à l'évêque de
Limoges, a63, note.
Serignac (Troubles à), 212.
Ser isoles, 5 16.
Serman (Jean de), prisonnier du
Grand-Seigneur, recommandé par
Catherine à M. de la Vigne, 118.
Serre (De), 519. — Note sur lui,
5i9.
Sertas, 291, 392. •
Seurre (Michel de), envoie à Rome,
53 1 . — Note sur lui , 53 1 .
Séville , a44.
Sheers (John), i84, 23a.
Sidnet, envoyé pour proposer la mé-
diation de la reine d'Angleterre,
3ii, 3 12. — Retourne en Angle-
terre par Calais, 3i5. — Note sur
lui, 3 1 5.
Sienne, 88, note.
Sienne (Prétentions de Philippe II
sur), i84, 2o5. — Catherine en
voudrait pour le roi de Navarre,
i84.
Silvano (Laurent), 623.
Siuancas (La collection de), 1 4 g, note:
5o8.
Simeom (Gabriel), donne des nou-
TABLE DES MATIÈRES.
721
velles delà cour à Diipral de Nan-
lotiillet , 88 , note. — Son horoscope
pour le choix du jour du sacre de
Charles IX, 182.
SlSTBBOK, 38l .
Sun» (L'ambassadeur sir Thomas),
cïté, 458. — Prié d'attendre pour
une audience, 6âg. — Sa dépêche à
Cecil, ^7.3, noie. — Lettre de lui,
588, noie. — Dépèche de lui, '198,
note. — Ce qu'il mande de l'am-
bassadeur venu pour réclamer Metz ,
5o5, note. — S'explique avec Ca-
therine au sujet d'une proclamation
de guerre criée dans les rues de
Paris, 5ol>, 5o-. — Ce qu'il écrit
de Condé, 5ai, note. — Sa lettre
à d'An'delot pour lui reprocher la
paix, 533, noie. — Cité, 545.
Soissons, 5 99.
Solecre (Le comté de), 3oi.
Soliehs (L'Ilermile de), cité, 37,
note.
Somman 11, i45, 172, note. — Lettre
que lui écrit Catherine pour des
prisonniers espagnols, 173.
SOMBiij envoyé en France par la reine
d'Angleterre, '109, 5o6. — S'ex-
pliqua,1 ver Catherine au sujet d'une
proclamation de guerre criée dans
les rues de Paris, .joli, note; 507.
Sommerive (Le comte de), mis par
Catherine à la place de son père,
Claude de Tende, 3o4. — Ses démê-
lés avec son père, 3o4 , note. —
Chargé par Catherine de lever une
enseigne de gens de pied, 3 16,317.
— Prêta en venir aux mains avec les
troupes du baron des Adrets, 34i,
note. — Annonce la prise d'Orange,
356. — Catherine lui fait part de
la rupture des négociations, 368.
— Elle l'invite à se renforcer des
troupes d'Italie et de Savoie, 368.
— Il écrit à Catherine que son
père est aux mains des protestants,
38i, note. — Invite Catherine à
écrire à son prie de se retirer en
son gouvernement . 38 1 , nol ■
SOMMERSET, .r>23, note.
Soqi bnce (Gruchel reï. iig, note.
SoBBONM. | ta), "."> I .
Somu:s, -'7, note.
Soobise (M. de), Catherine l'engage
à faire sa soumission , 3go. - Note
sur lui, .'{90. — Chargé par Cathe-
rine d'amener Coligny à renvoyer
ses gens, 391, 397. — Ce qu'il lui
répond, 3517, note. — Ses mémoires,
397, note. — Invitéde nouveau par
Catherine et Chai les l\ à se sou-
mettre, 457.
SouiLLARD, sa dépèche à Catherine.
sur la mort du cardinal de Médicis,
447, note.
SpiNOCRi (Camille), 6a4.
Spezzia (La), 1 .
SrirAsiE (sr de Passy), sa harangue en
remettant à la diète les quatre Ici 1res
adressées par Catherine à Condé,
2S2, note. — Ses lettres aux églises
réformées, 286, note. — Ce qu'il
a dit à l'Empereur, 44i. — Accom-
pagné par Hotmail à la diète, V17,
note; /173. — Communique les
lettres écrites par Catherine à Condé,
448.
Strasbourg, 54, 3oo.
Strozzi (Alphonsina), 109, note. —
Mariée au comte de Kiosque, 1 3 1 .
Strozzi (Cosme), 621.
Strozzi (La s"). Voy. Laudamine df.
Médicis.
Strozzi (Julia), 100, note.
Strozzi (Le cardinal Laurent), solli-
cité par Catherine de s'occuper du
procès qu'elle avait en Italie, 109.
— Note sur lui , 1 09. — Va trouver
le connétable, 118. — Ce qu'en dit
Catherine, 119. — Cité, 620.
Strozzi (Léon), prieur de Capoue,
fait tuer Jean-Baptiste Corse, 13,
,,0le. — Sa fuite, 43, 44, notes.
— Se justifie, 54, note. — Sa
lettre è i latherine, 55 ■ note. I e
qu'écrit de lui Catherine au ronné-
table, ': i 56 Cité, '17. —
Demande à rentrer au sei vice de
la France . 88, noie. - Stipule «es
conditions, ss. Sa mo •
note. — Cité, 109.
Strozzi (Philippe), 53, note. — En-
voyé .1 M eaux , 356. Note sui
lui, 356. Payi ment de sa com-
pagnie, 372. — Mandé a\ec ses
forces par Catherine, 'n'i. — Câ-
lin rine désire que sa mère admi
nistre ses biens, append. 564.
Strozzi (Pierre); noie sur lui, 54.
Mandé par Henri II, 44, note. —
Recommande par Catherine au con-
nétable, '17. — Sollicite la rentrée
en grâce de s:in frère le prieur de
Capoue, 88, note. — Débat les
conditions de sa rentrée, 88, note.
- — Nommé maréchal de France,
89. — Proposé pour l'évêché de
15.17. is , 91. — Défait à Marciano,
; 'i , . .à. — Défend Porl Hen nie
98. — Catherine eu parle au car-
dinal dol'errare. 102. — Cité, io3,
107, 109.
Strozzi (Robert); noie sur lui, 109.
Stoart (Marie), 26, note. — Catherine
fait l'aire son portrait, 62. -Citée,
80. — Malade à Fontainebleau,
loi. — ■ Citée, 180. — Projet di
son mariage avec l'archiducChai les,
186. — Ce que Catherine écrit à IV-
vêquede Limoges de son projet do
mariage avec Don Carlos, 190.
Catherine envoie pour elle. l'Huil-
lier en Espagne, 19g. — Ce qu'en
écril Catherine à sa mère Marie
de Cuise, append. 556, 557. —
Inquiétudes soulevées par son projet
de mariage avec Don Carlos, 575,
576, note. — Son embarquement,
append. lio'i. — Projet de son ma-
1 m ;e avec Don Carlos, append. 600.
Syracim: I Le porl de), 54 . note.
Catherine de Médicis. — 1.
0'
722
TABLE DES MATIÈRES.
Taillandier , cité , 1 4 1 , noie.
Talcï, 342, 344, 345.
Tahizet de Larroqie, cité, 33 1 , note.
Tanara (Le marquis de), envoyé de
Portugal après la mort d'Henri II,
121.
Tancarville (Le château de), 45g et
note.
Tam:arville (Expédition contre le châ-
teau de), 465. — Sa reprise, 484.
Tanini (Laurent), aai.
Tassohi (Camille-Estence de), envoyé
du duc de Ferrare, îa.
Tavannes (Gaspard de Sauh, sr de),
recommandations que lui fait Ca-
therine pour son gouvernement,
109. — Note sur lui, i5ç). —
Lettre que lui écrit Catherine au
sujet des Maligny, 161. — Reçoit
île nouveaux ordres pour s'emparer
des Maligny, i64, 160. — Ses
instructions au sujet des protes-
tants, 168, 299. — -Manque d'ar-
gent, 3i5. — Autorisé par Ca-
therine à se servir de l'argenterie
des églises, 3 2 4. — Catherine l'en-
gage à conserver les places de son
gouvernement, 320. — Elle lui
écri t au sujet de sa rentrée à Chalon ,
337. — Charles IX veut l'envoyer
en Dauphiné, 3 29. — Reçoit l'ordre
de suspendre toute attaque contre
Mâcon, 344; — de garder les
Suisses à Chalon, 344; — de les
taire marcher, 344. — Se replie
sur Dijon, 344, note. — Cité, 368.
— S'approche de Lyon, 3go, note.
— ■ Reprend Màron, 3g5. — Re-
prend Tournus, 3gô. — Sa lettre
à Catherine au sujet de l'artillerie
de Rourgogne réclamée par le duc
île Nemours, h 1 0 , note. — Amène
les Suisses, 4 1 3. — Mission secrète
qu'il reçoit de Catherine, 427. —
Envoie un mémoire à Catherine,
'(63. — Invité à secourir d'artillerie
le duc de Nemours, 4g3. — Sa
lettre à M. de Villefrancon, 4 93,
note. — Remontage de son artil-
lerie , 4g5. — Payement de ses
troupes, 4g5. — Cité, 4g5. —
Catherine lui envoie le secrétaire
Marseille, 5oo.
Telignï, parle de la réception faite par
le duc de Savoie à Marguerite de
France, 12g. — Ce qu'en dit la
duchesse de Savoie, 129, note.
Tevde (Le comte de), cité, 69. —
Catherine le prie d'envoyer une ga-
lère au cardinal de Tournon, 137.
— Note sur lui, 1.37. — Charjé
d'arrêter les Maligny, 161, note;
— de réprimer les troubles de Pro-
vence, 1 83. — Catherine lui écrit,
3o4. — Mandé par elle, 3o4. — Ses
démêlés avec son fils, le comte de
Sommerhe, 3o4, note. — Cathe-
rine veut le joindre à Monluc, 33t.
Termes (Paul de Labarthe, sr de),
note sur lui, i5o. — Lettre de lui
sur le passage du roi de Navarre à
Poitiers, i5o,note. — Cité, 281.
— La moitié de sa compagnie
donnée à M. de Martigues , 3 1 1 .
Terride (Antoine de Lomagne,s' de),
cité, 361. — Invité à se joindre à
Monluc, 339. — Note sur lui , 33g.
Théophile (Le comte), envoyé en
Italie, 1 oâ.
Tueroie>.ne (La prise de), 77, noie:
to5.
Trtorj (Le président de), cité, 201,
369,260,375,399,435, 478. —
Sa lettre à Catherine au sujet d'un
arrêt, 009, note. — Justifie ce qui
a été dit des Anglais, 5og, note. —
Cil.'. 564.
Thoiars (Le duché de), 368.
Tholrï, 337.
Throckmorton, ambassadeur d'Angle-
terre; cité, 70, ia5. — Lettre de
lui j Cecil, ao5, note. — Lettre
que lui adresse le ministre des
Gallards au sujet de la réimpression
du livre de Henri VIII par Saconay,
337. — Cité, 25g, 263. — Cathe-
rine combat les raisons qu'il donne
pour refuser M. de Courtenai comme
otage, 273. — Cité, 281, 282,
383, 3oi, 3i 1. — Annonce la re-
prise des négociations avec Condé.
333 , note. — Annonce la paix à la
reine Elisabeth, 34a, note. —
Lui rend compte de deux entre-
vues avec Catherine, 366, note.
— Raconte la démarche faite par
le connétable pour faire venir Ca-
therine au camp, 370, note. —
Présente ses lellres de rappel, 370,
note. — Dépêche de lui , 3 7 6 , noie.
— Leltrcs qu'il reçoit de Catherine
pour des navires anglais arrêtés en
Bretagne, 096, 3g6, 4oo. — Ré-
clame un paquet qui lui a été retenu .
601. — Ce que lui en dit Cathe-
rine, 4oi . — Un sauf-conduit lui
est refusé, 4oi, 4os. — Explique
à la reine Elisabeth comment il a
été conduit à Orléans, 4oi, note.
— Sa lettre à Elisabeth, 4oi, note.
— Se plaint à Calherine de ce que
Monluc a maltraité un Anglais.
4 02, note. — Passeport donné à
un de ses gens, 4o5. — Sauf-con-
duit pour lui-même refusé, 4o6. —
Information faite de sa plainte contre
Monluc, 4o6. — Catherine lui re-
fuse de nouveau un passeport. 1 1 5.
— Sa réponse à Catherine, 4i5,
noie. — Réclame un cofi're renfer-
mant ses papiers, 438. — Propose
les moyens d'une pacification, 438 .
note.
Th.ladet (Le capitaine), cité, 261,
note.
Tillet (Jehan du), greffier nu Parle-
ment de Paris. 74, 534, note;
Ou 3.
TABLE DES MATIÈRES.
723
Tillet (Jehan du), aumônier de Ca-
therine, recommande par elle au
duc de Florence pour l'expédition
de l'évêché de Saint-Brieuc, 7 a.
Tolède ( Antoine de), envoyé par Plii-
lippe II en France, i4g, 545. —
Noie sur lui, 1 '19.
Tolède (Hernando de i, fils naturel du
duc d'AIbe, envoyé en France pour
empêcher la paix, 008 et note. —
Dévalisé par Savigny, ■'> i8.
Tor.wcioM ' Mtous" '1 . i43, note.
Tornabi o\! 1 Nicolo),évéquedeRorgo,
envovt du dur do Florence, 1 1,'i.
indré 1. recommandé | ar
Catherine au duc de Florence, ig.
Tobsilis (Jacques de), recommandé
par Catherine, 16.
Toutoret (Le recueil de), cité, 3o6.
rosciSE (La), a4 , 37.
Toil, 5o5, noie; 54a, 5431, 544.
Toulouse, i44, note: ai a, 28a,
18a.
Tolloise ( Délivrance de), 33i etnole.
Toclocse (Exécution faite à). 3a8.
I'oiloise 1 La recelte de), 33s, 33g.
Toclouse (Les capitouls de), lettre
qu'ils reçoivent de Catherine pour
le rachat des renies de leur ville,
85. — Prévenus de l'arrivée de
M. de Négropelisse envoyé par Ca-
therine, -i"7-
Toi i.ns 1 Le capitaine ut 1. 16a.
1 Le châtearj de 1, 4(ia.
i "i i.m 111- (J 'hôtel 'li' 1 . •! signé p ir
Catherine pour loger I ,
4g4. 1 iipii i e sN oppose, 4g4,
note. — Boisy désigne leur place ,
'l'i '1 , note. — \ endu par Gath
rine, ig5, note.
ToDRKELLEs(Les écuriesdes), ul lise
pour logei poudi
Tourson (Hélène db), citée, a 57, note
Totjrnok (Le cardinal de), cil
77, 7S. ''<>. -ss- 8g, go, gi. —
Revient en France, 1 33, 137.
Cité, i33,4o5.— Voit Charles IXà
la messe, append. 61 '1. — Cité, 616.
Toirnov (Le comte Just de), note sur
lui, a! "17. 3o3
Todbniis ; Tavannes s'en empare. 3g5
Todbs, agg, 34a, ia8, 354, '<-">.
479,490.
Tours (Le maire de), mandé à Paris,
— Note sur lui, 4aS.
Transylvanie (La), 472.
Transylvanie (Le prince de la), sa
situation, 334. — Son accord avec
les Turcs, 35o. — Catherine nie
lui avoir écrit, 472.
Trbignac (Geoffroy de Pompadour,
s' de), cité,
Treille (Le lieutenant), 45g.
Tia u.os . note sur lui. go.
01 m Lesr de),i il". 108.
Trente. 4o3, ■*■<>'► , 545.
Thème Le concile de), 64, note. —
Ce qu'en Mit Catherine, 1 -'17. 1 5g
1 60. Retardé par le papo
— Ce qu'en '-'ni Catherine, 37g,
3*0..
Il llllo
ouverture pour le mariage de
Charles l\. 153, E181.
Tretignob (h'' capitaine), recom-
mandé pa;- Catherine au duc d'E
lampes, 378.
Troi sseboïs, <;ou\crneur 'I -I '
sollicite le payement de ses étal-.
i8g.
Troïes, b53.
Ti do;; i Marie), on parle de sa j;ros-
sesse, 56a.
Ti bcs (Les envoyés), 476.
Tibkwe i Le vicomte de), cité. 057.
note.
Ti bis, 1 '1 1. 38l.
Ti iii\ I Los archives de).
Ti sci 1.1 «, 36, note.
u
Urbin (Le duc d'), 446, note.
(Jbbin (Le duché d'), 4.
I'reigne (La comtesse d'), Catherine
la remercie des soins qu'elle donne
à la reine d'Espagne sa I il 1 •- , 1 7 ."> .
233. — Note sur elle. 17Ô.
I ki 1 | Claude d'). cité. 81.
Urfé (Pierre d'), lettre qu'il écrit a
Catherine pour la maison des en-
tants de France, 6a, note. — Note
sur lui . 64.
Ursins(. Nicolas des), comte do Petillan,
dépouillé do ses Etals, 279. — Re-
commandé par Catherine à l'évêque
île Rennes, 379. — Ce qu'en écrit
M. de l'Islo à Charles l\, -179, note.
Unsms (L'archevêque François des;.
238.
I iisixs 1 Paul Jordan dis), épouse Isa-
belle do Médicis, 85. — La tue,
85, noie.
\ ii-sète (Dom), cité, 3
Valence, 3o6.
Valence (Le diocèse de), Ô7.
\ ai.i.me (L'évêque de), 337, 5a3 , note.
YalEJCIENNBS, 84.
V vu. minois- (M°" de), 34o. Voy.
Diane de Poitiers.
VALESsiENs(Les), 390, note.
Vali.ence (François de), recommandé
par Catherine, 620.
Valois (Claude de), son an 1
Saint-Germain, aa el note. —
72û
TABLE DES MATIERES.
Lettre écrite par Catherine pour
elle à M. d'Humières, 23. — Ac-
cident qu'elle éprouve, Si, note.
— Tailleur envoyé pour ses robes,
S 1 , note. — Lettre écrite par
Henri II au sujet de son accident,
lia , note. — Sa maladie, Sg, note.
— Sa guérison , 53 , note. — Quitte
la cour, 1 25. — Catherine demande
de ses nouvelles à la duchesse de
Guise, 209.
Valois (Edouard-Alexandre de), S6,
note.
Valois (Elisabeth de), 10, note; 18,
note; 22, note. — Elle a la rou-
geole , 09 , note. — Son départ pressé
parPhilippelI, 12S. — Lettre d'elle
à l'évèque de Limoges, 127, note.
— Écrit de nouveau à l'évèque de
Limoges, 128, note. — Son départ
pour l'Espagne, 129. — Lettre à ce
sujet, 129, note. — Sa maladie,
162. — Lettre que lui écrit Cathe-
rine au sujet de l'abbaye de Félines,
17(1. — Soins que lui donne la
comtesse d'Lireigne, 2a3. — Bons
services que lui fait M. Vinceuze,
aa3, 25o, 261, 297. — Cathe-
rine la prie de remercier Philippe II
de ses offres, 309, 3 10. — Lui
explique les difficultés de sa si-
tuation, 010. — Lui fait paît par
l'évèque de Limoges de son projet
de marier Charles IX, avec la soeur
de Philippe II, 3 1 9. — Détails sur
sa santé, 5G6. — Lettres qu'elle
reçoit de Catherine après la mort de
François II, append. 568, 56g. —
Demande qu'on lui laisse certains
serviteurs, append. 673, note. —
Amendement de sa santé, append.
575. — Remèdes qu'elle reçoit de
Catherine, append. 075. — Con-
seils que lui donne Catherine, au
sujet de M. Vincenze, 585, 589. —
Recommandation que lui fait Cathe-
rine en faveur du roi de Navarre,
append. 5g 1. — Sa lettre à sa
mère sur l'état de la religion en
France, append. 600, note. — Re-
commandations que lui fait Cathe-
rine pour le mariage de sa soeur avec
Don Carlos, append. 60S. — Ga-
rantie de sa dot, append. 607,
625, 626.
Valois (François de), duc d'Alençon
18; 22, note. — Ce qu'en écrit
Catherine à la duchesse de Guise,
618.
Valois (Jeanne de), morte en nais-
sant, 102 , note.
Valois (Marguerite de), ce que dit
Catherine de sa santé, 87, 2S7,
note. — Son mariage projeté avec
Don Carlos, i45. ■ — Opposition
faite par les Guises à son mariage,
592.
Valois (Victoire de), morte en nais-
sant, 102, io3, note.
Varan (La seigneurie de). 3.Î7, note.
Vaucluson, SSo.
Vaullisant( L'abbaye de), 23, 2S.
Veccieti (Bernardo), 5.
Vecuio (Thomas dal), recommandé
par Catherine de Médicis au duc de
Ferrare, 23, g5. — Envoyé du
duc de Ferrare, 88.
Vega (Garcillasso de la), sa mission
en France, 1 36. — Intruclions que
lui donne Philippe II, i36, note.
Vesdôme (François de), vidame de
Chartres, 33, note. — Mis à la
Bastille, 1S7. — Note sur lui,
167, 161.
Vendôme (La duchesse de), S78.
Vendôme (Louise de), mère de Jean
de Ferrières, 161.
Venise, 3S , note; 59,60.
Venise (L'ambassadeur de), 60.
Venise (La seigneurie de), 09, 20S,
SS5.
Vénitiens (Les), 558.
Verdun, 73. — Sa reslitution de-
mandée par l'empereur Ferdinand,
Soi. — Sous la menace d'une in-
vasion, 56a," 5S3, 5S9.
Verdun (Le trésorier), 5oo, 5oi.
— Sa mission, 5o8, 5og. ,
Verjds (L'office du conseiller Jacques
le), S83.
Vert ( Le cap), 211.
Verteuil, 12g.
Vezim (Le sr de), 52Ô.
Vieilleville (Le maréchal de), 7g,
note. — Le connélable lui annonce
la retraite de l'ennemi. 82, note.
— Envoyé auprès de l'évèque de
Rennes, 17U. — Note sur lui, 175.
— Envoyé en Allemagne, 2o3. —
Catherine lui recommande un
marchand nommé Antoine Go,
2 53. — Elle s'informe de sa santé,
353, 3o5. — Envoyé à Orléans,
317, 3ai. — Attendu d'Angle-
terre, 378. — Reçoit un sauf-
conduit pour sa mission en An-
gleterre, Soi. — Fait l'éloge de
M. de la Brosse, S56, note. —
Médite une expédition pour re-
prendre le château de Tancarville,
S5g. — La met à exécution, S8S.
— Sa querelle avec Villebon, Sgo.
— Appelé par Catherine, Sgg. —
Laissé en Normandie, 5i3. — En-
voyé à Metz, 5 S 9.
Vienne, 1 oS, note.
Vienne (Le faubourg de), 5s 1. note.
Vierzo.n, 38S.
Vigean (François du Fou, s' du), se
soumet, 091.
Villandrt (Jacques le Brethon , s1 de ),
100.
Villars (Anne Lascaris, dame de), sa
mort, 92.
Villars (Le comte de), pris à Hesdin,
77, note. — Envoyé à Orléans,
317, 321.
Ville (François), recommandé par
Catherine au duc de Ferrare, 106.
Villebon d'Estouteville (Le s' de),
bailli de Rouen, veut reprendre
Tancarville, 'i5g, S65. — Manque
d'argent pour cette entreprise, S 76.
— Sa querelle avec Vieilleville,
Sgo, note.
VlLLEFRAKCHE, 3gO.
Villefrancos (M. de), append. -628.
I Vlil.h DES MATIÈRES.
7:25
\ lignos I Le fort de 1, pris par
les Portugais, ni.
Villegjugnok i Nicolas de), envoyé au
l!n:sil par Goligny, an. - .Noie
sur lui, 311.
Vu i emi i; | Le s' m. i. cité gi .
Viuequier (M. DEl. i ité a 16.
VlLLERS-CoTTERETS. 7, I*. I v . '1 ' 1 .
71, 95, 1 198.
Vihcbnxes (Le bois de). 3a6, 33a,
,3, 35A
My-. . 36g, 370, 133,
135, 438, 15i, 15a.
Vihcbnnes 1 Le capitaine du bois de 1 .
chargé de faire planter des arbres,
483.
Vincekse 1 M' ). remercié par Catherine
di s bons services qu'il rend à la
reine d'Espagne . ia3,
Vincent (Le médecin), 5ia, note.
Vineux i M. di 1 . rentr en Frani 1
565.
Vineix (M™ de), ses démêlés avec
M°"de Clermont, 1 os el note. —
Ce qu'en dit Catherine, append
\iolle (Guillaume), consciil
Parlement, 17O
Violée (Le conseilli r Ja [m mandé
.1 Chartres, '17".
\ iss H 1 Inné di ), citéi ■ ■ , . not<
ViTELLi-i.nu'ix. envoyé n Italie
\ 1 rERBE | L'évéque de 1, 1 hargé 'i'- 1 1
sider à Trente auprès du cardinal
de Lorraine, iiiy.
\ oïsim n i de), cité, B 1 .
\Y
Warwiçk (Le comte de), annonce
à Elisabelh la prise de Caen .
5a3. — Lellre de lui. 'i-in.
noie.
WiLHEy (Le capitaine), 897, note.
Wotob (L'ambassadeur anglais), 8a.
— Annonce dans une dépêche la
retraite de l'armée impériale, Sa,
note. — Cité, 84. — Annonce que
la reine se rend à Compiègne, 90,
note; ija . g3. Dépêche
9O, 103, noie
Wurtemberg (Le duc de), se rend à
la diète de Naumbourg, append.
"'T'.i-
\ tl.NTO.XGB (La). 3
^ 5B0I no , 47a.
Zante (L'évêché de), 379
Zipolyn (Jean-Sigismoml |, note sur I Zebdi 1 La forteresse de), 1 10, note.
lui. 37g. | Zerci (Le siège de), 17a.
ERRATA.
'i il 18, 5g, in., 77, 8a . s.", m; . ,,,,. ,,.. . ,,;;, Kalendai . lisez ; Calendai
Page '8 9, la note de la première colonne se rapporte à la lettn du 1 1 juillet de la deuxièiw colonne
Page 91 . Motueigneut de Guist : liseï : Monsieur de Guisi
Page 9a, note, Dinanl; lisez : Dinan.
Page 93, pnenr d'Orange; lisez : prince d'Orange.
Page '137, noie. Ramerut; lisez : Ron
Page .V17. du I. mltle; lisez : du Lude.
Page 5fio s Wi tm«j lisez : S'- l/.win .
tINDiNG SICT. OCT 2 8 1968
DC
119
.8
U
1880
t.1
Catherine de Médiris, consort
of Henry II, Ki F France
Lettres
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