Skip to main content

Full text of "Lettres de Catherine de Médicis, publiées par Hector de La Ferrière"

See other formats


UNIVERSITY  OF 
TORONTO  PRESS 


COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS    INÉDITS 


SUR   L'HISTOIRE   DE   FRANCE 


PUBLIES   l'Ail   LES  sons 


DU    MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION   PUBl.lol  É. 


Par  arrêté  du  a  août  1870,  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  sur  la  proposition  de 
la  Section  d'histoire  et  de  philologie  du  Comité  des  travaux  historiques  et  des  Sociétés 
savantes,  a  ordonné  la  publication  des  Lettres  de  Catherine  de  Médiris,  éditées  par  M.  le  comte 
Hector  de  la  Ferrière  ,  membre  non  résidant  du  Comité. 

M.  Ludovic  Lalanne,  membre  du  Comité,  a  suivi  l'impression  de  cette  publication  en 
qualité  de  commissaire  responsable. 


a.- 


LETTRES 


DE 


CATHERINE  DE  MÉDICIS 


P  Li  B  L  1 1.  E  S 


PAR  M.  LE  G"  HECTOR  DE  LA  FERRIÈRE, 

MEMBRE   Non   RÉSIDANT  DU    COMITÉ   DES  TRAVAUX   IIISrORIQIEs 
BT  DES   SOCIÉTÉS   SAVAÏTES. 


TOME  PREMIER. 


1533-1563. 


PARIS. 


IMPRIMERIE  NATIONALE. 


M    DCGG   LXXX. 


Ile, 

•si 

t./ 


1 


SOMMAIRE. 


Payes. 

Introduction.   I.      La  jeunesse  de  Catherine;  son  mariage i  a  xxvn 

II.  Catherine  sous  François  Ier xxvn  :|  kxxviii 

III.  Catherine  sous  Henri  II kxxviu  a  lvi 

IV.  Catherine  sous  François  II lvi  à  txxxvi 

V.  Catherine  sous  Charles  IX lxxxvi  a  i  h w 

Lisle  des  ouvrages  qui  ont  été  consultés clxvi  à  clxxi 


Correspondance  de  Catherine i  a  553 

Appendice 555  à  018 

Lettres  analysées 619  à  627 

Tahle  des  lettres  par  ordre  chronologique 629  a  H62 

Table  alphabétique  des  destinataires" 663  a  665 

Table  alphabétique  et  analytique  des  matières 667  à  725 


INTRODUCTION. 


CATHERINE    DE    MEDICIS    AVANT    SON    MARIAGE. 

,  Brantôme,  qui  vécut  tant  d'années  à  la  cour,  nous  dit  de  Catherine  de  Mé- 
dicis  :  c Quand  elle  n'étoit  point  empêchée,  elle-même  lisoit  toutes  les  lettres 
de  conséquence  qu'on  lui  écrivoit,  et  le  plus  souvent  de  sa  main  en  faisoit  les 
dépèches,  cela  s'appelle  aux  plus  grandes  et  ses  privées  personnes.  Je  la  vis. 
une  fois,  pour  une  après-disnée,  écrire  de  sa  main  vingt  paires  de  lettres  et 
longues  '.  v 

Brantôme  n'a  dit  que  la  vérité;  j'ai  recueilli  plus  de  six  mille  lettres  d'elle, 
autographes  ou  seulement  signées  :  l'Italie  m'en  a  fourni  deux  mille,  la  Russie 
cinq  cents,  l'Angleterre  environ  deux  cents,  la  France  tout  ie  reste.  De  bien  des 
côtés,  il  m'en  vient  encore,  et  dans  mes  recherches  de  chaque  jour  à  la  Bibliothèque 
nationale  et  ailleurs,  j'en  découvre  de  nouvelles. 

Pourtant,  il  ne  m'a  pas  été  donné  de  mettre  la  main  sur  celles  de  sa  jeunesse. 
Je  les  ai  vainement  cherchées  dans  les  archives  de  Florence,  et  dans  celles  du 
Vatican.  M.  de  Beumont,  auquel  nous  devons  une  curieuse  étude  sur  les  premières 
années  de  sa  vie,  et  l'infatigable  M.  Armand  Baschet,  n'ont  pas  été  plus  heureux. 

On  comprend  que  nous  les  regrettions  vivement;  dans  les  premières  impres- 
sions de  la  jeunesse,  on  peut  découvrir  de  précieuses  indications;  on  peut 
reconnaître  les  influences  qui,  plus  tard,  réagiront  sur  un  caractère,  sur  une 
destinée  tout  entière.  Nous  sommes  donc  réduits  à  ce  qu'ont  écrit  d'elle  ses  con- 
temporains et  à  ce  que  nous  avons  pU,  çà  et  là,  glaner  dans  les  dépêches  de  nos 
ambassadeurs. 

Le  i3  avril  1  5 i g ,  à  sept  heures  du  matin,  Catherine  de Médicis  naquit  à  Flo- 

1  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalarme,  t.  VII,  p.  374. 

Cathemke  de  Médicis.  —  i.  a 


,i  INTRODUCTION. 

rence  dans  lesplendide  palais  de  la  Via  Larga,  bâti  par  Corne  l'Ancien1;  à  quelques 
jours  de  là,  elle  devenait  orpheline;  sa  mère,  Madeleine  de  la  Tour  d'Auvergne, 
prise  de  fièvre  après  ses  couches,  mourait  le  2  5  du  même  mois;  son  père,  Laurent 
de  Médicis,  succombait  le  h  mai  suivant.  Il  était  à  peine  âgé  de  vingt-huit  ans; 
c'était  l'orgueil  et  l'espoir  de  Léon  X,  qui  l'appelait  son  cœur;  chef  des  armées  de 
la  République,  disposant  de  fait  du  pouvoir  souverain,  sans  en  avoir  le  titre,  il 
avait  fait  preuve,  quoique  bien  jeune,  de  rares  qualités.  L'année  précédente, 
il  avait  représenté  le  pape  à  la  cour  de  France  et  tenu  sur  les  fonts  le  premier-né 
de  François  Ier.  Un  fils  de  roi  n'aurait  pas  été  plus  fêté,  ni  plus  splendidement 
accueilli  ;  c'est  qu'il  était  chargé  de  présents  que  trente-six  bêtes  de  somme  eurent 
grand'peine  à  transporter  au  delà  des  Alpes2;  c'est  que  par  lui  l'Italie  nous  en- 
voyait deux  joyaux  qu'un  roi  eût  pu  offrir  pour  prix  de  sa  rançon,  la  Sainte- 
Famille  et  l'Archange  saint  Michel,  de  Raphaël;  c'est  qu'il  apportait  l'alliance  de 
Léon  X  avec  la  France,  alliance  dont  il  devenait  le  gage  en  épousant  Madeleine  de 
la  Tour  d'Auvergne,  fille  de  Jean,  comte  de  Roulogne,  et  de  Catherine  de  Rour- 
bon,  qui  descendait,  nous  dit  Brantôme,  «  de  ce  grand  Godefroy  de  Bouillon  qui  a 
porté  les  armes  jusques  dedans  Hierusalem  sur  la  sépulture  de  Noire-Seigneur  et 
se  seroit  rendu  et  fait  roi  par  son  épée  et  ses  armes  avec  la  faveur  de  Dieu ,  roi 
non  seulement  de  Hierusalem,  mais  d'une  grand'  partie  de  l'Orient 3; s 

Dans  le  palais  vide  des  Médicis,  il  ne  restait  donc  plus  qu'un  berceau.  Ca- 
therine représentait  à  elle  seule  la  branche  légitime  de  sa  maison.  Sa  triste 
destinée  a  inspiré  à  l'Arioste  ces  vers  touchants  qu'il  a  placés  dans  la  bouche  de 
la  ville  de  Florence  : 

Verdeggia  un  ramo  sol  con  poca  foglia, 

E  fra  tema  e  speranza  sto  sospesa 

Se  lo  mi  lasci  il  veruo  o  lo  mi  taglia 4. 


'  Elle  fut  baptisée  le  îG  avril  i5ig  à  Santa 
Maria  Nuova.  Voy.  Richa,  Chiese  Florentine,  t.  1"; 
Trollope,  The  girlhood  of  Cateriite  de  Medici , 
London,  Chapman,  i83G;  Delizie  degli  eruditi 
Toscani,  Stor.  di  Campi,  t.  X.X.I1,  p.  i54;  Mardi , 
Stor.  di  Virenze,  t. Ier,  p.  h. 

'  Il  y  avait,  entre  autres,  un  lit  de  parade  in- 
crusté d'écaillé,  de  nacre  et  de  pierres  précieuses, 
art  dans  lequel  les  Florentins  ont  excellé  de  tout 
temps.  Voy.  Archivio  storico  ital.,  Sommario  délia. 
tlor.  d'ilalia,  append.  VI,  Florence,   i548;  Mé- 


moires de  Fleurange ,  édit.  de  Michaud  et  Poujoulal. 
t™  série,  t.  V,  p.  6a;  Fabroni,  Leonis  Y  vita,  Pise. 
1797,  adnot.  \.\i\. 

3  Voy.  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  Vil. 
p.  337. 

1  n-  Une  seule  branche  reverdit  avec  un  peu  de 
léiiillage;  entre  la  crainte  et  l'espoir,  je  reste  in- 
certaine, me  demandant  si  l'hiver  me  la  lais- 
sera ou  me  la  prendra. n  [Ludocico  Ariosto  opère 
minori,  Elegia  prima;  édition  de  Le  Monnier, 
p.  916.) 


INTRODUCTION.  m 

La  jeune  duchesse  d'Urbin,  car  c'est  ainsi  qu'on  l'appelait,  passa  les  premiers 
mois  qui  suivirent  la  mort  de  ses  parents  sous  la  garde  de  sa  grand' mère 
Alfonsina  Orsini,  et  du  cardinal  Jules  de  Médicis,  légat  de  Toscane,  auquel  Léon  X 
avait  confié  le  gouvernement  de  Florence. 

Au  mois  d'octobre  de  cette  même  année  1619,  elle  fut  amenée  à  Léon  X  par 
Alfonsina.  Marco  Minio,  l'ambassadeur  de  Venise  à  Rome,  rapporte  que  le 
Saint-Père,  lui  parlant  de  l'arrivée  de  ce  frêle  rejeton  de  sa  race,  lui  dit,  avec  les 
larmes  dans  les  yeux,  en  se  rappelant  Virgile  :  rr  Recens  fert  aerumnas  Danaum  '.  - 

A  la  mort  d'Alfonsina  Orsini,  arrivée  le  7  février  de  l'année  suivante'2,  Cathe- 
rine vint  aux  mains  de  Clarisse  de  Médicis,  la  femme  de  Philippe  Strozzi  et  la  mère 
de  Robert,  de  Léon,  de  Laurent  et  de  Pierre  Strozzi  que  nous  retrouverons  plus  tard 
à  la  cour  de  France.  Au  printemps  de  1  5 -2 5 ,  elle  fut  ramenée  à  Florence,  avec 
Alexandre  de  Médicis,  qui  passait  pour  être  son  frère  naturel  ?.  Elle  s'y  trouvait  au 
moment  où  éclata  la  révolution  que  suivit  de  si  près  le  sac  de  Rome  \  A  la  pre- 
mière apparence  des  émotions  populaires,  le  cardinal  Silvio  Passerini,  redoutant 
quelque  danger  pour  la  jeune  duchesse,  l'avait  fait  partir  pour  la  villa  de  Poggio,  à 
Caiano;  mais  les  chefs  du  parti  populaire,  désirant  l'avoir  en  leurs  mains  comme 
otage ,  y  envoyèrent  des  hommes  armés  qui  l'enlevèrent  et  la  conduisirent  dans  le 
couvent  de  Sainte-Lucie.  Clarisse  Strozzi  vint  l'y  rejoindre  et  toutes  deux,  quelques 
jours  après,  rentrèrent  sans  obstacle  au  palais  Médicis;  leur  séjour  y  fut  bien  court. 
A  la  nouvelle  que  les  neveux  de  Clément  \  II,  Hippolyte  et  Alexandre  de  Médicis. 
s'étaient  enfuis  de  Pise  à  Lucques,  le  peuple  se  souleva  et  le  couvent  de  Sainte- 
Lucie  servit  de  nouveau  de  refuge  à  Clarisse  et  à  Catherine.  Les  chefs  de  la 
République  n'y  laissèrent  pas  Gatherine  et  la  firent  transférer  dans  le  couvent  de 
Sainte-Catherine  de  Sienne.  La  peste  qui  sévissait  alors  à  Florence  s'y  étant  dé- 
clarée, l'ambassadeur  de  France,  M.  de  Vely,  obtint  de  l'en  retirer  et,  dans 
la  soirée  du  7  novembre  1627,  il  la  conduisit  lui-même  dans  le  monastère 
des  religieuses  Rénédictines  des  Murâtes,  où  elle  resta  jusqu'à  nouvel  ordre. 
Si  épaisses  que  fussent  les  murailles  qui  l'enfermaient,  les  sourdes  rumeurs 
des  émotions  populaires  durent  arriver  jusqu'à  elle,  elle  put  entendre  les  cris  et 

1  Voy.  Armand  Basehet,  Préface  de  la  Jeunesse  t.  Wll .  [>.   178.  Voy.  Leltcre  di  Busini  a  Benc- 

de   Catherine  de  Médicis,    VII,  par   M.  de  Reu-  detl  Varehi ,  Pise,  1822,  p.  5  et  s. 
mont.   (Dépêche  du   39   octobre   1 5i 9  ;   n°   4o2  '  Scipione  Ammirato,  Stor.  Fiorent. ,  lib.  XXX. 

du   recueil    possédé   par  M.    Rawdon  Brown.   à  4  Delizie  degli  eruditi  Toscani,  Stor.  di  Campi, 

Venise.)  I.  XX11.  p.  3i8;  Nardi,  Stor.  Fiorent.,  édit.  de 

'  Delizie  degli  eruditi  Toscani,  Stor.  di  Campi.  Florence.  i538,  t.  II,  p.  1 56. 


iv  INTRODUCTION. 

les  menaces  du  peuple,  lorsque,  le  29  mai  1629,  il  se  porta  sur  l'église  de  la 
Sainte-Annonciade,  en  força  les  portes  et  jeta  bas  les  statues  de  Léon  X  et  de 
Clément  Vil l. 

Durant  les  quelques  années  de  ce  séjour  forcé  de  Catherine  à  Florence, 
François  Ier  ne  cessa  d'avoir  les  yeux  sur  elle.  Par  son  ordre,  le  vicomte  de 
Turenne,  envoyé  en  mission  en  Italie2,  la  visita  à  plusieurs  reprises,  et  dans 
ses  relations  de  chaque  jour  avec  les  chefs  du  nouveau  gouvernement,  entre- 
voyant qu'ils  étaient  disposés  à  la  lui  remettre,  il  en  prévint  le  duc  d'Albanie, 
son  oncle,  et  lui  conseilla  d'engager  le  roi  à  la  faire  venir  en  France  et  à  l'y  marier. 
C'est  à  la  On  de  septembre  i528  que  le  vicomte  de  Turenne  faisait  cette  pre- 
mière ouverture;  au  mois  de  décembre  suivant,  il  écrivait  de  nouveau  au  duc 
d'Albanie3  :  «  Madame  votre  nièce  est  toujours  dans  un  monastère,  faisant  bonne 
chère,  peu  visitée  et  estimée  de  ses  seigneurs  florentins  qui  la  voudroient  de  bon 
cœur  en  paradis.  Elle  s'attend  que  vous  lui  enverrez  quelques  présents  de  France 
par  le  sr  de  Ferraris  ';  car  je  vous  promets  que  je  ne  vis  oncques  personne  de  son 
âge  qui  se  sente  mieux  du  bien  ou  du  mal  qui  lui  est  fait,  n 

Les  Florentins,  en  offrant  de  remettre  Catherine  à  François  Ier,  allaient  au- 
devant  de  son  propre  désir.  Le  duc  d'Albanie,  dans  un  entretien  qu'il  eut  avec 
Carducci,  leur  envoyé  en  France5,  le  laissa  entrevoir.  L'ambassadeur  répondit 


1    Richa,  Chiese  Florentine,  1. 1",  2' pari.  p.  0,4. 

*  Le  vicomte  de  Turenne  vint  à  Florence  au 
mois  de  novembre  i5a8.  Voy.  Varchi,  Slor.  Flo- 
rent., édit.  de  1721,  in-fol.,  p.  17 4.  Voy.  une  lettre 
que  Clément  VII  fit  écrire  au  vicomte  de  Turenne 
pour  le  remercier  de  sou  intervention  :  rrFiorentini 
sïngannano  niolto ,  se  credono  eue  con  tutlo  clie 
Sua  Santita  non  Labbi  cosa  piu  cara  .  die  quella  ni- 
pote.  la  sia  per  fare  cosa,  che  possa  macebiar  d'un 
pelo  il  debito  dell'oflicio  suo,  quale  è,  di  non  voler, 
per  ricuperar,  il  sangue  suo,  dar  quello  délia  Cbiesa.  1 
(Lettere  di  Principi,  Venise,  Ziletti,  i58i,  t.  II, 
p.  1 3 1 .  ) 

3  Ribl.  nat.  fonds  français.  n°  3oA3q,  p.  101  . 

'  Barlbolomée  de  Ferraris,  secrétaire  du  duc 
d'Albanie. 

'  Voici  ce  que  l'on  écrivait  de  Rome  ,  le  1 0  août 
1028,  au  légat  Salviati  alors  en  France  :  rFra  po- 
chi  di  parti  di  quà  Messer  Bartholomeo  de  Ferrariis. 


secretario  del  duca  d'Albania,  col  quale  Sua  Santita 
mandara  à  un  suo  con  le  prinsioni,  cbe  biso- 
gnera  con  vostra  signoria,  e  concludere  quai  che 
cosa  nella  causa  délia  signoria  duebessima.  »  (Lettere 
di  Principi,  Venise,  Ziletti,  i58i,  t.  II,  p.  1 17,  70.) 
—  La  première  lettre  de  Catherine  est  datée  de  cette 
époque,  elle  est  adressée  au  vicomte  de  Turenne  : 
-Molto,  excellente  Signore  mio,  le  amorevole  de- 
mostrationi  e  offerte  che  piu  volte  me  ha  faite  V.  S. 
mi  danno  anima  pigliar  iiducial  sicurta  di  quella 
in  affarticnrla  ,  non  solum  per  me,  ma  eliam  per  li 
mia ,  Messer  Rosso  Ridolphi  gentilhomo  Fiorentino 
stato  mio  primo  governatore  per  spatio  di  sei  anni 
mi  servi  e  governo  molto  excellentemente.  Onde  pa- 
rendomi  esserli  troppo  obligata  e  amaudolo  corne 
proprio  pâtre,  dessiderosa  di  restaurarlo  in  la  sua 
vechia  eta,  e  non  havendo  modo  alcuno  di  farlo  da 
per  me,  ho  pensato  co'  el  mezo  di  V.  S.  che  la 
Maesta  Cbristiauissima  mi  faccio  gracia  di  adjutar- 


INTRODUCTION.  v 

qu'il  n'avait  aucune  instruction,  mais  que  si  le  roi  lui  en  parlait,  il  en  référerait 
à  la  Seigneurie'.  En  le  quittant,  le  duc  le  pria  d'écrire  à  Florence  afin  d'obtenir 
du  moins  que  sa  nièce  fût  convenablement  traitée.  Carducci  répliqua  qu'elle  ne 
pouvait  l'être  plus  honorablement,  ayant  été  confiée  aux  Murâtes  dont  le  couvenl 
était  le  plus  vénéré  de  Florence'2.  Quelques  mois  plus  Lard,  ainsi  qu'il  l'avait  fait 
pressentir,  François  Ier  s'en  expliqua  avec  Carducci  et  lui  dit  formellement  qu'il 
désirait  qu'elle  lût  amenée  en  France.  De  son  côté,  le  pape  tenant  à  la  ravoir 
pour  la  marier  à  son  gré,  Carducci  en  conjectura,  et  avec  quelque  raison,  que 
le  roi  de  France,  pour  éviter  une  alliance  qui,  peut-être,  ne  lui  plairait  pas. 
voulait  la  mariera  un  Français  de  son  choix3;  les  grands  biens  qu'elle  possédait  en 
France  motivaient  d'ailleurs  ce  projet. 

Au  mois  de  janvier  i53o,  François  Ier  envoya  à  Florence  M.  de  Clermont  pour 
.demander  que  Catherine  lui  fût  remise,  mais  ne  put  l'obtenir  \  Le  duc  d'Albanie 
offrit  alors,  pour  la  seconde  fois5,  à  Clément  VII  de  se  rendre  à  Rome  soit  pour 
traiter  du  mariage  de  sa  nièce,  soit  pour  tenter  île  la  faire  sortir  de  Florence.  Le 


mir  pagar  questo  debito.  El  modo  e  questo,  che 
avendo  lui  un  figlio  prête  nomato  Messer  Vincenlio 
Ridolphi.  che  Sua  Maesla  li  dia  una  abbatia  o  attro 
beneficio  nel  suo  dominio  per  cinque  o  secenti 
scudi  e  lo  facia  nbile  a  portarlo  tener  non  obstante 
non  vi  sia  nato.  In  che  sapplico  tanto  affectuosa- 
mente  quanlo  taie  posso  V.  E.  inlerponer  la  auten- 
tica  opéra  sua  con  la  prefata  Ghristianissima  Maesta 
che  non  mi  nieghi  la  prima  gracia  domandatali 
per  un  mio  buono  e  qualificato  servitore,  certili- 
cando  V.  S.  che  non  ho  cosa  che  al  présente  piu 
dessideri  per  mostrarli  gratiludine  dell'  optima  ser- 
vitu  sua,  di  che  pènso  anchora  adjutarmi.  Expec- 
tone  da  V.  E\cellentia  a  sua  venita  di  qua  votiva 
risposta.  Et  ben  che  ne  scrivo  anchora  al  signore 
mio  zio\  ma  temo  che  1  impedimento  délia  per- 
sonna  di  Sua  Excellentia  no  mi  nuoeha.  Et  adio, 
signore  visconte,  mio  molto  excellente,  quai  prego 
adempia  li  sui  virtuosi  dessiderii  e  di  continuo  à 
V.  E.  in  snma  co'  la  signora  Contessa  mi  racomandô. 
Di  Fiorenza,  alli  xvi  di  marzo  MDXXVIII.  Al 
comando  di  V.  E.  «Gaterina  di  MEDicib.r: 


'  Voy.  les  instructions  données  à  Baldassare 
Carducci,  ambassadeur  à  la  cour  de  France.  (Né- 
gociât, avec  la  Toscane,  t.  II,  p.  102g.) 

2  Ibid.,  dépêche  de  Carducci,  p.  îo'ii). 

1  Ibid. ,  dépèche  de  Carducci ,  p.  1068. 

1  Lettre  de  Sanga,  secrétaire  de  Clément  Vil. 
au  duc  d'Albanie,  dans  le  recueil  Lettere  di  Principi . 
Venise,  Zilelti,  1S81,  t.  Il,  p.  187  v"  :  rr  11  certo 
e  che  el  pontelice  piu  volte  chiese  la  nepote  e 
sempre  fui  negata  anche  quando  questi  ne  prego 
il  ie  di  Francia  il  quale  per  suo  ambasciatore  chiese 
di  Fiorentini  la  restituzione  di  Caterina  ma  senza 
frutto.»  (Richa,  Chiese  Fiorent.,  édit.  de  17'ii. 
I.  1 ,  2e  partie,  p.  g5.) 

Déjà,  au  mois  de  mai  i5sg,  le  duc  d'Albanie 
avait  proposé  au  pape  d'aller  à  Rome  et  de  là  à 
Florence  pour  en  ramener  sa  nièce;  mais  ne  s'en 
étant  pas  ouvert  à  François  I",  dont  Clément  VII 
desirait  avant  tout  l'agrément,  le  projet  en  resta 
là.  (  Lettre  de  Sanga  au  cardinal  Salviati,  Lettere  di 
Principi,  Ziletti,  1 58 1 ,  t.  II.  p.  1G7  r°.) 


'  Le  duc  d'Albanie. 
Baluze.  Preuves  (te  l'hrsl.  de  la  maison  d'Auvergne ,  t.  II,  p.  1598. 


ti  INTRODUCTION. 

pape  lui  fit  répondre  qu'après  le  refus  fait  au  roi  de  France,  il  n'y  avait  aucune 
chance  de  réussir. 

Une  évasion  seule  pouvait  être  tentée;  François  1er  chargea  ses  deux  envoyés, 
Nicolas  Raince  et  Gramont,  de  s'en  entendre  avec  le  pape.  De  son  côté,  Clé- 
ment VII  avait  eu  la  même  pensée  et  fit  part  à  Raince  des  moyens  qu'il  comptait 
employer,  tout  en  le  priant  de  bien  recommander  au  roi  de  faire  en  sorte  que 
ni  l'ambassadeur  de  Florence  ni  ceux  de  son  parti  ne  pussent  se  douter  que  le 
projet  venait  de  lui;  ce  serait  lui  ôter  toute  chance  de  réussite  et  mettre  les  jours 
de  la  duchesse  en  grand  danger. 

Mais  les  événements  marchaient  avec  rapidité;  malgré  toutes  ses  promesses, 
toutes  ses  protestations,  sacrifiant  Florence  au  désir  de  revoir  ses  enfants, 
François  Ier,  parle  traité  de  Cambrai  (août  t520,),  venait  de  s'engager  à  retirer 
les  capitaines  et  gens  de  guerre  qu'il  avait  en  Italie,  où  il  abandonnait  ses  posses- 
sions. Quelle  déception  pour  les  Florentins,  ces  fidèles  alliés  de  la  France,  livrés 
aux  rancunes  de  Clément  VII  et  de  l'Empereur;  après  avoir  compté  jusqu'à  la  der- 
nière heure  sur  l'appui  du  roi,  après  l'avoir  aidé  de  leurs  subsides,  quelle  indi- 
gnation ne  durent-ils  pas  ressentir  lorsque,  le  29  octobre  1529,  sur  les  collines 
qui  dominent  la  ville,  apparurent  les  premières  troupes  espagnoles  réunies  à  celles 
du  pape  sous  le  commandement  de  Philibert  de  Chàlon,  prince  d'Orange.  A  cinq 
jours  de  là,  un  feu  violent  d'artillerie  était  dirigé  contre  le  couvent  de  San-Miniato 
dont  Michel-Ange,  mettant  son  génie  au  service  de  la  liberté  de  sa  patrie,  avait 
fait  une  citadelle  imprenable. 

Plus  tard,  au  moment  où  le  siège  tirait  à  sa  fin,  le  pape  s'entretint  de  nou- 
veau avec  Gramont  d'un  projet  d'évasion,  et  voici  ce  qu'il  proposa  :  le  roi  ferait 
venir  devant  lui  l'ambassadeur  de  Florence,  et  lui  dirait  que,  voyant  l'extrémité 
où  étaient  réduits  les  Florentins,  il  craignait  que  le  pape,  une  fois  maître  de  la 
personne  de  la  duchesse,  ne  la  mariât  à  son  gré  et  ne  fît  du  futur  époux  de  Ca- 
therine le  maître  absolu  de  leur  ville.  L'ambassadeur  serait  ainsi  amené  à  conseiller 
aux  Florentins  de  la  remettre  au  roi,  crau  déçu  du  pape,  n  Quant  à  la  route  à  faire 
suivre  à  la  fugitive,  Clément  VII  insistait  pour  que  ce  fût  par  terre  et  non  par 
mer,  se  proposant  de  donner  des  ordres  pour  qu'elle  pût  traverser  en  toute 
sûreté  le  camp  des  assiégeants. 

Pendant  ce  temps,  qu'était  devenue  Catherine  dans  ce  couvent  des  Murâtes,  où 
la  Seigneurie  la  tenait  prisonnière?  Les  religieuses  qui  avaient  eu  bien  des  fois  à  se 
louer  de  la  générosité  des  Médicis,  l'avaient  accueillie  avec  bienveillance;  elles  la 


INTRODUCTION'.     -  vu 

placèrent  dans  la  cellule  que  s'y  était  l'ait  construire  Catherine  Sforza  Kiario. 
veuve  de  Jean  de  Médicis,  et  mère  de  Jean  de  Médicis,  le  célèbre  chef  des  bandes 
noires1.  Deux  femmes  furent  attachées  à  son  service.  Lorsqu'un  pays  est  en  proie 
aux  luttes  intestines,  les  asiles  les  plus  retirés,  les  cloîtres  les  plus  paisibles  ne 
sont  pas  à  l'abri  des  agitations  du  dehors;  les  passions  du  jour  s'y  glissent  et  v 
divisent  les  âmes;  il  y  avait  donc  des  religieuses  pour  et  contre  les  Médicis,  et 
la  présence  de  cette  jeune  fille  de  onze  ans,  déjà  rompue  aux  intrigues,  avait  pro- 
fondément divisé  le  couvent  où  tout  était  en  confusion-. 

La  Seigneurie  s'en  alarma;  elle  pouvait  craindre  que  la  jeune  duchesse  ne  fût  en- 
levée; ce  que  nous  venons  de  dire  des  projets  de  Clément  VII  et  de  François  i " 
justifiait  cette  appréhension;  elle  décida  qu'elle  serait  ramenée  au  couvent  de  Sainte- 
Lucie  dont  la  situation  était  moins  favorable  à  une  tentative  d'évasion.  Sur  son  ordre,- 
l,e  19  juillet,  quatre  gentilshommes  se  présentèrent  au  couvent:  elle  crut  qu  on 
ne  venait  la  chercher  que  pour  la  mener  à  la  mort,  elle  pleurait  et  se  lamentait. 
A  force  de  larmes  et  de  supplications,  les  religieuses  obtinrent  la  remise  du 
départ  au  lendemain.  Toute  la  nuit  se  passa  en  prières;  Catherine  parut  dans  le 
chœur  :tr  Je  suis  vôtre,  dit-elle  aux  mères;  quel  est  l'excommunié  qui  sera  assez 
osé  pour  arracher  du  cloître  une  épouse  de  Jésus-Christ?3-*  Le  lendemain,  le 
secrétaire  de  la  Seigneurie,  le  chancelier  Silvestro  Oldobrandini,  frappait  à  la 
porte  du  couvent.  Admis  dans  le  parloir,  il  y  attendit  longtemps.  Catherine  parut 
enfin  derrière  la  grille;  elle  portait  l'habit  des  religieuses.  Avec  douceur  et  bien- 
veillance, Oldobrandini  lui  fit  connaître  la  volonté  du  Conseil,  a  Allez  trouver  ces 
seigneurs,  lui  répondit-elle  d'un  ton  calme  et  respectueux,  et  dites-leur  que  j'ai 
l'intention  de  me  faire  religieuse  et  de  ne  jamais  me  séparer  de  mes  vénérables 
mères '.n  Oldobrandini  n'insista  pas,  mais,  sur  un  nouvel  ordre  de  la  Seigneurie, 
il    revint  au  couvent  et  finit  par  persuader   Catherine  de  se  laisser  emmener. 

1  Chronique  du  couvent  dellc  Murale,  par  sœur  volessero    far    ammazare.    (Gio-Balista    Bussiiii, 

Giuslina  Niccolini.  Voy.  la   Jeunesse  de  Catherine,  Lettcrc  a  Benedetto   Varchi  sugli  avvenimeiili  dell' 

traduction  d'Armand  Bascbet,  p.  97.  assedio  diFireme;  Pisa.  182a,  p.  1  ^17.  ) 

?  Ancora  avete  a  sapere  che  la  regina  che  è  3  Voy.  Richa,  Chiese  Florent.,  t.  II,  a*  partie, 

ora,  era  nelle  Murate.  e  messe  tanl'artc  e  confusione  p.  97. 

fra  quelle,  che  il  monastero  era  confuso  e  diviso,  e  *  rAndate  e  dite  a  quei  signori  che  io  intende 

chi  pregava  Dio  (che  altr'  arme  non  avevano)  per  d'essere   monaca   e   de    starmi   in    perpetuo  con 

la  liberta.  e  chi  per  i  Medici;  talche  i  magistrat!  quesle     mie    révérende    madri.»    (Nardi,    Slor- 

la  tramutarono,  et  maiidarono  per  M.  Salvestro  a  Fiorent.,  édit.  de  Florence.  i538,  in-8".    t.   II. 

cavarla  di  quivi;  ed  ella  piangeva  credendo  che  la  p.  2o5.) 


vin  INTRODUCTION. 

Elle  fut  mise  sur  une  mule,  et  les  magistrats  qui  l'attendaient  à  Sainte-Lucie  la 
recommandèrent  aux  religieuses. 

Dans  les  derniers  jours  du  siège  sa  situation  devint  périlleuse  :  un  des  exaltés 
du  parti  des  Arrabiati  proposa,  ou  de  la  faire  entrer  dans  une  maison  de  dé- 
bauche, afin  d'ôter  toute  possibilité  au  pape  de  la  marier  à  des  princes  ou  à  des 
seigneurs  étrangers,  ou  de  l'exposer  sur  les  remparts  aux  balles  des  assiégeants1. 
Enfin  après  dix  mois  de  lutte  et  à  la  suite  du  combat  de  Gavinana  dans  les  mon- 
tagnes de  Pistoie,  où  périrent  à  la  fois  le  prince  d'Orange  et  François  Ferruccio  qui 
venait  au  secours  de  la  ville  assiégée,  les  Florentins  signaient,  le  12  août  i53o, 
une  capitulation.  Redevenue  libre,  Catherine  retourna  à  ce  couvent  des  Murâtes 
où  elle  était  si  aimée  et  où  elle  fut  reçue  avec  des  transports  de  joie;  elle  ne  le 
quitta  que  pour  revenir  à  Rome,  où  l'appelait  Clément  VII. 

Messer  Ottaviano  de  Médicis,  qui,  au  péril  de  sa  vie,  était  resté  caché  à  Flo- 
rence pour  veiller  de  loin  sur  elle,  et  Messer  Rernardo  Tornabuoni,  évèque  du 
Saint-Sépulcre,  que  Clément  VII  venait  d'envoyer  dans  cette  ville  pour  remettre 
au  monastère  des  Murâtes  un  présent  de  i5o  écus  d'or,  furent  chargés  de  la  lui 
ramener. 

Elle  n'avait  que  onze  ans  et  déjà  bien  des  projets  de  mariage  avaient  été  mis 
en  avant  pour  elle.  Passons-les  tous  en  revue  :  dès  l'année  i5a&,  le  duc  d'Al- 
banie, son  oncle,  avait  pensé  au  jeune  roi  d'Ecosse ,  Jacques  V2,  qui,  en  i536, 
épousa  la  princesse  Madeleine,  fille  de  François  Ier,  et,  après  elle,  Marie  de 
Guise,  dont  il  eut  Marie  Stuart.  Plus  tard  il  fut  sérieusement  question  de  Phili- 
bert de  Châlon,  prince  d'Orange;  il  commandait  en  chef  l'armée  qui  assiégeait 
Florence.  Clément  VII  lui  avait  promis  la  main  de  sa  nièce  s'il  s'emparait  de  la 
ville  rebelle,  mais  il  avait  trouvé  la  mort  dans  le  combat  de  Gavinana.  Puis 
vient  un  long  défilé  de  princes  italiens  :  Hercule  d'Esté3,  marié  plus  tard 
à  Renée  de  Valois,  la  fille  de  Louis  XII;  Frédéric  Gouzague,  duc  de  Mantoue, 
qui  épousa  l'héritière  de  Montferrat,  Marguerite  Paléologue;  Guidubaldo  délia 
Rovere,  prince  héréditaire   du  duché  d'Urbin,  dont  Catherine  portait  le  titre; 

1  rGli  stulti  cittadini  volevan  poire  fra  merli  per  archibitsale  degT  mimici.n  (Segni,  Stor.  Fiorent. 

esser  uccisa,  e  chi  raandare  al  prostibulo  per  esser  in  Augusla  1723,  p.  ia4.)  —  Voy.  Ricba,  Chiese 

violatà.»  (Ammirato,  Slot:  Fiorent.,  édit.  de  Flo-  Fiorent.,  p.  95. 

rence.  1827,  t.X,  p. 208.)  Segnidil  également  dans  2  Voyez  une  lettre  de  Magnus  à   Wolsey  dans 

son  Histoire  de  Florence  :  rrAncorcbè  Lionardo  Bar-  le   Calendar  qf  Staté papers  (Henri   VIII),   t.  IV, 

tolini  in  quel  tempo  gridasse,  cbe  si  dovesse  met-  p.  278. 

terla  in  bordello  publico,  0  sulla  porta  contro  ail'  '  Calendar  of  State  papers  (Henri  VIII),  t.  Vf. 


INTRODUCTION.  ,x 

enfin  le  plus  sérieux,  le  protégé  de  Charles-Quint,  François  Sforza,  duc  de 

Milan. 

Dans  la  même  année  1627,  se  mettent  à  la  fois  sur  les  rangs:  Jacques  V. 
appuyé. de  nouveau  par  le  duc  d'Albanie1;  le  duc  de  Vaudemont ?,  frère  d'An- 
toine de  Lorraine,  el  un  fils  naturel  de  Henri  Mil,  le  duc  de  Richmond ,  proposé 
officieusement  par  l'envoyé  anglais  Russell3.  Celui  sur  lequel  s'étaienl  définitive- 
ment arrêtées  les  visées  de  Clément  MI,  c'étail  Henri,  duc  d'Orléans,  le  second 
fils  de  François  Ie'.  En  i53o,  tous  les  prétendants  s'étant,  de  guerre  lasse, 
retirés,  l'un  après  l'autre,  il  ne  restait  plus  en  réalité  que  les  deux  ducs  de 
Milan  et  d'Orléans'.  Mais  ce  projet  d'union  qui,  durant  des  années,  devait  être 
l'unique  préoccupation  de  nos  ambassadeurs  à  Rome,  l'objectif  de  toutes  leurs 
dépêches,  rencontra  bien  des  obstacles,  bien  des  difficultés,  et  un  instant  on  dut 
de  croire  à  jamais  compromis.  Voici  à  quelle  occasion  :  pendant  les  conférences  qui 
précédèrent  la  paix  de  Cambrai  (août  1.529),  Louise  de  Savoie  et  l'archidu- 
chesse Marguerite  d'Autriche,  tante  de  Charles  V,  eurent  la  pensée  d'unir  par 
des  mariages  les  deux  maisons  de  France  el  d'Espagne.  Le  Dauphin  aurait  épousé 
la  fille  ainée  de  l'Empereur,  l'infant  d'Espagne  une  des  filles  de  François  Ier,  et  les 
deux  ducs  d'Orléans  et  d'Angoulème,  l'infante  de  Portugal  el  l'une  des  filles  du 
roi  de  Hongrie.  François  Ier,  voulant  donner  suite  à  cette  première  ouverture, 
chargea  de  l'affaire  le  secrétaire  Bayart :'.  et .  de  son  côté,  Charles-Quint  envoya  en 
France  son  chambellan,  Louis  de  Flandres,  avec  des  instructions  très  détaillées0. 
Le  mariage  du  duc.  d'Orléans  avec  la  nièce  du  pape  contrariait  ses  vues  sur  l'Ita- 
lie; il  voulait  à  tout  prix  le  rompre,  mais  il  ignorait  jusqu'à  quel  point  les  pour- 
parlers en  avaient  été  poussés.  Voulant  s'en  assurer,  il  refusa  de  répondre  aux  pro- 
positions qui  lui  étaient  faites  pour  le  duc  d'Orléans  jusqu'à  ce  qu'il  pût  savoir  du 

1   Calendar  of  State  pupers  (Henri  VIII),  t.  IV,  questa  parte  ilel  Regno   possa  adatlarsi   secondo 

p.  5()i;  t.  \  1 .  ]).  56i.  quella  ultima  capitolalione  tra  la  santa  menioria 

'  Dépêche   de    Russell    du   2   février   1027  à  di Leone ,  e il  Chrislianissimo ,  cbe non  si  manda poi 

Henri  VIII.  (Calendar  of  State  papers,  Henri  VIII.  ad  effelto,  délia  qnale  credo  ebe  vostra  reverendis- 

t.  VI,  p.  564.)  sima    signoria    habbia    notitia,    e   il    signor  Al- 

3  Ibid.  berto  cbe  la  (rattô,  ne  è  infoimatissinio.  (Leltere  di 

'  La  pape  avait  un  moment  pensé  au  dnc  d'An-  Principi,  Ziletti,  Venise,   1081,  t.  Il, p.  ii8v°.) 
goulême,  le  troisième  fils  de  François  I",  et  voïci  ''  Gilbert  Bayart,  seigneur  de  la  Font,  l'un  des 

ce  qu'on  en  écrivait,  le  si  août  1528,  au  cardi-  secrétaires  d'Etat  de  François  I":  il  fut  emprisonné 

nal  Saiviati  :  Nella  parte  del  marital- la  Ducbessinia .  sous  le  règne  suivant. 

e  promeltere   la   investilura  al    duca  d'Angolem,  Vby.  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Granvelle . 

non  si   farà   dillicoltà;  e  pensa  Sua  Sanlita,  cbe  t.  I",  p.  £72,  48o,  692,  695,519  et  suiv. 

Catherine  de  Medicis.  —   i.  R 


x  [INTRODUCTION 

roi  lai-même  s'il  entendait  poursuivre  la  négociation  entamée  avec  le  pape  on 
l'abandonner  définitivement  '. 

Mis  ainsi  en  demeure  de  s'expliquer,  François  I"'  reconnut,  peut-èlre  im- 
prudemment, qu'il  y  avait  bien  eu  des  paroles  échangées  entre  le  pape  et  lui 
pour  arriver  au  mariage  de  Catherine  et  du  duc  d'Orléans;  mais  que,  depuis, 
d'autres  projets  ayant  été  mis  en  avant  par  la  reine  sa  mère  et  l'archiduchesse 
Marguerite  d'Autriche,  il  n'avait  pas  voulu  que  les  pourparlers  commencés  de- 
vinssent un  obstacle,  et  qu'il  avait  donné  ordre  à  M.  de  Villandry  d'en  rester  !à, 
ne  voulant  pas  être  accusé  de  jouer  double  jeu2. 

Jusqu'alors  les  négociations  avaient  été  conduites  à  Rome  par  nos  deux  envoyés 
Gramont  et  Nicolas  Rainée.  Au  mois  de  juin  i53o,  François  Iur  fit  partir  pour 
Rome  un  nouvel  agent  nommé  Francisque.  Le  pape,  dès  la  première  audience, 
se  montra  très  désireux  de  se  mettre  d'accord  avec  le  roi;  mais  Florence  tenant 
encore,  il  fallait  attendre  a  qu'il  fût  hors  de  cette  affaire  et  que  l'armée  de  l'Em- 
pereur fût  hors  de  ses  épaules ;n>  toutefois,  il  estimait  l'honneur  que  le  roi  faisait 
à  sa  nièce  si  grand  et  si  avantageux  qu'il  ne  l'oublierait  jamais 3. 

Une  fois  Florence  rendue,  les  idées  de  Cément  Vil  se  modifièrent;  Gramoni 
l'invitant  à  ne  rien  décider,  à  ne  rien  faire  sans  s'être  entendu  préalablement  avec 
le  roi,  désireux  d'avoir  sa  nièce,  il  approuva  ce  langage,  mais  il  insista  pour  que 
personne,  à  l'exception  du  roi,  n'en  eût  connaissance,  espérant  de  lui-même 
amener  l'Empereur  à  donner  le  duché  de  Milan  au  duc  d'Orléans,  ce  pourvu  que 
l'on  ne  pensât  pas  qu'il  y  eût  l'intérêt  qu'il  y  portoif'n. 

Tout  en  tenant  ce  langage,  Clément  VII  avait  remis  le  gouvernement  de  Flo- 
rence entre  les  mains  des  partisans  des  Médicis  5.  C'est  probablement  ce  qui  décida 
François  Ier  à  rappeler  Gramont  et  à  le  remplacer  par  le  duc  d'Albanie.  Ce  choix 
n'était  pas  heureux  :  le  pape  s'en  plaignit  à  Gramont  et  ne  lui  cacha  pas  que  rrce 
n'étoit  pas  l'homme  avec  lequel  il  pourroit  négocier,  n  lui  exprimant  en  même 
temps  la  crainte  que  le  duc  ne  prêtât  trop  complaisamment  l'oreille  à  toutes  les 
intrigues  ourdies  autour  de  sa  nièce,  et  qu'il  n'en  survînt  un  refroidissement  entre 
François  Ier  et  lui.  Gramont  partageait  ses  craintes;  il  appréhendait  surtout  que 

1  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Granvelle,  t.  I",  bliot.  nat.,  fonds  Clairambault,  vol.  333,  p.  'i583. 
p.  'ig6.  '  Bibliot.  nat.,  tonds  Clairambault,  vol.  333-, 

2  Réponse  de  François  I"r  ( Papiers d'Elal  du  car-         p.  'i58a. 

diiwl  de  (jranrelle ,  t.  I",  p.  5au).  5  Dépèche    de    Gramont    (Bibliot.    nat.,    fonds 

Lettre  de  Francisque  au  Grand  Maître,  Bi-        Clairambault,  vol.  333,  p.  4645). 


INTRODUCTION. 

le  duc  ne  revînt  à  son  premier  projet  de  mariage  de  Catherine  avec  le  jeune  roi 
d'Ecosse;  c'est  sous  cette  impression  qu'il  écrivait  au  grand  maître  Aune  de 
Montmorency  :  r  Surtout  qu'il  n'en  parle  pas,  car  si  le  pape  en  a  quelque  connois- 
sance,  non  seulement  il  ne  consentira  au  mariage,  mais  vous  ne  l'aurez  de  son 
vivant  et  peut-être  qu'il  la  mariera  à  son  appétit  ou  à  l'appétit  de  l'Empereur  s'il 
voit  que  l'on  ne  parle  plus  de  l'un  des  enfants  de  France,'»  et  il  ajoutait  :  «II  me 
semble  que  vous  ne  sauriez  mieux  faire  que  de  l'avoir  une  fois  en  vos  mains  et 
puis  après  en  disposer  comme  verriez  que  sera  plus  le  service  du  roi,  mais  je 
vous  supplie  de  ne  parler  du  roi  d'Ecosse  ni  d'autre  que  ne  l'ayez  entre  les 
mains  l.r 

Grampnt,  que  le  pape  avait  supplié  de  ne  pas  quitter  encore  Rome,  finit  par 
attendre  l'arrivée  de  la  jeune  duchesse  pour  être  mieux  à  même  d'en  parler  an 
roi  -. 

C'est  Nicolas  Raince  qui  va  nous  dire  la  réception  faite  par  Clément  VII  à  sa 
iiièce  : 

-Madame  la  Duchesse  arriva  ici  la  semaine  passée  et  lui  a  fait  Sa  Sainteté  un 
cordial  et  vrai  accueil  paternel,  et  s'est  pu  connoitre  que  c'est  bien  la  chose  du 
monde  qu'il  aime  le  mieux.  Il  la  reçut  les  bras  tendus,  les  larmes  aux  yeux,  mè- 
mement  par  la  grande  joie  et  plaisir  de  la  ouir  parler  tant  sagement  el  la  voir 
en  sipriidente  contenance;  mais  elle  ne  peut  oublier  le  maltraitement  qu'on  lui  a 
fait  et  a  fort  bonne  grâce  à  en  parler3.'» 

Quinze  jours  se  passèrent  entre  le  départ  de  Gramonl  et  l'arrivée  du  duc  d'Al- 
banie. Francisque,  dans  cet  intervalle,  expose  au  Grand  Maître  toutes  les  inquié- 
tudes, les  perplexités  de  Clément  VII,  «  répétant  toujours  que  sa  nièce  n'était  pas 
digne  de  si  haut  mariage,  mais  disposé  à  tous  les  sacrifices,  à  toutes  les  conces- 
sions pour  y  parvenir*,  n 

Il  axait  demandé  à  Raince  si  le  duc  d'Albanie  venait  comme  ambassadeur; 
sur  sa  réponse  affirmative,  il  donna  l'ordre  de  le  recevoir  avec  tous  les  honneurs 
qui,  à  ce  titre,  lui  étaient  dus.  Les  cardinaux  et  tous  les  ambassadeurs,  même 
celui  de  l'Empereur,  vinrent  donc  à  sa  rencontre.  Le  lendemain  soir  de  son 
arrivée,  le  duc  alla  au  Vatican  sous  un  déguisement  et  resta  enfermé  avec  le  pape 
jusqu'à  minuit.  Divers  bruits  couraient  sur  l'objet  de  sa  mission  :  les  uns  disaient 

1  Bibliot.  mit.,  fonds   Clairambault,   vol.   3.33.  '  Ribl.  nat. ,  fonds  fiançais,  n°  3ogc),  p. 7G. 

p.  4647.  '  Bibliot.  nat.,  fonds  Clairambault,  vol.  333. 

1  Ibid.,  p.  46  17.  p.   Z1713. 


x„  INTRODUCTION. 

iju'il  venait  demander  la  jeune  duchesse  pour  le  roi  d'Ecosse,  d'autres  pour  le 
duc  d'Orléans,  d'autres,  enfin,  pour  le  cardinal  Hippolyle  de  Médicis1.  Tous 
ces  bruits  tombèrent  d'eux-mêmes.  Le  5  novembre,  le  duc  eut  son  audience  et 
fit  la  demande  officielle  de  la  main  de  Catherine.  Le  pape  répondit  (nous  le  sa- 
vons par  une  lettre  de  Rainée)  :  ce  qu'il  voudroit  que  sa  nièce  eut  épousé  le  plus 
grand  du  monde,  mais  que,  pour  cela  ni  autre  chose  du  monde,  ne  s'accorderoit 
jamais  à  faire  chose  qui  fut  contre  le  bien  public  de  la  chrétienté,  n  Raince  ajoute  : 
«Sa  Sainteté  désire  merveilleusement  ce  mariage;  mais  aussi  si  l'on  [le]  met  avant 
en  cette  espérance,  comme  déjà  il  y  est,  si  de  fortune  l'on  ne  lui  tient  promesse, 
je  doute  que  jamais  plus  il  y  auroit  ordre  de  le  regagner.  Le  duc  d'Albanie  a  lou- 
ché d'envoyer  la  Duchesse  en  France;  à  quoi  il  a  répondu  ne  vouloir  bouttre  la 
charrette  devant  les  bœufs2,  -n 

De  son  côté,  le  duc  d'Albanie  pensait  qu'il  fallait  aborder  carrément  la  question  : 
le  pape  pensait  être  abusé,  il  tenait  pour  chose  certaine  que  le  roi  avait  fait  faire 
parBayart  des  ouvertures  à  l'Empereur  pour  le  mariage  du  duc  d'Orléans;  depuis 
l'arrivée  de  Gramont  à  la  cour,  par  des  courriers  et  des  dépèches  chiffrées,  il  était 
averti  de  tout  ce  qui  s'y  passait,  le  plus  honnête  moyen  serait  donc  d'avouer  qu'en 
effet,  d'abord  à  Madrid,  par  l'entremise  de  la  reine  de  Navarre,  plus  tard  à  Cam- 
brai par  celle  de  la  reine  mère  et  de  l'archiduchesse  d'Autriche,  il  avait  été  ques- 
tion de  plusieurs  alliances  avec  la  maison  d'Espagne;  que  le  pape,  par  sa  grande 
autorité,  pourrait  servir  d'intermédiaire  et  amener  l'Empereur  à  laisser  de  côté  le 
projet  de  mariage  avec  le  duc  d'Orléans  qui,  eu  ce  cas,  serait  réservé  à  la  du- 
chesse d'Urbin;  ce  serait  assurer  le  repos  de  la  chrétienté.  A  défaut  du  duc  d'Or- 
léans, le  duc  mettait  de  nouveau  en  avant  le  roi  d'Ecosse;  il  allait  même  jusqu'à 
proposer  pour  le  cardinal  Hippolyte  de  Médicis  Jeanne  d'Albret  ou  Marguerite  de 
Montferrat.  Avait-il  reçu  de  nouvelles  instructions  ou  agissait-il  de  lui-même?  Tou- 
jours est-il  qu'il  s'insinua  si  bien  dans  les  bonnes  grâces  du  pape  que  Raince  écrivait 
au  Grand  Maître  (21  mars  1  53 1  )  :  «Je  n'aurois  cru  que  notre  Saint  Père  et  le 
s'  d'Albanie  eussent  pu  être  si  bien  ensemble,  ni  (pie  Sa  Sainteté  y  eut  pris  si  bon 
goût  et  se  fut  tant  ouvert  à  lui,  mais  il  l'a  trouvé  si  chaud  au  service  du  roi  et 
dans  si  grand  désir  de  les  voir  eux  deux  en  parfaite  amitié,  qu'il  lui  porte  une 
parfaite  foi.  Hier  soir  Sa  Sainteté  entra  en  quelques  propos  de  Madame  d'Urbin, 

'   Lettres  du  présii lent  des  comptes  de  Provence.  '  Bibl.    nat.,   fonds   Clairambaull,    vol.    333, 

BtbI.  nat. .  fonds  Clairambault ,  vol.  333 ,  p.  hj3  1 .        p.  U'jh  1 . 


INTRODUCTION.  xm 

me  demandant  si  j'avois  fait  faire  ses  armes  et  que  je  n'oubliasse  d'y  faire  mettre 
relies  du  duclié  d'Lrbin,  el  sur  telles  paroles  fut  devisé  de  lui  faire  apprendre 
à  parler  françois.  11  esl  merveilleusement  content  de  la  peine  que  prend  sou- 
vent le  duc  d'aller  visiter  Madame  sa  nièce  el  de  la  mener  aux  stations  de  ce 
carême  '.  - 

Le  bruit  axant  un  instant  couru  que  le  duc  allait  être  rappelé,  le  pape,  dont  le 
bon  vouloir  persistait  à  son  égard, s'en  expliqua  très  vivement  avec  Raince,  disant 
hautement  que  ttc'étoif  agir  à  la  vénitienne,"  parce  que  lorsqu'une  négociation 
touche  à  son  terme,  on  change  de  négociateur  pour  tout  remettre  en  question. 
Ces  craintes  si  réitérées  ne  s'expliquent  que  trop  :  François  Ier  lui-môme  avoua 
plus  tard  que,  dans  le  commencement,  la  négociation  entamée  n'était  qu'une 
feinte  convenue  avec  Henri  VIII  afin  d'écarter  le  jeune  roi  d'Ecosse  -.  -n 

Tout  reposait  sur  le  retour  de  Gramont;  s'il  apportait  plein  pouvoir,  Raince 
regardait  le  mariage  comme  conclu.  Le  pape,  dans  chaque  audience,  revenait  sur 
ce  point;  déjà  il  avait  commandé  le  logis  du  cardinal  tout  auprès  de  celui  du  duc 
d'Albanie;  il  ne  s'agissait  plus  que  de  régler  les  conditions  du  contrat.  Pour  les 
préparer  plus  à  loisir  et  avec  plus  de  réflexion,  François  Ier  se  rendit  au  château 
d'Anet3  alors  possédé  par  le  grand  sénéchal  de  Normandie,  Louis  de  Brezé4,  marié 
à  Diane  de  Poitiers,  et  y  passa  les  derniers  jours  d'avril5.  Ce  fut  là  qu'il  signa  le 
projet  de  contrat  de  Catherine  :  il  serait  bien  singulier  que  Diane,  cette  maîtresse 
femme,  eût  été,  à  ce  sujet,  consultée  par  François  Ier. 

Gramont  arriva  à  la  lin  de  mai  (1 53  1  )  et  soumit  sans  relard  au  pape  les  sti- 
pulations du  contrat  :  le  roi  promettait  à  son  fds  une  somme  annuelle  de 
3o,ooo  livres,  et  assurait  à  la  duchesse  un  douaire  de  i 0,000  livres  et  un  châ- 
teau meublé;  quant  à  la  dot,  il  s'en  rapportait  au  pape,  persuadé  qu'il  aurait 
égard  à  la  grandeur  de  la  Maison  où  sa  nièce  entrait0. 

Voilà  bien  les  conditions  officielles;  mais  il  y  avait  aussi  les  conditions  secrètes  : 

1   Bibl,  nat. ,  fonds  français,  n"  3o4o,  p.  3o.  fille  de  Jean  de  Poitiers,  comte  de  Saint-Vallier,  et 

1  Instructions  à  du  Bellay,  Bibl.  nat..  fonds  Cfai-  d'Anne  de  Batarnai,  alliée  à  la  maison  de  Boulogne 

rambault,  vol.  334,  p.  4<,M<(.  dont  était  issue  Catherine  de  Médicis.  —  Voy.  de 

Le  2/1  avril  iS3i.  Caraman,  Anet,  son  passé,  son  état  actuel,  Paris. 

1  Louis  de  Brezé  prêta  foi  et  hommage  d'Anèt  Duprat,  1 8 6 y . 

à  Charles  Mil,  le  li  mai  îiiji.  Il  avait  épousé  en  5  -Per  avec  riposi,  e  sui  piaceri.  »  (Bibl.  nat.. 

premières  noces,  sans  en  avoir  d'enfants,  Catherine  Dépêches  des  ambass.  vénil.,  n°  i,  p.  83.) 

de  Dreux,  et,  en  secondes  noces ,  en  loi  h  ,  à  l'âge  de  "  Bibl.    nat..    fonds    Clairambault,    vol.    334, 

cinquante-cinq  ans,  Diane,  née  le  3  septembre  i  i < 1 7 -  p.  4/ujg. 


xiv  INTRODUCTION. 

le  pape  promettait  Livourue,  Moclène,  Reggio,  et  s'engageait  à  aider  à  reprendre 
Gènes  et  Milan,  et.  s'il  ne  pouvait  livrer  Parme  et  Plaisance,  en  tant  que  biens 
de  l'Eglise,  il  promettait  une  compensation  équivalente. 

Clément  VU  approuva  la  forme  du  contrat,  mais  sous  certaines  réserves  :  les 
biens  que  sa  nièce  avait  à  Florence  ne  seraient  pas  compris  dans  la  dot  de 
100,000  écus  qu'il  lui  constituait,  et  elle  ne  serait  amenée  en  France  qu'après 
que  le  mariage  serait  consommé;  pourtant  il  finit  par  se  ranger  à  l'avis  de  Gra- 
mont  et  s'engagea,  le  mois  de  mai  une  fois  passé,  à  la  conduire  dans  un  lieu 
choisi  sur  la  frontière  de  France,  où  le  roi  et  le  duc  d'Orléans  se  rendraient 
de  leur  côté,  et  où  aurait  lieu  la  consommation  du  mariage1. 

Le  25  juillet,  Gramont  repartit  pour  la  France  et  emporta  les  contre-proposi- 
tions du  pape;  le  18  août2,  l'évèque  d'Auxerre  vint  le  remplacer  et  seconder  le 
duc  d'Albanie  qui  quitta  Rome  le  1  5  septembre.  L'ambassadeur  vénitien  en  rési- 
dence à  Paris,  à  l'affût  de  toutes  les  nouvelles,  écrit  qu'il  n'a  rien  pu  découvrir 
de  ce  qu'apportait  le  duc3;  en  réalité,  les  choses  étaient  restées  au  même  point. 
L'ambassadeur  anglais  Benêt  mandait  à  Henri  VIII,  le  3o  août,  que  le  pape  lui 
avait  dit  que  jamais  il  ne  consentirait  au  mariage  si  le  roi  voulait  le  faire  passer 
par  certaines  conditions  qui  jetteraient  le  trouble  dans  la  chrétienté,  et,  le  9  sep- 
tembre, il  ajoutait  que  le  duc  d'Albanie  n'avait  pu  réussir  à  fixer  les  conditions 
d'une  entrevue  entre  le  pape  et  le  roi4. 

Le  duc,  avant  de  quitter  Rome,  avait  donné  au  pape  pour  sa  nièce  une  bague 
de  fiançailles  de  3, 000  écus;  mais,  ces  fiançailles.  Clément  VII  en  recula  indé- 
finiment le  jour  sur  les  instances  de  Jacopo  Salviati,  de  son  secrétaire  Sanga  et 
de  l'ambassadeur  de  Venise,  tous  favorables  à  l'Empereur;  il  flottait  alternative- 
ment entre  le  désir  de  marier  sa  nièce  au  duc  d'Orléans  et  les  craintes  que  lui 
inspirait  Charles-Quint;  tout  en  disant  parfois  qu'il  espérait  se  venger  de  lui  avant 
de  mourir,  il  ne  cherchait  qu'à  gagner  du  temps.  En  elfet,  à  l'ambassadeur 
de  l'Empereur  qui  lui  avait  proposé  de  faire  le  contrat  de  mariage  du  duc  de 
Milan,  il  avait  répondu  :  ce  Ne  me  pressez  point,  j'en  suis  si  avant  avec  le  roi 
de  France  que  je  ne  le  puis  tromper  sans  lui  faire  grand  tort;  laissez-moi  faire, 
je  conduirai  cela  de  sorte  que  lui  viendra  à  dédain  et  rompra.  Je  connois  bien 

Bibl.    niit.,    tonds   Clairàmbault,    vol.  334,                Bibl.  nat.  Dépêches  des  ambassadeurs  véni- 

p.  4 6 1  cj .  tiens,  11°  1-,  [>.  43. 

2  Voy.  Dépêches  de  l'évèque  d'Auxerre.  (Bibl.             '  Calendar  of  State papers  (Henri  VIII),  t.  VI. 

nat.,  fonds  Dnpuy,  2G0,  p.  »3  et  suiv.)  p.  3 19. 


INTRODUCTION.  " 

sa  nature,  il  voudra  avoir  l'honneur  d'avoir  rompu  avec  moi,  c'est  ce  que  je  de- 
mande Kt 

Ces  Langueurs,  ces  irrésolutions  avaient  rendu  courage  au  duc  de  Milan.  Au- 
dreasi,  son  envoyé,  voyait  souvent  le  pape,  qui  ne  lui  cachait  rien  de  ce  qu'il 
exigeait  de  la  France,  et  ne  repoussait  pas  trop  les  espérances  de  sou  maître. 
Henri  Mil.  au  courant  de  toutes  ces  intrigues  par  sou  ambassadeur  Benêt,  crut 
un  instant  que  les  chances  du  duc  de  Milan  étaient  vraiment  sérieuses,  et  s'en 
expliqua  très  catégoriquement  :  «Ce  choix  n'était  pas  sortable  :  le  duc  était  âgé  de 
trente-huit  ans  et  si  infirme  qu'on  ne  pensait  pas  qu'il  put  vivre.  A  sa  mort,  la 
nièce  du  pape  viendrait  aux  mains  de  l'Empereur,  et  le  duché  de  Milan  n'étant 
donné  qu'en  viager,  la  grosse  dot  de  la  ducliesse  ne  trouverait  pas  les  sûretés,  les 
mêmes  garanties  que  lui  offrait  la  France;  il  engageait  donc  Benêt  à  appuyer  le 
duc  d'Orléans  auprès  du  pape2.*  11  avait  d'ailleurs  tout  intérêt  à  prendre  l'ail  et 
cause  pour  François  Ier.  La  question  de  son  divorce  avec  Catherine  d'Aragon  était 
pendante  à  la  cour  de  Borne.  Gramont,  d'Albanie  et  d'Auxerre  avaient  eu,  tour  à 
tour  mission  de  le  soutenir3.  Les  intérêts  des  deux  rois  étaient  donc  si  intimement 
liés  que  Raince  (îa  août  i53i)  avait  dit  au  pape  que  le  roi  consentirait  au  ma- 
riage du  duc  d'Orléans  et  de  sa  nièce  s'il  accordait  au  roi  d'Angleterre  la  dispense 
telle  qu'il  la  demandait. 

Les  menaces  d'invasion  des  Turcs  qui  inquiétaient  alors  la  chrétienté,  servirent 
de  prétexte  aux  deux  rois  pour  une  entrevue  à  Boulogne  et  à  Calais.  A  l'avance, 
il  avait  été  décidé  qu'elle  serait  aussi  simple  que  possible  et  ne  rappellerait  en 
lien  celle  du  camp  du  Drap  d'Or.  Henri  VIII,  la  reine  Éléonore  ne  pouvant  décem- 
ment y  assister  à  cause  de  la  compagnie  qu'il  amenait  d'Angleterre,  Henri  Mil 
aurait  désiré  que  la  reine  de  Navarre  y  vînt  du  moins  pour  faire  honneur  à  Anne 
de  Bolevn;  il  ne  put  l'obtenir,  la  favorite  s'y  trouva  seule,  et,  sous  le  masque, 
elle  eut  l'honneur  de  causer  et  de  danser  avec  François  Ier;  le  lendemain,  le 
prévôt  de  Paris  lui  porta  de  la  part  du  roi  un  diamant  de  grand  prix'. 

("est  durant  le  séjour  des  deux  princes  à  Calais  que  vint  la  nouvelle  du  pro- 
chain voyage  de  Charles-Quint  en  Italie;  en  prévoyant  de  prime  abord  toutes  les 
conséquences,  François  Ier,  cette  fois,  n'hésite  plus,  et,  se  mettant  d'accord  avec 

1  Dépêches  de  l'évêque  d'Auxerre,  ioi-2  (Bibl.  Voy.  une  lettre  de  François  Ier  dans  le  n   2*7 

nation.,  fonds  Dupuy,  n°  200,  p.  i3i).  du  tonds  Dupuy,  p.  5o. 

a  Dépêches  de  Henri  V1U  à  Benêt  (Calendar  of  '   Voy.  pour  1" entrevue  de  Henri  VIII  et  de  Fran- 

Statepapers,  Henri  VIII.  t.  VI,  p.  3ia,  3i3).  çoisl",  le  n°  334  du  fonds  Glairambault,  p.  6717. 


v.,  INTRODUCTION. 

Henri  VIII.  il  reprend  ouvertement  le  projet  de  mariage  du  due  d'Orléans,  resté 
en  suspens  depuis  plus  de  trois  ans1.  Sans  perdre  une  heure,  il  donne  l'ordre 
aux  deux  cardinaux  de  Gramont  et  de  Tournon  de  partir  pour  Boulogne,  et  en 
l'ait  prévenir  le  pape  par  l'évècpie  d'Auxerre. 

Les  deux  politiques  rivales  de  la  France  et  de  l'Espagne  allaient  donc  encore 
une  Ibis  se  trouver  en  présence,  et  l'éternelle  question  de  la  suprématie  en  Italie 
se  posait  de  nouveau.  L'évèque  d'Auxerre  avait  de  son  mieux  détourné  Clément  \  II 
de  cette  nouvelle  entrevue  avec  Charles-Quint,  lui  remontrant  que  ce  n'était  pas 
chose  à  faire  sans  y  bien  penser;  qu'une  fois  que  l'Empereur  l'aurait  entre  ses 
mains,  s'il  allait  à  Gènes  ou  à  Plaisance,  il  commencerait  par  lui  faire  payer  la 
dépense  de  son  camp  d'Italie,  comme  il  l'avait  fait  jusqu'ici,  et,  sous  le  prétexte 
du  repos  de  la  chrétienté,  marierait  sa  nièce  à  son  gré  :  si  donc  il  se  rendait 
à  cette  entrevue,  le  roi  son  maître  reconnaîtrait  que  ctous  les  dilemmes  qu  il 
a  faits  n'étaient  que  pour  le  tromper,  et  que,  dès  le  commencement,  il  n'a  eu 
nul  vouloir  de  lui  donner  sa  nièce  V- 

Charles-Quint  était  à  Mantoue  depuis  le  6  novembre;  il  en  partit  le  6  décembre 
pour  se  rendre  à  Modène;  le  1  a ,  il  entrait  à  Bologne.  Le  pape  l'y  avait  précédé; 
il  avait  mis  dix-neuf  jours  pour  venir  de  Borne,  ce  qu'il  eût  pu  faire  aisément  en 
trois  jours,  s'il  n'avait  été  contraint  d'accepter  cette  entrevue3.  De  leur  côté. 
Gramont  et  Tournon  n'arrivèrent  à  Bologne  que  le  k  janvier.  Jusqu'alors .  l'évèque 
d'Auxerre  représentait  seul  la  France.  Charles-Quint  avait  amené  avec  lui  le  duc 
de  Milan,  qu'il  offrit  de  nouveau  à  Clément  VII;  sur  son  refus,  il  mit  en  avant 
le  duc  de  Bar4,  qui  ne  fut  pas  mieux  accueilli.  Il  changea  immédiatement  de  tac- 
tique :  sans  déconseiller  le  mariage  avec  le  duc  d'Orléans,  il  invita  le  pape  à  se 
défier  de  François  I",  qui  le  tromperait  s'il  n'y  prenait  garde.  Clément  VII  répon- 
dit que  c'était,  il  est  vrai,  un  tel  honneur  pour  lui  qu'il  ne  pouvait  se  garder  d'en 
être  en  doute,  mais  que  jusqu'à  ce  que  le  roi  lui  eût  manqué  de  parole,  il  n'avait 
occasion  d      hercher  parti  ailleurs.  L'Empereur  ne  répliqua  pas;  mais  le  lende- 

1    Voy.  cette  lettre  de  François  1"  dans  le  fonds  le   a3  janvier  t533,  de   dire  à  Henri  VIII   que 

Clairambault,  vol.  334,  p.  6767.  l'Empereur  axait  proposé  au  pape  Catherine  pour 

"  BiM.  nat.,  fonds  Dupuy,  n°  260,  fol.  196.  le  duc  de  Bar,  mais  que  le  Sainl-l'ère  avait  ré- 

rOuasi  per  vera  sforza'  »  (  Relaz.  degli  ambas-  pondu  qu'il  y  avait  accord  avec  le  duc  d'Orléans,  et 

ciat.  Venet.,  Relaz.  di  Soriano,  série  III.  t.    III,  qu'ayant  reçu  un  tel  honneur,  il  ne  voulait  entrer  en 

.,   3oa.)  aucune  autre  pratique.  (Bïbl.  nat.,  fonds  Dupuy. 

;   François  I"  écrivait  d'Anet  au  bailli  de  Troyes,  n"  a'17.  p.  189  v°). 


INTRODUCTION.  Xvn 

main,  revenant  à  la  chargé,  il  lui  insinua  que  le  meilleur  moyen  de  savoir  si 
l'offre  des  deux  cardinaux  (Mail  sincère,  c'était,  de  les  presser  de  faire  le  contrai, 
et  que  par  là  il  verrait  bien  si  l'on  jouait  franc  jeu.  Clément  Vil  lui  cacha  avec 
soin  que  les  articles  en  avaient  élé  rédigés  de  longue  date,  il  fit  semblant  de 
trouver  bon  le  conseil  et  promit  d'en  parler  aux  deux  cardinaux  de  Tournou  et 
de  Gramont;  en  effet,  dès  le  lendemain,  il  les  pria  de  demander  au  roi  d'envoyer 
un  pouvoir  pour  dresser  le  contrat,  afin  de  le  mettre  sous  les  yeux  de  l'Empereur, 
lui  démontrer  qu'il  n'y  avait  pas  eu  d'autres  articles  passés  de  longue  main,  et 
lui  prouver  que  les  cardinaux  étaient  prêts  à  conclure  quand  il  le  voudrait.  Les 
cardinaux  en  référèrent  sur-le-champ  à  François  Ier,  lui  faisant  observer  qu'il  n'y 
avait  nul  danger  à  envoyer  ce  pouvoir;  ils  avaient,  d'ailleurs,  le  double  du  pre- 
mier projet  de  mariage  préparé  à  Anet;  si  le  roi  le  voulait,  ils  pouvaient  s'en 
servir  en  ayant  soin  de  présenter  comme  nouveaux  les  anciens  articles;  quant  à  la 
partie  secrète,  elle  avait  été  et  serait  toujours  mise  à  part;  et  avec  un  peu  de 
flatterie,  ils  ajoutaient  que  lorsque  le  roi  verrait  le  pape  ail  en  feroit  à  son  gré;  il 
étoit  le  meilleur  ambassadeur  de  son  royaume  et  sauroit  mieux  conduire  ses 
affaires  que  tout  autre  '.  n 

Un  autre  motif  et  non  moins  puissant  avait  déterminé  Charles-Quint  à  venir 
en  Italie.  Depuis  des  années,  il  avait  toujours  pressé  le  pape  de  réunir  un  concilr  . 
et  dans  ses  entretiens  de  chaque  jour  il  cherchait  à  l'y  décider.  Clément  Vil  s'y  était 
constamment  refusé,  et  cette  question  du  concile  devint  un  puissant  moyen  d'action 
pour  nos  deux  cardinaux.  François  I"  avait  toujours  appuyé  le  pape  dans  sa  résis- 
tance2. Déjà,  en  1  53 1 ,  le  duc  d'Albanie  avait  parlé  dans  ce  sens,  et  le  pape  en 
avait  été  si  touché  qu'il  avait  dit  à  Raince  trque,  dût-il  vivre  jusqu'à  la  fin  du 
monde,  il  auroit  la  mémoire  d'un  tel  bon  tour  et  s'efforceroit  de  le  reconnoitre3.  n 

Le  pouvoir  que  réclamaient  nos  deux  cardinaux  ne  se  fit  pas  trop  attendre: 
dès  qu'il  leur  fut  parvenu,  ils  le  mirent  sous  les  yeux  du  pape;  en  le  voyant, 
«il  ne  sut,  nous  dit  Raince,  quelle  contenance  tenir  de  la  grande  joie  qu'il  en 
avoit.  v  La  veille  encore,  l'Empereur  lui  avait  assuré  que  le  roi  ne  l'enverrait 
jamais.  Le  lendemain  il  se  fit  un  malin  plaisir  de  le  lui  montrer;  à  l'instant  même 
Charles-Quint  se  plaça  sur  un  autre  terrain  :  ne  pouvant  nier  que  ce  ne  fût  une 

1   Bibliothèque  nationale,  l'omis  Dupuy,  n°  260,  Lambert.   —    Voy.    Guichardin,   trad.,  Mit.    de 

p.  i83.  Londres,  1738,  t.  III,  p.  ,'167. 

'  Voy.  une  lettre  de  François  I"  dans  l'appendice  3  Bibl.  nat. ,    fonds    Clairambaolt,    vol.    333, 

de  l'édit.  des  Mémoires  de  Du  Bellay,  par  l'abbé  p.  /1733. 

Catherine  de  Médicis.  —  1.  .. 


xvr.i  INTRODUCTION. 

grande  et  inespérée  aliiance,  il  remontra  au  pape  qu'il  ne  devait  l'accepter  que 
sous  quatre  conditions  :  i°  qu'il  ne  fût  rien  innové  en  Italie;  2°  que  le  roi  de 
France  consentit  au  concile;  3°  que  les  traités  de  Madrid  et  de  Cambrai  fussent 
renouvelés;  h°  que  le  fait  du  roi  d'Angleterre  demeurât  dans  l'état  où  il  était, 
sans  y  procéder  plus  avant. 

Le  pape  répondit  très  sagement  qu'il  était  singulier  que  l'Empereur,  qui  lui 
avait  conseillé  d'exiger  ce  pouvoir,  maintenant  que  le  roi  de  France  a  alloit  si  bon 
chemin u,  voulut  mettre  en  avant  d'autres  conditions  qui  étaient  étrangères  au 
mariage;  il  ajouta  que  l'honneur  que  le  roi  lui  faisait  était  si  grand  que,  quand 
sa  nièce  serait  héritière  de  la  moitié  de  l'Europe,  il  ne  voudrait  pas  proposer  des 
conditions  pareilles,  que  l'Empereur  n'avait  jamais  pu  obtenir,  même  quand  il 
avait  le  roi  de  France  entre  ses  mains.  A  deux  reprises,  l'Empereur  revint  à 
la  charge,  mais  ne  put  rien  gagner.  Restait  la  question  de  l'entrevue  avec 
François  Ier.  Le  Saint-Père  désirait  qu'elle  fût  tenue  secrète.  Pour  se  voir  plus 
librement,  Nice  lui  semblait  le  lieu  le  plus  convenable  et  il  se  proposait  d'en  de- 
mander le  château  au  duc  de  Savoie. 

La  voilà  donc  enfin  amenée  à  son  terme,  cette  interminable  négociation,  et  pour- 
tant François  Ier  hésitait  encore.  Nous  ne  pouvons  en  douter,  car  après  les  paroles 
données,  il  consulta  de  nouveau  Henri  VIII  sur  l'opportunité  et  les  avantages  de 
cette  union.  Henri  VIII  lui  fit  répondre  par  le  comte  de  Rochefort,  le  frère 
d'Anne  de  Roleyn  (mars  i533),  que,  eu  égard  au  haut  rang  que  tenait  dans  le 
monde  la  noble  maison  de  France,  ce  mariage  lui  semblait  bien  disproportionné; 
qu'il  ne  conseillait  cette  mésalliance  qu'à  la  condition  qu'elle  fût  rachetée  et  com- 
pensée par  de  si  grands  avantages  qu'il  lui  semblait,  si  ce  n'est  impossible,  du 
moins  très  difficile  à  Sa  Sainteté  d'y  satisfaire1.  Dans  tous  les  cas,  il  offrait  au  roi 
son  frère  son  concours  s'il  était  jugé  nécessaire2. 

Dans  sa  propre  famille,  le  pape  avait  eu  aussi  à  combattre  de  grandes  résis- 
tances. Giacomo  Salviatiet  Lucrezia,  sa  femme,  n'avaient  pas  craint  de  lui  dire  que 
sa  nièce  n'était  pas  un  parti  digne  d'un  fils  de  roi;  ils  lui  avaient  rappelé 
l'exemple  de  Cosme  l'Ancien  qui  n'avait  jamais  voulu  s'allier  à  des  maisons  prin- 


'  Instruction  donnée  au  comte  de  Rochefort  dans  *  Relazion.  degli  ambasciat.  Venet. ,  rdazione  di 

\eCalendarof  State  papers,  Henri  VIII,  t.  VI, p.  448.  Soriano,  série  II,  t.  III,  p.  3o3.  —  V'oy.  à  ce  su- 

11  Lettre  du   a.J    août   1 533  (Calendar  of  State  jet  les  réflexions  de  Soriano. 
papers,  Henri  VIII  ,  t.  VI,  p.  3o6). 


INTRODUCTION.  ta 

Retournons  en  arrière,  et  autant  que  de  raies  documents  nous  le  permettent 
disons  un  mot  de  la  vie  que  Catherine  menait  à  Rome  où  nous  l'avons  laissée  : 
dans  ses  promenades  à  cheval  elle  était  suivie  par  les  pages  du  duc  Alexandre 
de  Médicis  dont  elle  occupait  le  palais,  ayant  à  ses  côtés  tantôt  l'évèque  de 
Forli,  tantôt  messer  Tornabuoni  et  deux  nobles  Florentines;  souvent  en  compagnie 
du  duc  d'Albanie,  son  oncle,  elle  allait  dîner  chez  Sa  Sainteté  qui  l'aimait  par- 
dessus tout1.  Dès  son  arrivée,  elle  avait  été  confiée  à  Marie  Salviati,  veuve  de 
Jean  de  Médicis.  le  chef  des  bandes  noires,  el  611e  de  Jacques  Salviati2  et  de 
Lucrèce  de  Médicis,  sœur  de  Léon  X.  La  duchesse  de  Gamerino  lui  avait  été 
adjointe.  Toutes  deux  étaient  d'une  vie  exemplaire  et  renommées  pour  leurs 
vertus.  Leur  influence  ne  pouvait  être  que  salutaire;  mais,  à  côté  de  la  leur,  il  y 
en  avait  une  autre  dont  il  faut  tenir  compte  et  qui  dut  exercer  un  grand  empire 
sur  le  caractère  de  la  jeune  fille  :  c'est  celle  de  Clément  Vil. 

Les  ambassadeurs  vénitiens  Gasparo  Contarini  et  Antonio  Soriano  s'accordent  à 
nous  dire  qu'il  avait  le  cœur  sec  et  froid3.  Le  grand  historien  Guichardin,  qui 
fut  l'un  de  ses  familiers,  nous  «lit  qu'il  était  grave  et  mesuré  dans  ses  actions, 
très  maître  de  lui.  très  appliqué  aux  affaires  et  qu'il  aurait  brillé  davantage 
si  la  crainte  n'avait  pas  souvent  altéré  son  jugement;  mais  il  vante  son  habileté 
dans  les  négociations  et  sa  profonde  dissimulation4  :  a  sa  nature  est  de  reculer,  v 
écrivait  l'évèque  d'Auxerre  au  duc  d'Albanie.  Si  à  l'école  de  Clément  Vil,  Cathe- 
rine apprit  de  bonne  heure  à  feindre,  à  se  replier  sur  elle-même,  si  elle  se 
lit  ce  masque  impénétrable  qu'elle  gardera  toute  sa  vie,  elle  tint  également  de 
Marie  Salviati,  il  est  juste  de  le  dire,  ce  respect  des  convenances,  cette  dignité 
de  vie  qu'avant  son  veuvage  ses"  contemporains  ne  pensèrent  jamais  à  lui  con- 
tester. Elle  affectait,  sous  ce  rapport,  d'être  si  sûre  d'elle-même  que,  lorsque 
dans  la  nuit  du  2 5  décembre  1 563  des  placards  injurieux  furent  apposés  au 
Louvre  et  à  l'hôtel  du  Petit-Bourbon,  elle  écrivait  avec  un  certain  orgueil  au 

1  Lettre  de  Francisque  au  Grand  Maître.  (Bibl.  degli  ambasc.  Vend.,  relai.  di  Contarini,  série  II. 
nat.,  fonds  Glairambault,  vol.  333.)  t.   III,  p.   a65.)  —   L'ambassadeur  Soriano   dil 

2  ttFra  Maria  Salviati,  donna  prudente  e  di  vita  la  mémo  chose  :  «E  di  un  cuore  frigidissimo,  è 
esemplare.*  (Varchi,  Sér.  Fior.)  —  Voy.  l'article.  si  risolve  e  molto  irresoluto  e  mollo  tardo  risol- 
que  lui  a  consacré  M.  Guasti  dans  le  Giornak  slorico  versi  e  seppur  molto  facile  a  muterai. «  (Ibid. , 
degli  arehivi  Toscani,  anno  II,  dispensa  1°  (i858),  p.  278.) 

p.  i3.  '  Guichardin,    trad.,    Londres,    1738,    in-i°. 

3  rLa  nalurasua  è  un  poco  fredda;  perp  è  tar-  t.  III,  p.  /170.  —  Voy.  Varchi,  Stor.  Fièrent., 
dissimo  nel  risolversi,  e  non  poco  timido.»  (Relaz.         t.  III,  p.  ?>6. 


xx  INTRODUCTION. 

connétable  :  «  Dieu  merci,  c'est  la  chose  du  monde  dont  je  suis  la  plus  nette  et 

j'en  remercie  Dieu  l.  ■» 

Il  est  une  qualité  que  Catherine  ne  tenait  que  d'elle-même ,  c'était  une  grâce 
naturelle,  une  séduction  irrésistible2.  Italienne  par  les  Médicis,  mais  Française 
par  Madeleine  de  la  Tour  d'Auvergne  sa  mère,  nature  hybride,  formée  des  qua- 
lités et  des  défauts  de  deux  races  si  opposées,  elle  savait  gagner  habilement  les 
sympathies  et  savait  les  retenir. 

Le  peintre  Vasari  se  laissa  prendre  à  ce  charme  que  la  jeune  fdle  exerçait  déjà 
sur  tous  ceux  qui  l'approchaient;  au  moment  où  elle  allait  quitter  pour  jamais  Flo- 
rence, chargé  par  le  duc  Alexandre  de  faire  son  portrait  de  grandeur  naturelle, 
il  écrivait  à  messer  Carlo  Guasconi  :  «  L'amitié  qu'elle  nous  témoigne  mérite  que 
nous  gardions  auprès  de  nous  son  portrait  d'après  nature  et  qu'elle  demeure  réel- 
lement devant  nos  yeux  comme  après  son  départ  elle  demeurera  gravée  dans  le 
plus  profond  de  nos  cœurs;  ■»  et  il  ajoute  :  a  Je  lui  suis  tellement  affectionné,  mon 
cher  Carlo,  pour  ses  qualités  particulières  et  pour  l'affection  qu'elle  porte  non  pas 
seulement  à  moi,  mais  à  toute  ma  patrie,  que  je  l'adore  comme  on  adore  les  saints 
du  paradis.  Son  agrément  ne  se  peut  dépeindre,  sans  quoi  j'en  conserverais  la 
mémoire  avec  mes  pinceaux 3.  t> 

Tous  ceux  qui  virent  Catherine  dans  sa  première  jeunesse  s'accordent  à 
porter  sur  elle  le  même  jugement.  Sanga,  le  secrétaire  de  Clément  VII,  écrivait 
au  duc  Alexandre  de  Médicis  (3  octobre  i53o)  :  rr Elle  est  d'une  sagesse  et  d'une 
discrétion  au-dessus  de  son  âge  4.  -n  A  la  même  date,  notre  envoyé  Francisque 
disait  au  grand  maître  Anne  de  Montmorency  :  «■  Il  ine  semble  qu'elle  sera  d'un 
bon  esprit  \  •»  L'ambassadeur  vénitien,  Antonio  Soriano,  est  plus  explicite  encore  : 
trEHe  est  d'un  naturel  vif  et  d'un  gentil  esprit6,  n  Ce  qui  est  plus  significatif  que 
tous  ces  éloges,  c'est  qu'à  l'âge  de  onze  ans,  ne  l'oublions  pas,  elle  avait  boule- 
versé et  profondément  divisé  le  couvent  des  Murâtes1. 

1  Bibl.  nat. ,  fonds  français,  n°  3i53,  p.  1.  '  «  Disserta  esaviasopra  l'etasua.»  (Sanga,  Let- 

'   irEra  di  slile  graziocissima ,  e  per  se  stessa  si  fa-  1ère  di  principi,  in  Venezia,  Ziletti,  1 58 1 ,  t.  Il, 

ceva  amare  da  ciacuii.it  Chronica  di  suor  Gitistina  p.  2o3.) 

Nicolini,  Jeunesse  de  Catherine,   traduction  d'Ar-  b  Bibl.    nat.,   fonds    Clairainbault,   vol.    303, 

mand  Bascbet,  p.  102.  p.  Û719. 

3  Vasari,  Vita  di  Sebastiano  Viniiiano,  édit.  de  '  Relaz.  degli  ambasciat.  Venet. ,  relaz.  di  So- 

Le  Monnier,  vol.  X,  p.  i3i  ;  de  Reumont,  La  Jeu-  riano,  série  II,  t.  III,  p.  283. 

nesse  de  Catherine  de  Médicis,  trad.  par  Armand  7  Voy.  la  note  de  la  page  vu. 

Baschet,  p.   171 . 


INTRODUCTION.  vu 

Dans  ce  projet  de  mariage  de  sa  nièce  avec  le  duc  d'Orléans,  comme  dans  tous 
les  autres,  Clément  VII  ne  se  préoccupait  que  de  la  grandeur  et  de  l'élévation  des 
Médicis;  il  n'avait  jamais  consulté  Catherine  qui  déjà  avait  fait  un  choix.  Elevée  à 
Home  avec  son  cousin  Hippolyte  de  Médicis,  le  fds  naturel  de  Julien  de  Médicis, 
âgé  de  quelques  années  de  plus  qu'elle,  beau  de  sa  personne1  et  dune  nature 
sympathique  et  prévenante,  elle  en  avait  t'ait  le  confident  de  toutes  ses  pensées. 
C'est  à  lui  qu'elle  avait  recours  pour  tout  ce  qu'elle  désirait,  tout  ce  qui  l'intéres- 
sait. Elle  s'était  prise  d'amour  pour  lui,  nous  dit  le  Vénitien  Antonio  Soriano2. 

Cette  inclination  s'explique  lorsqu'on  voit  le  beau  portrait  qu'a  laissé  Titien 
d'Hippolyte  de  Médicis3:  sa  figure  est  douce  et  sérieuse;  elle  a  bien  l'expression 
mélancolique  que  l'on  croit  retrouver  souvent  chez  ceux  qui  sont  destinés  à  une 
mort  prématurée;  il  est  revêtu  du  riche  costume  hongrois  de  velours  rouge  qu'il 
portait  lorsque,  envoyé  comme  légat  en  Allemagne,  il  y  parut  escorté  de  huit  cents 
cavaliers  hongrois  levés  à  ses  frais;  poète  et  musicien,  il  avait  traduit  en  vers 
italiens  le  second  chant  de  ï Enéide  et  jouait  agréablement  du  luth,  de  la  flûte 
et  de  l'orgue;  passionné  pour  les  carrousels,  les  tournois,  les  grandes  chasses, 
la  main  toujours  ouverte,  comme  Léon  X,  il  avait  à  sa  suite  des  barbares  de  tous 
les  pays,  des  Tartares  habiles  à  tirer  de  l'arc,  des  Éthiopiens  dressés  à  la  lutte, 
des  Indiens  plongeurs  intrépides,  des  Turcs  pour  conduire  ses  chasses''.  Il  se 
disait  le  fils  légitime  de  Julien  de  Médicis  et  d'une  noble  dame;  par  sa  naissance, 
il  se  croyait  appelé  à  gouverner  à  Florence  de  préférence  au  frère  naturel  de  Ca- 
therine, Alexandre  de  Médicis,  ce  bâtard  né  d'une  servante,  ainsi  qu'il  l'appelait; 
mais  son  caractère  ardent  et  passionné  allait  mal  au  très  circonspect  Clément  VII; 
de  ce  neveu,  né  pour  la  lutte  et  la  guerre5,  il  fit  un  cardinal,  réservant  Flo- 
rence à  Alexandre,  auquel  l'Empereur  avait  promis  sa  fille  naturelle. 

Pour  couper  court  à  cette  inclination,  au  mois  d'avril  1 53-2  ,  Clément  VII,  sous  le 

trHieri  vidi  il  S.  Hippolitino  nol  giardino  deila  de  lous  leurs  biens  en  France,  épousât  plutôt  un 

casa  di  N.  S.,  piu  bello  che  alcuno  de  fiori  di  quel  Italien  qu'un  prince  français, 

giardino.  i  (Eptst.  Bembi.)  3  Ce  portrait  est  à  Florence  au  palais  Pitti. 

1  Relaz.  degli  ambasciat.  Venet. ,  relai.  di  So-  i  Voy.  Ammirato,  Stor.  Fiorcnl. ,  édit.  de  Flo- 

riano,  sériel!,  t.  II,  p.  282.  rence,   1897,  t.   X,  p.    192;  Nestor,  Histoire  des 

Un  instant  il  fut  question  de  son  mariage  avec  hommes  de  la  maison  de   Médicis,   Paris,    i56'i. 

Catherine.  Notre  envoyé,  Nicolas  Raincc,  faisant  p.  178  et  186  y". 

partait  duc  d'Albanie  du  bruit  qui  courait  alors,  5  irPiu  inclinato  ait  anni  che  al   sacerdozio.  » 

regardait  comme  plus  avantageux  pour  le  duc  que  (Ammirato,  Stor.  Furent.,  édit.  de  Florence,  1837, 

sa  nièce,  avec  laquelle  il  avait  échangé  une  donation  t.  X ,  p.  1 0.2.) 


XXII 


INTRODUCTION. 

prétexte  du  mauvais  air  de  Rome,  se  décida  à  envoyer  Catherine  à  Florence1.  Pré- 
venu de  ce  départ  par  messer  Tornabuoni,  l'évêque  d'Àuxcrre  le  pria  de  de- 
mander au  Saint-Père  s'il  trouverait  bon  qu'il  allât  prendre  concède  la  duchesse, 
mais  il  n'en  obtint  aucune  réponse.  Il  ne  la  vit  donc  pas.  Hippolyte  s'en  montra 
très  mécontent  et  le  pria  d'empêcher  le  départ  de  Catherine,  mais  l'évêque  s'y 
refusa. 

Elle  fut  conduite  à  Florence  par  Maria  Salviati  qui  continua  à  en  avoir  la  garde 
jusqu'au  moment  de  son  départ  pour  la  France.  Nous  savons  peu  de  chose  sur  ce 
nouveau  séjour  dans  sa  patrie  :  au  mois  d'août  1 533 ,  en  compagnie  de  douze 
dames  ou  demoiselles  nobles,  nous  la  voyons  aller  au-devant  de  Marguerite  d'Au- 
triche, celte  fiancée  de  douze  ans  que  l'empereur  envoyait  à  Naples  auprès  du 
vice-roi  Pierre  de  Tolède,  en  attendant  qu'elle  épousât  le  duc  Alexandre2.  L'ordre 
du  départ  étant  enfin  venu,  elle  réunit  dans  un  splendide  banquet  les  dames  les 
plus  illustres  de  Florence;  c'était  le  dernier  adieu  donné  à  une  ville  qu'elle  ne 
devait  plus  revoir;  mais  elle  n'oubliera  jamais  le  séjour  qu'elle  y  fit,  jamais  elle 
n'oubliera  l'humble  couvent  des  Murâtes  où  elle  fut  enfermée;  lors  de  sa  première 
grossesse,  elle  écrira  à  ses  amies  les  religieuses,  leur  demandant  des  prières  pour 
son  heureuse  délivrance3;  à  bien  des  années  de  distance,  en  leur  envoyant  des 
présents ,  elle  s'informera  s'il  s'en  trouve  encore  de  vivantes  de  celles  qui  l'ont  connue 
enfant.  En  1 588 ,  arrivée  au  terme  de  sa  vie,  brisée  par  l'âge  et  la  longueur  de  la 
lutte,  elle  leur  demandera  de  nouveau  leurs  prières  pour  le  roi  son  fils,  pour  la 
reine  sa  belle-fille,  afin  qu'il  plaise  à  Dieu  leur  donner  des  enfants;  au  lieu  de  sa 
statue  en  marbre  qu'elle  leur  avait  promise,  elle  leur  enverra  son  portrait  ce  fait  au 
vifu.  De  lltalie  elle  emportait  encore  d'autres  souvenirs;  en  se  rappelant  le  siège 


1  Voici  la  lettre  où  l'évêque  d'Auxerre  parle  du 
départ  de  Catherine  pour  Florence  :  s  C'est  sous  pré- 
texte du  mauvais  air  de  cette  ville,  écrit-il  à  Fran- 
çois I",  que  Sa  Sainteté  l'envoie  à  Florence  ;  je  ne 
sçay  si  c'est  pour  éviter  la  dépense  ou  pour  donner 
crédit  aux  choses  de  Florence  dont  le  gouverne- 
ment, au  commencement  du  mois  qui  vient,  sera 
mis  aux  mains  du  duc  Alexandre,  ou  pour  oster  le 
soupçon  que  pourrait  avoir  rErnpereur ;i  et  il 
ajoute  :  «je  sçay  bien  que  luy  ne  ses  gens  ne  se 
lient  du  pape,  ne  le  pape  d'eulx.  »  Minute  de  la 
dépêche  de  l'évêque  d'Auxerre  au  Grand  Maître, 


du  3o  avril.  (Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n"  260, 
p.  an.)  — Catherine  partie,  Hippolyte,  sous  la 
première  impression  de  son  irritation,  voulait  aller 
en  France;  mais  sur  le  refus  du  pape  il  consentit 
à  se  rendre,  en  qualité  de  légal ,  en  Hongrie,  alors  en- 
vahie par  les  Turcs.  Il  partit  de  Rome  le  8  juillet 
1 532.  Voy.  les  lettres  de  Clément  VII  (7  juillet 
i53a)  à  Charles -Quint  et  au  roi  des  Romains, 
Lcltere  diprincipi,  Ziletti,  Venise,  1 5 S 1 ,  p.  i5  \°: 
Arch.  stor.  ital.  Hicordidcl Bontempi ,  vol.  16,  p.  388. 

-  Segni,  Stor.  Florent.,  édit.  de  1722,  p.  160. 

3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  8. 


INTRODUCTION.  xxin 

de  Florence,  elle  se  rappellera  Michel-Ange  qui,  durant  le  siège,  travaillait  à  sa 
Léda;  elle  se  rappellera  André  del  Sarte  qui  ne  put  survivre  à  la  prise  de  Flo- 
rence; elle  se  rappellera  le  Rosso  enlevé  à  l'Italie  par  François  1'  el  qu'elle  re- 
trouvera décorant  et  embellissant  ce  palais  de  Fontainebleau  où  le  Primatice  a  im- 
mortalisé les  tonnes  de  sa  rivale,  la  duchesse  de  Valentinois;  elle  se  rappellera  le 
palais  des  Médicisà  la  façade  sombre  et  sévère,  dont  les  liantes  fenêtres  semblaient 
délier  les  menaces  populaires;  c'est  là  que  Laurent  le  Magnifique  réunissait  les 
savants  de  la  Grèce  et  de  l'Italie,  les  peintres,  les  artistes,  les  voyageurs  célèbres; 
c'est  là  que  naquit  Léon  X;  c'est  là  qu'elle  vint  au  monde  et  que,  toute  petite 
fille,  elle  jouait  au  milieu  de  ces  marbres  antiques  enlevés  à  la  Grèce  el  que 
Michel-Ange  enfant  se  plaisait  à  dessiner;  elle  se  rappellera  cette  bibliothèque 
fondée  par  Laurent  le  Magnifique  et  enrichie  des  manuscrits  venus  de  l'Orient; 
elle  se  rappellera  ces  splendides  reliures  à  compartiments,  dont  l'Italie  seule  alors 
avait  le  secret  et  dont,  la  première  avec  Grolier1,  elle  inspirera  le  goût  à  Fran- 
çois Ier  et  plus  tard  à  Henri  II  et  à  Henri  III;  elle  se  rappellera  enfin  ces  admi- 
rables jardins  de  la  Rome  de  la  Renaissance,  jardins  qu'embellissaient,  comme 
au  temps  d'Agrippa,  des  statues,  des  fontaines  mythologiques  et  de  véritables 
rochers;  elle  en  fera  revivre  les  magnificences  dans  le  jardin  des  Tuileries. 

L'ordre  du  départ  étant  enfin  venu,  le  jour  où  elle  quitta  Florence  pour  se 
rendre  à  Marseille  où  l'attendait  son  royal  fiancé,  Catherine  alla  couchera  la  villa 
Caiano.  Le  duc  Alexandre  la  rejoignit  à  Boggio  et  la  conduisit  à  Pistoie,  où  elle  fut 
reçue  dans  la  maison  de  Gualtieri  Panciatichi.  C'est  de  Pistoie  qu'est  datée  la 
première  lettre  de  notre  recueil;  elle  est  adressée  au  duc  d'Albanie  :  rr Elle  a  reçu, 
dit-elle,  les  présents  du  roi  de  France  et  la  première  lettre  du  duc  d'Orléans,  son 
mari;  jeudi,  elle  espère  être  à  Pietra-Santa;  vendredi,  à  Massa;  stunedi,  à  la 
Spezzia  2.  •» 

Catherine  Cyho  et  Marie  Salviati,  ces  deux  gardiennes  vigilantes,  l'accompa- 
gnaient; avec  elles,  comme  escorte  d'honneur,  Philippe  Strozzi,  Palla  Rucceliai, 
dont  la  mère  était  sœur  de  Laurent  le  Magnifique,  François  Guichardin  et 
quelques  autres  seigneurs;  elle  arrivait  à  Nice  le  12  septembre. 

Obéissant  aux  injonctions  de  Charles-Quint,  le  duc  de  Savoie  avait  refusé  Nice 
pour  l'entrevue  du  pape,  et  Clément  Vil  s'en  était  montré  très  froissé3.  La  gar- 

1  On  peut  en  voir   les  plus  beaux  spécimens  !  Voy.  la  lettre  de  Catherine  de  Médicis ,  p.  1 . 

exposés  dans  la  galerie  Mazarine  à  la  Bibliothèque  3  Voy.  Relaz.  degli  ambasciat.  Venet.,  relu:,  di 

nationale.  Giustiniano ,  série  I",  t.  I",  p.  175. 


\XIV 


INTRODUCTION. 


nison  en  ayant  été  renforcée  et  l'accueil  fait  à  sa  nièce  n'ayant  pas  été  tel  qu'il 
l'attendait,  il  eut  un  instant  la  pensée  de  l'envoyer  au  château  de  Villeneuve, 
où  Mme  de  Villars  avait  fait  de  grands  préparatifs  pour  la  recevoir,  mais  il  ne 
donna  pas  suite  à  ce  projet  et  la  laissa  prolonger  son  séjour  à  Nice1,  d'où  elle  devait 
se  rendre  par  terre  à  Marseille.  C'est  de  Nice  qu'est  datée  une  seconde  lettre  de 
Catherine  au  duc  d'Albanie  :  elle  le  prie  de  lui  envoyer  un  joueur  de  tambourin, 
qu'elle  lui  désigne,  qui  passe  pour  très  bien  jouer  les  danses  françaises2. 

Depuis  bien  des  années,  toute  la  cour  s'informait  de  la  jeune  fiancée  du  duc 
d'Orléans,  rj'ai  été  fort  enquis  de  sa  beauté,  écrivait  au  cardinal  de  Tournon 
un  gentilhomme  venant  de  Florence,  tant  du  Roi  et  de  Madame  que  de  toute  la 
cour,  seigneurs,  dames  et  damoiselles  et  surtout  de  Madame  de  Nevers3.v> 

Lorsqu'elle  revint  à  Rome,  au  mois  d'octobre  i53o,  notre  envoyé  Francisque, 
qui  accompagnait  le  cardinal  de  Tournon  dans  la  visite  qu'il  lui  fit,  nous  dit  qu'elle 
était  cr  grande,  belle  et  en  bon  point4n;  elle  avait  alors  onze  ans.  Le  secrétaire  du 
pape,  Sanga,  écrit  à  la  même  date,  au  duc  Alexandre  de  Médicis,  qu'il  la  trouve 
belle5.  Andreasi,  l'envoyé  du  duc  de  Milan,  qui  résidait  alors  à  Rome,  écrit  éga- 
lement qu'elle  lui  a  semblé  assez  grande  pour  son  âge,  d'aspect  agréable, 
blanche  de  peau,  la  figure  pleine,  sans  aucun  fard,  mais  trop  délicate  encore 
pour  être  mariée6.  Deux  ans  plus  tard,  le  Vénitien  Antonio  Soriano  la  trouvait  un 
peu  maigre  et  petite;  d'après  lui,  ses  traits  manquaient  de  finesse,  et  ses  yeux, 
un  peu  gros,  rappelaient  ceux  de  tous  les  Médicis7. 


'  ir Notre  Saint  Père,  écrivait  Raince  au  roi,  ne 
pourrait  estre  ruieulx  délibéré ,  ne  plus  gaillard  de 
sa  personne  et  n'y  a  homme  en  sa  court  mieuk  dis- 
posé qu'il  est,  grâces  à  Dieu,  et  dict,  Sire ,  qu'il  ne 
feist  oneques  entreprise,  ne  voyage  de  si  bon  cueur. 
Il  a  entendu  par  Miraumont  qui  est  venu  devers 
luy  que  vous  veniez  à  Arles  environ  le  dixiesrae  de 
ce  mois  et  aussi  a  sceu  que  le  duc  de  Savoye  avoit 
envoyé  renfort  au  château  de  Nice  de  gens  de  pied  , 
que  Sa  Sainteté  n'a  pas  trouvé  fort  bon  que  le  duc 
et  la  duchesse  sa  femme  ayent  si  froidement  recon- 
gneu  M""  la  Duchesse  sa  niepee,  à  laquelle  il  a  or- 
donné estre  escript  qu'elle  se  retire  à  Villeneuve 
avec  M™"  de  Villars,  là  où  le  sieur  de  Miraumont  a 
certifié  estre  honneste  préparatif.  M.  le  cardinal  de 
Tournon  luy  a  bien  fort  conforté,  qui  a  encores  plus 
eschautTé  le  bon  vouloir  que  Sa  Sainteté  avoit  de 


faire  partir  dudict  lieu  sa  niepee  et  ne  s'est  pas  tenu 
de  dire  que  M.  de  Savoye  a  aussi  mal  cogneu  son 
casque  feist  jamais  homme  de  son  pais.»  (Bibl. 
nation. ,  fonds  Clairambault,  vol.  334,  p.  488i.) 

2  Voy.  la  lettre  de  Catherine  de  Médicis,  p.  a. 

3  Ribl.  nation.,  fonds  Dupuy,  n°  /i8o,  fol.  66. 

1  Bibl.  nation.,  fonds  Clairambault,  vol.  333. 
p.  4719. 

s  Letlcre  di principi ,  Ziletti,  Venise,  1 58 1 ,  t.  II. 
p.  oo3. 

6  Dépêche  d' Andreasi,  citée  par  Armand  Bas- 
cbet.  append.  de  la  Jeunesse  de  Catherine,  p.  282. 

7  n-Questa  fanciulla  è  ora  entrata  nell'  anno  de- 
cimo  terzo  ;  è  piccola  di  persona ,  scarna ,  e  di  viso 
non  delicato;  ha  gli  occhi  grossi,  proprii  alla  casa 
de  Medici.»  (Relaz.  degli  ambasciat  Venet.,  relaz. 
di  Soriano,  série  II,  t.  III,  p.  a83.^ 


INTRODUCTION.  %x\ 

Bien  peu  de  temps  avant  son  départ  d'Italie,  le  B.ronzino  fit  son  portrait,  et 
Alberi,  qui  a  écrit  sa  vie,  en  a  placé  en  tête  de  son  livre  une  mauvaise  repro- 
duction :  les  cheveux  sont  noirs,  abondants  et  légèrement  relevés  pour  dégager  le 
front,  où  se  révèle  déjà  l'habitude  de  la  méditation  et  de  l'observation;  l'œil  est 
bien  celui  de  sa  race,  un  peu  gros,  les  sourcils  vigoureusement  accusés,  le  nez 
un  peu  fort,  la  lèvre  supérieure  fine,  la  lèvre  inférieure  un  peu  épaisse;  il  Y  a, 
dans  l'ensemble,  de  la  grâce  et  de  la  distinction. 

C'est  le  jeudi  a.'}  octobre,  à  quatre  heures  du  soir,  que  Catherine  fit  son  entrée 
à  Marseille;  elle  venait  d'Aubagne,  où  elle  avait  dîné.  Une  lettre  du  temps  nous 
en  a  longuement  décrit  les  magnificences1  :  huit  pages  à  cheval  ouvraient  la 
marche;  les  cardinaux  suivaient,  puis  six  haquenées  menées  en  main,  dont  une 
toute  blanche  et  caparaçonnée  de  toile  d'argent;  puis  venait  la  duchesse  sur  une 
Jiaquenée  (trousse»,  entièrement  couverte  de  toile  d'or;  derrière  elle,  la  duchesse 
de  Camerino  et  Marie  Salviati  avec  douze  damoiselles  montées  sur  des  haquenées 
ei  richement  vêtues  à  l'italienne,  la  garde  du  pape  et  celle  du  roi  faisant  la  haie; 
un  carrosse  de  velours  noir  conduit  par  deux  pages,  et  les  pages  du  duc  Alexandre 
de  Médicis,  montés  sur  de  grands  chevaux,  fermaient  la  marche.  Conduite  dans 
la  salle  où  le  roi  l'attendait,  ayant  à  ses  côtés  ses  deux  fils,  le  duc  d'Orléans  et  le 
duc  d'Angoulème,  elle  se  prosterna  pour  lui  baiser  les  pieds,  mais,  la  relevant 
aussitôt,  il  l'embrassa  et  la  fit  embrasser  par  le  duc  d'Orléans,  son  mari,  et  par 
le  duc  d'Angoulême,  puis  il  la  mena  visiter  la  reine  Ëléonore.  Le  22  octobre,  eut 
lieu  la  cérémonie  du  contrat;  le  28,1a  bénédiction  nuptiale.  Le  pape  voulut  offi- 
cier lui-même  et  donna  l'anneau  aux  jeunes  époux.  Jean  du  Bellai,évèque  de 
Paris,  fit  une  belle  harangue  en  latin.  La  toilette  de  la  jeune  duchesse  attirail 
tous  les  regards  :  elle  portait  une  robe  de  brocart;  par-dessus,  un  corsage  de 
velours  violet  garni  d'hermine  et  parsemé  de  perles  et  de  diamants;  sur  la  tête, 
une  couronne  de  duchesse;  sa  coiffe  était  si  chargée  de  pierreries,  nous  dit  un 
contemporain,  qu'elle  valait  un  royaume.  Les  perles  de  son  trousseau  étaient  les 
plus  belles,  les  plus  grosses  qu'on  eût  jamais  vues;  plus  tard,  elle  les  fil  réunir 
en  collier  pour  les  donner  à  Marie  Stuart,  du  vivant  de  laquelle  elles  vinrent 

1  Lettre  citée  par  Armand  Baschd  dans  l'appeii-  cérémonies  du  mariage.  —   Voy.  également  une 

dice  de  sa  traduction  de  là  Jeunesse  de  Catherine.  II  lettre   de  Berthercau  au  bailli  de  Troyes.  (Bibl. 

indique  également  plusieurs  lettres  qu'il  a  trouvées  nation.,   fonds   Dupuy,   a ^i 7 ,  p.   a53);   Bouche, 

dans  diverses  archives  d'Italie,  et  qui,  toutes,  ren-  Hisl.  de  Provence,  t.  II,  p.  509;  Nestor,  Hist.  des 


(lent  compte  du  voyage  du  pape  à  Marseille  et  des        hommes  illustres  de  la  maison  de  Médicis, 
Catherine  de  Médicis.  —  1.  u 


i).  l< 


XXVI 


INTRODUCTION. 

aux  mains  de  la  reine  Elisabeth.  L'objet  d'art  le  plus  précieux  de  cette  corbeille 
royale  était  une  petite  cassette  de  cristal  de  roche  montée  en  or,  merveilleux 
travail  de  Valerio  Vicentino1. 

De  part  et  d'autre,  on  échangea  de  splendides  cadeaux;  le  pape  offrit  au  roi 
un  bois  de  licorne  de  deux  coudées  de  long,  enchâssé  dans  un  support  en  or  mas- 
sif. François  Ier  ne  se  laissait  jamais  surpasser  en  générosité;  il  offrit  au  pape 
une  tapisserie  rehaussée  d'or,  représentant  la  Gène;  il  assigna  aux  cardinaux  qui 
accompagnaient  le  pape  de  grosses  pensions  sur  les  bénéfices  de  son  royaume; 
un  seul  refusa  les  riches  présents  qu'il  lui  offrait.  C'était  ce  même  Hippolyte  de 
Médicis  qui  avait  aimé  Catherine  et  que  le  pape  avait  amené  à  sa  suite.  Sur 
son  refus,  le  roi  lui  donna  un  grand  lion  apprivoisé,  venu  de  Barbarie,  qu'il 
tenait  de  Barberousse  -. 

Trente-quatre  jours  se  passèrent  en  fêtes  et  en  banquets,  mais  la  France  ne 
prit  nulle  part  à  ces  réjouissances;  si  l'on  en  croit  l'ambassadeur  Marino  Giusti- 
niano,  elle  avait  accueilli  avec  mécontentement  le  mariage  du  duc  d'Orléans  avec 
Catherine;  on  redoutait  une  nouvelle  guerre  en  Italie,  et  on  trouvait  que  le  pape 
avait  trompé  le  roi3. 

Lorsque  la  dot  de  Catherine  fut  comptée  aux  mains  du  trésorier  général  de 
Fronce,  comme  elle  lui  paraissait  un  peu  mince  :  cr  Elle  n'est  point  si  misérable 
que  vous  le  dites,  lui  répliqua  Philippe  Strozzi  en  présence  de  plusieurs  gentils- 
hommes; vous  oubliez  trois  joyaux  mis  dans  la  corbeille  :  Milan,  Gênes  et  Naples. 
N'est-ce  pas  là  une  dot  digne  d'une  fille  de  roi4?» 

C'était  de  la  pure  forfanterie;  à  une  année  de  distance,  François  Ier,  revenu  de 
ses  premières  illusions,  s'en  prenait  à  Henri  Mil  qui,  de  son  côté,  prétendait  qu'à 
Calais  François  Ier  lui  avait  promis  qu'il  ne  ferait  jamais  ce  mariage  avant  que  la 


1  C'est  le  plus  rare  bijou  de  la  grande  collection 
florentine;  il  fut  rapporté  à  Florence  par  Catherine 
de  Lorraine,  la  petite-fille  de  Catherine.  En  voici  la 
description  :  vingt  images  gravées  représentent  la 
vie  du  Sauveur;  aux  coins,  taillées  dans  le  cristal,  les 
figures  des  quatre  évangélistes;  on  y  lit  cette  in- 
scription :  n Clément  VII  pontifex  maximus.»  (Ar- 
mandBaschot,  Jeunesse  de  Catherine,  p.  180  et  345.) 

2  rDedit  mansuefactum  leonem  eximia:  proceri- 
tatis,  queni  e  Mauritania  Ilaredienus  Barbarussa 
transmiserat. b  (Paul  Jove,  Paris,  1878,  p.  ia&.) 


—  Voy.  Jean  Nestor,  Hist.  des  hommes  illustres  de 
la  maison  de  Médicis,  p.  182  v°;  —  Pallavicini, 
tlisl.  du  Concile  de  Trente,  édit.  de  Rome,  i65o, 
in-fol.,  t.  II,  p.  3i3. 

3  trPare  ad  ognuno  che  Clémente  pontifice  ahhia 
gabbato  questo  re  cristianissimo.i  (Tommaseo,  les 
relations  des  ambassadeurs  vénitiens ,  Relation  de 
Giustiniano,  t.  I,  p.  10 h.) 

4  Nicolini,  Vita  di  Filippo  Strozzi,  Florence, 
1867,  p.  19a;  Paul  Jove,  Histoire  de  son  temps , 
Paris,  1578,  p.  3i3. 


INTRODUCTION.  xxvn 

cour  de  Rome  eût  terminé  d'abord  L'affaire  de  son  divorce1;  ce  qui  est  plus  vrai, 
c'est  que,  d'abord,  les  deux  rois  devaient  assister  à  l'entrevue  de  Marseille,  et 
que,  plus  tard,  Norfolk,  désigné  pour  remplacer  Henri  Mil,  avait  été  rem- 
placé, à  son  tour,  par  l'évèque  de  Wincester  et  Bryan,  et  qu'au  moment  où  Fran- 
çois Ier,  fidèle  à  sa  promesse,  avait  amené  Clément  VII  à  un  projet  de  concilia- 
tion, un  nouvel  envoyé  de  Henri  \  III  avait  porté  appel  à  un  concile  général 
de  la  sentence  rendue  précédemment  contre  le  roi  son  maître.  Le  pape  en  conçu! 
un  tel  dépit  que  François  Itr,  voyant  qu'il  ne  pouvait  plus  raccommoder  les  affaires 
du  roi  son  allié,  n'osa  plus  réclamer  la  remise  des  villes  promises,  de  sorte  que, 
par  déférence  pour  Henri  \  III  et  pour  ne  pas  manquer  à  la  parole  qu'il  avait 
r donnée  de  parachever  le  mariage  commencée,  il  avoue  lui-même  qu'il  a  pris 
une  fille  «comme  toute  nue  n, 

II. 

v  T 

CATHERINE    SOIS    FRANÇOIS    1er. 

Tous  ceux  que  Catherine  a  connus  en  Italie,  tous  ceux  qu'elle  y  a  aimés,  tous 
ceux  qui  l'ont  aidée  dans  cette  première  partie  de  sa  vie  ou  qui  lui  ont  fait 
obstacle,  disparaissent  successivement  dans  l'espace  de  quelques  années:  Clé- 
ment VII  ouvre  le  premier  cette  marche  funèbre  :  il  meurt  le.  27  septembre  1  53 A. 
Catherine  avait  été  son  unique  pensée,  son  orgueil,  sa  grande  affection;  pas  Un 
mot  d'elle  ne  nous  dira  ses  regrets.  Celui  qu'elle  a  vraiment  aimé,  Hippolyte  de 
Médicis,  succombe,  à  la  fleur  de  l'âge,  à  Istri,  sur  le  chemin  de  Rome  à  Naples  '  : 
pas  une  ligne  d'elle  ne  trahira  son  émotion,  ou  du  moins  ses  lettres  ont  dis- 
paru. Sforze,  ce  chétif  duc  de  Milan,  que  Charles-Quint  voulait  lui  faire  épouser, 
meurt  peu  après,  et,  pour  clore  cette  liste,  le  duc  Alexandre  de  Médicis,  qui  était 
accusé  d'avoir  fait  empoisonner  Hippolyte,  est  assassiné  par  son  cousin  Loi. 11- 
zino. 


1  Instruction  à  du  Bellay.  (Bibl.  nation.,  fonds  d'Aragon,  pour  l'infant  d'Espagne.  (lîibl.  nat.,  fonds 

Clairambault,  vol.  334,  p.  /igi 3.)  —  Sans  tenir  français,  n°  aijo'i.  p.  îoi.) 
compte    du    désintéressement    de     François    I",  2  II  allait  visiter  la  beauté  d'alors,  la  belle Giulia 

Henri  MIL  en  1 5 3 7 ,   faisait  proposer  à  Charles-  Gonzaga,  dont  il  était  épris   et  dont  il  avait  dû 

Quint  d'épouser  la  veuve  du  duc  de  Milan  et  offrait  épouser    la    fille.    (Nestor,    Histoire   des    hommes 

la  main  de  Marie  Tudor,  qu'il  avait  eue  de  Catherine  illustres  de  la  maison  des  Médicis,  p.  187.) 


mm  INTRODUCTION. 

Dans  la  première  année  de  son  séjour  à  la  cour,  rien  ne  peut  faire  deviner 
ce  qu'elle  sera  plus  tard;  elle  regarde,  elle  observe  en  silence.  Charles-Quint, 
comme  s'il   avait   le   pressentiment  de   la   place  qu'elle  tiendra   plus    tard,  ne 
cesse   d'avoir  les  yeux    fixés  sur  elle  :   «Mandez -moi,  écrivait-il  à  son  ambas- 
sadeur en  France  (le  7  novembre  1 536) ,  quel  traitement  se  fait  à  la  duchesse 
d'Orléans,  quelles  gens  elle  a  avec  elle  et  s'ils  sont  en  la  même  faveur,  crédit 
et   respect   qu'ils  étoient  du    vivant   du   feu  pape    Clément  VII  x.t>  Dans  une 
nouvelle  lettre  du  5  janvier  suivant:  ce  Avertissez-moi,  dit-il,   de  tout  ce    que 
vous   pourrez   entendre,  et  comme   continuera   le    traitement   de  la  nièce  du 
feu  pape2».  Les  préoccupations  de  l'Empereur  s'expliquent  :  sans  même  tenir 
compte  des  promesses  échangées  entre  François  Ier  et  Clément  VII  dans  l'en- 
trevue de  Marseille  et  que  la  mort  si  prompte  de  celui-ci  devait  rendre  inutiles,  le 
mariage  de  Catherine  et  du  duc  d'Orléans  avait,  par  la  force  des  choses,  rouvert 
In  question  italienne.  Durant  trois  ans,  les  notes,  les  offres,  les  coutrequ'oposi- 
tions  se  croisent  et  s'échangent.  Des  deux  côtés,  l'obstination  est/la  même.  A  la 
proposition  de  François  Ier  de  donner  à  François  Sforze,  en  compensation  du  duché 
de  Milan,  une  grosse  pension  et  l'investiture  du  marquisat  de  Montferrat,  Charles- 
Quint  répond  par  l'offre  de  60,000  livres  pour  le  duc  et  la  duchesse  d'Orléans, 
à  prendre  sur  le  duché  de  Milan.  Dans  un  entretien  qu'il  eut  avec  le  cardinal  de 
Granvelle,  l'ambassadeur  de  France,  le  trouvant  intraitable  sur  la  cession  de  Milan, 
lui  fit  entendre  que  l'on  pourrait  peut-être  remettre  Florence  au  duc  d'Orléans, 
en  considération  de  son  mariage  avec  la  nièce  du  feu  pape3.  Le  cardinal  écarta 
cette  nouvelle   ouverture   en  s'appuyant  sur  les  engagements  pris  avec  le  duc 
Alexandre,  déjà  fiancé  à  la  fille  de  l'Empereur.  Sur  ces  entrefaites,  le  duché  de 
Milan  se  trouvant  vacant  par  la  mort  de  François  Sforze,  Charles-Quint,  pour 
écarter  le  duc  d'Orléans,  proposa  d'en  investir  le  troisième  fils  du  roi,  le  duc  d'An- 
goulême,   à  la  condition  d'épouser  sa  nièce  Chrestienne  de  Danemark,   veuve 
du  duc  Sforze4;  puis,  revenant  à  sa  première  tactique,  il  essaya  de  tromper 
encore  François  Ier,  en  reprenant  les  propositions  faites  à  Cambrai  et  en  faisant 
entendre  qu'il  serait  disposé  à  traiter  du  mariage  de  l'Infante  de  Portugal,  sa 
nièce,  avec  le  Dauphin.  Toutes  ces  négociations5,  peu  sincères  des  deux  côtés, 

'   Voy.  Papiers  d'Étal  dit  cardinal  de  Granvelle,              "   Voy.  Papiers  d'État  du  cardinal  de  Granvelle, 

I.  II,  j).  229.  p.  ^07,  /i3a. 

2  Ibid.,  p.  278.  5  Ibid.  (Instructions  de  Charles-Quint  au  comte 

Ibid.,  t.  II.  p.  33o.  île  Nassau),  t.  II,  p.  l'io,  229). 


INTRODUCTION.  ,  xus 

devaient  fatalement  aboutir  à  la  guerre.  Le  a  5  juillet  i536,  le  jour  de  la  fête  de 
saint  Jacques,  patron  de  l'Espagne,  Charles-Quint,  à  la  tète  de  son  avant-garde, 
franchissait  la  frontière  de  Provence. 

Le  nom  de  Catherine  avait  été  mis  bien  des  fois  en  avant  dans  ces  opiniâtres 
revendications,  mais  on  ne  retrouve  aucune  trace  de  son  intervention;  elle  était 
trop  jeune  encore  pour  être  mêlée  a  ces  débats,  et  de  plus  hautes  destinées 
l'attendaient:  la  mort  du  Dauphin,  de  duchesse  qu'elle  était,  ambitionnant  un 
polit  coin  d'Italie,  venait  de  l'aire  d'elle  la  Dauphine,  la  future  reine  de  France. 
Sans  appui,  dans  une  cour  divisée  alors  par  les  intrigues  et  où  la  duchesse 
d'Etampes  était  toute-puissante,  elle  n'eut  d'abord  qu'un  but,  c'était  de  gagner 
les  sympathies  de  l'entourage  du  roi;  elle  s'y  prit  si  habilement  qu'elle  se  mit 
à  la  fois  dans  les  bonnes  grâces  de  la  favorite  et  dans  celles  de  Marguerite  d'Àn- 
goulème,  la  sœur  bien-aimée  de  François  1er;  c'est  Marguerite  elle-même  qui  va 
nous  le  dire.  François  Ier  s'étant  rendu  au  camp  d'Avignon  le  20  septembre, 
et  le  Dauphin,  le  3  octobre,  Catherine  obtint  de  les  y  suivre. 

cr  Sans  la  pitié  que  Madame  la  Dauphine  et  Madame  d'Etampes  ont  eue  de  ma 
vieillesse,  écrivait-elle  à  François  Ier,  je  crois  qu'ils  eussent  pris  la  poste  de  peur 
qu'ils  ont  de  faillir  à  vous  trouver,  et  qu'il  survienne  quelque  occasion  qui  vous 
contraigne  les  contremander.  S'il  vous  plaisoit,  par  Fors  qui  reviendra  demain, 
feindre  qu'il  ne  vous  plaît  pas  que  nous  passons  outre,  vous  leur  feriez  une  ter- 
rible alarme,  et  ne  sais  si  vous  serez  obéi,  car  je  crois  que  vous  n'avez  capitaine 
en  votre  armée  qui  de  meilleur  cœur  s'y  trouve  comme  ils  feront.  Ce  m'est  grand 
lieur  d'être  à  cette  bande,  car  je  vous  assure  qu'il  n'y  a  débat,  sinon  à  qui  plus 
désire  vous  obéir  et  servir1,  n 

Voilà  donc  Catherine  au  mieux  avec  la  duchesse  d'Etampes,  au  mieux  avec 
Marguerite  d'Angoulème  qui  lui  sait  gré  de  l'affection  qu'elle  témoigne  au  Roi, 
son  frère;  mais,  au  moment  où  tous  ses  rêves  d'ambition  se  sont  réalisés  par  la 
mort  du  Dauphin,  au  moment  où  elle  touche  enfin  aux  marches  du  trône,  dans 
toute  la  fleur  de  sa  jeunesse,  elle  va  être  délaissée  pour  une  rivale  de  trente-sept 
ans,  vieillie  dans  toutes  les  intrigues  de  cour  et  qui,  jusqu'à  la  dernière  heure, 
maintiendra  sur  Henri  II  sa  domination  absolue  :  c'est  en  cela  que  Catherine 
se  sentira  le  plus  cruellement  blessée,  car  elle  aussi,  toute  sa  vie  en  témoigne ,  ne 
recherchera  jamais  que  le  pouvoir  et  la  domination. 

:   Genin,  Lettres  de  Marguerite  d'Angoulême ,  f.  II,  p.  22S. 


xxx  INTRODUCTION.^ 

Le  grand  artiste  Léonard  Limosin,  transformant  la  cour  de  Henri  II  en  une 
assemblée  des  dieux,  a  placé  dans  son  admirable  émail  Catherine  et  Diane  de 
Poitiers,  la  reine  en  Junon,  la  favorite  en  Vénus;  faisons  comme  lui,  mettons-les 
en  face  l'une  de  l'autre,  ces  deux  femmes  qui  longtemps  renfermèrent  leur  haine 
mutuelle  au  plus  profond  de  leur  cœur  et  sous  l'œil  du  maître  finirent,  en  appa- 
rence du  moins,  par  vivre  en  paisible  intelligence. 

Diane  était  née  avec  le  siècle  ;  à  quinze  ans,  elle  avait  épousé  Louis  de  Brezé1; 
il  était  vieux,  un  peu  bossu,  mais  grand  sénéchal  de  Normandie.  Ce  premier  choix 
explique  sa  vie.  Restée  veuve  à  trente-trois  ans,  elle  se  voue  au  noir  et  au  blanc, 
ces  deux  couleurs  qui  n'ont  jamais  de  date,  et  elle  éternise  ses  regrets  par  le  splen- 
dide  tombeau  qu'elle  lui  fait  élever  dans  la  cathédrale  de  Rouen. 

Que  croire  de  sa  beauté  dont  la  légende  est  venue  jusqu'à  nous  et  que,  seul 
de  ses  contemporains,  le  poète  Voulté  a  contestée  dans  des  épigrammes  violentes, 
mais  écrites  seulement  pour  les  érudits,  car  il  attaquait  la  favorite  en  latin.  La  vraie 
Diane  est-ce  bien  celle  dont  la  peinture  et  le  marbre  ont  divinisé  les  formes?  Les 
ambassadeurs  vénitiens,  ces  conteurs  si  fidèles,  gardent  un  discret  silence.  Bran- 
tôme, qui  la  vit  six  mois  avant  sa  mort,  nous  dit  cr  qu'elle  étoitsi  belle  encore  qu'il 
ne  savoit  cœur  de  marbre  qui  n'en  fut  ému  ». 

François  Ier  vit  avec  le  plus  grand  déplaisir  la  naissante  liaison  de  Diane  et  de 
son  fils,  maintes  fois  il  chercha  à  la  rompre,  mais  inutilement:  cr  Je  n'ai  pas 
craint,  le  temps  passé,  écrivait  Henri  II  à  Diane,  de  perdre  la  bonne  grâce  du  feu 
roi,  pour  demeurer  auprès  de  vous2. -n  Les  appréhensions  de  François  Ier,  nous 
les  retrouvons  dans  les  dernières  paroles  qu'à  son  lit  de  mort  il  adressa  à  son  fils  : 


1  «Les  fériés  de  Pasques  ioi5  fut  espousé  le 
grand  se'neschal  de  Normandie  h  la  fille  de  Mr  de 
Sainct-Vallier,  et  fut  la  feste  faicte  en  la  maison  de 
Rourbon,  à  Paris,  où  y  estoient  le  roy,  la  royne  et 
toute  la  seigneurie."  (L.  Lalanne.  Journal  d'un  bour- 
geois de  Paris,  p.  9.) 

•  Voici,  et  en  entier,  cette  lettre  de  Henri  II  à 
Diane  : 

•  M.i  mye,  je  vous  suplye  de  me  mander  de  vostre 
sanlé,  pour  la  poyne  an  quoy  je  suys  d'avoyr  an- 
tandu  vostre  maladye ,  afin  que  selon  sela  je  me 
governe;  car  sy  vous  contynuyés  à  vous  trouver 
mal,  je  ne  voulderoys  fallyr  là  vous  aler  trouver 
pour  mestre  poyne  de  vous  faire  servyse,  selon 


que  je  suis  tenu ,  et  ausy  quy  ne  me  seroy  t  possible 
de  vivre  sy  longuement  sans  vous  voyr;  et  puysque 
je  n'e  point  creynt,  le  tans  pasé,  de  perdre  la 
bonne  gràse  du  feu  roy  pour  demeurer  auperès  de 
vous,  à  grant  poyne  pleynderège  ma  poyne  vous 
servir  de  quelque  ebose  et  vous  asure  que  je  ne 
seré  à  mon  ayse  que  se  porteur  ne  soyt  de  retour, 
et  pour  sela  je  vous  suplye  me  mander  à  la  vérité 
comme  vous  estes  et  quant  vous  pourés  partir.  Je 
croy  que  pourés  asés  panser  le  peu  de  plesir  que 
j'oré  a  Fontainebleau  sans  vous  voyr,  car  estant 
ellongné  de  sele  de  quoy  depant  tout  mon  byen . 
il  est  bien  maléséqueje  puysse  avoyrjoye."  (Ribl. 
uat. ,  fonds  français ,  n°  3 1  h  3 ,  fol.  a .  ) 


INTRODUCTION.  XVll 

«Ne  vous  soumettez  à  la  volonté  d'autres  comme  je  suis  soumis  à  la  volonté  dune 
autre1. i)  Redoutait-il  l'esprit  dominateur  de  Diane,  son  avidité?  Savait-il  à  quoi 
s'en  tenir  ?  Le  Vénitien  Gontarini  nous  l'affirme:  «•  Elle  fut  aimée  du  roi  Fran- 
çois Ier  et  d'autres  encore,  selon  le  dire  de  tous,  puis  elle  vint  aux  mains  de 
Henri  II2.  i>  Brantôme  ledit  aussi,  et,  témoignage  plus  sérieux,  un  auteur  con- 
temporain, François  Billon,  favorable  à  Diane,  le  laisse  également  entendre  et 
en  tire  presque  un  éloge  3.  Venant  à  parler  de  la  grâce  que  le  Roi,  à  son  inter- 
cession, fit  à  Saint-Vallier,  son  père,  voici  ce  qu'il  nous  dit  :  ctUn  roi  ne  sauroit 
être  mieux  adouci  que  par  le  doux  et  opportun  moyen  d'une  sage  princesse  ou 
autre  dame  de  lui  tant  soit  peu  familière,  chose  qui  par  plusieurs  exemples  de  main- 
tenant se  pourront  facilement  prouver  en  toute  cour  et  spécialement  en 
celle  de  France,  où  la  haute  et  très  prudente  duchesse  de  Valenlinois,  Diane 
(te  Poitiers,  en  a  bien  montré  les  preuves  près  des  deux  rois  qui  de  leur  temps 
ont  en  Europe  si  fort  ému  les  lettres,  les  armes  et  l'Empire,  desquels  elle  a  eu 
tant  d'heur  et  de  faveur  que  non  seulement  elle  a  sauvé  la  vie  à  plusieurs  par  le 
moyen  de  sa  grâce  et  de  sa  douceur,  mais  aussi  à  plus  que  plusieurs  fait  octroyer 
grans  biens.  •» 

De  l'intimité  de  Diane  avec  François  Irr  nous  retrouvons  encore  les  preuves 
dans  les  lettres  de  Louis  de  Brezé,  son  mari  :  a  Je  n'ai  point  bougé  d'avec  les 
dames  de  céans,  écrivait-il  d'Anet  à  M.  de  la  Boche-Pot,  jusqu'au  jour  que  le 
roi  y  vint,  là  où  je  vous  assure  que  nous  fîmes  grande  chère,  car  y  avoit  force 
damoiselles  de  toutes  sortes  et  conditions  et  de  belles4. n  Et  dans  une  autre 
lettre  au  maréchal  de  Montmorency  :  «Le  roy  soupe  souvent  en  petite  compagnie 
chez  Madame  l'Àmirale 5  cl  à  ma  chambre,  là  où  il  doit  faire  les  beignets  après  dîner0,  v 

Le  Dauphin,  nous  dit  Tavannes1,  est  plus  de  vertu  corporelle  que  spirituelle. 


1  Voyez  une  dépêche  de  Sainl-Mauris  dans  In 
Revue  historique,  de  MM.  Monod  et  Fagniez,  t.  V, 
p.  85,  et  Bibl.  nnt. ,  fonds  français,  les  Dépêches  des 
ambassadeurs  vénitiens,  t.  I,  p.  89. 

2  irFu  amata  e  goduta  dal  re  Francesco  et  da 
altri  ancora,  per  cpiello  clie  si  dice  publicamente,  e 
poi  venne  aile  niani  di  questo  re  essendo  Delphino.i 
(  Uolnz.  degli  ambasciat.  Venet. ,  relaz.  di  Lorenzo 
Conlarini,  série  I'°,  t.  IV,  p.  77  .) 

Le  livre  où  il  nous  en  parle  a  le  plus  bizarre 
des  titres  :  Le  Fort  inexpugnable  de  l'honneur  fémi- 


nin, construit  par  F.  de  Billon,  secrétaire,  Paris. 
1 555 ,  m-h°,  p.  170.  Il  est  dédié  à  Catherine  de 
Médicis,  à  Jeanne  d'Albret ,  à  Marguerite  de 
France  et  aux  deux  duchesses  de  Nevers  et  de 
Guise. 

4  Voy.  notre  livre,  La  Chasse  sous  les  Valois, 
Aubry,  18G7,  p.  106. 

5  Françoise  de  Longwy,  femme  de  l'amiral  Brion. 
0  La  Chasse  sous  les  Valois,  p.  118. 

'  Mémoires  de  Tavannes,  éd.  du  Panthéon  titlé- 
raire,  p.  9.  hh. 


xxxn  INTRODUCTION. 

11  est  tout  muscles,  ajoute  le  Vénitien  Dandolo,  qui  le  vit  à  l'âge  de  vingt-trois 
ans,  infatigable  à  la  chasse  et  à  tous  les  exercices  des  armes1.  A  côté  de  Diane, 
aux  formes  splendides,  à  la  fière  et  imposante  beauté,  la  très  frêle  et  très  peu 
précoce  Catherine,  telle  que  les  Vénitiens  nous  la  peignent  dans  sa  jeunesse, 
n'avait  rien  qui  pût  retenir  longtemps  Henri  II;  mais  plus  tard,  avec  les  années, 
ses  formes  se  développèrent,  elle  devint  une  vraie  femme;  au  moment  de  cette 
première  lutte,  ce  n'était  encore  qu'une  enfant.  Elle  avait  pourtant  passé  déjà 
par  de  rudes  épreuves;  toute  jeune,  elle  avait  fait  l'apprentissage  de  ces  dis- 
cordes civiles  qui  devaient  remplir  sa  vie,  mais  peut-être  aussi  lui  en  était-il  resté 
une  certaine  timidité,  peut-être  lui  manquait-il  le  charme  irrésistible  de  la  jeu- 
nesse, et  nous  devons  le  croire,  puisqu'elle  ne  sut  pas  s'emparer  du  cœur  du 
Dauphin,  apprendre  le  rire  à  ces  lèvres  qui  ne  le  connaissaient  pas,  éclairer  ce 
front  si  triste  et  mélancolique;  car  c'est  ainsi  que  nous  le  dépeint  Matteo  Dandolo, 
qui  le  vit  à  l'âge  de  vingt-trois  ans  :  «  II  est  d'une  nature  sombre  et  taciturne,  il  rit 
ou  fait  semblant  de  rire  bien  rarement,  au  point  que  nombre  de  ceux  qui  sont  à 
la  cour  assurent  ne  l'avoir  jamais  vu  rire  une  seule  fois'2.1»  Diane  de  Poitiers,  qui 
guettait  sa  proie,  jugea  bien  que  l'heure  était  venue,  qu'il  y  avait  là  une  place  à 
prendre  et  que  Catherine  n'était  pas  de  force  à  la  défendre;  elle  avait  bien  com- 
pris que  le  jeune  Dauphin  était  encore  sans  volonté,  que  c'était  une  pâte  molle 
qu'elle  pourrait  pétrir  à  son  gré  et  qui  garderait  à  jamais  son  empreinte.  L'opinion 
du  temps  ne  s'y  trompa  pas;  nous  n'en  voulons  pour  témoignage  que  ces  vers  cl  un 
auteur  inconnu  cités  par  Brantôme  : 

Sire,  si  vous  laissez,  comme  Charles  désire, 
Comme  Diane  laid,  par  Irop  vous  gouverner, 
Sire,  vous  n'estes  plus,  vous  n'estes  plu»  que  cire3. 

Après  la  mort  du  Dauphin,  la  cour  s'était  partagée  en  deux  camps  :  d'un  côté 
Montmorency,  la  reine  de  Navarre  et  Diane  de  Poitiers  prenant  parti  pour  le  nou- 
veau dauphin;  de  l'autre  l'amiral  de  Brion4  et  la  duchesse  d'Etampes,  tenant  pour 
le  nouveau  duc  d'Orléans,  vers  lequel  inclinaient  toute  l'affection,  toutes  les  préfé- 

1   irNè  grasso  ne  magro,  nia  ben  membruto  die  ambasciat.   \enet. ,  relaz.  di  Dandolo,    série    1", 

pare  tutlo  nervo,  indefesso  nelle  fatiche  et  incomodi  t.  IV,  p.  kd>.) 

délia  caccia  e  dell'  armi.n  (Relaz.  degli  ambasciat.  3  Brantôme,  Henri  H,  édit.  L.  Lalanne,  t.  III. 

Venet. ,  relaz.  di  Dandolo,  série  I",  t.  IV,  p.  46.)  p.  266. 

-  trRide  0  fa  segno  di  ridere  rarissime  volte.  *  Philippe  de  Chabot,  plus  connu  sous  le  nom 

talchè  molti  si  trovano  in  quella  corle  che  afferniano  de  l'amiral  de  Brion.  comte  de  Charni.  mort  le 

non  l'a  ver  maiveduto  unavolta  ridere.»  Relaz.  degli  l'juin  i5a3. 


INTRODUCTION.  xxxni 

rences  do  François  Ier.  Catherine  eut  l'habileté  de  rester  neutre,  elle  avait  ménagé 
Brion  lorsqu'il  était  en  faveur;  lors  de  sa  disgrâce,  elle  s'arrangea  pour  ménager 
il  Annebaut  devenu  si  puissant  que  rien  ne  se  faisait  que  par  lui1. 

Elle  avait  pour  auxiliaires  les  jeunes  Italiens  qui  l'avaient  suivie  en  France, 
et  dont  plusieurs  étaient  alliés  à  sa  maison  :  au  premier  rang  plaçons  Louis  Ala- 
manni,  poète  renommé,  habile  diplomate;  Laurent,  Robert,  Léon  et  Pierre 
Strozzi,  ces  quatre  fils  de  Clarisse  de  Médicis,  qui  tous  marqueront  sous  le  règne 
de  Henri  II;  le  comte  de  la  Mirandole,  dont  Catherine  attacha  les  deux  sœurs 
à  sa  personne.  La  galanterie,  ce  mensonge  de  l'amour,  comme  dit  Montesquieu, 
était  la  grande  occupation  de  la  cour  et  servait  à  y  faire  son  chemin.  François  Ier, 
au  dire  de  Brantôme,  ne  tenait-il  pas  pour  naïfs  et  pour  sots  ceux  qui  n'avaient 
pas  de  maîtresse  ?  La  reine  de  Navarre  n'a-t-elle  pas  fait  dire  à  Dagoussin  dans 
l  Heptaméron  :  «Si  nous  pensions  les  dames  être  sans  amour  nous  voudrions 
être  sans  vie2. d  L'ambassadeur  de  Toscane  nous  initie  à  toutes  ces  intrigues  ga- 
lantes. L'homme  le  plus  goûté,  c'était  le  prince  de  Salerne,  Ferdinand  de  San- 
Severino,  dont  le  nom  reparait  souvent  dans  les  luttes  de  l'Italie;  chaque  soir, 
il  faisait  entendre  aux  dames  de  la  cour  des  chansons  napolitaines;  à  l'écouter 
elles  oubliaient  les  psaumes  de  Ma  rot  et  la  musique  de  Goudimel3.  Parmi  ces 
dames  d'humeur  accommodante,  chacun  de  ces  galants  avait  sa  préférée:  Pierre 
Strozzi ,  le  futur  maréchal  de  France,  s'adressait  à  Madame  de  Bonneval,  la  grande 
amie  de  la  duchesse  d'Etampes;  Léon  Strozzi,  son  frère,  qui  commandera  plus 
tard  les  galères  de  France,  courtisait  une  des  favorites  de  Catherine,  et  le  comte 
de  la  Mirandole,  vrai  coupable  de  lèse-majesté,  osait  s'attaquer  à  la  duchesse 
d'Etampes.  Le  Florentin  ne  s'y  trompe  pas,  cette  galanterie  était  intéressée, 
c'était  pour  ces  débutants  le  plus  sûr  moyen  d'arriver  aux  honneurs  et  aux 
richesses4.  Monluc  s'en  plaint  amèrement:  a  Le  malheur  est  qu'en  France  les 
femmes  se  mêlent  de  trop  de  choses;  le  roi  devroit  clore  la  bouche  aux  femmes 
qui  se  mêlent  de  parler  en  la  cour;  de  là  viennent  tous  les  rapports,  toutes 
les  calomnies5,  n  Tavannes  s'en  plaint  également:  «Dans  cette  cour,  partant, 
les  femmes  faisoient  tout,  même  les  généraux  et  capitaines0. 11 

Délaissée  à  dix-neuf  ans,  n'attendant  rien  d'une  lutte  inutile,  Catherine  ne 

1  Claude  d'Annebaut,   amiral  et  maréchal    de  '  Négociations  avec  h  Toscane,  p.  \hk. 

France,  mort  à  la  Fère  en  i55a.  5  Monluc,  édit.  de  M.  de  Ruble,  t.  III,  p.  187. 

3  L' Heptaméron.  Paris ,  Gosselin ,  t.  III,  p.  45a.  '  Mémoires  de  Saulx-Tarannes ,  édit.  du  Pan- 

5  Négociations  arec  la  Toscane,  t.  III,  p.  i4o.  théon  littéraire,  p.  i37- 

CiTUEBiîiE  de  Médicis.  —  i.  e 


XXXIV 


INTRODUCTION. 

pouvait  s'appuyer  que  sur  celui  dont  le  bras  était  le  plus  puissant,  sur  le  roi 
son  beau-père.  François  Ier,  toute  sa  vie,  avait  été  adoré  et  adulé,  d'abord  par 
Louise  de  Savoie,  sa  mère,  puis  par  sa  sœur,  la  douce  Marguerite  d'Angoulème, 
cette  perle  des  Valois,  qui  ne  vivait  que  de  sa  vie.  Avec  ce  coup  d'œil  profond 
et  sûr  de  la  femme  italienne,  Catherine  comprit  bien  vite  que  c'était  au  roi  qu'il 
fallait  plaire,  à  lui  seul.  François  Ier,  ainsi  qu'un  historien  moderne1  en  a  fait  la 
très  juste  remarque,  avait  cette  différence  avec  tous  les  souverains  de  son  temps, 
c'est  qu'il  faisait  plus,  à  leur  exemple,  que  d'honorer  et  de  protéger  les  lettres  et 
les  lettrés,  il  les  aimait.  Pour  lui  complaire  la  jeune  Dauphine  se  met  à  étudier, 
et  au  grand  étonnement  de  la  cour,  eJle  va  même  jusqu'à  apprendre  le  grec2. 

Pour  achever  de  gagner  le  roi,  elle  fait  venir  d'Italie  les  manuscrits  les  plus 
rares  en  toutes  sortes  de  langues  et  les  place  au  château  de  Saint-Maur3  près 
Paris. 

C'était  là  un  premier  pas;  il  lui  restait  à  se  faire  admettre  dans  la  petite  inti- 
mité du  roi  :  rr François  Ier,  nous  dit  Brantôme4,  ayant  choisi  et  fait  une  troupe, 
qui  s'appeloit  la  petite  bande,  des  dames  de  sa  cour,  des  plus  belles,  gentilles  et 
plus  de  ses  favorites ,  souvent  se  dérobant  de  la  court,  s'en  partoit  et  s'en  alloit 
en  autres  maisons  courir  le  cerf  et  passer  son  temps.  Notre  reine,  qui  étoit  lors 
Madame  la  Dauphine,  voyant  telles  parties  se  faire  sans  elle,  fit  prière  au  roi  de 
la  mener  toujours  quant  et  lui  et  qu'il  lui  fit  cet  honneur  de  permettre  qu'elle 
ne  bougeât  jamais  d'avec  lui.  On  dit  qu'elle,  qui  étoit  toujours  fine  et  habile, 
le  fit  autant  pour  voir  les  actions  du  roi  et  en  tirer  les  secrets,  autant  pour  cela 
que  pour  la  chasse,  ou  plus.  Le  roi  François  lui  en  sut  si  bon  gré  d'une  telle 
prière,  voyant  la  bonne  volonté  qu'il  voyoit  en  elle  d'aimer  sa  compagnie,  qu'il  lui 
accorda  de  très  bon  cœur,  n  Désormais  elle  fut  de  toutes  les  chasses;  rr  elle  n'aban- 
donnoit  jamais  le  roi,  ajoute  Brantôme,  et  le  suivoit  toujours  à  courir,  car  elle 


1  Michelet,  Histoire  de  Fiance,  t.  VII,  p.  àoh. 

2  <rLa  Delphina  attende  à  studiare,  ed  è  tanto 
litterata,  e  massime  in  greco,  che  fa  stupire  ogni 
uomo.  -n  (Négociations  diplomatiques  avec  la  Toscane, 
t.  [Il,  p.  l4o.) 

3  ttCeux  qui  ont  esté  visiter  cette  maison  royale 
n'ignorent  pas  que  l'image  de  ce  grand  monarque 
est  en  bronze,  au  lieu  le  plus  éminent  de  ce  chasteau 
là,  et  plus  bas  sont  représentées  en  marbre  blanc 
les  trois  Grâces  auprès  desquelles  sont  les  Muses  qui 


tiennent  en  leurs  mains  des  instrumens  de  musique.  - 
(Hilarion  de  Coste,  Les  éloges  et  vies  des  reines, 
princesses  et  des  dames  illustres ,  Paris,  1667,  in-'i ", 
t.  I,  p.  ih-].)  Parlant  du  château  de  Sainl-Maur, 
Philibert  Delorme,  auquel  elle  en  confia  les  travaux, 
nous  dit:  r-Elle  l'a  fait  achever  avec  une  grande  ma- 
gnificence ,  suivant  le  bon  esprit  et  jugement  qu'elle  a 
très  admirable  surlefait  des  bastiments.i  (Philibert 
Delorme,  édit.  de  Chaudière,  1G26,  p.  17.) 
1  Brantôme,  édit.  deL.Lalaune  ,  t.  VII,  p.  344. 


INTRODUCTION.  xxxv 

étoit  fort  bien  à  cheval  et  hardie  cl  s'y  tenoit  de  fort  bonne  grâce,  ayant  été  la  pre- 
mière d'avoir  mis  la  jambe  sur  l'arçon1,  d'autant  que  la  grâce  y  étoit  bien  plus 
belle  et  apparaissante  que  sur  la  planchette;  elle  avoit  la  jambe  et  la  grève2  très 
belle,  ainsi  que  j'ai  ouï  dire  aussi  à  de  ses  daines,  et  prenoit  grand  plaisir  à  la 
bien  chausser  et  à  en  voir  la  chausse  bien  tirée  et  tendue,  a  A  suivre  ainsi 
François  Ier,  elle  risqua  plusieurs  fois  sa  vie:  «Je  vous  dirai,  écrivait  Bernard  de 
Médicis  au  duc  de  Florence,  que  la  Dauphine  étant  venue  au  rendez-vous  de 
chasse  sur  une  haquenée  du  roi,  au  moment  du  lancer-courre,  un  cavalier  pas- 
sant près  d'elle  à  toute  vitesse,  sa  bète,  dont  l'écuyer  avait  oublié  d'attacher  la 
gourmette,  s'emporta  et  ne  pouvant  être  maîtrisée  entraîna  la  Dauphine  sous  une 
cabane  et  se  heurta  contre  le  toit  qui  était  très  bas;  la  secousse  fut  si  violente 
(jue  l'arçon  de  la  selle  se  rompit  et  la  Dauphine  en  tombant  fut  violemment  con- 
tusionnée au  côté  droit.  Le  roi  arriva  sur-le-champ,  la  fit  mettre  au  lit  et  la 
soigna  très  affectueusement3.'» 

Mais  elle  était  sans  enfants,  et  les  difficultés  de  sa  situation  s'augmentaient  de 
cette  stérilité  persistante  contre  laquelle  tous  les  remèdes  se  montraient  impuis- 
sants4. Diane  de  Poitiers  eut  un  moment  la  pensée  de  la  faire  répudier;  nous  le 
savons  par  un  ancien  serviteur  de  Marguerite  d'Àngoulême5  :  «Il  me  souvient, 
écrivait-il  quelques  années  plus  tard  à  Catherine  de  Médicis,  il  me  souvient  que , 
étant  au  lieu  et  château  de  Roussillon,  la  connaissance  de  cette  machination  vint 
à  la  feue  reine  de  Navarre  qui  vous  aimoit  singulièrement,  laquelle  me  dit  : 
«  \  oilà  de  médians  gens,  car  je  sais  aussi  qu'ils  désirent  la  mort  du  roi,  mon  sei- 
ergneur  et  frère,  lequel  ne  permettrait  jamais  la  répudiation  qu'ils  prétendent0.  » 
L'ambassadeur  Gontarini  rapporte  aussi  ces  bruits,  et  entre  dans  plus  de  détails7  : 
«A  la  mort  du  dauphin,  comme  on  doutait  que  Catherine  de  Médicis  pût  jamais 
avoir. d'enfants,  le  bruit  se  répandit  que  François  Ier  désirait  un  divorce,  espé- 

1  Marguerite  de  Parme  demandant  un  jour  à  4  sNon  nianca  di  pigliare  perbocca  lutte  quelle 
notre  ambassadeur  Ferey  si  la  reine  de  France  medicine  che  possono  esserle  di  giovamento  alla 
allait  à  cbcval  rrla  jainlie  pardessus  farson,» —  generazione.n  (Relaz.  degli  ambas.  Venet.,  relaz.  di 
trJe  ne  l'ay  jamais  vue  aultrement,  lui  dit-il,  depuis  Dandolo,  \"  série,  t.  IV,  p.  /17.) 

son  advènement  en  France,  et  c'est  d'elle  que  l'a-  5  Villemadon;  voyez   Régnier   de   la  Plancbe. 

voient  apprins  toutes  tes  autres  dames  de  sa  court,  n  Histoire  de  France  sous  François  II,  édit.  Menne- 

(Notre   livre  :   la  Chasse   sous  les  Valois,  p.   i8,  chet,  p.  16. 

d'après  une  lettre  extraite  de  la  collection  Bourdin  '  Cimier  et  Danjou,  Archives  curieuses  de  l'his- 

brûlée  avec  la  bibliothèque  du  Louvre.)  luire  de  France,  Ire  série,  t.  III.  p.  352. 

2  Grève,  jambe.  '  Relaz.  di  ambasciat.  Venet,  relaz.  di  Contarini, 
'  Négociations  avec   la  Toscane,  t.  III,  p.  108.  I"  série,  t.  IV,  p.  73. 


xxm  INTRODUCTION. 

rant  peut-être  tirer  parti  d'une  autre  alliance.  Catherine  para  ce  coup  avec  son 
habileté  habituelle;  allant  trouver  le  roi,  elle  lui  dit  qu'elle  avait  appris  qu'il 
avait  l'intention  de  donner  une  autre  femme  à  son  fds,  et  puisque  Dieu  ne  lui 
avait  pas  fait  la  grâce  d'avoir  des  enfants,  du  moment  qu'il  ne  plaisait  plus  à  Sa 
Majesté  d'attendre  davantage,  il  était  bien  convenable  de  pourvoir  à  la  succession 
d'un  si  grand  royaume;  quant  à  elle,  se  rappelant  ce  qu'elle  devait  au  roi  pour 
l'avoir  choisie,  elle  était  prête  à  subir  la  grande  douleur  qui  lui  en  viendrait,  plutôt 
que  de  contrarier  sa  volonté,  toute  disposée  à  entrer  dans  un  monastère,  ou  à 
rester  au  service  de  celle  qui  aurait  la  fortune  d'être  la  femme  de  son  mari;  tout 
cela  entrecoupé  de  larmes  et  de  sanglots.  François  Ier,  d'humeur  généreuse  et 
facile,  en  fut  si  touché  qu'il  lui  dit  avec  émotion  :  et  Ma  fdle,  puisque  Dieu  a  voulu 
«  que  vous  soyez  ma  bru  et  la  femme  du  dauphin,  je  ne  veux  pas  qu'il  en  soit  au- 
ct  (renient  et  peut-être  Dieu  voudra-t-il  se  rendre  à  vos  désirs  et  aux  nôtres.  r>  Les 
espérances  du  roi  ne  devaient  pas  tarder  à  se  réaliser;  peu  de  temps  après  elle 
devint  grosse,  et  au  mois  de  janvier  suivant  elle  accoucha  de  son  premier  fds. 
Marguerite  d'Angoulème  se  trouvait  alors  en  Béarn;  à  l'annonce  de  celte  heu- 
reuse nouvelle  elle  écrit  sur  l'heure  au  roi  son  frère  :  a  Regardant  les  larmes 
que,  je  suis  sûre,  saillent  de  vos  yeux,  par  une  joie  d'autant  plus  grande  que 
celle  que  je  vous  vis  à  la  naissance  de  votre  premier-né,  que  cette-ci  étoit  plus 
attendue  et  moins  espérée;  je  vois  tout  vostre  royaume  fortifié  de  cent  mille 
hommes,  enrichi  d'un  trésor  infini.  La  maladie  seroit  bien  forte  qui  ne  se  tour- 
neroit  en  santé,  ou  qui  me  garderoit  de  m'en  aller  à  la  procession,  faire  avec  le 
peuple  les  feux  de  joie1.» 

Cosme,  le  nouveau  duc  de*  Florence,  avait  été  élevé  avec  Catherine;  à  l'époque 
du  dernier  séjour  qu'elle  fit  en  Toscane,  dans  les  lettres  qu'il  écrivait  à  sa  mère, 
Marie  Salviati,  qui  avait  alors  la  garde  de  la  jeune  duchesse,  il  se  rappelait  à  son 
souvenir.  Des  premiers  il  la  complimenta  de  son  heureuse  délivrance;  tout  en  lui 
rappelant  qu'ils  avaient  passé  tant  d'années  de  leur  jeunesse  ensemble,  il  s'excusa 
d'avoir  suivi  le  parti  de  Charles-Quint,  mais  il  osait  espérer  que  ni  le  roi  ni  le 
dauphin  ne  l'en  verraient  plus  mal;  car  si  les  bienfaits  qu'il  avait  reçus  de 
l'Empereur  le  liaient  à  lui,  il  resterait  vis-à-vis  d'eux  non  moins  fidèle  et 
non  moins  dévoué  ;  par  la  volonté  de  Dieu  il  était  devenu  le  chef  de  leur  Maison, 
et  elle  qui  est  de  son  sang  n'aura  jamais  à  rougir  de  Cosme,  duc  de  Florence2. 

'  Lettres  de  Marguerite  d'Angoulème ,  édit.  Genin.  -  Négociations  avec  la  Toscane,  t.  III,  p.  1 35. 

t.  II.  p.  328. 


INTRODUCTION.  mvn 

De  son  côté,  Catherine  ne  laissera  jamais  rompre  les  liens  qui  les  unissent; 
elle  lui  recommandera  ces  Italiens  venus  à  sa  suite  et  qui  l'accablent  chaque 
jour  de  leurs  suppliques,  elle  lui  recommandera  les  amis  des  Médicis  à  Flo- 
rence, trétant  seuls  aujourd'hui,  lui  dit-elle,  qui  devons  porter  le  faix  de  la 
maison  de  nos  prédécesseurs. n  A  peine  relevée  de  ses  couches,  elle  lui  fait  part 
de  la  naissance  d'Elisabeth  de  Valois,  espérant  que  ace  sera  le  neud  pour  for- 
mer et  assurer  toutes  les  alliances  en  plus  grande  fermeté,  par  lesquelles  tous 
ceux  de  leur  maison  seront  plus  réjouis  et  consolés1.:?  Tantôt  elle  envoie  des 
haquenées  de  Bretagne  à  la  duchesse  de  Florence,  tantôt  des  lévriers  au  duc;  en 
échange  elle  en  reçoit  des  lions.  Lors  de  la  paix  de  Crespy,  elle  lui  annonce 
qu'elle  espère  qu'elle  lui  sera  profitable.  Quand  son  ambassadeur,  Bernard  de 
Médicis,  sera  forcé  de  quitter  la  cour  de  France  pour  une  question  de  préséance 
jugée  en  faveur  de  l'envoyé  du  duc  de  Ferrare,  elle  cherchera  à  adoucir  la  rudesse 
de  ce  congé;  elle  écrira  au  duc  qu'elle  te  n'a  rien  omis  pour  donner  à  connoître 
l'amour  qu'elle  lui  porte  comme  s'il  étoit  feu  son  frère;  elle  regrettera  que  l'am- 
bassadeur parte  pour  un  tel  motif;  si  elle  avait  été  plus  puissante,  elle  l'aurait 
empêché 2.  t> 

A  partir  de  la  naissance  de  son  premier- né,  les  couches  se  suivent  sans 
interruption  d'année  en  année.  François  Ier  voulut  être  le  parrain  d'Elisabeth  et 
désigna  pour  marraines  la  reine  Eléonore  et  la  reine  de  Navarre;  mais  déjà  il 
ressentait  les  premières  atteintes  du  mal  qui  devait  assez  rapidement  l'emporter  : 
le  changement  survenu  dans  toute  sa  personne  et  qui  trahissait  ses  secrètes  souf- 
frances, ces  accès  de  fièvre  devenus  si  fréquents  que  l'ambassadeur  de  Toscane 
en  prévint  son  maître,  cette  noire  mélancolie  dont  il  se  sentait  si  profondément 
accablé  que  la  présence  de  Marguerite,  sa  sœur  chérie,  ne  put  la  dissiper,  cette 
inquiétude  continuelle  qui  lui  faisait  à  tout  propos  changer  de  résidence3,  c'étaient 
là  des  signes  certains  qui  ne  devaient  pas  échapper  à  l'œil  clairvoyant  de  Catherine. 

Montmorency,  alors  en  disgrâce  et  éloigné  de  la  cour,  allait  être  tout-puissant 

1  Lettre  du  5  mai  i545,  p.  10.  ne  pas  aller  à  Florence,  dont  le  duc  lui  était  si 

2  Lettre  de  fin  juillet  i5-'i5,  p.  13.  dévoué.  François  Ier  lui   répondant  que  Florence 
J  François   I",  devisant  un  jour   avec   la  du-        était  bien  loin,  elle  lui  répliqua  qu'elle  se  pro- 

cbesse  d'Étampes  et  les  dames  de  la  cour,  et  par-  mettait  bien  que,  s'il  allait  jamais  à  Milan,  il  irait 

lant  d'un   projet  de   voyage   en   Italie,  où  il  se  jusqu'à  Florence;  à  quoi  il  s'engagea  de  bonne 

proposait  de  visiter  Milan,  Venise,  Ferrare  et  les  grâce.    (Négociations    avec    la    Toscane,    dépèche 

autres    belles   villes    d'Italie,    Catberine   intervint  de  Bernard  de  Médicis  à  Lorenzo  Pagni,  t.  III, 

et  lui  dit  qu'une  fois  à  Milan,  il  ne  pouvait  pas  p.  t5i.) 


mvm  INTRODUCTION. 

sous  le  nouveau  rogne;  dans  cette  prévision,  de  longue  date  elle  l'avait  ménagé; 
lorsqu'elle  désespérait  d'avoir  des  enfants,  il  lui  avait  envoyé  des  remèdes  propres 
à  faire  cesser  cette  persistante  stérilité:  tr  S'il  plaît  à  Dieu  qu'ils  me  servent,  lui  avait- 
elle  écrit,  je  tiendrai  ce  bienfait  le  plus  grand  qui  me  sauroit  venir  que  de  vous 
et  mettrai  peine  à  vous  faire  connaître  que  vous  n'avez  de  meilleure  amie,  r  Dès 
qu'elle  se  crut  assurée  de  sa  grossesse,  elle  lui  en  fait  part,  sachant  bien  rr  qu'il 
n'y  a  personne  qui  en  sera  plus  aise,  car  c'est  le  commencement  de  son  bien1  a  ; 
désormais  elle  l'appellera  son  compère;  une  fois  pour  toutes  elle  l'avait  prié  de 
la  traiter  sans  cérémonie,  le  mot  est  d'elle2. 


III. 

CATHERINE   SOLS   HENRI  II. 

«  Au  moment  où  François  Ier  agonisait,  nous  dit  un  auteur  contemporain  in- 
connu, une  femme  renversée  à  terre  se  désolait  et  sanglotait;  cette  femme,  c'était 
Catherine  de  Medicis3.  L'affection  qu'elle  portait  au  roi  faisait-elle  seule  couler 
ses  larmes  et  éclater  ses  sanglots?  Non;  elle  pleurait,  elle  gémissait  sur  elle- 
même,  sur  la  destinée  qui  l'attendait,  n 

François  Ier  mort,  le  règne  de  Diane  de  Poitiers  commence;  à  elle  les  joyaux 
de  la  couronne  pour  s'en  parer,  elle  ne  les  rendra  qu'à  la  mort  de  Henri  II;  à 
elle,  et  en  entier,  le  don  immense  des  deniers  pour  la  confirmation  des  offices4, 
l'abandon  des  terres  vagues;  à  elle  Chenonceaux,  le  duché  de  Valentinois 5,  la 
confiscation  des  biens  des  protestants,  l'argent  des  juifs;  sa  main  avide  peut 
plonger  impunément  dans  le  trésor  de  la  France ,  elle  a  mis  à  sa  garde  une  de 
ses  créatures0.  Lors  de  l'entrée  de  Catherine  à  Paris,  Diane  est  au  rang  des  prin- 
cesses, haute  et  fière  sur  sa  haquenée;  deux  écuyers  vêtus  de  satin  blanc  la 
suivent  à  pied  et  portent  la  longue  traîne  de  son  manteau;  le  duc  d'Aumale, 
dont  elle  a  fait  son  gendre,  marche  à  ses  côtés;  à  elle  les  présents  des  bonnes 
villes;  partout  elle  sera  reçue,  traitée  en  reine.  Lyon,  qui  au  xvic  siècle,  devait 

1  Voy.  lettre  delà  page  5.  200,000  écus.  (Bibl.  nat.,  Dépêches  des  ambassa- 

'  Ibid.,  p.  5.  denrs  vénitiens,  t.  111,  p.  3a 5.) 

J  Cité  par  Alberi  dans  sa  Vita  di  Caterina  di  Me-  6  Voy.  Brantôme , édit. L.  Lalanne ,  t.  IX,  p.  2^7. 

dici,  Florence,  i838,  in-8",  p.  43.  '  Blondel,  au  lieu  du  trésorier  titulaire  Dirai. 

"  Ce  don  dépassait  un  million,  il  fut  réduit  à  (Cimber  et  Danjou, 4»-c/i. cur.,  I"sér., t. III,  p.  1 84.) 


INTRODUCTION. 


\wi\ 


tout  aux  Florentins  venus  dans  ses  murs,  ses  richesses,  ses  monuments,  ses 
églises;  Lyon,  où  à  côté  des  Pazzi,  des  Guadagni,  des  Baglioni ,  on  trouvait  des 
Delbene,  des  Gondi,  des  Alamanni,  des  Albizzi;  Lyon  qu'on  pouvait,  à  tant  de 
titres,  appeler  la  Toscane  française,  oublie  quelle  va  recevoir  une  Médicis;  elle 
n'a  des  regards,  des  adulations  que  pour  la  favorite,  et  l'allégorie  se  prêta  à 
d'étranges  flatteries.  A  l'entrée  de  la  ville ,  on  improvise  une  forêt  et  de  ces  bos- 
quets artificiels  sort  une  Diane  chasseresse  portant  au  front  le  croissant  d'argent, 
vêtue  d'une  robe  de  moire  noire,  semée  d'étoiles  d'argent,  les  pieds  chaussés 
de  bottines  aux  broderies  de  perles;  derrière  elle,  ses  compagnes  mènent  en 
laisse  de  petits  lévriers  retenus  par  des  cordons  de  soie  noire  et  blanche,  te  cou- 
leurs du  roi,  nous  dit  Brantôme,  pour  l'amour  d'une  dame  qu'il  aimoit  et  qu'il 
servoit l.  n 

,   Rouen,  la  grande  cité  industrielle,  ne  fera  pas  moins  que  Lyon2.  Une  Naïade 
récitera  ces  vers  en  l'honneur  de  la  maîtresse  du  roi  : 

Ne  seras-tu  pas  compaigne 

0  Diane! 

A  louer  la  majesté' 

Du  roy,  qui  Ion  croissant  porte3. .. 

Désormais  son  influence  est  sans  conteste  :  «Le  roi  est  avec  elle,  tout  âgée 
qu'elle  est,  nous  dit  le  Vénitien  Contarini4;  chaque  jour  après  son  dîner,  il  va  la 
trouver,  il  passe  des  heures  à  l'entretenir  et  l'initie  à  tout  ce  qui  arrive,  à  tout 
ce  qui  se  faitn.  a  On  ne  peut  dire  à  quel  point  est  parvenue  la  grandeur  et  l'om- 
nipotence de  la  duchesse  de  Valentinois  t>,  écrit  le  Florentin  Ricasoli  au  duc  de 
Florence5.  Charles-Quint  engagé  son  ambassadeur  à  se  servir  de  l'influence  de 
Diane;  le  pape  Paul  III  fait  demander  de  ses  nouvelles;  les  maréchaux,  les 
princes  s'adressent  à  elle  pour  les  besoins  de  leurs  armées0. 


'  Brantôme  ajoute  :  *  Madame  de  Valentinois, 
au  nom  de  laquelle  celte  chasse  se  faisoit,  n'en  fut 
pas  moins  contente  et  en  aynia  toute  sa  vie  fort  la 
ville  de  Lion;  aussi  estoit-elle  leur  voisine  à  cause 
de  la  duché  de  Valentinois  qui  en  est  fort  proche,  i 
(Édit  de  L.  Lalanne,  t.  IX,  p.  3 18.) 

1  rr  En  sortant  de  chez  le  connestable ,  les  échevins 
vinrent  saluer  la  duchesse  de  Valentinois  et  lui  of- 
frirent deux  grands  bassins  et  deux  aiguières  d'ar- 
gent doré  de  lin  or,  pesantes  quarante-huit  marcs.» 


Prise  de  modestie ,  elle  avoua  qu'elle  n'avait  rien  lait 
pour  mériter  un  tel  présent,  mais  elle  promit  trdese 
rappeler  de  leur  ville  et  de  leur  venir  en  aide  si  Tor- 
sion s'en  offrait.^  (Archives  municipales  de  Rouen.) 

3  L'Entrée  de  Henri  II  à  Rouen,  publiée  par 
Louis  de  Merval.  Rouen,  18O8,  in-4". 

"  Relaz.  degli  ambasciat.  Venet.,  relaz.  di  Con- 
tarini, série  I",  t.  IV,  p.  78. 

5  Négociations  avec  la  Toscane,  t.  III,  p.  a53. 

6  trJe  n'ay  point  failli,  écrivait  le  maréchal  de 


Xl  INTRODUCTION. 

Pour  captiver  le  roi ,  Diane  de  Poitiers  ne  se  fie  plus  uniquement  à  ses  charmes; 
elle  appelle  à  son  aide  d'autres  séductions.  Le  vieux  manoir  d'Anet  qui  abrita 
longtemps  ses  amours  discrètes  avec  le  dauphin  va  tomber  sous  le  marteau  des 
démolisseurs  et  se  métamorphoser.  Philibert  Delorme  tient  dans  ses  mains  la  ba- 
guette magique  et  c'est  la  France  qui  payera  les  chefs-d'œuvre  du  grand  architecte l. 
Madrid,  Chambord  sont  oubliés;  c'est  à  Anct  qu'Henri  II  reviendra  toujours.  Bien 
peu  de  temps  après  la  mort  de  François  Ier,  il  y  donne  une  fête  avec  simulacre  de 
combat  sur  l'eau. 

C'est  d'Anet  qu'il  part  pour  faire  son  entrée  à  Rouen;  au  retour  il  s'y  arrête. 
Le  27  juillet  i55o,  Catherine  accouche  d'un  fils;  trois  jours  après,  il  la  quitte 
pour  rejoindre  la  duchesse  de  Valentinois.  C'est  à  Anet  qu'il  reçoit  l'ambassadeur 
anglais,  sir  William  Pickering'2,  venu  pour  proposer  l'intervention  d'Edouard  VI 
entre  le  roi  et  l'Empereur.  La  cour  y  était  installée,  et  l'audience  terminée,  la 
duchesse  conduisit  l'ambassadeur  et  sa  suite  dans  une  grande  galerie  où  elle  avait 
fait  dresser  une  collation ,  puis  elle  voulut  elle-même  leur  montrer  les  magnifi- 
cences de  sa  somptueuse  demeure.  L'ambassadeur  en  fut  si  émerveillé  qu'il  écrit 
qu'on  ne  pouvait  rien  imaginer  de  plus  riche  et  de  plus  beau 3.  Au  mois  de  dé- 
cembre 1  556  la  cour  y  fit  un  long  séjour. 


Saint-André  au  duc  de  Guise,  de  montrer  vostre 
lettre  à  la  duchesse;  elle  faict  ordinairement  ce 
qu'elle  peut  pour  vous  faire  servir  ce  qui  vous  est 
nécessaire,  et  montrer  toujours  de  mieulx  en 
mieulx  vous  porter  affection  et  bonne  volonté ,  jus- 
qu'à me  prier  toujours  l'adyertir  du  langage  qu'elle 
debvra  tenir  au  roy  pour  vous.»  (Mémoires  du  duc 
de  Guise,  collect.  Michaud,  série  I",  t. VI,  p.  262.) 

1  Delorme  a  écrit  :  crCe  que  j'ay  fait  à  Anet, 
où  ii  y  a  tant  de  belles  choses,  ça  été  par  le  com- 
mandement du  feu  roy,  qui  estait  plus  curieux  de 
sçavoir  ce  que  l'on  y  faisoit  que  de  sa  maison  et  se 
courrouçoit  à  moy  quand  je  n'y  allois  assez  sou- 
vent; pour  ce  c'estoit  tout  pour  le  roy." 

'  Le  20  mars  i552.  —  Voy.  Cakndar  of  Suite 
papers,  1567-1 553,  p.  258.  —  Voy.  Ronsard, 
Mascarades,  ode  à  la  duchesse  de  Valentinois; 
Cabinet  historique,  t.  IX,  p.  2;  Anet,  par  M.  de 
Caraman,  Paris.  Duprat,  1860.  —  Voy.  aussi 
dans  le  n°  862  du  fonds  français  :  Epistre  du 
roy  estant  à  Annet  à  la   royne  estant  demourée  à 


Saint-Germain  en  couches  de  Monseigneur  d'Orléans 
(i548),  faict  promptement  par  le  commande- 
ment   dudict  seigneur  : 

S'il  vous  souvient,  Madame,  d'avoir  leu 

En  quelque  livre  élégant  et  esleu 

Le  dessein  rare  et  la  description 

De  quelque  lieu  beau  en  perfection , 

Je  vous  supply  imaginer  et  croire 

Que  c'est  d'Annet  le  portrait  et  l'histoire. 

Après  en  avoir  fait  une  pompeuse  description 
le  poète  a  mis  dans  la  bouche  d'Henri  II  ces  der- 
niers vers  : 

Mais  plus  prochains  sommes  de  vous  revoir 

Que  ce  beau  lieu  est  de  vous  recevoir, 

Délibérant  d'en  desloger  demain , 

Pour  vous  aller  trouver  à  Saint-Germain , 

Et  plus  au  long  de  nous  compte  vous  rendre 

Que  par  autruy  vous  n'en  sçauriez  rendre  , 

Avec  espoir  de  venir  quelque  jour 

Expressément  ici  faire  séjour 

Pour  vous  montrer  en  plus  belle  saison 

Ce  que  de  beau  est  en  ceste  maison. 

i  Calendar  of  State  papers ,  i553-i558,  p.  282. 


INTRODUCTION.  tu 

En  regard  des  largesses  prodiguées  à  la  favorite,  il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de 
placer  le  budget  modeste  de  la  femme  légitime.  Claude  de  Beaune1,  l'une  de  ses 
dames,  avait  la  garde  de  ses  coffres,  elle  tenait  ses  livres  en  partie  double,  écri- 
vant d'un  côté  la  recette,  de  l'autre  la  dépense.  A  la  fin  de  chaque  semestre,  Ca- 
tberine  approuvait  le  compte2.  Anticipant  sur  les  années,  nous  choisirons  de 
préférence  le  livre  des  dépenses  de  l'année  1  5 58 ,  cpie  grossirent  de  beaucoup  les 
achats  faits  pour  le  trousseau  de  Marie  Stuart.  Cette  année-là,  la  recelte  s'éleva 
à  57,621  livres,  la  dépense  à  5o,,33i  livres;  les  plus  petites  sommes  s'alignent 
sur  le  registre  à  côté  des  grandes;  Claude  de  Beaune  inscrit  aussi  bien  les 
3,000  livres  qui  sont  la  dot  de  Béatrix  de  la  Chambre,  mariée  à  René  de  Bruges, 
que  les  quelques  testons  donnés  à  une  pauvre  fille  qui  vend  ses  cheveux  à  la 
reine,  ou  au  garçon  qui  a  porté  son  perroquet  de  Beauvais  à  Saint-Germain.  Bien 
n'est  omis,  ni  les  gages  de  Noblesse,  le  gouverneur  de  ses  nains  Marvile  et 
Romanesque 3,  ni  les  quelques  sols  payés  pour  les  tranche-plumes  et  plumes  à  mettre 
dans  l'écritoire  de  la  reine.  De  François  Ier,  elle  a  pris  et  gardé  le  goût  de  la 
chasse;  elle  envoie  des  hérons1  à  son  château  de  Vie  en  Auvergne;  elle  fait 
acheter  trente  grands  levreaux  pour  peupler  les  garennes  de  Monceaux,  à  raison 
de  2  5  sols  pièce;  la  plus  forte  partie  de  la  recette  est  absorbée  par  les  réparations 
faites  à  sa  maison  de  la  rue  des  Poulies5  et  par  les  embellissements  de  son  château 


1  Elle  élail  appelée  également  M"'  du  Goguier 
et  recevait  4oo  livres  pour  ses  peines.  3oo  livres 
pour  ses  habillements,  13  livres  pour  le  coffre  et 
ses  registres.  (  Voy.  la  note  de  la  page  o/i.) 

3  Voici  l'une  de  ses  approbations  :  *  Nous  Cathe- 
rine, par  la  grâce  de  Dieu  roine  de  France,  cerlif- 
lions  à  nos  amez  et  féaux  les  gens  de  nos  comptes 
et  tous  autres  qu'il  appartiendra  que  des  deniers 
provenuz  de  nostre  domaine  tant  ordinaire  que 
extraordinaire,  de  noz  terres  et  seigneuries  que 
nultrement  en  quelque  manière  que  ce  soit,  il  m'en 
a  esté  mis  en  mes  coffres  durant  les  mois  de  jan- 
vier, février  et  mars,  avril,  may  et  juing  derniers 
passez  que  la  somme  de  trente  sept  mil  six  cent 
cinquante  six  livres  huict  solz  tournois,  contenue 
en  troys  feiùllelz  de  ce  présant  caier  que  nous 
avons  fait  arrêter  et  vérifier  par  les  gens  de  notre 
conseil,  de  laquelle  somme  de  xxxvn"  vc  1.  m  I. 
vin  s.   nous  voulons  nostre  chère  et  bien    amée 


Claude  de  Beaune,  demoiselle  du  Goguier,  l'une 
des  dames  de  nostre  chambre,  ayant  la  charge, 
garde  et  administration  de  nozdictz  coffres,  estre 
tenue  quitte  et  deschargée  par  les  gens  de  noz-. 
ditz  comptes  et  partout  ailleurs  où  il  appartiendra 
sans  aucune  difficulté,  rapportant  la  mise  parle 
menu  de  ladicte  recepte  et  des  parties  signées  de 
nostre  main ,  car  tel  est  nostre  plaisir  nonobstant 
quelconques  ordonnances  et  lettres  à  ce  contraires. 
Faict  à  Nanleuil.  le  un'  jour  de  juillet  i558.  Ca- 
terise.i  (Bibl.  nat.,  fonds  français,  11°  10991.) 

:'  Catherine  eut  plusieurs  autres  nains,  Bezon 
ou  le  petit  Nonneton .  le  grand  Pollacre  et  le  petit 
Pollacre,  I^a  Roche.  Merlin.  Rodomont,  Mandri- 
cart,  Mayostrie.  Petavine.  (Voy.  Jal.  Dict. . 
p.  895.) 

1  Ils  avaient  coûté  le  prix  énorme  de  385  livres. 

5  La  maison  de  la  rue  des  Poulies  joignait  celle 
que  la  reine  avait  achetée  au  sieur  de  Villeroy,  et 


Catherine  de  Médicis.  —  i. 


mi  INTRODUCTION. 

de  Monceaux1;  elle  n'avait  encore  à  cetle  date  ni  Philibert  Delorine,  ni  Bullant, 
ni  Jehan  Lescot  pour  réaliser  ses  ruineuses  fantaisies,  mais  déjà  les  chiffres  ac- 
cusent son  goût  prononcé  pour  les  grandes  constructions,  pour  la  création  et 
l'entretien  de  ses  jardins. 

En  une  seule  fois,  elle  achète  à  Tours,  pour  Monceaux,  2,000  pieds  d'arbres 
fruitiers  à  raison  de  k  sols  chacun,  000  pieds  de  lauriers  à  18  sols  pièce.  Denis 
Thibaut  vient  de  Tours  pour  les  planter  et  y  passe  soixante-cinq  jours. 

A  Fontainebleau,  elle  a  un  jardinier  à  ses  gages;  elle  en  fait  venir  un  de 
Padoue,  dont  le  voyage  seul  coûte  65  livres;  elle  nous  semble  enfin  et  à  tous 
égards  mériter  les  reproches  que  lui  fera  plus  tard  Cbantonnay,  l'ambassadeur 
d'Espagne,  de  compromettre  sa  santé  à  trop  manger  de  fruits. 

Après  les  bâtiments  et  les  jardins,  les  plus  fortes  sommes  sont  affectées  aux 
achats  nécessités  par  les  noces  de  Marie  Stuart'2;  la  liste  des  orfèvres  est  longue  et 
le  livre  des  dépenses  nous  en  donne  tous  les  noms  :  Mathurin  Lussault,  son 
orfèvre  ordinaire,  Pierre  Vast  et  Michel  Faure,  de  Lyon3,  Claude  Héry4et  Jean 
Joly,  de  Paris5,  Jehan  Doublet,  orfèvre  du  dauphin6,  Nicolas  Vara7,  doreur  et 
damasquineur. 


dans  le  Hue  des  dépenses,  nous  voyons  qu'en  1 558 
elle  la  faisait  approprier  pour  y  loger  MM.  d'Or- 
léans ,  d'Angoulènie ,  d'Anjou  el  Madame  Marguerite. 

1  Parmi  les  dépenses  faites  h  Monceaux,  nous 
remarquons  :  A  un  doreur  sur  cuir,  Jehan  Foucaul, 
3oo  livres  pour  une  tente  de  chambre  faite  sur 
cuir  de  mouton,  frizée  de  figures;  à  Benoît  Le- 
boucher,  fondeur,  îao  livres  pour  des  chenels;  à 
Jacques  Conte,  de  Paris,  60  livres  pour  deux 
grands  chandeliers  de  salle;  à  Priamus  Lucas, 
peintre,  demeurant  à  Paris,  h  livres  10  sols  pour 
avoir  portraicl  en  parchemin  le  parterre  du  cloz  du 
Pail-maille\ 

-  A  Denis  Gilbert,  28  livres  pour  avoir  cherché 
à  Paris  plusieurs  bagues  et  pierreries  dont  la  reine 
a  fait  don  à  la  reine  d'Ecosse;  à  Badouet,  lapi- 
daire, cinquante-huit  boutons  d'émeraudeà  60  sols 
pièce;  à  M.  d'Elbene,  qui  est  à  la  sœur  du  roi. 
00  sols  pour  donner  à  un  enlumineur  qui  a  peint 
deux  devises  pour  la  reine. 


3  A  Pierre  Vast  et  Michel  Faure,  marchands  à 
Lyon,  38o  livres  pour  un  diamant  taillé  à  face  et 
fait  en  écusson  pour  faire  en  partie  un  carcan  dont 
la  reine  a  fait  don  à  la  reine  d'Ecosse  le  jour  de  ses 
épousailles. 

1  AClaude  Héry,  demeurant  à  Paris,  1 ,3ao  livres 
pour  une  grande  table  de  diamants  enchâssée  en  un 
anneau  d'or  pour  en  faire  en  partie  le  carcan  dont  la 
reine  a  fait  don  à  la  reine  d'Ecosse;  plus 671  livres 
pour  neuf  grosses  perles  pour  être  mises  dans  le 
carcan  de  la  reine  d'Ecosse  pour  le  jour  de  ses 
noces. 

5  A  Jehan  Joly,  9.<yi  livres  pour  un  rubis  cabo- 
chon enchâssé  en  un  anneau  d'or  pour  faire  en 
partie  le  susdit  carcan  donné  à  la  reine  d'Ecosse  le 
jour  de  ses  épousailles. 

8  A  Doublet,  orfèvre  du  dauphin,  110  livres 
pour  une  paire  de  tablettes  d'or. 

7  A  Nicolas  Vara,  doreur  et  damasquineur  à 
Paris,  i3  livres  pour  une  escriptoire  sur  laquelle 


'  Pallc-maille ,  mail;  de  l'espagnol  pala-mallo. C'était  un  des  jcuv  préférés  de  Henri  II.  (Voy.  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne, 
t.  III,  p.  277.) 


INTRODUCTION.  m.hi 

Si  durant  dix  ans  Catherine  n'avait  pu  avoir  d'enfants,  à  dater  de  la  nais- 
sance du  dauphin,  les  grossesses  se  succèdent  presque  sans  interruption,  «h 
ce  point,  nous  dit  un  ambassadeur  vénitien,  que  Leurs  Majestés  étant  encore 
jeunes,  elles  craignent  d'avoir  plus  d'enfants  qu'il  ne  faut;  car  le  roi  vou- 
drait laisser  à  chacun  ^\\i\\\  un  héritage  qui  répondit  à  la  grandeur  de  son 
nom  '.-i 

Henri  II  était  le  meilleur  des  pères;  à  la  moindre  indisposition  de  ses  enfants, 
il  taisait  partir  son  médecin  avec  ordre  de  lui  en  donner  des  nouvelles  heure  par 
heure;  suivant  les  saisons,  il  les  faisait  changer  de  climat,  changer  d'habitation, 
choisissant  lui-même  les  lieux  les  plus  sains,  les  logis  les  mieux  aérés,  entrant  dans 
les  moindres  détails,  dans  les  soins  les  plus  minutieux;  on  en  jugera  par  cette 
lettre  :  rr  J'ai  entendu  bien  amplement,  écrit-il  à  M.  d'Humières,  des  nouvelles  de 
mon  fds  qui  ne  veut  plus  aller  en  femme,  dont  je  lui  sais  bon  gré  .  étant  bien  raison 
qu'il  ait  des  chausses  à  cul  puisqu'il  en  demande2.*  En  i548,  lors  de  son  voyage 
en  Piémont,  de  toutes  les  villes  où  il  passe  ildemande  des  nouvelles  de  ses  en- 
fants. A  son  retour,  forcé  de  s'arrêter  à  Moulins  pour  le  mariage  de  Jeanne 
d'Albret  avec  Antoine  de  Bourbon,  il  laisse  la  cour  en  arrière  pour  avoir  le 
plaisir  de  les  embrasser  plus  tôt3.  On  s'étonne  de  rencontrer  tant  de  sensibilité 
dans  ce  roi  à  l'aspect  si  froid,  à  la  figure  si  impassible.  Diane  de  Poitiers  vit  bien 
le  parti  qu'elle  pouvait  tirer  de  la  tendresse  du  père  pour  ses  enfants;  il  y  avait  là 
un  moven  sur  de  toucher  ce  cœur,  de  -le  faire  vibrer.  Elle  aussi,  elle  prendra  soin 
des  enfants  de  Henri  II":  crJ'ai  vu,  écrit-elle  à  M"'0  d'Humières,  la  lettre  que 
m'avez  écrite  et  ce  que  m'avez  mandé  que  Madame  Claude  s'est  trouvée  mal  cette 
nuit  de  sa  toux,  dont  nous  sommes  tous  marris;  toutefois  est  une  maladie  qui 
n'est  point  dangereuse,  vu  que  madame  sa  sœur  aînée  en  a  eu  de  cette  fason. 
La  reine  vous  en  écrit  son  avis;  il  me  semble  que  vous  ferez  bien  de  prendre 
une  bonne  résolution  pour  ne  mettre  plus  les  choses  en  doute;  je  me  fierai 
plus  en  votre  opinion  que  en  celle  des  médecins,  vu  mêmement  la  quantité 
d'enfants  que  avez  cus.n  Dans  une  autre  lettre,  nous  voyons  encore  qu'elle  lui 

il  y  avoit  un  homme  d'acier  monté  à  cheval  et  un  s'en  va  en  grande  dévotion  pour  voir  ses  entons  et 

Suisse  tenant  une  hallebarde  à  la  niaju,  se  doibt  mettre  un  jour  devant  pour  en  avoir  tout 

1   Armand    Baschet.    la    Diplomatie   vénitienne,  seul  la  bonne  chère. »  (Guiffrey,   Lettres  de  Diane 

p.  ^79.  de  Poitiers ,  p.  '17.) 

'  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  38o8,  fol.  198.  "  Voy.  (iuiffrey,   Lettres  de  Diane  de  Poitiers, 

'  -Le  seigneur  roy,  écrivait  Diane  de  Poitiers.  p.  83. 


XL1V  INTRODUCTION. 

recommande  de  faire  bon  guet,  car  les  officiers  ne  peuvent  garder  de  trotter  là 

où  sont  leurs  femmes. 

Mais  Diane  aura  beau  faire,  comme  soins,  comme  sollicitude  pour  les  enfants 
de  Henri  II,  elle  ne  pourra  jamais  dépasser  Catherine;  on  n'a  jamais  vu,  on  n'a 
jamais  étudié  que  la  femme  politique;  essayons  de  retrouver  la  mère.  Son  fils  aîné 
venait  d'être  malade  :  k  Je  vous  prie,  écrit-elle  de  Compiègne  à  Mme  d'Humières, 
prendre  toujours  garde  à  lui  et  qu'il  ne  soit  rien  oublié  en  ce  qu'il  faut  faire  et, 
afin  de  m'ôler  de  peine,  m'écrire  de  ses  nouvelles  le  plus  souvent  que  vous  pour- 
rez1 ;n  elle  ne  recommande  pas  moins  sa  fille  Claude:  «Le  roi  et  moi,  écrit-elle  à 
Mme  d'Humières  (4  mai  1  568),  nous  sommes  d'avis  que  l'on  lui  donne  de  la  panade 
plutôt  que  autre  chose,  car  elle  lui  est  plus  saine  que  la  bouillie  et  pour  ce  faites 
lui  en  bailler.  Je  vous  prie,  ajoute-t-elle,  de  me  faire  peindre  tous  mes  enfants, 
mais  que  ce  soit  d'un  autre  côté  que  le  peintre  n'a  accoutumé  de  les  peindre  et 
portraire2.»  Son  fils,  le  duc  d'Orléans,  lui  inspirant  quelques  inquiétudes  :  fr  J'ai 
vu,  dit-elle  à  Mmc  d'Humières,  ce  que  m'avez  écrit  de  la  nourrice  de  mon  fils  que, 
je  crois,  est  honnête  et  bien  conditionnée,  mais  nous  n'avons  tant  affaire  de  sa  suf- 
fisance et  de  ses  vertus  que  nous  avons  qu'elle  soit  bonne  nourrice,  ce  que  l'on 
voit  bien  qui  n'est  point,  car  mon  fils  continue  trop  à  se  trouver  mal;  par  quoi  je 
vous  prie  que  je  n'en  oye  plus  parler  et  qu'elle  lui  soit  changée,  car  par  sa  pru- 
dence et  sagesse  son  lait  n'en  est  pas  meilleur.  Quant  à  ma  petite  fille,  je  serai 
bien  aise  que  vous  soyez  bientôt  auprès  d'elle;  j'ay  envoyé  le  tailleur  qui  fait  les 
corps  des  filles  de  Madame  la   connétable  pour  lui  en  faire3. -n  Dans  une  autre 
lettre  à  Mmc  d'Humières  elle  lui  demande  comment  son  fils  d'Angoulème  se  trouve 
de  ses  dents  \ 

On  lui  envoie  les  portraits  de  ses  fils,  elle  demande  s'ils  sont  ressemblants,  et 
«à  toutes  aventures,  elle  ordonne  d'en  faire  faire  deux  autres,  pour  les  repré- 
senter l'un  devant  l'autre5,  n  Plus  tard  elle  veut  elle-même  élever  ses  deux 
filles,  Elisabeth  et  Claude,  car  Marguerite  n'était  pas  encore  née:  te  La  reine, 
écrivait  le  cardinal  de  Lorraine  à  Marie  de  Cuise,  sa  sœur,  prend  avec  elle 
ses  deux  filles,  ne  leur  fait  aucun  état,  ayant  délibéré  de  les  faire  coucher  en  sa 
garde-robe  ou  en  une  chambre  le  plus  près  d'elle  qu'elle  pourra,  et  n'auront  avec 
elle  que  Mmc  d'Humières  et  leurs  filles  de  chambre,  et  dit  ladite  dame  que  jamais 

'   Voy.  la  lettre  de  la  page  ao.  "  Voy.  la  lettre  de  la  page  63. 

'  Voy.  la  lettre  de  la  page  a3.  5  Voy.  la  lettre  de  la  page3i. 

Voy.  la  lettre  de  la  page  4i. 


INTRODUCTION.  \i.v 

tant  qu'elle  vivra,  jusques  à  ce  que  ses  filles  soient  mariées,  personne  qu'elle 
n'aura  commandement  sur  elles '.n 

Un  nouvel  astre  allait  se  lever  à  l'horizon;  Marie  Stuart  était  attendue  en 
France  à  la  fin  de  i548:  «J'espère,  écrivait  Catherine  à  M.  d'IIumières,  que  la 
compagnie  de  mes  enfants  augmentera  et  qu'ils  auront  avec  eux  la  petite  reine 
d'Ecosse2,  n  Mmc  de  Guise,  qui  la  vit  la  première,  écrivait  au  cardinal  de  Lor- 
raine :  (f  Je  vous  assure,  mon  fils,  que  c'est  la  plus  jolie  et  meilleure  que  vous 
vites  oneques  de  son  âge3,  u  Henri  II,  pour  lequel  elle  avait  des  càlineries  char- 
mantes, en  raffolait  :  et  Je  suis  contraint  de  vous  dire,  écrivait  le  cardinal  de 
Lorraine  à  sa  sœur,  la  reine  d'Ecosse,  que  le  roi  prend  tel  goût  à  la  reine 
vostre  fille,  qu'il  passe  bien  son  temps  à  deviser  avec  elle  l'espace  d'une  heure,  et 
elle  le  sait  aussi  bien  entretenir  de  bons  et  sages  propos  comme  feroit  une  femme 
de  vingt-cinq  ans4,  u 

Diane  ne  tarda  pas  à  s'apercevoir  de  la  préférence  marquée  d'Henri  II  pour  la 
petite  reine  et  mit  tout  en  œuvre  pour  s'attirer  son  affection  et  l'enlever  à  Ca- 
therine; l'intérêt  de  l'avenir  était  là.  Elle  y  réussit,  sans  aucun  doute,  car  Marie 
Stuart  écrivait  à  sa  mère  (28  décembre  1 555 )  :  «-Il  est  incroiahle  comme  mes 
oncles  sont  soigneux  de  moi&;  je  n'en  dis  pas  moins  pour  Mme  de  Valentinois.  v 
Et  dans  une  autre  lettre,  elle  y  revient  d'une  manière  plus  marquée  :  crAu  de- 
meurant, vous  savez,  ma  mère,  comme  je  suis  tenue  à  Mœe  de  Valentinois  pour 
l'amour  que  de  plus  en  plus  elle  me  montre,  n  et  elle  demande  à  marier  .la 
petite  fille  de  Diane,  M"e  de  Bouillon,  au  comte  d'Aran6.  Tout  en  se  louant  de 
l'affection  de  la  duchesse,  Marie  Stuart  se  plaignait  à  sa  mère  de  n'être  plus 
dans  la  bonne  grâce  de  la  reine7.  Il  n'y  a  donc  pas  à  en  douter.  Si  Marie 
Stuart,  même  enfant,  n'aima  pas  Catherine,  c'est  qu'elle  subit  l'influence  de 
la  favorite;  c'est  celle-ci  qui  dut  lui  apprendre  que  la  reine  était  file  de  nuir- 
chands;  mol  cruel  que  l'imprudente  Marie  lui  répéta  plus  tard  et  que  Catherine 
n'oublia  pas. 

Dans  l'étude  que  nous  nous  sommes  proposée  du  caractère  de  Catherine,  il  est 
un  point  que  nous  n'avons  jamais  pu  nous  expliquer  :  comment  cette  femme  si 
habile,  si  supérieure  à  Henri  II  par  son  intelligence,  n'a-t-elle  jamais  pu  surmonter 

'   Labanoff,    Lettres    de    Marie    Stuart,  t.    1.  *  I.abanoff,  Lettres  de  Marie  Stuart,  1. 1,  p.  9. 

p.  8.  5  Ibii.,  t.  I,  p.  3a. 

2  Voyez  la  lettre  de  la  page  26.  "  Ibid. .  t.  I.  p.  1 1. 

3  Bibl.nat.,  fonds  Clairambault,  vol.  5 G.  '  Ibid.,  t.  1,  p.  h  1 . 


XLVI  INTRODUCTION. 

la  crainte  qu'il  lui  inspirait  ?  Toujours  préoccupée  de  conserver  ses  bonnes  grâces, 
elle  est  dans  ce  but  prèle  à  tout  sacrifier:  amitiés,  affections,  liens  de  parenté. 
Lorsque  Léon  Strozzi,  le  prieur  de  Capoue,  quitta  le  service  du  roi  et  se  réfugia 
à  Malle,  elle  écrit  au  connétable  :  crJe  voudrois  que  Dieu  eût  tant  fait  pour  lui 
de  l'avoir  ôté  de  ce  monde,  à  l'heure  qu'il  lui  donna  la  volonté  de  s'en  aller.  Une 
chose  me  réconforte,  que  je  crois,  quand  il  reconnoîtra  sa  faute,  il  se  mettra  en 
lieu  où  il  ne  demeurera  guères  en  ce  monde,  qui  sont  les  meilleures  nouvelles 
que  je  pourrois  avoir  de  lui  \  n  et  pourtant  Léon  Strozzi  est  le  61s  de  Clarisse  de 
Médicis  qui  l'avait  élevée. 

Dans  une  seconde  lettre  au  connétable,  elle  revient  sur  le  même  événement  : 
rc  Vous  savez,  lui  dit-elle,  de  quelle  affection  j'aime  le  roi  et  son  service,  tant  que 
je  n'aurai  jamais  regard  que  à  cela ,  et  si  je  pensois  qu'il  dût  trouver  mauvais  ceci 
j  aimerois  mieux  être  morte  '-.  ■» 

Être  clans  les  bonnes  grâces  du  roi,  s'y  maintenir,  c'est  son  unique  pensée,  et  Je 
vis  ce  soir,  écrit-elle  au  connétable  le  18  juin  i552,  ce  que  vous  me  mandez 
touchant  ma  maladie,  mais  il  faut  que  je  vous  dise  que  ce  n'est  pas  l'eau  qui  m'a 
fait  malade  tant  comme  n'avoir  pas  eu  des  nouvelles  du  roi,  car  je  pensois  que 
lui  et  vous  et  tout  le  reste  ne  vous  souvînt  plus  que  j'étois  encore  en  vie; 
assurez-vous  qu'il  n'y  a  serein  qui  me  sût  faire  tant  de  mal  que  de  penser  être 
hors  de  sa  bonne  grâce  et  souvenance;  pour  quoi,  mon  compère,  si  désirez  que  je 
vive,  entretenez-m'y  le  plus  que  vous  pourrez  et  me  faites  savoir  souvent  de  ses 
nouvelles;  c'est  le  meilleur  régime  que  je  saurois  tenir3,  v 

Cette  crainte  de  déplaire  au  roi  ou  d'en  être  oubliée  provient-elle  d'qn  senti- 
ment de  tendresse  conjugale?  L'ambassadeur  vénitien  nous  dit  que  Catherine 
faisait  prendre  le  deuil  à  toutes  ses  dames  lorsque  Henri  II  partait  pour  l'armée4; 
mais  ce  témoignage  ne  nous  suffit  pas;  d'ordinaire  ces  douleurs  d'apparat  sont 
menteuses;  une  plainte  plus  discrète  nous  en  apprendrait  davantage.  Catherine  de 
Médicis  s'était  liée  avec  la  jeune  duchesse  de  Guise5,  Italienne  comme  elle,  et 
comme  elle  étrangère  à  la  cour  de  France.  Dans  un  de  ces  jours  de  tristesse  où 
les  confidences  s'échappent  malgré  nous,  elle  lui  écrit  :  n- Si  vous  voyez  le  roi, 
présentez-lui  mes  très  humbles  recommandations.  Je  voudrois  être  Marguerite 
pour  le  pouvoir  voir,  car  je  pense  que  aurez  longtemps  encore  ce  plaisir  d'être 

'   Voy.  la  lettre  de  la  page  63.  '  Armand  Baschet,  Diplomatie  vénit.,  p.  /179. 

2  Voy.  la  lettre  de  la  page  65.  s  Anne  d'Esté,  née,  en  i53i,  d'Hercule  d'Esté, 

Voy.  la  lettre  de  la  page  66.  duc  de  Ferrare,  et  de  Renée  de  France. 


INTRODUCTION.  xlvii 

avec  vostre  mari.  Plût  à  Dieu  que  je  fusse  aussi  bien  avec  le  mienl.i>  Nous  avons 
d'elle  une  autre  lettre  où  se  révèlent  à  la  l'ois  les  souffrances  intimes  de  la  femme 
et  l'affection  profonde  qu'elle  eut  toujours  pour  Henri  II;  c'est  à  sa  fille,  la  reine 
d'Espagne,  qu'elle  écrit;  elle  ne  craindra  donc  pas  de  dire  tout  ce  qu'elle  a  au 
fond  du  cœur:  trl'our  ce,  ma  mie,  recommandez-vous  bien  à  Dieu,  car  vous 
m'avez  vue  aussi  contente  comme  vous,  ne  pensant  jamais  avoir  autre  Iribulation 
que  de  n'être  assez  aimée  à  mon  gré  du  roi  votre  père  qui  m'honoroit  plus 
que  je  ne  méritois,  mais  je  l'aimois  tant,  que  j'avois  toujours  peur,  comme  vous 
savez,  et  Dieu  me  l'a  ôté2!ï> 

Cette  étude  serait  incomplète  si  nous  ne  cherchions  pas  à  bien  déterminer  l'in- 
fluence qu'exerça  Diane  sur  Henri  II  et  ce  qu'il  devint  entre  ses  mains.  Il  est  une 
qualité  que  l'on  a  généralement  reconnue  à  la  grande  sénécbale,  c'est  une  forte 
volonté,  une  grande  fermeté  de  caractère.  Eh  bien!  cette  fermeté  elle  a  su  la 
communiquer  à  ce  prince  encore  dauphin.  Voici  ce  que  nous  dit  Marino  Cavaib 
qui  le  vit  à  l'âge  de  vingt-huit  ans,  et  depuis  onze  ans  il  vivait  déjà  avec  Diane:  tt  11 
est  très  net,  très  ferme  dans  ses  opinions,  ce  qu'il  a  dit  une  fois  il  y  tient3,  il 
dépense  son  argent  d'une  manière  sage  et  convenable»;  c'est  encore  l'esprit  d'ordre 
de  Diane  qui  se  fait  jour  ici  et  celui  de  son  ami  le  connétable. 

La  grande  sénécbale  possédait  à  un  souverain  degré  la  science  du  monde;  nulle 
femme  n'en  eut  plus  besoin,  car,  dans  les  premiers  jours  de  sa  liaison,  il  fallait  à 
la  fois  détourner  les  soupçons  de  François  I01',  ménager  la  jalousie  à  demi  éveillée 
de  Catherine,  se  garder  des  épigrammes  de  Marot4  et  des  médisances  de  la  du- 
chesse d'Elampes  qui  se  plaisait  à  dire  qu'elle  était  née. le  jour  du  mariage  de 
Diane.  Il  fallait  donner  à  cette  •intimité  les  apparences  d'un  sentiment  presque 
maternel  et  dérouter  l'opinion  publique;  elle  y  parvint  si  bien,  que  Marino  Ca- 
valli,  ce  diplomate  si  pénétrant,  cet  observateur  à  demi  philosophe  et  moraliste. 
y  fut  un  des  premiers  trompés,  cr  II  n'est  guères  adonné  aux  femmes,  nous  dit-il  en 
parlant  du  dauphin,  la  sienne  lui  sullit5.  » 

Pour  être  juste,  reconnaissons  que  Diane,  par  de  certains  côtés,  se  distingue 

'   Voy.  la  lettre  de  la  page  80.  Vonsn'enstes,  comme  j'entends, 

1   ir         1     1  ..        11  r;'o  Jamais  tant  d'heur  au  printems 

"   Vov.  la  lettre  de  la  nage  508. 

1    n  Qu  en  automne. 

'  Tommaseo,  Relat.  des  anitiassad.  Venet.,  relai.  ...a  .'  .         . 

(Morot,  ïjrennes  aux  aamcê  ai  l«  coin-.) 
de  Cavulli ,  t.  I",  p.  287. 

.  s  Tommaseo,  Relat.  des ambassad.  Venet,  relat. 

Que  voulez-vous,  Diane  bonne, 

Que  je  vous  donne?  de  ûtvnlli .   I.  1",  ]>.  287. 


X1.vm  INTRODUCTION. 

des  femmes  de  son  temps;  elle  avait  le  sentiment  profond  des  convenances,  une 
sorte  de  déférence  pour  l'opinion  publique,  des  habitudes  soutenues  de  discrétion. 
Toutes  ces  qualités,  toute  cette  prudence  de  la  femme  vraiment  du  monde,  nous 
les  retrouvons  plus  tard  dans  Henri  II  devenu  roi.  rr II  a  cela  de  plus,  nous  dit  le 
Vénitien  Lorenzo  Contarini,  c'est  qu'en  ses  affaires  amoureuses,  il  les  tient  si 
secrètes  que  personne  ne  peut  en  parler;  aussi  la  cour  qui,  du  temps  du  feu  roi, 
était  très  licencieuse  est  aujourd'hui  assez  régulière  Kt>  C'est  là  peut-être  le  seul 
bon  côté  de  l'influence  de  la  grande  sénécbale;  si  l'on  en  doutait,  c'est  au  témoi- 
gnage de  Catherine  elle-même  que  nous  aurons  recours.  Voici  en  effet  les  sou- 
venirs qu'elle  évoquait  dans  une  lettre  à  Henri  IV,  alors  roi  de  Navarre,  lettre 
où  elle  lui  reprochait  son  manque  de  procédés  à  l'égard  de  Marguerite  de  Valois. 
«  Vous  n'êtes  pas  le  premier  mari  jeune  et  non  pas  bien  sage  en  telles  choses; 
mais  je  vous  trouve  bien  le  premier  et  le  seul  qui  fasse  après  un  tel  fait  avenu 
tenir  tel  langage  «à  sa  femme.  J'ai  eu  cet  honneur  d'avoir  épousé  le  Roi  monsei- 
gneur et  votre  souverain  et  de  qui  avez  épousé  la  fille,  mais  la  chose  du 
monde  de  quoi  il  étoit  le  plus  marri,  c'étoit  quand  il  savoit  que  je  susse  de  ces 
nouvelles-là;  et  quant  Madame  de  Flamin  fut  grosse,  il  trouva  très  bon  quand  on  la 
renvoya 2  et  jamais  il  ne  m'en  fit  semblant  ni  pire  visage  et  moins  mauvais  langage. 
De  Madame  de  Valentinois,  c'étoit  comme  Madame  d'Etampes  en  tout  honneur, 
mais  celles  qui  étoient  si  sottes  que  d'en  faire  voler  les  éclats,  il  eût  été  bien 
marri  que  je  les  eusse  retinses  auprès  de  moi,  et  si  il  étoit  mon  Roi  et  le  vôtre, 
celle-ci  c'est  sa  fille,  c'est  la  sœur  de  votre  Roi  qui  vous  sert,  quand  vous  l'aurez 
considéré,  plus  que  ne  pensez,  qui  vous  aime  et  honore,  comme  si  elle  avoit  au- 
tant d'honneur  de  vous  avoir  épousé  que  si  vous  fussiez  fils  du  roi  de  France  et 
elle  sa  sujette.  Ce  n'est  pas  la  façon  de  traiter  les  femmes  de  bien  et  de  telle 
maison  de  les  injurier  à  l'appétit  d'une  putain  publique3,  car  tout  le  monde,  non 
seulement  la  France,  sait  l'enfant  qu'elle  a  fait  et  par  un  petit  galant  outrecui- 
dant et  impudent,  d'avoir  accepté  de  son  maître  un   tel  commandement  et  lui 


'  Alberi,  Relazioni  degli  ambasciatori  Veneti, 
relaz.  di  Contarini,  série  I",  t.  IV,  p.  61. 

2  Ce  que  dit  Catherine  de  Henri  II  est  confirmé 
par  Brantôme  :  fLuy  qui  estoit  d'assez  amoureuse 
complexion  ,  quand  il  alloit  voir  les  dames,  y  alloit 
I'1  plus  caché  et  plus  couvert  qu'il  pouvoit,  afin 
qu'elles  fussent  hors  de  soupçon  et  diffame.  Et  s'il 
en  avoil  aucune  qui  fust  descouverte,  ce  n'estoit 


pas  de  sa  faulte  ny  de  son  consentement ,  mais 
plustôt  de  la  dame,  comme  une  que  j'ay  ouy 
dire  de  bonne  maison,  nommée  Madame  Flamin, 
d'Escosse,  laquelle  ayant  esté  enceinte  du  faict  du 
Rov  elle  n'en  faisoit  pas  la  petite  bouche.  1  (Bran- 
tome,  édit.  de  L.  Lalanne,  Les  Dames ,t.l\.p.  hçfo.) 
3  C'est  M"*  de  Fosseuse  qu'elle  désigne  ainsi.  Voy. 
Mcm.  de  Marguerite  de  Valois,  éd.  Gubache.  p.  27a. 


INTRODUCTION.  mx 

mander  un  tel  langage,  lequel  je  ne  puis  croire  qu'il  vienne  de  vous,  car  vous 
êtes  trop  bien  né  et  de  la  maison  dont  elle  est  issue  pour  ne  savoir  comment 
devez  vivre  avec  la  fille  de  votre  Roi  el  la  sœur  de  celui  qui  à  présent  commande 
à  tout  ce  royaume  et  à  vous,  et  qui  outre  cela  vous  aime  et  honore,  comme  doit 
l'aire  une  femme  de  bien;  et  si  je  la  connoissois  autrement,  ne  la  voudrois  sup- 
porter ni  rien  mander  pour  vous  taire  reconnoître  le  tort  que  vous  vous  êtes  fait. 
J'ai  fait  partir,  ajoute-t-elle,  cette  belle  brie,  car  tant  que  je,  vivrai,  je  ne  souffri- 
rai de  voir  chose  qui  puisse  empêcher  ou  diminuer  l'amitié  (pie  ceux  qui  me 
sont  si  proches,  comme  elle  m'est,  se  doivent  porter  l'un  à  l'autre,  et  vous  prie 
que  après  que  ce  beau  messager  de  Frontenac  vous  aura  dit  le  pis  qu'il  aura  pu 
pour  vous  aliéner  contre  votre  femme,  de  revenir  en  vous-même  et  considérer 
le  tort  que  vous  êtes  fait  de  avoir  cru  leur  conseil,  et  retourner  au  bon  chemin  '.  •■ 

Dans  les  premières  années  de  la  liaison  de  Henri  11  et  de  Diane  de  Poitiers, 
Catherine,  nous  dit  l'ambassadeur  Lorenzo  Contarini,  eut  grande  peine  à  la  sup- 
porter, mais  sur  la  prière  du  roi,  elle  la  toléra  patiemment  et  elle  vécut  habi- 
tuellement avec  elle.  En  retour,  Diane  avait  de  certaines  complaisances;  elle  en- 
voyait souvent  le  roi  dormir  avec  elle2.  Elle  faisait  plus  encore:  elle  la  soignait 
dans  ses  couches,  dans  ses  maladies.  Lorsque  Catherine  fut  prise  à  Joinville  d'un 
mal  qui  mit  ses  jours  en  danger  :  «  Je  vous  puis  assurer,  écrivait-elle  à  M.  de 
Brissac,  que  le  roi  a  fait  fort  bien  le  bon  mari,  car  il  ne  l'a  jamais  aban- 
donnée 3.  n 

Une  seule  fois ,  durant  tout  le  règne  de  Henri  II ,  le  nom  de  Diane  est  prononcé  dans 
les  lettres  de  Catherine  et  à  propos  de  la  grossesse  de  cette  lady  Fleming4  dont  elle 
parle  dans  la  lettre  de  reproches  qu'elle  adresse  à  Henri  IV.  Cette  maladroite  rivale 
de  Diane,  sur  les  charmes  de  laquelle  le  connétable  avait  trop  compté  pour  sup- 
planter la  vieille  favorite ,  fut  priée ,  pour  éviter  un  scandale ,  d'aller  faire  ses  couches 
en  Ecosse.  Au  moment  de  son  départ,  elle  vint  saluer  Catherine  qui  raconte  sa 
visite  en  ces  termes  à  la  reine  d'Ecosse  ,  Marie  de  Guise  :  «  La  comtesse  prit  avant 

'  Cette  lettre,  du  12  janvier  i58a  ,  est  entière-  '  Ces  soins,  ces  attentions,  elle  sait  bien  se  les 
ment  écrite  de  la  main  de  Catherine;  pour  en  faire  payer.  Le  roi,  d'une  seule  fois,  lui  donne 
rendre  la  lecture  plus  facile ,  nous  n'en  avons  pas  re-  5,5oo  livres  en  faveur  des  bons,  agréables  et  re- 
produit textuellement  l'autographe ,  ainsi  que  nous"  commandables  services  qu'elle  a  cy-devant  faiçtz  h 
le  faisons  pour  les  autres  pièces  citées  dans  cette  in-  la  royne.  (Guiffrey.  Lettres  de  Diane  de  Poitiers, 
troduction.  (Bibl.  nat.,  fonds  Dupuy,  n°  21 1 ,  p.  8.)  p.  83.) 

2  Alberi,  Relaz.  degli  ambasciat.  Venet.,  relaz.  "  Voyez  la  note  de  la  page  3g, 

</('  Contarini,  série  I",  t.  IV,  p.  78. 

C*TUBR1NE  DE  MÉDIC1S. I. 


L  INTRODUCTION. 

hier  congé  de  moi ,  mais  elle  n'a  pas  laissé  pour  cela  de  venir  coucher  en  cette  ville , 
sans  se  montrer  ni  à  Madame  de  Vakntinois ,  ni  à  moi,  mais  je  crois  que  d'autres 
l'ont  vue,  comme  je  vous  conterai  à  Amboise  K  n  Pour  être  contenue,  la  haine  n'en 
est  pas  moins  vive;  à  la  moindre  occasion  elle  se  manifeste.  Le  gendre  de  Diane, 
le  duc  de  Bouillon,  s'étant  laissé  prendre  dans  Hesdin  où  il  s'était  mis  avec 
d'autres  gentilshommes  de  marque,  ce  n'est  pas  cette  place  de  peu  d'importance 
qu'elle  regrette,  mais  la  mort  «des  hommes  de  bien  qui  y  étoientn,  et  s'en  pre- 
nant au  duc,  sans  pourtant  le  nommer:  «Mon  compère,  écrit-elle  au  connétable, 
je  ne  puis  pardonner  à  ceux  qui  l'ont  rendue  que  pour  l'honneur  de  Dieu,  car  sans 
cela  je  voudrois  qu'ils  fussent  en  paradis  il  y  a  six  ans'2." 

Henri  II  mort,  Diane  de  Poitiers  était  à  sa  discrétion;  elle  la  fit  chasser  de  la 
cour,  lui  fit  rendre  les  joyaux  de  la  couronne  et  lui  reprit  Chenonceaux.  «Elle 
l'avoit  tellement  à  contrecœur,  nous  dit  Régnier  de  la  Planche,  qu'elle  vouloit 
bien  pis  la  ruiner  et  dépouiller  de  ses  richesses3. i>  Mais  c'eut  été  s'aliéner  les 
Guises.  Plus  habile  que  la  duchesse  d'Étampes,  Diane  avait  pris  ses  précautions  en 
faisant  du  duc  d'Aumale  son  gendre.  La  haine  de  Catherine  à  demi  satisfaite  n  en 
persista  pas  moins.  Nous  en  trouvons  la  preuve  dans  la  dépèche  d'un  ambassadeur 
anglais.  Au  moment  où  elle  quittait  Paris  pour  se  rendre  au  siège  de  Rouen,  Anet 
était  sur  sa  route;  Diane,  par  l'entremise  des  Guises,  avait  obtenu  qu'elle  s'y 
arrêtât;  elle  l'avait  promis,  mais  en  chemin  elle  ne  put  s'y   décider,   et  passa 

outre". 

Durant  tout  le  règne  de  Henri  II,  les  relations  diplomatiques  de  la  France  avec 
la  Toscane  n'eurent  cours  que  de  1 6^7  à  1 568  et  de  i55o  à  1  55  1 .  Catherine 
ne  fit  rien  pour  les  renouer,  rien  pour  retenir  Jean-Baptiste  Ricasoli  venu  pour  la 
féliciter  lorsqu'elle  devint  reine  de  France,  rien  pour  retenir  Luigi  Capponi,  venu 
éoalement  en  1 55 1 ,  pour  la  complimenter  delà  naissance  de  son  troisième  fils; 
pourtant  elle  ne  cessa  de  correspondre  avec  le  duc  et  la  duchesse  de  Florence. 
Elle  pratiquait  la  politique  des  ménagements,  protestant  à  chaque  occasion  de  sou 
amitié  et  de  son  dévouement;  il  est  vrai  de  dire  qu'elle  pouvait  bien  peu  pour  un 
rapprochement;  son  rôle  politique  était  nul.  En  i  5 5  a  ,  au  moment  où  Henri  II 
partit  pour  cette  campagne  d'Allemagne  qui  nous  valut  Metz,  Toul  et  Verdun, 

1  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  3g;  Brantôme ,  :  Régnier  de  la  Planche,  État  de  la  religion  sons 

édit.  de  L.  Lalanne,  Les  Dames,  t.  IX,  p.  Û90.  François  II,  édit.  de  M.  Mennechet,  p.  8. 

a  Voy.  la  lettre  du  a3  juillet  i553  au  conné-  "  Record  office,  State  papers. 

table,  p.  79. 


INTRODUCTION.  u 

elle  lut  nommée  régente;  c  était  son  droit,  mais  Diane  fit  limiter  son  pouvoir  et 
lui  fit  adjoindre  le  chancelier  Bertrandi;  elle  n'accepta  pas  sans  se  plaindre  ce  par- 
tage d'autorité;  nous  le  voyons  par  une  lettre  de  Du  Mortier  au  connétable  :  kH 
a  pris  fantaisie  à  la  reine,  écrit-il,  de  vouloir  voir  son  pouvoir,  et  l'ayant  fait  tirer 
de  ses  coffres,  elle  me  Ta  fait  lire  en  présence  de  Monsieur  l'Amiral  et  de  M.  de 
Sacy;  après  la  lecture  elle  m'a  dit,  en  souriant,  qu'en  aucuns  endroits  on  lui 
donnoit  beaucoup  et  en  d'autres  bien  peu;  que  quand  même  ce  pouvoir  eût  été 
aussi  ample  que  le  roi  lui  avoit  dit  au  départ,  elle  se  fût  touttefois  bien  gardée 
de  n'en  user  que  sobrement,  et  selon  ce  que  le  roi  lui  eût  fait  entendre  de 
bouche  ou  par  écrit,  car  elle  ne  veut  penser  qu'à  lui  obéir.  Du  reste,  elle  n'en 
fera  aucune  plainte,  elle  ne  demandera  pas  qu'il  soit  plus  étendu;  elle  le  fera 
garder  en  ses  coffres,  sans  l'envoyer  au  Parlement,  sans  l'y  faire  publier,  car  ce 
seroit  diminuer  plutôt  qu'augmenter  l'autorité  que  chacun  estime  qu'elle  a.  Elle 
s'est  fait  représenter  celui  donné  par  le  feu  roi  à  Louise  de  Savoie;  il  est  plus 
ample  que  le  sien  sans  partage  d'autorité,  et  comme  on  cherchoit  à  l'adoucir,  elle 
se  borna  à  répondre  qu'elle  trouveroit  toujours  bon  ce  que  l'on  voudroit,  pourvu 
que  le  roi  l'entendît  ainsi  '.  r> 

Elle  prit  néanmoins  au  sérieux  le  rôle  secondaire  qu'on  lui  laissait  :  «Mon  com- 
père, écrivait-elle  au  connétable,  vous  verrez  par  la  lettre  que  j'écris  au  roi, 
que  je  n'ai  pas  perdu  de  temps  à  apprendre  l'état  et  charge  de  munitionnaire;  si 
chacun  fait  son  devoir  en  tenant  ce  qu'il  a  promis,  je  vous  assure  que  je  m'en 
vais  maîtresse  passée,  car  d'heure  à  autre,  je  n'étudie  que  cela,  je  vous  prie  de 
m'avertir  particulièrement  de  ce  que  j'aurai  à  faire  en  tout  et  partout,  car  je 
m'y  gouvernerai  selon  votre  bon  conseil2. » 

Jusqu'ici  la  femme  politique  n'a  pas  encore  paru,  elle  va  se  révéler  dans  une 
lettre  au  cardinal  de  Bourbon  :  ce  J'ai  été  avertie,  lui  écrit-elle,  qu'à  Paris  il  y  a 
quelques  prêcheurs  qui  n'ont  autre  chose  à  dire  que  de  parler  des  affaires 
d'Etat  pour  soulever  à  mutinerie  tout  le  peuple,  dont  nous  devons  nous  garder 
plus  que  du  feu  et  de  la  peste,  et  entr'autres  deux  cordeliers  qui  ont  prêché  à 
Notre-Dame  des  propos  étranges  tendant  à  sédition  avec  un  témoignage  de  mé- 
contentement quant  à  l'entreprise  du  roi  monseigneur,  même  de  l'alliance  qu'il 
a  prise  avec  les  princes  allemands  et  de  l'aide  qu'il  leur  fait,  semblablement  de  ce 
que  l'on  a  en  outre  fait  description  et  inventaire  des  reliques,  lesquels  propos  font 

1   Ribier,  Lettres  et  mémoires  d'Estat,  t.  II,  p.  43 1.  —  2  Voy.  la  lettre  de  la  page  56. 


U1  INTRODUCTION. 

suffisamment  connoitre  l'impudence  de  tels  prédicateurs,  avec  leur  arrogance 
estimant  plus  de  leur  sens  que  de  la  bonté,  prudence  et  religion  de  leur  prince  et 
de  son  conseil;  l'autre  est  un  jacobin  qui  a  prêché  à  S'  Paul,  lequel  interprétant 
ce  passage  de  l'Evangile  :  principes  sacerdotum  concilium  fecerunt  adversus  Jesum,  a 
dit  que  ce  n'étoit  pas  le  conseil  de  Dieu  d'avoir  accordé  au  roi  de  prendre 
vingt  livres  par  clocher  sur  les  fabriques  et  joyaux  des  églises  et  que  ce  n'est  le 
moyen  de  perpétuer  ce  nom  de  très  chrétien ,  mais  ôter  la  dévotion  aux  gens  de 
bien  de  faire  à  l'avenir  aucuns  biens  à  l'Eglise  et  que  l'on  dira  le  roi  être  si 
pauvre  qu'il  va  fouiller  en  la  poche  des  pauvres  mendians.  Vous  entendez,  mon 
cousin,  comme  un  peuple  est  facile  sous  telles  couleurs  à  s'émouvoir  et  faire  tu- 
multe, à  quoi  il  est  plus  aisé  de  remédier  au  commencement.  ■»  Par  mesure  de 
sûreté,  elle  ordonne  sans  bruit  ni  scandale  de  mettre  les  deux  moines  en  lieu  sûr  et 
de  profiter  des  fêtes  de  Pâques  pour  faire  justifier  par  un  prêcheur,  homme  de 
bien,  la  conduite  du  roi  et  ses  alliances,  et  démontrer  à  tous  «que  si  les  biens 
de  l'Eglise  sont  appelés  les  biens  des  pauvres,  leur  meilleur  emploi  c'est  de  con- 
tribuer à  ce  que  les  sujets  du  roi  par  l'injure  de  ses  ennemis  ne  soient  pas  réduits 
à  pauvreté.  T> 

Elle  prit  si  à  cœur  son  rôle  de  régente,  elle  s'y  montra  si  habile  que  Diane  la  fit 
de  nouveau  tenir  à  l'écart;  elle  s'en  plaignit  à  Tavannes  qui,  si  nous  l'en  croyons, 
lui  offrit  de  couper  le  nez  à  la  favorite;  elle  l'en  remercia,  lui  observant  que 
c'était  courir  inutilement  à  sa  perte  et,  de  nouveau,  elle  se  résigna  à  la  pa- 
tience l. 

Il  fallut  le  désastre  de  Saint-Quentin  pour  qu'elle  reparût  sur  la  scène;  c'est  la 
plus  belle  page  de  sa  vie  :  le  roi  était  à  Compiègne,  elle  se  trouvait  seule  à  Paris: 
une  panique  s'était  emparée  de  tous  les  esprits.  De  son  propre  mouvement,  de  sa 
propre  inspiration,  elle  se  rend  au  Parlement  et  là,  faisant  un  chaleureux  appel 
au  patriotisme  de  ses  membres,  elle  s'exprime,  nous  dit  l'ambassadeur  vénitien, 
avec  tant  de  sentiment,  tant  d'éloquence,  qu'un  subside  fut  voté  par  acclamation, 
et  que  les  notables  de  la  ville  de  Paris  offrirent  3oo,ooo  livres.  Elle  les  remercia 
avec  des  paroles  si  expressives  et  si  douces  qu'elle  arracha  des  larmes  à  toute  l'as- 
sistance, et  Ainsi  se  termina  cette  séance,  ajoute  l'ambassadeur,  avec  tant  d'applau- 
dissements pour  la  reine  et  des  marques  si  vives  de  satisfaction  de  sa  conduite . 
que  rien  n'en  peut  donner  l'idée;  par  toute  la  ville,  on  ne  parle  d'autre  chose 
sinon  que  de  la  prudence  de  Sa  Majesté 2.  n 

1  Panthéon  litt.  Mémoires  de  Saulx-Tavanncs ,  p.  an.  —  2  A.Baschet,  Diplomatie  vénitienne,  j>.  48a. 


INTRODUCTION.  lui 

L'opinion,  encore  sous  L'impression  de  la  conduite  tenue  dans  celte  mémorable 
journée  par  Catherine,  s'était  retournée  vers  elle.  François  Glpuet,  ce  qu'il  n'au- 
rait jamais  osé  faire  auparavant,  avait  place  son  portrait  de  l'autre  côté  de  celui 
du  roi,  dans  la  médaille  frappée  après  le  siège  de  Tliionville  '.  Diane  de  Poitiers 
se  faisait  vieille;  son  règne  durait  trop  longtemps,  la  cour  s'en  lassait;  Henri  II 
lui-même  grisonnait,  sa  taille  devenait  épaisse,  en  dépit  des  exercices  violents 
auxquels  il  se  livrait  avec  plus  d'ardeur  que  jamais;  mais,  en  revanche,  L'ambassa- 
deur vénitien  Soranzo  le  remarque,  il  devenait  plus  assidu  auprès  de  sa  femme; 
chaque  soir,  après  souper,  il  se  rendait  dans  ses  appartements,  et,  là,  trouvant 
une  réunion  nombreuse  de  dames  et  de  seigneurs,  il  y  restait  volontiers  une 
heure  à  deviser,  à  entendre  de  la  musique;  car  il  l'aimait  avec  passion  et  eu  avait 
les  meilleures  notions2. 

Catherine  de  Médicis  nous  apparaît  enfin  dans  son  vrai  jour;  jusqu'ici  la  favo- 
rite lui  avait  trop  fait  ombre  :  cElle  est  sage  et  prudente,  nous  dit  le  Vénitien 
Contarini,  nul  doute  qu'elle  ne  soit  apte  à  gouverner3. «  La  femme  a  gagné 
aussi  :  elle  a  le  goût  de  la  parure  et  des  riches  vêtements;  pour  en  relever  l'éclat, 
elle  porte  ces  joyaux  aux  délicates  ciselures  dont  Benvenuto  Cellini  a  révélé  le 
secret  à  nos  artistes  du  xvic  siècle  et  dont  souvent  elle-même  donne  le  motif1: 
elle  a  surtout  un  grand  air  de  dignité,  rr  Vous  seule  êtes  reine,  lui  dit  Pierre  Àrétin, 
dans  un  sonnet  qu'il  lui  envoie;  il  y  a  en  vous  de  la  femme  et  de  la  déesse  5.  ■•  Le 
poète  Habèrt  l'appelle  la  nouvelle  Pallas;  le  grand  imprimeur  lyonnais  Roville 


'   Mémoires  Je  Vieilleville.  édit.  de  Michaud  et 
Poujoulat.  série  I",  t.  I\,  p.  270. 

!   A.  Baschet,  Diplomatie  vénitienne,  p.  i'i(î. 

!  Ibid. 

h  Alberi,  Relazioni  degli   ambasciatori  Veneli. 
relaz.  di  Contarini ,  série  I",  t.  IV.  p.  7  •• . 

Voici  deux  commandes  écrites  de  sa  main  : 

■  1  L'esmeraulde  ayst  piere  fragile  qui  cet  (se) 
case  aysement  et  yl  y  a  deu  mayns,  qui  signifie 
une  foys  qui  tyene  l'esmeraulde  e.t  faut  un  mot  que 
dise  que  la  foy  et  l'amitié  que  désire  celle  qui  donne 
cete  bague  ne  souit  come  la  pière,  mes  come  lay 
^ les)  deus  mayns  qui  sout  ynseparable,  et  la  coleur- 
de  quoy  ayst  aymallé  la  bague  qui  est  tane",  qui 
ayst  pas  durable  san  se  ayfaser  (effacer). 

^2°  Pour  monsieur  de  Loravne  uu  tour  de  bonet 


avecques  une  enseyne  où  sera  la  pmlure  de  sa 
femme  et  la  devise  que  M'  de  Boysy  luy  dire.  - 
Bibl.  nal.,  fonds  français,  n"  Scjîi.  p.  72. 

1  Lettres  de  l' Arétin,,  t.  IV,  e'dil.  de  Paris,  p.  27. 
—  Dans  le  Litre  de  vers  que  Henri  II  avail  donné 
à  Diane  de  Poitiers,  sa  maîtresse,  voici  l'éloge  qui 
est  fait  de  Catherine  : 

Autant  de  fois  que  nous  avons  peu  yeoil 
Vostrc  grandeur,  qui  tout  ce  inonde  pare 
Autant  de  fois  avons  nous  peu  sç.aveoir 
Que  rien  mortel  à  vous  ne  se  compare. 

Qui  vous  veult  voir  fault  donc  qu'il  Ipare 

De  ceste  terre,  et  monte  par  désir 
Jnsques  au  ciel,  pour  mieus  vous  y  choisir, 
Sçachant  que  là  est  vostre  vraye  image. 

(Bibl.  nal.,  fonds  français,  n"  885,  p.  81.) 


Couleur,  feuille  morte.  Voy.  Farin  ,  Théâtre  d'honneur,  t.  I. 


uv  INTRODUCTION. 

lui  dédie  la  première  édition  de  la  Circé  de  Gelli,  traduite  par  Denis  Sauvage  et 
il  la  félicite  de  ce  qu'en  elle  se  retrouve  l'excellent  naturel  du  grand  Cosme  Ier, 
co  restaurateur  des  lettres;  Guillaume  Poste!,  le  savant  orientaliste,  lui  dédie 
sa  Description  de  la  Terre  Sainte.  Elle  encourage  i'émailleur  délia  Robbia,  le  grand 
artiste  Léonard  Limosin  qui  tant  de  fois  a  fait  son  portrait;  elle  a  son  peintre 
ordinaire,  René  Tibergeau1;  son  sculpteur  ordinaire,  Nicolas  Saget2;  elle  pro- 
tège Jodelle,  Mellin  de  Saint-Gelais,  dont  elle  fait  jouer  la  Sophonisbe,  traduite 
du  Trissin3;  elle  prend  pour  aumônier  le  voyageur  Thévet;  elle  fait  donner  pour 
professeur  à  ses  deux  fds,  Amyot  que  lui  avait  présenté  L'Hospital.  «La  cour  de 
Catherine  de  Médicis,  s'écrie  Brantôme,  étoit  un  vrai  paradis  du  monde  et  école 
de  toute  honnêteté,  et  l'ornement  de  la  France,  ainsi  que  le  savoient  bien  dire 
les  étrangers  quand  ils  y  venoient;  quand  elle  a  été  morte,  on  a  dit  parla  voix  de 
tous,  que  la  cour  n'étoit  plus  la  cour  et  que  jamais  plus  il  y  auroit  en  France 
une  reine  mère4. s  Cet  éloge  de  Brantôme  n'a  rien  de  trop  flatteur;  à  bien  des 
années  de  distance,  Mme  de  Motteville  écrira  :  «Il  y  avoit  encore  en  France 
quelque  reste  de  la  politesse  que  Catherine  de  Médicis  y  avoit  apportée  d'Italie,  ji 
C'est  que  jamais  la  cour  de  France  ne  compta  à  la  fois  un  si  grand  nombre  de 
femmes  remarquables;  au  premier  rang  :  Marguerite  de  France,  la  sœur  de 
Henri  II,  d'une  si  gracieuse  courtoisie,  d'une  intelligence  si  élevée5,  faisant  sa 
lecture  habituelle  des  auteurs  latins  et  italiens;  c'est  elle  qui  présenta  Ronsard  à 
la  cour  et  encouragea  du  Bellay.  Après  elle,  nommons  Marie  Stuart  :  rr  Cette  petite 
reinette  écossoise,  disait  Catherine  de  Médicis,  n'a  qu'à  sourire  pour  tourner 
toutes  les  têtes  françoises -n ;  elle  savait  plusieurs  langues  vivantes,  elle  était  mu- 
sicienne et  chantait  en  s'accompagnant  sur  le  luth;  Ronsard  était  son  maître 
en  poésie.  A  l'âge  de  treize  ans,  elle  déclama  devant  le  roi  et  la  cour  un  discours 
latin  de  sa  composition;  auprès  d'elle  se  tient  Elisabeth  de  Valois,  sa  compagne 
d'études  à  laquelle  elle  dédiait  son  recueil  de  thèmes  latins6  que  celle-ci,  à  son 

et  A  lient!  Tibergeau  par  sa  quittance  du  x  juin  a  La  Sophonisbe  fut  jouée  à  Rome  pour  ta  pre- 

,558  dernier,  la  somme  de  quarante  huict  livres  mière  fois  en  i5i4  et  à  Blois  en  i55r).  —  Voy. 

à  luy  ordonnée  sur  ce  en  réduction  de  la  somme  de  Brantôme  et  les  curieuses  notes  de  M.  L.  Lalanne. 

vi"  ni.  1.  i  à  luy   dene  pour  plusieurs  figures  et  (Brantôme,  t.  III,  p.  a55,  et  t.  VII,  p.  345.) 

portraictures  qu'il  a  faietz  pour  le  service  de  ladite  "  Brantôme,   édit.     de    L.     Lalanne,    t.     VI, 

dame,  i  (  Livre  des  dépenses  de  Catherine,  Bibl.  nat. ,  p.  3y8. 

fonds  français,  n°  io395.)  5  Voy.  son  éloge  par  Hilarion  de  Coslc.  dans  la 

»  "A   Nicolas   Saget,   sculpteur,   demourant  à  Vie  des  dames  illustres;  Paris,  ib'rj.  \>.  &<). 

Tours,  5o  livres  pour  ses  gages.*  (  Ibid)  '  Ce  recueil  qui  se  tronve  dans  le  n°  886o  du 


INTRODUCTION.  l» 

lour,  traduisait  en  français;  nommons  encore  la  duchesse  de  Guise  dont  Ronsard 
cliantera  la  beauté1;  Charlotte  et  Eléonore  de  Roye;  Mœo  de  Grussol,  une  des 
femmes  de  l'époque  qui  tournait  le  plus  malignement  une  lettre;  Diane  de  France 
crut,  en  premières  noces,  épousa  le  duc  de  Castro,  et  devint  la  maréchale  de 
Montmorency;  et  s'il  fallait  toutes  les  compter,  toutes  les  6fles  d'honneur,  tonif- 
ies dames  qui  suivaient  la  cour,  tria  mémoire,  nous  dit  Brantôme,  n'y  sauroit 
fournir,  car  on  voyoit  tout  cela  reluire  dans  une  salle  de  bal,  au  palais  ou  au 
Louvre  comme  étoiles  au  ciel  en  temps  serein.  Aussi  leur  reine  vouloil-elle  et 
leur  commandoit  toujours  qu'elles  comparussent  en  haut  et  superbe  appareil, 
mais  elle  paraissoit  bien  la  reine  par  dessus  toutes2.  »  C'est  bien  en  effet  la  reine 
faite  de  la  main  du  grand  roi  François  Ier;  à  son  exemple,  elle  prodiguai!  l'or 
pour  encourager  les  arts;  à  la  mort  de  Pierre  Strozzi,  elle  faisait  acheter  de  -a 
Yeuve  sa  bibliothèque,  que,  il  est  vrai,  elle  ne  paya  jamais3;  elle  aimait  toutes 
sortes  d'artisans  et  les  récompensait  si  généreusement  que,  chaque  année,  elle 
dépassait  de  beaucoup  la  somme  que  lui  remettait  le  roi;  c'est  ce  qui  fera  dire 
plus  tard  à  L'Hospital.  cr Madame,  le  royaume  s'en  va  en  fêtes  et  eu  avertisse- 
ments, et  que  deviendront  vos  enfans,  quand  il  n'y  aura  plus  de  royaume  '.'■• 

A  ce  moment  de  sa  vie  tout  semblait  lui  sourire  :  chantée  par  les  poètes,  adulée 
par  les  artistes,  bien  vue  par  les  ambassadeurs  pour  ses  manières  affables,  remise 
dans  les  bonnes  grâces  de  Henri  II  et  s'y  affermissant,  restée  étrangère  aux  mesure- 
rigoureuses  prises  contre  les  réformés,  elle  était  en  pleine  possession  de  la  faveur 
de  l'opinion.  Mais,  lorsqu'elle  n'avait  plus  rien  à  ambitionner,  elle  allait  être 
jetée  au  milieu  de  nouveaux  hasards  et  de  nouveaux  orages.  Le  3o  juin  1 5 5 9 , 
dans  le  tournoi  donné  à  l'occasion  des  fêtes  du  mariage  d'Elisabeth  de  Valois, 
Henri  II,  courant  contre  Montgommery,  était  grièvement  blessé;  le  coup  porté  en 
pleine  poitrine  avait  été  si  violent  «pie  la  lance  s'était  rompue  et  qu'un  des  éclats. 
soulevant  la  visière,  était  entré  profondément  dans  l'œil4:  r  Le  Toi,  nous  dil  un 
récit  du  temps,  tomba  contre  la  lice,  étant  encore  sur  son  cheval  et  fut  porté  au\ 

fonds  latin,  a  été  signalé,  pour  la  première  fois  en  '  Bihl.    nal.,  fonds  Saint-Germain,  n"    iai, 

i853,parM.Lud.  La\anne,  dans  VAthenaeumfran-  fol.    ih.  —  Voy.  pour  le  tournois  :  Fonlanieu 

cais,  et  depuis,  publié  à  Londres,  par  M.  de  Mon-  vol.  297  et  298;  Arch.  cw:  de  l'histoire  de  France, 

taiglon,  pour  le  Warton  Club,  en  i855.  lro  série,  t.  III,  p.  979;  recueil  de  Maurepas,  Chan- 

Vénus  ia  Sainte  en  ses  grâces  habite;  sons  de  la  mort  de  Henri  II ;  lettre  d'Anne  de  Cossé, 

Tous  les  amours  louent  en  ses  regards.  fonds    français,    n°    20627,    p.    69;    Mémoires   de 

1  Brantôme,  édit.  de  L.  Laianne,  t.  VII,  p.  ^98-  Vieilleville,  édit.  Micbaud  et  Poujoiilat.  I'c  série. 

3  Voy.  la  note  de  la  page  563.  t.  IX,  p.  283. 


ty,  INTRODUCTION. 

Toumelles  où  la  fièvre  le  prit,  n  On  ne  crut  pas  d'abord  au  danger;  le  h  juillet, 
l'ambassadeur  Throckmorton  écrivait  aux  lords  du  conseil  :  «On  ne  craint  pas 
pour  sa  vie,  mais  il  perdra  l'œil1;  «  mais  bientôt  des  craintes  trop  réelles  reprirent 
le  dessus.  Le  dimanche,  9  juillet,  on  fit  une  procession  générale  à  l'église  de  la 
Sainte-Chapelle;  le  lendemain,  1  0  juillet,  il  expirait  aux  Tournelles.  Devant  ce  lit 
de  mort,  Catherine  resta  tout  un  jour  pâmée  sans  pouvoir  dire  un  mot2.  «La  reine 
est  si  épleurée,  écrivait  Anne  de  Cossé,  qu'elle  nous  fesoit  venir  la  larme  à  l'œil3,  i> 
••Elle  est  si  troublée  encore,  écrivait  Marie  Stuart  à  peu  de  jours  de  là  à  sa  mère, 
et  a  eu  tant  de  mal  à  la  maladie  du  feu  roi,  que  je  crains  une  grande  maladie, 
avec  l'ennui  quelle  en  a 4.  n 

Lorsque  l'ambassadeur  de  Venise  vint  la  complimenter,  elle  répondit  d'une 
voix  si  émue  et  si  faible,  que  personne  ne  pouvait  entendre  ses  paroles,  quelque 
attention  qu'on  y  portât,  car,  outre  la  faiblesse  de  sa  voix,  elle  avait  sur  la  tête 
un  voile  noir  qui  l'enveloppait  entièrement  et  lui  couvrait  même  le  visage 5. 

Désormais  elle  ne  portera  plus  que  des  vêtements  de  deuil0  et  prendra  pour 
devise  une  lance  brisée  avec  ces  mots  autour  :  Lacrymœ  hinc,  lune  dolor, 

IV. 

CATHERINE  DE  MÉDICIS  SOUS  FRANÇOIS  II. 

L'ambassadeur  vénitien  Jean  Gapello  nous  dépeint  ainsi  François  II  à  l'âge 
de  dix  ans  :  «Il  parle  peu,  est  un  peu  bilieux  et  manque  de  vigueur,  pourtant  il 
a  plus  de  goût  aux  exercices  du  corps  qu'à  l'étude  des  belles-lettres;  il  aime 
beaucoup  la  petite  reine  d'Ecosse  qui  lui  est  destinée  pour  femme;  c'est  une  très 
jolie  fille  de  douze  à  treize  ans;  ils  se  font  tous  les  deux  des  caresses  et  aiment  à 
s'isoler  au  fond  des  salles  pour  échanger  leurs  petites  confidences  sans  qu'on  puisse 
les  entendre 7.  «  L'ambassadeur  Soranzo,  qui  le  vit  à  la  veille  de  devenir' roi,  tout 
en  signalant  les  difficultés  de  son  caractère  taciturne  et  obstiné,  nous  parle  du 
profond  respect  qu'il  avait  pour  sa  mère,  sous  la  dépendance  de  laquelle  il  était 

'   Calendarof  State  papers(i558-ib5$),ip.  356.  moudaines  soyes,  sinon  lugubres,  mais  tant  bien 

BibL  nat. ,  fonds  français,  n°  8565 ,  fol.  37.  proprement  pourtant  etsi  bien  accommodées  qu  elle 

1  Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  20527,  fol-  G9-  paraissent  bien  la  royne  par-dessus  toutes.»  (Bran- 

1  Labanoff,  Lettres  de  Marie  Stuart,  t.  I,  p.  71.  tome,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  VII,  p.  398.) 

5  Armand  Bascbet ,  Diplomatie  vénitienne,  '  Collection  des  documents  inédits.  Belat.  des 
p.  /tn3.  ambassadeurs  vénitiens.  Paris,  1837,  t.  1,  p.  357- 

6  crDurant  sa  viduité  elle  ne  se  para  jamais  de  Voy.  Armand  Bascbet,  Diplomatie  vénitienne,  p.  48o. 


INTRODUCTION.  lvu 

entièrement  l.  En  effet,  son  attitude  vis-à-vis  de  Catherine  fut  toujours  soumise 
et  respectueuse  ;  il  a  voulu  la  servir  à  table,  nous  dit  l'ambassadeur  de  Florence 
liicasoli.  et  lorsque  les  secrétaires  d'Étal  se  sont  présentés,  il  les  a  renvoyés,  leur 
ordonnant  de  travailler  dorénavant  avec  elle,  car  c'était  à  elle  de  diriger  les 
affaires  du  royaume2.  ttJe  crois,  écrit  Marie  Stuarl  à  la  reine  d'Ecosse,  sa 
mère,  que  si  ce  n'étoit  le  roi  son  fils  qui  lui  est  si  obéissant  qu'il  ne  l'ait  rien  que 
ce  qu'elle  veut,  que  mourroit  bientôt,  qui  seroit  le  plus  grand  malheur  qui  sau- 
roit  avenir  à  ce  pauvre  pays  et  tous  nous  autres3. d  —  «Rien  ne  se  lait  sans 
l'assentiment  de  la  reine-mère, n  écrit  l'ambassadeur  Capello4.  De  ces  témoi- 
gnages, il  faut  beaucoup  rabattre.  En  conservant  cette  apparente  déférence  pour 
Catherine,  les  Guises  avaient  peu  à  peu  attiré  à  eux  toute  l'autorité;  le  duc 
François  s'était  fait  donner  le  commandement  des  armées,  le  cardinal  de  Lorraine 
avait  pris  en  main  les  finances  et  l'administration.  Il  dirige  tout,  écrit  Hubert 
Languet5;  l'ambassadeur  Ricasoli  tient  le  même  langage  :  «Le  cardinal  de  Lor- 
raine est  pape  et  roi6,  n  II  avait  alors  trente-sept  ans;  d'un  esprit  merveilleux, 
éloquent,  parlant  le  grec,  le  latin  et  l'italien  à  en  étonner  les  Italiens,  versé 
dans  les  lettres,  habile  théologien,  de  noble  et  grave  prestance,  au  dire  de 
l'ambassadeur  vénitien  Jean  Michiel,  c'était  la  plus  haute  personnalité,  la  plus 
forte  tète  politique  de  son  temps;  mais,  comme  revers  de  médaille,  sou 
avarice  et  sa  duplicité  étaient  extrêmes  et  sa  violence  était  telle  que,  tant  qu'il 
eut  le  pouvoir,  il  blessa  tout  le  monde  et  que  dans  tout  le  royaume  on  désirait 
sa  mort7. 

Exclus  du  conseil  et  de  toute  participation  aux  affaires,  les  princes  du  sang  se 
réunirent  au  mois  d'août  à  Vendôme.  Là,  se  trouvèrent  le  roi  de  Navarre,  le 
prince  de  la  Roche-sur-Yon,  Coudé,  Coligny,  d'Andelot,  l'amiral  de  Cliàlillon,  le 
prince  de  Portien,  le  vidame  de  Chartres,  le  comte  de  la  Rochefoucauld,  le  se- 
crétaire du  connétable  et  d'autres  encore  qui  joueront  un  rôle  dans  les  prochaines 
luttes.  Le  but  de  la  réunion  était  d'aviser  aux  moyens  de  faire  rentrer  les  princes 
du  sang  au  conseil  et  les  grands  dignitaires  dans  leurs  charges.  Dans  la  discussion 
qui  s'ouvrit,  Coligny  et  Coudé  prirent  tous  deux  la  parole  et  tout  d'abord  s'ac- 

A.  Baschet,  Diplomatie  vénitienne,  p.  680.  ;   Hubert  Languet,  Areana  seculi  dccimi  sextï, 

-   Négociations  avec  la  Toscane,  t.  III.  p.  flot.  Halae  Hermunduror.  t.  II,  p.  3a. 
'  Labanoff,  Lettres  de  Marie  Sluart ,  t.  I,  p.  7a.  6  Négociations  avec.la  Toscane,  t.  III,  p.  4oa. 

1   Arcb.  de   Vienne,  Extraits  des  dépêches  des  7  Tommaseo ,  Relat.  des  ambassadeurs  vénitiens. 

ambassadeurs  vénitiens.  I.  I,  p.  '109. 

Catherine  de  Médicis.  —  i.  8 


tïia  INTRODUCTION. 

centuèrent  les  divergences  de  ces  deux  caractères  si  opposés.  Coligny,  c'était  le 
néo-protestant  tel  que  Calvin  l'avait  modelé  à  son  image,  mais  plein  de  respect 
encore  pour  l'autorité  royale,  dont  il  avait  été  jusqu'ici  le  fidèle  serviteur,  il  ad- 
mettait une  entière  soumission  au  pouvoir  établi  et  se  demandait  jusqu'à  quelle 
limite  on  pouvait  combattre  ces  Lorrains  qu'il  détestait.  Si  impassible  que  fût 
le  masque,  si  grave  et  si  sévère  que  lût  le  maintien,  il  y  avait  en  lui  ce  que 
l'on  retrouve  parfois  chez  les  hommes  de  guerre,  une  prudence  consommée,  l'ha- 
bileté du  diplomate  le  plus  délié;  c'est  bien  ainsi  <pie  le  juge  Brantôme  qui  lui 
a  toujours  été  favorable:  rrsage,  mûr  et  avisé  politique1,-»  mais  il  y  avait  aussi 
en  lui,  il  est  juste  de  le  dire,  un  vieux  fonds  de  patriotisme,  qui  sous  la  pression 
des  guerres  civiles  pourra  avoir  ses  défaillances,  mais  qui,  l'année  même  de  sa 
mort,  dégagé  de  toute  passion  religieuse,  reparaîtra  tout  entier  et  s'affirmera  dans 
ce  grand  projet  qui  eut  sa  dernière  pensée,  la  conquête  des  Flandres  par  la 
France.  Coligny  conseilla  donc  de  se  renfermer  dans  les  voies  de  la  persuasion 
et  de  la  conciliation;  il  proposa,  il  est  important  de  le  noter,  de  faire  des  repré- 
sentations à  Catherine  et  de  négocier  avec  elle,  et  offrit  de  s'en  charger.  Cornée, 
au  contraire,  *  un  cœur  haut,»  ne  se  ploiera  jamais  ni  à  l'absolutisme  de  Calvin 
ni  à  sa  discipline  rigide;  de  son  temps,  on  le  tenait  pour  plus  ambitieux  que 
religieux;  c'est  bien  l'homme  de  guerre  qui,  emporté  par  sa  fougue,  ira  se  faire 
prendre  à  Dreux  et  à  Jarnac,  au  plus  épais  des  escadrons  ennemis,  tandis  que 
Coligny  se  repliera  prudemment  et  savamment  pour  maintenir  et.  sauver  cette 
cause  protestante  qui  se  personnifia  en  lui.  Condé.  appuyé  par  le  vidame  de 
Chartres,  n'invoqua  et  ne  pouvait  invoquer  qu'un  seul  argument,  le  recours  à  la 
force  et  l'appel  aux  armes. 

L'avis  de  Coligny  l'emporta;  il  fut  décidé  que  le  roi  de  iNavarre  irait  trouver 
Catherine  et  au  nom  de  tous  lui  ferait  des  représentations. 

En  attendant  le  sacre,  la  cour  s'était  retirée  à  Saint-Germain;  l'ambassadeur 
d  Espagne,  Chantonnay,  arrivé  tout  récemment2,  s'y  rendit  pour  visiter  Elisabeth 
de  Valois;  au  sortir  de  son  audience,  il  demanda  à  voir  Catherine.  Philippe  IL 
dans  sa  lettre  de  condoléance  au  jeune  roi,  l'avait  vivement  complimenté  d'avoir 
remis  l'autorité  entre  les  mains  de  la  reine  sa  mère  dont  il  se  plaisait  à  louer  la 

Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne,  t.  IV,  p.  35r).  du  moins  pour  l'année  i50o,  car  celle  qui  a  été 

Nous  nous  servirons  souvent  de  la  correspon-  imprimée  dans  les  Mémoires  de  Goadè  ne  commence 

dance  de  Chantonnay  avec  la  duchesse  de  Parme  .  qu'au  h  mars  i  56 1  et,  même  à  partir  de  cette  date, 

anservée  aux  archives  de  Vienne  ;  elle  est  inédite,  est  très  incomplète. 


INTHODUCTKiV  lu 

prudence  et  les  hautes  vertu*.  Heureuse  de  cette  approbation,  flattée  de  cette  dé- 
marche, Catherine  reçut  l'ambassadeur  avec  le  plus  vit' empressement;  elle  lui  té- 
moigna toute  l'affection  qu'elle  portail  au  roi,  son  beau-fils,  se  recommandant, 
elle  et  ses  enfants,  à  sa  bienveillance,  manifestant  le  désir  qu'elle  avait  de  le  voir  et 
se  promettant  d'aller  en  Espagne  à  la  première  grossesse  de  la  reine  sa  fille.  En 
quittant  Catherine,  Chantonnay  fut  reçu  par  le  cardinal  de  Lorraine;  il  sut  par  lui 
que  le  roi  de  Navarre  venait  d'arriver  et  que  «les  choses  étoient  plus  paisibles  que 
beaucoup  ne  l'eussent  pensé,  car  ceux  qui  prétendaient  au  gouvernement  s'étoient 
désistés,  v  Ce  résultat  était  dû  en  partie  à  l'habileté  de  Catherine. 

Le  roi  de  Navarre,  entouré  de  ses  parents  et  d'un  nombreux  cortège,  pouvail 
parler  haut,  faire  valoir  ses  droits,  mais  froidement  accueilli  par  François  II,  qui 
lui  fit  attendre  deux  jours  une  audience,  il  perdit  toute  contenance,  toute  réso- 
lution; après  avoir  vécu  en  protestant  à  Nérac,  il  vécut  en  catholique  à  Saint- 
Germain1.  Catherine  profita  de  ce  moment  de  défaillance  pour  l'amener  à  ce 
qu'on  voulait  de  lui;  caressante  et  souple,  elle  lui  insinua  que  ce  n'était  pas  le 
moment  de  se  heurter  contre  la  volonté  du  roi,  qu'il  ne  fallait  pas  l'aigrir  par 
des  demandes  hors  de  saison,  que  de  lui-même  il  reviendrait  aux  Bourbons: 
elle  connaissait  son  faible,  elle  connaissait  l'illusoire  espérance  qu'il  nourrissait 
de  rentrer  en  son  royaume  de  Navarre,  elle  lui  lit  entrevoir  qu'en  acceptant  la 
mission  de  conduire  la  reine,  sa  fille,  à  la  frontière  d'Espagne,  il  trouverait  là 
une  heureuse  occasion  de  se  rendre  Philippe  II  plus  favorable  et  de  plaider  sa 
cause,  qu'elle  lui  promettait  d'appuyer  de  toute  son  influence;  il  se  laissa 
prendre  à  ces  décevantes  paroles  et  se  mit  à  sa  disposition.  Coudé,  de  son  côté, 
n'osa  refuser  d'aller  à  Gand  pour  la  ratification  du  traité  de  Cateau-Cambrésis; 
la  place  était  donc  vide,  mais  si,  grâce  à  l'adresse  de  Catherine,  les  Guises  avaient 
pu  momentanément  se  débarrasser  des  Bourbons,  ils  allaient  avoir  à  compter 
avec  les  dangers  de  plus  en  plus  menaçants  de  l'agitation  religieuse. 

Dès  le  12  octobre  1  559 ,  Chantonnay  écrivait  à  la  duchesse  de  Parme  :  «La 
religion  en  ce  royaume  est  en  un  si  étrange  tourment  que  si  Dieu  n'y  met  la  main 
je  ne  vois  comme  sera  possible  d'obvier  aux  troubles  dont  je  crains  fort  que  devant 
peu  on  entende  étranges  nouvelles  2n. 

Béprimé  et  contenu  par  François  Ier,  le  protestantisme  sous  Henri  II,  à  la  faveur 
des  longues  guerres  contre  la  maison  d'Autriche,  avait  pris  une  redoutable  ex- 

1  Mignel,    Journal  des  Savants,    année  1867,  !  Arch.de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  (octobre 

p.  609.  »55a). 


Lx  INTRODUCTION. 

tension;  la  crainte  qu'il  inspirait  l'ut  une  des  causes  déterminantes  du  traité  de 
Cateau-Cambrésis.  Le  vénitien  Soriano  le  dit  formellement  :  a  Le  roi  veut  éteindre 
l'incendie  qui  brûle  de  toutes  partsH-ii  Les  réformés  avaient  bien  pressenti  le  sort 
qui  leur  était  réservé  :  a  Si  le  roi  fait  la  paix,  écrivait  Macarius  à  Calvin,  c'est 
pour  se  retourner  contre  nous  et  nous  opprimer2. n  D'ailleurs  Henri  II  ne  dis- 
simulait pas  son  intention  bien  arrêtée  de  combattre  à  outrance  l'hérésie  ;  lorsque 
Guillaume  de  Nassau  vint  en  France,  il  s'ouvrit  à  lui  des  moyens  proposés  par  le 
duc  d'Albe  pour  exterminer  les  hérétiques3,  et  en  plein  Parlement,  le  cardinal 
de  Lorraine  déclara  que  l'opinion  du  roi  avait  été  de  faire  la  paix  à  quelque  prix 
que  ce  fût  pour  extirper  l'hérésie  de  Calvin4. 

Cette  agitation  des  esprits ,  ce  sourd  mécontentement  qui  gagnait  toutes  les  classes 
ne  tenait  pas  seulement  aux  passions  religieuses  surexcitées  par  la  persécution  . 
d'autres  causes  y  avaient  contribué,  et  en  première  ligne  les  grandes  dettes  laissées 
par  Henri  II  :  «L'argent  est  si  court  ici,  écrit  Chantonnay,  qu'il  n'y  a  de  moyen 
d'arranger  les  finances  pour  longtemps 5.  v  La  guerre  que  la  France  soutenait  alors 
en  Ecosse  aggravait  les  charges  d'une  nation  épuisée;  on  la  regardait  plutôt 
comme  l'affaire  de  la  maison  de  Guise  que  comme  une  guerre  nationale;  ajoutez 
à  cela  le  mécontentement  des  gens  de  guerre  licenciés  sans  qu'on  leur  payât  l'ar- 
riéré de  leur  solde,  et  celui  des  gentilshommes  qui  étaient  venus  à  la  cour  porter 
leurs  réclamations  et  qu'on  avait  chassés  honteusement.  Si  les  réformés,  ainsi  que 
le  remarque  Claude  Haton  dans  son  Journal,  n'avaient  été  d'abord  ce  que  de  petites 
gens0»,  l'omnipotence  de  la  maison  de  Guise,  l'exclusion  des  princes  du  sang, 
avaient  jeté  dans  les  idées  nouvelles  une  partie  de  la  noblesse.  Alphonse  Tor- 
nabuoni,  l'ambassadeur  de  Toscane,  ne  dit  pas  autrement  :  «A  Paris,  on  prend 
les  hérétiques  et  on  les  brûle,  mais  ce  sont  de  petites  gens  qui  se  sont  laissé 
séduire;  quant  aux  gens  importants  qui  perdent  les  autres,  on  les  ménage \v 
Cette  situation  est  bien  indiquée  par  Régnier  de  la  Planche  :  «Il  y  avoit  deux 
sortes  de  huguenots;  les  huguenots  de  religion,  pour  ne  pouvoir  supporter  la 
rigueur  et  cruauté  exercée  à  l'encontre  d'eux,  et  les  huguenots  d'Etat,  pour  ne 

1  Alberi,  Relaz.  degli  ambasciat.  Venel.,  relu:  ai  '  Estientte  Pasquier,   Paris,    Laurent   Sonnius. 
Soriano,  série  I",  t.  IV,  p.  i3o.  t.  I",  livre  îv,  p.  >ar5. 

2  lilacarius  Calvino,  17  août  i558,  Opéra  Cal-  '  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à 
vint,  vol.  XV11,  p.  291.  la  duchesse  de  Parme  (octobre  i55g). 

*  Àrch.  de  la  maison  d'Orange,  sériel",  a"  par-  '  Collect.    des   documents  inédits,   Journal  de 

tiedu  t.  I,  ]).  3/i;  Apologie  de  Guillaume  de  Nas-         Claude  Halon,  t.  I",  p.  127. 
sau ,  Bruxelles  et  Leipsig.  1  858  .  in-8",  p.  88 ,  8ç).  '  Négociations  avec  la  Toscane,  t.  III .  p.  4o8. 


INTRODUCTION.  tu 

pouvoir  plus  comporter  l'usurpation  faite  par  les  Guises  de  l'autorité  u  appar- 
tenant à  autres  cpie  aux  seuls  princes  du  sang1.1» 

Mais  si  le  calvinisme  comptail  parmi  ses  chefs  les  princes  et  les  grands,  par  les 
doctrines  égalitaires  qu'il  propageait,  par  le  principe  du  suffrage  populaire  ap- 
pliqué à  sa  hiérarchie,  il  s'adressait  de  préférence  aux  artisans  des  grandes  villes, 
à  tous  ceux  qui,  dans  un  renouvellement  de  la  forme  sociale  ou  de  la  forme  poli- 
tique, croyaient  entrevoir  un  adoucissement,  une  amélioration  à  leur  situation 
présente.  Lu  auteur  contemporain,  Philippe  Gamon,  voit  dans  la  Réforme  un 
retour  aux  formes  républicaines.  Les  ministres  prêchaient  que  le  roi  ne  pouvait 
avoir  de  puissance  que  celle  qui  plaisait  au  peuple;  que  les  nobles  n'étaient  pas 
plus  qu'eux.  Le  calvinisme,  c'était  donc,  par  certains  côtés,  l'opposition  démocra- 
tique d'alors-.  Dans  ces  doctrines  propagées  par  des  hommes  venus  de  lointains 
pays,  au  maintien  grave  et  austère,  il  y  avait  toute  la  séduction  de  l'inconnu,  et, 
r  chacun,  nous  dit  Florimond  de  Raymond,  vouloit  goûter  de  la  nouveauté  .  • 
—  «A  Rouen,  d'après  un  chroniqueur  normand,  ils  n'étoient  pas  plus  de  vingl 
d'abord,  c'étoient  des  plus  hardis  et  celui  qui  éloit  ministre  étoit  toujours  de 
quelque  métier;  s'ils  avoient  demeuré  quinze  jours  dans  un  quartier,  quinze 
jouis  après  ils  alloient  demeurer  dans  un  autre4. n  Dès  que  leur  nombre  s'ac- 
croît,  leur  organisation  se  fractionne  en  quarteniers,  en  dizeniers,  en  centeniers, 
en.  anciens.  Le  protestantisme  a  dû  commencer  ainsi  dans  toutes  nos  provinces. 
Depuis  vingt  années  le  concile  se  faisait  attendre,  certaines  âmes  religieuses  croyanl 
trouver  dans  la  nouvelle  religion  une  affirmation  plus  absolue  de  la  rédemption, 
une  foi  plus  vigoureuse  dans  la  parole  de  Dieu,  une  interprétation  plus  vraie  de 
cette  parole,  s'y  laissèrent  prendre  et  lui  communiquèrent  toute  l'ardeur  de  leurs 
croyances  ravivées-. 

Durant  les  douze  années  du  règne  de  Henri  II,  quatre-vingt-huit  protestants 
avaient  péri  de  la  main  du  bourreau.  La  pénalité  de  ledit  de  Chateaubriand 
(i55i)  avait  été  renforcée  par  celle  de  l'édit  de  ib.57  qui  remettait  aux  par- 
lements et  aux  sièges  présidiaux  la  punition  des  hérétiques.  Toutes  les  rigueurs 
avaient  été  impuissantes,  et  les  progrès  du  protestantisme  peuvent  se  mesurer  au 

'   Régnier  de  la  Planche,  Histoire  de  France  sous  tionnaire.  (Guizot,  la  Civilisation  en  Europe,  la'le- 

François  H,  édit.  de  Mennechet,  Paris.  i836,  in-  con,  p.  356.) 

fol.  p.  180.  3  Florimond  de  Raymond,  Histoire  de  l'hérésie, 

-  La  crise  religieuse  du  \viL'  siècle  n'était  pas  sim-  1 629  .  in-'i  ',  p.  98A. 

plement  religieuse,  elle  était  essentiellement  révolu-  '  Floquel,  Revue  rétrospective  normande,  i8ia. 


LXIl  INTRODUCTION. 

nombre  de  ses  Eglises.  Aux  cinq  constituées  en  1  556  s'ajoutaient  en  t  5 57  celles 
d'Orléans,  de  Nîmes,  de  la  Rochelle,  de  Dieppe:  en  1 558  celles  de  Saintes,  du 
Groisic,  de  Saint-Jean-d'Angély,  de  Marennes,  de  Cognac,  de  Figeac;  en  1  559,  la 
Bretagne  seule  en  comptait  dix;  et  en  Normandie  Caen,  Vire,  Saint-Lô  et  Evreux 
avaient  les  leurs1.  Toutes  correspondaient  avec  Genève,  la  métropole  du  protestan- 
tisme. Bien  peu  de  mois  avant  la  mort  de  Henri  II,  le  premier  synode  des  églises 
réformées  se  réunissait  à  la  porte  du  Louvre,  pour  régler  leur  discipline,  leur 
hiérarchie  et  leur  confession  de  foi2. 

Dès  les  premiers  jours  du  règne  de  François  II,  les  Guises  reprirent,  en  les  ag- 
gravant, les  moyens  de  répression;  le  conseiller  Du  Bourg,  que  Henri  II  avait  fait 
arrêter  sous  ses  yeux  en  plein  Parlement,  est  condamné  et  mené  au  bûcher,  sans 
tenir  compte  des  supplications  du  comte  Palatin;  ils  répondent  ainsi  à  l'as- 
sassinat du  président  Minard;  mais  les  supplices,  pas  plus  que  les  édits,  n'ar- 
rêtent la  marche  ascendante  du  protestantisme.  Le  courage  indomptable  des  ré- 
formés, supportant  sans  se  plaindre  les  mêmes  supplices  que  le  paganisme  expi- 
rant avait  fait  subir  aux  chrétiens,  les  assimilait  aux  premiers  martyrs  et  leur 
gagnait  des  âmes  :  «  Les  feux,  écrivait  Tavannes  peu  enclin  à  la  pitié,  confirment 
les  hérétiques;  une  mort  en  gâte  mille  vivants,  i>  C'est  ce  qui  faisait  dire  par  Ca- 
therine à  Mme  de  Mailly  :  rr  qu'en  voyant  ces  pauvres  gens  brûlés,  meurtris  et 
lourmentésnon  pour  volerie  ou  brigandage,  mais  seulement  pour  maintenir  leur 
opinion,  aucuns  de  gaîtéde  cœur,  elle  étoit  émue  à  croire  qu'il  y  avoit  là  quelque 
chose  qui  outrepassoit  la  raison  naturelle3.  «  —  tr  II  est  impossible  que  cela  dure  plus 
longtemps,  écrivait  le  plus  modéré  des  protestants,  Hubert  Languel,  le  3i  jan- 
vier i56o;  les  prisons  sont  pleines,  n  Le  cardinal  de  Lorraine  a  supprimé  l'Eglise 
de  Paris;  mais  depuis,  plus  de  soixante  nouvelles  églises  ont  été  constituées  et 
Genève  ne  peut  suffire  aux  demandes  de  ministres.  Déjà  les  persécutés  se  défen- 
dent par  les  armes  contre  les  officiers  du  roi.  Les  Gascons  ont  chassé  les  commis 
sures  envoyés  parle  Parlement  de  Toulouse;  il  en  est  de  même  dans  la  province 
de  Narbonne  et  non  loin  de  Marseille ,  et  il  ajoutait  :  ce  Le  cardinal  de  Lorraine  est 
abandonné  par  beaucoup  des  siens  qui  redoutent  les  événements  *.» 

1   Mignet,  Journal  des  Savants,    année   1867.  3  Régnier  de  la  Planche,  Hist.   de  France  sous 

■  L'Église  de  Paris  était  constituée  depuis  1 555.  François  H,  édit.  Mennechet ,  p.  n3, 

(Voys  Henri  Lutlerolh,  La  réformation  en  France  "  Hubert  Languet,  Arcana  seculi  decimi  sexti , 

durant  sa  première  période,  Paris,  Meyrueis,  1859,  t.  II,  p.  3a. 

p.  1-27.  1 


INTRODUCTION.  lïui 

\  toutes  ces  causes  de  mécontentement,  à  tous  ces  germes  de  haine,  ajoutons 
encore  les  difficultés  extérieures:  Elisabeth  venait  de  monter  sur  le  trône  d'An- 
gleterre, femme  d'uQ  esprit  supérieur  et  (1*1111*:  habileté  admirable,  nous  dit 
l'ambassadeur  Jean  Michiel.  A  son  avènement  elle  intronise  en  Europe  uue 
politique  toute  nouvelle,  le  droit  d'intervention;  elle  met  en  pratique  cette 
maxime  qu'un  État  n'est  jamais  plus  prospère,  plus  à  l'abri  d'agitation,  que 
lorsque  les  États  voisins  son!  en  proie  à  des  luttes  intérieures1,  et  pour  mettre  eu 
jeu  cette  politique  perfide,  elle  envoie  en  France,  en  qualité  d'ambassadeur,  Su 
Nicolas  Tlirockmorton,  homme  actif ,  infatigable,  le  plus  grand  ennemi  de  notre 
nation  et  dont  nous  retrouverons  partout  la  funeste  influence.  Dès  le  lendemain 
île  la  mari  de  Henri  II  (  1  3  juillet) ,  il  écrivait  à  Elisabeth:  «Je  crois  le  moinenl 
favorable  pour  reprendre  Calais,  le  temps  est  propice  pour  tous  ceux  qui  ont  une 
revanche  à  exercer  contre  la  France-."  A  la  propagande  anglaise  se  joint  la  pro- 
pagande calviniste  dont  Genève  est  le  centre  et  le  point  de  départ;  la  France  est 
inondée  de  libelles,  de  pamphlets.  La  détresse  causée  par  l'insuffisance  des 
récoltes  vint  encore  favoriser  le  progrès  du  protestantisme;  certaines  proviuces, 
comme  la  "Normandie,  étaient  si  misérables  '-que  l'on  ne  paxoit  plus  la  taille  el 
que  les  curés  et  vicaires  s'étaient  rendus  fugitifs  par  crainte  d'être  emprisonnés 
A  ne  se  disoit  plus  le  service  divin  en  grand  nombre  de  paroisses3.-  Voilà 
où  en  était  la  France,  voilà  les  difficultés  contre  lesquelles  devaient  lutter  les 
Guises. 

L'heure  de  partir  pour  le  sacre  était  venue  :  la  cour  quitta  Saint-Germain .  prit 
la  route  de  Reims,  et  séjourna  quelques  jours  à  Villers-Cotlerets.  par  suite  d  une 
indisposition  de  la  jeune  reine  d'Espagne.  Le  connétable  et  Condé  parurent  au 
sacre;  mais  tous  deux  subirent  un  nouvel  affront;  Coligm  s'était  désisté  du  gou- 
vernement de  Picardie  en  faveur  de  Condé,  François  II  en  disposa  pour  Brissac. 
Au  début  du  nouveau  règne,  froidement  accueilli  par  le  jeune  roi  qui  lui  avait 
conseillé  le  repos,  le  connétable  de  Montmorency  \i\ail  loin  de  la  coin-,  ne  vou- 
lant pas  se  soumettre  à  ceux  qu'il  avait  toujours  commandés4;  sans  eu  remplir  les 
fonctions,  il  n'en  avait  pas  moins  conservé  la  charge  de  grand  maître;  François  de 
Guise  la  voulut  pour  lui  et  il  remit  à  Catherine  le  soin  de  cette  difficile  négociation. 
Pour  y  préparer  le  connétable,  elle  obtint  d'abord  pour  sa  611e  l'abbaye  de  Mau- 

'  Joseph  Stevenson,  Préface  du  Calendar  of  State  3  De  Bras,  Recherches  de  la    Veuslrie,  édit.  de 

papert  (  i55r)-i56o  ),  p.  xux.  i833.  p.  260. 

1  Calendar  of State papen  (i5*o),  p.  78.  '  La  Popelinière,  Hisloirede France,  1. 1, p.  1 43. 


L„v  INTRODUCTION. 

buisson,  sans  qu'il  en  eût  fait  la  demande1;  puis,  plus  tard,  lorscpie  sur  la  pro- 
messe du  maréchalat  pour  son  fils  aîné,  il  renoncera  à  la  grande  maîtrise,  le  jour 
même  où  François  de  Montmorency  apportera  à  Blois  sa  procuration,  elle  repren- 
dra la  plume  pour  annoncer  à  son  compère  que  le  roi  venait  d'assigner  les  sommes 
nécessaires  pour  sa  rançon,  ce  que  jusqu'à  ce  jour  avait  refusé  le  cardinal  de  Lor- 
raine. Agir  dans  l'intérêt  des  Guises,  leur  en  donner  un  gage,  garder  par  leur 
moyen  sa  part  d'autorité  et  en  même  temps  ne  pas  trop  s'aliéner  le  connétable, 
avec  la  pensée  de  s'en  servir  un  jour,  ainsi  procède  Catherine.  Elle  n'était  pas  de 
celles  qui,  comme  Jeanne  d'Albret,  lorsqu'elles  se  donnent  à  une  cause,  y  ap- 
portent l'opiniâtreté,  la  virilité  de  leur  nature.  L'absolu  du  parti-pris  n'allait  pas 
à  son  caractère.  Désormais,  nous  la  verrons  pratiquer  cette  politique  à  double  jeu. 
laissant  toujours  une  porte  ouverte  à  une  transaction,  à  un  rapprochement,  se 
tenant  à  égale  distance  des  extrêmes,  dans  le  milieu  des  situations;  mais  le  plus 
souvent,  quand  son  intérêt  personnel  n'était  pas  en  jeu,  elle  n'a  été  que  le  chan- 
geant reflet  de  l'opinion  dominante. 

Les  cérémonies  du  sacre  terminées,  la  cour  se  remit  en  marche  et,  le  icr  oc- 
tobre, prit  la  route  de  Bar-le-Duc,  où  le  roi  conduisait  sa  sœur,  la  duchesse  de 
Lorraine.  Chantonnay,  qui  suivait  la  cour,  nous  fournit  de  curieux  détails  sili- 
ce voyage  :  «  Le  roi  Très  Chrétien  est  tant  mis  à  la  chasse  à  l'entour  de  Bar-le-Duc 
et  Saint-Désir  par  des  villages  et  places  qui  sont  à  Messieurs  les  ducs  de  Lorraine 
et  de  Guise  qu'il  n'y  a  projet  d'arrêter  nulle  part  jusques  à  Eclairon  ou  au  Vau- 
luisant;  encore  là  ce  ne  sera  que  deux  ou  trois  jours;  il  semble  que  ces  seigneurs 
(les  Guises),  qui  peuvent  le  tout,  mettent  ce  prince  à  ces  plaisirs  pour  l'y  accou- 
tumer et,  par  ce,  retenir  plus  longuement  la  maniance  des  affaires,  car  si  le  roi 
accoutume  de  s'en  décharger,  il  est  à  penser  que  difficilement  il  y  voudra  rentrer2,  n 

Le  sol  tremblait  sous  leurs  pas,  une  vaste  conspiration  enveloppait  la  France 
d'un  réseau  invisible;  mais ,  infatués  de  leur  omnipotence ,  inconscients  et  sans  dé- 
fiance, les  Guises  promenaient  le  jeune  roi  de  forêt  en  forêt,  de  château  en  château. 
Le  recours  aux  armes  devant  lequel  princes  du  sang  et  grands  seigneurs  avaient 
reculé,  un  simple  gentilhomme  du  Périgord,  François  du  Barry,  sieur  de  la  Re- 
naudie,  allait,  à  lui  seul,  le  tenter.  Condamné  pour  avoir  produit  une  pièce 
fausse  dans  un  procès  contre  Jean  du  Tillet,  greffier  du  Parlement,  ayant  voué 
une  haine  implacable  aux  Guises  qui  avaient  fait  emprisonner  et  mettre  à  la  tor- 

\oy.    lettres    de  Catherine,   p.   ia5,  126  et  2  Arch.  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

]97  duchesse  de  Parme  (octobre  i55o). 


INTRODUCTION.  lw 

ture  son  beau-frère  Gaspard  de  Heu.  accusé  d'avoir  accepté  une  mission  du  roi 
île  Navarre  auprès  de  l'Allemagne  protestante,  La  Reoaudie  s'était  retiré  en  Suisse 
à  Lausanne,  et  s'était  ouvert,  de  ses  projets  à  Cal\  in  qui  les  avait  blâmés.  Sans  tenir 
compte  de  cette  désapprobation,  il  étail  secrètement  rentré  en  France  et,  devenu 
le  chef  du  complot,  il  réunissait  à  Nantes,  le  .">  lévrier,  tous  les  chefs  de  la  future 
prise  d'armes;  faisant  passer  en  eux  par  sa  parole  ardente  sa  soif  de  vengeance, 
il  assignait  à  chacun  son  poste,  sa  mission,  sa  province  à  soulever  et  leur  donnait 
à  tous  rendez-vous,  le  6  mars,  à  Blois,  où  alors  résidait  la  cour  et  où  il  pensait 
qu'elle  prolongerait  son  séjour.  Le  but  avoué  de  l'entreprise,  c'était  de  délivrer 
le  roi  de  la  tyrannie  des  Guises  et  d'abolir  les  édits  rendus  contre  les  protes- 
tants; le  but  secret,  c'était  de  massacrer  tous  les  Lorrains1. 

Le  célèbre  jurisconsulte  François  Hotman  en  avait  reçu  les  premières  conti- 
dences  de  son  beau-père,  Guillaume  Prévost,  sieur  de  Saint-Germain,  protestant 
comme  lui,  et  les  avait  transmises  à  Sturm  et  à  tous  les  Français  réfugiés  alors  à 
Strasbourg.  Le  26  février,  il  en  faisait  part  à  Calvin  et  lui  annonçait  (pie  plus  de 
quarante  mille  hommes  étaient  en  armes2.  Il  y  avait  alors  en  Allemagne  une  foule 
de  coureurs  d'aventures  ne  cherchant  que  les  occasions  de  guerroyer  et  de  piller: 
le  plus  audacieux  de  tous,  Grumbach,  que  Catherine  prendra  plus  tard  à  sa  solde 
et  qui,  après  avoir  assassiné  l'évêque  de  Wurzbourg,  finira  par  la  corde,  se  montra 
très  disposé  à  entrer  en  France,  mais  avant  tout  il  voulut  en  obtenir  le  consen- 


'  Une  lettre  de  Sturm  à  Hotman  l'affirme  :  «Tu 
gloriabaris  nnllum  de  sanguine  Lotharingico  et 
Guisiano  superstitem  fore  et  in  ea  gloriatione  ute- 
baris  illo  biblico  proverbio  quod  dicebas-  fore  ut 
omnes  occiderentur  in  ea  familia  qui  ad  parietem 
queant  mejere.i  (Lettre  citée  par  M.  Dareste,  dans 
son  étude  sur  Hotman,  Revue  historique,  de  Mo- 
nod  et  Fagniez,  année  1870.  p.  i85.i 

"  Voici  le  récit  fait  par  le  cardinal  de  Lorraine  à 
(  lhantonnay  de  ce  qu'il  avait  appris  du  projet  des 
conjurés  :  relis  dévoient,  ou  de  nuit  ou  de  jour,  jeter 
quatre  à  cinq  cents  hommes  dedans  le  palais  du  roi 
icy,  ou  à  Blois ,  serrer  les  portes  et  la  plus  grande  pari 
d'eux  se  tenir  fort  au  milieu  de  la  cour,  les  autres 
se  saisir  de  la  personne  du  roy  et  de  Messieurs  ses 
frères  et  de  là  aller  prendre  tous  ceux  de  la  mai- 
son de  Guise,  faire  convocation  de  tous  les  Etats  de 
France  et  conduire  le  rov  et  ses  frères  à  la  religion, 


si  faire  se  pouvoit,  et  sinon  en  créer  un  aultre,  allé- 
guant les  protestans  qu'il  valoit  mieux  mettre  un 
roy  idoine  et  suffisant  que  d'en  avoir  un  infi- 
dèle; et  si  ceux  de  la  maison  de  Guise  ne  vouloient 
consentir  à  la  loy,  les  proscrire,  comme  c'a  étoit 
l'opinion  des  prédicants  d'Angleterre,  de  Strasbourg 
et  autres  villes  protestantes,  lesquelles  n'ont  jamais 
trouvé  bon  que  l'on  s'en  saigne  les  mains  ni  du 
sang  du  roy,  ni  de  ceux  des  Guises,  ni  autres.  1 
Chantonnay  ajoute  :  «Le  cardinal  m'a  dit  qu'outre 
la  déposition  des  prisonniers  il  en  avoit  advertisse- 
ment  par  quelque  prince  protestant  son  ami;  que,  à 
la  prise  et  poursuite  des  conspirateurs.  M. de  Mont 
morency  avoit  fait  fort  bon  office  ;  enfin ,  que  ceux  de 
Genève  ont  été  moins  scrupuleux,  car  ils  ont  conclu 
expressément  que  jure  licito  l'on  pouvoit  tuer  tous 
les  contrarians.n  (Archives  de  Vienne,  lettre  de 
Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme.  Mars  i56o.) 


Catherine  de  Mldicis. 


Ljm  INTRODUCTION. 

tement  de  l'électeur  Palatin  dont  il  était  le  conseiller;  il  s'adjoignit  Sturin  et 
Conrad  deMansfeld,  et  tous  trois  se  donnèrent  rendez-vous  à  Heidelberg.  Hot- 
mail, après  avoir  justifié  de  ses  relations  avec  les  protestants  de  France,  obtint  de 
l'électeur  une  lettre  de  créance  pour  le  roi  de  Navarre  et  Gondé.  Muni  de  cette 
lettre,  il  se  rendit  auprès  de  celui-ci  et  fut  reçu  par  lui  le  h  mars.  Mais  l'heure  de 
l'exécution  était  déjà  sonnée.  Gondé  joua  son  rôle  de  capitaine  muet,  Hotman  n'en 
obtint  que  des  paroles  vagues. 

A  Blois,  où  la  cour  s'était  rendue  après  le  départ  de  la  reine  d'Espagne  et  dès 
les  premiers  jours  du  mois  de  janvier,  le  projet  de  partir  pour  Amboise,  en  chas- 
sant chemin  faisant,  avait  été  arrêté,  mais  aucune  crainte  ne  l'avait  encore  mo- 
tivé1. C'est  le  12  février  seulement,  il  est  utile  de  bien  préciser  les  dates,  entre 
Montoire  et  Marchenoir,  que  le  cardinal  de  Lorraine  reçut  un  premier  avis  de  la 
conspiration;  il  était  si  peu  renseigné  que,  croyant  La  Renaudie  hors  de  France, 
il  écrivait  de  Montoire,  le  17  février  suivant,  à  Coignet,  notre  ambassadeur  en 
Suisse,  de  surveiller  toutes  ses  démarches2.  Le  22  février,  la  cour  arrivait  à  Am- 
boise. A  ce  premier  avertissement  reçu  le  12  février,  d'autres  succèdent  venus 
d'Espagne3,  d'Allemagne  où  Hotman  et  Sturm  s'accusent  réciproquement  d'indis- 
crétion, de  Paris  enfin,  où  un  avocat,  nommé  Avenelles,  révèle  tous  les  secrets 
que  lui  avait  confiés  La  Renaudie;  pourtant  rien  de  précis,  si  bien  que  le  2  5  février 
le  roi,  sous  bonne  escorte,  fit  venir  de  Vincennes  trois  prisonniers  qui  y  étaient 
enfermés  depuis  quelque  temps,  un  nommé  de  Soucelles,  le  baron  de  Saint-Ai- 
gnan  et  l'Écossais  Robert  Stuart  accusé  d'avoir  assassiné  le  président  Minard.  A 
leur  arrivée,  à  Amboise,  tous  trois  furent  mis  quatre  fois  à  la  torture,  mais  on 
n'en  put  rien  tirer. 

Nous  avons  vu  Catherine,  à  la  nouvelle  du  désastre  de  Saint-Quentin,  prendre 
l'initiative  des  mesures  de  salut;  cette  fois,  ce  sont  les  Guises  qui,  à  bout  de 
voies,  reviennent  à  elle  et  lui  restituent  la  part  d'autorité  qu'ils  lui  avaient 
prise;  ils  en  sont  réduits  à  conseiller  à  Marie  Stuart  d'user  de  toute  soumission 
vis-à-vis  d'elle4.  Dans  les  situations  difficiles,  quand  tous  désespéraient,  son  esprit 

1  Voy.  Cartier,  Hist.  d' Amboise  ;  Archives  natio-  5  Chantoimay  écrivait  qu'il  les  avait  en  attiré 
nales,  lettre  de  Chantoimay,  B.  10,  n°  169.  prévenus  de  la  conspiration,  d'après  des  informations 

2  trllsez  de  telle  dextérité  et  vigilance,  mettant  transmises  des  Pays-Bas  par  le  cardinal  de  Gran- 
peyne  de  découvrir  quelque  menée  que  La  Renau-  velle.  (Arch.  nat..  collect.  Simancas.  B.  11,  111a 
■  lie  a  pratiquées  avec  ceulx  de  Berne  pour  donner  1 16.) 

faveur  aux   mal   sentans  de  la  foy  qui   sont  en  "  Archives  de  Vienne ,  lettre  de  Chantoimay  h  la 

France.)!  (Bihl.  nat.,  fonds  français,  n°  17981.)  duchesse  de  Parme  (mars  i56o). 


INTRODUCTION.  uvu 

subtil  savait  trouver  des  ressources.  Le  premier  conseil  qu'elle  donna  fut  d'appe- 
ler Coligny  à  Amboise.  Le  prétexte  mis  eri  avant  pour  le  décider  à  venir  était  la 
crainte  dune  attaque  par  la  Hotte  anglaise  de  nos  vaisseaux  qui  allaient  porter 
des  secours  en  Ecosse;  il  s'apprêtait  à  aller  à  Tanla\  rejoindre  son  frère  d'Andelot; 
sans  perdre  une  heure,  il  se  rendit  à  ce  pressant  appel  l. 

Tous  les  ambassadeurs  étrangers  avaient  suivi  la  cour  à  Amboise;  seul,  celui 
d'Angleterre,  Tfirockinorton,  n'y  arriva  que  le  'aU  février;  il  venait  de  parcourir 
la  France,  de  visiter  Metz  et  toutes  nos  places  de  la  frontière,  cherchant  sans 
aucun  doute  le  point  vulnérable  d'une  attaque  de  compte  à  demi  avec  l'Alle- 
magne. Reçu  à  son  arrivée  par  le  roi,  il  fut  au  sortir  de  son  audience  conduit 
par  le  duc  de  Guise  chez  Catherine;  elle  avait  à  sa  droite  Marie  Stuart,  à  sa 
gauche  les  deux  cardinaux  de  Bourbon  et  de  Chàlillon,  et  Coligny.  Après  lui 
.avoir  présenté  ses  lettres  de  créance,  l'ambassadeur  lui  dit  de  vive  voix  que  la 
reine  d'Angleterre  attendait  tout  de  sa  médiation  entre  les  deux  royaumes;  Cathe- 
rine se  borna  à  remercier  la  reine  sa  sœur  de  la  bonne  opinion  qu'elle  avait  d'elle 
et  promit  de  la  justifier2;  mais  de  part  et  d'autre  on  resta  dans  le  vague  des  com- 
pliments et  des  protestations  officiels.  Dans  sa  dépêche  à  Elisabeth,  Throckmorton 
attribue  les  causes  de  cette  apparente  bienveillance  :  (tau  peu  de  moyens  qu'ils  ont 
d'entrer  en  campagne,  à  la  pénurie  de  leurs  finances  et  aux  craintes  que  leur 
inspirent  leurs  propres  sujets ,  pour  cause  de  religion  '.  ■• 

Nous  touchons  au  drame  d'Amboise;  mais  avant  d'en  aborder  le  récit,  il  est 
indispensable  de  rechercher  et  de  déterminer  la  situation  que  Catherine  avait 
prise  vis-à-vis  des  protestants  et  qu'elle  avait  maintenue  jusqu'alors.  C'est  à  Am- 
boise que  son  rôle  politique  commence,  que  sa  main  est  visible  dans  les  affaires 
de  l'Etat;  revenons  donc  sur  le  passé  qui  servira  à  expliquer  le  présent. 

H  y  eut  un  moment  où  la  cour  de  François  Ier,  et  n'obéissant  qu'à  la  mode,  au 
progrès  des  lettres  et  au  plaisir  de  comprendre  la  sainte  Ecriture  et  de  chanter 
les  psaumes  en  français,  faillit  se  trouver  luthérienne  et  calviniste  sans  le  savoir,  n 
Ce  que  dit  là  un  écrivain  moderne4,  un  contemporain  l'avait  ditavantlui  :  tt  Rien 
n'a  tant  facilité  l'entrée  des  nouveautés  que  le  chant  doux  et  chatouilleux  de  ces 
psaumes  rimes;  ils   ont  attiré  les   âmes  par  ces  harmonies5,  i>  Mmc  d'Etampes, 

1  Voy.  une  lettre  de  Coligny  au  connétable  dans  "Sainte-Beuve,    Causeries    du    lundi,    t.    1", 
le  n°  3 i 57  du  fonds  français,  p.  22  et  2.3.  p.  16&. 

2  Calendarof State papers(\bbçj-i§(>o),i>.  /109.  '"  Florimond  de  Raymond ,  Hist.  de  la  naissance 

3  Ibid.,  p.  4n.  de  l'hérésie,  p.  1069. 


LXVII1  INTRODUCTION. 

Diane  de  Poitiers  avaient  chacune  adopté  un  psaume,  et  le  chantaient  sur  des  airs 
vulgaires,  en  attendant  que  Goudimel  leur  eût  prêté  le  charme  de  sa  musique. 
Catherine  en  avait  choisi  un  : 

Vers  l'Eternel  des  oppressez  le  Père 
Je  m'en  iray,  luy  monslrant  l'impropère 
Que  l'on  me  fait 

Marguerite  d'Angoulème  l'entendant  chanter  un  jour,  dit  à  Villemadon  \  son  se- 
crétaire :  «•  Je  ne  sais  où  la  Dauphine  a  pris  cet  air  :  «  Vers  l'Eternel  ;n  il  n'est  des 
traduits  de  Marot,  mais  il  n'est  possible  qu'elle  en  eût  su  trouver  un  autre  où  son 
affliction  soit  mieux  dépeinte,  n  Faisant  allusion  à  l'abandon  où  l'avait  laissée  le 
dauphin,  Villemadon  lui  écrivait  plus  tard  :  «Quand  vous  aviez  une  plaie  fort  san- 
glante au  cœur,  et  cherchiez  par  larmes  et  prières  le  Seigneur,  parce  qu'en  aviez 
affaire,  en  ce  temps-là  vous  le  reconnoissiez ,  honorant  sa  sainte  Bible  qui  étoit 
en  vos  coffres  ou  sur  votre  table,  en  laquelle  regardiez  et  lisiez  quelquefois,  et 
vos  femmes  et  serviteurs  avoient  cette  heureuse  commodité  d'y  lire2. i> 

Souhise,  un  des  chefs  protestants  pour  lequel  Catherine' eut  toujours  une  cer- 
taine sympathie,  lui  rappellera  également  le  temps  où  elle  était  de  la  religion  et  en 
parlait  ouvertement3.  Écartée  du  pouvoir  sous  Henri  II  par  Diane  de  Poitiei>. 
l'ennemie  déclarée  des  protestants,  elle  avait  pu  échapper  à  leur  haine  qui  s'était 
tout  entière  portée  sur  la  favorite.  Le  choix  de  son  entourage  pouvait  faire  croire 
à  ses  bonnes  dispositions  en  faveur  des  réformés;  ses  confidentes  étaient  Mme  de 
Crussol,  la  duchesse  de  Montpensier  et  Mlle  du  Goguier4  qui,  toutes,  inclinaient 
vers  le  protestantisme;  ses  conseillers  habituels,  Monluc,  l'évèque  de  Valence,  C.  de 
Marillac,  archevêque  de  Vienne,  et  Morvilliers,  évêque  d'Orléans,  passaient  tous 
trois  pour  à  demi  convertis  aux  idées  nouvelles.  Voilà  les  faibles  indices  qui  firent 
un  instant  croire  aux  protestants  qu'en  recourant  à  Catherine  ils  pourraient  peut- 
être  obtenir  un  adoucissement  à  la  persécution  si  violemment  reprise  par  les 
Guises.  Coligny,  nous  l'avons  vu,  s'était  chargé  à  Vendôme  de  lui  faire  des  repré- 
sentations. Accompagné  de  Mmb  de  Mailly  et  du  prince  de  Condé,  il  la  vit  à  Vil- 

1   Villemadon  n'est  qu'un  pseudonyme,  et  nous  ihenay.    sieur   de  Soubise.   Paris.  Willem,   1879, 

avons  quelque  raison  de  croire  que  son  véritable  p.  9 1 . 

nom  était  Jehan  de  Frotté.  '  Monluc  évêque  de  Valence,  l'appelait  sa  fille 

-  Cimber  et  Danjou,  Archives  curieuses  de  l'hist.  spirituelle  (Bibl.  nat.,  fonds  français.  11°  31898. 

de  France,  l"  série,  t.  III,  p.  319.  p.  28.) 
Jules  Bonnet.  Mémoire  de  la  vie  de  Jean  Par- 


INTRODUCTION.  lux 

lers-Cotterets  durant  le  court  séjour  qu'elle  y  fil  en  se  rendant  au  sacre;  elle  s'é- 
tait bien  gardée  de  refuser  cette  entrevue,  c'était  une  bonne  occasion  pour  elle 
de  connaître  les  secrets  des  protestants  afin,  le  cas  échéant,  de  s'en  servir  contre 
eux  ou  de  s'assurer  leur  appui.  M"e  de  Mailly  porta  la  parole,  elle  lui  rappela  tout 
d'abord  que,  du  vivant  de  Henri  II,  elle  lui  avait  promis  sa  faveur  et  son  amitié; 
elle  lui  dit  que  les  réformés  voyaient  en  elle  une  nouvelle  Esther;  elle  la  supplia, 
en  leur  nom,  de  ne  pas  permettre  que  ce  nouveau  règne  fût  souillé  de  sang  rrqui 
déjà  avoit  tant  crié  devant  Dieu ,  qu'on  avoit  bien  pu  s'en  apercevoir  à  sa  colère l.  n 
Catherine  crut  voir  dans  ces  paroles  une  allusion  à  la  mort  de  Henri  II  :  ce  De  quoi 
me  menace-t-on'?  lui  répondit:elle;  comment  Dieu  pourroil-il  me  faire  pis, 
m'ayant  ôté  ce  que  je  prisois  et  aimois  le  plus? a  S'apaisant  peu  à  peu,  elle  lui 
promit  de  faire  cesser  la  persécution,  pourvu  que  chacun  vécût  paisiblement  et 
sans  scandale;  elle  alla  plus  loin  encore  dans  un  nouvel  entretien  avec  Mme  de 
Mailly,  elle  lui  fit  entendre  qu'elle  n'était  pas  éloignée  d'être  mise  en  rapport 
avec  un  ministre  de  l'église  réformée  de  Paris  et  de  conférer  avec  lui,  ainsi  que 
le  lui  avait  conseillé  l'amiral,  et  elle  lui  désigna  Laroche-Chandieu  ;  tout  aussitôt, 
Mme  de  Mailly  le  fit  savoir  au  consistoire  de  Paris,  et  après  de  longs  débats  le  dé- 
part de  Chandieu  fut  décidé.  Le  lieu  choisi  pour  l'entrevue  était  un  petit  village 
près  de  Reims;  mais  ce  jour-là  Catherine  fut  retenue  par  des  visites  de  cardi- 
naux et  d'ambassadeurs,  et  la  conférence  n'eut  pas  lieu. 

Loin  de  cesser,  la  persécution  ayant  redoublé,  et  le  supplice  de  Du  Bourg  avant 
poussé  les  choses  à  l'extrême,  les  réformés  écrivirent  de  nouveau  à  Catherine 
pour  lui  rappeler  ses  promesses  et  se  hasardèrent  à  lui  dire  que  Dieu  ne  laisserait 
pas  une  telle  iniquité  impunie,  et  que,  tout  ainsi  qu'il  avait  châtié  Henri  II.  son 
bras  était  encore  levé  pour  achever  sa  vengeance,  rr  Ils  me  menacent,  répondit- 
elle,  cuidant  me  faire  peur,  mais  ils  n'en  sont  pas  encore  où  ils  pensent1.?) 

C'est  à  cette  pression  maladroite  que  fait  allusion  le  plus  modéré  des  protes- 
tants, Hubert  Languet,  dans  une  lettre  à  Mélanchthon  :  «Ceux  qui  gouvernent 
les  choses  de  la  religion  ont  exaspéré  la  reine  mère,  qui  cherchait  à  tout  modé- 
rer, en  la  menaçant  du  jugement  de  Dieu  et  du  sort  du  roi  son  mari;  prise  d'une 
grande  indignation,  elle  les  a  traités  de  scélérats,  et  leur  a  intimé  de  ne  plus  re- 
venir; c'est  ainsi  que  les  nôtres  conduisent  les  alfaires;  si  quelqu'un  conseille  la 
modération,  on  l'accuse  de  trahir  la  cause  de  la  religion2. t> 

'  Régnier  de   la  Planche,  llisl.  de  France  sons  2  Hubert  Languet,  Arcana  sccnli  decimi  sexti, 

François  II,  édit.  fie  M.  Mennechet,  t.  I",  p.  4G.        t.  II,  p.  ht. 


,.„  INTRODUCTION. 

Telle  était  donc  la  disposition  d'esprit  de  Catherine  au  moment  où  de  tous  les 
points  de  la  France  les  protestants  marchaient  sur  Amboise.  A  l'arrivée  de 
l'amiral,  elle  le  prend  à  part  et  dans  une  entrevue  où  elle  avait  admis  le  chance- 
lier Olivier  et  le  cardinal  de  Châtillon,  elle  lui  demande  conseil  et  le  supplie  de 
ne  pas  abandonner  le  roi  son  fils.  L'amiral  rejeta  tous  les  périls  de  la  situation 
sur  les  Guises;  et  à  son  avis  le  seul  remède  c'était  d'assurer  le  repos  et  la  liberté 
de  ceux  de  la  religion  en  publiant  un  édit  et  en  l'observant  scrupuleusement,1. 

L'édit  du  8  mars  accepté  à  contre-cœur  par  les  Guises  lut  le  premier  pas  dans 
la  voie  nouvelle;  le  roi  ne  voulant  pas  que  la  première  année  de  son  règne  fût 
ensanglantée  par  la  mort  de  ses  pauvres  sujets,  et  désirant  les  ramener  par  la 
douceur  et  la  miséricorde,  ordonnait  qu'aucune  poursuite  nouvelle  n'aurait  lieu 
pour  le  fait  de  la  religion;  il  étendait  le  pardon  et  l'amnistie  à  tous  ses  sujets, 
n'en  exceptant  que  les  ministres  et  ceux  qui,  sous  prétexte  de  religion,  auraient 
conspiré  contre  la  personne  de  la  reine  sa  mère,  la  sienne  et  celle  de  ses  prin- 
cipaux ministres.  Coligny  et  le  cardinal  de  Châtillon  signèrent  tous  deux  ce 
nouvel  édit, 

Nous  touchons  au  dénouement  et  nous  emprunterons  à  Chantonnay  les  der- 
nières scènes  de  ce  drame  :  «On  veille  jour  et  nuit  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur, 
écrivait-il  à  la  duchesse  de  Parme;  le  sr  de  Losses  couche  dans  le  château  ainsi  que 
la  garde  du  roi,  comme  si  l'on  devoit  s'attendre  à  un  siège. n  Le  3  mars,  il  vit  le 
cardinal  de  Lorraine  qui  se  plaignit  à  lui  de  la  connivence  de  la  reine  d'Angleterre 
avec  les  rebelles  et  lui  avoua  qu'ils  ne  savaient  (ta  quel  conseil  se  donner,  ni  à 
qui  se  fier2.  ■»  Chantonnay,  tout  en  se  moquant  des  frayeurs  du  cardinal,  les  ex- 
plique par  un  incident  de  sa  vie  :  étant  à  Rome,  il  s'était  fait  dire  la  bonne  aven- 
ture par  un  juif  qui  lui  avait  prédit  qu'il  serait  tué  en  i56o. 

Les  Guises,  d'après  les  avis  reçus,  s'attendaient  à  une  attaque  le  6  mars.  Au- 
cune troupe  n'ayant  été  signalée,  ils  reprirent  confiance.  Chantonnay  peint  bien 
cette  situation:  «Le  roi  est  allé  le  10  mars  à  Chenonceaux  avec  toute  la  cour;  en 
trois  jours  ils  ont  perdu  toutes  leurs  peurs,  après  avoir  fait  grande  démonstration 
et  fait  garder  le  château  sans  en  bouger;  maintenant,  le  roi  va  à  la  chasse  et  à  la 
volerie;  les  Français  sont  si  peu  persévérants  que  déjà  l'on  commence  à  être  hon- 
teux de  si  grande  démonstration3,  m 

Mais  le  i3  mars  les  craintes  reprirent  le  dessus;  le  comte  de  Sancerre  étant 

'  Voy.  La  Popelinière,  Histoire  de  France,  p.  »64.  —  3  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à 
la  duchesse  de  Parme  (mars  1060).  —  3  lbid. 


IN  TKODUCTION.  lxxi 

allé  en  reconnaissance  du  côté  de  Tours,  se  trouva  en  l'ace  dune  troupe  armée, 
la  chargea  et  lui  fit  quelques  prisonniers  qu'il  ramena  à  Amboise.  Le  i5  ,  la  marche 
des  conjurés  est  signalée  par  groupes  de  trente  à  quarante.  Le  16,  après  dîner, 
quelques  piqueurs  du  roi  allant  dresser  la  chasse  trouvèrent  en  forêt  une  troupe 
d'une  soixantaine  d'hommes;  dans  ce  nombre,  il  y  avait  trois  ou  quatre  personnes 
de  marque,  tous  les  autres  étaient  des  artisans,  la  plupart  sans  armes.  L'éveil 
étant  donné,  le  duc  de  Nemours  et  les  jeunes  princes  qui  étaient  en  cour  mon- 
tèrent à  cheval  et  sans  grand'peine  firent  quelques  prisonniers.  Le  roi  était  à  une 
fenêtre  du  château;  les  voyant  passer,  il  leur  parla  avec  douceur,  leur  fit  donner 
à  chacun  un  écu  et  les  renvoya  à  l'exception  de  trois  ou  quatre;  mais  ils  ne  vou- 
lurent s'en  aller  que  si  tous  leurs  compagnons  étaient  remis  en  liberté.  On  leur 
demanda  pourquoi  ils  étaient  venus:  rpour  parler  au  roi.  répondirent-ils,  et  lui 
demander  de  leur  permettre  de  vivre  selon  leur  religion  pour  le  salut  de  leurs 
âmes,  ou  qu'il  fit  d'eux  ce  qu'il  lui  plairoit;  ils  dirent  davantage  qu'ils  avoient 
été  mis  hors  de  Genève  et  que  ceux  qui  ont  commandement  sur  eux  leur  avoient 
ordonné  d'être  à  lenteur  de  cette  ville  à  un  certain  jour  et  que  peu  à  peu  ils  les 
suivraient  et  s'assembleroient  avec  la  compagnie,  qui  est  de  plus  de  qua- 
rante mille  hommes,  dont  ils  disent  avoir  vu  le  rôle  dressé  en  leurs  églises,  étant 
plus  que  moins  et  de  toutes  sortes  l.  n 

Sur  ces  entrefaites,  on  apprit  que  le  baron  de  Casteluau  et  les  principaux 
capitaines  étaient  venus  se  loger  au  château  de  Noisai,  à  petite  distance  d'Ain- 
boise,  pour  y  attendre  La  Renaudie.  Le  duc  de  Nemours,  sur  le  refus  de  Vieille- 
ville,  y  fut  envoyé.  Aux  abords  du  château,  il  fit  prisonniers  deux  capitaines, 
Mazères  et  Raunai,  et  étant  entré. en  composition  avec  Casteluau,  qui  demandait 
à  parler  au  roi,  il  lui  promit  la  vie  sauve,  et  le  ramena,  lui  et  ses  compagnons,  à 
Amboise. 

Le  17,  qui  était  un  dimanche,  une  troupe  de  cent  cinquante  cavaliers  se  pré- 
senta devant  la  porte  des  Bonshommes;  tous  mirent  pied  à  terre  comme  s'ils 
s'attendaient  à  ce  que  du  dedans  on  l'ouvrirait.  La  porte  restant  fermée,  ils  ti- 
rèrent quelques  coups  d'arquebuse  et  se  retirèrent;  la  poursuite  eut  lieu  dans 
toutes  les  directions,  et  toutes  les  petites  bandes  qui  marchaient  à  la  suite  se  dis- 
persèrent ou  furent  faites  prisonnières. 

Durant  toute  la  journée,  on  ne  cessa  d'amener  des  prisonniers,  par  dix,  par 

'   Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (mars  i56o). 


lxxii  INTRODUCTION. 

vingt,  par  trente,  écrit  Cliantonnay.  La  clémence  dont  avait  usé  le  roi  n'ayant  pro- 
duit aucun  fruit  (on  en  avait  repris  de  ceux  qui  avaient  été  relâchés  les  premiers 
jours),  dès  ce  jour-là  on  commença  à  pendre  aux  créneaux  du  château;  :cau 
nombre  des  prisonniers  que  l'on  amène,  ajoute-t-il,  ils  seront  forcés  de  leur  lier 
les  mains  et  de  les  jeter  à  l'eau,  car  il  est  impossible  d'en  faire  autrement  l'exé- 
cution. Croyez  que  c'est  cbose  comme  par  enchantement  qu'il  est  impossible  de 
décrire,  et  sont  ces  malheureux  si  dépourvus  d'esprit  qu'ils  viennent  tous  donner 
dans  le  filet  sans  savoir  que  leur  entreprise  est  découverte  et  se  suivent  file  à  file  h  * 

Une  gravure  du  temps 2  a  reproduit  cette  lamentable  tragédie  :  à  tous  les  cré- 
neaux les  corps  des  suppliciés  sont  suspendus  et  se  balancent  dans  le  vide  ;  sur 
un  échafaud  dressé  devant  la  grande  porte,  un  patient  est  à  genoux  et  le  bourreau 
a  le  bras  levé  pour  le  frapper;  à  toutes  les  fenêtres  du  château  gentilshommes  et 
grandes  daines  regardent.  Tramée  à  ce  spectacle,  la  duchesse  de  Guise,  prise 
d'horreur,  s'en  vint  tout  éplorée  en  la  chambre  de  Catherine,  et  là,  ses  sanglots 
redoublèrent;  la  reine  lui  demandant  ce  qu'elle  avait  pour  se  plaindre  de  si  étrange 
façon  :  a  Je  viens  de  voir,  lui  dit-elle,  la  plus  piteuse  tragédie  et  l'effusion  du  sang 
innocent  des  bons  sujets  du  roi.  Je  ne  doute  pas  qu'à  bref  délai  un  grand  malheur 
ne  tombe  sur  notre  maison 3.  -n 

Une  seule  tête  manquait,  celle  de  La  Renaudie.  Le  20  mars,  elle  fut  apportée; 
venant  en  toute  hâte  au  secours  de  Castelnau,  il  fit  rencontre  dans  la  forêt  de 
Château-Renaud  de  M.  de  Pardaillan,  il  le  tua  de  sa  main,  mais,  frappé  d'une 
balle  à  la  tête,  il  tomba.  Le  chef  mort,  tous  les  conjurés  se  dispersèrent.  Calvin 
avait  raison  de  dire  :  jamais  entreprise  ne  fut  plus  mal  conçue,  ni  plus  stupide- 
ment exécutée4.  A  quelques  jours  de  là,  Jean  d'Aubigné  passant  devant  Amboise 
vit  à  une  potence  les  têtes  de  ses  compagnons  encore  reconnaissables;  il  avait  avec 
lui  son  fils  Agrippa,  alors  âgé  de  huit  ans  et  demi  :  et  Mon  enfant,  lui  dit-il,  re- 
garde bien,  il  ne  faut  que  ta  tête  soit  épargnée  après  la  mienne  pour  venger  ces 
chefs  pleins  d'honneur;  si  tu  t'y  épargnes,  tu  auras  ma  malédiction 5.» 

Le  28  mars,  Cliantonnay  fut  mandé  par  le  roi  et  le  trouva  entouré  de  ses 
frères,  du  cardinal  de  Lorraine,  du  duc  de  Guise,  du  maréchal  Saint-André.  Ca-_ 

1  Voy.  lettre  de  Cliantonnay  à  la  duchesse  de  4  crQuod  stulte  agitaverunt,  pueriliter  deinde 
Parme  (mars  i56o).  aggressi  sunt.i   (Lettre  citée  par  Mignet  dans  le 

2  Voy.  le  recueil  de  Tortorel  et  Perissin.  Journal  des  Savants,  année  i853,  p.  671.) 

3  Régnier  de  la  Planche,  Flist.  de  France  sous  5  Mémoires  d' Agrippa  d'Aubigné ,  édit.  de  L.  La- 
François  II,  édit.  de  Mennechet,  in-fol.,  p.  102.  lanne,  p.  5. 


INTRODUCTION.  lxxiii 

therine  prit  la  parole;  elle  lui  dil  que,  pour  reconnaître  la  bonne  volonté  du  roi 
son  maître,  elle  tenait  à  l'avertir  de  certaines  menées  qui  se  pratiquaient  contre 
lui  en  Espagne.  L  ne  heure  avant  son  exécution,  le  capitaine  Mazères  l'avait  fait  de- 
mander, ayant  îles  révélations  à  lui  faire.  Escortée  par  le  cardinal  de  Lorraine  et 
le  maréchal  Saint-André,  elle  était  allée  à  pied  à  la  prison  qui  est  hors  la  cour. 
L'échafaud  était  dressé  et  déjà  beaucoup  de  spectateurs  étaient  tout  à  l'entour.  Le 
capitaine  lui  raconta  qu'en  Espagne  il  y  avait  une  entente  secrète  entre  tous  les 
parents  de  ceux  que  l'inquisition  avait  fait  mourir;  les  Morisques  de  Grenade,  de 
Valence,  d'Aragon  s'y  étaient  joints  d'accord  avec  ceux  d'Alger.  Les  chefs  du  com- 
plot étaient  passés  par  sa  maison  avant  de  s'embarquer  pour  Alger;  l'exécution  en 
était  remise  au  temps  de  la  moisson.  Il  avait  demandé  à  être  gardé  où  l'on  voudrait 
jusqu'à  ce  moment-là.  Chantonnay  remercia  Leurs  Majestés,  mais  sa  réponse  fut 
fière  et  hautaine  :  les  grands  et  les  peuples  d'Espagne  étaient  obéissants  et  fidèles  et 
en  aucune  sorte  infectés  de  ces  nouvelles  erreurs;  il  n'y  avait  rien  à  craindre  de 
ces  Morisques  d'Espagne,  gens  avilis  et  dégradés;  Mazères  n'avait  cherché  qu'une 
prolongation  de  vie  de  six  mois;  déjà  il  avait  tout  fait  pour  obtenir  vingt-quatre 
heures  de  grâce;  monté  sur  l'échafaud,  il  avait  cherché  encore  à  gagner  du  temps. 
car  il  s'était  fait,  par  quatre  fois,  débander  les  yeux  et,  à  la  quatrième,  il  s'était 
relevé  tout  d'une  pièce,  si  bien  qu'on  ne  pouvait  achever  de  le  mettre  en  posi- 
tion1. 

Nous  en  a \ons  fini  avec  ce  drame  d'Amboise,  mais  nous  nous  arrêterons  à  une 
dernière  considération  :  tous  ceux  que  l'on  accuse  d'être  mêlés  à  cette  conspira- 
tion s'en  disculpent:  le  cardinal  de  Lorraine,  dans  un  entretien  avec  Chantonnay, 
lui  dit  qu'elle  part  de  Genève2," mais  Calvin  décline  toute  participation  au  com- 
plot3. Throckmortbn,  accusé  d'en  être  par  le  cardinal  de  Lorraine,  s'en  défend 


1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 
duchesse  de  Parme  (mars  10G0). 

2  Ibid. 

3  Voici  la  réponse  de  Calvin  à  Coligny  :  "J'ai  esté 
adverty  par  mon  frère  qui  est  avec  vous,  qu'il  vous 
sembloit  bon  que  je  fisse  imprimer  une  excuse  pour 
me  décharger  du  blâme  qui  m'a  été  mis  sus,  lou-' 
chant  l'entreprise  d'Amboise ,  comme  si  j'y  eusse  con- 
senti ;  vrai  est  que  déjà  de  longtemps  et  de  plusieurs 
endroits j'ay  esté  requis  et  sollicité  de  ce  faire;  mais 

'  Lettres  de  Calvin,  édit.  Bonnet,  t.  I,  p.  383. 
Catherine  de  Médicis.  —  i. 


je  m'en  suis  abstenu",  et  il  ajoute  :  «Quelqu'un 
ayant  charge  de  gens  me  demanda  conseil  s'il  ne 
serait  pas  licite  de  résister  à  la  tyrannie  dont  les 
enfants  de  Dieu  estoient  pour  lors  opprimés,  je 
m'efforçay  de  lui  remontrer  qu'il  n'y  avoit  nul  fon- 
dement selon  Dieu  et  môme  que  selon  le  monde  il 
n'y  avoit  que  légèreté  et  présomption  qui  n'auroit 
point  bonne  issue,  et  que  s'il  s'épandoit  une  goutte 
de  sang,  les  rivières  en  découleraient  par  toute 
l'Europe  \» 


uu,  INTRODUCTION. 

également.  Dans  un  entretien  qu'il  eut  avec  Chantonnay,  il  affirme  que  la  reine,  sa 
maîtresse,  n'en  a  lien  connu,  et  que  même  elle  hait  Calvin. 

D'Andelot,  arrivé  le  16  mars  à  Amboise,  proteste  de  son  dévouement.  Condé, 
très  suspecté,  accepte  la  défense  de  la  porte  des  Bonshommes;  plus  tard,  à  Che- 
nonceaux,  il  donnera  un  démenti  et  offrira  le  combat  à  quiconque  oserait  1  ac- 
cuser, et  le  duc  de  Guise  se  portera  son  second. 

Coligny,  arrivé  le  premier  de  tous,  désavoue  toute  complicité,  et  invite  Calvin 
à  s'en  justifier.  Brantôme  affirme  qu'il  n'y  fut  pour  rien,  et  Calvin,  lorsque 
La  Benaudie,  venu  à  Genève,  se  servit  du  nom  de  l'amiral,  était  persuadé  «que 
l'affronteur  avoit  pris  une  fausse  couverture1,  n 

Nous  laissons  de  côté  le  roi  de  Navarre;  le  cardinal  de  Lorraine  avait  déclaré  à 
Chantonnav  qu'on  ne  lui  avait  rien  communiqué,  car  il  était  trop  léger,  «  mais  on 
se  faisoit  fort  qu'après  le  fait  il  le  trouveroit  bon'-. -n 

Ainsi,  tous  ceux  que  l'opinion  du  temps  accuse,  à  tort  ou  à  raison,  d'avoir  mis 
la  main  à  1  entreprise,  tous  ceux  qui,  à  coup  sur,  en  auraient  profité  si  elle  avait 
réussi,  la  renient;  tous  sont  là;  devant  eux  on  pend,  on  noie  ces  malheureux 
égarés  et  tous  sont  muets,  tous  restent  à  la  cour. 

L'exécution  des  chefs  à  Amboise  n'avait  en  rien  modifié  la  situation  :  à  Saint- 
Lé,  on  prêchait  publiquement3;  à  Montpellier,  les  réformés  s'étaient  emparés  de 
l'église  des  Cordeliers;  en  Languedoc,  Mouvans  avait  pris  les  armes,  brisait  les 
images  et  pillait  les  églises*;  à  Rouen,  une  émeute  venait  d'éclater  et  AI.  de  Bor- 
dillon,  à  la  tète  de  cinquante  hommes  d'armes,  avait  arrêté  un  ministre  au  milieu 
du  peuple  soulevé5.  Catherine  qui.  en  intercédant  pour  Castelnau  et  plusieurs  des 
chefs,  s'était  ménagé  Coligny,  obtint,  de  lui  de  se  rendre  en  Normandie  et  de 
s'y  enquérir  du  véritable  état  des  choses.  Mais  le  moment  était,  venu  d'inaugurer 
une  politique  nouvelle  et  il  fallait  qu'elle  put  se  personnifier  dans  un  homme 
dont  le  nom  fut  une  autorité,  la  parole  une  garantie.  Cet  homme,  ce  fut  l'Hospital, 
le  conseiller  intime  de  Marguerite  de  France  qu'il  avait  suivie  en  Piémont  et  qui 
elle-même,  nous  dit  Calvin,  était  en  assez  bon  train  de  se  déclarer  pour  la  reli- 
gion.   A  Catherine  revient  le  mérite,  on  ne  peut  le  lui  contester,  de  l'avoir  la 

1  Jules  Bonnet,  Lettres  de  Calvin,  t.  II,  p,  558.  4  Régnier  tle    la   Planche,  Histoire  de   France 

2  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  sous  François  11,  e'dit.  de  Mennechel,  1 836 , 
duchesse  de  Parme  (3  avril  i56o).  p.  îio. 

archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  B  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonna)   à 

la  duchesse  de  Parme  (avril  1060).  la  duchesse  de  Parme  (avril  i56o). 


INTRODUCTION.  im 

première  désigné  el  de  l'avoir  secondé  dans  ses  généreuses  tentatives  dapaisemenl 

et  de  conciliation,  nous  ne  disons  pas  de  tolérance,  c'est  un  mot  que  Ion  ne 
connut  pas  au  xvie  siècle. 

Le  premier  pas  dans  cette  nouvelle  voie,  c'est  l'édit  de  lîomoranlin;  il  faisait 
passer  la  connaissance  du  crime  d'hérésie  aux  ecclésiastiques,  mesure  très  favo- 
rable aux  réformés,  suivant  Chanlonnay,  qui  en  donne  celte  singulière  raison  : 
et  que  par  crainte  de  la  haine  qu'on  a  contre  le  clergé  les  ecclésiastiques  n'ose- 
ront pas  sévir  '.  - 

Mais  ce  n'est  pas  l'édit  en  lui-même,  ce  sont  les  paroles  prononcées  par  l'Hos- 
pital  devant  le  Parlement  qui  annonçaient,  dans  sa  pensée  du  moins,  que  tout 
devait  être  changé  :  ce Clracun  s'est  fait  une  religion,  les  uns  à  bonne  lin,  les  autres 
par  malice;  les  uns  voudroient  que  leur  religion  fût  reçue  et  que  celle  des  autres 
fût  chassée;  le  remède  doit  venir  de  plus  grand  lieu,  par  la  main  de  Dieu  cl  du 
concile  universel;  jusques-là  faut  essayer  à  vivre  doucement  et  qu'il  y  ait  nue 
façon  de  vivre.  Les  maladies  de  l'esprit  ne  se  guérissent  pas  comme  celles  du  corps. 
Si  un  homme  est  obstiné  en  ses  erreurs,  on  doit  lui  fermer  l'église  et  après  le 
rendre  au  bras  séculier,  n 

Laissons,  pour  un  instant,  les  luttes  religieuses  et  portons  nos  regards  du  coté 
de  l'Ecosse  où  la  lutte  était  engagée  entre  l'Angleterre  et  la  France.  Le  28  mars, 
Lonl  Grey  franchissait  la  frontière;  son  armée,  forte  de  six  mille  hommes  de 
pied  et  de  deux  mille  chevaux,  était  précédée  par  une  nouvelle  machine  de 
guerre,  la  proclamation  de  la  reine  Elisabeth,  proclamation  dans  laquelle,  faisant 
appel  à  l'opinion  publique,  chose  toute  nouvelle  en  Europe,  elle  protestait  de  son 
désir  de  rester  en  paix  avec  l'Ecosse  et  avec  la  France'-,  ("est  à  la  maison  de 
Guise  seule  qu'elle  faisait  la  guerre,  lui  reprochant  de  s'être  emparée  du  pouvoir 
durant  la  minorité  du  roi,  à  l'exclusion  des  princes  du  sang  à  qui  revenait  le  gou- 
vernement. Cette  proclamation  avait  été  traduite  en  français  dans  le  but  de  s  en 
servir  comme  moyen  d'agitation  :  cr II  sera  bon,  écrit  Throckmorton  à  Ceci!,  de 
la  répandre  en  Bretagne  et  en  Normandie,  par  l'entremise  des  marchands,  pour 
animer  davantage  le  peuple  contre  la  maison  de  Guise :;.  ■ 

1  Archives  de  Vienne,  lettres  de  Chantnnnay  à  3  Lettre  de  Throckmorton  à  Gecil:  «It  will  be 

la  duchesse  de  Parme  (avril  i5Go).  —  Papiers  de  well  to  raake  current  the  proclamation  by  means  ci 

Simancas,  série  B,  liasse  K ,  n"  1 3a.  merchants  through  Brittany  and  Normandy,  to  ani- 

5  Voy.  Cakndar  of  State  papers,  i56o,  p.  65a  ,  mate  the  people  more  against  the  bouse  of  Guise.» 

/i53.  (Caleudar  of  State  papers,  i56o,  p.  5o<).) 


lxxvl  INTRODUCTION. 

Voilà  bien  cette  fois  la  main  de  l'Anglais  dans  nos  troubles  :  «Le  moment  est 
venu  de  jeter  notre  monnaie,  écrivait  Throckmorton  à  Elisabeth,  au  lendemain 
d'Amboise;  jamais  argent  ne  sera  plus  utilement  dépensé',  n 

La  situation  de  nos  troupes  en  Ecosse  devenant  de  plus  en  plus  critique,  Ca- 
therine se  charge  de  réclamer  l'intervention  de  l'Espagne;  elle  s'adresse  d'abord  au 
duc  d'Albe  :  et  Les  choses  d'Angleterre ,  lui  écrit-elle ,  seraient  en  plus  mauvais  termes 
encore  quelles  ne  sont,  si  elle  n'avait  pas  tenu  la  main  bien  ferme,  et  disposé  le 
roi  son  fils  à  la  patience.  Les  représentations  du  roi  d'Espagne  n'ont  servi  de  rien 
jusqu'à  ce  jour;  il  est  temps  qu'il  fasse  bien  sentir  à  la  reine  d'Angleterre  qu'il  ne 
veut  pas  abandonner  la  cause  de  la  religion  qu'elle  semble  vouloir  opprimer;  il 
faut  qu'il  lui  dise  qu'il  sera  contraint  d'aider  le  roi  son  frère  à  châtier  ses  sujets 
rebelles  et  hérétiques;  n  et  elle  ajoutait  :  «les  choses  de  la  religion  sont  désormais 
allées  si  avant  qu'il  est  besoin  d'y  remédier  à  bon  escient,  j'estime  que  l'insolence 
de  ceux  d'Ecosse  conforte  ceux  qui  sont,  en  ce  royaume  et  en  vos  pays,  de  cette 
opinion2,  v 

Remarquons-le  bien,  à  la  même  heure  où  en  France  elle  faisait  appel  aux  idées 
de  modération,  en  Espagne  et  pour  décider  Philippe  II  à  une  démonstration  éner- 
gique, elle  faisait  vibrer  la  corde  religieuse,  elle  s'adressait  à  ses  sentiments  ca- 
tholiques. Elle  ne  se  borne  pas  à  cette  démarche  auprès  du  duc  d'Alhe,  elle  a 
recours  à  la  reine  sa  fdle  :  «La  reine  d'Angleterre,  lui  dit-elle,  est  si  près  d'une 
folie,  si  le  roi,  vostre  mari,  n'y  met  la  main;  pour  ce,  ma  mie,  je  vous  prie  de 
lui  en  parler  de  telle  sorte  qu'il  lui  plaise  mander  ses  intentions  à  la  dite  reine, 
afin  qu'elle  sache  qu'il  aura  très  désagréable  qu'elle  ait  allumé  un  tel  teu.n 

Philippe  II,  dont  la  flotte  venait  d'être  battue  par  les  Turcs  dans  la  Méditer- 
ranée, se  borna  à  de  stériles  remontrances.  La  résistance  héroïque  d'une  poignée 
de  Français  enfermés  dans  Leith,  la  mort  de  Marie  de  Guise,  la  mission  en  Ecosse 
de  Cécil  qui,  personnellement,  désirait  une  solution  pacifique,  toutes  ces  causes 
facilitèrent  le  traité  d'Edimbourg  acheté,  il  est  vrai,  par  la  dure  condition  de 
l'évacuation  de  nos  troupes.  C'en  était  donc  fait  de  notre  ancienne  influence  en 
Ecosse.  On  nous  avait  arraché  la  promesse  de  n'y  plus  revenir3. 

Au  milieu  des  préoccupations  que  lui  donnaient  et  les  troubles  intérieurs  de 
la  France  et  celte  guerre  d'Ecosse,  Catherine  trouvait  encore  des  heures  pour 

1  Forbes,  vol.  I,    Throckmorton  to  the  Queen,  -  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  1 36. 

si  mars  îûGo.  —  Voy.  Fronde.  Hislory  of  Eu-  3  Voy.  la  lettre  de  la  page  i36. 

gland,  vol.  VII.  p.  ao6. 


INTRODUCTION.  lxxvii 

écrire  à  sa  iille  la  reine  d'Espagne,  pour  lui  tracer  des  règles  de  conduite  vis- 
à-vis  de  Philippe  11  et  des  femmes  de  sa  maison;  ce  n'est  plus  la  mère  qui 
conseille,  c'est  la  femme  politique  qui  dirige  :  tr  Encore,  Dieu  merci,  écrit-elle  à 
I  é\èque  de  Limoges  en  parlant  de  la  reine,  sa  Iille,  qu'elle  ait  le  naturel  bon  et 
l'entendement  tel  que,  quand  elle  le  voudra  appliquer  à  quelque  chose,  je  m'as- 
sure qu'elle  le  fera  bien,  si  est-ce  que  pour  la  jeunesse  qu'elle  a,  elle  ne  peut 
avuir  tant  de  connoissancc  des  choses  du  monde  que  l'âge  et  l'expérience  lui 
pourront  apporter;  je  sais  combien  votre  sage  discours  et  avis  lui  ont  été  pro6- 
tahles1.  v  Dans  une  autre  lettre,  faisant  allusion  à  une  difficulté  survenue  à  l'occa- 
sion de  sa  dame  d'honneur,  Mme  de  Vineux  :  et  Je  suis  fort  aise,  écrivait-elle,  de 
ce  qui  a  été  fait  par  le  roi  d'Espagne  en  faveur  de  la  reine,  nia  fille,  pour 
Mmo  de- Vineux;  c'est  un  témoignage  de  l'amour  qu'il  lui  porte  et  du  moyen 
qu'elle  pourra  avec  le  temps  avoir  avec  lui2.  t>  L'influence  de  sa  fille  sur  Philippe  II, 
voilà  ce  qu'elle  ambitionnait. 

Au  mois  de  juillet  la  cour  s'installa  à  Fontainebleau  pour  y  attendre  l'ouverture 
de  l'assemblée,  fixée  au  2  1  août,  et  à  laquelle  les  Guises  avaient  appelé  les  princes, 
les  plus  puissants  seigneurs,  les  chevaliers  de  l'ordre,  les  principaux  magistrats, 
pour  y  délibérer  en  commun  sur  les  affaires  de  l'Etat:  crNous  sommes  venus 
ici,  écrivait  Catherine  à  l'évêque  de  Limoges,  pour  prendre  une  bonne  résolution 
en  toutes  nos  affaires  et  y  établir  quelque  bon  ordre;  ce  n'es!  pas,  comme  vous 
pouvez  penser,  l'œuvre  d'un  jour  ni  d'un  mois,  aussi  y  sommes-nous  depuis  un 
demi  mois  et  plus,  et  nous  délibérons  y  demeurer  trois  ou  quatre3. 71  Le  connétable 
se  présenta  à  Fontainebleau  avec  une  armée  de  gentilshommes.  A  son  arrivée,  le 
roi  et  les  Guises  lui  firent  bon  visage,  mais  de  part  et  d'autre  on  s'observait  :  «Le 
connétable,  nous  dit  Ghantonnay,  a  l'air  très  emprunté  à  cette  cour;  il  dissimule 
tant  qu'il  peut  et  chacun  peut  penser  qu'à  ces  caresses  il  n'a  pas  tant  de  fiance4,  n 
C'est  à  Catherine  de  Médicis  qu'avait  été  laissé  le  soin  de  convoquer  le  roi  de 
Navarre  à  l'assemblée  de  Fontainebleau.  Depuis  Amboise  il  avait  tenu  une  très 
prudente  conduite;  l'ambassadeur  anglais  Throckmorton  lui  ayant  adressé  une 
copie  delà  proclamation  de  la  reine  d'Angleterre,  il  la  lui  avait  renvoyée,  se  plai- 
gnant d'être  ainsi  méconnu  dans  ses  sentiments  de  fidélité  envers  son  roi  et  l'invi- 
tant à  dire  à  la  reine  sa  maîtresse,  de  ne  plus  mettre  son  nom  en  ses  écrits  el 

1  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  16a.  '  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonna}  à  la 

2  Voy.  In  lettre  de  la  page  1/12.  duchesse  de  Parme  (août   i56o). 

3  Voy.  la  lettre  de  la  page  1  43. 


lAxvm  INTRODUCTION. 

proclamations,  car  ce  sérail  lui  nuire,  cl  l'aire  croire  à  de  secrètes  intelligences 

qu  il  répudiait  '. 

La  première  réunion  de  l'assemblée  de  Fontainebleau  se  tint  dans  la  chambre 
de  Catherine  de  Médicis;  elle  dit  quelques  mots,  puis  le  roi  indiqua  les  points 
principaux  sur  lesquels  devaient  porter  les  délibérations:  la  religion,  la  justice,  le 
payement  des  dettes  (elles  se  montaient  à  quarante-sept  millions  de  francs),  le 
soulagement  du  peuple  par  des  lois  somptuaires,  et  la  révision  des  monnaies.  Tous, 
au  nombre  de  quarante,  donnèrent  leur  opinion  (le  roi  avait  voulu  qu'il  en  fût 
ainsi)  :  cries  uns  chaudement,  les  autres  froidement2.  r>  A  l'ouverture  de  la  pre- 
mière séance,  Coligny  se  leva  et,  tirant  de  sa  poche  une  requête,  il  la  lut  :  il  \ 
était  dit,  qu'il  plût  au  roi  permettre  qu'il  y  eût  en  France  deux  sortes  d'Eglises, 
l'une  catholique,  l'autre  protestante,  et  que  chacun  pût  vivre  à  sa  volonté. 
Quand  cette  supplique  fut  lue,  nous  dit  Ghantonnay,  chacun  se  retourna  bien 
ébahi,  et  l'on  demanda  à  l'amiral  de  qui  il  tenait  cette  requête;  il  répondit  qu  il 
n'en  savait  rien,  qu'elle  s'était  trouvée  au  milieu  de  beaucoup  d'autres  qu'on  lui 
avait  remises.  Le  roi  le  prit  à  son  serment ,  mais  il  persista  à  dire  qu'il  n'en  savait 
rien.  On  lui  demanda  alors  à  qui  l'on  pourrait  remettre  la  requête,  quand  elle 
serait  appointée;  il  répliqua  qu'il  ne  savait;  mais  le  roi  avec  un  visage  sévère  lui 
dit  qu'il  s'en  allât  à  sa  place3.  Depuis  on  sut  que  cette  requête  avait  été  remise  à 
l'amiral  par  les  réformés  normands,  elle  n'était  pas  signée,  car  il  n'avait  pas  voulu 
faire  de  convocation  sans  autorisation  du  roi ,  mais  il  offrit  d'y  faire  mettre  au  bas 
cinquante  mille  signatures. 

A  certains  jours,  il  y  a  des  courants  d'opinion  qui  traversent  les  assemblées, 
les  portent  à  la  violence  ou  à  la  modération.  A  Fontainebleau,  les  idées  d'apaise- 
ment dominèrent  :  dans  la  bouche  de  Moulue,  évoque  de  Valence,  dans  celle  de 
Marillac,  archevêque  de  Vienne,  elles  n'étaient  pas  nouvelles;  «mais  il  dut  sem- 


1  Record  office,  State  papers ,  France,  vol.  XXII. 
—  Voy.  lettre  du  roi  de  Navarre  à  François  II, 
Négociations  sous  François  II. 

'  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Cbantonnay  a 
la  duchesse  de  Parme  (aoûl  i56b). 

3  Celte  version,  donnée  par  Ghantonnay,  est 
identiquement  la  même  que  celle  de  l'ambassadeur 
vénitien,  rapportée  par  M.  Armand  Iiaschet.  (Voy. 
Diplomatie  vénitienne,  p.  5o6.)  La  version  de  Régnier 
de  la  Planche  est  tout  autre  :  trSa  Majesté,  sur  cela . 


lui  déclara  qu'il  avoit  toute  asseurance  sur  sa  tidé- 
lité,  qu'il  ne  doutoit  nullement  que  nulle  autre 
chose  ne  l'avait  meu  que  le  zèle  de  son  service,  de 
quoy  il  lui  savoit  bon  gré.  v  (Régnier  de  la  Planche . 
Hist.  de  France  sons  François  II ,  édit.  de  Mennechel , 
in-fol.  p.  a35.  )  La  version  de  Castelnau  nous  semble 
plus  vraie:  tfLarequeste  estant  lue,  le  roi  commanda 
à  l'assemblée  de  lui  donner  conseil  sans  aucune  pas- 
sion.» {Mém.  de  Castelnau,  édit.  de  Le  Laboureur, 
1. 1.  p.  46.) 


INTRODUCTION.  lxxh 

hier  étrange  d'entendre  dire  au  cardinal  de  Lorraine  que  le  roi  ne  voulait  plus  qu'à 
l'avenir  on  poursuivit  ceux  qui  iraient  au  prêche  sans  armes  et  chanteraient  les 

psaumes,  et  que,  ([liant  à   lui,  «pour  ramener  ces   pauvres  dévoyés,  il  serait 
heureux  de  donner  sa  vie. -i 

La  convocation  des  Etats  généraux,  hautement  demandée  parles  Guises,  el  la 
réunion  du  clergé  de  France,  fixée  au  20  janvier,  sortirent  des  délibérations  de 
l'assemblée  de  Fontainebleau;  la  majorité  des  suffrages  l'avail  ainsi  décidé.  Le 
9  septembre  suivant,  Lllospilal  se  rendit  au  Parlement  et  lui  annonça  que  chacun 
des  trois  états  pourrait,  parler  librement,  présenter  ses  remontrances,  exposer  ses 
griefs.  Il  avait  fallu  une  nécessité  bien  absolue,  bien  urgente  pour  amener  les 
Guises  à  de  pareilles  concessions.  François  II,  en  l'annonçant  à  l'évèquc  de  Rennes 
lui  dit  formellement  qu'il  était  décidé  à  poursuivre  le  concile  général,  mais  que,  m 
les  choses  allaient  trop  en  longueur,  la  division,  qui  est  fort  grande  au  fait  de  la 
religion,  le  contraindrait  de  venir  au  national,  le  seul  remède  qui  leur  restât  de 
préserver  le  royaume  de  la  ruine  et  de  la  désolation1.  Morvillier,  l'évèquc  d'Or- 
léans, tient  le  même  langage  :  ctLe  roi  d'Espagne  trouve  le  concile  mauvais,  écri- 
vait-il à  l'évèquc  de  Rennes;  il  craint  que  ses  sujets  ne  sentent  quelque  nouveauté 
à  notre  exemple,  mais  ils  ne  connaissent  pas  le  mal  qui  nous  presse. i> 

Nous  cherchons  vainement  la  part  prise  par  Catherine  dans  les  débats  engagés 
à  l'occasion  du  concile  national;  elle  dut  y  pousser  secrètement,  nous  n'en  dou- 
tons pas,  mais  elle  se  tint  sur  la  réserve.  Se  prononcer  ouvertement,  c'eût  été 
indisposer  contre  elle  le  roi  d'Espagne  qui  s'y  montrait  si  opposé  et  qui  envoyait 
Don  Antonio  de  Tolède  pour  offrir  en  son  nom  des  hommes  et  de  l'argent  à  la 
condition  de  renoncer  à  cette  fâcheuse  idée.  Lorsque  Don  Antonio  retourna  en 
Espagne,  dans  la  lettre  qu'elle  écrit  à  Philippe  II,  nous  la  verrons  encore  se 
retrancher  derrière  la  dépêche  officielle  que  {'ambassadeur  emportait. 

Au  moment  où  l'on  espérait  arriver  à  la  conciliation  des  esprits  par  les  voies 
pacifiques  et  légales  des  Etats  généraux  et  du  concile,  les  violents,  les  impatients 
qui,  à  toutes  les  époques,  compromettent  les  causes,  rejetèrent  le  pays  dans 
de  nouvelles  complications,  dans  de  plus  graves  difficultés.  François  II,  dans  sa 
lettre  au  Parlement,  du  3  1  mars,  ayant  dit  que  la  conspiration  naguère  découverte 
avait  été  soudainement  rompue,  les  protestants  réfutèrent  violemment  cette  asser- 
tion qu'ils  attribuèrent  an  cardinal  de  Lorraine:  tr L'orateur  s'abuse  en    disant 

1  Négociations  sous  François  II ,  p.  5o2. 


lixx  INTRODUCTION. 

que  l'entreprise  qu'ils  appellent  conspiration  a  été  soudainement  rompue;  tant 
que  le  roi  sera  en  bas  âge  et  ne  gouvernera  son  royaume  par  lui-même  ou 
légitime  conseil,  cette  entreprise  ne  sera  rompue  et  tentera-t-on  de  faire 
justice  de  la  tyrannie,  cruauté  et  ambition  de  ceux  de  la  maison  de  Guise1.!: 
François  II  ne  tarda  pas  à  le  reconnaître,  car  il  écrivait,  au  mois  de  septembre, 
à  l'évêque  de  Limoges:  rtLe  feu  a  toujours  couvé  depuis  l'exécution  cpii  se  fit  à 
Amboise 2.  n 

Ce  feu  était  attisé  par  les  nombreux  pamphlets  que  d'un  bout  de  la  France  à 
l'autre  on  se  passait  de  main  en  main.  Un  seul  les  résume  et  les  dépasse  tous; 
c'est  plus  qu'une  catilinaire,  ainsi  que  l'appelle  un  écrivain  moderne,  c'est  une 
provocation  à  l'assassinat.  Ce  pamphlet  c'est  le  Tigre3.  Le  Tigre  c'est  le  car- 
dinal de  Lorraine,  et  l'auteur,  c'est  ce  même  Hotman  que  nous  avons  vu  naguère 
proposer  au  comte  Palatin  de  se  joindre  aux  conjurés  d'Amboise  et  d'entrer  en 
France.  Après  avoir  reproché  au  cardinal  la  conquête  de  Metz  dans  le  seul  but 
de  s'en  approprier  l'évèché  et  d'en  rançonner  la  population;  après  l'avoir  accusé 
de  vols,  de  meurtres,  de  pillage  et  de  concussion,  il  lui  jette  à  la  face  cette  san- 
glante apostrophe  :  «Tu  fais  mourir  ceux  qui  conspirent  contre  toi  et  tu  vis  en- 
core; tu  as  conspiré  contre  la  couronne  de  France,  monstre  détestable,  et  tu  vis 
encore.  Va-t'en,  décharge-nous  de  ta  tyrannie,  évite  la  main  du  bourreau,  n 

Si,  à  Paris,  sous  l'excitation  de  ces  paroles  ardentes,  on  se  contente  de  pendre 
en  effigie  le  cardinal  de  Lorraine,  dans  le  Midi,  où  les  têtes  sont  plus  chaudes, 
les  émeutes  se  multiplient  et  le  sang  coule;  cette  agitation  gagne  le  Périgord, 
1  Agénois  et  le  Limousin.  Le  ter  septembre,  Bertrand  Sabatier,  procureur  général 
au  Parlement  de  Toulouse,  écrit  au  cardinal  de  Lorraine  que  quatre  cents  écoliers 
sont  venus  demander  une  église  pour  y  faire  prêcher  suivant  le  rite  de  Genève. 
Le  1 1  septembre,  Joyeuse  prévient  le  cardinal  que  la  plupart  du  peuple  du  Lan- 
guedoc a  pris  les  armes  et  qu'il  ne  peut  plus  être  obéi  ni  par  douceur  ni  par 
menaces4.  Les  chefs  reconnus  sont  des  hommes  considérables  par  leur  situation, 
Mouvans  et  Montbrun,  neveu  du  cardinal  de  Tournon.  Mais  ce  n'était  encore  là 
que  des  tentatives  de  révoltes  locales,  sans  plan  d'ensemble,  sans  mouvements 
combinés;  pour  donner  aux  réformés  du  Midi  l'unité  d'action  qui  leur  manquait 
il  fallait  un  homme  de  la  même  trempe  que  La  Henaudie,  et  ce  fut  un  échappé 

1   Négociations  sous  François  II ,  p.  5oa.  Read.  Paris,    Académie   des    bibliophiles,    1876. 

'■  Mignet ,  Journal  des  Savants ,  anne'e  1857.  4  Dom  Vaisselte.  Histoire  du  Languedoc,  t.  V. 

;   Le  Tigre  de  i56o,  reproduit  par  M.  Charles         p.  193. 


INTRODUCTION.  txi&i 

d'Amboise,  Maligny,  qui  se  sentit  de  force  à  jouer  un  pareil  rôle.  C'était  un  vrai 
chef  de  parti,  actif,  audacieux,  infatigable;  aprèsavoir  nouédes  intelligences  avec 
les  protestants  de  Lyon,  il  s'était  rendu  à  Genève  où  il  s'était  assuré  le  concours 
de  Calvin,  de  de  Bèze,  de  Spifame,  de  Pastoureau;  puis,  passant  en  Allemagne, 
il  y  avait  recruté  des  soldats  et  les  joignant  à  ceux  qu'il  avait  enrôlés  en  Dauphiné 
ci  en  Provence,  d'accord  avec  Mou  vans  et  Monlbrun  dont  il  s'était  assuré  le  concours, 
il  les  faisait,  par  groupes  de  trois  ou  quatre,  entrer  à  Lyon  dontil  voulait  s'emparer; 
le  5  septembre  était  le  jour  fixé  pour  l'exécution.  Maligny,  on  ne  peut  en  douter, 
était  l'homme,  l'agent  de  Condé  qui, retiré  à  Nérac  et  en  correspondance  avec  tous 
les  mécontents,  attendait  son  heure.  Prévenus  par  un  nommé  Bonval,  les  Guises 
firent  arrêter  à  Étampes  La  Sague,  domestique  de  Condé;  il  était  porteur  de  lettres 
du  vidame  de  Chartres  et  du  connétable  de  Montmorency.  Menacé  de  la  torture, 
il  lit  des  révélations.  Qu'elles  fussent  vraies  ou  fausses,  les  Guises  se  croyant  en 
danger  déployèrent  une  grande  activité,  remplaçant  tous  les  gouverneurs  suspects, 
changeant  les  garnisons.  La  conspiration  de  Lyon  échoua;  Maligny  prit  la  fuite 
et  le  vidame  de  Chartres  fut  arrêté  et  conduit  cà  la  Bastille  :  s  Dieu  nous  a  bien  aidés , 
écrivait  Catherine  de  Médicis  à  la  reine  d'Espagne,  car  il  semble  que  c'est  un  vrai 
miracle  de  la  façon  que  avons  tout  su1.»  Le  roi,  de  son  côté,  annonçait  à  l'évèque 
de  Limoges  que  le  prince  de  Condé  était  le  chef  de  la  conspiration,  qu'il  n'avait 
aucune  certitude  de  la  complicité  du  roi  de  Navarre,  mais  que  la  reine  d'Angle- 
terre y  était  mêlée  bien  avant;  enfin,  qu'il  avait  fait  arrêter  le  vidame  de  Chartres 
et  envoyé  M.  de  Crussol  vers  le  roi  de  Navarre  pour  lui  intimer  l'ordre  d'amener 
son  frère,  le  prince  de  Condé2.  Le  connétable  de  Montmorency  était  soupçonné; 
avec  lui  on  dissimula  :  Catherine  -de  Médicis  lui  prodigua  ses  feintes  caresses,  mais 
dans  les  instructions  qu'emportait  Crussol,  il  était  perfidement  accusé  d'avoir  fait 
prendre  La  Sague  et  d'avoir  redit  tout  ce  qu'il  lui  avait  confié  de  la  part  du  roi  de 
Navarre.  Ainsi  accusé,  le  connétable  se  plaignit  amèrement:  «  si  ce  fût  été  autres 
personnes  que  le  roi  et  la  reine  qui  en  eussent  écrit,  je  publierois  le  langage  qu'un 
homme  de  bien  et  d'honneur  doit  tenir  quand  on  le  charge  d'une  chose  où  il  n'a 
jamais  pensé3,  tj  Son  indignation  ne  s'en  tint  pas  là;  il  eut  avec  Catherine  une  violente 
discussion  dont  nous  devons  le  récit  à  Chantonnay  :  cr  Le  1 6  de  ce  mois  de  sep- 
tembre il  y  eut  de  grosses  paroles  entre  la  reine  mère  du  roi  et  le  connétable,  qui 
se  plaignit  ouvertement  de  la  défaveur  qu'on  lui  avait  faite  après  le  trépas  du  feu 

1   Voy.  lettre _de  Catherine,  append.  p.  564.  '  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

!   Voy.  Négociations  sous  François  II ,  p.  3i5.  duchesse  de  Parme  (septembre  i56o). 

Catherine  de  Médicis.  —  i.  k 


lixsii  INTRODUCTION. 

roi  Henri,  et  qui  reprocha  à  la  reine  de  vouloir  conduire  le  royaume,  n'ayant  eu 
que  si  peu  d'expérience  jusques  à  maintenant,  et  tenant  autour  d'elle  et  de  son 
(ils  des  ministres  peu  capables  et  haïs  de  tous1.»  Le  lendemain  au  matin  il  partit 
pour  venir  à  Paris,  d'où  il  se  rendit  à  Poissy  afin  d'assister  au  chapitre  de  l'ordre 
de  Saint-Michel,  mais  avec  l'intention  bien  arrêtée  de  se  retirer  en  sa  maison  et 
de  ne  plus  retourner  à  la  cour. 

Les  Guises,  on  ne  peut  en  douter,  avaient  résolu  d'en  finir  avec  les  résistances; 
la  perte  de  Condé  était  décidée.  Voici  comment  en  parle  l'ambassadeur  de  Venise  : 
ce  H  y  a  de  grandes  levées  de  troupes;  on  dit  que  c'est  pour  faire  face  à  quelque 
mouvement  du  roi  de  Navarre  et  du  prince  de  Condé.  Le  vidame  de  Chartres 
dans  sa  confession  a  avoué  que  les  deux  princes  voulaient  se  saisir  de  Bordeaux 
et,  à  un  signal  donné,  soulever  le  royaume.  Les  lettres  interceptées  témoignent 
des  mêmes  projets  et  de  l'intention  de  vouloir  changer  la  religion  et  de  remplacer 
les  Guises  dans  le  gouvernement.  Le  vidame  de  Chartres  avait  fait  entrer  près  de 
six  cents  chevaux  à  Paris;  il  devait  se  porter  à  Fontainebleau  où  était  le  roi  et 
attendait  des  secours  de  divers  côtés 2.  s 

A  en  croire  Chantonnay,  la  lettre  du  connétable  saisie  sur  La  Sague  portait  que 
rla  venue  de  M.  de  Vendôme  en  la  saison  présente  eût  été  à  propos,  17  et  celle  qui 
était  écrite  par  le  vidame  disait  également  que  ce  le  sieur  de  Vendôme  tardoit  beau- 
coup à  son  entreprise,  et  qu'elle  devroit  être  déjà  exécutée,  ou  tout  au  moins  com- 
mencée;'» dans  une  autre  lettre,  le  vidame  prévenait  rr  qu'il  ne  pouvoit  rien  entre- 
prendre qu'on  ne  lui  envoyât  encore  sept  ou  huit  mille  écus.  •»  —  ce  On  ne  sait, 
ajoute  Chantonnay,  si  c'est  pour  amasser  des  gens  ou  autres  causes;  mais, 
par  lettres  interceptées,  on  a  découvert  qu'il  étoit  sorti  de  Paris  plus  de  cent 
mille  écus,  et  l'on  conjecture  que  cette  somme  a  été  recueillie  par  les  églises 
protestantes3,  n 

Dans  ces  circonstances,  avec  cette  facilité  qu'elle  avait  de  changer  de  conduite 
et  de  politique,  Catherine  se  mit  tout  à  fait  du  côté  des  Guises  :  ce  La  reine  mère 
est  pour  eux,  écrit  Chantonnay,  quoiqu'elle  soit  l'obligée  du  connétable.  Mmc  de 
Guise,  l'ancienne4,  est  ici,  et  Mme  de  Guise,  la  jeune,  pousse  la  reine  Marie 
Stuart  vers  la  reine  mère.»  La  conclusion  de  Chantonnay  est  importante  à  noter  : 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  '  Archives  de  Vienne ,  lettre  de  Chantonnay  à  la 
duchesse  de  Panne.  duchesse  de  Parme. 

2  Archives  de  Vienne,  extraits  des  dépêches  des  4  Antoinette  de  Bourbon,  la  mère  de  tous  les 
ambassadeurs  vénitiens.  Guises. 


INTRODUCTION.  lxxxiii 

^ Tout  ceci  se  tient  l'ait  contre  le  roi,  combien  que  ce  soif  pour  l'envie  du  crédit 
de  la  maison  de  Guise  et  la  haine  qu'on  leur  porte1. n  Vainement  les  Châtillons, 
sur  les  prières  d'Éléonore  de  Roye,  cherchèrent-ils  à  intéresser  Catherine  au  soi  I 
du  prince  de  Condé;  elle  leur  prodigua  de  bonnes  paroles,  mais  elle  continua  à 
jouer  son  rôle.  La  voilà  donc  tendant  le  filet  pour  les  Guises,  attirant  le*  Bourbons 
à  Orléans,  endormant  leur  défiance;  mais,  au  même  inomenl ,  pour  ne  pas  s'aliéner 
le  cardinal  de  CluUillon,  elle  prenait  sa  défense  vis-à-vis  du  nonce.  Voici  à 
quelle  occasion  :  la  veille  il  avait  assisté  à  l'office  de  l'ordre  de  Saint-Michel,  et 
il  n'y  avait  pas  eu  une  très  bonne  tenue,  imitant  un  peu  trop  l'ambassadeur  d' An- 
gleterre qui,  à  l'élévation,  avait  affecté  de  tourner  le  dos  à  l'autel.  Le  nonce  vint 
se  plaindre  du  scandale  donné;  la  reine  mère  excusa  le  cardinal,  elle  excusa  même 
les  propos  qu'il  avait  tenus  à  l'assemblée  de  Fontainebleau,  déplorant  toutefois  la 
saison  présente,  si  malheureuse  pour  les  choses  de.  la  religion,  s'en  disant  fort 
troublée;  et  comme  le  nonce  insistait  sur  la  nécessité  de  la  répression,  elle  ré- 
pliqua que  c'était  chose  très  grave,  eu  égard  au  nombre  des  réformés,  d'user 
tant  du  glaive ,  car  il  y  aurait  lieu  à  exterminer  les  deux  tiers  des  sujets  du  royaume, 
elle  en  remit  le  remède  au  concile  que  le  roi  et  tous  ceux  du  conseil  désiraient,  et 
donna  à  entendre  que  le  retard  du  concile  général  forcerait  le  roi  son  fils  à  re- 
courir au  remède  du  concile  national.  Le  nonce  se  plaignit  de  ce  langage  à  M.  de 
Guise;  à  quoi  le  duc  répondit  «que  ce  n'étoit  merveille  que  la  reine  parlai  plus 
doucement  que  les  hommes,  mais  qu'il  comptait  sur  la  venue  du  cardinal  de 
Tournon  qui  avait  sur  elle  une  grande  autorité2,  n 

Catherine  joua  jusqu'au  bout  le  rôle  qu'elle  avait  accepté,  d'attirer  les  Bour- 
bons; à  chaque  ville  où  s'arrêtait  le  roi  de  Navarre,  il  recevait  une  lettre  d'elle 
l'encourageant  à  se  rendre  sans  délai  à  Orléans;  les  promesses,  les  assurances 
les  plus  positives  venaient  calmer  ses  craintes,  raffermir  sa  décision.  Le  piège 
était  bien  dressé,  les  deux  princes  s'y  laissèrent  prendre;  mais  au  lendemain  de 
l'arrestation  de  Condé,  c'est  à  qui  la  désavouera.  Le  roi  de  Navarre  reprochant  au 
prince  de  la  Roche-sur-Von  que  c'était  sur  sa  parole  qu'ils  étaient  venus,  le 
prince,  pour  se  justifier,  rejeta  tout  sur  la  reine  mère  et  MM.  de  Guise  «qui  lui 
avoient  donné  l'assurance  que  rien  ne  seroit  fait  contre  ses  cousins 3.  r,  De  son  côté , 

'   Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  les  meilleures  paroles  au  prince  de  la  Rocke-sur- 

duchesse  de  Parme.  Y°n  et  promis  que  si  le  prince  de  Condé  venait,  il 

2  Archives  de  Vienne  (septembre  i56o).  serait  bien  vu  et  encore  mieux  traité.»  (Ambus- 

;  Jean  Michiel  affirme  que  r  Catherine  avait  donné  sadeurs  vénitiens,  t.  I.  p.  ^37.) 


usiiv  INTRODUCTION. 

Catherine  disait  que  «le  roi  avoit  tout,  fait  de  sa  propre  volonté »;  les  Guises,  à 
leur  tour,  prétendaient  (pue  tout  avait  été  arrêté  entre  le  roi  et  sa  mère,  et  qu'ils 
n'avaient  rien  su.  Mécontent  d'avoir  été  pris  pour  dupe,  le  prince  de  la  Roche- 
sur-Yon  ne  voulut  plus  reparaître  à  la  cour.  Le  roi  de  Navarre  se  montra  plus 
facile;  la  reine  mère  peu  à  peu  parvint  à  l'adoucir  en  l'appelant  son  frère,  et 
lorsque  le  jeune  roi  allait  à  la  chasse,  il  se  laissait  emmener1.  Les  protes- 
tations du  prince  de  Condé  furent  repoussées  par  arrêts  du  conseil  des  i5  et 
20  novembre,  mais  entre  ces  deux  dates  le  roi  était  tombé  malade  :  a  Je  n'ai  pu 
voir  le  cardinal  de  Lorraine,  écrivait  Chantonnay,  le  17,  à  la  duchesse  de  Parme; 
il  est  toujours  à  l'entour  du  roi,  lequel  s'est  trouvé  mal  ces  jours  passés  et  crai- 
gnoit-on  que  la  fièvre  ne  le  prît;  il  a  tenu  la  chambre  quelques  jours2,  v 

Cette  maladie  dérangeait  tous  les  projets  de  déplacement  et  de  chasse,  car 
la  cour  se  proposait  d'aller  à  Chambord  et  à  Blois  et  de  ne  revenir  à  Orléans 
que  pour  l'ouverture  des  Etals.  Elle  avait  fait  de  si  rapides  progrès  que  la 
chambre  du  roi  était  étroitement  fermée  et  que  l'entrée  en  était  refusée  même 
à  ses  gentilshommes.  La  reine  et  MM.  de  Guise  y  passaient  leurs  journées,  et  se 
faisaient  apporter  à  manger  dans  l'antichambre.  On  ne  savait  que  penser  :  une 
matière  noire  coulait  de  l'oreille;  le  corps  était  épuisé3.  Dès  le  28  novembre, 
Chantonnay  en  désespérait:  «H  est  merveilleusement  phtisique,  écrivait-il,  quel- 
que remède  qu'on  y  face;  on  l'a  accoutumé  à  être  journellement  à  cheval  ou  à  la 
volerie,  ou  après  les  lièvres,  ou  au  jeu  de  paume,  ou  à  la  grosse  chasse,  laquelle 
se  fait  pour  l'ordinaire  une  fois  la  semaine;  tout  cela  ensemble  lui  a  fait  un  sang 
brûlé  qui  lui  allume  le  foie.  Le  duc  d'Albe,  à  son  départ  de  cette  cour,  remontra 
la  violence  de  ces  exercices  à  MM.  de  Guise  et  particulièrement  à  la  reine  mère, 
lui  recommandant  d'y  avoir  égard  et  l'inconvénient  que  ce  seroit  pour  toute  la 
chrétienté  si  mal  en  avenoit  au  roi,  en  tant  que  ce  royaume  vînt  aux  mains  de 
ses  frères  en  bas  âge,  mais  l'on  n'a  cessé  à  continuer  par  chaud  et  par  froid;  je 
suis  ébahi  comment  il  est  possible  qu'il  ait  tant  tardé  à  s'en  sentir 4.  n 

Les  visages  étaient  bien  sombres;  l'inquiétude  ne  pouvait  se  dissimuler,  et 
pourtant  le  procès  marchait  toujours.  Condé  refusant  de  répondre  même  au  chan- 
celier, en  cas  de  nouveau  refus,  on  disait  qu'on  le  tiendrait  pour  convaincu.  Au 

'  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  *  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

duchesse  de  Parme  (septembre  1 56o).  —  Voy.  une  duchesse  de  Parme  (novembre  1 56o). 

lettre  de  Jeanne  de  Gontaud  à  la  reine  de  Navarre,  ,    3  Ibid. 
dans  le  n"  6908  du  fonds  fiançais,  p.  1 65.  "   iota. 


INTRODUCTION.  lsxiv 

27  novembre,  nulle  amélioration  dans  l'état  du  roi,  qui  s'empirait  de  jour  en  jour. 
Les  portes  de  sa  chambre  n'étaient  ouvertes  qu'à  quelques  grands  personnages  :  le 
maréchal  de  Saint-André  seul  y  entrait,  le  duc  de  Guise  y  passait  les  nuits,  Cathe- 
rine et  le  cardinal  de  Lorraine  y  restaient  très  tard,  et  y  revenaient  dès  quatre 
heures  du  malin.  Chantonnay  remarque  que  le  roi  de  Navarre  et  la  reine  mère  se 
promenaient  souvent  et  longuement  dans  la  salle  de  bois  construite  pour  les  Etats1. 
Sa  lettre  est  datée  du  2  5  novembre.  Catherine  agissait  donc  déjà  sur  l'esprit  du 
faible  prince;  son  œil  ne  l'avait  pas  trompée,  elle  avait  pressenti  le  fatal  dé- 
nouement, elle  s'y  préparait.  Le  2  décembre,  il  n'y  avait  plus  grand  espoir;  une 
fièvre  continue,  de  grandes  douleurs  de  tète  annonçaient  une  fin  prochaine.  On 
commençait  à  parler  du  gouvernement  à  venir,  chacun  selon  son  parti  et  ses 
affections.  Chantonnay  envoya  son  secrétaire  à  Catherine,  lui  offrant,  si  elle  le 
jugeait  convenable,  de  faire  partir  un  courrier  pour  l'Espagne.  Le  secrétaire  ne 
put  pas  même  pénélrer  dans  la  première  cour.  On  avait  de  grandes  craintes  pour 
la  nuit  suivante;  le  roi  était  tombé  en  syncope  et  était  resté  longtemps  sans  con- 
naissance. Le  h  décembre,  la  veille  de  la  mort,  Chantonnay  alla  trouver  le  car- 
dinal de  Tournon,  le  suppliant  de  dire  à  Catherine  qu'il  se  mettait  à  sa  disposition. 
Le  cardinal  lui  fit  répondre  que  le  cardinal  de  Lorraine  l'attendrait  en  son  logis 
et  lui  parlerait  au  nom  de  la  reine,  trop  affligée  pour  le  recevoir.  La  réponse 
sembla  étrange  à  Chantonnay,  la  chose  la  touchant  d'assez  près.  Le  cardinal  de 
Lorraine  lui  raconta  en  se  lamentant  l'état  du  roi  son  maître;  la  reine  mère 
s'excusait  et  le  priait  d'envoyer  un  courrier  en  Espagne  et  de  la  recommander 
au  roi  son  gendre,  se  confiant  aux  offres  qu'il  lui  avait  faites  autrefois.  Du  reste, 
(ttout  était  prévu,  le  conseil  s'était  assemblé  et  l'administration  du  royaume  reve- 
nait à  la  reine  mère;  le  roi  de  Navarre,  présent  au  conseil,  y  avait  acquiescé  et 
avait  juré  entre  ses  mains  de  respecter  son  autorité»;  puis,  après  s'être  apitoyé  sur 
la  triste  destinée  de  Marie  Stuart,  sur  les  malheurs  de  leur  maison,  le  cardinal 
déclara  à  Chantonnay  que  Catherine  était  prête  à  s'aider  de  toutes  les  forces  du 
royaume,  pour  se  maintenir  dans  son  autorité  et  qu'elle  demandait,  l'assistance 
du  roi  d'Espagne  pour  parer  à  tous  les  inconvénients  qui  menaçaient  la  religion, 
si  le  gouvernement  du  royaume  ne  lui  était  pas  reconnu2. 

C'est    au    nom  de    la    religion  menacée  que  Catherine  faisait   appel    au    roi 
d'Espagne,   mais  il  fallait  avoir  sous   sa  main   d'autres  appuis;  déjà  elle  s'était 

'  C'est  aux  lettres  de  Chantonnay  à  la  duchesse  '  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

de  Parme  que  nous  empruntons  tous  ces  détails.  duchesse  de  Parme  (décembre  i5Go). 


lxxxvi  INTRODUCTION. 

retournée  du  coté  de  Montmorency;  le  connétable  était  de  ceux  qui  ne  peuvent 
se  passer  du  pouvoir;  elle  le  prit  par  son  faible  :  rJe  voudrois,  lui  avait-elle 
écrit  dès  le  mois  de  novembre,  que  votre  santé  pût  permettre  que  vous  fussiez 
avec  nous,  vous  aideriez  à  sortir  le  roi  bors  de  page1,  n  H  restait  à  s'assurer  du  duc 
de  Savoie;  elle  écrit  une  lettre  pressante  à  la  duchesse2.  Le  moment  du  danger 
venu,  elle  appelle  en  toute  bâte  le  connétable;  elle  prévient  les  gouverneurs  des 
provinces  de  l'état  désespéré  où  se  trouve  son  fils,  les  engageant  à  maintenir  le 
peuple  dans  le  devoir;  elle  leur  fait  entendre  que  le  royaume  n'est  pas  dépourvu 
de  légitimes  successeurs;  qu'elle  est  la  mère  du  nouveau  roi,  et  qu'elle  prendra 
en  main  la  ebarge  du  gouvernement,  en  s'appuyant  sur  les  princes  et  les  grande 
personnages  cedont  il  n'y  a  pas  faute 3v;  si  une  émeute  éclatait,  elle  donne  l'ordre 
de  la  réprimer  immédiatement.  Sa  prévoyance  va  plus  loin  encore  :  elle  a  adroi- 
tement remontré  aux  Guise  que  les  maintenir  au  pouvoir  après  la  mort  du  roi,  ce 
serait  aggraver  la  situation;  il  serait  plus  sage  qu'ils  se  contentassent  de  leurs 
charges  et  que  les  affaires  fussent  conduites  par  le  roi  de  Navarre,  le  cardinal  de 
Tournon,  le  connétable  et  autres  gens  expérimentés,  et  les  Guises  s'y  étaient 
résignés4. 

Le  pauvre  roi  était  à  son  vingtième  jour  de  maladie;  la  jeunesse  seule  le  sou- 
tenait; Catherine  resta  auprès  de  lui  le  h  décembre  jusquà  minuit;  il  venait  de 
recevoir  l' extrême-onction  et  on  espérait  qu'il  pourrait  vivre  jusquau  lendemain; 
il  s'éteignit  en  effet  entre  dix  et  onze  heures  du  matin.  «Les  hommes,  nous  dit 
Castelnau,  ayant  disposé  de  leur  part,  Dieu  disposa  de  la  sienne  tout  autrement 
par  un  nouveau  roi  et  un  nouveau  règne  en  France  qui  apporta  l'occasion  d'au- 
tres nouveaux  desseins5.  t> 

V. 

CATHERINE    SOUS    CHARLES    IX. 

Au  lendemain  de  la  mort  de  François  II,  1  ambassadeur  Michel  Soriano,  jetant 
un  regard  sur  la  France,  nous  en  fait  un  lamentable  tableau  :  a  Un  roi  sans  expé- 
rience et  sans  autorité,  un  conseil  divisé;  la  suprême  autorité  aux  mains  d'une 
reine,  femme  d'un  esprit  sage,  mais  timide  et  irrésolu;  le  roi  de  Navarre,  prince 

1  Voyez   la    lettre    de    Catheriue  de    Médicis,             l  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chaiitonnay  à  la 

p.  1 53.  duchesse  de  Parme  (décembre  i56o). 

'  Voy.  la  lettre  de  la  page  i5i.  5  Mémoires  de  Castelnau,  e'dit.  de  Le  Laboureur. 

J  Voy.  la  lettre  de  la  page  628.  t.  I.  p.  58. 


INTRODUCTION.  uxxvu 

très  noble,  très  affable,  mais  inconstant  et  peu  exercé  aux  affaires;  un  peuple  tra- 
vaillé par  les  divisions,  un  royaume  en  désordre  sous  prétexte  de  religion,  le 
repos  public  chaque  jour  troublé  par  i\>'+  séditions,  la  justice  avilie,  l'autorité 
royale  mise  eu  doute. n  Effrayé  de  ce  qu'il  voit,  il  ne  peut  s'empêcher  de  s'écrier  : 
((Malheur  au  pays  où  le  roi  est  enfant  l.n  Catherine  n'augurait  pas  mieux  de 
l'avenir  :  ce  Dieu  m'a  oté  votre  frère,  écrivait-elle  à  la  reine  d'Espagne,  votre  frère 
que  j'ai  aimé  comme  vous  savez,  et  m'a  laissée  avec  trois  enfants  petits  et,  en  un 
royaume  tout  divisé,  n'ayant  un  seul  à  qui  je  me  puisse  du  tout  fier,  et  qui  n'aye 
quelque  passion  particulière 2.  n  Elle  disait  vrai  :  tous  ceux  qui  aspiraient  au  pou- 
voir et  dont,  l'ambition  fatale  allait  durant  des  années  agiter  et  ensanglanter  la 
France  étaient  là  autour  d'elle;  en  présence  de  ces  compétitions,  son  rôle  était 
tout  tracé  :  se  faire  attribuer  la  régence  et,  en  neutralisant  ces  impatientes  riva- 
lités les  unes  par  les  autres,  se  maintenir  au  pouvoir.  Appelé  par  elle,  le  conné- 
table arriva  à  Orléans  dans  la  soirée  du  6  décembre,  et  se  mit  tout  d'abord  à  son 
entière  disposition;  c'était  un  premier  pas  de  fait.  Le  roi  de  Navarre  aurait  pu,  à 
bon  droit,  revendiquer  la  régence,  ainsi  que  Calvin  plus  tard  le  lui  conseillera3; 
mais,  peu  fait  pour  une  pareille  lutte,  il  préféra  s'en  tenir  aux  conditions  arrêtées 
la  veille  de  la  mort  de  François  II.  Voici  en  quels  termes  Catherine  en  fait  part  à 
la  reine  d Espagne  sa  tille  :  «Je  suis  contrainte  d'avoir  le  roi  de  Navarre  auprès 
de  moi,  les  lois  de  ce  royaume  le  portent  ainsi;  mais  que  le  roi  votre  mari  n'aie 
aucun  doute,  il  m'est  si  obéissant  et  n'a  nul  commandement  que  celui  que  je  lui 
permets4.  i>  En  effet,  elle  avait  pris  la  meilleure  part,  s'élant  réservé  les  audiences 
à  donner  aux  ambassadeurs,  les  dépêches,  et  s' étant  fait  remettre  le  cachet  royal, 
signe  distinctif  de  l'autorité.  L'influence  que  la  princesse  de  Condé  exerçait  sur  le 
mobile  roi  de  Navarre  était  à  redouter,  elle  la  pria  de  quitter  Orléans,  et  celle-ci 

1  Charles  IX  avait  onze  ans  :  rrll  est  d'un  char-  la  moindre  fatigue  le  condamne  à  un  long  repos; 
mant  naturel,  nous  dit  le  Vénitien  Jean  Michiel,  l'étude  ne  lui  plaît  guère ,  mais  il  s'y  met  pour  com- 
d'une  grande  promptitude  d'intelligence,  d'une  viva-  plaire  à  sa  mère;  on  attend,  on  espère  beaucoup  de 
cité  d'esprit  remarquable;  il  a  de  l'ardeur,  de  la  lui,  si  Dieu  lui  en  donne  le  temps,  a  Hubert  Lauguet 
générosité,  de  la  bonté;  sa  physionomie  est  belle,  lui  est  également  favorable  :  fil  est  faible  de  corps, 
ses  yeux  liés  beaux;  il  a  de  la  grâce  dans  tous  ses  écrit-il,  mais  il  y  a  en  lui  une  très  grande  bon- 
mouvements,  dans  ses  manières,  mais  il  est  faible  nêteté*. n 

de  tempérament,  il  mange  et  boit  fort  peu,  et  H"  a  -  Voy.  lettre  de  Catherine,  p.  568. 

d'autant  plus  besoin  d'être  ménagé  qu'il  aime  pas-  3  Voy.  J.  Bonnet,  Lettres  de  Calvin,  t.  Il,  p.  363. 

sionnément  le  jeu  de  paume  et  l'exercice  du  cheval;  '  Voy.  lettre  de  Catherine,  p.  56u. 

'  Hubert  Languel,  Araina  seculi  decimi  sexli,  p.  137.  Voy.  Relaz.  dcgli  ambasciatori  Vend.  1"  sér.  vol.  I,  p.  (4. 


tmviii  INTRODUCTION. 

obéit  :  tf  Toutes  choses  se  passent  plus  paisiblement  qu'on  ne  l'espérait,  écrit  Chan- 
tonnay  à  la  duchesse  de  Parme;  le  duc  de  Guise  et  le  roi  de  Navarre  se  parlent 
amiablement,  le  progrès  de  cette  affaire  dépend  de  la  reine1,  a  Dans  les  premiers 
jours  qui  suivirent  la  mort  de  François  II,  un  petit  nombre  de  gentilshommes 
s'était  mis  du  côté  du  roi  de  Navarre,  mais  le  connétable  se  rapprochant  de  plus 
en  plus  de  lui,  le  vide,  peu  à  peu,  se  fit  autour  des  Guises2;  Goligny,  d'Andelot 
et  le  cardinal  de  Châtillon  s'étaient  tous  les  trois  rendus  à  Orléans.  Catherine 
avait  de  fréquents  entretiens  avec  Coligny,  elle  lui  témoignait  une  grande  défé- 
rence, espérant  s'en  servir  tf  pour  adoucir  les  princes  et  les  Etats  »,  si  on  venait  à 
lui  contester  la  régence3.  Le  nonce,  Prosper  de  Sainte-Croix,  sur  les  instances  de 
Chantonnay,  s'en  expliqua  avec  elle  et  la  supplia  de  n'accorder  aucune  faveur  aux 
Châtillons  tant  qu'ils  ne  seraient  pas  revenus  à  l'ancienne  religion.  Elle  se  borna 
à  lui  répondre  que  le  cardinal  s'était  justifié4  vis-à-vis  du  cardinal  de  Tournon  et, 
sans  tenir  compte  de  ces  représentations,  elle  rendit  à  Coligny  le  commandement 
des  forces  maritimes,  à  d'Andelot  celui  de  l'infanterie5.  Coudé  était  toujours  en 
prison;  le  roi  de  Navarre  exigeait  qu'avant  d'en  sortir  il  se  justifiât  devant  les 
pairs  du  royaume  et  les  princes  du  sang.  C'était  jouer  le  jeu  de  Catherine,  car  sa 
présence  aux  Etats  eût  été  à  coup  sûr  un  grand  embarras  et  peut-être  un  danger  : 
«■Ce  petit  homme,  nous  dit  Chantonnay,  a  merveilleusement  grand  cœur;  en  rece- 
vant son  épée  et  sa  dague  qui  lui  furent  rendues,  il  a  fait  de  grandes  braveries 
contre  MM.  de  Guise.  On  avait  délibéré  de  l'envoyer  à  Vendôme,  on  l'envoie  à 
Ham  en  Picardie.  On  dit  qu'il  a  fait  serment  de  ne  plus  entendre  de  messe  de  sa 
vie6. n  Son  départ  fut  retardé  de  jour  en  jour.  Le  24  décembre  seulement,  il 
monta  en  coche,  suivi  de  quatre  archers  sans  armes;  les  habitants  d'Orléans  se 
portèrent  en  foule  sur  son  passage.  Ce  jour-là  le  connétable,  le  roi  de  Navarre  et 
autres  seigneurs  avaient  été  à  la  volerie  du  côté  où  le  prisonnier  devait  passer;  le 
coche  s'arrêta  à  un  endroit  convenu  et  ils  échangèrent  au  passage  quelques  paroles. 
Les  Guises  avaient  pris  un  chemin  tout  opposé;  ils  étaient  partis  de  grand  matin, 
pour  aller  à  Notre-Dame  de  Cléry,  sous  le  prétexte  d'y  passer  les  fêtes  de  Noël7. 
La  plupart  des  députés  aux  Etats  s'étaient  déjà  rendus  à  Orléans.  Quel  était  leur 

'  Archives  de  Vienne ,  lettre  de  Chantonnay  à  la  itemque  amiraldus,  ut  antea  maritimis  rébus,  et 

duchesse  de  Parme  (i3  décembre  i56o).  Andelotius  pedestribus  totius  Galba:.  (Bcia  Bullen- 

'-  Ibid  gero,  apud  Raum,  append.  p.  17.) 
1  Ibid.  6  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à 

1  Ibid.  la  duchesse  de  Parme  (décembre  i56o). 
1  rJustus  est  conestabilis  munus  secum  obire.  '  Ibid. 


INTRODUCTION.  «sxu 

esprit?  Quelles  seraient  leurs  exigences  ?  Telles  étaient  les  questions  qu'on  se  posait 
avec  appréhension.  Leur  élection  avait  eu  lieu  sous  l'influence  des  Guises,  mais  leurs 
tendances  ne  semblaient  pas  se  porter  de  ce  coté  :  et  Quasi  tous  les  députés  incli- 
nent, écrivait  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme,  à  ce  qu'il  y  ait  deux  églises, 
l'une  catholique,  l'autre  protestante,  et  si  on  le  leur  refuse  il  pourroity  avoir  du 
trouble  '.  n  Plusieurs  de  leurs  membres  passaient  pour  être  hostiles  à  Catherine  et 
invoquaient  contre  elle  la  loi  salique;  la  question  de  la  régence  pouvait  donc  être 
de  nouveau  soulevée.  Pour  contre-balancer  cette  opposition  sourde  et  ces  résis- 
tances qu'elle  avait  lieu  de  redouter,  elle  ne  se  faisait  pas  faute  de  promettre  aux 
chefs  catholiques  de  soutenir  la  cause  de  la  vraie  religion.  Le  duc  de  Guise  lui 
rappellera  plus  tard  cette  promesse. 

Le  i3  décembre  s'ouvrit  l'assemblée  des  États.  L'Hospital,  dans  une  de  ces 
harangues  au  langage  élevé  qui  lui  étaient  familières,  fit  appel  à  la  conciliation  : 
le  seul  remède  aux  maux  présents,  c'était  l'unité  de  croyance  et  de  culte,  et  on  le 
trouverait  dans  le  concile;  en  attendant,  la  persécution  devait  cesser  partout  : 
ff  Gardons  le  nom  de  chrétiens,  s'écriait-il  en  terminant,  et  supprimons  ces  noms 
diaboliques  de  luthériens,  huguenots  et  papistes,  noms  de  parti  et  de  sédition,  n 
Dix-huit  jours  s'écoulèrent  entre  la  première  et  la  seconde  séance  royale.  Le 
i  janvier  seulement,  les  orateurs  des  trois  ordres  répondirent  au  discours  de 
L'Hospital,  et  à  leur  langage  on  put  apprécier  l'étendue  et  la  profondeur  des  dis- 
sentiments qui  les  séparaient.  L'orateur  du  clergé,  Jean  Quinlin,  professeur  de 
droit  canon  à  Paris,  réclama  la  punition  des  hérétiques  par  le  glaive;  il  demanda 
que  les  portes  du  royaume  fussent  fermées  à  ceux  qui  en  étaient  sortis  pour  cause 
de  religion,  et  insista  pour  le  châtiment  de  quiconque  avait  présenté  ou  présen- 
terait une  requête  de  ceux  de  la  nouvelle  religion;  attaque  directe  contre  Coligny 
qui  s'en  offensa  et  obtint  rétractation  de  cette  injurieuse  provocation.  L'orateur 
de  la  noblesse,  Rochefort,  sieur  de  Silly,  repoussant  les  prétentions  du  clergé  à 
être  exempt  des  subsides,  proposa  d'acquitter  les  dettes  de  l'Etat  avec  les 
biens  de  l'Église.  Au  nom  des  nobles,  il  demanda  la  liberté  du  culte  dans  leurs 
châteaux.  L'orateur  du  tiers  état,  Lange,  avocat  de  Bordeaux,  dans  une  longue 
diatribe,  reprocha  au  clergé  ces  trois  vices  :  l'ignorance,  l'avarice  et  le  luxe,  et 
conclut  en  invitant  le  roi  à  solliciter  là  réunion  d'un  concile  pour  remédier  à  tous 
les  abus. 

Catherine,  durant  ces  violents  débats,  est  sobre  de  confidences  vis-à-vis  de  nos 
'   Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (décembre  j56o). 

Catherine  de  Médicis.  —  i.  L 


xc  INTRODUCTION. 

ambassadeurs;  elle  se  borne  à  écrire  à  l'évèque  de  Limoges  que  le  gouvernement 
lui  est  resté  et  qu'elle  espère  tirer  des  Etats  un  bon  secours  pour  acquitter  les 
dettes  dont  le  royaume  est  chargé1.  C'était  là  la  grande  difliculté.  Le  déficit  que  le 
précédent  règne  avait  légué  se  montait  à  quarante-trois  millions  et  demi.  Pour 
rendre  les  Etats  plus  dociles,  c'est  en  vain  que  Catherine  avait  tout  à  la  fois  sup- 
primé la  vénerie,  une  partie  de  la  fauconnerie,  réduit  la  musique  de  la  cha- 
pelle, et  réformé  presque  en  totalité  la  maison  du  roi,  les  députés  reculèrent 
devant  un  si  gros  chiffre;  prétendant  que  leurs  pouvoirs  étaient  insuffisants,  ils  de- 
mandèrent à  être  renvoyés  dans  leurs  provinces.  Leur  requête  fut  admise ,  il  fut 
convenu  que  chacun  des  treize  grands  gouvernements  élirait  le  2  1  mars  trois  dé- 
putés seulement:  un  clerc,  un  noble  et  un  bourgeois,  et  qu'avant  le  ier  mai  les 
trente-neuf  élus  se  réuniraient  à  Melun  pour  répondre  aux  demandes  de  la  Cou- 
ronne. La  clôture  des  Etats  eut  lieu  le  3  i  janvier. 

Mais,  sans  tenir  compte  des  divisions  des  trois  ordres  et  des  représentations  du 
clergé,  L'Hospital  était  résolument  entré  dans  cette  voie  de  tolérance  dont  il  avait 
tracé  le  programme  dès  sa  première  harangue.  Le  8  janvier  il  avait  confirmé 
ledit  de  Romorantin;  le  28,  il  rouvrait  l'entrée  de  la  France  à  tous  ceux  qui  s'étaient 
réfugiés  à  l'étranger;  le  3i,  il  promulguait  l'ordonnance  dite  d'Orléans,  dans  la- 
quelle, en  se  les  appropriant,  il  adoptait  une  partie  des  réformes  réclamées  par 
les  Etals. 

Catherine  jusqu'alors  était  restée  sur  la  réserve;  une  fois  les  députés  éloignés, 
elle  ne  craignit  plus  de  s'associer  ouvertement  à  la  politique  de  L'Hospital,  et  c'est 
dans  cet  ordre  d'idées  qu'elle  écrit  le  3i  janvier  à  l'évèque  de  Limoges  :  vrNous 
avons,  lui  dit-elle,  durant  vingt  ou  trente  ans  essayé  le  cautère  pour  cuider 
arracher  la  contagion  de  ce  mal  parmi  nous,  et  nous  avons  vu  par  expérience  que 
cette  violence  n'a  servi  qu'à  le  multiplier,  d'autant  que,  par  les  rigoureuses  puni- 
tions qui  se  sont  continuellement  faites  en  ce  royaume,  une  infinité  de  pauvre 
peuple  s'est  confirmé  en  cette  opinion,  jusqu'à  avoir  été  dit  de  beaucoup  de  gens 
de  bon  jugement  qu'il  n'y  avoit  rien  de  plus  pernicieux  pour  l'abolition  de  ces 
nouvelles  opinions  que  la  mort  publique  de  ceux  qui  les  tenoient,  puisque  par 
icelles  elles  étoient  fortifiées,  i>  Et  elle  ajoute  :  a  Les  cendres  du  feu  qui  s'est  éteint 
sont  encore  si  chaudes  que  la  moindre  étincelle  le  flamheroit  plus  grand  qu'il  n'a 
jamais  été.»  Elle  prie  donc  l'évèque  de  Limoges  de  travaillera  le  faire  comprendre 

1   Voy.  la  lettre  de  la  page  .S77. 


INTRODUCTION.  xci 

au  roi  d'Espagne,  afin  qu'il  ne  prenne  pas  mauvaise  opinion  de  ses  actions;  elle 
insiste  sur  ce  point  que  ce  n'est  pas  comme  en  Espagne  où  ce  mal  ne  lait  que 
naître,  mais  qu'en  France  il  est  si  enraciné  que  le  seul  remède  est  le  concile1. 

Un  pareil  langage  n'était  pas  fait  pour  plaire  à  Philippe  II;  ses  préventions  et 
ses  défiances  s'en  accrurent  :  Don  Juan  Manrique  de  Lara,  lorsqu'il  vint  compli- 
menter le  nouveau  roi,  recommanda  à  la  reine,  au  nom  du  roi  son  maître,  de 
veiller  scrupuleusement  sur  les  choses  de  la  religion  et  surtout  de  ne  pas  admettre 
dans  sa  familiarité  un  seul  de  ceux  qui  ne  sont  pas  fermes  dans  leur  religion  comme 
ils  devraient  l'être.  C'était  une  allusion  à  Coligny  et  au  cardinal  de  Chàtillon. 
Catherine  ne  voulut  pas  répondre  directement  à  Philippe  II;  c'eût  été  aborder  de 
front  la  difficulté;  c'est  à  sa  fille  qu'elle  écrivit  :  ce  Quant  à  ce  que  vous  dites  dans 
l'autre  lettre,  que  votre  ambassadeur  m'a  remise  ce  matin,  au  sujet  du  cardinal 
de  Chàtillon  et  de  l'amiral,  son  frère,  je  vous  prie  ne  pas  vous  chagriner  pour 
moi,  car,  grâces  à  Dieu,  je  commence  à  être  si  bien  établie  qu'il  n'y  a  plus  per- 
sonne qui  me  puisse  nuire.  Je  comprends  que  ce  n'est  autre  chose  qu'une  com- 
mission dont  on  vous  a  chargés  d'ici,  vous  et  le  roi  votre  mari;  c'est  ce  qui  me 
fait  vous  prier  de  lui  dire,  en  lui  montrant  cette  lettre,  que  je  le  supplie  d'avoir 
l'esprit  en  repos  sur  les  affaires  de  ce  royaume  et  qu'il  veuille  bien  être  assuré, 
lui  qui  désire  tant  la  conservation  de  la  religion  et  de  mon  autorité,  que  j'en  fais 
le  plus  grand  cas  comme  de  choses  qui  touchent,  l'une  à  l'honneur  de  Dieu,  que 
j'estime  plus  que  ma  propre  vie,  et  l'autre  à  ma  conservation,  qui  est  indispen- 
sable au  service  du  roi  mon  fils.  11  peut  être  certain  que  je  ne  négligerai  rien, 
que  je  connaisse,  qui  pourrait  nuire  ou  aider  ces  choses,  étant  sur  les  lieux  et 
connaissant  les  dispositions  de  ce  royaume  comme  j'y  suis  et  les  connais,  depuis 
le  long  espace  de  temps  que  j'ai  l'honneur  d'y  demeurer;  je  le  supplie  de  répondre 
à  ceux  qui  l'auront  pressé  de  me  mander  d'éloigner  les  uns  ou  de  prendre  les 
autres,  que  ne  connaissant  pas  plus  comment  on  doit  gouverner  les  affaires  de  ce 
pays-ci  que  je  ne  connais  comment  on  doit  conduire  celles  de  l'Espagne,  il  ne 
veut  se  mêler  de  rien  2.  n 

Tout  en  tenant  ce  langage,  Catherine  ne  perdait  pas  de  vue  le  projet  qu'elle 
avait  en  tète  de  marier  Marguerite  de  Valois  avec  Don  Carlos.  Marie  Stuart 
lui  semblait  pour  sa  fille  une  dangereuse  rivale;  elle  surveillait  toutes  les  dé- 
marches des  Guises  et  elle  s'en  explique  avec  l'évèque  de  Limoges  :  c?  Je  vous  ai 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  577.  —  2  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de 
Parme  (décembre  i56o). 


xcu  INTRODUCTION. 

fait  dire  par  votre  frère  du  mariage  qui  se  brassait  ici,  j'ai  su  qu'il  a  été  mis  en 
avant,  prenez  garde  à  cela  pour  en  découvrir  ce  qui  en  est1. 11 

Sous  l'obsession  de  cette  crainte,  elle  écrit  à  sa  fille  :  cr  Je  vous  prierai  que  vous 
gouverniez  en  ces  faits  selon  l'avis  et  conseil  de  l'ambassadeur,  et  que  n'en  parliez, 
ni  en  fassiez  semblant,  sinon  autant  qu'il  vous  en  dira.  H  m'a  mandé  que  le  prince 
n'a  plus  la  fièvre;  s'il  continue  d'être  guéri,  ne  perdez  pas  l'occasion  d'empêcher 
qu'il  ne  soit  marié  à  autre  femme  que  à  votre  sœur  ou  à  votre  belle-sœur2,  car 
autrement  vous  seriez  en  danger  d'être  la  plus  malheureuse  du  monde,  si  votre 
mari  venait  à  mourir,  lui  étant  roi 3.  ■» 

Mieux  avisés,  les  Guises  se  tinrent  sur  leurs  gardes  et  désavouèrent  même  toute 
participation  au  projet  de  mariage  de  Marie  Stuart  qui,  d'après  leur  conseil,  se 
montra  très  obséquieuse  vis-à-vis  de  Catherine4.  Celle-ci  n'en  tint  pas  grand 
compte,  car  elle  écrivait  ironiquement  à  l'évêque  de  Limoges  :  cr  De  son  intention, 
je  n'en  doute  pas.  •» 

Dès  les  premiers  jours  de  sa  régence,  Catherine  avait  écrit  à  l'évêque  de  Li- 
moges :  ffll  est  difficile  que  cette  farce  (elle  parle  du  gouvernement)  se  joue  à 
tant  de  personnages,  sans  qu'il  n'y  ait  quelqu'un  qui  ne  fasse  mauvaise  mine5. * 
En  effet,  une  rupture  était  inévitable  et  la  querelle  s'engagea  sur  un  point  secon- 
daire :  en  quittant  Orléans  la  cour  s' étant  installée  à  Fontainebleau,  le  roi  de 
Navarre  exigea  que  le  duc  de  Guise  lui  remît  les  clefs  du  château,  que  celui-ci, 
en  sa  qualité  de  grand  maître  avait  entre  les  mains;  il  réclama,  en  outre,  le  cachet 
royal,  et  en  vint  à  demander  que  le  duc  de  Guise  ou  lui  se  retirât  de  la  cour;  pour 
forcer  la  main  à  la  reine,  il  fit  ses  préparatifs  de  départ,  mais  au  dernier  moment 
il  se  laissa  retenir  et  les  choses  allèrent  ainsi  jusqu'au  milieu  de  mars.  L'arrivée 
de  Condé  à  la  cour  le  fortifiant  dans  ses  premières  résolutions,  il  voulut  être 
nommé  lieutenant  général;  Catherine  raconte  à  sa  fille  cette  petite  révolution 
de  palais  :  crTout  ce  trouble  n'a  été  que  pour  la  haine  que  tout  ce  royaume  porte 
au  cardinal  de  Lorraine  et  au  duc  de  Guise,  pensant  que  je  les  voulusse  encore 
mettre  au  gouvernement,  ce  que  j'ai  assuré  que  non,  car  aussi  n'y  suis-je  point 
obligée;  car  vous  savez  comment  ils  me  traitaient  du  vivant  du  feu  roi  votre  frère.  Je  me 
suis  délibérée  de  ne  mêler  plus  leurs  querelles  avec  les  miennes,  car  s'ils  l'eussent 
pu,  ainsi  que  je  l'ai  su,  ils  se  fussent  appointés  et  m'eussent  laissée  là,  comme  ils  font 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  570.  *  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  584. 

'  Dona  Juana,  sœur  de  Philippe  II.  5  Voy.  les  lettres  de  Catherine,  p.  870,  5<jt>, 

1  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  576.  5o3. 


INTRODUCTION.  icm 

toujours  de  ce  qui  leur  peut  apporter  grandeur  et  profit,  car  ils  n'ont  que  cela  dans  le 
cœur.  On  ne  leur  veut  mal  que  pour  les  sottises  qu'ils  ont  faites  à  tout  le  monde. 
A  cette  heure  qu'ils  voient  que  j'ai  permis  au  roi  de  Navarre  d'être  lieutenant 
général  de  mon  fils  sous  moi  et  que  je  connais  tout  le  contraire  de  ce  qu'il  m'avoient 
dit  et  que  je  n'étois  haïe  que  pour  l'amour  d'eux,  ils  sont  étonnés  1.-n 

Le  duc  de  Guise  regagna  bien  vite  le  terrain  perdu;  à  Paris,  on  prêchait 
chaque  jour  publiquement  au  logis  de  la  princesse  de  Condé,  à  la  cour  au  logis 
de  l'amiral;  à  l'une  des  réunions  du  conseil,  le  cardinal  de  Tournon  s'en  plaignit 
violemment;  l'amiral  et  lui  échangèrent  d'aigres  paroles,  et  le  connétable,  s'en 
mêlant,  déclara  que  c'était  chose  intolérable,  «qu'il  se  tiendrait  pour  excommunié 
s'il  entendoit  de  tels  prédicants,  qu'il  souhaitoit  et  prioit  Dieu  que  lorsque  l'on 
se  rassemblerait  à  ces  prêches,  que  la  maison  se  pût  abîmer  et  tuer  ceux  qui 
étoient  dedans2,  r,  Dès  ce  jour,  il  y  eut  rupture  entre  Coligny  et  le  connétable,  qui 
se  rapprocha  du  duc  de  Guise. 

A  la  suite  de  cette  séance  du  conseil,  Chantonnay  vint  trouver  Catherine.  L'en- 
tretien fut  vif:  il  lui  prédit  qu'elle  serait  bientôt  renvoyée  à  Chenonceaux.  Il  eut 
en  partie  gain  de  cause ,  car  le  prince  de  Condé  alla  faire  la  cène  ailleurs  et  l'amiral 
partit  pour  aller  faire  la  sienne  à  Châtillon3;  mais  un  nouvel  incident  remit  tout 
en  question  :  le  jour  de  Pâques,  il  devait  y  avoir  sermon  à  la  chapelle  de  la  cour; 
les  ducs  de  Guise  et  de  Montpensier,  le  connétable  s'acheminaient  pour  s'y  rendre: 
en  route,  ils  apprirent  que  le  prédicateur  devait  être  l'évêque  de  Valence,  Mon- 
luc,  et  peu  désireux  de  l'entendre,  ils  s'en  retournèrent. 

Le  soir  même,  la  reine,  se  promenant  dans  les  jardins,  demanda  au  duc  de 
Guise  pourquoi  il  n'était  pas  venu  au  sermon  de  l'évêque;  il  répliqua  que  ni  lui 
ni  le  connétable  n'avaient  voulu  y  assister,  et  l'entretien  s'échaufl'ant,  il  finit  par 
lui  dire  cr  qu'il  ne  falloit  pas  boire  à  deux  fontaines  et  qu'elle  devoit  se  déclarer 
d'un  côté  ou  de  l'autre;  que  si  on  lui  permettait  d'user  de  la  force,  en  bien  peu 
de  temps  il  se  faisoit  fort  de  rétablir  la  religion,  étant  tout  disposé  à  y  sacrifier  sa 
vie.  t>  Catherine  répondit  qu'il  voyait  ce  qu'elle  faisait  pour  porter  remède  au 
mal;  elle  rappela  les  édits  qu'elle  avait  envoyés  au  Parlement.  11  répliqua  que  ces 
édite  n'étaient  pas  appliqués,  qu'à  peine  publiés  ils  étaient  révoqués;  que,  quant 
à  lui,  il  était  disposé  à  ne  plus  tenir-compte  de  toutes  ces  révocations,  de  tous  ces 
atermoiements,  et  que,  dans  son  gouvernement  de  Dauphiné,  il  ne  manquait  pas 

Archives  de  Vienne,  lettres  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (avril  i56i).  —  "  Ibid.  — 
Ibid. 


INTRODUCTION. 

de  gens  de  bien  prêts  a  l'assister;  qu'en  donnant  l'autorité  à  la  reine,  on  avail  eu 
l'espoir  qu'elle  défendrai!  la  religion,  car,  sans  cela,  le  roi  de  Navarre  el  les 
princes  du  sang  a  avaient  plus  de  droit  qu'elle1.  Si  le  duc  de  Guise  tenait  un  pa- 
reil langage,  c'est  que  l'alliance  venait  de  si;  conclure  entre  les  trois  chefs  catho- 
liques, lui,  Saint-André  et  le  connétable.  C'était  le  tnumviral  qui  parlait  par  sa 
bouche  et  déclarait  à  la  reine  qu'on  aurait  recours  à  la  force  et  qu'en  dehors 
délie  on  s'armerait,  on  résisterait. 

Ces  menaces  se  réalisèrent  :  à  Béarnais,  le  peuple  s  en  prit  au  cardinal  de  Châ- 
tillon  et  il  y  courut  risque  de  la  vie;  mais  d'autre  part  les  prolestants  s'agitèrenl 
el  des  émotions  populaires  éclatèrent  à  Roanne,  à  Metz,  à  Amiens,  à  Nantes,  à 
irles,  à  Agen,  à  Poitiers,  à  Nîmes,  et  dans  la  plupart  des  villes  du  Languedoc. 
En  Normandie,  les  officiers  royaux  se  plaignaient  que  la  nouvelle  religion  était 
passée  si  avant  qu'il  n'y  avail  plus  moyen  d'y  donner  ordre:  on  ne  leur  reconnais- 
sait que  le  droil  de  lever  les  anciens  impôts:  on  refusait  les  nouveaux  qui  ne  re- 
posaient que  sur  le  bon  plaisir2.  Pour  arrêter  ces  désordres,  une  dernière  ressource 
restait,  c'était  le  sacre;  on  en  espérait  un  peu  de  répit  :  et  La  reine,  nous  dit  un 
ambassadeur  vénitien,  l'a  fixé  au  1  i  de  mai,  pour  rompre  ainsi  la  réunion  des 
États  et  la  renvoyer  au  20  août3. r  l  ne  indisposition  assez  grave  de  Catherine 
le  lit  remettre  au  i5  mai.  Au  retour  de  Reims,  passant  par  Nanteuil,  maison 
du  duc  de  Cuise,  elle  voulut  savoir  à  quoi  s'en  tenir  sur  la  ligue  formée  entre 
lui,  le  connétable  et  Saint-André;  elle  lui  demanda  formellement  ce  qu'il  en 
était;  elle  alla  plus  loin,  elle  lui  demanda  si  elle  et  son  fils  changeant  de  religion, 
ce  que  celles  elle  n'était  pas  dans  l'intention  de  faire,  il  lui  réinsérait  ce  jour-là 
l'obéissance.  Le  duc  répondit  nettement  que  oui,  mais  que  tant  quelle  et  le  roi 
son  fils  suivraient  la  ligne  de  leurs  prédécesseurs,  il  mourrait  pour  leur  que- 
relle el  ne  prétendait  que  garder  la  loi  el  la  couronne  sur  la  tête  du  jeune  roi, 
car  perdre  la  religion,  ce  serait   le  moyen  de  perdre  le  roi  et  le  royaume4. r. 

N'ayant  rien  à  attendre  du  triumviral  opposé  désormais  à  toute  idée  de  conci- 
liai ion.  Catherine  se  rejeta  du  côté  du  roi  de  Navarre;  elle  le  lia  plus  étroitement 
à  sa  politique,  en  lui  promettant  de  s'associer  à  toutes  les  démarches  qu'il  allait 
tenter  auprès  du  pape  el  de  Philippe  II,  pour  obtenir  la  restitution  de  son  royaume 

lives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonna)  à  la  Archives  de  \  ienne,  extraits  des  dépêches  des 

de  Parme  (avril  i56i).  ambassadeurs  vénitiens. 
•  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  ii  la  '    archives  de  \  ienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

duchesse  de  Parme  (a\  ril  1 5G  1 1.  duchesse  de  Parme  (juin  1 56 1 1. 


iNTUODUCTION.  scv 

de  Navarre  ou,  à  son  défaut,  une  compensai  ion;  mais,  durant  cet  intervalle 
l'esprit  de  rébellion  avait  gagné  toute  la  France;  dans  les  lettres  de  cette 
époque,  il  n'est  question  que  de  tumultes,  de  séditions.  Pour  répondre  tout  à  la 
l'ois  aux  plaintes  réitérées  des  protestants  et  pour  mettre  fin  à  ces  déplorables 
excès,  il  fut  décidé,  de  l'avis  de  l'Hospital,  que  l'on  consulterait  le  Parlement  sur 
la  jurisprudence  qui  devrait,  dans  l'avenir,  être  appliquée  aux  dissidents.  Les 
princes,  les  grands  officiers  de  la  couronne,  les  membres  du  conseil  seraient  ap- 
pelés à  cette  assemblée  et  donneraient  individuellement  leur  opinion.  On  espérait 
par  ce  moyen  adoucir  les  décisions  qui  seraient  prises.  Le  19  juin,  cette  assemblée 
formée  de  tant  d'éléments  opposés,  agitée  de  tant  de  passions  diverses,  se  réunit 
pour  la  première  fois  au  palais  de  justice;  la  discussion  ne  dura  pas  moins  de 
vingt  jours.  Goligny  revendiqua  en  faveur  des  réformés  le  droit  de  libre  exercice 
,de  leur  culte.  Le  duc  de  Guise  se  rangea  du  côté  de  ceux  qui  l'interdisaient,  et  a 
la  majorité  de  trois  voix,  i'édit  de  juillet  fut  voté.  Sous  peine  de  confiscation  de 
corps  et  de  biens,  il  prohibait  les  assemblées  publiques  avec  armes  et  sans  armes 
et  les  assemblées  privées  où  se  feraient  prècbes  et  administration  des  sacrements 
en  autre  forme  que  selon  l'usage  reçu  en  l'Eglise  catholique. 

Le  point  important  à  noter  dans  les  discussions  de  cette  assemblée,  c'est  la 
proposition  qui  y  fut  faite  et  admise  de  réunir  à  bref  délai  le  clergé  de  France1.  Le 
roi  d'Espagne  et  l'Empereur  s'en  alarmèrent,  et  croyant  y  voir  un  moyen  dé- 
tourné d'arriver  à  un  concile  national  ils  adressèrent  à  ce  sujet  les  plus  vives  ob- 
servations. Dans  sa  réponse  à  l'Empereur,  Catherine  décline  toute  responsabilité: 
cette  résolution  a  été  prise  en  dehors  d'elle  par  les  princes. du  sang  et  les  conseillers 
de  la  couronne;  toutefois  elle  veut  bien  en  déterminer  la  portée  :  il  s'agit  d'aviser 
à  l'élection  de  ceux  des  prélats  que  l'on  enverra  au  concile  général;  il  s'agit  île 
s'entendre  en  bonne  et  grande  compagnie  sur  les  choses  qui  s'y  devront  proposer 
de  la  part  de  l'Eglise  gallicane.  A  cette  réponse,  elle  joint  la  lettre  du  roi  son 
fils  à  l'évèque  de  Rennes,  afin  que  l'Empereur  puisse  bien  juger  qu'il  n'y  a  rien 
«  qui  tende  au  changement  de  religion  2.  »  Voilà  bien  le  prétexte  apparent  de  cette 
réunion  du  clergé;  mais  le  but  caché,  Catherine  ne  l'avouait  pas;  elle  voulait  obtenir 
un  subside,  puis,  à  l'aide  des  craintes  et  des  défiances  qu'elle  allait  donner  au 
pape  et  à  Philippe  II,  leur  forcer  la  main  pour  la  réunion  prochaine  du  concile 
général;  sous  ce  rapport,  elle  en  vint  à  ses  fins. 

1  Voy.  une  dépêche  de  Throckmortonà  la  reine  Elisabeth  dans  le  Calendar  of  State  papers  (  i5Ci).  p.  209. 
—  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  aarj. 


xcvi  INTRODUCTION. 

r  Sitôt  que  le  roi  d'Espagne  a  su  que  j'avois  fait  mander  les  prélats  du 
royaume,  écrit-elle  à  l'évêque  de  Limoges,  lui  qui  avoit  toujours  dit  ne  pouvoir 
accepter  la  bulle  de  l'indiction  du  concile,  sinon  comme  continuation  de  celui  de 
Trente,  a  déclaré  soudainement  qu'il  l'acceptoit  et  que  ses  prélats  seroient  à 
Trente  pour  le  mois  d'août  prochain;  mais,  ajoutait-elle,  connaissant  que  c'étoit 
artifice  pour  rompre  l'assemblée  des  nôtres,  je  lui  ai  répondu  que  je  louois  Dieu 
de  sa  dépêche  et  de  ce  qu'elle  se  trouvoit  concordante  avec  la  nôtre. -n 

L'édit  de  juillet,  ce  vain  palliatif,  eut  le  sort  de  tous  les  autres;  Catherine  en 
fut  réduite  à  écrire  au  président  du  Présidial  de  Poitiers  que,  puisqu'il  craignait 
que  sa  publication  n'apportât  que  plus  d'aigreur  et  de  division,  il  suffisait  de  le 
lire,  et  elle  l'invitait  même  à  ne  pas  en  requérir  l'observation1. 

Ayant  ainsi  constaté  l'impuissance  de  l'édit  de  juillet  et  n'en  attendant  plus  rien, 
elle  se  plaça  résolument  sur  un  autre  terrain  et,  entrant  dans  une  voie  plus 
large  mais  plus  dangereuse,  elle  se  décida  à  réunir  à  Poissy  les  évêques  et  les 
ministres;  elle  était,  il  faut  le  dire,  encouragée  dans  ce  projet  par  le  cardinal  de 
Lorraine  qui,  dès  le  premier  moment,  s'était  montré  très  favorable  à  cette  con- 
férence où  son  savoir  et  son  éloquence  lui  assignaient  la  première  place.  Il  y  avait 
bien  là  de  quoi  éveiller  les  susceptibilités  d'un  ambassadeur  aussi  soupçonneux 
que  Chantonnay.  Il  accourut  pour  s'en  expliquer  avec  Catherine,  la  suppliant 
que,  dans  l'assemblée  des  évêques,  il  ne  se  fit  rien  au  préjudice  de  l'Eglise  ca- 
tholique, car  partout  l'on  disait  cr  que  Viret  et  autres  calvinistes  s'y  dévoient  trouver 
pour  débattre  leurs  opinions,  ce  qui  sentiroit  un  concile  national  ;n  il  insista  enfin 
pour  que  les  choses  n'excédassent  pas  la  teneur  de  la  lettre  envoyée  aux  évoques,  et 
qu'il  n'en  fût  pas  comme  aux  Etats  de  Paris  qui,  «appelés  à  statuer  sur  les 
décrets  du  roi,  s'étoient  mis  à  disputer  de  l'état  du  royaume,  n  A  cette  demande 
directe,  Catherine  répondit  que,  cr  quand  on  en  viendroit  à  disputer  en  l'assemblée 
des  prélats  avec  des  opinions  diverses,  ce  ne  seroit  pas  la  première  fois,  t  Chan- 
tonnay répliqua  qu'il  ignorait  que  pareille  chose  eût  jamais  eu  lieu;  qu'en  tous  les 
cas  cela  n'avait  pu  être  qu'en  désespoir  d'obtenir  un  concile  général,  ce  qui 

1  Voy.  cette  lettre  de  Catherine,  p.  2 33.  Voici  son  conseil  ne  tend  rien  moins  qu'à  cela,  ains  est 

ce  que  le  ministre  Merlin  écrivait  de  Paris  au  sujet  au  contraire  bien  d'advis  et  luy  plaist  qu'en  toute 

de  ce  même  édit  de  juillet  :  n- Combien  qu'il  vous  simplicité,  modestie  et  petit  nombre  nous  pour- 

puisse  sembler  que  on  nous  veulle  ravir  et  osier  suivons  de  nous  assembler,   en  attendant  ce  que 

une  si  saincte  et  salubre  pasture  par  la  deii'ense  des  sera  plus  amplement  et  favorablement  développe 

assemblées  que  verrez  faicte  par  l'édit ,  vous  pouvez  au  prochain  colloque.  1  (Bibl.  nat..  fonds  français, 

néanmoins  assurer  que  l'intention  du  prince  et  de  n"  3255.  fol.  55.) 


INTRODUCTION.  scvn 

n'était  pas  le  cas  d'aujourd'hui,  puisque  le  concile  était  ouvert  et  que  les  rois 
d'Espagne  et  de  Portugal  y  faisaient  acheminer  leurs  évêques.  Catherine  se  borna 
à  répondre  que  la  France  n'y  ferait  pas  défaut1. 

Chantonnay  avait  en  face  de  lui  deux  adversaires  non  moins  passionnés, 
l'amiral  de  Coligny  et  l'ambassadeur  d'Angleterre,  Throckmorton ;  aussi  vou- 
lait-il à  tout  prix  éloigner  C<>li<;n\.  dont  il  redoutait  l'influence  croissante.  A 
chaque  audience,  faisant  intervenir  le  nom  de  Philippe,  il  insistait  pour  son 
renvoi  de  la  cour  et  celui  du  cardinal  de  Châtillon;  à  l'entendre,  ce  seul  acte 
de  sévérité  suffirait  pour  rabattre  la  présomption  des  dévoyés.  Que  répond  à 
cela  Catherine?  Un  prince,  quelle  que  soit  son  expérience  dans  son  propre 
pays,  n'est  jamais  bon  juge  quand  il  s'agit  des  autres;  le  conseil  du  roi  son  fils 
étant  formé  de  tous  ceux  qui,  depuis  tant  d'années,  maniaient  les  affaires  du 
royaume,  une  si  longue  pratique  les  mettait  mieux  à  même  de  connaître  l'humeur 
de  la  nation  et  les  remèdes  à  apporter  à  l'état  des  choses.  Les  avis  du  roi  d'Es- 
pagne étaient  sans  doute  donnés  pour  le  maintien  de  son  repos  et  de  son  auto- 
rité: mais  si  elle  éloignait  certains  me'mbres  du  conseil,  on  ne  manquerait  pas  de 
dire  qu'elle  y  avait  été  poussée  par  MM.  de  Guise;  les  haines,  aujourd'hui  tenues 
secrètes,  reparaîtraient  au  grand  jour  et  plus  violentes,  et  si  l'on  pouvait  supposer 
qu'elle  avait  cédé  au  conseil  d'un  prince  étranger,  le  mécontentement  n'en  serait 
pas  moindre;  elle  termina  en  disant  que  tous  ceux  du  conseil  lui  avaient  autrefois 
formellement  déclaré  que,  si  elle  se  servait  d'avis  étrangers,  fût-ce  même  de  ceux 
du  roi  d'Espagne,  ils  se  départiraient  du  respect  qu'ils  lui  témoignent,  ne  voulant 
pas,  ne  trouvant  pas  raisonnable  que  les  affaires  du  royaume  fussent  communi- 
quées et  que  la  conduite  à  tenir  fût  tracée  par  d'autres  que  par  ceux  du  gouverne- 
ment. Chantonnay  répondit  que,  lorsque  d'autres  princes  lui  feraient  tenir  le 
même  langage,  elle  prendrait  peut-être  une  bonne  résolution;  que  l'éloigne- 
ment  de  l'amiral  et  de  son  frère  ne  pouvait  être  imputé,  après  tout,  qu'à  eux- 
mêmes,  à  leur  désobéissance;  que  cette  sorte  d'interdiction  que  ceux  du  conseil 
lui  avaient  imposée,  de  se  garder  de  tout  avis  étranger,  n'était  qu'une  preuve 
de  défiance  contre  elle-même;  qu'en  définitive  il  ne  s'agissait  que  de  l'éloigne- 
ment  de  l'amiral  et  de  son  frère.  Catherine  répliqua  de  nouveau  qu'ils  avaient 
été  admis  de  longue  date  aux  atfaires  "de  l'État  et  que  ceux  du  conseil  auxquels 
ils  touchaient  par  tant  de  côtés,  trouveraient  mauvais  qu'on  leur  fît  cette  delà 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (août  i56i). 

CATnEIUNE  DE  MÉDICIS.   1.  ■ 


serai  INTRODUCTION. 

veur.  Cliantonnay  essaya,  mais  en  vain,  de  la  faire  revenir  sur  cette  résolution; 
en  le  congédiant,  elle  l'adjura  de  ne  point  l'aire  à  d'autres  de  pareilles  ouver- 
tures, car  sa  principale  étude  était  d'entretenir  la  paix  et  la  concorde  entre  ceux 
du  conseil.  Le  hasard  voulut  que  durant  leur  entretien  il  y  eut  un~prêche  dans 
le  propre  logis  du  roi;  les  chants  des  psaumes  couvrirent  un  moment  la  voix  de 
l'ambassadeur.  Le  roi  en  parut  très  déconcerté  et  envoya  des  gardes  pour  dissiper 
tout  ce  peuple1. 

Le  lendemain,  se  servant  du  prétexte  de  ce  prêche,  Cliantonnay  reprit  l'en- 
tretien; il  osa  dire  à  Catherine  qu'elle  était  perdue  si  elle  ne  faisait  de  la  religion 
sa  principale  pensée.  Plus  réservée,  plus  sèche  qu'elle  ne  l'avait  jamais  été,  elle  se 
borna  à  répondre  que  son  principal  soin  était  de  conserver  le  royaume  et  d'éviter 
que  par  mécontentement  il  ne  tombât  en  division  -. 

Les  membres  du  clergé,  dans  leur  séance  du  ic'  août,  consentirent  à  tenir  une 
assemblée;  mais  pour  décliner  toute  apparence  d'un  concile  national,  ils  ren- 
voyèrent leurs  décisions  au  bon  vouloir  et  au  jugement  du  Saint-Siège.  Cette  dé- 
claration parfaitement  orthodoxe  n'entrait  "pas  dans  les  idées  de  transaction  que 
Catherine  poursuivait  alors.  D'un  autre  côté,  les  Etals  s'étaient  ouverts  le  5  août 
à  Pontoise ,  et  l'élément  protestant  s'y  trouvant  en  majorité ,  elle  avait  de  bonnes 
raisons  pour  s'en  méfier,  car,  dans  le  synode  tenu  à  Poitiers,  le  10  mars  précédent, 
les  ministres  avaient  rédigé  un  mémoire  pour  demander  l'exclusion  des  femmes 
du  gouvernement  et  rétablissement  dune  régence  légitime3;  aussi,  dès  les  pre- 
mières séances,  son  autorité  avait-elle  été  mise  en  question,  avec  la  pensée  de  la 
faire  passer  tout  entière  aux  mains  du  roi  de  Navarre;  il  ne  fallut  pas  moins  de  la 
double  intervention  de  celui-ci  et  de  Coligny  pour  amener  les  députés  à  ne 
pas  toucher  à  l'accord  conclu  pour  le  gouvernement.  Cliantonnay  en  profita  pour 
revenir  à  la  charge  et  manifesta  de  nouveau  à  Catherine  les  craintes  que  lui  inspi- 
rait l'altitude  prise  par  les  Etats.  Elle  lui  répondit  ce  qu'elle  avait  négocié  avec  ceux 
qu'elle  craignait  le  plus,  qu'elle  hâterait  pourtant  leur  réponse  pour  les  empêcher 
d'être  débauchés,  et  qu'elle  les  renverrait  aussitôt  qu'elle  le  pourrait  et  ne  re- 
tournerait jamais  en  ces  ternies;  la  convocation  en  avait  été  faite  du  vivant  du 
feu  roi  et  l'on  n'avait  fait  que  suivre  ce  qui  avait  été  commencé,  m  En  se  séparant 
de  Cliantonnay,  elle  se  plaignit  de  sa  santé,  et  sur  son  observation  qu'elle  passait 
pour  se  tuer  avec  les  fruits,  elle  répondit  que  cr  c'étaient  autres  melons  et  fruits 

archives  de  Vienne,  lettre  île  Cliantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (août  1 5 G  i  ) .  —  :  Ibid.  — 3  Voy. 
La  France  protestante ,  Introduction,]),  ivii. 


INTRODUCTION.  *cn 

que  ceux  de  ses  jardins  qui  lui  causoient  ces  maladies  et  qu'elle  avoit  grand'  peur 
d'avoir  une  lièvre  quarte 1.v  Elle  se  montre  moins  réservée  en  rendant  compte  au 
duc  d'Étampes  de  ce  qui  s'était  passé  dans  l'assemblée  du  tiers  état  et  de  la  no- 
blesse, elle  se  laisse  aller  à  tonte  son  indignation  :  rtll  n'a  pas  tenu  à  ces  fols,  lui 
dit-elle,  qu'ils  ne  m'aient  mise  en  pourpoint  et  spoliée  de  ce  que  je  pense  légiti- 
mement ra'appartenir 2.  y> 

Le  moment  s'approchait  où  les  prélats  et,  les  ministres  allaient  se  trouver  en 
présence,  mais  tout  en  ayant  en  la  première  pensée  de  ce  colloque,  loin  d'en 
accepter  la  responsabilité,  elle  la  décline  à  cette  dernière  heure,  elle  la  rejette 
tout  entière  sur  les  princes  du  sang  et  les  gens  du  conseil,  et  Ils  ont  pensé,  écrit- 
elle  à  l'évêque  de  Rennes,  eu  égard  aux  grands  troubles  où  se  trouve  le  royaume 
par  la  diversité  des  opinions,  qu'il  n'y  avait,  meilleur  moyen  ni  plus  fructueux 
.pour  faire  abandonner  les  ministres  par  ceux  qui  leur  adhèrent  qu'en  faisant  pu- 
bliquement réfuter  leurs  erreurs3.  i> 

Le  h  août,  le  cardinal  d'Armagnac  demanda  à  l'assemblée  des  évêques 
si  (die  voulait  entendre  les  ministres.  Cette  communication  souleva  de  violents 
murmures  et  resta  sans  réponse  jusqu'au  21,  jour  où  l'assemblée  en  délibéra.  Le 
cardinal  d'Armagnac  parla  le  premier,  et  fut  d'avis  de  les  recevoir  et  de  les  en- 
tendre,  mais  toutefois  sans  entrer  en  dispute  avec  eux.  Le  cardinal  de  Lorraine, 
plus  explicite,  déclara  que,  puisque  telle  était  la  volonté  du  roi, il  ne  restait  plus 
qu'à  délibérer  sur  la  manière  dont  ils  seraient  entendus  et  qu'à  fixer  le  jour  du 
colloque;  selon  lui,  les  dévoyés  devaient  d'abord  envoyer  leurs  propositions  signées 
d'eux  tous;  puis  en  présence  des  théologiens  leur  délégué,  serait  entendu;  il  sérail 
alors  facile  de  faire  une  réponse  verbale  ou  par  écrit,  suivant  ce  que  la  docte 
compagnie  en  déciderait.  Son  avis  fut  agréé  par  la  plupart  des  prélats,  à  l'excep- 
tion de  cinq  ou  six  qui  protestèrent.  Cette  approbation  publique  donnée  par  le 
cardinal  de  Lorraine  au  colloque  était  très  diversement  appréciée:  selon  les  uns. 
il  croyait  y  trouver  le  moyen  pratique  d'arriver  à  présenter  au  concile  général 
un  rapport  sur  les  demandes  formulées  par  les  protestants4;  selon  les  autres,  il 
s'était  mis  d'accord  avec  les  princes  d'Allemagne  pour  y  faire  entendre  les  doc- 
teurs luthériens  et  il  espérait  bien  profiter  de  leurs  querelles  avec  les  calvinistes. 
C'est  le  piège  que  redoutait  Calvin;  pour  l'éviter,  il  écrivait  à  Coligny  :  et  Surtout 

'  Archives  de  Vienne ,  lettre  de  Gbantonnay  à  la  \«).  la  lettre  de  Catherine,  p.  607. 

duchesse  de  Parme  (août  i56i).  '  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonna}  à  la 

Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  180.  duchesse  de  Parme  (septembre  i56i). 


c  INTRODUCTION. 

je  vous  prie,  Monseigneur,  tenir  la  main  que  la  confession  d'Augsbourg  ne  vienne 
au  jeu,  laquelle  ne  seroit  qu'un  flambeau  pour  allumer  un  feu  de  discordes,  et 
de  fait  elle  est  si  maigrement  bâtie,  si  molle  et  si  obscure  qu'on  ne  s'y  sauroit 
arrêter1.  n 

Les  réformés  français  auraient  désiré  d'être  représentés  au  colloque  par  leur 
plus  illustre  cbef,  par  Calvin  en  personne;  mais  ni  Coligny  ni  Catherine  ne  furent 
de  cet  avis2. 

Ce  dut  être  un  singulier  spectacle  que  l'arrivée  des  ministres  à  Saint-Ger- 
main :  «Us  sont  aisés  à  connoitre  à  leurs  visages, •»  écrit  ironiquement  Ghanton- 
nay  à  la  duchesse  de  Parme.  Au  milieu  de  ces  courtisans  vêtus  de  soie  ou  de  ve- 
lours, disputant  aux  femmes  les  rubans  et  les  dentelles  pour  en  orner  leurs 
pourpoints,  au  milieu  de  ces  grandes  dames  parées  de  toiles  d'or  et  d'argent, 
pliant  sous  le  poids  de  leurs  robes  traînantes  de  damas  ou  de  brocart,  il 
dut  sembler  étrange  de  voir  passer  ces  hommes  au  maintien  grave,  au  visage  aus- 
tère, aux  vêtements  sombres.  Vo'ici  comment  nous  les  peint  un  de  leurs  contempo- 
rains, l'historien  Florimond  de  Raymond,  qui  après  s'être  prononcé  pour  la  ré- 
forme, s'en  était  retiré  :  et  Ils  se  déclarent  ennemis  du  luxe,  ennemis  des  débauches 
publiques  et  folâtreries  du  monde,  trop  en  vogue  parmi  les  catholiques  en  leurs 
assemblées  et  festins;  au  lieu  des  danses  haut-bois,  c'étoient  lectures  de  bible 
et  chants  spirituels,  surtout  des  psaumes;  les  femmes,  à  leur  port  et  habit  mo- 
deste, paraissoient  en  public  comme  des  Eves  dolentes  ou  Madeleines  repenties, 
ainsi  que  disoit  Tertullien  de  celles  de  son  temps.  Les  hommes  tout  mortifiés 
sembloient  être  frappés  du  Saint-Esprit;  c'étoient  autant  de  saint  Jean  prêchant 
au  désert 3.  n 

Les  ministres  désignés  par  les  Eglises  et  venus  à  Saint-Germain  étaient  au 
nombre  de  douze,  mais  à  leur  arrivée  à  la  cour  les  députés  des  provinces  s'étaient 
joints  à  eux:  tells  furent  mieux  accueillis  que  n'eût  été  le  pape  de  Rome  s'il 


1  Voy.  Jules  Bonnet,  Lettres  de  Calvin,  t.  II, 
p.  4a8. 

"'  Voici  ce  qu'en  écrivait  à  Calvin  le  minisire 
Larivière  en  lui  adressant  le  sauf-conduit  et  la  per- 
mission donnée  à  tous  les  sujets  du  roi  de  venir  au 
colloque  :  «Monsieur  l'admirai  n'est  neullement 
d'advis  que  vous  entrepreniez  le  voyage  et  avons 
bien  congnu  que  la  Roynene  auroit  pas  à  cueur  de 
vous  y  veoir  aussi  et  dict  franchement  qu'elle  ne 


voudroit  pas  asseurer  de  vous  conserver  par  deçà 
comme  les  autres ,  et  les  ennemis  de  l'Evangile  de 
l'autre  côté  disent  qn'ilz  entendroyenl  volontiers 
parler  tous  les  autres,  mais  quant  à  vous  qu'il/;  ne 
vous  srauroyent  ouyr  ne  veoir.»  (Société  de  l'his- 
toire du  protestantisme  français.  Bulletin  historique, 
t.  XVI,  p.  6o3.) 

3  Florimond  de  Raymond,  Naissance  de  l'hé- 
résie, Rouen,  179.3,  in:')°,  p.  864. 


INTRODUCTION.  ci 

lui  venu,D  s'écrie  avec  indignation  Claude  Ilaton  dans  son  curieux  journal  '. 
Ghantonnay,  sujet  à  exagérer,  nous  dit  que  le  cardinal  de  Ghâtilion  voulut  avoir 
a  son  logis  douze  ministres'2.  L'amiral  de  Colignv  n'en  prit  qu'un,  Jehan  Malot, 
qui  devint  l'un  des  pasteurs  de  l'Église  réformée  de  Paris3. 

Théodore  de  Bèze  était  arrivé  un  des  premiers,  le  23  août;  c'était  le  disciple 
aimé  de  Calvin,  l'orateur  désigné  par  tous.  A  son  début  dans  la  vie  il  s'était  adonné 
aux  lettres  profanes,  et  son  recueil  de  vers  latins,  JuvcniUa,  comme  il  l'intitule,  ses 
dédicaces  à  des  Lesbies  imaginaires,  comme  il  le  prétendit  depuis,  tous  ces  péchés 
mignons  de  sa  jeunesse,  désavoués  plus  tard,  n'annonçaient  guère  qu'il  serait  un 
jour  un  polémiste  si  redoutable.  Esprit  élégant  et  souple,  subtil  et  passionné,  qui 
sait,  il  n'eût  été  peut-être,  sans  Calvin  qui  le  moula  à  son  image,  qu'un  poète  de 
second  ordre,  qu'un  Catulle  de  basse  latinité;  mais  comme  orateur,  nous  dit 
.Haton,  et  d'une  langue  disserte  et  bien  aflilée  par  un  beau  et  propre  vulgaire 
lïançois,  il  avoit  la  mine  et  les  gestes  attrayants  les  cœurs  et  vouloirs  de  ses  audi- 
teurs4. »  Genève  le  vit  partir  avec  regret,  mais  elle  avait  cédé  aux  instances  du 
roi  de  Navarre  et  du  prince  de  Condé  qui  tous  deux  réclamaient  sa  présence. 

Dès  le  lendemain  de  son  arrivée,  il  prêcha  au  logis  du  prince  de  Condé  et 
rravec  une  telle  aflluence  que  la  cour  du  donjon  ne  put  suffire  pour  contenir  tous 


1  Journal  de  Claude  Haton,  t.  I.  p.  i55* 

2  Archives  tle  Vienne-,  lettre  de  Ghantonnay  à  la 
duchesse  de  Parme  (septembre  i56i). 

3  Voici  tes  noms  des  ministres  qui  siégèrent  au 
colloque:  Jean  Raymond  Merlin,  qui  devint  aumô- 
nier de  Coligny  et  se  trouvait  auprès  de  lui  dans  la 
nuit  de  la  Saint-Barthélémy;  Jean  de  l'Espine,  un 
des  plus  savants  ministres,  que  Renée  de  Ferrare 
avait  recueilli  à  Montargis  et  que  la  Rochelle  voulut 
avoir  après  le  colloque;  Marlorat,  ancien  moine 
augustin ,  qui  venait  de  présider  le  synode  provin- 
cial de  Dieppe  et  qui ,  l'année  suivante ,  devait  être 
étranglé  devant  le  parvis  de  Notre-Dame  de  Rouen; 
François  Morel,  pasteur  de  l'Eglise  de  Paris,  qui 
avait  présidé  le  premier  synode  tenu  sous  Henri  II , 
en  1  55y  ;  François  de  Saint- Paul,  pasteur  de  l'Eglise 
de  Dieppe  ;  Nicolas  Follion,  plus  connu  sous  le  nom 
de  la  Vallée;  Jean  Boquin,  ancien  protégé  de  Mar- 

1  Calendar  of  State  papers  (i56i),  p.  209. 

1  Voy.  Zurich  Letters ,  Cambridge,  i840,  in-S",  p.  120. 


guérite  d'Angoulême  et,  à  ce  titre,  appelé  par  le  roi 
de  Navarre  au  colloque;  Nicolas  des  Gailards,  qui 
remplissait  a  Londres  les  fonctions  de  pasteur  de 
l'église  française  et  qui  vint  en  France  avec  une 
mission  de  la  reine  Elisabeth,  et,  sur  la  demande 
de  Coligny  *,  Claude  de  la  Boissière,  de  Saintes, 
Jean  Malet,  de  Paris,  Nicolas  Thobie,  d'Orléans. 
Pierre  Martyr  n'arriva  que  le  dernier;  pour  plus  de 
sûreté  il  s'était  fait  donner  le  titre  d'envoyé  des  can- 
tons Suisses b;  il  eut  grand'peine  néanmoins  à  se 
décider  à  quitter  Zurich;  le  2 3  août,  il  écrivait  à 
l'évêque  Parkhnrst  :  n-Je  suis  appelé  en  France,  j'ai 
un  sauf-conduit  signé  du  roi  de  Navarre  et  de  la 
reine  mère.  Les  lettres  du  roi  de  Navarre  sont  si 
pressantes  que  je  ne  puis  différer  mon  départ;  mais 
le  danger  est  si  grand  que  je  me  recommande  à  vos 
bonnes  prières.  » 

4  Journal  de  Claude  Haton,  t.  I",  p.  1 56. 


i  \ruoi>;  gtion. 

les  assislans  .  •■  Le  soir  il  fui  appelé  en  la  chambre  du  roi  de  Navarre  0C1  se  trou- 
\ aïeul  Catherine  de  Médicis,  le  prince  de  Condé,  le  duc  d'Etampes,  les  cardinaux 
de  Bourbon  cl  de  Lorraine  el  M""'  <lc  Crussol.  Vprès  avoir  fail  sa  révérence  à  la 
reine,  il  lui  exposa  en  peu  de  mots  les  causes  de  sa  venue,  et  le  désir  que  lui  et 
•;es  compagnons  avaient  de  servir  Dieu  et  le  roi  dans  cette  sainte  et  nécessaire 
entreprise;  rt  la  reine  l' écouta  avec  un  fort  bon  visage  et  répondit  qu'elle  seroit  très 
aise  d'en  voir  un  effet  si  bon  et  si  heureux  que  le  royaume  en  pût  venir  à  quel- 
que bon  repos.  «  Alors  le  cardinal  de  Lorraine,  prenant  la  parole,  dit  à  de  Bèze 
qu'il  le  connaissait  déjà  par  ses  écrits  et  l'exhorta  à  la  paix;  puis  la  discussion 
I  igique  venant  à  s'engager  sur  la  cène,  chacun  doux  donna  son  argument, 
sa  définition,  mais  à  armes  courtoises,  avec  l'intention  bienveillante  de  chercher 
les  termes  de  rapprochement,  plutôt  que  les  termes  qui  éloignent.  En  se  séparant, 
le  cardinal  dit  à  la  reine  que  les  dernières  paroles  de  de  Bèze  lui  donnaient  beau- 
coup de  contentement  et  l'opinion  que  la  conférence  serait  heureuse'2,  et  Ce  propos 
fini,  Madame  de  Crussol .  comme  elle  est  fort  libre  en  paroles,  dit  qu'il  lalloit  avoir 
de  1  encre  et  du  papier  pour  faire  signer  au  cardinal  ce  qu  il  avoit  dit  et  avoué3. •» 
Ce  premier  entretien  fit  grand  bruit  à  la  cour;  Chantonnay  accourut  le  lende- 
main pour  présenter  ses  remontrances  à  Catherine;  elle  se  tint  longtemps  dans 
il"  vagues  généralités;  enfin,  ne  pouvant  se  défendre  de  parler  de  la  controverse 
qui  avait  eu  lieu  en  sa  présence,  elle  dit  -■  qu  il  en  étoit  sorti  ce  bien  que  de  Bèze 
s'étoit  reconnu  en  l'article  du  saint  sacrement  de  l'autel  et  avoit  assuré  que  si 
Ton  salisfaisoit  toujours  ainsi  par  allégation  suffisante,  il  seroit  content  de  con- 
fi  sser  son  erreur  et  tous  les  autres  points  et  de  réduire  cent  mille  personnes  qui 
i  toient  dans  même  opinion  '.-.•  —  «Je  n'ai  pas  fait  grand  fondement  sur  ceci,  écrit 
Chantonnay,  car  je  sais  bien  le  but  de  ces  galants  qui  procèdent  [dus  par  ambi- 
tion que  par  ignorance;  aussi  cvux  de  sa  suite  ont  fait  sentir  au  contraire  qu'il  avoit 
confondu  le  cardinal  et  forcé  par  vives  raisons  de  nier  la  transsubstantiation, 
aujourd'hui  et  avant-hier  il  a  fait  un  sermon  dedans  le  donjon  de  Saint-Germain, 
à  peu  de  chambres  loin  de  celles  du  roi,  où  il  nia  clairement  que  le  cardinal  ait 
rien  gagné  sur  lui  et  corrobora  sa  mauvaise  opinion  plus  que  jamais,  et  le  lende- 

Letti'i'  de  (  hantonnaj  h  la  duchesse  de  Parme  Archives  de  \  ienne,  lettre  de  Chantonna}   .:i 

(aoûl  1 56 1).  •-    Une  lettre  de  de  Bèze  à  Calvin,        la  duchesse  de  Parme  (septembre  1 56 1  , 
pour  lu    annoncer  son   arrivée  ;'i   la   cour,  a  été  De  Hèze ,  Histoire  des  églises  réformées ,  édit.  de 

imprimée  |>;u    M,   le  comte  de  Laborde  dans  son        Lille    i84i,  t.I,  p.  3o(). 

livre       itants  à  la  cour  de  Saint- Germain,  '    archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnaj  à  la 

duchesse  de  Parme  l  septembre  i  56 1  . 


INTRODUCTION.  cm 

main,  qui  lut  hier,  à  la  chambre  iln  prince  de  Coudé,  lil  le  sermon  le  plus  abo- 
minable <pie  jamais  eût  été  l'ait,  et  y  entroil-on  par  les  portes  et  les  fenêtres  avec 
une  furie  admirable  '.  n 

Le  parti  de  la  réforme  allait  avoir  une  puissanle  recrue  dans  Jeanne  d'Albret, 
qui  arrivait  de  Béarn;  on  disait  tout  liant  à  la  cour  ipfelle  était  1res  irritée  de  ce 
que  son  mari  entendait  la  messe,  el  quelle  en  avait  écrit  au  cardinal  d'Arma- 
gnac, y  croyant  voir  son  influence.  Un  motif  plus  humain,  disait-on  encore,  l'avail 
poussée  à  ce  voyage.  On  ne  lui  avait  pas  laissé  ignorer  l'attachement  de  son  mari 
pour  MUc  de  la   Beraudière,  la  belle  Rouet,  comme  on   l'appelait  alors,   et  On 
l'attend  comme  le  Messie,  »  nous  dit  Cbantonnay.  Partout  où  elle  passe,  elle  eu- 
courage  le  peuple  à  se  maintenir  dans  la  nouvelle  religion;  elle  invite  les  juges  à 
user  de  douceur  envers  les  réformés.  Sa  présence  à  Paris  pouvait  y  amener  une 
sédition  populaire;  par  mesure  de  prudence  elle  se  rendit  tout  droit  à  Saint-Ger- 
main, où  des  appartements  lui    étaient  destinés2.  Quelques  jours  auparavant, 
Catherine   avait   quitté    cette   résidence   et   était    venue   à   Meaux   pour   qu'on 
eût  le  loisir  de  faire  les  préparatifs  de  la  réception  qu'elle  lui  ménageait.  Le  jour 
de  son  arrivée,  il  y  eut  grand  banquet  à  la  cour,  des  courses  de  taureaux,  et  le 
soir  un  feu  d'artifice3.  Catherine  paraissait  toute  joyeuse,  à  ce  point  que  Chan- 
tonnav  en  fit  la  remarque;  elle  venait  de  réconcilier  le  duc  de  Guise  et  le  prince 
de  Condé  au  logis  du  connétable  qui ,  à  cette  occasion ,  avait  somptueusement  traité 
la  cour4;  elle  en  était  encore  aux  illusions  sur  le  futur  colloque  de  Poissy,  et 
pour  neutraliser  Jeanne  d'Albret,  elle  avait  en  réserve  un  moyen  puissant,  c'était 
l'espoir  qu'elle  avait  jeté  à  sa  vanité  du  double  mariage  de  son  fils  avec  Marguerite 
de  Valois  et  de  Catherine  de  Bourbon  avec  le  duc  d'Orléans.  Pour  Marguerite, 
ce  n'était  pas  un  projet  né  de  la  circonstance.  Antoine  de  Bourbon  en  avait  reçu 
la  promesse  de  Henri  IL  Toute  zélée  protestante  qu'elle  fut,  Jeanne  d'Albret  ne 
perdait  pas  de  vue  les  intérêts  de  sa  maison  et  son  orgueil  était  flatté  d'entendre 
la  reine  mère  appeler  du  nom  de  fils  le  jeune  Henri  de  Béarn  :  ce  Comment  puis-je 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Cbantonnay  à  la         l'autre,  le  duc  de  Guise,  le  prince  de  Condé,  le  roi 
duchesse  de  Parme  (septembre  i5Gi).  de  Navarre,  les  cardinaux  de  Lorraine  et  de  Châ- 

2  Ibid.  tillon  et  les  autres  seigneurs  de  la  cour.  (Archives 
1  lOiil.  -  de  Vienne,  lettre  de  Cbantonnay  à  la  duchesse  de 
1  Dans  la  salle  du  banquet  on  avait  dressé  deux         l'arme ,  1 56 1 .)  —  Voy .  une  lettre  de  Throckmorton 

tables,  l'une  tout  en  haut,  l'autre  dans  sa  longueur;        à  Elisabeth  dans  le  Calendar  of  State  papers,  1 56i- 
à  celle  du  haut,  la  reine,  le  roi,  le  duc  d'Orléans,         i56a,  p.  281. 
la  princesse  Marguerite  et  la  dame  de  Crussol;  à 


civ  INTRODUCTION. 

vous  nommer  maintenant,  lui  dit-elle  un  jour,  puisque  la  reine  vous  traite  de  son 
liis?  Désormais  c'est  Monsieur  que  je  vous  dirai  ].n  En  caressant  ces  prétentions. 
Catherine  jouait  un  double  jeu ,  car  déjà  elle  était  entrée  en  pourparlers  au  sujet 
du  mariage  de  sa  fille  avec  le  jeune  roi  de  Portugal  qui,  en  recevant  le  portrait 
de  la  princesse,  s'en  était  épris  à  première  vue;  aussi  fit-elle  prier  l'ambassa- 
deur du  Portugal  de  retarder  son  départ,  mais  tout  en  menant  de  front  ces  deux 
intrigues,  elle  ne  renonçait  pas  à  ses  visées  sur  Don  Carlos,  et  dans  ses  lettres 
à  sa  fille,  la  reine  d'Espagne,  elle  y  revient  toujours  et  avec  les  mêmes  in- 
stances. 

Le  colloque  de  Poissy  fut  précédé  par  de  longues  discussions  préparatoires;  elles 
méritent  qu'on  s'y  arrête  pour  bien  déterminer  la  part  qu'y  prit  Catherine.  D'abord . 
elle  fit  venir  les  théologiens  catholiques  à  Saint-Germain  et  eut  avec  eux  une  première 
conférence;  il  s'agissait  de  leur  expliquer  la  pensée  du  colloque  et  de  fixer  les  points 
sur  lesquels  la  discussion  devait  porter;  elle  les  résume  ainsi  :  l'usage  des  images, 
l'administration  du  sacrement  de  baptême,  le  sacrement  de  la  communion,  l'im- 
position des  mains  et  vocation  des  ministres;  enfin  elle  insiste  sur  la  nécessité 
de  bien  constater  les  causes  de  séparation  et  d'examiner  en  quelle  manière  l'Église 
primitive  en  a  usé  pour  trouver  le  moyen  de  revenir  à  une  bonne  union'2. 

Il  s'agissait  ensuite  de  fixer  les  conditions  de  ce  tournoi  théologique,  et  ce  ne 
fut  pas  sans  de  vives  contestations  dont  nous  retrouvons  la  trace  dans  les  lettres 
de  Des  Gallards  à  Throckmorton,  le  confident  habituel  des  ministres. 

Les  ministres  demandaient  que  les  parties  ne  fussent  pas  leurs  juges,  que  les 
différends  fussent  jugés  par  la  parole  de  Dieu,  contenue  dans  l'Ancien  et  le  Nou- 
veau Testament;  enfin  que  les  secrétaires  fussent  élus  des  deux  côtés3.  Cette  pre- 
mière requête  fut  admise  comme  équitable  :  «Nos  adversaires,  écrivait  des  Gallards 
à  Throckmorton,  se  voient  empêchés  et  voient  bien  que  leur  état  ne  peut  durer; 
ils  voudraient  bien  nous  étonner  par  menaces  ou  abuser  par  finesses,  mais  nous 
sommes  délibérés  de  ne  céder  sans  montrer  tout  devoir;  nous  ne  sommes  pas 
destitués  d'amis  qui  veillent  pour  nous4.  n  11  disait  vrai;  Catherine  s'en  effraye  : 
«  Ils  ont  été  présentés  et  assistés,  écrit-elle  à  l'évêque  de  Rennes,  par  les  députés 
de  la  plupart  de  la  noblesse  et  des  gens  du  tiers  état  de  la  meilleure  partie  des 
provinces  du  royaume,  de  sorte  que  par  cette  assistance  vous  pouvez  juger  s'ils 

'   Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  (sep-  3  Record  ollice,  State  papers,  France,  vol.  XXI. 

tembre  1 56 1).  '  Record  ollice ,  State  papers,  France,  vol.  XXI, 

'  Record  office.  State  papers,  France,  vol.  XXI.        lettres  de  Des  Gallards. 


INTRODUCTION.  cv 

ont  faute  de  gens  et  en  grand  nombre  qui  leur  adhèrent,  et  s'il  y  a  aussi  peu  de 
difficulté  de  trouver  et  appliquer  le  remède  propre  à  la  guérison  d'un  tel  mal1.-» 
Le  8  septembre,  des  Gallards  annonce  à  Throckmorton  que  les  ecclésiastiques  ne 
seront  point  leurs  juges  :  «11  a  plu  au  roi,  à  la  reine  et  aux  princes  de  présider 
cette  dispute.  Les  docteurs  de  Sorbonne  venus  aujourd'hui  à  Saint-Germain  pour 
s'y  opposer  n'ont  rien  obtenu,  n  En  terminant,  il  ajoute:  «Pierre Martyr  est  à  Brie- 
Comte-Robert;  celui  qui  était  allé  le  quérir  est  ici  et  nous  l'amènera  mercredi2.  » 

C'est  dans  le  vaste  réfectoire  du  couvent  des  dominicains  de  Poissy,  bâti  par 
saint  Louis,  qu'eut  lieu  la  première  séance  du  colloque.  L'afiluence  était  telle  que, 
bien  que  le  duc  de  Guise  se  tint  aux  portes,  en  qualité  de  grand  maître,  il  y  eut 
des  chevaliers  de  l'ordre  qui  ne  purent  entrer3.  Les  gravures  du  temps  repro- 
duisent fidèlement  l'ordre  qui  fut  observé:  dans  le  fond,  le  jeune  roi  ayant  à  sa 
droite  le  roi  de  Navarre,  le  duc  d'Orléans;  à  sa  gauche,  la  reine  sa  mère,  Mar- 
guerite de  Valois  et  Jeanne  d'Albret;  derrière  le  roi,  les  gentilshommes  de  sa  mai- 
son, les  chevaliers  de  l'ordre  et  les  membres  du  conseil  privé;  au  pied  des  lourds 
piliers  romans  qui  soutiennent  la  voûte,  deux  longues  rangées  de  bancs;  sur  ceux 
de  droite,  les  archevêques  et  les  évèques;  sur  ceux  de  gauche,  le  reste  du  clergé: 
sur  un  fauteuil  réservé,  le  cardinal  de  Lorraine  seul  et  en  avant;  en  dehors  de 
l'enceinte,  derrière  la  barre  et  faisant  face  au  roi,  de  Bèze  et  les  ministres.  Le  prévôt 
du  guet  et  les  archers  les  avaient  introduits  et  placés  ainsi 4. 

Nous  laisserons  de  coté  les  questions  théologiques  qui  se  débattirent  au  colloque; 
ce  que  nous  cherchons,  c'est  la  pensée  intime  de  Catherine,  c'est  le  but  qu'elle 
poursuit.  Nous  lui  emprunterons  donc  le  récit  qu'elle  fit  à  l'évêque  de  Rennes  de 
la  première  séance  du  colloque  :.«  De  Bèze  portant  la  parole,  lui  dit-elle,  pour  tous 
les  autres,  commença  et  continua  longuement  sa  remontrance  en  assez  doux 
termes,  se  soumettant  souventes  fois,  si  l'on  montroit  par  la  Sainte  Ecriture  qu'ils 
errassent  en  aucune  chose,  de  se  réduire  et  laisser  vaincre  à  la  vérité;  mais  étant 
tombé  sur  le  fait  de  la  cène,  il  s'oublia  en  une  comparaison  si  absurde  et  tant  offen- 
sive des  oreilles  de  l'assistance,  que  peu  s'en  fallut  que  je  lui  imposasse  silence  et 
que  je  les  renvoyasse  tous,  sans  les  laisser  parler  plus  avant; •»  mais  elle  ajoute 
que,  «  craignant  que  cette  interruption  de  la  séance  ne  tournât  à  leur  avantage,  les 
assistants  qui  avaient  écouté  cette  exposition  de  doctrine  venant  à  se  retirer  sans 

'  Voyez   la   lettre    de    Catherine,    appendice.  3  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonna\  à  la 

p.  608.  duchesse  de  Parme  (septembre  1 56 1). 

1  Record  office,  State  pnpcrs.  France,  vol.  XXI.  4  Ibid. 

Catherine  de  Médicis.  —  i.  N 


en  INTRODUCTION. 

en  avoir  entendu  la  réfutation,  elle  se  contint,  mais  bien  offensée  toutefois  de  ces 
propos,  ri 

Dans  ce  récit,  elle  passe  sous  silence  la  véhémente  apostrophe  du  cardinal  de 
Tournon  à  de  Bèze  et  les  murmures  de  l'assemblée  qui,  un  instant,  intimidèrent 
l'orateur  au  point  que  la  fin  de  sa  harangue  s'en  ressentit  K 

La  seconde  séance  s'ouvrit  le  16  septembre,  en  présence  du  roi,  de  la  reine  et 
du  même  auditoire.  C'est  en  cette  séance  que  le  cardinal  de  Lorraine  prit  la  parole 
et  obtint  un  grand  succès  oratoire.  Catherine,  ne  voulant  pas  s'en  rapporter  uni- 
quement à  l'approbation  si  chaleureuse  de  l'auditoire  catholique,  manda  à  Saint- 
Germain  de  Bèze  et  Pierre  Martyr;  ils  s'y  rendirent  tous  deux;  emmenant  à  l'écart 
Pierre  Martvr,  elle  le  pria  de  lui  indiquer  les  remèdes  propres  à  apaiser  les 
troubles2.  Si  l'on  s'en  rapporte  aux  lettres  de  Martyr  et  de  de  Bèze,  il  tint  un  lan- 
gage conciliant,  il  proposa  de  réserver  l'article  de  l'eucharistie  et  de  permettre  à 
chacun  de  croire  et  de  prêcher  la  doctrine  qu'il  jugerait  conforme  à  la  parole  de 
Dieu;  il  conseilla  même  de  garantir  le  temporel  du  clergé  catholique  pour  le 
rassurer  et  le  rendre  plus  favorable.  L'entretien  en  resta  là;  la  reine  remercia  le 
vieillard  et  se  rapprochant  du  feu  où  le  roi  de  Navarre,  le  prince  de  Condé  et 
l'amiral  se  tenaient  avec  Théodore  de  Bèze,  elle  congédia  les  deux  ministres  en 
les  exhortant  de  nouveau  à  travailler  à  l'union. 

Dans  les  jours  qui  suivirent,  elle  continua  à  donner  des  audiences  à  de  Bèze  et 
à  Pierre  Martyr3;  quelquefois  le  roi  y  assistait,  le  plus  souvent  Jeanne  d'Albret 

1  Voy.  de  Bèze,  llist.  des  églises  réformées,  édit.  si  modestement  et  vertueusement  que  nous  avons 
de  Lille,  i84i,  1. 1",  p.  3ao.  grande  occasion  de  vous  en  louer  et  vous  remer- 

2  D'après  le  dire  de  Chantonnay,  il  répondit  dure-  eyer,  comme  nous  faisons  de  bien  bon  cœur,  de  ce 
ment  qu'aux  «  choses  de  la  foi  il  n'était  venu  mettre  que  vous  luy  avez  permis  de  venir  par  deçà,  estant 
la  paix  sur  la  terre,  mais  le  glaive.  1  Archives  de  bien  marrye  que  du  colloque  et  conférence  qui  s'y 
Vienne,  lettre  de  Chantonnay  (octobre  i56i).  —  est  faicte,  il  n'est  sorty  le  fruict  que  nous  désirions 
Voy.  kliffer,  Le  colloque  de  Poissy.  et  qui  est  si  nécessaire  pour  l'amour  de    toute 

3  Pierre  Martyr  prit  congé  de  la  reine  le  29  oc-  l'église  chreslienne  en  une  mesme  saincte  et  catho- 
tobre  seulement.  Catherine  lui  lit  donner  par  le  lique  religion;  mais  estant  ung  bien  qu'il  faut 
jeune  roi  200  écus  pour  son  voyage  et  écrivit,  en  attendre  et  espérer  de  l'infinie  bonté  de  Dieu  qui 
outre,  la  lettre  suivante,  datée  du  28  octobre,  au  seul  régit  telles  choses,  nous  le  supplions  qu'il  nous 
conseil  de  la  ville  de  Zurich  :  le  veuille  bientost  donner  et  départyr  tel  qu'il  sçail 

rrEn   retournant  par  devers  vous,   le  docteur  nous   estre   nécessaire".  Apund  Baum.  Append. , 

Martyr,   vostre  bourgeois,  présent  porteur,  nous  p.  11 5- 116.  —  Voy.  Calendar  of  State  papers, 

avons  voulu  l'accompagner  de  la  présente  pour  vous  années  1 56 1-1 56-i  ,  p.  39g;  de  Bèze,  Histoire  des 

tesmoigner  que  es  choses  qui  se  sont  traictées  par  églises    réformées,    édit.    de    Lille,   1861,    t.   I", 

deçà  pour  le  faict  de  la  religion,  il  s'est  comporté  p.  3'jg. 


INTRODUCTION.  cvii 

était  présente.  Faisant  allusion  à  ces  fréquentes  entrevues,  Hubert  Languet  en 
conçut  quelque  défiance:  a  Pierre  Martyr,  écrit-il,  est  très  prudent,  mais  elle  est 
florentine;»  et  il  ajoute:  «Que  dirai-je  d'elle?  vraiment  je  ne  le  sais,  mais  ce 
dont  je  ne  doute  pas,  c'est  que,  de  quelque  côté  que  tourne  la  fortune,  son  prin- 
cipal soin,  c'est  de  gouverner;  et  ni  pour  les  papistes,  ni  pour  les  réformés  elle 
n'est  disposée  à  jouer  sa  destinée l.  n 

Sur  ces  entrefaites  arriva  le  légat  du  pape,  le  cardinal  Hippolyte  de  Ferrare;  il 
était  bien  de  la  race  de  ces  babiles  diplomates  italiens  du  xvic  siècle,  esprits 
souples  et  déliés  dont  les  Vénitiens  semblent  les  modèles  et  que  n'eût  pas  désavoués 
Macbiavel.  Sa  mission  portait  sur  deux  points  essentiels  :  mettre  fin  à  ces  confé- 
rences entre  ministres  et  prélats  catholiques  et  obtenir  le  maintien  des  privilèges 
de  la  cour  de  Rome.  Catherine  travailla  dès  le  premier  jour  à  le  détacher  du 
cardinal  de  Lorraine;  aux  plaintes  qu'il  lui  fit  sur  le  colloque  qui  sentait  trop  le 
concile  national,  elle  eut  bien  soin  de  lui  rappeler  que  sous  François  II  la  pre- 
mière idée  d'un  concile  national  était  venue  du  cardinal;  la  convocation  des  Etats 
d'Orléans  et  de  ceux  de  Pontoise  lui  était  également  due,  et  si  le  protestantisme 
y  avait  trouvé  un  point  d'appui,  la  faute  en  devait  retomber  tout  entière  sur  les 
Guises.  Le  légat  se  plaignant  à  Chantonnay  du  cardinal  de  Lorraine  et  le  désignant 
comme  le  principal  auteur  du  colloque  de  Poissy  et  de  la  réunion  des  Etats, 
celui-ci  écrivit  le  jour  même  à  la  duchesse  de  Parme  :  tr  C'est  de  la  reine  qu'il  lient 
cela,  car  elle  m'a  dit  la  même  chose2. a 

Des  harangues  on  passa  à  des  conférences  particulières  entre  les  plus  madères 
des  théologiens  catholiques3  et  les  principaux  ministres,  afin  d'arrêter  de  concert 
la  rédaction  d'un  formulaire  qui  pût  satisfaire  l'un  et  l'autre  parti.  Alarmé  de  ces 
pratiques  secrètes,  Chantonnay  vint  de  nouveau  trouver  la  reine,  l'adjurant  de 
lui  dire  au  moins  quelques  bonnes  paroles  afin  de  rassurer  le  roi  son  maître  sur 
sa  présence  au  colloque,  se  plaignant  de  jouer  toujours  le  rôle  de  Cassandre  dont 
il  était  lassé4.  Elle  répondit  qu'il  y  avait  grand  amendement  et  qu'elle  avait  plus 
d'espoir  que  jamais.  Chantonnay  lui  demandant  si  elle  prenait  pour  amendement 

1   nls  tjuidem  est  prudenlissiraus ,  sed  ipsa  etiam  Pierre  Martyr,  des  Gallards,  Marlorat  et  de  l'Espine; 

Florentina.»  (Hubert  Languet,  Arcana  scculi  cte-  du  côté  des  catholiques,  Jean  de  Monluc,  évoque 

cimi  scxii,  Halœ  Hermanduror,  iib.  II, p.  1  4i.)  de  Valence,  du  Val,  évoque  de  Séez,  et  trois  doc- 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  leurs,  Despence,  Salignac  et  Boutelier. 
duchesse  de  Parme  (septembre  1 56i).  "  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

1  Du  côté  des  protestants  se  trouvaient  de  Bèze,  duchesse  de  Parme  (septembre  i56i). 


mu  INTRODUCTION. 

ce  qui  se  faisait  en  Normandie  et  en  Guyenne,  elle  répliqua  :  «qu'elle  voudroit 
que  ceux  qui  l'avertissent  du  mal,  le  fissent  semblablement  du  bien.1»  Sur  la  ques- 
tion qu'il  lui  posa  et  si  elle  savoit  ce  qui  s'était  passé  à  Caen  où  on  avoit  tué  deux 
prêtres  et  coupé  le  nez  à  des  gens  d'église  i>,  elle  se  borna  à  dire  trque  tout  s'habil- 
leroit  fort  bien  avec  le  temps  a.  En  la  quittant,  Chantonnay  lui  jeta  cette  menace  : 
«Le  changement  de  religion  amène  le  changement  de  roi1.1» 

Cette  sécurité  qu'elle  affectait  vis-à-vis  de  Chantonnay,  elle  ne  la  partageait  pas, 
car  le  langage  qu'elle  tient  à  ses  agents  à  l'étranger  est  tout  autre  :  «Des  deux 
communications  faites  à  divers  jours,  faisait-elle  écrire  à  l'évêque  de  Limoges  par 
le  jeune  roi,  l'on  n'a  rapporté  que  confusion  de  disputes  sur  disputes,  nourries 
de  dissensions  et  discordes  beaucoup  plus  que  d'union2.  i> 

Le  colloque  se  trouvant  interrompu,  les  évêques  apportèrent  au  roi  leurs  canons 
disciplinaires.  La  réforme  du  clergé  y  avait  été  traitée  d'une  manière  large,  ils 
renfermaient  d'excellents  et  pratiques  conseils;  mais  ce  n'était  pas  là  le  but  prin- 
cipal que  s'était  proposé  Catherine;  cette  réforme  disciplinaire  n'avait  pour  elle 
qu'un  intérêt  secondaire;  ce  qu'elle  avait  en  vue,  c'était  le  côté  politique  du  col- 
loque, la  transaction  avec  les  réformés,  comme  apaisement  des  troubles  civils,  et, 
malgré  toute  son  habileté,  elle  avait  échoué;  on  peut  juger  de  son  désappointe- 
ment par  ce  qu'elle  en  écrit  à  l'évêque  de  Rennes  :  «  Les  prélats  ont  touché  fort 
catholiquement  en  beaucoup  de  choses  ce  qui  appartient  à  la  réformation  des 
mœurs  des  ministres  de  l'Eglise,  et  en  d'autres  passé  fort  légèrement;  je  ne  vois 
point  en  tout  ce  qu'ils  proposent  qu'il  y  ait  chose  qui  puisse  pourvoir  aux  troubles 
que  suscite  en  ce  royaume  la  diversité  de  la  religion3,  -n  Si  Catherine,  uniquement 
guidée  par  son  froid  scepticisme,  si  L'Hospital,  inspiré  par  ce  sentiment  de  la  jus- 
tice qui  était  inné  en  lui,  ne  purent  obtenir  cette  trêve  des  partis,  c'est  que  des 
deux  côtés  les  prétentions  étaient  trop  absolues;  parmi  les  esprits  modérés,  il  s'en 
trouvait  beaucoup  qui  regardaient  la  coexistence  de  deux  cultes  comme  une  grave 
atteinte  à  l'unité  nationale.  En  définitive,  les  réformés  furent  les  seuls  à  qui  le 
colloque  profita  :  «Pensant  avoir  eu  cet  avantage,  écrivait  Etienne  Pasquier, 
d'avoir  été  ouïs  en  public,  se  pensant  par  cela  aucunement  autorisés,  ils  parlent 
plus  haut  qu'ils  n'avoient  fait4.n  D'Aubigné  confirme  le  dire  de  Pasquier  :  «  Toute 

'  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  3q8. 

la  duchesse  de  Parme  (septembre  i56i).  "  Lettres  d'Estienne  Pasquier,  Paris,  jicix,  t.  I, 

1  Bibl.    imp.   de   Saint-Pétersbourg,  lettre  de  p.  199. 
Charles  IX  à  l'évêque  de  Limoges.  , 


INTRODUCTION.  cm 

la  France  se  sentit  du  colloque  de  Poissy,  les  réformés  élevés  de  leur  droit  ne 
chantoient  que  la  victoire  de  leurs  ministres '.n 

Tandis  que  de  part  et  d'autre  on  restait  à  Poissy  sur  le  terrain  des  discussions 
ihéologiques,  les  réformés  en  province  mettaient  la  main  sur  les  églises,  brisaient 
les  images,  brûlaient  les  reliques2,  cr S'ils  demandent  des  temples,  écrit  Hubert 
Languet,  c'est  qu'ils  les  ont  déjà 3 ;  ils  sont  maîtres  des  églises  d'Orléans,  de  Blois. 
de  Tours,  d'Angers,  de  Lyon,  de  Montpellier  et  de  presque  toutes  celles  de 
Gascogne,  u  Le  duc  d'Llampes  écrivait  de  Bretagne  à  Gatberine  :  «  Ceux  de  la  nou- 
velle religion  commencent  à  faire  dans  les  villes  des  assemblées  de  trois  cents  à 
quatre  cents  personnes  et  en  quelques  lieux  se  sont  saisis  des  temples ;n  et,  s'en 
prenant  à  sa  politique  il  osait  lui  dire:  «Vous  ôtez,  Madame,  la  force  à  ceux 
à  qui  vous  recommandez  de  cbàtier  les  autres 4.  -n  Gatberine  se  borna  à  atté- 
nuer ces  excès;  c'est  par  suite  de  l'incommodité  de  l'hiver  qu'ils  se  sont  saisis 
de  quelques  églises  pour  faire  leurs  prières,  et  encore  au  premier  avertissement  ils 
s'en  sont  retirés.  Une  ordonnance  qu'elle  a  fait  rédiger  empècbera  à  l'avenir  de 
pareilles  entreprises.  C'était  là  une  étrange  illusion  :  l'ambassadeur  vénitien,  Marc- 
Antoine  Barbaro,  écrivait  de  Lyon,  le  27  octobre  :  a  On  prêche  publiquement,  et 
les  huguenots,  là  où  ils  sont  les  plus  forts,  chassent  à  main  armée  les  catholiques 
de  leurs  églises. n  En  voyant  partout  en  France  l'administration  sans  règle,  la 
justice  avilie,  les  inimitiés  mortelles,  l'impiété  des  grands,  la  désobéissance  et  la 
turbulence  du  peuple,  pris  de  pitié  et  de  regret,  il  s'écrie  avec  tristesse  :  et  Ce 
n'est  plus  là  la  France  que  j'avais  vue  autrefois  si  soumise,  si  unie,  si  forte  et  si 
grande  5.  » 

Catherine  affectait  donc  en  apparence  une  confiance  qu'en  réalité  elle  avait 
perdue.  Du  côté  de  l'Espagne,  des  bruits  alarmants  lui  étaient  venus  sur  les  inten- 
tions de  Philippe  II;  pour  s'en  éclaircir,  elle  attendait  avec  impatience  l'arrivée  de 
d'Ausance  que  le  roi  de  Navarre  y  avait  envoyé.  Le  \h  octobre,  il  était  de  retour 
et  tout  aussitôt  il  vint  la  trouver  à  Saint-Germain.  Lorsqu'il  se  présenta,  elle 
avait  avec  elle  le  cardinal  de  Lorraine;  elle  affecta  de  demander  beaucoup  de 
détails  sur  sa  fille,  la  reine  Elisabeth,  sur  la  cour  d'Espagne,  ne  voulant  entrer 

1  D'Aubigné,  Histoire  universelle ,  Maillé ,  mcxvi-,  3  trNihil  vero  petunt,  quod  non  jain  babeant.  » 

t.  I,  p.  111.  (Ibid.  p.  ikk.) 

1  trOccupantur  tenipla  ab   evangelicis,   detur-  '  Bibl.  nafc..  fonds  français,  n°  1  5875,  foi.  2q5. 

bantur  imagines.»  (Languet,  Arcana  sectdi  decinti  5  Documents  inédits,  Relations  îles  ambassadeurs 

sexti,  liv.  II,  p.  i35.)  vénitiens,  t.  II,  p.  67. 


ex  INTRODUCTION. 

dans  la  partie  secrète  de  ia  mission  que  lorsque  le  cardinal  l'aurait  quittée.  Resté 
seul  avec  elle,  d'Ausance  lui  dit  clairement  qu'elle  n'avait  pas  à  s'abuser;  si  les 
affaires  de  la  religion  ne  s'amendaient,  elle  pouvait  s'attendre  à  la  guerre,  car  les 
Pays-Bas  ne  se  contenaient  que  par  la  rigueur  de  la  justice;  à  Grenade,  à  Valence, 
à  Naples  même,  il  y  avait  des  germes  de  révolte,  et  le  roi  d'Espagne  disait  tout 
haut  :  «  Qu'il  falloit  mieux  aller  éteindre  le  feu  dans  la  maison  de  son  voisin 
qu'attendre  en  la  sienne1.'!!  L'entretien  continuant,  la  reine  lui  demanda  quelle 
opinion  Philippe  II  avait  de  ses  enfants;  d'Ausance  lui  répondit  que  le  roi  pensait 
«que  le  jeune  Charles  IX  feroit  tout  ce  que  sa  mère  voudroit,  mais  que  quant  à 
M.  d'Orléans  et  à  Mmc  Marguerite2,  il  seroit  malaisé  de  les  pervertir,  ajoutant  que 
la  reine  n'avoit  pas  à  s'étonner  de  ces  particularités,  carie  roi  savoit  par  le  menu 
tout  ce  qui  se  passoit,  connaissant  les  noms  des  clames  et  des  grands  qui  avoient 
crédit  sur  elle,  et  renseigné  sur  ce  que  la  reine  disoit  et  faisoit,  aussi  bien 
qu'elle-même  3.  n 

A  ce  moment  de  l'entretien  entra  M.  de  Vendôme4,  et  d'Ausance  ne  lui  cacha 
pas  qu'il  n'avait  rien  à  attendre  d'Espagne,  les  choses  de  la  religion  restant  dans 
les  mêmes  termes;  si  le  mécontentement  allait  plus  avant,  c'est  lui  qui  le  pre- 
mier payerait  peut-être  pour  le  tout,  et  sur  ses  possessions  de  France,  le  roi  d'Es- 
pagne n'étant  pas  à  ignorer  ce  qui  en  était  de  la  religion  de  Mrae  de  Vendôme  et 
de  celle  de  son  fils.  A  celte  déclaration  qui  sentait  la  menace,  Catherine  se  troubla, 
et  se  tournant  vers  le  roi  de  Navarre,  lui  dit  qu'il  était  urgent  d'y  remédier;  il 
répondit  qu'il  l'avait  toujours  pensé  ainsi b.  .    . 

Sans  perdre  une  minute,  Catherine  écrit  à  l'évêque  de  Rennes,  elle  l'invite  à 
pénétrer  les  desseins  de  l'Espagne;  elle  réchauffe  le  zèle  de  l'évêque  de  Limoges  : 
et  Ne  vous  laissez  endormir,  lui  écrit-elle,  car  beaucoup  d'avis  et  de  nouvelles  de 
Rome,  de  Flandres,  d'Allemagne  et  d'ailleurs  concourent  à  semblable  but,  qui 
est  la  guerre,  n  Chantonnay  ne  cachait  guère  les  intentions  de  Philippe  II;  se  trou- 
vant au  palais  de  Saint-Germain  avec  plusieurs  gentilshommes  qui  sortaient  d'une 
audience,  il  leur  dit  ouvertement  que  le  roi  son  maître  avait  fait  proposer  toutes 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  '  Archives   de   Vienne,   lettre   de  Chantonnay 

duchesse  de  Parme  (octohre  i56i).  (octobre  1 5Gi). 

1  «Je  fis  résistance,  dit  Marguerite  dans  ses  '  Chantonnay,  par  ordre  sans  doute  de  Phi- 
Mémoires,  pour  conserver  ma  religion  du  temps  lippe  II,  affectait  de  ne  pas  l'appeler  le  roi  de  IVa- 
du  Sinode  de  Poissi,  où   toute  la  cour  estoit  in-  varre. 

fectée  d'hérésie. *  Mémoires,  édit.  de  i8^2,in-8°,  5  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

p.  6.  duchesse  de  Parme  (octohre  i56i). 


INTRODUCTION.  ai 

ses  forces  à  la  reine  pour  s'en  aider  contre  les  rebelles  et,  qu'en  cas  de  refus,  il 
les  offrait  à  tous  les  catholiques1  :  «Je  trouve  cela  si  étrange,  écrit  Catherine  à 
l'évêque  de  Limoges,  que  si  vous  en  aviez  fait  autant  à  ses  sujets,  je  vous  assure 
que  je  vous  enverrais  quérir2 ;d  elle  l'engage  donc  à  s'en  expliquer  avec  le  roi 
d'Espagne;  quant  à  elle,  elle  se  réserve  personnellement,  à  la  première  audience, 
d'en  dire  sa  pensée  à  Chantonnay.  Gela  ne  tarda  pas,  il  vint  la  trouver  le  îG  oc- 
tobre, voulant  juger  de  l'effet  produit  par  les  paroles  de  d'Ausance.  Quand  il 
l'aborda,  son  visage  était  sévère,  son  air  résolu  :  et  La  réponse  était  faite  à  l'avance, 
écrit-il  à  la  duchesse  de  Parme,  elle  en  avait  longtemps  conféré  avec  l'amiral,  le 
cardinal  de  Châtillon,  l'évèque  de  Valence  et  M.  de  Vendôme.  »  Chantonnay  lui 
donna  d'abord  des  nouvelles  du  roi  et  de  la  reine  apportées  par  M.  d'Ausance; 
les  réponses  furent  brèves,  elle  avait  hâte  d'arriver  à  la  partie  sérieuse  de  l'en- 
tretien. Chantonnay  le  comprit  et  formula  nettement  les  intentions  de  son  maître  : 
il  fallait  changer  de  route,  renoncer  à  ces  moyens  de  douceur,  à  ces  essais  de  tolé- 
rance tentés  jusqu'à  ce  jour.  D'une  voix  sèche,  Catherine  le  pria  de  remercier  son 
maître  de  sa  bonne  volonté  et  de  ses  offres;  elle  s'était  demandé  à  qui  en  France 
le  roi  catholique  pourrait  prêter  aide  pour  conserver  la  religion,  se  refusant 
à  croire  que,  sans  son  consentement,  il  fut  disposé  à  secourir  quiconque  le  lui 
demanderait.  Le  roi  son  fds  avait  assez  de  forces  pour  se  faire  obéir  de  ses  vassaux, 
sans  s'aider  de  personne,  et  si  quelques-uns  d'entre  eux,  sans  sa  permission, 
réclamaient  un  secours  étranger,  il  saurait  y  aviser  et  les  châtier  de  telle  sorte 
qu'ils  s'en  repentiraient.  Devant  cette  ferme  etfière  déclaration,  Chantonnay  battit 
en  retraite  et  limita  la  portée  des  offres  de  Philippe  II;  son  intervention  n'était 
offerte  que  dans  le  cas  tout  particulier  où  un  sujet  fidèle  du  jeune  roi  viendrait  à 
prendre,  dans  une  province,  les  armes  pour  sa  cause,  et  aurait  à  lutter  avec  des 
forces  insuffisantes  contre  les  protestants  rebelles.  «  Elle  n'a  pas  voulu  avaler  ceci,  n 
ajoute  Chantonnay.  Elle  reprit  d'un  ton  plus  accentué  :  ce  Monsieur  l'ambassadeur, 
vous  direz  ce  que  vous  voudrez,  et  le  roi  mon  beau-fils  écrira  ce  qu'il  lui  plaira; 
je  ne  crois  ni  ne  croirai  jamais  qu'il  donne  aide  aux  vassaux  du  roi  mon  fils,  sans 
son  congé  ou  le  mien,  et  quand  quelqu'un  le  lui  demanderait,  il  ne  devrait  le 
lui  donner,  encore  que  ce  fût  le  duc  d'Orléans,  et  quiconque  le  fera  on  lui  mettra 
la  main  dessus,  n  Chantonnay  lui  représenta  que  le  danger  était  proche;  qu'on 
savait  d'Allemagne  que  les  rebelles  ne  se  contenteraient  pas  de  la  faire,  elle  et  ses 

'   Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (oclohre  i56i).  —  '  Voy.  la  lettre 
de  Catherine,  p.  ail. 


cm  INTRODUCTION. 

entants,  prisonniers;  qu'elle  se  rappelât  ce  proverbe  italien  :  crClie  huomo  inorto 
no  fa  guerra;  v  il  l'engagea  à  ne  pas  laisser  ses  enfants  ensemble.  Elle  répondit  que 
si  elle  s'en  séparait,  elle  aimerait  mieux  en  envoyer  un  en  Espagne.  Ce  qu'il  avait 
dit  de  l'Allemagne  ayant  piqué  sa  curiosité,  elle  le  pria  d'expliquer  ce  qu'il  en- 
tendait par  là;  il  répondit  que  les  choses  parlaient  d'elles-mêmes,  seulement  qu'il 
la  suppliait  et  qu'il  n'en  fût  pas  comme  d'Amboise  où  quand  il  dit  un  mois  aupa- 
ravant ce  qui  arriverait,  on  lui  répondit  qu'on  le  savait  bien.  ■»  Avant  de  se  séparer, 
elle  posa  carrément  à  Chantonnay  les  questions  suivantes  :  à  quel  propos  le 
secours  a-t-il  été  offert  par  le  roi  son  maître  ;  dans  quel  but  et  à  quel  effet  ?  A 
cette  interrogation  directe,  il  répondit  que  si  les  bons  entraient  en  désespoir,  s'il 
leur  semblait  qu'elle  soutenait  les  hérétiques  et  que  l'oppression  fût  ainsi  mani- 
feste, il  n'y  avait  personne  qui,  dans  ce  cas,  pût  leur  dénier  secours.  Sur  cette 
parole,  elle  l'arrêta:  ce  Pensez-vous,  lui  dit-elle,  que  je  soutienne  les  hérétiques? 
—  Dieu  me  garde  de  le  croire,  reprit-il;  mais  si  vous  me  permettez  de  parler, 
je  dirai  que  les  hérétiques  ne  peuvent  demander  plus  de  faveur  que  la  douceur 
dont  vous  usez  envers  eux;  si  vous  ne  les  favorisez  pas,  vous  temporisez  et  les  mé- 
chants répètent  partout  que  ce  qu'ils  font  c'est  de  votre  consentement.  »  H  en  donna 
pour  preuve  les  communications  habituelles  que  la  reine  avait  avec  l'amiral, 
l'évêque  de  Valence  et  le  cardinal  de  Châtillon,  et  les  prêches  de  chaque  jour 
au  palais  et  à  la  cour.  Elle  resta  sur  la  réserve,  lui  donnant  pourtant  à  entendre 
qu'elle  ne  pouvait  rien  contre  le  prince  de  Condé  et  Jeanne  d'Albret.  L'impression 
que  Chantonnay  rapporta  de  cet  entretien,  c'est  que  Catherine,  tout  en  redou- 
tant la  puissance  du  roi  d'Espagne,  n'avait  réellement  confiance  qu'en  Coligny  et 
ceux  de  son  parti ,  qu'elle  irait  partout  ailleurs  qu'en  Espagne  chercher  du  secours, 
et  que  tout  ce  qui  serait  proposé  par  le  roi  son  maître  serait  mal  reçu  et  mal 
interprété1. 

Mécontents  et  tenus  à  l'écart2,  les  chefs  catholiques  se  décidèrent  à  quitter  la 
cour  et  à  faire  le  vide  autour  de  Catherine.  Quand  le  duc  de  Guise  vint  prendre 
congé,  elle  lui  dit  qu'elle  savait  bien  qu'il  avait  des  intelligences  en  Allemagne, 
mais  qu'il  eût  bien  «à  regarder  comme  il  en  useroit3»;  il  n'en  disconvint  pas, 
mais  protesta  que  c'était  pour  le  service  du  roi.  Un  événement  peu  grave  en  ap- 

'  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  hands.»  (Dépêche  de  Throckmorton  à  la  reine  Eli- 

duchesse  de  Parme  (octobre  i56i).  sabeth,  Calendar  of State  papers ,  1 5 6 1 ,  p.  ioo.) 

1  tThe  Chancellor  of  France  and  the  Admirai  3  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

hâve  the  principal  management  of  affaire  in  their  duchesse  de  Parme  (novembre  i56i). 


INTRODUCTION.  cx.ni 

parence  ajouta  aux  appréhensions  de  la  reine.  Le  duc  de  Nemours,  au  moment 
de  quitter  la  cour,  proposa  au  duc  d'Orléans  de  l'emmener  en  Savoie;  le  jeune 
prince  répéta  tout  à  sa  mère1,  qui  rapprochant  cet  aveu  des  paroles  de  Clian- 
lonnay,  du  départ  précipité  du  duc,  en  conçut  les  plus  graves  soupçons;  elle  ne 
se  contenta  pas  de  faire  emprisonner  Liguerolles2  venu  pour  justifier  le  duc  de 
Nemours;  elle  s'en  ouvrit  au  roi  d'Espagne3,  tout  en  affectant  de  ne  vouloir  agir 
que  d'après  ses  conseils,  et  elle  dépêcha  M.  de  Crussol  auprès  du  duc  de  Guise  qui 
répondit  qu'il  n'en  avait  pas  entendu  parler;  cette  réponse  ne  calma  pas  ses  dé- 
fiances, et  son  refroidissement  pour  la  maison  de  Guise  en  devint  plus  marqué. 
Qui  sait?  les  exilés  pour  la  conjuration  d'Amboise  durent  peut-être  à  cette  unique 
cause  l'édit  qui  les  rappelait  et  leur  rendait  leurs  biens.  Catherine  ne  s'en  tint 
pas  là;  elle  renvoya  d'Ausance  en  Espagne  pour  mieux  s'édifier  sur  les  desseins 
de  Philippe  II,  et  Rambouillet  en  Allemagne,  sous  le  prétexte  de  s'entendre  avec 
les  princes  allemands  sur  le  lieu  du  concile,  mais  en  réalité  pour  réclamer  leur 
assistance  en  cas  de  lutte  contre  les  Guises;  dans  une  conversation  avec  Ghantonnay 
qui  se  plaignait  du  retard  du  départ  des  prélats  français  pour  Trente,  elle  lui 
demanda  en  souriant  s'il  pensait  que  le  concile  serait  libre  et  tel  qu'on  pouvait  le 
désirer,  et  pour  le  choix  du  lieu  et  pour  le  fond  des  discussions  ;  il  répondit  qu'on 
offrait  toutes  sûretés  et  sauf-conduits.  Elle  répliqua  que  les  protestants  n'auraient 
garde  d'y  aller  en  petit  nombre. 

Dans  les  provinces  le  mal  s'aggrave  ;  en  Gascogne,  on  prend  les  armes;  en  Lan- 
guedoc, un  gentilhomme  de  la  chambre  du  roi,  M.  de  Fumel,  est  assassiné;  à 
Nimes,  l'évêque  est  jeté  en  prison;  h  Montpellier,  des  prêtres  sont  massacrés;  à 
Meaux,  les  protestants  attaquent  les  catholiques  dans  la  cathédrale;  à  Amiens,  à 
Orléans,  l'on  met  en  question  l'hérédité  de  la  couronne  ;  à  Dijon,  ce  sont  les  catho- 
liques qui  se  ruent  sur  les  protestants;  à  Paris,  ce  sont  les  protestants  qui  saccagent 
l'église  de  Saint-Médard,  brisent  les  images,  profanent  le  saint  sacrement,  mas- 
sacrent les  catholiques,  qui  à  leur  tour  saccagent  le  temple  de  Popincourt.  Une 
telle  situation  était  intolérable,  et  elle  a  été  justement  appréciée  par  un  historien 
protestant  moderne  :  rt  Les  protestants,  nous  dit-il,  se  laissèrent  enivrer  par  la 
prospérité;  quelques  mois  auparavant  ils  auraient  accepté  avec  reconnaissance  une 
tolérance,  même  tacite;  ils  ne  demandaient  au  roi  que  la  permission  de  s'assem- 
bler en  quelque  coin  de  ses  villes ,  et  alors  qu'ils  pouvaient  célébrer  publiquement, 

1  Voy.  la  note  de  la  page  a 66.  —  2  Voy.  dans  le  n°  10600  du  fonds  français  une  lettre  de  Liguerolles 
à  Catherine.  —  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  ïkh. 

Catherine  de  Médicis. —  1.  0 


cxiv  INTRODUCTION. 

ils  ne  furent  pas  contents;  ils  voulaient  des  églises;  mais  en  édifier  était  trop  long 
au  gré  de  leur  impatience;  ils  s'emparèrent  à  force  ouverte  de  celles  des  catho- 
liques et,  par  leurs  violences,  ils  s'attirèrent  de  sanglantes  représailles;  on  regrette 
d'avoir  à  dire  que  les  ministres  qui  auraient  dû  donner  l'exemple  de  la  modéra- 
tion ne  montrèrent  en  général  aucune  intelligence  des  embarras  du  gouverne- 
ment 1.v 

Comment  sortir  de  ces  inextricables  difficultés?  Comment  faire  rendre  par  les 
protestants  ces  églises  et  ces  villes  dont  ils  s'étaient  emparés?  crL'édit  de  juillet, 
écrit  Catherine  à  l'évêque  de  Rennes,  avait  été  jugé  nécessaire  pour  arrêter  le 
cours  de  tant  d'assemblées  qui  se  faisaient  en  ce  royaume,  mais  par  la  désobéis- 
sance et  dureté  des  peuples,  et  pour  s'être  trouvé  de  trop  périlleuse  et  difficile  exé- 
cution il  est  demeuré  sans  effet2. n  Le  colloque  de  Poissy,  elle  l'avoue  encore,  n'a 
apporté  aucun  remède  au  mal  ;  c'est  alors  qu'en  désespoir  de  cause ,  de  l'avis  de 
L'Hospital,  elle  convoque  une  nouvelle  assemblée  à  Saint-Germain.  Elle  y  appelle 
les  présidents  et  les  conseillers  des  huit  parlements  du  royaume  ;  son  choix  s'était 
sans  doute  porté  sur  les  plus  disposés  à  seconder  ses  vues;  elle  les  réunit  au  con- 
seil privé  pour  avoir  l'opinion  de  chacun,  ainsi  qu'elle  l'avait  fait  l'année  précé- 
dente. Les  Guises  appelés  n'y  vinrent  pas,  mais  le  connétable  et  le  maréchal  de 
Saint-André  assistèrent  à  la  première  séance ,  qui  s'ouvrit  le  3  janvier. 

Ici  l'Hospital  reparaît;  une  fois  de  plus  il  affirme  les  idées  de  tolérance  aux- 
quelles il  a  consacré  sa  vie.  Dans  son  discours  d'ouverture,  il  revient  sur  le  passé, 
il  rappelle  tout  ce  qui  a  été  tenté  inutilement,  il  expose  la  situation  nouvelle  et 
fait  ressortir  la  nécessité  d'un  nouvel  édit  qui  règle  la  position  des  réformés  et  ôte 
aux  séditieux  tout  prétexte  de  troubler  le  royaume.  Chantonnay  reste  à  son  poste 
de  sentinelle  avancée;  il  surveille  les  débats  de  la  nouvelle  assemblée,  il  en  cause 
avec  le  nonce,  il  encourage  le  légat  qui  comme  lui  se  défie  un  peu  du  vote  de 
ceux  du  Parlement  de  Paris,  mais  qui  s'en  repose  sur  la  sagesse  des  membres  du 
conseil  privé3.  Avant  le  vote,  Chantonnay  vit  la  reine  et  s'efforça  de  lui  démontrer 
le  danger  qu'il  y  avait  à  consulter  dans  des  matières  de  cette  importance  ceux  qui 
ne  sont  pas  du  conseil  et  n'ont  pas  la  connaissance  pratique  et  habituelle  des 
grandes  affaires  politiques;  mais  elle  connaissait  d'avance  le  résultat  des  votes,  il 
était  acquis  aux  idées  de  tolérance;  appelée  à  donner  la  dernière  son  opinion, 
elle  pouvait  donc,  sans  rien  risquer,  faire  devant  tous  profession  de  son  ortho- 

1  La  France  protestante ,  introduction ,  p.  xv.  3  Négociations  d'Hippohjte  d'Esté,  Paris,  Piget. 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  269.  i658 ,  in-û°,  p.  6. 


INTRODUCTION.  cxv 

doxie.  Le  nonce  fut  sous  le  charme  de  sa  parole:  et  On  n'a  jamais  entendu  ora- 
teur, écrit-il  au  Saint-Père,  qui  se  soit  exprimé  avec  plus  d'éloquence,  ni  avec  plus 
d'énergie  et  de  succès.  Sa  Majesté  a  dit  elle-même  que,  daus  cet  instant-là,  il  lui 
sembloit  que  Dieu  lui  dictoit  les  paroles  qu'elle  prononçoit1.  u  En  terminant  elle  dé- 
clara hautement  qu'elle,  ses  enfants  et  les  membres  du  conseil  entendaient  vivre 
dans  la  religion  catholique  et  sous  la  sainte  obéissance  de  l'Eglise  romaine;  elle 
annonça  à  ceux  qui  demandaient  des  temples  qu'ils  n'en  pourraient  avoir  et  qu'ils 
eussent  à  rendre  les  églises  dont  ils  s'étaient  emparés;  à  l'avenir  il  leur  serait  dé- 
fendu d'en  construire  dans  les  villes,  ou  de  s'y  assembler,  mais,  sous  réserve  de 
certaines  conditions,   on  permettrait  leurs  assemblées.  Après  le  discours  de  la 
reine  il  y  eut  parmi  les  catholiques  comme  une  sorte  d'approbation  générale  : 
«Les  huguenots,  écrit  le  nonce,  semblent  être  tous  dissipés  et  n'oser  plus  se 
montrer  en  aucune  part2n;  mais  ils  comprirent  mieux  et  plus  vite  la  portée  d'un 
édit,  qu'un  historien  protestant  moderne  juge  comme  crie  plus  libéral  qu'ils  ob- 
tinrent jusqu'à  celui  de  Nantes3. n  De  Bèze  et  les  ministres  restés  à  la  cour  se  hâ- 
tèrent  d'écrire  à  leurs  coreligionnaires  d'y   obéir  sans  retard.   Chantonnay  qui 
était  venu  l'un  des  premiers  complimenter  Catherine,  ce  dont  elle  s'était  montrée 
toute  joyeuse,  et  qui  sous  sa  première  impression  avait  écrit  à  Philippe  II,  arracha 
le  nonce  et  le  légat  à  leurs  illusions;  l'édit  publié  n'était  pas  tel  qu'on  l'avait  dit 
d'abord ,  ni  si  mauvais  pour  les  réformés  qu'ils  l'avaient  cru  au  premier  moment  ; 
il  était  ambigu,  douteux;  quant  à  lui,  il  était  en  droit  de  se  plaindre  après  ce 
qu'il  en  avait  écrit  au  roi  son  maître,  et  il  chargea  le  légat  d'aller  porter  ses 
regrets  et  ses  doléances  à  Saint-Germain.  En  présence  du  connétable,  la  reine 
se  ût  apporter  l'édit  et  le  fit  lire;  la  lecture  faite,  le  légat  expliqua  les  points  sur 
lesquels  portait  le  mécontentement  de  Chantonnay,  mais  la  reine  ne  se  rendit  à 
aucune  des  raisons  opposées,  soutenant  à  son  tour  que  du  moment  que  les  mi- 
nistres jureraient  entre  les  mains  de  ceux  de  la  justice  qu'ils  ne  prêcheraient  que 
conformément  à  la  parole  de  Dieu  et  au  symbole  de  Nicée,  il  y  avait  là  une  ga- 
rantie de  bonne  doctrine 4. 

A  la  fin  de  janvier  une  nouvelle  assemblée  s'ouvrit  à  Saint-Germain,  mais 
il  en  fut  de  cette  assemblée  comme  du  colloque,  et  voici  le  jugement  qu'en 
porte  Catherine  dans  une  lettre  à  l'évèque  de  Hennés  :  «  Après  que  l'on  avoil 

1  CimberetDanjou,4rctaYe.scMnWs,  lettre  du  =  La  France  protestante ,  introduction,  p.  xix. 

nonce  Sainte-Croix.  Ie  série,  t.  VI,  p.  29.  4  Archives  de  Vienne,  lettres  de  Chantonnay  à 

1  Ibid.,  p.  3o.  la  duchesse  de  Parme  (janvier  i56a). 


..wi  INTRODUCTION. 

consumé  douze  ou  quinze  jours  en  disputes  sur  une  simple  chose,  l'usage  des 
images,  ils  ont  plutôt  combattu  pour  ne  se  laisser  vaincre  que  disputé  et  conféré 
pour  se  soumettre  à  la  vérité  et  à  la  raison1.')?  Fatiguée  de  ces  lenteurs  et  de 
ces  stériles  discussions,  elle  rompit  rassemblée  et  remit  le  tout  à  la  décision  du 
concile. 

Le  connétable  venait  de  se  séparer  brusquement  de  Coligny,  la  rupture  était 
définitive;  dans  l'intérêt  de  la  cause  catholique,  il  fallait  gagner  le  roi  de  Navarre 
et  le  rapprocher  de  Guise.  Chantonnay  s'en  chargea;  du  caractère  dont  le  prince 
était,  ce  n'était  pas  chose  difficile  :  «J'ai  toujours  pensé,  écrivait  le  Vénitien  Dan- 
dolo,  que  le  roi  de  Navarre  qui  a  déjà  changé  trois  ou  quatre  fois  en  sa  vie  et  qui 
ne  vise  qu'à  son  propre  intérêt,  ne  se  mettra  du  côté  des  catholiques  que  par 
l'espoir  d'une  compensation  pour  son  royaume  perdu  2;n  mais  il  croyait  aussi  que 
Philippe  II  promettrait  beaucoup,  et  ne  donnerait  rien.  Il  ne  se  trompait  guère; 
et  voici  ce  que  le  cardinal  de  Granvelle  conseillait  à  Philippe  II  :  c:  La  puissance 
de  Vendôme  est  trop  bien  établie  maintenant  pour  la  renverser  par  des  menaces; 
peut-être  seroit-il  bien  de  l'amuser  par  des  espérances  et  même  des  offres,  afin 
de  voir  si,  par  ce  moyen,  on  pourvoit  l'amener  à  faire  quelque  chose  pour  la  reli- 
gion, puisqu'il  dit  que,  jusqu'au  succès  de  sa  demande,  il  ne  veut  rien  entre- 
prendre dans  la  crainte  de  perdre  ses  amis3. -n  Quel  décevant  mirage  fit-on  passer 
devant  ses  yeux?  est-ce  la  Sardaigne,  bien  inculte  alors?  est-ce  Tunis?  est-ce 
Sienne?  est-ce  l'espoir  d'un  divorce,  et  en  perspective  la  main  de  la  belle  Marie 
Stuart  lui  apportant  la  couronne  d'Ecosse,  et  peut-être  un  jour  celle  d'Angleterre  ? 
Nous  ne  pouvons  le  préciser,  mais  toujours  est-il  que  Chantonnay  parvint  à  ses 
fins,  et  à  l'aide  d'une  promesse  illusoire,  s'assura  de  son  concours  dans  toutes  les 
mesures  à  prendre  pour  soutenir  la  cause  catholique,  rt  Cette  négociation  s'est  faite 
d'une  manière  si  secrète,  écrivait  le  nonce  Prosper  de  Sainte-Croix,  que  la  reine 
ne  sait  pas  elle-même  toutes  les  intrigues  de  ceux  qui  travaillent  pour  cela4.:?  De 
longue  date  et  la  première  Catherine  avait  soutenu  les  revendications  du  roi  de 
Navarre  auprès  de  Philippe  II;  c'était  pour  se  l'attacher,  pour  le  lier  à  sa  politique  ; 
mais  accepter  les  offres  de  l'Espagne,  sans  passer  par  ses  mains,  se  faire  le  chef 
et  le  centre  du  parti  catholique,  elle  ne  pouvait  le  trouver  bon.  Le  légat  ne  tarda 
pas  à  s'en  apercevoir  :  «La  reine  n'a  pas  été  bien  satisfaite,  écrit-il  au  cardinal 

Voy.  la  lettre  de  la  page  276.  —  2  Collection  des  documents  inédits.  Ambassadeurs  vénitiens,  t.  II, 
|>.  95.  —  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Granvelle,  t.  VI,  [>.  AGi.  —  '  Cimber  et  Danjou.  Archives 
curieuses,  lettre  du  nonce  Sainte-Croix,  série  1".  t.  VI,  p.  £9. 


INTRODUCTION.  cxvn 

Borromée,  de  voir  que  le  roi  de  Navarre  s'étoit  jeté  si  avant  dans  ce  parti-là,  et 
qu'il  sembloit  ainsi  faire  plus  d'état  des  autres  (pie  d'elle-même1.  i>  De  ce  jour,  en 
effet,  la  politique  de  Catherine  se  modifie,  elle  se  rapproche  des  protestants  : 
«f  Le  jeune  roi  semble  aussi  pencher  de  notre  côté,  dit  Languet2,  et  à  coup  sûr, 
c'est  du  consentement  de  la  reine,  car  elle  l'empêcherait  si  elle  le  voulait  bien. 
Hier  encore,  le  duc  d'Orléans,  un  enfant,  lui  a  demandé,  et  devant  nombreuse 
compagnie,  pourquoi  elle  lui  donnait  des  précepteurs  qui  n'étaient  pas  luthériens; 
celte  question  l'a  fait  sourire,  n  Nous  trouverons  une  preuve  plus  sérieuse  et  plus 
certaine  du  changement  de  Catherine  dans  une  communication  faite  par  Colignv 
à  Throckmorton  lors  d'une  entrevue  qu'ils  eurent  à  Fontainebleau  et  que  celui-ci 
transmit  à  la  reine  Elisabeth3  :  a  D'après  les  confidences  de  l'amiral,  la  reine  mère 
verrait  avec  plaisir  une  grande  réforme  dans  l'Eglise;  elle  voudrait  surtout  que  les 
catholiques  ne  fissent  plus  la  loi  aux  réformés;  dans  ce  but,  il  faudrait  que  la 
reine  d'Angleterre  et  les  princes  protestants  envoyassent  des  députés  au  concile; 
tous  réunis  ils  pourraient  alors,  d'accord  avec  les  députés  de  l'Empereur,  présenter 
leurs  remontrances  et  leurs  griefs  à  l'assemblée  contre  les  abus  de  l'Eglise  romaine 
et  demander  en  commun  un  libre  concile.  »  Throckmorton  se  montrant  un  peu  in- 
crédule et  alléguant  les  avances  que  le  roi  de  Navarre  et  la  reine  faisaient  en  ce 
moment  aux  catholiques,  et  lui  représentant  que  ses  frères,  lui  et  la  reine  de  Na- 
varre allaient  être  forcés  de  quitter  la  cour,  l'amiral  répliqua  que  le  roi  de  Navarre 
était  obligé  d'en  agir  ainsi  à  cause  du  roi  d'Espagne,  mais  qu'il  pouvait  affirmer 
que  la  reine  mère  était  très  bien  disposée  pour  la  religion;  que  si  en  apparence 
elle  était  tenue  de  faire  bon  visage  à  ses  ennemis,  elle  avait  retenu  le  cardinal  de 
Chàtillon  qui  se  disposait  à  partir;  que,  quant  à  lui,  les  couches  prochaines  de  sa 
femme  allaient  le.  forcer  à  s'éloigner,  ainsi  que  son  frère  d'Andelot,  appelé  dans 
les  provinces  pour  l'inspection  de  l'infanterie .  mais  que  la  reine  avait  prié  le  prince 
de  Coudé  et  la  reine  de  Navarre  de  ne  pas  quitter  la  cour.  Avec  sa  duplicité  habi- 
tuelle, Catherine  trompait  évidemment  l'amiral,  car,  tout  en  la  retenant,  elle 
n'aimait  guère  Jeanne  d'Albret.  Dans  un  moment  d'expansion  et  à  une  époque 
bien  récente,  elle  avait  dit  à  Chantonnay  :  cr qu'elle  voudroit  que  Dieu  eût  pris 
la  reine  de  Navarre,  afin  que  tout  d'un  chemin  on  mariât  le  roi  son  époux 

Négociations  du  cardinal  Hippolytc  d' Este ,  Paris ,  s  Voy.  dépêche  de  Throckmorton  à  la  reine  Éli- 

l'iget,  i658,  in-4°.  sabeth,  Calendar  0/ State papers  (i5Ga),  p.  545 

2  tcOstendit  se  nobis  addictiorem  quani  antea.»  et  5'iG. 
(H.  Languet,  Arc.  seculi  decimi  sexti,  t.  II,  p.  202.) 


cxvm  INTRODUCTION. 

avec  la  princesse  sœur  du  roi  son  gendre,  et  que  de  ce  mariage  en  sortiroienl 
d'autres  qu'elle  ne  vouloit  pas  dire  pour  l'heure  '.  v  Elle  usait  de  la  même  dissimu- 
lation vis-à-vis  du  légat,  lui  annonçant  que  l'on  verrait  désormais  des  choses  qui 
apporteraient  grande  consolation2.  Mais  comme,  après  tout,  l'avenir  était  incer- 
tain et  gros  d'orages,  Catherine  avait  de  fréquents  entretiens  avec  le  prince  de 
Gondé ,  et  faisait  secrètement  demander  aux  chefs  protestants  de  combien  d'hommes 
ils  pouvaient  disposer3.  La  situation  était  si  tendue  que,  pour  ne  pas  donner  une 
signification  fâcheuse  au  départ  de  l'amiral,  elle  aurait  voulu  que  tous  les  gou- 
verneurs des  provinces  fussent  tenus  de  se  rendre  à  leur  poste;  c'était  le  moyen 
d'écarter  de  la  cour  le  maréchal  de  Saint-André,  mais  le  maréchal  était  resté,  sou- 
tenu par  le  roi  de  Navarre  qui  venait  de  rappeler  tous  les  Guises  à  Paris.  Parti  de 
Joinville  le  28  février,  François  de  Guise  couchait  le  même  soir  à  Dammartin,  et 
le  ier  mars  il  entrait  à  Yassy.  Les  Guises  avaient  bien  utilisé  leur  temps  depuis 
leur  départ  de  la  cour.  Dans  le  but  de  priver  les  réformés  du  secours  de  l'Alle- 
magne protestante ,  cr  cette  pépinière  de  reîtres  -n ,  ils  venaient  d'avoir  une  conférence 
à  Saverne  avec  le  duc  de  Wurtemberg  et  ses  théologiens,  et,  dans  les  discussions 
engagées,  les  apparentes  concessions  du  cardinal  de  Lorraine,  ses  conciliantes  dé- 
clarations sur  la  confession  d'Augsbourg,  son  indirecte  adhésion  à  une  transaction, 
avaient  si  bien  impressionné  le  duc,  que  de  sa  main,  il  avait  écrit  (le  27  fé- 
vrier i562)  au  roi  de  Navarre,  que  si  une  conférence  pareille  avait  lieu  entre 
gens  savants,  conférence  à  laquelle  seraient  appelés  des  ministres  de  l'Allemagne, 
il  ne  doutait  pas  qu'il  n'en  sortît  quelque  heureux  fruit  ou  que  tout  au  moins  les 
églises  de  France  ne  fussent  placées  dans  la  même  situation  que  celles  d'Alle- 
magne '. 


■  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chanlonnay  à 
Marguerite  de  Parme  (21  novembre  i56t.) 

Négociations  du  cardinal  de  Ferrare,  lettre  du 
ai  février  i56a,  p.  87. 

'  Voy.  une  lettre  de  Throckmorlon  à  la  reine 
Elisabeth  ( Calendar  of  Stuie papas,  1 5Ga  ,  p.  5hj ). 
Voy.  également  sa  lettre  du  même  jour  à  Cecil 
(ibid.,  p.  5 'kj). 

4  Voici  cette  lettre  qui  fait  bien  apprécier  l'habi- 
leté des  Guises  :  cr  J'ai  heu  une  familière  comersa- 
tion  avec  eulx,  touchant  le  faict  de  la  religion  et 
préalablement  avec  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine,  lequel  je  trouve  fort  sçavant  et  de  grand 


jugement,  des  principaux  articles  de  la  foy  et  reli- 
gion chrestienne,  assavoir  de  la  justification,  de  la 
messe,  de  la  saincte  cène,  de  l'invocation  des 
saincts ,  des  prières  pour  les  trépassés ,  de  cctletias- 
tica  hierarchia ,  et  plusieurs  aultres  semblables  ar- 
ticles, tous  contenus  en  la  confession  d'Auguste,  et 
s'est  ledict  sieur  cardinal  démonstré  tel  que  j'espère 
certainement .  si  derechefz  une  conférance  se  faisoit . 
entre  quelques  gens  sçavants,  craingnans  Dieu  et 
d'esprit  tempéré ,  sus  une  certaine  confession  comme 
est  la  confession  d'Auguste,  ou  aultre  semblable,  il 
en  sortiroit  quelque  bon  fruict.  1  (  Arch.  de  Stuttgard . 
cité  dans  le  Bitllct.  de  l'hist.  duprot.  t.  XXIV,  p.  122.) 


INTRODUCTION.  mi 

Lorsqu'une  révolution  est  mûre  dans  les  esprits,  que  l'opinion  de  chacun  est 
irrévocablement  fixée,  l'événement  le  plus  inattendu  précipite  souvent  la  crise 
finale;  au  xvic  siècle,  cet  événement,  les  uns,  suivant  leurs  passions  religieuses, 
l'appelèrent  i'échaufi'ourée,  les  autres  le  massacre  de  Vassy,  le  duc  de  Guise  le 
traita  A'arrulvnl;  mais  de  quelque  côté  que  vint  la  provocation,  ce  fut  le  signal  de 
la  première  guerre  civile. 

Catherine  était  à  Monceaux,  l'une  de  ses  résidences  favorites;  de  Bèze  et  Fran- 
court  y  vinrent,  au  nom  de  la  noblesse  protestante,  lui  demander  compte  du 
sang  versé;  elle  n'eut  pour  eux  que  de  douces  et  captieuses  paroles;  elle  promit 
que  bonne  information  serait  faite.  Le  roi  de  Navarre,  moins  maître  de  lui,  s'at- 
tira cette  véhémente  réplique  de  de  Bèze  :  «  C'est  à  l'Église  de  Dieu  d'endurer 
les  coups  et  non  pas  d'en  donner,  mais  aussi  vous  plaira-t-il  de  vous  souvenir  que 
c'est  une  enclume  qui  a  usé  beaucoup  de  marteaux  '.  n 

Le  duc  de  Guise  mandé  par  Catherine  refusa  de  s'arrêter  à  Monceaux  et  se 
rendit  à  Paris  tout  droit.  Il  y  entra  par  la  porte  Saint-Denis,  réservée  aux  entrées 
royales;  harangué  par  le  prévôt  des  marchands  qui  le  qualifia  de  défenseur  de  la 
foi.  il  fut  acclamé  et  reçu  en  triomphateur.  Ainsi  bravée,  Catherine  se  retira  à 
Fontainebleau.  De  longue  date  elle  redoutait  le  retour  de  la  domination  des 
Guises;  bien  des  mois  auparavant,  elle  avait  écrit  à  sa  fille  la  reine  d'Espagne  :  «•  La 
guerre  avenant,  il  faudroit  que  je  me  remette  en  leurs  mains2.  i>  Vainement  pour 
la  rassurer,  le  cardinal  de  Bourbon  vient-il  la  trouver;  de  plus  en  plus  effrayée  et 
craignant  pour  son  autorité,  elle  se  jeta  du  côté  de  Condé  :  trJe  vois,  lui  écrit- 
elle,  tant  de  choses  qui  me  déplaisent,  que  si  ce  n'étoit  la  fiance  que  j'ai  en  Dieu 
et  assurance  en  vous  que  m'aiderez  à  conserver  ce  royaume  en  dépit  de  ceux  qui 
veulent  tout  perdre,  je  serois  encore  plus  fâchée3. -n 

Ce  n'est  pas  uniquement  l'approche  du  danger  qui  dictait  ces  lignes  à  Cathe- 
rine; elle  avait  toujours  eu  un  faible  pour  Condé;  elle  trouvait  peut-être  en  lui  ce 
qu'elle  ne  rencontrait  pas  dans  les  autres,  cette  grâce  toute  française,  cette  sou- 
plesse d'esprit,  cette  facilité  de  caractère  qui  le  rendait,  nous  dit  Brantôme  «fort 
agréable,  accostable  et  aimable4; -n  aussi  l'Italien  disait-il  :  trDieu  nous  garde  de  la 

1  De  Bèze,  Histoire  des  églises  réformées,  édit.'  continue  celte  nouvelle  évolution  de  Catherine: 
de  Lille,  i84i,  t.  II,  p.  9.  "The  queen  mother  at  tins  présent  does  not  trust 

2  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  58a.  any  ofthepapists.»  (Calendar  of State  jHipers ,  i56i- 

3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  a83.  Throck-  i562,  p.  55o.) 

morton,  dans  une  lettre  à  Cecil  du  6  mare  i56a,  "  Voy.  Brantôme, édit.  de Lalanne,  l.  IV,  p.  33g, 


INTRODUCTION. 

douce  façon  et  gentille  du  prince  de  Coudé  el  de  l'esprit  et  du  cure-dent  de  l'a- 
miral '  !  ii  Peut-être  aussi  ne  s'était-elle  pas  bien  rendu  compte  jusqu'alors  que 
cette  anparence  de  légèreté  recouvrait  un  grand  fonds  de  ténacité  et  de  véritable 
fermeté.  Lorsqu'elle  voit  Paris  acclamer  François  de  Guise,  le  cardinal  de  Bourbon 
remplacer  comme  gouverneur  le  maréchal  de  Montmorency,  jugé  trop  favorable 
aux  réformés,  elle  n'hésite  plus  à  implorer  l'assistance  de  Condé,  rcelle  l'invite  à 
avoir. souvenance  de  conserver  la  mère  et  les  enfants  2v,  et  du  jour  où  il  se  crut 
assuré  du  secret  concours  de  la  reine,  Coudé,  qui  s'était  rendu  à  Paris  sur  l'invi- 
tation de  Catherine  3,  dispute  la  place  à  ses  adversaires.  Les  réformés  se  propo- 
saient de  faire  leur  cène  le  jour  de  Pâques  fleuries;  décidé  à  s'y  opposer,  le  roi 
de  Navarre,  devenu  tout  espagnol4,  revint  la  veille  de  Fontainebleau.  Avertis  de 
ces  dispositions,  les  réformés,  ne  se  sentant  pas  assez  forts,  reculèrent.  Suivant  un 
antique  usage,  la  grande  ville  s'en  allait  ce  jour-là  en  procession  à  Sainte-Gene- 
viève;  toutes  les  paroisses,  bannières  déployées,  s'y  donnaient  rendez-vous,  et  le 
cortège,  grossi  de  tout  le  peuple,  se  rendait  ensuite  à  Notre-Dame  pour  y  entendre 
la  grand'messe.  Le  roi  de  Navarre  avec  tous  les  ambassadeurs  suivait  à  pied  la 
procession  ;  le  connétable,  pris  par  sa  goutte,  suivait  à  cheval;  une  lutte  devenait 
imminente;  pour  l'éviter,  le  cardinal  de  Bourbon  invita  Condé  à  sortir  de  Paris. 
Pouvait-il  refuser?  Les  armes  venaient  d'être  rendues  au  peuple;  l'Université,  le 
corps  des  marchands  étaient  déclarés  contre  lui  ;  il  consentit  à  partir,  mais  sans 
plier  devant  ses  adversaires;  il  y  mit  pour  condition  que  Guise  partirait  en  même 
temps.  De  part  et  d'autre  il  y  eut  donc  une  convention  tacite.  Condé  prit  la  route 
de  la  Ferté-sous-Jouarre;  il  allait  appeler  à  lui  tous  les  chefs  protestants  et,  une 
fois  réunis,  les  mettre  à  la  disposition  de  la  reine.  Guise  se  dirigea  sur  Corbeil: 
c'était  sa  première  étape  avant  de  se  rendre  à  Fontainebleau ,  où  il  allait  mettre 
la  main  sur  la  royauté.  Le  maréchal  de  Saint-André  et  le  roi  de  Navarre  le  sui- 
virent et  passèrent  la  nuit  à  Corbeil.  M.  de  Gonnor,  frère  du  maréchal  de  Brissac. 
avait  été  envoyé  auprès  de  la  reine  pour  la  prier  de  rentrer  à  Paris;  mais  Cathe- 
rine, méfiante  et  inquiète,  avait  répondu  à  cette  première  mise  en  demeure  crque 
sa  présence  y  étoit  bien  peu  nécessaire ,  qu'il  étoit  plus  à  propos  pour  elle  d'avoir 
égard  à  la  santé  du  roi  que  d'apprendre  à  tant  d'hommes  si  avisés  ce  qu'ils  avoient 
à  faire  dans  un  temps  aussi  troublé.  r>  Cette  réponse  laissant  tout  en  suspens,  le 

Voy.  Brantôme,  édit.  de  Lalanne,  t.  IV,  p.  33g.        well   accompanied ,    with  the    king's  authorily.» 
Voy.  la  note  de  la  page  282.  (Calendar  0/ State pnpers ,  i56i-i50a  ,  p.  55a.) 

'  "The  prince  came  to  Paris  froni  the  court,  '  «Is  ail  Spanish.  *  (Ibid.,  p.  553.) 


INTRODUCTION, 
roi  de  Navarre  accompagné  du  duc  de  Guise,  de  Saint-André  et  de  nombreux 
hommes  d'armes  se  présenta  le  vendredi  27  mars  au  château  de  Fontainebleau. 
L'accueil  du  jeune  roi  et  de  la  reine  fut  très  froid  ;  tous  deux  lui  firent  comprendre 
qu'ils  trouvaient  étrange  qu'on  vînt  ainsi  en  armes  à  la  cour;  mais  après  de  longues 
hésitations  et  un  semblant  de  résistance,  il  fallut  bien  céder  :  le  jeune  roi  et  la 
reine  se  laissèrent  conduire  à  Melun. 

Durant  ce  temps,  que  faisait  Condé?  Le  aU  mars  il  avait  quitté  Paris  et  il  at- 
tendait Coligny  à  Meaux.  Si  ferme  qu'il  parût  en  apparence,  il  y  avait  dans  le  ca- 
ractère de  Coligny  une  secrète  tendance  à  l'indécision;  en  cette  circonstance, 
peut-on  l'en  blâmer'?- Il  connaissait  par  sa  propre  expérience  le  peu  d'unité  du 
parti  protestant  composé  d'éléments  si  divers;  l'élément  populaire  et  violent  re- 
présenté par  les  ministres,  et  l'élément  aristocratique  recruté  dans  les  rangs  d'une 
noblesse  remuante,  ambitieuse  et  facile  à  se  décourager -,  il  savait  aussi  qu'avoir  la 
royauté  pour  soi,  c'était  la  force,  la  certitude  du  succès,  et  lui,  le  héros  de  Saint- 
Quentin,  le  vieux  serviteur  de  la  monarchie,  l'homme  de  la  discipline  et  de 
l'exemple,  pouvait-il  se  jeter  à  la  légère  dans  les  hasards  de  la  guerre  civile,  sur 
les  promesses  de  la  reine  que  peut-être  demain  elle  désavouerait?  D'Aubigné  a  bien 
rendu  les  angoisses  qui  durent  traverser  le  cœur  de  Coligny  à  ce  moment  fatal 
de  sa  destinée  '.  Cédant  enfin  aux  larmes  de  sa  femme,  aux  obsessions  de  ses  amis , 
il  monta  à  cheval,  et  le  29  mars  il  rejoignait  Condé  à  Meaux.  Le  surlendemain, 
avec  1,000  gentilshommes  et  3oo  argoulets,  Condé  et  lui  passaient  sous  les  murs 
de  Paris  et  venaient  prendre  position  au  pont  de  Saint-Cloud;  c'est  là  qu'ils  ap- 
prirent que  Guise  et  le  roi  de  Navarre  les  avaient  devancés  à  Fontainebleau  et 
s'étaient  rendus  maîtres  delà  personne  du  roi.  Il  ne  leur  restait  plus  qu'à  se  diriger 
sur  Orléans;  Condé  en  prit  la  route,  mais  lentement,  attendant  à  chaque  heure 
un  message  de  la  reine;  il  le  reçut  en  effet  des  mains  de  M.  de  Fresnes,  mais  tout 
autre  qu'il  l'espérait,  Catherine  l'engageait  à  désarmer  et  à  revenir  à  la  cour  avec 
son  train  ordinaire;  d'un  autre  côté  il  apprit  que  M.  d'Estrées  marchait  sur  Or- 
léans; que  Tripier  qui  y  commandait  et  dont  il  se  croyait  sûr,  faisait  entrer  dans 
la  ville  des  soldats  envoyés  par  M.  de  Cipierre;  que  d'Andelol  parti  en  avant  en 
trouverait  les  portes  fermées2.  11  n'y  avait  plus  une  minute  à  perdre;  il  était  à  Ar- 
tenay;  six  lieues  le  séparaient  d'Orléans3;  il  les  franchit  au  galop.  Tripier  évacua 

1   Voy.  d'Aubigné,  Histoire  universelle,  Maillé,         É\isaheÙ\(Calend.ofStalepap.,  i5f>t-i56a  , (>•  078). 
1616,  in-fol.,  t.  I",  livre  III,  p.  i3a.  3  Voy.  Mémoires  de  Mer/rcy,  édit.  Poujoulat  et 

"  Voy. la  dépêche  de  Throckmorlon  du  1"  avril  à         Michaud,  1"  série,  t.  IX,  p.  56<(. 

Catheiuxe  Dt  MÉD1CIS. I.  p 


ctïii  INTRODUCTION. 

la  ville,  qu'il  n'osa  défendre,  et  les  bourgeois  reçurent  le  prince  au  cri  de  vive 
l'Evangile!  Voilà  donc  Coudé  maître  de  cette  ville,  qui  va  devenir  le  centre  de 
la  résistance  protestante;  de  là  il  écrit  à  toutes  les  Eglises  de  France,  aux  syndics 
et  conseil  de  Genève;  dans  un  manifeste,  qu'il  répand  à  profusion,  il  expose  les 
raisons  qui  ont  déterminé  sa  prise  d'armes,  et  il  envoie  par  Spifame  à  l'empereur 
Ferdinand  les  lettres  que  Catherine  lui  avait  adressées  pour  invoquer  son  appui. 
Les  triumvirs  n'avaient  pas  à  se  justifier  :  le  roi  étant  avec  eux,  ils  représentaient 
l'autorité  et  combattaient  la  rébellion  ;  mais  du  moment  qu'ils  se  servaient  du 
nom  de  la  reine  mère,  il  fallait  subir  toutes  les  tentatives  de  négociations  qu'elle 
allait  essayer.  Dans  tous  ces  messages,  dans  ces  perpétuelles  allées  et  venues  de 
Paris  à  Orléans,  c'est  donc  Catherine,  c'est  son  esprit,  c'est  sa  pensée  que  nous 
allons  retrouver  :  c'est  d'abord  M.  de  Chemault,  maître  des  cérémonies,  qui  vient 
au  nom  du  roi  inviter  tous  les  seigneurs  réunis  à  Orléans  à  disperser  leurs  forces; 
ce  premier  message  étant  resté  sans  résultat,  arrive  un  ambassadeur  plus  conci- 
liant, l'évèque  de  Valence,  Monluc,  qui  passait  pour  avoir  une  certaine  autorité 
sur  Coudé  dont  il  partageait  à  demi  les  opinions  religieuses;  il  apporte  des  condi- 
tions presque  acceptables;  sans  les  refuser,  Condé  offre  à  la  reine  de  venir  à  Or- 
léans ou  de  désigner  une  autre  place  où  l'amiral,  d'Andelot  et  lui  iront  s'entendre 
avec  elle;  il  demande  pour  otages  les  princes  de  Joinville  et  de  Navarre  et  Dam- 
ville,  le  fils  du  connétable.  Catherine  était  disposée  à  accepter,  mais  le  roi  de 
Navarre,  Guise  et  le  connétable  s'y  opposent.  Sans  se  rebuter,  elle  renvoie 
MM.  d'AHuye,de  Fresnes  et  de  Gonnor;  mais  Condé  ne  consentant  pas  à  se  séparer 
de  Coligny,  l'évèque  de  Valence  retourne  le  i3  avril  à  Orléans;  cette  fois,  il  en 
rapporte  une  réponse  peu  faite  pour  rapprocher  les  esprits  :  Condé  et  ceux  de 
son  parti  exigent  l'application  de  la  décision  des  États  d'Orléans  touchant  la  restitu- 
tion des  dons  octroyés  sous  le  roi  Henri  II  au  connétable,  à  Guise,  à  Brissac  et  à 
Saint-André.  Cette  nouvelle  prétention  soulève  une  grande  irritation  parmi  les 
chefs  catholiques.  Catherine  néanmoins  obtient  de  renvoyer,  le  i5  avril,  MM.  de 
Gonnor  et  d'Alluye;  faisant  un  pas  en  avant,  elle  promet  l'exécution  de  l'édit  de 
janvier,  à  la  seule  condition  qu'on  ne  prêcherait  ni  à  Paris,  ni  à  deux  lieues  de 
distance  de  la  grande  ville;  mais  de  nouvelles  exigences  remettent  tout  en  ques- 
tion, et  l'ambassadeur  d'Espagne  en  profile  pour  annoncer  hautement  l'intervenu 
tion  de  son  maître.  Catherine  ne  se  décourage  pas;  elle  offre  de  partir  pour  Saint- 
Germain  avec  le  roi  de  Navarre  et  le  reste  du  conseil,  à  l'exception  des  Guises,  de 
Saint-André  et  du  connétable  <|iii  se  retireraient  en  leurs  maisons;  les  forces  du 


INTRODUCTION.  «xm 

roi  seraient  licenciées,  ainsi  que  celles  du  prince  de  Coudé.  L'évèque  d  Orléans  et 
l'Aubespine  portent  ces  nouvelles  propositions  qu'agréait  le  roi  de  Navarre  et  dont 
l'ambassadeur  d'Angleterre  espérait  une  heureuse  issue,  niais  tout  vient  encore 
échouer  devant  les  résistances  des  triumvirs.  Ne  se  fiant  plus  qu'à  elle-même, 
Catherine  veut  essayer  d'agir  directement  sur  les  chefs  protestants;  elle  avait  tou- 
jours tenu  en  grande  privauté  le  cardinal  de  Cliàtillon  d'une  conscience  accommo- 
dante; elle  s'adresse  à  lui  pour  arriver  jusqu'à  Condé.  Sa  lettre  précise  bien  h's 
variations  par  lesquelles  elle  avait  passé  ;  elle  reconnaît  qu'elle  a  autorisé  Condé 
à  prendre  les  armes  pour  sa  sûreté  et  le  service  du  roi,  à  la  condition  toutefois 
de  les  déposer  dès  qu'elle  lui  en  donnerait  l'ordre;  mais  Condé  s'y  refusant,  car  il 
v  va  de  son  honneur,  et  prétextant  que  s'il  a  pris  les  armes,  et  que  s'il  les  garde, 
c'est  pour  sauvegarder  l'autorité  de  la  reine,  pour  qu'on  ne  lui  ôte  pas  ses  en- 
fants, quelle  est  sa  réponse?  Le  roi  de  Navarre  seul  doit  commander;  si  Condé  et 
les  siens  ne  se  soumettent  pas,  elle  sera  forcée  de  se  prononcer  contre  eux.  Elle 
reproche  à  Condé  de  se  servir  de  son  nom  pour  prendre  les  villes,  et  de  dire  partout 
qu'il  agit  par  ses  ordres.  Les  conseils  qu'il  reçoit,  et  que  l'amiral  seul  lui  donne, 
seront  la  cause  de  la  perte  de  ce  royaume;  elle  lui  rappelle  le.bien  qu'elle  lui  a 
fait,  la  faveur  qu'elle  lui  a  toujours  témoignée;  elle  fait  appel  à  ses  sentiments  de 
bon  Français  et  de  patriote;  il  est  de  cette  maison  royale  et  ne  peut  en  vouloir  la 
ruine;  en  terminant  elle  lui  dit  ces  paroles  qu'au  plus  fort  de  la  lutte  il  dut  se 
'  rappeler  plus  d'une  fois  :  «Tout  cela  s'en  ira  en  fumée,  mais  que  l'on  sache  la  vé- 
rité que  le  roi  mon  fils  ne  veut  ni  moi  aussi  que  nul  ne  s'assemble;  que  ce  n'esl 
point  pour  son  service  et  qu'il  ne  veut  pas  toucher  au  fait  de  la  religion1. n  A  cette 
lettre  pressante,  le  cardinal  se  borne  à  répondre  qu'il  a  vu  son  frère;  mais  que, 
sans  tenir  compte  de  ses  remontrances,  il  persiste  à  déclarer  qu'il  n'a  en  vue  que 
de  rendre  la  liberté  au  roi,  et  qu'il  ne  poursuit  pas  d'autre  but.  Condé  prend  la 
plume  à  son  tour  et  cherche  à  se  justifier;  il  supplie  Catherine  de  ne  pas  voir  en 
lui  un  preneur  de  villes,  mais  un  fidèle  serviteur;  loin  de  chercher  à  s'élever,  à 
s'enrichir  par  usurpation,  il  n'entend  qu'obéir  et  combattre  ceux  qui  veulent  en- 
treprendre sur  l'autorité  de  sa  régence2.  En  écrivant  ces  lignes,  s'il  était  de  bonne 
foi,  il  se  faisait  une  étrange  illusion  et  n'envisageait  pas  les  tristes  nécessités  qu'il 
allait  subir.  Une  fois  engagé  sur  cette  pente  fatale,  on  ne  s'arrête  plus,  on  ne 
s'appartient  plus.  Encore  quelques  semaines,  lui  et  les  siens  appelleront  à  leur 

1  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  29,  et  celle  du  cardinal  de  Châtilion  qui  l'accompagne.  —  2  Bibl.  Bat. 
fonds  Brienne,  n°  20 5. 


cxxiv  INTRODUCTION. 

aide  les  Allemands,  et  pour  les  décider  à  entrer  en  France,  que  leur  promet- 
tront-ils? Le  pillage  de  Paris1.  L'étranger,  comme  toujours,  profitera  donc  seul 
de  nos  discordes  civiles.  Notre  meilleur  allié,  le  duc  de  Savoie,  en  retour  du 
secours  qu'il  fera  si  longtemps  attendre,  exigera  la  restitution  de  nos  places 
d'Italie;  c'est  eu  vain  que  Bordillon,  inspiré  par  le  plus  pur  patriotisme,  refusera 
de  les  rendre;  c'est  en  vain  qu'il  résistera  à  deux  jussions,  force  lui  sera  d'obéir, 
en  exigeant  toutefois  une  décharge  pour  sauvegarder  son  honneur.  De  son  côté. 
l'Angleterre,  à  l'affût  d'une  revanche,  saisira  la  première  occasion  favorable.  crJe 
sais  de  bonne  main,  écrivait  l'ambassadeur  Throckmorton  à  Cecil  (1  7  avril  i56a), 
que  le  roi  d'Espagne  a  l'œil  ouvert  sur  Calais;  dans  le  cas  où  les  chefs  catholiques 
voudraienl  mettre  aux  mains  de  l'Espagne  quelque  port  ou  forteresse,  il  faudrait 
que  les  prolestants  fussent  amenés  à  nous  livrer  Calais,  Dieppe  et  le  Havre,  ou 
tout  au  moins  une  de  ces  trois  places,  n'importe  laquelle,  pourvu  que  nous  en 
ayons  une;  mais  cette  demande  doit  venir  d'eux,  et  l'occasion  s'en  présentera 
d'elle-même  lorsqu'ils  nous  demanderont  des  hommes  et  de  l'argent,  n  L'heure  n'en 
était  pas  encore  venue,  et  pour  mieux  dissimuler  ses  projets,  Elisabeth  offrit  sa 
médiation;  et  c'est  Henri  Sidney,  proche  parent  de  Leicester,  qu'elle  en  char- 
gea2. Sidney  fut  reçu  au  Louvre  le  5  mai;  Catherine  remercia  la  reine  sa 
sœur  du  témoignage  de  bonne  amitié  qu'elle  lui  donnait  dans  ces  temps  de 
trouble;  elle  espérait  pourtant  que  son  entremise  serait  inutile,  et  que  le  prince 
de  Condé  et  l'amiral  se  rendraient  aux  dernières  conditions  qui  leur  avaient  élé 
proposées.  Le  roi  d'Espagne  offrait  3o,ooo  hommes  de  pied  et  6,000  chevaux; 
le  duc  de  Savoie  et  d'autres  princes  offraient  également  un  puissant  secours  ;  mais 
le  roi  son  fils  écouterait  avec  faveur  les  avis  de  la  reine  sa  sœur,  et  elle  engagea 
Sidney  et  Throckmorton  à  les  lui  faire  connaître.  Throckmorton  prit  le  premier 
la  parole  :  Si  quelques  princes  offraient  des  hommes  de  guerre  et  conseillaient  la 
force,  la  reine  sa  maîtresse  ne  les  imiterait  pas,  estimant  que  la  paix  et  une  bonne 
composition  étaient  la  meilleure  des  voies,  et  que  la  guerre  n'était  pas  sans  dan- 
gers pour  le  jeune  roi.  Sidney  ajouta  qu'ils  étaient  chargés  de  ne  communiquer 
ces  conseils  qu'à  la  reine  et  au  roi  de  Navarre;  c'était  écarter  tous  les  autres. 
Catherine  répondit   qu'elle   ne  pouvait  qu'approuver  les  conseils  de  sa  bonne 

1   <tPrinceps  Comlensis  promittit  Gerraanis  urbis  historique,  t.  II,  juillet  et  septembre  1876,  p.  3o.) 
Parisùnsisdireptioneminprœdam,  quodmv&lospotest  3  Voy.  lettre  Je  Sidney  et  de  Throckmorton  à 

allicere."  (Vov.  cette  lettre  à  l'Electeur  Palatin  cite'e  Elisabeth,  dans  le  Calendar  of  Slale papers  (i56a  1, 

par  M.  Daresln  dans  son  élude  sur  Hotman,  Bévue  p.  19. 


INTRODUCTION.  cxxv 

sœur,  conseils  entièrement  conformes  aux  conditions  quelle  venait  de  soumettre 
au  prince  et  à  l'amiral;  elle  les  avait  toujours  tenus  pour  de  bons  serviteurs 
de  cette  couronne,  elle  aimait  à  croire  qu'ils  les  accepteraient;  mais  s'ils  refu- 
saient, le  roi  en  appellerait  à  la  force,  ne  pouvant  tolérer  plus  longtemps  les 
outrages  et  insolences  qui  se  commettaient  tous  les  jours;  elle  rappela  le  meurtre 
récent  de  la  Motte-Gondrin,  à  Valence,  le  pillage  des  églises,  la  destruction  des 
images,  contrairement  à  leurs  propres  promesses  :  ceux  que  le  prince  de  Coudé 
prétendait  éloigner  de  la  cour,  servaient  cette  couronne  depuis  François  Ier;  dans 
l'intérêt  du  repos  du  royaume,  ils  avaient  d'eux-mêmes  offert  de  se  retirer  de 
la  cour.  Throckmorton  reprit  qu'il  ne  doutait  pas  des  bonnes  intentions  de 
Condé,  et  il  se  mit,  Sidney  et  lui,  à  sa  disposition;  elle  répliqua  que,  d'après  la 
réponse  du  prince,  le  roi  son  fds  apprécierait  s'il  pouvait,  oui  ou  non,  utiliser  le 
bon  vouloir  de  la  reine  Elisabeth.  Cette  médiation,  on  le  voit,  était  vague  et 
mal  définie.  Elisabeth  ne  s'explique  pas  plus  clairement  dans  les  nouvelles  in- 
structions qu'elle  donne  à  ses  ambassadeurs;  elle  leur  recommande  la  circonspec- 
tion; il  faut  conserver  son  crédit  des  deux  cotés,  empêcher  à  tout  prix  l'inter- 
vention d'une  puissance  étrangère;  elle  leur  envoie  des  lettres  de  crédit  auprès  de 
Condé  et  de  l'amiral,  mais  avec  cette  restriction  que  la  reine  mère  leur  permettra 
de  les  voir.  De  ces  réticences,  de  cette  conduite  ambiguë,  il  n'est  pas  difficile 
de  conclure  que  cette  offre  de  médiation  n'était  qu'un  leurre  pour  endormir  les 
défiances  de  Catherine,  et  qu'Elisabeth,  se  rendant  aux  conseils  de  Throckmorton, 
n'attendait  qu'un  moment  favorable  pour  mettre  la  main  sur  une  de  nos  places  mari- 
limes  de  Normandie  ou  sur  Calais1.  Catherine  ne  s'y  trompa  pas;  elle  reçut  Sidnej 
avec  une  pompe  vraiment  royale,  voulant  qu'il  emportât  une  haute  idée  de  la 
cour  de  France,  elle  lui  donna  au  Louvre  un  brillant  concert,  mais  elle  ne  le  perdit 
pas  de  vue;  il  lui  avait  demandé  de  retourner  à  Londres  par  le  Havre,  et  elle  y 
avait  consenti,  mais  cette  ville  venant  d'être  surprise  par  le  vidamede  Chartres  pen- 
dant que  Sidney  était  encore  à  Paris,  elle  lui  laissa  le  choix  de  s'embarquer  à 
Calais  ou  à  Boulogne,  et  comme  il  choisit  Calais  pour  lui  et  sa  suite,  ce  qu'elle 
aurait  voulu  éviter,  elle  fit  partir  dans  un  seul  jour  cinq  courriers  pour  bien 
mettre  sur  ses  gardes  M.  de  Gourdan  qui  en  était  gouverneur2. 

En  faisant  parade  des  3o,ooo  hommes  de  pied  et  des  6,000  chevaux  offerts 
par  Philippe  II,  elle  avait  voulu  en  imposer  un  peu  à  Elisabeth  et  rendre  peut-être 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  3io.  —  2  Voy.  les  lettres  de  Catherine,  p,  3i3,  3i5. 


cxxvi  INTRODUCTION. 

aussi  ceux  d'Orléans  plus  accessibles  à  ses  propositions;  car,  au  Tond,  c'est  avec 
regret  qu'elle  avait  recours  au  roi  d'Espagne.  Dans  une  lettre  du  7  mai,  à  l'évèque 
de  Limoges,  le  surlendemain  de  l'audience  donnée  à  Sidney,  elle  fait  dire  à 
Charles  IX  :  tr  J'espère  être  assez  fort  sans  employer  aide  ni  secours  de  pas  un 
de  mes  voisins d,  et  dans  une  nouvelle  lettre  écrite  le  8  mai,  tout  en  acceptant  le 
secours  offert  par  le  roi  d'Espagne:  te  Ce  n'est  pas  3o,ooo  hommes  de  pied  et 
6,000  chevaux  qu'il  demande,  mais  10,000  hommes  de  pied  seulement  et 
3,ooo  chevaux.  11  En  transmettant  à  l'évèque  de  Limoges  cette  dépêche  offi- 
cielle, Catherine  a  bien  soin  d'ajouter  :  tr  Quant  à  moi,  je  trouve  merveilleusement 
bon  le  service  de  la  bourse,  et  aimerois  beaucoup  mieux  que  nous  eussions  l'argent 
pour  lever  les  hommes  à  volonté  que  les  hommes;  en  cela,  vous  ferez  le  mieux 
que  vous  pourrez.  v> 

Peu  de  jours  après  l'audience  donnée  à  Sidney,  Catherine  annonça  aux  chefs 
catholiques  qu'elle  partait  pour  Monceaux.  La  retenir  était  difficile;  elle  alléguait 
la  santé  du  roi  qui  avait  peine  à  supporter  les  chaleurs  de  la  capitale;  du  moment 
que  l'on  voulait  traiter,  il  fallait  d'ailleurs  ôter  tout  prétexte  de  refus  à  ceux  d'Or- 
léans; une  fois  Catherine  à  Monceaux,  ils  ne  pourraient  plus  alléguer  qu'elle  était 
prisonnière.  Pour  être  plus  libre,  elle  laissait  derrière  elle  le  roi  de  Navarre,  Guise, 
Saint- André  et  le  connétable;  mais  pour  montrer  que  l'autorité  royale  résidait 
en  elle,  elle  se  faisait  suivre  par  la  plupart  des  chevaliers  de  l'ordre  et  par  une 
partie  des  membres  du  conseil,  et  elle  emmenait  le  cardinal  de  Ferrare  qui  était 
ouvertement  du  parti  de  la  paix.  Ce  voyage  soulevait  bien  des  appréhensions  : 
tfOn  craint,  écrit  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme,  qu'elle  ne  se  mette,  elle 
et  son  fils,  aux  mains  des  adversaires;  elle  ne  déclare  pas  de  quel  côté  elle  est1. n 
Après  quelques  jours  de  séjour  à  Monceaux,  elle  fit  appeler  le  roi  de  Navarre  :  trll 
y  fut  hier,  écrit  Chantonnay  le  19  mai,  car  il  n'y  a  que  trois  postes  d'ici,  et  a 
promis  de  revenir  demain  ;  il  est  à  penser  qu'il  a  été  mandé  pour  moyenner  quelque 
appointement  plus  favorable  pour  ceux  d'Orléans;  on  l'y  pourra  mieux  induire, 
étant  séparé  de  ses  seigneurs  catholiques  et  entouré  par  la  reine,  le  prince  de 
Condé,  le  chancelier  et  d'autres;  il  a  promis  de- ne  consentir  chose  quelconque 
au  préjudice  de  la  religion  catholique2.  *  On  peut  juger  par  là  du  degré  de  con- 
fiance que  les  chefs  catholiques  mettaient  dans  le  roi  de  Navarre;  on  venait  d'ap- 
prendre que  les  jours  de  Don  Carlos  étaient  en  danger,  à  la  suite  d'une  chute  ; 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  *  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

duchesse  de  Parme  (mai  1  56a  ).  duchesse  de  Parme  ( mai  1 50a  ). 


[NTRODI  CTION. 

l'espoir  du  mariage  du  prince  de  Béant,  son  lils,  avec  la  jeune  Marguerite  de  Va- 
lois, lui  était  donc  revenu,  et  la  reine  était  trop  habile  pour  ne  pas  en  profiter. 

Pendant  ce  temps-là  comment  Catherine  usait-elle  de  sa  liberté  à  Monceaux, 
quelles  étaient  les  pensées  secrètes  qui  l'agitaient?  reTout  ce  qui  se  l'ait  d'un  côté  el 
d'autre,  écrit-elle  à  la  reine  d'Espagne,  n'est  que  par  ambition  et  envie  de  gou- 
verner,  et  de  m'ôter  la  puissance  1.d  Le  but  qu'elle  poursuivait,  c'est  que  de  part 
el  d'autre  on  déposât  les  armes  et  que  le  passé  lût  comme  non  avenu;  mais  cette 
suite  d'égalité  entre  les  deux  cultes,  entre  les  deux  partis,  les  chefs  catholiques 
n'en  voulaient  à  aucun  prix.  Loin  de  se  laisser  assimiler  à  ceux  qu'ils  traitaient  de 
rebelles,  ils  demandaient,  avant  tout,  la  restitution  des  villes  occupées  par  les  pro- 
testants et  la  réparation  des  dommages  commis.  La  guerre  était  donc  inévitable, 
el  Catherine,  malgré  ses  répugnances,  s'y  prépare  :  elle  ordonne  de  garder  les 
rivières,  les  passages  qui  peuvent  servir  à  ceux  d'Orléans  :  crYous  verrez,  écrit- 
elle  au  roi  de  Navarre,  par  l'ordre  que  j'ai  donné,  que  je  suis  bon  capitaines;  elle 
trace  la  route  que  devront  suivre  les  troupes  espagnoles  à  leur  arrivée  en  France  : 
elle  écrit  à  Tavannes  de  presser  les  levées  d'hommes  en  Bourgogne;  au  duc  de 
Bouillon,  de  se  servir  de  l'argenterie  des  églises  de  Normandie;  à  Burie,  de  veiller 
sur  la  Guyenne,  car  c'est  de  cette  province  que  ceux  d'Orléans  attendent  le  plus 
de  secours;  elle  somme  les  rebelles  de  Bouen  de  rentrer  dans  le  devoir;  elle 
invite  le  roi  de  Navarre  à  renforcer  la  garnison  de  Caen,  et  à  masser  des  forces 
pour  reprendre  le  Havre;  si  elle  ne  le  t'ait  pas  venir  à  Monceaux,  c'est  qu'on  dira 


1  Voici  la  lettre  qu'elle  écrit ,  à  ce  sujet .  au  roi  de 
Navarre  et  que  nous  avons  récemment  retrouvée  : 
■•Mon  frère,  je  viens  d'estre  advertye  par  Grant- 
vîlle  sur  ung  advis  que  vous  avez  eu  par  de  là  que 
ceulx  de  la  religion  qui  sont  dedans  Pans  ont 
résolu  au  temps  que  ceulx  d'Orléans  se  mettront 
aux  champs  se  souslever  et  se  saisir  de  certains 
lieux  de  Paris  pour  travailler  les  autres  et  empes- 
cber  que  les  forces  du  Pioy  monsieur  mon  fdz 
n'en  soient  secouruz.  Vous  avez,  par  l'advis  des 
princes  et  seigneurs  qui  sont  près  de  vous,  résolu 
l'aire  ordonnance  pour  éviter  ce  danger,  que  tous 
'•.  uix  île  ladicte  nouvelle  religion  ayent  pour  quelque 
temps  à  se  retirer  el  absenter  de  ladicte  ville,  ce 
que  je  trouve  très  bon,  mon  frère,  vous  estimanl 
si  saige  et  lesdietz  princes  et  seigneurs  estant  près 
de  vous  si  ad  visez,  que  vous  mettez  en  très  bonne 


considération  tout  ce  que  appartiendra  au  bien  du 
service  du  Roy  mondict  lilz  et  de  son  royaume,  et 
ne  sçaurois  pour  ceste  cause  avoir  voz  délibéra- 
tions que  très  agréables  en  cella  et  toutes  autres 
eboses,  eslimant  aussi  que  ce  sera  beaucoup  plus  de 
seurelé  à  ceulx  de  ladicte  nouvelle  religion  d'en 
estre  dehors  que  parmy  le  peuple  armé  et  irrité 
comme  il  est;  aussi  m'asseuray-je  qu'il  ne  leur 
sera  lait  tort  ny  injure  en  leurs  personnes,  nj  i  a 
leurs  biens,  comme  il  ne  seroit  raisonnable,  ayanl 
bien  voullu  vous  rn  Caire  sçavoir  incontinnnt  mou 
advis,  afin  que  la  longueur  n'y  amenas!  quelque 
inconvénient.  Priant  Dieu,  mon  frère,  vous  don- 
ner ce  que  plus  désirez.  De  Montceaulx ,  le 
sivii'jour  demay  1062.  Votre  bonne  sœur,  Cate- 
rinb,»  (  Oi'ig.  signé,  lîibl.  uat.,  fonds  français 
n"  66aG.  p.  077.) 


cxxviii  INTRODUCTION. 

tiu'elle  «n'agit  que  par  contrainte  ;i>  à  toutes  les  demandes  qui  lui  sont  faites  de 
rentrer  à  Paris,  elle  répond  «  qu'elle  y  est  haïe;  que  ce  peuple  de  Paris  voudrait 
la  voir  morte,  v  A  ce  moment,  d'ailleurs,  une  vive  agitation  s'y  manifestait  :  il 
était  à  craindre  que  les  protestants  qui  y  étaient  restés,  lorsque  leurs  coreligion- 
naires s'en  rapprocheraient,  ne  se  soulevassent  pour  faire  une  diversion  et  ne 
s'emparassent  de  certaines  positions  dans  la  capitale;  et,  pour  éviter  ce  danger, 
on  leur  avait  ordonné  de  s'absenter  pour  un  certain  temps.  Catherine  s'associa  à 
cette  mesure  de  sûreté,  mais  avec  cette  restriction  et  qu'il  ne  leur  serait  fait  tort 
ni  injure  ni  en  leurs  personnes,  ni  en  leurs  biens  l.v  Elle  se  décida  enfin  à  rentrer 
au  bois  de  Vincennes,  et  nous  l'y  retrouvons  le  3o  mai;  deux  jours  auparavant, 
MM.  de  Villars  et  de  Vieilleville  étaient  revenus  d'Orléans  avec  de  meilleures 
paroles  qui  semblaient  rendre  un  accord  possible.  Sur  celte  assurance,  le  roi  de 
Navarre  fait  proposer  à  Condé  une  conférence  à  Toury  en  Beauce;  le  prince 
l'ayant  acceptée,  à  la  seule  condition  que  les  chefs  catholiques  n'y  assisteraient 
pas,  et  ceux-ci,  de  leur  côté,  consentant  à  partir  pour  l'armée,  tout  semblait  pré- 
parer les  voies  à  une  pacification  prochaine  :  «La  reine,  nous  dit  le  cardinal  de 
Ferrare,  en  recevant  la  réponse  favorable  de  Condé,  eut  un  transport  de  joie; 
elle  croyait  déjà  tenir  la  paix  dans  ses  mains2,  v  Le  2  juin,  elle  fait  mander  Throck- 
morton  au  bois  de  Vincennes  pour  lui  annoncer  l'entrevue  que  le  roi  de  Navarre 
devait  avoir  avec  le  prince  de  Condé  :  il  y  avait  grand  espoir  de  s'entendre;  elle 
le  pria  d'en  informer  la  reine  d'Angleterre;  enfin  elle  lui  annonça  son  départ  pour 
Étampes,  fixé  au  lendemain3.  A  l'heure  dite,  elle  quitte  Vincennes  où  elle  laisse 
le  jeune  roi  sous  la  garde  de  Philippe  Strozzi  ;  elle  arrive  de  nuit  à  Etampes, 
où  l'attendaient  l'évèque  d'Orléans  et  l'Aubespine.  Le  lendemain,  jeudi  h  juin, 
elle  se  rend  à  Toury,  en  compagnie  du  roi  de  Navarre,  de  Damville  et 
de  MM.  de  Sansac  et  d'Escars;  pour  escorte,  elle  emmenait  200  chevaux  et 
3oo  hommes  de  pied;  Condé  ne  devait  amener  que  100  chevaux  et  100  hommes 
de  pied;  cette  différence  de  forces  était  une  sorte  d'hommage  rendu  à  la  reine. 
Le  jour  fixé  pour  l'entrevue  était  le  5  juin;  le  lieu  choisi,  une  vaste  plaine  «rase 
comme  la  mers,  mais  Condé,  sur  des  rapports  qui  lui  vinrent  de  divers  cotés,, 
craignant  une  embuscade,  ne  se  rendit  pas  au  rendez-vous.  La  reine  et  le  roi  de 
^Navarre  retournèrent  donc  à  Etampes.  Le  lendemain,  samedi  6  juin,  Condé  vint 
à  Toury  avec  une  escorte  assez  forte  pour  ne  pas  craindre  une  surprise;  il  avait 

1  Voy.  sa  lettre  publiée  dans  la  note  précédente.  —  i  Négociations  du  cardinal  de  Ferrare,  Paria,  i658. 
in-4°,  p.  210.  —  '  Calendar  qf  State  papers  (i56a),  p.  38G. 


INTRODUCTION.  cxxix 

avec  lui  Grammont,  Genlis  et  de  Piennes.  L'entrevue  fui  très  froide  entre  les  deux 
frères;  le  roi  de  Navarre  se  montra  fort  obstiné  et  nullement  disposé  à  des  con- 
cessions; il  demanda  l'annulation  de  l'édit  de  janvier,  le  bannissement  des  mi- 
nistres, la  reddition  des  villes.  Coudé  récrimina  amèrement  contre  la  maison  de 
Guise,  et  se  réserva  de  conférer  avec  l'amiral  et  d'Andelot.  Catherine  ne  se  mon- 
tra pas  aussi  conciliante  qu'on  l'espérait;  elle  ne  voulut  pas  admettre  qu'il  y  eut 
deux  religions  dans  le  royaume:  elle  offril  la  liberté  de  conscience,  mais  non  la 
liberté  du  culte.  Durant  les  deux  longues  heures  que  dura  cet  entretien,  les  deux 
escortes,  l'une  commandée  parDamville,  l'autre  par  la  Rochefoucauld,  se  tenaient 
à  huit  cents  pas  l'une  de  l'autre;  des  deux  côtés,  il  y  avait  des  frères,  des  amis, 
des  parents;  loin  d'en  venir  aux  injures,  les  mains  se  cherchèrent,  et  la  plupart 
se  séparèrent  les  larmes  aux  yeux;  c'est  qu'il  y  avait  de  quoi  pleurer  sur  l'état  de 
la  France,  et  sur  les  calamités  que  la  guerre  civile  allait  amener  à  sa  suite.  Les 
'étrangers  les  moins  sympathiques  à  notre  nation  ne  peuvent  se  défendre  d'un  sen- 
timent de  tristesse  :  «Toutes  les  affaires,  dans  ce  royaume,  sont  suspendues,  écrit 
Chantonnay  à  .Marguerite  de  Parme,  que  c'est  grande  pitié.  n  Hubert  Languetvoit 
1  avenir  sous  un  jour  encore  plus  sombre  :  et  II  n'y  a  pas  un  coin  de  terre  qui 
échappe  à  la  dévastation,  s'écrie-l-il,  je  quitte  la  France  à  regret,  et  si  elle  doit 
périr,  je  voudrais  m'ensevelir  sous  ses  cendres1.  n 

L'armée  royale  à  sa  sortie  de  Longjumeau  étant  venue  prendre  position  à 
Montlhéry,  Catherine  s'arrête  plusieurs  jours  à  Etampes;  de  là,  elle  envoie  ses 
ordres  à  tous  les  gouverneurs  des  provinces;  elle  ordonne  à  Maugiron  de  se 
joindre  à  Tavannes  pour  nettoyer  le  pays  «de  cette  vermine  de  rebelles^;  elle  au- 
torise Joyeuse  à  se  servir  des  deniers  du  Languedoc;  elle  félicite  Moulue  de  sa 
conduite  à  Toulouse;  elle  l'engage  à  réunir  ses  forces  à  celles  du  comte  de  Tende 
et  à  aller  droit  à  Agen,  le  principal  centre  de  la  résistance;  elle  lui  prescrit  de 
désarmer  les  protestants  partout  où  il  sera  le  maître;  enfin,  elle  lui  fait  abandon 
des  confiscations  qu'il  a  ordonnées.  Elle  ne  croyait  donc  plus  à  la  possibilité  d'un 
accord;  elle  s'y  était  portée  avec  un  grand  zèle;  Hubert  Languet  lui  rend  cette 
justice  qu'elle  est  hors  de  reproches,  qu'elle  s'est  conduite  en  femme  prudente  et 
aimant  son  pays,  qu'elle  s'est  faite  la  suppliante  des  deux  partis,  mais  que  sur 
certains  esprits  obstinés  l'ambition  et  le  désir  de  la  vengeance  ont  eu  plus  d'em- 
pire que  les  prières  les  plus  justes  et  que  les  larmes  d'une  femme  2. 

1  Hubert  Languel,  Arcanasecuti decitni  sexti,  t.  II,  p.  227. —  2  Uni.,  p.  228. 

CiTBEMNE   DE   MÉDICtS.   I.  Q 


cm  INTRODUCTION. 

Les  rôles  changent,  c'est  Gondé  qui  reprend  les  négociations.  Catherine  était 
rentrée  le  i5  juin  au  bois  de  Vincennes,  dès  le  lendemain,  elle  est  rappelée  par 
le  roi  de  Navarre  qui  avait  obtenu  une  trêve  de  six  jours;  en  revenant  d'Etampes 
elle  avait  fait  une  chute  de  cheval,  et  avait  été  saignée  le  matin  même;  pourtant 
elle  n'hésita  pas  à  repartir,  et  le  1  7  juin  elle  montait  en  litière.  Throckmor- 
lon  l'attendait  sur  la  route.  Au  moment  où  elle  allait  traverser  la  Seine,  elle 
l'aperçut,  le  fit  monter  dans  son  bateau  et  s'entretint  avec  lui.  Aux  offres  d'in- 
tervention officieuse  qu'il  renouvela  au  nom  de  la  reine  Elisabeth,  elle  répondit 
qu'elle  était  bien  désireuse  d'un  accommodement,  mais  que  la  grande  difficulté 
était  l'édit  de  janvier  dont  le  peuple  de  Paris  ne  voulait  à  aucun  prix.  Throck- 
morton  lui  dit  qu'elle  pouvait  juger  par  là  du  danger  qu'il  y  avait  à  mettre  les 
armes  dans  les  mains  d'un  peuple  aussi  obstiné;  l'édit  avait  été  observé  tout  le 
temps  que  le  prince  de  la  Roche-sur-Yon  et  le  maréchal  de  Montmorency  avaient 
été  à  la  tête  de  la  ville;  elle  répliqua  que  le  roi  ne  demandait  pas  mieux  que 
d'abattre  l'orgueil  de  ces  Parisiens,  et  que,  si  la  paix  se  faisait,  il  en  viendrait  à 
bout;  elle  le  pria  d'envoyer  deux  de  ses  secrétaires  auprès  du  connétable  et  il  11 
duc  de  Guise  pour  les  disposer  à  l'accord  recommandé  par  la  reine  d'Angleterre; 
ce  qu'il  promit  de  faire,  et,  dès  le  lendemain,  il  envoyait  Henri  Middlemore  au 
camp  des  catholiques1.  Les  choses  étaient  admirablement  préparées;  1  évèque  de 
Valence  s'était  chargé  de  Gondé;  on  avait  également  agi  sur  le  roi  de  Navarre. 
Aucune  réponse  favorable  aux  demandes  qu'il  avait  laites  à  Philippe  II  n'étant 
encore  venue  d'Espagne,  on  s'était  habilement  servi  de  ce  retard  pour  le  mettre 
■  ■il  défiance;  c'est  sous  cette  impression  toute  pacifique  qu'il  avait  envoyé  chercher 
Catherine  à  Vincennes.  Chantonnav  attendait  impatiemment  un  courrier  d'Es- 
pagne; il  arriva  le  30  juin,  apportant  une  lettre  de  Philippe  II  pleine  de  pro- 
messes; sans  perdre  une  minute,  il  dépêcha  un  de  ses  gens  qui  arriva  juste  une 
heure  avant  la  conférence;  les  sentiments  du  roi  de  Navarre  se  modifièrent  à  l'in- 
stant même;  des  idées  de  conciliation  il  passa  brusquement  aux  idées  de  résis- 
tance. Gondé  ayant  insisté  pour  le  maintien  de  l'édit  de  janvier  et  le  départ  de 
Guise,  cril  se  mil  à  parler  plus  haut,  nous  dit  Chanlonnay,  et  a  tenu  plus  fort 
que  l'on  ne  pensait  et  ne  voulut  condescendre  à  aucun  des  deux  points,  de  ma- 
nière que  le  fil  fut  rompu  et  que  chacun  rentra  dans  son  camp  '-.  n  Les  négocia- 
tions ayant  ainsi  de  nouveau  échoué,  au  dernier  moment,  grâce  à  cette  inter- 

1   Calendar  0/  State  papers   (i56a),   lettre   de  "  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnav  à 

Throckmorton  à  Elisabeth,  p.  ia3.  la  duchesse  de  Parme  (juin  i56a). 


INTRODUCTION. 

veiitioi)  de  Chantonnay,  Catherine  les  reprit  en  son  nom  et  envoya  le  maréchal 
de  Montmorency  au  camp  des  protestants;  il  les  trouva  en  ordre  de  bataille  el 
prêts  à  marcher;  il  lui  à  haute  voix  la  commission  dont  il  était  porteur,  mais 
tous  rangés  en  escadrons  commencèrent  à  crier:  bataille!  bataille! 

Pour  l'aire  tomber  les  armes  des  confédérés,  que  proposait  Catherine?  Ce  que 
demandait  Coudé  dans  toutes  ses  requêtes,  dans  toutes  ses  lettres:  la  retraite  des 
triumvirs;  voulant  à  la  lois  se  débarrasser  des  chefs  protestants  et  des  chefs  catho- 
liques, elle  avait  obtenu  des  triumvirs  la  promesse  conditionnelle  de  se  retirer, 
et  maintenant  elle  demandait  à  Condé  de  venir  la  trouver  et  de  se  mettre  entré 
ses  mains  pour  garantir  la  soumission  de  son  parti.  Les  triumvirs,  en  effet,  quittè- 
rent leur  camp  de  Talcy,  le  27  juin,  mais  sans  trop  s'éloigner  toutefois,  car  ils 
s'arrêtèrent  à  Châteaudun.  C-ondé  vint  alors  au  camp  de  Talc\  avec  une  petite 
escorte;  d  \  revint  le  lendemain,  et  dans  les  deux  entrevues  qu'il  eut  avec  la  reine, 
'il  maintint  ses  premières  conditions,  le  rétablissement  de  l'édit  de  janvier  et  l'éioi- 
gnement  des  chefs  catholiques.  La  reine  continua  à  le  supplier  de  ne  pas  s'opiniâ- 
fcrer  dans  sa  rébellion  et  d'attendre  la  majorité  du  roi,  en  se  contentant  de  la 
liberté  de  conscience.  Le  29  juin,  Coudé  revint  une  troisième  fois,  amenant  avec 
lui  les  principaux  seigneurs  protestants,  Coligny,  Genlis,  Rohau,  Soubise,  le  prince 
de  Portien.  Catherine  se  montra  très  gracieuse  envers  eux  tous;  elle  leur  fit  mille 
caresses,  en  appela  à  leur  patriotisme,  leur  remontrant  combien  le  nombre  des 
catholiques  était  supérieur  au  leur;  il  ne  s'agissait  que  d'avoir  un  peu  de  patience, 
la  majorité  du  roi  étant  si  prochaine.  Condé,  dans  un  de  ces  moments  d'entraîne- 
ment que  l'on  se  prend  à  regretter  dès  le  lendemain,  lui  proposa  de  se  retirer, 
lui  et  les  siens,  jusqu'à  la  majorité  du  roi,  si  leur  éloignément  pouvait  être  utile 
à  l'Etat.  Catherine  attendait,  elle  guettait  ce  premier  élan  de  générosité;  elle  ré- 
pondit avec  douceur  «qu'elle  ne  vouloit  chasser  personne  de  ce  royaume,  mais 
au  contraire  les  prier  de  s'accommoder  à  ce  qui  sembloit  être  si  raisonnable n ,  et 
avec  un  semblant  de  répugnance  et  comme  forcée  par  les  circonstances,  elle 
accepta  l'offre  de  retraite  du  prince.  Les  chefs  protestants  se  regardèrent  avec  stu- 
peur; mais  la  reine  revint  avec  habileté  sur  le  peu  de  temps  que  durerait  cet 
éloignément  volontaire,  elle  promit  avec  une  si  apparente  sincérité  de  tenir  la 
main  à  ce  que  la  majorité  du  rôi  fût. proclamée  à  quatorze  ans,  les  priant  de 
l'appuyer  si  on  v  faisait  obstacle,  que  la  paix  parut  comme  conclue;  tout  le  monde  y 
croyait;  elle-même  y  comptait  tellement  qu'elle  en  lit  prévenir,  le  matin  du  3o  juin, 
tous  les  gouverneurs  des  provinces.  Le  tour  avait  été  si  bien  joué,  l'escamotage 


«• 


cixxn  INTRODUCTION. 

si  habile  que  ie  duc  de  Guise  écrivait  au  cardinal  de  Lorraine  :  tfEn  nous  con- 
duisant et  tenant  bien,  la  religion  réformée  s'en  va  à  vau-l'eau  et  les  amiraux 
aussi  mal  que  possible;  toutes  nos  forces  nous  demeurent  entières,  les  leurs 
rompues,  les  villes  rendues,  sans  parler  ni  de  prêches,  ni  d'administration  des 
sacrements  à  leur  mode. tj  Mais  le  lendemain  tout  était  remis  en  question;  dans  un 
conseil  tenu  à  Orléans,  les  confédérés  décidèrent  qu'on  ne  pouvait  mettre  bas 
les  armes  :  «Ils  m'ont  fait  cette  bonté,  écrit  Catherine  au  duc  d'Etampes,  d'em- 
mener le  prince  malgré  moi,  faisant  en  cela  connaître  le  peu  de  compte  qu'ils 
faisoient  de  moi  et  la  mauvaise  récompense  qu'ils  me  faisoient  de  tant  de  peine 
que  j'avais  prise  pour  empêcher  qu'on  ne  les  taillât  en  pièces1»;  et  elle  ajoute  : 
rrVous  pouvez  juger  quelle  satisfaction  je  peux  avoir  d'eux  après  avoir  tant  fait 
pour  eux  pour  le  désir  que  j'avois  de  voir  ce  royaume  en  repos  et  éviter  une 
cruelle  effusion  de  sang  qui  se  prépare,  d'autant  que  je  n'ai  [dus  de  moyen  incon- 
tinent que  je  serai  partie,  qui  sera  dès  demain2.  n  Il  paraît,  d'après  un  ambassa- 
deur vénitien,  qu'il  vint  à  la  connaissance  des  chefs  protestants  que  le  roi  d'Es- 
pagne avait  promis  une  compensation  au  roi  de  Navarre,  à  la  condition  d'extirper 
l'hérésie  du  royaume  et  que,  dès  lors,  prévoyant  que  l'accord  ne  serait  point 
exécuté  dans  la  forme  convenue,  ils  le  rompirent  les  premiers3.  Quoi  qu'il  en 
soit,  la  voie  des  négociations  était  close;  il  ne  restait  plus  que  celle  des  armes. 

En  quittant  Talcy,  Catherine  vint  le  2  juillet  à  Chàteaudun;  le  k,  elle  était  à 
Melun  où  elle  séjourna  jusqu'au  8,  jour  où  elle  rentra  au  bois  de  \incennes.  Plus 
que  jamais,  le  séjour  de  Paris  lui  répugnait;  le  6  juillet,  écrivant  de  Melun  à  Vieil- 
leville,  alors  à  Metz  :  «Ce  porteur  vous  fera  entendre,  lui  disait-elle,  le  remuement 
qui  s'est  fait  à  Paris,  et  par  quels  gens4.  i>  Ces  répugnances  persistantes  de  Cathe- 
rine à  l'égard  des  Parisiens,  Tbrockmorton  les  signale  à  son  tour  dans  une  lettre 
à  Elisabeth  (a3  juillet)  :  aLa  reine  et  le  roi  sont  bien  aises  d'être  à  Vincennes, 
et  hors  des  mains  des  Parisiens n;  et  il  ajoute  :  «Le  chancelier  de  France  n'est  pas 
à  l'abri  du  danger,  il  loge  dans  un  village  tout  près  de  la  cour,  et  il  est  obligé  de 
s'y  faire  garder  par  les  Suisses;  car  non  seulement  on  a  armé  le  peuple  de  Paris, 
mais  encore  tous  les  villages  des  environs s.  ■»  L'effervescence  était  telle,  qu'il  crai- 
gnait lui-même  pour  sa  vie,  et  que  le  maréchal  de  Brissac  avait  été  obligé  de  le 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  344,  el  les  notes.  ''  Mémoires  de  Vieillcville ,  édit.  de  Michaud  et 

2  Voy.  la  lettre  de  la  page  345.  Poujoulat,  1™  série,  t.  IX,  p.  299. 

Archives  de  Vienne,  Extrait  des  dépêches  des  s  Caîendar  of  State  papers  (1662),   lettre  du 

ambassadeurs  vénitiens.  23  juillet,  p.  176. 


INTRODUCTION.  cxxxm 

faire  changer  de  logis.  Il  faut  être  juste;  que  pouvait  Catherine,  n'ayant  plus  avec 
elle  que  L'Hospital  alors  si  peu  écouté?  Le  peuple  de  Paris  repoussait  violemment 
l'édit  de  janvier,  et  ne  voulait  souffrir  aucun  protestant  dans  ses  murs.  Quelles 
conditions  plus  favorables  pouvait-elle  offrir  à  Condé  et  aux  siens,  que  de  patien- 
ter jusqu'à  la  majorité  si  prochaine  du  roi  et  de  se  contenter  de  la  liberté  de  con- 
science? mais  cette  liberté  de  conscience  que,  soit  par  modération  de  son  esprit, 
soit  par  indifférence  religieuse,  elle  déclarait  être  prête  à  concéder,  elle  n'était  ni 
comprise,  ni  acceptée  par  les  hommes  de  son  temps1  et  elle  était  insuffisante.  Il 
faut  avoir  passé  par  une  longue  série  de  calamités  pour  qu'on  sente  la  nécessité 
d'une  transaction  :  lorsque  les  armes,  soit  découragement,  soit  lassitude,  tombent 
des  mains  des  partis  extrêmes,  le  rôle  des  politiques  commence.  On  en  était  loin 
alors,  il  fallut  plus  de  trente-quatre  ans  de  troubles  et  de  guerre  pour  en  arriver 
là.  Dans  ce  triste  moment,  la  préoccupation  constante  de  Catherine,  c'était  la  crainte 
'de  l'occupation  des  villes  de  Normandie  par  les  Anglais.  «11  faut  nécessairement, 
écrivait-elle  à  Vieilleville,  le  6  juillet,  que  vous  passiez  la  mer,  afin  que  par  votre 
dextérité,  vous  détourniez  les  forces  qui  pourraient  venir  en  ce  royaume  de  ce 
côté-là.  n  Sa  clairvoyance  était  bien  justifiée  par  les  convoitises  que  Throckmorton 
ne  cessait  de  suggérer  à  Elisabeth  et  à  ses  ministres;  le  12  juillet,  il  écrivait  à 
Cécil  :  «Ces  gens-là  ont  grand'peur  d'une  surprise  de  Dieppe,  et  surtout  du 
Havre;  si  la  reine  est  disposée  à  secourir  d'argent  le  prince  de  Condé,  il  vaudrait 
mieux  avoir  le  Havre  en  garantie  que  des  bons2;»  et  le  27  juillet,  au  retour  de 
son  audience  au  bois  de  Vincennes,  il  écrivait  à  la  reine  Elisabeth  :  a  Si  Sa  Ma- 
jesté veut  venir  en  aide  au  prince  de  Condé,  défendre  les  villes  de  Normandie 
ou  les  prendre  pour  elle,  l'heure  est  propice,  il  faut  se  hâter3,  n 

Les  yeux  toujours  fixés  du  côté  de  l'Angleterre,  et  en  proie  à  des  appréhensions 
de  plus  en  plus  justifiées,  Catherine  voulut  s'en  expliquer  avec  Chantonnay,  et  le 
fit  venir  au  bois  de  Vincennes.  L'entretien  fut  long1;  en  débutant,  elle  lui  dit  qu'elle 
venait  de  recevoir  une  lettre  de  Coligny,  où  il  la  prévenait  «qu'il  ferait  entrer 


1  M.  Guizot  le  reconnaît  bien  dans  son  introduc- 
tion à  Y  Histoire  de  la  république  des  Provinces-Unies , 
par  Motley  :  nLe  protestantisme  ne  saurait  être  lavé 
du  reproche  d'intolérance  et  de  persécution;  il  n'a' 
point  proclamé  la  liberté  de  conscience,  et  il  l'a 
souvent  violée,  mais  il  en  contenait  le  germe,  et  ce 


germe,  méconnu  ou  non,  désavoué  en  principe'. 
ne  pouvait  manquer  en  fait  de  se  développer  *.  « 

'  Calendar  of  State  papers  (i56a),  p.  106. 

3   Calendar  of  Stale papers  (i56a),  p.  j 85. 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 
duchesse  de  Parme  (juillet  i56a). 


Introduction  à  l'Histoire  des  Provinees-Vnies ,  p.  73. 


vwn  INTRODUCTION. 

en  ce  royaume,  autant  d'Allemands  et  d'Anglais  qu'il  se  pourrait  pour  le  service 
du  roi;  n  à  cela,  elle  avait  répondu  :  rr  qu'il  n'en  était  pas  requis,  et  que  ce  n'était 
pas  pour  le  service  du  roin;  il  serait  donc  utile  que  le  roi  d'Espagne  fit  quelques 
remontrances  à  la  reine  d'Angleterre,  cela  l'arrêterait  peut-être;  le  plus  pressé, 
c'était  de  hâter  l'arrivée  des  secours  promis.  Chantonnav  lui  répondant  d'une 
manière  évasive,  elle  l'invita  vivement  à  en  écrire  à  la  duchesse  de  Parme,  car 
elle  voulait  absolument  savoir  à  quoi  s'en  tenir  du  côté  des  Pays-Bas;  puis,  jetant 
un  coup  d'œil  rapide  sur  l'ensemble  de  la  situation,  elle  arriva  à  conclure  que  le 
moment  était  venu  de  reprendre  l'offensive,  d'attaquer  sur  tous  les  points,  et  elle 
lui  développa  tout  un  plan  de  campagne,  mais,  avant  tout,  les  secours  des  Pays-* 
Bas  lui  étaient  indispensables.  Pour  mieux  impressionner  Chantonnay,  elle  lui 
montra  de  Bèze  allant  à  Genève,  non  pas  uniquement  pour  presser  l'envoi  des 
Suisses  promis  à  Condé  par  les  cantons  protestants,  et  attendus  à  Lyon,  mais  pour 
conférer  avec  Calvin  et  voir  s'il  n'y  aurait  pas  moyen  d'amener  les  sacramentaires 
à  la  confession  d'Augsbourg.  A  la  fin  de  juillet,  des  nouvelles  plus  fâcheuses  étant 
venues  d'Angleterre,  elle  fil  encore  appeler  Chantonnay;  cette  fois,  sa  parole 
fut  aigre  et  amère;  elle  se  plaignit  de  n'avoir  reçu  aucune  assistance;  pourtant 
c'était  sur  une  promesse  formelle  qu'elle  avait  jusqu'ici  soutenu  à  elle  seule  le 
poids  de  ce  royaume;  si  le  secours  offert  par  le  roi  d'Espagne  ne  venait  pas,  elle 
était  décidée  à  traiter  pour  sauver  la  couronne  de  son  fils;  à  sa  majorité,  il  arran- 
gerait les  choses  de  la  religion  comme  il  l'entendrait.  Chantonnay  essaya  tant  bien 
que  mal  de  la  calmer,  affirmant  qu'il  n'y  avait  pas  de  mauvais  vouloir,  et  que 
déjà  les  Italiens  et  les  Espagnols  étaient  en  marche;  elle  ne  doutait  pas.  répliqua- 
t-elle,  de  la  bonne  volonté  du  roi,  mais  il  y  avait  autour  de  sa  personne  de? 
conseillers  qui  y  mettaient  des  entraves  pour  amener  la  ruine  de  ce  royaume;  elle 
saurait  bien  l'empêcher,  n'importe  à  quel  parti  il  fallût  se  résoudre,  fût-ce  même 
à  un  appointement;  si  on  manque  d'hommes,  qu'on  lui  donne  au  moins  de  lar- 
gent,  et  elle  recrutera  des  Suisses  et  des  Allemands.  En  rendant  compte  de  cette 
conversation,  Chantonnay  ne  cacha  pas  à  la  duchesse  de  Parme,  que  si  Catherine 
ne  recevait  pas  une  réponse  favorable  pour  le  secours  demandé,  elle  traiterait 
avec  les  protestants1. 

Revenons  aux  triumvirs.  Une  fois  maîtres  de  Blois,  ils  résolurent  de  marcher 
sur  Bourges,  mais  ils  voulaient  emmener  avec  eux  le  roi  et  la  reine,  soit  qu'ils 

Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (juillet  i50a  ). 


INTRODUCTION.  cxxxv 

craignissent  de  laisser  derrière  eux  Catherine,  ton  jouis  disposée  à  négocier,  soit 
qu'ils  voulussent  ôter  toute  excuse  de  rébellion  à  leurs  adversaires,  et  se  fortifier 
du  prestige  si  puissant  alors  de  l'autorité  royale.  Le  27  juillet,  Damville  vint  donc 
à  \  incennes  demander  à  Catherine  de  l'accompagner  au  camp;  il  fut  suivi  de 
près  par  le  roi  de  Navarre,  qui  arriva  dans  la  nuit  du  28  juillet;  mais  ils  eurent 
grand'peine  à  vaincre  la  répugnance  de  Catherine  encouragée  dans  sa  résistance 
par  les  conseils  de  Vieilleville,  revenu  la  veille  d'Angleterre.  Jusqu'à  la  lin,  Chan- 
tonnay  douta  de  son  départ  :  crLa  détermination,  écrivait-il  à  la  duchesse  de 
l'arme,  a  été  trois  ou  quatre  fois  prise  et  rompue1,  a  Enfin  elle  céda;  mais  avant 
de  partir  pour  Bourges,  elle  eut  une  dernière  entrevue  au  Louvre  avec  Throck- 
morton,  venu  pour  lui  annoncer  qu'il  était  rappelé.  Elle  commença  par  rejeter 
tout  le  blâme  de  la  rupture  sur  Condé;  puis  venant  à  parler  du  rappel  de  l'ambas- 
sadeur, elle  insinua  qu'on  pourrait  bien  y  voir  le  désir  qu'avait  Elisabeth  de  se 
'montrer  favorable  aux  protestants  rebelles.  Throckmorton  repoussa  ces  soupçons; 
sa  révocation  avait  toute  autre  cause  que  la  volonté  de  la  reine  d'intervenir  dans 
ces  démêlés;  puis  il  chercha  à  justifier  Condé.  Catherine  reprit  qu'elle  avait  lait  tout 
ce  qui  était  en  elle  pour  arriver  à  la  paix,  et  qu'après  tout,  cela  la  regardait  plus 
que  personne,  à  cause  du  roi  son  (ils,  et  sur  ce,  elle  le  congédia2.  Au  sortir 
des  Tuileries,  le  jour  même,  elle  alla  coucher  au  château  de  Madrid,  et  la  ville 
de  Parisayant  accordé  les  200,000  écus  qu'elle  était  venue  solliciter,  il  fallut  bien 
songer  au  départ,  mais  auparavant  elle  écrivit  au  vidame  de  Chartres  et  à  Brique- 
mault,  et  leur  faisant  part  des  bruits  qui  couraient  sur  leur  trahison,  elle  leur 
demanda  de. s'en  expliquer;  tous  deux  répondirent  que,  si  elle  laissait  chacun  dans 
sa  liberté  et  sûreté  de  conscience,  jamais  ils  ne  feraient  entrer  les  Anglais  ni  à 
Dieppe  ni  au  Havre.  Elle  ne  tarda  pas  à  comprendre  ce  que  valait  une  telle  ré- 
ponse, car  les  pourparlers  avec  Elisabeth  allaient  aboutir. 

La  résistance  de  Bourges  fut  plus  longue  que  ne  l'avait  pensé  le  connétable; 
rendant  compte  du  siège  à  M.  de  Saint-Sulpice,  alors  en  Espagne,  Catherine  ne  lui 
dissimule  pas  les  difficultés  de  l'entreprise  :  la  ville  s'est  trouvée  plus  forte  qu'on  ne 
pensait;  il  a  fallu  gagner  le  terrain  pied  à  pied;  mais  les  troupes  royales  étant  en- 
fin maîtresses  du  fossé,  et  le  Rhin  grave  ayant  été  donné  pour  otage,  d'Ivoy  est  venu 
la  trouver  pour  traiter  de  la  capitulation.  Et  elle  motive  ainsi  la  modération  des 
conditions  :  il  lui  a  tr semblé  qu'au  jeune  âge  du  roi,  la  miséricorde  étoit  plus 

1  Archives  de  Vienne ,  lettre  fie  Chantonnay  à  la  duchesse  de  Parme  (juillet  iStis).  —  3  Calendar  oj 
Staie  papers  (1 562  ) ,  p.  209. 


cxixvi  INTRODUCTION. 

séante  et  plus  convenable  que  la  rigueur  et  la  sévérité, i>  et  elle  ajoute  :  «que  la 
majeure  partie  de  la  population  étant,  catholique»,  c'est  ce  qui  l'a  engagée  à  avoir 
pitié  des  habitants,  et  s'applaudissant  d'avoir  sauvé  cette  belle  ville  de  la  désola- 
tion, elle  lui  annonce  que  le  lendemain  de  la  reddition,  accompagnée  du  roi  et  de 
tous  les  chefs,  elle  a  été  entendre  la  grand'messe  dans  la  cathédrale,  et  fait  dire  la 
messe  dans  toutes  les  églises1.  Elle  comptait  sur  cet  acte  de  clémence,  pour  rame- 
ner à  l'obéissance  d'autres  villes  rebelles.  C'est  sous  la  même  pensée  qu'elle  écri- 
vait à  Monluc  presque  au  même  moment  :  «Je  vous  prie  de  recommander  qu'on 
ne  saccage  plus  les  maisons  des  gentilshommes,  d'autant  que  cela  n'apporte  rien 
de  bon  au  service  du  roi  mon  fils,  et  ne  fait  que  désespérer  les  hommes  davan- 
tage2, t  Elle  est  encore  plus  explicite  dans  une  lettre  au  duc  de  Montpensier  : 
«D'autant  que  j'ai  entendu  ceux  du  Parlement  de  Toulouse,  continuer  toujours 
de  faire  de  cruelles  exécutions  de  ceux  qui  avoient  pris  les  armes,  et  que  par 
l'avis  de  tous  ceux  du  conseil,  j'ai  pardonné  tout  ce  pauvre  peuple  qui  a  été  abusé 
et  se  veut  reconnaître,  il  n'est  raisonnable  de  pousser  les  choses  à  l'extrémité. 
Quand  les  chefs  sont  punis,  l'on  se  doit  contenter,  car  de  vouloir  tout  châtier,  l'on 
n'auroit  jamais  fini 3.  n 

En  quittant  Bourges,  Catherine  entra  dans  Gien,  qui  ne  se  défendit  pas;  elle 
y  passa  la  Loire,  puis  vint  à  Montargis.  C'est  là  que  s'était  retirée  la  noble  fille  de 
Louis  XII,  la  duchesse  Renée  de  Ferrare,  une  de  ces  douces  figures  sur  lesquelles, 
dans  ce  désolé  xvie  siècle,  les  regards  aiment  à  se  reporter;  dans  des  jours  plus 
malheureux  encore,  elle  continua  le  noble  rôle  que,  sous  François  Ier,  s'était  donné 
Marguerite  d'Angoulême.  De  Montargis,  Catherine  vint  à  Etampes,  où  elle  sé- 
journa quelques  jours,  car  il  fallait  prendre  un  parti.  Deux  plans  de  campagne 
étaient  mis  en  avant:  assiéger  Orléans  et  en  finir  avec  les  rebelles,  ou  assiéger 
Rouen.  Après  avoir  envoyé  le  maréchal  de  Saint-André,  en  Champagne,  pour 
barrer  le  chemin  à  d'Andelot  et  aux  reîtres  qu'il  ramenait ,  on  se  décida  pour  le 
siège  de  Rouen  :  «  Nous  allons  en  Normandie,  écrivait  Catherine,  le  20  septembre, 
à  l'évêque  de  Rennes,  pour  remettre  à  l'obéissance  les  trois  places  que  les  rebelles 
y  occupent  encore,  et  ne  sommes  pas  sans  défiance,  qu'ils  appellent  les  Anglaisa 
leur  secours;  déjà  y  a  en  Angleterre  des  préparatifs  qui  tendent  à  cette  fin4,  -n 
Elle  ne  se  trompait  pas.  Le  29  août  le  Havre  était  livré  aux  Anglais. 

A  cette  nouvelle,  il  y  eut  en  France  une  explosion  d'indignation.  Un  historien 

1  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  388.  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  3i4. 

'  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  398.  4  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  4o3. 


INTRODI  CTION.  cxxxvn 

anglais  moderne  a  porté  sur  Condé  ce  sévère  jugement  :  irPour  un  prince  du 
sang,  appeler  l'Anglais  en  France,  c'étail  là  un  crime  de  trahison1.!)  Le  chevale- 
resque Morvilliers,  rj  ui  commandait  à  Rouen  et  qui  naguère  avait  repoussé  le  duc 
il  \umale,  la  rougeur  au  froni  quitta  la  ville  et  ne  voulut  plus  servir  avec  les  pro- 
testants. Colignx  et  Condé  eurent  si  bien  conscience  de  la  réprobation  qui  s'atta- 
chait à  ce  houleux  marché  que  Throckmorton  écrivait  de  leur  pari  à  Elisabeth, 
que  ce  serait  une  tache  d'infamie  à  jamais  sur  leurs  noms,  s'ils  n'avaient  introduit 
les  anglais  dans  les  places  de  Normandie  que  dans  le  seul  but  de  les  garder  à  leur 
plaisir  et  convenance:  el  avec  une  prescience  que  les  événements  justifieront,  il 
avertit  Elisabeth  que  le  jour  où  les  protestants  traiteraient  en  dehors  d'elle  avec 
leurs  adversaires,  si  elle  voulait  s'obstiner  à  garder  les  places  de  Normandie, 
toutes  les  forces  de  la  Fiance  se  retourneraient  contre  elle2.  Le  négociateur  du 
traité .  le  vidame  de  Chartres  est  à  son  tour  pris  d'une  sorte  de  remords  :  et  Je  ne 
'puis  vous  écrire,  dit-il  à  Cécil,  l'affliction  que  je  ressens,  voyant  que  la  préserva- 
tion de  la  Normandie,  qui  était  le  principal  but  de  l'espérance  que  nous  avions 
en  la  reine,  ne  s'ensuit  point, n  et  il  ajoute  :  «Faites  que  je  n'aie  occasion  d'être 
tenté  de  désespoir  de  voir  jacturam  honoris  esse  sine  fiuct/i3.- 

Catherine  s'achemina  lentement  vers  Rouen,  car  elle  espérait  toujours  arriver 
à  un  accommodement.  Après  la  prise  du  fort  Sainte-Catherine,  qui  dominait  la 
ville,  elle  s'y  logea,  et  de  là  elle  suivit  les  opérations  du  siège.  C'est  à  ce  moment 
•pie  vint  la  trouver  le  président  de  Montfort,  envoyé  par  le  duc  de  Savoie;  il  fut 
donc,  cl  à  ses  côtés,  témoin  du  violent  assaut  livré  le  i  ô  octobre,  assaut  où  le  roi 
de  Navarre  fut  mortellement  atteint  d'un  coup  d'arquebuse. 

Catherine  avait  tout  d'abord  mal  auguré  de  la  blessure;  dès  le  5  novembre, 
elle  annonçait  à  M.  de  Gonnor  «  qu'il  était  en-danger  «,  et  déjà  elle  avait  pris  ses 
précautions:  c'est  Charles  IX  qui  annonce  sa  mort  à  M.  de  Saint-Sulpice  :  s Notre 
Seigneur  l'a  appelé  à  lui,  écrit  le  jeune  roi,  avec  tant  de  connaissance  de  lui  et  telle 
repentance  et  résolution.,  qu'il  se  peut  dire  avoir  fait  la  plus  belle  et  la  plus  sainte 
mort  qu  il  est  possible  '.  -  Cela  s  accorde  mal  avec  le  récit  de  d'Aubigné5,  qui  nous 
le  montre  allant  d'un  médecin  catholique  à  un  médecin  protestant,  entremêlant 
les  prières  catholiques  avecles  lectures  de  la  bihle.  Quoi  qu'il  en  soit,  sa  dernière 

'   Froude,  History  o/England,  t.  VII,  p.  hzo.  livre-:  La  Normandie  à  l'étranger,  Paris,  1873,(1.  g 

Calendar  of  State papers  (i56a  ),  p.  3o8.  el  suiv. 
'  Record  office,  State  papers,  Fiance,  vol.  \\\  .  ;   \  oy.  la  note  de  la  page  /i36. 

—  Voy.  pour  ce  cpii  tient  à  celte  négociation .  notre  s  D'Aubigné ,  Hist.  univ.  Maillé,  1 6 1  6, 1. 1, p.  1  58. 

Catherine  de  Mf.dicis.  —  1.  n 


cxkvm  INTRODUCTION. 

parole  fut  pour  recommander  à  Mezières,  son  médecin,  de  dire  à  son  fils  de  bien 
servir  le  roi.  Il  avait  à  peine  trente-quatre  ans;  il  était,  nous  dit  d'Aubigné  ce  d'un 
agréable  rencontre,  et  s'était  ployé  à  tous  changements,  plus  par  faiblesse  de  cer- 
velle que  de  cœur1,  n 

Deux  mois  nous  séparent  de  la  bataille  de  Dreux,  qui  décida  du  succès  de  cette 
première  guerre  civile;  avant  d'y  arriver,  il  nous  reste  à  examiner  quelle  fut  la 
politique  adoptée  et  suivie  par  Catherine  au  concile  de  Trente,  qui,  après  dix  ans 
d'intervalle,  et  sans  attendre  les  prélats  de  France  et  d'Allemagne,  s'était  ouvert  le 
18  janvier  i562.  Il  y  avait  une  politique  pour  ainsi  dire  obligatoire,  politique 
inaugurée  par  François  II  et  les  Guises;  Catherine  n'eut  qu'à  se  l'approprier  : 
François  II  avait  blâmé  le  choix  de  la  ville  de  Trente  pour  le  lieu  de  la  réunion 
du  concile;  c'était  vouloir  en  exclure  l'Allemagne,  et  travailler  à  l'union  de 
l'Eglise  sans  l'Allemagne,  d'où  était  sortie  la  première  séparation,  et  sans  en- 
tendre les  dissidents,  c'était  vouloir  à  jamais  maintenir  les  divisions.  Allant  plus 
loin  encore,  il  avait  menacé  la  cour  de  Rome  d'un  concile  national,  si  le  concile 
général  venait  à  faire  défaut.  Interprète  de  celte  politique  qui,  en  réalité,  était 
la  sienne,  le  cardinal  de  Lorraine  écrivait  à  levèque  de  Limoges,  notre  ambas- 
sadeur en  Espagne  :  «-Si  le  roi  catholique  s'aheurte  à  reprendre  les  erres  du 
concile  de  Trente,  j'ai  bien  peur  que  cela  soit  cause  de  gâter  tout,  et  au  lieu  de 
la  paix  que  nous  travaillons  à  mettre  en  l'Eglise,  que  ce  soit  nous  en  reculer 
plus  que  jamais,  n  Pour  remédier  aux  maux  qui  accablaient  la  France,  que  de- 
mandait-il ?  La  réformation  du  clergé.  Et  dans  quels  termes  ?  cr  II  faut  que  ion 
voie  une  telle  réformation  dans  les  gens  d'église  qui  doivent  servir  d'exemple  et 
de  miroir,  que  le  commencement  puisse  retirer  et  rappeler  les  dévoyés,  et  éteindre 
le  feu  qui  croît  tous  les  jours2.  i> 

La  politique  de  Catherine  de  IVIédicis  fut-elle  différente?  tint-elle  un  autre  lan- 
gage ?  Nullement.  —  Elle  aussi,  elle  désire  un  lieu  plus  agréable  à  l'Empereur 
que  celui  de  Trente,  «plus  rapproché  de  l'Allemagne,  ni  si  suspect,  écrit-elle  à 
Lansac,  aux  princes  protestants  qu'ils  prissent  de  là  occasion  de  ne  s'y  pouvoir 
trouver  sûrement3,  r  Elle  désire  que  le  concile  commence  a  par  une  bonne  et  solide 
réformation  des  mœurs  n;  elle  voudrait  qu'on  reculât  les  décisions  sur  la  doctrine 
jusqu'aux  dernières  sessions,  «car,  si  une  décision  était  prise  dans  la  doctrine 
contre  ce  qu'ils  en  sentent  et  qu'ils  n'eussent  premièrement  été  entendus,  il  ne 

1  D'Aubigné,  Hist.  universelle,  Maillé,  1616,  t.  I,  p.  109.  —  '  Négociât,  sous  François  II ,  p.  43a,  616 
et  G  i<).  —  '  Voy.  la  lettre  (lu  17  août,  'le  Catherine  à  Lansac.  p.  379. 


INTRODUCTION.  xix 

seroil  en  puissance  d'homme  du  monde  d'y  faire  comparaître,  et  se  plaindraient 
toujours  d'avoir  été  condamnés,  non  entendus.-  Ainsi,  même  manière  de  voir  et 
même  langage. 

Mais,  dans  la  politique  de  Catherine,  il  y  a  toujours  un  côté  réservé  et  caché 
qu'il  faut  chercher  à  pénétrer.  Tout  en  ayant  trois  ambassadeurs  à  Trente,  elle 
continuait  à  négocier  sous  main  avec  les  princes  protestants  d'Allemagne,  et  pré- 
voyant le  cas  où.  pour  la  pacification  de  la  France,  elle  ne  retirerait  pas  du  con- 
cile les  fruits  qu'elle  en  attendait,  elle  avait  donné  mission  à  Rambouillet,  envoyé 
de  nouveau  en  Allemagne,  de  proposer  aux  princes  prolestants  de  tenir  un  colloque, 
séparé,  où  les  principaux  et  les  plus  doctes  de  la  confession  d'Augsbourg  ou  de 
celle  de  Calvin  pourraient  rechercher  en  commun  les  moyens  de  parvenir  à  un 
accord  «■  qui  plus  tard  pourroit  être  soumis  à  l'approbation  du  concile  et  observé 
dans  toute  la  chrétienté.  i>  Elle  offrait  une  ville  de  France  pour  le  lieu  de  la  réu- 
'nion,  et  promettait  d'y  assister  avec  le  jeune  roi;  c'était  élargir  la  pensée  du 
colloque  de  Poissy  et  l'appliquer  à  l'Europe.  Pendant  qu'elle  cherchait  ainsi  à  se 
rendre  favorable  l'Allemagne  protestante,  elle  prescrivait  minutieusement  à  Lan- 
sac  sa  règle  de  conduite,  mesurant  à  l'avance  la  portée  de  chacun  de  ses  pas1; 
ce  qu'elle  désire  avant  tout,  c'est  qu'on  attende  les  prélats  de  France;  le  a3  juil- 
lel .  elle  annonce  que  le  cardinal  de  Lorraine  se  rendra  à  Trente  avec  soixante  pré- 
lats; le  6  août,  elle  affirme  qu'ils  arriveront  le  i5  octobre;  si  les  pères  du  concile 
refusent  de  les  attendre,  Lansac  s'opposera  à  ce  que  la  discussion  s'engage  sur 
la  doctrine;  si  l'on  passe  outre,  il  ne  doit  accepter  aucune  des  décisions  prises,  car 
rsi  on  frappoit  un  mauvais  coup,  on  perdroit  toute  espérance  de  pacification. i> 
La  situation  déjà  si  difficile  de  notre  ambassadeur  se  compliquait  d'une  question 
de  préséance  soulevée  par  l'Espagne,  et,  notre  honneur  national  s'y  trouvant  en- 
gagé, Catherine  se  montra  vraiment  énergique;  elle  intima  l'ordre  à  Lansac  de 
se  retirer,  si  l'on  contestait  le  droit  qu'avait  toujours  eu  la  France  de  précéder 
l'Espagne. 

A  Trente,  on  se  demandait,  non  sans  inquiétude,  quel  langage  le  cardinal  de 
Lorraine  allait  tenir  au  concile;  lui,  le  représentant  le  plus  absolu  en  France  du 
catholicisme,  était  redouté  à  Trente  comme  un  novateur,  et  on  se  défiait  autant 
de  sa  modération,  que  les  protestants  de  France  de  sa  violence. 

Le  lendemain  de  son  arrivée,  accompagné  de  nos  ambassadeurs,  il  fit  visite 

'   Dupuy,  Instructions  et  actes  concernant  le  concile  de  Trente.  Instructions  à  Lansac,  p.  62. 


oxl  INTRODUCTION. 

;tu\  légats;  au  nom  du  roi,  il  repoussa,  de  prime  abord,  la  pensée  dune  ligue 
catholique  dont  s'effrayait  l'Allemagne  et  dont  on  lui  prêtait,  bien  à  tort,  la 
pensée.  Laissant  aux  ambassadeurs  le  soin  des  affaires  politiques,  il  se  ren- 
fermerait dans  les  travaux  du  concile,  bien  résolu,  autant  qu'il  serait  en  lui. 
à  conserver  et  à  accroître  l'autorité  pontificale  si  menacée.  Celte  profession  de 
loi  rassura  les  légats,  et  la  conversation  devint  plus  intime,  ils  remontrèrent  au 
cardinal  qu'il  avait  un  beau  rôle  à  remplir,  en  se  posant  comme  médiateur  entre 
les  ambassadeurs  français  et  eux.  C'était  faire  allusion  aux  instructions  remises 
à  Lansac. 

Le  20  novembre,  le  cardinal  parut  au  concile.  Après  la  lecture  des  lettres  du 
roi  faite  par  Lansac,  et  une  réponse  du  cardinal  de  Mantoue,  il  prit  la  parole 
avec  cette  autorité  que  donne  une  grande  situation,  cette  séduc'.ion  de  formes  et 
ce  grand  air  qui  s'alliait  si  bien  à  la  pourpre;  il  ne  parla  ni  en  prince  de  l'Eglise. 
ni  en  théologien,  mais  en  homme  d'État.  Les  malbeurs  de  la  France,  la  désolation 
de  son  Eglise  furent  le  thème  sur  lequel  il  s'étendit;  le  remède,  c'était  la  réforme  du 
clergé.  Le  salut  de  la  France  en  dépendait;  mais  les  évêques  venus  avec  lui  seraient 
toujours  les  serviteurs  de  Sa  Sainteté  le  pape  Pie  IV,  le  pontife  suprême  et  uni- 
versel. Après  lui,  le  président  du  Ferrier  prit  la  parole;  son  discours,  surchargé 
de  citations,  et  sec  dans  la  forme,  fit  ressortir  la  simplicité  si  habile  de  celui  du 
cardinal,  auquel  Catherine  elle-même  rendit  justice,  tout  en  louant  aussi  celui  de 
du  Ferrier,  qui  se  rapprochait  de  sa  propre  politique. 

Le  langage  si  conciliant  tenu  par  le  cardinal  de  Lorraine  n'était-il  pas  un  peu 
intéressé?  Cet  appui  prêté  de  si  bonne  grâce  aux  légats  dans  la  défense  de  la  su- 
prématie du  pape,  n'était-ce  pas  pour  préparer  la  voie  aux  demandes  que  nos  am- 
bassadeurs allaient  soumettre  au  concile?  Lansac  avait  parlé  du  Saint-Esprit  ap- 
porté dans  la  valise  des  légats;  dans  la  sienne  il  y  avait  un  lourd  bagage  :  trente- 
quatre  propositions  dont  quelques-unes  allaient  paraître  bien  hardies;  c'était  le  pro- 
gramme tout  entier  de  Catherine  clans  sa  lettre  à  Pie  IV  du  mois  d'août  i  56  1  ',  <•'• 
cette  fois,  outre  sa  signature  et  celle  du  jeune  roi,  outre  celles  des  trois  triumvirs, 
elle  portait  celles  du  roi  de  Navarre,  de  Charles  de  Bourbon,  du  chamelier  de 
L'Hospital  et  du  maréchal  François  de  Montmorency.  Les  nécessités  de  la  situation 
avaient  amené  ce.  rapprochement  inattendu  entre  des  hommes  jusqu'à  ce  jour  si 
profondément  divisés.  Et  au  nom  de  ces  hommes  réunis  par  la  force  des  circon- 

1  Voy.  celte  lettre  dans  le  tome  IV  de  V Histoire  universelle  (h  de  Thon,  trad.,  Londres,  îy.'i'i ,  p.  78. 


INTRODI  GTION.  cxli 

stances  ilans  une  pensée  commune,  que  demandait-on?  La  communion  sous  les 
deux  espèces,  la  permission  de  chanter  les  psaumes  eu  français,  «le  dire  les 
prières  en  langue  vulgaire,  une  grande  réserve  dans  l'application  des  anatbèmes 
et  des  excommunications,  la  réforme  des  abus  des  pèlerinages,  des  confréries,  l'a- 
bolition des  expectatives,  des  commendes,  des  résignations  en  faveur  de  certaines 
personnes,  des  jtensions  allouées  sur  les  bénéfices  et  revenus  ecclésiastiques;  enfin 
on  demandait  encore  des  synodes  diocésains  tous  les  ans,  des  synodes  provinciaux 
tous  les  trois  ans,  et  tous  les  dix  ans,  si  cela  était  possible,  des  conciles  généraux. 
Etait-ce  l'intérêt  réel  de  l'Eglise  qui  avait  inspiré  toutes  ces  demandes?  Etait-ce 
an  nom  de  la  religion  que  Catherine  sollicitait  toutes  ces  réformes?  Nous  ne  pou- 
vons l'admettre;  c'est  la  raison  seule  qui  détermina  sa  conduite,  la  raison  seule 
qui  voulut  que  ces  demandes,  sans  être  communiquées  préalablement  aux  légats 
et  par  leur  intermédiaire  à  Rome,  lussent  directement  portées  au  concile.  Lorsque 
'les  légats  s'en  plaignirent  au  cardinal  de  Lorraine,  il  ne  put  que  se  retrancher 
derrière  les  ordres  formels  qu'il  avait  reçus,  et,  pour  s'excuser,  il  leur  fit  entendre 
que,  si  les  propositions  n'avaient  pas  été  plus  rigoureuses,  on  le  devait  à  son  inter- 
vention. 

Nous  nous  arrêterons  ici,  nous  réservant  de  reprendre  plus  tard  le  récit  de  ce 
qui  se  passa  au  concile,  et  de  mettre  en  lumière  la  conduite  tenue  par  Catherine. 
Nous  sommes' presque  à  la  veille  de  la  bataille  de  Dreux,  revenons  à  Coudé  et 
suivons-le  dans  sa  marche  sur  Paris  :  le  8  novembre,  il  partait  d'Orléans;  le  i  h  . 
il  entrait  à  Étampes  d'où  il  se  dirigeait  sur  Corbeil;  mais  avant  d'en  venir  aux 
mains,  il  voulait  de  nouveau  tenter  la  voie  des  négociations;  il  était  lassé  d'at- 
tendre, et  son  impatience  se  trahissait  par  des  confidences  imprudentes.  Il  ne 
pouvait  s'empêcher  de  dire  à  Throckmorton,  venu  au  camp  des  protestants  pour 
le  surveiller,  que  si  Catherine  réunissait  ses  forces  aux  siennes,  la  France  ren- 
trerait vite  dans  le  repos,  et  qu'avec  lui,  elle  aurait  bien  plus  d'autorité  que  du 
vivant  du  feu  roi  de  Navarre,  son  frère1.  Throckmorton  transmettait  fidèlement 
à  Elisabeth  ces  défaillances  et  ces  nouvelles  aspirations;  c'est  en  vain  que  La 
Haye  et  le  vidame  de  Chartres  écrivaient  à  Coudé  pour  le  raffermir  et  l'avertir 
du  mécontentement  qu'éprouvait  la  reine  de  ne  rien  savoir  de  ses  projets;  ces! 
en  vain  qu'Elisabeth  lui  écrivait  elle-même,  le  suppliant  de  ne  pas  écouler  ceux 
qui  voulaient  le  séparer  de  ses  vrais  amis  et  de  l'amiral2.  C'était  peine  perdue, 

'   Calendar  of  Slaie  papers  (1562),  p.  485.  —  '  Ibid.,  p.  5 1 3 . 


mlii  INTRODUCTION. 

il  se  laissait  aller  aux  persuasions  de  Catherine;  il  avait  accepté  une  entrevue, 
cédant,  Throckmorton  nous  le  dit,  à  cette  sorte  d'attraction  sympathique  qu'elle 
lui  inspirait,  et  dont  il  n'avait  jamais  su  entièrement  se  défendre.  C'est  donc  sous 
cette  impression,  et  prédisposé  à  des  concessions,  qu'il  partit  de  Corbeil.  sui- 
vant la  rive  gauche  de  la  Seine,  tandis  que  Saint-André  marchait  parallèlement 
sur  la  rive  droite.  Le  25,  il  vint  coucher  à  l'abbaye  de  la  Saussaie,  entre  Juvisy 
et  \illejuif;  le  jour  de  l'entreviie  avait  été  fixé  au  lendemain  26.  Dès  le  matin. 
Catherine  se  rendit  au  pont  de  Charenton,  accompagnée  du  connétable,  du  ma- 
réchal de  Montmorency,  de  l'Aubespine  et  de  d'Oisel.  Condé  campait  sur  la  rive 
opposée,  au  Port-à-1'Anglais  ;  craignait-il  un  piège  ce  jour-là?  On  peut  le  supposer; 
car  il  ne  vint  pas  au  rendez-vous,  et  prétexta  une  subite  indisposition.  Néan- 
moins, le  connétable  vit  Coligny,  et  eut  avec  lui  un  entretien  d'une  heure.  Le  27, 
de  part  et  d'autre  on  s'observa;  le  28,  l'armée  protestante  prit  ses  positions  depuis 
Arcueil  et  Gentilly,  où  se  tenaient  le  prince  de  Condé  et  l'amiral,  jusqu'à  Vaugirard 
occupé  par  Genlis;  ce  n'était  qu'une  feinte  démonstration;  des  deux  côtés,  on  vou- 
lait arriver  à  une  trêve,  et  d'un  commun  accord,  elle  fut  fixée  à  trois  jours.  Ce 
délai  était  tout  favorable  aux  catholiques;  déjà  le  duc  de  Nevers  avait  fait  entrer 
à  Paris  une  forte  cavalerie;  les  Gascons  et  les  Espagnols  étaient  chaque  jour  atten- 
dus; si  la  tentative  d'accord  venait  à  échouer,  l'armée  royale  pouvait  reprendre 
l'offensive  avec  la  supériorité  du  nombre.  Condé  voulant  et  ne  voulant  pas,  aspi- 
rant à  la  possession  de  ce  pouvoir  que,  tant  qu'il  vivra,  le  duc  de  Guise  lui  dis- 
putera, avait  perdu,  comme  l'écrit  l'ambassadeur  Smith,  ce  son  temps  et  sa  mon- 
naie1. •»  Après  la  prise  de  Rouen,  lorsque  l'armée  royale  était  éloignée,  c'était 
l'heure  de  marcher  sur  Paris;  Guise  n'était  pas  là  pour  donner  du  cœur  à  la 
grande  ville,  entièrement  dégarnie  de  troupes;  une  pareille  occasion  ne  se  re- 
trouve pas.  Plusieurs  jours  se  passèrent  en  négociations  :  le  connétable,  le  car- 
dinal de  Bourbon,  le  prince  de  la  Roche-su r-Yon,  de  l'Aubépine,  de  Gonnor, 
s'abouchèrent  avec  l'amiral,  la  Rochefoucault,  d'Andelot,  Genlis,  Gramont  et 
d'Esternay.  Catherine  assista  plusieurs  fois  aux  conférences. 

La  question  religieuse  qui  semblait  la  plus  difficile  à  résoudre,  fut  celle  qui 
souleva  le  moins  de  difficultés.  Condé  obtint  à  peu  près  ce  qu'il  demandait;  de 
lui-même,  il  avait  proposé  le  renvoi  des  étrangers,  se  portant  fort  pour  la  reine 
Elisabeth.  La  paix  semblait  donc  conclue;  Catherine  l'annonça  même  à  l'ambas- 

1    Cakmlar  of  State  papers  ( 1 56 a  ) ,  p.  485. 


INTRODUCTION".  cxnn 

deur  anglais  Thomas  Smith,  en  lui  faisant  valoir  les  grandes  concessions  obtenues 
parle  prince.  Smith  lui  ayant  demandé  s  il  pouvait  en  faire  part  à  la  reine  Elisa-  , 
beth  :  «Certainement,  reprit-elle.  D'autant  plus,  ajouta-t-elle  incidemment,  que 
votre  maîtresse  doit  retirer  ses  hommes  d'armes  du  Havre  et  des  autres  places  de 
Normandie;  le  prince  l'a  promis  et  nous  a  assurés  de  son  agrément.  13  Au  dernier 
moment,  tout  fut  remis  en  question;  à  qui  en  revient  la  faute"?  Catherine  la  re- 
jette sur  Condé  et  les  siens  :  «Tout  était  accordé  pour  la  religion,  écrit-elle  à 
1  évèque  de  Rennes;  s'ils  ont  rompu,  c'est  pour  leur  fait  particulier  '.  n  Le  prince 
île  Condé,  de  son  côté,  accuse  les  Guises  d'avoir  fait  revenir  la  reine  sur  les  con- 
ditions convenues.  Qui  croire?  Throckmorton,  bien  placé  pour  savoir  ce  qui  se 
passait,  semble  excuser  Condé  qui  avait  accepté  d'impossibles  et  déshonorantes 
conditions;  d'après  lui,  ni  la  reine  ni  le  conseil  n'ont  voulu  reconnaître  l'armée 
de  Condé  comme  l'armée  du  roi,  ni  accepter  la  charge  de  payer  les  Allemands,  et 
'c'est  à  ce  refus  qu'il  attribue  la  rupture2.  Ce  qui  est  plus  vrai,  c'est  que,  des  deux 
côtés,  on  cherchait  à  se  tromper.  Condé,  désavouant  les 'premiers  engagements 
pris  en  son  nom  avec  Elisabeth,  prétendait  n'avoir  jamais  donné  l'ordre  de  livrer 
le  Havre,  et  pourtant  Throckmorton  avait  en  ses  mains  la  copie  du  traité;  Elisa- 
beth la  lui  avait  envoyée  pour  s'en  servir  à  l'ocacsion.  Smith  parlait  de  paix 
chaque  jour  et  de  conciliation,  tandis  que  Throckmorton  poussait  par  tous  les 
moyens  à  la  reprise  des  hostilités,  et  menaçait  les  chefs  protestants  de  l'ahandon 
de  l'Angleterre3.  Les  manœuvres  de  Catherine  avaient  donc  réussi,  et  les  défiances 
réciproques  éveillées  par  ces  négociations  allaient  porter  leur  fruit.  Le  7  décembre, 
les  Espagnols  et  les  Gascons  étaient  entrés  à  Paris;  la  défection  de  Genlis  qui. 
suivi  de  trente  gentilshommes,  venait  de  quitter  le  camp  protestant,  était  d'un  dan- 
gereux exemple;  la  position  de  Condé  devenant  critique,  il  se  décida  à  la  retraite 
et  le  10  décembre,  il  prenait  le  chemin  de  la  Normandie.  Pour  apaiser  Je  mé- 
contentement d'Elisabeth,  il  lui  envoya  un  long  récit  de  sa  négociation  avec 
Catherine,  tardive  et  intéressée  justification,  car  il  lui  demandait  à  la  fois  que  les 
troupes  du  Havre  se  joignissent  aux  siennes,  et  quelle  voulût  bien  lui  envoyer 
l'argent  depuis  si  longtemps  promis  pour  le  payement  des  reitres.  Smith  apprécie 
sa  conduite  dans  les  termes  les  plus  durs;  s'il  veut  bien  se  charger  d'appuyer  sa 
demande,  c'est  que  cette  marche  de  l'armée  protestante  sur  la  Normandie  est 
favorable  aux  intérêts  anglais;  et  il  a  soin  d'ajouter,  qu'en  traitant  à  l'avenir  avec 

1   Voy.  la  lettre  de  Catherine  à  i'évêque  de  Rennes,  '  Calendar  of  State  papers  (lôGa),  p.  53  el  55 1 . 

[i.  6/j8;  Calendar  of  State  papers  (1562),  p.  529.  '  Ibid.,  p.  56i. 


cjxiv  INTKODUCTION. 

les  protestants,  il  ne  faudra  plus  se  payer  de  mots  et  de  promesses,  mais  se  mettre 
en  règle  par  des  actes  authentiques  et  signés  '. 

Les  armes  allaient  donc  en  décider;  mais  avant  de  risquer  une  bataille  décisivi  . 
lés  chefs  catholiques  voulurent  en  avoir  le  commandement  exprès  du  roi  el  de  la 
reine;  à  cel  effet,  ils  firent  partir  Gastelnau  pour  le  Lois  de  Vincennes2.  Catherine 
le  reçut  à  son  lever  ;  après  l'avoir  laissé  longtemps  parler,  pour  toute  réponse  elle 
lui  dit  :  tr  qu'elle  s'émerveilloit  comme  le  connétable,  le  duc  de  Guise  et  Saint- 
André,  tous  bons  capitaines,  envoyoient  demander  conseil  à  une  femme  et  à  un 
enfant  a,  puis,  se  tournant  vers  la  nourrice  du  roi  :  rriNourrice,  dit-elle,  le  temps 
crest  venu  que  l'on  demande  conseil  aux  femmes  délivrer  bataille,  que  vous  en 
ft semble ?T!  Lors,  la  nourrice  dit  plusieurs  fois  que,  puisque  les  huguenots  ne  vou- 
loient  se  contenter  de  raison,  qu'elle  étoit  d'avis  que  l'on  leur  donnât  la  bataille.  ■• 
Dans  l'après-midi,  M.  de  Losses  vint  de  nouveau  prendre  les  ordres  de  la  reine. 
Catherine  chargea  Castelnau  de  dire  aux  chefs  catholiques  qu'ils  fissent  ce  qu'ils 
jugeraient  le  plus  à  propos,  en  profitant  de  tous  leurs  avantages.  C'était  là  la  ré- 
ponse officielle;  Catherine  devant  la  cour  avait  voulu  rester  dans  cette  réserve 
prudente;  mais,  le  17  décembre,  elle  écrivait  au  connétable  :  et  Je  vous  prie  d'a- 
bréger  cette  guerre,  car  nous  n'avons  plus  moyen  de  l'entretenir  à  la  longue3,  a 
Elle  était  donc  aussi  d'avis  de  livrer  bataille,  mais,  incertaine  du  résultat  final, 
elle  se  ménageait  comme  toujours  un  terrain  de  retraite. 

Le  connétable  obéit  à  cette  injonction;  il  gagna  de  vitesse  l'armée  protestante: 
dérobant  sa  marche,  il  traversa  l'Eure,  de  nuit,  et  força  Gondé  et  Coligny  à  reve- 
nir sur  leurs  pas  et  à  accepte)'  le  combat  dans  des  conditions  défavorables  (îq  dé- 
cembre). 

Anxieuse,  agitée,  Catherine  de  Médicis  attendait  au  bois  de  Vincennes  le  ré- 
sultat de  la  bataille.  Un  page  du  connétable,  voyant  son  maître  prisonnier,  ses 
gendarmes  rompus,  fut  pris  d'épouvante,  se  sauva  des  premiers  et  vint  annoncer 
à  la  reine  que  tout  était  perdu.  Dans  la  nuit  du  2  1  au  22,  deux  autres  messagers 
arrivèrent,  l'un  à  minuit,  l'autre  à  trois  heures  du  matin,  tous  deux  confirmant 
la  défaite  :  tr  A  été  pitié,  écrit  Chantonnay,  de  voir  l'affliction  en  quoi  a  été  celte 
ville  la  nuit  passée  et  la  cour,  et  a  été  un  vrai  miracle  de  recouvrer  la  perle  faite. 
el  ce  malaise  nous  a  duré  jusqu'à  ce  matin,  environ  les  neuf  heures,  que  M.  de 
Losses  apporta  la  lettre  de  Guise  annonçant  la  victoire4.  i>  Catherine  vint  à  Paris  avec 

1  Record  office.  France.  — 2  Voy.Mém.  de  Castelnau,  eil.de  Le  Laboureur,  1. 1,  p.  122. — :  Voy.  la  lettre 
de  Catherine ,  p.  h 5 2 .  — 4  Archives  de  Vienne ,  lettre  de  Chantonnay  h  la  duchesse  de  Parme  (  décembre  1062). 


INTRODUCTION.  cxlv 

le  jeune  roi,  et  alla  droit  à  Notre-Dame  pour  rendre  grâces  à  Dieu1.  Le  surlen- 
demain, Smith,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  \inl  au  Louvre  féliciter  Catherine  de 

sa  victoire:  il  fit  habilement  allusion  à  la  tristesse  qu'elle  avait  dû  éprouver  de  la 
perte  de  tant  de  gentilshommes  et  de  braves  capitaines;  elle  lui  répondit  qu'en 
effel  elle  sentait  combien  de  pareilles  victoires  et  de  pareilles  défaites  étaient 
calamiteuses  pour  le  roi  son  fils,  qu'elle  avait  tout  fait  pour  l'éviter,  concédant 
tout  ce  qu'ils  demandaient  pour  la  religion,  mais  ils  avaient  un  autre  but  et 
d'autres  desseins2. 

C'est  surtout  par  ses  conséquences  que  la  bataille  de  Dreux  fut  considérable. 
Le  chef  des  protestants,  Condé,  était  prisonnier,  et  leurs  hommes  de  pied,  tués  ou 
dispersés3.  Sans  de  nouveaux  secours,  la  lutte  pour  eux  devenait  impossible.  Ca- 
therine s'en  rendit  bien  compte,  et  elle  n'eut  plus  qu'une  pensée,  c'est  par  tous 
les  moyens  d'arriver  à  la  paix;  se  croyant  moins  libre  à  Paris,  où  elle  aurait  eu  à 
lutter  contre  les  passions  de  la  population  et  les  résistances  du  Parlement,  elle 
prit  le  parti  de  se  rendre  à  Chartres,  en  passant  par  Rambouillet,  où  le  duc  de 
Guise  lui  avait  donné  rendez-vous;  elle  avait  quelque  raison  de  croire  un  accord 
possible,  car,  dès  son  arrivée  à  Orléans,  le  connétable  lui  avait  fait  connaître  par 
l'ancien  évêque  de  Troyes,  le  prince  de  Melphe,  tous  les  égards  qu'avait  eus  pour 
lui  la  princesse  de  Condé,  sa  nièce,  et  il  croyait  y  voir  un  acheminement  à  une 
prompte  négociation;  mais  a  sa  première  entrevue  avec  Condé,  Catherine  n'en 
augura  pas  aussi  bien  :  «■  H  se  tient  ferme,  écrivait  Throckmorton  à  Elisabeth,  et 
ne  veut  faire  aucune  concession  à  ses  adversaires.il  C'est  ce  que  confirme  Goligny 
dans  une  lettre  à  Elisabeth  :  <xLe  prince,  lui  écrit-il,  au  lieu  de  recevoir  de  nous 
consolation  de  sa  captivité,  nous  renforce  le  courage4.  «  Tout  en  cherchant  à  négo- 
cier, Catherine  s'occupait  activement  des  moyens  d'augmenter  l'armée 3  et  de  main- 
tenir les  provinces  en  repos;  elle  donne  l'ordre  à  du  Lucie  de  veiller  sur  la  Touraine 
menacée  par  Coligny;  à  d'Humières,  elle  recommande  la  même  vigilance  en 
Picardie,  l'autorisant  à  se  servir,  en  cas  de  danger,  des  hommes  des  communes  et 
à  les  soulever  au  son  du  tocsin;  à  Damville,  elle  enjoint  de  garder  Condé  plus  étroi- 
tement que  jamais  et  de  ne  le  laisser  parler  avec  aucune  personne,  de  quelque 
qualité  qu'elle  soit,  sans  une  permission  de  sa  main;  son  séjour  se  prolongeante 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chanlonnay  à  la        lois  (Pion,  1879)  ,  le  récit  delà  bataille  de  Dreux 
duchesse  de  Parme  (décembre  i5Ga).  envoyé  par  Goligny  à  la  reine  Elisabeth,  p.  89. 

2  Cakndar  qf  State papers  (i56a),  p.  588.  '  Record  office. 

"  Voy.  dans  notre  livre ,  Le  xvi'  siècle  et  les  \  a-  '   Voy.  Calendar  of  State  papers (1 563),  p.  19a. 

Catueuine  de  Médicis.  —  1.  s 


cxu.  INTRODUCTION. 

Chartres,  elle  y  fait  venir  Charles  IX;  l'argent  lui  manquant,  elle  l'ait  sans  cesse 
appel  à  Gonnor  :  aFouillez  bien  avant,  lui  dit-elle,  dans  beaucoup  de  bourses, 
vous  en  avez  beaucoup  sucé,  mais  il  faut  sortir  de  cette  boue.  i>  Son  activité  est  infa- 
tigable; elle  entre  dans  les  moindres  détails,  elle  demande  si  les  canons  destinés 
au  siège  d'Orléans  seront  de  fonte  neuve,  ce  car  les  vieux  rabillés  ne  pourront  porter 
l'effort.  ii  Au  milieu  de  ces  préoccupations  de  chaque  jour,  elle  est  si  maîtresse 
d'elle-même  qu'elle  trouve  encore  le  temps  de  prescrire  à  Gonnor  de  faire  planter 
a,ooo  ou  3,000  ormes  dans  l'allée  du  bois  de  Vincennes  où  elle  se  promène 


d'habitude1. 


Thomas  Smith,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  et  Somers,  le  nouvel  envoyé  de 
la  reine  Elisabeth,  vinrent  la  trouver  à  Chartres;  ils  s'étaient  fait  accompagner 
par  Tlirockmorton,  qu'elle  refusa  de  voir'2;  un  agent  d'Elisabeth,  Middlemore, 
était  chargé  de  suivre  Coligny,  de  l'entretenir  dans  ses  dispositions  belliqueuses, 
et  voici  maintenant  que  Somers  venait  se  plaindre  d'une  déclaration  de  guerre 
publiée  à  Paris  contre  l'Angleterre.  Certes,  la  guerre  était  dans  les  prévisions 
de  Catherine,  mais  l'heure  n'en  était  pas  venue;  elle  voulait  d'abord  traiter 
avec  les  protestants,  elle  ne  s'en  cachait  pas  :  pLa  paix  nous  est  nécessaire,  écri- 
vait-elle à  Gonnor,  pour  chasser  l'étranger.  ■»  Ne  voulant  pas  répondre  directement 
aux  deux  envoyés,  elle  leur  promit  d'en  référer  au  conseil,  et  d'après  son  avis, 
elle  se  borna  à  leur  dire  qu'aucune  déclaration  de  guerre  n'ayant  été  publiée,  il 
n'y  avait  pas  lieu  à  la  révoquer,  et  elle  les  congédia.  Le  20  janvier,  elle  avait  l'ait 
annoncer  à  Smith  quelle  retournait  à  Paris,  et  qu'elle  l'y  verrait;  mais,  dans  la 
nuit  du  22  au  a3,  elle  donna  brusquement  l'ordre  du  départ,  et  malgré  la  rigueur 
•  le  la  saison,  elle  se  dirigea  à  marches  forcées  sur  Blois.  L'armée  de  Coligny  avait 
passé  la  Loire  à  Jargeau;  elle  redoutait  une  surprise.  Les  membres  du  Parlement 
pouvant  s'inquiéter  de  ce  brusque  départ  :  «•  Le  roi  monsieur  mon  fils,  leur 
écrit-elle,  s'en  va  à  Blois  pour  favoriser  son  armée;  quand  vous  verrez  les  occa- 
sions qui  l'y  meuvent,  vous  en  aurez  assez  de  contentement 3. i>  Et  elle  leur  fait 
dire  par  Gonnor  que,  si  la  ville  de  Paris  était  menacée,  le  roi  y  reviendrait.  Elle 
n'avait  pas  pourtant  à  se  louer  de  l'esprit  de  conciliation  du  Parlement;  il  n'avait 
pas  voulu  recevoir  les  lettres  de  pardon  général  qu'elle  lui  avait  soumises,  et  il 
venait  d'admettre  la  requête  de  ceux  de  Paris  qui  demandaient  à  faire  la  recherche 

1   Lettre  île  Catherine  à  M.  Je  Gonnor,  p.  firjl».  \  alentinois  ijui  l'avait  fait  conduire  au  camp  du  dur 

!  Il  avait  assisté  à  la  bataille  de  Dreux;  la  voyant  de  Guise,  d'où  il  avait  été  renvoyé  à  Saint-Denis. 
perdue,  il  s'était  réfugié  à  Anet,  chez  la  duchesse  de  '  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  485. 


[NTR0D1  CTION.  cxtvn 

des  huguenots  rentrés  dans  leur  ville,  ce  qui  devint  l'occasion  de  quelques  meur- 
tres; mais  rien  ne  pouvait  rebuter  Catherine  dans  ses  tentatives  d'accommode- 
ment. Llle  fit  plus  encore,  elle  ménagea  une  entrevue  à  Blois,  entre  le  duc  de 
Guise,  qu'elle  y  fil  venir  de  BeaugeUcj  '.  el  Coudé  qu'elle  y  tenait  prisonnier 
Plusieurs  conférences  eurent  lieu,  et  il  lut  convenu,  pour  faciliter  une  pacification, 
que  Boucart  et  d'Esternaj  viendraient  s'aboucher  avec  le  prince  de  Condé,  el 
que  d  Oise!  et  l'évêque  de  Limoges  se  rendraient  à  Orléans  pour  conférer  avec  le 
connétable.  L'amiral  j  consentait;  il  prévint  Condé  que  Boucart  et  Esternay  étaient 
prêts  à  partir  dès  qu'il  les  manderait,  s'applaudissant  du  choix  des  deux  négo- 
ciateurs d'Oise!  et  de  l'évêque  de  Limoges  ccplus  capables  de  raison  n;  il  espérait  . 
grâce  à  leur  entremise,  arriver  à  une  bonne  paix,  car  vous  savez,  ajoutait-il. 
crque  l'on  n'a  jamais  rien  tant  cherché  ni  désiré2. -n 

Cette  fois  encore.  Catherine  fut  déçue  dans  son  attente  :  ir  A  l'heure  que  l'amiral 
devait  envoyer  Boucart  et  d'Esternay,  écrit-elle  à  Gonnor,  le  h  février,  il  est  parti 
et  s'en  va  en  Normandie  avec  ii,ooo  chevaux,  si  bien  que  nous  ne  savons  plus 
où  nous  en  sommes,  sinon  que  M.  de  Guise  va  demain  au  matin  assaillir  le  Por- 
tereau  d'Orléans  el  le  pont3.*  Tout  était  donc  remis  de  nouveau  aux  hasards 
des  armes. 

Au  moment  où  l'on  avait  tant  de  peine  à  fournir  aux  dépenses  de  la  guerre,  le 
magasin  de  poudres  de  l'arsenal,  à  Paris,  vint  à  sauter,  sans  qu'il  fût  possible  d'en 
découvrir  la  cause  :  ctCe  fut  un  terrible  fracassemenl,  écrit  Chantonnay  à  la  du- 
chesse de  Parme,  il  vient  très  mal  en  la  saison  présente  \  r  Tout  aussitôt,  Catherine 
donne  des  ordres  pour  qu'il  soit  rétabli  dans  le  même  lieu;  elle  fait  demander  en 
Provence,  en  Lorraine,  en  Bourgogne,  de  grandes  quantités  de  poudre,  la  perte 
n  étant  pas  moindre  de  5o  milliers.  Pour  faire  face  à  un  tel  désastre,  elle  invite 
Gonnor  à  arracher  enfin  aux  membres  du  Parlement  la  vente  des  100,000  livres 
de  rente  qu'elle  sollicitait  depuis  longtemps  :  «  Dites-leur  bien,  écrit-elle  à  Gonnor, 
que  nous  n'entendons  pas  que  l'on  épargne  les  biens  de  ceux  qui  troublent  ce 
royaume,  tiennent  les  villes  et  portent  lés  armes;  s'ils  eussent  usé  d'aussi  bonne 

'  Ce  fait  jusqu'ici  ignoré,  nous  a  été  révélé  par  fort  avant  en  termes  de  faire  leur  pacification.  » 

une  lettre   du  sieur   Archambaud  à   M.  de  Gon-  (Bibl.  nat.,  n°  3a  16.  fol.  3G.) 
nor,  datée  de  Blois.  le  27  janvier,  et  que  voici  :'  '  Voyez  cette  lettre  dans  le  n°  34 10  du  fonds 

irJe  vous  diray  que  M8'  de  Guise,  après  avoir  parlé  français,  p.  45. 

plusieurs  fois  à  M'  le  prince  de  Condé,  qui  estoit  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  4a6. 

en  ceste  ville  [Blois],  s'en  est  retourné  aujourdbui  "  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la 

au  camp  près  Beaugency.  et  ay  entendu  qu'ilz  sont  duchesse  de  Parme  (janvier  i563). 


cxlvih  INTRODUCTION. 

diligence  que  nous  la  désirons,  ils  n'auraient  pas  occasion  d'en  murmurer  à  cette 
heure1. s  Elle  jugeait  bien  de  la  gravité  de  la  situation  :  «Je  crois,  écrivait-elle  à 
Goiinor,  qu'il  ne  faut  plus  rien  attendre  du  clergé,  et  peu  de  choses  d'ailleurs: 
aussi  il  est  besoin  que  fassiez  de  nécessité  vertu,  car  en  quelque  sorte  que 
soyons,  il  faut  avoir  de  l'argent;  tout  le  monde  crie  la  paix  et  la  conseille,  mais 
je  ne  sais  s'il  plaît  à  Dieu  que  nous  l'ayons;  de  sorte  qu'il  faut  se  préparer,  comme 
si  ce  mal  avait  à  continuer. n  Elle  ajoutait  :  «Si  M.  de  Guise  prend  le  Portereau 
d'Orléans  (ce  que  Dieu  veuille),  je  crois  qu'il  y  en  aura  qui  se  repentiront  d'être 
partis,  et  connaîtront  qu'il  ne  fait  pas  bon  se  moquer  de  son  roi2. n 

L'attaque  du  Portereau  fut  vivement  menée;  les  lansquenets  qui  défendaient  les 
barricades  du  faubourg  ayant  été  pris  de  panique,  le  duc  de  Guise  entrait  dans 
la  ville  à  leur  suite  si  d'Andelot  n'en  avait  en  toute  hâte  fait  fermer  les  portes. 
\  peu  de  jours  delà,  les  Tournelles,  par  manque  de  vigilance  de  «eux  qui  les 
gardaient,  furent  surprises;  tout  était  donc  prêt  pour  un  assaut.  Le  17  février, 
Catherine  écrivait  à  Goniior  :  ccM.  de  Guise,  demain,  doit  faire  une  belle  peur  à 
Orléans,  d  Et  parlant  des  nouvelles  démarches  faites  par  la  princesse  de  Condé  pour 
renouer  les  négociations,  elle  ajoutait  :  «  Je  crois  qu'elle  a  belle  peur  de  nous  voir 
si  près  de  là  sans  son  congé,  mais  quand  demain  nous  aurions  Orléans,  nous  au- 
rions la  paix  à  meilleure  condition  en  tenant  la  ville3,  n 

Un  grave  événement  allait  de  nouveau  bouleverser  toutes  les  situations.  Entre 
six  et  sept  heures  du  soir,  le  duc  de  Guise  revenait  du  faubourg  du  Portereau  et 
se  rendait  au  château  de  Corney,  près  de  Saint-Mesmin,  où  venait  d'arriver  la  du- 
chesse; il  avait  traversé  la  Loire  en  bateau  et  envoyé  en  avant  le  sieur  de  Crenai, 
pour  rassurer  sur  son  retard.  Depuis  une  heure,  un  cavalier  allait  et  venait  sur  la 
route  que  le  duc  devait  suivre,  demandant  à  tous  ceux  qu'il  rencontrait,  si  c'était 
bien  le  chemin  par  où  devait  passer  le  duc;  il  fit  la  même  demande  à  Crenai,  qui 
lui  répondit  qu'il  ne  h;  devançait  que  de  quelques  instants.  Le  duc  venait  au  pas. 
lyanl  à  ses  côtés  Tristan  de  Rostaing;  un  jeune  page,  monté  sur  une  mule,  mar- 
chait devant;  le  meurtrier,  caché  derrière  une  haie,  le  laissa  passer,  et  lorsqu'il 
fut  à  cinq  ou  six  pas,  il  tira  sur  lui  par  derrière  son  pistolet  chargé  de  trois  halles: 
le  coup  entier  porta  sous  faisselle  droite.  Au  moment  où  il  fut  frappé,  le  duc 
s'écria  :  rr.le  suis  mort  n;  il  baissa  la  tète  jusque  sur  le  cou  de  son  cheval;  puis  se 
redressant  par  un  effort  violent,  il  voulut  tirer  son  épée,  mais  le  bras  était  sans 

1  Voy.  tn  lettre  de  Catherine,  p.  '493.  —  J  Voy.  la  loltre  de  Catherine,  \>.  Ù96.  —  '  Voy.  ta  lettre  1 
de  Catherine,  p.  5ag. 


[NTRQDI  CTION.  calm 

force.  Rostaing  s'étail  précipité  du  côté  où  le  coup  était  parti,  mais  le  meurtrier  le 
menaça  de  son  épée  et,  grâce  a  la  nuit  el  à  la  vitesse  de  son  cheval,  parvint  à  s'é- 
chapper. Egaré  dans  les  taillis,  il  erra  toute  la  nuit;  à  la  pointe  du  jour,  après  <li\ 
heures  d'une  course  insensée,  il  se  trouva  au  pont  d'Olivet,  non  loin  du  camp  des 
Suisses,  dont  il  croyail  s'être  éloigné;  son  cheval  étant  harassé,  il  entra  dans  une 
terme  et  s'y  reposa:  c'est  là  que,  rencontré  par  de  Seurre,  lieutenant  du  duc  de 
Guise,  il  se  laissa  prendre  sans  opposer  de  résistance;  il  était  né  en  Angoumois, 
âgé  de  vingt-six  ans,  et  se  nommait  Poltrot  de  Mère.  Il  avait  servi  comme  page  le 
vicomte  d'Aubeterre;  fait  prisonnier  à  Saint-Quentin  et  mené  en  Espagne,  il  avait 
si  bien  pris  la  voix,  l'accent,  les  manières  et  les  mœurs  de  cette  nation  qu'on  ne 
l'appelait  que  l'Espagnol;  au  retour  d'Espagne,  devenu  protestant,  il  s'étail  at- 
taché à  M.  de  Soubise  et.  recommandé  par  lui  à  l'amiral,  il  était  venu  à  Orléans. 
Catherine  voulut  l'interroger,  et  voici  ce  qu'elle  en  écrit  à  la  duchesse  de  Savoie  : 
Il  a  avoué  tcqu'il  avait  reçu  cent  écus  de  l'amiral  pour  faire  ce  mauvais  coup, 
qu'il  n'y  voulait  pas  venir,  mais  que  de  Bèzc  et  un  autre  prédicant  et  d'Espine 
l'avaient  prêché  et  l'avaient  assuré  que,  s'il  le  faisait,  il  irait  en  paradis:  cl 
qu'alors  il  s'y  était  décidé;  que  l'amiral  en  avait  dépêché  soixante  pour  tuer  M.  de 
Guise,  le  duc  de  Montpensier,  Sansac,  Sipierre  et  elle,  et  qu'elle  ferait  bien  de 
faire  garder  ses  enfants  et  de  prendre  garde  à  sa  personne,  car  l'amiral  la  haïssait 
infiniment,  n  Et  elle  ajoute  :  crll  a  nommé  un  rousseau  qui  depuis  hier  a  été  [iris 
dans  la  cour  du  château  de  Blois;  ce  n'était  plus  pour  M.  de  Guise,  car  il  mourut 
hier.  Voilà.  Madame,  comme  cet  homme  de  bien,  qui  ne  l'ail  rien  que  pour  la 
religion,  nous  veut  dépêcher1.1» 

La  blessure  n'avait  pas  d'abord  été  jugée  mortelle,  elle  ne  louchait  point  aux 
os  ttet  n'avait  pas  pénétré  dans  le  coUïc-n,  mais  l'entrée  de  la  balle  était  plus 
grande  que  la  sortie,  on  en  augura  qu'il  y  en  avait  plus  d'une,  les  chirurgiens  ap- 
pelés de  Paris  furent  d  avis  qu'une  grande  incision  devait  être  pratiquée.  L'opéra- 
tion eut  lieu  le  :?3,  le  quatrième  jour  après  la  blessure;  le  duc  la  supporta  très 
courageusement;  il  avait  commandé  k  de  besogner  encore  qu'il  criét3.*  Le  sixième 
jour,  il  vit  bien  que  tous  les  remèdes  étaient  inutiles.  En  face  de  la  moi  I  . 
Guise  conseilla  à  Catherine  de  faire  la  paix  el  lui  recommanda  ses  enfants:  il 
demanda  à  sa  femme  pardon  des  peines'  qu'il  lui  avait  causées,  des  offenses  dont 
elle  avait  eu  à  se  plaindre;  il  enjoignit  au  prince  île  Joinville  de  servir  Dieu  el 

Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  5i6.  —  :  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chanlonnny  à  la  duchesse  il 
Parme  (février  i563).  —  "'  Ibid. 


cl  INTRODUCTION. 

son  roi,  et  d'honorer  sa  mère.  Le  mercredi,  %k  février,  entre  dix  et  onze  heures 
du  matin,  il  rendit  l'âme;  le  lendemain,  on  l'étendit  sur  un  lit  de  parade  de 
damas  hlanc,  tout  habillé  et  ses  mains  gantées;  la  messe  fut  dite  comme  s'il 
était  vivant  :  crDans  le  camp,  tous  le  plaignent,  écrit  Smith  à  Elisabeth,  tous 
vantent  son  courage  sloïque,  la  patience  avec  laquelle  il  a  subi  de  cruelles  inci- 
sions; beaucoup  de  gentilshommes  s'éloignent,  car  beaucoup  ne  servaient  que  par 
attachement  pour  lui.  C'était  bien  le  plus  grand  homme  de  guerre  de  France,  et 
on  peut  dire  de  toute  la  chrétienté;  dur  à  la  fatigue,  d'une  grande  expérience 
dans  la  conduite  des  armées,  courtois  et  éloquent,  aimé  du  soldat  et  des  gentils- 
hommes 1.i>  Dans  la  bouche  d'un  adversaire,  d'un  étranger,  cet  éloge,  certes,  n'est 
pas  suspect:  «Le  roi  mon  fils,  écrivait  Catherine  à  M.  du  Lude,  a  perdu  l'un  des 
plus  grands  et  plus  dignes  ministres  qu'il  sauroit  jamais  avoir  ;n  et  au  cardinal  de 
Guise,  elle  disait  :  et  Je  vous  assure  bien  que  je  mettrai  tout  ce  que  j'ai  au  monde 
de  crédit  et  de  puissance  pour  m'en  venger,  et  je  suis  sûre  que  Dieu  me  le  par- 
donnera 2. t> 

Cette  mort  l'avait  jetée  dans  les  plus  grandes  perplexités;  vis-à-vis  du  roi  d'Es- 
pagne, elle  se  montre  disposée  à  continuer  la  guerre,  et  elle  lui  dit  qu'elle  a  en- 
core sous  la  main  de  grands  capitaines;  mais  elle  tient  un  autre  langage  à  la  du- 
chesse de  Savoie  :  «Nous  n'avons  homme  pour  commander,  lui  dit-elle,  que  le 
maréchal  de  Brissac,  que  j'ai  envoyé  chercher,  encore  qu'il  soit  impotent,  et  en  at- 
tendant, il  faut  que  je  commande  et  fasse  le  capitaine.»  Accablée  par  cette  res- 
ponsabilité, elle  demande  au  duc  de  venir  et  à  la  duchesse  de  l'accompagner. 
En  annonçant  la  triste  nouvelle  aux  gouverneurs  des  provinces,  elle  leur  recom- 
mande la  plus  grande  vigilance;  elle  prodigue  les  lettres  à  François  de  Montmo- 
rency, elle  proteste  de  son  bon  vouloir  pour  ceux  de  Paris;  elle  les  entretiendra 
dans  la  bonne  grâce  du  roi,  elle  veillera  à  leur  conservation:  à  Gonnor,  elle  écrit  : 
te  Dites  bien  au  premier  président  combien  je  l'aime,  n        , 

Condé  était  à  Amboise  où  se  trouvaient  la  jeune  Marguerite  et  le  duc  d'Anjou. 
Pour  le  pressentir  sur  ses  dispositions,  Catherine  lui  avait  envoyé  le  prince  de  la 
Roche-sur-Yon,  et  de  leur  entretien,  elle  avait  pu  augurer  qu'il  se  contenterait 
de  la  liberté  de  conscience.  H  était  si  désireux,  si  pressé  d'en  finir,  qu'il  écrivait, 
le  a5  février  à  sa  femme  :  «La  paix  sera  le  seul  moyen  pour  éteindre  les  déso- 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  '  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.»5i  q  ,  et  la  note 

duchesse  de  Parme  (8  mars  1 563). . —  Calendar  of       qui  l'accompagne. 
Siate  papers  (  1 563 ) ,  p.  209. 


INTRODI  GTION.  ,1.1 

iations  présentes.  L'entrevue  de  M.  le  connétable  et  de  moi  serait  le  meilleur 
moyen  pour  parvenir  à  la  paix  que  tout  le  monde  désire,  et  qui  est  a  ce  pauvre 
royaume  si  nécessaire.  Ne  trouvez  donc  plus  de  difficulté  s'il  est  possible,  afin  que 
nous  nous  puissions  voir1.!)  C'est  avant  la  mort  du  duc  de  Guise  qu'il  parlait 
ainsi;  dès  qu'il  l'apprend  :  tr  L'opinion  ne  m'est  nullement  dérangée,  écrit-il  dv 
nouveau  à  sa  femme,  suppliant  celui  qui  tient  les  cœurs  des  rois  et  des  hommes 
qu'il  les  dispose  à  réserver  les  moyens  et  reculer  ceux  qui  voudront  aller  au  con- 
traire et  châtier  ceux  qui  n'y  voudront  entendre.  Je  m'assure  que  vous  emploierez 
en  tout  ce  que  vous  pourrez,  ce  que  vous  prie  de  faire  de  toute  votre  puissance, 
car  je  ne  désire  rien  tant  comme  une  bonne  paix2,  a 

Ainsi  encouragée,  la  princesse  de  Coudé  écrivit  à  Catherine  qui  l'invita  à  venir 
la  trouver.  Le  ier  mars,'  accompagnée  de  deux  demoiselles,  elle  vint  au  camp  et 
resta  deux  heures  à  conférer  avec  elle.  Lorsqu'elle  la  quitta ,  sa  satisfaction  étail 
si  visible,  qu'elle  fut  remarquée3.  Le  h  mars,  à  la  suite  de  cet  entretien,  Dam- 
ville  amena  Condé  d'Amboise  à  Blois,  sous  l'escorte  de  dix  enseignes  de  Suisses. 
Le  prince  coucha  cette  nuit-là  dans  une  petite  auberge  du  faubourg.  Le  lende- 
main matin,  il  fut  conduit  au  camp  de  Saiut-Mesmin,  et  le  G  mars  eut  lieu  l'en- 
tretien avec  le  connétable  dans  l'Ile-aux-Bœufs,  sous  Orléans.  La  reine  conduisit 
le  prince  jusqu'au  bateau,  mais  demeura  avec  les  membres  du  conseil  dans  une 
maison  sur  le  bord  de  l'eau.  Qn  avait  préparé  sur  le  bateau  un  pavillon  recou- 
vert de  tapisseries;  le  connétable  et  Coudé  préférèrent  causer  en  se  promenant. 
L'entretien  dura  deux  heures;  on  les  suivait  des  yeux,  mais  on  ne  pouvait  les  en- 
tendre4. Ce  jour-là  (7  mars),  il  n'y  avait  dans  l'île  que  Damville,  de  Losses  et 
l'Aubépine.  Lorsqu'ils  se  séparèrent,  le  connétable  fut  reconduit  à  Orléans,  et 
Condé  au  logis  où  il  était  gardé.  Le  jour  même,  il  y  eut  une  longue  séance  du 
conseil;  rien  ne  transpira;  on  sut  seulement  que  le  connétable  et  Condé  devaient 
se  revoir.  Le  lendemain,  ils  furent  ramenés  dans  l'île;  le  prince  n'était  déjà 
plus  traité  en  prisonnier;  on  lui  avait  rendu  son  épée5.  La  reine  assista  à  l'en- 
tretien qui  dura  trois  grandes  heures.  Condé  réclamait  le  l'établissement  de 
I'édit  de  janvier,  et  le  connétable  s'y  refusait;  mais  Catherine  intervint,  elle  usa 

'   Bibl.  nat.,  fonds  français,  n°  G618,  fol.  -Ji5.  '  '  Archives  de  Vienne,   lettres  de   Chantonnay 

Henri  d'Orléans,  Histoire  des  princes  de  Coude .  (marsioO'.l);Caleiidar(ifStalcpapers(iî>tï>-2-iï>()'i). 

t.  I"r,  p.  3(|8.  '-■  Archives  de  Vienne,   lettres   de  Chantonnay 

Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay  à  la  (mars  1 5 G 3 ) ;    Galendar  of  State  papers  (i5G> 

duchesse  de  Parme  (mars  1 563).  »56<5). 


CLii  INTRODl  GTION, 

avec  Coudé  de  ces  caresses,  de  ces  séductions  de  langage  dont  il  ne  savait  jamais 
se  défendre.  D'ailleurs,  il  en  avait  assez  de  la  vie  de  prison;  il  en  avait  assez  du 
rigorisme  des  soixante-douze  ministres  enfermés  à  Orléans  et  de  leurs  tyranniques 
exigences;  il  aspirait  à  la  liberté  et  à  ce  premier  rang  dans  le  royaume  qui  lui 
appartenait,  et  que  Catherine  lui  avait  fait  secrètement  offrir;  au  retour  de  l'en- 
trevue, il  parut  tout  joyeux;  de  son  côté,  Catherine  en  revenant,  riait  et  dansait 
de  joie  avec  le  duc  d'Aumale1.  C'est  que  jamais  espérance  de  paix  n'était  venue 
plus  à  propos  et  dans  un  moment  plus  critique.  On  venait  de  recevoir  la  nouvelle 
de  la  prise  de  Caen  par  l'amiral;  du  côté  de  l'Allemagne,  il  y  avait  de  graves 
inquiétudes  ;  l'Empereur  avait  fait  partir  un  ambassadeur  pour  exiger  la  restitu- 
tion de  Metz,  Toul  et  Verdun,  et  des  troupes  se  massaient  sur  nos  frontières '\ 
La  paix  s'imposait  donc  et  devenait  une  nécessité.  Mais  avant  tout,  il  fallait  y  pré- 
parer l'opinion  de  Paris  :  «Si  vous  trouvez  vos  marchands  refroidis,  écrit  Cathe- 
rine à  Gonnor,  si  c'est  pour  les  nouvelles  qu'ils  ont  de  la  paix,  ils  ont  de  bonnes 
espies,  car  je  la  tiens  comme  faite;  mais  c'est  à  cette  heure  que  nous  avons  le  plus 
affaire  d'argent  pour  décharger  ce  royaume  des  sangsues  qui  le  sucent  jusqu'à  la 
mort;  par  cette  paix,  le  roi  demeure  le  maître,  les  forces  des  étrangers  vident  ce 
royaume,  et  nous  baillons  le  moins  que  nous  pouvons,  mais  beaucoup  plus  que 
je  ne  voudrois  sans  le  besoin  et  la  nécessité  où  nous  sommes.  On  nous  promet 
de  chasser  les  Anglois  en  ratifiant  le  traité;  ne  parlez  encore  à  personne  des  con- 
ditions, car  j'ai  toujours  peur  qu'ils  ne  nous  trompent,  encore  que  le  prince  de 
Condé  leur  a  déclaré  que  s'ils  n'acceptent  ces  conditions,  il  s'en  reviendra  avec  le 
roi  mon  fils  et  se  déclarera  leur  ennemi 3.  n 

Lorsque  Condé  rentra  à  Orléans  tr  l'esprit  déjà  prisonniers,  suivant  l'heureuse 
expression  de  d'Aubigné,  il  eut  à  lutter  contre  l'opposition  des  ministres;  ils  étaient 
là  soixante-douze  sectaires  impolitiques  et  intraitables,  car  ce  n'est  pas  seulement 

1  Archives  de  Vienne,  lettre  de  Chantonnay;  ront  les  villes  de  Metz,  Thoul  et  Verdun,  et  s'ilzns 
Calendar  of  State  papers  (t 56 a-i 563)-,  p.  200.  pouvoient  advenir  aultreoient  qu'ilz  auroient  re- 

2  La  pensée  de  reprendre  Metz  ne  fut  point  cours  aux  armes,  et  se  saisiraient  des  places  qu'ilz 
abandonnée  par  l'Allemagne,  et  voici  une  lettre  de  pourraient  sur  Vostre  Majesté,  de  la  mesme  façon 
Saint-Sulpice  à  Charles  IX,  du  i5  avril  1 563,  qui  que  ladicte  royne  d'Angleterre  a  faict  du  Havre  de 
confirme  les  craintes  exprimées  par  Catherine  :  -Il  Grâce  pour  ravoir  Calais.'»  (Bibl.  impér.  de  Saint- 
a  été  escript  ici  que  l'Empereur  et  les  princes  d'Al-  l'élersbourg ,  Dépêches  de  Saint-Sulpice,  t.  XCVII. 
lemagne  s'entendant  avec  la  royne  d'Angleterre  et  p.  61.) 

voullantse  servir  de  son  mesme  prétexte,  estaient  3  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  5a6. 

après  à  redemander  par  tous  moyens  qu'ilz  pour- 


INTRODUCTION.  cliii 

le  rétablissement  intégral  de  l'édit  de  janvier  qu'ils  demandaient,  ils  voulaient  la 

pleine  liberté  des  synodes,  le  châtiment  des  auteurs  du  massacre  de  Vassj  et  de 
Sens,  et  oubliant  déjà  qu'ils  avaient  combattu  et  souffert  pour  la  liberté  de  con- 
science, ils  invitaient  Coudé  à  requérir  du  roi  des  peines  rigoureuses  contre  les 
alliées,  les  libertins,  les  anabaptistes  et  autres  scbismatiques.  te  A  peine  échappés 
du  bûcher,  ils  réclamaient  le  droit  d'y  traîner  d'autres  victimes  'n,  nous  dit  avec 
raison  un  historien  moderne;  mais  les  gentilshommes,  las  de  la  guerre  et  auxquels 
Condé  avait  fait  entrevoir  qu'il  pourrait  reprendre  le  premier  rang  dans  le  royaume, 
H  qu'il  ne  les  oublierait  pas,  adhérèrent  à  la  paix;  Condé  se  contenta  de  leur  assen- 
timent et  passa  outre.  Pour  en  arriver  là ,  des  deux  côtés  il  y  avait  eu  également 
lutte  :  crNous  avons  fait,  écrivait  Catherine  à  Gonnor,  tout  ce  qu'il  est  possible 
de  faire  pour  contenter  tout  le  monde;  je  vous  assure  que  ce  n'a  pas  été  sans 
crier;  je  vous  ai  souhaité  pour  rn 'aider,  mais  puisque  la  paix  est  faite  et  qu'on  la 
trouve  bonne  à  Paris,  Dieu  soit  loué  l-n 

Le  préambule  de  ledit  d'Amboise  fut  rédigé  par  L'Hospital  ;  il  rappelait  les  mal- 
heurs de  la  guerre  civile,  faisait  appel  à  la  conciliation,  et  mettait  l'espoir  de 
I  avenir  dans  un  saint,  libre,  général  ou  national  concile,  et  la  majorité  proebaine 
du  roi;  les  condamnations  passées  étaient  abolies,  les  offenses  oubliées,  chacun 
rentrait  dans  ses  biens,  honneurs,  état,  charge  et  oflice;  Condé  était  tenu  pour  un 
bon  parent,  un  fidèle  sujet  et  serviteur,  ainsi  que  tous  ceux  qui  avaient  suivi  sa 
fortune.  Enfin  toutes  les  villes  étaient  remises  en  leur  possession,  état,  et  tous  les 
étrangers  étaient  renvoyés  hors  du  royaume;  c'était  la  clause  que  Catherine  enten- 
dait bien  appliquer  aux  Anglais.  L'édit  permettait  à  tous  gentilshommes  tenant 
plein  fief  de  haubert,  de  vivre,  en  leurs  maisons  ce  en  liberté  de  conscience  et  exer- 
cice de  la  religion  réformée  avec  leurs  familles  et  sujets  »;  quant  aux  possesseurs 
de  simple  fief,  ce  droit  se  limitait  à  eux  et  à  leur  famille;  dans  les  villes  où  la  re- 
ligion était  en  exercice  avant  le  7  mars,  le  culte  était  autorisé;  mais  dans  le  reste 
delà  France,  il  ne  l'était  que  dans  les  faubourgs  d'une  seule  ville  par  bailliage  el 
sénéchaussée;  Paris  et  le  ressort  de  sa  prévôté  et  de  sa  vicomte  en  étaient  exceptés. 
Ce  traité  était  plutôt  une  trêve  qu'une  paix.  Catberine  avait  laissé  échapper  le  se- 
cret de. la  situation;  et  C'était,  disait-elle,  reculer  (jour  mieux  sauter,  n  II  restait  à 
en  faire  vérifier  les  lettres  par  le  Parlement;  inquiète  du  résultat,  craignant  les 
résistances  de  cette  compagnie,  Catherine  agit  à  la  fois  sur  Gonnor  et  sur  le  maré- 

Henri  Martin,  Histoire  de  France,  I.  I\.  p.  i56. 

Catueiupe  m.  MÉDICIS.  —  1.  t 


r.uv  INTRODUCTION. 

chai  de  Montmorency  :  tr L'amiral  vient  ici,  leur  écrit-elle,  avec  5,ooo  chevaux, 
ne  se  voulant  désarmer  ni  nous  mettre  dans  Orléans  que  la  lettre  ne  soit  passée 
sans  restriction  ni  modification,  et  s'ils  ne  la  passent  tout  ainsi,  tenez  toutes 
choses  pour  rompues;  il  faut  qu'ils  s'accommodent  au  temps. r.  Le  20  mars,  elle 
l'ait  de  nouvelles  instances  :  «• Faute  de  vérification,  ajoute-t-elle,  si  la  paix  se 
rompait,  l'on  mettrait  au  hasard  et  la  personne  du  roi  et  toute  cette  armée  et  la 
ville  de  Paris  où  ils  disent  qu'ils  iront  si  l'on  ne  passe  ce  que  le  roi  et  son  conseil 
leur  ont  accordé,  v 

Les  membres  du  Parlement  se  rendant  à  ces  incessantes  sollicitations  et  ayant 
enfin  décidé  qu'ils  publieraient  la  lettre  l,  dès  qu'elle  apprend  cette  bonne  résolu- 
tion, elle  écrit  de  sa  main  à  Gonnor  :  <rJe  vous  prie  de  leur  dire  comme  je  suis 
contente,  quelque  nécessité  que  le  roi  mon  fils  aie,  que  je  veux  qu'ils  soient  payés 
pour  voir  le  devoir  qu'ils  font  à  ce  qui  concerne  le  bien  et  repos  de  ce  royaume. 
Je  crois  qu'il  nous  faudra  trouver  de  quoi  payer  leurs  reitres  si  voulons  qu'ils 
sortent  du  royaume;  mais  il  n'en  faut  encore  dire  mot,  car,  si  je  puis,  je  n'en 
ferai  rien 2.  v 

Revenons  à  Coligny;  dans  les  jours  qui  suivirent  la  bataille  de  Dreux,  après 
avoir  reconstitué  l'armée  dont  il  était  devenu  le  chef  et  traversé  la  Beauce,  il 
était  rentré  à  Orléans.  Briquemault  et  Beauvoir  lui  conseillaient  de  se  rendre  à 
Lyon,  et  de  s'y  joindre  à  Soubise  qui  en  était  maître,  mais  il  préféra  aller  en  Nor- 
mandie. Laissant  d'Andelot  à  Orléans  avec  6,000  hommes  de  pied  et  i,5oo  che- 
vaux, il  se  mit  en  chemin  le  ier  février,  suivi  de  6,000  reitres;  il  passa  devant 
Evreux  qu'il  ne  put  forcer  faute  d'artillerie,  séjourna  à  Touques,  et  le  12  février 
il  arrivait  à  Dives;  de  là,  il  envoya  Theligny  en  Angleterre  pour  presser  l'envoi 
des  subsides  promis.  Les  reitres,  qui  sur  la  route  avaient  pillé  toutes  les  églises, 
exigeaient  avec  menaces  leur  solde  arriérée;  mais,  quand  il  s'agissait  de  tirer  de 
l'argent  de  la  très  parcimonieuse  Elisabeth,  les  difficultés  commençaient.  Middle- 
more,  son  envoyé  auprès  de  l'amiral,  discuta  tout  d'abord  le  chiffre  de  la  somme 
à  verser,  et  sous  prétexte  d'avances  faites  à  Montgommery,  il  le  réduisit  de  beau- 
coup. Elisabeth  exigeait  en  outre  la  ratification  par  l'amiral  du  traité  qui  lui  avait 

1  Voici  ce  que  le  président  de  Thou  écrivait  à  qu'il  ait  plu  au  roi  nous  envoyer  deux  de  MM.  les 

Catherine  le  s3  mars  :  trLes  lettres  seront  publiées  princes  du  sang.»  Et  il  désigne  le  prince  de  Monlpen- 

et  enregistrées  sans  aucune  restriction  ni  niodifica-  sier  et  le  cardinal  de  Bourbon.  (Bibl.  nat. ,  fonds 

tion;  mais  pour  oster  l'envie  que  l'on  a  sur  nous  français,  n"  6618,  p.  19  et  2 a.) 
et  qui  pourroit  eslevcr  ceux  à  qui  ces  conditions  2  Voy.  la  lettre  de  Catherine,  p.  53g. 

déplaisent,  l'exécution  en  a  été  retardée  jusqu'à  ce 


INTRODUCTION.  eu 

livré  le  Havre.  Pour  parvenir  à  ses  fins,  elle  envoya  au  camp  de  l'amiral  son  plus 
habile  diplomate,  Throckmorton,  rentré  en  Angleterre  tout  récemment. 

Le  château  de  Caen  était  encore  aux  mains  du  marquis  d'Elbeul  et  des  troupes 
royales;  tant  qu'il  résisterait,  la  complète  de  la  Normandie  n'était  pas  assurée; 
pour  s'en  emparer,  il  fallait  de  l'artillerie.  Ce  lui  Tlirockmorlon  qui  l'amena  du 
Havre;  il  y  mit  pour  condition  la  ratification  du  traité  passé  avec  le  vidame  de 
Chartres.  L'amiral  signa,  mais  affirmera  plus  tard  qu'il  n'avait  entendu  que  ga- 
rantir ainsi  le  remboursement  de  la  somme  prêtée  par  Elisabeth.  Lorsque,  le 
58  février,  Throckmorton  arriva  à  Caen,  l'amiral  était,  à  table  avec  tous  ses  capi- 
taines qu'il  fêtait  ce  jour-là;  invité  par  lui,  il  y  prit  place.  C'est  durant  ce  re- 
pas que  fut  apportée  la  lettre  de  d'Andelot  annonçant  la  mort  du  duc  de  Guise. 
L'amiral  la  reçut  sans  manifester  la  moindre  émotion,  et  la  transmit  immédiate- 
ment  à  la  reine  Elisabeth  comme  un  simple  accident  et  sans  la  moindre  réflexion. 
A  la  lettre  de  d'Andelot  était  jointe  la  déposition  de  Poltrot  dont  Catherine,  s'en 
servanteomme  d'une  arme,  avait  partout  envoyé  des  copies.  L'amiral  ne  pouvail 
rester  sous  le  coup  de  pareille  accusation;  il  répond  sur  l'heure,  article  par  ar- 
ticle, à  la  déposition  qui  l'accusait,  et  c'est  à  Catherine  qu'il  adresse  sa  justifica- 
tion. Niant  ou  avouant  suivant  le  besoin  de  sa  défense,  il  reconnaît  tr  qu'il  a  donné 
de  l'argent  à  Poltrot  à  deux  reprises  différentes;  la  première  fois,  5o  livres,  lorsque 
Soubise  le  lui  envoya;  la  seconde  fois.  3oo  livres  pour  acheter  un  cheval,  lorsqu'il 
se  rendait  au  camp  du  duc  de  Guise.  Bien  avant  le  tumulte  d'Amboise,  il  avait 
plusieurs  fois  averti  la  duchesse  de  Guise  des  attentats  médités  contre  son  époux: 
depuis  Vassy,  il  a  tenu  le  duc  comme  ennemi  de  Dieu ,  du  roi  et  du  royaume;  mais, 
sur  sa  vie  et  son  honneur,  jamais  il  n'a  approuvé  qu'on  attentât  à  sa  personne; 
depuis,  ayant  été  averti  que  le  duc  et  le  maréchal  Saint-André  avaient  cherché  à 
le  faire  assassiner,  quand  il  a  entendu  dire  à  quelqu'un  que,  s'il  le  pouvait,  il 
tuerait  le  duc  dans  son  camp,  il  ne  l'en  a  point  détourné,  mais  jamais  il  n'a  re- 
cherché ni  sollicité  personne  à  le  faire,  a  II  supplie  Catherine  de  faire  soigneu- 
sement garder  Poltrot,  tr  craignant  que  ceux  du  Parlement  ne  le  voulussent  faire 
exécuter  pour  laisser  à  sa  charge  cette  calomnie  et  procéder  contre  lui.  t>  En  ter- 
minant sa  défense  :  «Ne  pensez  pas,  Madame,  ajoute-t-il,  que  ce  que  j'en  dis, 
soit  pour  regretter  la  mort  de  M.  de  Guise;  j'estime  que  c'est  le  plus  grand  bien 
qui  pouvoit  avenir  à  ce  royaume  et  à  l'Église  de  Dieu,  et  particulièrement  à  moi 
et  à  toute  ma  maison;  s'il  plaît  à  Votre  Majesté,  ce  sera  le  moyen  pour  mettre  ce 
royaume  au  repos,  -n 


cm  INTRODUCTION. 

Etienne  Pasquier,  un  de  ces  neutres  qui  n'ont  pas  de  parti  pris  et  qui  sont 
comme  l'écho  de  ce  qui  se  dit  autour  d'eux,  parlant  du  manifeste  de  l'amiral, 
ne  lui  est  guère  favorable  :  «S'il  n'avoue  pas  franchement,  nous  dit-il,  avoir  con- 
senti à  celte  mort,  aussi  s'en  défend-il  si  froidement,  que  ceux  qui  lui  veulent 
du  bien  ,  souhaiteroient  ou  que  du  tout  il  se  fût  tu,  ou  qu'il  se  fût  mieux  défendu  lv» 

D'Aubigné,  parlant  des  confidences  de  son  dessein  que  Poltrot  prodiguait  an\ 
chefs  des  protestants,  se  borne  à  dire  que  :  «les  langages  qu'on  lui  tenoit  sen- 
toient  le  refus  et  donnoient  le  courage 2.  n 

L'ambassadeur  Thomas  Smith  comprit  bien  vite  quelle  serait  dans  l'avenir  la 
portée  et  la  conséquence  de  la  déposition  de  Poltrot;  c'est  un  des  arguments  dont 
il  se  sert  pour  détourner  d'Andelot  du  traité  de  paix  :  «  Vous  n'ignorez  pas  qu'ils 
ont  semé  le  bruit  partout  et  de  la  bouche  de  la  reine  que  Merey  qui  a  tué  le  duc 
a  confessé  l'avoir  fait  par  le  commandement  de  l'amiral  et  de  vous,  et  par  l'ex- 
hortation de  Théodore  de  Bèzo,  et  qu'il  avait  charge  de  vous-même  de  tuer  la 
reine  et  le  roi,  le  cardinal  de  Ferrare  et  je  ne  sais  quel  autre;  les  esprits  étant 
ainsi  prévenus,  si  quelqu'un  des  Guises  en  fait  autant  à  1  un  de  vous,  tout  le  monde 
jugera  que  c'est  justice;  ce  que  la  maison  de  Guise  souhaite  le  plus,  c'est  de  vous 
séparer  de  vos  amis  et  alliés,  et  de  vous  sacrifier  l'un  après  l'autre,  soit  par  force 
ou  par  trahison,  n  C'était  fatalement  prédire  la  Saint-Barthélémy3. 

Le  -2  mars,  l'amiral  entrait  par  composition  dans  le  château  de  Gaen;  la  brèche 
pratiquée  était  si  petite  que  Catherine,  qui  la  vit  quelques  mois  plus  tard,  ne  put 
s'empêcher  de  dire  qu'elle  aurait  pu  être  défendue  par  quelques  servantes  armées  de 
leurs  balais.  Les  autres  villes  s'étant  successivement  soumises,  l'amiral,  à  l'exception 
de  Rouen,  de  Cherbourg,  de  Granville  et  du  Mont-Saint-Michel,  était  donc  maître 
de  la  Normandie.  C'est  à  ce  moment  qu'il  fut  rappelé  par  Coudé  à  Orléans. 

Le  18  mars,  a  la  veille  de  quitter  Caen,  il  envoie  à  la  reine  Elisabeth  le  sieur 
du  Chàtellier  bien  instruit  crde  toutes  les  occurences  qui  s'offrent4. i>  Le  21  mai. 


!  Livre  IV  des  heures,  p.  a5a,  Paris,  Laurent 
Sonnius,  1 G  -2  y . 

'  D'Aubigné,  Histoire  universelle ,  édit.  de  Maillé, 
1626,  in-fol.,  t.  I,  p.  176.  Un  écrivain  protestant 
auquel  nous  devons  une  récente  et  intéressante  étude 
sur  Coligny,  n'a  pu  s'empêcher  de  dire  :  n  La  gravité 
de  l'accusation  l'a  surpris;  il  se  débat,  il  se  rejette 
en  arrière  de  toute  la  force  de  sa  vieille  loyauté  qui 
proleste  et  s'indigne.  Il  a  beau  faire ,  elle  est  atteinte , 


et  sa  grandeur  morale  diminuée.  *  C'est  ainsi  qu'il 
explique  la  tristesse  profonde  que  causa  h  l'amiral  la 
guerre  civile,  tristesse  qui  ne  le  quittera  jamais, 
inconsciente  parfois  et  inavouée,  mais  qui  n'en  sera 
que  plus  poignante.  (  Jules  Teissier,  Elude  sur  Cn- 
ligny,  Paris,  Sandoz,  1873,  p.  78.) 

3  Calendar  of  State papers  (1 563 ) ,  p.  ao3. 

1  De  Bèze,  qui  s'est  justilié  lui-même  d'avoir  en 
rien  participé  à  ce  crime,  avait  trop  de  pénétration 


INTRODUCTION.  CLï„ 

étant  à  Brives  dans  le  Perche,  il  reçoit  une  lettre  de  Coudé  qui  lui  annonce  que 
les  conditions  de  la  paix  sont  arrêtées.  Sans  perdre  une  heure,  il  en  prévienl  la 
reine  Elisabeth,  ne  lui  cachant  pas  qu'il  reste  à  prendre  une  résolution  en  ce  qui 
concerne  l'Angleterre  el  l'autorité  qu'aura  le  prince  de  Condé.  Quant  aux  articles 
du  traité,  ils  sont  à  peu  près  les  mêmes  que  ceux  dont  il  lui  a  envoyé  une  copie 
par  le  sieur  du  Châteilier1. 

De  cette  lettre,  il  ressort  donc  que  l'amiral  avait  reçu  une  copie  du  projet  de 
traité,  qu'il  l'a  fait. passer  à  la  reine  parle  sieur  du  Châteilier,  et  qu'en  réalité-  les 
conditions  qui  viennent  de  lui  être  transmises  diffèrent  peu  de  celles  dont  la  reine 
a  eu  précédemment  communication.  Middlemore,  l'envoyé  d'Elisabeth,  était  aux 
écoutes;  une  première  fois  à  Mortagne,  il  demande  a  l'amiral  de  lui  faire  connaître 
les  conditions  de  la  paix,  car  elles  passaient  pour  être  très  défavorables  aux  An- 
glais. L'amiral  répond  que  tous  les  articles  n'étaient  pas  définitivement  arrêtés, 
mais  que,  dans  tous  les  cas,  la  reine  d'Angleterre  aurait  satisfaction  -. 

Le  22  mars,  l'amiral,  au  moment  de  quitter  Brou,  fait  venir  Middlemore  et 
lui  dit  qu'il  vient  de  recevoir  une  lettre  du  prince  de  Condé  pour  la  reine,  qu'il 
va  l'envoyer  sur-le-champ,  et  il  l'invite  à  préparer  ses  dépêches,  qu'il  joindra  aux 
siennes  ;  Middlemore  lui  demandant  s'il  a  quelque  bonne  nouvelle  à  trans- 
mettre à  la  reine,  l'amiral,  plus  réservé  encore,  quoiqu'il  eût  entre  les  mains 
le  traité,  répond  que  le  prince  ne  lui  a  écrit  que  pour  ce  qui  le  concernait  per- 
sonnellement; qu'il  n'est  en  aucune  manière  fait  mention  de  la  reine,  que, 
d'ailleurs,  on  a  remis  d'en  parler  à  son  arrivée,  et  qu'au  risque  de  sa  vie  il  dira 
librement  son  opinion.  Middlemore,  revenant  sur  la  menace  de  l'expulsion  des 
étrangers,  l'amiral  lui  répond  qu'il  en  avait  écrit  à  Condé,  et  il  répète  de  nouveau 
que  la  reine  aurait  lieu  d'être  satisfaite3. 

Elisabeth  ne  se  contenta  pas  de  ces  vagues  promesses  ;  en  répondant  à  Coligny, 
elle  lui  remit  sous  les  yeux  les  engagements  que,  par  l'entremise  deThrockmorton, 
il  avait  pris  dernièrement  vis-à-vis  d'elle,  et  elle  en  appella  à  l'honneur  de  Coudé. 

pour  ne  pas  s'apercevoir  du  côté  dangereux  de  la  voulu,  quoi  qu'il  en  deut  advenir,  que  toute  sa  dé- 
défense de  l'amiral.  C'est  en  ces  termes  qu'il  cherchée  claration  fût  ainsi  rédigée  par  escript.»  De  Iîèze. 
eu  atténuer  le  mauvais  effet:  rr  L'amiral,  homme  rond  Histoire  des  églises  1  ,  édit.  de  Lille,  i84i, 

et  vraiment  entier,  s'il  y  en  a  jamais  en  sa  qualité.'  t.  Il,  p.  186. 

avait  de  lui-même  répliqué  que  puis  après  adve-  '   Calendar  of  State  papers  1 1563  |,  \>.  ao5.  — 

nant  confrontation,  il  confessoit  quelque  chose  da-  Voy.  notre  livre  Le  xn'  siècle  el  les  1  (dois,  p.  i  1  '■). 
vantage,  il  donnerait  occasion  de  penser  qu'encore  Gakndar  of  State  papers  (  1  563),  p.  220. 

n'auroit-il  pas  confessé  toute  la  vérité,   et  avoit  3  Ibid.,  p.  226. 


<:luh  introduction. 

L'amiral  laissant"  ses  reîtres  à  deux  lieues  d'Orléans,  y  arriva  le  a3  mars.  Déjà 
sans  tenir  compte  de  sa  supplique,  Poltrot  avait  été  exécuté.  Il  s'en  plaignit  vive- 
ment à  Catherine;  pour  se  couvrir,  elle  n'aurait  eu  qu'à  lui  mettre  sous  les  yeux 
les  lettres  du  président  de  Thon  et  celles  de  du  Tillet.  Tous  deux,  en  effet,  lui  écri- 
virent et  à  plusieurs  reprises  qu'inévitablement  le  peuple  se  soulèverait,  envahirait 
la  prison  et  se  ferait  justice  par  ses  mains,  si  l'exécution  de  Poltrot  ne  précédait 
pas  les  funérailles  du  duc  de  Guise,  et  tous  deux,  après  le  supplice,  affirmèrent 
que  le  Parlement  avait  eu  la  main  forcée. 

De  sa  nature  le  peuple  de  Paris  est  d'humeur  violente;  il  aime  et  déteste  avec 
le  même  emportement.  H  avait  poursuivi  de  ses  menaces,  de  ses  malédictions,  le 
tombereau  qui,  de  la  conciergerie  du  Palais,  traînait  Poltrot  à  la  place  de 
Grève;  le  lendemain  vendredi,  19  mars,  en  vêtements  de  deuil,  il  avait  suivi, 
silencieux  et  morne,  la  dépouille  mortelle  du  duc.  Le  samedi,  92  mars,  il  se 
précipita  en  masse  dans  la  nef  de  Notre-Dame,  pour  y  entendre  le  frère  Jacques 
Le  Hongre  prononcer  son  oraison  funèbre.  Les  paroles  qui  tombèrent  du  haut 
•le  la  chaire  n'étaient  pas  faites  pour  calmer  des  passions  si  vivement  surex- 
citées. L'orateur  rappela  à  cette  multitude  frémissante  qu'il  y  avait  un  an  à  pareil 
jour  que  le  duc  de  Guise  était  venu  au  secours  de  Paris,  et  maintenant  il  y  ren- 
trait mort;  il  rappela  la  journée  de  Renty,  la  défense  de  Metz,  la  reprise  de 
Calais,  que  les  Anglais,  ces  anciens  ennemis  de  la  France,  tenaient  par  usurpa- 
tion depuis  deux  cent  onze  ans  :  ce  Hélas,  sécria-t-il ,  c'était  bien  loin  de  les  intro- 
duire au  royaume  de  France l-n  II  rappela  le  siège  de  Rouen  où  le  duc  était  monté 
\è premier  à  l'assaut,  la  bataille  de  Dreux,  sa  douceur  pour  les  soldats,  sa  pitié 
pour  les  vaincus;  le  comparant  à  Macchabée,  il  lui  appliqua  cette  parole  de 
saint  Augustin  :  «Ce  n'est  pas  la  peine,  mais  c'est  la  cause  qui  fait  le  martyr w; 
en  souvenir  de  son  père  qui,  en  mourant,  avait  pardonné,  il  exhorta  le  prince 
de  Joinville  à  la  clémence  et  à  l'oubli;  puis,  se  retournant  vers  cette  multitude 
dont  les  flots  tumultueux  remplissaient  le  vaste  édifice  :  w  Quant  à  vous,  peuple 
de  Paris,  exemplaire  de  notre  religion,  voyez  combien  ce  bon  prince  vous  a 
aimés!  Il  vous  a  faits  héritiers  de  son  cœur;  c'est  pour  vous  donner  à  entendre 
qu'ainsi  qu'il  a  eu  le  cœur  si  ferme  en  les  querelles  et  la  cause  de  Dieu,  vous 
l'ayez  aussi  1.i> 

1  Le  0  mars,  te  président  de  Thou  écrivait  à  vault  h  autre  chose,  sinon  à  faire  crier  et  scanda- 
Catherine  :  «  Je  vous  supplie,  Madame,  qu'il  soit  tiser  ce  peuple  qui  dit  qu'on  veult  le  faire  guarder 
procédé  au  jugement  du  prisonnier;  sa  garde  ne        pour  le  faire  desdire,  et  si  ainsy  estoist  qu'il  va» 


. 


INTRODI  GTION.  CL1S 

Le  souvenir  de  ces  trois  journées,   la  première  de  sang,  les  deux  autres  de 
deuil,  coûtera  la -vie  à  plus  d'un  huguenot. 

Coligny  rentra  à  Orléans  le  3  mars;  dans  les  deux  réunions  du  conseil  du  roi 
qui  suivirent  son  arrivée,  el  où  il  assista,  il  prit  chaudement  la  défense  de  la  liberté 
religieuse;  il  obtint  pour  les  réformés  des  temples  dans  trois  villes  par  bailliage; 
concession  importante,  puisque  les  prêches,  par  le  nouvel  édit,  n'étaient  autorisés 
que  dans  les  faubourgs;  il  obtint  également  que  les  gentilshommes  de  la  prévôté 
et  de  la  vicomte  de  Paris  jouiraient  dans  leurs  maisons  de  la  même  liberté  reli- 
gieuse dont  on  userait  ailleurs;  ces  concessions  lui  parurent  sans  doute  suffisantes; 
il  dut  s'en  déclarer  satisfait,  puisque  Middlemore  éçrivaità  Elisabeth  :  (tfamiral 
trouve  bien  maintenant  tout  ce  que  naguère,  en  venant  à  Orléans,  il  repoussai! 
si  vivement,  et  il  se  contente  des  rigoureuses  conditions  acceptées  par  le  prince 
de  Condé  pendant  son  absence1.  Le  prince  et  lui  m'ont  dit  qu'ils  n'avaient  encore 
parlé  que  d'une  manière  générale  à  la  reine  mère  des  demandes  de  Voire  Majesté. 
mais  j'ai  des  raisons  de  croire  que  c'est  un  point  arrêté,  car  à  chaque  occasion 
ils  me  font  entendre  que  la  reine  mère  et  le  conseil  ne  consentiront  jamais  a  la 
remise  immédiate  de  Calais,  mais  maintiendront  le  terme  fixé  par  le  traité,  offrant 
d'en  donner,  s'il  le  faut,  de  plus  fortes  garanties,  ce  que  j'ai  refusé;  v  et  il  ajoute  : 
«Le  26  de  ce  mois,  le  prince  m'a  fait  prévenir  que,  sur  sa  demande,  la  reine 
mère  venait  d'appeler  ici  sir  Thomas  Smith  pour  prendre  part  à  leurs  délibéra- 
tions, et  m'a  prié  de  préciser  les  conditions  exigées  par  Votre  Majesté;  je  les  ai 
sommairement  rappelées  :  la  remise  de  Calais,  la  réédification  des  places  détruites 
et  la  restitution  des  sommes  avancées;  il  s'est  récrié  et  m'a  répondu  que  pour 
Calais  c'était  impossible,  qu'il  aimait  à  croire  que  Votre  Majesté  s'en  tiendrait  a  sa 
première  proclamation,  dans  laquelle  elle  avait  déclaré  quelle  ne  voulait  venir  en 
aide  qu'à  la  religion  et  au  roi  opprimé  par  des  usurpateurs;  si  maintenant  elle 


riast,  je  vous  laisse  à  penser  ce  que  l'on  pourroil 
dire.»  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  6610,  p.  1/1.) 
Le  17  mars,  il  écrivait  de  nouveau  à  Ca'herine  : 
rrll  a  semble  que  l'on  devoit  surseoir  la  pompe  du 
corps  mort  du  duc  de  Guise,  jusques  à  ce  que  la 
justice  eust  esté  faicte  du  corps  vivant  de  celuy 
qui  est  en  prison  pour  le  parricide  par  luy  [ira-' 
ditoirement  et  inhumainement  commis,  et  de  faict 
il  a  esté  ainsi  ordonné  par  crainte  de  veoir  le 
plus  grand  trouble  et  scandale  qui  oneques  advint 
en  ceste  ville  de  Paris,  dont  plusieurs  de  la  court  du 


Parlement  ont  bien  voulu  -.jus  advertir  et  envoyer 
personnage  exprès  devers  vous  pour  cesl  effect,  et 
de  ma  part,  je  vous  ay  bien  voulu  espripre  parlicu 
fièrement,   vous  suppliant  vouloir  croyre   qu 
crierîe  sur  ce  prisonnier  est  bien  mille  fois  plu 
grande  que  je  ne  le  poqrrois  dire  et  que,  votre  ré 
ponse  vue,  la  conclusion  et  résolution  est  prise  de 
faire  bonne  et  prompte  justice. i  (Ibid.)  Yov.  dans 
le  même  volume  les  Lettres  de  du  Tillel  à  Catherine, 
1  Voy.  dans  le  Calendar  of  State  papers  (  1 563  1 
les  lettres  de  Middelmore,  p.  a44,  ->i6. 


\ 


INTRODUCTION. 

voulait  garder  le  Havre  jusqu'à  la  remise  de  Calais,  témoignant  ainsi  qu'elle  n'a 
eu  en  vue,  ni  l'intérêt  de  la  religion,  ni  la  cause  du  roi,  mais  ses  propres  avan- 
tages, ce  serait  un  grand  discrédit  pour  la  cause  de  la  religion,  pour  elle  une 
grande  défaveur,  peut-être  l'occasion  de  la  perte  de  Calais  pour  toujours,  et  pour 
lui-même  ce  serait  une  grande  disgrâce,  un  tel  déshonneur  qu'il  ne  pourrait  plus 
lever  la  tête  ni  rendre  aucun  office  à  la  reine.  L'amiral  était  présent  à  l'entretien, 
et  en  tout  point  il  a  tenu  le  même  langage.  •»  Le  lendemain,  l'amiral  et  Condé 
firent  demander  à  Middlemore  communication  des  instructions  de  Throckmorton 
et  des  réponses  qui  y  avaient  été  faites;  après  en  avoir  pris  connaissance,  ils  eurent 
avec  lui  une  nouvelle  entrevue  et  lui  annoncèrent  tout  d'abord  le  prochain  départ 
pour  Londres  de  Briquemault,  que  la  reine  Elisabeth  connaissait  de  vieille  date 
et  qui  était  chargé  d'insister  auprès  d'elle  pour  obtenir  qu'elle  renonçât  pour  le 
moment  à  la  reddition  de  Calais,  et  se  contentât  de  quelque  autre  garantie;  une 
concession  de  sa  part  permettrait  de  mener  à  bonne  fin  une  alliance  entre  les 
deux  royaumes;  Middlemore  répondit  que  la  meilleure  voie  pour  y  parvenir,  c'était 
de  tenir  ses  engagements'. 

Smith  ne  sera  pas  plus  heureux  dans  sa  négociation.  Catherine  le  reçut  avec 
plus  de  courtoisie  qu'elle  ne  l'avait  fait  auparavant;  aux  félicitations  qu'il  lui 
adressa  pour  la  paix,  elle  répondit  qu'elle  ne  doutait  pas  qu'il  n'en  fût  aussi  dé- 
sireux qu'elle.  Smith  lui  ayant  manifesté  le  désir  de  parler  au  prince  de  Condé, 
qu'il  n'avait  jamais  eu  l'honneur  de  voir,  quoiqu'il  n'eût  pour  lui  aucune  commis- 
sion de  la  reine  sa  maîtresse2  :  ce  Ce  n'en  sera  que  mieux,  -n  reprit-elle,  et  le  conné- 
table, qui  était  présent,  dit  de  même.  Il  lui  demanda  encore  si,  aujourd'hui  que 
tout  était  pacifié,  elle  était  dans  l'intention  de  donner  satisfaction  à  la  reine,  elle 
répliqua  :  ttAvez-vous  un  pouvoir  particulier  pour  m'en  entretenir ??  crNon,  reprit 
Smith,  je  n'ai  que  le  pouvoir  général  qu'ont  tous  les  ambassadeurs,  mais  l'objet 
de  ma  demande  est  bien  connu,  -n  et  Est-il  vrai,  reprit-elle,  que  votre  maîtresse  se 
contentera  de  l'ancien  traité  et  nous  rendra  le  Havre? n  Smith  répondit  qu'il  était 
opportun  et  convenable  de  remplir  d'abord  les  clauses  de  ce  traité  :  et  Bien,  dit- 
elle;  si  votre  maîtresse  ne  réclame  que  ce  qui  lui  est  dû,  elle  sera  satisfaite,  n  II. 
répondit  qu'elle  ne  prétendait  qu'à  son  droit,  et  que  cependant  elle  avait  lieu  de 
se  plaindre  de  ce  qu'on  retenait  certains  vaisseaux  marchands  sous  le  prétexte 
qu'on  était  en  guerre  :  et  Est-ce  que  garder  le  Havre  n'est  pas  un  cas  de  guerre, 

Calcndar  of  State  papers  (i503),  p.  \ihb.  —  '  Ibi'L,  p.  a5o. 


INTRODUCTION. 

répliqua  Catherine?  Finissons-en  avec  les  grandes  affaires,  ajouta-t-elle ,  le  reste 
sera  facile  à  traiter,  d  L'ambassadeur  observant  qu'il  fallail  savoir  à  quoi  s'en  tenir, 
et  déclarer  en  définitive  si  on  voulait  ou  la  paix  ou  la  guerre:  a  Nous  voulons  la 
paix,  lui  dit-elle,  et  puisque  vous  désirez  voir  le  prince  de  Condé,  causez-en  avec 
lui.-  Sur  cette  dernière  parole,  elle  rompit  l'entretien  '. 

Catherine  était  dans  son  rôle:  voyant  les  défiances  d'Elisabeth  s'accroître,  son 
ressentiment  grandir  contre  Condé  et  l'amiral,  spectatrice  impassible  de  cette  que- 
relle dont  elle  entendait  bien  recueillir  les  fruits,  ne  s'y  mêlant  que  pour  l'enve- 
nimer, elle  les  laissera  se  débattre  et  récriminer  jusqu'au  moment  où  elle  pourra 
se  retourner  contre  l'Angleterre  avec  toutes  les  forces  de  la  France.  Sur  son  invi- 
tation, Smith  alla  donc  coucher  cette  nuit-là  à  Orléans,  et  après  souper,  il  se 
rendit  au  logis  de  Condé  qui  était  tout  à  la  fois  gouverneur  de  la  ville  et  lieute- 
nant général  de  toutes  les  forces  du  camp;  il  n'y  eut  de  présent  à  l'entretien  que 
l'amiral.  Condé,  avec  cette  faconde  et  cette  manière  chaleureuse  de  dire  que  ne 
put  s'empêcher  d'admirer  Smith,  rappela  tout  ce  que  la  reine  avait  fait  pour  leur 
cause;  mais  ayant  été  si  longtemps  prisonnier,  et  l'amiral  ayant  eu  auprès  de  lui 
Throckmorton  avec  lequel  il  était  resté  depuis  en  correspondance  ,  il  serait  plus  à 
même  que  lui  de  savoir  ce  qui  s'était  passé  et  d'y  répondre  avec  plus  d'exactitude; 
c'était  habilement  mettre  à  couvert  sa  responsabilité.  L'amiral  prit  la  parole  :  il 
îappela  les  entretiens  qu'il  avait  eus  avec  Middlemore  d'abord,  puis  avec  Tbrock- 
morton:  il  rappela  que  la  reine  Elisabeth  l'avait  tout  dernièrement  vivement  en- 
gagé à  traiter,  car  les  charges  de  la  guerre  étaient  devenues  trop  lourdes  pour 
qu'elle  pût  continuer  à  les  supporter  à  elle  seule;  en  réalité,  ils  n'ont  donc  fait 
qu'obtempérer  à  ses  désirs  si  nettement  exprimés;  d'ailleurs,  ils  ne  lui  ont  rien 
laissé  ignorer  des  négociations  entamées,  et  ont  ainsi  rempli  vis-à-vis  d'elle  tous 
leurs  engagements.  Que  pouvait  répondre  l'ambassadeur?  Il  fit  appel  à  leur  hon- 
neur; ils  connaissaient  bien  les  droits  de  la  reine  sa  maîtresse,  elle  ne  voulait  que 
Calais,  et  quant  au  reste,  on  se  mettrait  bien  vite  d'accord;  tous  deux  répondirent 
spontanément  qu'ils  ne  se  reconnaissaient  pas  le  droit  de  livrer  aucune  des  villes 
de  France  ;  que  le  roi  seul  et  la  reine  en  avaient  le  pouvoir.  L'ambassadeur,  énii- 
mérant  les  divers  motifs  pour  lesquels  la  reine  leur  était  venue  en  aide,  insista  de 
nouveau  sur  le  droit  formel  qu'elle  avait  sur  Calais,  et  se  reporta  au  mémoire 
qu'il  avait  remis  à  la  reine  mère  le  19  décembre  dernier;  le  prince  et  l'amiral 

1   Voyez  ia  lettre  de  Smith  à  Elisabeth  dans  le  Calendar  of  State  papers  (1 5G3  ) ,  p.  q5o. 

Catherine  de  Médicis.  —  i.  u 


,;,a,i  INTRODUCTION. 

lui  demandèrent  s'il  en  avait  apporté  avec  lui  une  copie;  et  sur  sa  réponse  néga- 
tive, la  conférence  fut  remise1. 

Le  lendemain,  98  mars,  qui  était  un  dimanche,  l'amiral,  le  prince  et  leurs  ca- 
pitaines se  rendirent  à  l'église  Sainte-Croix;  de  Bèze  prit  la  parole;  il  leur  remit 
sous  les  yeux  qu'à  pareil  jour,  l'année  d'auparavant,  ils  avaient  tous  fait  la  cène  à 
Meaux;  maintenant  ils  allaient  se  séparer,  mais  après  avoir  conquis  leur  liberté 
religieuse,  pas  aussi  étendue  pourtant  qu'ils  l'avaient  désirée;  il  ne  fallait  pas  moins 
en  rendre  grâces  à  Dieu.  Six  mille  personnes  prirent  part  à  la  cène,  ce  fut  comme 
l'adieu  de  de  Bèze;  il  quitta  Orléans  et  la  France,  désapprouvant  les  concessions 
faites  par  les  siens.  Smith  dîna  ce  jour-là  avec  le  prince,  l'amiral,  d'Andelot  et  la 
Rochefoucauld,  et  après  dîner  l'entretien  se  reprit;  les  questions  et  les  réponses 
ne  varièrent  guère  :  Smith  insistant  pour  que  la  reine  sa  maîtresse  fût  égale- 
ment satisfaite,  puisqu'ils  l'étaient  eux-mêmes,  l'amiral  demanda  à  Smith  dans 
les  termes  les  plus  vifs  à  quel  titre  et  pour  quelle  cause  les  iVnglais  étalent  entrés 
au  Havre,  et  si  ce  n'avait  pas  été  uniquement  pour  la  défense  de  la  religion  et  la 
sûreté  de  ceux  qui  la  pratiquaient.  Smith  répliqua  qu'il  n'était  pas  au  Havre, 
et  qu'ainsi  il  ne  pouvait  pas  connaître  à  quelles  conditions  les  forces  de  la  reine 
y  étaient  entrées,  ni  quelles  conventions  avaient  pu  être  faites.  Le  point  en  litige 
et  sur  lequel  insista  l'amiral,  c'était  d'établir  que  la  clause  de  la  restitution  de 
Calais  n'avait  pas  été  insérée  dans  la  proclamation  imprimée  à  Orléans.  Au  dire  de 
Smith,  elle  avait  été  mise  en  marge  de  l'original,  et  si  la  proclamation  imprimée 
à  Orléans  n'en  avait  pas  fait  mention ,  c'était  par  oubli.  La  discussion  s'aigrit  : 
l'amiral ,  tout  en  protestant  de  leur  reconnaissance,  déclara  que  s'ils  livraient 
maintenant  Calais,  ou  si  la  reine  gardait  encore  le  Havre,  ce  serait  à  jamais  sur 
leur  nom  une  note  d'infamie,  non  seulement  dans  ce  siècle,  mais  dans  l'histoire: 
Smith  observant  qu'il  n'y  avait  pas  plus  d'infamie  à  rendre  Calais  qu'à  restituer 
les  villes  du  Piémont  :  s  Je  l'accorde,  reprit  l'amiral,  mais  le  temps  n'en  est  pas 
venu.;  la  reine  aura  Calais,  mais  ne  peut-elle  pas  attendre  sous  bonne  garantie  ?- 
A  cela,  Smith  échauffé  par  la  discussion ,  répondit  :  tr  Quelle  assurance  peut-on  at- 
tendre des  Français  qui  ne  tiennent  ni  promesse,  ni  traité,  ni  rien  qui  puisse  les 
lier?  nous  n'avons  qu'à  garder  ce  que  nous  tenons  et  en  appeler  aux  armes;  avec 
les  Français,  c'est  la  seule  assurance  certaine2.')! 

Le  ier  avril,  Smith  revit  encore  le  prince  de  Condé  et  l'amiral,  mais  cette  fois 

\  >yez  la  lettre  de  Smith  à  Elisabeth  dans  le  Galendar  0/  State papers  (i563),  p.  a5i.  —  !  Ibid.. 
[).  -2Ô3  et  suiv. 


INTRODUCTION.  clxiii 

séparément;  Condé,  pour  échapper  à  la  discussion,  mit  en  a\anl  des  propositions 

chimériques;  il  proposa  de  marier  Charles  IX  avec  la  reine;  Smith  lui  répliqua 
qu'une  union  si  disproportionnée  ferait  dire  de  la  reine  ce  qu'on, avait  dit  de  sa 
sœur  la  reine  Marie,  qu'elle  étail  la  grand'mère  du  roi  son  époux1;  ce  n'était  vrai- 
ment pas  sérieux .  et  l'amiral,  lorsque  Smith  vint  le  retrouver,  en  quittant  Coudé. 
le  reconnut  lui-même;  il  annonça  à  Smith  que  le  départ  de  Briquemault  pour 
I  \ngleterre  était  fixé  au  lendemain;  puis,  il  revint  avec  amertume  sur  le  passé  : 
s'il  avait  pu  avoir  seulement  treize  jours  plus  lût  le  subside  promis,  ils  ne  se  se- 
raient pas  contentés  de  l'accord  qu'ils  avaient  été  forcés  d'accepter;  sans  aucun 
doute,  il  aurait  fait  lever  à  Guise  le  siège  d'Orléans,  imposé  d'autres  conditions, 
>'t  maîtres  de  la  situation,  ils  auraient  pu  répondre  tout  autrement  aux  demandes 
de  la  reine  qu'ils  ne  le  font  aujourd'hui;  mais,  dans  l'état  des  choses,  il  espérait 
qu'elle  voudrait  bien  se  contenter  de  leurs  offres.  Cette  réponse  arrachée  par  les 
entraînements  de  la  discussion,  montre  bien  quels  dangers  menaçaient  la  France, 
si  Catherine  n'avait  pas  traité  coûte  que  coûte  avec  Condé. 

_  C'est  à  la  paix  d'Amboise  que  s'arrête  ce  premier  volume  de  la  correspondance 
de  Catherine  de  Médicis;  il  renferme  les  lettres  qu'elle  a  écrites  durant  trente 
années.  Les  volumes  suivants  comprendront  les  lettres  des  vingt-cinq  dernières 
années  de  sa  vie,  années  plus  remplies,  plus  attristées  encore  par  les  passions 
religieuses  et  les  guerres  civiles,  mais  cette  première  période  a  un  caractère  tout 
particulier  :  Catherine  s*y  montre  à  nous  sous  plusieurs  aspects  peu  connus  et  qui 
méritaient  d'être  étudiés  à  part.  ' 

Dans  cette  introduction  nous  avons  donc  été  amené  à  rechercher  les  influences 
qui  dans  sa  jeunesse  ont  pu  réagir  sur  son  caractère,  les  impressions  qu'elle  ressentit 
des  événements  où  elle  se  trouva  mêlée,  et  les  souvenirs  qu'elle  emporta  d'Italie. 

Sous  François  Ier,  nous  avons  suivi  ses  premiers  pas  à  la  cour,  nous  l'avons 
montrée  se  ménageant  l'appui  de  Marguerite  d'Angoulème  et  de  la  duchessr 
d'Etampes,  à  force  d'habileté  se  faisant  admettre  dans  l'intimité  de  François  I'  . 
s'y  affermissant  et  gagnant  si  bien  sou  affection,  que  ce  sera  sa  meilleure  sauve- 
garde pour  détourner  la  menace  d'une  répudiation. 

Sous  Henri  II,  reléguée  au  second  rang  par  l'ambition  jalouse  de  Diane  de 
Poitiers,  elle  se  renferme  dans  ses  devoirs  d'épouse  soumise  et  de  mère  dévouée, 
et  se  consacre  Uniquement  aux  soins  de  ses  enfants;  appelée  momentanément 
comme  régente  au  gouvernement  de  la  France,  elle  est  mise  de  nouveau  à  l'écart 

'  Voyez  la  lettre  de  Smith  à  Elisabeth  dans  te  Calendar  of  State  papers  (i563),  p.  afi3. 


exuv  INTRODUCTION. 

pour  y  avoir  peut-être  révélé  de  trop  grandes  aptitudes,  et  une  supériorité  mar- 
quée; enfin  elle  ne  reparaît  sur  la  scène  qu'après  le  désastre  de  Saint-Quentin; 
quand  tous  désespéraient  elle  rend  du  cœur  à  Paris,  arrache  par  son  éloquence 
un  subside  au  Parlement,  et  en  un  seul  jour  ramène  à  elle  l'opinion  publique. 

Sous  François  II,  privée  peu  à  peu  de  toute  influence  par  les  Guises,  elle  reprend 
à  Amboise  la  part  d'autorité  qu'elle  ambitionnait;  elle  demande  conseil  à  Coligny, 
lait  venir  du  Piémont  L'Hospilal,  et  s'associe  aux  premières  mesures  de  tolérance 
religieuse;  puis  par  un  de  ces  brusques  changements  dont  elle  était  coutumière, 
elle  se  rejette  du  côté  des  Guises,  et  les  aide  à  attirer  les  Bourbons  à  Orléans; 
enfin  au  moment  où  l'arrêt  de  mort  contre  Condé  allait  être  rendu,  surprise  par 
la  maladie  du  jeune  roi,  mais  non  déconcertée,  elle  revient  au  roi  de  Navarre, 
rappelle  à  Orléans  Coligny  et  le  connétable,  et  le  lendemain  de  la  mort  de  Fran- 
çois II,  s'aidant  de  leur  influence,  elle  s'empare  de  cette  suprême  autorité,  le  but 
de  sa  vie,  et  que  jusqu'alors  elle  n'avait  pu  atteindre. 

Sous  Charles  IX,  elle  est  tout  d'abord  en  lutte  avec  les  compétitions  am- 
bitieuses qui  s'agitaient  autour  d'elle  et  qu'elle  neutralisait  les  unes  par  les 
autres;  mais  forte  de  cette  conviction  qu'elle  eut  toujours,  que  de  la  pacification 
religieuse  dépendait  l'apaisement  politique,  elle  essaye  de  la  transaction  tour  à 
tour  par  l'édit  d'avril,  le  colloque  de  Poissy  et  ledit  de  janvier;  elle  résiste  aux 
remontrances  de  l'Espagne ,  et  pour  se  soustraire  à  la  domination  des  triumvirs , 
elle  fait  appel  à  Condé  et  implore  son  appui  pour  elle  et  ses  enfants.  Après  Vassy, 
ramenée  par  les  triumvirs  à  Paris,  elle  leur  échappe  bientôt  pour  aller  à  Mon- 
ceaux tenter  de  nouvelles  négociations  avec  ceux  d'Orléans;  à  l'entrevue  de 
ïoury  elle  fait  de  vains  efforts  en  faveur  de  la  paix;  au  retour  du  siège  de  Rouen, 
et  presque  à  la  veille  de  la  bataille  de  Dreux,  elle  essaye  une  dernière  fois  de 
traiter  avec  Condé  sous  les  murs  de  Paris;  enfin  lorsque,  après  la  mort  du  roi  de 
Navarre  et  du  maréchal  de  Saint-André,  l'assassinat  du  duc  de  Guise  lui  a  laissé 
le  champ  libre,  elle  arrache  à  l'impatience  et  à  l'ambition  de  Condé  cette  paix 
d'Amboise  qui  a  sauvé  la  France  de  la  ruine  et  d'un  démembrement. 

Dans  une  lettre  au  cardinal  de  Lorraine,  elle  en  a  résumé  les  tristes  nécessités: 
nous  ne  pouvons  mieux  finir  qu'en  lui  empruntant  ce  passage  :  a  Nous  avons  vu, 
lui  dit-elle,  tant  de  mal  se  préparer  à  l'entière  ruine  de  ce  royaume  par  les  levées 
qui  se  faisoient  pour  les  autres  en  Allemagne,  les  menaces  de  ceux  de  l'Empire  sur 
la  restitution  de  Metz1,  dont  nous  ne  savons  encore  ce  qui  sortira,  les  Anglois 

'    Cakndar  of  State pnpcrs  (i563),  p.  a63. 


INTRODUCTION.  ci.xn 

étendre  m  avant  leurs  desseins,  que  déjà  la  basse  Normandie  étoii  quasi  à  leur 
dévotion1.  le  château  de  Caen  perdu,  notre  royaume  plus  épuisé,  comme  vous 
pouvez  savoir,  nos  amis  si  froids  et  dont  les  desseins  sont  aussi  à  craindre'2;  tout 
cela  amassé'  ensemble  et  mis  en  bonne  considération,  a  été  cause  qu'il  valoil  mieux 
conserver  le  roi  et  le  royaume  que  de  l'exposer  à  un  apparent  et  véritable  danger 
par  l'introduction  de  tant  d'étrangers3.-^ 

M.  Guizol  a  donc  eu  raison  de  dire  :  tr  Si  au  point  de  vue  moral  un  ne  saurait 
juger  Catherine  de  Médicis  trop  sévèrement,  à  travers  tant  de  vices,  elle  eut  (1rs 
mérites;  elle  prit  à  cœur  la  ro\aulé  et  la  France;  elle  défendit  de  son  mieux, 
contre  les  Guises  et  l'Espagne,  l'indépendance  de  l'une  et  de  l'autre,  ne  voulant 
les  livrer  ni  aux  partis  extrêmes  ni  à  l'étranger 4.  n 


1  Au  moment  où  Coligny  quittait  la  Normandie, 
Elisabeth  lui  avait  fait"  offrir  par  Throckmorton 
d'en  devenir  lieutenant  générât ,  s'en  réservant  pour 
elle  la  souveraineté'.  (Instructions  de  Throckmor- 
ton,  Calcndar  of  State  papers ,  l563,  p.  ia5.)  Le 
•20  juin  i566,  Bellièvre,  alors  notre  ambassadeur 
en  Suisse,  écrivait  de  Soleure  à  M.  <le  MorvUliers, 
à  l'occasion  de  la  possibilité'  d'une  guerre  avec  l'Em- 
pire pour  la  possession  de  Metz  :  *Nous  sommes  as- 
seurés,  disait-il.  de  n'avoir  point  d'Allemands  à 
notre  secours,  et  les  ayant,  nous  ne  nous  y  devons 
•  fier  pour  l'infidélité  qui  est  en  cette  nation.  Nous 
serions  asseurés  que  l'Angleterre  n'oublieroit  pour 
celte  occasion  de  poursuivre  la  querelle  de  Calais;  - 
et  il  ajoute:  it  Philippe  II  est  maître  de  l'Italie  et  nous 


pourra  assaillir  avec  les  forces  de  celle  province  el 
s'il  nous  suscite  la  querelle  de  Metz  et  de  Calais. 
nos  ennemis  seront  redouble's.  Les  Snisses  nous 
restant,  nous  pourrions  lutter,  estant  cette  nation 
presque  toujours  invincible.-  i  Biblioth.  nat..  fonds 
français,  n°  15890.) 

'  Elle  fait  allusion  à  Philippe  II  qui ,  dans  un 
entretien  qu'il  eut  avec  Challoner,  l'ambassadem 
d'Angleterre  en  Espagne,  avait  admis  la  légitimité 
du  droit  d  Elisabeth  à  garder  le  Havre  en  garantie 
de  la  remise  de  Calais.  (  Calendar  of  State  papers . 
1  563 .  p.  54i.) 


V 


ov.  p.  54o . 


lettre  de  Catherine, 


"  .Guizot,  introduction  à  I1 Histoire  de  lu  foin 
delà  république  des  Provinces-Unies,  p.  lxvvii. 


LISTE 


DES 


OUVRAGES  QUI  ONT  ETE  CONSULTES. 


FRANÇAIS. 

inquetil,  L'esprit  de  la  ligue,  Paris,  1782,  3  vol.  in-12. 

Aubais  (Marquis  d'),  Pièces  fugitives  pour  servira  l'histoire  de  France,  de  1711,1  à  i-."h.  Paris,  i  "7  ■  >  <  * 

:!  vol.  in-/t°. 
Aubigné  (I)'i.  HisL  universelle .  Maille,  1616,  in-f'ol. 
tabigné  i  Mémoires  de  d'),  Paris,  Charpentier,  iti-ia. 

Vumale  (Duc  il  ),  Histoire  des  princes  delà  maison  de  Coude,  Paris,  i5(n>.  in-8 
Baguenault  de  Puchesse,  Hist.  du  concih  de  Trente,  Paris,  Palmé,  1870.  in-8  . 
Baguenault  de  Puchesse,  Hist,  de  MorvilUers,  Paris,  Didier,  1870,  in-8  . 
Baluze,  llisi.  généalogique  de  I"  maison  d'Auvergne,  Paris,  1708,  in-fol. 
Baschel  (  Lrmand ) ,  Journal  du  concile  de  Trente,  Paris,  l'Ion,  1870,  in-ia.  . 

Baschet  (Armand).  La  jeunesse  de  Catherine  de  \Iédicis ,  traduct.  du  livre  de  M.  de  Reunion I .  Paris .  Pion .  1  866. 
Baschel  (Armand),  Lu  diplomatie  vénitienne,  Paris,  Pion,  1862.  in-8". 
Bèze  (Théodore  de),  Hist.  des  églises  réformées,  Lille,  i84i.  3  vol.  in-8". 
Billon,  Le  Fort  inexpugnable  de  l'honneui  féminin,  Paris,  i55o.  in-/i  . 
Bonnafé,  Inventaire  des  meubles  de  Catherine  de  Mcdicis ,  Paris,  Auhry,  iMli'i.  in-12. 
Bonnet  (Jules),  Lettres  françaises  de  Calvin,  Paris.  Meyraeis,  i85i.  a  vol.  in-8  . 
Bonnet  (Jules),  Mémoires  de  la  vie  de  Jeun  de  Partkenay,  sieur  de  Soubise,  Paris.  ViHiem,  1  87g 
Bossuel ,  Hist.  des  variations  de  l'église  protestante,  Paris ,  Charpentier,  1 8/1  'i .  in- 1  ■> . 
Mouche  (Honoré),  La  Chorographie de  la  Provence,  Ai\.  David,  [664,  in-fol . 
Bouille,  Les  ducs  de  Guise,  Paris.  Amyot.  i84a.  in-8°. 
Bourquelot,  Le  journal  de  Claude  Haton  (Documents  inédits). 
Brantôme;  «dit.  de  L.  Lalanne  (Société  de  l'Hisl.  de  France). 
Bras  de  Bourgueville,  Les  recherches  et  antiquités  de  la  Neustrie,  Caen,  1 588-  in-8 
Castelnau  (Mémoires  de) ,  édit.  de  Le  Laboureur,  Bruxelles,  17 '21.  3  vol.jn-lbl. 
Cimber  et  Danjou,  Archives  curieuses  de  l'hisl.  de  France. 
Charles  Read .  Le  Tigre,  réimpress.,  Paris,  1870,  in-12. 


clxvui  LISTE  DES  OUVRAGES  CONSULTÉS. 

Charrière,  Négociations  de  la  France  avec  le  Levant  (Documents  inédits). 

Cliorier.  Hist.  du  Dauphiné,  Grenoble,  1661,  in-fol. 

Coquerel  (ils ,  Précis  de  l'histoire  réformée  de  Paris,  Strasbourg,  1862 ,  in-8". 

Condé  (Mémoires  de),  édit.  de  la  Haye,  1  yi3 ,  6  vol.  in-4". 

Corbinelli,  Généalogie  de  la  maison  de  Gondi,  Paris,  1705,  in-4°. 

Grespin,  Hist.  des  martyrs,  Genève,  1619,  in-fol. 

Groze  (De),  Les  Guises  et  les  Valois,  Paris,  Amyot,  1866,  in-8". 

Dai'este  (Rod.),  Etude  sur  François  Hotman,  dans  la  Revue  historique  de  Monod  et  Paginez ,  1  876. 

Davila,  Hist.  des  guerres  civiles  de  France,  trad.  par  l'abbé  M.  .  .,  Amsterdam,  1767,  in-4*. 

Delaborde  (Comte"),  Hist.  d'Elconorc  de  Roye,  Paris,  Sandoz,  1876,  in-8°. 

Uelaborde  (Comte),  Les  protestants  à  la  cour  de  Saint-Germain,  Paris,  Sandoz,  1876,  in-8°. 

Delaborde  (Comte),  Vie  de  Coliguy,  Paris,  Sandoz,  1879. 

Desjardins,  Négociations  avec  la  Toscane  (Documents  inédits). 

Du  Rouchet,  Preuves  de  l'illustre  maison  de  Coligny,  Paris,  i56a  ,  in-fol. 

Du  Bellay  (Mémoires  de),  collect.  de  Micbaud  et  Poujoulal,  1"  série,  t.  V. 

Dupuy,  Instructions  cl  lettres  et  autres  actes  concernant  le  concile  de  Trente,  Paris,  Cramoisy,  17.54,  iti-'i  . 

Este  (Hippolyte  d'),  cardinal  de  Ferrare,  Négociations ,  Paris,  Simon  Piget,  1 058 ,  in-4°. 

Fleuranges  (Mémoires  de),  collect.  de  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série,  t.  IV. 

Floquet,  Hist.  du  Parlement  de  Normandie,  Rouen,  i8&2,  7  vol.  in-8°. 

Floquet,  Rente  rétrospective  normande,  Rouen,  18/12,  grand  in-8". 

Gacbard,  Correspondances  de  Philippe  II,  Bruxelles,  18/18,  in-8°. 

Gacbard,  Don  Carlos  et  Philippe  II,  Bruxelles,  t863,  in-8°. 

Groen  van  Pristerer,  Archives  de  la  maison  d' Orange-Nassau,  Leyde,  18/17,  9  vo'-  m_8°. 

Guiffrey  (Georges),  Lettres  de  Diane  de  Poitiers,  Paris,  Renouard,  18G6,  1  vol.  in-8'. 

Guise  (Mémoires  du  duc  de),  collect.  de  Micbaud  et  Poujoulat,  1™  série,  t.  VI. 

Haag,  La  France  protestante ,  10  vol.  in-8°. 

Hilarion  de  Coste,  Les  Eloges  et  les  ries  des  dames  illustres,  Paris,  Cramoisy,  16/17,  '""  ''"• 

Hist.  de  Metz,  par  les  Bénédictins,  Metz,  1769,  in-/i°. 

Hist.  du  tumulte  d'Amboise,  s.  1.  n.  d. ,  i56o. 

Labanoff,  Lettres  de  Marie  Stuart,  Londres,  18/1  h.  7  vol.  in-8°. 

La  Ferrière  (Hector  de),  La  Chasse  sons  les  Valois,  Paris,  Aubry,  1869.  in-12. 

Lalanne  (L.),  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris  sous  François  I"  (Société  de  l'hist.  de  France), 

La  Noue,  Mémoires,  collect.  de  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série,  t.  IX. 

La  Priusc  de  Lyon  par  les  fidèles,  le  dernier  d'avril  i56a ,  Lyon,  i56a. 

Leroux  de  Lincy,  Notice  sur  la  bibliothèque  de  Catherine  de  Médias,  Techener,  1859,  in-8°. 

Les  Archives  de  l'art  français. 

L'Hermite de Soliers,  La  Toscane françoise ,  Paris,  Piot,  i66i,in-6°. 

L'Hospital  (Michel  de).  OEuvres,  Paris,  i'8a5,  5  vol.  in-8*. 


LISTE  DES  OUVRAGES  CONSULTES.  cuis 

Loriquet,  Correspondance  de  Bubon  de  la  Bourdaisiire ,  Reims,  1859,  in-8". 
Lutteroth,  Lu  réformation  en  France  pendant  sa  première- période,  Paris,  îSSg,  in-8". 
VIervai  (Louis  de),  Entrée  de  Henri  II  à  Rouen,  Rouen,  1868,  iu-'i",  Gg. 
Mergej  1  Mémoires  de),  coilect.  de  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série,  t.  IX. 
Mesnard.  Ilist.  de  Nimes,  Paris,  1750,  7  vol.  in-'i ". 
Mignet,  Élude  sur  les  lettres  de  Calvin  (Journal  des  Semants-,  1857). 
Mordue,  édit.  de  Ruble  (Société  de  l'Hist.  do  France). 

Motley,  Hist.  de  lafondation  de  la  république  des  Provinces-Unies,  introd.  par  Guizol ,  Paris  -  1  85g,  '■'<  vol.  in-S". 
Nestor,  Histoire  des  hommes  illustres  de  la  maison  de  Médias,  Paris,  i566. 
Orme  (Philibert  do  1),  Œuvres,  Paris,  in- fol. 

Paradin  (Guillaume),  Hist.  de  nostre  temps,  Lyon,  J.  de  Tournes,  1 558 -  in-18. 
Paradin,  Mémoires  de  l'hist.  de  Lyon,  Lyon,  1873,  in-fbl. 
Paris  (Louis),  Le  cabinet  historique. 

Paris  (Louis),  Négociations  sous  François  II  (Documents  inédits). 
Pasquier  (Estienne),  Lettres,  Paris,  Laurent  Sonnius,  1619,  in-12. 
Pinard.  Chronologie  militaire,  Paris,  17O0,  8  vol.  in-/i". 
Plancher  (Doni),  Hist.  de  Bourgogne,  in-/i°. 
Popelinière  (La),  Hist.  de  France,  i58i,  in-fol. 

Hanke,  Histoire  de  France  au  zn'  siècle,  trad.,  Porchat,  Paris,  i854,  3  vol.  in-8". 
Raynal  (Louis),  Histoire  (lu  Bemj,  Paris,  i845,  3  vol.  in-8°. 

Piégnier  do  la  Planche,  Hist.  de  France  sous  François  II ,  édit.  Mennechet,  Paris  Techener,  in-fol. 
Revue  rétrospective,  Paris,  i834  et  suiv.,  20  vol.  in-8°. 
fiibier,  Lettres  et  mém.  d'Eslat,  Paris,  1686,  2  vol.  in-fol. 

Saconay  (Gabriel  de),  Discours  des  premiers  troubles  advenus  à  Lyon  en  i56s,  Lyon,  i5(Jt|.  in-8  . 
Saint-Aubin,  Hist.  de  Lyon,  Lyon,  t56o,  in-fol. 

Saulx-Tavannes  (Mémoires  de),  coilect.  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série,  I.  VIII. 
Société  de  l'hist.  du  protestantisme  français,  Bulletin  hist.  et  litl. ,  in-8". 
Taillandier,  Becherches sur  L'ilospital,  Paris,  Didot,  1861,  in-8°. 
Tessier,  Etude  sur  l'amiral  Coligny,  Paris,  Sandoz,  1872. 

Teulet,  Relations  politiques  de  la  France  et  de  l'Espagne  avec  l'Ecosse,  Paris,  Renouard,  1862  ,  5  vol.  in-8  . 
Thon  (De),  Hist.  universelle,  trad.,  Londres,  1734,  1G  vol.  in-6°. 
Tommaseo,  Les  Ambassadeurs  vénitiens  (Documents  inédits). 
Vaissète  (Doni),  Hist.  du  Languedoc,  Paris,  1730,  5  vol.  in-fol. 
Verlot,  Ambassades  des  Nouilles,  Paris,  1763,  in-12. 
Vieilleville  (Mémoires  de),  coilect.  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série,  t.  1\. 
Weiss,  Papiers  d'État  du  cardinal  de  Granvelle  (Documents  inédits). 


Catherine  de  Médius. —  1. 


LISTE  DES  OUVRAGES  CONSULTÉS. 


ITALIENS. 


Alberi,  Relazioni  degli  ambasciatori  Veneti,  Florence,  1860,  in-8". 

\lberi,  Vita  diCaterina  di  Medici,  Firenze,  1 838,  in-80. 
Ammirato  (Scipione),  Storia  Fiorentina,  Florence,  1827.  in-8\ 
Ariosto  (Ludovico),  Opère  minori,  édit.  de  Le  Monnier. 
Delizie  degli  eruditi  Toscani,  Firenze,  i58o,  in-8°. 
Fabroni,  Leonis  X  vita,  Pise,  1797. 
Fabroni ,  Vita  di  Lorenzo  di  Medici. 
Giornale  slorico  degli  archivii  Toscani,  in-8°. 

fiiovanni  (Francesci),  Vita  délia  sig.  Maria  Salviati,  inadre  di  Cosimo,  in  Roina,  i555,  in-i 
Guicciardini  (Francesco),  édit.  de  Milan,  i8o3,  10  vol.  in-8°. 
Jove  (Paul),  Historia  sni  temporis,  Firenze,  i55i,  in-4°. 
La  Toscana  illustrala  nella  sua  storia,  Livourne,  i563. 

Lettere  a  Bencdetlo  Varchi  sugli  avenimenti  dell'  assedio  di  Firenze,  Pisa,  182a,  in-8". 
Lettere  di principi ,  Venise,  Ziletti,  i58i,  in-6°. 
Litta,  Famiglie  celebri  Ital.,  in-fol. 

Lo  Assedio  e  empresa  di  Firenze,  Venise,  Bondoni,  i53i,  in-i  2. 
Mellini,  Ricordi  del  granduca  Cosimo  I,  publiés  par  Moreni,  1820  ,  in-8". 
Molini,  Documenti  di  storia  Italiana  (i522  al  i53o),  s.  1.  n.  d.,  m-'t\ 
Nardi,  La  Storia  di  Firenze,  Lione,  l553,in-4°. 
Nicolini,  Vita  di  Filippo  Strozzi ,  Firenze,  18/17,  in-ia. 
Pallavicini,  ht.  del  concilio  di  Trenta,  Roma,  i55o-i557,  in-fo1- 
Kicha,  Notizie  délie  ckiese  Florentine,  Firenze,  1757-1761,  in-&°. 
Sansovino,  Délie  origine  e  de/atti  délie  famiglie  illustri,  Venise,  i582  ,  în-4". 
Sarpi  (Fra  Paolo),  [st.  del  concilio  di  Trenta,  Londres,  1619,  in-fol. 
Segni,  Storia  Fiorentina,  August.,  1723,  in-fol. 

Série  d'aulori  di  opère  risguardanti  la  célèbre famigUa  Medici,  Firenze,  Magheri,  1826,  in-8*. 
Varcbi,  Histoire  des  révolutions  de  Florence,  trad.,  Paris,  1765,  in-12. 
Vasari,  Opère,  Firenze,  1792. 
Zampini,  Elogio  di  Caterina  de  Medici,  Paris,  i586,  in-4°. 

ANGLAIS. 

Foibes,  Public  transactions  in  the  reign  of  queen  Elisabeth,  London,  1790,  12  vol.  iu-8".  in-4< 
Froude,  HislonjofEngland,  reign  of  Elisabeth,  London,  Longman.  i864. 
State papers,  Henri  VIII.  8  vol.  in-4°. 


LISTE  DES  OUVRAGES  CONSULTÉS. 
Siate papers ,  i5A3-i558,  i55g-i56o,  i56a-i563,  grand  in-8 
Trollope,  The girlhood  of  Catherine  de  Wedici,  Lonclon,  Chapmann,  i836. 
Zurich  Letters,  edited  for  the  Parker  society.  Cambridge,  i84ô,  in-8". 

LATINS. 

Calvin,  Opéra  omnia,  Amstelodami,  1(171.  in-foi. 

Ii isci  Hotomani  Epistolœ,  Amstelodami,  17110.  in-i  . 

Langue!  1  Hubert),  Arcana  secuti  decimi sexti ,  Halae  Hermanduror. .  1709,  ù>4° 


LETTRES 


DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1533.  —  2  septembre. 

Copié.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  ms.  186,  f  43. 

H    DEC  D'ALBANY'. 

Monseigneur  mon  oncle,  j'ay  receu  une 
lettre  que  m'avese  envoyé  par  Monsr  le  cont 
de  Tunarra2,  mon  bon  parent,  lequel  me 
diel  plusieures  choses  que  nie  sont  estez  forte 
agréables,  et  les  liens  en  mon  cueur  avec  les 
lettres  de  mon  maistre  le  Roy,  nostre  sire,  et 
lé  présens  qu'il  m'a  envoyez  contenant  la  pri- 
mer lettre  du  nom  de  Monsr  d'Orliense  son  fdz 
et  mon  mary.  de  quoy  je  le  marcy  grande- 
ment à  nostre  sire  le  Roy  et  à  son  lilz  Mons" 
d'Orliense  et  anchore  à  vous,  mon  oncle  et 

1  Jean  Sluart,  petit-fils  de  Jacques  II.  ici  d'Ecosse, 
né  en  France  en  î i 82 ,  nommé  régent  d'Ecosse  durant 
la  minorité  de  Jacques  V,  mort  le  9  juin  i536,  ne  lais- 
sant point  d'enfants  d'Anne  de  la  Tour  d'Auvergne,  com- 
tesse d'Auvergne,  tante  de  Catherine  de  Médicis.  — 
Voy.  Relations  de  la  France  et  de  l'Ecosse,  publiées  par 
Teulet,  1. 1,  p.  79;  Lettres  du  duc  d'Albany  au  Roi,  Bihl. 
nat.f.fr.  vol.  807^:  Francisque  Michel,  Les  Ecossais  en 
France,  1.  I ,  p.  33^  et  suiv. 

-  Sans  doute  Carrara,  Laurent  Cyho,  neveu  des  deux 
papes  Innocent  VIII  et  Léon  X.  qui  épousa  l'héritière 
de  Massa  et  de  Carrare;  ce  fut  lui  qui  porta  au  duc  d'Or- 
léans les  présents  que  luiemoyait  le  Saint-Père. 

1  1  :  h  1. m \ f.  ne  Médicis.  —  i. 


père;  et  pour  vous  fare  entendre  de  nous  no- 
vclles,  nous  partime  hière  de  Florense  et  à 
jorduy  sommes  venusàPistoye1,  où  nous  avons 
trové  Monsr  le  cont  de  Tunarra  mon  parenl 
desus  dict;  demain  à  soir,  plaisant  à  Dieu. 
nous  alogerons  à  Lucha,  jeudy  venant  à  Pelra 
sancta  et  vendredy  à  Massa  avec  Mous'  Reve- 
rendissimo  Cardinale  de  Cibo2.  Samedy  j'ay 
espérance  de  vous  parler  à  la  Spase3,  où  là 
après  ousy  comme  il  \ous  plara.  Le  présent 
porteur  sara  Raptiste4,  lequel  vous  coulera  de 
bouche  plus  à  plein;  ausy  nous  ataudons  res- 

ponse  de  vous  par  ung  nostre  homme  q le- 

peschimes  dy'manche. 

Et  à  voslre  bone  grâce  louljours  me  recom- 
mande. 

1   Elle  \  passa   un  jour  dans  la  maison  de  Gualtieri 
Panciatichi.  —  Voy.  de  Reamont.,  La  jeunesse  de  Catl 
de  Médicis,  Irad.  par  Armand  llaschet,  p.  187. 

-  Innocent  Cyho.  —  Voy.   Sansovino,    Origm 
famiglie  illustri,  édit,  de  Venise,  i65o,  p.  i55 

'■■  La  Spezzia. 

1  Jean-Raptiste  de  Gondi,  né  le  10  novembre  1Ô01  ; 
il  se  lit  naturaliser  Français  et  épousa,  en  l558,  Made- 
I  ine  Buonariti,  dam"  d'atour  de  Catherine  de  Médicis. 
veuve  de  Louis  Alamanni,  poète  distingué,  dont  Catherine 
avait  fait  un  de  ses  maîtres  d'hôtel.  —  Voy.  Corbinelli, 
Histoire  généalogique  de  la  maison  île  Gondi,  I.  I.  p.  a45. 


2  LETTRES  DE  CATH 

Escripl  à  Pisloye,  le  deusième  jour  de  sep- 

tembre  1 533. 

Figliola  et  nipote, 

Catemna  Medici. 

A   Monseigneur  Monseigneur  et  oncle,  mon  père  le  Duc 
d'Albanye. 


1533. 


septembre. 


Orig.  Bibl.  ont.  fonds  Dupuy,  ms.  486,  I*  55. 

W    DUC  D'ALBANY. 

Illuslrissimo  et  eccellentissimo  signore  mio 
osservandissimo,ho  înteso,  non  perô  da  certo 
au  tore,  che  le  navi  che  furono  lasciate  alla 
Spetia  son  mal  capitale  et  Venu  te  in  man  de 
le  fuste  di  Barbarossa1,  il  che  essendo,  che 
Dio  nol  vogli,  certo,  ne  havrei  grandissimo 
dispiacere,  et  pero  supplico  V.  Eccellenza 
ch'  ella  me  ne  dio  notitia  sapeudone  cosa 
certa. 

Et  perche  intendo  ch'  el  capitan  Gianazo  ha 
un  taniburino  che  suona  inolto  beue  queste 
danze  francesi,  et  desiderando  io  haverlo 
presso  di  me,  la  prego  che  per  amor  mio  gli 
Io  vogli  domandare  et  mandarmelo,  che  me 
ne  fara  gratia  singulare.  Ne  mi  accade  dirle 
altro,  se  non  che  la  signora  duchessa  di  Ca- 
uierino2,  la  signora  Maria  3  el  io  ci  racomman- 

'  Kliaïr-Edyn,  «lit  Chérédin  ou  Hariadan,  connu  sous 
le  nom  de  Barberousse;  en  i»i8,  il  succéda  à  son  frère 
Aroudj  sur  le  liône  d'Alger,  devint,  en  i  536,  capitan 
pacha  ,  et  mourut  à  Goostanlinople  en  juillet  î  ô  'ili.  Bran- 
tôme lui  a  consacré  un  article.  —  Voy.  Brantôme,  édll. 
.le  I,.  Lalanne,  t.  II,  p.  67,  et  P.  Jove,  liv.  XXXIII. 

2  Catherine  Cyho,  épouse  de  Jean-Marie  Varan©,  duc 
de  Camerino.  (Sansovino,  Origine  délia  famiglie  d'italia.) 

—  Voy.  sa  lettre  à  la  duchesse  de  Mantoue,  pour  la  prier 
de  faire  broder  à  Mantoue  les  robes  et  parements  de  la 
fiancée,  dans  la  Jeunesse  de  Catherine,  trad.  par  Armand 
Baschet,  p.  392. 

3  Marie  Salviati  de  Mediris,  fille  de  Jacques  Salviati 
1   de  Lucrèce  de  Médicis,  sœur  de  Léon  X,  veuve  en 

i5aC  de  Jean  de  Médicis,  chef  des  bandes  noires,  et 
mère  de  Côme,  premier  grand-duc  de  Florence. 


EBINE  DE  MEDICIS. 

danio  a  V.  Eccellenza  et  a  Monsignore  di  Si- 
rignano.  La  signora  Maria  rende  infinité  gralie 
de  le  gran  cortesie  cbe  le  uso  in  galea,  el  dire 
che  se  s'inconlra  cou  le  fuste  la  fara  molto 
maie,  poi  ch'ella  ne  e  fuori  con  noi  altre  si 
ralenti  cavalière. 

Di  Niza,  il  xu  di  septembre  del  1  533. 
(De  sa  main)  :  E  a  V.  Exa  mi  racomando  e 
pregola    si    degni   racomandarmi    al    signore 
conte  di  Tenda  '. 

Di  vostra  Ex1. 

Figlia, 
Cateriha  Medici  -. 

Mio  111"°  et  Ecc""  S.  mio  osser""  il  S.  Ducua  <li  Albani. 

1533. —  i4  septembre. 
Aul.  Archives  «le  Turin. 

V  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE'. 

Ho  visto  quanlo  Vostra  Eccellenza  in  una 
sua  mi  scrive,  et  anche  inteso  quanlo  il  gran 
Scudiero  a  bocca  in  suo  nome  mi  ha  riferto, 
et  perquesta  mia  le  rendo  infinitissime  gratie 
de  la  sua  amorevoleza  et  gran  cortesia,  et  certo 
ne  le  resto  con  perpétua  obligalione;  el  qui 
per  sua  gratia  sliamo  assai  cominodainente  el 
bene,  el  non  ci  manca  cosa  alcuna.  Ne  mi  oc- 
correndo  dirle  altro,  di  continuo  me  le  rac- 
com.man.do. 

Di  Nizza,  il  i  h  di  septembre  del  î  533. 
Corne  figlia, 

Caterina  Medici. 

Alla  lllustrissiuia  Eccellentissima  Sij;nora  mia  osserran- 
dissima  la  Signora  Ducbessa  di  Savoia. 

1  Claude  de  Savoie,  comte  de  Tende  et  de  Somme- 
rive,  fils  aine  de  René  de  Savoie  et  d'Anne  Lascaris, 
gouverneur  el  grand  sénéchal  de  Provence,  mort  le 
a3  avril  i5lil>.  —  Voy.  Bouche,  H«»t.  de  Provence,  t.  Il . 
p.  io47. 

-  Elle  axait  d'abord  écrit  Medei,  puis  elle  a  ajouté  l'i 
oublié,  que,  par  erreur,  elle  a  placé  avant  le  </. 

3  Béalrix  de  Portugal,  fille  de  Ferdinand,  roi  d  Ara- 


1533.  —  3  décembn 

B  :  !    h. il.  fonds  Dupuj  .  iris.  486,  f°  79 

U    1>1  C  D'ALBANY. 


Signore,  questa  sola  per  fare  inlendere  a 
Vostra  Eccellenza  corne  io  liogran  voglia  d'in- 
tendere  nove  di  vostra  Eccellenza,  perche  lio 
micssu  che  I'  Eccellenza  \oslra  m  sentiva  un 
poco  |)iu  maie  che  non  aveva  avulo  a  Marsilia, 
c  pero  io  li  mando  Batista  '  per  saperne  la 
verita,  e  pregola  che  si  degni  qualche  volta 
Parmi  sapere  coine  si  porta;  ne  altro;  a  vostra 
Eccellenza  mi  racomando. 

Di  Gremius2,  ali  m  di  décembre  m  d  xxxiii. 
Di  Vostra  Eccellenza, 

Obediente  figlia, 

Caterina. 

Ail'  lli",J  et  Eccm0  Sig"  11  Sig°'  Duca  d'Albania  paire  os- 
ser°°,  etc. 

(  1536.  —  août.) 

Aut.  Bilil.  oat.  fonds  français,  n°  3iao,  f°  37. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  Glt.YN  MESTRE3. 

Mon  conpère,  j'é  reseu  à  nuyt  voslre  letre 
par  le  quele  é  antandeu  coman  Madame  la 
cran  métrese  '  el  acuchée,  de  quoye  j'é  e'té  bien 
ayse,  quant  j'é  veu  que  me  mandyé  que  je  le 
tvnse  voslre  figle5,  car  je  avès'granl  peur  de 
ne   le  tenyr   po'ynt;  et  osis,    mon   conpère, 

gon  et  de  Naples,  et  de  Jeanne,  reine  de  Sicile,  morte 
le  8  janvier  1 538. 

1   Baptiste  de  Gondi ,  cite  pins  haut,  p.  !. 

-  Gremieux  (Loire). 

3  Anne  de  Montmorency,  maréchal  de  France,  le 
G  août  1022,  après  la  bataille  de  la  Bicoque,  gouverneur 
du  Languedoc,  par  lettres  du  36  mars  iôa6,  connétable 
le  10  lévrier  i538,  tué  à  la  bataille  de  Saint-De'nis  en 
1  5 1  i  7 . 

■   Madeleine  de  Savoie,  troisième  fille  de  Hem     légi 
lime  de  Savoie. 

5  Ce  doit  être  ou  Anne  ou  Louise  de  Montmorency. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  3 

gardé  li\en  que  Monsigneur  '  ui^r  l'ase  poynl 
de  mal,  car  j'é  beuj  dire  qui  tonbil  l'otre 
jeur  et  qui  sel  quiudé2  afoler. 

Je  vous  prie,  gardé  le  byen .  que  seré  la 
lin,  me  racomandant  bien  fort  à  vous. 
\  ostre  bonne  cousine  el  comère, 

Caterime3. 


1538.  —  ao  janvier. 

Orig.  A  i .  li.  d«  MWicis,  dalla  Blzo  A736,  nuova  onmerazione ,  p.  1. 

AL  SIGNORE  MIO  CmiNO 

IL  SIGNOR  COS1MO  DE  MEDIG1 

Signor  cugino  mio  charissimo,  havendo 
cognosciuto  sempre  Mess.  Andréa  Ri  nier  i  di 
bona  mente  verso  la  bona  memoria  di  mio 
fratello5,  et   al  présente   molto   servitore   di 

1  Le  duc  d'Orléans  étant  devenu  Dauphin  par  la  mort 
de  son  frère  aîné  François,  mort  le  1  2  août  1  536,  obtinl 
de  François  1"  la  permission  de  rejoindre  Montmorency 
au  camp  d'Avignon  et  de  faire  la  campagne  sous  ses 
ordres.  Catherine,  dans  relie  lettre,  y  fait  allusion  et  re- 
commande le  duc,  son  époux,  aux  bons  soins  du  grand 
maître. 

5   Quiudé  afoler,  pensé  se  blesser. 

3  Ce  n'est  pas  la  première  lettre  que  Catherine  écri 
vait  au   grand  maître;  en  voici  une  autographe  et  sans 
date  qui  lui  est  antérieure. 

n  \  mon  Cousyn  monsyenr  le  gran  mestre, 
"  «Mon  cousin,  j'é. receu  la  letre  que  m'avés  eterypte, 
vous  aceurant  que  m'avés  l'ayt  le  pleus  grant  plésyr  quj 
let  posibyle,  é  vous  veo  pryer  de  me  fayre  à  cavoyr  dé 
'  noveles,  et  que  ne  m'esecripvié  pleus  en  syrimonye  (cé- 
rémonie), car  vous  savés  byen  que  se  net  pas  à  moy  à 
quy  l'an  fo  (faut)  fère.que  cere  la  fin,  me  racomandant 

byen  fort  à  vous. s 

«Voslre  bonne  cousyne. 

«Catebine.» 

(Bibl.   nul.   fonds  français,  11"  3aga  ,  f*  72.) 

1  Fils  de  Jean  de  Médicis,  chef  des  bandes  noires, 
et  de  Marie  Salviati,  né  à  Florence,  le  11  juin  i5icj, 
élevé  à  Rome  avec  Catherine  de  Médicis ,  et ,  après  l'assas- 
sinat d'Alexandre  de  Médicis,  devenu  duc  de  Florence, 
le  9  janvier  1.537,  créé  grand-duc  de  Toscane  par  Pie  V, 
le  1"  septembre  i56g,  mort  en  avril  1 5 7 'i . 

5  Alexandre  de  Médicis,  assassiné'  par  Lorenzino  de 
Médicis,  fils  de  Pier-Lorenzo. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Vostra  Signoria,  non  posso  lare  non  glie  ne 
raccomandi  strectamente,  che  oltre  alla  fede 
che  ha  in  Vostra  Signoria,  che  veramente  da 
([ueila  riconosce  la  vita  et  la  roba,  li  pincera 
anchora  per  araor  inio  liaverlo  per  raccoman- 
dato  in  tutle  le  sue  occurrentie,  cerlificando 
([iiella  me  ne  farà  piacer  singuiare,  et  offeren- 
domi  a  Vostra  Signoria. 

Di  Lione,  alli  \x  gennajo  MDXXivij. 
Di  V.  S. 

Vostra  bona  cougina, 

Caterine. 


1539.  —  i"  août. 
Orig.  Arcli.  des  Médicis ,  dalla  Jîlza  &72G,  nuova  "inimerazione,  p.  3. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

.Mon  cousin,  j'ay  en  ma  maison  ung  gen- 
tilhomme de  la  Duché  d'Urbin,  nommé  Jehan 
André,  lequel  s'employe  chacun  jour  à  me  faire 
service,  de  sorte  que  je  me  sens  grandement 
obligée  de  le  recongnoislre  tant  envers  luy  que 
les  siens;  et  pour  ce  qu'il  a  ung  sien  frère 
appelle  Jehan  Bernardino,  homme  de  bien  el 
féable  ',  qui  mérite  d'estre  recuilly  en  bon  lieu 
pour  les  vertus  et  honnestetéz  qui  sont  en 
luy;  à  ceste  cause,  mon  cousin,  pour  le  désir 
que  j'ay  de  luy  aider,  aussi  sachant  que  tous 
reulx  de  leur  maison  se  sont,  de  tous  temps, 
monslrez  bons  serviteurs  de  la  nostre,  cela  me 
l'ait  vous  escripre,  pour  vous  pryer  bien  fort 
voulloir,  pour  l'amour  et  en  faveur  de  moy, 
prandre  et  recepvoir  avec  vous  le  dit  Jehan 
Bernardino  pour  vous  servir  de  chambryer, 
I  ayant  pour  recommandé  en  tout  ce  qu'il  vous 
sera  possible.  Et  en  recompence  vous  povez 
estre  asseuré,  mon  cousin,  que  me  trouverez 
tousjours  en  bonne  volunlé  de  faire  pour  vous 

1  Fidèle. 


ce  que  je  pourray  en  tous  ces  endroits  où  me 
vouldrez  employer,  aydantle  Créateur,  lequel 
je  prye  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 

Escript  à  Chantilly,  ce  premier  jour  d'aoust 
i539. 

(De  sa  main)  :  Io  penso  che  Vostra  Signio- 
ria  per  amor  mio  non  farà  difficulté  de  pilliare 
queslo  gentilomo  al  suo  servitio,  ma  per  questo 
non  vo'restare  de  novo  de  pregarnele,  el  sicu- 
rare  Vostra  Signioria  che,  in  qualche  allra 
cosa,  che  io  li  farà  tutti  li  apiaceri  che  a  me 
sera  posibile. 

Vostre  bonne  cousine 

Catebine. 


1 54 1.  —  8  juin. 
Orig.  Arch.  des  Médicis,  dalla  lilza  6736,  nuova  numerazione ,  p.  8. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  estant  advertie  que  Messire 
Amerigo  Bency  s'en  vouloit  retourner  à  Flo- 
rence, je  ne  l'ay  pas  voulu  laisser  aller  sans 
vous  porter  de  mes  lettres,  pour  vous  advertir, 
que,  pour  le  présent,  ne  scauroys  avoir  plus 
grant  contentement  que  si  cognoissiez  la  bonne 
volunté  que  j'ay  de  vous  faire  p'aysir,  ainsi 
que  pourrez  plus  particulièrement  entendre 
du  dit  Bency.  Messire  Jacques  de  Turcelly,  mon 
aulmosnier,  m'a  bien  faict  entendre  la  grande 
affection  que  luy  avez  monstrée  pour  l'amour 
de  moy  et  ce  que  vous  luy  avez  promys  faire 
pour  son  nepveu  à  ma  contemplation.  Je  vous 
prie ,  mon  cousin,  advenant  l'occurrence,  à 
vostre  commodité,  en  avoir  souvenance,  qui 
sera  l'endroict  où  je  me  voys1  recommander  à 
vous  et  à  ma  cousine  vostre  femme2.  Priant 

1   Vais. 

■  Eléooore  de  Tolède,  fille  de  Pierre  Alvarez  de  To- 
lède, vice-roi  de  Naples,  second  fils  de  Frédéric  de  To- 
lède, duc  d'Allié,  morte  à  Pise,  le  18  décembre  i56a. 


LETTT.ES   DE  CATIIHI'.IU'.   DE   MEDICIS. 


Dieu  vous  donner,  mon  cousin ,  ce  que  désirez. 
Escripf  à  Chastellerault,  le  viij"  jour  de  juing 

MV.cl\LI. 

\  ostre  bonne  cousyne, 

Caterine. 
Bertalds1. 


I  541.  —  Septembre. 

Irch.das  Médicis,  dalla  ûlza  £721»,  nuova  uamcrazione ,  p.  1 17. 
A  MOS  1:01  SIS 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  Manuel  Riccio ,  marchant  ge- 
nevois2, nous  a  faicl  entendre  comme  il  avoit 
envoyé  en  Italie  Dominico  Pallavicino  Roccha, 
son  facteur,- avec  une  certaine  quantité  de  ba- 
gues et  joyaulx  à  luy  aparlenans,  pour  les  y 
vendre  et  débiter,  ainsi  que  marchans  ont 
accoustumé  1ère,  et  en  ce  le  mauvais  devoir  et 
office  que  le  dict  facteur  avoit  usé  envers  luy, 
qui.  en  lieu  de  vendre  et  débiter  icelles  bagues 
au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur  pour 
en  recouvrer  promptement  les  deniers,  les 
auroit  engaigez  cà  et  là  à  plusieurs  personnes, 
entre  autres  une  partie  à  Bernardo  Veccietli. 
Surquo\  le  dict  lliccio,  estant  deuementaverty, 
a  eu  main  mise  et  arresl ,  offrant  au  dict  Vec- 
cietti  les  deniers  qu'il  dit  avoir  prestéz  au  dict 
facteur  sur  icelles  bagues;  et  oultre  luy  offre  de 
bailler  bonne  et  suffisante  caution,  si  besoing 
en  est,  et  pour  tous  les  dommaiges  intérestz, 
qui,  pour  ce,  luy  pounoienf  advenir,  pourveu 
qu'il  ait  aussi  délivrance  de  ses  dictes  bagues 
et  joyaulx  qui  sont  es  mains  du  dict  Veccietli, 
ce  que  me  semble  estre  raisonnable.  A  ceste 

1  ^"5-  P-  9-— «Un  bon  de  cent  livres  tournois  est  dé- 
livré le  10  scplemlirc  i537  à  Rend  Bertauld  .  «pour  avoir 
-servy  les  moys  d'avril  eljuinjj  en  plusieurs  voyages,  en 
"son  état  et  office,  n  (  Bibl.  nat.  fonds  français,  ms.  3 120, 
P  i3a.) 

2  Génois. 


cause,  sur  la  requeste  que  le  dict  Riccio  nous  en 
a  faille,  nous  \011s  avons  bien  voullu  escrire  la 
présente, pour  le  désir  que  nous  avons  de  lesou- 
laiger  en  ses  affaires;  vous  priant ,  autantaffec- 
tueusemenl  que  l'aire  pouvons ,  luy  vouloir  l'ère 
ou  faire  1ère  droit  el  bonne  justice  à  ce  requise, 
et  que  verrez  estre  à  l'ère,  l'ayant  en  ce,  pour 
l'amour  de  moy,  pour  singulièremenl  recom- 
mandé. En  quoy  faisant,  oultre  l'obligation 
perpétuelle  qu'il  en  aura  à  jamais  envers  unis, 
vous  nous  ferez  très  agréable  plaisir.  Qui  est 
l'endroit  où  je  prye  Dieu  vous  donner,  mon 
cousin,  en  prospérité  accomplissement  de  vos 
désirs. 

De  Fontainebleau,  ce...  jour  de  septembre 
16&1. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1542. 


1  •>  juin. 


Ori(j.  Arch.  des  Méilicis  (cartons  des  couvents  supprimés), 
n"  91,  filza  100 ,  n°  a. 

A  MADAME  DES  MURATTES 

DE  FLORENCE  '. 

Madame  des  Murales,  avant  Francisque  le 
Peîlisse.  présent  porteur,  si  à  propos  qu'il  s'en 
va  par  delà,  il  m'a  esté  grant  plaisir  pour  le 
désir  que  j'avons  lousjours  de  vous  faire  savoir 
et  entendre  de  mes  nouvelles,  qui  sont  si 
bonnes  qu'il  est  possible  pour  la  très  bonne 
santé  de  Monseigneur  et  de  moy,  grâces  à 
Dieu.  Vous  priant  que  vous  et  vostre  bonne 
societté  de  relligieuscs  vueillez  tousjours  avoir 
en  singulière  affection  de  voz  dévoles  prières 
mon  dil  Seigneur  el  moy  pour  recommandez, 
me  faisant  savoir  de  voz  estât  et  disposition, 
et  si  aucune  ebose  s'offre  où  je  vous  puisse 

1  Voy.  pour  le  couvent  des  Murale,  La  jeunesse  de 
Catherine  <lc  Médicis,  par  Réunion t,  trad.  par  Armand 
Bascliet,  p.  07. 


6  LETTRES  DE  CATHE 

faire  plaisir,  je  m  y  emploieray  de  1res  bon 
cueur.  Priant  Dieu  vous  avoir  avec  voslre  dite 
compaignye  en  sa  très  saingte  cl  digne  garde. 
Escript  à    Escleron  l,  le  xnc  jour  de  juing 

MDXI.Il. 

La  byen  voslre, 

Caterinb. 


1542.  —  1 2  juin. 

Orig.  Arch.  des  INJéJicJs ,  dalla  Glza  ^726,  nuova  numc-razione,  p.  i3. 
1   MON  CODSIS 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  ayant  ceslc  occasion  du  retour 
de  Francisque  dict  le  Pellisse ,  je  ne  l'ay  permis 
partir  de  deçà  sans  vous  faire  savoir  de  la  dis- 
position de  Monseigneur2,  et  de  inoy,  qui  est 
très  bonne,  grâces  à  Dieu.  Et  pour  ce  que  j'ay 
ceste  confidence3  que  des  choses  que  con- 
gnoistrez  me  estre  agréables  vous  y  vouldrez 
faire,  comme  savez  que  je  vouldroies  en  sem- 
blable faire  pour  ce  qui  vous  touchera,  et 
que  le  dict  Francisque,  présent  porteur,  est 
homme  qui  a  usé  la  plus  part  de  son  temps 
au  service  de  nostre  maison  comme  savez, 
et  qu'il  est  jà  en  son  vieil  âge,  ouquel  il  ne 
pourrait  endurer  ne  porter  les  travaulx  qui 
sont  requis  à  la  sintle  de  la  court  par  deçà, 
où  je  le  vouldroies  bien  employer,  s'il  lepour- 
roit  faire.  Je  vous  prie,  mon  cousin,  que, 
considérant  ce  que  dessus,  et  en  ma  faveur  et 
conlemplacion,  vous  le  vueiilez  avoir  en  si 
bonne  recommandation  que  de  l'employer  en 
endroict  où  il  puisse,  faisant  service,  estre  le 
résidu"  de  sa  vie,  ainsi  que  bien  il  le  mérite. 
Et  vous  me  ferez  très  giant  plaisir,  qui  sera 

'  Éclaron,  en  Champagne,  département  de  la  Haute- 
Mai  ne,  arrondissement  de  Vassy,  canton  de  Saint-Dizier. 
!.■'  Dauphin ,  son  époux. 
-  Confiance. 
■  Résidu .  reste. 


ni.NE  DE  MÉDICIS. 

l'endroicl,  mon  cousin,  où ,  après  me  estre  très 
fort  recommandée  à  voslre  bonne  grâce,  je 
prieray  Dieu  vous  tenir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Escleron,  le  xijmc  jour  de  juing 

MXclXLlj. 

Voslre  bonne  cousyne, 

Gaterine. 


1543.  —  Juin. 
Aut.  Bih]    nat.  fonds  français,  n°  3 1 1 9  ,  f°  a8. 

AL  CONNÉTABLE  DE  MONTMORENCY. 

Mon  conpère,  pour  se  que  je  say  byen  que 
vous  désirés  autant  que  moy  de  me  voyr  des 
aniàns,  je  vous  ay  byen  veoleu  ayscrypre  pour 
vous  mander  l'espéranse  que  j'é  d'estre  grose, 
ayslant  aseuraye  qu'y  n'y  é  personne  quy  au 
souyl  plulx  ayse  que  vous,  corne  set  ayle  (c'est 
elle)  qui  hayst  le  coman sèment  de  leut  mou 
byen  ayl  heur,  aysi  ay  ayspéranse  que  le  par- 
acbeveré,  de  quoy  je  prye  à  Dyeu,  et  quv 
vous  douynt  set  que  désyrés. 

Voslre  bonne  comere  et  amye, 

Caterine  K 

A  mon  compère  Monsieur  le  Couestable. 


1  Dans  une  lettre  antérieure,  sans  date,  elle  L'avait 
déjà  remercié  des  remèdes  qu'il  lui  avait  conseillés  pour 
vaincre  celle  persistante  stérilité,  contre  laquelle  lullait 
en  vain  toute  l'expérience  de  Fernel;  voici  cette  lettre  : 
^Mon  conpère,  je  ne  vous  remersyré  poynl  de  set  que 
em'avés  anvoy,  car,  sy  playst  à  Dyeu  quy  me  serve,  je  ne 
«tyendré  set  byenfé,  quy  ayt  le  plulx  grant  quy  me  say- 
ttroyt  à  venyr,  que  de  vous,  et  mayteré  poyne,  sel  (si)  je 
itpuis  jeaniès,  île  vous  donner  à  connavslre  çpie  vous  n'a- 
evés  povnt  de  mylleures  amys  ne  amye  que 
e  Voslre  bonne  comère  et  amye, 

kCaterike.» 

I  Bibl.  nat.  fonda  franc.  n°  oaip  .  t',J  58  r°.  Autographe  1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


1543;  —  7  octobre. 

Orif.  Arcb.  des  Médicis,  dalla  lilza  /^aû ,  nuova  numcrazione,  p,  i  r». 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  fMC  DE  FLORENCE. 

Mon  <•< msi ii .  je  désireroys  merveilleusement 
recognoistre  les  services  que  beaucoup  de 
gens  de  Florence  ont  faiclz  à  Dostre  mayson, 
^i  leur  commodité  et  la  mienne  se  pouvoienl 
conformer,  parce  que  plusieurs,  les  ungs  vieis 
et  les  aultres  déterminez  ne  partir  de  leurs 
maysons,  ne  me  donnent  le  lieu  que  jepuysse 
faire  comeje  voldroy  pour  eulx.  Au  moyen  de 
quoy  je  vous  ay  escript,  et  fault  aussi  que  je 
le  face  ainsi,  pour  la  bonne  amitié  que  je 
tiens  à  vous  et  que  par  semblable  correspon- 
dance j:>  feroys  de  ma  part  à  l'end roict  où  je 
pourroys,  pour  l'amour  de  vous,  comme  je 
l'avs  présentement  en  faveur  de  Messire  Ange 
de  la  Lune,  oncle  de  Lucresse  l,  l'une  de  mes 
damoyselles  que  j'ay  amenée  de  Florence,  et 
qui  a  esté  nourrye  el  eslevée  avecques  moy  de 
jeunesse;  vous  priant  bien  fort,  mon  cousin, 
que  le  vueilliez  avancer  en  quelque  estât,  ou 
aultre  moyen,  duquel  je  puisse  ressentir  de 
ma  faveur  envers  vous.  Je  vous  promeetz  que 
vous  me  ferez  bien  grant  et  singulier  playsir, 
que  je  recognoistray,  soit  que  vous  me  vueillez 
employer  pour  les  vostres,  ou  aultrement. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre  re- 
commandée à  vous,  qu'il  vous  doint  ce  que 
désirez. 

Escript  de  Villiers  Cousterayz,  le  \ij'"  joui 
d'octobre  .\i\''\liij. 

Vostre  bonne  cousyne , 

Caterim?. 

(Rescrklo  dcl  Granduca.)  Inlender  qae]  che  cost;ii  che  • 
raccomandato  vuolc. 


Lui  rèce  Gavalcanli. 


I  543.  —  î  2  oclobre. 
\nli.  tlee  Médicis ,  delta  filza/1796,  duovo  numenizione ,  p.  17. 

A  MON  COI  SIN  LE  I>1  C  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  je  vous  ;i\  plusieurs  foyÊ 
cript  pour  ung  procès  que  a  Messire  Bernard 
de  Salviaty  contre  Nasj  el  Carnesegni,  à 
cause  de  quelque  somme  de  darers  (sic)  deue 
au  dict  de  Salviaty,  lequel  m'afaicl  entendre 
qu'il  û'en  a  sceu  encores  avoir  expédition,  e! 
pour  ce  que,  tant  en  sa  faveur  que  d'aucuns 
ses  parens  et  familiers,  mes  serviteurs  ordi- 
naires, je  désire  iceluy  Salviaty  sortir  de  cesl 
affaire,  el  qu'il  congnoisse  que  ma  faveur  el 
support  lu\  ayt  en  ce  donné  aide  et  secours; 
je  vous  prie  derechef,  mon  cousin,  luy  vouloir 
nermectre  que  le  dit  procès  puisse  eslre  en 
brief  liny  el  terminé  par  la  voye  de  la  justice 
ordinaire  de  Florence,  où  accoustume  d'estre 
voyiez  lelz  affaires  et  différendz,  et  ordonner 
par  delà  que  bonne  et  briefve  justice  leur  en 
soict  faicte,  avant  le  bon  droict  du  dict  Sal- 
viaty pour  recommandé,  duquel  serez  ample- 
ment informé  par  Messire  Housse  Buondel- 
monle,  oncle  du  dict  Salviaty.  Et  oulliv  ce 
que  y  ferez  devoir  d'équité  el  justice,  vous  me 
ferez  très  grant  et  agréable  plaisir;  vous  priant. 
mon  cousiir,  de. m'en  faire  savoir  sur  ce  voslre 
bon  vouloir  et  intencion.  Priant  Dieu  vous 
tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Villiers  Cousterayz,   ce  xii"  jour 
d'octobre  mvc'.\liii. 

Vostre  bonne  cousyne, 

Caterinr. 

1544.  —  Février. 

Orig.  Arcb.  dea  Médicis,  dalla  filza  079.6 ,  ntiova  numorazione,  p.  ao. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'av  receu  présentement  \oz 
lettres  du  wn'""  de  décembre,  par  les  quelles 


r 


m'advertissez  du  decedz  de  feue  ma  cousine, 
vostre  mère  ',  el  de  l'amertume  cl  douleur 
qu'elle  vous  a  layssée;  c'est  raison  que  nous  le 
sentyons;  aullreinenl  soroil  nous  publier  n'estre 
de  chair,  ni  naturelz,  maysaussy,  comme  ver- 
lueulx  se  conformanl  à  la  voulunté  de  noslre 
Seigneur,  fault  prendre*le  reconffort  qu'il  nous 
a  donné,  ef  que,  puys  qu'elle  a  faict  tout  le 
debvoirde  bonne  cliristienne,  soit  partecipante 
de  la  gloyre  de  Paradis,  comme  prudent  et 
saige  vous  l'aurez  sceu  bien  faire;  el  ne  reste 
aultre  pour  le  présent,  sinon  vous  advertir, 
que  jà  vous  pourrez  avoir  entendu  par  Aiessire 
Jehan  Baptiste,  mon  maistre  d'hostel2,  com- 
ment, après  avoir  este  débaracée  démon  es- 
fantement,  le  lilz  et  la  mère  se»portent  très 
bien,  grâces  à  nostre  Seigneur,  que  tous  ceulx 
de  noslre  mayson  debvons  louer,  regrâtier  et 
magnifier  pour  la  seurete'  que  ung  chacun  doibt 
prendre  au  grant  support  que  de  ce  leur  est 
survenu3,  estant  asseurée  que  c'est  l'un  des 
plus  grans  playsirs  que  ayez  eu ,  de  long  temps, 
que  de  l'avoir  sceu,  correspondant  à  celluy 
que  j'ay  lousjours  eu  de  vostre  exaltation  et 
grandeur,  et  de  tous  ceulx  de  nostre  maison. 
El  si  j'en  pourroys  faire  quelque  plus  grande 
démonstration,  je  le  feroys  de  bien  bon  cueur, 
duquel  je  prie  Dieu ,  mon  cousin  ,  après 
m'estre  recommandée  à  vous,  qu'il  vous  doinl 
ce  que  désirez. 

Escript  à  Fontainebleau,  ce  ...  jour   de 
febvi ier  mV'm.ih  (  1  544). 

Vostre  bonne  cousine, 

Catkrine. 


TRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

154 'i.  —  0  juillet. 


1   Marie  Salviati,  citée  plus  haut,  p.  a. 

1  pndi .  cité  plus  haut,  p.  i  el  3. 

Le  3  mars  i5i4,  Cosme  I"  complimentait  Cathe- 
rine de  la  naissance  de  son  premier  fils,  et  lui  rappelait 
qu'ils  avaient  été  durant  tant  d'années  élevés  ensemble. 
—  Voj  Négociation»  avec  la  Toscane  (Documents  iné- 
dits), t.  III.  p.  i36. 


Orig.  Arrh.  du  Florence  (carions  des  couvents  supprimés),  n°  2  1  , 
filza  100. 

A  MADAME  L'ABBESSE  DES  MURATES 

DE  FLORENCE. 

Madame  l'abbesse,  j'ay  receu  voz  lettres  par 
lesquelles  j'ay  bien  cogneu  que  je  n'ay  point 
esté  frouslrée  de  mon  oppinion  que  j'ay  tous- 
jours  eue  que  vous  faysiez  prier  Dieu  et  Nostre 
Dame  de  la  Conception  pour  moy,  vous  priant 
bien  affectueusement  de  vouloir  continuer  et 
que  voz  religieuses,  à  qui  je  m'en  sens  tant 
atténue,  vueillent  persévérer,  les  asseurant, 
comme  vous  devuez  eslre  de  vostre  part,  que  je 
n'oublieray  point  le  playsir  que  vous  et  elles 
m'avez  faict  et  que  j'espère  feront  encores,  et  le 
recognoistray  vers  vous  et  elles  en  telle  ma- 
nière et  endroict  que  me  vouedrez  employer. 
soit  en  général,  ou  particulier.  Vous  remer- 
tiant  aussi  du  beau  présent  que  vous  m'avez 
envoyé  que  j'extime  beaucoup,  la  récompence 
duquel  j'espère  vous  donner  à  cognoistre  en 
lieu,  où  vous  apersceverez  que  j'ay  eu  souve- 
nance de  vous  et  que  je  vous  feray  tousjours 
tout  le  plaisir  que  je  pourray.  Priant  Dieu, 
madame  l'abbesse ,  après  m'estre  recommandée 
à  vous,  qu'il  vous  donne  ce  que  désirez.  Escript 
à  Paris,  le  vi"'c  jour  de  juillet  HDXLiiii. 
La  bien  vostre, 

Caterive. 


Ibà'i.  —  1"  oclobre. 

Oi'Îjt.  Imprima  par  Armand  Baschel  dans  sa  traduction   de  la  Jeu- 
nesse de  Catherine  de  Médiat,  p;ir  Rcuroont  (Appendice,  p.  339). 

A  MESDAMES  DES  MURATES 

DE  FLORENCE. 

De  par  la  Uoyne, 

Chères  el  bien  amées,  nous  avons  receu  par 
Messer  Nicole  de  Médicis,  présent  porteur,  les 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


lettres  que  nous  avez  escriptes,el  entendu  par 
luv  ce  qu'il  nous  a  dict  de  votre  part,  mesmes 
la  volunté  en  laquelle  vous  persévérez  ordi- 
nairement de  pryer  Dieu  pour  la  prospérité 
du  Roy  monseigneur,  de  nous  el  de  noz  enf- 
fans,  vous  prians  bien  forl  de  voulloir  cou 
tinuer,  estanl  asseurés  que  nous  les  recognois- 
trons  vers  vous,  nous  lu\  avons  donné  charge 
de  vouz  dire  de  notre  pari  quelques  choses. 
Vous  nous  ferez  bien  granl  et  singuHier  plaisir 
de  le  voulloir  entendre  et  croyre  pour  eslre 
homme  de  foyetcréance,  asseurés  comme  vous 
mesmes  le  congnoissez  de  bonne  et  entière 
suffisance.  Et  à  tant,  chères  el  bien  amées, 
nous  prions  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincle  el 
digne  garde. 

Donné  à  Lyon,  le  premier  jour  d'octobre 
MV'  \liiii. 

Caterine. 
Rertalld. 


1544.  —  aa  décembre 

\:,l      rsMédicis,  dalla  filza  £796,  nuovanumerazioDe,  p.  5i. 
A  MON  CODSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  les  lettres  que  vous 
m'avez  escriptes  par  Monseigneur  l'évesque  de 
Furly1,  et  par  luv  entendu  de'voz  nouvelles. 

!  lîernard   tir   Médias,   évêque  de    Forli,  venu    en 
Fiance  pour  complimenter  François  1"  à  l'occasion  de  la 
paix  de  Crespy;  sa  légation  ne  dura  (pie  du  mois  de  dé- 
cembre i544  au  mois  de  juillet  i545.  —  Vby.  Veg 
mi  avec  la  Toscane ,  t.  III,  p.  '•>  el  1  38. 

Voici  la  lettre  qu'il  écrivit  au  duc  de  Florence  à  son 
arrivée  en  France  : 

-Alli  xv  del  présente  arrivai  alla  Corte  del  Cristianis- 
simo  ron  li  altri  miei,  et  la  grazia  di  Dio  a  buon  salva- 
menlo,  e  per  favore  deli'  Illustrissima  Signora  Delphina 
lio  havnlo  l'alloggiamento  molto  commodo  a  poco  più  di 
dua  miglia  italiane  lontano  da  Fontanablo,  sendo  1'  ordi- 
nario  che  gli  altri  Ambasciatori  stieno  alloggiatti  lontano 

<    UNI .lilM.    DE   MÉDICIS.  1. 


lie  quo\  y  ay  eu  bien  granl  plaisir  et  aura} 
Ions  les  fois  que  \oiis  m'en  vouldrez  l'aire 
scavoir,  vous  asseuranl  que  je  suis  bien  forl 
;use  de  la  paix  <|ni  est  faicte ,  pour  l'espérance 
que  j'ay,  que  ce  sera  le  bien  et  repos  d'un 
chacun,  el  que  voz  affaires  s'en  porteronl  beau- 
coup myeulx;et  povez  estre seur, mon  cousin. 
que  là  où  j'aurav  le  moyen  de  faire  quelque 
chose  pour  vous,  rpie  me  trouverez  lousjours 
en  bonne  voulunté  de  m'y  employer  de  bien 
bon  cueur,  duquel  je  me  recommande  bien 
fort  à  vous,  priant  Dieu  vous  donner,  mon 
cousin ,  bonne  vye  et  longue. 

De  Fontainebleau,  le  x x îj '""  jour  de  décem- 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1545.  —  a  8  février. 
Orifj.  Arcli.  des  Médicis,  ilulia  filza  6736,  nuova  naraerazione  ,  p.  02. 

A  MON  €01  SlH 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  aultres  foys  je  vous  ay  escripl 
en  faveur  et  contemplation  des  sires  Anthoine 
el  Loys  Bounyzy,  marchans  de  Lucques,  pour 
ung  différant!  qu'ilz  on!,  avecques  Alexandre 
Anthinory  et  les  créantiers  de  Bénédicte 
Gondy,  lesquelz  m'ont  faict  depuys  entendre 
que  leur  a  esté  donné  sentence,  suyvanl  ung 

h  leghe;  e  quanto  prima  andai  a  visitare  la  prefalta 
Illustrissima  Signora  Delphina,  congratnlandomi  seco,  in 
nome  dell'  Eccellenza  Vostra,  non  solamente  del  figlio  mas- 
cbio,  conte  scuse  convenienti  del  non  baver  fatto  prima 
questo  uffizio,  ma  amena  deila  pace  ira  l' Imperatore  e  la 
Maestà  Oislianissima ,  et  inollre  la  pregai,  che  corne 
sempre  innanzi  era  notissimo  lei  baver  fatto,  seguilasse  in 
o^ni  tempo  di  far  quelli  buoni  ufficii  per  l' Eccellenza 
Vostra,  per  li  quali  la  tengo  in  grazia  del  Re  Cbrislianis- 
simo  e  dell'  Illmo.  Signor  suo  Consorte,  distendendomi 
in  tutlo  largamente  secondochè  nella  instruzions  si  ron- 
tjene.n  li. feiVes  des  Médieif, 


10  LETTRES  DE  CATHE 

statut  et  couslunie  de  la  ville  de  Florence 
gardez  seullemenl  et  observez  entre  les  ci- 
toyens, inanans  et  habitans  dans  Florence,  et 
sans  avoir  esgard  à  ce  qu'iiz  sont  estrangers, 
non  subiectz,  ny  judiciables  à  iceulx  slatuz  et 
coustume;  à  cause  de  quoy,  se  sentans  les  ditz 
Bounyzy  grefvez  désireraient  et  vouldroient 
bien  que  leur  dicte  dilïerand  feust  reveu  avec- 
ques  la  dicte  sentence,  non  par  ceuk  qui  les 
ont  jugez,  et  donnée,  ny  aultre  des  marcbans, 
inays  par  les  juges  souverains  de  vostre  Rotte 
de  la  dite  ville,  pour  et  affin  qu'iiz  regardent 
aux  raisons  des  loix  et  non  aux  statut  et  cous- 
tume, ausquels  ils  ne  sont  subiectz,  qui  est 
une  cbosc  tant  raisonnable,  que  riens  plus. 
Au  moyen  de  quoy,  pour  le  désir  que  je  ay 
de  leur  faire  plaisir,  estant  aussi  pryée  d'au- 
cuns de  nies  serviteurs,  à  qui  ils  touchent,  je 
vous  prie  bien  fort,  mon  cousin,  voulloir 
commander  aux  gens  de  vostre  dicte  Rotte  de 
reveoir  les  dicte  sentence  et  differandz,  el 
qu'iiz  regardent  à  la  raison  et  équité,  et  loix, 
el  non  aus  dits  statut  et  coustume  de  Flo- 
rence,  comme  il  est  très  juste  et  équitable, 
les  faisant  obeyr,  ainsi  qu'il  appartient,  vous 
me  ferez  bien  grant  et  singullier  plaisir;  priant 
Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre  recom- 
mandée à  vous,  qu'il  vous  doinct  ce  que 
désirez. 

Escript  à  Bloys,  ce  dernier  jour  de  febvrier 

Yl'vclXLUll  (  1  5&5). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


RINE  DE  MÉDICIS. 

des  pupilles,  contre  le  devoir  et  ordre  s'est 
marié  à  une  vefve  estant  en  sa  dicte  garde  et 
charge;  à  l'occasion  de  quoy  a  esté  condempné 
en  mil  escuz  d'amende ,  pour  le  paiement  des 
quelz  il  a  esté  constitué  prisonnier;  et  pour 
ce  que  j'ay  esté  advertye  qu'il  n'est  homme 
garny  de  biens  pour  y  pouvoir  satisfaire,  je  vous 
prie,  mou  cousin,  que,  pour  l'amour  demoy, 
luy  vueillez  fere  telle  grâce  que  sa  commo- 
dité le  pourra  porter,  de  quoy  me  ferez  très 
grant  plaisir  pour  en  avoir  esté  priée  par  au- 
cuns de  ses  amys,  mes  serviteurs,  ausquelz 
je  désire  bien  subvenir  ;  priant  Dieu  vous  avoir, 
mon  cousin,  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Romorentin  l,  le  ii"'0  jour  de  may 
mvc1xlv. 

Vostre  bonne  cousyne, 

Caterine. 


1545.  —  3  mai. 

Orig.  Arcli.  'les  Médicis  ,  dalla  lilza  6736  ,  cuova  nuujerazione  ,  p.  aâ. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon   cousin,  j'ay  entendu  que  Gismondo 
de  Meleto,  ayant  par  de  là  charge  de  la  garde 


1545.  —  5  mai. 

Orig.  Arcti.  des  Médicis,  dalla  lilza  4726  ,  nuova  numerazione  ,  p.  46. 
A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  si  j'ay  si  long  temps  actendu 
de  vous  faire  scavoir  de  mes  nouvelles ,  et 
comment,  grâces  à  Dieu,  je  suys  accouchée 
d'une  fille2,  il  y  a  ung  moys  ou  environ,  ce  a 
esté  à  cause  que  j'ay  demouré  depuis  quasi 
tousjours  foutte  mal  disposée  jusques  à  pré- 
sent, et  commance  à  me  bien  porter,  Dieu 
mercy.  J'espère  que  ce  sera  le  neud  pour  former 
et  asseurer  toutes  les  alliances  en  plus  grande 

1  C'était  une  des  résidences  favorites  de  François  lel '; 
elle  avait  été  bâtie  par  les  comtes  d'Angouléme. 

2  Elisabeth  de  Valois,  née  le  vendredi  3  avril  1  545,  à 
Fontainebleau,  entre  onze  heures  et  douze  heures  du 
soir;  destinée  d'abord  à  Don  Carlos,  elle  épousa  Phi- 
lippe II  le  22  juin  i55g,  et  mourut  en  couches  le  dimanche 
3  octobre  1 568.  —  Voy.  sa  vie  par  le  marquis  du  Ptal, 
Paris,  i85g;  Bilil.  nat. ,  f.  fr.  n°  3i5o  (Naissance  des  en- 
finits  de  France  I. 


fermeté,  par  laquelle  lous  ceulx  de  nostre 
maysoD  seront  plus  resjouys  el  consoliez.  Je 
xous  av  cy  davant  faicf  responce  à  ce  que 
m'avez  escript  louchant  Anthoine  Gazette, 
qui  est  encore  prisonnier;  je  le  vous  recom- 
mande, et  ce  à  cause  que  j'ay  marié  Cathe- 
rine Gazette,  sa  seur,  avecques  le  visconte  de  la 
Mollir  au  Groing,  parce  que  je  Fay  amenée  en 
France  avecques  moy.  Je  nous  prie,  mon  cou- 
sin,luy  faire  tous  les  plaisirs  que  vous  pourrez, 
pour  l'amour  de  moy,  comme  vouldriez  que 
je  feisse  en  pareil  pour  vos  serviteurs,  ce  que 
je  feroys  de  bon  cueur  et  en  toutes  aultres 
chouses  que  me  vouldriez  employer.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre  recom- 
mandée à  vous .  qu'il  vous  doinl  ce  que  désirez. 
Escript  à  Fontainebelleeau,  le  v™  jour  de 
mav  mvCI  xlv. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebinb. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS.  11 

Escripl  à  Falaize,  le  mme  jour  de  juing 

mil  \"  xi.v  '. 

Vostre  bonne  cousine. 

Catebinb. 


1545.  —   i  ti  juin. 

ilia  film  \--ji'<  ,  nuo\a  numerazioue. 
A  HA  COOSINE 

LA  DUCHESSE  DE  FLORENCE1. 

Ma  cousine,  envoyant  par  de  là  ce  porteur, 
l'un  des  gentizhommes  de  ma  maison,  pour, 
de  ma  part .  vous  visiter  et  savoir  de  voz  bonnes 
nouvelles,  aussi  vous  dire  des  miennes,  qui 
sont  très  bonnes,  estans  Monseigneur  et  moy 
en  bien  bonne  santé,  je  l'a]  bien  voulu  accom- 
paigner  de  ceste  lettre  pour  vous  présenter 
quatre  bacquenées  du  pays  et  creu  de  Bre- 
taigne,  que  je  vous  prie,  nia  cousine,  recevoir 
d'aussi  bon  cueur,  que  je  me  vouldrois  em- 
ployer à  vous  l'aire  plaisir  et  que  je  nie  recom- 
mande à  vostre  bonne  grâce;  priant  Dieu,  ma 
cousine,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

1   Citée  plus  liant,  p.  4. 


1  545.  —  i(3  juin- 
ircb.de!  Médicis,  dalla  Glza  4736  .  auova  numerazioue,  p.  39. 

\  MON  I  m  si\ 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'envoye  ce  porteur,  l'un  des 
gentilshommes  de  nia  maison,  pour,  de  ma 
part,  vous  visiter  el  savoir  de  vos  bonnes  nou- 
velles, et  aussi  pour  vous  faire  entendre  des 
myennes,  qui  sont  très  bonnes,  estant  Mon- 
seigneur et  moy  en  bonne  santé;  aus<i  lu\  a\ 
donné  charge  vous  présenter  six  lévriers  du 
pays  de  Bretaigue,  que  je  vous  prie  recevoir 
d'aussi  bon  cueur,  que  je  me  vouldrois  em- 
ployer  à  vous  faire  plaisir  et  que  je  me  recom- 
mande à  vostre  bonne  grâce;  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à    Faleze,    le  xvi",c  jour  de  juing 

MV'1  XLV. 

\  bstre  bonne  cousine, 

Caterixe. 


,(I5-'i5.  —  Fin  de  juillet.) 

Aut.  Arch.  des  Médias .  dalla  lilza  4730 ,  nuova  ouraerazione. 

A  MON  C01S1N 

MONSIEUR  LE  DEUC  DE  FLORANSE. 

Mon  cousin,  je  n'ay  voleu  fallir,  ancore  que 
je  sache  byen  que  la  seufisanse  de  Monsieur 
de  Fearly  (Forly)  souit  asès,  et  le  personnage 
pour  aystre  creu  de  set  que  ie  lux  ay  pryé 
vous  dyre  de  part  moy,  de  l'acompangner  de 
sete  lestre,  vous  pryant  le  volouyr  croyre  et 
vous  aseurer  que  je  n'é  moyen  omys  de  vous 

1  EUe  avait  accompagné  François  1",  qui  s'était  rendu 
en  Normandie  pour  surveiller  les  préparatifs  de  la  guerre 
contre  les  \n;;lais. 


\i 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


povoyr  1 1< mi ix  r  ;i  ronoslrc  l'amour  que  |<'  vous 

porte,  que  se  s'éloyl   à  mou   l'eu    frère1,   car 

ayslvino  Ion I  vnsyn,  cl   me  doplaysl 

iiimiI    de    sel    (|ll\    l'aill    i|n;'    VOSll'e    Ani- 

basadeur-  s'an  retourne,  pour  licune  lele  au- 
rasvon.  Je  voodré  que  l(;  chose  feusenl  pasé 
autrement,  el  sj  je  use  plulx  pleusenl  aysté3, 
cnuicnl  luy  même  sous  dvré,  qu\  an'etol 
l'aurl  '  tonnante,  de  peur  de  fallyr  à  voslre  I 
lomandement,  sel  que  je  suvs  seure,  quy  ne  ! 
1ère  ieamés,  cai'  ie  ne  vys  ieamés  personne 
inyeulx  fayre  sou  devoir,  n\  ayslre  plulx 
afoclyonc  à  personne  quv  l'aysl  à  vous;  et 
ancore  que  je  sache  hven  qu\  né  besongne  ' 
le  vous  recomander,  pour  vous  aystre  l'afec- 
i\  oné  son  \  loin  .  qu\  vous  a\  si  .  je  ne  me  puj  s 
guarder  do  vous  pryer,  pour  l'amour  de  moy, 
l'avovr  leuneur  an  lele  recomandatyon  que 
avés  antérieur,  ri  pour  se  que  je  uie  resmel 
deu  leul  à  luy,  je  fayré  fyn,  me  recomandanl 
à  vostre  lionne  grase,  ri  prj  ré  nostre  Syngneur 
vous  donner  se!  que  désj  rez. 

Vostre  honne  cousine, 

Caterine. 


1 545.  -     a  novembre 

On,;.    \,.l,    .1.    M  id 

\    \lo\  O.XCLK 

MONSIEUR  LE  !)l  <:  DE  FERRARE4. 

Mon  oncle,  j'ay  receu  la  lettre  que  vous 
m'avez  escripte  par  le  s'  Camille  Eslcnse  de 
rassoni,  présent  |iorlcui',  envoyé  de  votre  part 
pour  vous  rondoloir  de  la  mort  de  feu  mon 

Wexandre  de  Médicis,  cité  plus  haut,  p.  ■'. 
Bernard  de  Médicis,  rite  plus  haut,  p.  g 
usse  plus  puissante  été. 
■   En  ri.nl  fort. 
Il-  m  nie  II  d'Esté,  duc  de  Fer  rare ,  Modène  el  Reggio, 
avril  i.x'X,  morl  le   .1  octoI)re   ■  558.   Il  avail 

I le    i  ~>  juillel   i  >'.i .  I!n le   li. nu  r,  fille  .1.' 

Louis  \ll 


frère,  Monsieur  d'Orléans  '.  de  laquelle  je  ne 
fairtz  douille  (pie  miiis  n'ayez  entendu  les  nou- 
velles,  avec  granl  regrecl  el  desplaisir,  tant 
pour  l'affection  que  je  scaj  que  vous  avez  au 
!lo\  et  à  la  couronne  de  France,  que  estant 
auss\  la  perte  sj  grande,  tanl  pour  la  grandeur 
ci  valleur  de  la  personne  (pie  pour  estre  ceste 

die  le  perle  VC 'si  mal  à  propos   pour  le  bien 

el  repos  universel  de  toute  la  républicque 
cristienne,  du  quel  repos  il  sembloit  devoir 
estre  instrumenl  cl  moyen;  mais,  puys  qu'il  a 
pieu  à  Dieu,  par  ceste  mort,oster  l'espérance 
desia  reçue  par  tout  le  monde  d  un;;  s\  grant 
bien  ,  laissant  ung  regrecl  en  l'entendemenl 
de  lous  ceulx  qui  le  désirent,  cl  mesmenl  de 
ceulx  qui  ayment  ce  royaulme,  du  nombre 
desquelz  je  scaj  que  mois  estes  des  pins  affec- 
tionnez, je  vous  laissera^,  croire  quoi  el  coill- 
liicn  grant  est  le  dueïl  que  j'aj  porté  cl  porte 
de  resi  accidenl  advenu,  mois  merciant  bien 
fort  de  la  visitalion  que  vous  m'avés  faicte  on 
ces!  eudroict,  cl.  après  m' estre  recommandée 
à  \oiis  de  bien  bon  cueur,  je  prie  Dieu  mois 
donner,  mon  oncle,  •'<•  que  vous  désirés. 

Escripl  à  Mouchy2,  le  h"  jour  de  novembre 
i  ô  A  ô . 

\ oslie  bonne  niepse, 

Caterine. 


I  'i'i.i  7  ili;i  embre. 

On..     Vrch.  îles  Mcriicis ,  dalla  filza  6726,  nuova  unuicrazi 

\    MIT,    1,111  Sl\ 

MONSEIGNE1  r,    LE  l)t  C  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  Jehan  André,  l'un  de  mes 
gentilzbommes,  est  arrivé  puis  n'aguères  par 
dora,  lequel  m'a  fait  entendre  comme  il  vous 

1  Charles,  duc  d'Orléans,  troisième  fils  il.'  Fran- 
çois I'  ,  morl  .1' fièvre  maligne  à  Forèl-Moutier,  près 

il'  Vbbcville,  le  s  septembre  1  545. 

Oise).  Château  bâti  sous  le  règne  de  François  I". 


LETTRES  DE  CATH 

a  parlé  pour  recevoir  à  vostre  service  Messire 
Octaviano  Bentivoglio  \  ainsi  que  jà  lui  avez 
laid,  à  quoy  je  congnois  la  bonne  affection 
que  me  portez,  dont  je  vous  remercye  bien 
fort,  el  pour  ce  que  je  désire  le  bien  e(  l'ad- 
vancemenl  du  dicl  Messire  Octaviano,  en 
faveur  de  Messire  Federic  Bentivoglio  son 
frère,  qui  me  faict  ordinairemenl  service,  à 
ceste  cause,  mon  cousin ,  je  vous  prye  voul- 
loir  pourveoir  le  dit  Messire  Octaviano  en 
quelque  office  honorable,  où  il  vous  puisse 
faire  service,  selon  que  congnoissez  que  son 
scavoir  le  mérite,  et,  pour  l'amour  de  tnoy, 
l'avoir  pour  recommandé  en  tout  ce  qu'il  vous 
sera  possible,  el  je  vous  asseure  que  me  ferez 
bien  granl  plaisir  ce  taisant;  pryant  Dieu 
vous  donner,  mon  cousin,  bonne  vye  el 
longue. 

De  Villiers  Couslerez,  ce  vn°  jour  de  dé- 
cembre. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDIGIS.  13 

lui  donnez  à  cognoistre  la  bonne  amitié  que 
je  pence  estre  correspondante  à  celle  que  je 
porte  à  vous  el  à  toute  vostre  famille,  estans 
seulz  aujourdhuiz  qui  debvons  porter  le  festz 
de  la  maison  de  nos  prédécesseurs.  Je  vous 
prie,  mon  cousin,  l'avoir  en  ses  affaires  pour 
recommandé,  vous  me  ferez  bien  granl  plaj 
sir;  priant  Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre 
recommandée  à  vous,  qu'il  vous  doinl  ce  que 
désirez. 

Eseripl  à  Paris,   le   \x'"°  jour   de   janvier 
MVl\LV  (  1 546). 

Vostre  bonne  cousine, 

(  Iatrrine. 
Bertault. 


1 546.  —  ao  janvier. 

Orig.  Arcli.  des  Mddicis ,  dalla  filia  (1736,  ouova  numerazione,  p.  6. 

\  mon  1  onsra 
MONSIEUR  LE  DEC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin  .  pour  ce  que  Mr  \  incent  de 
Bhedolphi,  qui  est  de  mes  serviteurs,  se  veull 
retirer  à  Florence,  où  il  s'en  va  présentement, 
encores  que  je  soys  bien  asseurée  que  vous 
avez  tousjours  tous  ceulx  de  ma  maison  en  telle 
recommandation  que  vous  vouldriez  que  j'aye 
les  vostres,  occurrans  les  affaires,  je  vous  ay 
bien  voulu  escripre  et  prier  davantaige  que,  à 
ma  laveur  et  contemplation,  quelque  foys  vous 

1  Vov.,  pour  celte  brandie  de  la  famille  des  Bentivo- 
glio, Sansovino,   Origine  e  fatti  délie  famiglie   ilhutri 
lia  . .  ilit.  de  Venise,  p.  3o3  ;  il  donne  quelques  détails 
sur  Oltaviano  el  Federigo  Bentivoglio. 


I  .">  16.  -    17  février. 

Orig.  Arcli.  des  Mettrai  ,  dalla  lilza  4721', .  nuova  numerazione  .  p.  ia. 

A  MON  COUSIS 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  vous  aurez  peu  entendre  de 
quelle  volonté  el  affection  Messire  Dominicque 
de  Benchyveny1,  prieur  des  relligieulx  de 
sainct  NicoHas  de  la  rue  de  Cuocumbre2,  a 
tousjours  faicl  service  à  nos  prédécesseurs  el 
à  toute  uostre  maison,  lequel  a  ung  uepveu, 
jeune  homme  bien  scavant  en  grec  et  en  latin  . 
qualifié  de  vertu  et  bonnes  meurs,  qui  désire- 
roit  entrer  en  vostre  service,  et  d'aultant  que 
je  pense  ne  desvoyra 3  de  ses  prédécesseurs  el 
s'employra  vertueusement .  à  ce  que  le  cognois 
sez,  e!  qu'il  fera  merveilleusemenl  bien  son 
debvoir.je  vous  prye,  mon  cousin,  le  voulloir 
accepter  en  vostre  service,  luy  donnant  quelque 

1  Sans  doule  un  parent  de  Jehan-Baptiste  Bencivenny, 
abbé  deBellebranche,  qui  fui  son  premier  aumônier  et 
son  bibliothécaire.  —  Voy.  Inventaire  <hs  meubles  de  Ca- 
.  .     pub      par  E.  Bonnaffé,  p.  a'-i. 
-  Via  del  Cocomero,  près  San  Lorenzo. 
Dévoyera. 


l/l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


moyen  et  ayde  qu'il  se  puisse  entretenir,  te- 

îKinl  la  main  que  ses  païens  luy  en  faeenl, 
vous  l'obligerez,  el  ses  diis  parens,  et  si  nie 
ferez  davantaige  plaisir,  que  je  recongnoistray 
en  pareil  ou  semblable  endroict.  Priant  Dieu, 
mon  cousin,  après  m'estre  recommandée  à 
vous,  qu'il  vous  doint  ce  que  désirez. 

Escript    à    Sainct   Germain    en    Lave,    le 
\vnmc  jour  de  febvrier  mil  vcl  xlv  (  j  546). 
Vostre  bonne  cousine. 

Catemne. 


line,  vous  me  ferez  bien  grant  et  singullier 
plaisir;  priant  Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre 
recommandée  à  vous  de  bon  cueur.  qu'il  vous 
doint  re  que  de'sirez. 

Escript  àParis,  le  xic  jour  de  mars  mil  vcl  xlv 
(i546). 

Vostre  bonne  cousine , 

Caterive. 


1546.  —  i  i  mars. 

Orig.  Ai  cii.  des  MiMiris.  dalla  filza  6756  .  auova  nameranone,  p.  s3. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  le  chevalier  Millerin  Obal- 
dine,  de  la  nation  florentine,  qui  a  esté  cap- 
pitaine  durant  ces  guerres  passées  au  service 
du  Roy,  a  une  querelle  contre  ung  cappitaine 
albanoys  appelé  le  chevalier  Tboumas  Boa; 
pour  vuyder  el  dérider  laquelle,  il  reserebe 
toutes  les  oppinions  des  premiers  et  grans  clers, 
mesmes  de  ceulx  d'Italye,  ainsi  que  plus  am- 
plement serez  adverty  par  le  porteur  de  ces 
présentes;  à  ceste  cause  et  qu'il  est  des  plus 
anciens  serviteurs  de  nostre  maison  et  bien 
estymé  entre  toutes  gens  de  bonne  renomée 
et  valleur,  ayant  faict  preuve  davantaige  de 
tout  cella  par  sa  personne  en  toutes  ces  guerres, 
je  vous  prve,  mon  cousin,  luy  estre  aydanl, 
et  à  son  bon  droict,  luy  mandant  par  ce  dicl 
porteur  votre  oppinion  de  ce  que  vous  sem- 
blera  qu'il  debvera  faire  et  à  se  maintenir  à 
l'encoutre  de  son  adversaire  pour  avoir  répa- 
ration du  grief  et  tort  qu'il  luy  a  faict.  et.  en 
ce  faisant,  mon  cousin,  oullre  que  le  person- 
oaige  le  mérite,  et  que  recongnoistrez  les  ser- 
vices faietz  à  noz  prédécesseurs,  encores  ne 
fus!  seullement  qu'il  est  de  la   nation  lloivii- 


1  546.  —  1"  mai. 

Orig.  Arcli.  îles  Médicis .  dalla  fi!za  Û7Î6.  nuova  numerazione,  p.  ai. 

\  mon  r.orsix 
MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  voz  lettres  que  piecà 
vous  m'avez  escriptes,  faisant  mention  du 
bon  voulloir  et  affection  que  vous  avez  de  me 
faire  plaisir  et  à  Messire  Dominicque  Benehi- 
veny  ',  pour  avoir  esté  ancien  serviteur  de 
nostre  maison  et  pense  qu'il  ne  le  soit  moins 
en  vostre  endroict,  qui  sont  choses  qui  mé- 
ritent îecongnoissanee,  et  pour  ce  qu'il  a  ung 
nepveu,  qu'il  \ouldroit  voluntiers  advancer 
en  l'Eglise,  et  luy  se  résigner  ung  bénéfice 
qu'il  dicl  deppendre  de  vostre  disposilion,  je 
vous  prie,  mon  cousin,  que,  à  ma  faveur  et 
contemplation,  le  luy  voulloir  accorder.  \ous 
me  ferez  bien  grant  et  singullier  plaisir,  oullre 
ce  que  vous  obligerez  davantaige  l'oncle  et  le 
nepveu  à  vous  faire  perpétuellement  service: 
priant  Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre  re- 
commandée à  vous,  qu'il  vous  doint  ce  que 
désirez. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  premier  jour  de 
may  mil  vc1xlvi. 

Vostre  bonne  cousine, 

C&TBHINB. 


Cilé  plus  haut,  p.  i3. 


LETTRES  DE  CATHE 
I  .Vif>.  -  1 5  mai. 

Orig.  Airti.  ilf  Modène. 
A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DTK'.  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  j'ay  receu  voz  lettres  par  le 
coule  d'Athènes,  préseni  porteur,  et  bien 
amplement  entendu  de  luy  tout  ce  que  m'a 
dict  de  vostre  part,  et  luy  ay  respondu  ce  qu'il 
vous  dira  de  nui  part,  qu'il  vous  scaura  très 
bien  dire,  attendue  la  foy  et  créance  que  vous 
avez  de  luy,  qui  me  gardera  de  vous  en  es- 
cripre  plus  longue  leltre,  si  non  que  je  seroys 
merveilleusement  aysedevous  donner  cognois- 
sance  de  l'envye  et  bonne  volonté  que  j'ay 
tousiours  eue  et  auray  de  vous  faire  playsir 
en  tous  les  endroietz  que  me  vouldrez  em- 
ployer, et  de  très  bon  cueur,  duquel  je  prie 
Dieu,  mon  oncle,  après  m'estre  recommandée 
àvous,  qu'il  vous  donne  ce  que  désirez.  Escripl 
à  Sainct  Germain  en  Laye,  le  \vmc  jour  de 
may  bvxlvi. 

Vostre  bonne  nyepsxe, 

Caterine. 


1546.  —  21  mai. 

Orig.  Arcli.  de  Modèoe. 

A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DLC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  encores  que  je  vous  aye  na- 
gueres  escript  par  le  conte  d'Athènes,  lequel 
s'en  retournoit  devers  vous,  je  n'ay  pourtant 
voullu  laisser  aller  le  cappitaine  Emilio  Ca- 
vriau  ,  cappitaine  de  vostre  garde,  qui  s'en  va 
devers  vous,  pour  vous  raffraichir  la  bonne  vo- 
lume' que  j'avois  que  congnoissiez  en  quelle 
intégrité  ie  vous  vouldroys  faire  plaisir  et  à 
voz  serviteurs,  et  lui  av  donné  charge  de  vous 
dire  de  ma  part  aucun  propos,  dont  je  vous 
prye  luy  voulloir  donner  plaine  et  certaine 


RINE  DE  MÉDICIS.  15 

foy,  et  mesmes  de  me  faire  ce  plaisir  de  re- 
metre  l'amende  en  laquelle  a  esté  condenné 
Hercules  Seghizo,  nepveu  de  mon  premier 
m*  d'hostel,  Messire  Jehan  Baptiste  l,  à  cause 
de  certain  cas  advenu  par  lu}  en  la  personne 
de  l'ung  de  voz  subieetz;  vous  scavez,  mon 
oncle,  ce  que  nous  debvons  faire  pour  noz 
serviteurs  et  en  tel/,  et  semblables  endroietz, 
par  quoy  je  me  liens  asseurée  par  ce  que 
m'avez  si  souvent  escripl  que  luy  remetterez  et 
le  forfaict  et  l'amende,  estant  asseuré  que,  si 
je  le  puis  recongnoistre,  je  le  feray  de  très 
bon  cueur,  duquel  je  prye  Dieu,  mon  oncle, 
après  m'estre  recommandée  à  vous,  qu'il  vous 
donne  ce  que  désirez. 

Esnipt  à  S1  Germain  en  Laye,  le  \\f  jour 
de  may  mvxlvi. 

Vostre  bonne  nyepse, 

Caterine. 


1546.  —  î  5  juin. 

Orig.  Arcli.  des  Médias,  dalla  (ilza  U72O,  nuova  Dumerazione. 

A  MON  COOSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  les  lettres  que  vous 
m'avez  par  cy  devant  escriptes,  et  par  icelles 
entendu  de. voz  nouvelles,  dont  j'ay  eu  bien 
granl  aise  et  plaisir,  et  auray  toutes  les  fois 
que  vous  m'en  vouldrez  faire  scavoir.  Et  quant 
à  ce  que  me  mandez  que  vous  vouldriez  bien 
envoyer  quelque  gentilhomme  en  France2, 
mais  que  vous  craignez  de  ce  faire ,  pource  que 
Pandolphe  est  prisonnier;  il  ne  fault  point 
pour  cela  que  vous  laissez  à  y  envoyer  cclliiy 
que  vous  vouldriez,  car  l'occasion  pour  quoy 
le  dict  Pandolphe  est  prisonnier  ne  vous  tombe 
en  rien  que  ce  soit,  et  n'en  debvez  avoir  au- 

1  Cité  plus  haut,  p.  i . 

*  Voy.  leltre  de  Cosme  à  Catherine  de  Médicis,  Né- 
gociations de  la  France  avec  1"  Toscane,  t.  III,  p.  169. 


16 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


cune  doubte,  et  pour  ce,  mon  cousin,  si  vous 
voulez  envoyer  aucun  personnage  pour  vous 
par  de  cà,  je  vous  puis  asseurer  qu'il  sera  le 
liés  bien  venu  envers  le  Roy,  et  pareillement 
envers  Monseigneur1  et  moy,  et  là  où  j'auray 
moyen  de  l'aire  quelque  chose  pour  vous,  je 
m'y  emploieray  tousjours  de  bien  bon  cueur, 
qui  esl  tout  ce  que  vous  aurez  pour  ceste  fois, 
priant  Dieu  vous  donner,  mon  cousin,  bonne 
vye  et  longue. 

De  Fontainebleau,   le  xvm"  jour  de  juing 
1  546. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1546.  —  a  juillet. 

Orig.  Arcli.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  Mess"  Jehan  Baptiste'2,  mon 
premier  m'  d'hostel,  m'a  faict  entendre  comme 
par  cy  devant  vous  avez  donne  à  Francisque 
Seghizo3,  son  cousin,  l'office  et  estât  de  juge 
del  victuailles  de  vostre  cyté  de  Modène  pour 
un;;  an  seullement ,  et  pource  que  le  dit  an  est 
prest  à  finir  et  que  j'ay  sceu  ledict  Seghizo 
avoir  très  bien  faict  son  debvoir  au  dicl  office, 
pour  le  désir  que  j'ay  de  luy  ayder  en  ses  af- 
faires en  faveur  du  mon  dict  m'  d'hostel,  à 
ceste  cause,  mon  oncle,  je  vous  prye  bien  fort 
du  v  ou  Hoir  prolonger  encores  pour  ung  an  au- 
dit Francisque  Seghizo  le  don  du  dict  ollire  de 
juge  del  victuailles  au  dite  Modène,  cl.  pour 
l'amour  de  moy,  lavoir  pour  recommande;  ce 
faisant,  je  vous  asseure  que  me  ferez  bien  grant 

Le  Dauphin  ,  son  époux. 
J  Jean-TSapliste  de  Gondi,  cité  plus  haut, p.  i  et  i5. 

Seghizo,  attaché  ;'i  la  personne  de  la  reine,  citû 
plusieurs  fois  dans  les  Négociations  avec  lu  Totcane,  I.  III, 
p.  i8s  ,.|  189. 


plaisir,  priant  Dieu  vous  donner,  mon  oncle, 
bonne  vye  et  longue.  De  Fontainebleau,  le 
deuxième  jour  de  juilliet  1 546. 

Vostre  bonne  nyepse , 

Caterine. 


1546.  —  12  septembre. 

Orig.  Arch.  des  Médicis  ,  dalla  fîlza  6726  ,  nuova  nunierazione  ,  p.  5o. 

A  MON  CODSIN. 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  par  cy  devant  Messire  Jehan 
de  La  Cazc,  commissaire  ordonné  pour  les 
décimes  de  par  de  là  en  ma  faveur,  a  laissé  en 
derrière  les  bénéfices  de  Messire  Jacques  de 
Torsulis,  mon  premier  aulmosnier,  à  celle  fin 
qu'il  ne  y  payast  point.  El  depuis  est  advenu 
Irémeur1  de  terre  au  pays,  de  sorte  que  les 
dits  bénéfices  sont  bien  fort  tumbez  en  ruyne, 
et  a  convenu  y  employer  le  revenu  d'iceulx  en 
réparation,  et  pour  ce,  mon  cousin,  qu'il  se- 
roit  difficile  au  dict  Messire  Jacques  de  payer 
décimes  de  ses  dicts  bénéfices,  actendu  la  dicte 
trémeur  de  terre,  et  aussi  qu'il  est  en  ce  pays, 
où  il  despend  beaucoup  à  me  faire  ordinaire- 
ment service,  et  qui  luy  seroit  difficille  jouir 
de  son  bien  et  revenu;  à  ceste  cause,  je  vous 
prye  bien  fort  de  voulloir  comander  à  celluy 
qui  a  la  charge  de  recouvrer  les  dicts  décimes 
qu'il  ne  veuille  prendre  aucune  chose  sur  ses 
diclz  bénéfices,  et  qu'il  ne  luy  soit  faict  aucune 
fascherie  en  iceulx,  et,  pour  l'amour  de  moy, 
avoir  par  de  là  le  dict  Messire  Jacques  pour 
recommandé  en  tous  ses  affaires;  ce  faisant, 
je  vous  puis  asseurer  que  me  ferez  bien  grant 
plaisir,  duquel  je  vous  sçauray  fort  bon  gré, 
comme  aussi  je  vous  scay  de  la  grâce  que  avez 
faicte  en  ma  faveur  à  Messire  Dominique  Ben- 
ehiveny'2,  suyvanl  ce  que  je  vous  ay  prié  pour 

1  Tremblement. 

5  Cité  plus  haut,  p.  1  3. 


LETTRES  DE  CATH 

luy,  qui  est  l'endroict  où  je  voys  prier  Dieu 
vous  donner,  mon  cousin,  bonne  \ie  et  longue. 
De   Cuserys',   ce   \n'    jour   de   septembre 
i546. 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1546.  —   ■-  si  ptembre 

Orip;.  Arch.  des  Médicis,  dalla  Olza  £1726. 

V  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  les  sieurs  de  Chastillon  et 
Dandelot,  frères2,  gentilshommes  de  la 
chambre  du  Roy  mon  seigneur,  et  aultres  de 
leur  compagnie,  ont  entreprins  de  fayre  ung 
voyaige,  pour  ce  que  surtout  ilz  ont  désir  de 
\ovr  vostre  ville  de  Florence  et  les  anticquite's 
qui  y  sont.  Je  vous  prye,  mon  cousin,  leur 
fayre  bon  accueil,  à  ma  considération,  et  prie- 
ra), le  Créateur  vous  donner  ce  que  désirez. 

Le  xxviii0  jour  de  septembre  mdxlvi. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1546.  —  ao  décembre. 

Orig.  Arch.  des  Médicis,  dalla  filza  6736 ,  ouova  numerazione,  p.  56. 

\  WON  COUSIN  LF  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  que  Jehan  Bap- 
tiste de  Bouy,  pour  estre  chargé  de  famille,  et 
à  l'occasion  d'un  procès  qu'il  a  eu,  est  venu 
en  nécessité,  donlav  dueil  et  compassion  pour 
la  recongnoissance  que  j'ay  des  services  qu'il  a 
faiclz  à  notre  maison;  qui  m'a  esmeue  \ou>  es- 

Sans  doute  Cuisy  (Seine-et-Marne). 
;  Gaspard  deChàtilion,  comte  de  Colignv  et  amiral 
de  France,  marié  en  1  ."> 4 7  à  Charlotte  de  Laval,  et  en 
■  1  ondes  noces,  le  a5  mars  1  571,  à  Jacqueline  de  Mont- 
lnl,  dame  d'Enlremont,  tué  le  ai  août  1572.  —  Fran- 
çois de  Châlillon,  né  le  18  avril  tôai,  seigneur  d'Ande- 
lot,  marié  le  ig  mars  tolfj  à  Claude  de  Rieux,  et  en 
j  Anne  de  Salm,  mort  à  Saintes  le  i-t  mai  1  ."> G 9 . 

Catbbbise  de  Médicis.  —  I. 


ER1NE  DE  MEDICIS.  17 

cripre  la  présente  et  vous  pryer  bien  fort,  mon 
cousin,  de  l'avoir  en  bonne  recommandât-ion . 
et  luy  voulloir  faire  quelque  bien ,  soit  d'offices, 
ou  autres  choses.  Et  mesmement  je  vous  prye 
bien  affectueusement  vouloir  faire  reveoir  son 
procès  par  l'ung  de  voz  auditeurs  nommé  Mes- 
sin- Lelio,  lequel  ay  entendu  estre  fort  homme 
de  bien,  car  il  n'a  moyen  d'entretenir  le  dit 
procès,  autrement  ce  luy  seroit  granl  dom- 
maige  et  ruyne,  que  je  ne  vouldroys  luy  ad- 
venir. Aussi,  mon  cousin,  je  vous  vouldroys 
bien  pryer  qu'il  vous  pleust  tant  faire  que  la 
Duchesse  voslre  cousorte  '  priut  à  son  service 
l'une  des  filles  du  dict  Jehan  Baptiste  Rony, 
pour  l'amour  de  moy;  et  si  n'estoit  qu'il  esl 
bien  loing,  et  aussi  qu'elle  n'est  accoustumée 
à  ce  pays,  je  la  retirerais  voluntiers  à  mon 
service,  car  je  vouldrois  faire  davantaige  pour 
l'amour  de  luy,  et  pour  ce  que  je  désire  bien 
fort  qu'il  ait  de  vous  ceste  grâce,  je  vous  pro- 
meclsque,  ce  faisant,  vous  me  ferez  ung  sin- 
gulier plaisir;  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Compiègne,  le  xxmc  jour  de  dé- 
cembre mil  vc  xlvi. 

Voslre  bonne  cousine. 

Caterine. 


i5i6. —  21  décembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iao,  f°  7. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES2. 

Monsieur  de  Humy ères,  j'ay  receu  la  lectre 

1  Votre  femme. 

2  Jean  d'Humières,  chevalier  de  l'ordre,  gouverneur 
de  Péronne,  Montdidier  et  Roye,  lieutenant  général 
pour  le  Roi,  en  Dauphiné,  Savoie  et  Piémont,  fut  choisi 
en  *5'i(i  pour  l'un  des  gouverneurs  de  François,  dur 
d'Orléans,  le  futur  Dauphin.  11  avait  épousé,  le  i  janvier 
1507,  Françoise  de  Conlay,  fille  de  Charles  de  Contay 
et  de  Barbe  de  Hallwin,  dont  il  eut  dix-huit  enfants;  il 
mourut  en  juillet  i55o. 

3 


18 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  m'avez  escripte,  el  m'avez  faict  bien  grand 
plaisir  m'avoir  mandé  des  nouvelles  de  mes 
enflans1.  Je  suys  bien  ayse  de  quoy  madame 
de  Humyères  est  arrivée  là  pour  le  soullaige- 
ment  qu'elle  vous  fera  au  gouvernement  de 
mes  dils  enflans.  Monsieur  et  moy  ne  les  vous 
recommandons  poinct,  pour  l'asseurance  qu'a- 
vons du  soing  que  vous  et  Madame  de  Hu- 
myères prenez  à  leurtraictement.  Je  vous  prye, 
Monsieur  de  Humyères,  continuer  à  me  faire 
souvent  sçavoir  de  leurs  nouvelles,  car  plus 
grand  plaisir  ne  sçauriez  faire  à  Monsieur  et 
à  moy,  qui  sera  l'endroict  où  je  prieray  le 
Créateur,  Monsieur  de  Humyères,  après  m'esi  re 
recommandée  à  vous,  qu'il  vous  doinct  ce  que 
désirez. 

Escript  à  Compiengne,  le  xxic  jour  de  dé- 
cembre M  Ve  \LVI. 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


1547.  —  ili  janvier. 

Orig.  Bibl.  naf.  fonds  français,  n"  3i2o,  f°  i .  —  Copie,  Cinq-cenls . 
Colb.  vol.  a3. 

A  MONSIEUR  DHUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  Monsieur  vous  es- 
criplen  faveur  du  painlre,  présent  porteur;je 
vous  prie  que,  suivant  sa  volunté,  vous  l'ayez 
pourrecommandé,  el  me  ferezbien  grant  play- 

1  François,  duc  d'Orléans,  depuis  François  II,  né 
à  Fontainebleau,  le  19  janvier  i.Y'i3;  Elisabeth,  citée 
plus  haut,  p.  10.  —  Le  même  jour,  Henri,  Dauphin, 
écrivait  à  M.  d'Humières  :  "J'ay  receu  vostre  lettre  du 
mx"  jour  de  ce  présent  mois,  par  laquelle  j'ay  entendu 
-bien  amplement  des  nouvelles  de  mes  enfans  et  naesme 
•■  de  mon  filz ,  qui  ne  veult  plus  aller  en  femme ,  dont  je  luy 
•sçay  bon  j;ré,  et  est  bien  raison  qu'il  ayt  des  chausses  à 
•cul  puisqu'il  en  demande,  car  je  ne  fais  point  de  double 
•■pi'il  ne  sache  très  bien  ce  qui  luy  est  nécessaire.»  — 
M  accepte  le  neveu  de  M.  d'Humières,  le  jeune  Mailly, 
<omme  enfant  d'honneur.  (Bibl.  nat.  fonds  Clairambault, 
vol.  5i  ,  p.  7867,  copie.)  —  Voy.  même  vol.  Lettre  de 
Henri  II,  p.  780^. 


sir  de  me  faire  sçavoir  souvent  des  nouvelles 
de  mon  lilz  et  de  ma  fille  l,  les  vous  recom- 
mandant lousjours,  ainsi  que  Monsieur  et  moy 
avons  parfaicte  et  entière  fiance  en  vous; 
priant  Dieu,  Monsieur  de  Humières,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincle  et  digne  garde, 

Escript  à  Villiers  Cousterays,  le  xvi°  jour  de 
janvier  i5&6  (1  547). 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


1547.  —  su  janvier. 

Orig.  Arch.  des  Médicis ,  dalla  filza  £796,  nuova  nuroerazione. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  congneu  le  respect  que 
vous  avez  eu  à  la  prière  et  requeste  que  je 
vous  ay  faicte  pour  Anthoiue  Gazette,  et,  ainsi 
que  l'on  m'a  rapporté,  avez  commandé  de  luy 
faire  meilleur  traictement  que  auparavant, 
dont  je  vous  remercie  de  bien  bon  cueur,  sai- 
chant  que  l'avez  faict  à  ma  contemplation  et 
pour  l'amour  de  moy;  et  d'aultant  que  puys 
six  mois  en  çà  le  mary  de  Catherine  Gazette, 
sa  seur,  est  allé  de  vye  à  trespas,  el  qu'elle 
est  destituée  de  compaignie  de  ses  prochains, 
je  vous  prye,  mon  cousin,  lui  voulloir  envoyer 
son  frère,  vous  asseurant  que  tous  foys  et  quantes 
que  vous  en  pourrez  avoir  affaire  il  vous  sera 
renvoyé  en  tel  estât  que  s'il  n'avoit  jamais 
bougé  di  lieu  où  il  est  dépendenl  ;  cl  ce  faisant . 
vous  ferez  œuvre  de  charité,  et  à  moy  bien 
grant  el  singullier  plaisir;  priant  Dieu,  mon 
cousin,  après  ra'estre  recommandée  à  vous, 
qu'il  vous  doienl  ce  que  désirez. 

Escript  à  Paris,  le  xxix"  jour  de  janvier  mil 

Vcl  XLVI   (l  547). 

Mon  cousin,  je  vous  prie  de  rechief  faire 
1  Voy.  la  lettre  précédenle. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


19 


grâce  en  ma  faveur  au  dil  Gazetty,  et  me  ferés 
singulier  plésir,  car  j'a\   affaire  de  luy  pour 
quelque  choses,  que  en  briefvous  escriray. 
\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1  "ii7.        ■:■>  juin. 

Orig.  Arch.  des  Médici:    ■'■  Lia  Glza  '.;   5,  ouova  oumerazione ,  p.  58. 

A  MCA  CODSIN 

MONSEIGNEUR   LE  DUC   DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  advertye  par  Messire 
Jacques  de  Torsulis,  mou  auimosnier1,  de  la 
surprinse  que  l'on  a  faicte  à  André  de  Torsu- 
lis. son  nepveu,  pour  luy  faire  espouser  une 
fille,  la  quelle  n'est  pas  sortable  à  luy;  el  pour 
ce  que  le  dict  Messire  Jacques  m'a  laid  des 
services  qui  méritent  d'estre  recongnuz  en- 
vers Luy  el  ses  parens,  cela  esl  occasion  que 
je  vous  prye  bien  fort,  mon  cousin,  que,  es- 
tant informé  du  faict  du  sudict  nepveu,  vous 
le  vueillez  supporter  et  favoriser  en  tout  ce 
qu'il  vous  sera  possible,  à  rencontre  de  ceulx 
qui  s'esforcent  de  le  molester  et  fascherpour  le 
did  mariage,  el .  pour  l'amour  de  moy,  l'avoir 
pour  recommande';  ce  faisant,  je  vous  puis 
asseurer  que  me  ferez  bien  grant  plaisir. 
Prvanl  Dieu,  mon  Cousin,  vous  donner  ce  «pie 
plus  désirez. 

De  Ennet2,  ce  \x\c  jour  de  juing  10/17. 
\  ostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


■  Cité  plus  haut,  p.  1  6. 

"  Anet,  résidence  de  Diane  de  Poitiers.  C'est  là  que 
furent  signées,  le  ai  a\ rit  1 53 1,  les  stipulations  du 
contrat  de  mariage  de  Catherine  de  Médicis  et  du  duc 
d'I  trléans.  —  Voy.  Jeunesse  de  Catherine ,  Irad.  d'Armand 
Bascliet,  appendice,  p.  3oo.  Cf.  tonds  franc.  n°  3oio. 


1547.—  8  juillet. 

Orig.  irch  des  Mé*dîeis,  dalla  filza/1726,  nuova  numerazione,  [».  Gi. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mio  cugino,   io  sou  stala  molto  contenta 
d'  baver  visto  in  quesla  corle  Messer  Giovan 
Francesco  Nigrini  da  Mantova,  il  quale  mi 
porlô  vostreletlere,  0  mi  lia  l'alto  amplamente 
intendere  nuove  di  voi,  dello  stato  vostro,  di 
mia   cugina,  et  de'  vostri  figliuoli,  riducen- 
domi  a  memoria  il  tempo  passato  et  récogni- 
tion! che  bavete  usate  verso  lui,  supplendo  in 
parte  alla  recompensa  de'  servitii  che  egli  ha 
l'alto  tutta  sua  vita  a  nostra  casa;  per  la  quale 
voi  havete  mostrato  la  virtù,  la  grandezza  el 
magnanimità  voslra.il  che  non  è  piccola  cosa, 
et  a  me  è  stala  molto  grata  d' intendere  da  lui 
i  benefitii  che  lui  et  i  suoi  figliuoli  hanno  ri- 
cevuto  da  voi.  Et  restando  con  dispiacere  che 
io  non  gli  babbia  potuto  far  la  ricompensa 
che  io  harei  voluto  et  desiderata,  ma  io  spero, 
con   la  gratia   di  Dio,  d'  baverne  un  giorno 
buona  memoria,  et  se  io  non  ho  possulo  farlo 
a  benefitio  suo,   i  suoi  figliuoli  se  ne  senti- 
ranno  :   pregando  intanto  voi,  mio    cugino. 
quanto  affeluosamente  far  posso,  a  voler  con- 
tinuare  verso  lui  el  i  suoi  figliuoli  la  buona 
voluntà  che  li  havete,  favorendolo,  corne  voi 
sete  costumato;  et  me  ne  farete  tanto  et  si 
grau  piacere,  quanta  mi  potessi  fare  in  altre 
occasioni;  et  li  crederete  il  sopra  piû  di  tutto 
quello  che  vi  dira  da  mia  parte,  stando  io  as- 
sicurala  délia  sua  fede  et  leallà.  Avvisandovi, 
mio  cugino,  che  sarô  sempre  ben  contenta  di 
potervi  far  qualche  piacere,  che  vi  sia  grata; 
che  sarà  la  conclusione,  donde  io  mi  racco- 
mando  a  vostra  buona  grazia,  et  a  mia  cugina 
vostra  moglie,  pregando  Dio  vi  dia  quanto  de- 
siderate. 


20 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Scripta  a  San  Germano  ail'  Aya,  alii  otto  di 
di  luglio  1  ôiy. 

Vostra  bona  cugina , 

Caterina. 


(U.A7.)  — 3  i  juillet. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iao,  f°  3o. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DU  ROY. 

Monsieur  de  Humyères,  vous  m'avez  faict 
bien  grant  plaisir  de  me  mander  des  nouvelles 
de  mes  enffans ,  pour  l'aise  que  j'ay,  saichant 
qu'ilz  font  bonne  chère  ;  qui  est  occasion  que 
je  vous  prye  de  m'eseripre  le  plus  souvent  que 
vous  pourrez  de  leur  santé;  n'ayant  à  présent 
autre  cbose  à  vous  mander,  je  ne  vous  feray 
plus  longue  lettre,  sinon  que  je  prye  Dieu, 
Monsieur  de  Humyères,  vous  donner  ce  que 
plus  désirez.  De  Villiers  Cousterez,  le  dernier 
jour  de  juillet  (î  5Z17 )  '. 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


(  1547.)  —  i3  août. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  32o8,  f°  n3. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humyères,  j'ay  entendu  par 
voz  lettres  comme  mes  enffans  sont  arrivez  à 
l'Isle  Adam2  et  se  sont  bien  portez  par  les 
chemyns,  de  quoy  je  suis  bien  fort  aise.  Je 
vous  prye  me  faire  souvent  sçavoir  de  leurs 
nouvelles.  Il  me  semble  qu'ilz  seraient  myeulx 
logez  au  pavillon  que  au  chasteau,  pour  ce 
qu'il  est  près  de  l'eau;  qui  est  tout  ce  que 
aurez  pour  ceste   heure;  pryant  Dieu  vous 

1  Voy.  lettre  do  Henri  II,  datée  du  même  lieu,  le 
7  août  15A7  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3i 30,  P  3 ti). 

3  L'Ile-Adam  (Seine-et-Oise).  Le  château  était  bàli 
dans  l'ile  formée  par  l'Oise. 


donner,  Monsieur  de  Humyères,  ce  que  plus 
désirez. 

De  Compiègne,  ce  xin"jour  d'aoust  (t  Ô/17)  '. 
La  byen  vostre , 

Cateri>e. 


(1547.)  —  2.3  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonda  français,  n"  3iao,  n°  3g. 

A  MONSIEUR  D'HUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humyères,  j'ay  eu  la  lettre 
que  m'avez  envoyée,  et  me  semble  que  ne 
scauryez  myeulx  faire  que  d'obéyr  au  com- 
mandement du  Roy,  et  que  vous  estes  si  saige 
que  vous  y  gouvernerez  de  façon  que  mon 
filz  ne  s'en  trouvera  point  pys,  que,  après  le 
regrect  que  le  Roy  et  moy  pourrions  avoir  s'il 
avoit  mal2,  vous  en  ayant  la  charge,  en  seriez 
le  plus  fasché;  qui  sera  cause  que  ne  vous  en 
feray  plus  longue  lettre ,  synon  de  vous  pryer 
de  me  mander  souvent  de  ses  nouvelles  et 
ensemble  de  tous  les  autres;  pryant  Dieu, 
Monsieur  de  Humyères,  vous  donner  ce  que 
plus  désirez. 

De  Compiègne,  ce  xxni''jourd'aoust(i  5^7). 
La  byen  vostre, 

Caterine. 


(15â7.)  —  7  septembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"3i30,  f°  43. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DC  ROT  ET  GOUVERSErR  DE  MES  ENFFANS. 

Monsieur  de  Humyères,  vous  m'avez  faict 

1  Une  lettre  de  Henri  II  nous  donne  la  date  certaine 
de  celle-ci;  elle  est  écrite  à  Jf.  d'Humières,  de  Com- 
piègne, le  i3  août  1  5 '1 7  :  «J'ay  veu  comme  mes  enfans 
Ksont  arrivés  à  l'Isle  Adam  en  bonne  santé. .  .  Je  suis  ce- 
"jourd'huy  arrivé  en  ceste  ville,  d'où  je  partira)  mecredy 
«  prochain  pour  aller  visiter  ma  frontière  de  Picardie.  1 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 120,  f°  36.) 

2  Une  lettre  de  Henri  II  à  M.  d'Humières  nous  fournit 
quelques  détails  sur  la  maladie  dont  cette  lettre  fait  men- 
tion :  rPour  ce  que  mon  filz  a  eu  la  petite  vérolle,  dont 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


21 


bien  aise  de  me  mander  l'amendement  de 

indu  lilz  et  qu'il  commence  à  se  porter  bien . 
veu  la  malladye  qu'il  a  eue,  dont  je  loue  Dieu. 
Marc  Anthoine1  m'en  a  dict  bien  au  long 
toutes  nouvelles,  à  quoy  je  congnois  qu'il  a 
esté  très-bien  servy  et  secouru.  Je  vous  prye 
prendre  tousjours  garde  à  luy  et  qu'il  ne  soit. 
rien  oblvé  de  ce  qui  luy  fault  l'aire,  comme 
j'en  ay  en  vous  toute  fiance  et  que  je  suys  as- 
seurée  que  vous  ferez,  et,  afiîn  de  me  oster  de 
paine,  m'escriprede  ses  nouvelles  le  plus  sou- 
vent que  vous  pourrez.  A  tant  vois  pryer  Dieu, 
Monsieur  de  Humyères,  qu'il  vous  doint  ce 
que  plus  désirez. 

De  Compiègne,  ce  vne  jour  de  septembre 

(i647)V 

La  byen  vostre, 

Cateeine. 


1547.  —  8  octobre. 
Arcb.  (les  Médius ,  copie  transmise  par  M.  Armand  Baschet. 

\  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'aye  esté  advertye  que  ung 
nommé  André  Lepsy,  ebargé  de  plusieurs  en- 
fans,  a  procès  en  vostre  justice  de  Florence, 
pour  partie  de  la  succession  qu'il  prétend  de 

-  ii  n'est  pas  encore  bien  guary ,  je  vous  prie  partir  in- 
-continant  la  présente  receue,  et  vous  retirer  auprès  de 
"luy  pour  avoir  l'œil  à  ce  qui  luy  sera  nécesaire  et  m'en 
"faire,  à  toute  heure,  sçavoir  des  nouvelles  et  de  ma  fille. 
-•  Le  pénultième  jour  de  juillet  î  5^7- s  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°3i20,  f°  27.) —  Voy.  British  Muséum,  col- 
lect.  Egerton,  Lettres  et  mémoires  du  règne  de  Henri  II, 
copie. 

1   Marc  Antoine  avait  la  charge  du  haras  de  Meung. 

—  Voy.  Brantôme,  édit.  du  Panth.  lilt.  (Dames galantes), 
p.  392. 

1  Une  lettre  de  Henri  II  à  M.  d'IIumières,  datée  de 
Compiègne  le  même  jour,  est  écrite  dans  les  mêmes 
termes  :  «  Vous  m'avez  faict  bien  aise  de  me  mander  l'a- 
r-mendement  de  mon  filz,  veu  la  maladie  qu'il  a  eue.» 
(  Rritish  Muséum ,  collect.  Egerton.  ) 


feu  Jehan  Francisque  Lepsy,  son  oncle,  la 
longueur  duquel  lui  vienl  à  perte  et  dommaige. 
El  pour  ce  qu'il  m'a  esté  recommandé  par  au- 
cuns de  mes  serviteurs,  vous  en  ay  bien  voulu 
escripre,  vous  priant,  mon  cousin,  comman- 
der que  le  dict  procès  soit  promplement  veu 
et  vuydé  en  bonne  et  briefve  justice  et.  l'avoir 
pour  recommandé,  qui  sera  l'endroit  où,  en 
faisant  fin,  je  prieray  à  Dieu,  mon  cousin, 
après  m'estre recommandée  à  vous,  vous  don- 
ner ce  que  désirez. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  viiir  jour  d'oc- 
tobre 15/17. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1548.  —  2/1  février. 
Orifj.  Bibl.  nat.  n"  90659,  f*  5i. 

A  J10N  COUSIN 

MONSIEUR  LE  GRAND1. 

Mon  cousin,  le  Roy  monseigneur  estant 
adverty  de  la  mort  de  Boniface2,  qui  estoit 
commis  à  la  moiclié  de  son  liaraz  de  Montforl 
Lamaury,  a  donné  sa  charge,  à  ma  faveur  et  la 
prière  que  je  luy  en  ay  faicte,  à  Laurens  Manuel, 
frère  de  l'escuyer  Moret  que  bien  cognoissez. 
lequel  ayant  faict  son  debvoir  si  bonnestement 
aux  baraz  de  mon  dict  seigneur  à  Meung3. 
sçaura  beaucoup  myeulx  s'acquiter  en  cest  en- 
droict  cy;  et  pour  tant  qu'il  part  de  ma  main, 
pour  le  désir  et  bonne  volunté  en  laquelle  je 
vous  ay  tousjours  trouvé  à  me  faire  plaisir,  j'ay 

1  Claude  Gouffier,  duc  de  Roannez,  marquis  de  goisy, 
comte  de  Maulévrier,  grand  écuyer  de  France  en  1  536  , 
mort  en  1570,  à  Villers-Cotterets;  il  était  possesseur  du 
célèbre  château  d'Oiron.  —  Voy.  le  P.  Anselme,  t.  VIII, 
p.  5o5  ,  et  la  Vie  de  Jean  Cousin,  par  Firmin  Didot,  p.  55. 

2  Boniface,  cité  dans  une  lettre  de  Henri  II  à  M.  de 
Boisy  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  20659,  p.  77). 

3  Voy.  pour  le  haras  de  Meung-sur-Loire  (Loiret), 
Brantôme,  édit.  Lalanne,  t.  III,  p.  274. 


22 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


pensé,  inays  que  vous  sachiez  que  j'en  ay  faict 
la  prière  pour  luy,  vous  le  Iraicterez,  pour 
l'amour  de  moy,  ou  à  tout  le  moins  lui  don- 
nerez à  congnoistre  que  vous  avez  en  quelque 
recommandation  la  prière  que  je  vous  en  fays 
pour  luy;  estant  asseuré,  mon  cousin,  que 
j'eslynieraj  le  plaisir  que  vous  luy  ferez, 
comme  pourmoy-mesme,  ou  de  nies  spéciaulx 
sen  ileurs ,  et  sur  reste  confiance ,  je  prye  Dieu , 
mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escripl  à  Fontainebleau,   le  xxiv0  jour  de 

febvrier  mvc xlvii  (  1 548). 

Caterine. 
Marchant. 

1548.  —  27  mars  '. 
Orig.  Bibl.  nal.  fouds  français,  n°  3iao,  f°  16. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  j'ay  esté  bien  ayse 
d'avoir  entendu,  par  ce  que  vous  m'avez  rescript, 
des  nouvelles  de  mon  filz  et  de  ma  fille2,  et  de 
ce  qu'ilz  se  portent  bien  depuys  qu'ilz  sont  à 
Saiucl  Germain 3,  et  mesment  mon  filz  ;  je  pense 
que,  de  cesle  heure,  ma  fille4  sera  arrivée  là; 

1   En  1  548,  le  jour  de  Pâques  était  tombé  le  37  mars. 

"-  François  et  Elisabeth.  —  Voy.  plus  haut,  lettre  du 
21  décembre  i5'i6,  p.  18. 

3  La  crainte  d"s  maladies  qui  régnaient  alors  avait  forcé 
Henri  11  d'envoyer  ses  enfants  de  S'-Germain  à  Villiers-le- 
Bel  :  niais,  dès  le  20  mars  1 5 '18,  il  écrivait  de  Fontainebleau 
à  M.  d'Humières  :  «  Aiant  veu  par  ce  que  vous  avez  escripl 
nau  conestable  que  l'on  ne  se  mouroit  plus  à  S'  Germain  , 
■•et  que  la  femme  qu'on  disoit  mallade  est  guérye,  vous 
-mennerez  incontinent  mon  (ils  et  nia  fille  Helisabeth  au 
-iliit  lieu,  où  dedans  ung  jour,  ou  deux  pour  le  plus  lard, 
«j'envoiray  ma  fille  Claude."  (Bibl  oat.  fonds  français, 
11'  3  1  20,  f°  i3.)  —  Voy.  lettre  de  Henri  11,  datée  de  Fon- 
tainebleau,  le  3i  mars;  il  y  parle  de  l'arrivée  de  sa  fille 
Claude  à  Saint-Germain.  (  Bibl.  nat.  fonds  franc.,  n"  3 1 20 , 

1»  n 

'  Claude,  née  à  Fontainebleau  ,  le  1  3  novembre  1.V17, 
qui  épousa,  le  5  février  i558,  Charles  II  de  Lorraine. 


je  vous  prie  me  faire  scavoir  comment  elle  se 
portera  là,  et  le  plus  souvent  que  vous  pourrez 
de  leurs  nouvelles  ;  vous  me  ferez  bien  grant 
el  singulier  plaisir;  priant  Dieu,  Monsieur 
de  Humières,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Fontainebelleaue,  le  xxvii"  jour 
de  mars  uvc  \lvu  (i5&8). 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


1548.  —  7  avril. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3sia,  f°  7. 
A  MONSIEUR 

L ÉVESQUE  DE  CONSERANS'. 

Monsieur  de  Conserans,  j'ay  rescript  par 
deux  foys  à  ma  cousine  la  vicontesse  de  Mar- 
tigues2  pour  le  don  que  feu  mon  cousin  le 
conte  de  Laval  et  elle  feirent  à  l'un  de  mes 
secrétaires,  Me  Hierosme  Marchant,  des  greffes 
de  Fronsac,  que  me  semble  ne  debvoir  poincl 
estre  retracté,  estant  confirmé  d'elle  el  en  son 
éaige  de  le  pouvoir  faire,  mesmes  que  s'est 
pour  récompanse  des  services  que  ledict  Mai- 
chant  a  faictz  à  feu  mon  cousin  le  seigneur 
de  Lautrec  3  son  frère  et  à  eulx;  et,  comme 

1  Évêcbé  dans  la  province  d'Aucb  ;  à  celte  date  Menaud 
de  Martres  en  était  titulaire.  Le  n°  32 1 2  du  fonds  français 
renferme  beaucoup  de  lettres  adressées  à  l'évêque  de 
Conserans. 

-  Claude  de  Foix,  fille  d'Odet  de  Foix,  maréchal  de 
France;  elle  avait  épousé  en  premières  noces  Claude  de 
Laval,  mort  en  1Ô47,  et  en  deuxièmes  noces  Charles  de 
Luxembourg,  vicomte  de  Martigues;  voy.  lettres  d'elle, 
fonds  français,  n°  3-2  13.  —  Cf.  un  sonnet  de  Melin  de 
Sainct-Gelays  npour  les  masques  de  M.  de  Martigues  à 
fia  cour,  après  qu'il  eusl  espousé  madame  de  Laval, - 
dans  ses  Œuvres  ,  édition  dé  M,  P.  Blanchemain,  t.  I", 

p.    30,4. 

3  Odet  de  Foix,  seigneur  de  Lautrec,  maréchal  de 
France,  marié  à  Charlotte  d'Albrel,  dont  il  eut  Claude 
de  Foix. 


LETTRES  DE  GATI1 

sçavez,  (ous  services  demandent  recongnois- 
sance,  loyer  el  payement  dâvant  Dieu,  où  tous 

debvons  prendre  grande  i sideration;  el  av 

esté  très  aise  quant  l'on  m'a  advertie  qu'ilz 

vous  avoyent  envoyé  quérir  pour  donner  ordre 
à  leurs  affaires,  d'aullant  que  vous  scaurez 
mieuix  que  nul  aultre  pourveoirà  toutes  leurs 
choses.  A  ceste  cause,  je  vous  ay  bien  voullu 
escripre  la  présente,  vous  priant  de  remonstrer 
à  son  mary  et  à  elle  que,  oullre  ce  qu'ilz  fe- 
ront œuvre  méritoyre  et  la  descharge  d'eulx, 
ilz  me  feront  grant  plaisir,  et  vous  de  vous  y 
employer  en  manière  que,  pour  si  peu  de 
chose,  ilz  ne  nie  reffusent,  et  je  le  recongnois- 
trav  en  ce  qu'ilz  auront  fairtz  pour  l'amour 
de  moy  et  vous,  quant  me  vouldrez  emploier. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Conserans,  qu'il 
vous  ail  en  sa  saincte  et  digne  garde.  Escript 
àNogentsurSenne,  le  vif  jour  d'avril  vivc  xlviii, 
après  Pasques. 

Catebine. 
Bbrtaold. 


Orijj.   Arrh.    (Il-  Vlm]èn>\ 

\  MON  ONCLE 

MONSÏEl  P.  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  ce  ue  seroit  chose" raisonnable, 
envoyanl  le  Roy  monseigneur  mess*  Thomas 
dal  Vechio,  son  aulmonier  ordinaire,  devers 
vous,  que  je  ne  vous  escripve  el  face  scavoir 
de  mes  nouvelles,  et  la  disposition  entière  en 
quoy  je  me  trouverais  davanlaige  quant  je 
vous  pourroys  donner  à  congnoistre  l'affec- 
tion de  laquelle  je  vous  vouldroys  faire  plai- 
sir bien  agréable;  estant  bien  asseurée.  mon 
oncle,  que  je  n'y  fauldrav  point  en  tous  les 
endroietz  que  je  pourray,  j'ay  donné  charge 
audict  dal  \echio  vous  dire  et  supplyer  à  vous 
dire  de  ma  part  le  surplus  pour  le  plaisir  que 


ERINE  DE  MÉD1CIS.  23 

je  pense  vous  aurez  plus  grant  de  l'entendre 
;'i  bouche  de  luv,  estant  sa  suffisance  telle 
qu'il  vous  pourra  satisfaire  et  respondre  à 
tout,  vous  priant,  mon  oncle,  le  voulloir  oyr 
el  croyre,  et,  si  quelquefoys  luv  ou  les  siens 
avoienl  affaire  à  vous,  leur  impartir  vostre  grâce 
et  bénignité,  car  je  vous  puys  asseurer  que  les 
vertu  et  honnesteté  du  dicl  dal  Vechio  méritent 
bien  que  l'on  face  quelque  chose  pour  luv; 
oullre  ce  que  vous  luy  en  avez  donné  cognois- 
sance  par  effect ,  à  ma  faveur  et  contemplation  . 
je  m'en  ressentiray  la  paît  qu'il  vous  plaira 
m'employer;  priant  Dieu,  mon  oncle,  après 
m'estre  recommandée  à  vous,  qu'il  vous  donne 
ce  que  désirez. 

Escript  à  l'abbaye  de  Veauluysanl  ',  le  pre- 
mier jour  de  may  mvxlviii. 

Vostre  bonne  niepse, 

Caterine. 


.  1  0  'i S .  i  —  'i  tuai. 

Orig.  Ht  hl.  un  t.  fonds  français ,  n*  3iao,  fc  18.  —  *    pie       aq-cents, 
Colbert ,  vol.  a3. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES, 

CHLVALIH!  DE  L'ORDRE  Dl    BOÏ. 

Monsieur  de  Humyères ,  j'ay  receu  voz  lec- 
tres  du  premier  jour  de  may,  et  ay  esté  bien 
aise  de  scavoir  des  nouvelles  de  mes  enffans 
qui  se  portent  très  bien,  dont  je  loue  Dieu; 
quant  à  ce  que  m'escripvez  pour  le  liourris- 
sement  de  ma  fille  Claude,  le  Roy  el  mo\ 
sommes  d'advis  que  l'on  luy  donne  de  la  pan- 
nade  plustoust  que  autre  chose,  car  elle  luv 
est  plus  seine  que  la  boullye  ,  et  pour  ce  failles 
luy  en  bailler.  Je  vous  prve,  Monsieur  d'Hu- 
myères,  de  me  faire  paindre  tous  mes  enffans , 
mais  que  ce  soi t   d'un  autre   cousté   (pic  le 

1  L'abbaye  de  Vauluisanl ,  cb'  l'ordre  de  Ctteaux,  située 
ru  Cliampagne,  à  six  lieues  de  Sens,  et  à  côté  du  village 
du  même  nom ,  était  au  nombre  des  bénéfices  du  cardinal 
de  Châtillon. 


:lh 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


painctre  n'a  acoustumé  de  les  paindre  et  por- 
traire,  et  m'envoyez  les painctures  inconlinant 
qu'elles  seront  faictes.  Je  vous  puis  asseurer 
que  le  Roy  et  moy  faisons  très  bonne  chère, 
Dieu  mercy,  auquel  je  prye  vous  donner  ce 
que  plus  désirez. 

De  A'auluysant,ce  nu"  jour  de  may  (1 568)1. 
La  byen  vostre, 

Caterine. 


1 548.  —  6  mai. 

Orig.  Arcb.  des  Médicis  ,  dalla  filza  A726  ,  nuova  numerazione  ,  p.  71. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin ,  l'évesque  de  Cortonne 2,  que 
vous  avez  envoyé  vers  le  Roy  monseigneur, 
vostre  ambassadeur,  s'en  retourne,  ayant  très 
bien  laict  son  debvoir  es  charges  que  vous  luy 
aviez  données,  comme  vous  pourrez  con- 
gnoistre  par  le  succedz  des  chouses  qu'il  vous 
comptera.  Vous  le  congnoissez,  et  ses  vertus  et 
mérites,  pourquoy  ce  ne  seroit  que  chouse  su- 
perflue vous  en  dire  aultrement,  sy  non  qu'il 
esl  capable  d'estre  employé  et  de  faire' grans 
services,  ainsi  que  je  pence;  oultre  ce  que 
vous  en  avez  eu  claire  et  certaine  expériance, 
vous  le  scaurez  encores  mieulx  présentement, 
remectant  à  luy  et  à  sa  créance  ce  qu'il  vous 
dira  de  ma  part,  dont,  pour  sa  suffisance,  je  ne 
vous  en  escripray  davantaige,  et  vous  prieray 

1  Une  lettre  de  Henri  II,  datée  de  Vauluisant  le  3  mai 
i548,  nous  donne  ta  date  de  celle-ci;  voy.  Bibl.  nat.  fonds 
fiançais,  n°  3i2o,  f°  53.  —  Cf.  lettres  de  Diane  de  Poi- 
tiers, édit.  par  Guiffrey,  p.  s3. 

■  Jean-Baptiste  Ricasoli ,  du  conseil  privé  du  duc  de 
Florence,  nommé  en  1 538  évêque  de  Cortone.  A  la 
mort  de  François  I",  il  avait  été  choisi  par  Cosme  pour 
porter  ses  compliments  de  condoléance  et  ses  félicitations 
à  Henri  II.  Les  bons  rapports  entre  les  deux  cours  ne 
s'étant  pas  rétablis,  lîicasoli  fut  rappelé  et  ne  fut  pas  rem- 
placé. —  Voy.  Négociation»  diplomat.  avec  la  Toscane, 
LUI,  p.  187. 


scullement  le  voulloir  entendre  et  croyre. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  après  m'estre  re- 
commandée à  vous,  qu'il  vous  doint  ce  que 
désirez. 

Escript  à    Escouen,   le   vf  jour   de   may 

MVCXLV1II. 

Vostre  bonne  cousine, 

CaTERIKE. 


(1548.)  —  a 3  mai. 

Orig.   Bibl.   nat.  fonds   français,  n°  3iao,    f*  ao. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humyères,  ma  cousine  la  srr 
Strosse  '  m'a  faict  entendre  le  désir  et  affection 
qu'elle  a  deveoirmes  enlïans ,  qui  est  occasion 
que  je  vous  prye  bien  fort  de  les  luy  voulloir 
monstrer,  mais  qu'elle  vueille  aller  à  S1  Ger- 
main, et  la  recevoir  pour  l'amour  de  moy, 
comme  vous  scavez  qu'elle  mérite ,  et  vous  me 
ferez  bien  grant  plaisir,  et  mesmement  de 
în'escripre  le  plus  souvent  que  pourrez  des 
nouvelles  de  mes  dicts  enlfans;  quant  à  celles 
du  Roy  et  de  moy,  je  vous  puis  asseurer  qu'elles 
sont  très  bonnes ,  grâces  à  Dieu ,  auquel  je 
prye  vous  donner,  Monsieur  de  Humyères,  ce 
que  plus  désirez.  De  Doulevant  le  Chaslel'2, 
ce  xxiii0  jour  de  may. 

La  byen  vostre, 

Catebine. 

1  Philippe  Strozzi  laissa  de  Clarice  de  Médicis  sept  Gis 
et  trois  filles  :  Marie,  qui  épousa  Lorenzo  di  Piero  Ri- 
dolli-,  Louise,  mariée  à  Luigi  di  Giuliano  Capponi,  et 
qui  mourut,  dit-on,  empoisonnée;  Madeleine,  mariée  à 
un  noble  romain,  Flaminio  dell' Angnillara;  nous  ne 
pouvons  dire  s'il  s'agit  ici  de  l'une  d'elles  ou  de  Lauda- 
mine  de  Médicis,  femme  de  Pierre  Strozzi,  frère  de 
Robert  et  de  Léon  Strozzi.  —  Voy.  Vie  de  Philippe 
Strozzi,  publiée  par  Nicolini,  Florence,   1867.  in  - 1  s  . 

p.  CKI11. 

1  Dans  le  département  de  la  Haute-Marne,  arrondis- 
sement de  Vassy. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


25 


1548.)  —  17  juin. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3178,  f°  aoi. 

A  MONSIEUR  DL  HT  MYÈRES, 

CBB1  ii  T   .  •  1  ■,  M  ■■!  I  :     M    1       UilSO*   DE  MES  BXI 

Monsieur  de  Humyères,  j'aj  recéu  les 
painctures  de  mes  enffans  que  vous  m'avez 
l'aie t  faire,  lesquelles  j'aj  trouvées  forl  belles 
et  bien  faictes,  et  me  semble  advispar  là  que 
mes  dietz  enffans  sont  bien  amendez  depuis 
que  ue  les  ay  veuz;  je  vous  prye  ne  vous 
lasser  à  m'escriprele  plus  souvent  que  pourrez 
de  leurs  nouvelles.  Le  Roy  a  donné  à  ce  por- 
teur.' maistre  Germain,  ung  estât  de  vallel  de 
chambre  de  monfilz;  je  vous  prie  l'avoir  pour 
recommandé  en  cela  et  faire  pour  luy  tout  ce 
que  pourrez;  car  je  voy  qu'il  mect  bonne 
paine  à  nous  contenter,  le  Roy  et  moy,  qui  est 
fendront  où  je  prye  Dieu  vous  donner,  mon- 
sieur d'Humyères,  ce  que  plus  désirez.  De 
Joynville,  ce  \\u'"  jour  de  juin»  (  1 548) x. 
La  bien  vostre, 

Cateri.ne. 


1548.—  ai  juillet 

.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iao,   f"    6o. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES. 

VIonsieur  de  Humyères,  il  "est  arrivé  en 
ceste  ville  un»  petit  filz  et  trois  fdles  du  conte 
delà  Myrandolle2,  desquelz  le  Roy  m'adonne 
les  deux  <;iandes  filles,  et  a  advisé  d'envoyer  à 
mon  filz  et  à  mes  filles  le  petit  fi Iz  et  la  plus 

Due  lettre  de  Henri  11  à  M.  d'Humières,  datée  de 
Joinville,  le  18  juin  i548,  nous  donne  la  date  exacte  de 
celle-ci.  —  Voy.  Bibl.  nat.  fonds  français, n° 3 120,  f°  ây. 
J  Celaient  les  enfants  de  Galeotlo  Pic,  11e  du  nom, 
comte  de  la  Mirandole,  qui  venailde  livrer  sa  principauté 
au  roi  de  France  en  se  mettant  sous  sa  protection.  —  Voy. 
lettre  du  connétable,  20  juillet,  où  il  parle  des  fils  et  filles 
du  comte  de  la  Mirandole.  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n°3i&7,P  88.) 

Catherine  de  Méuicis.  —  1. 


petite  lille,  qui  est  occasion  que  je  les  vous 
recommande,  et  que  les  faciez  traicter  selon 
que  congnoissez  la  maison  dont  il/,  sont.  Je 
fera}  que  les  deux  filles  qui  me  demeurent  ' 
auront  leur  ordinaire  avecques  les  dames  de 
ma  maison.  Vous  Iriez  le  semblable  de  relit 
qui  va  vers  vous,  à  laquelle  vous  fric?,  def- 
frayer  une  da  moy  selle  et  ung  serviteur  seul- 
lement;  quant  au  petit  filz,  je  m'actends  que 
le  Roy  vous  en  mande  son  voulloir,  qui  me 
gardera  vous  en  faire  plus  longue  lectre;  pryant 
Dieu  vous  donner,  monsieur  de  Humyères.  ce 
que  plus  désirez. 

De    Challon   sur   Saulne,  ce  xxi    jour  de 
juillet  i548. 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


(1548.)  —  29  juillet. 

Orig.    Bibl.    nat.    fomls  français,   n°  3iao,   f°   a8. 

A  MONSIEUR  D'HUMAÈRES. 

CIIEVALIED   DB    L'ORDRE  DU  IlOÏ. 

Monsieur  d'Humyères,  M  Cliristolle  -,  qui 
s'en  va  pour  demourer  près  de  mes  enffans , 
ainsy  qu'il  a  acoustumé,  vous  dira  amplement 
de  mes  nouvelles  et  Testât  en  quoy  je  suis , 
aussi  l'aise  et  contentement  que  ce  m'est  d'en- 
tendre des  nouvelles  de  mes  dicts  enffans,  qui 
me  faict  vous  pryer  de  m'en  escripre  le  [dus 

1  Catherine  de  Médicis  garda  les  deux  ainées.  Sylvie 
et  Fulvie;  la  troisième  fut  envoyée  à  la  petite  cour  de 
Saint-Germain.  Sylvie  épousa  François  de  La  Rochefou- 
cauld :  Fulvie ,  Charles  de  La  Rochefoucauld ,  sr  de  Randan , 
mort  en  1062  des  blessures  recuis  au  siège  de  Rouen; 
restée  veuve  à  vingt-deux  ans,  elle  ne  se  remaria  pas.  — 
\»\.  Hilarion  de  Coste,  Les  éloges  et  les  vies  des  reynes, 
prinçfsses  et  daims  illustres,  Paris,  Cramoisy,  iim; 
t.  II.  p.  762;  Ducbesne,  Généalogie  des  La  Rochefou- 
cauld; Chazot  de  Nantigny,  Généalogies  hitlor.  t.  11, 
p.  3 18. 

2  ChristophteiChrestien,  médecin  du  Roi. 

k 


M 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


souvent  que  vous  pourrez,  et  vous  nie  ferez 
biengranl  plaisir.  Le  Roy  entend  que  AI  Jehan 
Goueverot1  demeure  aussi  avec  mes  dietz  enf- 
l'ans,  comme  je  luy  mande;  et  pour  ce  que  le 
(lict  Christofle  est  suffisant  pour  vous  dire  le 
surplus,  je  feray  fin  de  lectre,  pryant  Dieu 
nous  donner,  monsieur  de  Humyères,  ce  que 
plus  désirez. 

De  Mascon  -,  ee  XXIXe  jour  de  juillet. 
La  byen  vostre, 

Gvterine. 


(1548.)  —  3  septembre. 

Orig.  Bibt.  nat.  t'omis  français,  n°  3iao,  f1  ûi. 

\  MONSIEUR  DE  HDMYÈRES. 

Monsieur  de  Humyères,  il  n'y  a  guyères  que 
je  vous  av  escript;  présentement  vous  venlx 
bien  advertir  que  j'ay  receu  voz  dernières 
lectres,  et  que  me  faietes  bien  grant  plaisir  de 
me  mander  souvent  des  nouvelles  de  mes  enf- 
fans.  Il  m'a  esté  dict  qu'il  y  a  à  présent  fort 
grant  dangier  à  Paris  et  que  l'on  si  meurt 
bien  tort;  pour  ceste  cause,  je  vous  prve  de 
vous  en  enquérir el  le  sçavoir  ;'i  la  vérité,  affin 
de  donner  ordre  que  ceulx  qui  viendront  de 
Paris  n'entrent  où  seront  mes  dilz  enffans  et 
que  l'on  s'en  preigne  bien  garde.  J'espère  que 
bientoust  la  eoinpaignye  de  mes  enffans  aug- 
mentera   et    qu'ilz    auront  avecques    eulx    la 

'  Gouevrot,  né  à  Bellème.  Il  fut  successivement  le  mé- 
decin de  François  I",  de  Marguerite  d'Angoulème  et  des 
enfants  de  Henri  11.  11  a  publié  le  Sommaire  de  toute 

.  dont  on  connaît  trois  éditions.  —  Voy.  Odolant 
Desnos,  Hist.des  durs  d'Alençan. 

ri  II,  dans  uni-  lettre  à  M.  d'Humières,  datée 
le  Bourg-en-Bresse,  le  27  juillet  i548,  lui  annonce  qu'il 

i  P    mont  et  qu'il  laisse  à  Màcon  .  avec  sa  femme, 

pour  entendre  à  ses  affaires,  ses  cousins,  le  cardinal  de 

Lorraine,  le  duc  de  Guise,  le  chancelier,   le  sieur  de 

Saint-André  et  l'évêque  de  Coutances.  (Bibl.  nat.  fonds 

i"  3i  2  o,  f  63 1 


petite  royne  d'Eseosse  \  de  quoy  je  suis  bien 
fort  aise;  quant  est  de  mes  nouvelles,  je  v.ous 
puis  asseurer  qu'elles  sont  très  bonnes,  grâces 
a  Dieu,  auquel  je  prye  vous  donner,  monsieur 
d'Humyères,  ce  que  plus  désirez. 
De  Lyon,  ce  un'  jour  de  septembre. 
La  byen  vostre, 

Catrrinb. 


15'iS.  —   li  septembre'. 

Orig.  Aivh.  de  Modène. 

I  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  le  cappitaine  Jerosme  Pepé  ma 
laie t  entendre  comme,  il  y  a  cinq  ans  passez, 
qu'il  bailla  en  garde  entre  les  mains  de  Guy- 
chardiny,  marchant  florentin,  demeurant  "ii 
vostre  ville  de  Ferrare,  la  somme  de  sept  cens 
escuz  d'or  soleil,  et  qui!  est  advenu  que  ledicl 
Guychardiny,  peu  de  temps  après,  pour  son 
mauvais  gouvernement,  a  fairt  banquerolde, 
et  par  voire'  commandement  esté  mys  prison- 
nier en  voz  prisons,  et  ses  biens,  debtes  et  mar 
chandises  à  luy  appartenans  saisiz  et  mys  en 
mains  de  commissaires  pour  satisfaire  à  ses 
créanciers;  el  pour  ce,  mon  oncle,  que  je  dé- 
sire ledict  cappitaine  Pepé  estre  payé  et  rem- 
boursé de  ce  que  le  dict  Guichardiny  luy 
doibt,  pour  estre  de  long  temps  serviteur  du 
Roy  soubs  la  charge  de  mon  cousin  le  sieur 
Parestroie,  cela  est  occasion  que  je  vous  prie 

1  Voy.  pour  le  débarquement  de  Marie  Stuarl ,  l'r.  Mi- 
chel, Les  Brossais  en  France,  t.  I,  p.  63g.  La  (lotte  qui 
l'amenait  quitta  l'Ecosse  le  7  août  1 548;  elle  aborda  le  i3 
an  port  de  Boscoff,  près  de  Morlaix ,  on  plus  tard  on  elev  a 
une  chapelle  commémoralive.  —  Voy.  pour  l'arriver  de 
Marie  Stuarl,  lettres  de  Henri  II,  mémoires  de  Saulx, 
collect.  Pelitol,  1'"  série,  t.  XXIV.  p.  32:  lettre  de  Henri  11 
à  M.  de  Marillac,  Bibl.  nat.  fonds  Clairamhault,  vol.  3'iti; 
lettre  de  Henri  II  à  M.  d'Humières,  Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°3i3a,  f  la,  el  n°  3iao,  1° 69. 


LETTRES   DE  C  ITHE 

bien  forl  de  commander  qu'il  soil  payé  sur 
tous  aultres  de  sa  dicle  debte  de  sepl  cens  es- 
el  lu\  estre  aidant  et  favora"ble  de  loul  ce 
que  pourrez  pour  l'amour  de  moy,  el  vou6  me 
ferez,  en  ce  faisant,  bien  granl  plaisir;  priant 
Dieu,  mon  oncle,  qu'il  vous  doint  bonne  vye 
et  longue.  IV  la  Cousle  de  S'  ^ndré1,  ce 
Min   jour  de  septembre  i  548. 

Vostre  bonne  niepse, 

Caterine. 


1548.  —  Septembre.) 

Brilisfa  Uuseam. 

\  m   SOEUR  LA  ROÏNE   DE  NAVARRE5. 

Ma  seur,  j'é  aysté  bien  ayse  d'antandre  de 
veos  noveHes  et  de  selles  deu  roy  de  Navarre3, 
mésbyen  marrie  d'avoyr  antendeu  par  sel  pour- 
la  pouyne  en  quoy  vous  aytyés  lou  deus, 
aurore  que  sel  souit  san  aucasyon.  voyanl 
l'amylié  que  le  Roy  vous  porteà  lou  deus.  come 
plulx  au  Ion  vous  dire  set  jeantyllhomme  pré- 
sent porteur,  car  je  trouve  byen  mauves  set 
que  l'on  vous  a  fayst;  et  pour  se  que  y  et  bien 

C'eslà  I:  Côte-Saint-André  que  Henri  II,  au  retour 
du  Piémont,  rejoignit  Catherine  Je  Médias.  Dans  une 
Leiln  i  !"  8  septembre  i  548  .  il  écrivait  à 

M.  d'Humières  :  rJe  vous  advise  que  j'espère  arriver 
-mardv  a  la  Couste  S -André,  où  ma  femme  nu-  vient 
-  trouver.^  (  Bibf.  nat.  fonds  français,  n°  3 120,  f°  65.)  11 
date  une  nouvelle  letlre  de  la  Côte-Sainl-André,  le 
1     septi  ml     -    ',,;'»'  1  67. 

Marguerite  d'Angoulème,  duchesse  d'Alcnçon,  sœur 

de  François  I".  fille  de  Charles  d'Orléans  et  de  Louise  de 

Savoie,    née  le    11    avril    i4o,a,    mariée   en   premières 

noces  à  Charles  d'Alençon ,  et  en  secondes,  en  1527,  à 

Henri  d'Albret.  Celle  lettre  fut  écrite  à   l'occasion  du 

mariage  de  Jeanne  d'Albret  avec  Antoine  de  Bourbon, 

qui  eut  lieu  à  Moulins,  en  octobre  1 5 ') 8 ,  contre  le  gré 

de  la  reine  de  Navarre.  —  Voy.  Lettres  de  Diane  de  Poi- 

1    blii       par   Guifirey.   p.  28,  et  les   Lettres  de 

Marguerite  di  Navarre,  édif.  Génin,  I.  I",  p. 

Henri  d'Albret 


RINE   DE   MÉDI01S.  'i~ 

j  ustruvl  de  leut,  je  ne  vous  en  fayré  redyste, 
me  rcmetanl  sur  sa  seufysance.el  seulement  je 
vous  pryeré  de  panser  que  n'arésjeamès  heune 
mylheur  parente,  ni  qui  désire  plulz  vous 
ton  deus  content  que  moy.  n\  que  de  myll 
cueur  s'emplouye  pour  teut  set  que  je  saré  el 
pensi  ré  qui  vous  puysse  ayder  el  ayderé,  car 
je  n  sans  veos  annui,  come  j  iurs  conu 

que  avésl'aystlé  mien,  etvousconeusy  aimanl 
le  Roy,  autant  que  j'é  coneu  pour  mon  parti- 
ceulyer,  que  sela  m'oublige  ancore  daventage 
à  nous  ayslre  seine  et  bonne  amye,  el  vous 
prye  le  croire  \n>i  et  je  fayré  fin,  me  n 
mendant  à  vos  bonne-  grases. 

Vostre  bonne  seur. 

Caterim  . 


1548.  —  1'    01  tobi  . 

Orig.  Ai  .  is.dalia  Clza  4756,  nuova  l 

\  MON  COUSIS 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DF.  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'aj  receu  voz  lettres  par  Mes- 
sire   Nicollas  de  Medicis,  lequel  m'a  ara] 
ment  compté  de  voz  nouvelles,  dont  j'ay  esté 
1res  aise,  et  d'aultant  que  les  services  qu'il  0 
tout  le  temps  de  sa  vye  faietz  à  voz  préd 
seurs  méritent  la  recongnoissance  envers  luy 
et  les  siens,  et  ceulx  qu'il  recevra  en  sa  patrye 
luy  seront  de  plus  grand  estime  et  valleur  que 
beaucoup  plus  grans  qu'il   recepveroil  en  c< 
pays,  je  vous  ay  bien  voullu  pryer,  aullant  af- 
fectueusement que  je  puys,  de  luy  faire  du 
bien,    el    l'avoir    pour   recommandé:    il    esl 
chargé  de  grande  famille  et   mesmemenl  de 
filles  ausquelles  j'espère  aider,  quant  viendra 

temps  oportun  de  leur  party;  en  a\  d n 

prince  de   Melphe 1   son  fils  Lyon,  qu'il  a 

n  Caracciolo ,  deveni  ,  en  i5s  .  prin  1  de  Mel- 
phe par  la  mort  de  son  père:  en  l544,  il  fut  nommé 
maréchal  de  France,  et,  en  i545,  gouverneui  du  Pié- 

4. 


28 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


amené  avecques  luy  pour  aprendre  cl  se  adex- 
Irir  avec  luy,  et,  selon  qu'il  se  sera  façonné,  le 
faire  mettre  en  tel  estât,  que,  à  l'imytation  de 
son  père,  il  se  esvertue  à  faire  service  et  estre 
homme  de  bien  et  valleur,  etayderay  tousjours 
à  les  pourvoir  le  myeulx  qu'il  me  sera  pos- 
sible. Je  luy  ay  donné  charge  vous  dire  quel- 
ques choses  de  ma  part.  Vous  me  ferez  bien 
grant  et  siugullier  plaisir  de  le  voulloir  oyr  et 
croyre  de  ma  part,  comme  je  pense  que  vous 
avez  entière  fov  et  créance  de-  luv,  priant 
Dieu ,  mon  cousin ,  après  m'estre  recommandée 
à  vous,  qu'il  vous  doient  ce  que  désirez. 
Escript  à  Lyon,  le  premier  jour  d'octobre 

>ivcl  XLVIII. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catbrine. 


1548. 


octobre. 


Ong.  Imprimé  par  Armand  Baschel ,  dans  sa  traduction  de  la  Jeu- 
de  Catherin?  de  Mèdicis,  par  R<'umont  (  Append.  p.  3ao). 

\  MESDAMES  DES  MURATTES 

DE  FLORENCE. 

De  par  la  Royne  , 

Chères  et  bien  amées,  nous  avons  receu  par 
messer  Nicole  de  Médicis,  présent  porteur,  les 
lettres  que  nous  avez  escriptes,  et  entendu  par 
ln\  ce  qu'il  nous  a  dicl  de  votre  part,  mesmes 
•  ilunté,  en  laquelle  vous  persévérez  ordi- 
nairement, de  pryer  Dieu  pour  la  prospérité 
lu  Roy  monseigneur,  de  nous  et  de  noz  enf- 
ans,  vous  prians  bien  fort  de  voulloir  conli- 
mer,  estans  asseurés  que  nous  les  recognois- 
trons  vers  vous;  nous  luy  avons  donné  charge 
de  vouz  dire  de  notre  part  quelques  choses. 
\  ous  nous  ferez  bien  grant  et  singulier  plaisir 
rie  ie  voulloir  entendre  et  croyre,  pour  estre 

mont.  —  Voy.  Mémoire»  de  Vieilleville,  liv.I,  chap.  vu; 

Bilil.  tiat.  collection  Gaignières.  vol.  3a8. 


homme  de  foy  et  créance,  asseurés  comme 
vous  mesmes  le  cognoissez  de  bonne  et  entière 
suffisance.  Et  à  tant,  chères  et  bien  amées, 
nous  prions  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde.  Donné  à  Lyon ,  le  premier  jour 
d'octobre  mvcxlviii. 

Caterinb. 

Rkrtalld. 


(1548.)  —  8  octobre. 

Orig.   Bitil.   nat.  fonds  français,  n"  3iao.  f°  ûG. 

A  MONSIEUR  DE  HUMYÈRES. 

Monsieur  de  Humyères,  j'ay  veu  par  dez 
lettres  que  m'avez  escriples  comme  vous  avez 
esté  contrainct  de  vous  en  aller  pour  les  ob- 
secques  de  feue  Madame  de  Contay  ' ,  vostre 
belle-mère,  qui  est  déceddéc,  dont  j'ay  esté 
et  suys  fortdcsplaysante,  et  cognoissant  qu'elle 
avoit  passé  son  temps  en  l'eage  de  s'en  aller 
en  repoz  avecques  nostre  Seigneur,  et  qu'il  est 
nécessaire  de  se  conformer  à  sa  volunté,  quant 
luy  plaira  nous  appeller,  j'ay  pensé  que  vostre 
prudence  sera  si  vertueuse  et  forte  qu'elle 
vous  donnera  la  consolation  que  vous  méritez; 
qui  sera  cause  que  je  ne  vous  en  dirav  pour  le 
présent  davantaige.  Je  suys  bien  asseurée  que, 
pendant  vostre  absence,  Madame  de  Humyères 
supployera  assez  au  gouvernement  de  mon 
filz  et  de  mes  tilles;  louteffoys  vous  me  ferez 
bien  grant  playsir  de  retourner  le  plus  tous! 
que  vous  pourrez  et  je  vous  en  prye.  A  tant, 
Monsieur  de  Humières  ,  Nostre  Seigneur  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

1  Barbe  de  Hallwin,de  la  famille  des  Hall  win  originaires 
de  Flandre;  elle  avait  épouse  Charles  de  Contay,  seigneur 
de  Moncourl  et  de  Fricourt.  —  Voy.  lettre  de  Henri  II 
à  M.  d'Humières,  datée  de  Saint-André,  le  7  octobre 
1  548  ,  et  écrite  à  l'occasion  de  la  mort  de  M™*  de  Conta] 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  ms.  3i2o,f°  70). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


29 


Escript  à  Sainct-André1,  le  vm°  jour  doc- 
lob  IV. 

La  byen  vostre, 

Caterine. 


1548.  —  ao  octobre. 

Orij,  Arch.  des  Médicis ,  dalla  lîlza  4731'),  nnov»  numeraiione,  p.  78. 
\  M0K  1  01  S1N 

MONSEIGNEUR  LE  DEC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  priée  vous  escripre  pour 
une  nommé  lia;  née  de  Paule  Stocque  de  Late- 
rine,  et,  à  ce  qu'on  m'a  donné  à  entendre, 
es!  l'un  de  voz  subjeetz,  qui  trouva  en  terre 
quelque  petite  quantité  d'escuz,  il  y  a  environ 
quatre  ans,  qu'il  dit  avoir  despenduz,  et,  par 
faillie  d'avoir  fait  le  debvoir  envers  vous  qui! 
esloit  tenu  fère,  a  esté  depposseddé  de  ses 
terres;  à  ceste  cause,  mon  cousin,  etqu'ii  est 
parent  d'undeinesolIiciers,je  vous  prie  l'avoir 
pour  recommandé,  luy  faisant  telle  gracieuseté 
et  pardon  qu  il  puisse  retourner  en  la  joyssance 
de  ses  liiiiis.  qui  scia  i'endroict,  mon  cousin, 
où  je  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Moulins,  le  x\me  jour  d'octobre 
t548. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


I5/i9.  —  12  mars. 
Orig.  Arch.  des  Médicis,  dalla  filza  £726 ,  uuova  numeraiione,  p.  81 . 
Y  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  advertie  par  Hie- 
rosmme  de  la  Rubie-  qu'il  est  empesché  en  la 

1  \  illage  et  seigneurie  prés  Tarare ,  dont  Jacques  <T  A!- 
bon,  maréchal  de  France,  prit  le  nom. 

J  Le  célèbre  sculpteur  et  émailleur  Délia  Robbia.  — 

Voy.  pour  ses  divers  Ira  vaux,  Laborde,  La  Renaissance  a  la 

de  Franco,  t.  I,  p.  375.   5o3,  507,  534;  V Histoire 


jouyssance  d'une  maison  qu'il  a  eu  vostre 
ville  de  Florence  par  le  cbappilre  de  l'église 
Sancte  Marie  ciel  Fiore,  parfaulte  de  leur-avoir 
payé  le  debvoir  seigneurial  qu'ilsonl ,  par  cha- 
cun an,  sur  la  dite  maison;  et  d'aullanl  qu'il  \ 
a  pleus  de  trente  ans  qu'il  a  tousjours  de- 
meuré en  France  au  service  du  feu  Roy  et  du 
Roy  monseigneur,  où  il  est  encores,  de  pré- 
sent, ordinairement  employé  pour  la  conduicte 
el  édification  d'aucuns  de  ses  bastimens,  je 
vous  en  ay  bien  voulu  escripre,  vous  pryant, 
mon  cousin,  l'avoir  en  ceste  affaire  pour  re- 
commandé, et,  pour  l'amour  de  moy,  luy  ayder 
et  donner  faveur  envers  le  susdit  chappitre, 
allîn  que,  en  payant  leur  deu,  il  puisse  joyr 
paisiblement  de  sa  dite  maison,  jaçois  que  il 
n'y  soit  allé  en  personne  pour  l'empeschemenl 
qu'il  a  aux  affaires  d'aucuns  bastimens  de  mon 
dict  seigneur  le  Roy.  Ce  faisant,  vous  me  ferez 
grant  plaisir,  qui  sera  l'endroit  où  je  prye  à 
Dieu,  mon  cousin  ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  S1  Germain  en  Laye,  le  m'  jour 
de  mars  i5&8.—  (i5it).) 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Marchant. 

(De  sa  main.)  Raccoinanda  Hieronimo  délia 
Rubia  per  la  moleslia  che  li  è  data  d'una  casa 
ebe  ha  in  Fiorenza  dal  Capitolo  di  Santa  Maria 
del  Fiore,  per  non  baver  pagato  il  censo  ogni 
anno,  et  questo  esser  mancato  per  essere  stato 
già  molli  anni  in  Francia  al  servitio  del  Re 
jiassalo  et  di  questo,  et  priega  Vostra  Eccel- 
lenza  a  far  opéra  col  Capitolo  che  la  moleslia 
cessi;  sua  Excellenza  ci  l'ara  quell'  opéra  che 
potra,  ma  le  son  cause  ecclesiastiche. 

(/«  château  de  Madrid,  par  le  même;  Barbet  de  Jouy, 
Les  Delhi  Robbia,  élude  sur  leurs  travaux,  Paris,  t855 


im    i   \ï!Ii:iil  SE    DE    i      DU 


\  |,.    M.II1I..I! 

\U)\  (  m  s|\   |.i.  os  .    i»;;   \|  VMOl  E  . 


;  ,/,!,  ,  vous  ;n  ez  prin  1e  d  estre  mon  compère 

1  ii'  lien  cl  mo\  ious  avons  cbois\  coraini 
<clu\   «j ne  n  mon;        plus  prouche  cl 

iidiiiil  e.  don  veulx   bien  rem 

[■ou.siu  lo  iju  il  h  csl 

■ 

de     m   itrrh l'c  pin  ■,    il  \  ,  jou 

bien  venu  pour  i  

't  à  lin,  comme  pan  tilhomme,    présent    porteur,   vous  dire    e 

:  bien  dél  '  i  1er  ri  de  ,  .  i  où  j 

■  iii    lu\  loul  '  e  bien        I  lien   von  -  donner,   mon  oncl  ,  ve  el 

endi  voys  pryer  lh  eu        Ion 

v\e.  De  S    Germain  en      im      ce   wir    jo 

ri'  x\i    jour  d  a\  i  il  mdxlix.  ma\ 

ine .  \  ostre  bonne 

i\:  GAI 


!       —     !       i, 

■il  El  II  Ll    DU     DE  FEKHARE  . 

.  je  vous  jçii  - 


1549     -  S  juin. 

i         nnti 

i  01  SIS 

MoY-  Dl  C  DAl  \]  U  i.i.  . 

i  .       i        r  i  ces  q  u  c 

lion       i        ii 

;  Pal 

' 
- 

Ludu  'i  I  ■         '    '      ■    '■    •    '     •'     Ni     H    'I" 

| 

lai      I 

n  en    i  :,  (3 .;  ;  il  (  ; 

....  ,].■  François  île  Cl 

M.,!     n  i  i.  ,1,  Boni] .i  dndiicliédi   \  '-  '''■""" 

.    [iGryphius, 

—  Vov.  UÏ'mmm  i/«  r/uc  r/i    I  >'°!    Brunct, 

;     i  ,  '  '  '. 


I.1..1    ..I   n. 


Henri  i  3  p  i.'i'ii),  à  M.  de  M 

1111  nouvfi  François  1  ie  pril  le  lili 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   VÎÉDICIS. 


11 


les  ivogadre  père  et  fil/  ont,  de  longtemps, 
laid/,  au  Roy  el  contyauent  chascun  jour, 
j'avois  délibéré  vous  pryer  de  voulloir  donner 
à  Michel  Wogadre  le  filz  l'une  (fis  trois  judi- 
catures  e,stablies  au  marquisat  de  Saluées; 
mais  je  n'av  eu  depuis  moyen  Je  vous  von. 
qui  est  occasion  que,  pour  l'affection  que  j  a\ 
.mi  ccst  endtoict,je  vous  envoyé  le  placet  qui 
m'en  a  esté  baillé,  et  vous  prye  bien  forl  de 
pourveoir  en  ma  laveur  le  dict  Avogadre  de 
l'une  desdictes  trois  judicatures ,  le  préférant  à 
tous  autres,  pour  l'amour  de  moy,  el  je  vous 
puis  asseurer  que  me  ferez  bien  granl  plaisir; 
pryânt  Dieu,  mou  cousin,  qu'il  vous  doint  ce 
que  pins  désirez. 

De  S'  Denis,  ce  vin   jour  de  juin;;  '. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


plaisir  en  ce  faisant.  Priant  Dieu  vous  don- 
ner, mon  cousin,  lionne  vye  el  longue. 


I). 


1549.  —  8  juillet. 

Mi  ' .i     ,  dalla  filza  6796,  nuova  m razione,p.  517. 

i  MON  CODSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  comme  vous  avez 
prins  à  vostre  service  Jullien  de  Spiquio  et 
luv  avez  baillé  l'une  de  vos  offices  du  collège, 
de  quoy  je  vous  sçay  bon  gré;  et  pour  ce 
que  je  porte  bonne  affection"  à  Benedic  de 
Spiquio  son  filz',  et  que  je  désire  m'employer 
pour  eulx  où  jepourray,  à  reste  cause,  je  vous 
prie,  mon  cousin,  voulloir  continuer  le  dict 
Jullien  en  vostre  dict  service,  et  à  l'yssue  du 
dict  office  du  collège,  le  pourveoir  en  quelque 
autre  de  vos  offices  que  congnoistrez  luy  estre 
propre,  allin  qu'il  se  puisse  plus  commodé- 
ment maintenir  en  son  estât,  et  vous  me  ferez 

•[lie  l'année  suivante ,  à  la  mort  de  son  père ,  Claude  de 
Lorraine,  arrivée  le  12  avril  i55o. 

1  L'avant-veille  de  son  sacre,  qui  eut  lieu  le  10  juin 
1  54g. 


aris,  ce  \n|'"   jour  de  juillet  i  ô'in. 
!  re  bonne  cousine. 

tl\  rr.iim.. 


1549.)  —  29  août. 

Ori(J.  Bibl.  nat.   fuods  français,   n°  3i'j<>.  IJ  M;. 

\  MONSIEUR  DE  BUMYÈRES, 

chi  <  slieb  de  L'ordre  or  roy  et  gouverneur  de  mes  enffans. 

Monsieur  d'Uuniyères.  j'av  receu  la  painc- 
ture  de  mon  filz1  (jue  vous  m'avez  envoyée, 
que  je  treuve  bien,  au  reste  qu'il  me  semble 
que  le  visaige  ne  luy  repporte  pas  du  tout,  ne 
pareillement  de  la  paincture  que  m'avez  en- 
voyée de  mon  lilz  d'Orléans2;  et  pour  ce  je 
vous  prye  me  mander  s'ilz  sont  bien  faictz  et  si 
leur  ressemblent,  el  à  toutes  adveutures  me 
faire  encores  faire  deux  autres  visaiges  de  mes 
clitz  deux  filz,  que  vous  m'envoirez  pour  les 
représenter  l'un  devant  l'autre,  allin  d'osier 
l'oppinion  que  j'en  ay.  Aussy  vous  prye  de 
m'envoyer  les  painctures  de  mes  autres  enf- 
fans,  ainsi  que  le  painctre  les  dépeschera,  el 
me  mander  des  nouvelles  de  ma  petite  fille'', 
comme  c'est  qu'elle  se  portera;  et  si  voyez 
qu'elle  fust  encores  mallade,  je  serois  d'advis 
que  maudissiez  incontinant  quérir  Goeverof  '. 
et  pour  ce  vous  pourvoirez  à  cela  le  plus  tousl 
que  pourrez;  qui  est  fout  ce  que  vous  aurez 
pour  ceste  foiz,  après  avoir  pryé  Dieu  vous 
donner,  Monsieur  d'Humyères,  ce  que  plus 
désirez.  De  Compiègne,  ce  xix"  jour  d'aousl  '. 
La  byeti  vostre, 

(  Utérine. 


François  dauphin. 

■'  Louis  d'Orléans,  sonsecond  Gis, né  le  '■'<  février  1  .">  la, 
mort  en  octobre  1  55o. 
1  Claude. 

*   Cité  plus  liant,  p.  2l). 
r'  Elle  parle  dans  cette  lettre  de  ses  deux  fils:  Louis 


32  LETTRES  DE  CAT 

15/19.  —  3i  août. 

Orig.  Arch.   de  Manloue. 
A  MOU  COUSIN 

LE  S    LUDOVIC  DE  GONZAGUE'. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  les  loclres  que  vous 
m'avez  escriptes,  où  me  mandez  que  mon  filz 
vous  a  faict  très  bonne  chère  et  bon  recueil, 
de  quoy  je  suis  bien  ayse,  et  n'eusse  pas  este' 
contente  deluy  s'il  eut  faict  aultrement,  pour 
l'amour  de  la  bonne  volunlé  et  amitié  que  je 
vous  porte,  vous  asseurant-  que  je  suis  bien 
marrye  que  vous  estes  malade,  mais  j'espère 
(jue  vous  ne  le  serez  pas  longuement,  et,  pour 
ce,  je  vous  prye  de  mettre  poyne  d'estre  bien- 
tost  guari,  affin  de  retourner  incontinent  de- 
vers mon  filz;  qui  est  tout  ce  que  je  vous  es- 
cripray  pour  ceste  heure,  priant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  donner  ce  que  désirez.  De  Com- 
piègne.  ce  dernier  jour  d'aoust  mdxlix. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


HERINE  DE  MÉD1CIS. 

de  mes  enffans,  comme  la  chose  de  ce  monde 
que  j'ay  autant  en  désir  et  affection,  me  faict 
vous  prier  de  voulloir  continuer  les  advertis- 
semens  que  m'en  donnez  en  aucune  occasion 
commode,  où  j'auray  tant  d'aise,  que  ne  me 
le  sauriez  donner  plus  grant,  ne  tant  agréable. 
Au  demourant,  mon  cousin,  pour  ce  que,  à 
ma  requesle,  le  Roy  monseigneur  a  accordé 
et  donné  la  place  que  tenoit  deffuncte  Fon- 
taines à  la  femme  de  mademoyselle  de  Danne- 
inarie  \  je  vous  eu  ay  bien  voulu  advertir, 
pource  que  le  dict  seigneur  veult  qu'elle  soit 
mise  au  lieu  de  la  dicte  deffuncte;  et  à  tant, 
mon  cousin,  je  prye  Dieu  qu'il  vous  ayt  en 
sa  garde. 

Escript  à  Nemoux,  le  quatriesme  jour  de 
mars,  l'an  mil  cinq  cent  quarante  neuf  (  i55o). 
La  byen  vostre, 

Caterine. 


1550.  —  6  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3o6a  ,  f°  5a. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  D'HUMYÈRES, 

,      CHEVAI.1E11    DE   L'OnDRE   DL-  ilOÏ  MO.NSE1CNEUH. 

Mon  cousiu ,  le  grant  bien  et  plaisir  que 
j'a\  d'ente.ndre  la  bonne  santé  et  disposition 

d'Orléans,  son  second  fils,  élant  né  le  3  février  i5A8 
(i56g),  cette  lettre  est  donc  certainement  de  i5/ig,  car 
M.  d'Humières  mourul  dans  le  mois  de  juillet  de  l'année 
suivante.  —  Voy.  lettre  de  condoléance  de  Henri  II  à  ma- 
dame d'Humyères,  datée  d'Anet,  le  ao  juillet  i55o  (Bilil. 
nat.  fonds  français ,  n°  3 1  20 ,  f°  g  '1  ) ,  et  les  vers  latins  de 
Melin  de  Sainct-Gelays  :  De  natalibui  Ludovici  Aurelia- 
nensium  ducis,  dans  ses  Œuvres,  édit.  de  P.  Blanche- 
main,  t.  II,  p.  3ai . 

Cité  plus  haut,  p,  3o;  envoyé  pour  élre  élevé  avec 
le  Dauphin. 


1550.  —  i3  mars. 
Orig.  Arrh.  des  Médicis,  dalla  filza  67a6,nuova  numerazione ,  p.  8a. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  Messire  Agnolo  de  la  Stuffa, 
en  deux  ans  qu'il  a  esté  par  deçà,  a  tant  sceu 
fère  et  si  bien  poursuivy  avec  une  vertu,  une 
patience  et  dextérité  si  grande,  que  finable- 
ment  il  a  obtenu  la  restitution  et  délivrance 
de  Messire  Pandolphe  son  frère2,  je  dys  avec 
ung  contentement  et  satisfaction,  non  point 
du  Roy  monseigneur  tant  seullement,  ny  de 
moy,  mais  générallemenl  de  tous  ceulx  à  qui 

1  Anne  Lemaye,  dame  de  Dannemarie,  avait  assisté 
Catherine  de  Médicis  dans  l'une  de  ses  dernières  couches. 
—  Voy.  lettre  de  Henri  II,  Bibl.  nat.  fonds  français, 
n°  3 120,  f"  'ig;  Etat  de  la  maison  de  Marie  Stuart,  dans 
les  Négociation»  tous  François  11,  p.  345. 

-  Cité  plus  haut,  p.  1  5. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉD1CIS. 


33 


il  a  eu  à  faire  en  cesl  endroict,  en  sorte  que 
je  ne  puis  que,  par  luv  mesmes,  je  ne  vous 
escripve  ce  que  j'en  ay  veu  et  congneu,  ne 
povant  assez  louer  ny  estimer  ung  tel  et  si 
rare  serviteur  que  vous  avez  en  luy,  et  qui  mé- 
rite bien  que  vous  en  tenez  compte;  et  com- 
bien que  je  saiche  qu'il  n'en  soit  jà  besoin;;, 
-i  vous  veulx-je  pryerque,  oultre  ses  dits  mé- 
riteSj  vous  le  vueillez,  pour  l'amour  de  moy, 
avoir  pour  agréable,  et  le  tenir  pour  recom- 
mandé, en  le  favorizant,  comme  vous  avez 
accoustumé  ceulx  qui  en  sont  dignes,  comme 
il  est.  Ce  me  sera,  en  ce  Taisant,  mon  cousin, 
bien  tort  grant  plaisir,  sur  quoy  faisant  fin, 
je  prye  Nostre  Seigneur  vous  donner  très  bonne 
et  longue  vye. 

Escript  à  S1  Germain  en  l'Aye,  ce  xin"  jour 
de  mars  1 54y  (t55o)  '. 

Vostre  bonne  cousine. 

Cateiùne. 


de  Guyse;  laquelle  terre,  au  moien  du  dit 
décès,  est  tumbée en  rachapt  qui  appartient  à 
mon  dift  cousin ,  et  pour  ce;  que  le  dict  rachapt 
luy  est  deu  par  le  dict  Noyant  et  ses  seurs  et 
que  je  serois  fort  ayse  de  leur  faire  plaisir  en 
cest  endroict,  je  vous  ay  bien  voulu  escripre 
cesle  leclre  pour  \ous  prier,  mais  c'est  bien 
affectueusement,  l'aire  que,  tant  de  vostre  pari 
que  par  mon  dict  cousin,  ilz  soient  bien  traic- 
tez,  et  que,  en  cela,  ilz  se  ressentent  de  ma  la- 
veur, de  sorte  qu'ilz  cognoissent  que  j'ay  envye 
de  leur  faire  plaisir,  qui  ne  me  sera  moindre 
que  à  eulx;me  recommandant  à  vostre  bonne 
grâce,  et  priant  Nostre  Seigneur  vous  tenir,  ma 
cousine,  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Paris, 
le  vic  jour  d'avril,  l'an  mil  cinq  cens  cinquante. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Maiiieu. 


1  550.  —  fi  avril. 
Orig.  Bibl.  liât,  fonds  Clairambaut ,  vol.  364 ,  f"  9900 . 

A  MA  COUSINE  MADAME  DE  GUISE5. 

Ma  cousine,  le  s1"  de  Noyant,  l'un  de  nies 
gentilzhommes  servans,  m'a  faicl  entendre  que 
naguères  Yollant  de  Prez ,  sa  belle  mère ,  est  dë- 
ceddée,  à  laquelle  appartenoil  la  terre  de  Prez, 
estant  de  valleur  de  sept  à  buict  cens  livres 
de  revenu  annuel  et  assize  au  marquisat  de 
Mayne,  appartenant  à  mon  cousin  Monsieur 

'  Pareille  lettre  fut  adressée  à  la  duchesse  de  Florence, 
\a).  dalla  filza  n"  '17-20,  p.  83. 

2  Antoinetle  de  Bourbon,  tille  de  François,  comte  de 
Vendôme  et  de  Marie  de  Lu\emhourg,  née  le  2  5  dé- 
cembre 1  '19/1  ;  elle  avait  épousa ,  le  1  8  a\  ril  1  5  1 3,  Claude 
de  Lorraine,  qui  fut  le  premier  duc  de  <iuise;  elle  mourut 
le  :!•!  janvier  1  583,  à  l'âge  de  8g  ans.  La  Bibliothèque  na- 
tionale possède  un  grand  nombre  do  lettres  d'elle,  dont 
plusieurs  ont  été  publiées  dans  le  Cabinet  historique. 

CATHERINE   DE  MÉD1C1S.  I. 


1550.  —  1  '1  avril. 
Orig.  Arcb.  des  Médias,  dalla  filza  6736,  nuova  nunierazione  ,  p.  97. 

A  MON  COUSIN  UE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  si  pour  plusieurs  respect/, 
mentionnez  es  lettres  que  vous  m'avez  escript, 
vous  avez  eu  occasion  de  grandement  vous 
resjouir  pour  la  création  du  nouveau  pappe1, 
je  vous  puis  bien  dire  que  je  ne  l'ay  eue 
moyndre  de  ma  part,  tant  pour  l'avoir  cogneu 
auparavant  affectionné  au  service  du  Hoy  mon- 
seigneur, que  pour  l'entière  confience  que  j  a\ 
que.  par  cy  après,  il  fera  l'office  de  très  sainct 
Père  envers  mon  dict  seigneur  es  affaires  cou 
cernant  l'eslat  de  son  royaulme  et  de  la  répu- 
blique cb.res  tienne  ;  d'autant  que  vous  m'avez 
faict  ce  plaisir  de  me  faire  part  de  cest  heu- 

1  Jules  III ,  Jean-Marie  del  Monte ,  né  le  1  o  septembre 
1/187,  élu  pape  le  8  février  1  ')'><> ,  mort  le  a3  mars  1 555. 
—  Voy.  lettre  de  Henri  11  au  duc  de  Florence,  Négocia- 
tions avre  la  Toscane,  t.  III,  p.  a33. 


3A  LETTRES   DE  <  :  AI  IL 

reux  contentement  que  en  avez  eu.  je  vous  ay 
bien  voulu  rendre  le  semblable  d'aussi  bon 
cueur,  comme  je  me  recommande  à  vostre 
bonne  grâce,  et  prye  le  Créateur  vous  tenir, 
mon  cousin,  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Ksrript  à  Paris,  le  xni]m6  jour  d'avril  1  55o. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
VIahieu. 


1550.  —  26  juin. 

Orig.  Arch.  «les  Médicis,  dalla  fdza  £796 ,  auova  namerazione ,  p.  jos  . 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  puis  naguères  est  mort  en 
vostre  ville  de  Florence  Messire  Boncassin 
Alamauny,  dont  est  héritier  en  partie  Messire 
Loys  Alamanni1,  mon  maistre  d'bostel  ordi- 
naire, et  d'aultant  que  je  le  liens  près  de  moy, 
comme  bon  et  loyal  serviteur,  que  je  ne  veulx 
qu'il  s'en  esloigne  aucunement,  pour  les  bons 
services  qu'il  me  faict  ordinairement,  allîn  de 
se  asseurer  des  biens  qui  luy  peuvent  ap- 
partenir de  la  succession  de  son  dicl  frère,  il 
envoyé  présentement  en  vostre  dite  ville  de  Flo- 
rence ung  nommé  Pierre  Migliorati  da  Prate 
pour  porteur,  avec  procuration,  où  il  nomme 
Vndrea ,  filz  de  Thomas  Alamanni ,  son  parent , 
procureur espécial,  et  sire  Nicolas  Parenli  procu- 
reur en  vostre  justice;  à  reste  cause,  mon  cousin. 

1  Poète  estimé,  né  à  Florence  te  28  octobre  1  /1  y 5 , 
mort  à  Amboise  le  18  avril  1Ô56.  Banni  de  Florence  en 
i5aa,  il  se  réfugia  d'abord  à  Venise,  puis  en  France. 
Combla  de  bienfaits  par  François  1°',  il  a  dédié  à  ce  prince 
son  poème  la  Coltivazione,  et  à  Henri  II,  en  1  5 'i 8  ,  celui 
du  Girone  il  cnrlese.  Dans  une  édition  de  Londres  du  pre- 
mier poème  se  trouve  une  lettre  à  Catherine  de  Médicis , 
alors  dauphine,  datée  de  Fontainebleau  le  ti6  juillet  i546. 
\laiu  nui  fui  employé  dans  diverses  missions  importantes 
"l  deux  lois  envoyé  en  Espagne. 


ERINE   DE   MÉDICIS. 

pour  la  bonne  affection  que  je  porte  à  mon  dicl 
maistre  d'bostel ,  j'ay  bien  voulu  vousescripre  la 
présente,  et  prier  de  très  bon  cueur  voulloir 
tant  fère  pour  moy,  que,  où  on  luy  feroit  aucun 
empeschement  ou  procès  en  la  dicte  succes- 
sion, luy  ayder  de  vostre  faveur,  pour  l'amour 
de  moy,  et  envoyer  quérir  les  dicts  Andréa  et 
Nicolas,  ses  procureurs,  pour  leur  commander 
qu'ilz  facenl  bien  leur  debvoir  pour  la  conser- 
vation du  bon  droict  de  mon  dicl.  maistre 
d'bostel,  lequel,  mon  cousin,  je  vous  recom- 
mande, désirant  que  vous  estimiez  et  pen- 
siez de  luy  comme  vous  factes  de  voz  plus 
proches  et  meilleurs  serviteurs,  pour  ce  que, 
en  mon  endroit,  je  le  tiens  tel,  et  vous  me 
ferez  très  grant  et  singullier  plaisir.  Sur  ce. 
mon  cousin,  je  prie  le  Créateur  vous  donner 
!    ce  que  désirez. 

Escript  à  Sainct  Germain  en  l'Aye,  le 
\\vimrjour  de  juing  i55o. 

[De  sa  main).  Mon  cousin,  je  vous  prye 
avoyr  son  afayre  pour  recommandé,  et  qui 
n'aie  poynt  de  proses. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine  '. 


1 5 ."> 0 .  —  a6  juillet. 

Orig.  Vi'h  des  Médicis ,  dalla  filza  0736 ,  nuova  numerazioue ,  p.  io£. 

A  MON  CODSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC   DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  par  cydevant  pryé  inon- 

1  (lelle  lettre  est  écrite  la  veille  de  son  accouchement , 
car  le  lendemain,  27  juin,  Henri  II  écrivait  au  duc  de 
Guise:  r  Ce  matin,  i  ntre  cinq  et  six  heures,  la  Royne,  ma 
«femme,  est  accouchée d'ung  des  plux  beaux enfans qui  se 
«sçauroit  voir.  Je  dépesche  en  Espagne  vers  le  roy  de 
-  Bohême  pour  le  pryerd'estre  mon  compère,  et  à  ma  taule 
«la duchesse  de  Ferrare  pour  estre  ma  commère. n  {Mé- 
moires du  duc  de  <inise,  collect.  Michaud  ,  p.  '1.)  —  \  oy. 
L.  Paris,  Végociatioiu  :<"ttK  François  Il ,  p,  893. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉD1CIS. 


seigneur  de  Cortonne  '.  à  son  parlement  de  ce 
pays .  dé  vous  pryer  de  ma  pari  de  me  donner 
ung  jeune  lyon  cl  une  lyonne,  si  tuusl  qu'ilz 
seroienl  hors  de  tetter  leur  mère;  el  pour  ce 
que  je  crains  qui  ne  lin  soi!  souvenu  de  le 
vous  dire,  je  le  vous  a\  bieu  voulu  escripre, 
vous  pi'YHnl  bien  fort,  mon  cousin,  de  mi 
voulloir  donner  les  dictes  deux  petites  bestes , 
et  les  m'envoyer  par  de  cà;  et  sij'ay  chose  don! 
vous  ayez  envye ,  vous  en  grat  direz,  d'aussi  bon 
cueurqueje  me  recommande  à  vous,  et  à  ma 
cousine,  vostre  femme,  priant  Dieu  vous 
donner,  mon  cousin,  bonne  vye  et  longue. 

De  Sainct  Germain  en  Lave,  ce  wvi"  jour 
de  juillet  1 55o. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catkeine. 


1550.  —  39  juillet. 

On'g.  Arch.  des  Médicis,  dalla  Giza  A726,  nuova  numcniziotie,  p.  10c. 
A  MOV  COOS1N 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  la  damoiselle  Katherine  Ga- 
zette-, qui  esl  à  moy,  m'a  faict  entendre 
comme  Antlionio  Adimary  a  voulloir  de  rési- 
gner et  bailler  à  Messire  Pierre  Gazette,  doc- 
leur  el  procureur  eu  court  de  Romme,  son 
cousin,  une  chapelle  el  bénéfice  qu'il  (ienl, 
moyennant  le  regreclz  et  réserve  de  fruits,  sa 
vye  durant,  et  qu'il  vous  plaise  l'avoir  ainsy 
agréable.  Et  pour  ce  que  cellame  semble  bien 
raisonnable,  et  que  le  dict  Messire  Pierre  Ga- 
zette m'a  faict  des  services  à  Homme  et  con- 
tynue  à  m'en  faire  en  ce  qu'il  esl  employé 
pour  mes  affaires,  cella  me  faict  vous  prier, 
mon  cousin,  de  voulloir  accorder  el  consentir 
que  le  dict  Adimary  lin  baille  le  dict  bénéfice, 
moyannanl  les  dicts  regrectz  et  résen  e  de  fruit/.. 

1  Jean-Baptiste  Rieasoli;  vov.  plus  haut,  p.  a4. 
\  oy.  plus  haut,  p.  1 8. 


sa  dide  vye  durant.  El  vous  ferez,  en  ce  fai- 
sant, chose  de  quov  je  vous  sauray  forl  hou 
gré,  pryanl  Dieu  vous  donner,  mon  cousin,  ce 
que  plu  -  désire/. 

De  Saincl  Germain  en  l'Aye,  ce  x.xix°jourde 


juillet  1  55o. 


\  ostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


l'er  esser  dl  palronato  sua  Eccellenza  non 
vuoi  consentire  al  regresso;  ma  per  compiacere 
a  sua  Maeslà,  prometterà  che  vacando  il  bene- 
filio  per  morte  di  colui  a  chi  sarà  renuntiato, 
che  il  principale  non  ne  restera  privo. 

El  informarsi  che  benefitio  sia  questo  che 
in'tonio  Adimari  vuolrenuntiareamesserPiero 
Gazzetli,  procuralorc  in  Roma. 


1550.—  3i  juillet. 
Orifj.  Arch.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DIJC  DE  FERRATtE. 

Mon  oncle,  le  cappitaine  Jheronymo  Pepj 

m'a  faict  entendre  qu'il  y  a  huict  ans  que 
Laurent  Guichardiny,  l'un  des  banequiers  de 
voire  ville  de  Ferrare,  luy  doigt  la  somme  de 
six  cens  cinquante  escus,  elque  puis  naguières 
vous  ave/  laid  saisir  el  mectre  en  vos  mains 
les  biens  du  dit  Guichardiny,  de  sorte  qu'il 
n'espère  pas  recouvrir  la  dite  somme,  si  ce 
n'est  de  voire  grâce  et  bonté;  et  pour  ce  que  le 
dit  cappitaine  Jherony esl  des  anciens  servi- 
teurs de  ma  maison ,  pour  lequel  je  désire  m'em- 
ploier  où  je  pourray,  àceste  cause,  mon  oncle. 

je  vous  pry '(hunier  qu'il  so\  I  payé  et  salis- 

faict  de  ce  qui  luy  esl  deu  sur  les  biens  du  dicl 
haucquier,  el,en  ma  faveur,  l'avoir  pour  recom- 
mandé. Ce  faisant,  je  vous  puys  asseurer  que 
me  ferez  bien  grant  plaisir,  pryant  Dieu  vous 


30 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


donner,  mon  oncle,  bonne  vye  et  longue. 
De  S'  Germain  en  Laye,  ce  dernier  jour  de 
juillet  i55o. 

Vostre  bonne  nyepsse, 

Caterink. 


1550.  —  1"  octobre. 

Orig.  Arcli.  des  M^dicis,  dalla  Glza  4726  ,  nuova  numerazione ,  p.  107. 

A  MON  COUSIN' 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  sceu  comme  le  feu  pape 
l'aule1  ordonna ,  en  son  vivant,  qu'il  feust  vendu 
trois  maisons  appartenons  aux  relligieuses  de 
Sainct  Nicolas,  et  que,  depuis,  avoir  entendu 
que  l'ordonnance  qu'il  avoit  faicte  n'estoit  rai- 
sonnable, ne  saincte,  veu  que  lesdictes  relli- 
gieuses n'ont  beaucoup  de  biens,  auroyl 
révoque'  icelle  ordonnance  avant  son  trespas; 
et  pour  ce,  mon  cousin,  que  je  veulx  bien 
m'emploier  pour  lesdictes  relligieuses  en  ce 
que  je  pourray,  cela  me  t'aict  vous  prier  bien 
fort  de  leur  faire  rendre  lesdites  trois  maisons 
el  les  faire  remettre  en  possession  d'icelles, 
comme  elles  ont  autrefois  esté;  et  vous  me 
ferez,  en  ce  faisant,  playsir,  dont  je  vous  sau- 
i-ay  bon  gré,  priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il 
vous  doint  bonne  vye  et  longue. 

De  Rouen ,  ce  premier  jour  d'octobre  1 55o'-. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


la  bonne  volunlé  que  avez  de  faire  donner  au 
sr  lheronymo  Pepy  J  l'expédition  que  je  vous 
ay  en  sa  faveur  recommandé  par  les  miennes, 
je  n'ay  voullu  faillir  par  ceste  lectre  de  vous 
la  mercier  pour  bien  fort  y  continuer,  et  en  ce 
faistes  luy  faire  donner  la  dicte  expédition 
prompte  et  meilleure  que  faire  se  pourra,  à 
ce  qu'il  ait  occasion  de  tost  retourner  icy 
pour  mon  service,  et  vous  asseurerque,  en  pa- 
reil cas,  je  ne  fauldray  à  recongnoislrc  envers 
ceulx  qui  me  seront  de  vous  recommandés  lu 
plaisir  que  luy  avez  faict  en  ce,  d'aussi  bonne 
affection  que  je  me  recommande  à  vostre 
bonne  grâce  et  prie  Dieu  qu'il  vous  donne  en 
sauté,  mon  oncle,  bien  longue  vie.  Escript  à 
Rouen,  le  xume  jour  d'octobre  i55o. 
Vostre  bonne  nyepse, 

Caterine. 


I  550.  —  1  2  octobre. 

Orig.  Arcli.  de  iModène. 

A  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  aiant  congneu  par  vos  leclres 

Paul  III,  mort  le  10  novembre  J 5 A 9 . 
'  CeUe  lettre  est  écrite  le   jour    même  de  l'entrée 
de  Henri  II  à  Rouen.  —  Voy.  Entrée  de  Henri  11  à  Rouen, 
publiée  par  Louis  de  Menai  (Rouen,  1868),  d'après  le 
manuscrit  do  la  bibliothèque  de  Rouen. 


1550.  —  26  octobre. 
Orig.  Arch.  des  Méilicis,  dalla  Glza  6736,  nuova  numerazione. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  pour  le  désir  que  j'ay  de  veuil- 
le bien  et  l'avancement  en  l'église  de  mou 
cousin  le  protbonotaire  de  la  Chambre2,  j'ay 
esté  très  aise  d'avoir  entendu  que.  par  vostre 
moven,  sur  ma  réquisition,  il  ait  pieu  à  nostre 
Sainct-Père  luy  faire  expédier  l'abbaye  de 
Corbie,  el  par  ceste  lettre  n'ay  voullu  faillir 
de  vous  en  remercier  bien  affectueusement, 

•   Voyez  plus  haut,  p.  35. 

■  La  famille  de  la  Chambre  était  alliée  à  la  maison  de 
Savoie  par  le  mariage  de  Jean  de  la  Chambre  avec  Isa- 
beau  de  Savoie  et  par  celui  de  Jean,  s'  de  la  Chambre, 
avec  Agnès  de  Savoie,  enfin  par  celui  de  Ame  de  la 
Chambre  avec  Marie  de  Savoie.  (Voy.  Guichenon,  Hat.  île 
la  maison  de  Savoie,  t.  III,  p.  33.)  Ce  protonotaire  était 
Sébastien  de  la  Chambre,  abbé  de  Corbie  par  la  résigna- 
lion  de  son  oncle,  cardinal-évèque  de  Tusculum,  mort  à 
Rome  en  i55o.  Il  fut  le  premier  abbé  commendataire  de 
Corbie  et  mourut  jeune  encore  en  i55'j. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS.  37 

prier  de  continuer  envois  luy  el  ceulx  qui  vous  I  laisse  une  jeune  fille  à  pourveoir,  de  laquelle 

seront  de  moy  recommandez  en  ceste  bonne  '  le  mariage  esl  sortable  avec  Messire  Nicolas 

voiunté.ci  asseurer queje  u'estimeray  le  plai-  ;  Alamanny,  l'un  de  mes  gentilzhommesservans, 

sir  que  lui  avez  en  ce  fait  moins  que  si  moy-  j  lilz  du  dicl  Messire  Loys,  el  désirant  de  toute 

niesine  l'eusse  reçeu,  en  lionne  dévotion  de  la  '.  affection  que  le  dicl  mariage  se  l'ace  au  con- 

recongnoïstre   en   (oui    ce  qu'il  vous   plaira  lentement  du  dict  Messire  Loys,  j'ayadvisé  de 

m'emploier,   l'occasion   s'offrant,  d'aussi   bon  vous  escripre  la  présente,  pour,  de  bien  bon 

,n, mm  (pie  je  -ecommande  à  vostre  bonne  cueur,  vous  prier,  mon  cousin,  vous  employer 


grâce,  el  prie  Dieu  qu'il  vous  donne,  mon  cou- 
sin, en  santé  et  bonne  vie  la  sienne. 


Escripl   à 

fan  1  55o  '. 


Dieppe,   le  xx"'e  jour  d'octobre 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1551.  —  -it)  janvier. 
Orig.  Arib.  ,1,  s  Uédicis  ,  (lolla  filza  0726  ,  uuova  numerazione  ,  p.  g3. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  estant  asseurée  de  la  bonne 
volunté  que  vous  portez  à  mes  serviteurs,  pour 
l'amour  de  moy,  et  que,  en  ma  faveur,  vous 
emploierez  tousiours  à  faire  pour  eulx  tout  ce 
qu'il  vous  sera  possible,  mesmemenl  pour  ceulx 
qui  le  méritent ,  comme  laid  Messire  Loys  Ala- 
manny2,  mon  maistre  d'boslel  ordinaire,  du- 
quel je  désire  le  bien  et  avancement  autant  et 
plus  que  de.  personne  qui  soit  à  mon  service, 
pour  les  bons  et  recommandables  services  qu'il 
m'a  dès  longtemps  faietz  et  qu'il  contynue 
ebacun  jour.  Cela  est  l'occasion,  mon  cousin, 
que,  ayant  sceu  que  feu  Tbomas  Guadagny3  a 

'  Le  roy  esl  resté  huit  ou  dix  jours  dans  l'intention  de 

visiter  Dieppe  et  les  autres  villes  de  la  cote.  (Dépèche  de 

sir  John  Masune,  Rouen,  6  octobre.)  —  Voy.  Calendar 

of  state  papers ,  1 5 '1 7  —  1 55.5 ,  rù|;ne  d'Edouard  \1,  p.  S'y. 

Voyez  plus  haut,  p.    34. 

^'Thomas  Gadague  était  fils  d'Olivier  Gadagne,  mort 
en  i54a,  le  premier  de  sa  race  qui  vint  s'établir  en 
France  vers  1  33  0  ;  il  fixa  sa  résidence  à  Sainl-Victor-de-la- 
Côte,  en  Languedoc,  et  fut  surnommé  le  Magnifique  pour 
'on  amour  des  arts  et  le  luxe  de  sa  maison.  Henri  II,  qui  le 


à  accorder  icelluy  mariage,  et  en  voulloir 
parler  aux  seigneurs  Jacques  et.  Pbilippes  Gua- 
dagny, frères  du  dict  l'eu  Thomas  Guadagny, 
affin  qu'ilz  vueillent  donner  consentement  que 
leur  dite  niepee  soit  mariée  au  dict  Messire 
Nicolas  Alamanny  avec  pareil  dot  et  semblables 
condicions  que  celles  du  mariage  qui  fut  l'aict, 
il  y  a  environ  deux  ans,  d'une  seur  de  la  dite 
lille  au  iilz  de  Alexandre  Antinory,  qui  n'est 
pas  de  meilleure  qualité  et  condicion  que  esl 
le  dict  Messire  Nicolas  Alamanny,  lequel  je 
suis  délibérée  d'avantaiger  en  tout  ce  que  je 
pourray,  si  le  dict  mariage  se  faicl,  comme  je 
le  désire,  et  que  j'espère,  moyennant  vostre 
bonne  ayde  el  faveur;  vous  priant  aussy,  mon 
cousin, voulloir  escripre  lettres  favorables  pour 
cest  effect  au  seigneur  Paulle  Antboine  Gua- 
dagny, demourant  en  Avignon,  tiers  frère  de 
susdiclz  seigneurs  Jacques  et  Pbilippes,  et  pa- 
reillement aux  seigneurs  Thomas  Sartin  et  Al- 
bize  de!  Bene  ',  demourans  à  Lyon ,  tuteurs  de  la 

visita  dans  son  hôtel  à  Avignon,  en  fit  un  de  ses  maîtres 
d'hôtel.  C'était  le  neveu  du  riche  Thomas  de  Gadagne 
établi  à  Lyon,  où  il  fonda  un  hôpital.  —  Voy.  L'Hermite 
deSolliers,  La  Toscane  française  (art.  Guadagni);  Cama- 
rini,  Familles  illustres  d'Italie,  et  Bibi.  nat.  tonds  fian- 
çais, n"  L!0.'l6«l. 

1  Albisse  d'KIbène,  général  des  finances,  marié  à 
Lucrèce  Cavalcanti ,  l'une  des  dames  d'honneur  de  Cathe- 
rine de  Médicis.  —  Voy.  La  Toscane  françoise ,  de  L'Her- 
mite de  Solliers  (art.  d'Elbène).  —  Le  numéro  ao64 
du  fonds  français  renferme  un  grand  nombre  de  lettres 
de  ce  personnage,  qui  fut  employé  dans  diverses  mis- 
sions diplomatiques. 


3* 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


dite  fille  et  héritiers  du  dict  l'eu  Thomas  Gua- 
dagny,  les  prianl  et  incitant  d'avoir  agre'able 
que  le  dict  mariage  s'accorde,  car  je  suis  seure 
qu'ilz  feront  beaucoup  pour  vous,  el  bailler 
voz  lettres  à  Pierre  Mignorati,  l'acteur  du  dict 
Mjessire  Loys  Alamanny,  estaul  à  Florence, 
par  lequel  je  vous  foiz  bailler  la  présente,  à 
lin  de  les  leur  l'aire  tenir  incontinant;  et,  oultre 
ce  que  les  dicta  père  et  filz  vous  demeureront, 
en  ce  faisant, perpétuellement  tènuzet  obligez, 
je  vous  puis  asseurer  que  me  ferez  plaisir  très 
agréable,  que  je  recongnoistray  à  l'endroict 
que  me  vouldrez  employer,  d'aussy  bon"  cueur 
que  je  me  voys  recommander  à  vostre  bonne 
grâce,  suppliant  le  Créateur  vous  donner,  mou 
cousin,  bonne  vye  et  longue. 

De  Bloys,  ce  \u\c  jour  de  janvier  i55o 
(i55i). 

(De  sa  main.)  Mon  cousin,  pour  se  que  je 
désyre  set  maryage  sortir  à  l'eyfayct,  je  vous 
prye  vous  y  voulouyr  employer,  comme  ie 
veodrés  fayre  pour  vous. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1551.  —  28  février. 
Copie.  Arch.  déparlement,  de  la  Côte-d'Or. 

AL  CARDINAL  JEAN  DL  BELLAY1. 

Mon  cousin,  connoissant  la  bonne  affection 
dont  vous  avez  toujours  poursuivi  le  bien  de 
mes  affaires,  comme  vous  m'en  avez  fait  dé- 
monstration, el  principalement  au  procès  que 
j'ay  en  cour  de  Rome,  requérant  raison  el  jus- 
tice de  la  longue  usurpation  que  l'on  fait  sur 
moy  des  biens  et    possessions  qui   m'appar- 

1  Jean  du  Bellay,  évêque  de  Paris,  fils  de  Louis  du 
Bellay,  s'  de  Langei ,  et  de  Marguerite  de  la  Tour-Landri. 
EmpluM-  sous  Krançois  I"  dans  plusieurs  grandes  ambas- 
sades ,  il  fut  nommé  cardinal  le  2 1  mars  1 535  ;  â  l'avéne- 
ment  de  Henri  II,  il  se  retira  à  Borne,  où  ilmourulen  i  56o. 


tiennent  en  Italie  par  droit  successif  de  mes 
prédécesseurs,  lequel  procès  estoil  par  vostre 
moyen,  du  vivant  du  l'eu  Pape1,  fort  avancé, 
et  mon  droit  tant  éclairci  que  je  l'estimois  en 
état  d'eslre  bieniost  jugé,  voyant  aussi  ce  que 
du  depuis  est  succédé,  qui  me  pouvoit  tenir 
ledit  jugement  e!  décision  en  autre  grande  et 
ennuyeuse  longueur,  si  je  n'y  pourveois,  ayant 
en  la  dite  cour  tant  d'amis  comme  j'en  ay  pré- 
sentement, entre  lesquels  je  m'assure  que 
tenez  bon  lieu,  je  vous  écris  cette  lettre  pour 
vous  pryer,  mon  cousin ,  mais  c'est  affectueu- 
sement el  de  bon  cœur,  que  veuillez  poursuivre 
el  avoir  eu  voire  recommandation  et  souve- 
nance accoutumée  le  fait  et  expédition  dudil 
procès,  à  la  conservation  de  mon  droit,  em- 
ployant pour  ce.  cependant  qu'estes  là,  votre 
moyen  et  faveur  envers  ceux  que  vous  con- 
noissez  me  pouvoir  ayder  et  dont  vous  adver- 
tira  et  remémorera  Bouclier,  mon  secrétaire, 
qui  y  est,  et  a  charge  de  moy  en  ceste  affaire; 
et  vous  me  ferez  bien  grand  plaisir,  lequel 
augmentera  la  dévotion  que  j'ay  de  recon- 
noistre,  en  ce  que  vous  voudrez  tn'employer, 
ou  les  vostres,  ces  autres  plaisirs  que  j'ay  cy- 
devant  receus  de  votre  bonne  volunté.  Et  sur 
ce,  mon  cousin,  je  me  recommande  à  votre 
bonne  grâce,  et  prie  Dieu  le  Créateur  qu'il 
vous  donne,  en  santé,  bien  longue  vie. 
De  Montargis,  le  dernier  jour  de   févriei 

UDL  (l  55  1  ). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1551.  —  1"  avril. 

Orig.  Arch.  des  Médicis .  dalla  filza  «736  ,  nuova  nutiierazîone. 
A  MON   COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  encores  que  je  saiche  très  bien 
1  Paul  III. 


LETTRES  DE  GATH 

que  feu  Laurenl  de  Médicis  '  aye  faicl  et  com- 
mis une  si  grande  faultë  en  la  personue  de 
feu  mon  frère2,  qu'elle  nese  doil  jamais pblyer, 
e(  que  je  suis  celle  qui  s'en  doil  le  plus  doul- 
ioir  cl  plaindre,  toutesfois,  congnoissanl  que 
Jiillicn  de  Médicis,  son  frère,  estojl  lors  si  jeune, 
qu'il  n'eusl  pu  avoir  le  jugement  el  congnois- 
sance  d'un  si  malheureux  faicl.  el  qu'il  en  esl 
ygnocent,  je  n'aj  voulu  laisser  à  m'employer 
pour  luyen  toul  ce  quej'aj  peu,  el  m'asseu- 
ranl  bien  que  vous  vouldriez  avoir  esgard  à 
luy  pour  l'amour  de  moy,  j'ay  bien  voulu  le 
vous  recommander,  et  vous  pryer  bien  forl  de 
luy  Voulloir  fère  rendre  le  bien  qui  luy  appar- 
tient, comme  j'ay  pryé  mon  cousin,  vostre 
ambassadeur,  vous  escripre  de  ma  part.  Par- 
quoy,  remectant  le  surplus  à  luy,  je  feray  fin 
de  lettre,  après  m'estre  recommandée  c!e  bien 
bon  cueur  à  vous,  pryant  Dieu  vous  donner, 
mon  cousin,  bonne  vye  el  longue. 

DeBlovs.ee  premier jourd'avril  i  55  i, après 
Pasques. 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


ERIiNE   DE   MÉDICIS. 


39 


(1551.  —  18  avril.) 

Aut.  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  399a,  P  78. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  l>K  GUYSE  . 

Ma  cousine,  je  vous  anvoy  sel  laquay  pour 
savoyr  cornent  vous  portés,  el  vous  prye,  que 
ancore  que   ne  santyés    plu   de   mal.    de  ne 

1  Lorenzino  de  Médicis,  l'assassin  d'Alexandre  de  Mé 
ilicis,  était  fils  de   Pier-Lorenzo  et  appartenait  à   une 
branche  collatérale  de  Gosme,  père  de  la  patrie. 

'-  Alexandre  de  Médicis. 

vime  d'Esté,  fille  d'Hercule  d'Esté,  deuxième  du 
nom.  duo  de  Ferrare,  et  de  Renée  de  France.  Veuve  de 
François  de  Guise,  elle  se  remaria  au  duc  de  Nemours, 
et  mourut  le  1  7  mai  1  G07,  âgée  de  soixante-seize  ans. 


léser  pour  sela  à  vous  byen  guarder,  el  ne  vous 
mestre  trop  loi  à  l'ayr,  car  sel  annaye  les 
rougoles  sonl  fort  dangereuse,  sj  l'on  ne  se 
guarde  el  que  l'on  ne  praygne  tnedesyne  alla 
fyn;  el  vous  l'avés  veu  par  mou  fys  quj  n'an  é 
|io\  ni  pryns,  j  I  an  é  morl  '.  61  sa  seur2  ay$ 
guérye  depyuys  qu'ele  l'a  prynse,  el  san  seli 
v  m'on  mandé  qu'el  aystél  angran  dangé;  par 
quoj  je  vous  prye  d'y  volouyr  byen  panser  el 
tic  greyndre  poynt  d'an  praandre  avenl  que 
sortyr  délia  chambre.  La  peur  que  je  av  que 
ayés  mal  me  faysl  vous  mander  sesy;  n'an  seyé 
poynt  marrye  de  set  que  je  vous  an  mande. 
Ma  cousyne,  pour  vous  due  de  sel  que  aysl 
aveneu  depyuys  que  ne  vous  ;i\  veue,  la 
contese3  prynt,  avenl  yer,  congé  de  moy,  mes 
;i\  n'a  lésé  pour  sella  de  venyr  arsouyr  cou- 
cher  an  sete  vylle,  san  se  montrer,  au  moyns 

'  Louis  d'Orléans,  morl  au  mois  d'octobre  i55o.  —  \  oy. 
une  lettre  du  connétable  de  Montmorency  à  M""  d'Hu- 
mières,  où  il  lui  parle  de  l'enterrement  du  dur  d'Orléans 
Bibl.  nat.  fonds  franc.  3n6,f°85),el  \\w  autre  de  Diane 
de  Poitiers,  du  8  novembre  i55o,  à  M*"  d'Humières 
où  il  est  question  des  meubles  qui  u  estoient  à  la  chembre 
«de  feu  mons'  d'Orléans-*.  (Bibl.  nat.  tonds  franc.  3iab. 
f  19.)  L'ambassadeur  anglais,  sir  .lobn  Masoné,  écrivail 
deCandebec.  le -i  novembre  i  5ôo,  aux  membres  du  con 
seil  :  -The  récent  dealh  of  tbe  Duke  of  Orléans  by  small 
"poxbas  causod  much  heaviness  at  court.»  1  Kalendar  > 
«tniv  pii/iei-s,  règne  d'Edouard  VI,  p.  (h.) 

1  Elisabeth.  Dans  une  lettre  du  37  décembre  1  56g,  le 
connétable  parle  de  la  rougeole  do  madame  Elisabeth 
1  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3n(),  f°  5.) 

J  Elle  fait  allusion  à  lady  Fleming,  qui  un  instant  dis- 
puta à  Diane  de  Poitiers  le  cœur  de  Henri  11.  Brantôme. 
dans  ses  Dam  s  galantes,  parle  d'une  demoiselle  Flamin 
d'É.c — ,  de  qui  Henri  11  eut  un  lils;  quatre  épigrammes 
de  Buchanan,  Ad  Variant  Flaminiam,  semblent  s'appli- 
quera lady  Fleming.  Voici  du  reste  ce  qu'écrivait  d'Am- 
boise,  le  iS  avril  i55i,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  sii 
John  Masone,  aux  membres  du  conseil  :  -Lad;  Fleming 
-  départ ed  honev  vvith  ihild  by  tbe  Frencb  king,  and  it  is 
itthoughthal  upon  thearrival  oftheQueen  Dowager  (Marie 
«de  tiuise)  in  ScotJand  she  .-hall  corne  again  to  fetcb  ano- 
sther.n  (Ealemliir  of  itate  payer  s ,  1 567-1 553 ,  p.  90.) 


40 


LETTRES  DE  CATH 


à  madame  de  Valantynoys 1,  ny  à  moy;  mes  je 
croy  byen  que  d'aultres  Ton  veue,  cornent  je 
vous  conteré .  mes  que je \  mis  voye .  et  ansamble 
d'aultre  chause.  Je  prye  à  Dyeu  que  se  souyt 
bven  tôt,  et  an  ausy  bonne  santé'  que  la  vous 
désyre. 

Vostre  bonne  cousyne  et  amye, 

Caterine. 


1551.  —  1"  mai. 

Orig-  \rch.  'les  Méilicis.  dalla  Glza  6736  .  nuova  numerazione  ,  p.  1  to. 
\    MON   CODSUi 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'av  receu  ie  présent  du  lion 
el  de  la  lionne  que  vous  m'avez  envoyés,  dont 
je  vous  mereie  de  bien  bon  cœur,  et  il  m'est 
tant  agréable  que  je  vous  prie  me  vouloir  dire 
que.  s'il  yaquelquecbosequi  vous  puisse  estre 
agréable,  vous  me  laciez  sçavoir,  vous  asseu- 
rant  que  je  serav  très  aise  de  vous  en  satis- 
faire. Je  prie  Dieu,  mon  cousin,  vous  con- 
server. 

D'Amboise,  1"  may  i5ôi. 

\ Ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


ERINE  DE  MEDICIS. 

;  (advenant  l'occasion)  de  luy  ayder  en  ci'  que 
je  pourray,  et  pour  y  commancer,  vous  prie, 
mon  cousin,  faire  joyr  le  dit  Cbappin  de  ce 
qui  appartient  à  sa  femme,  mère  de  la  dicte 
Portia,  affin  qu'il  aye  meilleur  moyen  de  la 
continuer  en  ceste  bonneste  nourriture.  Vous 
donnan  seureté  que  j'estimeray  beaucoup  le 
plaisir  que  luy  ferez  pour  l'amour  de  moy. 
Et  sur  ce ,  mon  cousin ,  feray  fin  et  prière  à 
Dieu  vous  donner  ce  que  mieulx  desirez. 

Escriptau  plessis  lez  Tours,  le  vnme  jour  de 
may  1  55 1. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1551.  —  7  mai. 

il,  g,  \,,  )  .   le.  Hédicù  ■  dalla  lilza  6726.  niiova  numerazione,  p.  n3. 
\   MON   COUSIN 

MnNSEIGNELIt  LE  DUC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  aux  propoz  que  m'a  tenuz  le 
seigneur  Cbappin  Orsin,  et  à  ce  que  autres 
mon  dit,  j'ay  congneu  la  bonne  amytié  qu'il 
porte  à  Portia,  fille  du  feu  seigneur  Maletesle, 
el  le  bon  Iraictement  qui  luy  fait  et  fait  fère 
journellement,  dont  je  suis  bien  ayse,  délibérée 

1  Diane  de  Poitiers.  C'est  la  première  fois  qu'elle  la 
nomme;  née  avec  le  siècle,  Diane  avait  alors  cinquante 
et  un  ans. 


(  1551.)  —  a5  mai. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iao,  f°2i.  — 
(Copie,  Cinq  cents  Colbert,  vol.  WIII.  1 

A  MADAME  DE  HIMYÈRES. 

Madame  de  Humyères,  j'ay  veu  ce  que 
m'avez  escript  de  la  nourrice  de  mon  filz 
d'Orléans1  que  je  croy  est  bonneste  et  bien 
condicionnée,  mais  nous  n'avons  pas  tant 
affaire  de  sa  suffisance  el  de  ses  vertus,  comme 
nous  avons  qu'elle  soit  bonne  nourrice,  ce  que 
l'on  voit  bien  qui  n'est  poinct ,  car  mon  dict  filz 
continue  trop  à  ce  trouver  mal,  parquoy,  ma- 
dame de  Humyères,  je  vous  prie  que  je  n'en 
oye  plus  parler,  et  qu'elle  luy  soit  changée, 
car,  pour  sa  prudence  et  sagesse,  son  laict  n'en 

1  Charles  Maximilien .  duc  d'AngouIéme,  devenu  duc 
d'Orléans  par  la  mort  de  son  frère,  arrivée  te  ai  octobre 
i55o;  il  était  né  le  27  juin  1  .)."><>  ù  Saint-Germain.  De 
son  côté,  Diane  de  Poitiers  écrivait  à  M""  d'Humières , 
d'Oiron,  le  20  mai  i55i  :  «On  dit  que  le  lail  n'est  bon 
rt et  que  sella  luy  donne  des  émotions,  parquov  il  me 
r semble  que  vous  fériés  bien  d'y  adviser.»  (Lettres  de 
Diane  de  Poitiers,  publiées  par  M.  Guiflrey,  p.  85.)  — 
Voy.  également  une  lettre  de  Henri  II  à  M™*  d'Humières, 
d'Oirou,  le  a3  mai  1Ô01  :  s Sur  tout  fault  bien  regarder 
rqu'elle  a\l  nourry  plus  d'ung  enfant  et  que  son  laict  soit 
«bon  et  asseoré.»(Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  3 130,  P79.) 


LETTRES  DE  C \  1  H  I 

es1  pas  meilleur,  on  le  voii  par  expérience.  Je 
m'  veulx  pas.  à  faulte  d'\  pourvoir  d'heure, 
qu'il  en  vienne  inconvénient.  Quant  à  ma  pe- 
tite fille1,  je  seray  bien  ayse  que  vous  soyez 
bientosl  auprès  d'elle2; j'ay  envoyé  le  tailleur 
qui  faicl  les  corps  des  filles  de  madame  la 
connestable  pour  luj  en  faire3.  Je  vous  prie 
que  l'on  prenne  bien  garde  qu'il  soit  fort  bien 
faicl.  Priant  Dieu,  madame  de  rlumyères, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
De  Fronlevault,  ce  xxv"  de  mai. 
Vostre  bonne  amye, 

CàTEKINE. 


1551. 


■■:!  mai. 


Orig.  Bibl.  uat.  fomls  français,  n°  3ino,  f°  23. 
(Copie,  Cinq  cenls  Colhcrl,  vol.  XXIV,  P  i4.) 

A  MADAME  D'HUMYÈRES. 

Madame  de  Humières,  le  Roy  monseigneui 
envoyé  le  s'  Dandelot 4  pour  vous  dire  son 
intencion  de  ce  qu'il  veult  qu'il  soit  fait  pour 
mon  lilz  d'Orléans5,  et  aussi  je  renvoyé  mon 

Claude,  à  laquelle  était  arrivé  un  accident  dont  fait 
mention  une  lettre  de  Henri  II  :  -Il  est  très  aise  de  l'es- 
-jn-raii.-i-  qui-  donnent  les  médecins  et  chirurgiens  qui 
-sont  auprès  d'elle, qu'il  se  y  pourra  y  remédier. -  (Voy. 
Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  3i4o,  f°  79-) 

■  Diane  de  Poitiers  écrivail  égalemenl  à  M""  d'Hu- 
mières  :  s  Je  suys  bien  aise  de-ce  qu'estes  arrhée  à  Blois.» 

\i.\.  Glriffrey,  Lettres  de  Diane  de  Poitiers,  p.  84.) 

5  Le  connétable  écrivait  d'Oiron,  le  23  mai  i55i ,  à 
M  .11  lumières:  -La  Royne  m'a  commandé  vous  envoyer 
••  1"  tailleur  de  madame  la  connétable  four  faire  le  corps  à 
k madame  Claude  sa  fille.»  (Bibl.  nat.  fonds  français. 
n03ii6,f°a2.) 

■  D'Andelot,  voy.  plus  haut,  p.  17.  Le  connétable 
dans  une  lettre  datée  d'Oiron,  le  a3  mai  i55i  ,  parle  de 
la  mission  de  d'Andelot;  voy.  Bibl.  nat.  fonds  français. 
d°3ii6,  f  28. 

'-  Une  lettre  de  Henri  II ,  datée  également  d'(  liron  ,  le 
2 3  mai  1  55 1 ,  et  dans  laquelle  il  parle  de  la  nourrice  de 
son  fils  d'Orléans,  nousdonne  la  date  certaine  de  celle- 
ci.  |  Voy.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3iao,  P  79.) 

Catiierike  DE  MÉD1C1S.  —  1. 


RINE  DE  MÉDICIS.  à) 

médecin  pour  ne  bouger  de  là  jusques  à  ce 
que  l'on  ayl  trouvé  une  nourrisse;  par  cyde- 
\anl  j'avois  escripl  que  on  trouvasl  une  nour- 
risse ou  lieu  de  la  retenue,  et  que,  s\  mon  dict 
lilz  ne  se  Irouvoil  liien  de  la  sienne,  qu'on  la 
fisl  servir,  el  m'esbaye  commenl  on  n'a  suyvy 
ce  que  j'ay  mandé,  ce  que  derechef  je  vous 
prie  qu'il  M>ii  fait,  en  suyvanl  ce  que  j'en  a\ 
par  devant  escripl  à  madame  du  Peron1. 

(Dr  su  main.)  Je  vous  prye,  ne  lésé  plulx 
fayre  cornent  Tons  a  fayst  sete  fouys  de  re- 
mander tant  de  fouys  heune  chause,  a\  que 
d'ysy  en  avenl,  quant  le  Roy  au  moy  le  vous 
aron  mandé,  fayte  le,  au  aultrement  nous 
n'an  seryeon  pas  contant.  Quant  à  ma  |>elyt(e 
fille,  set  porteur  vous  en  dyré  ynsyn  que  je 
lui  ay  comandé,  et  de  ne  bouger  de  là  que 
n'ayés  an  anvoyé  la  nouryse  reteneue  et  an 
trové  heurine  lionne  en  sa  plase,  el  quy  ne  le 
vous  falle  plulx  mander  à  terteux2;  au  de- 
mourant  croyé  le  de  set  quy  vous  dyré. 
Vostre  bonne  amye, 

Cateiunu. 


(1551.)  —  3i  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français  ,  n°3iao,Pa5. 

A  MADAME  D'HUMYÈRES. 

Madame  de  llumyères,  puisque  mon  lilz 
d'Orléans  se  trouve  mieulx  depuis  qu'on  lui  a 
changé  d'autre  nourrisse,  vous  pouvez  penser 

1  Catherine  de  Pierre-Vive,  gouvernante  des  enfants 
de  France,  femme  d'Antoine  de  Gondy,  dont  le  fils  aîné 
fut  le  maréchal  de  Retz:  elle  lui  apporta  le  château  du 
Perron,  silué  dans  la  banlieue  de  Lyon  (commune  d'Oul- 
lins).  Catherine  y  alla  souper  le  5  juillet  i56'i.  (Voy. 
Voyage  de  Charles  IX,  dans  les  pièces  fugitives  publiées 
par  d'Aubais;  Corbinelli,  Généalogie  de  la  maison  île 
Gondy,  t.  I.) 

8  Tertous,  trestous  (tous),  voy.  Roquefort,  Glossaire. 
t.  Il,  p.  605. 


te 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


l'ayse  que  j'en  puis  avoir,  el  m'est  grant  plai- 
sir de  ce  que  m'en  avez  escript,  à  quoyje  vous 
prie  continuer,  el  aussi  à  me  mander  des  nou- 
velles de  ma  611e1.  Il  ne  fault  pas  (et  je  croy 
que  ainsi  le  faictes)  qu'on  face  pire  chère  à 
l'aultre  nourrisse  pour  chose  qui  se  soyt  l'aicte, 
qui  est  l'endroit  où  je  prie  Dieu  vous  avoir  en 
sa  saincte  garde.  Esçriptà  Duretal2,  le  dernier 
jour  de  may. 

Le  Roy  et  inoy  entendons  que  la  nourrisse3 
qui  a  donne'  à  tetler  à  mon  fdz  demeure  au- 
près de  Iuy  ou  de  l'une  de  mes  filles,  ainsi  que 
adviserez  pour  le  mieulx. 

Vostre  lionne  amye, 

Cateriine. 


(  1551—  Fin  juin.) 

Aiit.  Pibl.  nal.  fonds  français,  n°  32gi  ,  f°  63. 
\  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUY  SE4. 

Ma  cousine,  je  né  poynt  veoleu  léser  part)  i 
Bolongnye  san  vous  mander  pour  sertayn  que 
de  set  annaye  monsyeur  de  Guyse  ne  bou- 
gera d'ysy  d'auprès  deu  Roy,  et  pour  se  que 

1  Claude.  —  Henri  II  écrivait  à  Al""  d'Humières,  le 
>•!  mai  1  55 1  :  «Je  suis  aussy  très  aise  de  ce  que  c'est  si 
«peu  de  chose  de  l'accidanl  survenu  à  ma  fille  Claude, 
-il  de  l'espérance  que  donnent  les  medecyns  et  chirur- 
«giens  qui  sont  auprès  d'elle  qu'il  se  y  pourra  remédier 
«avecques  si  aisez  moyens  que  cenlx  qu'ilz  ont  advisez, 
I  -  ]iielz  à  cesle  cause  ilz  accomoderont  et  mectront 
tt peine  de  y  avoir  l'œil  et  pourveoir  si  soingneusement 
«qu'il  ne  soit  requis  venir  à  plus  ruddes  remoddes.n 
(  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3  i  30 ,  P  79.  ) 

*  Duretal,  en  Anjou. 

3  Diane  de  Poitiers  écrivait  également  le  3  juin 
1 55 1  :  «  Le  lïoy  et  la  Royne  mon  dict  qu'ilz  ne  voulloienl 
«que  la  nourrice  bougea  pour  encores  d'auprès  de  Mon- 
-  sieur,  vovanl  les  services  qu'elle  a  faietz  à  mon  dict 
«sieur  d'Orléans.»  (Voy.  Guiffrey,  Lettres  de  Dion*  >!•' 
Poitiers,  p.  88.) 
\  r 'H 


de  tendes  aullrc  chause  je  le  remeteré  à  le 
vousdvre  pour  l'ayspéranse  que  je  ay  de  byen 
tôt  vous  voyr,  de  quoy  je  suys  fort  ayse,  je  ne 
vous  fayré  plus  longue  lestre,  après  m'eslre  re- 
comandaye  à  vostre  bonne  grase  et  avoyr 
pryé  Nostre  Sygneur  vous  dauner  se  que  dé- 
syre's. 

Vostre  bonne  cousine  et  amye, 

Caterine. 


(  155  I.  —  Fin  juin  '.) 

\ul.  Bibl.   na(.  fonds  français,  n°  3iÇ)4  ,  f°  76. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE  . 

Ma  cousine,  je  vous  lieuse  plulx  tôt  anvoyé 
pour  savoyr  cornent  vous  vous  aystes  trovaye 
de  vostre  voyage,  set  que  je  désire  grandemenl 
d'antendre,  et  que  se  souyt  aveques  ausi  bonne 
santé  que  je  la  désire  pour  moy;  mes  qui 
m'an  a  guardé,  set  que  j'é  teurjeur  aysté  ma- 
lade d'eun  dévaluent  d'estomac;  mes.  Dieu 
mersi,  asteure  je  me  porte  très  byen.  Au  de- 
meurant dé  noveles  délia  guerre,  je  croy  que 
monsyeur  de  Guise  vous  an  a  mendé,  qui  me 
guarderé  de  vous  an  fayre  rediste,  sinon  de 
vous  aseurer  que,  pour  sel  annaye.  ny  le  Ro\ 
ny  luy  n'yron  point  par  se  que  voirés.  car  y 
s'an  vè  de  Chatobrien  vous  trover,  et  ausi 
i'aysl  la  royne  d'Ecose3,  el  pour  ne  vous  povoj  r 

1  Une  dépêche  du  marquis  de  Norlhampton ,  datée  di 
Chateaubriand,  le  a 6  juin  1 55 1,  nous  permet  de  fixer  la 
date  précise  de  celte  lettre  :  «The  king  leavos  for  Nantes 
~nn  Monday.next,  minding  to  (arry  on  the  way,  intending 
«  to  conduct  the  Queen,  vvhere  she  shall  be  brougbt  to  hed. » 
(Kahndar  qf  statr  papers,  règne  d'Edouard  VI ,  p.  i 

1  Anne  d'Esté. 
Marie  de  Lorraine,  mère  de  Marie  Sluarl,  née  le 
32  novembre  i5iô,  veine  de  Jacques  Y,  roi  d'Éco^i  . 
morte  le  10  juin  lâfiu.  Elle  était  venue  eu  France,  et 
toutes  les  pièces  relatives  à  ce  voyage  sont  conservées 
dans  les  archives  du  département  du  Cher. 


LETTRES  DE  G  AT  H 

mander  miHeurenovelles,ny  qui  vous  souyenl 
plulx  agréable  après  séste,  je  fayré  fyn  à  ma 
lestre,  me  recomandanl  à  vostre  bonne  grase, 
el  ausi  à  madame  de  Cuise  '. 

Vostre  bonne  cousine  el  amye, 

Caterinb. 


I  551 .  —  .'7  août. 
|j     lis.  dalla  lilzn  «736 .  mima  uuuierazione .  p.  i  îG. 
A  MON  i  01  sin 
MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin.  Rostaing ■-,  abbe'  de  Pibrac,  l'un 
de  mes  aulmosniers,  a  procès  à  Rome  pour 
ung  bénéfice  contre  ung  nommé  Tierry  du 
Chastellet  du  pais  de  Lorraine, lequel,  comme 
j'entends,  estant  nepveu  d'un  cardinal  du  dicte 
Rouie,  peut  estre  tellement  supporté,  qu'il  est 
à  doubler  que  le  bon  droicl  du  dict  Rostaing 
nerecoyve  \ssue  selon  son  mérite,  et  en  cela 
je  veulx  bien,  en  considération  des  services 
que  ung  sien  frère,  gentilhomme  de  la  chambre 
du  Roy  monseigneur,  et  luy  fonct  ordinaire- 
ment à  mon  dict  seigneur  el  moy,  les  fère  res- 
sentir de  la  bonne  volunte'  que  vous  avés  tous- 
jours  monstrée  en  l'endroicl  de  tous  ceulxque 
nous  avez  congneu  m'apartenir  :  vous  priant, 
lant  affectueusement  qu'il  m'est  possible,  vou- 
loir escripré  et  mander  à  vostre  ambassadeur 
au  dicte  Rome  d'ayder  el  de  porter  l'anere  du 
dict  Rostaing  envers  nostre  SainctPère,  et  par- 
tout ailleurs  où  besoin;;  sera,  comme  pour 
l'un  de  mes  principaulx  serviteurs,  que  j'ai 
en  telle  et  si  singulière  recommandacion  que 
cerne  sera  merveilleusement  grand  et  agréable 
plaisir  d'entendre  que,  par  vostre  secours, 
son  droict  aict  esté  veu  el  entendu  avec  expé 
dicion  de  bonne  et  brefve  justice,  de  quo\ 

Antoinette  de  Bourbon,  voy.  plus  haut,  p.  33. 
-  Jacques  de  Rostaing.   voy.    P.   Anselme,    t.   VIII. 
qûs. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  43 

encores  une  lionne  fois  je  vous  prye,  el  pour 
plus  ouvertement  entendre  ce  que  désire 
veoir,  et  que  j "a\  pryé  vostre  ambassadeur, 
estant  de  par  de  çà,  vous  escripré  de  ma  pari . 
vous  oil'ranl  tousjours  de  hou  cueur  le  sen- 
blable  pour  tous  ceulx  des  vostres  qui  auronl 

i oing  de   chose  (pie  je  puisse,   el    priant 

Dieu,  mon  cousiu,  vous  donner  ce  que  plu- 
désirez. 

Escript  à   Fontainebleau,   le   xxvij"1'    jour 
d'aousl  i5.r)i. 

\  ostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


(1551.)  —   26  septembre. 

Orig.  Bibl.  ual.  fonds  français,  n°  .'iiag,  f°  4a. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 

Mon  c père,  j'ay  entendu  par  Brezé1   la 

faulle  qu'a  l'aide  le  Prieur2,  de  quoy  je  suis 
la  plus,  la  plus  ennuyée  qu'il  esl  possible,  et 
vouldrois  que  Dieu  eusl    lanl   faict  pour  luy 

1  Artus  de  Maillé,  s'  de  Brézé. 

-  Le  prieur  de  Capoue,  Léon  Strozzi,  fils  de  Philippe 
Strozzi  et  de  Clarice  de  Mi  dicis.  Mécontent  de  ce  qu'on 
lui  avait  enlevé  le  généralat  des  galères  (charge  qu'il  oc- 
'  cupait  depuis  longues  années)  pour  le  donner  au  marquis 
de  Yillars,  craignant  pour  sa  vie  à  laquelle, à  l'en  croire, 
avait  voulu  attenter  un  nommé  Jean-Baptiste  Corso  son 
domestique,  il  le  lit  arrêter  à  Saint-Victor  de  Marseille, 
le  prit  à  son  bord,  l'emmena  à  Toulon,  l'y  garda  huit 
jours,  et,  après  l'avoir  appliqué  à  la  question  et  tiré  de  lui 
des  aveux,  le  fit  poignarder  et  jeter  à  la  mer  dans  le 
port  de  Marseille;  après  ce  meurtri-,  il  franchil  la  barre 
du  port  avec  deux  galères  el  se  relira  à  Malte.  (  l«.  le 
rapport  du  procureur  du  roi  de  Marseille,  Britilh  \ln- 
si  vm  .  collect.  Egerton.  Voy.  les  articles  contre  le  prieur  de 
(  iapoue  par  le  procureur  du  roi,  dans  l'appendice  du  qua- 
trième volume  de  l'édition  de  Brantôme  de  L.  Lalanne. 
p.  393,  d'après  le  n°  3iag  du  fonds  français.) 

L'évèque  de  Béziers  lui  reprochant  d'être  parti  légè- 
rement el  d'avoir  allégué  sans  aucune  raison  plausible  la 

6. 


hh 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDIGÎS. 


de  l'avoir  osté  de  ce  inonde  à  l'heure  qu'il  luy 
donna  la  volunte'  de  s'en  aller.  Une  chose  me 
réconforte,  que  je  croy  :  quant  il  recongnoistra 
sa  faulte,  il  se  mettra  en  lieu  où  il  ne  de- 
meurera cuères  en  ce  monde,  qui  sont  les 
meilleures  nouvelles  que  je  pourrais  avoir  de 
luy,  estant  asseurée  qu'il  ne  l'a  poinct  f'aict 
par  meschanceté.  Je  croy  qu'il  vous  souvient 
bien  de  ce  que  j'en  ay  clict  autreffois  au  Roy 
mesmes,  le  jour  des  nopces  de  Memillon.  Je  luy 
envoyé  des  lettres  qu'il  m'avoit  escriptes,  les- 
quelles je  ne  luy  avois  poinct  monstrées,  ne 

supériorité  que  Ton  venait  de  donner  à  M.  de  Villars  sur 
lui  et  le  danger  qu'il  s'était  imaginé  que  courait  sa  vie, 
Léon  Strozzi  répondit  que,  plus  il  considérait  les  disposi- 
tions du  roi  à  son  égard  et  la  malice  de  ses  ennemis, 
plus  il  s'applaudissait  du  parti  qu'il  avait  pris.  (Arcli. 
nat.  collect.  Simancas,  K.  i  48g,  pièce  n°  65.) 

Dans  une  lettre  au  roi  du  16  septembre  i55l  (Clai- 
rambault,  vol.  86),  il  dit  qu'il  a  appris  que  le  sieur 
de  Villars  vient  d'obtenir  la  surintendance  de  l'armée 
de  mer.  11  rappelle  les  services  rendus  tout  le  temps 
que  cette  charge  lui  a  été  confiée.  On  en  veut  à  son  hon- 
neur, à  sa  personne:  il  croit  devoir  rester  à  Malte,  et  là 
servir  sa  religion. 

Dans  une  lettre  de  Luigi  Capponi  (Négociations  diplo- 
matiques avec  la  Toscane,  t.  111 ,  p.  391),  où  il  est  longue- 
ment question  de  l'affaire  du  prieur  de  Capoue,  il  est  dit 
que  le  roi  a  mandé  Pierre  Strozzi  et  qu'il  a  envoyé  Mor- 
villiers  auprès  de  la  reine  pour  la  consoler.  — Voy.  sur  le 
même  sujet  une  lettre  de  Henri  11  à  M.  d'Aramon  ,  Ribier, 
t.  11,  p.  3io,  et  dans  le  Kalendar  0/ state papers ,  15Û7- 
1 553,  p.  175  :  *Letlers  from  Genoa  state  that  tbe  Prior 
«of  Capua,  feeling  aggrieved  by  tbe  Grand  Conslable  ap- 
itpoinling  bis  nephew  gênerai  of  tbe  fleet,  bad  departed 
-wilh  two  galloys,  and  gone  to  Malta.n 

Dans  un  recueil  curieux  imprimé  à  Venise  (1 58 1  )  sous 
ce  titre  :  Lettere  di  Principi ,  t.  III,  p.  io5,  se  trouve  une 
longue  lettre  en  italien  du  prieur  de  Capoue  au  cardinal 
de  Ferrare;  elle  est  datée  du  port  de  Syracuse,  le  2  jan- 
vier i55a;  c'est  l'explication  et  la  justification  de  sa 
conduite  ;  il  prie  le  cardinal  de  communiquer  sa  lettre 
à  la  reine  Catherine  de  Médicis  et  à  tous  ses  amis  de 
fiance.  (Voy.  Charrière ,  Négociations  dans  le  Levant, 
t.  II,  p.  i65.)  —  Léon  Strozzi  fut  tué  sur  les  cèles  d'Italie 
Je  2.)  juin    1  554. 


înesainblant  l'heure  à  propos,  et  aussi  que  je 
ne  pansois  jamais  voir  chose  qui  aprochasl  de 
reste  faulte,  et  q'ung  si  meschanl  homme, 
comme  Jehan  Baptiste  Corse,  eul  eu  puissance 
de  luy  faire  peur  ou  doubte;  je  vous  prometz, 
mon  compère,  que  j'en  suys  extrememant 
faschée.  Je  vous  prie,  sur  tous  les  plaisirs  que 
me  voulez  jamays  faire,  que  le  Roy  ayt  tous- 
jours  le  seigneur  Pielre  l  pour  recommandé, 
car  bien  que  son  frère  ayt  failly  je  suis  cer- 
taine de  luy  qu'il  mourra  à  son  servyce,  et  ne 
craignez  poinct  de  le  prandre  en  vostre  pro- 
tection, car  je  vous  responds  qu'il  ne  fera  ja- 
mais faulte.  Je  me  recommande  de  bien  bon 
cueur  à  vous,  et  prie  Dieu,  mon  compère,  vous 
donner  ce  que  désirez.  De  Fontainebleau,  ce 
xxvi"  de  septembre. 

Vostre  bonne  commère  et  amye, 

Caterine. 


(  I  .">5 1 .  —  26  septembre,  i 
Aul.  Bibl.  nal.  fomU  français,  n°  3iag,  f°  3i. 

AU  ROY  MONSEIGNEUR. 

Monseigneur,  j'é  antandeu  par  Brése  sel 
qui  vous  a  plulx  luy  comander  de  me  dire,  el 
vous  aseure  que  je  n'é  jéamés  heu  chause  qui 
plulx  m'anuyàs,  non  pour  luy,  synon  de  pan- 
ser que  yl  esl  anuyé,  car  le  plulx  grant  plé- 
syr  que  serés  avoyr,  se  serel  d'antandre  qu'y! 
(Mil  plulx  à  Dyeu  l'avoyr  fayst  nayer  canl  y 
prynt  sete  délybéïatyon,  mes  pour  voyr  la 
faillie  qu'yl  a  fayste  à  vostre  servyse,  asteure 
(pie  je  ayspérès  qu'y  vous  an  deut  fayre  au- 
tant que  servyteur  que  vous  heusyés,  el  ancore 

1  Pierre  Strozzi,  fils  de  Philippe  Strozzi  et  de  Clarice 
de  Médicis,  passa  au  service  de  la  France  en  î.Vi.'i. 
Nommé  maréchal  de  France  en  1 554,  il  mourut  le 
20  juin  1 558  d'une  blessure  reçue  au  siège  de  Tbion- 
ville. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICÎS. 


&5 


que  jesaj  seure  que  se  n'ayl  que  désespouyr, 
el  non  pas  méchanscté,  ynsyn  'I'"'  ïoyr^s  Par 
heune  lestre  que  je  vous  anvoj  '.  non  poynl 
pour  le  aysceuser,  car  l'esceuse  que  je  veodrès 
fayre   pour   luj    serel   l'oter  de  sel    monde, 
mes   seolemant  pour  vous   fayre  conestre,  à 
mon  avys,  Paucasyon  de  sa  faulte,  el  me  dé 
playsl  que  Jean  Balyste  Corse,  aystanl  sj  mé- 
chant, cornant  luy  mesme  Paveua,  aysl  heu 
la  pyusanse,an  ly  fesanl  sy  granl  peurdesa 
vye,  de  lin  avoyr  fayst  Uml  fayst  failyr  à  luy 
el  à  seos  à  qu'y!  aysl  laiil  teneu  et  aublygé, 
car  je  ne  veo  eroyre  que  chause  quy  luy  aysl 
dys'Ie  souyl  vraye,  pansanl  lé  jean,  de  quoy  y 
parle  trop  jean  de  byen,  mes  pour  le  mouyns 
v  l'a  creu;  mes,  Monsîgneur,  je   vous  suplye 
très  humblemant,   que  s'y!    aysl    maleureus 
qu'y  ne  pyuse  fayre  maleureus  seos   à  quy 
teuche,  car  je  suy  seure  qu'j  n'y  an  y  e  pyèse 
quy  ne  le  désyre  au  fonl  de  la  nier,  et  que,  sel 
y  le  tenayt,  \   n'an  l'y  se  heune  aysanple  pour 
leul  seos  quj  veodronl  jeamés  fayre  ynsyn,  el 
prynsypalemen  sou  frère,  le  sygneur  Pyetre, 
lequel,  Monsygneur,  je   vous   recomande   el 
vous  suplye  1res   humblement   que   la  faulte 
de  sel  maleureus  n'è  pyusanse  de  \ous  fayre 
aublyer  lé  servyse  quy  vous  ha  faysts;  car  je 
suys  seure  de  sty-là,  quy  moura  plulx  toi  de 
san    myie   morl    que   de   vous   fayre  jeamés 
faillie,  nv  aublyer  l'aublygasyon  quy  vous  ha. 
Je  vous  suplye  me  pardonner,  set  je  vousanuy 
de  sy  longue   leslre,  ay  m'esceuser,  pansant 
le  déplésyr  que  je  hay  que  personne  dy  quy 
je  vous  ay  lanl   parlé  el   m'elre  sel  qu'yl  est 
vous"  aysl  fayst  faulte  à  Poure2  que  je  ayspé- 
rès  quy  vous  deusl  tant  servyr,  el  ne  voy  ryen 

\n..  lettre  du  prieur  de  Capoue  (en  italien)  à  la 
Reine,  en  date  du  h  septembre   i55i.(Bibl.  nat.  Ponds 
français,  n°  3 129,  F  25,  et  lettre  au  Roi,  en  italien, 
même  volume  f"  s».) 
J  A  l'heure. 


quy  nie  le  pyuse  auter,  que  de  lieux  dyre 
que  Dyeu  Paye  fayst  nayer,  el  que.  pour  lente 
sa  nialeurlé.  je  n'an  saye  aylongnayede  vostre 
bonne  grase ,  an  laquele  1res  humblemant  nie 
recomande,  pryanl  [Vostre  Sygneur  vous  dau- 
ner  très  lionne  el  longue  vye  el  félysyté  an 
veos  afayres. 

Vostre  liés  humble  é  très  hobéysante 
l'anime, 

Catemne. 


(1551.  —  Fin  septembre.  I 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  0139,  f  38. 

A   MON   (  OMPÈRE 

MONSIEUR  LE  GONESTABLE. 

Mon  conpère,  la  granl  anuy  et  déplésyrque 
j'é  heu  de  la  faillie  que  le  Pryeur1  a  faysté  au 
Roy  m'est  ancore  ausy  mauves  corne  le  pre- 
mver  jeurque  l'on  me  le  dyst,  et  tan  plulx  je 
panse  à  nie  le  auter,  y  me  auhianle.  creygnanl 
que,  ayent  considéré  luy  mesme  sel  qu'yl  a 
fayst  élan  quele  tanps,  que  son  désespoyr  luy 
aumante  tant,  que  y  pregne  aultre servyse ,  la- 
quele chause  me  tonnante  tant  que  j< se 

cornent  je  le  sarés  porter,  sy  le  feset,  sel  que 
je  ne  veos  eroyre,  uns,  pour  m'auter  de  sete 
pouyne,  je  ay  seuplyé  au  Roy  de  me  permette 
qu'y  se  vyene  jeustyfyer,  non  pas  qu'y  méryte 
que  le  Roy  fase  ryen  pour  luy,  car  y  n'y  an  y 
é  povnl  quy  conese  plulx  sa  faulte  que  moy, 
ne  qui  ly  an  veolle  plulx  de  mal,  niés,  pour 
l'amour  de  son  servyse,  je  an  dys  sesy  que  y 
se  vyegne  jeustyfyer,  et  après  que  le  l5oy  an 
dyspose  ynsyn  qu'y  luy  pléra,car  de  moy,  mon 
conpère,  vous  savés  de  quele  afayetyon  je 
avnie  le  Roy  et  son  servyse.  tant  que  je  n'aie 
jeamès  reguard  que  à  sela,  et  se  je  pansés 

'   \  oy.  p.  43. 


LETTRES  DE   CATH 


qu'j  deul  trover  mauves  sesy,  je  aymeré 
myeulx  aystre  morle  que  de  luy  an  seuplyer; 
mes  je  suys  seure  quy  consydéreré  l'aucasyon 
pour  quoy  je  luy  dyl,  et  vous  ausy,  lequel  je 
prye  de  luy  an  parler  et  fayre  tent  pour  moy 
que  me  fayré  conestre  an  sesy  l'anvye  que 
ivés  de  me  l'ayre  plésyr,  et  aseuré-vous  que  le 
fayré  pour  personne  que  le  reconestra  quant 
en  are  le  moyen,  et  vous  prye  m'an  mander 
la  réponse  et  quant  je  are'  le  byèn  de  voyr 
le  Roy.  et  an  setpandant  me  recomanderé  à 
vostre  bonne  grase. 

Vostre  bonne  comère  et  amye, 

Caterine. 


(1551. —  Fin  septembre.) 
Aut.  Bil)l.  nat.  fonds  français ,  n03iao,  f°  &&. 

A  MON  COMPERE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  j'é  antandeu  set  que  avés 
donné  charge  à  Alberto  d'Albene  de  dire  au 
signeur  Piètre1,  et  sui  seure  que  sela  le  ré- 
confortera tant  de  la  ynpasiansede  son  frère  de 
\oir  la  volante  que  lui  portés  et  l'auneur  que 
le  Roy  luy  fayst  de  ne  léser,  pour  la  faillie  de 
son  frère,  à  le  tenir  an  sa  bonne  grase  et  se 
sovenir  dé  servise  qui  lui  ha  lays,  que,  pour 
satisfayre  à  sete  aublygasyon,  qui  la  hasar- 
dera plulx  sa  vye  qui  ne  fyst  jeamés  pour  luy 
l'ayre  servise,  et  de  vous,  mon  coopère,  vous 
povés  aseurer  que  an  fesant  pour  luy,  que 
fayré  pour  heune  personne  qui  n'an  seré 
jeamés  yngrat,  et  de  qui  vous  pourés  dis- 
poser comme  de  chause  vostre,  et  ausi  vous 
in'aubligerés  tan  plulx  à  vous,  aurore  que  je 
n'aye  neul  moyen  ni  vous  besouyn  que  je 
fase  pour  vous  pour  le   mouyns  de  volante, 

l'ii'ire  Strozzi. 


ER1NE  DE  MÉDIG1S. 

laqueli'je  guarderé  teurjeurpourla  vous  inons- 
trer  par  ayfayst,  quant  y  vous  playré.  Je  ne 
vous  fayré  plulx  longue  leslre,  pour  aystre 
ancore  fouyble,  car,  depiuys  que  j'é  seu  ses 
fâcheuse  novelles  de  set  que  le  Prieur  avest 
fayst,  je  n'é  dormy  que  sete  nuyst  seulement. 
Vous  pryré  de  me  tenyr  en  la  bonne  grase  deu 
Roy,  et  me  mander  de  ses  novelles,  an  alaudent 
que  je  aye  le  byen  de  le  voyr,  que  je  seuplye 
à  Nostre  Sygneur  aystre  byen  tôt  et  qu'y  vous 
douynt  set  que  vous  désvré. 

Vostre  bonne  comère  et  amye, 

Caterixe. 


1551 .  —  17  octobre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Clairanibault ,  u    3ii  ,  1'    ioa13. 

A  MON  COUSIN  MONSIEUR   DE  GUYSE. 

Mon  cousin,  ma  sage  femme1  m'a  l'ail  en- 
tendre comme  le  Roy  monseigneur  luy  a  na- 
guères  accordé  et  promis  de  luy  donner  le 
premier  estât  de  commissaire  du  Chastellel 
qui  viendrait  à  vaquer  pour  luy  ayder  à  marier 
sa  ûlle  :  et  pour  ce  qu'elle  a  esté  adverlie  qu'il 
y  a  ung  commissaire  qui  ne  garde  l'heure 
d'aller  de  vye  à  trespas,  à  sa  requesle,  je  vous 
ay  bien  voullu  fayre  la  présente,  autant  affec- 
tueusement que  faire  puis,  de  vouloir,  en  ma 
faveur  et  pour  l'amour  de  moy,  tenir  la  main 
et  vous  emploier  en  cest  endroit  pour  elle  en- 
vers le  Roy  mon  dit  seigneur  de  sorte  qu'elle 
puisse  avoir  et  obtenir  le  dit  estât  de  commis- 
saire venant  à  vaquer.  Vous  sçavez  les  services 
qu'elle  me  fait,  par  quoy  je  vous  la  recom- 
mande,  qui   sera  l'endroit  où  je  prye  Dieu 

1  La  reine  était  accouchée  à  Fontainebleau,  le  samedi 
20  septembre  i55l,  à  minuit  trois  quarts,  d'Edouard- 
Alexandre,  duc  d'Anjou,  depuis  d'Angoulême,  qui  plus 
tard  prit  le  titre  de  duc  d'Orléans  el  devint  roi  de 
France  sous  le  nom  de  Henri  III. 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


vous  donner,  mon  isin,  en  santé   ce  que 

plus  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  xvif   jour  d'octobre 

i  ."> .",  i . 

\  ostre  bonne  cousine, 

Ci  iKHINK. 


(1551.  —  Fin  oclobre.) 

lut.  Bibl.  nat.  fonda  français,  n°  .'Î109.  P  ao. 

A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  y  s'an  vè  dever  le  Roy  heun 
homme  |>luK  anuié  et  tonnante  que  je  n'an 
vys  jeamés  pour  la  faulte  que  le  Pryeur1  a 
Fayste  asteure  au  servise  deu  Roy,  lequel  y 
fault  que  je  vous  recomande,  qui  ayst  le  si- 
gneur  Pyetre2;  et  m'ayenl  ayscrypt  que  me 
fayryé  conestre  an  sou  androyl  l'anvye  que 
avyés  de  me  fayre  plésyr,  je  vous  prye  que  ce 
souyl  ;ms\  byen  parayfaysl  cornent  an  escryp- 
teure,  el  que  le  volyés  de  si  bonne  fason 
le  recoinander  au  Roy,  que  je  conese  à  bon 
aysyen  l'anvye  que  avés  de  fayre  pour  moy; 
vousaseurenl  que  ne  me  la  saryés  myeulx  fayre 

c stre  que  de  fayre  pour  luy,  car  le  conesanl 

si  afectyoné  au  Royel  à  son  servyse  cornent  yl 
esl .  el  aystanl  aseuraye  qui  ne  luy  fayré  jeamés 
faillie,  scia  aysl  Gause  que  je  lé  vous  recomande 
de  la  fason  que  je  foys.  vous  aseuranl  que  je 
aystymeré  sel  que  l'on  fayré  pour  luycomepour 
ino\  mesme,  metanl  pouyne,  teutte  ma  vye, 
de  le  reconestre  anver  seos  qui  s  \  anploy- 
ront;el  m'aseurant  que  le  fayrés,  pourl'amoui 
de  moy,  je  ne  vous  fayré  plulx  longue  lestre, 
après  m'etre  recomandaye  à  vostre  bonne 
grase. 

\  ostre  lionne  comère  el  amye, 

Caterine. 

on  Slrooi. 
l'ici ■! e  Strozzi. 


]  551     -   Fin  octobn 
lut.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n"3iaij,  I    19 

VI    RO^i   MONSEIGNEUR. 

Monseigneur,  le  signeur  Piètre1  ay  pasé  pal 
\si.  qui  m'a  fayl   tanl  de  pityé  de  le  voir  si 
lormanté,  de  peur  que  la  faulte  deu  Prieur 
soit  cause  de  la\  aylongner  de  vostre  bonne 
grase,  et  ausi  que  je  le  conois  an  plulx  grande 
afayetion  de  mètre  sa  vie  pou,  vostre  servise, 
s'il  el  posible,  qui  n'a  faystjeuques  ysi,  que 
sela  ayst  cause  que  se  jeuques  asteure  j  é  prins 
la  hardiese  de  le  vous  recomander,  que  meyn 
tenant  je   vous    la\    recomande   pluK   que  je 
n'ay  jeamés  fayst,  vous  supliant  1res  humble- 
ment, si   vous  playst,  ancore  qui   vive  pour 
vous  fayre  servise,  qui  vous  playst;  luy  fayre 
conestre  cornent  il  aysl  an  vostre  lionne  gràse, 
el  que  la  faulte  deu   Pryeur  n'a  piusanse  de 
vous  fayre  aublier  le  servise  qui  vous  ha  fayst, 
ni  de  méconestre  la  volante  qu'il  a  de   vous 
an  fayre;  car,  Monseigneur,  se  je  ne  aysté  In  eu 
aseuraye  qui  ne  changeré  jeamés  daupinion. 
je  le  désaveurés  el  ne  veodrés  jeamés'  prandre 
l'ardyese  de  vous  parler  pour  luy,  niés  aystanl 
aseuraye  de  luy  come  de  moy.  je  vous  suplye 
1res  humblement  ne  trover  mauves  sel  je  le 
vous  recomande,  car  an   lésant  pour  luy   je 
l'aystyme  corne  pour  moy  mesme.  Le  voyanl  si 
afectioné   à  vous  cornent  il   é.  je  ne   vous 
anuyré  de  plulx  longue  lestre,  après  vous  avoj  r 
présanté  mes  1res  humble   recomandatyon  à 
vostre  bonne  grase,  el  avoyr  pryé  Nostre  Sy- 
gneur  vous  damier  ausi    longue  el    heureusi 
vye  que  la  vous  désyre 

Vostre  très  humble  el  hobéysante  fai 

Caterine. 

1   Piern'  Slrozzi. 


18 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


(1551.  —  Fin  octobre.) 

\nl.    Bibl.  nat.  fomls  français,  n°  32Ç)4  ,  f°  16. 

\  M  \  COUSINE  MADAME  DE  GUYSE. 

Ma  cousyne,  je  ne  vous  manderé  point  dé 
novelles  délie  guerre,  car  voyant  monsveur  de 
Guyse  vous  an  seré  de  luy  là  véryté,  et  depyuys 
y  n'é  ryeu  seurveneu  quy  n  aye  byen  seu  ;  mes 
sete  lestre  seré  seolement  pour  vous  pryer  de 
nie  mander  de  veos  novelles,  et  cornant  vous 
portés,  et  vous  aseurer  que  je  de'syre  byeu  fort 
d'antandre  que  ayés  fayst  lieun  beos  fys,  et  que 
vous  an  portyés  ausy  byen  que  l'aultre  fouys; 
car  vous  ne  sanés  avoyr  mal  que  je  n'an  san- 
tyse  ma  part,  pour  l'anuys  que  je  an  ares;  et 
quant  à  dé  novelles  de  sete  eonpangnye,  y  sont 
cnme  quant  voslre  mary  s'an   et  alav.  synon 
que  la  royne  d'Ecose  et  depyuys  partve1,  et 
vous  aseure  que  je  me  seuayste  avoyr  l'ayse 
que  ares  de  la  voyr,  carj'ey  byen  sy  grant  re- 
-i  de  son  parlement  que  n'y  sarovs  panser 
san  lé  larmes  ans  yeulx.  Je  ayspère,  mes  que 
je  vous  aye  laysaye,  d'avoyr  le  byen  de  vous 
voyr,  de  quoy  je  vous  prye  que  ce  souyst  le 
plulx  tôt  que  vostre  santé  le  pouré  pourter,  et 
ansetpandant  vous  aseurer  que  me  retroverés 
autan I  à  vous  corne  quant  me  laysate;  je  vous 
prye  que  je  vous  trove  ynsyn  ausy,  et  de  t'ayre 
mes  recomandatyon  à  monsyeur  de  Guvse,  et 
an   volnuyr  prandre   voslre   pari,  d'ausy  bon 
ceur  que  le  vous  faysl 

Voslre  bonne  cousyne  el  ainye. 

Caterine. 


1 152.  —  7  janvier. 

Aul.  Arcli.  des  Médias,  dalla  cîtata  filza  4730. 
1  MON  CODSIH 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin ,  j'é  aysté  bien  ayse  de  avoyr 
le  Guise  débarqua  à  Portsmouth.le  ■;■•  oclolire. 


entendu  par  le  sr  Troylo  '  si  au  long  de  vos 
nouvelles  et  de  la  bonne  volante  que  avés  au 
service  de  cete  couronne,  cet  que  je  vous  prie 
continuer  et  vous  aseurer  que  en  cet  que  auron 
le  moyen  de  vous  fayre  conoystre  conbien  cete 
bonne  volante  nous  ayst  agréable,  que  le  w>n< 
fayron  paroystre  par  ayl'est ,  corne  plus  au  long 
le  dicl  sr  Troylo  vous  dire  de  ma  part,  em- 
semble  aucoun  aultre  cbouse  que  luy  ay  prié 
vous  dire  touchant  quelques  propos  que  vous 
ay  par  une  myene  lelra  de  ma  propre  mayu 
ayscripte,  sur  quoy  je  désire  avoyr  vostre  ré- 
ponse; aussi  ne  veulz  fallir  vous  remersier  de 
la  belle  fontayne  qu'il  m'a  disl  el  le  capitayne 
Mcolo  Alamanni,  que  m' envoyés,  laquele, 
aultre  la  beaulté  qu'il  m'ont  disl  qu'eie  baie, 
1  aymeré  et  l'estimeré  beaucoup  pour  venir  de 
vous,  el  vous  prie  reguarder  d'ysi  cet  que  dé- 
sireriés,  car  je  sayré  byen  ayse  d'avoyr  quelcbe 
cbouse  pour  me  pouvoyr  levencher  de  cet  beau 
présaut;  et  me  fayré  grent  plésir  de  me  men- 
der  de  ce  que  auryés  envye,  et  me  remectant 
sur  la  sufisance  du  dysl  sieur  Troylo  feré  fin, 
prient  Dieu  vous  donner  cet  que  désirés. 

De  Viller  Coslré,   cet   vij",e  jour  de  jean- 
vier  1 55 1  (i552)2. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


escortée  par  le  baron  de  Lagarde  el  d\\  vaisseaux  de 
j;uerre.  (Voy.  lettre  des  lords  du  conseil  à  sir  William 
Pickering  ,  Kalendar  of  state  papers  .  i  fi  'i  -  -  i  .'î  .">  f>  . 
p.  190.) 

1  Ce  Troylo  doit  être  le  Troile  Orsini,  ou  ibs  I  rsins, 
cjiii  fut  assassiné  à  Paris,  le  3o  novembre  i  .3  7 7 .  (Voy. 
Journal  de  l'Es  toile,  édit.  de  16/16,  t.  11,  p.  29.) 

5  L'ambassadeur  du  'lue  de  Florence  avait  quille  la 
France  au  mois  d'octobre  i5ôi  ;  les  relations  diploma- 
tiques étaient  interrompues;  mais  on  verra  par  cette 
lettre  que  Cosme  n'avait  pas  cessé  de  rester  en  bons 
termes  avec  Catherine  de  Médicis.  (Voy.  Négociation* 
diplomatiques  ai-cr  la  Toscane,  t.  III,  p.  ao5.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


/i9 


1552.  —  'i>j  février. 
Orig.  Bibl.  nai    fonds  français ,  n    3i33.  f   iS. 

\  MADAME  D'Hl  MYÈRES. 

Madame  de  Huraières ,  j'aj  receu  la  lectre 
que  m'avez  envoiée  el  par  [celle  veu  ce  que 
me  mandez  de  la  disposicion  de  ma  fille  '  el  de 
son  amandement,  donl  je  suis  bien  forl  aise; 
je  vous  prie  avoir  s^  convalescence  en  bonne 
recoinmendation  el  continuer  souveni  à  me 
mander  tant  de  sa  santé1  el  lion  portement,  que 
de  celle  de  mes  autres  enfans;  ce  faisant, 
madame  de  Humières,  vous  me  ferez  grant 
plaisir,  et  à  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  avl  en 
sa  saincte  garde. 

Escripf  à  Villers  Costerez,  le  xxi!c  jour  de 
février  i  r>5i  (1  55a). 

Vostre  bonne  amye, 

Caterine. 


i  1552.  —  Du  10  au  i5  a\ril.) 

\til.  ilil»!.    liai.    fiTiiU  français  ,    n"  3  i  i  y  ,  f  S. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  coopère,  je  ne  veos  l'allyr  suyvant  set 
que  nie  pryales  de  vous  mander  de  mes  no- 
velles ,  et  pour  se  que  je  ares  peur  de  vous  don- 
ner trop  de  pouyne  à  lyre  benne  longue 
lestre  sy  mauvèse  que  la  myene,  j'épryé  mon- 
sieur le  cardynal  de  Chatyllon2  de  vous  an 

1  Claude.  —  \oy.  même  volume,  Pi3,  lettre  du  con- 
nétable de  Montmorency  à  Mm*d'Huniières,  du  8  février 
i  )5ii ,  où  il  lui  parle  de  la  maladie  de  madame  Claude  : 
-Le  Roy  a  esté  bien  aise  d'entendre  que  la  fièvre  luy  es- 
loit  diminuée.^ 

!  Le  cardinal  de  Cbâtiilon  était  à  Joinville  avec  la 
Reine  qu'il  ne  quitta  pas  durant  la  dangereuse  maladie 
où  elle  fut  si  près  de  la  mort.  (Voy.  Lettre  de  Diane  de 
Poitiers,  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3 12/1,  P  53.)  — 
M""  do  Iîoisy  écrivait  a  sa  fille  M""  de  Brissac  qu'il  n'y 
avait  point  d'espérance  que  la  Reine  dût  guérir,  «mais  le 

Catuerike  de  Mkdicis.  —  1. 


conter  el  les  \  a\  touttes  dystes,  par  quo}  je 
ne  vous  fayré  la  prësante  plulx  longue,  après 
Miiis  avoyr  pryé  de  ne  changer  de  volante  à 
mon  androyl  pour  aystre  louyng,  non  plulx 
que  je  vous  aseure  que  je  ne  fayré  au  vostre, 
el.  que  me  retrouverés  la  mylleure  el  pluK 
seure  amye  que  ayés,  n\  ares  jéamès;  je  prye 
à  Dveu  que  sel  puyse  aystre  byen  tôt,  ayanf 
fayst  sel  que  désyrés  et  ansetpandent  me  re- 
comanderé  à  vostre  bonne  grase  et  à  madame 
la  conestable. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


1552.  —   16  avril. 

Orir;.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  83a  .  f'  34. 

A    NOS   AMEZ   FKALI.X 

LES  GENS  TENANT  LA  COL'RT   DE   PARLEMENT   DU   ROI 

À    DIJO>. 

Nos  amez  el  féaulx,  [lource  que  noussa\ons 
que  le  Roy  monseigneur  a  dispose'  de  toutes 
les  amendes  qui  luy  ont.  esté  adjugées  par  vous 
à  l'encontie des  président,  conseillers  etaultres 
otîiciers  de  la  cour  de  parlement  de  Chambérj 
et  desquelles  il  a  l'aicl  don  à  nostre  très  chère 
et  très  amée  cousine  la  duchesse  douairière 
de  Guyse  ',  à  reste  cause,  nous  voulions,  vous 
mandons  bien  expressément  que  n'aiez  à  em- 
ployer, ne  convertir  lesdictes  amendes  en 
quelques  aultres  affaires  que  ce  soit  el  n'y 
l'aides  faulte.  Donné  à  Joinville.  le  xvi°  jour 
d'avril  1  55a. 

C\  iijiim:. 

BoCllETEL. 

Seigneur  y  a  mis  la  main».  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n  ;!".j5,  f  34.)  —  Voy.  également  sur  la  maladie  de  Ca- 
tberine,  Lettre  de  Marguerite  de  France,  Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  3i5a,  f  3a.  —  Henri  H  quitta  Joinville,  où 

était  resiée  la  Reine,  le  1  1  avril. 
1    Antoinette  de  Rourlion. 


50 


LETTRES   DE  CATfl 


1552.  —  =1  avril. 

Imprime  dans  flibier,  Lettres  et  mémoires  d'Estat,  I.  tl  .  p.  38çv. 

A  MON  COCSIN 

LE  CARDINAL  DE  BOURBON'. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  advertie  qu'à  Paris 
il  y  a  quelques  prescheurs2  qui  n'ont  aultre 
chose  à  dire  que  de  parler  des  affaires  d'Eslat 
pour  soullever  à  mutinerie  tout  le  peuple,  dont 
nous  nous  debvons  plus  garderque  du  feu  el  delà 
peste,  el  enlr'aiillres  deux,  F  ung  cordelier  qui 

1  Charles  de  Bourbon ,  cinquième  iils  de  Charles ,  duc 
de  Vendôme,  et  de  Françoise  d'Alençon,  évêque  de  Ne- 
\ers,  puis  de  Saintes,  cardinal  en  1 5/17,  archevêque  de 
Rouen  en  i.">5o,  mort  en  îâgo  à  l'âge  de  67  ans. 

-  Lettre  écrite  par  le  cardinal  de  Bourbon  à  la  re:ne 
|  27  avril  i5ôa)  : 

■■  Madame,  suivant  ce  qu'il  vous  a  pieu  me  mander  par 
voslre  lettre  du  xvi,  et  que  depuis  j'ay  écrit  à  M.  l'Ad- 
mirai, je  me  suis  enquis  bien  amplement  et  au  vray  des 
propos  tenus  durant  le  caresme  dernier  par  les  prescheurs 
de  reste  ville,  tant  à  Nostre  Dame  de  Paris  que  ailleurs; 
entre  lesquels  s'en  est  trouvé  aulcuns  fort  téméraires  et  de 
mauvaise  édification,  non  toutefois  si  aigres  qu'il  vous  a 
esté  rapporté;  pour  la  réparation  desquels  et  du  scan- 
dale qui  en  pourroit  estre,  j'ay  enjoint  à  celui  qui  avoit 
presché  à  Noslre  Dame  de  révocquer  publiquement  au 
dict  lieu  les  fols  et  téméraires  propos  qu'il  avoit  ditz,  ce 
qu'il  a  faict  dimanche  dernier  en  ung  sermon  solennel, 
assistant  grand  peuple,  comme  par  forme  d'abjuration, 
exhortant  chasenn,  comme  il  doit,  en  l'obéissance  du  Roy 
et  de  ses  ministres  et  à  luy  aider  et  servir  de  ses  biens 
en  ses  affaires  et  facilitez  sans  en  excepter  personne.:;  — 
••L'emprisonnement  aurait  été  une  mauvaise  voie.  11 
s'attendait  qu'un  cordelier,  Mc  Michel  Foucon,  qui 
avait  prêché  très  follement  ce  carême  au  couvent  des 
rordeliers  en  fit  autant,  mais  au  lieu  de  ce  faire  il 
s'est  absenté.  Il  a^été  contraint  de  faire  prêcher  en  ce 
couvent  par  un  autre  religieux  de  l'ordre  la  substance  de 
e  que  le  dit  cordelier  devait  dire  et  il  a  donné  une  prise 
de  corps  qu'il  a  envoyé  exécuter  au  couvent  d'Etampes, 
où  il  s'était  retiré;  et  s'il  n'y  était  pas,  ordre  a  été  donné 
aux  archers  de  le  suivre  jusqu'à  Orléans,  où  est  son  cou- 
leut.  Il  pourvoira  sitôt  que  le  Roi  et  la  Reine  seront  con- 
tents.-  (Brilish  Muséum,  rollect.  Egerton,  vol.  VI ,  f  G3.) 


ERINE  DE  MKD1CIS. 

j  a  presché  à  Nostre  Dame  des  propos  estraages 
tendant  à  sédilion ,  avec  ung  tesraoignage  de 
mécontentement  quant  à  Penlreprinse  du  Rov 
monseigneur,  mesme  de  l'alliance  qu'il  a  prinse 

'  avec  les  princes  allemans  et  de  l'aide  qu'il 
leur  fait;  semblablement  de  ce  que  l'on  a 
aussi  faict  une  description  et  inventaire  des 
reliques,  lesquels  propos  font  suffisamment 
cognoistre  l'imprudence  de  tels  prédicateurs, 
avec  leur  arrogance  estimans  plus  de  leurs 
sens  que  de  la  bonté,  prudence  et  religion  de 
leur  Prince  et  de  son  Conseil;  l'aiiltre  est  ung 
jacobin,  qui  a  presché  à  Sainct  Paul,  lequel 
interprétant  ce  passage  de  l'Evangile,  principes 
sacerdotum  concilium  fecerunt  adversus  Jesum,  a 
dict  que  ce  n'estoit  pas  le  conseil  de  Dieu 
d'avoir  accordé  au  Roy  de  prendre  vingt  livres 
pour  clocher  sur  les  fabriques  et  joyaux  des 
Eglises,  et  que  ce  n'est  le  moyen  de  perpétuer 
ce  nom  de  1res  chrestien,  mais  donner  occa- 

!  sion  aux  estrangers  de  lever  leurs  creues,  el 
oster  la  dévotion  aux  gens  de  bien  de  faire  à 
l'advenir  aulcuns  biens  à  l'Eglise,  et  que  l'on 
dira  le  Roy  estre  si  pauvre,  qu'il  va  fouiller 
en  la  poche  des  pauvres  mandiens,  adjouslant 
qu'après  que  le  feu  Roy  fut  pris,  il  recognul 
la  faillie  qu'il  avoit  faite,  d'avoir  pris  le 
treillis  de  Saint  Martin.  Vous  entendez,  mon 
cousin ,  comme  un  peuple  est  facile ,  sous  telles 
couleurs  de  zèle  et  dévotion,  à  s'esmouvoir  et 
faire  tumulte,  à  quoy  il  est  plus  aisé  de  pour- 
voir au  commencement  qu'après  que  les  dits 
propos  seroient  confirmez  et  réitérez.  Pour 
cette  cause,  je  vous  en  ay  bien  voulu  escrire, 
sur  l'heure,  de  l'advertissement  que  j'en  ay  eu , 
après  en  avoir  conféré  avec  mon  cousin  l'Ad- 
mirai et  aultres  que  le  Roy  a  laissez  icy  au- 
près de  moy;  'vous  priant,  aultanl  affectueu- 
sement que  je  puis,  qu'avec  les  sieurs  du 
Conseil  establis  par  delà,  vous  ayez  à  inconti- 
nent consulter  et  adviser   sur   ceste   affaire. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MËDICI& 


51 


pour  donner  prompte  provision  qui  nesçauroit 
estre  meilleure  que  ili'  faire  diligemment  in- 
former du  faict  el  secrètement  se  saisir  des  ditz 
prescheurs  ei  aullres  leurs  adhérans  et  com- 
plices, sans  en  faire  aucun  bruit  ny  scandale 
public,  les  faisanl  mettre  en  lieu  seur,  cepen- 
dant que  vous  en  advertirez  le  Roy  pour  vous 
i  il  mander  son  vouloir  el  intention.  Il  me 
semble  que  ce  ne  sera  que  bien  faict  de  l'aire 
cependanl  parmi  aultre  prescheur homme  de 
bien,  tel  que  vous  sçaurez  bien  choisir,  re- 
inonstrer  dextremenl  au  peuple,  à  quelque 
procession  générale  qui  se  fera  durant  ces  bons 
jours  d'après  Pasques,  les  bonnes,  justes  el 
raisonnables  causes  et  occasions  qui  ont  meu 
le  Rov  de  s'aider  par  prest  des  offres  que  les 
prélats,  ou  la  plus  grande  partie  d'entreux 
qui  estoient  assemblez  dernièrement  à  Paris 
lorsque  nous  y  estions,  avoient  eux-mesmes 
faillis;  quant  aux  vingt  livres  pour  clocher, 
chose  que  le  droit  permet  audit  seigneur  pour 
la  conservation  de  ses  pais  el  subjets,  au 
nombre  desquels  sont  les  églises  el  monastères 
d'iceux,  et  ne  pouroient  estre  tels  deniers 
employez  en  œuvres  plus  pitoyables  que  pour 
éviter  aux  entreprises  de  ses  ennemis  qui  ne 
tendent,1  sinon  à  la  diminution  de  sa  grandeur, 
et  à  la  ruine  et  pauvreté  de  ses  dits  subjets;  et, 
si  les  biens  de  l'Eglise  sont  appeliez  les  biens 
des  pauvres*  l'on  ne  doibt  point  trouver  mau- 
vais qu'ils  servent  et  soient  appliquez  pour 
empescher  que,  par  l'injure  des  ennemis  du 
Roy,  son  royaume  et  ses  dits  subjets  ne  soient 
réduits  à  la  pauvreté,  et  surtout  il  est  bien 
nécessaire  deremonstrerque,  pour  l'obéissance 
que  les  dits  prédicateurs  et  aullres  doibvcnl  à 
leur  prince,  il  faut  qu'ils  révèrent  et  inter- 
prètent à  bonne  part  ses  Constitutions  et  Or- 
donnances, et  ne  leur  appartient  aucunement 
d'en  parler,  et  moins  les  calomnier  ou  dé- 
clamer (outre  icelles  publiquement.  Sembla- 


blementest  requis  quant  à  ce  qu'ils  ont  louché 
de  l'alliance  que  le  Roy  a  prise,  et  de  l'aide 
qu'il  fait  aux  princes  allemans,  qu'il  leur 
fasse  bien  entendre  que  l'intention  dudit 
seigneur  à  cel  endroit  est  si  bonne  et  bien 
fondée,  que  l'on  pourra  cognoistre  cy-après, 
par  ce  qui  en  pourra  succéder  que  le  (oui  ne 
tend  qu'au  bien,  repos  et  union  de  l'Eglise, 
ulililé  et  augmentation  de  nostre  religion, 
qui  est  tout  ce  tpie  je  vous  en  sçaurois  dire, 
remettant  le  surplus  à  ce  que  vous  el  vostre 
compagnie  pouvez  mieux  juger  de  l'impor- 
tance et  conséquence  de  la  chose  pour  y  pour 
veoir,  et  après  me  faire  entendre  ce  que  vous 
aurez    fait,    priant   Dieu,   mou   cousin,    qu'il 


vous  ait  en  sa  saincte  garde. 
A  Chaalons,  21  avril  i552. 


Ca- 


1552.  —  ag  avril. 

Ori(J.  P.nhsli  Mus.  collect.  Egerton,  vol.  V.  Lettres  lies  cuis 
et  reines  de  France. 

VI   CARDINAL  DE  BOURBON. 


Mon  cousin,  vous  sçavez  la  dépesche  qui 
vous  a  été  par  cy  devant  faite  pour  lever  en 
vostre  diocèse  les  vingt  livres  tournois  par 
clocher  qui,  par  la  congrégation  et  assemblée 
dernièrement  faite  à  Paris,  fut  accordé  au 
Roy  mon  seigneur  et  époux,  de  les  prendre  par 
manière  d'emprunt  pour  iuy  subvenir  et  ayder 
à  l'urgente  el  extresme  nécessité  de  ses  affaires 
de  guerre,  qui  sont  tels  que  chacun  peu  II  voir  et 
cognoistre,  et  encore  que  je  ne  fasse  nul  double 
que,  suivant  ce  que  ledit  seigneur,  depuis  la 
dite  dépesche  et  peu  auparavant  son  partement 
pour  aller  où  il  est  maintenant,  vous  a  mandé, 
vous  ne  voudrez  faillir  de  satisfaire  el  fournir 
à  ce  qu'il  von;  a  requis  dedans  le  temps  et 
lerme  qu'il  vous  a  prescript  par  la  dessus  dite 
dépesche  ;    touteftois    sachant    Testât   certain 

7- 


52  LETTRES  DE  CATH 

qu'il  en  a  faicl  pu  ce  même  temps  pour  subve- 
nir à  la  itespense  et  entrelencment  de  sou 
armée,  et  afin  qu'il  n'y  ait  aucune  faulte  de 
vostre  costé,  je  vous  en  ay  bien  voulu  faire 
cette  recharge  par  la  présente,  vous  priant, 
autant  affectueusement  que  je  puis,  que,  pour 
faire  cognoistre,  par  effet,  à  mon  dit  seigneur 
la  bonne  volonté  et  singulière  affection  que 
vous  lui  portez,  et  par  conséquent  au  bien  et 
prospérité  de  ses  affaires ,  vous  ne  faillez,  au  be- 
soin, au  fournissement  de  la  somme  que  doibt 
porter  votre  diocèse ,  de  sorte  quelle  puisse  estre 
es  mains  du  recepveur  général  dedans  ledit 
terme  fixé;  oultre  le  remboursement  qui  vous  en 
est  asseuré,  vous  ferez  ung  plaisir  au  Roy  mon 
dit  seigneur,  tel  et  si  à  propos  que  plus  grant 
ne  se  pourrait  estimer  pour  le  moment.  Priant 
Dieu,  mon  cousin  ,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

Escriptà  Chaalons,  le  xxix"  jour  d'avril  1 552. 

Caterimî. 


ER1NE  DE  MEDICIS. 

sanse  davantage,  je  sayré  byen  marrye,  teulte 
lé  foys  qu'i  faudré  que  je  an  né  pour  luy  fayre 
servise,  non  pas  que  je  luy  an  fase  à  regresl, 
mes  je  say  byen  qu'i  fault  que  je  n'aye  pas  set 
heur  de  ayslre  auprès  de  luy,  qui  me  fayst 
sauesler  que,  quant  yl  aviseret  beun  aultre 
fouys  besouyn  que  vous  beusié  ma  plase  et 
moy  la  vostre,  pourtant  que  la  guère  deurerayl 
et  que  je  luy  peusse  fayre  aultant  de  servise 
que  luy  an  n'avés  fayst  ;  je  vous  prie,  puysque 
sela  ne  peolt  ayslre,  de  fayre  pour  moy  corne 
véodryés  que  je  fyse  pour  vous,  de  me  fayre 
ayslre  byentot  auprès  de  luy  et  me  mander  de 
ses  novelles  et  si  vous  aystes  sy  près  des  anemys 
que  l'on  nous  an  a  fayst  ysi  peur.  Se  fais  yer 
voyr  monsieur  le  Cardynal :  qui  ayst  près  d'ysi . 
qui  se  porte  asés  byen.  Je  ne  vous  sarès  mander 
aultre  chause,qui  me  fayré  fynirma  lestre  au 
me  recomandant  à  vostre  bonne  grase. 
Vostre  bonne  commère  et  amye, 

Caterine. 


1552.  —  (Fin  avril.) 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°3i99,  i"  i&. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTARLE. 

Mon  coopère,  j'é  veu  set  que  me  mandés  et 
vous  inersie  byen  fort  de  la  haseuranse  que 
me  dînes  deu  contantemant  que  le  Roy  lia 
de  moy .  qui  ayst  teut  sel  que  je  désire  an  sel 
monde  que  d'estre  an  sa  bonne  grase,  et  quant 
à  set  q:ie  me  mandés  de  mon  pouvoyr1,  je 
suys  In  en  ayse,  puysqu'i  fault  qu'i  souyt  veu, 
qui  aouyl  de  fason  que  Ton  conese  que  set 
qui-  me  mandés  ay  vray  que  je  suys  an  la 
bonne  grase  deu  Roy;  mé  quant  à  avoyr  puy- 

1    Kilo  fail  allusion  au  pouvoir  qui  lui  avait  été  donné 

pour  In  régence.  (Voy.  à  ce  sujet  une  lettre  de  Du  Mortier 

ible,  dans  li'  Recueil  do  Ribier,  t.  Il,  p.  388.) 


1552.  —  ^Fin  avril.) 

Aut.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  3ia5,  f"   9. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTARLE. 

Mon  coopère,  je  ne  vous  sarès  asés  remersyer 
deu  byen  que  m'avés  fayst  de  m'anvoyer  sel 
put  leur,  el  de  set  que  je  bay  heu  dé  lestre  deu 
Roy,  car  j'é  ayslés  an  granl  pouyne  pour  la 
longueur  deu  lampsquil'y  avestque  n'an  n'avés 
seu;  par  quoy  je  vous  prye,  si  le  disl  signeur 
et  vous  avés  anvye  que  je  ne  retombe  poynt 
malade2,  que  je  aye  le  byen  d'an  savoyr  plulx 
sovant.  Je  loue  nostre  signeur  de  sel  que  nous 
somes  au  pays  aveques  le  Papa1,  et  me  san- 

1    Lo  cardinal  de  Bourbon. 

-  Voy.  pour  la  grave  maladie  qu'elle  venait  d'avoir  à 
Joinville  la  noie  de  la  page  'ig. 

3  Jules  III.  (Voy.  Lettre  do  Coeine  I",  i  5  avril  i  55  i  . 


LETTRES  DE  GATA 

Lie  que  Dyeu  ayme  lent  le  Roy  ay  se  royame 
que  nous  ne  I  i  saryons  asés  rem,ersyer,  je  l>'y 
seuplye  qu'i  veolle  leurjeur  contyneuer  pour 
nous  corne  \1  a  faysl  jeuques  ysy.  Mon  con- 
père,  je  ne  vous  mande  ryen  dé  novelles  d'ysy, 
car  vous  voyrés  sel  que  an  n'anvoyons  au  Roy, 
our  l'amour  de  sela,  teu  sens  deu  Consel 
aunt  aysté  d'oupinion  que  monsieur  l'Amiral  ' 
ne  bougea  de  sel  payys,  jeuques  à  set  que  le 
Roy,  après  avoyr  veu  sel  que  luy  mandons, 
aist  aultremant  comandé;  par  quoy  mandé 
nous  vystemant  sa  volante,  al'yn  que  ne  fasyon 
fauile  à  Panseuivre.  Je  fera)  fin,  me  recomari- 
Janl  à  vostre  bonne  grase,  tcné  moy  en  selle 
deu  Roy. 

Vostre  lionne  comère  et  amie, 

Caterine. 


ERINE   DE   MEDICIS;  53 

Roy  pour  eulx;  mes  pour  vous  dire  à  vous  la 
vérité,  quanl  je  l'a}  conté  au  Roy,  yl  m'a  dyst 
qu'il  se  sovienl  de  sel  que  luy  en  n'avés  dist  et 
qu'il  veuli  que  la  vérité  souit  coneue,  el  quanl 
vous  serés  ysi  aveques  luy,  que  en  parlerons 
tous  ensemble.  Velà,  mou  conpère,  sa  réso- 
lution, alin  que  n'an  croyés  aultre  chause  fâ- 
cheuse, qui  sera  l'androyl  où  je  prie  Dieu 
vous  donner  bonne  santé. 

Vostre  bonne  counière  el  amye, 

Caterine. 


(  1552.  —  Fin  avril.) 

Orig.  Bibl,  nat.  fonds  français,  n°  3ng,  f   i'i. 

1  MON  '  OMPÊRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  Pino,  présant  pourteur,  m'a 
dist  de  vostre  part  que  aytiés  d'aupinion  de 
pardonner  au  poyeur  et  comisayres  dé  guerres, 
chause  que  je  ne  se  se  je.  douis  croyre,  me 
resouvenanl  de  sel  que  m'av*és  tousjour  dist, 
qu'il  etoyl  nésésayreque  la  vérité  l'eut  coneue, 
autrement  Ton  dirouyl  que  je  leur  avoys  fayst 
tort,  encore  que  je  ne  m'an  mêle*,  el  an  lèse 
fayreau  jeuges  et  pour  ne  savoyr  pourquoy  vl 
me  disouyt  sesi,  je  lui  ay  dist  qui  découvrel  la 
vérité  de  Ions  les  larsins  segrès  et  leur  fason 
île  fayre  el  qui  les  ballet  par  ayscrit  sin'aye 
de  leur  mayns,  que  lors  je  parleré  volontier  au 

'lins  li  s   Négociations  diplomatique*  de  ta  France  arec  la 
Toscane,  t.  III,  p.  3o3.  ) 

1  Claude  d'Annebaut  mis  pur  le  roi  auprès  de  Cathe- 
rine, mort  à  la  Fère,  le  1 1  novembre  i  Jôa. 


(1552.)  —  î"  mai. 

Orig.  Rilil.  nat.  fonds  français,  u"  3i33,  f"  lu. 

\  MADAME  D'HUMYÈRES. 

Madame  de  Humyères  ',  ce  m'a  esté  bien 
grant  aise  et  plaisir,  à  mon  arrivée  en  ce  lieu, 
d'avoir  entendu  par  les  lettres  que  vous  m'avez 
escriptes  de  Madon2  la  bonne  disposition  en 
quoy  son!  mes  enffans  et  qu'ilz  proufictent 
très  bien,  dont  je  loue  Dieu;  louleffoiz.  je 
vouldrois  bien  sçavoir  comme  ilz  se  sont  trou- 
vez depuis  qu'ilz  sont  à  Amboise,  et  pour  ce. 
je  vous  prye  de  me  mander  et  aussi  de  leurs 
nouvelles  le  plus  souvent  que  pourrez;  quanl 
esl  des  myélines,  elles  sont  très  bonnes , grâces 

1  Le  3  avril  i  55a  ,  le  roi  avait  écrit  à  M°" d'Humièrcs  : 
-J'ay  enlenrlu  ce  que  m'escrivez  de  la  bonne  santé  et  dis- 
position de  mes  enfans  et  l'entière  convaléssance  de  ma 
fille  Claude,  dont  j'aj  esté  très  aise;  et  pource  que  j'ay 
sceu  qu'il  est  survenu  quelque  inconvénient  de  peste  aux 

lauhbourgs  de  Rloys,  j'cscriplz  présente ni  au  s'   de 

Montpippeau,  si  ce  mal  viioit  à  croistre,  regarder  s'il 
sera  besoinrj  de  les  transporter  à  Burj  ou  à  Madon. 
i  Fonds  français,  n°  3i33,  f°3.) —  Dans  une  lettre  du 
connétable  de  Montmorency,  datée  du  9  mai  i55a  0  . 
voit  que  les  enfants  furent  conduits  à  Amboise.  (Bibl.  na!. 
Fonds  français,  n°  .'i  1  ■■.'!.  1  '  G.) 

-  Village  du  Blaisois,  aujourd'hui  dans  la  commune 
de  Condé,  canton  de  Contres,,  arrondissement  de  Mois. 


5'i 


à  Dieu,  auquel  j>'  prye  vous  donner,  madame 
de  Humyères,  ce  que  pins  désirez. 

De  GhaaIIons,  ce  premier  jour  de  may. 

Catf.ri.nk. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

iectre  du  x  de  ce  mois  et  auparavant  en  avois 
receue    une   aullre,    par  laquelle   me   priez, 


1552.  —  5  mai. 
Bil  !    mil.  fomls  français,  n"  3i33,  f°  \k. 

A  MADAME  D'HUMYÈRES. 

Madame  de  Humyères,  j'ay  receu  vostre 
lettre  du  prenne!'  joui'  de  ce  moys  et  suis  très 
aise  que  vous  aiez  trouvé  le  lieu  et  le  séjour 
d'Amboyse  si  beau,  si  sain  et  si  à  propoz  que 
vous  ni  escripvez  pour  y  tenir  mes  enfens,  dont 
me  ferez  sçavoir  des  nouvelles  le  plus  souvent 
que  vous  pourrez;  et  au  demeurant  j'escriptz  à 
mademoiselle  de  Dammarye,  suivant  l'oppi- 
nion  de  la  Rommanerye1,  qu'elle  l'ace  vestir 
mon  filz  d'Angoulesme2,  car  il  s'en  trouvera 
mieulx  et  plus'freschement  durant  ces  chal- 
leurs  prochaines  ,  parquoy  vous  luy  ferez  faire 
de»  habillemenlz.  Priant  Dieu,  madame  de 
Humières.  qu'il  vous  ail  en  sa  saincte  garde. 

Escril  à  Chaalons,  le  ve  jour  de  may  i552. 

CàTERINE. 

1552.  —  î  a  mai. 

:'ritish  Mu>.  Collecl.  Egerlon  ,  vol.  V,  f°  16.  Lettres  îles  rois 
et  reines  de  France. 

A  MOX  COUSIN 

LE  CARDINAL  DE  BOURBON  . 

LIF.tTE.-l  V\T  GÉNÉRAL  tu     ROI   À  PARIS. 

Mon  cousin,  j'ay  présentement  receu  vostre 

La  Romanerie,  un  des  médecins  d'Henri  II  cilé  par 
Marie  Stuart  dans  une  de  ses  lettres  à  sa  mère  :  «Je  vous 
diray  comme  M.  de  la  Romanerie,  médecin  du  roy,  m'a 
prié  de  hij  vouloir  tant  faire  d'onnheurque  de  recevoir 

me,  qui  est  honnesle  damoyselle,  au  nombre  de  mes 
dames.»  [Lettres  de  Marie  Stuart,  éd.  du  prince  Laba- 
noff,  t.  1",  p.  3i.) 

-  Edouard-Alexandre,  depuis  Henri  111. 


comme  vous  faictes  par  ci  sic  cv,  de  souvent 
vous  faire  entendre  de  mes  nouvelles;  surquov 
je  vous  asseure,  mon  cousin,  que  depuis 
quelques  jours  j'av  esté  en  telle  peyne,  tant  de 
n'avoir  de  celles  du  Roy,  que  de  veoir  la  force 
desennemys  prochaine  de  nous  qui  est  grosse, 
à  quov  il  a  convenu  et  convient  rechercher 
tous  moyens  de  pourveoir  qu'on  n'a  le  loisir 
d'escripre  nouvelles;  et  pour  eslre  seur,  mon 
cousin,  que,  quant  les  occasions  se  présente- 
ront, je  ne  fauldray  de  vous  satisfaire ,  j'ay 
envoyé  deux  ou  trois  genlilz  hommes  exprès 
devers  le  Roy  pour  en  sçavoir;  de  ce  qui  me 
viendra  je  vous  en  départiray.  Ce  que  je 
ay  peu  en  tendre  par  aucuns  qui  en  sont 
venuz,  c'est  que  le  roy  est  entre  Agueno1  et 
Strasbourg.  Quant  au  couslé  de  deçà,  nos 
ennemys  s'estoient  approchés  de  quatre  ou 
cinq  lieues  de  Saincte  Menehoult,  et  à  ceste 
heure  il  semble  qu'ils  veullent  tourner  du 
cousté  de  AIouzou;  ils  se  sont  amusez  jusques 
icy  à  brusler  et  piller  deux  ou  trois  petitz  vil- 
laides.  On  regarde,  selon  le  peu  de  forces  qu'il 
y  a,  à  pourvoir  aux  choses  plus  importantes, 
le  mieulx  que  faire  se  peult.  Mon  cousin ,  j'ay 
esté  très  ayse  d'entendre  que  vos  diocèses  de 
Sens  et  de  Laon  ayent  satisfait  à  cest  emprunt 
des  clochers  et  églises,  .le  vous  prie  tenir  main 
que  les  aultres  de  vostre  province  facenl  le 
semblable,  et  sur  ce  prie  Dieu,  mon  cousin, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript   à   Chaalons,   ce  xn"  jour  de  may 
i  5  5  a . 

Caterinb. 


1  Haguenau. 

1  Voy.  Lettre  du  connétable  de  .Montmorency  à  Cathe- 
rine, datée  de  Haguenau  le  9  mai  t55a.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  3i33,  f°  6.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


oa 


1552    —  i3  mai. 

Orijy.  Brilish  !Mus.  c.l It-rt .  E^r-iton.  Lettres  Jr 
vt  reines  il.  France  ,  vo!.  V. 

\  MON  COI  SIK 

LE  CARDINAL  DE  ROI  IllSO.V 

LIEITES4M  GÉSÉR1L  Dt   r."',   \   PARIS. 

Mon  cousin,  vous  sçavez  que  le  Roy  mon- 
seigneur, auparavanl  son  parlement  de  Paris. 
ayantfaicl  estai  des  deniers  qui  devoienl  pro- 
venir de  la  vente  el  composition  des  offices 
nouvellement  créez  suivant  plusieurs  édietz, 
commanda  lui  mesme  de  boucla'  aux  gens  de 
sa  court  de  Parlemenl  qu  ils  («lissent  à  expédier 
et  ventiler  iceux  e'diclz,  quant  ilz  leur  seraient 
présentez,  sansj  user  d'aucune  longueur,  re- 
mise ne  difficulté,  de  sorte  qu'il  ne  fust  pas, 
par  ce  moien,  frustré  de  l'attente  qu'il  avoit 
au  recouvrement  des  ditz  deniers  pour  luy  ai- 
der m  subvenir  à  l'entreténemenl  de  son  année. 
où  il  est  en  personne,  et  combien  que  les  ditz 
gens  de  la  court  de  Parlement  luy  eussent 
promis  el  asseuré  de  satisfaire  à  son  vouloir 
et  commandement,  toutefois  ilz  ont  jusqu'icy 
différé  la  publication  des  édita  des  Généraulx 
tant  de  la  justice  des  aides  que  des  monnoies, 
et  que  je  trouve  bien  est  range  et  sçais  asseuré- 
ment  que  le  Roy  le  trouverait  eucores  plus, 
s'il  l'entendoit.  Au  moyen  de  quoy  je  leur  es- 
criptz  présentement  une  bonne  lettre  par  ung 
courrier  exprès,  affin  que,  toutes  longueur-  et 
diflicullez  cessantes,  ilz  procèdent  à  la  lecture, 
publication  et  vérification  d'iceulx  éditz  pour 
m'estre  incontinent  renvoies  par  ce  diet  cour- 
rier,  de  sorle  que  l'on  n'ayl  plus  occasion  d'en 
escripre,  vous  priant,  mon  cousin,  y  vouloir 
tenir  la  main  el  l'aire  entendre  à  la  dite  court 
quelle  occasion  de  mal  contentement  elle 
pourra  donner  au  Roy,  s'ilz  l'aillent  à  l'aire 
promplcment  la  dicte  expédition,  dont  vous 


rnadvertirez  et  je  prieray  bien,  mon  cousin. 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Esc  ri  pi  à  Chaalons,  ce  xni'  jour  de  ma\ 
i55s. 

Caterine, 


1552.  —  i  .'i  mai. 

Orig.  Hilti-li  Vins,  collecl.  Bgerlon.   Lettres  des  rois  el  reines 
(!<■  France ,  vol.  V. 

A  NOS    \MIS  ET  FÉàOLX 

LES  GENS  DE  LA  COURDl  PARLEMENT 


Nos  amés  el  féaulx,  nous  avons  esté  advertie 
que  vous  n'avez  encores  publié,  ni  vériffyé  les 
éditz  des  Généraulx  tant  de  la  jusiise  des  aides 
que  des  monnoyes  qui  vous  ont  esté  de  piéi 
présentés,  encores  que  telles  expéditions  vous 
eussent  esté  très  expressément  recommandées 
par  le  Roy  noslre  très  cher  seigneur  et  espoux 
auparavant  son  parlement  de  Paris,  affin  qui 
vous  n'eussiez  à  \  user  d'aucune  longueur, 
remise  ne  difficulté,  pour  ce  que  c'estoil  chose 
dont  il  avoit  faicl  estât,  comme  des  deniers 
proveuans  de  la  vente  et  composition  des  of- 
fices créez  et  érigez  par  iceulx  éditz  pour  aider 
à  subvenir  et  satisfaire  à  la  grosse  cl  excessive 
despence  qu'il  est  contraint  de  faire  et  sup- 
porter pour  l'entreténemenl  el  conduicte  de 
son  armée,  où  il  est  en  personne.  A  reste 
cause,  voyant  que  pour  avoir  par  vous  esté 
différée  jusques  h\  la  dicte  expédition,  aucuns 
qui  ont  fiiurnv  leur  argent  des  ditz  offices  -ont 
tous  les  jours  icy  après  à  poursuivre  el  faire 
instance  désire  remboursez  el  les  aultres  qui 
en  voulloienf  estre  pourvus  se  sont  refroidiz, 
ne  m  milan  I  bailler  argent  qu'ilz  nevoyent  iceulx 
édilz  publiez,  chose  qui  importe  grandement 
aux  service  et  affaires  du  Roy,  lequel  serait 
très  mal  content  de  vous,  s'il  sçavoil  et  enlen- 
doit  que  vous  n'eussiez  en  cesl  endroicl  usé 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


d'aultre  diUigence,  nous  avons  bien  voulu  es- 
cripre  la  présente,  vous  mandant  et  tesmoi- 
"ikiuI  1res  expressément  cesle  fois  pour  toutes, 
que  iceulx  ôclitz  vous  ayez  à  faire  lire,  publier 
.■I  enregistrer  sans  aucune  restrinction,  modif- 
ications ne  difficulté,  ne  qu'il  soit  plusbesoing 
vous  en  mander  aullre  chose,  lesquelz  par 
vous  vérifiiez  et  expédiez  vous  délivrerez  au 
porteur  que  nous  envioions  expressément  de- 
vers vous  pour  en  faire  la  solicitation. 

Ëscripl  à  Chaalons,  le  xmc  jour  de  may 
i55a. 

CaTERINE. 
DlTHIER. 

(1552.)  —  20  mai. 

imprimé  dans  Ribier,  Lettres  et  mémoires  d'Etat,    t.  II,  p.  jio. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  vous  verrez  par  la  lectre  que 
j'escris  au  Roy  que  ie  n'ay  pas  perdu  temps  à 
apprendre  Testât  et  charge  de  munitionnaire; 
en  quoy  si  chacun  fait  son  devoir  de  tenir  et 
observer  ce  qu'il  a  promis,  je  vous  asseure 
que  je  m'en  vais  maistresse  passée;  car  d  heure 
à  autre  je  n'estudie  que  cela,  et  y  occupe  la 
pluspart  du  temps  Monsieur  le  garde  des 
sceaux1,  et  ceux  du  Conseil  pour  la  peur  et 
rrainte  que  j'ay  qu'il  y  art  aucune  faute , 
combien  qu'il  soit  assez  diflicile  qu'en  choses 
si  hastées  et  précipitées  comme  celle  cy,  il 
n'advienne  le  plus  souvent  du  désordre  et  de 
la  confusion;  mais  j'espère  que  le  tout  bien 
acheminé  et  estably,  comme  il  est,  vous  en 
serez  satisfait,  pour  le  moins  ne  tiendra  t'il 
pas  à  moy  quant  à  presser  et  importuner,  et  n'y 
perdray  point  ma  peine  jusques  à  ce  que  je 
sçache  comme  le  Roy  et  vous  en  serez  contens, 

1   Berlrandi. 


vous  advisaut  que  j'ay  très  bien  noté  ce  que 
vous  me  faites  sçavoir  par  le  dernier  article  de 
vostre  lectre  de  ce  que  le  duc  Maurice  a  escrit 
nu  Roy  depuis  son  arrivée  en  son  camp,  et 
suis  bien  de  vostre  advis  qu'il  ne  faut  plus 
croire  en  paroles,  mais  en  effets  qui  ne  sçau- 
î oient  estre,  venans  de  ce  personnage  là ,  autres 
que  la  foy  et  ses  actions  le  tesmoignenl;  et  faul 
que  je  vous  dise ,  mon  compère ,  que  je  ne  veux 
plus  penser  à  luy,  mais  seulement  a  la  reyne 
de  Hongrie,  laquelle  je  voudrois  bien  eslre 
attachée  avec  ses  forces  à  l'une  de  nos  places, 
afin  que  vous  eussiez  la  commodité  et  le  loisir 
de  les  y  trouver  pour  sçavoir  s'ils  ont  si  bon 
courage  qu'ils  disent.  Quoy  qu'il  en  soit,  j  ay 
belle  envie  que  nous  ayons  nostre  revanche 
sur  eulx ,  et  cependant  ils  ne  me  sçauroient 
accuser  que  je  ne  les  aye  vaillamment  attaquez 
icy,  sans  avoir  eu  crainte  d'eux,  dont  je  pense 
qu'ils  ont  esté  bien  advertis  ,  ce  qui  les  a  gardés 
d'oser  d'entreprendre  à  y  venir.  Je  vous  prie, 
mon  compère .  de  m'advertir  particulièrement 
de  ce  que  j'auray  à  faire  en  tout  et  partout, 
car  je  m'y  gouverneray  selon  vostre  bon  con- 
seil et  advis,  priant  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  garde. 

A  Chalons,  20  may. 
Vostre  bonne  commère  et  ainye, 

Caterisb. 


1552.  —  20  mai. 

Orig.  Arch.  de  la  Drôme. 

A  N0STRE  AMÉ  ET  FÉAL 

L'ÉVESQUE  DE  VALLENCE1. 

Notre  amé  et  féal ,  nous  avons  puis  naguères 
escript  pour  accellérer  et  dilligenter  le  recou- 
vrement des  deniers  de  l'emprunt  que  le  Roy 
notre  très  cher  seigneur  et  espoux  faict  sur  les 

1  Jacques  de  Tournon,  évéque  de  Valence  de  1 537  à 
,553. 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


57 


fabriques  de  votre  diocèse  à  raison  de  \  i i>îj  I 
livres  pour  clocher,  suyvanf  l'accord  qui  lu\ 
en  lut  dernièrement  faicl  par  les  principaulx 
prélat/  diocésains  de  ce  royaulme  deument 
pour  ce  convocquez  et  assemblez  en  la  ville 
de  Paris,  et  d'autant  que,  par  1rs  responses  el 
remonstrances  que  font  aucuns  des  ditz  prélalz 
diocésains  el  le  peu  «!<•  dilligence  dont  usent 
en  cesl  endroict  la  plus  part  des  autres,  ainsi 
que  sommes  advertiz  par  les  trézoriers  géné- 
raux des  charges,  ausquclz  louche  d'en  faire 
la  sollicitation,  nous  ne  saxons  bonnement  ce 
(Hic  nous  debvons  espérer  de  l'ayde  el  sub- 
vention que  le  Roy  s'est  toujours  attendu 
d'avoir  du  dit  emprunt  des  ditz  \\  livres  pour 
clocher,  selon  Testai  qu'il  en  a  faicl;  à  ceste 
cause  voyant  que,  doresnavant  le  temps  et  les 

affaires   i s   pressent,   de  sorte  qu'il    n'est 

plus  question  d'user  d'excuse  pour  paiement, 
nous  vous  prions  el  neantmoins  ordonnons  que, 
incontinent  la  présente  reçue,  vous  ayez  à  vous 
rendre  el  trouver  en  votre  dicl  diocèse,  si  desjà 
\ i >n>-  n'\  esles,  pour  pourvoir  el  donner  ordre 
que  les  deniers  du  dicl  emprunt  soient  promp- 
tement  envoyez  et  consignez  es  mains  de  notre 
receveur  général,  et  cependant  ne  faillez  d'en- 
voyer au  trézorier  général  de  la  charge  le 
roosle  des  cotisations  faictes  et  arestées  en 
votre  dicl  diocèse  avec  le  nom  de  celluy  qui  a 
esté  commis  et  dépusié  pour  y  recouvrer  les 
deniers,  faisant  savoir  au  dicl  trézorier  général 
dedans  quel  jour  au  vraj  ilz  pourront  estre 
délivrez  à  la  recette  générale,  affin  que  de 
tout  ii  nous  adverlisse,  vous  advisant  que 
nous  ne  serons  poinct  bien  asseuré  du  recou- 
vrement des  dietz  deniers  jusques  à  ce  que 
vous  soyez  en  voire  dicl  diocèse  pour  en  faire 
vous-mesmes  les  diiligences  et  sollicitations, 
ensemble  des  décimes.  Aussi  bien  vous  avoit 
le  Ro\  mandé  et  enjoinct,  avant  son  parle- 
ment,  que   vous   eussiez    à    y    aller    résider, 

Catherine  de  Médicis,  —  i. 


comme  nous  estes  tenu  pour  le  debvoir  el  ac- 
quit de  vostre  charge,  dont  nous  vous  voulons 
bien  semondre,  attendu  qu'il  en  est  plus  be- 
soing  que  jamais,  estant  le  seigneur  absent  de 
ce  royaulme,  duquel  en  acquittant  vostre  cons- 
cience vous  ne  sauriez  faire  plus  de  service 
que  vous  serez  là  présent  pour  contenir  son 
peuple  en  unyon,  avec  observation  de  la  reli- 
gion et  expulsion  des  erreurs,  el  pour  le  faire 
au  surplus  vacquer  à  prières  el  oraisons  pour 
le  bien  de  la  paix  et  prospère  succès  des  affaires 
et  entreprises  que  icelluy  seigneur  entretient. 
Là  où  il  y  auroil  aucune  fausse  longueur  ou 
dissimulation  en  ce  que  dessus,  nous  ferons 
procéder  par  toutes  les  voies  de  contraincle  el 
autres  que  le  Roy  nous  a  expressément  or- 
donné d'user  à  f encontre  des  refuzans,  dé- 
faillais ou  délayans,  car  nous  ne  vouldryons 
pour  rien  luy  donner  occasion  de  penser  que, 
en  cest  endroict,  il  y  aye  eu  de  nostre  costé, 
iiv  de  la  pari  de  ses  minisires  qu'il  a  laissez  en 
son  conseil  auprès  de  nous,  aucune  faulte  de 
soing,de  sollicitation  et  dilligence  envers  vous 
el  voz  semblables. 

Donné  à  Chantons,  le  xx?  jour  de  m'ai  i55a. 

Catrrink. 

DlITHlER. 


1552.  —  a3  mai. 
Orig.  Bilil.  nat.  fonds  français,   n''   ui03,  f'  7. 

A  MADAME  DE  HUMYÈRES. 

Madame  de  Humyères,  j'ay  receu  depuis 
trois  jours  la  lettre  que  vous  m'avez  escripte; 
e  quant  à  ce  quej'avois  mandé  par  delà  que 
ceulx  qui  sonl  auprès  de  mes  enfans  n'eussent 
à  faire  par  ensemble  que  une  seulle  lettre 
pour  m'advertir  de  leurs  nouvelles,  sans  en 
faire  chascun  une  particulière  pour  une 
inesme  chose,  qui  est  quasi  autant  de  peyne 
à  les  lire  comme  à  les  escripre,  je  vous  ad- 


58 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


vise  'aie  en  cella  je  ne  vous  ay  pensé  aucune- 
menl  comprandre,  ne  parler  de  vous,  d'autant 
que,  pour  le  lieu  que  vous  avez  lousjours  tenu 
auprès  de  mes  ditz  en-fans,  il  vous  appartient 
pour  le  deu  de  vostre  charge  m'en  escripre 
particullièrement,  et  aux  autres  par  une 
inpsmu  lettre  seullement,par  quoy  vous  obser- 
verez en  cest  endroicl  ce  que  jusques  icy  vous 
avez  acouslumé  de  taire,  me  taisant  sçavoir  aux 
occasions  qui  se  présenteront  comme  se  trou- 
veront mes  dictz  enfans,  et  vous  me  ferez  tel 
plaisir  (pie  vous  povez  penser,  vous  advisant 
que  j'ay  receu  une  lectre  de  la  Roinmanerye 
avecques  la  vostre,  laquelle  faict  mention 
d'une  autre  qu'il  dict  m'avoir  auparavant  es- 
cripte,  niais  elle  n'est  poinct  toulelfois  par- 
venue en  niez  mains,  comme  vous  luy  pourrez 
dire,  pliant  Dieu,  madame  de  Humyères, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Chaalons,  le  xxiue  jour  de  may 

i  F)  5  a . 

Caterine. 

DUTHIER. 

1552.  —   a/l  niai. 

Orif;.  Rritish  Mus.  collect.  Egerlou ,  Lettres  des  rois  et  reines 
de  France,  vol.  V,  f'  19. 

A  MON  COUSIN 

LE  CARDINAL  DE  BOURBON 

LIEUTENANT  GÉNÉRAI.  Di;  ROV  À   PARIS. 

Mon  cousin,  ayant  entendu  que  messieurs 
de  la  court  n'ont  proceddéà  la  publication  des 
édilz  du  Roy  mon  seigneur,  concernant  les 
généraulx  de  la  justice  des  aydes  et  ceulx  des 
nionnoyes,  à  heure  convenable  et  selon  les 
formes  et  solemnitez  à  ce  requises  et  aecous- 
tumées,  chose  qui  m'est  ditliiille  à  croire,  à 
cesle  cause  et  que  par  eulx-mesmes  j'en  désire 
sçavoir  et  entendre  la  vérité,  je  leur  escripts 
présentement  les  lectres  dont  je  vous  envoie  le 


double ,  vous  priant ,  mon  cousin ,  les  leur  faire 
présenter  et  suivant  le  contenu  en  icelles  tenir 
main  et  faire  que  incontinent  ilz  aient  à  dep- 
puter  deux  bons  personnaiges  d'entre  eulx 
pour  venir  là  part  que  je  seray,  pourveus  et 
instruiclz  des  choses  que  je  leur  mande ,  et  que 
à  cela  ilz  ne  facent  l'aulte.  Priant  Dieu,  mou 
cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
De  Chaalons,  ce  xxrve  jour  de  may  io52. 

Caterine. 

BoCHETEL. 


1552. 


9J1  mai. 


Orijr.  Britisb  Mus.  collect.  Egerton  ,   Lettres  des  rois  ci  reines 
de  France,  vol.  V,  f'  ai. 

A  MESSIEURS  DE  LA  COURT 

DU  PARLEMENT. 

Nos  amez  et  féaulx,  combien  que  par  vos 
lectres  du  xvnc  de  ce  mois  nous  escripvez 
comme  avez  vacqué  à  la  publication  des  éditz 
du  Roy  mon  seigneur  concernant  les  généraulx 
de  la  justice  des  aydes  et  ceux  des  monnoyes, 
se  néantmoings,  comme  nous  avons  entendu, 
la  dicte  publication  a  esté  faicte  à  heure  non  ac- 
coustumée  et  les  formes  et  solempnitez  requises 
non  intervenues  ny  observées,  chose  que  ne 
pouvons  ni  ne  voulions  bonnement  croyre  que 
premier  ne  l'ayons  entendu  de  vous,  à  reste 
cause  nous  vous  prions  et  néautmoiugs  man- 
dons et  enjoignons  très  expressément  que,  in- 
continent la  présente  receue,  vous  ayez  à 
desputerdeux  bons  personnaiges  d'entre  vous 
pour  nous  venir  trouver  là  part  que  serons, 
affin  de  nous  faire  entendre  l'heure  et  forme 
de  la  dicte  publication,  le  nombre  et  les  noms 
des  présidons  et  conseillers  qui  y  ont  adsisté, 
et  les  gens  du  Roy  mon  dict  seigneur  qui  y 
ont  comparu,  l'extraict  du  registre  signé  du 
greffier  et  la  dite  publication  et  aullres  solemp- 
nitez que  en  cela  vous  avez  tenues  et  observées. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


59 


el  qu'il  n'y  ayt  faultc;  car  loi  esl  le  voulloir 
du  Roy  el  de  nous. 

Donné  à  Chaalons,  le  xxiv'  jour  do  may 
i  ô  5  •-> . 

Caterine. 


1552.  —  5(5  mai. 
Imprimé  daos  Ribier,  Lettres  et  mémoire*  it'Eêtat,  t.  Ii,  p.  Uih. 

AL   ROY  MONSEIGNEUR. 

Monseigneur,  le  prince  de  Salerne1.  à  son 
arrivée,  m'a  entretenu  sur  la  seurelé  que  la 
Seigneurie2  circonspecte,  connue  elle  esl  en 
toutes  choses,  et  mesmes  en  celles  qui  luy  sont 
de  telle  importance  et  conséquence,  comme 
est  cette  cy,  désireroit  avoir  asseurance  de 
vous,  venant  à  se  déclarer  pour  faire  ligue  et 
capituler,  alléguant  la  souvenance  que  ladite 
Seigneurie  a\oil  de  ce  que  le  l'eu  Roy  mon- 
seigneur votre  père,  après  une  (elle  ligue,  les 
abandonna  pour  traiter  avec  l'Empereur;  sur 
quov  je  luy  sceus  bien  respondre  que  cela  ne 
se  devoil  poinl  alléguer  pour  vous,  el  que 
l'on  n'avoit  encore  point  veu  que  vous  eussiez 
jamais  abandonné  vos  alliez,  et  aussi  peu  vos 
simples  amis,  avant  en  toutes  vos  actions  l'ait 
profession  de  foy  et  vérité,  prenant  donc  son 
discours  par  une  forme  et  manière  de  devis,  je 
n'en  a\  voulu  faire  aucune  mention  par  ma 
lectre,  mais  voyant  que  depuis  ii  venoif  tous- 
jours  à  retomber  sur  les  dites  particularité/., 
m'en  parlant  encore  plus  ouvertement  qu'au- 

1  Ferdinand  de  San-Sevcriiio,  dernier  prince  de  Sa- 
lerne. né  le  18  juin  1007,  marié  à  Isabelle  de  Villa-Ma- 
rina ,  mort  à  Avignon  en  1  568  ou  1  5 7 a  ;  il  passait  pour 
s'être  fait  protestant  et  l'ut  l'un  des  gentilshommes  les 
plus  en  faveur  à  la  cour  de  François  1".  (  Vov.  Kalendat 
of  statr  papen,  règne  d'Edouard  VI.  p.  333-331;  Né 
gociations  diplomatiques  avec  la  Toscane,  I.  III,  p.  3oi.) 
—  De  nombreuses  lettres  de  l'Arétin  sont  adressées  au 
prince  de  Salerne. 

5  La  Seigneurie  de  Venise. 


paravant,  ii  m'a  parlé  de  deux  choses  lune  : 
ou  cequ'il  disoil  estait  comme  de  lin  mesme, 
pour  sentir  de  moy  lequel  des  partis  qu'il 
noms  proposer.oil  quant  à  ladite  seurelé  vous 
seroil  le  plus  agréable,  et  qu  il  pouroit  plus 
aisément  obtenir  de  vous,  ou  bien  qu'avant 
esté  instruit  de  ladite  Seigneurie  sur  la  pro- 
position des  dits  partis,  qui  sont  trois,  il  vous  en 
veuille  présenter  deux,  qui  luy  semblent  vous 
estre  à  présent  difficiles,  afin  qu'il  puisse  par- 
venir à  l'effet  du  troisiesme,  qu'il  estime  vous 
estre  le  plus  facile  et  aisé,  de  faire  un  déposl 
à  Venise  d'une  bonne  grosse  somme  de  deniers, 
à  quo\  il  pense,  à  mon  advis,  que  vous  ne 
vouliez  pas  entendre  pour  les  grandes  des- 
penses que  vous  avez  à  supporter;  l'autre  est 
qu'en  défaut  de  cettuy  là  vous  mettiez  es 
mains  de  la  Seigneurie  quelqu'une  de  vos 
villes  et  places  fortes,  ce  qu'il  trouve,  à  mou 
jugement,  aussi  difficile  que  le  précédent;  el 
le  troisiesme,  qu'il  pense  estre  le  plus  faisable, 
est  qu'estant  vostre  fils  d'Orléans  advoué  el 
tenu  par  ceux  de  Naples  pour  leur  Roy,  vous 
le  vouliez  envoyer  à  Venise  pour  y  estre  nourry, 
ce  qui  seroit  bien,  si  ainsy  estoil,  la  seureté 
que  la  Seigneurie,  ce  dit-il,  auroit  la  plus 
agréable;  et  là  dessus  s  esl  eslargj  à  me  louer 
les  qualitez  du  dict  royaume,  et  me  dire  le 
grant  boneur  qu'estimeront  avoir  ces  Estais 
que  vous  bailliez  votre  fils  pour  leur  Roy,  et, 
somme  toute,  qu'il  ne  tiendra  qu'à  vous  que 
cela  ne  se  fasse,  et  que  la  Seigneurie  ne  se 
déclare.  Or,  monseigneur,  ce  discours  que  je 
vous  en  fais  n'est  pour  vous  faire  penser  que 
je  prenne  tels  propos  pour  argent  comptant; 
toutefois  je  penser  ois  avoir  manqué,  si  je  ne 
vous  en  donnois  advertissemenl .  afin  que,  ve- 
nant d'adventure  à  vous  proposer,  quand  il 
sera  devers  vous,  les  dites  trois  particularilez. 
vous  soyez  desja  tout  préparé  à  la  response 
qu'il  vous  plaira  lui  faire  là  dessus.  Il  envoyé 

8. 


60 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICLS. 


le  sieur  Amaury  de  San  Severin  devaut,  pour 
donner  ordre  à  son  passage  jusques  à  vous,  et 
le  suivra  incontinent  après ,  délibéré  de  ne  faire 
pas  Ion;;  séjour  avec  vous,  comme  il  m'a  dit, 
car  en  une  façon  ou  autre,  sçachanl  voslre  ré- 
solution, il  s'en  veut  retourner  à  Venise  '. 
\  Chalons,  le  26  may  i555. 
Vostre   très   humble  el   liés   obéyssante 

femme. 

(Utérine. 


(  1552.  —  Fin  mai.) 

Orig.  Arcli.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FKRRARE. 

Mon  oncle,  le  Roy  vous  envoyé  vostre  am- 
bassadeur pour  vous  faire  entendre  aulcuns 
points  touchant  le  fait  de  monsieur  le  prince 
vostre  filz2,  de  quoy  je  vous  prie  le  croire  et 
vous  asseurer  qu'il  a  eu  beaucoup  d'ennui  de 
celuy  qu'il  a  entendu  que  vous  avez  porté  de 
son  département,  et  sans  cela  il  eust  esté  que 
fort  ayse  de  le  \oir  et  avoyr  auprès  de  luy, 
comme  il  sera  encores,  mais  qu'il  ait  entendu 
que  vous  en  soyez  content,  de  quoy,  mon 
oncle,  je  vous  prie  bien  fort  et  vouloir  par- 
donner à  monsieur  le  Prince  s'il  vous  a  faicl 
faillie,  qui  ne  peut  estre  sinon  de  sa  venin', 

'  Voy.  réponse  Je  Henri  11  à  cette  lettre,  datée  du  camp 
devanl  Damvilliers,  le  S  juin  1  55a  :  «Je  vous  prie,  ma  mie, 
"lui  dit-il,  de  faire  venir  devers  vous  l'ambassadeur  de 
r  Venise  et  lui  dire  que  j'ay  esté  bien  marry  qu'il  soit  si 
«  tost  partv,  d'aultant  que  je  luy  voulnis  parler  de  ceste  af- 
•  taire  et  lui  faire  entendre  que  le  prince  de  Salerne  s'en 
-retourne  à  Venise."  (Ribier,  Mémoires,  I.  Il,  p.  6i5.) 

1  Alphonse  II  d'Esté,  né  eu  1 533 ,  mort  en  1897, 
marié  en  premières  noces  à  Lucrèce  de  Médicis,  fille  de 
Cosme,  morte  en  1 56 1 ,  et  en  secondes  noces  à  Barbara  . 
fille  de  l'empereur  Ferdinand;  il  était  parti  sans  le  con- 
sentement du  duc  son  père,  et  se  battit  deux  ans  en 
Flandre.  Renée  de  Ferrare,  dans  une  lettre  du  b  octobre 
1  .r).Vi  au  connétable,  parle  du  retour  de  son  fils.  (Bibl.  nal. 
fonds  français,  n*  3 1  67,  f°  62.  Voy.  Litta,  Familles  d- 
lustres  d'Italie,  t.  I.) 


sans  voslre  congé,  car  d'avoyr  envye  de  voir 
ceulx  qui  leur  sont  si  proches,  vous  n'en 
sçauriez estre  courroucé,  et  croy,  si  vous  pense/ 
l'amytié  que  le  Roy  luy  porte  et  comme  il  le 
voit  de  bon  cueur,  cela  vous  fera  oublier  l'en- 
nuy  de  ne  l'avoyr  auprès  de  vous,  ainsy  que 
c'est  le  désir  de  voir  et  apprendre  pour  nous 
faire  service  qui  l'a  en  partie  amené.  Je  vous 
asseure,  mon  oncle,  qu'il  se  porte  très  bien 
et  que  j'auray  toujours  soing  de  luy  coine  sa 
mère.  Vous  entendrez  tout  au  long  de  ses  nou- 
velles par  ce  porteur,  qui  me  fera  faire  lin  en 
ces!  endroit ,  me  recommandant  à  vostre  bonne 
grâce. 

Vostre  bonne  nièce, 

Catkrine. 


(  155*2.  —  Fin  mai.  1 

Aut.  Bibl.  nat.  foDds  français,  n°  3i.'io  ,  f*  1 . 

AU  ROY  MONSEIGNEUR. 

Monseigneur,  l'anbasadeur  d'Angletere  ' 
ayst  veneu  asteure  parler  à  moy  pour  me 
dire  cornant  yl  avest  reseu  dé  lestres  deu  Roy 
i  son  mestre2,  par  léquele  y  lui  comandet  de 
me  dire  le  tor  que  Ions  avest  faysl  à  auceuos 
de  ses  seugés  et  marchans  de  son  pays  de 
quelques  navires  que  les  Brettons  avoynt 
prinse,  et  qui  vous  an  n'avest  parlé  quant  yl 
étoyt  au  camp3  par  plusyeur  fouis,  et  que  lui 
aviés  donné  dé  lestres  adresanle    à  seos  oui 

1  Dans  une  dépèche  de  l'ambassadeur,  sir  William 
Pickering,  datée  de  Metz,  le  jli  mai  1 552  ,  on  lit  :  -The 
-ambassadors  are  uncourteously  commanded  and  licensed 
■tamongst  impedimenta  to  départ  (lie  camp,  and  are  from 
«hencefort  addressed  to  tlie  Queeu  and  Conseil  al  Cha- 
rlons  in  ail  llieir  masters'  affairs.n  {Kalendar  of  slale  /»i- 
jters,  i5'i7-i553,  règne  d'Edouard  VI,  p.  ■>  1  '1.  1 

2  Edouard  VI. 

3  Une  lettre  de  l'ambassadeur  d'Angleterre,  sir  William 
Pickering,  à  Cecil,  est  datée  du  camp,  le  19  mai  i55a. 

|     (Ibid.  p.  -../i.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


61 


sont  an  Brettagne  pour  qous  prier  lui  an  fayre 
jeustyse  et  qui  n'an  feset  rien  ;  qui  me  priel 
que  je  an  parlise  au  Consel  et  qu'i  leur  an 
présanleret  heune  requette,  ay  qu'i  me  priel 
que  je  vous  an  veoleuse  ayscripre;  à  quoy  je 
luyav  répondeu  qui  ballal  la  requette,  et  que 
vous  antandés  qu'i  souit  guardé  le  droyt  dé 
seujés  ileu  m\  d'Anglelere  et  qu'i  leur  souyl 
faysl  jeustyse  comme  au  vostre  mesme,  et  qui 
se  veoiél   \ <>\  r  sel  que  l'ons  an  avest  faysl  an 
\ostre  Consel,  que  yl  arel  aucasion  de  se  cou- 
tanter.  V  m'a  dyst  qu'il  veolest  baller  sa  re- 
quête, et  que  le  Roy  son  mestie  et  teutle  la 
noblese  vous  ayme  tant,  qu'i  avest  lieun  conte 
et   dys  jeantysomes  qui's'an  alet   au  camps 
pour  vous  fayre  servyse.  Je   luy  ay  dysl   le 
mieulx  que  j'é  seu   de  l'amour  que  vous  lui 
portyés  ausi ,  niés  monseigneur  Antoyno  Pecbi , 
Senouis1.  qui  an  vient  asteure,  m'a  dis!  que 
Baudaulphin2  lui  ha  donné  charge  de  me  dire 
que  qui  ne  remédéré  à  se  prinse  que  son  poynt 
de  faulte;  y  voy  seos  deu    peys  si   meutyné 
qu'il  a  grant  peur  qu'i  se  melet  deu  conté  de 
l'Ampereur,   et  beocup  d'aultre  partyceulya- 
rité  que.  de  peur  désire  trop  longue,  je  ne  lé 
vous  ayscryps  poynt,  pansant  que  seluy  que 
Baudausphyn  vous  a  hanvoyé  cl  ynstreuyt  de 
teut.  Monseigneur,  vous  savés  trop  mieulx  que 
moy  cornant  y  vous  y  fault  cOndeuire,  teutte- 
louis  l'afayctyon  que  je  vous  porte  et  à  vostre 
servise  me  fayst  vous  dyre  qu'i  me  samble 
que  y  serét  bon  de  ne  le  coureuser  poynt  as- 
teure  que   vous   avés   asés  d'aultres   afayres. 
Monseigneur,  le  prynse  de  Feyrare   sera  de- 
inayn  isy;  je  vous  an  n'é  byen  veoleu  aver- 
tyr,  auquel  je  fayre"  le  milleur  receui  que  je 
pouré  pour  vous  ayslre  set  qu'il  vous  aysl  et 
pour  l'amour  qu'il  vous  porte  ,  qui  mérite  tant . 

'  Siennois. 

'  .lean  de  Laval,  seigneur  de  Bois-Dauphin,  mort  en 
i554. 


sel  me  sanhle.  que  teus  seos  qui  aunl  anvi 
vous  fayre  servise  le  douyvent  aymer  el  hau 

naurer  et  de  mov  .  corne  selle  qui  a  pleuW  seti 
volante  que  neul  aollre,  je  méteré  pouine  de 
l'aunorer  el  careser  de  teut  sel  que  je  pouré; 
je  vous  suplye  nie  pardonner  set  ma  letre  aysl 
sy  longue  et  me  tenir  pour  1res  bumblemant 
recomandaye  an  vostre  lionne  grase. 

Voslre   lies  humble   et  très   hobéysanh 

lamine. 

Caterine. 


(  1552.  —    1°'  juin.  I 
Aui.  Bibl.  ni't.   fonds  français,  u     ■■■, i     I 
\  VU  (OLS1ME 

MADAME  LA  DETJCHESSE  DE  (il  ISE. 

Ma  cousine,  je  vous  anvoy  set  laquay  pour 
.savoyr  dé  novelles  de  monsieur  le  cardynal  ' 
et  dé  vostre  et  vostre  mari.  Je  prye  à  Dyeu 
qu'i  souyt  tyeule  que  le  désyrés,  car  y   ni  a 
personne  qui  an  nayl    plulx  d'èse  que  moy. 
Quant  à  selles  de   sete   conpangnye,  le  Roy 
heul  arsouyr  dé  noyelles  deu  coulé  de  Cham- 
pagne, et,  à  set  qu'i  nie  dyst,  y  ni  a  ryen  que 
byen,  et  pour  se  qu'i  me  dyst  qu'il  anvoyrel 
voyr   monsieur    le   cardynal,  je    ne   vous   an 
fayré  redyste.  Je  luy  demandys  quant  yl  yrel 
voyr;  y  merépondyst  qu'il  y  l'eut  aie  byen  toi . 
mes  que  monsieur  de  Cuise  et  d'Aumale  luy 
avest  dyst  qu'il  y  étoyt  mort  de  ses  jeans  deu 
peoupre,  et  que   pour  sela   yl  atandret    an- 
core  heun  peou.  Je  veodrès  que  san  danger, 
corne  je  panse  qu'i  ni  an  y  a  plulx,  qui  l'eut 
veu ,  pour  l'espéranse  que  j'é  que  sela  le  gué- 
riret  deu  teut.  Je  vous  prye  luy  fayre  mes  re- 
comandatyon  et   panser  que  n'avés  personne 
qui  plus  vous  ayme  que 

Vostre  bonne  cousine  el  ain\e. 

Catebine. 

1  Le  cardinal  de  Lorraine.  Dans  une  lellre  du  milieu 
■  lu  même  mois,  elle  parlera  du  rétablissement  du  prélat. 


62 


1552.  —  ic  juin. 
Orig.  Bibl.  na(,  fonds  français,  n°  3i33,  f°  8. 

4  MADAME  DE  HUMYÈRES 

ESTANT    AUPRES    DE   MES   ENFANS. 

Madame  de  Huinyères,  j'ay  fecen  vostre 
leclre  du  pénultimede  ce  moys,  par  laquelle 
vous  m'avez  amplement  faict  entendre  des 
nouvelles  de  nies  enfans;  et  quant  à  mon  filz 
d'Orléans1,  vous  aurez  veu  ce  que  je  vous  avois 
escript  louchanl  sa  nourrisse ,  mais  vous  n'aviez 
pas  receu  ma  leclre  quant  vous  luy  avez  re- 
baillée,  el  suis  très  aise  qu'il  ne  s'en  soit  point 
mal  trouve,  car  j'avois  peur  que  ce  sang  chaull 
qui  se  manifestait  par  ces  dartres  qui  estoient 
venues  à  teste  nourrisse  n'eust  empiré  son  laict 
mes  mes  en  ces  chaleurs  icv.  Vous  ne  m'escrivez 
rien  de  ma  petite  fille,  je  croy  que  vous  l'avez 
obliée.  Je  vous  prie  m'en  faire  sç.avoir  des  nou- 
velles par  la  première  dépesche  que  vous  me 
ferez,  et  aussy  vous  ne  fauldrez  de  faire 
paindre  au  vif  par  le  painclre  que  vous  avez 
par  delà  tous  mes  ditz  enfans,  tant  lilz  que 
filles,  avec  la  royne  d'Escosse,  ainsi  qu'ilz 
sont,  sans  riens  oblier  de  leurs  visaiges,  mais 
il  sulfist  que  ce  soit  en  cre'on  pour  avoir  plus 
tosl  l'ait,  et  me  les  envoiez  le  plus  tost  que 
vous  pourrez,  en  quoy  faisant  vous  me  ferez 
bien  grand  plaisir,  et  au  demourant,  puisque 
mesditz  enfans  se  trouvent  bien  ou  lieu  où 
vous  estes,  il  ne  fault  point  parler  de  les  re- 
muer ailleurs,  sy  autre  chose  ne  survient;  et 
au  cas  qu'il  en  fust  besoing,  le  Roy  a  desjà 
advisé  de  les  envoier  à  Romorentin,  priant 
Dieu,  madame  de  Huinyères,  qu'il  vous  aict 
en  sa  saincte  garde2. 

1  Charles  Maximilien,  né  le  97  juin  i55o,  et  devenu 
'lut  d'Orléans  par  la  mort  de  son  frère,  arrivée  le  ai  oc- 
tobre i5âo. 

D'Urf<: ,  le  3  juin  i55j.  parie  d'une  lettre  qu'il  a 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 

Escript   à   Chalons ,   le   premier    jour    de 


juimg  1002. 
Dlthier. 


Catbrine. 


1552. 


g  juin. 


0rt£.  British  Mus.  collect.  Egerton .  Lettres  des  rois  et  reines 
de  France,  vol.  V,  f°  as. 

A  MON  COUSIN 

LE  CARDINAL  DE  ROlRBOiN. 

LIEUTENANT   GÉNÉBAL  BU  ROY   M0NSE10NEI  B   À  PARIS. 

Mon  cousin,  j'envoye  par  delà  les  lettres 
desdietz  qu'il  a  pieu  au  Roy  monseigneur  faire 
sur  le  laid  de  la  création  en  ebascun  ba'illage, 
séneschaussée,  prévoslé  et  juridiction  prési- 
dialle  de  son  royaume,  ung  juge  magistrat  cri- 
minel pour  les  faire  lire,  publier  et  enregistrer 
en  sa  court  de  parlement  à  Paris,  vous  priant , 
mon  cousin,  faire  tant  envers  les  gens  d'icelle 
qu'il  soit  par  eux  proceddé  à  la  lecture,  pu- 
blication et  entérinement  des  dictes  lettres, 
selon  leur  propre  forme  et  teneur,  et  sans 
aulcune  restriction  ne  modification,  en  la 
plus  grande  dilligeuce  que  faire  se  pourra; 
sur  quoy  m'asseurant  que  vous  ferez  encores 
mieulx  que  je  ne  vous  sçaurois  escripre,  sa- 
ebant  bien  que  estes  assez  adverty  de  l'inten- 
tion du  Roy  mon  dicl  seigneur  en  cest  endroict, 
je  ne  vous  en  diray  davantage  et  m'en  tairay 
pour  supplier  à  Nostre  Seigneur  qu'il  vous 
donne,  mon  cousin,  ce  que  plus  désirez. 

De  Cbaalons,  le  i\c  jour  de  juing  i552. 

(Utérine. 
Duthier. 


reçue  de  Catherine,  dans  laquelle  elle  lui  prescrit  l'ordre 
qu'il  doit  tenir  pour  la  maison  des  enfants  de  France. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i33,  P  16.)  —  La  lettre 
de  Catherine  n'a  pu  être  retrouvée. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   UÉDICIS. 


G3 


1Ô52.  —  ;i  juin. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  a   10^70,  1"  ai. 

\  MON  COUSIN  LE  l>l  (    DE  GUYSE, 

l'Ain  DE  FHAXI  ' 

Mon  cousin,  encores  que  je  ne  face  nulle 
doubte  que  le  sr  de  Maugiron  '   ne  vous  aiet 
envoyé  comme  à  moy  des  nom  elles  de  vostre 
gouvernement  de  Daulphiné,  louteflbys,  pour 
l'importance  dont   elles  sonl  ,  je   n'ay  voulu 
faillyr  à  les  vous  mander,  allin  que  vous  re- 
gardez  premièrement    à    faire    trouver    bon 
l'argent    que    ledit    sr   de    Maugiron  a    l'aicl 
prandre  sur  la  récente  généralle  de  Daulphiné 
pour  les  causes  qu'il  mect  par  sa  lectre,  car,  le 
Roy  eslant  si  près ,  je  ne  me  mesle  plus  d'or- 
donnance -;  el  d'autre  coste'  vous  adviserez  au 
demouranl  à  ce  qu'il  faul  donc  faire  prompte- 
ment  pour   les   choses   qui   se   offrent  pour 
éviter  aux  inconvéniens;  -\  est  ce  que  je  pense 
que  cella  ne  s'est   peu  ainsi   passer  que  mon 
cousin   le  maresohal  de  Brissac   n'en  aicl  eu 
congnoissance,  et  m'esbahys  qu'il  ne  \ous  en 
,iicl  mandé  quelque  chose  comme  il  a  bien  faicl 
du  retour  des   Espaignolz  à  Dronyer3.   Vous 
ferez  bien,  mon  cousin,  de  faire  faire  inconti- 
nent là  dessus  quelque  bonne  dépesche  selon 
la résolucion que  vous  y  prandez,  priant  Dieu. 
mon  cousin  ,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Chàlons,  le  i\°  jour   de  juing 

I  ■)  Ô  9 . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Laurent  de  Maugiron,  sr de  Monlléans.  lieutenant  gé- 
néral  duDauphiné,  dei55oà  1 556  et  de  1678  à  1 588. 

-  Le  :îo  mai  i55a,  le  connétable  écrivait  à  la  reine  : 
-Il  me  semble,  eslant  le  Roy  si  prochain  de  vous,  vous  ne 
-devez  entrer  en  aulcune  dispense  ni  faire  aulcune  ordon- 
nance sans  premièrement  le  luy  faire  sçavoir.i  (Ribier. 
Letlreê  cl  mémoires  d'Ettat,  t.  Il,  p.  '11 4.) 

3  Dronero,  petite  ville  d'Italie  dans  le  marquisat  de 
Saluées. 


1552.  —  1  o  juin. 
Orig.  Bibl.  oal.  fonda  français,  n°  3i33,  f"  13. 

A  MADAME  DE  HUMYÈRES. 

Madame  de  Humières,  j'ay  receu  la  lettre 
que  m'avez  escripte,  par  laquelle  j'ay  veu  ce 
que  me  failles  sçavoir  île  mes  enffans,  qui 
m'esl  bien  gran)  plaisir;  quant  à  la  nourrisse 
de  mon  lilz  d'Orléans,  qui  luy  a  esté  rendue 
pour  ies  causes  que  me  faicl  entendre  la  Bo- 
manerie,  je  ne  le  treuve  que  bon,  puisqu'il 
s'en  treuve  bien,  vous  priant  continuer  à 
m'advertir  ordinairement  comme  mes  dilz  enf- 
fans se  porteront  et  mesmement  comme  mon 
lilz  d'Angolesme  se  trouvera  de  ses  dentz,  et 
sur  ce,  madame  de  Humyères,  je  prie  Dieu 
qu'il  vous  ayt  en  sa  garde. 

De  Cbaalons,  ce  xe  jour  dejoing  1 5  5  2 . 

Caterine. 
bochetel. 


1552.  —  i3  juin. 

Orig.  Arcb.  des  Mé-li.is .  dalla  filia  '(737,  nuoia  numerasione. 

\  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTMORENCY 

CONESTABLE    DE    FRANCE. 

Mon  conpère,  j'escripts  piésenteinenl  au 
Roy  ce  que  j'ay  entendu  par  lettre  du  seigneur 
de  Bléneau1,  qui  est  auprès  de  mes  enfans,  et 
trouve  bon  s  il  plaist  au  Roy  que,  le  cas  ad- 
venant que  mademoiselle  de  Dammarye2  allas! 

1  François  de  Courtenai,  seigneur  de  Bléneau,  morl 
en  l56i;  il  avait  été  premier  paunetier  d'Eléonore  d'Au- 
triche, reine  de  France. 

1  Voici  une  lettre  de  Montmorency  en  repense  à  celle 
,b.  la  reine  :  "Il  est  impossible  de  mieulx  ne  plus  deitre 
c  ment  faire  entendre  à  l'ambassadeur  de  \enise  l'inlen- 
•  lion  du  llov  que  vous  avez  faict  au  propos  dont  les  dietz 
«seigneurs  \ i.us  onl  escript .  el  en  demoure  satisfaici  Pré- 
•(sentement  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  plu  m'escripre 
••(lu  mne  de  ce  mois ,  par  où  vous  me  commandez  mena- 


Sli 


LET1T.ES  DE  CATHEH1NE   DE   MED1CIS. 


de  vie  à  trespas,  à  cause  de  la  grande  maladie 
cjui  luy  esl  survenue,  la  femme  du  dicl  sei- 
gneur de  Bléueau  aict  son  estai  et  place,  car, 
•  mitre  ce  quelle  est  femme  honnesle  et  de 
la  qualité  telle  que  je  désire  pour  estre  auprès 
île  m 1 1 ii  lilz  d'Orléans,  ce  sera  moyen  et  occa- 
sion au  dict  seigneur  de  Bléueau  son  mary. 
qui  es!  tel  que  unis  congnoissez,  pour  de- 
mourer  plus  ordinairement  auprès  de  mes 
enfans.  dont  je  seray  très  aise.  Par  quoy  je 
vous  prie,  mon  compère,  vouloir  tenir  main 
en  ce  que  le  Hoy  m'en  face  response  et  m'en 
mande  son  bon  vouloir  et  plaisir,  et  en  cest 
endroict,  je  prie  à  Dieu,  mon  compère,  qu'il 
vous  ;i\!  en  sa  très  saincle  et  digne  garde. 

Esciïpl  h  Chaaloos,  le  un'  jour  de  juing 
1  f)5a. 

Vostre  lionne  commère  et  amye, 

CaTERINE. 

I  552.  —  Milieu  de  juin.  ) 
\-it.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n*2  3 1  a". .  1    i 
A  MON  COMPÉHE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 

i > F. I  C  I>F,  HOMHOKASCr. 

Mon  conpère,  sete  letre  ne  seré  que  pour 
•ous  prier  de  me  \olouir  mander  dé  novelles 
deu  Bo\  et  me  tenyr  te'urjeur  an  sa  bonne 
grase,  yusin  que  je  m'aseuré  que  vous  faysles, 
i'l  pour  se  que  y/1  y  é  quelque  tamps  que  n'é 
lieu  de  veos  novelles,  je  cregnès  que  vous 
feul   veneu  quelque  mal.  corne  ha  monsieur 

■jiloji'i  envers  iceluj  seigneur  [«mi-  faire  entrer  la  dame 

nde  Bléneau  lieu  de  la  demoiselle  de  Dannemarie,  si  elle 

v  ienl  à  mourir;  à  quoy  j'ay  trouvé  que  le  Roy  avoil  pieçà 

p *eu  ,  comme  vous  sçavez  par  ce  qu'il  vous  a  escript, 

'mais  à  nue  aultre  occasion  je  suis  sur  qu'il  aura  bien 
éable  que  une  si  honnesle  femme  qu'est  la  dame  de 
-Bléneau  soil  auprès  de  ses  enfans.»  (Bibl.  nat.  fonds 
I »i    roi.  3 1  o,  I"  l 'i.  i 


le  cardynal ',  lequel,  à  set  que  m'a  mandé 
Beurjeansis2,  se  porte  myeulx.  Je  vous  prie 
fayre  byen  guarder  le  Boy  3,  car  vous  voyés  lé 
fâcheuse  et  dangereuse  maladye  qui  coure!  sel 
annaye,  et  me  fayre  set  byen  que  sovanl  je 
sache  de  ses  novelles,  afyn  que  je  soy  plulx  à 
mou  ayse  sachant  qu'i  se  portet  byen,  de  quov 
je  suplye  Nosfre  Sygneur  luy  fayre  la  grase  et 
à  nous  teus  de  le  voyr  byen  sayn.  Je  luy  ay  ays- 
cripl  cornant  monsieur  d'Eurfay4  me  deman- 
del  set  qu'il  fayret  de  ses  anfans  d'auneur  qui 
veolet  revenir  aveques  luy,  y  ne  m'an  a  rien 
répondeu  ;  je  vous  prie  m'an  mander  sa  vo- 
lante, et  je  fayré  fyn.me  recomendent  à  vostir 
bonne  grase. 

\oslre  bonne  coumere  et  amye, 

Catf.rink. 


(1552.  — Milieu  de  juin.  ) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    .'v3rj3  ,  I    ."t8. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  Dl CHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  j'é  reseu  arsouyr  benne  lestre 
de  vous,  par  laquele  m'aseuriés  de  la  haman- 

1  Le  cardinal  de  Lorraine;  voy.  p.  (il. 

2  Loys  Burgensis.  médecin  de  François  Ier,  puis 
de  Henri  H. 

3  Diane  de  Poitiers  écrivait  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes  au  connétable  de  Montmorency  :  s  J'é  receu 
«voslre  leclre  hou  vous  me  mandés  que  mestrés  penne  de 
tthien  garder  le  Roy,  ce  que  m'assure,  car  il  y  a  bien  de 
tt  quoy  le  mieux  garder  que  jamés ,  tant  des  poyssons  que 
t-de  l'artylerye.i:  (Voy.  Lettres  de  Diane  de  Poitiers,  pu- 
bliées par  GuifTrey,  p.  toi;  Franc.  Rabutin,  Guerres  de 
Belgique,  liv.  III.) 

4  Pierre  d'Urfé,  fils  de  Pierre  d'Urfé  et  d'Antoinette 
de  Beauveau,  marié  en  i53s  à  Jeanne  de  Balzac,  dame 
d'Entragues.  Après  avoir  successivement  représenté  la 
France  au  concile  de  Trente,  au  concile  de  Bologne  et  à 
Borne  en  qualité  d'ambassadeur,  il  devint  en  i55o  gou- 
verneur du  dauphin  François  IL  (Voy.  Les  d'Urfé,  par 
Aug.  Bernard:  Lettres  de  Diane  de  Poitiers,  publiées  par 
Guiflre) ,  p.  6a  :  Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  3i33,  p.  îC.) 


LETTRES  DE  C  \THT.1!1\  K   Ml   VIEDICIS. 
déniant  de  moiisieiir  le  cardynal  '.  de  quoy 


65 


je  De  mius  sares  asés  remersyer  pour  le  grant 
playsyr  que  an  é  reseu  et  m'avoyr  haute  de  la 
pouyne  an  quoy  je  aystès,  qui  aysté  -\  grande 
pour  le  mal  que  le  medesyn  m'avès  mandé 
qu  il  avest,  qu'il  faull  vous  dyre  véryté  je  n'é 
jeamès  m  sic  pluh  fachaye  de  la  peur  que  je 
ivès  de  le  perdre;  mes  je  loue  Rostre  Sygneur 
de  la  grase  qu'i  nous  a  fayste  à  teus  ses 
parans  de  nous  l'avoyr  guéri;  car  je  panse 
que  >u  scie  forteune  nous  feul  aveneue  que  je 
v  ares  aultanl  perdeu  que  vous.  Je  vous  su- 
plye  le  fayre  byen  guarder  et  me  mander  s'y! 
a  hàfayre  de  chause  quelqu'ele  souyt .  car 
aseuré  \ous,  au  n'i  an  arc'  poynl  au  monde, 
au  je  luy  (an  fay]  ré  recouvryr.  Je  veodrès  que 
sa  santé  peust  porter  de  veuyr  ysy,  cary  seret 
niyeulx  logé,  ayant  teut  sest  qui  luy  faudret 
plulx  prontemant  ;  quant  sant  danger  y  poura  y 
venyr,  y  me  sanble  qu'il  y  seré  beocup  myeuix. 
Je  vyen  leut  asleure  de  avoyr  dé  novelles  deu 
Roy  par  heun  de  ses  valet  de  chambre  qu'il 
m  a  anvoyé,et  me  mande  que  y  reviendré  byen- 
tol  :  je  vous  layse  panser  sel  je  suys  byen  ayse 
de  voyr  byentot  le  Roy  et  monsyeur  le  cardynal 
guéri;  je  vous  prie  luy  fayre  mes  recomanda- 
lyon  à  sa  bonne  grase  et  an  prandre  vostre 
part  il  ausi  bon  ceur(sic)  que  le  vous  faystà  teu 
deus. 

Vostre  bonne  cousine  cl  amye, 

Caterine. 


(1552.  —  Milieu  de  juin.  | 

Aul.  Bibl.  liai,  fonds  français.  n°  029^1  .  !     67 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE5. 

Ma  cousine,  par  set  que  me  mandés,  qu'i 
ne  vous  fault  plulx  de  remèdes,  je  coné  byen 

Une  lettre  précédente  parle  di;jà  de  I\-niioii<l'.'ni>*iii 
de  la  sanlé  du  cardinal. 
:  Anne  d'Esté. 

Catherine  df.  Médicis.  —  i. 


la  santé  an  quo\  a\st  monsieur  le  cardynal, 
de  i|uo\  je  loue  Noslre  Signeur  de  teut  mon 
ceur  de  nous  l'avoyr  randcu,  et  vous  prye,  sel 
conèsés  qui  luy  falle  ancore  quelque  chause.  ne 
me  fayre  sel  torl  de  creyndre  à  me  le  mander, 
car  je  ne  seré  marrye  sinon  de  n'avoyr  le 
moyen  de  le  seucourir  ynsin  que  le  désyre,  et 
ne  m'an  remersié  plulx.  car  teul  le  plulx  grant 
remersimant  que  je  an  désyre  sel  de  le  voyr 
an  ausi  bonne  santé  que  je  la  luy  seuayte,  el 
veodrès  povoyr  fayre  autant  pour  luv  el  pour 
teut  set  qui  luy  teuche  comanl  je  \  suj  teneue; 
mes  ne  povanl  aultre  chause  je  pryrée  Noslre 
Signeur  de  vous  voyr  ausi  contans  que  le  désirés 
el  vous  prye  luy  fayre  mes  recomandatyon  àsa 
bonne  grase  cl  à  m'y  y  tenir  el  an  la  vostre. 
Vostre  bonne  cousine  el  amye, 

Caterine. 


552 


1 .1  Jlllll. 


0ri(j.  Ai-.  I..  de  la  ville  de  \l-iz 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 

Mon  compère,  je  viens  de  recepvoir  une 
lettre  de  monsr  de  Ryou1,  lequel,  à  ce  que  j'ay 
entendu,  envoie  pardevers  vous  pour  quelque 
affaire  qu'il' a,  et  par  mesme  veoye  ay  bien 
voullu  vous  escripre  la  présente  et  aussi  wm^ 
envoyer  la  lettre  qu'il  m'a  escripte,  affin  que 
paricelle  veoyez  les  novelles  qu'il  me  laid  si  a 
voir.  J'ai  ce  matin  receu  une  lettre  que  m'avez 
escripte  par  le  Clz  du  général  de  la  Chesnaye, 
par  laquelle,  entre  aultres  choses,  me  faicles  en- 
tendre qu'il  y  a  beaucoup  de  pyonniers  soldalz 
et  gens  de  guerre  qui  se  retirent  du  camp  el 
armée  du  Roy,  alïin  que  j'eu  face  faire  (elle 
pugnition  qu'il  appartient,  comme  de  déser- 
teurs d'armée,  chose  qui  est  bien  raisonnable 

1  C'est  sans  doute  Jean  de  Rieux,  fils  aine  de  Fran- 
çois de  Rieux  el  d'IsaGeau  de  la  Brosse. 


6<i 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


pour  estre  mesmement  en  la  dicte  armée  la 
personne  propre  du  Iioy,  et  pour  reste  cause  ay 
envoyé  quérir  le  prévost  des  mareschaulx  de 
Champaigne,  auquel  j'en  ay  fait  bien  exprès 
commandement ,  à  quoy  il  fera,  ainsi  qu'il  m'a 
promys,  tout  le  meilleur  debvoir  qu'il  pourra. 
Toutesfois  il  dict  que  pour  ceste  heure  il 
est  très  mal  accompaigné,  parce  que  la  plus- 
part  de  ses  archers  sont  au  camp.  Si  vous  les 
luy  vouliez  renvoier,  il  aura  moyen,  tant  en 
cest  affaire  que  attitrés  deppendans  de  sa 
charge,  de  mieulx  s'i  emploier  et  acquicter. 
Priant  Dieu,  mon  compère,  qu'il  \ous  ayt  en 
sa  saincte  garde.  Escript  à  Chaalons.  lexvc  jour 
de  juing  i552. 

Vostre  bonne  commère  et  amie. 

Caterime. 


(1552.  —  Du  i5  au  20  juin.  1 

Aut.  Bibl .  nat.  fonds  français,  n    399a,  I    5fi 

A  MA  GOUSINE 

M*»   LA  DUCHESSE  DE  MONMORANCY '. 

Ma  coumère,  je  anvoye  Lagarde  pour  sa- 
vouer  dé  neouvelle  deu  Roy;  je  ne  l'ay  pas 
veoleu  layser  paser  sy  près  de  vous  sans  vous 
prier  me  mander  des  vostres  ay  savouer  si 
veous  leuy  veodré  ryen  coumander;  il  vous 
dyra  de  teult  sel  que  je  \ous  pourrais  ayscrire, 
qui  seré  cause  (pie  je  m'en  remèteré  seur  leuy 
ay  me  recoumanderé  bien  fort  à  vous,  priant 
Dieu,  ma  cousine.  \ous  donner  teult  set  que 
désirés. 

Vostre  bonne  coumère  et  cousine, 

Caterine. 


I  .">  32.  —  1  8  juin 
Orig.  Bibl.  nat.  t'onil-  français,  11    Si33    1 

\   MADAME  DHUMYÈRES. 

Madame  de  Humières,  par  vostre  lettre  du 
Madeleine  de  Savoie. 


xiu"  de  ce  moys  j'ay  veu   la   dilligerrce   que 

faicl  le  paincire  de  paindre  ma  lille  la  royne 

d'Escosse   et   mes   fîlz  et  tilles;  sitosl  qu'ilz 

seront  painctz,  je  vous  prye  ne  faillir  de  m'en 

envoyer  les  portraictz,  et  au  surplus  continuer 

lousjours  à m'advertir  de  la  disposition  de  nies 

ditz  enffans,  et  \ous  me  ferez  plaisir.   Priant 

Dieu,  madame  de  Humyères,  qu'il  vous  ait 

en  sa  garde. 

Escript  à  Chaalons,  le  xvnï  jour  de  juing 

i55a. 

Caterinb. 

Il  De  sera  besoing  de  in  envoyer  le  paintre; 

maiz  je  vous  prie  m'envoyer  les  ditz  portrait» 

par  la  poste. 

Bochetki.. 


(  1552.  —  Du  1 8  au  iô  juin.  ) 

\ni    Bihl.  nat.  fonds  français,  n°  3tio,  fu  1a. 

1  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE, 

DECC   DE    MOMORANSI,   l'EIt    DE  FRANCK 

Mini  conpère,  je  \is  arsouyr  sel  que  me 
mandés  touchant  ma  maladye,  mes  \  fauil 
que  je  vous  dye  que  se  n'é  pas  l'eau  qui  m  .iv 
fayst  malade,  tant  corne  n'avoyr  poynl  dé  110- 
velles  deu  Roy.  car  je  pansés  que  lui  et  vous 
et  teu  le  veste  ne  \ous  sovynt  pluK  que  je 
aystès  ancore  an  \ie;  aseuré  vous  qui  ni  a 
sayrayn  qui  me  seul  l'ayre  tant  de  mal  «pu1 
de  panser  aystre  aur  de  sa  bonne  grase  el 
sovenanse;  par  quoy.  mon  conpère,  sel  désirés 
que  je  \i\e  ay  sauye  sayne,  antertené  m'i  le 
plulx  que  pourés  et  me  fayste  savoyr  sovanl 
de  ses  noveiles;  et  \ela  le  milleur  rejeyme 
que  je  sarès  tenir.  Mon  conpère.  teu  le  monde 
nie  dysl  que  m'an  wiy  à  Mésières.  mes  je  ne 
ni'an  ause  réjeuir  pour  n'an  n'avoyr  h  au  neul 
comandemanl  deu  Roy;  s'il  et  vray  qu'il  le 
veolle,  fayte  le  mm  mander,  el  je  mèleré  sesi 


LETTRES  DE  C  LTUE 

aveques  tant  d'aullre  cbause  que  avés  l'a 
pour  miiv.  Je  me  recomânde  à  voslre  bonne 
grase. 

Lre  bonne  couière  el  amie, 

I  .1  h  m  m:. 


III m:   DE   MKlHi.l- 


67 


I  552.  —  Du  a  juin 

:  fonds  frança 

V  MON  CONFÈRE 

MONSIEUR  LE  DEUC  DE  MOMORANSI, 

i II    l    DE    FRANSE 

Mon  conpère,  je  vous  mersie  dé  bonnes  no- 
velles  que  m'avés  mandé  délia  bonne  santé 
deu  Roy,  de  quo\  je  loue  Dyeu,  ê  seuys  seure 
que  la  guarde  que  prandrés  de  là  luy  fayrc 
-  rver  seré  cause  que,  se  Dyeu  playst,  \ 
n'aré  plulx  de  mal.  Je  vous  suplye  me  fayre 
sel  byen  de  me  mander  sovent  de  m-:-  novelles, 
car  \ous  ne  m'an  saryé  fayre  heun  plulx grant, 

■A  de  ino  tenyr  an  sa  b grase,  de  quoj  je 

fous  suplye  do  teut  mon  cueur.  Mon  con- 
père, vostre  famme  s'an  est  alaye  cheu  vous  el 
m'a  dysl  qu'ele  reviendré  mes  qu'ele  aysl  faisl 
quelque  afayre  qu'ele  lia  pour  vous.  Je  veodrès 
qu'ele  l'eut  de'jea  de  releur:  je  suys  anuyt  ary- 
vaye  an  sete  vylle  do  Lan;  je  prye  à  Dyeu 
que  je  y  n  \  demeure  guyère  sans  voyrle  Roy, 
et  que  an  atandenl  je  \   aye    d'ausi  bonnes 

welli  ■    i|ni'   j Y-   lion    lia   f.lialolls;  je  no  unis 

fayré  plulx  longue  lestre,  après  m'estre  reco- 
raandée  an  vostre  bonne  grase. 
Vostre  bonne  coumère  el  amye, 

Caterine. 


1 052.  —  Du  20  -m     ;     iin. 

lut.  Bibl.  Dat.  fonds  français.  n:  3iAi< 
\  MON  I  ONPÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  «OMORANSI, 

PAYH    ET    COMESTIBLE   DE    FRAN-.F. 

Mon  conpère.  le  Roy  m'a  mandé  par  Brive 


cornant  unis  si,-'-  que  je  aile  à  Vlésièrcs.  Je 
ne  \ous  dire  point  l'ayse  que  je  a\  de  m'apro- 
cberde  lui,  et,  afin  d'i  ayslre  plulxtost,je  voj 
coucher  anuil  à  troys  lieulx  d'isi,  el  demains 
à  Vrtel.  Madamede  Nevers1  a  fayst  lanl  de 
peur  à  teutte  se  fammes,  car  ay  dysl  que  nous 
n'iront  pas  seuremant  san  scorie  d'Artel  à 
Mésières,  que  s'el  heun  pase  tamps  do  lé  voyr. 
Quanl  à  moy,  i<-  délybèred')  aystre  vanderdy 
au  soyr;  si  me  faull  scorte,  que  !>'  chemin 
ur  souil  -.oui',  je  panse  que  m'an  anvoyrés; 
par  ansi  je  fayré  la  milleure  délyganse  que 
pouré,  car  je  are  pour  le  moyns  l'ayse  de 
savoyr  sovanl  dr  ses  novelles,  el  \ous  prie 
m'an  mander  le  plulx  sovanl  que  n'avés  faysl 
si  vous  playst,  car  je  n'ay  aultre  byen  que 
seleui  là.  Je  \ous  aseure,  mon  conpère,  que 
vostre  lamme  a  bêle  peur,  je  veodrès  (pie  vous 
la  visié.  Je  prie  à  Dyeu  que  se  souil  byenlol . 
el  an  setpandant  je  me  recomande  lié-  hum- 
blemant  alla  bonne  grase  deu  Ro)  <■!  byen 
fort  alla  VOStre. 

\  ostre  bonne  coumère  et  amye  . 

I  i  R1SE. 


15V2.  —  a3  juin. 

Oriz.  Britisb  .Mus.  Lettres  des  rois  el  reine    I    . 
collect.  Egerton  ,  vol.  V.  f 

A  .MON  COUSIN 

LE  CARDINAL  DE  BOURBON, 

LIEl  TENANT  M. M  R  il.  Dl    mil    l    PARIS 

Mon  cousin,  à  mon  arrivée  en  ce  lieu  est 
arrivé...   varlet  de  cbambre  du  Roy,  que  le 
dict  seigneur  a  envoyé  par  devers  mo\   | 
m'advertir  qu'il   est   présentement    seigneur 

,['\  >u\ 2,  ri  quo  ceulx  du  dedens,  quoique  bra- 

Margnerite  de  Bourlion,  sœur  d'Antoine  de  Boui- 
llon .  loi  de  NavBrre,  mariée  à  François  de  Glèves,  lils 
■  I..  Charles  de  Glèves  fi  de  Mai  :    d  Ubret. 

-   |.    ■  •:;  juin    i55a,  Henri  11  annonçait  au  cardinal 


68 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


verie  qu'ilz  aient  faicte  an  commencement, 

n'en  ont  pas  eu  meilleur  marché  que  çeulx  de 
Danvilliers,  car  on   les   a  contrainctz  de  se 

rendre  à  voullonté,  qui  est  vray  miracle  et 
œuvre  de  Dieu,  dont  il  est  bien  raisonnable 
de  ln\  en  rendre  grâces  et  louanges  infinies, 
ce  que  je  \ous  prie,  mon  cousin ,  faire  faire  tant 
en  la  \ille  de  Paris  que  es  autres  lieux  d'envi- 
ron, comme  il  est  plus  que  requis  et  néces- 
saire; car  un  si  grand  bénéfice  n'est  prouvenu 
1 1  y  ne  peult  prouvenir  que  de  son  infinie  bonté, 
le  priant,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escripl   à    Relhel,    le  xxiiï  jour  de  juing 

i  r>  5  a . 

Catbrine. 

15ôL>.  —   i"  juillet. 
Ong.  Bibî.  nat.  fonds  français,  n°  3i33,f*  i5. 

V.  MADAME  DE  HUMYÈRES. 

Madame  de  Humières,  j'ay  amplement  en- 
tendu tout  le  discours  de  ce  qui  s'est  ensuyvy, 
quant  mes  enffans  partirent  de  Madon  pour 
aller  à  \mboise,  de  la  querele  de  RufBac, 
vallel  de  chambre  de  mon  fil z  d'Angoulesme, 
qui  bailla  ung  soufflet  à  ung  nommé  Lisle,  qui 
est  clerc  du  coitlreroileur  de  la  maison  de 
mes  ditz  enffans,  pour  ce  qu'il  l'avoit  desmenty, 
ainsi  qu'on  m'a  dict ,  et  d'aultant  que  le  Roy 
monseigneur  ny  moy  ne  voulions  ne  enten- 
dons souffrir  régner  querelles  ne  discentions 
là  ne  ailleurs,  mays  toute  paix  et  amitié,  et 
affin  que  cest  affaire  ne  tire  pius  oultre,  ac- 
tendu  aussi  qu'il  n'y  a  aultre  blesseure,  je 
vous  prie  ne  faillir  à  leur  faire  deffenses,  de 

de  Bourbon  la  prise  d'Ivoy,  où  le  comte  de  Mansleld 
s'était  renfermé  :  -La  Laiterie  commença  hier  matin  et 
•a  continué  furieusement  jusques  à  aujourd'hui  dix  ou 
••onze  heures;  à  midi  ceux  du  dedans  se  sont  rendus. - 
i  British  Muséum,  coll.  Egerlon,  n°  5,  P  7.) 


par  mon  dict  seigneur  et  moy,  qu'ilz  n'ayenl 
à  eulx  injurier  l'un  f aultre,  ne  faire  actes 
qu'ilz  soient  dignes  de  répréhension,  à  la 
charge  que  le  dict  Ruffiac  demandera  pardon 
à  mes  enffans;  et  au  reste  qu'ilz  se  donnent 
garde  de  faire  le  contraire  de  ce  que  vous  en 
mande,  leur  donnant  bien  à  entendre  que 
une  aultreffoys  faisant  lelz  actes,  voires  beau- 
coup moindres,  ny  eulx  ny  aultres  n'en  se- 
ront quicles  pour  une  si  gracieuse  satisffac- 
tion  ;  et  sur  ce.  madame  de  Humières,  je  prie 
le  Créateur  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Sedan,  le  premier  jour  de  juillet 

mil  v  lu  '. 

Caterimk. 

Madame  de  Humières,  depuis  mes  lettres 
signées,  j'ay  advisé  et  veulx  que  Ruffiac  de- 
mande le  pardon  à  vous  comme  représentant 

mes  enffans. 

Lory. 


(  I5.V2.  —  Milieu  de  juillet2.) 

Aul.  Bibl.  liai,  t'omis  français,  n°  3ao6.  t°  68. 

V  MOU  GONPÈBK 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mou  conpère,  je  vous  ay  byen  voleu  en- 
voyer «et  pourteur  pour  savoyr  cornent  vous 
portés  et  vous  dyre  que  nous  ne  partirons  d'isi3 

1  Henri  11  fui  quelques  jours  malade  à  Sedan,  où  la 
reine  le  rejoignit.  Le  27  juin,  il  date  de  cette  ville  une 
lettre  au  cardinal  de  Bourbon  lui  annonçant  qu'il  va  aller 
trouver  les  forces  que  la  reine  de  Hongrie  a  amassées  du 
côté  de  la  Picardie.  (British  Muséum,  coll.  Egerlon. 
„û  -,_  f  g.) —  «Le  Mareschal  tourna  trouver  le  Roj  qui 
nestoit  à  Sedan,  se  retrouvant  sa  Majesté  un  peu  mal.» 
(François  de  Rabutin,  coltect.  Michaud ,  t.  VII.  p.  '126.1 

2  «Le  Roi  fut  contraint  de  rompre  son  camp  dès  la  fiu 
-du  mois  de  juillet-  (Rabutin,  Guer.de  Belgique,  lo.  IV. ^ 

3  Sedan. 


LETTRES  DE  GATHI 

que  venderdi  au  samedi,  et  serons  à  Fayra1 
mardi  prochayn,  au  je  prie  à  Dieu  \ous  trover 
en  n'ausi  bonne  santé  que  \ous  désire  cela 
qui  vous  guarde  tou  playn  de  novelles  à  vous 
dire . 

\  ostre  lionne  coumère  el  atnye . 

(Iatf.rinf.. 


(1552.         Du  l5  au  ao  juillet.) 
\ni.  Bibt.  nat.  fonds  fraoçais  ,  n    3i s 9 ,  f*  10. 

v  MON  COOPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,j'é  aysté  bien  ayse  d'entendre 
dé  novelles  deu  Roy  et  de  set  que  y  revien- 
dré  sytot,  car  je  avès  grant  peur  que  m'eusyé 
trompaye  el  que  le  voyage  deùi  plulx  deurer. 
Je  partyré  mécredy  pour  aystre  à  Fayre  quant 
ay  \011s,  sv  m'est  posyble,  pour  vous  dyre  an- 
core  inieulx  l'ayse  que  je  ay  de  set  que  avés 
heun  petyl  fyJs  de  madamede  Tourayne2,  car 
j'euse  avslé  byen  marrye  qui  n'y  an  eut  poynt 
heu  an  sete  mayson,  car  j'espère  que  de  la 
rase  de  quo\  yl  esl  de  lout  coulé,  qui  fayré 
heun  jour  servyse  au  Roy  et  au  syens,  el  puys 
pour  le.plésyr  que  je  say  que  an  avés;  car 
aseuré  vous,  mon  conpère,  que  tous  veos 
ayse  au  anuy  je  lé  resans  xome  lé  myens 
même.  Je  ne  vous  fayré  plulx  longue"  lestre, 
après  m'estre  recomandaye  à  vostre  bonne 
grase,  et  vous  prye  de  me  tenyr  an  sele  deu 


1  La  Père. 

!  Éléonore  de  Montmorency,  611e  ainée  du  connétable , 
mark'''  en  février  i.Viô  à  François  de  la  Tour,  troisième 
du  nom,  vicomte  de  Turenne,  né  le  a.~>  janvier  «5a6. 
Blessé  à  Saint- Quentin ,  le  10  août  10Ô7,  il  mourut 
trois  jours  après.  Le  fils  dont  parle  Catherine  esl  Henri 
île  la  Tour,  vicomte  de  Turenne,  qui  devint  premier 
gentilhomme  de  la  chambre  du  Roi  et  maréchal  de 
Kram  >' 


RINE   DE   MÉDIC1 

Roy,  et  an  réconpanseje  pryré  Noslre  Sygneur 
vous  damier  sel  que  désyrés  '. 

\  ostre  bonne  coumere  el  ainye, 

1  ,  V  IKUINE. 

1552.  —  30  juillet. 
Orig    Ircli  des M^dicis, dalla  Olia  47s6,nuova  numeraiiom    p    ■•- 
v  vio\  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE   M  C  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  après  avoir  receu  lc>  lettres 
que  m'avez  escriptes  en  laveur  de  Jehan  de 
Monlagu  marchant  Florentin,  touchant  la 
prinse  d'une  nef  à  luy  appartenant  faicte  pai 
cy  devant  par  le  prieur  de  Lombardye  tcy,  a\ 
escripl  au  Roy  monseigneur,  qui  m  a  mand< 
la  bonne  volunté  qu'il  a  de  pourveoir  en  ces! 
affaire,  et  suyvanf  icelle,  en  rescript  présente- 
ment au  dict  prieur  de  Lombardie  et  à  mon 
cousin  le  conte  de  Tende  en  recouvrer  res- 
ponse  pour  la  luy  envoyer  incontinant,  vous 
asseurant,  mon  cousin,  qu'en  cesl  affaire  et 
autres  qui  toucheront  vous  etvoz  subjetz  trou- 
verez tousjours  mon  dict  seigneur  bien  affec- 
tionné el  mov  scmbiablement,  mais  ce  sera 
de  bon  cueur  duquel  je  [nie  Dieu  vous  don- 
ner, mon  cousin,  ce  que  désirez. 

Escripl   a   la   Fère.  le  x\n"  jour  de  juillet 
1  5  5  -.> . 

Vostre  bonne  cousine 

Catekine. 


Marguerite  de  France  écrivait  au  connétable  :  <*J( 
ttsuis  bien  aise  aussi  d'entendre  comme  madame  de  :  u 
tiranne  est  accouchée  d'ung  beau  BU;  je  ne  fayré  faulli 
ssuyvant  ce  que  vous  me  mandés  du  voyage  du  Roj  't' 
••  lavre  compaignye  à  la  lieyne  pour  l'aller  trouver  à  Fère, 
ncar  le  temps  depuis  que  je  ne  l'aj  vu  m'a  semblé  bien 
ffort  long,  comme  vous  pouvés  pencer.  (Bibl.  ont.  fonds 
français,  n°  -U  .">■.> ,  f°  58.) 


;atheki    I    L)l    UÉDICIS. 


I) 

I  l-.-l   J. 

»      :  I 

iiîi  .  le  im  <:  m:  eerh  ire 

iour  it  que  |  a\   grandement 

•   mandation    mess1    Jehan   Bapl  iste  ! . 

mon  premier  maislre  <l  hostel .  en  recongnois- 

-  des  bous  services  qu  il  m  a  de  long  temps 

faielz  el  laii  i .  tant  je  désire  lu\  l'aire  toul  l'ayde 

einenl  que  je  pourrai .  ''I  aux  sieus 

amour  de  lu\  :  à  ceste  cause  el  que  je 

erlye  <|u  il  a    un  sien  uepveu  nommé 

rosme    Malagoule,   natif  de  vostre 

idèni1 .  homme  cappable  el  ^uHi^an i 

poui  esl  'e  employé  en  lions  affaires,  cela,  avec 

que  1 1 ■  a  l'aide  |)Our  ln\  ledil 

le.  m  .1  donné  volunlé  unis  escripre  c  ! 

bien   bonne  affection .   voulloir,  en 

en  .  poui  i  eoii    i  année   ;  rocliaine  ledil 

mie   de  I  office  de   juge   des  \  iwes  de 

le  de   Modène.   vous  asseuranl, 

i    in,  ce  faisant .  ii il-  ferez  singulii 

pour  le  désir  que  j  a\  faire  congni 

ii'.  comme  à  eeulxqui  lu\  toucbenl . 

-     espi  i ■; ;  j  i < •  t  .i  leur  faire  1 1    i    oii 
h     bien  el  ad\ancement .  mais  r  Y-i  de 

ueur  duquel  .    mon   oncle .   je  prie 

Seigneur  vous  donn   i    i  e  que   dé  il  ez. 
l' nllambrav      le  \\\ i'"    jour  de  piillcl 

i  oslre  bon  ne  niep  se  . 

'     iTKHIMS. 


-   .  dus  i  isidences  fa- 

1 1;       le  I     inoois  I'  .  qui   >  i  bossail  dans  les  forêts  de 

!     Si  inl  Oobain    I  ne  li  ttre  de  Henri  II  au  roi 

re  esl  datée   di    Follambray,  le  20  juillet   1  55a. 

m  il  de  Ribiei    I    II,  p    ioi 


i  i52         1  ;  ioùi 

liibl. 

A  MADAME  DE  III  VIYÈRES 

Madame  de  Humyères,j'a)  receu  voz  leltres 
ou  me  faictes  sçavoir  des   nouvelles  de  mes 
enffans,  donl  j'a)  esté  bien  aise;  quanl  à  moi 
lilz  d'Orléans1,  je  veulx    1res  bien  qu'il  soil 
sevra)    de    sa    mammelle   quanl   il   en    sera 
temps  el   que    le  médecin  l'ordonnera,  sans 
sartendre  à  moy,  car  vous  estes  sur  les  Iveux 
pour  myeulx  congnoistre  ce  qui  ln\  faull  que 
je  ne  sçaurois  faire;  el  quanl  au  manger  de 
mon  lilz  d'Anigoulesme  2,  je  suis  d'advis  qui 
I  on  ne  l'en  efforce  poinl  Irop,  car  mes  enfl 
siml  plustousl   mallades  d'estre  Irop  gras  qui 
meigres;  remectanl  le  demouranl  à  vous  el  au 
médecin,  je    ne  vous    fera)    à    présent    plus 
longue  lettre,  fors  que  je  prye  Dieu  vous  don 
madame  de  Humyères,  ce  que  plus  désirez. 

1)''  Foilembrav,  ce  mu'  jour  d'aoust. 

RIS». 


i  552  1  -      -    11 

\  MADAME  DHUMYÈRES 

Madame  d'Humyères,  j'a\  veu  par  les  leltres 
que  vous  m'avez  escriptes  comme  mon  lil/ 
il  Orléans  c  esl  trouvé  mal  d'un  rhume  a  e 
smotion  de  fièvre,  de  quoj  je  suis  en  pavne, 
car  je  crains  que  cela  viengne  de  sa  nour- 
risse qui  luj  ail  peu  donner  de  maulvais  laid 
el  pour  ce  je  vous  prye  de  faire  prandre  garde 
cl  que  I  on  suvvc  le  contenu  de  ce  que  es- 
monsieur  Burgensis.  Je  vo\  bien  par 
mis  dictes  lettres  que  vous  n'avez  pas  encores 
receu  celles  que  je  vous  a\   dernièrernenf  es- 

Cliarles-Maximilien, 

-   K'I mdn 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


i 


criptes.  par  lesquelles  vous  gçaurez  bien  au 
long  mon  intencion,  qui  me  gardera  vous  faire 
à  présent  plus  longue  lettre,  lors  que  je  vous 
prye  de  me  mander  des  nouvelles  de  mon  dicl 
filz  le  plustousl  que  pourrez,  <•!  vous  me  ferez 
plaisir,  qui  est  l'endroil  où  je  vois  pryer  Dion 
vous  donner,  madame  d'Humyères,  ce  que 
plus  désirez. 

DeVilliers  Cousterez,  ce  \\n  jour  d'aoust1 
(i55a). 

(INTERIM-:. 


1552.  —  a'i  septemhre 

Orig.  A rc 1 1 .  det>  M£dicis .  dalla  filza  6736  ,  nuova  uumeraxione  ,  p  ia8 

1  MOV  C0US1K 

MONSEIGNEUR  LE  DUC   DE   FLORENCE. 

Mon  cousin  .  le  Roj  monseigneur  ren- 
voyant le  sieur  de  Manne  -  devers  nostre 
S'  l'ère  le  Pape  3,  et  saiehanl  qu'il  vous  pourra 
veoir  eu  passant,  je  n'ay  voulu  qu'il  soit  partj 
sans  vous  mander  par  luy  de  mes  nouvelles 
et  vous  pryer  de  me  taire  sçavoir  des  vostres, 
et  estre  asseuré  qu'eu  tous  les  endroits  où 
j'auray  moyen  de  faire  quelque  chose  pour 
vous  je  m'y  emploirai  tousjours  de  bien  bon 
iiieur.  El  pour  ce,  mon  cousin,  que  je  désire 
le  bien  et  avancement  de  mon  cousin  l'abbé 
île  Corbie  '  pour  les  bonnes  eflouables  vertuz 
ijue  je  congnois  estre  en  luy,  je  \ous  prye  bien 
tort  \oulioir  estre  moyen  envers  nostre  dict 
Saint  Père  à  ce  que  le  bon  plaisir  de  sa 
Saincteté  soil  de  pour  veoir  mon  dicl  cousin 
d'une  dignité  de  cardinal,  car  je  scay  que  po 

1  Diane  .If  Poitiers  écrivait  à  M""  de  Humières,  de 
Villees-Cottei-ets,  le  37  août  1 1  55a  |  :  -J'ay  receu  la  lellre 
•^par  laquelle  me  mendés  comme  mons'  d'Orléans  esl 
-bien  guéry.n  -  Bibl.  nat.  fonds  français,  11"  :î  i33,f  ao 

!  L'abbé  de  Manne,  envoyé  plusieurs  fois  à  Rome  en 
mission;  voy.  Bibl.  nal.  fonds  français ,  n°  i6o38,p.s63. 

-  Joies  III. 
Si  bastien  de  la  Chambre. 


\ez  beaucoup  pour  luy  en  cela,  et  vous  povez 
estre  certain  (pie  vous  me  ferez  eu  ce  taisant 
plaisir  dont  je  v>us  sçaqrez  bon  {jré,  ainsi 
vous  entendrez  plus  amplement  parle  dicl  sieui 

île  Manne.  l;arquo\  reincrlaut.  le  surplus  il  sa 

suffisance,  je  fera}  lin  de  lettre,  priant  Dieu 
vous  donner,  mou  cousin,  bonne  vye  el 
longue. 

De  Rains.  ce  wmii'  de  septembre  i552. 
\  ostre  bonne  cousine, 

Caterini 


1552       Octol  ■  ■ 

\iit    Bibl    oat.  foods  ftança  s,  n    :ii 3g 
V  MOV  CONPÈRE 

MONSJEl  I!  EE  DEUC  DE  MOMORANS 

CDNMisi  4BLK  ht    FI 

Mon  conpère,  je  ne  \eo  fallyr,  ancore  qui 
je  sache  que  savés  a->és  sovant  dé  novelles 
Roy  et  de  la  bonne  santé  an  quoy  \l  est, 
mois  mander  pour  le  plésyr  que  je  say  qu<   se 
vous  ayst.  J'é  aysté  byen  ayse  d'antandre  dé 
\oslre  par  Lansae1,   ef    vous  prie   ne  me  layre 
aysceuse  de  ne  me  ayscrypre,  car  je  say  s  asés 
romani  Vous  aystesanpeché;  et  me  sanbleque 
vous  l'aystes  asés  pour  moy  quant  vous  tra 
pour  le  servyse  deu  Roy  comenl  vous  fai 
J'é  ayspéranse  que  vostre  pouyne  lourni 
sj  granl  hauneur  ci  profyst  pour  le  Roy 
vous  el  nous  (eus  en  louronl  Nostre  Si;;, 
car  je    lys   parler   ver   lieun    homme  au    R05 
qui    dvsl   que    l'Anpereur  n'a   plulx   d'arganl 
que  pour  troys  moys,  ny  ayspéranse  d'an    • 
covryr.  Je  véodrébyen  qu'i  dyst  vray,mès  '.nus 
le  devés  ancore  myeulx  savoyr,  el  ausi  que  je 
croy  que  ie  lîo\  unis  mandere  leul  sel  qu  - 

'  Louis  .If  Saint-Gelflis,  sieur  de  Lansae.  ehei 
d'honneur  de  Catherine  de  Médicis,  l'un  des  diploo 
les  plus  habiles  du  ivi"  siècle,  el  qui  représenta  la  - 

au  «ne  il'    di     I  '.-nie:   iik.I'I  m  1  '<-,,. 


72  LETTRES  DE  CATH 

a  dysl .  qui  seré  cause  que  ne  vous  an  fayré  re- 
,  -i.-.  sinon ,  mon  conpère ,  que  aveques  voslre 
proudanse  acoleumée  guardé  byen  que  Bouy- 
sonpyere'  ne  vous  trompe;  je  fayré  fyn  me 
recomandanl  à  vostre  bonne  grase  2. 

Vostre  bonne  coumèrè  el  amye, 

C  VTEKINE. 


1 552.  —  a"  octobre 
i  cl),  les  Médias,  dalla  filza  0736 ,  nuova  numerazioin-,  p.  127. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mou  cousin,  j'ay  congneu  que  ce  porteur 
Jehan  de  Montagu  a  faict  par  de  çà  son  deb- 
voir  de  poursuivre  son  affaire  contre  le  grant 
prieur  de  Lombard) e,  et  ont  esté  oïz  les  par- 
lie-,  au  Conseil  privé  du  Roy  monseigneur  sur 
leur  différend,  en  quoy  je  me  suis  employée 
pour  l'amour  de  vous,  comme  le  dicl  de  Mon- 
tagu vous  dira,  ayant  affection  que  cela  l'usl 
vuydé;  mais  pour  le  présent,  les  alïaires  estans 
telz  quelz  sont,  le  dict  Conseil  n'y  a  voullu 
toucher,  remectant  le  dict  différend  en  aultre 
saison  qu'il  sera  mieulx  à  propos;  demourant 
en  ceste  bonne  volunté  de  m'y  employer  alors, 
avec  l'ayde  de  Dieu  que  je  supplye,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

EscriptàReins.ce  x\"'  jour  d'octobre  i55a. 
Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  François  de  Bettstein  ou  Bassompierre  ;  il  avait  as- 
sisté la  duchesse  de  Lorraine,  Christine  de  Danemark, 
durant  la  minorité  du  duc  Charles  son  fils.  (Voy.  tes  Mé- 
moire» de  Bassompierre .  publiés  par  le  marquis  de  Chan- 
l«Tar,  t.  I ,  p.  t  3.) 

■  Le  connétable  était  encore  à  Beims  le  a4  septembre; 
il  écrivait  à  madame  d'Humières  à  cette  dale  :  eLe  Roy 
-H'-  marche  point  pour  ceste  heure,  je  vois  dresser  son 
r armée.  1  (Bibl.  nal.  fonds  Clairambanlt,  vol.  57;  Mé- 
moirei  'In  dut  île  Guùe,  éclil.  Micbaud.) 


ERINE  DE   MEDICIS. 

1552.  —  si  novembre. 

Orig.  Irch  des  Médicis ,  dalla  filza  /1736,  nuova  Dumerazione ,  p.  i3v 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE   DUC  DE   FLORENCE. 

Mon  cousin,  le  sieur  de  Manne  m'a  es- 
cript  comme,  à  ma  faveur,  prière  et  requesle, 
avez  escript  de  voslre  main  à  nostre  très  sainct 
Père  le  Pape  de  tant  me  gratifîier  que  de 
veoir  pronieu  à  la  dignité  cardinalle  mon 
cousin  le  seigneur  de  Corbie  '  qui,  pour  la 
singulière  recommendation  en  laquelle  je 
l'av  et  tous  ceulx  de  sa  maison,  et  ceste  oppi- 
nion  que  estant  mon  dict  cousin  personnaige 
acompaigné  de  toutes  bonnes  meurs,  louables 
qualilez  et  claires  vertuz,  il  sera  pour  faire 
choses  dignes  et  louables  en  la  compaignie 
des  cardinaulx  du  sainct  Siège,  s'il  plais!  à  sa 
Saincteté  l'y  appeller.  Et  pour  ce,  mou  cou- 
sin, que  voyant  que  pour  l'amour  de  moy 
vous  avez  faict  ce  commencement  pour  ceulx 
qui  me  touchent  de  si  près,  comme  faict  la 
maison  de  la  Chambre,  qui  est  sortie  de  celle 
de  Boulongne  comme  moy,  ainsi  que  sçavez, 
je  ne  veulx  obliyer  à  vous  remercier  très- 
affectueusement  de  la  bonne  grande  démons- 
tration que  m'avez  faicte  en  cest  endroit,  et 
\ous  dire  que  je  ne  sçaurois  faire  moins  pour 
mon  dicl  cousin  de  Corbie  que  de  luy  ayder 
de  ma  prière  el  requesle  envers  sa  dicte 
Saincteté,  et  la  vostre.  A  ceste  cause,  mon 
cousin,  je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la  pré- 
sente pour  vous  prier,  le  plus  très  affectueu- 
sement qu'il  m'est  possible,  que  vous  me  vou- 
liez tant  faire  de  faveur  que,  pour  l'amour  de 
moy,  faire  envers  sa  dicte  Sainteté  qu'elle  veille 
pourveoiren  ceste  dignité  cardinale  mon  dict 
cousin  de  Corbie  pour  eslre  successeur  au 
lieu  de  feu  mon  oncle   le   cardinal  de  Bou- 

1   Sébastien  de  la  Chambre,  elle  plus  haut. 


LETTRES  DE  C  \TIII 

longue.  Ht  oultre  l'obligation  que  lui  et  les 
siens  en  auront  envers  sa  dicte  Saincteté,  à 
vous  et  aux  vostres,  et  le  grand  plaisir  que 
ce  me  sera  de  nie  veoir  gratifiée  en  cest  en- 
ilroit  .  j'en  denieureray  toute  nia  \ie  tenue  et 
obligée  envers  sa  dicte  Saincteté,  le  sainct 
et  vous;  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escripl   à  Reims,   le   xu   jour  de  novembre 
1  j  ,r>  •). . 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Marchant. 


ÎR1NE   DE   MÉDICIS.  7;< 

vous  aye  mandée,  je  ne  vous  an  fayré  redyste, 
mes  je  vous  feré  comte  seolemanl  le  ayse  que 
je  an  é  ei  pour  le  servise  deu  Roy  et  pour  le 

bouneur  que  je  ayspère  que  an  raporteré  i i 

sieur  de  Guise.  Je  prie  à  Nostre  Signeur  qu'i 
souyl  tyeul  que  le  désirés,  et  à  vous,  ma  cou- 
sine, fayre  mes  recomandatyon  à  madame  de 
Guise]  et  medames  de  Saynt  Pyere2  el  An- 
touynete3  et  an  prandre  vostre  part  d'ausi  bon 
ceur  que  le  mois  fayst 

Vostre  bonne  cousine  et  aniye, 

Caterine. 


(1552.  —  Décembre!  | 

A  tit .  Bibl.  nat.  fonds  fronçais,  n'  3ao,3 ,  f'  67. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine , je  anvoy  set  pointeur  à  Verdeun 
pour  fayre  Irover  bon  à  monsieur  le  Marichal1 
que  sa  famille2  quej'é  Irovée  ysi  ne  pase  aultre, 
et  luv  av  comandé  paser  là  heu  vous  aystes, 
afyn  qu'i  me  raporte  de  veos  novelles,  léquele 
je  ayspère  aystre  mylleures  que  quant  je  par- 
tys,  veu  les  bonnes  novelles  que  le  Roy  et 
monsieur  le  Cardynal  in  ou  mandée,  qui  sont 
veneue  de  Mets3,  et  pour  se  que  je  ne  fouys 
neule  deutte  que  monsieur  lé  Cardynal  ne  lé 

1  Jacques  d'Albon,  marquis  de  Fronsac ,  seigneur  de 
•Saint-André,  maréchal  en  iu'17,  lue  à  la  bataille  de 
Dreux  en  1Ô62;  il  était  venu  pour  traiter  à  Rosier  avec 
Bassompierre  (François  de  Bettstein)  qui  s'était  retiré 
dans  tes  Vosges  avec  quelques  troupes.  —  Voy.  pour  cette 
négociation,  Mémoires  de  Batsompierre ,  publ.  par  M.  de 
Chantérac,  t.  1",  p.  i3. 

-  Marguerite  de  Lustrac,  dame  de  Fronsac,  fille  d'An- 
toine de  Lustrac  et  de  Françoise  de  Pompadour;  veuve 
du  maréchal  de  Saint-André,  elle  épousa  en  secondes 
noces  Geoffroy  de  Caumont  qui ,  après  avoir  été  abbé  de 
Clairac,  s'était  fait  protestant  et  échappa  au  massacre  de 
la  Saint-Barthélémy. 

■  Le  duc  de  Guise  s'était  rendu  à  Metz  dès  te  1  7  août. 

Catherine  de  Médius.  —  1. 


1553?)—  î-'i  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aoG ,  f   7a 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  CONTESTABLE. 

Ma  cousine,  aianl  entendu  la  pi  lie  qui  est 
en  la  femme  et  six  pelis  eniïans  d'un  nommé 
Pierre  Garnier  vostre  subject,  pour  l'accusa- 
lion  faicte  contre  ledicl  Garnier  d'avoir  tué 
ung  serf  en  voz  bois  près  Roissy;  pour  raison 
de  quoy  il  est  absent  et  fugitif  et  ne  s'ozeroil 
trouver,  cause  que  ladicle  femme  et  enffans 
qui  u'avoient  autre  vie  que  de  la  peyne  d'icel- 
luy  Garnier  sont  conctrainetz  quicter  le  pays 
el  maridyer's'il  ne  vous  plaist  remectre  et  par- 
donner la  peine  ou  amende  en  laquelle  ledit 
Garnier  a  ou  pourrait  eslre  condanipné,  je 
vous  av  bien  vollu  escripre  la  présente  et  pryer 
que,  en  ma  faveur  aiant  pitié  et  miséricorde 
desdietz  femme  et  enffans,  vous  remède/ 
quictez  et  pardonnez  au  dit  Garnier  la  peine 
ou  amende  en  laquelle  a  ou  pourrait  eslre 
condanipné  pour  raison  dudit  cas,  à  la  charge 

1   Antoinette  de  Bourbon. 

1  Renée  de  Guise,  abbesse  de  Saint-Pierre-les-Dames. 

Voy.  pour  les  dons  qu'elle  fit  à  la  cathédrale  de  Reims . 

Cerf,  Htst.  de  la  cathédrale  de  Revus,  p.  '1 7 < « . 

1  Antoinette,  abbesse  de  Farmoutier. 


74 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


que  s'il  \  retourne  jamais,  qu'il  soit  puguy 
de  punicioD  exemplaire  aux  autres.  Ce  faisan! , 
oultre  que  ferez  œuyre  charitable,  vous  me  fe- 
rez plaisir  très  agréable,  priant  Dieu,  ma  cou- 
sine,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle  et  digne 
garde.  Escript  à  Paris,  ce  \iiii""' jour  de  jan- 
vier. 

Voslre  bonne  cousine  et  amye, 

Caterine. 


I  553.  —  19  janvier. 
\  rcll.  des  Médias  ,  tin] ht  lil/a  a-2ij  .  nuova  numerazioue  ,  p.  1  i  8. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  il  vous  a  pieu  long  temps,  à 
ma  faveur,  pourveoir  messire  Jehan  Baptiste 
Bencivenny1,  mon  chappelain  ordinaire,  de 
l'une  des  prébendes  de  l'église  de  Sainct  Lau- 
rens  de  Florence  fondées  de  nostre  maison 
de  Médicis'-.  Toutesfois  à  cause  qu'il  n'y  peult 
faire  résidence  sur  le  lieu,  estant  ordinaire- 
ment occupé  à  mon  service,  j'ay  bien  \oulu 
\011s  escripre  el  prier  bien  affectueusement  de 
faire  que,  oultre  le  bien  que  luy  avez  donné, 
il  soit  recongneu  comme  l'un  des  serviteurs  de 
nostre  dicte  maison  et  que,  estant  auprès  de 
ma  personne  comme  il  est,  vous  le  l'aides  joyr 
des  frùiclz  de  la  dicte  prébende  entièrement 
comme  s'il  esloil  résident  sur  le  lieu,  de  la 
quelle  aullremenl  il  reporterait  peu  de  prouf- 
lict ,  oultre  le  désir  que  j'ay  de  son  advancemenl 
à  l'Eglise.  Avant  lousjours  receu  tant  de  bien 

1  Abbé  de  Bellebranche,  donl  plus  lard  elle  lil  son 
bibliothécaire;  quelques  letlivs  do  Catherine  lui  sont 
adressées.  —  Vov.  Tmentaire  des  meubles  de  Catherine  de 
Wdicis ,  publié  par  Bonnaffé,  Paris,  Auhry,  1874 ,  p.  a 

-'  C'est  dans  cette  église  que  sonl  les  tombeaux  des 
Médias  il  les  deux  mausolées  que  Léon  \  commanda  à 
Michel-Ange  :  l'un,  celui  de  Laurent  do  Médicis,  le  père 
de  Catherine;  l'antre,  celui  de  Julien  de  Médicis,  duc 
de  Nemdnrs, 


de  vous,  (jue  ferez  toute  faveur  à  ceulx  qui 
vous  sont  de  ma  part  présentez,  je  me  tiens 
asseurée  que  en  cest  endroict  vous  ne  lin 
ferez  moyns  de  faveur  que  avez  faict  à  vostre 
chappellain  qui,  à  ce  que  j'ay  entendu,  tient 
une  aultre  des  dictes  prébendes,  et  que  en 
tous  ses  aullres  affaires  fayiez  lousjours  pour 
recommande';  et  oultre  ce  que  luy  el  les  siens 
v  ous  en  seront  à  jamais  très  atenuz  et  obligez  . 
vous  m'aurez  faict  très  grant  et  singulier  plai- 
sir que  je  recongnoistré,  Dieu  aydant,  mon 
cousin ,  auquel  je  prye  vous  tenir  en  sa 
saincle  et  digue  garde. 

Escript  à  Paris,  lexixejour  de  janvier  i55a 
(i553). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Marchant. 

(Rescritto.)  La  Regina  prega  vostra  Eccellenza 
a  voler  concédera  a  M.  Jiovan  Batista  Ben- 
civenni,  suo  capellano,  che  possa  godere  i 
frutti  de  la  prebenda  di  san  Lorenzo,  non 
oslanle  die  sia  assenle,  per  stare  résidente 
appresso  lei. 


1553.  —  5  février. 

Ou  r,  Vuli.  des  Médicis,  dalla  lilza  4726  ,  nuova  uumerazione ,  u.  îao. 

V  MO\  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  pour  ce  que  présentement 
j'escriptz  à  Nostre  S'  Père1  à  ce  que  son  bon 
plaisir  soit  consentir  les  expéditions  de  l'éves- 
ché  de  S'  Brieux  en  faveur  de  messin:  Jehan 
Du  Tillet2,  l'un  de  mes  aulmosniers  qui  esi 

1  Jules  III ,  moi  1  If  ••!  mars  1  555. 

-  Jean  du  Tillet,  originaire  d'Angouléme ,  évéque  de 
Sainl-Hrieuc  transféré  au  siège  île  Meaux  on  îôii'i. 
Il  était  fife  puiné  de  Jean  du  Tillet,  greffier  on  chef  du 
Parlement  de  Paris.  Il  esl  surtout  connu  par  sa  Chro- 
nique idin m|  drs   mis   de  Frnner  ;   il    mourut   en    1  070. 


LETTRES  DE  C VTHI 

de  ma  nourriture,  el  encore  que  je  saiche 
assez  que  sa  Saincteté  a  très  lionne  volunté 
do  me  faire  plaisir,  néantmoins  pour  la  grande 
faveur  que  je  suys  asseurée  que  su  dicte  Sainc- 
teté vous  porte  el  le  désir  que  vous  avés  à 
vous  employer  pour  moy,  je  nous  ;i\  voulu 
aussi  escripre  et  affectueusemenl  pryer  à  ce 
que  vueillez,  pour  l'amour  de  moy,  luy  faire 
entendre  le  contentement  que  je  recevray  que 
sa  dicte  Saincteté  consente  ce  que  dessus. 
Aussi,  mon  cousin,  vous prye luy  ramentevoir 
la  longue  poursuicte  que  j'ay  faicte  en  ung 
procès  que  j'ay  des  palludes  Pontines  contre 
les  héritiers  de  feu  messer  Dominique  de  Ju- 
venibus,  duquel  encores  que  les  juges  qu'il 
a  pieu  à  sa  dicle  Saincteté  nous  bailler  eu 
soyent  bien  inslruiclz,  je  n'ay  peu  jusques  ici 
en  avoir  la  vuydange;  qu'il  plaise  à  sa  dicte 
Sainctolé,  selon  l'espérance  que  j'ay  tousjours 
eue  en  sa  droicture,  équité  et  justice,  comman- 
der que  le  dict  procès  au  plustosl  preigne 
quelque  lin;  m'asseurant  bien  que  sa  dicte 
Saincteté ,  à  vostre  requeste ,  ne  m'y  deffauldra , 
dont  ne  me  sentiray  ingrate  de  ce  plaisir  à 
l'endroict  que  me  vouldrez  employer;  me 
recommandant  de  bien  bon  cueur  à  vous,  je 
prie  Dieu  vous  donner,  mon  cousin,  bonne 
vye  ei  longue. 

De  Sainct  Germain  en  Laye,  le  vcjour  de 
février  i  55a  (1 553). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1553.—  5  mai1.) 

Aut.  Bibl,  nol.  fonds  français,  n°  3296 ,  î°  a5. 

A  MA  COUSUE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE2. 
Ma   cousine,    vous   antandrés  par  Sarlan 

1   La  lettre  suivante  est  datée  de  Melun  le  t>  mai. 
Anne  d'Esté. 


RINE   DE   MÉDICIS.  75 

comme  toutes  chauses  sont  pasayes,  quy  me 
gardera  vous  escripre  granl  letre;  toutesfois 
je  ne  l'ay  vouleu  layser  aller  sans  set  mot  pour 
vous  adverlyr  que  j'espère  haystre  demayn  de 
bonne  heure  à  Meleun  où  je  m'atans  \ous  voir 
ay  nous  an  prye  byen  fort,  ay  remetanl  toul 
sel  que  je  nous  pourrais  mander  sur  le  dysl 
Sarlan ,  je  voys  pryer  Dyeu,  ma  cousine,  vous 
avoyr  en  sa  saynte  garde. 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

(1553.)—  0  mai. 

Orig.  liîlil .  nat.  fond?  français,  n°  3oo3.  f°  8. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR. LE  DUC  DE  MONTMORANCY, 

PAIR    ET    CONKESTABLE    DE    FRANCE. 

Mon  compère,  ainsi  que  j'arriviz  arsoir 
en  cesle  ville1  comme  nous  dira  ce  porteur, 
je  receuz  par  luy  noz  lectres  el  incontinanl 
s'en  alla  trouver  Monpipeau  pour  luy  dire  ce 
que  luy  aviez  commandé,  et  suis  bien  aise  que 
le  Roy  ne  faict  encores  Nenir  ses  enfans,  veu 
le  ebault  qui  laid,  et  quant  à  ce  que  me 
mandez  que  me  verrez  anuit,  j'ay  plus  de  re- 
grect  que  luy  que  ce  ne  peult  estre  jusques  à 
demain,  pour  n'avoir  donné  ordre  à  avoir  mes 
chevaulx,  pensant  qu'il  deust  revenir  comme 
il  m'avoit  dict,  et  vous  asseure  qu'encores  que 
je  n'eusse  riens  eu,  que  s'il  m'eust  escript, 
comme  vous  dictes,  que  je  n'eusse  point  failly 
d'y  estre;  mais  voiant  que  dans  sa  lectre,  il 
n'\  avoit  que  :  «le  plustost  que  je  pourvois  avec 
imite  la  compagnie*,  je  n'ay  sceu  y  arriver 
plustost  que  demain  pour  l'amour  d'eulx  ; 
car  sans  cella  nous  saNez  comme  j'ay  acous- 
tumé  d'aller  pour  aller  trouver  le  Roy,  et 
aussi  de  l'obéyr;  car.  Dieu  mercy,  depuis  que 

1  Melun. 


76 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


j ' a v  l'onneur  de  luy  estre  ce  que  je  luy  suis, 
je  ii  ay  jamais  failly  de  faire  ce  qu'il  m'a  com- 
mandé, m'asseurant  qu'il  me  faict  cest  lion- 
neur  de  le  croire  ainsi  dans  son  cueur,  qui 
me  faict  estre  contante  et  m'asseurer  que  j'ay 
cesl  heur  que  d'estre  en  sa  bonne  grâce  et 
qu  il  me  cognoist  pour  telle  que  je  luy  suis; 
qui  me  rend  asseure'e  de  n'en  estre  jamais 
esloignée ,  tant  plus  quen  je  sray  qu'estes 
auprès  de  luy,  qui  estes  et  l'aides  profession 
d'homme  de  bien.  Je  ne  vous  feray  la  présente 
pins  longue,  pour  l'espérance  que  j'ay  de  vous 
veoir  demain;  après  vous  avoir  prié  présenter 
mes  très  humbles  recommendalions  à  sa  bonne 
grâce,  priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde.  De  Meleun,  ce  VIe  de  may. 

Vostre  bonne  coumère  et  àmye, 

Caterine. 


(  1553.—  Fin  juillet.) 

Aut.  Iîibt.  nat.  fonds  français,  n°  3179,  fu  7. 
A  MA  CODSINE 

MADAME  LA  DMB  DE  MONTMORANCY '. 

Ma  cousine,  pour  set  qu'yl  y  a  longtamps 
que  je  n'é  antandeu  de  veos  neovelles,  je  an- 
voye  sel  pourteur  pour  en  savoir,  lequel  vous 
dyça  des  myenne,  quy  me  gardera  vous  an 
hayscrire  davantage;  j'ay  haysté  byen  marrye 
de  sel  qui  ayst  aveneu  à  Hedyn  -,  non  pas  pour 
la  plase,  car  ce  n'es!  pas  cheouse  qui  importe 
beaucoup  au  Roy,  mais  pour  la  perte  dé  geans 

Madeleine  de  Savoie. 
2  Voy.  Lettre  de  Henri  II  sur  la  prise  de  Hesdin ,  qui 
eut  lieu  le  iS  juillet  1  553.  (Mémoires  <h<  duc  de  Guise, 
■  "f  I .  Michaud,  2e  série,  t.  VII,  p.  655.) —  Dans  une  lettre 
de  Henri  II  à  M.  de  Vieilleville,  datée  de  Compiègne  le 
sa  juillet  1 553  (fonds  Clairambanlt,  vol.  59,f°  1397), 
on  lit  :  «et  encores  que  ce  fust  une  place  qui  n'est  pas  de 
«grand  compte,  touttefoys  y  estoient  entrés  quasi  contre 
-ma  volunté  le  duc  de  Bouillon,  mon  fils  le  doc  de 
■■  C1--I1  > 


de  byen  qui  y  estoyent,  mesme  de  vostre  frère 
pour  l'amour  de  vous;  piuis  qu'il  liaysl  an 
santé,  il  me  samble  que  ne  vous  devez  pleuk 
anneuyer;  je  veoudroys  que  vous  feusiez  icy, 
je  mettroys  peyne  de  vous  an  garder;  man- 
dez moy,  je  vous  prie,  quant  vous  y  veolés 
venyr.  Monsieur  le  Connestable  m'a  ayscripl 
de  ses  nouvelles,  je  ne  vous  an  dyré  rien, 
par  set  que  je  m'assure  vous  an  n'avez  bien 
souvant;  j'espère,  à  set  que  j'entends,  que  le 
Roy  aura  sa  revanche  de  set  que  noz  annemys 
hont  faict.  Je  ne  vous  1ère,  ma  cousine,  pleuK 
longue  lectre;  me  recommandant  bien  fort  à 
vous,  je  prie  noslre  Seigneur  vous  donner  set 
que  désirez. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


(1553.  —  Fin  juillet.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fnnils  français,  nc  3 1 &7 ,   f°  3. 

A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLK 
DE  MONT1WORANSI. 

Mon  coopère,  j'é  aislé  bien  ayse  d'antandre 

par  veos  letres  des  bonnes  novelles  du  Roy,  et 
ansi  de  set  que  m'avés  anvoié  de  Mets.  Je  ays- 
père  que,  à  la  fin,  si  plet  à  Dieu  leur  ayder 
cornant  yl  a  faysl  jeuques  ysi ,  l'Anpereur  an 
n'aré  la  bannie  que  je  lui  désire  qu'il  an  re- 
soyve.  Je  nc  se  rien  que  je  vous  piuise  man- 
der de  Qoveos,  qui  seré  cause  que  ne  \ou> 
fayré  longue  lelre,  sinon  que  je  vys  arsouir 
monsieur  le  cardinal  '-'.  «le  quoy  je  feus  byen 

1  Honorât  de  Savoie,  comte  de  Villars,  frère  de  la 
duchesse  de  Montmorency;  il  fut  fait  prisonnier.  Mar- 
guerite de  France,  dans  une  lettre  à  Henri  11,  loue 
Dieu  -de  quov  M.  le  comte  de  Villars  est  en  vie»,  et 
elle  ajoute  :  f  Je  croy  que  les  bonnes  prières  de  madame 
-la  connestable  l'ont  sové.n  (Bibl.  nat.  fonds  français . 
n'  3ai g,  f°  58.) 

'    Le    cardinal    François    de    Tournon,     né    en    i486 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


77 


ayse  pour  savoyr  ancore  mieulx  dé  aovelles 
deu  Roy;  j  s'an  retourne  demaya;  je  veodrès 
que  si'<  afayre  lin  permise!  qu'i  o'eul  pas  la 
pouine  de  s'an  aler  el  qu'i  peull  venyr  \ si. 
Se  seré  quant  v  pleré  à  Dyeu  que  Hedin  '  souil 
prins.  Je  vous  aseure  que  je  ue  piuis  pardon- 
ner à  seus  (|iii  aystel  dedans,  el  s'il  é  vraj 
sel  (|ni'  l'on  m'a  disi  anuyl  que  monsieur  de 
Rase2  a  heu  heun  coup  d'arquebouse,  j'é 
granl  regrel  qu'i  ne  L'eu!  avant  randre  Hedin, 
car  i  me  sanble  qu'il  esl  cause  de  quov  je  ne 
un  pii\  nt  le  Roy,  et  qu'il  a  anpèché  beocup  de 
ji'an  (|iii  lv  lieuse!  faysl  servise  allenr.  Je  vous 
prie, 'mon  conpère,  que  an  atandant  que  je 
aye  sel  bien,  de  me  contyneuer  à  me  mander 

sovaril  de  ses  novelles  et  me  tenir  an  saboi 

grase  à  laquele  je  vous  prie  présanter  nies 
1res  humble  recomandatyon,  et  au  volouir 
prandre  vostre  pari  d'ausi  bon  ceur  que  le 
vous  faysl 

Vostre  bonne  cou  mère  el  amye, 

Caterine. 


(1553.  —  Fin  juillet.) 

lut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3119,  f°  f>. 
A    MOV  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  DEUC  DE  MONTMORANSI, 

PEU   Et  COKNESTABLE  I1K  PRISSE. 

Mon  conpère,  je  aryvys  arsoyr  an  set  lyeu 

lieu  j  é  limé  mes  autans  sel  portant  fort  byen  : 

deuxième  lils  de  Jacques  de'Fournon,  comte  de  Rous- 
sillon,  et  de  Jeanne  de  Polignac),  archevêque  de  Lyon 
et  cardinal  d'Oslie,  mort  en  niai  i56a. 

1  Hesdin  avait  été  pris  le  18  juillet  par  les  Impé- 
riaux; Catherine  ne  parle  ici  que  de  la  reprise  do  cette 
place. 

G'esl  ainsi  qu'elle  désigne  Horace  Farnèse,  duc  de 
l.asirn,  marié  au  mois  de  février  précédent  à  Diane  de 
France.  —  Voy.  sur  sa  mort,  Ribl.  nat.  fonds  Fontanieu. 
roi.  373  el  3-6,  et  une  lettre  de  Marguerite  de  France, 
fonds  franc,  n"  3i  ao.  f  58. 


et  ausy  font  sos  que  j'é  lésés  Ânboise;  mé 
■m  réconpanse  j'é  trové  madame  de  Castre  sa 
anuyée  corn'  el1  an  a  aucasyon  pour  la  perte 
qu'ele  lia  faytte,  de  quoijesuy  byen  marrye, 
car  le  Roj  \  a  perdeu  heun  bon  servyteur2. 
que  y  n'c:  posyble  de  voyr  personne  plulx 
fâchée  qu'ele  ayst.  S'el  granl  déplésir  de  la 
perte  de  Hedin,  mes  y  me  sanble  que  le  Ro\ 
tyent  tant  de  leur  plase  que   sete  perle  ne 

serel  ryen  si  se  n'étoil  lé  Jean  lie  biens  el  de 
non  qui  son!  murs  ay  prins  dedans,  et  me 
fâche  de  panser  qu'i  ni  va  point  de  tieule  per- 
sonne de  leur  cous  té  à  la  guère,  carjeayspèn 
que  bientôt  Dieu  nous  fayré  lagrase  de  revan- 
cher  la  prinsedeTérouane3  et  sete  ysi4,  el  que 
y  ne  s'an  faudréque  deu'i  troverjean  de  tyeule 
aytofe;  par  quoy,  mon  conpère,  je  vous  prie, 
consellé  byen  au  Roj  qu'i  ne  permete  pluK 
de  mètre  de  tyeule  personnes  au  plase  qui  ne 
valet  guière,  car  les  prisonier  qu'il  ont  de  ses 
deus  plase  leur  donnera  plulx  de  repeuta- 
tyon  que  lé  ville  qu'il  ont  prinse,  car.  Dieu 
mersi.  le  Roy  a  des  leur  plulx  et  beocup  mvi- 
leures.  Vous  me  aysceuserés  si  je  vous  an 
mande  sesi,  car  vous  pouvés  panser  qu'i  ni  a 


1  Diane  de  France,  fille  naturelle  de  Henri  II  et  de 
Philippe  de  Coni,  avait  épousé  en  1 553  Horace  Fai 
nèse,  duc  de  Castro;  en  i  55"!  elle  se  remaria  à  Fia  ii    : 

*de  Montmorency,  fils  du  connétable;  c'est  elle  qui   en 
l6og  fit  rapporter  de  Blois  à   Saint-Denis  le  corps  cl. 
Catherine  de  Médicis;  elle  mourul  a  Paris  le  i  i  janvier 
i6iç).  âgée  'f'  quatre-vingts  ans.  —  Voy.  fonds   franc 
n    !o649,f*36. 

2  Elle  fait  allusion  a  la  moi  I  d'Horace  Farnèsi 

Voy.  pour  la  prise  de  Thérouanne  les  dépêches  des 
envoyés  anglais  en  France,. sic  Wotton  ,  William  Pickerin| 
et  sir  Thomas  Chaloner.  i  Kalendar  "/  State papere  .  i  -Vi-- 
1 553 ,  règne  d'Edouard  \l,  p.  289.) 

'  Elle  rappelle  la  prise  de  Hesdin  où  furent  laits  pri- 
sonniers le  duc  de  Bouillon  ,  le  comte  de  \  illars,  le  sr  de 
Prie,  le  baron  cli-  Culanl  <-i  autres  gentilshommes  de 
marque1. —  Vov.  François  de  Rabntin,  Guerres  de  Bel- 
gique, liv.  V. 


78 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


créateure  qui  santé  plulx  la  perle  deu  Roy  ay 
aye  regrel  à  la  jeoye  de  ses  eanemys  que 
moy,  ni  qui  de  milleur  reur  prie  Dieu  que 
teutte  chause  allaynl  selon  sa  volonté  el  la 
voslre,  mon  conpère,  que  faysi 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


(1553.  —  Commencement  d'août.) 

Aut.    Bibl.  nat.  fonds  franr-ais,   u°  31G7.  f°  7. 
A  MON  COMPÈBE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 

Mon  compère,  j"ay  antendeu  que  vous 
trouvés  mal,  de  quoy  je  siuis  byen  fort  marrie; 
j'av  donné  charge  à  Camby  de  vous  aller  voir 
aflyn  que  j'en  sache  des  nouvelles,  car  je  se- 
rois  en  grant  peyne  que  vous  eussiés  mal ,  pour 
l'amour  de  vous  ay  aussi  pour  le  Roy  ay 
pour  says  afiayres.  Yl  ne  tyendra  à  prier  Dieu 
(pie  i'enlrcprinse  que  vous  halle's  fayre1  ne 
vienne  à  bonne  fyn,  ay  ayspère  que  vous  rem- 
plirés  byen  le  boys  de  Vyncennes  avant  qu'il 
soyl  guères  de  tamps;  mais  je  vous  prie,  mon 
compère,  m'an  mander  incontynant  des  nou- 
velles. Je  vous  prie  me  tenyr  tourjour  an  la 
bonne  grase  deu  Roy  et  an  la  vostre  et  me 
mander  set  que  je  douys  répondre  au  deuc  de 
Floranse ,  car  y  me  sanble  qu'yl  seret  byen  à 
propos  come  vous  mande  plulx  au  long  mon- 
sieur le  cardynal  de  Touinon,  qui  seré  cause 
que  fayré  fin,  priant  Dieu  vous  donner  bonne 
santé. 

\ostre  bonne  coumère  et  amye, 
Caterink. 

1    Le  connétable    quitta    Compiègne    dès   qu'on   eut 
reçu   la   nouvelle  de  la  prise  de   Hesdin ,   et  rejoignit 


(  1553.  —  Du  1 5  au  20  août'.) 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  CUirambault,  vol.  63,  P  4i33. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  depuys  ma  lettre  ayscriple 
je  an  n'é  reseu  heune  de  vous  de  l'onsieme  de 
set  moys  et  veu  cornant  les  anemys  font  myne 
de  vous  volouyr  atandre;  je  m'aseure  byen 
que  aveques  l'ayde  de  Dyeu  que  vous  lé  bale- 
rés,  mes  je  ne  sèse  pas  pour  sela  de  désyrer 
que  le  Roy  n'y  souyt  poynt,  car  s'il  avienl 
byen,  come  je  m'aseure  tousjour,  l'aunneur 
et  le  byen  luy  an  retournera;  s'yl  avçnel  au- 
trement, n'y  estant  poynt,  le  mal  ne  saie! 
aystre  lyeul  que  y  ne  remedyé,  de  sorte  que 
les  annemys  n'aret  ryen  guagné.  Je  vous  an 
parle  en  femme  et  an  personne  qui  navra 
rien,  pourveu  que  sa  personne  n'aye  mal, 
car  vous  ayant  l'amour  à  luy,  comme  vous  luy 
avés,  que  vous  yrez  plus  ardyment,  quant 
vous  panserez  que  luy  pouré  fayre  servyse  san 
que  y  luy  souyt  an  dangé;  je  vous  prye 
luy  byen  mander  et  vous  aseure  que  de  mon 
coûté  je  fouys  pryer  tant  Dieu  que  je  m'a- 
seure qui  vous  ramènera  aveques  luy  come  je 
le  désire. 

Caterine. 


(  1 553.  —  Du  1 5  au  ao  août.  ) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ia6,  P  90. 

A  MON  COMPERE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTMORANCY, 

PEU  ET  CONNESTABLE  DE  FRANCE. 

Mon  conpère.  je  ne  vous  dyré  poynt  l'ese 

1  Lettre  écrite  avaut  d'avoir  reçu  la  nouvelle  de  la  dé- 
l'aile  des  Impériaux  par  le  connélable,  qui  eut  lieu  le 
i3  août  i553.  —  Voy.  Bibl.  nat.  fonds  Clairamhault, 

vol.  5<(,  f"  1.357. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


79 


que  je  a\  des  bonnes  aovelles  que  m'avés 
mandée,  car  \l  \  a  deus  aucasyon  pour  le 
vous  fayre  croyre  tyeul  que  je  l'a\  :  La  prymyère 
pour  le  servyse  deu  Roy  et  l'aultre  pour  l'a- 
mour de  vous  qui  avés  teurjour  ayslé  beureus; 
mes  à  asteure  vous  avés  monstre  que  l'êtes 
lanl  que  vous  remelés  le  Rov  an  sou  heur  que 
les  aullres  avel  cuydé  démyneuer  ]>ai  lour 
faultes;  mes  je  loue  Dyeu  que  vostre  antande- 
mant  el  eondouyte  a  reparé  tout  sela,  car  sete 
defayste  ayl  plulx  à  mon  gré  que  chause  que 
aye  fayl  set  annaye  l'Anpereur,  ay  vous  povés 
panser  le  plésyrque  je  an  san,  car  je  ayspère 
que,  se  voyant  bateu  de  vous  aveques  heune 
parlye.de  l'armaye  deu  Roy,  que  y  ne  nous 
hauseront  jeamès  atandre1,  mes  que  l'ayés 
loutle.  de  quoy  je  suplye  Nostre  Sygneur  el 
unis  mou  conpère  de  ne  permetre  que  le  Roy 
aile  où  \oiis  aystes2,  que  vous  ne  le  Irovyés 
hou  pour  la  réson,  el  non  pour  luy  com- 
plère,  car  asteur  là  que  ly  consellerés  je 
m'aseureré  que  se  seré  pour  -;»  répoutatyon  el 
san  danger  pour  sa  personne.  Je  ne  vous 
anuyré  de  plulx  longue  lectre  après  m'etre  re- 
comandée  à  vostre  bonne  grase  el  avoyr  pryé 
Nostre  Sygneur  vous  conserver  an  \ostre  bon 
heur  corne  le  désire  sele  qui  »«h  ayme  autant 
que  anfant  qui'  ayés. 

\  osliv  bonne  rouinère  el  ainye, 

Caterine. 

1    Le    i  'i    aoûl  ,    Henri    II    annonce    également  la 
victoire  du    connétable  à  M.   de  Vieilleville;   il  espère 
••■(lie    les  Suisses   estant   joinls   à    lui    il    passera   plus 
avant.»     (ISibl.     nal.     l'omis    (ilairambaull,    vol.     igi 
F  1 3  '.  :.  - 1 

Henri  II  était  encore  ;i  Gompiègne  le  17  août;  ce 
u'esl  que  le  ai  août  que  le  connétable  annonce  son  a/rri- 
\  ée  au  camp.  —  Voy.  Bibl.nat.  fonds  1  ilairambaull ,  vol.  5g, 

i-'l-i:   Commentaires  de  François  de  Rabutin,  coll.  Mi 
iliattd,  p.  'ii|6. 


1  l .')  j:i.        Fin  août. 

\ui    Bibl.  n. it.  1  m  ls  h  inçiiis .  a    3i3a  ,  fJ  11. 
1  MOU  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE 

DE  MONTMORANSI. 

Mon  conpère,  je  vous  mersie  byen  forl  de 
sel  que  avés  fayst  pour  M"  Jean  Batiste1,  cl 
je  m'aseure  tant  de  vous  et  de  sel  que  ne 
vous  ay  donné  ni  donneré  jeamés  aucasion  de 
avoyr  aultre  volante  que  de  fayre  pour  mo)  el 
pour  lé  miens,  que  je  n'an  foys  neule  doulte 
que  ne  \ous  anployés  tourjeur  de  bon  ceui 
pour  tnoy.  Je  ne  vous  demande  que  de  iui 
tenyr  an  la  bonne  grase  deu  Roy,  de  quoj 
je  \olis  prie  byen  fort,  et  de  me  mandei  co 
inaul  vous  faystes  sovant  de  ses  novellcs  que 
je  désire  qui  conlineue  teurjeur  de  mieulx  an 
myeuht,  romani  je  ayspère  qui  fayronl .  veu  lé 
contyneuelle  pryère  que  l'on  faysl  partout  pour 
lu\  el  prinsipalemanl  an  sele  >.ille.  qui  aunl 
tant  d'anvie  (pie  Haydyn  souit  reprins  qui 
leour  sanble  qu'il. an  seront  plulx  an  seureté. 
el  de  moy  vous  povés  panser  cornant  je  le  dé- 
sire pour  son  servise  el  pour  l'amie  que  j\ 
de  le  voyr,  qui  aysl  rose  que  je  ne  piuis  par- 
donner à  sons  qui  l'on  randeu  (pie  pour  Tan- 
neur de  Dyeu,  car  san  sela  je  veodrès  pour 
qu'i  l'eusel  a\s!é  an  Paradis  yl  y  a  sis  ans. 
Je  hué  sel  propos  pour  VOUS  prier  me  mander 
cornant  te  Roy  ara  trové  ses  anfans,  mes  \  n< 
sont    pas  tous    byen    fayst,   mes   se   luj   seré 

aulanl  de    pase-tanps  à   lé  voyr,   velà   p - 

quoi  je  lé  luy  anvoy.  Je  ne  vous  fayré  pluLx 
longue  lelre.  me  reeoniandanl  à  VOStre  bonne 
grase. 

\ ostre  lionne  eoumère  el  amye . 

Caterine. 

1   Gondi ,  cité  plus  haut. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


i.")53.  —  Fin  août.  | 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3»93 .  f"  56. 
A  H  V  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE'. 

Ma  cousine,  afyn  qui  vous  sovyegne  de  me 
mander  clé  novelles  deu  Roy  et  dé  voslre.  je 
i  m -.  -,<\  byen  veoleu  anvoyer  de  nous  freuys, 
car  là  heu  vous  ayste  je  panse  que  n'an  n'a- 
vi;s  guière;  je  parlyré  demayn  pour  ni'an  aier 
Ambovse-,  afyn  d'estre  plulxtot  de  retour 
pour  avoyr  plulx  sovaut  dé  novelles  deu  Roy; 
si  vous  le  voyes,  présanté  ly  mes  très  humble 
recomandatyon.  Je  veodrès  aystre  Marguerite 
pour  le  povoyr  voyr,  car  je  pause  que  ares 
ancore  lontamps  set  plésir  d'estre  aveques 
vostre  mari.  Plet  à  Dyeu  que  je  tousse  aussi 
byen  aveques  le  mven!  Je  vous  prie  fayre 
mes  recomandation  au  vostre  et  à  madame  de 
(iuise3.  et  an  prandre  vostre  part  d'ausy  bon 
ceur  que  vous  an  prye 

Vostre  honne  cousine  et  amye, 

Caterine. 


pleusent  autant,  je  ne  l'auidrès  de  vous  an 
fayre  part.  Madame  Daysnay  m'a  d\<l  que 
vous  ne  povyés  venyr  ancores.  de  quoyje  s\ui* 
byen  marne  ay  vous  prye,  sy  madamoyselle 
de  la  Berlandyère1  ne  vous  sert  pleulx,  que. 
pour  l'amour  de  madame  de  Castres,  nous  la 
veolyés  ranvover.  Teute  lé  foys  que  j'aré  dé 
novelles,  je  ne  faudré  poynt  de  vous  an  man- 
der; je  prye  iVostre  Sygueur  qu'ele  soyest  t\ cli- 
que vous  ay  moy  les  désirons. 

Vostre  bonne  cousine  et  amye, 

Caterine. 


1553.  —  Fin  août.) 

Aot.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3iaa  ,  f"  90. 
1  MA  CODSINE 

MADAME  LA  CONNÉTABLE. 

Ma  cousine,  j'envoye  set  pourtour  pour  sa- 
TOyr  de  veos  novelles  ay  pour  vous  porter 
sayste  laystre  de  monsyeur  le  conétable  par 
où  vous  antandrés  de  son  estât  ay  deu  lyeu 
où  vl  ayst.  Heung  secrétaire  de  monsieur  le 
cardynal  de  Tournon  quy  an  veynt  hyer  lays 
m'a  aportayes,  ay  me  dyst  qu'y  se  porte  très 
byen  ay  aussy  teult  set  quy  vous  touche.  Sy 
je   savoys  quelque  autres  novelles  quy  vous 

inné  d'Esté. 
!   File  y  allait  voir  ses  enfants. 
Antoinette  de  Bourbon. 


(1553.  —  Fin  août.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  399a  ,  f°  68. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  CONNETABLE. 

Ma  cousine,  je  vyens  de  resevoyr  iirung  pa- 
quet de  monsieur  le  connétable  que  je  vous 
anvove,  par  heu  vous  verres  tant  de  ses  no- 
velles que  je  ne  vous  en  escriré  poynt.  il 
m  avcrvst  qu'y  vous  mande  vous  an  venyr.  Je 
vous  prye  n'en  fayre  poynt  de  dvfieullé,  puysque 
vous  portés  byen,  comme  j'ay  antandeu  par 
madamoyselle  de  la  Berlandyère.  An  sete  aseu- 

'  Hilaire  de  Marconnav,  dame  de  la  Berlandière.  une 
des  dames  d'honneur  de  la  reine  Marie  Stuart.  —  Voy.  Né- 
gociât, sous  François  II,  p.  7Ù5.  —  Dans  une  lettre  de 
condoléance  à  la  connétable,  à  l'occasion  de  la  prise  de 
M.  de  Villars ,  Marguerite  de  France  lui  écrivait  :  -  Veuillez 
-croire  M"'  de  la  Berlandière,  elle  vous  donnera  ce  bon 
r  confort  que  je  suis  sure  vous  ne  serez  pas  malade. - 
(  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  3 1 5 3 ,  C  08.)  —  Voy.  égale- 
ment lettre  de  Marguerite  de  France,  fonds  français. 
n°  3iia,  f°  12.  —  Robertet,  dans  une  lettre  datée  dé 
Compiègne,  le  5  juillet  1  56i,  écrivait  au  duc  de  Nemours: 
r  Entre  M""  d'Hauteville  et  MUe  de  la  Berlandière  il  y  aune 
«si  grande  fraternité  et  intelligence  qu'elles  ne  bougent 
-plus  d'ensemble  et  qui  la  veult  trouver  la  pluspart  du 
r  temps  ne  la  cherche  plus  chez  Madame,  on  la  trouvera 
-entre  madame  la  connestable  et  la  mignone  Berlan- 
«ife.?>  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°3200,  f  i3q.) 


LETTRES  DE  CATH 

ranse  je  ne  vous  feré  pleulx  longue  letre, 
>\  iiiin  me  recoumander  byen  forl  à  vous  ay 
pryer  Dyeu,  ma  cousine,  vous  donner  sel  que 
désire 

Vosliv  bonne  cousine  el  coumère, 

Caterim:. 


El'.liVE  DE  MED1C1S. 


81 


1553.  - —  3  septembre. 

Copie.  Archives  du  RIioikv 

\  MONSIEUR  DE  LEZIGW. 

CONSEILLER  ET  MAISTRE  D'HOSTEL  ORDINAIRE  DD  ROÏ  J10NSE1GNEI  11 
TRESORIER  DE  FRANCE  ET  GEM-RaL  DE  SES  I1MNCES. 

Monsieur  le  trésorier,  le  lieu  où  est  de  pré- 
sent le  Roy  monseigneur,  avecque  nécessité 
de  ses  affaires  qui  est  telle  que  chacun  peut 
estimer  et  juger,  sera  cause  que  je  vous  priray 
et  néanlnioins  ordonneray  par  la  présente', 
que  là  où  vous  ne  seriez  de  ceste  heure  en 
vostre  charge,  que  ayez  à  vous  en  aller,  incon- 
tineiil  icelle  receue,  pour  y  résider,  sans  que, 
pour  quelque  occasion  que  ce  soit,  encores 
ipie  ce  feusl  pour  faire  vos  visilations  ou  pour 
autres  affaires  survenans,  vous  en  puissiez  au- 
cunement divertir  que  le  Roy  mon  dit  sei- 
gneur ne  soit  de  retour  de  son  voyage,  tant 
pour  accélérer  el  faire  recouvrer  tous  les  de- 
niers et  finances  du  Roy  mon  dit  seigneur, 
dont  jà  les  termes  de  paier  sont  escheuz,  que 
pour  donner  ordre  de  recueillir  des  bonnes 
villes  de  vostre  dicte  charge  les  roolles  et  cer- 
tiffications,  pour  lesquelles  vous  ont  esté  en- 
voyées les  commissions  de  ce  que  montent  en 
chascune  cf  belles  les  cens  el  rentes  foncières, 
et  entendre  des  habitans  quelles  assignations  ils 
vouldronl  demander  pour  asseurer  ceulx  qui 
en  feront  les   rachaplz.  Et  s'il  advient  qu'ilz 

'  La  Reine  était  de  nouveau  régente  par  lettres  pa- 
tentes  du  î  .">  aoi'il  i  û.V;  ;  on  lui  avait  adjoint  le  chancelier 
Bertrandi ,  Claude  d'Urfé  el  André  Guillard  sieur  du 
Mortier.  —  Voy.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  I.  lor,  1*6  :. 

Catherine  de  Médicis.  —  i. 


optent  aucuns  de  nos  greniers,  vous  nous  en 
envoyerez  les  valleurs,  el  où  ilz  aymeroienl 
mieiiK  d'autres  nos  fermes,  vous  ferez  aussi 
d'icelles  une  année  commune  sur  les  cinq  OU 
six  dernières  années.  Et,  ce  l'ail,  envoyerez  in- 
continent le  tout  es  mains  des  sieurs  Duinor- 
tier,  de  la  Costeel  di-  Voysinlieu. 

Sur  quoy  m'asseurant  qu'il  ni  aura  faulte, 
je  ne  vous  en  l'eray  la  présente  oins  longui 
si  n'est  de  prier  à  Dieu  qu'il  vous  ayl  en  sn 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  S1  Germain  en  Lave,  le  in"  jour 
de  septembre  î  553. 

Caterine. 


1553.  —  .'i  septembre. 
Orijj.  Arcli.  de  l'Hôtel  de  Ville  de  Toulouse,  liasse   ig,  n°  9. 

A  MESSIEURS  LES  CAPITOULZ 


DE    1.1    MLLE    DE   TIIOLOSE. 


Messieurs,  ayaul  été  advertie  par  le  Tréso- 
rier général  de  Tholose,  Portai,  de  la  bonne 
volonté  et  affection  que  vous  portez  es  affaires 
du  Roy  mon  seigneur  et  de  l'honneste  res- 
ponse  que  suivant  cela  vous  luy  avez  faicle  sur 
les  choses  qu'il  vous  a  remonstrées  de  sa  part, 
ainsi  qu'il  luy  avoyt  esté  par  lui  commandé,  je 
ne  veulx  oublyer  à  vous  en  remereyer  bien 
fort  et  pareillemenl  à  vous  adviser  que  je  n'ay 
l'ailly  à  le  luy  faire  entendre;  et  pour  ce,  Mes- 
sieurs, qu'il  est  besoing  que  le  dit  Seigneur 
soit  par  vos  bons  moyens  el  facilitez  prompte- 
ment  secouru  en  ses  dictes  affaires,  el  aussi 
qu'il  a  faict  eslat  certain  des  deniers  qui  pro- 
viendront tant  de  l'engaigement  qu'il  vous  a 
faict  de  son  domaine,  pour  le  payement  des 
gens  de  guerre  qu'il  a  présentement  en  son 
service,  que  aussi  du  rachapt  des  rentes  fon- 
cières, je  vous  prie  que  en  continuant  ceste 
bonne  volunté  vous  donnez  ordre  de  dilligen- 
ter  le  recouvrement  des  dicts  deniers,  de  façon 


S:! 


qu'ils  puissent  eslre  receuz  au  terme  qu'il  voua 
,  esté  mandé,  et  do  tant  plus  vous  y  userez 
de  dilligence,  d'autan)  vous  lui  ferez  service  à 
propos  et  à  moi  tirs  agréable.  Priant  Dion. 
Vfessieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa  sainete  cl  digne 

garde. 

Escripl  à  S'  Germain  enLaye.  le  m"  jour 
de  septembre  i  .">53. 

Gatbrine. 
Bdrgensis. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

mander  pieux  aseurémanl    de   bonnes  nou- 


i  1553. —  Du  3  au  8  septembre.) 

\ul.  Rtht.  ikh.  fonds  français,  n°  3ia5,  f°  17. 
A  MON  CONPÈRB 

MONSYEIR  LE  CONTESTABLE. 

Mon  conpère .  j'ay  reseu  vostre  laystre  ay  an 
tandeu  parLansac1  comme  les  anemys  se  son! 
trouvés  sy  estonnays  qu'y  ne  savet  que  fayre2, 
de  quoy  je  su\s  byefi  fort  ayse  ay  an  loue 
Nostre  Seigneur;  sy  contyneuent,  y  ne  nous 
feront  poynl  de  mal  pour  sayste  anuayée,  et 
je  l'an  prye  de  bon  cueur,  ay  qu'y  vous  donne, 
mon  compère,  aussy  bonne  forteune  que  vous 
avez  teurjeur  acoutumé  d'avôyr. 

\  oslxe  lionne  coumère  et  amye, 
(Utérine. 

(1553.  —  Du  3  au  8  septembre.) 

Va.  lîibl.  nal.  fonds  français ,  n°  3i&o,f°35. 
V  Ml  COMMÈRE  MADAME  l.A  COHSESTABLE, 

DEUCHESE   DE  MON  MORANSY. 

Ma  comète,  j'ay  atandeu  à   vous  ayscripre 
jeusques   à   sesto   heure   pour  vous   |)ouvoir 

Louis  de  Sainl-tîelais,  cité  plus  liant. 

Le  a  septembre  i533  le  connétable  écrivait  à  M,  .le 
VieHieviUe  :  -I.es  ennemis  voyant  le  ra\  marcher  vers 
«euh  se  sont  toujours  retirés  le  plus  avant  dans  leur 
•<pays.-  (Bibl.nat.  fondsClairambault,  vol.  5a,  p.  i383.) 
Voy.  dépêche  de  sir  Wotton.  (Kalmdar  0/  State  pa- 
ptn,  année  i553,  règne  de  Marie,  p.  9.) 


voiles  de  monsieur  le  conneslable  que  j'ays- 
père,  si  les  chouses  contyneuent,  sera  pour 
sayte  fois  hors  de  dangier,  car  l'Empereur 
fayst  reculle  d'eune  jeournaye1.  Je  me  doute 
que  nous  aurons  pieux  d'affaires  deu  coslc  de 
Picardie,  toutesfois  je  m'assure  bien  que  le 
I!<>\  ay  monsieur  le  conneslable  y  mêleront 
si  bon  ordre,  que  teut  yra  selon  son  intan- 
cion.  Si  vouldrois-je,  ma  commère,  que  vous 
feusyez  icy,  tant  pour  aystre  pieux  loing  des 
ennemys  que  pour  le  plaisir  que  ce  me  serait 
vous  avoir  auprès  de  moy;  en  l'atlandant  je 
vous  ferav  teusjeurs  part  de  noz  bonnes  nou- 
velles. Je  sauray  par  set  porteur  des  vostres 
quejeprieN'oslre  Seigneur  aystre  ausy  bonnes 
que  je  les  désire. 

Vostre  bonne  comère  et  amye, 

Caterine. 


(1553.  —  Du  3  au  8  septembre.) 

Anl.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3ao,S ,  f  so. 

A  MA  CODSIRE 

MADAME  LA  DELCHESSE  DE  GUISE 

Ma  cousine,  j'é  aysté  la  plulx  marrye  deu 
monde  de  avoyr  antandeu  que  ne  vyendryé 
poynl  ancore;  je  vodrès  que  feusyé  au  moyns 
pasée  par  vsy,  car  j'é  grant  peur  de  ne  vous 
voyr  de  lontamps,  et  je  vous  prye  me  mander 
alla  véryté  quant  je  are  set  plésyr,  el  an  set- 
pandanl  au  moyns  que  je  aye  sovant  de  vos 

1  Dans  une  dépêche  de  l'ambassadeur  Wotton,  <  1  ui- 
nous  traduisons,  on  lit  :  -La  reine  Catherine  a  tnformi 
«ries  ambassadeurs  que  le  Roi  et  son  armée  avaient 
-passe  la  Somme  et  marchaient  à  l'ennemi,  qui  avait 
-évacué  son  camp  et  se  relirait  en  grand  désordre.  La 
s  reine  est  très-joyeuse  de  ces  nouvelles.  L'armée  fran- 
-çaise  compte  3o,ooo  hommes  d'infanterie,  y  compris 
»  les  Suisses  nouvellement  venus,  et  -c.  ■  chevaux.-  {Kn- 
lendar  of  State  papers.  règne  de  Marie,  p.  9.) 
Inné  d'Esté. 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MÉD1CTS. 


83 


ni i\ elles,  que  vous  n'an  manderés  jeàmès  à 
personne  (jui  vous  ayrae  myeulx  ny  que  dé- 
syre  plulx  qu'ele  souyl  tyeules  que  vous  mêmes  ; 
les  saryés  désyrer  que  je  l'oins.  Quant  à  vous 
mander  dé  myenes,  je  suys  plulx  à  mon  ayse 
que  né  ayslé,  ayant  seu  que  les annemys sont 
recoulés,  qui  nie  faysl  aseurer  qu'i  n'j  ora 
poynl  de  batalle  cl  que  le  Roj  ne  serel  pas 
guyère  demeurer  après  avoyr  fayst  quelque 
lionne  chause,  corne  je  ayspère  qu'y  fayré, 
qui  serë  cause,  par  vanteure ',  de  fayre  venyr 
l'Anpereur  à  quelque  apouyntemanl  :  de  quoy 
je  prye  Dveu  de  bon  ceur  et  \ous.  ma  cou- 
svne  .  de  fayre  nies  recomandatyon  à  ma- 
dame de  Guyse  et  an  prandre  vostre  pari. 
Vostre  bonne  cousine  et  amye, 

'  Caterine. 


espérant  que  île  brief,  à  l'ayde  de  Dieu,  nom 
en  aurons  de  meilleures  dont  ne  faudra^  vous 
advertir,  priant  Dieu,  mon  oncle,  vous  avoir 
eu  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  S'  Germain  en  Laye,  le  vin  juin 
de  septembre  i  553. 

\  ostre  bonne  nyepse, 

Caterine. 

BoCHETEL. 


1553.  —  si  septembre. 

Orig.  Arch.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  ourle,  allin  de  vous  fayre  tousjours 
participant  des  nouvelles  que  j'ay  de  l'armée 
du  Roy  monseigneur,  je  vous  envoyé  un  petit 
extraie!  de  celles  que  j'ay  dernièrement  eues2, 

1    Ventewe,  aventure,  en  italien  Ventura. 

5  C'est  sans  aucun  doute  la  reproduction  d'une  note 
envoyée  à  Florence  le  1 5  septembre  i55o  et  que  voici  : 
-Per  avanli  vi  ho  scritto  le  nove  che  havemo  havuto  dal 
-campo  del  Re  mio  signore,  et  ancora  che  per  quel!' 
-vi  ho  mandalo  ultimamente  vi  habbi  fatto  intendere  che 

ndose  l'esercito  dell'  Imperatore  diviso  per  la  mettà, 

-una  parte  del  quale  era  di  là  del  fiume  di  Lescault,  et 
-l'allia  in  Cambrai,  nientedim^no  havendo  nel  hora  del 
isuo  arrivo  in  detto  luogo  bavulo  aviso  che  l' Impera- 
-tore  con  qnalche  allre  forze  veniva  a  ritornar  l'allra 
-parle  del  esercito,  quai  era  passalii  la  fiumana  di  Les- 
-cault,  et  se  era  reliralo  verso  Valenlianes,  Sua  Maestà 
-Christianissima  mutô  proposilo  et  deliberalione  e  passé 
-oltra  nel  paese  inimico  per  andar  a  Irovar  delto  tope- 
-ratore  et  preseotarli  la  baltagtia,  et  repulsarlo  dentro 
-al  suo  paese  il  phi   avanti  che  polrà  ;  et  poi  deliberar 


1553.  —  9  septembre. 

Orig.  Arch.  de  rltùlel  de  Ville  de  Toulouse,  liasse  ig,   n*  10. 

A  MESSIEURS  LES  CAPITOLLZ 

DE   THOLOIZI. 

Messieurs,  aiant  entendu  le  contenu  d'une 
requeste  qui  a  eslé,  de  vostre  part,  présentée 
aux  gens  du  conseil  prive'  du  Roy  monseigneur, 
pour  le  faict  des  rachaptz  des  rentes  et  cen-, 
sives  estant  tant  en  la  ville  de  Tbolouze  que 
fauxbourgs  d'icelle,  qui  ont veu  l'édict  parti- 
culier que  par  cy  devant  vous  a  esté  expédie 
et  coppie  des  lettres  patentes  que  dernièrement 
vous  ont  esté  envolées;  sur  quoi  a  esté  par 
eulx  advizé  que  assemblée  généralle  sera  l'aille 
en  la  maison  de  vostre  ville,  ainsi  que  avez 
accoustumé  de  1ère,  en  laquelle  seront  appe 
lez  ceulx  qui"  y  prétendent  droit  de  censive. 
comme  vous  pourrez  plus  amplement  veoir  et 
entendre  par  l'appoinctement  mis  au  pied  de 
la  dicte  requeste,  et  pour  autant,  messieurs. 
qu'il  est  bien  requiz  qu'il  soit  en  cela  par 
vuu>  promptemenl  procédé,  à  ceste  cause  je 
vous  prie  et  néanmoings  ordonne  par  la  pré- 
sente que  le  plus  tost  et  à  la  meilleure  dili- 
gence que  1ère  ce  pourra,  vous  aiez  à  1ère  la 

rcon  li  soi  capilani  quel  che  havrà  da  lare.  \i  posso 
cassicurare  che  doppo  che  Sua  Maestà  Christianissima 
ne  in  campo,  ha  sempre  cacciato  li  suoi  nemici,  senza 
nchemai  l'babbiano  voluto  aspettare.n  (Arch.  des  Me- 
rlin-, dalla  filza  A72O,  nuova  numerazione,  p.  187.) 


8/1 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


dicte  assemblée  et  en  mander  à  cenlx  du  dict 
conseil  l'adviz  et  résolution  que  sur  ce  vous 
en  aurez  prinse,  pour  icelle  veue  y  eslre  pour- 
veu  par  le  Roy  mon  dict  seigneur,  comme  il 
verra  estre  à  fère  par  raison,  en  quoy  faisant 
ferez  service  au  dict  seigneur  el  à  moy  très 
agréable  et  à  Dieu,  messieurs,  qui  vous  ayt  en 
sa  saincte  garde.  Escript  à  S'  Germain  en  Laye, 
le  ix*  jour  de  septembre  1 553. 

Caterine. 

RllRGENSIS. 

1553.  —  i5  septembre. 

Orig.  Arch.  de  Modène. 

■V  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  je  vous  ay  cy  devant  advertv 
des  nouvelles  que  j'avoys  receues  du  camp  du 
Roy  monseigneur  el  combien  que,  parce  que 
je  vous  en  ay  dernièrement  envoyé,  je  vous 
aye  faict  sçavoir  que  s'estant  Tannée  de  l'Em- 
pereur départie  la  moiclyé  de  delà  la  ryvière 
de  l'Escault  et  l'autre  s'estant  gectée  dedans 
Cambray,  où  le  Roy  les  avoit  poursuivyz, 
ayant  une  fois  délibéré  assiéger  la  dicte  ville, 
toutesfois  ayant,  sur  l'heure  qu'il  arriva  là, 
esté  adverty  que  l'Empereur  avecques  quel- 
ques nouvelles  forces  venoit  retrouver  l'autre 
partie  de  son  année  qui  avoit  passé  la  rivière 
de  l'Escault  et  s'esloit  retirée  vers  Vallen- 
ciennes,  le  dict  seigneur  changea  d'adviz,  passa 
oultre  dedans  le  pays  de  ses  ennemis  pour 
aller  trouver  ledict  Empereur,  luy  présenter  la 
bataille  et  le  repouser  encores  dedans  ses 
dicts  pays  le  plus  avant  qu'il  pourra,  pour,  ce 
faict,  après  adviser  et  délibérer  avecques  les 
gens  de  bien  et  cappitaines  qu'il  a  avecques 
lux  ce  qu'il  aura  à  faire;  tant  y  a  que  je  vous 
puis  asseurer,  mon  oncle,  que  depuis  que  le 
lîoy  est  entré  en  son  camp  il  a  tousjours 
chassé  et  repoussé  ses  ditz  ennemis  devant  luy 


sans  qu'ilz  l'ayent  jamais  ousé  attendre:  de 
ce  qui  en  viendra  cy  après,  je  ne  fauldro\ 
vous  donner  advis.  Priant  Dieu,  mon  oncle, 
qu'il  vous  ait  en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  S1  Germain  en  Laye,  le  \v°  jour 
de  septembre  1 5  5 3 . 

Vostre  bonne  niepse, 

Caterine. 

BûCHETEL. 


1553.  —  ai  septembre. 
Orig.  Arch.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  sçacbant  le  plaisir  que  vous  re- 
cevez d'entendre  souvent  nouvelles  du  Ro\  el 
de  son  armée,  je  vous  envoyé  celles  que  j'ai 
dernièrement  eues,  par  où  vous  verrez  ta 
honte  que  le  Seygneura  faicte  à  ses  ennemys, 
ausquelz  il  a  eslé  jusques  à  leur  nez  présen- 
ter la  bataille,  mais  quelque  chose  qu'il  y  ait. 
ils  n'ont  jamais  osé  sortir  de  leur  fort.  Il  est 
vray  qu'il  a  pris  sa  revenche  sur  le  dommaige 
qu'ilz  ont  cy  devant  faict  en  son  royaume,  tel 
que,  de  tous  temps,  ils  en  auront  souvenance. 
Priant  Dieu,  mon  oncle,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincte  garde.  Escript  à  S1  Germain  en  Laye. 
le  xvi1"'  jour  de  septembre  i553  '. 

Voslre  bonne  niepce, 

Caterine. 

BûCHETEL. 


1553.  —  a3  septembre. 

itii;..  liibl.  nat.  Tonds  français,  n°  3901,  f*  i. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 


Mon  compère,  ayant  entendu  voslre  inalla 


1  Voy.  la  dépêche  de  sir  Wolton  à  la  date  du  ao  sep- 
tembre. [Kalendwof  Statu papers,  règne  de  Marie,  p.  i3. ) 


LETTRES   DE   C  \THE1UNE  DE   MEDICIS. 


85 


die'  dont  H  m'a  grandement  despieu  el  des- 
plaist,  j'ai  dépeschéce  gentilhomme  pour  vous 
aller  visiter  de  ma  pari,  vous  priant,  mon 
compère,  me  faire  ce  bien  et  plaisir  de  me  le 
renvoyer  incontinent  et  me  faire  advertir  par 
quelq'ung  de  ceulx  qui  son!  à  l'entourde  vous 
comme  vous  vous  serez  trouvé  et  de  l'estal  et 
disposition  de  vostre  personne  dont  je  ne 
serav  du  tout  à  mon  aise  que  je  ne  la  sache; 
quant  à  la  mienne,  ce  porteur  vous  en  dira 
des  nom  elles,  el  encores  que  je  me  porte  bien, 
si  est-ce  que  pour  estre  le  jour  de  ma  fièvre, 
laquelle  touteffoys,  comme  j'espère,  ne  me 
tiendra  poincl,  cela  a  gardé  que  je  ne  vous  ay 
escripl  de  ma  main;  priant  Dieu,  mon  com- 
père, vous  donner  aussi  bonne  santé  que  je  la 
désire  pour  moy;  escripl  à  S1  Germain  en 
Lave,  le  xxme  jour  de  septembre  1 553. 
Vostre  bonne  coumère  et  aune. 

Caterine. 


1  553.  —  i'i  septembre. 
Orig.  Arcli.  des  Médias,  dalla  lil/.t  1736,  nuova  Dumerazione,  p..i38. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du  pre- 
mier jour  du  mois  passé,  par  laquelle  vous 
m'avez  l'ail  entendre  le  mariage  qui  vous  a 
esté  proposé  de  l'une  de  voz.  tilles  avec  le  -.ei- 
gneur  Paule  Jordan  Ursin2,  el  les  causes  et 
considérations  qui  vous  meuvent  d'y  entendre, 

Lord  Grev  écrivait  de  Gaines  le  ■>'■>  septembre  1 553  : 

-Le  roi  s'est  retiré  à  Sainl-Quenlin  à  cuise  de  la  maladie 
-  du  connétable.';  (Kalendar  qf  State  paper$ ,  iv;;ne  de 
Mario,  p.  10.)  —  Le  cardinal  de  Lorraine  écrivait  à  M.  le 
duc  de  Nevers  :  «Le  conneslable  est  fort  maigre,  débile 
el  il  a  besoin  d'un  long  repos  pour  se  refaire.-1  (Bibl. 
luit,  fonds  Clairambault,  vol.  ôq,  p.  1  iT>7 ).  —  Voy.  We- 
motrea  du  due  de  Guise,  collecl.  Mirhaud,  I.  VI,  p.  -M2. 
J  Isabelle  de  Médicis.  tuée  en  1576  par  son  mari, 
Paolo  Giordano  Orsini.  —  Voy.  Lilta ,  Famiglie  eekbri  ita- 
liane,  t.  II. 


lesquelles  je  trouve  raisonnable-,  ayanl  esli 
1res  aise  que  vous  m'ayez  voulu  l'aire  partici- 
pante des  contantement  el  satisfaction  que 
vous  en  avez,  lu  quand  vous  m'advertirez  de 
vostre  vouloir  et  inlencion  sur  les  paili/  que 
vous  désirez  trouver,  tant  pour  marier  voz 
deux  autres  filles1  dont  l'aisnée  est  l'une,  que 
semblablemenl  pour  voz  lilz-,  je  vous  presti 
r.iv  en  cella  de  bien  bon  cueur  tout  le  conseil, 
ayde  et  faveur  que  je  pourray,  pour  la  sin- 
gulière affection  que  je  porte,  comme  en  telles 
choses  il  est  bien  raisonnable  à  ceulx  qui  sont 
\ssuz  île  ma  maison  paternelle,  lesqueiz  je 
désire  estre  alliez  el  collocquez  en  lieux  dignes 
et  convenables  à  la  grandeur  dont  elle  est.  El 
sur  ce  je  prieray  Dieu  ,  mon  cousin,  qu'il  vois 
aict  en  sa  très  saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  S1  Germain  en  Lave.  le  xxnr  jour 
de  septembre  1  553. 

[De  sa  main):  Je  veodrès,  mon  cousin,  qu< 
vous  creussiés  veos  bon  parans  el  amis  qui 
vous  ayme  mieulx  que  ne  pansés,  come  le 
conestrés  quant  vous  veodrés. 

Vostre  bonne  cousine. 

(Iateiii.vk. 


1 553.  —  a8  septembre. 

Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B  iaô3,  registres  <hi  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANT  LA  COURT   DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  j'ay  receu  les  lettres  que  m  ave/ 
escriptes  avec  les  doubles  des  placardz  qui  onl 

Virginie,  mariée  au  duc  de  Modène;  Lucrèce ,  née 
en  i.Vi:!,  mariée  à  Alfonse  d'Esté,  duc  de  Ferrare,  morti 
1.'  i>  1  avril  i56i.  —  Voy.  Litla,  Famiglie  celebn  italiatu 
t.  II. 

'  Giovanni, né  en  i543,  fait  cardinal  en  i56o,  morj 
en  1  562  (sa  mort  est  attribuée  à  son  frère  Garzia);  Garzia  . 
né  en  i5'io,  mort  en  1Ô62;  Ferdinand,  né  eu  ij'i;i. 
mort  le  20  décembre  1637. —  Voy.  Litla,  Famiglie  celebrt 
italiane,  t.  Il,  et  Bibl.  nal.  fonds  franc.  n°  1 5^77.  I"  56(j 


86 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


esté  mis  à  S'Inuocenl  et  à  la  porte  du  Chas- 
telel  à  vous  présentez  de  la  part  du  prévost 
des  marchans  et  eschevins  de  la  ville  de  Paris; 
el  encores  ([ue  je  pense  bien,  ainsy  que  m'es- 
cripvez,que  cella  soit  proceddé  d'aulcuns  mal- 
veillans  desditz  prévosts  des  marchande  et 
eschevins,  et  plustost  pour  intimider  que  pour 
entreprendre,  si  est,  Messieurs,  que  n'eussiez 
sceu  mieux  faire  que  d'en  donner  advis  à  moy 
et  aux  gens  du  conseil  du  Roy  monseigneur 
estant  icy  eslablys,  aussy  d'adviser  à  l'expé- 
dient qui  pour  ce  estoit  nécessaire,  amplement 
desduict  par  voslre  lettre,  lequel  avec  les  gens 
du  dict  conseil  j'ay  trouvé  aullant  bon,  pru- 
dent et  délibéré  qu'il  est  possible.  Et  toutes- 
fois  pour  mieulx  et  plus  facilement  descou- 
vrir  telle  entreprise,  si  eutreprise  elle  se  doibt 
appeler,  il  m'a  semblé  qu'on  doibt  accroistre 
reste  somme  de  deux  cens  escuz  pour  le  loyer 
de  ceux  qui  la  révéleront  jusques  à  cinq  cens 
escuz,  et  aussy  qu'il  sera  trop  bon,  sans  trop 
esmouvoir  la  ville,  ne  faire  chose  qui  puisse 
amener  scandalle;  que  debvez  faire  informer 
secrettement  de  cesle  affaire  icy  et  mectre 
peine  de  faire  cognoistre  l'escripture  desdictz 
placardz,  ordonner  aussy  aux  commissaires  et 
quarteniers  d'avoir  l'œil  et  de  prendre  garde 
que  aucunes  assemblées  ne  se  facenl  es  lieux 
ei  endroictz  de  leurs  charges,  et  s'il  s'y  en 
faicl,  les  départir  et  dénoncer  à  justice,  vous 
ad\  isant  au  surplus  que  j'escrips  présentement 
au  sr  de  Bois  Dauphin  que,  si  ceux  de  la  ville 
ont  besoing  de  quelque  artillerie  légère, 
pouldre  et  bouletz,  combien  que  je  pense  qu'ilz 
eu  avent  assez,  qu'il  leur  en  face  délivrer,  el 
quant  employer  en  la  conduite  d'icelle  ung 
des  commissaires  de  l'artillerie  qui  a  nom  Le 
l'ont ,  et  telz  autres  qui  se  trouveront  là,  ayant 
charge  de  ladicte  artillerie.  Estimant,  Mes- 
sieurs, que  par  voz  prudences,  vous  donnerez 
à    toul    si    bonne   et   diligente  provision  que 


quand  ores  telles  assemblées  se  debvroient 
faire,  vous  les  sçaurez  si  bien  rompre  et  dé- 
partir qu'il  n'en  adviendra  danger  ny  incon- 
vénient quelconque.  A  quoy  je  vous  prye  tant 
que  je  puis,  veiller  el  travailler,  comme  le  Rov 
et  moy  y  avons  entière  et  parfaicle  fiance, 
conduisant  toutesfois  les  choses,  si  faire  se 
peult,  par  telle  dextérité  que  aucun  trouble, 
émotion  populaire  ou  scandalle  n'en  puisse 
provenir;  et  sur  ce  je  prie  Dieu,  Messieurs, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à 
S1  Germain  en  Lave,  le  xxvme  jour  de  sep- 
tembre 1 553. 

Caterinb. 
bocuetel. 


(1553.  —  Fin  septembre.) 

Aut.  lîibl.  nat.  fonds  français,  n'  3aai  ,  l    is." 

A  MA  CUISINE  MADAME  DE  GUÏSE'. 

Ma  cousine,  je  vyens  asteure  de  resevoyr 
set  deus  lestres  et  non  aultres,  que  je  né  heu 
le  loysyr  que  de  lyre  et  vous  ayscrypre  set  most 
pour  les  vous  auvoyer,  sachant  byen  le  plésyr 
que  vous  fayré.  Tout  le  monde  set  porte  byen, 
je  vous  an  n'aseure.  Adyeu ,  car  je  suys  sy 
ayse  que  je  ne  vous  say  que  dyre,  synon  que 
le  Bov  set  porte  très  byen  et  est  au  Cateo  an 
Cambresy  anuyt  -.  \1  est  jeudy,  et  qualr'eures 
après  nivdv.  Mes  recomandatyon  àvostre  belle- 
mère  et  à  vous. 

Vostre  bonne  cousyne, 

Caterine. 

1  Arme  d'Esté  citée  plus  haut. 

2  Une  lettre  d'Henri  II  au  cardinal  de  Ferrare  est 
datée  du  camp  de  Cateau-Cambrésis,  le  20  septembre 
i553.  — Voy/Ribier,  Mémoires  d'État,  t.  Il,  p.  473.  — 
Dans  une  Relation  des  Itostihtés  dam  le  Cantbrésit,  en- 
voyée par  l'ambassadeur  Renard  et  non  datée,  mais  qu'il 
faut  rapporter  au  ao  septembre  1  553,  on  lit:  eLexYiii" 
«allarent  (les  François)jusqu'auxespaules(fortifications) 


1553.  —  Fin  septembre.) 

Aut.  BiM.  nat.  fonds  français,  n°  3iio  ,  f"  39. 

\  MA  COI  SYNE  MADAME  LA  DEl  GHAYSE 

DE  MOMIOIUNSY'. 

Ma  cousine,  je  bay  à  se  soyr  heu  heung  de 
mes  laquays  quy  m'a  apourtaj  des  nouvelle 
ilen  Roy,  quy  doyl  haystre  aujourd'uy  à  Chas- 
teau  Cambrésy  ay  se  porte  byen,  aussy  faysl 
monsyeur  le  connestable  ay  Danvylle.  Pour 
sel  que  l'on  ne  me  hayscrist  autre  chouse,  le 
Kov  me  avoyra  demain  Robertet  pour  me 
mandayr  teull  au  long-  de  ses  novelles.  de 
quoy  je  vous  feray  part  ynconlynanl,  vous 
pryant,  ma  cousyne,  me  mander  des  vostres 
a\  vous  an  venyr  ysy  ie  pleulx  toust  que  vous 
pourez  nous  voyr,  car  j'ayspère  que  nous  ne 
serons  pas  lohgtamps  sans  revoyr  la  compa- 
gnye,  dont  je  prye  Nostre  Signeur  ay  vous 
donner,  ma  cousyne ,  teut  set  que  vous  désy- 

rés. 

Vostre  bonne  cousyne  et  comère, 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS.  87 

je  vous  avois  parle,  d'aller  au  camp,  pour  ce 
que  j'en  ay  nécessairement   affaire,  ce  qu  il 


m'a  accordé  comme  je  vous  escript  présente- 
ment; à  ceste  cause,  je  vous  aj  aussi  bien 
voulu  escripre  la  présente  par  ce  porteur  que 
je  vous  envoyé  exprès  et  vous  prier  suivant  la 
\  ilimlé  du  dii't  Seigneur,  actendu  mesmesque 
je  n'a\  pour  le  présent  autres  gentil/.boninies  à 
mon  service  qu'eulx,  les  voulloir  excuser  d'aller 
audictcamp,  vous  asseurant  que ,  ce  faisant, 
meferezbien  plaisir,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

De  S'  Germain  en  Laye,  ce  deuxiesmejoui 
de  novembre. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 
hossignol. 


1 1 553.)  —  a  novembre. 

Orig.  BiW.  nat.  fonds  français,  n"  20/1.59,  I'   53. 

\   MON  COUSIN  MONSIEUR  DE  BOISt. 

CHEVALIER   DE    L'ORDRE   DC  DOT    MONSE*'Mi  T 

CJMlfD  KSCU1ER    DE   FRANCE  ET  CAPITAINE    DES  CBNT    CF.NT1LZ-HOMM  ES 

DE    I/IIOSTEL    DU    DIT    SEIGNEUR. 

Mon  cousin,  depuis  vostre  parlement  de  ce 
lieu,  j'ay  parlé  au  Roy  monseigneur  et  prié 
de  voulloir  excuser  les  srs  de  Murât  et  de  la 
Tour  d'Argy,  mes  gentilzhommesservans,  dont 

itdeCbasteau-Cambresiz,  et  le  xi\'  y  séjournarent  pour 
1  faire  marcher  tours  bagaiges,  et  dois  là  vont  à  Guise 
sel  Saint-Quentin  pour  se  retirer,  rompre  leur  camp 
-et  asseoir  leurs  garnisons.  1  (  Papiers  d'Etat  du  cardinal 
ie  Granvelle,  t.  IV,  p.  107.) 
1   Madeleine  de  Savoie. 


1  I  553,        Novembre.) 

Aut.  BiM.  net.  fonds  français,  u1  3>nt.  f  3o. 

A   \|o\  COKPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  s'an  alant  M°NycoloAlamannj 
dever  le  Roy  et  vous1,  y  m'a  pryé  le  vous  re- 
comander,  set  que  j'é  byen  veoleu  fayre,  el 
vous  pryer  le  volouyr  aysceuter2  de  set  qu'il 
vous  veolt  dyre  touchant  son  faysl  dé  gualère. 
Quant  à  mes  novelles,  je  aryvys  mécredys  au 
souyr  en  set  lyeu3,  heu  j'é  trové  Madame4 
fesant  très  bonne  chère  et  angrésaye,  et  ma 
pettiytte  fylle5  se  portant  sy  byen  que,  aurmys 
qu'ele  é  byen  mégrie  par  le  cor  et  heun  peu 
foyble,  vous  dyryé  à  voyr  son  vysage  qu'ele 
n'a  poynt  ayslé  malade  el  à  le  heuyr  parler. 

1  II  allait  être  envoyé  en  Angleterre  pour  porter  des 
présents  à  la  reine  Marie.  — Voy.  Kalendar  of  State  pa- 
pers,  règne  de  Marie,  p.  ai. 

2  Écouter. 
Auiboise. 

1  Marguerite  de  France,  sœur  de  Henri  II. 
Marguerite  de  Valois. 


iS 


LETTRES  DE  CATH 


Je  ae  vous  fayré  plulx  longue  letre,  après  mes 
recomandalyou  et  pryer  Dyeu  vous  donner  set 
i]iio  vous  de'syre 

Vostre  bonne  coumère  et  araye, 

Caterine. 


(1553.  —  Fin  décembre.  ) 
Orig.   Irch.  des  Médicis,  dalla  Dlza  47:16,  nuo\a  numerazionc. 

A  LÉON  STROZZI. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  par  Gilles  tout 
ce  i|ue  me  mandez,  à  quoy  je  ne  vous  feray 
response  pour  ceste  heure ,  car  Tomaso ï  sera 
bientost  dépescbe'  vers  vous,  par  lequel  co- 
gnoistrez  de  tout  bien  au  long-,  mais  je  vous 
diray  combien  j'ay  esté  aise  de  ce  qu'avez 
mandé,  et  non  pas  moy  seulement,  mais  aussi 
le  Roy  et  monsieur  le  connestable2.  11  ne  fault 
pas  que  vous  pensiez  que  ce  que  je  vous  ay 
escript  t'ust  que  j'eusse  aultre  opinion  de  vous 
que  ce  que  je  vois;  mais  je  voulois  que  vous 
tussiez  adverty  de  tout  e!  que  fissiez  cognoistre 
à  tout  le  monde  vostre  intention  comme  à  moy, 
i»t  comme  vous  avez  faict  à  ceste  heure.  Je 
vous  asseure  que  vous  n'aurez  jamais  tant  de 
bien  et  de  contentement  que  je  vous  en  désire, 
comme  vous  cognoistrez  tousjours  plus  par 
effect  que  par  parole.  Tomaso  m'a  dict  qu'il 

1  Thomasso  del  Veccbio. 

2  Le  a 5  décembre  i553,  Pierre  Strozzi  de  son  côté 
sollicitait  du  connétable  de  Montmorency  la  rentrée  en 
grâce  de  son  frère  le  prieur  de  Capoue  venu  à  Terra- 
cine.  Il  lui  rappelait  que  son  frère  avait  refusé  toutes  les 
offres  de  l'étranger  pour  reprendre  le  service  du  roi.  Le 
prieur  demandait  l'entretien  de  six  galères  (il  en  amè- 
nera quatre  toutes  armées  et  les  deux  autres  dans  un  an) 
e l  réclamait  le  titre  de  général  de  toutes  les  galères  qui 
-nui  sur  les  cotes  d'Italie.  Par  une  lettre  du  26  janvier 

.    '1 ,  le  connétable  accepta  toutes  ces  propositions  et 

chacune  de  ces  galères  fut  entretenue  à  raison  de  '100  écus 

par    mois.  (Bibl.    nat.    fonds   Clairambault,    vol.    5g, 

1  5i3.)  —  Voy.  la  lettre  du  connétable  à  Pierre  Strozzi. 

l'omis  Clairambault,  vol.  5g,  f°  1575.) 


ERIINE   DE  MEDICIS. 

est  lout  presl  à  vous  bailler  l'abbaye,  qui  vous 
vaudra  trois  mil  deux  cents  livres,  et  si  n'estes 
content  de  cela,  qu'il  vous  baillera  encore 
pension  jusqu'à  quatre  mil  livres,  et  non  pas 
cela  seulement,  mais  l'évesché.  L'abbaye,  il 
est  prest  de  la  remestre  entre  mes  mains  si 
vous  voulez  ce  qu'il  demande  que  vous  vous 
eu  contentiez,  affin  qu'il  ayt  meilleur  moyen 
de  vous  favre  service  en  s'en  entretenant  hon- 
nestement.  Il  en  parle  de  si  bonne  façon  et 
se  montre  tant  affectionné  à  vous,  que  j'ay 
bien  voulu  vous  en  escripre,  car  il  m'a  dicl 
qu'il  ne  veult  tenir  bien  que  de  vous.  Je  ne 
vous  manderay  pour  ceste  heure  aultre  chose, 
pryant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  garde. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1554.  — Mai.) 

Orig.  Arch.  de  Modène. 

A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mou  oncle,  encore  que  M'  Thomasso  del 
Vechio1  soit  assez  suffisant  pour  vous  dire 
bien  au  long  de  nos  nouvelles,  du  Roy  mon- 
seigneur et  de  toute  ceste  compagnie,  si  n'ay- 
je  voulu  laisser  pour  cela  de  vous  escripre 
cette  cy  pour  vous  asseurer  toujours  du  plai- 
sir que  je  aurois,  si  je  avois  le  moyen  de  vous 
faire  cognoistre  par  effect  comme  je  me  sens 
tenue  à  vous  de  la  bonne  volonté  que  me 
avez  toujours  porlée,  ainsi  que  je  prie  Mr  Tho- 

1  Une  lettre  de  Gabriel  Simeoni  datée  de  l'Isle-Adam , 
le  3o  avril  1 5 5  '1 ,  parle  du  départ  de  Thomas  del  Vec- 
cbio pour  Sienne.  Le  aa  mai  suivant,  Simeoni  écrivait 
au  prévôt  de  Paris,  Duprat  de  Nantouillel  :  t-Ge  matin,  à 
«  neuf  heures ,  le  Roy  est  party  de  Compiègne  ;  cet  après 
rdisner  partira  la  Royne;  la  cour  ira  à  Olfémont  passer 
"huit  jours;  la  Uoyne  suivra  toujours  le  Roy."  (Bibl.  nal. 
fonds  franc.  11°  6o5a,  f  '17.) 


uiasso  vous  dire  plus  au  long  de  ma  part,  qui 
.sera  cause  que  ne  fera}  plus  longue  lestre, 
me  remettant  de  toul  sur  luy  el  fera)  fin,  me 

recommandant  à  vostre  I ne  grâce,  prianl 

Dieu  de  vous  donner  ce  que  vous  désirez. 

Vostre  bonne  niesse, 

Caterime. 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   WÉDICIS.  89 

contantemant,  corne  de  personne  quy  désire 
tant  le  vostre  que  vous  mesme  ne  le  désirés 
pas  pleuk;  ay  prie  Dieu  quy  le  vous  donne 
tourjeur  tyeul  que  le  souhaytés. 

Vostre  bonne  cousine  el  coumère, 

CàTERINK. 


1554.  —  Commencemenl  de  mai?)' 
Aul.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  339a  ,  P  66. 

1  MA  COUSINE 

M"   LA    DIÎLCHESSE   DE   MONMORANSY. 

via  cousine,  j'ai  antandeu  que  vous  haystes 
mallade,  de  quoy  je  souys  en  pouyne,  ay  an- 
foye  set  porteur  pour  savoyr  de  voz  novelles. 
Je  \ous  prye  m'an  fayre  hayscrire  par  mada- 
moyselle  de  la  Berlandyère2,  afayn  que  vous 
n'ayez  pas  la  peyne  vous  mesmes.  J'ay  heu  de 
saylles  de  monsyeur  le  connétable  quy  se 
porte  fort  byen;  ay  faut  que  je  vous  dye  sel 
qu'yl  a  fayst  pour  moy,  m'asurant  que  n'an 
serés  poynt  marrye  :  s'est  qu'il  a  tant  fayst 
anver  le  Roy  qu'il  a  haysté  cause  de  fayre  le 
seigneur  Piettre  3  marychal,  de  quoy  je  me 
sans  tant  teneue  ay  hobligaye  à  leuy  que 
teute  ma  vye  je  metray  pouyne  de  le  recon- 
noislre  anver  leuy  ay  le'  syens,  autent  set 
quy  sera  an  ma  pyuysanse.  Je  ne  in'ay  sceu 
garder  de  le  vous  mander,  sachant  byen  que 
vous  avez  teurjeur  playsir  en  sel  que  j'auré 

1  Le  h  juillet  l'ambassadeur  Renard  écrivait  à  l'Em- 
pereur :  «Le  Roy  estant  à  Marchais  a  appris  que  Ma- 
«rienbourg  s'estoit  rendu  au  conneslable.  Il  se  délibère  par- 
ti tir  le  jour  suivant .  délaissant  la  Royne  à  Reims  elle  car- 
»  dînai  de  Tuurnon  pour,estanl  absent,  traicler  Iesaf5ai»es.i 
(  Papier» d'Etat  du  cardinal  de  Granvelle,  1. 1\  ,  p.  271.) 
Citée  plus  haut. . 

1   Strozzi  avait  obtenu  un  brevet  de  maréchal  de  France 
pour  la  première  incarne  par  lettres  du  nô  avril  i55i. 
-  \.?\.  Pinard,  Chronologie  militaire,  t.  Il,  p.  276. 

Catherine  lie  Médicis.  —  1. 


I  554.  —  1 1  juillet. 
Copie.  Communiqué  par  M.  le  comte  des  M  avilie. 

A  M.  LÉVÊQIE  DE  BAYONNE1. 

Monsr  de  Bayonne,  affin  que  soyez  ordi- 
nairement adverly  de  ce  qui  me  viendra  du 
Hoy  monseigneur  et  de  son  arme'e  en  la  pour- 
suite de  l'entreprise  qu'il  a  commancée,  je 
vous  envoyé  les  nouvelles  qui  m'en  vindrenl 
hier  au  soir.  H  y  a  eu  pour  quatre  ou  cinq 
jours  quelque  peu  de  retardement  en  ladite 
entreprise  depuys  la  prise  de  Mariebourg,  au 
moyen  de  quelque  difficulté  de  vivres,  pour 
estre  ce  pays  plain  de  boys,  montueux  et  dif- 
ficile; mais  depuis  il  y  a  este'  donné  si  bon 
ordre  que  les  vivres  sont  de  présent  en  très- 
grande  habondance  et  y  continueront  encor 
de  bien  en  mieulx.  De  ce  qui  en  viendra  c\ 
après,  je  ne  fauldray  de  vous  donner  conti- 
nuel advis,  priant  Dieu,  Monsr  de  Bayonne, 
qu'il  vous  ayten  sa  garde.  Escript  à  Reims,  h' 
m'  joui  de  juillet  i.5o£2. 

Catemne. 
bochetel. 

'  Jean  des  Moustiers,  s'  du  Fraisse,  nommé  à  l'é- 
vèché  de  Bayonne  en  i55o,  envoyé  en  ambassade  la 
même  année  auprès  des  princes  de  l'Empire,  puis  eu 
1-554  auprès  des  Grisons,  était  né  en  i5i4  au  chà- 
teau  du  Fraisse;  il  mourut  à  Paris  en  t.">6<).  Il  était  le 
deuxième  fils  de  André  des  Moustiers,  écuyer,  s'  de  Ro- 
clielidoux  et  du  Fraisse,  et  de  Isabeau  de  Soubsmoulin. 

2  Celte  copie  est  extraite  du  registre  tenu  par  l'évèque 
de  Bayonne  des  dépêches  de  son  ambassade,  registre 
l'esté  entre  les  mains  de  sa  famille. 


90 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉBICIS. 


1554. —  Da  10  ;m  i5  juillet?) 

Aul.  Bibl.  nal.  fonds  français.  n°  3i29,f°36. 

\i    ROY  MONSEIGNEUR. 

Monseigneur,  Mc  Carie'  a  posé  par  \>  J, 
(jui  vous  va  Irover  de  par  le  signeur  Piètre3 
"l  le  pryeur4,  ynsin  que  plulx  au  long  y  vous 
conteré;  mes  pour  se  qu'il  est  heun  de  sous 
qui  a  aysté  cause  an  parlye  de  favre  que  lé 
Kloraniyn  payenl  dé  jeans  pour  sete  antre- 
prynse,  je  n'é  veoleu  fallir  uous  an  n'averlyr 
pour  vous  suplyer  de  luy  dyre  quelque  bonne 
parole  et  même  de  set  que  vous  an  faytes  que 
se  ne!  que  pour  leur  liberté;  car  aseuré  vous 
que  y  le  dire  à  tout  les  aultres  el  sela  seré 
cause  que  y  çonfrybeuroni  aurore  davantage, 
yosyn  que  je  vous  dyré  mes  que  je  aye  le 
byen  de  vous  revoyr,  que  je  piye  à  \ostre  Sy- 
gneur  aystre  byen  tôt  et  de  vous  donner,  Mon- 
seygneur,  après  m'estre  1res  humblemanl  re- 
comandée  à  vostrë  bonne  grase,  autant  d'eux 
el  de  felysyté  que  vous  an  désyré. 

Set  que  luy  an  dues,  Monseygueur,  qui  ne 
panse  pas  que  vous  an  n'ay  ryen  mandé,  mes 
que  l'avés  antendeu  deu  sygneur  Pvettv  le  bon 
aufyse  qu'yl  a  faysl. 

Vostre  très  humble  cl  très  hobéysante 
femme, 

Qatbrine. 

:  Sans  doute  Charles  de  Birague.  cité  dans  une  lettre 
d'Henri  II  i  fonds  franc.  n°  ao5aa  ,  f°  70). 

J  La  Reine  était  à  Reims  avec  le  cardinal  de  Tournon  : 
elle  quitta  cette   ville  te  21    juillet   pour  aller  résidera 
Cempiègne  :  -Tbe  Queen  left  Rheims  on  Saturdaj  the 
■■  1  lorCompiègne.T  (Dépêche  de  W'otlon  dans  le  Kali 
I  State  papers ,  règne  de  Marie,  p.   1  08.  1 
Pierre  Slrnzzi. 

'  Léon  Strozzi  était  rentré  au  service  du  Roi.  —  Vov. 
sur  sa  mort  arrivée  en  ce  même  mois  une  lettre  de  Burie 
da  17  juillet  i5.V,  (Ri[,|.  nal.  f.  fr.-o53i,  f°7a):-On 
«a  tait  entendre  sa  mort  ce  matin  à  la  Uovne  qui  l'a 
1  prias  pins  pakiemmenl  qu'elle  n'eus!  laict,  puisqu'il 
-•si  mort  au  service  du  Rn\.- 


(1551  —Milieu  de  juillet?  1 
Copie.  Arch.  de  Turin. 

U    BAILLY  D'AVESNES. 

Très  cbier  et  bien  amé,  nous  avons  ce  jom- 
d'huy  îeceu  lettres  du  duc  de  Savoye,  aus- 
quclles  sonl  joinctes  celles  que  le  sieur  de 
Trelon1  luy  avoil  escripl  du  jour  d'hyer,  delà- 
quelle  lettre  vous  feis  mention  vous  estant  icj  . 
et  comme  par  la  communication  que  fut  lieue, 
vous  avez  entendeu  que  l'intention  de  Sa  Ma- 
jesté estoit  de  ne  donner  à  l'ennemy  loisir  de 
s'estatuer  devant  places,  j'espère  que  avecq 
le  bon  debvoir  de  ceulx  que  seront  dedans 
îM'sues,  la  ville  ne  courrera  aucun  dangier, 
ors  qu'elle  n'est  de  lotis  poinetz  pourveue 
contre  ung  long  siège.  Sy  n'avons  nous  a 
le  moyen  de  vous  furnir  harequebuserye  d'iev 
dont  dictes  avoir  le  plus  de  besoing;  et  de- 
pins  vostre  parlement  sont  arrivez  icby  du 
enseignes  du  régiment  du  conte  d'Arreni- 
berghe  pour  icelles  donner  secours  el  ayde 
aux  frontières  en  cas  de  besoing.  Vous  pour- 
rez continuellement  jecter  gens  dehors  pour 
entendre  le  cbeinin  des  ennemys  et  nous  en 
advertir;et  ce  jourd'huv  n'avons  riens  entendu 
de  leur  conduvle.  synon  que  ledil  duc  uous  a 
i'aict  entendre  que  lesdits  ennemys  envovoienl 
leurs  bagages  vers  France;  dont  l'on  ne  peult 
comprendre  si   vouldroieut  taire  rese-  avecq 

1  (Test  peut-être  le  poète  Claude  Trellon  dont  les 
œuvres  poétiques  ont  été  imprimées  en  1  .V  '1 

•'Faire  rese  avec  une  armée  délivrai),  c'est-à-dire 
faire  incursion  avec  des  soldats  sans  bagages,  allé;;c-  de 
tous  les  impedimenta. 

Rete,  plus  ordinairement  rotje  (de  l'ancien  liant  alle- 
mand reisa  incursion,  expédition  guerrière;  cf.  Diez. 
Etijmolog.  Wurterb.  s.  \").  est  fréquent  au  moyen  âge  : 
-Tnsi  après,  Us  mdtrps  Gantois  tirent  une  rese  ivr  let 
marches  de  ilainaut-  (Olivier  de  la  Marche,  Ducange, 
Kd.  Henscucl,  \  ,  681);  «Lue  grande  rese  qui  fut  faite  «or 
les  ciin  mis  di   Dieu*  <  Froissnrl.  Kd.  Kcrvyn.  VII,  48o). 


LETTRES  DE  GATHE 

une  armée  délivre*,  ou  faire  retraicte.  J'envoys 
3  bonne  somme  d'argent  pour  les  six  ensei- 
gnes du  dil  de  Trelon  estans  audil  Avesnes, 
laquelle  se  répartira  par  les  compaignyes  en 
tant  moins  de  ce  que  leur  est  deue  de  leurs 
arrierages,  puisqu'on  reste  conjoiucture  u'esl 
possible  de  passer  mou-Ire.  Nous  vous  pryons 
que  le  dil  sieur  de  Trelon  tienne  la  main  que 
l'on  extende  le  dit  argent  le  plus  que  l'on 
peult  el  que  les  liants  officiers  et  ceulx  qui  ont 
plus  de  moien  de  suractendre  et  vivre  ne  re- 
çoipvenl  sinon  quelque  paiement  modéré  pour 
non  consumer  la  dite  somme  et  que  secy  soit 
usé  de  toute  la  discrétion  requyse  atant. 

Caterine. 


1554.)—  17  juillet. 

Owg.  Bibl.  nat.  fonds  Clairambaull ,  t.  3/17,  I     1730. 
A   MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR   LE  DUC   DE  Gl  ISE. 

Mou  cousin,  j'ay  receu  la  lettre  que  m'avez 
escripte  par  le  sr  de  Ville(mur)  ',  à  laquelle  ne 
vous  puis  pour  ceste  heure  faire  responce  de 
ma  (main)  pour  me  retrouver  ung  peu  lasse, 
et  aussi  que  ce  malin  je  vous  aj  jà  esoript  par 
l'homme  du  seigneur  Pierre2,  vous  advisant, 
(mon)  cousin,  que  j'ay  esté  très  aise  d'avoir 
entendu  par  le  dit  (sieur)  ce  qu'il  a  pieu  au 
Roy  monseigneur'me  faire  sçavoir  (de  sa)  dé- 
libération, el  ne  fauldray  suivant  sou  voulloir 
de  (partir)  samedv  d'icy  pour  me  rendre  au 
lieu  que  sçavez,   et  au   demourant   tiendrai 

Cette  locution  devient  plus  rare  au  \wr  siècle,  et  dès  le 
xvne  elle  disparaît  de  la  langue  militaire  :  dès  i5i6, 
dans  le  Dictionùrium  latmo-gall.  de  Robert  Eslienne,  m- 
cursionem  faeere  n'est  plus  traduit  que  parjure  coi 
ou  saillie  nu-  les  nmemit. 

'  La  lettre  a  été  un  peu  lacérée,  mais  II  est  facile  de 
rétablir  les  mots  qui  manquent. 

M'   Carie,  cité  dans  une  lettre  précédente,  et  en- 
voyé par  Pierre  Strozzi. 


R      I    DE    MEDICIS.  91 

main,  et  d'heure  à  aultre  sollicitera}  m 
cousin  le  cardinal  de  Tournon  et  au!  1res  mes- 
sieurs de  son  conseil  à  (ce  qu'ilz)  entendenl 
el  pourvoient  dilligemment  à  tout  ce  que  ledil 
i  ur)  a  e  cript,  tant  pour  le  faicl 
de  ses  Qnances  que  aultres  provisions  néci 
saires  pour  le  faicl  de  son  armée,  vous  priant, 
mil!  (cousin),  de  tant  que  désirez  me  faire 
plaisir,  donner  ordre,  s'il  est  (  possible  ) .  que  je 

puisse  dimanche  ou  lundy  prochain  avoir t- 

\ elles  du  (Roy)  monseigneur,  qui  me  sera  le 
plus  grand  bien  que  je  sçaurois  (à  ceste)  heure 
recepvoir;  priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il 
vous  ayl  en  sa  très  saincte  garde. 

Escript  à  Reyms,   le  xvii"  jour  de  juillel 

(i55A). 

\  ostre  bonne  cousine  , 

ClTERINE. 

(De  sa  main)  :  Mon  coiisyn,  ne  craygnés 
pour  votre  mo(vèse)  ayscrypteure  de  me  man- 
der dé  novelles  deu  Roy,  car  pourveu  qu'ele 
souyt  bonnes  el  que  je  an  sache  sovant,  je  ne 
la  saré  trover  movese  et  l'eusyé  vous  (ayscripl) 
d'eun  charbon.  Je  suys  byen  mar(rye),  vostre 
femme  s'an  vé;  mandé  ly  que  me  vyegne  byen- 
tot  trover,  se  veolés  que  je  panse  qu'y  vous 
sovyegne  de  me  tenyr  (an  la)  bonne  grase  deu 
Roy,  de  quoy  je  vous  prie  byen  fort  '. 


(1554.)  —  28  juillet. 
Copie.  Communiqué  par  M.  le  comte  de  Moutiers-MérinvUle. 

\  M.  L'ÉVEQUE  DE  BAYONNE. 

Monsr  de  Bayonne,  atlin  que  vous  enten- 
diez le  discours  du  voyage  du  Roy  depuys  la 

1  Dans  une  lettre  datée  de  Mariembourg  le  i"  juillet 
l55Ù,  le  duc  de  (luise  parle  d'une  lettre  que  lui  aurait 
écrite  Catherine  de  Médicis  pour  l'évéchéde  Bazas,  dont 
le  choix  du  titulaire  était,  sur  la  demande  de  la  Reine. 
accordé  à  Pierre  Strozzi.  —  Vov.  Bibl.nal.  f.  IV.  3l38,Pl. 


92 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


prinse  de  Bovysnes  cl  des  ville  el  chaslenu  de 
Dynan,  je  vous  envoyé  l'extraict  d'une  leclre 
(|ui  m  eu  a  esté  escripte,  affin  que  soyez  tous- 
juins  participait  des  bonnes  nouvelles  que  je 
ri'cov  ;  el  s'il  en  survient  d'autres,  je  ne  faul- 
dray,  Mous'  de  Bayonnc,  de  vous  en  donner 
advis,  pryanl  Dieu  qu'il  vous  ayl  en  sa  garde. 
Escript  à  Compiègne,  le  xxvme  jour  de  juille!. 

Caterine. 

BoCHETEL. 

1554.  —  3  aoùl. 
Bibl.  du  Louvre,  B  ia53.  Registres  du  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

lENAMT  LA  COURT  DD  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrez  les  causes  pour  les- 
quelles il  a  pieu  au  Boy  monseigneur  créer 
el  ériger  quatre  maistres  des  requestesvordi- 
naires  de  son  bostel,  outre  le  nombre  tant  de 
l'ancienne  que  des  trois  nouvelles  créations, 
par  l'édict  qu'à  ceste  fin  il  en  a  laid  expédier, 
que  je  vous  envoyé  présentement.  Et  pour  ce 
qu'il  veult  qu'il  sorte  son  plein  et  entier  effeet, 
je  nous  prie  et  ordonne  bien  expressément 
que  vous  ayez,  incontinant  la  présente  receue, 
essans  toutes  raisons  ou  difficultez,  à  pro- 
céder à  l'entérinement,  vérification,  lecture  et 
publication  dudict  édict  de  poinct  en  poinct , 
selon  sa  l'orme  et  teneur,  el  m'asseurant  que 
ii  \  ferez  faulte,  je  fera}  fin  de  prier  Dieu. 
Messieurs,  qu'il  vous  ayl  en  sa  sainte  et  digne 
garde.  Escript  à  Compiègne,  le  m"  jour  d'aoust 
.556. 

C  NTER1NE. 
BrJRGENSIS. 


1554.  —  Milieu  d'août?) 

kul    'îibl.  nal.  fonds  français,  n°  .'îao,3  ,  f°  6a. 
A  MA  COUSINE 

M"'  LA  DLCHESSE  DE  MONMORANCY. 

Ma  cousine,  je  su\s   byen    marrye  de  la 
peyne  ay  anneuy  où  vous  haystes  de  la  mort 


de.  madame  de  Vvllars  '  ay  m'esayerois  vou- 
luntvers  à  vous  consoler  an  teult  sel  qu'yl  me 
seiel  posible,  ancores  que  je  congnoise  vostre 
vertu  ay  preudanse  sv  grande  que  vous  pran- 
derés  set  qu'yl  plaist  à  Dyeu  vous  anvoyer, 
couine  venant  de  sa  main;  je  vous  plains  an- 
cores davantage  de  set  que  monsieur  le  con- 
nectable n'est  auprès  de  vous  pour  vous  dy- 
mynuer  sayste  fascberye.  Je  sav  bien  que  vous 
an  savez  sovant  des  novelles,  mays  pour  sel 
que  j'en  n'ay  lieu  ancores  anneuyt,  je  vous 
aseureré  qu'y  se  pourle  très  byen,  ay  que 
Dynan  '  ayst  prins  sans  avoyr  andeuré  l'asaull. 
Quant  à  voslre  dueil.  ma  cousine,  je  vous 
veodrès  demander  conseil  pour  heune  autre, 
quy  savez  myeulx  que  personne  commanl  le 
doyvenl  porter  de  leurs  mère  les  deucbeses 
couine  vous;  mais  je  vous  conseille,  tant  que 
vous  seréschez  vous,  de  vous  habiller  le  plulx 
à  vostre  ayse  que  vous  pourrez,  ay  vous  prye, 
pour  l'amour  de  moy,  ne  vous  fascher  que  le 
moings  que  vous  pourrez  d'eune  chose  où  il 
n'y  a  point  de  remède,  et  pansés,  sy  vous 
demeurvés  malade,  la  peyne  où  seroyl  mon- 
sieur le  connestable.  Dieu  vous  en  vueille 
byen  garder  av  vous  donner  autant  de  conso- 
lacyon  que  vous  an  désire 

Vostre  bonne  coumère  el  cousine. 

CnTERIXE. 

Au  dos  est  écrit  :  Ma  cousine,  je  ne  nous  ce- 
leré  que  je  panse  avoyr  senty  bouger  mou  en- 
fant, dequoyje  suys  bien  aybéie3. 

1  Anne  Lascaris ,  mariée  en  i  198  au  comte  de  \  illars. 
—  Voy.  le  P.  Anselme,  I.  XII.  p.  38g;  et  une  lettre  de 
Marguerite  de  France.  Bibl.  nal.  fonds  franc.  n°  3i5a, 
p.  68. 

Voy.  pool  la  prise  de  Dînant,  dépêche  de  Wotlon 
du  99  juillet  t55i,  Kalendar  of  State papers ,  règne  de 
Marie,  p.  108:  François  de  Rabulin,  collect.  Michaud , 

t.  Vil,  p.  57a. 

3  Voy-  dépèche  de  Wotton .  Kalendar  oj  State  papers  . 


LETTRES  DE  CATHE 

I  554.         i  7  août. 
.  Communiqué  par  M.  le  comte  de  Mouliers-Mè*rin\iIie. 

\  M.  L'ÉVÊQI  E  DE  BAYONNE. 

\lims'  de  Bayonne  .  je  vous  advise  que  le 
Roy  lenanl  assiégée  la  place  de  Renty1,  l'Em- 
pereur se  délibéra  venir  lever  le  siège  el  pour 
cesl  effect,  congnoissant  ung  bois  prochain  de 
là  fort  advanlaigeulx  tanl  pour  lui  que  pour 
favoriser  ladicte  place,  dès  dimanche  dernier 
\n    de  ce   movs  sur  le  soir,  envova  un  bon 
nombre  de  arquebouziers  ;  ce   que  ayant  le 
l!o\  entendu,  \  envoya  de  son  coste'  mess"  les 
ducs  de  Guise  el  de  Nevers  avec  leurs  compai- 
gnies  e1  quelques  arquebouziers,  par  lesquels 
furent  incqntinanl  reponlsez  lesdits  ennemis. 
Mais  le   luncly  matin  voulant  ledit  Empereur 
faire   tout  l'effort  à  luy  possible  de  gaigner 
ledil   boys,  \    feil   marcher  tout  son  advan- 
garde,  laquelle  fut  si  bien  el  vaillammenl  re- 
cueillie des  nostres,  encores  que  le  nombre 
excédas!   de   beaucoup   celui    qui    esloil  lors 
avecques  lesdits  sieurs  de  Guyse  et  de  Nevers, 
que  toute  ladicte  advàngarde  fut  deffaicle  et 
mise  en    routte  avec  douze  mille,  que  Alle- 
mands que  Espaignols,  dont  sur  l'heure  vin- 
drent  en  congnoissance ,  et  furent  apportées 
au  Roy  vingt  et  une  enseignes  tant  de  pié  que 
de  cheval  et  cinq  pièces  d'artillerye  de  cam- 
paigne.  Et  vous  puys  dire,  Mons'de  Bayonne, 
que  si  les  Espaignols  s'attribuèrent  quelque 
occasion  d'appeler  l'advantaige  qu'ilz  eurent  à 
la  Bicquoque   une  battaille  gaignée,  encores 
qu'il  n'y  eusl  de  nostre  pari  perte  d'enseigne 
uy  de  pièce  d'artillerye,  à  plus  forte  raison  à 

règne  Je  Marie,  p.  i3";  Catherine  élail  enceinte  alors 
du  (tue  d'Anjou  et  n'accoucha  que  le  18  mars  i555. 
1  Voy.  pour  la  bataille  de  Renty ,  François  de  Rabutin  . 
collect.  Michaud  et  Poujoutal,  t.  VII,  p.  '181  ;  Lettre  de 
Dupral  de  Nantouillet,  Bibl.  nat.  fonds  liane  n°  'ioÔ2, 
f  33. 


RINE   DE   MÉDICIS.  93 

ceste  deffaicte  cy,  où  il  \  a  eu  bon  nombre 
d'enseignes  et  d'artillerye  perdues  poureulx, 
et  que  le  camp  en  est  demouré  au  lîn\  mou- 
seigneur,    nous  pouvons  nous  vanter  d'avoii 
gaigné  la  bataille  sur  ledil  Empereur  qui  n'a 
laissé  pour  ses  gouttes,  comme  j'ai  entendu, 
à  bien  vistement  se  retirer  pour  regaigner  son 
fort,  ayant  perdu   audict   combat   de  deux  à 
trois  mille  hommes  mortz  el  <le  quatre  à  cinq 
cens  prisonniers  dont  la  pluspart  son!  gens 
d'apparence  qui   n'ont  esté  encores  du   (oui 
recongnuz.  11  se  dict  «pie  Donqil  Ferrant  y  a 
esté  tué,  le  conle  de  Nasso1,  le  s1  de  Benig- 
court2,  un  marquis  d'Espaigne  nouvellement 
venu  d'Angleterre  et  plusieurs  autres  de  nom. 
Ces!    une  très  grande  grâce  qu'il  a   pieu  à 
Dieu  de  faire  au  Roy  mon  dit  seigneur,  à  qui 
en  sont  deues  les  louanges  et  remereyemens 
comme  à  celui  qui  en  est  auteur  et  distribu- 
teur, lequel  après  l'avoir  de  ma  pari  infinie- 
nieul  loué  el  regratié,  non  toutesfoiz  si  souf- 
Bsemment  que   je   doibz,   attendu    le  grand 
service  qu'il  lui  a  pieu  nous  eslargir,  je  plie- 
ra) le  Créateur,  \Ionsr  de  Rayonne,  vous  avoir 
dans    sa    saincte   et   digne  garde.    Escript    à 
Compiègne,  le  wn1  jour  d'aoust  1 554. 

Caterine. 
bochetel. 

(  1534.  —  17  août.) 

Minute.  British Mus.  collect.  Egi/rton .  miscell.  lelters ,  vol.  I\    i   s6i 

M^^  SUSCRIPTION 

(A  MADAME  DE  MONTMORENCY 

Madame,  je  ne  veulx  faillir  vous  avertir  que 

1  Jean  IV,  comte  de  Nassau  ,  frère  cadet  de  Guillaume 
le  Taciturne,  prieur  d'Orange,  commandail  un  corps  di 
troupes  dans  l'armée  de  l'Empereur.  Le  bruit  de  -.1  morl 
n'était  pas  plus  fondé  que  pour  Ferdinand  de  Gonzague. 

-  Bugnicourl  ou  Bignicourt,  un  des  chefs  de  l'armée 
impériale.  —  Voy.  Lettre  de  François  de  Montmorency, 
Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3i 55 ,  f  ■>-. 


.('< 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


l'Empereur  feignant  vouloir  donner  bataille 
[joui-  empescher  l'entreprise  du  Roy  et  lever 
le  siège  devant  le  chasteau  de  Renly,  a  faict 
marcher  son  avant-garde  en  bonne  ordon- 
nance de  bataille  jusques  à  ung  bois  bien  pro- 
chain de  ce  lieu,  où  nous  avions  mis  quelques 
ii arquebuses  en  embusche  qui  ont  esté  chas- 
sées par  la  dicte  avant-garde  et  repoussées, 
mais  ilz  ont  esté  secourus  par  nostre  cavalerie 
qui  a  chargé  de  plus  eu  si  grande  furie  la 
dicte  avant-garde,  de  façon  quelle  a  esté  mise 
en  déroute  et  eu  a  esté  tué  environ  deux  mil 
hommes  tant  de  pied  que  de  cheval  des  enne- 
mys  et  treize  enseignes  de  gens  de  pied,  trois 
guidons  de  cavallerie  et  sept  pièces  d'artillerie 
prinses,  que  le  tout  a  esté  porté  sur  ces  tran- 
chées pour  le  monstrer  à  ceux  du  chasteau 
qui  n'ont  guères  tiré,  après  les  avoir  veues  et 
ne  font  plus  la  bravade  qu'ilz  ont  faicle;  a  esté 
l'aict  en  la  dicte  bataille  quatre  ou  cinq  cens 
prisonniers,  tant  Espagnolz  que  Allemands, 
■I  qui  n'ont  esté  encore  recogneus,  sans  qu'il 
eu  soit  demouré  beaucoup  des  nostres,  et  de 
tout  ce  ne  sont  gens  de  nom.  J'espère  que 
devant  demain  la  dicle  place  sera  frauçoise, 
qui  sera  la  plus  grande  honte  que  l'Empereur 
receut  jamais  pour  l'avoyr  laissé  prendre, 
comme  son  armée  si  près  de  nous  et  en  sa 
barbe. 

Caterine. 


(Î554.  —  Fin  août.) 

lut.  BiM.  nat.  fonds  Français,  n°  3ao3,  f°  79. 

A  .MA  COUSINE 

M»«  LA  DEUCHESSE  DE    MONMOIUNSY. 

Ma  cousyne,  depuys  mon  seupé  le  reseveur 
de  Sans  m'a  ayscrypl  cornant  le  Rov,  monsieur 
le  cdnestable  set  portet  très  byen  et  son  party 
davant  Ranty  cl  veneu  campera  heune  lyeulx 
de  Monlreul  pour  s'an  revenyr  tout  beleniant 


aveques  l'hauneur  que  Dyeu  Jours  lia  faysl 
avoyr  d'avoyr  baieu  son  annemys;  de  quoj 
je  suys  sy  ayse  que  je  n'é  veoleu  avoyr  sete 
joye  sole  san  la  donnere  ausys  à  mes  amyes, 
de  quoy  je  vous  pause  dé  mylleure;  ei  vous 
ay  yncontynanl  anvoyé  set  laquay  pour  vous 
an  n'avertyr,  et  vous  pryer  vous  au  venyr  me 
trover  le  plulx  lot  que  vous  pourés,  vous  aseu- 
rant  que  ne  seré  jeamès  sytot  que  le  désyre 
Vostre  bonne  cousyne  et  coumère, 

Caterink. 


(  1554.  —  Fin  août.) 

Orig.  Arch.  de  Manloue.  —  Copie  transmise  par  M.  Aruiaud  Baschel. 

A  MONSIEUR  LE  CARDINAL  FARNÈSE1. 

Mon  cousin,  j'ay  reseu  heune  letre  de  vous 
après  la  desfayte  du  maréchal  Strossc  2  estant 
à  Conipiègne,  à  laquelle  je  vous  feys  response 
byentost  après  et  à  set  que  j'ay  antandeu  par 
Mademoyselle  deu  Goguier3  vous  ne  l'avyé  en- 

'  Alexandre  Farnèse,  lits  de  Louis  Farnèse,  duc  de 
Parme,  et  d'Hieronyme  des  Lrsins,  né  à  Rome  le  7  oc- 
tobre i5ao;  nommé  cardinal  le  18  décembre  i534  à 
l'âge  de  quatorze  uns,  archevêque  d'Avignon,  eni53ô. 
mort  le  a  mars  1589.  Il  fut  envoyé  à  Rome  par  Henri  II 
au  mois  de  juillet  1 5 5 '1  pour  gérer  les  affaires  de  France 
durant  l'absence  du  cardinal  deFerrare.  —  Voy.àcesnjet 
la  lettre  de  Henri  11  au  cardinal  du  Bellay,  dans  les 
Mémoires  d'Etal,  de  Ribier,  t.  II,  p.  5a3. 

■  Elle  fait  allusion  à  la  bataille  de  Marciano  gagnée 
par  le  marquis  de  Marignan,  le  3  août  i55S. —  Voy. 
Boivin  du  Villars,  édit.  du  Panthéon  littéraire,  p.  667; 
Cornant  Maires  de  Montluc,  édit.  de  Buhle,  t.  Ier,  p.  ^t * V  —  : 
Segni,  Storia  Fiorentiun,  édit.  de  1726,  p.  371  ;  et  un 
récit  de  cette  bataille  par  Pierre  Strozzi,  Bibl.  nat.  fonds 
Dupuy,  vol.  5oo,  f°  34. 

■  Mural,  dans  ses  Etrennes  aua  liâmes  de  lu  cour,  finit 
par  un  quatrain  à  «madame  Du  Gaugier»,  édit.  de  P. 
Jannet.  t.  II,  p.  a  10.  Dans  les  œuvres  de  Saint-Gelays 
nous  trouvons  :  Abnanach  à  madfone  Du  Gaugier,  édit.  de 
M.  P.  Blanchemain,  1.  I" ,  p.  a'uj;  ce  serait  selon  lui, 
Marie  Hélin,  épouse  de  Louis  Burgensis  (de  Blois),  le 
médecin  de  François  f",  puis  de  Henri  II. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


95 


cores  bene,  quant  vous  luy  ayscryvistes,  de 
quoj  je  suis  en  pe\  ae,  car  je  ne  vouldroys  pas 
qu'elle  fus!  perdue;  aussi  elle  m'a  dicl  que 
\ n 1 1 s  eraygnyés  eslongné  de  ma  bonne  grâce; 
je  serois  bien  marye  que  vous  heusyès  sayste 
opinion,  car  vous  n'avez  pareille  qui  ayl  pleulx 
d'envve  de  fayre  pourvonsel  vostre  eontante- 
menl  que  moy  et  pour  tous  ceulx  qui  vous 
louchent,  corne  vous  congnoisfrés  en  toul  ce 
que  nie  vouldrés  employer;  ay  depuis  reseu 
deux  de  vos  letres,  rime  à  Villers  Costeretz  el 
i'aullre  an  sayle  ville,  à  quoy  j'attendois  à  l'aire 
response  que  messer  Thoma^o  del  Vecchio 
l'usl  arrivé;  la  venue  du  quel  n'a  poinet  dimy- 
nué  au  Roy  la  bonne  voulunlé  qu'il  a  de 
secourir  les  choses  de  delà,  comme  je  say 
qu'il  nous  mandera  bien  au  long,  vous  prianl 
mon  cousin,  de  vostre  part,  voulloir  continuer 
à  \  eslre  affectionné  comme  vous  avez  tous- 
jours  esté,  de  quoy  je  ne  vous  sarois  assez 
remersyer  ay  de  la  bonne  voulante  que  vous 
avez  particulièrement,  à  mon  cousin  le  niares- 
cdial  Strozzi  .laquelle je  i  erongnoistré  lousjours 
d'aussi  bon  cueur  que  ce  que  Nostre  Signeur 
vous  faira  contant. 

Vostre  bonne  cousine, 

Gaterine. 


1554, 


gtembre. 


Orig.  Arch.  rie  Mnnloue. 

\  MON  COUSIN  LE  DEC  DE  MANTOUE 

Mou  cousin,  ayant  entendu  corne  Augustin 
Suzanini,  Mantouan,  pour  l'homicide  par  luy 
commis  en  la  personne  de  Jacques  Bonpulci, 
natif  de  Veronne,  dix  ans  sont  ou  environ,  et 
eslans  lors  l'ung  et  l'autre  encores  jeunes  en- 
fans,  l'ut  par  vous  dés  ce  temps  là  banni  de 
sa  patrie,  et  obtempérant  à  la  requesle  el 
prière  d'aulcuns  mes  principaulx  serviteurs  et 


aultres  gens  de  bien  qui  me  l'ont  recommandé 
en  toute  affection,  j'ay  bien  voulu  vous  es- 
cripre  ces!''  lectre,  vous  pryant  de  bon  cueur. 
mon  cousin,  et  le  plus  affectueusement  qu'il 
m'esl  possible,  que  considérant  le  temps  et 
l'âge  du  dicl  Suzanini  lorsque  le  délit  fusl 
commis,  ayant  esgard  aussj  aux  pertes  el 
dommages,  poynes  et  molestés  qu'il  a  souf- 
I  ri/,  depuis  qu'il  est  en  exil,  qui  luj  peuvent 
tenir  compte  d'une  bonne  pugnition,  i!  vous 
playse  avec  tout  cela ,  pour  l'amour  de  moy.  lin 
remectre  et  pardonner  ceste  faulle,  le  rape- 
lant,  le  restituant  entièrement  en  sa  maison  el 
biens  et  luy  en  l'aire  expédier  telles  leclres 
qu'il  se  y  puisse  librement  et  seuremenl  repa 
trier  el  retirer,  et  encore  l'avoyr  en  toutes  ses 
aultres  affaires  pour  bien  recommandé.  En  le 
faisant,  oultre  qu'il  vous  en  demeurera  toute 
sa  vye  Ires  grandement  oblygé,  vous  me  ferez 
tel  el  si  orant  plaisir  que  vous  vous  pouvez 
asseurer;  où  il  se  présentera  quelque  occasion 
pour  le  recognoistre  en  vostre  endroicl  je  le 
feray  d'aussi  bon  cueur  que  je  prye  Dyeu, 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez.  I)e 
Villers  Costeretz,  ce  \\\n"  jour  de  septembre 
i554. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caïerine. 


1 55/i.  -r-  6  octobre ' 

'lui;.    Bîbl.    Il.ll.   tonds  l'iîMIi. Il--  .    Il      ÎUJ-.'Î  ,    I      grj 

V   MON   COUSIN 

MONSIEUR  LE  M  UîESCII  \L  DE  BRISSAC. 

Mon  cousin,  le  s'  Paul  Anlhoine  Suderin, 
gentilhomme  florentin,  m'a  fait  entendre  par 
l'une  de  mes  princippaulx  offieiers  que  puis 

1  -Voy.  dépêche  deWotton,  Kalendar  qj  State  paperi 
rèjjtio  cli'  Marie,  p.  i  s3. 


96 


certain  temps  ung  sien  lîlz  prieur  de  Noslre- 
Dame  de  Thurin  est  allé  de  vie  à  trespas,  au- 
quel lors  de  son  décez  estoit  deu  à  cause  du 
dicl  prieure'  tant  en  argent,  grains  que  autre 
revenu  quelque  somme  notable,  de  laquelle 
ne  pourrait  avoir  paiement  sans  le  moyen  du 
Roy  monseigneur  et  le  vostre,  et  d'autant  que 
désire  taire  aide  de  mon  pouvoir  au  dict  gen- 
tilhomme, je  vous  prie,  mon  cousin,  luy  voul- 
loir  tenir  main  et  en  faveur  de  moy  le  l'aire 
si  favorablement  traicter  que  son  droict  lui 
soil  gardé  et  réservé  en  bonne  justice,  acten- 
dant  que  pour  raison  de  ce  il  obtienne  du 
Roy  mon  dict  seigneur  plus  ample  provision, 
si  besoing  est.  Eu  quoy  faisant,  vous  me  ferez 
plaisir  bien  agréable. 

Escript  à   Chantilly,  le  vie  jour  d'octobre 
i55i. 

\  ostre  bonne  amye , 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

Escript  à  Paris,  le  iv"  jour  de  novembre 


1554.  —  A  novembre. 

Orig.  Arch.  de  Manloue. 
A  MA  COUSINE 

LA 'DUCHESSE  DE  MANTOUE1. 

Ma  cousine,  j'ay  receu  les  lectres  que  m'avez 
escriptes  èsquelles  m'avez  faict  entendre  l'ayse 
que  vous  avez  eu  du  mariage  que  vous  avez 
faict  de  vostre  lille  donna  Isabel  avec  le  mar- 
quis de  Pesquaire2  etvous  advise,  ma  cousine, 
que  je  suis  bien  ayse  de  ma  part  du  contente- 
ment que  vous  en  avez,  qui  sera  l'endroict  où 
je  vais  supplyer  le  Créateur  vous  tenir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

1  Marguerite  Paléologue,  fille  de  Guillaume  Paléo- 
logue ,  marquis  de  Mdntferrat ,  et  d'Anne  d'Alençon ,  veuve 
de  Frédéric  11,  duc  de  Manloue. 

J  François  Ferdinand,  fils  d'Alphonse  d'Avalos,  mar- 
quis d>-l  \aslo  puis  de  Pescaire,  et  de  Marie  d'Aragon. 


.554  '. 


Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


(1554.)  —  6  décembre. 

Orig.  Arch.  de  Manloue. 
A  MA  COUSINE 

LA   DUCHESSE  DE  MANTOUE. 

Ma  cousine ,  pour  l'affection  que  avons  d'en- 
tendre de  vostre  santé  et  bonne  disposition,  le 
gentilhomme  qui  m'a  apporté  la  leclre  que 
m'avez  escripte,  m'a  donné  granl  plaisir  el 
contentement  de  m'avoyr  faict  entendre  la 
cbarge  qu'il  avoit  de  vous;  il  vous  dira  de  ma 
part  ce  que  luy  ay  dit  et  faict  entendre  el  le 
bon  estât  en  quoy  il  a  trouvé  le  coule  Ludovic-, 
vostre  filz,  lequel  avons  toujours  en  telle  et  si 
bonne  recommandation  que  je  désire,  comme 
aussy  feray  prière  à  Nostre  Seigneur  vous 
donner,  ma  cousine,  outre  bonne  santé,  longue 
et  heureuse  vye.  De  Compiègne,  le  sixiesme 
jour  de  décembre. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1555.  —  au  lévrier. 

Orig.  Bihl.  nal.  fonds  français,  n"  ao3aô,  f"   19. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  MARESCHAL  DE  BKISSAC 

Mon  cousin,  ce  gentilhomme  présent  por- 

1  Voy.  dépêche  de  Wotton,  Kalendar  of  State  papers, 
règne  de  Marie,  p.  i3g. 

-  Ludovic  de  Gonzague,  troisième  fils  de  Frédéric  H 
deGonzague.qui  était  élevé  avec  le  Dauphin.—  Voy.  Lettre 
de  Henri  II  annonçant  son  arrivée,  Bibl.  nat.  f.  Clairam- 
bault,  vol.  6o.  — Voici  ce  qu'en  dit  Brantôme  :  «Ludovic 
sde  Manloue  avoit  esté  nourry  du  roy  Henry  près  mon- 
ttsieur  le  Dauphin  et  en  sa  court,  si  bien  qu'il  lui  1res 
fbon  et  loyal  François. »  (Ed.  Lalanne,  t.  IV,  p.  37g.) 

:l  Charles  de  C.ossé,  premier  du  nom,  comle  de  Bris- 


ETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


97 


■  m  nommé  Jehan  Alamanni,  ayant  grande 
envie  de  faire  service  au  Roj  monseigneur 
auprès  de  vous,  esl  occasion  que  je  unis  es- 
criptz  la  présente  pour  vous  adviser  que  luy  et 
ses  prédécesseurs  et  tous  ceulx  de  leur  famille 
cm(  esté  tant  asseurez  et  affectionnez  serviteurs 
des  miens  et  de  moy  que  je  désire  pour  recog- 
uoissance  de  ce  m'employer,  et  faire  pour  le 
dict  Àlamanni  tout  ce  qui  me  sera  possible 
pour  son  liien  et  advancemenl;  et  pour  cest 
effecl  je  vous  prie  bien  affectueusement  que, 
pour  l'amour  de  moy,  vous  lui  vueillez  donner 
moyen  de  s'employer  au  service  du  Roy  mon 
dict  seigneur  et  de  vous,  l'asseurant  homme 
de  bien,  adextre  et  expérimenté  aux  armes  et 
tel  qu'en  aurez  grant  plaisir  et  contentement, 
et  sçay  que  quant  ce  ne  seroit  que  pour  les 
lionnes  parties  qu'il  a,  que  vous  ne  le  laisseriez 
sans  honneste  et  convenable  appointement  et 
entretenement,  qui  me  faict  asseurer  que, 
joinct  avec  cela  ce  que  vous  vouldriez  faire 
pour  moy,  il  ne  luy  défauldra  riens  pour  se 
pouvoir  employer  et  faire  son  devoir  selon  la 
bonne  voluulé  qu'il  en  a;  et  sans  vous  en  faire 
pins  longue  lettre,  je  le  vous  recommande 
d'aussi  bon  cueur  quej'auray  très  agréable  le 
plaisir  et  laveur  que  lui  ferez  et  que  je  prie 
Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  Fontainebleau,  ce  \\c  jeur  de  febvrier 

Vostre  bonne  amye, 

Caterine. 


I 


1555.  —  a  mars. 

Orig.  Ardi.  des  Médicis  .  dalla  lilza  (173G,  nuovo  numeraziooe,  p.  isg. 
A  MON  COUSIN 

LE  MARESCHAL  STROZY. 

Mon  cousin,  avant  sceu  par  de  Plais,  mon 

sai  .  fils  aîné  de  René  de  Cossé  et  de  Charlotte  Goutlier, 
créé  maréchal  en  iôjo,  mourut  à  Paris  le  3i  décembre 
1  r>f>3  ,  à  l'âge  de  cinquante-sept  ans. 

CiTtlEBlNE  DE  MÉDICIS.  I. 


secrétaire,  que  il  a  ung  sien  ncpveu  par  de  là, 
nommé  Hauldry,  aiant  charge  soubz  le  tré- 
sorier de  l'extraordinaire,  lequel  a  bon  com- 
mancement  et  encores  meilleur  désir  de  s'em- 
ployer au  service  du  Roj  monseigneur,  el  pour 
ce  que  le  dict  de  Plais,  qui  est  de  mes  plus 
anciens  serviteurs  et  l'un  de  ceulx  que  Rem- 
ployé le  plus  ordinairement  en  mes  affaires 
plus  recommandez,  mérite  que  les  siens  s'en 
ressentent,  je  veulx  bien,  en  faveur  de  luy, 
favoriser  son  dict  nepveu  en  tout  ce  que  pour- 
ras .  mesmes  en  ce  qui  concerne  le  service  du 
dict  seigneur;  pour  ceste  cause,  mon  cousin, 
vous  ay  je  voulu  escripre  la  présente  pour  vous 
prier  tant  que  je  puis  que  vous  faictes  mec- 
tre  le  dict  Hauldry  en  l'estat  des  contrôleurs 
pour  faire  ces  monstres  des  compaignyes  et 
en  autre  chose  où  vous  congnoistrez  qu'il 
pourra  estre  employé,  l'advancer  et  favoriser 
en  tout  ce  qu'il  vous  sera  possible,  vous  as- 
seurant  que  vous  me  ferez  bien  grant  el 
agréable  plaisir,  pour  le  désir  que  j'ay  de  faire 
congnoistre  au  dict  de  Plays  que  les  services 
qu'il  m'a  faietz  profictent  non  seulement  à 
luy,  mais  aux  siens.  Et  à  tant  je  prie  Dieu, 
mon  cousin,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte garde. 
Escript  à  Fontainebleau,  le  11e  jour  de  mars 
i55i  (i555). 

(De  sa  main)  :  Je  vous  prie  fayre  le  tyeul 

plésir  que  vous  pourez,  pour  l'amour  de  moy. 

au  neveu  de  mon  secretère,  n'ayent  tent   à 

ceur  que  d'ariver  à  vous  fayre  plulx  à  plésir. 

Votre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1555?  —  Mai?) 

Aut.  ililil.  nat.  fonds  français,  3i5o.  t    3 
A  MON  CONPÊRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère.  je  reseu  anuit   voslre  letre 

i3 


98 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  Monsieur  l'amiral  m'a  ballaye,  ay  seuys 
bien  ayse  de  avoyr  veu  que  vous  portés  byen. 
Quanl  au  cuysinyer  que  me  mandés,  je  n'nn 
veos  poynt  pour  set  coup,  car  je  fayré  tort  au 
pappe  <iui  seré  1,  car  je  m'asseure  byen  que 
s'y  n  est  tyeui  que  l'on  se  fet  acroyre,  qui 
iiouré  byen  ancore  avoyr  set  bon  aufysyer. 
.le  croy  que  nous  an  sereon  byentot  dé  no- 
\ elles.  Quant  au  myenes,  ayle  sont  bonnes.  Je 
prye  monsieur  l'amyral  de  vous  an  mander, 
car  j'é  tourjour  peur  que  ne  puysyé  lyre  mes 
letres,  qui  seré  cause  que  je  fayré  fyn,  me 
recomandant  à  vostre  bonne  grase  et  pryant 
Dyeu  vous  donner  ausy  beureus  voyage  que  le 
vous  désyre 

\  ostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


1555.  —  ah  mai. 

Orig.  Ai-cli.  de  Mantoue. 

V  MA  C0LS1NE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  MANTOUE. 

Ma  cousine,  je  n'ay  pas  voulu  laisser  partir 
Gérin ,  mon  valet  de  chambre ,  présent  porteur, 
-ans  la  présente,  laquelle  sera  seulement  pour 

'  Montmorency,  auquel  est  adressée  cette  lettre,  ayant 
été  nommé  connétable  le  a3  août  i  538  et  étant  mort 
le  10  novembre  î  ô  ( 5  7 ,  cette  désignation  c  Le  pape  qui 
-sera-)  ne  saurait  s'appliquer  à  Paul  III,  assis  sur 
le  trône  ponti6cal  depuis  i53ù,  et  ne  peut  désigner 
qu'un  de  ses  successeurs  antérieur  à  »  5Cy,  c'est-à-dire 
l'un  des  cinq  papes:  Jules  III  (i55o-i  5Ô5) ,  Marcel 
(i555-t555),  Paul  IV  ( j 55."">- 1 55g) ,  Pie  IV  (i55g- 
1 565),  et  Pie  V  (1 5G5-i 57:1  ).  Si  l'on  rapporte  celte 
lettre  a  1 555  (ce  que  rend  plus  que  probable  la  double 
élection  d'un  pape  en  cette  mémo  année) ,  elle  ne  pourrait 
en  aucun  cas  prendre  place  qu'après  la  lettre  du  3  mars, 
puisque  Jules  III  ne  mourut  que  le  "3  mars,  et  sans 
doute  avant  celle  du  1  '1  mai ,  puisque  le  pape  Marcel ,  mort 
le  3o  avril  i555,  fut  remplacé  le  a3  mai  suivant  par 
Pa.d  IV. 


vous  asseurer  de  la  bonne  vol  un  té  que  j'a\ 
de  vous  faire  plaisir  en  ce  que  me  voudrez 
employer,  corne  vous  cognoislrez  toujours  par 
effect  quant  les  occasions  s'en  offriront  et 
même  à  l'endroicl  de  mon  cousin  votre  filz. 
Comme  j'ay  donné  charge  au  sr  Gérin  vous 
dire  plus  amplement,  qui  me  gardera  de 
vous  en  faire  aultre  discours  eu  la  présente 
que  de  vous  pryer  de  le  croyre  de  ce  qu'il 
vous  dira  de  ma  part,  pryant  Dveu,  ma  cou- 
sine, qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne 
guarde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  xxiiii0  de  mai 
1  555. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(  1555.  —  Fin  mai.) 

Aul.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3iag,  fJ  36. 

A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONTESTABLE. 

Mon  conpère,  j'é  aysté  byen  fort  ayse  de 
savoyrde  veos  novelles,  et  pour  se  que  Rober- 
let  vous  d\ré  dé  myenes,  je  ne  vous  dyré 
synon  que  je  me  porte  myeulx  et  aveques 
plulx  de  aucasyon  que  quant  Rostyn  '  parlvl . 
corne  je  vous  manderé  sy  je  avès  le  loysyr; 
mes  yl  est  tant  àlé  de  partyr  que  je  le  reme- 
teré  à  heun  aultre  fouys,  et  ausy  pour  vous 
il\  re  que  je  suys  an  pouyne  de  set  que  le  syége 
avsl  à  Porlercole2,  non  pas  que  je  ne  m'a- 
seure  que  le  marychal  Strozy  y  maura3  plulx 
tôt  que  yl  an  lèse  venyr  yncovényent.  mes  je 
crayns  que,  ynsyn  qu'y  feut  abandonné  av 
lésé1  au  jour  de  la  bat  aile5,  que  ausy  asteure 

1  Tristan  de  Roslaing. 

2  Port-Hercules. 

;  Maura,  mourra. 

'  Lésé,  laissé. 

5  Elle  fait  allusion  à  la  bataille  de  Marciano.  Voici  ce 


LETTRES  DE  CATHEKINK   DK   MKDICIS. 


«)!) 


(oui  sous  qui -oui  aveques  lu\  ne  aye  parelle 
afayctyon .  m  volante  au  servyse  deu  Roy  qu  il 
a,  ef  qu'i  lu\  fasenl  quelque  méchanseté,  veu 
qu'i  n'a  guyère  de  FraDsès  aveques  luy,  ny 
a ultre  jeans  à  qu'il  se  puyse  fyer;  mes  je  ays- 
père  que  avent  (ju'il  est  le  loysyr  d'y  fère 
guyère  d'efort  que  vous  ares  faysl  quelque 
chause  de  bon  au  vous  aystes  '.  \  guardànt 
lourjour  la  répeutatyon  deu  Roy,  come  me 
mandés;  car  je  m'aseurebyen  que.  là  heu  vous 
-■Tes,  que  l'on  n'y  aumeteré  ryen.  Quant  au 
pappe  j  n'y  an  y  a  ancore  poynt;  Dyeu  nous  an 
douj  nt  lieun  bon  '2.  Je  me  coureuseré  volanlyer 
à  \ou<  de  me  remersyer  de  set  que  a\  anvoyé 
à  madame  la  concstabic,  car  vous  vous  pouvés 
aseurer  que  tout  set  qui  vous  loucheré  el  que 
aymerés  que  je  ne  faudréjeamès  de  fayre  pour 
Ih'us  come  pour  moy-même,  car  je  n'oublyré 
jeamès  l'auMygalyon  que  je  vous  ay,  et  aseuré- 
vous-an.  Je  ne  vous  en  dyré  davantage,  car 
vous  n'y  treoveré  jeamès  faulle,  et  vous  prye 
me  tenir  autant  à  vostre  lionne  grase,  come 
je  vous  lyens  à  la  myene. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

CaTERINE. 

i|u'ini  lit  dans  l'histoire  clos  hommes  illustres  de  la  mai- 
son de  Médicis  :  r  Quand  les  hommes  d'armes  du  mar- 
-quis  de  Marignan  approchèrent  quiestoient  environ 
-quatre  cens,  la  cavalerie  du  comte  de  La  Mirandole 
rse  retira  et  se  mit  en  fuite.-  (Paris,  Charles  Périer, 
i56â.)  —  Voy-  Segni,  Storia  Fiorentma,  p.  218; 
Commentairei  de  Mordue,  édil.  de  Ruble,  t.  1",  p.  565 
el  suivantes;  Discourt  de  Piern  Slrozzi  sur  lu  bataille 
Marciano,  Bihl.  nat.  fonds  Dupuy ,  11°  56o , 
l'°3'i. 

1  Le  connétable  était  alors  aux  conférences  d'Ardres; 
l'évêque  d'Arras  écrivait  de  Gravelines  le  18  mai  :  sLe 
-connétable  sera  lundi  à  Ardres.a  |  Papiers  d'Etal  du  car- 
•  lie  Granvelle,  t.  I\ .  f  '12.) 

Marcel,  élu  pape  le  9  avril  ■  555,  mourut  le  3o  avril. 
el  Paul  IV,  son  successeur,  fut  nommé  le  a3  mai  sui- 
vant. 1 555. 


(  I  555.        Juin.) 
\ut.  Bibl.  uat.  fonds  français,  "'  3iaa 
v  MON  COMPÈRE 

MONSIEI  11  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  j'é  reseu  vostre  lefre  aj 
seuys  byen  marrie  de  set  que  lé  chouse  ne 
prègne  si  lot  la  fyn  que  je  désirerès,  mes  si 
ne  me  puige  désespérer  qu'i  n'an  n'aviegne  à 

la  fyn  lieune  bonne  pays1,  voyent  que  Dyeu 
n'a  pas  veoleuqu'i  l'aye,  s'et  que, à  mon  avis, 
y  s'atendès  de  Casai'2,  qui  seré  par  vanteure 
cause  de  lé  fayre  aystre  plulx  résonable  qui 
n'ont  aysté  jonques  ysi,  set  que  je  désire  de 
bon  cour;  et  en  prie  à  Dyeu  encore  daventage 
depuis  que  je  ay  set  bien  et  beur  de  revoyr  le 
Roy,  afyn  que  je  n'aye  plulx  d'aucasion  de  le 
abandonner  pour  nie  voyr  contyneuer  en  la 
joyequejeay  d'estre  aveques  luy  et  l'bauneur 
qu'il  me  fayst  de  me  fayre  si  bonne  chère  que 
je  ne  la  sarès  désirer  milleure;  el  m'aseurant 
que  n'an  serés  marri,  je  le  vous  ay  bien  veoleu 
mander  et  ensanble  vous  fayre  mes  recoman- 
dalyon  et  prier  Dyeu  vous  donner  la  grase  de 
revenir  aveques  benne  bonne  pays. 
\  1 1  s ( ro  bonne  coumère  el  amye, 

Caterine. 

(  1535.  —  Fin  juin.  | 

\nt    Bibl.  nat.  fonils  français,  n°  3i2D.  I    lit 
A  MON  CONPÈRE 

MONSIEI  II  LE  CONESTABLE. 
Mon  conpère,  j'é  aysté  byen  ayse  de  savoyi 

1   Elle  fail  de  nouveau  allusion  aux  conférences  d  \r- 
dres. 

-  Les  Français,  sous  la  conduite  du  capitaine  Saluu- 
son,  s'emparèrent  par  surprise  de  Casai.  —  Voy.  Lettre 
de  fin  mars  1  555  (  Papier»  d'Etat  du  cardinal  de  Granvelli 
t.  IV,  p.  &23);  Y.  François  de  Rabulin,  coll.  Michaud  . 
t.  Vit.  p.  393;  De 'f  hou.  liv.  XV;  Litta.  FamigUe  italiam 

i3. 


100 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


île  veos  novelles  par  Lansac  et  byen  marrye 
deu  peu  d'espérànse  qu'il  m'a  donné  de  ryen 
de  bon  pour  la  pays  ny  brève1.  Dyeu,  par  sa 
grase,  veolle  amolyrles  ceurs  de  veos  dépeutés 
ynpéryauk  et  fase  corne  yl  a  acoteumé  que  à 
l'eure  que  l'on  s'ay  désespéré  deu  (oui  qu'il 
monstre  sa  puysanse,  car  je  n'an  n'eu  jeamès 
plulx  d'anvye;  ancore,  mon  conpère,  que  je 
ayspère  byen  que  sy  l'Anpereur  ne  la  vcolt  que 
Dveu  l'an  peunyre',  ay  aydera  au  Roy  de  s'être 
myx  an  teule  devoyr  corne  yl  a  fayst;  car  déjea 
vous  dyrié  que  y  ly  anvoye  tou  playn  de  belles 
antreprynse ,  ay  fasyle  à  ayséceuter,  sy  l'armaye 
deu  Tourc  vyent  corne  l'on  dyst;  et  pour  se 
qu'ele  ne  se  peovent  fayre  sans  arjent,  j'é  trové 
moyen  que  ynsyn  que  vous  dyre'  Vylandry  2  de 
ma  part  que  l'on  luy  presteré  deus  sans  syn- 
quante  myle  esceus,  et  promesse  de  le  ranbor- 
ser  de  teut  an  cas  que  lé  cbauses  avyegnet 
corne  je  ayspère  qu'il  fayront.  Je  luy  ay  conté 
tout  pour  le  vous  dyre  pansant  que  Porlercole 
l'euse  désasyégé,  mes  ne  le  aytant  poynt  corne 
voirés,  vous  ne  laré  pas  pour  sela ,  pour  l'amour 
de  moy,  de  le  aysceuler  et  an  mander  vostre 
aupynyon  au  Roy,  afyn  que,  yncontynent  Po- 
tercole  désasyégé3,  le  Roy  sacbe  vostre  réso- 
leusyon  pour  anployer  sete  armaye;  car  y  ne 
la  lault  pas  léser  chômer,  cornent  aylle  a  fayst 
les   aultres  fouys  et   prysypalement   asteure 

à  l'article  Gonzague.  Henri  II  écrivait  au  connétable  : 
s  Quand  ils  enlanderront  les  nouvelles  que  je  vous  é 
"mandé  de  Casai,  je  panse  qui  meteront  de  Peau  en 
rieur  vin.-  (Bil)l.  nat.  fonds  franc.  n°  3i3g,  f°  as.) 

1  Voy.  une  tellre  du  8  juillet  annonçant  la  rupture 
des  conférences  d'Ardres,  dans  les  Papiers  d'Etat  >ln 
cardinal  de  Granvelle,  t.  IV,  p.  /i3o. 

Iran  Le  Bretlion,  sieur  de  Villandry. 
'  Les  prévisions  de  Catherine  de  Médicis  ne  se  réali- 
sèrenl  pas;  les  bastions  qui  protégeaient  Port-Hercules 
lurent  enlevés  par  le  marquis  de  Marignan  le  1 3  juin  et, 
au  mois  de  juillet,  la  ville  était  rasée.  —  Voy.  Cahndur 
</  State  papers,  règne  de  Marie,  p.  170-179. 


que  nous  avons  heun  pappe  bon  '  pour  le  Ho\ . 
au  y  seré  le  plulx  méchant  qui  feut  jeamès; 
et  an  setpandant  qu'il  est  an  bonne  volante 
luy  donner  aucasyon  de  la  monstrerausy  byen 
par  ayfayst  corne  yl  a  dyst  de  belles  paroles  cl 
s'auster,  car  yl  y  a  danger  que  quelque  catare 
l'éteufe  comme  pappe  Marselo2.  Quant  à  mes 
aultres  novelles,  set  porteur  vous  en  dyré,  qui 
seré  cause  que  je  layré  fyn,  me  recomandanl 
à  vostre  bonne  grase. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


(  1 555.  —  Fin  juin3.) 

Aut.  IîîIjI.  nat.  fonds  français,  n°  3 157 ,    f°  g3. 
A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  j'é  peur  de  vous  ynporleuuer 
de  vous  ayscrypre  sy  sovant,  mes  se  m'et  latil 
de  plésyr,  ne  povant  parler  à  vous,  de  savoyr 
de  veos  novelles  et  vous  mander  dé  myennes 
que  sela  an  est  cause;  et  pour  se  que  vous 
savés  la  fyanse  que  j'é  an  Rostyn  et  ausy 
que  je  say  cornant  y  vous  ayst  servyleur  ly- 
dèle,  je  luy  ay  donné  charge  de  vous  dyre  sel 
que  vous  veolès  mander  par  Monsyeur  l'Amy- 
ral  et  me  remetant  seur  luy,  je  ne  vous  layré 
plulx  longue  lelre,  après  vous  avoyr  dyst  (pie 
je  auvoye  la  Rerlandyère  dever  madame  la 
conestable  pour  la  servyr  an  sa  maladye3,  la 
quele,  je  ayspère,  ne  seré  poynt  dangereuse, 
d'autant  que  teut  asteure  le  Roy  an  n'a  heu 
dé  novelles  qu'ele  ayst  byen  fort  amandée.  de 

1  Paul  IV;  Jean-Pierre  Caraffa,  né  en  1  '176,  élu  pa pi- 
le a3  mai  1 5 5 5 ,  mort  le  18  noùl  1  55g. 

3   Marcel  II,  cité  plus  liant. 

J  Dam  ville,  dans  une  lellre  du  ■>  1  juin  i555,  parle  au 
connétable  son  père  de  la  maladie  de  la  connétable  sa 
mère  et  des  conférences  de  Boulogne  où  se  trouvaient 
Coligny  elle  connétable.  —  Voy.  liibl.  nat.  fonds  français, 
n°  ao'iSa,  P  1  55. 


LETTRES   DE  CATHI 

.juin  je  suys  byen  ayse;  el  vous  prye  panser 
que  an  teut  set  que  je  saré,  au  panseré  la  po- 
ïoyrsecouryr  cl  luy  ayder  à  recovryrsa  santé 
nue  je  y  n'y  aypargneré  chause  qui  souyt  an 
ma  puysanse;  car  le  plulx  grant  plésyr  que 
je  puyse  avoyr  s'et  que  je  vous  puyse  fayre 
conestre  l'amour  que  je  vous  porte  et  à  tout 
set  quv  vous  touche!,  ancore  que  m'aseurc  que 
n'an  fayle  doutte,  non  plulx  que  je  fouys  de 
vous.  Je  prie  Dyeu  qu'i  luy  douyu  bonne  santé 
i>l  à  vous  sel  que  désirés. 

Vostre  lionne  couinère  el  amye, 

Caterine. 


I  555.  —  16  juillet. 

Oriff.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert,  n1  3g3,  1»  33. 

\  MONSIEUR  DE  S1  LAURENS1, 

.OREILLER   DU    ÎIOÏ   ET   SON    *UB\SSADF.(n   ES    sClS^E. 

Monsieur  de  S'  Laurens,  nous  verrez  ce  que 
le  Roy  monseigneur  vous  escript  en  laveur 
de  mes  cousins  les  contes  de  la  Chambre,  pour 
favoriser  en  tout  ce  que  vous  pourrez  l'accord 
qu'ilz  désirent  l'aire  avec  les  créanciers  qu'ilz 
ont  en  Suisse  et  pour  lequel  ilz  envoyent  par 
dellà  ces  deux  genlilhommes  présents  por- 
teurs, el  avant  délibéré,  ainsi  qu'ilz  m'ont  dict 
de  venir  à  si  honnestes  condicions  avec  eulx 
qu'il  vous  sera  bien  aisé  de  les  ayder  grande- 
ment en  chose  si  raisonnable,  et  encores  que 
je  m'asseure  que  vous  ne  fauldrez  d'y  faire  tout 
le  meilleur  office  que  vous  pourrez,  si  esse  que 
pour  m'atoucher  de  parenté  et  les  cognoitre 

1  Bernardin  Bochetel ,  fils  de  Guillaume  Bochetel  et  de 
Marie  de  Morvilliers,  fut  d'abord  abbé  de  Saint-Lanrens 
(diocèse  d'Auxerre),  puis,  par  le  crédit  de  son  oncle  Jean 
de  Morvilliers,  évêque  d'Orléans,  il  entra  au  Conseil  du 
Roi.  En  i  ôô'i ,  il  fut  envoyé  en  quatilé  d'ambassadeur  en 
Suisse,  et  en  1Ô60  en  Allemagne.  11  mourut  vers  1070. 
Le  numéro  3g3  du  Cinq  cents  Colbert  tout  entier 
renferme  les  lettres  qui  lui  furent  adressées  de  i55'i  à 
i55o. 


EUNE   DE  MÉD1CIS.  101 

bons  el  affectionnez  serviteurs  du  Roj  mon 
dicl  seigneur,  je  ne  les  veulx  faillir  de  ma  re- 
commendation  en  vostre  endroict,  vousprianl 
que  vous  vous  employez  en  leurs  affaires  de 
5j  bon  pié  et  avec  si  honnestes  moyens  qu'il/ 
puissent  parvenir  au  dict  accord,  ce  que  vous 
sçaurez  bien  l'aire,  avec  telle  prudence  el  dex- 
térité, comme  le  Roy  monseigneur  le  vous 
escript  et  comme  vous  sçavez  estre  nécessaire 
pour  le  bien  de  son  service,  priant  Dieu. 
Monsieur  de  S1  Laurens,  qu'il  vous  donne  ci- 
que  plus  désirez. 

Escript  à  S'  Germain  en  Lave,  le  xvi'  jour 
de  juillet  1 555. 


Gaterim 


Roi'RDIN. 


I  555.  —  5  octobre. 
Orig.   Bibl.   uni.   fonds  Moreau ,  n"  832.  P  61. 

V  MESSIEURS  LES  CONSEILLEES 
DU  ROY  MONSEIGNEUR. 

EN  SON  l>  U',1. F.V1F.XT  \   DIJON. 

Messieurs,  combien  que  je  ne  vous  aye  en- 
cores escript  des  affaires  qui  sont  pendans  par 
devant  vous  entre  la  vei've  du  feu  sr  de  Mont- 
fort,  ma  cousine1, et  principallcment  d'un  pro.es 
qu'elle  a  contre  le  sr  de  Belvois,  Bourguignon 
estrangier,  qui  s'efforce  sans  juste  occasion,  a 
ce  que  j'entends,  la  travailler  en  procès  et 
choses  qui  ne  sont  raisonnables,  si  esse  ce  qu. 
je  l'av  à  ce  besoing  voulu  faire  et  vous  priei 
bien  affectueusement  l'avoir  en  bonne  justici 
pour  recommandée  et  considérer  de  combien 
doit  plus  estre  graliffié  ung  subject  du  l'un 
monseigneur  luy  ayant  faict  telz  devoirs  et 
services  qu'a  faiclz  le  dict  l'eu  sr  de  Montfort, 
que  celuy  qui  luy  est  ennemy;  au  moyen  de 

1   Françoise   de  la  Queille,  tille   de  François  "de  la 
Qoeille  el  de  Marguerite  de  Castelnau. 


[02 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


(|uov  et  que  je  désire  subvenir  en  tous  les  af- 
faires de  la  dicte  vefve  de  mon  pouvoir,  je  vous 
prie  que,  à  ma  faveur,  vous  veillez  avoir  ses 
dicts  allaites  pour  tellement  recommandez 
qu'elle  en  puisse  avoir  bonne  et  briefve  yssue, 
chose  dont  je  me  ressentira  y  tant  en  général 
que  particulièrement,  quant  d'aulcune  chose 
me  vouldrez  requérir;  à  tant  je  prie  Dieu, 
Messieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa  garde. 

EscriptàS'  Germain  en  Laye,  le  cinquiesme 
jour  d'octobre  i5-J5. 

Caterine. 
Marchant. 


1536.  —  si  janvier. 
Orig.  Bihl.  nat.  fonds  français.  n°  agi6,  f"   39. 

A  MONSIEUR  Dl   BOUCHAGE1. 

Monsieur  du  Bouchaige,  Jehan  Narbonneau , 

I  un  de  mes  fourriers,  m'a  faict  entendre  qu'il 
a  puys  naguères  acquis  du  sr  de  la  Baraudière 
une  maison  estant  en  vostre  fief  de  Beaumont 
près  Chinou  pour  le  pris  de  huict  cens  livres 
tournois  à  faculté  touteffois  de  rachapt  dont 
le  temps  dure  encores,  et  pour  ce  que  les 
droietz  et  profficlz  seigneuriaulx  ou  féaudaulx 
vous  apppartiennent  pour  raison  de  ladicte 
acquisition,  je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la 
présente  et  prier  que  en  ma  faveur  vous  vueil- 
icz  donner  et  remectre  audicl  Narbonneau  ce 
que  vous  peult  appartenir  pour  les  dietz  droietz 
seigneuriaulx  ou  féaudaulx.  et  le  traicter  en 
ce  faict,  pour  amour  de  mov,  le  plus  doulce- 
ment  et  gratieusement  que  vous. pourrez.  En 
quoy  vous  me  ferez  bien  grant  plaisir  que  je 
recongnoisteraj  voulontiers  et  de  bon  cueuren 

1  René  de  Batarnav,  comte  du  Bouchage,  seigneur  do 
Monlrésor;  il  avait  épousé  la  tille  puînée  de  Rem-,  bâtard 
i'  Savoie,  et  se  trouvait  ainsi  le  beau-frère  du  connétable 
■  le  Montmorency,  marié  à  Madeleine  de  Savoie:  il  mourut 
en  novembre  i58o. 


voslre  endroict  a' offrant  l'occasion.  A  tant  je 
prye  Dieu,  Monsï  du  Bouchaige,  qu'il  voit?  ayl 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Cbamborl.  le  \\iinm  jour  de  jan- 
vier 1  555  (i55G). 

Caterine. 

Deplays. 


(  1556.)  —  5  mai. 
Orig.  Arch.  des  M<-dicis ,  dalla  Glza  6726 ,  nuova  numoraiione  ,  p    1 
A  MON  COUSIÏi 

LE  CARDINAL  DE  FERRARE  . 

Mon  cousin,  j'ay  receu  deux  lettres  que 
vous  m'avez  escriples",  et  veu  le  contantement 
(pie  vous  avez  de  mon  cousin  le  mareschal 
Strossi'2,  qui  m'a  este'  bien  fort  grant  plaisir, 
et  suis  assurée  qu'il  continuera  tousjours  ii 
faire  son  debvoir  en  vostre  endroict,  et  n'ou- 
bliera rien  qui  touche  le  service  du  Bov.  nv  le 
vostre  aussi.  Vous  n'avez  pas  eu  tort  de  dire 
que  je  serois  bien  ayse  d'entendre  ces  nou- 
velles, car  elles  m'ont  esté  fort  bien  agréables 
et  espère  que  d'iev  en  avant  j'en  auray  tousjours 
plus  grant  contentement.  Je  remetz  sur  la  suf- 
fisance de  Manne3  à  vous  dire  de  toutes  celle- 
de  deçà ,  et  vous  prie  m'excuser  si  je  ne  vous 
escriptz  de  ma  main.  Je  suis  si  preste  d'accou- 
cher1 qu'il  ne  m'est  possible  escripre;   mais 

1  Hippolyte  d'Esté,  dit  le  cardinal  de  Ferrare.  lils  d'Al- 
phonse I",  duc  de  Ferrare,  et  de  Lucrèce  Borgia.  né  I' 

■  '1   mars  i5og.  archevêque  de  Lyon,  puis  cardinal  en 
i558,  légat  en  France  en  1061.  mort  en  décembre  1072. 

2  11  était  à  Rome  en   i556. 

'   L'abbé  de  Manne,  cilé  plus  haut,  p.  7  1 . 

4  Elle  n'accoucha  que  le  e'i  juin  de  deuv  filles,  Jeanne 
et  Victoire,  dont  la  dernière  venue  au  monde  rdemeura 
morte  six  heures  en  sou  ventre,  qui  convint  rompre  une 
jambe  pour  saulver  la  dite  dame.-  (Dépèche  de  l'ambas- 
sadeur Renard ,  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  Graiwelle. 
t.  Y,  p.  61 3.)  —  Voy.  dépêche  de  Wolton,  Kalendar  0) 


LETTRES  DE  G AT H 

\ous  ne  laisserez,  s'il  vous  plaist,  de  panser 
qu'en  tout  ce  qui  vous  touchera,  je  n'oublieré 
jamais  rien  de  ce  qui  sera  en  ma  puissance; 
me  recommandant  bien  forl  à  vous,  je  prie 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
De  Fontainebleau,  ce  v"  may. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  103 

priant    Nostre  Seigneur  vous  donner  ce  que 

\  oslrc  bonne  nièce, 

Caterine. 


désirez  ' 


(I55G.  —  17  mai.  | 

Orif;.  Arch.  de  Mantoue. 

A  MON  ONCLE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRAI!  E. 

Mon  oncle,  vous  envoyant  monsieur  le 
Prince  notre  ambassadeur,  encore  que  je  sache 
bien  qu'il  soit  instiuict  de  toutes  choses  et  qu'il 
ne  nous  faille  après  cela  des  redistes,  je  n'ay 
laissé  pour  cela  de  vous  prier  le  croire  de  ma 
part  comme  moi-mesme,  et  si  les  choses  ne 
son!  du  tout  comme  les  désirez  que  pour  cela 
ne  laissiez  de  continuer  la  bonne  volonté  que 
avez  toujours  aportée  au  Roy,  vous  asseuranl 
que  ne  la  sçauriez  continuer  envers  prince  qui 
vous  estime  plus  qu'il  faict.  Je  suis  asseurée 
qu'il  vous  le  fera  toujours  cognoistre  davantage 
quant  les  occasions  se  présenteront,  pour  quoy 
je  vous  prie  n'avoir  point  de  regard  aux  choses 
présentes  et  ne  vous  an-ester  pour  peu  de 
chose,  mais  seulement  penser  à  ce  qui  peult  en 
advenir  et  à  l'amour  qu'il  vous  porte  et  à  l'en- 
vie qu'il  a  de  faire  toujours  davantage  pour 
vous  aider;  de  ma  part,  vous  pouvez  asseurer 
que  n'avez  parente  qui  s'emploiera  de  meil- 
leur cueur  en  toutes  les  choses  qui  vous  tou- 
cheront que  moy,  ni  qui  aye  désir  de  vous  faire 
contentement,  qui  sera  l'endroict  où  feray  fin, 

State  papers,  règne  de  Marie,  p.  a36  j  Cantique  sur  la  nati- 
vité a\  Madame  I  ictoire,  fille  du  roy  Henri  II ,  par  le  s'  de 

la  Maison-Neuve.  Paris,  i556,  in-8°. 


(1556.  —  Août.) 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  11°  S119,  f°  38. 
A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  j'é  entendeu  par  Lavau  que 
vostre  l'yls2  seré  mécredy  a  Péronne3,  de  quo\ 
je  suys  byen  ayse  et  vous  prye  vous  aseurei 
qu'i  ny  éré  jeamès  personne  qui  set  réjouyse 
plulx  de  tous  veos  ayse  et  contentemens  que 
moy.  Je  ayspère  que,  puys  qui  comansent  à 
fayrequelquegrasyosité,  que  nous  n'aronpoynt 
la  guère,  corne  l'on  nous  avest  veoleu  fayre 
acroyre  ysy,  de  quoy  je  louré  Dyeu  et  le  prye, 
mon  conpère,  vous  donner  set  que  désyrés. 
Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

i]  iTERINE. 

Mou  conpère.  en  ferment  sete  lelre  je  an 
n'é  reseu  heune  de  vous,  par  laquele  me  man- 
dés que   le  léguât4  s'en  vé  bien  contant,  de 

1  Voy.  pour  L'intelligence  Je  cette  lettre,  uneletlredi 
l'évêque  de  Lodève,  dans  Ribier,  t.  II,  p.  (i'17. 

-  François  de  Montmorency,  prisonnier  depuis  la  prise 
de Térouanne.  Dans  une  lettre  au  connétable,  novembn 
1 553,  il  dit  qu'il  dépense  3  écus  par  jour  et  qu'il  doit 
déjà  -'ion  écus  au  sieur  de  Bogniconrt.  (Bibl,  nat.  f.  Ir. 
n°3i55,  P  54.)  —  Dans  une  autre  lettre  du  G  avril 
Î554,  il  ajoute  qu'il  n'a  pas  d'air  dans  sa  chambre  depuis 
dix  mois  (même  volume,  S"  07). 

5  L'ambassadeur  Renard  écrivait,  le  37  juillet  l556  : 
«On  a  envoyé  5o,ooo  écus  à  Péronno  ])nur  la  rançon  du 
sieur  de  Montmorency.»  (Papiers  d'Etat  du  cardinal  de 
GranveUe,  t.  IV,  p.  666.) 

1  Le  cardinal  GaraSâ,  neveu  de  Paul  IV;  il  avait  fait 

l     son  entrée  à  Lyon  le  4  juin,  et  à  Paris  le  27  juin;  à  la  fin 

.Ir  juillet,  il  était  attendu  à  Marseille  par  Pierre  Strozzi. 

—  Voy.  lettre  de  l'ambassadeur  Renard,  du  37  juillet  i556. 

I     (Papiers  d'Etal  du  cardinal  do  GranveUe,  t.  IV,  p.  64g.  ) 


IO'i 


LETTRES   DE  CATHERliNE  DE  MEDICIS. 


quoy  je  suys  byen  ayse,  car  s'ct  cliause  qui 
aysl  bonne  pour  le  servysedeu  Roy,  et  ancore 
plulx  ayse  s'y!  el  vray  set  que  m'eseryvés  que 
l'Ampereur  s'an  aile1  et  que  le  roy  de  Boayme2 
souyt  mal  contant,  car  son  toutte  cliause  fort 
bonne  pour  le  Roy.  Je  ue  veo  fallyr  à  vous  dyre 
que,  Dyeu  mersy,  la  royne  d'Escose 3  s'et  porté 
beocup  myeulx  que  n'a  fayst  depuys  la  say- 
gnaye. 

1556.  —  10  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau ,   n"  83s,  P  03. 

A  MESSIEURS  DE  LA  COURT 

DE  PARLEMENT  DE  DIJON. 

.Messieurs,  la  vefve  de  l'eu  mon  cousin  le 
s'  deMontfort4  m'a  faict  entendre  la  bonne  jus- 
tice que  vous  luy  avez,  en  ma  faveur,  faicte  et 
administrée  aux  procès  et  affaires  qu'elle  a  euz 
el  a  ancores  par  devant  vous  à  l'encontre  de 
plusieurs  ses  partyes  adverses  et  que  son  bon 
droict  luy  a  esté  si  bien  gardé  qu'elle  et  ses 
petitz  enffans  vous  en  seront  à  jamais  tenuz; 
de  quoy  je  vous  veulx  bien  aussi  de  ma  part 
remercyer  comme  de  cliose  qui  me  touche;  et 

1  Charles  V  partit  le  8  août  de  Bruxelles,  après  avoir 
lait  ses  adieux  à  sa  fille,  la  reine  de  Bohème,  et  à  son 
gendre  Maximilien.  (Mignet,  Charles-Quint;  son  abdica- 
tion,   p.    129.) 

-'  Ferdinand  i",  frère  puîné  de  Charles  V,  né  le  1  0  mai 
1  5o3 ,  roi  de  Hongrie  et  de  Bohème  en  1 537,  élu  roi  des 
Bomains  le  5  janvier  1  53 1 ,  empereur  en  1  550  après  l'ab- 
dication  de  Charles-Quint,  mort  à  Vienne  le  2 5  juillet 

I  56  '1  II  avait  épousé ,  le  5  mai  1  5a  1,  une  fille  de  Ladislas , 
roi  de  Hongrie,  dont  il  eut  quinze  enfants.  Brantôme  lui 
a  consacré  un  chapitre.  —  Voy.  Brantôme,  édit.  Lalanne, 
t.  I",  p.  81. 

Marie    Stuart.   L'ambassadeur   Renard    écrivait    le 

I I  août  i556  :  f  J'entends  que  la  reine  d'Escosse  est  fort 
malade  à  Fontainebleau  d'une  lîebvre  continue  et  qu'elle 
n'est  sans  dangier.  »  (  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de  (jran- 
'■•■II,  ,  t.  IV,  p.  661.) 

4   Voy.  p.   io». 


pour  ce  que  je  désire  veoir  ladicte  vefve  et 
enffans  eslre  du  loul  hors  de  procès  et  affaires, 
je  vous  prye,  Messieurs,  en  continuant  le  bon 
œuvre  que  vous  avez  desjà  faict,  et  duquel 
tousjours  me  souviendra  les  voulloir,  pour 
l'amour  de  moy,  avoir  en  telle  souvenance 
que  bonne  et  briefve  justice  leur  soit  faicte  le 
plus  lost  cjue  faire  ce  pourra,  en  ayant  tous- 
jours  leur  bon  droict  pour  recommandé;  et  je 
prieray  le  Créateur,  Messieurs,  qui  vous  ait  en 
sa  saincte  garde. 

De  Fontainebleau,  le  xc  jour  d'aousl  i55G. 

Cateiune. 
Prévost. 


I  556.  —  20  octobre. 
Orig.  Eibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  390,  f°  1. 

A  MONSIEUR  DE  ST  LAURENS, 

CONSEILLER    DU   BOV    ET   SON   AMBASSADEUR   EX   SLYSSE. 

Monsieur  l'ambassadeur,  le  Roy  monseigneur 
escript  présentement  aux  sieurs  de  Berne  en 
faveur  du  commandeur  de  Genevoys  pour  aul- 
cuns  affaires  qu'il  a  avec  eulx,  et  pour  ce  qu'il 
est  personnaige  auquel  je  veulx  en  cest  en- 
droictayder  tant  pour  la  recommandation  de 
sa  vertu  que  pour  ce  aussi  quil  est  alyé  el 
proche  parent  du  sr  de  Charantonnay,  l'un  de 
mes  gentilzhomm.es,  j'ay  bien  voulu  escripre 
de  ma  part  ausdiclz  sieurs  de  Berne  et  vous 
envoyer  ma  leclre  pour  la  leur  présenter  avec 
celle  de  mondicl  seigneur;  vous  pryant  que, 
oui  Ire  la  charge  que  vous  avez  de  luy  pour  ce 
faict,  vous  recommandez  encores  particuliè- 
rement de  ma  part  l'affaire  dudict  comman- 
deur; en  quoy  vous  me  ferez  bien  grant  et 
agréable  plaisir,  car  les  services  que  m'a  dès 
longtemps  faict  et  continue  chacun  jour  ledict 
de  Charantonnay  méritent  bien  que  je  le  re- 
congnoisse  envers  les  siens.  A  tant,  monsieur 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


10:, 


l'ambassadeur,  je  prye  Dieu  qu'il  vous  ayt  eu 
sa  saine  te  el  digne  garde. 

Escripl  à  Paris,  le  w'"' jour  d'octobre  1  55G. 

Catebike. 

DEPLAYS. 


(  155G.  —  Décembre,  i 

Orig.  Arch.  de  MuJène. 

V    MOIN    ONCLE   LE  DUC  DE  FERIURE'. 

Mon  oncle,  je  ne  vous  diray  point  le  plaisir 
que  j'ay  receu  d'avoir  entendu  par  vostre  am- 
bassadeur que  les  choses  sont  comment  je  1  ay 
désiré  tle  si  longtemps  et  de  voir  la  bonne  vo- 
lonté en  quoy  le  Roy  a  pris  de  envoyer  mon- 
sieur de  Guise  si  bien  accompaigné,  comme  il 
est,  qui  me  l'aict  espérer  que,  avec  i'ayde  de 
Dieu,  et  le  vostre,  que  je  verra}  le  Roy  en 
Italie  comment  je  luy  souhaiste  el  que  vostre 
grandeur  augmentera  avec  la  sienne,  comme 
la  raison  le  \cult  el  que  je  désire  pour  l'obli- 
gation que  je  vous  ay  en  particulier  de  tant  de 
honnestes  offres  que  vostre  ambassadeur  m'a 
laides  tle  par  vous,  de  quoy  je  vous  remercie, 
me  remectant  à  ce  que  je  prie  le  comte  Tbéo- 
phile  vous  en  dire  de  ma  part,  mais  prieray 
Noslre  Seigneur  me  donner  le  moyeu  de  le 
pouvoir  re'cognoislre  par  effect  comment  je  en 
ay  la  volonté,  et  vous  donner  ce  que  désirez1. 
Vostre  bonne  niepse, 

Caterine. 


affaires  pendans  par  devant  vous  entre  la  vefve 
du  feu  s'  de  Mouil'orl ,  mon  cousin  ',  et  ses 
parties  adverses,  entre  aultres  contre  la  vefve 
l'eu  sr  de  Lugny  el  le  seigneur  de  Seneeey- 
qui ensemblement  el  d'une  alliance  sont  bandez 
contre  elle,  taschans  el  s'efforezans  par  tous 
moiens  el  par  leur  grande  malveillance  de 
ruyner  et  destruyre  ladicte  vefve  el  sesdietz 
enffans,  connue  vous  en  povez  avoir  eu  con- 
gnoissance;  ce  qui  ne  me  peult  tourner  que  a 
regrecl  el  desplaisir,  ayant  bonne  intention  de 
la  secourir  el  aider  en  tout  ce  qui  me  sera 
possible;  cependant,  Messieurs,  je  vous  ay 
bien  voullu  escripre  et  pryer  que,  en  conti- 
nuant vostre  bonne  justice  acoustumée,  vou 
vuëillez,  en  ma  faveur,  avoir  ladicte  vefve  ei 
enffans  pour  bien  recommandez  en  leur  gar- 
dant leur  bon  droict  avecques  bonne  et  briefve 
expédition  de  justice;  de  sorte  que  je  puisse 
dire  que  vous  avez  satisffaicl  el  compleu  à  la 
prière  que  je  vous  faiz  qui  n'est  que  juste  el 
raisonnable,  vous  asseurant  que  plus  de  plaisir 
el  service  vous  ne  me  sçauriez  faire  que  je  re- 
congnoisteray  d'aussi  bon  cueur  si  en  quelque 
clinse  vous  me  vouliez  employer,  que  je  voys 
prier  le  Créateur,  Messieurs,  qu'il  vous  ail  en 
sa  très  saincte  et  digne  garde.  De  S1  Germain 
en  Laye,  le  xvm'  jour  de  décembre  1 556. 

Caterine. 

l'iîÉVOST. 


1506.  —  îS  décembre 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  Moreau ,  n"  83a,  f°  65. 

V  MESSIEURS  DE  LA  COIRT 

DE  PARLEMENT  DE  DIJON. 

Messieurs,  encores  que  je  VOUS  ave  p;u'  Cy- 

devanl  escript  el   recommandé  les  procès  el 

\ny.  tel  ire  1 1 1 ■  Henri  II  au  duc  de  Ferraredu  s8  no- 
vembre i556.  (Ribier,  Mémoires  d'Etat,  I.  Il,  p.  053.) 

CtTIII  ira     Dl     MÉDICIS.  1. 


1 557.  —  26  février. 
Orijj.  Arch.  de  Modène. 

A  MO.N  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 
Mon  oncle,  estant  assez,  advertie  de  l'indi- 

1  Cité  plus  haut,  p,  1  01  ;  il  était  de  la  maison  delà  Queille 
el ,  par  sa  mère  Isabeau  de  Bourbon-Busset,  cousin  de  I  la- 
thi  1 

2  C'esl  sans  doule  Nicolas  de  Baufremoni,  baron  de 
Sénecé,  mort  en  1 58a. 

1/1 


106 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


«nation  que  vous  avez  île  long  temps  conceue 
contre  le  sr  François  Ville,  laquelle  combien 
que  ce  a  esté  à  bonne  raison  et  juste  occa- 
sion, si  esse  que,  pour  la  faveur  que  je  luy 
porte,  el  à  tous  ceulx  de  sa  maison,  tant  pour 
les  verluz  et  bonnes  parties  qui  sont  en  luy, 
que  pour  ses  mérites,  et  spéciallement  pour 
l'affection  qu'il  a  tousjours  eue  et  portée  au 
service  du  Roy  monseigneur  où  il  s'est  très 
bien  et  fidellement  acquicté,  dont  II  est  Lrès 
recommandable,  j'ay  singulièrement  désiré 
qu'il  leust  réconcilié  en  votre  bonne  grâce 
ainytié,  et  ayant  sceu  que,  pour  cest  effeot, 
mon  dict  seigneur  vous  escripl  présentement, 
je  n'ay  voullu  faillir  dVcompaigner  sa  lelre  de 
la  présente,  pour  vous  prier,  de  ma  part,  au- 
lanl  affectionnement  que  je  puys,  vouloyr  en 
faveur  de  mondict  seigneur  el  de  moy,  oblyer 
ceste  votre  juste  indignation,  qui,  pai'  vertu 
de  tant  d'années  jà  expirées  doibl  auçulnernenl 
estre  digérée  el  éstaincle,  el  la  convertir  en  une 
bénévolence,  remectant  et  réintégrant  le  dict 
v  Ville  en  vostre  dicte  amytié  et  bonne  grâce. 
Ce  que  faisant,  mon  oncle,  oultre  l'occasion 
■  I  ■  contentement  que  vous  donnerez  à  mon  dict 
seigneur,  j'en  recevray  de  ma  part  très  grant 
el  agréable  plaisir,  estant  ce  bien  el  faveur 
faietz  à  ung  gentilhomme  que  j'ay  en  très 
bonne  et  singullière  recommandation.  Vous 
priant  me  faire  responce  sur  ce  de  vostre  in- 
tention, laquelle,  comme  j'espère,  correspon- 
dera  à  celle  de  mon  dict  seigneur  et  la  myenne, 
qui  me  gardera  vous  en  dire  davantaige,  et 
me  recommandant  à  vous  de  bien  bon  cueur, 
je  prie  Dieu  vous  donner,  mon  oncle,  ce  que 
désirez. 

Escripl  à  Blovs.  le  \\m"  joui- de  febvrier 
i  ô  5  (i  (  i  ô  .">  -  ) . 

Vostre  bonne  niepse, 

Catemne. 


(  1557.  —  i3  mars.) 
Ori(;.  British  Viuseum. 

A  MON  ONCLE  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  oncle,  j'ay  esté  bien  ayse  de  entendre 
de  vos  nouvelles  par  monsieur  le  cardinal  de 
Lorraine  et  la  bonne  volonté  que  vous  por- 
tez au  Roy,  encore  que  je  ne  en  ay  jamais 
doublé.  Je  suis  bieu  marrie  qu'elle  ne  se  peult 
à  ceste  heure  exécuter,  mais  je  vous  prie  la 
garder  comme  je  m'asseure  que  vous  ferez  à 
quant  l'occasion  se  présentera  qui  peult  estre 
sera  plus  tost  que  l'on  ne  pense,  si  Dieu  plaist , 
au  moins  je  le  vouldrois.  Je  donne  charge  à 
ce  porteur  de  vous  dire  quelque  chose  de  ma 
part,  de-quoy  je  vous  prie  le  croire  et  me  re- 
mectant sur  luy  de  toutes  les  nouvelles  de  ceste 
compagnie,  je  feray  fin,  me  recommandant  si 
bien  fort  à  vostre  bonne  grâce. 

Vostre  bonne  niepse, 

Catemne. 


1  .jo  /.  —  la  juin. 
Orig.  Bibl.  u.it.  fonds  Moreau,  n°  83-j ,  f°  7s. 

v   MESSIEURS  LES  PRÉSIDE\S 
ET    CONSEILLERS    DU    ROÏ    MONSEIGNEUR 

K\  SA  COURT  DE  PARLEMENT  DE  Dl.loY 

Messieurs,  ayant  entendu  que  mon  cousin 
le  s'  de  la  Cueille'  a  ung  procès  par  devant 
\ous  à  cause  de  certaine  garentye  par  luy  l'aide 
d'une  terre  pour  le  feu  sr  de  Montfort,  son 
frère,  envers  aucuns  marchans  de  Lyon,  je 
vous  ay  bien  voulu  escripre  la  présente  pour 
vous  prier  bien  affectueusement  voulloir  tant 
faire  pour  moy  que  d'avoir  en  justice  le  bon 
droit  dudicl  sr  de  la  Cueilli'  en  singullière  re- 
commandation. El  vous  me  ferez  plaisir  fort 

1  Jean  île  la  Queille. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1117 


agréable;  car  je  désire,  pour  ce  qu'il  m'atoucbe 
de  parenté,  luy  ayder  el  subvenir  en  cesl  affaire 
el  aultres  là  où  je  pourray.  A  tant,  messieurs, 
j(?  prie  le  Créateur  vous  avoir  en  sa  saincte  el 
digne  garde.  Escripl  à  Rains,  ce  xnm°  jour  de 
juin;;   1  .">•>-. 


c* 


Lof 


I  557.  —  S  juillet. 

Mi l'.ill.  nui.  fonds  français,  u'  3898,  1    70. 

AU  PAPE. 

Tirs  Saincl  Père1,  nous  avons  bien  ample- 
ment entendu  par  l'abbé  de  Sainct-Ferme2,el 
depuis  par  noslre  cousin  le  mareschal  Strossy3 
comme  il  a  pieu  à  Vostre Saincteté  commectre 
le  jugemenl  du  procès  que  nous  avons  au 
doyen  de  la  Doue  et  au  sieur  Bartbolomej 
de  Bénévent,  de  l'intégrité  et  dilligence  des- 
quelz  nous  avons  telle  confiance  que  nous  es- 
pérons en  avoir  prompte  et  briefve  expédi- 
lion  en  justice  et  joissance  des  biens  par  nous 
prétenduz4,  el  dont,  comme  vostre  bumble  el 
dévoile   fille,  en  mercions  Vostre  Saincteté, 

1  Paul  IV.. 

;  Etienne  Boucher,  ilejà  cil';,  p.  38,  fils  de  Tristan 
Bouclier.  Il  lui  d'abord  abbé  de  Saint-Ferme  (prieuré 
dans  le  diocèse  do  Bazas) ,  puis  devint ,  en  1 56o  (  5  avril), 
évéque  de  Quimper,  en  récompense  des  soins  qu'il  avait 
donnés  dorant  de  longues  années  aux  affaires  el  aux 
nombreux  procès  de  Catherine  de  Médicis  en  Italie. 

3  Pierre  Slrozzi. 

'  Il  s'a;;isviil  i|i.  la  succession  du  cardinal  llippolyle 
de  Médicis,  fils  naturel  de  Julien  de  Médicis,  cousin  de 
Catherine,  mort  à  Étri,  le  i3  août  i535;  celte  succes- 
sion était  disputée  à  la  l'ois  par  les  créanciers  du  cardinal 
et  par  la  duchesse  de  Parme,  Marguerite  d'Autriche, 
mariée  en  premières  noces  à  Alexandre  de  Médicis, 
frère  naturel  de  Catherine.  Voici  ce  que  nous  lisons  dans 
['Histoire  des  illustres  familles  d'Italie,  par  Litta  (article 
Médicis,  I.  11)  :  itlppolito  lu  padrone  del  ricco  fede  com- 
cmesso  instituito  da  Clément  Vil  di  tulli  i  lioni  <li  casa 


laquelle  nous  supplions  continuer  lousjours 
ceste  bonne  volunté  envers  nous  et  tenir  la 
inainà  ce  que  noslre  droicl  soyl  bien  veu  cl 
entendu  ,  el  que  la  lin  et  expédition  s'en  en- 
suyvenl  le  plus  promptemenl  que  faire  ce 
pourra;  priant  Dieu,  1res  Saincl  Père,  qu'il 
vueille  longuement  préserver  et  garder  icelle 
\  ostre  dicte  Saincteté  au  bien,  régime  el  gou- 
vernement de  noslre  mère  saincte  Eglise. 
Escripl  à  Compiegne,  le  vme  juillet  i"i.r>-. 
Vostre  dévotte  Clle, 

la  rov  ne  de  France. 

Caterim  . 


1557.  —  (  Fin  d'aoùl.) 
Ani.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  3iio,  I    I 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIE1  R  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  j'ay  anlandeu  que  vous  desy- 
ryés  savo}  nies  nouvelles  deu  Roy.  des  myennes 
et  de  mes  enfans  qui,  je  vous  aseureray,  sonl 
dès  lionnes  el  voudroys  byen  que  vous  Eeusyés 
ysy  pour  les  voyr,  car  je  croy  que  vous  5  pran- 
dryés  grant  playsyr;  enatandantje  vous  prye 
mètre  peyne  de  garder  vostre  santé,  ay  ne 
vous  anneuyer  que  le  moyns  qu'yl  vous  sera 
possyble1.  (Juant  vous  aurés  la  commodyté, 
je  seray  byen  ayse  que  vous  me  mandyés  de 
veos  nouvelles,  que  je  prye  Dieu,  mon  com- 
père, esire  telles  que  vous  les souhayttés. 
Noslre  bonne  commère  et  aime. 
Caterisi 

■  Medici ,  passato  dopo  di  lui  ai  duca  Alessandro  che  ebbe 
ttconteslo  con  Paolo  III  per  rispetto  de  boni  nello  Stato 
r.pontificio  ed  allie  suppeleclili  lasciate  dal  cardinale,  Ira 

r\n  ipiali  una  célèbre  armoria.» 

1  Elle  fait  allusion  à  la  prison  du  connétable;  celte 
lettre  est  postérieure  à  la  bataille  de  Saint-Quentin  perdue 
If  i"  août  1  557. 

i'i. 


lus 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


(1557.  —  Septembre.) 

Orig.  Arcli,  du  château  de  Gaalaincoarl;  copie  transmise 
par  M.  Goraart. 

A  MONSIEUR  DE  CAULINCOl  RT '. 

Mous,  de  Caulincourt,  le  Roy  monseigneur 
esl  très  bien  informé  du  bon  devoir  et  des 
1res  notables  efforts  que  vous  et  les  sieurs  de 
Trémecourt  et  d'Amerval2  et  autres  vos  bons 
parents  et  amis  avez  fait  pour  éloigner  les  en- 
nemis de  ce  royaume  et  conserver  la  ville  de 
S'-Quentin  sous  son  obe'issance;  par  quov  en- 
core que  la  fortune  soit  de  présent  malheu- 
reuse,  je  ne  veux  faillir  de  vous  assurer  l'ex- 
tresme  contentement  que  j'ai  eu  de  ce  témoi- 
gnage de  votre  affection  au  service  du  Roy 
mon  dicl  seigneur,  espérant  que  l'aide  de  Dieu 
et  la  vertu  et  valeur  des  bons  serviteurs  tels 
que  vous  nous  donnera  en  bref  consolation 
et  réconfort,  ce  qui  m'oblige  de  vous  augmen- 
ter ma  bonne  volonté  et  afection  et  mon  désir 
de  conforter  celle  du  Roy  mon  dict  seigneur 
en  votre  endroit,  laquelle  en  toutes  occasions 
qui  se  présenteront  je  la  vous  ferai  cognoislrc 
par  efet,  comme  le  désire 

Votre  bonne  amie, 

Catemxe. 


1557.  —  y  septembre. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  38ç)8 ,  f'  G7  v°. 

AU  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  il  vous  a  pieu  cy  devant 
comectre  le  jugement  du  procès  que  nous 
avions  pardevant  vous  au  doyen  de  la  Rotle  et 
au  conservateur  de  Naples3,  lesquelz  suivant 
vosfere  commandement  et  commission  que  à 

'  Caulaincourt,  quatrième  du  nom,  il  se  fit  huguenot. 
—  Yoy.  Brantôme,  édil.  L.  Lalanne,  t.  VI,  p.  176. 

3  Simon  d'Amerval ,  s' d'Asservilliers.  —  Voy.  La  Ches- 
naie-Desbois,  Dict.  île  la  noblesse,  I.  I,  '187. 

3  Ce  doit  être  Barlholomée  de  Benévent,  nommé  dans 


ses  fins  il  avoit  pieu  à  Vostre  Saincteté  faire 
expédier,  avoient  veu  le  tout  et  en  estaient 
prestz  et  instruiclz  pour  en  donner  leur  sen- 
tence et  jugement.  Touteffois  aianl  esté  ad- 
vertie  que  ledict  conservateur  vcult  revenir  en 
France  sans  arrester  plus  longuement  par 
dellà1,  nous  avons  bien  voulu  escripre  la  pré- 
sente à  Vostre  Saincteté  et  la  supplier  bien 
instamment  que,  si  le  dict  conservateur  est 
partv,  ou  qu'il  ne  veulle  attendre  la  lin  et 
jugement  de  noslre  procès,  qu'il  vous  plaise 
commectre  et  subroger  en  son  lieu  avec  le  dicl 
doyen  de  la  Rotte  quelque  homme  de  bien, 
d  intégrité  et  preudhomic,  et  duquel  nous  en 
puissions  espérer  bonne  et  briefve  expédition, 
laquelle  nous  supplions  à  Vostre  dicte  Sainc- 
teté de  vouloir  commander  nous  estre  faicte  la 
plus  prompte  que  faire  se  pourra,  veu  le  long 
temps  qu'il  y  a  que  nous  sommes  à  la  pour- 
suitte  pour  en  avoir  l'expédition,  laquelle  a 
esté  tousjours  relardée  par  les  menées  et  sub- 
terfuges des  parties,  qui  ne  demandent  que  à 
reculer  le  plus  qu'ilz  peuvent  le  jugement  du 
dict  procès.  Priant  Dieu,  très  Sainct  Père, 
qu'il  veuille  longuement  maintenir  et  préserver 
Vostre  dicte  Saincteté  au  bien,  régime  et  gou- 
vernement de  nostre  mère  saincte  Église. 

(Au  dos.)  Au  Pape.  Cesle  despesche  datée 
du  ix"  septembre  i5b-]  a  esté  envoyée  le  dict 
ixc  du  dict  mois  de  septembre. 

la  lettre  précédente.  Par  le  titre  de  conservateur,  on  dési- 
gnait les  juges  que  le  Pape  nommait  pour  certaines  causes 
particulières. 

-  Saint-Ferme  écrivait  le 7  octobre  1557a  Catherine: 
«Les  créanciers  emploient  tous  leurs  amys  pour  parler 
de  noz  affaires  et  monstrent  de  vous  vouloir  ayder 
contre  madame  d'Autriche,  mais  ilz  ne  vouldroient  relas- 
cber  les  cinquante  mil  escus ,  desquelz  encore  qu'ilz  soient 
entre  leurs  mains  demandent  encore  asseuronce,  j'espère 
avec  l'ayde  de  Dieu  de  les  bien  promener,  puisque  le  con- 
servateur demoure  par  deçà.i  (Bibl.  nat.  fonds  français. 
n°  38oS,  f°i3a  v°.) 


LETTRES  DE  CATH 
1557.  —  i.'î  octobre. 

itinute.  Bibl.  ual.  fonds  français ,  I    ^3. 

A  MONSIEUR  LE  CARDINAL  STHOSSV. 

Mon  cousin,  je  vous  ay  escripl  piéçà  et  faicl 
responce  à  voz  lettres,  el  depuis,  oultre  Ge  que 
j'ay  entendu  par  mon  cousin  le  mareschal 
Strossy,  j'aj  receu  des  lettres  de  Monsieur  de 
Selve2  el  de  l'abbé  de  Sainct-Ferme  par  les- 
quelles il/,  m'adverlissent  que  le  conservateur 
de  Naples,  qui  avoil  grand  volunté  de  reve- 
nir en  France,  demourera  encores  par  dellà, 
suivant  le  commandemenl  qui  lux  en  a  esté 
faict  de  la  part  de  Nostre  Sainct  Père,  tant 
poui  i  •  jugement  de  mon  procès  que  pour 
autres  affaires  que  Sa  Saineleté  luy  fera  en- 
tendre, dont  j'ay  esté  bien  ayse  pour  ce  qu'il 
est  bien  instruict  du  procès,  et  si  j'ay  bonne 
oppinion  qu'il  me  conservera  mon  droict.  A 
ceste  cause,  mon  cousin,  je  vous  prie  tenir  la 
main  que  l'on  en  poursuive  l'expédicion  le  plus 
promptement  et  diligemment  que  faire  ce 
pourra.  Au  demourant,  quant  à  ce  que  mon 
cousin  le  sieur  Robert  Strossy1,  vostre  frère, 
m'escripvit  dernièrement  pour  le  mariage  de 
sa  lille,  lorsque  je  luy  en  escripvis ,  j'en  avois 
volunté,  d'autant  qu'il  me  sembloit  eslre  à 
propos  et  pençant  que  les  affaires  de  la  Tos- 

1  Laurent  Slrozzi,  évêque  Je  Béziers  |i~>'i 
véque  d'Albi    i56l),  puis  d'Ail  (i566),  né  à  Florence 
en  i5a3,  mort  à  Avignon  le  l 'i  décembre  1071. 

-  Jean-Paul  de  Selve,  ambassadeurà  Rome  en  1  555 
évêque  de  Sainl-Floox  en  i56o,  morl  en  i56g. 

*  Boberl  Strozzi,  l'rère  de  Pierre  cl  Léon  Slrozzi.  Après 
avoir  pris  pari  aux  guerres  d'Italie  sous  Henri  11,  il  de- 
uni  chevalier  d'honneur  de  Catherine  de  Médicis  el  mou- 
rut en  France  en  i566.  De  Madeleine  de  Médicis,  il 
avait  eu  Irois  filles  :  Alphonsine,  qui  épousa  Scipion  de 
Fiesque;  Giulia,  mariée  à  Mario  Frangipaui .  qui  pi  il  du 
sei  1  ice  en  France ,  et  Catherine ,  mariée  en  1  ô  7  1  a  1  lar- 
lotlo  Orsini.  —  Voy  .  Lilta.  Famiglie  italiaiw,  t.  VI. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  109 

cane  allassent  autrement  qu'il/,  n'ont  faict; 
mais  à  présent  voianl  l'estal  auquel  sont  les 
affaires  par  deçà1,  il  me  semble  que  ceseroil 
plustot  à  son  désadventaige  que  à  son  adven- 
taige,  tellement  que  je  suis  d'advis  qu'il  re- 
garde par  dellà  de  trouver  quelque  bon  el 
bonneste  parly  et  en  bonne  maison,  où  il  la 
puisse  mectre,  et  de  ma  part  asseurez-le  que 
je  y  tiendra^  la  main  et  lui  ayderay  de  tout  ce 
qu'il  me  sera  possible.  Au  surplus,  mon  cou- 
sin, le  mareschal  Strossy  m'a  dict  qu'il  vous  a 
laissé  ung  mémoire  de  plusieurs  besongnes 
qui  me  sont  nécessaires ,  je  vous  prie  de  re- 
garder de  les  recouvrer  suivant  le  contenu  eu 
icelluy  et  m'advertissez  de  ce  que  vous  y  aurez 
faicl.  Au  demourant,  envoyez  moy  quelque 
homme  qui  puisse  bien  besogner  en  son  estât 
et  arrosiez  avecques  luy  ce  que  je  luy  don- 
neray  par  chascun  an.  Aussi  regardez  d'en 
trouver  ung  autre  qui  saiche  bien  paindre  au 
vif  et  luy  ferez  faire  vostre  pourtraicl .  ou  de 
quelque  autre  que  je  cognoisse  el  le  m'en- 
voyez à  ce  que,  si  je  le  trouve  bon  et  bien 
faicl,  vous  m'envoyez  le  dict  personnaige  pour 
qu'il  serve  par  deçà,  et  surtout  qu'ilz  soyenl 
des  meilleurs  et  plus  excellentz  en  leur  arl  et 
mestier  que  l'on  pourra  rencouvrer,  priant  le 
Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle 
el  digne  garde.  De  Saint  Germain  en  Lave, 
ce.  .  .  jour  d'octobre. 

(Au  dos.)  A  Monsieur  le  Cardinal  Strozzy, 

fin  \ui'  octobre  i  ô.j-. 

1  Philippe  II,  pour  réagir  contre  les  conséquences  qu'il 
redoutait  Je  l'alliance  de  la  France  avec  le  Saint-Siège, 
avait  cède,  le  7  juillet  1 5 5 7 ,  au  duc  il''  Flor  ne,  l'Étal 
de  Sienne,  en  se  réservant  Orbitello,  Porto-Ercol  i,  Tela- 
moue.  Monle-Argentaro  et  Porlo  San-Stefano.  — Voy.  poin- 
ta situation  de  l'Italie  a  cette  1  pbque,  dépêche  de  Pero 
Pelido  à  Cosme  I  .  !<  iciation»  diplomatique!  nvec  In 
Toscane,  t.  III.  p.  :!7'i  et  :;7">.) 


il' 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


1557    —   i  3  octobre. 
Hinu  ■■■  Bilil    nai  :  '     "    ■'*'.<-■  '    '  "• 

\  NOSTRE  TRÈS  SAINT  PÈRE. 

Très  Saincl  Pi  re,  ayanl  cnlcndu  comme  il 
i  ;  |  .,,  ;,  Voslre  Sainclelé  envoy  r  devers  les 
juires  c\  devant  commis  pour  !e  ju;;emenl  de 

procès,  pour  la  prompte  el  briefvc  expé- 

(lirion  d'icelluy,  nous  avons  bien  voulu  en  re- 
mercier Voslre  dicle  Saincleté  el  la  supplier 
bien  instammenl  de  commander  encores  de 
rechef  que,  conservant  nos  Ire  droict,  il/,  y 
inectenf  une  lin  et  que  le  jugement  s'en  en- 
suive le  plus  losl  que  faire  ce  pourra,  eu 
esgard  au  loup,  temps  qu'il  y  a  que  nous 
«mimes  à  la  poursuicte  du  dicl  procès  et  que 
l'expédition  en  a  lousjours  esté  retarde'e  par 
ublerfuges  el  dellayemens  des  parties  qui 
ne  demandent  que  à  reculler  el  fuir  le  plus 
,|U'ilz  peuvent.  Aussi  aiant  entendu  que  mes- 
ure Jehan  Baptiste  Ozio,  evesque  de   Rieti , 

dntaire  de  ■ tre  dicte  Saincteté,  qui  a  esté 

nostre  advocat,  est  détenu  prisonnier,  mous 
avons  aussi  bien  voulu  supplier  icelle  Voslre 
dicte  Sainclelé  de  voulloir  commander  en 
uoslre  laveur  le  dicl  Ozio  eslre  délivré  et  mis 
en  liberté,  priant  Dieu,  très  Saincl  Père,  qu'il 
veuille  iongtn  ment  préserver  el  garder  icelle 
Voslre  dicte  Sainclelé  au  bien,  régime  et  gou- 
vernement de  nostre  mère  saincle  I 
Vostre  dévote  Qlle  la  royne  de  France, 

Caterine. 

I  \udos.)  \u  Pappe,  du  xm0  octobre  i  ■<■<-■ 


I  1557.     -  i  '■  octobre.) 
Minute,  l'.ill.  nat.  fonds  fra s,  n   38g8,  1    fto. 

VU  COMTE  DE  PALLIANO1. 

Mou  cousin,  ayant  enl lu  la  I ne  vo- 

!  .-..n  i  araffa    neve  i  de  Paul  IV,  c I"  de  Mantoue 


lunlé  de  laquelle  vous  continuez  lousjours  .1 
vous  employer  es  affaires  qui  me  touchent,  el 
mesmos  en  l'expédition  de  mon  procès  contre 
les  créanliers  du  feu  cardinal  de  Medicis  ',  tant 
à  l'endroicl  de  Xoslre  Saincl  Père  que  de  mes 
juges,  en  Mule  qu'il  \  a  eu  sentence  à  mon 
profficl  ;  je  vous  a\  bien  voulu  escripre  la  pré- 
sente pour  vous  mercier  bien  fort  de  ce  que 
vous  v  avez  faicl  pour  moy,  el  vous  prier  de 
lenir  encores  la  main  que  le  procès  que  j'a\ 
ronlre  la  duchesse  de  Parme2  pour  raison  de 
la  succession  de  la  maison  de  Médicis  soyl 
jugé  le  plus  losi  que  faire  ce  pourra;  vous 
asseuranl  que,  ce  faisanl .  me  ferez  plaisir  très- 
agréable,  lequel  je  recognoistray  on  voslre  en- 
droicl  eu  ce  que  me  vouldrez  employer,  el  ce 
d'aussi  bonne  volunté,  que  je  prye  le  Créa- 
it ur  vous  avoir  en  sa  saincte  garde,  elc. 

]  557.  —   1  '■'<  octobre. 

Minul     Rihl.  nal.  fonds  français,  n'   38gS ,  I     :>i. 

\   MONSIEUR  LÉVESQUE  DE  FORLY. 

Monsieur  de  Forly3,  aiant  entendu  par  ce 
que  l'abbé  de  Sainct-Ferme  m'a  escript,  la 
bonne  voulcnté  el  affection  de  laquelle  vous 
avés  parlé  aux  juges  de  mou  proies,  pour 
la  prompte  expédicion  d'icelluy  avec  la  con- 
servation de  mou  droict,  je  vous  ay  bien 
voulu  escripre  la  présente  et  mereyer  bien  loti 
de  ce  que  vous  v   avés  laid ,  vous  priant  de 

el  duc  de  Palliano.  Arrêté  par  ordre  de  Pie  IV,  il  eul  la 
1  iie  m  .nid le  6  mars  1  5G 1 .  pour  avoir  abusé  de  I  au- 
torité ilti  pape,  son  oncle,  el  pour  avoir  fait  étrangler, 

sous  prétexte  d'adultère,  Dias   Cari la,  son   épouse, 

qui  (Hait  grosse.   —  Voy.  Lettre  de  l'évêque  de  I. iges. 

(  liilil.  nat.  fonds  franc.  n°  3897,  p.  2 13.) 

;   llippolyle  de  Médicis,   cité  plus  baut  p.  107. 

-  Marguerite  d'Autriche,  fille  naturelle  de  Charles- 
Quint,  veuve  d'Alexandre  de  Médicis,  el  mariée  en  se- 
condes noces  à  Octave,  duc  de  Parme. 

■  Bernard  de  Médicis,  cité  plus  baut, p.  9. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


il! 


continuer  quanl  il  eu  sera  besoin;;  el  que  vous 
en  serés  requis  de  tua  part  par  le  dict  de  Sainrt- 
Ferme;  el  en  ce  que  je  me  poura}  employer 
pour  vous,  je  le  feray  de  bien  bon  cucur. 
Priant  le  Créateur,  Monsieur  de  For! y,  \ous 


avoir  en  >a  saincte  garde. 


|  Au  dos.  :  \  Mon  >ieur  l'Evesque  de  Forly, 


du  \ni   octobre  1  55 


I ."jô7.  —  27  octobre. 
Minute.  Bibl.  naî.  foni!s  français,  n'  3807,  i'  ■   7 

U    COMTE  DE  PALLIANO. 

Mon  cousin ,  j'ay  receu  la  lettre  que  m'avez 
êscript  el  faicl  entendre  au  Roy  monseigneur 
le  contenu  en  icelle,  lequel,  continuant  tous- 
jours  en  la  bonne  voulenlé  qu'il  a  eue  envers 
Nostre  Sainct  Père  cl  les  siens,  a  esté  bien  ayse 
de  ce  que  Sa  Sainctelé  s'esl  accommodée  en  ses 
affaires  par  l'accord1  qu'il  a  faicl  avec  le  Roy 
d'Espaigne,  avant  mieulx  aviné  se  mectre  en 
poyne  pour  la  mectre  en  repoz  et  transquillité 
que  d'en  avoir  usé  aultrement,s'asseurant  bien 
qu'elle  sera  tousjours  mémorative  des  bons 
offices  que  le  Roy  mon  dicl  seigneura  faietz  en 
son  endroict,  el  pour  ce  que  je  vous  aj  tous- 
jours  cogneu  affectionné  tant  envers  le  Roj 
mon  dict  seigneur  que  en  ce  qui  a  concerné 
mes  affaires  particullièrement,  je  vous  ay  bien 
voulu  escripre  la  présente  et  vous  en  mereyer 
bien  fort,  vous  priant  de  vouloir  tousjours 
continuer  et  avoir  mes  diclz  affaires,  quant  il 
vous  en  sera  parlé  de  ma  part,  en  telle  re- 
commandation que  vous  avez  eue  jusques  icy, 
et  en  ce  que  le  Roy  mon  dicl  seigneur  et  moj 

1  Elle  fait  allusion  au  traité  que  le  Pape  venait  de  'con- 
clure avec  le  duc  d'Albe,  qui  consentit  à  venir  faire  à 
Rome  des  soumissions  et  à  y  recevoir  l'absolution  au 
nom  de  Philippe  II  (  i.'i  septembre).  — Voy.  Relations  di- 
plomatiques de  la  France  avec  le  Toscane,  t.  lit,  p.  378. 


nous  pourrons  employer  pour  vous  nous  le 
ferons  d'aussi  bon  cueur  que  vous  nous  en 
sçauriez  requérir,  priant  le  Créateur,  mon 
cousin,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  garde. 

i  l«  dos.)  \  M.  le  Comte  de  Palliano,   du 

\w  11  octobre  i  '>'■>-. 

I  557.  —  V''.  irabi 
Miaule.  Bibl.  uni    1      I     ranpi       ..■.;. 

A  MONSIEUR  DE  SELVE1, 

ÉVÈQDE    HE    S'JYI     FLOUS,    AMDASSADEUB     \    HOME. 

Monsieur  de  Selve,  despuis  vous  avoir  ês- 
cript du  dixiesme  de  ce  moys,  j'ay  receu  vostre 
lettre  du  douziesme,  par  laquelle  vous  m'ad- 
\  .'i  tissez  que  le  doyen  de  la  Houe  et  le  conseï 
valeur  de  Naples  soûl  du  tout  instruietz  du 
faict  de  mon  proies  et  prelz  à  prononcer-  i 
que  loutteffois  le  dict  conservateur  a  délibéré, 
quelque  remonstranecs  que  vous  luy  ave/,  sur 
1  e  faictes,  de  s'en  venir  par  deçà  pour  le<  rai- 
sons qu'il  vous  a  alléguées,  ce  que,  si  ainsi 
esl ,  et  qu'il  parle  avant  que  prononcer  la  dicte 
sentence,  viendra  lies  mal  à  propos  el  se. a 
cause  d'une  grand"  longueur  pour  le  long 
lemps  qu'il  fauldra  à  celluy  qui  sera  commis 
e!  subrogé  en  son  lieu,  avant  qu'il  en  sovl 
prest  et  instruict;  si  est-ce  qu'il  y  fault  pour- 
veoir  etpour  cesl  effecf  je  v  eus  envoyé  une  le!  h  e 
que  j'escriptz  à  Nostre  Sainct  Père,  par  la- 
quelle je  supplie  à  Sa  Saincteté  que  si  le  dicl 
conservateur  s'en  vient,  il  veulle  commectre 
en  son  lieu  quelque  homme  de  bien  el  bonne 
intégrité  et  preudhommye  el  duquel  j'en  puisse 
espérer  bonne  et  briefve  expédition,  et  pour 

cesl  efféct  faull  que  vous  demandez2 , 

que  l'on  m'a  asseuré  estre  de  la  qualité  que 


I  il    j  il  us  liant,  p.   1  09. 
Le  nom  est  laissé  en  blanc. 


112  LETTRES  DE  CATH 

dessus  et  fort  affectionné  au  service  du  Roy 
monseigneur,  tellement  que  par  ce  moien  j'en 
pourrais  espérer  meilleure  et  plus  prompte 
expédicion  que  de  nul  autre,  et  entretenez 
tousjours  aussi  ledoien  de  la  Roue  en  la  bonne 
volunté  en  laquelle  il  est,  auquel  vous  baillerez 
la  lettre  que  je  luy  cscripls  à  ses  fins,  et  sur- 
tout encorcs  que  le  dict  conservateur  soit  par 
dellà,  ou  qu'il  soit  party  et  qu'il  y  en  ait  ung 
autre  commis  en  son  lieu,  il  en  faull  solliciter 
l'expédicion  le  plus  disligemment  que  faire  ce 
pourra ,  pour  ce  que  je  désire  sur  toutes  cboscs 
d'en  avoir  une  fin.  Je  vous  ay  escript  ample- 
ment par  la  dernière  dépescbe  que  je  vous  ay 
l'aide  mon  intencion  sur  l'accord  que  les  scin- 
diez des  créanciers  du  feu  cardinal  de  Médi- 
cis  voulloient  faire  avec  nioy,  suivant  ce  qu'ilz 
m'avoient  escript  et  qu'ilz  avoient  aussi  dict  à 
Nicot1,  ce  que  vous  ensuivrez  et  m'advertirez 
tant  de  la  responce  qu'ilz  vous  auront  sur  ce 
faicte  que  aussi  de  l'estat  de  mon  dict  procès, 
lequel,  saichant l'affection  que  vous  y  avez  et 
à  tout  ce  que  touche  et  concerne  mon  service 
et  le  bien  de  mes  affaires,  je  ne  vous  recom- 
manderay  poinct  aultrement  que  de  vous  prier 
y  faire  vostre  debvoir.  Priant  le  Créateur,  Mon- 
sieur de  Selve,  vous  avoir  en  sasaincteet  digne 
garde. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

dernier  décédé;  à  ceste  cause,  je  vous  prie  le 
voulloir  faire  coucher  en  l'estat  à  semblables 
gaiges  et  prolfictz  que  le  dict  Chancel  et  les 
.aultres  trompettes  de  mon  dict  seigneur  ont 
acouslumé  d'avoir  et  m'asseurant  que  vous  le 
ferez  ainsi,  je  finiray  ceste  lectre  pour  prier 
le  Créateur,  mon  cousin,  qu'il  vous  ait  en  sa 
saincle  garde. 

EscriptàSaintCcrmain  enLaye,  cexiin'jour 
de  décembre  1  557. 


1557.  —  1  '1  décembre. 

Orig.  Bibl.  ont.  fonds  français,  vol.  2oa5ç),  p.  95. 

A  MON  COUSIN  MONSIEUR  DE  BOISY, 

CHEVALIER   DE   L'ORDRE   DU   POY   MONSEICNEHR  ET    GRAND   ESCUIEB    DE  EltA.NCE. 

Mon  cousin,  il  a  pieu  au  Roy  monseigneur 
de  retenir  ce  trompette  présent  porteur  en  son 
service,  au  lieu   et  place  de  Pierre  Chancel, 

1  Jean  Nicot,  sieur  de  Yillemain,  né  à  Nîmes  en  i53o; 
il  fut  longtemps  ambassadeur  en  Portugal,  et  mourut  le 
10  mai  i5(io. 


Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


Rossignol. 


1557.  —  (10)  décembre. 
Miaule.  Bibl.  nat.  fomls  français ,  n°  3898 ,  f°  68. 

AU  PAPE. 

Très  Sainct  Père,  aiant  entendu  que  com- 
bien que  la  duchesse  de  Parme  L  et  les  créan- 
ciers du  feu  cardinal  de  Médicis  s'estans 
joinetz  ensemble  aient  faicl  toute  l'instance  à 
eulx  possible  pour  faire  remectre  mon  pro- 
cès à  la  Rotle  pour  tousjours  deliayer  et  éviter 
l'expédicion  d'icelluy,  il  a  pieu  à  Vostre  Sainc- 
teté,  comme  chose  très  juste,  accorder  de 
vostre  propre  mouvement  que,  nonobstant  les 
protesterions  qu'ilz  avoient  baillées  contre  noz 
juges,  ilz  passeraient  oultre,  de  manière  que. 
suyvant  vostre  sainct  vouloir  et  commande- 
ment, la  sentence  s'est  ensuivie  à  nostre  prol- 
(iet;  nous  en  avons  bien  voulu  mercier  icelle 
Vostre  dicte  Saincteté,  et  la  prier  bien  ins- 
tamment, en  continuant  ceste  bonne  volunté, 
vouloir  de  rechef  commander  aux  dietz  juges 
que,  ayans  nostre  droict  en  bonne  recommen- 
dacion,  ilz  meelent  une   fin    au  procès  que 

1   Citée  plus  haut,  p.   1  in. 


LETTRES  DE  GAT 

nous  avons  encores  contre  la  dicte  duchesse 
de  Parme, pour  raison  de  la  succession  de  la 
maison  de  Médias,  lussi  nous  avons  bien 
voulu  prier  Vostre  dicle  Saincteté,  suivanl  ce 
que  luv  avons  cy-devant  escript,  de  voulloir, 
en  nostre  faveur,  commander  Messire  Jehan- 
Baptiste  Ozio,  évesque  de  Rielty,  qui  a 
nostre  advocat.  estre  dellivré  de  la  prison  où 
il  e>t.  et  mi<  en  liberté.  Priant  Dieu,  très 
Sainct  Père, qu'il  \eille  longuement  maintenir 
et  préserver  icelle  Vostre  dicte  Saincteté  au 
bien,  régime  et  gouvernement  de  nostre  mère 
saincte  Eglise. 

Escript  à  S1  Germain  en  Laye,  le.  .  .  .jour 
de  décembre  1  ■>■<'■ 

Vostre  dévoste  fille  la  royne  de  France, 
Catf.rine. 


HE 


1557.  —  1 5  décembre. 

Minule.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  a°  3898,  f  26. 

\  MONSIEUR  LE  CARDINAL  DI  BELLAY1. 

.Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du 
xxin*  novembre  cl  veu  par  le  contenu  d'ieeHc 
la  bonDe  volunlé  de  laquelle  vous  continuez  à 
vous  employer  es  affaires  qui  me  touclient 
et  mesmes  en  l'expédicion  de  mon  procès, 
tant  à  l'endroicl  de  Xostre  Sainct  Père  que 
de  mes  juges,  en  sorte  que.  comme  de  dès- 
puvs  j'ay  esté  advertye,  la  sentence  a  esté 
donnée  .  par  laquelle  les  xx,a  escus  qui  estoient 
entre  les  mains  des  créantiers  du  feu  cardinal 
de  Médicis,  ensemble  les  fruiclz  provenans 
d'iceulx  despuys  que  la  dicle  somme  estoit 
en  leurs  main-  m'a  esté  adjugé,  dont  je  vous 
mefcye  bien  fort  et  de  ce  que  vous  y  avez  faicl 

1  Déjà,  en  i55i,  Catherine  avait  écrit  au  cardinal 
du  Bellay  à  l'occasion  de  son  procès,  et  nous  avons  im- 
primé cette  lettre,  p.  38,  d'après  une  copie  tirée  des 
archives  de  la  Cote-d'Ûr.  Depuis  nous  en  avons  retrouvé 
l'original  dans  le  n°  3gs8,  du  fonds  français,  f  i5- 

Catbemhe  de  Médicis. I. 


RINE  DE   .MÉDICIS.  11:: 

pour  moy,  vous  priant  de  tenir  encores  la 
main  que  le  procès  (pie  j'ay  contre  la  duchesse 
de  Parme,  pour  raison  de  la  succession  de 
la  maison  de  Médicis,  soyl  jugé  le  plustol  que 
faire  ce  pourra,  et  à  ce  que  je  me  puisse  veoii 
du  tout  bor>  de  procès,  vous  asseuranl  que  ce 
faisant  me  ferez  plaisir  liés  agréable,  prianl 
le  Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

De  S1  Germain  en  Laye.  ce.  .  .jour  de  dé- 
cembre. 

Caterinb. 

(Au  dos.)  A  Monseigneur  le  cardinal   Du 
Bellay,  du  xve  décembre  1  ô  ■".  7 . 


1057.  —  (i5)  décembre. 
Mioule.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3898.  P  22. 

A  MONSIEUR  DE  SAINT  FERME  . 

Monsieur  de  S1  Ferme,  j'ay  receu  vostre 
lectre  du  xvnc  novembre,  par  laquelle  m'es- 
cripvez  que  la  duchesse  de  Parme  et  les  créan- 
ciers du  feu  cardinal  de  Médicis  s'estoienl 
joinctz  ensemble  et  laid  toute  l'instance  à 
eulx  possible  pour  faire  remectre  mon  procès 
à  la  Rotle-.  ce  qui  leur  a  esté  reffusé  par 
Nostre  Sainct  Père  et  accordé  en  ma  laveur  de 
s.on  propre  mouvement;  que,  nonobstant  les 
proteslacions  qu'ilz  avoient  baillées  contre  mé- 
juges, ilz  passeraient  oultre.  et  depuis,  par 
une  autre  de  voz  iectres  du  xxv ".  j'ay  en- 
tendu comme  le  xxiuie  du  dict  mois  la  sen- 
tance   a  esté  donnée,  par  laquelle  m'a  esté 

1  Cité  plus  haut,  p.  38. 
Vov.  pour  tout  ce  qui  lient  à  ce  procès,  lettres  de 
Boucher,  abbé  de  Saint -Ferme.  (Bibl.  nat.  fonds  fran- 
çais, n°  38g8:  f  1,  i3,  16,  35.)  — Voy.  également 
toutes  les  lettres  écrites  par  le  cardinal  du  Bellay  à  Cathe- 
rine (  Tonds  franc;  -I  '5,6,8,3a);  une  k-llr. 
de  Bahou  delà  Bourdaisière  (même  volume,  p.  89.) 

iô 


Il'l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


adjugé  les  \\l"  escus  qui  estoient  es  mains  tics 
iliclz  créanciers,  ensemble  les  fruiclz  prove- 
nais d'icculx  depuis  que  In  dicte  somme  est 
entre  leurs  mains,  qui  reviendra,  comme  je 
pence,  à  cinquante  mil  escuz  ou  environ.  Il 
reste  à  présent  à  faire  procéder  à  l'exécution 
d'icelle  l'aiant  premièrement  faicle  soubz- 
scripre  en  maintenue  de  possessoire,  comme 
m'escripvez,  à  ce  qu'ilz  n'en  puissent  appeller, 
et  pour  ce  qu'il  fault  que  j'en  passe  procuration 
à  celluy  que  je  vouldroys  pour  recouvrer  les 
sommes  qui  me  seront  adjugées,  advizez  par 
dellà  ce  qu'il  fauldra  faire  pour  cest  elTect  el 
m'en  envoyer  les  mémoires  pour  là-dessus 
faire  dresser  les  dictes  procurations  pour  les 
vous  envoyer  inconlinant.  Je  trouve  bon  que 
vous  aiez  baillé  au  doyen  de  la  Rotte  ung 
bassin  et  boccal  d'argent,  et  pour  ce  qu'il  fault 
aussi  récompencer  mes  advocat  et  procureur 
el  autres  gens  qui  m'auront  faict  service  au 
dict  affaire,  vous  en  ferez  ung  roole  avec 
mon  dict  cousin ,  dans  lequel  vous  mectrez  ce 
qu'il  vous  semble  que  je  doibz  donner  à  cha- 
cun d'eulx ,  lequel  vous  m'envoierez  incontinant 
pour  vous  mander  sur  ce  ma  volunté  et  ce 
que  je  veulx  qui  leur  soit  baillé.  J'escriplz 
tant  à  Nostre  Sainct  Père,  au  doyen  de  la 
Rotte  que  au  conservateur  de  Naples,  les  lettres 
que  je  vous  envoyé,  les  mercians  de  la  bonne 
expédicion  el  justice  qu'ilz  m'ont  laicte  et  les 
priant  de  continuer  au  procès  que  j'ay  cn- 
cores  avec  la  duchesse  de  Parme,  lesquelles 
vous  leur  présenterez;  et  par  la  leclre  de  Nostre 
dict  Saint  Père  je  le  prie  encores  de  faire  es- 
largir  mon  advocat  Ozio1  suivant  ce  que  je 
luv  ai  escript  cy-devant.  Quant  à  ce  que  m'es- 
cripvez  crue  l'agent  de  la  dicte  duchesse  vous 
a  parlé  de  venir  à  accord2,  je  vous  ay  escript 


1  Cité  plus  haut ,  p.   1 10. 

-  Dans  une  lettre  du  17  septembre  précédent.  Saint- 


par  la  dernière  dépesebe  que  vous  a  esté 
laicte  suivre  mon  intencion  qu'est  que,  veu 
qu'ilz  ont  tousjours  différé  jusques  icy  à  y  venir, 
et  sachant  bien  qu'ilz  ont  faict  tout  ce  qu'ilz 
ont  peu  pour  empescher  que  je  n'eusse  la 
sentence  que  j'ay  obtenue,  je  n'y  veulx  aucu- 
nement entendre  et  veulx  avoir  ce  que  m'ap- 
partient et  que  par  droict  et  raison  me  sera 
adjugé  et  non  autrement.  A  ceste  cause  ne 
vous  arreslez  plus  là,  ains  poursuivez  ordi- 
nairement et  continuellement  l'expédicion  de 
mon  dict  procès.  Au  regard  des  deux  prieurez 
que  Nostre  Saint  Père  vous  a  donnez1,  vac- 
cans  par  le  décès  du  feu  évesque  de  Soissons. 
j'en  ai  parlé  au  Roy  monseigneur,  lequel  m  a 
asseuré  qu'il  commendera  que  justice  vous  en 
soit  faicte;  el  de  ma  part,  quant  il  m'en  sera 
parlé  par  ceulx  qui  en  auront  charge  pour 
vous  par  deçà,  je  m'y  emploieray  tousjours  et 
en  cella  et  toutes  autres  choses  qui  vous  tou- 
cheront pour  vous  faire  tout  le  plaisir  qu'il 
me  sera  possible;  aussi  de  vostre  part,  si  vous 
m'avez  faict  service  jusques  icy ,  je  vous  prie  de 
continuer  et  mesmes  pour  l'exécution  de  la 
dicte  sentence  de  laquelle  vous  m'enverrez 
par  la  première  dépesebe  la  coppie,  et  après 
poursuivez  jugement  du  procès  contre  la- 
dicle  duchesse  de  Parme,  priant  le  Créateur, 
monsieur  de  S1  Ferme,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

De  Saint  Germain  en  Laye,  ce.  .  .  .joui  de 
décembre. 


Ferme  avait  écrit  à  Catherine  :  «La  duchesse  de  Parme 
fest  forcée  de  demander  accord,  car  elle  sera  tenue  de 
«  rapporter  vos  bagues ,  vos  jnyanlx,  et  de  vous  laisser  joo'yr 
«  de  ce  qu'elle  'possède,  n  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n"38p,8, 
V  16  V.) 

1  Elle  répond  à  une  lettre  de  Saint-Ferme,  du  a5  no- 
vembre précédent,  qui  lui  annonçait  la  laveur  que  le 
l'ape  lui  avait  faite.  —  Voy.  celte  lettre.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  3898,  P  36.) 


LETTRES  DE   CATHERINE   DE   MEDICIS. 


115 


I  .V>7.  —  i  "•  décembre. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  u"  S897,  il!  s5». 

V  MONSIEl  II  LE  CARDINAL  STROZZY. 

Mon  cousin,  j'a\  entendu  par  ce  que  m'a 
escripl  l'abbé  de  S'  Ferme  comme  la  duchesse 
de  Parme  el  les  créanciers  du  l'eu  cardinal 
de  Vlédicis  s'estoient  joinctz  ensemble  el  faicl 
toute  l'instance  à  eulx  possible  pour  faire  re- 
mectre  mou  procès  à  la  Rotte,ce  que  leur  a 
esté  reffuzé  par  Nostre  Saincl  l'ère  el  accordé 
en  ma  faveur  de  son  propre  mouvement,  que 
nonobstant  les  protesterions  qu'iJz  avoient 
baillées  contre  mes  juges  il/,  passeronl  oultre, 
en  sorte  que  le  winc  du  moys  |>;issi;  la  sen- 
tance  a  esté  donnée  par  laquelle  m'a  este 
adjugé  les  \x'"  escus  qui  estoienl  es  mains 
desdictz  créantiers,  ensemble  les  fruictz  pro- 
venans  d'iceulx  despuis  que  la  dicte  somme 
estoil  en  leurs  mains,  qui  reviendra,  comme 
j'espère,  à  cinquante  mil  escus  ou  envyron;  il 
reste  à  présent  à  l'aire  procéder  à  l'exécution 
d'icelle,  à  quoy,  mon  cousin,  je  vous  prie 
tenir  la  main  de  vostre  pari  à  ce  qu'elle  soit 
faicte  li!  plus  prompte  ment  que  l'aire  ce  pourra, 
el  pour  recouvrer  la  dicte  somme  advertissez 
de  ce  qu'il,  fauldra  faire,  et  faictes  dresser  au 
dicl  de  S1  Ferme  les  mémoires  pour  ce  néces- 
saires  que  vous  m'envoyerez  à  ce  que  je  vous 
envoie  incontinant  les  procurations  qu'il  faul- 
dra que  je  lasse  à  ceulx  à  qui  je  donneray 
charge  de  recevoyr  la  dicte  somme  et  toul  ce 
qui  me  sera  adjugé  par  la  dicte  sentence,  el 
m'advertissez  aussi  de  ce  qu'il  fauldra  bailler 
à  mes  advocat  et  procureur  el  autres  qui  m'au- 
ront l'ail  service  au  dicl  affaire, et  doutvous ferez 
ung  roole  avec  le  dict  de  S1  Ferme,  dans  lequel 
vous  mectrez  ce  qu'il  vous  semble  que  je 
doyz  donner  à  chacun  d'eulx;  après  le  m'en- 
voyerez et  je  \ous  manderay  sur  ce  ma  vo- 
iunlé   et   ce  que  je  veulx   leur   eslie   baillé.   Il 


reste  le  procès  à  poursuyvre  contre  la  du- 
chessede  Parme  pour  ce  que  je  ne  veulx  poincl 

venir    à    aucun    accord    avec  elle,    mais   \eul\ 

avoir  toul  ce  qu'il  m'appartiendra  et  que  par- 
les juges  me  sera  ordonné1.  A  reste  cause, 
l'aides  en  taire  la  poursuilie  par  le  dicl.  de 
S1  Ferme  el  eu  ce  qu'il  sera  besoing  le  plus 
diligemment  que  faire  ce  pourra,  el  m'adver- 
tissez le  plus  souvent  que  vous  pourrez  comme 
toutes  choses  passeront2,  priant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

(Au  dos.)  A  monsieur  le  cardinal  Strozzy,  du 
w'  décembre  i  007. 


1557.  —   1  5  décembre. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3897,  f"  3A9  «'. 

\  MONSIEUR  LE  CONSERVATEUR  DE  NAPLES, 

Monsieur  le  conservateur,  j'a\  receu  vostre 
lettre  du  \wic  novembre  et  entendu  par 
icelle  le  bon  devoir  que  vous  avez  laid  en 
justice  el  comme  chose   très  juste  au  juge- 

meiil    de    mon    procès,   s'en    estanl    ensuivie 
>cul :e    à    mon  prouffict.   Je  vous  ay   bien 

1  En  iâGi  le  procès  durait  encore.  —  Voy.  à  ce  sujet 
une  lettre  île  Babou  de  la  Bourdaisière  (Bibl.  oat.  fonds 

français,  n'3998,  f°8'i);  cl  une  autredu  cardinal  de  Fer- 
rare  à  Catherine,  en  juillet  i5Gi  (même  volume,  ï'99). 

-  Saint-Ferme  ayant  été  accusé  d'avoir  offert  au  pape, 
au  nom  de  Catherine,  tout  ce  qu'elle  possédait  en  Italie, 
s'en  défend  dans  une  longue  lettre.  (Bibl.  nat.  fonds 
fiançais.  n°  3898,  f"  3u.) 

De  son  côté  le  cardinal  du  Bellay  écrivait  à  Cathe- 
rine, le  ■">  décembre  1 5^7  :  k  li  me  déplais!  que  M.  l'am 
liassadeur  soyl  si  mal  content  de  Sainct-Ferme ,  car  le 
pauvre  homme  a,  comme  dict  est,  assez  d'autres  gens  à 
nui  respondre,  et  on  a  rapporté  des  choses  que  le  dirl 
Sainct-Ferme  désavoue  avoir  dictes,  ne,  l'aides.  Je  désire- 
roys  fort  que  eulx  deux  qui  seulz  se  meslent  icy  des  af- 
faires du  tioy  ne  peussent  en  ce  théâtre,  où  noz  ennemiz 
nul  tant  de  ministres,  se  plaindre  l'ung  de  i'aultre.  s  (Bibl. 
nal.  fonds  français,  11"  .'f.SqS,  I"  0.) 


116 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


voulu  escripre  la  présente  pour  vous  mercier 
bien  fort  de  la  bonne  expédition  que  m'avez 
faicte,  vous  asseurant,  monsieur  le  conserva- 
teur, que,  oultre  la  bonne  souvenance  que  j  au- 
ray  de  ce  qu'avez  faict  pour  moy,  qu'en  tous 
les  lieux  et  endroictz  où  je  le  pourray  recon- 
gnoistreen  voslreendroictz,  je  le  feray  de  bien 
bon  cueur;  et  quant  à  ce  que  m'escripvez  de 
vous  donner  pouvoir  d'accorder  avccques  ung 
aultre  qui  sera  depputté  de  la  part  de  la  du- 
chesse  de  Parme  pour  composer  aimablement 
du  procès  et  différend  que  nous  avons  en- 
semble, vous  pouvez  premièrement  advertir, 
envoyer  et  escripre  par  le  menu  quel  accord 
la  dicte  duchesse  veult  faire  et  à  quelles  con- 
ditions, et  là  dessusje  vous  feray  entendre  ma 
volonté;  mais  cependant  je  vous  prie  ne  lais- 
ser pour  icelle  de  faire  et  administrer  la  jus- 
tice qui  me  sera  nécessaire  pour  la  prompte 
expédition  d'icelle.  Au  regard  de  ce  que  m'es- 
cripvez de  vostre  fdz  à  ce  qu'il  ayt  moien  de 
vivre  par  deçà,  j'en  ay  parlé  au  Roy  monsei- 
gneur, qui  m'a  dict  et  asseuré  qu'il  ne  l'obliern 
poinct  et  lui  fera  du  bien,  et  de  ma  part  je  luy 
en  parleray  aussi  sovent  que  les  occasions  s'y 
offriront;  et  sur  ce  je  prieray  le  Créateur, 
monsieur  le  conservateur,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

De  Saint  Germain  en  Laye,  ce.  .  .  .jour  de 
décembre. 

(Au  dos.)   A  Monsieur  le  conservateur   de 
Naples,  le  xv"  jour  de  décembre  1557. 


1557.  —  3i  décembre 
Orifl.  Bibl.  nul.  fonds  français,  n°  4139,  f"  3i. 

A  MONSIEUR  DE  LA  VIGNE1, 

AMBASSADEUR  DU    nov  UONSB10NBI  II    D8VBH9   Li:  GHANT   SSICNKDn. 

Monsieur  de  La  Vigne,  saichant  que  111011- 
1  Jean  de  La  Vigne,  ambassadeur  à  Conslanlinople  en 


sieur  de  Rrueil1  alloyt  devers  vous,  je  n'a\ 
voulu  qu'il  soyt  party  sans  ma  lectre,  par  la- 
quelle je  vous  prye  bien  fort  d'avoir  souve- 
nance de  ce  que  vous  m'avez  promis  que 
debvez  recouvrer  d'une  femme  que  sçavez,  el 
vous  me  ferez  grant  plaisir.  Au  surplus,  je 
vous  asseureray  que  le  Roy  monseigneur  se 
loue  bien  fort  du  bon  service  que  vous  luy 
l'aides,  veu  ce  que  je  luy  en  ay  oy  dire,  et  de 
ma  part  vous  povez  estre  certain  que  où  j'auray 
moyen  de  m'employer  à  faire  quelque  chose 
pour  vous,  je  le  feray  d'aussy  bon  cueur  que 
je  prye  Dieu  vous  donner,  monsieur  de  La 
Vigne,  se  que  plus  désirez. 

De  Paris,  ce  dernier  jour   de  décembre 


i5E 


Catemne. 


(1558.  —  Fin  février.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3i ig ,  f°  3a. 

A  MON  COVIPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  je  vous  veolès  tourjour  fayre 
réponse  à  la  lestre  que  j'é  reseu  de  vous,  mes, 
pour  se  que  le  Roy  n'est  reveneu  que  asteure 
de  voyr  Calays 2,  je  n'an  n'é  peu  avoyr  le  moyn 

i5o7  et  1 5 5 S ,  mort  au  retour  à  Raguse  en  i55g.  — 
Voy.  pour  les  ambassades  de  M.  de  La  Vigne,  Charrière, 
Négociations  de  la  France  dans  le  Levant,  t.  IL  —  Le 
n"  iiag  du  tonds  français  renferme  les  lettres  qui  lui 
furent  adressées  durant  son  ambassade  dans  le  Levant. 

1  M.  do  Boistaillé,  abbé  du  Breuil  et  de  la  maison  de 
Hurault. —  Voy.  Lettre  où  l'évêque  d'Acqs parle  de  sa  mis- 
sion  (Charrière,  Négociations  de  la  France  dans  le  Le- 
vant, t.  II,  p.  43 1);  lettre  du  cardinal  de  Lorraine  à 
M.  de  La  Vigne,  du  3o  décembre  (Bibl.  nat.  fonds  fran- 
çais, n"  '1129,  f  5i). 

-  Voy.  Lettre  de  Henri  lia  M.  de  La  Vigne,  datée  de 
Fontainebleau,  le  3  mars  i558.  Il  lui  dit  qu'il  revient 
de  Calais  où  il  a  fait  un  voyage  de  quelques  jours  pour 
s'entendre  avec  le  duc  de  Guise.  (Bibl.  nat.  fonds  français  , 
nVii2(),  f°8.) 


LETTRES  DE  CATH 

jeuques  à  présanl  que  je  ne  veos  fallyr  à  vous 
dyre  quay  je  aysté  byen  ayse  de  savoyr  de 
veos  novelles,  et  veodré  que  lé  premyère  que 
je  an  naré  qu'ele  feusel  lyeule  que  le  désirés 
et  que  vostre  playe  feut  toulte  guérie.  Quant 
alla  sente  du  1!<>\  et  de  ses  enfans  et  de  moy, 
je  vous  puis  aseurer  (jue  nous  ne  portasmes 
jeamès  myeulx  <|ue,  Dyeu  mersi,  nous  fayson 
terlous,  el veodré  que  heusié  sel  playsyr  d'estre 
ysi  pour  voyr  la  bonne  chère  que  fayson  en 
sete  vvlle  pour  l'èse  que  je  m'aseure  que  an 
nariés;  se  seré  quant  y  pleré  à  Dieu,  lequel 
je  prie  que  vous  fase  la  grase  que  sel  puise 
aystre  ausitot  que  le  désire 

Vostre  lionne  coumère  el  aune. 

Caterine. 


ERINE  DE   MEDICIS.  HT 

l'erav  tout  ce  qu'il  me  sera  possible,  et  me 
semble  qu'avecques  la  réputation  que  vous 
avez,  j'auray  tousjours  plus  de  moyen  de  vous 
ayder  el  l'aire  plaisir  comme  vous  sçavez  que 
j"a\  envye  de  faire  pour  vous  el  de  vous  venir 
autant  advancé  que  je  désyre,  priant  Dieu  ce 
pendant,  monsieur  l'ambassadeur,  vous  avoir 
en  sa  garde. 

De  Fontainebleau,  le    m"   jour    de    mars 
1557  ( 1 558). 

CaTERINE. 


1558.  —  3  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  6129,  f  3o  r'. 

A   MONSIEUR  DAUYILLIERS1, 

CONSEILLER    Dl'   BOT    UO>SEIG>El"C    tî    N"\    t3flBlS5ADBDB  ES   LEVANT. 

Monsieur  l'ambassadeur,  ce  m'a  esté  fort 
grand  plaisir  d'entendre  le  contentement  que 
le  Roy  monseigneur  a  du  bon  devoir  que  vous 
l'aides  à  son  service,  comme  il  a  peu  con- 
gnoistre  par  la  dépesche  que  luy  avez  faicte 
par  du  Perat 2,  présent  porteur;  el  pour  la  vou- 
lonté  que  j'ay  de  vous  veoir  récompencé  de 
voz  mérites,  je  vous  prye  de  continuer  ainsy 
qu'avez  cy  devant  faict  en  vostre  charge,  vous 
asseurant  de  ma  part  que,  s'oiïrant  l'occasion 
que  je  me  puisse  emploier  pour  vous,  je  y 

1  Cène  peut  être  que  M.  de  La  Vigne,  ambassadeur 
dans  le  Levant,  qu'elle  désigne  par  un  nom  de  seigneurie. 

3  Voy.  Cbarrière,  Négociation»  île  la  France  dans  b<  Le- 
vant,\.  II,  p.  445.  Il  cite  une  lettre  de  Henri  II  tirée  des 
manuscrits  de  La  Mare,  où  il  est  question  de  du  Perat 
qui  retournait  en  Orient  et  portait  des  dépêches  à  M.  de 
La  Vigne,  notre  ambassadeur.  —  Vo\.  également  lettre  de 
Henri  II  à  M.  de  La  Vigne.  (Bibl.  nat.  fonds  français. 
a°  Ù139, 1*8.) 


(1558.)  —  27  mars. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i3g,  f'  a^. 

A  MO>   COMPÈRE 

MONSIEUR   LE   CONESTABLE. 

Mon  compère,  j'é  ayté  bien  ayse  d'avoir  en- 
tendeu  de  veos  novelles  par  Mereu  '  et  de 
sel  que  vostre  playe  set  porte  si  bien2;  je  prie 
à  Dyeu  que  bientôt  vous  puisiés  aystre  en 
ausi  bonne  santé  que  la  désirés  el  pour  se 
que  je  say  que  set  vous  ayst  plésir  d'entendre 
dé  novelles  de  Sete  compagni,  je  vous  aseu- 
reré  que  le  Roy  et  tous  ses  enfans  se  portet 
très  byen,  el  après  ses  paques,  yl  partyré  cl  isy 
pour  faire  lé  nose  de  son  fyls3  et  de  la  Rov  ne 

1  Charles  de  Montmorency,  sieur  de  Méru.  Il  avait  été 
fait  prisonnier  à  Saint-Quentin. —  Voy.  pour  sa  rançon 
lettre  du  connétable  du  1 1  mars  i558.  (  Bibl.  nat.  fonds 
Fontanieu,  n°"  a85-286.)  — Une  lettre  du  cardinal  de 
Châtillon  au  connétable,  du  28  mars  i558,  parle  i 
l'arrivée  de  Méru  à  la  cour.  (Bibl:  nat.  fonds  fra 
n°3i3a,P48.) 

-  Le  28  juin  suivant  Gabriel  de  Montmorencj  1  Mont- 
beron)  écrivait  à  la  connétable  ([ue  la  plaie  du  conné- 
table était  totalement  fermée.  (Bibl.  nat.  fonds  l'i 

n    io5i,  T  40.) 

3  Le  dauphin  François  avait  écrit  de  sa  main  à  Méru 
le  25  mars  précédent  :  -Je  vous  veulx  bien  asseurer  qu'il 
medéplaist  fort  que  ne  vous  Irouvez  aux  nopees  de  vostres 
bien  bon  compère.-  [Ibid.  T  34.) 


M, s 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


d'Écose  à  Casimodo  à  Paris,  là  heu  je  veo- 
dré  qui  pleut  à  Dieu  qu'y  puysyés  ayslre, 
vous  aseurant  que  aysle  seuayslé  de  bon  cour, 
pour  le  plésyr  que  je  m'aseure  que  ariés  de 
voyr  le  Roy  et  toutte  sete  conpagnye  en  si 
bonne  avstat,  car  l'on  ne  parle  que  de  faire 
bonne  chère  et  de  joye  et  de  plésyr.  Dyeu, 
par  sa  grase,  nous  y  \elle  conlyneuer  et  vous 
veolle  byentot  heuter  de  là  heu  vous  aystes, 
et  on  entendent  qu'i  luy  plése,  je  vous  prie 
ne  vous  ennuyer  poynt  et  mètre  pouyne  de 
vous  hyen  guarder  et  de  recovrer  vostre  parfète 
santé,  afyu  de  povoyr  revoyr  vostre  mestre  et 
nous  aultres  aveques  aullent  de  joye,  comme 
je  prye  à  Dyeu  vous  en  donner,  qui  ayt  l'an- 
droit  heu  je  me  recommenderé  à  vostre  bonne 
grase. 

De  Fontèneblayau,  set  ce  wvu""  de  mars. 

\  "-Ire  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


I  •">  58.  —   10  août. 
Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français,  a°  4129,  f'  3n. 

A  MONSIEUR  DE  LA  VIGNE  , 

LEO    PL"     C0\     *0\SEIf.>EUr.     ET     S05    UUASS1DECE     DEVET.S    J.E    Cr.\JP 

Monsieur  de  La  Vigne,  estant  advertie  que 

une  pouvre  gentilhomme,  nommé  frère  An- 
thoine  de  Serman  dict  de  Condat,  chevalier 
de  l'ordre  de  Sainct  Jehan  de  Jhérusalem,  es- 
toit  détenu  captif  es  mains  du  Grand  Seigneur, 
il  y  a  plus  d'un  an,  et  que  le  Roy  monsei- 
gneur vous  a  escript  pour  sa  délivrance,  j'ay 
bien  voulu  accompaigner  sa  lectre  de  la  pré- 
seule et  vous  prier,  attendu  que  le  dict  de 
Serman  est  de  mes  vassauk,  qu'il  puisse  hien- 
tosl  eslre  mis  hors  de  ceste  captivité,  et  en 
faire  telle  requesfe  de  ma  part  bien  au  dict 
Grand  Seigneur  ou  autres  qui  le  détienent, 
comme  verrez  estre requis  el  neccessaire;  et  ce 


faisant  me  ferez  plaisir  et  service  très  agréable. 
Escript  à  Reims,  le  \c  jour  d'aou>t   i558. 

Gatbrinb. 

Fises1. 


i  1558.  —  Septembre.) 

Aul.  Biht.  nat.  fonds  français,  n"  3399,  1    7 
A  MA  COUSfflE 

LA    DICHESSE  DE  MO.NTMORA.NCY. 

Ma  coumère.  je  donnay  charge  à  Campy  de 
passer  par  vous,  afyn  de  porter  de  veos  no- 
velles  à  monsieur  le  oonnestable,  si  vous  !eu\ 
veolés  ayscripre,  aussi  d'y  repasser  pour  vous 
en  dyre,  ay  me  raporterdes  vostres.  J'ay  der- 
nièrèmanl  antandeu  qu'elles  estaient  très  bon- 
nes, ay  que  vous  porliés  bien,  de  quoy  je 
seuis  bven  ayse.  Je  sçay  bien  que  vous  avez 
antendeu  teult  set  que  je  vous  pourrois  man- 
der, parquoy  je  feray  fyn,  après  vous  avoyi 
dict  que  je  vous  souhailte  bien  isy,  si  vostre 
santé  ay  veos  afayres  le  povoient  parmettre. 
Je  vous  prie  me  mander  quant  vous  \  \  \  endrés. 
Je  me  recommande  byen  fort  à  vous,  ay  prie 
Dieu  vous  donner  set  que  désirez. 

Yoslre  bonne  coumère  et  cousine. 

Caterine. 


1 1558.  —  Octobre.) 

Aut.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3ug, 
A  MON   C0BP1  RE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MOMORA.\SI 

PEU  ET   COHUESTABLE   DE  rrmsE. 

Mon  coopère,  monsieur  de  Bésiés2  .-an  \é 

1  Simon  de  Fizes,  baron  de  Sam  es.  mort  en  1  f>  7 . 1 
Il  lut  d'abord  secrétaire  du  garde  des  sceaux  Bertrand), 
puis  fut  emoyé  au  concile  de  Trente,  et  devint  au  retour 
secrétaire  des  commandements  de  Catherine.  Au  moi* 
d'octobre  1067.  il  remplaça  Florimont  Robertet,  en  qua- 
lité de  secrétaire  d'État. 

s   Laurent   Slrozzi.cilé  p.   1011. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


■11!) 


dever  vous1  pour  l'aucasion  qu'il  vous  dire, 
car  je  veos  que  leul  seos  <ju<-  j'é  ancores 
dé  mien,  au  qui  dépandenl  demoy,  fasent an- 
ver  vous  de  l'ason  que  vous  eonèsiés  l'amour 
que  je  vous  porte,  ne  le  vous  povant  fayre  co- 
nestre  par  aultre  moyen  el  que  vous  ayés  auca- 
sion  de  aystre  contanl  d'eulx  ,  au  aultremenl  je 
lyres  pas  d'eulx.  Je  laré  sel  propos  pour 
uni-  aseurer  de  la  bonne  santé  deu  Roy,  an- 
coreque  luy-même  le  vous  mandé,  et  ausi  pour 
vous  dyre  que  j'é  heu  anuyf  dé  novelles  de 
l'homme  que  savés,  el  pour  se  que  le  Roy  m'a 
< I >  s t  qu'i  vous  manderé  teut,  je  ne  vous  an 
fayré  redyste,  sinon  que  je  loue  Dyeu  de  sel 
que  teul  va  si  byen  pour  nous,  qui  me  faysl 
ayspérer  que  ne  scron  pas  lontenps  s;m  vous 
revoyr,  de  quoy  je  prie  à  Dyeu  de  bon  ceur  el 
ansepandant  me  recomanderé  à  vostre  bonne 
grase. 

Vostre  lionne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


I  ."iSS.  —  1  5  octobre. 

Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n°  so5s6,  I'  89. 

A  .MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  MARESCHAL  DE  BRISSAC. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  par  Plancy2  la 

1  Le  connétable  assistait  alors  aux  conférences  de  Cer- 
camp.  (Papiers  d'Etal  du  cardinal  de  Granvelle,  t.  V.) 
—  Voy.  Letlre  de  lui  datée  de  Gercamp,  le  a3  novembre 
1  558.  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  23192.) 

-  Il  est  question  du  commissaire  Plancy  dans  une  lettre 
du  dauphin  François  au  maréchal  de  Brissac,  lettre  datée 
du  camp  près  d'Amiens  le  7  octobre  i558  (même  vo- 
lume, f°8a);  il  est  également  question  dans  celte  lettre 
de  la  victoire  remportée  par  M.  de  Gonnor  sur  les  Espa- 
gnols à  Cerisoles  en  Piémont.  —  Voy.  à  ce  sujet,  (ettre 
de  M.  de  Boisy  au  maréchal  de  Brissac  (G  octobre  1 558). 
-Le  roy,  lui  dit-il,  me  trouvant  à  son  pourmener  du 
-camp,  me  le  compta,  de  façon  qu'il  en  donnoyt  tout 
t  l'honneur  de  l'exécution  et  victoire  à  monsieur  de  Gon- 
«nor,  et  à  vous  l'entreprise.  ^-(  Bibl.  nat.  même  vol.  f°  8.) 


belle  desfaicte  qu'à  faicl  monsieur  de  Gon- 
nor1, de  i|uo\  j';i\  esté  bien  ayse,  tant  pour 
le  service  du  lio\  que  pour  l'amour  de  lu\  el 
de  vous  et  de  voir  que  Dieu  vous  continue 
tousjours  vostre  bonheur  et,  qu'encores  que 
n'ayez  guères  de  gens,  vous  ne  laissez  pas  de 
battre  les  ennemys  et,  s'il?  ont  prins  des  bic- 
quoques,  vous  les  avez  battus  en  la  campaigne 
pour  récompense.  Je  prie  Nostre  Seigneur 
qu'ilz  ne  vous  puissenl  faire  non  plus  de  dom- 
maige  qu'ilz  onl  faict  jusques  icy,  en  atten- 
dent qu'il  luy  plaise  nous  donner  une  bonne 
paix,  laquelle  (oui  le  monde  espère  pour  les 
apparences  qu'il  y  en  a,  ainsi  que  vous  dira 
plus  au  long  ce  porteur,  qui  me  gardera  vous 
faire  plus  longue  leclre,  après  vous  avoir  as- 
suré que  là  où  j'auray  jamais  moyen,  vous 
me'trouverés  tousjours  preste  à  vous  faire 
plaisir  d'aussi  bon  cueur  que  personne  de  ceste 
compagnie;  el  à  tant  je  prie  Nostre  Seigneur 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Vostre  bonne  amye, 

Caterine. 

[Au  dos.)  La  Royne,  le  xv  octobre  t558 


1 1  558.  —  Fin  octobre.) 
Aut.  Bibl .  nal.  fonds  français,  n°  3ao6 ,  fJ  6a. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  s'an  alant  monsyeur  Dan- 
\\lle2  vers  vous,  je  ne  l'ay  veoleu  layser  par- 
tyr  sans  vous  hayscripre  set  mot,  non  pas  pour 

1  Arthus  de  Cossé,  comte  de  Segondigny  el  seignem 
de  Gonnor,  né  vers  i5i2;  il  fut  successivement  surin- 
tendanl  des  finances,  grand  pannetierde  France  el  mourut 
au  château  de  Gonnor,  en  Anjou,  le  i5  janvier  i58a. 
—  Voy.  le  P.  Anselme,  t.  IV. 

-  Henri  de  Montmorency,  comte  de  Dam  ville,  puis 
duc  de  Montmorency,  né  à  Chantilly  le  i5  juin  i534, 


120  LETTRES  DE  CATH 

vous  mander  de  uoz  nouvelles,  car  yl  hayst 
sy  byen  ynformé  de  toutes  chauses,  que  je  les 
remettray  seur  leuy,  ay  vous  pryeray  avoyr 
teurjeur  vostre  fylle,  madame  de  Monmo- 
ransy  pour  recommandaye,  ay  la  me  veoloyr 
anvoyer  byentosl,  suyvant  set  que  son  mary 
et  elle  m'avoyesl  promys  à  leur  partyr  d'isy,  et 
fayre  mes  recommandasyons  à  madame  la 
connestnble l,  ay  en  prandre  vostre  part  d'aussy 
bon  cueûr  que  lays  vous  fayst 

Vostre  bonne  commère  ay  meilleure  amye, 

Caterine. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

vous  faire  entendre  toutes  cboses  bien  au  long, 
je  ne  vous  feray  plus  longue  lettre,  sinon  pryanl 
le  Créateur,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde.  Escript  à  Villers  Cos- 
teretz,  ce  îx  avril  i55o. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1559.  —  9  avril. 

Orig.    Arcli.   de  Mantoue. 
A  ,M0N  COUSIN 

LE  DUC   DE  MANTOUE. 

Mon  cousin,  par  l'affection  qu'avez  tousjours 
portée  à  cesle  couronne  je  m'asseure  vous  re- 
cevrez grant  plaisir  des  bonnes  nouvelles  de  la 
paix  et  du  mariage  de  ma  fille2  au  Roy  catho- 
liquc,  que  le  Roy  monseigneur  vous  envoyé 
par  le  comte  Théophile  Calcagni,  gentilhomme 
ordinaire  de  sa  chambre,  et  remectaiit  sur  luy 

mort  à  Agde  le  2  avril  i6i4.  La  bibliothèque  de  Tou- 
louse, le  fonds  français  de  la  Bibliothèque  nationale  et  la 
collection  Gaignières  renferment  un  grand  nombre  de  ses 
lettres. 

'  La  connétable  et  la  duchesse  de  Montmorency  (Diana 
de  France)  étaient  venues  voir  le  connétable;  les  pléni- 
potentiaires espagnols  parlent,  le  20  octobre ,  d'une  visite 
faite  à  la  duchesse  de  Lorraine  par  la  connétable  et  la 
duchesse  de  Montmorency.  (  Papiers  d'Etat  du  cardi- 
nal de  Granvelle,  t.  V,  p.  280.)  — ■  Voy.  Lettre  de  lioisy  au 
maréchal  de  Brissac,  du  7  octobre  1 558  (Bibl.  nal. 
fonds  franc.  n°  2o5a6,  f°84);  à  cette  date  la  connétable 
était  à  Amiens  où  elle  attendait  le  connétable. 

-'  Elisabeth.  — Voy.  pour  son  mariage  avec  Philippe  11, 
Papien  d'Etat  da  cardinal  de  Granvelle,  t.  V,  p.  556  et 
653;  lettre  de  Bobertet  à  M.  de  La  Vigne.  (Bibl.  nat. 
fonds  franc,  n"  '1129,  f°  65.) 


1559.  —  25  avril. 

Orig.  Archives  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

LE    DUC   DE   SAVOIE1. 

Mon  frère,  j'ay  veu  par  la  lettre  que  m'avez 
escrilte  l'aise  et  contentement  que  vous  avez 
de  ceste  paix ,  lequel  n'est  pas  moindre  de  mon 
costé,  congnoissant  le  bien  que  c'esl  pour  toute 
la  chrestienté,  et  particulièrement  pour  le 
vostre,  lequel  je  vous  ay  désiré  il  y  a  long 
temps,  ainsi  que  j'ay  prié  le  conte  de  Stro- 
pian  vous  dire  plus  au  long  et  vous  asseurer 
que,  oullre  l'honneur  et  l'amitié  que  j'ay  toute 
ma  vie  portée  à  madame  ma  seur2,  à  laquelle 
j'ay  tousjours  désiré  tout  l'heur  et  le  bien 
qu'elle  mérite,  j'ay  souhailté  pour  vous  ce  que 
je  voy,  me  resentant  de  l'alliance  que  autrefois 
votre  maison  et  la  mienne  ont  eue  ensemble; 
car  la  congnoissant  comme  je  fais,  je  suis  cer- 
taine, oultre  l'honneur  que  ce  vous  sera,  vous 
ne  pourriez  recevoir  un  plus  grant  heur  et 
contentement,  et  si  jusques  à  ceste  heure  j'ay 
eu  envve  de m'emplover  en  ce  qui  vous  touche, 
je  vous  prie  croire  que  d'icy  en  avant  je  m'\ 
emploiray  de  toute  telle  affection  que  pour 
mes  enfans  propres,  comme  j'espère  le  vous 
faire  congnoislre  en  lotîtes  les  occasions  qui 
se  présenteront;  et  cependant  je  me  recomman- 

1  Emmanuel  Philibert,  fds  de  Charles,  duc  de  Savoie, 
mort  le  3o  août  i58o. 

2  Marguerite  de  France,  la  sœur  de  Henri  11. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


121 


deray  bien  fort  à  votre  bonne  grâce,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 
De  Fontainebleau ,  ce  \\\  avril  i5.j<). 
\  otre  bonne  seur, 

Caterine. 


1 559.  —  25  avril. 
Orig.  Bibl.  iial.  fonds  français ,  n°  S0597 ,  f  12. 

\  MADAME  DE  BRISSAC 

Ma  cousine,  Je  conte  Tbéophille2  s'en  allant 
en  Italie,  je  luy  donne  charge  de  m'achepter 
quelques  draps  d'or,  de  soye  et  autres  bardes  en 
passant  à  Milan,  qu'il  m'a  mandé  avoir  faictes 
et  ne  reste  plus  que  les  me  faire  tenir;  et  en- 
cores  que  je  ave  eserit  par  luy  et  pryé  luy 
donner  les  moyens  de  ce  faire,  touteffois  je 
vous  ay  bien  voulu  de  rechef  escrire  la  pré- 
sente et  TOUS  pryer,  ma  cousine,  incontinent 
icelle  receue,  faire  envoyer  ung  passeport  à 
.Milan  par  mon  cousin  rostre  père  et  ferez 
laisser  I»1  nom  du  marchant  en  blanc  et  l'ad- 
dresser  audicl  conte,  afin  qu'il  anvoye  le  tout 
en  diligence,  et  favoriserés  celuy  qui  aura 
charge  des  dictes  bardes  pour  l'amour  de  moy, 
en  ce  que  congnoistrés  qu'il  aura  besoing  de 
vostre  ayde  et  laveur,  et  ne  souffrir  qu'on  luy 
face  payer  aucun  tribut,  ay  dace3,  de  peur  que 
cela  ne  fust  cause  de  les  retarder,  désirant  les 
pouvoir  avoir  pour  servir  aux  nopees  de  ma 
fille;  ce  taisant,  vous  me  ferez  grand  plaisir, 
priant  le  Créateur  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

A  Fontainebleau,  ce  xxv'  avril  i55a. 
'.  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1   Charlotte  d'Esquetot.  Le  volume  20527  du   I Is 

français  renferme  un  grand  nombre  de  ses  lettres,  cu- 
rieuses pour  l'histoire  du  temps. 

s   Théophile  Calcagni,  cité  plus  haut. 
Taxe.  —  Voy.  Ducange,  Glois.  t.  I\,  p.  1 17. 

CilBERltlE  DE  MÉDICIS.  I. 


1  r>59.  —  8  août. 
Minuit.  Uibl.  1 11 1  ; . .  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  f  77. 

V  LV  PRINCESSE  DE  PORTUGAL1. 

Madame  ma  bonne  niepee,  ayanl  veu  ce 
(pue  par  le  marquis  de  Tanara2  m'avez  escript 
et  entendu  ce  qu'il  m'a  dicl  de  vostre  part,  j'ay 
esté  fort  ayse  et  satisffaicte  pour  l'bonneste 
consolation  que  me  avez  donnée  en  l'ennuy  et' 
affliction  où  je  me  trouve  pour  la  perle  es- 
tresmeque  j'ay  faictedu  feu  Roy  monseigneur; 
laquelle  j'ay  d'aultant  mieulx  receue  qu'elle 
nie  semble  partir  d'une  personne  qui  ayant 
esprouvé  et  senly  une  pareille  fortune  que  la 
mienne,  sçait  mieux  congnoistre  de  quel  poix 
elle  est  et  d'aultant  est  plus  encline  à  plaindre 
el  avoir  pitié  de  ccul\  qui  en  sont  tourmentez; 
et  si  mon  mal  esloit  tel  qu'aultre  chose  que 
Dieu  et  la  longueur  du  temps  le  penssenl 
guérir,  je  vous  puys  asseurer  que  voz  saiges 
remonstrances  y  auroient  peu  donner  beau- 
coup d'allégement  pour  la  bonne  et  sincère 
affection  dont  je  les  estime  estre  proceddées, 
dont  je  vous  mercie  fort  affectueusement  et  me 
sens  infiniment  tenue  a  vous  aymer  et  conti- 
nuer toute  ma  vie  reste  bonne  el  parfaicte 
amytié,  union  et  alliance  qui  s'esl  si  bien  com- 
mencée entre  nous;  pour  l'entreténement  de 
laquelle  saichant  la  ferme  et  constante  vo- 
lunté  que  le  feu  Roy  monseigneur  en  a  voit, 
je n'oublieray jamais  chose  quelconque,  el  par- 
ticulièrement je  vous  prieray,  madame  ma 
bonne  niepee,  vous  asseurer  que,  s  il  \  a  chose 

1  Jeanne,  seconde  fille  de  l'empereur  Charles-Quint  et 
d'Isabelle  de  Portugal,  mariée  à  l'infant  Don  Juan,  fils 
do  Juan  III,  morte  en  i'7s- 

*  Il  était  envoyé  par  le  prince  de  Portugal  pour  porter 
ses  compliments  de  condoléance  à  l'occasion  de  la  mort 
de  Henri  II.  —  Voy.  sur  cette  mort ,  lettre  d'Anne  de 
Cossé.  (Bibl.  liât,  fonds  franc.  n°  20527,  ^  "9-) 

if, 


22 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


eu  quoy  je  vous  puisse  donner  quelque  tesmoi- 
gnage  de  l'amytié  que  je  vous  porte  et  veulx 
porter,  comme  j'ay  prié  le  dict  marquis  vous 
dire  de  ma  part,  vous  congnoistrez  par  effect 
n'avoir  poinct  une  meilleure,  ne  plus  parlai cte 
amye  que 

Voslre  bonne  tante, 

Catemne  '. 


1559.  —  S  août. 

Minute.  Bibl.  irop.  de  Saint-Pélersbourg ,  vol.  18,  p.  7S. 

A   MONSIEUR   LE   PRINCE    D'ESPAGNE J. 

Monsieur  mon  nepveu,  je  ne  vous  sçauroys 
dire  combien  j'ay  receu  de  plaisir  et  de  conso- 
lation de  l'honneste  visitalion  que  m'avez  faict 
l'aire  et  au  Roy  mon  fdz  par  le  marquis  de  Ta- 
nara,  et  de  quel  contentement  m'a  esté  le  tes- 
moignage  que  par  ià  vous  me  donnez  de  l<i 
sincère  et  parfaicte  amytié  que  nous  portez, 
laquelle  estant  si  bien  commencée  entre  le  feu 
Roy  monseigneur  et  le  Roy  catholique  mon 
bon  lilz,  et  depuys  continuée  entre  luy,  le  Roy 
mon  fdz  et  vous,  je  veulx  croyre  debvoir  per- 
pétuellement durer;  me  délibérant  tenir  toute 
ma  \ie  la  main  à  sa  continuation,  comme  à  la 
chose  du  monde  que  je  sçay  le  feu  Roy  mon- 
seigneur  avoir  eu  en  plus  de  recommandation , 
et  dont  j'estime  debvoir  plus  procéder  de  bien  , 
de  repoz  et  tranquililé  à  toute  la  chrestienté, 
comme  je  \ous  prie  faire  le  semblable  de  vostre 
part  et  croyre  ce  que  j'ay  prié  audit  marquis- 
\ous  en  dire  de  par  moy,  comme  vous  vouldrez 
faire  moy  mesmes.  Et  prieray  Dieu,  monsieur 

1  \n  dos  est  écrit  :  s  La  Rov;ne  à  la  princesse  de  Por- 
tugal ,  du  viii*  jour  de  aousl  1  ôâg.n 

1  Don  Carlos,  né  le  8  juillet  i5&5  du  premier  ma- 
riage de  Philippe  II  avec  Doua  Maria,  infante  de  Portu- 
gal, tille  du  roi  Jean  III  et  de  Catherine  d'Autriche, 
sœur  de  Charles-Quint.  Il  mourut  le  »h  juillet  1068. 


mon  nepveu,  vous  donner  l'heur  et  le  bien  que 

vous  désire 

Vostre  bonne  tante , 

Caterine. 

[Au  dos.)  La  royne  au  Prince  d'Espaigne. 
vin"  d'aoust  1  569. 


1559.  —  (M)  août. 

Orig.  Arch.  des  Médicis ,  dalla  filza  A780 ,  nuova  numeraziooe. 

A  MON   COUSIN 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  l'honneste  lettre  que  vous 
m'avez  escripte  par  vostre  ambassadeur1,  oul- 
tre  ce  qu'il  m'a  dict  de  vostre  part,  m'a  telle- 
ment consolée  en  ma  cruelle  affliction,  qu'il 
est  bien  raisonnable  que  je  vous  en  remereye, 
comme  je  faiz  de  bien  bon  cueur,  n'ayant 
failly  au  mesme  instant  de  mon  infortune  de 
suyvre  le  semblable  advis  et  prudent  conseil 
que  vous  me  donnez  :  c'est  assavoir  de  me  con- 
former à  la  volunté  de  Dieu  et  prandre  toutes 
choses  comme  venant  de  sa  main,  considérant 
l'incertitude  et  instabilité  de  tout  ce  qui  est 
soubz  le  ciel;  mais  vous  pouvez  penser  comme 
il  est  bien  difficille ,  quelque  vertu  et  prudence 
qu'il  y  ayt,  de  pouvoir  dissimuler  une  juste 
douleur  procédante  d'une  si  triste  occasion 
que  celle  qui  se  présente  à  mes  œilx  et  à  mon 
cueur,  ausquelsla  vraye  médecine  est  la  bonne 
consolation  des  parens  el  amys,  dont  entre 
autres  vous  vous  estes  très  bien  acquitté  avec 
ma  grande  satisfaction,  prenant  et  acceptant 
de  vous  toutes  choses,  ainsi  que  vous  les  dictes, 
et  m'en  asseurez  par  vostre  dicte  lettre,  sans 
avoir  csgard  à  ce  qui  est  passé;  et  ne  vous  prie 
d'autre  chose,  mon  cousin,  sinon  qu'il  vous 
en  souvienne,  et  en  ce  faisant  continuer  en 

'  Leone  Ricasoli.  —  Voy.  Négociation*  diplomatique* 
avec  la  Toscane,  t.  III,  p.  io2. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


123 


la  bonne  délibération  que  vous  avez  prise  de 
m'estre  tel  et  à  ceubt  qui  me  toucheat,  que 
je  doibz  désirer  el  soubhaiter  d'ung  bon  parent 
et  vray  amv;  en  quoy  faisant  vous  trouverez 
en  uio\  la  réciprocque.  El  suis  certaine  que 
le  Roy  monseigneur  mon  filz  suyvra  celle 
inesme  oppinion  et  ainsi  que  nous  congnoistrez 
par  effecl  es  lieux  el  endroietz,  où  il  aura 
moyen  et  pouvoir  de  faire  pour  vous  et  l'aug- 
mentation de  vostre  grandeur;  et  pour  ce  que 
plus  particulièrement  j'ay  devisé  el  commu- 
niqué tant  de  relia  que  d'autres  particulla- 
ritez  avec  vostre  dict  ambassadeur,  sur  lequel  je 
me  remettray,  je  ne  vous  feray  la  présente 
]ilus  longue,  priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il 
vous  ayl  en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à ,  le  ....  jour  de  aoust 

i55o. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1550.  —  22  aoi'il. 
Irch.  des  Médicis,  «IMla  tilza  /^afi.  nuova  aamerazioue  .  p.  i/i/i. 
A  MON  COI  S!\ 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  aian!  entendu  que  Hoaostanl 
ce  que  monsieur  le  duc  d'Albe  vous  avoit 
laid  entendre  et  prier  de  ma  part,  que  vous 
faisiez  encore^  quelque  difficulté  de  donner 
permission  et  liberté'  à  la  mère  grand  et  à  la 
mère  de  messer  Jehan  Cavalcanti  de  pouvoir 
disposer  de  leurs  biens  en  faveur  du  dict  Ca- 
valcanti ou  de  ses  enfans,  remonstrant  que, 
à  cause  de  la  rébellion  de  messire  Cavalcanti 
tilset  mary  des  susdites  femmes,  leur  bien  après 
leur  mort  revenoit  à  vostre  fisque  el  que  vous 
avez  desjà  donne'  la  dicte  confiscation  à  ung 
de  voz  serviteurs,  lequel  vous  ne  voudriez 
frustrer  et  priver  du  don  que  luy  avez  faict, 
je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la  présente  et 


prier,  usant  de  bénignité  et  grâce,  vouloir  en 
ma  faveur  et  requeste  donner  la  dicte  permis- 
sion aux  susdictes  l<  mmes  de  pouvoir  disposer 
de  leurs  susdicts  biens,  el  leur  remectre  et 
quicterl'offence  que  leur  filz  et  mary  pourroient 
avoir  faicte  e1  commise  contre  vous;  et  oultre 
que  ce  faisant  vous  obligerez  ledict  Cavalcanti 
et  Ions  les  siens,  vous  me  ferez  pour  beaucoup 
de  respeetz  bien  grant  plaisir,  lequel  je  ne 
meclray  poinl  en  oUbly  et  me  trouverez  tous- 
jours  preste  à  le  recognoistre  en  semblable 
cas  ou  meilleur,  priant  le  Créateur,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

De  Sainct  Germain  en  l'Aye,  le  xxn"'"  jour 
d'aoust  i  55g. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


(1559.)  — 27  août. 

Orig.  Arcli.  des  Mciliiis,  dalla  filza  £756,  nuuva  numerozion 
(Imprimée  dans  les  W-muirrs  d'Étal  de  Ribier,   1.  II,  p.  881.) 

I  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  je  vous  ay  faict  response  à 
l'honneste  lettre  que  j'ay  receue  de  vous  par 
les  mains  de  vostre  ambassadeur1  sur  le  trépas 
du  feu  Roy  monseigneur  et  époux,  et  pour  ce 
(pie  par  vostre  diète  lettre  vous  vous  estes  tant 
et  si  libéralement  offert  au  Roy  monsieur  mon 
fils,  à  moy  et  à  mes  enffans,  ce  que  j'ay  de 
très-grand  eueur  accepté  par  ma  dicte  response, 
comme  estant  offres  et  paroles  précédentes 
d'un  mien  bon  parent  et  amy  que  je  vous  es- 
lime  et  répute;  à  reste  cause  se  présentant 
maintenant  l'occasion  par  la  mort  du  Pape2 

1  Leone  Ricasoli.  —  Voy.  Négociations  diplomatiques 
avec  I"  Toscane,  I.  III ,  p.  4o6. 

-  Paul  IV  (Jean-Pierre  Caraffa),  né  en  î/iyC,  mort 
le  18  août  i55g.  Son  successeur,  Pie  IV,  ne  fut  nommé 
que  le  ■<■>  décembre  1 5 5 9 . 

16. 


l'2'4 


LETTRES  DE  C  \TIII 


umniencerà  vous  employer  à  faire  quelque 
rliosc  pour  l'amour  el  en  faveur  du  Iîov  mon 
■  lil  sieur  el  fils  el  de  moy,  je  vous  ay  bien 
\ ou i ii  escrire  la  présente,  el  vous  prier  aultanl 

ii  usemenl  que  je  | m  i-- .  mon  cousin .  pour 
le  hou  crédit  que  je  sçay  que  vous  avez  envers 
plusieurs  de  messieurs  les  cardinaux  du  S. 
lége .  de  vouloir  aider  en  loul  ce  que  vous 
pourrez  mon  cousin  le  cardinal  de  Ferrare  à 
■  .  car  oultre  qu'il  vous  esl  à  pré- 
sent de  si  près  allie',  comme  il  esl .  el  que  par 
ce  moyen  vous  n'en  pouvez,  nj  devez  espi  rc 
sinon  que  loul  bien,  faveur  el  commodité  en 
vos  affaires  el  à  la  grandeur  de  rostre  maison, 
vous  estes   asseuré  que  vous  ne  me  sçauriez 

pou  i  ceste  lieure  pins  grand .  n\  plus 
agréable  plaisir  que  celuy-là,  el  pareillement 

i  si  'm  Roy  mon  Gis .  lequel  a  faicl  el 
Ii  va  loul  ce  qu  il  pourra  de  sa  pari  avec  mes- 
sieurs les  cardinaux  qui  sonl  ;'i  .sa  dévotion  el 
la  diligence  de  ses  ministres  pour  faire  par- 
venir à  ceste  dignité  le  dicl  sieur  cardinal  de 
Ferrare,  qui  n'a  laillv  tic  l'advertir  des  bou- 
es offres  que  vous  lu\  avez  sur  ce  déjà 
l'aides,  clonl  il  a  esté  très  aise  el  grandemenl 
satisfaict;  estimant  qu'avec  vostre  moyen  et  le 

i  ou  pourra  faire  quelque  bonne  chosi 
pour  le  dicl  sieur  cardinal  de  Ferrare;  aultre- 
uii'iil  el  là  où  il  n'\  auroil  pas  moyen,  je  vous 
prie  encore  une  bonne  fois,  mon  cousin,  de 
m  m-  Miuloir  dépesi  liei  à  faire  loul  ce  que  vous 
pourez  pour  >i'  mesme  effel  en  laveur  de  mon 
cousin  le  cardinal  de  Tournon  %  dont  les  loua- 
bles qualitcz  el  mérites  vous  sonl  assez  con- 
nus, ayant  par  cy  devant  quelquefois  faicl  dé- 

Si  Ci     ne  le  v   uloil .  dil  on,  Feri  n     sei ■  il  papi  . 
I)épi:i  heilc  Leone  Ricasoli  du  1 1  septembre     Vi  rocia 
i  ,  l.  I II ,  p.  h 

Voy.  dans   l  s   M  i  'Etat .  de    Ribier  1 1.  Il , 

p    s:;  •   ,  rie;   particularités  du  conclave  où  le  cardinal 
re  le  i  ardinal  de  Tournon  pape.  - 


IRI.NE  DE   MÉDIGIS. 

monstration  de  l'aimer,  estimer  el  honorer, 
comme  certainemenl  il  en  esl  digne;  el  je  croj 
qu'il  ne  se  trouvera  dedans  le  Saint  Collège 
personnage  qui  soil  pour  mieulx ,  n\  plus  sain- 
tement s'acquiter  du  devoir  de  ceste  charge, 
comme  il  esl  certain  qu'il  fera. 
\  \  ille  Costerets,  le  \wn  aoust. 

i  RINE. 

I  559         Fin  .i"  i 

\ul .    Irch    de  Turin. 
A  M05  FRÈKE 

LE    DUC   DE   SAVOIE. 

Mon  frère,  j  <;  reseu  votre  [être,  par  laquele 
av  entendeu  cornent  le  roj  il  Espagne,  mou 
fyls,  n'é  poynl  enbarqué1,  pour  u'avoyr  le 
venl  à  propos,  de  quoj  je  suvs  bven  marrye 
pour  I  en-,  vi ■  que  je  aj  qu'il  souyl  byentot  en 
iyspagne,  afyn  que  la  Royne  ma  fylle  puise 
avoyr  sel  byen  de  aystre  plulx  toi  auprès  de 
luy  pour  augmenter  en  tout  sel  que  le  pouré 
1  amytic  qui  aysl  entre  le  Roj  son  frère  et  luv, 
el  ausi  pour  l'envye  que  je  aj  de  unis  revovr 
en  sete  compagnie,  heu  unis  aysles  désiré, 
corne  pouvés  panser,  de  madame  de  Savove, 
ma  -eur.  el  du  Roy,  mon  fyls,  el  de  moy,  tenl 
que  je  panse  que  seré  heun  dé  plulx  granl 
contentement  que  je  aj  poynl  reseu  depuis  la 
fortenne  que  Dieu  m'a  envoyé  cl  pour  l'espé- 
ranse  que  j'é  que  se  ot,  je  ne  fayré 

pluK  longue  la  présanle,  prient  Notre  Signeur 
vous  donnerai!  boni  de  Fan  hem:  beaus  fyls. 
\  olre  bonne  seur, 

RIXE. 

Philippe  II  pai  lil   i.1  aâ  aoùl  i  jôg  pour  11- 
oi'i  il  n'arriva  que  le  s  septembre,  après  avoir  essuyé  au 
di  barquemenl   une  horrible  tempête.        Voy.  .Lan  de 
Ferreras,  Histoire  d'Espagne,  t.  IX,  p.  'i     i  niions 

sous  François  II.  p.  -li. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


12£ 


i  1559.  —  Septembre.) 

Aut.  Bibl,  liai .  fonds  français,  n"  3393,  f°  il. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTARLE. 

Mon  conpère,  ver  au  souyr  l'on  vint  de- 
menderau  Roy  mon  fils  l'abeyede  Maubison1, 
el  me  resovenanl  quel  es1  bonne  et  que  voslre 
seur  la  tinse,  et  près  de  vos  méson,  je  la  luy 
demandis  pour  vostre  fille  qui  est  à  Saynt- 
Pierre  à  Rayns2,  cet  qu'il  lia  acordé  et  fayst 
ayscripre  ans  religieuses  de  ue  fayre  neule 
aylection  d'aultent  qu'il  la  donnaye  à  vostre 
liile  et  retinse  cete  abeye  du  nombre  de  seles 
qu'il  ne  veull  qui  souini  myses  en  naylectyon. 
Mon  conpère,  je  ne  \ous  menderé  poynt  de 
novelles,  car  depuis  que  vous  avons  lésé  n'a- 
vons eu  ryen  de  noveau  et  seulement  avons 
fayst  fayre  les  dépêches  que  Monsieur  de 
Gounort3  m'a  disl  qu'etiés  d'aupinyon  que 
lisions  pour  le  servise  du  Roy,  mou  fils,  lequel 
s'et  porté  très  byen  et  toulte  cete  conpagnye, 
qui  scia  aimyl  dimyneuée  de  mon  fils  et  ma 
fille  de Lorayne 4  que  n'avons  peu  plusretenyr. 
Nous  en  nalons  mouler  dan  le  bateau  eelc 
après  dynaye  el  seré  byen  ayse  quant  saré  de 
vos  novelles,  léquele  je  prie  Dyeu  aystre  ausi 
lionnes  que  le  désire 

Voslre  bonne  coumère  el  amye, 

Caterine. 


1  Maubuisson,  célèbre  abbaye  de  lillns,  do  l'ordre  de 
Citeaux,  dans  l'Ile-de-France  (Seine-ct-Oise),  diocèse  de 
Paris  v fondée  en  12Ù1  par  Blanche  de  Castille. 

2  Louise  de  Montmorency. 

3  Arlhus  de  Cossé,  cité  plus  haut. 
1  Claude. 


1559.  —  1 1  septembre. 
Oriç.  Rcconl  office,  State  papers,  France. 

A  TRÈS  HAULTE  ET  EXCELLENTE  PRINCESSE 

rostre  mus  aimée  bon\e  selii  et  cousike 
LA  ROYNE  D'ANGLETERRE  ». 

Très  haulte  el  1res  excellente  princesse, 
uoslre  très  chère  el  très  atnée  bonne  sœur  el 
cousine,  à  vous  tant  el  si  affectueusemenl  que 
faire  pouvons  nous  recommandons.  Nous  avons 
receu  la  lettre  que  \ous  nous  avez  escripte  par 
le  sieur  deMewtes2,  vostre  panetier ordinaire 
présent  porteur,  el  entendu  de  luy  leshonnesii» 
et  verlueulx  propoz  qu'il  nous  a  lenuz  de  voslre 
part,  pleins  d'une  si  saige  et  prudente  conso- 
lation que  vous  nous  donnez  en  noslre  infor- 
tune, que  nous  ne  voulons  faillir  à  vous  en 
mercier  autant  affectueusement  qu'il  nous  esl 
possible,  et  vous  asseurer  que  la  douleur  que 
nous  ressentons  de  la  perte  que  nous  avons 
l'aide  du  feu  Roy  noslre  très  honoré  seigneur 
et  mary  nous  est  si  récente  et  si  lamentable  et 
en  portons  ung  si  extrême  ennui,  regret  et 
desplaisir  que  nous  avons  bon  besomg  (pie 
Dieu  qui  nous  a  visité  de  cesle  affliction  nous 
donne  la  force  de  pouvoir  supporter  et  la  grâce 
de  nous  conformer  à  son  sainct  vouloir,  auquel 
nous  nous  soubzmettons,  comme  il  est  raiso- 
nable.  Nous  vous  voulons  bien  dire,  pour  cor- 
respondance de  la  bonne  intention  que  vous 
avez  à  l'entreténement  de  l'amitié  entre  le  Roy 
monsieur  mon  filz  et  vous  et  l'observation  des 
traitez,  que  nous  ne  ferons  jamais  aultres  offices 
auprès  de  sa  personne  que  ceulx  que  nous  co- 
gnoistrons  pouvoir  servir,  non  seulement  pour 
le  confirmer  de  plus  en  plus  en  la  parfaicle  et 

1   Elisabeth. 

-'  Sir  I'.  Mewtas.  —  Voy.  dépêche  de  Tbrockmorton 
à  la  reine  Elisabeth.  (Kalendar  of  State  papers ,  1 558- 
i  55g,  p.  5'i8.) 


I2G 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


saincte  amitié  que  nous  sçavons  qu  il  vous 
porte,  mais  aussi  pour  la  perpétuer,  accroistre 
el  augmenter  au  commun  bien,  repoz  et  tran- 
quillité de  voz  royaumes,  cstatz  et  pays,  ainsi 
que  nous  l'avons  déclaré  plus  amplement  au 
sieur  de  Mewtes,  sur  lequel  nous  remectant, 
nous  prierons  Dieu ,  très  haulte  et  très  excellente 
princesse,  qu'il  vous  ayt  en  sa  très  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Villers  Costeretz,  le  11e  joui 
septembre  1 55g. 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Catemne. 


de 


1559.  —  i5  septembre. 

Orjg.  Archives  des  affaires  étrangères,  Correspondance  d'Angleterre  , 
t.  XX,  p.  5s. 

A  MONSIEUR  DE  NOAILLES1, 

10SSBILLBB  DU  ROY    MONSIEUR  MON  HLZ  ,  W°   DES  BEQtïESTRS  EH  SON  HOSTEL  , 
ET  SO.V    AMBASSADEUR   EX    ANCLETERBE. 


Monsieur  de  Noailles,  pour  ce  quejeveulx 
envoyer  en  Angleterre  l'un  de  mes  escaliers 
pour  acheter  demye  douzaine  de  guilledins2, 
je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la  présente,  à 
ce  que  cependant  et  en  atendant  qu'il  soit 
arrivé  par  dellà  vous  regardiez  d'en  faire  choi- 
sir et  recouvrer  des  plus  beaulx  et  meilleurs 
que  l'on  pourra  trouver,  à  ce  que  aussitost  que 
le  dict  escuier  sera  arrivé  par  dellà  il  les  puisse 
amener  et  faire  conduire  incontinant  de  deçà; 
et  ce  faisant ,  vous  me  ferez  service  très-agréable, 
priant  le  Créateur,  monsieur  de  Noailles,  vous 
tenir  en  sa  garde. 

1  Gilles  de  Noailles.  fils  (te  Louis  de  Noailles  et  de  Ca- 
therine de  Pierre-Buffiero,  frère  d'Antoine  et  de  Fran- 
çois de  Noailles,  né  en  i5aû,  mort  le  1"  septembre 
1 5f)7-  11  remplit  plusieurs  missions  importantes  en  An- 
gleterre, en  Pologne  et  à  Constantinople. 

2  Cheval  hongre.  Ce  nom  est  resté  dans  la  langue  an- 
glaise. —  Voy.  Roquefort,  Glossaire,  t.  I,  p.  7^3. 


De  Césanne,  près  Reyms,  ce  xvc  jour  de 

septembre  i55p,. 

Catëmne. 
Fises. 


1559.  —  3o  septembre. 

Orig.  Arch.  de  Mantoue. 

A  51  ON  COUSIN 

LE   DUC   DE  MANTOUE1. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  leclre  du  vne 
de  ce  mois  et  veu,  tant  pour  le  contenu  dicelle 
que  parce  que  le  sr  Sigismond  Gonzaga-  m'a 
dict  de  vostre  part,  le  desplaisir  que  vous  avez 
receu  de  la  mort  du  feu  Roy  monseigneur  et 
de  la  perte  que  par  ce  moyen  non  seulement 
moy,  mais  aussi  ce  royaulme  et  tous  ses  bons 
serviteurs  ont  faicte;  ce  qui  m'a  amené  ung 
tel  ennuy  et  si  grande  fascherie  que  vous  po- 
vez  penser,  mais  puisque  ainsy  il  a  plu  à 
Dyeu,  il  se  fault  conformer  à  sa  volonté  et  le 
prendre  patiemment,  vous  asseurant  que  vous 
me  troverez  toujours  en  bonne  volonté  de  vous 
faire  plaisir  en  toutes  les  endroitz  esquelz  vous 
me  vouldrez  employer,  comme  j'ay  donné 
charge  au  sieur  Gonzaga  vous  dite  plus  am- 
plement de  ma  part,  que  me  gardera,  me  re- 
mectant sur  sa  suffisance,  de  vous  taire  plus 
longue  lectre  que  de  pryer  le  Créateur,  mon 
cousin ,  vous  tenir  en  sa  saincte  guarde. 

Escript  à  Bar  le  Duc,  le  dernier  jour  de 
septembre  i55g. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catekine. 

1  Guillaume  de  Gonzague,  deuxième  fils  de  Frédé- 
ric II  de  Gonzague,  devenu  duc  de  Mantoue  par  le  décès 
de  son  frère,  François  de  Gonzague,  en  iôdo. 

2  11  appartenait  à  la  branche  des  Gonzague,  marquis 
de  Vesco  Vado ,  éteinte  en  1779;  voy.  Litta ,  Famiglie  ita- 
liane  (article  Gonzague),  t.  IV. —  L'ambassadeur  anglais 
Tbrockmorton  en  fait  mention  dans  une  dépêche.  (  Forhes , 
State  papers,  l.  I.  p.  a45.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


127 


(1559.  —  t3  oclobre.) 

Aut.  Bibl.  uni.  fonds  français,  n°  3392,  f  i5. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  coopère,  vostre  segretayre  s'en  retour- 
nant ver  vous,  j'é  byen  voleu  vous  mender  de 
mes  novelles,  lesqueles  sont  bonnes  quante  à 
ma  santé,  au  demeurant  corne  m'avés  laysée. 
Je  sayré  byen  ayse  d'entendre  dé  vostre.  Nous 
en  calons  dan  deu  jours  d'ysi  pour  achever 
nostre  voyage  à  Bloys,  et  vous  aseure  que  je  ne 
\  is  jeamès  lent  de  cbases  que  en  n'avons  heu 
eu  tout  set  pays1.  J'espère  que  la  Royne  ma 
lylle-  seré  bventot  mandée,  set  que  je  désire 
byen  tort,  Je  croy  que  ares  seu  la  mort  du  duc 
de  Ferrare3,  qui  a  ayslé  byen  soudeyne;  son 
fils 4  s'en  vé  bientôt.  Je  ne  vous  l'ayré  plulx 
longue  lelre  pour  set  coup,  prient  Dyeu  vous 
avoyr  en  sa  seynte  guarde. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Cateuine. 

1  11  est  question  de  ces  chasses  dans  une  dépêche  de 
Throckmorlon  à  la  reine  Elisabeth.  (Forbes,  State  pa- 
liers, 1. 1,  p.  2Ù8.) 

3  Elisabeth.  Le  23  octobre,  elle  écrivait  à  l'évêque  de 
Limoges,  notre  ambassadeur  en  Espagne  :  sJ'ay  receu 
les  lettres  que  m'avez  escriptes,  par  lesquelles  j'ay  en- 
tendu le  désir  qu'a  le  Roy  mon  seigneur  de  me  veoir  qui 
esl  cause  qu'avec  moins  de  regret  je  suis  délibérée  de 
m'achenjyner  bientost  pour  l'aller  lrouver.11  [Négociations 
tous  François  11,  p.  l3.) 
Hercule  d'Esté. 

1  Alphonse  d'Esté,  né  le  19  janvier  i533,  mort  le 
27  oclobre  1Ô97;  il  se  trouvait  à  Bar-le-Duc  avec  la 
cour  au  moment  où  arriva  la  nouvelle  du  décès  du  duc 
de  Ferrare,  son  père.  Voici  ce  qu'en  écrivait  Cbanton- 
uay,  l'ambassadeur  d'Espagne,  à  la  duchesse  de  Parme, 
le  i3  octobre  :  <•  A  la  nouvelle  certaine  de  la  mort  du  duc 
de  Ferrare,  dont  le  filz  est  très  marry  à  cause  des  que- 
relles qu'il  a  eues  en  Italie  et  parce  qu'il  désiroit  que  le 
dit  duc  son  père  lia  apaisasl,  le  Roy  et  les  Reynesont  esté 
visiter  pour  condoléance  madame  de  Guise.i  (Archives 
de  \  ienne.  Lettres  de  Chantonnât/  à  la  duchesse  de  Parme.) 


1559. 


1 S  octobre. 


Orig.  Bibl.  oat.  fomls  Mareau,  11°  83a  .  f    io4. 
V  MESSIEURS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT 

POLR  LE  ItOV,  UOHSIEDn  MON  TILS,    À  DIJON. 

Messieurs,  aiant  entendu  du  sr  d'Aumonl  ' 
qu'il  a  ung  procès  pendant  par  devant  vous 
contre  le  sr  de  Corrabeuf,  qui  est  dès  long- 
temps en  estât  de  juger,  duquel  il  a  longue- 
ment poursuivy  l'expédition  sans  l'avoir  peu 
encores  obtenir,  quelque  poursuitte  qu'il  en 
ait  faicte,  je  vous  ay  bien  voulu  escripre  la 
présente  et  prier  de  faire  en  sorte  qu'ilz  en 
puissent  estre  promptement  dépeschés  en 
bonne  et  briefve  expédition  de  justice,  de  ma- 
nière qu'ilz  n'ayent  plus  occasion  de  revenir 
pour  cest  effeet  devers  le  Roy  monsieur  mon 
filz  et  moy,  priant  le  Créateur,  Messieurs,  qu'il 
vous  ait  en  sa  garde. 

De  Esclairon,  ce  xvme  jour  d'octobre  i55o,. 

Caterine. 
Fise>. 

(1559.  —  Fin  octobre.) 

\nl.  Arcli.  Je  Turin. 
\  MON  FRÈRE 

LE   DUC  DE   SAVOIE. 

Mon  frère,  s'en  reteournant  le  conte  de 
Bene2,  je  ne  l'é  veoleu  léser  partir  sen  cet  mot 
de  letre  pour  vous  prier  de  me  mender  de  veos 
novelles  et  cornent  vous  trouvés  depuis  que 
avés  recouvert  vostre  ayr;  quant  aux  miè- 
nes ,  ayle  sont  lyettle  que  pouvés  penser  et  mil- 
leure  que  quant  vostre  segretayre  partyt,  d'aul- 
lent  que  anuit  madame  de  Savoye  ma  seur 

1  Jean  d'Aumont,  né  en  i532,  maréchal  de  France 
en  1579,  mort  en  i5<j.>. 

1  D'Elhene.  —  Vov.  La  Toscane  françoise  de  l'hermite 
de  Solliers  (art.  D'Elbene). 


128 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1GIS. 


nous  ayst  reveneue  trouver,  qui  ayst  le  plus 
grant  plésir  que  je  sare's  avoyr  que  de  la  voyr, 
quy  vous  peult  fayre  panser  conbyen  je  are 
d'anui  quant  y  fauldré  qu'ele  vous  aile  trou- 
ver1, qui  serct  encore  plulx  grant  si  sen'éloyt 
l'ayse  que  je  lui  voys  de  vous  revoyr  byentost 
et  l'espérance  que  je  ay,  mes  que  alyons  à  Mar- 
-i'lle,  de  vous  revoyr  tou  deus,  et  en  setpendent 
je  nous  priré  me  mander  sovent  de  veos  no- 
velles,  vous  aseurant  que  n'an  manderés  jéa- 
mès  à  personne  qui  vous  aime  mieulx,  ni  vous 
désire  plulx  de  contentement  et  de  repos  et 
grandeur  que  fayst 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

Nous  attendons  demayn  heun  jeantillioinme 
de  la  chambre  du  Roy  mon  beo  fyls,  qu'il  en- 
voie pour  quérir  sa  femme,  qui  nous  fayst 
aster  d'aler  à  Bloys2. 


1559.  —  ih  novembre. 

Copie.  Arch.  de  la  ville  de   Metz. 

AUX  MAGISTRATS  DE  LA  VILLE  DE  METZ. 

\h>sieurs,  j'ay  veu  par  la  lettre  que  m'avez 
escripte  du  cinquième  de  ce  moys  la  prière 
que  vous  me  faictes  de  faire  supercéder  l'exé- 
cution des  lettres  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  vous  a  escriptes  pour  le  l'aict  de  la  Reli- 
gion 3,  en  quov  je  me  feusse  voluntiers  em- 

1  Diane  de  France  écrivait  au  connétable  de  Monlmo- 
rency  :  <■  Je  ne  veulx  faillir  de  vous  asseurer  comme  la 
royne,  mère  du  Roy,  et  madame  de  Savoye  ont  très  grand 
regret  de  se  laisser  l'une  l'autre  qu'elles  relardent  de 
jour  en  jour  le  parlement  de  ceste  ville.))  (Bibl.nat.  fonds 
franc.  n°  3i88,f'  loi.) 

-  Elisabeth  do  Valois  écrivait  à  l'évêque  de  Limoges, 
te  aa  octobre  i  ")5g  :  «Le  roy  mon  frère  s'est  ynconlincnt 
mis  en  chemin  de  Blois  où  il  fera  la  fête  de  Toussaint*.  - 
—  Vov.  Négociations  sou*  François  II,  p.  l5l. 

3  Voy.  pour  la  lettre  de  François  II  et  tout  ce  qui  tient 


plove'e  comme  je  feray  toujours  en  toutes, 
choses  que  j'estiineray  vous  pouvoir  apporter 
quelque  bien,  proffict  et  utilité, mais  saichanl 
combien  pernicieuse  et  dangereuse  est  la  diver- 
sité de  la  religion  en  une  ville  et  quelz  trou- 
bles et  ruynes  elle  y  apporte  ordinairement, 
je  ne  vous  sçauroys  mieux  conseiller  en  cela 
que  de  satisfaire  à  la  lettre  que  le  Roy  mon 
dit  sieur  et  lilz  vous  en  a  escripte,  et  à  ce 
qu'il  vous  en  respond  présentement,  comme 
à  chose  qui  appartient  à  l'honneur  de  Dieu 
et  qui  aidera  au  bien  et  repoz  de  votre  cité, et 
sur  ce,  Messieurs,  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ayt 
en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Rloys,  le  quatorsieme  jour  de  no- 
vembre mil  cinq  cenl  cinquante  neuf. 

Caterine. 


1559.  — ■  Fin  novembre. 

Aul.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 1 57  ,  f°  98. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  j'é  reseu  veos  lelre,  l'eune 
par  monsieur  de  Monmoransi l  et  l'aultre  yer 
par  lu  y  mesme,  et  enlendeu  set  que  lui  avés 
donné  cberge  de  me  dire,  à  quoy  vous  heuse 
fayst  pluktot  réponse  se  n'eul  aysté  que  je 
vous  veolès  mander  tout  d'eun  trayn  sel  que 
le  Roy  mon  fyls  avest  fayst  pour  vostre  dis! 
fyls,  après  avoyr  veu  la  procouralyon  que  m'a- 
\  1rs  envoyé  pour  luy  remestre  la  grant  mes- 

à  la  prohibition  de  l'exercice  de  la  religion  protestante  à 
Mclz,  VHÙioire  île  Metz,  parles  religieux  bénédictin-, 
t.  UI,  p.  86. 

1  François  de  Montmorency.  —  Voy.  Letlre  du  maré- 
chal de  Saint-André,  du  17  novembre  i55g,  au  conné- 
table ;  il  lui  fait  part  du  contentement  que  le  Roi  et  la  Reine 
ont  eu  en  recevant  la  procuration  envoyée  par  le  conné- 
table; il  lui  annonce  qu'aujourd'hui  son  fils  a  prêté  sit- 
tnenl  pour  le  maréebalat.  (Bibl.  nal.  fonds  franc.  n°3l57, 
f  11.,.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


129 


trise  entre  ses  mayns1,  sel  qu'il  a  trové  si  bon 
de  l'auneste  fason  que  en  aavés  hausé  que 
yncontynenl  \l  a  faysl  dépéché  la  marichau- 
syé  à  vostre  fyls  .  ynsin  que  plulx  au  long 
\  vous  pouré  mender  et  a  comendé  ausi 
vostre  asinasion  pour  vostre  ranson2,  et  vous 
iseure  que  vl  é  en  très  bonne  volenté  ver 
vous  et  veos  enfens;  el  de  ma  part  je  meteré 
pouyne  de  la  lui  Fayre  tourjour  contyneuer 
tyeule,  el  vous  prie  vous  en  naseurer  et  que 
me  troverés  tourjour  preste  à  fayre  plésir  à 
vous  et  au  vostres.  Je  vous  prie  fayre  mes  re- 
comandation  à  vostre  femme.  Nous  partons 
demayn  3  pour  aler  mener  ma  f\  lie  jouques  à 
Verteul4;  moy  et  le  Roy  mon  fyls  ne  paseré 
Chateleraus.  .Madame  de  Savoy5  s'en  vé  ausi, 
de  quoy  je  suys  fachaye  corne  povés  panser, 
se  se  u'etoyt  l'espéranse  que  j'é  de  byentot 
la  revoyr,  je  croy  que  je  seuayterès  que  l'eut 
encore  à  marier.  Je  ne  vous  fayré  plulx  longue 
letre.  après  avoyr  prie  Nostre  Sygneur  vous 
avpyr  en  sa  saynte  guarde. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


1  Le  dnc  de  Guise  avait  exigé  que  le  grande  maîtrise 
lut  retirée  au  connétable  et  lui  fût  donnée. —  Voy.  P.An- 
selme, t.  VIII,  p.  387;  Régnier  de  la  Planche,  Commen- 
taires de  V estai  de  la  religion  (édit.  de  1 5 G ■"> ) ,  f'  3.">. 

-  L'année  suivante,  le  22  novembre  îô 60,  le  conné- 
table priait  la  reine  d'intervenir  pour  faire  ratifier  le 
don  que  les  Etats  du  Languedoc  lui  avaient  fait  :  a  Ce  sera, 
disait-il,  occasion  pour  m'ayder  de  m'acquitter  ce  que  je 
doy  pour  ma  ranson. 1  (Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert, 
1  ■•-,  fJ  if)3.)  —  Voy.  Lettre  du  cardinal  de  Chàtillon 
au  connétable.  (Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  3 1.07,  f°  22.) 

3  Le  dépari  de  la  reine  d'Espagne  eut  lieu  le  27  no- 
vembre. —  ttTbe  xxvn  of  tins  présent  llie  Queen  catolike 
departed  from  Chaslelerault  towaresSpaine,  acumpanied 
with  the  King  and  Queen  of  Navarre  and  the  cardinal  of 
Barbon. n  (Lettre  de  Kitligrew  à  la  reine  Elisabeth,  dans 
Porbes ,  State  papers ,  p.  267.) 

4  Verteiiil-sur-Charente. 

5  Marguerite  de  France. 

Catherine  de  Médicis.  —  1. 


(1559.  —  Fin  décembre.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 
\    MON    FRÈRE 

LE  1)1  C  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  le  Roy  mon  fyls  ayenl  enten- 
deu  que  aviés  an  mené  Madame  sa  tente  eu 
votre  ménage1,  yl  a  veoleu  yncontinenl  en- 
voyer Leni,  jeantiihomme  de  sa  chambre, 
ver  vous  teu  deus,  pour  vous  visiter  de  sa 
pari  et  vous  fayre  entendre  le  plésir  qu'il  a 
reseu  d'avoyr  entendeu  par  Teligni2  el  sel 
qu'elem'a  ayscript  de  l'auneur  et  bonne  chère 
qu'ele  resoyt  de  vous  et  le  contentement  qu'élu 
en  né,  qui  l'aublige  tent  à  vous  aymcr  el 
fayre  pour  vous,  qui  vous  fayré  conestre  ([in- 
né sariés  fayre  chause  qui  seut  aystre  plulx 
agréable,  je  ne  vous  dis  poynt  de  moy,  car 
sachant,  corne  vous  faystes,  l'amour  que  je 
luy  porte,  vous  pouvés  panser  que  je  resenl 
tout  set  plésirs  el  contentemens,  corne  se 
s'étoyt  à  moy-mesme;  n'ayenl  chause  en  se 
monde  qui  me  peut  plulx  donner  de  joye,  set 
je  an  puis  encore  avoyr,  que  de  la  savoyr  con- 
tente et  vous  prie  vous  aseurer  que  je  m'an 
sent  tent  aubligée  que  vous  povés  fayre  aystal 
et  disposer  de  moy  corne  de  vous  mesme. 
Je  montré  au  Roy  mon  fyls  voire  letre  qu'il  a 
trovée  si  hauneste  et  si  bonne  qu'il  a  comendé 

1  La  duchesse  de  Savoie  était  encore  à  Blois  le  1  9  no- 
vembre 1 56o.  —  Voy.  Forbes,  State  papers ,  1. 1,  p.  aôg 
—  Elle  fit  son  entrée  à  Lyon  le  17  décembre  1  55o,  se 
rendant  à  Nice  et  accompagnée  par  L'Hospital,  son  chan- 
celier, qui  a  écrit  en  vers  latins  le  récit  de  ce  voyage.  — 
Voy.  Péricault,  hôtes  et  documents  pour  servir  à  l'histoire 
de  Lyon. 

J  Le  futur  gendre  de  Coligny.  —  Voy.  Lettre  d  l.i 
duchesse  de  Savoie  où  elle  parle  de  Téligny  (Bibl.  nat. 
fonds  franc.  n"3i'j3.  f°t)Q)  et  ce  que  dit  de  lui  Le  La- 
boureur dans  les  Additions  aux  mémoires  de  Cdêtelnau . 
t.  II,  p.  577  etsuiv. 


130  LETTRES  DE  CATI1 

que  la  pansion  vous  souyt  dépêchée,  corne  le 
rlésirés  el  non  pas  solement  seia,  mes  ne 
touttes  lé  chause  qui  vous  toucheront,  y  vous 
l'ayre  loutjour  coneslre  cornent  y  vous  ayme  et 
veoll  fayre  pour  vous,  qui  ayst  le  plulx  grant 
byen  que  je  sarès  avoyr  que  le  voyr  en  sete 
volante,  en  laquele  meleré  pouyne  toutte  sa 
vie  de  l'anterténir  sella  qui  vous  seré  à  jamès 
Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1560.  —  3  janvier. 
iut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i58,  f°  8. 

I  \l    MARÉCHAL  DE  MONTMORENCY'.) 

Mon  cousin,  s'an  retournant  vostre  femme'2 
ynslruitte  de  la  volante  entièrement  du  Roy 
mon  fils ,  yl  m'a  semblé  que  n'étoyt  pas  grent 
hesouing  que  vous  fisc  la  présanle;  mes  voyent 
la  fiense  que  me  mendés  avoyr  en  moy,  j'é 
bien  voleu  aconpagner  de  la  présantc  pour 
vous  dire  que  n'an  serés  jeainès  troupe,  et  que 
cet3  pansés  que,  par  le  pasé,  je  ave  lest  quel- 
que chause  pour  vous,  que  à  présant  n'y  ai 
moyndre  volante  en  vostre  endroyt,  ni  de  dé- 
sir de  vous  nv.iyiliors  depouine  et  des  creintes 
que  hordineyrèment  avés  que  j'é  eu  parle  pasé, 
et  par  cete  aucasion  vous  ay  l)ien  voleu  l'ayre 
cet  mot  aultre  cet  que  je  an  né  dist  à  vostre 
femme  pour  vous  dire  de  ma  part  que,  cet  jea- 
mès  eu! les  volante  de  servir  ha  Dieu  d'amy 
catolique  et  ha  vostre  Roy,  corne  estent  veneu 
de  ceulx  qui  bout  si  bien  servi  et  bout  ayté 

1  A  cette  date  il  n'y  avait  de  maréchaux  que  Brissac, 
Saint-André  el  François  de  Montmorency,  marié  à  Diane 
légitimée  de  France.  Cette  lettre  sans  stiscriplion  s'ap- 
plique évidemment  au  maréchal  de  Montmorency.  La 
charge  de  grand  maître  venait  d'être  enlevée  à  la  maison 
de  Montmorency. 

Diane  légitimée  de  France,  citée  plus  haut. 

1   Cet,  m. 


ERINE  DE  MED1CIS. 

tent  honnoré  des  siens  el  qui  hont  lent  faysl 
de  servise  à  cet  royaume  que  devés  à  leur 
ymitation  posposer  toutes  aultres  cbauses  et 
considération  pour  en  fayre  de  mesme,  quant 
bien  conestrié  vostre  mal  en  le  faysant,  par 
plus  forte  rayson  devés  enbraser  et  ayfeetuer 
la  volante  du  Roy  à  cet  coup,  veu  que  en  lui 
hauhéisant  c'el  voslre  honneur,  vostre  conser- 
vation et  grendeur  et  de  toute  vostre  may- 
son  qui  me  sanble  que,  ayent  l'anlendement 
aveques  la  volante  tele  que  vous  avés  fest 
aseurer  que  san  dificulté  favré  cet  servise  à 
voslre  Roy,  au  royaume  et  à  vous  mesme  de 
mestre  pouine  de  telement  efectuer  son  co- 
mendement  que  le  Roy  et  le  royaume  vous  en 
seré  aubligé  et  vostre  sûreté  si  aseuraye  que 
n'aurés  plus  d'aucasiou  de  rien  creyndre.  Je 
vous  prie  donc  vous  y  résuldre,  et  ne  vous  aré- 
ter  aus  chauses  pasayes,  car  ynsin  que  les 
afayres  sont,  corne  de  vostre  coûté  nous  ayst 
donné  défiense  et  supeson,  croye's  que  du 
nostre  on  n'an  fayst  pas  moyns;  mes  yl  failli 
couper  chemin  à  tous  ces  fayseulx  de  novelles  el 
qui  n  emeret  que  de  la  division  et  du  trouble,  et 
servir  à  cet  coup  à  cete  saynte  et  bonne  volante, 
de  laquele  en  peult  sortir  l'antié  repos  de  cet 
royaume,  la  réunion  de  tous  ses  sugés  grans 
el  petits,  et  anfiii  revoyrlcs  chause  coine  avons 
veu  d'aultre  foys,  m'aseurent  que  cet  y  volés 
fayre  cet  qu'est  en  voslre  puisasse,  que  en 
rcsortirc  le  bien  que  en  nespérons.  Je  vous 
prie  donc,  monsieur  le  marischal,  l'ayre  cet 
grant  servise  à  vous  et  à  nous  tous  et  pansés 
que  le  lestes  au  Roy,  vostre  bon  mestre,  mon 
signeur,  et  à  vostre  patrye  de  la  mestre  en  re- 
pos; cet  son  fils  qui  est  sa  vray  ymage  de 
corps,  d'esprist  el  de  bonlé;  vous  n'an  seré  non 
plus  troupe  et  aullent  aviné  el  aveques  lent 
d'aucasiou  lui  ayent  faysl  un  si  grent  cervise 
qu'il  ne  faull  jeainès  doucter  qui'  sa  bonne 
grase  vous  la  perdiés.  aveques  cel  que  cet  son 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICI.s. 


1 3 1 


nature]  de  vous  ayiner.  Cet  a\és  quelque 
créanse  en  moy,  pour  vous  avoyr  lousjours 
monstre  el  an>  vostres  ma  bonne  Nolanté, 
crdyés  moj  à  eel  coup,  et  si  en  nestes  tronpé, 
guardés  cete  letre  pour  me  décrier  la  plus 
malheureus  el  misérable  non  royne,  ne  nryn- 
sèse,  mes  créateure  que  Dieu  aye  jeamès 
'.r.  el  \ous  donnés  cet  contentement  et  à 
ions  ics  vostres  de  avoyr  ayté  cause  de  la  res- 
teauration  de  cel  pouvre  royaume  et  lésé  cete 
belle  mémoyre  de  vous  alla  postérité  et  non 
de  avoyr  aydé  aile  rouyner.  Je  prie  à  Dieu 
nous  fayre  la  grase  de  vous  résouldre  si  bien 
que  le  Roy.  le  royaume  et  tous  les  sugés  \ous 
soyt  aubligés. 

DeBloys,  cet  m'  de  jeanvyer  i55o,  (i56o). 
\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


i  1  ô  6  0 .  —  Février.) 

Ant.   Bil>l.  nal.  fonds  français.  nb  3ap,3,  f°  i. 
A  MADAME  MA  TENTE 

LA    DUCHESSE   DE   FERRARE1. 

Madame  ma  tente,  j'é  reseu  vostre  letre  et 
\eu  cornent  vous  en  nestes  retournaye  à  Mon- 
targis,  et  que  set  je  conoysès  que  vostre  pré- 
sanse  feut  nésésére  ysi  que  aytes  preste  à  y 
venir,  chause  qui  nous  'sera  lousjour  très 
agréable  et  que  vostre  présanse  nous  sera  à 
grent  contentement  et  bauneur;  et  se  ne  cre- 
gnions  I  incomodités  du  temps  el  deu  lieu  pour 
ne  l'avoir  lontemps  sertayn,  alant  corne  fay- 
sons-,  que  san  seles  auçasions  vous  suplirions 
croyre  que  c'est  cet  que  désirons  le  plus  que  de 

1  Renée  de  France,  fille  Je  Louis  XII  et  d'Arme  de 
Bretagne ,  née  à  Blois  le  2  5  octobre  1  5 1 0 .  morte  à  Mon- 
targis  l«-  1  ?  juin  1  ô - Ç. .  Elle  fut  mariée  (i5a5)  à  Hercule 
d'Esté,  duc  de  F. Tiare,  et  était  la  mat  raine  de  •Charles  IX. 
-  Voy.  pour  son  arrivée  en  France.  Bibl.  nat.  fonds 
franc,  n"  1587a  ,  f  a  19. 


nous  voyr  baurdinérement  en  6ete  conpagnie. 
corne  conoystrés,  set  Dieu  nous  fayst  la  grase 
d'eslre  de  retour  lia  Fontainebleau ,  au  ;iy  s|ir 
ron  '  après  sel  caresme-perna2  aler;  cl  eu  set  - 
pendent  nous  suplyrons  croyre  que  si  luj 
plest  de  venir  qu'ele  sera  la  tics  byen  veneue, 
ou  si  sa  comodité  ne  luv  permet,  que  cel  qui 
vous  eu  plera  fayre  sera  Irové  lousjour  très 
lion  cotne  de  touttes  chauses  qu'ele  fayra  de 
scia,  qui  se  remest  surBacbeforl  Louchant  no^ 
afayres ,  qui  est  tout  cet  que  pour  sel  heure 
luy  peut  mender 

\ ostre  antièrement  bonne  nyepsse, 

Catebine. 


I  560.  —  3  février. 
Orig.  Arch.  nat.  C.ollect.  Sîmanças,  K,  1  i 9 .'ï ,  tt.  11. 

AU  ROY  CATOLYQUE,  M»  MON  FILZ. 

Monsieur  mon  filz,  pour  ce  que  le  sr  Sci- 
pion  conte  de  Fiesque 3  m'a  laid  remonstrer 
que,  suivant  la  cappitulation  du  traicté  de  la 
paix  l'aide  entre  le  feu  Roy  monseigneur  et 
nous,  il  doibt  eslre  remis  en  la  possession  '■! 
joissance  de  ses  biens  que  plusieurs  lui  occup- 
pent  et  détiennent,  et  prié  vous  faire  resqueste 
pour  luy  de  le  recongnoistre  pour  vostre  bon 
serviteur,  l'oyr  en  ses  droietz,  raison  et  jus- 

1  Au  aysperon  ,  où  espérons. 

2  Caresme-perna,  carême-prenant. 

3  Le  quatrième  (ils  de  Sinibaldo,  comte  de  Lavagne. 
Banni  de  Gènes  en  1  y'i  7,  pour  y  avoir  voulu  faire  revivre 
les  prétentions  de  la  France,  il  se  réfugia  en  France  où 
il  devint  chevalier  d'honneur  de  Catherine  de  Médicis. 
II  se  distingua  au  siège  de  la  Bochelle  en  1  573  ,  et  obtint 
le  collier  de  l'ordre  du  Saint-Esprit  en  iTiSo:  rrtarié  à 
Alphonsine  Slrozzi.  dame  d'honneur  de  Catheri  :'•.  il  mou- 
rut à  Moulins  en  i5p,8. —  Voy.  Lettre  de  l'A ubespinef  Bibl. 
nat.  fonds  français,  n'J  10875,  f°  i5a);  Dépèche  de  l'i  - 
vèque  de  Limoges  (  Négociations  sous  François  II ,  p.  2  90  )  ; 
Lettre  de  Philippe  II  dans  les  Papiers  <lu  ranimai  de  Gran- 
velle,  t.  V.  p.  364;  Lettre  de  François  II  (Archives  nal. 
K.  i493,  B.  11). 


L32 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


lice,  et  luy  vouloir  faire  tant  de  grâce  et 
■  le  bien  que  de  luy  bailler  la  terre  de  Pontre- 
inoly  qu'il  dict  lui  apartenir;  je  vous  ay  bien 
voulu  piier  par  la  présente  de  lui  vouloir  ac- 
corder en  ma  faveur  ce  qu'il  demande  comme 
chose  qui  semble  eslre  juste  et  raisonnable,  et 
par  ce  moien  vous  le  rendrés  plus  obligé  et 
affectionné  à  vous  faire  service;  et  de  ma  part, 
Uni  pour  la  maison  de  laquelle  il  est  issu, 
que  pour  les  bonnes  parties  qui  sont  en  luy, 
je  recevray  le  bien  que  vous  lui  ferez  à  plaisir 
très-agréable.  Priant  le  Créateur,  monsieur 
mon  fdz,  vous  avoir  en  sa  très  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Bloys,  le  m"  jour  de  février  i55a 
(i56o). 

Voslre  bonne  mère  et  seur, 

Caterine. 


(1560.  —  Fin  février.) 

Aul.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3292  ,  f°  ai. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  je  reseu  vostre  letrc  et  pour 
se  que  je  prie  monsieur  le  cardinal  de  Cha- 
tyllon  1  vous  eu  mender  set  que  j'é  fayst  lou- 
chant set  que  me  mandiés,  ne  vous  en  feré 
rediste;  et  sete  ysi  seré  solement  pour  \ous 
aseurer  que  je  me  porte  bien  de  ma  santé  et 
en  ausi  bonne  volenté  de  vous  faire  plésir, 
corne  vous  ay  tourjour  aseuré,  qui  seré  l'en- 
droyt  heu  je  fayré  fvn,  vous  priant  fayre  mes 
recomandatyon  à  vostre  femme'2  et  à  madame 
de  Monmoransi3,  laquele  je  vous  prie  avoyr 

'   Lalellredu  cardinal  de  Chàtillon ,  à  laquelle  fait  allu- 
sion celle  de  la  reine,  a  été  imprimée  dans  les  Négo- 
m  sous  François  II,  p.  a6i;  elle  est  du  20  février 
1  56o. 
-  Madeleine  de  Savoie. 
Diane  de  France. 


tourjour  pour  recomendée  et  me  l'anvoyer  à 
Bloys,  ynsin  que  m'avés  promys;  et  je  priré 
Dieu  vous  avoyr  eu  sa  saynle  guarde. 
Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


(1560.  — Mars.) 

Orig.  Record  office,  State  papers ,  vol.   18. 

A  MADAME  MA  BONNE  SEUR 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Madame  ma  bonne  seur,  allant  l'évèque  de 
Valence  l,  conseiller  au  conseil  privé  du  Roy 
mon  filz,  par  devers  vous,  pour  l'occasion  que 
vous  entendez,  je  n'ay  voulu  que  ce  fust  san^ 
ceste  lettre  de  moy,  lui  ayant  donné  charge 
de  vous  visiter  de  ma  part  et  dire  aucunes 
choses  dont  je  vous  prie  le  croire  tout  ainsi 
que  vous  feriez  la  personne  de 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Caterine. 


1560.  —  Mars. 
Aul.  Bibl.  nat.   fonds  français,  n'  3396,  f'  53. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GLYSE2. 

Ma  cousine,  je  n'écris  poynl  à  monsieur  le 
cardinal,  mes  je  vous  ay  voleu  fayre  cet  mot 
d'aultent  que  avons  aysté  avertis  que  de  loul 
coûté  marche  jeans  à  l'anteur  de  Bloys  et  en 
la  Beause  3,  et  que  le  Roy  mon  fyls  leur  ha 
mendé  le  malcontentement  qu'il  an  na  el  que 
tous  ayenl  à  leur  retirer  cheus  eulx,  aveques 

1  JeandeMonluc. —  Voy.  pour  le  récit  de  sa  mission  en 
Angleterre  et  en  Ecosse,  Négociations  sous  François  Il . 
p.  3ga;  Bibl.  nat.  fonds  Brienne,  vol.  54  ,  f°  ao5;  Mé- 
moires de  Condt'-,  t.  I,  p.  533;  Tomizey  de  Larroque, 
Notice  sur  Jean  de  Moidnr. 

2  Anne  d'Esté. 

3  Ce  fut  le  i5  mars  qu'éclata  la  conspiration  d'Amboisc. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


133 


d'aultre  provision  qui  luy  lia  donné;  de  peur 
que,  vous  en  venaut  ton  dus,  vous  les  rancon- 
trisiés,  je  vous  ay  voleu  fayre  cet  mot  pour 
vous  dire  que  je  suys  d'oupinion,  san  fayre 
sanblanl  que  vous  aye  ryen  mendé,  que  lam- 
porisiés  eun  peu  à  Rayns  ou  à  Nanteul,  jeu- 
ques  à  sel  que  tous  souinl  retiré,  et  ynconti- 
nent  le  vous  fayré  entendre;  car  ne  venant 
poynt  aconpagné,  corne  le  Roy  mon  fds  ne 
veull  plus  que  personne  viegne  le  trover  que 
aveques  son  trayn,  y  me  semble  qu'il  é  iny- 
leur  le  fayre,  corne  je  vous  mende,  et  ne 
fauldré  yncontinent  vous  avertir  de  tout  pour 
l'anvye  que  ha  de  vous  voyr 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1560.)  —  33  mars. 

Orig.  V  M    i    i-,  Jalla  filîa  473G,  nuuva  nunierazioue,  p.  ilrn. 

A  MON  COISIV 

LE   DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  pourceque  le  Roy  monsieur 
mon  tilz  escript  au  cardinal  de  Tournon1  de 
s'en  venir  en  France  et  qu'il  a  à  présent  be- 
soin;; de  ses  gallères,  je  vous  ay  bien  voulu 
escripre  la  présente  et  prier  de  luy  en  vouloir 
bailler  deux  des  vostres,'  pour  le  mener  et 
conduire  par  de  çà.  Et  ce  faisant  vous  ferez 
au  Roy  mon  dict  seigneur  et  filz,  et  à  moy 
bien  grand  plaisir,  comme  ce  gentilhomme 
présent  porteur  vous  dira  plus  amplement  de 

1  François  de  Tournon ,  né  en  1  48g  à  Tournon ,  mort 
u  Paris  le  as  avril  1  5Ga ,  le  cinquième  fils  de  Jacques  de 
Tournon  et  de  Jeanne  de  Polignac.  Il  fut  successivement 
archevêque  d'Embrun  (1517),  de  Bourges  (i5a5), 
d'Auch  (1537),  de  Lyon  (i55i),  évèque  de  Sabine 
i55o), d'Astre  et  de  Vellelri  (  i56o).,  cardinal  (  i53o), 
abbé  de  Saint-Germain  des  Prés,  gouverneur  du  Lyon- 
nais et  de  l'Auvergne.  La  collection  Gaignières  renferme 
un  grand  nombre  de  ses  lettres. 


ma  part,  qui  me  gardera  de  vous  faire  plus 
longue  lettre  que  de  prier  le  Créateur,  mon 
cousin,  vous  tenir  en  sa  très  saincte  garde. 
Escript  à  imboise,  le  xxn°jour  de  mars. 
Je  vous  prie  le  luy  fayre  bailler  aussitôt 
qui  le  demandera,  afin  que  l'ayons  plus  toi 
auprès  de  nous. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1560.  —  27  mars. 

Orig.  Arch.  de  MoJène. 

A  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE   FER  MUE1. 

Mon  cousin,  s'en  retournant  le  s'dom  Loys- 
par  de  là,  je  ne  l'ay  voulu  laisser  partir  sans 
vous  escripre  ce  mot  et  vous  prier,  encores 
cpie  je  sçay  c'est  chose  superflue,  l'avoir  en 
[elle  recommandation  qu'il  le  mérite.  L'amy- 
tié  que  le  Roy  mon  filz  et  moy  luy  portons, 
et  ce  qu'il  estoit  si  proche  au  feu  Roy  monsei- 
gneur me  faict  le  vous  recommander  de  telle 
affection,  vous  asseurant,  mon  cousin,  que  le 
Roy  mondit  filz  et  moy  nous  employions 
tousjours  pour  luy  en  tout  ce  qui  luy  touchera 
et  pour  vous,  mon  cousin,  samblablement 
comme  je  luy  ay  prié  vous  dire  et  d'autres 
choses  dont  je  vous  prie  le  croire;  et  m'en  re- 
melaut  sur  luy  aussi  de  toutes  nos  nouvelles, 
je  prieray  Nostre  Seigneur  vous  donner  bonne 
et  longue  vie. 

De  Amboise,  ce  xxvir5  mars  i56o. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1  Alphonse  d'Esté. 

2  Louis  d'Esté,  né  le  a5  décembre  i538,  archevêque 
d'Auch ,  puis  cardinal  en  1 5G 1 .  —  Voy.  Lettre  de  Renée 
de  l'errare  où  elle  parle  au  duc  de  Guise,  son  gendre. 
de  son  fils  Loys  parti  sans  leur  consentement  «comme  In 
I  aisnéu.  (Bibl.  mit.  fonds  franc,  n"  aobba,  f°  391 


13'. 


•LETTRES  DF,  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


(  1560.)  —  20  avril. 

Orig.  Arch.  de  Modène. 

A  MON  COUSIN 

LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  jai  receu  votre  letre  du  deux 
de  ce  mois,  et  entendu  de  Jehan  Baptiste1, 
l'un  de  mes  gentilzhommes  servans,  tout  ce 
qu'il  m'a  dit  de  vostre  part,  surquoy  je  vous 
ay  bien  voullu  advertir  que  aianl  veu  l'affec- 
tion et  bonne  voulonlé  que  vous  axez  eu  tant 
à  fendroict  du  Roy  monsieur  mon  lilz  que  au 
myen,  j'en  ay  telle  asseurance  qu'il  ne  sera 
pas  besoing  de  m'en  donner  aultre  plus  grand 
témoignage  par  letre  que  celluy  que  j'en  ay 
cogneu  jusque  icy,  vous  merciant  bien  fort 
du  désir  que  vous  avés  de  continuer,  unis 
asseurant  aussy  que,  en  tout  ce  que  vous  me 
vouldrez  emploier  vous  me  trouvères  en  mes- 
mes  voulante  de  vous  fère  tout  le  plaisir  qu'il 
me  sera  possible,  priant  le  Créateur,  mon  cou- 
sin, qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Chenouceau,  ce  xx' jour  d'avril. 
Vostre  bonne  cousine. 

Caterlni:. 


(1560.  —  ai  avril.) 

Orig.  Arch.  de  Turio. 

A  MON  FRÈRE 

LE  DEC   DE  SAVOIE. 

.Mon  frère,  je  reseu  la  lettre  que  m'avés  ays- 
cripte  par  Leny  et  entendeu  par  leuy  set  que 
luy  aviés  comendé  me  dyre,  de  quoy  je  ma- 
seurès  avent  que  me  l'eusié  mendé,  car  je  ne 
fayré  jeamès  daulte2  que  ne  veolyés  fayre  pour 
le  Rov  mon  fils  tout  set  que  pourés,  voyenl 

;  Jean-Baptiste  Goncli  ;  il  se  rendait  à  Florence  pour 
m  procès. —  Voy.  Lettre  Je  Catherine  de  Médicis  an  duc 
de  Florence,  du  i  "  juin  suivant. 
hni/hr .  doute. 


cornent  y  désire  fayre  pour  \ous,  set  que  je 
in'aseure  qui  vous  fayré  toutes  jour  conestre 
daventage,  car  y  se  saut  tent  leneu  à  vous  de 
la  démonstration  que  vous  luy  faysle  de  l'a- 
mour que  luy  portés,  que  je  vous  puis  aseurer 
qui  le  recon.es  tré  en  touttes  les  cliause  qui 
pourré  fayre  pour  vous;  de  moy  je  ne  vous 
an  veos  rien  dire,  car  y  m'en  semble  que,  à 
l'amour  que  je  porte  à  madame  de  Savoye  et 
à  vous,  que  vous  povés  vous  prometre  tout  sel 
que  je  pouré  jeamès  pour  vous  le  fayre  en- 
core mieulx  conestre  l'anvye  que  j'i  é  de  luy 
fayre  servise,  et  fayre  pouyne  en  tou  vous  don- 
ner toutes  contentement  que  sarié  désirer;  et 
encore  que,  Dieu  mersi,  lé  cliause  souvent  en 
aystel  que  nous  n'ayon  besoyng  de  vous  don- 
ner neule  poygne,  si  ne  léson  nous  de  vous 
avoyr  la  mestne  aublygation  que  set  vous  feu- 
sié  veneu ,  laquele  le  Roy  mon  fils  et  mov 
n'aublyron  jeamès  come  vous  conestre  mieulx 
par  les  ayfayst  que  de  paroles;  et  pour  se  que 
set  jeaiityllhomme  vous  conféré  byen  au  long 
touttes  chauses1,  je  ne  vous  fayré  plulx  longue 
letre  après  vous  avoyr  dyst  que  j'é  peur  que 
ses  novelles  avent  fayt  etnpyrer  Madame2,  por- 
(|uoy  je  vous  suplye  l' aseurer,  come  la  vérité 
ayst  ausi,  que  touttes  chauses  s  en  vont  m 
apèsée  qu'i  ne  s'en  fault  plulx  donner  de 
pouyne,  mes  remersier  Nostre  Signeur  de  la 

'  11  s'agissait  de  la  conspiration  d'Aniboise.  —  Voy. 
Lettres  de  François  II  au  connétable  de  Montmorency 
(même  volume,  P"  il  et  lu);  Lettre  du  cardinal  d> 
Lorraine  et  duc  de  Guise  au  connétable  (même  volume, 
r;S);  Mignet.  Journal  des  Savant»,  cahier  d'août  1  s  5  7 
Aux  archives  du  ministère  des  affaires  étrangères,  dans 
1rs  Papiers  ie  Vàtifles,  vol.  \\,  f  36a,  et  sous  ce  titre: 
Nouvelles  venues  de  France .  on  trouvera  de  curieux  détails 
■~ur  celte  conspiration. 

s  Dans  une  lettre  du  îO  juin  1  .">.">  1.  le-  duc  de  Savoie 
donne  à  Catherine  quelques  détails  sur  la  maladie  de  la 
duchesse,  et  la  remercie  de  lui  avoir  envoyé  Castellan. 
son  médecin.  (Bibl.  nat.  tonds  français,  n"  38a8  ■  I   65.  1 


LETTRES  DE  CATHERINE   l>E   MÉDIGIS. 


135 


grase  qui  nous  lia  fayte,  laquele  je  aystymeré 
encore  plulx  grande,  se  rant  lyeule  seule  à 
madame  de  Savoye  que  luy  désyre 
\  ostre  bonne  seur, 

CiTKRINB. 


(  1560.  —  Fin  avril.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 
\   MON  FRÈRE 

LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  me  faytes  (ou  les  jour  co- 
nestre  daventage  l'amour  que  me  portés,,  en- 
core que  je  n  an  deute  poynt,  voyeut  le  souiug 
(jue  avés  de  moy,  de  quoy  je  ne  vous  reiner- 
siré  poynt,  mes  vous  aseureré  byen  que  n'an 
nore's  jeamès  de   personne,  aurmys  sel   qui 


1560.  —  a'i  avril. 

Orijj.  Arch.  àV  Modènc 

A  MON  r.Ol  SIK 

LE  DUC  DE  FERRAI? E. 

Mon  cousin,  j'ay  reccu  votre  letre  du  xxn" 
mars  dernier,  ensemble  les  trois  l'aulcous  (pie 
le  présent  porteur  m'a  présentés  de  votre  part, 
desquelz  j'en  ay  prias  et  rhoisy  ung,  et  les 
deux  autres  ont  esté  baillés  à  mes  cousins  les 
cardinal  et  duc  de  Guyse,  ainsy  qu'il  estoit 
porté  par  votre  letre;  vous  remerciant  aultanl 
affectueusement  que  je  puis  de  la  bonne  sou- 
venance que  vous  avez  eue  en  cesl  endroicl 
de  moy,  dont  j'espère  avoyr  ma  revenebe, 
quand  je  cognoistrav  qu'il  y  a  ebose  en  ma 
puissance  qui  vous  puisse  servir  et  soyt  agréa- 
ble, priant  le  Créateur,  mon  cousin,  qu'il  vous 
ayl  en  sa  très  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Amboise,  ce  xxinT  jour  d'avril 
1 5  6  o . 

Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


vous  louche  de  si  près  que  madame  de  Sa- 
voye, qui  vous  ayme  plulx,  ny  désire  daven- 
tage votre  contentement  et  grandeur,  et  \otis 
pouvés  aseuré  que,  lent  que  je  vyvray,  le  co- 
nelré  \nsin  en  loutes  les  cliauses,  en  (pioy  je 
are  moyen  de  le  vous  l'ajre  coneslre,  el  me 
semble  que  ne  vous  en  puys  donner  pluz  bêle, 
ny  mylleure  aseuranse  que  d'avoyr  auprès  de 
vous  la  chause  de  set  monde  que  j'é  ausi  chère; 
et  sachant  cornent  vous  l'aymés  ay  Irélés,  set- 
la  m'aublyge  lent  à  vous  que  vous  en  pouvés 
aseurer  corne  de  vous  mesme  et  ayslent  ser- 
layne  que  n'en  doutés  poynt,  je  ne  vous  fayré 
plulx  longue  la  présente,  me  recomendenl  à 
votre  bonne  grase. 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


(1560.  —  Mai?) 

Orig.  Rihl.  mil.  fonds  français,  n"  3a92  ,  f"  39. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  j'ay  veu  par  la  layslre  que 
vous  m'avez  bayscrypte  ay  ausi  à  set  que  m'a 
dysl  Méreu  '  comment  vostre  fylle  de  Dan- 
vy lie2  ayst  accuchée  d'eung  fyls3,  de  quoy  j'ay 
bayslé  byen  ayse  pour  le  playsir  que,  je  suys 
seure,  vous  an  navez  reseu;  ay  quanta  set  que 
me  mandés  de  le  l'ayre  teayr,  j'en  bayscryplz 
à  madame  de  Monmoiansv,  laquelle  je  vous 
prye  m'envoyer  après  qu'elle  aura  l'ayst  pour 
moy  sest  offyse.  Je  ne  vous  manderay  poynt 
des  nouvelles  de  sayste  compagnye  par  sel  ipie 

1  Charles  de  Montmorency,  sieur  de  Meru,  troisième 
lils  iln  connétable,  cité  plus  haut,  p.  1  17. 

■  Antoinette  de  La  Marcl ,  fille  de  Robert  dp  La  Marck  . 
dur  de  Bouillon,  et  de  Françoise  de  Brézé,  mariée  à 
H1111  v  de  Montmorency  le  -iti  janvier  i558(l55q). 

1  II  ne  m'a  été  possible  de  désigner  ce  fils.  —  Voy. 
Duchesne,  Histoire  de  lu  Maison  Montmorency, y.  hh\,  el 
Preuve*,  p.  3o3. 


136 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


tous  lays  entendrés  par  le  dyst  Meru  et  aussy 
par  monsieur  le  cardynal  de  Chaslillon  que 
vous  verres  byentost;  seullement  vous  prieray 
fayre  mes  reconiandatyons  à  madame  la  con- 
neslable  ay  en  prandre  vostre  part  d'aussy 
bon  cueur  que  les  vous  favst 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterixe. 


1560.  —  ai  mai. 
Copie.  Arch.  des  affaires  étrangères,  Angleterre,  t.  XXI. 

AU  DUC  D'ALBE  '. 

Mon  cousin ,  et  parce  que  le  Roy  mon  bon 
filz2  m'a  escripl,  et  par  ce  que  le  seigneur  Gar- 
cillasso  de  la  Vega3  m'a  dict  de  sa  part,  et 
par  la  lettre  que  m'avez  envoyée,  j'ay  de  plus 
en  plus  occasion  de  louer  et  remercier  Dieu 
de  la  grâce  qu'il  lui  a  pieu  me  fayre  de  me 
donner  ung  tel  fdz,  qui  de  jour  en  jour  me 
donne  nouvelles  occasions  de  contentement 
el  satisfaction  ;  vous  povaut  asseurer,  mon  cou- 
-in.  qu'entre  les  bons  offices  que  le  Roy  ca- 
tholique mon  bon  filz  a  faicl  pour  l'enfretè- 
nement  de  la  commune  amityé  d'entre  luy  et 
le  Roy  mon  fdz,  je  n'estime  point  cestuy-tà 
petit  d'avoir  envoyé  le  seigneur  Garcillasso 
par  deçà  ,  pour  tenir  la  main ,  de  sa  part,  à  la 
pacification  des  choses  d'Angleterre,  lesquelles 
feussent  en  plus  mauvais  termes  encoresqu'elles 
ne  sont,  si  je  n'eusse  tenu  la  main  bien  ferme 
et  disposé  le  Roy  mon  filz,  autant  de  fois  que 
la  Royne  d'Angleterre  luy  donnoit  occasion  de 
■-aigrir  et  se   revancher,  d'avoir   patience  à 

1  Ferdinand  Alvarès  de  Tolède,  troisième  duc  d'Albe, 
né  en  i5o8,  mort  le  12  janvier  i582.  —  Voy.  Bran- 
tome,  édit.  L.  Lalanne,  t.  I,  p.  ai. 

-  C'est  ainsi  qu'elle  désigne  toujours  son  gendre  Phi- 
lippe II. 

3  Voy.  Instructions  données  par  Philippe  II ,  le  16  avril 
i56o,  à  Garcilasso  de  la  Vega  (Arch.  nat.  Collection  Si- 
mancas,  K  t6g3,  B.  13);  Mission  de  Garcilasso  de  la 
Vega  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  ii>855,  P  4g). 


cloire  les  yeux  à  tout  cela  pour  venir  à  ung 
bon  appoinctement,  estant  très  aise  que  ledict 
seigneur  Garcillasso  voye  et  entende  et  vous 
mande,  comme  j'estime  qu'il  fera,  le  debvoir 
en  quoy  nous  nous  sommes  mis  pour  ne  ve- 
nir à  la  guerre  où  elle  nous  veult,  maugré 
nous ,  attirer  ;  chose  que  je  puis  vous  dire  que 
je  n'eusse  faict  et  que  nous  n'eussions  enduré 
sans  l'extresme  envye  que  j'ay  de  conserver  le 
repos  à  la  chrestienté  que  le  Roy  mon  sei- 
gneur y  a  laissé,  et  le  désir  que  j'ay  de  com- 
plaire au  Roy  mon  bon  filz,  et  lui  faire  con- 
gnoistre  combien  je  faiz  de  comple  el  veulx 
mectre  peyne  d'ensuivre  ses  bons  et  saiges  con- 
seils et  advis;  m'asseurant  que,  quand  il  en- 
tendra le  faict  comme  il  est  passé,  il  trouvera 
que  nos  actions  sont  trop  justifiées  devant 
Dieu  et  les  hommes.  Si  ne  fault-il  en  demou- 
rer  là,  car  jusques  icy  ce  que  le  Rov  mon  bon 
filz  a  fait  faire  par  ses  ministres  à  l'endroict 
de  la  dicte  Royne  a  peu  servy  et  profité,  et  s'il 
n'y  mect  maintenant  la  main,  luy  faisant  bien 
sentir  qu'il  ne  veult  habandonner  la  cause  de 
Dieu  qu'elle  seulle  veult  opprimer,  et  que. 
puisque  nous  nous  mectons  à  toutes  les  raisons 
possibles,  si  elle  ne  si  accommode  de  son 
costé,  qu'il  sera  contrainct  d'embrasser  la 
deffense  de  la  religion  et  ayder  au  Roy  mon 
filz  à  chastier  ses  rebelles  subjeetz  e!  héré- 
tiques, je  ne  voy  pas  qu'il  y  ait  chose  que  la 
puisse  renger  à  la  raison  ny  disposer  le  Roy 
mon  fdz,  si  elle  continue  à  luy  faire  la  guerre 
comme  elle  faict,  de  avoir  plus  longue  pa- 
tience. El  pour  ce,  mon  cousin,  que  cela  me 
desplairoit  extrêmement  et  que  je  sçay  com- 
bien de  vostre  part  vous  avez  tousjours  esté 
amateur  du  bien  et  repos  de  la  chrestienneté, 
je  vous  prie  vous  y  employer  comme  en  une 
chose  où  je  juge,  quant  à  moy,  y  aller  plus  de 
de  Dieu  (pie  de  l'intérêt  du  Roy  mon  filz. 
n'estant,  Dieu  mercy,  despourveu  de  force  et 


LETTRES  DE  CATI1E1UNE  DE   MÉDLCIS. 


13i 


moyen  pour  se  deffendre  d'une  royue  d'An- 
gleterre, pour  se  que  les  choses  de  la  religion 
sont  désormais  allées  si  avant  qu  il  est  be- 
soing  ne  plus  tarder  à  \  remédier  à  bon  es 
sient.  J'estime  que  l'insolence  de  ceulx  d'Ecosse 
conforte  ceulx  qui  sont  en  ce  royaulme  et  en 
voz  pays  de  cesle  oppinion  en  leurs  erreurs  cl 
leur  donne  audace  pour  en  faire  quelquefois 
aultanf  comme  ilz  ont  faict.  De  quoy  je  vous 
parle  plus  privément  qu'à  ung  aultre,  pour  ce 
(pie  congnois  vostre  zèle  à  l'honneur  de  Dieu  et 
l'amitié  et  bonne  volunté  que  me  portez,  dont 
vous  faictes  tous  les  jouis  tant  de  démonstra- 
tion' à  l'endroict  de  ce  qui  me  touche  et  le 
Roy,  mon  filz  et  à  l'endroict  de  la  Royne  ca- 
Lholicque, ma  fille,  que  vous  pouvez  asseurer, 
mon  cousin,  je  ne  la  mectray  jamais  en  oubly 
pour  m'en  ressentir  en  tout  ce  que  je  pense- 
ray  pouvoir  apporter  quelque  bien  et  utilité  à 
vous  et  aux  vostres,  comme  vous  congnoistrez 
plus  aux  elfectz  que  de  parolle  je  ne  le  vous 
puis  exprimer.  Qui  sera  fin,  priant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Loches,  ce  x\i°  jour  de  may  i56o. 


1560.  —  22  mai1. 

Miaule.  Iiihl.  h;it.  fonds  français,  u°  10871,  f"  17D . 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DE  TEIVDE2. 

Mon  cousin,  le  Roy  mon  filz  escript  pré- 
sentement à  mon  cousin  le  grand  prieur3,  ca- 
pitaine général  de  ses  gallayres,  qu'il  ayt  à 
faire  partir  en  la  plus  grande  dilligence  qu'il 

1  Les  instructions  données  à  l'évêque  de  Rennes  allant 
en  Allemagne  sont  datées  de  Loches  le  39  mai  i5(3o.  — 
Voy.  Cinq  cents  Colbert,  n°  3r)i  ,  f  93. 

2  Cité  plus  haut,  p.  2. 

3  René  de  Lorraine,  marquis  d'Elbeuf,  septième  fils 
de  Claude  1"  de  Lorraine  et  d'Antoinette  de  Bourbon, 
né  le  1  .'1  août  i53(>,  mort  en  i56G. 

(]\THF.nne  de  Mkdicis.  —  1. 


pourra  deux  des  gallayres  qui  restenl  à  Mar- 
seille pour  aller  quérir  mon  cousin  le  cardinal 
de  Tournon,  à  quy,  affin  de  oster  toute  occa- 
sion de  délay,  je  faictz  présentement  envoyer 
deux  mille  escuz,  assavoir  mille  pour  chas- 
cune  gallayre  pour  pouvoir  sortir  el  faire  ce 
long  voyage,  sans  qu'ilz  soyenl  employez  à 
aultre  chose;  el  pour  ce  je  vous  prie,  suivant 
ce  qui  en  sera  ordonné  par  mondict  cousin  à 
vostre  iilz  '  d'envoyer  une  de  ses  gallayres,  de 
donner  ordre  qu'il  n'y  use  d'aulcun  délay, 
d'aultant  qu'il  importe  beaucoup  pour  le  ser- 
vice du  Roy  mon  filz  que  ledict  cardinal  de 
Tournon  soyt  icy.  Estant  tout  ce  que  je  vous 
puys  dire,  sinon  que  je  vous  prie  faire  tenir  à 
madame  de  Savoye  le  pacquet  que  nous  lin 
envoyons.  Priant  Dieu ,  mon  cousin ,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Loches,  ce.  .  .  .  jour  de  may. 

(Au  dos.)  La  Royne  à   Monsieur  le  comte 
de  Tende,  du  xxn°  jour  de  may  i56o. 


1560.  —  1"  juin. 

Orig.  Arrh.  île  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  ayant  entendu  les  deffenses  par 
vous  faictes  à  tous  vos  subjects  de  n'aller  au 
service  des  autres  princes  et  sachant  comme 
Françoys  de  Manthon2,  seigneur  de  Conciles. 

1  Honoré  de  Savoie,  fils  aîné  du  comte  de  Tende,  pril 
d'abord  le  titre  de  comte  de  Sommerive ,  puis  celui  de 
comte  de  Tende;  né  en  octobre  1 538  à  Marseille,  morl 
à  Avignon  le  H  octobre  1Û7J. 

2  François  de  Menthon ,  sieur  de  Couettes  (ou  Coveltes  ) 
et  de  ta  Gésière,  marié  à  Marguerite  de  Chàteauvieux  et 
qui  devint  gouverneur  de  Bourg.  —  Voy.  Guiclienon,  His- 
toire de  Bresse  (1  " partie) ,  p.  a53. 

18 


1:58 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


enseigne  do  la  compaignie  de  mon  cousin, 
le  duc  d'Estampes  ',  est  nécessaire  en  sa  dicte 
compagnie ,  je  vous  prie  luy  permectre  la  ve- 
nir trouver  et  y  demeurer  librement,  sans 
pour  ce  luy  faire  ou  donner  aucun  trouble, 
ne  empeschement  soubz  ombre  de  vos  dites 
fielleuses,  et  vous  me  ferez  plaisir  très  agréa- 
ble; priant  Dieu,  mon  frère,  vous  donner  en 
parfaicte  santé  longue  vie. 

Escript  à  Romorantin,  le  premier  jour  de 
juing  i56o  2. 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


1500.  —  7  juin. 
Orig.  Arch.  de  Turin. 

A  MESSIEURS  DE  GÈNES. 

Très  chers  et  grands  amys,  les  sieurs  Tobie 
Pasavicin  et  Jhérosme  Lumellin,  vos  ambassa- 
deurs devers  nostre  très-honoré  seigneur  et 
(ilz,  nous  ont  apporté  les  lettres  que  vous  nous 
avez  par  eulx  escriptes,  et  oullre  icelles  faict 
entendre  les  gracieux  propos  et  honnestes 
offres  que  vous  leur  avez  donné  charge  nous 
fayre  et  tenir  de  vostre  part;  sur  quoy  nous 
leur  avons  faict  les  responses  et  remerciements 
qu'ilz  vous  sçauronl  bien  et  fidellemenl  rap- 
porter à  leur  retour  devers  vous,  dont  nous 
vous  prions  les  vouloir  croire  comme  nous 
mesmes,  et  nous  supplierons  le  Créateur,  très 
chers  et  grands  amis,  qu'il  vous  ayl  en  sa 
1res  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  vne  jour  de  juin  i56o. 

Caterine. 

1  Jean  de  Brosse,  marié  en  i.r>3(i  à  Anne  de  Pisseleu, 
maîtresse  de  François  1er;  il  lut  comblé  de  biens  el 
d'honneurs  el  oblinl   l'érection  du  comté  d'Étampcs  en 

■1  'M   Ih:. 

2  Une  lettre  adressée  par  M.  Jones  à  l'ambassadeur 
Tbrockniorlon   nous  donne  l'itinéraire  de  la  cour  :  de 


1560.  —  8  juin. 
Minute.  Bibl.  itnp.  de  Saint-PéVrsbourg ,  vol.  18,  f''  79  el  8u. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES  '. 

Monsieur  de  Lymoges,  le  discours  que  le 
Roy  mon  illz  vous  faict  de  ce  que  l'ambassa- 
deur d'Espaigne2  estant  icy  a  faict  ces  jours 
passés  me  semble  bien  mériter  d'estre  bien 
pesé  et  considéré;  car  estant  bien  pris,  je 
m'asseure,  il  ne  sera  nullement  du  monde 
trouvé  bon  par  delà,  et  d'aultre  cosléje  crains, 
si  nous  n'en  pouvons  tirer  le  fruict  que  nous 
espérons,  qu'il  soyl  cause  de  l'irriter  davan- 
tage pour  fayre  encore  pis;  et  pour  ceste  cause 
vous  en  userez  comme  vous  connoistrez  qu'il 
sera  meilleur  el  plus  utile  pour  le  bien  du 
service  du  Roy  mon  filz,  me  semblant  qu'il 
sera  bon  que  vous  faciez  tenir  ce  discours  au 
duc  d'Albe  et  que  luy  dissiez  que  je  u'ay 
voulu  faillir  de  l'en  adverlir,  pour  la  promesse 
que  je  luy  fiz  à  son  parlement  de  luy  dire 
franchement  et  l'advertir  de  tout  ce  que  je 
congnoistroys  qui   pourrait  amener  quelque 

Loches  elle  était  venue  à  Montrésor,  puis  à  Saint-Aignan  , 
d'où  elle  gagna  Romorantin ,  où  elle  devait  séjourner  quel- 
ques jours.  (Forbes,  Slate  paper»,  t.  1,  p.  i 87. ) 

1  Sébastien  de  l'Aubespine.  second  fils  de  Claude  de 
l'Aubespine,  né  le  3i  avril  i5i8,  porta  d'abord  le  litre 
d'abbé  de  Bassefontaine,  puis  promu  à  l'évêché  de 
Vannes,  il  l'échangea  contre  celui  de  Limoges;  il  mourut 
le  ■:.  août  i58a. 

-  Thomas  de  Perrenol  de  Granvelle,  sieur  de  Chan- 
tonnay,  frère  du  cardinal  de  Granvelle.  —  Voy.  Lettre 
autographe  de  Philippe  II ,  du  3o  mai  1  5(io  ,  annonçant  sa 
nomination.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i5q,  f'G6.) 
—  Voy.  Lettre  du  cardinal  de  Lorraine  à  l'évéque  de 
Limoges;  il  se  plaint  vivement  des  procèdes  de  l'ambas- 
sadeur d'Espagne  :  rNous  lui  ferions  1res  bien  sentir,  dil- 
il,  s'il  l'ignoroil,  que  la  maison  de  Lorraine  et  celle  de 
Perrenot  ne  sont  pas  d'une  mesnie  qualité  et  qu'il  debvroil 
se  conduire  plus  modcstemenl.-  (Bibl.'nat.  tonds  franc. 
n°  i5N7A,  P5i.) 


LETTRES  DE  (.  \TII 

altération  en  l'amitié  des  Roys  mes  filz,  ainsi 
comme  de  son  cousti'-  il  me  promis!  de  faire 
semblable  office,  et  d'aultant  que  c'est  chose 
qui  est  de  telle  conséquence  qu'il  peult  juger 
pour  le  malbeur  qui  peult  advenir  de  telz 
malcontentemenl  que  les  princes  peuvent  avoir 
de  ceulx  qui  négotienl  avecques  eulx,  j'au- 
roys  graot  regret  que  cela  passast  plus  avant 
et  seroys  bien  fort  ayseou  que  le  dict ambas- 
sadeur lui  si  advisé  doresnavant  de  ne  nous 
estre  si  ennuyeux  et  insupportable,  comme  il 
i  esié  jusques  ic\  par  ses  estranges  déporte- 
mens,  ou  bien  qu'il  y  en  eut  ung  aultre  qui 
se  monlrasl  plus  désireux  d'entretenir l'amytié 
qui  est  entre  le  Roy  son  maistre  et  le  Roy 
mon  filz;  sur  quoy  \ous  verrez  bien  comme  il 
prendra  lout  ce  que  dessus,  et  après  lui  avoir 
bien  faict  entendre  que  nous  en  sommes  fort 
irritez  et  que  vous  avez  nommément  charge 
de  vous  en  plaindre  et  douloir  de  nostre  part 
à  l'endroict  du  lîoy  mon  bon  filz;  ce  qu'il 
\ous  respondra1  dores  vous  sera  ung  advis 
pour  sçavoir  comme  esl  que  vous  avez  à  en 
parler  au  Roy  mon  bon  filz ,  lequel,  il  est  très 
nécessaire,  entendra  comme  c'est  qu'il  se  gou- 
verne et  qu'on  en  est  en  peyne,  afin  qu'il  lui 
chante  bien  sa  leçon  et  le  lace  estre  plus  saige 
et  plus  retenu.  J'en  escriptz  une  lectreaudicl 
Duc  que  vous  lirez  et  la  lui  présenterez  si  vous 
voyez  qu'il  en  soyt  de  besoing.  Au  demourant 
j'av  veu  ce  que  m'escripvez  de  ceste  fille2  qui 
s'esl  précipitée,  ce  qui  est  bien  grande  for- 

On  a  efface  :  -et  la  façon  dont  il  l'aura  pris.n 
J  Voici  uni;  lettre  de  l'évêque  de  Limoges  (10,  mai 
îôtio),  qui  explique  celle  de  la  reine  :  cAvant  le  parle- 
ment de  la  Royne  catholicque  pour  aller  à  Ranchois  où 
elle  est  fort  bien  traictée  et  caressée  de  son  tnarv,,  il  rint 
une  fortune  à  une  des  filles  des  damoiselles  que  je  n'ay 
voullu  laillir  à  vous  mander,  madame,  crainte  que  l'on 
ne  >ous  empire  le  compte.  Elle  se  nommoit  Chaineau  et 
eroy  qu'elle  esloit  de  Blois;  par  les  chemins  s'estent 
trouvée  fort  mal  de  la  fièvre,  el  depuis  avoir  esté  arrivée 


ERINE  DE  MÉD1CIS.  139 

tune,  mais  la  fureur  du  mal  aura  excuse  ce 
qui  en  tel  cas  peult  advenir  à  toute  personne 
du  monde.  Je  désire  fort  que  toutes  les  aultres 
se  ci  induisent  si  sagement  comme  le  m'esrri- 
vez,  vous  priant,  M.  de  Limoges,  quand  vous 
entendrez  quelque  chose  qui  n'ira  pas  bien 
d'en  advertir  la  Royne  ma  fille,  affin  qu'elle 
y  donne  ordre.  Et  quant  à  ce  que  me  mandez 
du  peu  de  moyen  qu'il  y  a  que  de  ceste  année 
je  puisse  veoir  le  Roj  mon  bon  tilz,  je  suis 
merveilleusement  ayse  d'entendre  qu'il  soyl 
en  pareille  volunté  que  moy,  car  cela  sera 
cause  de  luy  en  fayre  ' quand  la  com- 
modité de  ses  affaires  le  pourra  porter,  les- 
quelz  quant  à  moy  je  respecte  tant  que  je  ne 
vouldrois  pour  chose  quelconque  estre  cause 
d'y  apporter  la  moindre  incommodité  du 
monde,  m'asseurant  qu'il  sçait  assez  que  ce 
que  j'en  faisoys  n'esloyl  que  pour  l'extrême 
envye  que  j'ay  de  le  veoir  et  l'asseurance  eu 
quoy  je  suis  que  ceste  veue  ne  sera  inutile 
pour  le  bien  de  la  chrestienté  et  de  ces  deux 
royaumes;  mais  puisque  ses  affaires  ne  me 
peuvent  permettre  de  jouir  si  tost  de  ce  bien 
là,  que  je  desiroys,  j'atendray  sa  commodité, 
à  laquelle  je  seray  tousjours  fort  ayse  de 
m'accommoder.  Vous  ne  fauidrez  au  demou- 
rant, monsieur  de  Limoges,  de  luy  faire  eu- 
tendre  le  regret  que  le  Roy  mon  tilz  et  moy 

en  ce  lieu,  aussi  on  la  misl  pour  estre  mieubt  et  plus  soi- 
gneusement Iraictée  en  ung  monastaire,  où  les  dames 
avoient  d'elle  tout  le  soing  qu'il  esloit  possible;  qui  ne 
peult  tellement  proulfiler  touteffois  que  son  esprit  ne  se 
troublast,  ce  que  luy  resta  après  avoir  perdu  sa  Gèvre 
sans  que  on  lu  peust  garder  de  retourner  au  chasteau  où 
elle  fut  receue  et  logée  comme  elle  souloil  en  la  chambre 
de  \|lk  de  Guittinière;  d'où,  la  nuit  suivante,  sur  lu  mi- 
nuit, elle  se  jelta  par  les  fenestres  qui  sont  forl  haut  tes, 
tellement  qu'elle  demeura  morte  sur  la  place.  La  royne 
en  fut  deux  ou  trois  jours  en  quelque  fraieur.»  (  liibl. 
liât,  tonds  franc.  n°  1 5876  ,  f°  17.) 
•   Illisible ,  peut-être  ouverture. 


18. 


lâO  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

avons  de  la  perte  que  son  armée  à  soufferte  ' 


cjui  ne  me  louche  pas  moings  quant  à  moy 
que  si  ce  malheur  estoyt  advenu  au  Rov  mon 
filz,  pour  les  aymer  égualement  et  estimer 
leurs  fortunes  si  conjoinctes  que  riens  ne 
sçauroit  advenir  à  l'ung  de  bien  ou  de  mal 
que  l'aiiltre  n'en  doibve  sentir  sa  part;  sur 
quoy  vous  lui  ferez  le  plus  honnestemenl 
qu'il  vous  sera  possible  offre  de  tout  ce  que 
le  Roy  mon  filz  a  eu  sa  puissance  et  me  man- 
derez comme  est  qu'il  l'aura  reeeu.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Limoges,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

DeBloys,  ce.  .  .  .  jour  de  juin  i56o'2. 

C&TEMNE. 


1560.  —  îG  juin. 

Orig.  Arch.  desMédicis,  dalla  filza  6726,  ouova  numerazione. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  s'en  allant  Gondy  3,  l'ung  de 
mes  gentilshommes  servans,  à  Florence  pour 
poursuivre  le  jugement  d'ung  procès  qu'il  y  a, 
pour  raison  de  quelque  héritaige  qu'il  prétend 
luy  apartenir  et  à  sa  mère,  je  vous  prie  com- 
mander qu'il  luy  soit  faict  la  plus  prompte  et 
hriefve  expédition,  de  façon  qu'il  soit  bientost 
délivré  de  ces  affaires,  ce  que  faisant,  mon 
cousin,  j'auray  pour  très  agréable.  Je  prie  le 
Créateur  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Chasteaudun,  le  xvic  juing  i5Go. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Les  Turcs  venaient  de  reprendre  l'île  et  la  forteresse 
de  Zerbi  l  h  mai  i56i).  —  Voy.  Lettres  de  Vévèque  d'An- 
goulème  publiées  par  Henry;  Reims,  «859,  P-  -6. 

Au  dos  est  écrit  :  r  La  Reyne  mère  du  Roy  ce  ni" 
jour  de  juin  i56o,  à  Monsieur  de  Limoges. n 

3  Jean-Baptiste  de  Gondi,  cite  plus  haut,  p.  i. 


(1560  —Fin  juin.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 

A  MA  SEOft 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  je  vous  ayscrivis  l'aultre  jour  co- 
rnent le  Roy  mon  fils  avoyst  donné  congé  au 
président  de  Birague  '  pour  vous  aler  trover. 

1  Voici  une  lettre  de  François  II  au  duc  de  Savoie, 
que  nous  avons  copiée  à  la  bililinthèque  de  Saint-Pé- 
tersbourg; elle  est  du  i5  juin  i56o  et  donne  de  curieux 
détails  sur  la  maison  de  Birague  :  o  Mon  oncle ,  il  y  a  jà 
assez  longtemps  que  j'eus  quelque  advis  que  les  Birague 
vous  recherclioient  pour  entrer  en  vostre  service,  dont  je 
ne  voulus  riens  croire  que  premièrement  je  ne  fusse  bien 
informé,  ne  me  semblant  raisonnable  de  penser  que  per- 
sonnes qui  avoient  esté  bien  traitez  au  service  des  feuv 
Rois  mes  grand-père  et  père  et  grandement  honorez  d'eulx 
et  de  moy,  se  voulussent  départir  de  mon  service  sans 
occasion;  ni  aussi  peu  me  pouvois-je  persuader  qu'ilz 
feussent  praticqués  de  vous,  estans  tous  en  mon  service 
en  charges  grandes  et  honorables,  qui  a  esté  l'occasion 
qui  m'a  jusqu'icy  retenu  et  empesché  de  vous  en  mander 
et  jusqu'à  ce  quej'aye  sceu  qu'ilz  estoient  fort  avant  en 
ces  termes,  ayant  pour  cest  effect  envoie  Cari  de  Birague. 
l'ung  de  leurs  frères,  devers  vous,  chose  que  j'ay  trouvé 
bien  estrange,  tant  pour  ce  que  je  ne  puis  que  trouver 
grandement  mauvais  que  le  feu  Roy  mon  père  leur  a\t 
faict  tant  de  biens  et  d'honneurs  et  usé  d'ung  si  bon  trai- 
tement à  leur  endroict  qu'il  leur  a  faict  à  tous  particu- 
lièrement, par  où  il  a  bien  recogneu  les  services  qu'ilz 
luv  ont  faietz  et  que  maintenant  ilz  venllont,  de  gailé  de 
cueur,  quitter  mon  service  sans  juste  cause,  si  ce  n'est 
que  peull-eslre  ilz  sont  navrés  de  n'avoir  l'autorité  en 
Piedmont  qu'ilz  ont  eu  devant  que  la  pluspart  du  pays  es- 
toit  entre  les  mains  de  feu  Roy  monseigneur  et  père;  en 
quoy  ilz  n'ont  pas  grande  occasion  de  se  plaindre,  car 
s'il  est  diminué  de  leur  puissance  et  de  leur  autorité  en 
ce  que  leur  commandement  ne  s'estend  point  si  avant 
qu'il  souiloit,  il  n'est  riens  diminué,  ne  deschen  de  leurs 
eslalz  et  pensions,  estant  aussi  bien  et  grandement  trair- 
iez de  moy,  comme  si  tout  le  pays  estoit  encores  en  mon 
obéissance,  et  qu'ilz  furent  oneques  par  le  passé,  et 
oultre  cela  il  y  en  a  ung  qui  est  chevalier  de  mon  ordre 
qui  avant  quitté  mon  service  faudrait  qu'il  fut  appelé  de- 
\ant  les  frères  de  l'ordre,  el  que  là  il  feist  apparoir  de 


LETTRES  DE  CATH 

set  qui  l'en-,  comenl  j'-  vous  a\  déjèa  mendé, 
mes  v  m'a  disl  depuis  qui  ne  partyré  poynt 
pour  vous  aler  trover,  que  premièrement  y  ne 
sache  quel  byen  il  are  auprès  de  Monsieur  de 
Savoye  el  de  vous,  d'aultent  qu'il  a  lieu  set 
hauneur  que  d'estre  premyer  présidenl  en 
beune  cour)   de    Parlement  de   un   Roy  de 

Fiant I  qu'il  désire,  avant  partir  de  Turin, 

heu  y  ré  '.  savoyr  la  réponse;  ]>i>u i-  se,  Ma- 
dame, je  le  vous  ay  byen  voleu  mender,  afin 
qu'j  \oiis  pièse  luy  mender  voire  volante  el 
ausi  d'aultent  que  je  an  né  parlé,  je  le  vous 
recomende  et  vous  bèse  lé  mayn. 

Voire  très  humble  et  très  bobéisante 


seur, 


Catérine. 


i  1560.  —  Juillet.) 

Ant.  Arcli.  de  Turin. 

\  MON  FBÈRE  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mou  frère,  \l  i  é  si  lontemps  que  n'é  heu 
de  vos  novelles  et  de  selle  de  madame  de  Sa- 
voye que  je  ne  me  puis  contenter  et  ay  peur 
qu'i  lui  souit  seurveneu  quelque  mal.  Je  nous 
prie  comender  que,  tou  les  saymène,  par  la 
poste  aurdinère  que  je  an  né.  J'é  aysté  bien 

l'occasion  qu'il  auroit  eu  de  se  plaindre  de  son  souverain 
et  de  renoncer  au  serment  qu'il  a  laid  en  prenant  le  dict 
ordre;  etd'aultant,  mon  oncle,  que  vous  n'avez  peut-estre 
entendu  le  traitement  qu'ilz  ont  receu  de  moy  tel  qu'il 
est,  je  le  vous  ay  bien  voullu  mander,  comme  verrez  par 
ce  que  dessus,  vous  priant  bien  considérer  ou  les  recher- 
chant  ou  les  retirant  eslans  à  mon  service  es  charges  où 
ilz  sont,  quel  tort  vous  feriez  à  l'amitié  et  bonne  intelli- 
gence qui  est  el  doibt  eslre  entre  nous,  pour  ce  que  estant 
chose  de  soy  qui  ne  peult  estre  trouvée  bonne  et  aussi  peu 
accouslumée  entre  amvs,  cela  donneroit  occasion  à' beau- 
coup de  gens  cpie  famylié  n'j  seroil  telle  qu'elle  est,  ni 
de  i  oslre  costé  le  respect  qui  est  requis  à  l'entrelénemenl 
d'icelle.n 

1   lieu  '/ré.  où  irait. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  lui 

ayse  d'entendre  par  monsieur  le  chanselier1  si 
byen  au  long  de  ses  novelles  el  d<:  votre  et  du 
hou  trètemenl  que  luy  faystes  el  de  l'amour 
que  luy  portés,  qui  ayst  lyeul  à  sel  qu'il  m'a 
d\sl  que  vous  ne  vous  contentés  soulement  de 
la  servir  en  sa  maladie-,  mes  Pavés  socoureue 
d'argeanl .  el  aultre  scia  luy  avés  asiné  sel  que 
lu\  avés  promis  devint  mile  ayscus,  dont ,  mou 
frère,  ne  vous  puis  usés  remersier,  aystimenl 
sel  que  haiint  fayst  pour  a\llo  plulx  que 
pour  moy;  car  l'amour  que  je  luy  porte  et 
tyeul  que,  ne  la  pouvent  voyr,  ne  sarès  avoyr 
plulx  grant  contentement  que  la  savoyr  ausy 
contente  cornent  y  m'a  aseuré  quel  ayst,  qui 
m'aublyge  de  plulx  en  plulx  à  mfanployer 
pour  vous  et  Ions  vos  afères,  de  quoy  vous  prie 
vous  aseurer  que  me  troverés  tout  jour  ausi 
preste  à  vous  conplère,  conte  le  désirés  de  selle 
qui  vous  veost  touljour  demeurer 

Votre  lionne  seur, 

Cateiiine. 


1  Michel  de  l'Hospilal,  né  à  Aigueperse,  en  Auvergne. 
vers  i  ;">  '  7  ,  mort  le  i3  mars  1 5 7 o .  L'Hospilal  était  à  Nice 
vers  la  fin  de  mars  i56o  auprès  de  la  duchesse  de  Sa- 
voie, dont  il  était  le  chancelier.  Ce  fut  là  qu'il  apprit 
la  mort  du  chancelier  Olivier  et  sa  propre  nomination; 
il  se  mit  de  smte  en  route,  mais  n'arriva  à  Paris  qu'à 
la  lin  d'avril  ou  au  commencement  de  mai.  (Taillan- 
dier, Vie  rie  L'Hospilal,  p.  ."Sa.)  —  ■  Voy.  Lettre  du 
cardinal  de  Lorraine  à  L'Hospilal  pour  l'engager  à  ve- 
nir en  France.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  11°  1  ,"> 8 7  1 , 
fso'i.) 

J  François  II,  dans  une  lettre  au  duc  de  Savoie  datée 
de  Saint-Régis  le  1"  juillet  l56o,  l'ail  allusion  à  celte 
maladie  :  *Je  ne  vous  puis  citer  l'aise  cl  le  plaisir  que 
j'ay  d'entendre  l'amendement  de  ma  tante,  car  je  vous 
[mis  asseurer  que  la  ebose  du  monde  qui  me  lourmentoil 
I  ■  plus  pour  l'amour  que  je  lui  porte  estoit  la  crainte 
que  sa  longue  maladie  ne  luy  apporlast  quelque  inconvé- 
nient, mais  j'espère  à  Dieu  que  l'aiant  jusquea  icy  con- 
servée,, il  parachèvera  son  entière  guérison."  (Bibl.  imp. 
de  Saint-Pétersbourg,  Lettres  des  rois  et  reines  de 
France,  n"  34.) 


142 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


(1560.  —  Juillet.) 

Aut.  Arcb.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE  LE  DEC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  monsieur  de  Toulon1  m'a  prié 
vous  recomender  son  bau- frère  Morelle,  et 
pour  se  que  je  seay  comeut  ie  Roy  monsigneur 
l'estymayt  jeantil  rompagnion  et  \ allant,  je 
n'ay  craynt  vous  prier  pour  lui  pour  le  pren- 
dre vostre  lieutenenl  de  sant  homme  d'arme, 
si  u'avés  promis  lia  aullre;  car  encore  que  je 
aye  envie  de  lui  fayre  plésir,  si  sere-ge  lout- 
jour  bien  ayse  de  set  qui  vous  plèré.  Je  ne 
vous  en  fa  y  ré  plulx  longue  arangue  et  vous 
priré  seulement  que  me  fasié  tent  de  bien  de 
me  mander  yncontinent  que  la  fièvre  ara  lésée 
à  madame  de  Savoye,  ma  seur,  car  jeuques 
que  je  lay  sache  je  ne  puis  aystre  à  mon 
ayse.  et  prie  à  Nostre  Signeur  que  ce  souit 
ausitot  que  le  désire 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


1560.  —  17  juillet. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 1 57  ,  f'  A5. 

A  MON  COUSIN  LE  S"  DE  MONTMORENCY, 

M.UltSCHAL. 

Mou  cousin,  pour  ce  que  j'ay  nécessaire- 
ment affaire  de  vous  pour  chose  qui  touche 
le  service  du  Ro\  monsieur  mon  filz,  je  vous 
prye  ne  faillir  à  vous  rendre  demain  icy  par 
devers  moy  et  n'oublier  d'amener  ma  cousine 
vostre  femme1  que  je  désire  avoir  aussi  au- 

Jérome  do  la  Rovère,  évèque  de  Toulon;  ce  fut  lui 
qui  prononça  les  deux  sermons  funèbres  pour  les  ob- 
sèques de  Henri  II,  l'un  à  Notre-Dame  de  Paris,  le 
samedi  19  apûl  1 55g ,  l'autre  le  lendemain  dimanche  à 
Saint-Denis.  Ils  onl  été  tous  doux  imprimés  en  i55o, 
par  Henri  Estienne. 

1  li  me  de  France. 


près  fie  moy.  l'ryanl  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

De  Saint  Germain  en  Laye,  le  \vnc  jour  de 
juillet  i5Co. 

Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 


1560.  —  28  juillet. 

Minute.  Bibl.  iïnpér.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  p.  81. 
Imprimé  dans  ies  l\ègocitttions  sous  François  II,  p.  A58l. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  je  ne  vous  puys  dire 
le  plaisir  que  me  faictes  d'ainsi  particulière- 
ment m'advertir  de  toutes  choses  qui  passent 
à  l'entour  de  la  Revue  ma  fille  et  me  discourir 
de  toutes  ses  actions  tant  par  le  menu,  comme 
jusques  icy  vous  m'avez  faict,  car  vous  pou- 
vez penser  combien  ce  m'est  de  bien  et  de 
contentement  entendre  qu'elle  sôyt  tantaymée 
du  Roy  son  mari  et  estimée  de  tout  le  monde, 
comme  vous  me  le  mandez,  el  de  sçavoir 
qu'elle  s'y  comporte  de  telle  façon  que  tant 
luy  que  ses  principaulx  ministres  en  ayenl 
tant  de  contentement  et  de  satisfaction.  En 
quoy  je  n'ignore  point  le  service  que  vous  luy 
faictes  et  combien  elle  vous  en  est  tenue,  car 
encores  que,  Dieu  mercy,  elle  ayl  le  naturel 
bon  et  l'entendement  tel  que,  quand  elle  le 
vouldra  appliquer  à  quelque  chose,  j'espère- 
ray  tousjours  qu'elle  le  fera  bien,  si  est-ce 
que  pour  la  jeunesse  qu'elle  ha  elle  ne  peull 
pas  avoir  tant  de  cognoissance  des  choses  du 
monde  que  l'eage  et  l'expérience  luy  pourront 
apporter;  et  je  sçay  combien  cependant  voz 
saiges  records  et  advis  luy  peuvent  servir  el 
proulfiler,  lesquelz  je  suis  merveilleusement 
aise  de  veoir  qu'elle  mecte  peine  d'ensuyvre, 
comme  j'av   bien  congneu   en   beaucoup  de 

'  L'importance  de  celte  lettre  ne  permet  pas  do  l'ana- 
lyse! et  nous  croyons  devoii  la  reproduire  en  entier. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDIGIS. 


m 


choses  el  mesmemen!  en  ce  qui  est  dernière- 
ment passé  touchant  la  contesse  d'Ureigna  où 
je  trouve  qu'elle  a  le  mieux  faicl  qu'il  est  pos- 
sible; et  eu  fault  user  de  cesle  façon  à  reulx  à 
qui  deffault  l'honneur  el  la  révérence  qu'ilz 
doibvenl  portera  leurs  maistres ou  maislresses. 
El  ce  qui  plus  me  contente  estde  voir  que  le 
Roy  son  mari  ayt  trouvé  bon  ce  qu'elle  en  a 
faict,  car  cella  est  une  grande  démonstration 
de  l'a  m  y  lie  qu'il  lui  porte;  laquelle  j'espère  avec 
l'ayde  de  Dieu  augmentera  de  jour  à  aultre, 
se  conduisant  la  Reyne  ma  fille  comme  elle  a 
1res  bien  laid  jusques  icy,  et  vous  lui  faisant 
un  si  fidelle  service  comme  vous  faicles;  je 
vous  puis  asseurer,  monsieur  de  Limoges,  que 
je  m'en  souviendray  perpétuellement  et  qui  ne 
se  présentera  jamais  riens  pour  vostre  bien  et 
advancemenl  qu'il  ne  me  soyl  en  telle  recom- 
mandation que  vous  pouvez  désirer,  comme 
vous  le  cognoistrez  par  effect  quand  vous 
m'employerez  en  quelque  chose.  Au  demou- 
ranl  vous  sçavez  les  propoz  qui  ont  esté  mis 
en  avant  de  la  veue  du  Roy  mon  bon  filz  et 
de  inoy,  laquelle  Dieu  pour  la  commodité  des 
ungs  el  des  aultres  a  remys  jusques  aujour- 
d'buy,  nous  eslans  survenus  depuys  quelques 
moys  tant  d'affayres  que,  quelque  voluntéque 
j'en  eusse  eue,  il  ne  rn'eust  esté  possible  de 
la  pouvoir  exécuter.  Et  maintenant  nous  som- 
mes venuz  en  ce  lieu  de  Fontaynebleau  pour 
prendre  une  bonne  résolution  en  tous  noz 
affaires,  el  y  eslablir  quelque  bon  ordre  et 
réglemant,  ce  qui  n'est  pas,  comme  vous  pou- 
vez très  bien  penser,  ung  oeuvre  d'ung  jour, 
ayd'ung  mois;  el  pour  ce  que  nous  nous  déli- 
bérons y  en  demeurer  troys  ou  quatre,  je  dé- 
sireroys  bien  que  cesle  veue  fust  remise,  s'il  y 
avoit  au  monde  moyen.au  commencement  de 
la  primevère,  mais  il  fauldra  que  vous  con- 
duissez  cella,  monsieur  de  Limoges,  avec  telle 
dexlerité  qu'ilz   ne   congnoissent   que  l'envie 


m'en  fusl  diminué,  uy  que  j'eusse  volunté  de 
la  retarder  ny  différer  concurrement,  car  je 
désire  infinimenl  qu'elle  se  face  en  quelque 
façon  que  ce  soyt,  mais,  si  leur  commodité 
et  la  nostre  se  pouvoynl  rencontrer,  ce  me 
scia  ung  grand  repozel  contentement,  ce  que 
mus  pourrez  brasser,  comme  de  vous-mesme . 
de  longue  main,  vous  excusant  sur  ce  que  je 
deviens  ung  peu  pesante  et  que  je  ne  pu\s 
pas  aller  comme  j'ay  faict  et  sur  la  saison  qui 
sera  si  rudde  et  si  incommode  qu'il  y  aura  peu 
de  moyen  de  faire  ung  si  long  et  pénible 
voyage,  de  façon  que  vous  basassiez  cela  si 
dexlrement  que  d'eulx-mesmes  ilz  vous  en 
recherchent,  s'il  est  possible,  leur  faisant  bien 
entendre  qu'il  n'y  a  riens  que  je  désire  plus 
que  de  voir  le  Roy  mon  bon  filz.  J'ay  tant 
esprouvé  vostre  bon  entendement  en  choses 
de  plus  grande  importance  que  je  me  pro- 
mecteray  bien  que  vous  ne  ferez  pas  pis  que 
vous  avez  faicl  en  tout  ce  qui  vous  a  esté 
commis  par  le  passé;  à  tant  me  gardera] 
\ous  en  dire  riens  davantage  L 

(Au  dos.)  La  Royne  mère  du  Roy  à  \1'  de 
Limoges  du.  .  .  .  jour  de  juillet. 


1560.  —  2.)  juillet 

Oi  ',;    \  '  li   iea  Médicis    <l.>lla  filzn  ^aG ,  nuova  Diimerazione  ,  p,  i5çj 

\  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mou  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du  u" 
de  ce  mois  par  l'évesque  de  Borgo2  que  vous 

1  M.  L.  Paris,  dans  la  copie  qu'il  a  imprimée,  a  donné 
la  date  du  18  juillet  —  Voy.  Négociations  sous  Fran- 
çois Il .  p.  138  el  vmï\. 

N lo  Tornabuoni.  Au  mois  de1  juillet,  il  succéda 

en  qualité  d'ambassadeur  à  son  oncle  Alfonso  Torna- 
buoni, par  la  renonciation  duquel  il  élail  devenu  évêque 
de  Borgo  San-Sepolcro.  —  Voy.  Négociations  diploma- 
tiques avec  ta  Toscanes,  t.  III,  p.  'i a 3 . 


l'i'l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


avez  envoyé  ambassadeur  pour  résider  auprès 
du  Roy  monsieur  mon  filz ,  et  entendu  de  luy 
(oui  ce  qu'il  m'a  dict  de  vostre  part.  Surqnoy 
par  l'évesque  de  Borgo1,  qui  s'en  retourne 
devers  vous,  je  vous  ay  bien  voulu  advertir 
que  je  verrav  lousjours  vostre  dict  ambassa- 
deur de  bien  bonne  voulenté,  etentendray  de 
luy  tout  ce  qu'il  aura  affaire  envers  le  Roy 
mon  dicl  seigneur  et  filz.  Je  m'y  emploieray, 
et  y  feray  pour  vous  tout  ce  qu'il  me  sera 
possible ,  selon  l'affection  grande  que  j'ay  de 
vous  l'ayre  plaisir,  comme  le  dict  évesque 
vous  fera  entendre  plus  amplement  de  ma 
part,  suivant  la  charge  que  je  luy  en  ay 
donné,  qui  me  gardera  de  vous  en  escripre 
aultre  chose  en  la  présente,  m'en  remectant 
sur  sa  suffisance.  Priant  le  Créateur,  mon 
cousin,  vous  tenir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Fontainebleau,  le  xxix°  jour  de 
juillet  i56o. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterim;. 


gnoysance  de  l'amylyé  que  luy  portés  a  aug- 
menté la  nostre  an  votre  endroyt,  ancores 
qu'elle  t'usl  desjà  telle  qu'yl  ne  s'y  pouvoyt 
guères  adjouster,  comme  vous  connoystres 
teuljour,  mon  frère,  à  toutes  les occasyons qu\ 
se  présanteront,  ay  en  tout  set  que  nous  vou- 
drés  amployer.  Je  vous  prye  me  mander  s'il 
hayst  vray  qu'elle  soit  grose,  car  c'est  la  chose 
de  set  monde  que  désirereyt  le  plux 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


(1560.—  Fin  juillet.) 

Aut.  Arch.  «le  Turin. 

A  MON  FRÈRE  LE  DUC  DE   SAVOIE. 

.Mon  frère,  j'ay  reseu  les  letres  que  vous 
m'avez  ayscrytes  par  Leny 2  et  ay  haysté  byen 
ayse  de  set  que  nie  mandés  de  la  santé  de 
madame  de  Savoye,  ma  seur,  mais  je  le  seroys 
beocoup  davantage,  si  je  pouvois  antandre 
son  antière  guèryson  pour  le  recouvrement 
de  laquele  je  say  la  peyne  qu'avez  prynse,  ay 
le  devoir  qu'avez  faysl  de  la  secouryr;  de  quoy 
je  vous  ay  plulx  d'obligatyon  que  de  tout  set 
que  vous  saryés  jéamays  fayre  pour  moy;  ay 
m  mis  asure,  mon  frère,  que  le  Roy  mon  fyls 
en  a  byen  grant  contantement  et  que  la  con- 

1  Alfonso  Turnaliuoni.  (Voy.  la  note  précédente.) 

2  André  Provana,  cilé  plus  liant. 


(1560.  —  Août.) 
AuL.  Bibl.  nat.  fouds  fraudais,  a''  3aoi  ,  f"  77. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  COiNESTABLE. 

Ma  cousine,  vous  voyrés  cotne  le  Roy  mon 
fils  désyre  que  monsieur  le  conestable  souit 
]irès  de  luy  et  moyausi;  et  pour  sele  aucasion 
yl  anvoye  le  sieur  de  Lestrange  '  présant  por- 
teur ver  luy,  afin  qu'i  le  viene  trover  à  Foii- 
taynebleau,  au  yl  espère  ayslre  venderdy  en 
heuyt  jour;  et  m'aseurant  par  sel  que  vous  a\ 
heuy  tousjour  dyre  que  s'et  set  que  désirés  le 
plus  qu'il  y  souit  et  luy  fase  servise  et  qui  ni 
an  saret  fayre  heuu  plus  grant  que  de  venir 
asteure,  je  ne  vous  en  fayré  plus  longue  lelre. 
m'aseurant  que  luy  conselleré  de  set  fayre  et 
vous  prye  byen  fort  de  le  fayre  ynsin  el  de 
croyre  le  dist  sieur  de  Lestrange  de  set  qu'il 
vous  dire  de  la  part  de 

Vostre  bonne  cousine  eteomère, 

Caterim;. 

1  Nous  croyons  que  sous  ce  nom  de  seigneurie  est  dé- 
signé Gilbert  de  Hautefort,  lieutenant  de  la  compagnie  du 
sieur  d'Escars ;  le  8  août  i5(ia  il  fut  fait  gentilhomme  de 
la  chambre  du  roi  Charles  IX,  et  le  8  février  suivant  il 
reçut  à  Toulouse  le  collier  de  l'ordre.  —  Voy.  P.  An- 
selme, t.  \II,  p.  33ft  et  36a. 


LETTRES  DE  CATH 

(1560.  —  Août.) 

Aul.  Arch.  des  Basse  r    ■  E,  58o. 

a  BONSIEDB 

MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE1. 

Mon  frère,  le  baron  de  Laguarde2  m'a  de- 
mendé  congé  pour  s'an  naier.  Je  lui  ay  dist 
qu'il  alal  premièrement  vous  trover.  Ramené- 

le  en  son  bon  sanc,  car  y  nie  faysi  pitié.  Il  est 
désespéré.  Je  uai  se  qu'il  a.  Je  ne  vous  mende 
rien  de  nous  no\ elles,  car  je  vous  ayscrips 
par  le  sieur  de  Lose3  qui  vous  dira  cornent 
vostre  frère  m'a  envoyé  Bochavane4.  Ne  soyés 
aupiniatre  à  set  que  je  vous  mende  par  luy  et 
par  d'Escars  5,  car  je  ne  veulx  pas  non  plus 

1  Antoine  de  Bourbon,  né  en  i5i8,  marié  en  oc- 
tobre l5û8  à  Jeanne  d'Albret,  mort  ie  a5  novembre 
ia6a,  d'une  blessure  reçue  au  siège  de  Rouen. 

!  Antoine  Escalin,  baron  de  La  Garde,  connu  sous  le 
nom  de  capitaine  Poulin  ou  Polin,  né  à  la  Garde 
(Drôme)  vers  1Ù98;  lils  d'un  paysan,  il  suivit  des  soldats 
comme  goujat  et  dut  sa  liante  fortune  à  son  courage  et  à 
son  intelligence;  après  avoir  été  envoyé  en  ambassade 
auprès  de  Soliman  II  en  îô'n,  et  après  avoir  négocié 
l'alliance  de  la  France  et  de  la  Turquie,  il  fut  nommé, 
h  1 563  ,  lieutenant  général  de  l'armée  de  mer  du  Le- 
\ant  et  général  des  galères  en  i5.'ii  ;  destitué  en  i5l>7 
pour  les  massacres  de  Cabrières  et  de  Mérindol  et  empri- 
sonné, réintégré  en  i53i,  puis  de  nouveau  remplacé  en 

1507,  ''  fllt  cufin  cn  l56t3  remis  dans  sa  cnarSe  l"'1 
conserva  jusqu'à  sa  mort  en  1078. 

3  Jean  de  Lusses  devint  sous  Charles  IX  gouverneur 
du  prince  de  Béarn,  depuis  Henri  IV,  et  capitaine  des 
gardes  sous  Henri  III;  mort  en  i58o. — Voy.  Commen- 
taires de  Monluc,  édit.  de  Ruble. 

1  ( Ihristophe  de  Lamelb ,  un  deslieulenants  de  Condé  ; 
marié'  à  Isabeau  de  Bayencourt,  béritière  de  la  maison 
de  Boucbavaiines,  mort  en  1572. 

/  François  de  Peyrusse,  comte  d'Escars,  obtint  une 
commission  de  lieutenant  du  roi  en  Guyenne,,  charge 
qui  lui  fut  enlevée  sur  la  demande  de  Moulue.  En  i568 

il  fut  mé  gouverneur  de  Limoges,  et  mourut  à  la 

fin  du  rè;;ne  de  Henri  III.  —  Voy.  ses  lettres  dans  te 
vol.  :'7'i  >  de  la  collect.  Gaignières,  et  dans  le  n°  15876 
du  fonds  français. 

f'.ATHEBISE  DE  MtDICIS.  —  I. 


ERINE   DE  MÉDIGIS.  1'"". 

que  vous  \<iw  ln\  reaume  en  proye  de  touttes 
ualvon.  Velà  tout  set  que  pour  set  coup  vous 
aurésde  sela  qui  se  recomende  ha  vostre  bonne 
grase. 

L'on  distqu'i  tyentà  moy  que  vostre  fils  ne 
va  ha  la  mese,  et  vous  savés  set  que  m'an  oavés 
dyst.  Mandé-moy  vostre  volante. 

Vostre  bonne  seur, 

Catebikb. 


1560.—  (Août.) 

Minule.  Bibt.  naU  fonds  français,  n°  15876,  f°  110. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES1. 

Monsieur  de  Lymoges,  le  Roy  mon  fil/. 
vous  faict  une  si  ample  dépesche  que  je  11  \ 
sçauroys  qu'adjouster,  si  n'est  pour  vous  dire 
que  j'ay  esté  fort  ayse  d'avoir  veu  ce  que  me 
mandez  des  propoz  que  vous  a  tenuz  le  prince 
d'hboly2  du  mariaige  de  ma  fille  Marguerite 
avec  le  prince  d'Espaignè,  me  semblant  que 
les  choses  sont  pour  le  temps  et  la  saison  en 
assez  bons  termes,  et  qu'il  n'est  pas  à  propoz, 
comme  bien  me  l'escrivez,  de  les  presser  da- 
vantaige.  De  nostre  coste'  estant  ma  dicte  fille 
si  jeune,  je  vous  puys  asseurer,  pendant  que 
j'auray  espérance  à  ce  party  là,  que  je  n'en- 
tenderay  à  aultre  quelconque,  mays  bien  les 
tiendray-je  tousjours  en  longueur,  que  je  cau- 
seraysur  sa  grande  jeunesse,  et  dont  vous  pour- 
rez asseurer  la  Royne  ma  fille,  laquelle  de 
son  coste'  cependant  ne  debvera  laisser  passer 
les  occasions  d'en  parler  et  entretenir  ceste 
bonne  volunté  tant  à  l'cndroict  du  Roy  son 
mary  que  de  ceulx  qu'elle  congnoistera  y  pou- 
voir servir.  J'ay  esté  aussi  fort  ayse,  monsieur 
de  Lymoges,  de  quoy  les  choses  se  sont  si  bien 

1  Voy.  Lettre  du  cardinal  de  Lorraine  à  l'évèque  de 
Limoges  (même  volume,  f  87);  Lettre  de  l'évèque  de 
Limoges  au  cardinal  de  Lorraine  (même  volume,  f°i36). 

2  lîuv  Gomcz,  prince  d'Eboly. 

><J 


146  LETTRES  DE  CATH 

accommodées  que  le  retardement  que  je  dési- 
roysdenostre  enlreveue  soyt  proceddé  d'eulx, 
car  vous  pouvez  veoir  quel  moyeu,  en  cesl  sai- 
son el  aux  troubles  là  où  nous  sommes,  j'aur 
roys  d'y  satisffaire.  J'espère  que,  entre  cy  et  ce 
temps  là,  Dieu  nous  fera  la  grâce  d'en  sortyr 
el  y  avoir  donne'  le  remède  qui  est  requys  el 
ssaire.  Au  demeurant  vous  m'avez  laid 
forl  grand  plaisir  do  ce  que  vous  m'avez  es- 
rript  avoir  esté  laid  par  le  Roy  d'Espaigne  en 
laveur  de  la  Royne  ma  fille  pour  madame 
de  Vineuf1;  car  c'est  ung  tesmoignage  de  l'a- 
inour  qu'il  luy  porte  el  du  moyen  qu'elle 
pourra  avec  le  temps  avoir  avec  luy,  dont 
vous  pouvez  penser  si  je  seray  marrye,  tanl 
pour  le  contentement  d'elle  que  pour  le  bien 
du  service  du  Roy  mon  filz2.  Il  est  besoing  à 
ceulx  qui  se  mescongnoissent  de  monstrer  ung 
peu  les  dentz,  car  aultrement  ilz  prendroyent 
trop  de  licence  et  de  liberté,  el  auroyt  danger 
à  la  fin  qu'ilz  en  abusassent.  Je  vous  prye  con- 
tinuer de  m'en  mander  souvent  des  nouvelles 
et  persévérer  de  faire  aussi  bons  offices  auprès 
de  la  Royne  ma  fille,  que  vous  avez  faict  jus- 
ques  icy,  et  vous  asseurer  que  c'est  chose  que 
j'auray  si  agréable  que  je  ne  la  meleray  jamays 
pu  oubly.  Priant  Dieu,  Monsr  de  Lymoges, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

[Au  dos.)  La  royne  mère  du  Roy  à  Mons1 
de  Lymoges,  du.  .  .  .  jr  de.  .  .  .  i5Go. 


ERINE  DE  MEDIGIS. 

vous  ne  faudrés  d'aystre  an  sayste  compagnye, 
au  tans  que  le  Roy  mon  fylz  vous  a  mandé,  je 
vous  pryeray  ausy  ne  fayllyr  d'amener  avec 
nous  madame  la  marescbale  de  Monmoransy, 
car  j'ay  byen  forl  grant  anvye  de  la  voyr,  el 
crayns  sy  je  failloys  à  sete  foys  ne  povoyr  la 
voyr  de  longtemps;  y  ne  fault  poynt  que  sa 
groyse  nous  en  ampescbe1,  car  je  vous  aseure 
que  sela  ne  leuy  fera  poynt  de  mal.  Je  ne  vous 
feray  pieux  longue  letre,  espérant  vous  voyr 
byentost;  seulement  vous  prière  fayre  mes  re- 
commaudatyons  à  madame  la  connestable  et 
an  prandre  vostre  part  d'ausy  bon  cueur  i)w 
les  vous  faj  st 

Vostre  bonne  coumère, 

(Utérine. 


(I5G0.  —Août.) 

Aie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3ao3,  f'  i. 
A  MON  C0NPÈ1SE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  par  set  que  je  m'aseure  que 

'  L'évéqne  do  Limoges  dans  ses  lettres  écril  :  \  ineux. 

-  Voy.  Lettre  de  l'évêque  de  Limoges  à  Catherine  de 

Médicis    du    3o  août   1Ô60.    (lîild.    nat.  fonds  franc. 

0     L5874,  f  ■■  1/1   el  Slliv.) 


(1560.—  3  août.) 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  34  ,  f°  18. 

AU  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  j'ai  tant  souffert  de  deuil  depuis 
ung  an  et  ay  veu  ce  pauvre  royaulme  affligé 
de  tant  de  calamitez  l'une  sur  l'autre  que  je 
n'a  y  peu  jusques  icy  prendre  grant  loisir,  mais 
voyant  les  gratis  affaires  en  quoy  se  trouve  le 
Roy  mon  filz,  oultre  les  troubles  et  émotions 
qui  sont  depuis  quelques  moys  commencez  en 
ce  royaulme,  il  ne  m'a  semblé  ni  à  tous  bons 
serviteurs  se  pouvoir  trouver  meilleur  moyen 
en  la  nécessité  présente  que  d'assembler  tous 
ceulx  qui  oui  cest  honneur  d'estre  de  son  con- 
seil ,  affin  qu'en  une  si  bonne  el  grande  com- 
pagnie l'on  puisse  trouver  le  remède  du  mal 
présent  et  apaiser  Ions  les  troubles  que  nous 
voyons  en  ce  royaulme.  et  pour  ce,  mon 
frère,  que  vous  avez  cesl   honneur  d'appar- 

1  Diane  de  France  accoucha  d'un  lils  au  mois  d'oc- 
tobre suivant.  L'ambassadeur  de  Venise  l'annonce  dans 
une  dépêche  du  ta  octobre  1 56o.  (  Extraits  des  dépêches 


•  les  ambass 


ssadeurs  vénitiens,  Archives  de  Vienne.) 


LETTRES  DE  CATHE 

tenir  de  si  près  au  Roy  mon  Blz,  que  vous 
faictes,  et  que  vous  estes  des  premières  per- 
sonnes de  son  conseil,  j'ay  bien  voulu  qu'on 
commenças!  par  \ous,  m'asseurant  que  tout 
ainsi  que  vous  estes  le  premier  qui  le  touche 
de  par  le  sang,  \ous  serez  aussi  le  premier 
en  la  dévotion  que  vous  avez  tousjours  montré 
porter  au  l'eu  Pn>\  mon  seigneur  el  à  luy.  Je 
xous  prie  doneques  vous  en  venir  le  trouver 
incontinenl  suivanl  le  désir  qu'il  a  comme  il 
le  vous  mande  et  vous  asseurer,  mon  frère, 
que  luy  et  moy  métrons  peyne  de  vous  faire  si 
bonne  chère  que.  oultre  le  contentement  qui 
vous  demeurera  de  luy  avoir  faict  service  en 
une  telle  nécessité  de  tant  d'affaires  que  nous 
avons,  vous  n'aurez  aucasion  de  plaindre  vos- 
tre  venue  en  une  compaignie  où  nous  serez 
tani  aimé  el  estimé,  ainsy  que  j'ay  donné 
charge  au  sr  de  Carrouges  '  vous  dire  de  ma 
part,  lequel  je  vous  prie  croyre  comme  vous 
voudriez  faire. 

Vostre  bonne  seur. 
Caterine. 


1561     -  -  <  ornai menl  de  i  (  pli  mbi 

Copîi  '  '  ■  -  E ,  5So. 

\   MONSIEUR  DE  GRUSSOL. 
Monsieur  de  Coursol2,  ne  l'allés  à  due  au 

Tannegu;  Leveneur,  fils  de  Jean  Leveneur,  baron 
du  Hommel  tdi  Carrouges,  et  de  Gilonne  de  Montejean, 
premier  comte  de Tillières (1 565),  lieutenant  général  au 

menl  de  Normandie,  mort  en  1 5ga.l  Le  château 

arrouges,  dans  l'Orne,  appartient  encore  à  un  des- 
cendant en  ligne  directe  de  cette  illustre  maison.) 

-  Antoine  de  Crussol.  comte  de  Crussoi,  puis  duc 
d'L'zès  (1 565), premier  pair  de  France  (1Ô72),  cheva- 
lier d'honneui  de  Catherine  de  Médicis,  mort  sans  en- 
fants  1  .  1573.  Sa  femme,  Louise  de' Clermont, 
était  très  en  faveur  auprès  de  Catherine  de  Médicis  et 
en  correspondance  habituelle  avec  elle.  — Voy.  Bibl. 
nal.  fonds  franc.  3i5g,  I*  6.  —  Les  instructions  données 
par  François  II  .1  M.  de  Crussol  sont  dafa u        août 


IIIU;   DE   MÉDICIS.  147 

roy  de  Navarre  que  tout  l'avertisemanl  que  le 
Roy  monsieur  mon  Glz  a  heu  de  ceste  entre 
prinse  que  monsieur  le  conestable  lu\  a  fest  '. 
el  a  esté  en  partie  cause  de  la  prise  de  la 
Sague2  et  du  Vidame3,  el  dil  le  conestable  que 
la  Sague  avesl  parlé  à  luy  le  jour  devant  que 
partit  d'isi,  pour  aller  trouver  le  Vidame,  luy 
aient  tout  découvert  l'intension  du  roy  de  Na- 
varre et  de  son  frère  el  de  toutte  leurs  forces, 
au  moins  selles  qu'il  espèrent  avoyr,  et  le  non 
de  la  plus  grande  part  de  seus  qui  le  devesl 
acompaigner  et  à  qui  y  donne!  charge  jus- 
ques  à  luy  nommer  le  conte  de  Tende  ';  el 
le  mareschal  de  Monmorancy5  et  Danvillec 
n'en  ont  pas  moyns  dit  fesans  comme  jens  de 
bien.  Ne  fallés  de  dire  tout  cecy,  c'esl  la 
vollenté  de 

Caterine. 

Françoys. 


(  1560.  —  Commencement  de  septembre.) 

Aul.  Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEl  I!  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  monsieur  de  Toulon  a  tousjour 
retyns  set  courier  depuys  mes  letres  pour 
atendre  le  retour  de  monsieur  de   Coursol, 

0;  elles  ont  été  imprimées  dans  les  Négociation»  tous 
François  11.  p.  '482. —  Voy.  Cinq  cents  Colbert,  vol.  II, 

[•5o. 

1   Le  connétable  se  justifie  de  cette  accusation  dans 
une  lettre  au  roi  de  Navarre,  imprimée  dans  les  Négo- 
ciation* sou*  François  H,  p.  377. 
Jacques  de  la  Sague. 

François  de  Vendôme,  vidame  de  Chartres:  il  fui 
mis  à  la  Bastille  le  27  août  i56o.  Voy.  Lettre  du  car- 
dinal de  Lorraine  à  madame  la  Vidame  à  l'occasion  de  la 
prison  de  son  époux.  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  391 
r  'm. 

1  Cile  plus  liant. 

François  de  Montmorency,  cité  plus  haut. 
Benri  de  Montmorency,  cité  plus  haut. 


148 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


qui  ayst  cause  que  je  vous  fayré  encore  set 
petvt  mot,  non  pour  vous  mender  rien  de  set 
qu'il  a  Importé;  d'aulteut  que  je  an  necrips 
bien  au  long  lia  madame  de  Savoye,  ma  seur, 
m'assurant  que  voyré  tout,  mes  sete  vsi  sere' 
souiement  pour  vous  mersier  des  haunesles 
letres  et  autres  que  nous  faystes  par  yselle, 
vous  aseurant  que  encore  que  je  m'an  aseurasc 
tousjour,  corne  je  foys,  asteure  ayent  veu 
sel  que  nous  en  mandés  que  si  vous  fayste 
nous  conestre  de  plus  en  plus  l'amour  que 
nous  portés,  laquele  et  si  respondenle  de  notre 
coûté  que  vous  pouvés  asseurer  que  n'émerés 
jéamès  personne  que  désire  plus  votre  gran- 
deur et  contentement  que  fayst  le  Roy  mon 
fils  et 

Vostre  bonne  seur, 
Caterine. 


(1560.  —  Commencement  de  septembre.) 
Orig.  Arch.  des  Basses-Pyrénées,  E,  58o. 

A  MASOEUR  LA  ROYNE  DE  NAVARRE1. 

Ma  seur,  envoyent  le  Roy  mon  fyls  Mr  de 
Coursol2  ver  le  Roy  vostre  mari,  pour  l'au- 
casion  que  entendrés  de  luy,  je  n'é  voleu  que 
set  aysté  sen  vous  fayre  set  mot  de  letre  pour 
vous  prier  le  croyre  de  set  qu'il  vous  dyré  de 
ma  part,  corne  se  s'estoyt  moy-mesme,  car  je 
me  fye  en  luy  corne  povés  panser,  tenent  le 
lyeu  qu'il  tyen  auprès  de  moy;  qui  seré  cause 
qui' je  ne  vous  fayré  plu  long  dyscour,  nie 
lemetent  de  tout  en  luy  et  vous  priré  souiement 
vous  aseurer  que  n'arés  jeamès  heune  myl- 

1  Jeanne  d'Albret,  née  à  Pau  le  7  janvier  i5a8,  morte 
à  Paris  le  9  juin  1072,  fille  unique  de  Jean  II  d'Albrel 
et  de  Marguerite  d'Angoulème,  sœur  de  François  I".  Elle 
avait  épousé  en  1 548 ,  à  Moulins,  Antoine  de  Bourbon, 
duc  de  Vendôme. 

2  Voyez  la  note  de  la  page  précédente. 


leur  parante,  ny  qui  désire  plulz  vostre  con- 
tentement et  repos,  et  du  Roy  vostre  marv 
que  fayst 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine1. 


(1560.  —  Commencement  de  septembre.) 
Aut.  Arch.  des  Basses-Pyrénées,  E,  58o. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  le  Roy  mon  fyls  vous  envoy 
monsyeur  de  Coursol  pour  l'aucasion  que  y 
vous  dire  et  que  voyrés  par  lé  letre  qu'il 
vous  ayscript,et  sachent  comment  vous  savés 
que  je  l'ayme  et  l'estyme  et  le  lyeu  quy 
tyent  auprès  de  moy,  je  ne  vous  fayré  pas 
longue  letre,  pour  m'aseurer  que  le  croyrés 
de  set  qu'il  vous  dyré  de  ma  part,  corne  moy- 
niesme;  set  que  je  vous  prie  volouyr  fayre 
et  vous  aseurer  qui  n'y  é  personne  qui 
désire  plulz  vostre  repos  et  contentement  que 
fayst2 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

1  Calberine  avait  fait  en  outre  écrire  par  M.  de  Burie 
à  Jeanne  d'Albret,  dont  voici  la  réponse  datée  de  Né- 
rac,  le  ît  septembre  1 568.  «Monsieur  de  Burie, parce 
que  le  Roy  mon  mary  vous  fait  bien  au  long  entendre 
par  sa  lettre  de  combien  il  a  délibéré  et  bon  vouloir 
suivre  le  saige  conseil  que  lui  donnez  en  la  vostre  de  s'en 
aller  bienlost  à  la  cour,  je  ne  vous  allongeray  ceste-cy 
d'aulcune  reditte,  si  ce  n'est  pour  vous  asseurer  qu'il 
usera  de  vostre  advis,  comme  venant  de  celuy  qui  aymez 
son  repos  et  grandeur  et  vous  sçait  fort  bon  gré  et  moy 
aussy  de  ce  que  si  fidèlement  luy  conseillez. :>  (Bibl.  nat. 
fonds  franc,  n"  15873,  copie.) 

-  Voy.  Ordre  donné  à  Burie  pour  le  passage  du  roi  do 
Navarre  (Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  27,  P  28); 
Mémoire  de.  ce  que  M.  d'Auzance  fera  entendre  de  la 
part  de  M.  de  Burie  sur  le  départ  du  roi  de  Navarre 
(ibnl.  f  28);  Lettre  du  cardinal  d'Armaignac  au  cardinal 
de  Lorraine  du  7  octobre  i56o,  où  il  annonce  qu'il 
vient   en  compagnie  du  roi  de  Navarre  (ibid.  f°  33). 


LETTRES  DE    CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


119 


(  1560.  —  Fin  septembre.) 

Aul.  Arih.  nal.  collect.  Simancas,  K  ,  l.'io,3,  d"  97. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  (Ils,  j'é  reseu  grant  plésir 
d'avoyr  veu  don  Anlonyo  de  Tolède',  sachant 
l'houneur  qu'il  a  que  d'eslrc  en  vostre  bonne 
grase  et  pansant  que  par  luy  pourés  encore 
mieuK  aystre  sertayn  de  la  bonne  volante  et 
amytyé  que  le  Roy  vostre  frère  et  moy  vous 
portons, corne  ausiyl  a  aysté  daventage  l'ayenl 
heuy  parler,  conèsant  (jue  le  souyng  que  vous 
aves  de  le  voyr  en  repos  et  son  royaume  our 
dé  trouble  luy  fayst  tourjour  fouys  daventage 
de  l'amytyé  que  luy  portes,  laquele  troverés 
tourjour  eu  toutes  aucasion  si  résiproque,  co- 
rnent yl  a  prié  le  dyst  don  Antonio  vous  dire 
et  aseurer  de  sa  part;  qui  seré  cause  que  ne 
\ous  en  fayré  longue  harangue,  tent  de  sela 
que  de  la  réponse  qui  luy  ha  fayste  sour  les 
chauses  que  par  luv  luy  avés  mendé  et  à  moy 
ausi  que,  me  remetent  sur  sa  seufisanse ,  ne 
vous  fayré  plulx  longue  letre,  après  vous  avoyr 
suplyé  le  croyre  de  set  qu'il  vous  dyré  de  ma 
part  et  ausi  que  n'y  are  jeaniès  personne  qui 
désire  plulx  tous  vos  contantemens  que  fayst 
Vostre  bonne  mère  et  seur1, 

Caterine. 

1  Antonio  de  Tolède,  prince  de  Léon  et  beau-frère  du 
duc  d'Allje.  envoyé  par  Philippe  II  pour  s'opposer  au 
concile  national  auquel  on  avait  pensé  pour  pacifier  les 
troubles  religieux.  —  Voy.  Instructions  de  Philippe  II 
à  Don  Antonio  de  Tolède  (Arch.  nal.  collect.  Simancas, 
K,  1  'ii)3,  R.  1  1,  pièce  80);  Rapport  sur  les  réponses  faites 
par  le  roi  de  France  à  Antoine  de  Tolède  (Archives  nat. 
collect.  Simancas,  K  ,  1  Itc/i ,  B.  1 1  );  Lettre  du  cardinal  de 
Lorraine  à  Philippe  II  (Archives  nat.  collect.  Simancas, 
K.  1  'iq3,B.  1 1,  pièce  98);  Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  i  0876, 
f°'i3i  et  i3'i;  Lettre  de  François  II,  où  il  parle  du 
départ  de  don  Antonio  de  Tolède,  26  septembre  i56o 
(Bibl.  nal.  fonds  franc.  n°  3iô-,  f  54). 


(15G0.  —  Milieu  d'octobre.) 
Aut.  Arch.  nal.  collect.  Simancas,  K,  1&93,  n°  aa. 

A  AI"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils,  depuis  le  par  tentent  de 
Don  Antonio,  j'é  entendeu  par  vostre  emba- 
sadeur  l'aurdre  qu'i  vous  ha  pieu  donner  pour 
secourir  le  Roy  vostre  frère,  s'il  an  na  à  faj 
dont  ne  vous  sarès  asés  remersier  voyenl  par 
sela  l'amitié  que  luy  portés  que,  encore  que 
n'an  deutision  point,  si  esc  que  toulles  lé 
fouys  que  je  an  voy  de  novelle  démostration 
je  an  resan  deuble  ayse  pour  le  désyr  que  je 
ay  de  la  voyr  non  soulemenl  contineuer,  mes 
aucmanter,  cornent  je  m'aseure  que  le  fayré 
tourjour  de  vostre  coûté  et  que  le  Roy  mon 
fils  n'aré  jeamès  forse  ne  puisense  qu'i  n'an- 
ploye  ausi  lybéralement  pour  vous  secourir  ci 
ayder  quant  en  nariés  afayre  que  vous  faystes 
àprésant  pour  luy;  et  pour  se  que  son  enba- 
sadeur  vous  dire  byen  au  long  cornent  toultes 
chouses  sont  par  de  se1  asteure  cl  ausi  le  si- 
gneur  Don  Antonyo,  je  ne  vous  eu  fayré  re- 
disle;  seulement  vous  suplyré  croyre  le  dist 
embasadeur  de  set  <in"il  vous  dire  de  ma  part 
touchent  la  maladye  de  la  Royne  ma  fille,  la- 
quele, en  lyeu  de  la  vous  pleulx  recomender. 
je  vous  suplyré  plulx  lot  qu'i  vous  plèse  lui 
comender  de  ne  se  tenvr  si  mignarde,  car  set 
l'é  grose  au  non  je  ares  peur  que  se  tenyr 
Ion  temps  au  lyst  ne  luy  fist  pas  grant  byen  : 
et  vous  suplye  m'escouser  set  que  je  vous  en 
mende  que  l'amour  de  mère  et  anvye  de  l'estre 
byen  tôt  grant  mère  me  le  faysl  dyre  el  prier 
tou  lé  jour  Notre  Signeurde  mefayre  la  grase 
de  le  voyr  et  vous  donner  en  toutes  chouses 
aconplysement  de  vos  désir. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Catbrine. 

1  Par  de  se,  par  deçà. 


150 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


1560.  —  17  octobre. 

Ong.  Ari-h.  des  Basses-Pyrénées,  E,  58a. 

*  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  j'ay  esté  bien  esbahie  de  veoir 
ce  (|ue  vous  m'avez  escript  de  l'occasion  qui 
vous  retarde  poursui\  re  vostre  veoyaige  à  \enir 
trouver  le  Roy  mon  filz ,  vous  asseurant  bien 
que  personne  n'a  eu  charge  ne  commande- 
nu  -nt  de  luy,  ne  de  moy  de  vous  tenir  ce  lan- 
gaige  l  qui  est  esloigné  de  ce  qui  a  esté  es- 
cript au  mareschal  de  Termes2,  comme  vous 
sçaurez  bien  en  passant  à  Poicliers  où  il  est3, 
estimant,  mon  frère,  que  cela  (après  avoir 
receu  ceste  lettre  que  je  vous  envoie  par  cour- 
iier  exprès)  ne  vous  empeschera  de  continuer 
vostre  chemyn  pour  nous  venir  trouver  aussi 
tost  que  je  le  désire  où  vous  ne  trouverrez 
riens  esloigné  de  ce  que  je  vous  ay  cy-devant 
escript,  dont  je  m'asseure  que  vous  me  croy- 
iez bien  ;  et  sur  ce  je  prieray  Dieu ,  mon  frère, 
vous  avoir  en  sa  très  saincte  garde. 

Escript  à  Arthenay,  le  XVIIe  jour  d'octobre 
1 5  6  0 . 

Vostre  bonne  seure, 
Caterine. 

1  Voy.  Lettre  de  M.  de  Montpezat,  du  22  octobre 
1  50o,  à  Catherine  de  Médicis  qui  aiait  blâmé  les  propos 
qu'il  avait  tenus  au  roi  de  Navarre.  (Bibl.  nat.  Cinq  cents 
Colbert,  n°  27,  f  112.) 

-  Paul  de  Labarthe,  seigneur  de  Thermes,  d'une  fa- 
mille noble  de  Gascogne:  fait  maréchal  après  la  journée 
de  Saint-Quentin,  il  perdit  la  bataille  de  Gravelines:  gou- 
verneur do  Paris  au  début  des  troubles,  il  mourut  en 
:  56a. 

Vous  lisons  dans  une  letlre  du  maréchal  de 
Thermes,  que  le  roi,  après  avoir  couché  à  Poitiers  le 
in  octobre,  en]  partit  le  lendemain  pour  coucher  à 
Châtellerault  où  il  voulut  courir  un  cerf.  (Bibl.  nat. 
Cinq  cents  Colbert.  n°  27,  S"  58,  08,  72,  76.)  —  Cf. 
Bordenave,  Histoire  de  Navarre,  publ.  par  P.  Raymond, 
p.  io'j. 


1500.  —  20  octobre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    3 1 Ti 7  .  E   60. 
Imprimé.  —  \égocititions  sous  François  11,  p.  6G7 

A  MES  COUSINS 

LES  CARDINAL  DE  CHASTILLON 
ET  DUC  DE  MONTMORENCY, 

PAIRS  ET  CORKESTABLB   t>t  PBAIÏCB. 

Mes  cousins,  j'ay  esté  fort  aise  d'entendre 
par  Rocbe-Montais,  présent  porteur,  ce  que 
vous  l'aviez  chargé  de  me  dire  de  vostre  part, 
à  quoy  je  luy  av  fait  la  responce  telle  que,  je 
m'asseure,  il  nous  sçaura  très-bien  rapporter, 
dont  et  de  toutes  noz  autres  nouvelles,  donl 
il  vous  rendra  compte,  je  vous  prie  le  croire, 
comme  vous  vouldriez  faire  moy  mesmes,  et  je 
prieray  Dieu,  mes  cousins,  qu'il  vous  ait  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Orléans,  le  xxm  jour  de  octobre 
i56o. 

(De  su  main.)  Je  serés  bien  ayse  de  savoyr 
que  madame  de  Monmoransi >  set  guérise  et 
byen  marrye  s'il  estoyt  aultrement.  Je  la  \oti- 
recomende  et  à  vostre  femme. 

Vostre  bonne  coumère  et  cousine, 

Caterine. 


1500.  —  Fin  octobre.) 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Brienne,  n°  ao5 ,  f°  aoo. 

A  MONSIEUR  DE  MONTPEZAT  . 
Monsieur  de   Montpezat,  j'ai  receu  vostre 

1  Diane  de  France.  —  Voy.  Lettre  de  François  II. 
où  il  exprime  ses  regrets  au  connétable  à  l'occasion  de  la 
maladie  de  sa  belle-fille  et  de  la  perle  de  son  petit-fils 
(Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  3 1  5 7 ,  fJ  Oi);  Lettre  de  Fran- 
çois de  Lorraine  au  connétable  (ibid.  f°  0a);  Lettre  de 
François  II  au  cardinal  de  Chàlillon  et  au  connétable 
(ibid.  f°  04);  Letlre  de  Robertet  au  connétable  (  iBid. 
P08). 

•  Melchior  des  Prez.  seigneur  de  Montpezat.  maître 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


151 


lectre  avecques  l'honneste  requeste  que  vous 
m'avez  envoyée  ',  laquelle  je  vous  advise  (jue 
le  Roy  seroi!  bien  marry  d'avoir  sceu  qu'elle 
eust  esté  leue  aux  Eslats  de  Poictiers,  mais 
je  désire  bien  que  unis  donniez  ordre  de 
l'aire,  s'il  est  possible,  attrapper  cellui  qui  la 
vous  a  présentée  pour  le  l'aire  loger  el  metlre 
en  lieu  où  vous  lui  en  peussiez  respondre ,  en 
\ous  asseuranl  que  \ous  ne  luy  sçauriez  faire 
plus  grand  service  et  de  tenir  la  main  aus- 
dits  Estais  (ju'il  ne  se  face  chose  de  scandalle 
où  le  remedde  ne  soit  aussy  tost  applicqué  et 
de  tout  nous  faire  part;  priant  Dieu,  monsieur 

des  eaux  el  forèls,  sénéchal  de  Poitou.  Il  avait  épouv.  le 
26  juin  1 56e, Henriette  de  Savoie, laquelle  étantveuvc  se 
remaria, ie  n-3  juillet  1076,3  Charles  de  Lorraine, duc  de 
Mayenne.  — Voy.  L.  Paris,  Négociations  sous  François  H, 
p.  662,  pour  les  instructions  données  à  AI.  de  Mont- 
pezat. 

1  Voici  la  lettre  ipie  M.  de  Montpezal  écrivit  le  12  oc- 
lohre  i56o  ni  cardinal  de  Lorraine,  en  lui  envoyant  la 
requête  de  ceux  de  la  religion  de  Chàtelleraut;  elle  ex- 
plique celle  de  Catherine  de  Médicis  :  a  La  présente  sera 
pour  vous  dire  que  samedy  dernier  estans  assemblez  les 
Estais  à  Chastellerault  pour  adviser  d'envoyer  aux  Estais  de 
Poiclon  le  \  de  ce  mois  à  Poitiers,  il  y  eut  ung  fou 
du  die  lié  qui  vint  présenter  une  requeste,  de  laquelle 
je  vous  envoyé  un  double  el  croy  qqe  peu  de  gens  l'avoue- 
ront. Si  est-ce  que  je  ne  l'ay  voulu  meclre  en  cesle  peyne 
;iiant  qu'il  \  en  eusl  plus,  que  je  ne  pense.  Je  ne 
sceuz  que  hier  qu'elle  eusl  esté  présentée,  qui  est  l'occa- 
sion que  je  ne  la  vous  ay  envoiée  plus  tost  et  par  ce  que 
je  me  délibère  de  lenir  les  Kstals  de  Poiclou,  je  vous 
supplie  liés  humblement  nie  commander  ce  que  nous 
aurons  à  faire  de  ce  faicl  el  sj  l'on  fera  présenter  la  dicle 
requeste. -1  (Bihl.  nal.  fonds  Brienne,  n°  ao5,  I  19g.) 
—  Voy.  Lettre  de  François  II  au  connétable  au  sujet  de 

la  requèl nuniquée  par  Montpezat:  "Il  a  voulu 

I  soudainement  l'envoyer  à  la  Reine  sa  mère  qui  la 
trouve  bien  fort  mauvaise,  et  de  dangereuse  consé- 
111. eice  comme  aussi  il  fait;»  il  espère  qu'avec  le  temps  il 
découvrira  de  quelle  main  elle  est  escripte  et  déjà  il 
y  en  a  quelque  petite  présomption.»  (Bibl.  nal.  fonds 
franc.  n°  3i  '17,  C  5o.)  —  Voy.  celle  requête  (même  vol. 

1**90- 


de   Montpezat,  vous  donner  ce  que  plus  dé- 
sirez. 

Catemne. 


1 560.  —  7  novembre. 

Minute.  Bibl.  nat.  I  i°  1  SS-jh ,  f  lis. 

V.   MONSIEUR  DE  LIMOGES. 
Monsieur  de  Lymoges,  estant  survenue  \os- 
tre  dépesclie  du  xxvi   du  passé  avant  le  parle- 
mrnl  de  celle  qui  vous  est  présentement  faicte, 
je  n'ay  voulu  faillir  d'y  adjouster  encores  rv 
mot  pour  vous  dire  que  je  suys  1res  aise  de 
veoir  que  le  Roy,  mon  bon  filz,  se  soyt  bien 
trouvé  el   content  lant  des  jardiniers  que  je 
luy  ay  envoyez,  que  de  celluy.  qui  a  la  charge 
de  les  conduyre,  lequel  revenant  icy  m'appor- 
ler  la  dicte  dépesclie  est  demeuré  mallade  par 
les  chemins,  dont  je  suys  fort  niarrye.  Incon- 
tinent qu'il  sera  arrivé,  je  donneray  ordre  de 
l'acompagner  de  lettres  et   de  toul   ce   qu'il 
aura  besoing  pour  recouvrer  de  bons  arbres 
fruictiers,  comme  il  a  charge  d'en  chercher, 
de    quoy   vous   pouvez   asseuner  le  Roy  mon 
filz  que  lui  ferez  toute  la  faveur  que  sera  pos- 
sible de  faire,  que  s'il  y  a  riens  de  bon  en 
France,  il  en  sera  accommodé,  1res  ayse  que 
ces  gens  que    je  luy  ay  envoyés  soyenl  lelz 
qu'il  en  puisse  tirer  services  et  ayenl  moyeu 
de  lui  donner  plaisir.  Ne  voulant  au  demou- 
rant  faillir  à  vous  recommander  monsieur  de 
Morenge,  médecin  de  la  Roync  ma  fille,   el 
prier  de  le  favoris']'  de  ce  que  vous  pourrez; 
car  cela  luy  donnera  d'aultanf  plus  d'occasion 
de  mieulx  servir  la  Royne  ma  611e  el  conti- 
nuer à  faire  de  sou  mieulx  en  mieulx;  priant 
Dieu,  monsieur  de  Lymoges,  vous  avoir  en    a 
saincle  el  digne  garde. 

De  Orléans,  ce  [vu"]  jour  de  novembre  i56o. 

(  lu  dos.)  A  Mons.  de  Lymoges,  du  vn'jour 
de  novembre  1  56o. 


152 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


15G0.  —  8  novembre. 
Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B,  ia53,  registres  du  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENAKS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrez  ce  que  ie  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript  présentement  sur 
les  diOlcultez  que  vous  faictes  de  procedder  à 
la  vériffication  tant  des  lettres  patentes  du 
feu  Roy  monseigneur,  que  des  siennes  conte- 
nons l'omologation  et  approbation  des  bulles, 
privilèges  et  institution  de  l'ordre  et  religion 
de  la  Compagnie  de  Jésus 1,  qu'il  désire  estre 
receu  et  approuvé  en  ce  royaume,  aiant  faict 
veoir  en  son  conseil  privé  ce  que  l'évesque  de 
Paris  et  les  docteurs  de  la  Sorbonne  allèguent 
pour  empescber  la  publication  des  bulles;  et 
attendu  ce  que  les  relligieux,  prebstres  etescol- 
liers  de  ladicte  compagnie  ont  déclaré  qu'en 
la  réception  de  leur  ordre  et  religion  qu'ilz 
poursuivent  estre  faicte  en  ce  royaulme,  ilz 
consentent  que  ce  soit  à  la  charge  que  leurs 
privilèges  obtenuz  du  Sainct  Siège  apostolique 
pf  leurs  règles  et  statutz  de  la  dicte  Compagnie 
ne  soient  aucunement  contre  les  loix  rayalles 
de  ce  dict  royaulme,  avecaultres  restrinclions 
et  limitations  à  plain  spécifliées  es  dictes  let- 
tres  du  Roy  mon  dict  seigneur  et  filz,  suivant 
lesquelles  et  son  vouloir  et  intention  à  cet 
endroict  je  vous  prie  procedder  à  la  dicle  vé- 
rillicalion  et  enthérinement  des  dictes  lettres 
païen  tes  et  omologation  de  bulles  sans  plus 
y  user  d'aucune  difficulté,  laquelle  vous  luy 
ferez  entendre  avant  que  de  procedder  à  aill- 
ai n  arrest  ou  jugement  d'icelles,  afin  que 
sur  ce  il  soit  par  luy  pourveu  comme  il  verra 
estre  à  faire  par  raison,  priant  le  Créateur, 

'  Voy.  Crétineau-Joly,  Histoire  de  la  Compagnie  de 
!..  l.  I.  p.  ioo  et  suiv.;  Guillemin,  Le  cardinal  de 
Lorraine,  p.  266  et  suiv. 


Messieurs,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saiucte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Orléans,  ce  vui°jourde  novembre 
i56o. 

Caterine. 


(1560. —  10  novembre.) 
Imprimé.  —  Négociations  sous  François  II,  p.  706. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA    IÎOYNE   CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  j'é  entendeu  par  d'aucoun 
qui  sont  veneu  d'Espagne  comment  vos  fem- 
mes ne  se  peuvent  acorder  ensanble,  et  que 
madame  de  Viueulx  veolt  à  toulte  forse  entrer 
à  vos  afayres,  set  que  je  trove  merveilleulx- 
sement  mauves,  et  voyré  set  que  je  luy  en 
mende,  et  ausi  à  madame  de  Clermont.  Pour 
ce,  suives  set  que  je  vous  dis  au  partir,  car 
vous  savés  cornent  y  vous  ynporteret  que  l'on 
seut  set  que  vous  avés;  car  set  vostre  mari  le 
savest,  aseuré-vous  qui  ne  vous  voyret  jeamès. 
Etancore  que  je  panse  qu'elevous  souit  fidèle, 
si  ay-se  que  j'é  entendeu  qu'el  ayme  fort  la  fa- 
veur et  les  byens;  et  puisque  sela  ayst,  l'on 
s'oublie  quelque  fouis  set  que  l'on  douit  à  sa 
mestresse  pour  complère  à  son  mestre,  qui  a 
plus  de  moyen  de  luy  en  fayre  que  vous  n'a- 
vés.  Et  ausy  j'é  heoy  dyre  à  seus  qui  aunt 
ayté  auprès  de  vous,  que  vous  ne  faysfes  cas 
de  pas  heune  de  vos  femmes  tant  que  de  Vi- 
ueulx1; et  que  de  ma  cousine2,  ni  de  madame 

1  Voy.  ù  l'Appendice  l'analyse  d'une  lettre  de  Cathe- 
rine à  l'évèque  de  Limoges  du  1 0  novembre  1  56o  ;  elle  y 
revient  sur  les  démêlés  de  madame  do  Vineuf  et  de  ma- 
dame de  Clermont;  Lettres  de  l'évèque  de  Limoges  à  Ca- 
therine de  Médicis  dans  les  Négociations  sous  François  II , 

p.  7°7»  721- 

2  Anne  de  Bourbon -Monlpensier,  fille  de  Louis  de 
Bourbon,  duc  de  Montpensier,  et  de  Jacqueline  de 
Longwy;  elle  épousa  François  de  Clèves,  comte  d'Eu  et 

duc  de  Nevers. 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


I.. 


de  Clermont,  ni  même  de  sa  mère,  vous  n'an 
tenés  conte  au  prys  d'elle  :  si  bien  que  tous 
les  Ayspagnol  ei  vostre  mari  mesme  s'en  mo- 
quet.  i:.i  de  vray,  au  lieu  que  vous  tenés  ei 
heoù  vous  aystes,  sela  syel  très  mal,  et  mons- 
trop  de  avoyr  ancore  de  Paillant,  d'entre- 
tenir et  fayre  cas,  devent  lé  jeans,  de  vos 
filles.  Quant  \<>us  aystes  seule  en  vostre 
chembre,  en  privé,  pasé  vostre  temps  ei  vous 
jouays  avecques  aylle  et  louttes;  et  devant  lé 
jeans  faistes  cas  et  bonne  chère  à  vostre  cou- 
sine et  à  madame  de  Clermont,  et  les  entré- 
es souvent  et  croyés  les;  car  y  sont  tonde 
ifeus  sages,  et  n'ème  ryen  tent  que  vostre 
hauneur  et  vostre  contentement;  et  ses  aul- 
tres  jounes  garse  ne  vous  pouveut  aprandre 
que  folye  et  des  sotises.  Pour  se,  faystes  set 
(jue  je  vous  mende,  si  vous  vole's  que  je  saye 
contente  de  vous  et  que  je  vous  ayme,  et  que 
je  ciov  que  me  aymés  cornent  devés,  vous 
aystent  sel  que  je  vous  suys,  et  ne  désirent 
ryen  pluls  en  set  monde  que  \ous  voyr  si  eul- 
reuse  que  gai.  toutte  vostre  vye  aystre  con- 
tente  :  s'el  vostre  bone  mère  . 

Caterine. 


(1560. —  i3  novembre.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n'J  3i57,  f°  86. 
Imprimé,  —  NégotÙUions  MU  François  II,   p.  678. 

A  MON  CONPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE'. 

Mon  coopère,  le  Ro)  mon  fils  vous  envo) 
le  marquis  de  Yilars  2,  pour  vous  conter  de  ses 
novelles  et  tout  cet  que  ayst  aveneu  depuis  que 

\oy.  Ldtre  (te  Robertet  au  connétable,  du  i3  no- 

où  il  lui  parie  de  la  réponse  que  lui  adresse  le 

Roi  (Bibl.  nat.  fonds   Iran.;.   D    :ii.'i;,  f°  5a);  Lettres 

du    ro     I  '  is    II  au    connétable   (ibid.  r*  106  et 

108);  elles  donnent  la  date  de  celle-ci  ;  le  maréchal  de 
Saint  nom  du  roi  de  Navarre,  engageait  égale- 

ment le  connétable  à  venir  à  Orléans  (ibid.  f   m). 
C  I  ;   nde. 


ne  \ous  ayerivis,  et  me  dépiest  qui  falli 
sovent  retourner  à  nos  fàcheus  afayres,  car 
sela  lase  tout  le  monde.  Je  voldrès  que  vo 
saule  peul  permetre  que  feusiés  aveques  mur- 
car   je  cré  fermement   que   l'on    seroyl  plus 
sage,  et,  ne  l'étant,  vous  ayderié  à  sortir  le  Roj 
aur  de  page,   car  vous  avés   tousjour   voleu 
que  \os  mestres  feussèt   aubéi  partut.  Je  m 
vous  anuiré  de  longue  letre,  me  remétanl  sur 
le  disl  sieur  marquis,  et  fayré  fyn.  après  vous 
avoyr  dist  que   je   vous  seuhayst  auprès  de 
vostre  roy  et  de 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 

(1560.  —  i3  novembre.) 
Aut.  Bilii.  nat.  fonds  français,  n°  3aoG  .  i 
A  H  \  COUSINE 

MADAME  LA  CONESTABLE. 

Ma  cousine,  je  prie  le  marquis  de  Vilar  de 
vous  dyre  quelque  ebause  de  ma  part,  corne  à 
sela  que  je  say  qui  désire  que  touttes  chauses 
allest  corne  ayle  douvest,  pour  le  servise  de 
Dyeu  ,  du  Roy  et  repos  public,  et  pour  se  que 
j'é  prié  et  dist  au  dist  sieur  marquis  byen  au 
bmg  cet  qui  se  présante  et  de  le  vous  redire, 
je  ue  vous  fayré  la  présente  plus  longue .  sinon 
pour  vous  dyre  que  je  voldrès  que  monsieur  le 
coneslable  feull  asés  sayn  pour  aystre  auprès 
du  Roy  et  vous  aveques  luy  auprès  de 
Vostre  bonne  cousine  et  coumère, 

Caterine. 


1500.  —  28  novembre. 

Onl;.  Bibl.  nat.  anc  fonda  français,  n°  3107,  f   7a. 
Ci  pie.  Fonds  Coibert ,  vni .  27.  f  316. 

\  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  par  la  lettre  que  le  Roy  mon 
filz  vous  escriptvous  verrez  la  résollution  qu'il 


C  LTOERISE  DE  MÉDICIS. 


154 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


a  prinse  sur  ce  que  vous  demandiez  et  la  re- 
queste  que  je  luy  en  ay  faicte  de  vostre  part, 
dont  je  ne  m'estendray  à  vous  riens  dire  da- 
vantage, si  n'est  que  cest  Edict  a  este'  faict 
avecques  si  bonnes  et  justes  considérations,  et. 
est  de  tel  fruict  et  utillite'  pour  le  pauvre 
peuple,  qui  d'ailleurs  est  tant  foullé  et  chargé, 
que  je  m'assetire  vous  ne  luy  vouldriez  con- 
seiller l'entra  indre  pour  vostre  respect,  ny 
ayant  encores  pour  qui  que  ce  soyt  esté  tou- 
ché,  et  n'estant  pas  délibéré  le  Roy  mon  filz 
de  s'y  lascher;  ce  que,  ce  faisant  pour  aultres, 
vous  vous  pouvez  asseurer  que  vous  seriez  de 
ce  nombre,  qui  est,  mon  compère,  tout  ce 
que  je  vous  puys  dire  pour  cest  heure,  priant 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
D'Orléans,  ce  xxvm0  jour  de  novembre 
1  56o. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine1. 


1560.  —  3o  novembre. 

Orig.  Brilish  Mus.  Bindn  papers,  n"  6873,  ï°  77. 

A  MONSIEUR  D'ANGOULÈME2, 

\Mn\SS\DEUR   ADP11È9  DE  NOTP.E  S1  PERE  LE  PAPE. 

Monsieur   d'Angoulesme,    suivant   ce    que 

1  Elle  répond  à  une  lettre  du  connétable  du  a  9  no- 
vembre dans  l;i([iielle  il  lui  demandait  d'intervenir  pour 
obtenir  la  ratification  du  do»  que  venait  de  lui  faire  le 
pays  de  Languedoc;  l'original  de  cette  lettre  du  conné- 
table se  trouve  dans  les  Cinq  cents  Golbert,  vol.  39, 
f  iû5.  —  Vt>>.  Lettre  du  cardinal  de  Cliâtillon  au  conné- 
table, dans  les  Négociations  sous  François  H,  p.  266; 
Lettre  du  duc  de  (luise  au  connétable  (Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  3107,  f°Si);  Lettre  du  comte  de  Villars  (ibid. 
11°  3 1 57 ,  f"  i')6);  Lettre  de  François  II  au  connétable 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 1  57,  P  106). 

'  Philibert  Babou  de  la  Bourdaisière ,  né  en  ,  ; 
d'abord  doyen  de  Tours,  Il  devint  successivement  évéque 
d'Angoulême,  abbé  du  .tard , cardinal  et  évéque  d'Auxcrre; 
Il  mourut  a  Home  en  1070,  après  y  avoir  passé  douze 
ans,  d'abord  avec  le  litre  d'ambassadeur,  puis  r,n  qualité 


j'escriptz  présentement  à  Nostre  Sainct-Père  !<■ 
Pape  en  laveur  du  sr  Pierre  Aldobrandin,  je 
vous  prie  l'avoir  pour  recommandé  en  la  re- 
queste  et.  instance  qu'il  a  à  faire  à  Nostre 
Sainct-Père  pour  estre  réintégré  en  l'office 
d'advocat  fiscal,  dont  il  a  esté  suspendu  par 
cy  devant,  atendu  que,  comme  il  m'a  faict 
remonstrer,  ce  n'a  esté  par  sa  faulte  ou  mal- 
versation; vous  priant,  de  nostre  part,  tenir 
main  et  vous  emploier  à  ce  que  le  dicl  Aldo- 
brandin puisse  estre  gratiffié  en  sa  dicte  pour- 
suite et  en  toutes  autres  choses,  dont  il  vous 
requerra,  luy  prester,  pour  l'amour  de  moy, 
tout  l'ayde  et  faveur  que  vous  pourrez  et  vous 
ferez  chose  qui  me  sera  très  agréable.  Prie  à 
Dieu,  monsieur  d'Angoulesme,  qu'il  vous  ait 
en  sa  grâce. 

Escripl  à  Orléans,  le  dernier  jour  de   no- 
vembre 1 56  0. 

Gaterine. 


i  1560.  —  Fin  novembre.) 

Aul.  Arch.  île  Turin. 
A  MADAME  MA  SEUR 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE   SAVOIE. 

Madame,  je  ne  se  par  heu  comensé  ma 
lestre,  quant  je  panse  l'état  en  quoy  je  me 
trove  des  annuy  et  aflictyon  qui  plest  à  Dyeu 
m'envoyer  après  ten  de  matils  et  de  malheur 
de  voyr  Testai  en  quoy  ayst  le  Roy  mon  fils  l 
de  une  doleurde  leslesi  ayslrème  que,  encore 
que  je  ayspère  que  Noire  Signeur  ne  me  fayré 
pas  lent  de  malheur  que  de  me  l'auter.,  si 
ay-se,  madame,  qu'il  a  bocoup  de  mal  et  an- 
nnv  que  je  sache  byen  come  nous  resantyré 

de  protecteur  des  affaires  de  France.  Sa  dorres] dance 

a  été  publiée  par  l'académie  de  Reims  en  1  85ç). 

(Vile  lettre  est  écrite  bien  peu  de  jours  a\  nul  la  morl 
de  François  II,  dont  déjà  elle  désespérait. 


E       m        LTHERINE  DE  MÉD1C1S, 


sete  piteuse  novelle,  tenl  pour  l'amour  que 
luv  portés,  el  luy  aystre  sel  que  vous  luy  ays- 
tes,  que  pour  le  mal  que  vous  povés  panser 
que  je  an  seufre,  l'aymenl  corne  vous  savés, 
mes  ayenl  teusjour  coneu  l'hauneur  que  m  avés 
tousjour  faysl  de  resantyr  tous  mes  mauls 
•  me  moy  mesme,  pour  y  estre  ausi  partysi- 
pente,  aysteul  setquenous  aystes,  encore  que 
granl  peur  de  vous  donner  pouyne  el  anuj 
muI  que  voire  sente  en  n'ai  ou  pys,  car  se 
serel  la  chause  du  monde  que  je  craydré  le 
plus,  niés  \oyenl  lé  grant  perte  que  \ous  el 
moy  a. uns  fayste  \ si  davent,  je  m'aseure  que 
métré  pouyne  de  nous  guarder  votre  santé, 
afin  que,  si  plest  à  Dveu,  me  le  léser,  cornent 
je  croy,  pour  meyntenyr  tousjour  monsieur 
de  Savoy  e  en  la  volante  en  qupy  yl  est  pour 
son  servyce;  el  m  jétoy  si  malheureuse  que  yl 
an'avysl  '  aultremeut  pour  ayder  etsecurirset- 
luy  qui'  nus  avés  tousjour  lent  aymé,  lequel 
'lit  tic  l'âge  de  quoi,  yl  est  cl  ayent  lé 
Iroulile  en  sèt  royaume  lieuls  qui  sont,  ne 
peut  aystre  (sauvé),  que  set  Dyeu  ni  mes!  la 
mayns,  que  tous  ses  bon  parans  ne  luy  serve 
by en ,  de  quoj  je  m'aseure  que  votre  bon 
mari  est  dé  mylleurs,  el  que  vous,  madame. 
aultre  set  que  vous  ayst,  que  pour  l'amour 
que  me  portes,  ne  me  fauldrés  jeaniès.  Je 
vous  suplye,  madame',  nie  pardonner,  set  je 
vous  mes  en  pouyne,  car  i'envye  que  j'é 
de  me  voyr  si  apeuyé  que  le  roy  de  Navarre 
ne  fase  tort  à  set  qui  ayst  de  votre  senc 
enné  cause,  el  non  pas  pour  aystre  aur  d'es- 
pouyr  de  le  voyr  guéri,  car  je  ayspère  que 
Dyeu  !"  permeteré  pour  vous  fayre  myeuls 
çonestre  cornent  vl  ayme  vous  el  votre  bon 
mary  qui  n'a  heu  le  moyen  de  le  fayre  jou- 
ss  ysi.  Je  ne  fouldrè  de  vous  renvoyer  yn- 
contynent,  set  Dieu  me  faysl  la  grase  de  le 

)  /  an  :  ml. 


guérir  cornent  je  lus  en  souplye,  el  de  vous  don 
ner  aultent  de  contentement  que  vous  en  désire 
Votre  très  humble  é  très  bol  éysanl 

Ci    BRISE. 


1560.  —  .',  décembre. 
Oit;;,  lîihl.  nal.  ronds  français,  n    ii5"t 
\   MOtl  '  0DS1H 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  MONTMORENCY 

PAIR    ET   COMPTABLE  DE   FRANCE. 

Mon  cousin,  j'.iy  choisy  le  s'  de  Lanssac' 
chevalier  de  l'ordre,  présent  porteur,  comme 
personnaige  auquel  je  me  fye  grandement. 

et  sça\  aussi  que  vous  croyiez  bien  volun- 
tiers,  pour  envoier  devers  vous  vous  dire  et 
faire  entendre  aucunes  choses  de  ma  part;  à 
quoy  je  vous  prie  adjouster  autant  de  foy  que 
vous  ferez  à  moy  mesmes.  Priant  Dieu,  mou 
cousin,  vous  avoir  en  sa  sa incte  garde. 

Escript  à  Orléans,  le  cinq"  joui  de  dé- 
cembre 1  5Go. 

istre  bonne  coumère  et  amie. 

Caterine. 


1560. 


ip  décembre. 


Orig.  Bibl.  oat.  Cinq  cenls  I  olberl .  n    3go  .1    i5. 

Imprime1  .Lin  H  I  .  additions  de  Le  Laboureur 

i.  I,  p.  478*. 

A  MONSIEUR  DE  RE.WES, 

HA18TRB    DES    REQBESTES   DE    L'HOSTEL    DL     IlOY    MO>   FIL? 
ET   SOU  AHBASSADEtiB  PAU  DEVERS  L'E.MI'EREITI. 

Monsieur  de  Kenes,  j'ay  grand  regret  qu  il 

1  Loui*  de  Saint-Gelais,  seigneur  de  Lausac;  il  avait 
rempli    'i--  nombreuses  missions  diplomatiques,  nol 

to        '■    i548  à  1 555,  et  devint  le  confident  de 
Catherine.  —  Voy.  Négociait*  Fi  ançois  II .  Méritoires pow 

ife  de  Trente .-  Cm, ne, ni, •ire.--.  île  Honluc  .  id.de  Ruble . 

I.  III,  p.  i64.  Ronsard,  dans  l'une  île  si  1  ilii 

de  lui  : 

Lausac  des  muses  le  souci . 

Dont  le  renom  s'honore  en  autre  part  qu'il 

Le  Tvbre  l'a  connu  .  etc. 

Les  incorrections  il'1  lu  copie  imprimée  motivent  la 


IÔG 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


l'aille  vous  mander  une  si  triste  nouvelle  que 
celle  que  vous  verrez  par  la  lettre  que  vous 
script  le  Roy  monsieur  mon  filz,  et  vous  puis 
bien  asseurer  que  l'affliction  que  je  sens  en 
cela  m'est  si  poignante  et  doloreuse,  qu'elle 
ine  seroyt  du  tout  insupportable  si  je  ne  con- 
sidéroys  que  telle  a  esté  la  votante*  de  Dieu, 
qui  dispose  de  nous,  comme  il  luy  plaist  ,  et 
•i  je  ne  veoys  les  deux  grandes  pertes  que  j'ay 
aictes  en  si  peu  de  temps  revivre  en  la  per- 
sonne du  Roy  mondit  sieur  et  fils,  et  en  ce 
qu'il  promet!  de  Douté  et  de  vertu,  qui  est  tout 
ce  que  je  puys  aujourd'hui  recevoir  de  conso- 
lation parmy  tant  de  pleurs  et  d'ennuys,  et 
dont  j'ay  grande  occasion  de  louer  et  de  re- 
mercyer  Dieu  infiniment;  ayant  bien  déli- 
béré au  jeune  eaige  auquel  il  a  pieu  à  Dieu 
l'appeller  à  ceste  couronne,  le  faire  si  bien 
norrir  et  instituer  en  fa  craiucte  de  Dieu,  en 
l'amitié  de  tous  princes  ses  voisins  et  amys, 
et  en  toutes  aultres  choses  vertueuses  et  dignes 
du  lieu  qu'il  tient,  et  mesmes  en  celles  que 
l'Empereur  a  si  souvent  l'aict  recorder  au  feu 
Roy  monsieur  mon  filz,  et  qu'il  m'a  tant  de 
recommandées,  qu'il  ne  verra  jamais  sor- 
tir de  luy  que  ce  qu'il  doibt  attendre  d'un  bien 
vertueux  prince,  amateur  du  bien  et  conser- 
vateur de  nostre  relligiou  chrestienne,  du  re- 
poz  général  et  universel  de  la  chrestienté ,  et 
qui  eu  particulier  l'honorera  et  aymera  aussi 
chèrement  que  mérite  sa  vertu,  et  que  ayt 
jamais  l'aict  aultre  prince  vivant;  ce  que  je  vous 
prie  luy  faire  bien  entendre,  et  sur  tout  ce 
que  le  Roy  mondict  sieur  et  fils  vous  escript 
de  restai,  de  ses  affaires,  que  je  ne  doubte 
poinct  que  beaucoup  de  personnes  se  mectent 
en  devoir  de  lui  dépaindre  de  diverses  couleurs 
'■I  de  luy  faire  les  vofuntez  de  ces  princes, 
que  je  tiens  si  bien  unyes,  du  tout  aultres 

réimpression  de  celte  lettre  importante  dans  laquelle  Ca- 
ine  l.i il  connaître  sa  pi  ns  ie  sur  le  concile  de  Trente. 


qu'elles  ne  sont;  vous  advisant  que  sçachant 
le  devoir  que  vous  faictes  au  lieu  et  en  la 
charge  que  vous  tenez  auprès  dudict  Empe- 
reur, je  vous  y  ay  faict  continuer,  et  si  vou> 
veulx  bien  asseurer  que,  si  en  la  mort  du  feu 
Roy  mondict  sieur  et  filz  vous  avez  perdu  ung 
bon  maistre,  vous  en  avez  recouvert  ung  aultre 
qui  n'oubliera  jamais  les  services,  ny  la  récom- 
pense de  ses  bons  et  dignes  serviteurs,  etmov 
aussi  peu  d'y  employer  ce  que  j'auray  de  pou 
voir,  de  moyen  et  de  crédict  en  son  endroicl. 
Au  surplus,  nous  avons  reçues  votre  dé- 
pesche  du  vnGdu  passé,  par  laquelle  s'est  en- 
tendu le  propos  que  le  dict  Empereur  vous 
tenu  sur  la  commodité  de  Rezancon  pour  la 
tenue  du  concile,  et  de  ce  qu'il  désireroyt  bien 
que  le  Pape  l'eust  trouvé  bon;  mais  pour  ce 
que  par  une  dépesche,  que  nous  avons  eue  au 
mesme  temps  que  la  vostre,  de  l'évesque  d'An- 
goulesme,  du  xv°  dudit  moys  passé,  il  mande 
que  la  sepmaine  ensuivant  se  devoyt  faire  ung 
consistoire  le  vendredy  pour  y  lire  fa  bulle  de 
l'ouverture  du  concilie,  qui  seroyt  apportée  par 
les  cardinauLx  Saracene1,  Puteo2  et  Cicade3, 
qui  avoyent  la  charge  de  la  dresser;  et  le  di- 
manche ensuivant  seroyt  la  dite  bulle  publiée . 
et  ledict  concile  à  Trente,  il  semble  qu'il  n'y 
a  plus  de  lieu  de  parler  dudict  Rezancon,  si 
ce  n'estoyt  pour  la  translation,  qui  n'est  pas 
chose  preste  et  dont  il  faille  faire  instance  de 
si  longue  main.  Ledit  évesque  mandoyt  que 
quelque  instance  que  l'ambassadeur  dudict 
Empereur  et  luy  eussent  faicte  que  l'on  pro- 
cédast  à  l'ouverture  dudit  concile  par  nou- 
velle indiclion  et  non  par  continuation  de  cel- 

1  Jean  Michel  Sarracena, Napolitain, archevêque  d'Ace- 
rensa,  et  évéque  de  Sabine,  mort  en  i568. 

2  Jacques  du  Puy,  natif  de  Nice,  archevêque  de  Bari, 
mort  en  i  563. 

3  Jean-Baptiste  Gicada ,  Génois,  cardinal  du  litre  de 
Saint-Clément,  mort  en  i.v, 


LETTRES  DE  C  LTHE 

luy  dudil  Trente,  ils  n'en  avoyenl  peu  venir 
à  bout,  bien  leur  donnoyt-on  espérance  que 
l'on  feroyten  sorte  que  chascun  auroyl  occa- 
sion de  se  contenter,  ce  qui  se  verra  par  la- 
dicte  bulle  qu'il  promectoyt  nous  envoyer  par 
courrier  exprès,  incontinent  après  parlement 
de  sa  dicte  depesche,  qui  me  l'aie!  croyre  que 
nous  ne  pouvons  guières  à  larder  l'avoir;  et 
Dieu  uieille  qu'elle  soyt  telle  qu'il  en  puisse 
réussir  le  bien  qui  est  si  désiré  et  nécessaire 
pour  l'amour  de  toute  la  chrestienté  en  une 
mesme  relligion.  Si  vous  entendez  quelque 
ebose  de  plus  certain  et  particulier  des  deux 
mariaiges  dont  vous  avez  donné  advis  par  vostre 
dicte  depesche,  faites  le  nous  sçavoir,  et  tout  ce 
que  vous  verrez  qui  le  mérite.  Je  commanderay 
le  payement  de  vostre  estât  sitost  que  nous  au- 
rons ung  peu  acheminé  noz  affaires,  etjevoys 
prier  Dieu,  monsieur  de  Renés,  qu'il  vous  ayt 
en  sa  très  saincte  garde.  Escript  à  Orléans,  le 

vi    jour  de  décembre  i5Go. 

Caterine. 

ROURDIN. 

1500.  —  7  décembre. 

Orig.  Bibl.  oat.  fonds  français,  n°  163(j  , 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DAUMALLE  ', 

KlIR     DF    Ff.A\CE,    GOUVBBJHUB    F.T   LIBUTBliAKT    (.F.MiRAL    DU     ROY    -MO.\     FILS 
ÎOH    UBOTSR1ST  Al   DIT  GOUYF.RSBMENT. 

Mon  cousin,  vous  penserez  assez  l'ennui 
e!  doloureuse  affliction  que  je  puis  avoir  de  la 
perte  que  j'ay  faicte  du  feu  Roy  mon  filz,  qui 
m'excusera  de  vous  faire  longue  lettre,  estant 
eesle-cy  pour  accompagner  celle  de  mou  autre 
tilz  qui  par  son  décès  a  receu  sa  coronne, 
atlin  de  vous  prier  si  vous  avez  bien  fait!  en 
ce   que   concerne   le  service  d'icelle.par  le 

1  Claude  II  de  Lorraine,  duc  d'Aumale,  troisième  fils 
;  lande  de  Lorraine,  premier  duc  de  Guise,  né  en 
;,  tu     ii         s  de  la  Rochelle  le   i4  mars  i5-.'i:  il 
un    des  GHi  -  -1  ■  Dian    le  Poilici  • 


R1NE   DE   MÉDIClS.  15 

passé,  vouloir  continuer  et  embrasseï  ce  que 
vous  verrez  j  appartenir  avecques  l'affection 
que  vous  y  avez  tousjours  desmonlré.  De  ma 
pari,  je  medélibère  supplér  à l'aage  tendre  de 
mon  dict  Glz,  et  puisqu'il  luy  plais!  ei  en  suit 
priée  par  les  princes  et  grans  personnaiges  de 
son  royaulme,  prendre  le  soin;;  nécessaire  à 
l'administration  d'icelluy  pour  le  conserver  en 
son  entier  à  l'honneur  de  Dieu  el  bien  de  ses 
subjeetz,  à  quoy  je  suis  certaine  que  de  vostre 
part  VOUS  ne  serez  jamais  moins  prest  et  dis- 
posé de  vous  employer  que  \ous  avez  tous- 
jours  esté.  Priant  Dieu,  mou  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde1. 

Escript  à  Orléans,  le  vn°  jour  de  décembre 

i56o. 

Caterine. 

De  l'Aubespim:. 


1500.  —  (8)  décembre. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    1DS71  ,  f    00. 

Y  MONSIEUR  LE  LIEUTENANT  CRIMINEL 

DE   PARIS5. 

Monsieur  le  lieutenant,  estant  le  Roy  mon 
iilz  mallade3,  je  u'ay  voulu  faillir  d'accompa- 
gner la  lettre  qu'il  vous  escript  d'autre  pari 
pour  vous  confirmer  ce  qu'il  vous  mande,  el  as- 
surer que  plus  grand  service  vous  ne  lui  sçauriez 
faire  que  de  l'ensuyvre  et  exécuter  de  point 
en  point.  Priant  Dieu  vous  avoir,  monsieur  le 
lieutenant,  en  sa  saincte  garde. 

D'Orléans,  ce.  .  .  .  de  décembre  i56o. 

Caterine. 

1  Semblables  lettres  lurent  adressées  par  Catherin. 
MM.  de  Jarnac  et  de  Noailles;  il  suffil  de  les  indii 
(Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  vol.  29,  f"  a3a  et  suiv. 

'  Une  pareille  lettre  fui  adressée  au  président  de  Thoi 
(même  «rolume,  F  ">7  l;  il  s'agissait  .le  quelques  pi 
niera  d'Étal  enfermés  au  petit  Châtelel  el  donl   I"  Ro 
1  raignant  l'évasion,  ordonnait  pour  plus  de  BÛret  !    Iran., 
lation  à  la  Bastille. 

ries  l\.       Voy.  sa  lettre  (même  vol.  I 


158 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1560.  —  i3  décembre. 

Minute.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  1 587^ ,  i°  1/17. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Mous'  de  Lymoges,  le  feu  Roy  mon  filz, 
dont  Dieu  ayt  rame,  avoyt  faict  provision  de 
sacres  '  pour  envoyer  au  Roy  calholicque  mon 
bon  lîlz,  suivant  ce  que  luy  aviez  mandé  du 
désir  qu'il  avoyt  de  recouvrer  de  bons  oyseaux 
pour  le  plaisir  qu'il  prend  à  la  vollerie,  et 
que  sa  mort  intervenue  luy  a  empesche'  de 
pouvoir  exécuter,  comme  il  désiroyt.  Si  ne  veux- 
je  pour  cela  laisser  de  luy  satisffaire  et  le  gra- 
liffier,  et  pour  ce  je  vous  prie  luy  présenter 
de  ma  part  les  sacres  que  je  luy  envoyé  pré- 
sentement et  l'asseurer  que  sont  des  meilleurs 
que  se  soyent  peu  recouvrer,  lesquelz  je  voul- 
droys  bien  pouvoir  eslre  telz  qu'ilz  luy  peus- 
sent  donner  aultant  de  plaisir  comme  je  dési- 
reroys,  car  uon  seullement  en  cela,  mais  en 
toutes  aullres  cboses  qui  seraient  en  ma  puis- 
sance je  suys  fort  ayse  de  luy  pouvoir  tesmoi- 
gner  combien  je  l'ayme  et  l'estime  et  auroys 
de  plaisir  et  de  contentement  de  le  gratifier 
el  faire  cbose  qui  luy  fust  agréable.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Lymoges,  vous  avoyr  en 
sa  saincle  el  digne  garde. 

D'Orléans,  ce  ....  jour  de  décembre 
1  56o  . 

(Au  dos.)  Du  xin'  jour  de  décembre  i56o. 


(1560.  —  Milieu  de  décembre.) 
Aut.  Imprimé.  Négociations  sous  François  II,  p.  781. 

\  M^MA  FILLE  LA  REINE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  je  donne  cherge  à  set 
pourteur  vous  dyre  bocup  de  chauses  de  ma 

Le  plus  estimé  el  le  plus  cher  de  ions  les  oiseaux  de 
"'•lie;  il  est  originaire  des  pays  septentrionaux. 


part,  qui  me  gardera  de  vous  fayre  longue 
letre,  seulement  vous  dire  ne  vous  troubler 
de  ryen  et  vous  aseurer  que  je  ne  feré  pouyne 
de  me  gouverner  de  fason  que  Dyeu  et  le 
monde  aront  aucasion  d'estre  contensde  moy, 
car  s'et  mon  prinsypale  bout  de  avoyr  l'beu- 
neur  de  Dyeu  an  tout  devent  les  yeulx  et  con- 
server .  mon  authorité,  non  pour  moy,  niés 
pour  servyr  à  la  conservatyon  de  set  royaume 
el  pour  le  byeu  de  tous  vos  frères,  lesques 
je  ayme,  corne  du  lyeu  où  vous  ayles  tous 
veueus.  Pour  se,  ma  fille,  m'amye,  recomendé- 
\ous  byen  à  Dyeu,  car  vous  m'avés  veue  ausi 
contente  corne  vous,  ne  pensant  jeamès  avoyr 
aullre  Iryboulalyon  que  n'estre  asés  aymayé 
à  mou  gré  du  Roy  voslre  père,  qui  m'onorel 
pluls  que  je  ne  mérités;  mes  je  l'aymè  tant 
que  je  a\ès  tousjour  peur,  corne  vous  savés 
fayrememant  asés;  et  Dieu  me  l'a  baullé,  cl 
ne  se  contente  de  sela,  m'a  liaulté  vostre  frère 
que  j'é  aymé  come  vous  savés,  el  m'a  lavséc 
aveque  Iroys  enfans  petys,  et  en  beun  reaume 
tout  dyVysé,  n'y  ayent  beun  seul  à  qui  je  me 
puise  du  tout  l'yer,  qui  n'aye  quelque  pasion 
partycoulyère.  Pour  se,  m'amye,  pansés  en 
moy  el  que  je  vous  serve  d'esanple  que  ne  vous 
fyées  tent  en  l'amour  que  vous  porte  vostre 
mari,  à  1  lteiinneur  et  ayse  que  vous  avés  as- 
teure,  que  vous  ne  vous  recomendyés  à  seluy 
qui  vous  peull  conlyneuer  vostre  heur  et  ausi. 
quettt  y  li  pleret,  vous  mestre  en  l'état  en  quoy 
je  suys,  que  je  aymeré  myeulx  mourir  que 
vous  y  voir,  de  peur  que  ne  puysié  porter 
tent  de  maulx  cornent  je  an  nav  heu  el  an 
nay,  que  je  m'aseure,  ^ans  son  ayde,  ne  sarel 
porter. 

Vostre  bonne  mère. 
Catkrine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


159 


1560.  —  21  décembre. 

Orig.  Bibl.  iiat.  fonds  fiançais,  n°  &63a  ,  f°  89. 

\  MONSIEUR  DE  T\\  INNES1, 

CHEVALIER   DE    L'ORDRE 

BT  L1SI  I       l   DU  ROT    w  GonvRRKmstn  ni   ROI    ' 

Monsieur   de  Tavanes,   ce  m'a  esté  grant 
plaisir  d'entendre  par  vostre  lettre  que  tous 

z  si  tost  arrivé  par  delà  en  bonne  santé, 
m'asseurant  que  vostre  présence  y  a  grande- 
ment servy  et  servira  tousjours  à  y  maintenir 
les  choses  au  repoz  et  obéissance  que  je  dé- 
sire veoirpanny  les  subgetz  du  Roy  monsieur 
mon  filz,  où  cognoissant  l'affection  que  je  sçay 
de  longtemps  que  vous  portez  au  bien  de  ceste 
couronne,  il  ne  vous  fauit  plus  a\ant  recon- 
mander  d'avoir  l'œil  et  y  tenir  la  main,  estant 
certaine  que  vous  n'y  obmectrez  riens.  Ausi 
vous  priray-je  estre  asseuré  qu'il  ne  sera  riens 
oublyé  en  voslre  endroict  de  la  recongnoissance 
que  ung  si  digne  serviteur  peult  actendre 
d'un  bon  tnaistre,  ayant  bien  délibéré  d'em- 
ployer tout  devoir  à  nourrir  mon  dict  filz  en 
ceste  volonté  d'aymer  et  bien  faire  à  ceulx  qui 
le  mériteront.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Ta- 
vanes,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Orléans,  le  \xie  jour  de  décembre 
1  '.)  (j  o . 

Caterine. 
De  l'Aobespine. 


Gaspard  deSaulx,  né  à  Dijon  en  mars  1 509,  sei- 
gneur de  Tavannes.  Chevalier  'If  l'ordre,  d'abord  gou- 
verneur de  Provence,  puis  lieutenant  général  au  gouver- 
nement de  Bourgogne,  par  lettres  de  novembre  1 56 
maréchal  de  France  on  novembre  iSto,  gouverneur  de 
Provence  et  amiral  des  mers  do  Levant  en  1  ô 7 •• ,  mort 

bateau  <\o  Sulli.  près  Aulun.  en  juin  i.'iy.'l. —  Vby. 
les  Mémoire/,  publiés  par  son  lils  Jean  de  Sauk;  Bran- 
tôme, édit.  de  !..  Lalanne  («m  article);  L.  Pingaud, 
Le»  Saulx-Tavannet ;  Paris.  Didot,  1876,  in-8°. 


1560. 


décembre. 


Ong.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n"  390.  t°  ig. 
Imprimé  dans  les  additions  ans  bVmotrai  de  Casielnau,  par  Le  Labou- 
reur ,1.1,  n.  A79  '. 

\   MONSIEI  i!   DE   RENNES'. 


Monsieur  de  Renés,  je  vous  ay  laid  faire 
cette  dépesche  par  l'advis  du  conseil  du  Roy 

monsieur  mon  til/. ,  pour  vous  informer  et  ins- 
truire de  ce  que  l'abbé  de  S'-Gildas  es)  venu 
faire  par  deçà,  et  de  ce  que  nous  craignons 
que  l'Empereur  et  les  estats  catholiques  de  la 
Germanie  n'ayent  aggréable  la  bulle  de  l'in- 
diction  du  concilie,  soubz  couleur  qu'il  est  dit 
que  c'esl  en  oslanl  et  levant  tout  suspension 
quelle  qu'elle  sovl,  ce  qui  semble  plulost  une 
continuation  de  celuy  de  Trente  qu'une  nou- 
velle indiction:  chose  en  quoy  j'eusse  bien  dé- 
sire1 que  [Vostre  Saint-Père  ne  se  fust  monstre 
si  ferme  comme  il  a  faicl;  d'autant  que  pai 
là  il  laisse  à  penser  à  beaucoup  de  personnes 
qu'il  ne  veull  ledict  concilie  que  en  apparence 
ei  non  par  effect.  Et  s'il  est  ainsi,  il  nous  con- 
traindra, à  mon  grand  regret  et  contre  ce  que 
j'ay  faicl  jusques  icy  en  ceste  affaire,  de  venir 
au  national,  pour  pourveoir  aux  périlz  et  dan 
giers  de  ce  royaume,  qui  nous  pressent  de 
trop  près  pour  demeurer  sans  remèdes  et  en- 
durer tant  de  remises  et  prolongemens.  Ce 
qu'il  n'y  aura  poiucl  de  mal  que  vous  laciez 
entendre  audil  Empereur  affin  que  la  crainte 
qu'il  a  dudict  national  lui  face  procéder  en 
ceste  affaire  avec  plus  de  diligence,  el  dépes- 
cher  vers  le  Pape  pour  la  refformalion  de  lu 
dicte  bulle  si  elle  escliel,  mi  bien  pour  l'es- 
claircissemenl  de  ce  qui  s'y  sera  trouvé  de 
difficulté,  ainsi  que  le  Roy  mon  dicl  sieur  et 

1  Le  texte  de  cette  lettre  donné  par  Le  Laboui 

in plel 

li  1  nadin  V<<«  li  il  i  -  cité  p.  101,  1  o'i. 


160 


LETTRES  DE  CATH 


filz  le  vous  escript  plus  particulièrement,  et 
dont  je  me  remectray  sur  sa  despesche  pour 
vous  dire,  monsieur  de  Resnes,  que  nous 
avons  receu  la  vostre  du  ix°  du  passé,  à  la- 
quelle  il  n'eschet  pas  de  faire  aultre  response 
pour  ce  qui  concerne  le  faicl  dudict  concilie, 
que  ce  que  vous  venez  cy-dessus.  Et  quant  à 
la  nouvelle  qui  a  couru  par  delà  que  l'on  vou- 
loyt  faire  roy  de  Toscane  du  duc  de  Florence; 
par  les  advis  que  nous  avons  de  Rome,  il  se 
tient  pour  chose  asseurée  qu'il  n'en  est  riens, 
et  que  sans  la  maladye  qui  l'a  retenu  audict 
Rome,  il  feust  party  il  y  a  déjà  longtemps 
pour  s'en  retourner.  Si  vous  entendez  que  le 
mariage  que  ledict  duc  a  fait  rechercher  de 
l'une  des  filles  de  l'Empereur  pour  son  fils 
aisné  soit  pour  tirer  oultre,  vous  nous  en  ad- 
vertirez,  et  de  toutes  autres  choses  que  vous 
estimerez  dignes  de  noslre  connoissance.  Nous 
n'avons  point  encores  receu  la  dépesche  que 
vous  nous  avez  faicte  par  la  voye  de  Georges 
Aubrelh,  se  sera  pour  les  premiers  jours;  et 
puisque  vous  mandez  qu'il  n'y  a  riens  dedans 
qui  importe  de  le  sçavoir  tost  ou  tard,  nous 
l'attendrons  avec  moindre  regret  que  si  vous 
ne  nous  en  eussiez  poinct  advertys.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Rennes,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincte  garde.  Escript  à  Orléans,  le  xviii" 
jour  de  décembre  i56o. 


Caterine. 


BODBDIN. 


1560. —  a  8  décembre. 

Orig.  Arrli.  de  la  maison  de  Polignac.  Copie  communiqué.' 
par  M.  de  Merval. 

A  MONSIEUR  DE  SENARPONT, 

B    DB  L'ORDRB    DE    ROT  MONSIEUR    MON    FILZ    ET  SOT    LIEL'TE\»\T 
n  M    M    r...l\EI;TEMENT    RE    RICAItDÏE,  ET  L'ADSBNCB 
RE   MONSIEUR  LE  MAiîÉCIIAI.  DB  BBISSAC. 

Monsieur  de  Senarpont1,  pour  ce  que  vous 
1  Jean  de   Momliy,    sieur  de  Senarpont,  baron  de 


ERINE  DE  MÉD1C1S. 

verrez  par  la  lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz 
la  résolution  qui  a  esté  prise  sur  celle  que 
m'avez  escripte  du  \viiic  de  ce  moys  et  mesmes 
pour  ce  qui  concerne  le  faict  de  l'excluse,  je 
me  remetteray  à  ce  que  le  Roy  mondict  sieur 
et  fdz  vous  en  mande  présentement  et  vous 
prieray  seullement  que  vous  ayez  tousjours 
l'œil  ouvert,  ainsi  que  vous  avez  fort  soigneu- 
sement et  continuellement  faict  jusques  icy,  à 
tout  ce  qui  sera  du  bien  de  son  service  et  de 
la  conservation  de  ses  droietz  et  possessions, 
pour  garder  qu'il  ne  se  face  aucune  entreprise 
ou  innovation  à  son  préjudice,  sachant  que 
parmy  vos  voysins  vous  n'avez  poinct  faulte 
de  personnes  qui  n'oublieront  de  faire  tout  ce 
qui  leur  sera  possible  pour  penser  tirer  tous- 
jours  quelque  chose  à  eulx  à  la  diminution 
de  ce  qui  nous  appartient,  et  à  ceste  heun 
plus  que  jamais ,  s'ilz  ne  voyent  que  l'on  y 
tienne  la  main  bien  royde  et  que  l'on  ne  s'en 
donne  garde  de  bien  près,  ainsi  que  je  vous 
en  prie  et  que  le  Roy  mon  dit  sieur  et  filz  s'en 
fie  à  vous  entièrement.  Et  sur  ce,  monsieur  de 
Senarpont,  je  vays  prier  Dieu  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  à  Orléans,  le  x\vnic  jour  de  dé- 
cembre i56o. 

Caterine 

BoiRDlN. 

1561.  —  i"  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  8a  ,  f  43. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  j'ay  receu  vos  lettres  par  voz 
confrères,  présent  porteurs,  qui  avecq  ce 
qu'ilz  ont  dict  au  Roy  monsieur  mon  filz  de  la 
bonne  et  affectionnée  volonté  en  quoy  est  vostre 

Wismes,  capitaine  de  Corbie,  puis  de  Boulogne;  il  s'é- 
tait distingué  à  la  prise  de  Calais  en  1 558. 


LETTRES  DE  CATH 

compaignie  envers  luy  et   moy,  j'ay  receu, 
de    ma   part,   grand   plaisir,  et    ne   sçauriez 
rien  faire  qui  nie  soit  plus  agréable,  ne  qui 
me  donne  plus  d'occasion  de  contentement; 
aussy  estes  vous  asseurez  que,  l'aymantet  esti- 
mant comme  je  faits,  il  ne  s'offrira  jamais  rien 
qui  vous  touche  en  général  et  en  particulier, 
où  je  ne  vous  face  cognoistre  combien  je  l'ay 
tousjours  eu  en  recommandation.  Vous  sçau- 
rez  au  demeurant  d'eux  ce  que  se  peull  l'aire 
pour  ce  qui  vous  est  deub,  et  m'asseure  que, 
considérant  les  affaires  que  pour  le  présent 
nous  avons,  vous  nous  ayderez  à  attendre  un 
peu  ce  que  je  vouldrois  bien  que  nous  puis- 
sions faire  dès  cette  heure,  et  à  quoy  avecq  le 
temps  y  sera  pourveu.  Cependant  je  vous  prie 
vouloir  embrasser  le  faict  de  la  justice  du  bon 
zèle  acouslumé,  à  l'honneur  de  Dieu  et  au  bien 
de  sou  peuple.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous 
donner  ce  que  désirez. 

Escript  à  Orléans,  le  premier  jour  de  jan- 
vier mil  cinq  cens  soixante  (i5Ci). 

Caterixe. 
De  l'Aubespine. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  161 

faultes  qu'ilz  ont  l'aides,  pour  avoir  raison 
desquelles,  il  y  a  longtemps  que  l'on  esl  après 
pour  les  atlrapper1.  Maintenant,  le  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  et  moy  avons  sceu  qu'ilz  se 
sont  retirez  en  Bourgogne,  où  ce  porteur  vous 
dira,  qui  est  envoyé  pour  faire  la  diligence  et 
user  de  toute  dextérité  pour  les  avoir;  ce  qui 
ne  se  pourra  paravanlure  pas  faire  sans  vostre 
ayde,  force  et  auctorilé,  que  je  vous  prye, 
tant  que  je  puys,  adjoustant  à  ce  que  le  Roy 
mon  dict  filz  vous  en  escript2,  n'y  espargner, 
mais  de  vostre  part  y  faire  tout  ce  qu'il  vous 
sera  possible,  avecques  asseurance  que  ce  nous 
sera  ung  service  fort  agréable;  pryant  Dieu, 
monsieur  de  Tavannes,  vous  donner  ce  que 
plus  désirez. 

C.VTERINE. 


Si  de  fortune  les  ditz  de  Malligny  estaient 
hors  de  vostre  gouvernement,  et  touleslfoys  en 
lieu  qui  n'en  fut  pas  trop  loing,  où  vous  nous 
puissiez  faire  ce  service,  je  vous  prye  de  vous 
y  accomoder  et  ne  laisser  pour  cela  d'y  faire 
ce  que  vous  pourrez. 


(1561.  —  6  janvier.) 

Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n"  463a,  f'  83. 
Copie  ,  fonds  Moreau  ,  875  ,  f°  U. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE ,  LIEDTENAST   GENERAL    DU    BOT   MONSIEUR    MON    FILZ 
10  GOUVERNEMENT  DE    EOL'RCOGNB. 

Monsieur  de  Tavannes ,  vous  avez  assez  en- 
tendu, ainsi  que  je  m'asseure,  comme  les 
Mallignyz1  ont  cy  devant  remué  mesnage  et  les 

1  Jean  et  Edme  de  Ferrières.  Leur  père,  François  de 
Ferrières,  lenail  le  nom  de  Maligny  d'une  seigneurie 
située  dans  la  commune  de  Ligny-le-Chàtel  (Yonne). 
Leur  mère,  Louise  de  Vendôme,  était  sœur  de  François 
de  Vendôme,  vidame  de  Chartres.  Tous  deux  avaient  été 
compromis  dans  la  conspiration  d'Amboise.  Edme,  le 
cadet,  avait  été  en  1507  guidon  dans  la  compagnie  du 

CATHERINE  DF,  MÉDICIS. I. 


1501.  —  i5  janvier. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  i°  i5i. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'ay  tant  receu  d'af- 
flictions depuys  quelques  années  en  ça  et  tant 
enduré  d'enuys  et  de  tribulations  que  la  nou- 

prince  de  Condé.  —  Voy.  la  Vie  île  Jean  de  Maligmj,  par 
Léon  de  Bastard. 

1  Le  comte  de  Tende  parle  dans  deux  lettres  de 
l'ordre  qu'il  a  reçu  du  roi  d'appréhender  les  Malligny. 
(Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  27,  P  -J-Jtj;  fonds 
franc.  n°  i587:>,  P  a66.) 

-  Voy.  cette  lettre  dans  le  fonds  franc.  n°  4633, 
P  10. 

2  1 


162 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


vello  de  la  malladie  de  la  Royne  ma  fille  ',  ne 
me  peult  avoir  apporté  que  beaucoup  de 
peyne  pour  l'incertitude  et  peu  d'asseurance 
<|ue  je  veoy  es  choses  de  ce  munde.  Bien  se- 
royt-elle  encores  plus  grande  sans  l'asseurance 
que  vous  me  donnez  de  son  amendement, 
lequel  m'est  confirmé  de  tant  d'endroicts  que 
je  me  console  et  prens  bonne  espérance  que 
Dieu,  par  sa  saincte  grâce,  nie  la  conservera 
et  se  contentera,  s'il  luy  plaist,  de  ne  croistre 
point  daventaige  les  pertes  que  j'ay  l'aides. 
Et  pour  ce  que,  comme  vous  pouvez  penser, 
ceste  maladie  me  touche  tant  au  cueur,  que 
je  ne  puys  avoyrbien,  repoz,  ne  contentement 
que  je  n'en  entende  l'entière  guérison,  j'en- 
voye  ce  courrier  en  toute  diligence  devers 
vous  pour  en  sçavoir  des  nouvelles,  m'asseu- 
rant  que,  avant  son  arrivée,  vous  m'en  avez 
depesclié  ung  aultre  pour  me  tenir  d'heure  à 
aullre  adverlye  de  sa  santé;  ce  que,  si  vous 
n'avez  faict,  je  vous  prie,  à  l'arrivée  de  cesluy, 
m'en  redépescher  ung  fraiz  et  par  luy  me 
mander  amplement  comme  elle  se  sera  portée 
et  Testât  en  quoy  elle  sera.  Cependant  je  vous 
piieray,  Monsieur  de  Lymoges,  luy  bien  re- 
eorder  ce  que  je  vous  manday  l'aultre  foys 
qu'elle  fut  mallade  de  semblable  malladie  et 
adverlir  son  médecin ,  comme  je  le  luy  escriplz , 
'ic  bien  prendre  garde  à  luy  conserver  les 
yeux  et  garder  qu'il  n'y  ayt  des  tasches  2,  s'il 
est  possible,  en  quoy  nous  trouvons  icy  que  le 
sang  de  pigeon  et  la  cresme  sont  excellente 
remeddes.  Toulesfoys  les  médecins  qui  con- 

1  Le  16  janvier  i56i,  l'ambassadeur  d'Espagne  Chan- 
tonnai écrivait  d'Orléans  à  la  duchesse  de  Parme  :  nSont 
arrivées  lettres  d'Espagne  annonçant  que  la  jeune  Reine 
est  prise  de  la  petite  vérole  et  a  eu  la  fièvre  sept  à  huit 

I v, qu'elle  a  été  saignée,  mais  que  la  lièvre  a  diminué.» 

(Archives  de  Vienne.) 

Madame  de  Vineuf  écrivait  à  Catherine  :  rLcs  lâches 
de  vérole  ne  paraîtront  guères,  sinon  quelque  peu  de 
Fosses  sur  le  nez.»  (BiM.  nat.  fonds  franc.  n°  0189,  f°  '1, S.) 


gnoissent  les  remeddes  qui  sont  les  plus  usile/. 
par  delà  et  les  plus  utiles  et  prouflitables  eu 
useront  comme  ils  penseront  esliv  pour  le 
mieux,  car  nous  voyons  par  expérience  qu' en- 
cores que  la  maladie  soyt  là  comme  icy  sem- 
blable, si  est-ce  que  la  façon  de  la  panser  est 
différente,  d'aullant  que  la  segnée  en  telles 
maladies  est  icy  peu  acoustumée,  et  là,  puys- 
qu'elle  a  esté  pracliquée  en  son  endroicl,  je 
doibz  penser  qu'elle  est  fort  ordinaire  et  usitée. 
Quoy  qu'il  y  ait,  je  vous  prie  de  leur  bien 
dire  et  à  elle  et  à  ses  médecins,  qu'après 
qu'elle  sera  guérye  qu'elle  se  donne  bien  de 
garde  de  sortir  de  vingt  jours,  pour  ce  que. 
quand  l'on  sort  plus  tost,  le  flux  de  ventre  est 
fort  dangereux.  Le  soing  que  le  Roy  son  mai  y 
en  prent  et  la  dilligence  dont  je  voy  que 
usés  à  la  panser  me  faict  espérer  sa  guérison 
briefve  et  me  donne  assurance  qu'il  n'y  sera 
rien  obmis,  ce  que  je  ne  vous  reconimanderay 
point,  congnoissant  assez  combien  vous  l'avez 
en  singulière  recommandation. 

Au  demeurant,  je  vous  advise  que  je  suis 
sur  la  conclusion  des  Eslatz  l,  par  lesquelz  je 
vous  veulx  bien  advertir  que  le  gouvernement 
et  administration  de  la  personne  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  et  du  royaume  m'ont  esté  con- 
firmez-, et  suis  après  à  tirer  d'eulx  ung  si  bon 
secours  pour  m'ayder  à  acquiter  les  grandes 
et  excessives  dettes  dont  ce  royaume  est 
chargé,  que,  avec  leur  ayde,  je  puisse  entiè- 
rement en  quelques  années  mettre  les  affayres 
du  Roy  mon  dict  sieur  filz  en  repoz.  de  quov 
je  vous  puys  dire  que  je  voy  tous  les  Estai/, 
unanimement  se  mectre  à  tant  de  rayson  que 
je  n'en  puys  que  avoyr  bonne  espérance,  ne 
vous  voulant  aussy  celer  que  je  suis  après  à 
donner  ordre  au    pavment  des   cens  tant  de 

1  Les  Etats  d'Orléans  clos  le  3l  janvier  1  âlio  (1 56 J ). 
'  Voy.   Lettre  de  l'évèque  de   Limoges.   (BiM.  nal. 
n"  3l89,  P  .'.>).) 


'  fil  m  ^  i 


AM   s 

H  p. 

$  $  I 


V 

^ 

\ 

fc 


\ 


^ 

^ 


y 


! 


s 


\ 


s 


\ 


1 


1 


\s  ^>  vit  fc  ^irv 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


163 


mille  escuz  qui  sonl  duz  maintenant  pour  la 
mariage  de  la  Royne  ma  fille,  à  quo]  dans 

peu  (le  temps  sera  satisll'airt;  qui  est  ion!  ce 
que  vous  aurez  pour  asleure  de  no/,  non— 
relies,  en  actendant  qu'icy  à  peu  de  jours  je 

vous  l'ace  une   plus  ample  dénesclie  de  lotîtes 

doz  affayres,  qui  sera  après  l'arrivée  du  sieur 

Ion  Juan  Manrique  l  (|ue  nous  aclendons  en 
lionne  dévotion,  l'ryanl  Dieu.  Monsieur  de 
Lymoges,  vous  avoyr  en  sa  saincte  el  digne 

ode. 

Je  ne  veulx  faillir  de  vous  dire  que  j'ay 
\nullu  l'aire  fournir  en  Espaigne  les  cens  tant 
de  mil  escuz  qui  se  doivent  maintenant  four- 
nir; mais  l'ambassadeur  ne  l'a  voullu  accepter 
et  a  demandé  qu'on  les  baillas!  à  Anvers,  à 
quoy,  encores  qu'il  nous  feust  beaucoup  plus 

Chantonnai  écrivait  à  la  duchesse  de  Parme,  le 
5  janvier  i56i  :  '•Don  Juan  Manrique  de  Lara  vient  iry 
pour  plaindre  le  deuil  ;  mais  il  lardera  encore  quelque 
temps,  et  ne  vient  comme  j'entends  en  grande  diligence 
pour  ce  qu'il  <>l  de  grande  complexion.-  Le  22  janvier, 
:  nait  de  nouveau  à  la  duchesse  :  r  J'espère  que  don 
Juan  Manrique  arrivera  vendredi  ou  samedi.-:  (Archives 
de  Vienne.) 

Voici  quelles  étaient  les  instructions  de  cet  ambassa- 
deur extraordinaire  :  t'En  ce  qui  touche  aux  affairesde  la 
religion,  vous  devez  parlera  la  reine  Catherine  Ires  clai- 
rement et  très  ouvertement ,  en  l'exhortant  de  uostre  part 
au  plus  grand  soin  et  à  la  plus  grande  vigilance  pour  les 
choses  de  la  religion;  qu'elle  ne  permette  jamais  aux 
nouveautés  qui  oui  pris  naissance,  dans  son  royaume  d'y 
faire  plus  de  progrès;  qu'elle  ne  favorise  en  aucune  ma- 
nière et  n'admette  dans  sa  familiarité  aucuns  de  ceux  qui 
ne  sont  pas  fermes,  comme  ils  devroient  l'être,  dans  leur 
religion. i  Extrait  des  instructions,  datées  du  h  janvier 
i56l.  '  archives  nat.  K,  i4p,5.)  —  Vo\.  Lettre  du  dur 
de  (luise  à  Philippe  II,  du  3i  janvier  i5(>i  (Arch.  nat. 
collect.  Simancas,  K.  i/iyfi,  B,  12,  pièce  29);  Lettre  du 
cardinal  de  Tournon  où  il  est  question  de  don  Juan 
Manrique,  lettre  datée  du  3i  janvier  îliOi  (iW.  pièce 
n'  ■.'!  |;  Lettre  de  Charles  IX  à  Philippe  II,  du  i3  fé- 
vrier i56l  (iIjiiI.  pièce  a5);  Lettre  de  don  Juan  Man- 
rique el  de  Chantonnai  à  Philippe  II,  où  il  est  question 
de  l'audience  de  don  Juan  Manrique  (ibiil.  pièce  55). 


incommode  que  l'Espagne,  je  me  suis  accom- 
modée; mais  il  presse  tant  que  cela  soil  à  jour 
nomé  que,  se  c'esloit  sept  ou  huit  jours  plus 
tard,  il  penserait  que  tout  feust  perdu.  J'ai 
requis  pour  la  seuretë  de  la  Royne  ma  fille 
que  ceste  somme  feusl  endossée,  comme  il 
esl  aceoustumé,  au  doz  de  son  contrai  de  ma- 
riage, mais  ledict  ambassadeur  s'est  excusé 
qu'il  ne  l'avoit  icy,  et  qu'il  y  auroit  une  trop 
grande  longueur.  Voiant  cela  je  me  suis  ré- 
solue de  faire  délivrer  ladite  somme  en  An- 
vers, à  la  charge  d'en  avoir  bonne  scurelé  de 
la  délivrance,  laquelle  il  sera  besoin;;  que 
vous  recouvrez,  dès  que  vous  serez  adverty  de 
la  réception,  pour  me  l'envoyer;  ce  que  je  dé- 
sire que  vous  faciez  bien  entendre  au  Ro) 
mon  filz,  aflîn  qu  il  congnoisse  combien  je 
veulx  observer  les  Iraictez. 

(Au  dos.)  La   Royne   à   monsieur   de  Ly- 
moges. 

Du  \v   jour  de  janvier  i56o(i56i). 


(1561.  —  i5  janvier.) 

Aut.  Arcli.  nal.  collecL  Sioiancas,  K,  iAg4,  n''  19  '. 

A  M.  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils,  j'é  reseu  anuit  heune 
letre  de  V.  M.,  par  laquele  ay  entendeu  la 
maladie  de  la  Royne  ma  fille,  que  encore  que 
me  fasiés  set  bien  de  m'aseurer  de  son  amen 
dément,  dont  je  ne  vous  puis  asés  afectioné- 
ment  remersier  et  auei  de  l'houneur  qu'i  vous 
pi  est  luy  fayre  et  du  souign  que  avés  de  sa 
santé;  mes  aveque  toutle  la  seurté  que  m'en 
donnés,  ne  me  pui-ge  guarder  d'en  aystre  en 
pouyne,qui  aystcause  que  je  ranvoy  sel  pour- 
teur  pour  ynconlinenl  savoyr  cornent  aylle  ora 
contyneué   à  s'amender,  car  après   leanl   de 

'  Au  dus  :  Cette  lettre  a  été  reçue  le  s3  janvier 

21  . 


L6û 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


perte  et  de  malheur  quej'é  heu  depuys  heun 
ban  et  demy  eu  se  au  deus,  je  suys  tourjour 
eu  craynte  d'an  voyr  d'aultre  et  prinsipale- 
ment  en  aylle  qui  ayst  pour  set  heure  la 
plulx  chère  chause  qui  me  souyt  demeuraye; 
que  me  fayst  vous  suplyer,  Monsieur  mon  fils, 
de  luy  volouyr  byen  comender  de  fayre  tout 
set  que  luy  sere'  aurdonné  pour  sa  santé,  afin 
qu'y  plèse  à  Nostre  Signeur  luy  redonner  la 
santé  tyeule  que  vous  ay  moy  luy  désirons, 
el  que  je  ne  soy  pas  si  malheureuse  de  voyr 
philx  de  malheur,  et  qui  luy  fase  la  grase  de 
\\vn;  pour  vous  aystre  agréable  et  servyr,  et 
contyneuer  l'amytyé  qui  ayst  entre  vous  et  sete 
couronne,  laquele  je  métré  pouyne  de  enler- 
teoyr  et  augmanter  tent  qui  pleré  à  Dyeu  y 
léser  en  set  monde 

Vostre  bonne  et  afectyonnée  mère. 

Câterinf.. 

1 56 1 .  —  17  janvier. 

Orig.  Arcli.  de  Turin. 
A  MON  FREF.E 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  avez  donné  à  ma  requeste 
au  fils  de  d'Elbene  lecteur  de  Madame,  ma 
seur,  vostre  femme,  l'abbaye  de  Haultecombe1, 
de  laquelle ,  comme  j'ay  esté  advertie,  les  gens 
du  cardinal  Farneze2  s'efforcent  d'obtenir  de 
vous  par  importunité  la  possession  et  en  frus- 
tre] le  dict  d'Elbene,  encores  que  cy-devant 
j'aye  prié  instamment  le  dict  cardinal  de 
lu\  vouloir,  à  ma  requeste,  quicler  le  droict 
qu'il  v  prétendoit.  A  ceste  cause  je  vous  prie, 

Al)lia\e  de  l'ordre  de  Citeaux,  sur  le  bord  occidental 
du  lac  du  Bourget,  près  d'An  en  Savoie,  fondée  en  1 1 35. 
C'esl  dans  cette  abbaye  que  les  ducs  de  Savoie  étaient 
inhumés. 

Cité  jjlus  haut. 


mon  frère,  de  le  vouloir,  pour  l'amour  de 
moy,  conserver  en  la  dicte  possession  jusques 
à  ce  qu'il  en  soit  autrement  dict  et  ordonné 
par  vostre  sénat  de  Ghambéry.  Et  ce  faisant 
vous  me  gratifierez  autant  que  pour  autre 
affaire  dont  je  vous  puisse  requérir,  poul- 
ie désir  que  j'ay  que  ce  bien  que  je  luy 
ay  procuré  luy  demeure  et  ne  luy  soit  pas 
osté,  priant  le  Créateur,  mon  frère,  quilvous 
ait  en  sa  très  sainte  et  digne  garde. 

Escript  à  Orléans,  ce  xvn"  iour  de  janvier 
1 56o  (  1 56 1  ). 

Vostre  bonne  seur, 

CaTERINE. 


1561.  —  17  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau ,  773,  fJ  2. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES. 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DC  ROY  MON  FILS  ET  SOS   L1ECTEXANT 
AE  GOUVERNEMENT  DE  BOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavaues,  je  vous  ay  naguières 
escript  par  ung  gentilhomme  nommé  La  Ri- 
chardie  pour  luy  donner  toute  l'ayde  et  force 
dont  il  auroit  besoing  pour  prandre  Maliguy1. 
que  j'avoys  sceu  s'estoit  retiré  de  ce  cousté  là. 
Depuys  j'ay  entendu  de  bon  et  sur  lieu  qu'il 
est  de  présent  en  sa  maison,  prez  deToneres, 
où  il  se  tient  à  demy  caché  et  aucunement 
accompaignez.  Et  pour  ce  que  je  n'ay  de  rien 
plus  d'envye  au  monde  que  de  le  pouvoir  at- 
traper, m'asseurant  sur  l'affection  que  vous 
avés  tousjours  desmontrée  de  me  vouloir 
faire  service,  et  pour  la  parfaicte  fiance  que 
j'en  ay  m'addresser  plus  franchement  à  vous, 
pour  m'en  monstrer  à  ce  coupt  l'effect,  qui 
est  que  je  vous  prye,  sur  tant  que  vous  dési- 
rez jamays  m'en  faire,  regarder  tous  moyens 
que  vous  pourrez  pour  le  prendre ,  et ,  sans  vous 

1  Cité  plus  haut,  p.  161. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


165 


en  descouvrir  à  personne,  dont  vous  ne  vous 
asseuriez  aullant  que  de  vous  mesmes,  vous 
acheminer  de  ce  cousté  là,  suivy  et  accoin- 
paigné,  autant  que  vous  jugerez  qu'il  sera  be- 
soing,  et  là  essayer,  à  quelque  pris  que  ce 
soit,  jusques  à  ruiner  sa  dicte  maison  ,  s'il  est 
besoing,  de  luy  mectre  la  main  sur  le  collet, 
el ,  si  vous  le  pouvés  avoir,  le  faire  mener  et 
conduire  secrètement  en  quelque  lieu  si  seur 
et  si  caché  que  personne  n'en  puisse  sçavoir 
nouvelles  et  à  mesme  instant  m'en  advertissez 
en  extrême  dilligence.  Vous  avés  dedans  le  dict 
Tonneres  ung  banquier,  nomme'  Cénamy,  qui 
vous- donnera  addresse  et  tiendra  adverty  du 
lieu  où  sera  le  dict  Maliigny,  et  comme  vous 
vous  devrez  conduire  en  ceste  exécution  ;  mais 
si  est-il  besoing  que  vous  ne  faciez  pas  co- 
gnoïslre  que  le  dict  Cénamy  soit  de  la  me- 
née, ne  qu'il  s'en  mesle  aucunement,  vous 
conslantant  d'apprandre  de  luy,  par  personnes 
interposées,  le  moyen  que  vous  devez  tenir, 
par  lequel  ce  faict  sera  d'aultant  plus  facille. 
Et  si  vous  fault  bien  garder  d'en  dire  ne  dé- 
clairer  aucune  chose  au  dict  La  Richardye, 
luy  laissant  conduyre  son  entreprise  à  part, 
pour  laquelle  vous  n'y  laisserez,  s'il  vous  en 
requiert*  de  l'accomoder  de  ce  dont  il  aura 
besoing,  afin  que,  en  une  sorte  ou  autre,  la 
chose  puisse  réuscir,  ainsi  que  je  le  désire; 
car  vous  ne  ferez  jamays  service  plus  notable, 
ne  agréable  au  Roy  monsieur  mon  filz  et  à 
inoy  que  cestuy  là.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Tavanes,  vous  donner  ce  que  plus  désirez1. 
D'Orléans,  le  \viic  jour  de  janvier  i56o 

(>5Gi). 

Caterine. 

'  Tavannes  répondit  à  la  Reine  que  le  jeune  Maligny 
n'était  pas  au  château  et  que  pour  s'emparer  de  l'aîné  il 
faudrait  r  tirer  le  quart  des  compagnies  de  gendarmes 
qui  sont  en  ce  pays  et  que  l'entreprise  se  trouveroit  inutile 
sans  avoir  de  l'artillerie  preste,  qui  ne  peut  estre  amenée 


1561.  —  22  janvier. 

Copie.  Arch.  «lu  Ministère  des  affaires  étrangères  (Angiet.  reg.  \i\). 

Imprime*.  Belotiona  politiquss  <lc.  lu  Francs  et  «V  VËcostei 

Ti-uiet ,  t.  II ,  [i.  iô(). 

A  MM.  DES  TROIS  ESTATS 

DU  ROYAUME  D'ESCOSSE  '. 

Messieurs,  le  singulier  désir  que  leHoy  mon 
filz  a  de  veoir  durer  et  se  continuer  entre  ses 
deux  royaulmes  la  bonne  el  ancienne  amytié 
et  parfaicte  intelligence  qui  y  est  de  tout 
temps,  est  cause  qu'il  dépesche  par  delà  le 
s1'  de  L'isle2,  son  conseiller  et  maistre  des  re- 
questes  de  son  hostel,  pour  vous  faire  sur  ce 
entendre  son  intention,  lequel  j'ay  bien  voullu 
accompaigner  de  ceste  lettre  pour  vous  asseu- 
rer,  de  ma  part,  de  l'affection  grande  que  je 
y  ay  aussy,  et  que  le  plus  grand  plaisir  que  je 
sçaurroys  recepvoir,  c'est  de  veoir  que  la  dicte 
amytié  aille  se  fortifiant  et  augmentant,  à  quoy 
je  tiendray  toujours  la  main,  de  ma  part,  pour 
le  bien  commung  que  j'espère  en  sortira, 
ainsy  que  j'ay  donné  charge   au   dict  s'    de 

d'icy  qu'avec  un  certain  temps.»  11  est  d'avis  de  recouru 
à  la  ruse  plutôt  qu'à  la  force.  (Bilil.  nat.  fonds  frani 
n"  4635,  f"  ria-43.)  Dans  une  seconde  lettre  du  2J  jan- 
vier, Tavannes  écrit  à  la  Reine  qu'il  fera  reconnaître 
encore  ladite  maison,  et,  si  elle  peut  être  forcée  il  le  fera 
entreprendre.  L'entreprise  ne  sera  point  découverte  à  la 
Ricliardie,  ainsi  qu'elle  le  prescrit,  et  il  ajoute  :  rj'ai 
entendu  que  celluy  dont  est  question  se  fie  que  sv  l'on  fait 
entreprise  forte  contre  luy,  il  en  doit  estre  adverly  de  la 
court,  et  sy  on  l'a  fait  foible,  il  est  en  estât  de  se  (juar- 
der.n  (Ibid.) 

1  Marie  Stuart  de  son  côté  avait  écrit  aux  Etals  d'É- 
cosse,  le  12  janvier  précédent;  et  leur  parlant  en  termi 
très-élogieux  de  Catherine  et  de  Charles  IX,  elle  leur 
avait  annoncé  la  mission  de  Gilles  de  Noailles.  —  Voy. 
Labanoff,  Lettres  de  Marie  Stuart,  t.  1,  p.  80  et  suiv. 
(d'après  une  copie  des  Archives  du  ministère  des  affaii  1 
étrangères,  t.  XIX,  p.  3g6). 

5  Voy.  les  instructions  données  à  Gilles  de  Noadles 
allant  en  Angleterre.  (Arch.  du  ministère  des  affaires 
étrangères,  t.  XIX,  p.  396.) 


IL- 


LETTRES DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


L'isle  vous  dire  plus  amplement,  dont  je  vous 
prie  le  croire  lout  ainsy  que  vous  feriez  moy 
mesme.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir 
en  sa  sainte  garde. 

Escript  à  Orléans,  le  xxnc  jour  de  janvier 

i  56o  (1061). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  ai  janvier. 

^r  ig   Arrh.  des  MMieis  ,  dalla  filza  /1726  ,  nuova  numerazione  ,  p.  1A9. 

A  MON  COUSIN 

LE   DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  les  lettres  que  vous 
m'avez  escriptes  par  ce  gentilhomme  présent 
porteur,  et  entendu  tout  ce  que  vous  luy  aviez 
donné  charge  de  me  dire,  dont  je  me  sens 
grandement  obligée  à  vous,  cognoissant  de 
combien  vous  m'aymez  et  vous  portez  bien 
aigrement  les  afflictions  qui  me  sont  envoyées 
de  Dieu,  ainsy  qu'un  bon  parent  et  amy  doit 
faire;  desquelles  toutesfois  j'essaye  à  me  ré- 
souldre  plus  que  je  puis,  voiant  que  pour  la 
perte  que  j'ay  faicte  du  feu  Roy  Monsieur  et 
filz,j'en  ay  recouvert  ung  autre,  duquel  les 
commencemens  sont  si  bons,  que  je  n'en 
doibz  espérer,  sinon  toute  consolation  et  con- 
tantement  à  l'advenir,  et  si  son  jeune  aage  ne 
permect  pour  le  présent  de  recognoistre  ses 
meilleurs  et  affectionnez  amys,  du  nombre 
des  quelz  je  vous>  tiens  et  estime,  je  vous  puis 
asseurer,  mon  cousin,  que  je  luy  sçauray  bien 
imprimer  et  faire  entendre  avec  le  temps.  Ce- 
pendant je  ne  manqueray  aucunement  à  leur 
respondre  de  tous  les  devoirs  d'amityé,  dont 
je  me  pourray  adviser,  et.  quant  à  vous,  mon 
cousin,  je  suis  si  asseurée  de  la  bonne  vo- 
lunlé  que  vous  me  portez,  que  je  me  ferois 
torl ,  si  je  ne  m'en  sçavois  revencher  à  toutes 
occasions  où  vous  nie  vouldrez  employer, 


ainsi  que  plus  particulièrement  j'ay  donné 
charge  à  ce  dict  porteur  vous  dire  de  ma  pari , 
lequel  je  vous  prie  croire  comme  moy  mesmes. 
Et  sur  ce  je  prie  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous 
ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Orléans,  ce  xxiiii"  jour  de  janvier 
i56o  (  1 56 1  ). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1561.  —  Fin  janvier.  ) 
Au!.  Arch.  nat.  coilect.  Simancos,  K,  1&9&,  n"  il. 

A  M.  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils,  j'é  reseu  la  lelre  '  que 
m'avés  ayscripte  par  don  Jouan2  et  entendeu 
par  luy  tous  set  que  luy  avyés  comendé  de  me 
dire,  dont  ne  puys  asés  vous  mersier  des  au- 
nesles  aufres  que  m'a  fayst  de  vostre  part  et 
luy  ayent  prié  de  vous  dire  cornent  je  m'an 
sant  teneue  et  aublygée  el  ausi  mon  ynlantyon 
tent  enver  Dyeu  que  enver  vostre  Majesté,  sy 
au  long,  et  de  la  pouyne  que  je  vos  prendre, 
tent  pour  la  nuryture  du  Roy  vostre  frère, 
que  pour  louttes  les  afayres  de  set  royaume, 
je  ne  vous  en  fayré  redyste,  m'aseurent  que  sa 

1  Voici  la  lettre  de  Philippe  II  (traduite  de  l'espa- 
gnol) :  «Votre  Majesté  aura  appris  de  don  Juan  Man- 
rique,  par  la  relation  que  je  lui  ai  fait  envoyer,  l'indispo- 
sition de  la  Reine,  et  l'état  où  elle  se  trouvait.  Depuis  lors 
le  mieux  a  continué,  et  hier  soir,  à  mon  retour,  je  la 
laissai  sans  fièvre;  la  petite  vérole  est  séchée  et  tombe. 
Elle  est  dans  un  état  si  satisfaisant  que  j'espère,  Dieu  ai- 
dant, que  bientôt  elle  sera  tout  à  fait  guérie.  J'en  ai 
rendu  de  grandes  grâces  à  Dieu,  et  j'ai  voulu  donner  cette 
bonne  nouvelle  à  Votre  Majesté  pour  la  tirer  de  l'inquié- 
tude qu'elle  a  dû  en  avoir  avec  juste  raison.  Elle  appren- 
dra d'autres  détails  de  don  Juan  Manrique,  ainsi  que  le 
désir  que  j'ai  de  savoir  des  nouvelles  de  sa  royale  per- 
sonne, que  Noire-Seigneur  veuille  garder  comme  je  dé- 
sire. De  Tolède,  le  xn"  de  janvier  l56i.n  (Archives  nal. 
k,  i'm/i,  B,  ia.) 

2  Don  Juan  Manrique  de  Lara  ,  cité  plus  haut. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1tt7 


seufisanse  ay  tyeule  qui  vous  sert?  rendre  bon 
conte  de  toutles  le  chauses  qu'il  a  veu  el  en- 
tendeues,  qui  seré  cause  de  vous  suplyer  sou- 
lement  l'en  volouyr  croyre  de  (set)  qui  vous 
dyré  de  ma  part  et  vous  aseurer  que  la  plulx 
grande  consolatyon  que  je  puyse  avoyr  ayst 
d'entendre  que  ayé  byen  la  conésanse  de 
l'amour  que  vous  porte  selle  quy  vous  demeu- 
loulte  sa  vye 

Vostre  bonne  et  afectyoné  mère  et  seur, 

Caterine. 


(1561.  —  Commencement  de  février.) 
Aiit.  Arcli.  nal.  collect.  Simancas,  K,  îfigi ,  n"  18. 

\  M.  MOIN  FILS  LE  ROY  CATOLYQl  E. 

Monsieur  mon  fils,  je  vyens  tout  asteure  de 
resevoyr  la  letre  que  m'escrivés,  par  laquelc 
m'aseurés  de  la  entyère  guérison  de  la  Royne 
ma  fille,  de  quoy  j'é  reseu  tel  ayse  et  conten- 
tement cornent  voos  pouré  dire  don  Jouan 
Manque,  que  ne  m'ay  seu  guarder  de  yn- 
contynent  vous  fayre  set  mot  pour  vous  en 
remersier  le  plulx  afayeteueusement  que  je 
puis  et  m'en  réjouyr  aveque  V.  M.,  pour  l'es- 
pérense  que  je  ay  que  say  é  seré  cause  de  nous 
inlvneuer  touttes  lé  vostre  en  l'amylyé  en 
quoy  nous  somes,  qui  me  la  fayst,  aullre  qu'el 
est  ma  fille,  la  luy  désirer,  plulx  longue  que 
in-  l'ont  lieue  ses  prédéseseur;  et  pour  se  que 
le  disl  don  Jouan  m'a  l'est  entendre  l'aime 
que  avés  de  savoyr  byen  au  long-  de  nous  no- 
\  elles  el  en  l'état  en  quoy  sont  touttes  cliauses 
ysi,  encore  que  je  luy  en  naye  dyst  byen  au 
long,  si  n'é-je  voleu  léser  d'en  ayscripre  à  mon- 
sieur de  Lymoge  byen  empleinent,  afin  de  le 
vous  fayre  entendre  en  natendent  que  luy 
mesmes  souyt  de  retour  dever  Vostre  Ma- 
jesté, pour  vous  dyre  tout  set  que  je  luy  ay 
prié  vous  conter  de  ma  part,  et  me  remetent 
à  set  que  l'embasadeur  vous  dyré,  je  fayré  fin 


à  la  présante,  après  vous  avoyr  suplyé  de 
en>\  re  que  D'é  chause  plulx  à  cour,  ne  que  dély- 
lière  plulx  de  meynlenir  que  la  relygion  co- 
rnent ayl  a  aysté  jonques  ysi;  à  quoy  j'espère 
que  Dyeu  m'ayderé  el  me  fayré  la  grase  «le 
m'y  conduyre  selon  sa  volante  el  alla  satysfa- 
sion  de  vous  el  tous  les  prinse  crétyens,  mim 
sella  qui  volt  ayslre  loutte  sa  vye  très  cratyeni 
et 

\oslre  bonne  mère  el  seur, 

duiililM'. 


1561.  —  3  février. 
Orig.  Bihl.  uat.  fonds  Moreau,  n°  83s  ,  f"  ia8. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENASS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A   DIJON. 

.Messieurs,  vous  entenderéz  du  sr  de  Vinte- 
mille  présent  porteur,  à  quoy  il  tient  que  vous 
ne  soyez  satisffaietz  de  ce  qui  vous  est  den  el 
qu'elle  est  la  volunté  du  Roy  monsieur  mon 
filz  et  la  mienne  en  cest  endroicl,  dont  je  vous 
promestz  que  je  ne  laisseray  perdre  l'occasion, 
veoyant  la  comodité  meilleure,  comme  je  I  a\ 
dict  à  ce  dict  porteur,  sur  lequel  me  remec- 
tant,  je  prieray  Dieu  vous  donner  ce  que  dé- 
sirez. 

Escript  à  Orléans,  le  incjour  de  février  i  56o 

(i56i). 

Caterine. 

De  l'Aubespine. 


1561.  —  8  février. 

Orig.  Bibl.  nal,  foiuls  français  ,  n°  4632  ,  f  85. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANINËS, 

CHEVALlEIt    DE   I.>0KDI1B   ET    LIEUTENANT   CENBIIAI.    DU  HOT   UONSIEUII    Mw       il,' 
AU   GOUVERNEMENT    DE  1101J1COCNE. 

Monsieur  de  Tavanes,  j'ay  receu  vostre  lettre 
par  ce  gentilhomme  présent  porteur,  et  de 
luy  entendu  ce  que  vous  avez  voullu  essaier 


168 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


eu  l'affaire  dont  je  vous  avois  escript1,  dont  je 
vous  prie  ne  vous  lasser,  et  en  une  sorte  ou 
aultre  regarder  tous  inoiens  et  dextrement 
tost  ou  tard  d'en  venir  à  bout,  estant  asseuré 
que  jamaiz  vous  ne  ferez  service  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  et  à  moy  plus  agréable,  ainsi 
que  je  l'ay  dit  au  dict  gentilhomme.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Tavanes,  vous  donner  ce 
que  désirez. 

Ce  Fontainebleau,  le  vin0  jour  de  février 
1  56o  (1 56 1). 


Caterine. 


De  l'Acbespine. 


1561.  —  ii  février. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  voî.  8a  ,  f°  63  v°. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  entendrez  du  sieur  de  Vil- 
leunes2  présent  porteur  quelle  est  l'intention 
du  Roy  monsieur  mon  filz  sur  l'exécution  des 
lettres  qu'il  vous  escrivit  d'Orléans,  laquelle 
je  vous  prie  suivre  et  cesser  toute  difficulté, 
qui  est  le  plus  agréable  service  que  vous  lui 
sçauriez  faire,  ainsy  que  j'ay  donné  charge  au 
dict  porteur  vous  dire  encores  de  ma  part, 
dont  je  vous  prie  le  croire.  Priant  Dieu,  Mes- 
sieurs, vous  donner  ce  que  désirez  3. 

De  Fontainebleau,  le  quatorziesme  jour  de 
febvrier  mil  cinq  cens  soixante  (i  56 1). 

Caterine. 
De  l'Acbespine. 


1   Elle  fait  allusion  à  la  prise  des  Malligny. 

-  Jacques  Bourdin,  sieur  de  Villaines,  secrétaire  d'E- 
tat, mort  en  1567;  il  avait  épousé  Marie  Bochetel. 

3  Le  parlement  faisait  quelque  difficulté  de  vérifier  et 
enregistrer  les  lettres  patentes  données  à  Orléans,  ordon- 
nanl  de  faire  ouvrir  les  prisons  à  ceux  qui  étaient  déte- 
nus pour  le  fait  de  la  religion,  et  de  cesser  les  poursuites 

c  i.iuiinMii  ■■<-.  .'Ollll'i;  eux. 


1561.  —  i5  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonils  Moreau,  u"  83a  ,  fû  i3o. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

tenans  la  court  de  parlement  A  DIJON. 

Messieurs,  les  lettres  que  vous  avez  der- 
nièrement receues  du  Roy  monsieur  mon  filz 
et  ce  que  présentement  je  vous  escript  vous 
tiendront  advertiz  de  ce  que  aurez  à  faire  es 
choses  qui  s'offriront  pour  le  faict  de  la  reli- 
gion, où  le  plus  grant  désir  que  nous  ayons 
est  que  le  tout  passe  en  tranquillité  et  sans 
aucun  Irouble,  s'il  est  possible;  à  quoy  vous 
ne  lui  sçaurez  faire  service  plus  agréable  que 
d'y  tenir  la  main,  en  manière  que  son  inten- 
tion soyt  suivie  en  cest  endroict;  priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  tenir  en  sa  garde. 

D'Orléans,  le  xvc  jour  de  febvrier  i56o 
(i56i). 


Caterine. 


De  l'Aubespine. 


1561.  —  i5  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°   463a,  C  88. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DU   ROï  MONSIEUR  MON  FILZ 
RT   SOS    LIEUTENANT    GENERAL   AU   GOUVERNEMENT   DE    EOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavanes,  par  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  présentement1 
et  les  lettres  que  vous  avez  cy-devant  eues  de 
luy,  vous  sçaurez  comme  vous  aurez  à  vous 
conduyre  es  choses  qui  s'offriront  pour  le  faict 
de  la  religion,  ce  que  je  vous  prie  suyvre  et  y 
usez  de  telle  dextérité  que  les  choses  passent, 
s'il  est  possible,  sans  bruit  ne  tumulte. 

Au  demourant,  quant  à  ce  qui   vous  est 

1  Yoy.  Lettre  de  Charles  IX  à  M.  de  Tavannes,  en 
date  du  1 5  février  1 56 1 .  (  Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  463a , 
T  19.)  Il  s'agissait  d'une  assemblée  tenue  à  Beaune  et  des 
mesures  prises,  à  cet  effet,  par  le  parlement  de  Dijon. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED  ICI  S. 


L69 


lieu,  il  me  desplaist  trop  qu'il  faille  que  la 
nécessité,  dont  nous  sommes  assailliz,  me 
contraigne  vous  escrire  el  prier  d'avoir  ung 
peu  de  patience,  espéranl  que  le  temps  me 
donnera  aultanl  de  moyen  de  vous  conlanter 
que  j'en  aj  de  volunté,  sçachant,  comme  je 
faiz,  ce  que  vous  méritez,  el  combien  il  esl 
raisonnable.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Ta- 
vanes,  vous  donner  ce  que  desirez. 

De  Fontainebleau,  le  ive  jour  de  février 
1Ô60  (1  5Ci). 


Escripl  ;'i  Fontainebleau,  le  win""'  jour  rie 

fév rier  i  56o  (i  .')Gi). 

Catbrink. 

RoBERTET. 


Caterine. 


De  l'Aubespine. 


1 56 1 .  —  18  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3179.  f°  68. 

A  MONSIEUR  DHUMYÈRES. 

Mous'  d'Humières1,  pour  ce  que  je  désire 
présentement  de  recouvrer  quelque  quantité 
de  cynes  et  que  je  sçay  que  es  environs  de 
Peronne  il  y  en  a  ordinairement  grande  quan- 
tité; à  ceste  cause  je  me  suis  advisé  de  vous 
<  scripre  ceste  lectre  pour  vous  prier  de  regar- 
der à  m'en  recouvrer  jusques  à  une  vingtaine, 
dont  il  y  en  ait  douze  jeunes  de  ceste  année 
el  Imict  grandz,  lesquelz  estans  par  vous  re- 
couvertz,  vous  me  ferez  bien  fort  grand  plai- 
sir de  les  m'envoier  incontinent  eu  ce  lieu  où 
je  me  délibère  de  les  mectre  et  y  en  tenir 
ung  bon  nombre;  el  pour  ce  que  je  m'asseure 
que  vous  vous  y  emploierez  de  tout  voslre 
pouvoir,  je  ne  vous  feray  plus  longue  lectre, 
priant  Dieu,  monsieur  d'Humières,  qu'il  vous 
ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

1  Jacques,  sire  d'Humières, marquis  d'Encre,  seiijn  ur 
de  Roquencourt,  de  Mouchj  :  il  fut  fait  conseiller  el  cham- 
bellan ordinaire  du  roi  en  iôôij,  et  rjouverneur  de  Pe- 
ronne le   iô   décembre   1ÔG0.  Il  mourut  en   1 570. 
Voy.    V  FU  xniis  François  Il .  p.  3  1  5. 

Catherine  df.  Médiris.  —  1. 


1561.  —  1  s  (é\ 
•  \vcb.       Mi  dèue. 

A  MON  COI  SIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  le  sieur  Guydo  Bentivoglio, 
gentilhomme  de  la  chambre  du  Roy  monsieur 

mon  filz,  m'a  faict  entendre  ce  que  vous  lu\ 
avez  donné  charge  de  me  dire  de  votre  part. 
oultre  la  lettre  que  vous  m'avez  par  lu\  es- 
cripte  sur  la  disgrâce  et  inconvénient  advenu 
par  le  décès  du  feu  Roy  monsieur  mon  filz, 
vous  consolant  néautmoing  de  lui  veoir  un  suc- 
cesseur de  telle  et  si  boune  espérance  que  le 
Roy  qui  est  à  présent  mon  seigneur  et  lilz. 
que,  je  vous  asseure,  ne  vous  porte  moindre 
amvlié  et  bonne  volunté  que  ont  faict  les  sieurs 
roys  ses  prédécesseurs.  Vous  priant  croire  que 
je  liendray  tousiours  la  main  envers  luj  à  ce 
quelle  ne  puisse  jamais  diminuer,  mais  plus 
lost  augmenter  en  votre  endroit,  pour  les  bon- 
offices  et  démonstrations  d'affection  dont  vous 
avez  tousiours  usé  envers  ceste  couronne.  En 
quoy  je  vous  prie  bien  fort  continuer  et  croire 
que.  en  tous  les  lieux  et  endroitz  où  j'aurav 
moyen  de  faire  pour  vous,  je  m'v  employera) 
Imisjours  de  bien  bon  cueur,  ainsi  que  j'aj 
dict  à  celluy  sieur  Guydo  pour  vous  faire  en- 
tendre de  ma  pari ,  auquel  vous  adjousterez 
telle  l'ov  et  créance  que  vous  vouldriez  faire 
à  moy-mesme.  Et  je  supplieray  le  Créateur 
vous  donner,  mon  cousin,  ce  que  désirez. 

Escripl   à  Fontainebleau,  le  xviir7  jour  de 
lévrier  1  56o  (1  061  ). 

\  oslre  bonne  cousine, 

Caterive. 


170 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


I  561 .  —  ao  février. 
Orig.  Record  office,  State  papers,  France,  vol.  ao. 

V  LA  REINE  D'ANGLETERRE. 

Très-haulte  et  très -excellente  princesse 
nostre  très-chère  et  très-amée  bonne  seur 
et  cousine,  salut:  du  conte  de  Betford1,  con- 
seiller en  vostre  conseil  privé  présent  por- 
teur, nous  avons  receu  vostre  lectre  et  en- 
tendu tant  et  de  si  bons  honnestes  propos 
de  vostre  part  touchant  le  désir  que  vous 
avez  à  la  continuation  et  augmentation  de 
l'amitié  et  alliance,  qui  est  de  tout  temps 
entre  ceste  couronne  et  la  vostre,  que  nous 
en  avons  un  singulier  contentement,  vous  as- 
seurant  que  c'est  une  des  choses  de  ce  monde 
que  plus  nous  désirons  et  à  quoy  vous  co- 
gnoislrez  par  les  effects  que  nous  emploie- 
rons tous  les  bons  offices  y  convenables,  dont 
nous  vous  prions  estre  certaine  et  que  vous 
recepvrez  ceste  correspondance  de  nostre  af- 
fection en  cest  endroict  que  vous  en  aurez 
parfaicle  satisfaction,  comme  plus  long  l'avons 
dict  au  dicl  conte ,  auquel  nous  nous  remec- 
lons  et  au  surplus  que  sur  ce  vous  pourrions 
escripre,  priant  Dieu,  très-haulte  et  très- 
excellente  princesse,  nostre  très-chère  et  très- 
amée  bonne  seur  et  cousine,  vous  avoir  en  sa 
très-saincte  et  digne  garde. 

Escripl  à  Fontainebleau,  le  xxe  jour  de  fé- 
vrier 1 5Go  (  1 56 1  ). 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

1  Francis  Russel,  comte  de  Bedlord.  —  Voy.  Lettre 
de  lui  à  Tlirockniorton  (tG  mars  i56i),  Kalendar  of 
State  papers  (iô0i-iô6a),  p.  23;  Frottde,  llistory  of 
England,  I.  11,  p.  817,  319  et  3aa.  On  y  trouvera  quel- 
ques détails  sur  la  mission  du  comte  de  Bedford  en 
France. 


1561 .  —  sa  février. 

1  opie.  Bibl.  nat.  Parlement ,  vol.  8a  ,  (•  68. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT   DE  PARLEMENT   A  PARIS. 

Messieurs,  vous  sçaurez  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  fdz  sur  les  affaires  pour  les- 
quels ses  advocat  et  procureur  généraux  sont 
venus  icy,  et  par  les  lettres  qu'il  vous  escrit 
entendrez  combien  il  luy  deplaist,  ainsy  qu'il 
faict  à  moy,  que  vous  ne  puissiez  eslre  si 
promptement  payez  de  ce  qui  vous  est  deub 
du  passé,  ainsy  que  nous  le  désirons;  à  quo\ 
je  vous  prie  estre  certains  qu'il  sera  pourveu 
le  plutosl  et  le  mieux  qu'il  sera  possible;  re- 
mettant le  surplus  sur  eulx,  je  ne  vous  l'eray 
plus  longue  lettre,  priant  Dieu,  messieurs, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  vingt  deuxiesme  jour 
de  febvrier  fan  mil  cinq  cens  soixante  (i56i). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  a  5  février. 
Copie.  Bibl.  nat.  collecl.  Périgoril ,  vol.  6 ,  f°  8. 

A  MONSIEIR  DE  CAUMONT1. 

Monsieur  de  Caumont,  vous  entendrez  de 
ce  gentilhomme  présent  porteur  l'occasion 
pourquoy  le  Roy  monsieur  mon  filz  envoie 
devers  vous,  à  qui  j'ay  commandé  dire  aussy 
de  ma  part  aulcuues  choses  dont  je  vous  prie 
le  croire  tout  ainsi  que  vous  feriez  moi-mesme , 
priant  Dieu,  monsieur  de  Caumont,  vous 
donner  ce  que  vous  désirez. 

'  François  Nompar  de  Caumont,  vicomte  de  Lauzun, 
né  en  l5a6,  massacré  à  la  Saint-Barthélémy,  en  août 
1573.  —  Voy.  Commentaires  de  Montuc,  édil.  de  Nubie, 
t.  Il,  p.  386  et  '11 3. 


—  _ 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 
De  Fontainebleau,  le  xw"  jour  de  février 

Caterine. 


171 


i56o  (i56i). 
De  i.  Vubespine. 


1561.  —  Mars. 

.Minuit'.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1587a,  f°  i53. 

\  MONSIEI  R  DE  LIMOGES. 

Monsieur  île  Lymoges,  vous  verrez  par  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous  es- 
cripl  les  termes  en  quoy  nous  en  sommes  et 
la  |n\  oe  que  j'ay  à  paciffier  et  appaiser  la  di\  i 
-1011  qui  est  entre  ces  princes,  en  quoy  je  vous 
puys  asseurer  que  je  n'ay  peu  de  peyne  et  de 
travail,  tan.1  pour  le  mal  que  cela  peult  appor- 
ter au  bien  et  service  du  Roy  mon  filz,  que 
pour  l'amour  que  je  leur  porte ,  et  le  regret  que 
j'auroys  de  venir  qu'il  leur  advienne  inconvé- 
nient. .1  a\  lanl  faict  (pie  mon  frère,  le  roy  de 
Navarre,  et  messieurs  de  Guyse  sont  appoinc- 
tez  el  réconcilyez  el  se  sont  promis  amylié.  Et 
ne  reste  plus  que  d'en  faire  faire  aultant  à 
monsieur  le  Prince  qui  s'est  rendu,  ung  peu 
plus  difficille 1  ;  toutesfoys  j'espère  qu'il  selayrra 

luyre  à  la  raison;  il  est  après  à  se  purger 

el  justiffier  entièrement2.  En  quelques  jours 
nous  en  verrons  la  fin,  dont  je  vous  advertiray, 
comme  j'ay  bien  voulu  faire  de  tout  le  dessus, 
affin  que  vous  le  laciez  entendre  au  Roy  mon 
bon  filz.  Il  ne  me  reste  pas  grand  chose  à  vous 
dire,  sinon  que  je  vous  prie  ayder  et  guyder 

1  La  réconciliation  entre  Condé  et  le  duc  de  Guise 

1  lien  que  le  ai  août  îfilii. —  Voy.  les  Idditioni 
aux  Mémoires  de  Cattelnau,  par  Le  Laboureur,  t.  I,  p.  7  .'12  : 
île  Tliou  (édil.  de  Londres),  I.  IV,  p.  78;  Procès-verbal 
de  la  réconciliation  du  prince  de  Condé  et  du  duc  de 
(luise  (Arcb.nat.  collecl.  Simancas,  K,  1  '0/1,  B.  ta.) 

2  Les  lettres  d'abolition  sont  du  1 3  mars  i5fii  (i56o). 
—  Voy.  iddiliont  aux  Mémoires  de  Castehau,  par  Le  La- 
lioureur,  t.  1,  p.  70.3. 


n  cousin  le  comte  d'Eu  ', affin  qu'il  ne  face 

poinl  de  faulte  en  sa  négociation;  priant  Dieu  . 
monsieur  de  Limoges,  vous  tenir  en  sa  saiucle 
el  digue  garde.  De  Fontainebleau. 

[Au  dos.)  La  Royne  à  monsieur  de  Lymoges 
du jour  de  mars  i5(io  (i5(ii). 

1561.  —  7  mars. 
Orig.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert,  il'  390,  f°  >i'r 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

'  OKSEILLBB  DD  nOÏ  JIONSIECR  MON  T1U  ET  60iV  AMBASSADEOK 
PRÈS  L'BHPERBDft. 

Monsieur  de  Rennes,  j'ai  receu  voz  lettres 
du  \iv.  x\i  et  xxvhi"  janvyer  de  lotîtes  les- 
quelles je  ne  recueille  une  seulle  lumière  de 
ce  (pie  l'on  doibt  espérer  du  concilie,  y  mons- 
trant  l'Empereur  en  apparence  grande  affec- 
tiou,  maiz  peu  de  résolution,  ce  qu'il  faicl 
par  aventure  pour  beaucoup  de  respectz,  mai/ 
si  veoyons  nous  le  feu  si  allumé  qu'il  seroyl 
bien  raisonnable  que  chascun  courust  au  re- 
medde  el  que  l'on  considéras!  que  le  temps 
empire  grandement  le  marché,  dont  nous 
cryons,  il  y  a  longtemps,  comme  ceulx  qui  en 
sentent  le  mal,  et  craignons  pis.  Vous  sçaurez 
par  les  lettres  du  Roy  monsieur  mon  filz  la 
résolution  prinse  d'y  envoyer  el  verrez  que 
nous  taisons  comme  les  bien  fort  mallades  qui 
essayent  toutes  médecines  et  à  la  fin  sont  con- 
trainclz  de  venir  à  l'extrême  remedde,  comme 
il  nous  sera  force,  si  le  concilie  ne  va  connue 
il  doyt,  ce  qu'il  sera  très  à  propos  que  vous 
ne  vous  lassiez  de  faire  bien  entendre  à  l'Em- 

1  François  de  Clèves,  deuxième  du  nom,  fils  de  Fran- 
çois I**  de  Clèves;  il  allait  en  Espagne  pour  en  ramener 
sa  fiancée  Anne  de  Bourbon,  seconde  fille  de  Louis  de 
Bourbon ,  duc  de  Montpensier  et  de  Jacqueline  de  Longwi. 
—  Voy.  Négociations  sous  Fronçais  H,  p.  fiX.'J  et  suiv.  el 
dans  les  11"  20,7-298  du  fonds  français  la  quittance  de  l'ar- 
gentier du  Roi  pour  étoiles  d'or  et  d'argent  fournies  pour 
le  mariage  du  comte  d'Eu  qui  eut  lieu  en  septembre  1 56 1 . 


r 


Lt;  l'TRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


pereur  pour  le  mouvoir  à  se  resouldre  et  que 
la  chose  ne  demoure  plus  en  longueur;  dont 
touttefoys  je  uesçay  que  espérer  si  les  princes 
de  la  Germanye  ne  s'accomoddent  autrement 
que  de  ce  que  nous  entendons  du  recès  de 
l'assemblée  de  Nambour1,  par  où  je  suis  hors 
de  toute  espérances  que  les  catholicques  ne  les 
protestons  se  trouvent ,  dont  nous  actendons  des 
nouvelles  par  vostre  première  dépesche.  J'ay 
sceu  aussi  par  vos  dictes  lettres  tout  ce  qui 
s'offroyl  par  delà  et  comme  aucuns  des  pac- 
quetz  qui  vous  ont  esté  envoyez  ce  sont  trou- 
vez ouvertz,  qui  sont  choses  assez  fascheuses 
i'l  d'importance,  pour  à  quoy  obvier  je  trouve 
vostre  advis  très  bon  de  taire  prendre  le  che- 
min à  voz  pacquetz  par  Suisse,  dont  vous  ne 
laisserez  pas  d'envoyer  le  dupplicatta  par 
Flandres,  ayant  jà  escript  à  Coignet2  faire  sa- 
tisfaire aux  porteurs  d'iceulx,  qui  ne  sera 
pas  grande  despence,  puis  qu'il  n'est  question 
ijue  de  trovs  ou  quatre  escus  par  cbascun 
pacquet,  désirant  que  le  plus  souvent  que 
vous  pourrez  nous  en  ayons,, qui  est  le  plus 
grand  service  que  vous  nous  sçauriez  faire,  et 
d'estre  advertiz  de  tout  ce  qui  surviendra  de 
vostre  cousté,  vous  advisanl  que  j'ay  ordonné 
que  vostre  estât  et  voz  fraiz  soient  paiez.  sça- 
chant  que  vous  n'estes  pas  là  sans  eii  avoir 
bon  besoing.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Rennes, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  vnc  jour  de  mars  1  5(>o 
(.56i). 

1  Les  princes  allemands  de  la  Confession  d'Augsbourg 
s'étaient  rassemblés  à  iNanmbonrg  en  Saxe  te  an  janvier 
précédent.  Un  des  points  mis  en  délibération  était  de  dé- 
cider s'ils  enverraient  des  députés  an  concile  de  Trente. 
—  Voy.  de  Tboti .  t.  IV,  p.  1  1 1  et  suiv.;  Lettre  de  Mundt 
à  Ceci!  (Kalendar  qf State  vapers,  i56i-i56a,  p.  5). 

-  Mathieu  Coignet,  sieur  delà  Tliuillerie,  né  en  i535, 
mort  en  i  ~>St>;  il  lut  d'abord  pourvu  de  la  charge  de  pro- 
cureur généra)  du  parlement  de  Savoie,  puis  envoyé  en 
ambassade  en  Suisse. 


Puisque  noz  pacquets  sont  ainsi  ouvertz 
par  Flandres,  il  ne  sera  jà  de  besoing  d'avoyr 

un  dupplicatta  par  là. 

Catkrise. 
De  l'Albespine. 


1561 .  —  il  mars. 
Copie.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  .  i4o,& ,  n°  3/i. 

AU  SIEUR  DOLl    . 

MBASSADBUB  El  TUHQOIE. 

Dnlu,  vous  verrez  par  la  lettre  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  présentement'2 
l'office  et  instance  qu'il  désire  grandement 
que  vous  faciès  envers  le  Grand  Seigneur  pour 
obtenir  de  luy  qu'il  trouve  bon  que  l'on  traicte 
de  la  rançon  des  sieurs  Don  Alvaro  de  Sandy 
le  filz  du  vice-roy  de  Cecille  3,  Don  Sanche 
de  Léria,  ses  deux  filz,  Don  Rerenquier  de 
Requesens  4  et  les  aultres  qui  furent  amenez 
des  Gelbes5  l'année  passée  par  le  général 
de  l'armée  du  Grand  Seigneur,  lesquels  le  roy 
catholicque  des  Espaignes  mon  bon  filz  désire 
extrêmement  de  recouvrer;  au  moyen  de  quoy 
vou^    regarderez  d'user  en   cest  endroict  de 

1  Jean  Dolu,  valet  de  chambre  île  François  I",  envoyé 
auprès  de  Soliman  11,  mort  de  la  peste  à  Constantinople 
en  juillet  [56i.  —  Voy.  Charrière,  Négociation»  dans  le 
Levant,  t.  Il,  p.  66i. 

'  La  lettre  de  Charles  IX  se  trouve  dans  le  même  car- 
ton. 

3  Alvaro  de  Sande,  illustre  parle  BÎége  qu'il  soutint 
en  1  ôfio  contre  Dragul ,  dans  le  château  de  l'ile  de  Zerbi , 
près  de  Tripoli  de  Barbarie:  il  y  fut  fait  prisonnier  dans 
une  sortie;  Charles  IX  envoya  le  chevalier  François  de 
Salviati,  parent  de  Catherine,  à  Constantinople  pour  de- 
mander sa  liberté-  plus  tard  il  devint  vice-roi  d'Oran. — 
Vov.  de  Thou,  livie  \u  :  Brantôme,  édit  de  L.  La- 
lanne,  1. 1,  p.  827,  et  la  note  p.  3<p  •  :  Mission  du  chevalier 
Salviati  (Bibl.  nat.  fonds  liane.  n°3l8g,  P  3'i). 

'  Également  pris  au  siège  de  Zerbi,  remis  en  liberté 
le  10  aoùl  1  56a. 

5  Voy.  Brantôme,  édil.  de  L.  Lalanne,  t.  I,  p.  837. 


toute  la  dextérité  et  diligence donl  vous  | rez 

adviser  pour  parvenir  à  ceste  composition;  car 
pour  ceste  heure  ne  sçauriez-vous  là\  re  au  dicl 
sieur  Roj  mon  Glz  et  à  mov  plus  grand  ne 
plus  aggréable  ser\  ice  que  eeslm  là .  cl  dont  cl 
ni'  ce  que  en  succédera  vous  no  faudrez  de 
nous  advertir,  atin  que  nous  le  puissions  faire 
menderau  dicl  sieur  Roy  catholicque  mou  bon 
lilz;  priant  Dieu,  Dolu,  qu'il  vous  ayl  en  sa 
saincte  cl  digne  garde. 

Escripl  à  Fontainebleau,  lexi"  jour  de  mars 

i56o  (i5Gi  ). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  173 

lilz  la  noslre  très  affectionnée  en  cest  endroit, 
en  quiiv  il  m  m  s  plaira  croire  le  sieur  Dollu  tout 


Caterine. 


RoBERTET. 


I  561 .  —  11  mars. 
Copie.  \iili.  nat.  follecl.  Simancas,  K,  î&gfl,  n°  5a. 

AU  GRAND  SEIGNEl  R. 

Très  liaull.  très  excellent,  très  puissant, 
très  magnanime  et  invincible  prince,  le  grand 
Empereur  des  montz,  surnommé  sultan  Soli- 
man Sarch1,en  qui  tout  honneur  et  vertu  ha- 
bonde,  nostre  très  cherel  parfaict  amy,  Dieu 
veille  augmenter  voslre  grandeur  et  haultesse 
avec  lin  très  heureuse.  Nous  avons  bien  voullu 
accompaigner  de  la  présente  celle  que  le  Roy2, 
nostre  très  cher  seigneur  et  lilz,  escripl.  présen- 
tement à  vostre  haultesse  sur  le  désir  el  affec- 
tion que  luy  el  nous  semblablement  avons  d'ob- 
tenir de  vous  certaine  grâce3  dont  le  sieur 
Dollu  de  sa  chambre  el  son  agent  à  vostre 
Porte  a  charge  vous  faire  instance,  adjoustanl 
à  la  prière  et  requeste  du  dicl  sieur  lii>\  noslre 

'  Soliman  II.  Gla  unique  de  Sélim.  el  qui  lui  succéda 
n  i5ao,  mort  le  à  septembre  1 566. 

lire  de  Charles  IX  se  Iroine  dans  le  même 
•  arien  et  donne  les  noms  îles  prisonniers  dont  il  demande 
la  libei  lé. 

I.a  délivrance  des  prisonniers  espagnols  pris  dans 
Pile  de  Zerbi.  —  Voy.  Gharrière,  Négociations  dans  le 
Levant,  1.  II .  p.  675. 


ainsi  que  vous  vouldrez  faire  noslre  personne; 

ei  nous  supplions  le  Créateur,  liés  hault,  1res 

excellent,   1res  puissant,  1res  magnanime  el 

invincible    prince,     le    granl     Empereur    des 

montz,   surnommé    sultan    Soliman    Sarch, 

noslre  très  cher  el  parfaict  amy,  qu'il  \ous  ayl 

en  sa  1res  saincle  et  digne  garde. 

Escripl  à  Fontainebleau,  le  u"  jour  de  mars 

i56o  (  1 56 1  ). 

Vostre  bonne  et  parfaicte  amye, 

Caterine. 
Rorertet. 


1561 .  —  (11   mais.  ! 
Minuit?.  Bibl.  nat.  Cinq  cuis  Colbert,   (<>!.   27,  f"3i2. 

A  MONSIEUR  D  ESTAMPES1. 

Mon  cousin,  saichanl  qué"vous  estes  main- 
tenant sur  la  conclusion  des  Eslals,  où  je  ne 
double  point  que  n'ayez  beaucoup  d'affayres  a 
conduire  les  choses  selon  ce  que  vous  sçavez 
qu'il  est besoing pour l'establissement  démon 
aulborité  el  pareillement  à  empescher  les  pra- 
tiques e|  menées  qui  se  peuvent  faire  au 
contraire,  je  vous  veulx  bien  advertir  de  ce  qui 
esl  survenu  à  Paris,  aussi  est  ce  qu'à  rassem- 
blée qui  c'est  tenue  tant  du  tiers  Estai  que  de 
la  noblesse2,  où  ilz  intervinrent  quatre  ou  cinq 
qui  n'en  nont  guères  cl  ilz  désavouèrent  toul 
ce  qui  a  esté  faict  à  Orléans,  comme  n'ayanl 
ceulxqui  Toul  accordé  aucun  pouvoir;  el  de  là 
soûl  venus  ii  eslire  un;;  gouverneurdu  royaulme 

'  Jean  de  lîrosses,  qui  devinl  duc  d'Étampes  el  gouver- 
neur de  Bretagne,  la1  n°  îês-à  du  fonds  français  ren 
N  11  n     un  ;; ia iid  nombre  de  ses  lettres.  —  Voy.  p.  ! j  .  160, 
495  et  3i8. 

Voyez,  pour  ce  qui  se  passa  à  celte  assemblée 
de  Paris,  de  Thon  (édition  de  1744),  t.  IV,  p.  53 
et  54. 


1  561 .  —  i  i  mars. 

I  op  l       \  i  .li     m',  colle'  t.  Niin.im.i-.   k      i  '.  ,'i  \t 


LETTRES  DE  C  VIII  ERINE  DE  MEDICIS. 

mi  esl  le  vo)  de  Navarre1  et,  s'il  ne  le  veull  cousin,  vous   avoir  en    sa   saincte    el    digne 

accenler.  son  frère;  m'onl  dépossédée  du  gou-  guafde. 

vernement,  me  laissanl  la  simple  charge  de  la  De  Fontainebleau,  le.  .    .  .   jour  de  mars 

nourriture  de  mes  enfans;  de  là  sonl  venus  à  l56o  (i56i). 

Pstablir  un;;  conseils  où  ils  mectenl  je  ne  sçaj  fAn  dog^    \   \y  d'Kstauipes  le mars 

combien  de  genlilshommes  privés  qui   n'oul  i56o. 

m  expérience  ni  jamais  eu  maniement  d'af- 

fayres,  et  déposenl  tous  1rs  anciens  serviteurs 

du  lio\  monseigneur.  \  uns  pouvez  penser,  mon 

cousin,  m  quo\  cela  tend  el  quelle  honte  et 

déshonneur  ce  m'est  fait   avoir  «le  tue  venir  !                        *   RUSTAN  BASSA. 

prive'e  et  dépossédée  de  ce  qui  m'a  esté  ac-  Illustre   Seigneur,  sur  l'occasion   pour  la- 

cordé.    que    tous    1rs    Princes    ont    consenti  quelle  le  Roy  mon  très-cher  Seigneur  et  filz 

"i  que  je  pense  justement  m'aystre  conceddé,  raict  présentemenl  ceste  dépesche  au   Grand 

chose  que  je  me  délibère  avant  que  endurer  Seigneur,  nous  avons  bien  voullu   particuliè- 

;,,,    moins   pauvreté   plustosl    qu'ilz    m'ostenl  remen|   donner  charge  expresse  au  s"  Dollu 

avec  l'honneur  la  vie;  et   pour  ce  que  je  ne  (|(.  ,;1  ,.|i.iml>re  du   dicl  seigneur  R05  nostre 

veulx  croyre  que  en   tous  les  endroitz  de  ce  |ii/r  (||  M1||  (|,,(l|||  à  );i  |H11.|,,  ,],,  sa  Haultessc 

royaume  la  brigue  soit  si  forte  pour  le  partyde        voug  fa;re  (, ndre  |(.  sïr»gUHer  désir  el  affec- 

■ei.K  qui  me  veullenl  ouvre  qu'elle  a  esté  en  [ion  ((U(,  nous  ,|V0|)S  a  ,,,  ,]ll(,  i(.(,]|,u  Dollu  a 

e  petit  nombre  de  popuiasse,je  ne veulx  a  , , ., ( ,, , : ,-; t   de  nostre  [>art  à  sa  Haultesse;  en 

encore  promettre  tant  de  mal  de  Ions  endroitz  ^^  n()||S  prions  aujtan)  affectueusement  que 

comme  de  Paris  j'en  endure.  Affin  d'y  reine-  faire  |lllinous  estre  ,.,,  ceS|  endroict  aydanl  el 

,i  ceste  lettre  vous  (parvient)  à  temps,  je  ravorajjie  e|   croyre    le  dicl  s'   Dollu   de   ce 

us  prie,  mon  cousin,  sur  tout  ce  que  vous  (|u-||  uu|S  dira  (a  dessus  de  par  nous,  comme 


etistes  jamays  faict  pour  moi  el  vous  adjure  vouldriez  fayre  nous-mesmes,  el  nous  sup 

par  l'amitié  que  nous  sçavez  que  je  vous  porte  rons  (e  Créateur,  illustre  Seig ir,  qu'il  vous 

H   l'affection  et  dévotion  que  vous  axez  h, us-  ^  ej)  ga  saj||(i(o  e|  (li,;|||,  ,;.(|.(h) 

tanl  tesmoignée  à  moy,  faire  preu\e  de  "  Escripl    à   Fontainebleau,   le    xi'  jour   di 

la  lîdellilé  que  vus  me  portez  en  empeschanl  ,H,||N  ,  -i(m1  ( ,  -, (;  {\ 

diminution    d'aulhorité    el    coufirmanl  Caterink. 

celle  qui  m'a  eslé  accordée  el  ratifliée  à  Or-    '  Robertet. 
léans;  en  quo\  y  vous  prie  ne  rien  obmettre 

ei  ne  faillir  à  me  donner  incontinent  advis  de  1561.  —  (i3  mai-.  1 

ce    que    VOUS    aurez    laid    el    qui    en    sera    Mie-  Minute.  Bibl.  nat.  I Is  français,  n*  i58?i     1'    i5; 

eédé  par  l'homme  que  envoyrez    exprès,   el  ^  MONSIEUR  LE  PRINCE  DÉYOLl'. 
esclaircir    si  l'on    u'\    aura   poinl    envoyé  de 

mémoyres,  comme  l'on  a   laid  parloul   pour  Mons'    le    prime,   je    n'aj    voullu    laisseï 
conduire  ceste  praticque.  Prianl   Dieu,  mou    I    partir  mon  cousin   le  comte  d'Eu  2,  sans  l'a- 

im    Lettres  du  i"i  de  Navarre  ri  du  chancelii  r  de  'Ru;  Goraez  de  Sylva,  cité  plus  haut. 

l'Hospital.  (Ilil.l.  11  il    fonds  franc,  n°  ■■:■-:>■,.)  -  Cit.'  plus  haut. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


17c 


coinpagner  de  ce  mot,  pour  vous  remercier 
de  tant  de  lions  offices  i|iie  vous  faicles  tous 
les  jours  pour  la  Royne  ma  fille,  et  de  la 
démonstration  que  vous  faicles  ''ii  loul  ce 
i|ui  me  louche  de  la  bonne  volunté  que  me 
portez,  qui  ne  m'est  chose  nouvelle,  car 
vous  m'en  avez  tant  donné  de  tesmoignage 
que  je  in'  sçauroys  jamays  doubler.  Je  vous 
prie  doncques  continuer  et  vous  asseurer  que 
ceste  noslre  volunté  sera  de  s'en  recognoislre 
en  loul  ce  qui  se  présentera  où  j'auray  quel- 
que  moyen  de  vous  gratiffier  et  faire  co- 
gnoistre  combien  je  vous  ayme  et  estime,  ainsi 
que  j'ay  prié  mondict  cousin  vous  dire  de 
ma  part,  et  je  vous  prie  le  croyre  comme 
moy-mesmes;  et  je  prie  Dieu,  monsr  le 
prince,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Fontainebleau,  le joui  de  mars 

i56o  (t56i)  '. 

1561.  —  i3  mars. 
Minute.  BibI,  nat,  fond-  français,  a'   ibB-jh,  ï"  i58. 

V  MADAME  LA  COMTESSE  D'UREIGNE8. 

Madame  la  contesse,  encores  que  vous  en- 
tendrez bien  amplement  de  noz  nouvelles  par 
mon  cousin  le  comte  d'Eu,  si  ne  veulx-je  par 
icelle  laisser  de  vous  escrire  ce  mot  de  mé- 
moire particulier,  qui  sera  pour  vous  tesmoi- 
gner  le  contentement  et  la  satisfaction  que 
j'ay  des  bons  offices  que  vous  l'aides  auprès  de 
la  royne  ma  tille,  qui  est  tant  contente  et  moy 

1  Pareille  lettre  lut  écrite  au  comte  d'Albe  et  au  duc 
d'Albe  :  il  sullit  de  les  indiquer.  (BiW.  nal.  fonds  franc. 
n    15376.) —  Voy.  même  vol.  I'"    ibb  et   1Ô7. 

1  De  la  maison  de  Giron ,  fille  de  Françoise-de  Tplède  ■ 

lilli'  du  premier  duc  d'Albe  et  sœur  du  duc.  d'Allmquerque. 

—  \oy.  Imliulï.  Gengahgia  vieinù illustrium in  Hitpania 

familui,  11,11 .  |i    -t|  ;  SéjTocinliont  (OUI  François  11 .  p.  1G8 

et  170. 


par  conséquent,  comme  vous  pouvez  penser. 
que  je  ne  veulx  faillir  de  le  vous  Lesmoigner, 
ei  prier  de  continuer,  comme  la  chose  la  plus 
agréable  que  sçauriez  jamays  fayre  pour  moy. 
Doncques.  si  Dieu  me  donne  le  moyen  de  me 
pouvoir  reveneber  en  quelque  chose  et  recon 
gnoistre  envers  \otts  et  les  vostres  ceste  bonne 
volunté,  que  vous  pouvez  asseurer  et  croyre 
que  j'auray  toute  ma  vye  à  singulier  plaisir 
de  vous  pouvoir  gratiffier  en  quelque  chose 
et  faire  congnoistre  la  bonne  volunté  que  je 
vous  porte,  comme  j'ay  pryé  mon  dict  cousin 
vous  le  dire  plus  à  plain  de  ma  part,  lequel 
je  vous  prie  croyre,  comme  vous  vouldrez 
faire  moy-mesmes.  Priant  Dieu,  madame  la 
contesse,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Madame  la  cou- 
lisse ill  reigne,  du  xm"  jour  de  mars  i5Go 
(i56i). 

CàTERINE. 


1561 .  —  a'i  mars. 
Orig.  BibI.  nat.  fonds  Clairambaull,  vol.  66,  p. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  je  remectray  sur  la 
suffisance  du  sieur  Vielleville  ',  présent  por- 
teur, tout  ce  que  je  vous  pourroys  escripre. 
dont  je  vous  prie  le  croire  tout  ainsi  que  vous 
feriez  moy-mesmes,  priant  Dieu ,  monsieur  de 
Rennes,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  sxim0  jour  de 
mars  i56o  (i56i). 


Caterine. 


De  l'Aobespine. 


1   François  de  Scepeaux,  sieur  de  Vieilleville,  n 1 

1. '1119,  mort  en  1 57 1 ,  créé  maréchal  de  Franceen  1 56 
Son  secrétaire  Vincent  Carloix  a  écrit  ses  mémoires.  - 
Voy.  Dissertation  sur  le  maréchal  de  Vieilleville,  P.  Daniel . 
Hiit.  à  France,  I.  11.  p.  s'it'>. 


76 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1560.  —  sa  mars. 
Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B .  ia&3,  Registres  du  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  sçaurez  du  président  Se- 
guier1  et  conseiller Violle2  que  nous  avons  faict 
plus  t[ue  ne  pouvons,  mais  j'ay  tant  d'envie 
de  \ous  faire  connoislre  combien  ce  qui  vous 
louche  m'est  recommandé  qu'il  ne  se  présen- 
tera jamais  occasion  en  quoy  je  vous  puisse 
bien  faire  que  je  ne  le  face,  comme  ils  vous 
pourront  dire,  et  ma  bonne  volonté  envers 
vostre  compagnie,  dont  je  me  remetlray  sur 
eux.  Priant  Dieu,  messieurs,  vous  donner  ce 
que  désirez.  Escript  à  Fontainebleau,  le  vint- 
cinquiesme  jour  de  mars  i5Go  (  1  5 G 1  ) . 

Cateuine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  36  mars. 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  na  1087/1,   f°  iG3. 

A  MADAME  MA  FILLE5. 

Madame  ma  fille,  ayant  entendu  que  ces 
jours  passez  l'abbaye  de  Félines4  en  Flandres 
est  vaquée  par  la  mort  de  la  dame  de  Lalain  5 
qui  la  tenoit,  j'ay  esté  suppliée  de  la  part  de 
mon  cousin  le  connestable  de  vous  prier  bien 
affectueusement  vouloir  tant  faire  pour  moy 
(pie  de  la  demander  au  Roy  \oslre  mary  pour 
seur  Claude  de  Montmorency,  une  sienne  cou- 

1  Pierre  Seguier,  président  à  mortier,  né  en  iôo'i,  à 
Paris,  mort  le  a5  octobre  i58o. 

2  Guillaume  \ioile,  conseillera»  parlement. 

3  Elisabeth  de  Valois. 

'  Abbaye  de  l'ordre  de  Citeaux,  fondée  par  Margue- 
rite comtesse  de  Flandres.  —  Voy.  Histoire  de  celle  abbaye 
•  Halle,  1789,  in-i  2).  Aujourd'hui  Flines,  diocèse  d'Arras. 

•  Ancienne  famille  qui  a  marqué  dans  l'iiistoire  des 
Flandres. 


sine,  estant  religieuse  de  longue  main  nourrie 
en  ladite  abbaye1,  et  y  estant  l'une  des  olli- 
cières  d'icelle;  laquelle  est  tant  aymée  des  re- 
ligieuses qu'à  ce  que  je  puys  entendre  la  plus 
pari  luy  ont  jà  donné  leurs  voix.  La  bonne 
volunléque  je  porte  à  mon  dit  cousin  et  l'envye 
que  j'ay  de  le  bien  traicter  en  tout  ce  que  je 
pouriay,  me  faict  vous  prier  d'en  faire  tanl 
instance  envers  le  Roy  monsieur  mon  lils,  de 
façon  que  par  vostre  moyen  mon  dit  cousin 
puisse  être  gratiffié  de  cela  et  vous  pouvez 
asseurer  qu'en  ce  faisant  vous  ferez  chose  que 
j'auray  bien  fort  agréable.  Priant  Dieu,  ma- 
dame ma  lîlle,  vous  donner  bonne  cl  longue 
vie.  De  Fontainebleau. 

(Au  dos.)  La  royne  à  la  rovne  d'Espaigne, 
le  xxvi0  jour  de  mars  i5(io  (i  56 1  ). 


1561.  —  27  mars. 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°   1587/1,  ^    '^- 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges ,  nous  vous  escrivismes 
le  xmi"  de  ce  inoys'2  les  lettres  cy  encloses, 
pensant  que  mon  cousin  le  conte  d'Eu  deust 
partir  deslors  pour  le  voyaige  qu'il  faict  pré- 
sentement. Toute  fois  ne  s'estans  peu  accorder 
les  articles  de  son  mariage,  j'ay  esté  très  con- 
tente  qu'il  ayl  remis  son  parlement  jusques  à 
ce  qu'ilz  ayent  esté  d'accord.  Cependant  je  ne 
vous  veulx  celler  l'extresmeennuyen  quoy  j'ay 
esté  que  je  vous  diray  par  le  menu,  d'aullanl 
que,  je  m'asseure ,  vous  en  aurez  eu  divers 
ad\iz  qui  vous  auront  tous  mis  en  une  grande 
peyne.  Vous  devez  doneques  sçavoir  qu'après 

1  Voy.  une  lettre  de  l'évéque  de  Limoges  à  Philippe  II , 
du  3  avril  i56i,  au  sujet  de  celle  même  abbaye  (Arch. 
nal.  collecl.  Simancas,  K,  1  ioû,  B,  ta). 

-  Voy.  Lettre  du  i3  mars  à  M.  de  Limoges  (même  vol.. 
Pi  56). 


LETTRES  DE  C  \TII  l'.KI  \K  DE  MÉDICIS. 


1 


que  je  feuz  sorlye  du  travail  en  quo)  j'eslois 
pour  le  faicl  de  mon  cousin  le  ;  rince  de  Coudé 

et  sa  réconciliation  avec  1 isieur  de  Guyse, 

pour  laquelle  je  meclois  tout  le  soing  que  je 
pouvois,  je  ivnlray  tout  soubdain  en  ung  plus 
grand   laberinthe  que  jamais,   d'aultanl    que 
avant  à  Orléans  esté  ordonné  que  les  Esta  tz  se 
l'assembleraient  de  nouveau  par  les  provinces 
particulières  de  ce  royaume,  pouradviser  (sui- 
vant ce  qu'il  leur  fut  lors  proposé)  du  moyen 
qu'iiyauroil  desubvenirau  Roj  monsieur  mon 
lil/.  cl   lin  ayder  de  sortir  de  ses  affaires,  à 
l'assemblée  de  Paris,  il  y   eut  quelzques  l'ois 
qui  feirenl  une  menée  lapins  malheureuse  du 
monde  pour  me  priver  de  l'authorité  et  gou- 
vernement, et  l'attribuer  au  roy  de  Navarre; 
à  quov  il/,  proceddèrenl  si  avant  qu'ayant  de 
longue  main  [ramé  ce  laid  el  se  trouvans  en 
quelque  nombre,  il  leur  feusl  aysé,  n'y  voul- 
lans  assister  les  gens  de  bien,  qui  avoient  veu 
leur  brigue  illégitime  de  prononcer  en  petite 
compaignie  ce  que  en  grande  il/,  n'eussent  peu , 
el  mesmement  qu'il  n'y  avoil  que  gens  de  basse 
qualité   qui    parloient    pour  tous  les   aultres 
Eslatz;  ce  que  entendant,  et  craignant  que 
ailleurs   par  tous  les  autres  endroictz  de  ce 
royaume  on  en  feist  aultant,  à  l'exemple  de 
ceulx  de  Paris,  qui  est  la  ville  cappitalle  de  ce 
rovaume,  je  \ouluz  moy-mesmes  parler  au  roy 
Navarre,  pour,  sçavoir  si  c'estoit  à  sa  solici- 
tation  (| ;ela  se  faisoit,  ne  pouvant  que  trou- 
ver bien  estrange  de  ce  que,  après  m'avoir 
ceddé  l'authorité  et  me  l'avoir  Ions  les  Eslatz 
approuvée  à  Orléans,  il  se  Irouvoit  des  fol/. 

qui  me  la  voulsissent  osier.  Il  me  feit  res] se 

qu'il  e-inii  bien  ayse  de  ce  qu'il  voyoit,  car 
par  là  je  congnoislrois  ce  qui  lu\  appartenoil 
el  ce  qu'il  faisoit  pour  mo\  en  me  le  ceddant. 
Je  luy  réplicquay  que  je  sçavois  assez  ce  qu  il 
faisoit  pour  moy,  mais  que  de  luy  avoir  obli- 
gation d'une  chose  qui  m'osteroil   l'honneur 

Catherl>£  de  Médicis.  —  i. 


que  je  pensoys  m'appartenir,  je  ne  le  pouvois 
nullement  du  momie  endurer.  Ceste  disputlc 
a  duré  trois  ou  quatre  jours,  estans  les  ungs 
et  les  aultres  en  la  plus  exlresme  contention 
du  momie,  d'aultanl  qu'il  demandoil  deux 
choses  :  l'une  d'eslre  lieutenanl  général  du  Roj 

par  tout  ce  royaume, el  l'aultre  que  i sieur 

de  Guyse,  en  quelque  façon  que  ce  feust,  s'en 
allast  de  ceste  court.  .I'a\  sur  ce  dernier 
poincl  insisté  infiniment,  ne  pouvant  à  ung 
prince  d'honneur  et  de  vertu,  qui  avoil  bien 
servj  le  l!o\  monseigneur  et  ceste  couronne, 
l'aire  ceste  honte  de  le  chasser  el  l'envoyer 
comme  ung  malheureux;  et  luy  persistant  si 
obstinément  en  relia  qu'il  ne  m'estoil  possible 
d'\  trouver  moien.  A  la  lin.  pendant  que  Mes- 
sieurs des  Estatz  faisoient  leurs  crieries  el  que 
les  ungs  m'approuvoienl  et  ne  voulloient  cou 
sentir  qu'on  diminuast  de  mon  authorité,  el 
«pie  les  aultres  qui  avoient  eslé  pralicquez  la 
luy  vouloient  bailler,  nous  nous  sommes  par 
le  moien  de  ma  cousine  de  Montpensier 1,  de 
mon  cousin  le  connestable  el  de  monsieur  le 
chancelliei •'-.  accordez,  ayans  mis  des  articles 
par  escript,  par  lesquelz  je  consentz  qu'il  soit 
lieutenant  général  du  Roy  mon  lilz  par  tout 
le  royaume3  et  commande  soubz  moy  à  toutes 
les  forces,  comme  eslôit  monsieur  de  Guyse, 
du  temps  du  l'eu  Iîoy  mon  lilz;  et  ce  faisant  il 
me  ceddeet  quicte  par  sa  promesse  signée  de  sa 
main  tant  pour  luy  que  ses  frères  .ausquelzil  I  a 
faicl  signer  et  rattiffier,  tout  ce  qui  leur  pou- 
voit  cstre  attribué  par  les  Eslatz  de  puissance 
et  d'aulhorité,  et  veult  et  consent  que  je  com- 
mande absolument  partout  sans  jamais  m' j 
pouvoir  donner  aucun  trouble  ou  empescbe- 

I  icqueline  il«'  Longwy,  femme  de  Louis  de  Bourbon 
duc  ili'  Montpensier. 

-  Le  chancelier  de  l'Hôpital. 

\  oy.  pour  la  réconciliation  de  Catherine  et  du  roi  de 
Navarre,  de  Thon  (edit.  de  17&3),  t.  IV,  p.  54. 


178 


LETTRES  DE  GATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


ment.  Je  relions  toujours  la  prinripalle  aulho- 
i  ilé.  comme  île  disposer  de  tous  les  estatz  de 
ce  royaume,  pourveoir  aux  offices  et  bénef- 
liccs,  le  cachet  et  les  dépesches  et  le  comman- 
dement des  finances,  et  par  ce  moien  nous 
avons  paciffié  tous  noz  dilTe'rendz,  et  nous 
sommes  faietz  les  meilleurs  amyz  du  monde, 
en  despit  des  Estatz  qui  nous  voulloient 
brouiller;  ausquclz  nous  faisons  entendre  f  u- 
nyon  et  accord  qui  est  entre  nous,  et  leur 
mandons  bien  expressément  qu'ilz  n'ayent  à 
parler  en  leur  assemblée  de  la  puissance  des 
ungs  ny  des  aullres,  car  nous  en  sommes  d'ac- 
cord, mais  seullement  du  moyen  qu'ilz  pour- 
ront trouver  de  secourir  le  Roy  mon  filz;  les- 
quelz  nous  ferons  pour  cest  effect  rassembler 
de  nouveau,  pour  avoir  esté  par  la  pluspart 
des  provinces  de  ce  royaume  l'assemblée  qui 
s'en  est  faicte  illégitime,  et  la  remectrons  jus- 
ques  à  la  fin  de  juillet,  et  cependant  nous 
irons  à  Reyms  faire  sacrer  le  Roy  mon  filz, 
le  xi™°  du  moys  de  may;  et  au  partir  de  là  luy 
ferons  faire  son  entrée  à  Paris,  le  premier 
jour  de  juing,  qui  est  tant  désirée  d'une  bonne 
part  de  noz  plus  affectionnez  serviteurs,  qu'on 
estime  cella  debvoir  contenir  beaucoup  d'es- 
pritz  désireulx  de  nouvelletez.  Ces  deux  let- 
tres doneques,  monsieur  de  Lymoges,  vous 
donneront  ung  ample  discours  de  tout  l'estat 
où  nous  nous  sommes  trouvez  depuis  le  parle- 
ment de  vostre  dernier  homme,  que  je  puys 
dire  avoir  esté  le  plus  dangereulx  et  diflicille 
à  résouldre  qui  se  soit  encores  présenté,  dont 
<i  le  Roy  monsieur  mon  fils  avoit  eu  quelque 
vent  et  que  vous  veissiez  qu'il  en  feust  en 
peyne,  vous  luy  en  ferez  le  discours  à  la  vé- 
rité, l'asseurant  bien  que,  si  je  me  feusse  trou- 
Née  en  ceste  extresmité  pour  conserver  mon 
authorité  et  maintenir  mes  enffans  d'employer 
l'ayde  de  mes  fidelles  amys,  il  eust  tenu  le 
premier  rang  entre  tous,  et  comme,  au  prin- 


cipal, mon  principal  recours  eust  esté  pour  la 
certaine  asseurance  que  j'ay  qu'il  ne  m'eusl 
habandonnée  de  son  ayde  et  secours,  ny  en- 
duré qu'on  m'eust  faict  tort.  Mais,  Dieu  mercy, 
toutes  choses  se  sont  composées  et  paciffiées 
avec  tant  de  doulceur  et  bonne  intelligence, 
que,  continuant  comme  j'espère,  nous  serons 
hors  de  toutes  ces  brouilleries,  où  j'ay  esté' 
depuys  la  mort  du  feu  Roy  mon  filz.  Durant 
lequel  temps  il  fault  que  je  vous  die  le  bon 
office  qu'a  faict  le  sieur  de  Chantonné  '  de  me 
visiter  de  deux  en  deux  jours  et  se  venoyl  ordi- 
nairement offrir  à  moy,  pour  sçavoir  ce  que  je 
vouloys  qu'il  feist,  m'asseurant  que  toutes  ces 
démonstrations,  qu'il  fit  lors,  il  les  feroyt  en 
tous  lieux  que  je  vouldroys  et  non  seullement 
tiendrait  tel  langaige  que  je  luy  diroys,  mais 
quand  il  en  seroit  temps,  feroit  l'office  envers 
le  Roy  son  maistre  qui  seroyt  convenable  à 
nostre  estroicte  alliance  et  parfaicle  amytié2; 

1  Thomas  Perrenot,  sieur  tle  Cliantonnay. 

-  De  son  côté,  Cliantonnay,  te  28  mars,  fait  à  la  du- 
chesse île  Parme  le  récit  de  ce  conflit  :  «Tous  les  offices 
«  que  j'ay  faits  avec  la  Royne  mère  pour  te  maintien  de  son 
k authorité  n'ont  pu  tant  servir  qu'enfin  parles  menées  de 
«  madame  de  Montpensier  et  d'autres  qui  ont  crédit  auprès 
"d'elle  elle  ne  se  soit  de  nouveau  accordée  avec  le  duc  de 
«Vendosme,  le  faisant  lieutenant  général  de  tous  les  gens 
«de  guerre  de  ce  royaulnie  et  l'accompaignanl  en  tous  les 
«affaires, de  manière  qu'elle  n'a  en  iceulx  non  plus  d'au- 
«thoritéque  luy;  et  les  autres  du  conseil  donneront  leur  ad- 
«vis  quant  par  eulx  deux  il  sera  demandé ,  dont  ceulx  qui 
«favorisent  la  maison  de  Vendosme  sont  si  haussés  que  je 
«ne  sçay  s'ils  se  tiendront  à  tant,  car  me  semhle  que  de 
«degrés  en  degrés  la  Rovne  ne  viendra  à  n'avoir  que  le 
«gouvernement  de  la  personne  du  Roy  son  filz,  et  Dieu 
«veuille  que  en  cela  elle  se  sçache  encores  maintenir.  Je  ne 
«sçay  si  ce  sont  les  offices  du  conneslahle,  car  le  jour  que 
«l'on  fist  ceste  résolution,  il  fut  longtemps  enserré  auca- 
«hinet  de  la  Royne  avecques  elle,  où  après  ilz  appelèrent 
«  M' de  Guise ,  lequel  demeure  en  son  estât  de  grand  maistre 
-ri  aullrts  à  condition  qu'il  n'a^t  à  recognoistre  à  aullre 
-qu'au  Roy,  lequel  estant  enflant  et  dépendant  luy  mesme 
«d'autres,  il  esl  certain  qu'il  fanldra  que  le  grand  maistre 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


dont  je  vousprye,  monsieur  de  Lymoges,  re- 
mercier bien  affectueusement  le  lb>\  mon  fiiz 
;.  ma  part,  m'asseuranl  que  cela  procède  de 
la  bonne  volunté  qu'on  a  pensé  qu'il  nie  porte 
e1  du  soing  qu'il  a  de  mon  bien  el  repoz;  qui 
esl  l'occasion  <jue  je  vous  faietz  ceste  dépesche 

i  envoyé  ce  courrier  exprès,  tanl  pour  vous 

ire  entendre  le  discours  de  tout  ce  qui  s'est 

passé,  et  que  nous  soyez  hors  de  la  peyne  où 

on  vous  pourrait  avoir  mys  pour  les  troubles 
dont  j'ay  esté  ces  jours  passez  travaillée,  que 
pour  luy  faire  ces  remercimens  qui  luy  don- 
nent occasion  une  aultrefoys,  se  présentant 
une  semblable  occasion ,  de  faire  encores  mieux. 
\  ons  en  ferez  aussi  part  à  la  Royne  ma  fille  et 
luy  ferez  entendre  tout  ce  que  dessus,  qui  sera 
lin.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Lymoges,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde.  De  Fontaine- 
bleau, ce..  .  .  jour  de..  .  .(Mars).  .  .  .  i56o 
(i56i). 

(,\  ILIUNE. 

lu   dos.)   Ce    \xvii'   jour    de   mars   1 56o 
(,56i). 


179 
nu-  donner  loisii 


1561. 


27  mars. 


ainsy  qu'il  est  accousturoé  poi 
de  taire  les  préparatifs  du  Palais,  ce  que  je 
vous  prie  de  faire  le  plus  tost  que  vous  pour- 
rez. Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  donner  o 
quedésirez.  —  De  Fontainebleau, ce  vint-sep- 
tiesme  jour  de  mars  mil  cinq  cens  soixante 
(i56i). 


Copie.  Bibl.  nal.  Parlement,  vol.  8a  ,  f  23C7  r  . 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT    DE  PARLEMENT    A   PARIS. 

Messieurs,  vous  entendrez  du  sieur  de  Lé- 
zigny1, présent  porteur,  comme  il  a  estéadvisé 
faire  l'entrée  du  Roy  monsieur  mon  lils  à  Paris, 
le  dixiesme  juing,  ainsy  que  luy-mesme  le 
vous  escript,  au  moyen  de  quoy  il  sera  besoin 
que  vous  changiez  de  logis  pour  un  temps. 

-lui-  obéisse  aussi.  Parlant  quelqu'un  au  ronneslable  de 
scestfi  affaire, il  luy  dit  qu'il  estoyt  besoingde  complaire 
«au  s"-de  Vendosme  en  quelque  chose,  donnant  à  entendre 
«qu'il  le  convenoit  ainsi  l'aire  pour  le  bien  de  la  Royne, 
••qui  me  fait  croire  que  cecy  se  soit  fait  par  son  advis.i 
(Archives  de  Vienne.) 

1  Charles   de  Pierre-Vive,   sieur  de    Lezigny,   cité 
p.  81. 


Caterine. 


De  l'Aubkspinh. 


1561.  —  27  mars. 
Minute.  Bibl.  net.  fonds  français ,  11°  15876,  f"  17'L 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de   Lymoges,  je  nous   feiz   der- 
nièrement une  dépesche,  pensant  quelle  dusl 
bien  plus  tosl   arriver  devers  vous  qu'elle  in- 
féra, pour  avoir  esté  le  parlement  de  mon  cou- 
sin le  conte  d'Eu  retardé  pour  accorder,  avant 
que   s'esloigner,  les  articles  de  sou  mariage 
avec  ma  cousine  de  Bourbon  de  Montpensier1. 
Je  vous  diray  bien  que  nous  avons  icj   esté 
en  de  grandz  troubles,  qui  m'ont  apporté  une 
poyne  extresme,  et  ce  par  la  follye  de  quelques 
particuliers  qui  en  cesle  assemblée  d'Estatz, 
qui  s'est  dernièrement  faietc  parles  provinces, 
suivant    ce   qui  fust  résolu  au  partir  d'Or- 
léans, nous  ont  voulu  mectre  mon  frère  le  ro\ 
de  Navarre  et  moy  en  division  et  aliénacion. 
comme  s'ils  fussent  suffisans  à  nous  faire  con- 
tendre  de  l'aulhorité,  aftin  de  ruiner  par  là  le 
royaume  et  mectre  toutes  eboses  sans  dessus 
dessoubz.  Mais  Dieu  nenousapas  voulu  après 
tant  de  malheurs  encores  tant  affliger  de  per- 
mectre  un  tel  déplaisir;  car  au  lieuqu'ilz  nous 
pensoyent  le   plus  mal  ensemble,  nous  nous 
sommes  faietz  plus  grands  amys  que  jamays; 
en  quoy  il  fault  que  je  vous  die,  monsieur  de 
Lymoges,  que  mondict  frère  le  roy  de  Navarre 

1   Voy.  toutes  les  pièces  relatives  à  ce  mariage,  dans 
les  Négociations  sous  François  H,  p.  683  à  691. 

23. 


180  LETTRES  DE  CATHE 

m'a  lanl  salisffaict  et  c'est  lant  acommodé  à  moy 
que  j'ay  la  plus  grande  occasion  du  monde  de 
m'en  louer  et  m'en  sentir  infiniment  tenue  à 
luv,  comme  m'est  aussi  une  obligation  de  luy 
procurer  tout  le  bien  et  grandeur  qu'il  me  sera 
possible,  d'aultant  que  je  voy  qu'il  ne  la  dé- 
sire, ny  ne  la  veult  avoir  que  pour  le  bien  du 
service  du  Roy  mon  filz  et  ma  conservation. 
Et  pour  ce,  monsieur  de  Lymoges,  que  vous 
sçavez  que  par  mes  dernières  je  vous  escrivis 
pour  sentir  du  Roy  mon  filz  s'il  vouloit  que  je 
lisse  quelque  bon  office  à  l'endroict  du  Grand 
Seigneur  pour  faire  quelque  pacifficacion  entre 
eulx,  et  que  cependant  je  vous  priay  de  sentir 
soubz  ceste  ouverture  s'il  y  auroyt  moyen  de 
le  faire  condescendre  à  quelque  récompense 
honorable  pour  mon  dict  frère1,  je  vous  veulx 
bien  encores  répéter  ce  mesnie  langage  et 
prier,  puysque  je  ne  luy  puys  faire  mieux ,  de 
faire  tout  ce  qui  sera  en  vostre  puissance  pour 
essayer  de  y  faire  quelque  chose  de  bon ,  et 
s'il  y  a  au  inonde  moyen  d'en  faire  sortir  quel- 
que bon  fruict,  dont  mondit  frère  puisse  avoyr 
contentement.  En  quoy  le  Roy  mon  filz  me 
fera  de  plus  en  plus  congnoistre  la  perfection 
de  l'amytié  qu'il  me  porte,  d'aultant  que, 
m 'ayant  tant  obligée  à  luy  mon  dict  frère,  comme 
il  a  faict,  se  comportant  si  lioneslement  en  mon 
endroict  comme  il  faict  et  restant  son  amytié 
si  ulille  et  nécessaire  pour  le  bien  de  tout 
ce  royaume,  je  seray  merveilleusement  ayse 
que  par  mon  moyen  il  soit  gratiffié  et  puisse 
recevoir  par  ma  faveur  ung  bien  qu'il  estime 
lanl;  pouvant  vous  asseurer,  monsieur  de  Ly- 
moges, que  vous  ne  me  sçaurez  faire  chose 
plus  agréable  que  d'y  faire  le  meilleur  office 

1  II  s'agissait  de  la  restitution  do  la  Navarre  ou  tout 
an-  moins  d'une  compensation  pour  en  tenir  lieu,  et  il 
avait  été  parlé  de  la  Sardaigne.  Voy.  de  Thou  (édit.de 
1743),  t.  IV,  p.  ia3  et  ia4;  Arch.  nat.  collect.  Si- 
mancas,  K,  iligU,  pièce  1 10. 


RINE  DE  MÉDICIS. 

que  vous  pourrez,  encores  que  l'on  avt  affayre 
à  gens  bien  durs  et  malavsez  en  ce  qui  louche 
leur  profficl;  si  est-ce  que  je  seroy  bien  ayse 
que  le  Roy  mon  fils  entende  le  plaisir  qu'il 
me  fera  en  faisant  quelque  chose  pour  mondicl 
frère,  affin  que  cela  luy  eu  croisse  la  volunlé 
et  que  semhlablementmondicl frère  entende  le 
debvoir,  en  quoy  je  me  meetz  pour  le  rendre 
bien  content.  Ains  est  tout  ce  que  je  vous  dira] 
pour  à  présent.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Li- 
moges ,  vous  tenir  en  sa  saincle  et  digne  garde . 
de  Fontainebleau,  le jour  de  mars  1  56o. 

(Au  dos.)  De  Fontainebleau,  le  wvif  jour 
de  mars  1  5Go  (1  56 1). 


1561.  —  a  g  mars. 
Minute.  Bil.l.  nat.  Cinq  cenls  Colbert,  vol.  37,  F  :!'i3. 

A  MONSIEUR  D'ESTAMPES. 

Mon  cousin,  je  ne  vous  puis  dire  le  plaisir 
que  j'ay  receu  de  la  dernière  lettre  que  vous 
m'avez  escripte  par  le  courrier  que  vous  ay 
dernièrement  envoyé,  pour  ce  que  j'ay  veu  les 
choses  estre,  Dieu  mercy,  beaucoup  mieul.x 
passées  au  lieu  où  vous  estes  qu'elles  n'ont 
faict  en  d'aultres  endroiclz,  où  il  n'a  pas  tenu 
à  des  fols  que  ils  ne  m'ayent  mise  en  pourpoint 
et  spoliée  de  ce  que  je  pense  justement  m'ap- 
partenir.  Il  est  vrai  qu'en  beaucoup  d'aultres 
endroiclz  de  ce  royaume  l'on  n'y  a  pas  voulu 
croyre  et  a-t-on  faict,  comme  vous  avez  faict. 
Pour  à  quoy  pourveoyret  empescher  que  plus 
grand  inconvénient  n'en  advienne  nous  nous 
sommes  accordez  mon  frère,  le  roy  de  Navarre, 
et  moy  et  si  lanl  bien  que  j'estime  qu'il  ne  sera 
en  la  puissance  de  lelz  séditieux  de  nous  alié- 
ner. Par  ce  moyen  je  l'ai  faict  lieutenant  gé- 
néral du  Roy  mon  fils  partout  le  royauhne 
soubz  moy,  auquelle  reste  la  suprême  authorilé, 
le  commandement  des  finances,  les  dépesches, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


181 


■  !  la  provision  des  offices  à  toujours,  comme 
je  l'a\  eu  jusques  ic\  ;  el  moyennant  cella  il 
m'a  cédé  par  sa  promesse  escriple  el  lignée 
de  sa  main  lout  ce  <|ne  les  Estalz  luy  povoient 
attribuer  d'authorité  el  de  puissance  el  que 
jamays  ne  luy,  ne  pas  uns  des  princes  du  sang 
en  puissent  riens  quereller,  ne  m  \  donner  au- 
cun trouble  ou  empeschement;  laquelle  pro- 
messe a  esté  ratifiée  et  signée  par  tous  les 
aultres  princes  du  sang,  el  par  ce  moyen  nous 
sommes  devenus  les  meilleurs  amys  du  munde 
el  estimons  que  les  choses  continueront  de  bien 
en  niieulx;  de  quoy  je  n'ay  voulu  faillir  vous 
donner  incontinent  advis  pour  ce  que  je  m'as- 
seure,  mou  cousin ,  que  vous  en  recev  rez  beau- 
coup de  contentemenl  pour  les  raisons  que 
liés  saigemenl  vous  me  déduisez  par  vos  dictes 
lettres.  Nous  en  allons  au  sacre  et  de  là  à  l'en- 
trée de  Paris,  ou  je  m'asseure  que  ne  ferez 
faulte  de  vous  trouver  et  que  là  nous  vous  ver- 
rons. Et  sur  ce  je  prie  Dieu  vous  avoir  en  sa 
très  saincteet  digne guarde. De  Fontainebleau, 
ce.  .  .  .  jour  de  mars  i5Go  (i5Ci). 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsieur  d'Estampes, 
le  xxixe  jour  de  mars  1  5Go  (1 56 1). 


1561.  —  !>g  mars. 
Orig.  Bibl.  ual.  Cinq  cents  CoUVrl,  n"  390  ,  f  3i. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSEILLER  DC  ROÏ  MONSIEIR  MO>   FILZ  ET  SON  AMB1SS4DECR 
DEVERS    L'EMPERErR. 

Monsieur  de  Rennes,  je  ne  sçay  que  res- 
pondre  à  toutes  voz  dépesches,  oullre  ce  que 
vous  venez  par  la  lettre  du  Roy  monsieur 
mon  lilz.  synon  qu'il  m'ennuye  grandement 
de  veoir  que  le  faict  du  concilie  passe  avecques 
si  diverse  espérance,  laquelle  trayne  une  lon- 
gueur qui  produira  grand  mal  si  Dieu  ne  nous 
ayde.  Pour  le  moins  ne  dira-on  poinct  qu'il 


vienne  de  nous,  ne  qu'il  tienne  à  nous  que  les 
choses  11'ailleni  mieuk.ri  touttefoys  si  cela  a 
plus  grand  traicl,  je  \eo\  que  par  force  nous 
serons  contrainetz  de  venir  au  national.  J  aj 
veu  ce  que  vous  m'escrivez  de  ceste  précédence, 
dont  je  ne  puys  estre  contente,  el  vous  prye  ne 
cedder  riens  en  cesl  endroicl  pour  la  conser- 
vation de  fauctorité  du  Roy  mon  lilz.  ro'es- 
bahyssant  que  l'Empereur  veuille  tant  s'ou- 
blyer  que  de  mectre  cela  en  controverse. 

Au  demourant  je  sçay  bien,  monsieur  de 
Rennes,  que  estant  là  en  despence  et  faisant 
le  service  que  vous  faictes,  ce  n'est  pas  à  vous 
qu'il  fault  rongner  de  voz  estatz,  mais  pour 
faire  la  chose  égalle  vous  avez  esté  osté  de  ce- 
lu\  du  Roy  mon  filz,  ainsi  que  tous  les  autres 
évesques,  ce  qui  ne  demourera  pas  sans  ré- 
compense, je  vous  asseure,  et  sur  ce  je  prie- 
ray  Dieu,  monsieur  de  Rennes,  vous  donner 
ce  que  desirez.  De  Fontainebleau,  le  xxix'jour 

de  mars  1 56o  (1061). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561 .  —  3o  mars. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  8a,  f°  339. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COUR  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs .  vous  entendez  par  ceste  dépesche 
l'occasion  pourquoy  il  a  esté  advisé  faire  faire 
nouvelle  assemblée  et  convocation  des  Estais 
et  la  bonne  disposition  et  union  et  bonne  in- 
telligence qui  est  icy  pour  toutes  choses  coti- 
cernans  le  bien  de  ce  royaume  et  le  service  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  dont  j'ay  d'autant 
plus  de  contentement  que  c'est  ce  que  je  dé- 
sire le  plus  en  ce  monde,  n'ayant  voulu  faillir 
à  vous  en  advertir  et  prier  que,  en  ce  qui  se 
présentera  par  de  là  que  vous  jugerez  appar- 
tenir à  un  si  grand  bien, vous  vous  y  employez 


182 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


de  vostre  part  autant  que  je  suis  seure  que 
vous  aymez  les  choses  bonnes  et  le  bien  de  son 
service  et  de  son  peuple,  priant  Dieu,  Mes- 
sieurs, vous  donner  ce  que  plus  désirez.  De 
Fontainebleau,  le  trentiesme  mars  mil  cinq' 
cens  soixante  (1  5(3 1). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  a  avril. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°ao&5g,  fJ  li5. 

A  MON  COUSIN  MONSIEUR  DE  BOISY, 

GRAND  ESCDTBR   DE  FRANCE  ET  CAPITAINE  DES  CENT   GENTILZHOMMES 
DE    LA   MAISON    DU   DOT. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  la  lectre  que  le 
Uov  monsieur  mon  filz  vous  escript1  la  réso- 
lution que  nous  avons  prinse  de  le  faire  sacrer2 
ce  mois  prochain,  chose  qui  nous  est  conseillée 
par  une  infinité  de  noz  bons  serviteurs,  où 
il  est  bien  raisonnable  que  vous  vous  trouvez 
avec  une  partie  des  gentilzhomm.es  de  sa  mai- 
son. Touteffois,  il  ne  nous  a  pas  semblé, 
actendu  la  despence  et  le  long  séjour  qu'ilz 
avoient  faict  à  Orléans  qu'il  feust  à  propoz  de 
les  faire  tous  venir,  mais  seullement  vingt-cinq 
de  chascune  compaignie,  ausquelz  nous  ferons 
bailler  de  l'argent  et,  le  sacre  faict,  les  renvoi- 
rons  en  leurs  maisons  pour  faire  venir  à  l'en- 
trée leurs  aultres  compaignons,  affin  de  les 
soullaiger  le  plus  que  nous  pourrons;  qui  est 
tout  ce  que  je  vous  en  puis  dire.  Priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Fontainebleau,  le  u"  jour  d'avril  i56o 
(i56i). 


Caterine. 


1Ï0BERTET. 


\  oy.  la  lettre  tic  Charles  1\  à  M.  de  Boisy,  à  l'occa- 
-ion  de  son  sacre,  lettre  datée  également  de  Fontaine- 
blcau,  le  a  avril  i  56 1  (même  volume,  1*  1 1 3  ). 

Yoy.  Tlioroscope  de  Gabriel  Simeoni  pour  le  choix  du 


1561 .  —  2  avril. 

Copie  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  Sa,  f°  a33. 
Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B.  1 2  53  ,  re^.  du  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrez  par  ce  que  le  Roy 
mon  filz  vous  escript  le  besoing  qu'il  est  de 
pourvoir  à  l'insolence  d'aulcuns  prescheurs  ' 
qui  ne  sont  pas  si  sages  que  je  dési rerois; 
et  pour  ce  je  vous  prie  tous  de  tenir  la  main 
qu'il  en  soit  bien  et  soigneusement  informé 
suivant  ce  que  mon  cousin  le  sieur  de  Montmo- 

jour  du  sacre  de  Charles  IX  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n°3j59,  f  16). 

1  A  la  suite  de  cette  lettre,  on  lit  :  rMe  Fournie! 
ttpreschanl  à  S'  Séverin  dimanche  dernier,  en  son 
«presche,  parlant  de  la  Royne-mère,  dist  si  c'estoit  sou 
restât  et  d'une  femme  de  conférer  les  éveschez  et  béné- 
«fîces  et  allégua  ung  passage  de  la  saincte  escriture  assez 
smal  à  propos,  disant  :  r  Peuple,  regarde  si  ceste  bonne 
nmère.  Royne  mère  de  Jesus-Christ,  en  l'élection  de 
rs'  Matthias  au  lieu  de  Judas,  si  elle  s'en  voulust  mes- 
rler,  encores  qu'elle  fust présente."  En  cemesme  sermon, 
«qui  estoit  de  l'entrée  de  Jésus  à  Jérusalem  et  y  a 
«  comme  Jésus  dit  à  deux  de  ses  disciples  :  tt  Allez  en  ce 
rchasteau  qui  est  contre  vous.»  Et  au  peuple  :  -Sçais-tu 
«cechasteau  qui  est  contre  vous"?  c'est  ce  chasleau 
cqui  vous  jettera  hors  de  voz  maisons.  Au  latin,  dit-il. 
et  il  y  a  caslellum;  mais  il  n'est  pas  entier.  Chasteau 
tteomme  le  nommerons-nous?  Cattellum  est  diminutif  de 
f  Castrum.  Il  le  fault  nommer  en  françois  chastellet.  Cbas- 
tttellet  n'est  pas  propre,  il  fault  donc  dire  ChasiiUon; 
r c'est  ce  Cbastillon  qui  est  contre  vous  et  qui  vous  ruy- 
rnera  si  vous  n'y  prenez  garde." 

De  son  côté  Charles  IX  écrivait  au  gens  du  Parlement  : 
«  Depuis  deux  jours  nous  avons  esté  adverlis  que  en  la 
<•  paroisse  de  S"  Séverin  ung  nommé  Fournier  avoit  pres- 
-ché  propos  scandaleux  qui  ne  tendraient  qu'à  émouvoit 
de  peuple  et  à  ceste  saison  où  il  est  préparé  à  faire  quel- 
ttque  sédition;  et  pour  que  c'est  chose,  si  elle  est  vraie, 
'•qui  mérite  pugnition,  nous  en  avons  adverty  nostre  amé 
r.  et  féal  cousin  le  sieur  de  Montmorency,  gouverneur  ri 
b  lieutenant  général  en  l'isle  de  France,  pour  se  Irans- 
-porter  devers  vons.i  (Bibl.  nat.  Parlera,  vol.  82.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


183 


rencv  vous  dira,  affin  que  l'on  y  puisse  remé- 
dier, comme  il  esl  requis  pour  le  bien  du  ser- 
vice du  Roy  mon  die!  sieur  et  filz,  et  le  repos 
et  tranquillité  de  ses  subjeclz.  Je  ferais  torl  à 
la  dévotion  que  je  sçay  que  nous  avez  tous  au 
bien  île  son  service  de  vous  en  faire  plus  lon- 
gue lettre,  si  ce  n'est  pour  prier  Dieu.  Mes- 
sieurs, de  unis  avoir  en  sa  saine  te  el  digne 
garde. 

De  Fontainebleau  ,  ce  deuxième  jour  d'avril 
mil  cinq  cens  soixante,  avant  Pasques  (1061). 

Caterine. 

RoBERTET. 


1561.  —  3  avril. 
Minute.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18, f"  36. 

\  MONSIEUR  LE  COMTE  DE  TENDE. 

Mon  cousin ,  vous  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  vous  escript  touchant  les  émo- 
tions dernièrement  advenues  en  Prouvence1, 
qui  ne  sont  point  de  peu  d'importance  et  pour 
ce  qu'il   est    Iiesoing  d'y  pourveoir  prompte- 
ment,  je  vous  prie,  mon  cousin,  d'y  donner 
ordre  le  plus  lost  qu'il  vous  sera  possible ,  pour 
en  ayant  faict  faire  bonnes  et  dues  informa- 
lions  qu'une  bien  réelle  pugnition  se  face  des 
aulleurs  de  la  sédition  de  quelque   religion 
qu'ilz  soyent  et  pour  quelque  occasion  que  ce 
soyt,  car  il  est  bien  dangereulx  que  le  peuple 
se  mecte  de  soy-mesmes  à  faire  la  pugnition 
par  ses  mains  de  ceulx  qui  aucunes  foys  peult 
estre,  sans  occasion,  il  jugera  la  mériter,  et  de 
ce  que  vous  en  aurez  faict  je  vous  prie  nous  don- 
ner incontinent  adviz.  Cependant  je  prie  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde: 

1  Yoy.  Discours  véritable  des  guerres  et  (roubles  adve- 
vemis  au  pavs  de  Provence,  envoyé  à  M.  le  c'c  de  Tende, 
lieutenant  général  près  le  Roy  en  Provence,  par  N.  R.  P. 


De  Fontayneblcau,  le  .  .  .  jour  d'avril  1  56o 
(i56i). 

(4m  dos.)  La  Royne  à  Mr  le  comte  de  Tende , 
le  m'  d'avril  i  ôb'o. 


1501.  —  7  avril. 
Orig.  Bibl,  oal.  fonds  français,  n°  3i03,  f°  so.  Nouvelle  acquisil. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES, 

CONSEILLES    DC    BOÏ    MONS1ECR    MON    FILS,  M'    DES    BEQDESTES 
DE  SON    BOSTEL  ET  SON  AMBASSADECB  EN  ESPAGNE. 

Monsieur  de  Lymoges,  avecques  l'occasion 
de  l'allée  par  delà  de  mon  cousin  le  coule 
d'Eu ,  je  l'ay  chargé  de  remporter  le  collier  et 
le  manteau  de  l'ordre  de  la  toyson  que  avoyl 
le  feu  Roy  mon  fdz,  suivant  ce  que  vous  m'avez 
cy  devant  escript  qui  esloit  nécessaire,  affin  de 
de  le  présenter  au  Roy  catholicque  monsieu) 
mon  filz-,  à  quoy  vous  l'assisterez  et  regarderez 
de  l'advertir  de  ce  qu'il  vous  semblera  qu'il 
devra  faire  en  cest  endroict,  priant  Dieu, 
monsieur  de  Lymoges,  vous  donner  ce  qui 
désirez. 

De  Fonlainebleau,  ce  vnejour  d'avril  1  50  1 . 

Caterine. 
De  l'Àubespine. 


•  1561.  —  7  avril. 
Vlmiite.  Bibl.de  Rouen,  fonds  Leber,  porlef.  D.  572O. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

J'ai  tant  faict  que  j'ai  faict  déchiffrer  la  lettre 
du  religieux  '  que  m'avez  envoyée;  il  ne  parle 

Lyon,  Rigaud,  i563  (in-ia);  Papon,  Histoire  générait 

de  Provence  (Paris,  1786),  t.  IV. 

1  L'évéque  de  Limoges  écrivant  à  Catherine  de  Mé- 
dias (10  mars  i56i  )  lui  parle  de  ce  religieux  envoyé 
pour  négocier  le  mariage  de  Marie  Sttiart  et  de  don  Car- 
los; une  lettre  en  chiffres  esl  tombée  merveilleusement 
dans  ses  mains,  n'ayant  pu  la  déchiffrer,  il  l'envoie  à  la 
Reine  qui  en  aura  plus  le  moyen.  Ce  religieux  s'est  d'abord 


|S', 


LETTRES   DE  CATI1E 


en  somme  que  du  faict  de  Florence  ayant  esté 
ci-devant  depesché  pour  suivre  ung  propos  que 
je  lins  une  fois  au  prince  d'EvoIy  et  duquel 
je  \ous  ay  ci-devant  eseript  pour  essaier  de 
remectre  cest  estai  là  en  sa  première  liberté, 
et  ce  religieux  chargé  d'en  parler  de  la  part 
de  ceulx  du  pays  au  dict  Prince  et  luy  faire 
de  grandes  offres  et  ne  s'ennuyer  du  temps  pour 
\oir  si  quelque  occasion  se  pourra  présenter 
qui  serve  à  cet  effet.  Vous  sçavez,  monsieur  de 
Limoges,  comme  je  dois  désirer  cela,  mais 
pour  rien  au  monde  je  ne  voudrais  que  l'on 
sceut  que  je  fusse  de  la  partie,  sinon  ceulx 
auxquelzj'en  ai  déjà  parlé,  et  toutesfois  je  vous 
prie  regarder  tous  moiens  possibles  pour  favo- 
riser tant  envers  ledict  Prince  cesle  praticque, 
auquel  il  n'y  aura  point  de  mal  que  vous  dites 
que  vous  sçavez  la  charge  du  religieux,  sans 
toutesfois  que  vous  veuillez  que  ledict  religieux 
saiche  que  vous  en  entendiez  rien  et  là  dessus 
auriez  beau  subject,  ce  me  semble,  avant  de 
mi  ivre  ce  que  je  vous  ay  dernièrement  eseript 
en  faveur  de  mon  frère  le  roy  de  Navarre,  pour 
le  i  égard  de  Sienne  en  récompense  de  son 
royaume,  car  le  Roy  catholique  a  quelque  ja- 
lousie de  la  grandeur  du  Duc1,  comme  il  y  a 
assez  de  quoy.  Il  a  honneste  excuse  de  s'aider 
ili'  ceste  pièce  pour  la  dicte  récompense,  de  la- 
quelle, comme  j'entends,  il  a  ces  jours  der- 
rs  prias  nouvelle  investiture2  de  l'Empereur 
qui  ne  peult  eslre  sans  occasion3,  faisant  bien 
entendre  au   dict  Prince  que,  d'une   mesme 

mis  en  un  couvent,  puis,  son  séjour  se  prolongeant,  il 
s'esl  retiré  dans  une  maison  privée,  se  disant  emoyé  par 
la  reine  Catherine.  En  terminant,  l'Évêque  engage  la 
Reine  à  n'en  rien  dire,  afin  qu'à  Paris  on  ne  s'en  doute 
pas.  (Bibl.  de  Rouen,  fonds  Leber,  n°  0731.) 
1  Cosrne  de  Médicis. 
Voy.  Dépêche  de  John  Sliecrs  à  Cecil  (Kulendar  oj 
State  papas,  année  i56i-i56a,  p.  i3  et  si). 

|).m>  une  dépêche  du  aa  mars  1 50 1 ,  John  Sbeers 
écrivait  à  Cecil  :  -De  plus  en  plus  le  bruit  s'accrédite 


RINE  DE   MÉDICIS. 

menée,  il  sortirait  trois  choses  fort  utiles:  la 
première  que  le  dict  Roy  catholique  ferait  chose 
équitable  et  louée  de  Dieu  et  des  hommes  de 
remectre  le  dict  estai  de  Florence  en  sa  pris- 
tine  liberté,  dont  il  pourrait  tirer  grands  de- 
niers, ayde  et  amitié;  l'aultre  il  s'osteroit  du 
pied  ceste  épine  du  royaume  de  Navarre,  dont 
est  pour  saigner  longuement  et  daventage.  Le 
dict  prince  d'Evoly,  oullre  l'utilité  qu'il  tirerait 
de  ceux  qui  cherchent  son  ayde  en  cest  en- 
droict,  entamerait  par  ce  moien  bien  avant  la 
faveur  et  le  lieu  du  duc  d'Alve,  tellement  que 
le  dict  Prince  seroil  où  le  désirent  ceulx  qui 
aiment  sa  grandeur,  et  si  se  pourrait  asseurer 
que  le  roy  de  Navarre  ne  serait  point  ingrat  de 
ce  qu'il  ferait  pour  luy.  C'est  chose,  mon- 
sieur de  Lymoges,  queje  désire  singulièrement 
pour  l'amitié  grande  que  je  reçoy  de  luy  et 
tant  de  bons  offices  qu'il  faict  en  mon  endroict , 
qui  me  faict  vous  prier  y  emploier  toul  ce  que 
vous  y  pourrez  et  penser  que,  s'il  estoit  une 
fois  en  cest  estât  de  Sienne,  ce  me  seroyl  ung 
bon  moyen  d'avoir  plus  de  commodité  en  cest 
estât  de  Florence  et  d'en  avoir  pour  ma  maison 
la  raison  que  j'en  attends  et  désire  il  y  a  long- 
temps. Ce  sont  discours  jetés  de  loing,  mais 
non  sans  apparence  de  fruict  avec  le  temps, 
estant  toutes  choses  du  monde  possibles  et  su- 
jectes  à  vicissitudes,  comme  vousentendez  assez. 
Au  demeurant  pour  ce  que  toutes  choses 
me  sont  suspectes,  encores  que  je  sçays  bien 
que  le  dict  religieux  est  là  pour  la  dicte  pra- 
ticque, toutlefois  je  serais  bien  aise  que  vous 
observiez  ses  actions  assez  soigneusement  el 
avec  ce  que  vous  pourrez  recouvrer  de  ses 
pacquetz  que  vous  me  les  envoyez,  sans  qu'il 
en  sache  riens,  ni   personne  aussi,  car  ayant 

«que  le  roi  d'Espagne  veut  s'emparer  de  Sienne.  Le  duc 
«de  Florence  y  est  en  ce  moment  et  fait  fortifier  la 
e  place.-  (  Kulendar  of  State  paper»,  année  1 50 1-1  56a  . 
p.  5.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


18f 


recouverl  le  dicl  chiffre  il  me  sera  toujours 
aisé  de  voir  de  quel  pied  il  chemine,  n'es  tan  I 
pas  souspicion  qu'il  ne  feusl  par  advenlure 
chargé  de  quelque  autre  office,  ni  que  ceulx 
qui  poursuivent  sourdement  le  mariage  du 
gentilhomme1  ne  feussenl  bien  pours'en  aider; 
je  1<;  dis  pour  le  doubte  que  j'en  aj  toujours 
el  qui  m'esl  d'autant  plus  augmenté  par  vostre 
dernière  dépesche  paroi  j'ay  veu  que  l'on  n'ou 
blie  pas  assez  les  pires  offices  que  l'on  peull 
pour  rendre  mes  actions  odieuses  par  delà 
■  ■i  faire  luire  les  aultres.  Ce  que  je  m'asseure 
ne  pouvoir  sortir  d'autre  bouticque  que  de 
celle  des  ditz  poursuivants2,  lesquelz  ne  peu- 
vent gouster  cesle  diminution  de  grandeur. 
Le  dicl  gentilhomme  est  ces  jours  pari)  de 
reste  compagnie  et  doit  après  ceste  feste  aller 
voir  sa  grand-mère3,  el  à  ce  que  j'entends, 
l'esl  venue  voir  à  lieims  la  duchesse  de  Ascot  *; 
il  v  a  eu  de  grands  discours  entr'eux  deux  et 
l'oncle  qui  est  là5;  je  ne  sçay  si  ce  serait  point 
un  précurseur  pour  commencer  à  baslir  cesl 
édifice,  ce  dont  vous  pourrez  avertir  la  Reyne 
ma  fille,  afin  qu'elle  essaye  de  sçavoir  par 
delà  ce  que  peultestre  du  dicl  voyage,  comme 
je  fais  de  mon  costé. 

A  Fontainebleau,  le  \n  avril  i56i. 


1  ô (i  1 .  —  g  avril. 
Onjj.  Bili!.  nal.  fonds Moreau,  mss.  83a  .  r  1 3g 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  DIJON. 

Messieurs,   l'ambassadeur  du   Roy   catho- 
licque0  monsieur  mon  bon  lilz.  m'ayanl  faicl 

1   Elle  fait  allusion  à  Marie  Sluart. 

1   Elle  désigne  les  Guise. 

;  Antoinette  de  Bourbon. 

1  La  duchesse  d'Arschot .  tante  il"  ifarie  Sluart. 

I.    i  ardinal  de  Lorraine. 
'  Chantonna;'. 

1   tTHERIJE  DE  Mt.un.l-.  —    I, 


entendre  que  la  damoiselle  dé  Bernaull  rési- 
denl  ou  conté  de  Bourgogne  a  ung  procès  pen- 
danl  par  de\anl  vous  à  l'encoiilre  du  s'  de 
Montmorl  '  el  prié,  de  la  pari  de  mon  lion  lilz. 
avoir,  en  sa  faveur,  l'affaire  de  la  dicte  damoi- 
selle en  recommandation  ,  je  vous  ay  bien 
voullu  faire  la  présente,  oultre  ce  que  le  Roj 
monseigneur  mon  lilz  \ons  en  escript2,  poui 

prier  e(  admonester  de  lenir  main  à  ce  que  la 
dite  damoiselle  puisse  avoir  la  plus  briel'vc  el 
prompte  expédition  de  son  dicl  procès  que 
faire  ce  pourra,  luy  conservant  el  gardant  son 
bon  droit  en  justice,  ainsy  que  vous  avez  bien 
acoustumé  envers  Ions,  estans  asseu'rez  que 
vous  ne  sçauriez  faire  à  mon  dict  filz  et  à  moj 
service  plus  agréable,  priant  Dieu,  messieurs, 
vouz  donner  ce  que  désirez.  De  Fontainebleau 
le  i\    jour  d'avril    i  56  i  . 

Caterine. 
Dr  l  Ai  bespine. 


1561 .  —  l 'i  avril. 
Orig.  liibl.  noL  fonds  Moreau,  mss.  833,  1°  171. 

A  MESSIEURS  DE  LA  COURT 

TENANS  LA  COI  RT  DE  PARLEMENT  A  DIJON 

Messieurs,  ayant  entendu  que  le  sr  d'Au- 
mont3,  gentilhomme  ordinaire  de  la  chambre 
du  Roy  monsieur  mon  filz,  a  un  procès  en  la 
court  de  parlement  contre  la  damoiselle  de 
Corrabut,  duquel  il  a  longuement  poursuivj 
l'expédition  comme  il  vous  sera  donné  entendre 
de  sa  part,  je  vous  ay  bien  voulu  escrire  la 
présente  et  prier,  d'autant  que  je  désire  la  jus 
lice  estre  bien  el  deuement  administrée  à  un;; 
chascun  le  plustosl  que  faire  ce  pourra,  san- 

1    Monlinorl,  seigneurie  possédée  .m  mn"  siècle  jj.u   la 
maison  de  liouihon-Namy  el  qui  a  passé  depuis  a  elle  de 
Bernauit.  —  Voy.  La  Chesnaye-Detbois ,  t.  Xl\ .  p.  436. 
\nv.  Lettre  de  Charles  IX  (même  volume.  fJ  l35). 

1  Jean  d'Aumont,  <ilé  p.  1  ■■- 


186 


LETTRES   DE      \THERI\E  DE   HÉD1CIS. 


lis  tenu  en  longueur,  il-  faire  en  sorte  qu'il 
en  puisse  avoir  prompte  et  briefre  expédition, 

à  ce  '[il  il  ne  se  consume  plus  longuement  en 
fraix  à  la  poursuyte  dudict  procès;  et  ce  fai- 
san! ,  vous  ferez  chose  que  j'aurav  très  agréable , 
priant  le  Créateur,  messieurs,  tous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde.  Escrit  à  Fontainebleau  . 
Ii    s      jour  d'avril  t  56 1. 

Catbrujb. 
Fizes. 


1561.  —  i  i  avril. 
Urig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Celbert.  ns  $90  .  t'-'  35  et  <aii. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

-IÏLLEK  DC  BOT  X03S1ETI  *OJ   F1LZ  ET  tWSSABUEl 
PBt*  LESfPERECR . 

Monsieur  de  Rennes,  hver  je  reeenx  '  - 
lettre  du  xm'  de  mars  venue  par  la  voye  de 
sse  et  ce  jourd'huy  celle  du  \i°  par  chemyn 
•  le  Flandres,  par  lesquelles  j*ay  congneu  que 
vous  estes  fort  bien  et  seuremenl  adverh  des 
lioses  qui  passent  là.  et  respondant  à  la  der- 
nière, je  vous  diray  que  la  teneur  de  la  lettre 
que  l'ambassadeur  à  Rome  de  l'Empereur  luy 
escript,  dont  avez  faict  cet  extraie!,  est  le 
même  langage  que  je  tins  au  dict  domp  Jouan 
Manrrieque  sur  la  propre  négociation  qu'il 
a  faict  icy.  par  "ù  m'est  confirmée  de  plus  en 
plus  une  opinion  que  j'avois  descouverte  que 
le  dict  Manrrieque  n'atoit  pas  esté  dépesché 
icy  pour  une  condoléance  seulle.  pour  estre 
personnaige  près  de  son  maistre  fort  avmé 
du  prince  Charles1,  joiuct  les  autres  argum 
que  j'avovs  d'ailleurs  que  l'on  pouUoit  fort  à 
ceste  roue  là  de  ce  eonsté  icy,  chose  que  je  ne 
vouldroys  poinct  veoir  pour  l'importance  de 
l'estat  de  ce  royaulme,  et  à  ceste  occasion 
desirè-ge,  monsieur  de  Rennes,  sur  la  fiance 


1   L'archiduc   Ourles,  le  dernier  fils  de  l'empereur 
Ferdinand  V. 


que  j'oy  en  tous  et  au  devoir  que  ceux  qui 
sont  employez  au  service  du  Rov  monsieur 
mon  lilz  doibrent,  qne  vous  laciez  dextrement 
tout  ce  que  vous  pourrez  pour  esclaircir  le 
faict  de  la  dicte  praticque  de  ce  mariage  de  la 
royne  d'Escosse  ma  lille  et  le  prime  Charles 
par  tous  les  moyens  que  tous  sçaurez  bien 
faite,  pour  incontinent  et  à  toute  heure  que 
\ous  en  deseourrirex  quelque  chose  m'advertir 
par  lettres  particulières  que  nous  mectrez  en 
chiffres  dedans  le  pacquet  de  Laubespine,  me 
touchant  par  le  menu  les  tenanz  et  abl 
tisans  de  ce  que  vous  en  descouvrirez,  qui  me 
ira  à  m'y  faire  voir  clair  et.  advertye  comme 
j'en  seray.  me  donner  moyen  de  mieulx  remé- 
dier à  ce  qui  sera  nécessaire. 

Par  TOslre  première  lettre,  j'ai  sceu  quelle 
est  l'espérance  du  concile  du  coustc  de  delà, 
qui  m'en  faict  avoir  bien  peu  d'ailleurs,  en- 
cores  qu'il  soit  venu  icy  ung  bruict  que  le 
Pape  y  a  déjà  expédié  ses  légatz.  Ce  sont  re- 
mèdes en  apparence  et  peu  en  effect;  d'autant 
que  je  ne  veoy  poinct  que  le-  autres  y  che- 
mynent  guères  plus  franchement.  Quant  à 
moy,  \ous  aurez  veu  par  ma  précédente  dé- 
pesché. comme  nous  tenons  noz  ambassa- 
deurs et  prélatz  prestz  à  ceste  fin,  quant  on 
verra  que  ce  sera  à  bon  essienl .  et  ne  se  trou- 
vera personnes  mieulx  disposées  à  chercher  ce 
bien  tant  nécessaire  que  nous,  selon  aussi  le 
besoiug  que  nous  en  avons,  qui  n'est  pas  petit. 

J'aj  considéré  ce  que  vous  m'escrivex  'bj- 
propos  qui  courent  par  delà  de  la  tille  du 
roi  de  Bohème1  et  du  Peu  monsieur  mon  lilz: 
en  quoy  comme  prudent  et  saige  tous  tous 
-  gouverné  sans  en  parler,  ne  respondre 
-ans  en  avoir  charge:  el  pour  ce  que  c'est  ung 
partv  que  je  n'ay  jamais  que  bien  désiré  pour 
plusieurs    considérations,    tous    ne    -canne/. 

tnne  cTAotriche,  la  fille  ain-e  il»  Maximilien. 


1561.     ■-   i  1  a  ' 
Orig.  Bibl.  nal.  fond*  français,  n    17^61 

A  MONSIEl  i!  COIGNET, 

UDASStUEDIi  ES  st:S!-L  '".  , 

Monsieur  Coignet,  je  ne  sçaurroys  aultre 

Elisabeth  d'Autriche,  qui  épousa  Charles  I  X  en  1570 
:  Mathieu  Coignet  de  la  Tbuillerie,  déjà  cité  u.  17-'. 


LETTRES  DE  G  VTHE 

rien  faire  qui  me  soil  plus  aggréable  que  de 
l'aire  dextremenl  el  comme  de  vous-inesme 
entendre  à  ceulx  qui  peuvenl  faire  ceste  pra- 
licque,  que  vous  estimez  que  ce  part]  ae  seroil 
trouvé  que  bon,  el  que  par  mesme  moyen  se 
pourroil  faire  le  mariage  de  la  seconde  Bile1 
au  filz  du  ro\  de  Navarre,  qui  es!  ung  prince 
seul,  grandemenl  riche  el  si  bien  aparenlé 
qu'il  est,  le  père  tenanl  le  lieu  en  ceroyaulme 
qu'il  fairt.  estant  entre  luj  el  uaoj  telle  el  si 
grande  amylyé  el  parfaicte  intelligence  qu'il 
\  a.  Mays  -i  les  dicLes  choses  venoienl  à  cesle 
fin,  on  desireroil  singulièrement  que  les  deux 
GHes  demourassenl  auprès  de  la  mère,  el  que 
l'on  se  gardas!  bien  de  les  laisser  transporter, 
ne  demourer  ailleurs,  conduysant  cela  avec 
telle  dextérité  qu'il  ne  se  cognoisse  poinct  que 
mm-  en  eussions  trop  d'affection,  parée  <pi  il 
\  assez  de  temps  entre  cecy  el  les  effectz,  el  il 
ne  seroil  nyhonneste  n\  raisonnable  que  cela 
se  descouvrisl  en  vain.  Je  suys  seure  que  ce 
sera  une  nouvelle  qui  ne  leur  desplaira  pas 
trop .  mais  il  faull  que  ce  suil  roui  me  pari  a  ni  de 
vous  et  sans  qu'il  soil  congneu  que  vous  en 
tyez  aucun  advis  d'icy,  où  il  ne  s  offre  de  qttoj 
vous  taire  plus  longue  lettre,  n'y  estant  rien 
surveau  depuis  le  parlement  du  sieur  de  \  iel- 
Imille.  Pryanl  Dieu,  monsieur  de  Rennes, 
vous  donner  ce  que  plus  désirez.  De  Fontaine- 
bleau .  le  \i'  jour,  d'avril  1  5<i  1 . 

I  Iaterine. 
De  1.  Aubespine. 


RINE  DE   MÉDIGIS.  187 

chose  respondre  à  vostre  dépesche  du  premier 

de  ce  mo\  - .  -\  1 1 1 1 1 1  que  je  suis  très  ayse  que  la 
résolution  de  la  journée  de  marche  ayt  esté 
remise  à  la  prochaine  journée  de  Badde  '  : 
m'asseurant  que  u>us  rabillerez  les  choses  el 
ferez  en  sorte  qu'ilz  s'apaiseront  entendant, 
comme  \ous  avez  sceu  par  no/,  dernières  lettres 
les  sommes  de  deniers  que  je  leur  l'aiclz  tenii 
prestes  pour  satisfaire  les  plu--  nécessaires 
debtes,  donl  je  me  remeetz  à  vous,  qui  pouvez 
eslre  asseuré  qu'il  ne  se  perdra  ung  seul  quarl 
d'heure  à  l'advancement  de  ces  deniers.  Quant 
au  sel  que  demandent  ceulx  de  Berne,  nostre 
dernière  dépesche  vous  y  salisfaicl  que  vous 
trouverez  conforme  à  votre  advis.  Présentement 
je  \ous  envoyé  ung  pacquet  pour  l'évesque  de 
Renés  que  je  vous  prye  luv  faire  tenir  le  plu-. 
tost  el  le  plu-  seurement  que  faire  se  pourra; 
pryant  Dieu,  monsieur  Coignet,  vous  donner 
ce  ([ue  désirez.  De  Fontainebleau,  le  xi' jour 
d'apM'il  1 56 1 . 

Caterine 
De  l'Aubespixe. 


lôtïl .  —   iG  avril. 
1  opie.  Bibl.  nal.  coilect.  Périgord ,  vol.  VI,  f'  8. 

\  MONSIEUR  DE  CAUMONT. 
M'  de  Caumont,  comme  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  inoy  désirons  accomoder  ses  bons 
serviteurs,  ayant  sceu  nos  affayres,  il  a  reçu 
agréablement  vostre  excuse  accompaignée  de 
sa  bonne  vollonlé  à  lui  faire  service  à  autre 
orra-ion:  que,  pour  ceste  heure,  vous  serez. 
exempt  du  voyaige  d'Angleterre2,  m'assuranl 
bien  que  là  où  vostre  commodité  le   pourra 

La  prochaine  assemblée  à  lîatlc  l-n  Argo  ii 

1  Nous  pensons  que  c'est  en  qualité  d'otage  pourle  traité 

de  Cateau-Cambrésis  qu'il  avail  été  question  d'envoyei 

P.  cl.'  Caumont  en  Angleterre  en  remplacement  dn  comte 

deRoussv.      Voy  Kalendm  of  State  papert{t56t),f- 63 


188 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


potier  il  ne  vous  faudra  pas  (prier  d'aller  et 
vous  employer  où  vous  cognoitrez  estre  de  son 
service;  priant  Dieu,  monsieur  de  Gaumont, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

Escript  de  Fontainebleau,  le  xvrjour  d'a- 
vril 1 5  6 1 . 

Caterine. 
De  l'Aubkspine. 


1561.  —  19  avril. 

Orig.  liibl.  nat.   fonds  français,  n°  aoââç,,  f°  33. 

A  MON  COUSIN  LE  SIEUR  DE  BOISY, 

CHANT    BSCOIEB    UE  FRANCE. 

Mon  cousin,  avant  veu  par  la  lettre  que 
\ous  m'avez,  escript e  et  ce  que  ce  gentilhomme 
présent  porteur  m'a  dict  de  vostre  part,  j'ay 
bien  congneu  le  maulvais  estât  en  quoy  vous 
estes  pour  venir  au  sacre  du  Roy  monsieur 
mon  lilz.  et  le  besoing  que  vous  avez  de  vous 
aller  reposer,  qui  est  cause  que  je  trouve  très 
bon  et  ay  fort  agréable  que  vous  en  alliez  en 
vostre  maison  pour  vous  renforcer  et  vous  re- 
poser jusques  à  l'entrée  de  Paris,  où  je  désire 
bien  que  vous  vous  trouviez;  et  quant  à  l'est  a  t 
(jue  m'avez  envoyé  de  la  despence  qui  sera  né- 
cessaire pour  la  dicte  entrée,  je  y  adviseray 
plus  à  loisir,  affin  de  ordonner  ce  qui  s'y  debvra 
faire,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Fontainebleau,  le  ox"  jour  d'avril  i56i. 
La  bien  vostre, 

Caterine. 


I  561.  —  .20  avril. 
Copie.  Arch.  collect.  Simoncas,  k,  ligfl,  n°  Si 

\  MONSIEUR  L'AMBASSADEUR  D'ESPAIGNE. 

Monsieur  l'ambassadeur,  satisfaisant  à  la 
promesse  que  je  vous  l'eiz  hier  de  vous  faire 
veoir  l'ordonnance  l'aide  dernièrement  pour 


pourveoir  aux  troubles  qui  s'offrent,  j'en  aj 
l'aie!  l'aire  une  coppie  que  présentement  je  vous 
envoyé1,  aflîn  que  vous  sachiez  et  voyez  ce 
qu'elle  contient,  priant  Dieu,  monsieur  l'am- 
bassadeur, vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Fontainebleau  ,  le  xxc  jour  d'avril  1  oli  1 . 

Caterine. 
De  l'Aubkspine. 


(1561.  —  31  avril.) 
Déchiffrement.  Bibl.  de  Rouen,  t'omis  Leber,  n'  h--i~j. 

\   MONSIEUR  DE   LIMOGES5. 

Pourmieulx  mouvoir  mon  lilz3  à  cela  ', 

je  juge  que  vous  ne  pourriez  entrer  en  chose 
qui  lui  soit  plus  agréable  que  sur  le  laie!  de  la 
dicte  religion  et  du  roy  de  Navarre,  qui  sonl 
deux  points  qui  le  poignent  plus  que  nuls 
autres,  et  comme  vous  estes  dextre  et  advîsé  el 
cognoissez  les  humeurs  de  ceulx  qui  peinent 
servir,  fauldrait,  monsieur  de  Limoges,  com- 
muniquer tout  cela  à  la  Reyne  ma  fille  ,  et  bien 
l'instruire,  et  bien  advertir  de  ce  qu'elle  aurait 
à  faire,  et,  avec  elle,  vous  résoudre  qui  vous 
y  emploierez,  ou  le  dur  d"  Allie  ou  liuy  Cornez, 
ne  laissant  pas  de  costé  le  confesseur,  et  leur 
bien  imprimer  que  ce  que  je  cherche  le  plus 
en  cet  endroit,  est  d'avoir  moyen  de  contenir 


1  Après  avoir  accusé  réception  de  l'édil ,  Chantonna)  ré- 
pondit à  Catherine  :  Ht  me  semble.  l'Edict  bien  consi- 
déré,  que  au  lieu  de  paciffier  les  choses  et  les  réduyre 
en  quelque  bon  eslal,  par  icelluv  est  donnée  voye  el 
moien  de  les  confondre  mettant  les  Catholiques  ''n  dé- 
sespération.-  En  terminant  il  ajoute  :  rje  supplie  Y.  \l. 
lie  souffrir  que  l'un  y  nage  entre  ilen  1  e.nn .-  1  \1vl1  nat. 
fonds  Simancas,  k,  i  'ni'i.  n'  8a.) 

2  Le  commencement  de  cette  dépêche  manque  el  le  bord 
de  la  lettre  est  déchiré.  —  Voy.  Chéruel,  Marie  Sluart 
ii  Catherine  île  Médîcis,  p.  ->i  ;  Mignet,  Journal  île,  • 
gante,  juillet  1  s-.">. 

3  Philippe  II. 

1   L'entrevue  qu'elle  désirait  avoir  avec  lui. 


LETTRES  DE  CATHJ 

le  faicl  de  la  dicte  religion  et  aussi  lu\  disposer 
le  dicl  n>\  de  Navarre,  de  sorte  que  je  guérisse 
cette  plaie  de  la  querelle  de  Navarre .  qui  sera 
autrement  perpétuelle,  et  mesmes  au  confes- 
seur que  ce  seroil  pour  pourvoir  lanl  mieulx  au 
faicl  de  la  religion  ;  lesquelles  deux  choses  peu 
vent,  avec  le  temps,  apporter  incommodité  el 
danger.  Vous  pourrez  aussi  vous  servir  de  l'en- 
vie que  j';ii  que  toul  le  monde  cognoisse  que 
le  dicl  Roy  catholique  prend  le  Roy  mon  Gis  en 
sa  lutelle  el  protection,  et  que  cela  le  dispose, 
en  çel  aige  tendre,  à  le  plus  aymer,  sachant  «jim* 
ce  qui  esl  accru  en  la  jeunesse,  difficilemenl 
ou  point  se  peut  jamais  altérer  ni  changer,  el 
là  dessus  adviser  ions  moïens  par  où  vous  pour- 
rez bâtir  cette  entrevue  que  je  désire  plus  que 
chose  en  ce  monde,  pour  le  fruil  qui  en  sorti- 
rait, comme  je  m'assure,  el  principalemenl  à 
moy  et  à  ce  royaume,  ne  voyant  rien  qui 
puisse  lanl  commander  el  contenir  toutes 
choses  que  cela.  Ce  que  vous  prie  bien  consi- 
dérer, ei.  sur  toul  le  service  que  désirez  jamais 
me  l'aire,  le  conduire,  en  socle  que  j'en  puisse 
lirer  quelque  satisfaction  pour  en  toute  dili- 
gence m'en  adverlirparledicl  poil  eue  qui  aura 
charge  de  retourner  trouver  votre  dicl  frère  'chez 
luy,  où  je  lu\  ay donné  congé  il  aller  pourquel- 
ques  joues,  afin  que  delà  il  me  lasse  entendre 
secrètement  la  résolution  que  vous  en  aurez 
lirée,  car,  jusques  après  voire  réponse,  je  u  \ 
disposera  v  rien.  Bien  cognois-je  les  choses  assez 
à  propos  pour  venir  là.  comme  à  l'improvisle, 
d'autant  que  je  vois  par  vos  lettres  que  le  l'on 
catholique  esl  pour  aller  aux  courtz  de  Mous- 
son-, à  celle  septembre;  el,  vers  la  lin  de  juil- 
let, l'entrée  du  Boy  mon  fils  se  fera  à  Paris  au 
retour  de  son  sacre  à  Reims,  où  je  le  mène 
lundy  prochain  pour  être  couronné  le  \i"  de 

1   Claude  il''  l'Aubespine,  marié  ii  Marie  Clulin,  fille 
du  s' île  Villeparisis  et  qui  mourut  en  1  56g. 
-  Moin un.  ville  forte  d'Aragon. 


RINE   DE    MÉDIC1S.  IN!) 

may,  el  les  Estais  seront  achevés  à  la  mv-aoust. 
\  près  lesquels,  selon  votre  réponse,  je  me  pour- 
rois  achemineren  Touraine souhz ombre  d'aller 
voir  Chénonceau;  el  de  là  le  Boy  de  Navarre  a 

envie  nous  mener  en  I  Sascoigne  | r  faire  voir 

le  Ro\  à  ses  subjecls,  d  où  nous  ne  serions  pas 
loin;;  pour  faire  le  dicl  voïage  que  je  désire  lanl. 
duquel  je  ne  parlerois  polnl  lanl  que  nous 
fussions  par  delà;  aussi  il  \  auroil  peu  de 
compagnie  el  penseroit-on  la  chose  non  pré- 
méditée '. 

Faicles  leur  gouster  le  bien  que  le  Bo\  ca- 
tholique fera  à  ce  royaume,  el  par  conséquent  à 
loute  la  chrétienté;  en  quoyses  pays  ne  courenl 
pas  les  moindres  dangers;  el  que  la  Reyne  ma 
611e  considère  bien  toutes  mes  raisons  el  com- 
bien ce  que  je  cherche  à  faire  la  regarde  el 
son  repos,  afin  d'ouv  rir  ses  esprits  el  s'ayder  de 
tous  moïens  possibles;  jugeant  si  la  prince 
sa  belle-sœur  v  pourroil  de  rien  servir,  et, 
pour  l'y  allumer  davantage,  dire  à  la  dicte  prin- 
cesse que  mon  allée  là  seroil,  si  le  mariage 
du  ltov  mon  lils  ne  peut  se  conduire ,  au  moins 

faire  q eluv  du  princed'Espaigne,sonneveu, 

ne  lui  faillis!  point  où  j'aurois  quelque  moyen. 
Je  sçays  bien  .  monsieur  de  Limoges,  que  le  Boy 
catholique  chemine  en  toutes  choses  par  con- 
seil; mais  si  n'en  aura-t-il  jamais  de  meilleur 
que  d'user  en  cecj  d'occasion  qui  se  présente, 
guidée  de  ma  bonne  et  affectionnée  volonté 
envers  lui,  que  j'aime  comme  mon  propre  lils. 
el  le  bien  publicq.  (le  que  je  dis  à  bon  escient . 
el  comme,  entre  tous  moïens  enlre  lesquels  en 
ai  considéré  un  qui  meserviroit  plus  que  toutes 
les  choses  du  monde,  ce  me  semble,  duquel, 
pour  la  parfaicle  fiance  que  j'aj  en  vous,  j'aj 
voulu  vous  adverlir  par  ci'  porteur  exprès,  sans 
que  je  veuille  que  personne  vivante  le  sçache 

1  C'est  donc  quatre  années  avant  l'entrevue  de  Bayonne 
qu'elle  eu  conçut  la  première  pensée. 


LETTRES  DE  CATH 

que  vous  cl  votre  frère,  lant  jusqu'à  ce  que  je 
ce  qui  se  pourra  espérer.  Je  ne  me  suis 
jamais  pu  dissuader  dé  l'envie que j'ay  toujours 
eue  de  voir  le  Hny  catholique,  et  plus  m'aug- 
mente-t-elle  à  celle  heure  que  jamais  j)our  le 
bien  que  cela  feroil  à  la  chrétienté,  à  ce 
royaume  et  à  moy,  ce  me  semble,  dont  je  vous 
louchera  y  les  principaux  points. 

Vous  cognoissez,  monsieur  de  Limoges, 
I  inimitié  grande  el  jalousie  que  le  Roy  catho- 
lique peut  avoirdu  Roy  de  Navarre,  et  la  crainte 
qu'il  a.  tenant  le  lieu  qu'il  laid,  que  ce  soit 
pour  croistre  son  autorité,  el ,  en  ce  faisant, 
diminuer  la  mienne,  et ,  de  là,  cherchant  raison 
de  son  royaume,  souffler  quelque  feu  qui  allu- 
meroil  une  guerre,  el  parmy  là  donner  fureur 
au  faicl  de  la  religion  si  troublée  qu'elle  esl  à 
iste  heure;  qui  sont  deux  articles  que  le  dicl 
Roy  catholique,  comme  prudent  qu'il  esl , con- 
sidère plus  que  chose  qu'il  soit.  Or.  si  j'avois 
assurance  de  le  \oir,  quand  ce  ne  pourroif  estre 
que  vers  la  fin  de  eeste  année,  ce  me  seroit  un 
moïen  cependant  de  contenir  en  l'un  et  l'autre 
point  le  l'ov  de  Navarre,  le  nourrissant  d  es- 
pérance que  celle  vue  apporterait  quelque 
raison  de  ce  qu'il  prétend,  el  de  crainte  pour 
faire  aller  le  dicl  roy  de  Navarre  el  ceulx  qui  le 
poussent,  et  par  conséquent  tout  ce  royaume, 
plus  retenus  au  faicl.  de  la  religion. 

.le  ne  puis  dire,  si  le  mariage  de  nia  fille, 
la  reyne  d'Ecosse  ',  esl  si  avanl  en  termes  que 
nous  le  pensons;  ce  seroil  un  object  pour  le  re- 
froidir et  tenir  la  poursuite  en  suspens.  Par  ce 
moïen.  nous  voyant  I  un  l'autre,  qui  ne  seroil 
-ans  mener  ma  petite  fille-,  peut-eslre  que  j'en 
ferois  sortir  ce  que  je  désire.  S'il  v  a  plus  que 

1  II  s'arpl  toujours  du  projet  de-  mariage  avc<  don 
Carlos. 

Marguerite  de  \alois,  était  née  en  !  55a  ,  et,  pat  con- 
séquent, n'avait  que  neuf  ans  à  l'époque  où  sa  mère  écri- 
vait rette  lettre. 


ÏRINE  DE  MÉDICIS. 

du  bruit  à  la  nouvelle  de  celte  \ue,  se  con- 
tiendraient et  refroidiroient tous  desseins,  me- 
nées etpraticques  qui  se  peuvent  par  advenlure 
faire  par  le  Roy  catholique  au  préjudice  de  ce 
royaume,  ou  autres  qui  seroienl  bien  aises  de 
le  \oir  troublé.  Si  je  le  voyois  aussi  disposé  à 
la  practique  du  religieux  dont  vous  m'avez  en- 
voyé les  pacquels,  chose  que  j'ai  grandement  à 
cœur,  j'y  acheminerais  ce  que  je  désire  en  voir, 
el  par  adventure  il  se  ferait  pour  cela  entre  lu\ 
el  moi  tel  marché  que  nous  en  tirerions  lousles 
deux  prouffict  et  honneur  eladvanceiuenl  pour 
nos  deux  maisons,  el  de  là  pourrions  prendre 
pied  pour  leur  donner  plus  d'accroissement, 
et  ne  luy  servirait  pas  peu  celle  faveur  pour  le 
repos  en  ses  affaires  de  Levant  et  crainte  à  tout 
le  demeurant  de  la  chrétienté  qui  ne  pend, 
comme  vous  savez,  que  de  l'œil  el  confort  de 
toutes  deux,  et  étanl  unis  en  une  même  chose 
nous  seroit  aisé  d'y  imposer  telle  loy  que  nous 
vouldrions;  de  quoy,  luy  recevrait  honneur 
comme  père  du  Roy,  que  je  luy  dédiroys  et  se 
nourrirait  en  ses  jeunes  ans  à  son  amitié  et  (elle 
dévotion  qu'il  ne  serait  jamais  tel  qu'il  ne  le 
trouvas) .  tel  que  son  propre  enfant. 

J'en  sçay  aussi  d'autres  qui  suivront  ce- 
prestiges  et  seront  en  cette  même  dévotion, 
qui  sont  instruments  propres  pour  faire  en 
tout  les  plus  grandes  choses  du  monde,  ce  que 
luy  el  mo\  jugerons  être  ulile  et  convenable  à 
l'appuy  el  fortification  de  cette  notre  mutuelle 
el  véritable  intelligence,  en  toutes  lesquelles 
choses  Dieu  serait  servi  le  premier  et  nous 
contenterions  l'esprit  de  ce  que  les  grands 
princes  ont  accoutumé  :  el  ceulx  qui  soûl  parmy 
les  afflictions  et  en  sentent  les  pointures  doi- 
vent avoir  l'esprit  plus  tendu  aux  remèdes, 
l'eut-eslre  cognoistra-t-il  un  jour  que  je  n'en 
parle  pas  sans  bien  grande  raison ,  que  je  vous 
estime  assez  clairvoïant  pour  juger  aussi  de 
là  où  \ous  estes.  Ce  sont  remèdes  légers  qui 


LETTRES   DE   C  ITHERINE   DE   MÉDICIS. 


Mil 


néanmoins  portent  grande  conséquence.  Par 
adventure,  quand  il  les  aura  bien  pesés  avec 
-es  plus  i-ln'is  servi leurs,  ne  les  vouldra-t-il 
négliger. 

Ce  n'esl  pas  à  dire  qu'il  \  ail  rien  de  dé- 
ploré ni  gâté  en  ce  royaume,  ni  que  j  ave  faillie 
<lc  puissance  ni  d'obéissance  pour  \  faire  aller 
toutes  choses,  ainsi  qu'il  appartient,  quelque 
advis  que  l'on  en  donne  par  delà,  ni  que  mon 
dicl  lils  le  Roy  catholiqoe  doibve  craindre  qu'il 
doivbe  survenir,  lanl  que  je  tiendray,  comme 
lais,  les  deux  bonis  de  la  courroye.  chose  de 
deçà  oui  siiii  pour  le  faseber. 


1561.  —  22  avril. 
Oriç.  Bil>l.  nat.  Cinq  cenls  Colbert ,  n"  3go  .  f"  /i3  el  suiv. 

V  MONSIEUR  DE  RENNES, 

I  OKSEIUER  DI    HOÏ  MONSIEUR  MON  FILZ  F.T  SON   M(B*SSM>EUR 
PRES   L'EMPEREl'R. 

Monsieur  de  lieues,  par  les  deux  lectres 
que  m'ayez  escriptes  des  \vm  el  \x\"  du  moys 
passé  j'ay  ven  que  l'Empereur1  estoit  lorsen- 
cores  actendaml  la  responce  des  Electeurs  ca- 
tholicques  sur  le  faict  du  concilie  el  du  Pape, 
sur  ce  qu'il  !u\  a  faict  entendre  du  succè--  de 
la  diette  de  Nambourg,  qui  es1  cause  que  par 
\os  dictes  deux  dépesches  vous  ne  m'avez  peu 
riens  mander  pour  le  regard  .du  dict  concilie, 
où  j'ay  un  merveilleux  regret  de  veoir  une  si 
grande  longueur  et  irrésolution,  et  que  cepen- 
dant les  choses,  qui  parla  diversité  des  opinions 
qui  régnent  aujourd'huy  en  la  religion  se  sont 
altérées,  se  vo\  sent  empirant  de  jourà  aultre  et 
niesnienienl  en  ce  rovaulme  auquel  d'autant 
que  le  péril  mouche-  à  de  plus  près,  plus  je 
crains  d'y  veoir  advenir   quelque  subvertion 

'    Ferdinand  1". 

-  Le  mot  mouche,  compris  dans  la  partie  déchiffrée  de 
relie  lettre,  par  erreur  de  lecture  a  dû  être  écrit  pour 
le  mot  louche. 


pour  la  multitude  des  séditions  qui  se  (btil 
souvent  en  divers  endroicli!  d'icelluy,  à  cause 
de  la  dicte  religion;  el  pour  ce  estant  cons- 
Iraincle  d'y  donner  l'ordre  el  provision  que 
I  importance  de  la  chose  requiert  nécessaire- 
ment, j'ay  advisé  avec  mon  frère  le  roj  de  Na- 
varre et  par  l'adviz  des  antres  princes  du  sang 
el  gens  du  conseil  privé  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  après  avoir  tenté  divers  moyens,  une  foys 

de  rigueur  el  de   sévérité,  el    l'aullre    foys   de 

doulceur  el  clémence,  qu'il  ne  reste  aultre 
meilleur  expédient  que  d'assembler  un  bon 
nombre  des  plus  grans,  digue-,  el  vertueux 
personnages  de  ce  dicl  royaulme  et  des  plus 
recommandez  en  sçavoir  et  sincérité  de  vie. 
pour  prendre  adviz  d'eulx  sur  ce  qui  sedevera 
faire  au  faict  de  la  dicte  religion,  afin  que,  en 
aclendant  et  l'assemblée  e1  le  fruict  dudicl 
concilie  général  qui  e-,1  ce  que  je  désire  de  tout 
mon  cueur,  l'on  ayt  moyen  de  contenir  toutes 
choses  en  repoz,  et  en  l'union  et  tranquilité  qui 
est  requise  pour  la  conservation  de  :el  Estai; 
ayant  considéré  que  faisant  la  dicte  assem- 
blée je  ne  faiclz  chose  qui  ne  soit  plus  que 
nécessaire  el  qui  ne  doibve  estre  estimée  bonne 
el  sainetc  de  qui  que  ce  soit,  qui  en  vouldra 
parler  ou  juger  sans  passion  ;  car  si  le  dicl  con- 
cilie général  selienl  comme  j'espère,  j'auray 
faict  consulter  et  conférer  en  une  bien  vertueuse 
compagnie  el.  comme  il  est  plus  que  raison- 
nable, ce  que  l'on  aura  à  proposer  au  dicl 
concilie  de  la  part  de  l'église  gallicane  pour  la 
refformation  de  ce  qui  ce  trouvera  y  devoir 
estre  corrigé  el  rabillé;  et  par  ce  moyen  auraj 
d'aultanl  advancé  la  dépesche  qu'il  sera  besoiag 
d'en  faire  aux  év  expies  el  prélatz  de  ce  ro\  anime 
qui  auront  à  se  trouver  au  dict  concilie  pour 
la  tenue  d'iceluy.  iussy,  si  la  cfestienté,  que 
Dieu  ne  vueille  et  qui  serait  bien  à  mon  plus 
grand  regret,  se  trouve  si  infortunée  que  de 
n'avoir  poinct  le  dict  concilie,  il  fauldra  bien. 


192 


LETTRES   DE  CATH 


deffaillanl  ce    remède  si   désiré  el  salutaire, 
|ue  nous  semions  de  l'adviz  de  la  dicte  assem- 
blée pour  arresler  ce  qui  louche  à  la  reffor- 
mation  îles  églises  de  ce  royaulme,  atlin  de 
pourveoir  à  l'entière  pacification  des  troubles 
■I  union  de  ce  peuple  en  une  inesme  relligion; 
;ar  de   le  penser  contenir  en  obéissance  el 
concorde  pendanl  que  les  espritz  seront  ainsi 
agitez  el  pecuppez  de  diversitez  d'opinions  et 
e  doctrines,  il  n'y  a  parsonne  en  ce  monde 
ne  le  juge  impossible  et  je  ressens  de  trop 
-  le  mal  el  le  péril  qui  en  despend  pour  le 
laisser  plus  si  longtemps  sans  remède  et  pro- 
vision .  et  je  vous  envoyé  le  double  de  la  lettre 
que  le  Ro\  monsieur  mon  lilz  en  escript  aux 
évesques  déco  dicl  royaulme,  courtz  des  par- 
lements el    sièges  présidiaulx,  allin    que,  si 
l'avanture  l'on  la  volloyt  calompnier  au  lieu 
où  vous  estes,  la  [missiez  monstrer  à  l'Empe- 
reur mon  bon  frère  et  partout  où  besoingsera, 
in'asseuranf  que  vous  sçaurez  bien  les  rendre 
-i  capables  des  justes  causes,  raisons  et  occa- 
sions qui  nous  meuvent  plus  ;i  faire  la  dicte 
issemblée  qu'il  n'y  aura  homme  qui,  au  lieu 
de  la  blasmer,  ne  soyl  conlrainct  de  la  louer 
grandement.  Quant  à  ce  que  le  nonce  du  Pape  ' 
residanl  par  deçà,  a  escript  au  cardinal  Ozius2 
de  l'acceptation  de  la  bulle  du  concilie,  il  n'y  .1 
esté  faicl  ne  dicl  aultre  chose  que  ce  que  vous 
w-7.  sceu   par  ce  qui  vous  en  a  esté  mandé 
par  cv-devant.  J'ay  von  par  vos  dictes  lettres 

■  Prospcr  de  Sainte-Croix,  évêque  il  llbano,  envoyé 
[ualité  il"  nonce  d'abord  en  Espagne,  puis  en  France. 
Catherine  de  Médecis  le  fil  d'abord  nommer  à  l'arche- 
vêché d'Arles,   puis  cardinal  par  Pie  IV  en  i565. 

lettres  dan-  les  Archives  curieuses  de  Cimber  et 
Danjou. 

:  Stanislas  Hosius,  né  à  Cracovie,  d'abord  évéque  de 

Warnie,  puis  promu  au  cardinalat  en  l56i;  en  qualité  de 

il  .    ista  à  l'ouverture  du  concile  de  Trente;  nommé 

1 .1  igoire  XIII  grand  inquisiteur  de  l'Eglise,  il  mou- 

! 


ERINE  DE   WEDICIS, 

l'advis  que  vous  me  donne/,  des  parlicularilez 
qui  s'oflrenl  au  lieu  où  vous  estes  et  mesme- 
menl  pour  le  regard  de  la  cession  que  le  dicl 
Empereur  veult  faire  de  sa  couronne  de  Hon- 
grie en  faveur  du  roy  de  Bobesme  el  pense 
bien ,  puisqu'il  y  a  succédé  comme  héréditaire  - 
qu'il  lui  sera  aysé  d'en  venir  à  bout,  ainsi 
qu'il  prétend.  Si  vous  pouvez  sçavoir  ce  qui 
a  esté  Iraiclé  et  résolu  en  l'assemblée  de  Brpns- 
vich,  vous  ferez  service  au  Roy  mon  dicl  sieur 
et  filz  el  à  moy  de  nous  en  advertir,  comme 
aussi  de  toutes  aullres  occurrances  que  vous 
en  cognoislrez  dignes,  ainsi  que  vous  avez 
l'a i c t  jusques  icy  fort  soigneusement,  priant 
Dieu,  monsieur  de  Renés,  qu'il  vous  ayl  en 
sa  saincle  garde.  Escript  à  Fontainebleau,  le 
xxue  jour  d'avril  i5Gt,  après  Pasques. 

Ceste  dépesche  estant  jà  faicle  et  preste  à 
fermer,  nous  avons  receu  la  vostre  du  premier 
de  ce  moys,  par  laquelle  vous  nous  escripvez 
que  l'Empereur  sera  pour  se  résouldre  sur  le 
faict  du  concilie  si  losl  que  la  response  du 
Pape  luy  sera  arrivée,  sans  attendre  celle  des 
Électeurs  calliolicques,  de  laquelle  l'on  avoit 
tousjours  estimé  que  sa  dicte  résolution  deusl 
despendre  plus  tost  que  d'aultre  endroicl.  Si 
ainsi  est,  vous  aurez  moyen  de  nous  esclercir 
bientost  ce  que  nous  en  deverons  espérer,  car 
Sa  Sainteté  ne  peult  plus  guières  lardera  lui 
envoyer  la  dicte  respouce;  el  semble  par  les 
dépesches  que  l'on  nous  a  faictes  de  Rome 
quelle  soyt  délibérée  de  basler  la  tenue  du 
dicl  concilie  et  d'y  faire  toul  ce  qui  sera  de 
son  office  et  devoir.  Reste  d'en  \eoir  les 
effeetz,  qui  ne  sera  jamais  si  tosl  que  je  le 
désire  pour  le  bien  général  el  universel  de  la 
crestienté. 

Caterinr. 

BoilRDIN. 


1561.  —  27  avril. 

Copte.  Bibl.  nat.  fonds  Brieune,  n°  ao5  :  f:  sï>3. 

\  MONSIEUR  LEPROCl  RE1  II  GÉNÉRAL1. 

Monsieur  le  procureur.  j'a\  veu  par  la  vostre 
que  vous  m'avez  escrite  du  hii*  de  ce  mois  que 
vous  estes  en  peine  de  sçavoir  quelle  response 
vous  aurez  à  faire  à  ceux  qui  vous  escrivent 
pour  le  faict  des  assemblées  qui  se  font  pour 
la  religion2  el  mesines  pour  les  séditions  qui 
s'en  peuvenl  ensuivre  qu'il  n'est  pas  besoing 
de  négliger  ;  sur  quoy  je  vous  diray  que  vous  ne 
pouvez  faillir  de  leur  respondre  que  le  csdiclz 
et  ordonnances  faictes  là  dessus  les  reiglent  en 
cela  et  qu'ilz  les  ensuivent  el  lacent  ensuivre, 
suivant  ce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  leur 
en  aescript3  et  rordonnance  qui  leur  en  a  esté 
envoyée  de  nouveau  depuis  deux  ou  I rois  jours 
en  cà,  sans  trop  curieusement  resercher  ceulx 
qui  seront  en  leurs  maisons,  ny  trop  exacle- 
ment  s'enquérir  de  ce  qu'ilz  y  feront.  J'ay 
mandé  mons*  le  mareschal  de  Montmorency 
pour  s'en  aller  à  Paris,  où  vous  l'aurez  bien- 
tosl  pour  pourveoir  à  ce  qui  s'i  \eoil  d'aparence 

1   Gilles  Bourdin. 

-  Le  mois  d'avril  avait  été  agité  par  de  violentes  sédi- 
tions :  la  première  dans  le  quartier  Saint-Eustache,  la 
seconde  à  Popinconrt,  la  troisième  et  la  plus  sérieuse  au 
Pré-aux-Clers,  et  voici  la  cause  de  cette  dernière  :  de 
fréquentes  assemblées  se  tenant  dans  la  maison  du  sr  de 
Longjumcau  (Nantouillet),  le  peuple  s'en  émut  et  s'y 
porta  en  nombre.  Assisté  de  ses  amis  le  s' de  Longjumeau 
ayant  l'ail  une  sortie  pour  dégager  sa  maison  qu'on  avait 
commencé  à  démolir,  quatre  ou  cinq  personnes  avaient 
été  tuées.  (Voy.  Bibl.  nat.  Parlem.  n°  82,  P"  aS8  ,  269 
et  2Ô3.)  —  Voy.  Instructions  au  Boi  de  Navarre  allant  à 
Paris  pour  pourvoir  aux  séditions.  (Bibl.  nat.  fonds 
Brienne,  n°  2o5,  f  a5G.) 

3  Par  lettres  datées  de  Fontainebleau  le  2  avrili56i 
Charles  IX,  pour  remédier  aux  troubles  où  l'on  était  pour  I 
la  diversité  des  opinions,  enjoignait  au  Parlement  de 
tenir  la  main  à  ce  que  l'Édit  de  Bomorantin  l'ail  du  temps 
de  François  II  fût  observé  de  point  en  point.  (Bibl.  nat. 
Parlem.  n"  82,1°  2 3. '1.) 

Catherine  de  Médicis. —  i. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS.  193 

el  qui  v  esl  survenu  de  trouble  et  sédition  el 


faire  faire  des  chefz  et  aucteurs  de  telles  émo- 
Iiiims  si  roide  punition  et  démonstration  sans 
avoir  esgardà  leur  qualité,  estai,  condition  et 
religion,  que  les  aultres  y  pregnent  exemple. 
ayant  esté  advisé  en  ceste  compaignie  que  la 
chose  a  besoin  d'un  tel  remède  el  qu'il  ne  s'y 
peull  pourveoir  paraultre  moyen,  plus  prompt 
expédient;  priant  Dieu,  monsieur  le  procu- 
reur, qu'il  vous  ait  en  sa  garde.  Escril  à  Fon- 
tainebleau, le  xxvii0  jour  d'avril  i5Ci. 


1561.  —  28  avril. 

Orift.  Bibl.  not.  fonds  français ,  n°  3178,  P  l3. 

A   MONSIEUR   DE    HUMIÈRES. 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DD  ROV  MONSIEUR  MON  FILS  . 
LIEUTENANT    GENERAL    DU    GOUVERNEMENT    DE    PICARDIE. 

.Monsieur  de  Humières  ,  ce  nous  a  esté  bien 
grand  plaisir  d'entendre  par  voslre  dépesche 
du  dix-neufviesme  de  ce  moys  que  toutes  eboses 
voisent  si  bien  à  IVronne  et  en  telle  union  el 
pacification  que  vous  le  nous  tesmoignez  par 
voz  lettres ,  et  que  à  ce  qui  s'estoit  offert  dé 
(rouble  à  Montdidier,  vous  y  avez  pourveu  si 
songneusement;  et  pour  ce  que  nous  avons  jà 
eu  divers  alarmes  de  ladicte  ville  de  Montdi- 
dier, et  que  .nous  voyons,  pour  la  malice  du 
lemps  où  nous  sommes,  que  la  présence  et  ré- 
sidence sur  les  lieux  des  gouverneurs,  bailliz 
et  cappitaines  esl  plus  nécessaire  que  jamais, 
el  mesmes  en  ceulx  qui  sont  plus  prochains 
de  la  frontière,  comme  est  vostre  gouverne- 
ment, je  désire,  monsieur  de  Humières.  que 
vous  ne  parliez  poincl  encores  de  là,  et  au 
retour  du  sacre  du  Roy  monsieur  mon  filz,  et 
que  nous  nous  serons  raprochez  plus  près  de 
vostre  frontière,  je  vous  feray  accorder  voslre 
congé  pour  luy  venir  faire  la  révérance  et  re- 
cevoir de  luy  le  bon  visaige  que  vous  méritez; 
priant  Dieu,  nionsr  de  Humières,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

25 


19'j 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   V1EDICIS. 


Escript  à  Fontainebleau,  le  \xvnie  jour  d'a- 
vril i56i. 

Caterine. 

BoGRDIN. 


1561.  —  -ni  avril. 

Ong.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 1 83  ,  ï°  i. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mou  compère,  ce  porteur  vous  dira  de  mes 
nouvelles  el  l'occasion  qui  nie  garde  de  pouvoir 
partir  d'icy  jusques  à  vendredy  prochain,  qui 
n'est  pas  que,  pour  cela,  j'aye  riens  changé  du 
jour  du  sacre  du  Roy  monsieur  mon  lilz.  Il  est 
vray  que  le  retardement  que  je  suis  contraincle 
de  l'aire  en  ce  lieu  me  gardera  de  séjourner 
en  vostre  maison  de  Fère  ',  où  je  faiclz  compte 
(jue  nous  arriverons  mecredy  prochain,  si  ce 
n'est  à  noslre  retour,  que  je  vous  y  clonneray 
tout  le  séjour  que  vous  vouldrez.  Je  vous  ay 
faicl  accorder  les  droictz  de  relief  dont  vous 
me  faictes  requeste,  et  après  in'estre  remis 
du  surplus  que  vous  pourroys  escripre  sur  la 
suffisance  de  ce  porteur,  je  voyz  prier  [Dieu], 
mon  compère,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  el 
digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  dernier  jour 
d'avril  1 56 1 . 

Vostre  bonne  coumère  el  amye, 

Caterine. 
Bourdin. 


voyr  dan  dys  jours,  si  n'è-je  voleu  léser  de 
vous  ayscripre  set  pelyt  mot  pour  vous  re- 
mersier  de  sel  que  avés  fayst  pour  l'évéché  de 
Sanslyst,et  ancoreque  l'évesque  ne  souvl  mort 
je  vous  en  se  ausi  bon  gré  que  se  lé  chouse 
feuset  aveneue,  m'aseurenl  que  y  tyendré  si 
liyen  la  mayn  que,  le  cas  avenent  de  la  mort, 
\ous  y  are  donné  si  bon  aurdre  que  tout  seu- 
séderé  '  conie  le  désire  le  Roy  mon  fils  et  moy 
pour  le  fils  de  madame  du  Pérou.  Mon  coo- 
père, vous  savés  le  bruyt  qui  couret  ysi  quant 
vous  partîtes  que  tous  asanblet  des  jeans  et 
des  armes  à  Rayns  et  ancore  que  je  n'an  croy 
ryen,  si  serè-ge  byen  ayse  d'an  .savoyr  la  vérité 
de  jeans  non  seuspès,  corne  je  say  que  vous  ne 
l'aytes,  que  pour  le  Roy,  afin  de  povoyr  dyre 
au  roy  de  Naverre  qui  n'an  né  ryen,  el  quant 
et  quant  que  ne  les  heuns  ny  les  au  1  très  ne 
menase  conpagnye  strasordynère2;  pour  se, 
je  vous  prie  me  fayre  set  plesir  d'en  volouyr 
savoyr  la  vérité  et  me  la  mender,  et  vous  fayré 
fort  grant  piésir  hà 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 

Caterine. 


1561.  —  (Commencement  de  mai1.) 

Au!.   Bibl.  nat.  fomls  français,  n"  3i8/i,  f°  1. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  encore  que  j'espère  de  vous 

'  Le  château  de  la  Fera  avait  été  construit  par  Marie 
de  Luxembourg  à  la  fin  du  xv"  ou  au  commencement  du 
wf  sàecb 

Catherine  parle  dans  cette  lettre  de  rassemblements 


1561.  —  6  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement ,  vol.  Sa ,  f°*  265  et  suiv. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

li:\\\S   I.A    COURT   DE   PARLEMENT   À    PARIS. 

Messieurs,  encores  que  je  m'asseure  que  ne 
faudrez  de  faire  faire  telle  diligence  à  la  con- 
fection des  extraits  dont  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  vous  escril3,  qu'il  n'est  poincl  de  besoin 

en  armes  que  l'on  craignait  à  Reims.  C'était  sans  aucun 
doute  à  l'occasion  du  sacre  et  du  séjour  de  la  cour  à 
Reims;  le  sacre  de  Charles  IX  ayant  eu  lieu  le  i5  mai, 
cette  lellre  a  dû  être  écrite  dans  les  premiers  jours  de  mai. 

1  Seutéderé,  succédera. 

-'  Strùtordynère ,  extraordinaire. 

3  Une  querelle  s'élail  élevée,  querelle  suscitée  parles 
Cuise,  sur  le  nombre  des  pairs  qui  devaient  assister  au 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


195 


que  je  mette  en  peyne  de  vous  recommander 
en  cella  aultrenienl  l'exécution  de  son  inten- 
tion; si  est-ce  qu'estant  chose  dont  nous  avons 
promptement  et  nécessairement  affaire,  je  ne 

laisseray  de  unis  prier  que  vous  l'aides  procé- 
der à  la  confection  des  dictz  exlraicts  avecq  telle 
promptitude  et  par  gens  de  rostre  compagnie 
qui  \  vacquenl  avec  telle  assiduité  que  le  Roy 
monsieur  mon  lils  s'en  puisse  voir  satisfait  au 
temps  qu'il  le  vous  mande  par  sa  dicte  lettre; 
en  quo\  faisant,  je  vous  puis  bien  asseurer 
que  vous  luv  ferez  service  qu'il  aura  bien 
agréable,  et.  je  \ois  prier  Dieu,  messieurs, 
qu'il  vous  ait  en  sa  très  saincte  garde. 

Escripl  à  Nanleuil,  ce  sixièsme  jour  de  maj 
uni  cinq  cens  soixante  et  un. 

L'occasion  pour  laquelle  Ion  demande  les 
dits  extraicts  est  pour  ce  que  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  veult  faire  servir  mon  iils  le  duc  d'Or- 
léans  .  son  frère,  de  pair  au  lieu  et  représen- 
tant le  duc  de  Bourgongne,  qui  est  celuy  qui 
lient  le  premier  lieu,  et  pour  ce  je  vous  prie 
faire  voir  es  dilz  registres  ce  qui  y  pourra 
avoii  servant  à  son  intention,  et  mesmes  pour 
sourdre  la  difficulté  que  Ton  luy  faict,  que 
encores  queson  appennage  lin  soit  acquis,  qui 
n'est  jamais  baillé  aux  enfans  de  France  qu'en 
pavrie,  ce  néantmoings,  il  ne  doit  estre  tenu 
pour  pair  que  le  duché  d'Orléans  n'ait  esté 
érigé  en  pavrie,  attendu  que  depuis  la  pre- 
mière érection  qui  en  fut  faicte2,  il  est  retourné 
en  la  main  des  feux  Roys. 

Gâter  i  m.. 

BoiRDIN. 

sacre  et  sur  le  rang  qu  ils  devaient  \  occuper.  (Voy.  de 
Thon,  t.  IV,  p.  62.)  Le  Roi,  dans  une  lettre  du  même 
jour,  charge  le  Parlement  de  faire  chercher  dans. ses  re- 
gistres et  extraire  les  noms  de  ceux  qui  ont  assisté  aux 
sacres  et  couronnements  des  rois  et  représenté  les  pairs 
laïques  du  royaume.  (Même  vol.  P  266.) 

1    Henri,  frère  du  roi.  depuis  Henri  III. 

■  Le  duché  d'Orléans  fut  donné  en  apanage  à  Phi- 


1  jôl .  —  ig  mai 

Du,;,  ttiltl    n;it.  ronds  français,  n"  ao'iGçt.  ('  is5, 

\   MON  COI  SI\   LE  S1EI  i;  DE  BOIS\. 

nr.iuitl;  DE  l.'oatir.t.   GI.JSB  ESCD1EB  DE  !  r.  v  M  I  . 

Mon  cousin,  pour  ce  que  je  désire  bien  lorl 


de  veoir  comme  se  porteront  les  mandilz 


que 


vous  devez  faire  faire  aux  harquebuzyers  de  la 
garde  du  Boy  monsieur  mon  lilz,  à  cesle  cause 
je  vous  prye  incontinent  la  présente  receue, 
s'il  \  a  quelqu  ung  desditz  mandilz  qui  soyl 
achevé,  me  le  vouloyr  envoyer  par  homme 
exprès,  affin  de  vous  faire  entendre,  pu\s 
après,  s'il  nous  aura  contenté;  el  cependant 
vous  ferez  différer  de  hesongner  aux  aultres, 
jusques  à  ce  que  vous  ayez  entendu  nostre  in- 
tention;  el  d'aultant  que  je  ne  sçay  si,  de  ceste 
heure,  vous  serez  encor  à  Paris,  j'escris  au 
conlrerolleur  de  l'escuyerye  qu'il  ayt  en  vostre 
absence  à  satislïaire  au  contenu  en  teste  lettre; 
el  n'ayani  aultre  chose  à  vous  escrire.je  prye 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  doinl  ce  que 
désirez.  De  S1  Marcou2,  ce  xixmt  jour  de  may 

1061. 

La  bien  vostre 

Caterine. 

BoBERTKT. 

lippe  de  France,  par  lettres  de  son  père  Philippe  VI, 
le  i(i  avril  i3'i'i,  pour  le  tenir  en  pairie.  —  Voy.  P.  An- 
selme, t.  III,  p.  173. 

'  Voy.  Ducange,  au  mot  Mandile,  édit.  Didot,  I.  \, 
p.  22.S;  Littré,  Dicl.  t.  III,  p.  617.  —  «L'homme  de 
cheval  à  présent  porte  au  lieu  du  casque  un  mandil.r. 
(La  Noue,  p.  286.) 

-  Saint-Marconi  de  Corherie  (Aisne).  Les  rois  carlo- 
vingiens  y  avaient  un  domaine  et  un  palais  que  Charles 
le  Simple  donna  en  goo  à  l'abbaye  de  Sainl-Remy  de 
Reims  pour  y  fonder  un  prieuré.  —  Voy.  A.  Matton. 
Dictionnaire  topographique  du  département  de  V Aisne, 
p.  .Mi. 


196 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


1561.  —  20  mai. 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3189,  f°  88. 

A  MONSIEUR  DE  BURYE1. 

Monsieur  de  Burye,  à  ce  que  j'ay  veu  par 
voz  lettres  du  vu",  ceulx  d'Agen  continuent 
tousjours  de  faire  les  folz  -  et  pour  ceste  cause, 
puisque  leur  séneschal  n'y  peult  aller  pour  la 
charge  qu'il  a,  il  sera  bon,  n'estant  loing  de 
là,  que  vous  y  laciez  ung  tour,  car  rostre  pré- 
sence y  servira  grandement  et  vous  leur  sçau- 
rez  aussi  trop  niieulx  faire  entendre  ce  qu'ilz 
auront  à  faire  que  autre  qui  y  puisse  aller, 
dont  je  vous  prie,  monsieur  de  Burie,  si  vous 
voyez  qu'ilz  continuent  et  qu'il  en  soit  de  be- 
soing.  Priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

De  Marches3,  ce  jour  de  mai  i56i. 

[A  u  dos.  )  La  royne  à  M'  de  Burye ,  du  x\c  jour 
de  mai  i56t. 


1561.  —  au  mai. 

0ri(j.  Bibl.  imp.  de  Saiul-PtHersbourg ,  vol.  18,  f1  ao. 

MONSIEUR  DE  BORDILLON , 

LIEUTENANT  GÉNÉRAL  DU    BOT  M0NS1E0F.    MON    FILS  EN   PIÉMONT*. 

Mon  cousin,  aiant  entendu  par  vostre  secré- 
taire occasion  de  son  voiage  par  deçà  et  les 
choses  que  vous  luy  aviez  donné  charge  de 
nous  remonstrer  pour  le  service  du  Roy  mon- 

1  Charles  de  Coucy,  sieur  de  Burie,  lieutenant  du  Roi 
à  Bordeaux.  —  Voy.  Commentaires  de  Moulue,  édit.  de 
P.uhle,  t.  Il,  p.  34o,344. 

-  Voy.  pour  les  troubles  d'Agen  :  Lettre  de  Cliarles  IX 
(même  vol.PSq);  Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°3S75,r'  16. 

3  Le  château  de  Marchais,  après  avoir  appartenu  aux 
ducs  de  Lorraine,  est  aujourd'hui  la  propriété  du  prince 
de  Monaco;  il  est  situé  dans  la  commune  de  Marchais, 
canton  de  Sissonnc(  Aisne).  —  Voy.  A.  Mallon,  Dict.  lo- 
pographiqne  du  département  de  l'Aisne,  p.  i6i. 

1  Imbert  de  la  Platière,  sieur  de  Bordillon,  chevalier 
de  l'ordre  du  ici,  maréchal  de  camp  en  i55a,  lieutenant 
général  en   Piémonl  en   i55o,  maréchal  de  Franc  le 


sieur  mon  filz  et  la  conservation  de  ses  places1, 
nous  avons  advisé  de  différer  à  vous  le  dépes- 
cher  jusques  à  ce  que  nous  soyons  de  retour  à 
Villers  Gosleretz,  afin  de  veoir,  estant  arrivez 
là,  quel  moien  il  y  aura  de  pouvoir  satisfaire 
à  ce  que  vous  nous  demandez;  de  quoy  cepen- 
dant je  vous  ay  bien  voulu  donner  advis,  \<m* 
priant  au  demourant  de  vouloir  fayre  tenir 
seurement  à  ma  seur  madame  de  Savoye  ung 
petit  pacquet  de  lectres  que  je  vous  envoyé  cy 
encloz,  que  vous  recommanderez  bien  fort  à  cel- 
luy  par  quy  vous  luy  envoyerez  de  ne  le  mectre 
en  attitrés  mains  que  les  siennes  propres;  et 
au  surplus  sur  ce  que  vostre  dict  secrétaire  m'a 
fait  entendre  de  vostre  part  touchant  vostre 
mariage'2,  je  vous  veulx  bien  advertir,  mon 
cousin,  comme  je  luy  ay  lait  response  que  je 
n'ay  jamais  en  sorte  au  monde  Irouvé  mauvais 
que  vous  aiez  prins  ceste  alliance  là,  mais  bien 
est-il  vray  que  j'eusse  désiré  que,  axant  que  le 
fayre,  vous  m'en  eussiez  ung  petit  escript,  car 
vous  aymant  comme  je  faiz,  j'eusse  eu  fort  à 
plaisir  de  vous  le  conseiller  et  d'avoir  esté 
moyen  de  faire  le  dict  mariage;  el  n'ayant 
aultre  chose  à  vous  escrire,  je  prieray  Dieu, 
mou  cousin,  qu'il  vous  ail  en  sa  saincte  et 
digne  guarde. 

Escript  à  (S'  Marcou3),  le  \\'  jour  de  may 
i56.. 

Catbrine. 

2Ô  décembre  i56a,  mort  à  Fontainebleau  en  i565.  — 

Voy.  P.  Anselme,  t.  VII,  p.  330. 

'  Voy.  Kakndar of  State papers ,  i56i-i562,  p.  ib-j. 
Il  y  est  lait  mention  des  précautions  prises  puni-  garder 
les  places  du  Piémont. 

-  Il  avait  ét';  en  premières  noces  marié  à  Claude  de 
Damas;  en  secondes  noces  il  venait  d'épouser  Françoise 
de  Birague,  fille  unique  de  René  de  liirague,  lieutenant 
général  au  gouvernement  de  Lyon,  el  qui  plu*  tard  devint 
chancelier  de  France.  —  Voy.  Brantôme  (art.  Ilm-dillon), 
édit.  Lalanne,  I.  V,  p.  71. 

3  C'est  par  erreur  que  l'on  a  écrit  Saint-Manon,  car 


LETTRES  DE  CATH 

(  1561.  —  ao  mai.) 
Minute.  Bibl.  du  Louvre,  collcet.  Bourdin ,  I"  316,  vol.  I,  f  io,4. 

A  MESSIEURS  TENANS  LA  COURT 

DE  PARLEMENT   À   PARIS. 

Messieurs,  unis  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  vous  escript  présentement  pour 
la  prompte  et  briefve  expédition  du  procès  de 
mon  cousin  le  prince  de  Condé1,  et  si  son  inno- 
cence  se  trouve  bien  et  effectivement  prouvée 
et  instituée,  pour  luy  en  fayre  telle  réparation 
que  mérite  la  grandeur  de  la  maison  dont  il 
est  et  le  lieu  qu'il  tient  eu  ce  royaulme,  estant 
bien  raisonnable  que,  tout  ainsi  que  le  blasme 
que  l'on  a  pensé  luy  donner  en  cela  a  pu  cou- 
rir par  tous  les  plus  grands  lieux  de  la  chres- 
tienté,  la  réparation  qui  se  trouvera  luy  en  estre 
deue  soit  ensemble  si  clairement  congneue, 
divulguée  et  publiée  qu'il  n'y  ail  personne  qui 
en  puisse  doubler.  Et  encores,  messieurs,  que 
je  m'asseure  que  vous  ne  fauldrez  satisfayre  au 
contenu  de  la  lectre  du  Roy  monsieur  mon 
lilz  et  d'exécuter  ce  qu'il  vous  mande  avec  la 
sagesse  et  prudence  que  mérite  l'importance 
d'un  tel  procès  à  la  conservation  de  l'honneur 
d'un  prince  du  sang  tel  que  est  mon  dict  cou- 
in,  si  vous  en  veul.\-je  bien  prier  de  ma  part 
t  que  par  le  jugement  du  dict  procès  vous  en 
assiez  prompte  réparation,  dont  il  se  trouvera 
ucontinent  une  si  honorable  déclaration  qu'elle 
puisse  estre  publiée  et  divulguée  par  toute  la 

dans  une  leltre  de  Charles  IX,  datée  du  même  jour,  on  a 
biffe  Saint-Marcou  pour  y  substituer  Marchais.  (Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  3189,  f°  88.) 

1  Le  procès  de  Condé  avait  été  instruit  à  Orléans,  et  le 
26  novembre  i56o  le  prince  avait  été  condamné  à  mort; 
c'était  la  révision  de  ce  procès  qui  élait  portée  devant  le 
Parlement  pour  inobservation  des  formes;  c'est  le  i3  juin 
suivant  que  fui  rendu  l'arrêt  du  Parlement.  —  Voy.  le 
Journal  de  Claude  Haton,  Coll.  des  documents  inédits, 
1. 1 ,  p.  1 3  t  ;  Mémoire*  de  Condé,  t.  II ,  p.  2 83  et  suiv.  ;  de 
Thou,  t.  IV,  cliap.  xvm,  p.  6. 


ERINE   DE   MÉD1CIS.  VjI 

chrestienté,  à  la  conservation  de  l'honneur  el 

de  la  réputation  que  eeulx  de  la  maison  dont 

il  est  se  sont  de  si  longtemps  acquise  par  lant 

de  louables  services  qu'il/,  ont  faietz  à  reste 

couronne;  ce  que  le  Roy  mon  dict  sieur  el  lilz 

vous  escript  et  dict  plus  particulièrement.  Sur 

ce,  messieurs,  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ayl  en 

sa  saincte  et  digne  garde1. 

Caterine. 


1561.  —  (21  mai.) 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3109,  f°  5oa. 

A  MON  COUSIN 

(MONSIEUR  LE  DUC  DE  NEMOURS3). 

Mon  cousin ,  j'ay  veu  par  la  lettre  que  vous 
m'avez  escriple  le  désir  que  vous  avez  que  je 
ne  diminue  poinctla  bonne  oppinion  que  j'a\ 
tousjours  eue  de  vous  et  la  bonne  volunté  que 
de  longue  main  je  vous  ay  portée,  pour  la 
dernière  collèrc  dont  vous  me  parlasles  à  Nan- 
tueil ,  laquelle  encores  que  je  la  trouvasse  d'aul- 
lant  plus  estrange  qu'elle  venoit  d'une  per- 
sonne que  j'ay  ordinairement  bien  fort  aymée 
et  que,  pourceste  raison,  j'eslimois  me  debvoii 
porter  plus  de  respect  qu'un  aultre;  si  est-ce 
que  je  l'excuse  aysément,  puisqu'elle  ne  vous 

1  Voy.  la  .lettre  de  Charles  IX.  (Bibl.  nat.  Parlement, 
vol.  82,  f"  267  et  suiv.) 

-  Cette  lettre  sans  suscriplion  est  sans  aucun  doute 
adressée  au  duc  de  Nemours,  car  dans  une  leltre  auto- 
graphe de  lui  à  la  reine  et  qui  est  jointe  à  celle-ci  (même 
volume,  f'  ia),  il  s'excuse  des  propos  qu'il  a  tenus  à 
Nanleuil,  et  que  le  duc  de  Guise,  à  son  retour  à  la  cour, 
lui  a  dit  que  la  Beine  avait  trouvés  mauvais.  —  Roberlcl 
écrivant  au  duc  de  Nemours,  de  Marchais  le  21  mai  1  50 1 , 
pour  l'engager  à  venir  à  la  cour,  lui  disait  :  c\cms  serez 
rie  bien  reçu,  encores  que  la  leltre  de  la  Royne  ne  le 
«monstre  tant  par  escript,  comme  dedans  son  cœur.- 
(Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  3soo,  P  i33.) 

5  Jacques  de  Savoie,  né  le  12  octobre  i53i,  mort  à 
Annecy  le  1 5  juin  i585;  il  eut  un  long  et  scandaleux 
procès  avec  Françoise  de  Rohan  qu'il  avait  séduite,  et 
épousa  la  veuve  de  François  duc  de  Guise. 


193 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


a  peu  faire  changer  la  dévotion  que  vous  avez 
au  service  du  Roy  mon  filz  que  je  croiray 
tousjours  vous  debvoir  eslre  perpétuellement 
en  telle  recommandation  qu'elle  a  esté  par  le 
passé ,  et  se  présentant  une  bonne  occasion  d'en 
faire  preuve,  vous  en  donnerez  telle  expérience 
que  vous  avez  faict  jusques  icy,  qui  me  faict 
vous  asseurer  que  ce  qui  est  passé  ne  m'eni- 
peschera  poinct,  quand  le  moyen  s'offrira  de 
faire  quelque  chose  pour  vostre  bien  et  gran- 
deur, que  je  ne  le  face  de  pareille  volunté  que 
vous  sçavez  que  je  me  suys  tousjours  employée 
en  ce  qui  vous  a  touché,  dont  si  vous  avez  rap- 
porté si  peu  de  satilïaclion  qu'il  vous  semble 
avoir  grande  occasion  de  vous  plaindre,  c'est 
au  malheur  du  temps  à  qui  il  fault  que  vous 
en  preniez,  qui  m'a  forcée  souvent  faire  tout  le 
contraire  de  ma  volunté,  et  non  à  moy  qui  ay 
esté  contraincte  de  m'y  accommoder  mesmes 
en  choses  qu'en  aultre  saison  pour  riens  du 
inonde  je  n'eusse  voullu  faire.  Or,  mon  cousin, 
persévérant  en  la  dévotion  que  vous  portez  au 
Roy  mon  filz  et  à  moy  et  luy  touchant  de  si 
près  que  vous  faictes,  vous  ne  debvez  espérer 
de  luy  et  de  moy  que  toute  l'amytié  et  faveur 
que  pouvez  désirer  de  personnes  qui  seront 
tousjours  bien  fort  ayses  de  vous  veoiret  de  vous 
faire  bonne  chère  à  toute  heure  que  voz  affaires 
vous  permettront  de  revenir  par  deçà;  et  sur 
ce,  mon  cousin,  je  prieray  Dieu  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

De  (Marchais),  le  (21e)  jour  de  maii56i. 


(1561.  —  Du  20  au  a5  mai.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3392  ,  f°  5. 

A  MOPÎ  COMPÈRE 

MONSIEUR   LE   CONESTABLE. 

Mon   conpère ,  quant    Sanse  l  est  arivé  je 

1  Sens  qui  fut  envoyé  en  Portugal.  —  Voy.  une  lettre 
de  Catherine  de  Médicis  au  connétable.  (Bibl.  nal.  fonds 
français,  n°  3292,  f  27.) 


estoys  sur  la  dépêche  que  le  Roy  vous  fesoyl 
pour  vous  avertir  corne  yl  a  eu  novelle  de  la 
grende  asemblée  qu'il  font  et  de  l'ordre  qu'il 
donnet  partout,  et  suisbyen  ayse  quesoyés  de 
cete  opinion  d'envoyer  vostre  fils1  à  Paris,  car 
à  cet  que  l'on  m'escrips  de  là,  y  comenset  avoyr 
peur.  Nous  en  nalons  anuit  coucher  à  Rrene2 
et  seron  demayn  à  dinner  aveque  vous,  et  j'es- 
père que  aveques  vostre  bon  consel  qu'il  au- 
ront la  loye  pour  le  venyr3  et  toust  cet  rompera , 
mes  en  cetpendent  y  ne  s'i  fault  pas  endormyr 
cl  donner  bon  hordre  à  toust,  come  avés  déjea 
fest,  à  cet  que  m'a  dist  le  dist  de  Sanse  qui 
vous  constera  si  au  long  de  nos  novelles  que 
je  fayré  fin,  prient  Dieu  vous  donner  cet  que 
désirés. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 
Catrrine. 


1561.  —  -2h  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  82,  1*  a3o  v°. 

A  MESS1EDRS 

LES  PRÉSIDENS  TEMNS  LA  COUR 

DE  PARLEMENT  À  PARIS. 

Messieurs  les  Présidens,  le  Roy  monsieur 
mon  fils  vous  ayant  escrit4,  pour  faire  payer  à 
ceux  du  guet  de  Paris  de  ce  qui  leur  est  deub 
de  leurs  gaiges,  suivant  la  parole  et  promesse 
que  \ous  en  dounastes  à  mon  frère  le  roy  de 
Navarre  à  son  partementdudicl  Paris,  a  trouvé 
bien  fort  estrange  que  vous  ayez  faict  si  mau- 
vais devoir  et  diligence  d'y  satisfaire  qu'ils 
soient  encores  aujourd'huy  à  en  estre  payez, 
et  que,  pour  vostre  nonchalance  et  lentitude, 

1   Le  maréchal  François  de  Montmorency. 
-  Pelile  ville  dans  le  Soissonnais. 

3  La  loye  pour  le  veniv,  la  loi  pour  l'avenir. 

4  Voy.  cette  lettre.  (Bibl.  nat.   Parlement,  vol.  82, 
f°377v°.) 


LETTRES  DE  CATH 

ils  cessenl  de  faire  le  service  qui  est  nécessaire 
pour  réprimer  les  troubles  qui  surviennent 
ordinairement  en  sa  ville  de  Paris,  capitale  de 
son  royaume,  et  du  repos  de  laquelle  dépend 
la  principalle  tranquillité  de  tout  son  estât; 
avant  bien  voulu  voua  en  faire  ceste  seconde 
despesche,  après  laquelle  vous  pouvez  estre 
bien  asseurez  que,  si  vous  ne  donne/,  promp- 
tement  ordre  au  faicl  dudicl  pavement,  il  le 
fera  prendre  sur  ce  qui  vous  doit  eslre  l'ourny 
pour  vos  gaiges,  el  de  tout  le  corps  de  sa 
cour  de  Parlement;  el  quant  à  moy  je  suis 
bien  délibérée  de  luy  conseiller,  car  la  cbose 
est  de  très  grande  conséquence  pour  la  négli- 
ger comme  vous  faictes,  et  pour  faillir  à  ce  que 
nous  en  avez  promis;  el  allin  qu'il  sache  s'il  y 
aura  esté  salisfaict  ou  non,  ne  l'aillez  de  l'en 
advertir,  aflîn  que  selon  ce  que  vous  lu \  Ferez 
sçavoir,  il  regarde  s'il  est  besoin  d'j  faire  pour- 
voir, ainsy  qu'il  sera  nécessaire  pour  le  bien 
de  son  service, 

Priant  Dieu,  messieurs  les  Présidens,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  garde. 

Escrit  à  Nisy  le  Cbasteau1,  le  vingt-qua- 
triesme  jour  de  may  mil  cens  soixante  et  un. 

Càtbrinb. 

BOI  RDIN. 

!  561.  -1  -l'i  mai. 

Orig.  BiM.  nat.  fonds  français,  a9  3i8â.  f'3. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR   LE   QONESTABLE. 

Mon  compère,  ce  ne  m'a  esté  peu  de  plaisir 
d'entendre,  par  les  lettres  que  m'avez  escript 
du  jour  d'hier,  que  vous  ayez  envoya  mon 
cousin  le  mareschal  de  Montmorency  vostre 
lilz  à  Paris  pour  pourveoirà  ce  que  je  \  crains 

1   Château  dans  le  Soissonnais. 


ERINE  DE   M  El)  ICI  S.  199 

de  trouble1  el  sédition,  el  d'aullre  part,  que 
vostre  santé  soyt  telle  quelle  vous  permecte 
d'acompaigner  le  Moy  monsieur  mon  lilz  en 
son  voyaige,  qui  est  l'une  des  choses  que  je  dé- 
siroys  le  pins  ainsi  que  j'espère  vous  dire  plus 
particulièrement  à  nostrearrivéeàChantillyqui 
sera  sans  faulte  mécredy  prochain ,  ayant  bien 
voiillu  vous  dépescherce  porteur  pour  nous  en 
asseurer  de  nouveau  el  vous  compter  du  bon 
portement  de  ceste  compagnie.  Priant  Dieu. 
mon  compère ,  qu'il  vousayl  en  sa  très  saincte 
garde.  Escript  à  Soyssons,  ce  vv\'  jour  de  ma) 
i56i. 

(De  sa  miiin.)  Mon  conpère,  Lansac  m'a 
dist  que  vous  demendé  si  le  Roy  mon  fils  et 
moy  demourerons  plulx  d'eune  nuyst  à  Chan- 
lellys;  mes  que  je  vous  voye,  si  vous  volés 
beun  jour,  je  le  vous  donnerés;  mes  davan- 
tage, m'ayenl  heuy  parler,  je  m'aseure  que 
nous  ebaseré  de  cbeu  vous,  encore  que  se  ne 
soayl  vostre  coteume. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1561.  —  (•!•")  mai.) 
Minute.  Hibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i8g ,  f  90. 

\   MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'envoye  Lhuillier2 

en  Espaigne  devers  les  Roy  el  Royne  ma  fille 
pour  leur  rendre  compte  du  sacre  du  Roy  mon 
lilz  et  de  Testai  de  loules  choses  eu  ce  royaume . 
et  aussi  pour  faire  ung  bon  office  en  son  en- 
droict  pour  la  royne  d'Ecosse  ma  fille,  à  ce  que 
s'en   retournant    dans  peu    île  jours    en    son 

1  Le  17  juin  suivant,  Charles IX  écrivait  au  maréchal 
François  de  Montmorency  pour  le  féliciter  de  ce  que  Ij 
Fête-Dieu  s'élail  passée  sans  sédition,  (ISihl.  nat.  fonds 
franc,  n"  3 189,  p.  86.) 

-  Jacques  Lhuillier,  abbé  commendataire  de  l'abbaye 
d'Épernay,  el  secrétaire  de  la  reine  Elisabeth, 


200 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


royaulme  d'Escosse  et  ayant  par  fortune  de 
temps  ou  pour  sa  commodité  à  toucher  en  ses 
costes,  elle  y  puisse  trouver  recueil,  faveur 
et  bon  traictement.  Comme  je  m'asseure  qu'il 
en  sera  très  content,  je  vous  prye  vous  y 
employer  comme  vous  sçavez  que  je  le  désire, 
de  façon  que  nous  puissions  avoir  avant  qu'elle 
parte  ce  commandement  à  ses  ministres  qui 
sont  en  leur  pays.  J'ay  veu  ce  que  me  mandez 
des  filles '  de  la  Royne  ma  fille  ;  en  quoy  il  me 
semble  qu'elle  a  bien  faict  de  se  gouverner 
comme  elle  a  faict.  Je  suis  prié  du  sieur  de 
Mandosse2,  premier  maistre  d'hostel  du  Roy 
mon  filz,  que  vous  congnoissez ,  de  prendre 
une  sienne  seur  et  la  mectre  de  sa  maison. 
J  ay  ouy  dire  que  c'est  une  fort  honneste  da- 
moyselle,  et  oultre  cela,  il  a  tant  faict  de  ser- 
vices à  ceste  couronne  et  son  père  pareillement 
qu'elle  me  fera  ung  singeulier  plaisir  de  le 
gratiffier  en  cela  comme  je  le  luy  escriptz  ;  et 
de  vostre  part,  je  vous  prie,  monsieur  de  Ly- 
moges,  l'en  solliciter,  affin  qu'elle  me  contente 
de  ceste  requeste.  Le  surplus  de  mes  nouvelles 
i  us  l'entendrez  par  ledict  Lliuillier,  qui  me 

'  Elle  veut  parler  du  départ  pour  la  France  d'une 
partie  des  filles  d'honneur  qui  avaient  accompagné  la 
Reine  sa  fille  en  Espagne.  Dans  une  lettre  du  10  ruai  pré- 
cédent, l'évèque  de  Limoges  lui  écrivait  que  d'aLord  il 
avait  été  question  du  retour  en  France  de  Mu"  de  Curton 
et  de  Noyan ,  mais  que  M' de  Fumet  maintenant  redeman- 
dait ses  deux  filles,  et  il  ajoutait:  r.  Madame  de  Vineux  et 
-sa  fille  et  cinq  ou  six  autres  filles  françoises  qui  demeu- 
rrent  par  dellà  se  délibèrent  de  bien  et  dignement  l'aire 

-  leur  service.  »  —  Dans  une  nouvelle  lettre  rendant  compte 
du  départ  qui  eut  lieu  le  îô  mai,  la  reine  Elisabeth, 
écrivait-3,  rpour  l'esgard  de  mesdames  la  comtesse  d'Eu 
-et  de  Clairmont  démonlra  tant  de  pleurs  et  de  lamenta- 

-  lions,  qu'oncques  ne  s'est  veu  en  maison  de  roy  si  pi- 
-teuse  journée."  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°3iaa,  f"  1 
et  48. 

Jacques  de  Mendozze,  qui  avait  été  premier  maître 
d'hôtel  de  François  I",  et  qui  remplit  diverses  missions 
à  l'étranger.  —  \ov.  P.  Anselme,  t.  I,  p.  20,3. 


gardera  de  vous  en  riens  dire  davantaige,  si 
n'est  que  je  prie  Dieu,  monsieur  de  Lymoges. 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde.  —  De 
Soissons,  ce  (xxve)  jour  de  may  1 56 1 . 


(1561.—  25  mai1.) 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K  î&cjfl  .  o' ttli. 

A  M»  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils ,  sachant  par  tent  de  dé- 
mostration,  qui  vous  plest  me  fayre,  l'amour 
que  me  portés  et  à  tous  vos  frères,  je  m'aseure 
que  ares  tourjour  grant  contentement  quant 
enlendrés  la  conlineualion  de  mon  repos  et 
rétablissement  de  touttes  lé  chauses  qui  nous 
povent  aporter  tranquilité  et  contentement, 
qui  ayst  cause  que  le  Roy  mon  fils  vous  en- 
voyé Loulier2  présant  pourteur  pour  vous  fayre 
entendre  content  y!  a  aysté  sacré  aveques  l'ou- 
nion  et  contentement  de  tous  ses  sougés,  tanl 
gratis  que  petis,  monstrant  tous  leur  bonne 
coteume  de  l'amour  qu'il  portent  à  leur  Roys, 
dont  j'é  voleu  ausi  moy-mesme  vous  en  naver- 
tyr  pour  l'aseuranse  que  j'é  du  plésir  que  en 
reseverés  m'ayent  asés  fayst  conestre  du  dépit* 
sir  que  ariés  si  lé  chauses  alet  aultrcment  .  .  . 
.  .  .  3,  mes  si  aseurère-ge  bien  que  ne  désireré 
jeamès  bien  ny  repos  ny  contentement  à  per- 
sonne quii'aymeplulx,  ni  soytplous  resantente 
de  tout  ses  heurs,  ny  qui  en  rende  de  mylleur 
cour  grase  à  Dyeu,  ny  le  suplye  de  mylleui 
cour  de  le  vous  volouyr  contyueuer  et  aug- 
manter  que  ays  et  fayst 

Vostre  bonne  seur  et  afecUonée  mère, 

Catf.rine. 

1  Au  <l"s:  Leltie  reçue  le  17  juin. 

•   Lliuillier. 

3  II  y  a  dans  cette  partie  de  la  lettre  quelques  mots  la- 
cérés qu'il  ne  m'a  pas  été  possible  de  rétablir  dans  leur 
vrai  sens. 


LETTRES  DE  G AT HE 

1561.  —  (27  mai.) 

Minute.  Bit»],  aat. du  Louvre ,  coliect.  Bounlin,  F.  31G, 
vol.  1 ,  C  196. 

A  MESSIEURS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT 

À    PARIS. 

Nos  aînés  et  féaulx,  nous  estimons  que  de- 
puis le  temps  tjue  nostre  très  cher  et  très  aîné 
cousin  le  prince  de  Condé  s'est  retiré  par  de- 
vers vous  pour  la  justification  de  son  inno- 
cence des  cas  que  l'on  luy  avoit  voulu  mectrc 
sus,  vous  avez  faict  telle  diligence  à  l'instruc- 
tion de  son  procès  qu'il  doibt  estre  de  ceste 
heure  en  estât  de  juger.  Touttelbis,  désirant 
sur  toutes  choses  y  veoir  la  plus  prompte  fin 
que  faire  se  pourra,  nous  n'avons  voulu  diffé- 
rer de  vous  en  escripre  et  de  vous  mander  et 
enjoindre  le  plus  expressément  qu'il  vous  est 
possible  que  vous  ayez  à  procéder  à  la  vuidange, 
jugement  et  diversion  du  dict  procès  en  telle 
et  si  briefve  expédition  de  justice  que  nous 
ayons  occasion  de  nous  louer  de  la  diligence 
de  laquelle  vous  y  avez  usé;  en  quoy  faisant, 
si  vous  congnoissez  la  justification  de  nostre 
cousin  bien  et  suffisamment  prouvée  et  luy  tel 
que  les  plus  gens  de  bien  de  ce  royaulme  l'ont 
toujours  estimé  et  congneu  et  que  ses  vertus, 
mérites  et  sei vices  le  témoignent  assez,  vous 
considérerez  la  grandeur  de  la  maison  dont  il 
est  etlerancqu'il  lient  en  ce  dit  royaulme  pour 
luy  en  fayre  fayie  telle  honorable  déclaration 
qu'il  mérite  d'avoir,  et  que  les  solempnitez  luy 
soient  en  cela  tellement  gardées  que  tout  ainsy 
que  le  blasme  que  l'on  luy  a  donné  a  esté 
grand  et  a  peu  courir  par  tous  les  plus  grands 
lieux  de  la  chrcstienté,  ainsi  la  réparation  y 
soit  si  clairement  et  manifestement  divulguée 
et  publiée  que  la  maulvaise  opinion,  que  l'on 
pourrait  avoir  légèrement  imprimée,  soit  déra- 
cinée de  la  mémoire  et  opinion  des  hommes. 
Catherise  ut  Mimas.  —  1. 


UNE  DE  MÉDIC1S.  201 

pour  y  laisser  la  mesme  bonne  odeur  et  répu- 
tation que  lu}  et  ceulx  de  la  maison  dont  il 
est  se  sont  par  tant  de  grands,  vertueux  et  re- 
commandables  services  et  mérites  de  si  long- 
temps acquise  et  toujours  conservée  si  digne- 
ment1. 

Le  (27) jour  de  inay  i5Gi. 

Caterine. 


(1561.  —  Fin  mais.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  n'aient  voleu  le  lîoy  mon  lils 
que  le  conte  de  Gaiazo3  qu'il  anvoie  vysiter  le 
Venitian  soit  pasé  sans  vous  aler  visiter  et 
Madame  sa  tente  de  sa  part,  pour  vous  dire 
de  ses  novelles,  lesquelles  lui  et  moy  nous 
aseuron  vous  aystre  agréable,  d'aultent  que 
entendre  de  sa  bonne  santé  et  l'espéranse  que 
avons  que  le  voiage  que  nous  avons  fayst  en 
sette  ville"  nous  aporteré  à  la  fin  quelque  re- 
pos pour  tout  set  Royaume,  encore  que  ni 
soyon  guière  demeurés  et  que  ayons  remis 
l'an  liée  de  mon  dist  fils  jouques  au  moys 
de  jeanvier,  de  peur  que,  la  faisant  par  ses 
chaleurs,  y  s'an  troveat  mal,  et  j'espère,  que 
s'il  è  vray  set  que  l'on  m'a  mendé,  set  que  je 
suplie  à  Notre-Signeur  qu'il  souyt,  que  vous 

1  Voy.  le  journal  de  Claude  Haton ,  Collection  des  docu- 
ments inédits ,  t.  I,  p.  i3i;  Mémoires  de  Condé,  .'.  II, 
p.  356  et  suiv.  ;  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau  ,  p;i: 
Le  Laboureur,  t.  I,  p.  73a. 

2  Voy.  Kalendar  of  State  papers  (  1 56 1  - 1  56a  ),  p.  1 32  , 
7  juin  i56i  :  Intelligences  of  from  plaie:  «Tlie  Duc  in  - 
f  of  Savoy  is  with  Child.w 

3  Ce  doit  ôtre  Galeas  de   Saint- Severin.  comte   dl 
Gaiasso,  gentilhomme  ordinaire  du  Roi.  —  Voy.  P.  An- 
selme, t.  VIII,  p.  5o4;  Imhof,  Généalogies  d'Italie  (An 
terdam,  1710),  p.  291. 

1  Paris. 

26 


202 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


voyrons  asteur  là  avequcs  heun  bel  enfant,  si 
plustol  je  n'ay  puis  avoyr  set  byen  que  je  dé- 
sire infiniment  et  vous  suplye  que,  incontinent 
que  en  serés  aseurés,  nie  fayre  sel  plesir  que 
m'an  navertir  p©ur  le  pluta  gravi  plésir  que 
sariés  fayre,  ne  que  sarel  resevoyr 

Vostre  lionne  seur, 

Caterine. 


(  1561.  —  Juin.) 

^'it.   Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR   LE  Dl  C  J)E  SAVOIE. 

Mon  frère,  je  ne  vous  puis  ase's  remersier  dé 
bonnes  novelles  que  m'avés  emoiée  de  set 
que  madame  de  Savoie  ayst  grose,  car  depuis 
(ouïtes  mes  malheureuse  forteune  n'é  santi 
joye  pour  chause  que  je  aye  lieu  qne  quant  j'é 
seu  sete  bonne  novelle,  de  quoi  je  loneNostre- 
Signeurde  tout  mon  cour,  et  le  suplie  qu'i  nous 
fase  à  Ions  La  grase  de  guardé  si  bien  la  mère 
qu'eie  an  puise  avoyr  bocoups  d'aultre,  et  rail- 
lent le  conserver  pour  le  conlenlemenl  de  vous 
et  de  nous;  el  vous  prie,  mon  frère,  ne  per- 
mette qu'eie  bouge  d'il1  ayle  ayst  qu'eie  ne 
■jouit  en  son  setiesme  moys  el  encore  la  fayre 
porter  en  benne  chèze  el  que  se  ne  souil  pas 
louyng,  se  la  volés  remeuer.  Vous  m'escouserez 
de  sel  que  je  vous  en  mende,  car  l'anvie  que 
j'é  de  coserver  sa  santé  el  que  son  enfenl  vhe 
me  le  t'ayst  \ous  le  mender  el  ausi  que  ne  la 
lèsiés  pas  tenl  aparéser  que  ne  se  promené  tou 
deusement  en  lyeu  playn  et  beuni,  car  \l  i  arel 
danger,  se  ne  fayset  aysersise,  que  s'an  trovat 
pluk  mal  à  son  acoucbenienl.  Mon  frère,  j'é 
reseu  lentde  plésir  par  sel  porteur  qui  lia  l'hau- 
neur  de  vous  aystre  linéique  chause  que  je  ne 
nie  puis  guarder  vous  prier  de  volouir  que  par 

'    fi'tt  ayle  ayst .  d'où  elle  I  *t 


luy  mesme  je  reseve1  l'antyère  joye  de  set  qui 
pleéré  bà  Nostre-Signeur  donner  à  madame  de 
Savoye,  qui  me  fayst  \ous  prier  me  mander 
par  luy  set  bonnes  novelles  que  je  suplie  à 
Dyeu  aystre  tyeule  que  le  désire 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


(15S!.—  Juin.) 

ii     Kilil.  nal.  fond*  français,  n°  3ag2  ,   l° '17. 
A  MON  COMI'KRE 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  compère,  le  Roy  mon  lils  arsouir  (  juste  i 
quant  y!  l'eut  aryvé  ysi  -,  \  se  délibéra  s'an 
naler  par  eau  jeusques  à  Gallon  et  ira  anuyt 
coucher  à  Vylaynecheu  Bttrdin3  el  se  délibère 
aystre  de  retur  à  S'  Germayii  la  velie  de  la 
S'  Bernabés4  el  reviendra  par  S'  Ligier,  où  y 
curera  eun  cerf,  et  je  pians  la  clierge  vous  mi 
navertis  et  vous  prier  de  sa  part  et  delà  m  venue, 
si  ne  nous  volés  venir  trover,  que  vous  trovyons 
à  noslre  arivaye  à  S'  Germayn,  el  volouyr  en- 
voyer quérir  le  capitayne  Corse5  et  avecques 
les  plus  belles  paroles  luy  donner  congé  el  le 
ranvoyer  el  luy  faire  baller  deu  sans  escus  "  par 
le  trésoryer  de  l'Espargne.  Toute  celé  coropa- 

1   Reseve,  reçoive. 
Saint-Germain-des-Prés. 

1  Boûrdin,  sieur  de  Villaines. 

'  La  Saint-Barnabe  esl  le  1  1  juin. 
San  Pietro  Corso,  capitaine  cuise  qui ,  en  1 533 .  pas» 
au  service  de  France  el  fut  de  toutes  les  expéditions  des 
Français  en  Corse;  marié  à  la  belle  Vanina  d'Ornano,  il 
l'étrangla  de  ses  mains,  et,  victime  à  son  tour  delà  ven- 
geance desOrnano,  il  fui  assassiné  en  i  367.  v*oy.  à  ce 
sujet  les  lettres  de  Brissac  (Bibl.  Bat.  fonda  français, 
n'  aoii'i3,  f"  ac),  1 35  et  1 5  U  )  ;  Forquevaux,  Vie  îles  grande 
capitaines,  p.  83 ;  Cbarrière,  Négociations  dam  le  Levant . 
I.  Il,  p.  /•'. '1  et  suiv.;  Papiers  d'Etal  du  cardinal  de  Gran- 
velle,  i.  VIII,  p.  277,  .Vu,  357,  ù53,  &8o. 

Vnv.  Lettre  de  San  Pietro  Corso  datée  de  Marseille. 
le  5  juin  i56l,  el  dans  lai]iielle  il  accuse  réception  de  la 


gnie  vous  favst  ces  recomendations  el  vous  prit 
nous  envoyer  vostre  (ils  et  s»  femme1. 
Rostre  bonne  coumère  el  amye, 

(  Iai  bbine. 


LBTTBES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS.  203 

ville  et  vous  avez  faicte  envers  le  Mo\  de  Ho- 


I  561 .  —  <i  juin. 

Orig.  Bibl.  nni.  Cinq  •culs  Golberl,  d*  890,  f"  '19  cl  suiv. 

\  MONSIE1  lï  DE  RENNES, 

LLEI  BT  M    DES  REQCBSTBS  DB  UH06TBL  DD  ROI  MON  ] 

et  son  urusSADBDR  phés  l'lmpeeecr. 

Monsieur  rie  lieues,  par  les  lettres  que 
m'avez  escriptes  des  xv  et  xvn  avril,  vi.  vin.  \n 
el  xxc  au  passé,  je  n'ay  poincl  veu  qu'il  se  soyl 
avancé  grand  chose  au  faict  du  concilie,  ne 
que  le  canobio  par  lequel  l'on  en  espérait  une 
si  ample  et  totale  résolution  du  Papeayt  riens 
apporté  que  si  général  que  je  n'y  puys  co- 
gnoistre  aultre  chose  que  longueurs,  remises 
el  prolongemens  qui  se  sont  tant  continuez 
jusques  icv  que  je  ne  sçay  [il us  que  m'en 
proniectre.  ne  pour  quant  nous  m  devons  es- 
pérer l'ellert.  le  fruict  et  l'utilité  qui  est  si  né- 
cessaire au  bien,  union  el  repoz  «le  la  cres- 
lienté.  J'entendray  en  bonne  dévotion  ceste 
plus  ample  dénesclie  que  Sa  Saincteté  doibt 
faire  au  dict  Empereur  après  avoir  oy  Domp 
Jehan  d'Avalle  et  si  c'est  avec  aussi  peu  de  réso- 
lution qu'il  s'est  veu  parses  autres  précédentes 
dépesches,  si  je  pense  que  l'on  neveull  paislre 
le  monde  que  d'apparence  et  à  nous  qui 
sommes  les  plus  proches  du  péril  faire  con- 
sommer le  temps  inutilement,  il  me  semble 
que  j'en  auray  grande  et  juste  occasion,  qui  est 
tout  ce  que  je  vous  puys  dire  et  respondre  pour 
ceste  heure  quant  au  faict  du  dict  concilie;  et 
venant  à  l'aultre  poinct  de  vos  dictes  dépesches, 
qui  esl  eellin  de  l'instance  que  le  s'  de  \  ieille- 

somme  payée.  (Bibl.  nat.  fonds  franc. n°  3i8g,f°  'iG,  et 
iï  i33<j,f  71.) 

1   François  de  Montmorency  et  Diane  de  France. 


hesme  pour  persuader  l'Empereur  d'envoyer 

par  de  çà  mi;;  ambassadeur,  actendu  le  Ion;; 
temps  qu'il  \  a  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
\ous  lient  auprès  de  luv,  comme  à  la  vérité  il 
est  bien  honneste  et  raisonnable,  el  qu'il  s'esl 
tousjours  observé  el  correspondu  entre  grans 
princes  amys,  je  nous  dirav  que  c'est  chose 
qui  a  esté  de  long  temps  considéré  et  ne  pen- 
sion- pas  à  ceste  beure  à  \ous  resvuquer,  n'eusl 
esté  que  nous  avons  cogneu  que  vostre  pré- 
sence par  delà  avec  une  si  honneste  coulent 
que  celle  du  faicl  du  dict  concilie  n'est  pas 
sans  fruict  et  utilité  au  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  fil?.;  au  moyen  de  quoy  il  est  né- 
cessaire que  vous  demeurez  Va  encores  quelque 
temps,  ce  que  je  m'asseure  que  vous  ne  plain- 
drez poincl ,  puisque  c'est  sur  une  bonne  occa- 
sion. Le  dict  sieur  de  Vieilleville  n'est  point 
encores  arrivé;  après  son  retour  el  qu'il  nous 
aura  rendu  compte  de  tout  ce  qu'il  aura  apris 

en  son  voyaige,  je  vous  feray  l'air te  bien 

ample  dépesche  sur  les  particularitez  qui  au- 
ront besoing  de  responce  de  nostre  coslé.  Ce- 
pendant j'ay  à  vous  advertir  que  par  le  plus 
que  j'ay  veu  le  discours  que  me  faictes  des 
propoz  que  vous  avez  tenuz  au  Roy  de  Bo- 
hesme  sur  le  faict  des  mariages  don!  vous  avez 
escripl1  el  encores  que  ce  que  vous  luy  en  avez 
dicl  avl  eslé  comme  de  vous  mesmes  et  si  ré- 
servement  qu'il  aura  peu  d'occasion  dépenser 
que  une  telle  ouverture  vienne  d'aultre  que 
de  vous  el  de  l'affection  que  vous  avez  de  le 
voir  estroitement  lyé  d'amitié  et  alliance  avec 
ceste  couronne,  si  esse  que  j'eusse  bien  désiré 
que  vous  ne  finissiez  pas  allé  vers  luy  expres- 
sément sur  ceste  occasion  et  que  vous  eus- 
siez actendu,  en  luy  communicquant  d'aullres 

1  Le  mariage  d'Anne  d'Autriche  avec  Charles  IX  el 
celui  de  sa  sœur  cadette  Elisabeth  d'Autriche  avec  le  jeune 
roi  de  Navarre. 

a6. 


204  LETTRES  DE  CATH 

affaires,  à  faire  tomber  ce  propoz  là  comme 
chose  inopinée  à  laquelle  vous  n'eussiez  jamais 
pensé  auparavant  et  craignant  que  vous  esti- 
miez que  ce  que  vous  en  ay  escript  ayt  esté  poul- 
ie désir  que  j'aye  au  dict  mariage,  je  vous 
vculx  bien  dire  que,  pour  le  bas  aage  du  Roy 
mon  dict  sieur  et  filz ,  je  n'ay  encores  pensé  de 
le  marier,  ny  obligée  là  et  ailleurs,  et  n'estre, 
comme  je  vous  en  ay  mandé,  à  aultre  fin  que 
voir  si,  en  meclant  les  diclz  deux  partyz  en 
avant  comme  de  vous  mesmes,  vous  pourrez 
rompre  les  aultres  qui  sont  en  termes,  qui  est 
ce  qu'il  fault  que  vous  ayez  tousjours  de  devant 
les  veulx  et  venant  le  dict  Rov  de  Bohesme  à 
reprendre  les  dicts  propoz,  vous  vous  gardiez 
bien  de  luy  donner  à  cognoislre  que  l'on  vous 
en  ayt  jamais  escript,  ne  que  l'ouverture  que 
vous  luy  en  avez  faicte  ayt  esté  que  de  la 
seulle  affection  que  vous  lui  portez,  autrement 
vous  entendrez  assez  que  ce  ne  seroyt  pas 
seullemenl  advancer  ce  que  nous  avons  envye 
et  que  vous  travaillerez  de  recoller,  mays  d'ung 
affectionné  amv  en  faire  son  ennemy  et  avec 
assez  maulvaise  occasion  perdre  tout  au  coup 
ce  que  nous  pensons  avoir  acquiz  en  son  en- 
droict  d'asseurance  etestablysement  de  bonne  et 
parfaicleamytié;  de  sorte,  monsieur  de  Rennes, 
qu'il  est  besoing  que  par  l'ung  \ous  ne  gasliez 
rien  en  Ta  nltre,  mais  comme  vous  qui  estes  saige 
et  advisé  le  sçaurez  bien  faire  prudemment  et 
considérément,  sans  luy  rien  dire  du  trans- 
port des  filles,  ny  d'autres  particularitez,  si  ce 
n'estoyt  si  à  propos  que  vous  veissiez  claire- 
ment qu'il  ne  s'en  peult  offencer  poui  Tadvenir. 
Vous  mecterez  peine  de  sçavoir  s'il  y  aura  aultre 
occasion  ou  du  mauvais  mesnaige  qui  est  entre 
1  Empereur  et  luy  que  celle  que  vous  m'avez 
escripte  par  voslre  lettre  du  xin°  et  si  la 
guerre  d'entre  le  roy  de  Polongne1  et  le  Mos- 

1  Sigismond,  roi  de  Pologne. — Voy.  deThou,  t.  IV, 
liv.  xviii.  p.   i  i5  el  sciiv. 


ERINE  DE  MÉD1GIS. 

covite  sera  pour  tirer  oultre,  et  aussi  si  l'am- 
bassadeur de  Ferrare  aura  riens  proposé  pour 
marier  son  maistre  avec  l'une  des  filles  du  dict 
Empereur,  affin  de  m'advertir  de  toutes  les 
dictes  particularitez,  comme  de  toutes  aultres 
choses  que  vous  en  estimerez  dignes  aussi  soi- 
gneusement que  vous  continuez  ordinairement, 
priant  Dieu,  monsieur  de  Renés ,  qu'il  vous  ayt 
en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Sainl-Germain-des-Prez-lez-Pai  is  . 
le  vie  jour  de  juing  1 56 1 . 

Catbrink. 
Bourdin. 


1561.  —  8  juin. 
Aut.  Arch.  des  M'Micis,  dalia  filza  «7307,  iiu<»\a  Dtitnerazione. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLOKENGE. 

Mon,  cousin  j'é  reseu  vostre  letre  du  xxiin"16 
de  may,  et  veu  cet  que  me  mendés,  lent  de 
cet  que  vous  avoys  mendé  de  sursouir  d'en 
parler,  que  du  fest  du  conte  de  Gaiazo  ',  de 
quoy  je  ne  vous  saroys  asés  remersier  de  vous 
voyr  conlineuer  en  celé  bonne  volante  ver 
toutes  les  chauses  que  désirons,  coine  ausi 
pour  Bruest2  que  vous  volés  envoyer:  cel  que 
voyenl  que  le  trovés  bon,  je  le  vous  envoyeré 
un  de  ses  jour,  et  ne  vous  parleré  plus  ausi 
de  cet  que  j'é  dis  à  1  évesque  Salviati  pour  vous 
dire,  car  encore  que  ne  m'en  louchiés  rien 
dans  vostre  letre,  je  ne  deule  poynt  qu'il  ne 

1  Envoyé  en  mission  à  Venise,  il  avait  été  mis  en 
prison  à  Rome  comme  suspect  de  protestantisme.  Il  y 
était  encore  en  i  it 7 1 ,  et,  cette  même  année,  Charles  IX 
écrivait  au  cardinal  de  Rambouillet  :  «Je  vous  dirav  que 
«je  receuz  vostre  depesclie  du  xvii"  du  mois  d'aoust,  par 
«où  j'ay  bien  cogneu  la  vil'vc  instance  que  vous  faictes 
«pour  la  délivrance  du  comte  de  Gavazze,  mais  je  \i.\  en 
«ceulx  à  qui  vous  avez  affaire  uni'  si  molle  et  froide  vo- 
c  Imité  qu'il  fault  que  je  vous  die  que  je  me  commence  à 
classer  de  tant  prier  et  importuner. n  (Bilil.  nal.  tonds 
français,  n°  3899,  f°  393.) 

2  Sans  doute  l'abbé  de  Rreuil ,  s'  de  lioistaillé. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


205 


vous  aye  disl  (oui  cet  que  je  l'ai  ]>ryé,  el  qui 
vous  touchoyl,  come  ausi  je  ne  veulx  failir 
de  vous  avertir;  et  vous  prie  le  tenir  segret 
que  l'embasadeur  d'Espagne  ysi  résident  lia 
dist  à  quelque  personne  que  le  Roy  son  mestre 
avoyt  envoyé  quérir  le  sieur  Chapin  Vilelle1 
pour  le  vous  envoyer,  et  vous  fayre  entendre 
que  sa  volante  ayst  d'avoyr  Siene2  pour  Don 
Jean  d'Austria3,  el  pour  vous  persuader  à  ne 
le  dédire,  ni  vous  y  auposer,  et  vous  promelre 
beaucoup  de  belles  chauses  en  le  faysant,  et 
ne  le  faysant,  beaucoup  de  mal.  Quelque  foys 
cel  embasadeur  ha  acoteumé  de  mentir,  mes 
yl  m'a  semblé  que  ne  conresponderès  à  l'ami- 
lit-'  que  vous  veulx  porter,  cet  ne  vous  en  neuse 
averti,  cornent  je  foys  et  ency  que  je  ferais. 
J'é  reseu  par  le  segreteyre  de  vostre  embasa- 
deur les  deus  lelres  pour  le  Roy  mon  fds,  et 
pour  moy,  à  laquele  je  vous  foys,  par  la  pré- 
sanle.  réponse;  mes  Je  Roy  mon  fils  n'a  peu 
vovr  la  siène,  pour  s'être  un  peu  blesé  à  la  teste 
en  courant  le  serf,  mes  d'eultent  que  c'et  peu 
de  chause,  j'espère,  dan  deus  ou  troys  jours, 
qu'il  vous  en  fayré  réponse,  et  conestré  qu'il 
est  prinse  qui  désire  le  bien  el  conservation 
de  la    crétienté,    aultenl    qui     quelqu'aultre 
prinse  puisse  fayre.  Je  vous  prie  que  ne  sove 
aléguée  à  l'avertisemenl  que  vous  donne;  car 

1  Chapin  Vitelli.  Brantôme  lui  a  consacré  un  article. 
-  Voy.  Brantôme,  édit.  Je  L.  Lalanne,  t.  11,  p.  187. 

L>  Dès  le  1"  mai,  Throrkmorlon,  dans  une  lettre  à 
Cecil ,  le  prévenait  d'un  dissentiment  survenu  entre  l'Es- 
pagne et  le  duc  de  Florence,  au  sujet  de  Sienne.  (Raleii- 
dar  of  State  paner»  (1ÔG1),  p.  q3.) 

:l  Don  Juan,  lils  naturel  de  Charles-Quint,  né  à  Ratis- 
bonne  en  îfi'ili,  mort  près  de  Namur  en  1  078 ,  d'une 
lièvre  pernicieuse.  (Voy.  Brantôme,  édit.  L.  Lalanne, 
t.  II,  p.  108.)  —  Dans  une  dépêche  de  Marsilio,  du 
1"  août  i56i,  il  est  dit  que  Don  Juan  d'Autriche  aura 
le  gouvernement  de  Sienne.  (Kalendar  of  State  papers, 
(i56i),  p.  219.)  Catherine  avait  pensé  au  roi  do  Na- 
varre pour  Sienne,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  dans  une 
lettre  précédente;  elle  jouait  donc  un  double  jeu. 


l'amitié  que  je  vous  porte,  et  envie  que  j'é  de 
la  conservation  de  vostre  grandeur,  me  le  faysl 
fayre,  et  je  priré  Dieu  qu'i  vous  asiate,  et 
mayntiegne  comme  le  désirés. 

De  la  forest  de  Lion  (Lions),  cel  vin'"   iour 
de  jouin  1  56 1 . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine, 


15G1.  —  i4  juin. 

Copie.  Bibl.  nat.  manuscrit  français,  n°  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Monsieur  Coignel,  j'ay  faicl  veoir  au  con- 
seil du  Roy  monsieur  mon  lilz  le  mémoire  que 
m'avez  envoyé  pour  la  traicle  du  sel  de  Pec- 
quaiz  que  demandent  les  Suysses.  Et  s'i  estant 
trouvé  le  général  de  la  charge,  lequel  il  a  esté 
bien   raisonnable    d'oyr   là   dessus,   il  a  esté 
advisé  qu'on  luy   remeclroyt  tout  ce   négoce 
entre   mains  pour  s'enquérir  el  informer  du 
proffil  ou  domaige  que  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  i'l  ses  subjectz  pourront  avoir  en  accordant 
ladicte  traicte;  et  que.    avant  que   luy   avoir 
donné  temps  et  loysir  de  faire  ladicte  enqueste , 
et  de  nous  en  donner  advis,  l'on  ne  se  haste- 
roil  point  d'en  riens  ordonner:  qui  es!  cause 
que  je  ne  vous  puys  encores  mander  quelle 
sera   la  résolution,   en   laquelle   touteffoys  je 
prandray  à  grand  plaisir  de  pouvoir  faire  gra- 
tiffier  lesdicts  sieurs  des  Ligues,  pourveu  que 
ce  ne  soyt  avec  évident  domaige  pour  nous, 
et  que  l'on  puisse  establir  tel  ordre  au  faicl 
de  ladicte  traicte  que  ceuh  qu'il/,  y  employront 
et  ausqueiz  ils  en  donneront  la  charge  n'en 
puissent   abuzer.  Vous   voulant   bien   dire  là 
dessus  que  l'on  eust  bien  désiré  que  lesdicts 
sieurs  des  Ligues  se  l'eussent  contantez  que  les 
subjectz  du    Ro\    moud  ici   sieur   el   filz   leur 
eussent  faicl  amener  et  délivrer  ledicl   sel  en 
quelque  lieu  proche  d'eulx  à  pris  raisonnable, 
dont  ilz  eussenl  convenu  ensemble;  pour  ce 


2<H 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS, 


que  1  on  considère  que  l'on  garderoil  beaucoup  I 
myeulx  nos  diets  subjectz  d'abuser  de  ladicte 
traicte  que  l'on  ne  pourra  faire  les  mai-chaos  ! 
Suysses  qui  ne  sont  noz  justiciables,  et  qui, 
corne  nous  sçavez  ont  de  bonne  coustume  de 
tirer  toutes  choses,  eneores  qu'elles  leur  soyeut 
accordées  de  grâce ,  en  bien  estroicte  et  expresse 
obligation.  Si  en  attendant  que  ledicl  général 
s'informera  de  ce  qui  luy  a  esté  commis  en 
cest  affaire,  vous  pensez  que  lesdicts  sieurs 
dos  Ligues  soyenl  pour  se  laisser  conduire  à  ce 
second  parly,  ou  bien  que  vous  les  y  puissiez 
persuader;  advertissez  nous  en  au  plustostque 
vous  pourrez,  pour  nous  en  servir  en  la  réso- 
lution que  nous  avons  à  prandre  au  faicl  de 
cesle  traicte;  j'attenderay  à  \eoir  el  arrester 
lestai  que  m'avez  dernièrement  envoyé  poul- 
ies pensions  desdicts  sieurs  des  Ligues  jusques 
à  voslre  arrivée.  Pour  ce  que  je  seray  bien  ayse 
de  vous  oyr  sur  les  relrauchemens  dont  m'avez 
escript,  el  de  sçavoir  s'il  s'y  pourra  point  en- 
cores espargner  quelque,  chose  davantage,  où 
vous  ayez  crainte  de  mectre  la  main.  Cependant 
je  \ous  reuvoye  voslre  secrétaire  pour  le  be- 
soing  que  vous  pourrez  avoir  de  luy  sur  le  faict 
de  voz  payemens,  et  vous  ad  vise  que  j'ay  receu 
voz  lettres  des  premier  et  VIe  de  ce  moys,  par 
lesquelles  j'ay  veu  comme  les  choses  sont  pas- 
sées au  faicl  de  mon  frère  le  dur  dr  Savoye,  où 
jusques  ic\  .  ainsy  que  j'entends,  il  a  faicl  beau- 
coup de  despences  avec  peu  d'advancemenl 
et  d'utilité.  Le  principal  est  qu'il  cognoisse 
comme  vous  y  estes  employé  de  bon  pié.  el 
qu  il  ne  tient  à  nous  qu'il  n'en  reeoipve  le  con- 
tentement qu'il  désire  etque  vous  n'y  ayez  faict 
voslre  plain  debvoir.  Pryant  Dieu,  monsieur 
Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-des-Prez-lez-l'aris, 
le  iiin°  joui  dejuing  1  56 1 . 

Caterine. 
Jîoirdin. 


15(51. 


juin. 


Orig.  Bibl.  nal.  Cincj  cents  Colberl,  n°  3go ,  f°  53  et  sui*. 

Imprimé  dans  les  Additions 

aux  Mémoires  de  Caslehiwr .  par  Le  Laboureur,  t.  I.  p.779etsui\. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

Ct^SEILLER,   He  DBS  REQUESTES  DE   L'nOSTEL  DU    BOÏ  MON   F1LZ 
ET  SOS   AMBASSADEUR  PRrS    L'EMPEPEOT.. 

Monsr  de  Renés,  ayant  receu  la  lettre  que 
m'avez  escripte  du  vingt-septiesme  du  passé, 
el  entendu  par  icelle  l'advis  que  vous  me  don- 
nez de  l'opinion  qui  est  parnrv  plusieurs  de  la 
court  de  l'Empereur  que  nous  ne  sommes  pas 
pour  joyr  longuement  du  bien  de  la  paix, 
d'aullant  que  le  roy  d'Espaigne  a  envie  de  re- 
muer mesnaige,  j'ay  conféré  cest  advertisse- 
menl  avecques  celluy  de  voslre  leclre  du 
treziesme,  et  me  semble  que  tel  bruict  doit 
procéder  plus  lost  de  la  mauvaise  vohinté  que 
vous  porte  l'ambassadeur  du  dict  roy  d'Es- 
paigne résident  par  delà,  qui  a  voullu  conti- 
nuer en  ces  premiers  propoz  men trônez  en 
voslre  dicte  leclre  du  xnf,  que  d'intelligence 
qu'il  ayt  de  Pintencion  de  son  dict  maistre, 
envers  lequel  nous  n'avons  jamais  laid  ,  comme 
aussy  n'avons  nous  receu  de  luy  que  tous 
offices  honnestes  el  amiables ,  et  telz  que  princes 
doivent  exercer  les  ungs  envers  les  autres  pour 
la  conservation  de  leur  mutuelle  amitié  et  fra- 
lernilé.  Toutcffoys,  et  pour  ne  négliger  chose 
de  si  grande  importance,  j'ay  bien  voullu,  en 
actendant  ce  que  vous  m'en  ferez  plus  ample- 
ment sçavoir  par  vostre  première  dépesche, 
vous  envoyer  ce  petit  mot  de  leclre,  pour  vous 
prier  que  vous  mectez  toute  la  peine  et  dilli- 
gence  qui  vous  sera  possible  et  employez  tout 
ce  que  vous  pouvez  avoyr  de  moyens  et  intel- 
ligences pour  descouvrir  d'où  vient  el  procède 
telle  opinion  et  qui  c'est  qui  en  a  donné  la 
cause  et  occasion,  el  je  faietz  envoyer  à  l'évesque 
de  Limoges  ung  double  fie  l'article  de  vostre 
dicte  lettre,  affin  que  de  sa  part  il  observe  plus 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDK'.ls. 


207 


soigneusement  que  jamais  les  actions  de  ceulx 
auprès  desquelz  il  réside;  et  comme  il  a  lous- 
jours  esté  Tort  véritablement   et  fideHenrenl 

adverlv,  il  n'oublie  riens  qui  se  doive  faire  pour 
sçavoir  si  l'on  a  envie  de  rompre  avec  nous 
el  en  tirer  de  toul  ce  qu'il  pourra  de  lumière 
el  esclaircissement,  donl  il  ne  fauldra  de  m'ad- 
vertir  incontinent. 

J'ay  considéré  les  propoz  que  l'Empereur 
vous  a  tenuz  sur  l'advertissement  qu'il  a  eu 
que  non-,  voullions  faire  un;;  concilie  national 
en  France,  el  loue  ce  que  vous  luy  en  ave/. 
respondu  fort  saigement,  car  s'il  failli  venir  à 
la  comparaison  des  offices  que  les  princes 
chrestiens  onl  l'aietz  pour  procurer  et  avancer 
le  concilie  général ,  l'on  ne  peult  nyer  que  nous 
n'ayons  esté  les  premiers  à  en  faire  l'ouverture 
et  la  poursuicte,  et  que  ordinairement  nous 
n'ayons  esté  quasi  seulz  a  en  procurer  el  taire 
poursuivie  l' exécution,  où  des  aullres  ne  se 
son!  jamais  veues  que  remises,  comme  encores 
elles  se  continuent,  au  grand  trouble,  préju- 
dice et  doumaige  de  toute  la  clireslienté,  et 
allin.  monsieur  de  Renés,  que  vous  voyez  soubz 
quelle  occasion  l'on  mande  les  prélatz  de  ce 
royaulme  pour  se  trouver  en  ceste  ville  au 
\x'""  du  moys  prochain,  el  si  c'est  pour  faire 
chose  pour  laquelle  la  célébration  du  dit  con- 
cilie général  puisse  estie  rompue,  je  vous  en- 
voyé le  double  de  la  lectre  qui  en  a  esté  expé- 
diée et  envoyée  à  tous  les  ditz  prélatz,  pour 
la  faire  veoir  au  dict  Empereur,  si  vous  pensez 

qu'il   oyl  besoing;  qui  esl   ce   que  j'a\  à 

vous  dire  par  ceste  petite  dépescbe,  el  l'endroict 
où  je  voys  prier  Dieu,  monsieur  de  Renés, 
qu'il  vous  avt  en  sa  saincle  garde.  Escript  à 
S'-Oeimaiu-des-Prez  lez-Paris,  le  wn"  jour  de 
juin;;   1 56-1 . 

Catebine. 
Bourdin. 


1561.  —    80  juin. 
Copie.  Bibl.  'lu  1 fre,  B  ia53,  registr-s  .lu  Pfcrtement, 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COUKT  DK  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  ['envoyé  par  devers  vous  le  sei- 
gneur île  Vilaine1,  conseiller  du  Roy  monsieui 
mon  lilz  et  secrétaire  d'estat  de  ses  iinauces, 
pour  vous  dire  aucunes  choses  de  ma  pari  con- 
cernant le  faict  de  la  transaction  faicte  avec 
mon  cousin  le  duc  de  Montpensier-  touchanl  la 
succession  de  la  maison  de  Bourbon,  et  ce  qui 
est  encores  en  dilférends  là-dessus  entre  luy  el 
les  gens  du  Roy  mondict  seigneur  et  lilz.  donl 
je  vous  prie  le  croire,  el  luyadjouter  la  mesure 
foy  que  feriez  à  moy-mesme  qui  prie  Dieu, 
messieurs,  vous  avoir  en  sa  1res  sainote  <•! 
digne  garde.  Escript  à  Saint- Germain -des- 
Prez,  faubourg  de  Paris,  le  xx"  jour  de  juin 

1S61. 

Gatebine. 
robertet. 


.1561.  —  a6  juin. 

Copie,  liibl.  nul.  tonds  Brienne.  n°  ao5,  1'  ^70. 

A  MESSIEl  RS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DU  PARLEMENT  DE  PARIS 

H  a  esté  jugé  que  vous  avez  fort  prudemment 
faict,  à  la  nécessité  du  temps  où  nous  sommes 

1   Bouillir). 

1  Cette  transaction,  intervenue  entre  le  duc  de  Mont- 
pensier et  François  11,  est  datée  d'Orléans,  le  v-j  no- 
vembre i."i6o;  elle  a  été  imprimée  en  entier  dans  la  !.. 
de  Louis  de  Bourbon,  iluc  de  Montpenrier,  par  Nicolai 
Coustureau  (Rouen,  Jacques  Gailloaé,  1693).  —  Il 
s'agissait  de  la  succession  d'Anne  de  France  et  de  Charles 
de  Bourbon.  En  vertu  de  cette  Iransaction,  le  duclie  de 
Montpensier,  délaissé  |iar  François  I",  par  lettres  pa- 
tentes d'août  i538,  à  Louise  de  Bourbon,  tutrice  d< 
son  fils,  et  depuis  érigé  en  pairie  sous  le  nom  de  Mont- 
pensier, demeurait   audit  duc   de  Montpensier,  el ,  en 


208 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


d'avoir  faicl  doucement  .surseoir  et  temporiser 
à  l'exécution  du  décret  de  prise  de  corps  contre 
les  doux  prédicants  dénommés  en  iceluy  et 
vous  ferez  service  de  procéder  en  telles  choses 
le  plus  doucement  qu'il  vous  sera  possible.  A 
S'-Germain-des-Près,  xxvi°  juin  i56i. 


156i .  —  29  juin. 

Copie.  Bibl.  nat.  collert.  de  D.  Housseau ,  A  io.  pièce  n"  k'i-iU. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE1. 

Monsieur  du  Ludde,  le  Roy  monsieur  mon 
filz  vous  escript  -  l'ad\is  qu'il  a  des  émotions 
qui  adviennent  journellement  à  Poictiers  et  ez 
environs  pour  le  faict  de  la  relligion.où  il  est 
requis  et  nécessaire  pour  le  bien  de  son  service 
que  vous  rendiez  le  plus  tost  que  vous  pour- 
rez,  ailin  que  pour  le  lieu  que  vous  tenez, 
estant  sur  les  lieulx,  vous  advisiez  d'y  donner 
l'ordre  et  provision  qu'il  sera  de  besoing.  Je 
m'asseure  que  pour  la  fidellité  que  vous  por- 
tez au  service  du  Roy  mondict  filz  et  pour  la 
nécessité  et  importance  dont  vous  congnoissez 
estre  telles  choses,  vous  y  employerez,  de  fa- 
çon qu'ii  ne  tiendra  pas  à  vous  que  le  tout 
n'aille  à  nostre  contentement  et  satisfaction, 
dont  je  vous  prye,   comme  je  faietz  Noslré- 

oulre,  François  H,  pour  supplément  des  successions  de 
Hourbon  et  Montpensier  et  d'Anne  de  France,  lui  délais- 
sai! la  terre  et  seigneurie  de  Beaujolais  et  le  pays  de 
Dombes.  Ce  ne  fut  qu'en  i56i  que  cette  transaction  fut 
définitivement  homologuée  par  le  Parlement.  —  Voy.  à 
ce  sujet  la  lettre  de  Charles  IX  du  a5  février  1 56i  (Bihi. 
nat.  Parlement,  n"  82.  f°  71);  Remontrances  du  Parle- 
ment sur  quelques  points  de  cette  transaction  (ibid. 
f°  282  )  ;  Enregistrement  de  cette  transaction ,  en  date  du 
"..rj  juin  i56i  (ibtd.  f°  296). 

'  Guy  de  Daillon,  comte  du  Lude,  gouverneur  du 
Poitou,  mort  le  1  1  juillet  i585.  —  Voy.  son  éloge,  dans 
les  Additions  aux  Mémoires  de  Caslelnau,  par  Le  Labou- 
reur, I.  II,  p.  698. 

'  Voy.  Lettre  de  Charles  IX  (même  volume,  pièce  432). 


Seigneur,  vous  avoir,  monsieur  du  Ludde,  en 

sa  saincte  et  digue  garde.  De  S'-Germain-des- 

Prés-lez-Paris,  ce  29'  jour  de  juing  i56i. 

Caterine. 
robertet. 


i56i. 


ao  juin. 


Ong.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  390  ,  p.  09  et  suiv. 

Imprimé  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de  Caslelnau, 

par  Le  Laboureur,  t.  I ,  p.  780  et  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

M*    DES    REQUÊTES    DE    L'HOSTEL    DU    BOÏ   MONSIEUR    MO»    FILZ 
ET  SON  AMBASSADEUR  PRÈS  L'EMPEREUR. 

Monsieur  de  Renés,  encores  que  je  n'aye 
poinct  creu,  comme  je  vous  ay  escript  par  ma 
dernière  le  bruict  que  l'on  faisoyt  courir  au 
lieu  où  vous  estes  que  nous  ne  serions  pour 
joyr  longuement  du  bien  de  la  paix,  el  que  le 
Roy  catbolicque  des  Espaignes  estoit  sur  le 
poinct  de  ne  laisser  perdre  l'avantaige  que  le 
temps luyprésentoyt  sur  nous,  si  ay-je  esté  bien 
ayse  de  m'eslre  veue  confirmée  en  mon  opi- 
nion et  en  l'asseurance  que  j'ay  tousjours  eue 
de  l'amitié  du  dicl  Roy  d'Espagne  parla  lellre 
que  j'ay  receue  de  vous  du  111e  de  ce  movs, 
et  mesmes  que  le  Roy  de  Bohesme  ayt  esté 
celluy  qui  vous  en  a  tenu  les  propos  contenus 
envoslre  dicte  lettre,  esquelz  comme  en  toutes 
aultres  choses  qui  regardent  les  affaires  du 
Roy  monsieur  mon  filz  .je  le  voy  procéder  si  sin- 
cèrement et  avec  une  si  ouverte  démonstration 
de  la  bonne  affection  qu'il  luy  porte,  que  je 
m'en  sens  bien  fort  tenue  à  luy  et  désire  que 
vous  l'en  mereyez  de  ma  part  bien  affectueuse- 
ment et  l'asseurez  qu'il  trouvera  tousjours  par 
effect  en  la  personne  du  Roy  mon  dict  sieur 
et  filz  et  en  la  mienne  pareille  correspondance 
d'amitié  en  toutes  choses  qui  le  concerneront. 
Je  ne  vous  fera  y  poinct  de  responce  quant 
aux  deux  premiers  poinetz  contenuz  en  la  lettre 
qu'il  vous  envoya  communicquer  du  lieu  où  il 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


20!) 


se  baignovt.  pour  ce  que  je  ne  trouve  grand 
fondement  en  I  élection  de  ce  nouveau  Roy  des 
Romains I,  qui  est  le  premier  article,  encores 
que  j'en  eusse  jà  entendu  quelque  vent  d'ail- 
leurs; niais  ce  n'esl  pas  d'endroict  qui  me  soyt 
fort  recommandable  et  que  je  tienne  digne  de 
grande  foy,  aultrement  je  n'eusse  oublyéà  vous 
en  donner  advis.  ÎVous  verrons  ce  (pie  le  temps 

nous  en  apr Ira  davantaige  et  pareillement 

du  mariaige  du  duc  de  Ferrare2,  duquel,  s'il 
s'en  traicte  quelque  chose,  vous  aurez  bon 
moyen  de  vous  en  eclercir  et  de  nous  en  ad- 
vertir  ordinairement.  Ce  qui  me  poyse  est  le 
dernier  article  de  la  dicte  lettre,  car  plus  nous 
allons  avant,  plus  il  se  descouvre  que  l'on  ne 
procède  au  faict  du  concilie  général  que  par 
mines  et  apparence  et  avec  infinies  longueurs 
et  desguisements,  et  qui  soyt  vray  puisque, 
oultre  les  aultres  argumensque  nous  en  avons, 
l'on  veoyt  que  le  Pape  est  le  premier  qui  faict 
escripre  à  l'Empereur  pour  retarder  le  parle- 
ment de  son  ambassadeur  et  par  conséquent 
l'advancement  du  dict  concilie.  Je  ne  sçay  ce 
que  l'on  dovbt  espérer  du  demeurant,  vous 
voulant  bien  advertir  sur  ce  propos  que  si  tost 
que  le  roy  d'Espaigae  a  sceu  que  j'avoys  faict 
mander  les  prélatz  de  ce  royaulme  pour  con- 
venir et  s'assembler  en  ceste  ville  au  xxc  de  ce 
moys  prochain,  ainsi  que  vous  avez  veu  par 
l'advis  que  je  vous  en  ay  donné  et  la  coppie 
du  mandement  que  je  vous  en  ay  faicte  en- 
voyer, luy  qui  avoit  tousjours  pardevant  dict 
ne  pouvoir  accepter  la  bulle  de  l'indiction  du 
concilie,  sinon  qu'il  la  vist  premièrement  re- 
tournée en  continuation  de  celluy  de  Trente, 
a  déclairé  soudainement  qu'il  l'acceptoit,  et 
m'a  faict  advertir  par  son  ambassadeur  rési- 
dent par  deçà  qu'il  avoit  mandé  les  prélat/. 

1    C'est  le  roi  de  Danemark  qui  y  prétendait. 
'   Il  épousa  Barbe  d'Autriche,  fille  de  l'Empereur. 
Catherine  de  Médicis.  —  i. 


qui  feroil  partir  si  promptemenl  pour  se  trou- 
ver au  dict  concilie  qu'ilz  seroient  au  lieu  de 
Trente  pour  ce  moys  d'aoust  prochain;  et  co- 
gnoissant  que  c'estoit  ung  arlifliee  pour  rompre 
l'assemblée  dos  nostres,  je  luv,  ay   respondu 
que  je  louoys  Dieu  de  la  dicte  dépesebe  e1  de 
ce  qu'elle  se  trouvoit  accordante  avec  la  nostre, 
d'aultanl  que  doz  prélatz  se  trouveans en  ceste 
ville  le  \\"   du  dict  mois   prochain   seroient 
prestz  d'aultanl  plus  tost  pour  s'acheminer  au 
dict  Trente  et  s'y  rendre  en  mesme  temps  que 
les  siens.  Je  ne  vous  diray  poincl   les  aultres 
brigues  et  menées  qui  sont  faictes  et  continuées 
tous  les  jours  pour  empescher    nostre  dicte 
assemblée;  mais  je  vous  veulx  bien  envoyer  le 
double  d'une  lettre  que  m'a  escriple  l'Empe- 
reur, qui  m'a  eslé  présentée  par  les  mains  du 
dict  ambassadeur  du  Roy  catbolicqùe  et  dont, 
comme  j'estime,  le  mémoire  luy  a  esté  envoyé 
d'icy.  Et  pource  que  je  seroys  bien  ayse  de 
sçavoir  la  vérité,  s'il  y  a  moyen  de  la  descou- 
vrir, je  vous  prye  que  vous  y  faictes  toul  le  pos- 
sible et  m'en  donerez  advis  incontinant.  Vous 
trouverez  avec  ceste  dépesebe  la  coppie  de  la 
responce  que  je  luy  faietz  là  dessus  suivant 
laquelle  je  désire  que  vous  l'asseurez  que  je  ne 
feray  ne  consentiray  jamais  qu'il  se  face  chose 
en  ce  royaulme  qui  soyt  pour  changer  la  re- 
ligion, mais  quejeseray  bien  ayse  quant,  par 
l'advis  de  tant  de  notables  prélatz,  l'on  y  verra 
une  telle  correction  de  meurs  el  refformation 
de  ce  qui  s'y  trouve  dépravé,  qu'elle  sera  ré- 
duicte  en  sa  pureté,  et  toutes  bérésies  répu- 
gnées l'on  aura  ramené  les  brebis  esgarées  en 
bergerie  et  obéissance  de  l'Église,  qui  est  chose 
si  nécessaire  et  recommendable  que  quant  il 
n'y  auroyt  aultre  respect  que  de  l'honneur  de 
Dieu,  qui  ainsi  le  nous  commande,  je  ne  pense 
pas  qu'il  se  trouve  prince  en  ce  monde  qui 
ne  l'embrasse  de  sa  part  de  toute  son  affection. 
Quant  aux  adviz  qu'il  vous  a  baillez  que  l'on 

27 


210 


LETTRES  DE  G AT  H 


lui  a  affirmé  avoir  esté"  envoyez  en  France,  je 
ne  sçay  ce  qui  en  est,  mais  je  vous  diray  bien 
que  je  ue  les  avoys  jamais  veuz,  et  quant  ilz 
m'eussent  eslé  présentez,  j'ay  trop  d'asseurance 
et  de  confirmation  de  son  amitié  et  si  faictz 
trop  d'estime  de  sa  vertu  et  intégrité,  et  de 
tant  de  grans  princes,  que  les  dictz  advis  taxent 
pour  avoir  creu  légièremenl  une  chose  qui  est 
si  esloignée  de  vérité  et  que  porte  avec  soy  le 
tesmoignaige  de  la  malice,  témérité  et  impu- 
dence de  son  aucteur  que  d'elle  mesme  elle  se 
dément  et  destruicl  ;  et  pour  ce ,  vous  le  requer- 
rez  de  ma  part  tru'il  ne  pense  poincl  que  je 
soys  si  légière  el  facile  à  persuader  que  j'ad- 
jousle  jamais  l'oy  à  chose  qui  me  lace  doubler  de 
l'affectionnée  bonne  volunté  qu'il  a  à  la  con- 
servation de  la  paix  el  trancquilité  publicques 
et  qu'il  porle  au  Roy  monsieur  mon  lilz  el  à 
moj  en  particulier. 

Priant  Dieu,  monsieur  de  lieues,  qu'il  vous 
ayl  en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Saint-Germain-des-Prez-les-Paris, 
le  dernier  jour  de  juing  iô(ii  . 

1 1  UTERINE. 
RODRDIN. 


ERINE   DE   MEDICIS. 

maine,  laquelle  il  prétend  n'estre  subjecte  à 
ladicte  réunyon  pour  les  causes  et  raisons  que 
l'on  fera  entendre  de  sa  part,  je  vous  ay  bien 
voulu,  à  sa  requeste,  escripre  la  présente  et 
prier  de  luy  faire  sur  cela  plus  prompte  et 
briefve  expédition  de  justice  que  faire  ce  pour- 
ra; ce  que  je  recevray  à  plaisir  liés  agréable, 
priant  le  Créateur,  messieurs,  qu'il  vous  ail  en 
I  sa  sainte  el  digne  garde.  Escript  à  Sainl-Ger- 
main-des-Prez-lez-Paris,  ce  un' jour  de  juil- 
let i56i. 

Catehine. 
Fizes. 


1561.  —  'i  juillet. 

Irig,  Bibl.  nat.  fonds  Moreau  ,  tus.  83-j  ,  f°  iâ5. 

\  MESSIEURS    DE    LA    COURT 

DU  PARLEMENT  DE  DIJON. 

Messieurs,  ayanl  entendu  de  mon  cousin, 
monsieur  le  mareschal  de  Saint  André1,  qu'il 
envoyé  présentemenl  devers  vous  pour  pour- 
suivre la  main  levée  de  la  terre  de  Saing-Seigne- 
sui'-Vigene2  qui  a  esté  saisie  à  la  requeste  du 
procureur  du  Roy  monsieur  mon  lilz,  en  vertu 
de  l'ecdit  de  ta  réunyon  généraile  de  son  do- 

1  Jacques  d'Albon ,  cité  plus  haut. 
'  Saint-Seine-sur-\  ingeanne  (Côte-d'Or),  arrondisse- 
i  ienl  de  Dijon,  canton  de  Fontaine-Française. 


I  ô(il .  —  .">  juillet. 

M  in  il  t*-.  Hilil.  nat.   fonds  français,  n°  i5S7.">,  I"  17. 

A  MONSIEUR  NICOT1. 

Monsieur  Nicot,  puisque,  au  lieu  où  \ous 
estes2,  l'on  faict  si  peu  de  cas  du  lieu  que  vous 

1  Jean  Nicot  déjà  cité,  p.  112. —  La  Bibliothèque  impé- 
riale de  Saint-Pétersbourg  possède  quelques  lettres  de  lui, 

!  écrites  durant  son  ambassade  à  Lisbonne.  J'y  ai  noté 
plusieurs  particularités  dignes  d'être  mentionnées  :  le  1  2 
novembre  i55o,  il  adressait  de  Portugal  1,200  pieds 
de  marbre  au  cardinal  de  Lorraine  pour  son  château  de 
Meudon.  Le  27  avril  t56o,  il  expédiait  à  Nantes  des  oran- 
gers, des  citronniers,  des  figuiers  pour  Catherine  de 
Médicis  et  une  certaine  berbe  merveilleuse,  pour  la  guéV 
rison  des  fistules.  —  Voy.  Lettre  de  Nicot  datée  de  Lis- 
bonne le  29  décembre  i5Co  (Cinq  cents  Colbert,  n°  27, 
1"  a53)i  Lettre  de  Charles  IX  à  Nicot  (même  vol.  f°  18). 

2  Nicot  écrivait  à  Charles  IX,  le  5  mai  i56i  :  «De- 
itpuis  cesl  accident  du  Brésil,  la  Reine  régente  elle 
«s'est  turnéeau  rebours,  et  est  réduite  la  négociation  de 
■■ma  charge  à  la  perplexité  et  difficulté  en  quoy  la 
«trouvay  à  mon  arrivée  en  ce  pays,  ayant  recommence'' 
■■ses  officiers  à  l'aire  à  vos  subjects  et  à  mes  serviteurs 
«traitement  pire  que  jamais,  duquel  changement  je  ne 
«sçay  quelle  peut  avoir  esté  la  cause,  si  n'est  aucune 
-procédant  de  son  ambassadeur,  estant  bien  adverty  que 
«je  vous  ay  très  fort  exaspéré  sur  le  fait  des  Portugois 
k  touchant  le  thasteau  de  Villegaignon.  Je  me  suis  sou- 
8 vent  aperceu  par  les- propos  de  la  lîoyne  que  le  dicl 
«ambassadeur  se  mesle  trop  de  lui  escrire  de  l'estal  de 


LETTRES  DE  GATHE-RINE  DE   MÉD1CIS. 


211 


tenez,  comme  më  le  mandez,  je  ne  suis  pas 
d'adviz  que  vous  \  demeuriez,  ne  d'j  envoyer 
d'au] Ire;  el  pour  ce,  vous  en  venez .  comme  le 
llo\  monsieur  mon  (il/,  le  vous  mande, et  ad- 
visèz  de  nous  revenir  trouver  le  mieux  ins- 
truicl  que  vous  pourez  de  toutes  choses  de 
par  delà  el  ensemble  de  ce  qu'ilz  sonl  délibérés 
Faire  du  forl  de  Villegagnon1.  J'aj  faicl  bailler 
de  l'argent  à  vostre  secrétaire,  pour  s'en  re- 
tourner devers  vous  et  l'ay  faict  payer  de  ce 
qui  nous  est  deu  de  vostre  estât,  qui  est  le 
mieulx  qu'en  ceste  saison  nous  sçaurions  faire 
pour  vous;  à  quoy  il fauldra  pour  àcesl  theure 
que  vous  accommodiez,  en  actendenl  qu'il  se 
présente  quelque  bonne  occasion  de  vous 
mieulx  traicler. 

•Priant  Dieu,  monsieur  Nicot,  vous  avoir  en 
sa  saincte  él  digne  garde. 

De  S'-Germain-des-Prés-lès-Paris,  le  jour 

de 1  56 1 . 

dos.)  La   liovne  à  monsieur  Nicot,  du 
\r  jour  (!<■  juillet  1 56 1 . 


1561.  —  8  juillet. 
Minute.  Bibl    ont.  fonds  français,  n°  3ioî.  f1  n    iNom.  acquisil. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 
Monsieur  de  Limoges,  j'ay  entendu  par  Mi- 
chel Aubery,  mareschal  des  logis  de  ma  tante, 
madame  de  Ferrare ,  comme  ung  navire  Fran- 
çois appelé  la  Garde  qui  partit  de  la  Rochelle 

-vos  affaires  de  delà  touchant  la  religion,  ce  qui   faict 

ivent  sentir  des  rudesses  grandes  et  inopinées  à  vos 

fsubjeetz  venans  et  residans  en  ce  pais,  otdtre  la  grande 
-diffamation  en  quoy  nostre  royaume  est  par  de  çà.  Je 
-^ih>  au  milieu  d'un  peuple  animé  contre  les  François, 
-violent  et  furieux,  sans  chef,  ne  gouvernement.""  (  R  i  1  >  I . 

nat.   fonds   franc,   n"  3iga,-f"  ()'■>:  Papieri   d'Etat  il" 

cardinales  Granvelk,  t.  Mil,  p.  i  a3. ) 

1   Nicolas  de  Villegaignon,  de  la  maison  de  Durand, né  en 

lâio  à  Provins  (Brie),  mort  à   Beauvais  le  g  janvier 

i5^i;  il  élait  parti  du  Havre  en  1 555  pour  fonder  une 


au  moys  de  may  mil  cinq  cens  soixante,  qui 
esloil  conduicl  par  lecappitaine  Boileau,  a  esté 
prins  el  arresté  à  Feret,  près  Callongne  en 
Ëspaighe,  eu  retournant  du  cap  île  Vèrl  el 
Benyn  chargé  de  marchandises,  par  aulcuns 
Espaignolz  subjeetz  du  Roy  cathoiicque  mon- 
sieur mon  beau  lilz,  ainsv  que  plus  amplement 
vous  sera  donné  à  entendre  par  le  ieur  \u- 
berj  qui  s'en  va  par  delà  poursuivre  la  resti- 
tution du  die!  navire  el  marchandises,  duquel 
navire  le  s'  Auberj  a  la  moiclié  eu  tout  el 
l'aullre  appartient  au  cappitaine  Mesmyn  qui 
esl  de  la  Rochelle  el  à  ses  bourgeois,  comme 
il  appert  ainsi  qu'il  m'a  dicl  par  leur  charte. 

\  ceste  cause  je  vous  ay  bien  votillu  vous 
escripre  la  présente  en  faveur  du  dicl  aubery, 
à  ce  que  vous  en  parlez  au  dicl  Roy  catho- 
iicque, le  prianl  de  ma  part  leur  l'aire  faire 
restitution  d'icelluj  navire  et  des  marchandises 
v  estans  et  pour  cesl  effect  commander  qu'il 
leur  soit  faicl  la  plus  prompte  expédition  de 
justice  que  faire  ce  pourra,  et  le  faisant  vous 
ferez  chose  qui  me  sera  très  agréable ,  priant  le 
Créateur,  monsieur  de  Lymoges,  qu'il  vous 
ail  en  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  S'-Germain-des-Préz-les-Paris.  le 

v  uie  jour  de  juillet  1 56 1 . 

Caterine. 
Fues. 


1561.  —  y  juillet. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  10875,  f°  3u. 

A  MONSIEUR  DE  BURYE. 

Monsr  de  Rurye1,  nous  avons  si  souvent  des 

colonie  au  Brésil ,  avec  l'aide  de  Coligny.  —  Voy.  la  France 
protestante,  I.  1\.  p.  488-ùao;  Brunet,  Manuel  du 
libraire,  1.  V,  col.  1 935-1 287;  Théodore  de  Bèze,  His- 
toire ecclésiastique,  édit.  de  Lille,  i84i-i84a,  t.  1°', 
liv.  11,  p.  100,  102;  Jean  de  Lery,  Histoire  d'un  voyage 
fait  ni  la  tenc  du  Brésil,  1  5gA  ,  in-8°;  de  Thotl,  Histoire 
universelle,  livre  xvi,  année  i555. 

1   Charles  de  Coucy,  sieur  de  Burie,  cilé  plus  haut.— 

27. 


21-2 


LETTRES   DE   CATHERINE   DE   MED1CIS. 


alarmes  si  semblables  que  il  esl  plus  que  m:- 
'.>,.;iiiv  d'en  faire  instruyre  el   ne  permectre 
i|u'il/.  passent  plus  avant.  El  pour  ce  nous  avons 
i;.  vous  estanl  occuppé  à  Lestoure  '.  d'en- 
■  j \  ■  ■  è  monsieur  de  Moulue  qui  nV-i  loi ng  delà 
!  I  -,  rnllr- ci  Serignac3,  afïîn  que,  s'il  esl  pos- 
sible, il  face  bien  chastier  les  autheurs  de  telles 
foilves.  S'il  avoil  besoins  d'estre  renforcé,  je 
prie  vous  y  en  aller  avecques  tout  ce  que 
pourrez,  de  façon  que  le  Roy  monsieur 
■  (ilz  s  iv I  obe'j  el  que  nous  puissions  voyr 

inimité  d'une  lettre  de  Charles  1\  à  M.  de  Burie, 

juillet    lôtïi    (Bibl.   nat.  fonds   franc.   n°  15870, 

Lettre  do  Charles  l\  à  Monluc  (même  volume, 

'Iti'i'  de  Burie  à  Charles  IX   même  volume,  f°o,3). 

Lecloure.  —  Dans  une  lettre  écrite  de  Bordeaux  i 

■  <!u  1  -ï  juillet,  nous  voyons  que  la  *  eue 

été  faite  publique il  el  en  armes  à  Lectoure,  le 

er  dimanche  de  juinel  le  premier  dimanche  de  juillet, 
nat.  fonds  français,  n°  1  Û87J .  f°  17-) —  Voy.  le 

0  re  intitule  :  -Ce  qu'il  senibl    à   M.  de  Burve  dé- 

ni Roi  pour  le  voiagi   qu'il  plaisl  à  Sa  Majesté 

face  ;   Lestoure"  1  ibid.  I   21  1;  L  illre  de  1  harles  IN 

:  \\    il    Burie -de  se  rendre  à  Lestoure  pour  faire 

1  1      \  qi I  outra;  saii      envoyés  par 

du  ['ai  lement  il"  Toulouse-'  1  ibid.  f°  2  7 

1  Lot-et-l  laronne. 

Soi ignac    Lot-et-Garonne),  arrondissement  d'Agen, 

'.  de  '.i  Plume.  —  Burie  avait  écrit  à  Charles  l\  de 

.   ,le  9  juillel  précédent ,  que  les  protestants  avaienl 

é  l'i  glise  de   l.yrolles  el  tué  I"  rei  leur 

itanl  .1  Serignac  el  à  Rraz  I  Bras   . 

■    lui   qui  sonnait  1rs  cloches,  et,  en 

1   ni  sa  lettre,  il  avait  ajo  il"  .  •  (Test  1     qui  m     faii  ! 

s  il/  sont  abandonnez  il"   Dieu   cl   qu'ilz  n'ont 

linj  que  'i  un°  bon  1  hnslienionl  .  qui  se  fera  quand 

■   Majesté  le  '  ommander  à  bon  cscyenl 

.1  Igen  pour  m'amenei  ic\  lesnbstitud  du 

1     .il  "i  un;;  huissier  1!"  la  courl  de  Parle- 

1   iTbo   !  msi  qui  sont  détenuz  au  dii  !  Igen  ,  el  qui 

1    il  e  ilé  p  ins  .1  Li  cloure  ;  mais  je  1 loubte  que 

j  pas  si  bon  crédil  envers  cculx  qni  lesdétien- 

qu'ilz  me  les  veulenl  envoier.n  (Bibl.  nat.  fonds 

16875,  f'  \  oy.  instructionsde  Charles  I  \ 

i    cars  allant  à  Bordeaux  à  l'oi  1  asion  des  troubles 

■    1".  nal    fonds  français,  n°  1  >,-:,.  |   E 


enfin  en  nostre  vie  quelc'un  de  ces  malheureux 
pugniz  comme  il  mérite  :  en  quov  je  m  asseui  e 
que  vous  employerez,  comme  vous  sçavez  très- 
bien  juger  qu'il  esl  de  besoing  pour  le  bien  du 
service  du  li<>\  mon  li!s,  vous  priant  croire 
ce  que  le  cappitaine  Ame1,  présent  porteur, 
vous  dira  de  ma  pari,  e)  je  prye  Dieu,  mons' 
de  Burye,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  S'-Germain-des-Prés-lez-Paris,  ce. ...jour 
de  juillel  1  ôii  1 . 

(Au  tins.)  Du  ix1-  jour  de  juillet  1  56 1 . 


1561.  —  i'i  juillet. 
Aui.  Arcli.  nal.  eollecl.  Simancas,  k  ii.)0     n    a6. 

A  M"  MOIS    FILS    LE    l'.Or,    CATOLYQLE. 
Monsieur  mon  lils.  le  Ro\  mon  iils  voyenl 

1  II  étail  guidon  de  la  compagnie  du  roi  il"  Navarre, 
"I  voici  les  instructions  qui  lui  furcnl  données  :  ■•  Vyant 
■  esté  le  Ro\  advertj  par  M.  de  Burie ,  son  lieutenant  gé- 
snéral  en  Guyenne  en  I  absence  du  roj  de  Navarre,  i!"s 
«excez  advenus  à  Lyrolles,  Serignac  "I  Braz ,  ou  1rs  églises 
-ont  esté  ruvnées  el  abbatues  par  aucuns  séditieux  el 
"avecques  la  mort  de  quelques  ungs,  Sa  Majeslé .  pour  ne 
-laisser  ung  l"l  acte  impugny  en  ceste  saison  où  il  semble 
•■que  plusieurs  abusent  'I"  la  doulceiir  et  cl  imence  donl 
[telle  a  uîé  depuis  son  avènement  à  la  couronne ,  ont 
-peins  une  licence  si  affreuse  qu'elle  ne  promecl  rien 
nmoings  qu'une  subversion  "m  toutes  choses,  si  "II"  estoyl 
-plus  longuement  lollérée,  a  advisé  d'envoyer  présente- 
-ment  I"  cappitayne  Arne  devers  le  s' de  Burye  el  pour  lui 
-l'aire  entendre,  comme  ayanl  tous  les  jours  semhli 
•■  nouvelles  d'une  infinité  il"  lieux  de  la  Guyenne  el  uian- 
-il.int  sur  cela  continuellemenl  an  s'  il"  Burye  tantosl  en 
t  ung  lieu, tanloslen  ungaultre  pour  les  1  hastiei  "I  1  n  faire 
ries  pugnitions  1  Iles  qu'elles  puissent  servir  d'exemple 

-  pi  m  r  les  autres,  "II"  n'a  pi"  m  encores  entendu  411"  il" 
p  telles  eliose>  "n  aucun  lieu  ayenteslé  chastiéès,  chose 

-qui  lui  il"  |il,n -1  lu  l'un nt,  d'au  lia  ni  qu'il  se  voit  par  >'\- 

-pi'iieiire  qu'il  "II"  impugnité  est  cause  de  l'audace  que 

-  les  autres  prennent.»  (Bibl.  nal.  f.  français,  11°  10875 1 
f  3.)  _  Lettre  de  Charles  IN  à  Monlur.  ( Ibid.  n 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


213 


la  fason  rompnt  le  roy  de  Navarre  s'el  governé 
à  mon  endroyl  pour  son  servise  et  pour  le  re- 
pos et  Iranquililé  de  son  roaume  el  desessou- 
gèsaysl  lieule  qui  l'aublige  tenl  à  luj  monstrer 
comenl  \1  ayme  el  a  agre'able  sa  fason  de  vivre 
que  oe  lu\  a  voleu  dényer  d'envoyer  le  sr  d'O- 
sanse1  pour  asisteraveques  l'éveque  <l'  \u\ere2 
en  la  requeste  qui  vous  fayré  de  sa  part,  pour 
ausi  mois  suplyer  de  la  siene  de  voulouyr 
avoyr  ayguard  et  volouyr  luy  fayre  conestre 
que  ses  recommaadatyons  aunl  quelque  pui- 
san-e  en  vostre  endroyt,  corne  je  m'aseure  que 
\  veoll  i|uelé  voslres  ayenl  au  sien;  el  pour  se. 
monsieur  mon  fils,  que  je  conès  ton  le  jour 
daventage  l'amytié  qu'il  vous  plest  me  porter 
particôulyèrement,  corne  seluy  qui  resant  1  a- 
mour  (pie  je  luy  porte  rome  à  mon  propre 
enfant ,  et  que  je  voy  cornent  A  ostre  Majesté  dé- 
sire me  voyr  en  repos  et  contyneuer  au  lyeu 
que  je  tyens  et  en  la  conservatyon  de  la  rely- 
gion  en  set  royaume,  et  que  je  conouys  ser- 
tavnement  queryen  plulx  m'y  peulf  conserver 
en  touttes  ses  deus  chouses  que  la  contyneua- 
lyon  de  l'amytyé  que  me  porte  le  roy  'le  Na- 

1  Jacques  de  Monlberon,  sieur  d'Ausance.  —  Voy. 
Généai  fi  de  la  maison  de  Montberon  dans  le  tome  \  II  du 
1'.  Anselme,  p.  16  et  suiv.  —  Voy.  Leltrede  Charles  l\  à 
M.  de  Limoges,  à  l'occasion  de  la  mission  de  M.  d'Ausance. 

Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  16876,  t  il.  Nous  y  lisons: 
•■Je  ni  doute  point  que  vous  n'ayez  à  combattre  îles  per- 
ssonni  s  qui  ont  les  oreilles  bien  sourdes  depuis  qu'il  est 
-question  de  faire  raison  à  quelc'un  et  qui  es  choses  où 
-il  va  de  leur  vie  sont  pas  fort  fironi|ils  à  répondre,!  el  il 
ajoute:  -Au  demeurant,  je  ne  \cul\  point  qu'on  sème  ces 
■  l;.uk  liruits  par  delà  touchant  le  faicl  de  la  religion  et 
r qu'on  ne  nous  lace  plus  mallades  que  nous  sommes,  el 
-  pour  cesle  occasion  il  m'a  semblé  qu'il  serait  fort  à  pro- 
•<po-  que  le  s'  il'  Vusances  feis!  entendre  au  Roj  mon  frère 
-les  termes  en  quoy  nous  en  sommes.  1  1  lhitl.,("  ia.)  — 

Voy. Lettre  autographe  de  Charles  IX  à  Philippe  11  (Arch. 
nat.  collect.  Simancas,  K  i'iqG,  n°  îi):  Lettre  de  Ca 

therine  à  sa  fille  la  reine  d'Espagne  dans  les  Sègoi  laitons 
sout  Frunçoi*  II,  p.  85 1  et  85i. 
:    Philippe  II  de  Lenoncourl. 


varre,  je  prins  l'hardièse  de  conseller  au  Roy 
mon  ilisl  lils  de  vous  envoyer  sel  jeanlilhoninie 
de  sa  chambre  el  mois  ayscriprele  plulx  afayc- 
lionémenl  que  j'é  peu  luv   fayre  fayre,  afin 
que  parsela.  si  vous  playsl   fayre   quelque 
chouse    pour   le    dyst  roy   de   Navarre,    qui 
conèse  que,   en  faysant  pour  son  servise  el 
pour  moy  en  particoulyer  cornent  y  fayst,  que 
non  soulemenlluy  le  veoll  reconestre,  mes  que 
Vostre  Majesté,  pour  la  parentelle  qui   aysl 
entre  nous  et  l'amytyé  ynséparable,  luy  volés 
ausi  fayre  conestre  comenl  luy  an  navés  d'ou- 
blygatyon  el  come  aystimés  le  servise  que  l'on 
faysl  au  Roy  vostre  frère,  et  len  plulx  quant 
s'el  pour  conserver nostre saynte  relygion,que 
en  volés  oublyer  set  que  vous  pouret  ynporler 
à  vostre  partycoulyer  pour  heun  si  grenl  byen 
pour  toute   la  erétyenté;  car,   monsieur  mon 
filz,  je  prendre  l'ardyèse  de  vous  en  parler, 
comme  je  fayrès  à  mon   propre  fils,  qui  aysl 
que,  voyent  le  roy  de  Navarre  qu'il  a  perdeu 
son  royaume  sans  ayspéranse  de  plulx  le  ra- 
\ovr,  aie  au  moynsheune  réconpanse.je  crayn- 
dré  byen  fort  que  je  ne  pense  plulx  l'anter- 
tenyr  en  scie  bonne  volonté  ver  noslre  relygion 
et  qui  pensai,  se  monslrent  de  l'aultre.  avoyr 
plulx  de  moyen,  voyent  que  yl  y  an  ny  a  lent 
en  set  royaume  qui  ne  se  conlyenet  que  pour  son 
comendement;  car  Vostre  Majesté  sel    que, 
aytent  perdeu  sel  royaume,  loutte  la  erétyenté 
serel  byen   aybranlaye,  que  j'émerès  myeuls 
mourir  que  nous  voir  venir  à  sela  et  ausi.  si 
vous  plest  luy  fayre  quelque  byen.  y  s  an  san- 
tyret  lenl  teneu  à  moy,  pansant  que  m'arié  fayl 
set  houneur  que  par  mon  moyen  l'avié  voleu 
satisfayre  en  quelque  chouse,  que  sela  serel 
cause  de  le  fayre  contyneuer  en  mon  endroyt, 
cornent  vl   a  fayst    jonques  asteure,  qui   avl 
lélement  que  j'é  grant  aucasion  de  avoyr  ses 
afayres    en     vostre    recomendatyon     que    lé 
myen  propres,  qui  ayt  cause  que  je  ne  me  puis 


21    : 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


guarder  de  vous  suplyer  de  grande  afectyon  de 
volouyr  fayre  pour  luy,  se  u'el  luy  raudre  set 
qu'il demende, au  moyns  quelque  réeompanse 
el  tyeule  qu'ele  n'ynporte  pourvostre  servyse, 
mes  qui  couèse  que  le  volés  satysfayre  en  quoi- 
que chouse,  carhaullre1  sel  que  fayrés  bocup 
pour  mon  repos,  vous  aublygerés  heuue  per- 
sonne à  nous,  qui,  set  je  venès  à  mourir,  y 
contyneuret  tourjour  à  nouryr  mes  enfans  en 
la  mesme  amylye'  en  vostre  endroyt,  coine  je 
mest  pouyne  de  fayre,  qui  ayst  la  prinsipale 
aucasion  que  je  désire  que  sous2  que  le  Ro\ 
mon  fils  et  luy  nous  envoyons  s'an  revienet 
aveques  quelque  contantement  pour  le  dysl 
roy  de  Navarre.  Vous  me  ayscouserés,  sel  je 
vous  anuy  de  si  longue  letre  et  vous  suplye  ne 
la  trover  mauvèse  et  panser  que  l'amour  que 
je  nous  porte  et  l'anvye  que  je  ay  que  l'amytyé 
qui  ayst  entre  vostre  frère  et  son  royaume  el 
vous  el  le  vostre  conlyneue  ausi  byen  après  ma 
mort,  comme  je  meteré  pouyne  de  la  fayre 
contyneuer  dourant  ma  vye,  en  nel  cause;  et 
m'aseuranl  ([ue  conèse's  asés  l'afavctyon  que  je 
nous  porte,  je  ne  vous  en  fayre'  aullre  redyste, 
et  suplyré  Nostre-Sïgneur  soulementvous  don- 
ner aultent  de  heur  et  contentement  que  vous 
désiré  et  vous  croyre  set  que  le  sr  d'Osanse 
vous  dyré  de  la  par  de 

Voslre  bonne  mère  et  seur, 

Caterine. 

1561.  —   i'i  juillet. 
Minute.  Bibl.  rjat.   fonds  français,  n°  13875,  î°  b'à. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  D'ALBE. 

Mon  cousin,  envoyant  le  sieur  d'Auzances, 
gentilhomme  de  la  chambre  du  Roy  monsieur 
mon  fil/,  devers  le  Roy  voslre  maistre  pour 
I  occasion  qu'il  vous  fera  entendre  ,  je  n'aj 
voulu  faillir  de  vous  en  escrire  particulière- 

1   Haultre,  oullre. 
■  Sous .  ceux. 


ment,  tant  pour  la  congnoissance  que  j'ay  de 
la  bonne  vol  un  té  que  me  portez,  que  de  In 
puissance  que  je  sçay  que  vous  avez  auprès 
du  Roy  voslre  maistre  qui  croyt  et  estime  vos 
sages  conseils  aultant  que  vostre  prudence  el 
expérience,  et  les  recommandables  services 
que  vous  luy  avez  faietz  le  méritent.  Je  vous 
prie  doneques,  mon  cousin,  en  cecy  me  faire 
congnoistre  combien  vous  désirez  faire  pour 
moy  en  chose  niesmemeut  qui  ne  redunde 
qu'à  l'entreténement  de  nostre  commune 
amytié  et  pour  la  perpétuer  sans  que  riens 
puisse  jamays  survenir  entre  nos  successeurs 
qui  soit  pour  y  apporter  quelque  altération. 
Si  mon  frère  le  roy  de  Navarre  rapporte 
quelque  favorable  responce  du  Roy  mon  bon 
lilz,  je  sçay  combien  je  vous  en  auray  d'obli- 
gation pour  ce  que  je  veul\  croyre  que,  avec 
sa  bonne  intention,  vostre  conseil  n'y  aura 
point  nuy.  Aussy  vous  pouvez  vous  asseurer 
qu'en  tout  ce  qui  vous  touchera  jamays,  et  où 
vous  aurez  besoing  de  mon  ayde  ou  faveur, 
vous  en  pouvez  faire  estime  comme  d'une  per- 
sonne qui  vous  ayme  el  estime  et  qui  sera 
bien  ayse  de  s'employer  en  toutes  choses  qui 
seront  pour  le  bien  de  vous  ou  des  vostres , 
ainsi  que  j'ay  donné  charge  au  dict  sieur 
d'Auzances  vous  dire  de  ma  part,  et  de  ce 
qu'il  vous  dira  je  vous  prie  le  croyre  comme 
moy-mesmes;  et  je  prieray  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

(Au  dos.)  A   monsieur  le  duc  d'Alve.  du 
xiiiic  jour  de  juillet  i56i. 


1561.  —  i'i  juillet. 

Minute,  lîibl.  nat.  fonds  français,  n°  1 5875  ,  f°  ûo  !. 

A  MONSIEUR  LE  PRINCE  D  ÉYOLY. 

Monsieur  le  prince,  vous  m'avez  tousjours 

1  Semblable  lettre  fut  écrite  par  Catherine  de  Médicis 
au  secrétaire  d'État  Erasso.  (Bibl.  nal.  même  volume. 
f°5i.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


2  15 


tant  faict  congnoistre  que  vous  m'aymiez  que 
cela  me  faicl  vous  escripre  particulièrement 
d'une  chose  que  le sT d'Auzence ,  gentilhomme 
de  la  chambre  du  roy  monsieur  mon  (ils  vous 
dira  qui  m'importe  extresmement;  c'esl  que 
mon  frère  le  roy  de  Navarre  ayant  esté  par 
oostre  Sainct-Père  i.'inis  au  rang  des  roy  s  el 
par  là  remis  au  rang  el  tiltre  qui  luy  avoienl 
este  ostés,  il  m'a  prié  el  requis  le  plus  du 
inonde  d'escrire  en  sa  faveur  au  Roj  mou  bon 
Glz  à  ce  qu'il  luj  plaise  luy  vouloir  faire  faire 
quelque   honneste   raison,   ne  désirant  riens 
plus  que  de  l'acommoder  et  d'avoir  sa  bonne 
grâce,  pourveu  qu'il  luy  plaise  aussy  luy  faire 
quelque  honneste   récompense  eu  esgard  au 
rang  et  au  degré'  qu'il  tient.  Je  sçay  combien 
vous  pouvez  en  cela,  que  je  vous  puis  dire  ne 
tendre  que-  au  bien  el  repos  de  tant  que  nous 
sommes,  et  à  l'entreténement  de  nostre  com- 
mune amvlie.  Je  vous  prie  doneques  vous  y 
employer  de  façon  qu'il  en  puisse  réussir  quel- 
que bon  fruicl  qui  serve  par  ainsi  à  congnoistre 
de  plus  en  plus  l'obligation  que  j'ay  au  Roy 
mon  fils  el  donner  occasion  au  roy  de  Navarre 
mon  frère  de  continuer  en  la  volonté  où  il  est    i 
de  le  servir,  aymer  et  honorer;  en  quoy  je  re- 
congn'oistray  particulièrement  le  bon  office  que 
vous  aurez  faicl  pour  m'en  ressentir  en  toutes 
choses  qui  seront  pour  vostre  bien,  où  voua 
me  vouldrez  employer,  aiusi  que  j'ay  donné 
charge  au  dict  sieur  d'Auzence  vous  dire  de 
ma  pari,  lequel  je  vous  prie  croyre  comme 
vous  feriez  moy-mesmes,  et  je  prieray  Dieu, 
monsieur  le  prince,  vous  avoir  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 

|  lu  dos.)  La  Royne  à  monsieur  le  prince 
d'Évoly,  du  \mr  jour  de  juillet  1 5 G  i „ 

Catebine. 


(156t.—  i4  juillet.) 

\  il.  treb.  nat.  collect.  Simaucas,  K  1^96,  n°  11. 
\   \|o\  1  ol  sl\ 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ALBE. 

Mou  cousin,  me  sovenant  de  set  que  me 
priâtes  quant  vous  partites  de  set  lyeu  de 
Saynt-Germayn,  el  ausi  de  set  que  je  vous 
promis,  je  n'é  voleu  asteure,  qui  me  sanhle 
qu'il  v  an  né  qui  désireret  par  venteure  alté- 
rer par  leur  mauves  aufise1  l'amytyé  qui  aysl  el 
que  je  désire  qui  deure  toulte  ma  vie  entre  les 
Roys  mes  lils,  l'allyr  à  vous  mender  set  que  je 
voyqui  ne  me  playst,  pour  l'anvye  que  j'é  de 
\o\  r  augmenter  et  non  dimineuer  nostre  amy- 
Ivé;  et  m'ayent  senblé  que  ne  le  vous  pouvi  • 
fayre  entendre  par  personne  qui  me  l'eut  plulx 
fidèle  que  le  sieur  d'Osanse,  présanl  poin- 
teur, je  luy  ay  donné  cherge  vous  dyre  de  ma 
part  sel  que  j'é  à  vous  mender  là  deseus, 
comeà  seluv  que  je  m'aseure  n'avoyr  moyndre 
volante  à  la  conservation  de  set  saynle  el 
bonne  pays  que  je  ay,  et  vous  prie  aseurer  le 
lîov  monsieur  mon  fils  que,  lent  que  je  vi- 
vray ,  je  méteré  pouyne  de  la  fayre  si  byen 
entertenir  que  l'amytyé  entre  le  Roy  son  frère 
et  luy  set  puise  tou  les  jour  augmanter,  el 
ynsin  que  avés  ayté  le  moyen  de  la  fayre,  je 
vous  prie  aytre  seluy  ausi  de  l'enlei  tenir,  en 
me  avertvsant,  si  conèsé  qu'il  y  et  aucoun  qui 
fase  mauves  aufise,  au  aultre  chouse  qui  en 
puise  fayre  douter  et  me  le  mender  ausi  au- 
vertemenf  que  je  fayré  tourjour  enver  vous  en 
toutte  chouses  san  dysimoulatyon  et.  aultn 
que  en  set  faysant  vous  fayrés  auvre  dyne  de 
vous,  vous  aubligeré  de  plus  en  plus 
\  ostre  bonne  cousine. 
I  '.\  FERINE. 

1  Aiijist1 ,  office. 


216 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1561.—  16  juillet. 

Ong.  Arch.  des  Médiris  ,  dalla  filza  6736  ,  nuova  nunierazione  ,  p.  16a. 

A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  vous  entendrez  par  ce  que  le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  présente- 
ment, comme,  pour  les  causes  contenues  en  sa 
lettre,  il  désire  que  vous  ne  permectez  que 
aucun  des  trésoriers  et  recepveurs,  ayant  cy- 
devant  manyé  les  finances  par  deçà,  et  qui 
pour  se  sentir  avoir  malversé  en  leurs  charges 
se  vouldroyent  absenter  de  ce  royaulme,  afiîn 
de  se  saulver  et  retirer  es  terres  de  vostre 
obéissance,  y  soient  seurment  receuz;  à  quoy, 
pour  l'asseurance  que  j'ay  que  vous  voul- 
iez bien  graliflîer  ie  dict  seigneur  Hoy  mon 
fiiz  en  ceste  sienne  requesle,  que  j'accompaigne 
de  ia  myenne,  je  ne  vous  diray  riens  davan- 
iaige,  me  remectant  sur  la  lettre  du  dict  sei- 
gneur Roy  mon  filz,  auquel  et  à  moy  senbla- 
blement  vous  ferez  en  cella  bien  agréabie 
plaisir,  priant  Dieu  vous  donner,  mon  cou- 
sin, ce  que  vous  désirez. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye  ,  ce  xvie 
jour  de  juillet  1 56 1 l. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1561.  —  1 8  juillet. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15875,  f°  5i. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  encores  que  par  les 
lettres  du  Roy  monsieur  mon  filz  et  f  instruc- 
tion du  sr  d'Auzances,  vous  pussiez  apperce- 
voyr  et  comprendre  le  désir  que  nous  avons 
de  voyr  quelque  fin  à  l'affaire  pour  laquelle 
il  est  envoyé,  si  est-ce  que  pour  cela  je  ne 

1  Pareille  lettre  fut  écrite  au  duc  de  Ferrare.  La  lettre 
de  la  Reine  est  conservée  dans  les  archives  de  Modène. 


veulx  laisser  de  le  vous  tesmoigner  par  la  pré- 
sente et  vous  asseurer  que  ne  sçauriez  faire 
chose  qui  soit  plus  agréable  que  de  vous  y 
employer  de  bonne  façon  et  y  faire  tout  ce  que 
vous  pourrez,  car  cela  importe  grandement 
pour  le  repoz  de  tout  le  monde.  Je  vous  prie 
meclre  peyne  de  descouvrir,  selon  les  moyens 
que  vous  en  avez,  comme  ilz  auront  prins 
l'allée  du  dict  sr  d'Auzances  et  ce  que  l'on  en 
pourra  espérer,  et  surtout  vous  ferez  bien 
entendre  comme  rien  ne  m'a  meu  à  cela  que 
le  désir  que  j'ay  de  voyr  toutes  les  occasions  de 
malveillance  ostées  et  levées  entre  nous,  aflîn 
qu'ilz  ne  se  forgent  point  d'aultres  causes. 
Vous  voyez  assez  ce  qui  vous  est  escript  de  la 
religion,  qui  est  la  pure  vérité  qu'il  est  bon 
vous  faire  entendre,  aflîn  qu'ilz  cognoissent 
que  nous  sommes  meilleurs  chrestiens  que 
peult  estre.ilz  ne  s'ymaginent.  H  y  a  ung 
paquet  pour  Nicot,  l'ambassadeur  qui  est  en 
Porlugal,  que  je  vous  prye  luy  faire  tenyr  par 
la  première  occasion  ,  car  je  désire  qu'il  y 
soyt  avant  qu'il  parte  pour  s'en  revenir;  qui 
est  tout  ce  que  je  vous  sçauroys  mander, 
priant  Dieu ,  monsieur  de  Lymoges ,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  joui 

de  juillet  i56i. 

Caterine. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  monsieur  de  Limoges, 
du  xviif  jour  de  juillet  i56i. 


1561.  —  a  :  juillet. 
Arch.  nat.  collcct.  Simancas ,  K  1696,  B  i4. 

AU  SIEUR  ERASSO, 

AÏ1NT    LA    CHARGE    DBS    FINANCES   DU    ROT    CATUOMCQCB    DES    BSP41GNES 
MONSIEUR    MON    FILS. 

Sieur  Erasso1,  j'escriptz  présentement  au  roy 

1  François  Erasso  avait   d'abord  été  au   service   du 
banquier  Jean  Vesques.  Ses  malversations  entraînèrent 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


217 


d'Espaigne  mon  bon  filz,  à  ce  qu'il  soit  cou- 
lent de  commander  que  les  quatre  cens  huit 
escus  prins  par  le  cappitaine  Labbé,  run»  des 
cappitaines  de  ses  gallères,  pour  la  rançon  de 
treize  pouvres  Françoys  estant  détenuz  sur  sa 
gallère,  soient  rendu/  et  restituez  au  cappi- 
taine Lisle ,  qui  s'en  va  présentement  par 
delà  pour  cest  effect  ,  à  quoy  je  vous  prie 
tenir  la  main  et  faire  en  sorte  que  le  dicl  Lisle 
puisse  retirer  les  dicts  deniers  et  qu'ilz  soient 
prins  et  rabbatuz  sur  Testât  et  enterténement 
que  le  dict  Labbé  a  pour  ses  dictes  gallères 
du  dict  sieur  Roy  mon  filz;  en  quoy  faysant, 
ce  me  sera  bien  agréable  plaisir,  priant  Dieu, 
sieur  Erasso,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye ,  le  x.\ii° 
jour  de  juillet  1  56 1 . 

Caterine. 


1561.  —  a6  juillet. 

Minute.  Orig.  Blbl.  liât,  fonds  français,  n°  15875,  f°  84. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  MARTIGIES'. 

Mou  cousin,  j'ai  trouvé  très  bon  Tordre 
que  vous  avez  donné  pour  la  seureté  de  la 
ville  de  Nantes2,  et  remédier  aux  desseings  de 

-a  disgrâce  et  son  emprisonnement.  —  Voy.  ce  que  dit 
de  lui  l'évéque  d'Arras,  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de 
Granvelle,  t.  IV,  p.  298;  voy.  les  Relazioni  degli  ambas- 
ciatori  Veneti ,  série  1  - IV,  p.  65. 

1  Sébastien  de  Luxembourg,  vicomte  de  Marligues, 
fils  de  François  de  Luxembourg  et  de  Charlotte  de 
Brosse,  mort  d'une  blessure  reçue  au  siège  de  Saint- 
Jean  -d'Angély,  le  29  novembre  i56g. 

-  A  l'occasion  des  troubles  de  Nantes,  voici  ce  qu'é- 
crivait le  duc  d'Étampes,  le  2  juillet  précédent,  à  Cathe- 
rine :  rCe  n'a  esté  que  des  hapteryes  entre  aulcuns  par- 
"liculiers,  qui  touttefois,  parce  qu'il  y  en  avoitdes  deulx 
s  religions,  en  eussent  peu  admener  de  plus  grandz  s'il 
ttn'yeusl  esté  pourveu,  mais  l'on  a  prins  incontinent  ceulx 
nqui  y  estoient.i  (Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  15875, f°  5.) 

CaTBEBINE   DE    MÉDICIS.   I. 


ceulx  que  vous  estiez  adverly  s'en  vouioyr  sai- 
sir; en  quen  il  me  semble  que  vous  estes  si 
bien  et  si  sagement  comporté  que  de  vostre 
providence  '  je  recognoys  entièrement  la  con- 
servation de  l'obéissance  du  Roy  monsieur 
mon  Tdz  et  du  tepoz  et  tranquilité  publicque. 
ipii  par  leur  entreprise  eussent  esté  merveil- 
leusement troublez.  Je  vous  prie,  mon  cou- 
sin, puisque  vous  avez  si  bien  faict  jusques 
icy  et  que  très  sagement  vous  avez  différé 
l'exécution  de  quelques  ungs  qui  peull  estre 
eussent  eu  besoing  d'estre  cbasliez,  mectre 
peyne  doulcemenl  de  contenyr  toutes  choses 
en  paix  et  tranquilité  et  actendre  que  je  vous 
face  entendre  la  résolution  qui  aura  esté  prise 
à  noslre  dernière  assemblée,  sans  les  travail- 
ler, sinon  ceulx  qui  feront  sédition  ou  scan- 
dale ,  lesquelz ,  en  quelque  temps  et  pour 
quelque  occasion  que  ce  soyt,  méritent  une 
seure  et  prompte  pugnition.  Quant  à  ladite 
ordonnance,  Ton  vous  fera  entendre  aussy  la 
façon  dont  vous  aurez  à  vous  gouverner  pour 
l'exécution  d'icelle,  si  amplement  que  vous  n'y 
sçauriez  faillir;  et  pour  ce  que  je  sçay  que 
vous  avez  envye  de  vous  en  venyr,  quand 
monsieur  de  Bouille2  sera  arrivé  par  delà, 
vous  luy  ferez  entendre  tout  ce  que  dessus, 
affin  qu'il  Tensuyve  de  point  en  point, et  cela 
faict,  vous  en  viendrez,  quand  les  affayres  le 
vous  permettront,  et  soyez  asseuré  que  le  Roy 
mon  filz  et  inoy  serons  bien  ayses  de  vous 
voyr.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  el  digne  garde. 

De   Saint-Germain-en-Laye ,  ce  .  .  .  .  jour 

de  juillet  1  56 1 . 

Caterine. 

(Au  dos.)   La  Roy  ne  à  monsieur  de  Mar- 
tigues,  du  xwi"  jour  de  juillet   i56i. 

1  Providence,  prévoyance. 

-  René  de  Bouille,  marié  à  Jacqueline  d'Estoutevilk- , 
comtesse  de  Créance. 

a8 


218 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1GIS. 


1561.  —  27  juillet. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3167,  f'  45. 
A   MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  MONTMORENCY, 


M.'.RF.SCHAL    DE     FRANCE. 


Mon  cousin,  pour  ce  que  j'ay  nécessaire- 
ment affaire  de  vous  pour  chose  qui  touche 
le  service  du  Roy  monsieur  mon  fdz,  je  vous 
prye  ne  faillir  à  vous  rendre  demain  icy  par 
devers  moy  et  n'oublier  d'amener  ma  cousine 
voslre  femme,  que  je  désire  avoir  aussi  au- 
lnes fie  moy;  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde.  De  Saint-Germain- 
en-Laye,  le  xxvne jour  de  juillet  1 56 1  '. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterink. 


1561.  —  28  juillet. 

Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B  1 2 53.  Registres  <lu  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  nous  avons  tardé  quelque  temps 
à  vous  envoyer  les  ordonnances  de  ce  qui  fut 
arresté  aux  estatz  derniers  tenuz  à  Orléans2, 
et  non  sans  quelque  bonne  occasion;  ce  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  faict  présentement 
et  vous  escript  le  désir  qu'il  a  que  la  publi- 
cation et  vérifllcation  en  soit  faicle  le  plus- 
lost  que  faire  se  pourra,  dont  je  vous  prie  de 
ma  part,  et  que  ce  soit  sans  aucune  longueur, 
ne  restriction;  priant  Dieu,  messieurs,  vous 

1  Voy.  une  lettre  île  François  de  Montmorency  du  27 
juillet.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  4i5l,  f°  53.) 

2  Une  lettre  de  Catherine,  du  2  août  suivant,  lue  au 
Parlement  le  5,  demande  de  nouveau  la  vérification  de 
cette  ordonnance  dans  le  plus  bref  délai.  Une  autre 
lettre  du  17,  lue  le  18,  est  encore  plus  pressante  tou- 
illant le  même  objet.  H  suffit  de  les  indiquer.  —  Voy. 
Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  8a,  p.  38 1  et  suiv. 


donner  ce  que  plus  desirez.  De  Saint-Ger- 

main-en-Laye,  le  xxviii0  juillet  1 5 6 1 . 

Caterink. 
De  l'Aubespine. 


I  561 .  —  ey  juillet. 
Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B  iq53.  Registres  du  Parlement. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous 
envoie  l'édict  qu'il  a  faict  dresser  selon  la  der- 
nière résolution  qui  en  fut  prise  en  sa  cour  de 
Parlement,  lequel  je  vous  prie  iucontinenl 
faire  vériffier  et  entretenir  sans  y  uzer  d'au- 
cune modification,  restrinction ,  longueur  ne 
difficulté,  d'autant  que  comme  vous  avez  peu 
entendre  par  ce  qui  vous  en  a  esté  dict  et  qur 
vous  veoyez  tous  les  jours  à  l'œil,  le  mal  nous 
presse  tant  qu'il  a  besoing  d'ung  prompt  re- 
mède. Cella  faict,  je  vous  prie  encore  le  faire 
publier  et  tenir  la  main  à  l'observation  d'icel- 
luy  la  plus  estroicte  que  vous  pourrez,  afin 
que  nous  en  puissions  recevoir  le  fruict  que 
nous  en  attendons,  et  je  prieray  Dieu,  mes- 
sieurs, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  xxtxc  juil- 
let i56i. 

Caterine. 

lîOBERTET. 


1561.  —  80  juillet. 

Copie.  Arcli.  nal.  collect.  Simancas,  K  i'io,5,  B  i3. 

A   MONSIEUR    DE    CHANTONNAY , 

AMBASSADEUR   DU  ROY  CATUOLIQUE  MONSIEUR  MON  BEAU-FILS. 

Monsieur  de  Chanlonnay,  le  cappitaine  Lisle 
présent  porteur,  qui  avoil  esté  cy  devant  dé- 
pesché  pour  aller  en  Espaigne  faire  relaxer  et 
meclre  en  liberté  aucuns  prisonniers  françois 


LETTRES  DE  CATHE 

estans  par  delà,  m'a  faict  entendre  que  contre 
et  au  préjudice  de  l'intention  du  çoy  d'Espaigne 
monsieur  mon    beau-filz  et  de  l'accord  faict 
;i\it  iuv  par  le  traicté  de  paix  sur  la  déli\  rance 
des  prisonniers  d'une  pari  et  d'autre,  le  eapi- 
taine  Labbé,  l'un  des  cappitaines  des  galères  du 
dict  s'  r<>\  d'Espaigne  auroil  m\s  à  rançon  troys 
des  dicts  prisonniers  françois  qu'il  avoit  sur  sa 
gallère  et  d'iceulx  prins  quatre  cens  huict  es- 
cus  par  les  mains  du  dict  capitaine  Lisle,  le- 
quel   veult    maintenant   faire   instance  et  les 
répéter  el  les  recouvrer,  comme  il  esl  bien  rai- 
sonnable, attendu  mesmes  les  conditions  du 
dict  traité  de  paix;  à  ceste  cause  je  vous  ay 
bien  voulu  advertir  el  prier  d'en  escripre  au 
s'  roj  d'Espagne,  lui  remonslrant  bien  parti- 
culièrement  le  faict  du  capitaine  Lisle,  à  ce 
qu'il  veuille  ordonner  au  dict  capitaine  Labbé 
de  lu\  rendu'  el  restituer  les  dicts  quatre  cens 
biiit  escus  ainsi   par   luy   prins  que  dict   est 
pour  la  rançon  des  susdietz  prisonniers  fran- 
çois,  el   que  à  ce  faire  il   soit  contraincl  par 
toutes  voyes  et  manières  requises  el  raison- 
nables; el  au  cas  qu'il  voulust  user  en  cela  de 
subterfuges  ri  délay,  comme  il  pourra  faire, 
qui  seroil  pour  consommer  en  frais  cependant 
icelluy  capitaine  Lisle  à  ceste  poursuite,  vous 
escriprez  par  mesme  moyeu  au  sr  Erasso,  su- 
perintendant des  finances  du  dict  sr  roy  d'Es- 
paigne, à  ce  qu'il  veuille  faire  payer  et  délivrer 
icelle  somme  au  nom  du  dict  capitaine  Labbé, 
laquelle  il  la  pourra  fayre  rabatre  et  déduire 
pour  ce  qu'il   luy  sera  deu  pour  son  estât  et 
entreténement ,  faisant  en  cela  tout  office  que 
requiert  la  bonne  amitié,  intelligence  d'entre 
nous  selon  parfaicte  fiance  que  j'ay  en  vous. 
et    oultre    que    vous    ferez    chose  digne    du 
lieu  que  vous  tenez,  vous  me  ferez  plaisir  1res 
agréable,   priant   Dieu,   monsieur  de  Cban- 
tonnay,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et  digne- 
garde. 


RINE  DE  MÉDICIS. 


219 


Escript  à  Sl-Germain-en-La\e.  ce  \\\'  juin 
de  juillet  i56i. 


Catbrine. 


FlZES. 


1561.  —  : 3i  juillet. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Moreau  .  n"  83a.  1"  117 

A    MESSIEURS  DE  LA  COURT 

DU  PARLEMENT  DE  DIJON. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
envoyé  l'Ecdicl1,  qu'il  a  fait  dresser  selon  la  der- 
nière résolution  qui  en  fut  prinse  en  sa  court 
de  Parlement,  lequel  je  vous  prie  incontinant 
faire  lire,  vérifier  et  enlhériner  sans  y  user 
d'aucune  modification,  restriction,  longueur 
ny  difficulté,  d'aultant  que,  ny  comme  vous 
avez  peu  entendre  par  ce  qui  vous  en  a  esté  dicl 
et  que  vous  voyez  lous  les  jours  à  l'œil,  le  mal 
nous  presse  tant  qu'il  a  besoing  d'un  prompt 
remedde.  Cela  faict,  je  vous  [nie  encores  le 
faire  publier  et  tenir  la  main  à  l'observation 
d'icelluy  la  plus  estroicte  que  vous  pourrez, 
affin  que  nous  en  puissions  recevoir  le  fruicl 
que  nous  en  attendons,  et  je  prieray  Dieu, 
messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Sl-Gcrmain-en-Laye,  le  dernier  jour  de 
juillet  1  56 1 . 


Caterine. 


ROBERTET. 


('1561.  — Fin  juillet.) 

Aul.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n"  3'jij/i,  fu  G-j  r  . 
A  MA  COUSINE 

MADAME   L.\   DUCHESSE   DE   GlISE. 

Ma  cousine ,  l'on  me  vient  de  dire  que  mon- 
sieur de  Guise  ayst  malade,  de  quoi  je  suis 

1   L'édit  de  juillet.  —  Voy.  p.  2a  1  ,  col.  2,  note  3. 

28. 


220 


an  granl  pouyne,  corne  selle  qui  ne  ly  désire 
<|ue  lent  confanteinent  et  santé  come  pour  moi 
me[sme]  et  aussi,  ma  cousine,  pour  se  que  je 
say  la  pouyne  an  quoy  vous  pouvés  aystre,  je 
ay  byen  veoleu  incontinant  vous  anvoyer  set 
porteur  pour  vous  pryer  de  m'an  volouyr  man- 
der de  sa  santé  et  de  la  vostre;  et  pour  ne  vous 
povoy r  mander  d'ysy  aultre  novelles ,  sinon  que , 
Dieu  mersy,  toulte  la  conpangnye  fayst  bonne 
chère ,  je  fayré  l'yn ,  me  recomandant  alla  bonne 
grase  de  monsieur  de  Guyse  et  alla  vostre  et 
pryant  Nostre-Sygneur  lui  dauner  bonne  santé 
et  à  vous  come  la  vous  désyre l 

Vostre  bonne  cousine  et  amye, 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

que  vos  mauls  ne  ceront  pas  si  grens,  si  Dieu 


(1561.  — Fin  juillet.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fouds  français,  n"  3a9'i,  f°  £9. 
A  MA  CODSIHB 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  je  ne  vous  fayré  pas  longue 
lelre,  car  Jean  Batiste  2  présant  pourleur  vous 
dira  bien  au  long  de  nos  novelles  et  cete  ysi 
cera  solement  pour  vous  dire  que,  aystent  aver- 
tie par  cet  dist  pourteur  que  aytiés  demeurés 
our  la  maladie  de  vostre  bon  mary,  je  vous 
lé  bien  voleu  envoyer  pour  savoyr  de  ces  no- 
velles et  dé  vostres,  ne  vous  povent  voyr  cytot 
que  je  euse  bien  désirés,  encore  que  j'espère 

Voy.  une  lellre  du  duc  de  Guise  à  Catherine  du 
a8  juillet  i5Gi,  où  il  lui  parle  de  la  fièvre  qui  le  tra- 
■  aille  et  de  l'indisposition  du  cardinal  de  Lorraine.  (Bibl. 
...t.  fonds  frauç.  n"  15875, P  64). —  Henri  de  Montmo- 
rency écrivait  de  Mello  à  son  frère  François  de  Mont- 
morency, le  27  juillet  i56l  :  ''Monsieur  mon  frère, 
•pour  ce  que  mon  sieur  de  Guise  et  le  cardinal  sont 
•demeurés  malades  à  Meru  et  que  la  Royne  ne  partira 
-de  là  de  tout  demain,  j'ay  advisé  de  vous  aller  trouver 
«demain  pour  courre  ung  serf.^  (Bibl.  nat.  fonds  franc. 
M.P53.) 
J  Goudi ,  cité  plus  haut. 


plest,  que  bientôt  n'aye  le  plésir  de  vous  voyi 
bientôt 

Votre  bonne  cousine, 

C.VTER1NE. 


(1561.  — Fin  juillet.) 

Aut.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n°  329a  .  f'  67  rc. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  par  set  que  me  mandés  qui 
ne  vous  fault  plulx  de  remèdes,  je  conè  byen 
la  santé  an  quoy  ayst  monsieur  le  cardynal  ;  de 
quoy  je  loue  Nostre-Sygneur  de  teul  mon  ceur 
de  nous  favoyrrandeu  et  vous  prye,  set  conèsés 
qu'i  luy  falle  ancore  quelque  chause,  ne  me 
fayre  set  tort  de  creyndre  à  me  le  mander,  car 
je  ne  seré  marrye ,  sinon  de  n'avoyr  le  moyen  de 
le  seucourir  ynsin  que  le  désyre,  et  ne  m'an 
remersié  plulx;  car  teut  le  plulx  grant  remer- 
simant  que  je  an  désire,  s'et  de  le  voyr  an  ausi 
bonne  sanlé  que  je  la  luy  seuayte  et  veodrès 
povoyr  fayre  aidant  pour  luy  et  pour  teul  set 
qui  luy  teuche  cornant  je  y  suy  teneue;  mes 
ne  povant  aultre  chause,  je  pryrée  Nostre- 
Seigneur  de  vous  voyr  ausi  contans  que  le 
désirés  et  vous  prye  luy  fayre  mes  recomanda- 
tyons  à  sa  bonne  grase  el  m'y  y  tenyr  et  an 
la  vostre. 

Vostre  bonne  cousine  et  amye, 
1  Iati  1:1  si . 


(  1561.  —  Août.) 

Aut.  Bibl.  nat.    fonds  français,  n"  339a  ,  f"  17. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR   LE   CONESTABLK. 

Alon  conpère,  j'é  tout  veu  et  antendu  par 
vostre  letre  et  par  sel  pourleur  et  pour  se  que 


LETTRES  DE  C  VTI1 

ver  monsieur  de  Gonnort1,  parti!  pour  vous 
aler  trover,  à  qui  je  dis  tout  cel  que  je  pause, 
je  ne  vous  en  fayrê"  redisle,  seulement  vous 
dire  que  je  suys  byen  ayse  de  .set  que  me 
mendés  que  tout  aysl  si  byen,  et  quant  y  ne  le 
seret,  vous  aystent  là,  m'aseure  de  tout  cel 
que  pouroyt  avenir,  sachant  que  ne  vous 
lairrë  endormyr  et  y  serés  byen  pourvoyr.  Je 
désirerès  byen  que  avévisiés  cet  que  dist  le 
bally  d'Aunis  pour  le  châtier  et  les  aultres 
s'il  a  manli,  ou,  si  dist  vray,  pour  y  pour- 
voyr, ynsin  que  plus  au  long  j'é  dist  à  sel 
pointeur,  qui  me  fayra  fayre  lin,  prien  Dieu 
vous  donner  cet  que  désirés. 

Vostre  bonne  coumère  et  amye, 
Caterine. 


(1561.—  \oût.) 

Aul.  Areh.  aaU  collect.  Siroaocas ,  K  iif|tj,  n    B 

\   M'    MON   FILS   LE   KOY   CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils,  voienl  que  les  prélat 
de  sel  rbyame  son!  asanblé2,  suivent  set  que 
le  Roy  mon  lils  leur  avet  coniandé  pour  re- 
guarder  à  sous3  que  y  veolt  chausir  pour  aler 
au  consile  et  aystant  arivé  à  Pouisi,  yl  y  est 
aie  pour  leur  comander  qui  veolt  et  antent 
que,  aven t  partir  de  set  lyeu,  qui  reguardet 
acomoder  et  régler  lé'  chause  de  quoy  sont 
veneu  lé  trouble  en  set  royaume,  de  l'ason  que 

1  Artluis  de  Cossé,  seigneur  de  Gonnor,  déjà  ci 
page  119. 

-  -La  première  congrégation  des  évesques  a  eu  lieu  le 
dernier  du  mois  passé  (juillet),  à  laquelle  est  intervenu 
le  Roy,  la  Reyne  et  tout  le  conseil.  Le  Roy  a  dit  quel- 
ques paroles;  on  a  eu  peine  à  les  entendre;  mais  la  con- 
rlusion,  c'est  qu'il  t'alloit  oster  les  tumultes  et, divisions 
qui  sont  en  ce  royaulme  à  cause  de  la  religion  et  que  les 
prélats  ue  sortiront  de  là  que  ce  ne  lust  mis  à  repos. - 
(Lettre  de  Cliantonnay  à  la  duchesse  de  Parme,  An-hia1- 
tlc  Vienne.) 

1  Sous,  ceux. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  221 

se  songes1  puise  vire2  en  quelque  heunion  en- 
Ir'euls,  en  n'atendent  la  fin  deu  consile  gé- 
néral, el  néannioyns  entent  et  veoll  que  tout 
souit  avisé  siiuhz  le  autorité  et  puisanse  de 
nostre  Saynt-Père  et  de  nostre  mère  saynte 
\\glise,  en  i'aubéisanse  de  iaquele  \  voult 
que  iuy  et  ses  sougès  vivest,  et  pour  se  que  je 
m'aseure  que  en  serés  averty  de  bocup  de 
l'ason, je  vous  suplye  fayre  set  hauneur  à  selle 
qui  vous  ayme  corne  son  propre  enfant  et  que 
ne  vous  volt  en  rien  mentyr  de  ne  croyre  rien 
au  conlrère  de  set  qu'ele  vous  mende  ysi  des- 
soubz  etausi  que  contyneuréà  vous  avertir  de 
tout  set  qui  en  sousederé3  vérytablement,  et  en 
set  pendent  vous  suplye  tenyr  en  vostre  bonne 
grase 

Vostre  bonne  seur  et  afeclionné  mère, 

Caterine. 


1561.  —  1"  août. 
Minute.  Biiil.  nat.  fonds  français,  a"  îâSp,  f'  io5. 

A  MONSIEUR  DE   LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  je  ne  sçauroys 
guères  que  adjouster  à  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  tilz  vous  escript  *,  si  n'est  pour  vous 
dire  qu'il. est  besoingque  vous  laciez  entendre 
ce  qui  vous  est  escript  au  Roy  monsieur  mou 
bon  filz,  et  luy  monstrer  le  double  de  nostre 
édicts;  comme  je  ne  doubte  point  qu'il  ne  dise 
qu'il  est  bien  doulx  en  beaucoup  de  choses; 
mais  il  fault  qu'il  considère  aussy  que  le  temps 

I  ire ,  vivre. 
J  Sousederé,  succéderait. 

1  Vov.  la  minute  de  la  lettre  du  roi  (même  volume. 
f  1 10  et  suiv.). 

;  L'édit  de  juillet,  ainsi  appelé  à  cause  du  mois  où  il 
lui  rendu.  —  Voy.  pour  toutes  les  prescriptions  qui  y  sont 
i     contenues,  de  Tliou,  édit  de  1736,  t.  IV,  p.  71  ;  Frafice 
j     protestante,  pièces  justificatives,  p.  -'i5. 


222 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


ue  permeci  plus  qu'on  use  do  la  morl  et  rigueur 
de  justice,  comme  l'on  a  usé  par  le  passé, 
lanl  le  mal  esl  creu  et  a  attainct  une  extresme 
quantité  de  personnes,  de  façon  que  le  plus 
sage  que  nous  pouvons  faire  est  de  tenyr  les 
choses  en  tranquilité  et  empescher  qu'il  n'ad- 
vienne point  de  sédition.  Hz  en  parlent  bien  à 
leur  aj se,  mays  s'ilz  estoyent  icy!  ilz  ne  l'eu- 
rent jamays  si  empeschez;  et  je  vous  prye  me 
mander  ce  qu'ilz  auront  dict  el  principalle- 
ment  de  l'assemblée  de  noz  évesques  qui  ne 
commencèrent  que  hier,  et  espère  que  Dieu 
leur  fera  la  grâce  de  faire  quelque  chose  de 
bon,  lequel  je  prie,  monsieur  de  Lymoges,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  S'-Germain-cn-Laye,  le  premier  jour 
l'aoust  i56i. 

Depuys  cestre  lettre  escriple,  l'ambassadeur 
du  Rov  mon  bon  filz  est  venu  devers  moy,  le- 
quel m'a  dict  avoir  charge  et  commandement 
de  son  maistre  de  me  faire  instance  de  ne 
prendre  point  du  temporel  des  biens  de  l'église 
pour  l'acquit  des  dettes  du  Roy  mon  fdz,  et  que 
le  ducd'Albe  vous  l'avoit  dit  pour  me  le  man- 
der; el  pour  ce  que  je  trouve  bien  estrange 
ou  qu'il  y  ayt  sceu  et  esté  adverty  de  ce  à  quoy 
l'on  n'a  peu  quasi  penser,  ou  bien  qu'on  se 
mesle  si  avant  de  noz  affayres,  je  vous  prie 
-ravoir  et  descouvrir  ce  qui  eu  esl,  et  s'il  l'a 
iaict  de  son  authorité,  ou  bien  s'il  luy  a  esté 
commandé,  dont  vous  m'advertirez  par  le 
prochain  courrier.  Je  croy  qu'il  ne  se  souvient 
que  son  maistre  est  après  à  avoir  permission 
de  vendre  pour  cinquante  mille  escus,  il  y  a 
m  longtemps,  et  qu'en  ce  faisant  nous  ne  fe- 
rions que  suyre  son  exemple  l. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  monsieur  de  Lymoges, 
du  premier  jour  d'aoust  i56i. 

1  L.i  minute  de  la  fin  de  cette  lettre  se  trouve  dans 
n°  1S875  du  fonds  français,  p.  55. 


1561.  —  .."août. 

Copie.  Rihl.  nat.  fonds  français,  n°  17988  .  P  7. 

A  MONSIEUR  DE  L'ISLE1, 

CONSEILLER   DC    IlOÏ   MONSIEUR   MON    FIL*  . 

MUTRC   DES    REQUESTES  ORDINAIRES  DE  SOS  IlOSTEI. 

ET    PREMIER   PRESIDENT   DE  SA  COURT   DB    PARLEMENT    DE   BRETAGNE. 

Monsieur  de  L'Isle,  j'ay  donné  charge  à 
]  vostre  père  de  vous  mander  quelque  chose  de 
ma  part,  laquelle  je  m'asseure  exécuterez  si 
bien  et  si  saigemenl  que  je  ne  vous  en  fcray 
point  redicfe,  seullement  vous  prieray  pré- 
senter au  Pape  les  lettres  du  Roy  mon  filz2, 

1  André  Guillart ,  (ils  d'André  Guillart,  sieur  du  Mortier 
i  el  neveu  de  Louis  Guillart,  et  qui  fut  successivement  évêque 
I     de  Cliartres,  de  Châlons  et  de  Senlis.  Il  arriva  à  Rome  In 

6  juin  1 56l.  Plusieurs  lettres  de  lui  ont  élé  imprimées 
par  Du  Puy  dans  les  Mémoires  pour  le  concile  de  Trente. 
—  \oy.  Instructions  données  «par  le  Roy  à  M.  de  L'Isle. 
quand  il  partit  de  Fontainebleau  pour  venir  résider  am- 
bassadeur pour  Sa  Majesté  près  nostre  S'-Père  le  pape  le 
xii  avril  1061.1  ^Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  17988,  f  i.) 
En  voici  le  sommaire  : 

Dans  le  cas  d'une  audience  particulière,  à  la  suite  de 
l'audience  publique,  M.  de  L'Isle  devra  remettre  au  Pape 
deux  petites  lettres  que  Leurs  Majestés  lui  écrivent  de 
leur  main  et  lui  découvrira  toutes  les  occurrences  de  la 
cour  de  France,  et  la  paix  et  concorde  qui  régnent  entre 
les  plus  grands.  Il  insistera  auprès  du  Pape  pourla  prompte 
convocation  du  concile  ;  il  s'informera  aussi  douce- 
ment que  possible  de  ce  qui  a  été  fait  du  collier  de 
l'ordre  du  feu  duc  de  Palliano,  naguères exécuté ,  et  fera 
instance  à  ses  parents  de  le  faire  renvoyer  à  Sa  Majesté  ; 
il  résistera  à  toutes  les  tentatives  faites  par  l'ambassadeur 
d'Espagne  pour  empiéter  sur  les  droits  et  privilèges  de 
préséance  qu'ont  toujours  eus  les  rois  de  France,  «re- 
monslranl  combien  ce  seroit  ung  crime  capital  à  ung  am- 
bassadeur, servant  ung  rov  mineur  d'ans ,  de  lui  laisser 
perdre  aulcun  die  ses  droietz  et  privilléges. » 

2  Cette  lettre  accompagne  celle  de  la  Reine  (même  10- 
lurae,  p.  7).  Après  avoir  loué  son  ambassadeur  des  pro- 
pos qu'il  a  tenus  au  Pape  sur  la  raison  des  troubles, 
la  diversité  de  religion  et  le  fait  du  concile,  Charles  IX 
lui  envoie  le  double  de  l'édit  de  juillet,  dont  la  lecture 
lui  fera  apprécier  la  nécessité  où  il  est,  cqui  est  beau- 
coup plus  grande  que  le  Pape  ne  se  l'imagine,  quand  il 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   M  EDI  CI  S. 


223 


celles  du  roy  de  Navarre  el  les  miennes,  et 

faire  que    incontinent,  s'il  est   possible,  Sa 

Sainteté  nous  en  face  la   response;  à  tant  je 

prye  Dieu,  monsieur  de  L'Isle,  vous  avoir  en 

sa  saincte  el  digne  garde. 

De  S'-Germain,   le   premier  jour  d'aoust 

i  56 1 . 

Caterine. 


1561.  —  2  aoùl. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds, français ,  n'  i  Ti S 7 5  ■  f"  108. 

\    MADAME  LA  COMTESSE    D'UREIGNA. 

Madame  la  contesse,  j'ay  bien  veu  par  la 
lettre  que  vous  m'avez  escripte  par  Lhuillier 
combien  vous  continuez  a  me  donner  adviz 
de  la  santé  de  la  Royne  ma  fille  et  du  soing  el 
sollicitude  que  vous  en  avez,  qui  m'est  si 
agréable  que  vous  debvez  estimer  qu'en  toutes 
choses  qui  se  présenteront,  où  je  le  pourra) 
recongnoistre,  je  m'y  employeray  avec  telle 
affection  que  je  sçay  (pie  le  méritez;  et,  pour 
ce,  je  vous  prie  continuer,  comme  vous  avez 

dicl  qu'il  ne  fault  en  telles  choses  espargncr  ny  le  1er  ny 
le  feu-  ;  el  s'il  a  trouvé  les  sujets  obéissants,  ainsi  qu'ils 
font  été  envers  ses  prédécesseurs,  en  ce  qui  touche  le 
l'ait  de  leurs  consciences  il  lésa  trouvé  merveilleusement 
opiniâtres,  -de  façon  que  si  par  bon  conseil  il  n'eut 
rompu  et  empesché  les  aigreurs,  alliénations  et  divisions 
où  la  différence  de  leurs  opinions  les  amenoit,  il  s'en  fut 
à  la  fin  cnsiiivy  une  grande  désolation  et  la  manileste 
ruine  des  ungs  et  des  autres;  par  là  aussi  M'  de  L'Isle 
connoitrait  qu'il  a  fallu  prendre  l'exemple  des  bons  el 
sages  médecins  qui,  en  la  guérison  d'une  grande  et  obstinée 
maladie,  sont  souvent  contrainctz  de  changer  de  nou- 
veaux remèdes  selon  la  diversité  des  accidents  qui  sur- 
viennent.-! En  terminant  le  roi  rappelle  que  par  le  fer  et 
le  feu  on  a  d'abord  espéré  arrêter  le  mal;  mais  par  mille 
preuves  on  a  connu  depuis  que  cette  façon  de  faire  ne  l'a 
pas  empêché  de  pénétrer  plus  avant,  et  il  a  atteint  tant 
de  personnes  que  ce  serait  aussi  pernicieux  d'agir  aussi 
rigoureusement  aujourd'hui,  comme  alors  cela  a  pu  sem- 
bler utile.  C'est  sur  ces  moyens  plus  doux  qu'est  fondé 
l'édit  qu'il  lui  envoie,  «qui  est  pur  politique.» 


1res  bien  faictjusques  icy,  et  vous  asseurer  que 
ne  ferez  jamays  pour  personne  moings  ingrate 
que  pour  niiiv,  car  je  désire  vous  l'aire  con- 
gnoistre  quand  l'occasion  se  présentera  de  le 
vous  tesmoigner  el  vous  gratiffier  en  quelque 
chose  de  bon.  El  pour  la  lin  je  vous  recoin 
manderay  èncores  ung  coup  la  Royne  ma 
fille,  comme  la  chose  du  munde  que  j'ay  assez 
chère,  et  je  prye  Dieu,  madame  la  contesse. 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  ...  jour  d'aousl 
i56i. 

(Au  dos.)  Le  11°"  jour  d'aoust  1  56  i . 


1561.  —  a  août. 
Minute.  Bibl .  nal.  fonds  français,  n"  15870,  f°  10O. 

A  MESSIRE  VINCENZE. 

Messire  Vincenze,  j'ay  receu  la  lettre  que 
vous  m'avez  escript  par  Lhuillier,  qui  m'a 
esté  beaucoup  de  plaisir,  pour  ce  que  par  icelle 
vous  m'avez  bien  au  long  adverly  de  l'estat  de 
la  santé  de  la  Royne  ma  fille;  en  quoy  vous 
m'avez  faict  beaucoup  de  plaisir,  comme  vous 
ferez  de  continuer  et  de  la  servir  avec  la  fidé- 
lité, le  soing  et  diligence  que  vous  avez  faict 
jusques  icy;  vous  pouvant  asseurer  que,  de  ma 
part,  je  n'oublieray  jamays  le  service  que  vous 
luy  faictes,  et  que  se  présente  l'occasion  de 
le  recognoistre,  je  le  feray  de  façon  que  vous 
aurez  occasion  de  vous  contenter;  priant  Dieu . 
messire  Vincenze,  vous  avoyr  en  sa  saincle  el 
digne  garde.  De  Sainct-Germain-en-Laye.  le 
jour  d'aoust  1  5 G 1 . 

(Au  dos.)  La  Royne  à  messin'  Vincenze,  du 
deuxiesme  jour  d'aoust  t  5G 1 . 


•l-l'l 


LETTRES  DE  CATHE 


(1561.  —  3  août.) 


Fragment  de  lettre  (copie).  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17988, 
f'oet.o. 

V  MONSIEUR  DE  L'ISLE, 

CONSEILLER   DU  ROÏ  MONSIEUR  MON  FILZ  , 

BI11STRE  DBS  RBOUESTES  ORDINAIRES  DE  SON   HOSTEL 

ET   PREMIER    PRÉSIDENT   DE   SA   COURT    DE  PARLEMENT   DE   BRETAGNE. 

Monsieur  de  L'Isle,  vous  serez  si  au  long  et 
si  amplement  informe'  et  inslruict  de  touttes 
nos  nouvelles  par  la  lettre  que  le  Roy  mou- 
sieur  mon  filz  vous  escript  présentement  que 
cella  me  gardera  de  vous  en  faire  par  ceste 
lettre  aultre  discours;  seullemenl  je  vous  te- 
moigneray  qu'il  n'estoit  pas  possible  de  se 
mieulx  conduire  et  gouverner  à  vostre  arrivée 
>m  vostre  charge  que  ce  que  vous  avez  faict; 
en  quoy  je  vous  prye  de  continuer  tousjours  et 
vous  asseurer  que  faisant  ainsi  et  vous  ayant 
pris  en  ma  protection,  je  ne  vous  déiaisseray 
point;  et  surtout  je  vous  recommande  l'affaire 
du  concilie  pour  le  besoing  que  vous  sçavez 
que  nous  en  avons,  vous  pryant  aussi  par 
mesme  moyen  de  prendre  incessamment  garde 
à  rompre  et  à  dissiper  beaucoup  de  mauvais 
bruitz  et  nouvelles  que  bien  souvent  l'on  faicl 
semer  de  nous  à  tort  et  sans  cause;  d'aultant 
que  nos  actions  et  façons  de  procéder  ne  mé- 
ritent que  l'on  face  ces  offices  là  contre  nous. 


1561—8  août. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17981  '. 

A  MONSIEUR  COIGNET, 

AMBASSADEUR    EN    SUISSE. 

Monsieur  Coignet,  oultre  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  2,  je  veulx  bien 
vous  advertir  qu'il  a  esté  respondu  à  toutes 
lettres  que  nous  avons  eues  cy-devant  de  vous, 
cl  nous  est  grand  plaisir  d'entendre  que  vous 

Ce  volume  n'est  pas  folioté. 

•t  cette  lettre,  fonds  franc,  n'  1798t. 


RINE  DE  MÉDICIS. 

donniez  si  bon  ordre  par  delà  à  satisffaire  à 
toutes  les  hargnes  '  qui  s'offrent,  mesmes  à 
eschapper  aveques  quelque  raison  de  ses  in- 
térêts que  je  vous  prye  laisser  en  meilleur  estât 
que  vous  pourrez  avant  vostre  parlement  ;  très- 
ayse  que  vous  ayez  recouvert  les  dix  molles2 
de  ces  faulx  monoyeurs  que  je  vous  prie  m'en- 
voyer  le  plus  lost  que  vous  pourrez,  affin  que 
sur  iceulx  l'on  puisse  mieulx  juger  les  mon- 
noyes;  à  quoy  il  sera  besoing  de  prendre 
garde  et  faire  tout  ce  que  vous  pourrez  pour 
faire  descouvrir  et  prendre  ceux  qui  en  sont 
coulpables,  remonstrant  bien  aux  Seigueurs 
de  Berne  et  aultres  des  Ligues  que  c'est  ung 
danger  commun  que  de  souffrir  une  telle  pesle 
en  ung  pays;  pryant  Dieu,  monsieur  Coi- 
gnet, vous  avoir  en  sa  garde.  De  S'-Germain- 
en-Laye,  le  vme  jour  d'aoust  1 56 1 . 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


(1561.  —  12  août.) 

Imprimé.  —  Vie  du  maréchal  de  Matignon,  par  Caillères. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON  3. 

Monsieur  de  Matignon,  vous  ayant  toujours 
conguu  pour  très  fidèle  et  affectionné  au  ser- 
vice du  Roy  monsieur  mon  fils,  je  n'ay  point 
cru  que  personnev  ous  ayt  deu  accuser  de  mal- 

1   Hargne,  querelle,   incommodité.  —    Voy.   Littre, 
Dict.  p.  1983. 
Mille,  moule. 

}  Jacques  de  Matignon,  fils  de  Jacques  de  Matignon 
et  d'Anne  de  Siily,  né  au  château  de  Lonrai,  près 
Alençon,  le  26  septembre  iSaô,  mort  le  27  juin  UH17 
à  Lesparre(Girondi).  Fait  prisonnier  à  Saint-Quentin,  il 
recouvra  sa  liberté  par  le  traité  de  Caleau-Cambrésis 
(  1  T. ."> ci  )  et  devint  gouverneur  de  Basse-Normandie.  Ce 
fut  lui  qui  assiégea  et  prit  Montgomraery  en  1.576  dans 
le  donjon  de  Domfront,  où  il  s'était  réfugié.  Créé  maré- 
chal de  France  en  1079,  il  fut  nommé  l'année  suivante 
gouverneur  général  delà  Guyenne  où  il  combattit  la  ligue. 
—  Voy.  son  article  dans  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


225 


versalion,  et  mon  intention  n'a  pas  esté  d'or- 
donner au  général  Nouveau1  de  vous  com- 
prendre dans  aulcune  information,  ains  seule- 
ment d'informer  contre  quelques  particuliers 
qui  son!  accusés  d'avoir  faict  des  levées  de 
deniers  sans  le  commandement  du  Roy,  ainsj 
que  verrez  par  la  lettre  du  Roy  monsieur  mon 
fils  escripte  au  général  Nouveau.  La  présente 
n'estant  à  autre  fin,  je  prieray  le  Créateur 
qu'il  vous  tienne,  monsieur  de  Matignon,  en 

sa  saincte  garde. 

Caterine. 


1561.  —  l 'i  août. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15875,  f"  129. 

\   MONSIEUR  DE  JOYEUSE2. 

Monsieur  de  Joyeuse,  vous  verrez  par  in 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  es- 
cript3  le  désir  qu'il  a  que,  suivant  l'édict  qui 

1  René  de  Nouveau.  Sa  famille  était  orignaire  de  Tours. 
|  Bibl.  nat.  cabinet  des  titres.) 

-  Guillaume,  vicomte  de  Joyeuse,  né  vers  i5ao, 
mort  en  i5ga.  Il  fut  d'abord  évêque  d'Aleth  jusqu'en 
1  56o .  sans  avoir  reçu  les  ordres;  par  suite  de  la  mort  de 
son  frère  aîné,  il  quitta  pour  les  armes  la  carrière  ecclé- 
siastique et  devint  maréchal  de  France  en  157g.  — 
Voy.  Addit.  aux  Mémoires  de  Castelnau,  par  Le  Labou- 
reur, t.  II,  p.  5.  ' 

3  Voici  la  lettre  de  Charles  IX  dont  parle  Catherine  : 
s  Monsieur  de  Joyeuse,  j'ay  veu  ce  que  vous  avez  escripl 
à  mon  cousin  le  connestable  des  insolences  qui  sontad- 
venuz  en  Languedoc  depuis  quelques  jours,  sur  quoy  je 
désire  bien  que,  suivant  l'édict  que  je  vous  ay  envoyé  ce 
jourd'huy,  vous  faciez  bien  ebastier  ceulx  qui  sont  si  folz 
et  téméraires  de  commectre  telz  scandalles,  puisqu'ilz 
n'ont  nulle  religion  qui  les  contienne,  et affin  que  vous  ayez 
moyen  de  ce  faire  je  vous  ay  ordonné  trente  harquehu- 
ziers  à  cheval  pour  vous  accompaigner,  affin  'que  vous 
ayez  moyen  de  me  faire  obéyr,  m'assurant  que  vous  y 
sçaurez  donner  si  bon  ordre  que  il  ne  tiendra  à  vous  que 
toutes  ces  follyes  ne  cessent  et  les  séditieux  ne  soient  bien 
pugniz.  J'ai  veu  aussi  ce  que  vous  mandés  à  mon  dict 
cousin  des  galliottes  qui  sont  venuz  en  ma  coste;  envers 
Caiherise  de  Médicis.  —  1. 


vous  a  esté  ces  jours  passez  envoyé,  ceulx  qui 
ont  commis  el  esté  cause  des  scandalles  qu'il 
a  entendu  par  mon  cousin  le  connestable  et 
veu  par  les  lettres  que  vous  luy  en  escrivez 
estre  advenuz  en  Languedoc  soient  pugniz  et 
chastiez  comme  ilz  méritent,  sur  laquelle  me 
remectant,  je  ne  m'estendraj  à  vous  en  riens 
dire  davanlaige,  si  n'est  vous  prier  faire  en 
suite  que  sc>  voulloir  et  intention  soient  suiviz, 
et  au  demourant  que  passant  les  galliottes 
d'Algier  vous  ayez,  suivant  aussi  ce  qu'il  vous 
est  mandé  par  la  lellre  du  dict  sieur  Roy  mon 
filz,  s'ilz  demandent  des  armes  et  autres  mu- 
nitions, à  leur  faire  la  responce  qui  vous  est 
mandée,  leur  faisant  bailler  au  demourant 
vivres  el  ralïrescliissement  en  payant,  affin  de 
ne  leur  donner  occasion  de  piller  nostre  coste. 
et  m'asseurant  que  vous  y  sçaurez  bien  et  sai- 

lesquelz  vous  désirés  bien  sçavoir  comme  vous  aurez  à 
vous  gouverner  et  entendre  sur  ce  mon  intention ,  laquelle 
je  vous  diray  estre  qu'on  leur  face  bonne  chère  et  baille 
vivre  et  rafraîchissement  en  payant,  car  je  ne  les  veux 
désespérer  et  donner  occasion  de  piller  ma  coste,  mays 
aussi  je  ne  veux  qu'on  leur  baille  pouldre ,  bouletz,  armes, 
rames,  ny  autre  munition  de  guerre,  et  si  l'on  vous  en 
demande  leur  fauldra  respondre  qu'il  n'y  en  a  que  ce  qui 
est  nécessaire  pour  la  garde  des  places,  ayant  esté  le  reste 
consommé  es  guerres  dernières  en  telle  quantité  qu'il 
n'en  est  demeuré  que  la  provision  du  pays.  Voylà  la  façon 
dont  vous  leur  respondrés,  affin  qu'ilz  se  contentent  et 
qu'on  ne  mescontente  point  le  Roy  calbolicque  mon  bon 
frère.  Et  quant  vous  serés  au  lieu  où  les  Espaignolz  pas- 
seront et  qu'ilz  vous  en  parleront,  vous  leur  direz  et  asseu- 
rerés  qu'il  n'a  esté  baillé  ausdietz  corsaires  aucune  muni- 
tion de  conlrebende,  et  que  si  l'on  leur  a  baillé  des  vivres, 
ce  a  esté  en  payant,  affin  de  ne  les  désespérer  et  donne) 
occasion  de  piller  mes  subjeetz,  car  nous  n'avons  poinct 
la  guerre  avecques  eulx  et  je  ne  puis  leur  reffuser,  ne 
m'estans  ennemys,  les  vivres  qui  se  prennent  en  tous 
pays;  qui  sera  lin,  priant  Dieu,  monsieur  de  Joyeuse, 
vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde.  De  Sainct-Ger- 
ruain-en-Laye,  le  (mu")  jour  d'aoust  1  56i  .n  (Bibl.  nat. 
fonds  franc.  n°  15875,  P  126,  minute  originale.)  — 
Voy. à  cesujetune  lettre  de  Pierrebon  à  Catherine  (même 
volume,  P  i3?i). 

99 


22G 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


gement  pourveoir,  je  feray  fin  pour  pryer 
Dieu,  monsieur  de  Joyeuse,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincte  garde. 

De  Sainct-Gerinain-en-Laye,  le  jour 

d'aoust  i56i. 

(Au  dos.)  La  Royne  mère  du  Roy  à  monsieur 
de  Joyeuse,  le  xime  jour  d'aoust  1 56 1 . 


1561.  —  16  aoûl. 

Copie,  lîibi.  du  Louvre,  B  ta53.  Registres  du  Parlement. 
Imprimé.  —  Mémoires  de  Condé,  t.  Il ,  p.  636  ,  édit.  de  Londres ,  17Û3. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENAMS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrez,  par  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript,  combien  il 
trouve,  avec  raison,  maulvais  que  l'on  imprime 
ainsi  indifféremment  toutes  choses,  dont  on 
voit  icy  ordinairement  beaucoup  de  livres  et 
œuvres  diffamatoires,  ce  à  quoy  je  vous  prie, 
suivant  son  intention,  pourveoir  et  donner 
ordre  que  ceste  licenlieuse  et  téméraire  au- 
dace de  ceulx  qui  sont  si  folz  soit  contenue  et 
réprimée  comme  il  appartient,  et  que  vous  ju- 
gerez assez  qu'il  est  raisonnable,  priant  Dieu, 
messieurs,  vous  avoir  en  sa  garde.  De  Saincl- 
(îermain-en-Laye,  le  xvie  aoust  i56i. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


(1561.  —  17  août.) 

Aul.  Arch.  de  Tunn. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  encore  que  le  Roy  mon  lils  vous 
mende  byen  au  long  de  touttes  nous  novelles  ', 
si  n'è-ge  voleu  léser  pour  sela  vous  fayre  set 
mot  pour   vous  dyre   cornent  l'on   m'a    dyst 

1  La  minute  de  la  lettre  du  Roi  se  trouve  dans  le 
n°  1.5875  du  fonds  français,  f°  1/1A;  elle  est  datée  du 
17  août  i5fit. 


que  madame  a  santy  bouger  son  enfant l, 
de  quoy  je  suys  si  ayse  que  depuis  touttes 
nies  malheureuse  forteune  je  puys  dire  aveque 
vérité  n'avoyr  santy  joye  à  bon  aysien  que 
asteure,  laquele  je  n'ause  encore  du  toul 
prendre,  d'aullent  que  vous  ny  aylle  ne  m'an 
navés  ryen  mandé,  qui  me  fayst  vous  prier 
m'escripre  s'il  est  vray.  Je  ne  ly  en  né  ryen  ausé 
mètre  clans  sa  letre,  de  peur  que,  si  n'étoyt  yn- 
sin ,  qu'el  feut  marrye  que  l'on  me  l'eut  mandé. 
Je  me  remeteré  au  démolirent  dé  novelles 
sour  la  seufisanse  du  sieur  de  d'Ecars2  pré- 
sant  porteur,  que  le  roy  de  Navarre  envoy  ver 
nostre  Saynt-Père  pour  l'aucasion  qu'il  vous 
dyré  et  m'aseure  que  en  set  que  coneslrés  lu\ 
povoyr  ayder  que  ne  vous  aypargneré  poynt. 
et  ausi  je  vous  en  seuplye  que,  aullre  set  que 
fayrés  pour  luy,  je  le  repeuteré  corne  pour 
moy.  Vous  l'aublygerés  à  jeamès,  quelque  for- 
teune qui  puise  avenyr,  à  vous  fayre  plésir  en 
touttes  vos  afayres;  et  vous  ayment,  cornent  je 
lays,  je  désire  que  tous  les  monde  vous  ayme 
corne  fayst 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 

1  Chantounay  ecii\ait  le  11  août  à  la  duchesse  de 
Parme  :  "La  Royne  m'a  asseuré  que  la  ducliesse  de  Sa- 
voie estoit  grosse  et  qu'elle  a  senty  l'enfant  à  quatorze 
semaines.  1  (Lettre  de  Clianlonnay  à  la  duchesse  de 
Parme,  Archives  de  Vienne.)  —  A  la  date  du  7  juin,  dans 
un  rapport  venu  d'Italie,  il  est  parlé  de  la  grossesse  de 
la  duchesse  de  Savoie  :  fis  with  chi\d.i>  {Kalendar  if  State 
paper»,  année  1 56i,  p.  1  02.)  Elle  accoucha  le  8  janvier. 
(Ibul.  p.  486.) 

-  François  de  Peyrusse.  comte  d'Escars,  cité  plus  haut. 
En  allant  à  Rome,  il  était  également  chargé  de  visiter, 
en  passant,  le  duc  de  Savoie  et  de  lui  remettre  une  lettre 
de  Charles  IX.  (  Voy.  cette  lettre,  même  volume,  f°  i/u't.)  Le 
jeune  Roi  lui  parle  de  l'assemblée  des  prélats  de  son 
royaume  à  Poissy,  -où  ilz  travaillent  incessamment  à  la 
reflbrmalion  des  mœurs  qui  sont  fort  dépravez  et  de  beau- 
coup de  choses  de  l'Eglise  qui  ont  besoin  d'une  bonne 
correction.  »  —  Voy.  Commentaire  de  Monluc,  édit.  de 
Ruhle,  1.111,  p.  70. 


LETTRES   DE    CATHERINE  DE  MEDICIS. 


i±l 


1561.  —  18  août. 

Orig.  Arili.  <!,■  M. ..Lu 
A  MON  COUSIN 

MO\SIEI  li  LE  DUC  DE  FERRARE. 

Mon  cousin,  le  singulier  zelle  et  affection 
que  j'ai  toujours  eu  à  l'administration  de  jus- 
tice el  principalement  aux  estrangiers  travaillez 

en  procès,  nie  faictvous  recommander  Alfoncc 
Loppez  Gaillo,  lequel,  ainsi  qu'il  m'a  este'  re- 
montré de  sa  part,  ayant  cerche'  par  voye 
amyable  tous  les  moyens  possibles  de  se  faire 
paier  de  certaine  somme  de  deniers  que  les 
hérétiques  portugois  demeurant  à  Ferrare  luy 
doivent  longtemps,  n'eu  a  touttefois  ancores 
peu  avoir  aucune  raison;  au  moyen  de  quoy  il 
a  esté  contrainct  les  l'aire  appeler  el  pour- 
suivre en  justice,  qui  est  ung  chemyn  qui 
peult  prendre  long  traict  et  en  ce  faisant  luy 
apporter  grand  perte  et  domaige  pour  l'esloi- 
gnement  qu'il  faict  de  sa  maison.  A  ceste 
cause,  mon  cousin,  je  vous  ay  bien  voulu  es- 
cripre  la  présente  en  faveur  dudit  Alfonce, 
vous  priant  ordonner  à  voz  ministres  de  la 
dicte  justice  de  vacquer  et  entendre  à  la  vui- 
dange  et  décision  de  son  dict  procès  el  diffé- 
rent en  la  meilleure  et  plus  prompte  expédi- 
tion que  faire  ce  pourra  ;  ayant  le  droict  et 
equicté  de  sa  cause  en  justice  pour  recom- 
mandé, et  oultre  ce  que  vous  ferez  œuvre 
digne  du  lieu  que  vous  tenez,  dont  icel- 
luv  Alfonce  vous  demeurera  perpétuellement 
obligé,  j'estimeray  à  très  grand  plaisir  le  bien 
et  faveur  qu'il  recevra  de  vous  en  cest  eudroict 
attouchant  comme  de  faict  à  aucun  de  mes  ser- 
viteurs, priant  sur  celé  Créateur  qu'il  vous  ait, 
mon  cousin,  en  sa  très  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  S'-Gerinain-en-Laye,  ce  xvine  jour 
d'aoust  1 56 1 . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1561.  —  18  août. 

Minute.  Bibi.  nat    l'omis  français ,  n°  15875,  f"  i5t. 

A  MONSIEUR 

LE   CARDINAL   DE    LA   ROI  RDA1SIKRE  '. 

Monsieur  le  cardinal  ,  vous  m'avez  faict 
grand  plaisir  de  m' envoyer  la  lectrc  de  l'éves- 
que  de  Cornoaille2,  par  laquelle  j'ay  congneu 
les  bons  offices  qu'il  souloyt  faire,  et  ne  m'es- 
babis  point  si  beaucoup  de  choses  ont  esté 
descouvertes,  pendant  <[u'il  a  esté  par  delà,  puis- 
qu'estant  icy  il  en  faisoit  si  bon  marché.  Il  en 
a  desjà  esté  en  partie  chastyé;  mais  il  n'est  pas. 
encores  comme  il  en  demeurera;  ce  qui  me 
reste  à  vous  dire  est  que  je  vous  prie  en  ce 
qu'aura  affaire  le  sr  d'Escars  pour  l'effet  pour 
lequel  il  est  présentement  envoyé  par  mou 
frère  le  roi  de  Navarre ,  de  luy  faire  toute 
l'ayde  et  faveur  el  secours  que  vous  pourez, 
qui  sera  chose  que  auray  fort  agréable;  en 
quoy  m'asseuranl  que  ne  ferez  faulle,  je  prie 
Dieu,  monsieur  le  cardinal,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,   le  [xviir3]  jour 

d'aoust  1 56 1 . 

Caterine. 


1561.  —  18  août. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15875,  f°  1*8. 

A  MONSIEUR  DE  L'ISLE. 

Mous,  de  L'Isle,  vous  m'ayez  faict  fort  grand 
plaisir  d'ainsi  particullièremenl  nous  escripre 
de  toutes  choses  qui  se  présentent  au  lieu  où 
vous  estes,  comme  vous  ferez  encores  plus  de 

1  Philibert  Baljon  ,  cite  plus  liant. 

2  Louis  Simoneta,  Milanais,  administrateur  de  l'évê- 
ché  de  Cornouaille,  évêque  de  Pesaro,  cardinal  en  i56i, 
mort  en  i568.  Il  vint  en  France  en  octobre  i56o.  — 
Voy.  Henry  et  Loriqnel,  Correspondance  de  Babou  de  la 
Bourdaiiière;  lteims,  i55q,  p.  hh. 

'J9- 


228 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICtS. 


continuer;  surquoy  le  Roy  monsieur  mon  filz 
vous  faict  bien  ample  responce1.  Il  ne  me  res- 
tera  donc  à  vous  dire  aultre  chose  que  de 
vous  recommander  tousjours  le  laid  d'Annibal 
Ruccelai 2  et  prier  de  ne  laisser  passer  occa- 
sion de  le  ramentevoir  à  nostre  Sainct  Père. 
De  deçà,  si  le  Nunce3  m'en  parle,  je  luy  feray 
bien  congnoistre  combien  j'auray  agre'able  de 
me  veoir  en  cela  gratiflîe'e  de  nostre  S1  Père, 
comme  je  seray  semblablement  de  la  promo- 
tion des  archevesques  Ursin  *  et  celuy  de  Thu- 
rin,  pour  qui  je  vous  ay  escript  par  ci-devant. 
Quant  à  ce  que  m'avez  mandé  de  l'advis  que 
le  Nunce  a  donné  par  delà  de  ce  qui  c'est  l'aict 
en  la  court  de  Parlement  et  que  particullière- 
ment  il  a  touché  l'oppinion  de  vostre  père,  j'ay 
faict  remonstrer  au  dict  Nunce  combien  en 
cela  il  se  faisoit  de  tort,  qu'il  nye  le  plus  du 
inonde  ;  comme  je  m'asseure  qu'il  ne  l'ad- 
vouera  jamais,  vous  y  aurez  l'œil  ouvert  pour 
entendre  ce  qu'on  leur  mande,  affin  de  faire 
bien  cognoistre  à  Sa  Saincteté  que  nous  ne 
sommes  pas  tant  perdu  comme  ilz  nous  croient, 
et  qu'il  ne  l'ault  pas  croyre  tout  ce  qu'on  leur 

1  Voy.  cette  lettre  de  Charles  IX  (même  volume, 
[°  i  '19), il  lui  recommande  d'intéresser  le  Pape  à  la  resti- 
tution du  royaume  de  Navarre,  cpour  ce  qu'estant  père 
commun  sans  passion,  ny  respect  d'aucun  intérêt  par- 
ticulier, ses  raisons  et  remontrances  en  seront  d'aultant 
mieulx  pesées  et  auront  plus  de  force  et  de  vertu.  11 
voudrait  que  le  Pape  voulût  bien  envoyer  en  Espagne 
quelque  personnage  d'auprès  de  lui  et  de  qualité,  afin  de 
rendre  le  Roi  catholique  plus  fa\orable. 

'  Il  fut  d'abord  secrétaire  du  cardinal  Caraffa  ;  à  la  mort 
du  pape  Paul  IV,  il  vint  en  France  où  il  remplit  des  mis- 
sions importantes,  et  plus  tard  fut  nommé  évèque  de 
Carcassonne;  rentré  au  service  du  pape  Clément  VIII  et 
sur  le  point  de  devenir  cardinal,  il  mourut  au  mois  d'a- 
\ril  1601.  — Voy.  Passerini,  Genealogia  délia  fanuglia 
Rucellai,  Firenze,  1861,  p.  110. 
Prosper  de  Sainte-Croix. 

4  François  des  Ursins,  archevêque  de  Cosenza  ,  qui  fut 
légat  en  France. 


escript,  mais  adjouster  principallement  foy  à 
ce  que  vous  leur  en  direz.  Je  ne  sçay  plus  que 
vous  dire,  sinon  que  je  vous  prie  faire  pour 
le  roy  de  Navarre  mon  frère  tout  ce  que  vous 
pourrez  et  assister  au  sieur  d'Escars  de  toute 
l'avde,  faveur  et  conseil  que  vous  lui  sçaurez 
donner,  affin  que,  s'il  est  possible,  il  obtienne 
de  nostre  Sainct  Père  ce  qu'il  demande.  Quant 
à  vostre  affaire,  dont  vous  m'escripvez,  asseu- 
rez-vous  que  je  y  feray  tout  ce  qui  sera  pos- 
sible pour  vous  bien  traicter  et  donner  couraige 
de  bien  servir,  comme  je  sçay  que  vous  en  avez 
la  volunlé.  Et  pour  la  fin  je  vous  prieray  re- 
mercier très  affectueusement  de  ma  part  Sa 
Saincteté  de  la  grâce  qu'elle  a  faicte  en  ma  fa- 
veur à  monsr  de  Puy  ',  dont  je  me  sens  bien  fort 
tenue  à  luy  reconuoistre,  quand  en  quelque 
chose  il  me  voudra  employer,  priant  Dieu, 
monsr  de  L'Isle,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  (18e)  jour  de 
aoust  i56i. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  M.  de  L'Isle,  ce  xviii' 
jour  d'août. 

ClTERlNE, 


1561. 


s3  août. 


Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  ciuts  Colbert,  n°  390,  f0'  63  et  suiv.  Imprime 
dans  les  Mémoires  de  Castclnaut  additions  de  Le  Laboureur.  I.  1  . 
p.  377. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  voz  lettres  des  \\. 
xxii  et  xxixr  juillet  m'ont  esté  rendues  quasi  en 
mesmes  temps,  par  où  j'aysceu  les  propoz  que 
vous  a  tenuz  l'Empereur  des  advis  qu'il  a  de 
ce  qui  se  remue  par  deçà  au  faict  de  la  relli- 
gion;  de  quoy  encores  il  m'a  escript  du  xvedu 
dict  moys,  par  une  lettre  que  m'en  a  baillé 
l'ambassadeur   Chantonné   qui   est  icy  :  qui 

1  Martin  de  Beaune,  évèque  du  Puy. 


LETTRES  DE  CATH 

sont  plaines  de  la  craincte  qu'il  dict  avoir,  que 
rassemblée  des  prélatz,  qui  est.  dn  présent  à 
Poissy,  ne  soit  pour  faire  quelque  préjudice 
au   concilie  général,   el   pour  innover  chose 
qui  pourroyt  invertir  ou  altérer  aucunement 
le  train  el  cours  d'icelluy.  Sur  quoy  je  luy  ay 
l'a  ici  responce  par  le  mesmes  ambassadeur,  et 
adverty,  comme  vous  luy  pourrez  encores  dire, 
que  ladicte  assemblée  n'est  que  pour  myeulx 
préparer  les  dicts  prélatz  au  dit  concilie,  aflSn 
que    par   une    généralle    communication   ilz 
puissent  faire  élection  de  ceulx  d'entre  eulx 
qui  seront  plus  propres  et  dignes  de  s'y  trou- 
ver, que  bien  pourroyent-ilz,  eulx  qui  veoyent 
le  mal  que  nous  sentons  de  ces  divisions  et 
troubles  dont  ce  royaume  est  afligé,  adviser  si 
cependant  il  y  auroit  moyen  d'y  donner  quel- 
que allégement,  actendant  le  dict  concilie,  et 
tout  soubz  l'auctorité  de  nostre  très-Sainct  Père 
le  pappe ,  qui  n'est  pas  chose  qui  doyve  ame- 
ner  soubzpeçon    d'aucune   innovation;    maiz 
ceulx  qui  sont  extresmemenl  malades  sont  ex- 
cusez d'applicquer  toutes  herbes  à  la  doulleur 
pour  l'appaiser,  quant  elle  est  comme  impor- 
table, actendant  le  bon  médecin,  que  j'estime 
devoir  estre  ung  bon  concilie  pour  une  si  fu- 
rieuse et  dangereuse  malladye,  dont  ceulx  qui 
la  sentent  peuvent  parler  plus  hardyment,  et 
y  sont  les  plus  empeschez.  Je  sçay  bien  dont 
luy  viennent  télz  advis  ',  aussi  luy  touchay-je 
ung  mot  par  ma  lettre  de  croyrè  aux  effeclz 
et  non  aux  propoz  de  ceulx  qui  ne  veoyent  et 
ne  congnoissent  bien  souvent  que  la  superfi- 
cie des  affaires,  encores  qu'il/,  lacent  bien  les 
empeschez;  à  quoy  ils  n'ont  pas  faillie  de  gens 
qui  les  poussent,  car  estant  la  division  en  ce 
royaulme  telle  que  vous  la  sçavez,  il   ne  faut 
pas  doubler  qu'il  n'y  ayt  des  cerveaulx  bien  bi- 
garrez, et  qui  seroient  bien  ayses  d'y  veoir  pis 

1  Elle  désigne  le  nonce  Chantonnay. 


ERINE  DE  MEDIAS.  229 

qu'il  n'y  a,  Dieu  mercy.  \u  demourant,  j'ay 
entendu  les  nouvelles  que  vous  m'escripvez  des 
affaires  de  delà,  e1  de  la  disposition  de  l'Em- 
pereur, sembiablement  comme  les  choses  de 
Hongrye  se  manyent,  et  ne  sçauroys  avoir 
plus  de  plaisir  que  de  veoir  que  tout  luy  suc- 
cedde  ainsy  qu'il  désire,  et  que  vous  conlinuez 
à  me  tenir  ordinairement  advertye  de  ce  que 
vous  apprendrez.  Quant  à  ce  qui  vous  est  deu. 
j'ay  commandé  qu'il  vous  y  soit  satisffaict.  el 
suis  bien  marrye  que  plus  tost  il  n'y  a  eu 
moyen  de  le  faire,  pryant  Dieu,  monsieur  de 
Rennes,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxnie  jour 

d'aoust  1 5  G  î . 

Caterine. 

J'oublyois  à  vous  dire  que  je  suis  priée  par 
aucuns  cappitaines,  serviteurs  du  Roy  mon 
filz,  faire  instance  envers  l'Empereur  pour  ung 
pauvre  prisonnier,  selon  ung  mémoire  cy-en- 
cloz,  ce  que  je  vous  prie  faire  de  ma  part  autant 
que  vous  verrez  luy  povoir  ayder. 

De  l'Aubespine. 


1561.  —  aâ  août. 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  f°  21. 
A  MON  COCSIN 

MONSIEUR  DE  RORD1LLON, 

LIEUTENANT  GÉNÉRAL  DD  LOT  MONSIEUR  MON  FILS  EN  P1EDM0NT. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vos  deux  lettres  et 
avecques  la  dernière  les  pappiersque  vous  m'a- 
vez envoyez,  où  j'ay  veu  plusieurs  choses  de  ce 
que  je  demandoys  et  m'a  suffît  d'avoir  rompu 
ce  coup  là1,  qu'il  faudra  excuser,  s'il  en  vient 

1  Elle  fait  allusion  à  un  courrier  arrêté  par  son  ordre 
el  gardé  qualre  jours  à  Turin.  —  Dans  une  lettre  à  M.  de 
Bordillon,  L'Aubespine  lui  mande  qu'il  ne  doit  montrer 
à  qui  que  ce  soit  la  dépêche  qui  lui  a  été  faite  par  l'avis 
de  la  Reine  et  du  roi  de  Navarre,  et  il  ajoute  :  «que  les 


230 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


plaiucte,  comme  je  m'en  asseure,  ainsi  que  je 
vous  ay  eseript.  Présentement  je  vous  les  ren- 
voyé pour  les  faire  bailler  et  rendre  à  ceulx 
qui  en  esloient  porteurs,  et  vous  en  descharge 
ainsi  que  vous  verrez  qu'il  sera  à  propos,  vous 
estimant  si  saige  et  si  advise'  que  vous  sortiriez 
bien  d'un  plus  fascheux  passage,  me  conten- 
tant décela,  sans  que  pour  l'advenir  vous  en 
laciez  plus  prendre,  ne  arresler  d'autres,  pour 
éviter  toute  occasion  de  plaincte,  vous  advi- 
sant  que  ne  suys  pas  à  ceste  beure  à  con- 
gnoistre  quelle  affection  vous  me  portez  et  au 
bien  des  affaires  et  du  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  aussi  vous  liens-je  au  rang  de 
ceulx  desquelz  j'ay  plus  de  fiance,  comme  je 
vous  feray  tousjours  congnoistre,  quant  l'oc- 
casion s'en  présentera;  priant  Dieu,  mon  cou- 
sin ,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Eseript  à  S'-Germaiu-en-Laye,  le  xxvcjour 

d'aoust  1 56 1 . 

Catërine. 
De  l'Albespine. 


1561.  —  26  août. 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg ,  vol.  18,  V  22. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  BORDILLON, 

LIEUTENANT   CÉnÉRAL  DU   ROT  MONSIEUR    MON    FILZ    EN    PIEDMONT. 

Mon  cousin,  par  la  lettre  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  eseript,  vous  entendrez 
l'ordre  qui  a  esté  donné  pour  le  payement 
d'un  moys  de  noz  soldatz  et  pour  les  vivres  des 
places  et,  par  ce  que  le  sr  d'Escars  vous  dira, 
vous  sçaurez  si  amplement  de  mes  nouvelles 
que  je  ne  m'estendray  à  vous  en  dire  davan- 
tage, si  n'est  pour  vous  asseurer  qu'il  ne  se 
peult  pour  ceste  heure  faire  mieulx  et  qu'in- 

lettres  et  paquets  éloient  parvenus  es  mains  de  la  Reine 
et  du  chancelier,  où  ils  ont  trouvé  partie  de  ce  qu'ils  dé- 
rir oient,  lesquels  on  les  lui  renvoie;  on  ne  soucie  plus  de 
voir  les  paquets,  il  ne  les  arrêtera  plus.n  (Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  i55/J2,  f'  35.) 


continent  que  nous  aurons  la  meilleure  com- 
modité, comme  nous  espérons, nous  donnerons 
si  bon  ordre  pour  les  choses  de  delà  que  vous 
ne  serez  plus  en  ceste  nécessité;  cependant  je 
prieray  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  eu  sa 
saincte  et  digne  garde. 

De  Sainl-Germain-en-Laye,  le  xxvie  jour 
d'aoust  1 56 1 . 

Catërine. 
robertet. 


1561.  —  29  août. 

Orig.  Bibi.  imp.  de  Saint-Pé'tersbourg,  vol.  18,  f°  a3. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  BORDILLON, 

LIEUTENANT  CENERAL  DU  BOT  MONSIEUR  MON  FILZ  EN  PIEDUONT. 

Mon  cousin,  vous  entendrez  par  la  lettre 
que  le  Rov  monsieur  mon  filz  vous  eseript  la 
plaincte  que  le  nonce  de  Nostre  Sainct-Père 
et  l'ambassadeur  du  roy  d'Espagne  mon  bon 
filz  m'ont  faict  faire  d'ung  courrier  qu'ilz 
disent  que  vous  leur  avez  faict  arresler,  ayant 
ouvert  ses  lettres  et  pacquetz  l;  sur  quoy  dési- 
rant sçavoir  ce  qui  en  est  et  leur  faire  con- 
gnoistre qu'ilz  ont  esté  mal  informez  en  test 

1  Une  leltre  de  L'Aubespine  à  M.  de  Bordillon  nous 
donne  l'explication  de  cette  contradiction  entre  la  lettre 
de  la  Reine  du  25  août  et  celle  du  29;  il  lui  parle 
d'abord  de  l'alarme  nouvellement  survenue  au  Roi  par  la 
plainte  des  ambassadeurs  de  ce  qu'on  a  arrêté  les  paquets 
en  Piémont  :  "C'est  pourquoy,  ajoute-t-il,  il  faut  qu'il 
trouve  des  raisons  pertinentes  pour  montrer  ce  qui  l'a 
obligé  à  cela,  car  ils  disent  que  ce  courrier  a  esté  arrête 
par  commandement  des  officiers  du  Roi,  de  quoi  il  se 
justifiera  par  lettres  bien  et  clair  qu'on  pouira  montrer  et 
lire  devant  tout  le  monde.  »  r  II  est  assez  advisé  pour  en  sor- 
tir et  donner  la  couleur  que  l'on  désire. n  (Bibl.  nal. 
fonds  franc,  n    1.J.V12 ,  f°  36.) 

Dans  une  lettre  qui  accompagne  celle  de  Catherine, 
Charles  IX  se  borne  à  dire  :  c  Qu'il  veut  estre  éclairci  de  ce 
que  l'on  a  gardé  le  courrier  quatre  jours  à  Turin  et  que 
le  Pape  et  l'ambassadeur  d'Espagne  s'en  plaignent?)  ;  mais . 
dans  une  leltre  à  son  ambassadeur  à  Rome,  M.  de  L'Isle. 
revenant  sur  ce  fait  du  courrier  arrêté,  il  lui  dit  :  rQuanl 
à  ce  que  Nostre  Sainct-Père  s'est  plainct  à   nous  en  si 


LETTRES  DE  CATH 

endroict,  nous  avons  bien  voullu  incontinent 
vous  faire  ceste  dépesclie  pour  vous  pryer, 
mon  cousin,  de  nous  mander  au  vray  ce  qui 
en  est,  afin  de  les  osier  de  i'oppinion  où  il/. 
sont  que  Ton  leur  ayl  voullu  faire  telle  chose; 
de  ijuoy,  jusques  à  ce  que  nous  ayons  eu  nou- 
velles de  vous,  nous  ne  leur  sçaurions  res- 
pondre;  qui  me  faict  vous  prier  de  y  user  de 
dilligence,  priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il 
vous  aict  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  S'-Germain-en-Laye,  lexxix'jour 

d'aoust  1  56 1 . 

Catgrine. 

RûBERTET. 

1561.  —  39  août. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colberl ,  n°  390,  f°  67. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSEILLEE  ,  MA1STRB  DES  REQUESTËS  DE  U'BOSTEL  DU  ROI 
MONSIEUR   MON    FILZ    ET    SON    AMBASSADEUR    PRÈS    L'EMPEREUR. 

Monsr  de  Renés,  par  vostre  dépesclie  du 
vm°  de  ce  moys,  que  je  viens  de  recevoir  tout 
présentement ,  j'ay  bien  au  long  entendu  ce 
que  me  faictes  sçavoir  de  la  jalousie  que  l'on 
a  conceue  au  lieu  où  vous  estes  de  l'assemblée 
(jui  se  debvoit  faire  aux  nopces  du  prince 
d'Orenge1,  des  troys  ellecteurs  séculiers  de 
l'Empire  et  de  ce  que  le  roy  de  Dannemarcq 
s'y  debvoyt  trouver  '2,  pour  l'opinion  que  l'on 

grande  aigreur  et'coilère  de  l'arresl  de  ces  courriers, 
c'est  chose  que  vous  lui  pouvez  tesmoigner  m'avoir  aultaut 
despieu  qu'à  luy,  et  que  vous  lui  assurerez  avoir  été 
faicte  et  exécutée  par  le  sr  de  Bordillon,  mon  lieutenant 
général  en  Picdmont,  de  sa  seulle  autorité  et  sans  aucun 
commandement  qu'il  eust  denioi,ny  de  la  Reyne  Ma- 
dame et  Mère,  comme  il  se  peult  veoir  par  la  lectre  que 
ledict  s'  de  Bordillon  vous  escrit,  rendent  tesmoignage 
de  l'occasion  pour  laquelle  il  l'a  faict,  de  laquelle  je  vous 
envoie  un  double  pour  la  monstrer  à  mon  dict'Sainct- 
Père.  1  (Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  17998,  f°  10.) 

1  Guillaume,  prince  d'Orange,  fils  de  Guillaume  de 
Nassau.  Ses  noces  avec  Anne  de  Saxe  furent  célébrées 
avec  beaucoup  de  magnificence  à  Leipzig,  le -j  5  août  1061. 

-  Frédéric  II,  né  en  i53û,  mort  le  '1  avril  1 588.  Il 


ERINE  DE  MÉD1CIS.  231 

a  que  aspirant  à  l'empire,  il  pourroyl  par  le 

moyeu  de  la  susdide  assemblée  et  de  sa  pré- 
sence avancer  el  promouvoir  cest  affaire  et  en 
faire  mectre  les  fers  au  l'eu  bien  avant,  de 
façon  que  vous  doublez  que  sur  l'impression 
de  ceste  praticque  l'on  vueille  mectre  l'Empe- 
reur et  le  roy  de  Bohême  eu  la  défiance  des- 
dits   ellecteurs  séculiers,  et  de    la   jalouzie 
qu'ilz   en  pourraient  prendre,  l'on  feusl   an 
dangier  d'en  voir  advenir  ce  que  vous  discou- 
rez  bien    saigement   par  vostre  dicte    lettre; 
dont  il  est  besoing,  sur  tout  le  service  que 
vous  désirez  faire  au  Roy  monsieur  mon  fdz, 
que  vous  mectiez  peine  de  vous  esclaircir  et 
clariflier  le  plus  véritablement  qu'il  vous  sera 
possible  pour  m'advertir  ordinairement  de  ce 
que  vous  pourrez  descouvrir,  comme  je  tra- 
vailleray   de   ma    part  d'en    sçavoir  quelque 
chose   par    le  moyen  de   l'ambassadeur   que 
nous  tenons  auprès  du  dit  roy  de  Dannemarcq 
auquel  j'en  faictz  une  bien  ample  dépesche, 
affin  que  sur  les  advertissemens  qu'il  nous  en 
donnera,  que  je  vous   feray  sçavoir  inconti- 
nent,  et  sur  les  vostres,  vous  puissiez  plus 
aysément  tirer  la  vérité  de  ce  qui  en  sera.  Il 
est  vray  que,  si  leur  opinion  n'estoyt  principal- 
lement  fondée  que  sur  le  voyage  du  dict  roy 
de  Dannemarcq,  ilz  auront  eu  de  faict  grande 
occasion  de   la  diminuer,  d'aultant   que  le- 
dict ambassadeur  m'a  mandé  par  une  sienne 
dépesclie  du  xvie  juillet,  que  s'estant  ledict 
roy  du  tout  résolu  de  partir  pour  se  trouver 
aux  nopces  du  dict  prince  d'Orenge,  jusques 
à  avoir  faict  publier  le  jour  de  son  parlement, 
et  mandé  au  dict  ambassadeur  qu'il  se  prépa- 
rast  pour  Facompaigner  en  son  voyaige,  il 
avoit  si  soudainement  changé  son  entreprise  el 
rompu  le  dicl  voyaige  que  c'estoit  chose  as- 

n'ussista  pas  aux  noces  du  prince  d'Orange.  —  Voy.  Ar- 
chivetdela  maison  d'Orange;  Leyde,  1835,  1"  série,!.  I. 
page  G8. 


232 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


seurée qu'il  ne  le  feroit  poinct;ilzont  dict  que 
c'estoit  à  la  persuasion  des  conseillers  de  son 
royauline,  qui  ne  l'avoient  jamais  trouvé  bon. 
Toutesffoys,  ledict  ambassadeur  qui  n'en  avoit 
encores  peu  descouvrir  aultre  chose,  ne  pou- 
voit  crovre  qu'il  n'y  feust  survenu  quelque 
nouvelle  occasion,  m'escripvant  au  demeurant 
que  la  royne  de  Dannemarch1,  qui  estoit  allée 
expressément  en  Saxe  pour  traicter  le  ma- 
riaige  d'entre  le  dict  Roy  son  filz  et  Tune  des 
tilles  de  l'Empereur,  estoit  retournée  sans 
riens  faire,  et  que,  à  ceste  heure,  l'on  com- 
mençoyt  à  parler  de  la  fille2  de  l'électeur  de 
Brandebourg3,  qui  est  le  sommaire  des  advis 
que  le  dict  ambassadeur  nous  a  donnez  des 
affaires  du  dict  roy  de  Dannemarch,  par  la 
comférence  desquelz  avec  ce  que  vous  appren- 
drés  de  jour  en  jour  au  lieu  où  vous  estes, 
vous  jugerez  quelle  apparence  il  peult  avoir 
en  ce  dont  vous  avez  escript  pour  vous  en 
esclercir  et  nous  tenir  continuellement  adver- 
tys  de  que  verrez  qui  le  méritera;  et  si  la 
diette  impérialle  tire  oultre,  je  seray  bien  ayse 
de  sçavoir  en  quel  temps  elle  se  pourra  tenir; 
priant  Dieu,  monsieur  de  Renés,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Sl-Germain-en-Laye,  le  xxixc  jour 
de  aoust  1 5G 1 . 

Caterine. 


(1561.  — Fin  aoûl.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  la  peur  que  je  ay  que  Madame", 

'  Dorothée  de  Saxe,  morte  en  1571. 

-  Sophie  de  Brandebourg,  qui  épousa  Guillaume  de 
Rosenberg. 

;  Joachim  II,  né  le  9  janvier  i5o5,  mort  le  3  jan- 
vier 1071. 

4  La  duchesse  de  Savoie. 


sache  la  perte  qu'elle  ay  moy  avons  fayste 
de  une  si  bonne  parante  et  que  nous  aymions 
toutte  deus  come  nous  mesmes  que  madame  de 
Monpansier  l,  m'a  fayst  vous  ayscripre  la  pré- 
sante,  de  craynte  que,  set  le  Iiset,  que  s'an 
saule,  et  s'el  éloyt  grose2,  sou  enfent  en  valeul 
pis;  qui  me  fayst  vous  prier  de  reguarder  la 
fason  content  y  vous  sembleré  le  myeulx  pour 
luy  dire  et  ne  luy  baller  ma  letre  que  premiè- 
rement ni  ayés  avisés  et  veu  sete  ysi;  car, 
heultre  le  regret  que  je  ay  de  sa  mort,  j'é  si 
grant  peur  que  s'an  trove  mal,  le  sachant,  que 
sela  nie  redouble  mon  ennuy,  et  se  n'etoyt 
l'aseurense  que  je  ay  que  y  fayrés  selon  que  je 
say  que  l'aymés  et  avé  chère  sa  santé,  je  an 
serès  en  heune  aystrème  pouyne  pour  ne 
povoyr  aystre  auprès  d'elle;  et  pour  sete  auca- 
sion  je  vous  envoy  set  pourteur,  afin  que  par 
luy  je  sache  à  la  vérité  et  incontinent  cornent 
ayle  s'an  porteré;  car,  après  tent  d'annuys,  set 
Dyeu  me  forteunet  tent  qu'el  eut  mal,  je  ne 
say  cornent  je  lay3  sarès  porter,  qui  me  fayst 
vous  prier  que,  après  tout  set  que  luy  saré 
très  byen  dyre,  la  suplyer  de  par  moy  que, 
set  l'ayme  ma  vye  et  veolle  me  la  conserver, 
qu'ele  guarde  sa  santé,  laquele  je  suplye  Dyeu 
luy  guarder  et  à  vous  ausi,  ausi  longuement 
que  tel  tous  deus  la  désiré. 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 

1  Jacqueline  de  Longwy.  —  Voy.  Davila,  Histoire  des 
guerres  civiles  en  France,  édit.  de  1757,  t.  I,  p.  8i  et  92, 
et  le  président  de  Lapiace ,  Commentaires  de  l'estat  de  la 
religion,  édit.  de  i5(35,  f°  2 3 7. 

2  Dans  la  lettre  du  1 7  août  précédent,  elle  avait  dit  que 
la  duchesse  de  Savoie  avait  senti  bouger  son  enfant.  —  Il  y 
avait  encore  des  doutes  sur  cette  grossesse ,  car,  le  1 3  sep- 
tembre, Marsilio  délia  Croce  écrivait  à  Shers  :  «The 
duchess  of  Savoy  is  undoubtedly  pregnant.n  (Kalendar  0/ 
State papers ,  i56i-i56a,  p.  3o5.) 

3  Lay,  le. 


LETTRES   DE  CATIIE1UNE  DE   MEDICIS. 


23.Î 


(  1 5G  ! .  - —  Commencement  de  septembre  '.  ) 
Aul.  Arcb.  ii.ii.  Coilect,  Siinnncas,  K.   1&961  F*,   ih 

A  M.  MON   FILS  LE  ROY  CATOLYQl  E. 

Monsieur  mon  fils,  depuis  ni  a  lettre  ayscripte, 
mes  cousines  de  Borbon2  el  île  Clermonl3 sonl 
arivées,  léqueles m'ont  tcntdisl  l'honneurqui 
vous  lia  pieu  leur  fayre  tent  à  leur  demeure  que 
au  parlement,  que  je  ne  voleu  fallvr  par  la  pré- 
saule  en  remersicr  \  .  M.  el  ensemble  du  bon 
trélemenl  el  grande  a mytié  que  faystes  et  dé- 
inonstrés  en  l'androyf  de  la  Royne  ma  fille, 
qui  ayl  lyeule,  à  sel  qu'il  m'ont  coule  que.  à 
jeamès,  le  Roy  son  frère  el  moy  nous  en  de- 
morerons  aubligés ,  metenl  pouine  de  vous  fayre 
tourjour  coneslre  en  loulles  aucasions,  corne 
désirons  par  efayst  plul\  (|ue  en  parolle  vous 
randre  le  témoynyage  de  sel  que  en  resantons, 
et  nm\  encore  partycoulièrement  pour  l'hon- 
aeur  que  m'ont  loulle  deus  aseuré  que  me 
faystes  de  \ous  aseurer  de  l'amour  que  je  vous 
porte,  qui  serténement  aysl  lyeule  que  je  ne 
mesl  neule  diféranse  entre  le  lioy  voslre  frère 
el  \ous,  désirant  à  tou  deus  aultent  de  heur 
et  de  contentement  que  mère  peull  jeamès  dé- 
sirer lia  anfans,  el  pour  sel  ayfayst  n'épargneré 
jeamès  ny  vy.e  ny  byens  et  pour  vous  enler- 
lenir  en  l'amytyé  en  quoy  vous  avtes. 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 
Caterine. 

1   Reçue  le  1 3  septembre. 

-  Anne  de  Bourbon,  fiancée  au  conile  d'Eu,  Elle  de 
Louis  de  Bourbon,  duc  de  Monlpensier  el  de  Jacqueline 
de  Longwy. 

;  Louise  de  Bretagne,  mariée  à  Gui,  baron  ie  Cas- 
telnau  el  dé  Clermont-Lodève.  —  Voyez  ses  lettres  à 
Catherine  de  Médias,  dans  les  \ég  cialion»  sotls  Fran- 
eoii  11. 


M  DE  Mkdici 


I5G1.  —  2  septembre. 
Minute.  Bibt,  nat.  fonds  français,  n:  15879,  f1  20G. 

A  MONSIEUR  LE  PRÉSIDENT 

DD  SIÈGE  PRÉSIDIAL  DE  POITIERS  '. 

Monsieur  le  président ,  j'ay  veu  ce  que  vous 
m'avez  escript  pour  la  difficulté,  en  quoy  \011s 
vous  trouvez,  de  la  façon  dont  vous  aurez  à 
vous  gouverner  pour  la  publication  du  dernier 
Edict2,  que  j'ay  trouvé  fonde  sur  grande  et 
apparente  raison,  comme  très  saigemenl  vous 
me  la  déduysez,  el  pour  ce  je  n'ay  voulu  plus 
longuement  différer  de  vous  mander  en  cela 
ma  résolution,  qui  est  de  chercher  par  tous 
les  moyens  possibles  de  garder  l'authorité  du 
Roy  monsieur  mon  lilz  en  loul  et  partout  el 
contenir  le  peuple  en  paix,  unyon  cl  concorde, 
sans  leur  donner  occasion  de  s'esmouvoir  ou 
altérer  aucunement.  El  pource  qu'il  esl  à 
craindre,  par  les  remonstrances  qui  vous  onl 
esté  l'aides3,  que  cesle  publication  n'apporte 
le  contraire  de  ce  que  nous  voulons  el  au  lieu 
du  repoz  engendre  plus  d'aigreur  et  de  divi- 
sions, il  n'est'à  propoz  qu'elle  se  lace;  en 
quoy  \ous  les  pourez  contenter,  qui  leur  déli- 
vra estre  une  juste  occasion  de  se  contenir, 
sans  faire  scandalle  ny  sédition ,  et  affin  aussv 
que  les  aullres  ne  se  puissent  plaindre  et  dé- 

1  François  Aubert,  sieur  d'Aventon;  il  fut  le  premiei 
en  titre  des  présidents  au  présidial  (la  charge  avant  été 
1  ' par  édil  de  juin  1  .">.">-):  antérieurement  il  était  con- 
seiller au  Parlement  de  Paris,  et  devint  maire  de  Poifiei  - 
en  t564. 

-  L'Édit  de  juillet. 

3  Voy.  une  lettre  du  président  du  présidial  de  Poitiers 
à  Catherine  de  Médias  en  date  du  i3  août  îôtii  :  Le 
ministre  de  l'église  réformée  lui  a  déclaré  que  :  -les 
Gdelles  se  mesconlenleroynl  fort  du  contenu  en  l'Edict: 
qu'ilz  n'entendoienl  le  garder  el  entretenir  et  me  admo- 
qi  -li.il  sur  toute  chose  de  ne  le  faire  publier,  autrement 
il  ne  pourroit  empesi-her  les  lidelles  de  faire  nne  sédition 
et  folle  entreprinsecommegensdesesperez.il  (Bibl.  n;H 
fonds  franc,  n"   1 .") 8 7 5 ,  I*  îa'i.  1 


nh 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


sespérer,  pour  les  contenter,  vous  ferez  seul- 
ement lire  le  dict  Edict  au  siège  sans  en  faire 
la  publication  à  son  de  trompe,  comme  il  est 
acoustumé,  et  ne  vous  mectez  en  nulle  peyne 
d'en  requérir  l'observation  si  exacte,  puysque, 
comme  me  mandez,  vous  voyez  bien  qu'il  n'y 
a  moyen  de  le  faire  observer,  qui  u'auroit  de 
grandes  forces.  Bien  \ous  prieray-je  de  faire 
tout  ce  que  vous  pouvez  pour  maintenir  entre 
euh  le  plus  qu'il  sera  possible  de  union  et 
bonne  intelligence;  en  quoy  il  me  semble  que 
la  prudence  des  juges  et  officiers  peult  beau- 
coup servir.  El  je  prie  Dieu,  monsieur  le  pré- 
sident, vous  avoyr  en  sa  saincle  et  digne  garde. 
De  Sainct-Gerniain-en-Laye,  le  (9e)  jour 
de  septembre  1  56 1. 


15G1.  —  8  septembre. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  nJ  i85aS,  P  27. 

>  M.  LE  PRÉVOST  DES  MARCHANS 

DE  PARIS  '. 

Monsieur  le  prévost,  vous  sçavez  comme  la 
résolution  avoit  este'  prise  de  faire  la  nouvelle 
et  joyeuse  entrée  du  Roy  monsieur  mon  fils, 
en  sa  ville  de  Paris,  le  quiuziesme jour  du  mois 
de  janvier  prochain,  et  pour  ce  qu'il  a  esle'ad- 
visé  pour  la  commodité  et  incertitude  du  temps 
qu'il  faict  ordinairement  en  telle  saison  et 
pour  certains  aultres  bons  respects  et  considé- 
rations, qu'il  vault  mieux  remettre  la  dicte 
entrée  jusques  au  jour  de  Quasimodo  qui  sera 
le  huictiesme  jour  après  la  prochaine  feste  de 
Casques2,  j'ay  bien  voulu  vous  en  advertir  dès 
à  présent,  afin  que,  le  sachant  d'heure,  vous 

1  Guillaume  de  Marte,  s' de  Versigny. 

2  Voici  ce  que  nous  trouvons  sur  cette  entrée  :  «En 
un  lundi  1"  d'apvril ,  le  roi  Charles  IX'  de  ce  nom  lit 
son  entrée  en  armes  à  Paris,  où  il  n'y  eust  que  les  mar- 
chands et  aulcuns  conseillers  de  la  ville  qui  assistèrent.  Le 
Boy  csloit  entre  la  Beine  mère  et  le  roy  de  Navarre.» 
1  Journal  d'un  curé  ligueur,  publié  par  E.  de  Barthélémy. 
Paris,  Didier,  p.  .'17. ) 


ne  vous  hastiez  point  de  faire  les  préparatifs 

nécessaires  pour  la  dicte  entrée  plus  tost  qu'il 
sera  requis  pour  les  avoir  prests  au  temps  que 
dessus.  Priant  Dieu,  monsieur  le  prévost, 
qu'il  vous  donne  ce  que  désirez.  Escript  à 
Sainct-Germain-en-Laye,  le  vin0  septembre 

mil  cinq  cents  soixante-un. 

Catekine. 

BOURDIN. 


1561.  —  8  septembre. 

Cojiii'.  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  a  16,  f°  17a. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  À  PARIS. 

Messieurs,  présentement  vous  sont  envoyez 
les  articles  arrestez  sur  les  cahiers  des  Estalz 
d'Orléans  pour  en  faire  la  publication  et  es- 
mologation  '  ;  à  quoy  je  vous  prye,  suivant  ce 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escril, 
voulloirproceddereu  la  plusbriebve  et  prompte 
expédition  que  faire  ce  pourra,  pour  le  besoin 
que  vous  sçavez  que  nous  en  avons,  et  vous 
luv  ferez  et  à  moy  service  très  agréable;  priant 
Dieu,  messieurs,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Sainct-Germain-en-Laye,  le  vin*  de  sep- 
tembre i56t. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1  .")6I .  —  g  septembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  îôâ&s  ,  f°  Au. 

A  MON  COL'Sl.V 

LE   SIEUR   DE   BORDILLON, 

CHEVALIER    DE   L'OEPRE  DU    ROT   MONSIECR   MON   FILZ, 
ET   SOS  LIEUTENANT  GENERAL  EN   PIEDMONT. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  les  lettres  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  l'an- 

1  Voy.  la  Sommaire  exposition  des  ordonnances  du  roi 
Charles  IX  sur  les  plaintes  des  trois  Estais  de  son  royaume 
tenus  à  Orléans  l'an  MDLX;  par  .loachim  du  Chalard, 
Lyon,  B.  Rigaud,  i5Sa,  in-ia. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   M  El»  ICI  S. 


235 


vvc  qu'il  a  de  sçavoir  el  entendre  ce  que  vous 
avez  peu  descouvrir  par  les  paquetz  par  vous 
arrestez  '  el  quelz  advertissemens  l'on  vous 
avoit  donne/,  qui  peussenl  tant  importer  à  ses 
affaires  et  service,  e!  pour  ce  que  je  m'asseure 
que  vous  ne  fauldrez  de  les  nous  faire  incon- 
tineni  entendre  ri  de  faire  el  exécuter  ce  qu'il 
vous  mande  par  lecontenu  doses  dictes  lettres, 
je  ne  vous  foray  la  présente  plus  longue.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
ci  digne  garde. 

Escriptà  Sainct-Germain-en-Laye,  le  ix"jour 
de  septembre  i  ;>*>  i . 


Caterine. 


PlOUERTET. 


1561.  —  i  h  septembre. 

(  Ui^.  Arrh.  de  Turin. 
A  MESSIEURS 

LES  SEIGNEURS  DE  GÈNES. 

Très  chers  et  bons  amis,  la  présente  ne  sera 
que  pour  accompaigner  celle  que  le  Roy  mon 
très  cher  lil/.  vous  escript  en  faveur  de  notre 
amé  et  féal  le  comte  de  Fiesque,  gentilhomme 
ordinaire  de  sa  chambre,  lequel  pour  l'affec- 
tion que  nous  luy  portons  et  l'envie  que  nous 
avons  qu'il  lui  soit  par  vous  satisfaict  selon  le 
contenu  du  Irailé  de  Pavie2  et  la  promesse  par 
nous  l'aide,  nous  vous  prions  autant  que  nous 
pouvons  l'avoir  pour  recommandé  et  considérer 
que  nous  ne  vous  en  vouldrions  nullement 
presser,  si  nous  ne  cognoissions  pas  eslre  liés 
juste  et  raisonable,  et  pour  cesle  cause  vous 
adviserez  de  lui  administrer  telle  et  si  équi- 
table raison  et  justice  que  nous  ayons  occasion 
d'eu  demeurer  contens  el  salisfaiets;  sur  quoy 

1    II  s'agit  encore  des  paquets  arrêtés  à  Turin  par  ses 
ordres. —  Voy.  la  lettre  de  Charles  IX  (  même  vol.  p.  4  i). 
Snpion  de  Fiesque  avait  été  compris  dans  le  traité 
de  Caleau-Camlirésis. —  Voy.  Dumont,  Corpi  diploma- 
tique, t.  V,  i"  partie,  p.  45. 


vous  asseuranl  tant  de  voslre  amitié  que  rien 
ne  vouldriez  nous  refuser  en  ceste  requeste  el. 
après  nous  estre  remis  sur  le  contenu  de  la 
lettre  du  sieur  Roy  nostre  très  (lier  lil/.,  nous 
prierons  Dieu,  1res  chers  et  bons  amys,  qu'il 
vous  avl  en  sa  très  saincte  et  digne  garde.  Es- 
cript à  Saint-Germain-en-Laye,  le  \°  jour  de 

septembre  i  5(ii . 

Caterine. 


t.'ifi  1 .    —  i o  septembre. 
Copie  Ribl.  liât,  fonds  Dupuv,  n"  aiG.  f"  172., 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENASS  LA  COIlttT  DE  PARLEMENT  \  PARIS. 

Messieurs,  depuis  vous  avoir  envoyé  le  ca- 
hier des  Estai/.  d'Orléans,  il  a  este-  advisé  d'en 
différer  la  publication  jusques  à  vendredy, 
ainsy  que  le  Roy  monsieur  mon  fdz  vous  a  es- 
cript, comme  j'ay  bien  vouleu  faire  de  ma 
part,  el  pryer  d'employer  la  journée  de  de- 
main à  le  veoir,  et  vendredj  v  procedder  se- 
lon son  intention.  Priant  Dieu,  messieurs, 
vous  donner  ce  que  désire/.. 

De  Sàinct-Germain-en-Laye,  le  dixième 
jour  de  septembre  i56i. 


Caterine. 


De  l'Aibespine. 


1561.  —  i5  septembre. 

Orijj.    Vrili.  <lo  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEl  U  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  s'en  retournant  en  Piedmonl 
le  coullonnel  Francisque  Iharamont,  j'ay  bien 
voullu  l'accompaigner de  la  présente  pour  vous 
plier,  mon  frère,  (pie,  sien  quelques  une  de  ses 
a  lia  ires  luy  ou  son  lilz  ont  besoin;;  de  votre  ayde, 
faveur  et  support. vous  leveuillez  faire  pourl'a- 
mour  et  en  faveur  de  moy;  les  ayant  tousjours.  si 
vous  plaist,  pour  recommandez;  en  quoy  faisant, 

30. 


236 


ojiUre  ce  que  nous  les  oûbligerez  grandement 
à  vous  faire  service,  j'esliineray  loul  ce  que 
vous  leur  ferez  en  ma  faveur  comme  s'il  esto.it 
laid  à  moy  mesmes  el  donl  je  seray  lousjours 
preste  de  me  revencher  eu  toules  semblables 
occasions;  el  sur  ce  que  je  prie  Dieu,  mon 
frère,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye ,  le  xv"'° 
jour  de  septembre  i  0C1. 

Votre  bonne  seur, 

CATEBINn. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 

1    le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  la  ré- 
solution que  Ton  a  prinse  sur  vostre  remons- 


1561. —  -i-j  septembre. 

Ong.  Bibl.  nat.  fonds  français,  u"  3o45i,  f°  aGg. 

A  MON  C0US1N 

MONSIEUR  LE  CONTE  DE  BRISSAC ', 

CHEY1LJBB   DE   I.'ORRIIE  PLI  HOV  MONSIEUR  MON  FIL7  , 

CAI'IUTUNE    M    Civil   1NTE    LANCES    DE    SES    OHDONN  ANCES 

ET  COLI.ONtl.  DES  RENDES  FtlANÇOISES. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  bien  ayse  d'entendre 
que  vous  ayez,  suivant  les  lettres  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  a  escriples,  prins  le 
chemin  de  Poyliers  avec  voz  compagnies,  les- 
quelles je  vous  prie  couduire  et  mener  si  seu- 
rement  qu'il  ne  leur  puisse  advenir  aucun 
inconvénient;  cl  pour  ce  que  je  m'asseure  que 
vous  n'y  oblierez  rien  de  vostre  debvoir,  je 
feray  fin.,  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  tenir 
en  sa  saincte  et  digne  garde.  Escript  à  Sainct- 
Maur-des-Fossez,  le  x\vuc  jour  de  septembre 

i56i. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1561.  —  a  octobre. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  i55A9  .  f°  A8. 

\  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  RORDILLON. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  la  lettre  que 

1   Voy.  la  noie  de  la  page  Q.6. 


trance  touchant  le  retranchement  que  l'on 
avoit  ordonné  estre  faict  sur  toutes  les  com- 
paignyes  de  Piémont  pour  en  faire  une  au 
sieur  de  Lyoux  '  pour  la  garde  de  sa  place  de 
Pignerol;  à  quoy  ne  pouvant  aucune  chose 
adjouster,  si  n'est  de  vous  asseurer  qu'il  nous 
est  du  tout  impossible  de  faire  nouvelle  aug- 
mentation de  despence,  et  après  m'estre  remise 
sur  le  contenu  de  la  lettre  du  dict  sieur  Roy 
mon  filz ,  je  prye  Dieu,  mon  cousin  ,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  n"  jour 

d'octobre  i56i. 

Cateiune. 

PlOBEBTET. 


1561.- 


cloln 


Orig.  Brilisti  Muséum,  Original  leltcrs  autl  State  papers. 
Bibl.  Ha  ri.  n3  7016. 

A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR   LE  CO\ESTABLE. 

Mon  compère,  depuis  noslre  parlenienl 
j'ay  eu  infiniz  plainctes  de  eeulx  du  Langue- 
doc de  ce  qu'ilz  ont  enlendu  que  vous  y  en- 
voyez quelque  compagnie  de  gendarmerye, 
dont  ilz  sont  entrez  en  telle  frayeur  qu'il  est 
à  craindre  que  le  désespoir  les  amène  à  faire 
quelque  folye,  et  pour  ce  que  cela  en  ceste 
saison  est  dangereulx  pour  la  division  que 
vous  voyez  partout,  je  vous  en  ay  bien  voulu 
escripre,  vous  priant,  si  jà  vous  avez  mandé 
aux  dictes  compaiguies  de  s'i  acheminer,  de 
les  conlreinander  et  enjoindre  de  ne  bouger 
encor.es  des  lieux  où  elles  estaient  en  garni- 
son, que  nous  ne  voyons  plus  grande  occasion 

1  Joncbim  de  Monluc,  seigneur  de  Leoux  ou  de  Lioux, 
frère  de  Biaise  de  Monluc,  gouverneur  d'Albe  en  1 5 5 3  , 
mort  en  1 5117.  11  y  a  des  lettres  de  lui  dans  le  vol.  453 
du  fonds  Gaignières. 


LETTRES  DE  C  \f!l 

de  ce  faire,  el  suivant  cela  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  a  escripl  à  monsieur  de  Joyeuse  à  ce 
qu'il  ayt  de  son  costé  à  suivre  son  intention  à 
ce  que  les  dictes  compaignies  n'ayenl  à  passer 
plus  avant,  qui  est  lou!  ce  que  je  vous  diray 
pour  ceste  heure,  priant  Dieu,  mon  compère, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  \"  jour  de 
octobre  1 56 1 . 

Vostre  bonne  commère  etamye, 

Caterine. 


1 56 1 .  —  8  octobre. 

Orig.  Record  office,  SUile  papers,  France,  vu!.  XXI. 
A  MONSIEUR 

1/  AMBASSADEUR  D'ANGLETERRE1. 

Monsieur  l'ambassadeur,  je  pense  que  vous 
avez  bien  entendu  comme  incontinent  après 
que  vous  m'eustes  parlé  dernièrement  de  cer- 
tains endroictz  contenus  en  la  préface  faite  au 
livre  du  feu  rov  Henry  d'Angleterre2,  sur 
L'Assertion  de  sept  sarremens  contre  Martin 
Luther3,  j'escripvis  au  séneschal  de  Lyon  '  qu'il 
ordonnast  bien  expressément  à  l'auteur  de  la 

1  Sir  Throckmorton. 

-   Henri  VIII. 

3  Assertio  septem  sacramenlorum  adversus  Martinum 
Lutherum,  aedila  ab  invinclissimo  Hcnrico  ejus  nominis 
octavo.  Apud  inclytam  urbem  Londinum,  inœdibus  Pynson. 
Ann.  HDXXI;  in-4°  de  78  feuillets.  —  Brunet,  dans  son 
Manuel  du  libraire,  ne  cite  que  la  réimpression  donnée  par 
Fischer,  à  Anvers,  en  1  3-23,  el  n'a  pas  connu  celte  édi- 
tion dont  parle  Catherine.  «Ce  livre,  dit  Calvin ,  fut  basti 
par  quelques  moynes  et  caphards  adonnez  à  babil  et 
contention,  et  le  Roy  (Henri  VIII)  estant  persuadé  par 
mauvais  conseillers  souffrit  qu'on  l'imprimast  en  son  nom  ; 
or  pour  ce  qu'il  s'est  depuis  repenti  de  ceste  ardeur  incon- 
sidérée et  que  le  livre  esloit  si  lourd  et  si  fade  que  la  mé- 
moire en  pouvait  estre  incontinent  abolie,  il  est  demeuré 
enseveli  par  l'espace  de  trente  ans.  »  (Recueil  îles  opuscules 
de  Calvin,  Genève,  Pinereul,  i566,  in-f°,  p.  182Ô.) 
1  Guillaume  de  Gadagne. 


ERINE  DE  MÉD1C1S.  ^37 

!  dicte  préface  '  de  réformer  les  dicta  endroitz 
qui  estoienl  offensifs  à  la  mémoire  du  défuncl 
Roy,  el  davantaige  qu'il  fui  l'ail  1res  expresses 
défenses  au  libraire2  qui  avoit  faicl  imprimer 
le  dicl  livre  de  n'en  vendre  el  exposer  en 
vente,  el  aussy  de  n'en  envoyer  hors  du 
royaulme,  jusques  à  ce  que  la  dicte  réforma- 
tion eusl  esté  faicle  et  qu'il  me  l'eusl  envoyée 
pour  la  veoir  el  après  luy  en  mander  mon 
intention,  ce  que  le  séneschal  a  bien  et  due- 
menl  exécuté,  ainsi  qu'il  appert  par  sou  pro- 
cès-verbal3 el  aussj  par  la  correction  faicte 
des  dicts  poincts  que  je  vous  envoyé,  afin  que 
vous  voyez  le  tout  et  me  fassiez  sçavoir  s'il  y 
aura  chose  qui  vous  semble  avoir  besoing 
d'aultre  provision  et  correction;  pour  laquelle 
vous  pouvez  estre  asseuré  que  je  feray  tou- 
jours faire,  comme  en  toutes  choses  qui  con- 
cernent la  revne  d'Angleterre,  ma  bonne  sœur, 
ou  les  siens,  loul  ce  qui  se  peull  désirer  et 
requérir  entre  bons  et  seurs  amys;  prianl 
Dieu,  monsieur  l'ambassadeur,  qu'il  vous  ayf 
en  sa  saincte  garde, 


1  Gabriel  de  Saconay,  précenteur  de  l'église  de  Lyo  1. 
C'est  Calvin  qui,  le  premier,  dénonça  à  Throckmorton  la 
préface  de  Saconay.  Nous  avons  retrouvé  au  Record  /,  ci 
la  lettre  de  Throckmorton,  datée  du  12  août  i!J0i  et 
nous  l'avons  imprimée  en  entier  dans  le  tome  \  Il  des  h  • 
chives  des  Missions,  3'  série.  —  Voyez,  à  ce  sujel ,  dan 
même  volume,  une  lettre  du  ministre  Nicolas  des  Gallards 
à  Throckmorton.  On  y  trouvera  quelques  détails  curieux 
sur  la  polémique  violente  engagée  entre  Calvin  el 
conay. 

J  Guillaume  Ro ville,  à  VEcu  de  Venise;  ce  rare  vo- 
lume est  in-4°.  Catherine  ayant  ordonné  qu'il  fût  sup- 
primé, le  lieutenant  civil  en  trouva  800  exemplaires  chez 
les  libraires  de  Paris.  (Dépêche  de  Throckmorton,  dans 
le  Kalendar  0/ State  papers,  i56i-i56a,  p.  I61.)  Il 
sérail  curieux  de  retrouver  un  exemplaire  avec  la  | 
mière  préface  non  corrigée  de  Saconay. 

3  Voy.  ce  procès-verbal  dans  le  Kalendar  of  St 
pers  (i56i-i56a),  p.  3ao,  et  dans  les  Archives  des 
sinus,  3e  série,  t.  VII. 


238 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


Escripl  à  Saint- Germain-en-Laye.  le  via' 

jour  d'octobre  1 50 1 . 

Catkiunk. 


1561.  —  i  h  octobre. 

Orijj.  Bibl.  n;it.  fonds  français,  n"  3ai8,  P  h\. 

A  MADAME  MA  TANTE 

LA  DUCHESSE  DE  FÈRRARE1. 

Madame  ma  tante,  renvoyant  le  Roy  mon- 
sieur? mon  filz  à  Molins  Nicolas  de  Nicolay2, 
l'un  de  ses  valletz  de  chambre  et  géographe, 
pour  la  conlinualion  et  poursuitte  de  la  charge 
qu'il  a  de  la  visitation  et  discription  général  le 
et  particulière  de  ce  royaulme,  et  craignant 
le  dict  de  Nicolay  qu'il  luy  soit  donné  quelque 
empeschement  sur  le  chemyn  de  Montargis  et 
Briarre,  je  l'ay  bien  voulu  accompaigner  de 
la  présente  et  par  icelle  vous  prier  de  le  faire 
conduire  seurement  jusques  au  dict  Briarre  et 
plus  loing  si  besoing  est,  afin  que  l'affaire 
qu'il  a  encommancé  ne  demeure  imparfaict; 
en  quoy  faisant  vous  ferez  au  Boy  mon  dict 
sieur  et  filz  et  à  moy  plaisir  très  agréable;  et 
sur  ce,  madame  ma  tante,  après  vous  avoir 
présenté  mes  affectionnées  recommandations 
à  vostre  bonne  grâce,  je  prieray  le  Créateur 
vous  donner  en  très  bonne  santé  très  longue 
vie. 

Escripl  à  Paris  ,  le  \iiiicjour  d'octobre  î  56 1 . 
Vostre  bonne  nyepse, 

Gaterine. 

1  Renée  de  France. 

'  Voy.  une  notice  sur  Nicolas  de  Nicolay,  sr  d'Arfeuilles, 
géographe  et  valet  de  chambre  du  roi  Charles  IX,  par 
Victor  Advielle  ( Paris ,  Aubry,  1 865,  in  8'  ).  —  Cf.  Brunet , 
Manuel  du  libraire  (article  Nicolaï),  t.  IV,  1  "  partie,  p.  67; 
Lettre  de  M.  de  Marillac  au  connétable,  23  juin  i54g 
(Bibl.  nat.  fonds  Clairambault,  vol.  55,  in  -  8  ').  — 
M.  Advielle  a  réimprimé  la  description  du  Berry,  par 
Nicolas  de  Nicolay.  Paris,  Aubry,  « 805. 


(156t.  —  23  oclobre.) 

Copie.  Bill.  tint,  fonds  Dupuy,  un  3oq ,  f    fi'i    . 

A  MONSIEUR  LÉYESQliE  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  par  ma  dépcschc  du 
qnalorziesme  du  moys  dernier,  vous  aurez 
bien  particulièrement  et  minulement  entendu 
tout  ce  qui  c'esloit  passé  jusques  à  ces!  heure 
là  en  la  première  assemblée  de  Poissy  '-.  en 

1  Une  semblable  lettre  fut  adressée  le  même  jour,  par 
le  roi  Charles  IX,  à  M.  de  l'Isle  et  à  M.  l'évêque  de 
Limoges,  notre  ambassadeur  en  Espagne.  La  minute  ori- 
ginale de  ce  curieux  document  fait  partie  de  la  collection 
de  la  bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  86,  f°  8A. 
Le  British  Muséum  possède  l'original  de  celte  dernière 
dépêche,  signé  par  le  Roi  et  contre-signe  par  Robertet 
(vol.  1  0272  ,  f"  2 3  et  a  '1).  Il  nous  a  semblé  utile  de  don- 
ner les  variantes  de  la  lellre  du  Roi  dont  voici  le  com- 
mencement :  r Je  vous  ay  bien  voulu  envoyer  vostre 
r. homme,  afin  que  vous  sçachiez  l'eslat  en  quoy  sont 
f-mes  affaires,  qui  est  que,  après  avoir  longuement  tra- 
~  vaille  pour  faire  assembler  les  prélalz  de  mon  royaulme . 
-comme  vous  avez  peu  veoir  par  mes  précédentes,  et 
-là  estans  ensemble  prendre  un  bon  expédient  pour 
aies  choses  de  la  religion,  j'ay  esté  conlraincl  par  la 
-nécessité  du  temps  et  à  l'instante  requeste  de  tous  les 
-Kslats  de  mon  royaulme  de  permettre  aux  ministres  des 
^églises  réformées,  ainsi  qu'ils  les  appellent,  de  venir 
tten  icelle  assemblée,  où  après  avoir  esté  ouïs  en  leurs 
« remonslrances ,  etc."  —  Voy.  plus  loin,  p.  2Û0,  note  1. 

-  Vov.  sur  le  colloque  de  Poissy,  Mémoires  de  Claude 
Union,  p.  i5g  et  suiv.;  Discouru  du  colloque  de  Poissy. 
par  M.  d'Espenee,  du  37  janvier  l56l,  envoyé  par  la 
Royne  mère  du  Roy  aux  théologiens  de  Paris,  à  l'as- 
semblée de  Saint-Germain  (Bibl.  nat.  fonds  (t.  338a); 
Récit  de  ce  qui  s'est  passé  au  colloque  de  Poissy  (Bibl. 
nat.  fonds  Dupuy,  n°  609);  Mémoires  de  Cnmlé .  t.  I[, 
p.  1  go  ;  Théodore  de  Bèze,  Hist.  cccles.  livre  IV,  p.  /190  ; 
Bref,  recueil  et  sommaire  de  ce  qui  s'est  passé  eu  la  petite 
ville  de  Poissy  (Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n"  6')i);  Jour- 
nal de  Itrulart ,  dans  les  Mémoires  de  Coudé,  t.  I,  p.  '11  ; 
Requête  des  huguenots  au  Roi  (Bibl.  nat.  fonds  Fonta- 
nieu.vol.  397-31)8);  Klipptel,  le  Colloque  de  Poissy, élude 
sur  la  crise  religieuse  et  politique  de  i5Gi  (Paris,  1867. 
in-12);  Anne  de  Marquelz,  Soncts ,  pi-ièrcs  et  devitcs  en 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


239 


laquelle    les   ministres  avoieut  esté   ouïz   en 
leur  remonslrance  et  sur  la  confession  de  leur 
lux.  qu'il/,  présentèrent   par  mesme  moyen; 
sur  quoy  j'espérois  vous  l'aire  entendre,  peu  de 
jours  après,  ce  qui  y  auroil  esté  respondu  de 
la  part  de   nos  prélatz    et   docteurs:   mais  y 
avant  mon  cousin  le  cardinal  de  Loraine  laid 
une  tort  prudente  et  catholicque  responce,  il 
n'a  esté  possible  de  la  retirer  de  luy  jusques 
à  présent    que,  sitost  qu'il   l'a   eu   mise  en 
lumière,  j'ay  bien  voulu  sous  en  envoyer  une 
coppie  pour  la  veoir  et  en  taire  telle  pari  à 
l'Empereur  mon   bon  frère,  que  verrez  bon 
estre,  estimant  qu'il  ne  prendra  à  peu  de  plai- 
sir  de   veoir  ce  qu'elle  contient.   Depuis  la 
dicte  responce  faicte,  désirant,  comme  vous 
pouvez  bien  penser,  que  j'en  ay  prou  d'occa- 
sion de  veoir  quelque  union  et  concorde  en 
tant    de  diversitez  d'oppinions   qui   reignenl 
pour  le  jourd'huy  en  la  religion  ,  et  qui  tou- 
chent  le  repos  de  ce  royaume,  je  trouve  bon 
que    nos    dietz    prélats   et    évesques   entras- 
sent en  quelque  collocque  gratieux  avecq  les 
dietz   ministres  sur  les  articles  de  leur  dicte 
confession  de   foy;  mais  ayant   veu  que  dis 
deux   communications  qu'ilz  avoient   faictes, 
à  deu\  divers  jours,  l'on  n'avoil  raporté  que 
confusion  de  disputes  sur  disputes,  norrisses1 
de  dissensions  et  discordes  beaucoup  plus  que 
d'union,  et   congnoissanl    d'aultre   part   que 
hos  dietz   prélatz  et  docteurs   se  disposoient 
pour  ne  venir  plus  en  tel  collocque  et  confé- 
rence,   je  m'advise  de  faire   essayer  si,  par 
cinq  ou  six  d'entr'eux  des  plus  recommandez 
de  sçavoir  et  doctrine,  l'on  pouroit  persuader 
les  dietz   ministres   à   ce  que   nous  désirons 
d'eulx  pour  les  ramener  à  l'union  de  uoslre 

formes  de  pasquin* ,  pour  l'assemblée  de  messieurs  les  pré- 
lat: et  docteur  s,  tenue  à  Poissy  (in-8°,  Paris,  chez  la  veuve 
Guillaume  Morel,  |566). 
1   Norrisses,  nourrices. 


('■•dise  et  les  faire  convenir  avecq  nous  en  une 
mesme  doctrine;  à    quoy  les  diclz  députez 
auraient  travaillé  quelquejours,  et  non,  comme 
il  sembloit,  sans  espérence d'en  veoir  quelque 
utilité;  mais  m'estant  apperceue  que  ce  moyen 
là  ne  plaisoit  |>as  au  surplus  de  nos  diclz  pré- 
lats et  docteurs,  pour  ce  que  je  n'av  jamais 
voulu  faire  chose  qui  ne  leur  fust  général- 
ement agréable,  je  ne  me  mis  pas  en  peine 
de  faire  aultrement  poursuivre  reste  dernière 
v.oye,  et  remis  le  Lout  à  ce  que  eulx  en  advise- 
royent  pour  le  mieulx,  lësquelz  finalement, 
sans  estre  entrez  en  aultre  nouvelle  conférence 
avecq  les  dietz  ministres,  me  sont  venus  pré- 
senter les  canons  des  choses  par  eux  délibé- 
rées et  decrettées  en  leur  assemblée  de  Poissj . 
où   ilz   ont    fort  catholicquement   touché    en 
beaucoup  de  choses  ce  qui  apartient  à  la  ré- 
formation  des  meurs  des  ministres  de  l'église; 
mais  quant  à  ce  qui  touche  leur  grandeur  et 
la  pluralité  de  leurs  bénéfices,  je  laisse  à  vous 
et  aux  aultres  qui  verront  leurs  diclz  canons. 
avecq  plus  de  jugement  que  je  ne  puis  avoir 
en  lidz  affaires,  déjuger  comme  ilz  y  ont  passé 
légièrement.  11  esl  vray  que  je  ne  oièray  pas 
que  je  ne  voye  bien  que  en  tout  ce  qu'ilz  pro- 
posent il  n'y  a  riens  qui  puisse  pourvoir  aux 
troubles  que  suscite  en  ce  royaume  la  dissen- 
cion  et  diversité  de  religion,  qui  esl  bien  à  mon 
grand  regret;  et  quant  tout  est  dicl  contre  l'es- 
pérance que  aucuns  d'eux  m'en  avoienl  don- 
née,  et  ce  que  j'espérois  de   fruit   d'une  si 
notable  et  grande  compaignie,  et  de  ce  qu'ilz 
monslroient  avoir  de  zèle  droit  et  saint  à  une 
si  nécessaire  provision;  et  pour  ce,  monsieur 
de  Renés,  que  durant  le  temps  que  ces  choses 
se  sont  traictées,  il  y  a  eu  de  nos  subjeetz  de 
la  nouvelle  religion  qui  se  sont  ingérez,  pour 
l'incommodité  de  l'yver,  où  nous  entrons,  de 
se  saisir  de  quelques  églises  pour  faire  leurs 
prières,  et  pi  incipallement  à  Tours,  Bloys  et 


240 


Orléans  ;  encores  que,  au  premier  mandement 
que  je  leur  ay  envoyé  faire,  ilz  n'ayenl  faicl 
faultedece  retirer  el  départir  des  dictes  églises, 
je  suis  après  à  faire  résouldre  el  establir  par 
l'advis  de  tous  les  princes  du  sang  cl  gens  du 
conseil  du  Roy  monsieur  mon  11 lz  un  si  bon 
ordre  pour  empescher  à  l'advenir  telles  inno- 
vations et  entreprises  el  faire  rendre  au  1  ï < > \ 
mon  dicl  sieur  mon  fil/,  l'entière  obéissance 
qui  luy  est  deue,  que  je  ne  puis,  eslans  les 
\olunlez  d'un  chacun  d'eux  si  unanimes  et 
accordantes  en  cesl  affaire,  que  en  espérer 
une  bien  grande  satisfaction  el  conlantemènt. 
\\ant  considéré  que,  quant  cela  sera  bien 
ordonné  el  observé  en  ce  royaume,  nous  pour- 
rons avec  moings  de  péril  et  plus  de  repos 
attendre  ce  que  nous  apportera  de  fruit  le  pro- 
chain concilie  général ,  encores  que  jusques  icy 
il  s'i  soil  congneu  si  peu  d'advancement  que  je 
ne  sçay  que  m'en  promettre.  Asseurémenl 
j'attendrav  ce  que  vous  me  ferez  sçavoir  du 
temps  que  debveront  partir  les  prélatz  el  am- 
bassadeurs que  \  doibl  envoyer  l'Empereur 
mon  bon  frère,  pour  sur  cela  résouldre  le 
parlement  des  miens,  suivant  ce  que  je  vous 
en  av  escripl  par  cy-devant. 

J'a\  receu  mis  dépesches  des  ïingl  sixiesme 
d'aoust,  deux,  et  dix-huicliesme  septembre, 
qui  m'ont  apris  qe  qui  s'esl  offert  en  tous  ces 
temps-là  an  lieu  où  vous  estes  digne  que  je 
sçaiche,  el  mesme  quant  au  parlement  du 
dict  Empereur  pour  sem  voyage  en  Bohesme, 
où  je  faicl/.  compte  que  vous  vous  serez  ach  - 
miné  sitost  quevostre  saule  le  mois  aura  per- 
mis; car  quant  à  vostre  argent,  il  y  a  esté 
pourveu  dès  le  cpmmancemenl  du  dict  moys 
de  septembre,  el  fut  mis  dès  lors  es  mains 
de  Gondy,  pour  le  nous  faire  tenir  incon- 
linanl.  Vous  continuerez  à  me  mander  tout 
ce  qui  s'offrira  de  quelque  importance  du- 
rant  le  dicl  voyage,  el   je   \ms  prier  Dieu, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 

monsieur  de  Renés,  vous  avoir  en  sa  saincle 
garde1. 


UATERINE. 

1  Voici  comment  se  termine  la  lellre  de  Charles  I\ 
dont  nous  avons  donné  le  commencement,  p.  a38  :  rLa 
-lin  de  ma  lettre  sera  pour  vous  parler  d'ung  propos  que 
«m'a  tenu  l'ambassadeur  du  Roy  mon  bon  frère,  et  qui 
rm'a  esté  confirmé  par  le  sr  d'Auzances,  qui  est  qu'il  me 
«prurit  m'asseurer  que  si  j'avois  besoing  de  son  aide 
-pour  l'établissement  de  mon  obéissance,  qu'il  y  em- 
-ploieroil  lout  ce  qui  seroit  en  sa  puissance,  et  en  cela  ne 
difficulté  à  toutes  occasions  de  l'employer  comme 
«le  meilleur  et  plus  parfaict  amy  que  j'eusse  en  ce 
« monde;  mais  qu'il  me  prioil  ne  trouver  eslrange  si 
-aimant  et  embrassant,  comme  il  faicl,  la  conservation  de 
«la  religion,  il  ne  pouvoit,  estant  requis  par  aucuns  de 
-mes  subjeclz  de  l'ancienne  religion,  de  leur  assister  à  la 
r manutention  d'icelle,  s'ilz  estoient  conlrainclzde  s'esle- 
nver  el  prendre  les  armes  pour  cest  effect,  de  les  secou- 
-rir  et  employer  ses  forces  et  sa  puissance  en  leur  aide: 
-sur  quoy  je  vous  prieray  quant  au  premier  point  de 
rie  remercier  très-affectueusement  de  ma  part  de  cesle 
r bonne  volonté,  qui  m'est  une  obligalion  de  lui  faire 
s  pareil  office  en  tontes  eboses  où  il  aura  besoing  de  mon 
-aide  el  secours  e!  faveur,  enrores  que,  Dieu  merry,  je 
-voie  toutes  choses  en  mon  royaulme  en  tel  estai  que 
-j'espère  avoir,  sans  y  employer  personne,  telle  autorité 
set  obéissance  que  je  la  sçaurois  désirer:  mais  quant  au 
-second  point  qui  touche  l'élévation  de  mes  subjeclz.  je 
r  ne  puis  tenir  de  trouver  ce  propos  estrange;  d'aullant 
-que  n'estant  licite  à  aucun  subjecl  de  s'élever  contre  son 
-prince  pour  quelque  occasion  que  ce  soit,  je  ne  puis 
-noire  qu'en  une  cause  commune  et  qui  touche  et  re- 
r  garde  tous  les  princes  el  potentatz,  ceulx  de  mes  subjeclz 
s  qui  se  seraient  tant  oubliés  puissent  trouver  faveur, 
-support  el  avde  contre  ceulx  qui  me  seraient  anus,  el 
«rooius  encores  luy  qui,  d'aullant  qu'il  m'est  plus  grand 
ramv  et  estroilement  allié,  les  devroit  plus  rejeter;  à 
«quoy,  quant  à  l'amitié  qui  est  entre  nous  ne  le  convie- 
ttroit,  il  devroit  être  incité  par  la  recongnoissance  d'un 
its  mblable  bon  office  que  le  fen  Roy  monseigneur  el 
«frère  a  faicl  envers  lu]  quant,  à  Amboise,  Mazères  l'ad- 
«vertit  qu'il  y  a\oit  dos  Espaignok  qui  avoient  conjuré 
«contre  lui.  dont  il  lui  donna  soudain  avertissement; 
«lequel  ad\is,  encore  qu'il  ne  soit  venu  de  moy,  ains  de 
-mon  frère,  si  est-ce  que  je  me  promets  tant  de  l'amitié 
«du  Rov  mon  dict  frère  que  j'estime  et  veuli  croire  qu'il 
sue  manne  ius  qu'il  ne  faisoil  luy,  qui  me  faicl  plus 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


241 


1561.  —  23  octobre. 

Minute.  Bibl.  uat.  foi  .  n"  15877,  l 

V  MONSIEI  I!  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  je  fuz  bien  aysed'en- 
lendre  par  l'homme  que  vous  dépesebastes 
dernièremenl  le  discours  des  choses  qui  se 
présentaient  par  delà,  donl  nous  nous  adver- 
tisles,  comme  je  seraj  encores  plus  contente 
[d'entendre]  par  nous,  comme  je  m'asseure  que 
vous  ferez.  La  peyne  où  nous  avez  esté,  pour 
estre  si  longuement  sans  entendre  de  noz  nou- 
velles, csl  cause  de  la  dépesche  qui  vous  esl 
présentement  faicte,  plus  que  grand  argument 
qu'il  y  en  ayt ,  si  n'est  pour  vous  donner  adviz 
de  ia  continuation  de  nostre  assemblée  de 
Poissy.  Vous  entendrez  par  la  lectre  du  Roy 
monsieur  mon  filz  comme  les  minisires  y  ont 
esté  oyz  et  ont  proposé  leur  confession  de  foy, 
laquelle  on  est  après  à  examiner  pour  veoir  ce 
que  les  dits  préialz  y  trouveront  de  maulvais  el 

-lost  espérer  que,  congnoissanl  lois  mutins  rebelles  et 
•ennemys  de  moy  et  ma  couronne,  s'ilz  s'adressent  à 
-luv,  non  seulement  il  les  rejettera  comme  ennemis  et 
-perturbateurs  du  repos  public,  mais  m'advertira  de  leurs 
-noms  et  qualilez  pour  en  faire  faire  la  [munition  et  chas- 
-tiement  tel  que  leur  malice  le  mérite:  autrement  il  me 
-fera  con;;noislre  le  peu  d'asseurance  qu'il  y  aura  en  ses 
-paroles  et  offres  de  sa  bonne. volonté  tant  de  fois  réito- 
■^rées,  dont,  s'il  v  a.  rien  de  vray,  je  le  prie  et  le  conjure 
"par  l'amitié  qu'il  me  porte,  tout  aussi  que  je  ne  m'em- 
-pesclie  de  ses  affaires  plus  avant  qu'il  ne  veiilt,  me  laisser 
-faire  des  miennes,  espérant  sans  qu'il  soit  besoing  d'y 
-empescher  personne  en  venir  si  bien  à  bout  qu'il  ne  me 
"sera  de  besoing  y  employer  ni  luy  ni  aultre  quelconque 
«de  mes  voisins,  qui  est  tout  ce  que  je  vous  sçaurois  dire, 
-monsieur  de  Limoges,  si  ce  esl  que  je  prie  Dieu  vous 
-avoir  en  sa  saincle  el  digne  garde. 

-De  Saint-Germain-en-Laye  ,  le  nui*  jour,  d'oc- 
-lobre  l56l.» 

(Brilisli  Muséum,  vol.  19272,  f"  23  et  .  '1  . 

Lne  minute  de  celte  lettre  de  Charles  IX  se  trouve 
dans  le  n'  iSH^ô  du  fonds  français,  f"  364.  —  On  lit 
mi  dos  :  Le  Roy  à  M'  de  Lymoges,  du  xim  octobre  1  56) . 

CATUEMSE  DE  MÉDICIS. I. 


pernicieux.  Je  vous  prye  nous  mander  souvenl 
de  voz  nouvelles,  et  ce  que  l'on  en  dira  par 
delà,  ne  doubtanl  point  que  leur  ambassadeur 
ne  face  à  l'acoustumée  de  beaux  comptes,  le- 
quel je  désireroys  bien  estre  hors  de  sa  charge. 
Il  est  vray  que  je  trouve  la  condition  que  me 
mandez  si  peu  adventageuse  pour  le  service 
du  Roy  monsieur  mon  filz  que  je  ne  la  veulx 
accepter  encores  de  quelque  temps,  el  fauldra, 
monsieur  de  Lymoges,  que  nous  ayez  patience 
pourceste  heure  que  le  temps  et  la  sayson  ne 
seront  point  si  rigoureux,  comme  ilz  ont  esté 
cest  esté,  nous  advisant  que  je  sçays  vostre 
présence  par  delà  encores  si  utile  et  nécessaire 
pour  le  bien  du  service  du  Roy  mon  dicl  filz 
qu'il  n'est  expédient  que  vous  en  partiez  si 
tost,  estant  asseuré  que  vostre  demeure  ne 
vous  retardera  ne  bien,  ne  honneur,  que  vous 
pouvez,  estant  par  deçà,  recevoir;  mais  au 
contraire  augmentera  le  contentement  que  j'en 
ay  et  la  volunté  de  le  recongnoistre;  cepen- 
dant je  prieray  Dieu,  monsieur  de  Lymoges, 
vous  avoyr  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

De  S'-Gennain-en-Laye,  le  .  .  .  jour  d'oc- 
tobre 1 56 1. 

(Au  dos.)  Le  xxiii*  jour  d'octobre  i56i. 


(1501.  —  2 !i  octobre.) 
Orig.  British  .Mus.  n°  1927a,  f   27. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  depuis  cette  dépes- 
che l'aide.  j"a\  entendu  ung  office  que  a  faicl 
L'ambassadeur  qui  est  icy,  qui,  je  m'asseure, 
excède  sa  commission,-  car  je  suis  trop  as- 
seurée  de  l'amytié  du  Roj  monsieur  mon  filz 
pour  penser  qu'il  luy  11  i t  donné  charge  de 
dire  à  tous  les  gentilz  hommes  qu'il  a  trouvés 
sortant  de  l'audience  que  je  leur  avois-baillée, 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  m'avoit  envoyé 

3i 


2&S 

oll'rir  toutes  ses  forces  pour  m'en  ayder  contre 
les  rebelles,  et  en  quoy  que  je  ne  me  en  eusse 
voulu  ayder,  qu'il  les  offrait  à  tous  les  catho- 
liques pour  leur  en  ayder  à  maintenir  la  re- 
ligion, chose  que  je  trouve  si  estrange  et 
tous  eeulx  du  conseil  du  Roy  mon  filz,  que.  si 
vous  en  aviez  aultaut  faict  à  ses  subjetz ,  je  vous 
asseure  que  je  vous  renverrais  quérir,  \ous 
taisant  cognoistre  que  ne  serais  contente;  ce 
que  je  vous  prie  lui  faire  entendre,  allin  que, 
ainsi  que  je  m' asseure  de  l'amitié  qu'il  porte 
au  Roy  mon  filz  et  à  moy,  qu'il  fasse  cognois- 
tre qu'il  ne  trouve  pas  bon  que  ses  ministres 
nous  viennent  brouiller  nos  subjelelz.  non  plus 
que  nous  ne  voulons  que  le  nostre  brouille 
les  siens;  et  sur  ce  je  prie  Dieu  vous  avoir  en 

sa  saincte  garde. 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


1561 .  —  26  octobre. 

Orig.  Bibl.  ual.  foods  français,  n°  îâôia,  ia  5o. 
A  MON  COLSIN 

MONSIEUR  DE  BORDILLON. 

Mon  cousin,  vous  verrez  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escript  en  respouce 
de  la  dépesche  que  vous  nous  avez  l'aide  par 
le  sieur  Caries  de  Birague1  et  comme  nous 
sommes  après  à  donner  ordre  au  faict  de  voz 
assignations,  dont  vous  serez  bientost  content 
et  satisffaict.  Cependant  je  vous  diray  qu'ayant 
bien  et  meurement  considéré  ce  que  le  dict 
Caries  nous  a  dit  de  voslre  part,  nous  n'a- 
vons pas  jugé  qu'il  feust  util  ny  à  prapoz  en 
ceste  saison  de  faire  riens  entreprendre  au 
Roy  mon  filz,  mais  bien  ne  le  pouvant  faire 
nous   a-t  il    semblé  qu'il  esloit   aussi  peu  a 

Voyez,  dans  le  n°  1 5877  du  fonds  français,  f°  66, 
une  lettre  de  Caries  de  Birague,  où  il  donne  de  curieux 
détails  sur  lui-même  et  sur  les  services  (ju'il  a  rendus  à 
la  France. 


propoz  que  les  aultres  le  feïssent;  et  pour  et'  je 
vous  prie,  puysque  nous  ne  le  pouvons  faire, 
faire  tout  ce  que  vous  pourrez  pour  empescher 
que  les  aultres  ne  le  facent,  ainsi  que  plu? 
amplement  vous  entendrez  par  ce  que  le  dict 
Caries  vous  eu  mandera  suivaut  la  charge 
que  je  luy  en  ay  donnée;  et  m'asseurant  que 
par  vostre  bonne  vigillanee  et  adviz  il  ne  sera 
riens  obmis  en  cest  endroict,  ny  aultres  qui 
louchent  le  service  et  affaires  de  Sa  Majesté . 
je  prieray  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  a\l 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  xxvi'  jour  d'oc- 
tobre 1 5  G 1 . 

Caterine. 
robertet. 


1561.  —  26  octobre. 

Orig.  Arch.duchâleaud'Azay-le-Rideau  ,àM.ie  marquis  de  Bienoourt; 
copie  transmise  par  M.  Stéphane-  de  Menai. 

A  MONSIEUR  DE  POTOIS , 

i!\L    IPAGEHOIS  ET  C1PPITM>E  DE  CENT   USQCEBOZIEIS 
DB  Ll  CARDE  Dl"  BOY  HMSCBOI  MO.V  F!LZ. 

Monsieur  le  séneschal,  j'ay  esté  très  aise 
d'entendre  par  ce  que  monsrde  Rurye  nous  a 
mandé  et  la  lettre  que  m'avez  escripte  que 
vous  soyez  trouvé  maintenant  à  vostre  sénes- 
chaulcée  pour  l'asseurance  que  j'ay  que,  pen- 
dant que  vous  y  serez,  toutes  choses  y  passe- 
ront en  plus  de  tranquillité  qu'elles  n'ont  faict 
par  le  passé.  Je  vous  prie,  suivant  ce  que  le 
Roy  monsieur  mon  filz  vous  en  escript,  ne 
bouger  encores  de  quelque  temps  et  tenir  la 
main  bien  roidde;  que,  s'il  y  a  des  folz  sédi- 
tieux qui  facent  des  scandalles,  qu'ilz  soient 
prins  et  bien  chastiez;  en  quoy  je  ne  doubte 
poinct  que  vous  ne  vous  employez,  de  pareille 
fidélité  et  dévotion  que  vous  avez  lousjours 
faict  en  toutes  choses  qui  se  sont  présentées 
pour  le   service  de  ceste  couronne,  et  tenez 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


2/i  3 


vous  certain  que  ny  le  Roy  mon  lilz.  ny  moj 
n'oublirons  poinct  le  service  que  nous  ferez. 

Priant  Dieu,  monsieur  le  séneschal.  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  {farde.  De  S'-Ger- 
main-cn-Laye,  le  xwi"'"  jour  d'octobre  1  56  1 . 

Catebine. 

RoBERTET. 


1561.  —  27  octobre. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15876,  f°  36. 

A  MONSIEUR  D  ESTAMPES. 

Mon  cousin,  vous  verrez  ce  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  escripl  '  et  l'ordon- 
nance qu'il  vous  envoyé,  laquelle  il  fauldra 
meclre  peyne  de  faire  observer;  en  quoy  vous 
n'aurez  pas  grand  peyne,  d'aultant  quelle  se 
conforme  quasi  à  la  pluspart  de  celles  que  " 
vous  y  listes  dernièrement.  Puysque  les  éves- 
ques  qui  cstoyent  à  Poissy  n'ont  riens  faicf 
pourappaiser  les  troubles  de  la  religion,  nous 
sommes  après  à  prendre  ung  aultre  adviz,  qui 
est  d'assembler  beaucoup  de  gens  de  bien  des 
courtz  de  Parlement  et  là,  estans  tous  assem- 
blez, adviser  du  moyen  qu'il  y  aura  de  faire 
cesser  les  troubles  qui  sont  en  ce  royaume  et 
mainclenir  l'obéissance  du  Roy  mon  dict  filz, 
qui  est  en  beaucoup  de  lieux  subvertye.  Ce- 
pendant je  vous  puys  asseurer  que  nous  ne 
sommes  pas  sans  une  grande  peyne  pour  la 
infinité  de  troubles  et  embarras  qui  advien- 
nent  tous  les  jours  en  tant  d'endroietz  que  je 
ne  sçay  que  ce  sera  à  la  lin,  si  Dieu  n'y  mect 
la  main.  Xous  y  pourvoyons  au  jour  la  journée 
le  mieulx  que  nous  pouvons.  Je  prie  à  Dieu 
qu'il  nous  face  la  grâce  d'y  trouver  quelque 
bon  expédient;  car  sans  cela  j'apperçoie  que 
nous  demeurerons  longtemps  en  travail.  Je 
vous  prie  de  vostre  part ,  comme  je  m'asseure 

1  Voy.  la  minute  de  la  lettre  du  Roi  datée  du  26  octo- 
bre 1  56 1  ;  elle  accompagne  celle-ci.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  16875,  f°  3C8.) 


que  vous  faictes,  tenyr  la  main  le  plus  que 
vous  pourez  à  l'entretènement  de  l'unyon  et 
aCCOrd  entre  le  peuple;  car  le  lieu  où  vous 
estes  est  fort  peuplé  de  gens  de  la  nouvelle 
religion,  el  je  sçay  que  beaucoup  (faillies 
prendronl  exemple  sur  ceulx-là;  qui  sera  fin, 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa 
sainte  el  digne  garde.  De  S'-Germain-en-Laye, 
le  xxvnc  jour  d'octobre  1  56 1 . 


1561.  —  3o  octobre. 

Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint- Pétersbonrg,  vol.  i8,  r"  a&. 

V   MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  RORDILLON, 

USUTHKAHT  GBRBnAL  DO  BOT   MONSIEUR  MON"  FILZ    EN   IMEDMONT. 

Mon  cousin,  je  n'adjousterai  rien  à  la  dé- 
pesche  que  le  Roy  monsieur  mon  fdz  vous  faicl 
présentement,  si  n'est  de  vous  prier  de  la 
suivre  et  accomplir  de  poinct  en  poinct,  vous 
asseuranl  que  ce  n'est  pas  sans  grande  occa- 
sion que  je  vous  mande  telle  chose,  dont,  si 
jusqu'ici  vous  n'avez  sceu  des  nouvelles,  vous 
en  sçaurez  bientôt  cy  après  et  telles  que  vous 
les  jugerez  bien  étranges1,  qui  me  fait  vous 
prier  encores  une  fois  de  voulloir  plus  que  ja- 
mais prendre  ;;arde  et  avoir  l'œil  ouvert  à  la 
conservation  de  noz  places  et  estât  de  par  de 
là,  ainsi  que  le  dict  sieur  Roy  mon  filz  et  moy 
en  avons  en  vous  parfaicte  fiance;  priant 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  de  Saint-Germain-en-Laye,  le  \\\ 
jour  d'octobre  1  5(ïi . 

Catebine. 

1  Elle  veut  parler  du  projet  d'enlèvement  du  dur 
d'Orléans  par  le  duc  de  Nemours  ;  voy.  la  lettre  de  Cbar- 
les  IX  en  date  du  3o  octobre  i5Gi  à  M.  de  Bordillon;  il 
l'invite  à  ne  pas  laisser  entrer  te  duc  de  Nemours  ni  au- 
cun des  siens  dans  les  places  du  Piémont.  (  Bibl.  nat.  londs 
français,  n"  i55&s  ,  f°  5i.) 

3i. 


244 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


(  1561 .  —  Novembre.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  encore  que  je  vous  aye  ayscript 
par  le  sieur  de  Ramboullet1  bien  au  long, 
ayent  depuis  reseu  de  vos  lelres  par  le  sieur 
de  Moretle2  et  entendeu  par  luy  byen  au  long 
tout  set  que  luy  ave's  comendé  me  dire,  je 
u'é  voleu  fallyr  par  Niquel3,  présant  poin- 
teur que  mon  cousin  le  cardinal  de  Ferarre 
envoyé  ver  le  Pappe,  vous  fayre  sel  mot,  pour 
vous  mersier  de  sel  que  je  conoys  ton  lé  jour 
de  pluls  en  pluls  l'amitié  que  me  portés,  veu 
set  que  m'a  dist  le  dist  Morette;  et  pour  se  que 
je  luy  ay  donné  cherge  de  vous  mender  bien 
au  long  de  tout  set  que  je  luy  ai  dist,  je  ne 
sous  en  fayré  redite  et  vous  priié  soulement 
vous  aseurerque,  quelque  cbause  qu'il  y  aye, 
que  je  ne  dimineuré  jeamès  en  votre  endroyt 
de  l'amityé  que  je  vous  porte  et  de  l'anvye  que 
je  ay  de  fayre  pour  vous  corne  j'espère  le  co- 
nesfrés  bientôt;  m'aseurent  que,  set  l'on  se 
consellet  à  vous,  que  lé  chause  ne  feuset  pas 
cornent  aylle  auret  couydé4  aystre  et  pour 
avoyr  donné  cherge  à  sel  pourleur  vous  dyre 
aucoune  chause  du  propos  que  vous  ay  déjeà 
mendé  par  Ramboillet  touchant  monsieur  de 
Nemours,  je  ne  vous  fayré  la  présente  pluls 

1  Nicolas  d'Angennes,  seigneur  de  Rambouillet,  mort 
en  ioG'2;  il  était  envoyé  en  Savoie  à  l'occasion  du  fait 
imputé  au  duc  de  Nemours  d'avoir  voulu  enlever  le  duc 
d'Orléans. 

2  Au  nom  du  duc  de  Savoie  il  allait  annoncer  à  la 
reine  Elisabeth  rjue  la  duchesse  de  Savoie  était  parvenue 
à  son  huitième  mois  de  grossesse.  —  Voy.  une  dépèche 
de  Throckmorton,  ambassadeur  d'Angleterre,  qui  donne 
quelques  détails  sur  cette  mission,  Kalemlar  of  State 
papert  (i56i-i56a),  p.  hoi. 

1  Niquel,  abbé  de  Saint-Gildas,  était  secrétaire  du 
cardinal  de  Ferrare. 
1   Couydé,  cru. 


longue,  après  vous  avoyr  prié  le  volouyr  croyre 
et  vous  aseurer  que  n'aré  jeamès  parante  qui 
désyre  plulx  votre  grandeur  et  contentement 
que  fayst 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1 50 1 .  —  (  Novembre.  ) 

Minute.   Ribl.  nat.  fonds  français,  D°  10875,  f°  277. 

A  MONSIEUR  DE  LYMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  vous  escript  de  deux  navires  de  ces 
pauvres  gens  du  Croisic  '  qui  ont  esté  prins 
et  retenuz  à  Séville  à  cause  de  la  religion, 
comme  ilz  dient;  et  pour  ce  que  cela  est  de 
grande  conséquence,  je  vous  prie  vous  enqué- 
rir de  la  cause  de  leur  prinse  pour  m'en  don- 
ner adviz,  et  à  présent  faictes  ce  que  vous 
pourez  devers  le  Roy  mon  filz  et  partout  ail- 
leurs où  il  sera  besoing,  de  façon  que,  s'il 
est  possible,  ilz  puissent  eslre  satisfaictz;  car 
il  n'est  point  raisonnable  de  se  servir  de  ceste 
accusation  de  la  religion  pour  retenyr  noz 
subgeclz  et  les  travailler2.  Je  vous  prie,  man- 
dez-nous au  juste  ce  que  vous  en  aurez  faict. 
allin  que,  s'il  en  est  besoing,  j'en  rescrive  en- 
cores  par  là  avec  l'affection  qu'il  est  requis;  et 
sur  ce  je  prieray  Dieu,  monsieur  de  Lymoges, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le de 

novembre  1 56 1 . 


(1561.  —  Novembre.) 
Aut.  Arch.  nat.  collect,  Simancas,  K.  iao,6,  n"  7. 

A  M»  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE6. 

Monsieur  mon  fils,  pour  se  que  par  les  fa- 

1  Petit  port  de   Bretagne.  —   Voy.   cette  lettre  de 
Charles  IX  (même  volume,  f°  285). 

2  Travailler,  molester. 

:l  Philippe  II  répondit  à  cette  lettre  le  27  novembre 
i56l.  (Arch.  nat  collect.  Simancas,  K.  1/10/1,  B.  12.) 


LETTRES  DE- CATHERINE  DE   MEDICIS. 


245 


tuiliers  el  amiable  déportemans  dont  vous 
avés  usé  un  mon  endroil  el  la  contineuele  dé- 
mostration  que  vous  m'avés  fayste  de  vostre 

amitié,  j'é  pris  la  mesme  aseuranse  de  vous 
que  je  sarès  avoyr  deu  piuix  afectionné  de  tous 
mes  enfans;  fault  que  seur  scie  Ganse  je  me 
découvre  à  vous  dunne chause  <[iii  mepouise1 
v  u  lin  in  ici  il  sur  le  cœur  pour  m'en  dolouyr  pre- 
mière]  I  aveque  vous,  el  puis  vousdemender 

avis  el  conse]  de  sel  quej'auré  à  fayre  en  set 
endroyt  :  s'et,  monsieur  mon  lils,  que  ayent 
toute  ma  vie  aymé  monsieur  de  Nemours  ausj 
chèrement  que  aultre  prinse  qui  feut  en  sel 
royaume  pour  les  servise  qu'il  a  fayst  à  sete 
couronne  et  pour  i'avoyr  tourjour  estimé  dé 
plulx  afectionnés  et  lmubligés  enver  seus  qui 
me  louche  de  si  près  que  sont  mes  enfans,  je 
a'avoys  jeamès  pansé  qu'i  lui  peut  tomber  au 
cour  de  fayre  chause  qui  feut  tenl  à  leur  dé- 
saventage  et  au  mien  que  selle  (ju'il  a  quelque 
jours  au  paravent  son  partement  de  sete  court 
tanlée  en  l'androyt  démon  fils  d'Orléans2,  qui 
a  esté  de  le  me  volouyr  lever  d'antre  lé  bras 
pour  le  mener  aur3  de  sel  royaume,  faygnant 
que  s'etoyl  pour  le  fayre  nourir  au  aveque  ma- 
dame ma  seur  la  deuchese  de  Savoye,  au  sa 
seur  de  Lorayne,  au  y  ly  prometouyt,  pour 
plus  aysément  le  perseuader  à  se  léser  anlever, 
qu'il  seroyt  plus  dousement  trèté  et  caresé 
qu'il  n'étoyt  auprès  de  moy.  Du  comensement 
que  l'anfenl  me  le  vint  dire,  je  me  trovis  si 
aytonnaye  que  j'en  n'an  pouvès  rien  croyre; 
mes  voyent  qu'il  contineuet  de  fayre  prati- 
quer, y  me  feut  bien  aysé  de  jeuger  set  qu'il  en 
nétoyt  alla  vérité,  et  touttefouys  en  la  pouine 
au  je  me  trovys  et  en  la  doutte  au  je  me  re- 

'   Pouine,  pèse. 

-  Dans  une  lettre  écrite  à  l'évèque  de  Limoges,  on 
trouve  de  longs  détails  sur  le  projet  d'enlèvement  du  dur 
d'Orléans.  (Bibl.  de  Rouen, fonds  Leber,  n°  573;).) 

lue,  hors.  ( 


trouvys  pour  uesavoyr  quel  parti  prendre  en 
beun  si  périlleus  afayre, carie  découvrent  ans 

grans  de  set  royi ,  je  ne  doutoys  poynt  qu'i 

ne  me  presace  d'en  prendre  la  revenche  toul 
seur  l'heure;  je  me  résoleus  de  donner  hourdre 
dousement  à  la  seurelé  île  la  personne  de  mou 
dist  lils  el  de  voyr  quele  pourseuite  mon  <  1  î — t 
sieur  di'  Nemours  fayrel  de  son  entreprise, 
qu'il  a  telemenl  continuée  qu'il  n'a  leneu  que 
au  consentement  de  mon  dist  fils,  qu'i  ne 
l'aye  esécoutée,  et  prenant  congé  de  luy  l'a 
prié  de  se  sovenir  de  set  qui  luy  avest  dyst. 
Je  layse  là  toutes  les  aultres  perseuasions  dont 
\l  a  usé  pour  le  conduire  au  point  qu'il  dé- 
siroyt;  mes  je  \011s  aseureré  bien  que  jeamès 
chauses  ne  fut  plulx  segrétement  menée  el 
condeuite,  de  sorte  que  set  je  me  trove  en 
neune  yncroyable  pouyne  de  set  que  j'é  afauc 
pour  me  guarder  (renne  tele  entreprinse.  Je 
m'aseure  que  ne  le  troveurés  aystrange 
me  consellerés  ynsin  que  je  vous  en  seuplye 
de  tout  mon  cour,  corne  je  auré  à  me  go- 
verner  en  l'androyt  deu  dist  sieur  de  Ne- 
mours pour  l'avenir.  Je  avès  délibéré  de  luy 
fayre  dire  qu'i  ne  s'i  yngère  plus  de  venir  en 
sel  royaume,  d'aultenl  que  je  ne  sarès  jeamès 
prendre  neule  seurelé  de  luy,  après  m'avoyr 
voleu  fayre  beun  si  lâche  tour;  touttefouys 
si  l'afayre  ne  me  prèse  daventage,  je  atendré 
vostre  milleur  consel  el  avys  que  je  vous  prie 
encore  beun  coup  me  volouyr  donner  tel 
que  j'espère  de  vostre  amityé  en  chause  qui 
me  touche  de  si  près,  que  je  vous  suplye  ne 
le  volouyr  resevoyr  en  \ostre  compagnie,  ni 
servise,  encore  que  je  pense  qui  ne  s'i  yn- 
géreré  poynt,  sachant  l'amityé  qui  aysl  entre 
nous,  laquele  peult  bien  déplère  à  sens  qui 
aunl  ausi  mauvèse  volante  que  luy  el  ayslre 
cause  qui  recherche  ayde  de  vous  soubz 
haumhre  de  la  religion,  en  laquele  je  fayré 
toujour  conestre  sel  que  j'é  de  bon  zèle  et 


■2!t6 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


an  toultes  aultres  chauses  combien  vous  aysl 
afectionnée  ! 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 
Cateiune. 

1  Voici  de  nouveaux  détails  que  nous  empruntons  à 
une  note  émanée  d'un  agent  diplomatique  (British  Mu- 
séum, cott.  Vespasien,  Paa57)  :  «Le  samedi,  18  octobre, 
le  jour  que  le  Rov  commença  à  sortir  après  la  gnérison 
de  sa  maladie,  Monsieur,  frère  du  Roy,  estant  en  la 
chambre  du  dict  seigneur,  vint  monsieur  de  Nemours  qui 
lui  demanda  s'il  estoit  huguenot  ou  papiste  ;  à  quoy  Mon- 
sieur respondit  qu'il  estoit  de  la  religion  de  la  Royne  sa 
mère.  Lors  monsieur  de  Nemours  lui  dist  s'il  luy  plaisoit 
pas  qu'il  luy  dist  vingt  cinq  paroles.  Monsieur  respondit 
que  oui.  —  Monsieur  de  Nemours  le  tira  à  part  sur  ung 
coffre  qui  est  près  de  la  porte  du  cabinet  du  Roy  et  luy 
dit:  « Monsieur,  je  voy  que  le  royaume  de  France  est 
«perdu  et  ruiné  par  ces  huguenots,  et  le  Roy  et  vous 
«  n'estes  pas  en  seureté,  pour  ce  que  le  roy  de  Navarre 
"  et  le  prince  de  Condé  se  veullent  l'ayre  roys  et  feront  en 
-sorte  qu'ils  feront  mourir  le  Roy  el  vou*.  Par  ainsi,  mon- 
«  sieur,  si  vous  voulez  éviter  ce  danger,  il  faut  que  vous 
«advisiez  et,  si  vous  voulez,  MM.  de  Guise  et  moy  vous 
«ayderons  et  secourerons  et  enverrons  en  Lorraine  ou  en 
0  Savoye.i  Monsieur  respondit  qu'il  ne  voulloit  point  laisser 
le  Roy  ni  la  Royne.  —  Monsieur  de  Nemours  réplicqua  en- 
cores  :  «Advisez  bien,  Monsieur,  à  ce  que  je  vous  dis,  car 
itc'esl  pour  voslre  proffit,»  — à  quoy  monseigneur  ne  ré- 
pondit rien.  Monsieur  de  Nemours  luy  dit  :  r  Vous  fiez-vous 
«pas  en  Carnavalet  el  Villequiei ■'?  —  Ouy,->  dit  monsei- 
gneur.—  Lors  il  dit  :  «Ne  leur  dites  rien  de  ce  que  je  vous 
"dis  et  de  ce  que  je  vous  tiens  si  longuement  propos,"  et 
lors  le  sieur  de  Nemours  le  laissa.  Sur  ces  entrefaites, 
M.  de  Guise  estoit  devant  le  feu  qui  parloit  au  prince  de 
Joinville  son  fils,  lequel  voyant  que  M.  de  Nemours  lais- 
soit  monseigneur,  il  lui  dit:  -  Monseigneur,  j';<\  entendu 
«que  la  Royne  veult  envoyer  Monsieur  votre  frère  et  vous 
tien  Lorraine  en  un  fort  beau  ebasteau  pour  y  prendre 
[d'air;  par  ainsi,  advisezsi  vous  voulez  y  venir  avec  nous, 
"nous  vous  y  ferons  bonne  chère."  —  Lors  Monsieur  dit  : 
s  Je  ne  pense  pas  que  la  Royne  ma  mère  veuille  que  j'aban- 
"donne  le  Roy.»  Le  prince  de  Joinville  répliqua:  -Si 
~\ons  voulez  venir  en  Lorraine  et  entendre  à  ce  que  M.  de 
"Nemours  vous  a  dict,  il  vous  en  prendra  bien.»  —  Mon- 
sieur ne  répondit  rien  à  cela.  Le  lendemain,  le  prince  de 
Joinville  revint  vers  Monsieur  et  lui  tint  encore  le  mesme 
langage ,  el  luy  dist  que  s'il  vouloit  sçavoir  le  moyen  comme 


1561.- 


novembre. 


Oiig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3iSi,  f  '  27  et  suiv.  — 
Copie.  Fonds  Dnpuy,  vol    367,  f'  357. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSEILLEE  ,  MUTEE  DES  P.EQUESTES  DE   L'DOSTEL   DU  ROT   MONSIEUR 
MON  FILS   ET  SON    âMBàSSADEIR  FEES  DE  L'EMPEREUR. 

Monsieur  de  Renés,  depuys  le  parlement 
de  la  dépesche  que  je  vous  ay  faicle  au  xvm 
du  passé,  par  laquelle  vous  aurez  entendu 
comme  l'assemblée  de  Poissy  s'est  séparée 
sans  aucun  fruict,  contre  l'espérance  que  m'en 
avoient  donnée  les  principaulx  de  la  dite  as- 
semblée et  ce  que,  par  raison,  je  me  devoys  et 
pouvoys  promectre  d'une  si  notable  compagnie 
en  ung  œuvre  si  sainct  et  nécessaire  que  celluy 
pour  lequel  ilz  avoient  esté  convocquez  et  as- 
semblez, j'ay  receu  vostre  lettre  du  x\vc  de 
seplembre  qui  est  venue  par  la  voye  de  Ve- 
nize  et  par  l'adresse  que  m'en  a  faicte  l'am- 
bassadeur que  nous  avons  là,  et  d'aultant  que 
vous  ne  m'avez  rien  mandé  de  l'occasion  pour 
laquelle  vous  avez  faict  tenir  ce  cliemyn  à 
voslre  dicte  lettre,  veu  que  vous  n'estiez  en- 
cores  esloigné  de  Vienne,  je  pense  que  ce  aura 
esté  plus  lost  pour  avoir  trouvé  la  commodité 
de  quelque  courrier  allant  au  dit  Ycnize,  que 
pour  résolution  que  vous  ayez  prise  de  chan- 
ger la  voye  ordinaire  de  Suysse  que  je  faict 
suivre  à  ce  pacquet,  estimant  que  s'il  esloil 

on  l'emméneroit,  il  le  luy  diroit.  —  Monsieur  dit  qu'il  le 
voudrait  bien  sçavoir.  —  Le  prince  de  Joinville  lui  dit  : 
«On  vous  enlèvera  en  plein  minuit  et  on  vous  fera  sortir 
«par  une  feneslre  qui  respond  sur  la  porte  du  parc  et  après 
«on  vous  mettra  en  coche  et  ainsi  vous  serez  en  Lorraine 
«devant  que  l'on  s'en  advise.-i  — Monsieur  ne  respondit 
à  cela  et  laissa  le  prince.  —  Le  Icndem  dn ,  M.  de  Nemours 
s'en  alla  et  vint  prendre  congé  du  Roy  et,  en  prenant 
congé,  dit  à  l'oreille  à  Monsieur  :  «Souvenez-vous  de  ce 
«que  je  vous  ay  dit  et  n'en  dites  à  personne, n  et  ainsi 
s'en  alla  le  duc  de  Nemours.-'  —  Voy.  aussi  une  lettre 
du  duc  de  Nemours  au  maréchal  de  Montmorency  pour  se 
justifier,  dans  le  n"  3 1  5 7  du  fonds  français.  P  gt. 


LETTRES  DE  GATH 

besoiug  de  prendre  aultre  adresse,  vous  n'eus- 
siez faillj  à  m'en  donner  advis.  J'aj  veu,  mon- 
sieur de  Renés,  par  le  contenu  en  vostre  lettre 
que  les  nouvelles  venues  au  lieu  où  vous  estes 
«in  costé  de  Rome,  l'on  tenoil  la  guerre  toute 
certaine  entre  le  Roy  monsieur  mou  filz  et  le 
Roy  catholique  des  Espaignes,  et  qu'ilz  en  (on- 
doient le  molil'  sur  une  certaine  cause  si  lé- 
gière  et  si  peu  véritable,  qu'il  est  aysé  déjuger 
que  ceulx  qui  ont  donné  cest  avis  sont  plus 
meuz  de  déplaisir  qu'ilz  reçoivent  de  veoir  la 
chrétienté  en  repoz  et  l'amityé  d'entre  ces  deux 
grans  princes  si  seulement  establie  et  for- 
tiffiée  que  d'aultre  occasion.  Or,  pour  vous  es- 
claircir  de  l'es  ta  I  auquel  nous  nous  retrouvons 
avec  le  Pape  et  le  dict  Roy  catholique  et  du  peu 
de  fondement  qu'il  y  a  en  ung  tel  advertisse- 
ment,  je  vous  diray  en  peu  de  parolles,  quant 
à  Sa  Sainteté,  que,  si  elle  a  voulu  doubter  en 
quelque  chose  de  la  dicte  assemblée  de  Poi-->\ 
contre  t'asseurance  que  nous  luy  avions  tous- 
jours  donnée  qu'il  ne  s'y  feroyt  riens  qui  feusl 
nu  préjudice  et  diminution  de  son  auctorité, 
et  qui  nefeust  remis  à  sa  détermination  el  or- 
donnance du  concile  général,  elle  \oyt ,  au- 
jourd'hui que  la  dicle  assemblée  s'est  séparée, 
qu'elle  a  deu  s'asseurer  beaucoup  plus  tost  de 
nostre  parolle  que  doubter  de  noz  actions  sur 
une  légère  impression.  Nous  avons  receu  son 
Légat  qui  est,  comme  vous  sçavez,  le  cardinal 
de  Ferrare,  avec  tout  l'honneur  qui  se  peult 
désirer,  et  pour  ce  que,  par  l'ordonnance 
l'aicte  à  la  requesle  et  sur  les  remonstrances 
des  Estatz  généraulx  de  ce  royaulme,  il  a  eslé 
ordonné  qu'il  ne  s'envoyera  plus  d'argent  à 
Rome  pour  le  payement  des  annales,  et  que 
d'aultre  part  les  préventions  n'auront  plus  de 
lieu  dans  ce  royaulme  quant  au  possessoire 
des  bénéiiees  el  que  le  dict  Légat  nous  a  re- 
monstré ,  comme  a  faict  en  semblable  son 
Nonce,  que  c'est  chose  que  Sa  Sainclelé  veult 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


■i\i 


prendre  à  diminution  de  son  aulhorité;  ouitre 
ce  que  nous  luy  avons  cy-devanl  faicl  remons- 
trerlàdessus  par  le  président  du  Ferrier1,  qui 
lui  envoyé  vers  sa  dicte  Sainctelé;  à  cesle  fin, 
nous  mettrons  peine  d'accommoder  si  doulce- 
ment  l'un  et  l'autre  affaire  que ,  en  pourvoyant 
par  sa  dicle  Saincteté  aux  abbus  qui  en  naissenl . 
comme  ses  dietz  Légat  el  Nonce  nous  asseurent 
qu'elle  veul  l'aire,  elle  s'en  trouvera  si  con- 
tente ei  satisffaicte  qu'elle  cognoistra  par  toutes 
no/  actions  que  nous  ne  voulions  riens  dimi- 
nuer de  l'obéissance  et  dévotion  que  ont  porté' 
au  Sainct-Siége  apostolicque  les  prédécesseurs 
Roys  de  France,  el  aussy  peu  du  tiltre  que 
cesle  couronne  porte  méritoirement  de  Roy  très 
ebrestieo.  Cependant  nous  avons  accordé  à  son 
dict  Légat  d'user  de  ses  facultez  en  la  niesme 
forme  que  ont  faict  ses  prédécesseurs  légatz , 
nonobstant  le  contenu  en  la  dicte  ordonnance, 
dont  le  dict  Légat  se  sent  tant  aratiffié  qu'il 
n'est  possible  de  plus;  car  ayant,  comme  vous 
sçavez,  ce  royaulme  privillège  exprès  de  n'y  re- 
cevoir aucuns  Légatz,  il  estoit  en  nous  de  nous 
en  excuser  honnestement,  qui  ne  sont  pas,  à 
mon  advis,  termes  sur  lesquelz  Sa  Saincteté 
puisse  fonder  ung  juste  mescontenlemenl  ;  el 
avec  cela  je  la. tiens  si  saige  et  si  prudente,  que, 
avant  que  nous  susciter  une  guerre,  elle  con- 
sidérera que,  nous  alliénant  d'elle  par  ung  si 
mauvais  office,  elle  perdroyt  le  principal  ap- 
puy  et  soubstènement  de  sa  grandeur  et  du- 
quel seul  ses  prédécesseurs  et  luy  doivent  re- 
cognoistre  leur  entière  conservation.  Quant  au 
Roy  catholicque,  depuys  le  dernier  traicté  de 

1  Arnaud  du  Ferrier,  ambassadeur  au  concile  de 
Trente,  puis  à  Venise.  Né  à  Toulouse  vers  i5o8,  mort 
en  octobre  i588.  Ses  négociations,  conseï  réea  en  manus- 
crit à  la  Bibliothèque  nationale,  ont.  été  en  partie  im- 
primées  par  Dupuy,  clans  les  Instructions  el  lettres  des 
rois  très-chrétiens  et  actes  concernant  le  concile  tic  Trente 
Paris,  Gratnoisy,  1 654.) 


■2U8 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


paix,  nous  avons  vescu  ensemble  en  telle  dé- 
monstration d'amitié  el  ont  este'  noz  muluelz 
déportemens  si  gracieux ,  paisibles  et  amiables 
que,  si  l'on  cust  jamais  occasion  de  s'asseurer 
di1  l'eslablissement  d'une  perdurable  amitié, 
il  fault  confesser  que  c'est  celle  d'entre  ces 
deux  princes,  estant  mesmement  confirmée 
et  retenue  par  ung  si  seur  lyen  et  si  agréable 
que  celluy  dont  le  dict  Roy  catholicque  nous 
est  a  taché,  de  sorte  que  d'entrer  légièrement 
en  aucune  deiïîancc  de  luy,  c'est  chose  qu'il 
me  semble  que  je  ne  puys  ny  doy  faire, 
m1  ayant  mesmement  puis  naguères  faict  offrir 
et  sa  personne  et  toutes  ses  forces  pour  m'en 
servir  à  l'encontre  des  rebelles  de  ce  royaulme 
si  j'en  avoys  besoing,  ce  qu'il  n'a  pas  faict  seul- 
ement par  le  sieur  d'Ozance  qui  estoyt  allé 
vers  luy  pour  le  prier  de  la  part  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  et  de  la  mienne  d'avoir  agréable 
que  mon  frère  le  roy  de  Navarre  envoyast  vers 
luy  pour  négocier  doulcement  et  gracieuse- 
ment de  la  récompense  du  dict  royaulme  de 
Navarre,  selon  l'espérance  qu'il  nous  en  a 
donnée,  mais  freschement  par  son  ambassa- 
deur qui  me  l'est  venu  asseurer  de  nouveau; 
et  pour  ce,  monsieur  de  Renés,  que  ceulx  qui 
ont  donné  ce  bel  adverlissement  du  coslé  de 
Rome  et  les  aultres  semblables  discoureurs 
des  choses  du  monde  pourroieut  fonder  ceste 
opinion  de  guerre  sur  les  divisions  que  l'on 
leur  dépainct  beaucoup  plus  grandes  en  ce 
royaulme  qu'elles  n'y  sont  pour  le  faict  de  la 
religion  ,  estimans  que  le  dict  Roy  catholicque 
ne  seroyt  pour,  pendant  tels  troubles,  laisser 
passer  inutilement  une  si  belle  et  bonne  occa- 
sion, je  vous  veulx  bien  dire  que,  depuys  la 
séparation  de  la  dicte  assemblée  de  Poissy, 
j'ay,  par  l'advis  de  mon  dict  frère  le  roi  de  Na- 
varre et  des  aultres  princes  du  sang  et  gens 
du  conseil  du  Roy  monsieur  mon  filz,  pour- 
veu  par  une  si  bonne  et  si  saincle  ordonnança 


à  luy  faire  rendre  l'obéissance  qui  lui  est  deue 
et  garder  ceulx  des  deux  religions  de  venir  à 
aucune  aigreur  et  main-mise  les  ungs  à  l'en- 
contre des  aultres,  que  j'espère  contenir  de  ce 
royaulme  en  repoz  et  tranquilité,  en  atten- 
dant la  célébration  du  concilie  général  et  de 
ce  qui  s'y  fera  de  décision  et  détermination  es 
dilïérens  de  la  dicte  religion,  de  sorte  que 
ceulx  qui  présagent  quelque  chose  de  sinisliv 
en  ce  royaulme  sur  une  telle  occasion,  se  trou- 
veront, avec  la  grâce  de  Dieu,  bien  loing  de 
compte,  et  ceulx  qui  seroyent  en  volonté  de 
nous  mal  faire  grandement  esloignez  de  leur 
intention,  m'estant  résolue  de  faire  acheminer 
au  dict  concilie  yncontinent  après  la  prochaine 
feste  de  la  S'-Martin  une  partie  de  noz  pré- 
latz  choisys  pour  y  comparoistre,  ayant  sceu 
que  aucuns  de  ceulx  qu'i  a  députez  à  ceste 
mesme  fin  le  dict  Roy  catholicque  se  sont  jà 
acheminez;  et  je  ne  veulx  point  que,  ayant  esté 
les  premiers  à  procurer  et  promouvoir  ung  si 
bon  et  si  sainct  œuvre,  nous  soyons  veuz  les 
derniers  en  ce  qui  appartiendra  à  l'effect  et 
exécution;  et  seray  bien  ayse,  à  ceste  cause, 
que  vous  me  mandez ,  comme  je  vous  ay  si  sou- 
vent  escript,  en  quel  temps  l'Empereur  mon 
bon  frère  se  délibère  d'y  faire  trouver  les  siens. 
Au  surplus  je  pense  que  vous  avez  entendu, 
avant  que  ceste  lettre  puisse  estre  à  vous,  le 
service  que  le  clergé  de  ce  royaulme  faict  au 
Roy  monsieur  mon  filz  de  la  somme  de 
\lii>""  de  livres  pour  le  rachapt  des  domaines 
et  aydes  que  la  longueur  des  guerres  passées 
a  contrainct  ses  prédécesseurs  d'aliéner;  je 
liendray  main  que  le  rachapt  se  face  le  plus 
promptement  et  en  moindres  années  qu'il  sera 
possible,  considérant  que  par  ceste  réunion 
augmente  son  revenu  ordinaire  de  n*°°s  de 
livres  par  an,  et  l'asseure  quant  et  quant  d'un 
moyen  de  trouver  tousjours  jusques  à  xx-°°s  de 
livres  par  ung  nouvel  engaigment  des  dicts 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


2A9 


domaine  et  aydes  pour  subvenir  aux  frays 
d'une  longue  guerre,  quanl  il  en  sera  besoing, 
chose  donl  vous  regarderez  de  vous  prévalloir 
au  lieu  ou  vous  estes,  affin  de  donner  le  plus 
que  miiis  pourrez  de  réputation  à  nos  affaires 

et  faire  cognoistre  à  tout  le  nde  que  nous 

ne  sommes  pas  avec  si  peu  de  moyen  de  nous 
bien  deffendre  que,  toultes  et  quanteffoys  que 
l'on  pensera  de  s'atacher  à  nous,  celluj  qui  le 
vouidra  entreprendre  n'ayt  aultant  affaire  à  se 
conserver  qu'il  pourra  avoir  d'envye  de  nous 
entamer;  vous  advisant,  pour  fin  de  ma  lettre, 
que,  après  avoir  aymé  mon  cousin  le  duc  de 
Nemours  et  lenu  aussi  cher  que  s'il  eust  esté 
l'un  de  mes  propres  enffans,  il  s'esl  tant  ou- 
blié que  de  m'avoir  voullu  enlever  mon  fi lz  le 
duc, d'Orléans  soubz  la  persuasion  qu'il  lui  fay- 
soit  de  le  mener  en  Lorraine,  ou  en  Savoye, 
où  il  seroyt  plus  caressé  et  gratieusémenl 
traicté  qu'il  n'estoit  auprès  de  moy.  Je  luy  ay 
escripl .  d'aultanl  qu'il  y  a  quelques  jours  qu'il 
a  pris  congé  de  moy  pour  aller  chez  luy, 
qu  il  me  vienne  trouver  pour  se  justifier  d'une 
telle  entreprise;  vous  sçaurez  cy-après  ce  qui 
en  sera,  car  je  n'oublieray  de  vous  en  tenir 
adverty  ordinairement;  priant  Dieu,  monsieur 
de  Renés,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  Saint-Germain-en-Lâye,  le  pre- 
mier jour  de  novembre  1  56 1 . 

(',  ITRRIiNE. 

Je  ne  veulx  oublier  à  vous  dire  que  nous 
avons  choisy  le  sieur  de  Candalle  '  pour  l'en- 
voyer ambassadeur  du  Roy  monsieur  mon  fîlz 
au  concilie,  et  tiendray  main  à  le  faire  partir 
bienlost  après  le  parlement  de  noz  premiers 
prélats. 

BoiIRDIN.    . 

'  Henri  de  Foix,  coirile  de  Candalo,  marié  à  Marie 
de  Montmorency,  dame  d'honneur  de  Catherine  de  Mé- 
dias. 

Catherine  de  Médicis.  —  1. 


1561.  —  3  novembre. 

Orig.  Archives  de  Turin. 
A   MON    FRÈRE 

MONSIEUR  LE  Dl  G  DE  SAVOIE. 

Mou  frère,  le  sieur  Morette  m'a  l'aie!  en- 
tendre comme  vous  auriez  eu  advis  par  quel- 
qu'un de  vos  minisires  qui  sont  à  Home  que, 
nous  voullaus  dernièrement  excuser  envers 
Noire  Saint  Père  le  pape  de  la  prinse  et  arresl 
que  le  sieur  de  Bourdillon  aurait  faicte  sans 
noire  commandement  de  quelzques  ungs  de 
ses  courriers,  nous  aurions  là  dessus  faict  re- 
monstrer  et  déetairer  à  Sa  Sainteté  par  notre 
ambassadeur  que  le  dicl  arrest  n'aurait  esté 
faict,  pour  son  respect,  mais  seullemenl.  pour 
la  crainte  et  delliance  que  nous  aurions  eue 
de  vous  et  de  quelques  unes  de  voz  allions  el 
pour  ce,  mon  frère,  que  c'est  une  pure  men- 
songe el  calompnye,  et  que  tout  ainsi  que  vous 
ne  nous  avez  jamais  donné  occasion  d'entrer 
en  deffiance  de  vous,  tout  ainsi  aussi  n'en  avons- 
nous  prins  aucune  et  moins  voullu  charger  el, 
regecter  une  telle  chose  sur  vous.  \  ceste  cause . 
je  vous  ay  bien  voullu  escrire  ceste  lettre  pour 
mois  prier  bien  fort  de  ne  voulloir  ouyr,  n\ 
adjouster  Iby  à  telles  calompnies  de  quelque 
lieu,  bouche  ou  endroict  qu'elles  puissent 
avoir  esté  dictes;  car  je  vous  asseure  encores 
une  Ibis  que  jamais  ung  tel  propoz  n'a  esté 
tenu  et  que  ceulx  qui  disent  cela  monslrenl 
bien  que  nous  ne  devons  avoir  telle  fiance 
en  eulx,  comme  nous  avons  en  vous,  en  ré- 
compence  de  laquelle  vous  devez  croire,  mou 
frère,  que  nous  essayerons,  si  Dieu  plais!,  e 
bienlost,  de  vous  faire  cognoistre  par  effect 
combien  nous  vous  savons  de  gré  et  aimons 
et  estimons;  ce  que  attendant  je  prie-  Dieu, 
mon  frère,  qu'il  vous  doinct  ce  que  plus  dé- 
sirez. 

3a 


250 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


De  Saint-Germain -en-Laye,  ce  111e  jour  de 
novembre  1  5  6 1 . 

(De  sa  main.)  Je  vous  suplye  ne  panser  que 
je  aye  jeamès  aupinion  de  vous  aultre  que  je 
hay  de  mes  propres  eufaus  et  vous  prie  ausi 
croyre  que  n'are's  jeamès  aucasion  d'en  navoyr 
aultre  de  moy  que  de  ia  milleure  et  plus  afec- 
lionne'e  seur  que  feut  jeamès  enver  frère  qui 

ayst. 

Votre  bonne  seur, 

(Iatf.rine. 
kobbrtet. 

1561.  —  S)  novembre. 

Orijj.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  ao45o,  f°  1 33. 

V  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  BOISY, 

CH  ,>D    ESCDYBH   DE    FFtiXC.E. 

Mon  cousin,  je  receuz  hier  au  soir  à  mon 
coucher  vostre  lettre  du  xu"  de  ce  inoys  par 
laquelle  j'ay  este'  bien  ayse  d'entendre  vostre 
arrivée  à  Paris  pour  l'espérance  que  j'ay  de 
vous  \eoir  bientost  en  ceste  compagnie,  où  je 
vous  puvs  asseurer  que  vous  serez  le  très  bien 
venu.  Quant  aux  vingt-cinq  gentilzhommes 
vous  avez  assemblez  par  le  chemyn  pour 
amener  quant  et  vous,  ainsi  que  je  \ous  avoys 
escript,  j'ay  jà  commandé  au  sr  de  Roslaing 
de  leur  faire  départir  leurs  logeis;  et  pour  le 
regard  de  leur  équippaige,  il  sullira  qu'ilz 
viennent  en  leurs  acoustremens  ordinaires 
avec  la  haiche,  sans  qu'ilz  se  mectent  en  des- 
pence de  fa i re  venir  leurs  armes  et  grans 
chevaulx.  Je  n'ay  poinct  escript  au  conte  de 
Sanxerre  qu'il  envoyé  de  ceulx  de  sa  bende, 
ayant  laid  mon  compte  que  ce  sera  pour  le 
prochain  quartier,  ainsi  que  je  rerneclz  d'en 
adviser  plus  particulièrement  avec  vous  à  vostre 
arrivée,  aclendant  laquelle,  je  \oys  prier 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  \ous  avt  en  sa  saincte 


garde.  Escript  à  Sainl-Germain-en-Lave,  le 
vin"  jour  de  novembre  i  ôii  i . 

La  byen  vostre, 

Catf.rine. 

Boi'RDIN. 


1561 .  —  10  novembre. 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  16875,  f°  a83. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  escript  la  chose  qui  est  advenue 
depuys  quelques  jours1,  dont  je  me  suys 
trouvée  en  grande  peyne  pour  eslre  telle  que 
je  ne  l'eusse  jamays  espéré  d'une  personne 
tant  obligée  au  feu  Roy  monseigneur  et  ayant 
cest  honneur  de  luy  appartenir  de  si  près, 
comme  faict  monsieur  de  Nemours,  de  la- 
quelle il  m'a  semblé  estre  besoin;;  vous  ad- 
vertir  pour  la  faire  entendre  au  Roy  mon  bon 
lilz,  et  à  la  Royue  ma  fil  le ,  m'asseurant  que 
lavant  sceu,  ilz  ne  la  trouveront  inoings 
maulvaise  que  je  faietz,  et  que  cela,  me  tou- 
chant tant  et  si  avant  qu'il  faict,  ne  sera  prius 
d'eulx  aultrement  que  requiert  l'amylié  el  es- 
troicte  alliance  qui  est  entre  nous.  Je  vous 
prie  doneques  me  mander  comme  le  Roy  mon 
dict  lilz  l'aura  prins  et  la  responce  qu'il  vous 
en  aura  faiele,  et  ce  que  l'on  en  dira  en  cesle 
court,  ne  doublant  point  que  leur  ambassa- 
deur n'en  mande  incontinent  des  nouvelles  à 
l'accoustumée.  Au  demeurant  vous  verrez  ce 
que  nous  avons  advisé  de  faire  pour  avoyr 
moyen  d'entendre  de  voz  nouvelles  plus  sou- 
vent;  à  quoy  vous  tiendrez  la  main  pour  esta- 

1  Yoy.  la  minute  de  celle  lettre  de  Charles  IX,  dan> 
le  n°  10875  du  fonds  franc.  f°  3*.").  «Le  fond  de  cela, 
dit-il  à  févëque,ne  tendoit  c]U*à  exciter  une  ç.raguerie. 
comme  il  s'en  est  veu  aullrefois  en  ce  royaulme»,  et  en 
terminant  il  le  prie  de  savoir  rs'il  est  vray  que  eu  la 
frontière  de  Ronssillon  ilz  aient  as> blé  de  leurs  gar- 
nisons qu'ilz  font  couler  vers  Bayonne.n 


blir  cela  comme  uDg  ordinaire,  de  façon  que, 
de  quinze  jours  en  quinze  jours,  nous  ayons 
nouvelles  les  unjjs  des  aultres,  el  vous  mec- 
frez  les  lettres  que  la  Royne  ma  fille  m'escrira 
dans  vostre  paquet ,  el  quand  il  \  aura  quelque 
chose  d'importance,  vous  ne  lairrez  pour  cela 
de  m  envoyer  nomme  exprès  <|m  me  puisse 
compter  de  ses  nouvelles  el  luy  rapporter 
les  miennes;  qui  est,  monsieur  de  Lymoges, 
loul  ce  que  je  vous  diray  pour  ceste  heure, 
prianl  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Saincl-Germain-en-Laye,  le  .  .  .  jour  de 
novembre  :  56i. 

(  l/(  dos.)  Le  \cjoui'  de  novembre  i.jGi. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  251 

vous  ae  l'aictes  vostre  entier  debvoir  pour  j 


1501.  —  i  A  novembre. 
Copie.  Bibl.  uni.  Parlement,  vol.  83.  f  46  »  . 

A  MESSIEURS  LES  GllNS 

TKN'ANS  LA  CODRT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript1  pour  une  affaire  qui  esl  de  telle  im- 
portance et  qui  louche  si  avant  au  faict  de 
son  estai-,  que  je  ne  faits  poincl  de  doute 
que,  en  ayant  esté  advertis,  comme  vous  estes, 

1  Voy.   celte  lettre  de  Cljarles  IX    (même  volume, 

1  6  r"). 

2  Celte  lettre  fut  <:ciile  à  l'occasion  d'une  thèse  sou- 
tenue à  l.i  Soi  lionne  par  Jean  Tanquerel,  bachelier  du 
collège  d'Harcourt,  sur  «le  droit  du  pape  de  déposée  les 
rois  et  empereurs  qui  favorisent  l'hérésie»,  Prise  de  corps 
ayant  été  ordonnée  contre  le  jeune  bachelier,  il  s'y  déroba 
par  la  fuite.  Le  doyen  et  les  docleurs  de  Sorbonne  furent 
mis  en  demeure  de  le  faire  arrêter,  mais  ue  pouvant  ou 
ne  voulant  pas  exécuter  cet  ordre,  ils  furent  contraints 
de  faire  lire  en  pleine  Sorbonne  et  en  présence  de  tous 
les  docteurs,  du  président  de  Tliou  et  de  deux  conseil- 
lers du  Parlement,  la  rétractation  de  Tanquerel  et,  en 
son  nom,  ils  implorèrent  la  clémence  du  Roi.  —  \"\. 
Bib!.  nat.  Parlement,  vol.  83, f"  17,  ào  et  55;  de  Thon, 
II, si.  universelle,  édit.  de  17,'J'i,  t.  IV,  p.  106. 


donner  la  saige  el  prudente  provision  que 
vous  sçaurez  bien  juger  la  chose  le  requérir. 
Toutefois,  considérant  quelle  conséquence  tire 
après  so\  une  telle  affaire,  je  ne  puis  moins 
que  (!<•  vous  prier  de  mn  part  de  l'embrasseï 
el  de  vous  \  emploier  avecq  tel  soing  el  conti- 
nuelle sollicitude  que  nous  y  puissions  veoir 
le  remède  que  nous  espérons  de  vos  iiiléjpiiV/ 
el  du  zèle  el  dévotion  droicte  el  sincère  que 
VOUS  aurez  au  bien  de  ceste  couronne  et  à  la 
seureté  et  conservation  de  Testât  du  Roy  mon 
dict  sieur  el  fils.  Prianl  Dieu,  messieurs,  qu  i 
vous  ail  en  sa  hès  saincle  garde.  Escripl  à 
Saint- Germain-en-Laye,  le  xuu°  novembre 
i56i. 

(',  HERINE. 
BoURDIN. 


1561.  —  a.i  novembre. 

Minute.  Bibl.  net.  f<,mis  fronçais,  n°  1587"»,  l'38i. — 
1 1,  \g,  Bibl.  de  Rouen  -  fonda  l<  ber. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  la  lettre  du  Roy 
monsieur  mon  filz  el  l'instruction  qui  a  esté 
baillée  au  s''  d'Ozances  '  sont  si  amples  que  je 
ne  vous  \  scaurrois  qu'adjouster,  si  n'est  vous 
dire  que  je  suis  merveilleusement  marrye  d< 
veoir,  par  l'imposture  et  calumnyedequelzques 
malheureulx,  le  Roy,  mon  beau  filz,  prendre 
une  sinistre  oppinion  de  noz  depportemens, 
et  croire  que  imus  luy  portons  moy  ngs  d  ami- 

I   était  sa  seconde  mission  1  n  Espagne  d'où  il  étail 
revenu  au  mois  d'octobre  précédent.       Voy.  Calendat  0 
State  papers  (i56i-j56a,  p.  438)  el  les  Instructions 
données  à  M.  d'Ausance,  Bibl,  nat.  fonds  franc,  n"  1  5875, 
I   27g  ;  -  -  Lettre  de  Charles  l\  à  M.  de  Limoge:         no 
vembre  i56i  ),  fonds  franc,  n"  1.187."),  1*38')  (elle  ion, 
plète  celle-ci);  —  Lettre  de  Charles  1\  à  M.  de  Limoge 
1  io  décembre  i56i  |,  même  volume,  I"   'i'i'i   el  suiv.; 
—  Mémoire  envoyé  par  \1.  de  Limoges  sur  la  tfùuii 
de  d' Amance ,  même  volume,  C3o3. 


■i:,2 


.ETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Ive  nue  nous  ne  misons,  vous  advisanl  que  s  il 
failloil  '  rroirc  aux  bruilz  que  I  on  sème,  nous 
aurions  beaucoup  plus  d'occasion  d'entrer  en 
leftiance  qu'il  ne  sçauroil  avoir  de  nous,  d'aul- 
inl  que  tout  le  monde  veoit  quel/,  prépara lifz 
nous  faisons,  el  les  I nui lz  qu'on  nous  faict  de 
costé  ne  sont  pas  sans  quelque  apparence, 
fouttefois,  je  ne  veulx  riens  croire,  tant  je 
l'estime  prince  de  vérité,  de  vertu  et  de  parolle, 
no  pouvant  me  persuader  qu'il  soil  pour  entre- 

idre ■  guerre  sans  juste  occasion,  de  la- 

[tielle  il  !u\  peull  aultant  advenir  de  mal    [uc 

m.  Au  demeurant,  je  ne  veulx  oublyer  de 
vous  dire  que  hier  l'ambassadeur  d'Espaigne 
i  il  son  audience,  m'a  dict  que  le  l!ny  son 
inaislre  estoyl  en  jalousie  des  inlelligences 
ijti'il  sçavoyl  qu'aucuns  des  subjeclz  ilu  lîo\ 
mon  lii/.  avoyenl  en  Allemaigne;  à  quoy  lin 
. .  il  respondu  que  je  ne  sçavois  poinct  qu'au- 
cuns \  eussent  aultres  intelligences  qui'  celles 

le  Ro\  mon  lilz  y  avoyl  avec  la  plusparl 

ius  les  grands  princes  de  la  Germanie,  il 
mi'  répliqua  que  ce  n'estoyt  |ias  cela  el  que 
loyenl  [larticuliers,  me  nommant  le  roj  de 
\  irre.  Je  luy  dis  lors  que  je  m'assuroys  que 
le  dicl  m)  de  Navarre  n'j  avoyt  intelligence 
que  je  ne  susse  ei  que  le  sachant  il  se  pouvoil 
issurer  que  ce  u'estoil  chose  qui  fust  contre 
le  ii<>\  iiiiui  beau-filz,  me  voulanl  soigneuse- 
meiil  enirelenir  son  amitié,  il  se  pouvoit  pen- 
ser que  je  n  endurera}  qu'il  v  eul  eu  cela  chose 
qui  fust  pour  nie  la  faire  perdre;  bien  pensoys- 
que  c'esloycnt  amyliés  de  particulier  à  par- 
ticulier, comme  il  va  entre  les  princes;  mais 
d'aultres  intelligences,  que  je  ne  permetroys 

lis  que  personne  des  subjetz  du  Ro\  mon 
!:is  en  eusl  que  en  son  nom  el  pour  miii  ser- 
vice, ce  que  je  vous  a j  bien  voulu  escrire,  aflin 

vous  en  soyez  instruict,  pour  le  faire  en- 

'  !.. 


tendre  au  Roy  mon  beau-filz,  ce  que  j'estime 
qu'il  n'aura  failly  de  le  mander,  comme  il  nie 
I  a  dicl ,  el  que  lui  disiez  à  la  vérité  la  responce 
que  je  lui  a\  faietc,  que  je  ne  vouldroys  qu'il 
en  usasl  à  sa  mode.  Je  vous  prie  m'advertir 
bien  amplement  par  les'  d'Ozances  de  toutes 
choses,  lequel  vous  priera;  croire  de  ce  qu'il 
vous  dira  de  ma  part  comme  vous  feriez  ne>;- 
mesmes.  Priant  Dieu,  monsieur  de  Lymoges, 
vous  avoir  en  sa  saincte  cl  digne  garde.  De 
Sainct-Germain-en-Laye,  le  .  .  .  jour  de  no- 
vembre i  50  i  '. 

(  '.  \tkiunk. 

1 56 1 .  —   •■  ■'  novembre. 
Orïg.  Bibl.  imp    de  Saiot-Pélerekouig    • 

A   MO\    l,o|  Sl\ 

MONSIEl  !î  DE  BORDILLGN, 

UBUTENANT  GSNBBAL  DU  HOt    MOXSIEUH    MOS      II./    IN   l'Il.DMOM. 

Mon  cousin,  le  Roy  monsieur  mon  lilz 
nous  salisll'aicl  si  amplement  à  toutes  vos  dé- 
pesches  que,  sans  vous  en  faire  aucune  aultre 
redicte  par  la  présente,  il  me  su  (lira  de  vous 
dire  que  nous  avons  faict  regarder  avecq  le 
commis  du  trésorier  de  l'extraordinaire  de 
l'iedmonl  m  voz  assignations  n'esloienl  pas 
bonnes,  el  s'est  trouvé  qu'il  n'y  en  a  de  plus 
promptes  ne  plus  seines,  qui  me  faii  I  penser 
que  bientost  .mis  en  serez  satisffaict  el  que. 
par  cy-après,  nous  n'aurez  plus  la  peine  de 
nous  en  escrire,  me  remeclanl  du  surplus  sur 
la  leclre  du  dicl  sieur  Rov  mon  fil/,  el  priant 
Dieu  ,  mon  cousin .  voie-  avoir  en  sa  saincte  el 
digne  garde.  De  Saint-Gcrmain-en-Laye,  ce 
wui    jour  de  no\ embre  i  ->ii  i  . 

(  Iaterine. 

l'oiiKl:  i  II. 

1  l..i  minute  il.'  la  Bibl.  nationale  porte  écrit  <"/  </<>.s  : 
Lu  Honiii'  à  M.  île  Limoges,  du  nxiii  jour  de  novembre 
i56i. 


LETTP.l-S  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


I  56 1 .       a3  novembre. 

Copie,  lîibl    nal    Pai  h ni  ,  vol.  83  ,  f  ag   , 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TESÀNT  LA  COI  RT  DE  PARLEMENT   K  PARIS. 

Messieurs,  je  vous  ay  cy-devanl  faict  en- 
tendre par  monsieur  le  président  de  Beaune, 
le  désir  que  j'ay  qu'il  soit  mis  une  bonne  et 
prompte  fin   au    procez  provisionnai  que  le 

sieur  de  Saint  Ciergue  ',  l'un  des  secrétaires 
du  Roy  mon  tilz,  a  pendant  pardevant  \ous 
;'i  ('encontre  d'aucuns  du  collège  des  secré- 
taires de  la  maison  de  France,  pour  raison 
de  ses  prétendus  droiclz  desboursez,  et  pré- 
sentement ledict  seigneur  Roy  mon  filz  vous 
en  escrit  les  lettres  que  vous  verrez2,  lesquelles 
j'ay  bien  voullu  accompagner  de  la  présente, 
voue  priant  l'avoir  en  sondict  procez  pour  bien 
recommandé  en  la  meilleure  et  [dus  prompte 
expédition  de  justice  que  faire  se  pourra,  en 
manière  que  l'issue  s'en  puisse  de  brief  en- 
suivre telle  qu'il  appartient,  et  vous  me  ferez 
en  ce  faisant  plaisir  très  agréable.  Priant  Dieu, 
messieurs,  qu'il  vous  ayl  en  sa  garde. 

De  Sainct-Geimain-en-Laye,  le  vingt  Iroi- 
>me   jour    de    novembre    mil    cinq    cens 
soixante  et  un. 

Caterine. 
De  l'Aubespine.     . 


1561. —  aô  novembre. 
Orig.  Arcln'vcs  de  Maine-et-Loire. 

A  MONSIEUR  DE  VIELLEVILLE, 

CBEïALIEn   DE  L'OItllRE  DU   BOÏ  WOSSIEl  B  MON   FILZ  , 
(OVSEILLER  EX  SOS  COKSEIX.  PBIVÉ  ET  SON   LIECTENANT  GENERAL  A   M8TZ. 

Monsieur  de  Yielleville,  nous  avons  esté 
advertiz  que  ung  marchant  de  S'  Nicolas, 
nommé  Anllioine  Go,  a  esté  à  Troies  pour  y 

1  Sans  doule  de  la  maison  des  Boliicr,  sieur  de  Clic- 
nonceau  et  de  Saint-Ciergues. 

2  Voy.  cette  lettre  de  Charles  I\  (même  vol.  f  3o). 


recouvrer  sept  ou  lui  ici  cent  matellatz ,  ainsi 
que  vous  verrez  par  ung  advis  que  je  vous 
envoyé,  et  parce  que  j'en  désire  bien  sçavoii 
I  occasion,  je  vous  prie  meclre  peine  de  la  des- 
couvrir pour  m'en  advertir  et  continuer  à  me 
faire  sçavoir  comme  toutes  choses  vonl  par- 
delà.  J'ay  sceu  quelque  chose  de  vostre  indis- 
position, dont  il  nie  desplaist.  Si  vous  avez 
besoing  de  ebose  qui  so\i  icy,  adverlissez 
m'en,  et  je  donneray  ordre  de  vous  en  faire  ac- 
comodder  pour  le  désir  que  j'ay  de  vous  veoir 
en  parfaicte  santé.  Priant  Dieu,  monsieur  de 
Vielleville,  vous  donner  ce  que  désirez.  Dr  S 
Germain-en-Laye,  le  \xv  jour  de  novembre 
i  5  6 1 . 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  a  S  novembre. 
Fin  d'une  dépêche.  Copie  transmise  par  M.  Etienne  Char  voy. 

\  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Le  s1  d'Ozence  ne  sçait  rien  de  ceste  dé- 
pesche  et  icy  n'a  esté  entendue  que  de  troys 
personnes;  achevez  de  la  conduire  selon  le 
commencement,  et  si  vous  étiez  si  heureux 
d'en  tirer  quelque  bonne  conclusion  ,  vous 
m'aurez  faict  le  plus  agréable  service  que  je 
sçaurois  désirer,  car  me  trouvant  asseurée  de 
ce  costélà,  il  me  seroil  bien  facile  de  maniei 
tout  le  dénouement  à  ma  commodité  et  au 
bien  et  advantage  du  service  du  Iioy  monsieur 
mon  filz;  mais,  parmi  tout  cela,  ne  laissez 
pas  d'avoir  les  yeux  ouverts  près  et  loing  pour 
veoir  s'il  n'y  a  riens  de  caché  et  ne  vous  laissez 
endormir,  car  beaucoup  d'advis  et  de  nouvelles 
de  Rome,  de  Flandres,  d'AHemaigne  et  d'ail- 
leurs concurrent  à  semblable  but,  qui  est  la 
guerre,  e!  povez  bien  asseurer  par  de  là  que 
d'ici  n'en  viendront  point  les  occasions,  et,  s'il 
y  en  a,  tenez  pour  certain   que  ce  sont  des 


25/i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


idées  que  ceulx  qui  sont  mal  disposés  se 
forgent  d'eulx  mes  m  es;  au  demouranl,  affin 
que  vous  sachiez  que  l'advis  que  je  vous  ay 
donné  de  monsieur  de  Nemours  n'est  pas  sans 
rondement,  combien  que  l'on  n'aytpas  encores 
atteint  la  source  et  la  pure  vérité  du  mal,  si 
ferrez-vous  bien  par  la  copie  de  l'instruction 
qu'il  a  baillée  à  ung  gentilhomme  des  siens, 
envoyé  ici  pour  s'excuser,  qu'il  avoit  parlé  à 
mon  fils  d'Orléans  de  telle  sorte  qu'il  est  aisé 
à  juger  qu'il  y  avoit  quelque  chose  de  caché, 
el  que  je  serois  très  ayse  que  vous  fae.iez  en- 
tendre par  de  là;  et  quant  à  voire  successeur, 
je  y  pourvoiray  le  plus  lost  que  je  pourray, 
vous  [triant  cependant  de  l'aire  de  bien  en 
iniculx  et  que  je  sçache  au  plus  tost  ce  cjue 
vous  avez  receuilly  de  ceste  dépesche;  remet- 
tant le  surplus  à  ce  dict  porteur,  auquel,  en 
vostre  faveur,  j'ay  fait  accorder  une  place  de 
>arlet  de  chambre  du  Boy  monsieur  mon  Clz, 
pour  eslre  mis  au  prochain  estai.  Priant  Dieu, 
monsieur  de  Lvmoges,  vous  avoyr  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye,  ie  xxvin0 

jour  de  novembre  1  56 1 . 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


15(51 .  —  ai)  novembre. 

Orijj.  Bibl.  nal.  Cinq  cenls  Colbert,  u°3go,  f  '  7")  el  7G. 

Imprimé  dans  tes  Aâdit.  aux  Mémoires  de  Cattehutu >  par  Le  Laboureur, 

1.  I.  p.  734. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  j'ay  receu  à  troys  jours 
près  l'un  de  l'aultre  les  deux  lettres  que 
m'avez  escriptes  du  pénultime  oclobre  et  vic 
du  présent.  Par  la  première  desquelles  j'ay 
veu  cr  qur  l'Empereur,  mon  bon  frère1,  vous 
a  respondu  sur  l'instance  que  vous  luy  avez 

:   Ferdinand  I 


faicte  de  vous  déclairer  en  quel  temps  son 
ambassadeur  se  pourra  rendre  au  concilie  avec 
sesprélatz  et  évesques,  affin  de  pouvoir  selon 
cela  disposer  si  à  propoz  le  parlement  dos 
nostres  qu'ilz  ne  faillissent  à  s'y  trouver  au 
mesme  temps  que  eulx;  et  pour  ce  que  je  or 
cognoys  par  la  dicte  responce  que  longueurs, 
prolongemens  et  remises,  et  qu'il  me  laid 
bien  paroislre,  par  l'incertitude  avecques  la- 
quelle il  vous  en  parle,  que  j'employe  assez 
mal  à  propoz  ce  que  je  despendz  de  sollicita- 
lion  et  poursuicle  pour  l'advancenienl  de  ces! 
affaire,  je  suys  d'advis ,  puysque  ainsi  est, 
que  vous  ne  luy  en  parlez  plus ,  et  que  seule- 
ment vous  vous  constituez  observateur  de  ses 
actions  pour  m'adveilic  de  tout  ce  que  vous 
en  pourrez  aprendre  ordinairement,  et  selon 
le  chemin  que  je  luy  verray  prendre  en  cela 
et  aux  aultres  princes  chrestiens ,  je  regarde- 
ray  de  faire  satisfaire  à  ce  qui  sera  du  devoir 
du  Roy  monsieur  mon  fdz  en  cest  endroict. 
J'ay  veu  le  dupplicala  de  vostre  dépesche  du 
neulîesme  oclobre,  qui  a  esté  ostée  au  cour- 
rier de  Pouliongne,  sans  laquelle  il  estoitbien 
mal  aisé  que  je  sceusse  comprendre  en  quoy 
se  consistait  la  gratification  que  vous  désiriez 
que  je  feisse  envers  le  roy  de  Bohesme  pour 
une  perpétuelle  assurance  et  confirmation  de 
nostre  amytié;  sur  quoy  je  vous  diray,  mon- 
sieur de  Renés,  que  nous  avons  esté  advertyz 
de  bon  lieu  que  le  dict  roy  deRohesme,  qui 
■, eull  nous  entretenir  en  opinion  de  son  amv- 
lié  el  s'avantaiger  en  tout  ce  qu'il  pcult  de 
celle  qu'il  porte  au  roy  d'Espaigne,  n'entend 
rien  de  Testât  des  affaires  de  ce  royaulme,  ne 
aultre  chose  qu'il  congnoisse  aparlenir  au  bien 
du  service  du  dict  roy  d'Espaigne,  dont, 
eue  1res  que  ce  soit  à  nostre  préjudice,  il  ne 
l'advertisse  ordinairement,  de  sorle  qu'il  est 
bien  nécessaire  ,  comme  je  m'asseure  que  vous 
l'avez  tousjours  faict  et  saigemenl  et  prudem- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


255 


ment,  que  sans  vous  promectre  trop  de  l'hon- 
neste  Familiarité  do  laquelle  il  use  en  vostre 
endroict  et  des  ;i«i \  is  qu'il  vous  donne  quelque- 
Ibys,  vous  ne  vous  ouvrez  e(  laissez  entendre 
à  luy  que  (les  choses  généralles  el  qui  soient 
de  si  peu  d'importance  qu'il  ne  nous  préju- 
dicie  en  riens  que  le  dict  roy  d'Espaigne  le 
sçaiche  ou  non;  et  toutesffoys,  continuant  en 
la  démonstration  que  vous  luy  avez  tousjours 
faicte  de  vous  asseurer  plus  de  sou  amylié  et 
de  sn  parole  que  de  prince  de  ce  monde,  regar- 
dez de  tirer  tle  luy  le  plus  que  vous  pourrez 
des  délibérations  et  des  dessaiugs  du  dict  roy 
d'Espaigne  pour  ce  qui  nous  regarde ,  el 
mesmes  pour  ce  bruict  de  guerre  dont  il  s'est 
parlé,  et  semblablement  de  ce  qu'il  luy  vien- 
dra cl  à  l'Empereur  son  père  de  l'intention  du 
Pape;  envers  lequel,  ainsi  que  l'entendz,  le 
faict  de  la  religion  avoit  rendu  noz  actions, 
pour  avoir  esté  mal  prisez  el  interprétées  , 
ung  peu  plus  odieuses  qu'elles  ne  seront  à 
présent  que  Sa  Saincteté  a  sceu  qu'elle  a  esté 
!'is-ue  de  l'assemblée  de  Poyssy,  de  laquelle 
l'on  luy  avoil  l'aie!  beaucoup  plus  de  peur 
qu'elle  n'en  a  senly  de  mal,  el  quelle  voit 
d'aultre  pari  ce  que  son  Légal  '  reçoit  icv  de 
gratification  en  tout  ce  qui  concerne  ses  facul- 
tez  el  l'aucthorité  du  Sainct-Siége  apposto- 
licque;  en  quoy  nous  travaillons  à  nous  coni- 
:  rler  de  (elle  sorte  que  Sa  dicte  Saincteté 
n'en  peult  ressentir  qu'un  entier  contentement. 
Quant  à  offrir  et  promectre  quelque  chose, 
suivant  voslre  advis ,  au  dict  roy  de  Bohesme, 
de  la  volunté  du  Roy  monsieur  mon  (ilz  et  de 
la  mienne,  au  faict  de  sa  promotion  et  suc- 
cession en  l'empire,  je  considère  que  c'csl 
chose  qui  peult  loucher  de  si  grandz  princes 
que,  pour  n'offencer  personne,  ce  sera  bien 
faict  que  vous  n'y  entrez  aucunement,  et  que 
vous  vous  conteniez  de  luy  en  avoir  tenu  les 

1   Le  cardinal  de  Ferrere. 


propos  donl  me  l'aides  mention  par  une  de 
\os  dictes  lettres,  estant  bien  aise  qu'ilz  ayenl 
oslé  si  généraux  que  vous  l'ayez  peu  faire 
sans  commission  ny  commandement  ;  car  en- 
cores  que  je  n'aye  riens  sceu  de  la  pratlicque 
du  ro\  de  Danemarc  '  avec  l'électeur  de  Saxe2, 
el  que  je  ne  pense  point  qu'il  v  ail  chose  qui 
soil  pour  traverser  ce  que  le  dict  roy  de 
Bohesme  peull  jà  avoir  d'assurance  en  la  dicte 
succession,  si  est-ce  qu'il  \  a  beaucoup  de 
considérations  qui  ne  nous  peuvent  permectre 
de  nous  en  empescher,  et  encores  moins  de 
nous  y  obliger  de  parolle  et  promesse,  laquetb 
ne  se  peull  faire  si  secrette  et  particulière 
qu'elle  ne  soil  sceue  incontinanl  ;  vous  advisanl 
que  l'évesque  de  Limoges  m'a  adverty,  par 
une  sienne  dépesche  ,  qu'ilz  tiennent  en 
Espaigne  pour  chose  certaine  que  non  seulle- 
uienl  le  prince  de  Bohesme  y  doibl  passer 
bientost,  suivant  l'advis  que  vous  m'en  don- 
nez, mais  aussi  l'une  des  filles  avec  encores 
l'un  des  garsons3,  ilz  en  faignenl  l'occasion 
sur  l'indisposition  du  prince  d'Espaigne  el  je 
pense  que  ce  soit  [dus  tosl  pour  avoir  en  leurs 
mains  le  plus  seur  gaige  qu'ilz  peuvent  dési- 
rer de  l'amitié  du  dict  roy  de  Bohesme,  affin 
de  le  retenir  et  conserver  à  eulx.  entièrement. 
Vous  sçaurez  bien  descouvrir  ce  qui  en  est, 
estant  au  lieu  où  vous  estes,  pour  m'advertir 
de  ce  que  vous  en  pourrez  apprendre  el  de 
loules  aultres  particularités  qui  seront  dignes 
de  moy,  ainsi  soigneusement  que  vous  avez 
faict  jusques  icy.  Priant  Dieu ,  monsieur  de 
lieues,  qu'il  vous  ayt  en  sa  sâincte  garde, 

1  Frédéric  II,  (ils  de  Christier»  111,  mort  le  'i  .uni 
i588,  laissant  de  Louise  de  Mecklenbourg,  qu'il  avait 
épousée  le  30  juin  1 55a ,  Christiern ,  son  successeur. 

2  Auguste,  dit  le  Pieux,  ne  le  .'il  juillet  [5a6,  mort 
le  i  i  février  i  586. 

3  Rodolphe,  le  lits  de  Maximilien,  et  qui  depuis  lui 
empereur. 


256  LETTRES  DE  CATH 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye ,  !e  x\i\c 
jour  de  novembre  1  50  i . 

Entre  aultres  choses  dont  le  dict  roy  de 
Bohesme  a  donné advis  au  dicl  roy  d'Espaigne, 
il  n'a  pas  oublie'  les  propos  que  vous  luy  avez 
lenus  du  mariage,  dont  il  vous  feust  escripl, 
pendant  que  le'  sr  de  Vieillevillc  esloit  par  de 
là,  el  de  dire  que  nous  estions  après  à  luy 
rechercher  des  premiers. 

Caterine. 
Bourdin. 


(1561.  -  Décembre1.) 

Aut.  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K.  1Ï196.  B.  i4. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  D'ALBE. 

Mon  cousin,  j'é  lousjours  conçu  que,  es 
chauses  qui  ont  touché  mon  contentement  et 
l'anlerlenement  de  la  amitié  de  ses  dus  roys2, 
di  qui  Dieu  m'a  fayst  tent  de  heur  d'estre  mère, 
vous  m'avés  leneu  promesse,  faysent  si  bon 
aufise,  comme  l'évêque  de  Limoge  me  témoigne 
aurdinèrement  par  ses  letres,  et  la  bonne  dis- 
posision  en  quoy  yl  vous  ha  trové  pour  aco- 
moder  le  fayst  délia  réconpanse  de  mon  frère, 
le  rov  de  Navarre,  dont  j'é  eu  grant  plésir,  et 
ne  vous  saroys  prier  de  chause  plus  afectonau- 
semeot3,  sachant  combien  sela  seroit  à  propos 
iour  le  rendre  contant,  duquel  contentemenl 
le  Roy  catoiique  monsieur  mon  bon  fils  auroyt 
entière  aseuranse  du  roy  de  Navarre  à  iuy 
favre  très  humble  servise,  corne  je  le  voy  bien 
disposé,  et  à  vous  dire  ouvertement,  ayst  de 
si  bonne  nateure  que,  ayent  lousjours  heu 
ayspéranse  en  sa  bonne  grase,  il  mérite  d'en 
aystre  en  grande  recomandation ,  veu  ausi  le 
Imii  aufise  qu'il  fayst  en  mon  endroyl  et  pour 

1  Reçue  te  ■•■'  di  1  embre. 
Dut  roy»,  deux  roys. 
1/  1  tonauiement ,  affectueusement. 


ERIiNE  DE  MÉDIC1S. 

le  byen  et  repos  de  sel  royaume  que  m'aseure 
pour  l'amitié  qui  plest  au  Roy  monsieur  mou 
fils  me  porter  qu'il  an  naré  davantage  de  con- 
sidération; ù  quoy  je  vous  prie  tenir  la  mayn 
pour  heun  dé  plus  grant  plésyr  que  pouriés 
fayre  h  à 

Vostre  bonne  cousine, 

Caïebine. 


1561.  —  3  décembre. 

Orig.  Archives  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  après  que  nous  avons  entendu 
toutes  les  remonstrances  et  raisons  que  vous 
nousavez  escritese lavez  commandé  à  l'évesque 
de  Thoullon  votre  ambassadeur  nous  faire  en- 
tendre touchant  la  difficulté  où  voz  depputez 
sont  entrés  avecq  les  nostres  l,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  advisé,  oultre  ce  qui  a  esté  dit  de 
bouche  à  votre  dict  ambassadeur,  de  vous  fère 
ceste  présente  despeche,  à  laquelle  pour  estre 
les  lettres  que  le  dict  sieur  Roy  mon  filz  vous 
escril  assez  amples,  je  ne  puis  riens  adjouster, 
si  n'est  vous  prier,  mon  frère,  de  croire  et  vous 
asseurer  que,  quelzques  raisons  et  argument/ 
que  vos  dits  depputez  vous  puissent  mectre  en 
avant,  ilz  n'ont  pour  colla  tant  de  vollunté  ei 
d'envye  de  vous  veoir  conlent  comme   nous 

1  Elle  fait  allusion  à  la  conférence  qui  avait  lieu  à 
Lyon  entre  les  députés  île  Charles  IX  et  ceux  du  duc  de 
Savoie  à  l'occasion  des  places  de  Piémont  occupées  par 
les  Français,  et  que  le  duc  de  Savoie  revendiquait.  — 
Voy.  une  dépêche  de  l'ambassadeur  anglais  Throrkmor- 
ton,  Calendar  of  State  papers  (  1  ."ili  1-1 56a),  p.  A34.  Dan-, 
les  archives  de  Turin  se  trouvent  :  i"  la  relation  des  né- 
gociations qui  eurent  lieu  à  Lyon  dans  l'abbaye  de  Sainl- 
Just  entre  les  députés  de  Charles  IX  et  ceux  du  duc  de 
Savoie;  2°  la  correspondance  d'Emmanuel-Philiberl  avei 
ses  députés  à  la  conférence  de  Lyon,  conférence  qui  ne 
put  aboutir. 


LETTRES  DE  CATHE 

avons;  cai  le  chemin  el  moien  que  nous  dé- 
sirons tenir  tousjours  avecq  nous  ne  vous  re 
présentera  jamais  que  toute  affection  el  amitié; 
au  moien  de  quoy  je  vous  prie,  mon  frère, 
que,  recongnoissant,  comme  je  m'asseureque 
»ous  faictes,  noz  bonnes  vouiiontez,  vous 
veillez  escrire  à  vos  dicls  depputez  qu  ilz  re- 
gardent à  s'accomoder  doulcement  avecq  les 
nostres,  veu  mesmemenl  que  ceste  dite  confé- 
rance  doibl  estre  outre  eulx  si  doulce  el  amiable 
qu'elle  serve  plustosl  à  facilliter  le  chemin  de 
vous  meclre  à  votre  aise  que  à  retenir  les 
choses  en  plus  grande  longueur,  comme  il  s'en 
suivroil  si  les  dicts  depputez  estoient  creuz  en 
la  façon  de  besongner  avecq  les  nostres  qu'ilz 
veullenl  tenir  et  pour  ce  que,  tant  sur  ce  pro- 
poz  icy  que  plusieurs  autres,  j'ay  plus  au  long 
discouru  avecq  le  dit  évesque  de  Thoullon, 
votre  ambassadeur,  pour  le  vous  fère  entendre, 
cella  sera  cause  que,  m'en  remectant  sur  luy, 
je  ne  vous  feray  la  présente  plus  longue, 
priant  Dieu,  mon  frère,  vous  avoir  en  sa 
saine  te  el  digne  garde. 

De  Sainct-Germain-en-Laye,  ce  iu jour  de 

décembre  toGi. 

Votre  bonne  seur, 

CaTERINE. 


RINE  DE  MÉDIC1S.  257 

pryant,  mon  cousin,  luv  en  faire  bailler  el 
délivrer  pour  el  jusques  à  la  somme  de 
huict  cens  livres,  à  quoy  semoule  ce  qu'il  luy 
esl  lieu;  qui  luv   sera  grande  comodité  el  au 

tant   de  descharge  à   la   bourse  <\u   Roj   i - 

sieur  mon  lilz,  pryant  Dieu,  mou  cousin,  vous 
donner  ce  que  désirés. 

De  S'-Germain-en-Laye,  ce  vi°jour  de  dé- 
cembre i  5Gi . 

La  byen  vostre, 

Caterine. 

De   !.'  \<  BESPINE. 


1561 .  —  fi  décembre. 

Orig.  Bilil.  Dat.  fonds   français,  n'    no&Bç),   f°   ai. 

A  MON  COUSIS 

LE   StElP,   DE    BOIS\. 

cm>D  BSCUTER   l'£  i  u 

Mon   cousin,   le  sr  de    Bresse,    cappitaine 

des  gardes,  m'a  dict  qu'il  désire  bien  recou- 
vrer quelques  jumentz  de  celles  du  haratz  que 

nous  voulions  oster.  el  en  prendre  en  paye- 
ment dune  somme  qui  luv  est  deue.  laquelle 
aussi  bien  luy  fauldroyl-il  bailler  contant;  ce 
que  j'ay  trouve'  bon  et  eu  très  agréable,  vou> 
C  miuiiM.  de  Mfdicis.  —  1. 


1 . j 0 1 .  —  7  décembre. 

Orig.  Bilil.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol    16  ,  p.  61. 

A  MONSIEUR  SÉRAPHIN, 

Al  DITECH    DE    LV    HOTE. 

Monsieur  Séraphin,  j'ay  receu  vostre  lettre 
et  assez  entendu  de  longtemps  et  par  celles 
aitssv  que  m'a  escrites  mon  cousm.  le  coule 
de  Tournon  ',  avecq  quelle  affection  vous  v  i  i 
employez  par  de  là  en  ce  qui  se  présente  pour 
les  affaires,  non  seulement  du  Roy  monsieur 
mon  lils,  mais  aussi  en  ceulx  qui  regarden  el 
concernent  ses  subjeetz,  dont  vous  pouvez  estre 
certain  qu'il  luv  denionre  et  à  moy  aussi  toul 
contentement  et  que,  continuant,  ce  que  vous 
méritez  ne  sera  pas  oublyé  par  bonne  recou- 
gnoissance,  ne  aussi  de  vous  accommoder  en 
tout  ce  qu'il  sera  possible  en  voz  allaites  par- 
ticuliers, comme  du  dict  conte  de  Tournon 
pourrez  vous  plus  avant  entendre  l'intention 

1   J iist  11  de  Tournon,  seigneur  de  Tournon,  sénéchal 

d'Auvergne,  lieutenant  général  du  Roi  en  I guedoc: 

il  était  lils  de  Just  1"  de  Tournon  et  d'Anne  de  Vissai 
.•I  avait  épousé,  en  i533,  Claudine  de  la  Tour,  Glle  du 
\ ii  unité  de.  Turenne.  11  en  eut  Hélène  de  Tournon,  dont 
Marguerite  de  Valois ,  dans  ses  Mémoires,  ;i  raconl 
mort.  11  hérita  des  biens  du  cardinal  de  Tournon  el  'lu 
comté  de  Roussillon,  acheté  par  le  cardinal  vers  i53o, 
el  don)  il  prit  le  titre. 


258 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


du  Roy  mon  dicl  lilz.  A  quoy  je  me  remettray, 
priant  Dieu,  monsieur  Séraphin ,  vous  donner 
ee  que  désirez. 

De  Paris,  le  vu"  jour  de  décembre  1  56 1. 

Caterink. 


1561.  —  îa  décembre. 

Orig.  Bibl.  inip.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  F  36, 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  BORDILLON, 

LIELTENANT    GENERAL    DU    T.OV   MONSIEUR  MON   FILZ    EN    PIEDMONT. 

Monsieur  de  Bordillon,  j'ay  sceu  par  vostre 
lettre  du  dernier  du  passé  que  je  receuz  hier 
au  soir  ce  que  vous  avez  peu  entendre  du  faict 
de  monsieur  de  Nemours,  et  veu  la  lettre  de 
créance  qu'il  vous  avoit  escripte,  laquelle  je 
vous  renvoyé  jmur  veoir  par  icelle  que  le  ca- 
pitaine  la  Barge  en  est  le  porteur,  et  pour  ce 
que  le  dict  la  Barge  est  ung  de  ceulx  qui 
ilowent  plus  sçavoir  des  nouvelles  de  l'iulen- 
tion  du  dict  sieur  de  Nemours,  estimant  aussi 
que  le  voiage  qu'il  va  faire  à  Ferrare  ne  peult 
estre  sans  quelque  occasion  deppendant  à 
l'aventure  de  ce  premier  faict,  où  je  cherche 
à  veoir  clair  en  toutes  façons,  j'ay  ad  visé  vous 
faire  incontinanl  ceste  response,  en  vouspryant 
que.  revenant  le  dict  de  la  Barge,  vous  essayez 
tous  moyens  pour  tirer  de  luy,  s'il  est  possible, 
l'occasion  de  son  voiage.  e1  aussi  ce  qu'il  peult 
sçavoir  du  premier  faict  du  dicl  sieur  de  Ne- 
mours, estant  certain  que  luy  estant  ung  des 
capitaines  dont  le  dict  sieur  de  Nemours  faict 
plus  d'estat  et  du  nombre  de  ceulx  qui  le  de- 
voyent  aller  trouver  à  Lyon  où  vous  sçavez 
qu'il  en  avoit  mandé  plusieurs  au  mesme 
temps  de  l'enlreprinse  descouverte  sur  mon 
(ils  d'Orléans,  qu'il  n'est  pas  qu'il  ne  sçache 
quelque  chose  qui  pourroil  grandement  servir 
à  ce  que  j'ay  désir  sçavoir  pour  mon  repoz, 
chose  que  j'ay  tant  à  cueur,  pour  l'importance 


dont  elle  est,  que  je  ne  craindray  poiucl  à  vous 
dire  que  j'entens  et  veulx,  comme  aussi  le 
vous  escril  le  Boy  monsieur  mon  filz,  que  vous 
ne  faciez  difficulté  d'arrester  le  dict  la  Barge 
repassant,  pour  eu  sçavoir  tout  ce  qu'il  en 
sçait  et  le  faire  oyr  par  le  président  de  Bi- 
rague  sur  l'entreprise  de  l'enlèvement  de  mon 
dict  filz  d'Orléans,  et  aussi  de  sou  voiage,  si 
tant  est  que,  par  aultre  moyen  et  dextérité, 
vous  n'en  puissiez  tirer  ce  que  je  ne  fais  double 
qu'il  ne  sçache,  affin  que,  en  une  sorte  ou 
aultre,  la  vérité  s'en  descouvre,  car  vous  ne 
me  ferez  jamais  service  plus  agréable.  Priant 
Dieu,  monsieur  de  Bordillon,  vous  donner  ce 
que  plus  désirez. 

Escript  de  S'-Germain-en-Laye,  le  xii"  jour 

de  décembre  1  56 1 . 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

Je  désire  que  vous  usiez  en  cecy  si  de\l re- 
nient que  la  dicte  inquisicion  se  face  sans  sus- 
picion de  mon  cousin  le  duc  de  Ferrare,  et 
qu'il  ne  se  doutast  pas  qu'on  recherchast  le 
dicl  la  Barge  qui  vient  de  devers  luy. 


I  5(î  1 .  —  ia  décembre. 

Oiïg.  Bibl.  de  In  ville  d'Angers. 

A  MONSIEUR  DE  CRISSÉ'. 

Monsieur  de  Crissé,  la  fiance  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  a  de  vostre  bonne  volonté 
et  affection  à  luy  faire  service  est  cause  qu'il 
vous  a  plus  volontiers  choisi,  pour  le  voyaige 
d'Angleterre  dont  il  vous  escript,  pour  lequel 
je  vous  prie  disposer,  ailin  de  vous  rendre  au 
temps  qu'il  désire  ici,  et  le  plus  tost  possible 
que  vous  pourrez,  vous  asseurant  que  luy  fai- 
sant ce  service  luy  et  mo\  en  aurons  si  bonne 
souvenance  que  vous  en  rapporterez  ce  que 

1   Sans  duule  Jacques  Tiirpirj .  s'  de  Crissé. 


LETTRES  DE  G AT H 

vous  méritez,  el  s\   dônneray  ordre,  que  ce 

sera  pour  si  peu  de  temps  que  vous  D'en  re- 

cepviez  auicune  incommodité;    prianl  Dieu, 

monsieur  de  Crissé,  tous  avoir  en  sa  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  \nr  joui- de  dé- 

cembre  1 56 1 . 

Catbbihe. 


1501. 


Copie.  Bibl.  du  I. mivrc.  B.  u53 ,  rcgisl.  .lu  Parlement.  — 
lni[  i  'le  Condé,  I.  Il ,  p.  54o. 

\  MESSIE!  RS  LES  GENS 

TBBANS  LA  COURT  DE  PARLBMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  \ous  escripl  pour  l'expédition 
de  l'abolition  généralle  qu'il  a  octroyée  pour 
le  faict  des  assemblées  d'Amboise  et  autres, 
où  il  désire,  et  moy  aussy,  qu'il  soit  mis  une 
bonne  lin.  qui  me  faict  vous  prier  vacquer 
et  procedder  à  Pentbérinemenl  et  vérification 
d'icelles  en  la  meilleure  et  plus  briefxe  expé- 
dition  que  taire  se  pourra,  sans  permettre  que 
la  chose  -oit  tenue  en  plus  grandi!  longueur. 
Priant  Dieu,  messieurs,  vous  avoir  en  -a 
garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-en-Laye,  le  qua- 
torziesme  jour  de  décembre  î  56  t. 

Catemne. 
De  l'Aubespine.    ' 


(1561.  —  Du  i5  an  20  décembn 

Aut.  Bibl.  liai,  fonds  français,  n"  3o(/j  ,  f'  65  r°. 
A  MA  COI  SINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  vous  a\é>  fayst  si  bonne  cbère 

I.  -  Guise  s'étaient  retirés  à  Joinville  et  se  prépa- 
raient à  aller  en  Lorraine.  Catherine,  sur  le  relus  du  duc 
de  revenir  à  la  tour,  ne  voulant  pas  rompre  ouvertement, 
maintenait*"*  relations  amicales  avec  la  duchesse.  —  Voy. 
i  ■>'.■, ,■■',/,  i./'.si,k,  intjjrrs  1 1  Mi,-  i56a),  p.  616  et  633. 


ERINE   DE   MÉDICIS. 

lieu  '  vous  ayste  <|ui  ne  vous  sovient  plus  de 
me  mender  de  vos  novelles;  el  pour  savoyrque 
VOSlre  bon  mari  et  bon  frère  et  vous  n'este 
que  beun  come  la  Trinité,  je  ne  fouis-  poynl 
ausi  tousjour  troys  letres,  mes  sel  coup  je  vous 
ay  byen  voleu  prier  me  mender  dé  novelles  de 
ma  lille3;  car.  depuis  qu'el  a  aysté  malade,  je 
n'ay  heu  que  beune  foins  de  se  novelles  par 
heun  corrier  que  jV\  envoyé,  qui  me  fayst 
avoyr  peur  qu'ele  souyl  encore  malade,  et  co- 
mende  à  set  pourteur  l'aler  trover  pour  m  an 
naporter  sertaynes  novelles  el  vous  prie  par 
luy  m' an  mender  el  dé  vostres  et  vous  aseurer 
que  rien  ne  me  démineuré 4  jeamès  la  boum 
volante  et  amitié  que  je  vous  porte  et  au 
vostres  el  aseuré  vous  de 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1561.  —  i">  déceml)re. 
Copie.  Bibl.  du  Louvre,  B.  n53,  repst.  du  Parlement. 

A  MESSIE!  I5S  LES  GENS 

TENANT  LA  COCRT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vou*  entendrez  du  président  de 
Tbouet  conseiller  Viole,  aussy  par  ce  que  le 
Ro\  monsieur  mon  fil/,  vous  escript  son  in- 
tention sur-  le  faicl  des  facultez  de  monsieur 
le  Légat5,  el  la  rémission  desAnglois,  dont  je 
ne  m'estenderay  plus  a\aut,  sinon  pour  vous 
prier  cesser  pour  ceste  fois  toute  difficulté 
es  dietz  deux  poinetz  pour  les  raisons  qui  ont 

1  Heu,  où. 

a   Fouis ,  fais. 

3  Claude  de  Valois,  duchesse  de  Lorraine 
Démineuré,  diminuerait. 

5  Le  Parlemenf  avail  présenté  des  remontrances  lou- 
chant les  facilités  accordées  par  le  Saint-Siège  aii  cardinal 
deFerrare,  loVaten  France,  el  la  mise  en  liberté  d'Anglais 
prisonniers;  te  lloi  lui  ordonne  de  passer  outre.  —  Voy. 
Bibl.  uni.  Parlement,  n°  83,  f  56:  dépêche  de  Throck- 
morlon  à  la  reine  Elisabeth,  Cahndar  of  State  pajien: 
(i56i-i56a),  p.  uio. 

33. 


260 


LETTRES   DE   C  iTHEIilNr]   [)E   MEDICIS. 


-  ansiiici/  île  Tliou   el   \  iole  qu'ilz 
w>us  l'cronl  entendre,  priant  Dieu,  messieurs, 
iloniH'i'  ce  que  désii  ez. 
De  S   Germaiu-en-Laye,  le  w  jour  de  <\r- 

embri'   1061 . 

(  Iaterini  . 
Di   l'Ai  bespini  . 


I  561 .  —  ii    déi  embrc. 
I 
S   MON  COUSIN  LE  S1EI  11   DE  BOISY, 

.  U1I*0\. 

Mon  cousin,  le  !!(i\  monsieur  mon  (Hz  \ous 

ii)l    |u éseutemenl  en    faveur  du   ùeur  du 

auquel,  comme  \ous  verrez,  il  a  ac- 

lace  de  gentilhomme  de  sa  maison 

[enoil  le  feu  sieur  de  Scmyel ,  de  laqi  m 

il  désire  qu  il  soil  pourveu  comme  je  fais  aussi 

iMi  considération  des  seniees  < j u  il  a   cv-de- 

iclz    à   ceste   couronne;   vous   pryant, 

cousin .  le  recevoir  en  la  dicte  place,  où 

asseun    qu'il  s'acquittera  si  bien  de  son 

mi  que  mon  dict  filz  en  tirera  le  service  et 

1  jonteutement  (jue  povez  désirer;  pryanl 

Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ce  que  plus 

ez. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  mx*"  joui  do  dé- 

i  embre  i  56i . 

La  bien  vostre, 

Caterim  ■ 
De  i  \ubespine. 


lectre,  |  avoys  desjà  bien  sceu  ceste  pollice  im- 
primée  '  dont  m'a .  ez  escript  ;  el  sur  cella 
escripl  à  mon  frère,  1  <*  roy  de  Navarre,  qui 
estoyl  encores  à  Paris,  faire  bien  sçavoir  doù 
cella  estoyl  venu,  pour  en  faire  faire  la  dé- 
monstration telle  qu'elle  mérite,  ce  qu'il  feist, 
ri  l'imprimeur  pris,  qui'  [ou  trouve  l'avoir 
faicl  di'  sa  pure  authorité  el  sans  charge  au- 
cune, de  sorte  que  la  réparation  en  sera  faicte, 
comme  aussi  de  ceulx  qui  se  trouverronl  avoir 
faictz  el  mis  les  placard/,  donl  vous  m'escrivez: 
de  ipm\  jusques  ic\  ii  ne  s'esl  riens  congneu 
que  j'aye  entendu;  vous  advisant  que  telles 
choses  mi'  desplaisent  tant  que  ne  sçauroys 
assez  désirer  que  l'nu  les  puguisse  Ibrl  griefi  - 
ment.  Priant  Dieu,  mou  compère,  vous  avoir 
en  sa  saincte  el  digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  \\m   jour  de 
décembre  i  36  i . 

Vostre  bonne  coumère  el  amie, 

l  !  iterine. 


ii  -.i  déi  embi  ' 

I  lii,;     [Util     :     '     1     l'is  fl S  .  M     .'!l<|i  ,   f    2Ç). 

Imprimé.    Ifi  "1  ira  'f<  t'.>>i<il>- .  1 .  I  -  y    ' 

\    MON    1  OMI'I  M 

LE  l>i  C  DE  MONTMORENCY  , 

l'Ail:     RI    COHRI  :'>:      . 

Mon  compère,   avant   que  receusse  vostre 
^.in>  douti  Duplessis-Grefiîer  cité  dans  I'1-  mémoires 


I  â(>  I .  —  :'â  décembre. 

0  11:     u   '        .111  il"  Fume!.  Copie  transmise  par  M.  .le  ! 

\  v  \duii-:  m:  Fl  MEL. 

M-ddame  de  Fumel,  ayant  entendu  la  mon 
il:   monsieur  de  Fumel  j.  votre  mari .  si  cruelle 

de  Vieillevilie    édit.  de  1707,  111-1  9,  t.  III,  p.  909.  917, 
3 19). 

1   Cette  police    ;i  été  imprimée  dans  les   "■ 
Coudé,  édit.  de  1  7  i3    1    II,  p   ">35  .  sousce  litre  ;  P 
et  ordre  gardez   en   la  distribution  des  deniers  aulmi 
aux  pauvres   de 

L'article  1"  portail  <] no  huit  notables  seraient  élus,  el 
quatre  surveillants  pris  dans  le  consistoire.  Celte  po- 
lice fut  publiée  dans  le  faubou  g  Saint-Antoine,  à  Po- 
pincourl  et  au  lieu  nommé  le  Patriarche,  dans  le  Fa 
bourg  Saint-Marcel.  —  Voy.  BulL  tin  de  la  Société  de  l'his- 
toire du  protestantisme,  I.  I  .  p.  903  el  suiv. 

•'  François,  premier  du  nom,  baron  de  Fumel, sieur 

de  La  Caussade,  chambellan  '■!  gentil! 1e  ordinaire  'I" 

h  chambre  'lu  Roi;  il  avait  été  envoyé  '•"  ambassade  .1 


LETTRES  DE  CATHE 

el  inhumaine  qu'elle  a  esté,  j'en  a\  porté  le 
deuil  el  ennui  que  pouvez  penser,  tant  pour 
avoir  le  l<>>\  monsieur  mon  fils  perdu  un 
bon  serviteur,  que  pour  votre  respect;  et  pouf 
ceste  cause,  vous  vous  pouvez  assurer  que  je 
tiendra]  la  main  pour  faire  faire  si  cruelle  el 
si  rigoureuse  punition  d  -  ailleurs  <l  un  si  mé- 
chant et  si  malheureux  acte,  qu'il  en  sera  mé- 
moire à  jamais;  et  quant  à  vous,  croyez  que 
tout  ce  qui  sera  pour  le  bien  de  vous  et  de  vos 
enfants,  je  vous  auraj  en  telle  recommanda- 
tion que  ses  services  le  méritoient.  Avant  fait 
dépêcher  le  brevet  du  l!o\  de  six  cents  livres 
de  j  ension  pour  votre  fils  aine,  el  ayant  pour 
agréable  que  vous  remettiez  entre  les  mains 
de  votre  fils  puîné  l'abbaye  de  Bonneval,  ainsi 

Conslanlinople,  en  juillet  10/17,  el  devint  p'l,s  lar('  i>°"~ 
ur  de  Mariembourg.  Ayant  voulu  empêcher  un  mi- 
nistre protestant  de  prêcher  devant  ses  vassaux,  ils  se 
révoltèrent,  forcèrent  les  porle*  du  château  et  le  massa- 
crèrent dans  les  bras  de  sa  femme,  le  9  '1  novembre  1  56 1 . 
La  punition  qu'en  tira  Monluc  fut  terrible.  Burie  écrivait 
au  Roi,  le  n3  mars  i56a  :  -Nous  axons  tellement  faict 
faire  le  procès  à  seize  des  coupables  que  hier  et  aujour- 
d'hui ilz  ont  esté  deffaiclz,  les  ungs  par  la  roulie,  les 
aultres  penduz  et  les  aultres  ont  en  les  testes  trenchées;  et 
quant  aux  aultres  prisonniers  qui  soulicy  en  grand  nombre, 
le  lieutenant  el  conseillers  y  demeurent  pour  leur  faire 
leurs  procès  el  les  pugnir  selon  qu'iU  l'auront  mérité. 
Pour  favi  rizer  lesquelles  procédures  nous  laissons  i<  y   le 
cappilaine  Tilladet  avec  Ions  ses  gens  et   aulx  environs 
d'eulx  trois  ou  qualre   compaignies  de  gendarmes;  de 
sorte,  Sire,  que  nous  avons  remis  madame  de  Fuiiiel, 
laquelle  et  ses  enfans  il  faict  pileux  de  \eoir,  en  sa  mai- 
son.- —  Voy.  les  leltresde  Terride,  de  Burie  et  de  Mou- 
lue, datées  de  Fumel  (Bibl.  nat.  fonds  franc,  n"  3i86, 
f"  5 6 - ô 8 ,   Go  et  (îa);  Commentai, n 'i  de    Monluc,   édil. 
de  Ruble,  t.  Il,  p.  344;  les  pièces  publiées  par  M.  de 
Maslatrie,  t.  VII,  2'  série  des  Aient,  des  antiq.  de  France; 
Calendar  0/ State  papert  (i56o-i56i),  p.  46o  (dépêche 
de  Tbrockmorton).  —  Le  château  de  Pumel  appartient 
à  M.  le  baron  de  LangsdorfT,  dont  la  grand'mère  était  une 
Fumel;  celle  famille  subsiste  encore  dans  le  Bordelais, 
el  c'est  de  l'un  de  ses  descendants  que  nous  tenons  celle 
copie. 


I ;  1 N  l :  DE  MÉDICtS.  261 

que  la  demande/;  el  quant  à  vos  Clles,  en- 
voyez-les moi,  et  je  les  prendrai  pour  estre 
nourries  avec  moi,  comme  elles  esloienl  avec 
la  reine  ma  Glle  '.  Priant  Dieu,  madame  de 
Fumel,  vous  avoir  en  sa  saincle  el  digne 
garde. 

\  S'-Germain-en-Laye,  le  \w"  jour  de  dé 

cembre  1 56 1 . 

Caterine. 

1561 .  —  3o  décembre. 

■    Bibl.  nat.  Parlement ,  n  83  .  f'  05  v°. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TESANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  encor  que  par  cy-devant  vous 
avez  entendu  l'intention  du  Roy  monsieur 
mon  Qlz  et  la  mienne,  sur  la  publication  de- 
facultez  de  Mr  le  légat2,  si  est-ce  que,  s'en 
retournant  devers  vous  les  advocals  et  procu- 
reurs du  Roy  niondicl  Gis,  je  n'ay  voullu  faillir 
de  leur  faire  entendre  pour  vous  dire  le  be- 
soin qu'il  est,  pour  le  bien  de  ce  royaume, 
et  la  tranquillité  el  repos  publicq,  qu'il  y  soit 
promptemeut  proceddé,  el  que  je  m  asseoie 

ils  vous  sçauronl  bien  el  Gdelle ni  référer, 

qui  me  gardera  vous  en  faire  reditte,  si  n'esl 
que  je  mois  prie  mettre  cela  en  considération 
el  leur  adjouster  fox,  de  ce  qu'ils  vous  dironl 
de  ma  pari  connue  à  moy-mesmes.  El  prieraj 
Dieu,  messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincle  el 
digne  garde. 

De  Sainct-Germain-en-Laye,  le  \x\    jour 
de  décembre  mil  cinq  cens  soixante  el  un. 

Caterine. 

RoBERTET. 

1  Elisabeth,  reine  d'Espagne.  —  Voyez  la  noli  de  la 
page  -'oo. 
-  Le  cardinal  de  Ferrare.  —Voy.  la  letlrede  Charles  IX 

qui  précède  celle-ci  (même  vol.  I'  65  r"). 


262 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


1 561 .  —  3o  décembre  '. 

1  opie.  Bibl.  nat.  Parlement,  v.  83,  f'  67.  — F.  Rrieune,  n°  ao5, 
1  &8i  v°.  —  Imprimé.  Mémoires  de  Condé,  t.  II,  p.  55a,  <5dit . 
Micbaud  ,  t.  VI ,  p.  6 1 G  ;  Archives  curieuses  de  l'histoire  de  France, 
1"  série,  t.  IV,  p.  68. 

\  NOS  AMEZ  ET  FÉAULX  LES  GENS 

TEHANS  NOSTRE  COURT  DE  PARLEMENT,  A  PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  lilz  -  et 
inoy,  ayans  entendeu  la  téméraire  entreprinse , 
l'aicte  par  ceux  dont  il  vous  esciïpt,  de  forcer 
ainsy  le  portier  de  la  porte  Saint-Anthoine, 
veulf,  et  je  le  désire  aussy  singulièrement, 
que  la  vérité  eu  soit  sceue,  etqueluy  et  sa  jus- 
tice en  ayenl  la  réparation  telle  qu'il  appar- 
tient ;  qui  me  donne  occasion  de  vous  en  es- 
cripre  aussy,  et  prier  y  mettre  la  main,  si  à 

1  Le  28  janvier  suivant,  une  nouvelle  lettre  fut  écrite 
pour  le  même  objet  et  presque  dans  les  mêmes  termes. 

2  Voici  la  lettre  de  Charles  IX  qui  complète  celle-ci  : 
-Nosamez  etféaulx,  nous  avons  entendu  que,  la  nuict 
v  passée,  ung  nommé  Bertrand,  sieur  de  Popincourt, 
-•  serait  allé  à  main  armée,  accompagné  de  grand  nombre 
«  d'hommes  en  armes  et  garniz  de  harquebuzes  ont  con- 
rtrainct  celuy  qui  a  la  garde  des  clefz  de  la  porte  Sainct- 
-  Anthoine  d'ouvrir  la  dicte  porte  et  laisser  toute  la  nuict 
Rouverte  pour  faire  sortir  autre  nombre  de  gens  armez, 
r  comme  ilfeislà  deux  trouppes,  environ  sur  la  minuyt,et 
ries  troys  heures  au  matin;  qui  est  chose,  pour  l'impoh- 
Hjncedont  elle  est,  que  nous  ne  voulons  demourcr  impu- 
•gnye.  A  ceste  cause,  nous  vous  mandons  et  ordonnons  très- 
si  xpressémenf  que  vous  ayez  à  en  (aire  diligemment  el 

1  actemenl  informer, et  contre  le  dict  Bertrand  et  autres, 
-qui  se  trouveront  chargez  el  coupables  d'une  telle  faùlte, 
-procédez  à  faire  et  parfaire  leur  procès,  de  sorte  que  la 
Justice  el  punition  exemplaire  s'en  ensuvve,  telle  que  le 
«cas  le  requerra. 

'•Donné  à  Saincl-Germain-en-Laye,  le  xx\°  jour  de  dé- 
cembre  i56i.i  (Bibl.  nat.  Parlement,  n°  83,  f°  06  v°.) 

-  Voyez  la  «Harangue  de  M'  le  conneslable  de  Mont- 
morency à  la  cow  de  Parlement,  louchant  les  assemblées 
qui  se  faisoienl  par  ceux  de  la  nouvelle  religion-.  On  y 
trouve  quelques  détails  sur  la  violence  exercée  contre  le 
portier  de  la  porte  Saint-Antoine  (  Bibl.  nat.  fonds  Brienne , 
n"  ao5,  f"  79  et  suiv.;  Parlement,  n°  83,  f"  03  et 
suiv.). 


bon  escient,  qu'il  en  puisse  avoir  contente- 
ment et  vous  asseurer  que,  encores  qu'il  soil 
jeune,  il  aura  perpétuellement  mémoire  d'une 
telle  faulle,  et  du  debvoir  que  vous,  tenans  le 
lieu  que  vous  l'aides  d'en  faire  justice,  ferez  à 
chaslier  chose  de  tel  poids  et  de  si  grande  im- 
portance que  vous  la  pouvez  assez  juger;  priant 
Dieu,  messieurs,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Saint-Germain-en-Laye,  le  Iren- 
tiesme  jour  de  décembre  mil  cinq  cenl  soixante 
el  un. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  Fin  décembre. 

Aut.  Arch.  nat.  collerl.  Simancas.  k.  1696,  B.  li. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQLE. 

Monsieur  mon  fils,  s'an  alant  D'Almeido', 
présant  pointeur,  vers  \.  M.  par  le  comende- 

I  ment  du  roy  de  Navarre,  son  meslre,  je  n'é 
voleu  fallii-  par  la  présante  suplier  V.  M.  de 
luy  faire  eonestre  à  son  dist  meslre  que  le  té- 
moynage  que  je  lui  ran  du  bon  devoyr  qui 
fayt  de  m'ayder  au  fayst  de  la  religion  el  lé 
conlineuayle  recomendation  que  je  luy  av  lavsl 
pour  le  volouyr  gratifier  luy  aye  servi  en  voslre 
endroyt,   et  que  me  fasié   set    bouneur  qui 

j  conèse  que  la  volante  qui  me  porte  vous  ayst 
si  agréable  que  luy  volés  donner  satisfalion  en 
set  qui  vous  suplie  el  la  seurelé  que  je  <lc 
avoyr  part  en  voslre  bonne  grase  m'an  fayst 
vous  en  parler  de  sete  façon,  m'aseurant  que 
me  faysle  set  hauneur,  quelque  chause  que 
puisiés  beuir2,  que  d'estre  aseuré  que  je  suis 

1  Le  portugais  Antonio  d'Ahneida ,  plusieurs  fois  en- 
voyé en  Espagne  par  le  roi  de  Navarre;  il  revint  de  cette 
mission  le  il  février  suivant.  — Voy.  Arch.  nat.  rollect. 
Simancas,  K.  i  '197,  pièce  g;  et  un  résumé  des  lettres  de 
Chantonnay  (1/196,  pièce  45). 

!   lleuir,  ouïr. 


LETTRES  DE  CATHE 

prinsèse  crétiene,  etmenl  '  la  conservation  de 
aostre  religion,  come  je  m'aseure  le  fayré 
tousjour  conestre,  el  que  aeule  créateure  n'a 
plus  d'afection  enver  Dieu  el  Voslre  Magesté" 
que  moy,  comme  j'espère,  mus  que  je  aye  sel 
heur  que  de  vous  povoyr  \<>\r,  \ous  mieulx 
fayre  conestre  et  \<>us  suplie  que  bientôt  je 
puyse  avoyr  sel  bien  el  me  fayre  set  hauneur 
de  me  mander  sertaynemenl  le  temps  que  se 
poura  aystre  pour  réconforter  île  luulles  ses 
aversité  selle  qui  vous  suplye  la  rontineuer 
toulte  s;i  vie  eu  xoslre  bonne  grase. 

Voslre  bonne  el  afectii '■  mèreetseur, 

Caterine. 


1  562.  —  Janvier. 
Miaule.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n°3i8<),  f*  84. 

\  MONSIEUR  DE  CRUSSOL2. 
Mon  cousin,  j'attendz  en  grande  du\ olion 
de  yoz  nouvelles  touchanl  ce  que  vous  aurez 
l'aie!  eu  Avignon,  d'aulianl  que  j'entendz  que 
ce  nepveu  du  Pape3  ne  se  comporte  pas  fort 
discrettement.  Je  vous  prye  ne  faillir,  si  jà  ne 
l'avez  faiet,  de  nous  en  donner  incontinent 
advis,  cl  an  demeurant  je  vous  prye  adviser 
d'advertir  souvent  mon  cousin  le  prince  de 
Coude.  (|ue  nous  envoyons  présentement  en 

1  Etmenl .  aimant. 

2  Voy.  Instructions  de  Ivf.  de  Crussol  allant  en  Lan- 
guedoc |  Bibl.  nat.  f.  IV.  u"  i  ."1875 ,  f  a63)i  Lettre duRoi  à 
M.  de  Crussol  ;  ib.  p.  45o);  Lettre  du  cardinal  d'Armagnac 
à    la    Heine   mère   (Bibl.    nal.    I.   l'r.  D°  10877,  f"  3j)0  i. 

1  Fabricio  Serlieloni,  neveu  du  pape  Pie  1\  .  —  Voyez, 
ce  sujel ,  une  lettre  de  Saint  Sulpiceà  la  Reine  (Bibl.  nat. 
f.  IV.  n°  15870,  f°  138).  Nous  lisons  dans  une  lettre  de 
Charles  1\  à  l'évêque  de  Limogea  (même  volume,  f°û45), 
-J'ay  an  demeurant  adverty  le  légal  pour  escripre  au 
•  Fabricio  qu'il  ne  se  joue  pas  de  faire  gens  dans  le  mi- 
lieu de  mon  royaume,  car  je  suis,  Dieu  mercy,  assez  fort 
peur  1 11  v  conservei  Testai  de  S.  S. .sans  qu'autre  prince 
que  moy  s'en  mesle  et  que  là  où  il  en  userait  autrement 
que  je  luy  mecleray  d.  si  bonnes  forces  en  teste  qu'il  s'en 
trouvera  mal.™ 


RI  NE  DE  MÉD1CIS.  263 

Guyenne1,  de  tout  ce  que  vous  entendrez  ci 
que  vous  ferez,  allin  qu'il  vous  secoure,  si 
vous  en  avez  besoing  el  que  semblablement 
s'il  a  affayre  de  vous  cl  de  voz  forces  que  vous 
le  veniez  trouver,  ou  les  luy  envoyez,  ainsi 
qu'il  vous  ordonnera;  qui  esl  lotit  ce  que  je 
mois  sçauroys  dire  pour  ces!  heure,  priant 
Dieu,  monsieur  de  Crussol,  vous  avoir  en  sa 
saincte  el  digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  jour  de 

janvier  t  50  1   (  1  56a). 


(1502. —  Commencement  de  janvier-.  I 

Vnl .  Arrli.  tle  Turin. 

A  MADAME  MA  SEUK 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  ayent  eutendeu  par  le  Plesi3  sel 
que  monsieur  de  Savoye  m'a  mendé,  monsieur 
le  cardinal,  maréchal  de  Brisac et  ebancelyer4 
et  moy  avons  ayté  d'aupinion  de  vous  ranvoyer 
yncontynent  le  disl  Plesi,  pour  prier  monsieur 
de  Savoye  et  vous  de  volouyr  aséter5  le  party 
que  l'on  vous  aufre  °  el  vous  suplye  panser 
que  ne  saurié  fayre  plus  graut  plesir  hà  voslre 
neveu,  ynfin  que  set  pourteur  vous  dyra;  scie 
letre  servira  pour  monsieur  de  Savoye,  et  je 
prie  Dieu  vous  donner  à  leus  deus7  sel  que 
désirés. 

Vostre  1res  humble  el  1res  hobéissanle  seur, 

CATERINB. 

'  Voy.  les  instructions  du  prince  de  Coudé  allant  en 
Guyenne  (Bibl.  nat.  f.  l'r.  11°  1  0875  ,  f"  85  et  '111);  Ar- 
ticles proposés  par  le  prince  de  Condé  pour  remettre  les 
rebelles  à  l'obéissance  (même  volume,  f  '109). 

Vov.  dépêche  de  Throckmorton,  du  8  janvier  i56a. 
I  Cali  i"l<tr  "f  State  papi  ri .  I"  Ï8  1 . 1 

C'était  un  des  secrétaires  de  la  «Inclusse  de  Savoie. 
'  Le  chancelier  de  L'Hospital. 
Ait  ter,  aci  epter. 

Il  s'agissait  de  la  restitution  des  places  du  Piémont. 
I  teui  deui .  à  tous  deux. 


26  'j 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MED1CIS. 


i  1562.  —  Commencemenl  de  janvier1.) 

Aut.  Arcli.  liai,  coîlccl.  Simancas,  K.   i  A96 ,  n11  37. 

\  M1  MON    FILS  LE  ROY  CATOLYQI  E. 

Monsieur  mon  fils,  en  cor  es  que  je  n'aye 
jeamès  doullé,  pour  l'amour  que  me  pourlés, 
vous  n'aies  santi  vostre  part  de  mes  ennuis, 
-i  ay-se  que  se  ma  avsté  bocup  de  pl<-si i-  d'a- 
voir \pu  par  vostre  dernière  letre  que  m'avés 
avscripte  de  vostre  mayn  conbien  le  déplésir 
que  j'é  reseu  pour  le  fayst  du  duc  de  Nemours, 
lequel,  je  vous  puis  aseurer  aystre  du  tout  ay- 
longné  du  zèle  de  la  religion,  vous  lia  touché; 
qui  m'a  aysté  heun  tel  témoinage  de  vostre 
amitié  et  bonne  volante  queje  puis  aseurer  V.  M. 
ne  savoyr  jeamès  rien  à  venir  qui  aye  puisanse 
de  m'en  fayre  doulter,  tout  ynsin  que  je  vous 
prie  croyre,  et  avoyr  lele  Ganse  de  la  miene 
qui  ni  a  cliause  quelqueaunque  qui  la  puise 
ni  dimineuer  ni  altérer,  me  semblent  qui  ni  a 
rien  plus  nésésère  pour  noslre  repos  et  la  tran- 
(|nilité  de  ses  deus  royaumes  que  sete  meu- 
leuele  aseuranse  de  nous  volontés  qui  aulteré 
[mil tes  les  dulles2  et  défianse  où  l'on  nous 
voldrès  mestre  les  heun  les  aullrcs.  et,  si  au- 
coun  vous  en  navovt  voleu  donner,  (pie  je 
n'euse  mis  tout  te  s  les  pouines  et  ayséié  tous 
1rs  moiens  que  je  me  suis  peu  avyser  et  que 
l'on  m'a  consellés  pour  remédier  au  trouble  de 
la  religiou,  je  vous  suplie  ne  le  croyre  poynl 
et  panser  queje  ni  aubliré  ebause  quele  quele 
souil  pour  remetre  set  royaume  en  repos  et 
aulter  le  moyen  à  seus  qui  nous  voldresl  eu- 
core  fâcher  seubz  cete  couleur,  corne  j'espère 

1  L'évêquc  île  Limoges,  ilans  une  dépêche  à  Catherine 
iln  if)  novembre  i56i,  fait  mention  de  cette  lettre  fie 
l'Iiilippe  II  qui  cherchait  à  excuser  le  duc  (le  \emours, 
imputant  ce  qu'il  avait  dit  plutôt  à  la  légèreté  de  In  jeu- 
nesse qu'à  sa  mauvaise  volonté.  (  Bibl,  nat.  f.  fr.  n *  i  oS-.".. 

-    Ilnilr,  doute. 


den  peus  de  temps  fayre  coneslre  à  \.  M.,  h 
laquele  je  me  sens  yufiniment  aubligée,  non 
seulement  du  déplésir  que  avés  reseu  du  mien  . 
mes  ausi  de  l'aunesle réponse  que  m'avés  fayste 
de  ne  favoriser  jeamès  homme  qui  m'aye  au- 
fansée,  vous  pouvent  aseurer.  monsieur  mon 
(ils,  que  ne  se  presaateré  jeamès  cliause.  en 
quoy  je  vous  puise  témoinier  conbien  vous 
ayme  el  estime  vostre  amitié  que  je  ne  fase 
conestre  à  \.  M.  conbien  je  sans  sete  dernière 
aubligation  et  désire  m'an  revancher  en  quel- 
que chause  qui  vous  souyt  agréable.  Quant  à 
>e|  que  me  mandés  que  les  catoliques  aystent 
poursouiv  is  de  touttes  pars,  aunt1  de  trover  re- 
feuge  en  quelque  lieu  et  que  me  priés  ne 
trover  mauves  si  s'et  à  vous,  qui  ne  leur  pouvés 
fallir  en  sela,  je  loue  bien  vostre  bonne  inten- 
tion, d'aultent  que,  an  se  qui  conserne  la  pro- 
tection dé  dis  catoliques.  aylie  aysl  conforme 
alla  miene;  mes  je  ne  puis  entendre  pour- 
quov  pièse-  des  seugès  du  Roy  mon  fils  avs! 
jouste  aucasion  de  recourir  alloue  pour  sete 
rayson,  d'aultent  que  tenl  s'an  fault  que  je 
veulle  permettre  qu'il  y  an  ni  ave  qui  souinl 
poursuyvis;  que,  si  l'étoyent,  je  voldrès  em- 
ployer touttes  chauses  pour  les  conserver,  de 
fason  que  en  lieu  du  monde  plus  de  seurlé. 
plus  de  protection,  ni  plus  de  faveur  ne  saroynl 
trover  que  a  mon  endroyt;  mes  la  religion 
ayst  lieune  couverteure,  dont  sovent  Ion  se 
sert  pour  cacher  lieune  mauvèse  volante,  el 
pour  sete  cause  je  vous  prie,  monsieur  mon 
filz,  pour  aystre  prinse  sage,  prudent  el  avise. 
aysaminé  bien  l'intention  de  seus  qui  se 
servet  de  sel  manteaulx  el  setpendenl  non 
rien  moins  que  religion  au  cour3,  afin  qu 
quelque  heun  seul)/,  sel  nombre  vous  vole!  yn- 
trepéter    sa   pasion    heun   zélle    de   religion, 

1  Aunt,  ont. 

J  Piàte,  quelques- 

Cn'ir,  cœur. 


LETTRES  DE  CATH 

vous  leui  '  aieutiés  ausi  peu  i\<-  fouys,  corne  ses 
actions  feront  c  ineslreà  V.  M.  en  devoyr  aystre 
l>ou  ajousté,  i't  d'aulteat  qu'il  est  aysé  à  co- 
nestre  que  la  pasion  domine  plus  que  la  ray- 
son  en  seus  qui  praudroynt  scie  aucasion  de 
se  playndre  de  l'ynégalité  que  vous  alégùés 
aystre  entre  les  dévoyés  et  catoliques,  je  vous 
puis  aseurer,  monsieur  mou  lils,  que  je  fayré 
tousjour  grande  diféranse  entre  sens  qui  lieue 
nostre  lionne  religion  et  les  aultres  qui  s'en 
départent,  et  suis  bien  manie  que  le  ayage2 
dû  Roy  mon  iils  et  lé  troubles  que  j'ey  trové  à 
l'avènement  de  sa  coronne  ne  m'on  permis 
d'avoyr  peu  fayre  conestre  à  tou  le  monde  set, 
que  je  an  né  dan  le  cour  et  m'on  contre)  ni 
favre  bocup  de  cbause  que  en  heun  aullre 
sayson  je  n'euse  fayst;  et  quant  au  consel  que 
seur  se  me  donnés,  set  chause  que  durant  la 
minorité  du  Roy  mon  fils  je  ne  dois  fayre, 
il  aullciiL  que  je  ne  peus  aler  au  eonlrère  dé 
loys  du  royaume  s'an  troubler  limites  chauses, 
vous  aseurant  qui  ni  a  heun  seul  dé  serviteur 
du  Roy  monseigneur  que  aveques  rayson  puise 
dyre  aystre  ayiongné  des  aytas  et  lyeuix  dont 
y  les  avest  haunorés.  ormis  le  manimant  des 
afayre,  lequel  j'é  prins  pour  m'estre  plus  jous- 
tement  deu  que  à  neul  aultre  et  ausi  avoyr  en 
sela  seuivi  vostre  consel,  dont  je  m'aseure  qu  i 
ni  en  ny  é  poynt  si  mal*  avisé  de  s'en  pleindre, 
[uinsipalement  à  vous  que  m'aseure  ne  le 
voldriés  aycouter,  ni  favoriser  en  sela.  Velà, 
monsieur  mon  fils,  set  que  je  vous  ay  bien 
xoleu  mender  à  la  vérité,  afin  que  conèsiés 
par  setsi  les  aucasion  que  l'on  y  a  d'estre 
malconteus.  Je  ne  veulx,  au  demeurant,  lallir 
à  vous  remersier  bien  afectueusement  du  bon 
consel  que  V.  M.  me  donne  touchent  mes  en- 
l'ans,  espérant  avesques  l'ayde  de  Dieu  mestre 
tel  souin  qu'il  n'an  naviendré  ynconvénient, 

1    Leui,  lui. 
:    fyagi',  ;">S''- 

Catueiiine  de  Médicis. I. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  265 

el  seuls  qui  pouresf  avoyr  bâti  seubz  set  fon- 
demenl  la  seubversion  de  sel  aystal  s'an  trove- 
rons  ausi  aylongnés,  corne  de  pouvoyr  rompre 
nostre  amityé ,  laquele  deureré  de  mon  coulé 
tant  que  Dieu  laré  '  en  vye 

Votre  bonne  seui'  el  afectionné  mère, 

CvTERINE. 


1  .">G2.  —  -j  janvier. 
Orig.  Bibl.  iuip.  de  Sainl-PAerebourg,  vol.  18,  f°  18. 

\  MONSIEUR  DE  BORDILLON, 

CHEVALIER    KE   L'OIiDKE    DU    FIOÏ    MONSIEUR  MON    FILS 
ET   SON   LIEUTENANT   GÉNÉRAL    EN   PIEDMOM. 

Monsieur  de  Bordillon,  à  ce  que  j'ay  veu 
par  vostre  lettre  du  xxni°  du  passé,  vous  avez 
eu  trop  tard  l'advertissement  que  je  mois  avois 
faicl  du  retour  du  capitaine  la  Barge2,  qui 
vous  a  osté  le  moien  de  salisffaire  à  ce  que  je 
désiroys  et  aussi  d'apprendre  de  ses  nouvelles, 
et  si  depuvs  vous  en  avez  sceu  quelque  chose. 
je  m'asseure  que  vous  ne  fauldrezà  m'en  adver- 
tir,  estant  si  asseurée  de  vostre  affection  à  ce 
qui  touche  le  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  que  vous,  n'y  obmectrez  jamais  riens; 
aussi  povez  vous  croyre  que  je  vous  liens  pour 
un;;  de  ses  plus  chers  el  meilleurs  serviteurs, 
et  sur  ce  propos  veulx  bien  vous  advertir  que 
je  ne  sçay  qui  a  faicticy  courir ungbruict  que 
je  vouloys  envoyer  par  de  là  en  vostre  place 
le  sieur  de  Monlluc,  chose  à  quoy  je  n'ay  ja- 
mais pensé,  ayant  bien  voulu  que  vous  le 
sceussiez  premièrement  de  moy,  affin  que 
vous  n'en  soyez  point  en  peyne,  car  ce  sont 
des  fumées  des  espritz  lurbulentz  dont  ce 
royaulnie  esl  plus  plain  qu'il  ne  fut  jamais. 
Pryant  Dieu,  monsieur  de  Bordillon,  vous 
donner  ce  que  plus  désirez. 

1  Laré,  laissera. 

2  C'est  à  l'occasion  du  duc  de  Nemours  qu'elle  avail 
donné  à  Bordillon  des  instructions  |iour  surveiller  le  capi- 
taine la  Barge.  —  Voy.p.  2Û8. 

3/i 


266 


LETTRES   DE  CATII 


De  Saint-Germain-en-Laye,  le  ne  jour  de 

anvier  i  56  i  (1  56a). 

Catebink. 


(562.  —  à  janvier. 
Orig.  Bilil.  de  la  ville  de  Rouen,  fonds Leber,  n"  5731. 

A   MONSIEUR  DE  LIMOGES, 

CONSEILLER  DU  IIOT  MONSIEUR  MON   FILS, 
MUTEE   DES    DEnUESTES  DE  SON     UOSTEL    ET  SON   AMBASSADEUR   EN   ESPAIGNE. 

Monsieur  de  Lymoges,  la  responce  qui  vous 
esl  présentement  l'aide  '  satisfaict  à  partye  de 
ce  que  je  vous  sçauroys  dire  sut'  la  despèsche 
géneralle  du  sieur  d'Ozances,  et  sur  le  surplus 
serez  bientosl  plus  avant  esdarej  ;  maisavecque 
l'occasion  de  ceste-cy,  ay  bien  voullu  vous 
advertyr  que  j'ay  veu  ce  que  la  Royne  ma  fille 
el  vous  m'escripvez  de  l'entrevenue  dont  vous 
a  parlé  le  duc  d'Alve,  que  j'estime  procedder 
du  commandement  du  maistre;  c'est  chose 
ijue  je  désire  singulièrement  el  [dus  que  nulle 
autre  dont  vous  me  pourriez  contanter,  me 
resjoyssanl  grandement  que  colla  soit  venu 
d'eulx  etqu'ilz  raus  en  ayent  laid  l'ouverture, 
que  je   veulx  eslre  suyvye  et  en  veoir  sortir 

'  Il  y  a  une  lellre  de  Charles  IX  à  M.  de  Limoges,  en 
date  du  96  décembre  i56i,  qui  complète  celle  de  la 
Reine.  Nous  y  lisons  :  «  Il  fault  que  le  Roy  mon  frère  con- 
sidère que  chacun  veult  estre  maistre  en  sa  maison  et  se 
faict  servir  à  sa  guyse,  et  n'appartient  pas  au  subgect, 
quand  un  prince  luy  commande  chose  raisonable,  de  s'en 
plaindre  ou  recourir  ailleurs  pour  se  dévoyer  de  l'obéis- 
sance qu'il  luy  doibt.  Si  je  garde  ce  respect  au  Roy  mon 
Irère  de  luy  communiquer  toutes  mes  actions,  comme  à 
mon  second  père  et  au  meilleur  et  plus  parfaict  amy  que 
j'aye,  et  de  qui  j'honore  et  estime  infiniment  le  conseil 
el  prudens  avis,  ce  n'est  pas  à  dire  pourtant  en  ce  qui 

1  le   mon  privé  que  je  veuille  endurer  que  mes  suli- 

gects  prennent  le  chemin  de  s'adresser  à  lux,  ny  aussi  peu 
m'assugélir  à  luy  en  rendre  compte  qu'aultanl  qu'il  me 
plaira.»  (  lîibl.  nal. fonds  franc.  n°  1  Ô87."),  1*444.)  —  \  oy. 
une  dépêche  de  Throckmorton  à  la  reine  Elisabeth, annon- 
çant le  retour  en  l'Yanre  de  M' d'Auzanre.  (Caleiitlar  of 
State papers,  i56i-i56a,  p.  48o.) 


ERINE  DE  MÉD1GIS. 

Peffect  le  plus  tost  qu'il  sera  possible,  vous 
pryanl  à  cesle  cause  remereyer  de  ma  part 
ledid  duc  d'Alve  de  la  bonne  volunté  dont  je 
veoy  qu'il  continue  es  choses  concernant  le 
bien  et  enfreténement  de  l'antylié  qui  est  entre 
le  Roy  son  maistre  et  moy,  et  luy  dire  que 
si  j'ay  tousjours  désiray  de  veoir  le  Roy  et  la 
Royne  mes  enfaus,  que  ceste  envye  me  croysl  et 
augmente  tous  les  jours,  le  pryant  qu'il  vueille 
bellement  conduyre  et  disposer  cella  que  se 
puisse  eslre  plus  tost  aujourdhuy  que  demain, 
et,  s'il  esl  possible,  avant  les  courtz  de  Monzon 
ou  dedans  le  plus  brief  temps  que  faire  se 
pourra.  En  quoy  vous  ne  me  ferez  jamaiz  ser- 
vice plus  agréable  que  d'employer  tous  moyens 
dont  vous  vous  pourrez  adviser;  mais  il  fault 
que  je  sois  advertye  d'heure,  du  temps  et  du 
lieu,  car  ayant  des  enfans  à  mener,  que  je  ne 
puis  conduire  que  à  petites  journées,  suyvant 
\  ostre  response  je  me  disposerons.  Je  sçay  bien 
que  le  couslé  de  Perpignan  me  serait  plus  à  pro- 
pos pour  la  comodité;  mais  pour  m'accomod- 
der  aussi  à  la  sienne,  je  ne  refuseray  nul  lieu, 
pourveu  que  je  le  saiche  à  temps.  Qui  est 
pourquoy  je  vous  prye  suyvre  ceste  ouverture, 
el  que  je  saiche  au  plus  tost  ce  que  j'en  doibz. 
espérer.  J'ay  veu  par  vostre  lettre  escripte  à 
vostre  frère,  par  le  courrier  de  l'ambassadeur 
arrivé  depuis  le  s? d'Ozances ,  que  vous  avez  levé 
le  masque  et  parlé  le  iangaige  que  portoit  le 
mémoyre  de  Lutaine,  que  je  ne  sçay  comme 
il  devra  estre  receu;  maiz  puisqu'il  fault .  guarir 
ceste  playe,  il  esl  besoing  d'en  oster  la  pityé. 
el  ne  seray  poincl  ayse  que  je  ne  saiche  la 
responce  qu'ilz  vous  y  auront  laide.  Cepen- 
dant asséurez-vous  que  le  roy  de  Navarre  el 
moy  ferons  ce  qu'il  se  peult  espérer  de  nostre 
pouvoir  pour  contenir  toutes  choses  et  les 
remectre  an  bon  chemin.  Pour  le  nioings  ne 
peult  le  liov  mon  beau  (ilz  liens  craindre  de 
trouble,  ne  de  mal  de  ce  roslé.  eslans  noz  allée- 


lions  telles  en  sou  endroicl .  ne  cherchans  autre 
chose  que  de  lin  en  donner  claire  lumyère 
par  eifect^  >'l  autrement.  Qui  vous  es)  argu- 
ment pour  avancer  et  achemyner  le  faicl  <!<• 
la  réromponce  du  rov  de  .\a\ai  Te,  que  je  ni' 
sçaurov  sassez  vous  recommander.  PryantDieu, 
mous'  de  Lymoges,  vous  avoir  en  sa  s1  garde. 
Escripl  a  S'-Germain-en-Laye,  If  nu'  jour 
de  janvier  t  r>G  i  1 1  56  i 

(De  sn  main.)  Monsieur  de  Limoge,  je  suis 
tourmentée  de  tous  saisi1  aystrémement,  pour 
aystre  conic  désespéré  de  set  que  je  leur  aj 
dis! .  afin  qu'i  ne  me  fise  plus  tout  le  bien  de 
la  bonne  amitié  que  je  aytois  seure  que  me 
portetle  Roy  mon  beaus  (ils,  quej'égrant  peur 
qu'i  metet  pouyne  de  me  braser  encore  quel- 
que meschasetè2,  où  je  ne  voy  milleur  remède 
pour  rompre  leur  mauves  desayn  que  de  nous 
voyr,  el  que  set  puise  aystre  [dus  lot  qu'j  ne 
le  puise  savoyr,  car  je  m'aseure  qu'i  fayrétoul 
sel  que  \  pouré  pour  le  rompre;  sel  que  je  dé- 
sireré  du  roulé  de  Parpignan ,  s'el  que  lé  che- 
min sont  pins  beans,  pour  l'amour  de  mes  en- 
fans,  lequels  je  ne  veaulx  léser  louyngde  moy. 
Tenés  byen  1rs  yeulx  ouvers,  car  je  m'aseure 
que  y  lieront  leur  ayt'ort,  corne  layt  le  baston 
quant  Ion  jette  à  l'eau  el  ancore  revient,  et 
me  sache  mender  set  que  liaure'  fayst  le  mestre- 
d'autel  de  madame  de  Lorayne,  qui  net  aie 
pour  rien  de  bien  pour  nous. 

Catekim  S. 

(De  la  main  de  VAubespine.)  L'on  dit  icy  que 
le  mariage  du  prince  d'Espaigne  el  de  la  fille 
de  Clèves3  se  poursuit,  dont  je  vous  prie 
mectre  peine  de  sçavoir  la  \(:rilé  pour  m'en 

Saisi,  ceci. 

-  Elle  lait  allusion  aux  craintes  que  lui  inspiraient  les 
(inise  et  l'ambassadeur  d'Espagne,  Ghantonnay. 

■  L'une  des  rinq  filles  de  Guillaume  de  Glèves  et  de 
Marie  d'Autriche,  tille  de  l'empereur  Ferdinand. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS.  '267 

advertir  el  par  quelle  main  se  mauve  et  remue 
pratique. 


I  562.       8  janvi 

0    ■    Bibl.  imp.de  SaioL-Pétersbourg ,  vol.  18,  f  19. 
V  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  1)1.  BORDILLON, 

CBBVAL1BB    Pb  L'ORDRE  DO  BOÏ  HONSlBlrfl  JIO\  P1LZ  . 

Mon  cousin,  VOUS  venez  par  le  mémoire 
qui  mois  esl  présentemenl  faict  response  au 
vostre  que  nous  av  oit  apporté  ces  jours  passés 
le  sieur  de  Bricquemault ',  toul  ce  qui  s'esl 
pour  le  présenl  peu  l'aire  pour  les  affaires 
p  iur  lesquelz  il  estoil  dépesché,  estant  impos- 
sible de  l'aire  davantaige,  el  pour  ceste  cause 
vous  devez  adviser  à  vous  passer  le  mieulx 
qu'il  sera  possible  el  considérer  que  nous 
sommes  tanl  chargez  d'ailleurs  que  nous  ne 
sçavons  ausquelz  entendre.  Nous  voulions  bien 
promettre  que  par  cj  après  vous  vous  sçaurez 
aussj  bien  conduire  el  gouverner  avec  si  peu 
de  forces  que  vous  avez,  comme  vous  avez  faicl 
par  le  passé,  lesquelles  toustefoys  nous  sem- 
blent assez  suffisantes,  si  nous  ne  veoyons  les 
choses  autremenl  empirer,  ayant  eu  ces  jours 
passez  adviz  par  lequel  nous  sommes  asseurez 
que  noz  voysins  ne  sont  pas  sy  pretz  ne  déli- 
bérez d'entreprendre  sur  nous  que  jusques  icj 
on  a  peu  en  avoir  des  conjectures;  non  pas 
que,  pour  cela,  vous  délaissiez  d'avoir  l'œil 
aussv  ouverl  que  vous  avez  toujours  eu  à  la 
conservation  et  deffencedes  places,  mais  affin 
que  par  là  vous  cognoissiez  n'estre  poinl  tanl 
de  besoiug  de  vmh  augmenter  le  nombre  de 
voz  gens,   von--  asseuranl    bien   que,  par   le 

1  François  'le  Béarnais,  s'  de  Briquemault,  gentil- 
homme proteslanl .  ex  dé  e  1  octobre  1 579  ,  en  pi  ice  de 
Grève,  sous  les  yeux  de  Charles  IV  Voy.  Lu  France 
protestante,  ;i  I.  lit  vivais;  Commentaires  de  Monluc,  édil 

de  Ruble,  1.  I.  p.  "77- 

34. 


268 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


moyen  de  vostre  vigilence  accoustumée,  il  ne 
sera  en  Façon  que  ce  soit  pour  en  advenir  in- 
convénient, et  par  ce  nous  en  reposant  sur  vous 
el  après  m'estre  remise  du  reste  sur  le  dict 
mémoire  que  l'on  vous  envoyé,  je  prie  Dieu, 
iiimi  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle  et 
digne  garde.  Escript  à  Saint-Germain-en-Laye, 
le  vme  jour  de  janvier  1 56 1  ( 1 5 6 -2  ) . 

Caterine. 

RoBERTET. 


1562.  —  i  h  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  voi.  83,  f1  75. 

A  MESSIEURS  LES  GEINS 

TENAHS  LA  COUUT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  pour  ce  qu'il  importe  au  service 
du  Roy  monsieur  mon  lilz  de  prendre  prompte- 
ment  une  bonne  et  saine  résolution  sutTomo- 
logation  des  facilitez  de  mon  cousin  le  cardinal 
de  Ferrare,  légat  de  nostre  Sainct  Père1,  le 
Roy  mon  dict  sieur  et  fiiz  a  advisé  de  vous 
escrire  la  lettre  qui  vous  est  présentement  en- 
voyée2, à  laquelle  je  vous  prie  ne  faire  faillie, 
longueur,  ne  remise  de  satisfaire,  et  de  luv 
envoyer  promptement  tout  ce  qui  a  esté  faict 
et  arresté  en  l'affaire  de  mon  dict  cousin  sui- 
vant ce  qu'il  vous  en  mande  plus  particuliè- 
rement. Priant  Dieu  ,  messieurs,  qu'il  vous  ail 
en  sa  saincte  garde.  Escript  à  S'-Germain-en- 
Laye,  le  miii'  jour  de  janvier  1 56 1  (i562). 

Caterine. 

BoURDIN. 


1562.  —  i  IS  janvier. 

Copie.  Record  office,  State  papers ,  vol.   XXII. 

\  M»  L'AMBASSADE!  R  D'ANGLETERRE. 

Monsieur  l'ambassadeur,  pour  le  long  temps 

1  C'est  le  16  février  suivant  que  le  Parlement  homo- 
logua les  facultés  du  légat.  —  Voy.  Calendar  nf  State  pa- 
pers (1561-1063),  p.  5ag. 

-  Voy.  celte  lettre  de  Charles  IX  dans  le  même  volume, 
!    5  ')  V°. 


qu'il  y  a  que  les  sieurs  de  Pont1  et  Nermous- 
tiers2,  deux  des  quatre  oslaiges  qui  sont  en  An- 
gleterre, et  pour  les  urgens  et  pressés  affaires 
qu'ils  ont  par  deçà,  nous  avons  advisé  les  reti- 
rer, et  en  leur  lieu  y  envoyer  le  sieur  de  Pa- 
laiseau  3,  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  et  le  sieur  de  Courtenay'1 
de  la  maison  de  Dampmartin ,  qui  sont  gentils- 
hommes de  lieu  et  de  qualité  telle  que  je 
m'asseure  qu'ils  seront  très  agréables  à  la  royne 
d'Angleterre,  ma  bonne  seur,  dont  néanmoings 
je  n'ay  voulu  laisser  vous  en  advertir,  affin 
que  vous  en  estant  enquis  par  deçà,  vous  luy 
en  puissiez,  de  vostre  part,  faire  encores  plus 
de  foy,  d'aultant  que  je  fais  compte  les  faire 
partir  à  la  fin  de  ce  mois.  Priant  Dieu,  mon- 
sieur l'ambassadeur,  vous  donner  ce  que  dé- 
sirez. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  XVIIIe  jour  de 
janvier  1 56 1  (1  56a). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

1  Sans  doute  Jean  de  Paris,  s'  de  Rennepont,  mort 
en  1.570. 

2  Louis  III  du  nom,  sr  de  la  Tremoille,  premier  duc 
de  Thouars,  seigneur  des  iles  de  Ré,  Marans  et  Noir- 
moutiers,  né  en  iSaa,  mort  au  siège  de  Melle  en  Poitou, 
en  1577.  —  Voy.  P.  Anselme,  t.  IV,  p.  1  70;  Lièvre,  Hist. 
des  protestants  du  Poitou,  t.  I,  p.  302. 

3  De  la  maison  de  Harville.  —  Voy.  dans  le  Calendar 
of  State  papers  (i56i-i563,  p.  Soi  et5n)  les  lettres 
de  l'Aubespine  à  Throckmorton  sur  son  refus  d'acceplei 
M'  de  Courtenay  pour  otage,  quoique  appartenant  à  la 
maison  de  Damruartin. 

4  Nous  présumons  que  ce  doit  être  Guillaume  de  Cour- 
tenay, premier  du  nom,  mort  en  i5ga,  fils  de  Jean  de 
Courtenay  et  de  Louette  de  Chantier.  Dans  les  Preuves 
de  l'histoire  de  la  maison  de  Courtenay,  Françoise  d'Anjou, 
comtesse  de  Dammarlin,  dame  de  Courtenay,  reçoit  hom- 
mage pour  divers  fiefs  de  damoiselle  Louette  de  Chantier, 
veuve  de  Jean  de  Courtenay.  (Hist.  généalogique  de  lu 
maison  de  Courtenay,  p.  207.)  Guillaume  de  Courtenay 
devint  gentilhomme  de  la  chambre  de  Henri  III  et  sol- 
licita avec  ses  cousins  son  droit  de  prince  du  sang. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDICIS. 


269 


1562.  —  i  8  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  83,  f"  --,  >  ■ 

\  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  DE  PARIS. 

Messieurs,  le  Roy  monsieur  mon  iilz  envoyé 
lesrdu  Mortier1,  conseiller  en  son  conseil  prive, 
par  devers  nous,  pour  nous  l'aire  entendre  sou 
vouloir  et  intention  sur  le  faict  de  l'esmolo- 
gation  et  vériffication  des  facultez  de  mon  cou- 
sin le  cardinal  de  Ferrare  -,  légat  de  Nostre 
Sainct-Père,  affin  que  l'ayant  entendu  par 
bouche,  vous  n'ayez  plus  d'occasion  d'uzer  de 
longueur,  remise,  ne  difficulté  en  ceste  expé- 
dition, de  laquelle  il  vous  %  ouït  bien  asseurer 
qu'il  deppend  chose  appartenant  au  service  du 
Roy  mondict  sieur  et  filz,  qui  requiert  que 
nous  le  laide  aiusy  nécessairement,  selon  que 
vous  l'entendrez  plus  particulièrement  dudict 
sr  du  Mortier,  à  la  suffisance  duquel  je  m'en 
remectray,  et  prie  Dieu,  messieurs,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde.  Escript  à  S'- 
Germain-en-Laye,  le  xvm'  jour  dejanvier  1  oG  1 

(i5Ca). 

Caterine. 

BoCRN. 


1 502.  —  20  janvier. 

Copie.  Bibl.  nal.   Parlement,  vol.  83,  f  8i  v". 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  les  conseillers  Mil  ou 3  et  Millet1 

1  André  Gnillard,  sr  du  Mortier.  —  Voy.  Blanchard, 
les  Présidents  au  Mortier,  p.  187;  Additions  aux  Mé- 
moire* de  Castelnau,  par  Le  Laboureur,  t.  I,  p.  5oa. 

;  Voy.  une  lettre  de  Charles  IX  (  Pari.  vol.  83 ,  f  7;)  r°)  ; 
remontrances  présentées  par  le  s'  du  Mortier  au  Parle- 
ment (ibid.  f  79  v°). 

3  Gabriel  Miron  qui,  plus  lard,  devint  lieutenant  mil 
de  Paris. 

4  Jacques  Millet  qui,  en  i560,  résigna  sa  charge  à 
Philibert  de  Turin ,  son  gendre. 


vos  confrères,  présents  porteurs,  vous  diront 
ce  que  j'aj  commandé  et  ordonné  pour  voz 
gaiges  à  ceulx  qui  ont  la  charge  des  finances 
du  Rov  monsieur  mon  Iilz.  el  ce  que  vous  en 
debvez  espérer,  dont  je  me  remectraj  à  eulx, 
vous  asseuranl  que  nous  ne  sçauriez  en  cela 
ne  toute  aultre  chose  estre  sy  bonnorable- 
ment  traictez  que  je  le  désire.  Priant  Dieu, 
messieurs,  vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne 
garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-en-Laye,  le   w 
jour  de  janvier  1 50  i  (  1  56  ^  )  '. 

Caterine, 
De  l'Ai  bespike. 

I  â6"2.  —  sa  janvier. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  lirienne,  n°  so5,  P"  ai3  et  Buiv, 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

SOS  AMBASSADBCR  VERS  L'EMPEr.Ein. 

Monsieur  de  Renés,  j'ay  receu  h's  deux 
lettres  que  m'avez  escriptes  des  quinze  et  dix- 
neufviesme  du  mois  passé;  par  la  première 
desquelles  j'ay  veu  ce  que  me  mandez  des 
advis  que  l'on  reçoit  ordinairement  au  lieu  où 
nous  estes  venans  de  Rome  et  ne  faisans  autre 
mention  que  de  menasses  que  l'on  nous  faict 
de  la  guerre,  et  comme  vous  estant  adressé' 
à  mon  bon  frère  l'Empereur  pour  luy  en  parler, 
il  vous  a  confessé  qu'il  esloil  vray  que  l'on 
escrivoit  d'Italye  de  quelques  soupeçons  que 
l'on  fondoit  sur  deux  causes  principalles  :  1  une 
sur  le  faict  du  royaulme  de  Navarre,  et  l'autre 
sur  la  restitution  des  places  de  Savoye;  à  quoy 
l'on  adjousloit  encores  la  venue  du  marquis 
de  Saluées  en  France  avec  la  cession  qu'il  a 
faicte  du  droict .qu'il  prétendoit audit  marqui- 

1  Voy.  le  compte  rendu  de  l'audience  donnée  par  le 
Roi  et  la  Reine  mère  aux  envoyés  du  Parlement  (Pari, 
vol.  83,  P  81  r°)  et  une  lettre  du  chancelier  de  L'Hos- 
pilal  [ibid.  P82  v°). 


LETTRES    Dr.   C  VfH 


sa!1,  <jui  sont,  monsieur  de  Rennes,  discours 

de  cerveaux  fort  turbulëns  et  irréquietes  ef  qui 

1 1 1 1 ■  ; i (  tel  desplaisir  de  veoir  la  Chrestienté 

vivre  au  repos  que  Dieu  luy  a  donné  et  l'amitié 
d'entre  nous  et  les  princes  noz  voisins  si  lon- 
guement continuer,  qu'ilz  ne  veuilent  riens 
oublier  à  remuer  ce  qu'ilz  penseronl  pouvoir 
servir  à  nous  mettre  en  delfiance  les  ungs  des 
autres  et  altérer  noz  mutuelles  et  sincères  affec- 
tions, vous  voullanl  bien  asseurer  que  mon 
frère  le  roy  de  Navarre  n'a  jamais  eu  vollonté 
de  riens  entreprendre  par  la  force  pour  le 
regard  de  son  dict  royaulme  de  Navarre.  Et 
quant  il  y  aurait   penséj  l'espérance  que  le 

1  Jean-Louis  de  Saluces  était  fils  de  Louis  II.  marquis 
di  Saluées,  et  il"  Marguerite  de  Foix.  fille  de  Jean  de 
Foix,  captai  de  Buch,  et  de  Marguerite  de  Sufïblk.  A  la 
mort  de  son  père,  le  marquisat  de  Saluces  devait  lui 
échoii  :  mais  Marguerite  de  Foix  iui  fil  préférer  François 
son  frère, /le  troisième  dans  l'ordre  de  naissance,  élevé 
enfaut  d'honneur  de  François  I".  Jean-Louis  lui  enfermé 
à  la  Bastille.  François  se  monlra  peu  reconnaissant  du 
passe-droit  fait  en  sa  faveur,  el  sur  la  promesse  de  l'in- 
vestiture du  marquisat  de  Monlferrat,  il  trahit  la  cause 
de  la  France  el  passa  du  col  i  ■  Charles-Quint.  Quel- 
que lemps  après,  il  fut  tué  d'un  coup  de  feu  au  siège 
de  Carmagnole,  et  ne  laissa  point  de  postérité.  Jean- 
Louis  rentra  alors  en  possession  de  l'héritage  di 
pères  mais  aigri  sans  doute  par  l'injuste  prison  qu'il 
avait  suhie.  il  donna  de  nombreux  sujets  de  plainte  au 
Roi  qui  concéda  l'investiture  du  marquisat  de  Sa 
.1  Gabriel,  évêque  d'Aire,  quatrième  el  dernier  fils  de 
Louis  II  et  de  Marguerite  de  Foix.  Celui-ci  fui,  à  'on 
tour,  dans  Pignerol,  où  il  mourut. 

Jean-Louis  tenta  à  plusieurs  reprises  de  i  ml 

ts,  el  s'était  retiré  à  Asti  pour  y  attendre  une  on 

favorable,   lorsque  le  maréchal   de   Bourdillon,  secondé 

par  Auguste  de  Saluées,  le  détermina  à  se  retirer  en 

France, el  à  céder  au  roi  ses  droits  sur  les  marquisats  de 

Saluces  el  rrat,  moyennant  la  promesse   de 

oo  livres  de  rente   en    fonds  de    tene.  Il  mourut 

au  château  de  Beau  fort,  en  Anjou,   où  il   s'était  retiré. 

avons  emprunté  ces  détails  à  la   Généalogie  de  la 

ton  de  Lnr  el   Cession  du  marquisat  de  Saluces  a  la 

France.  (Bordeaux,  i  s •  "> 5 ,  in-8°.) 


EMSE  DE   MÉDIGIS. 

i!o\  Catholicque  mon  bon  lilz  luy  donne  d'une 
prochaine  récompense  luy  aurait  faict  perdre 
entièrement  reste  intencion.  Nous  sommes, 
d'autre  part,  en  telz  termes  pour  raccord  el 
paciQication  de  noz  prétentions  avec  mon- 
sieur de  Savove  que  j'espère  en  venir  bien-losl 
l'issue  que  nous  désirons  à  noslre  commun  con- 
tentement; et  si  nous  avons  retiré'  en  France 
le  marquis  de  Saluces,  ce  n'a  pas  esté  pour 
delfiance  que  nous  avons  de  nostre  droit  au 
marquisat  du  dit  Saluces  et  que  nous  ayons 
faict  cas  de  celuy  qu'il  y  vooiloil  prétendre; 
mais  c'est  pour  la  pilyé  que  nous  avons  eue 
de  sa  pauvreté,  ayans  advisé  de  le  retirer  en 
France  pour  luy  pourveoir  de  lieu,  auquel 
par  la  libéralité  du  Roy  monsieur  mon  lilz 
il  puisse  vivre  avec  plus  de  repos  et  dignité 
qu'il  ne  faisoit  là,  où  il  esloil  ordinairement1; 
et  par  ainsy,  estant  ces  fondemens  là  si  foibles, 
-i  ceux  qui  devisent  ainsy  librement  de  la 
guerre,  n'en  allèguent  poinct  d'autres,  je  ne 
voy  pas  que  nous  ayons  occasion  d'en  riens 
craindre,  comme  aussy  n'en  ay-je  jamais  doublé 
jusques  à  présent.  Toultesfois,  afin  que  Ion 
ne  pense  poinct  se  servir  de  telz  prétextes  pour 
couvrir  une  entreprise,  si  d'aventure  l'on  la 
voulloil  faire  à  nostre  préjudice,  je  trouvera) 
bon  que,  continuais  lesdicts  advis  de  guerre, 
vous  faict  -  i  utendre  audict  Empereur  que, 
estans  si  bien  que  nous  sommes  avec  le  Roy 

Charles  IX,  le  8  janvier  précédent,  avait  éeril  à  Jean- 
Louis,  marquis  de  Saluces:  nJ'ay  bien  voulu  vous  taire 
la  présente  pour  vous  prier  bien  fort  d'adviser  de  vous 
mettre  en  chemin  pour  me  venir  trouver  avec  vos  entans, 
auxquels  je  désire  de  faire  du  bien  et  de  l'honneur,  après 
toutefois  que  vous  aurez  mis  ordre  à  vos  «flaires,  pour 
lesquels  j'écris  présentement  au  s'  de  Burdillon  vous 
bailler  l'argent  qui  vous  sera  nécessaire  pour  vostre  voyage. 

i  attendant  qu'à  vu  tri  arri  ■■•■■je  vous  satisfasse  entièrement 
de  tout  ce  qui  vous  a  esté  promis  et  qui  peult  vous  estre 

I  deu  el  semblablement  à  vos  enfans. »  (Généalogie  de  la 
maison  de  Lnr,  p.  6 1  et  6a.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


271 


Catholique,  mon  bon  filz,  el  ledicl  sr  dur  de 
Savoye,  il  n'j  sçauroil  avoir  autre  occasion  de 
rompture  que  la  seulle  cause  de  la  religion, 
affin  que,  considérant  la  conséquence  qui 
deppend  d'une  telle  entreprise,  il  lace  pour 
la  conservation  de  la  paix  el  tranquilité  pu- 
blicque  ce  qu'il  s.-ait  lu\  estre  autanl  utille  el 
nécessaire  que  à  autre  prince  de  la  Chrestienté; 
ce  que  je  ne  vous  dis  pas  pour  défiance  au- 
cune que  j'aye  du  Pape,  n'en  ayant,  Dieu 
mercy,  poinl  d'occasion,  comme  vous  enten- 
drez ey  après;  mais,  afin  que  ceux  qui  pen- 
senl  se  prévalloir,  au  lieu  où  vous  estes,  de 
ce  bruicl  de  guerre,  congnoissenl  que,  quanl 
l'on  in  viendroil  là.  il/  trouveraient  plus  de 
gens  de  l'a  partie  qu'ilz  n'auroienl  peut-eslre 
pensé.  !'a\  veu  ce  que  me  respondez  parvostre 
dernière  lettre  sur  ce  que  je  vous  avois  escripl 
pour  le  regard  du  roj  de  Bohesme,  et  ay 
bien  considéré  les  raison-  que  vous  me  dis- 
courez servans  à  vostre  intention.  Touttesfois 
vous  suiverez  *■<■  que  je  vous  a\  faicl  sçavoir 
par  ma  lettre  du  dernier  de  novembre,  à  la- 
quelle je  m'en  remetz  entièrement.  \u  surplus, 
monsieur  de  lienes,  vous  sçavez  quelz  troubles 
nous  a  suscité  en  ce  royaulme  la  diversité 
d'oppinions  qui  reignenl  aujourd'huy  quasv 
par  toutle  la  Chrestienté  au  faicl  de  la  reli- 
gion, qui  n'est  pas  ung'mal  qui  soit  nouvel- 
lement pénètre'  es  espril/.  des  hommes  et 
auquel  l'on  ayt  seullement  depuis  le  commen- 
cement du  reigne  du  Rov  monsieur  mon  filz 
commencé  de  remédier,  ayans  les  provisions 
que  le  t'en  iio\  François  mon  beau-père  el 
après  luv  le  iîo\  monseigneur  )  mil  données 
esté  telles  qu'il  ne  se  peut  dire  qu'ils  v  ayenl 
riens  oublyéde  leur  vivant;  toutesfois  il  semble 
que,  tant  pluz  l'on  s'esl  efforcé  de  amortir  ce 
l'eu,  [dus  il  a  pris  de  force,  vigueur  et  accrois 
sèment;  qui  a  esté  cause  que  le  feu  roy  Fran- 
çois dernier  décédé  mon  sieur  el  filz  y  aurait 


tante  divers  remèdes;  et  moy,  depuis  l'advéne- 

ineiil  du   Roy  mon   dii    sieur   el    liiz  à  pré 
régnant,  auroys  esté  conseillée  de  faire  eu  la 

courl  de  parle ni  de  Paris  la  grande  el  noi- 

lable  assemblée,  dont  vous  avez  esté  adverh 
par  c\  devant,  laquelle  produief  l'édil  do  mois 
de  juillet .  dont  la  coppie  vous  lui  bientosl 
après  envoyée ,  comme  la  provision  qui  fui  lors 
jugée  ei  ad\  isée  la  plus  nécessaire  pour  arresler 
le  cours  à  tant  d'assemblées  qui  se  faiso  ni 
en  ce  royaulme  pour  la  religion;  mais  par  la 
désobéissance  el  dureté  des  peuples  el  pour 
s'estre  trouvé  ledit  édictde  trop  périlleus 
difficile  exécution,  il  est  demeuré  sans  effei  ': 
el  s'estans  les  troubles  et  séditions,  au  lieu  de 
s'appaiser,  de  beaucoup  augmentés  en  divers 
endroietz  de  ce  royaulme,  j'ay  esté  conseillée; 
a'estnnl  mesmemenf  réussy  de  l'assemblée  de 
Poiss}  aulcun  fruict  pour  le  repos  de  ce 
royaulme,  de  l'aire  une  seconde  assemblée  eu 
ce  lieu  qui  a  esté  composée  du  conseil  i\t\  l'ôA 
monsieur  mon  lilz,  des  principauix  et  plus 
noltables  présidens  el  conseillers  des  cours 
souveraines  recommandez  eu  sçavoir.  doctrine 
e!  pieté  contenus  au  mémoire  qui  sera  c\  en- 
clos; lesquelz.  après  avoir  faict  saigement, 
prudemment,  et  vertueusement  poisé,  débattu 
el  considéré  de  touttes  choses,  se  son!  Bnable- 
ineu!  accordez  à  l'ordonnance  dont  je  vous 
envoyé  la  coppie1,  par  laquelle  vous  verrez  si 
nous  sommes  si  esloignez  de  l'obéissance  du 
Pape  que  Ion  nous  a  calomnyé,  et  si  la  néces- 

1  L'édit  de  janvier.  Voy.  La  France  protestante,  l.  ] 
p.  '118;  Mémoires  de  Condë  (édition  de  La  Haye ,  17/1.3 
1.  [II,  p.  8;  une  lettre  de  Charles  l\  au  Parlement  (Bibl. 
nal.  Parlement,  vol.  83,  I  86);  compte  pendu  de  la 
séance  du  Parlement,  le  jour  où  le  roi  île  Navarre  de- 
manda la  vérification  immédiate  de  l'édil  (ihjd.  I  11 
il  suiv.);  compte  rendu  de  la  séance  du  Parlement  du 
36  janvier,  el  poursuites  contre  le  libraire  Langelier  qui 
avail  imprimé  l'édil  à  > ii>;;l  exemplaires  (ilml.  Coi  :  l< 
Thou,  lltst.  universelle,  édit.  de  i7-i'i,  t.  [V,  p.  1 .". .  1 . 


!79 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDIGIS. 


ih:  de  no/  affaires  ne  nous  eust  pas  excuse/ 
le  nous  licenlier  en  beaucoup  plus  de  choses 
[ue  nous  ne  faisons  par  ie  flict  édit,  auquel 
I Un  a  procédé  si  réservement  que  mon  cousin 
le  cardinal  de  Ferrare,  légat  de  nostre  Sainct- 
Père  el  l'ambassadeur  du  Roy  Catholicque 
mon  bon  filz  résidens  par  deçà  qui,  voyenl 
sur  le  lieu  ce  qui  nous  point  et  presse  le  plus, 
s'en  sont  tellement  contentez  qu'ilz  m'en  sont 
venus  mercier  incontinent;  ayant  aussy  mon 
dit  cousin  le  légat  trouvé  bien  fort  bonne 
une  autre  résolution  prise  en  ladicte  com- 
paignie,  qui  a  esté  de  mander,  comme  j'ay  jà 
faicl  aux  doyen  et  docteurs  plus  anciens  de  la 
faculté  de  théologie  de  Paris,  de  choisir  cer- 
tain nombre  des  plus  suflîsans  docteurs  de 
leur  compaignie,  amateurs  de  l'honneur  de 
Dieu,  de  la  conservation  de  son  église  et  du 
repos  de  cedict  Hoyaulme  el  me  les  envoyer 
pour,  en  présence  de  mondict  cousin  le  légat 
el  auprès  de  luy,  conférer  par  ensemble  des 
causes  pour  lesquelles  ceulx  de  la  nouvelle 
religion  se  tiennent  séparez  de  nous  et  adviser 
s'il  \  auroit  moien  de  venir  à  telle  modération 
et  pacification  de  Ions  noz  différends  que  cela 
feusi  cause  de  les  réunir  et  ramener  en  nostre 
église  et  en  l'obéissance  du  Sainct-Siége,  ainsy 
que  je  le  désire  infinienient,  ayant  arresté 
avec  mon  dict  cousin  que  l'on  dressera  des 
articles  bien  amples  de  tout  ce  qui  aura  esté 
adwsc  en  la  dicte  compaignie  que  nous  en- 
i  us  (Tons  à  Nostre  dict  Sainct-Père  pour  les  faire 
examiner  et  en  ordoner  ce  qu'il  congnoistra 
estre  pour  le  bien  de  l'église  et  repos  de  cest 
estât.  Cependant  je  ne  laisse  de  faire  ache- 
miner nos  évesques  au  concilie,  délibérée  de 
faire  suivre  bientost  après  nostre  ambassadeur, 
choses  que  vous  ferez  entendre  à  l'Empereur 
mon  lion  frère,  affin  que,  sçacbant  lasincérité 
de  mes  actions,  il  juge  s'il  y  a  autre  passion 
en  cria  qui  me  même  que  le  seul  désir  que 


j'ay  à  l'union  de  l'église  el  au  repos  de  ce  dict 
royaulnie,  et  si  je  y  procède  par  autre  voye 
que  sçauroit  faire  parmy  tant  de  troubles  la 
plus  chreslienne  et  catholicque  princesse  qui 
soit  aujourd'huy  en  la  Ghrestienté.  La  court 
de  Parlement  a  longuement  faict  reffus  de  pro- 
céder à  l'omologation  des  facilitez  de  mon  dict 
cousin  le  légat;  touttesfois  j'ay  tant  faicl  après 
plusieurs  reytérezcommandemens  qu'elles  ont 
esté  vériffiées,  ayant  en  cest  affaire  postposé 
(outles  les  raisonnables  et  justes  occasions  qui 
empeschoient  ladicte  vérification  pour  grat- 
tiffier  Nostre  Sainct-Père  et  en  donner  à  mon- 
dict cousin  le  légat  ung  entier  contentement. 


1502.  —  23  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  83,  fJ  90  v*. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  sçachant  combien  l'ordonnance 
résolue  en  ceste  compaignie,  et  qui  vous  a  esté 
envoyée  ces  jours  passe/,  importe  au  service 
du  Roy  monsieur  mon  fil/,  el  la  prompte  pu- 
blication en  est  nécessaire  pour  pourveoir  aux 
troubles  et  séditions  dont  ce  royaume  est  plain, 
je  ne  puis  moins  que  d'accompaigner  la  lettre 
que  vous  en  escript  le  Roy  mon  dict  sieur  el 
filz,  pour  \ous  prier  que  toutes  longueurs, 
remises  el  difficulté/  cessans,  et  tous  autres 
affaires  postposez,  vous  ayez  à  procedder 
promptement  à  la  lecture,  publication  el  en- 
registrement de  la  dicte  ordonnance,  et  que 
ce  soit  dès  demain  matin,  selon  que  vous  le 
dira  plus  particulièrement,  de  la  pari  du  Roy 
mondict  sieur  et  filz,  mon  frère  le  roy  de 
Navarre,  son  lieutenant  générai,  représentant 
sa  personne  par  tous  ses  royaumes  et  pais, 
et  le  verrez  par  ce  (pie  vous  en  escript.  Priant 
Dieu,  messieurs,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS 
garde.  Escrit  à  Sl-Germain-en-Layc,  le  xxin° 


273 


janvier  i5G  i  1 1  56a  . 

BoUHDIN. 


CaTERINE. 


15C2.  —  v'J  janvier. 
Copie.  Record  office,  State  yaprrs ,  Prance,  fo]   WIL 

A  M"  L'AMBASSADEUR  D'ANGLETERRE'. 

Monsieur  l'ambassadeur,  le  sieur  de  l'Au- 
bespiue  m'a  faict  entendre  ce  que  vous  luy 
avez  escript  du  sieur  de  Courtenay,  et  la  con- 
sidération que  vous  mettez  en  avant  de  ne  le 
pouvoir  trouver  bon  ostaige  pour  le  regard  de 
ses  biens2,  qui  ne  respondent  pas  à  la  dignité 
de  sa  maison  et  à  ce  que  le  traicté  porte;  sur 
quoy  je  vous  diray  que  je  pensois  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  avoit  faict  si  bonne  eslec- 
tion  de  luy,  qu'il  n'y  auroit  point  de  difficulté', 
comme  il  me  semble  qu'il  n'y  en  a  pas  grande 
occasion,  estant  personnaige  qui  a  suffisam- 
ment de  quoy,  et  qui  en  attend  encores  beau- 
coup, et  (lui  estdavantaige  de  sang  et  de  mai- 
son si  illustre  que  tout  cela  ensemble  luy 
donne  assez  de  qualités  pour  ung  tel,  ou  ung 
plus  grand  lieu;  ce  que  je  vous  prie  considérer, 
et  l'ayant  desjà  faict  mettre  en  frais  pour  se 
préparer  au  voyaige,  le  vouloir  accepter,  dont 
j'espère  que  la  Royne  vostre  maislresse  ne  vous 
désadvouera  point,  joint-qu'elle  se  peult  tenir 
asseurée  qu'il  n'y  demeurera  pas  longtemps. 

Priant  Dieu,  Monsieur  l'ambassadeur,  vous 
donner  ce  que  désirez. 

De  Saint-Germain-en-Laye,  le  xxuf1  jour 

de  janvier  1  562. 

Caterine. 

1  Sir  Throckraorlon.  —  Voy.  sa  lettre  à  la  reine 
d'Angleterre,  Calendar  of  State  papert  (l56i-i6p2), 
p.  5oi;  Lettre  du  même  à  l'Aubespine,  ibid.  p.  Ô17. 

-  Tlirockmorlon,  dans  une  lettre  a  la  reine  Elisabeth, 
prétendait  que  M.  de  Courtenay  n'avait  pas  plus  de  cinq 
à  six  mille  livres  de  rente.  (Calendar  of  State  papert, 
l56l-l562  ,  p.  5o2.) 

Catherin  de  Médicis. —  1. 


1  ,'>(i'2.  —  'ici  janvier. 
Oritf.  Bibl.  nal.  fonda  Cinq  cents  Colberl,  n"  3ijo ,  f  33. 

\  MONSIE1  I!  DE  liE\:\ES. 

Monsieur  de  Rennes,  par  ung  advis  que  j'ay 
eu  d'Allemaigne,  l'on  me  mande  que  la  jour- 
née impérialle  a  esté  accordée  à  l'Empereur 
mon  bon  frère,  mais  que  le  jour  n'en  estoyt 
encores  arresté  ny  résolu,  et  jaçoyt  que  je 
m'asseure  que  vous  ne  fauldrez,  si  cesl  advis 
là  est  véritable,  de  me  mander  par  vostre  pre- 
mière dépesebe  ce  qui  en  est,  et  connue  il  en 
\a.  et  de  vous  informer  et  enquérir  le  plus 
particulièrement  qu'il  vous  sera  possible  des 
occasions  de  la  dicte  journée  et  de  ce  que 
l'Empereur  aura  résolu  d'y  proposer  et  faire 
traicter.  Si  est-ce  que,  estant  grandement  re- 
quis et  nécessaire  pour  le  bien  du  service  du 
Roy  monsieur  mon  filz  que  nous  en  soyons 
advertiz  d'heure  pour  les  occasions  que  vous 
pouvez  bien  considérer,  je  n'ay  voullu  différer 
de  vous  en  faire  ce  petit  mot  de  lettre  pour 
vous  pryer  que  vous  mectez  peine  de  vous 
esclercir  si  amplement  de  toutes  les  susdictes 
particuliarités,  si  vous  ne  Testes  à  la  réception 
de  la  présente,  que  vous  m'en  puissiez  mander 
bien  au  long  la  vérité.  Je  vous  ay  faict  sçavoir 
par  ma  dépesebe  du  \.\iic  de  ce  moys  comme 
s'est  passée  l'assemblée  qui  a  esté  faicte  en  ce 
lieu  pour  mectre  ordre  aux  tumultes  et  sédi- 
lions  que  nous  suscite  en  ce  royaulme  la  di- 
versilé  des  opinions  en  la  religion  et  vous  a\ 
mesmes  envoyé  la  coppie  de  l'ordonnance  qui 
en  a  esté  résolue,  de  sorte  qu'il  ne  me  reste 
riens  davantaige  à  vous  mander  quant  à  ce 
point,  si  ce  n'est  que  nous  avons  commancé 
du  jour  d'hyer  la  conférence  des  docteurs  el 
gens  sçavans  donl  je  vous  ay  parlé  par  la 
dicte  dépesebe;  de  la  fin  de  laquelle  et  de 
ce  qui  y  aura  eslé  advisé  je  vous  advertiray, 
s'il    y  a  ebose  qui  le   mérite.    Pryanl  Dieu, 

35 


27i  LETTRES   DE  CATH 

Monsieur   de   Rennes,   qu'il   vous  ayt  en   sa 
garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxix'jour 
de  janvier  i5Gi  (i56a). 


Catf.rine. 


Bocrdin- 


(  1562.  —  Fin  janvier.) 

Aut.  Arcli.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  envoyent  le  Roy  mon  fils  le  sieur 
de  Lansac1  au  consille,je  n'e'  voleu  qui  souit 
pasé  heu  vous  aystes,  san  set  mot  de  moy, 
pour  vous  prier  le  croyre  de  set  qui  vous  dire 
de  ma  part  et  sachant  corne  le  conèsés  et 
que  savés  la  fianse  que  je  ay  en  lui,  je  me 
renie teré  seur  sa  seufisance  et  ne  vous  fayré 
plus  longue  letre,  après  avoyr  prié  Notre-Si- 
gneur  vous  donner  set  que  désirés. 
Votre  bonne  seur, . 

Caterine. 


1502.  —  3  février. 
Orig.  Record  ollire ,  State  papas ,  France,  vol.  XXII. 

A  M"  L AMRASSADEUR  D'ANGLETERRE2. 

Monsieur  l'ambassadeur,  depuis  que  je  vous 
ay  faict  escripre  par  le  sieur  de  TAubespine, 
je  me  suis  bien  et  exactement  faict  enquérir 
et  voulu  sçavoir  la  vérité  des  facultés  du  sieur 
de  Gourtenay,  afin  que  je  me  satisfasse  pre- 
mièrement moy-mesmes  de  l'eslection  que  j'en 
avois,  ce  me  sembloit,  bien  faicte;  et  ay  trouvé 
pour  certain  que,  quelle  que  chose  que  l'on 
vous  ayt  dicl,  il  ne  doibl  pas  six  mil  francs 
en  tout,  m'esbahissant  bien  qui  vous  ay  peu 

1  Lanssac  arriva  à  Rome  le  i  7  février.  —  Voy.  sa  lettre 
au  Roi,  Mémoires  du  concile  de  Trente,  p.  iô.3. 

2  Voyez, à  ce  sujet,  Leltre  de  Throckmorton  à  la  reine 
Elisabeth,  Calendar  of  State paperi  (1 5 6 1  - 1 56a),  p.  517. 


ERINE  DE  MÉD1CIS. 

donner  ung  tel  adverlissement  de  l'eslat  de 
ses  affaires,  estant  ainsy  que  je  le  vous  ay 
escript,  ce  que  je  ne  fais  pas  sans  y  veoir  clair 
et  sça\oir  la  vérité.  Il  me  semble,  pour  estre 
de  la  maison  dont  il  est,  riche  et  aisé,  meil- 
leur messaiger  que  vous  ne  le  pensez,  que  la 
difficulté  que  vous  le  faisiez  de  l'accepter  pour 
ostaige  auprès  de  la  Royne  vostre  maistresse 
doibt  cesser,  dont  je  seray  très  aise,  et  de  en- 
tendre que,  sur  ma  parole,  vous  l'ayez  agréable 
pour  ce  voyage,  pour  lequel  il  est  prest  el  dis- 
posé de  partir,  puisqu'il  est  question  du  ser- 
vice du  Roy  monsieur  mon  filz,  et  sur  ce  nie 
faire  sçavoir  vostre  résolution  incontinent. 
Priant  Dieu,  Monsieur  l'ambasadeur,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-en-Laye,  le  in* 
jour  de  février  1 56 1  (i56a). 

Catf.rine.  . 


1 562.  —  1  -i  février. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  83,  fJ  igo  V. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  pour  ce  qu'il  semble  nécessaire 
de  sçavoir  ce  que  vous  avez  arreslé  sur  le  faict 
de  l'ordonnance x  qui  vous  a  esté  dernièrement 
envoyée,  et  que  la  longueur  apporte  tousjours 
quelque  inconvénient,  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  vous  escript  envoyer  voz  députez  pour  cesl 

1  L'édit  de  janvier.  —  Voy. la  lettre  de  Charles  IX  aux 

gens  du  Parlement,  datée  du  27  janvier  (Bibl.  nat.  Par- 
lement, vol.  83,  f°  97  r°);  Déclaration  l'aile  par  le  s'  de 
Rostain  ,  au  nom  du  Roi,  dans  la  séance  du  Parlement  du 
|  3o  janvier  {ibid.  f°  98  r°);  Réponse  du  Parlement  (ibid. 
i'<)S  v°);  Lettres  de  Charles  IX,  des  ic'  et  12  février 
[ilutl.  f"  18S  et  189);  Délibération  du  Parlement,  en 
date  du  7  février,  refusant  la  vérification  de  redit  [ibid. 
f°  189  r°);  Audience  donnée  à  Saint-Germain  par  le  Roi 
el  la  Reine  aux  députés  du  Parlement  [ibid.  f°  iq.'i  v°  et 
suiv.);  Mémoires  de  Coude,  édit.  de  17^3,  t.  III,  f°  46. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


27; 


ofî'ect  par  deçà;  ce  que  J6  vous  prie  faire  in- 
continent, on  manière  qu'iiz  soienl  demain  iej 
de  bonne  heure.  Prianl  Dieu,  Messieurs,  vous 
donner  ce  que  désirez.  De  S'-Germain-en- 
Layc,  le   unziesme  jour  de  février  mil  cinq 

cens  soixante  et  un  (i56a). 

Catebine. 
De  l'Aubespine. 


1  562.  —  i  5  février. 

pie.  Bibl.  nat.  Parlement,  vol.  83,  f'  ii)3  r\ 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

.  TESAKS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  vous  verrezpar  la  despesche que 

vous  portent  les  président  de  Tliou  et  conseiller 
Violle,  voz  confrères,  la  résolution  que  le  Roy 
monsieur  mon  iilz  a  prise,  par  l'advis  de  tout 
son  conseil,  sur  les  remonstrances  que  nous 
luv  avez  envoyées  par  vos  confrères  à  son  or- 
donnance du  dix-septiesme  jour  du  mois  de 
janvier  dernier  passé,  et  encores  que  je  m'às- 
seure  que  vous  ne  fauldrez  d'obéir  et  satisfaire 
à  son  voulloir  et  intention  bien  à  plain  dé- 
claré dans  ladicte  despesche;  si  est-ce  que  pour 
cognoistre  si  clairement  que  je  faicts  l'impor- 
tance et  conséquence  de  L'affaire,  j'ay  bien 
voulu,  de  ma  part,  vous  prier  que  vous  pro- 
cédez à  la  lecture,  publication  et  enregistre- 
ment de  ladicte  ordonnance,  et  de  la  déclara- 
tion et  interprétation  faicle  sur  icelle,en  telle 
diligence  que  le  Roj  mon  dict  sieur  et  filz  le 
vous  mande  par  sa  dicte  despesche,  et  selon 
(jue  vos -dietz  confrères  le  vous  diront  plus 
particulièrement  de  sa  part,  suivant  la  charge 
qu'il  leur  en  a  donnée,  et  je  vay  prier  Dieu, 
Messieurs,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
Escripl  àSl-Germain-en-Laye,lequinziesme 
jour  de  février  i5Gi  (i562). 

Caterine. 
Boukdin. 


I  562.  —  i  6  février. 

Orig.  Bibl,  nat.  fonds  Cinq  cents  Colbcrt,  n"  390,  f"  S5  et  suiv.  — 
fonds  Dupuy  ,  n°  309,  f*  hS.  —  Imprimé  dans  Les  ià  I 
a  1  c  \ii  ntoii  M  dû  Gastclnau ,  t.  1 ,  p.  735. 

A   MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur    de    Relies,    j'av     receu     les   deux 

lettres  que  m'avez  escriptes  des  xn  et  xxvi0  du 
passé;  par  la  première  desquelles  j'aj  entendu 
ce  (jue  l'Empereur  mon  bon  frère  vous  a  res- 
pondu  sur  les  propoz  de  la  guerre  dont  Ton  a 
faict  tant  de  bruicl  du  coslé  d'Italye,  que  je 
penseray  tousjours  estre  procédé  ou  de  dis- 
cours de  personnes  passionnées,  ou  bien  de 
délibération  de  gens  qui,  n'ayans  pas  faulte 
de  xolunlé  de  nous  nuire,  ne  se  sont  trouvez 
avec  assez  de  moyen  pour  en  tenter  l'exécu- 
tion; et  là-dessus  estant  asseurée,  comme  je 
suys,  et  avec  bonne  et  grande  occasion,  de  l'a- 
mitié du  Roy  catholique  des  Espaignes,  mon 
beau-filz,  et  d'aultre  part  n'ayant  donné  au- 
cune cause  au  Pape  d'eslre  mal  contant  de 
nous,  ainsi  que  vous  avez  peu  cognoistre  par 
ce  que  je  vous  ay  faict  sçavoir  ordinairement 
de  toutes  noz  actions;  et  voyant  oultre  cela  ce 
que  me  mandez  du  désir  que  mondicl  bon 
frère  l'Empereur  a  à  la  conservation  de  la  paix 
et  tranequilité  publicque,  pour  luy  estre  aussi 
utile  et  nécessaire  que  à  aultre  prince  chres- 
iien,  je  ne  puys  juger  sur  quoy  ces  beaux 
discoureurs  d'Italye  ont  voullu  fonder  leur 
bruicl  de  guerre ,  et  fault  que  je  l'atribue  à 
l'infiny  regret  qu'ilz  ont  de  veoir  la  chres- 
tienté  joyr  du  bien  de  la  paix  si  paisiblement. 
Je  scray  bien  aysc,  mais  que  vous  ayez  veu  le 
roy  île  Robème,  de  sçavoir  quella  response  il 
aura  faicte  sur  ce  faict  de  ligue  pour  la  reli- 
gion; car.  encore  que  l'alarme  s'en  soit  bien 
refroydy  despuys  ung  m<>\s  ou  deux  en  çà,  si 
est  qu'il  est  tout  notoire  qu'il  en  a  esté  faict  de 
grandes  et  diverses  poursuictes,  et  il  importe, 

35. 


276  LETTRES  DE  CATH 

comme  vous  sçavez,  eu  telles  choses,  de  des- 
couvrir de  la  part  de  qui  eu  est  procédée  la 
première  ouverture,  et  qui  sont  ceux  que  Ton 
a  recerchez  et  qui  s'y  sont  accordez  ou  non 
pour  v  entrer.  Vous  ferez  tout  ce  qu'il  vous 
sera  possible  pour  en  descouvrir  les  particula- 
rité/, et  m'en  advertir. 

Au  demeurant,  je  vous  ay  envové  avec  ma 
dépescbe  du  \\f  du  passé  l'ordonnance  qui 
a  este'  re'solue  en  la  grande  et  notable  compa- 
gnie de  princes,  conseillers  du  conseil  privé, 
présidens  et  conseillers  des  courlz  souveraines 
couvocquez  en  ce  lieu;  et  si  vous  ay  mandé  la 
résolution  qui  avoit  esté  prise  en  la  mesme 
compagnie,  et  par  l'aprobalion  de  mon  cousin 
le  légat,  de  faire  une  conférence  d'évesques 
el  docteurs  en  théologie,  pour  adviser  aux 
causes  pour  lesquelles  ceulx  de  la  nouvelle 
religion  se  tiennent  séparez  de  nous,  et  regar- 
der s'il  y  auroit  moyen  de  les  réunir  et  ramener 
en  nostre  église  et  en  l'obéissance  du  Sainct- 
Siège,  el  que  de  tout  ce  qui  auroit  esté  advisé 
se  dresseraient  articles,  que  j'envoyeroys  à 
\oslre  Sainct-Père  pour  les  faire  examiner  et 
en  ordonner  et  statuer  ce  qu'il  cognoistroyt 
eslre  pour  le  bien  de  l'église  et  repoz  de  cest 
estât.  Or  quant  à  la  dicte  ordonnance,  pour 
ce  qu'il  s'est  trouvé  qu'il  y  en  a  eu  qui  luy  ont 
voullu  donner  aultre  interprétation  que  celle 
que  nous  avons  tousjours  entendue,  il  a  esté 
faict,  pour  l'esclereissement  des  poinclz  qui 
pouvoienl  tomber  en  diverses  intelligences,  la 
déclaration  qui  sera  cy-enclose,  par  laquelle 
chascun  pourra  clairement  cognoistre  de  quel 
pié  je  marche  en  ce  qui  appartient  à  la  con- 
servation de. nostre  religion  ancienne,  et  que, 
si  ce  n'est  entièrement  selon  mon  désir,  j'ay 
lanl  de  choses  qui  s'y  opposent  qu'il  l'ault 
excuser,  si,  pour  la  malice  du  temps  et  néces- 
sité de  l'affaire,  je  suys  contraincle  de  me  con- 
tanter  de  ce  que  je  puys  en  cest  endroicl;  et, 


EKINE  DE   MÉD1CIS. 

pour  le  regard  de  la  dicte  conférence,  ayant 
veu  après  que  l'on  a  eu  consommé  douze  ou 
quinze  jours  en  disputes  sur  une  simple  chose, 
i  qui  est  à  l'usaige  des  imaiges,  il  n'en  est 
réussy  que  une  dureté  et  obstination  des  ungs 
et  des  aultres  qui  ont  plustost  combatu  pour 
ne  se  laisser  vaincre  que  disputé  et  conféré 
pour  se  soubzmectre  à  la  vérité  et  à  la  raison, 
jugeant  que  d'un  si  obstiné  commencement 
il  faillovt  plustost  actendre  pour  le  demeurant 
une  continuelle  contrariété  et  dispute  que  ung 
bon  el  raisonnable  accord  et  pacification ,  j'ay 
rompu  ladicte  conférence  et  remis  toutes  choses 
à  la  décision  et  détermination  du  concilie,  où 
j'ay  faict  acheminer  noz  prélats,  ainsi  que  je 
vous  ay  mandé  dernièrement.  Il  est  vray  que 
je  désireroys  merveilleusement  de  sçavoir  avec 
quelle  instruction  ont  esté  dépeschez  au  con- 
cilie les  ambassadeurs  de  mon  beau-frère,  et 
vous  prie  que  vous  n'espargnez  moyen  que 
vous  ayez  pour  vous  en  informer  et  retirer, 
s'il  est  au  monde  possible,  ung  double  du  mé- 
moire de  leur  dicte  instruction,  afin  de  le 
m'envoyer  incontinent,  et  m'adverlir  au  de- 
meurant de  ce  que  vous  aurez  apris  du  lieu 
et  temps  que  la  dietteimpérialle  et  des  aultres 
parlicularitcz  qui  eu  despendent,  dont  je  vous 
ay  escript  par  une  petite  lectre  du  xxix"  du 
passé.  Je  ne  me  puis  aulcunement  contanter 
de  la  difficulté  qui  vous  est  faicle  en  votre 
précédence,  et  treuve  bon  que  vous  n'ailliez 
en  aucuns  actes  publiez  pour  les  raisons  tou- 
chées en  vostre  seconde  lectre;  et  à  la  vérité 
c'est  chose  qui  m'a  fasché  de  supporter  si  lon- 
guement; toutefoys,  pour  ce  que  en  ung  temps 
si  turbulant  et  plain  d'alarmes  et  incertitudes, 
il  nous  est  grandement  nécessaire  d'a\oir  gens 
saiges,  prudenset  bien  advisez  en  toutes  parlz, 
et  surtout  près  de  ceux  qui  ont  le  plus  de  pou- 
voir, pour  descouvrir  leur  actions  et  déporte- 
meus  et  nous  en  tenir  continuellement  advertiz, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


277 


je  suis  coutraincle  de  vous  laisser  eucores  par 
delà  jusques  à  ce  qu'estant  la  saison  plus 
advancée,  nous  voyons  ce  que  le  temps  nous 
aura  apporté  el  appris  et  à  quoy  nous  nous 
pourrons  assurer  pour  le  demeurant  de  l'esté; 
et  pour  ce  vous  reguarderez  d'excuser  vostre 
demeure  sur  ce  que  vous  ne  voyez  encore  le 
faict  du  concilie  si  bien  acheminé  et  arresté 
qu'il  n'avl  besoing  de  l'office  des  ministres  qui 
sont  auprès  des  princes  pour  moyenner  la 
pacilîication  de  ce  qui  se  pourra  oflïir  de  dilli- 
cullé  sur  le  commancement;  el,  après  ces 
Pasques,  s'il  ne  survient  nouvelle  occasion  de 
demeure,  je  \ous  lèray  accorder  voire  congé 
et  révocation.  Priant  Dieu ,  Monsieur  de  Renés, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  de  S'-Germain-en-Laye,  le  xvic  jour 
de  febvrier  1 56 1  (i5Ca). 

Caterine. 

RoiRDlN. 


1562.  —  23  février. 

Copie.  Arch.  Je  la  ville  de  Chalons-sur-Marne. 

A  MONSIEUR  DESPAULX, 

QBNTILIIOMME    DE  LA    CHAMBRE   DO    ROY  MONSIEUR    NOS   FIEZ  . 
ET    SON   LIEUTENANT  AU    GOUVERNEMENT    DE  CIUMFAICNE. 


Monsieur  Despaulx,  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  ayant  sceu  le  département  qui  a  esté  faict 
de  la  garnison  de  la  compaignye  de  mon  filz 
le  duc  d'Orléans  son  frère  en  la  ville  de  Cliaa- 
lons  par  la  plaincte  qui  luy  en  a  esté  faicte  et 
à  moy  par  les  esclievyns  de  la  dicte  ville,  et 
désirant  la  soullagier  de  cella,  comme  elle  a 
estée  cy  devant,  ainsi  qu'il  semble  estre  raison- 
nable, vous  en  escript  ce  que  vous  verrez;  à 
quoy  je  vous  prie  satisfaire  et  deslogeajil  la 
dicte  compaignie  de  la  dicte  ville  la  renvoyer 
en  son  ancienne  garnison,  ou  la  mectre  ail— 
lieurs,  priant  Dieu,  Monsieur  Despaulx,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Saint-Ger- 


main-en-Laye,  le  win"  jour  de  febvrier  1 56 1 
(.503). 


Caterine. 


De  l'Aubespjne. 


1562.  —  'j3  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  fiançais,  n°  aoa5ç),  f°  t  uj. 

A  MON  COUSIN  MONSIEUR  DE  BOISY, 


C1UHD    BSI  I  ISB    DE  FRANCE. 


Mon  cousin,  avant  que  recevoir  voslre  Lectre 
du  xnc  de  ce  moys  par  le  contrerolleur  de 
l'escuyrie  j'avoysbien  sceu  les  voyages  que  vous 
aviez  faiclz  à  S-Légier  et  à  Meung1  et  le  bon 
ordre  que  vous  aviez  donné  partout,  et  depuis 
ce  temps  là  ay  pourveu  à  ce  qui  estoit  au 
dicl  S-Légier  en  faveur  de  Domenc  et  d'ail- 
leurs regardé  par  autre  moyen  à  loger  Marc 
Anlboine,  de  sorte  que  lout  se  trouverra  bien 
ainsy.  Quant  à  voslre  pension,  j'ay  commandé 
à  ceulx  qui  ont  charge  des  finances  de  vous 
en  faire  bailler  assignation  et  suis  bien  marry 
que  noz  affaires  soient  lelz  que  nous  ne  puis- 
sions faire  si  bien  que  je  vouldroys;  ce  que,  je 
m'asseure,  vous  ne  prendrez  que  en  bonne 
part,  sachant  comme  vous  faictes  quelle  est 
ma  bonne  volunté  en  voslre  endroict.  Pryant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxih0  jour 
de  février  i5Gi  (i562). 

La  bien  voslre, 
Caterine. 
De  l'Audespine. 


1562.  —  'ji  février. 

Copie.  B ï b  1 .  nat.   fonds  fronçais,  n"  3/uo,  f°  80. 

A  MON  COUSIN 

M"  LE  MARÉCHAL  DE  MONTMORENCY2. 

Mon  cousin,  ayant  entendu  le  désordre  qui 

1   Les  haras  de  Saint-Léger  et  de  Meunp;. 

-  Sans  suscriplion;  elle  est  adressée  sans  aucun  doute 


Ï7c 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


dvcneu  à  Paris  ees  jouis  passez,  je  de'sire 
bien  fort  de  parler  à  vous  pour  me  resouldre 
de  la  force  que  j'auray  à  vous  bailler  pour 
conserver  ceste  ville  là  en  repoz  et  tranquilité 
el  garder  le  peuple  de  tumulluor,  et  pour  ce 
je  vous  prye  que  vous  soyez  icy  demain  sur 
les  huit  heures  ou  neuf  heures  du  matin,  aflîn 
que,  la  chose  résolue,  vous  y  puissiez  retourner 
dès  demain  ,  et  je  veoys  pryer  Dieu ,  mon  cou- 
sin, qu'il  vous  avt  eu  sa  saincte  garde.  Escript 
à  S'-Germain-en-Laye,  le  xxmr  jour  de  feb- 
vrier  1  50 1  (i56a). 

L'on  me  vient  de  dire  qu'il  y  a  grand  nombre 
des  habitants  de  la  ville  qui  veullent  venir  b  y 
en  trouppe  de  deux  ou  troys  cens  et  pour  que 
ce  n'e>l  que  aigrir  les  choses  de  plus  en  plus, 
je  vous  prye  adviser  de  les  destourner,  si  tant 
est  que  cest  advis  là  soyt  véritable. 

Voatre  bonne  cousine. 

Catrrine. 
Bqkrdin. 

1 Ô62.  —  3  mars. 

<>r:g.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  3<jo.  f"  91  et  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

.Monsieur  de  Renés,  par  les  deux  dépesches 
que  m'avez  faictes  des  n  et  ixm  du  moys  passé 
j'av  bien  au  long  entendu  tout  ce  que  vous 
avez  peu  descouvrir  du  faict  de  la  ligue  dont  je 
vous  avoys  cy-devant  escript  et  donné  advis. 
el  av  tousjours  bien  pensé  que  malaysement 
l'Empereur,  mon  bon  frère,  y  vouldroit  en- 
tendre;  niais  aussi  n'estoys-je  pas  si  mal 
advertie,  que  je  ne  sceusse  bien  qu'il  s'en  lai— 
soit  une  bien  cbaulde  et  vit've  poursuicte  et 
que  l'on  sondoyt  et  sollicitoyt  les  voluntez  de 

au   maréchal   François  de    Montmorency,   bien    qu'elle 
fasse  partie  d'un  recueil  de  lettres  adressées  au  conné- 
table;  mais  un  sait  qu'en  écrivant  â  celui-ci   Catherine 
toujours  ?  Voilre  cominère. 


beaucoup  de  grans  princes  pour  sçavoir  s'iiz 
vouldroient  estre  de  la  partie,  et  je  loue  Dieu 
de  ce  qu'ilz  ne  s'y  sont  pas  trouvez  si  promptz 
et  disposez  que  l'on  se  promectoit  et  pour  ce 
que  ceste  pratieque  là ,  quelque  secrette  que 
l'on  la  pensast,  ne  s'est  pas  conduicle  sans 
avoir  esté  entendue  et  mandée  en  plusieurs 
lieux  de  la  chrestienlé  et  principalement  aux 
princes  de  la  Germanie  qui  ont  assez  de  soing, 
de  cure  et  de  sollicitude  de  se  bien  informes 
des  actions  de  ce  monde,  vous  pouvez  bien 
juger  que  ce  n'a  pas  esté  que  ce  que  je  y  ay 
de  serviteurs  n'en  ayenl  senty  le  vent;  et  que 
là  dessus  ilz  n'en  ayent  pour  leur  devoir  ouvert 
quelques  propoz  à  ceulx  des  dictz  princes  aus- 
quelz  ils  ont  estimé  que  la  chose  pouvoit  le 
plus  desplaire;  mais  il  ne  se  trouvera  poincl 
que  le  conte  Rbingtave  ï  qui  est  dès  longtemps 
en  Allemaigne,  ne  le  sieur  de  Rambouillet  qui 
y  est  allé  visiter  aucuns  des  ditz  princes  de  la 
part  du  Roy  monsieur  mon  filz ,  ayent  eu  charge 
et  commission  de  moy,  ny  de  mon  frère  le  roy 
de  Navarre  de  ce  faire,  ne  aussy  qu'ilz  se  soient 
ingérez  d'eulx  mesmes  d'en  parler  plus  avant 
(pie  ce  que  vous  en  avez  saigetnent  respondu 
à  mon  dit  frère  l'Empereur  et  auparavant  au 
roy  de  Bohesme,  lequel,  monsieur  de  Renés, 
je  seray  bien  ayse  que  vous  saluez  de  ma  paît 
et  le  mercvez  des  ordinaires  démonstrations 
qu'il  vous  faict  de  l'amilyé  qu'il  nous  porte, 
à  laquelle  il  se  peult  bien  asseurer  que  nous 
luy  correspondons  de  toute  l'affection  qu'il 
peult  désirer  de  ses  meilleurs  et  plus  seuts 
amys. 

Ce  nous  eust  esté  grand  plaisir  que  vous 
eussiez  peu  entendre  ce  que  portent  les  ins- 
tructions des  ambassadeurs  que  mon  dit  bon 

1  Jean  Philippe  deSâlm,  né  en  iâ^i5,  lue  en  i5Gg  à 
la  bataille  de  Moncontour  où  il  commandait  les  retires  ;  il 
avait  épousé  Diane  de  Dompmartin,  dont  il  n'eut  qu'une 
fille,  mariée  à  Robert  de  Ligne. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


279 


frère  l'Empereur  a  dépeschez  pour  le  concilie 
et  vous  prye  que  vous  faictes  toul  ce  qui  sera 
au  monde  possible  pour  en  tirer  quelque  chose 
et  nous  en  advertir  inconlinanl;  car  je  ne 
iloulilc  que  les  propoz  que  le  dicl  rov  de  Ro- 
liesme  vous  a  Lenuz  de  la  poursuicte  que  le  duc 
de  Florence  faict  du  mariaige  de  sa  seconde 
fille  n'avl  esle'  à  l'effet  et  intention  que  vous 
me  discourez  par  votre  seconde  lettre;  mais 
vous  tairez  ce  que  je  vous  a)  cy-devanl  escripl 
sur  ce  subject.  Je  n'av  rien  changé  despuis  e( 
faictes  bien  de  passer  lousjours  ces  choses  là, 
quand  elles  s'offrent,  le  plus  doulcement  qu'il 
vous  est  possible;  et  pour  ce  que  je  désire  bien 
fort  sçavoir  ce  que  mon  dicl  bon  frère  l'Em- 
pereur résouldera  sur  l'instance  que  les  élec- 
teurs luy  font  de  délaisser  le  droict  d'élection 
au  dict  roy  de  Bobesme,  et  ce  que  d'aultre  part 
amènera  de  nouveau  la  spoliation  faicte  de  la 
Moldavie  sur  le  duc  d'Alexandrie1,  et  à  quo\  se 
terminera  celle  qui  semble  se.  préparer  contre 
le  roy  de  Transsilvanye2.  Je  vous  prye  que,  à 
mesure  que  vous  serez  esclercy  des  dictes  par- 
ticularitez,  vous  m'en  donnez  advis  et  aussi  de 
tout  ce  que  vous  pourrez  aprendre  du  faict  de 
la  prochaine  dielte,  suivant  ce  que  je  vous  en 
ay  escript  bien  particulièrement  par  mes  pré- 
cédentes. Au  surplus,  eucores  que  je  n'aye 
esté  priée  de  faire  faire  aucune  instance  envers 
mon  dict  bon  frère  l'Empereur  pour  la  resti- 
tution du  conté  de  Pelillan3,  si  est-ce  que, 

1  Le  duc  Alexandre  Lepuchnano,  expulsé  par  un  aven- 
turier nommé  Jean  Basile,  qui  se  disait  despole  de  Samos 
etqui  était  soutenu  ouvertement  par  la  Porte. —  Yoy.Ham- 
mer,  Eût.  de  l'Emp.  ottoman  (  Paris,  i8.'!G,  t.  IV,  p.  i5o). 

'-  Jean-Sigismond  Zapolyn,  (ils de  Jean  Zapolyn  qui,  en 
1026,  disputa  la  couronne  de  Hongrie  à  Ferdinand  1"; 
en  îôio,  il  se  mil  sous  la  protection  du  Grand  Seigneur 
et  mourut  en  îâ^i. 

'  Nicolas  des  Ursins,  comte  de  Petigliano.  —  Voici  ce 
que  M.  de  Liste  écrivait  de  Rome  à  Charles  IX,  le 
10  janvier  1662  :  n  Nouvelles  sont  venues  icy  ce  malin 


pour  ce  qu'il  r.-i  cogneu  par  toute  la  chres  tient  é 
serviteur  du  Ro\  monsieur  mon  lilz  et  cheva- 
lier de  son  ordre,  il  ne  sera  que  bien  à  propoz 
pour  la  démonstration  du  soing  que  nous  avons 
de  ceulx  qui  sont  serviteurs  de  eesle  couronne, 
que  vouspryez,  de  ma  part,  mon  dict  bon  frère 
de  luy  faire  administrer  sur  ce  telle  et  si  briefve 
justice,  estant,  comme  il  est.  vassal  de  I  Em- 
pire, que  l'on  cognoisse  qu'il  ne  luy  aura 
poinct  deffailly  du  support  et  de  la  faveur 
qu'il  luy  doybt  pour  la  réparation  du  tort  qu  il 
a  receu  en  sa  spoliation;  en  quoy  vous  vous 
gouvernerez  de  telle  sorte  qu'il  ne  pense 
poinct  que  nous  nous  en  vueillions  mesler  plus 
avant  que  de  remeclre  le  tout  à  sa  justice  et  à 
son  plus  prudent  et  saige  jugement.  El  poui 
ce,  Monsieur  de  Renés,  que  le  conte  Scipion 
de  Fiesque  m'a  faict  entendre  que  mon  dicl 
bon  frère  l'Empereur  l'a  receu  en  grâce  et  luy 
a  accordé  de  déléguer  juges  pour  luy  faire 
droict  sur  les  tortz  qu'il  prétend  avoir  receuz 
el  que  je  ne  double  poinct  que  la  prière  e) 
reconimendation  du  Roy  mon  dict  sieur  et  lilz 

que  le  conle  de  Petillan  a  esté  chassé  de  son  .,l;ii  pa* 
ses  subjelz,  qui  semble  un  mal  héréditaire  en  ceste  maison 
parce  qu'on  avait  chassé  le  père  spoliateur  de  son  aïeul . 
et  a  ung  fils  de  dix-sept  ans,  lequel  se  voullanl  pré- 
\alloir  de  cesle  occasion  a  sollicité  les  diez  subjeclz  de 
le  recepvoir  pour  seigneur,  au  lien  de  son  père;  ilz  l'ont 
refusé  combien  qu'ilz  le  favorisassent  auparavant;  ce  qui 
faict  penser  que  le  duc  de  Florence  y  ait  empio; 
sien.n  Dans  une  autre  lettre  du  s 5  janvier  suivant. 
M.  de  L'isle  annonce  au  Roi  que,  sur  la  demande  des 
habitants  de  Petillan,  le  sr  Vitel  Chappin  est  entré  dans 
la  place  et  en  a  pris  possession  au  nom  du  «lue  de  Flo- 
rence, son  maître.  —  Voyez,  pour  ce  qui  tient  à  cette 
rébellion  el  à  ses  suite,  les  dépêches  de  M.  de  L'isle 
dans  le  n"  3(|jj  du  fonds  français;  Discours  sur  la  prise 
de  Peligliano  (Arch.  nal.  collecl.  Simancas,  n°  1  £96, 
pièce  13);  Lettre  au  connétable  pour  lui  recommander  le 
comte  Nicole  de  Petillan  (Bibl.  nal.  fonds  franc.  uo445, 
f°  1  i3);  Instructions  en  date  du  9  avril  1  563,  à  l'évêque 
de  Mâcon,  allant  en  Espagne  pour  le  fait  du  comte  de 
Pelillan  (Bibl.  nal.  fonds  franc,  a"  38q(j,  f  12). 


280 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


el  la  mienne  ne  lui  ayent  grandement  servy  à 
luy  faire  avoir  une  si  favorable  dépesche,  nous 
l'en  remercions  par  les  lèches  que  nous  luy 
en  escripvons,  ainsi  que  verrez  par  les  coppies 
d'icelles  qui  seront  encloses  avec  la  présente; 
mais  d'aultant  que  l'exécution  de  cela  gist  à 
luy  faire  arrestèr  le  lieu  où  sa  cause  sera  com- 
mise, je  désire  que  vous  saichez  de  son  agent 
quel  lieu  il  désireroyt  avoir  non  suspect,  affin 
que,  selon  l'instruction  qu'il  vous  en  donnera, 
vous  en  laides  requesle  à  mon  dict  bon  frère, 
vous  servant  de  la  créance  qui  en  est  remise 
sur  vous  par  nos  dictes  lectres,  et  faisant  en 
faveur  du  dict  conte  tous  les  bons  oflices  que 
vous  cognoistrez  nécessaires  pour  luy  faire  avoir 
en  son  affaire  une  bonne  el  prompte  expé- 
dicion.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Renés,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  saine  te  garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  111e  jour 
de  mars  1 56 1  (i562). 


Catemne. 


BoURDIN. 


1562.  — ■  Il  mars. 
Orig.  Bibl.  nnt.  Cinq  cents  Colbert,  n"  ai  ,  f°  46  r". 

A  MONSIEUR  DE  GONNORT, 

CHEVALIER    DE  L'ORDRE  DE   EOY    MONSIEUR  MON    FILZ  , 
CONSEILLER   EN    SON  CONSEIL   PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnort,  ayant  veu  ce  que 
vous  m'avez  escript  par  vostre  lectre  du  11e  de 
ce  mov  s ,  le  Roy  monsieur  mon  filz  et  moy  avons 
présentement  escript  à  mon  cousin  le  Cones- 
table  du  différend  qui  se  trouve  entre  le  lieu- 
tenant, du  sr  de  Meru  et  l'exempt  des  gardes 
que  vous  y  avez  voullu  mectre  pour  la  garde 
et  seurete'  de  ce  que  nous  faisons  retirer  à  la 
Bastille,  affin  qu'il  regarde  à  y  pourveoir,  de 
sorte,  ou  que  le  dict  lieutenant  se  charge  elres- 
ponde  pour  cet  effect  des  quinze  mortes  payes 
qu'il  a  soubz  luy  en  la  dicte  Bastille,  ou  bien 
que,  ne  s'entremeslanl  plus  de  cesle  charge, 


il  la  laisse  faire  au  dict  exempt  accompaigné 
des  archers  que  pour  ce  luy  ont  esté  ordonnez. 
Vous  niant  bien  voullu  sur  ce  faire  la  présente 
à  ce  que,  en  attendant  la  responce  de  mon 
dict  cousin  le  coneslable,  vous  ne  différez  de 
continuer  tousjours  de  faire  apprester  et  re- 
mectre  eu  la  dicte  Bastille  l'argent,  vaisselle 
el  meubles  que  vous  sçavez,  pour,  après  la 
dicte  responce  oy,  estre  pourveu  à  la  dicte 
garde,  ainsi  que  nous  verrons  bon  estre,  estant 
bien  aise  du  bon  commancement  que  vous 
avez  donné  pour  le  faictdes  monnoyes  et  dont 
je  m'attendz  d'en  avoir  par  vous  quelque  bonne 
résolution,  à  noslre  arrivée  à  Fontainebleau, 
selon  ce  que  vous  m'escripvez;  qui  est  tout  ce 
que  vous  aurez  de  moy  pour  ceste  heure, 
priant  Dieu  qu'il  vous  ait,  Monsieur  de  Gon- 
nort, en  sa  saincte  et  digne  garde.  Escript  à 
S'-Germain-en-Laye,  le  1111e  jour  de  mars  1 56 1 
(1662). 

(De  sa  main.)  Monsieur  de  Gonnort,  si  vous 
ne  venez  samedi  à  Monseaulx,  je  ne  dire 
jeamès  bien  de  vous,  et  si  vostre  frère  y  veult 
venir  yl  i  seré  le  très  bien  veneu. 

Caterine. 
robertet. 

1562.  —  5  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français1. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  par  le  dernier  cour- 
rier que  vous  avez  envoyay  vous  a  esté  faicl 
ample  responsc  à  tout  ce  que  avons  eu  de 
vous  el  depuis  n'est  survenu  chose  qui  mérite 
long  discours;  mais  s'en  retournant  Almeyde2 
dépesché  de  mon  frère  le  roy  de  Navarre  sur 
l'occasion  de  son  affaire  particulier,  il  fault 

1  11  ne  nous  a  pas  élé  possible  de  relrouver  le  numéro 
du  fonds  français  où  a  élé  copiée  celle  lettre. 

2  Antonio  Almeida. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


•281 


<|ue  je  vous  prie,  Monsieur  de  Limoges,  conti- 
nuer à  v  faire  tousjours  de  bien  en  mieulx  el 
d'y  employer  tous  aoz  moyens,  de  manyère 
que  ce  qui  esl  si  bien  commencé  el  estant  les 

choses  en  bon  chemyn  auquel  elles  sont,  nous 
.■h  puissions  veoir  sortir  le  fruicl  qui  est  une 
des  choses  que  je  désire  le  plus,  cl  que  je 
m'asseure  que  vous  sçaichant  comme  vous 
laides  n'y  obmectrez  riens. 

\u  demeurant  je  suis  en  singulière  expecta- 
tion  de  la  nouvelle  certaine  de  l'entreveue  dont 
m'avez  donné  si  bonne  espérance,  et  le  sr  de 
Chantonnay  aussi  par  le  commandement  du 
Roy  son  maistre,  laquelle  je  vous  prie  hasler 
et  avancer  le  plus  que  vous  pourrez  et  que  l'on 
ne  s'arreste  à  incommodité  quelle  qu'elle  soyt, 
v  taisant  de  manyère  que  j'aye  le  parfaict  con- 
tentement; et  de  l'assurance  qu'il  y  aura  don- 
nez nous  advis,  le  plus  tost  que  vous  pourrez. 
à  Fontainebleau,  où  je  m'en  \oys  avecques  le 
Roy  monsieur  mon  filz,  pour  n'en  partir  que 
je  n'aye  sur  ce  de  voz  nouvelles;  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Limoges,  vous  avoir  en  sa  garde. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  v"jour  de  mars 
i56i  (i56q). 

(  De  sa  main.)  Je  vous  prie,  faysfe  tout  set 
que  pourés,  afin  que  à  sel  coup  le  roy  de  Na- 
varre puise  savoyr  de  quele  fason  il  douit 
aystre  et  vous  ne  sarié  fayre  plus  pour  moy, 

ni  pour  tout  set  royaume. 

Caterine. 
De  l'Ai  bespine. 


1562.  —  îi  mars. 
Copie.  Bibl.  Parlement,  a"  83,  f'  »34  v  . 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENAIS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PA,R1S. 

Messieurs,  vous  verrez  par   la  lettre  que 
vous  escrit  le  Roy  monsieur  mon  filz  1  la  juste 

1   Voy.  cette  lettre  (même  vol.  P  a34  v°);  Dépêche  de 

CATBERIRE  DF.  IIÉDIttS. —  I. 


occasion  qui  le  meul  de  laisser  et  estàblir  à 
Paris  mon  cousin  le  cardinal  de  Bourbon  son 
lieutenant  général,  représentant  sa  personne, 
avecq  la  puissance  el  autorité  contenues  au 
pouvoir  qu'il  vous  en  exhibera;  et  encores 
que  je  sois  bien  asseurée  que  ne  fauldrez  de 
respecter  mondict  cousin  et  le  faire  obéir 
en  touttes  choses  qui  appartiendront  au  bien, 
repos,  pacification  et  tranquillité  de  ladicle 
ville,  selon  que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  le 
vous  escrit  et  qu'il  est  mandé'  par  son  dicl 
pouvoir,  si  ne  laisseray-je,  de  ma  part,  de 
vous  en  prier  de  bon  cœur  el  de  le  croire  de 
ce  qu'il  vous  dira  de  par  moy,  comme  vous 
feriez  vous-mesmes,  qui  prie  Dieu,  Messieurs, 
vous  avoir  en  sa  très  saincte  garde. 

Escrit  à  Crécy  \  le   quatorziesme  jour  de 
mars  mil  cinq  cens  soixante  un  (i562). 

Caterine. 
Rourdin. 


1562.  —  (Du  16  au  t>6  mais.) 

Copie.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  390,  f'  iso,*.  —  Copie. 
Fonds  Périgord  ,  t.  XVII ,  fJ  i£3  3;  fonds  français,  n"  3176  ,  f  '  61 
et  tiù.  —  Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Coudé,  édil.  de  1743, 
t.  III,  p.  3,3.  —  Copie  du  temps,  imprimée,  fqnds  Fontanieu 
n  '  3o3-3o4.  —  Copie  jointe  au  mémoire  envoyé  au  roi  d'Espagne. 
(Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K,  îôoo,  n°37.) 

A  MON  C0CS1N  " 

LE  PRINCE  DE  COïNDÉ. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  par  le  baron  de 
la  Garde  ce  que  luy  avez  dict,  dont,  mon  cou- 

Tlirockmorlon  à  la  reine  Elisabeth,  en  date  du  ao  mais 
(Calendarof  State paper»,  i56i-i56a  ,  p.  5 ."•  •  > ) ;  on  avait 
adjoint  au  cardinal  de  Bourbon  les  maréchaux  de  Termes 
et  de  Brissac. 

1  Crécy  (Seine-et-Marne). 

2  Cette  copie  est  du  temps. 

3  Au  haut  est  écrit  :  -Copie  des  lettres  envoyées  par  la 
Royne  à  M'  le  prince  de  Condé,  par  lesquelles  elle  le  prie 
d'avoir  en  recommandation  Testât  de  ce  royaume,  la  vie 
du  Rnv  el  la  sienne  et  en  entreprendre  la  défense  contre 
ses  ennemis.» 

36 


■2b-2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


sin,  j'ay  esté  el  suys  asseurée  que  je  ne  mas- 
seure  pas  plus  de  moy-mesmes  et  que  je  n'ou- 
blyeray  jamais  ce  que  ferez  pour  le  Roy  mon 
filz  el  moy;  et  pour  ce  qu'il  s'en  retourne  pour 
l'occasion  qu'il  vous  dira,  je  ne  vous  feray 
plus  longue  lettre,  el  vous  prye  seullement  le 
croire  de  ce  qu'il  vous  dira  de  la  part  de  celle 
de  qui  vous  pouvez  asseurer  comme  de  vostre 
propre  mère, 

Qui  est  voslre  bonne  cousine, 
Catf.rine. 
[Explication  ajoutée  par  Catherine*.)  Ce  que 

1  Catherine  de  Médicis,  dans  une  lettre  à  la  duchesse 
de  Lorraine,  datée  du  5  décembre  1 56 2,  et  que  l'on  trou- 
rera  plus  loin,  avoue  avoir  écrit  quatre  lettres  au  prince 
île  Condé;  elle   l'avoue   aussi,   dans  une  lettre  à   l'é- 
vèque de  Rennes,  que  l'on  trouvera  également  plus  loin; 
elle  fait  plus  encore:  elle  déclare  à  l'évèque  de  Rennes 
que  l'explication  qu'elle  a  fait  mettre  en  marge  de  cha- 
cune des  lettres  dont  elle  lui  envoie  copie  est  d'elle;  elle 
voudrait  que  l'évèque  pût  se  faire  représenter  les  origi- 
naux; car  les  lettres  qu'elle  a  écrites  ont  pu  être  n  tron- 
quées en  aucunes  choses  qui  en  eussent  peu  éclaircir  le 
sensu. — Yoy.  les  propositions  faites  par  M.  de  Passy  (Spi- 
fame,  seigneur  de  Passy),  ministre  de  la  parole  de  Dieu, 
en  une  chambre  impériale  en  Allemagne  (la  diète  de 
Francfort),  devant  l'Empereur  et  tous  les  électeurs  de 
l'Empire.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  181&,  et  dans  les 
Additions  eux  Mémoires  de  Castelnau,  par  Le  Laboureur, 
I.  Il,  P"  28  et  suiv.)  —  Voici  le  passage  important  de 
cette  harangue  :  «Du  commandement  que  la  Royne  a  faict 
à  Monsieur  le  prince  de  Condé  de  prendre  les  armes  pour 
la  liberté  du  Roy  et  la  sienne,  oultre  ce  que  dessus,  il  y 
;t  tesmoignage  de  plusieurs  chevaliers;  aussi  il  y  a  lettres, 
lesquelles  sont  par  devers  mon  dict  sieur  le  Prince,  qui 
n'a  voulu  les  hasarder  au  danger  des  chemins,  mais  nous  a 
recommandé,  Sire,  de  recouvrer  de  Madame  de  Roye,  sa 
belle  mère,  estant  avec  messieurs  ses  enfans à  Strasbourg, 
quatre  lettres  escriptes  et  signées  de  sa  main  que  nous 
exhibons,  Sire,  à  Voslre  sacrée  Majesté.»  —  Voy.  lettre 
de  Condé,  du  3  octobre  1062,  aux  magistrats  de  Stras- 
bourg, relative  au  passage  de  Spifame  dans  cette  ville 
M.  A.  de  Henlzinger,  Docum.  hislor.  t.  I,  p.  64);  La 
Popelinière,  Mst.  de  France,  il,  333.  —  Nous  lisons  dans 
de  Bèze  [Hitt.eccl.  t.  II,  p.  178)  :  rSpifame  exhiba  les 
quatre  lectres  es  [uelles  il  requit  que  le  sceau  de  la  chan- 


Monsieur  le  Prince  avoyt  mande-  à  la  Royne  es- 
toyt  qu'il  de'siroyt  que  de  luy  obéyr,  dont  la 
Royne  luy  mandoytqu'elle  s'asseuroyt  bien  fort, 
et  que  pour  le  luy  faire  paroislre,  qu'elle  le 
pryoyt  sortir  de  Paris1,  et  s'en  venir  trouver  le 
roy  son  filz  et  elle2,  s'asseurant  que  s'il  le  fai- 
soyt,  le  roy  de  Navarre  et  les  autres  seigneurs 
qui  esloynt  à  Paris  en  feraient  de  mesmes. 


(  1562.  —  Du  16  au  96  mars.) 

Copie.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert ,  n'  390 ,  f'  139. 
A  MON  CODSIN 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  CONDÉ. 

Mon  cousin  j'ay  parlé  à  Ivoy  3  aussi  libre- 
ment que  si  c'estoyt  à  vous-mesmes,  m'asseu- 

cellerie  de  l' Empire  fut  apposé,  afin  qu'on  ne  pust  dire 
puis  après  qu'elles  eussent  esté  contrefaites  et  falsifiées 
par  quelque  artifice;  ce  qu'il  obtint  de  l'Empereur,  après 
qu'il  luy  en  eust  donné  copie  et  que  l'original  eust  esté 
leu  et  collationné.»  —  Voy.  dans  les  Mémoires  de  Coudé 
(t.  Il,  p.  H2,  1 i3),  uue  conversation  entre  Chantonnay 
et  Catherine,  au  sujet  de  ces  lettres:  «Lorsqu'il  lui  en 
montra  la  copie,  elle  voulut,  dit-il,  en  entreprendre  la 
justification  et  les  viroit  et  tournoit  à  tous  costés  pour  leur 
bailler  une  autre  induction;  des  fois  elle  nyoit  les  lettres, 
l'aullre  elle  disoit  que  l'on  n'y  mettoit  pas  tout.»  — Voy. 
Mémoires  de  Claude  Eaton,  1. 1,  p.  aSg,  el  de  Tbou,  Hisl. 
unir,  trad.,  édit.  de  Londres,  t.  IV,  p.  173.  —  Monluc, 
dans  ses  Commentaires, raconte  une  conversation  qu'il  eut 
à  Toulouse  avec  Catherine,  au  sujet  de  ces  lettres  :  b  Je  sçay 
bien,  dit-il,  qu'elle  a  esté  accusée  d'estre  cause  des  pre- 
miers remuemens  qui  advinrent  aux  premiers  troubles, 
et  Monsieur  le  Prince  lui  fist  ce  tort  d'envoyer  ses  lettres 
en  Allemaigne  et  les  monstrer  et  faire  imprimer  partout.» 
(  Comment,  de  Monluc,  édit.  de  Ruble,  t.  III,  p.  5a.  | 

1  11  y  était  rentré  le  même  jour  que  le  duc  de  Guise, 
le  1 6  mars. — Voy.  dépêche  de  Throckmorlon  à  Elisabeth , 
en  date  du  20  mars  (Cdender  of  State  papers,  1061- 
1562,  p.  658). 

-  Le  Roiel  la  Reine  avaient  quitté  le  7  marsSainl-Ger- 
main,  pour  la  résidence  de  Monceaux,  d'où  ils  s'étaient 
retirés  à  Fontainebleau  (ibiù.  f  ôâi  ). 

3  Jean  d'Hangest,  s'  d'Ivoy.  de  la  branche  de  Genli>. 
mari'''  à  Jeanne  de  Boucarl. 


LETTRES  DE  CATH 

liinl  de  sa  lidi;lilr.  el  qu'il  ne  dira  riens  que  à 
unis  mesmes  et  que  vous  ne  m'alléguerez  ja- 
mais el  aurez  seullement  souvenance  de  con- 
server  les  enffans  el  la  mère  et  le  royaume, 
comme  celluy  à  qui  touche,  et  qui  ce  peult 
asseurer  ne  sera  jamais  oublyé.  Bruslez  ceste 
lectre  incontinant. 

Vostre  bonne  cousine, 

CaTERINE. 

[Explication.)  Cestelestre  fui  escripte  pour 
ce  <jue  la  Royne  estoyt  advertye  que  le  roy  de 
Navarre  el  ces  seigneurs  faisoienl  ung  grand 
amas  de  gens  de  tous  coslez;  et  pour  ceste 
cause,  elle  le  pryoit  de  sortir  de  Paris1,  aflin 
<|u'ilz  eussent  occasion  d'en  l'aire  de  mesmes, 
prévoyant  dès  bien  que,  si  la  chose  passoyl 
plus  avant,  ce  seroyt  la  ruyne  du  Roy,  d'elle 
el  de  tout  le  royaume;  de  la  ruyne  duquel  elle 
le  prye  n'estre  cause,  d'autant  que  cella  ne 
touchoyt  (pie  à  luy. 


(1562.  —  Du  16  au  26  mars.) 

Copie.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbert ,  n"  3go  ,  ("  139. 
A  MON  CODS1B 

MON.SIEII!  LE  PRINCE  DE  CONDÉ. 

Mon  cousin,  je  voy  tant  de  choses  qui  me 
déplaisent  que,  si  ce  n'estoit  la  fiance  que  j'ay 
en  Dieu ,  et  asseuraoce  en  vous  que  m'ayderez 
à  conserver  ce  royaume  et  le  service  du  Roy 
mon  filz,  en  despit  de  ceulx  qui  veullent  toul 
perdre,  je  seroys  encores  plus  faschée;  mais 
j'espère  ([ue  nous  remédirons  bien  à  tout  avec 
vostre  bon  conseil  et  ayde  et  pour  en  avoir 
dict  à  ce  porteur  mon  adwz  bien  au  long,  je 
ne  vous  en  leray  redite  par  la  présente,  el 

1  II  quitta  Paris  le  25  mars. —  Voy.  dépêche  'do  Throck- 
morton  du  20  mars  à  la  reine  d'Angleterre  (Calendar  oj 
Statepapers,  i56l-i56a,  p.  558  et  suiv.) ;  Arcana  seculi 
ilecimi  sexti  Huberli Langueti ,  et  eptstolœ  (Halir  Uerinun- 
duror.  in-'i'.  p.  9  1 


III .NE  DE  MÉDICIS.  283 

vous    prye  le  croir   ce  qu'il  vous  en  dira  à 
tous  deux  de  la  part  de 

Vostre  bonne  cousine. 

Catkiunk. 
(Explication.)  et  Ayant  la  royne  mandé  par 
une  infinité  de  foys  au  prince  quelle  le  pryoyl 
de  désarmer,  il  luy  escrivil  qu'elle  estojt  abu- 
sée et  qu'elle  s'asseurast,  s'il  partoyt  de  Paris 
le  premier  et  qu'il  posast  les  armes,  qu'elle 
verroyt  choses  qui  luy  desplairoyt  infiniment. 
Sur  quoy  elle  luy  respond  qu'elle  a  veu  lanl 
de  choses  qui  luy  déplaisoient,  comme  d'avoir 
veu  prendre  les  armes  et  les  garder  contre  sa 
volunlé  et  ne  les  avoyr  voullu  poser  quant 
elle  l'avoyt  commandé,  que  cella  la  meclroit 
en  grande  peine,  sans  l'espérance  qu'elle  avoyl 
que  de  sa  part  il  luy  obéyroil,  et  n'en  feroyl 
pas  de  mesmes  ;  et  que,  si  pour  cette  coatenc- 
tion  où  ils  estaient  à  qui  se  désarmeroyt  le 
premier,  les  choses  conlinuyoient ,  elle  pré- 
voyoyt  la  ruyne  du  royaume;  et  que  si  les 
autres  voulloient  tout  perdre  en  ne  se  désar- 
mant, qu'elle  le  pryoyl  n'en  faire  de  mesmes, 
estant  asseurée  qu'estans  tous  ensemble  auprès 
du  Hoy,  ils  s'assembleroyent  pour  prendre  ung 
bon  conseil,  par  où  il  se  remédiroytà  tous  les 
maulx  que  l'on  prévoyoyt  devoir  advenir,  lit  s'il 
avoyt  aussy  bien  produict  une  lettre  subsé- 
quente à  ceste  cy  que  la  Royne  luy  escrivit 
après  qu'il  luy  eust  réplicqué  qu'il  ne  pouvoit 
pour  son  honneur  se  désarmer  le  premier,  il 
se  verroyt  qu'elle  luy  mandoyt  que  l'honneur 
estoyt  à  qui  obéyroyt  le  premier,  et  non  à  cel- 
luy qui  demeureroyt  le  dernier  armé.* 


(1562.  —  Du  16  au  26  mars.) 

Copie.  Bibl.  mit.  Cinq  cents  Colbert,  n"  390,  f"  199. 

A  MON  COI  si\ 

MONSIEUR  LE  PRINCE  DE  CONDÉ. 

Mon  cousin,  je  vous  remereye  de  la  peine 

:i6. 


284 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


que  prenez  de  si  souvent  me  mander  de  voz 
nouvelles  et  pour  espérer  vous  veoir  bientost, 
je  ne  vous  feray  plus  longue  lectre,  et  vous 
prye  seullement  vous  asseurer  que  je  n'ou- 
blyeray  jamais  ce  que  faicles  pour  moy,  et  si 
je  meurs  avant  avoir  le  moyen  de  le  pouvoir 
recongnoistre ,  comme  j'en  ay  la  voulonté,  j'en 
lairray  une  instruction  à  mes  euffans.  J'ay  dict 
à  ce  porteur  aucune  chose  pour  vous  dire,  que 
je  vous  prye  croire,  et  m'asseure  que  vous  con- 
noistrez  que  tout  ce  que  je  faictz  est  pour  re- 
îneclre  tout  en  paix  et  en  repoz,  ce  que  je 
sçay  que  désirez  autant  que 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
S'il  vous  plaist  vostre  femme,  belle  mère 
et  oncle  trouveront  icy  mes  recommandations. 

(Explication.)  Ceste  lettre  montre  l'inten- 
cion  de  toutes  les  autres  et  faict  clairement 
paroistre  que  tout  ce  qu'elle  faisoyt  n'estoyt 
que  pour  le  l'aire  sortir  de  Paris,  comme  il 
luy  avoyt  mandé,  lorsqu'elle  fut  escriple,  qu'il 
vouloyt  faire ,  tendant  à  paciffier  toutes  choses.  » 


1562.  —  18  mars. 
Copie.  Bibl.  nat.  mss.  Parlement,  n"  83,  f°  287  1'. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  je  me  tienls  tant  asseurée  de 
l'alfeclion  grande  et  sincère  que  vous  portez 
au  bien  du  service  du  Roy  monsieur  mon  lils, 
et  à  la  subvention  de  ses  affaires  qui  lui  ont 
esté  laissez,  comme  vous  sçavez,  si  embroullez 
et  chargez  de  debtes,  que  je  ne  penseray  ja- 
mais que  vous  n'embrassiez  tousjours  de  bon 
cueur  ce  qui  sera  pour  luy  apporter  quelque 
soulagement;  et  à  cette  cause  estant  l'édict  des 
adjournemens  de  la  qualité  de  ceux  dont  on 
peut  attendre  une  bonne  subvention  en  ses 


dictes  affaires ,  je  vous  prie  que  vous  proceddiez 
à  la  lecture,  publication  et  enregistrement 
d'iceluv,  eu  telle  sorte  et  si  bonne  expédition, 
qu'il  puisse  estre  expédié  avant  la  prochaine 
feste  de  Pasques,  suivant  ce  que  le  Roy  mon- 
dict  sieur  et  filz  vous  en  escrit 1  plus  particu- 
lièrement. Priant  Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

Fontainebleau,   le   dix-huitiesme  jour  de 
mars  mil  cinq  cens  soixante  et  un  (i56a). 

Caterine. 

BoURDIN. 


1562.  —  ai  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  a'  20G&7,  f'  1. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  GRANT  ESCUYER3, 

C4PPITAISE   DE  L'UNE    DES  BENDES  DES   CENT   GBHTII.ZH01OIB9 
DE   L'BOSTEL   DU   ROY    MONSIEUR    MON   FILZ    ET   CHEVALIER   DE   SOS   ORDRB. 

Mon  cousin,  je  croy  que  vous  aurez  bien 
entendu  les  troubles  qui  sont  aujourd'huy  en 
ce  royaume  telz  et  si  périlleux  qu'il  me  semble 
que  je  ne  puis  moins  faire  que  de  désirer  veoyr 
le  Roy  monsieur  mon  filz  accompaigné  d'un 
bon  nombre  de  ses  plus  fidèles  et  affectionnez 
serviteurs,  et  vous  tenant  de  ce  nombre ,  je  vous 
prie  que,  incontinent  la  présente  receue,  vous 
montez  à  cheval  pour  le  venir  trouver  le  plus 
tost  qu'il  vous  sera  possible  et  mandez  jusques 
à  vingt  cinq  ou  trente  gentilz  hommes  de  sa 
maison,  de  ceulx  qui  sont  soubz  vostre  charge 

1  Yoy.  celte  lettre  de  Charles  IX  (Bibl.  nat.  Parlement 
n°  83).  Nous  y  lisons  :  r  Nous  avions  estimé  que  vous  ne  fau- 
driezde  procédera  la  dicte  publication,  en  la  diligence  que 
nous  désirons;  mais,  ainsy  que  nous  avons sceu,  au  lieu  de 
ce  faire,  vous  avez  tenu  un  langage  de  sujets  qui  veullent 
capituller  avecq  leur  prince  souverain,  que  nous  trouve- 
rions d'autant  plus  estrange  de  vous  qui  devez,  par  raison , 
servir  d'exemple  d'obéissance  plus  que  nulz  autres  à  nos 
sujetz.» 

*  Boisy. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


28c 


pour  en  amener  quant  et  vous1  le  plus  que 
vous  pourrez  et  assigner  le  demourant  du  dict 
nombre  à  vous  venir  trouver  incontinent  après 
vostre  arrivée,  le  plus  diligemment  qu  ilz  pour- 
ront et  qu'ilz  soyent  en  bon  équipaige  de  faire 
service  et  estant  bien  asseuré  que  vous  aymez 
trop  le  (ilz  et  la  mère  pour  \  faire  faillie,  je 
prie  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  va'  jour  de 
mars  i56i  (i562). 

(De  sa  main.)  Je  ne  faict  doute  du  monde 

que  incontinent  que  aurés  reseu  la  présante 

ne  me  veniés  trover  et  en  la  mesme  volante 

que  m'avés  lousjour  aseuraye,  qui  me  fayst 

vous  pryer  de  vous  en  venir,  incontinent  la 

pre'sante  reseue. 

La  bien  vostre, 

Caterise. 

1562.  —  20  mars. 

Copie.  Bibl.  naU  fonds  français,  n°  17981. 

A  MONSIEUR  COIG.NET, 

IMBiSSADFAÏl    EN    SU1SSB. 

Monsieur  Coignet,  reste  petite  lettre  sera 
pour  accuser  la  réception  de  la  vostre  du 
xviii"  de  ce  moys  et  par  mesme  moyen  vous 
advertir  que  j'ay  faief  envoyer  aux  conseillers 
de  Lyon  les  provisions  nécessaires  pour  leur 
faire  ratifier  le  contract  qui  a  esté  passé  avec 
le  me  Aubrecbl2;  à  quov  je  me  tiens  asseurée 

1  Quant  et  vous,  avec  vous. 

4  Georges  Aubrecht.  C'était  sans  doute  un  de  ces  ri- 
ches banquiers  étrangers  établis  à  Lyon  au  xu*  siècle.  — 
Il  est  question  de  lui  dans  une  lettre  d'Hubert  Languet 
écrite  après  la  paix  d'Amboise  :  -Magno  studio,  conque- 
ritur  pecunia  ad  numeranda  stipendia  equitibus  germa- 
nicis  et  ad  hoc  negotiura  Agust  Israël  Minckel,  Georgins 
Aubrecht  et  Johannes  Hier,  negociatores.i  (H.  Lan- 
guet .  EpiitoltB ,  Halae  Hermunduror.  1709,  in-V, 
p.  9/10.) 


qu'ilz  m'  feront  aucune  difficulté  après  cela. 

J'a\  an-s\  laid  escrire  à  Monsieur  de  Savoye 
pour  le  laid  des  postes  dont  \011s  ave/,  lieu  les 
plainctes;  mais  pour  le  laid  du  secours,  dont 
vous  nie  touchez  quelque  chose  en  parolles 
ci  m  vertes,  pour  ce  que  je  seray  bien  tort  ayse 
d'estre  éclereye  plus  particulièrement  de  ce  qui 
vous  en  a  esté  dict  par  de  là  que  je  ne  sais  par 
vostre  dicte  lettre, je  \ousprie  que  vous  nie  le 
mandez  si  clairement  et  minulemeul  que  je 
vous  en  [misse  respondre  et  vous  faire  entendre, 
ainsy  que  désirez,  comme  vous  aurez  à  vous  y 
gouverner.  Vous  me  donnerez  aussy  advis  de 
ce  que  vous  aurez  faict  en  vostre  voyage  de 
Berne  et  de  toutes  autres  eboses  que  vous  cog- 
noislrez  importer  au  service  du  Roy  monsieur 
mon  fils  et  qui  se  diront  par  de  là  sur  les  ad\  is 
qu'ilz  pourront  avoir  heuz  du  voyage  qui  a 
esté  faict  à  Paris  J  et  de  ce  que  l'on  y  a  veu 
d'armes  parmy  ceulx  des  deux  religions,  qui  a 
esté  touteffoys  jusques  icy,  Dieu  mercy,  plus 
par  deffiance  qu'ilz  ont  légèrement  prise  les 
ungs  des  aultres  que  pour  inimitié  qui  soit 
entre  eulx  et  pour  euvye  qu'ilz  ayent  eue  de 
s'offenser.  Je  suys  après  pour  les  retirer  de  là, 
comme  j'en  ay  jà  faict  sortir  une  bonne  part}  e , 
et  que  j'espère  avoir  achevé  dedans  ung  jour 
ou  deux;  priant  Dieu,  Monsieur  Coignet,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Fon- 
tainebleau ,  le  xxvcjour  de  mars  1  5Ci  (1 5G2)2. 

Caterine. 

BoLRDIN. 

'   Elle  vent  parler  de  l'arrivée  du  duc  de  (luis;-  à  Paris. 
— Voy.  les  dépêches  de  Throckmorton  à  Elisabeth.  (Ca- 
\f  State papers ,  i56i-i56a,  p.  553  et  558.) 

2  A  la  date  du  a5  mars,  Catherine  avait  encore  écrit 
à  l'amiral  Coligny  deux  lettres  que  nous  n'avons  pu  re- 
trouver; mais  l'analyse  en  est  donnée  dans  la  réponse 
suivante  que  lui  adressa  Coligny  : 

«Madame,  j'ay  receu  deulx  lettres  qu'il  a  pieu  à 
s  Vostre  Majesté  m'escripre,  toutes  deulx  du  x\v°  de  ce 
••mois,  la  première  par  ung  courrier  envoyé  devers  M' le 


286 


LETTRES  DE  GATH 


156*2.  —  3i  mars. 

Copie.  Bibl.  nnt.  fonds  français,  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET, 

AîlBASSADEl'H   EN  SUISSE. 

Monsieur  Coignet,  ce  m'a  esté  plaisir  d'en- 
tendre par  vostre  lettre  du  xxiu0  du  passé  que 

-  Prince  et  la  seconde  par  vostre  vaietde  chambre;  et  pour 
«respondre  à  toutes  deutx,  en  premier  lieu  je  ne  sçay 
«d'où  te  roy  de  Navarre  a  eu  advertissement  que  je  fai- 
5  sois  levée  de  gens,  mais  je  vous  respons  sur  mon  hon- 
«neur,  Madame,  que  je  n'y  ai  pas  seulement  passé;  bien 
tiay-je  adverti  quelques  ungs  de  mes  voisins  et  amys  et 
-prie  de  me  faire  compagnie  pour  venir  trouver  mon  dit 

-  sieur  le  Prince;  que  si  d'avanture  il  s'en  est  veu  en  ma 
-compagnie  d'armés,  il  me  samble  qu'il  ne  doibt  estre 
«trouvé  non  plus  estrange  que  de  ceulx  qui  \ont  trouver 
«monsieur  de  Guize  aveques  armes  descouvertes  et  dont 
«je  puys  parler,  comme  les  ayant  veus;  davantage  que  je 
-suvs  adverti  de  plusieurs  endroicts  que  monsieur  de 
« Guize  me  menace  tort,  ce  que  m'a  encore  icy  confirmé 
«Monsieur  le  Prince,  corne  l'ayant  enttendu  de  bon  lieu 
net  pour  ceste  cause  je  vous  supply  très  humblement, 
« Madame,  ne  trouver  rnaulvais  que  je  me  tienne  sur  mes 
k  gardes.  La  seconde  lettre  de  Vostre  Majesté  faict  encores 
n mention  de  ce  que  vous  avez  enttendu  que  je  suys  parti 
«de  chez  moy  aveques  grande  compaguie  de  gens  armés 
rd'armes  creues0  et  descouvertes  et  que  je  faicts  ainsy 
'•marcher  ma  compagnie,  l'ayant  levée  de  sa  garnison. 
«  Quant  à  avoir  bonne  compagnie ,  je  confesse  que  je  l'ay 

-  et  la  meilleure  que  je  pourré  pour  me  garder  d'eslre 
«oultragé;  quant  àarraes  descouvertes,  je  n'en  ay  en  ma 
«compagnie,  sinon  de  pistoles  et  pistolets,  ce  qui  est 
«commun  par  tout  le  royaulme  de  France;  quant  à  avoir 
«levé  ma  compagnie  de  sa  garnison,  il  ne  s'en  trouvera 
h  nul  mandement  de  moy  et  ce  que  principalement  m'en 

gardé,  c'est  que  je  sçavois  bien  qu'il  n'y  avoit  pas  tant 
«de  gens  que  cela  me  peust porter  grande  faveur;  et  tou- 
«tefois,  Madame,  quant  je  l'aurois  manùée,  je  n'aurois 
laid  que  ee  que  ont  faict  d'aultres.  Quant  à  ce  que  me 
-mandez,  si  j'ay  faicl  faire  ung  serment  à  ma  compagnie 
i  parler  du  Roy ,  offin  que  vous  congnoissies  la  vérité 
«du  faict,  il  y  a  plus  de  quattre  ans  que  je  ne  fus  en 

■  An  pre    le  dict.  de  Monnet,  désignai! une  armure 

qui  couvre  un  homme  de  pied  en  cap.  On  lit  'tans  la  Satyre  Ménippée 
qu'un  -Feuillant  boiteux,  armé  tout  à  crud ,  se  faisoit  faire  place.» 
(Sflfi/c  lit.  de  kerver.  171»,   t.I.p.  II.) 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

au  voiage  que  vous  avez  faict  à  Fribourg,  Berne 
et  Solleure,  vous  ayez  trouvé  les  Seigneurs  des 
dietz  Cantons  si  affectionnez  au  service  du  Roy 
monsieur  mon  Clz  et  faciles  à  suporler  ce 
qu'il  y  a  de  difficulté  au  payement  de  ce  qui 
estdeu  de  reste  en  Suysse,  comme  le  tesmoigue 
vostre  dicte  lettre;  car  j'espère  avec  ceste  gra- 
tieuse  attente  et  le  bon  ordre  que  je  fera  y 
donner  l'année  prochaine  au  payement  du  dict 
reste  nous  en  veoir  du  tout  dehors  à  leur  en- 
tier contentement,  qui  ne  nous  sera  uug  petit 
repoz,  ne  peu  de  faveur  et  réputation  aux 
affaires  du  Roy  mon  dict  sieur  et  fîlz  en  ce 
pays  là  et  pour  le  renouvellement  de  l'alliance 
qu'il  sera  doresnavant  temps  de  commencer 
et  négocier,  dont  touteffoys,  ne  pareillement 
de  les  négociations  que  vous  avez  à  faire  avec 
les  Seigneurs  de  Reine  je  ne  veulx,  ny  n'en- 
tens  vous  prescrire  aultre  chose  que  ce  que 
vous,  qui  voyez  cler  en  lelz  affaires,  cognoistrez 

«monstre  de  ma  compagnie,  là  où  les  sermens  se  font; 
«d'en  avoir  faicl  faire  depuys,  en  quelque  sorte  que  ce 
«soit,  si  vous  trouves  qu'il  en  soit  rien,  je  veulx  que  vous 
«me  tenies  pour  infâme  et  déshonoré.  Au  demeurant  je 
«vous  supply  très  humblement,  Madame,  croire  qu'il  n'y 
«a  genlilhome  en  France  qui  plus  désire  vous  veoir  en 
«repos  et  contente  que  moy,  ce  que  je  feré  plus  particu- 
«lièremenl  entendre  par  le  capitaine  Breuil  que  Monsieur 
«  le  Prince  envoyé  devers  Voslre  Majesté  ;  et  sur  ce  je 
«priray  Noslre-Seigneur,  Madame,  vous  donner  en  par- 
«faicte  santé  1res  heureuse  et  longue  vie. 

«Vostre  très  humble  et  très  obéissant  sujet  et  serviteur, 

«Cbastillos.» 

«De  Meaux,  ce  xxvnc  de  mars  1 5Gi  (t.'iOa). 

(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  aoifji,  f°  ai;  r  et  v", 
autographe.)  Catherine  de  Médicis  écrivit  également  une 
lettre  au  prince  de  Condé  qui  n'a  pu  être  retrouvée. 
L'est  le  a  avril  que  Condé  entra  à  Orléans  et,  le  7,  il  écri- 
vit aux  Églises  réformées  de  Fiance  pour  leur  demander 
des  hommes  et  de  l'argent. — Voy.  sou  manifeste  (  8  avril) 
peur  justifier  sa  prise  d'armes;  le  Traité  d'association  pour 
la  libellé  du  Roi  et  le  repos  du  royaume;  les  Lettres  de 
Spifame  et  de  Bèze  aux  Églises  réformées  (Bibl.  nat. 
fonds  Fontanieu,  vol.  3oi-3oa). 


LETTRES  DE  CATH 

estre  pour  le  myeulx.  Nous  n'avons  point  en- 
tendu que  le  trésorier  des  Ligues  preigne  au- 
cune chose  pour  fraiz  de  convertissement,  ou 
aultres  despences  soit  et  en  diminution  des 
cinq  cens  mil  litres  qui  vous  oui  esté  ordonnez 
pourceste  année,  et  luy  devra  bien  suffire  d'y 
avoir  ses  gaiges,  ainsy  que  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  luy  escripl  présentement  el  mesmes 
de  ne  taire  aucun  convertissement  sans  pre- 
mièrement vous  en  aveoir  adverly,  et  si  vous 
veoyez  qu'il  en  soit  besoing  vous  le  nous  man- 
derez pour  après  vous  en  faire  sçavoir  et  à  luy 
l'intention  du  Roy  mon  dict  sieur  et  fdz  et  luy 
faire  expédier  le  mandement  nécessaire,  ainsy 
qu'il  est  accouslumé  en  semblable  cas.  Quant 
au  mandement  de  cent  mil  livres  qui  est  sur 
les  deniers  du  quartier  de  juillet,  vous  pouvez 
bien  penser  que  l'on  y  a  faict  tout  le  possible, 
el  que  s'il  y  eust  eu  moyen  d'en  bailler  l'assi- 
gnation sur  deniers  plus  promptz,  l'on  eust 
esté  bien  ayse  de  nous  en  mettre  et  vous  aussi 
en  repos,  puysque  c'est  chose  qu'il  fault  tous- 
jours  payer  et  don!  le  retardement,  sans  l'im- 
possibilité qui  y  est,  ne  nous  pcull  apporter 
aucune  comodité.  Je  ne  vous  recommanderay 
poincl  le  faict  des  marchans  qui  ont  argent  au 
grand  party1,  estant  bien  asseurée  que  vous 
n'oublirez  rien  qui  puisse  servir  à  en  avoir 
une  bonneste  composition,  laquelle  je  seray 
tousjours  bien  ayse  d'entendre  pour  l'infiny 
désir  que  j'ay  que  nous  nous  puissions  veoyr 
ung  jour  hors  de  leurs  mains;  pryant  Dieu, 
Monsieur  Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde.  Escript  à  Fontainebleau  ,  le  dernier  jour 
de  mars  1061  (i5(î->). 

Caterine. 

BoURDIN. 

1 1  il  me  de  finances  s'appliquant  à  cou»  qui  afferment 
les  revenus  de  l'Étal  .  el  de  là  te  mot  partisan. 


ERINE  DE  MÉDIC1S.  Wt 

(  1502.  —  Fin  mars.  1 

Aut   Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mou  frère,  le  sieur  de  Morette,  présa ni  poin- 
teur1, vousconteré  si  au  long  de  nous  uovelles 
que  ne  vous  fayré  la  présente  longue,  el  seré 
soulemcnt  pour  vous  dire  que  vous  prie  m'es- 
couser  si  n'é  peu  jeuques  asteure  fayre  pour 
vos  afayres  selon  que  je  an  né  la  volante-  el  que 
lé  trouble,  en  quoi  nous  soumes,  en  sont  cause 
el  non  pas  faulte  de  vous  fayre  conestre  corne 
je  désire  voyr  contens  Madame  de  Savoye  et 
vous,  corne  j'espère  vous  fayre  conestre,  mes 
qu'i  plèze  à  Dieu  apéser  touttes  ses  folies,  lé- 
quelc  je  panse  n'yront  plus  avent  et  que  tous 
reconeslron  la  faulte  qu'i  font;  et  ayspère  qu'i 
me  fayré  la  grase  d'y  remédier,.de  fason  que 
i  n'i  auré  mal  que  pour  seus  qui  les  auront 
entreprise;  etm'aseure,mon  frère, que  quant 
anrés3besouin  de  ayde  el  socours,  que  ne  fau- 
driés  à  sella  '  qui  désire  vostre  grandeur  et 
contentement  corne  de  ses  propres  enfans ,  qui 

aysl 

Vostre  bonne  sein . 

Caterine. 


(1562.  —  Fin  mars.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DEC  DE  SAVOIE. 

Alon  frère,  la  seufisance  deu  sieur  de  Mo- 

1  Le  16  avril  i56a,  le  duc  de  Savoie  écrivait  à  l'am- 
bassadeur d'Angleterre  Tlirockmorton,  pour  le  remerciei 
de  ses  Irons  offices  envers  le  sr  de  Morette.  — Voy.  Calm 
ihtr  "f  Stnlf  pii/iirs,  l5()I-l562,  p.  6o3. 

1  Une  lettre  de  Charles  IX .  jointe  à  celle-ci,  explique 
la  cause  de  la  non-restitution  des  villes  du  Piémont. 
\urét,  j'aurai. 

*  Sella,  celle-là. 


288 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


relie  '  me  guarderé  de  vous  fayre  longue  lelre, 
car  y  vous  saré  rendre  bon  conte  de  touttes 
chause,  tent  de  nos  afayres  que  dé  vôtres,  et 
pour  se  qui  s'est  byen  ynformé  de  tout,  je  ne 
vous  fayre'  longue  letre,  après  vous  avoyr  prie' 
le  rroyre  de  set  qu'il  vous  dyre'  de  ma  pari 
corne  moy  mesme  et  vous  asseurer  que  n'y 
é  personne  après  Madame  de  Savoye  qui  dé- 
sire plulx  vostre  grandeur  et  contentement  que 
fayst 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1562.  —  3  avril. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  p.  883 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lynioges,  je  vous  prie  panser 
que  je  ay  guant  regret  qu'il  ay  l'alleu  vous 
révoquer,  voyent  le  temps  tel  qu'il  ayst,  et  la 
fason  de  quoy,  pour  le  service  de  cet  royaulme, 
vous  vous  aytes  governé;  qui  me  fayst  vous 
dyre  que  vous  pouvés  aseurer  que  en  tout 
set  que  auray  moyen  de  le  reconestre,  ne 
fauldré  de  le  fayre,  de  fason  que  conètrés 
cornent  je  an  suis  contente.  Mes  puisque  ne 
pouvez  plus  demeurer,  je  vous  envoy  Sent- 
Seuplise 2,  lequel  conèsés  seufîsant  et  de  si 
bonne  volante,  que  aytant  du  tout  inslruyt  de 
vous  avent  partir,  comme  je  vous  prye  fayre, 

1  Moretle  revint  en  France  à  la  fin  du  mois  d'avril 
suivant.  —  Voy.  lettre  de  Throckmorton  du  5  5  avril,  à  la 
reine  Elisabeth,  Calendar  qf  State  papcrs ,  i56l-l56a, 
p.  63i. 

2  Jean  Evrard  de  Saint-Sulpice.  Dans  une  lettre  à  l'é- 
vèque  de  Limoges,  en  date  du  6  avril  1 56a  ,  il  lui  mande 
qu'avant  de  se  rendre  en  Espagne  la  Reine  lui  avait  ac- 
cordé un  congé;  mais  il  a  été  rappelé  à  la  cour  et  après 
élre  retourné  cour  quelques  jours  dans  ses  terres,  il 
ira  le  remplacer  et  le  prie  de  lui  garder  sa  tapisserie. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  66l4,  f  '  1 1 8. )  —  Le 
i  ci  mai  suivant  nous  le  retrouvons  à  Burgos. 


et  ne  luy  rien  disimouler,  d'aultanl  que  je 
m'aseure  qui  ne  conest  que  le  Roy  mon  fils  et 
moy,  afin  qu'i  puisse  continuer  set  que  avés 
sy  byen  fayst;  et  avent  partir,  je  vous  prie  dire 
à  ma  fille  byen  au  long  tout  ce  qui  vous  semble 
qu  ele  douvet  fayre,  lent  pour  son  respos  que 
pour  mentenir  nostre  amytié,  et  ausy  je  dési- 
rerès  que,  avent  que  partissiés,  vous  aportisié 
la  résoloution  de  set  que  peult  ayspérerle  roy 
de  Navarre,  et  à  la  vérité  dans  conbyen  je 
puys  ayspérer  de  voyr  le  Roy  monsieur  mon 
fils.  Je  vous  prie,  ayez  an  la  résolution  de 
touttes  ses  deux  chauses  et  vous  fayré  grand 
plésir  hà 

Caterine. 


1562.  —  h  avril. 

Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français,  n°  3178,  f   G. 

A  MONSIEUR  D  HUMIÈRES, 

GENTILHOMME  ORDINAIRE   DE  LA  CHAMBRE  DO  BOT  BIOS    F1LZ 
ET  GOUVERNEUR   DE   PERONNE. 

Monsieur  de  Humières,  pour  ce  que  je  suis 
bien  asseurée  que  vous  aymez  trop  le  service 
du  Roy  monsieur  mon  iilz ,  et  le  bien  de  ses 
affaires ,  pour  faire  faulte  de  satisffaire  songneu- 
sement  et  dilligemnient  à  ce  qu'il  vous  escript 
présentement,  je  ne  vous  en  feray  autre  re- 
commandation ne  redite  par  ce  petit  mot  de 
lettre;  et  seullement  vous  prieray  que,  comme 
les  cboses  sont  plus  troublées  en  ce  royaulme 
qu'elles  ne  furent  jamais,  vous  ayez  d'aultant 
l'œil  plus  ouvert  à  la  guarde  de  vostre  place  pour 
garder  qu'il  n'y  advienne  aucun  inconvénient, 
et  je  veoiz  prier  Dieu,  Monsieur  de  Humières. 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Meleun,  le  iiijmo  jour  d'avril 
1 56a. 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


280 


1562.  —  4  avril. 

Archives  de  la  maison  de  Poiignac;  copie  transmise 
par  M.  Slephano  de  Menai. 

\   MONSIKl  U  DE  SÉNARPONT, 

i  1ER   DE  L'ORDRE   DU  FIOY   MONSIEUR   MO*   K1LZ 
ET  SOS  MEUÎEMNT  GÉNÉRAL  AU  COl'VERNF.MENT  DE  PICARDIE. 


Monsieur  de  Sénarpont  ',  vous  verrez  par 
eestedespescheen  quel/,  troubles  nous  sommes, 
qui  est  bien  au  plus  grand  regret  el  ennuy  que 
j'euz  jamais;  et  pour  ce  que  les  beaux  jeuz 
donnent  souvent  à  ung  voisin  occasion  de  faire 
ce  qu'il  n'avoyt  peult-estre  poinct  pensé  aupa- 
ravanl,  atfin  que  durant  telz  troubles  l'on  ne 
nous  face  poinct  de  surprise,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  advise'  vous  faire  la  despesche  qui 
vous  est  présentement  envoyée;  suivant  la- 
quelle je  vous  prie  faire  si  soigneusement  et 
diligemment  pourveoyr  aux  cboses  qu'il  vous 
escript  et  aultres  que  verrez  estre  nécessaires 
pour  la  seureté  des  places  de  sa  frontière  de 
Picardye  que  nous  en  puissions  demeurer  en 
repoz;  luy  faisant  cognoistre  en  cela,  comme 
vous  avez  tousjours  faict  en  toutes  aultres 
choses  qui  se  sont  offertes  appartenans  à  son 
service,  que  vous  ne  recognoissez  aultre  que 
luy  et  qu'il  n'y  a  respect  de  chose  de  ce  monde 
qui  vous  face  riens  perdre  ne  diminuer  de  la 
fidélité  que  vous  luy  devez  et  du  service  qu'il 
attend  de  vous  à  l'encontre  de  qui  que  ce  soyt. 
Priant  Dieu ,  Monsieur  de  Sénarpont,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Meleun,  le  ihic  jour  d'avril  1062. 

Caterine. 

BOURDIN, 

\"\.  une  lettre  de  M.  de  Sénarpont.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  3a'i3.)  —  Le  mois  suivant,  deux  des  fils  de 
Sénarpont  allaient  rejoindre  le  prince  de  Condé,  et  lui- 
même  tentait  de  s'emparer  de  Calais.  (Calendar  of  State 
papers,  1 5  6  2  ,  p.  45.) 

Catherine  de  Mtuicis. —  1. 


1562.  —  8  avril. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  17981. 

\   MONSIEUR  COIGNET, 

AMBASSADEUR   ES  SUISS8. 

Monsieur  Coignet,  vous  entendrez  par  ceste 
dépesche  les  occasions  pour  lesquelles  le  l'un 

monsieur  mon  filz  veult  taire  la  levée  de 
Suysses1  dont  il  vous  escript  ;  et  pource  qu'elle 
ne  sera  du  lotit  selon  le  contenu  en  l'alliance 
et  qu'il  aura  besoing  de  voslre  prudence  en 
la  conduicte  de  cest  affaire,  je  vous  prye  que 
vous  advisez  de  bonne  heure  les  hommes  el 
moyens  dont  vous  aurez  à  vous  servir  pour  en 
venir  à  bout;  vous  y  employant  du  mesme  bon 
pié  que  vous  avez  tousjours  faict  en  toutes 
choses  qui  ont  appartenu  au  bien  de  son  ser- 
vice; et  je  veoyz  prier  Dieu,  Monsieur  Coignet. 
qu'il  vous  ayt  en  sa  garde.  Escript  à  Paris,  le 
\iiie  jour  d'apvril  i56q. 


Caterine. 


Bolrdix. 


1562.  —  9  avril. 


Imprimé  dans  tes  Instructions  et  lettres  des  rois  fret  rltrcsliens 
et  mitres  actes  concernant  le  concile  de  Trente,  par  Dupuy.  p.  2GG. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  j'ay  avec  vostre  lettre 
du  xvie  du  passé  receu  le  duplicata  de  celle 
que  m'avez  escripte  quatre  jours  auparavant, 
de  laquelle  l'ambassadeur  d'Espagne  ne  m'a 
encores  envoyé  l'original,  et  touttefois  sans 
l'attendre,  m'asseurant  qu'il  ne  contient  rien 
davantage  que  le  dict  duplicata,  j'av  voulu 
vous  taire  incontinent  ce  mot  de  response, 
pour  vous  advertir  que  je  ne  pense  jamais  avoir 
receu  dépesche  qui  m'ait  esté  plus  agréable 
que  celle-là,  pour  avoir  entendu  par  les  pro- 
pos que  vous  a  tenus  l'Empereur,   mon  bon 

1  Voy.  deux  lettres  de  Charles  IX,  datées  du  même 
jour,  pour  cette  levée  des  Suisses  (même  volume), 

•37 


290 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


frère,  sur  le  faict  du  concile,  qu'il  y  procède 
de  m  bon  pied,  comme  je  me  l'estois  toujours 
bien  promis,  qu'il  fault  que  je  loue  Dieu  de 
ce  que  son  intention  se  trouve  en  cela  si  con- 
forme à  la  mienne,  qu'il  ne  l'eut  sceu  de  plus 
près  approcher,  quand  je  luy  eusse  découvert 
mol  après  aullre  tout  ce  que  j'en  avois  dedans 
le  fonds  de  mon  estomach;  car  n'ayant  jamais 
désiré  chose  de  plus  ardente  affeclion,  que  de 
voir  la  guérison  des  maulx  dont  la  chres- 
lienté  est  aujourd'huy  génerallement  affligée, 
cl  mesme  ce  royaume  chreslien,  par  la  diver- 
sité des  opinions  qui  régnent  eu  la  religion, 
et  craignant  que  les  particulières  et  différentes 
passions  et  opinions  de  ceulx  qui  ont  à  in- 
tervenir au  concile,  nous  en  fissent  perdre 
toute  l'utilité,  je  ne  sçavois  bonnement  que 
m'en  promettre,  jusques  à  ce  que  j'ay  veu  par  ce 
que  l'Empereur,  mon  bon  frère,  s'en  est  ouvert 
à  vous,  nos  intentions  et  volontés  si  unanimes 
et  accordantes,  que  je  tiens  desja  le  fruict  du 
dict  concile  comme  prest  à  cueillir;  vous 
priant,  Monsieur  de  Rennes,  qu'incontinent 
la  présente  receue  vous  alliez  trouver  mon 
dict  bon  frère  l'Empereur  pour  l'en  remercier 
de  ma  part  et  l'asseurer  que  son  intention  en 
cela  est  la  mienne  et  que  je  n'en  ay  jamais 
eu  d'aultre,  de  sorte  que  la  principale  charge 
que  je  fais  donner  au  sr  de  Lanssac,  que  le 
Roy  monsieur  mon  fils  envoyé  au  dict  concile 
pour  son  ambassadeur  et  qui  doit  partir  le 
quatorziesme  de  ce  mois,  est  de  s'assembler, 
conférer  et  communicquer  ordinairement  avec 
ses  ambassadeurs,  pour  d'un  commun  advis 
et  accord  proposer  et  poursuivre  vifvement  la 
bonne  et  roicle  réformation  de  la  discipline  et 
des  mœurs,  dont  il  vous  a  parlé,  et  ordonner 
à  nos  prélats  qu'ilz  s'accommodent  et  accor- 
dent avec  les  siens,  pour  de  leur  part  procéder 
eu  toutes  choses  d'une  mesme  volonté  et  ne 
s'opiniastrer  point  à  tenir  les  choses  positives 


avec  telle  dureté,  que  cela  soit  cause  d'em- 
pescher  l'accord  et  réunion  au  corps  de  l'église 
de  ceulx.  qui  s'en  sont  tenus  séparez  et  distraits 
jusques  à  présent;  mais  pour  ce  que,  si  le  Roy 
catholicque  des  Espagnes,  mon  beau  fils,  con- 
curroit  avec  nous  en  cela,  ce  seroit  la  perfec- 
tion d'un  si  bon  œuvre,  et  que  je  ne  sçay  s'il 
auroit  aussi  agréable  la  requeste  que  je  lui  en 
pourrois  faire,  que  si  elle  procède  de  mon  dict 
bon  frère  l'Empereur,  vous  lui  en  pourrez  parler 
pour  sçavoir  s'il  trouvera  bon  de  faire  négocier 
envers  luy  cet  alfaire,  comme  je  l'estime  né- 
cessaire, pour  lever  tout  obstacle  que  l'on  vou- 
drait opposer  à  nostre  bonne  et  saincte  intention 
et  par  ces  trois  volontez  ainsi  unies  tellement 
confirmer  le  faict  du  dict  concile,  qu'il  n'y  ail 
plus  personne  qui  nous  puisse  empescher  de 
le  recueillir  tel  qu'il  est  requis  pour  le  bien 
de  l'église  et  la  générale  union  et  concorde  de 
toute  la  chrestienté  en  une  mesme  saincte  et 
catolicque  religion.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Reunes, vous  avoiren  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escrit  le  ix0  jour  d'avril  i562. 

Cateeine. 

(1562.  —  10  avril.) 

Aul.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n*3ig3,  f°  7.  — Fontanieu,  vol.  3o3- 
3o4.  —  Imprime.  Mémoires  de  Coudé,  édit.  de  17/13,  t.  III,  p.  21G. 

A  MON  COUSIN 

M"  LE  CARDINAL  DE  CHAST1LL0N1. 

Mon  cousin,  encore  que  j'euse  délibéré  de 

1  Voici  la  réponse  du  cardinal  de  Cliàlillun  : 
^Madame,  aussy  tost  que  j'ay  receu  la  leetre  qu'il  a 
-pieu  à  Vostre  Majesté  m'escriprepar  le  prothonolaire  de 
rSarragosse,  je  n'ay  faiUy  de  L'envoyer  à  Monsieur  le 
r  prince  de  Condé,  le  priant  de  permettre  à  l'un  de  mes 
b  frères  de  venir  à  Jargueau,  où  j'avois  résolu  de  me  trouver 
s  pour  faire  ce  qu'il  vous  plais!  me  commander;  mais  ayant 
c  ledict  sieur  Prince  veu  par  ladicte  lettre  que  vous  désirez 
«entendre  quelle  seureté  il  demandait  pour  laisser  les 
n armes,  il  a  voulu  prendre  ceste  peine  de  me  venir  faire 
-lny-mesme  sa  responce  en  ce  lieu,  où  je  n'ay  rien  oblié 


LETTRES  DE    CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


291 


ne  rien  pius  mender  à  mon  cousin  Monsieur 
le  prinse  de  Condé,  voyent  que  y  m'avest 
mendé    par  Rouehavene,  le  iandemayn   qui 

sorlii  île  self  ville  de  Paris,  tfue  je  ne  trovise 
mauves,  si,  pour  sa  seureté,  luy  aytent  à  la 
Ferlé,  yl  élovl  armés,  et  que  se  n'étoyt  que 
pour  le  servise  du  Roj  mon  fils  et  le  mien,  et 
que,  viicoiilini'iit  que  je  lui  menderès ,  qu'i  se 
désarmeret,  et  me  fiant  en  lui  je  lui  mandis 
que  ne  le  trovè  mauves  pourveu  que  y  ne 
lallit  à  set  désarmer,  queut  je  lui  manderès. 
El  depuis  <]ue  le  roy  de  Navarre  et  tous  ses 
aultres  signeurs   feuret   arivés  au  Fontayne- 

itde  ce  que  j'ay  peu  et  sceu  juger  propre  et  nécessaire 
cpour  l'effect  de  vostre  intention,  laquelle,  comme  chacun 
«peut  veoir;  ne  tend  qu'à  la  tranquilité  de  tout  ce  royaume  ; 
rà  quoy  il  m'a  respondu  pour  résolution  qu'il  ne  désire 
-plus grande  seureté  pour  luy  et  pour  toute  sa  compaignie 
'•que  de  veoir  le  Roy  et  vous  eu  plaine  et  entière  liberté; 

-  el  qu'après  cela ,  au  moindre  commandement  de  Vos  Ma- 
njestez,  il  fera  clairementet  proinptement  veoirà  un  cha- 
-cun  qu'autre  occasion  ne  luy  a  mis  les  armes  à  la  main 

-  que  le  très  exprès  el  urgent  service  du  Roy  et  vostre. 
sVoyla,  Madame,  tout  ce  que  j'ay  peu  tirer  de  luy,  quel- 
aque  vifve  remonstrance  que  je  luy  aye  sceu  l'aire  de  l'ex- 
-tresine  eunuy  que  vous  portez  de  veoir  ces  troubles  et  du 
•-désir  que  vos  subjectz  doivent  avoir  d'y  procurer  bien- 
••tost  quelque  bonne  Gn;  et  pour  ce  qu'en  cela  je  ne  me 
Rvouldrois  laisser  surmonter  au  plus  affectionné  et  obligé 
«de  vos  serviteurs,  je  vous  diray  pour  la  fin,  Madame, 
rque  je  m'cslimeray  bien  heureux  si  là  ou  ailleurs  mon 
trlabeur,  mon  bien  et  ma  vie  vous  peuvent  apporter  le  con- 

-  lanternent  que  vous  désirez;  et  cependant,  après  avoir 

-  présenté  mes  plus  que  très  humbles  recommandations  à 
-la  bonne  grâce  de  Vostre  dicte  Majesté,  je  supplieray  le 
-Créateur  vous  donner,  Madame,  en  très  parfaite  santé 
-plus  que  très  heureuse  et  très  longue  vie. 

rrVostre  très  humble  et  très  obéissant  subjectz  et  ser- 
•  vilenr, 

«Le  Cardinal  de  Chastillou. 
irDe  Liste,  ce  xxi"  jour  d'avril  j56a.» 

(Copie,  Bibl.  ual.  fonds  Brienne,  a°  20a,  f°  3gi  r°). 

Voy.  nouvelle  Réponse  du  cardinal  de  Chàtillon.  (Bibl. 
nat.  fonds  Brienne,  n"ao5);  Réponse  du  prince  de  Condé 
1  33g3);  Dépêche  de  Throckmorton  à  lareine  Eli- 
sabeth (Calendar  of  State  papers ,  i56t-l56a,  p.  595). 


bleau ,  je  lui  envoys  heun  mien  valel  de 
chambre,  cl  fin  ayscrivis  que  luy  pries  qu'i 
sel  désarmas!  cl  (pie  les  auitre  en  fayré  le  san- 
blable,  cliause  qui  ne  volent,  disant  que  yl 
avest  ayté  le  premier  hà  houbéirau  comende- 
ment  du  Roy  mon  Mis  de  sortir  de  Parys,  el 
que  y  li  ynportet  de  l'bauneur  el  répeutation 
si  encore  y  seret  le  premier  à  se  désarmer;  cl 
voyent  sela,  et  qu'i  me  mandet  ausi  qu'i  volet 
guarder  ses  forse,  afin  que  Ton  ne  me  dimi- 
neuast  rien  de  mon  auctorité  et  que  l'on  ne  me 
aultast  mes  enfans;  qu'il  avesl  entendeu  qu'i 
n'atandet  que  d'eslre  lé  plus  fors  pour  le  layre 
et  pour  lui  mender  la  vérité  de  set  que  je  dé- 
sires, et  qu'i  n'eut  aucasion  de  panser  que  se 
feul  par  forse,  je  lui  ranvoys  Serlan,  auquel 
je  comandis  lui  dire  que  je  lui  priés,  d'aultenl 
que  je  m'aseure  qu'i  me  aymest,  qu'i  se  voleul 
désarmer,  et  que  y  ne  prinl  poynt  sete  aysceuse 
de  dyre  que  se  lui  seret  honte  d'estre  le  pre- 
mier à  léser  les  armes,  veu  que  asteure  tous 
avés  remis  lé  leurs  entre  lé  mayns  du  roy  de 
Navarre,  qui  aytoyt  lyeutcnant  du  Roy  mon  fils , 
et  que  l'on  pouret  dire  aveque  bonne  rayson 
qui  n'i  avest  personne  armés  que  le  Roy  ;  et  que. 
quant  à  mon  respet,  que  je  luy  prie  de  ne  lé 
volouir  retenir  plus  pour  sela;  car  je  aytoys 
contente,  et  qu'i  n'étoyt  rien  de  tout  set  que 
l'ons  avest  dist,  et  que  si  ne  se  désarmest,  que 
je  serès  contrcynte  d'estre  contre  beulx.  Je 
m'aseure  que  Serlan  ne  fallitpas  de  lui  dire, 
et  an  setpandant  yl  m'a  anvoyé  Rourbavane, 
par  lequel  me  manda  que  je  luy  mandise  sel 
que  je  voles  qu'il  fist,  el  quant  je  lui  demandis 
de  ses  novelles,  il  me  dist  qu'il  éloyl  à  Clay  el 
venet  coucher  à  Livri,  chause  que  je  trovis  si 
aystrange  et  aylongnée  de  la  promèse  qu'il 
m'avest  fayste,  que  je  l'ay  dis  au  dist  Rou- 
chavanne  que  se  n'étoyt  pas  set  que  y  m'avesl 
dis!  l'aultrefouys  et  promis  de  par  Monsieur  le 
Prinse,  et  que,  en  lieu  de  se  désarmer,  conie 

■    37- 


292 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1C1S. 


y  m'avesl  aseuré,  quanlje  lui  menderès  qu'i 
marchet;  que  je  le  trovès  byen  mauves,  et  que 
je  lui  priés  de  s'en  retourner  incontinent  pour 
luv  dyre  de  ma  part  que, s'il  avest  jeamès  euvye 
de  fayre  ryen  pour  l'amour  de  moy,  il  set  dé- 
sarmast  incontinent  qui  seret  de  retour  ver 
lu\ ,  et  ranvoyast  tout  le  monde  cheulx  eulx; 
et,  en  lyeu  de  set  faire,  Serlan  revynt  qui  me 
dist  le  mesnie  que  mon  valet  de  chambre,  que 
jamès  ne  le  fayret  d'estre  le  premier,  et  depuis 
pour  chause  que  le  Roy  mon  fils  ni  moy  luy 
avyons  mendé  par  quelque  personne  que  sel 
aysté,y]  a  tousjour  coutineué  sou  antreprinse, 
ri  ne  s'é  pas  contante  de  n'avoyr  voleu  me 
tenir  proniése  de  se   désarmer,  quant  je  luy 
ay  mandé  et  prié;  mes  par  tout  set  royaume, 
en  son  non,  me  font  set  tort  de  dire  que  s'et 
moy  qui  l'ay  fayst  armer,  et  qui  veulx  que  l'on 
pregne  lé  villes  que  l'on  prant  en  son  non. 
Vous   pouvés   panser  set  s'et  aveques  jeuste 
cause  que  je  me  deulx  1  et  que  je  suis  faschée 
de  voyr  que  le  nom  yra  par  toutte  la  crétienté, 
que  moy,  qui  ay  lent  reseu  de  hauueur  de  set 
royaume,  en  set  cause  de  la  royne2;  car  jecroy 
que  aveque  vérité,  et  à  mon  grant  regret,  je 
puis  dire  que  seus  qui  conselle  Monsieur  le 
Prinse  de  fayre  set  qu'il  fayst  seront  cause  de 
rouyner  set  royaume,  et  tout  le  monde  dist  que 
Monsieur  l'amiral  aysl  son  seul  consel.  Il  me 
sanble  que  je  luy  ay  trop  fayst  conestre  comeni 
je  l'ay  tousjour  porté  et  fa\orisé  en  set  que 
je  ay  peu ,  pour  s'ayder  de  mon  non  pour  beune 
lele  aucasiou  et  pour  beune  si  ayvidente  rouyne, 
corne  heun  ehéqueun  la  voyt.  que  j'énierès 
mveulxaystre  morte  de  san  mile  mors,  que  non 
pas  d'an  nestre  cousantente,  mes  que  me  feut 
jeamès  entré  en  la  pasée3  de  vivre  tent  que  de 
voyr  heun  si  grant  malheur.  Et  pansés,  mon 

Me  deulx,  me  désole. 
1  Royne,  ruine. 
Votée,  pensée. 


cousin,  que  je  an  suys  si  troublaye  deu  mal 
que  je  voy  préparé  et  du  tort  que  l'on  me  faysl , 
et  an  si  grant  colère,  que  je  n'ay  plus  délybéré 
de  tanter  neule  voye,  sinon  de  ranforser  si  fort 
le  Roy  mon  fils  qu'i  souit  le  mestre  et  se  fase 
aubéyr,  corne  la  réson  le  veult;  et  set  n'eut 
aysté  qu'i  m'a  sanblé  par  vostre  letre  qu'il  y 
auré  ancore  quelque  moyen  pour  apéser  ses 
troubles  et  que  j'é  tent  reseu  de  bauneur  de 
set  royaume  et  ayme  tent  mes  enfans,  que  je 
aublyré  tousjour  mon  intérêt  et  ynjeure  pour 
la  conservation  de  set  royaume,  je  n'euse  jea- 
mès envoyé  ver  neul  d'entre  heulx,  et  me  suis 
byen  voleue  décharger  de  tout  set  que  je  saus 
qui  me  aufanse  jeuques  au  cour  avent  vous 
dire  que  je  vous  prie  de  considérer  set  que 
l'on  dysl  et  poura-t'on  dire  par  si  après  de 
Monsieur  l'amiral  qui  ayst  vostre  frère;  car 
l'on  ne  panse  pas  que  san  luy  Monsieur  le 
Prinse  ne  se  feut  déjea  désarmé ,  et  moy  je  lay l 
croy  puisque  y  me  l'avest  ynsin  promis.  Velà 
pourquoy  je   vous,   prie  reguarder   tous   les 
moyens  que  vous  pourés  trover,  afyn  d'apéser 
sesi,  et  parse  que  j'é  entendeu  que  Monsieur 
le  Prinse  dyst  qu'y  veult  aystre  parant  et  amis 
de  Monsieur  de  Guise  et  qu'i  n'a  neule querèle 
aveques  luy,  y  me  sanblet'il  qu'yl  est  aysé  aco- 
moder  tout;  car  quant  à  l'édyst,  neul  ni  veult 
toucher.  Quant  à  Monsieur  de  Guise  et  vostre 
frère,  je  ne  luy  en  né  heuy  parler  en  neule 
mauvèse  fason,  et  set  vous  voyés  qu'i  feut  be- 
souyn  que  je  y  fise  quelque  chause  en  sela, 
je  désire  tant  le  repos  et  du  royaume  et  de  sete 
court,  que  je  m'i  employré  de  bon  cour  ;  et  de 
dyre  que  l'on  leur  fayré  déplésir  à  seus  qui 
sont  à  Orléans,  neul  ne  leu  veult  mal,  mes 
qu'il  aubéise  et  qu'i  sedésarmet.  Quant  à  dire 
que  sosi2  se  désarme!  et  qu'i  s'au  nallet,  y  De 
fault  plus  parler  de  sela,  car  lé  chause  sont  en 

1   Lay,  le. 


'-  s, 


im,  ceux-a. 


LETTRES  DE  GATH 

termes  que  ysi  y  ni  a  plus  armés  que  le  Roy 
mon  fils,  qui  ne  veult  pas  aultres  armes  que 
l'amour  el  l'aubéisanse  de  ses  seugès,  mes  qui 
m'  soyt  poynt  armés,  y  n'an  naré  poynt 
d'aultre  qu'il  a  acoteumé.  Je  vous  a\  voleu  tout 
mander,  afin  que  consydériés  si  avés  moyen 
de  le  l'ayre  désarmer  et  d'apéser  set  feu  qui 
s'aleume  aveque  tele  violanse  que  je  ne  se 
quanl  l'on  le  voldré  ape'ser,  set  l'on  poura;  car 
quanta  nous,  je  vous  aseure  que  avons  mandé 
partout,  sour  pêne  de  crime  de  lèse-magesté 
d'aler  à  Orléans,  el  de  neul  seuget,  jeantis- 
hommes  et  aultres  de  prandre  les  armes  sans 
aysprès  comendement  du  Roy  mon  fils  et  de 
iiniv  el  du  roy  de  Navarre,  et  tout  set  que 
povons  pour  nous  fayr  fors,  aseuré  vous  que 
n'an  noblyons  ryen.  Pour  se,  je  désirerès  que, 
set  pouves  quelque  chause,  que  le  feysiez  le 
plus  lot  que  pourés  et  je  le  désire  infiniment  et 
\  voldrèsmeslre  ma  vie  pour  voyr  tout  en  tel  re- 
pos (pue  le  désyre  et  prie  à  Dieu  nous  le  donner 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

Depuis  sole  letre  ayscripte,  Monsieur  de 
Gounort  ayst  arivé,  lequel  n'a  raporté  que  set 
que  les  aultres  ont  lousjour  disl;  par  ansin  je 
n'i  voy  pas  granl  aysperanse;  car,  set  y  veulet 
demeuré  ostinay,  je  voy  la  perte  manifeste  de 
toutte  sele  monarchie-.  Pour  se,  vous  qui  avés 
tousjours  fayst  profésion  de  bon  patri[ole,] 
monstre  à  set  coup  que  vous  et  vos  frères  ne 
volés  pas  aystre  cause  de  la  rouine  de  vostre 
patrie,  mes  au  contrère  de  la  conservation, 
corne  vous  ferés,  si  vous  trovés  fason  de  l'ayre 
désosliner  Monsieur  le  Prinse,  et  lui  dyre  que 
se  n'é  pas  à  heun  souget  de  volouyr  monstrer 
tant  de  forse  à  son  prinse,  come  il  a  dist  qu'i 
monslreré  à  seus  que  Tons  y  anvoyré;  car  je 
m'aseure  que,  aystant  de  sele  mayson,  y 
n'an  veult  pas  la  rouyne,  et  que  set  qu'il  ayst 
suyvi ,  s'et  que  l'on  pause  que  set  qu'i  l'aysl  souit 


ERINK  DE  MÉDICIS.  29.". 

par  comendement  du  Roy  mon  fils  el  de  mon 
seu;  mes  je  m'aseure,  veu   sel  qu'i   m'a  dist 
d'aultre  fouys,  «pie  tout  sela  yra  en  feumée. 
mes  que.  l'on  sache  la  vérité  (pie  le  Roy  mon 
lils  ne  veult,  ni  moyausi,  que  neul  s'asanble, 
et  que  se  n'é  pas  por  son  servise,  el  qu'i  ne 
veult  poynt  rien  toucher  au  fayst  de  la  rely- 
gion.  Par  ansi,  je  luy  conselle  de  s'an  venyr 
fayre  bonne  chère  aveques  nous,  au  aultrement 
v  ne  se  troveré  pas  si  byen  aconpagné  qu'i 
panse;  et  je  désire  son  byen  et  contentement, 
encore  qu'i  m'aye  fayst   tort  de   ne   m'avoyr 
tyns  set  qu'i  m'avesl  promis,  et  ne  me  puis 
guarder  de  dyre  que,  set  yl  an  ny  a  qui  ayst 
donné  quelque  aucasion  de  trouble,  que  y  ne 
douit   pas  praudre  là  son  aysample;  car  yl 
a    [dus   d'aucasiou  de  yder   à   conserver  set 
royaume  que  les  aultres,  pour  aystre  set  qu'il 
ayst;  et  si  set  feut  désarmé  la  semène  saynte, 
corne  je  luy  avès  mandé,  déjea  la  plus  granl 
part  de  seus  qui  aytoyt  veneu  s'an  naloynt, 
el  aveslmisde  son  Coulé  le  droyt,  au  asteure, 
si  ne  se  désarme,  il  y  meteré  le  tort,  chause 
de  quoy  je  serès  ynfinimenl  marrie. 


1562.  —  11  avril. 

Orig.  Dibl.  nul.  fonds  français,  n°  G6o5,  p.  78. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  deLymoges,  si  nous  avons  lardé 
à  faire  responce  aux  deux  dépesches  que  avons 
eues  de  vous  depuys  mes  dernières,  ce  a  esté 
sur  la  diversité  de  tant  de  choses  qui  se  sont  icy 
présentées  depuis,  que  j'ay  tousjours  actendu 
pour  veoir  si  Nostre  Seigneury  améneroil  quel- 
que amendement,  et  si  ce  feu  qui  commança 
d'assez  longtemps ,  comme  vous  sçavez ,  se  pour- 
roil  eslaindre,  ou  pour  le  moins  demourer  sans 
croistre,  pour  avoir  plus  de  moyen  peu  à  peu  de 
l'amortir  du  tout,  ainsi  que  j'ay  tousjours  dé- 
siré, el  pour  cest  effect  chercher  tous  les  expé- 


294 


LETTRES  DE  CATHERIiNK  DE  MEDIGIS. 


diens  et  tons  les  remeddes  dont  je  me  suis  peu 
adviser,  et  que  j'ay  trouvé  par  conseil  y  pouvoir 
servir.  Usant  en  cela  comme  femme,  mère  d'un 
Roy  pupille ,  qui  a  pensé  la  doulceur  plus  conve- 
nable à  ceste  maladye  que  nul  autre  reinedde, 
dont  vous  avez  assez  sceu  et  cougneu  l'inten- 
tion par  les  discours  que  je  vous  ay  faictz,  et 
tant  de  personnages  qui  ont  esté  envoyez  par 
delà;  mais  à  la  fin  il  n'a  pas  pieu  à  Nostre- 
Seigneur  que  cela  soit  venu  à  effect;  car  au  con- 
traire le  mal  est  tellement  empiré  que  ceulx  qui 
couvoient  ce  feu ,  voyans  et  congnoissans  que 
le  progrès  de  mes  intentions  esloit  autre  qu'ilz 
ne  vouloient,   ont  levé  le   masque,  faignans 
et  simullans  une  certaine  deffiance  que  l'on 
les  vouloit  offenser  et  leur  courir  sus;  et  soubz 
ce  prétexte,   quilz    couvroient   tousjours  du 
manteau  de  la  religion,  pris  les  armes  et  faict 
grande  et  grosse  assemblée  de  ceulx  de  leur 
opinion  et  de  toutes  sortes  de  gens  avecques 
lesquelzilz  se  sont  saisiz  de  la  ville  d'Orléans, 
dedans  laquelle  ilz  sont  et  la  tiennent  comme 
par  force;  ne  s'estans  pas  contantez  de  cela, 
ont  faict  aussi  prandre  la  ville  et  chasteau  de 
Bloys,  autant  à  Tours  et  au  Mans,  et  tumultué 
les  peuples  en  plusieurs  autres  endroictz;  et 
quelque   commandement    du   Roy   monsieur 
mon  lilz  ny  de  moy,  ne  prières  que  je  y  aye 
employées   et  infiuiz  personnages  d'bonneur 
et  de  grande  qualité  que  j'aye  envoyé  devers 
eulx,  n'y  a  eu  jamais  moien  de  les  povoir 
faire  désarmer,  ne  entendre  ce  qu'ilz  veu lient, 
de  sorte  que  c'est  à  bon  escient  qu'il   fault 
croyre  et  confesser  que  c'est  une  pure  sédi- 
tion, et  que  leur  dessaing  tend   à  l'entière 
ruyne  et  éversion  de  ce  royaume;  à  quoy,  pour 
colorer  leur  faict  et  attirer  plus  de  gens  à 
leur  dévotion,  ont  publyé  que  ce  qu'ilz  en  fai- 
soient  estoit  pour  le  service  du  Roy  mondict 
filz  et  de  moy,  et  par  mon  consentement,  d'au- 
tant que  nous  estions  prisonniers  de  ces  princes 


|    i'l  seigneurs  qui  sont  de  présent  autour  du  Ro\ 
mondict  lilz.  De  quoy,  quant  à  mon  particulier, 
je  me  tiens  si  fort  et  si  avant  offensée,  saicbant 
comme  j'ay  l'intention  claire  et  necte  en  cest 
endroicl,  que  pour  deux  singulières  raisons  je 
n  ay  après  la  grande  perle  que  j'ay  faicte  cy- 
devant  jamais  senty  chose  qui  m'aye  si  avant 
touché  au   cueur  :   la   première  que  je  veoy 
l'honneur  de  Dieu  pris  icy  en  prétexte  et  servir 
d'umbre  d'une  des  plus  malheureuses  et  per- 
nicieuses entreprises  qui  fut  jamais  faicte  en 
ce  royaume,  duquel  j'ay  receu  tant  d'honneur 
que  mille  vyes  vouldroys-je  employer  pour  la 
conservation  d'iceluy,  qui  est  celle  des  enfans 
dont  Dieu  m'a  faict  la  grâce  d'estre  mère; 
l'autre  que  je  veoy  mon  nom  et  ce  que  je 
doys  avoir  aussi  cher  et  plus  que  la  vye,  mis 
eu  dispute  que  je  soys  particippante  d'une  si 
pitoyable  chose  que  celle  que  je  veoy  dépendre 
de  l'intention  de  telz  et  si  dangereulx  person- 
nages que  les  conducteurs  d'icelle;  lesquelz, 
il  fault  que  je  croye,  retiennent  contre  son 
gré  mon  cousin  le  prince  de  Condé  dedans 
ladicte  ville  d'Orléans,  pour  donner  plus  d'auc- 
torilé  à  leur  faict;  estant  certaine,  pour  estre 
du  sang  de  ceste  maison,  il  ne  luy  sçauroit 
entrer  en  l'esprit  et  volunté  de  désirer  réver- 
sion de  ceste  couroune  qu'ilz  moustrenl  assez 
par  les  commancemens  de  leurs  effectz  avoir 
entreprise.  J'ay  tenté  tous  moyens  pour  les 
faire  désarmer   et  séparer,  et  cherché   tous 
expédieus  pour  leur  faire  changer  de  volunté; 
mais  je  y  congnoys  telle  dureté  et  veoy  tant 
de  venyn  caché  que  je  me  suys  délibérée  (et  à 
mon  très  grand  regret  forcée)  de  mectre  le 
verd  et  le  sec  pour  leur  faire  sentir  et  con- 
guoistre  que  j'ay  toute  ma  vye  esté  et  seray 
bien  eslongnée  de  leur  intelligence,  et  que  la 
doulceur  dont  j'ay  usé  cy-devant  a  plus  esté 
pour  cuyder  vaincre  la  maladye  par  gratieux 
remèdes,  que  de  toucher  où  je  veoy  que  la 


LETTRES  DE  CATH 

nécessité  cl  leur  malice  et  témérité  ma  con- 
traincte,  comme  je  feray  à  bon  essient.  Ayant 
trouvé  mon  frère  ie  roy  de  Navarre  et  tous  ces 
princes  et  seigneurs  qui  sont  icy  si  bien  dis- 
posez à  servir  le  Roy  mondict  filz  en  cest  en- 
droit'! et  conforter  ma  bonne  intention,  que 
tant  s'en  fault  que  j'aye  occasion  de  doubler 
de  leur  volonté  en  mon  endroict,  qu'il  n'y  a 
celuy  qui   ne    m'aye   de    nouveau  promis  et 
asseurée  d'employer  jusques    à   la  dernière 
goutte  de  son  sang  pour  faire  rendre  à  mon- 
dict tilz  L'obéissance  qui  luy  est  deue,  et  à  moy 
qui  ay  cest  bonneur  d'estre  sa  mère  me  main- 
tenir en  rauctorité  et  en  la  puissance  que  j'ay 
en   ce  royaume,   à  laquelle   aussi    m'ont- ilz 
tousjours  bien  faict  congnoistre  qu'ilz  ne  voul- 
dront  jamais  toucher,  chose  dont  à  la  vérité 
je  n'ay  de  ma  vye  doubté,  qui  est  bien  pour 
combattre  et  dissiper  la  faulso  imposture  dont 
les  autres  se  couvrent,  publyans  que  le  Roy 
mondict  filz  el  moy  sommes  prisonniers;  mais 
si  prisonniers  y  a,  ce  sont  lesdicls  princes  et 
seigneurs  desquelz  le  Roy  mondict  filz  et  moy 
tenons  et  les  cueurs  et  les  vyes  si  affectées  au 
bien  de  ceste  couronne  que  je  les  veoy  preslz 
à  les  sacriffier  pour  la  conservation  d'icelle  et 
le  service  du  Roy  mondict  filz  envers  lequel 
ilz  ne  se  monstrent  pas  ingratz  des  biens  et 
des  honneurs  qu'ilz  ont  receuz  des  Roys  ses 
père  et  grand  père.  Voyla,  Monsieur  de  Li- 
moges, Testât  en  quoy  Dieu  veult  que  nous 
sovons  de  présent,  qui  changera  bientost,  si 
lin  plaisl;  car  j'ay  parl'advis  de  mondict  frère 
le  roy  de  Navarre,  et  le  bon  conseil  desdicts 
princes  et  seigneurs  desjà  donné  tel  ordre  à 
amasser  forces,  et  assembler  ce  que  j'estime 
nécessaire  pour  ravoir  l'obéissance  et  chastier 
les  mauvais  que  bientost  vous  orrez  dire,  si 
Dieu    plaist,  qu'ilz   auront   changé  aussi    de 
volunté,  et  que  dedans  et  dehors  on  parlera 
autre  langage  que  l'on  m'a  faict  par  cy-devant 


ERINE  DE  MÉDICIS. 


295 


des  affaires  de  ce  royaume,  qui  ont  esté, comme 
je  sçay  certainement,  calomniez  et  interprétez 
autrement  qu'il  n'appartenoit  à  ma  sincère  et 
droicte  intention.  Comme  je  vous  ay  faicl  sçavoir 

pannes  précédentes,  j'avoys  résolu  de  ra'ache- 
nivner  \ers  lilovs  après  ceste  feste  de  l'asques, 
mais  ceste  descouverte  conspiration  m'a  faicl 
changer  cest  ad  vis,  ayant  estimé  qu'il  falloil 
commancer  àasseurer  ci'sli'  ville  et  la  uectoyer 
de  ceste  vermyne,  comme  il  a  esté  faict,  el  re- 
garder aux  remeddes  nécessaires  au  mal  dont 
le  demourant  du  royaume  est  affligé.  Ce  que 
je  désire  que  vous  faictes  très  bien  entendre 
au  Roy  catholicque  monsieur  mon  beau  filz.  à 
ce  que  il  sache  la  peyne  et  l'ennuy  auquel 
je  suis,  et  touteffois  non  pas  hors  d'espé- 
rance de  veoir  que,  avant  que  d'en  venir  au 
faict,  ilz  ne  se  recongnoissent,  et  que  toutes 
choses  ne  passent  par  la  voye  doulce  et  amyable, 
synon  j'ay  les  derniers  remeddes  bien  pretz  el 
promplz  à  yapplicquer,  dont  il  sçaura  et  vous 
aussi  bientost  les  nouvelles. 

Au  demourant,  j'ay  sceu  par  voz  dernières 
dépesches,  tant  de  ce  porteur  que  de  Challair, 
comme  toutes  choses  sont  par  delà,  et  l'espé- 
rance qu'il  y  a  en  la  récompense  de  mondict 
frère  le  roy  de  Navarre,  que  je  veoys  tousjours 
de  plus  en  plus  désirant,  espérant  que  l'arrivée 
d'Almede1  par  delà  y  apportera  plus  de  facilité 
que  vous  n'y  en  avez  pensé  jusques  icy,  dont 
il  me  tarde  que  je  ne  sache  des  nouvelles,  et 
cependant  vous  prye  y  employer  et  faire  tout 
ce  que  vous  pourrez  comme  pour  la  chose  du 
monde  en  quoy  je  désire  autant  le  veoir  con- 
tant et  moy  aussi.  Quant  à  l'entreveue,  puysque 
le  Roy  mon  dict  filz  partira  si  tard  pour  les 
court/,  de  Mousson,  je  ne  puis  espérer  que  ce 
soit  sitost  que  je  vouldroys  bien  ;  et  pour  cela , 

1  Yoy.  uae  lettre  du  roi  de  Navarre  à  l'évèque  de  Li- 
moges, à  la  date  du  11  avril,  au  sujet  de  la  mission 
d'Almeida.  (Bilil.  nat.  fonds  français,  n"  G6<j6,  f°  2.) 


29G 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


cneores  que  j'en  aye  singulière  envye,  je  ne 
laisseray  de  donner  plus  à  loisir  ordre  à  noz 
affaires  qui  certainement  ont  aussi  besoing  de 
quelque  temps  et  aetendray  ce  que  la  como- 
dilé  en  amènera.  Vous  ayant  depuis  quatre  ou 
cinq  jours  de'pesché  le  sieur  de  Sainct  Sulpice 
pour  vous  lever  le  siège,  lequel  je  vous  prye 
bien  instruyre  et  laisser  adverty  de  tout  ce  que 
vous  congnoistrez  appartenir  au  bien  de  noz 
affaires,  en  manière  que  le  regret  que  j'ay  de 
vous  tirer  de  là  en  ceste  saison  ne  soit  aucune- 
ment augmenté  par  faulte  de  la  congnoissance 
qu'il  n'auroit  pas  encores  de  ce  que  y  pourroit 
survenir.  Et  remectant  le  surplus  sur  ce  dict 
porteur,  je  prye  Dieu,  Monsieur  de  Limoges, 
vous  donner  ce  que  plus  désirez.  De  Paris,  le 
xic  jour  d'avril  1  562. 


Caterine. 


De  l'Aubespine. 


1562.  —  12  avril. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  66o5 ,  p.  8a. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  suivant  ce  que  Lu- 
laine  présent  porteur  m'a  dit  de  vostre  part,  je 
vous  envoie  par  luy  une  esmeraulde  des  belles 
pour  présenter  de  par  moy  à  ma  cousine  la 
duchesse  d'Alve,  non  pour  valleur  de  la  pièce, 
maiz  pour  tesmoignage  de  l'amitié  que  vous 
la  prierez  de  ma  part  s'asseurer  trouver  tous- 
jours  en  moy  et  du  plaisir  que  j'ay  receu  de 
veoir  l'affection  qu'elle  démonstre  à  la  Royne 
catolicque  ma  fille,  que  vous  veoyezmieulx que 
moy,  estant  sur  le  lieu  comme  vous  estes,  qui 
sçaurez  au  demourant  faire  envers  elle  l'otlice 
que  jugerez  y  estre  convenable  pour  la  tenirtous- 
jours  en  meilleure  volunté.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Limoges,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Paris,  le  xnr  d'avril  i56a. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  i5  avril. 

Orig.  Iîini.  nat.  fonds  français,  n°  31^8,  f°  lu. 

A  MONSIEUR  DE  IIUMIÈRES, 

CEMILUOMME  OntilKAUlB  DE   Là  CHAMBRE   DU   BOY  MONSIEUK  MON   NLZ 
ET   COUVBRNEUB   HE  PEBONNE. 

Monsieur  d'Humières,  j'ay  veu  par  la  letre 
que  m'avez  escriple  du  xm°  de  ce  moys  le 
meurtre  qui  a  esté  faict  à  Péronne,  du  feu 
baron  deBanas1,  et  la  façon  dont  la  chose  est 
passée,  qui  m'a  bien  fort  dépieu,  et  vous  prye 
que,  suyvant  la  dilligence  que  avez  encotn- 
mancée  pour  faire  prendre  et  apréhender  ceulx 
qui  ont  commis  le  dict  meurtre,  vous  faicles 
tout  ce  qui  sera  au  monde  possible  pour  en 
saisir  la  justice  et  faire  procéder  à  l'encontre 
d'eulx,  pour  la  pugnition  d'un  tel  débet,  ainsi 
qu'il  sera  de  raison.  Pryanl  Dieu,  Monsieur 
d'Humières,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle  garde. 
Escript  à  Paris,  le  xv°  jour  d'apvril  i56a. 

Caterine. 
Bourdin. 


1562.—  16  avril. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  p.  880. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'é  bien  voleu  que 
tous  les  signeurs  ayscripve  au  roy  d'Espagne 
de  la  fason  que  je  souis  pour  respect  de  la 
religion,  non  pour  témoignage  que  je  veulle, 
ni  devant  Dieu  ni  les  hommes,  de  ma  fouys2 
ni  bonnes  heuvres;  mes,  pour  regart  de  nian- 
terie  que  l'ons  ha  disles  de  moy  et  lé  calonnie 
que  l'on  m'a  données.  Car  set  Ions  ha  mandé 
auparavent  aultre  chause  que  set  que  l'on 
fayst  asteure ,  l'on  ha  manti ,  car  je  n'ay  changé , 

1  Nous  trouvons  bien  en  Picardie  une  famille  de  Bay- 
nast  représentée,  à  cette  date,  par  Jean  et  Léon  de  Bay- 
nast;  mais  nous  n'avons  pu  rien  découvrir  sur  le  meurtre 
dont  se  plaint  la  Reine. 

■  Fouis,  foi. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


29' 


ny  en  néfayst,  ni  en  volonté,  ai  en  fason  de 
vivre,  ma  religion,  qui!  y  a  quarante  et  troys 
hans  auuit  que  je  liens,  et  li\  (;  aysté  batisée 
et  nourrie,  et  je  ne  se'  si  tout  ie  monde  en 
peultdire  aultent;  et  set  je  en  suis  marrye,  ne 
s'en  fault  aybayr,  car  set  mensonge  deure  trop 
lontemps  pour  ne  s'en  fascher  à  la  fin  ;  et  prin- 
sipalemenl,  quant  l'on  se  sent  la  consiense 
neste,  \  l';i\st  bien  mal  que  seus  qui  ne  l'ont 
pas  tent  en  parlent  si  hardiment.  Monstre'  sete 
letre  au  duc  d'Albe  et  au  Roy  monsieur  mon 
fils,  car  je  ne  voldrès  qu'i  pansaset  que  j'euse 
mandié  heun  témoynage  pour  hestre  alaye1 
toutfe  ma  vye  le  droyt  chemyn;  mes  je  l'ay 
iavst  pour  ne  povoyr  plus  endeurer  que  l'on 
me  preste  de  charité'  et  que  sela  ferme  la 
bouche  à  seus  que  d'isi  en  uavent  s'an  vol- 
droyst  encore  ayder  et  mestre  tousjour  pouine 
de  me  aylongner  de  la  bonne  grase  du  Roy 
monsieur  mon  fils,  que  je  tien  plus  chère  que 
ma  propre  vie.  Pour  se  assuré-me  sy  bien, 
avent  que  partyés,  que  neul  n'aye  puisanse 
de  m'y  deminuer,  et  diste  à -la  Royne  ma 
fille  que  s'ele  veult  fayre  chause  pour  me  fayre 
vivre  contente,  quel  lay2  mi  y  entertienne 
et  luy  fase  faire  tousjour  bon  pour  moy;  que 
je  ne  seré  jeamès  que  set  que  j'é  aysté  jeuques 
\  si .  qui  est  crétienne  catolique  et  point  mante- 

resse et  qu'i   le   trouveré   tousjour 

ynsin.  Set  pourteurvous  dira  touttes  nos  nou- 
velles   y  m'est  serviteur  et  homme  de 

bven  :  vous  le  croire  de  set  qui  vous  dira  de 

la  part  de 

Caterine3. 

i  En  tête.)  Lettre  de  la  Royne  à  Monsieur  de 
Lvnioges,  du  xvie  d'avril  i562. 

1  Alaye ,  ait 

2  Laij,  le. 

''  La  copie  de  celle  lettre  est  incorrecte:  n'ayant  pas 
sous  les  yeux  le  texte  original,  nous  n'avons  pu  la  cor- 
riger. 

Catherine  de  Médicis.  —  i. 


1 502.  —  l6  avril. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  179S1. 

A  MESSIEURS  COKiNET  ET  PASQUIER1. 

Messieurs,  vous  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript2  pour  croistre  la 
levée  de  Suysses,  pour  laquelle  vous  estes  de 
ceste  heure  par  de  là,  encores  de  cinq  en- 
seignes; si  d'avanlure  les  seigneurs  des  Ligues 
font  difficulté  de  la  vous  laisser  faire  seulement 
de  xv  enseignes,  suyvant  la  charge  qui  vous  en 
a  esté  donnée,  et  vous  veoyez  que  ceste  diffi- 
culté feust  pour  vous  y  aporter  quelque  lon- 
geur  ou  retardement,  ce  qui  est  remis  à  vostre 
discrétion  pour  en  faire  ainsy  que  cognoistrez 
eslre  pour  le  myeulx,  car  encores  que  nous 
feussions  byen  ayses  de  n'avoir  que  les  dictes 
quinze  enseignes,  néaumoingtz  pour  l'impor- 
tance et  précipitation  de  l'affaire  auquel  nous 
avons  à  nous  en  servir,  il  ne  se  fault  arrester 
à  chose  qui  puisse  relarder  la  dicte  levée  au 
temps  qui  est  porté  par  l'instruction  qui  en  a 
esté  expédiée  el  ce  que  vous,  sieur  de  Pasquier, 
en  avez  bien  particulièrement  entendu  à  vostre 
parlement.  Quant  au  faict  des  deniers  des  pen- 
sions et  autres  qui  doibvent  estre  fourniz  par  de 
là  en  ceste  année,  dont  vous,  Coignet,  m'avez 
escript  de  nouveau  par  vostre  dernière  lettre 
du  IXe,  d'aultant  que  vous,  sieur  de  Pasquier, 
avez   eu  charge   d'en   parler  au  m°  Aubrcch 
et  au  trésorier  en  passant  par  Lyon,  je  faietz 
compte  que  vous  sçaurez ,  avant  que  ceste  lettre 
puisse  estre  à  vous,  ce    que  l'un   et  l'autre 
vous  en  a  donné  d'asseurance,  leur  ayant  esté 

•  Pasquier,  à  ce  que  <lil  'le  Bèze,  était" Dauphinois  el 
ancien  clerc  du  greffe  à  Grenoble.  (De  Beze,  IIisl.  ecclés., 
édit.  de  Lille,  i84j,  I.  Il,  p.  5i.) 

-  La  lettre  de  Charles  IX  précède  celle-ci  (même  vo- 
lume), el  elle  n'y  ajoute  rien.  —  Voy.  une  lettre  du  capi- 
taine \\  ilhem  Freuiich  à  Charles  IX,  datée  de  Soleure,  le 
1  •_>  mai  i  ôt3 a.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  f  5.) 

38 


298 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


escript  d'iry  qu'ilz  lacent  telle  diligence  à  la 
dicte  fourniture  de  deniers  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  se  puisse  louer  du  service  qu'il 
aura  receu  d'eulx  en  cest  endroict,  et  princi- 
pallementpourle  payement  des  dictes  pensions 
que  nous  avons  lousjours  désiré  estre  faict 
avant  le  temps  de  la  journée,  allia  de  rendre 
les  diclz  seigneurs  des  Ligues  d'autant  plus 
traictables  en  ce  que  vous  avez  à  négocier  avec 
eulx  pour  le  faicl  de  la  dicte  levée,  et  il  se  fera 
toute  diligence  pour  vous  faire  avoir  le  surplus 
de  l'argent  le  plus  tost  que  l'on  pourra  suyvant 
les  assignations  que  vous  sçavez  qui  en  ont 
esté  baillées;  qui  est  tout  ce  qui  s'en  est  peu 
faire  pour  le  myeulx,  pryant  Dieu,  Messieurs, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  xvi'  jour  d'avril  i56a. 

Catbbisb. 

BoURDIN. 


1562.  —  16  avril. 
Orig.  Bibl.  aat.  fonds  français,  11°  66o5,  p.  83. 

\  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'ay  esté  bien  eston- 
née  d'avoir  veu  par  vostre  dernière  dépesche 
la  façon  dont  l'on  a  prins  le  voioge  qu'a  faict 
Ramboillet  en  Allemaigne,  lequel  n'a  esté  eu- 
treprins  que  pour  visiter  les  princes  noz  ainys 
avec  lesquelz  le  roy  d'Espaigne  mon  beau  filz 
ne  doibt  pas  trouver  estrange  que  nous  ayons 
amityé,  et  que  nous  soyons  soigneulx  de  la 
conserver  et  entretenir  ;  car  nous  avons  esprouvé 
combien  elle  nous  est  ulille  et  honorable,  et 
à  toute  occasion  de  plus  en  plus  en  sentirons 
le  fruict.  Or  en  cela  il  me  semble  qu'il  me 
l'aict  grand  tort,  me  congnoissant  comme  il 
faict,  et  sçaichant  le  désir  que  j'ay  que  ceste 
amityé  se  conserve  et  maintienne  perpétuelle- 
ment ,  de  enivre  quej'aye  consenty  que  homme 
envoyé  de  la  paît  du  Roy  monsieur  mon  filz 


ayt  tenu  les  langaiges  que  l'on  luy  a  rapportez. 
Et  pour  luy  en  faire  foy  j'ay  bien  voullu  luy 
envoyer  celluy  mesure  dont  il  est  question,  qui 
à  luy  et  à  tout  aultre  pourra  rendre  compte  de 
ses  actions  si  véritablement  qu'il  aura  occa- 
sion d'eu  demeurer  grandement  satisfaicl.  Je 
vous  prye,  oultre  ce  qu'il  en  dira,  faire  bien 
entendre  au  Roy  mon  beau  filz  l'ennuy  que  je 
sens  de  ce  qu'il  a  creu,  ayant  tant  de  certitude 
qu'il  a  de  ma  vollunté  et  bonne  intention.  Et 
ne  faull  poinct,  Monsieur  de  Lymoges,  que  cela 
retarde  aulcunement  la  récompense  de  mon 
frère  le  roy  de  Navarre;  car  ce  seroyl  vérita- 
blement chercher  une  querelle  d'Allemaigne 
aussi  mal  fundée  qu'il  est  possible;  et  pour 
ceste  cause  je  vous  prye  oster  d'une  part  ceste 
maulvaise  impression,  et  de  l'aultre  continuer 
en  la  bonne  intention  qu'il  nous  a  donnée  de 
voulions  faire  quelque  chose  pour  la  récom- 
pense du  Roy  moudict  frère.  Quant  au  faict 
des  Fiasques,  c'est  chose  dont  je  ne  sçay  riens, 
sinon  que  je  croy  qu'ilz  poursuiveut,  suivant 
le  traie  té,  d'estre  remys  en  leurs  biens  et  ne 
demandent  riens  que  l'observation  du  traicté; 
de  façon  que  y  procédant  de  ceste  sorte  le  Roy 
mon  beau  filz  ne  doibt  trouver  estrange  qu'ilz 
cherchent  tous  les  honnestes  moyens  qu'ilz 
peulvent  de  retrouver  leur  bien.  Je  vouldroys 
qu'au  faict  du  conte  de  Pétillane1  et  du  navire 
Le  Chien  ilz  feussent  aussi  promptz  à  faire 
raison  à  noz  alliez  et  subgectz  comme  ilz  sont 
tardifz  à  ce  faire,  qui  sera  fin,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Lymoges,  vous  avoir  en  sa  saiuclc 
et  digne  garde. 

De  Paris,  ce  xvie  jour  d'apvril  1 56a. 

C.VTERIiSE. 
PlOBERTET. 

1  Voy.  pour  le  comte  de  Pelillan,  la  note  p.  479,  et 
une  dépêche  de  l'évêque  de  Limoges.  (Bibl.  uat.  fonds 
français,  n°tioi4,  f°  lia.) 


LETTRES  DE  CATII 
1562.  —  20  avril. 

Orig.  Bibl.  nnt.  fonds  français.  n°  i63a  ,  f°  ai. 

\   MONSIEUR  DE  T\\  INNES, 

MUT  I>1  nov  yONSUOR  MON  FILS  IV   (,or\  tr.M.UCNT  DE  BODBGOIKHE. 

Monsieur  de  Tavanes,j'ay  receu  voz  lectres 
du  \n'  (!<■  ci' mois,  cl  entendu  lestai  en  quoj 
-mil  les  affaires  de  delà,  tant  par  iceUes  que 
[par]  ce  que  m'en  a  dict  le  s  de  S1  Vincent1; 
et  me  desplaisl  grandement  que  vostre  gouver- 
nement ne  soyl  quicte  des  troubles,  non  plus 
que  les  aultres;  si  esse  que  je  veoy  qu'il  y  a 
ung  peu  moins  de  mal,  encores  que  aux  aul- 
tres: 1  e  que  je  vous  prie  donner  ordre  d'anester 
le  mieulx  qu'il  vous  sera  possible  par  tous  les 
bous  remeddes  que  vous  pourrez  adviser  pour 
éviter  tous  inconvéniens,  tant  du  dedans  que 
du  dehors,  actendant  que  l'on  ayt  moyen  d'y 
mectre  la  main  avecques  plus  de  comodité.  Et 
quant  à  vostre  pension ,  j'ay  cômandé  que  vous 
en  soiez  satisffaicl;  maiz  noz  affaires  sont  pour 
reste  heure  si  urgens,  que  je  y  veoy  plus  de 
longueur  que  je  ne  vouldrois;  si  esse  qu'il  y 
9era  posrvew,  et  vous  eu  rapportera  vostre 
homme  bonnes  nouvelles.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Tavanes,  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  Paris,  le  \\c  jour  d'avril  i56q. 

Caterixe. 
De  l'Abbespine.  . 


ER1NE  DE  MLDICIS.  299 

tendu   du  sieur   Jehan  Guazzo1,  trésorier  de 
madame  la  marquise  de  Mont  ferra  I2.  lesgrande- 

pertes  qu'il  a  cy-devanl  eues  et  souffertes  à  la 
prise  de  Casai3,  je  vous  aybien  voulu  escripre 
la  présente, el  pour  d'autant  que  ledil  Guazzo 
m'a  este  recommandé  par  aucuns  de  mes  spé- 
eiaulx  serviteurs,  ausquelz  je  désire  l'ère  plaisir 
d'avoir  eu  bonne  recommandation  les  biens  et 
maison d'icelu y  Guazzo, et  luy  permeetfe souf- 
frir et  laisser  joyr  des  semblables  exemptions, 
droietz  et  auctoritéz  qu'il  voulloit  fère,  lors 
que  le  sieur  de  Salvoison4  tenoit  \otre  lieu,  et 
luy  fère  en  ma  faveur  tous  les  plus  homnestes 
et  gracieux  traictemens  que  pourrez;  ce  fai- 
sant, me  ferez  plaisir  très  agréable,  priant  le 
Créateur,  Monsieur  de  la  Motte-Gondrin.  vous 
avoir  en  sa  saincle  garde.  De  Paris,  ce  xxvm 
jour  d'avril. 


(1562.)  —  38  avril. 

Orig.  Arrh.  de  Turin. 

A  MONSIEUR  DE  LA  MOTTE-fJONDRIN. 

Monsieur  de  la  Motte-Gondrin2,  aiant  en- 

1  La  famille  Dubois  de  Saint-Vincent  était  originaire 
de  Savoie  où,  dès  le  xv°  siècle,  elle  tenait  un  rang  dis- 
tingué. Celui  qui  est  cité  dans  cette  lettre  doit  être  An- 
toine de  Saint-Vincent,  gouverneur  d'Apt  en  1  607,  et 
qui  testa  en  1  .".s,,. 

-  Biaise  de  Pardaillan,  s'  de  La  Molle-Gondrin.  — 
Vov.  P.  Anselme,  t.  IV,  p.  1 86. 


Gaterixe. 


Rossignol. 


1562.  —  3o  avril. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  (7981. 

A   MESSIEURS  COIGNET  ET   PASQLTER. 

Messieurs,  j'ay  receu  vostre  dépesche  du 
XXIIe  de  ce  moys  par  laquelle  j'ay  veu  l'ache- 
minement que  vous  avez  donné  au  faict  de  la 
levée  pour  laquelle  a  esté  assignée  la  journée 
au  xxvir  de  ce  dict  moys,  et  ayant  considéré  ce 
qui  se  proposoit  de  difficulté  d'un  costé  el 
d'espérance  de  l'aultre,  je  m'asseure  que.  avec 
les  saiges  et  prudens  moyens  que  vous  y  avez 

'  Il  y  a  dans  le  n'  3370  du  fonds  français  plusieurs 
lettres  du  cavalier  Guazzo,  dont  une  datée  de  Cnsal. 

3  Marguerite  Paléoldgue,  fille  de  Guillaume  Paléo- 
logue,  marquis  de  Monlferrat,  morte  en  |566. 

3  Voy.  pour  la  prise  de  Casai  la  note  de  In  page  9g 

1  Jacques  de  Salvoison,  d'une  famille  noble  du  Péri- 
gord;  il  avait  été,  à  ce  que  dit  de  Thou  (livre  XV),  obligé 
de  s'enfuir  en  Italie  pour  un  grand  méfait.  Brantôme  lui 
a  consacré  un  article.  —  Voy.  Brantôme,  édil.  de  L.  La- 
lanne,  t.  IV,  p.  93  et  suiv. 

•38. 


300 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


employé,  vous  aurez  obtenu  ce  que  vous  aviez 
à  demander  pour  le  faict  de  la  dicte  levée  el 
que,  s'il  c'esl  offert  trop  de  contradiction  à  ne 
prendre  que  w  enseignes  de  Suysses  pour  le 
moingfz,  vous  aurez  accordé  pour  les  vingt, 
dont  j'atensdes  nouvelles  etdanslroys  ou  quatre 
jours  et  mesmes  du  jour  que  les  cappitaiaes 
auront  arresté  pour  l'aire  partir  leurs  soldatz 
de  leurs  maisons  et  de  celuy  auquel  ilz  se  de- 
vront rendre  à  Dijon,  qui  est  le  lieu  que  nous 
avons  pris  pour  leur  monstre  comme  le  plus 
propre  el  commode,  puisque  le  passage  nous 
est  ouvert  et  accordé  par  la  Franche-Comté, 
ainsy  que  je  le  vous  mande  dès  l'heure  par 
courrier  exprès.  ('■'■  que  j  a\  plus  à  vous  dire 
est  que  Jehan  Hier1,  qui  estoit  allé  à  Lyon  pour 
faire  fournir  par  le  m°  Aubrech  les  premiers 
ii  m  L..  m'est  venu  retrouver  depuys  deux 
jours,  qui  m'a  asseuré  que  les  dietz  n'  m.  L.  ont 
sté  délivrez  en  sa  présence  es  mains  du  tréso- 
rier des  Ligues,  lequel,  comme  j'estime,  n'aura 
l'ailly  de  vous  en  donner  advis  incontinant,  el 
là  dessus  vous  aurez  peu  faire  partir  ceulx  qui 
vous  ont  accordé  d'aller  prendre  leurs  pensions 
au  dicl  Lyon;  car,  estant  les  choses  (elles  (pie 
le  dicl  Jehan  Hier  me  l'asseuré,  ilz  ne  sçaur- 
ront  plus  trouver  de  faulte,  longueur  ny  retar- 
dement. Il  y  a  jà  long  temps  que  les  tréso- 
riers onl  faict  partir  l'argent  tant  pour  les  fiai z 
de  (ajournée  que  pour  les  avances,  et  ne  puys 
croyre  qu'il  ne  vous  soyt  arrivé  au  uiesme 
temps  que  vous  nous  avez  faict  rostre  dicte 
dépesche,  el  que  de  ceste  heure  vous  ne  vous 

1  Jehan  Hiei  étail  souvent  employé  par  Catherine  <l;ni~ 
des  missions  secrètes.  Au  muis  de  juin  suivant  nous  le  re- 
trouvons à  Strasbourg  où  il  avait  été  envoyé  pour  agir 
sur  le  maréchal  de  Hesse  el  empêcher  l'entrée  des 
retires  en  France. —  Voy.  sa  Iwire  à  la  Reine  (Bibl.  nat. 
fonds  français,  n"  16876,  I"  i56),  el  une  lettre  de  lui 
lél  ible,  au  nom  duquel  il  traita  du  prix  de  sa 
in  avei  I"  reitre  Volpesl  qui  l'avait  pris  à  Dreux 
|  Bilil.  nat.  fonds  français,  n"  3i  'i3,  f°  101). 


trouviez  pourveuz  de  tout  ce  qui  est  nécessaire 
pour  l'un  et  pour  l'aultre  effecl.  Je  donnerav 
ordre  aussy  que  l'argent  de  la  première  monstre 
des  iliclz  Suysses  sera  au  dicl  Dijon  avant  leur 
arrivée,  sachant  combien  il  importe  que,  par 
faulte  de  payement,  ilz  ne  séjournent,  ainsy 
qu'il  est  souvent  advenu  par  le  passé,  et  estant 
tout  ce  que  j'ay  pour  reste  heure  de  provision 
à  donner  en  cest  affaire  el  que  je  vous  puys 
escrire,  je  prye  Dieu ,  Messieurs,  qu'il  vous  ayt 
en  sa  saincle  et  digne  garde.  Escript  à  Paris, 
le  dernier  jour  d'avril  i56a. 

Caterine. 

BoURDIX. 


15(32.  —  00  avril. 
Copie.  I!il'!.  u.it.  t'onJs  français,  n"  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET, 

AUBASSADKUn    EN   Sl'I^SE. 

.Monsieur  Coignel ,  oullre  la  lettre  que 
j'escris  en  commun  à  vous  el  au  sieur  de 
Pasquier  responsive  à  la  vostre  du  xxne  du 
présent,  j'ay  encores  en  particulier  à  vous  dire 
que  j'ay  receu  voz  dépesches  des  1111e,  ix%  xii'  , 
xiii0  et  xvme  de  cedict  moys.  Et  quant  à  l'offre 
que  vous  est  venu  faire  ung  certain  gentil- 
homme demeurant  sur  les  limites  des  Ligues, 
de  nous  faire  fournir  par  certains  capitaines 
qu'il  a  en  main  jusques  à  quatre  mil  pistoliers 
et  dix  mil  hommes  de  pied,  si  nous  en  avons 
affaire,  vous  le  mercirez  de  son  honneste  offre 
et  de  la  démonstration  qu'il  laid  en  cela  de 
sa  bonne  volunlé  en  laquelle  vous  le  prierez 
de  continuer;  mais  oullre  que  nous  n'avons, 
Dieu  mercy,  affaire  de  si  grandes  forces,  nous 
avons  jà  dépesebé  celluy  qui  esl  desjà  allé  faire 
la  levée  de  noz  pistoliers,  ci  nous  reste  lanl 
de  vaillantz  colonnelz  el  cappitaines  pension- 
naires à  employer  qu'il  ne  seroil  pas  raison- 
11  il  il'  que  nous  en  advancissions  de  nouveaulx 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


:!01 


pour  les  laisser  les  derniers.  Aussi,  survenant 
ung  grand  affaire,  ne  vouldrions  nous  pas  né- 
gliger riionneste  offre  que  vous  a  faicl  celluy 
qui  a  parl<;  à  vous.  Je  ue  me  suys  encores  du 
tout  résolue  de  ce  que  je  doibz  acorder  aux 
Daruz  pour  le  regard  de  leur  préviliège,  car 
d'un  costé  je  désire  bien  gratifier  ceulx  de 
Basle  en  la  requeste  qu'ilz  en  ont  par  tant  de 
fovs  l'aide;  mais  je  considère  d'aultre  part  que 
ceste  natiou  là  tire  toutes  choses  en  consé- 
quence et  faict  d'une  gracieuseté  et  honnesteté 
une  bien  expresse  obligation ,  et  n'y  a  quanllion 
aux  Ligues  qui  ne  prétende  semblable  grâce 
pour  ses  combourgeoys  et  qui  ne  se  sente 
offencé,  si  l'on  l'en  refuse  après  en  avoir  gra- 
tifié ung  aultre.  Touteffoys,  c'est  chose  à  quoy 
j'adviseray  avec  plus  de  loysir  pour  y  prandre 
une  dernière  résolution.  J'ay  esté  bien  ayse 
d'entendre  la  négotiation  que  vous  avez  en- 
commancée  avec  troys  des  premiers  du  conseil 
de  Berne  pour  le  faict  de  ceulx  qui  ont  de- 
niers au  grand  party  de  Lyon,  car  j'ay  tous- 
jours  pensé  que  ceulx  là  qui  sont  gens  gran- 
dement observateurs  des  loix',  ordonnances  et 
constitutions  du  pays,  se  monslreront  beau- 
coup plus  traictables  et  raisonnables  en  cest 
affaire  que  nulz  aultres;  et  si  vous  acordez  une 
foys  avec  eulx,  ce  sera  une  conséquence  poul- 
ies aultres  que  l'on  fera  puys  après  beaucoup 
plus  aysément  passer  par  le  mesme  accord  et 
party;  faictes  y  selon  vostre  acoustumée  dex- 
térité et  l'affection  que  je  sçay  que  vous  portez 
au  bien  du  service  du  Roy  monsieur  mon  filz, 
et  prenez  garde  surtout  à  nous  faire  prolon- 
ger le  rembourcernent  des  cinquante  mil  escuz 
deubz  à  ceulx  de  Solleurre  dont  est  respon- 
dante  la  conté  de  Neufchastel,  de  peur  qu'il 
n'en  advienne  quelque  inconvénient;  vous 
aurez  beau  moyen  de  leur  en  faire  payer  la 
censé1  sur  les  deux  cens  mil  livres  que  a  tou- 
'  La  censé,  la  rente. 


chez  le  trésorier  des  Ligues,  ainsy  que  je  vous 

mande  par  mon  autre  lettre  et  que  je  pense 

que  vous  y  aurez  desja  pourveu.  Pryant  Dieu  . 

Monsieur  Coignet,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte 

garde. 

Escript    à    Paris*,   le   dernier  jour    d'avril 

1 5  G  2 . 

Caterine. 

BoiRDIN. 

(1562. —  Fin  avril.) 

lut.   Irck.  de  Turin. 

A  MON   FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mou  frère,  j'é  veu  set  que  me  mendé  et  ne 
vous  en  puis  asés  remersier  et  vous  prie  panser 
que  n'an  serons  jeamès  meconésant  ni  la  mère 
ni  les  enfans,  et  set  Dyeu  nous  donne  jeamès 
repos  et  pays,  je  m'aseure  le  vous  fayré  en- 
core mieulx  conestre  par  ayfayst  que  je  ne  le 
vous  ayscrips  ;  et  pour  se  que  j'é  dyst  byen  au 
long  à  vos  jeans  mon  aupinion,  je  ne  vous  en 
fayré  redyste  et  fayré  fin,  me  recomendent  à 
vostre  bonne  grase;  pryent  Dyeu  vous  donner 
au  lient  de  bounheur  et  de  contentement  que 
vous  en  désire 

Vostre  bonne  seur, 

Caterime. 


1562.  —  (Fin  avril.) 

Aul.  Arch.  nat.  collecl.  Simancas,  K,  ï'io6,  B.  16. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  filz  .  ayent  entendeu  quelque 
propos  que  l'on  vous  ha  mendé  que  le  sieur 
de  Remboullet1  avest  tins  en  nAlaimaugne, 

1  Le  a5  avril  1 50a ,  l'ambassadeur  Throckmorlon  écri- 
vait à  la  reine  Elisabeth  que  Rambouillet  était  envoyé  en 
mission  en  Espajme.  (Calendar  of  State  papers,  i56i- 
î  ~iC>->,  p.  623.)  Le  i5  mai  suivant,  Rambouillet  écrivait 
de  Madrid  à  Catherine  :  -rEncores  qu'il  y  ayt  desja  neut 


302 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


quant  le  Roj  mon  lils  luy  envoyé  visiter  lé 
prinse  de  la  Germanie1,  lesquels  sont  si  con- 
trères  au  eomendement  qu'il  eut  de  nous  et  à 
set  qui  leur  lia  dist  que,  pour  l'amour  que  je 
vous  porte  et  envie  que  je  ay  de  contineuer 
l'amitié  qui  ayst  entre  noua  et  set  royaume,  je 
le  vous  ay  bien  voleu  envoyer,  afin  que  par 
lui-mesme  Vostre  Majesté  en  nantende  la  vé- 
rité, et  vous suplie  penser  que,  eu  set  queauié^ 
de  moyen  de  vous  augmenter  de  amis  et  ser- 
viteur, que  je  me  employré  toutle  ma  vie  d'ausi 
bon  cour",  corne  pour  mes  attitrés  enfans,  et 
non  pour  vous  neuire  ni  fayre pratiques  contre 
Votre  Majesté,  laquele  je  ay  prié  croyre  le 
sieur  de  Ramboullet,  présant  pourteur,  come 

jours  ((ne  ja  mus  arrivé  en  ceste  ville,  je  n'ay  encores  peu 
avoir  audience  de  Sa  Majesté  à  cause  de  la  maladie  du 
Prince,  laquelle  a  été  si  extresme  que  l'on  l'a  tenu  comme 
pour  mort,  et  le  Roy  son  père  pour  ne  luy  veoir  jetter  le 
dernier  soupir  s'en  vint  au  monastère  de  S1  Hieronime, 
qui  esl  à  cinq  quart  de  lieue  de  ceste  ville.  Depuys  il  a 
commencé  à  s'amender  et  les  médecins  en  ont  eu  meil- 
leure espérance,  et  le  Roy  son  père  est  retourné  à  Alcala 
auprès  de  luy,  où ,  si  nous  voyons  qu'il  y  doibve  rester, 
nous  faisons  conte,  Monsieur  de  Limoges  et  moy,  de  l'aier 
trouver  incontinent.^  (  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1 5876, 
f°  49).  —  \'oy.  la  lettre  de  Charles  IX  à  Philippe  II,  dont 
était  porteur  Rambouillet,  pour  répondre  aux  calomnies 
répandues  sur  la  précédente  mission  de  Rambouillet  en 
Allemagne  (Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K,  1696, 
n°  a3);  Lettre  de  Saint-Sulpice  à  Catherine  de  Mé- 
dicis  dans  le  n"  15876  du  fonds  français,  P  78.  Dans  une 
lettre  de  l'évèque  de  Limoges  à  Catherine  (  même  volume , 
f°  88),  nous  lisons  :  ti  que  le  roi  d'Espagne  a  tenu  le 
sr  de  Rambouillet  plus  que  deschargé  des  propos  qu'on  lui 
avoit  mis  sus".  —  Voy.  encore  une  lettre  de  Rambouillet 
à  Catherine,  datée  de  Madrid,  le  i5  mai  i56a  (même 
volume,  f  '  4a  ),  et  la  réponse  de  Philippe  II,  en  date  du 
19  mai  i5l):>,  aux  lettres  apportées  par  Rambouillet 
(Arch.  nat.  collect.  Simancas,  K,  i4t)6,  uM  77  et  79). 
C'est  au  mois  de  décembre  1 56 1  que  Rambouillet 
avait  été  envoyé  en  Allemagne.  —  Voy.  une  dépèche 
de  Throckmorton  à  la  reine  Elisabeth  dans  le  Calendar 
apers,  1  56 1-1 56a,  p.  43i. 
cœur. 


moy-mesme  de  set  qu'il  vous  dire  de  la  pari 
de 

Vostre  bonne  seur  et  mère, 

CaTEBINB. 


(1562.—  Mai.) 

Aut.  Areb.  de  Turin. 
V  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  Lambert  qui  s'en  vé  vovr  *a 
femme ,  je  ne  l'é  voleu  léser  qui  souyt  parly 
san  que  je  vous  aye  fayst  set  mot  pour  vous 
mersier  de  set  que  Dalbene  ]  m'a  dyst  de  votre 
part,  set  j'ouse  beu  à  fayre;  de  quoy  je  vous 
en  ay  le  mesme  aublygation  que  set  l'aucasion 
sel  l'eut  présentée  de  vous  employer,  etmestré 
pouyne  en  teultes  les  chauses  qui  vous  tou- 
[  cheront  vous  fayre  conestre  que  n'an  seré  yn- 
grale,  come  j'espère  que  mes  aylects  vous 
lémoyront'2,  et  il  m'a  ausi  dyst  sel  que  avés 
délybéré  d'envoyer  ver  le  Roy  monsieur  mon 
beau  fyls,  que  je  trove  fort  bon  et  vodrès  que 
déjea  la  réponse  eu  feut  veneue  pour  vous 
fayre  conestre  par  ayfayst  set  que  je  vous  dys 
par  ayscript;  mes  en  natendent  je  vous  priré 
croyre  que  n'y  are  jeamès  personne  qui  désire 
plulx  votre  contentement  que  Payai 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1562.  —  (Mai.) 

Miaule.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n*  15876,  f'  8. 

VI  X  OFFICIERS  DE  LA  ROCHELLE. 

Messieurs,  puisque  le  malheur  de  noslre 
temps  a  voulu  que  les  troubles  et  divisions  qui 
sont,  à  mon  très  grand  regret,  en  ce  royaume 
soient  advenuz,  il  me  semble  eslre   plus  de 

1  Alhisse  d'Elbene. 
Témoyronl,  témoigneront. 


.ETTRES  DE  CATHERINE  UE  MÉDICIS. 


303 


besoin;;  que  jamays  que  les  bons  et  loyaulx 
subgectz  du  Ro}  monsieur  mon  filz  travaillent 
à  taire  preuve  de  leur  fidélité  el  obéissance  et 
employent  leurs  volontez  à  la  manutention  de 
son  authorité  el  le  assistent  de  leurs  biens  et 
fortune;  el  pour  ce  qu'il  n'y  a  lieu  plus  pé- 
rilleux durant  ces  dilz  troubles  «pie  voslre  ville 
pourestre  au  lieu  où  elle  est,  el  anviée  peult- 
estre  de  nos  voisins,  je  vous  prie  vouloyr  veiller 
à  vostre  seureté,  comme  peur  vous-niesmes 
et  en  ceste  saison  tesmoigner  vostre  bonne  et 
grande  volunté,  a  (fin  que  ce  soyt  une  occasion 
au  Roy  monsieur  mon  filz  de  vous  bien  traicter, 
ainsi  que  vos  services  le  mériteront;  à  quoy 
de  ma  part  je  liendray  tousjours  la  main;  et  à 
présent  je  prie  Dieu,  Messieurs,  vous  avoyr  en 
sa  sa  in  de  et  digne  garde. 

De  Paris,  re jour  de  mai  1062. 


(1562.  —  Mai  I 

lut  Arch.  nal.  collect.  Siraancas,  K,  1696,  B.  ja°. 

A  M"  MON  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils,  ayent  entendeu  par 
l'évesque  de  Limoge  Fhauneste  et  grant  offre1 
qui  vous  plest  fayre  au  Roy  vostre  frère  et  à 
moy  à  nosfre  grant  besouin,  n'é  voleu  l'allir 
par  la  présante,  beultre  sel  que  an  ay  com- 
mendé  au  dist  évesque  mersier2  V.  M.,  come 
mérite l'oubligafion  en  laquele  nousmetés,  de 
\o\i-  come  désirés  nostre  conservation,  laquele 
seré  tousjour  pour  asarder  tous  que  je  auré 
moyen  pour  voslre  grandeur  et  servise;  set 
que  vous  suplie  croyre,  come  se  s'étoyt  l'Inpé- 
ratrise3  propre  que  le  vous  dist,  car  je  n'é 
moyndre  volonté  à  vostre  grandeur  et  servise 
qu'eî  auret,  si  ayle  ayloit  en  vye;  el  pour 
mieulx  et  plustot  nous  mètre  aur  de  ses  trou- 

1   Philippe  II  avait  offert  des  troupes  à  Charles  IX- 
1  Mortier,  remercier. 
Isabelle  île  Portugal. 


blés,  j'é  disl  à  vostre  embasadeur  set  que  désire 
pour  nostre  scconr,  et  an  ay  aycripl  au  dit 
ayvesque  de  Limoge,  qui  seré  cause  que  ne 
l'annuiré  de  plus  longue  letre,  après   avoir 

suplié  V.  M.  tenir  en  vostre  bonne  grase. 

come  mérite  l'amour  que  vous  porte 

Vostre  bonne  mère  et  affectionnée  seui 

Caterinj  . 
(  An  bas.  )  Reçue  le  20  mai. 


I  1562.—  Mai.) 

Aul.  Arch.  île  Turin. 
A  MADAME  MA  SFXP, 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  le  sieur  du  Bouchel1  présanl  pour 
leur  vous  dyré  si  au  long  de  nous  novelles 
que  ne  vous  fayré  longue  lelre,  seulement  vous 
dyré  que  le  fayst  de  Monsieur  de  Nemours2 
ayst  acomodé  et  m'an  seuis  remise  à  tous  ses 
signeurs,  voyent  Paublygatyon  qu'il  ont  tous 
au  père,  je  m'aseure  qu'i  ne  voldrel  rien  eon- 
seller  au  fils  qui  ly  feul  préjoudisiable  à  son 
bauneur;  et  asleure  que  le  roy  de  Navarre  ayst 
ausi  conlent,  je  croy  qu'i  le  fayronl  venir.  Je 
vous suplye,  Madame,  n'ayés  pas  lent  (!<•  regrel 
en  voire  fils  que  n'ayës  envie  de  voyr  votre 
seurqui  n'a  àultre joye que  panser  avoyr  I  heur 
et  bauneur  de  vous  voyr  bientôt,  sel  nue  je 
vous  suplye  très  humblement  et  me  lenyr  en 
votre  bonne  grase  loulte  ma  vye,  come  le  mé- 
rite l'amour  que  vous  porte 

Votre  1res  humble  é  très  hobéisante  seur, 

CATEniM). 

1   François  du  Bouchet,  qui  devint  lieutenant  généra! 
de  Bretagne  sous  le  duc  de  Montpensier. 

A  la  date  du  ••  mai,  !•■  duc  de  Vnmur-  idail  eucun- 
en  Savoie.  —  Voy.  une  dépêche  de  Throckmorton ,  <l  iu- 
le Calendar  oj  State  papi  p.  3. 


304 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


(1562.  — Mai.) 

Aut.  Arch.  lie  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  nous  faystes  tousjour  co- 

noystre,  de  plus  en  plus,  l'amytié  que  nous 

portés,  corne  l'avons  coneu  par  la  dépesehe  que 

nous  havés  fayste  par  Bouivin,  présant  pour- 

teur,  et  cet  que  lui  avés  comendé  nous  dire; 

à  quoy  ne  sarès  fayre  aultre  réponse  par  la 

présante  que  de  vous  en  remersier  byen  fort 

et  me  remetre  sur  ce  que  luy  ay  donné  cherge 

vous  dire  de  ma  part  ausi  touchant  vos  afayres, 

lesquels,   je  vous  prie,  panser  que  je  auré 

tousjours  en  tele  recomandalion  que  conoystrés 

que  c'el  eun  dé  plus  grents  plésir  que  puise 

avoir  de  vous  satisfayre,  corne  en  tout  cet  que 

aura  de  moyen  vous  fayra  conoystre 

Votre  bonne  seur, 

Caterine. 


1562.  —  Mai. 

Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  15876,  fJ  29. 

\  MONSIEUR  LE  COMTE  DE  TENDE. 

Mon  cousin,  vous  verrez  par  la  letre  que  le 
Rov  monsieur  mon  fîlz  vous  escript  comme 
il  désire  que  le  veniez  incontinent  trouver;  ce 
dont  je  vous  prie  pour  le  besoing  qu'il  en  est 
pour  le  bien  de  sou  service  et  que  présen- 
tement vous  ordonniez  à  mon  cousin  vostre 
filz  ce  qu'il  aura  à  faire  durant  vostre  absence, 
à  ce  qu'il  n'advienne  aucun  inconvénient  en 
ce  pays,  et  m'asseurant  que  n'y  ferez  faulte, 
je  prieray  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en 
sa  saincte  et  digne  garde  l. 

De  Paris,  ce jour  de  may  i562. 

(Au  dos.)  A  Messieurs  les  contes  de  Tende 
1  De  violents  dissentiments  s'élaient  élevés  entre  le 


et    de    Sommerive ,   du 
1  56a. 


■  .  jour    de    may 


1562.  —  Mai. 

Minute.  Bibl.  uat.   fonds  français,  n°  15876,  f°  30. 

A  M»  LE  COMTE  DE  SOMMERIVE. 

Mon  cousin ,  pour  ce  que  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  advisé  de  mander  mon  cousin  le 
conte  de  Tende  vostre  père  pour  aucunes 
choses  qui  concernent  son  service  et  que,  à 
présent  et  durant  son  absence,  il  luy  escript 
vous  laisser  par  delà,  je  vous  prie  faire  du 
mieux  que  vous  pourrez  pour  empescher  qu'il 
n'y  arrive  inconvénient  et  que  ce  pays  demeure 
en  plus  de  repoz  et  de  tranquillité  qu'il  sera 

comte  de  Tende,  gouverneur  de  Provence,  et  son  fils,  le 
comte  de  Sommerive;  le  comte  de  Tende  écrivait  à  la 
Reine,  dans  ce  même  mois,  pour  se  plaindre  d'une  levée 
d'hommes  d'armes  faite  par  son  fils  :  «les  réformés  lui 
ont  faict  entendre  que  cette  levée  n'est  pour  autre  occa- 
sion que  pour  les  tailler  en  piècesi  ;il  a  remontré  à  son 
fils  que  ce  serait  l'occasion  de  grands  désordres;  celui-ci 
lui  a  répondu  (tqu'il  sçavoit  bien  ce  qu'il  faisoit  et  qu'il 
ne  le  faisoit  point  sans  avoir  des  ordres  du  Rois  ;  il  craint 
que  les  gens  qui  sont  avec  lui  n'en  viennent  aux  mains 
avec  ceux  de  son  fils;  il  s'est  retiré,  coupant  tous  les  ponts 
derrière  lui.  (  Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  15876,  f°  43.)  De 
son  côté,  le  comte  de  Sommerive  écrivait  à  son  père  qu'il 
avait  reçu  ordre  du  Roi  de  le  retirer  des  mains  des  mal- 
heureux qui  le  retenaient  prisonnier.  (Bibl.  nat.  fonds 
franc,  n"  10876,  t°  100.)  Le  20  mai  i56a,  le  comte  de 
Tende  licencia  ses  troupes  (même  volume,  f  80);  plus 
lard,  il  se  relira  auprès  du  duc  de  Savoie,  et  le  sieur 
de  Gordes,  en  allant  voir  ce  prince  à  Nice,  écrhait 
au  maréchal  François  de  Montmorency,  le  1"  février 
i563:  «Je  me  mesle  mal  volontiers  entre  père  et  filz, 
loutefovs  pour  les  accomoder  je  n'y  espargnerey  ce  qui  sera 
en  mon  pouvoyr,  délibérant  de  mectre  soubz  le  pied  lout 
ce  qu'ilz  me  dyront  quy  pourra  les  tenir  en  différent,  et 
mectre  en  avant  ce  qui  les  pourra  mectre  d'accord.  Bien 
suis-je  esbéy  comment  l'on  pense  que  ceulï  qu'on  y  em- 
ployé à  ceste  heure  puissent  fayre  ce  que  M.  le  maréchal 
de  Vieilleville  n'a  faict."  (Bibl. nal. fonds  franc.  n°ao5o7, 
T  1  65.)  —  Voy.  Lettre  du  comte  de  Tende  au  connétable, 
du  2  5  novembre  1 563 ,  pour  se  plaindre  de  ce  que  son 
lils  lui  a  fait  piller  ses  meubles  (ibid.  n"  32Ù3,  f  65). 


LETTRES  DE  CATH 

possible,  et  ce  sera  chose  que  lui  ferez  agréable; 
priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  ce jour  de  may  i562. 

(Au  dos.)  A  Messieurs  ies  contes  de  Tende 
et  de  Sommerive  du jour  de  may  i562. 


1562.  —  i'r  mai. 

Imprimé  tlaus  les  Mnnoires  pour  le  Cvucile  de  Trente,  p.  1S0. 

A  MONSIEUR  DE  LAN  SAC. 

Monsieur  de  Lansac,mon  autre  lettre  estant 
jà  signée,  et  le  pacquet  prest  à  fermer,  j'ai 
receu  la  vostre  du  vingt  cinquième  du  passé, 
par  laquelle  j'ai  esté  bien  aise  d'entendre  le 
progrez  de  vostre  voyage,  et  que,  après  avoir 
pris  quelques  médecines  pour  pourvoir  à  la 
confirmation  de  vostre  santé,  qui  est  ce  que 
je  vous  veux  recommander  sur  toutes  choses, 
vous   vous  soyez  acheminé  vers  Monsieur  et 
Madame  de  Savoye,  et  de  là  à  Milan,  en  atten- 
dant l'arrivée  de  vos  collègues,  que  j'ai  donné 
charge  à  ce  porteur  de  haster  s'il  les  trouve 
par  les  chemins,  afin  que,  s'il  est  au  monde 
possible,  vous  vous  rendiez  avec  eux  ou  celui 
d'eux  deux  qui  sera  le  plus  portatif  à  Trente, 
au  temps  et  pour  les  causes  que  je  vous  mande 
par  mon  autre  lettre,  a.yant  trouvé  la  dépesche 
que  vous  y  avez  faite  par  l'un  de  vos  gens  fort 
à   propos;  et  n'y  aura  point  de  mal  si  vos 
santez  ou  les  diflîcultez  et  longueurs  des  che- 
mins ne  vous  permettent  de  vous  y  rendre  si 
tost,  que  vous  y  fassiez  une  seconde  recharge, 
d'autant  que  j'estime  que  les  pères  vous  sça- 
chans  si  avant  acheminez  ne  se  monstreront 
si  difficiles,  qu'ils  ne  veuillent  bien  donner 
quelques  jours  pour  vous  attendre,  et  ne  vous 
faire  perdre  la  commodité  de  leur  prochaine 
session;  vous  voulant  bien  avertir,  Monsieur 
de  Lanssac,  qu'estant  venu  en  cette  cour  mon 
Catherine  de  Médicis.  —  i. 


ERIiNE  DE  MEDIGIS.  305 

cousin  le  prince  de  Mantoue1,  il  m'a  l'ail  en- 
tendre qu'il  a  sceu  par  le  moyen  de  mon  cou- 
sin le  cardinal  de  Mantoue  son  oncle2,  qu'es- 
tanl  le  marquis  de  Pescaire  arrivé  à  Trente 
pour  y  tenir  le  lieu  d'ambassadeur  du  Ro\ 
catholique  des  Espagnes  mon  beau-fils,  après 
avoir  fait  sa  proposition  et  harangue,  et  avoir 
esté  receu  par  les  pères,  a,  entre  autres  choses, 
passé  jusque  là  que  d'avoir  dit  et  déclaré  à 
mon  dit  cousin  le  cardinal  de  Mantoue  qu'il 
entendoit  précéder  l'ambassadeur  du  Roy  mon- 
sieur mon  fils,  et  avoir  le  premier  siège  près 
celui  de  l'Empereur,   ou  par  amour  ou    par 
force,  et  que  mon  dit  cousin  le  cardinal  de 
Mantoue  lui  répondit  que  ce  n'estoit  pas  la 
façon  dont  il  falloit  procéder  en  telles  choses . 
et  qu'il  croiroil  ce  qui  en  serait  dit  en  bonne 
et  notable  compagnie.  Montrant  mon  dit  cousin 
le  cardinal  de  Mantoue  la  faveur  qu'il  vouloil 
prester  à  la  justice  de  la  cause  du  Roy  mon 
dil  sieur  et  fils,  et  ce  qu'il  lui  porte  en  parti- 
culier de  bonne   et  louable  affection;  chose 
dont  je  désire  que  vous  le  merciez  de  la  part 
du  Roy  mon  dil  sieur  et  fils  et  de  la  mienne; 
et  quant  à  la  dite  précédence,  vous  sçavez  ce 
qui  vous  en  fut  dil  à  vostre  parlement,  et  ce 
qui  en  est  porté  par  vostre  instruction3,  la- 
quelle vous  suivrez  entièrement,  sans  permettre 
que,  pour  quelque  respect  que  ce  soit,  l'on 
révoque  à  présent  en  doute,  dispute  ou  diffi- 
culté, une  chose  qui  est  de  si  long-temps  et 
si  méritoirement  acquise  à  ceste  couronne,  et 
de  laquelle  l'on  a  toujours  jouy  sans  aucnn 
contredit  ny  empesshement.  Et  sur  ce,  Mon- 

1   Louis  de  Gonzague. 

-  Hercule  de  Gonzague,  Gis  de  François  II,  duc  de 
Mantoue,  né  en  i5o5.  Durant  la  minorité  doses  neveux, 
il  gouverna  seize  ans  leurs  États;  nommé  par  le  pape 
Pie  IV  son  premier  légat  au  concile  de  Trente,  il  mou- 
rut après  la  pemière  session,  le  2  mars  i  563. 

3  Voy.  les  instructions  données  à  Lansac  dans  les  Mé- 
moires pour  le  concile  de  Trente,  p.  J  68. 

39 


306 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


sieur  de  Lanssac,  je  vais  prier  Dieu  qu'il  vous 
;iil  en  sa  sainte  garde. 

Caterine. 


1562.  —  3  mai. 

Orig.  Arcli.  de  Lyon. 

\  MONSIEUR  DE  MAUGIRON. 

Monsieur  de  Maugirou,  vous  verrez  par  les 
lettres  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript,  comme  s'étant  présente'  l'occasion  de 
vous  faire  du  bien  et  de  l'honneur,  l'on  ne 
vous  a  poinct  oublyé,  vous  ayant  choisy  pour 
estre  lieutenant  au  gouvernement  de  Dau- 
phine',  après  avoir  entendu  la  cruelle  mort  du 
l'eu  sieur  de  la  Mothe-Gondrin  l.  Et,  pour  ceste 
cause,  je  vous  prye  de  regarder,  par  tous  les 
moyens  qui  vous  seront  possibles,  d'appaiser 
toutes  ces  esmotions,  qui  sont  maintenant  par 
delà,  soit  par  la  voye  de  doulceur  ou  de  force, 
et  tout  ainsi  que  le  dit  seigneur  Roy  mon  filz 
vous  mande  par  sa  dicte  lettre,  sur  laquelle 
me  remectant,  je  prye  Dieu,  Monsieur  de  Mau- 
girou, qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Paris,  le  m™  de  may  i562. 

Caterine. 
Robertet. 


1562.  —  5  mai. 
Orig.  Bibl.  liai,  fonds  français,  n°  &63a  ,  f°  95. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES. 

MEUTESANT  DD   BOT   MONSIEUR   MO»  FILS  Al!  GOUVERNEMENT   DE  BOURCOGNE. 

Monsieur  de  Tavannes,  par  ce  que  le  Roy 

1  Biaise  de  Pardaillan,  sr  de  La  Mothe-Gondrin,  pris 
et  massacré  à  Valence  le  27  avril  i56a.  — Voy.  Cliorier, 
Hiit.  du  Dauphiné;  Lettre  imprimée  du  baron  des  Adrets 
à  Catherine  de  Médiras,  sur  la  mort  de  La  Mothe-Gon- 
drin (Bibl.  nat.  fonds  Fontanien,  3oi-3oa);  Gravure 
représentant  la  mort  de  La  Mollie-Gondrin,  dans  le  re- 
cueil de  Tortoret  et  Perussin;  Mémoires  de  Cnndé,  édit. 
de  i7i3,t.  [H,  p.  344. 


monsieur  mon  filz  vous  escript,  vous  enten- 
diez qu'il  a1,  comme  aussi  il  en  est  besoing, 
que  vous  vous  retiriez  incontinent  en  la  ville 
de  Chalon  sur  Saonne,  pour  la  tenir  en  la  seu- 
retté  qu'il  appartient  et  pourveoir  aux  autres 
places,  ainsi  que  verrez  qu'il  sera  besoing, 
laissant  vostre  frère  2  dedans  Dijon  pour,  en 
vostre  absence,  y  donner  ordre,  h  as  tant  aussi 
tant  que  vous  pourrez  la  levée  des  hommes, 
dont  il  vous  a  esté  dernièrement  escript,  dont 
le  paiement  a  esté  despesché  et  le  trésorier 
parly  ;  vous  priant  eu  tout  et  par  tout  faire  dil- 
ligence,  car  vous  ne  la  sçauriez  emploier  en 
service  plus  nécessaire.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Tavannes,  vous  donner  ce  que  désirez.  De 
Paris,  le  cinquiesme  de  may  i562. 

Caterine. 
De  l'Aurespine. 


I  562.  —  7  mai. 
Minute.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  t8,  f°  88. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  je  suys  merveilleu- 
sement marrye  de  veoir  les  troubles  et  divi- 
sions qui  sont ,  à  mon  très  grand  regrect,  en  ce 
pauvre  royaulme  pour  la  ruyne  et  désolation 
dont  ilz  nous  menassent;  mays  je  suys  bien 
fort  ayse  aussi,  puisque  Dieu  les  veult  per- 
meclre,  d'esprouver  en  une  telle  saison  l'effect 
de  l'amityé  et  bienveuillance  du  Roy  mon 
beau-filz  et  congnoistre  par  expérience  que  je 
ne  me  suys  trompée  de  ce  que  je  m'en  suys 
tousjours  promys,  dont  j'ay  en  nostre  calamité 
le  contentement  que  poulvez  penser  et  ferme 
asseurance  que,  passant  le  mal  en  pys,  et  ve- 
nant à  la  nécessité  d'esprouver  la  foy  et  l'amityé 
de   noz   voysins,  son    alliance    ne  nous  sera 

1  Qu'il  a.  Il  y  a  ici  un  mol  oublié  qui  devait  avoir  le 
sens  de  désir  ou  de  volonté. 

-'  Guillaume  de  Saulx,  s' de  Villefrancon. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


307 


poincl  peu  fructueuse.  Vous  l'en  remercirez 
donc  de  la  pari  du  Roy  monsieur  mon  filz  et 
de  moy,  aultant  que  vous  sçavez  que  nous 
avons  obligation  de  ce  faire  el  puysque  la  né- 
cessité nous  contrainct  pour  la  conservation  de 
ce  royaulme  el  l'entreténemenl  de  cest  Estai 
recourir  à  l'ayde  d'aulcun  prince,  tout  ainsi 
qu'il  tient  après  le  Roy  moD  filz  le  premier 
rang  en  ma  vollunlé,  c'est  aussi  le  premier  à 
qui  nous  aurons  le  principal  recours.  L'ambas- 
sadeur du  Moy  mon  bon  lilz  a  réitéré  les 
mesmes  offres  que  vous  a  laictes  le  dict  Roy 
son  maistre,  et  sur  cela  nous  lui  avons  de- 
mandé le  secours  de  dix  mille  hommes  de  pied 
et  troys  mille  chevaulx,  comme  vous  verez  par 
la  letre  que  le  Roy  mon  dicl  filz  vous  escript1. 
En  cela  \ousy  ferez  du  mieulx  que  vous  pourrez 
el  mecterez  peyne,  avant  que  partir,  d'en  avoir 
la  résollution,  de  laquelle  vous  nous  advertirez 
incontinent,  pour  sçavoirce  que  nous  en  pour- 
rons espérer,  pouvant  asseurer  le  Roy  mon- 
sieur mon  dicl  beau-filz  qu'il  ne  sera  jamays 
que  je  ne  me  souvienne  et  n'entretienne  le  Roy 
monsieur  mon  filz  eu  la  souvenance  de  l'obli- 
gation qu'il  lny  a  et  de  l'amour  et  bonne  vo- 
lunté  qu'il  luy  doibt  perpétuellement  porter; 
qui  est  tout  ce  que  je  vous  diray,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Lymoges,  vous  avoir  en  sa  sainte 
et  digne  garde. 

De  Paris,  ce jour  de  mai  i562. 

(Au  dos.)La  Royne  à  Monsieur  de  Lymoges, 
du  vif  jour  de  may  i562. 

1  Dans  la  minute  on  a  effacé  cette  phrase  :  «Quant  à 
moy  je  trouve  merveilleusement  bon  le  secours  de  la 
bourse  et  aymerois  beaucoup  mieulx  que  nous  eussions 
l'argent  pour  lever  les  hommes  à  noslre  volluntc  que  les 
hommes. »  —  Voy.  une  lettre  de  Charles  IX  au  comte  de 
Orthe,  gouverneur  de  Bayonne,  où  il  parle  du  secours 
offert  par  le  roi  d'Kspagne.  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
a°  10871;,  '"7-) 


1  562.  —  8  mai. 

Miaule.  Bibl.  ont.  fonds  français.  11e'  1 5S76 ,  f    11 

AUX  CAPPITOULZ  DE  THOULOUZE. 

Messieurs,  les  inconvéniens  que  nous  avons 
veu  advenir  en  beaucoup  de  villes  de  ce 
royaume  ont  esté  cause  que  le  Roj  monsieur 
mon  filz  a  advisé  de  vous  envoyer  le  sieur  de 
Négreplisse  ',  gentilhomme  ordinaire  de  sa 
chambre,  pour  commissaire  en  vos  villes  el 
pourveoyr  à  vostre  seureté,  laquelle  luy  esl 
si  chère  pour  la  dévotion  et  fidélité  qu'il  a 
tousjours  congneue  en  vous,  qu'il  n'espargnera 
jamays  riens  pour  icelle.  Je  vous  prie,  de  vostre 
part ,  de  vous  y  employer  comme  pour  vous- 
mesmes,  oultrelebien  du  service  du  Roy  mon 
dit  filz,  el  je  prye  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  ce jour  de  may  i56a. 

(Au  dos.)  Le  vin0 jour  de  may  1  56a. 


1562.—  8  mai. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  f"  ai. 

A  MONSIEUR  DE  BURTE*. 

Monsieur  de  Rurye,  ce  que  nous  avons  en- 
tendu par  ce' porteur  du  mal  qui  est  par  delà 
a  esté  cause  que  nous  vous  l'avons  voulu  ren- 
voyer en  toutte  dilligence,  affin  qu'il  vous  face 
entendre  sur  cela  nostre  intention,  et  vous 
rende  compte  de  l'estat  en  quoy  nous  sommes. 
qui  est  tel  qu'unne  partie  de  l'effecl  de  tout  ct'c\ 
deppend  de  vous  aultres,  d'aullanl  qu'estanl 

1  Louis  de  Carmain,  sieur  de  Négrepelisse ,  Gis  d'An- 
toine de  Carmain  el  de  Françoise  d'Aure  d'Aster. 

2  Voy.  l'instruction  adressée  par  Charles  IX  à  Burie  et 
Monluc  (8  mai  i56a);  il  leur  annonce,  pour  les  encou- 
rager à  la  résistance,  l'arrivée  en  Guyenne  de  Caudale, 
de  d'Aussun ,  de  Biron  et  de  Négrepelisse.  ( Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  1 587G ,  f"  16  et  suiv.) 

39. 


308 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


la  Guvenue  le  lieu  de  ce  royaume,  dont  ceulx 
qui  sont  à  Orléans  actendent  plus  de  services, 
si  vous  leur  en  ostez  le  moyen  en  les  empes- 
chaut .  ce  ne  sera  point  faict  peu  de  service  au 
Roy  monsieur  mon  filz  et  à  tout  ce  royaume. 
Je  m'asseure  qu'il  ne  tiendra  poinct  à  vous 
que  cela  ne  se  face;  et  pour  ce  qu'il  vous  dira 
amplement  de  nos  nouvelles  je  ne  vous  eu  diray 
riens  davantaige  présentement.  Priant  Dieu, 
Monsieur  de  Burye,  vous  avoir  eu  sa  saincte  et 
digne  garde. 

De  Paris,  ce jour  de  may  i  062  '. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Messieurs  de  Burye 
et  de  Monluc,  du  vine  jour  de  may  1.062. 


1562.  —  9  mai. 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  15876,  f*  37. 

A  MONSIEUR  DE  MARTIGUES. 

Mon  cousin,  Molart  vous  porte  la  lectreque 
je  vous  ay  escripte  pour  vous  faire  entendre 
le  don  selon  qu'il  a  pieu  au  Roy  2  monsieur 
mon  filz  vous  faire,  à  ma  requeste,  de  la  moic- 
tié  de  la  compaignie  du  feu  le  mareschal  de 
Thermes3;  par  la  dicte  lectre  je  vous  escripvois 

1  Pareille  lettre  fut  adressée  à  Monluc  avec  cette  seule 
variante  :  «  Quant  à  ce  qu'il  m'a  dit  de  vostre  part ,  encores 
que  je  me  soye  tousjours  asseurée  de  vostre  bonne  volunté , 
si  est-ce  que  ce  m'a  esté  plaisir  de  l'entendre  et  pour  ce 
croyez  que  j'ay  en  cecy  tant  de  Gance  que ,  s'il  advenoit 
que  j'eusse  iesoing  de  m'en  servir,  vous  seriez  tousjours 
des  premiers  que  j'employrois  à  me  rassurer.  A  ous  vous 
asseurerez  que,  se  présentant  quelque  bonne  occasion  de 
le  récompenser,  je  n'oublieray  jamays  voz  bons  services 
et  voz  mérites.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Monluc,  vous 

avovr  eu  sa  saincte  et  digne  garde.  De  Paris,  ce 

jour  de  may  i56a.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15876, 
P4.)  —  Voy.  la  minute  de  la  lettre  du  Roi  à  Monluc 
(même  volume,  f  18). 

:  Voy.  œtte  lettre  de  Charles  IX  dans  le  n"  15876  du 
fonds  français,  f  60. 

1  Paul  de  la  Barthe,  seigneur  de  Termes,  maréchal 


pourveoir  Boisjourdan,  nepveu  du  dicl  sieur 
mareschal,  du  guydon;  mais  ayant  entendu 
que  Buron  de  Thermes,  bastard  du  dict  mares- 
chal, l'a  et  qu'il  est  tombé  à  vous,  le  sr  de  Bois- 
jourdan estant  tombé  compaignon  au  sr  d'Es- 
cars  qui  a  eu  faultre  moictié,  je  n'ai  voulu 
faillir  de  vous  escrire  en  faveur  du  jeune  Bois- 
jourdan par  ce  porteur  pour  vous  prier  de  lui 
bailler,  en  ma  faveur,  vostre  compaignie;  c'est 
ung  houueste  gentilhomme  qui,  j'estime,  vous 
sçaura  bien  et  dignement  servir  et  dont  vous 
aurez  contentement;  et  oultre  cella  vous  ferez 
chose  que  j'auray  fort  agréable;  priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde.  De  Paris,  ce jour  de  may  1 062. 

(Au  dos.)  A  Mr  de  Martigues,  du  ixe  jour  de 
mai  i562. 

1562.  —  9  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  na  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Monsieur  Coignet,  la  responceque  vous  faict 
le  Roy  monsieur  mon  filz  l  est  si  ample  qu'il 
ne  me  reste  riens  à  vous  dire  davantaige  sur 
ce  que  vous  nous  avez  escript  du  dernier  du 
passé,  synon  que,  s'il  se  faict  quelque  accord, 
comme  je  y  travaille  sans  cesse,  je  ne  fauldray 
de  vous  en  advertir  en  toute  diligence  et  suys 
bien  marrye  que  ce  ne  peult  estre  dès  à  pré- 
sent. Toutefibys,  affin  que  choses  de  si  grande 
importance  ne  voysenl  pas  trop  à  la  longue, 
diligentez  le  plus  qu'il  vous  sera  possible  l'ac- 
cord de  la  levée,  pour  laquelle,  si  elle  n'est 

de  France  (1557),  né  à  Couserans(Ariége).  mort  à  Paris, 
le  6  mai  i56a.  Après  avoir  pris  part  à  ta  bataille  de 
Cérisoles  (i5&A),  remplacé  Montalembert  en  Ecosse 
(i5ig),  défendu  Parme  contre  les  Impériaux  (i55i),  il 
fut  défait  par  le  comte  d'Egmont  à  Gravelines  (155g), 
où  il  fut  fait  prisonnier. 

1  Voy.  cette  lettre  dans  le  n"  17981  du  fonds  français: 
elle  précède  celle-ci. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


309 


que  de  quinze  enseignes,  le  trésorier  de  l'ex- 
traordinaire aura  receu  quinze  cens  escus  plus 
qu'il  ne  luy  faull  pour  l'advance  à  bailler  ung 
escu  pour  homme;  niais  cela  luy  sera  rabatu 
sur  ses  aultres  assignations;  pryanl  Dieu,  Mon- 
sieur Coignet,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte 
garde.  Escripl  à  Paris,  le  i\  jour  de  may  i5G2. 
En  signant  reste  tertre  l'on  m'a  adwrly  que 
par  le  traie  té  d'alliance  nous  ne  sommes  point 
tenuz  d'actendre  une  seconde  journée,  quant 
il  est  question  de  demander  une  levée,  et  que, 
après  avoir  proposé  nostre  demande  en  la  pre- 
mière, l'on  peult  lever  dès  le  lendemain  sans 
acteridre  le  consentement  des  seigneurs  des 
Ligues.  Sy  ainsy  estoit,  je  trouveroys  bien 
eslrange  la  remise  que  vous  auriez  permise  en 
cesl  endroict,  et  pour  ce  mendez  moy  comme 

il  en  va. 

Caterine. 
Rourdin. 

1562.  —  9  mai. 

Copie.  Bihl.  nat.  fonds  lîrienne,  n"  ao5,  f°  AA5. 
Copie  fonds  français,  n"  6630,  f°  ada. 

I   MON  COUSIN 

LE  PRINCE  DE  CONDÉ  '. 

Mou  cousin ,  si  vous  avez  bien  considéré  la 
responce  qui  vous  a  esté  faicte  au  mémoire  2 
qu'envoyastes dernièrement  par  l'abbé  de  Saiuct 
Jehan3,  présent  porteur,  vous  trouverez  asseuré- 
nient  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  et  moy 
faisons  assez  claire  déclaration  que  nostre  in- 
tention n'est  poinct  de  commander  à  mes  cou- 
sins les  duez  de  Guise,  counestable,  et  mares- 

1  En  tète,  on  lit  :  n  L'intention  de  la  Reine  n'est  pas 
que  Messieurs  de  Guise,  connétable,  et  maréchal  de  Saint- 
\inlré,  partent  de  la  cour.» 

!  Voy.  ce  mémoire,  daté  du  a  mai,  dans  le  n°  66ao 
du  fonds  français,  p.  189  et  suiv.,  et  la  lettre  de  Condé 
à  la  Reine,  ibid.  n°  15876,  f  ia5. 

3  Jliron,  abbé  de  Saint-Jehan  de  Laon. 


chai  de  Sainct  André  de  partir  d'icy  ei  que 
d'eulx  mesmes  par  une  petite  requeste1  ilz 
nous  firent  l'offre  qui  y  est  contenue,  laquelle 
je  ne  pouvois  raieulx  vous  représenter  que  de 
la  y  faire  coucher  de  mot  à  mot;  sy  relia  nous 
faict  dire  qu'ilz  nous  font  signer  les  despesrhe* 
après  qu'ilz  les  uni  faictes,  je  vous  laisse  à 
penser  s'il  \  a  apparence;  mais  je  vous  asseu- 
reray  bien  que  c'est  le  dernier  escripl  qu'ilz 
ont  jamais  présenté  au  Roy  mon  dict  sieur  et 
filz  et  à  moy  aussy,  cl  que  la  requeste,  dont 
vous  dictes,  mon  cousin,  avoir  eu  une  eoppie, 
nous  l'avions  auparavant  eue  et  beaucoup  de- 
vant qu'il  ne  se  resollust  auculne  chose  de  la 
dicte  responce  que  vous  jugerez  bien  aussy  n'y 
eslre  aucunement  en  manière  que  ce  soit 
fondée;  el  n'ont  pas  accoustumé  les  princes 
reffuser  ce  que  leurs  subjeetz  leur  présentent, 
dont  ils  prennent  ce  que  leur  semble  utille, 
nécessaire  et  à  propos,  comme  nous  avons 
faict  de  la  dicte  responce;  qui  nie  faict  vous 
prier,  mon  cousin,  ne  vous  amuser  pas  à 
petittes  choses  et  croire  que  de  là  où  je  seray 
il  ne  partira  riens  pour  leur  regard  où  je  pence 
scrupulle,  ne  double.  De  Paris,  ce  \\"  jour  du 
moys  de  may  mil  cinq  cens  soixante  deux. 


1562.  —  9  mai. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n»  66o5,  f'  88. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLIQUE. 

Madame  ma  fille,  je  ne  vous  puis  dire  asés 
le  contentement  que  j'é  reseu  de  voyr  la  bonne 
volunté  que  le  Roy  vostre  mari  nous  porte  et 
de  l'aufre  qu'il  nous  faysl  qui  est  si  grant  et 
bon  que  je  vous  aseure  que  en  tous  mes  inaulx, 
qui  ne  sont  pas  petis,  je  n'ay  heu  plus  de  re- 

1  Voy.  cette  requête  dans  les  Mémoire»  de  Condé  (édit. 
de  17^3),  t.  III,  p.  388,  et  la  réponse  du  prince  de  Condé 
à  cette  requête  {ibid.  p.  3 'i  •">_). 


310 


LETTRES  DE  CATH 


confort  que  de  conestre,  par  set  que  m'escript 
l'évesque  de  Limoge  cornent  je  me  puis  aseurer 
de  sa  bonne  grase,  en  iaquele  je  vous  prie  me 
contineuer  et  empescher  que  neule  menterie 
que  Ton  lui  mende  d'isi  de  moy  ne  m'an  puise 
etlongner;  car  je  vous  aseure  que  tout  set  que 
l'on  se  peult  aviser  pour  me  fayre  hayr  l'on  le 
dist  à  son  embasadeur,  pour  l'anvie  que  l'ons 
ha  de  me  fayre  mal,  et  pansant  que,  tent  qui 
m'aymere',qu'ine  le  endeureret;  car  jeuques  à 
dire  dé  chause  que  ne  vous  ouse  ayscripre 
pour  le  soupeson  que  Tons  ha  que  je  l'ayme 
trop  et  pour  sete  aucasion  trover  de'  chause 
à  quoy  ne  pense's  jeamès,  pour  m'auller  de  sa 
bonne  grase,  corne  je  an  ne'  diste  d'augueune1 
à  Seint-Seuplise  et  à  Rambeullet;  et  demandé 
leur,  afin  qu'i  ne  se  oublye  de  le  vous  dire;  et 
encore  depuis  leur  parlement  y  m'est  veneu 
beaucop  de  chause  à  ma  conèsanse,  qui  me 
fayst  conestre  que  tout  set  que  l'on  fayst  d'eun 
coûté  et  d'aultre  set  n'ayst  que  enbision  et 
envie  de  governer  et  m'aulter  la  puisanse  que 
je  ay,  laquelle  je  métré  pouine  de  conserver 
pour  la  conservation  de  mes  enfans  et  pour  la 
enployer  pour  le  servise  de  vostre  bon  signeur 
et  mari,  s'il  avest  à  fayre;  et  ma  fille  ma 
mye,  aseuré  le  et  luy  dystes  que  je  ne  le  puis 
asés  remésier  de  set  qu'i  fayst  pour  nous;  qui 
me  fayst  vous  prier  m'i  ayder  et  l'aseurer  de 
moy  comme  de  vous,  et  je  prye  Dieu  vous 
donner  à  tous  deus  aultent  de  heur  et  de  féli- 
sité  que  vous  en  désire 
Vostre  bonne  mère, 

Catbrjnb. 

1562.  —  9  mai. 

Copie  d'aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  6620,  f°  ao3. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  il  seufit  que  avés 

1   D'augueune,  d'aucune. 


ER1NE  DE  MÉDICIS. 

mendé  au  Roy  mon  fils  de  l'ofre  que  vous  ha 
comendé  le  Roy  son  bon  frère  de  luy  fayre  de 
sa  part  et  à  moy  ausi,  et  pour  ne  savoyr  asés 
à  mon  gré  l'en  remersier;  qui  me  fayst,  oultre 
toutes  les  autres  letres,  vous  ayscripre  la  pré- 
sente de  ma  mayn,  afin  que  n'oublié  rien  de 
set  que  m'aseure  que  saurés  bien  fayre  et  dire 
pour  luy  fayre  conestre  combien  je  m'an  sant 
teneue  à  luy  et  coubien  le  Roy  mon  fils  désire 
qu'i  conèse  l'oubligation  qu'i  lui  en  na  et  qui 
désire  qu'i  se  présente  aucasion,  non  pas  pa- 
relle,  mes  pour  sa  grandeur,  afin  de  se  pou- 
voir revancher  envers  luy  de  la  grande  han- 
nestelé  qu'i  lui  euse  en  son  endroyt  et  démos- 
tration  d'amityé;  laquelle,  avant  que  parties, 
y  fault  que  aytablissiés  si  bien  que  neul  n'ait 
puysanse  de  la  dimineuer  et  ne  luy  puise  fayre 
croire  de  moy  aultre  chause  que  de  la  plus 
afectionnée  mère  que  enfant  heut  jamès;  et  le 
conest'-on  tent  que  yl  i  an  n'i  é  '  qui  en  sont  en 
soupeson,  corne  plus  au  long  vous  aurez  en- 
tendu par  le  sieur  de  Saynt-Seuplice,  lequel  ne 
larés2  oublier  de  vous  conter  set  que  luy  en  né 
dist;  et  pour  se  que  vostre  frère  vous  ayscript 
bien  au  long  ne  vous  fayré  la  présanle  plus 
longue,  après  vous  avoir  prié,  si  vostre  sauté 
le  peult  porter,  de  demeurer  encore  heun  peu 
jeusques  à  set  que  voyés  quel  chemin  pren- 
dront ses  troubles,  lesquelz  ne  peuvent  deurer, 
à  mon  aupinion,  lontemps;  et  ne  le  pouvent 
fayre,  je  vous  prie  léser  si  byen  instruit  le 
dist  sieur  de  Saynt-Seuplice  que  rien  ne  nous 
puise  brouller  de  ce  cousté  là;  car  j'ay  ryen 
que  je  ne  port,e,  mes  que  je  me  voye  conti- 
neué  en  la  bonne  grâce  de  set  Roy  là.  Je 
prie  Dieu  que  neul  ne  nous  y  puisse  broul- 
ler et  qui  vous  douint  set  que  désirés.  Je  ne 
vous   mande    point   set    que   demandons   de 


1    Que  yl  i  an  n'i  é,  qu'il  y  en  ait. 
-   Larés,  laisserez. 


LETTRES  DE  CATH 

torses,  car  vous  le  voyrés  par  la  lettre  du  Roy 

mon  fils  '. 

(Au  bas.)  De  la  main  de  la  Reyne,  du  i\ 

mai  1562. 

Catbbine. 


1562.  —  10  mai. 

Orig.  Bibl.  ini|n;r.  de  Saint-Pélersbourg,  vol.  18,  p.  57. 
—  Minute.  Bibl.  nal.  fonds  fraDçais,  n"  1587G,  f'  3o. 

A  MONSIEUR  DE  MARTIGUES1. 

Mon  cousin,  il  y  a  longtemps  que  j'ay  bieu 
désiré  d'avoir  quelque  bonne  occasion  pour 
vous  faire  paroistre  l'envye  que  j'ay  eue  et 
ay  dé  vous  honorer  et  recongnoistre  les  ser- 
vices que  vous  avez  faietz  au  feu  Roy  mon  sei- 
gneur et  au  feu  Roy  mon  filz,  et  continuez 
encores  tous  les  jours  à  cestuy-cy;  mays  les 
choses  ne  se  sont  pas  trouvées  à  propos  comme 
j'eusse  bien  uiullii.  Maintenant,  s'offranl  la 
mort  du  mareschal  de  Termes,  je  n'ay  point 
voullu  laisser  passer  ceste  occasion  sans  vous 
faire  avoir  la  moytié  de  sa  compagnie,  comme 
il  y  a  long  temps  que  j'en  a\oys  euvye,  m'as- 
seurant  que  ce  vous  sera  donner  plus  de  moyen 
decroislre  la  vollunté  de  continuer  les  services 
que  vous  avez  faietz  à  ceste  couronne.  Quant 
à  moy,  vous  poulvez  asseurer  que  je  seray 
tousjours  bien  ayse  d'avoir  moyen  de  vous 
faire  du  bien  et  de  l'honneur;  en  quoy  je  ne 
m'espargneray  jamays  pour  la  congnoissance 
que  j'ay  de  voz  mérites.  Je  vous  prye,  mon 
cousin,  donner  le  guydon  de  ladicte  compai- 
gnye  au  cappitaine  Roisjourdan,  nepveu  du 
l'eu  mareschal  de  Termes,  qui  est,  à  ce  que 
j'ay  entendu,  ung  fort  homme  de  bien,  et  de 

'  Vov.  celte  lettre  (même  volume,  P  198). 

2  Voy.  les  dépêches  de  Sidney  et  de  Throcknforton 
dans  les  Calendar  of  State papers ,  i5Ô2,  p.  21.  On  j  lil  : 
-  A  la  suite  de  la  morl  du  maréchal  de  Termes,  sa  compa- 
gnie a  été  divisée  entre  M.  de  Martigues  et  M.  de  la  Siize, 
lieutenant  du  prince  de  Salerne.* 


ERINE  DE  MÉDICIS.  311 

qui  vous  pourrez  tirer  beaucoup  de  service.  Ht 
je  prieray  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  le jour  de  may  i562. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  M.  de  Martigues,  le 
\°  jour  de  may  i5f)2. 


1562.  —  1 1  mai. 

Orifj.  Arch.  de  Lyon. 

A  MONSIEUR  DE  MAI  GIRON. 

Monsieur  de  Maugiron,  vous  entendrez  par 
le  sieur  de  Suze1  et  le  mémoire  qui  luy  a  esté 
baillé  pour  vous  communiquer  l'intention  du 
Roy  monsieur  mon  filz  sur  l'occasion  pour 
laquelle  il  l'a  dépesché  par  delà,  et  le  désir 
qu'il  a  que  vous  luy  faictes  rendre  l'obéissance 
qui  luy  est  deue.avec  tel  chastiement  de  tous 
ces  malheureux  rebelles  que  l'on  en  puisse 
repurger  le  pays;  à  quoy  m'asseuranl,  Mon- 
sieur de  Maugiron,  que,  pour  l'entière  affec- 
tion que  vous  portez  à  sou  service,  vous  n'ou- 
blierez riens  de  tout  ce  que  vous  et  le  sieur 
de  Suze  penserez  estre  à  faire  et  exécuter  en 
cest  endroict  pour  parvenir  au  but  de  nostre 
intencion,  je- me  remectray  du  surplus  sur  ce 
que  le  dicl  seigneur  Roy  mon  filz  vous  eu 
escript  et  qui  est  contenu  par  le  dit  mémoire, 
oulfre  ce  que  vous  dira  là  dessus,  de  nostre 
part,  le  dit  sieur  de  Suze,  lequel  je  vous  prie 
croire  là  dessus'  comme  moy-mesmes.  Et  je 
supplieray  le  Créateur,  Monsieur  de  Maugiron, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Paris,  le  ximc  jour  de  may  i56a. 

CàTERINK. 

ROBERTET. 

1  François  de  la  Baume,  comte  de  Suze,  liaron  de 
Lers,  marié  à  Françoise  de  Levis,  mort  en  i  587  des  hles- 
surcs  reçues  au  siège  de  Montélimai  t. 


312  LETTRES  DE  CATH 

i  ':  mai. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROI  DE  NAVARRE. 

Alun  frère,  Bourdin  m'a  amené  en  ce 
li'  gentilhomme  de  mon  cousin  le  duc  de 
Bouillon  '  par  la  bouche  duquel  el  le  contenu 
en  sa  dépesche  j'a)  avec  ung  extresme  regrel  et 
ennuy  entendu  les  choses  qui  sonl  passées  au 
Havre  de  Grâce2,  sur  lesquelles  je  désire  sin- 
gulièrement avoir  vostre  advis  et  des  seigneurs 
qui  sonl  demeurez  auprès  de  vous;  et  m'ayanl 
semblé  qu'il  ne  seroyt  que  fort  à  propoz  de 
vous  envoier  le  dicl  gentilhomme  pour  l'oyr 
i  h  plaine  compaignie,  je  luy  ay  commandé 
de  remonter  incontinent  à  cheval  pour  vous 
aller  trouver  el  vous  prye  que.  l'ayant  oy, 
nous  me  faicles  par  luy  mesmes  une  bien  ample 
dépesche  de  la  provision  que  le  Roy  monsieur 

1   Henri  Robert  de  la   Mark,  duc  de  Bouillon,  né  le 


7   lévrier  i53ç),  mort  le  2  décembre 


Voy.  ses 


lettres  dans  le  n    1 556  du  fonds  français. 

Voici  la  réponse  du  duc  de  Bouillon,  datée  de  Caen, 

le  21  mai  suivant  :  r Madame,  j'arrivay  dimanche  dernier 

lieu  (Caen  i,  où  trouvay  les  choses  en  pan 'il  trouble 

très  lieux  pour  ta  craincte  et  adver- 

j  ut  que  les  babitans  de  reste  ville  m'ont  dit  qu'ilz 

\1'  de  Hugueville  vouiust  nui  lie  \1    d'Au- 

i  i n-  lu\  céans  ir  :  de 

aflin  que  personnes  el  »  ivres 

n'entrassent  en  ci  ilz  faisoicntjour  et  nuicl  guet 

.   t  entoui  d'icelle,  el  aflin  d'év  iter  tous  autres 

ivéniens  e rire  les  babitans  tons  d'accord,  el  leur 

mes,  me  suys  mis  dans  teste  dicte  place 

au  ;  depuis  ilz  se  sonl  tous  retirez  et  apaisez. n 

i:  am  .H-.  u    i  5  ••;  (i .1   77.) 

\  oy.poui  la  pi  i-.1  du  Havre  pai  le  \  idame  de  Chartres, 

fi  t.  V,  p.  1  '>s  :  'l"  Thon. 

ici    t.  IV,  p.  1  çjo  ;  Minute  d'une  lettre 

•  à  Cathei ine.  où  il  lui  parle  de  la  prise 

•l.i  il  li  indique  1rs  mesures  à  prendre  po 

.!       liihl.  nal.  fonds  français,  n    10876,  1    53); 
.    .1  Catherine,  où  il  revienl  sur  la  prise 
.  1  5g  . 


ERINE  DE  MEDICIS 

mon  lilz  aura  à  donner  en  cest  endroict,  affin 
que  j'en  puisse  incontinent  advertir  mon  dicl 
cousin,  car  de  vous  donner  la  peine  et  à  la 
compaignie  de  venir  demain  à  Lagny1,  ainsi 
que  le  dict  Bourdin  me  l'a  proposé  de  voslre 
pari,  il  me  semble  que  ce  seroyt.  en  vous  tra- 
vaillant, remectre  la  chose  en  plus  grande  lon- 
gueur: cependant  je  feray  fayre  une  dépesche 
à  mon  dicl  cousin  par  une  courrier  volant 
pour  le  pryer  qu'il  se  dilligente  d'aller  à  Caen 
pour  garder  qu'il  ne  s'y  lace  pareille  surprise 
!  que  au  dicl  Havre  de  Grâce,  et  si  besoing  esl 
renforcer  la  garnison  du  chasteau  de  plusgraul 
nombre  d'hommes  que  l'on  en  a  ordonné  au 
sieur  de  Hugueville2  qui  est  lieutenant  là  de- 
dans: el  pour  ce  qu'il  ne  seroyt  raisonnable, 
estans  les  choses  du  dict  Havre  de  Grâce  en 
l' estai  qu'elles  sonl.  que  le  millort  Sydné3  y 
allast  faire  son  embarquement,  ainsi  que  je 
luy  av  accordé,  je  désire,  mon  frère,  que  vous 
envoyez  vers  luy  ung  saige  et  advisé  gentil- 
homme qui  le  prye  de  n'y  aller  poinct,  non 
pour  deffiance  que  je  voulsisse  avoir  de  luy, 
mais  je  craindroys  que  en  ce  trouble  l'on  luy 
feisl  quelque  desplaisir  ou  discourtoisie;  cl 
avec  cela  je  l'estime  si  saige  que,  saichant  ce  qui 
v  esl  survenu,  il  aura  de  luy  mesmes  changé  sa 
première  opinion,  aflin  de  ne  nous  mectre  en 
souspeçon  et  jalousie  du  passaige  qu'il  Lroyt 
faire  par  la  dicte  ville,  qui  est,  mon  frère, 
ton!  ce  que  j'ay  à  vous  dire  pour  ceste  heure 
el  Fendroict  où  je  prye  Dieu  vous  donner  l'heur 
et  contantement  que  vous  désirez. 

Caterine. 

1  Di  sa  main.)  Mon  frère,  pouravoyrle  plésir 

1  Lagny  (Seine-et-Ma  n 

-   Philippe  île  Roie  berolles,  s'  de  Hugueville.  mort  le 
U  mai-  1  570. 

Il  avail  été  envoyé  pat   Elisabeth  pour  proposer  sa 
médiation   ;  5  • .  i562  ).  —  \  oy.  ses 

instructions  datées  du  28  avril  (  ibid.  p.  t>3<>). 


LETTRES  DE  GATH 

de  \oiis  vovrel  toutte  la  conpagnie,  j'euseaysté 
byen  ayse  de  vous  donner  la  pouyne  de  venir 
trover  le  Roy  mon  filz  à  Langui,  mè  voyenl 
leur  aupinion  que  je  ne  fouis  ryen  que  par 
contreynte,  y  m'a  semblé,  pour  ayseyer  tout 
set  que  l'on  peult,  beaucoup  mieulx  de  avoyr 
vostre  aupinion  et  de  tous  se  signeurs  sen  que 
veniés,  afin  qu'i  pensel  que  set  set  que  le  Roy 
mon  fils  leur  mendera  par  mon  aupinion  qui 
n'é  en  rien  Corsée  non  plus  quel  a  aysté  et 
qu'ele  sera  tousjour  île  croyre  la  vostre  el  la 
leur. 

\nsire  bonne  seur, 

Caterine. 

(Audos.)  Du  ximme  may  i56a. 


1562.  —  16  mai. 
Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  f°  3o. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère ,la  première  chose  quej'ayfaicte, 

après  eslre  arrivée,  a  esté  de  m'enquérir  des 
advenues  de  ce  lieu  et  des  passages  qui  sont 
sur  les  rivières  prochaines,  sur  lesquelz  j'ay 
départyes  les  enseignes  des  gardes,  ainsi  que 
vous  verrez  par  le  mémoire  que  je  vous  en 
envoyé.  Reste,  mon  frère,  à  pourveoir  à  ceulx 
delà  rivière  de  Seyne  comme  Corbeil,  Melun 
et  pont  de  Samoys  et  Montereau  Fault-Yonne, 
qui  sont  les  endroietz  où ,  s'il  venoit  trouppe 
d'Orléans,  il  fauldroit,  à  ce  que  j'entendz, 
qu'elle  dressast  là  :  et  encores  que  je  n'en  puisse 
rien  craindre,  ne  croire,  si  esse,  mon  frère, 
que  pour  ne  veoir  chose  cy-  après  que  l'on 
puisse  dire  avoir  esté  négligée,  je  vous  prye 
\  faire  donner  ordre,  afin  qu'il  n'y  passe  riens 
dont  nous  n'ayons  advis  d'heure.  Au  démou- 
lant j'ay  receu  ung  pacquet  du  sieur  de  Bar- 
bezieux1,  où  estoil  ung  advis  que  je  vous  en- 

'  François  de  Barbezieux,  seigneur  de  Cliemerault. 
Cathebibe  de  Médicis. I. 


ERINE  DE  MEDICIS.  313 

voye,  par  où    vous   verrez   qu'il  a    entendu 
quelque  amas  de  gens  qui  se  faict  de  delà;  à 
quoy  il  me  semble  que  l'on  luy  a  assez  respondu 
quant  à  ce  poinct,  luy  ayant  esté  ci-devant 
mandé  que,  s'offrant  telles  assemblées,  il  re- 
garde de  les  séparer  le  mieulx  et  par  tous  les 
moyens  qu'il  pourra.  Touttesfoys.  avant  que 
luy  faire  respondre  à  son  dict  mémoire,  j'ay 
bien    voulu  avoir   vostre    advis    sur  tous  les 
poinetz  d'iceluy;  semblablement  vous  envoyé 
une  lelre  venue  de  Metz,  par  laquelle  vous 
sçaurez,  mon    frère,  que  Salcedde1   n'a  peu 
faire  bailler  pour  les  soklatz  le  moys  que  l'on 
pensoit  avoyr  de  luy,  et  le  danger  qu'il  y  a  que, 
faulte  d'argent  on  en  desbauche  une  parlye, 
comme  il  y  en  a  grand  commancement,  pour 
commander  au   trésorier    de   l'extraordinaire 
qu'il  face  diligence  de  recouvrer  ses  assigna- 
tions et   cependant  qu'il  envoyé   de  l'argent 
qu'il  a  à  Chaslons,  ainsy  que  j'ay  sceu,  ce  qu'il 
pourra  pourtousjours  bailler  aux  diclz  soklatz, 
actendant  le  demourant;  pareillement  ordon- 
ner à  Duval,  trésorier  des  réparations  de  Cham- 
paigne,  qui  est  par  delà,  qu'il  hastc  les  deniers 
des  ouvrages  du  dict  Metz  qui  sont  jà  failliz, 
et  estant  certain  qu'il  en  doibt  avoir  en  ses 
mains,  ne  luy  en  laisser,  s'il  vous  plaist,  passer 
ung  seul  jour,  ne  aussi  à  me  faire  sçavoir  de 
voz  nouvelles,  pryant  Dieu,  mon  frère,  vous 
donner  bonne  vie  et  longue.  De  Montceaulx, 
le  xvf  jour  de  may  i5G2. 

Caterine. 
(De  sa  main.)  Mon  frère,  ynsin  que  je  volés 
siner  sete  letre,  le  conte  de  Rosillon2  aysl 
arivé,  et  veu  set  que  me  mandés  très  sagement 
et  vous  aseure  que  n'é  heuy  chause  qui  m'aye 
plulx  fachaye  que  la  prinse  du  Avre  de  Grase, 

Dans  le  n"  3ai6  du  fonds  français,  p.  43,  se  trouve  une 
lettre  de  lui  à  M.  de  Gonnort. 

1  Nicolas  de  Salcede,  sieur  d'Auvillars. 

-  Just  de  Touinon. 

lio 


314 


el  vncontynent  que  Monsieur  le  chanselier1 
-eré  arryvé,  je  fayré  dépêcher  lé  letre  patente 
et  suy  bien  d'aupynion,  sy  ne  servet,  que  mon- 
sieur d'Omale  souyt  si  prest,  que  lé  face  au- 
beyr  seuyvent  set  que  an  navons  résoleu  en- 
semble, avent  partyr  de  Paris,  et  en  setpendent 
qu'il  assembleré  ses  force  et  vous  lé  vostres; 
à  quoy  y  ne  fault  perdre  beune  seule  heure  de 
temps  et  que,  se  ayst  le  moyen  que  avés  trové 
bon,  y  fault  fayre  corne  avés  aysté  tous  d'avys 
de  ne  rien  ynover,  ny  altérer;  el  quant  à  seus 
de  Rouan2  si  vyene  ver  moy,  je  avyseré  à  set 
que  me  avés  mendés,  mes  que  les  ay  beuy3. 
Vous  voyré  par  l'ordre  que  je  donne  au  pasage 
cornent  je  suys  bon  capiteyne,  et  par  touttes 
mes  actyons  conestré  que  vous  suys  ay  seré 
toutle  ma  vie  encore  milleure  seur  ayt  amye; 
qui  me  fayst  vous  prier  ne  panser  que  ay  creu 
que  fasié  jeamès  ryen  au  contrère  de  set  que 
m'auré  promys  ;  ausi  ne  m'avé-t-on  pas  dyst  que 
set  feut  vous,  ny  nul  dé  signeur  qui  sont  an 
vostre  compagnie,  auquel,  si  vous  plest,  fayré 
ysi  mes  recomandatyon. 
Vostre  bonne  seur, 

Catf.rine. 
Je  suis  bien  ayse,  mon  frère,  que  nous 

'  L'Hospital. 

1  Voici  la  lettre  écrite  par  tes  conseillers,  manans  et 
habitants  de  la  ville  de  Rouen ,  à  Charles  IX ,  à  la  date 
du  xi  mai  i5Ô2  :  -'Sire,  cejourd'hui  en  l'assemblée  géné- 
ralle  des  manans  et  habitans  de  ceste  ville  en  l'hostel  com- 
mun d'iceille  pour  adviser  quelz  moiens  se  pourraient 
mectre  en  avant  pour  apaiser  les  troubles  et  émotions  (pie 
Ton  voit  augmenter  de  jour  en  jour,  a  esté  advisé  de 
supplier  Voz  Majestez  du  Roy  et  de  la  Royne  de  consi- 
dérer le  piteux  estât  en  cpioy  l'on  voit  tumber  le  pais  de 
Normandie  s'il  n'y  est  promptement  pourveu,  et  aussi  de 
resvoquer  la  commission  que  l'on  dict  avoir  esté  adressée 
i  Monsieur  le  duc  d'Aumalle  pour  venir  en  ceste  ville, 
pour  les  causes  et  raisons  que  les  députez  de  la  dicte  ville 
présens  porteurs  vous  pourront  déduire  plus  à  plain.'i 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  P  4i.) 
•   Heuy,  ouï. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 

soions  trouvez  de  mesme  soing  el  oppiuion 
quant  aux  passaiges. 

(Au  dos.)  La  Royne,  du  xvie  jour  de  may 


l  56a. 


1 362.  —  1  7  mai. 

Orijj.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  fJ  3a. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  estant  Monsieur  le  chancellier 
arrivé  et  ceulx  du  conseil  qu'il  amenoit  quant 
et  luy,  je  me  suis  résolue  de  la  dépesche  d'Or- 
léans à  ce  que  vous  verrez  par  la  coppie  que 
je  vous  en  envoie  et  faiz  présentement  partir 
les  sieurs  de  Vieilleville  et  conte  de  Villars1 
pour  aller  essaier  s'ilz  pourront  faire  ce  que 
je  désire  tant,  dont  je  n'ay  riens  oublié  de  les 
instruyre,  ayant  pensé  que  le  meilleur  estoit 
pour  ceste  heure  n'y  envoier  aucune  pactente, 
qui  n'eust  faict  que  aigrir  et  ce  fera  toujours 
assez  à  temps,  selon  qu'ilz  se  résouldront  au 
dict  Orléans,  dont  ces  deux  seigneurs  vous 
advertiront  inconlinent;  maiz  bien  ay-je  faict 
dresser  la  pactente  pour  les  villes  occuppées, 
de  laquelle  je  vous  envoyé  la  minusle  pour  la 
veoir,  affin  d'avoir  sur  ce  vostre  advis,  et  celuy 
des  seigneurs  qui  sont  avecques  vous,  avant 
que  la  faire  dépescher.  Une  chose  ay-je  bien 
pensé  depuis,  qu'il  seroit  peult-estre  aussi  à 
propoz  d'addresser  la  dicte  pactente,  qui  ser- 
vira de  forme  à  toutes  les  aultres  provinces, 
à  quelque  gentilhomme  advisé  et  de  qualité 
qui  allast  de  ville  en  ville,  leur  coniander  faire 
le  contenu.  Sur  quoy  j'actendray  à  sçavoir 
vostre  oppinion,  estant  à  ce  que  je  veoy  et 
que  j'entendz  par  les  advis  qui  me  viennent  de 
tous  coustez  les  choses  en  tel  estât  qu'il  n'y 

1  C'est  le  1 8  mai  que  la  reine  dépécha  de  Monceaux 
le  comte  de  Villars,  Vieilleville,  de  Givry  et  Carrouges 
pour  s'aboucher  avec  ceux  d'Orléans.  (Calendar  of  State 
papers,  année  1 56a  ,  p.  38<j.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


315 


l'ault  riens  oublier  [>our  retenir  le  cours  de 
ceste  maladie,  actendant  que  Dieu  nous  pour- 
veoye  de  ce  qui  sera  après  nécessaire;  pour 
lequel  je  m'asseure,  mon  frère,  que  vous  ne 
perdrez  temps  ny  lieure.  J'ay  receu  un<|  pac- 
quel  du  sieur  de  Tavanes  que  je  vous  envoyé, 
par  où  vous  verrez  qu  il  n'en  a  guières  meil- 
leur  marche'  que  les  au! très,  faulte  d'argenl 
pour  les  gens  que  l'on  luy  avoit  comandé  lever. 
Sur  quoy  vous  ferez,  s'il  vous  plaist,  sçavoir 
au  trésorier  de  l'extraordinaire  à  quoy  il  tient 
que  les  assignations  qu'il  a  eues  n'ont  este' 
receues,  et  m'advertirez  de  vostre  advis  sur  ce 
qu'il  demande  de  l'aide  des  Suisses  en  pas- 
sant, qu'il  me  semble  toutesfois  peu  à  propoz 
de  retarder  aucunement. 

Vous  voullant  signer  cesle  lelre,  mon  frère, 
est  arrive'  l'homme  dépesché  de  mon  cousin  le 
duc  de  Monlpencier  avecques  ung  pacquet 
contenant  Testai  des  choses  de  sou  gouverne- 
ment que  j'ay  pensé  vous  envoyer  pour  le  veoir 
et  vous  prier,  mon  frère,  sçavoir  du  trésorier 
de  l'extraordinaire  à  quoy  il  lient  que  les  de- 
niers des  gens  que  l'on  luy  a  ordonné  lever 
ne  sont  là  et  aussi  veoir  l'estal d'iceulx ,  lequel, 
il  me  semble,  qu'il  faict  beaucoup  plus  de 
granl  que  n'avions  advisé,  pour  sur  le  tout  me 
faire  sçavoir  vostre  advis  pour  y  faire  pour- 
voir inconlinant.  Priant  Dieu,  mon  frère, 
vous  donner  bonne  et  longue  vie.  De  Mont- 
ceaulx,  le  xvn°  jour  de  may  1062. 

\  os  Ire  bonne  seur, 

Caterine. 


1562.  —  17  mai. 
Orig.  BiM.  imp.  de  Saiut-Pi.;lersbourg,  vol.  18,  f  33. 

\  MON  FRERE  LE  ROI  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  j'ay  receu  les  deux  iectres  que 
m'avez  escriptes  du  wme  de  ce  moys1,  par  la 

1  Yoy.  la  minute  de  ces  lettres  du  roi  de  Navai  re  dans 
1  5876,  f°  53,  du  fonds  français. 


première  desquelles  j'ay  entendu  comme  le 
sieur  de  Sidenay  '.  après  plusieurs  honnestes 
remonstrances  et  excuses  que  vous  luy  avez 
faictes,  s'est  finalement  acommodé  de  n'aller 
poincl  faire  son  embarquement  et  passaigeau 
Havre  de  Grâce,  au  lieu  duquel  j'eusse  esté 
bien  ayse,  comme  aussi  je  m'asseure  que  vous 
l'eussiez  bien  désiré  de  vostre  part,  qu'il  eust 
choisy  Boullongne  et  non  pas  Calais;  mais 
pour  ce  que  de  lui  proposer  l'un  plustost  que 
l'aultre  ce  eust  esté  montrer  quelque  deffiance 
de  luy  et  de  sa  compagnie,  je  suys  bien  d'advis 
que  l'on  luy  laisse  aller  faire  son  dict  passaige 
à  Calais,  où  j'envoye  ung  courrier  en  toute 
dilligence  vers  le  sieur  de  Gourdan'2  pour  l'en 
advertir  et  luy  mander  qu'il  donne  ordre  à  sa 
réception  et  l'acommode  si  bien  et  si  prompte- 
ment  de  tout  ce  qui  luy  sera  nécessaire  pour 
son  embarquement  qu'il  n'ayl  point  occasion 
de  séjourner  dedans  sa  place,  ny  de  loisir  et  de 
moyen  d'y  traicter,  veoir  ou  apprendre,  ny 
faire  traicter,  veoir  ou  apprendre  par  ceulx 
de  sa  suite  chose  dont  ilz  se  peussenl  préva- 
loir cy-après.  L'homme  du  sieur  de  Matignon 
est  arrivé  par  devers  moy  qui  m'a  bien  parti- 
culièrement faict  entendre  Testât  des  choses 
de  la  Basse  Normandye;  je  le  renvoyé  tout 
présentement  devers  son  dict  maistre,  avec  une 
lelre  du  Roy  monsieur  mon  fils  qui  luy  mande , 
suivant  vostre  advis,  qu'il  face  une  cornette  de 
cent  harquebuziers  à  cheval,  s'il  n'ayme  mieulx 
11e  harquebuziers  à  pié,  dont  je  luy  laisse 
l'élection;  et  pour  ce  que  vous  sçavez  le  peu  de 
moyen  que  nous  avons  de  fournir  à  tant  de 
despences  extraordinaires  et  qu'il  nous  donne 
l'espérance  de  faire  porter  celle  des  dilz  har- 

1  Sidney  quitta  Paris  le  18  mai. — Voy.  une  dépêche  de 
Throckmorton  à  la  reine  Elisabeth.  [Calendar  0/ State 
papers,  1562,  p.  55.) 

2  Girard  de  Mauléon,  sr  de  Gourdan  el  gouverneur  de 
Calais,  moitié  27  septembre  i5o3. 

4o. 


316 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


quebuziers  aux  gens  d'église  du  pays,  en  leur 
permectant  de  s'ayder  de  l'argenterie  des 
chasses  et  reliquaires  de  leurs  églises,  je  luy 
faictz  escripre  qu'il  en  accorde  avec  eulx;  mais 
aussi  qu'il  preigne  garde  qu'il  ne  se  face 
poinct  d'abbuz  au  faict  de  la  dicte  argenterie  et 
que  pourungescu  qu'il  fauldra  à  l'cntreténe- 
nienL  de  la  dicte  force  les  dilz  gens  d'église  n'en 
vendent  pas  pour  beaucoup  davantaige  pour 
après  le  mettre  en  leur  bourse  et  l'applicquer  à 
leur  profit  particulier.  Quant  à  la  dépescbe  du 
sieur  de  Mandosse  dont  vous  me  faictes  men- 
tion par  vostre  seconde  lettre,  il  me  souvient 
que,  quant  vous  me  feistes  veoir  la  lettre  que 
\ous  out  escriple  les  depputez  des  sept  cantons 
catholicques  et  une  aultre  qui  estoit  venue  de 
la  part  de  Coignet,  il  fut  dicl  que,  si  le  sieur 
de  Mandosse  eust  peu  faire  le  voyaige  pour 
lequel  le  commissaire  Pasquier  avoit  esté  en- 
voyé en  Suysse,  il  eust  bien  gardé  que  l'accord 
de  la  levée  n'eust  pas  esté  remisa  une  seconde 
journée  et  que  en  telz  affaires  il  sçavoit  comme 
il  falloyt  manier  ces  gens  là,  mais  que  son 
indisposition  n'eust  jamais  porté  le  travail  du 
dict  voyaige  et  que  esloit  l'occasion  pour  la- 
quelle il  n'y  auroit  point  esté  dépesché  sui- 
vant la  résolution  qui  en  avoit  esté  prise 
premièrement  qu'il  s'en  deust  faire  aultre 
despeche.  Je  n'en  ay  jamais  ouy  parler,  car 
(juant  à  la  dicte  levée  je  la  tiens  de  ceste  heure 
pour  accordée,  et  que  à  ceste  seconde  journée 
il  ne  s'y  sera  trouvé  aucune  difficulté;  mais 
si  c'est  pour  révocquer  Coignet  et  l'envoyer  en 
son  lieu,  je  ne  sçay  si  telle  révocation  vien- 
drait bien  à  propoz  aux  affaires  que  nous  avons 
à  démesler  avec  les  Suisses  pour  l'infiny  argent 
que  nous  leur  devons,  où  l'on  ne  peult  nyer 
(|ue  le  dict  Coignet  n'ayt  faict  si  bon  devoir 
et  si  dextrement  et  saigement  manié  ceste  na- 
lion  là  qu'il  en  a  tiré  ce  que  aultre  devant 
luy  n'avoil  jamais  sceu  faire  pour   l'actente 


de  ce  que  l'on  doybt  à  leurs  marchans  du 
grand  party,  pour  modérer  l'intérêt  de  xvi  à 
cinq  pour  cent,  et  sur  l'actente  et  recullement 
de  ce  qui  leur  doybt  estre  fourny  ceste  année, 
que  l'on  avoit  promis  leur  faire  payer  à  Sl- 
Jehan  prochaine,  et  noz  nécessitez  le  recullent 
jusques  en  septembre  et  octobre;  dont  je  crains 
qu'il  vienne  beaucoup  de  mescontentement  et  de 
crierie  et  de  leur  oster  sur  toutes  ces  difficultez 
celuy  qui  en  a  toujours  besoigné  et  négocié  avec 
eulx  pour  leur  donner  ung  nouvel  ambassa- 
deur, je  ne  sçay  comme  ilz  le  pourraient  prendre 
et  auroys  grand  peur  qu'ilz  pensassent  que, 
après  leur  avoir  tant  de  foys  failly  de  parolle 
et  promesse  que  nous  avons  faict,  l'on  ne  l'eisl 
ce  changement  pour  sercher  nouvelles  delfaictes 
et  recullemens;  mais  quant  le  dict  Coignet 
aura  achevé  d'accorder  des  choses  susdites, 
comme  il  en  est  sur  le  poinct,  je  seray  bien 
d'advis  que  l'on  le  révocque  pour  y  envoyer 
le  dict  sieur  de  Mandosse,  ou  tel  aultre  que 
l'on  advisera  pouvoir  estre  plus  agréable  aux 
cantons  catholicques,  ausquelz  cependant  je 
n'ay  auculne  responce  à  faire,  car  ilz  ne  m'onl 
riens  escript,  mais  bien  à  vous,  mon  frère,  qui 
leur  ferez,  s'il  vous  plaist,  responce  telle  que 
vous  jugerez  propre  pour  leur  donner  ung 
honneste  contentement.  J'envoye  au  cappi- 
taine  de  Laou  les  dépesches  nécessaires  pour 
l'exécution  du  contenu  au  mémoire  que  vous 
m'avez  envoyé  et  ayant  receu  du  comte  de 
Tende  les  leclres  que  trouverez  cy  encloses, 
j'ay  bien  voullu  les  vous  faire  tenir,  affin  que 
les  ayant  veues,  vous  me  mandez  si  vous 
trouverez  bon  que  l'on  cscripve  au  conte  de 
Sommerive  son  filz  l  qu'il  lève  une  enseigne 
de  gens  de  pié  pour  pourveoir  aux  désordres 
et  insolences  qui  se  font  par  delà  et  garder 

'  Voy.  une  lettre  du  roi  de  Navarre  au  c'°  de  Som- 
merive, datée  de  mai  i56a.  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
noi5870,f"Gi.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


317 


que  l'on  ne  s'entre-injure,  se  provocque  et 
offense  les  ungs  les  aultres  pour  le  laid  de  la 
religion,  suivant  ce  qui  en  est  porté  par  tant 
d'édilz  et  ordonnances  qu'il  est  bien  nécessaire 
de  faire  si  rigoreusement  chastier  ceuk  qui  y 
contreviendront  que  l'exemple  serve  à  contenir 
les  ungs  et  les  aultres  en  obéissance,  et  en 
repoz  et  tranquililé. 

Mon  livre,  ainsi  que  j'estoys  sur  ces!  en- 
droict  de  lectre,  l'on  m'a  apporté  une  dépescbe 
de  mon  cousin  Monsieur  d'Aumale,  qui  ira 
avec  la  présente,  par  laquelle  vous  verrez  le 
peu  de  seureté  et  d'apparence  qu'il  y  a  qu'il 
puisse  avoir  des  forces  de  la  Normandye;  au 
moyen  de  quoy  je  vous  prie  d'adviser  avec  les 
seigneurs  qui  sont  par  delà  à  ce  dont  vous  le 
pourrez  renforcer  et  secourir,  de  sorte  que 
pendant  le  voyaige  que  les  sieurs  de  Vieille- 
ville  cl  conte  de  Villars  vont  faire  à  Orléans, 
il  ne  perde  point  de  temps  à  assembler  ce  qui 
luy  sera  nécessaire  à  l'effect  pour  lequel  il  est 
allé  par  delà.  Je  luy  escriplz  que  je  vous  ay 
envoyé  sa  dicte  dépescbe  et  que  vous  luy  ferez 
pourveoir  sur  ce  qu'il  demande,  affin  qu'il 
s'en  adresse  à  vous  et  face  ce  que  vous  luy 
manderez,  qui  sera  l'endroict,  où,  après  vous 
avoir  présenté  mes  bien  affectionées  recom- 
mandations, je  prieray  Dieu  qu'il  vous  doinct 
L'heur  et  contautement  que  vous  désire 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

(Au  dos.)  Lettre  de  la  Roy  ne,  du  xvn  may 

l5Ô2. 


1562. 


17  mai. 


Orig.  Brilish  Mus.  Original  letlers  and  Suite  papert  ;  Bibl.  Harl. 
a'  7006 ,  !"  8. 

\   MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONNESTARLE. 

.Mon  compère,  j'ay  receu  vostre  letre  par 
ce  porteur  et  ay  esté  très  aise  de  sçavoir  de 


voz  nouvelles;  à  ce  que  j'ay  veu,  vous  avez  eu 
allarme  là  aussi  bien  que  icy,   mais  je  loue 

Dieu  que  ce  ayl  esté  pour  néant,  estant  ass ée 

que  y  ayant  là  si  bonne  compagnie  il  n'v  peull 
rien  survenir  (pic  vous  ne  prévoyez  et  y  pour- 
voie/, bien.  Je  ne  vous  feray  pas  longue  letre, 
car  vous  verrez  celle  que  escripls  à  mon  frère 
le  ioy  de  Navarre  et  la  copie  de  la  dépescbe 
que  j'ay  envoiée  à  Orléans;  seullement  vous 
diray  que  les  enffants  et  la  mère  font  très 
lionne  chère,  Dieu  mercy,  et  vous  souhaictent 
icy.  Soyez  tous  en  bonne  paix  cl  repos  que  je 
prie  Nostre-Seigneur  vous  donner  et  à  vous 
ce  que  plus  désirez. 

De  Montceaulx,  le  xvif  jour  de  mav   l562. 


1562.  —  18  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  fù  7G. 

A  MESSIEURS  LES  CONSEILLERS 

ET  ESCHEVINS  DE  LA  VILLE  DE  ROLEN 

ET  &UTB2S  lUNAltfi    i.T    IIAIUTANS  D'ICELLË. 

Messieurs,  j'ay  receu  les  deux  lettres  que 
m'avez  esciïptes  par  vos  depputez  présens  por- 
teurs1 et  entendu  d'eulx  l'excuse  que  vous  les 
avez  chargez  de  me  faire  des  troubles,  dé- 
sordres et  insolences  qui  se  sont  faiclz  à  Rouen, 
dont  vous  sçavez  bien  rejeter  la  coulpe  sur 

1  C'est  le  i3  mai  que  les  députés  de  Rouen  furent 
reçus  par  la  Reine.  (Calendar of  State papers ,  année  1  56  • 
p.  37.)  On  a  la  réponse  en  date  du  21  mai.  faite  par  ceux 
de  Rouen  à  M.  d'Aumale,  après  le  retour  de  leurs  députés 
de  la  cour;  ils  prient  le  duc  d'Aumale  de  donner  ordre  : 
trà  ce  qu'ilz  ne  soyenl  pillez  et  saccagez  par  gens  ramassez 
«qui  se  sont  vantez,  en  son  nom,  et  faict  publier  par  les 
•bourgs  et  villages  que  le  sac  de  ceste  ville  estoyt  aban- 
donné à  tous  ceulx  qui  voudroyent  prendre  les  armes 
-soubz  les  cappitaines  de  Clère,  Ausebosc,  Malassis  et 
n  autres.  îi  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1ÔS76,  f'8'1.) 
—  Voy.  De  Tbou,  llist.  univers,  trad.  t.  IV,  p.  187  et 
suiv. 


3 1 8 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


certains  particulliers;  mays  je  ne  veoy  point 
que  vous  vous  soyez  mys  en  debvoyr  pour  l'em- 
pescher  et  y  remédyer  en  quelque  sorte  que 
ce  sovt;  ce  que  je  trouve  le  plus  estrange, 
ayans  les  principaulx  habitants  promys  à  mon 
cousin  Monsieur  de  Bouillon,  quant  je  le  vous 
dépesché  après  le  premier  désordre  et  tumulte, 
de  contenyr  toutes  choses  au  repoz  et  en  la 
pacification  en  laquelle  il  les  avoyt  estahlys  et 
laissez  à  son  parlement.  Il  n'a  pas  plus  tost  esté 
deslogé  que  les  insolences,  désobéissances  et 
saccagemens  se  sont  faictz  en  vostre  dicte  ville 
beaucoup  plus  granz  qu'ilz  ne  s'estoient  point 
encores  veuz  auparavant;  et  combien  que  telz 
actes  ne  méritent  riens  moings  que  l'exécution 
d'une  bien  royde  et  rigoureuse  force,  touttes- 
foys  désirant  que  les  actions  du  Roy  monsieur 
mon  fdz  et  les  myennes  soyent  plus  tost  re- 
commandées en  doulceur  et- bénignité  que  de 
rigueur  de  justice,  je  me  suys  résolue  de  tenter 
ung  dernier  remedde  qui  est  d'envoyer  dedans 
peu  de  jours  ung  notable  personnage  en  vostre 
ville  pour  veoyr  si  l'on  y  vouldra  déposer  les 
armes,  rendre  au  Roy  mon  die!  sieur  et  fi Iz 
l'obéissance  qui  luy  est  deue  et  remectre  ladite 
ville  en  son  premier  estât  et  deu  en  liberté, 
pour  estre  régye  par  les  gouverneurs,  officiers 
et  magistratz,  ainsi  qu'elle  estoyt  auparavant 
lesdilz  troubles  et  désordres;  qui  est  ce  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  veull  de  vous  et  des 
autres  habitans  de  ladicte  ville;  à  quoy  vous 
regarderez  de  si  bien  disposer  toutes,  choses, 
que,  à  l'arrivée  dudict  personnage,  il  ne  s'y 
trouve  aucune  désobéissance,  ne  difficulté. 
Autrement  ne  pensez  pas  que  le  Roy  monsieur 
mon  dict  sr  et  filz  soyt  pour  plus  longuement 
supporter  telles  désobéissances  et  follies,  et 
qu'il  ne  soyt  assez  puissant  prince  pour  sça- 
voyr  tirer  obéissance  de  ses  subjeetz,  quant  ilz 
s'oublient  tant  que  de  ne  la  luy  voulloyr  rendre 
voluntairement.  Pryant  Dieu,  Messieurs,  vous 


avoyr  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Monceaux , 
ce  xvin  jour  de  may  i56a  l. 

Cateiunk. 
Bourdin. 


1562.—  18  mai. 
Orig.  Bibl.  uat.  fonds  frauçais,  n°  6oo5,  f°*  cjo  et  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  vostre  courrier  m'a 
trou\é  icy  où  j'ay  amené  icy  le  Roy  mon  filz 
et  peu  de  compaignye,  pour  lever  l'opinion 
que  certains  font  courir  que  luy  et  moy  fus- 
sions prisonniers,  comme  vous  l'avez  assez 
entendu  par  noz  dernières  dépesches  et  sur 
laquelle  ilz  ont  faict  difficulté  d'obéyr  à  ce  qui 
leur  a  esté  plusieurs  foys  commandé,  et  ay 
laissé  à  Paris  mon  frère  le  roy  de  Navarre  et 
les  autres  princes  et  seigneurs  qui  y  estoient 
avecq  nous,  afin  que  d'icy  j'essaye  si  je  pour- 
ray  paciffier  les  troubles  qui  sont  plus  grandz 
partout  que  je  ne  les  vous  puys  dire  et  faire 
laisser  les  armes  à  ceulx  d'Orléans  et  les  sé- 
parer, comme  j'ay  délibéré  faire  aux  autres, 
de  manière  qu'il  n'y  ayt  que  le  Roy  armé  pour 
faire  chastier  les  séditieux  'et  ceulx  qui  l'au- 
ront mérité,  comme  j'espère  que  Dieu  nous 
en  donnera  le  moien;  de  quoy  j'ay  voulu  vous 
advertir  incontinent  à  ce  que  vous  sachez  l'oc- 
casion pourquoy  je  suis  partie  de  Paris,  qui 
a  esté  par  l'advis  de  mon  dict  frère  le  roy 
de  Navarre  et  autres  seigneurs  desquelz  je  ne 
me  suis  autrement  séparée,  ne  à  autre  inten- 
tion; car  il  n'y  a  expédient  ny  invention  que 
je  ne  cherche,  comme  il  est  raisonable,  pour 
adtnortir  ce  feu  qui  traine  ung  incroiable  dan- 
ger. Cependant  il  ne  se  perd  poincl  de  temps 
à  amasser  les  forces  de  tous  costez,  afin  que, 

1  Voy.  les  instructions  do  M.  d'Oisel,  allant  à  Rouen, 
datées  du  a  5  mai  1 56 2.  (Bibl.  nat.  fonds  Brienne,  vol.  ao5, 

f°5o6.) 


LETTRES  DE  GATH 

si  les  choses  ne  se  peuvent  terminer  par  doul- 
ceur,  on  y  merle  l'extrême  remède,  qui  est  les 
armes,  pour  faire  rendre  l'obéissance  au  Roy 
mon  filz.  Au  demouranl ,  l'occasion  pourquoy 
je  vous  renvoyé  ce  courrier  voilant,  est  pour 
vous  dire  que,  ayant  bien  considéré  l'inconvé- 
nient que  liens  pour  certain  du  prince  d  Es- 
paigne1,  dont  vous  penserez  assez  le  desplaisir 
que  je  puise  avoir,  encores  que  je  ne  face 
doubte  que  ma  fille  ne  soit  pour  avoir  des  en- 
fans  avec  la  grâce  de  Dieu,  qu'il  m'a  semblé 
que  je  ne  puis  sur  ceste  occasion  faire  chose 
plus  utille  au  royaume  que  de  trouver  moien 
de  conduire  le  mariage  de  la  princesse  de  Por- 
tugal2 et  du  Roy,  encores  que  les  âges,  soient 
assez  dissemblables;  que  vous  voiez  bien  que 
•  les  choses  du  monde  sont  incertaines.  Si  le 
Roy  catholicque  laissoit  ceste  grande  succes- 
sion sans  enfans,  elle  tombcroyt  à  la  Royne 
et  à  elle;  au  moien  de  quoy,  je  vous  prie,  sa- 
chant que  personne  ne  peull  mieuix  que  vous 
conduire  ceste  affaire,  regarder  à  demourer 
encores  quelques  jours  de  plus  par  de  là  pour 
dextrement  avec  le  moien  de  la  Royne  ma  fille 
adviser  d'enfourner  et  mectre  en  termes  le  dict 
mariage,  moitié  comme  de  vous-mesmes,  et 
partie  aussi  comme  de  chose  que  vous  pourrez 
bien  faire  sentir  que  j'aurois  pour  fort  agréable 
et  que  vous  n'en  parlez,  pas  sans  quelque  com- 
mandement. Vous  considérerez  et  jugerez 
mieuix  que  personne  si  le  duc  d'Alve  ou  le 
prince   d'Evoly  seront  l'un  plus  que  l'aultre 

1  L'évëqne  de  Limoges  parlant  de  don  Carlos  écrivait 
à  Charles  IX  le  10  mai  :  trj'ay  retardé  ceste  dépesche 
jusques  à  ce  soir,  pour  avoir  moien  de  vous  escripre  seu- 
rement  l'espérance  qu'il  y  avoit  en  la  vye  du  prince  d'Es- 
paigné,  qui  est  si  petite  qu'il  est  comme  abandonné,  el 
depuis  ceste  nuit  du  tout  sans  parole,  avec  augmentation 
de  fièvre  et  tellement  perdu  qu'il  est  comme  mort.» 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  GIJ20,  f°ao&.) 

2  Dona  Juana,  sœur  de  Philippe  II,  veuve  du  prince 
de  Portugal. 


ERINK  DE  MÉDICIS.  -il1» 

propre  pour  acheminer  cela  et  y  ferez  sur  le 
lieu,  cognoissant  les  humeurs  de  ceulx  à  qui 
vous  aurez  à  faire,  mieuix  que  je  ne  vous  sçau- 
rois  escrire;  mais  j'entendz  qu'en  ce  faisant  et 
soubz  ceste  occasion  cl  attente,  advenant  la 
dicte  succession  aux  deux  filles,  la  dicte  prin- 
cesse eust  pour  son  partaige  les  Pais-Bas  et  le 
duché  de  Milan  qui  seroit  pour  faire  cesser 
toutes  querelles  et  establir  par  ce  moien  une 
perpétuelle  bonne  paix  et  amitié  en  ces  deux 
grandes  maisons  et  par  conséquent  en  toute 
la  chrestienté.  Vous  entendez  ce  que  je  veulx 
dire;  dressez  cela,  Monsieur  de  Lymoges,  et  le 
meclez  si  avant  avec  dextérité  loutcsfois  et  sans 
en  rien  oblyer,  que  vous  ne  parliez  poinct  de 
là  que  ne  soit  en  si  bons  termes  que  vostre 
successeur  avec  l'ayde  de  ma  dicte  fille,  celle 
■que  y  pourra  faire  aussi  la  dicte  princesse, 
quant  elle  verra  ung  si  grand  contentement 
lui  estre  préparé,  le  puisse  après  vostre  parle- 
ment manier  et  disposer  plus  aisément,  dont 
vous  le  laisserez  bien  instruict;  mais  il  fault 
que  ce  enfournement  soit  saigement  et  pru- 
demment conduict,  afin  aussi  que  le  Roy  ca- 
tholique ne  prinl  pas  timbre   que  l'on  feisl 
eslat  de  sa  succession,  ne  ma  fille  aussi  que 
l'on  voulsist  qu'elle  n'eusse  poinct  d'enfans; 
car  c'est  la  chose.de  ce  monde,  comme  vous 
pouvez  penser,  que  je  souhaite  le  plus;  mais 
c'est  pour  ne  négliger  pas  le  fruict  qui  en  peult 
sortir  et  continuer  et  fortifier  nostre  amitié  el 
alliance  de  plus  en  plus,  joinct  que  le  temps 
nous  servira  pour  cnforcer  ce  que  sera  de  bon 
et  utille  au  bien  de  ce  royaume.  Je  n'eu  escriptz 
pas  clairement  à  Madame  ma  fille,  de  peur 
que  mes  lettres  feussent  veues  par  d'autres,  el 
remectz  sur  vous  à  lu\  faire  entendre  mon  in- 
tention  plus  au   long,  dont  je  m'asseure  que 
vous  la  sçaurez  bien  instruire  et  dresser  la 
partie  si  à  propos  qu'elle  se  Iraiclera  comme 
je  la  désire;  qui  est  chose  en  quoy  il  fault  que 


320 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


vous  tendiez  lous  les  nerfz  et  les  espritz  pour 
y  faire  ainsi  que  j'attendz  de  vostre  dextérité' 
et  prudence. 

J'ay  veu  vostre  dépesche  que  a  apportée  ce 
dicl  courrier,  que  j'ay  envoyée  à  Paris  à  mon 
dict  frère  le  roy  de  Navarre  pour  la  veoir;  à 
quoy  le  premier  jour  vous  sera  faict  responce 
par  ung  courrier  de  Bayonne  que  je  retiens 
icy,  joinct  que  j'attendz  bientost  à  sçavoir  ce 
qui  sera  survenu  depuis  lepartement  de  vostre 
dict  courrier,  et  aussi  ce  qui  se  doyt  espérer 
en  l'affaire  de  mon  frère  le  roy  de  Navarre  par 
Almede  qui  devoit  partir  bientost  après;  de 
quoy,  quelque  cbose  que  vous  m'escrivez,  je 
ne  veulx  désespérer  tant  que  j'aye  veu  ce  qu'il 
rapportera.  Par  le  dict  courrier  vous  sera 
esciïpt  plus  au  long  de  toutes  choses,  comme 
je  désire  que  vous  me  faictes  souvent  sçavoir 
de  voz  nouvelles  et  m'advertissiez  en  toute  di- 
ligence de  ce  que  vous  aurez  faict  et  com- 
mencé en  tout  ce  que  dessus,  et  de  ce  que  vous 
êscrirez  d'importance  faictes  le  mectre  eu 
chiffres,  pour  ce  que,  estaus  les  choses  trou- 
blées comme  elles  sont,  il  se  trouve  assez  de 
lieux  où  il  y  a  des  gens  assez  folz  qui  ne  fonl 
poinct  de  difficulté  de  veoir  toutes  les  lettres. 
Priant  Dieu  ,  Monsieur  de  Limoges,  vous  don- 
ner ce  que  plus  désirez.  De  Montceaulx,  le 
xviii0  jour  de  may  1 56a. 

[De  sa  main.)  Je  vous  envoy  beune  resète1 
que  ballerés  au  médecin  de  la  Royne  ma  fille, 
de  quoy  je  me  suys  tro\ée  fort  byen  pour 
avoyr  des  anfans,  afin  qu'i  luy  fase  fayre, 
car  s'et  la  chause  de  set  monde  que  je  désire 
le  plus. 

Caterine. 

De  I.'AlBESPINE. 
'  Resète,  recette. 


1562.  —  ao  mai. 

Orig.  Record  office  ,  State  papers,  France  ,  vol.  aa. 

A  M"  L'AMBASSADEUR  D'ANGLETERRE  '. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  receu  vostre 
lettre  par  vostre  homme  présent  porteur,  et 
ne  sçaurois  assez  remercier  la  royne  d'Angle- 
terre, vostre  maistresse,  madame  ma  bonne 
sœur,  de  la  démonstration  grande  qu'elle  faict2 
pour  le  bien  et  repos  de  ce  royaulme,  pour 
l'effecl  de  laquelle  je  recepvray  tousjours  agréa- 
blement tous  les  bons  offices  qu'elle  vous 
commandera  faire  en  ce  qui  s'offre,  et  si, 
pour  cet  effect,  vous  voulez  envoyer  à  Orléans, 
mon  frère  le  roy  de  Navarre  vous  baillera  le 
passeport,  puisque  je  ne  suis  plus  là3.  Priant 
Dieu,  Monsieur  l'ambassadeur,  vous  donner  ce  • 
que  désirez. 

De  Montceaulx,  le  xxc  may  i562. 

Caterine. 
De  l'Albespine, 


1562.  —  sa  mai. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n°  83,  f"  336  et  suiv. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENABS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  je  croy  qu'il  y  a  peu  de  per- 

1  Sir  Throckmorton. 

2  Elle  fait  allusion  aux  offres  de  médiation  de  la  reine 
Elisabeth. —  V oy .  Calemlar  of  State papert ,  1663,  p.  ai. 

3  Voici  la  réponse  dit  roi  de  Navarre  à  Catherine  :  «  J'ay 
entendu ,  Madame,  ce  que  vous  m'avez  mandé  touchant  le 
passeport  de  l'homme  de  l'ambassadeur  d'Angleterre;  sur 
quoy  je  vous  diray  en  premier  lieu  que  je  ne  suis  pas  d'ad- 
vis,  comme  ne  sont  tous  ces  seigneurs,  que  lui  proemetiez 
en  envoyer,  afin  qu'on  n'accoustume  les  ambassadeurs  à 
se  mesler  de  noz  affayres  plus  que  de  raison ,  et  aussi  que  je 
crains  el  ay  grandement  suspecte  sa  négociation  et  quand 
vous  vouldrez  qu'il  passast  oultre,  je  vous  suppliray.  Ma- 
dame, de  le  luy  bailler  vous-mesme,  car  je  ne  vouldroys 
pas  entreprendre  cela.n  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n°  15876,  f"6o.) 


LETTRES  DE  CATHEIU\E  DE   MÉDICIS. 


■a-i\ 


sonnes  (|iii  ne  sçachentque  depuis  le  commen- 
cement des  troubles,  qui  vont  s'augmentent 

en  ce  royaume  de  jour  à  autre,  à  mon  grand 
et  iulin\  regret  et  desplaisir,  je  n'ay  cessé  de 
recercher  el  essayer  tous  les  moyens  que  j'ay 
pensé  pouvoir  servir  à  composer  les  choses 
par  voye  de  douceur,  creignant  que  de  celle 
de  la  rigueur  el  des  armes  nous  venions  à  tom- 
ber aux  inconvéniens  irréparables  que  les 
guerres  et  dissentions  civiles  nul  apporté  aux 
(dus  grands  Estais  et  monarchies  qui  ayent 
esté  eu  ce  inonde,  lesquels  n'ont  enfin  ressenty 
de  telles  calamittez  que  ruyne  et  désolation. 
Touttesfois,  ainsy  qu'il  se  void  à  l'œil,  il  ne 
s'est  perdu  cependant  une  seulle  heure  de 
temps  aux  préparatifs  des  dictes  armes  qui  se 
continuent  tous  les  jours  avecq  toutte  la  dili- 
gence qu'il  est  possible,  de  sorte  que  en  fai- 
sant l'un,  il  ne  s'est  rien  obmis  de  ce  qui  est 
deub  faire  de  l'autre  moyen,  qui  est  celuy  de 
la  force,  qui  se  va  préparant  diligemment.  Et 
pour  ce  que,  au  long  séjour  (pie  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  a  faict  à  Paris,  je  m'estois 
aperceue  qu'il  estoit  nécessaire  de  luy  faire 
changer  d'air  pour  le  bien  de  sa  santé,  et  afin 
aussy  de  donner  à  connoistre  à  un  chacun 
que  luy  et  moy  ne  sommes  prisonniers, 
comme  aulcuns  l'ont  voulu  dire,  il  me  semble 
que  je  ferois  fort  bien  de  l'amener  jusques  en 
ce  lieu  et  que,  laissant  audict  Paris  mon  frère 
le  roy  de  Navarre  accompagné  d'une  bonne 
partie  des  princes  et  seigneurs  du  conseil 
privé  pour  advancer  l'assemblée  des  forces,  il 
ne  se  trouveroil  rien  à  redire  pour  nostre 
absence  et  pour  le  peu  de  séjour  que  nous 
ferions  en  ce  dict  lieu ,  où  je  n'ay  aucuns  pour 
accompagner  le  Roy  mon  dict  sieur  et  filz  que 
mon  filz  d'Orléans  son  frère,  mes  cousins  les 
princes  de  Navarre,  cardinal  de  Rourbon, 
conte  Daulphin,  prince  de  la  Roche-sur-Yon 
et  de  Joinville,  et  quelques  uns  des  seigneurs 

Cathebine  DE  MÉDICIS. 1. 


dudict  conseil  privé,  et  pour  force  celle  qui 
lu\  est  ordinaire,  des  deux  cens  gentilzhommes 
de  sa  maison  et  cinq  cens  archers  de  ses 
gardes,  que  j'ay  fait  départir  es  lieux  mesmes 
el  nécessaires  pour  la  seureté  de  ce  lo;;is,  d'où 
j'ay  incontinent  après  uostre  après  disnée  des- 
pesché  à  Orléans  les  s'"  de  Vieilleville  et  coule 
de  Villars,  chevaliers  de  l'ordre  et  conseiller^ 
audict  conseil  privé,  personnages  notables  et 
recommandâmes,  pour  tousj ours  moyenner  la 
pacification  de  nos  troubles,  faire  déposer  les 
armes  et  essayer  de  remectre  les  choses  de  ce 
royaume  en  leur  premier  estât ,  repos  et  tran- 
quilité.  Et  combien  que  mon  intention  feul  de 
vous  faire moy-mesmes  entendre  ma  dicte  réso- 
lution avant  nostre  parlement,  ce  néanlmoings 
en  ayant  esté  diverlye  et  interrompue  par  mul- 
titude d'autres  affaires,  et  parce  que  le  jour 
de  nostre  deslogeinent  il  fut  force  que  je  par- 
lisse  du  matin  pour  l'incommodité  de  la  cha- 
leur contraire  à  la  santé  du  Roy  mou  dicl 
sieur  et  filz  el  de  son  dict  frère,  je  fus  con- 
Iraincte  de  remettre  à  vous  faire  sçavoir  par 
lettre  ma  dicte  résolution,  ce  que  je  fais  pré- 
sentement, vous  priant  croire  que  ce  que  j'en  ay 
fait  n'est  pas  pour  m'esloigner  de  vous,  et  que 
n'aye  bonne  souvenance ,  s'il  réussi  1  de  ma  négo- 
ciation le  fruit  que  je  désire,  de  vous  faire  pari 
des  premiers  d'une  si  bonne  et  désirable  nou- 
velle; si  aussy  il  ne  se  peut  rien  faire  qui  nous 
apporte  la  pacification  de  nosdictz  troubles  et 
le  repos  que  je  désire,  je  me  retireray  auprès 
de  vous  aveq  ce  que  j'ay  de  plus  cher  et  précieux 
en  ce  monde,  qui  sont  mes  dicts  entants,  pour 
participer  avecq  vous  à  lout  le  bien,  ou  le  mal 
qui  en  pourra  advenir  et  succéder.  Priant 
Dieu,  Messieurs,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde.  Escriptà  Monceaux,  le  vingt  deuxiesme 
jour  de  may  mil  cinq  cens  soixante  deux. 

Caterine. 

BoDRDIN. 

.'.1 


3-22 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


1562.  —  a 3  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fomls  français,  n°  3178,  f>  16. 

A  MONSIEUR  D'HUMIÈRES, 

..ENT1U10MUE  OEDI.NAIRE   DE   LA  CHAMBRE  DO    ROT   MONSIEUR  MON    FIEZ 
ET  GOUVERNEUR  DB  PEROME. 

Monsieur  de  Humières,  ayant  receu  la  lettre 
que  vous  m'avez  escripte  du  vingtième  de  ce 
moys,  j'ay  bien  voulu  vous  y  faire  incontinant 
ce  mot  de  responce  pour  vous  dire  que  je  dé- 
sire bien  sçavoir  quelz  propos  les  Cambre'siens 
réfugiez  à  Montdidier  ont  tenu  sur  le  marché 
de  vostre  place,  pour  lesquelz,  par  craincte  de 
quelque  sédition,  vous  les  avez  faict  arresler 
prisonniers;  affin  que,  venant  par  deçà  le  dé- 
puté de  ceulx  de  Cambray,  je  saiche  quelle 
sera  leur  charge  pour,  selon  cela,  résouldre  ce 
<jue  je  luy  en  deverai  faire  respondre;  et  pour 
ce,  je  vous  prie  que,  incontinant  la  présente 
receue,  vous  m'envoiez  l'extraict  de  l'informa- 
tion qui  a  esté  faicle  à  l'encontre  d'eulx;  et 
cependant  faictes-les  tenir  en  bonne  et  seure 
garde  jusques  à  ce  que,  veu  l'extraict  de  la  dicte 
information,  je  vous  mande  ce  que  vous  en 
aurez  à  faire.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Hu- 
mières, qu'il  vous  ayt  en  sa  garde.  Escript  à 
Monlceaulx,  le  xxm8jour  de  may  i56a. 

Caterine. 
Bourdik. 

1562.—  a3  niai. 
Orig.  Bibl.  imp.  de  Sninl-Pétersbourg,  vol.  18,  f  36. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROI  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  je  vous  renvoyé  le  sieur  de  Losses1 
avec  ung  petit  mémoire  et  instruction 2  de  ce 

1  Jean  tic  Beaulieu,  s'  de  Losses,  mort  en  1676. 

2  Voici  cette  instruction,  datée  du  a4  mai  i5Ô2  : 

a  Le  sieur  de  Losses  dira  au  roy  de  Navarre  devers  le- 
nquel  la  Royne  le  renvoyé  présentement  comme  les  ma- 


qu'il    me  semble  que  l'on  pourra  faire  poui 
composer  les  choses  de  Rouen   par  quelque 

Bnans  et  habilans  de  la  ville  de  Rouen  ont  envoyé  deux 
5  députez  devers  elle  pour  luy  faire  les  excuses  de  ce  qui 
«  est  passé  en  la  dicte  ville  jusques  à  présent  et  la  supplyer 
«de  leur  voulloir  mander  et  faire  entendre  son  bon  com- 
«  mandement  sur  ce  qu'il  luy  plaist  qifilz  facent  pour  y 
Bobéyr,  n'ayans  jamais  eu,  ainsi  qu'ilz  dieul,  aultre  vo- 
Blunté  que  de  se  conserver  soubz  l'auctoiité  et  obéissance 
Bdu  Roy  pendant  les  troubles  qui  sont  en  ce  ioyaulme  et 
Baussi  se  préserver  de  la  menasse  qui  leur  est  faicte  public- 
«quement  de  saccaiger  la  dicte  ville,  qui  est  la  seconde 
sde  ce  royaulme  et  capitale  du  ducbé  de  Normandye. 

«La  dicte  Dame  là  dessus  n'a  riens  oublié  de  ce  qu'elle 
sieur  a  deu  dire  pour  leur  faire  recognoistre  la  grandeur 
b  de  leurs  faultes  et  désobéissance  et  qu'ilz  les  ont  monstrées 
«en  tant  de  divers  effectz  qu'elle  leur  a  bien  sceu  déduire 
«et  reprocher  les  ungs  après  les  aultres,  qu'ilz  ne  s'en 
Bsçauroient  excuser  envers  Dieu  ny  envers  les  hommes 
«et  aussi  peu  les  réparer,  quant  ilz  auroienl  sacrifié  pour 
«cela  jusques  à  leurs  propres  vies;  et  pour  ce  qu'il  ne  fail- 
«  loyt  pas  qu'ils  attendissent  d'obtenir  jamais  aucune  grâce 
«et  miséricorde  du  Roy,  ny  d'elle,  que  premièrement  ilz 
«n'eussenl  remis  la  dicte  ville  au  mesme  estât  et  obéis- 
«sance  qu'elle  estoyt  y  a  six  mois.  Et  pour  ce  qu'ilz  ont 
«  respondu  et  déclaré  à  la  dicte  Dame  que  les  ditz  habi- 
«tans  sont  prelz  de  ce  faire  pourveu  qu'ilz  ayent  seureté 
«de  n'estre  point  puys  après  invahys  et  molestez  des  forces 
«que  Monsieur  d'Aumale  assemble  et  prépare  en  ces 
«quartiers  là  ,  et  que  la  dicte  Dame  en  les  renvoyant  leur 
Ba  dict  qu'elle  leur  fera  sçavoir  dedans  un  jour  ou  deux 
«comme  ilz  auront  à  se  gouverner  en  cela,  elle  désire 
«avoir  sur  ce  l'advis  du  roy  de  Navarre,  et  des  princes  et 
«seigneurs  qui  sont  auprès  de  luy,  sans  lequel  il  ne  luy 
«a  pas  semblé  se  debvoir  résouldre  sur  ce  qu'elle  en  a 
ttadvisé. 

«Qui  est,  que  pour  commencer  à  mectre  en  repoz  ce 
«pays  là,  qui  est  si  esmeu  et  troublé  qu'il  n'est  possible 
«de  plus,  et  faire  déposer  les  armes  à  ceulx  qui  les  ont 
«prises  sans  le  commandement  de  Leurs  Majeslez;  en  quoy 
«la  dicte  Dame  pense  que  l'exemple  de  la  dicte  ville  de 
«Rouen,  capitale  de  tout  le  duché  de  Normandye,  servira 
«aultant  que  nulle  aultre  chose;  elle  estime  que  ce  ne 
«seroyt  poincl  mal  faict  de  dépescher  un  saige,  prudent  et 
«advisé  gentilhomme,  chevalier  de  l'ordre  ou  d'aultre 
«louable  qualité,  qui  ayt  charge  et  pouvoir  de  se  trans- 
«porter  en  la  dicte  ville  et  de  leur  commander  ce  qui 
«s'ensuit  : 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


323 


doulceur,  en  actendant  ipie  Dion  nous  donue 
moyen  <l  \  pourveoir  avec  plus  de  loisir.  Vous 

«Premièrement  du  rendre  tous  généralement  l'obéis- 

csanci'  qu'ils  doivi  al  au  Roy  et  de  vivre  les  nngs  avec  les 

icaullres  eu  paix,  amitié  el  union  sans  se  entre-injurier, 

trprovocque  .  ni  offenser,  et  eu  sur  h-s  peines  contenues 

édicts  faiclx  à  ceste  fin. 

«  II  affin  de  restituer  en  la  dicte  ville  la  liberté  accous- 
-tunji;''  que,  dès  l'heure  de  son  arrivée,  ilz  chassent  et 
«meelent  hors d'icelle  ville  toutes  les  forces  qu'ilz  y  ont 
-faicl  venir  du  dehors,  de  sorte  qu'il  ne  demeure  plus  en 
rla  dicte  ville  que  ceulx  qui  en  sont  vrays  habitants. 

«Qu'ilz  ayenl  tous  générallemenl  à  déposer  les  armes, 

uelles  le  dict  gentilhomme  fera  prendre  et  lever  de 

s  leurs  mains  et  meclre  en  lieux  seurs  telz  qu'il  advisera 

«en  la  garde  de  bons  et  notables  personnaiges  qu'il  com- 

«mectera  pour  en  avoir  les  clefz  et  la  charge  jusques  à  ce 

jn    aultrement  en  ayl  esté  ordonné. 

«Ordonnera  et  disposera  de  la  garde  des  portes  et  seu- 
itreté  de  la  ville  jusques  après  la  pacification  des  troubles 
«du  pays,  sans  que  aultres  que  ceulx  qu'il  députtera  à 
-ceste  fin  l'en  puissent  aucunement  empescher  et  ce,  pour 
«garder  que  pendant  lesditz  troubles  aultres  se  vinssent 
-soi -ii  delà  dicte  ville,  qui  seroyt  ung second  inconvénient 
■>plus  grant  que  le  premier. 

«Que  les  eo  lésiasticques  soient  remis  en  leurs  charges 
fret  dignitez  et  en  la  joysance  de  leurs  biens  et  que  eulx 
«et  les  aultres  catholicques  vivent  en  leur  forme  de  reli- 
«giou  accouslumée,  ainsi  qu'ilz  faisoient  auparavant  les- 
trditz  troubles,  sans  les  y  troubler  en  quelque  sorte  que  ce 
«soyl ,  et  sauf  à  leur  pourveoir  cy  après  sur  les  sacaigements 
<- et  pillei ies  faictes  en  leurs  églises,  reliquaires,  et  orne- 
itmens,  ainsi  qu'il  sera  de  raison. 

«Que  les  gallaires. soient  restituées  et  remises  es  mains 
«de  leurs  cappitaines  en  Testât  et  équipaige  qu'elles 
«estoient ,  lorsqu'elles  ont  esté  saisies  par  ceulx  de  la  dicte 
«ville. 

«Que  ceulx  de  la  nouvelle  religion  voisent  faire  leurs 
«presches  hors  la  ville  sans  aucun  port  d'aunes,  suivant 
«l'édicl  de  janvier,  et  se  contiennent  en  l'obéissance  qui 
«est  deue  par  bons  et  loyaulx  subjeetz. 

«Toutes  lesquelles  choses  ainsi  restituées  et  restablies 
«soubz  l'auclorité  et  obéissance  du  Roy,  le  dict  gentil- 

-  homme  en  advertira  Monsieur  le  dur  d'Aumale  devers 
«lequel  il  passera  en  allant  au  dict  Rouen,  pour  luy  faire 
«entendre  sadicte  charge  et  le  prier,  de  la  part  de  Leurs 

-  Majestez ,  qu'il  hasle  et  qu'il  dilligente  le  plus  qu'il  pourra 
(d'assemblée  de  ses  forces,  d'aultant  que  plus  les  habitans 


considérerez,  s'il  vous  plais t,  l'importance  de 
la  chose  el  quel  plaisir  ce  nous  sera  de  de- 
meurer eu  repos  de  cesle  ville  là  pour  aller 
donner  ordre  au  demeurant  et,  le  plus  tosl 
que  vous  pourrez,  m'en  manderez  vostre advis, 
aclendanl  lequel  je  ne  vous  feray  la  présente 
plus  longue  que  de  vous  prier  croire  le  dict 
sieur  de  Losses  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma 
part  tout  ainsi  que  vous  feriez  la  propre  per- 
sonne de 

Vostre  bonne  sœur, 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Mou  frère,  je  vous  ay  renvoyé 
le  sr  de  Lose,  voyent  que  seus  qui  aytoyt  aies 
à  Orléans  ne  seront  jeuques  à  demayn  ysi,  de 

peur  que  heusiés  afayre  de  luy  et  ausi  poui 

icdu  dict  Rouen  les  sentiront  gaillardes  et  prestes  à  mar- 
(ceber,  plus  ilz  s'advanceront  de  rendre  à  la  majesté 
••du  Roy  l'obéissance  qui  lui  est  deue  et  de  remeclre  la 
«  dicte  ville  en  son  premier  estai  el  liberté.  En  quoy  faisant 
ctet  selon  que  le  dict  gentilhomme  luy  fera  sçavoir,  mon 
«dict  sieur  d'Aumalle  ne  passera  poinct  oultre  à  exécuter 
«aucune  chose  à  rencontre  de  la  dicte  ville,  mais  mar- 
trehera  vers  les  aultres  pour  les  remeclre  en  l'obéissance 
itde  Sa  Majesté,  suivant  le  pouvoir  qu'il  en  a  et  qu'il  sçayl 
irde  son  inlenlion,  et  demeurera  le  dict  gentilhomme  au 
itdicl  Rouen  pour  contenir  toutes  choses  au  repoz,  pacifi- 
cation et  obéissance  qu'il  y  aura  estably  jusques  à  ce 
«que  l'on  aytadvisé  de  le  révocquer  de  là  et  d'y  envoyei 
«le  gouverneur,  ou  son  lieutenant,  ou  tel  aultre  qui  sera 
rdepputé  cy  après  à  ceste  fin. 

'Qui  sont  les  principaulx  chefs  des  choses  qu'il  a  -in 
«blé  à  la  dicte  Dame  se  pouvoir  faire  en  la  nécessité  du 
«temps  où  nous  sommes  pour  la  pacification  de  la  dicte 
«ville  qu'elle  remect  au  jugement  du  dict  sieu  roj  d 
~  Navarre  et  des  aultres  princes  et  seigneurs  estans  en  sa 
-compaignie  pour  y  changer,  adjouster  et  diminuer  ce 
«qu'ilz  estimeront  pour  le  mieulx  et  luy  en  mander  le 
-plus  dilligement  qu'il  sera  possible  leur  advis  et  sembla- 
«blement  sur  l'élection  du  dict  gentilhomme,  d'aultant 
«que  cest  affaire  requiert  prompte  expédition. 

«Faict  à  Montceaulx,  le  xxiv  mav  i56a. 

«Catbbinb.i 

(Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg,  n  18  des  manus- 
crits français.) 

4i. 


32â 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


me  sembler  sete  dépêche  de  tele  ynportense 
que  requiert  byen  heun  homme  qui  vous  puise 
byen  donner  entendre  tout  par  le  meneu.  Je 
me  remecteré  à  sa  seufisanse  pour  toutes 
chause  que  je  lu  y  ay  pryé  vous  dyre  de  la  part 

de 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

(Au  dos.)  La  Royne,  ce  xxm  may  i562. 


1562.  —  ai  mai. 
Orig.  Bibl.  imp.  de  Saint-Pélersbourg,  vol.  18,  f  38. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROI  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  l'ambassadeur  d'Espagne1  a  en- 
voyé icy  devers  moy  se  plaindre  que  ceulx  qui 
commandent  à  Mollins  n'ont  pas  voullu  faire 
rendre  les  vingt  mil  livres  qui  furent  arrestez 
au  sieur  Molvede,  marchant  espaignol,  dont  le 
Roy  monsieur  mon  filz  leur  avoit  cy-devant 
escript,  de  quoy  je  suis  fort  esbahie  et  n'en 
puis  penser  la  difficulté,  qui  me  faict  vous 
prier,  mon  frère,  avecques  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mou  filz  et  moy  en  escripvons  derechef 
au  sieur  Montrond  2  et  de  Montare  3,  leur  en 
l'aire  une  lectre,  affin  qu'il  y  soyt  incontinent 
satisffaict  et  sçavoir  si,  depuis  nostre  dernière 
dépesche,  il  en  auroit  riens  esté  escript  au 
contraire,  pour  rendre  le  dict  ambassadeur 
contant  et  satisfaict  en  cest  endroict,  comme  il 
est  raisonnable.  Priant  Dieu,  mon  frère,  vous 
donner  bonne  et  longue  vie. 

Escript  à  Montceaulx,  le  xxiiue  jour  de 
may  i  56a. 

Voslre  bonne  seur, 

Caterine. 

1  Cbantonnay. 

-  De  la  maison  de  Saint-Germain  (Forez),  issue  de 
celle  d'Apchon. —  Voy.  Guiclienon,  Hist.  de  Bresse. 
Delà  maison  de  Muuimoiïn,  en  Auvergne. 


1562.  —  ai  mai. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  463a,  f'  96. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

LIEUTENANT    GÉNÉRAL    DU  BOÏ    MON5IEUE    MON   FILZ 
EN  SON   GOUVERNEMENT   DE  BOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavanes,  avecques  la  commo- 
dité de  ce  porteur  auquel  j'avois  desja  faict 
bailler  mes  aultres  lettres,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  voullu  vous  faire  sçavoir  son  inten- 
tion sur  le  secours  de  deniers  qu'il  désire  que 
vous  ayez  des  argenteries  des  églises  de  delà1; 
à  quoy  je  vous  prie  faire  ce  que  vous  verrez 
nécessaire,  et  croire  que  aux  affaires  que  nous 
avons  ailleurs  il  y  a  peu  d'aultre  moien  de  vous 
mieulx  aider.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Ta- 
vanes, vous  donner  ce  que  désirez.  De  Mon- 
ceaulx,  le  xxuiie  jour  de  may  i56q. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  a 5  mai. 
Orig.  Arcb.  de  Lyon. 

A  MONSIEUR  DE  MAUGIRON. 

Monsieur  de  Maiigiron,  j'ay  entendu  par 
deux  despesches  que  vous  nous  avez  faictes, 
le  service  que  vous  vous  estes  essayé  faire  au 
Roy  monsieur  mon  filz,  depuis  que  vous  estes 
par  delà,  et  les  empeschemens  que  vous  y 
avez  euz;  à  quoy  ne  défaull  la  bonne  volonté, 
laquelle  je  m'asseure  que  bientost,  avecques 
l'ayde  de  Dieu,  vous  aurez  moyen  d'exécutter 

1  Toutes  les  pièces  relatives  à  la  saisie  de  l'argenterie 
des  églises  sont  au  portefeuille  Fontette,  36  A,  f"  1-18; 
le  procès-verbal  de  la  saisie  se  trouve  aux  archives  de  la 
Côte-d'Or,  3 , 1 170. —  Voy.  Lettre  de  S'-Point  à  Tavannes 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  &63t,  f°  13);  Pingaud,  Les 
Saiih-Tavmmes  (Paris,  Didot,  1876,  p.  33);  Mémoire 
de  M'  Quantin  sur  la  levée  de  l'argenterie  des  églises  à 
Avallon  (Soc.  litl.  de  l'Yonne,  i8âô). 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDIGIS. 


325 


au  bien  du  service,  du  Roy  monditfiiz1.  El  pour 
ce  que  mon  frère  le  roy  de  Navarre  vous 
escripl  présentement  ce  que  pour  ce  vous  au- 
rez à  l'aire,  je  m'en  remectray  à  lu\ ,  après 
vous  avoir  pryé  faire  el  exécutterce  qu'il  vous 
mande  et  ordonne  pour  ces!  effect.  Pryaul 
Dieu,  Monsieur  de  Maugiron,  vous  donner  ce 
que  désirez. 

De  Montceaulx,  le  xxv  jour  de  may  i562. 

(Iaterine. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  a5  niai. 
Orig.  Bibl.  imp,  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18,  f°  is. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  le  sieur  de  Mura2,  présent  por- 
teur, vous  monstrera  ce  qu'il  a  rapporté  de 
son  voiage  et  fera  entendre  ce  qu'il  m'en  a 
dict,  par  où  vous  sçaurez  en  quelz  termes 
sont  toutes  choses  au  lieu  d'où  il  vient,  qui 
est  si  mal  que  je  n'en  puys  avoir  que  très 
grand  eunuy  et  incroiable  desplaisir,  désirant 
de  plus  en  plus  veoir  une  fin  à  ce  grand  mal  ; 
à  quoy  je  vous  prye,  mon  frère,  après  avoyr 
bien  considéré  tout  ce  qu'il  vous  dira,  vouloir, 
aultaut  que  je  suys  certaine  que  vous  aymez 
l'enfant  et  la  mère  et  la  conservation  de  cest 
Estât,  bien  penser  et  adviser  aux  moyens  né- 

1  Les  gens  du  Parlement  de  Dauphiné  écrivirent  à 
Catherine,  au  sujet  des  ordres  donnés  à  Maugiron  :  qu'eu 
égard  au  nombre  des  réforn.és,  et  craignant  que  la  ren- 
contre des  deux  forces  ne  mette  en  danger  la  ville  de 
Grenoble  où  sont  tous  les  titres  du  domaine  du  Roi,  et 
qu'il  n'y  ait  une  grande  effusion  de  sang,  ils  ont  prié 
Maugiron  trde  suspendre  pour  quelques  jours  d'y  venir,  es- 
timant beaucoup  meilleur  céder  à  la  nécessité  du  temps  que 
de  mectre  en  ruyne  ceste  pauvre  ville  et  conséquemment 
tout  le  pays».  Ils  ont  écrit  semblablement  à  des  Adretz 
rpour  faire  retirer  les  forces  de  cculx  de  la  religion  -. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n    15876,  f  *  96  et  \\-.  1 

1  D'une  maison  du  Dauphiné  d'où  sont  sortis  les 
sieurs  de  Lestang. 


cessaires  pour  éviter  l'inconvénient  auquel  je 
prévoy  que  ce  royaulme  est  pour  tomber.  Il  a 
trouvé  aussi  par  les  chemyns  ung  pacquel  de 

Provence  que  je  vous  envoyé,  par  lequel  VOUS 

venez  ung  ce tencement  de  guerre  entre  le 

père  el  le  lilz  ',  lotîtes  choses  qui  m'augmen- 
tent la  pevne  en  quoj  je  suis,  el  donl  je  ne 
puys  recourir  que  à  vous,  mon  frère,  que  je 
tiens  comme  père  de  mes  enfans,  qui  est  tout 
ce  que  je  vous  puys  dire  pour  le  présent ,  vous 
ayant  tant  escripl  par  le  coule  de  Villars  el 
sieur  de  Vieilleville  et  depuis  par  Alluye-  que 
j'en  suis  àdemy  malade,  avecques  ce  que,  de- 
puis vostre  partement,  je  ne  me  suis  guières 
bien  portée.  Pryant  Dieu,  mon  frère,  vous 
donner  ce  que  plus  désirez.  De  Montceaulx. 
le  xxve  jour  de  inay  i562. 

(Desa  main.)  Mon  frère,  je  ne  pran  pas  tenl 
mes  plésirs  que  je  nay  soye  si  fachaye3  que 
n'ay  heun  heure  de  santé.  Je  voldrès  que 
seulx  qui  penset  que  je  an  naye  tenl  ysi  n'an 
neuse  non  plulx  que  moy,  et  qui  désirase  aul- 
tent  le  byen  et  repos  de  set  royaume  conte 
qui  devel,  et  qui  l'aymaset  aultent  la  pays 
corne  yl  echaufe  la  guère. 
Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

(Au  dos.)  La  Royne,  du  au  mars  i562. 


1 562. 


3i  mai. 


Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  11"  4G3-1 ,  f*  98. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANES, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE  DU  ROY   MONSIEUR  MON    riLZ 
ET  SON   LIEUTENANT   GENERAL  AU  GOUVERNEMENT  DE  BOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavanes,je  suis  bien   l'aschée 
de  veoir  de  jour  en  jour  nouveau  trouble  par 

1  Le  comte  de  Tende  el  M.  de  Sommerive,  son  fils. 
—  Voy.  ce  que  nous  en  avons  dit  à  la  note  de  la  p.  3o'i. 

2  Florimond  Roberlet,  s'  d' Alluye,  mort  en  i56q. 

3  Nay  soy  si  fachaye,  ne  sois  si  fichée. 


326 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


dellà,  et  uiesmes  que  cmlx  de  Chaallon  1  se 
soyent  tant  oublyez  qu'ilz  yayent  tiré  el  faict 
entrer  des  forces  dont  m'escripvez ;  en  quoy 
je  sçay  bien  que  vous  avez  donné  tout  Tordre 
qu'il  vous  a  esté  possible.  Et  acleudant  que 
vous  ayez  moyen  de  myeulx  faire,  je  vous  prye 
adviser  de  conserver  les  autres  places,  et  con- 
lenir  le  pays  en  la  plus  grande  trancquillité 
<pie  vous  pourrez,  vous  aydant  de  ce  dont  vous 
escript  le  Roy  monsieur  mon  filz,  à  la  lettre 
duquel  je  me  remectray ,  et  à  ce  que  le  général 
de  Bourgongne,  présent  porteur,  vous  pourra 
dire.  Prvant  Dieu,  Monsieur  de  Tavanes,  vous 
avoir  en  sa  garde.  Escript  au  boys  de  Vin- 
cennes,  le  dernier  jour  de  may  i562. 


(Utérine. 


De  l'Adbespine. 


(1502.  —  3i  mai.) 

Aut.  Arch.  de  Turin. 

A  MADAME  MA  SECR 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  je  croy  «pie  aurés  reseu  la  lelrc 
que  vous  ayscrivis  arsouir  bà  la  hasle  par 
l'homme  qui  s'an  veau  consile,  et  asleure  je 
vous  ay  bien  voleu  ayscripre  la  présante  pour 
vous  prier  de  m'ayder  à  vous  remersier  et  vostre 
bon  mari  de  set  que  ton  deux  faystes  pour 
nous  qui  avons  bon  besouing  que  nous  parans 
et  amis  set  monlret  asteure,  veu  le  pilous 
avtal  en  quoy  nous  souines ,  lequel  serlénement 
aysl  misérable,  et  se  se  n'étoyl  l'ayspéranse 
que  j'é  en  Dieu ,  et  que  y  m'a  tenl  de  fouis  aydée, 
je  ne  se  cornent  je  pourès  pourter  lé  maulx, 
les  ennuis  que  je  ay  et  ay  aucasian  d'avoyr; 
mes  je  me  lie  tent  en  sa  bonté  que  yl  auré 
pilyé   de  mes   petis   enfans  qui   n'ont  poynt 

1  Monlbrun,  à  la  têtu  îles  bandes  du  Midi,  s'était  fait 
ouvrir  les  portes  de  Chalon  par  ses  coreligionnaires;  il 
\  avait  interdit  la  messe  el  pillé  les  églises. 


mérité  encore  pour  leur  ynnosanse  tous  les 
maulx  qu'il  ont  et  qui  se  prépare!  en  sel 
pouvre  royaume  san  son  ayde.etqu'i  lu\  pièse 
y  mette  la  mayn  par  sa  miséricorde  et  ne  nous 
déléser  en  ses  troubles  au  que  nous  soumes. 
Je  vous  suplye,  Madame,  me  contineur  tous- 
jour  vostre  bonne  grase  et  ausi  la  bonne  vo- 
lante que  nous  pourtés  et  y  mentenir  Monsieur 
de  Savoye,  l'aseurant  que  ni  la  mère,  ni  les 
enfans  ne  seront  yngras  de  set  qui  faysl  à 
nostre  nésésité  pour  nous;  et  pour  se  que  le 
président1  et  Forget  vous  manderont  byen  au 
long  nostre  yntansion  et  que  je  l'ay  dyste  de 
bouche  ausi  à  set  pourteur,  je  fayré  fin,  me 
remetent  seur  heulx,  prient  Dyeu  vous  con- 
tineuer  vostre  bonheur  et  contentement. 

Vostre  très  humble  et  très  hobéissanle 

seur, 

Caterine. 

Madame,  je  vous  suplie  volouyr  donner  à 
Madamoyselle  deu  Goguier2  quelque  prolis 
désirés,  car  vous  savés  cornent  aylle  me  sert, 
et  en  réconpanse  set  je  puis  fayre  quelque 
chause  pour  sele  qui  vous  servet,  m'an  esti- 
meré  heureuse. 

(  1562.  —  3  i  mai.) 

Orig.  Bibl.  iinp.  il»;  Saint-Pétersbourg,  vol.  i8.  f  37. 

A  MONSIEUR 

MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  je  vous  envoyé  la  dépesche  que 

1   Le  président  de  Monlfort,  ambassadeur  de  Saioie. 

J  Voy.  note  de  la  p.  o4.  D'après  M.  Blanchemain,  l'é- 
diteur de  Saint-Gelays,  nous  avions  d'abord  pensé  que 
M"1  du  Gauguier  pouvait  bien  être  Marie  Helin,  épouse  de 
Louis  Burgensis,  médecin  de  Henri  II;  mais  depuis  nous 
avons  reconnu  que  son  vrai  nom  était  Claude  de  Beaune  et 
qu'en  1 5 5 7  et  iôTiS,  en  qualité  de  demoiselle  d'honneur 
de  Catherine,  elle  contre-signail  toutes  les  dépenses  de  sa 
maison. —  Voy.  le  registre  des  dépenses  de  Catherine  de 
Médicis.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n'  io3o6.) 


LETTRES  DE  C AT II 

j'ay  faicl  dresser  pour  le  gentilhomme  que  l'on 
doyt  envoyer  à  Orléans  et  aussi  pour  l'Angle- 
terre, que  je  vous  prie  vouloir  veoir  et  faire 
veoir  aux  seigneurs  qui  sont  avecques  vous  el 
m'en  mander  vostre  advis,  affin  que  je  l'ace 

partir  incontinent  l'une  el  l'autre  dépescl I 

si,  par  mesme  moien,  vous  me  voulez  faire 
sçavoir  de  vos  nouvelles,  vous  ferez  chose  que 
prendra  à  grand  plaisir 

Voslre  bonne  seur, 

Gaterine. 

(De  sa  main.)  Je  viens  de  resevoyr  vostre 
letre  et  suis  bien  ayse  que  le  logis  souit  si 
à  propos  et  ne  bougeré  que  n'aye  de  vos  no- 
velles.  Je  voklrès  by&n  que  seuls  de  Rouan 
feuse  si  byen  consellay  que  la  ville  ne  feut  en 
danger  d'estre  sacagée.  Mandé  nioy  set  que  y 
vous  répondron  el  que  aurés  veu  à  set  matin. 
Je  vous  envoy  la  letre  de  Clerveaulx1  et  vous 
vovré  la  seude-de  ses  soldas  et  par  là  conèlré 
qu'il  an  na  beaucoup  comendé. 


ERINE  UE  MÉDICIS. 


•tel 


1562.  —  'i  juin. 

Copie.  Arcl).  de  la  mairie  de  Dijon,  Iî.  19g. 

A  MONSIEUR  DE  TA  VANNES, 

L1IUTEHANT   AL  GOUVEHNEMENT  PC  BODBGOCHB. 

J'ai  sceu  par  oc  que  m'avez  escript  el  que 
m'a  dit  de  votre  part  Pelissier,  présent  pour- 
leur,  comme  est  passé  le  faicl  de  Chalon  d'où 
se  sont  retirés  ceulx  qui  s'en  estoienl  saisiz3; 
de  quoy  j'ay  esté  très  aize  et  très  contente  du 
bon  ordre  que  vous  avez  donné  pour  les  ré- 

1  Antoine  de  Vienne. 

*   La  seuile,  la  solde. 

1  Tavannes  était  rentré  à  Chalon,  le  i  juin,  après 
avoir  dispersé  une  des  compagnies  envoyées  par  Mont- 
brun  pour  batlre  la  campagne.  Ne  se  sentant  pas  assez  fort , 
MoDtbrun  s'étnit  embarqué  sur  la  Saône,  laissant  ses 
coreligionnaires  à  la  merci  du  vainqueur.  —  Voy.  Perry, 
Hist.  de  Chalon,  p.  33o. 


(luire  à  la  peur  qui  les  a  réduit,  ce  donl  il  ne 
l'aul  pas  perdre  le  fruit;  désirant  que  suivant 
ce  que  vous  aurez  peu  entendre  de  l'entencion 
du     Roy    monsieur    mon    lilz   el  de   moy,  par 
la  despesche  que  vous  a  esté  dernièrement 
l'aide   par  le  corner,  vous  laciez   tout  ce  que 
vous  pourrez  pour  achever  île  nettoyer  toul  le 
pays  de  Bourgongne  de    este  vermine  de  pré- 
dicans  cl  de  ministres  qui  v  ont  mis  la  pesl 
ainsi  que  vous  avez  bien  commencé,  ou  pour 
dire  la  vérité,  qui  sont  causes  des  insollences 
qui  y  onl  esté  faictes  el  de  la  désobéyssance 
qui  s'y  est  échue  jusques  icy,  que  je  vous  prie 
recovrer  par  tous  moyens  et  n'y  espargner  n'y 
oublier  riens,  extimant,  comme  il  me  semble 
bien  raisonnable,  que   vous  serriez  ceux    de 
Lyon  le  plus  près  que  vous  pourrez.  Et  regardez 
et  recovrez  de  ce  couslé  là  tout  ce  que  s'\  estoil 
perdu,  en  manière  que  le  Roy  mon  dit  lilz  \ 
soil  obéy,  et  les  sédicieulx  ebastiez  comme  ilz 
foui   méritez.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Ta- 
vannes, vous  donner  ce  que  plus  désirez. 
D'Estampes,    le   quatrième  jour   de   juinj; 

1  5  G  2 . 

Catemne. 
De  l'Aubkspine. 


1502.  —  9  juin. 
Archives  <lti  Rhoue. 

V  MONSIEUR  DE  MAUGIRON, 

GBHTILH031VB  OBD1HAIBB  I>E  LA  CHAMBRE  DE  BOT 
BT    SON    UETJTBEIAUT  SBRBRAL    B1  .  UMÉ  , 

Bfl    L'ABSENCB  DE   MON    COUSU    LE    PLC    D8   COl 

Monsieur  de  Maugiron,  pour  ce  que,  entre 

leschasleaulxqui  sont  de  garde  el  conséqu :e 

au  gouvernement  de  Daulphiné ,  j'ay  entendu 
que  celluyduCbasIeau-DaupbinesIdu  nom  lire, 
lequel,  à  ce  que  l'on  nous  a  dict.esl  en  bien 
fort  mauvais  estai  «le  munitions  el  de  gens 
de  guerre;  à  eesle  cause,  désirant  qu'il  \  suit 
pourveu  à  ce  qu'il  n'en  advienne  aucun  incon- 


:>28 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


vénient,  je  vous  j » iî o  el  ordonne  que,  incon- 
tinant  la  présente  receue,  vous  aiez  à  faire 
mener  et  conduire  en  icelluy  une  moyenne  ou 
hastarde,  et  quelques  aultres  pièces  d'artil- 
lerie des  plus  prochains  et  comodes  lieux  du 
dit  chasteau;  donnant  ordre  que,  advenant  ung 
besoing,  vous  y  puissiez  faire  gecter  dedans 
ung  nombre  de  cinquante  hommes  et  quelques 
armes,  y  faisant  conduire  cependant  la  quan- 
tité de  \  ivres  et  munitions  que  vous  congnoistrez 
estre  nécessaire  pour  la  garde  d'icclluy.  Et  pour 
ce  que  je  irTasseure  que  vous  n'y  ferez  auculne 
faulte,  je  ne  vous  en  feray  la  présente  plus 
longue.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Maugiron, 
qu'il  vous  aict  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  à  Estampes,  le  ixm°  jour  de  juing 

1062. 

Caterine. 

1562. —  (13  juin.) 

Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  15876,   f°  166. 

A  MONSIEUR  DE  FOURQUEVAULX  '. 

Monsieur  de  Fourquevaulx,  j'avoys  aupara- 
vant la  réception  de  vostre  lettre  du  xxii1,  jour  du 
niovs  passé  bien  entendu  l'exécution  qui  c'estoyt 
faicte  à  Thoulouze2  et  le  bon  debvoyr  dont 
vous  y  avez  usé,  chose  qui  ne  m'avoit  semblé 
estrange  pour  l'asseurance  que  j'ay  que  par- 
tout où    vous    trouverez,  vous  adviserez   de 

1  Iîavmond  de  Pavie,  baron  de  Fourquevaux  ou  For- 
quevaux,  d'une  Camille  noble  de  Languedoc,  se  distingua 
dans  les  guerres  d'Italie,  sous  François  1"  et  Henri  II. 
Nommé  gouverneur  de  Narboune  en  i."i.jS,  il  prit  part 
aux  premières  guerres  civiles  et,  plus  tard,  remplaça 
comme  ambassadeur  en  Espagne  M'  de  Saint-Sulpice  ; 
il  mourut  à  Narbonne,  à  l'âge  de  soixante-cinq  ans,  en 
lO'jli.  La  Bibliothèque  nationale  conserve  plusieurs  vo- 
lumes de  sa  correspondance.  —  Voy.  les  n°  7070  et 
10753  du  fonds  français. 

\  oy.  pour  la  pari  qu'il  prit  aux  troubles  de  Toulouse, 

de  Mordue,  édit.  de  Ruble,  t.  IV,  p.  1.37;  de 

Tliou,  Hist.  univert.  trad.  (Londres  1  7.36  ,  t.  IV,  p.  377). 


mesme  et  ne  ferez  pas  pis  que  vous  avez  faict 
jusques  icy  pour  le  service  du  Roy  monsieur 
mon  filz;  mais  j'ay  esté  infiniment  ennuyée 
du  mal  que  j'ay  veu  par  vostre  dicte  lettre  estre 
en  Languedoc  semblable  à  celluy  qui  se  vovl 
par  toutes  les  aultres  provinces  de  ce  royaume, 
pour  la  craincte  que  j'ay  qu'il  n'en  advienne, 
corne  il  est  croyable,  tant  de  malheurs  et  de 
calamitez  que  ce  sera  une  pitié.  Depuys  que 
ceulx  de  la  nouvelle  religion  sont  si  fortz, 
comme  le  me  mandez,  je  trouve  bonne  la  levée 
que  a  faicte  Monsr  de  Joyeuse  \,  affin  de  pou- 
voir avoyr  moyen  de  remédier  à  leurs  des- 
seings2 et  asseurer  le  pays  en  l'obéissance  du 
Roy  mondil  filz,  el  pour  l'entretenir  je  ay 
faict  dépescher  ung  mandement  audict  sr  de 
Joyeuse  pour  prendre  des  denyers  de  ce  pays- 
là  jusques  à  la  concurrence  de  la  somme  de 
xl1"  1.  Et  encores  que  ce  soyt  chose  qui  sera 
malaysée  en  ceste  saison ,  il  requerra  Montagne3 
de  s'en  servir  le  mieulx  qu'il  pourra,  et  vous 
priant,  M.  de  Fourquevaulx,  de  vostre  pari 
vous  y  employer  et  adviser  de  faire  tout  ce  que 
vous  penserez  qui  pourra  profiter  au  repoz 
public  et  à  la  conservation  de  l'authorité  du- 
dit  Roy  mon  filz,  comme  de  celle  de  Dieu,  el 
y  travailler  sans  y  perdre  une  seulle  heure  de 

1  Joyeuse,  pour  s'opposer  à  Crussol,  avait  six  mille 
hommes  de  pied  et  cinq  cents  chevaux.  —  Voy.  Dom  Vais- 
sète,  Hist.  du  Languedoc,  t.  V,  p.  a33. 

2  Le  3  mai  les  églises  de  Béziers  avaient  été  saccagées. 
Maître  de  tout  le  pays  jusqu'au  Rhône,  Crussol  avait  armé, 
le  2.3  mai,  les  habitants  de  Montpellier.  Le  a  juin,  les 
protestants  avaient  pris  Beaucaire. —  Voy.  Dom  Vajssète, 
Hist.  du  Languedoc,  t.  V,  p.  !>3a  et  suiv.;  Mesnard,  His- 
toire de  Nîmes,  t.  IV,  p.  368  etsuiv. ;  Lettre  de  Crussol 
à  la  Reine,  en  date  du  1"  juin  (Bibl.  nat.  fonds  franc. 

D°  15876,  P.  10»). 

3  Jacques  de  Montagne,  né  au  Puy-en-Velay,  qui,  de 
1 555  à  1070,  exerça  la  charge  d'avocat  général  de  la 
cour  des  aides  de  Montpellier;  il  a  composé  une  histoire 
de  l'Europe,  de  i56o  à  1587.  —  Voy.  le  n°  i54p,5  du 
fonds  français. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


329 


temps,  de  façon  que  j'espère  dans  peu  de 
jours  d'une  façon  ou  aultre  y  voyr  la  fin.  et 
sur  ce  je  prie  Dieu.  Monsieur  de  Fourque- 
vauix,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

D'Estampes,  ce  (xn)  jour  de  juing  1 56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsr  de  Fourque- 
vnulx.  du  ....  jour  de  juing  i56q. 


1562.  —  îa  juin. 

Orig.  Arcb.  du  Rhône. 

A  MONSIEUR  DE  MAUGIRON, 

CBSTILEOim    ORDINAIRE    DE  LA    CHAMHRE    DU   ROÏ  MONSIEUR  MON  FILS 

VÎ    'ON    LIEUTENANT   GÉNÉRAL  AU    GOUVERNEMENT    DE   DAUPHLNE, 

B8   L'ARSENCE  DE   MON   COUSIN   LE  DUC  DE   GUYSE. 

Monsieur  de  Maugiron,  vous  entendrez  par 
la  lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript  présentement  le  contentement  et  sac- 
tiffaction  qu'il  a  du  bon  debvoir  dont  vous 
usez  par  delà  à  faire  lever  des  forces,  et 
comme,  au  contraire,  il  a  trouvé  très  mau- 
vaise la  harangue  du  depputté  de  la  court 
de  Parlement,  chambre  des  comptes,  conmis 
des  estatz  et  consulz  de  Grenoble  l,  ausquelz 
il  a  faict  présentement  une  bonne  lettre  là 
dessus,  comme  vous  pourrez  veoir  par  le 
double  qu'il  vous  en  envoyé.  Vous  entendrez 
aussi  quelle  est  son  intention  sur  l'allée  par 
delà  du  sieur  de  Tavannes,  avec  ses  forces, 
affin  de  vous  aydèr  à  nectoyer  le  païs  de  ceste 

1  Les  gens  de  la  cour  du  Parlement  de  Grenoble 
avaient  prié  la  Reine  de  retarder  l'arrivée  de  Maugiron  â 
Grenoble,  occupée  par  les  buguenols,  craignant  qu'on  n'en 
vint  aux  mains.  rNous  avons,  disaient-ils,  advisé  escrire 
au  s'  de  Maugiron  et  luy  donner  advis  de  suspendre  pour 
quelques  jours  d'y  venir,  sinon  qu'il  eut  exprès  comman- 
dement de  ce  faire,  estimant  beaucoup  meilleur  de  céder 
à  la  nécessité  du  temps  que  de  mettre  en  ruyne  ceste 
puiivre  ville  et  conséquemment  tout  le  pays;  et  semblable- 
mont  aurions  aussi  escript  au  s'  des  Adrets  pour  faire  re- 
tirer les  forces  de  ceulx  de  la  Religion,  i  (Ribl.  nat.  fonds 
franc.  n°  16876,  f°  96.) —  Voy.  Chorier,  Hist.  du  Dau- 
phiné,  p.  564. 

Cathehise  DE  Mt'BICIS.  —  1. 


vermyne  de  rebelles,  comme  il  a  jà  faict  en 
Bourgongne.  Estant  bien  requis  que,  en  ceste 
si  urgente  occasion,  vous  regardez  à  vous  bien 
entendre  avec  luy,  et  luy  obéyr  ainsi  que  le 
dict  seigneur  Roy  mon  filz  le  vous  mande  plus 
amplement  par  sa  dicte  lettre;  sur  laquelle 
me  remectant  du  surplus  pour  l'asseurance 
que  j'ay  que  ne  fauldrez  à  luy  sactisfaire  en 
cest  endroict,  je  prieray  Dieu  vous  avoir. 
Monsieur  de  Maugiron,  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Escript  à  Estampes,  le  xir*  jour  de  juing 
i562. 

Catemne. 

Je  vous  envoyé  la  dicte  lettre  pour  la  court 
de  Parlement,  fermée  à  cachet  vaulant,  affin 
que  la  voyez  et  la  leur  faictes  tenir  avec  la 
myenne,  et  aultant  aux  conmis  des  estatz  de 
Daulphiné. 

1562.  —  1  2  juin. 

Orig.  Arch.  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  entendrez  par  la  lettre  que 
le  Roy  monsieur  mon  filz  vous  escript  présen- 
tement la  prière  et  requeste  qu'il  vous  faict  de 
ne  trouver  mauvais  que  les  sieurs  de  Tavannes 
et  de  Maugiron  lacent  passer  par  la  Bresse,  ou 
aultre  endroict  de  voz  païs,  les  forces  qu'ilz 
ont  avec  eulx  pour  les  faire  joindre  en- 
semble, affin  de  repurger  le  Daulphiné  des 
rébellions  et  désobéissances  qui  se  y  usent, 
dont  j'ause  bien  me  promectre,  mon  frère, 
que  suivant  votre  accouslumée  bonne  volunté 
en  notre  endroict,  et  estant  question  en  cella 
d'une  si  bonne  occasion ,  vous  ne  nous  vouldrez 
reffuser;  par  quoy  demourant  en  ceste  asseu- 
rance  je  ne  vous  en  feray  aultre  redicte  par  la 
présente ,  priant  Dieu ,  vous  donner,  mon  frère , 

A  2 


330 

après  mes  bien  affectionnées  recommanda- 
tions à  vostre  bonne  grâce  ce  que  désirez. 
Escripl  à  Estampes,  le  xne  jour  de  juing  i56a. 

Caterixe. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1562.  —  i3  juin. 

Copie.  Bibl.  oat.  fonds  français,  n°  G6o5  .  f°'  96  et  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  vous  aurez  veu  la 
dépesche  qui  vous  fut  faiete  hier  par  le  cour- 
rier de  Bayonne  que  je  vous  ay  renvoyé,  par 
où  vous  avez  entendu  Testât  en  quoy  nous 
sommes,  qui  n'est  de  riens  amendé  depuys, 
et  veoy  ces  troubles  et  inconvéniens  aller  s'ai- 
grissans  de  jour  en  jour,  de  façon  que  comme 
femme  et  mère  d'ung  roy  pupille,  je  croy  que 
\ous  pensez  bien  que  je  ne  suis  pas  sans  grande 
peyne  pour  infinyes  raisons  que  vous  considé- 
rez assez ,  dont  je  vous  en  toucheray  deux  par- 
ticulières, qui  sont  si  importantes  que  nul  bon 
subject  et  serviteur  de  cette  couronne  ne  sçau- 
roit  guères  remémorer  en  son  esprit  sans 
grand  desplaisir,  et  pensez  donques  jusques 
où  cela  me  pénétrera.  Je  veoy  premièrement 
tous  les  plus  grands  hommes  et  dignes  capi- 
taines de  ce  royaulme  et  les  principaulx  de  la 
noblesse  ayant  les  armes  en  la  main  les  ungs 
contre  les  aullres,  aigriz  et  animez  de  telle 
sorte  qu'il  ne  s'en  peult  actendre  que  prochaine 
ruvne  et  perte  de  l'une  ou  de  l'autre  partye  et 
par  aventure  de  toutes  les  deux,  pour  estre  la 
querelle  et  l'occasion  telle  que  vous  les  sçavez1  ; 
et  de  l'issue  de  cela  le  chemin  et  la  porte  ou- 
verte à  tous  les  estrangers  qui  vouldronl  iuvahir 
ce  royaume  desnué  et  privé  de  ceulx  qui  le 
devrovent  deffendre,  qu'il  sera  à  la  merci  et 
discrétion  du  vainqueur  de  bailler  la  loy  à 
tout  ce  royaume,  et  ne  sçay  s'ilz  la  voudraient 

En  marge  est  écrit  :  Ici  commence  le  chiffre. 


bailler  au  filz  ou  à  la  mère,  et  quant  je  consi- 
dère bien  la  friandise  que  telles  occasions  peu- 
vent donner,  vêla ,  Mr  de  Limoges,  la  discrime l 
et  angoisse  d'esprit  en  quoy  je  suys  et  pour 
une  aultre  occasion  aussi  que  je  vous  veulx 
bien  déclarer,  craignant  tous  inconvénients, 
qui  est  que  je  veoy  le  prince  de  Condé  bien 
fort,  et  grandement  accompagné  et  ne  puys 
ne  craindre  que,  tournant  la  victoire  de  son 
cousté,  mon  filz  le  Roy  catholicque,  s'il  medsa- 
venture  aux  chefs  qui  sont  en  nostre  armée, ne 
voulsust  alors  entreprendre  la  vengeance  décela 
et,  soubz  umbre  de  m'ayder  à  deffendre  et  con- 
server ce  royaulme,  n'y  mecte  et  face  entrer 
toutes  ses  forces,  monstrant  vouloir  prendre  la 
protection  et  se  rendre  comme  tuteur  de  mon 
filz,  qui  serait  le  comble  du  malheur  et  la 
ruyne  totalle  et  éversion  de  cest  Estât,  envyé 
de  tant  de  gens  et  de  si  longs  temps  qu'il  est 
bien  à  croyre qu'il  n'en  perdrait  pas  l'occasion, 
et  n'y  a  alliance  ny  amytié  qui  m'en  puisse 
donner  aucune  asseurance.  Cecy  vous  escris-je 
de  bonne  heure,  Monsieur  de  Limoges,  afin 
que  vous  prépariez  dextrement  le  dict  Roy  ca- 
tbolicque  à  recevoir  l'événement  qu'il  plaira 
à  Dieu  envoyer,  comme  il  fouit  faire,  toutes 
venans  de  sa  voulunté,  sans  qu'il  cognoisse 
que  je  vous  aye  esciipt ;  l'advertissant  que,  pour 
rendre  l'armée  du  Roy  mon  filz  tousjours  plus 
forte,  je  fais  venir  icy  six  mille  Suisses  et  six 
mille  lansquenetz  qui  seront  bientost  par  de  çà 
avecq  deux  mille  chevaulx  allcmans,  lesquelz, 
s'il  advenoit  quelque  désastre  entre  cv  et  là, 
avec  beaucoup  d'aultres  forces  que  je  fais  tenir 
prestes,  serviraient  à  faire  ce  que  la  première 
armée  n'aurait  pas faict, afin  que,  sçachaut  cela 
le  dict  Roy  catholicque,  vous  lui  puissiez  par 
ce  moien  rumpre  le  coup  et  faire  perdre  l'ap- 
pétit d'entrer   en  ce   désastre   avecq    grande 

'  Discrime,  crise. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


331 


force  en  ce  royaolme;  chose  que  je  veuix  par 
tous  moieus  éviter,  pour  estre  de  l'importance 
que  vous  cognoissez  ;  et  vous  prye  en  cela 
employer  Ions  voz  cinq  sens  de  nature,  car 
je  crains  aultanl  qui'  la  mort  de  veoir  adve 
nir  à  mon  filz  et  à  moy  ces!  importable  acci- 
dent.  sçachant  quels  -cul  les  conseils,  pra- 
(icques  et  menées  de  ceulx  qui  nous  ont  excité 
ces  (roubles  où  y  pend  tant  de  mal  que  je  ne 
\ous  puis  dire;  mais  ayant  trouvé  ce  porteur 
je  ay  bien  voulu  mectre  ceste  lectre  à  l'aven- 
ture. 

1562.  —  (i  3  juin.) 

Minute.  Bibl.  oat.  fonds  français,  n°  13876,  P'  109  el  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  MONLUC. 

Monsieur  de  Monluc ,  auparavant  que  j'eusse 
receu  vostre  lettre  du  xxne  du  moys  passé, 
j'avoys  très  bien  entendu  le  bon  exploict  que 
vous  avez  fairt  à  Thoulouze  ',  et  comme  vous 
l'avez  préservée  de  tumber  entre  les  mains  de 
ceulx  qui  la  vouloient  soustraire  de  mon  obéis- 
sance, car  vous  pouvez  assez  penser  que  j'avoys 
receu  le  contentement  tel  que  vous  pouvez  dé- 
sirer pour  vous  attribuer  la  gdoyre  principalle 
de  la  conservation  de  ceste  ville  avec  l'ayde  de 
tant  de  gens  de  bien  et  bons  serviteurs  de 
ceste  couronne  qui  vous  y  ont  assisté;  et  pour 
ce  que  j'ay  veu  par  le  porteur  comme  vous  en 

1  Voy.  Dom  Yaissète,  Histoire  générale  du  Languedoc, 
t.V,  p.aig-aa4  ;  Commentaires  de  Monluc,  édit.  de  Ruble, 
I.  II,  p.  /100,  Itolt  et  il 6 ,  et  t.  IV,  p.  t3a  et  suiv.;  De 
Thou,  Histoire  univers,  trad.  t.  IV,  p.  370;  Bosquet, 
Histoire  des  troubles  advenus  en  la  ville  de  Tolose  (Tolose, 
Colomiez,  1  5 6 3 ,  in-12).  Cette  relation  des  troubles  de 
Toulouse  a  été  plusieurs  lois  réimprimée,  et  notamment 
en  1 8 (î 2  ,  à  l'occasion  du  trois-centième  anniversaire  de 
la  sédition  et  de  la  délivrance  de  la  ville.  Cf.  Lettres 
du  cardinal  d'Armagnac,  publiées  par  M.  Tamize]  de  Lar- 
roque,  dans  la  Revue  historique,  de  MM.  Munod  et 
Fagniez  (1.  I.  p.  517  I. 


allez  à  Lavauret  Castres,  et  que,  par  tous  les 
adviz  que  nous  avons  de  ces  quartiers-là,  les 
choses  sont  en  telle  confusion  qu'il  est  besoin;; 
d'\  mectre  ordre  promptement,qui  ne  vouldra 
les  laisser  aller  en  ruyne  et  désolation.  Aussi 
est-ce  pour  vous  prier,  suyvanl  ce  que  nous 
avons  résolu,  que  vous  regardiez  d'assemblé) 
toutes  vos  forces  et  vous  mectre  tous  ensemble, 
vous  et  Messieurs  de  Tende  et  de  Gondrin  *, 
et  qu'avec  les  gendarmes  et  gens  de  pied  el 
tout  ce  que  vous  pourez  avoyr  assemblé,  si 
vous  en  avez  affayre,  tant  de  la  noblesse  que 
des  communes,  vous  regardiez  d'aller  aux  lieux 
que  vous  jugerez  plus  nécessaire  d'estre  ré- 
duietz  en  l'obéissance  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  affin  de  regagner  pied  à  pied  ce  qu'ilz  ont 
usurpé  sur  luy;  mais  seullement  que,  après 
avoyr  nectoyé  Castre,  Lavaur  et  telles  places, 
vous  debvez  aller  droict  à  Agen  qui  est  le  prin- 
cipal magazin  de  toutes  leurs  forces,  ne  doub- 
lant pas  qu'en  ayant  prins  une  ou  deulxetfaicl 
bien  etsévérement  [punir]  les  chefz  el  les  prin- 
cipaulx  de  ceulx  qui  les  ont  prinses,  les  aultres 
u'v   prennent  un  exemple;  vous  priant,  puis- 
que vous  avez   la   force  en   main,  que  vous 
ne  la  laissiez  point  que  vous  n'ayez  nectoyé 
tout  le  pays  des  séditieux  qui  ont  usurpé  no/. 
villes,   remectant  à  vostre  discrétion  d'aller 
es  lieux  que  vous  jugerez  les  plus  importans 
et  de  faire  comme  vous  congnoistrez  plus  né- 
cessaire pour  y  mectre  promptement  une  fin, 
et  affin  que  vous  ayez  moyen  d'entretenir  les 
forces  que  vous  avez  et  en  faire  d'aultres,  si 
vous  en  avez  besoing,  il  vous  est  présentement 
envoyé   ung   mandement  pour   prendre    aux 

1  Antoine  de  Pardaillan,  s"  de  la  Mothe-Gondrin,  — 
Vov.  Comment,  de  Monluc  (édit.  de  Ruble,  t.  Il ,  p.  38o): 
Lettre  de  Bellegarde  au  lioi,  datée  de  Toulouse,  le  la 
juin  i5Ô2  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  10876,  f°  1 16)  ; 
Lettres  des  capitouls  de  Toulouse  à  la  Reine  et  au  Roi 
!  ibid.  t "  117,  1 19,  iai). 

ûa. 


332 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


receptes  généralles  de  Guyenne  et  de  Thou- 
louze  jusques  à  la  somme  de  cent  mille  livres 
lanl  des  deniers  des  dixmes  que  aultres, 
pour  satisfaire  à  voz  despenses;  sur  laquelle 
somme  le  Roy  monsieur  mon  fils  trouve  bon 
et  je  vous  ordonne  prendre  jusques  à  troys 
mille  livres  pour  vous  donner  les  moyens  de 
satisfaire  à  la  despence  qu'il  vous  convient 
faire,  vous  pouvant  bien  asseurer  qu'il  ne  se 
présentera  occasion  de  vous  faire  du  bien  et 
de  l'honneur,  que  je  ne  recognoisse  les  services 
que  vous  faictes  à  ceste  couronne  et  la  grande 
peyne  et  soing  que  vous  en  prenez,  voullant, 
comme  il  vous  a  esté  mandé  par  l'une  de  noz 
dépesches,  en  tous  ces  lieux  là  que  vous  puis- 
siez oster  les  armes  à  tous  ceulx  de  la  nouvelle 
religion  et  les  mectre  entre  les  mains  des  gens 
de  bien  qui  en  soyent  responsables  et  pro- 
mectent  n'en  abuser,  ains  les  employer  pour 
le  service  du  Roy  mondit  filz  et  la  conserva- 
tion de  son  obéissance,  ne  doublant  point 
qu'avant  qu'il  soyt  peu  de  jours,  en  proceddanl 
de  ceste  façon,  vous  ne  rendiez  ce  pays  là 
aussy  tranquille  comme  maintenant  il  est  des- 
bordé; vous  advisant  au  demeurant  que  je 
trouve  bon  que  vous  ayez  retenu  la  Mothe- 
Rouge  ',  comme  me  le  mandez,  et  que  je  vous 
ay  accordé  la  confiscation  dont  m'avez  escript 
que  je  seroys  bien  ayse  valloyr  encores  davan- 
tage qu'elle  faict ,  pour  vous  donner  à  cong- 
noistre  le  contentement  que  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  moy  avons  de  voz  services;  quand 
vous  en  oyrez  la  fortune2,  les  dépesches  vous 
en  seront  faictes,  qui  est  tout  ce  que  je  vous 

1  Voy.  pour  ta  Mothe-Rouge,  Comment,  de  Monluc, 
•■'lit.  de  Ruble,  t.  I,  p.  lioo;  t.  II,  p.  liù-2;  t.  III,  p.  18; 
t.  IV,  p.  1  '1 1 . 

s  Sans  doute  elle  a  voulu  dire  :  g  Quand  vous  appren- 
drez la  bonne  fortune  qui  vous  arrive,  les  dépêches  en 
seront  déjà  faites,  » — Voyez  une  lettre  de  Montluc  (Com- 
ment, édit.  de  Ruble,  t.  IV,  p.  1H.) 


diray  pour  à  présent.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Monluc,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

D'Estampes,  ce  (xiv°)  jour  de  juiug  i56a. 

[Au  dos.)  La  Royne  à  Mr  de  Monluc,  du  . . . 
jour  de  juin  i562. 

1562.  —  16  juin. 
Orig.  Arch.  de  Saône-et-Loire. 

A  MESSIEURS  LES  ESCHEVINS, 

MANANS  ET  HABITANS  DE  LA  VILLE  DE  MASCON. 

Messieurs,  j'ay  grant  ennuy  quand  il  fault 
que  je  cognoisse  de  si  lordes  faultes  en  subjeclz 
et  obéissans  que  je  vous  ay  tousjours  veu  et 
que  en  ces  temps  troublés  vous  vous  soyez  tant 
obliez  ';  mays  puysque  la  chose  eu  est  jusques 
là,  il  fault  que,  avec  une  bonne  recognoissance, 
accompagnée  des  effaicts,  vous  nous  laciez 
cognoistre  que  les  choses  sont  plus  advenues 
par  mauvaise  intelligence,  oufaulte  d'advis  que 
de  sinistre  intention,  et  monstriez  tel  debvoir 
d'obéissance  que  vous  heussiez  aultre  volonté. 
Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa 
garde  2. 

Du  boys  de  Vincennes,  le  xvi°  jour  de  juing 
i56a. 

Caterire. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  iC  juin. 

Orig.  Bfl>l.  nal.  fonds  Moreau,  11°  833,  f"  166. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE   PARLEMENT  A  DIJON 

Messieurs,  vous  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 

1  Au  mois  de  mai  i56a,  les  protestants  s'emparèrent 
par  surprise  de  Màcon,  et  s'y  livrèrent  pendant  plusieurs 
jours  à  de  nombreux  excès.  —  Voy.  les  Lettres  de  Tavannes 
au  Roi.  (Ribl.  nat.  fonds  français,  n°  15876,1*277.) 

!  Une  lettre  de  Charles  IX  accompagne  celle  de  Cal  lie- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MED1CIS. 


:;:;:; 


sieur  mon  lilz  vous  escripl  du  contantement 

qu'il  a  eu  du  bon  devoir  ([ue  vous  avez  faic! 

et  t'aides  à  maintenir  les  choses  de  delà  eu 

repos  el  tranquillité,  comme  j'ay  de  ma  part; 

mais  le  principal    est    de   taire    de    bien   en 

mieulx,  comme  je  vous  prie  l'aire,  remectanl 

le  surplus  sur  vos  confrères  présens  porteurs. 

Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escripl  au  boys  de  Vincennes,  lexvi*  jour 

de  juing  i562. 

Caterine. 

De  l'Albespine. 


1562.  —  iG  juin. 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  Brienne,  n°  367,  f"  116  et  suiv. 

\   MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  l'occasion  pour  laquelle 
j'ay  demeuré  quelque  temps  à  vous  faire 
sçavoir  de  mes  nouvelles  a  esté  que,  voulant 
el  désirant  pourvoir  aux  troubles  que  l'on  nous 
a  suscité  en  ce  royaume  comme  au  mal  qui 
nous  emporte  et  presse  de  plus  prez,  je  n'ay 
guères  pensé  à  autres  choses  que  à  y  trouver 
les  remèdes  nécessaires,  ayant  estimé  que  le 
meilleur  et  plus  salutaire  conseil  que  je  pou- 
vois  prendre,  c'estoit  de  composer  et  pacifier 
le  plus  tost  qu'il  seroit  possible  les  choses  à 
l'amiable,  pour  nous  garder  de  tomber  en  une 
guerre  civille,  qui  a  esté,  comme  vous  sçavés, 
la  ruine  de  tous  les  plus  grands  et  florissans 
royaumes  et  Estats  de  ce  monde ,  dont  les 
exemples  nous  sont  encor  aujourd'huy  tout 
récens;  et  estant  ainsy,  sur  ceste  négociation 
que  j'ay  poursuyvie  sans  intermission  le  plus 
chaudement  et  le  plus  vivement  qu'il  m'a  esté 
possible,  il  m'a  fallu  trouver  beaucoup  de 
pierres  les  unes  après  les  autres  et  tenter  divers 
moyens  pendant  lesquels  j'ay  patiemment  porté 

rine  ;  elle  est  conservée  dans  les  archives  de  Saône-et-Loire, 
el  n'ajoute  aucuns  détails  à  celle-ci. 


tout  ce  qui  s'est  trouvé  de  difficulté,  dureté  el 
obstination,  et,  enfin  m'estant  trouvé  j  avoir 
consumé  cinq  ou  six  semaines  de  temps  sans 
y  avoir  peu  moyenner  aucun  accord  et  pacifi- 
cation et  voyant  que  l'armée  que  conduit  mon 
livre  le  roy  de  Navarre,  s'acheminoit  à  Orléans, 
où  mon  cousin  le  prince  de  Condé  a  recueilly 
'ce  qui  luy  a  venu  des  forces  qui  ne  sont  pas 
petites,  j'ay  bien  voulu  m'incommoder  jusques 
là  que  de  me  priver  de  la  présence  du  Roy 
mon  fils,  peudant  lequel  je  l'ay  laissé  en  ce 
lieu  du  bois  de  Vincenne  accompagné  de  mon 
cousin  le  prince  de  la  Roche-sur-Yon  et  autres 
notables  seigneurs,  et  me  suis  allée  mettre 
entre  les  deux  armées,  espérant  que,  si  je 
pouvois  attirer  mondict  cousin  le  prince  de 
Condé  à  parler  à  moy,  je  le  persuaderais  à 
quelque  raisonnable  condition;  mais  m'estant 
venu  trouver  el  mondict  frère  le  roy  de  Na- 
varre, il  ne  s'est  voulu  accommoder  aux  con- 
ditions que  je  luy  ay  proposées,  de  sorte 
qu'après  avoir  veu  que  ma  présence  ne  pro- 
fitoit  plus  à  l'advancement  de  ceste  affaire,  je 
m'en  suis  venue  retrouver  le  Roy  mondict  sieur 
et  fils  avec  bien  peu  d'espérance  de  pouvoir 
garder  que  la  chose  ne  se  terminast  par  les 
armes,  qui  sera  bien  à  mon  grand  regret  et 
déplaisir;  et  estant  sur  ce  doubte,  les  choses 
se  sont  par  la  grâce  de  Dieu  tellement  rap- 
prochées entre  mondict  frère  le  roy  de  Navarre 
et  mondict  cousin  le  prince  de  Condé  son  frère, 
que  je  pars  demain1  pour  aller  retrouver  la 
compagnie  et  veoir  si,  à  ceste  fois,  je  pourray 
conduire  la  chose  à  unegénérallc  pacification, 
dont  el  du  succez  que  prendra  mon  voyage 

1  D'après  une  dépêche  de  Throckmorlon  à  la  reine 
Elisabeth,  Catherine  reçut  le  1G  juin  une  lettre  du  roi 
de  Navarre  portée  par  M.  de  Fresnes  qui  L'invitait  à  re- 
venir au  camp  pour  une  nouvelle  conférence,  et  elle  partit 
on  litière  le  lendemain  17  pour  s'y  rendre.  (Caleiular  <>) 
State  papers,  i56a,  p.  ia3.) 


33'. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


je  vous  donnera)  advis  incontinent.  Cepen- 
dant je  vous  diray  que  j'ay  receu  vos  lettres 
du  pénultième  mars,  xinc  et  xxnc  avril  et  xie 
may,  par  lesquelles  j'ay  entendu  que  les  choses 
alioienl  empirant  pour  le  jeune  prince  de 
Trausilvanie  '  et  crains  bien  que  la  deffaicte 
des  chevaux  du  Bassa  de  Budes  y  attire  une 
grande  partie  des  forces  du  Turc,  et  qu'au  lieu 
de  secourir  le  prince  il  se  veuille  servir  du 
moyen  qu'il  aura  de  s'impatronir  de  tout  son 
pays  au  préjudice  de  la  chrestienté,  sy  l'Em- 
pereur mon  frère  et  le  dict  prince  ne  s'accor- 
dent, comme  vous  me  mandez  qu'ils  en  estoienl 
en  quelque  praticque,  dont  j'attends  des  nou- 
velles par  vos  premières  despesches;  et  cepen- 
dant vous  asseureray  que  je  suis  bien  ayse  de 
la  responce  que  vous  avés  faite  à  mondict  bon 
frère  sur  les  propos  qu'il  vous  a  tenu  de  nos 
troubles,  desquelz  (il  eust  esté  aussy  aisé  et 
facile  d'y  pourvoir  que  à  ceux  qui  sont  loing 
du  péril  et  danger  en  peuvent  discourir  à  leur 
ayse) nous  feussions  délivrez  il  y  a  longtemps, 
car  je  sçay  en  ma  conscience  que  je  n'ay  oublié 
de  ce  que  la  plus  catholicque  et  religieuse 
princesse  de  ce  monde  pouvoit  faire  tant  pour 
la  conservation  de  l'honneur  de  Dieu  que 
pour  faire  restituer  à  ce  royaume  sa  première 
tranquillité,  en  attendant  ce  que  le  concile 
nous  apportera  de  réformation  en  la  corrup- 
tion qui  est  pour  le  jourd'huy  si  grande  en  la 
discipline  el  meurs  des  ministres  de  l'Eglise, 
qu'il  ne  fault  pas  s'attendre  de  venir  quelque 
estât  que  ce  soit  de  la  chrestienté  longuement 
tranquille  s'ils  ne  sont  réformez,  comme  il 
appartient;  en  quoy  il  fault  que  je  loue  infini- 
ment, la  bonne  et  saincle  intention  de  mondict 
bon  frère  l'Empereur,  et  ne  me  puis  garder, 
puisque  nos  désirs  et  volontés  se  trouvent  en 
cela  si  conformes,  de  concevoir  en  mou  cœur 

1  Jean  SigismonH. 


une  si  certaine  espérance  du  fruict  dudict  con- 
cile qui'  je  le  pense  bien  aysé  à  cueillir.  Il  est 
vray  que  j'ay  mandé  au  sieur  de  Lansac  mon 
ambassadeur  audicl  concile  qu'il  essaye  de  pro- 
longer les  prochaines  cessions;  mais  c'est  pour 
donner  loisir  à  nos  prélats  d'y  arriver,  et  gar- 
der que  cependant  il  ne  se  termine  chose  ap- 
partenant à  la  doctrine  que  l'on  veuille  puis 
après  révoquer  en  doubte  ou  difficulté;  je  les 
feray  partir  le  plus  tost  qu'il  sera  possible, 
n'ayant  peu ,  comme  ils  m'ont  faict  remonstrer, 
satisfaire  au  commandement  que  je  leur  avois 
faicl  faire  de  s'y  acheminer  il  y  a  plus  de  trois 
ou  quatre  moys  à  l'occasion  des  dessus  dicts 
troubles  dont  la  pluspart  de  leurs  diocèses  se 
sont  trouvés  si  grandement  travaillés  qu'il  a 
fallu  par  force  que  ils  soient  demeurés  sur 
les  lieux  pour  y  donner  le  meilleur  ordre  qu'il 
leur  a  esté  possible,  et  avec  le  devoir  qui  les 
faict  retenir  en  l'obéissance  de  l'Église  ce  qui 
n'y  estoit  encores  gasté. 

Je  trouve  que  vous  avés  eu  raison  de  ne 
présenter  à  mondict  bon  frère  les  lettres  que 
je  luy  escrivois  en  faveur  du  comte  de  Fiesque l  : 
je  les  ay  faict  réformer  suivant  le  contenu  en 
vostre  mémoire  et  les  vous  renvoyé  présente- 
ment, vous  priant  que  vous  continués  de  faire 
pour  luy  en  sa  faveur  tout  le  meilleur  office 
qu'il  vous  sera  possible,  aussi  que  vous  con- 
tinués à  faire  pour  luy  ainsy  que  vous  avés 
très  bien  commancé  et  selon  la  démonstration 
que  vous  avés  faicte  d'avoir  son  affaire  pour 
favorablement  recommandée.  Je  tien  le  cou- 
ronnement du  roy  de  Bohesme  pour  résolu, 
et  son  élection  au  rov  des  Bomains  si  bien 
acheminé,  si  les  advis  que  j'en  ay  des  divers 
endroicts  de  la  Germanie  sont  véritables,  que 
je  ne  pense  pas  qu'il  s'y  trouve  aucune  diffi- 
culté. Et  pour  ce  que  je   m'asseure  que  les 

1   Voy.  la  noie  de  ta  page  i3i  . 


LETTRES  DE  GATH 

princes  de  Germanie  voudront,  en  ce  faisan! , 
tirer  quelque  gratification  de  mondict  bon  frère 
l'Empereur,  niellez  peine  de  découvrir  quelle 
elle  sera  pour  m'en  donner  advis.  Je  pense 
que  vous  aurez  bien  entendu,  avant  que  celle 
despeche  puisse  estre  à  vous,  comme  les  légatz 
i'i  pères  <pii  sont  assemblez  à  Trente  pour  le 
laid  du  concile  ont  fait  bailler  à  Monsieur  de 
Lansac  noslre  ambassadeur  la  scëance  '  après 
celuy  de  mondict  bon  frère  l'Empereur,  qui  est 
vuider  la  querelle  que  vous  en  a  voulu  faire 
l'ambassadeur  du  roy  d'Espagne  mon  beau- 
fils  résidant  au  lieu  où  vous  estes;  de  sorte, 
que  mondict  beau-fds  n'aura  plus  d'occasion 
de  faire  difficulté'  de  suivre  ce  qui  en  a  esté 
décidé  par  ledicl  concile  et  de  vous  en  faire 
jouir  sans  contrediction  ny  empescbement. 
Quant  à  vostre  particulier,  à  mon  retour  de 
voyage,  je  regarderay  de  vous  faire  gratifier  de 
quelque  don  qui  vous  donne  moyen  de  supor- 
ter  les  despences  que  vous  laides  et  qu'il  vous 
fauilia  continuer  plus  grandes  que  auparavant 
pour  les  occasions  contenues  en  vos  lettres  qui 

sont   dignes    de  considérations  2 d'un 

bon  maislre  à  l'endroiet  d'un  si  digne  ser- 
viteur que  vous.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Rennes,  vous  avoir  en  sa  saincte  et.  digne 
garde. 

Gaterine. 

1562.  —  ig  juin. 

Copie.  Bibl.  nal.  Parlement,  n'  83  ,  f>  378. 
A  MON  COUSIN 

LE  MARESCHAL  DE  BRISSAC. 

Mon  cousin,  estant  près  d'Orléans,  mon 
cousin  le  prince  de  Condé  et  beaucoup  des  sei- 
gneurs qui  sont  prez  de  luy  m'ont  fait  remons- 

1  Scéance,  préséance. 
-  Mois  illisibles. 


ERINE  DE   MÉD1GIS.  335 

lier  que  le  prolhonotaire  de  Luzarches1  est 
détenu  prisonnier  en  la  conciergerie  du  Palais 
et  que  la  cour  de  Parlement  procedde  contre 
luy  exlraordinaireuienl  pour  le  laid  de  la  reli- 
gion, mesmement  parce  qu'ayanl  quelques 
ordres  sacrez  il  s'est  néantuioins  marié,  donl 
ils  murmuraient  forl  en  ceste  compagnie  là,  et 
peuli  cela  apporter  beaucoup  d'aigreur  à  ce  qui 
se  traide  par  la  pacification  pour  laquelle  je 
suis  venue  icy,  joint  qu'il/,  tiennent ,  à  ce  qu'ils 
disent,  beaucoup  d'autres  hommes  en  leur 
puissance  contre  lesquels  ils  pourraient  bien 
revancberà  ce  que  l'on  ferait  au  dicl  Luzarches; 
et  pour  ce  que  je  ne  voudrais  que  peu  de 
chose  altéras!  le  bien  qui  se  peult  espérer  de 
ma  venue  et  de  ce  que  mon  frère  le  roy  de 
Navarre  m'a  mandé  y  avoir  commencé,  je  vous 
prie  faire  entendre  de  ma  part  aux  gens  de  la 
dide  cour  qu'ils  ayentà  surseoir  el  différer  la 
procédure  commencée  à  l'encontre  du  dict  de 
Luzarches  et  ne  passer  pas  outre  jusqu'à  ce 
qu'ils  ayent  autres  nouvelles  de  moy,  el  en  cela 
vous  employer  de  sorte  que  tout  demeure  en 
suspens;  qui  ne  sçauroil  préjudiciel'  à  per- 
sonne, d'autan!  qu'il  n'y  a  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  lils  qui  y  ait  intérest.  Piianl 
Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ce  que  vous 
desirez. 

D'Arlhenay2,  le  dix  neufiesme  jour  de  juin 
mil  cinq  cens  soixante  deux. 
Vostre  bonne  cousine, 

Gaterine. 

1  Voy.  la  réponse  du  Parlement  à  la  letlre  de  la  Reine 
(Bibl.  nat.  Parlement,  n°  83,  f°  378  v°);  d'après  cette 
lettre  Luzarches  n'avait  pas  été  arrêté  pour  cause  de  reli- 
gion, ni  pour  s'êlre  marié,  ce  qu'il  avait  de  lui-même 
avoué,  mais  pour  sédition.  H  fut  échangé  avec  Georges 
de  Selve  qui  avait  été  pris  par  ceux  d'Orléans.  —  Voy.  Mé- 
moires de  Castelnau,  Addit.  de  Le  Laboureur,  t.  J ,  p.  1 1 3. 

'  Catherine  de  Médicis  y  eut  une  entrevue  avec  la 
princesse  de  Condé.  —Voy.  Calendar  of  State  papers, 

l5G2  ,  p.    IU-2. 


336 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1562.  —  22  juin. 

Minute.  Bibl.  na).  fonds  français,  n"  15876,  f°  180  '. 
Minute.  Bibl.  împ.  de  Sairil-Pétersbourrj,  vol.  18,  f"'  100  etsuiv. 

AUX  AMBASSADEURS  D'ESPAGNE 

(1,'ÉVÉQUE  DE  LIMOGES  ET  M'  DE  S1  SULPICE). 

Messieurs,  depuys  ia  dépesche  que  je  vous 
liz  par  le  courrier  de  l'ambassadeur  d'Espaigne 
et  par  Marnât  j'en  ay  receu  troys  de  vous, 
l'une  par  laquelle  vous  me  mandiez  l'extrémité' 
du  prince2;  l'aultre  par  où  vous  m'advertissiez 
de  sa  convallesceuce;  et  latroysiesme  que  m'a 
apporte'e  le  sr  de  Rambouillet3,  ausquelles  il 

1  Cette  minute  est  incomplète 

2  Don  Carlos.  —  Voy.  Gachard,  Don  Carlos  et  Phi- 
lippe II ,  t.  II,  appendice  A,  p.  6a8  et  suiv. 

3  L'évêque  de  Limoges,  dans  une  lettre  du  2  3  mai, 
avait  annoncé  le  retour  de  Rambouillet.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n"  15876,  p.  88.)  Voici  une  seconde  lettre  de 
lui  au  roi  de  Navarre,  datée  du  mêmejour  : 

rSire,  Mons'  de  Rambouillet,  oultre  le  petit  mémoire 
f  qu'avons  tous  dressé,  va  si  instruict  de  tout  ce  qu'il  a 
k négocié  de  par  deçà  que  ce  seroit  sans  propos  travailler 
"\ostre  Majesté  de  plus  longue  lettre;  pour  le  moins  je 
mous  prie,  Sire,  tesmoigner  qu'il  s'est  acquicté  en  ce 
-qui  vous  touche  bien  et  diligemment  et  que  en  toutes  nos 
« négociations,  suivant  le  commandement  du  Roy,  de  la 
rRoyne  et  de  vous,  cet  article  a  esté  comme  principal 
«remonstré.  Sa  Majesté  Catbolicque  m'asseure  que  pour 
'•toute  ceste  semaine  elle  ne  fauldra  de  s'en  résoudre 
ret  envoyer  Almeida,  lequel  ne  le  peult  croire  pour  le 
«long  temps  qu'il  y  a  qu'on  lui  dist  le  niesmes.  Toutes- 
cfois,  Sire,  il  faut  par  force  attandre  leur  commodité, 
r  puisque  la  maladie  du  prince  leur  donne  occasion  d'ex- 
ttcuse;  si  est-ce  que  je  suis  d'advis,  afin  de  ne  rien  perdre 
crde  ceste  bonne  occasion  et  volunté',  que  vous  faciez  bien 
rrentendre  à  leur  ambassadeur  la  peine  que  vous  donnent 
r  telles  remises.  Quant  à  moy,  je  vous  supplie  très  bum- 
itblement  croire  que  je  ne  me  lasserai  jamais  de  vous  y 
rr  faire  service  et  avant  que  partir,  s'il  y  a  au  monde  moien, 
<t mectray  peine  de  salisfaire  à  vos  lettres.  Quant  à  ce  que 
-nie  mandez  par  le  sieur  de  Marnai  qu' Almeida  s'en  re- 
tr  tourne  et  parte  au  plus  lost  despeché,  luy  mesmes  est 
itle  plus  ennuyé  de  ne  vous  avoir  tenu  promesse.  Toutes- 
rfois,  si  Dieu  permet  qu'il  n'y  ayt  que  perle  de  temps,  ce 
-  ne  sera  pas  grande  perte.  Je  présenterai  à  Sa  dicte  Ma- 


ne  vous  a  point  esté  faict  de  responce  jusques 
à  ceste  heure,  pour  s'estre  trouvez  les  affayres 
du  Roy  monsieur  mon  filz  réduietz  en  tel 
estât  que  je  ne  sçavoys  bonnement  que  vous 
en  mander,  et  touteffoys,  affin  de  ne  vous 
laisser  en  peyne,  et  vous  mander  à  la  vérité 
le  succez  des  choses ,  je  vous  advise,  Messieurs, 
qu'après  avoir  mon  frère  le  roy  de  Navarre, 
auparavant  le  parlement  dudict  courrier,  faict 
lestât  des  forces  qu'il  aura  jugées  nécessaires 
pour  l'armée  que  le  Roy  monsieur  mon  dict 
filz  faict  assembler,  et  donné  tout  l'ordre  pos- 
sible pour  les  faire  avancer,  affin  de  pouvoyr 
réduyre  par  ce  moyen  ceulx  qui  sont  à  Orléans 
et  tous  les  aultres  qui  ont  prins  les  armes  par 
ce  royaume  en  son  obéissance,  je  n'ay,  ce 
temps  pendant,  de  mon  costé  voullu  perdre 
lenips  pour  tenter  tous  moyens,  affin  de  pacif- 
fier  ce  faict  et  composer  par  voye  de  doulceur, 
sans  permectre  qu'on  vint  aux  armes;  et  à 
vous  en  dire  la  vérité,  l'obstination  a  esté  telle 
que  jusques  icy  je  y  ay  peu  prouffilé,  sinon 
de  tesmoigner  à  Dieu  et  aux  hommes  l'ennuy 
extresmeque  je  porte  de  veoyr  devant  mes  yeulx 
la  ruyne  prochaine  de  ce  royaume  et  n'y  pou- 
voir remédier.  Plusieurs  conditions  ont  esté 
proposées  par  nous,  toutes  à  la  conservation 
de  l'honneur  de  Dieu  et  l'ancienne  religion, 
et  pour  ce  faict  plusieurs  personnes  de  toutes 
qualitez  envoyez  vers  eulx,  affin  de  les  pou- 

"jesté  dedans  ung  jour  ou  deux  M'  de  S'  Sulpice,  auquel 
"je  ferai  encores  faire  ung  bon  el  roidde  office,  afin  que 
rla  Royne  et  vous,  Sire,  entendiez  qu'il  ne  tient  pas  et 
trfaulte  de  bonne  volunté  et  dilligence  que  ne  soyez  satis- 
rr faict,  comme  ils  m'ont  dict  distinctement  qu'ils  vendent 
c  faire. 

tcSire,  je  me  recommande  très  bumblemcnt  à  voslre 
trbonne  grâce,  suppliant  le  Créateur  vous  donner  en  très 
ttbonne  santé  très  heureuse  et  longue  vye.  De  Madrid  . 
crie  xxni'  de  may  1562." 

(Bibl.  irap.  de  Saint-Pétersbourg,  documents  français, 
vol.  97,  pièce  n°  a3,  f°  87.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


:..".. 


voyr  réduyre   par   doulceur  el   persuasion  à 
poser  les  armes,  s'accommodera  la  volunté  el 
commandement  du  Roy  monsieur  mondicl  lilz, 
et  remeclre  toutes  choses  en  L'estat  qu'elles 
estoyent,  desquelles  je  n'ay  peu  tirer  nuire 
froid,  si  n'est  ung  désir extresme  de  mou  cou- 
sin le  prince  de  Coudé  de  me  veoyr;  cspérans 
tous  (jue,  si  cela  se  faisoyt,   il  m'obéyra  et 
meclera  la  fin   à  la   guerre  civille  dont   ce 
pauvre  royaume  est  travaillé.  Et  cependant, 
Messieurs,  mon  frère  le  roy  de  Navarre  avec 
tous  ces  seigneurs  el  l'armée  a  marché  jusques 
en  ce  lieu  d'Estampes,  ailin  de  ne  perdre  pas 
de  temps  par  ung  moien,  ny  par  l'aultre,  et 
nieclre  une  fin  à  ces  troubles  qui  durent  trop 
longuement,  el  moy  pour  ne  laisser  en  arrière 
une  seulle   chose    que  j'aye  pensé  pouvoyr 
amener  la  pacification  de  moy  tant  désirée  et 
de   tous  les  gens  de  bien  do   ce   royaume  et 
bons  serviteurs  de  ceste  couronne,  aianl  en- 
tendu par  les  srs  de  Lyoux,  frère  de  Mons'  de 
Valence, et  de  Boucart1,que  mondicl  cousin  le 
Prince  avoyl  envoyez  devers  moy.  l'envye  qu'il 
avoyt  de  pouvoir  parler  au  roy  de  Navarre  et 
à  moy,  pourveu  que  ces  seigneurs  n'y  fussent, 
n'ay  point  plainctma  peyne  pour  ung  si  grand 
bien  de  venir  du  boys  de  Vincennes  oùj'esloj 
avec  le  Roy  monsieur  mon  filz  jusques  en  ce 
lieu,  d'où  mondict  l'rèjre  le  roy  de  Navarre  et 
mOy  sommes  allez,  entre Angerville  etThoury2, 
en  la  campaigne  parlera  lin,  n'ayant  chascun 
mené  que  cenl  chevaulx ,  affin  de  ne  le  mectre 
en  double  ne  soupeçon,  e1  ayanl  mis  soubz 

1  François  ou  Jacques  de  Boucarl  comûiandait  l'ar- 

lillerie  de  l'année  protestante;  il  était  fils  d'Antoine  de 

Boucart  et  d'Anne  de  l'Hôpital,  el  mourut  an  mois  de 

mai  i£>6g,  (Dans  la  minute  de  Saint-Pétersbourg  son 

-l  éi  rit  Boucal.) 

'  Voy.  pour  cette  entrevue  le  récit  qu'en  a  donné  La 
Noue  dans  ses  mémoires  el  nno  lettre  de  Vieillevillc  à 
l'évêque  de  Rennes,  imprimée  dans  les  Hémoiret  deCtu- 
trhuut .  addit.  de  le  Laboureur. 

Catueuihï  dk  Mfoicis. —  i. 


le  pied  lous  les  respelz  qu'en  cela  je  pouvoys 
el  debvoys  gauler,  lesquelz  n'ont  point  eu  lanl 
de  lieu  en  mon  endroict  que  le  désir  que  j'ay 
de  veoir  ce  royaume  pacifié  ne  les  ayl  sur- 
montez. Le  Roy  mon  dicl  frère  m'a  accom- 
paigné  et  conduict  là  avec  une  telle  asseu- 
rance  et  tant  de  respect  à  tout  ce  qui  m'a 
louché,  et  à  l'honneur  de  Dieu  et  au  bien  du 
royaume,  que  je  ne  vous  puys  celer  que  j'ay 
toutes  les  occasions  du  monde  de  m'en  louer 
el  le  recongnoistre  par  Ions  les  moiens  que  je 
me  pourray  adviser  envers  luy.  La  conclusion 
et  la  résolution  de  nostre  veue  a  esté  que 
uostte  année  qui  estoyt  demeurée  à  Chartres 
soubz  la  conduicte  de  mes  cousins  les  ducs  de 
Guyse  et  conneslable,  en  l'absence  de  mon 
frère  le  roy  de  Navarre  qui  estoyl  avecques 
moy,  niarcbcroit  jusques  à  deux  lieues  d'icy, 
affin  cependant  de  ne  perdre  temps,  la  leur 
ne  bougerait  d'Orléans,  et  demain  le  Roy  mon 
frère  et  moy,  avec  mes  cousins  les  cardinal  de 
Lorrayue,  duez  de  Guyse  et  de  Montmorency, 
et  mareschal  de  Saint-André,  el  ung  numbre 
de  gentilzhommes,  qui  a  esté  arresté,  nous 
debvons  retrouver  en  ung  lieu  entre. ledicl 
Angerville  et  Tboury,  où  mondict  cousin  le 
Prince  avec  les  cardinal  de  Chastillon,  amy- 
ral  el  sr  d'Andelot  se  trouveront  pareillemenl 
acompaignez  du  nombre  d'hommes  qui  a  esté 
résolu  pour  veoyr  les  moiens  qu'il  y  aura  de 
trouver  la  paciffication  que  je  désire;  eu  la- 
quelle je  ne  prétends  riens  que  l'honneur  de 
Dieu,  le  repos  du  royaume  et  la  conservation 
de  l'aulhorilé  du  Roy  mon  dicl  filz,  vous 
pouvant  asseurer  que  je  n'entendray  à  chose 
du  monde  que  ces  trois  poinetz  ue  soyent  les 
premiers  résoluz,  el  si  j'en  puis  venir  à  boni 
de  ceste  façon,  j'espère  en  avoir  plus  de 
louange  el  ce  royaume  m'en  debvoir  plus 
d'obligation  que  si  je  laissoys  venyr  les  choses 
à  l'extrémité  d'ung  l'aict  d'armes,  dont  l'yssue 

63 


338 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


ne  peull  eslre  que  périlleuse  et  la  conséquence 
Irop  dommaigeable  à  ce  royaume.  Mais  si  Dieu 
pour  noz  péchez  ne  veult  point  fleschir  son 
ire,  et  qu'il  luy  plaise  voiiiloir  plus  avant 
pugnir  ce  pauvre  royaume  qu'il  n'a  esté  par 
tant  d'afflictions  qu'il  a  receues  depuys  troys 
ans,  ce  sera  à  mon  très  grand  regrect;  en 
quoy  ayant  faict  tout  ce  que  les  hommes 
peuvent,  il  ne  m'aura  faict  la  grâce  d'en 
raporler  le  fruict  que  j'y  désire,  non  pour 
moy,  mais  pour  tout  le  monde;  vous  advisant, 
Messieurs,  que  si  de  ceste  dernière  espérance 
il  ne  réussit  aultre  chose,  je  me  retireray  avec 
le  Roy  mon  filz  au  boys  de  Viucennes,  et  mon 
frère  le  roy  de  Navarre  mènera  l'armée  aux 
lieux  qu'il  estimera  plus  à  propos  pour  réduire 
par  la  force  ceulx  d'Orléans  à  l'obéissance  dont 
ilz  se  sont  déparliz,  m'asseurant  qu'il  n'y  ou- 
blira  riens  de  ce  que  le  Moy  monsieur  mon  filz 
doibl  atclendre  dusoing,  de  la  dilligence,  de 
la  dévotion  et  prudente  conduicle  de  la  per- 
sonne du  monde  qui  plus  ayme  et  luy  et  moy  et 
le  bien  universel  de  ce  royaume.  Vous  priant, 
Messieurs,  faire  entendre  ce  que  dessus  au  Roy 
monsieur  mon  beau-filz,  allîn  do  l'advertir  de 
l'estal  de  noz  affaires  el  luv  l'aire  congnoistre 
comme  nous  ne  perdons  une  seulle  heure  de 
temps  pour  estaindre  le  feu  qui  est  allumé  et 
appaiser  le  mal  présent1.  Dieu  par  sa  grâce  pa- 
rachèvera ce  que  nous  ne  pouvons  faire.  Si  ne 
veulx-je  je,  sur  ceste  occasion ,  oublyer  de  vous 
prier,  si  Almeda2  n'estoit  party,  de  faire  bien  et 

1  C'esl  là  que  s'arrête  la  inimité  de  la  Bibl.  nationale. 
\  oy.  au  sujet  île  la  mission  d'Almeida, Bibl.  nat. fonds 
franc,  n"  10877,  f"  5  et  i3;  Lettre d'Ant.  d'Almeida  dans 
le  carton  K.  1696  des  Archives  nationales,  pièce  90; 
Réponse  favorable  de  Philippe  II  emportée  par  Almeida 
(ibid.  pièce  89);  Lettre  du  roi  de  Navarre  au  prince  de 
Coudé,  son  frère,  au  sujet  d'Almeida,  parti  d'Espagne  le 
1 1  juin;  il  lui  rappelle  la  promesse  qu'il  lui  a  faite  do  le 
lui  renvoyer  s'il  avait  été  fait  prisonnier  (Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  16876,  f  201). 


vifvement  entendre  au  Roy  mon  dict  beau-filz  le 
contentement  que  j'ay  de  mon  dict  frère  Ierov 
de  Navarre,  le  zelle  et  grand  dévolion  dont  il 
s'emploie  en  ce  faict,  et  l'obligation  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  et  moy  lui  en  avons,  et  le 
prier  de  nostre  part,  s'il  a  jamais  euvye  de 
faire  riens  pour  nous,  en  quoy  il  nous  vueille 
donner  à  congnoistre  l'effect  de  son  amityé, 
que  ce  soit  en  cest  endroict,  pour  estre  la 
chose  du  monde  dont  il  nous  peult  plus  obliger 
à  luy,  comme  je  le  mande  bien  à  la  Royne  ma 
fille  pour,  si  elle  m'ayme,  le  Roy  sou  frère  et 
ce  royaume,  s'y  emploier  et  mectre  peyne  de 
luy  faire  faire  quelque  honnesle  récompense. 
allin  que  ce  soit  uug  moien  pour  lions  faire 
vivre  toutes  noz  vyes  en  paix  et  repoz,  el 
coupper  la  racine  à  toutes  les  querelles  qui 
pourraient  jamays  naistre  entre  nous  ;  ce 
qu'estimant  vous  devoir  eslre  assez  en  recom- 
mandalion,  je  ne  vous  en  diray  riens  davan- 
taige.  Quant  au  faict  du  conte  de  Pétillan1,  je 
vous  puis  asseurer  qu'il  n'est  rien  de  ce  que 
l'ambassadeur  de  Florence  en  a  mandé  de  par 
de  là  et  ne  me  sçaurez  faire  plus  de  plaisir 
que  d'en  continuer  une  vive  poursuicte,  comme 
de  deçà  je  nie  délibère  bien  d'en  parler  à 
l'ambassadeur;  qui  est  tout  ce  que  vous  aurez 
pour  ceste  heure,  priant  Dieu.  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  guarde. 

D'Estampes,  ce  x\n"  jour  de  juing  1 5(3 2 . 

Depuys  loulcecy,  le  party  ci-dessus  proposé 
a  esté  rompu;  mais  je  ne  suis  pourtant  hors 
d'espérance  et  pour  cesl  effecl  y  ay  renvoyé 
le  sr  de  Fresnes. 

Gaterink. 

RoRERTET. 

1  Voy.  la  noie  de  la  page  ^79  el  le>  instructions  don- 
nées .1  l'évêque  de  Mâcon  allant  en  Espagne  l'année  sui- 
vante (avril  |563)  pour  lofait  du  comte  de  Pétillan 
I  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1  587;),  f°  197);  Lettre  de 
l'évique  de  Hernies  dins  laquelle  il  parle  au  comte  de 


1  362.  -  -    :!:»  juin. 
Orig.  Bibl.  a;it.  fonda  français,  n    3stg,   f    7J 

A  MONSIEUR  DE  GONNORT, 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 

donner,  Monsieur  de  Gonnorl,  ce  que  dé- 
sirez. Escrit  à  S1  Symon,  le  xxu'jour  de  juin;; 
1662. 

CAïliRINli. 
ROBERTET. 


CHSVALIEB  DE  L'OBDBE  DI7   BOT  MOKSIBCG  MON   IILI 
ET  CONSEILLER  EN   "UN    CONSEIL  l'Blïî. 

Monsieur  de  Gonnort,  pour  ce  que  suyvant 
la  réquisition  des  Eslalz  et  ce  qui  leur  a  esté 
dernièrement  accordé,  il  esl  nécessaire  de 
mettre  l'office  de  viguier  de  Thoulouse1  cuire 
les  mains  de  personnage  qui  l'exerce  en  per- 
sonne, et  quisoyteongueu  et  ayl  quelque  crédit 
et  auctorité  au  pays;  à  ceste  cause  me  souve- 
nant 1res  bien  de  la  promesse  qui  en  a  esté 
c v-de\  ant  faicte  au  sieur  de  Boisjourdau  l'aisné, 
par  l'incapacité  de  celluy  par  l'exécution  du- 
(juel  le  dicL  office  est  à  présent  vacquant,  et 
voulant  en  cella  le  gratifier  et  luy  faire  sortir 
elïect  la  dicte  promesse,  estant  mesmemenl 
personnaige  de  la  fidellité  et  quallité  dessus 
dictes,  qui  excercera  ledict  office  en  personne, 
fa\  advisé  de  l'en  faire  pourvoir,  el  vous  prier 
par  la  présente  vous  contenter,  pour  l'amour 
de  moy,  que  icelluy  office  lui  demoure,  pre- 
nant en  récompense  l'office  de  lieutenant  gé- 
néra! de  Bar-sur-Seyne,  qui  est  ù  présent 
vacquant,  estant  de  semblable  valleur,  à  ce 
qu'on  m'a  dict;  ce  que,  s'il  n'estoit,  je  vous 
promeetz  de  vous  en  faire  donner  ung  meil- 
leur, de  sorte  que  vous  en  serez  contant.  Et  à 
ceste  fin,  j'escriptz  présentement  à  Bourdin 
qu'il  dépesche  celluy  de  viguyer  audict  Boys- 
jourdan  et  celluy  de  lieutenant  général  à  cel- 
luy que  vous  luy  nommerez, et  lequel  je  vous 
accorde    par  la    présente,    priant   Dieu    vous 

Pétillai]  (  liil'l.  nal.  fonds  Dupuys,  nr  3 ."j 7 ,  1*11.3);  deux 
Lettres  de  Moulin  Commentaire*  de  Montluc,  édit.  de 
Ruble.  t.  IV,  p.  167,  271). 

Jean  Portai,  vig r  iIh  Toulouse,  ;i\ail  été  dé  ipil 

après  l'émeute  de  mai  1 5G 


(1562.  —  sa  juiu.) 
Minute,  liib!.  oal.  fouda  français,  u°  i DS-jG ,  f°  16g 

A  MU^SIEI  iî  DE  MONLUC, 

CBB7ALIEQ  DE   L"OHDBE  DU  BOÏ  MON   TILS 
LT  CU'lTUNE  DE  CINQUANTE  UOMSJES  D'ADMEâ. 

Monsieur  de  Moulue,  pour  ce  que  j'estime, 
vous  serez  en  poyne  de  sçavoyr  de  noz  nou- 
velles, j'ay  bien  voulu  vous  renvoyer  ce  gen- 
tilhomme que  m'envoyastes  dernièrement,  par 
lequel  je  ne  vous  diray  que  ce  que  je  voi 
manday  d'Estampes  par  ung  aultre  de  voz  gi  u 
que  m'avez  dépesche  :  qui  est  que  je  désire  cl 
vous  prie  assembler  vos  forces  et  vous  nicclre. 
vous,  Monsieur  de  Terride1  et  Monsieur  de 
Gondriu  tous  ensemble,  avecques  les  gens  de 
pied  et  de  cheval  que  vous  pouvez  avoir,  pour 
essayer  de  reprendre  les  places  que  ceulx  de 
la  nouvelle  relligion  détiennent  et  occupent, 
remectanl  àvostre  discrétion  devons  addresseï 
à  celles  les  premières  que  vous  jugerez  le 
plus  importantes,  et  affin  que  vous  ayez  plus 
de  moyen  d'entretenir  les  gens  de  guerre  qu 
vous  avez,  ou  eu  souldoyer  d'aultres,  s'il  en  est 
besoin;;,  je  vous  ay  faict  envoyer  ung  mande- 
mcul  de  trésor  de  l'Espargne  pour   prendre 
jusques  à  cent  mille  livres  des  deniers  des  dé 
cymes  des  receptes  de  Guyenne  et  de  Thou- 
louze,  espérant  qu'avec  cela  et  la  bonne  volunté 
que  vous  avez  vous  sçaurez  liés  bien  réduyre 

Antoine  de  Lomagne,  baron  de  Terride,  seign d 

Sainte-Colombe,  mort  à  Hanze ,  en  octobre  1  ^69.  —  Voy. 
Commentaires  de  Monluc,  édit.  d'-  Nubie,  t.  II,  p.  370, 
3!  9  "1  397. 


340  LETTRES  DE  CATHE 

toutes  choses  en  obéissance.  Quant  à  nos  nou- 
velles je  me  remelz  à  ce  que  mon  frère  le 
roy  de  Navarre  vous  escript  de  nostre  ar- 
mée; je  vous  diray  seullement  de  moy  que  je 
suys  venue  jusques  ce  lieu  pour  chercher  tous  I 
moyens,  essayer  de  niectre  une  paix  et  un;; 
repoz  en  ce  royaume.  Ces  choses  n'estant  en- 
civ.es  quesbauche'es,  je  ne  sçay  s'il  playra  à 
Dieu  que  Ton  re'ussisse;  mais  tant  y  a  que  je 
dis  et  proteste  que  j'espéreray  trop  mieulx  voir 
la  paix  que  une  maulvai.se  guerre.  Priant  Dieu, 
Monsr  de  Monluc,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde.  De  S'-Symon ,  ce  ....  jour  de 

juing  J0G2. 

(Caterine.) 

1562.  —  35  juin. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonda  français,  Parlement,  u"  83,  f0'  667  et  sniv. 
ot  o'  i6333  ,  f°  a. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TEKANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  Nostre-Seigneur  pour  nous  l'aire 
de  plus  en  plus  connoistre  sa  grandeur  nous 
avoit  laissé  aller  si  avant  que  je  n'atlendois 
plus  qu'une  cruelle  cl  inévitable  ruyne  de  ce 
royaume  par  une  bataille  preste  ù  se  donner 
le  lendemain  par  ces  deux  armées  qui  ne  sont    • 
(jue  à  une  heure  l'une  de  l'autre;  et  hier  au 
soir  nous  regarda  de  sou  oeil  de  pitié  si  béni- 
guement  qu'il  mit  un  bon  accord  et  pacifica-    j 
tion  parmy  nous,  qui  retournera,  aiusy  que 
je  ni'asseure,  à  son  honueur  et  gloire,  repos 
de  ce  royaume  et  contentement  d'un  chacun, 
comme    jugerez    par   les   particularitez    que 
vous  en  entendrez  cy-après  plus  au  long,  et    ; 
verrez  par  les  effets  qui  s'en  ensuivront;  à 
quoy  nous  seri  ira  et  aidera  grandement  voslre    ; 
bon   conseil  et  advis;  n'ayant  voulu   faillir  à 
vous  en  advertir  iucontiuanl  et  m'en  resjouir 
avecq  vous  que  je  sçay  aimer  et  désirer  le 


RINE  DE  MEDICIS. 

bien  de  ce  royaume,  ayant  pour  achever  toutes 
choses  et  y  mettre  meilleure  tin  esté  nécessaire 
faire  venir  le  Roy  monsieur  mon  filz  à  Fon- 
tainebleau ,  où  je  luy  escris  s'acheminer,  comme 
je  feray  dedans  peu  de  jours  de  ma  part.  Ce- 
pendant je  vous  prie  de  tenir  main,  de  vostre 
part,  comme  vous  avez  tousjours  bien  faict, 
que  toutes  choses  passent  en  la  plus  grande 
tranquillité  que  faire  se  pourra  au  bien  du 
service  du  Roy  mon  dit  filz,  etutillité  de  vostre 
ville,  comme  le  plus  agréable  service  que  vous 
luy  sçauriez  faire.  Priant  Dieu,  Messieurs, 
vous  donner  ce  que  plus  désirez1. 

1  Catherine,  un  instant,  croyait  si  bien  que  la  paix 
était  faite  qu'elle  envoyait  des  commissaires  dans  toutes 
les  provinces  pour  se  faire  rendre  les  villes  détenues  par 
les  protestants.  Voici  les  instructions  qu'elle  avait  don- 
nées à  M.  de  Sennetene  : 

-  Monsieur  de  Sennelerrc,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy, 
restant  présentement  envoyé  en  Lyonnois,  Daulphiné  et 
«  Provence  pour  faire  remettre  en  l'obéissance  du  Roy 
set  rendre  entre  les  mains  des  gouverneurs  ou  de  leurs 
'•lieutenants  toutes  les  villes  qui  ont  esté  saisies  et  oc- 
t-cupéespar  ceulx  de  la  nouvelle  religion,  fera  ce  qui  s'en- 
r suit  : 

«Au  premier  lieu  ira  droict  à  Lyon  avec  le  gentilhomme 
cqui  lui  est  baillé,  où  estant  arrivé  fera  remelre  entre  les 
rrmains  de  Monsieur  de  Sault  la  dicte  ville. 

k  Estant  la  dicte  ville  entre  leurs  mains,  la  première 
•chose  qu'ilz  feront  sera  de  faire  sortir  tous  les  soldats  et 
-autres  gens  de  guerre  estrangers  qui  troublent  le  repos 
■set  la  tranquillité  publique,  n'i  demeurant  que  les  habi- 
-tans  domiciliés  en  icelle  pour  les  laisser  et  remettre  en 
•rieur  première  liberté,  faisant  ouvrir  les  portes  sans  y 

-  tenir  aucunes  gardes,  en  manièreque  tout  empeschemenl 
rqui  y  a  esté  ces  jours  passés  cesse  et  que  les  habitons  y 
f  puissent  vivre  paisiblement  ;  à  quoy  tant  le  sieur  de  Sault 
-que  les  officiers  magistrats  et  eschevins  tiendront  la  main 
-roide  et  donneront  ordre  que  toutes  injures,  offenses,  el 

-  molestez  cessent,  faisant  faire  prompte  et  rigoureuse  pu- 

-  nition  de  ceulx  qui  provocqueronl  les  aullres  de  fait  et  de 
-parole,  el  les  entretiendront  en  union  et  tranquillité  le 

-  plus  qu'il  sera  possible ,  pour  vivre  ensemble  sous  l'obéis- 
-sance  du  Roy  comme  bons  et  loyaulx  subjects  et  conci- 
-toyens,  sans  qu'il  soit  loisible  à  pas  un  d'emporter 
-aucunes  sortes  d'armes,  sinon  aux  gentilshommes  et  mi- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DR  MÉDICIS. 

De  Baugency,  le  vingt  cinquiesme  jour  de 
juin  î  56a. 

De  l'Albesi'ine. 


3  il 


Caterine. 


1502.  —  (a.">  juin.) 
Minute.  Bit>l.  ,nal.  fuuJs  fraoçaia ,  n"  15876  ,  F  » 58, 


-iiish  ■■■  de  justice,  ce  tout  ainsi  qu'il  s'esl  ordinairemenl 
obseï  né  es  autres  villes. 

s  Feront  remettre  et  rétablir  les  gens  d'église  dedans 
rieurs  églises,  maisons,  biens  el  possessions  pour  conti- 
nuer le  service  divin  accoustumé  et  jouir  de  leurs  dils 
comme  ils  souioienl,  avec  défenses  à  toutes  per- 
f  sonnes  de  les  \  empescher,  ou  molester  eu  façon  quel- 
conque sur  peine  de  la  vie:  baillant  les  dits  habilans  en 
-guide  les  nngs  aux  aultres,  et  leur  deffendant  qu'ils 
ni  à  se  médire,  ni  meffaire,  mais  oubliant  toutes 
-injures  passées  s'enlre-aimer,  s'appuier  et  favoriser  les 

•  ungs  el  les  autres  en  l'honneur  et  crainte  de  Dieu,  obéis; 
-sauo'  'lu   Roy,   sûreté   et   tranquillité  d'eulx,  de  leurs 

•  biens  el  familles,  ordonnant  à  tous  juges  faire  prompte 
ttjuslice  de  ceulx  qui  altéreront  ce  repos  et  feront  chose 
••au  contraire. 

-De  Lyon,  le  sieur  de  Senneterre  avec  le  gentilhomme 
-de  Monsieur  le  Prince  s'en  iront  en  Dauphiné,  où  ili 
-  feront  s  mblablemenl  remettre  entre  les  mains  de  Mon- 
de  Maugiron ,  lieutenant  au  dict  gouvernement, 
-toutes  les  places  qui  sont  détenues  par  ceulx  de  la  nou- 
velle religion,  auxquelles  il  donnera  pareil  ordre  que 
-relui  qui  aura  esté  donné  à  Lyon,  affin  ipi'ils  entendi  ni 

•  -l'ii.l  ntion  du  11  uv  ■  i  de  la  Reine  el  que  selon  cela  ilz  se 
»  gouvernent. 

-F,t  d'aultanl  que  la  Boyne  a  entendu  que  Monsieur  le 

•  comte  de  Sommerive  a  marché  avec  des  forces  vers  le 

•  Daulphiné a  et  que  le  baron  ries  Adrets  a  assemblé  toutes 

forces  que  ceulx  de  la  nouvelle  religion  ont  par  delà 
-et  qu'il  est  à  craindre  qu'ilz  \  vinssent  aux  mains,  selon 
-les  iioinelles  qu'ilz  en  auront  en  Daulphiné  se  hâteront 
-île  les  aller  trouver,  auxquels  ilz  feront  entendre  l'accord 
-et  pacification  faite,  laquelle  entend  estre  partout,  el  par 
•reste  cause  leur  ordonneront  faire  suspension  d'armes, 
-aflin  que  le  baron  des  Adrets  se  retire  et  licence'  ses 
■•gens,  el  que  snil. laidement  Monsieur  le  conte  de  So:n- 
trmerive  se  retire  en  Provence  avec  toutes  ses  forces  pour 
s  là  recevoir  l'obéissance  des  villes  el  remettre  toutes  choses 
r. en  i'éslat  qu'elj  is doivent,  attendant  nouvelles  de  ce  qu'ilz 
-auront  à  faire,  cependant  cessanl  toute  hostilité  el  con- 
-  tenant  ses  gens  sans  faire  moleste  ni  offense  à  personne; 

'  Voy.  une  [élire  il"  rouite  <J>;  Sommerive  annonçant  qu'il  quitte 
le  siège  <k*  Si^l^ron  j>o:ir  se  porter  à  la  rencoalru  de  dea  Adrela. 
(  Itilt).  nal.  fon'ls  français ,  n"  1  "'876,  f"  77.) 


A  MONSIEUR  DE  MONTPENSIER1. 

Mon  cousin ,  vous  aurez  bien  entendu 
comme  nous  avions  faict  quelque  accord  avec 
mon  cousin  le  prince  tic  Condé.  L'issue  en  a 
esté  lelle  qu'il  m'a  promis  s'en  aller  avec  (oui 
ce  qui  estoytavec  luy  et  sortir  hors  du  royaume 
comme  en  semblable  feroienttous  ceulx  de  sa 
religion  qui  sont  partout  le  royaume,  en  leur 
donnant  quelque  temps  pour  ce  faire,  à  la 
charge  qu'ilz  joyroienl  de  leurs  biens.  Aux 
aullrcs  qui  ne  s'en  vouldront  aller  je  leur  ay 
promis  de  vivre  en  leurs  maisons  en  liberté  de 
leurs  consciences,  pourveu  qu'ilz  ne  lacent 
scaudalles;  qui  est,  mon  cousin,  ung  grand 
point  gaigné;  car  l'on  ne  fera  plus  d'assemblées, 
et  ce  royaume  demeurera  en  paix  par  ce  moyen, 
et  toules  les  villes  qu'ilz  tiennent  seront  re- 
mises entre  les  mains  du  Roy  monsieur  mou 
(ilz.  A  reste  cause,  vous  envoyrez  en  celles 
qu'ilz  lieuuent  quelques  gens  de  bien  pour  le- 
recevoir,  ausquelz  vous  commanderez  qu'estanl 
là  ilz  donnent  ordre  qu'il  ne  leur  soyl  faict 
aucun  desplaisir,  aflin  qu'ilz  ayent  moyen  de 
donner  ordre  à  leurs  affayres  pour  eulx  en 

-mais  l'aire  vivre  les  subjects  de  Sa  Majesté  aux  lieux,  où 

-  ii  sera, dans  la  plus  grande  union  que  l'aire  se  pourra  ;  el 

«après  que  le  dict  Senneterre  aura  faict  tout  ce  que  dessus 

-et   qu'il  aura  laissé  les  choses  en  repos  que  la  dieti 

-Dame  désire  el  recommande  aux  magistrats  le  devoir  et 

••seing  que  chascun  y  doibt,  se  retirera  à  la  c I  | 1 

tt  rendre  compte  de  ce  qu'il  aura  fait. 

uLe  xvv  juing  1  "163. 

-ClTF  u\i ■..•• 

(Orig.  Bibl  impér.  de  Saint-Pétersbourg,  Doeum. 
franc.  Il"  vol.  f"  91  el  9a.) 

De  semblables  instructions  furent  adressées  par  le  roi 
île  Navarre  à  MM.de  Lioux  et  deSaluces  pour  la  Guyenne 

el   le  Lang loc.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876, 

r  tti'i  et  i65.) 

1   Louis  H  de  Bourbon,  duc  de  Montpensier. 


LETTRES  DE  CATHE 

aller.  El  d'aultaul  que  mondit  cousin  m'a  prié 
d'envoyer  à  Bloys  et  à  Tours  pour  recevoir 
lesdites  villes,  j'ay  envoyé  à  Bloys;  et  quaut  à 
Tours,  je  vous  prye  en  vous  en  venant  cl  pas- 
sant par  là  regarder  d'y  laisser  quelque  hou- 
aeste  gentilhomme  pour  y  commander,  auquel 
vous  en  chargerez  expressément  qu'il  donne 
Lien  ordre  qu'il  n'y  soytfaicl  aucunes  violences, 
à  ce  qu'ilz  ayent  moyeu  de  s'en  aller  el  donner 
ordre  à  leurs  alïayres,  ne  qu'on  les  recherche 
pour  les  choses  passées,  mais  qu'ilz  se  com- 
portenl  les  ungs  avec  les  aultres  en  toule  mo- 
destie, et  ce  en  actendant  que  nous  soyons  à 
Fontay nebleau ,  là  où  estans  vous  avecques 
nous,  comme  je  vous  prye  vous  y  venir, 
nous  prendrons  une  bonne  résolution  pour 
toutes  choses.  Cependant  je  suys  d'advis  que 
renvovez  à  Val-la-Rivière  les  deux  cauons  qui 
vous  ont  esté  envoyez  de  Nantes,  d'autant  que 
vous- n'en  aurez  plus  que  faire,  et  quant  à  la 
capilaynerie  du  Ponl-de-Sé,  il  l'aull  sçavoir 
qui  en  estoyt  cappitayne  et  pourquoy  il  en  a 
esté  osté;  car  on  n'en  sçauroyl  pourveoir  celluy 
que  vous  y  avez  mis  aultrenient,  el  pour  ceste 
raison,  mon  cousin,  vous  m'en  advertirez, 
estant  asseuré  que  je  seray  très  ayse  de  le  gra- 
liilier  en  vostre  faveur,  si  c'est  chose  que  je 
ise  faire.  Vous  priant  pour  la  fin  que,  si 
vous  laissez  quelcun  dans  Tours,  que  ce  ne 
soyt  point  le  cappitayne  Richelieu  l,  pour  ce 
qu'ii  y  a  entre  eulx  quelque  pique  et  j'auroys 
peur  que  cela  feust  cause  de  quelque  brouil- 
lerie,  dont  nous  n'avons  besoing  pour  ceste 
heure;  priant  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde'-. 

1   Du  Plessis,  s'  de  Richelieu,  lue  au  siège  du  Havre 
;  [563. 

;  Voy.  la  dépêche  de  Throckmorton  à  la  reine  Elisa- 
beth  pour  lui   annoncer  que  la  faix  a  été  conclue  te 
■  i    i  lui  en  faire  connaître  les  principales  conditions 
parfaitement  conformes  à  celles  que  Catherine  r  îatait 


RltNE  DE  MÉDICIS. 

De  Tallcsy  ',  ce jour  de  juing  i56a 

(Au  dos.)  La  royne  à  monsr  de  Montpensier. 
Du  ju'u{,r  »56a. 


1562.  —  26  juin. 

Ong.  Bibh  imi>.  (le  Siiial-Pétersbonrg,  vol    io,  f  A3. 
A  MON  COUSIN 

MlhASIEUR  DE  JOYEUSE. 

GENTILHOMME    ORDINAIRE    DE    LA    CHAMBRE    DU    BOÏ  , 

ET   SOR  LIEUTENANT  GÉNÉRAL   AU  COIVSRNEMENT  DU   LANGUEDOC, 

EN   L'ABSENCE   DE  A10NSr  LE  COHNKSTABLE. 

.Mou  cousin,  ayant  pieu  à  Dieu  nous  envoier 
une  paix  et  composer  ceste  guerre  à  l'heure 
que  moings  nous  l'espérions  et  désirant  que 
le  semblable  se  face  par  tous  les  eudroicts  de 
ce  royaume  el  que  l'obéissance  soit  rendue  au 
Roy  monsieur  mon  filz,  en  remectanl  les  villes 
qui  ont  esté  occuppées  entre  les  mains  de  ses 
gouverneurs  qui  en  ont  la  charge;  nous  avon^ 
advisé  d'envoyer  le  sieur  de  Clervaulx,  cheva- 
lier de  son  ordre,  et  avecluv  un  gentilhomme 
de  mon  cousin  le  prince  de  Coudé,  pour  vous 
faire  remédie  toutes  les  villes  de  voslre  gou- 
vernement entre  les  mains  avec  la  mesme  au- 
thorité  et  commandement  que  vous  aviez  au- 
paravant que  ceulxdela  nouvelle  religion  s'en 
lussent  saisiz,  et  pour  ce,  mou  cousin,  vou; 
adviserez  de  les  recevoir  et  ferez  suyvant  cela 
sortir  tous  les  soldatz  et  autres  geusde  guerre 
d'icelles  et  regarderez  de  pourveoir  à  la  seu- 
reté  des  habitans  et  donner  ordre  qu'ilz  ne 
s'injurient,  ny  lacent  aucun  scandalle,  ains 
se  comportent  le  plus  doulcemenl  qu'ilz  pour- 
ront les  ungs  avec  les  aultres,  qui  est  seulle- 
menl  ce  que  pour  ceste  heure  vous  aurez  à 
faire  en  attendant  que  dans  peu  de  jours  je 
vous  mande  bieu  amplement  mon  intention 

dans  sa  lettre  au  duc  de  Montpensier.  [Cahnda    • 
: .  1 5ti-> .  p.   107  et  p.  166.) 
1  Talcy(  Loir-et-Cher). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


pour  sçavoir  comme  vous  aurez  a  vous  y  gou- 
verner, croyant  au  demeurant  le  tlict  Cler- 
vauk  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part,  comme 
vous  feriez  moi-mesme;  et  je  prîeray  Dieu  qu'il 
vous  n\l  en  sa  saincle  el  digue  garde. 

De  Baugency,  le  xxvi"  jour  de  juin  i5G2  '. 

Catbbine. 


1 562.  —  27  juin. 

Oiijf.  Iîibl.  nul.  fond*  fiançais,  o'  3178,  i'  if». 

\  MONSIEUR  D'HUMIÈRES, 

Monsieur  de  Humières ,  j'ai  receu  voz  lettres 
et  sceu  par  icelles  le  trouble  survenu  en  la  ville 
de  Montdidier2,  deppendant  de  vostre  gouver- 
nement,  à  cause  d'aucuns  des  Pays-Bas  qui 

s'y  sont  relirez  adhérans  à  ces  nouvelles  opi- 
nions;  qui  sont  personnes  dont  ma  seur  la 
duchesse  de  l'arme,  régente  es  dilz  Pays-Ras, 
la  ici  instance  et  requiert  comme  fuitifz  desdietz 
\vé\>  el  prévenuz  de  justice,  iuv  eslre  rendu/ 
en  vertu  des  traicléz;  chose  que  vous  leur  ferez 
entendre,  leur  enjoignant  euh  retirer  incon- 
tinaul,  s'ilz  ne  veuillent  que  pour  le  devoir  je 
les  y  fasce  remener  et  rendre  à  ladicte  du- 
chesse; et  quant  aux  autres  subgectz qui , soubz 
prétexte  de  ladicte  opinion  nouvelle,  troublent 
ladicte  ville,  remontrez-leur  que,  eslans  toutes 
choses  pacifliées  et  accordées  comme  elles  sont 
icv,  où  il  a  esté  advisé  et  résolu  que  chascun 
vivra  tranquillement  el  doulcemenl,  sans  s'of- 
fenser l'un  l'autre,  ils  ayent  à  se  contenir  et 
vivre  ensemble  dans  la  plus  grande  tranquillité 
qu'il  sera  possible,  y  commandant  ce  que  verrez 
'■-ire  nécessaire  pour  le  bien  du  service  du 
Roy  mon  lilz.  bien  et  repos  de  ladicte  ville,  en 

Voy.  la  minute  d'une  lettre  du  roi  de  Navarre  à 
M.  de  Joyeuse,  datée  de  Beangeocy,  le  26  juin  i'j'h. 
(Bibt.  nat. fonds  franc.  n°  15876, f*  161. 

!  Voy.  ponr  les  trouble-  de  Monldidiei 
du  fonds  fran 


1  verlu  de  la  puissance  et  auctorité  que  unis  y 
avez;  à  quoy  le  sieur  de  Mesvilley1  ue  sedoyl 
ingérer,  estant  ladicte  ville  en  vostre  gouver 
oement,  ainsi  que  je  Iuv  escris.  Pryanl  Dieu, 
monsieur  d'Ilumièies.  vous  donner  ce  que 
désirez.  De  Baugency,  le  xsvii'  jour  dejuing 

i562. 

Caterine. 
De  1,"  ArBEsiMNE. 


1 562.  —  a8  juiu. 

Orig.  Bib!,  nal.  fonds  français,  11"    3 ■»  1 9  .  f'  7/1. 

Y  MONSIEUR  DE  GONNORT. 

Monsieur  de  Gonnor,  il  n'est  demouré  à 
Callaiz  des  compaignies  vieilles  que  celle  du 
cappitaine  Desme,  qui  n'a  poinct  esté  payée, 
il  y  a  plus  de  troys  moys,  h  ce  que  dit  ce  por- 
teur que  j'envoie  devers  unis,  vous  priant  faire 
pourveoir  à  son  paiement  le  plus  tost  «  |  u  .^  faire 
se  pourra,  estant  bien  certain  qu'il  luy  sera 
impossible  de  retenir  ses  gens  sans  cella,  et 
qu'il  en  pourroit  venir  quelque  inconvénient 
à  la  place  où  il  n'y  a  que  nouvelles  bandes; 
priant  Dieu  vous  donner  ce  que  désirez.  De 
Baugency,  le  xxvm  de  juing  t 56a. 

Caterime. 
De  i.'Aubespine. 


tâ(i'2.  —  3o  juin. 
Orig.  Bibl.  nat.  fond?  français-,  a9  A63s 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES 

l.in;TS\lM  (.ÉNi'bU  OT  BOT  AC  COPVEBS£U£n-. 

Monsiear  de  Tavanes,  j'ay  entendu  par  la 
despesrhe  que  nous  avez  laide  par  le  siei 
la   Montaigne,  présent  porteur,  la  duretlé  et 

i   Ce  «l"it   êtn     vnl    ne   de  Brouiily,   sieur  d 
villiers, 


un 


LETTRES   DE  C  VTHEKiMi:   DE   MÉDICIS. 


obslinaiion  de  ceulx  do  Mascon,  qui  est  lelle 
qu'ilz  méritent  bien  ung  bon  cliaslyment  '; 
maiz  puisqu'il  a  pieu  à  Dieu  nous  donner  ung 
commencement  de  paix,  et  que  nous  sommes 
en  termes  de  veoir  bientost  le  rcpoz  mis  eu  ce 
royaulme  tel  que  je  le  désire,  je  vous  prie, 
Monsieur  de  Tavanes,  surceoir  et  supercedder 
en  toutes  choses  la  poursuytte  et  exécution  de 
vostre  entreprise,  tenant  toutes  choses  en 
suspendz  jusques  à  ce  que  vous  ayez  autres 
nouvelles  de  moy,  que  j'espère  seront  d'une 
entière  pacification,  comme  vous  pourra  dire 
le  diii  sieur  de  la  Montaigne,  qui  a  veu  mon 
cousin  le  prince  de  Condé  jà  retiré  auprès  de 
mon  frère  le  roy  de  Navarre,  et  moy  en  cesle 
compaignye  où  nous  achèverons  bientost  ce 
bien  si  avant  commancé.  Au  demouraut,  estaus 
les  eboses  comme  elles  sont,  nous  ne  sommes 
poincl  encores  résoluz  de  quel  cousté  nous 
avons  à  nous  servir  de  la  trouppe  des  Suisses 
qui  est  arrivée  par  dellà ,  la  monstre  et  le  paye- 
ment de  laquelle  seront ,  comme  j'estime ,  faiclz 
avant  que  vous  ayez  ceste  despesche.  Et  pour 
ce  qu'il  n'est  pas  à  propoz  qu'ilz  passent  en- 
cores oullre,  je  vous  prie  donner  ordre,  incon- 
tinent la  présente  receuc,  de  les  faire  loger  et 
retenir  dedans  Chaallou,ou  quelque aullre lieu 
commode  par  dellà,  où  ilz  puissenL  commo- 
dément vivre  et  ne  faire  poinct  de  dommaige 
au  peuple,  s'il  est  possible;  aclendanl  que  je 
vous  face  sçavoir,  comme  je  feray  bientost,  où 
ilz  debveront  marcher,  baillant  au  collonnel 
Freulich  les  lettres  que  je  luy  en  escriptz  à  ce 
qu'il  ferme'2  et  arrestelàses  gens,  etpourveoye 
à  les  faire  bien  vivre,  tant  qu'il  ayt  autres 
nouvelles  de  moy;  qui  vous  diray  que  j'ay 
aussy  reeeu  voz  lettres  du  xxi%  aveeques  celles 

unes  olait  alors  sons  les  mure  de  Màcon,  tout 
prêt  à  j  entrer  par  force.  —  Voy.  PingauL,  les  Saulx- 
- 
1er,  dans  le  sons  italien  fixer. 


du  sr  de  Maugiron,  auquel  je  mande  comme 
à  vous,  par  aulire  despesche  que  je  luy  faietz. 
surceoir  aussi  de  son  cousté  et  n'aclemplcr 
ne  poursuyvrc  plus  aucun  efl'ect  d'hostillité, 
comme  vous  ne  ferez  de  vostre  part;  espérant 
que  par  le  cbemyn  et  moyen  que  nous  tenons 
présentement  touL  se  pacifliera.  Pryant  Dieu, 
Monsieur  de  Tavanes,  vous  donner  ce  que 
désirez.  De  Talcv,  le  dernier  jour  de  juin;; 

l5Ô2. 

Depuis  ceste  lettre  escripte,  nous  avons 
accordé  les  choses,  en  sorte  que  ceulx  qui 
estoient  assemblez  à  Orléans  se  retirent  bois 
ce  royaulme,  et  pourra  estre  qui  seraient  pour 
approcher  du  pays  de  Bourgogne,  dont  j'ay 
bien  voullu  vous  advertyr,  afin  que,  si  ains\ 
advenoit,  vous  donniez  ordre  qui  ne  leur  soii 
faict  aucun  ennuy,  ne  (pie  l'on  ne  leur  coure 
sus  en  façon  quelconque,  et  mesmes  contenir 
les  Suisses,  ainsy  que  je  vous  escriptz  cy  des- 
sus, à  ce  qu'ilz  ne  lacent  aucune  entreprise, 
ne  vous  aussi,  jusques  à  ce  que  vous  ayez 
autres  nouvelles  de  moy. 


Gaterinf.. 


De  l'Aubespine, 


1562.  —  3o  juin. 

Orig.  Bilil.  Dat.  ancien  fonds  français,  D°  &63-J  ,  1'  loi. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

LIF.riE\SST  CÉ>ÉBil.  DO  IlOT    iU  CODTEBNBMEJT   DE  BOIBGOGK. 

Monsieur  de  Tavanes,  je  vous  ay  ce  malin 
despesche  le  sr  de  la  Montaigne  et  mandé  que 
vous  eussiez  à  retarder  et  faire  temporiser  les 

|    Suisses,  à  Chaalon,  ou  autre  lieu  prochain  de 

!  là,  estimant  que  nous  n'en  aurions  (pie  faire; 
maiz,  à  ce  que  je  veoy,  ayant  affaire  à  gens 

|  sans  raison,  il  faull  y  mectrela  force  de  nostre 
cousté;  qui  me  faict  vous  prier  les  faire,  in- 

I    continent  la  présente  receue,  partyr  el  achc- 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


345 


myner  par  deçà  aux  meilleures  journées  que 
l'aire  se  pourra,  leur  baillant  gens  pour  les 
conduyre  jusques  hors  vostre  gouvernement, 
et  ad  ver  tyr  d'heure  mon  cousin  le  duc  de  Ny  ver 
nois1  pour  faire  le  semblable  au  sien,  el  don- 
ner  ordre  aux  vivres,  en  manyère  qu'il  n'y -ayl 
aulctin  désordre;  maiz  surtout  ne  leur  laisser 
poincl  perdre  temps,  el  de  vostre  cousté  n'en 
perdez  poincl  aussi  à  faire  remectre  l'obéys- 
sance  au  1<<>\  mou  filz  où  vous  veoyez  qu'il  est 
besoing2,  suyvant  la  charge  et  le  povoir  que 
vous  avez  de  luy;  car  je  veoy  bien  que  j'ay 
perdu  mes  peines  de  cuyder  pacillîer  les  choses 
par  la  doulceur,  et  avoir  voullu  indulger  à 
ceulx-cj  ;  ce  que  je  vous  escriptz  avecques  très 
grant  regret,  pryant  Dieu,  Monsieur  de  Pa- 
vanes, vous  donner  ce  que  plus  désirez.  De 
Talcy,  le  dernier  jour  de  juing  1  56a. 

CaTERINE. 

De  l'Adbespire. 


15fi2.  —  3o  juin. 

Copie.  Ril'i.  nat.  fonds  français.  n°  3aig,  f°  ia6. 
ie   Fonds  Fonlanien  ,  n°*  3ol-3oa. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnort,  la  dépesche,  que  je 
vous  avois  mandé  tenir  preste  pour  l'allée,  du 
sieur  de  Mandosse  vers  les  pistoliers  et  d'un 
autre  gentilhomme  vers  le  comte  le  Reingrave* 
ne  servira  de  riens;  car,  à  ce  que  je  veoy, 
ceulx  que  nous  pensions  estre  pacifiez  sont 
plus  roides  que  jamais  et  sommes  aussi  loing 

1  François  11  de  Clèves. 

2  Se  conformant  à  ces  dernières  instructions,  Tavanncs 
attaqua  Mâcon,  le  4  juillet;  mais,  dès  le  lendemain,  il  se 
repliait  sur  Dijon. 

Voy.  une  lettre  du  Roi  où  il  est  question  du  Rhin- 
grave  Jean  Philippe  de  Salm  (Bibl.  nat.  fonds  franc. 
n"  1587(1,  f°  18G);  Lettres  du  Bhingrave,  dans  la  \or- 
mandie  «  l'étranger,  Paris,  Aubry,  1  S 7 3 ,  in-H",  p.  113 
et  1 1  '1. 

ClTHBBUIB   DE  MÉDICIS.  —  1. 


de  la  paix  que  nous  en  pensions  estre  près. 
qui  est  cause  que  nous  mandons  audicl  conte 
Reingrave  mai-, -lier  incontinanl  avec  ses 
bandes  pour  se  rendre  par  deçà  le  plus  tosl 
qu'il  pourra;  el  pour  ce  qu'il  ne  peull  partit 
sans  avoir  faicl  monstre,  je  vous  prie,  si  le 
paiement  de  ses  bandes  n'estoit  là.  le  y  faire 
tenir  en  la  plus  grande  dilligence  qu'il  sera 
possible,  autrement  ce  seroil  despence  perdue. 
Nous  faisons  aussi  venir  les  Suisses  el  les  pis- 
tolliers  que  j'estimois  estre  paiez.  el  faull  de 
bonne  heure  penser  au  paiement  de  leur  second 
mois,  car  je  veoy  bien  que  nous  sommes  aux 
affaires  jusques  aux  yeulx,  puisqu'il  n'a  pas 
pieu  à  Dieu  que  nous  y  aions  mis  fin  par  la 
doulcevoye;  à  quoy  je  n'ay  rien  oblyé,  m'as- 
seurant  que  de  ce  qui  en  adviendra  je  sera) 
juslillîee  devant  Dieu  et  les  hommes.  Prianl 
Dieu,  Monsieur  de  Gonnort,  vous  donner  ce 
que  désirez. 

De  Talsy,  le  dernier  jour  de  juing  i56g. 

Vous n'oblierez  aussi,  Monsieurde  Gonnort. 

de  taire  pourveoir  aux  talfetas  des  ensei;; 

desdicts  lansquenetz. 

Caterink. 
De  l'Auhespine. 


1562.  —  (Juillet.) 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°   1 5S76 ,  f'  25i. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  D'ESTAMPES'. 

Mon  cousin,  je  croy  que  vous  avez  bien  en- 

1  Pareille  lettre  fut  adressée  par  la  Reine  à  Monluc,  et 
j'en  ai  copié  la  minute  dans  le  n°  i8  (f  80)  des  documents 
français  de  la  Bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg;  elle 
u'offre  aucune  variante  avec  celle  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale; c'est  une  seule  et  même  circulaire  adressé'-  le 
même  jour  à  tous  les  gouverneurs  de  provinces,  et  entre 
autres  t;à  MM.  de  Monlpensier,  de  Biron,  de  Jarnac,  de 
Sommerive,  d'Estampes,  le  dernier  jour  de  juin-..  Celle 
que  nous  donnons  ci-dessus,  d'après  la  minute,  est  sans 

44 


:',',(, 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


tendu  la  peine  que  j'avois  prinse  de  venir  jus- 
ques icy  '  pour  meetre  une  fin  à  ces  troubles 
el  les  paciffier  plutost  par  quelque  honneste 
composition  que  de  les  laisser  terminer  par 
ung  faict  d'armes;  et  pensois  avoir  conduict 
les  choses  en  telz  termes  que  l'issue  en  seroit 
à  mon  contentement  et  au  bien  de  tout  ce 
roiaume.  Messieurs  de  Guysc,  connestable  et 
mareschal  de  Saint-André,  pour  le  désir  qu'ilz 
avoient  de  veoir  le  repoz  de  ce  roiaume,  s'en 
alloient  en  leurs  maisons,  suivant  l'offre  qu'ilz 
en  avoient  faille,  toutes  et  qualités  fois  que 
l'obéissance  seroit  rendue  au  Roy  monsieur 
mon  lilz  en  luy  restituant  ses  villes,  estimant 
qu'aiant  faict  cela ,  dont  ceulx  d'Orléans  avoient 
tant  faict  d'instance  et  m'avoient  promis  et 
asseurée  par  la  requeste  signée  de  leurs  mains 
qu'au  mesme  instant  ilz  m'obéyroient  à  tout 
ce  que  je  leur  commanderoys,  dont  mon  cou- 
sin le  prince  de  Condé  se  coustitucroit  pleige 
entre  mes  mains,  ilzydeussentsatislTaire;  mais 
au  lieu  de  cela ,  estant  allée  parler  à  Monsr  l'amy- 
ral  et  autres  de  sa  compaignye,  accompaignée 
de  mondict  cousin  le  Prince  qui  estoit  avecques 
moy,  contre  la  i'oy  et  la  paroi  le  qu'il  m'avoit 
donnée  de  revenir,  et  à  mon  frère  le  roy  de 
Navarre,  ilz  me  firent  ceste  honte  de  l'amener2 
maugré  moy,  me  faisant  en  cela  congnoistre 
le  peu  de  compte  qu'ilz  faisoient  de  moy,  el  la 
mauvaise  récompense  qu'ilz  me  faisoient  de 
tant  de  peyne  que  j'avois  prinse  pour  empes- 
eher  qu'on  ne  les  taillast  en  pièces.  Si  lors 
j'euz  grande  occasion  de  me  plaindre  et  mal 
contenter  d'eulx,  ilz  l'ont  encore  depuis  aug- 

suscription ,  mais  il  y  est  parlé  Je  la  recelle  de  Nantes, 
c'est  donc  évidemment  celle  qui  était  destinée  à  M.  d'E- 
tampes;  elle  porte  la  date  de  juillet  et  doit  être  du  1", 
Loutps  les  autres  étant  datées  du  3o  juin. 

1   Voy.  le  récit  de  ce  qui  se  passa  dans  cette  entrevue 
dans  le  n°  y'i'i  du  fonds  Dupny,  p.  Ml  et  suiv. 
[mener,  emmener. 


menlée  par  ung  acte  que  je  remeclray  à  vostre 
discrétion  pour  juger  quel  il  peult  estre.  C'est, 
mon  cousin,  que  leur  ayant  faict  entendre 
comme  tout  le  conseil  du  Roy  monsieur  mon 
filz  n'estoit  point  d'opinion  que  l'édict  de  jan- 
vier s'observast  pour  l'impossibillité  qu'il  y 
avoit,  quand  bien  je  le  voudroys,  et  que  pour 
ceste  cause  je  les  prioys  s'accommoder  de  vivre 
en  leurs  maisons,  leur  promeclanl  toute  seu- 
retté  et  pour  leurs  biens  et  pour  leurs  vyes  et 
pour  la  liberté  de  leurs  consciences,  pourveu 
qu'il  ne  se  fist  d'assemblées,  ny  autres  telles 
choses  publicqu.es  dont  le  peuple  estoit  scan- 
dalizé,  ilz  me  respondirent  lors  que,  puisque 
l'édict  ne  pouvoit  estre  entretenu,  et  qu'en 
seuretlé  de  leurs  consciences  ilz  ne  pouvoient 
vivre  selon  noz  loix,  qu'ilz  nie  prioient  au 
moings  leur  permectre  de  se  retirer  hors  du 
roiaume  jusques  à  ce  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  eust  attainct  l'aage  de  quatorze  ans  qu'il 
sera  majeur,  et  cependant  leur  permectre  de 
joyr  de  leurs  biens  et  leur  donner  seuretlé  pour 
amener  leurs  femmes;  ce  que  leur  aiant  faict 
pryer  ne  faire  poiuct,  je  fuz  à  la  fin  contraincte 
leur  accorder,  protestant  que  c'estoit  contre  ma 
volunté  et  que  je  ne  voullois  chasser  personne 
de  ce  roiaume,  mais  au  contraire  les  pryer 
s'acommoder  à  ce  qu'il  me  sembloit  estre  si 
raisonnable  et  qu'ilz  se  faisoient  grand  tort 
de  le  reffuser.  Enfin  je  n'en  peuz  avoir  autre 
raison,  et  me  promirent  tous  dès  aujourd'hui 
s'en  aller;  mais  ilz  ont  faict  tout  le  contraire, 
car  ilz  ont  marché  avec  leur  armée  en  çà  et 
m'ont  en  cela  manqué  de  la  promesse  qu'ilz 
m'avoient  faicte,  et  vous  pouvez,  mon  cousin, 
juger  par  tant  d'occasions  quelle  satisfaction 
je  puys  avoir  d'eulx  après  avoir  tant  faict  pour 
eulx  que  j'ay  faict  jusques  à  ceste  heure  pour 
le  désir  qui1  j'avois  de  veoir  ce  royaume  en 
repoz,  et  éviter  une  cruelle  effusion  de  sang, 
comme  celle  qui  se  prépare,  d'aultant  que  je 


LETTRES  DE  G  LTHERINE  DE  MÉDICIS. 


347 


ne  \n\  plus  de  moien,  incontinent  que  jeseray 
partie,  qui  sera  dès  demain,  s'ilz  oe  se  retirent, 
que  bientosl  l'on  ne  vienne  aux  mains  el  que 
la  force  ne  les  contraigne  d'obéyr;  de  quoyje 
n'ai  voullu  faillir  de  vous  advertir  pour  le 
faire  entendre  partout,  affinque  s'il/,  publioient 
quelque  chose  à  mon  désadvantaige ,  vous 
sçaichez  de  quo^  effacer  reste  impression.  \  ous 
priant,  mou  cousin,  plus  que  jamais  estre 
songneux  de  vostre  gouvernement,  ainsi  que 
nous  avez  esté  si  bien  jusques  icy,  que  j'ay 
{fraude  occasion  de  m'en  contenter.  Au  de- 
meuranl  je'  vous  a\  par  cy-devant  mandé  de 
faire  porter  tous  les  denyers  de  la  receple  géné- 
ra lie  à  Nantes,  ensemble  ceulx  des  fermes  où 
vous  m'avez  mandé  qu'il  y  pourroit  avoir  à  ceste 
S1  Jehan  en\  iron  cens  mille  livres ,  dont ,  puisque 
les  choses  en  sont  au  terme  où  nous  les  voyons, 
vous  [vous]  ayderez  de  douze  mille  livres  pour 
le  payement  de  voz  gens  de  guerre,  remectant 
à  vostre  discrétion  de  les  mesnager,  comme 
vous  congnoistrez  qu'il  sera  plus  à  propoz; 
vous  ayant  bien  voulu  mander  cela,  allin  que 
vous  n'en  demeuriez  en  poyne  et  que  l'aulte 
de  payement  ne  vous  face  perdre  voz  gens; 
vous  priant  continuer,  comme  \ous  avez  très 
bien  faict  jusques  icy,  à  tenir  ce  pays  en  lestât 
où  vous  l'avez  maintenu,  et  nous  advertir  sou- 
vent de  toutes  choses,  comme  vous  en  avez, 
ainsi  que  j'espère,  plus  de  moyen  que  jamays, 
avant  ouvert  le  passage  comme  l'on  fera  dans 
peu  de  jours.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  el  digne  garde.  De  Tallesy, 

ce  ....  jour  de  juillet. 

Caterine. 


1562. —  (Juillet»). 

Aut.  Arch.  oot.  collect.  Siiuancas,   K.  1&96,  n°  l3.      ' 

AU   ROY   CATOLYQDE. 

Monsieur  mon  fils,  j'é  aysté  mervilleuse- 
1  Reçue  le  8  juillet. 


m. mu  ayse  d'avoyr  entendeu  par  l'évêque  d< 
Limoge  l'antière  guérison  de  Monsieur  le 
l'rinse.  corne  selle  qui  resantiré  el  louré  Nostre- 
Signeur  de  tourtes  les  ehauses  qui  vous  don- 
neront joye  el  contentement,  come  la  milleure 
de  vii^  amye  qui  partisiperé  tousjour  à  tout 
set  qui  vous  aporteré  plési,  ou  déplesir1. 


156-2.—  3  juillet. 
Copie.  Bibl.  liât.  Parlement,  a'  83,  I 

A  MESSIE1  US  LES  t.KNS 

TENANS   LA   COURT   DE   PARLEMENT    \    PARIS. 

Messieurs,  celuy  que  avez  envoyé  au  camp, 
portant  adverlisseineut  de  ce  qui  esloil  advenu 
à  Meaux2,  m'est  venu  ce  jourdliuy  retrouver 
icy  où  j'ay  receu  vos  lettres  par  lesquelles 
m'ont   esté  confirmées  les   nouvelles  que  j'a- 

1  Celte  lettre  de  Catherine,  autographe  mais  sans  signa- 
ture, a  dû  èlre  écrite  dans  les  premiers  jours  de  juillet; 
™  effet,  c'est  le  l 'i  juin  ipie  duu  Carlos  se  leva  pour  la 
première  fois,  et  Philippe  II  vint  à  Alcala,  le  a  * •  juin, 
pour  s'assurer  par  ses  yeux  de  l'entier  rétablissement  de 
son  Gis.  -  Voy.  Gachard,  Don  Carlos  ci  Philippe  II ,  t.  I . 
p.  go  i't  suiv.;  voy.  également  dans  les  Papiers  d'Etat 
du  cardinal  de  Granvelle,  I.  VI,  p.  587  >■!  suiv.  le  rap- 
porl  du  docteur  Olivaies,  premier  médecin  de  don  I  11 
los,  sur  la  longue  el  dangereuse  maladie  de  ce  prince, 
résultat  d'une  chute,  et  sur  le  traitement  employé.  CI. 
le  même  ouvrage,  t.  III,  p.  178,  et  t.  IV.  p.  hgh. 

-  Voy.  une  lettre  du  roi  de  Navarre  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n"  i6332,  f'  17):  Lettre  de  Charles  I\  sur  le 
tumulte  de  Meaux  1  Mém.  de  Condé,  édit.  de  1743,  t.  III. 
p.  5 iç));  Réponse  du  Parlement  à  cette  lettre  du  Roi 
(Bibl.  nal.  Parlement,  n"  83,  f"  4g  et  suiv.);  Lettre  du 
roi  de  Navarre  aux  gens  du  Parlement  (  Bibl.  nat.  Par- 

I lit,  n"  .s3,  1°  5o4  1:  Dépêche  de  Throckmorton  à  la 

reine  Elisabeth  pour  lui  rendre  compte  des  troubles  de 
Meaux  (Calendar  of  State papers ,  i56a,  p.  i38);  Ins- 
tructions à  M.  de  Serlan,  premier  maître  d'hôtel  de  la 
Reine,  allant  à  Meaux  à  l'occasion  des  troubles  (Bibl. 
nat.  fonds  Brienne,  t°  a65);  Compte  rendu  par  le  ma- 
i  1  ii, ,1  de  lii  issac  et  par  M.  de  Serlan  de  leur  mission  à 
Meaux,  dans  la  séance  du  Parlement  du  3  juillet  1  5 1 j u 
(Bibl.  nat.  Parlement,  n°83,  f"  471  et  suiv.). 

-     44. 


Vis 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


vois  desja  eues  de  ce  qui  y  est  passé,  dont 
j'ay  voulu  sçavoir  plus  particulièrement  la 
vérité,  et  trouve  qu'il  y  a  eu  assez  de  mal 
pour  en  faire  faire  un  bon  exemple,  et  non 
loutesfois  tant  que  l'on  m'avoit  dicl,  ayant 
advisé  pour  le  commencement  de  despécher 
un  gentilhomme  auclict  Meaux  pour  faire 
rendre  l'obéissance  et  venir  à  moy  les  princi- 
paux de  ladicte  ville  et  se  saisir  des  autheurs 
de  la  sédition;  ce  que,  s'ils  ne  font,  je  me  del- 
libère  d'y  employer  une  bonne  force  pour  les 
faire  chastier  à  bon  escient.  Priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 
De  Mellun,  le  Iroisiesme  juillet  mil  cinq  cent 
soixante  deux. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1562. —  G  juillet. 
Copie.  Record  office ,  Slale  popers,  France,  vol.  a8. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DAUMALE. 

Mon  cousin,  l'ambassadeur  de  la  royne 
d'Angleterre1,  madame  ma  bonne  seur,  rési- 
dant icy,  m'a  advertie  que  aulcuns  de  vos 
gens  ontprins  prisonniers  certains  marchands 
angloys  qui  alloien  t  à  Rouen  pour  leurs  affaires, 
lesquelz  ilz  détiennent  encores  et  fout  difficulté 
de  les  mettre  en  liberté;  chose  que  j'estime  que 
vous  n'entendez  pas  ainsi,  pour  l'importance 
don)  elle  est;  vous  priant  à  ceste  cause  donner 
ordre  de  sçavoir  où  ilz  sont  pour  incontinent 
les  faire  délivrer  et  leur  faire  rendre  et  restituer 
tout  ce  qui  leur  a  esté  prins  et  retenu  lorsqu'ilz 
furent  arrosiez.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
donner  ce  que  désirez2. 

De  Mellun,  le  vic  jour  de  juillet  i5G2. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Sir  Tlii'ockraorlon. 

3  Voy.  laréponse.luducd'AumaleùlaReineetàThi'ock- 
morton.  {Calendur  qf  State papers ,  1062,  p.  i5o.) 


1562.  —  (7  juillet.) 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  17981 

A  MONSIEUR  COIGNET, 


AMEASSADSCR  EN   SUISSE. 


Monsieur  Coignet,  je  comenceray  ceste 
lettre  par  vous  dire  que,  après  avoir  conféré 
avec  les  intendans  des  finances  du  temps  de- 
dans lequel  nous  pourrions  faire  rembourser 
les  vm"  m.  escus  deutz  aux  marcbans  Suysses 
ayant  argent  au  grand  party,  je  me  suis  trouvée 
en  poyne  de  ce  que  je  vous  en  pourroys  res- 
pondre  pour  ce  que  je  désire  que  l'on  ne  leur 
promette  riens  en  cela  qui  ne  leur  soyt  entiè- 
rement observé  et  entretenu  ;  et  pour  ceste  cause 
veoyant  les  troubles  où  est  réduict  ce  royaulme 
et  les  grandes  despenses  que  nous  sommes 
conlrainctz  faire  pour  y  pourveoir,  qui  nous 
oste  tousjours  le  moyen  de  payer  noz  debtes, 
je  suys  d'advis  que  vous  mectez  toute  la  poyne 
qu'il  vous  sera  possible  pour  obtenir  desdits 
marcbans  particuliers  que  ledict  rembour- 
sement se  face  en  cinq  années  par  esgalle  por- 
tion, et,  si  vous  ne  les  pouvez  persuader  aux- 
dilz  cinq  années,  que  pour  le  moings  ilz  nous 
en  acordent  quatre  qui  est  le  moindre  ternie 
que  nous  pouvons  prendre  pour  n'y  faillir  point , 
et  pour  le  relard  de  l'intérest,  il  fault  pour  la 
conséquence  des  autres  qui  sont  en  semblable 
cause  que  vous  les  l'aides  contenter  de  cinq  pour 
cent;  et  tenez  bon  à  cela  jusqu'à  l'extrémité. 
Touteffoys  si,  après  avoir  employé  tout  ce  que 
j'ay  de  serviteurs  pardelà  et  comme  vous  pourrez 
penser  de  moyens  propres  pour  les  réduire  à  ce 
point,  vous  veoyez  que  vous  n'en  puissiez  es- 
chapper  aucunement,  je  suis  d'advis  que  plutost 
que  d'en  venir  à  une  journée  de  marche  vous 
leur  donniez  quelque  chose  davantaige  ;  mais  il 
fauldra  que  ce  soit  par  forme  de  don  et  libéralité 
qui  se  payera  à  la  fin  desdicles  quatre  ou  cinq 
années,  et  non  en  considération  dudict  in- 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


349 


téresl  qui  leur  sera  délivré  par  cbascune  des- 
dictes  cinq  années  à  ladicte  raison  de  cinq 
pour  cenl,  ainsi  qu'il  a  esté  accord''  avec  les 
autres  marchans  créanciers  dudicl  grand  parly. 
Je  vous  anvoirav  avec  les  premières  dépesches 
les  lettres  qui  vous  sont  nécessaires  pour  la 
prorogation  du  remboursement  de  cinquante 
milescusdeubtzàceulx  de  Solleure,  dépeschées 
en  lamesme  forme  que  vous  les  demandez,  dont 
celles  du  Roy  monsieur  mon  liN  .-mil  toutes 
prestes  et  n'attend/,  que  celles  de  mon  cousin 
le  duc  de  Longueville  '  qu'il  a  envoyées  sceller 
i  Biandiz,  où  est  son  sceau,  d'où,  ainsi  qu'il 
m'a  faict  dire,  il  les  attend  pour  les  premiers 
|ours. 

Au  demouranl ,  j'ay  veu  par  les  lettres  que 
m'avez  escriptes  du  xx  de  ce  moys  que  les 
Seigneurs  des  Ligues,  en  accordant  la  I 
que  vous  leur  avez  demandée  à  quinze  en- 
seignes,  ont  lellement  conditionné  leur  accord 
qu'il  ne  fault  pas  s'atendre  qu'il  y  ayl  ung  seul 
de  leurs  hommes  qui  parte  pour  venir  au  ser- 
vice que  premièrement  l'année  de  leurs  peu- 
sions  ne  leur  a\  I  esté  portée  et  délivrée  en  la 
ville  de  Solleure,  et  ayant  au  mesme  instant 
entendu  que  le  baron  des  Aurez,  qui  c'est  im- 
palroné  de.  la  ville  de  Lvon  2,  a  faict  arrester 
les  n  H  1.  destinez  pour  le  payement  desdictes 
pensions  es  mains  du  trésorier  des  Ligues  qui 
us  a  receuz,  j'ay  escript  bien  rigoureusement 
audict  baron  des  Adrez  pour  lever  ledict 
arresl  et  par  mesme  moyen  au  M'  Aubrech 
que,  attendu  la  longueur  dont  il  a  usé  aux 
fournissements  desdietz  n  h.  I.,ce  qu'il  semble 
avoir  faict  expressément  pour  donner  loisir  au- 
dict baron  de  faire  ledict  arrest,  il  l'ace  fournir 

1  Léonor  d'Orléans,  duc  de  Longueville,  mort  en  août 
i.">-3.  Il  épousa,  en  1ÔC3,  Marie  de  Bourbon,  déjà 
veuve  de  deux  maris:  le  duc  de  Bourbon  et  François  de 
Clèves,  duc  de  Xivernois. 

Voy.  de  Tliou,  But.  univers.,  trad.  I.  IV,  p. 


promptemenl  soit  par  lettres  de  change,  ou 
autrement,  en  la  ville  de  Solleure  jusques  à  la 
concurrence  de  ce  qui  est  deu  du  payement 
desdictes  pensions  qu'il  reprendra  puis  après 
des  deniers  qu'il  a  mis  es  mains  dudicl  tré- 
sorier des  Ligues,  qui  luy  rendra  à  Lyon  tout 
ce  qu'il  lùy  aura  faicl  délivrer  audict  Solleure 
pour  l'effect  que  dessus,  ayant  considéré  que. 
si  ledict  baron  continue  à  faire  le  loi  et  obstiné, 
ledict  M"  Aubrech,  pour  les  craintes  qu'il  aura 
que  je  luy  lace  révocquer  ses  autres  assigna- 
tions, ne  nous  defauldra  en  ung  tel  besoing 
et  cependant  j'advance  le  plus  que  je  puys 
en  la  pacification  de  noz  troubles,  et  s'il  s'y  laie! 
quelque  chose  de  bon  et  que  nous  n'ayons  que 
l'aire  des  Suysses,  vous  en  advertiraj  en  extrême 
diligence  pour  nous  sauver  la  despence  de  leur 
solde  et entreténemenl  :  pryant  Dieu,  Monsieur 
Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  el  digne 
garde. 


CàTERINE. 


[En  marge.)  Le  vu  juillet. 


1562.  —  8  juillet. 

Copie,  liibl.  du  Louvre. 

A  MESSIEURS  LLS  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  à  ce  que  nous  voyons,  ceulx  de 
Meaux  '  l'ont  démonstration  de  n'eslre  pas  si 
obéissans  que  nous  désirons;  de  sorte  que  par 
adventure  sera-il  besoing  d'y  employer  quel- 
que force,  laquelle  nous  ne  pouvons,  pour  le 
présent,  avoir  plus  à  propos  que  de  vous  ;  vous 
priant,  suivant  ce  que  je  vous  en"  ayl  escript 
el  faict  entendre  par  mon  cousin  le  niareschal 
de  Brissac,  faire  préparer  celle  dont  vous  nous 
voudrez  ayder  pour  cest  effect,  et  vous  accom- 

Voy.  une  lettre  (1rs  habitants  de  Meaux  à  Catherine: 
datée  du  3o  juin  i56a.  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n"  i5879,P  >7->-) 


350 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


moder  aux  choses  dont  nous  avons  besoing  de 
vous,  suivant  ce  que  vous  en  dira,  de  nostre 
pari ,  ledicl  sieur  mareschal  et  le  sieur  Destrez l, 
qui  s'en  va  par  delà  pour  haster  les  prépa- 
ratifs, estant  nécessaire  n'y  perdre  une  seule 
heure  de  temps,  afin  qu'il  y  ayt  tant  moins 
de  difficulté,  et  en  avoir  la  raison;  priant 
Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Caterine. 


1 562.  —  1 1  juillet. 

Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  rcnts  Colbert ,  n°  390,  f°  173. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  par  ma  dépesche  du 
xvic  du  passé,  je  vous  feiz  entendre  le  voyaige 
que  j'avovs  faict  entre  les  deux  armées  pour 
moyenner  la  pacification  de  noz  troubles ,  et 
comme  estant  retournée  sans  aucun  fruict  ne 
effect,  et  avec  cela  désespérée  de  pouvoir  garder 
que  la  chose  ne  se  tenninast  par  les  armes, 
mon  frère  le  roy  de  Navarre  m'avoit  mandé 
qu'il  avoit  tellement  rataché  et  renoué  ce  né- 
goce avec  mon  cousin  le  prince  de  Coudé,  son 
frère,  qu'il  me  prioyt  ne  plaindre  poinct  ma 
peine  d'aller  encores  faire  ung  voyaige  jusques 
au  delà  d'Orléans,  où  estoient  leurs  armées, 
pour  essayer  de  parvenir  à  l'effect  de  la  dicte 
panification;  ce  que  je  feiz  dès  le  lendemain 
de  madiote  lettre  avec  très  grande  incommo- 
dité de  ma  personne,  me  trouvant  si  mal 
d'une  chcute  que  j'avovs  prise  à  Estampes,  au 
retour  de  mon  premier  voyaige,  que  je  ne  me 
pouvoys  soustenir  ny  remuer  que  avec  grande 
peine  et  diificulté.  Toutesfoys,  postposant  ma 
santé  au  bien,  repos  et  trancquilité  de  ce 
l'oyaulme.  je  me  feiz  porter  en  litière  en  une 
maison  qui  est  assise  entre  Baugency  et  Or- 

1  Jean  d'Estrées,  grand  maître  de  l'artillerie  par  lettre 
du  o  juillet  1 56o  ;  il  s'était  distingué  à  la  prise  de  Calais 
en  1 558  et  mourut  en  1067. 


léaus,  à  costé  desdictes  deux  armées,  n'ayant 
riens  oublié  et  prélermis  '  de  ce  que  j'ay  pensé 
pouvoir  servir  au  faict  de  ladicle  pacification: 
mais  ce  a  esté  avec  si  peu  d'effect,  pour  la  du- 
reté et  obstination  de  quelques  particuliers  qui 
possèdent  mon  dict  cousin  le  priuce  de  Condé, 
que  j'en  suys  retournée  depuis  troys  jours  en 
çà  aussy  faschée  et  ennuyée  que  je  feuz  jea- 
mais;  et  pour  ce  que  j'ay  faict  dresser  ung 
discours  desdicts  deux  voyaiges,  et  de  tout  ce 
qui  s'y  est  passé,  que  je  vous  envoyé  avec  la 
présente,  je  me  remecleray  de  tout  ce  que  je 
vous  eu  sçauroys  escripre  à  ce  que  vous  en  en- 
tenderez  par  la  lecture  dudict  discours,  et 
viendray  à  vous  dire  que,  pendant  mondict 
second  voyaige,  j'ay  receu  voz  lettres  des  xxi 
et  x\vm-  may,  et  vin  et  xvmmc  du  passé,  par 
lesquelles  j'ay  veu  que  l'élection  du  roy  des 
Romains  est  consentye  et  accordée  de  tous  les 
électeurs,  et  le  temps  remis  à  la  discrétion  de 
l'Empereur  mon  bon  frère;  le  couronnement 
de  Bohesme  différé  jusques  en  septembre  et 
octobre;  la  trefve  entre  mondit  bon  frère  et 
le  prince  de  Transilvanie  accordée  et  les 
choses  de  la  paix  entre  luy  et  le  Turc  en  assez 
bons  termes  pour  en  espérer  quelque  bon 
accord,  qui  sont  toutes  prospéritez  à  mondict 
bon  frère  qui  me  donnent  grand  plaisir  et  con- 
tanlement,  et  que  je  souhaite  luy  continuer 
toujours  de  bien  en  mieulx. 

Quant  à  ce  qui  appartient  au  faict  du  con- 
cilie dont  vous  me  faictes  mention  par  vosdictes 
lectres,  et  la  bonne  intencion  que  mondict  bon 
frère  l'Empereur  monstre  toujours  avoir  de  le 
faire  fructueux,  je  n'ay  encores  riens  veu  de 
luy  que  bien  fort  louable,  et  qui  ne  se  con- 
forme à  sa  parole;  toutesfoys  ses  ambassadeurs 
avoient  du  commencement  parlé  fort  froide- 
ment au  sieur  de  Lanssac  des  choses  quilz  dé- 

1   Prétei-mis,  omis. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


351 


siroient  estre  traictées  audicl  concilie;  mais 
depuys  il/,  se  sonl  laissa  plus  clairemeni  en- 
tendre; qui  a  esté  après  en  avoir  sceu  l'inten- 
cion  de  mondict  bon  Frère,  qu'il  ne  leur  avoil 
peult-estre  faict  encores  entendre  ou  bien  qu'ilz 
voulloienl  veoir  premièrement  de  quel  pied 
les  nostres  marcheroient;  lesquelz,  comme  je 
vous ayjà mandé,  mit  commandement  des'ad- 

joindre  telle ni  avec  ceulx  de  mondict  bon 

frère,  qu'ilz  ne  soient  que  une  mesme  chose 
en  uns  si    bon   œuvre.  Et  pour  ce  que  les 
évesques  espagnols  sonl  puis  naguières  venu/. 
dire  au  sieur  de  Lanssac  que  Von  n'avoif  «pie 
l'aire  pour  l'heure  présente  de  traicler  de  la 
doctrine,   puysque  ceulx  qui  l'impugnent  et 
débatent  ne  sont  poinct  au  concilie;  et  qu'il 
lailloil   commancer  par  une  bonne  et  roide 
refformation  des  meurs,  qui  est  ce  que  l'on  a 
tousjours  désiré  d'eulx,  et  ung  poinct  de  très- 
grande  importance  pour  faciliter  le  fruict  que 
l'on   espère  dudicl    concilie;  encores  que  je 
saiche  bien  que   mondict  bon   frère  et   moy 
n'avons  toujours  eu  en  cela  que  une  mesme 
intencion  et  volunté,  si  suys-je  d'advis,  Mon- 
sieur de  Renés,  «pie  vous  I n y  en  parliez  et  le 
requéryez  de  commander  encores  de  nouveau 
i  sesdiets ambassadeurs  qu'rlz  prenent  ce  faict 
en   main   et  en  sollicitent   tellement  lesdicls 
Espaignolz,  que  cela  se  propose  et  requière  de 
commun  accord  et  consentement  d'eulx  et  de 
nous,  avec  telle  chaleur  et  instance  que  les 
légalz  n'y  puissent  poinct  l'aire  de  difficulté, 
estant  hesoing  que  les  décisions  en  la  doctrine 
se  diffèrent  pour  les  dernières  cessions  dudicl 
concilie,  et  ne  s'y  face  riens,  s'il  est  possible, 
que  noz  prélatz  ne  soient  par  delà,  et  que  l'on 
n'ayt  essaye''  d'y  amener  les  protestans;  les- 
quelz si  l'on  avoil  une  foys  laid  une  décision 
eu  la  die  te  doctrine  contre  ce  qu'ilz  en  sentent, 
qu'ilz  n'eussent  premièrement  esté  oyz,  il  ne 
seroit  pas  en  puissance  d'homme  du  monde 


d  \  faire  comparoistre,  et  se  plaindraient  tous- 
jours  d'avoir  eslé  condampnez  non  o\z.  El 
pour  ce  faictes  cesl  office  envers  mondicl  bon 
frère,  el  j'ay  mandé  au  sieur  de  Lanssac  qu'il 
n'y  oublie  rien  au  lieu  où  il  est,  el  si  vous 
avez  peu  entendre  avec  quelle  résolution  e( 
dépesche  l'archevesq le  Prague1  s'en  esl  re- 
tourné, mande/,  luv  en  des  nouvelles,  comme 
je  m'asseure  que  vous  ferez  tousjours  de  toutes 
idioses  qui  regarderont  le  faict  de  sa  charge, 
ci  que  vous  cognoistrez  de  quelque  importance 
el  dignes  de  luy;  pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Renés,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saiacte  garde. 
Escript  au  boys  de  Vincennes,  ce  xi°  jour  de 

juillel  i  56a. 

Caterink. 

BoUIIDIN. 

lôO'J.  —  i  i  juillet. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  D°  83,  i'°  A79. 

A  MESSIEURS  TENANS  LA  COURT 

DE  PARLEMENT  DE   PARIS. 

Messieurs,  j'escris  présentement  à  mon  cou- 
sin le  mareschal  de  Brissacq2  vous  faire  en- 


V»v.  Gains,   Séries   r]/ism|m'«w. 
ar   Catherine  à 


1    \ntonius  Brus.  • 
p.  3o3. 

-  Voici    les   instructions  adressées 
M.  de  Brissac  : 

■Monsieur  le  mareschal  de  Brissac  sçait  comme  la 
cBoyne  l'ut  mandée  du  roy  de  Navarre  pour  retourner 
«par  deçà  sur  l'espérance  qu'il  luy  donnoit  du  lion  com- 
«mencement  qu'il  avoit  faict  de  paciflier  ces  troubles,  où 
a  arrivée  qu'elle  fusl  à  Sainct  Simon,  elle  trouva  que  le 
s dict  seigneur  roy  de  Navarre,  ayant  déjà  parlé  à  Mon- 
sieur le  Prince  son  frère,  y  avoit  aucunement  préparé  les 
s  choses;  pour  lesquelles  poursuivre  et  achever  elle  trouva 
amoven  de  faire,  non  sans  grande  difficulté,  venir  par 
ndevers  elle  Mondict.  sieur  le  Prince  par  deux  fois  audicl 
«S1  Simon,  où  après  plusieurs  propos  passez  entre  eux  et 
ilongues  disputes  tendans  au  moyen  de  paciffiei  te 
«royaume,  elle  lui  remonslra  l'impossibilité  qu'il  y  avoit 
-de  pouvoir  faire  oliserver  l'édicl  de  janvier,  le  priant 


:S52 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


tendre  comment  sont  passées  les  affaires  au 
voyage   que  j'ay    fait  par  deçà,    eslanl  bien 

squ'il  fui  content  l'aire  déposer  les  armes  pour  le  repos  de 
-ce  royaume,  tant  que  luy  et  ceux  de  sa  suitte,  et  se  con- 
(tteriir  doucement  en  leurs  maisons,  pour  quelque  temps, 
•■(lin sut  lequel  on  par  un  bon  concile  ou  autre  expédient 
-se  pourrait  l'aire  chose  qui  donnerait  contentement  à 
«chacun  et  mettrait  ce  royaume  en  repos,  sans  oublier 
«par  ladicte  Dame  à  luy  faire  bien  entendre  le  sang  dont 
■il  est  issu,  et  en  quelle  considération  il  doit  mettre  le 
-service  du  Roy,  la  conservation  de  ceste  couronne  et  le 
-repos  des  sujets,  y  adjoustant  toutes  les  vives  et  conve- 
nables persuasions  dont  ladicte  Dame,  se  peut  adviser, 
-qui  servirent  de  si  peu  que  toujours  Mondict  sieur  le 
-Prince  insista  aux  deux  premiers  points,  ausquelz  il  s'est 
«premièrement  attaché,  qui  sont  :  que  Messieurs  de 
«Guise,  connestable  et  marescbal  de  Saint-André  se  reti- 
rrassenl  on  leurs  maisons,  et  que  ledict  édict  eut  lieu.  La- 
r dicte  Dame,  demeurant  toujours  ferme  à  ne  se  laisser 
-conduire  à  l'un  ny  à  l'autre  desdicts  deux  pointz,  con- 
-  tinua  à  le  prier  qu'il  voulsit  bien  penser  au  mal  qui  sor- 
«loit  de  ceste  sienne  duretté,  et  que  d'elle  elle  ne  pouvoit 
«ny  devoit  luy  en  donner  aucune  espérance,  et  qu'il  estoit 
«besoins  qu'il  s'accomodast  aux  choses  raisonnables ,  sça- 
••  chant  bien  qu'il  n'y  aurait  point  de  propos  d'esloigner 
«de  l'armée  du  Roy  ces  personnages  là,  qui  sont  des  pre- 
«miers  officiers  de  France,  en  temps  si  troublé  que  ces- 
-luy-cy,  et  moins  encores  de  laisser  aller  l'édict,  estant 
rrles  catholiques  armez  comme  ilz  sont,  dont  il  sortirait 
r  nouveau  et  beaucoup  plus  grand  trouble  que  l'autre, 
r  l'exhortant  et  admonestant  de  se  contenter  que  chacun 
«vescut  doucement  en  sa  maison.  A  cela  ne  le  peut-on 
«aucunement  conduire,  mais  finalement  quinze  ou  seize 
«des  principaux  seigneurs  qui  sont  en  sa  compagnie  en- 
«voyèrentunescrità  ladicte  Dame,  par  lequel  ilzofl'roient 
«  que,  se  retirons  lesdicis  trois  seigneurs  en  leurs  maisons , 
-ilz  obéyroient  à  tout  ce  qui  leur  serait  commendé  par 
-elle  et  le  roy  de  Navarre,  supplians  Mondict  seigneur  le 
-Prince  se  venir  rendre  entre  les  mains  de  Leursdictes 
«  Majestez ,  pour  gaige  et  caution  de  leur  promesse ,  ainsy 
«qu'il  se  verra  par  la  coppie  dudict  escrit  qui  est  présen- 
«lement  envoyé;  lequel  offre  fut  approuvé  par  Mondict 
-sieur  le  Prince  et  trouvé  bon  par  ladicte  Dame  et  ledict 
«seigneur  de  Navarre,  entre  les  mains  desquelz,  pour 
«satisfaction  dudict  offre,  se  vint  rendre  Mondict  sieurle 
-Prince,  où  arrivé  qu'il  fut,  fit  entendre  à  Sa  Majesté  les 
••ilesMisdicIs  estre  prests  d'obéir,  et.  que  plutost  que  de 
r  laisser  ce  royaume  en  trouble,  ils  estoient  délibérez  de 


marrie  qu'il  n'en  est  sorty  le  fruit  el  le  repos 
tel  que  j'espérois  plus  de  la  grâce  de  Dieu  que 

«s'en  retirer,  supplians  ladicte  Dame  que  son  bon  plaisir 
«fut  de  tant  graliffier  lesdicts  sieurs  que  de  les  vouloir 
«ouyr,  aflîn  qu'ils  receussont  d'elle  ses  bons  commande- 
«mens,  de  l'obéissance  desquels  elle  aurait  contentement. 
«Ladicte  Dame,  qui  s'étoit  toujours  laissé  aller  à  tout  ce 
«qu'elle  a  pensé  pouvoir  servir  à  appaiser  ses  troubles, 
«s'accomoda  volontiers  à  la  requeste  de  Mondict  sieur  le 
«Prince,  el  suivant  icelle  print  la  peine  d'aller  le  lende- 
«mainjusques  à  trois  grandes  lieues  du  camp  pour  les 
«ouyr,  accompagnée  seulement  de  buict  ou  dix  que  che- 
«valiers  de  l'ordre  quegenlillommes  sans  armes,  Mondict 
«sieur  le  Prince  estant  tousjoursavecq  elle.  Eux  là  arrivez, 
«ladicte  Dame  leur  fit  entendre,  après  plusieurs  autres 
r  propos,  la  substance  de  leursdictes  offres  et  le  contenle- 
«ment  qu'elle  avoit  du  devoir  auquel  ils  se  mettoient, 
«voulant  obéir  à  ses  commandemens,  les  priant  doncq  et 
«leur  ordonnant,  suivant  cela,  qu'ils  eussent  à  laisser  les 
«  armes ,  et  chacun  se  retirer  en  sa  maison ,  où  il  pourrait 
«vivre  doulcement  attendant  que  l'on  eut  autrement  pour- 
aveu  au  mal  qui  s'offroit;  et  leur  lit  entendre  là-dessus 
-toutes  les  plus  dignes  remontrances  dont  elle  peut  s'ad- 
«viser  pour  les  persuader  à  se  contenter;  mais  comme  ils 
«ont  toujours  durement  el  obstinément  poursuivy  leur 
«desseing,  ils  insistèrent  infiniment  à  ce  que  l'édit  fut 
«entretenu,  disans  ne  pouvoir  vivre  en  ce  royaume  sans 
«cela;  sur  quoy  passèrent  plusieurs  disputes,  et  finable- 
«ment  leur  ayant  ladicte  Dame  absolument  déclaré  qu'il 
«ne  se  pouvoit  faire,  les  pria  se  contenter  de  ce  que 
«dessus,  dont  ils  montrèrent  avoir  peu  de  satisfaction  ;  et 
«là  dessus,  prinrent  résolution  entre  eux  de  dire  à  ladicte 
«Dame  que,  puisqu'ils  voyoient  que  ledict  édit  ne  pou- 
«voit  avoir  lieu,  ils  estoient  résolus  de  partir  et  se  retirer 
«hors  ce  royaume,  la  supliant  leur  en  vouloir  donner 
«congé;  ce  que  ladicte  Dame  trouva  très  élrange,  leur 
«remonstrant  que  jamais  elle  ne  se  consentirait  qu'une  si 
«grande  noblesse  et  tant  de  sujets  partissent,  et  que  ce 
«serait  une  trop  grande  playe  à  ce  royaume,  les  priant 
«changer  celle  oppinion  et  recevoir  agréablement  ce 
-qu'elle  désirait  faire  pour  eux,  attendant  que  par  autre 
«meilleur  moyen  on  peut  pourvoir  au  bien  de  cedict 
«royaume.  Toujours  insistans  que  ledict  édict  demeurast 
«ou  avoir  congé  de  s'en  aller,  dont  ilz  luy  faisoient  une 
«trop  importune  instance,  voyant  qu'il  n'y  avoit  autre 
«remède,  leur  dict,  à  son  très  grand  regret,  qu'elle aime- 
«roitdonr  beaucoup  mieux  qu'ils  se  retirassent  jusques 
«à  la  majorité  du  Roy,  ainsy  qu'ils  requéraient,  dont  ils 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS 


353 


de  la  dureté  de  ceux  àusquels  j'avois  affaire; 
mais  j'auray  ce  contentement  en  mo)  el  croy 
que  je  sera)  justiffiée  devant  Nostre-Seigneui 
el  tout  le  monde  quej'ay  fait  tout  ce  qu'il  m'a 
esté  possible,  comme  je  remets  à  vous,  Mes- 
sieurs, à  en  juger  après  avoir  ouy  mondict  cou- 
sin  le  mareschal  que  je  vous  prie  croire . 
comme  vous  feriez  moy-mesme.  Priant  Dieu, 
Messieurs,  vous  avoir  en  sa  garde.  Escrit  au 
chasteau  du  boys  de  Vincennes1,  le  unziesme 
jour  de  juillet  mil  cinq  cens  soixante  deux. 

Catebine. 
De  l'Aubespine. 


r. montreront  avoir  grand  contentement,  disans  qu'ils  par- 
tiraient dez  le  lendemain,  et  laisseroient,  par  ce  moyen, 
-ce  rovaume  tranquille;  mais  comme  ils  ont  bien  monstre 
nqu'ilz  àvoient  très  mauvaise  intention,  ayans  fait  venir 
r  après  eux  cinq  cens  hommes  de  cheval  et  bien  mil  har- 
rquebusiers  à  pied,  cachez  auprès  du  lieu  où  fut  cette 
r  conférence,  ils  remonstrèrent  à  ladicte  Dame  que  Mon- 
-dit  sieur  le  Prince  avoit  satisfaict  à  sa  promesse  et  qu'ils 
-le  vouloienl  amener  quant  et  eux,  el  de  fait  conlre  sa 
-volonté,  et  comme  par  force,  l'arrachèrent  de  ses  mains 
net  l'amenèrent;  de  sorte  que  Mondict  sieur  le  Prince  ne 
epeust  tenir  sa  promesse.  Et  le  lendemain,  conlre  ce 
irqu'ils  avoientdit  à  ladicte  Dame,  au  lieu  de  se  retirer, 
r  levèrent  leur  camp  et  marchèrent  droit  à  celhiy  du  Roy, 
^montrant  par  leurs  déportemens  qu'ils  ont  une  très- 
trmauvaise  et  sinistre  volonté,  et  que  leurs  desseins  sont 
sautres  que  de  la  religion;  ce  que  ladicte  Dame  désire 
nque  Mondict  sieur  le  mareschal  entende,  le  priant  en 
-faire  part  à  Messieurs  de  la  cour  de  Parlement  et  au 
«prévost  des  marchands  et  eschevins  de  la  ville  de  Paris, 
rpour  faire  conuoistre  leur  mauvaise  intention,  et  la  sin- 

ccérité  des  actions  de  ladicte  Dame. 

r  Catebine.» 

(Copie.  Bibl.  nat.  n"  i6332,  f"  îG  et  suiv.  et  Parle- 
ment,^ 83  ,  P"  A 73  et  suiv.) — Voy.  la  réponse  du  Parle- 
ment à  cette  lettre  (Bibl.  nat.  Parlement,  n°fc3,  f"  £72  et 
suiv.);  le  récit  de  l'entrevue  fait  par  le  maréchal  de 
Brissac  devant  toutes  les  chambres  réunies  (ibid.  f"  673 
et  suiv.;  Mémoires  de  Condé,  édit.  de  17AA,  t.  IV,  p.  5a5 
et  suiv.). 

1  Le  copiste  par  erreur  a  écrit  Chasteaudun. 

Catherin)!  de  Médicis.  —  1. 


1562.  —  1  1  juillet. 
1    pie.  Dilii.  nat.  fonds  français  1  n'  17961. 

\  MONSIEl  R  COIGNET, 

AMBASSADES. 

Monsieur  Coignet,  voslre  homme  a  demeuré 
longtemps  par  de  là.  mais  ce  .1  esté  soubz  l'es- 
pérance où  j'ay  esté  par  diverses  foys  de  moj  en- 
ner  quelque  accord  el  pacification  au  faicl  de 
niiz  troubles,  selon  l'infiny  désir  que  j'en  avoys; 
en  quoy  jeneay  espargné  mon  travail,  ne  rien 
obmis  qui  y  ayl  deu  raisonablement  servyr,  si 
j'eusse  eu  affaire  à  gens  aussy  gracieux  et  traie- 
tables  que  je  me  suys  avancée  à  leur  offrii 
conditions  justes  et  équitables  pour  la  liberté 
de  leurs  consciences  et  leur  seureté,  ainsy  que 
vous  verrez  plus  particulièrement  par  le  dis- 
cours que  j'en  fera  y  bailler  au  sr  de  Mendossi 
dedans  ung  jour  ou  deux,  comme  je  l'envoiraj 
par  de  là  pour  les  occasions  que  vous  sça'vez 
de  luy.  Cependant  j'ay  faict  mectre  es  mains 
de  vostre  homme  présent  porteur,  que  je  vous 
renvoyé,  les  promesses  et  obligations  pour  les 
cinquante  mille  esçus  deubz  à  ceulx  de  Sol- 
leure  el  si  vous  veulx  bien  advertir  que  j'aj 
receu  vostre  dépeschedu  \xvin"  du  passé,  par 
laquelle  j'ay  veu  que,  à  la  dernière  journée, 
vous  n'avez  rien  peu  accorder  avec  ceulx  qui 
ont  argent  au  grand  party;  en  quoy  je  m'as- 
seure  bien  que  vous  avez  faict  tout  le  possible, 
mais  si  ne  se  faut-il  pas  rendre  et  vous  prye 
que  vous  continuez  à  manier  et  conduire  cesl 
accord  avec  une  telle  dextérité  que  vous  nous 
en  puissiez  mectre  en  repoz,  car  d'en  venir  à 
une  journée  de  marche  nous  n'y  aurions  nul 
advantaige,  ny  proflit.  Je  désire  que  vous  tenez 
ferme  pour  faire  comprendre  le  Jonviloys  en 
la  neutralité  de  Bourgogne,  ainsy  que  je  vous 
av  tousjours  escrit;  toutteffoys,  si  après  avoir 
tenté  tous  moiens  possibles  vous  cognoistrez 
qu'il  ne  se  puisse  faire,  nous  ne  laisserez  de 

/i5 


354 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


passer  oullre  sans  ladicle  spécification ,  et 
quant  à  l'advis  que  vous  avez  eu  des  promesses 
que  les  cinq  quanthonset  mon  frère  Monsieur 
de  Savoye  se  sont  mutuellement  faictes,  pour 
ce  qu'il  semble  qu'il  y  auroit  en  cela  quelque 
chose  de  caché  pour  troubler  le  repoz  de  ce 
pays  là,  je  désire  que  vous  mectez  toute  la 
peyne  qui  vous  sera  possible  pour  sçavoir  ce  qui 
en  est  à  la  vérité,  et  que  vous  y  faictes  ce  que 
\  errez  estre  pour  le  bien  du  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz  et  la  conservation  de  la 
paix  puhlicque  d'entre  les  canthons.  Quant  à 
i-e  qui  concerne  vostre  particulier,  je  sçay  avec 
quelle  fidélité  et  affection  vous  vous  estes  con- 
tinuellement employé  au  devoir  de  vostre 
charge  et  que  vous  en  rendrez  lousjours  bonne 
raison,  et  pour  ce  ne  vous  donnez  peyne  de 
chose  que  l'on  dye  et  vous  asseurez  que  je 
prendray  tousjours  en  toutes  choses  justes  et 
raisonables  la  protection  des  bons  serviteurs 
du  Roy  monsieur  mon  filz,  tel  que  je  vous  ay 
congneu  et  estimé.  Pryant  Dieu,  Monsieur 
Coignet,  qu'il  vous  doint  ce  que  vous  désirez. 
Escript  au  boys  de  Vincenues,  le  xic  jour  de 

juillet  i56a. 

Catebink. 
Boit.din. 


1562.—  11  juillet. 

Minute.  Bibl.  nal.  fonds  franrais,  n"  i54io,  f°  36. 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lansac,  ce  porteur  arriva  au 
boys  de  Vincennes  avec  vostre  dépesche  du 
vne  du  passé  ',  ainsi  que  j'estoys  de  retour  du 
premier  voyage  que  j'avoys  faicl  en  la  Beausse 
entre  Estampes  et  Orléans  pour  moyenner  en 
tout  ce  qui  me  seroyt  possible  quelque  pacifi- 

'   Lansac  était  parti  pour  te  concile  de  Trente  à  la  fin 
d'avril.  —  Voy.  une  lettre  de  lui  à  M.  de  Gonnor,  dans  le 
H)  du  fonds  français,  f°9g. 


cation  aux  troubles  qui  sont  aujourdliuv  si 
grans  en  ce  royaulme  qu'il  n'est  possible  de 
plus,  et  que  j'estoys  preste  à  remonter  à  cheval 
pour  m'en  retourner  encore  trouver  les  deux 
armées  au  delà  d'Orléans  pour  semblable  occa- 
sion; qui  fut  cause  de  me  faire  remectre  la 
response  sur  le  contenu  en  ladicte  dépesche 
jusques  au  retour  de  mon  second  voyage  qui 
a  esté  beaucoup  plus  long  et  avec  inoings  de 
fruict  que  je  n'espéroys,  ainsi  que  vous  verrez 
par  ung  discours  que  j'en  ay  faict  faire  où 
toutes  choses  sont  minutieusement  déduictes, 
ainsi  qu'elles  sont  passées  à  la  vérité;  qui  me 
gardera  vous  dire  autre  chose  là  dessus,  sinon 
que,  après  m'estre  infiniment  travaillée  et  in- 
commodée en  ce  dernier  voyage,  j'ay  esté 
contraincle  de  venir  retrouver  le  Roy  monsieur 
mon  filz,  aussi  ennuyée  et  faschée  que  je  fuz 
jamais  de  veoir  que  par  la  dureté  et  obstina- 
tion de  certains  particuliers  qui  possèdent  mon 
cousin  le  prince  de  Condé,  les  choses  soyent 
remises  au  hasart  des  armes,  ce  qui  est  [la] 
dernyère  des  ealamitez.  Mon  frère  le  roy  de 
Navarre,  depuis  mon  partement,  est  rentré 
dans  Bloys  qu'il  a  remis  en  l'obéyssance  du 
Roy  mondict  sieur  et  filz,  comme  il  luy  sera 
aisé  de  faire  en  semblable  à  Tours  et  aux 
autres  villes  le  long  de  la  rivière  de  Loyre,  qui 
se  sont  rebellées  et  qui  ont  encores  les  armes 
en  main.  Or  pour  venir  à  ce  qui  regarde  vostre 
susdicle  dépesche,  je  vous  ay  faict  faire  res- 
ponse bien  amplement  sur  chascun  article  du 
mémoire  que  m'avez  envoyé  par  cedict  por- 
teur, ayant  conféré  avec  ledicl  mémoire  ce  que 
vous  avez  depuis  mandé  par  vostre  subsé- 
quente dépesche  de  l'unziesme  dudict  moys 
passé1,  et  me  resteroytpeu  de  chose  à  adjous- 
ter  à  ladicle  response,  si  ce  n'estoyt  qu'il  fault 

1  Voy.  cette  dépèche  dans  le  recueil  de  Dupuy,  Instruc- 
tions aux  ambassadeurs  et  actes  du  concile  de  Trente, 
p.  a3o, 


que  je  vous  dye .  quant  à  ce  qui  concerne  vostre 
séance  el  précédence,  pour  Laquelle  l'on  vous 
ii  \ oui  1  ii  faire  ouverture  de  quelques  moyens 
de  composition,  que  vous  avez  forl  bien  faicl 
d'avoir  respondu  résolument  à  ceuh  qui  vous 
eu  oui  parlé,  que  vous  n'estes  poincl  allé  par 
pour  un  composer  ne   permectre  qu'il 
s'en  face  aucune  innovation,  cl  là  où  l'on  voul- 
dro\  l  révocquer  la  chose  en  doubte  cl  difficulté, 
cl  la  mectre  eu  controverse,  vous  sçavez  ce  <jui 
vous  en  a  esté  baillé  par  injonction  île  vostre 
souverain  de  poincten  poincl ,  sans  en  actendre 
autre  commandement  du  Roj   mondict  sieur 
et  de  moy,  qui  ne  permeclrons  jamais  qu'il  se 
l'ace  une  telle  entreprise  et  innovation  à  chose 
qui  est  si  justement  deue  et  acquiste,  et  qui  de 
temps  immémorial  a  esté  inviolablement  cou- 
servée  à  se-  prédécesseurs  roys.  Pour  le  regard 
du  mescontantemenl  que  le  Pape  a  faict  dé- 
monstration avoir  de  vous  et  des  offices  que 
vous  laides  au  lieu  où  nous  estes,  ce  n'est  pas 
de  merveilles,   si   cclluy  que   l'on   lasche  de 
redonner  se  plaincl  ordinairement.  Le  prin- 
cipal est  que  vous  n'estes  là  pour  favoriser  sa 
cause,  sinon  en  ce  qu'elle  sera  juste  et  rai- 
sonnable,et  m'asseure  tant  de  vous  et  de  vostre 
prudence  que  vous  le  ferez  tousjours  ainsi; 
mais   pour  procurer  anltant   qu'il   vous  sera 
possible  l'exaltation  de  l'honneur  de  Dieu  et 
refformatioo  des  abuz  introduietz  en  l'église, 
desquelz  la  court  de  Home  faicl   une  bonne 
part,  et  à  ce  que  j'av  veu  par  vostredicte  dé- 
pesche,  s'il  a  à  se  plaindre,  ce  seroyl  beau- 
coup plus  de  l'Empereur  mon  bon  frère,  et 
de  ses  évesques  et  ministres,  qui,  jusques  icy, 
ont  bien    parlé   aultre  langage  que  vous,  et 
procédé  en    tout  ce  qui  appartient,  à  ladicte 
refformation   plus  sévèrement  et  rigoureuse- 
ment el  loulesfoys,  aultant  qu'il  est  possible, 
catholicquemenl  et  religieusement.  Je  loue  la 
dépesche  que  vous  en  avez  faicte  à  Sa  Sainc- 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.  355 

teté,  et  à  uostre  ambassadeur  résidant  auprès 
d'elle  qui  n'aura  pas  failly,  comme  je  mas 


score,  à  \  faire  l'office  dont  vous  le  requérez. 

Quanl  au  Roy  mondict  sieur  et  fil/,  el  à  y, 

asseurez-vous  que  nous  avons  tel  conlenlemenl 
de  la   façon  dont   vous   ave/,   procédé   par  delà 
en   toutes  choses  depuis  vostre  arrivée,  que 
vous  en  pouvez  demeurer  en  repoz  et  oe  nous 
sçauriez  faire  service  plus  agréable  que  dv 
continuer  et  d'asseurer  mon  cousin  Monsieur 
le  cardinal  de   Mantoue  que  le  Roy  mondicl 
sieur   et    lilz    et    moy   nous   sentons   bien    forl 
tenuz  à  luy  de  la  grande  démonstration  qu'il 
faicl  de  l'affectueuse  volunlé  qu'il  nous  porte, 
et  du  zèle  droict  et  sainct  qu'il  a  de  rendre  le 
concilie  fructueux  pour  le  bien  général  et  uni- 
versel de  la  chrestienlé,  et  la  réunion  d'icelle 
en  une  mesme  saincte  et  catholicque  religion. 
Quant  aux  advis  particuliers  mentionez  en  voz 
susdictes  dépesches,  j'aclendray  ce  que  vous 
en  pourrez  tirer  de  [dus  ample  certitude,  donl 
je  m'asseure  bien  que  vous  ne  fauldrez  de  me 
advertyr.  Priant  Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
el  digue  garde  '. 


1562.        i5  juillet. 

Orig.  Bibl.  11114).  de  Saint-Pétersbouig ,  vol.  18,  I'  Mj. 

A  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mon  frère,  j'ay  tant  d'allarmes  et  si  souvent 
que  je  ne  sçay  ausquelles  courir,  comme  vous 
verrez  par  une  lettre  du  sieur  de  Barbezieux 
que  je  vous  envoyé,  auquel  j'ay  faict  response 
qu'il  ne  sçauroil,  niieulx  faire  que  de  tenir  la 
\  ille  de  Sens  bien  fermée  et  les  habitons  armez 
et  faisans  bon  guel  et  aux  autres  villes  pro- 
chaines, où   ces  gens  de  cheval   pourroient 

1  Catherine,  la  veille,  avait  envoyé  à  l'évêque  île 
Rennes  une  dépêche  qui  est  en  partie  la  reproduction  de 
celle  qui  est  adressée  à  M.  de  Lansac. 

65. 


356 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDIGIS. 


faire  entreprise,  cl  qu'il  advertisse  bien  les 
Suysses  pour  se  tenir  sur  leurs  gardes  sans  se 
jouer  de  les  retenir  ung  seul  quart  d'heure, 
mais  au  contraire  les  avancer  tant  qu'il  pourra, 
l'ay  semblablement  escrit  à  Monsieur  de  Ne- 
vers1  qu'il  pourvoye  à  Troyes  et  de  sa  part 
donne  ordre  que  là,  ne  ailleurs,  n'advienne 
aucun  inconvénient  aux  villes,  ne  auxdicts 
Suysses,  et  fais  présentement  partir  le  sieur  de 
Lihoux  -  et  la  compaignye  de  Strossy3  que 
j'avoys  icy  pour  aller  dedans  Meauix,  ayant 
ceulx  de  ladicte  ville  mandé  qu'ils  sont  preslz 
d'obéyr  à  tout  ce  qui  leur  sera  commandé. 
J'entendz,  mon  frère,  que  le  sieur  d'Escars 
est  par  chemyn,  lequel  j'aclendz  en  bonne  dé- 
votion ,  pour  sçavoir  plus  particulièrement 
toutes  nouvelles  de  vous  et  du  lieu  où  vous 
estes;  d'icy  ne  vous  puis-je  dire  aultre  chose, 
syuon  que  je  fais  tout  ce  que  je  puys  pour 
advancer  deniers  et  les  forces.  Pryant  Dieu, 
mon  frère,  vous  donner  ce  que  plus  désirez4. 
Au  boys  de  Vincennes,  le  xVjour  de  juillet 

i562. 

Vostre  bonne  seur, 

Caterihb. 


1562.  —  i  5  juillet. 

Orig.  Bibl.  irup.  de  Saiot-Pétersboarg,  vol.  j8,  f°  &4. 

V  MON  FRÈRE  LE  ROY  DE  NAVARRE. 

Mi  m  frère ,  le  conte  de  Sommerive  m'a  envoyé 
p,u   ce  messaiger  présent  porteur  une  sienne 

1   François  II  de  Glèves. 

3  Joachim  de  Monluc,  frère  de  Biaise  de  .Moulue. 
Philippe  Strozzi ,  né  à  Venise  en  i  54  i .  Mis  à  la  tète, 
'•n  î.'iSa.  d'une  flotte  envoyée  pour  soutenir  les  préten- 
dons d'Antoine,  prieur  de  Crao,  il  tut  battu  et  pris  dans 
la  mer  des  Açores,  le  î  9  juillet ,  par  le  marquis  de  Santa- 
Crux  qui  le  fil  jeter  à  la  mer. 

''  Voy.  les  minutes  des  lettres  du  roi  de  Navarre  à  Ca- 
therine.  (Bibl.  nat.  tonds  français,  n"  16876,  f  20a, 
ao3,  29a,  3oi .) 


dépêche  qui  est  du  xvm°  du  passé,  par  la- 
quelle il  vous  donne  advis  de  la  prise  d'Orange  ' 
et  de  l'occasion  qui  l'a  faict  retourner  en  Pro- 
vence avec  ses  forces  pour  pourveoir  aux  dégatz 
que  y  faisoit  Mouvans2;  et  encores  que  ce  soient 
choses  vieilles  et  dont  nous  avons  jà  eu  adver- 
tissement,  si  est-ce  que,  pour  ce  qu'il  demande 
que  l'on  luy  face  sçavoir  ce  qu'il  aura  à  faire, 
d'aultant  qu'il  n'a  pas  receu  les  dépesches  qui 
luy  en  ont  esté  envoyées,  et  que  je  ne  vouldroys 
pas  l'en  résouldre,  sans  en  avoir  vostre  advis, 
je  vous  envoyé  ses  lettres  par  le  mesme  mes- 
saiger qui  les  m'a  apportées,  et  vous  prie, 
mon  frère,  le  voulloir  faire  incontinent  dépes- 
cher  avec  ung  ample  mémoire  et  instruction 
audict  conte  de  Sommerive  de  tout  ce  que 
vous  jugerez  qu'il  aura  à  faire  pour  le  bien  et 
service  du  Roy  monsieur  mon  filz.  Le  sieur  de 
Fresne3  vous  représentera,  s'il  est  besoing, 
ung  double  de  ce  qui  en  a  esté  résolu  cy-de- 
vant  pour  le  revoir  et  y  faire  adjouster,  chan- 
ger et  immuer  ce  que  verrez  bon  estre,  selon 
les  occasions.  Mon  cousin  Monsieur  d'Aumalle 
m'a  aussi  mandé  que,  sur  l'advertissernenl  que 
je  lui  ay  donné  des  forces  qui  marchoient  du 
costé  de  la  Normandye,  il  a  retiré  son  artillerye 
de  devant  le  fort  du  mont  Sle  Caterine  et  s'al- 
loyt  loger  en  lieu  seur  pour  sa  troupe,  et  d'où 
il  aura  peult-estre  moyen  d'entreprandre  quel- 
que chose  de  bon,  incistant  fort  que  je  le 
renforce  encores,  comme  je  le  voy  plus  que 
nécessaire,  et  le  désireroys  bien,  si  j'en  avoys 
le  moyen.  Je  luy  ay  escript  que  je  vous  en 


1  Voy.  Joseph  de  la  Pise,   Tableau  de  l'histoire  des 
;     princes  et  principauté  d'Orange  (  La  Haye,  i638,  in-i°); 

il  donne  de  curieux  détails  sur  la  prise  et  le  sac  de  cette 
ville  par  Sommerive  et  Fabricio  Serbelloni. 

2  Paul  Richiend,  sieur  de  Mouvans,  capitaine  calvi- 
niste, né  à  Draguignan,  mort  au  combat  de  Messignac 
(Dnrdogne),  le  ab  octobre  i568. 

1  Florimond  Robertet,  s*  de  Fresnes. 


LETTRES  DE  GATH 

advertiroys  pour  luy  faire  du  mieulx  qu'il 
vous  sera  possible,  ainsi  que  je  vous  en  prie, 
et  aussi  d'ordonner  que  la  compaignye  du 
sieur  de  Chaulne1  soyt  payée,  car  sans  cela 
elle  veut  habandonner  S1  Quentin  où  elle  a 
jusques  icy  demeuré  continuellement  en  gar- 
nison aux  hostelleryes,  ainsi  que  me  mande 
ledicl  sieur  de  Chaulne;  et  il  ne  faultpasque, 
en  ce  temps  de  troubles,  ladicte  ville  de- 
meure dénuée  de  la  dicte  force  qui  est  seulle 
là  dedans,  comme  vous  sçavez.  C'est,  mon 
frère,  tout  ce  que  j'ay  à  vous  dire  par  ceste 
petite  dépesche  et  l'endroict  où,  après  vous 
avoir  présenté  mes  affectionnées  recomman- 
dations, je  prie  Dieu  vous  donner  en  sancté 
bonne  et  longue  vye. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  le  xvc  jour 
de  juillet  i5G2. 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


ERINE  DE   MÉDIC1S. 


357 


ma  pari  et  de  le  croyre  de  ce  que  je  lui  eu  ay 
donné  charge  de  vous  dire  tout  aiasy  que 
feriez  moy-mesmes;  priant  Dieu,  Monsieur 
Coignet,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  garde. 
Escripl  au  boys  de  Vincennes,  le  svï  jour  de 
juillet  1  0G2. 


CvTF.RlNE 


BoiRDIN. 


1562.—  1  fi  juillet. 

Copie.  Ribl.  nat.  fonds  français,  n°  17981. 

\  MONSIEUR  COIGNET, 

AMBASSADEUR    EN    SUISSE. 

Monsieur  Coignet,  le  sr  de  Mendosse,  con- 
seiller et  premier  maistre  d'hostel  du  Roy 
monsieur  mon  filz2,  s'en  va  par  delà  pour 
l'occasion  que  vous  entendrez  bien  de  luy  et 
ancores  que  je  m'asseure  que  vous  ne  fauldrez 
de  vous  employer  à  ce  qu'il  vous  dira  selon  la 
démonstration  que  vous  avez  tousjours  faict 
de  l'affection  que  vous  portez  au  bien  des 
affaires  du  Roy  mondict  sieur  et  filz  et  de  son 
pstat,  si  ne  laisseray-je  de  vous  en  pryer  de 

1  François  d'Ongnies,  comte  de  Chaulnes,  tué  à  la 
bataille  de  Dreux  (décembre  îôfia).  Chaulnes,  an- 
cienne baronnie  de  Picardie,  fut  érigée  en  comté  en  fa- 
veur de  Louis  d'Ongnies  (i563). 

3  Voy.  pour  la  mission  de  Mendoze  en  Suisse ,  de  Thou . 
trad.  t.  IV,  p.  3oâ. 


1562.  —  17  juillet. 

Ong.  Arch.  de  Turin. 

A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 
Mon  frère,  vous  escripvant  présentement  le 

Roy  monsieur  mon  filz  en  laveur  du  sieur  de 
Commarrien  ',  gentilhomme  ordinaire  de  sa 
chambre,  et  de  ses  frères  cohéritiers  du  I 
sieur  de  Ruffey2,  d'aultant  que  par  le  traicté 
de  paix  fait  au  Chasteau  de  Cambresy,  lors  qu« 
le  feu  Roy  mon  seigneur  remist  en  voz  mains 
voz  pais,  terres  et  seigneuries,  il  a  esté  expres- 
sément dict  et  accordé  que  les  arrelz  inter- 
venuz  auparavant  entre  les  subjeetz  d'une  pari 
et  d'aultre  et  des  choses  deppendans  desdictes 
terres  auraient  lieu  et  sortiraient  leurs  effeetz; 
néanlmoins,  soubz  coulleur  et  quelque  donne 
à  entendre  des  héritiers  du  feu  conte  de  Varax  ' 
vous  avez,  puis  naguères,  descerné  vos  lettres 
patentes  pour  les  restablir  en  la  joissancedes 
terres,  dont  s'en  estoit  ensuivy  arrest  du  grand 
conseil  du  Roy  mondict  seigneur  et  filz  au 
proffîct  d'iceulx  héritiers  dudict  feu  de  Ruffej 
tellement  que,  par  ce  moyen,  ce  serait  con- 

1  Sans  doute  Commarin.  En  Bourgogne  il  y  avail  uni 

baronnie  de  ce  nom  qui  passa  au  xvie  siècle  dans  I; 

son  de  Vienne. 

2  Ce  doit  être  un  sieur  de  Ruffey  de  la  maison  de 
Vienne.  Il  y  a  des  lettres  de  lui  dans  le  n°  3a  1  fi  du  fonds 
français. 

1  Varax,  seigneurie  de  Bresse,  qui  a  donné  son  nom 
à  une  ancienne  maison,  sur  laquelle  on  peut  voir  Gui- 
chenon,  Histoire  de  Bresse,  tfiôo,  in-f°,  p.  3 7 < ) . 


358 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


trevenir  audict  Iraicté  de  paix,  chose  que  je 
m'asseure  n'a  este'  par  vous  entendue  et  venue 
à  votre  congnoissance.  A  cesle  cause,  je  vous 
ay  bien  voullu  par  mesme  moyen  escripre  la 
présente  el  prier  bien  affectueusement,  mon 
frère,  pour  la  recommandation  en  laquelle 
j'ay  lesdicts  héritiers  dudit  feu  de  Ruffey,  en 
considération  des  services  que  eulx  et  leurs 
prédécesseurs  ont  faictz  à  cesle  coronne,  et 
puisque  c'est  chose  résolue  et  passée  par  iedict 
traicté  de  paix  qui  ne  se  peult  aultrement 
rescinder,  ne  interrompre,  voulloir  recevoir 
leur  bon  droict  en  votre  protection  et  ne  per- 
mectre  qu'ilz  soient  en  icelluy  aucunement 
troublés  par  aucuus  de  voz  officiers,  attendu 
la  paisible  joissance  en  laquelle  ilz  en  sont 
demourez  depuis  que  lesdicts  arrestz  sont  in- 
tervenuz.  Ledicl  sieur  de  Commarien  fust  allé 
devers  vous  pour  cest  effect  avec  la  présente, 
sans  ce  que  je  l'ay  retenu  icy  pour  le  service 
du  Roy  mondicl  seigneur  et  filz.  Priant  le  Créa- 
teur, mon  frère,  qu'il  vous  aict  en  sa  très 
saincle  et  digne  garde. 

Escript  au  boys  de  Vyncennes,  le  xvn"  jour 

de  juillet  i562. 

Voire  bonne  seur, 

Catebine. 


1562.  —  17  juillet. 

Orijj.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n°3i78,  f    17- 

A  MONSIEUR  D  HUMIÈRES. 

Monsieur  de  Huinières,  j'ai  veu  par  la  lettre 
que  m'avez  escripte  du  xmc  de  ce  moys  l'ordre 
que  vous  avez  donné  à  Montdidier,  tant  à  en 
faire  sortir  ceux  qui  s'y  estoient  retirés  des 
Pays-Ras  adhérans  aux  nouvelles  opinions, 
que  à  en  mectre  aussi  dehors  qnelques-ungs 
des  habitans  qui  se  sont  monstrez  plus  opi- 
niastres,  et  pour  lesquels  vous  avez  connu  que 
le  demeurant  du  peuple  se  fusl  plus  aysément 
animé  et  mutiné,  estimant  que  par  ce  moyen 


toutes  choses  s'y  passeront  doulcement;  qui 
est  ce  que  je  désire  et  à  quoy  il  faull  que  chas- 
cun  travaille  en  tout  ce  qu'il  peult,  au  temps 
turbulent  où  nous  sommes,  affiu  de  réduire 
nng  chascun  à  demeurer  en  obéissance  et  non 
pas  que  le  peuple  s'atrihue  l'auclorité  d'offen- 
ser qui  bon  luy  semblera,  comme  il  se  veoyt 
en  beaucoup  de  lieux.  J'escriptz  au  sieur  de 
Mesvillier  qu'il  me  vienne  trouver  incoutinant, 
puisqu'ilz  l'ont  si  odieux  en  ladicte  ville,  el 
adviseray  à  ce  que  l'on  pourra  faire  pour  le 
regard  des  officiers,  lesquelz  cependant  vous 
admonesterez  de  vivre  et  se  comporter  en  sorte 
qu'ils  ne  facent  poinct  de  scandale,  et  ne  don- 
nent occasion  au  peuple  de  se  mutiner;  et  au 
demeurant,  avant vostre  parlement,  ferez  com- 
mandemeul  à  ceulx  de  ladicle  nouvelle  reli- 
gion qui  seront  restez  en  ladicte  ville  de  vivre 
et  se  comporter  doulcement  et  paisiblement  en 
leurs  maisons,  sans  faire  aucunes  presches, 
assemblées  ni  aultres  actes  scandaleux;  et  le 
vous  promectant  ainsi,  vous  les  baillerez  en 
garde  aux  aultres  habitans,  affin  qu'il  ne  leur 
soyt  mesfaict  ny  mesdict  en  leurs  personnes 
et  biens  en  quelque  sorte  que  ce  soyt,  et  par 
mesme  moyen  deffendrez  qu'il  ne  soyt  riens 
rompu  et  démoly  aux  maisons  de  ceulx  qui 
s'en  seront  allez,  ny  voilé  et  pillé  aucune  chose 
de  leurs  meubles  et  aultres  biens  jusques  à  ce 
qu'il  en  ayt  esté  advisé  et  ordonné;  et  ayant 
estably  cest  ordre  en  ladicte  ville,  vous  vous 
retirerez  à  Péronne  pour  avoir  l'œil  à  tout  ce 
qui  appartiendra  à  la  garde,  seureté  et  conser- 
vation de  la  place,  et  à  y  contenir  toutes  choses 
au  repoz  auquel  elles  y  sont  demeurées  jusques 
à  présent.  Priant  Dieu ,  Monsieur  de  Humières, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  ce  xvne  jour 
de  juillet  1  56-2. 

Caterine. 
Bourdin. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


359 


(1562.  —  17  juillet.) 
Copie  <tu  temps.  Bibl.  nal.  fonds  français,  11°  3io5 ,  f°  15. 

\  MONSIEUR  DE  RORDILLON. 

Monsieur  de  Bordillon,  ce  gentilhomme  pré- 
sent porteur  a  esté  longuement  attendant  réso- 
lation  de  ce  qui  Pavoit  amené  iey;  qui  estoit 
principalement  pour  le  payement  de  voz  sol- 
datz  l,  où  il  vous  dira  enfiu  ce  que  la  nécessite' 
nous  a  permis  de  pouvoir  l'aire  pour  le  pré- 
sent, dont  je  me  remettray  à  ce  que  vous  en 
sçaurez  de  luy,  espérant  que  d'icy  en  avant  il  y 
aura  meilleur  ordre,  encores  que  je  vous  puisse 
dire  que  je  ne  veoy  pas  les  tumultes  de  ce 
royauhne  en  estât  d'eslre  de  longtemps  paci- 
fiez, pour  la  dureté  et  oppiniastreté  de  ceulx 
qui  ont  pris  les  armes  et  les  villes,  lesquels, 
quelque  peyne  que  j'aye  mise  et  moyens  que 
j'aye  propposezpour  lesadouleiret  leur  donner 
senreté,  ne  se  sont  jamais  voullu  laisser  con- 
duire à  la  raison,  monstrans  bien  par  leurs 
déportemens  qu"il  y  a  quelque  chose  de  mau- 
vais caché  soubz  leurs  desseings  et  délibéra- 
lions;  et  alïin  que  sachiez  ce  que  je  leur  ay 
offert  et  voullu  l'aire  pour  eulx,  je  vous  envoyé 
ung  discours  de  tout  pour  le  faire  entendre  à 
qui  vous  verrez  qu'il  sera  à  propoz. 

Au  demeurant,  je  veulx  bien  vous  advertir 
que  nous  avons  esté  longuement  à  cominunic- 
quer  avec  les  depputez  de  mon  frère  Monsieur 
de  Savoye  sur  l'accord  des  places  qu'il  vous 
doibt  bailler;  et  finablement  pour  le  grattifier 
et  donner  plus  de  contentemenl,  par  l'advis 
de  tout  le  conseil  du  Roy  monsieur  mon  filz. 

1  Dans  une  lettre  de  Bourdillon  du  12  juillet  à 
Charles  IX,  nous  lisons  :  ciFaulte  de  noz  payemens,  pour 
estre  den  tantost  aux  soldatz  six  moys,  je  ne  seay  plus 
moyen  de  les  secourir,  joinct  qu'il  court  icy  certain  bfuit 
qui  continue  de  longtemps,  de  la  restitution  de  ses 
places,  qui  mect  les  habitans  d'icelles  en  tel  desespoir 
qu'ilz  ne  veullent  plus  rien  prester.i  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n"  15870,  !"  290,.) 


nous  sommes  contentez  de  prandre  Pinerol, 
la  Përouze  etSavillan,  avec  les  antiens  Gnages 
et  territoires;  el  pour  autant  qu'il  se  trouve 
parmy  lesdiclz  Gnages,  et  aussi  dedans  ce  qui 
demoure  audicl  sieur  de  Savoye,  beaucoup  de 
petites  villes,  bourgs  el  villages,  tant  du  mar- 
quisat de  Salures  que  du  Piedmont,  qui  in- 
commoderoienl  el  luy  et  nous  chascun  en  son 
regard,  avons  advisé  que,  de  commun  accord. 
s'en  pourra  faire  quelque  escfaange,  et  que  cela 
se  traittera  et  négotiera  par  vous  avec  luy  ou 
les  ministres  qu'il  depputera  par  delà  à  ceste 
lin  ;  vous  priant  à  ceste  cause  entendre  dudicl 
sieur  de  Savoye  comme  il  aura  délibéré  d'en 
faire,  et  suyvant cette  nostre  intention ,  appellei 
avec  vous  ceulx  que  vous  sçaurez  avoir  plus  de 
congnoissances  des  choses  de  delà,  vacquer  et 
entendre  à  cela  avec   tout   le  soing  et  saige 
considération  et  respect  que  la  chose  le  re- 
quiert, faisant  premièrement  bien  exactemenl 
sçavoir  et  considérer  quelz  sont  les  antiens  li- 
nages  desdicts  trois  lieux,  et  aussi  les  places  et 
lieux  dont  on  les  peult  niieulx  accomoder,  aiser 
et  boniffier  pour  la  fin  [où]  \ous  jugez  que  nous 
tendons;  en  manière  que  de  vostre  dextérité 
et  saige  maniement,  nous  tirions  la  clarté  el 
lumière,  et  aussi  l'utilité  et  commodité  que 
nous  en  désirons,  sans  obmettre  doulcement 
et  dexlrement  à  faire  très-bien  entendre  au- 
dict.  sieur  de  Savoye,  ce  que  nous  faisons  pour 
luy  en  cest  endroict,  affin  de  le  retenir  plus 
amy  et  affectionné  à  ceste  couronne,  et  en  la 
bienvueillance  où  nous  désirons  qu'il  demeure 
perpétuellement.    Je    ne   craindray    poinet    a 
vous  dire   que  j'ay   sceu   que  Bouchot,   l'un 
desilitz  deppulez,  lequel  s'est  tousjours  monstre 
assez  dur  et  malaisé  à  manier  pour  nous  acco- 
moder, est  party  depuis  deux  ou  trois  jouis. 
avec  le  sieur  de  Montigny  ',  beau-frère  du  conte 

1  Floris  de  Montmorency,  sieur  de  Montigny.  Il  avait 
été  envoyé  en  Espagne  au  mois  de  mai  précédent  par  la 


(60 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


d'Orne1,  pour  retourner  par  delà;  et  semble 
qu'ilz  ayent  iutention  de  brouiller  quelque 
chose;  car  le  voyage  dudict  sieur  deMontigny 
estoit  dressé  pour  Espagne,  et  néantmoings 
changé  à  la  requeste  et  sollicitation  dudict  Bou- 
che!, qui  doibt  faire  entendre  à  son  maistre 
que  peu  volunliers  on  le  gratiffie  par  deçà, 
et  tire  on  son  faict  à  la  longue,  cuydant,  par 
la  nécessité  où  il  veoil  ce  royaume,  le  desbau- 
cher  ou  altérer  ce  qu'il  a  tousjours  monstre 
uous  porter  d'amytié;  ce  que  j'estime  loutesfois 
!uy  sera  fort  malaisé;  à  quoy  je  vous  prie 
prandre  garde  de  près,  et  mectre  peine  de 
savoir  quelz  seront  les  offices  que  fera  ledict 
Bouchet;  et  aussi  ce  que  traittera  ledict  sieur 
de  Monfigny,  s'il  passe  là,  pour  rompre  et 
dissiper  ce  que  vous  congnoislrez  y  estre  au 
préjudice  du  bien  des  affaires  du  Roy  mondict 
tllz,  lequel,  quand  tout  est  dict,  et  moy  aussi 
faisans  en  cet  endroicl.  tant  pour  ledict  sieur 
de  Savoye,  et  nous  contentans  de  si  peu,  que 
je  congnois  assez  qu'il  nous  en  doibt  savoir 
bon  gré,  de  tout  ce  que  vous  y  ferez,  appren- 
drez et  négotierez ,  nous  advertirez  incontinent, 
faisant  faire  bons  et  véritables  desseings  et 
description  des  lieux  et  finages,  qui  nous  deb- 
vront  demeurer,  tant  par  ce  qu'il  nous  délaisse 
que  de  l'eschange,  [afin]  que  vous  nous  puissiez 
accorder  et  dresser  là  un  petit  estât  et  pays 
sur  lequel  personne  n'ayt  rien  à  veoir  ne  tou- 
cher ;  et  me  renvoyez  incontinent  le  tout  avec 
vostre  advis.  H  fault  aussi,  Monsieur  de  Bor- 
dillou,  que  suyvaut  ce  que  le  Boy  mondict  filz 
el  moy  escrivons  à  mondict  frère  le  duc  de 
Savoye,  vous  faciez  instance  envers  luy  à  ce 
que,  en  la  plus  grande  diligence  qu'il  sera 
possible,  il  mette  sus  les  trois  mil  hommes  de 
pied  et  deux  cens  chevaulx  dont  il  uous  veult 

duchesse  de  Parme  pour  exposer  à  Philippe  II  la  situa- 
lion  des  Pays-Bas. 

1  Philippe  de  Montmorency,  comte  de  Hornes. 


secourir l,  et  les  faire  marcher  et  approcher 
du  lieu  où  je  luy  ay  cy-devant  faict  sçavoir  que 
je  désire  que  s'en  face  la  première  monstre, 
qui  est  à  Montmeillan,  affin  que  delà  on  les 
mette  incontinent  en  besongne;  et  s'il  nous 
pouvoit  tant  faire  de  plaisir  que  de  les  payer 
du  premier  moys,  ainsi  qu'il  nous  en  a  donné 
cy  devant  espérance,  pour  la  difficulté  qu'il  y 
a  d'y  envoyer  le  payement,  il  nous  auroil  de 
tant  plus  donné  de  contentement,  et  je  l'en 
ferois  incontinent  rembourser.  Par  mesme 
moyen,  il  sera  besoing  que  vous  envoyiez  de- 
vers le  marquis  de  Pescaire2  pour  sçavoir 
quand  les  trois  mil  Italiens  que  nous  baille 
aussi  nostre  beau-filz  le  Boy  catholicque ,  seront 
pretz,  pour,  s'ils  ne  le  sont,  les  hasler;  et,  s'il 
est  possible,  les  avoir  au  plus  tost  pour  ache- 
miner lesdictes  deux  trouppes  ensemble  ou 
ainsi  qu'elles  seront  prestes,  en  la  plus  grande 
diligence  que  faire  ce  pourra;  car  nous  com- 
mancerons  à  faire  dresser  et  acheminer  quel- 
ques bonnes  forces  du  costé  de  Lyon,  pour 
essayer,  tout  cela  joinct  ensemble,  d'y  recou- 
vrer l'obéissance  et  remettre  les  choses  au 
premier  estât;  en  quoy  aurons  nous  par  advan- 
lure  besoing  aussi  des  vieilles  enseignes  que 
vous  avez  en  Piedmont,  que  l'on  en  pourra 
tirer,  si  tost  que  Ion  sera  d'acord  avec  ledict 
sieur  de  Savoye,  retenant  seullement  ce  qui 
sera  nécessaire  pour  les  places  qui  nous  de- 
mourront  et  le  marquisat  de  Saluées;  et  pour 
ce  qu'il  est  nécessaire  en  tout  ce  que  dessus 
faire  diligence ,  estant  les  affaires  de  ce  royaulme 
en  tel  estât  qu'il  a  besoing  de  tout  ayde  et  se- 

1  Maugii-on,  dans  une  lettre  à  Catherine,  du  î  2  juillet, 
lui  annonce  que  le  duc  de  Savoie  fait  marcher  ce  qu'il 
a  promis  rtant  de  cheval  que  de  pieds.  (Bibi.  iiat.  fonds 
fiançais,  n°  15876,  P2&3.) 

-  François  Ferdinand,  marquis  de  Pescaire,  filsd'Al- 
fonse  d'Avalos,  marquis  del  Vasto  puis  de  Pescaire,  et 
de  Marie  d'Aragon.  —  Voy.  Brantôme,  édit.  Lalanne,  1. 1 . 
p.  31 3. 


LETTRES  DE  CATHE 

cours,  je  vous  prie.   Monsieur  de  Bortlillon,    | 

n'y  perdre  nue  seuile  heure  de  temps  et  que 

sur  ce  j'aye  souvent  et  au  plus  tosl  de  voz 

nouvelles.  Priant  Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa 

saincte  garde. 

Caterine. 


1562.  —  18  juillet. 

Orig.  Bibl.  Dal.  fonds  français,  u"  66oj,  p.  io3. 

\  MONSIEl  I!  DE  RORDILLON. 

Monsieur  de  Bordillon,  encores  que  le  mé- 
moire que  je  vous  envoyé  des  places  dont 
nous  désirons  que  l'eschange  se  face  avecques 
Monsieur  de  Savo\e  contienne  la  terre  de 
Sanfré1,  si  esse  que  pour  avoir  esté  et  estre 
le  sieur  dudicl  Saiucl-Fré  si  bon  et  si  affec- 
tionné serviteur  du  Boy  monsieur  mon  lilz 
que  \ous  le  congnoissez ,  j'ay  bien  voulu  vous 
en  l'aire  encores  reste  lettre  particulière,  en 
\ous  pryant,  tant  (|ue  je  puis,  faire  en  sorte 
que  ladite  terre  de  Sanfré  qui  n'est  que  à 
deux  lieues  de  Carmagnolles,  et  troys  de 
Savillan,  nous  demoure,  comme  chose*  que 
nous  désirons  singulièrement;  et  en  l'aire  telle 
et  si  vifve  instance,  et  avecques  telle  dextérité 

;  Voici  ce  qu'écrivait,  en  faveur  de  Sanfré,  le  maré- 
chal de  Brissac  à  la  Reine,  au  mois  de  septembre  suivant  : 
••Avant  entendu  le  s'  de  Sanfré  les  diflicultez  sur  la  resti- 
tution des  quatre  places  de  Piedmont,  il  a  jugé  que  Vostre 
.Majesté  ponrroit  sur  cela  avoir  occasion  de  faire  quelque 
dépesche  par  ung  gentilhomme  exprès  tant  à  Monseigneur 
le  iluc  de  Savoye  qu'à  Monsieur  de  Bourdillon  et  que, 
s'il  ponrroit  avoir  ceste  commission ,  que  cela  luy  pourrait 
ayder  à  adoulcir  ung  quelque  mauvais  visaige  ou  froidde 
volunté  que  Monseigneur  luy  peult  porter  pour  les  rai- 
sons que  YosIreMajestésçayt  assez.  11  supplie  Vostre  Majesté 
de  lui  faire  cette  grâce,  aflin  qu'au  moins,  ne  pouvant  avoir 
mieulx  icy,  il  essaye  d'estre  en  seureté  et  toute  paix  auprès 
de  sa  maison  qu'il  a  perdue  pour  ce  service.  Vostre  Majesté 
sçait  si  bien  ce  qu'il  a  faict  et  ce  qu'il  a  mérité  par  le  tes- 
moignage  que  je  luy  en  ay  souvent  donné."  ( Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  15877,  f  io.) 

Catherine  de  Médius.  —  1. 


RINE  DE   MÉDICIS.  361 

que  cela  |iasse  ainsi;  car  vous  ne  sçauriez  rien 
l'aire   qui   nous    soit    plus   agréable.    Pryanl 

Dieu.  Monsieur  de  Bordillon,  vous  donner  ce 
que  plus  désirez.  Du  bois  de  Vincennes,  le 
w  m  jour  de  juillet  i  56a. 


Caterine. 


I  >!.    [.'  \l  BESPINE. 


1502. 


9  J 


juillet. 


Orig.  Bibl.   nfit.   fuiuls  français,    n°  3 1 78,  f'  t8. 

\  MONSIEUR  D'Hl  MIÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  j'ay  esté  advertye 
qu'il  y  a  grand  nombre  de  gentil/hommes  et 
soldatz  tiui  se  retirent  d'Orléans  et  Rouen, 
soubz  coulleur  de  l'offre  que  je  leiz  dernière- 
ment à  mon  cousin  le  prince  de  Condé  que 
ceulx  qui  vouldroient  laisser  les  armes  pour 
se  retirer  en  leurs  maisons  et  y  vivre  doulce- 
ment  le  pourraient  faire,  sans  danger  d'estre 
resercliez  du  passe',  et  pour  ce  (pie  je  ne  sçay 
s'il  n'y  en  a  poinct  entre eulx qui facent  cela, 
plus  pour  avoir  comodité  de  se  remectre  en 
équipaige,  ou  bien  pour  envye  qu'ilz  ont  de 
faire  quelque  surprise  sur  aucunes  de  noz 
places  fortes,  que  pour  affection  et  délibéra- 
tion qu'ilz  ayent  de  se  réduire  en  leurs  dictes 
maisons,  j'ay  faict  expédier  des  lectrcs  closes 
du  Boy  monsieur  mon  filz  à  tous  les  bailliz 
et  sénescbaulx  du  pays  de  Picardye  pour  leur 
faire  faire  certaines  promesses  et  soubzmis- 
sions  de  ne  reprendre  les  armes  et  de  ne  faire 
cbose  qui  soit  au  préjudice  du  service  du  Boy 
mondicl  sieur  et  filz,  et  de  son  estât,  et  avec 
cela  ay  bien  voullu  vous  prier  que  vous  l'aides 
prendre  garde  que  l'on  ne  laisse  entrer  telles 
personnes  en  vostre  place  en  nombre,  ny  en 
équipaige  d'armes,  et  par  mesme  moien  faites 
songneusement observer  qu'ilz  ne  lacent  quel- 
ques pratiques  et  menées  envers  voz  soldai/, 
ou    habitans,   qui   soient   pour  leur   donner 

Au' 


.162 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


moyen  de  vous  faire  une  surprise;  à  quo-y  vous 
aurez  l'œil  le  plus  ouvert  qu'il  vous  sera  pos- 
sible, et  je  priray  Dieu,  Monsieur  de  Hu- 
mières,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  le  six"  jour 
de  juillet  1 562. 

Caterime. 

BOUBDIN. 


1562.  —  au  juillet. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3187  ,  P  ao. 

A  MONSIEUR  DE  CHAULNES. 

Monsieur  de  Chaulne,  le  Roy  calholicque, 
veoyant  les  affaires  que  nous  avons,  nous  a 
offert,  pour  le  secours  de  ce  royaulme,  dix 
mil  hommes  de  pied  et  troys  mil  chevaulx; 
desquelz  y  doibt  avoir  quatre  mil  lansquenetz, 
troys  mil  Ytaliens  et  troys  mil  Espagnolz ,  deux 
mil  cbevaulx  flammens,  et  mil  pistoliers,  les- 
quelz  lansquenetz  et  chevaulx  nous  doibvent 
esfere  délivrez  du  costé  de  deçà  et  mesmes  les- 
dictz  chevaulx  flammens,  desquelz  une  bonne 
partie  est  desjà  preste  et  jusques  au  nombre  de 
xv%  pour  lesquelz  avoir  j'escriptz  présentement 
au  sieur  de  la  Forest1,  mondict  ambassadeur 
par  delà,  les  faire  marcher  el  vous  advertir 
quant  et  où  ilz  entreront  en  nostre  frontière, 
où  vous  les  irez  recuillir  et  recepvoir,  pour  les 
premiers  vc  qui  arriveront  les  mectre  entre  les 
mains  du  sieur  de  Chocqueuse  qui  sera  de- 
dans peu  de  jours  devers  vous  pour  les  con- 
duire et  mener  droict  en  Normandie,  là  part 

1  Jacques  Bochetel,  fils  de  Guillaume  Bochetel,  sr  de 
Sassy.  Le  titre  de  sr  de  la  Forest  qu'il  avait  porté  dès 
sa  jeunesse,  lui  demeura  toute  sa  vie;  c'était  le  frère 
de  l'évêque  de  Rennes;  après  avoir  rempli  les  fonctions 
d'ambassadeur  aux  Pays-Bas,  il  fut  nommé,  en  i563, 
maître  d'hôtel  ordinaire  du  Roi;  il  avait  épousé  Marie  de 
Morogues  el  fit  sou  testament  en  1 5g5.  —  Voy.  ce  qu'en 
dit  Le  Laboureur  dans  les  Additions  aux  Mémoires  de 
Castelnau,  t.  III,  p.  1Ô1. 


que  '  sera  mon  cousin  le  duc  d'Aumalle  que 
vous  en  advertirez  d'heure,  affin  qu'il  envoyé 
au  devant  d'eulx  et  pourveoye  à  leurs  vivres, 
comme  vous  ferez  faire  tant  qu'ilz  seront  en 
Picardye,  el  le  surplus  baillerez  à  conduire  au 
sieur  de  Marivaulx2  que  je  vous  envoyeray  d'icy 
pour  les  admener  par  deçà.  Surtout  prenez-v 
songneusement  garde  et  y  pourveoyez  de 
sorte  qu'ilz  n'ayent  occasion  de  mal  contente- 
menl,  ne  aussi  de  faire  désordre.  Ledict  sieur 
de  la  Forest  nous  advertira  du  temps  qu'ils 
seront  prestz  et  où  vous  debvrez  trouver,  de 
sorte  que  vous  aurez  tout  moyen  de  satisfaire 
à  ce  que  dessus;  en  quoy  je  vous  prie  n'obmectre 
rien,  ne  ausi  à  m'advertir  incontinent  de  ce 
que  vous  aurez  entendu.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Chaulne,  vous  donner  ce  que  désirez.  Du 
boys  de  Vincennes,  le  xxme  jour  de  juillet  1 562. 

Caterine. 
De  i/Albespine. 


1562.  —  21  juillet. 

Orig.  Arcli.  imp.  de  Vienne. 

A  MA  SOEDR 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  PARME. 

RÉGENTE  ES  PATS-BAS   POUR  LE  BOY   CATOLTQl'E  MONSIEUR  WON  REAU-FILZ. 

Ma  seur,  estant  les  choses  de  ce  royaume 
en  tel  estât,  que  nous  sommes  contrainetz  nous 
ayder  du  secours  que  le  Roy  calholicque  mon- 
sieur mon  beau-filz  nous  a  offert,  mesmes 
des  deux  mille  chevaux  flammens  que  j'ay  en- 
tendu eslre  jà  pretz,  j'escripts  au  sieur  de  la 
Forest  résidant  là  pour  les  affaires  du  Roy 
monsieur  mon  filz  vous  en  parler  de  sa  part 
et  de  la  myenne,  vous  priant  estre  contente 
les  voulloir  faire  partir  et  acheminer  le  plus 
tost  que  faire  se  pourra,  et  à  l'advancement  du 
surplus  dudict  secours   faire    faire   toute    la 

1  La  part  que ,  là  où. 

2  Marivaux. 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


363 


dilligence  nécessaire,  en  manière  qu'il  ne  se 
perde  poi nt de  temps, croy an I  sur  ce  ce  que  vous 
dira  de  ma  pari  ledict  sieur  de  la  Forest,  tout 
ainsy  que  vous  feriez  mo\ -mesmes.  Priant 
Dieu,  ma  seur,  vous  donner  ce  que  désirez. 

Escript  au  bois  de  Vincenncs,  le  m"  jour 
de  juillet  i56a. 

Yostre  bonne  seur, 

Catebine. 


1562.  —  22  juillet. 

Orig.  Bilii.  nat.  Cinq  ceuls  Colbert .  n"  390  ,  f"  9a  el  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  je  n'ay  pas  encores 
receu  vostre  dépesche  du  11e  de  ce  moys,  mais 
le  dupplicata  m'en  a  este'  rendu  y  a  jà  deux  ou 
Iroys  jours  et  voyant  de  quel  pie  mon  bon 
frère  f  Empereur  continue  de  marcher  en  l'af- 
faire du  concilie  pour  le  rendre  fructueux,  je 
me  confirme  de  [dus  en  plus  en  l'espérance 
que  j'ay  conceue  qu'il  s'y  pourra  faire  quelque 
chose  de  bon;  et  sera  bien  malaysé  (si  mon 
filz  le  Roy  catholicque  des  Espaignes  esl  une 
fovs  persuadé  de  s'adjoindre  à  nous,  comme 
vous  m'avez  cy  devant  mandé  que  mondict  bon 
frère  l'Empereur  y  faict  tout  son  possible)  que 
l'on  rompe  et  dissolve  ledict  concilie,  quelque 
menasse  qui  s'en  puisse  faire  de  la  part  du 
Pape,  que  l'on  n'ayt  bien  vifvement  touché  à 
une  bonne  el  saincte  refformation  ;  quant  à 
inov  je  me  délibère  de  m'y  porter  si  vertueu- 
sement que  je  garderay  bien  que  l'on  n'obmec- 
tera  riens  de  la  part  du  Roy  monsieur  mou  filz 
que  l'on  doive  acttendre  d'un  prince  1res  catho- 
licque et  religieux  et  premier  filz  de  l'Eglise, 
ne  vous  voullant  celer  que  mon  cousin  Mon- 
sieur le  cardinal  de  Lorraine  désire  infiniment 
d'aller  en  personne  audict  concilie,  ce  qu  il 
fera ,  sitost  que  nous  verrons  quelque  commen- 
cement de  pacification  en  noz  troubles,  et  avec 


ung  si  bon  nombre  de  noz  prélatz  que  la  com- 
pagnie en  sera  grandement  fortilliée  pour  \ 
faire  le  fruict  qui  esl  si  nécessaire  pour  le 
repoz  de  la  chrestienlé.  Touteffoys  vous  n'en 
ferez  encores  grand  bruict  el  seroys  bien  ayse 
qu'il  peusl  arriver  par  delà  avant  qu'il/,  le  pen- 
sassent parly.  Le  Pape  s'est  fort  plainct  du 
sr  de  Lanssac,  mais  avec  si  peu  d'occasion, 
ainsi  que  je  m'asseure  qu'il  le  vous  aura  es- 
cript,  qu'il  est  bien  ayséà  juger  que  ses  effecta 
et  intencions  ne  respondent  pas  à  ses  parolies 
et  aux  belles  promesses  qu'il  a  faic.les  el  tant 
de  foys  réitérées,  quant  il  a  esté  question  du- 
dict  concilie,  qu'il  ne  voulloit  et  desiroit  riens 
tant  en  ce  monde  que  une  roide  et  rigoreuse 
relTormacion.  Et  fault  dire  qu'il  l'entendoyl 
pouraullruy  et  non  pour  luy,  de  sorte  que  s'il 
n'y  est  de.xtrement  conduict,  il  y  a  grand dan- 
gier  qu'il  ne  s'y  laisse  enfourner  bien  facile- 
ment. C'est  grand  plaisir  de  ce  que  mondict 
bon  frère  le  cognoist  et  qu'il  est  ainsi  résolu 
d'y  tenir  bon,  qu'il  le  vous  a  tousjours  asseuré 
et  promis  et  l'ont  tesmoigné  ses  effeclz  jusques 
à  présent. 

Au  demourant,  vous  aurez  veu  par  mes 
précédentes  dépesches  le  devoir  que  j'a\ 
faict  pour  parvenir  à  la  pacification  de  noz 
troubles,  et  comme  par  la  dureté  et  obstina- 
lion  de  ceulx  à  qui  j'ay  eu  aiïaire  les  choses 
sont  réduictes  à  estre  terminées  par  les  armes; 
qui  est  ce  que  j'ay  tousjours  voullu  aultant 
fuyr  que  ma  propre  mort ,  et  pour  ce  que  nous 
avons  advis  que  ceulx  qui  sont  à  Orléans  ayans 
persuadé  les  princes  de  la  Germanie  que  loul 
le  subject  et  fondement  de  noz  dissensions 
est  le  seul  faict  de  la  religion,  sont  en  grande 
espérance  d'avoir  quelques  secours  d'eulx  de 
gens  de  cheval  et  de  pié,  el  qu'il  s'y  voyt  quel 
que  apparence,  mesniement  en  Suysse,  où  il 
s' esl  fait  aux  cantons  protestai) u  quelques  levées 
de  gens  à  leur  faveur  et  dévotion,  je  désire. 

46. 


36'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


Monsieur  de  Renés,  que  vous  le  remonstrez  à 
mon  bon  frère  l'Empereur,  affin  que  luy,  qui 
sçayt  la  juste  occasion  que  nous  a  amenez  à 
ceste  guerre  civille,  et  que  c'est  pour  la  con- 
servation de  l'honneur  de  Dieu  et  de  son  église 
catholicque,  la  restitution  de  l'auctorité  du 
Roy  monsieur  mon  filz  et  de  son  obéissance , 
et  le  recouvrement  des  villes  et  places  que  ses 
propres  subjectz  luy  ont  occuppées,  et  qu'ilz 
luy  retiennent  par  force,  vueille  escripre  aus- 
dictz  princes  protestons  de  la  Germanie,  et 
faire  tant  envers  culx  qu'ilz  ne  donnent  aucun 
secours  de  forces  et  d'argent  à  ceulx  qui  sonl 
rebelles  à  leur  prince  souverain  contre  toute 
disposition  divine  et  humaine,  et  en  chose  de 
si  grande  importance,  ne  se  laissent  persuader 
des  impostures  et  calompnies  dont  l'on  les  a 
abruvez  jusques  à  présent.  J'ai  envoyé  vers 
eulx  le  sieur  d'Oysel  1,  que  vous  cognoissez 

1  Henri  Clutin,  sieur  d'Oisel  et  de  Ville-Parisis,  fils 
de  Pierre  Clutin,  président  aux  enquêtes;  envoyé  en  mis- 
sion en  Angleterre  en  1 56 1  ,  puis  à  Rome  en  i56a,  il  y 
mourut  en  i5fi6.  On  trouve  dans  le  fonds  Brienne, 
n°  2o3,  p.  25,  les  instructions  qui  lui  furent  données 
au  départ;  nous  nous  bornerons  à  les  résumer  som- 
mairement :  il  devait  remontrer  aux  princes  allemands 
que  ttsi  aucuns  ont  pris  les  armes,  c'est  pour  servir  à 
leuis  passions  particulières  et  ambition,  et  que  les 
deux  couleurs  qu'ils  avoient  recherchées,  l'une  de  la 
religion,  l'autre  de  l'emprisonnement  du  Roy  et  de  la 
Royue  n'estoient  que  pures  calomnies,  ainsi  qu'il  se  dé- 
couvrait assez  évidemment. i  Puis,  rappelant  le  voyage 
de  la  Reine  el  ses  efforts  pour  amener  une  solution  paci- 
fique, l'offre  qu'elle  leur  avait  faite  de  vivre  en  leurs 
maisons  en  toute  liberté  de  conscience,  sans  être  recher- 
chés pour  le  passé,  il  devait  établir  qu'ils  avaient  de- 
mandé à  sortir  du  royaume,  et  que  la  Reyne  s'y  était  tou- 
jours refusée.  Enfin ,  d'Oisel  devait  se  prévaloir  de  l'amitié 
qui  a  toujours  régné  entre  les  princes  allemands  et  les 
rois  de  France,  amitié  que  le  Roi  actuel  maintiendra. 
Et  il  devait  assurer  ces  pri  nces  que ,  «i  le  Roi ,  son  maître , 
"était  forcé  de  requérir  des  secours,  ce  ne  serait  que  pour 
la  conservation  de  ses  Etats  et  se  faire  rendre  l'obéissance 
qui  lui  est  justement  due. 


personnaige  dextre  et  capable,  pour  leur  faire 
toucher  au  doigt  et  à  l'œil  la  vérité  de  la 
chose;  avec  cela  j'estime  que  une  bonne  dé- 
pesche  de  mondict  bon  frère  l'Empereur  n'y 
sçauroit  que  servir  grandement;  vous  l'en  re- 
querrez de  la  part  du  Roy  mondict  seigneur 
et  filz  et  de  la  mienne  et  nous  manderez  in- 
continant  quelle  responce  il  vous  y  aura  faicle 
et  en  quelle  volunté  vous  l'aurez  trouvé  de 
nous  en  gratiffier.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Renés,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  ce  xxne jour 
de  juillet  i  56a. 


Caterine. 


Rourdin. 


(1562.  —  a3  juillet.) 
Minule.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i5iio,  f°  Al. 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lansac  1,  je  viens  d'estre  adver- 
tye  que  mon  cousin  le  cardinal  de  Mantoue  -, 
voyant  comme  il  est  mal  secondé  en  la  bonne 
et  saincte  intention  qu'il  a  de  rendre  le  con- 
cilie fructueux,  est  en  quelque  volunté  etdelli- 
bération  de  se  retirer  de  tout,  qui  me  seroyt 
bien  le  plus  grand  desplaisir  que  je  sçauroys 
recevoir  en  ce  monde,  scachant  de  quel  zèle 
et  affection  il  a  tousjours  marché  en  la  charge 
qu'il  v  a,  de  sorte  que,  s'absentant,  je  per- 
droys  la  meilleure  partie  de  l'espérance  que 
j'ay  eue  jusques  icy  de  veoir  réussir  dndict 
concilie  le  fruict  qui  est  si  nécessaire  pour  le 
bien  et  repoz  de  toute  la  chrestienlé,  et  mesmes 

1  Catherine,  dans  une  lettre  à  Lansac,  du  mois  d'août 
suivant ,  lettre  dont  Dnpuy  donne  un  extrait  dans  ses  mé- 
moires pour  le  concile  de  Trente  (p.  273),  se  reporte 
à  cette  lettre  du  23  juillet  qui  n'a  pas  été  publiée  par 
Dnpuy. 

2  Hercule  de  Gonzague,  cardinal  de  Mantoue,  mort  le 
2  mars  1 563. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


361 


pour  la  guarison  des  maulx  particuliers  de  ce 
royaulme  si  granset  calamiteux  qu'il  n'est  pos- 
sible de  plus;  cl  pour  ce, je  vous  prie,  Monsieur 
de  Lansac,  incontinent  la  présente  receue, 
que  vous  alliez  veoir  el  visiter  mondict  cou- 
sin delà  part  du  I5oy  mondicl  sieur  [  et  fils  J , 
et  do  la  mienne,  et  après  luj  avoir  remonstré 
combien  nous  espérons  de  son  intégrité  et  sin- 
cérité en  la  direction  dudict  concilie,  et  le 
granl  contentement  que  nous  recevons  de  la 
louable  affection  avec  laquelle  il  y  a  procédé 
jusques  à  présent;  vous  le  prierez  et  requierez 
que  postposant  toutes  les  causes  et  occasions 
qui  le  peuvent  aliéner  et  dissuader  de  plus 
longue  demeure  audict  concilie,  et  oubliant 
tout  ce  qui  se  présentera  en  cela  d'indignité 
el  juste  mescontanlement,  il  vueille  tant  faire 
que  de  ne  s'en  ennuyer  cl  n'en  partir  aucune- 
ment ;  mais  tenir  main  à  toutes  choses  sainctes 
et  nécessaires  pour  le  rendre  fructueux,  ainsi 
qu'il  a  si  dignement  et  vertueusement  faicl 
jusques  à  présent;  en  quoy  faisant,  il  ac- 
querra d'un  si  bon  œuvre  une  générale  el.  per- 
pétuelle louange  et  recommandation  eux  ers 
toute  la  ebrestienté,  et  en  obligera  si  avant  le 
Roy  mondict  sieur  et  filz  el  moy  que  ne  serons 
jamais  à  noz  ayses  que  nous  ne  nous  en 
soyons  ressentys  envers  luy  en  tout  ce  qui 
pourra  concerner  sa  grandeur  et  son  conten- 
tement; l'asseuraht  que,  encores  que  noz 
troubles  soyent  grans,  ce  néantmoins  voyant 
l'aparence  qu'il  y  a,  par  la  réduction  qui  a  jà 
esté  faicte  de  beaucoup  de  villes  et  de  peuples, 
qu'ilz  sont  au  chemyn  de  prendre  dedens 
quelque  temps  une  bonne  fin,  je  me  suis  ré- 
solue de  faire  trouver  audict  concilie  pour  tout 
le  moys  de  septembre  prochain  ung  bon  nombre 
de  noz  prélatz,  gens  notables  et  recomman- 
dables,  qui  sera  pour  tousjours  le  fortifier  en 
ses  droictes  et  sincères  intentions.  Je  faietz 
compte,  pour  ne  vous  en  rien  celer,  que  ledict 


nombre  sera  de  soixante,  conduietz  par  mon 
cousin     Monsieur    le    cardinal    de    Lorraine: 

mais  je  remectzàvous  de  |le|  déclarer  à  mon- 
dicl cousin  el  aussi  de  le  faire  entendre  aux 
prélatz  espagnolz,  si  vous  estimez  qu'il  sovl 
à  propos  et  nécessaire,  el  aussi  si  vous  voyez 
qu'ilz  feussenl  pour  s'en  effaroucher,  vous  re- 
tiendrez la  chose  à  vous-inesmcs  el  en  userez 
ainsi  que  par  vostre  prudence  vous  cognoistrez 
s'en  devoir  faire  pour  confirmer  ceulx  qui  pro- 
cèdent eu  cest  affaire  de  bon  zèle,  et  garder 
que,  en  actendant  l'arrivée  desdiclz  prélatz,  il 
ne  se  face  chose  qui  soyt  pour  nous  empeschei 
de  recueillir  d'une  si  grande  et  vertueuse  as- 
semblée une  bonne  et  nécessaire  refformation. 
Je  m'actends  avoir  dedens  un  jour  ou  deux  de 
voz  nouvelles  pour  ce  qui  aura  esté  faicl  el 
décidé  à  ceste  dernière  cession.  Cependant,  je 
prie  Dieu,  Monsieur  de  Lansac,  qu'il  vous  ayt 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 


1562.  —  a5  juillet. 

Copie,  lîibî.  liât,  fonds  français,   o°  1 5981 . 

A  MONSIEUR  COIGNET, 


AMBASSADEUR    EN    SUISSE. 


Monsieur  Coignet,  la  responce  que  je  vous 
l'eray  aux  troys- lectres  que  j'ay  receues  de  vous 
des  un,  vin  et  xm  de  ce  moys  ne  sera  aultre, 
synon  que  je  vous  ay  de  longtemps  adverty 
que  le  trésorier  des  Ligues  a  touché  y  a  jà  plus 
de  deux  moys  les  premiers  nc  m.  l.  de  ses 
assignations  de  ceste  année,  sur  lesquel/.  il  a 
despieça  mandé  avoir  fourny  î.x  ou  lxx"'  l. 
pour  le  payement  de  ceulx  de  Valays  et  de 
quelques  cantons  des  Ligues  qu'il  a  satisffaietz , 
de  façon  que,  si  les  autres  vous  accordent 
d'aller  prendre  le  reste  de  leurs  pensions  à 
Lyon,  je  tiens  la  chose  toute  preste  si  ledict 
trésorier  ne  vous  a  mandé  du  contraire,  dont 
je  n'ay  riens  entendu  ,  mais  bien  que  le  baron 


366 


lettres  de  Catherine  de  medigis. 


des  Adrèz  luy  avoit  voulu  faire  une  foys  bailler 
iesdiclz  deniers,  dont  il  s'est  deffendu  et  sauvé, 
de  sorte  que  tout  luy  est  demeuré  entre  les 
mains.  Je  l'ay  mandé  pour  me  venir  rendre 
compte  de  ce  qu'il  a  faict  de  ladicte  partye  et 
advisé  sur  le  surplus  de  ses  assignations,  mais 
je  pense  que  pour  cela  il  ne  laisse  de  donner 
ordre  au  fournissement  desdictes  pensions,  si 
lesdictz  seigneurs  des  Ligues  les  veullent  aller 
prendre  sur  le  lieu;  car  de  les  tirer  et  sortir 
pour  les  leur  envoyer,  ce  a  esté  où  c'est  trouvée 
toute  la  difficulté.  Il  fauit  qu'il  délivre  sur  les- 
dictz iic  m.  L.les  nm  vc  escus  deubz  à  censé  à  ceulx 
de  Solleure,  d'auitant  que  l'on  a  tousjours  en- 
tendu qu'ilz  se  prendrerout  là  dessus  et  n'y 
a  moyen  de  les  fournir  d'aillieurs.  Je  désire 
que  ion  ne  vienne  point  à  la  journée  de 
marche  qui  a  esté  assignée  pour  ceulx  qui  ont 
argent  du  grand  party  et  vous  prye  que  vous 
l'aides  tout  ce  qui  vous  sera  au  inonde  possible 
pour  en  sortir  avec  une  honnesle  et  gratieuse 
composition,  ainsy  que  je  vous  ay  escripl 
par  cy-devant.  Je  n'ay  point  receu  voz  lectres 
du  vu  accusée  par  celle  du  lendemain  portant 
advis  des  levées  qui  se  faisoient  à  Berne  et 
aulties  lieux  circonvoisins,  et  suys  bien  marne 
de  ce  qu'il  c'est  aussi  perdu  des  dépesches 
que  je  vous  faisois,  car  c'est  aultant  de  retar- 
dement aux  affaires  dont  le  retour  de  vostre 
secrétaire  vous  aura  amplement  satisffaict  et 
esclercy.  Vous  adviserez  avec  le  srde  Mendosse1 
ce  qui  sera  bon  de  faire  touchant  la  levée  des 
Suysses  que  le  Pape  faict  démonstration  vou- 
loir faire,  car  j'ay  tousjours  estimé  que  Ion 
doibt  empescher  aultant  qu'il  est  possible  que 
aultres  princes  ne  potentatz  n'ayent  de  leurs 
gens  par  levée  comme  le  Roy  monsieur  mon 
tilz;  toutteffoys  je  m'en  remecteray  à  ce  que 

'   Voy.tlans  le  fonds  Brienne,  n°  ao3,  f™  3o  et  suiv., 
tes  instructions  données  à  rH.  de  Mendosse  allant  devers 
Suisses». 


vous  deux,  qui  estes  pralicqz  des  affaires  du 
pays  et  quisçavezque  telles  choses  importent, 
en  résouldrez  ensemblemenl.  Pryant  Dieu. 
Monsieur  Coignet,  qu'il  vousayt  en  sa  saincte 
garde.  Escript  au  boys  de  Vincennes,  le  \\\ 
jour  de  juillet  i56a. 


Caterine. 


Bolrdix. 


1562.  —  27  juillet. 

Orig.  Record  office,  State  papers,  France,  vol.  23. 

A  TRÈS  HAUTE,  TRÈS  EXCELLENTE  PRINCESSE 

KOSTRS  TRÈS  CHÈRE  ET  TRÈS  ASIEE  SCBUH  ET  COCSI.\E 

la  royne  d'Angleterre. 

Très  haute  et  très  excellenteprincesse ,  nostre 
très  chère  et  amée  seur  et  cousine,  salut. 

Nous  cognoissons  tousjours  de  plus  en  plus 
l'inclination  bonne  et  singulière  affection  que 
vous  avez  au  bien  de  ce  royauime  par  les  hon- 
nestes  propos,  bons  et  amyables  dppportemens 
dons  vous  usez  envers  nous,  et  mesme  parce 
que  m'a  dict,  de  vostre  part,  le  sieur  de  Throck- 
morton  l,  vostre  ambassadeur  icy  résidant ,  de 
l'intention  que  vous  aviez  d'envoyer  par  delà 
deux  bons  personuaiges  de  vostre  conseil  en 
intention  d'y  faire  quelque  fruict,  dont  le  Roy 
nostre  très  honoré  seigneur  et  filz,  et  nous,  de 
nostre  part,  nous  avons  assez  d'obligation  et 
nous  vous  remercions  très  affectueusement; 
ayant  advisé  sur  ceste  occasion  vous  dépescher 
le  sieur  de  Vieilleville'2,  conseiller  du  Roy  nostre 
filz  eu  son  conseil  privé  et  chevalier  de  son 

1  Vov.  deux  dépêches,  de  Throckmorlon,  en  date  des 
2-3  et  27  juillet,  à  la  reine  Elisabeth:  il  lui  rend  compte 
des  deux  entrevues  qu'il  a  eues  avec  Catherine.  (  Cakndar 
uf  State  papers ,  1Ô62,  p.   176  et  i83.) 

2  Throckmorlon,  dans  sa  lettre  à  Elisabeth  (27  juillet 
i56a),  pense  que  Vieilleville  n'est  envoyé  que  pour  se 
rendre  compte  de  ce  qu'il  y  a  à  craindre  d'une  tentative 
sur  les  côtes  de  Normandie.  (Calendar  of  State  papers , 
i56a,P  18'r.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


307 


ordre,  présent  porteur,  pour  vous  dire  sur  ce 
nostre  intention  et  aulcunes  choses  dont  nous 
vous  prions  le  croire,  tout  ainsi  que  vous  feriez 
nostre  propre  personne.  Priant  Dieu,  très 
haute  et  très  excellente  princesse,  nostre  très 
chère  el  très  a  niée  seur  et  cousine,  vous  don- 
ner ce  que  plus  désirez. 

\u  boys  de  Vincennes,   le  xxvne  jour  de 
juillet  1  562. 

Vostre  lionne  seur  et  cousine, 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  37  juillet. 

Aut.  Arcb.  desMédicis,  dalla  citata  lïlza  A730. 
\  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoy  dal  Bene  l,  pour 
vous  mersier  de  l'auneste  aufre  que  par  vostre 
embassadeur  nous  havés  fayst  fayre,  vous  aseu- 
renl  que  en  set  que  le  Roy  mon  fils  et  moy 
luroul  moyen  de  nous  en  revancher  et  le  re- 
conestre,  que  ni  ayparneron-chousequi  souit 
n  nostre  puisanse,  et  voyant  corne  nous 
»  mines,  je  vous  ay  byen  voleu  mender  par 
set  pourteur  pour  ausi  vous  prier,  puisque 
nous  pourtés  si  bonne  volante  et  que  des  jeans 
en  navous  asés,  que  nous  volves  acomoderde 
quelque  argent,  ynsin  que  plus  au  long  ledyst 
dal  Bene  vous  fayra  entendre  de  ma  part;  et 
m'aseurant  que  fayré  set  quepourés,ne  vous 
fayre"  plus  longue  letre,  vous  prient  croyre  que 
n'aurés  jamès  parante  qui  désire  plus  vostre 
grandeur  que  fayst 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Voy.  les  lettres  d'Albisse  d'Elbène ,  envoyé  en  mission 
à  Florence.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1 587O,  P  (176, 
et  n°  10877,  P  36.) 

-  Ayparneron ,  épargnerons. 


1 562.  —  a  août. 

Orig.  Record  office,  State  papers,  France,  vol.  XXI II . 
A  TRÈS  HAUTE,  TRÈS  EXCELLEMTE  PHINCESSK 

NOSTR8  TRÈS  CHKRB  ET  THES  AUKB  SEUR  ET  COOSINB 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haute  et  excellente  princesse,  très  chère 
et  très  amée  seur  et  cousine,  salut. 

Le  sieur  Pierre  Meautis1,  présent  porteur, 
venu  de  vostre  part  pour  les  plainctes  d'aucuns 
vossubjectz,  s'il  nous  eustpeu  dire  particulière- 
ment où,  par  qui  et  quand  ilz  ont  esté  offensés 
par  les  noslres,nousy  eussions  peu  donner  meil- 
leure et  plus  prompte  provision  ;  mais ,  ne  nous 
en  ayant  parlé  que  en  général ,  nous  n'avons  peu 
mieulx,  ni  autrement  faire  que  d'escripre  par- 
tout pour  sçavoir  ce  qu'il  en  est  et,  de  ce  qui 
se  trouvera  mal  faict,  faire  la  justice  et  répa- 
ration (elle  qu'il  appartient,  comme  nous  avons 
toujours  faict  de  ce  qui  est  venu  à  nostre 
cognoissance,  et  que  nous  vous  prions  croire 
que  nous  ferons  pour  le  respect  de  l'entreté- 
nement  de  la  bonne  paix  et  parfaicte  amitié 
qui  est  entre  nous;  à  quoy  vous  ne  trouverez 
jamais  faulte,  comme  nous  luy  avons  plus 
avant  faict  entendre  et  dont  nous  nous  remec- 
tons  à  luy;  priant  Dieu,  très  haulte  et  très 
excellente  princesse,  nostre  très  chère  et  amée 
seur  et  cousine,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  le  n  jour 
d'aoust  i562  2. 

Vostre  bonne  seur  et  cousine, 

Caterine. 

1  Sir  Peter  Mewlas.  —  Voy.  une  lettre  de  lui  à  Cecil 
dans  le  Calemlar  of  State  papers,  i56a  ,  p.  211 1 ,  el  une 
lettre  de  Tlirockniorlon  à  Cecil  (ibid,  p.  19/1). 

3  Une  lettre  de  Charles  IX  accompagnait  celle  de 
Catherine.  —  Voy.  Calendar  of  State  Papers,  iSfia. 
p.  201. 


6? 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MED1GIS. 


1562.  —  a  août. 
Mmuie.  lîibl.  nat.  fonds  français,  n°  15876,  f°  35o. 

A  MONSIEUR  DE  SOMMERIVE. 

Mon  cousin,  je  vous  avoys  dernièrement  des- 
pesehé  le  cappitaine  Barges,  présent  porteur, 
pour  vous  adverlir  du  devoir  que  j'avoys  faict 
de  venir  jusques  à  Baugency  pour  trouver 
quelque  honneste  moyen  de  paciffier  ies  trou- 
l)les  et  différais  qui  sont  aujourd'huy  en  ce 
royaume,  et  comme  je  n'avois  peu  riens  faire, 
qui  estoit  l'occasion,  comme  le  besoing  du  Boy 
monsieur  mon  fllz  le  requiert,  que  pour  finir 
les  maulx  l'on  cherchas!  tous  moyens.  Tant  de 
ce  costé  que  ailleurs  de  deçà ,  il  y  a  de  si  bonnes 
et  grandes  forces  que  j'espère,  avec  l'ayde  de 
Dieu,  dans  peu  de  jours  que  l'on  y  verra  plus 
d'amandement  que  l'on  n'a  encores  faict,  en- 
cores  que,  Dieu  mercy,  les  choses  soyent  passées 
assez  advenlageusement,  et  d'aultant  que,  de 
vostre  costé,  il  est  besoing  d'y  mectre  les  mains 
à  bon  essicnl  pour  les  forces  qui  s'assemblent 
en  ces  quartiers  là.  A  ceste  cause,  je  vous  prye 
avec  ce  que  vous  pourrez  assembler  vous 
joindre  avecques  les  forces  qui  viennent  d'Ilal- 
lye  et  de  Savoy e,  affin  que  tous  ensemble 
vous  puissiez  avoyr  moyen  de  faire  désamparer 
ce  baron  des  Adretz  '  sa  retraicte  et  recou- 
vrer au  Boy  monsieur  mon  filz,  ce  pays  là,  et 
advertir  souvent  Monsrde  Tavannes  pour  sça- 
rair  ce  que  vous  avez  à  faire  et  en  faire  de 
mesme  à  Monsr  de  Bordillon,  affin  que  vous 
sacbiez  la  leve'e  des  Italliens  et  les  lieux  où 
vous  devrez  trouver,  etl'effect  que  vous  devrez 
faire,  eslaus  tous  ensemble;  en  quoy  je  vous 

1  Voy.  une  lettre  du  roi  de  Navarre  à  Catherine  datée 
de  Blois,  le  23  juillet,  pour  la  prévenir  que  le  baron  des 
Adrets  était  parti  avec  dix-huit  enseignes  de  gens  de  pied 
et  deux  cents  chevaux  tipour  s'en  aller  du  costé  du  Forest 
et  que  jà  il  avoit  priens  la  ville  de  Montbrison  d'asseult.» 
(BiW.  nat.  fonds  français,  11°  16876,  P  3oi.) 


prie  vous  employer,  mon  cousin,  avec  le  zelle 
et  la  dévotion  que  vous  avez  tesmoignée  avoir 
au  bien  et  service  du  Boy  monsieur  mon  filz 
selon  1'espe'rance  qu'il  en  a  et  moy  aussy  ;  et  je 
prieray  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digue 
garde. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  ir"U3jour  d'aoust 
1 562. 


1562.  —  2  août. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  o°  15876,  f°35i. 

A  MONSIEUR  DE  SOMMERIVE. 

Monsieur  le  coûte,  voyant  les  forces  qui 
s'assemblent  du  costé  de  Lyon,  il  fault  que  du 
vostre  vous  regardiez  ce  que  vous  pourrez 
faire,  affin  de  vous  joindre  avec  les  trouppes 
qui  viennent  de  Savoye  et  d'Italye  pour,  et 
estans  tous  ensemble,  faire  ung  bon  et  gaillard 
effect  pour  le  service  du  Boy  monsieur  et  filz; 
en  quoy  vous  vous  conduirez  selon  l'adviz 
des  sieurs  de  Bourdillon  et  Tavannes  à  qui 
vous  en  escriprez,  ne  doubtant  point  que 
estans  tous  ensemble  et  en  une  bonne  et 
mesme  voluntéde  bien  faire,  vous  aurez  bien 
moyen  de  réduire  le  pays  qui  est  desvoyé,  el 
renger  à  la  raison  ceulx  qui  ne  la  veullent 
conguoistre,  ne  doubtant  point  que  de  vostre 
part  vous  ne  vous  y  employez,  comme  jusques 
ici  vous  avez  très  bien  et  dignement  faict. 
Priant  Dieu,  Monsieur  le  conte,  vous  avoir  en 
sa  saincle  et  digne  garde. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  u*  jour  d'aoust 
i56a. 


1562.  —  2  août. 

Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  15876,  fu  356. 

A  MESSIEURS  DE  LA  ROCHELLE. 

Messieurs,  j'ay  esté  merveilleusement  ayse 
de  la  leclre  que  vous  m'avez  escripte  par  ce 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MED1CIS. 


porteur,  d'aultanl  qu'elle  me  donne  lanl  d'as- 
seurauce  de  vostre  bonne  ratante*  el  la  dévo- 
tion  que  vous  axez  au  service  du  Ro\  monsieur 
mon  filz1,  et  de  reste  couronne,  que  je  ne  puis 
n\  ue  veulx  doubter,  tout  ainsi  que  je  ne  me 
suis  peu  persuader  que  il  ayl  |>eu  entrer  en 
vostre  entendement  chose  si  eslongnée  de  la 
fidélité  que  vous  avez  tousjours  monstrée  aux 
Roys  prédécesseurs  du  Roj  monsieur  mon  filz, 
el  si  contraire  au  bon,  doulx  et  gratieulx  traic- 
tement  dont  ilz  ont  usé  en  vostre  endroict. 
l'uis  doncques  que  vous  estes  en  cesle  bonne 
volunté,  je  vous  prie  y  persévérer  et  fermer 
les  oreilles  à  tous  ceulx  qui  vous  en  pourraient 
destourner,  estans  asseurez  que  de  là  il  vous 
reviendra  aultant  de  bien,  de  repoz  et  de  sa- 
tisfaction, comme  du  contraire  il  vous  faull 
attendre  du  mal,  de  travail  et  de  desplaisir, 
vous  priant  croire  que  cesle  vostre  bonne  vo- 
lunté sera  tousjours  recongneue  du  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  el  de  mo\,  comme  elle  mérite; 
et  sur  ce,  je  priera]  Dieu.  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  di;;ne  garde. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  if  jour  de  aoust 
i  56a  >. 

1302.  —  h  août. 
Minute.  Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n"  15876,  f  353. 

\   MONSIEUR  D'ESTAMPES. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  du 
wvn  du  passé  et  veu  par  icelle  ce  qui  vous  a 
engardé  d'envoyer  les  deniers  qui  vous  avoyt 
esté  mandé  d'envoyer  de  la  recepte  généralle 
de  Bretaigne,  pour  ce  qu'il  n'y  en  avoit aucun 

Voy.une  lettre  de  Charles  IX  aux  maire  el  échevina 

de  ta  Rochelle  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  10876, 
P353),  ta  réponse  du  maire  et  des  échevins  delà 
Rochelle  au  maréchal  de  Saint-André  (même  vol.  f' 077), 
el  une  lettre  du  maréchal  Saint- André  au  Roi,  du 
21  août  îôCa  (même  vol.  f'3ga). 

Catherine  de  Médicis.  —  1. 


exprès  commandement  de  moy  ';  qui  a  esté  la 
cause  que  je  vous  ay  bien  voulu  faire  la  pré- 
sente pour  \ous  prier,  mon  cousin,  \  faire 
incontinant  satisffaire  et  les  faire  conduire  cl 
mener  à  Bloys2  en  la  meilleure  el  plus  seure 
garde  que  vous  pourrez,  d'aultanl  qu'il  en  esl 
plus  que  de  besoin;;  pour  le  bien  du  service 
du  Roy  monsieur  mon  lilz,  et  pour  la  néces- 
sité des  affaires  qui  sont  aujourd'hui;  et  d'aul- 
tant  que  le  roy  de  Navarre,  mon  frère,  vous 
a,  du  camp  où  il  estoit,  satisffaict  à  ce  que 
vous  demandiez,  qui  estoit  d'avoir  moyen  de 
demeurer  encores  tout  ce  moys  avec  voz  forces, 
je  vous  diray  que  c'est  chose  que  je  trouve 
très  bonne,  vous  priant  avec  icelles  cependant 
essayer  par  tous  moyens  de  pacifier  les  choses 
par  de  là  et  empescher  qu'il  n'y  arrive  plus  de 
désordres  qu'il  n'a  faict  jusques  icy  par  vostre 
bonne  conduicte,  et  mesmement  en  ce  que 
vous  escripvez  à  mondict  frère  le  roy  de  Na- 
varre de  l'émeulle  qui  estsurveneue  à  Nantes3, 
en  quoy  il  faut  procéder  avec  grande  discré- 
tion; si  est-il  nécessaire  d'en  faire  quelque  jus- 
tice, comme  je  vous  prie  faire,  et  je  le  vous 
mande,  affin  que  nous  ne  croissions  pojnct 
noz  brouilleryes  et  désordres  de  tous  costez. 
Quant  au  demeurant  de  mes  nouvelles,  je  vous 

1  Vov.  une  lettre  du  duc  d'Etampes  au  Roi  datée  du 
9  juillet  i56a.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  1 0876 , 
fao.3.) 

2  L'armée  royale  était  alors  à  Blois,  attendant  l'ordre 
de  marcher  sur  Bourges.  — Voy.  une  lettre  du  connétabli 
de  Montmorency  à  Catherine  de  Médicis,  du  3i  juillet 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  1587G,  P33a):  tr Madame, 
lui  dit-il,  quant  à  ce  que  vous  me  mandez,  que  le  feu  est 
par  tout  le  royaume,  j'espère  maintenant  que  les  forces  'In 
Rov  seront  lantost  ensemble  qu'en  esteignant  celuy  que 
nous  avons  en  ces  quartiers,  l'on  estouffera  la  teste,  el  à 
la  fin  l'obéissance  demeurera  à  Sa  Majesté.- 

3  Voy.  les  lettres  du  duc  d'Etampes  à  la  noblesse  et 
au*  évèques  de  Bretagne  (Bibl.  nat.  fonds  français. 
n°  1  5876,  f"  272  el  27a  )  et  les  lettres  du  roi  de  Navarre 
à  M.  d'Estampes  (même  vol.  P  355). 


370 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


advise,  mon  cousin,  que,  ayant  entendu  de 
mondict  frère  !e  roy  de  Navarre  le  besoing  qu'il 
est  que  le  Roy  mon  filz  et  moy  nous  appro- 
chions de  l'armée  qui  est  à  Bloys,  j'ay  re'solu 
de  m'y  acheminer1  et  le  y  mener  avecques 
moy,  dont  je  n'ay  voulu  faillir  de  vous  advertir. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  ivc  jour  d'aoust 

i56a. 

Caterine. 


1562.  —  liaoût2. 
Minute.  Bibl.  uat.  fonds  français,  d°  15876,  f-  aG5. 

\  MONSIEUR  DE  ST  STJLPICE. 

Monsieur  de  S' Suipice ,  par  vostre  homme 
qui  vous  feust  dernièrement  renvoyé  vous 
feusles  bien  amplement  adverty  de  tout  Testât 
de  noz  alïayres,  et  particulièrement  par  mon 
frère  le  roy  de  Navarre  du  souspeçon  en  quoy 
nous  estions  des  Angloys,  tant  par  les  advis 
que  nous  en  avions  de  nostre  ambassadeur  que 
par  les  grandes  apparences  que  nous  en  voyons , 
ne  doublant  point  que ,  suy  vant  cela ,  vous  n'en 
ayez  faict  instance , comme  il  vous  estoy t  mandé, 
à  l'endroict  du  Roy  mon  beau-hlz.  Depuys, 
pour  plus  grande  approbation  de  la  mauvaise 
volunté  de  la  royne  d'Angleterre,  son  ambas- 
sadeur estant  icy  m'est  venu  demander  congié3, 

1  Nous  savons  par  une  dépèche  de  Throckmorlon  à  Eli- 
sabeth que  le  maréchal  de  Montmorency  était  arrivé  à  la 
cour  dans  la  nuit  du  26  juillet  pour  décider  le  Roi  et  la 
Heine  à  venir  au  camp,  leur  présence  y  étant  indispen- 
sable pour  donner  un  peu  de  cœur  aux  Suisses  et  surtout 
aux  mercenaires  allemands  qui  semblaient  peu  décidés  à 
se  battre  contre  Condé  et  leurs  compatriotes.  (  Calentlar  of 
State  papers,  1 56a  ,  p.  i83.) 

-  Une  lettre  de  Catherine  de  Médicis  à  M.  de  S'-Sul- 
pice,  en  date  du  16  août,  et  que  l'on  retrouvera  plus 
loin,  se  reporte  à  celle-ci  et  nous  en  donne  la  date. 

*  C'est  le  3  août  que  Throckmorlon  présenta  à  Ca- 


me disant  avoir  charge  de  sa  mais  tresse  de  se 
retirer;  qui  est  une  si  manifeste  déclaration 
que  nous  ne  pouvons  plus  espérer  d'elle  et  de 
ses  déportemens  que  tous  actes  d'hostilité. 
Je  vous  laisse  à  penser  comme,  ayant  les  enne- 
mys  dans  nostre  royaume  si  avant  que  nous 
avons,  ceste  descente  d'Angloys  viendra  mal  à 
propos  pour  retarder  le  cours  de  nostre  entre- 
prinse  ei  fortiffier  et  favoriser  les  desseings  dé 
ceulx  de  la  nouvelle  religion  qui  ont  prins  les 
armes,  lesquelz  par  la  bonne  et  sage  conduicte 
de  mon  frère  le  roy  de  Navarre  estoyent  ré- 
duietz  à  telle  extrémité  que  je  n'en  pouvoys 
que  bientost  espérer  bonnes  nouvelles,  là  où 
maintenant  cela  leur  croistra  le  courage  et 
nous  diminuera  le  moyen  de  pouvoir  terminer 
ceste  guerre  qu'avecques  beaucoup  de  péril  el 
une  grande  longueur;  ce  qu'il  est  besoing  que 
vous  faciez  bien  et  vifvemenl  entendre  au  Roy 
mon  beau-filz,  affin  qu'estant  ceste  cause  com- 
mune à  luy,  comme  il  a  lousjours  dict  et  me 
l'a  monstre  par  le  secours  qu'il  nous  a  offert 
et  baillé,  il  regarde  de  nous  ayder  et  y  pour- 
voyr  à  bon  essient,  et  le  remède  sera  à  mon 
advis  le  plus  nécessaire  en  faisant  de  sa  part 
une  bonne  instruction  à  l'ambassadeur  de  la- 
dicte  Royne  estant  près  de  luy  '  et  envoyant 
oultre  cela  quelque  gentilhomme  exprès  jus- 
ques  devers  elle  pour  luy  faire  bien  entendre 
que, n'ayant  nul  intérest  en  ce  faict,  sinon  de 

therine  ses  lettres  de  rappel;  il  prétextait  les  outrages 
qu'il  avait  reçus  du  peuple  de  Paris.  Catherine  lui  promit 
que  bonne  justice  serait  faite  et  qu'elle  répondait  de  sa 
sûreté;  mais  avant  de  lui  donner  son  congé  elle  voulait 
s'assurer  que  son  ambassadeur  en  Angleterre  et  M.  de 
Vieilleville  pouvaient  rentrer  en  France  en  toute  sûreté. 
(Calmdar  of  Slate  papers,  lâlia,  p.  209.)  Dans  sa  dé- 
pèche, tout  en  rendant  compte  de  son  entrevue,  Throck- 
morlon y  donne  de  curieux  détails  sur  la  situation  de  la 
France. 

1  Challoner.  —  Voy.  ses  dépêches  dans  le  Calmdur  <■/ 
Stale  papers,  lût) a  . 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


371 


vouloyr  soutenyr  le  subgec!  désobéissant  contre 
son  prince,  il  trouve  bien  estrange  et  fort  niaul- 
vais  que,  de  gayetté  de  cueur.  elle  veuille  eu- 
treprendre  la  guerre  contrece  royaulme  el  ce 
pauvre  petil  n>v  pupille  de  qui  la  couronne, 
pour  avoir  espousé  sa  sœur,  el  luy  avoyr  esté 
recommandé  par  ie  Roy  son  père  à  sa  mort, 
luy  est  en  toile  recommandation  (pic  la  sienne 
propre, et  s'il  vôyt qu'il  soit  besoing  d'y  adjous- 
ter  des  menaces,  là  où  elle  passera  plus  avant, 
te  taire,  ainsi  que  pour  sa  prudence  il  cog- 
noistra  estre  plus  à  propos1.  J'estime,  Mon- 
sieur de  S'  Sulpice,  que  cela  ne  prouffitera 
point  peu  et  qu'il  retiendra  une  partie  de  sa 
maulvaise  intention,  dont  il  est  grand  besoing 
faire  si  vil'ves  poursuytes  que  nous  en  puissions 
voyr  dans  peu  de  jours  la  dépescbe.  11  seroit 
encormieulx  laid,  si .  passant  elle  plus  avant  à 
se  venyr  déclayrer,  il  en  faisoyt  de  mesme  de 
son  costé  et  je  vous  requiers  de  faire  de  mieulx 
que  vous  pourez,  par  où  vous  jugerez  combien 
le  mal  est  grand  et  le  besoing  que  nous  avons 
de  secours,  duquel  vous  dis  présentement  que 
des  trois  mille  chevaulx  du  costé  de  Flandres 
et  des  qualre   mille  lansquenetz,  il  n'en  est 
nulles   nouvelles,   ni  apparence  quelconque, 
chose  qui  ayant  esté  tant  promise  et  assurée, 
je  pensoys  estre  certayne,  qui  nous  apporte 
ung  grand  retardement  en  nos  affayres;  et  pour 
cesle  cause  je  vous-  prye  faire  instance  qu'il 
fasse  une  bonne  dépescbe  en  Flandres  pour 
faire  venyr  les  deux  mille  chevaulx,  ou  ce  qui 
en  sera  prest,  et  faire  avancer  le  reste  le  plus 
diligemment  qu'il  sera  possible  el  en  faire  de 
mesme  des  mille  restans  et  qualre  mille  lans- 

1  Voy.'une  lellre  de  Sainl-Sulpice  à  la  Reine  mère,  où  il 
rend  comple  des  remontrances  qu'il  a  failes  à  ce  sujet;'le 
roi  d'Espagne  lui  a  répondu  qu'il  a  écrit  à  la  reine  Elisa- 
beth de  ne  pas  se  mêler  des  affaires  de  France,  et  qu'il  a 
lieu  de  penser  qu'elle  s'esl  refroidie.  (Bil)l.  nat.  fonds 
français,  n"  15877,  f"  5.) 


quenetz;  en  quoy  s'il  se  trouvoyt  de  la  diffi- 
culté, el  que  le  Roy  mon  beau-filz  nous  vou- 
lus! secourir  d'argent  pour  les  souldoyer, 
comme  premièrement  il  vous  fustdict,ce  nous 
seroyl  aultantd'advantage,  car  nous  en  ferions 
une  levée  de  Suysses  qui  sont  bons  catholiques 
et  les  aymerions beaucoup  mieulx  que  les  lans- 
quenetz qui  nous  sont  à  cesle  cause  plus  sus- 
pect/.; vous  priant,  Monsieur  de  S1  Sulpice,  ne 
perdre  une  seulle heure  de  temps  en  cecy  et  v 
faire  une  telle  dilligence  et  si  pressante  instance 
que  nous  en  puissions  sentir  le  fruicl  tel  que 
nous  l'aclendons;  de  quoy  \ous  nous  adver- 
tires  en  toute  dilligence,  vous  advisant  au  de- 
meurant que  le  Roy  monsieur  mon  filz  et  moy 
pour  donner  tousjours  oultre  plus  de  force  à 
nostre  armée,  nous  y  en  allons,  espérant  que 
cela  apportera  plus  de  frayeur  à  ceux  d'Orléans 
el  de  courage  aux  nostres.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  S'  Sulpice,  vous  avoyr  en  sa  saincte 
el  digne  garde. 

De  S' Léger,  le (i56a). 

Cateiîim:. 


1 502.  —  7  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n"  3a  19,  f°  77. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CF1BVAL1BR    DB   L'ORDRE    DU   BOY   MONSIEUR    ÏION  FI1.7 
ET  CONSEILLBR  EN  SON  CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnort,  vous  sçavez  que  le 
payement  de  noz  lansquenetz  escbet  ie  dixième 
de  ce  moys,  qui  est  fort  prochain;  et  je  seroys 
bien  marrye  qu'il  y  eust  faulte  d'un  seul  jour, 
et  sur  ceste  résolution  vous  parlay-je  dernière- 
ment des  quatre-vinglz  mille  livres  que  vous 
me  deviez  envoyer  icy  dès  aujourd'huy,  dont 
je  n'ai  poinct  de  nouvelles;  qui  est  cause  que 
je  vous  envoyé  ce  porteur  exprès,  vous  pryant 
me  les  envoyer  là  part  que  je  seray  le  plus  tost 
que  vous  pourrez,  pour  le  moings  avant  ledirt 


■;:■• 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


dixième  el  aussi  l'estal  entier  par  escript  de 
toute  la  despence  de  nostre  armée  jusques 
au  w'  jour  de  septembre  prochain,  affin  que 
je  veoye  el  sçaiche  à  quoy  nous  en  sommes  et 
i  quoj  H  fauldra  pourveoir,  sans  laisser  perdre 
une  seulle  heure  de  temps  à  l'affaire  qui  vous 
a  laid  demeurer  par  dellà.  Pryant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Gonnorl .  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  S1  Légier,  le  vu'  jour  d'aoust  îuCa. 

Caterine. 

Je  \ous  prie  aussi  donner  ordre  que  la  com- 
paignie  du  sieur  Strossy  soit  paiée  par  ceulx 
de  Meaulx,  ainsi  qu'il  a  esté,  connue  vous  sça- 
vez,  arresté;  et  aussi,  des  deniers  que  vous 
avez  à  Paris,  taire  incontinent  paier  celle  du 
jeune  Peyron  '  à  qui  on  escript  se  venir  joindre 
à  celle  du  dicl  Strossy,  pour  ensemblemenl 
aller  faire  escorte  aux  batteaulx  qui  apportent 
I  artillerie  de  Chaalons,  fort  menassez  par 
quelques  trouppes  qui  sonl  là  assemblées,  el 
qui  seroient  en  danger  sans  cella. 
De  i  Vlbespime. 


1562.  —  9  août. 
Minute.  Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    15876,  I'ômi. 

U    MARÉCHAL  DE  DlilSSVC 

Mon  cousin,  pour  ce  que  je  viens  d'estre 
présentemenl  adverti  que  le  cappilayne  Bé- 
lliunc-  a  sepl  ou  huicl  cens  hommes  de  pied 
et  de  cent  à  six  vingtz  chevaulx,  et  s'en  va  au 

1  Albert  de  Gondi,  fil-  d' Antoine  de  Gondi  '■!  il" 
Marie  dePierrevive,  né  à  Florence  le  U  septembre  i5aa. 
M  devint  comte  il''  Raiz  par  son  mariage  (1 565)  avec 

Catherine  de  Clermont,  rlai le   Raiz,  veuve  de  lean 

d'Anncbaut.  Nomme  premier  gentilhomme  de  la  chambre 
larlesIX,  il  lui  envoyé  en  ambassade  on  Angleterre 
7 .'. ,  lui  maréchal  de  France  en  1 5^3 ,  el  mourut  le 
m  avril  1602. 

ges  il'  Bétbunc ,  gouverneur  '-i  capitaine  de 

1    11  1  .''"in. 


devanl  de  mon  artillerye  qui  vienl  de  Chasteau- 
Thierry,  je  vous  prie  faire  sortir  mille  ou  douze 
cens  hommes  de  Paris  des  mieulx  armez 
pour  y  aller  la  quérir  et  les  faire  acompaigner 
de  ce  que  vous  avez  do  \oslre  compaignie  el 
de  celle  de  M.  de  Crussol,  suyvaut  ce  (pie  le 
Roy  monsieur  mon  lilz  en  escript  à  celuv  qui 
la  conduict,  de  toute  laquelle  Irouppe  vous 
adviserez  de  bailler  la  charge  à  quelque  gen- 
tilhomme bien  advisé  et  suffisant  pour  pouvoj  r 
exécuter  ce  que  nous  désirons:  cl  avec  cela  il 
fauldra  regarder,  s'il z  les  trouvent,  de  les  com- 
batre  et  les  rumpre;  et  de  quelque  façon  que 
ce  soyl  amener  seurement  ladicte  artillerye 
jusques  à  tVIeaux  où  est  la  compaignie  de 
Slrozzi.  laquelle  serviret  bien  pour  la  con- 
duicte  de  l'artillerye  de  là  jusques  à  Paris,  en 
y  laissant  quelque  autre  trouppe  jusque-  à  ce 
que  nous  voyons  que  deviendra  tout  cecy. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avovr  en  sa 
saincte  el  digne  garde.  De  S1  Léger,  ce  w  jour 
d'aoust  i5G-i. 

(.1m  dos.)  V  monsieur  de  Brissac,  du  i\   joui 
d'aoust  1  062. 


1 562.  —  i)  août. 
Orig.  lîiljl.  nat.  Cinq  cents  Colberl ,  n°  sa ,  I 

A  MONSIEIR  DE  GOmoti. 

m.'U.IER    DE   L'ORDRE    DC    ROT   UOKSIBDn   MOS   FILZ 

-LII.LEn    E\    >">\   COKSBIl   fP.IVÉ. 

MonsieurdeGonnor,  je  m'actendois  que  nous 
aurions  icy  dès  vendredj  dernier  les  quatre- 
\  ingtz  mille  livres  dont  je  vous  a\  encores  der- 
nièrement escript  et  toulcsfois  il  n'en  est  au- 
cunes nouvelles,  dont  je  suis  en  peine,  estant 
demain  le  jour  du  paiement  de  noz  Lansquenetz 
qui  en  ont  grant  besoing,  qui  est  cause  que 
je  vous  en  faiz  cesle  recharge,  vous  priant, 
s'ilz  n'estoienl  partyz,  les  avancer  le  plus  que 
vous  pourrez  et  bien  ad  vertir  ceulx  qui  lésion- 


L'ETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


o7:3 


duiront  de  no  venir  sans  escorte  que  leur  fera 

bailler  jusques  à  Chartres  mon  cousin  le  nia- 

reschal  de  Brissac  voslre  frère1,  et  eslans  là 

iju'ilz  ne  passent  pas  oultre  sans  nous  en  ad- 

vértir  au  camp,  d'où  je  leur  envoyeroy  gens 

pour  les  y  amener  seurement,  et  le  semblable 

ferez  observer  de  tous  les  autres  denyers  que 

envoyerez.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor, 

vous  donner  ce  que  désirez.  De  Bonneval  -.  le 

i\  d'aoust  joGq. 

Caterine. 

De  l'.Vibespine. 


1562.  —  1 1  aoùi. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  10876,  f  4s5. 

A  MONSIEUR  L'AMBASSADEUR  DESPAGiNE3. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  esté  merveil- 
leusement ayse  de  ce  que  j'ay  entendu  par 
vostre  secrétaire  présent  porteur  et  que  j'ay  veu 
par  la  lettre  que  Madame  de  Parme  vous  a 
escripte  du  service  quelle  se  délibère  faire, 
suwant  le  commandement  du  Roy  monsieur 
mon  beau-filz,  ayant  trouvé  les  raisons  qu'elle 
vous  allègue  si  pertinentes  que  je  suys  résolue 
pour  le  bien  du  service  du  Roy  monsieur 
mon  fdz  de  m'y  acommoder;  et  pour  ceste 
cause  je  donneray  ordre  qu'arrivant  les  cin- 
quante mille  escuz  à  Péronne,  ou  aultre  lieu 
de  nostre  frontière  tel  qu'elle  advisera,  il  y 
aura  gens  pour  les  fayre  conduyre  seurement, 
ne  voulant  faillir  de  vous  remertier,  Monsieur 
l'ambassadeur,  du  bon  office  que  vous  y  avez 
faict;  que  je  masseure  avoyr  eu  telle  vertu  que 
de  là  s'en  est  en  bonne  partie  ensuyvy  Peffect 
que  j'en  voiz;  aussy  vous  pouvez  bien  vous 
asseurer  que  le  Roy  monsieur  mondicl  filz 
1!  moy  le  recongnoistrons  en  vostre  endroict 

1  H  était  gouverneur  de  Paris. 
Eure-et-Loir,  arrondissement  de  Châteaudun. 

2  Chautonnav. 


de  tout  ce  qui  sera  en  notre  puissance,  ainsi 
que  vous  le  pourrez  par  les  effeetz  mieulx 
congnoistre,  quand  les  occasions  s'en  présente- 
ront. Sur  ce  je  prye  Dieu,  Monsieur  l'am- 
bassadeur, vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De ,  ce  xi"  jour  d'aoust  i56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  l'ambassadeur  d'Es- 
pagne. 

1562.  —  \!i  août1. 
Minute.  Orig.  Bibl.  nai.  fonds  français,  n°  1587G,  f  iai. 

A  MONSIEUR  DE  SAINT-SULPICE. 

Monsieur  de  S1  Sulpice,  par  ma  lettre  du 
vie  de  ce  moys,  je  vous  ay  adverty  du  souspe- 
çon  en  quoy  j'esloys  des  Angloys,  tant  pour 
les  apparences  que  je  voyoisde  leur  maulvaise 
volunté,  que  parle  congé  que  m'avoit  demandé 
l'ambassadeur  de  la  royne  d'Angleterre2,  le- 
quel il  a  depuys  continué,  de  façon  que.  ^an- 
ce  que  je  ne  le  veulx  laisser  aller  que  Monsieur 
de  Vieilleville  que  je  y  ay  envoyé  poursçavoj  r 
la  résolution  de  ladicte  dame,  ne  soyt  de  re- 
tour, il  feust  jà  parly;  par  où  vous  pourrez 
veoir  combien  s'augmentent  de  jour  en  jour 
les  alfayresque  nous  avons,  et  le  besoing  qu  il 
est  que  la  bonne  volunté  que  le  Roy  monsieui 
mon  beau-filz  porte  à  la  conservation  de  ce 
royaulme  se  monstre  par  les  effeetz,  comme 
il  a  très  bien  commencé,  d'aultant  que  j'es- 
time que  ce  sera  une  bride  aux  aultres  princes, 
noz  vovsiiis.  pour  les  retenir  et  arrester  silz 
avoyent  maulvaise  intention.  J'ay  nouvelles  de 
Guyenne  que  les  Espagnolz  sont  arrivez,  les-i 

1  Une  lettre  de  Charles  IX  à  M.  de  Saint-Sulpice  ac- 
compagne celle-ci  ;  elle  est  datée  du  1  i  août  1  56a.  (  Bibl. 
nat.  fonds  français,  n°  15876.  f'  '12'i.  | 

■  Tlirockmorton.  —  Voy. ses  dépêches  à  Elisabeth,  à 
l'occasion    de  Vieilleville.    (Calendar    /    Stol      ,    , 

1  'il'rl  ,  p,  l63.) 


574 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


quelz  j'espère  serviront  leilement  à  la  réduc- 
tion de  ce  pays-là  que  leur  ayde  el  service  ne 
scia  point  de  peu  d'utilité.  Les  troys  mille  Ita- 
liens aussy  du  costé  du  Piedmont,  à  ce  que 
j'ay  entendu,  s'advancent,  et  le  Roy  monsieur 
mon  filz  les  fera  employer  du  costé  de  Lyon 
avecques  une  bonne  trouppe  de  Françoys  et 
d'AUemans  pour  recouvrer  ceste  ville  et  le  pays 
que  ceulx  de  la  nouvelle  religion  tiennent  el 
occuppent  maintenant;  et  d'aultant  que  nous 
ayant  le  Roy  monsieur  mondict  beau-filz  offert 
eucores  quatre  mille  lansquenetz  et  troys  mille 
chevaulx  et  du  costé  des  Pays-Bas,  j'ay  escript 
à  Madame  de  Parme,  el  fay  priée,  puisque 
l'intention  du  Rov  mondict  beau-filz  estoyt 
de  nous  secourir,  et  assister  de  ce  nombre 
d'hommes,  si  elle  ne  nous  povoyl  fournir  d'Al- 
lemans,  pour  le  moings  de  nous  bailler  ce 
secours  en  argent,  dont  nous  lèverions  des 
Suisses  en  lieu;  sur  quoy  elle  m'a  faictresponce 
que  ce  qui  l'avoyt  gardée  de  nous  envoyer  les 
hommes  estoyt  la  craincte  qu'elle  avoil  eu  des 
Allemans  qui  menassoyent,  si  du  costé  des 
Pays -Ras  il  nous  venoyt  secours  qu'ilz  en 
feroyent  passer  de  leur  costé  eu  faveur  de  noz 
rebelles  et  que  ceste  considération  l'avoyt 
jusques  icy  retardée,  estimant  ce  retardement 
de  plus  grand  fruict  pour  le  bien  de  ce 
royaume  que  si  les  hommes  y  fussent  venuz. 
Bien  avoyt-elle  à  présent  faict  une  brave  ins- 
tance ausditz  princes,  les  asseurant  que,  s'ilz 
se  remuoient,  de  vostre  costé  vous  en  ferez  le 
semblable  et  n'y  espargnerez  poinct  voz  forces, 
el  toutesffoys  pour  ne  laisser  de  nous  assister, 
suyvant  le  commandement  du  Roy  monsieur 
mon  beau-filz,  elle  nous  a  asseuré  de  nous 
envoyer  cinquante  mille  escus  dans  cinq  ou 
six  jours,  qui  est  à  peu  près  la  solde  pour 
ung  moys  de  quatre  mille  hommes  de  pied  et 
troys  mille  chevaulx,  dont  je  veulx,  Monsieur 
de  S1  Sulpice,  que  vous  remerciez  le  Roy  mon- 


dict beau-filz,  de  la  part  du  Ptoy  mousieur 
mon  filz  et  la  mienne,  aultant  affectueusement 
comme  vous  sçavez  qu'il  est  raisonnable;  et 
que  vous  luy  dissiez  que,  pour  les  raisons  que 
Madame  de  Parme  m'a  mandées,  dont  elle  l'a 
aussy  adverty  par  ung  courrier  qui  passa  hier, 
nous  sommes  contentz  pour  ceste  heure  de  ce 
secours  en  argent,  lequel  vous  le  prierez,  si 
les  Allemans  ne  se  meuvent,  continuer  de 
ceste  façon  pour  les  troys  moys  qu'il  nous  a 
offertz,  avec  lequel  j'espère  que  Dieu  nous 
fera  la  grâce  de  venir  à  bout  de  noz  rebelles 
el  de  réduyre  ce  royaulme  en  paix  et  en  repoz: 
et  à  présent,  affin  d'empescher  que  du  costé 
d'Allemaigne  ilz  ne  pratiquent  et  ne  persua- 
dent et  induisent  lesdictz  princes  à  prendre 
les  armes  et  les  secourir,  faire  faire  bonnes 
remonstrances  par  ses  serviteurs  et  ministres 
ausditz  princes  et  leur  dire  franchement  que. 
pour  ne  leur  donner  occasion  de  prendre  les 
armes,  il  a  arresté  le  secours  qu'il  avoyt  résolu 
de  nous  bailler,  comme  il  continuera  en  cas 
qu'ilz  ne  s'arment;  mais  s'ilz  passent  oultre,  il 
se  déclarera  et  nous  assistera  de  toutes  ses 
forces;  lesquelles  remonstrances,  si  elles  ser- 
vent, ne  nous  seront  poinct  de  peu  de  fruict. 
et  si  elles  ne  les  peuvent  arrester,  vous  le 
prierez,  de  nostre  part,  vouloyr  aussi  com- 
mander que,  estant  les  cinquante  mille  escus 
pour  le  paiement  de  quatre  mille  lansquenetz 
pour  troys  moys,  qu'il  veuille  tant  faire  pour 
nous  que  de  nous  secourir  de  troys  mille  che- 
vaulx qu'il  nous  a  promis  et  escripre  une 
bonne  lettre  à  Madame  de  Parme  à  ce  que. 
à  la  première  réquisition  que  nous  en  ferons 
lors,  elle  ayt  à  les  faire  marcher  là  où  nous 
en  aurions  besoing  pour  la  nécessité  de  nostre 
pays  contre  lesdilz  Allemans;  ce  qu'il  est  bien 
besoing  qu'il  mande  bien  expressément  par  la 
responce  que  l'on  fera  maintenant  à  ce  qu'elle 
n'en  face  difficulté  et  qu'elle  commande  que 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDD1IS. 


375 


la  gendarmerye  soit  preste,  s'il  en  est  besoing, 
d'aullant  que,  à  ce  que  vous  avez  entendu,  il 
11  v  a  ung  seul  homme  presl  en  apparence  de 
reste  année.  Le  semblable  direz-vous  au  duc 
d'Albe,  à  ce  qu'il  y  tienne  la  main,  d'aultanl 
que,  si  lesdilz  Mlemans  mai  choient ,  il  peull 
bien  penser  quel  malheur  ce  nous  seroyt,  et 
par  conséquent  à  leur  Pays-Bas,  qu'il  nous 
forçassent  de  faire  chose  que  aultrement  nous 
ne  vouldrions  jamais  faire1.  De  quoy  vous  es- 
sayerez de  tirer  responce  et  d'en  solliciter  les 
dépesches  le  pins  promptement  qu'il  sera  pos- 
sible, d'aullant  que  en  cela  il  n'y  a  rien  si 
cher  que  le  repos;  et  du  tout  meclez-y  la  mesme 
instance,  à  ce  que  je  sçaiche  ce  que  je  doibz 
espérer  pou  r,  selon  cela ,  nous  résouldre  ;  priant 
Dieu.  Monsieur  de  S1  Sulpice,  vous  avoyr  en 
sa  saine  te  et  digne  garde. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsieur  de  S1  Sul- 
pice .  du j0ur  de  aoust  1 562. 


1562.—  (îfl  août.) 
Minute,  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  15876,  f°  3g8. 

\  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  pour  ce  que  j'ay 
esté  advertye  que  Monlgoinmery  -  assemble 
quelques  forces,  j'ay  mandé  à  mon  cousin  le 

1  Cette  suite  et  fin  se  trouve  au  f°  426;  les  f  4a3 , 
424,  4  25  sont  remplis  par  trois  dépêches  du  mois 
d'août  i563.  — Voy.  les  lettres  de  Sainl-Sulpice  à  la  Reine 
et  au  Roi,  du  2  août  i5G2  (même  volume,  f™  4o5,  607, 
4o8  et  4io). 

-  Gabriel  de  Lorges,  comte  de  Montgommery,  ne 
vers  t53o;  après  avoir  échappé  à  la  Saint-Barthélémy, 
il  se  retira  en  Angleterre.  En  1574  il  fut  assiégé  et 
pris  par  Matignon  dans  Domfront  et,  conduit  à  Paris,  il 
eut  la  tète  tranchée  en  place  de  Grève,  le  26  juin.  Ca- 
therine de  Médicis,  qui  ne  lui  avait  jamais  pardonné  la 
mort  de  Henri  II,  assista  à  son  supplice.  —  Voyez  ses 
lettres  dans  la  Normandie  à  l'étranger  (Paris,  Aubry, 
in-8°,  i875). 


dur  d'Estampes  de  s'y  acheminer  avec  les 
forces  qu'il  a  pour  essayer  de  luy  donner  advis 
de  vostre  venue,  et  qu'il  vous  ayl  à  vous  ad- 
verlir,  affin  que  marchant  d'ung  coslé  et  vous 
de  l'aultre,  avecques  ce  que  vous  pourrez  amas- 
ser de  forces  vous  mectiez  poyne  de  l'attrapper; 
ipii  seroyt  bien  l'une  des  plus  belles  prises  que 
m  mis  luy  sçauriez  l'aire.  De  quoy  je  vous  prie,  de 

vostre  part,  sur  tout  le  service  que  i s  désirez 

jamays  faire,  vous  employer  de  façon  que, 
s'il  est  possible,  j'en  puisse  veoyr  une  exécu- 
tion telle  que  je  désire.  Vous  entendrez  dudid 
sieur  d'Estampes1  ce  que  vous  avez  à  faire 
affin  que,  selon  ce  que  vous  aurez  résolu  pai 
ensemble,  vous  y  donniez  une  prompte  pro 
vision.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Matignon, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

(Au  clos.)  La  Royne  à  Monsieur  de  Mati- 
gnon, du jour  d'aoust  i56a. 


1562.  —  (ii  août.) 

Minute,  lîibl.  nat.  fonds  français,  û°   1 5S76 ,  fu  3g5. 

A  MONSIEUR  DE  JARNAC. 

Monsieur  de  Jarnac,  cesle  dépesclie  satisfera 
aux  deux  dernières  que  j'ay  recettes  de  vous, 
d'aullant  que  la  première  estoit  ung  advis 
des  choses  de  delà  et  la  dernière  est  l'adver- 
tissementde  la  mort  de  vostre  frère2.  Quant  à 

.  '  Voy.  une  lettre  de  Charles  17<  au  duc  d'Etampes,  dans 
le  t.  III  (p.  l3l8)  de  {'Histoire  de  Bretagne,  par  D.  Mo- 
rice  et  les  lettres  du  duc  d'Etampes  à  Catherine  au  sujet  ' 
de  Montjjonimery  (Bihl.  nat.  Tonds  français,  n"  15876, 
f"  363  et  38g).  Dans  une  dernière  lettre,  du  i3  août 
i56a,  le  duc  d'Etampes  écrivait  à  la  Reine  :  «  Montgom- 
mery s'est  hasté  de  partir  de  chez  lui  avec  sa  femme  ac- 
couchée de  cinq  jours,  et  s'est  retiré  à  Sainl-Lô  avec  le 
pillage  faict  à  Coutances,  où  il  a  tout  ruynén;  il  empê- 
chera, s'il  le  peut,  sa  jonction  avec  ceux  de  Rouen.  (Ibid. 
p.  436.) 

2  Voy.  la  note  suivante. 


376 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


la  première,  il  vous  y  a  esté  satisfaict  par  mon 
frère  le  roy  de  Navarre  en  vous  mandant  que, 
si  vous  voyez  avoir  besoing  de  forces,  de  faire 
lever  une  compaignye  ou  deux  de  gens  de  pied 
pour  meetre  dans  la  Rochelle  avecques  vostre 
compaignye  qui,  avec  la  bonne  votante  qui  se 
voyt  en  ceulx  de  ladicte  ville,  sera  suffisante 
lune  pour  la  garder  d'une  surprinse;  de  façon 
que  à  cela  je  ne  vous  y  fera  y  autre  responce,  si 
n'est  vous  prier  surtout  de  prendre  garde  aux 
Anglovs  qui,  n'ayant  pas  la  volunté  trop  bonne, 
s'ilz  pouvoient  avoir  moyen  d'y  entreprendre 
quelque  chose  le  feroient  fort  voluntiers.  Quant 
à  ce  qui  touche  la  mort  du  feu  sieur  de  Sle 
Fov1,  vostre  frère,  asseurez-vous,  Monsieur  de 
Jarnac,  que  vous  n'en  avez  poinct  plus  de 
regrect  que  nous,  et  que  si  le  Roy  monsieur 
mon  filz  et  moy  pouvons  sçavoir  qui  est  l'au- 
theur  d'un  si  malheureux  acte,  nous  en  ferons 
faire  si  sévère  pugnition  qu'il  en  sera  mémoire. 
Et  pour  ce  faict,  je  vous  prye,  estant  sur  les 
lieux,  en  faire  vous  mesmes  faire  les  informa- 
tions et  les  poursuictes  par  auctorité  de  jus- 
tice ,  et ,  quand  vous  aurez  descouvert  qui  c'est , 
m'en  donner  adviz  et  j'espère  que  nous  au- 
rons bien  moyen  d'en  avoir  la  raison  plus 
nous  yrons  en  avant,  car  je  congnoys  bien  que 
le  mal  qu'il  en  a  eu  ne  luy  est  advenu  que 
pour  avoir  dernièrement  obéy  particuliière- 
ment  à  mon  commandement  de  se  retirer  en 
sa  maison,  qui  m'augmente  le  regret  de  sa 
mort  et  me  donne  d'aultant  plus  d'envye  d'en 
faire  faire  justice,  comme  j'espère  avec  l'ayde 
de  Dieu;  car  l'acte  est  trop  meschant  et  trop 

1  Charles  Chabot,  sieur  de  Sainte -Foy,  lieutenant 
d'une  compagnie  de  trente  lances  du  prince  de  Coudé; 
il  en  est  question  dans  une  dépèche  de  Throckmorton  à 
la  reine  Elisabeth,  en  date  du  s3  juillet  i56a;  il  lui 
annonce  que  MM.  de  Piennes,  de  Vigean  et  de  Sainte- 
Foy  ont  quitté  Orléans  et  se  sont  retirés  dans  leurs 
maisons.  (Caiendar  of  State  papere,  1D62,  (°  îyi.) 


malheureulx  pour  penser  que  Dieu  le  laisse 
impugny;  qui  sera  fin,  pryant  Dieu,  Monsieur 
de  Jarnac,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

De  Rloys,  le jour  d'aoust  i5C>2. 


1562.  —  (i'i  août.) 

Minute.  Oiïg.  Hibl.  mit.  fonds  français,  n"  10876.  fJ  39/1. 

A  MM.  DE  BURYE  ET  DE  MONLUC. 

Messieurs,  vous  verrez  ce  que  le  Rov  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript  du  contentement 
qu'il  a  du  service  que  vous  luv  faictes  par 
delà  en  une  saison  si  importante,  vous  priant 
de  parrachever  comme  vous  avez  très  bien 
commence'  de  si  bien  uectoyer  toute  la  Guyenne 
qu'il  n'y  puisse  demeurer  lieu  de  retraicte  pour 
ceulx  qui  font  tant  de  rebellions  et  de  déso- 
béissances, et  vous  adviserai  que  je  vous  ay 
faict  accorder  ce  que  vous  demandez  de  ceulx 
de  Floyrac,  dont  je  vous  euvoye  le  brevet,  et 
quand  ilz  seront  accordez  et  en  envoyerez  les 
quictences,  vous  en  aurez  les  vostres  en  forme. 
Nous  avons  advisé  d'envoyer  Monsieur  de  Mont- 
pensier  '  par  delà  avec  sa  compaignie,  pour 
d'aultant  vous  renforcer  et  aussy  avoyr  plus 
d'aulhorité  pour  la  qualité,  dont  il  est;  et  en 
attendant  lequel,  je  vous  prie  meetre  poyne 
de  nectoyer  la  Guyenne,  de  façon  qu'il  n'ayt 
qu'à  aller  en  Xainctongepour  nectoyer  ce  pays- 
là.  Et  quant  à  ce  que  m'escripvez  pour  la  venue 
de  vostre  compaignie,  c'est  chose  que  je  ne 
puys  faire  pour  le  présent,  estant  si  chargé 
lestât  du  Roy  monsieur  mon  filz  que  nous 
n'avons  besoing  de  croistre  la  despence;  mais 
je  seray  bien  ayse.  quand  il  se  présentera 
l'occasion,  de  vous  gratilfier  en  toute  aultre 
chose  que  je  penseray  estre  pour  vostre  bien 

1  Voy.  ce  que  dit  Monltic  de  l'arrivée  de  M.  de  Monl- 
pensier  en  Guyenne. ( Comment. de  Monlur ,  édit.  de  Ruble  , 
t.  III,  p.  i3.) 


LETTHES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


377 


et  advanlaige;  qui  sera  fin,  priant  Dieu.  Aies 
sieurs,  vous   avoyr   en   sa   saincle   el   digne 
garde.  De  lllo\s.  ce  .  .  .  juin-  d'aousl  i  562. 

(Au  dos.)  A  Mess"  de  Burye  el  deMonthic, 
du jour  de  aoust  i  56a. 


1  ."i(i'2.  —  î  'i  août. 
Arcli.  'in  Rhône. 

\  MONSIEUR  DE  \l\l  GIRON, 

.      .  i.ii     I»E  LA  CEMHBR8  DO   BOT  MOXSlblR   MOS  FILZ. 

.   i  il .1  ii:\  UÏT    ID  i:p!  ii:.\LUL\T  DE  DATJLpniNB. 

Monsieur  de  Maugiron ,  j'ay  entendu  le  ser- 
vice grant  que  vous  faictes  par  dellà  au  Roy 
monsieur  mon  lilz,  et  le  zelle  que  vous  y  dé- 
monstrez,  dont  je  vous  asseure  que  luy  el  nioy 
aurons  à  jamais  souvenance.  Et  pour  ce  que,  le 
besoiug  s'offrant  tel  qu'il  faict,  il  est  plus  que 
uécessaiie  que  ses  bons  serviteurs  lacent  de 
bien  en  myeulx,  comme  j'espère  de  vous,  von- 
entendrez,  par  ce  que  j'escriptz  au  sieur  de 
Tavanes,  l'ordre  qui  se  donne  pour  renforcer 
bien  tost  ce  cousté  là,  et  cependant  satisfaire 
les  trouppes  qui  y  sont,  comme  je  seroys  bien 
avse  que  nous  eussions  moyen  de  faire  aux 
gentilzhommes  de  Daulpbiné  qui  vous  ont 
accompaigné,  ausquelz  je  vous  prie  faire  en- 
tendre de  ma  part  le  con Lanternent  que  le  Roy 
mondict  filz  et  moy  avons  de  leur  service,  qui 
sera  recogneu,  quoy  qu'il  tarde;  espérant qu  il 
y  aura  bien  tost  si  bon  ordre  en  Daulpbiné, 
qu'ilz  auront  le  moyen  de  retourner  à  leur 
ayse  en  leurs  maisons,  et  de  faire  plus  avant 
cognoistre  L'affection  qu'ilz  portent  au  service 
du  Roy  mondict  filz,  et  bien  de  ce  royaume. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Maugiron,  vous 
donner  ce  que  désirez. 

DeBloys,  le  xnii0  jour  d'aoust  1 5  f »  a .    . 

Catemne. 


1562.—  lu:  août, 
nat.  fonds  français .  n   3319 .  f°  81. 

A  MONSIEl  11  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnor,  j'ay  entendu  que  en 
l'emprunct  que  vous  avez  faict  en  ma  ville  de 
Paris  vous  \  avez  comprins  la  baillifve  Ro- 
bertel  pour  la  somme  de  six  cens  livres  tour- 
noyz,  combien  que  le  sieur  de  Fresnes  son  lilz 
ayt  lousjouis  esté  en  ce  camp  ou  auprès  île 
moy,  comme  il  est  encores  à  présent  occuppé 
eu  aucuns  mes  plus  grandz  et  importans  af- 
faires, où  il  faict  assez  de  despenses  pour 
l'exempter  dudict  emprunct.  A  ceste  cause,  et 
qu'il  ne  se  roi  t  pas  raisonnable  que,  nie  faisant 
service  de  deçà,  il  payast  cependant  emprunct 
audicl  Paris,  je  vous  prie  faire  descharger  la- 
dicte  Robertet  dudict  emprunt  de  vi'  livres 
et  l'en  faire  tenir  quicte  et  exempte,  pour  ce 
que  je  n'ay  jamais  entendu,  comme  encores  je 
n'entendz,  qu'elle  y  soit  aucunement  com- 
prise, pour  les  raisons  que  dessus.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Gonnord,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde.  Du  camp  de  Bloys,  ce 

xmf  jourd'aoust  i562. 

Caterine. 
De  l'Aibesi'Im:. 


CATHERINE   DE  MEDICIS. 


"1562.  —(lU  août.) 
Minute.  Orig.  Bibl.  nat.  fonda  français,  n    1&S7IJ     l    31)9. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  D'ESTAMPES. 

Mou  cousin,  par  voz  lettres  du  x\ix ".  j  a) 
bien  amplement  entendu  l'espérance  en  quoy 
vous  estes,  avec  les  forces  qui  vous  mil  esté 
laissées,  de  réduyre  tout  le  pays  de  Bretaigne 
en  telle  tranquilité  que  je  le  puys  désirer,  el 
que  vous  trouverez  façon  de  faire  payer  ung 
tiers  au  pays;  de  quoy  j'ay  esté  merveilleuse- 
ment aize.  el  comme  il  vous  a  eslé  mandé 
L'aultre  tiers  se  prendrait  sur  les  denyers  des 
argenteries  des  églises,  comme  il  a  eslé  faict 


378 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


par  toutes  les  aultres  provinces  de  ce  royaume, 
suivanl  la  commission  qui  vous  a  este' envoyée; 
c'est  chose  que  ceulx  du  pays  ne  sçauroient 
trouver  maulvaise,  d'aultanl  que  les  denyers 
n'en  seront  dépenduz  que  pour  la  conserva- 
tion du  pays  et  mesmement  des  gens  d'église, 
qui  y  ont  'e  principal  intérest,  et  mesmement 
que  il  vault  encores  mieulx  que  telz  denyers 
s'apliquent  pour  le  service  du  Roy  monsieur 
mon  (Hz  que  si  les  aultres  les  prenoyent  pour 
les  convertir  et  apliquer  à  son  déservice.  J'ay 
semblablement  esté  bien  fort  ayse  d'entendre 
que  ferez  partir  les  xxx'"  1.  de  denyers  et  les 
aultres  \l'",  dont  nous  avons  fort  grand  be- 
soiug,  et  quant  à  ce  qui  fauldra  pour  l'entre- 
tènemenl  de  voz  gens,  vous  en  userez  comme 
le  me  mandez;  mais  je  désireroys  bien,  comme 
je  vous  ay  cy-dessus  mandé,  que  l'argenterie 
nous  servist  à  diminuer  voz  despences  d'ung 
tiers,  s'il  est  possible,  comme  je  m'assure  que 
vous  y  ferez  tout  ce  qui  sera  en  voslre  puis- 
sance, vous  disant  ce  mot  en  passant,  que, 
quand  vous  ferez  élargir '  le  moys  à  voz  gens,  il 
ne  sera  que  bien  à  propos,  d'aultantque  ceulx 
qui  sont  en  ce  camp  ne  sont  pas  tousjours 
payez  à  jour  nommé,  et  l'aull  qu'ilz  actendent, 
et  qu'ilz  gagnent  à  présent  leur  avoyne.  Tout- 
lesfoys  vous  en  userez  selon  ce  que  vous  verrez 
que  vous  aurez  le  moyen  et  la  commodité  pour 
le  service  du  Roy  monsieur  mondict  filz;  et 
quani  à  ce  que  vous  désirez  sçavoir  comme 
vous  avez  à  vous  conduyre  avec  ceulx  de  la 
nouvelle  religion ,  qui  n'ont  point  porté  les 
armes  ne  faicl  séditions,  ceulx-là,  comme 
par  une  aultre  de  mes  lettres  je  vous  mandoys 
de  Paris,  il  y  a  quelques  moys,  il  esl  peu  rai- 
sonnable qu'ilz  soyent  traictez  comme  ceulx 
qui  ont  porté  les  armes  et  faicl.  sédition  et 
scandalles;  et  pour  ceste  raison  l'intention  du 

1  Elargir,  donner.  Il  nous  eu  est  resté  \?  nn>(  lar- 


Roy  monsieur  mon  fdz  et  la  mienne  n'est 
point  que,  vivant  doulcement,  sans  faire  scan- 
dalle,  presche,  ne  administration  de  sacre- 
mens,  ilz  soyent  soustrailz  de  toute  injure  et 
violence;  bien  désireroys -je  que,  pour  leur 
oster  le  moyen  de  faire  mal,  que  les  armes 
leur  soyent  ostées  et  qu'elles  soyent  laissées 
aux  catholiques,  à  la  charge  que  le  premier 
d'eulx  qui  en  abusera  sera  pugny  exemplaire- 
ment, et  par  ce  moyen  ilz  seront  délivrez  de 
mal  et  nous  de  souspecon  de  leur  maulvaise 
volunté;  et  pour  cest  effect  je  vous  prie,  mon 
cousin ,  présentement  que  vous  avez  les  armes, 
ne  faillir  à  exécuter  ce  que  dessus  et  faire 
chasser  tous  les  ministres  qui  sont  ceulx  qui 
par  tout  le  royaulme  ont  allumé  le  feu  que 
nous  y  voyons,  et  s'il  se  trouve  quelque  ung 
de  ceulx  qui  sont  retournez  d'Orléans  qui  veu- 
lent remuer  mesnaige,  je  vous  prie,  ayant  les 
forces  comme  vous  avez,  de  donner  ordre  de 
leur  inectre  la  main  sur  le  collet  pour  les  faire 
bien  chastier  et  leur  oster  le  moyen  de  rien 
entreprendre  de  nouveau.  Ne  voulant  faillir 
pour  la  fin,  de  vous  dire  que  il  me  semble  qu'il 
est  très  nécessaire  qu'en  chascune  des  villes 
principalles  vous  complétiez  quelque  gentil- 
homme, homme  de  bien  du  pays,  pour  y 
prendre  garde  à  les  maintenir  en  repoz  et 
obéissance.  Je  vous  envoyé  la  déclaration  que 
demandez  louchant  la  façon  dont  vous  avez  à 
vous  gouverner  envers  ceulx  de  la  nouvelle  rel- 
ligion,  et  quant  à  la  commission  pour  les  em- 
prunta, elle  vous  a  esté  envoyée;  qui  me  gar- 
dera de  vous  faire  la  présente  plus  longue,  si 
ce  n'est  de  vous  dire  que  j'ay  accordé  au  cappi- 
layne  Trevignon  la  cappitayuerie  que  vous  de-, 
mandez  pour  luy.  Priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde.  De 
Rloys,  ce  .  .  .  jour  d'aoust  i562. 

[Au  ilns.)  La  Royne  à  Monsieur  d'Estampes, 
du  .  .  .  jour  de  a  oust  1 56a. 


LETTRES  DE  CATH 
1  562.  —  i  7  août. 

Minute.   Bibl.  ual.  fonds  français,  n°i5iio,  f*  5g.  — 
Copie.  Foods  Dupoy ,  n°  357,  f  i5s  '. 

\  MONSIEI  I!  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lanssac,  nous  avons  receu 
voslre  dépesche  du  v\  du  passé2,  paria- 
quelle  nous  avons  esté  bien  aises  de  veoir  et 
entendre  que  le  concilie  preigne  ung  si  bon 
progrez  que  celluy  qui  s')  est  cogneu  jusques 
à  présent;  car  pouneu  qu'il  se  continue  nous 
aurons  tousjours  espérance  que  toutes  choses 
nécessaires  pour  le  rendre  fructueux  se  meu- 
rirout  avec  le  temps,  et  que  ce  qui  ne  se  sera 
peu  faire  loul  d'un  coup  ayant  esté  bien  com- 
mancé  en  une  cession  s'achèvera  heureuse- 
ment puis  après  eu  une  autre,  et  principale- 
ment ce  qui  est  si  important,  comme  le  faict 
de  la  communion  souhz  les  deux  espèces3, 
de  laquelle  il  a  esté  traiclé  dernièrement ,  où 
je  ne  voy  poincl  qu'il  ayt  esté  décidé  chose 
qui  empesehe  de  pourveoir  sur  ce  qui  s'en 
pourra  remonstrer  et  requérir  cy  après  selon 
la  nécessité  et  le  besoing  que  chascun  prince 
en  ressent  en  son  Estât.  Je  vous  ay  escript  par 
une  mienne  lettre  du  xxnf  du  passé  que,  en- 
cores  que  les  troubles  ayent  tousjours  continué 
grans  en  ce  royaulme,  je  m'estoys  touteffoys 
résolue  de  faire  trouver  au  concilie  pour  tout 
le    mo\s   de   septembre    prochain   jusques  à 

["n  fragment  de  cette  lettre  a  été  imprimé  parDupuy. 
—  Voy.  Mémoires  du  concile  de  Trente,  p.  -.'7 2. 

;  Voy.   cette  lettre  de  Lansac  dans  les  Mémoires  du 

\cile  de  Trente, p.  2O0. 

-  Lansac  écrivait  à  M.  de  Rennes,  le  i3  juillet  :  «Le 
concile  n'a  fait  que  corroborer  la  décision  du  concile  de 
Constance,  par  laquelle  étoit  défendue  la  communion 
fous  les"  deux  espèces,  si  désirée  pour  pacifier  les  troubles, 
et  n'a  pas  touebé  à  la  réformation."  (Britisb  Muséum, 
collect.  Egerlon,  Miscell.  lellers,  vol.  VIII.)  — Voy.  une 
lettre  de  Lansac  au  Roi,  datée  du  23  juillet,  dans  les 
Mémoires  du  concile  de  Trente .  p.  a64. 


ER1INE  DE  MÉDICIS.  379 

soixante  de  noz  prélatz  qui  seroieut  conduietz 
par  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine, dont  je  remecloys  à  vous  de  dire  ou  re- 
tenir ce  que  verriez  estre  à  propos,  selon  la 
disposition  des  affaires  du  lieu  où  vous  estes, 
niais  comme  toutes  choses  turbulentes  el  tu- 
multueuses empeschent  et  relardent  beaucoup 
de  bonnes  résolutions,  j'ay  trouvé  depuis  que, 
pour  la  continuation  de  noz  troubles,  mondict 
cousin  et  lesdilz  prélatz  ne  se  peuvent  rendre 
audict  concilie  que  ce  ne  soyt  pour  tout  le 
moys    d'octobre    prochain,    d'aultant    que  la 
plus  grande  dilligence  qu'ilz  peuvent  faire  est 
de  se  trouver  tous  à  Thurin  sur  le  conimance- 
ment  dudict  moys  d'octobre  plustôt  que  vers 
le  xv,  aiusy  que  je  le  mande  à  nosdietz  prélatz 
bien  expressément,  ayant  advisé  de  vous  en- 
voyer  une  liste  où  ilz  sont  tous  nommez,  la- 
quelle vous  communiquerez  aux  Légaiz  et  Pères 
dudict  concilie  et  leur  direz  que  mondict  cou- 
sin mène  davantaige  en  sa  compaignie  jusques 
à  douze  docteurs  en  théologie  des  plus  sçavans 
de  ce  royaulme,  nommez  par  la  Faculté  de 
Paris,  sans  les  aultres  dont  lesditz  prélatz  se 
doibveut  accompaigner,  de  sorte  que,  jugeant 
noz  intentions  par  les  effeetz,  comme  il  est 
raisonnable,  l'on  congnoistra  que,  s'il  y  a  eu 
de  la  demeure1  en  nosdietz  prélatz,  ce  n'a  esté 
que  par  l'injure  et  calamité  de  nozdictz  troubles 
qui  les  en  ont  empeschez  et  engardez  jusques 
à  présent,  et  que  si  tost  que  nous  avons  cou- 
gneu  noz  forces  assez  gaillardes  et  su  (lisantes 
pour  le  restablissement  de  l'obéissance  du  Roy 
monsieur  mon  filz  et  qu'il  y  a  eu  quelque  ache- 
minement à  la  pacification  de  noz  troubles, 
nous  n'avons  voullu  riens  prelermectre2  du 
debvoir  et  de  l'office  que  ce   royaulme   1res 
chrestien  doibt  pour  l'assistance  et  comparu- 
tion audict  concilie  de  si  longtemps  procuré  et 

1  Demeure,  retard. 
!  Pretermectre ,  omettre 

48. 


380 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


recherché  de  nous  pour  le  bien  général  et  uni- 
versel  de  la  chrestienté,  et  particulièrement 
pour  la  garison  des  maulx  de  cedict  royaulme 
grans  el  calamiteux  qu'il  n'est  possible  de 
plus.  Ayant  laid  veoyr  ladicte  liste,  vous  ferez 
demander  logis  pour  vous,  lesdiclz  prélatz  cl 
principalement  pour  mondict  cousin,  que 
\ons  requerrez  estre  en  cela  traicté  avec  tout 
le  respect  qui  appartient  à  la  grandeur  du 
lieu  dont  il  est  issu,  et  qu'il  tient  en  cedict 
royaulme,  et  l'advertirez  de  ce  qui  vous  en 
aura  esté  accordé  au  mesme  temps  qu'il  pourra 
arriver  à  Thurin,  qui  sera  sur  le  commance- 
ment  dudict  moys  d'octobre  prochain  ;  et  pour 
ce  que  n'estant  le  lieu  de  Trente  capable  d'un 
si  grand  nombre  de  gens  et  pour  les  grandes 
incommoditez  qui  s'y  retrouvent,  l'on  pourra 
parler  de  s'eslargiret  de  se  réunir  à  Mantoue; 
vous  ferez  entendre  que  vous  n'estes  pour  y 
contredire,  pourveu  que  cela  se  face,  non  pour 
translation  dudict  concilie,  mais  seullement 
pour  changement  de  lieu  el  jjusques  à  ce  que 
l'on  ayl  advisé  et  accordé  d'un  aultre  lieu  plus 
commode  qui  soyt  aggréable  à  tous  les  princes 
chrestiens  et  principallemenl  à  l'Empereur, 
monsieur  mon  bon  frère,  et  non  si  esloigné  de 
l'Allemaigne  et  si  suspect  aux  princes  protes- 
tais, qu'il z  prissent  de  là  occasion  de  ne  s'y 
pouveoir  trouver  seurement.  Vous  vouldrez  bien 
dire,  Monsieur  de  Lanssac,  sur  le  bruict  que 
l'on  a  faict  courir  que  mondict  cousin  deman- 
doyl  à  aller  audict  concilie  en  qualité  de  légat, 
i[ue  tant  s'en  fault  qu'il  ayt  jamais  poursuyvy 
et  recerché  cest  honneur,  qu'il  s'est  résolu, 
encores  que  le  Pape  le  luy  présentast,  de  ne 
l'accepter  aucunement,  etd'ycomparoistreseul- 
lemenl  en  qualité  de  cardinal  el  premier  prélat 
de  France;  et  par  ce  moyeu  vous  et  vos  collé- 
es serez  satisfaictz  de  ce  que  vous  avez  dé- 
siré d'avoir  là  ung  prélat  qui  peust  parler  et 
opiner  le    premier.    S'il    y    avoit  moyen,  en 


actandant  une  si  grande  et  vertueuse  com- 
paignye,  de  prolonger  la  prochaine  cession 
assignée  au  xvnc  du  moys  de  septembre  pro- 
chain jusques  à  leur  arrivée,  ce  nous  serovl 
ung  grand  plaisir,  mais  prévoyant  ce  qu'il  y 
auroyt  de  difficulté  et  craignant  que  la  pour- 
suicte  que  vous  en  pouriez  faire,  si  elle  estoyt 
trop  expresse,  leur  fust  suspecte,  je  remectray 
à  vous  d'en  user  ainsy  que  vous  adviserez  pour 
le  mieulx;  bien  fauldra-il  que  vous  moyennez 
que  l'assignation  de  celle  d'après  ne  se  préci- 
pite et  ne  se  face  plus  tost  que  au  xvii',  ou 
xxe  novembre,  qui  est,  quant  tout  est  dict. 
suyvre  l'ordre  qu'ilz  y  ont  tenu  jusques  à  pré- 
sent. Cependant  vous  ne  proposerez ,  ne  mectrez 
rien  en  avant  de  vostre  part,  soit  pour  la  dé- 
claration de  la  nouvelle  indiction  dudict  con- 
cilie, quelque  chose  qui  en  soyt  portée  par 
vostre  instruction,  ou  pour refformation  et  dé- 
cision d'aucun  poinct  de  la  doctrine,  mais  vous 
contenterez  de  vous  conformer  à  ce  que  les 
ambassadeurs  de  l'Empereur  et  les  évesques 
espaignolz  en  adviseront  entre  eulx,  encores 
les  garderez-vous  d'entrer  es  poinctz  de  la- 
dicte doctrine  le  plus  que  vous  pourrez,  et  sur 
toutes  choses  ferez  entendre  à  ung  chacun  que 
l'intention  et  la  charge  de  mondict  cousin  et 
de  nosdictz  prélatz  est  de  procedder  en  toutes 
choses  avec  telle  douceur,  prudence  et  mo- 
destye  et  à  tel  respect  et  révérence  que  l'on 
doibt  actandre  et  espérer  des  plus  catholicques 
prélatz  qui  soyent  en  la  chrestienté.  Au  sur- 
plus, Monsieur  de  Lanssac,  je  veulx  bien  vous 
adverlir  que  le  Roy  monsieur  mon  lilz  et  moy 
sommes  venuz  trouver  son  armée  pour  lever 
l'excuse  que  beaucoup  de  personnes  ont  tou-, 
jours  donnée  à  leur  désobéissance ,  telle  que 
vous  l'avez  bien  sceue  avant  vostre  parlement, 
et  pour  essayer  de  ramener  à  nous  ceulx  qui 
craignent  d'estre  notez  de  rébellion.  Nous  nous 
acheminons   à   Bourges  pour  eu   desloger  le 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MÉDIGIS. 


381 


jeune  Genlys1  qui  s'en  cl  -a\^\  depuys  quel- 
que temps,  et  qui  a  laid  jusques  icy  dilligence 
de  la  fortifier  ri  contenance  de  la  voulloyr 
garder.  L'ayanl  levé  de  là ,  comme  je  n'y  espère 
grande  difficulté ,  nous  tournerons  mus  Orléans 
pour  faire  le  semblable  de  ceulx  qui  y  sont. 
Cependant  mon  cousin  le  duc  d'Aumalle  ne 
perdra  pas  temps,  avec  les  bons  moyens  (pie 
nous  lu\  donnons,  pour  rcnieelre  en  Pobéys- 
sance  du  Roy  mondict  sieur  et  lilz  les  jdaces 
■  le  la  Normandye  que  les  rebelles  oui  saysyes, 
et  principallement  Dieppe  et  Rouen,  ayant  jà 
nectoyé  le  demourant  du  pays,  comme  le  srde 
Montluc  le  l'aict  d'aultre  pari  en  Guyenne,  et 
sommes  après  à  ordonner  par  le  costé  de  Lyon 
et  Daulphiné,  qui  sera  d'une  si  bonne  sorte 
et  provision  que,  avec  la  grâce  de  Dieu,  toutes 
choses  se  restabliront  de  jour  à  aultre,  ayant 
grande  espérance  de  les  veoyr  bientost  du  tout 
réduictes  en  l'obéyssance  du  Roy  mondict  sieur 
et  filz.  et  en  repos  et  tranquilité. 

A  Romorentin,  du  wu"'  aoust  i562. 

(Au  dos.)  A  monsr  de  Lanssac.  du  xwt'"' 
jour  de  aoust  1  562. 


1 5(32.  —  (17  aou.-i.  1 

Minute-  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    15876,  f>  38a. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DE  TENDE. 

Mon  cousin,  j'ày  receu  la  lettre  que  m'avez 
escripte  par  ce  porteur,  par  laquelle  vous  me 
faictes    responce   à   une   que  je   vous  avoys 

1  François  de  Hangest,  frère  tic  Jean,  sieur  d'Ivoy. 
Dans  une  lettre  écrite  par  Ferej  1  \I.  de  (Jonnor,  ilu 
camp  de  Meung-sur-Yèvre,  le  20  août,  nous  lisons  : 
-M'  d'Ivoj  à  mandé  à  la  Royne  par  le  trompette  qu'il  a 
retenu  troys  jours  dedans  Bourges  qu'il  luy  voulloyt  dire 
cinq  paroles  et  qu'il  demandoit  M'  de  Damville  pour  os- 
taige,  mais  on  luy  a  escript  qu'il  pouvoit  venir  s'aboucher 
sans  ostaige:  l'en  verra  ce  matin  ce  qu'il  fera.-  (Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  3a  1  g  .  f  85. 


escripte   pour  laisser   manier  el    conduire  à 

voslre  lilz  '  ce  qui  despend  du  laid  des  armes, 
pour  parachever  ce  qu'il  avoyl  encommencé 
pour  le  service  du  Roy  monsieur  mon  lilz.  el 
de  beaucoup  de  choses  que  vous  me  mandez 
avoyr  esté  laides  par  delà  à  mon  1res  grand 
regret  ;  donl  j'ay  i'ennuy  et  le  regret  que 
pouvez  penser  pour  n'avoyr  en  tout  cela  chose 
qui  ne  me  desplaise  infiniment;  mai-;  j'a\ 
\eu  tant  de  maulx  estre  advenuz  de  tous  costez 
depuis  quelques  moys  en  çà  que  je  ii"  sçay 
que  dire,  si  n'est  que  Dieu  nous  veult  gran- 
dement pugnir.  J'ay  esté  très  ayse  que,  après 
la  réception  de  mesdictes  lettres,  vous 
soyez  retiré,  comme  me  mandez-,  affin  qu'il 
ne  se  puisse  dire  que  de  vous  sera  proceddé 
aucune  chose  qui  puisse  relarder  le  bien  du 
service  du  Roy  mondict  lilz;  ce  que  je  ne 
vous  dis  pour  aucun  double  ne  souspeçon 
qu'on  ayl  de  vous,  mais  pour  aultant  que, 
avant  jà  vostre  filz  les  forses  en  main  el  en 
ayant  besoing  pour  le  service  de  ce  costé  là. 
l'on  a  estimé  qu'elles  luy  obéyroienf  plus  vo- 
lontiers qu'à  vous;  qui  est  la  cause  de  tout  ce 
qui  vous  en  a  esté  mandé3.  J'ay  aussy  leu  la 
responce  que  vous  en  ont  faicle  ceulx  qui 
estoyent  à  Sisteron,  que  je  vouldroys  estre 

1  Le  comte  d<3  Sommerive. 

-  Il  s'était  retiré  à  Sisteron,  où  son  fils  étail  venu  l'as- 
siéger el  avait  trois  fois  donné  l'assaut  à  la  place.  —  \  ov . 
sa  lettre  à  Catherine,  du  3i  juillet  i56a.  (Bibl.  nat.  fond 
français,  n"  i587G,  I"  34a  ,  et  n°  i5877,  f  3a.) 

3  De  son  côté,  voici  ce  qu'écrivait  Sommerive,  i< 
9  aoûl .  a  Catherine  de  Médicis  :  «Pour  aultant  qu'ilz  dé- 
tiennent le  comte  de  Tende  mon  père,  auquel  i|„  font 
faire  les  dépêches  et  provisions  telles  qu'ilz  demandent 
en  constraignant  les  pauvres  lieux  et  villages  circonvoisins 
de  Sisteron  de  leur  fournir  vivres,  de  sorte  que  le  pauvre 
pays  est  en  trouble.»  En  terminant,  il  supplie  Leurs  Ma- 
jestés de  contraindre  son  père  à  se  retirer  en  son  gou- 
vernement, el  il  ajoute  :  rje  n'ay  pas  sceu  ne  peu  le 
retirer  de  leurs  mains,  t  I  Bibl.  nat.  fonds  franc.  n°  15876, 
7-) 


382 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


bien  saiges,  affin  qu'ilz  ne  troublassent  riens 
de  ce  costé-là.  Je  vous  prie  encore  ung  coup 
les  en  prier,  et  s'iiz  le  font  de  vostre  part,  ne 
les  \ouloyr  favoriser  à  ce  que  cela  ne  leur 
donne  courage  de  demeurer  assemblez,  qui 
nous  sera  en  somme  une  continuation  de  noz 
m.iulx.  Et  quant  à  ce  que  vous  demandez  pou- 
voyr  estre  nccompaigné  de  voz  amys  et  servi- 
teurs',  c'est  cbose,  mon  cousin,  qu'il  n'y  a 
personne  qui  puisse  trouver  maulvais,  estant 
ce  que  vous  estes,  et  mesmement  en  une  telle 
occasion;  mais  je  vous  prie  que  ce  ne  soyt  de 
ces  ;,ens  qui  ont  faict  tant  de  scandalles  que 
leur  nom  seullement  faict  estimer  les  aultres; 
et  pour  la  fin,  je  vous  diray  qu'il  sera  donné 
ordre  pour  le  payement  de  vostre  compaignie; 
D'estant  la  faulte  d'icelluy  procedde'e  que  de 
nostre  nécessité,  qui  [n']en  a  faict  faire  autre- 
ment en  la  pluspart  de  toutes  les  aultres  de 
ce  rovaume.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde.  De  Romo- 
renlin,  ce  .  .  .  jour  d'aoust  i56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsr  le  comte  de 
Tende,  du  .  .  -jour  d'aoust  1062. 


1562. —  17  août. 
Copie.  Bibl.  liât,  fonds  Dnpny ,  n°  357,  f™  i535  cl  suiï. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  j'ay  receu  les  deux 
lettres  que  m'avez  escriptes  des  seize  et  vingt- 
deuxiesme  du  passé  qui  me  confirment  de 
plus  en  plus  la  bonne  vollonlé  que  l'Empe- 
reur mon  bon  frère  a  de  faire  aller  avant  le 
concilie,  comme  il  appartient,  et  trouve  son 
advis  fort  saige  et  prudent  de  ne  donner  au- 
cune occasion  de  le  dissouldre;  mais  au  con- 
traire faire  tout  ce  qui  sera  possible  pour  si 

'  Dans  sa  lettre  à  la  Reine  il  en  avait  fait  la  demande. — 
Voy.  celle  lettre.  (  Bibl.nat.  fonds  franc.  a°  15876,  f°34i.) 


bien  l'establir  et  asseurer  qu'il  ne  puisse  plus 
rompre  et  qu'il  y  ayt  moien  d'y  mouvoir  avec 
le  temps  beaucoup  de  choses  qui  se  trouveront 
tousjours  trop  dures  et  crues  du  commence- 
ment. J'avoys  délibéré  de  faire  trouver  audict 
concilie  pour  tout  le  moys  de  septembre  pro- 
chain ung  bon  nombre  de  noz  prélatz  con- 
duietz  par  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal 
de  Lorraine,  et  l'on  en  avoyt  fait  faire  les 
dépesches;  mais  la  continuation  de  nos  trou- 
bles les  a  retardez  jusques  à  présent,  de  sorte 
qu'il  n'v  a  moyen  qu'ilz  puissent  arriver  avant 
la  fin  du  mois  d'octobre  ensuivant.  Je  vous 
envoyé  la  liste  de  tous  ceulx  qui  sont  ordon- 
nez pour  y  aller  et  auxquelz  il  est  faict  si 
exprès  commandement  de  se  rendre  à  Thurin 
sur  le  commencement  dudict  mois  d'octobre 
que  je  m'asseure  qu'ilz  n'y  feront  faulte  ny 
prolongement.  Mon  cousin  y  mène  davantage 
douze  docteurs  en  théologie  des  plus  sçavans 
de  ce  royaume  nommez  par  la  Faculté  de 
Paris,  sans  les  autres  dont  lesditez  prélatz  se 
doivent  accompaigner;  ce  que  vous  pourrez 
faire  entendre  à  mondict  frère  et  l'asseurer, 
affin  qu'il  n'ayt  suspecte  une  si  grande  et  not- 
lable  compaignie,  que  toute  leur  charge  et 
intention  est  de  procéder  et  se  comporter  avec 
telle  doulceur,  prudence  et  modestye  et  tel 
respect  et  révérence  de  toutes  choses  bonnes  et 
sainctes  que  l'on  doibt  attendre  et  espérer  des 
plus  catholicques  prélatz  qui  soient  en  la  chres- 
tienté.  Je  loue  que  vous  ayez  monstre  à  mon- 
dict frère  ce  que  le  sieur  de  l'fsle  vous  a  es- 
cript  de  l'indisposition  du  Pape1  et  du  record 

1  Voici  ce  qu'écrivait  M.  de  l'Isle  au  Roi,  à  la  date  du 
22  juin:  f  Avant  hier  j'eslois  de  lion  matin  en  la  vigne 
de  Sa  Sainclelé  où  elle  s'estoit  logée  deux  ou  trois  jours 
et  en  partit  lors  pour  aller  à  S'  Marc;  par  le  chemin 
chascun  s'aperceut  à  son  visage  altéré  et  portement  dé- 
bile les  signes  de  l'indisposition  qui  luy  est  survenue,  il 
y  a  trois  jours,  avec  (lux  de  ventre  et  ung  peu  de  fiebvre. 
Quand  je  donnay  le  bonjour  à  Sa  Sainteté,  je  congneuz 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGIS. 


38: 


qu'il  vous  faict  de  penser  d'heure  aux  doux 
points  contenus  on  sa  lottre  que  j'estime  de 
grande  importance  et  sur  lesquelz  mon  die  t 
cousin  s'en  ira  bien  instruic!  do  l'intention 
du  Roy  monsieur  mon  filz  ;  toutesfois,  puisque 
mondicl  bon  frère  vous  on  a  respondu  do  la 
-rie  qu'il  se  veoit  par  vostre  dicte  lettre,  je 
suis  d'advis  que  vous  ne  luy  en  parlez  plus, 
sinon  le  cas  advenant.  Vous  ne  me  mandez 
poinct  par  vostre  dernière  lettre  on  quelle  part 
il  a  roceu  les  canons  faiclz  sur  la  communion 
soubz  les  deux  espèces  dont  ses  ambassadeurs 
s'esloient  tant  promis.  Quant  à  moy,  je  ne 
trouve  pas  qu'il  s'y  soit  faict  chose  qui  em- 
pesche  de  pourvoir  sur  ce  qui  s'en  pourra 
remoDstrer  et  requérir  cy-après  selon  le  be- 
soing  et  la  nécessite  que  chascun  prince  en  res- 
sent en  son  Estât.  J'ay  bien  considéré  ce  que 
m'escripvez  pour  vostre  congé,  qui  n'est  pas 
■-ans  grande  raison;  mais  vostre  présence  par 
de  là  nous  est  encores  sy  nécessaire  que  je  ne 
le  vous  puis  faire  accorder  de  quelque  temps; 
toutesfois  je  me  trouve  bien  empeschée  comme 
vous  ni'  vous  pourrez  trouver  aux  grandes  as- 

davantage  qu'il  avoit  courte  haleine  et  la  voix  empeschée. 
Pour  cest  accident  ses  gardes  estoyent  hier  à  l'entour  du- 
dict  palais  S'  Marc  empeschant  le  passage  des  coches  et 
des  chevaux.  Aujourdhuy  malin  je  me  suis  rendu  de 
honne  heure  pour  mieux  congnoistre  l'inclination  de  ce 
mal.  Ceste  indisposition  de  Sa  Sainteté  a  esté  cause  que 
je  n'ay  eu  moyen  ny  accez  auprès  d'elle  ces  derniers  jours 
plus  avant  que  de  luy  présenter  une  lectre  que  luy  a 
escript  Monsieur  de  Lanssac,  en  laquelle  il  se  remect  sur 
moy  de  quelques  remontrancee  et  plainctes  qu'il  désire 
que  je  face  de  sa  part  sur  ce  que  Sa  Sainteté  me  dict  ung 
jour  du  moys  passé  que  les  ambassadeurs  de  Vostre  Ma- 
jesté au  concilie  semblent  estre  ambassadeurs  des  hugue- 
notz.  »  Des  deux  points  dont  fait  mention  Catherine,  le 
premier  était  la  question  de  la  résidence  des  évèqucs  que 
les  pères  du  concile  semblaient  alors  vouloir  déclarer  de 
droit  divin;  1"  second,  c'était  leur  intention  de  ne  passe 
séparer  tant  que  leur  entreprise  ne  serait  point  parfaite. 
Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  30,55  ,  P*  102  et  suiv.) 


semblées  qui  se  vont  faire  tant  pour  le  cou- 
ronnement du  roy  de  Bohesme  que  pour  la 
diotlo  impérialle,  si  vostre  rang  110  vous  est 
baillé  sans  controverse  toi  qu'il  nous  appar- 
tient; car  d'eu  faire  nouvelle  instance  pour 
n'en  avoir  autre  meilleure  raison  que  cy-de- 
vant,  il  ne  se  peull  honnestement  faire;  el 
d'aultre  pari  de  vous  abstenir  de  touttes  les- 
dictes  assemblées  et  n'y  assister  poincl  el  que 
tous  les  autres  ambassadeurs  y  soient,  c'est 
une  autre  indignité.  Vous  aurez  encores  pa- 
cienco  jusques  au  temps  susdict  desdictes 
assemblées  et  nous  verrons  entre  cy  et  là  ce 
que  la  disposition  des  alïaires  nous  conseil- 
lera1. 


1562.       1  8  août. 

Orig.  Signé.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3igo,  f*  5. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON. 

Monsieur  de  Matignon,  j'ay  entendu  de  la 
Mauvissière2  ce  qu'il  m'a  dict  de  vostre  part, 
tant  sur  Testai  des  affaires  du  lieu  où  vous 
estes  que  sur  les  déportemens  de  beaucoup  de 
personnes,  qui  sont  bien  esloignez  de  ce  que 
je  m'estoys  promis  d'eulx  en  tout  ce  qui  appar- 
tiendrait au  bien  du  service  du  Roy  monsieui 

'  La  lin  de  la  "lettre  n'est  que  la  reproduction,  mot 
pour  mot,  de  celle  qui  a  été  adressée  le  même  jour  à  M.  de 
Lansac. 

Michel   de    Castelnau,    sieur    de   Mauvissière.    né 
vers  i5ao,  à  Mauvissière  (Touraine),  mort  à  Joinville 
eni5ga.  11  remplit  avec  succès  diverses  missions  en  K<  0    1 
et  en  Angleterre  où,  envoyé  pour  la  seconde  lois  en  l '>-i 
il  résida  dix  ans.  Après  la  mort  de  Henri  III  il  s'atlach 
à  la  fortune  de  Henri  IV.  Il  a  laissé  des  mémoires  publie; 
d'abord  en  1621  et  réimprimés  plusieurs  fois,  entre  autres 
en  1  (i 5 9  par  Le  Laboureur,  2  vol.  in-f°,  et  en  1721  pai 
Godefroy,  3  vol.  in-f".  On  trouve  beaucoup  de  l  Un 
lui  à  la  Bibliothèque  nationale  dans  diverses  collections, 
(  I  notamment  dans  le  n"  5o  du  suppléai,  français,  à  la 
bibliothèque  de  l'Institut  dans  le  fonds  Godefroy,  et  enfin 
à  Londiesau  Brilish  Muséum. 


m 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


mon  tilz;  el  pour  ce  que  ledicl  la  Mauvissière 
vous  rendra  bon  compte  des  dépesches  que  je 
faictz  là-dessus,  crime  pari  à  mon  cousin  le 
duc  d'Aumalle  el  de  l'aultre  à  mon  cousin  le 
duc  d'Estampes,  devers  lequel  il  passera,  je 
ne  \ous  en  fera  y  aucun  discours  par  ce  mol 
lettre;  mais,  me  remectant  entièrement  à 

suffisance,  vous  prieray  que  vous  le  croyez 
de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part,  comme  vous 
feriez  moy-mesmes, priant  Dieu,  Monsieur  de 
Matignon,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  garde. 

J'escriptz  à  mon  cousin  Monsieur  le  grant 
Prieur1  qu'il  nous  vienne  trouver  incontinaut, 
et  qu'il  vous  laisse  Cherbourg  entre  mains, 
que  vous  garderez  au  Roy  monsieur  mon  lils, 
sans  le  dèclairer  à  qui  que  ce  soyt. 

Escript   de  \  ierzon ,  le  xvnf  jour  d'aoust 

1 5  6  2 . 

Caterine. 

BoORDIN. 


1562.  —  20  août. 
Orig.  BiM.  nat.  fonds  français,  a"  3219,  f°  89. 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROT    MONSIEUR   MON     FILZ  , 
ET    C0>SE1LLER    EX  S0>   CONSEIL   PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  par  la  responce  que 
nous  faisons  au  mémoire  que  nous  avez  en- 
-.  oyé  vous  serez  satisfaict  de  l'intention  du  Roy 
monsieur  mon  lilz  et  de  la  mienne  sur  tout  le 
contenu,  vous  priant  user  de  toute  dilligence 
à  l'exe'cution;  car  nous  n'avons  de  riens  plus 
affaire  que  d'argent,  comme  vous  congnoissez 
myeulx  que  personne.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Gonnord,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escripl  à  Meung,  le  x\'  de  aoust  i562. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

François  de  Lorraine,  grand  prieur  de  France 
'■t  général  des  galères,  né  le  18  avril  i53i,  mort  le 
6  mars  1 303. 


1562.  —  (20  août.) 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15876,  f°  38i. 

AU  SIEUR  DON  DIEGO. 

Sr  Don  Diego1,  estant  le  Roy  monsieur 
mon  tilz  venu  en  son  camp,  je  n'ay  poinct 
voulu  qu'il  y  demourast  plus  longuement  sans 
vous  y  faire  venir,  et  pour  ceste  occasion  ay 
advise'  de  vous  envoyer  le  sr  de  Malicorne2, 
gentilhomme  ordinaire  de  sa  chambre,  pour 
vous  quérir,  auquel  j'ay  donne'  charge  vous 
dire  combien  et  le  Roy  monsieur  mon  fdz  et 
moy  nous  resjouissons  de  vostre  venue  et  de 
voz  trouppes,  tant  pour  ce  qu'elles  viennent 
du  plus  asseuré  et  plus  certain  de  tous  noz 
amys,  que  pour  ce  que  je  m'asseure  quelles 
suyvront  sa  volunte'  et  se  conformeront  à  tout 
ce  qui  sera  pour  le  bien  et  la  conservation  du 
Roy  mondicl  iilz,  et  de  tout  ce  royaulme, 
ainsi  que  j'ay  donné  charge  audict  sr  de  Mali- 
corne  vous  dire  plus  amplement  de  ma  pari; 
dont  je  vous  prie  le  croyre,  et  je  prieray  Dieu, 
sr  Don  Diego,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et 
cligne  garde.  De  Meun-sur-Yerre,  le.  .  .  jour 
de  aoust  i56a. 

(Au  dos.)  Au  sr  Don  Diego,  du  .  .  .  .  jour 
d'aoust  i5Ga. 

1  Don  Diego  de  Carvajal;  il  commandait  les  premiers 
mille  Espagnols  envoyés  par  Philippe  II.  Arrivé  à  Cap- 
Breton,  à  trois  lieues  de  Rayonne,  * il  se  trouva  si  mal  de 
la  gravelle  qu'il  ne  put  aller  plus  loin.»  (Lettre  de  d'As- 
premont,  fonds  français,  n°  15876,  f  61.)  Il  assista  à 
la  bataille  de  Dreux.  —  Voy.  une  lettre  de  lui,  dans  le 
n°  15876  du  fonds  français,  f°  38i.  —  Burie  dans  une 
lettre  à  la  Reine,  d'Agen,  le  29  août,  donne  quelques 
détails  sur  la  marche  des  Espagnols.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  10876.  f  .'192.) 

-  Jean  de  Chourses,  seigneur  de  Malicorne,  gentil- 
homme de  la  chambre  du  roi,  lieutenant  en  Poitou.  — 
Voy.  les  instructions  qui  lui  avaient  été  adressées,  dans  le 
n=  1587C  du  fonds  français,  f*  396,  et  une  lettre  de  lui 
(même  volume,  f  '19a). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1562.  —  s3août. 
Archives  île  [a  maison  <lv  Poligiur  :  copie  transmue  p.ir  U.  <k  Uerval. 

A  MONSIEUR  DE  SENARPONT 

CHBYAL1SB    DE    i     IRDB1     i       [101    UONSISUn   MON   FILZ 
Eï  BON  LIBUTBMOT   ni  IBRT  1>B  PICABDTB. 

Monsieur  de  Sénarpont,  je  vous  envoys  le 
passeport  que  m'axez  demandé1  qui  servira 
pour  vous  et  pourceulx  que  vous  aurez  à  me 
renvoyer,  vous  voullant  bien  advertir  que,  de- 
puis vostre  parlement,  le  sieur  de  Morvillier2 
qui  esloyt  dedans  Rouen  m'a  envoyé  ung  sien 
gentilhomme  pour  m'advertir  que,  en  satisfai- 
sant au  commandement  que  je  luy  avoys  faict 
l'aire  de  se  retirer  de  ladicte  ville  de  Rouen,  il 
en  est  party,  et  ayant  sceu  le  traielé  qui  s'est 
faict  avec  la  Royne  d'Angleterre  pour  mettre 
les  Angloys  dedans  Dieppe3  et  le  Havre-de- 
Grace,  il  s'acheminoyl  audicl  Dieppe  pour em- 
pescher  que  lesdicts  Angloys  n'y  soient receuz, 
et  pour  y  faire  ung  bon  et  notable  service  au 
Roy  monsieur  mon  filz;  et  considérant  combien 
cela  nous  importe  et  a  besoing  de  prompt  re- 
mède, je  vous  prie,  Monsieur  de  Sénarpont, 
que.  oultre  la  promesse  que  vous  m'avez  faicte 
à  voire  parlement  et  pour  l'entière  et  parfaicte 
asseurance  que  j'ay  en  vostre  fidélité  et  en  la 
singulière  affection  que  vous  portez  au  Roy 
mondict  sieur  et  filz  et  à  la  conservation  du 
salut  de  ce  royaume,  vous  basiez  vostre  arrivée 

1  Nous  savons  par  une  dépêche  de  Tlirockmorlon,  en 
date  du  1"  septembre  i56a,  que  M.  de  Sénarpont  et  son 
lils  avaient  (juillé  Orléans  el  s'étaient  remis  sous  l'obéis- 
sance du  Roi.  (Calendar  of  State papers ,  i5fi-j,  f  282.) 

-  Louis  de  Lannoy,  seigneur  de  Morvilliers;  il  avait 
rempli  l'emploi  de  gouverneur  de  Boulogne-sur-Mer. 

'  \oy.  une  dépêche  de  Henry  Killegrew  à  Cecil  daléi' 
de  Dieppe,  le  10  août.  11  y  était  venu  trouver  le  vidame 
de  Chartres,  et  donne  de  curieux  détails  sur  leurs  diverses 
entrevues  et  sur  la  situation  intérieure  de  la  ville.  (Ca- 
lendar  0/ State  papers ,  i5Ga,p.  33s  et  suiv.) 
Catiiuiim;  dl  Mtoicis.  —  I. 


audicl  Dieppe  pour,  de  vostre  pari,  empeschei 
la  réceplion  desdicls  Angloys  en  ladicte  ville  et 
à  l'aide  des  amys  el  serviteurs  (pie  vous  avez 
là  dedans  garder  qu'il  ne  si'  face  une  si  perni- 
cieuse playe  en  cest  Estai.  Vous  vous  ayderez 
aussi  dudict  sieur  de  Morvillier  et  des  moyens 
qu'il  y  peut  avoir  de  sa  part  et  vous  escriprez 
daventaige  au  sieur  de  Piennes  qui  m'a  pro- 
mis de  s'y  employer  jusques  au  boni  qu'il  vous 
vienne  trouver  et  amène  avec  luy  le  plus  grant 
nombre  de  ses  amys  qu'il  pourra,  affin  que 
vous  estant  accompaigné  d'eulx,  vous  puissiez. 
par  une  commune  intelligence  el  correspon- 
dance de  tous  vos  moyens  joinetz  ainsy  en- 
semble, pourveoir  non  seullement  audicl 
Dieppe,  mais  aussy  au  Havre-de-Grace  el  em- 
peseber  que  cculx  qui  ont  une  si  maulvaise 
voluntéque  de  vouloir  mettre  lesdicts  Angloys 
dedans  ces  deux  places  ne  la  puissent  mettre  à 
exécution;  etsaichant  combien  la  craincteque 
l'on  imprime  aux  habitants  desdicts  lieux  que 
l'on  les  veult  troubler  en  leur  religion  sert  à 
les  faire  condescendre  à  ung  si  malheureux 
traielé,  vous  les  asseurorez  que  l'intention  du 
Roy  monsieur  mdn  filz,  que  la  mienne  u'esl 
poinct  d'y  innover  aucune  chose,  ny  de  per- 
mettre que  par  raison  d'icelle  ilz  soient  tra- 
vaillez ou  molestez  en  quelque  sorte  que  ce 
soyt,  aflin  que,  ce  doubte  levé  et  considérans 
les  bons,  gratieux  et  favorables  traislemens 
qu'ilz  ont  tousjours  receus  de  ceste  couronne 
ilz  ne  s'oublient  tant  que  de  permettre  qu'ilz 
soient  soubstraietz  de  l'obéissance  de  leur 
prince  naturel  pour  s'asservir  à  une  nation  qui 
leur  est  naturellement  ennemye  et  qui  n'ou- 
bliera cruaulté  quelle  qu'elle  soyl  pour,  dès  le 
lendemain  qu'elle  se  verra  dedans  leurs  villes. 
les  priver  el  dcebasser  de  leurs  propres  villes, 
maisons,  biens  el  pays  a\ec  leurs  femmes  et 
enffans,  y  adjoustant  daventaige  toutes  les 
autres  persuasions  et  renions! rances que,  selon 

69 


386  LETTRES  DE  CATH 

la  nécessité  de  l'affaire,  vous  recognoislrez  estre 
nécessaires  pour  nous  préserver  d'un  si  pé- 
rilleux inconvénient.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Senarpont,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde. 

Eseript  au  camp  de  Lazenay1,  le  xxm'  jour 

d'aoust  1 562. 

Caterine. 

BOURDIN. 


ERINE  DE  MEDIGIS. 

ce  qui  sera  possible.  Pryanl  Dieu ,  Monsieur 
de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Eseript  au  camp  de  Lazenay,  près  Bourges, 
le  xxv°  jour  d'aoust  1  56a. 

Gateriive. 
De  l'Aubespine. 


1562.  —  23  aoûl. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n"  3219.  f"  87. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnor,  Monsieur  le  inares- 
chal  de  Brissac,  vostre  frère,  m'escripl  que 
Monsieur  de  Savoye  a  retenu  par  delà  unze 
mille  escuz  des  deniers  que  le  sieur  de  Raco- 
nys2  avoyl  à  luy  du  douaire  de  Madame  de  Sa- 
voye, ma  sœur,  dont  il  doyt  estre  remboursé 
par  deçà;  et  pour  ce  que  je  désire  et  entendz 
que  iedict  remboursement  s'en  face  sans  au- 
cune longueur  ne  difficulté,  je  vous  prie  don- 
ner ordre  qu'il  en  ayt  telle  et  si  seure  assigna- 
tion qu'il  n'y  ayt  poinct  de  faulte  à  le  recouvrer 
le  plus  tost  que  faire  se  pourra.  Au  démou- 
lant, vous  sçavez  les  services  que  a  faiclz  le 
sieur  de  Sanffray,  et  ce  qui  luy  est  deu,  dont 
il  a  bien  affaire,  et  je  désire  qu'il  en  soit  aussy 
satisfaicl,  vous  priant  donner  ordre  que,  sur 
quelque  office  ou  aultres  deniers  que  vous 
pourrez  trouver  promptz,  il  luy  soit  baillé  jus- 
ques  à  deux  mille  livres,  et  du  surplus,  mon- 
tons 11'"  vc  ou  m'"  livres,  luy  bailler  telle  assi- 
gnation qu'il  s'en  puisse  ayder  à  la  nécessité 
qu'il  en  a,  estant  personnaige  qui  mérite  tant, 
qu'il  est.  bien  raisonnable  le  graliflier  de  tout 

'  Dès  le  19  aoûl,  Charles  IX  et  Catherine  s'étaient 
logés  au  château  de  Lazenay,  à  une  demi-lieue  de  Bourges. 
—  Voy.  Raynal,  Hitt.  du  llen-y,  t.  IV,  p.  57. 

-  François  Abra  de  Raronis,  trésorier  des  guerres. 


1562.  —  (  Du  a5  au  3o  aoûl.) 

Minute.  Bibl.  nat.  fonils  français,  n°  16876,  f"  638. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  D'ESTAMPES. 

Mon  cousin,  par  Berthemont  présent  por- 
teur, j'ay  receu  vostre  lettre  du  svm"  de  ce 
moys  et  veu  la  bonne  volunté  que  vous  avez  de 
satisfaire  à  ce  que  je  vous  ay  mandé  touchant 
Monlgommery  \  ayant  les  provisions  qui  vous 
sont  nécessaires;  sur  quoy  je.  vous  diray  que, 
au  mesme  instant,  allin  de  ne  riens  retarder, 
je  vous  ay  faict  dépescher  le  pouvoir  que  de- 
mandez pour  entrer  en  la  Basse  Normandie, 
lequel  vous  est  présentement  envoyé,  vous 
priant  oullre  Iedict  Montgommery,  de  qui  la 
prinse  me  seroit  aultant  agréable  que  le  pou- 
vez penser,  estant  en  la  Basse  Normandie, 
mectre  peyne  avec  l'ayde  du  sieur  de  Matignon 
de  réduyre  ce  pays  là  à  revenir  à  l'obéissance 
du  Boy  monsieur  mon  lilz  qui  luy  a  esté  ostée; 
et  quant  à  sçavoyr  à  qui  vous  remectrez  les 
places  entre  les  mains,  je  vous  prie,  si  vous  en 
recouvrez  quelqu'une,  y  mectre  quelque  gen- 
tilhomme, homme  de  bien  el  bon  catholique 
du  pays,  que  vous  cognoistrez  s'en  pouvoyi 
bien  aquicter;  en  quoy  le  sieur  de  Matignon 
vous  aydera  bien  fort,  car  il  les  congnoist  tous, 
et  ayant  à  y  demeurer  el  commander  il  sera 

1  Dans  une  lettre  datée  d'Àvranches,  le  11  sep- 
tembre 1062,  le  duc  d'Étampes  annonce  à  Catherine 
qu'il  a  fait  sa  jonction  avec  Matignon  el  le  grand  prieur. 
(Bibl.  unp.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  87,  original.)  — 
Voy.  les  lettres  du  duc  d'Étampes  au  roi  de  Navarn 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  i58j6,  f  436.) 


LETTRES  DE  CATHE 

bien  raisonnable  qu'il  sache  qui  ils  sont.  Je 
voys  envoyé  au  demeurant  la  commission  que 
demandez  Louchant  les  soixante  mille  livres 
pour  le  suide  des  cinquante  mille  hommes1, 
dlin  de  ne  laisser  riens  en  arrière  qui  vous 
puisse  servir.  Je  ne  veulx  aussy  oublier  de 
vous  dire  qu'ayant  entendu  ce  que  vous  me 
mandez  deceulx  qui  sont  avec  ledicf  Montgom- 
tnery  qui  auraient  envye  de  s'en  retirer,  je  vous 
prye  leur  promectre,  et  à  tous  ceuLx  qui  s'en 
vouldroyent  départir,  sûreté  de  se  retirer  en 
leurs  maisons  sans  qu'ilz  craignent  d'y  estre 
travaillez  ne  molestez,  pourveu  qu'ilz  ne 
lacent  scandalle  ny  chose  contraire  aux  édiclz 
et  ordonnances,  suyvani  ce  qu'il  vous  eu  a 
este'  mandé  par  la  dernière  déclaration  qui 
vous  en  a  esté  envoyée;  qui  est  tout  ce  que  je 
vous  diray,  mon  cousin,  si  n'est  que  je  suys 
devenue  femme  de  guerre,  estant  maintenant 
avec  te  Roy  monsieur  mondict  tilz  devant 
Bourges,  laquelle  a  faicl  jusques  icy  bonne 
mine,  mais  j'espère  dans  peu  de  jours  qu'elle 
changera  de  langaige.  Priant  Dieu,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  de  devant  Bourges,  le jour 

d'aoust  i  5 G  2 . 

(Au  dos.)  La  Rovne  à  Monsr  d'Estampes, 
du.  .  .  jour  d'aoust  i562. 


lilNE  DE  MEDICIS.  387 

support  qu'il  reçoyl  de  vous1,  es  chose-,  qui 
s'offrent  pour  le  service  du  Roy  monsieur  mon 

lilz .   qui   en  de ure  bien   fort  satisfaicl  et 

\  semblablement;  el  encores  qu'il  ne  vous 

faille  poinl  semondre  plus  avant  en  telles 
choses  que  je  sçay  que  vous  vous  \  portez  de 
lionne  affection,  si  vous  prierai-je  d'y  voulloir 
continuer,  Taisant  toutesfoys  des  voyaiges  de 
fois  à  autre  en  vostre  place,  selon  que  vous 
conguoislrez  et  pigerez  estre  à  l'aire  pour  veoir 
comme  tout  s'i  portera,  et  gauler  que,  parmy 
tant  de  troubles,  il  ne  se  lace  chose  qui  fust 
au  désavantaige  du  service  du  Roy  mondict 
sieur  el  lilz.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Hu- 
mières,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  garde. 
Escript  au  camp  de  Lazenay,  près  Bourges,  le 
xxx"  jour  d'aoust  i  569. 

Caterine. 

BoiRDlN. 


1562.  —  3o  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3178,  f°  ao. 

A  MONSIEUR  DHEMIÈRES, 

CflAUSSUMl  DU  POY  HOITS1BDB  MO*  F1LZ  ET  GOl VERHEUE  DE  PEROSSE. 

Monsieur  de  Humières,  mon  cousin  le  car- 
dinal de  Bourbon  m'a  faict  entendre  la  bonne 
compaignye  que  vous  luy  l'aides  et  l'advis  el 

1  La  minute  porte  bien  cinquante  mille  hommes:  mais 
il  doit  y  avoir  erreur;  c'est  cinq  mille  hommes  et  non 
cinquante  qu'il  laut  lire. 


1562.  —  1"  septembre. 
Orig.  BiLI.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  ai,  f°  7G. 

A  MONSIEUR  DE  GOMOR. 

Je  vous  renvoyé  vostre  secrétaire,  présent 
porteur,  avec  la  responce  aux  articles  par  lux 
apportés,  par  où  vous  sçaurés  l'intention  du 
llo\  monsieur  mon  fils  et  la  mienne  sur  le  con- 
tenu, n'ayant  aultre  chose  à  vous  dire,  sinon 
vous  prier  faire  toute  diligence  pour  amasser 
et  recouvrer  deniers  le  plus  que  vous  pourrez, 
comme  de  la  chose  dont  nous  avons  le  plus 
affaire.  Le  demouranl,  je  le  remets  à  luy  qui 
vous  dira  comme,  à  la  lin.  ceste  ville  a  esté 
remise  en   l'obéissance  du   Roy  mondict  lils. 

1  Le  cardinal  iJe  Bourbon  venait  d'être  nommé  lieute- 
nant général  du  gouvernement  de  Picardie-  —  Voy.  une 
lettre  de  Charles  IS  à  M.  d'Humières  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  11°  3178,  P  19),  et  une  lettre  du  cardinal  de 
Bourbon  à  M.  d'Humières  (fonds  français  n'3i87, 
f  aa). 

Ag. 


388 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


par  composition.   Priant   Dieu,  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 

Du  camp  de  Lazenay,  le  premier  jour  de 
septembre  mil  cinq  cens  soixante  deux. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

Il  a  esté  trouvé  bon,  suivant  voslre  advis, 
de  faire  faire  le  plus  tost  qu'il  sera  possible 
jusques  à  vingt  mille  boullets  et  trois  cents 
milliers  de  pouldres. 


1562.  —  (2  septembre)  '. 

Minute.  Bibt.  imp.de  Saint-Pélerst»ourg. 

A  MONSIEUR  DE  ST  SULPICE. 

Monsieur  de  Saint -Sulpice,  ce  m'a  esté 
beaucoup  de  plaisir  d'avoir  si  particulièrement 
de  toutes  nouvelles  du  costé  d'Espaigne  par  ce 
que  le  sieur  de  la  Molhe2  présent  porteur  m'a 
dicl  bien  amplement,  de  mesme  en  ce  qui 
concerne  la  bonne  et  francbe  volonté  dont  le 
Roy,  mon  beau-filz,  procedde  en  ce  qui  toucbe 
le  bien  et  conservation  de  ce  rovaume;  qui 
m'est  un  grand  lesmoignage  et  au  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  de  la  parfaite  amitié  qu'il  nous 
porte,  laquelle  ne  se  peult  mieulx  manifester 
que  par  l'aide,  secours  et  assistance  qu'il  faict 
eu  nos  malheurs;  dont  nous  lui  sentons  tant 
d'obligation  que,  s'il  se  présente  jamais  chose 
en  quoy  il  ait  besoin  de  nous  et  en  tout  ce  qui 
sera  en  nostre  puissance,  il  s'en  pourra  asseurer 
et  en  faire  estât  comme  du  sien  propre,  vous 
advisant  que  les  trois  mille  Italiens  sont  jà 
entiez  dans  ce  royaume  et  joints  avec  le  sieur 
df  Tavannes,  avec  l'ayde  desquelz,  j'espère, 

1  La  minute  d'une  lettre  de  Charles  IX,  datée  de  sep- 
tembre 1 56a,  se  reporte  à  celle-ci. — Voy.  Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  10877,  f°  >8- 

\  «y.  les  instructions  données  à  Lamollie  pour  sa  mis- 
sion en  Espagne.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15876. 
f"  465  et  Buiv.  ) 


comme  jà  il  a  très  bien  commencé,  qu'il 
pourra  avoir  moyen  de  repousser  les  Suisses1 
qui  esloient  descendus,  ayant  jà  regagné  sur 
eux  la  place  de  Màcon2  qu'ilz  avoient,  et  les 
ayant  contraints  de  se  retirer  en  arrière;  et 
quant  aux  Espagnolz  qui  sont,  il  y  a  quelques 
jours,  arrivés  en  Guyenne  et  joints  aux  sieurs 
de  Rurie  et  de  Monluc,  nous  les  avons  mandés 
pour  venir  en  ceste  armée3,  d'aultant  qu'estant 
une  si  belle  et  bonne  troupe  de  gens  signalez 
comme  ilz  sont,  venant  de  la  part  du  meilleur 
et  plus  affectionné  de  tous  nos  amis,  il  n'y  a 
forces  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  put  avoir 
avec  luy  en  ce  qu'il  eut  tant  de  fiance  que 
celle  là  qui  estasseuréeetdebontéet  de  Gdélité. 
Du  costé  des  Pays-Bas,  j'ay  nouvelle  comme 
les  cinquante  mil  escuz  estoient  arrivez  à  Pé- 
ronne,  de  façon  que  dès  ceste  heure  j'estime 
qu'ilz  seront  reçus,  sur  laquelle  somme  nous 
adviserons  de  soudoyer  quelque  nombre  d'hom- 
mes qui  nous  seront  nécessaires  pour  pouvoir 
abréger  et  terminer  ceste  guerre.  Vous  advi- 
sant, Monsieur  de  S1  Sulpice,  qu'ayant  en- 
tendu que  ceulx  d'Orléans  avoient  envoie  dans 
Bourges  douze  enseignes  et  quelques  travail- 
leurs pour  la  fortifier,  qui  leur  éloit  une  place 
si  utile  pour  le  secours  qui  leur  pourrait  venir 

1  Voy.  pour  l'entrée  des  Suisses  protestants  en  Fraix  .  . 
les  Litres  de  l'ambassadeur  Coignel  (  Bibl.  nat.  fonds 
franc.  n°  16876,  f"  198  et  i4i),  et  une  lettre  de  Ta- 
vannes à  Charles  IX  (même  volume,  f  280).  Le  gou- 
vernement de  Berne,  ne  voulant  pas  se  brouiller  ave 
Charles  IX,  envoya  en  poste,  à  Lyon,  un  membre  du 
conseil  pour  les  inviter  à  se  retirer;  ce  qu'ils  ne  tardèrent 
pas  à  faire.  (Réponse  faite  par  Messeigneurs  du  petit  et 
du  grand  Conseil  de  Berne  aux  ambassadeurs  du  Roy 
très-chrétien,  sur  leur  proposition  du  5  septembre  1062.  • 
(Archives fédérâtes ,  à  Berne). —  Voy.  Pingaud  ,  (esSnulj:- 
Tavaniies,  p.  /il. 

2  La  prise  de  Màcon  eut  lieu  le  i3  août. 

3  Voy.  Comment,  de  il/onruc,édit.  de  Ruble.  Cène  lu- 
rent ni  Monluc  ni  Bnrie  qui  amenèrent  les  Espagnols , 
mais  Sansar. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


389 


de  Lyon,  ou  pour  une  retraite.  le  liov  mon- 
sieur mon  fdz  fut  conseille'  de  la  venir  assaillir, 
où  estant  venu,  elle  fut  trouvée  meilleure  qu'on 
n'avoil  estimé,  pour  en  eslre  l'assiette  bien  fort 
advantageuse,  et  l'abord  si  difficile  et  malaisé, 
qu'il  n'est  possible  davantage,  de  façon  qu'elle 
nous  a  tenus  un  peu  plus  longtemps  que  nous 
n'avions  pensé:  mais  ayant  mon  frère  le  roy 
de  Navarre  avec  tous  ces  seigneurs  mis  peine 
de  surmonter  toutes  les  difficultez,  et  quelque 
chose  qu'ilz  fissent  pour  les  empescher  si  bien 
advancer qu'il  avoitlogé  ses  gens  dans  le  fossé 
et  esloit  fort  près  d'eulx,  ceulx  de  dedans  re- 
connurent leur  erreur  et  me  supplièrent  elle 
Roy  monsieur  mon  fdz  de  leur  pardonner,  ce 
que  j'aimois  niieulx  que  de  les  avoir  de  force, 
comme  l'on  eust  fait,  d'aultant  que  cela  ne  se 
pouvoit  faire  sans  la  perle  de  beaucoup  de 
braves  gens  et  le  sac  et  pillage  de  ceste  belle 
ville,  qui  est  une  des  meilleures  de  ce  royaume 
et  dans  laquelle  la  plus  saine  et  grande  partie 
des  habitans  estoil  calholicque;  ce  qui  nous 
•mous  à  avoir  pitié  d'eulx  et  par  l'advis  de 
tous  les  bons  serviteurs  du  Roy  mon  fdz,  et 
aussi  pour  parvenir  plus  tôt  au  but  et  chemyn 
que  le  Roy  mon  beau-filz  m'a  plusieurs  fois 
conseillé  que  suivons,  avons  sauvé  ceste  belle 
ville  qui  alloil  tomber  en  une  grande  désola- 
lion,  et  en  icelle  restabli  la  religion  calho- 
licque, ayant  esté  le  lendemain  le  Roy  mon 
fdz  et  moy,  accompagnez  du  roy  de  Navarre 
el  de  tous  lesdietz  seigneurs,  assister  à  la 
messe  en  la  grande  église  et  faict  dire  la  messe 
dans  toutes  les  aulres  églises  de  ladicte  ville. 
Je  vous  envoyé  le  double  de  l'accord  fait  avec 
ceulx    qui   estoient  dedans1,   affin  que   vous 

'  Voy.  une  lettre  adressée  par  Charles  IX ,  le  3i  aoijt 
t562,  -aux  capitaines,  soldats  et  gens  qui  étoient  dedans 
Bourges^  (Arch.  nal.  collect.  Simancas,  K.  iig8,  pièce 
n°3o);Baynal,  Ilist.  du  Berry,  t.  IV,  p.  61.  —  Il  y  a,  dans 
le  n°  3a  16  du  fonds  fiançais,  plusieurs  lettres  de  Ferey 


puissiez  donner  advis  au  Roy  mon  beau-filz. 
à  qui  je  communiquerai  toute  ma  vie  noz 
bonnes  el  mauvaises  fortunes,  et  aflin  que  nous 
lui  puissiez  rendre  compte  de  Testai  de  noz 
affaires,  aussi  qu'après  avoir  recouvré  ceste 
belle  ville,  il  a  esté  advisé  par  le  conseil  de 
mon  frère  le  roy  de  Navarre  et  de  tous  ces 
seigneurs  de  acheminer  l'armée  du  costé  d'Or- 
léans, afin  de  veoir,  ce  que  le  temps  nous 
apprendra,  si  les  Angloys  descendent  dan-  la 
Normandie,  comme  il  en  est  grand  bruit  el  \ 
en  a  de  grandes  apparences,  et  y  marcher 
droict  pour  les  en  dénicher  avant  qu'ilz  ayenl 
loisir  d'y  prendre  ung  pied,  sinon  que  l'on 
vist  que  ce  fut  plus  mine  qu'effet,  assiéger 
Orléans  et  travailler  en  réduisant  ceste  ville  a 
inectre  tout  le  royaulme  à  paix,  de  façon  que 
tout  cela  soit  remis.  Sur  les  nouvelles  que 
nous  avons  de  ce  costé  là,  ayant  aussi  donné 
si  bon  ordre  du  costé  de  Champaigne  que.  m 
les  Allemans  ne  viennent  bien  forts,  il  leur  sera 
malaisé  de  passer.  Au  demeurant  j'ay  veu  la 
lettre  pour  l'assignation  du  douaire  de  la  Ro\  ne 
ma  fille  que  vous  m'avez  envoyée,  laquelle 
je  feray  veoir  au  conseil,  mais  que  .Monsieur 
de  Limoges  soit  icy,  d'aultant  qu'il  nous  en 
pourra  rendre  meilleur  compte  que  homme  du 
monde;  et,  cela  faict,  nous  vous  la  renverrons 
par  la  première  occasion  et  vous  advertiraj  de 
nostre  intention.  J'ay  aussi  mandé  à  Monsieui 
d'Escars  '  de  se  conjouir  avec  ce  prince  -  de  sa 
convalescence,  qui  ne  fauldra  de  faire  cet  office  : 
et  quant  à  ce  qui  \ous  touche,  j'ay  commandé 
au  trésorier  de  l'Espargne  de  vous  faire  du 

et  du  trésorier  Moreau  à  M.  de  Gonnor  où  il  est  ques- 
tion du  siège  et  de  la  prise  de  Bourges. 

1  II  venait  d'être  envoyé  en  Espagne  par  le  roi  de  Va 
varre. — Voy.  une  lettre  de  Charles  IX  à  Saint-Sulpice  pour 
le  lui  recommander.  (Bibl.  liât,  fonds  franc,  n'    1,6877, 

'9-) 

2  Don  Carlos. — Voy. Gachard,  Don  Onks pi  PhiHppi  II 

t.  I,  p.- 


390 


LETTRES  DE  CATH 


mieulx  qu'il  pourra;  mais  vous  seavez  aussi 
la  nécessité  où  nous  avez  laissé  qui  n'est  pas 
a  mandée,  ainsi  que  ce  porteur  vous  dira,  le- 
quel je  vous  prieray  au  demourant  croire  de 
ce  qu'il  vous  dira  de  ma  part  comme  moi- 
mesmes  et  surtout  vous  n'oublierez,  suivant  ce 
qui  par  devant  vous  a  esté  escript  et  mandé, 
de  faire  toute  insistance  envers  ledict  Roy 
mon  beau-fils,  que  si  la  royne  d'Angleterre 
vient  à  se  déclarer  bientost  contre  nous, 
comme  cela  en  fait  la  mine,  il  face  de  son 
costé  la  mesme  déclaration  contre  elle  et  en 
nostre  faveur1,  ainsi  que,  plusieurs  fois,  il 
nous  eu  a  faict  promesse  par  son  ambassa- 
deur; qui  est  la  chose  où  plus  vous  aurez  à 
faire  à  ceste  heure  et  y  veillerez  sans  cesse, 
nous  ad \ei  tissant  de  ce  que  nous  en  devrons 
écrire,  et  sur  ce  je  prieray  Dieu,  Monsieur  de 
S'  Sulpice,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Bourges,  le  .  .  .  jour  de  septembre  i56s. 


1562.  — (2  septembre.) 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  30783,  f"  îaa  v\ 

A  MONSIEUR  DE  SOUBISE. 

Monsieur  de  Soubise2.  voyant  par  les  lettres 

1  Philippe  II,  loin  de  faire  celle  déclaration,  tout  en 
envoyant  des  Espagnols  au  secours  de  Charles  IX,  avait 
eu  bien  soin  d'écrire  à  la  duchesse  de  Parme  que  c'était 
pour  cause  de  rébellion  de  ses  sujets  qu'il  venait  en  aide 
au  Roi  son  frère,  mais  non  pour  cause  de  religion,  ne 
voulant  pas  se  brouiller  avec  les  Allemands,  et  il  invitait 
la  duchesse  à  faire  connaîlre  ses  intentions.  (Arch.  nat. 
collect.  Simancas,  K.  là 96,  pièce  n°  86.) 

:  Jean  Larehevêque,  s'  de  Soubise,  né  en  i5ia;  il 
lit  ses  premières  armes  dans  le  Piémont.  En  1 556  il  lut 
nommé  lieutenant  général  commandant  l'armée  de  Tos- 
cane; remplacé  par  Monluc,  il  devint  au  retour  gentil- 
homme de  la  chambre  du  Roi  et  fut  créé  chevalier  de 
l'ordre,  le  7  décembre  1 55 1 .  Un  des  premiers  il  se  dé- 
clara pour  le  prince  de  Condé,  qui  l'envoya  commander 
a  Lyon  à  la  place  de  des  Adrets.  Accusé  du  meurlre  du  duc 


ER1NE  DE  MÉDICIS. 

que  vous  avez  escriptes  tant  à  Monsieur  le 
prince  de  la  Roche-sur-Yon  qu'à  mademoi- 
selle du  Goguyer  que  continuez  en  la  mesme 
bonne  volonté  que  d'aultres  fois  je  vous  ay 
veu  de  faire  service  au  Roy  mon  filz  et  qu'avez 
si  bien  et  si  saigement  faict  de  n'avoir  receu 
les  Suisses  \  cela  a  esté  cause  que  je  vous  ay 
bien  voulu  escripre  la  présente  pour  vous  dire 
que,  si  avez  si  bonne  voullonlé  que  me  man- 
dez, qu'il  est  en  vous  de  faire  ung  bon  service 
au  Roy  mon  filz  et  le  me  montrer  par  effect 
en  remectant  Lyon  du  tout  en  son  obéyssance, 
et  si  avez  envye  de  le  faire  et  que  m'en  adver- 
tissiez,   vous   pouvez  asseurer  que  celuy  que 

de  Guise,  il  se  retira  de  la  cour  et  mourut  le  1"  septem- 
bre ij66.  —  Voy.  France  protestante,  art.  Larehevêque. 
1  Voici  ce  que  nous  lisons  dans  un  «  Discours  des  choses 
advenues  à  Lyon  pendant  que  M.  de  Soubise  y  a  com- 
mandé- (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  20783,  P  ia3  v°)  : 
*Le  sr  de  Tavannes  s'estant  approché  à  deux  lieues 
près  de  Villefranche,  les  Suisses  (ils  étaient  à  Anse)  en 
furent  adverliz,qui  fut  assez  lard ,  s'en  vindrent  coucher 
deux  lieues  plus  arrière,  tirant  vers  Lyon,  et  le  soir 
mesme  advertirent  M.  de  Soubise  qu'ilz  seroient  le  len- 
demain matin  à  Lyon ,  lequel  incontinent  feit  faire  leur 
logis,  assavoyr  partye  d'ung  des  cousiez  de  la  Saosne  et 
partve  de  l'aultre.  Deux  jours  après  il  leur  fist  faire  monstre 
et  le  lendemain  les  licencia,  qui  donna  ung  grand  effroy 
à  plusieurs  Lyonnois  elmesmementaulx  plus  riches,  pen- 
sans  estre  tous  morts  ayans  perdu  leurs  Suisses,  lesquelz 
ilz  avoient  faict  venir  pour  garder  leur  ville,  de  sorte  que 
la  plus  part  d'eulx sortirent  avec  lesdiclz  Suisses,  les  tmgs 
soubz  coulleur  d'accompagner  les  marchandises  qu'on 
envoyoit  à  Genève  pour  faire  argent,  les  aultres  d'aller 
à  leurs  granges,  et  les  aultres  sortans  à  pied,  feignans 
s'aller  promener  pour  veoir  passer  les  Suisses;  à  quoy  le- 
dict sieur  de  Soubise,  selon  qu'il  donna  à  entendre,  n'eut 
pas  grand  regret,  disant  publiquement  que  tous  ceulx 
qui  avoient  peur  luy  feroient  grand  plaisir  de  faire  la 
semblable  ;  estans  lesditz  Bernois  licenciez  et  sur  leur 
parlement,  les  cappitaines  des  Vallèsiens  et  de  Nenfchas- 
tel  se  vindrent  offrir  audict  s'  de  Soubize  de  faire  six 
enseignes  de  leurs  gens  et  d'aulcuns  Bernois  qui  estoienl 
contens  de  demeurer  avec  eulx,  ce  que  le  s'  de  Soubize 
accepta.  - 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICJLS. 


391 


vous  m'envoyerez  n'aura  uv  mal  nj  desplaisir, 
et  que  je  recognoistray  de  telle  façon  le  ser- 
vice que  vous  ferez,  qu'aurez  occasion  d'estre 
contant  plus  que  n'eussiez  jamais;  et  si  vous 
m'eussiez  voullu  croire,  quand  vous  partistes 
de  Fontainebieu ,  de  dire  ce  que  je  vous  avois 
dicl  à  Monsieur  l'admirai  de  renvoyer  ses  gens 
el  ne  bouger  de  chez  luy,  nous  ne  fussions  pas 
en  la  peyne  où  nous  sommes,  et  ce  pauvre 
royaulme  fui  en  repoz;  mais  il  n'a  pas  pieu  à 
Dieu  et,  s'il  luy  plaist  et  à  vous  de  faire  ce  que 
je  vous  mande,  vous  serez  trop  heureux  et  ce 
pauvre  royaulme  et  nous  tous  vous  en  serions 
bien  tenuz  et  vous  ferons  cognoislre  par  effect 
comment  nous  estimons  le  service  qu'aurez 
faict  en  cela.  Je  prie  Dieu  qu'il  vous  doint  la 
volonté  de  le  faire. 

Caterine. 


1562.  —  •>  septembre. 
Copie.  Bibl.  nat.  Coilect.  D.  Houssrau,  t.  X ,  p.  à35<j. 

\  MONSIEUR  DU  LUDDE, 

CENTILBOMME   ORDINAIRE   DE  LA  CBlMBBE  DU  BOY  MONSIEUR  MON    FILS 

FT    -^ON    LIEUTENANT    AU    GOCVEBNEMENT    DE    POICTOO  , 

FN    L'ABSENCE   DO    BOT    DE   NAÏABBE. 

Monsieur  du  Ludde1,  j'ay  receu  les  lettres 
que  vous  m'avés  escriptes  et  par  le  lieutenant 
général  du  siège  présidial ,  et  depuys  du  x\i\c 
du  passé.  Et  quant  audict  lieutenant  je  l'ay 
faict  satisfaire  sur  tout  ce  qu'il  demandoyt,  de 
façon  que,  retournant  par  delà,  il  vous  en  ren- 
dra bon  compte.  El  quant  à  ce  que  me  mandez 
de  ce  qu'il  y  a  plusieurs  gentilshommes  qui 
désirent  retourner  en  leurs  maisons,  s'ils 
avoient  seureté,  vous  ne  sçauriez  faire  plus  de 
service  au  Roy  monsieur  mon  fils  que  de  le 

1  Guy  de  Daillon,  sieur  du  Ludo,  fils  de  Jean  ,  comte 
du  Lutle,  lieutenant  général  en  Guyenne;  il  se  signala 
dans  les  guerres  de  religion  et  mourut  à  Briançon.  le 
i  !  juillet  i  5 


leur  permettre  de  sa  pari,  pareille  à  celle  qui 
fut  baillée  aux  -ieurs  de  Pieues1,  du  Vigeu- 
el  inliniz  autres  depuys,  dont  je  vous  envoyé 
un  double  pour  leur  monstrer,  les  pouvant 
asseurer  que,  s'estant  relirez  de  cesle  façon  et 
ayans  seureté  de  nous,  il  ne  leur  sera  faict 
aucun  desplaysir,  non  plus  que  aux  autres,  et 
ne  le  permettrons  jamays.  Et  pour  ce  il  sera 
besoing  m'en  envoyer  les  noms,  afiin  de  leur 
faire  dépescherdes  brevets  qu'ilz  garderont .  el 
n'y  aura  faulle  qu'ilz  ne  vous  soyenl  envoyés 
Quant  à  l'argent  que  vous  avés,  vous  ne  sçau- 
riez mieulx  faire  que  de  l'envoyer  avec  lionne 
seurelé  el  d'adverlir  le  sr  de  Clervaulx3  qui  esl 
à  Tours,  afin  qu'il  envoyé  au  devant  pour 
recullir  et  faire  conduyre ,  et  me  donner  advis 
du  temps  qu'il  partira  pour  leur  mander  le 
lieu  où  ilz  le  feront  tenir. 

Au  demourant,  je  vous  advise  que  nous 
avons  reprins  Bourges  par  composition,  ayanl 
esté  donné  seureté  de  leurs  vies  el  de  leurs 
biens  à  ceulx  qui  estoyent  dedans;  ce  que  j'ai 
faicl  pour  saulver  celle  belle  \ille  du  sac  et  du 
pillage  dont  elle  esloyt  fort  près,  si  l'an  y  feus! 
entré  de  force,  comme  l'on  eust  faicl  s'ils  ue 
se  l'eussent  renduz,  ayant  aymé  trop  mieulx 
l'avoir  de  ceste  façon  et  la  conserver  en  son 
entier  que  aultremenl;  qui  est  tout  ce  que  je 
vous  diray.  Priant  Dieu,  Monsieur  le  conte, 
\ous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

De  Bourges,  ce  n°  jour  de  septembre  nul 
cinq  cent  soixante  deux. 

Caterine. 
robertet. 

1  Claude  de  Halltiin,  s'  de  Piennes;  il  avait  abandonm 
le  parti  du  prince  de  Coudé.  —  Voy.  une  dépêche  du 
io  août  dans  le  Calendar  of  State  papers,  i  56-.î  ,  p. 

5  François  du  Fou,  sr  du  Vigean.  —  Vo\.   Mén 
de  Caxt  ■Inau,  édit.  de  Le  Laboureur,  t.  II,  p.  3. 

Paul  Chabot,  s'  de  Clervaulx.  —  Voy.  Bibl.  nat. 
fonds  Français  (quittances),  \ol.  i5y.  pièce  i8?.3. 


392 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


1 562.  —  2  septembre. 

Orig.  Ardi.  du  Rhône. 

A  MONSIEUR  DE  MAUGIRON, 

GENTILHOMME   OBDINAIBB    DE  LA    CHAMBRE   DU   BOT    MONSIEUB   MON    HLZ  , 

ET  SOS    LIEUTENANT  GENEBAL  ES  DAULPHINE , 

EN    L'ABSENCE   DE    MON   COUSIN  LE    DEC    DE    CUISE. 

Monsieur  de  Maugiron,  vous  entendrez  par 
la  lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript  présentement,  comme  il  désire  que 
vous  vous  en  allez  promplement  en  Piedmont, 
avec  le  sieur  d'Alluye,  présent  porteur,  affin 
de  prendre  du  sieur  de  Bourdillon  et  amener 
par  deçà  jusques  à  Chaalon,  où  est  le  sieur  de 
Tavanes,  les  dix  enseignes  de  gens  de  pied 
françoys,  les  troys  compaignies  de  gendar- 
merie et  les  deux  cornettes  de  chevaulx  légers, 
que  ledict  sieur  Roy  mon  filz  faict  venir  du- 
dict  Piedmont.  Et  pour  ce  qu'il  est  en  cela 
question  d'user  de  toute  dilligence,  je  vous 
prieray  bien  fort  de  l'avoir  en  recommanda- 
tion ,  selon  le  grand  besoing  que  vous  pouvez 
congnoistre  que  nous  en  avons,  ainsi  que  vous 
dira  ledict  sieur  d'AHuye,  dont  vous  le  croyrez 
comme  moy-mesmes.  Et  je  supplieray  le  Créa- 
teur vous  donner,  Monsieur  de  Maugiron,  ce 
que  desirez. 

Escript  à  Bourges,  le  n°  jour  de  septembre 

î  562. 

Catehine. 


1562.  —  h  septembre. 

(  Imprimé  daus  les  Instructions  et  lettres  des  Rois  très-cbresliens  et 
de  leurs  ambassadeurs,  et  autres  actes  concernant  le  concile  de 
Trente,  p.  380.) 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  pour  venir  à  la  res- 
ponse  que  j'ay  à  vous  faire  sur  vostre  dernière 
lettre,  je  vous  diray  que  j'ay  considéré  l'ample 


discours  que  vous  me  l'aides  des  propos  que 
vous  avez  tenus  à  l'Empereur  monsieur  mou 
bon  frère  sur  le  faict  du  concile,  et  pour  ré- 
chauffer et  faire  poursuivre  vivement  par  ses 
ambassadeurs  le  faict  de  la  réformation,  lais- 
sant pour  la  fin  ce  qui  concerne  la  doctrine, 
qui  est  suivre  ce  que,  par  l'advis  de  tous  ces 
seigneurs,  je  vous  en  avois  escrit,  et  ce  que 
du  commencement  a  esté  jugé  le  plus  néces- 
saire pour  rendre  fructueux  ledict  concile 1. 
Toutefois,  cognoissant  le  danger  qu'il  y  aurait 
que  cela  trop  vivement  poursuivy  donnast 
occasion  au  Pape  de  chercher  à  dissoudre  le- 
dict concile,  je  vous  ay  mandé  par  ma  der- 
nière que  je  me  conformerais  à  l'advis  de  mon 
bon  frère,  qui  est  de  s'accommoder  à  tout  ce 
qui  sera  possible,  pour  si  bien  asseurer  et 
établir  ledict  concile,  qu'il  serait  hors  de  la 
puissance  du  Pape  de  le  rompre,  quand  bon 
luy  semblera,  et  lors  les  choses  qui  pour  le 
commencement  ont  semblé  trop  crues  et  dures 

1  Voici  ce  qu'écrivait  du  Ferrier  à  l'évèque  de  Rennes , 
à  la  date  du  1"  septembre  :  r Quelque  asseurance  que 
vous  donne  le  nonce  de  remettre  les  articles  de  la  messe 
que  M.  de  Lansac  nous  a  envoies,  on  a  entendu  suriceulx 
plus  de  soixante  théologiens  et  cent  quatre  vingt  évèques 
et  plus  de  cent  ont  dit  leur  opinion  ;  de  sorte  qu'ilz  seront 
canonisés  "  à  la  première  session,  et  quelques  difficultés  que 
les  protestants  facent  en  ceste  doctrine,  il  n'y  en  a  pas  un 
de  tous  les  susnommés  qui  ait  esté  de  contraire  opinion. 
L'on  commença  vendredi  dernier  traicter  de  la  requesle 
laicte  par  les  ambassadeurs  de  l'Empereur  pour  obtenir 
la  communion  sous  les  deux  espèces.  Quelques  raisons 
que  ladicle  requeste  contienne,  elle  ne  sera  pas  enté- 
rinée, et  le  meilleur  qui  pourra  advenir,  c'est  de  la  ren- 
voier  au  Pape,  encore  que  tous  soient  d'advis  que  dans  la 
primitive  église  on  communia  sous  les  deux  espèces,  et 
qu'il  n'en  est  d'autre  prohibition  que  celle  portée  au  con- 
cile de  Constance.  La  crainte  d'osier  le  célibat  après  avoir 
obtenu  ceste  communion  empesebe  qu'ilz  ne  peuvent 
gouster  la  conséquence  et  l'importance  de  cette  requeste. 
L'on  tâche  de  mettre  fin  au  concile.  1  (Drilish  Muséum, 
collect.  Egerton,  MàceU.  lett.  I.  VIII.) 

■  Canonises,  approuvés. 


LETTRES  DE  CATHE 

se  pourront  meurir  avec  le  loups:  au  moyen 
de  <jti'  \  je  désire  que  vous  délaissez  cette  pour- 
suite de  réformation,  car  aussi  bien  n'y  pou- 
vez-vous  rien  advancer  ny  promouvoir  au  lieu 
où  vous  estes,  et  si  suis  bien  d'advis  avec  cela, 
puisque  vous  voyez  que  mondict  bon  frère  remet 
beaucoup  de  sa  première  sévérité  en  cet  affaire 
du  concile,  que  vous  ne  lui  en  parliez  plus  que 
.simplement  et  généralement,  si  luy-mesme 
ne  vous  met  en  propos  de  quelque  particula- 
rité. Cependant  mon  cousin  le  cardinal  de 
Lorraine  arrivera  à  Trente,  qui  sera  pour  tout 
le  mois  d'octobre  prochain,  ainsi  que  je  vous 
ai  escrit  par  madicte  dernière  dépesche,  et  avec 
si  bon  nombre  de  prélats  françois  et  de  doc- 
teurs en  théologie,  que  j'espère  qu'avec  la 
grâce  de  Dieu  et  à  l'aide  de  tant  de  grands  et 
savants  personnages  qui  sont  audict  concile 
amateurs  d'une  bonne  et  saincte  réformatiou, 
il  pourra  faire  amender  et  rabiller  ce  qui  en 
aura  besoin,  et  vous  advertira ,  selon  les  occa- 
sions, à  poursuivre  et  solliciter  mondict  bon 
frère  de  quelque  chose  de  particulier.  J'ai  esté 
bien  aise  d'entendre  qu'il  a  faicl  démonstration 
de  désirer  l'arrivée  de  mondict  cousin  audict 
concile,  et  de  ce  qu'il  le  prie  de  se  haster  :  cela 
me  faict  croire  de  plus  en  plus  qu'il  a  envie  que 
les  ambassadeurs  et  prélats  soient  comfortés 
en  beaucoup  de  bonnes  choses  sur  lesquelles 
ils  s'estoient  bien  .déclarez  ouvertement  du 
commencement;  mais  depuis,  pour  ne  mes- 
contenterle  Pape  et  peut-eslre  pour  cognoistre 
qu'il  n'y  avoit  rien  d'assez  préparé  pour  en 
tirer  le  fruict  qu'ils  désirent,  ils  ont  jugé,  et 
non  sans  grande  occasion,  y  devoir  aller  plus 
froidement  et  réservement.  L'arrivée  de  mon- 
dict cousin  elle  progrez  que  prendra  ledict  con- 
cile, après  qu'il  sera  là.  fera  lever  le  masque, 
et  nous  découvrira  ce  que  chacun  \  portera  de 
bonne  et  saincte  intention. 

Ma  lettre  estant  jà  signée,  j'ai  reccu  la  vostre 

Catiiem>e  de  Médicis.  —  1. 


RINE  DE  MEDICIS.  393 

du  \iu'  du  passé,  par  laquelle  j'ay  esté  bien 
aise  d'entendre  ce  que  mondict  bon  frère  vous 
a  dicl  de  l'assemblée  des  princes  protestans, 
dont  ceuxd'Orléans  les  requéraient;  et  suis  bien 
d'advis  que,  sans  autrement  presser  mondict 
bon  frère  d'en  écrire,  vous  vous  accommoderez 
à  ce  qu'il  advisera  y  devoir  faire  pour  le  mieux. 
J'ai  aussi  pris  grand  plaisir  à  voir  la  despesche 
qu'il  a  faicte  à  ses  ambassadeurs  an  concile 
pour  remonstrer  aux  légats  et  pères,  qui  sont 
assemblez  à  Trente.  Et  quant  à  vostre  parti- 
culier, je  suis  après  à  y  faire  pourvoir,  consi- 
dérant le  lieu  où  vous  estes,  la  dépense  qu'il 
vous  fault  continuer  et  le  peu  de  moyen  que 
vous  avez  d'y  satisfaire  sans  l'aide  de  la  libéra- 
lité du  Roy  monsieur  mon  filz,  laquelle  ne 
peut  estre  telle  et  si  présente  que  je  désirerais , 
dont  je  suis  marrie  infiniment. 


1562.  —  k  septembre. 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n"  i5&io,  f° 73. 

\  MONSIEUR  DE  L  AIN  SAC. 

Monsieur  de  Lanssac,  j'ay  quasi  en  ung 
mesme  temps  receu  voz  deu\  dépesches  des 
premier  et  xim"du  mois  d'aoust  dernier  passé, 
avec  le  dupplicata  d'icelle  du  xxime  du  précé- 
dent l  dont  l'original  n'est  poinct  venu  en  mes 
mains;  et  fault  qu'il  se  soit  perdu  comme  beau- 
coup d'autres  pacquelz  par  les  chemins.  Or 
pour  vous  respondre  en  peu  de  parolles  sur 

1  Voy.  celle  lettre  de  Lansac  dans  les  Instruction*  el 
urtes  concernant  le  concile  de  Trmte,  p.  263. —  Voici  le  ré- 
sumé d'une  autre  lettre  écrite  par  lui  à  l'évêquede  Hennés 

à  la  date  du  3 1  aoùl  :  -  L'évêque  de  Cinq-Eglises,  a a 

de  l'Empereur,  veut  poursuivre  avec  nous  la  réformation 
des  mœurs.  Nous  déliter  ins  avec  lui  pour  une  action  com- 
mune, mais  ce  poinl  ne  sera  pas  accordé.  11  serait  prêt 
ral)le  de  voler  par  nation  ,  el  non  par  la  pluralité  des  voix . 
mais  il  attendra  pour  en  faire  la  proposition.-  {Brititl 
Muséum,  collect.  Ege  ton,  \liscell.  kit.  vol.  VIII.) 

5o 


39/i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


le  contenu  èsdictes  trois  dépesches,  je  vous 
dirav  en  premier  lieu  :  que  par  celle  que  vous 
porte  Baudon  vous  verrez  comme  il  est  impos- 
sible que  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de 
Lorraine  ny  les  prélatz  qu'il  mène  quant  et 
luy  au  concile  y  puissent  arriver  assez  à  temps 
pour  la  prochaine  cession ,  estans  les  occasions 
de  leur  retardement  telles  et  si  précises  qu'elles 
ne  demandent  poinct  d'autre  excuse  que  l'im- 
possibilité que  y  a  apporté  la  continuation  des 
troubles  de  ce  royaulme,  ainsi  que  chascun 
le  congnoist;  mais  il  n'y  aura  poinct  de  faulte 
que  vous  ne  l'ayez  avec  la  bonne  et  grande 
compaignye  de  prélatz  portée  en  la  liste  que 
je  vous  en  ay  dernièrement  envoyée  pour  tout 
le  moys  d'octobre  prochain.  Cependant  il  esl 
bien  force  que  n'aiant  poinct  de  part  en  la  plus 
part  de  ce  qui  s'ordonne  et  décrecte  par  les 
légatz  et  pères,  vous  laissez  passer  doulcement 
beaucoup  de  choses  ausquelles  mondict  cousin, 
mais  qu'il  soit  par  delà,  essayera  de  pourvoir 
el  remédier  selon  le  besoiug.  Je  trouveroys 
estrange  de  veoir  que  chascun  se  soit  ainsi 
refroidy  es  choses  bonnes  et  sainctes  qui  ont 
esté  proposées  et  qui  sont  demeurées  sans  dé- 
cision, si  je  ne  considéroys  qu'ilz  le  peuvent 
taire  pour  deux  ou  trois  occasions  :  la  pre- 
mière qu'ilz  craignent  de  mescontanter  de  pre- 
mière abordée  le  Pape  et  que  cela  luy  donnast 
occasion  de  rompre  le  concile,  ce  qu'il  fault 
fuvr  et  éviter  aultant  que  Ion  peull;  l'autre 
qu'ilz  ne  se  voient  poinct  assez  fortifiiez  de 
vouz  pour  les  choses  sainctes  et  raisonnables 
qu'ilz  enlendoient  poursuivre,  lesquelles  diffé- 
rées se  pourront  meurir  et  faciliter  par  leur 
pascience  et  dextérité  avec  le  temps.  Toute- 
fois l'arrivée  de  mondict  cousin,  et  le  progrès 
que  prendra  ledict  concile  après  qu'il  y  sera 
joinrt,  en  esclercira  la  vérité;  car  lors  estant 
la  compagnye  renforcée  de  sa  présence  et  de 
celle  de  nosdictz  prélatz,  il  fauldra  que  chascun 


lève  le  masque  et  descouvre  ce  qu'il  y  portera 
de  bonne  intention. 

Au  demeurant,  le  sieur  de  Pibrac1,  estant 
tombé  malade  par  lechemyn,  n'a  peu  porter 
le  travail2  de  la  poste  pour  nous  venir  trouver: 
mais  nous  a  depesché  ung  gentilhomme  avec- 
une  bien  ample  lectre  qu'il  m'a  escripte  de 
tout  ce  qu'il  avoit  à  nous  dire  et  remonstrer 
de  vostre  part;  qui  est  en  substance  que,  si 
l'on  veult  tirer  fruict  du  concile,  il  fault  que 
mondict  cousin  se  rende  le  plus  tost  qu'il 
pourra,  et  pour  ce  que  je  vous  ay  jà  bien  am- 
plement satisfaict  quant  à  ce  poinct  et  que  je 
ne  voy  pas  qu'il  y  ait  particularité  qui  requière 
aultreresponse,  je  me  contanteray  de  vous  dire 
que  le  sieur  de  l'Isle,  nostredict  ambassadeur 
à  Rome,  ne  faict  pas  l'alarme  de  l'assemblée 
des  forces  que  font  le  Pape  et  le  duc  de  Flo- 
rence si  chaulde  qu'elle  est  au  lieu  où  vous 
estes,  et  semble,  à  ce  qu'il  en  escript,  que  ce 
soit  plus  tost  pour  la  conservation  de  l'Estat  de 
Sa  Sainctelé  et  de  l'obéissance  de  ses  subjectz , 
qui  se  mescoulantent  et  mutinent  pour  l'exac- 
tion de  ses  nouveaulx  subsides,  que  pour 
offension 3.  Le  temps  nous  descouvrira  bientosl 
ce  qui  en  est,  mais  je  seroys  bien  marrye  que 
l'on  se  voullust  ayder  de  ce  prétexte  pour  la 
dissolution  dudict  concile,  qui  est  l'une  des 
choses  que  je  craindroys  autant. 

Vous  verrez,  Monsieur  de  Lanssac,  par  ma 
dernière  lettre  comme  nous  nous  estions  ache- 
minez pour  nous  joindre  à  nostredicte  armée, 
et  nous  en  venir  au  siège  de  ceste  ville  qui 

'  Guy  du  Faurde  Pibrac,  né  en  1029,  mort  en  i584. 
un  de  nos  ambassadeurs  au  concile  de  Trente.  Sa  vie, 
par  Guillaume  Colletet,  a  élé  publiée  par  M.  Tatmzey  d>- 
Larroque. — Voy.  une  lettre  de  lui  à  Catherine  de  Médicis 
dans  les  Instructions  et  lettres  concernant  le  concile  de 
Trente,  p.  2  70. 

-   Travail,  fa  ligue. 

3  Offension ,  offensive. 


LETTRES  DE  CATHERlPsE  DE  MÉDICI'S.  395 


s'esl  trouvée  j »  1  u -  forte  el  qui  s'est  l'aicl  com- 
batte beaucoup  plus  obstinément  que  l'on  ne 
pensoil  qu'elle  deusl  faire.  Il  a  fallu  gangner 
toutes  choses  pié  à  pie  avant  que  l'on  ayt  ja- 
mais sceu  faire  condescendre  le  s'  d'Ivoy  qui 
s'estoil  mis  dedans  à  s'en  départir  et  à  la  re- 
naectre  es  mains  du  Roy  monsieur  mon  (ilz. 
Toutefois,  voianl  à  la  lin  son  fossé  gangue  et 
noz  gens  logez  dedans,  il  a  accepté  les  condi- 
tions que  je  vous  envoie,  que  le  Roy  moiidict 
sieur  et  lilz  lu v  a  accordées  à  ma  requeste, 
telles  (jue  vous  verrez,  ayant  estimé  que  es 
premiers  ans  où  il  est  encore  constitué,  il 
seroyl  plus  séant  et  recommandante  de  les 
\eoir  plaines  de  grâce  et  de  miséricorde  que 
de  rigueur  et  de  sévérité.  Le  sr  de  Tavanes 
a  surpris  en  Rourgongne  la  ville  de  Mascon 
dont  les  rebelles  s'estoient  impatronez  dès  le 
commencement  de  noz  troubles,  et  repris 
Tornu  qu'ilz  avoient  pris  depuis  l'arrivée  des 
Suisses  du  canton  de  Renie,  les  ayant  telle- 
ment dénichez  de  tout  ce  qu'ilz  avoient  audict 
pays  de  Rourgongne  qu'il  est  anjourdhuy  entiè- 
rement remis  en  l'obéissance  du  Roy  mondict 
sieur  et  fîlz,  et  en  repos  et  tranquilité,  comme, 
d'autre  part,  les  s"  de  Ruryc  et  de  Moulue  ont 
faict  en  la  Guyenne,  et  le  sr  de  Joyeuse  au 
Languedoc  qui  s'en  vont  réduietz  sembiable- 
men!.  J'ay  taict  dépescher  mon  cousin  le  duc 
de  Nemours  '  qui  s'en  va  joindre  toutes  les  forces 
dudict  pais  de  Rourgongne  avec  celles  de  Dau- 
phiné  et  Provence ,  et  le  secours  d'Italiens 
que  nous  a  envoyé  ie  Roy  catholicque  mon- 
sieur mon  beau-lilz,  et  avec  ung  bon  nombre 
•  le  cavalerie  qu'il  mène  quant  et  luv,  fera  une 
si  gaillarde  armée  qu'il  pourra  facillemeut  et 

1  11  venail  d'être  misa  I..  tête  de  l'armée  que, com- 
mandait Tavannes  qui  lui  avait  été  adjoint  en  qualité  de 
lieutenant,  niais  <|ui ,  mécontent  de  cette  apparente  ili-- 
grâce,  se  retira. —  Voy.  Pingaud,  Les  Saule -Tavannes, 

p.  h  i . 


en  peu  de  temps  réduire  tout  ce  que  lesdiclz 
rebelles  occupent  esditz  paiz,  et  tellement 
brider  Lyon  qui  esl  assiz  en  pays  inlériille, 
comme  vous  sçavez,  que  sans  se  mettre  en 
peyné  d'y  faire  ung  grant  effort  ny  ruyner 
une  ville  si  grande  et  si  riche,  ceulx  de  dedans 
soienl  contrainetz  par  faulte  de  vivres  de  re- 
congnoistre  leur  faillie  et  de  venir  aux  pieds 
du  Roy  mondicl  sieur  et  lilz  pour  luy  de- 
mander mercy.  Et  par  ainsi,  ne  restant  plus 
que  Orléans  et  ce  qui  s'est  rebellé  en  Nor- 
mandye  pour  le  plus  diflicile,  nous  nous  ré- 
souldrons  dedans  peu  de  jours  auquel  cesle 
armée  aura  à  s'atacber  le  premier,  avant  pour- 
veu  du  coslé  de  la  Champaigne  d'une  autre  si 
bonne  force  que  nous  espérons  bien  empes- 
cher  que  ce  qui  leur  pourra  venir  de  gens  du 
coslé  d'Allemaigne  ne  nous  fera  grant  dom- 
mage et  ne  mectera  pas  le  pié  bien  avant 
dedans  noz  pays;  qui  esl  en  peu  de  parolles 
Pestât  auquel  par  la  grâce  de  Dieu  noz  affaires 
se  retrouvent  pour  le  présent,  dont  j'ay  bien 
voulu.  Monsieur  de  Lanssac,  vous  faire  si  brie! 
cl  sommaire  discours.  Et  sur  ce,  je  voiz  prie; 
Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Rourges,  le  1111e  jour  de  septembre 
i56a. 


l  1 502.  —  5  septembre .  ) 
Copie.  Record  office ,  Slate  papers ,  France',  vol.  XXIV. 

A   L  AMBASSADEUR  D  ANGLETERRE  '. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  aussi  entendu 
la  plaincte  (pie  la  reync  d'Angleterre  ma  bonne 
seur  vous  a  faicte  d'aucuns  navires  anglois 
arrestés  en  Brelaigne  et  déprédations  faictes 
sur  ses  subjecls,  dont  je  vous  asseure  que  nous 
n'avons  encores  riens  sceu  et  m'en  déplais! 
grandement,    ayant    présentement   dépesché 

1   Sir  Tlirockmorton. 


396 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


ung  courrier  à  loute  diligence  à  mon  cousin  le 
duo  d'Estampes  pour  faire  faire  la  réparai  ion 
cl  restitution  avec  si  bonne  et  roidde  justice 
de  ceulx  qui  auront  faictceste  faillie  qu'elle  la 
cognoisse  estre  advenue  sans  le  sceu  du  Roy 
monsieur  mon  filz  et  de  moy,  et  à  noslre  1res 

grand  regret. 

Caterine. 

J'ay  eu  response  de  mon  cousin  le  duc  d'Es- 
tampes qui  m'a  mande'  qu'il  a  fait  entièrement 
relascher  tout  ce  qui  avoit  esté  saisy  en  Bre- 
taigne  appartenant  à  des  Anglois,  tant  navires 
que  marchandises. 


1562.  —  6  septembre. 

'Copie.  Bibl.  nal.  fonds  fiançais  ,  n°  17988  ,  f'  3/i  r°. 

A  MONSIEUR  DE  L'ISLE, 

CONSEILLER   ET!  IlOÏ  MONSIEUR  MON  FILZ  , 

MAITRE  DES  REQUESTBS  ORDINAIRES  HE  SON   HOSTEI.  , 

ET    PREMIER   PRÉSIDENT   DE   SA    COURT    DE  PARLEMENT   DE   BRETACKE. 

Monsieur  de  l'IsIe,  vous  avez  bien  entendu 
la  façon  dont  il  a  esté  jusques  icy  procédé  au 
faict  du  concile  et  comme  la  disputte  de  la 
doctrine  s'y  traicle  la  première,  sans  que  l'on 
ait  que  peu  ou  point  touché  le  faict  de  la 
réformation,  de  sorle  que  cognoissant  que 
c'estoit  plustot  prendre  le  chemin  de  dissoul- 
dre  ledict  concile  que  de  le  rendre  fructueux, 
j'en  escripviz  à  l'évesque  de  Rennes  pour  en 
faire  remonstrance  à  l'Empereur  mon  bon 
frère,  qui  en  a  faicf  dresser  une  fort  vertueuse 
remonstrance  qu'il  a  envoyée  à  Messieurs  les 
légatz,  et  ayant  semblé  à  tous  les  princes  et 
seigneurs  que  nous  le  debvons  seconder  en  une 
si  bonne  intention,  j'en  ay  faict  soudainement 
dresser  ung  mémoire  '  que  j'emoye  au  s''  de 

1  Voy.  ce  mémoire  dans  les  Lettres  et  instructions  pour 
le  concile  de  Trente,  p.  a8&  ,  et  dans  le  11°  17988  du  fonds 
français,  f"  34  et  35,  et  une  lettre  de  Charles  IXà  M.  de 
l'Isle  du  5  septembre  précédent  (ibid.  F  3a). 


Lanssac  pour  faire  envers  lesdietz  légatz  et  pères 
dudict  concile  la  mesme  instance  et  remons- 
trance que  feront  les  ambassadeurs  de  inondici 
bon  frère  et  par  mesme  moyen  ay  bien  voullu 
vous  envoyer  une  copie  dudict  mémoire,  car  je 
désire  que  vous  en  faictes  entendre  le  conte. m 
à  Sa  Sainteté  et  la  requérez  que,  pour  les  con- 
sidérations qui  y  sont  contenues,  et  ayant 
esgard  aux  nécessitez  de  ce  royaultne,  elle 
veille  promptement  escripre  que  l'on  diffère  et 
remecte  la  prochaine  cession  jusques  à  l'ar- 
rivée de  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de 
Lorraine  et  de  noz  prélatz  françoys,  qui  seront 
à  Trente  pour  lout  le  tnoys  d'octobre  prochain  : 
et  sy  ladicte  dépesche  ne  se  peult  faire  assez 
à  temps,  que  pour  le  moins  elle  mande  que 
l'on  diffère  la  publication  des  décretz  jusques 
en  ce  temps  là;  en  quoy  je  ne  pense  point  que 
l'on  puisse  prétendre  aucun  préjudice,  mais 
plustost  advantage  ;  car  plus  la  compagnie 
sera  grande,  quand  ladicte  publication  se 
fera ,  plus  en  seront  authorisez  les  décretz. 
Vous  regarderez  de  luy  faire  gouster  ceste  dé- 
pesche avec  les  plus  doulces  parolles  et  re- 
monstrances  qu'il  vous  sera  possible,  et  l'as- 
seurerez  sur  touttes  choses  que  l'instance  que 
l'on  laid  de  procéder  premièrement  au  faict 
de  la  réformation  n'est  point  pour  pervertir  et 
changer  l'ordre  des  choses,  ne  que  l'on  veille 
mettre  en  disputte  ei  jugement  la  vie,  mœurs 
et  actions  de  Sa  Sainteté,  desquelz  nous  som- 
mes si  bien  édifiiez  que  nous  avons  grande 
occasion  de  louer  Dieu  de  nous  avoir  donné 
ung  si  bon  père  commun;  mais  c'est  pour 
plus  facilement  parvenir  au  point  que  lui- 
mesmes  désire,  qui  esl  de  veoir  une  union 
en  l'église,  en  la  conservation  et  confirmation 
de  son  authorilé  et  du  Sainct-Siége  et  au  salut 
universel  de  la  chreslienté,  ce  qu'il  est  im- 
possible de  faire  sans  venir  à  ung  amendemenl 
des  meurs  et  à  la  correction  et  réformation  des 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


397 


abuz  que  ta  malice  des  hommes  et  les  cala- 
mité/, des  guerres  onl  introduit  avecques  le 
temps;  ce  qui]  faull  chercher  el  embrasser,  si 
nous  voulions  apaiser  l'ire  de  Dieu  et  divertir1 
la  ruine  et  désolation  qui  se  veoynt  tellement 
prépare/,  qu'il  est  bien  nécessaire  que  chascun 
en  craigne  l'événement.  C'est.  Monsieur  de 
l'Isle,  ce  que  j'ay  à  vous  dire  par  ceste  dé- 
pesche  et  l'endroict  où  je  prie  Dieu  qu'il  vous 
ait  en  sa  garde.  Escript  à  Bourges,  le  vie  jour 
de  septembre  i50a. 

Je  vous  faiz  ceste  dépesche  parmi  uug  abisme 
d'affaires  et  en  extresme  diligence,  en  atten- 
dant que  dedans  deux  ou  trois  jours  je  vous 
en  envoyé  une  plus  ample  pour  vous  faire  en- 
tendre les  raisons  qui  nous  meuvent  d'envoyer 
au  concile  niondict  cousin,  que  je  m'asseure 
que  Noslre  Saint-Père  ne  trouvera,  quelque 
chose  que  l'on  luy  ail  voullu  imprimer  de  con- 
traire, que  très  bonnes,  sainctes  et  raison- 
nables, et  que  son  voyage  et  le  but  de  touttes 
nos  intentions  ne  tend  à  aultre  fin  que  à  l'hon- 
neur de  Dieu,  au  repoz  de  son  église  et  à  la 
conservation  de  l'authorité  de  Sa  Sainteté  el 
du  Saincl-Siége,  de  sorte  qu'elle  aura  grande 
et  juste  occasion  de  s'en  louer  et  contenter. 

Caterine. 
Bon  RDI  N. 

15G2.  — •■  g  septembre. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  30783,  f°  125. 

A  MONSIEUR  DE  SOUBISE. 

Monsieur  de  Soubize,  je  trouve  bien  es- 
trauge  que  je  n'ay  eu  nulle  responce  de  vous  à 
la  lectre  que  je  vous  escripviz  dernièremeut2; 

1   Divertir,  détourner.  , 

-  Dans  sa  réponse,  datée  du  27  septembre,  Soubise 

proteste  de  son  dévouement  :  il  dit  n'être  venu  à  Lyon  que 

pour  conserver  la  ville  en  l'obéissance  du  Roi; s'il  a  laissé 

entrer  une  partie  des  Suisses,  c'est  la  nécessité  qui  l'y  a 


qui  est  «anse  que,  s'en  allant  présentement  le 
s*  de  Montchenu1  par  de  là.  je  vous  ay  bien 
voullu  raffreschir  par  la  présente  ce  que  par 
ladicte  lettre  je  vous  avois  mandé;  qui  est  le 
respect  que  vous  debvez  avoir  au  bien  et  à  la 
conservation  de  ce  royaulme  et  le  malheur 
qui  vous  peult  advenir  si  par  vostre  moyen 
cesle  belle  ville-  tombe  à  la  ruyne  el  désola- 
tion dont  elle  est  voisine,  d'aultant  que  voua 
ne  doublez  point,  qu'attendant  l'extrémité ,  il 
sera  mal  aisé  de  l'en  préserver;  ce  que  je  vous 
veulx  bien  encore  ung  coup  ramentevoir,  affin 
que    de   bonne   heure  vous   vous   résolve/,   à 
porter  tant  d'amour   et  d'obéyssance  au  Roy 
vostre  prince  qu'estant  en  lieu  où  vous  avez 
puissance  et  commandement  vous  luy  soyez 
si  bien  serviteur  que  de  luy  sauver  et  conservei 
une  des  plus  belles  villes  de  sou  royaulmi 
en   la  luy  remectant  entre  les  mains;  aul 
ment  et  s'approchant  de  vous  les  forces  qui 
s'y  achemynent,  je  ne  sçay  s'il  sera  en  nostre 
pouvoir  d'empescher  qu'elle  ne  soitsaccag 
et  si  tant   de   malheur  advient,  pensez   qu'il 
n'y  va  moings  que  de  vostre  vie  et  de  la  ruy  ai 
de  vous  et  de  toute  vostre  postérité;  ce  que 
je  vous  ay  bien  voullu  mander  pour  vous  avoir 
lousjours  aymé,  afin  de  vous  faire  cognois- 
tre  le  péril  où  vous  estes  et  le  moyen  que  voua 
avez  de  vous  en  tirer  avec  la  bonne  grâce  du 
Roy  monsieur  mon  lilz  et  de  moy;  vous  pou- 
vant asseurer  que,  si  vous  estes  si  sage  de  me 
croire,  et  d'obéyr  à  mon  commandement,  je  ne 
vous  deffauldray  jamais  et  serez  aussi    bien 

forcé  (Bibl. nat.  fonds  français,  n   20783,  p.ia5).      • 

les  'Mémoires  de  Soubise  publiés  par  M.   .1 -   \' 1 

d'après  le  manuscrit  du  fonds  Dupuy  (743)  dans  le  Btil- 
lelin  hislur.de  la  Société  du  proteitantisme ,  année  i>\  i 
p.  aj,  3o5,  65a,  fiij'i  el  56o. 

1  Claude  de  Montchenu  qui  fut  grand  bailli  di 
nois  el   de  Bresse   et   commanda    jour   le   Roi    en    Dau- 

pbiné. 
5  Lyon. 


898 

\eu  de  ceste  compagnie,  comme  le  sçauriez 
désirer.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Soubize, 
vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  guarde.  Du 
camp  de  Sardon  l,  ce  ixc  jour  de  septembre. 

Caterine. 

HoBERTET. 

156'2.  —  12  septembre. 
Copie.  liibl.  liât,  fonds  français,  n°  20Û62  ,  f*  h3. 

A  M ON  SIEUR  DE  MOiNLUC, 

CHEVALIER  DE  L'OBDHB  DU  ÎIOÏ,  MO*SIEtn  MON  FILZ  , 
ET  C1PPITAHE  DE  GINQL'AMTE  HOMMES   D'AP.MES  DE  SES  UIÎDOriN^NEES. 

Monsieur  de  Montluc,  j'ay  veu  la  lettre  du 
vxiv  du  passé2,  que  m'avés  envoyée  avec 
celle  du  sieur  de  Biron  3,    laquelle  après  avoir 


1  Cerdon  (Indre-et-Loire) ,  arrondissement  de  Gien. — 
Une  dépèche  du  connétable  de  Montmorency  à  Throck- 
morton  est  également  datée  du  camp  de  Cerdon ,  le 
9  septembre.  (Calendar  nf  State  papers ,  1062,  p.  288.) 

-  Voici  ce  que  lui  avait  écrit  Montluc  :  »  Je  suis  con- 
Irainct  de  vous  advertir  comme  Monsieur  de  Biron  a 
escript  à  Monsieur  de  Burie  et  à  moy  à  chascun  sa  lettre, 
lesquelles  nous  vous  envoyons,  et  par  icelles  vous  verrez 
tout  ce  qu'il  nous  escript  estre  contraire  entièrement  à 
l'arrest  donné  dernièrement  par  la  court  de  Parlement  de 
Paris  et  aux  lettres  qu'il  vous  a  pieu  nous  escripre  jour- 
nellement; qui  nous  faict  vous  supplier  qu'il  vous  plaise 
le  faire  aller  vers  vous  et  luy  faire  sentir  sa  faute,  »  (Com- 
mentaires de  Moulue,  édit.  de  Huble,  t.  IV,  p.  1  5o.) 

'  Armand  de  Gontaut,  lils  de  Jean  de  Goutaut,  s'  de 
Biron ,  et  de  Benée-Anne  de  Bonneval.  H  fut  successive- 
ment lieutenant  de  la  compagnie  du  maréchal  de  Brissac 
(i55o),  gouverneur  de  Turin  (1 553),  capitaine  des 
cbevau-légers  du  duc  de  Guise  (1 557  ).  Il  se  distingua  à 
la  bataille  de  Dreux  et  fut  nommé  en  157.5  gouverneur  de 
Saint-Denis,  et  maréchal  de  France  en  1576.  Il  mourut 
en  juillet  1592  aux  côtés  de  Henri  IV  qui,  dans  une 
lettre  à  M.  de  Beauvoir,  son  ambassadeur  à  Londres, 
a  raconté  cette  mort  glorieuse  dans  les  termes  les  [dus 
élogieux.  La  lettre  qu'il  écrivit  à  Monluc ,  et  dont  l'ait  men- 
tion Catherine,  a  été  publiée  par  M.  E.  de  Barthélémy 
d'après  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  impér.  de  Saint- 
Pétersbourg  (Bordeaux,  Charles  Lefèvre,  1571,  in-4 ", 
p.  6). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

veue  en  la  présence  de  mon  frère  le  roy  de 
Navarre  et  de  toute  ceste   coinpaignie,  nous 
n'avons  pas  trouvée  si  maulvaise  comme  vous 
Pavez  estimé  ,  d'au! tant  qu'elle  estoit  conforme 
à  ce  qu'il  nous  avoyt  esté  dict,  comme  vous 
pourrez   veoir  par  la   dépesche  qui  vous  est 
présentement  l'aide  et  le  pouvoir  qui  vous  est 
envoyé,  duquel  il  se  fault  servir  pour  la  né- 
cessité du  temps;  car  le  feu  est  tel  que  vous 
ne  le  pouvez  esteindre  quelque  chose  que  vous 
ayez  peu  faire  ;  despuys  troys  ou  quatre  nio\> 
vous  n'y  avez  encores  peu  tant  faire  qu'il  soyl 
si  bien    assoupy  qu'il  ne  se  rallume  en  plu- 
sieurs endroietz  et  pour  ceste  cause  il  en  fault 
user  ainsi  comme  tous  ces  seigneurs  ont  jugé 
eslie    plus  utile.    D'une  chose  vous  veulx-je 
parler,  qui  est  que  je  vous  prie  commande» 
qu'on  ne  saccaige  plus  les  maisons  des  gen- 
tilzhommes,    d'aultant    que    relia    n'apporte 
riens  de  bon  au  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz    et  ne  faict   que  désespérer  les   hommes 
davanlaige  '  ;  ce  que  je  vous  dys,  pour  ce  que 


1  Voici  la  réponse  de  Monluc  :  fil  est  vray,  Madame, 
comme  il  vous  a  pieu  m'escrire,  que,  èz  troy  ou  quatre 
movs  qu'il  v  a  que  nous  avons  les  armes  à  la  main,  je 
n'ay  peu  esteindre  ny  assoupir  le  feu,  de  sorte  qu'il  ne  se 
relume;  je  vous  respondray  de  ma  teste  que,  si  j'eusse 
esté  seul  à  commender  par  deçà ,  sans  avoir  rompaignon 
qui  m'intretaillast  mes  enlreprinses,  il  y  a  deux  moys  que 
je  seroys  mort  ou  le  s'  de  Duras  deffunt;  mais  d'aultaul 
que  je  porsuis  et  cherche  de  combattre,  Monsieur  il 
Burve  m'y  contrarie  et  romp  entièrement  tous  mes  des- 
seins. Voilà  les  alumettes  qui  tiennent  tousjours  le  Feu 
allumé. 71  —  Quant  au  reproche  d'avoir  saccagé  les  maisons 
des  gentilshommes  protestants,  voici  comment  il  s'en  jus- 
tifie :  "Il  n'y  a  maison  de  gentilhomme  qui  ait  étésaccai- 
gée,  réservé  troys  ou  quatre,  èsquetles  estoit  la  retraicte 
de  tous  les  sédicieux  des  environs,  qui  volloient  et' 
piltoient  tous  les  passans  qu'ilz  congnoissent  estre  de  la 
religion  et  party  du  Boy.»  Et  il  ajoute  :  «'Madame,  je 
veulx  que  vous  me  faictes  coupper  la  teste  si  je  ne  vous 
envoyé  le  rolle  de  bien  près  de  deux  cens  maisons  de 
geiitilzbonimes  que  le  camp  de  Duras  et  autres  de  la 
i  eligion  on(  saccaigées,  bruslécs,  prins  les gentilz-femun.- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


399 


\ous  aymant,  comme  je  faictz,  privément  je 
vous  advertiray  tousjours  de  ma  volunté,  pour 
l'assurance  que  j'ay  que  métrez  peine  de  l'eu- 
suyvre;  aussi  debvrez  vous  croire  que  tout  ce 
que  je  cognoistray  qui  sera  pour  vostre  bien, 
je  le  feray  ainsy  que  le  pouvés  désirer.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Montluc,  vous  avoir  lous- 
jours  en  sa  saiuete  et  digne  garde. 

De  Gyen,  ce  xu"  jour  de  septembre  i56a. 

Caterjne. 

PlOBERTET. 

1562.  —  (12  septembre.) 
Minute.   Bibl.  nat.  fonds  français,  a"  15877,  f*  l*' 

A  MONSIEUR  DE  S*  SULPICE  '. 

Monsieur  de  Saint  Sulpice,  je  m'asseure 
que  vous  sçavez  assez  combien  j'ay  tousjours 
monsieur  mon  frère  le  roy  de  Navarre  en  re- 
commandation et  particulièrement  le  désir 
que  j'ay  de  le  voyr  satisfaict  pour  le  faict 
pour  lequel  Monsieur  d'Escars  est  présente- 
ment envoyé  par  delà;  ne  double  point  qu'es- 
tant cela  cogneu  de  vous,  vous  ne  vous  em- 
ployez avec  toute  la  diligence  qu'il  vous  sera 
possible  à  ce  qui  s'offrira  pour  ayder  et  assis- 
ter mondicl  sieur  d'Escars;  ce  que  je  vous  prie 
faire  avec  pareille  dévotion  que  si  c'estoyt  pour 
mon  propre  faict  ;  au  surplus  desdictes  nouvelles 
vous  croyrez  ledict  sieur  d'Escars  comme  moy- 
mesme.  Et  priray  Dieu,  Monsieur  de  S1  Sul- 
pice, vous  avoyr  en  sa  saine  te  et  digne  garde.  De 
Gyen,  ce  [12]  jour  de  septembre  i562. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Mr  de  S'  Sulpice, 
du  [12]  jour  de  septembre  i562. 

mises  en  chemises  et  leur  ayant  faict  d'autres  choses  in- 
dignes vous  eslre  escriptes.i  (Commentaires  de  Monluc, 
édit.  de  Ruble,  t.  IV,  p.  1 58  et  i5g.) 

1  Voy.  les  lettres  de  Saint-Sulpice  à  la  Roine.  (Bibl. 
nat.  fonds  français,  n"  16877,  P"  5,  9  et  16.) 


15C2. —  lit  septembre. 
Onu.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3sig.  f°  97. 

\  MONS1EI  B  DE  GONNOR, 

E  L'ORDRE  OU  ROÏ  HOH91SOB  MON  ril.2 
ET    CONSR1LLKR    LN  SON    CONSEIL    PB1YB. 

.Monsieur  de  Gonnorl,  j'ay  esté  bien  aise 
d'entendre  par  vostre  lettre  du  xc  de  ce  moys, 
comme  aussi  par  celle  du  sieur  d'Estrée,  que 
l'on  ayt  licencié  !<•>  chevaubt  de  l'arlillerye 
et  que  l'on  n'en  ayt  retenu  que  cinq  cens,  sui- 
vant la  responce  mise  et  codée  sur  \oz  ins- 
tructions. Ledict  sieur  d'Estrée  m'escripl  que 
les  ebarrettiers  ne  se  veullent  conlanter  de 
vu  sous  vi  denyers  pour  chascun  cheval  par 
jour,  el  je  luy  respondz  qu'il  fault  qu'ilz  en 
jiassent  par  là;  et,  au  demeurant,  ne  m'ayant 
poinct  envoyé  l'estat  dont  vous  m'escripvez,  je 
ne  vous  y  puis  faire  aucune  responce,  etl'aten- 
deray  pour  les  premiers  jours.  Il  se  plainct 
fort  qu'il  luy  est  deu  cinq  années  de  sa  pen- 
sion et  troys  deson  estât  de  l'artillerye.  Je  vous 
prie  adviser  si  vous  luy  en  pourrez  faire 
bailler  une  année,  de  laquelle  je  luy  escriplz 
qu'il  se  contante,  saichant,  comme  il  faict. 
quelles  sont  nos  nécessitez;  et,  sur  ce,  Mon- 
sieur de  Gonnorl,  je  voys  prier  Dieu  qu'il 
vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Gyen, 
le  xiiii0  jour  dé  septembre  1 562. 

Ainsi  que  je  voulloys  signer  ceste  lectre 
j'ay  receu  voire  leclre  avec  le  dessusdict  estât 
que  je  communicqueray  à  ces  seigneurs  si  tost 
que  je  seray  arrivée  à  Nogent  où  nous  allons 
coucher  et  vous  y  feray  faire  responce  dès  ce 
soir. 

CàTERINE 

BoURDIN. 


400 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1562. —  1 5  septembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3ai(),   f°  g8. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE  L'OEDRC  DU   ROÏ   MONSIEUR  MON    FILZ 
ET  CONSEILLER   EN   SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  j'ay  bien  voulu  aecom- 
paigner  de  la  présente  celle  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript  en  faveur  de  maistre 
Yaleran  de  Henez,  son  médecin  ordinaire  et 
de  mon  filz  d'Orléans,  et  vous  prier,  suyvant 
le  contenu  d'icelle  et  pour  les  causes  et  rai- 
sons y  menlionées  ,  faire  en  sorte  qu'il  puisse 
eslre  exempt  de  la  somme  de  six  cens  livres  à 
laquelle  il  a  esté  cottisé  pour  l'emprumpt  der- 
nièrement faict  et  accordé  en  la  ville  de  Paris; 
et,  ce  faisant,  vous  ferez  chose  qui  me  sera 
très-agréable.  Priant  sur  ce  le  Créateur,  Mon- 
sieur de  Gonnor,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
et  digne  garde.  Escript  au  camp  de  Chas- 
teaudun,  le  xv°  jour  de  septembre  i562. 

Caterine. 
Fizes. 


1562.  —  i0  septembre. 

Orig.  Bibl.  ont.  fonds  fïaoçais,  n°  66o5,  f"  loi. 
A  MON  CODSIÎS 

MONSIEUR  DE  ROURDILLON, 

GOUVERNEUR  ET  LIEUTENANT  GBRBRAL  DU  ROT  MONSIEUR  MON   FILZ 
EN  SON    PAIS  DB  PIBDMOBT. 


Mon  cousin  ,  vous  verrez  ce  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  vous  escript,  qui  me  gardera  de 
vous  dire  rien  davantaige,  si  n'est  vous  prier  de 
regarder  avec  mon  frère  Monsieur  de  Savoie 
quel  moyen  il  y  aura  de  nous  accommoder  les 
ungs  les  aullres  louchant  les  munitions  des 
ivres,  selon  qu'il  vous  a  esté  escript  et  que  le 
Roy  mondict  filz  luy  en  escript,  d'aullant  que 


c'est  chose  qu'il  doibt  désirer  et  qui  tourne  à 
sa  commodité,  comme  à  la  noslre.  Je  ne  pense 
pas  qu'il  en  face  difficulté  ;  vous  nous  en 
manderez  sa  volunté  et  je  prieray  Dieu ,  mon 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde.  De  Monlargis,  ce  xvi°  jour  de  septem- 
bre 1 562. 

Caterine. 

RoBERTET. 


1562.  —  17  septembre. 
Copie.  Record  office,  State  papers ,  France,  vol.  XXV. 

A  M»  L'AMRASSADEUR  D'ANGLETERRE1. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  veu  ce  que 
vous  m'avez  escript,  et  entendu  ce  que  m'a 
dict  votre  homme  présent  porteur  de  votre 
part;  à  quoy  encores  que  de  bouche  je  luy  aye 
sur  le  champ  respondu,  si  est-ce  que  je  seroys 
bien  aise  de  vous  satisfaire  par  la  présente  à 
tous  les  poinetz  contenuz  en  vôtres  lettres.  Et 
commenceray  par  la  plaincte  que  vous  me 
faicles  d'aucuns  navires  qui  ont  esté  retenuz 
en  Bretaigne,  desquelz,  incontinent  que  j'oyz 
parler,  je  feizescripre  à  Monsieur  d'Estampes  et 
eu  responec  de  luy  qu'il  les  avoit  faict  relas- 
cher;  en  quoy  la  dilligence  dont  il  a  esté  usé, 
et  toutes  les  actions  dont  nous  avons  usé  sub- 
séquentes vous  auront  assez  deu  faire  con- 
gnoistre  que  tel  arrest,  s'il  est  advenu  (que  je 
ne  croy)  par  la  l'aulte  de  quelqu'un  mal 
advisé  pour  le  moings,  ce  n'a  esté  de  nos  com- 
mandemens.  Et  quant  au  pacquet  que  dictes 
vous  avoir  esté  retenu,  je  ne  sçay  pas  dont 
vous  pouvez  avoir  eu  cest  adviz;  mais  je  sçay 
bien  qu'il  n'en  a  jamais  esté  oy  icy  aucunes 
nouvelles,  si  n'est  d'un  petit  que  je  sçay  avoir 
esté  baillé  à  votre  homme  par  Monsieur  le 
conneslable,  vous  pouvant  assurer,  Monsieur 

'  Sir  Tbrockniorlon. 


LETTRES  DE  CATHE 

l'ambassadeur,  que  s'il  en  feusl  tombé  d'au- 
Ires  entre  noz  mains,  il  vous  eusl  esté  aussj 
fidellement  gardé  et  seuremenl  envoyé,  comme 
requiert  la  bonne  amytié  qui  est  entre  la  Royne 
votre  maîtresse  et  le  Roy  monsieur  mon  filz; 
el  m  à  Bonneval  il  a  esté  arresté  de  vos  be- 
soingnes1  par  quelque  capitaine  mal  advisé  et 
ne  saichant  à  qui  elles  estoient,ia  restitution 
prompte  qui  vous  en  a  esté  faicle  a  assez  tes- 
inoigné  combien  ce  a  esté  chose  que  nous 
avons  peu  approuvée,  trouvant  bien  estrange 
comme  vous  ayez  faicl  si  grand  ras  de  peu  de 
ciiose  qui  unis  a  esté  rendue  au  mesme  ins- 
tant, et  que  du  reste  de  vos  besoingnes  qui 
vous  a  esté  prins  par  la  compaignie  où  vous 
estes2,  vous  en  soyez,  teu  et  l'ayez  si  gratieuse- 
ment  comporté.  Vous  m'alléguez  aussi  la  sous- 
peçon  qu'a  tesmoigné  Monsieur  de  Vielleville 
de  n'avoir  \oullu  passer  en  Angleterre  sans 
sauf-conduicl,  et  ne  considérez  pas  que,  vous 
m  ayant  en  ce  temps  là  demandé  congé  pour 
vous  en  aller  soubz  une  assez,  légière  occasion  el 
inopinée,  ledict  sieur  de  \  ielleville  estoit  pour 
demeurer  par  de  là  seul  en  ung  temps,  où  la 
révocation  que  la  Royne  vostre  maistresse  fai- 
soil  de  vous  son  ambassadeur  ne  pouvoil  ap- 
porter que  unjf  grandissime  souspeçon;  pour 
lequel  éviter  et  pourvoir  à  sa  seureté,  ilreoher- 
cba  le  sauf-conduit  qu'en  autre  saison  el  autre 

1   Besoingnes ,  bagages.  * 

-  Elle  fait  allusion  à  son  séjour  à  Orléans.  Dans  une 
lettre  à  la  reine  Elisabeth,  Throckmorlon  explique  com- 
ment il  y  avait  été  conduit.  Lorsqu'il  avait  quitté  Paris  pour 
rejoindre  la  cour  alors  à  Bourges,  pour  plus  de  sûreté  le 
maréchal  de  Brissac  l'avait  engagé  à  suivre  un  convoi 
qui  amenait  à  l'armée  royale  des  munitions  et  de  l'artil- 
lerie. Le  1"  septembre  ce  convoi  avant  été  surpris  à 
Chéteaudun  par  Coligny  sorti  d'Orléans  avec  800  che- 
iau,v.  l'ambassadeur  avait  été  le  lendemain  conduit,  a 
Orlean9  où  il  avait  été  loge  dans  la  propre  maison  de 
l'amiral. —  Voy.  cette  lettre  dans  le  Calmdar  0/  State 
/,«/>«■.<  (i56a),  p.  :iSo.  et  le  récit  de  de  Thou  [Hitt. 
«mV.  Irad.  t.   IV,  p.    |58  1. 

Catherine  Dt  MÉDICI6.  —  1. 


RINE   DE   MÉDICIS.  401 

occasion  il  n'eus!  jamais  demandé.  Et  trouve 
bieu  plus  estrange  que  vous,  estanl  dans  le 
cueur  de  ce  royaume,  où  il  n'y  a  lieu  qui  ne 
soi!  ou  doibve  estre  en  l'obéyssance  du  \\o\ 
monsieur  mon  lilz.  luj  envoyez  demander 
sauf-conduicl  '  pour  venir  d'un  lieu  de  son 
obéissance  à  l'aullre,  loul  ainsy  comme  si  vous 
aviez  à  traverser  d'un  royaume  en  ung  antre. 
el  où  la  qualité'  que  unis  portez  ne  vousferoil 
respecter,  comme  elle  a  tousiours  faicl  en  ce 
royaume,  où  non  seullemenl  vous,  estanl 
ambassadeur,  mais  Ions  les  ministres  el  servi- 
teurs de  la  Royne  ma  bonne  sœur  ont  tous 
jours  esté  respectez .  comme  la  bonne  amitié  qui 
es!  entre  nous  le  requiert;  car  d'alléguer  qu  e 
lanl  à  Paris  Monsieur  le  maréchal  de  lîri  is  H 
adicl  à  l'uni;  de  vos  gens  avoir  commandemenl 
de  \ous  garder  el  d'y  prendre  garde,  ce  n'esl 
pas  bien,  Monsieur  l'ambassadeur, d 'interpréter 
une  chose  que  nous  lismes  à  bonne  intention 
el  à  votre  requeste;  qui  fut  que.  quant  vous 
plaignistes  d'aucuns  de  la  ville  qui  avoienl 
usé  de  quelque  insolence  à  l'endroict  de  m- 
gens,  lors  nous  commandasmes  au  Sr  inares- 
cbal  de  prendre  garde  à  vous  qu'il  ne  vous 
fus!  làist  tort  ny  desplaisir,  nv  à  pas  un;;  de 
vos  gens,  el  en  cela  tenir  la  main  si  rovdequ  il 
n'en  pust  advenir  aucun  inconvénient:  ce  qui 
vous  fut  dict  lors  mesmes  el  se  fut,  non  pom 

1   Voy.  la  lettre  écrite  par  Throckmorlon  à  Catherine 
de  VJédicis  pour  réclamer  un  sauf-conduit;  il  s'appuyail 
sur  ce  cpéon  en  avait  donné  un  à  AI.  de  \  ieilleville  allant 
à  Londres  en  mission.  {Calendar  qf  State  papers,   1 56 
p.  399.  I 

Voy.  une  lettre  de  lui  à  la  reine  Elisabeth,  datée  du 
lût,  où  il  lui  annonce  que  le  maréchal  de  Brissac  l'a 
l'ail  changer  de  logement   mit'  l'ordre  de  la  Reine  mère 
et  par  crainte  des  violences  du  peuple  du  quartier  où  il 
était  l»;i''.       Vo\.  me- seconde  lettre  de  lui  du  même  joui 
pour  se  plaindie  du  peuple  de  Paris  et  signaler  les  dan 
gers   qu'il    court.    {Calendar   0/  State  papers,    |5I 
p;  si  >.) 


Ù02  LETTRES  DE  CATHI 

vous  espier,  mais  pour  satisfaire  à  voire  prière, 
éncores  que  nous  n'en  vissions  aucune  appa- 
rence. Toules  lesquelles  raisons  je  vous  ay 
bien  voullu  présentement  alléguer,  aflîn  de 
\ous  faire  rongnoistre  comme  en  toutes  choses 
nous  procédions  sincèrement,  et  que,  si,  de 
vostre  costé,  vous  y  allez  d'aussi  bon  pied,  vous 
ne  debvez  craindre  de  venir  à  toute  heure  et  en 
toute  saison  librement  et  seurement,  et  vous 
asseurer  qu'il  n'y  a  sauf-conduit  au  monde 
qui  vous  soit  plus  valable  que  le  nom  que 
vous  portez  et  la  maîtresse  que  vous  servez,  de 
qui  nous  aymerons  et  estimerons  tousjours 
l'amytié  pendant  qu'elle  usera  de  mesmes 
correspondance  en  nostre  endroicl,  dont  je 
croy  qu'elle  se  trouvera  aussi  bien,  comme 
elle  aura  peu  d'obligalions  à  vous  on  à  ceulx 
qui  luy  conseilleront  le  contraire  et  qui  luy 
vouldronl  faire  perdre  ce  qu'elle  ne  recouvrera 
jamais1.  Et  sur  ce  je  prieray  Dieu,  Monsieur 
l'ambassadeur,  vous  avoir  en  sa  saincle  et 
oigne  garde'2. 

De  Chasteau-Landon  3,  xvn°  jour  de  sep- 
tembre 1  56  a . 

Caterine. 

'  Elle  fait  allusion  à  la  restitution  de  Calais,  qui, 
d'après  le  traité  de  Cateau-Cambresis,  devait  avoir  lieu 
dans  un  délai  de  huit  ans ,  mais  qu'elle  menaçait  de  ne  pas 
rendre. 

8  Voici  la  réponse  de  Throckmorton  :  il  ne  veut  pas 
répliquer,  quoique  de  nouveaux  griefs  se  soient  produils, 
et  notamment  à  l'occasion  d'un  Anglais  maltraité  par  Mon - 
lue  qui,  parlant  de  la  reine  de  Navarre,  S'est  servi  d'ex- 
pressions si  injurieuses,  ainsi  que  ledit  Anglais  lui  a 
rapporté,  qu'il  ne  peut  autrement  dire  «sinon  qu'il  n'ap- 
partient pas  à  ung  si  petit  compagnon  de  parler  de  ceste 
façon  d'une  telle  princesse."  En  terminant,  il  sollicite 
de  nou\eau  un  passe-port  et  il  prie  Catherine,  puis- 
qu'elle est  entrée  en  telle  défiance,  de  lui  permettre  d'at- 
tendre à  Orléans  sa  réponse.  (Record  office,  State papers, 
France). 

3  Château-Landon  (Seine-et-Marne). 


RINE  DE  MEDIG1S. 

1562.  —  i  Ç)  spplpmbi-o. 
\reh.  d'Indre-et-Loire. 

A  MONSIEUR  DE  CLERVALLX. 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    HOÏ    MONSIEUR   MON    FILS, 

ET   SOS    LIEUTENANT  ES  TOU1UINR, 

EN     L'ABSBNCE     DE    MON    COUSIN     LE    DUC     DE     MONTPENSIER. 

Monsieur  de  Clervaulx1,  j'ay  receu  la  lettre 
que  vous  m'avez  escripte,  par  ce  gentilhomme 
présent  porteur,  par  laquelle  j'ay  veu  le  diffé- 
rent advenu  entre  vous  et  le  sieur  de  Brunyaii 
pour  raison  de  la  compaiguie  de  cent  harque- 
buziers  achevai,  qui  a  esté  cy-devant  ordon- 
née pour  la  garde  et  conservacion  de  la  ville 
de  Tours,  dont  ledict  Brun  y  an  dicl  avoir  la 
charge  par  commission  dépeschée  du  Boy 
monsieur  mon  fils;  sur  quoy  je  vous  ay  bien 
voullu  faire  responce,  pour  vous  dire  que, 
affin  que  vous  ayez  quelques  gens  près  de  vous , 
et  que  ladicle  ville  ne  soyt  point  chargée  da- 
vantage, j'ay  advisé  de  séparer  ladicle  compai- 
gnye  en  deux,  et  vous  en  bailler  à  chacun  la 
moitié  :  assavoir  trente  sallades  et  vingt  ar- 
quebuziers  à  cheval  pour  chacune,  à  tous 
lesquels,  estant  dans  la  ville,  j'entends  que 
vous  commandiez;  mais  quand  ledict  sieur  de 
Brunyan  les  mènera  à  la  campaigne  et  qu'il 
sera  hors  de  ladicte  ville,  il  est  raisonnable, 
comme  vous  sçavez,  qu'il  leur  commande;  qui 
est  tout  ce  que  je  vous  diray  pour  cesl  heure. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Clervaulx,  vous  avoir 
en  sa  sainte  et  digne  garde. 

D'Estampes,  ce  xixp  jour  de  septembre 
1 562. 

robertet. 

Caterine. 

(On  lit  en  marge,  à  côté  de  la  signature  de 
Catherine:)  tt  Advisez  avecques  ceulx  de  la  ville 

1  Voy.  la  réponse  de  Clervaulx  à  la  Heine,  à  la  date 
du  ù'i  septembre.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  1.5877, 
f  110.) 


LETTRES  DE  GATH 

quel  oombre  d'hommes  il  sera  besoing  pour  la 
garde  du  chasteau,  affin  qn  ils  regardent  de 
satisffère  à  cela  pour  quelque  temps. ■" 


1562.  —  20  septembre. 

Orig.  Bibl.  nal.  Cinq  cents  Colbcrt,  n°  890,  f>  io3. 
\mê  parLcLabourcur.il,.     [es  A/Mit.  aux  Iftbi  imie  Coitelnim, 

1.1.,,.  8,7  '. 

V  MONSIEUR  DE  RENNES, 

COtffiSCUBR    dl    KOI    H0R91BUB  *0!f  FILZ  , 

iibsthb  »bs  >.     :  uiDASSiOfioa 

PRÈS  Dt  L'BMPBHBl  H, 

Monsieur  de  Renés,  depuysqueje  \ouseuz 
faict  et  envoyé  ma  dernière  dépesche  que  ac- 
cusoj  !  la  réception  de  la  vostre  du  xin'  du  passé . 
je  me  misa  considérer  le  contenu  en  la  lectre 
que  l'Empereur  mon  bon  frère  a  escripte  aux 
légatz  qui  président  au  concilie, dont  vous  m'a- 
vez envoyé  la  coppie,  el  cogneuz  bien  qu'il  se 
repentoyt  de  s'estre  monstre  si  mol  es  choses 
dudicl  concilie,  et  de  s'estre  départy  de  sa  pre- 
mière inlenclion.  qui  estoil  que  l'on  touchasl 
vifvement  et  avant  tonus  choses  au  faict  de  la 
refformation,  laissant  celluy  de  la  doctrine 
pour  le  dernier;  or,  ayanl  veu  ce  qu'il  en  mande 
ausdiclz  légats  par  sadicte  lectre,  pour  le  se- 
conder et  fortillier  en  cela,  j'ay  faict  dresser 
ung  mémoire  tendant  à  mesme  tin  que  le  sien  . 
quej'avenvoyéau  sieur  de  Lanssac  pour  en  taire 
entendre  le  contenu  ausditz  légatz  et  pères,  el 
les  requérir,  de  la  part  du  Roy  monsieur  mon 
filz.  qu'ilz  différassent  la  décision  du  sacriffice 
de  la  messe  ou  bien  la  publication  des  décrelz 
qu'ilz  en  pouvoient  avoir  arresté  jusques  à  l'ar- 
rivée audict  concilie  de  mon  cousin  Monsieur 
le  cardinal  de  Lorraine  et  de  noz  aultres  pré- 
lalz  françoys,  et  pour  le  moings  jusques  à  ce 
qu'ilz  en  eussent  nouveau  commandement  du 
pape,  devers  lequel  j'avoys dépesché  pourceste 

'   Le  texte  doniv  par  Le  Laboureur  est  très-défei . 


ER1NE   DE  M  EDI  GIS. 

mesme  occasion;  el  aj  bien  laict  entendre  à 
mon  cousin  le  cardinal  de  Ferrare,  son  légal. 
que,  comme  très  dévotz  obéissans  el  aftec- 
tionez  enffans  de  l'Église  et  du  Sainct-Siége, 

nous  n'avons  jamais  pensé  de  sercher  aultre 

remède  à  noz  maulx  que  celluy  qu tus  ac- 

tendons  du  concilie  et  de  l'intégrité  des  pères; 
mais  si  par  une  passionée  précipitation  l'on 
nous  en  voulloit  faire  perdre  le  fruict,  que 
non.-  regarderions  à  ce  qui  seroità  faire  pour 
11  os  Ire  salut  el  conservation.  J'actendz  la  res- 
ponce  que  le  Pape  fera  là  dessus  à  nostre  am- 
bassadeur, et  pense  bien  que  les  pères, 
quelque  requeste  que  l'Empereur  mon  bon 
frère  el  le  Roy  mondict  sieur  et  filz  leur  en 
ayent  faict  faire,  n'auront  laissé  de  passer 
oultre;  mais  si  cela  servira-il  pour  les  faire 
aller  plus  retenuz.  Au  demeurant  mondict 
cousin  est  parti  pour  s'acheminer  audict  con- 
cilie el  doibt  prendre  par  le  chemin  la  com- 
pagnie des  prélatz  rontenuz  au  mémoire  que  je 
vous  envoyé  dernièrement  et  font  compte  d'ar- 
river à  Trente  à  ceste  prochaine  feste  de  Tous- 
sainetz  ou  ung  jour  ou  deux  après. 

Au  demeurant,  j'ay  receu  voz  deux  leclres 
des  wwi'  du  passé  et  111e  du  présent,  par 
lesquelles  je  n'ay  cogneuque  une  honneste  ex- 
cuse, que  mondict  bon  frère  vous  a  faille  de 
ne  se  pouvoir  employer  à  empescher  le  secours 
que  actendent  ceulx  d'Orléans  des  princes  pro- 
lestans,  si  ce  n'est  avec  une  longueur  si  grande 
et  si  grand  respect  ausdietz  princes  que  je 
puys  bien  juger  qu'il  ne  veult  riens  faire  eu 
cela  qui  les  doive  offenser;  toutesloys  c'est 
chose  eu  la  poursuit  te  de  laquelle  vous  vous 
conduirez  selon  que  vous  verrez  estre  pour  le 
mieulx ,  maisje  \ous  diray  bien  qu'il  a  esté  pour- 
veu  à  opposer  ausdiclz  Allemaus,  a  l'entrée  de 
noz  frontières,  une  si  bonne  teste  de  ca\aller\c 
et  gens  de  pié  que  l'on  les  gardera  bien  d'\ 
mectre  le  pié  bien  avant.  Nous  nous  en  allon- 

5i. 


Wa 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


.mi  tformandye  avec  ceste  armée  pour  remectre 
en  l'obéissance  du  Roy  mondicl  sr  et  filz  les 
Iroys  places  que  les  rebelles  y  occupent enco- 
rcsj  qui  sont  Rouen ,' Dieppe  et  le  Havre  de 
Grâce,  et  ne  sommes  pas  sans  quelque  def- 
fiancc  qu'iiz  appellent  les  Anglois  à  leur 
secours;  et  desjà  y  a  il  en  Angleterre  des  pré- 
paralifz  qui  semblent  tendre  à  ceste  fin.  Je 
feray  tanter  pour  le  commencement  tous  les 
moyens  de  doulceur  qui  me  seront  possibles, 
el  s'ilz  me  l'aillent ,  je  me  résoulz  d'y  faire  em- 
ployer le  vert  et  le  sec  pour  en  avoir  la  raison. 
Nous  avons  cependant  laissé  si  bonnes  et 
grandes  forces  à  la  teste  d'Orléans,  que  nous 
ne  craignons  pas  que  ceulx  qui  sont  dedans 
puissent  sortir  pour  faire  nouvelles  entre- 
prises, el  avec  cela  nous  tenons  Lyon1  si  bridé 
qu'il  n'a  plus  que  l'entour  de  ses  murailles,  et 
l'ault  que  ceulx  qui  sont  de  dedans  se  reco- 
gnoissenl  bien  losl,  s'ilz  ne  veullenl  mourir  de 
faim.  Au  surplus,  voyant  que  le  temps  s'ap- 
proche dedans  lequel  mondict  bon  frère  se 
doybt  acheminer  à  la  diette  impériale ,  et  me  res- 
souvenant de  ce  que  vous  m'en  avez  cy-devant 
escript  et  je  vous  en  ay  respondu,  il  me  sem- 
ble, puisque  mondict  bon  frère  ne  vous  veult 
faire  aucune  raison  sur  voslre  précéance,  que 
vous  ne  sçauriez  estreà  Francfort  pour  ne  bou- 
ger de  la  maison,  ou  bien  pour  vous  trouver 
aux  assemblées  selon  l'ordre  qu'il  proposa  pour 
eslre  tenu  entre  vous  et  l'ambassadeur  du  roy 
catholicque  des  Espaignes  mon  beau-filz , sans 
quelque  indignité  ,  et  qu'il  vauldra  mieulx  que 
vous  faignez  d'estre  malade,  et  durant  le  temps 
de  ladicte  «licite  demeurez  en  quelque  lieu 
qui  vous  soit  commode  et  non  trop  esloigné  du- 
dicl  Francfort,  ou  bien  faignez  d'avoir  affaire 
au  concilie  et  à  cominunicquer  avec  le  sieur  de 

'   Voy-  "il"  lettré  du  sieur  de  Vaudargeut  au  conné- 
table,  datée  du  camp  d'Anse,  le  l 'i   septembre  i56s. 

(Bil>l.  nat.  tonds  français,  n°  i  ."1877,  '*"  "'•  °'  '' "'• 


Lanssac  de  choses  d'importance  et  y  faictes  ung 
voyaige  ou  en  tel  autre  lieu  qui  vous  sera  plus 
commode  et  facile  et  que  vous  adviserez  pour  le 
mieulx  ,  laissant  tousjoursà  lasuicledemondict 
bon  frère  ung  bon  saige  et  advisé  personnaige 
qui,  de  foys  à  aultre,  puisse  visiter  les  princes 
devostre  part,  el  qui  saicbe  bien  recueillir  les 
advis  de  toutes  les  occurrances  pour  les  vous 
mander,  ou  de  luy-mesme  nous  eu  advertir 
ordinairement;  car  de  vous  révocquer1,  que 
mondict  cousin  ne  soyl  arrivé  audict  concilie 
el  que  l'on  n'ayt  veu  ce  qui  s'en  pourra  espérer 
de  fruict,  il  n'y  a  personne  qui  en  soyl  d'achis. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Renés»  qu'il  vous  ayl 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à    Estampes,  ce  w    jour  de   sep- 
tembre i  562. 

Catbrine. 

BOORDIN. 


1562.  —  21  septembre. 

Copie  Bibl-   nat.  fonds  français,  n"    17988,  f   .'Ï7  v°, 

A  MONSIEUR  DE  LISLE, 

CONSEILLER  DU  ROT  MONSIEUR  MON    FILZ 

ET    MA1STRE   DES  REQI ESTES    ORDINAIRES   DE   SOI*   HOSTEL. 

PREMIER    PRÉSIDENT    DE   SA   COCBT   DE    PARLEMENT   HE  BRETU.NK. 

Monsieur  de  l'Isle,  \ous  entendrez  par  le 
sr  de  Manne2  l'occasion  de  sa  dépescbe  qui 
me  gardera  de  vous  eu  dire  autre  chose,   si 

1  Révocquer,  rappeler. 

-  M.  de  l'Isle,  en  annonçant  au  lîoi  1 1  7  octobre)  l'ar- 
rivée de  de  Manne  à  Rome  le  9  octobre,  accuse  réception 
de  la  dépêche  de  la  Reine  et  rend  compte  de  l'accueil 
favorable  que  le  Pape  a  fait  à  celui-ci.  1  Lettres  et  ins- 
tructions concernant  le  concile  île  Trente,  p.  3o8.)  —  Voy. 
l'instruction  baillée  à  M.  de  Manne  allant  à  Rome.  (Bibl. 
nat.  fonds  français,  11°  1798,  f°  38  v°. )  —  Le  but  de  sa 
mission  était  d'obtenir  do  Pape  une  lettre  pour  les  légats 
el  pères  du  concile,  afin  de  les  inviter  à  favoriser  le  car- 
dinal de  Lorraine  dans  toutes  les  propositions  qu'il  ferait 
pour  calmer  les  esprits  en  France  et  obtenir  la  réforma- 
tion  du  I  ter;;,;. 


LETTRES  DE  CATHE 

n'est  que  je  vous  prye  intervenir  avec  tuy  afin 
de  faire  entendre  à  Nostre  Sainct-Père  l'occa- 
sion de  l'ailée  démon  cousin  Monsieur  le  car- 
dinal de  Lorrayne  au  concile ,  afin  qu'il  sçache 
el  entende  que  ce  n'est  que  pour  le  bien  el 
soulagement  de  ce  royaulme  et  pour  trouver 
quelque  bon  movende  remédier  aux  troubles 
el  divisions  qui  \  sont,  d'aultanl  qu'estant  le 
s'  cardinal  tel  personnage  qu'il  esl  et  pour  la 
grande  expérience  qu'il  a  des  affaires  de  ce 
royaulme,  sçachant  mieux  que  nul  aultre  el 
nostre  mal  et  la  médecine,  il  sçaura  mieux 
demander  ce  dont  nous  avons  besoin;;  et  en 
ceste  assemblée  remonstrera   nostre  nécessité. 

Au  demeurant,  Monsieur  de  l'isle,  j'ay  veu 
ce  que  vous  m'avez  escript  par  deux  de  vos 
lettres  de  ce  que  vous  plaigniez  n'estre  point 
secouru  de  ce  qui  vous  est  deu  de  vos  estatz; 
sur  quoy  j'ay  commandé  au  trésorier  de  l'Es- 
pargne  de  vous  pourveoir  el  faire  satisfaire, 
comme  je  m'asseure  qu'il  n'y  aura  point  de 
laulte.  Cependant  vous  continuerez  d'escrire 
au  Roy  monsieur  mon  filz  de  vostre  charge, 
comme  vous  avez  faictjusques  icy,  estant  as- 
seuré  que  les  services  que  vous  luy  l'aictes  ne 
seront  point  incongneus,  et  que  luy  et  moy  les 
recognoistrons  quelque  jour  en  vostre endroict 
et  n'en  soyez  point  en  double.  Quanl  à  vous 
envoyer  ung  successeur,  c'est  chose  que  je  ne 
puis  encores  si  (ost,  jnais  incontinent  que  j'au- 
ray  veuz  les  moyens,  je  le  feray  el  vous  reti- 
reray  de  là  pour  nous  servir  de  vous;  cepen- 
dant je  vous  prie  continuer  de  bien  faire  et 
priray  Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

D'Estampes,  ce  xxiê  jour  de  septembre  1  56  9. 

J'escripts  à  Nostre  Saint-Père  pour  le  l'ait 
du    conte  de  Roussillon1,   afin   de  lui   avoir 

1  Ju«.l  île  Tournon,  qui  venait  d'être  créé  comte  de 
Roussillon  p|  avait  liérité  du  cardinal  de  Tournon.  Vov. 
Arch.  nat.  rollccl.  Simancas,  K.  lio8. 


III  NK   DE  M  i;  1)1  Cl  S.  ri05 

raison  de  quelques  deniers,  qui  esloyenl  au 
l'eu  cardinal  de  Tournon  '.  de  l'évesché  'I  \  ustia 
lorsqu'il  mourut;  je  vous  prye  le  lui  recom- 
mander bien  affectueusement,  de  ma  part, 
en  lui  présentant  les  lettres  et  l'asseurer 
qu'il  me  fera  beaucoup  de  plaisir  de  l'avoir 
pour  recommandé.  J'oublye  à  vous  dire  que 
j'ay  veu  ce  que  vous  me  maniiez  de  noz  in- 
dnllz ,  dont  je  ne  suis  pas  d'advis  que  parliez 
pour  reste  heure;  il  fauldra  laisser  ci  la  pour 
quelque  temps,  en  attendant  que  non-  voyons 
ce  que  nous  aurons  à  l'aire;  cependant  vous 
en  userez  comme  vous  avez  acoustumé  el  vous 
tiendrez  prest  pour  vous  en  venir,  alin  de  vous 
envoyer  ung  successeur,  corne  je  me  délibère 
dans  peu  de  jours.  Je  n'escriptz  point  au 
Pape,  il  n'y  a  que  le  Roy  monsieur  mou  ûlz. 
pour  le  conte  de  Roussillon. 


Catbi 


ROBRRTET. 


1562.        s  i  septénaire. 
Copie.  Hicord  office ,  Stnte  papas ,  France. 

A  M"  L'AMBASSADEUR  D'ANGLETERRE. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  reçeu  rostre 
lettre  du  jour  d'hier  el  ay  l'ait  bailler  à  vostre 
homme,  suivant  la  requeste  que  vous  m'en 
avez  l'aicte,  un  passeport  pour  le  voyaige qu'il 
va  (aire  en  Angleterre,  non  qu'il  luy  soit  au- 
cunement nécessaire,  pour  la  liberté  qi  e  vous 
sçavez  bien  avoir  toujours  eue  d'envoyei  audicl 
pays  toutes  et  quantes  fois  que  bon  vous  a 
semblé;  mais  pour  garder  que,  estans  les 
troubles  et  divisions  en  plusieurs  endroicts  de 
ce  royaulme  tels  que  chacun  sçail  el  la  plus- 
part  des  armes  es  mains  de  personnes  incon- 
sidérées et   furieuses,   il  ne  lui  soit    laict    ou 

'    Il  y  a  par  erreur  dans  la   copie  Bourbon.    C'est    le 
pape  Pie  IV  qui  nomma  en  î  Mio  le  cardinal  de  Ton!    i 
évéque  d'Ostie  el  doyen  du  sacré  collège. 


aOfi  LETTRES   DE  CATHE 

donné  aulcun  empeschement.  Quant  aux  aul- 
tres  particularités  contenues  en  vostre  lettre, 
je  ne  nie  mectray  point  en  poyne  de  vous  y 
faire  particulière  response,  mais  je  vous  dirav 
bien  que  vous  f ai  êtes  tort  à  la  sincère  et  par- 
faite amitié  qui  est  entre  la  royne  d'Angle- 
I cii e ,  ma  bonne  sœur,  et  nous,  de  me  de- 
mander un  saut-conduit  pour  me  venir  trou- 
\er;  car,  comme  je  vous  ay  jà  escript,  il  ne 
\ous  en  fault  point  de  meilleur  ny  plus  seur 
que  le  nom  de  la  princesse  que  vous  servez 
et  le  lieu  que  vous  tenez  en  ce  royaulme  de 
son  ambassadeur,  qui  sera  toujours  respecté 
c!  honoré  de  nous  jusques  au  bout;  et,  pour 
ce,  si  vous  estes  si  avant  passionné  à  la  faveur 
et  par  la  persuasion  de  ceulx  avec  lesquels 
vous  estes,  que  de  vous  vouloir  forgier  beau- 
coup de  légières  deffiances,  je  vous  prie  que 
cela  ne  vous  donne  point  occasion  de  me  re- 
chercher de  chose  qui  soit  contraire  à  nostre 
amitié  et  à  la  fermeté  et  constance  avec 
laquelle  j'y  persévéreray,  et  que  ce  que  vous 
pouvez  faire  avec  toute  liberté  et  seureté,  vous 
ne  le  demandiez  point  par  sauf-conduit  et 
comme  si  vous  aviez  à  négocier  avec  déclarés 
ennemis;  chose  queje  m'asseure  que  ma  bonne 
sœur,  nous  aimant  comme  elle  faict,  ne  sçau- 
roit  avoir  agréable,  comme  tous  aultres  sem- 
blables desporleniens.  Quant  à  la  piaincte  que 
vous  laictes  du  sieur  de  Monluc,  je  vois  faire 
faire  tout  présentement  une  bien  expresse  dé- 
pesche  pour  sçavoir  comment  il  en  va,  et  y 
lerav  donner  telle  provision  que  requiert  nos- 
Ire  mutuelle  amitié,  et  qui  sera  nécessaire 
pour  en  donner,  à  ceulx  qui  se  trouveront 
avoir  été  offensés  en  cela,  un  entier  conten- 
tement. Priant  Dieu  ,  Monsieur  l'ambassadeur, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
!  script  à  Estampes,  le  \xie  jour  de  septem- 
i  i  e  t  56'i. 

Caterine. 


R1NE   DE   MEDIC1S. 

1562.  —  21  septembre. 

Copie.  Arcli.  de  l;i  Dordogne. 

A  MONSIEUR  DES  BORIES', 

CENTILIIOMME  ORDINAIRE  DE  LA  CHAMBRE  DE  BOÏ    MONSIEOE  MO.\  FILS. 

Monsieur  des  Bory,  j'ay  entendu  que  vous 
estes  tombé  malade  à  Metz  d'une  fièvre  double 
tierce  qui  s'est  tournée  en  quarte,  dont  \ous 
estes  grandement  travaillé;  c'est  pour  ce  que 
je  considère  combien  vostre  plus  longue  de- 
meure audict  Metz  vous  seroit  incommode, et 
combien  il  vous  servira  de  changer  d'air  pour 
le  recouvrement  de  vostre  santé,  je  \ous  ay 
accordé  vostre  congé,  et  remect  en  vostre 
liberté  de  partir  et  vous  en  venir  si  tost  que 
vostre  santé  le  pourra  porter.  Priant  Dieu  . 
Monsieur  des  Bory,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte 
garde. 

Escript  à  Estampes,  le  xxi  jour  de  sep- 
tembre mil  cinq  cens  soixante  deux. 

C/VTERINE. 


1562.  —  29  septembre. 
Orig.  Bibl.  uat.    n"  no45o,,  P  35. 

a  mon  COUSIN- 
MONSIEUR  DE  BOISY, 

GRAND    ESCLÏEB   DE  FBANCE. 

Mon  cousin,  j'ay  receu  la  lettre  que  m'avez 
escripte  par  le  sieur  de  Cayluz2  présent  por- 
teur, et  depuys  ainsi  qu'il  estoyt  prest  à  partir 
pour  s'en  retourner  par  devers  vous,    m'est 

'  Lieutenant  de  la  compagnie  du  prince  de  Navarre; 
souvent  cité  par  Monluc,  sous  les  ordres  duquel  il  fut 
mis  en  1 568  ;  il  mourut  en  1072.  —  Voy.  une  note 
détaillée  sur  lui  dans  les  Commentaires  de  Monluc,  édit. 
deRuble, t. III, p.  it>3,  et  fonds Clairarubault, vol.  347, 

r  1/129. 

5  Etienne  de  Caylus,  s'  de  Colombières.  Il  t"Sla 
en  157;")  et  était  fds  de  Pierre  de  Caylus  et  de  Marguei  ili 
de  la  Roque.  Ce  nom  de  Caylus  vient  d'une  seigneurie  da 
Rouergue. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


io; 


arrivée  vostre  première  dépesche,  par  laquelle, 
et  ce  que  ledici  sieur  Cayluz  m'a  dicl .  j'ay  en- 
tendu comme  toutes  choses  passent  au  lieu  ou 
\ous  estes  doulcemenl  et  paisiblement.  El 
pour  ce  que  je  luy  ay  faicl  entendre  mon  adviz 
sur  chacun  article  de  <ou  mémoire,  et  que  je 
m'asseure  qu'il  vous  en  sçaura  rendre  bon 
compte,  je  me  déportera)  de  vous  en  l'aire 
aucune  redite,  et  seulement  vous  pryera)  que 
\otis  le  croyez  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma 
part.  Kl  je  pryeray  Dieu,  mon  cousin,  qu'il 
vous  ail  en  sa  saincte  garde. 

Escripl  à  Gaillon1,  le  xxix"  jour  de  septem- 
bre i  562. 

La  bien  vostre, 

Gaterine. 

1 562.  —  Fin  septembre. 

Minute.  BiM.  imp.  Je  Sainl-PHlersbourg,  vol    18,  f'  83. 

A  MONSIEUR  DE  BORDILEON. 

Mon  cousin,  j'ay  ïeu  par  la  déclaration  que 
vous  avez  envoyée  les  difficultez  que  vous 
faictes  en  la  restitution  des  places2,  sur  quoy 
l'on    vous   envoyé    une  seconde  jussion  pour 

1  Tlirockniorlon  écrirait  à  la  reine  Elisabeth,  le  3  'i  sep- 
tembre i56a  :  tiEn  ce  moment  le  Roi  est  à  Gaillon,  une 
des  résidences  (tu  cardinal  de  Bourbon.-  (  Calendarof  State 
papers,  1  56a  ,  P  3ao.) 

2  \  oy.  dans  le  fonds  Fontanieu  (  Bilil.  nat.),  n°  3oa, 
rrles  remontrances  envoyées  au  Roi  et  à  son  conseil  par  le 
sr  de  Bourdillon  lorsqu'il  estoit  solli.  iti>  de  remeltre  à 
M.  de  Savoie  les  places  que  Sa  Majesté  s'esloit  réservées 
en  Piémont-?  ;  elles  sont  imprimées  et  datées  du  1  ô  sep- 
tembre i56a.  Après  avoir  énuméré  loutes  les  raison* 
qui  motivaient  sa  patriotique  résistance,  eu  égard  à  la  mi- 
norité du  Roi,  Bourdillon  exigeait  que  la  patente  de  res- 
titution fût  signée  par  le  Roi,  les  princes  du  sang,  le 
connétable,  les  membres  du  conseil  privé  et  qu'ejle  fût 
enregistrée  par  tous  les  parlements  de  France,  ou  tout 
au  moins  par  celui  de  Paris  et  par  la  cour  des  comptes. 
—  Voy.  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne.  t.  V,  p.  7.3  el 
suiv. 


passer  oultre,  d'aultnnl  que  ce  que  vous  de- 
mandez semble  de  peu  d'importance  el  au 
contraire  il  se  congnoisi  que  laiongueur  en  rt'<-\ 
est  grandement  préjudiciable  au  service  du 
l'iov  monsieur  mon  lilz;  car  quand  tout  est 
dict,  L'acte  qui  est  signé  de  tous  ceulx  qui 
ont  conseillé  ladicle  restitution  .  lequel  je 
garde  pour  ma  descharge,  satisfaict  à  ce  que 
vous  demandez,  duquel .  quand  vous  en  aurez 
besoin,  vous  en  sera  pour  la  vostre  baillé  une 
coppie  collationnée  à  l'original,  et  n'y  en  a 
pas  ung  qui  ne  trouve  véritablement  que  vous 
avez  raison  de  prévenir  tout  ce  qui  |  importe]1 
pour  vostre  seureié.  mais  de  parler  d'emolo- 
guer  en  la  court  de  Parlement,  nv  d'assem- 
bler Estatz;  l'un  ne  se  peull  faire  pour  des 
raisons  très  pertinentes  qui  l'empeschent,  qui 
ne  se  peuvent  mander  el  vous  seront  décla- 
rées quand  vous  sciez  de  deçà;  el  l'aultre  esi 
bien  chose  si  longue  et.  en  ceste  saison  si 
dangereuse  qu'il  n'y  a  bon  serviteur  du  liov 
monsieur  mon  lilz  qu i  le  luy  conseillas!;  et 
pour  reste  cause,  mon  cousin,  il  ne  l'a n 1 1  que 
cela  vous  arresle  ;  car  après  vous  avoir  en- 
voyé la  seconde  jussion  que,  ayant  oy  voz  re- 
monstrances,  vous  a  esté  dépeschée,  et  satis- 
faict et  respond  à  la  difficulté  que  vous 
Faictes,  il  n'y  aura  personne  qui  ne  croye  que 
ceulx  qui  l'ont  conseillé-  n'ayenl  aullanl  aviné 
le  service  du  Roy  monsieur  mon  lilz  que  vous 
ni  aultre  sçauriez  fayre,  et  qu'ilz  n'ont  pas 
moings  considéré  ce  qui  se  debvoyl  faire  que 
vous  sçauriez  avoir  faicl,  et  que  pour  la  seu- 
reié d'eulx  à  l'advenir  et  de  vous  et  de  Ions 
ceulx  qui  s'en  mesleront  ilz  n'ayent  regardé 
à  le  faire  en  la  meilleure  forme  qu  il  a  esté 
possible,  de  façon  que  l'on  pensera  que  vous 
seul,  sans  grande  raison,  l'avez  empesctié:  el 
que  s'il  advenovl  quelque  inconvénient  au  ->r 

1   Ce  mol  est  lacéré. 


'■08  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS 

\  ice  du  l'm\  monsieur  mondicl  lil/,  en  ceste  sai- 


son où  nous  avons  beaucoup  affaire  d'avoyr  de 
l'argenl  el  nul  besoing  d'en  envoyer,  je  ne  sçaj 
comme  vous  en  pourrez  excuser.  Je  ne  vous 
dis  pas  cela  de  moy  seulle  ny  pour  envie  que 
j'aye  qu'elle  se  face  si  n'esl  raisonnable,  mais 
pour  ce  que,  voyant  ce  que  je  voy  des  affaires 
de  ce  royaume  el  eslant  conseillée  de  tant  de 
grandz  personnaiges,  et  qui  ont  faut  aymé  et 
bien  servy  à  ceste  couroune,  de  le  faire  en  la 
m  dangereuse  saison,  pour  en  tirer  quelque 
h  h  ici  en  nnz  affaires,  comme  nous  espérons 
que  nous  importunerez  plus,  je  ne  puis  que 
I  approuver  et  désirer  que  l'exécution  s'en  face; 
el  quand  vous  serez  hors  de  là  et  que  \ous 
verrez  ce  que  nous  voyons,  pour  estre  bon  el 
alfectioné  serviteur  du  Roy  mon  filz,  comme 
je  vous  ay  tousjours  congneu ,  nous  direz  que 
nous  avons  eu  raison.  Je  vous  prie  doneques, 
mon  cousin,  ne  tirer  poinct  cela  en  longueur, 
car  elle  nous  sei'oyt  trop  pernicieuse.  Quant  à 
l'argent,  nous  regarderons  de  faire  du  mieux 
que   nous  pourrons,  alfin   que,  a\ec  ce  dont 

Monsieur  de '  respondra  et  ce  qui  vous 

sera  baillé  comptant,  les  soldatz  puissent  avoyr 
moyen  de  sortir,  et  vous  voulant  bien  dire  eu 
passant  que  nous  entendons  bien  que,  quand 
le  capitaine  \eull,  les  soldatz  se  mutinent  et 
que,  si  le  capitaine  fait  bien  son  debvoir, 
baillant  au  soldat  commodité  de  sortir,  il  le  fera 
trop  vol  un  tiers;  et  pour  ce  ce  sera  à  eulx  aussi 
à  qui  l'on  s'en  prendra,  quand  ou  les  aura 
contentez,  s'ilz  n'obéissent.  Quant  aux  reques- 
les  que  vous  a\ez  envoyées,  Ion  regardera  de 
faire  à  tout  du  mieulx  que  l'on  pourra,  et  sur 
les  denyers  qui  seront  envoyez  en  Piedmonl 
aux  assignations  qui  seront  ordonnées  l'on 
regardera  de  vous  pourveoir,  de  façon  qu'ilz 
auront  occasion  de  s'en  contenter;  qui  est  tout 

Nom  propre  iliisibii 


ce  que  je  vous  diray,  priant  Dieu,  mon  cousin  . 
de  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
A  Caillou,  ce  .  .  .  jour  de  septembre  1 56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  M.  de  Bourdillon.  du 
.  .  .  jour  de  septembre. 


(  1 562.  —  Fin  septembre-,  j 

Aul.  Arcli.  de  Turin. 
A  MOIN  FRKIΠ

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  j'é  reseu  vostre  lettre  que  j'é 
monslrée  au  Roy  mon  filz ],  lequel  encores 
qu'i  n'an  creust  rien  de  sel  qu'on  luy  avoysl 
mandé  a  haysté  byen  ayse  de  voyr  set  que 
m'en  escripvés,  comme  j'ay  baysté  atissv.  el 
\ous  prie  panser  que  ce  que  je  vous  an  n "a\ 
fayst  antandre,  ce  n'a  esté  [>our  chause  que  nv 
mov  ny  pièse  de  seuix  quy  sont  auprès  de 
leuy  en  creusyons;  mes  seulement  pour  vous 
avertyr  de  tout,  comme  je  feré  toute  ma  vye 
des  choses  que  je  saré  quy  vous  toucheront. 
sachant  byen  vostre  bonne  voulunlé  envers  le 
Roy  mondyst  filz  et  moy;  afyn  (jue  s'il  \ 
avoyst  quelqung  de  veôs  mynystres  ou  ser- 
vyteurs,  quy  n'ansuyvysl  vostre  voulunté  et 
commandement,  qu'en  soyés  averty  et  que 
sette  amytié  que  le  Roy  moiidisl  filz  vou.-. 
porte  et  veull  porter  ne  pyuisse  jamès  aystre 
en  ryen  altérée.  Je  vous  prie  vous  asseurré 
qu'encores  que  n'ayés  besoyng  envers  le  Roj 
mondist  fils  de  protecteur  pour  l'amytié  qu'yl 
vous  porte,  si   ne  leseray-ge  poursela  de  vous 

1   Dans  un  mémoire  daté  du  30  septembre  i563,  el 

où  Ton  rend  compte  des  affaires  de  France,  nous  lisons  : 
b  Los  troupes  du  duc  de  Savoie  sont  retournées  dans  leurs 
foyers  (The  company  of  the  duke  of  Savoy  lias  returned 
to  tbeir  homes).»  C'est  sans  doute  de  celte  retraite  de  ses 
troupes  que  s'excuse  le  duc  de  Savoie.  (Calendar  oj  Si  •'■ 
papir*.  année  1  562  .  p.  3  1  '1.  | 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


/i09 


dyre  que  je  vous  seraj  loin-jour  telle  que  je 

vous  ay  aseuré,  non  seulement  comme  bo 

seur,  mes  c< ne  afectyonnée  mère,  estant 

certayne  que  serés  tyeul  à  l'eudroyl  deu  lio\ 
mondisl  (ils,  que  me  donnerés  occasyon  de 
contyneuer  en  sete  vpulonté,  ainsi  que  \ous 
en  aseurera  davantage  Madame  de  Savoye, 
ma  seur.  qui  vous  est  heung  s\  seur  gage  de 
mon  amytyé  qu'yl  ne  m'est,  ce  me samble,  be- 
soins de  \ ou^  an  dyre  davantage;  et  vous  prie 
pour  la  Ivn  de  ma  lettre,  mon  frère,  me  con- 
tyneuer la  vostre  selon  que  vous  aysl 
\  ostre  lionne  seur, 

Caterine. 

i  1562.  —  Fin  septembre, 
lui    Arcb.   V-.  Médicis,  dalla  cîlata  Qlza  'i;  3o9  nuova  numerazione. 

I  MON  CODS1N 

LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mio  cugino,  havendo  inteso  per  quel  che 
del  Bene  '  m'ha  scritlo  l'amorevolezza  cbe  voi 
usate  verso  il  lie  mio  figliolo  et  me,  et  lo 
aiuto  et  soccorso  che  libéral  m  ente  rifafe  sotto 
la  sicurtà  délie  nostre  parole  di  rendervegli 
di  che  non  mancberemo,  snhilo  che  piacerà  a 
Dio  di  rimetterci  nel  nostro  Milito  riposo;  e 
perô  non  ho  voluto  mancare  di  ringratiarvene 
assai  per  questo  corriere  et  assicurarvi,  che 
havete  fatto  piacere  a  un  Principe,  che  non  lo 
dimentichera  giammai  et  lo  riconoscera  in 
tutte  le  occasioni  che  si  presenteranno  nel 
nostro  Rcgno  di  tullo  quel  ch'  egli  havra  cli 
modo  et  di  potere;  et  pec  la  parte  mia  in 
lulto  quel  chio  polro  affaticarmi  per  \oi  vi 
faro  conoscere,  corne  io  vi  sono  el  voglio  essere 

\  (  ; .  une  lettre  d'Albisse  d'Elhene  à  Catherine,  datée 
de  Florence,  le  7  septembre  lôlia;  il  répond  à  un-  lettre 
d'elle  du  33  août  >•!  lui  annonee  que  le  duc  de  Florence 
tient  à  sa  disposition  la  majeure  partie  de  la  somme  pro- 
mise. (  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  1  5.S77.  f  36.) 

Catuoinf.  db  Médicis. —  1. 


buona  parente  el  arnica,  e(  vi  prego  a  farne 

altanto  verso  di  me,  c ■   di   quella  che  vi 

sura  lulla  la  su;i  \it;i 

La  vostra  buona  cugina  . 

Catherin  \. 

I  562.       3o  septembre. 
Copie    Bibl.  nat.  tonds  français,  n"  , f» S 7 7 .  f  u- 

H    PAPE. 

Très-Sai net-Père,  si  l'abbé  de  S'-Gildas1 
n'estoit  si  suffisant  qu'il  est,  je  vous  dirois 
plus  amplement  les  raisons  qui  nous  ont  meu 
de  vous  faire  la  requeste  que  vous  Gsmes  de 
permectre  à  Monsieur  le  légat2  de  vous  aller 
trouver,  mais  je  m'asseure  qu'il  vous  a  sou- 
vent rendu  si  lion  compte  qu'il  ne  sera  l>r- 
soing  de  vous  en  rien  dire  davantaige,  si  ce 
n'est  nous  pouvoir  tesmoigner  que  c'esi  à 
nostre  très-grant  regret  de  quoy  la  nécessité 
nous  contrainct,  en  une  si  fascheuse  saison, 
d'csloigner  d'auprès  du  Roy  monsieur  mou 
lil/.  ung  personnage  de  qui  la  loyauté,  pru- 
dence et  grande  expérience  est  si  congneue 
qu'elle  est;  mais  l'espérance  que  nous  avons 
que  estant  près  de  Vostre  Saincteté  il  pourra 
luy  servir  el  à  loul  ce  royaume  [tour  ce  qui 
se  présentera,  estant  ainsi  de  la  requeste  que 
nous  vous  Usines  de  luy  permettre  de  vous 
aller  retrouver,  comme  le  Roy  monsieur  mon 
lilz  et  moi  vous  en  supplie  aultant  affectueu- 
sement que  nous  pouvons,  ainsi  que  j'ay 
donné  charge  audicl  abbé  de  Sl-Giblas  vous 
dire  de  ma  pari,  el  je  vous  supplie  le  croire 
coioine  moy-mesme.  El  sur  ce  je  prie  Dieu. 
Très  Saincl-Père.  etc. 

(  lu  dos.)  La  Royne  au  Pape,  du  dernier 
jour  de  septembre  i  ■>0i. 

1  Vnv.  1rs  instructions  de  l'alilic  de  Sainl-I  nldas  allant 
.1   11 Bibl.  nat.  tonds  français,  n"  IÔ877,  f°  196.) 

2  Le  cardinal  de  Kerrare.  —  Vov.  la  minute  d'uni'  Iclllï 
de  Charles  IX  au  Pape  (même  volume,!*  i3o). 

.r>3 


1 1  o 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1562.  —  Octobre. 
Minute.  Bihl.  nat.  fonds  fronçais ,  n"  15877,  f°  l83- 

V  MONSIEUR  DE  NEMOURS. 

Mon  cousin,  il  n'y  a  que  deux  jours  que  je 
vous  dépesebay  Pelisson  '  en  toute  dilligence 
pour  vous  oster  hors  de  la  poyne  où  je  res- 
sens vous  avoyr  mis  la  despesche  qui  vous  lut 
faicte  par  Lansac2;  depuis  le  partement duquel 
IVIisson,  nous  avons  advisé  vous  aooinmo- 
der  de  1  artillerye  que  demandez  du  coslé  de 
la  Bourgogne3,  de  façon  que,  je  m'asseure,  il 
n'y  aura  poinct  de  faillie  que  n'en  soyez  suivi 
selon  votre  désir  et  le  besoing  qu'il  en  est  pour 
le  bien  du  service  du  Roy  monsieur  mon  filz. 
Quant  à  l'argent,  je  y  travaille  tant  que  je 
puys  et  maintenant  que  suis  en  bonne  asseu- 
rance  d'en  avoyr,  vous  vous  pouvez  asseurer, 
mon  cousin,  qu'au  même  instant  qu'il  arrivera 
il  vous  sera  fourny,  pour  ne  vouloyr  qu'il  soyl 
employé  à  aullre  chose  que  pour  vous;  car  je 
ne  vous  ay  point  mys  là  pour  vous  oublyer, 
comme  vous  m'escrivez,  niais  pour  me  souve- 
nyr  à  toute  heure  du  service  que  vous  l'aides 
au  Roy  mon  filz,  et  de  la  volunté  que  vous 
avez  de  lui  en  faire  encore  daventaige ,  si  vous 
en  avez  autant  de  moyen  que  de  vouloyr.  Je 
laietz  porter  les  despecbes  à  Monsieur  de  Bour- 
dillon  pour  hasler  les  Piedmontoys,  et  à  Al- 

1  Maugiron,  dans  une  lettre  datée  de  Vienne,  le  5  oc- 
tobre, parle  du  commissaire  Pélisson.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n"  15877,  ^  '63. ) 

-  Voici  ce  que  nous  lisons  dans  une  dépêche,  en  date 
du  20  septembre  :  fils  ont  à  Lyon  (i.ooo  hommes.  Le 
duc  de  Nemours  se  lient  dans  les  environs  avec  environ 
'1,000  hommes,  les  Italiens  l'ayant  quitté,  el  les  troupes 
du  duc  de  Savoie  étant  rentrées  dans  leur  propre  con- 
trée.» (Caiendar  of  State papers ,  lôlia,  p.  3i4.) 

1  Voy.  au  sujet  de  cette  demande  d'artillerie  la  minute 
d'une  lettre  de  M.  de  Tavannes  à  la  Reine  dans  le 
n"  46iio  du  fonds  français,  f°  aà.  Cette  lettre  a  été  im- 
primée par  \l  Pingaud  dans  la  correspondance  de  Ta- 
vannes, p.  110.  (Paris,  1877,  in-8°.) 


luye1  pour  essayer  d'avoyr  aveoques  des  Gene- 
vois2, comme  il  me  le  mande  par  son  envoyé, 
si  cela  peut  prouffiler  de  quelque  chose.  Je 
vous  prie,  incontinent  que  vous  aurez  leu  la 
présente,  faire  partir  le  courryer  pour  s'en 
aller  en  toute  dilligence  audict  Piedmonl. 
affin  qu'il  puisse  arriver  à  temps  pour  accellé- 
rer  le  parlement  desditz  Piedmontoys.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa  saincle 
et  digne  garde. 

Du  camp  devanl   Rouen,  le.  .  .jour  d'oc- 
tobre i56a. 

(Au  dos.)   La  Royne  à  Monsr  de  Nemours. 
du.  .  .jour  d'octobre  i562. 


1562.  —  Octobre. 

Minute.  Itibl.  nat.   fonds  français,   n"  15877,  *"'  °7'1, 

A  MONSIEUR  DE  MONTPENSIER3. 

Mon  cousin,  vous  entendrez  par  ce  porteur, 
et  par  la  lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
vous  escripl4,  l'occasion  de  sa  dépesche,  qui 
vous  est  de  telle  importance  qu'il  ne  fault  user 
d'aulcùne  longueur  ny  difficulté;  car  de  là  dep- 
pend  une  partye  de  la  victoyre;  et  pour  cesle 
cause  je  \ous  prie,  aultant  que  vous  avez  chère 
la  conservation  de  ce  royaulme,  donner  ordre 
que  le  sieur  de  Sanssac 5  parte  avec  les  forces 

1  Florimond  Roberlet,  baron  d'Alluie,  secrétaire 
d'État  de  1  ô">o,  à  1  56g  ,  fut  employé  dans  plusieurs  mis- 
sions importantes  en  Angleterre  et  en  Piémont.  Il  ne 
laissa  pas  d'enfants  de  ses  deux  femmes  Jeanne  de  Hal- 
luin  et  Marie  Clausse. 

2  Génois. 

3  Louis  de  Bourbon,  duc  de  Monlpensier.  —  Voy.  la 
note  de  la  page  207. 

'  Voy.  la  lettre  de  Charles  IX  qui  accompagne  celle-ci. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  11°  10877, 1"  270.) 

''  Louis  de Sansac ,  gouverneur  d'Angoulème ,  mort  des 
blessures  reçues  à  la  bataille  de  Saint-Denis  en  15O7. 
—  Voy.  une  lettre  de  Charles  IX  à  M.  de  Sansac.  (Bibl. 
nat.  fonds  français,  n°  10877,  ^  27^-) 


LETTRES  DE  CATH 

qu'il  luy  csi  mandé,  le  plus  dilligeminenl 
qu'il  lin  sera  possible,  pour  avec  icelies 
s'achemine!  droicl  à  Tours  èl  se  veuyrjoindre 
à  celles  que  nous  faisons  assembler  vers  Es- 
tampes pour  leur  faire  teste;  car  \ous  debvez 
penser  que  le  corps  m'en  esl  plus  cher  que  les 
membres,  et  que,  si  nous  ne  résistons  à  ceste 
force,  en  vain  se  travaillera-on  de  les  chasser 
des  aultres  provinces;  pour  lesquelles  raisons 
je  vous  prie  encore  ung  coup  faire  partir  ce 
se  oui.-  le  plus  diligemment  qu  il  sera  | 
sible,  de  façon  qu'il  puisse  arriver  à  temps 
pour  nous  en  servir.  El  je  prie  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoyr  en  sa  saincte  el  digne 
gardé. 

De  Houen.ce  .  .  .  jour  d'octobre  i562. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Mous'  de   Monlpen- 
sieiydu  .  .  .   jour  d'octobre  i56a. 


1562.  —  Octobre. 

Munit''.  Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n'  1OS77.  f    19.fi. 

A  MONSIEUR  DE  BOI  ILLÉ. 

Monsieur  de  Bouille',  m'ayant  mon  cousin 
le  duc  d'Eslanipes  depuis  quelques  jours  ad- 
verly  qu'il  se  remuoil  quelque  chose  i\[\  costé 
de  Bretaigne  et  qu'il  y  avoil  dangier  qu  il  ne 
se  feist  quelque  assemblée  el  amas  de  gens  de 
ce  costé  là,  je  n'ay  voulu  faillir  de  vous  faire 
la  présente  pour  vous  prier  d'j  prendre  garde 
de  regarder  s'il  y  aura  moyen  de  les  contenyr 
pardoulceurel,  s'ils  avoyent  envye  de  s'amas- 
ser, de  les  séparer  par  tous  moyens  --ans  venyr 
a  la  force;  car  je  seray  toujours  d'advis  que 
ce  chemin  là  se  tiust  le  premier;  et  s'il  ne 
prouffite,  \ous  regarderez  (rassembler  ce 
que  vous  pourrez  avoyr  de  forces,  tant  de  la 
noblesse  que  aullres  gens  que  vous  prendrez 
aux  lieux  et  places  où  il  \  en  aura,  pour  les 
rumpre  el  empescher  qu'ilz  ne  facenl  masse 


ERINE  DE  MED1CIS.  &i1 

(jui  puisse  estre  préjudiciable  au  bien  du  ser- 
ilu  llo\  monsieur  mon  Glz.  Vous  estes 
saige  et  sur  les  lieux,  où  vous  sçaurez  mieulx 
l'aire  qu'il  ne  vous  peull  eslre  mandé;  el  me 
souffil  seullemeut  de  vous  en  adviser,  comme 
faicl  mondicl  cousin,  qui  en  a  plus  de  co- 
gnoissance,  affin  que  vous  \  remédiez  dextre 
ment,  comme  vous  le  sçavez  lié-  bien  l'aire; 
qui  sera  fin.  prianl  Dieu.  Monsieur  de  Bouille, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  el  digne  garde. 
De  Rouen,  ce  . . .  jour  d'octobre  i  56a. 

(Au  dos.  )  La  Royne  à  Monsieur  de  Bouille, 
du  .  .  .  jour  d'octobre  1  f>G2. 

1562.  —  Octobre. 

Minute.  Bibl    nal.  fonds  français,  n°  i^'S—     i      7.; 

\  MONSIEI  R  DE  SANSAC. 

Monsieur  de  Sanssac,  vous  entendre/,  pai 
ceste  dépesclie  ce  qui  nous  faict  vous  haster 
parce  que  les  Allemans  marchent  et  se  vonl 
joindreàceulx  d'Orléans, lesquelz  ne  fauldronl 
avec  ces  forces  el  ce  qui  leur  est  venu  de  la 
Rochefoucault  de  vouloir  entreprendre  quelque 
chose.  Pour  ceste  cause,  je  vous  prie  aultanl 
(pie  vous  aymés  le  service  du  Roj  monsieur 
mon  filz  de  soliciter,  comme  je  désire.  Mon- 
sieur de  Monlpensier  de  \ous  bailler  les  forces 
qu'il  a  là  et  de  mander  à  tous  les  cappytaines 
d'user  de  toute  diligence  pour  partir,  et  par 
liculièrement  à  Cbarrit1,àcequ'il  remplisseses 
compaignyes  le  plus  qu'il  pourra,  de  façon  que. 
s'il  esl  possible,  il  puisse  faire  jusques  à  troys 
mille  hommes  ensemble  et  faire advancer  les 
compagnyesdegendarmerye,  de  façon  que  vous 
nous  puissiez  amener  ce  secours,  aux  meil- 
leures et  plus  raisonnables  journées  qu'il  sera 

i  ques  Prévôt,  seigneur  de  Charry,  l'un  des  favoris 
de  Catherine  et  maître  de  camp  des  dix  enseignes  de  la 
garde  du  roi.  Il  fui  assassiné  à  la  fin  de  l'année  i563, 

5  9 . 


h\-l 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGLS. 


possible,  si  à  temps  que  nous  en  puissions  tirer 
le  service  que  j'en  ac tends.  Je  m'asseure  bien 
qu'il  ne  tiendra  pas  à  vous  à  y  faire  toute  la 
diligence  possible;  et  pour  ceste  cause,  je  ne 
vous  le  recommande  point  davantage,  mais 
prie  bien  Dieu,  Monsieur  de  Sanssac,  vous 
avoyr  en  sa  saincle  et  digne  garde. 
De  Rouen,  ce  ...jour  d'octobre  i56a. 


1562.  —  Octobre. 

Minule.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  51877,  ^  a77- 
A  MESSIEURS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT 

DE    PARIS. 

Messieurs,  pour  ce  que  je  veulx  employer 
le  sieur  Davaine,  conseiller  en  la  court  de 
Parlement,  et  l'envoyer  en  quelque  commis- 
sion pour  mes  affayres,  j'ay  prié  le  Roy  mon- 
sieur mon  fdz  de  vous  en  escrire  pour  vous 
prier  bien  particulièrement  descbarger  ledict 
sieur  pour  quelques  mois  durant  qu'il  vac- 
quera  à  mesdictz  affayres,  comme  je  vous  en 
prie  bien  fort  et  vous  asseure  que  ce  faisant 
vous  ferez  cbose  que  j'auray  bien  fort  agréable. 
Et  je  prieray  Dieu,  Messieurs,  vous  avoyr  en 
sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Rouen,  ce  .  .  .  jour  d'octobre  i562. 


1562.—  Octobre. 

Minuta.   Bibl.   nat.   fonils  français,    »°   10877,    ^  ^ai. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  RORDILLON. 

Mon  cousin,  s'en  allant  mon  cousin  Mon- 
sieur le  cardinal  de  Lorrayne  en  Piedmont,  le 
Roy  monsieur  mon  lilz  l'a  prié  de  \ous  bailler 

par  Chatelier-Portaut,  l'un  des  familiers  de  Coligny  et 
de  d'Andelot. —  Voy.  ce  qu'en  dit  Brantôme,  •'■<! il.  de 
L.  Lalanne,  t.  V,  p.  33S.  36 1  et  suiv.;  de  Thon 
(KvreXXXV). 


la  jussipn  qui  luy  a  esté  délivrée  pour  vous 
commander  de  sa  part  et  amplement  entendre 
ce  qui  vous  a  esté  précédemment  mandé  tou- 
chant la  restitution  des  places1,  auquel,  oultre 
cela,  il  a  si  amplement faict  entendre  ses  in- 
tentions, et  luy,  pour  avoyr  assisté  aux  déli- 
bérations qui  ont  esté  faictes,  est  si  bien  in- 
formé des  raisons  qui  nous  ont  meudece  faire, 
que  je  m'asseure  il  vous  en  esclaircira  si  bien 
qu'il  ne  vous  en  demeurera  aulcun  souspe- 
ebon.  Je  vous  prie  duneques  le  croyre,  et  vous 
assurer  que  ne  sçauriez  faire  plus  de  service 
au  Roy  monsieur  mon  lilz  en  ceste  saison  où 
nous  avons  tant  de  besoing  de  nous  renforcer 
que  de  luy  envoyer  les  forces  de  Piedmont, 
dont  il  a  exlresme  besoing, et  parce  que  nostre- 
dict  cousin  vousle  sçauramieulx  faire  entendre 
que  je  ne  le  vous  puys  mander,  je  me  remeclz 
sur  luy  auprès  de  vous.  Pryant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  le.  .  .jour  d'oc- 
tobre i56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  M.  de  Rordillon, 
du.  .   jour  d'octobre  i562. 

1  Voy.  une  lettre  de  Robertetà  Catherine,  du  31  oc- 
tobre i56a.II  ne  croit  pas  que  la  restitution  des  places  du 
Piémont  soit  aussi  facile  qu'on  l'a  dit  à  la  Reine;  itcar 
il  y  a  trop  de  gens  à  contenter,  et  peu  de  moyen  pour  ce 
faire. v  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15877,  f°  3  12.)  — 
Dans  une  autre  lettre  du  27  octobre,  il  résume  toutes 
les  difficultés  suscitées  par  Bordillon,  qui  voudrait  que 
dans  l'acte  signé  pour  sa  décharge,  «ce  mot  pur  l'ex- 
près commandement  du  Boy,  n'y  fust  point  mys,  et 
qu'oultre  cella  il  pleust  à  S.  M.  vonloyr  tant  le  favoriser 
et  bien  traicter  que  do  lui  envoyer  le  double  que  S.  M.  a 
par  devers  elle."  aQuand  vous  ne  luy  accorderez  riens, 
ajoute  t— il ,  il  ne  layssera  de  passer  oullre;  mais,  Madame', 
si  vous  le  pouvez  contenter  aysément  pour  sadicte  dé- 
charge, j'estime  que  V.  Majesté  sera  bien  contente,  non 
seulement  de  lui  accorJer  cella,  mais  aussi  de  ne  le  laisser 
sans  party,  comme  il  sera  si  sans  quelque  charge  vous  le 
resvocquez  par  délia. •>  (llid.  p.  3a5.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDIC1S. 


113 


I  :>6i>.  —  Octobre. 
Minute.  Bibl.  imp,  de  Saint-Pétersbourg ,  vol.  18,  I 

\  MONSIEUR  DE  LA  BROSSE. 

Monsieur  de  la  Brosse1,  après  avoir  consi- 
déré l'importance  dont  nous  est  la  venue  des 
AUemans,  et  le  mal  qui  nous  pourrait  adve- 
nir, s'ilz  se  joignoient  avecques  eeulx  d'Or- 
léans, nous  avons  advisé  d'envoier  mon  cou- 
sin le  maréchal  de  Saint-André'  du  costé  de  la 
Champaigne  avec  tout  ce  que  nous  pourrons 
de  gendarmerye,  et  les  troys  mille  Itallieus 
que  M.  de  Nemours  a,  les  deux  mille  Suysses 
que  Al.  de  Tavannes  luy  amena  et  quelque 
nombre  de  compaignyes  françoises,  estimant 
que  leur  rompant  ce  coup  et  les  empeschant  de 
venir  là,  ce  sera  le  gaing  de  la  partie;  car 
toutes  choses  après  ne  nous  sçauroient  estre 
que  bien  tort  aysées;  et  pour  ce  que  de  ceste 
armée  nous  ne  lui  pouvons  bailler  de  noz  gens 
de  pied,  pour  en  avoir  peu  et  extrêmement  af- 
faire d'iceulx,  il  nous  a  semblé  que  l'on  pour- 
rait tirer  quatre  des  enseignes  françoises  que 
vous  avez  pour  envoyer  avecques  luy  el  troys 
de  celle  du  sieur  deLosses,  et  par  ainsi  il  vous 
demeurerait  dix  enseignes  de  lansquenetz,  et 
six  de  Françoys,  et  quatre  compaignies  de 
gendarmerye,  qui  seront  les  compaignies  des 

-  Vous,  priant,  Monsieur  de  la 

Brosse,  faire  incontinent  partir  lesdictes  com- 
paignies suivant  la  lettre  que  je  vous  en  es- 
criptz  pour  se  rendre  à  Ham3  aux  meilleures 
journées  qu'il  z  pourront;  pour  lequel  efleclie 
vous  envoyé  le  Plessis,  mon  varlet  de  chambre, 
pour  les  conduyre,  allin  de   leur  faire  faire 

;  \  oy.  pour  l'explication  de  cette  lettre  un  mémoire 
adresse  â  Messieurs  de  la  Brosse  et  de  Losscs  dans  le 
n    i  5877  du  fonds  français,  p.  367  et  suiv. 

:   Laissé  en  blanc. 

1  On  avait  d'abord  écrit  Troyei,  puis  on  a  mis  Ham. 


dilligence.  Le  semblable  feront  les  compai- 
gnyes île  gendarmerye,  hormis  les  quatre  que 
miiis  demande  el  la  cavalerie  légère,  vous  ad- 
visanl  de  vous  rendre  audict  lieu  de  Ham  en 
la  meilleure  dilligence  qu'il  vous  sera  pos- 
sible, el  d'aultanl  que,  partant  la  gendarmerye 
qui  est  à  Pluviers,  le  roy  de  Navarre,  mon 
frère,  veult  que  Monsieur  de  Losses1  revienne, 
nous  avons  advisé  que  le  sieur  de  Prie-,  lieu- 
tenant de  mon  cousin  le  coule  de  Viilars,  v 
pourra  demourer  ou  à  Gyen,  ainsi  qu'il  ad- 
visera  le  plus  à  propos;  et  que  cëpen  lant  les 
troys  enseignes  des  sept  qui  \  sonl  y  demeu- 
reront. Quant  à  vous,  ayant  lesdictes  loues. 
vous  regarderez  de  vous  loger  auprès  de  Cbas- 
teaudun  en  quelque  camp  fortillié.  si  ceulx 
d'Orléans  ne  sortent  poinct,  ou  bien,  si  vous 
entendiez  qu'ilz  marchassent  du  coslé  de 
Bloys,  en  ce  pelil  camp  où  nous  logeasmes, 
avec  la  faveur  duquel  vous  pourrez  conserver 
la  ville;  vous  priant  mectre  peyne  d'entendre 
bien  souvent  de  leurs  nouvelles  pour  m'en 
donner  advis  d'heure  à  aultre,  allin  de  sçavoir 
ce  qu'ilz  deviendront;  et  ce  sera  fin,  priant 
Dieu,  Monsieur  de  la  Brosse,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  ce  .  .  .  j d  oc- 
tobre i562. 

(Mm  dos.)  La  Rbyne  à  Monsieur  de  la 
Brosse,  du  ...  jour  d'octobre  iô<i>. 

1  De  Losses,  le  •!  octobre  précédent,  écrivait  à 
Charles  IX  :  qu'il  mettait  «grande  peine  à  enclore  dans 
leur  ville  ceuls  d'Orléans,-  et  il  ajoutait  i|ue,  depuis  son 
arrivée  en  ce  lieu,  rla  peste  s'y  esi  échauffée  de  façon 
qu'il  n'est  peur  qu'il  n'en  meure  un  grand  nombre  de 
personnes  et  de  gens  de  guerre.»  (Bibl.  nat.  fonds  fran- 
çais, n°  15877,  ^"  '  ''"■  p'  su'v-) 

1  Edme  de  Prie,  sieur  de  Toucy. 


41'i 


LETTRES  DE  GATH 


1562.  —  6  octobre. 

uat.  fonds  français .  n°  SO&59 ,  f*  Ag* 
V    MON   COUSIN 

LE    SIEUR   DE    BOIS^. 

CRAND   BKCUYBR   DE  FR1SCR. 

Mon  cousin,  avant  que  vous  faire  responce 
sur  le  coulent]  en  vostre  lectre  du  11"  de  ce 
moys,  je  vous  diray  que  Dieu  a  tellemenl  fa- 
vorisé nostre  entreprise  du  fort  du  mon) 
Sainte-Catherine1,  que  encoresque  les  rebelles 
le  tinssent  pour  une  place  imprenable  tant 
pour  Sun  sit  que  pour  les  grandes  fortifica- 
tions qu'il/.  \  avoient  l'aides,  110/.  soldats  font 
reste  après  disnée  emporté  d'assault,  et  à  cesle 
prise  ainsi  brave  et  furieuse  donné  tel  eslon- 
nemenl  à  ceulx  de  la  \ille.  que  je  pense  qu'ilz 
ne  resercberonl  plus  que  la  miséricorde  du 
lln\  monsieur  mon  lilz,el  que  dès  demain  Hz 

;  Robcrlet  écrivait  au  duc  de  Nemours  du  camp  de- 
vant Rouen, le  19  octobre  :  ttje  vous  diray  que  nous  avons 
prinsleniontSainte-Catberinede Rouen  de  furie  d'assault , 
mi  nus  gens  feirenlfort  bienetlesemporlèrentdebraverie. 
■M  ceuli  du  dedans  s'eslonnèrent  sy  bien  qu'ilz  désempa- 
renl  I"  parapet,  et  de  là  iiz  perdirent  tout;  il  en  feul 
tué  deux  cens.  Nous  sommes  devant  Rouen,  qui  est  veu 
11  courtine,  et  par  le  cul,  et  parla  teste,  de  façon 
qu'il  est  malaysé  de  se  tenir  sur  le  rampait,  je  ne  diray 
pas  pour  combattre,  mais  sur  le  ventre  pour  se  cacher. 
Nous  avons  jà  rompu  une  tour,  et  demain  en  ferons  au- 
tant à  ung  portail,  et  nous  logerons  dans  le  fossé,  d'où 
ne  sommes  à  dix  pas.  Cela  fais!,  je  croy  que  quatre 
cens  Angloys  tous  corselets  qui  y  sont  entrez  vouldroient 
estro  en  Irlande,  car  nous  logerons  sur  le  rarnpart,  et  du 
Mont  nous  les  balterons  de  six  canons.  Hz  sont  si  opiniastres 
qu'ilz  aiment  mieux  mourir  que  de  parler  de  composition. 
M  onlgommery  est  dedans  et  brave  infiniment.  Les  Anglois 
sont  dans  !«  Havre  et  en  ont  chassé  les  huguenotz.i 
(liilil.  nat.  fonds  français,  n°  3aoo.  fJ  ia3.) —  \  oj . 
un<^  lettre  du  roi  de  Navarre  à  Chantonnay,  l'ambassa- 
deur d'Espagne,  pour  lui  annoncer  ta  prise  du  fort 
Sainte -Catherine.  (Arch.  nation,  collect.  Simancas, 
K.  1  ') 


BRINE   DE   MEDICIS. 

seront  prestz  à  luy  remédie  la  ville  entre  les 
mains;  qui  vous  sera,  comme  je  masseute,  une 
nouvelle  aussi  agréable  que  je  suis  ayse  pour 
ma  part  de  la  vous  pouvoir  rnauder.  Au  de- 
meurant, quant  à  ce  qui  concerne  le  faicl  du 
Marché  du  Meaulx,  je  suis  d'advis,  mon  cou- 
sin, que  estant  le desmanlellement  achevé,  ve- 
nez nous  retrouver  incontiuant ,  11'eslant  poinct 
de  besoing  de  leur  envoyer  pour  eeste  heure 
les  deux  enseignes  qu'ilz  demandent  sur  la 
crainte  qu'ilz  ont  de  la  venue  des  Allemans: 
car  s'en  allant  par  delà  mon  cousin  le  mares- 
chal  de  Saint-André  avec  une  bonne  et  grosse 
force,  tarit  de  cavallerie  que  infanterie,  pour 
s'opposer  ausdietz  Vllemans  en  leur  entre- 
prise, il  les  sçaura  bien  pourveoir  de  tout  ce 
qui  leur  sera  nécessaire,  s'il  veoyt  le  besoing  le 
requérir;  et  quant  au  sieur  Philippes  Strossy, 
je  luv  escriptz  qu'il  s'en  vienne  trouver  ceste 
armée  et  amène  sa  bende  quant  et  luy.  ainsi 
que  je  sçay  qu'il  le  désire,  joincl  aussi  qu'il 
n'est  plus  nécessaire  audict  Marché  de  Meaulx. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  avt  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Rouville,   ce  vi    jour  d'octobre 

!  .")  G  2 . 

La  bien  vostre. 

(Utérine. 


1 562.  —  (6)  octobre. 

Orig.  Bibl.  irap.  de  Saint-Pétersbourg,  vol.  18  ,  f'  48. 
A   MON  COl'sIN 

MONSIEUR  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  bien  ayse  d'avoir 
entendu  de  voz  nouvelles  par  vostre  dernière- 
lettre  et  d'av  tir  veu  que  vous  en  allez  à  Thou- 
louze  p  nr  achever  de  tenir  lousjours  ce  pays 
en  tranquillité,  et  d'aultanl  qu'à  ce  que  j'av 
entendu  ceulx  du  Parlement  continuent  tous 
les  jours   de  [aire  de  cruelles  exécutions  de 


LETTRES  DE  CATHE 

ceu lx  qui  avoienl  prins  les  armes  etque,  par 
l'adviz  de  tous  ceulx  de  mon  conseil  estans 
près  de  moy,  j'a\  pardonné  à  i ou t  ce  pauvre 
peuple  qui  n  esté  abusé  el  se  veull  recong- 
noistre  el  qu'il  n'est  raisonnable  d'estraindre 
la  cbose  iusques  à  l'extrémité,  je  vous  prie 
vous-mesme  aller  dans  ladicte  cour  de  Par- 
lement et  estre  moien  qu'elle  face  cesser  ces 
pugnitions  de  ce  pauvre  peuple;  car  en  telle 
chose,  quand  les  chefz  sont  pugnis,  l'on  se 
doibt  contenter;  car  de  vouloir  tout  chastier 
l'on  n'auroyl  jamais  faict;  ce  que  je  vous  re- 
commande d'à ul tant  que.  estant  de  la  pro- 
fession que  vous  estes,  je  m'asseure  que  vous- 
mesmes  y  tiendrez  la  main.  Quant  à  mes  nou- 
velles, je  vous  advise,  mon  cousin,  que  j'a\ 
prins  le  mon!  S'c-Calherine  d'assault,  où  il  a 
esté  tué  trois  ou  quatre  cens  nommes,  el  suis 
maintenant  après  la  ville  de  Rouen  de  laquelle 
j'espère  venir  ;i  bout  dans  peu  de  temps,  s'il 
plaist  à  Dieu,  estant  très  mary  de  quo]  l'obs- 
tination d'aucuns  t'olz  et  malheureulx  qui  sont 
dedans  est  telle  qu'elle  soit  cause  de  la  faire 
saccaiger,  comme  elle  sera  si  l'on  y  entre  de 
force;  q.;i  sera  fin,  priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen,   ce .  .  . jour  d'oc- 
bre  i  5  <»  -3 . 

Yostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1562.  —  S  octobre. 

Copie.  ltecorel  office,  State  papers,  vol.  \\\ 

\   M»  I.  AMBASSADEIR   D'ANGLETERRE. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'aj  receu  vostre 
lettre  et  véu,  parle  contenu  (ficelle,  l'envie 
que  vous  axez  d'avoir  un  passeport,  lequel, 
comme  je  vous  ay  par  ci-devant  escript,  ne 
vous    est    nullement    du    monde     nécessaire, 


RINE  DE  MÉDICIS.  I 

d'aultanl  qu'à  ceulx  de  vostre  qualité  et  venant 
de  la  part  de  vostre maislresse,  il  n'en  e^l  pas 
besoing  el  mesmemenl  qu'il  \  en  a  de  plus 
grande  qualité  que  la  vostre  el  de  voslre  nation 
en  ce  royaulme  qui  n'ont  poinct  demandé  de 
passeport  pour  y  venir;  aussi  espéray-je  en 
Dieu  que,  sans  demander  congé,  il/,  s'en  re- 
tourneront et  de  bref.  Quanta  vous,  à  toutes 
heures  que  vouldrez  venir,  vous  serez  le  bien 
venu,  car  il  n'y  a  personne  en  ceste  troupe 
qui  mois  voulus!  faire  mal,  el  me  semble  que 
VOUS  l'orniez  ceste  peine  sans  grande  occasion, 
comme,  quand  vous  viendrez,  vous  cognois- 
Irez  pareffect;  el  sur  ce  je  priera^  Dieu.  Mon- 
sieur l'ambassadeur,  vous  avoir  en  sa  saincte 
el  digne  garde. 

Du  forl  S,e-Catherine,  le  \me  jour  d'octo- 
bre îôO'i  '. 

Cati  fune. 

1  Voici  la  réponse  de  Throckmorton  à  celle  lettre; 
elle  est  dati  e  d'I  Irléans,  le  1 5  octobre  :  Il  a  reçu  la  letlre 
lui  annonçant  le  relus  du  saut-conduit  qu'il  demandait; 
la  Heine  n'a  pas  eu  égard  aux  raisons  alléguées.  Un  ignore 
pas  qu'un  des  conseiller  du  privé  conseil  a  tenu  ce 
propos  :  -qu'il  ne  falloit  pas  le  laisser  échapper  de  ce 
royaulme,  mais  qu'il  était  besoin  de  le  faire  mourir  par 
quelque  moyen  que  ce  fust. -  Les  Anglais  de  qualité  qui 
sont  venus  en  France  n'ont  eu  d'autre  intention  que  celle 
d'éteindre  un  si  grand  feu  allumé  si  près  de  l'Angle- 
terre et  mettre  fin  aux  meurtres  et  saccagemenls  si  la- 
mentables qui  se  l'ont  tous  les  jours,  auxquels  il  semble 
qu'on  se  soucie  peu  de  rechercher  la  voie  d'j  r  mé 
dier.  Le  reste  de  la  chrétienté  en  a  très-grande  douleui 
et  compassion  ;  il  a  ordre  de  la  Reine  sa  maîtresse  d'aller 
le  faire  entendre  plus  amplement  ;  à  quoi  il  n'eût  failli 
s'il  eût  plu  à  Sa  Majesté  lui  envoyer  un  passe-port  et 
sauf-conduit  pour  l'aller  trouver  en  toute  sûreté,  Si  on 
vente  les  mauvais  desseins  qu'on  a  sur  lui,  la  l!>  ine  sa 

maîtresse  saura  bien  ressenti]   une  telle  offense,  une 

elle  en  a  assez  le  pouvoir,  i  liecoid  ollice.  ^late  papers, 
France,  vol    XXV. 


/ilfi 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1562.  —  (8  oclobrc.) 

,\ul.   Arch.  '!«?  Turin. 
A    MON    FKÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère  ,  le  président  Montforl  '  s'an  va 
porter  à  mon  cousin  le  cardinal  de  Lorayne  le 
dernier  remède  et  sehii  qui  ne  fauldra  poynt 
à  mon  avis  aporler  le  fruit  que  désirons  pour 
\iilre  contentement,  mes  que  le  sieur  de  Bour- 
diilon  antende  set  que  mon  cousin  le  cardi- 
nal luv  dyra  de  la  part  du  Roy  mon  fils  et  de 
moy  et  de  tout  le  consel,  heu  yl  a  asisté,  qui 
hi\  pourra  fa  y  r  fou  y  que  tous  l'ont  ainsy 
pansé;  si  cela  ne  sert,  reguardés  et  pansés  set 
quey  pouron  fayre daventage  et  nous  lemendés 
el  vous  aseurés  qui  ni  a  chause,  quele  qu'ele 
souit,  que  ne  vollyons  fayre  pour  vous  randre 
roulent  et  Madame.  Je  donne  cherge  audist 
président  vous  dire  quelque  chause  de  ma 
pari  louchant  set  que  me  senhle  que  devés 
envoyer  ver  le  cardinal  de  Chaslillon  pour  en- 
lendre  de  luy  sel  que  y  vous  volet  dyre  et 
voyr  s'il  y  auret  moyen  de  fayre  heune  bonne 
pays  qui  nous  ayst,  quelque  chause  que  l'on 
vous  die,  plus  que  nésésère  et  que  ayons  le 
byen  de  vous  voyr  el  Madame  par  desà;  chause 
que  je  veuk  panser  que  fayré  bientôt,  veu 
que  j'espère  que,  à  set  coup,  aurés  set  que  dé- 
sirés. Sel  pourteur  vous  dyré  en  quel  terme  y 
nous  layse  de  sele  ville  de  Rouan  elde  louttes 
nos  aultres  afayres;  qui  sera  cause  que  je  ne 
vous  en  fayré  rediste  el  fayré  fin,  prient  Dieu 
vous  donner  se  que  désirés. 
Votre  bonne  seur, 

Cateiune. 

1  Louis  Oddinet,  s'  de  Monfort.  Il  assistait  au  siège  de 
Rouen.  —  Voy.  Lu  Normandie  à  l'étranger,  in-8°,  Paris. 
Aiilny.   i853,  p.  27. 


1562.  —  0  octobre. 

Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  nn  3f)o  .  f'  107. 

Imprimé  dans  les  lililit.  aux  Mémoires  de  Castfhiau,  par  Le  Laboureur, 

1.1,  p.  818,  819. 

\  MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSEILLE!)   SU    IIOY    MONSIEUR   MON    FILZ  , 
M.USTRE  DES  REQURSTES  DE  SON  HOSTEL  ET  SON   AMRASS4DEUR  PRES  L'EMPEREUR. 

Monsieur  de  Renés,  je  ne  vous  feray  auitre 
responce  sur  le  contenu  en  voz  deux  lectres 
des  x  et  xviie  du  passé  quant  à  ce  qui  touche 
le  faict  du  concile,  sinon  que  mon  cousin  Mon- 
sieur le  cardinal  de  Lorraine  est  parlv  pour 
s'y  acheminer  et  n'y  aura  faut  te,  s'il  n'est  re- 
tenu sur  le  chemin,  ce  que  je  n'espère  pas, 
qu'il  ne  soyt  sur  la  fin  de  ce  moys  à  Trente 
avec  un  g  bon  nombre  de  noz  preslatz;  et  vueille 
Dieu  que  lors  il  se  face  chose  audicl  concilie 
de  laquelle  nous  puissions  tirer  plus  de  fruic! 
qu'il  ne  s'est  veu  d'apparence  jusques  à  pré- 
sent; sans  cela  je  ne  veoy  pas  que  nos  maulx 
se  peussent  facilement  guérir,  et  que  ceulx 
qui  s'en  pensent  exemptz  s'en  puissent  sauver 
el  garantir  longuement.  Or,  remerlanl  donc- 
ques  tout  ce  faict  là  à  la  prudence  de  mondicl 
cousin  et  à  la  bonne  résolution  qui  en  fut 
prise  à  son  partement,  je  viendray  à  ce  qui 
concerne  la  diette  impériale,  à  laquelle  je 
vous  mandé  dernièrement  que  vous  vous 
pourriez  bien  excuser  de  vous  trouver,  pour  le 
tort  qui  vous  est  tenu  à  voslre  précédence,  et 
qu'il  suffirait  que  vous  eussiez  là  quelque 
homme  saige  el  advisé  qui  peust  visiter  les 
princes  et  qui  recueillist  les  advis  de  toutes 
choses  pour  les  vous  mander  et  après  nous 
en  advertir;  mais  ayant  depuys  considéré 
combien  vostre  présence  nous  y  sera  et  utile 
et  nécessaire,  je  vous  prye  que  vous  ne  laissez, 
pour  ce  que  je  vous  en  avoys  escript  par  mon 
auitre  leclre,de  vous  y  trouver,  affin  que,  avec 
l'honeste  occasion  que  vous  aurez  d'aller  visi- 
ter de  la  pari  du  Rov  monsieur  mon  filz   les 


LETTRES  DE  CATHE 

princes  de  la  Germanie  qui  assisteront  à  la-    1 
dicte  diette,  vous  puissiez,  oultre  les  paroles 
el  promesses  accouslumées  de  son  amitié,  en- 
trer en  propoz  particulièrement  avec  eulx  sur 
le  faicl   «les  gens  de  guerre  qu'ilz  ont  permis 

eslre  levez  en  Germanie  à  la  fav ■  de  ceulx 

qui  son i  uotoiremenl  rebelles  au  Roj  mondicl 
sieur  el  (Hz,  el  lelz  jugez  par  la  coui  I  de  Parle- 
:  en  quo\  vous  regarderez  de  leur  loucher 
dexl rement  la  perpétuelle  amitié  el  alliance 
i|Lii  a  toujours  eslé  en  Ire  leSaind-Fuipire  el  la 
couronne  de  France,  les  aydes,  faveurs  et 
plaisirs  que  les  princes  de  la  Germanie  ont 
rcceuz  de  reste  couronne,  et  signammenl  des 
feuz  roys  Françoys  mon  beau-père  et  Henry 
monseigneur,  l'utilité  qu'ilz  reçoivent  encores 
journellement  de  l'amitié  el  voisinance  de  la 
France,  de  laquelle  ilz  ne  peuvent  nyer  que 
ne  dépende  une  grande partye  de  leur  conser- 
vation, el  que  nous  axons  bien  grande  occa- 
sion île  trouver  estrange  que,  en  recognois- 
sance  de  tant  de  bénéfices,  il  y  en  a\  I  de  ceulx- 
là  mesmes  qui  ne  tiennent  la  liberté  de  leurs 
personnes  et  conservation  de  leur  estât  que 
desditz  roys  deffunctz ,  envers  lesquelz  il/,  sont 
encores  débiteurs  de  grandes  sommes,  qui 
ayent  non  seullement  permis,  mais  aydé  el 
favorisé  les  levées  que  lesdictz  rebelles  ont 
l'aides  de  gens  de  leur  nation  et  en  leur 
propre  pays  pour  les- amener  en  ce  royaulme 
et  les  employer  à  l'oppression  d'iceluy.  Avec 
lesquelles  remonstrances  et  les  aultres  per- 
suasions que  vous  y  sçaurez  bien  adjousler, 
vous  nieclerez  peine,  Monsieur  de  Renés,  de 
persuader  et  les  ungs  el  les  autres,  de  faire 
révocquer  lesdictz  gens  de  guerre  el  faire  co- 
;;noistre.,  par  ang  tel  acte  propre  à  leur  vertu 
el  constance,  en  quelle  affection  et  recomman- 
dation ilz  ont  la  conservation  de  f Estât  d'un 
pupile  qui,  en  ses  affaires,  ne  penserod  avoir 
meilleur  ny  plus   seur   recoins   que    à  eulx, 

Catuerim:  de  Méoicis.  —  1. 


Kl  M-    DK   MÉDICIS. 


117 


qu'il  lieni  pour  les  plus  seurs  et  anciens  amys 
de  sa  couronne,  lin  quoj  il  ue  sera  poinct 
mal  à  propoz  (pie  vous  entremeslez  ung  petit 
discours  de  l'heureux  succès  de  noz  affaires, 
; ■  (li ii  qu'ils  cognoissenl  que,  quelques  l roubles 

qu'il  v  ayl  :e  royaulme,  le  Roy  mondicl 

sieur  el  lilz  ne  peull  estre  petil  ennemj  ne 
inutile  amy,  el  que  la  réputation  des  choses 
qui  s'acheminent  à  l'entier  reslablissemenl  de 
son  auctorité  el  obéissance,  serve  à  les  faire 
aller  plus  retenuz.  VA  surtout  prenez  bien 
garde  que.  en  ladicle  diette,  il  ne  se  Iraicle 
n\  accorde  riens  entre  lesdictz  princes  qui 
soit  pour  tourner  à  la  faveur  desditz  rebelles, 
et  si  vous  entendez  qu'il  s'en  négocie  aucune 
chose,  n'espargnez  moyens  que  vous  pensiez 
propres  pour  les  en  divertir;  requérez  l'Empe- 
reur monsieur  mon  bon  frère  de  s'y  employer, 
selon  l'asseurance  qu'il  vous  en  a  ordinaire- 
ineiii  donnée,  et  mesme  mectez  en  axant  en- 
vers lesditz  Princes  d'envoyer  plus  tost  par 
deçà  leurs  ambassadeurs  pour  Iraicler  d'une 
lionne  pncillicalion  el  réconciliation,  non  par 
les  armes,  mais  par  les  doulx  el  gracieux 
movens  que,  selon  leur  accoustumée  pru- 
dence, ilz  sçauront  bien  faire  proposer  pour 
ung  si  grand  bien;  vous  advisant,  Monsieur 
de  Renés,  que  depuys  ce  que  je  vousay  escripl 
du  succès  de  noz  affaires,  les  choses  sont  tou- 
jours allées  de  bien  en  mieulx,  tant  du  coslé 
de  la  Bourgongne,  Guyenne,  Daulphiné  el 
Provence,  où  toutes  les  villes  s'en  vont  entiè- 
rement réduictes,  que  en  ce  duché  de  Nor- 
mandye,  où  hier  le  fort  du  monl  Sainte-Ca- 
therine de  Rouen,  qui  estoil  tenu,  tanl  pai 
son  sit  que  pour  les  grandes  fortifications  qui 
\  avoienl  esté  l'aides,  place  imprenable,  fut 
pris  el  emporté  d'assault  par  noz  Françoys, 
qui  a  donné  tel  espouvantement  à  ceulx  du- 
dict  Rouen  qu'ils  sont  après  à  capituler  ladicte 
ville,  qui  sera,  avant  qu'il  soyl  vingt-quatre 

53 


il  8 


LETTRES  DE  GATHE 


heures,  es  mains  et  en  l'obéissance  du  lîo> 
mondict  seigneur  et  fils;  il  ne  restera  plus  en 
ce  duché  que  le  Havre  et  Dieppe,  où  nous 
sommes  délibérez  faire  ung  si  furieux  effort 
que  nous  espérons  avec  l'ayde  de  Dieu ,  qui  sayt 
nostre  juste  querelle,  d'en  avoir  aussy  bien  la 
raison  que  nous  avons  eu  du  demeurant;  qui 
sera  l'endroict,  Monsieur  de  Renés,  où  je  prie- 
ravDieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  garde.  Escript  au 
camp  près  Rouen,  le  ixc  jour  d'octobre  îSfis. 

CaTERINE. 
Bol  IIDIN. 


1562.  —  îi  octobre. 
Minute.  Pibl.  nat.  fonds  français,  n°  13877.  f"  1  ci ■"• 

A  MONSIEUR  DE  JARNAC, 

CHEVALIER   DE   L'ORDRE  DO    ROT  MONSIEUR  HON    FILZ  , 

ET    SON    LIEUTENANT    AC    COUVERNEMFrîT   DE    LA    BOCBELLË 

EK    L^ABSENCE   DU  BOY  DE  NAVARRE. 

Monsieur  de  .larnac  ',  j'ay  receu  les  der- 
nières lettres  que  m'avez  escriptes  par  l'ung 
de  voz  gens  que  je  vous  renvoyé  présentement, 
el  veu  la  résolution  que  vous  avez  prinse  de 
vous  retirer  en  vostre  maison   pour  pourveoir 

1  Catherine  répondait  à  une  lettre  que  M.  île  Jarna'c 
lui  avait  adressée  de  la  Rochelle,  le  93  septembre  i  ôGa  . 
et  où  nous  lisons  :  a  Madame ,  puisque  le  venin  de  la  cons- 
piialion  à  l'encontre  de  moy  par  ceulx  qui  me  sont  enne- 
mis mortels  pour  avoir  fidellement  obéy  et  unicquemenl 
receu  les  commandements  du  Roy  et  vostres,  est  si  abnn- 
rlanl  qu'il  soit  parvenu  jusqu'aux  oreilles  de  Vostre  Ma- 
jesté, ainsi  qu'il  vous  a  pieu  m'advertir.  ce  m'est  ung 
très-suffisant  tesmoignage  qu'il  est  très-contagieux  et 
mortel  pour  moy  et  limite  d'y  pourveoir  oportunément, 
et  d'aultanl  qu'il  vous  a  pieu  me  faire  ceste  grâce  et  fa- 
veur  de  m'en  donner  adverlissemenl  sans  toultefois  me 
pourveoir  et  secourir  des  remèdes  que  tant  de  foys  j ~ ; ■  n 
demandés,  je  me  suys  délibéré  de  les  cereber,  aflin  que 
je  me  puisse  asseurément  conserver  en  ma  maison;  car 
je  me  suis  résolu  pour  ces  raisons  m'acheininer  bien 
tost,  tant  pour  cela  que  pour  donner  ordie  à  la  santé  de 
ma  femme,  regarder  à  mes  affaires  el  me  guérir  d'une 
malladye  qui  me  lient  dès  le  commencement  de  l'esté." 
(Ribl.  nat.  fonds  français,  n"  10877,  ^  99-) 


RINE  DE  MEDIG1S. 

à  la  seuretté  de  vous,  vostre  femme  el  enffans  . 
el  empeseber  qu'il   ne   vous  soyt  faict  aucun 
tort  par  ceulx  qui  ont  conspiré  contre  vous, 
pour  vous  estre  montré  bon  et  lîdelle  servi- 
teur du  Rov  monsieur  mon  filz  et  avoir  donné 
si  bon  ordre  qu  il/,  n'ont  peu  exécuter  la  mal- 
heureuse enlreprinse  qu'ilz  avoienl  l'aide  sur 
la  ville  de  la  Rochelle  où  vous  estes.  Sur  quoy 
je  vous  diray  que,  prévoyant  le  danger  plus 
grand  que  jamais  delà,  de  vous  ne   sçauriez 
faire  plus  pour  le  Roy  monsieur  mondict  filz, 
ny  pour  vostre  réputation ,  que  de  vous  y  tenir 
encores,  jusques  à  ce  que  nous  voyons  quelle 
fin  prendront  tous  ces  troubles  icy;  car  c'est  à 
ce  couj)  qu'il  y  faut  veiller  plus  que  jamais. 
Et  quant  aux  forces  que  vous  demandez  par 
vos  préceddentes   lettres ,    il    fui   incontinent 
mandé  au  sieur  de   Rurye  de  vous   envoyer 
deux  enseignes  de  gens  de  pied ,  et  veulx  croire 
que,  si  de  ceste  heure  ilz  ne  sont  arrivés,  ilz 
y  arriveront  bientost.  Vous  advisant,  Monsieur 
de  Jarnac,  que  le  Roy  monsieur  mondict  lilz 
et   moy  n'entendons  poinct    que    vous    ayez 
«à  faire  à  aultre  que  à  mon  frère  le  roy  de  Na- 
varre,  ny  que  personne  vous   commande  eu 
vostre  charge  que  luy,  mays  bien  que,  eslant 
le  sieur  de  Rurye  de  l'aage  qu'il  est,  il  preigne 
garde  à  lout  ce  qui  se  passera  de  delà,   n'y 
ayant  personne  que  luy  qui  y  commande,  si 
n'est  mon  cousin  le  duc  de  Montpensier  que 
le  Roy  mondict  sieur  et  filz  a  envoyé  son  iieu- 
Lenant   général  audict   pais ,  en   l'absence  de 
mondief  frère  le  roy  de  Navarre,  pour  pour- 
veoir aux  afifayres  qui  s'y  présentent,  auquel 
je  m'asseure  que  ne  vouidrez  faillir  d'obéyr, 
comme  cognoissons  que  vous  l'aides;  au  de- 
meurant je  vous  envoyé  l'acquit  que  vous  de- 
mandiez dernièrement  pour  prendre   les  de- 
niers  qui  sont  entre  les  mains  du  receveur . . .  ', 

1  Le  nom  a  été  laissé  en  blanc. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


i19 


pour  estre  convertiz  el  employas  à  la  répa- 
ration (1rs  murailles  de  vostre  ville;  qui  esl 
toul  ce  que  je  vous  diraj  pour  ceste  heure, 
priant  Dieu.  Monsieur  de  Jarnac,  vous  avoir 
en  sa  sainle  el  digne  garde. 

Du  camp  devanl  Rouen,  ce  moi  jour  d'oc- 
lobre  i  56a 

Caterine. 


i  .>iyi.  —  i 

Bibl.  liiit.  fonds  français,  n"3ino,  f    m. 

V  MONSIEl  I!  DK  MATIGNON, 

mcTENiNl    '  .    C0U1  BRKBHBflT  01     '     ..IWDTL 
.  •.        I  .    UOR  COUSIK  LE  Dl'C  DE  BOUILLI  S1EUB  DE  V1LLEB0N. 

Monsieur  de  Matignon,  j  i-s-i  iptz  à  mon 
cousin  le  dur  d'Estampes  que,  après  vous 
ir  laissé  les  forces  qu'il  cognoistra  néces- 
saires pour  la  Basse  Normandye,  où  il  a  esté 
advisé  que  vous  demeurerez  pour  la  conserver 

ii  obéissance  et  pacification,  il  nous  vienne 
trouver  avee  le  demeurant  de  ses  trouppes  le 
plus  dilligemment que  faire  se  pourra;  et  pour 
ce  qu'il  a  esté  advisé  en  reste  compagnie  de 

aire  démanteler  Saint-Lo,  suivant  ce  que  le 
iio\  monsieur  mon  lïlz  vous  en  mande  plus  par- 
ticulièrement par  sa lectre1, j'estime  qu'il  vous 
faudra  daullanf  moings  de  forces,  et  que  lu\ 
aura  moyen  de  nous  venir  trouver  daullanl 
mieulx  accoinpaigné;  vous  priant,  Monsieur 
de  Matignon ,  que  après  son  parlement  et  de 
sesdictes  forces,  vous  donniez  ordre  à  contenir 
toutes  choses  en  telle  doulceur  qu'il  ne  soyt 
en  la  puissance  des  soldatz,  ni  autres  quelz 
qu  ilz  soient,  d'aller  de  leur  auclorité  privée 
opprimer  el  piller  qui  bon  leur  semble;  et 
qu'il  ne  se  lace  riens  que  par  votre  comman- 
dement, d'aultanl  que  je  m'asseure  que  v'ous 

1  \o\.  cette  lettre  dans  le  n'  .'lim,  du  fonds  français, 
I  i  -  Charles  IX  ordonnait  que  la  ville  fût  démantelée 
aux  frais  des  habitants. 


sçaurez  bien  exploicter  ou  modérer  toutes 
choses  selon  que  le  besoing  el  les  occasions  le 

requerront;  et  s'il  \  en  a  qu!  l'aient  le  rou- 
ir.   faictes  les  si  bien  chastier  que  chascun 

\  preigne  exemple.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Matignon,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
Escripl  du  camp  devanl  Rouen,  ce  \v  joui 
d'octobre  i  562. 

Cati  rine. 

Bol  BDIN, 


1 562.  —  i  .i  octobre. 

*  "l>i''.  Bibl.  n. il    Parlement  -  n  '  83  .  I    5  . 
A  MESSIEURS 

TENANS  LA  COUP,  DE  PARLEMENT 


Messieurs,  incontinent  que  jav  receu  la 
vostre,  j'ay  mis  ordre  que  le  Roy  monsieur  mon 
fils  a  escril  à  Orléans  pour  la  délivrance  di 
M"  Baptiste  Sapin1,  l'un  de  vus  confrères  qui 
a  esié  arresté  avec  monsieur  de  Selve2,  ainsv 
que  me  mandez,  lesquelz  s'ils  sont  bien  advi- 
sés  ils  ne  fauldront  de  les  renvoyer,  donl  je 
serav  autant  aise  que  de  chose  du  monde  poui 
l'envie  que  j'ay   de  faire  pour  eux  et  particu- 

1  Baptiste  Sapin ,  conseiller  au  Parlement  de  Paris. 
lui  pendu  à  Orléans  te  •->.  novembre  suivant,  sous  le  pré 
texte  qu'il  avait  assisté  à  l'arrêt  du  Parlement  qui  déi  I".  il 
rebelles  ceux  qui  s'étaient  retirés  dans  relie  ville;maisei 
réalité  par  représailles  de  I  exécution  faile  après  la  prise 
de  Rouen  du  ministre  Marlorat,  et  des  conseillers  <<>i- 
lon  de  Berthonville  et  Gruchel  deSoquence.  Voyez  !'■ 
récit  que  le  procureur  général  Bourdin  fit.de  sa  mort, 
devanl  (ouïes  les  chambres  réunies  du  Parlement ,  le  jeudi 
i  a  novembre  1 56a  (  Bibl.  nat.  Parlement .  n"  n 'i ,  f"  i  .'f:: 
el  suiv.).  LeiK  novembre,  le  Parlement  tout  en  lui  assista 
au  service  qui  lui  célébrée  Notre-Dame  pour  I.'  repos  de 

on  âme.  Son  corps  lui  apporté  à  Paris  el  inhumé  dans 
l'église  de  tugustins.  —  Voyez  Le  Laboureur,  [éditions 
aux  Mémoires  de  ùutelnau,  I.  II.  p.  38etsuiv.  el  d'Au- 
bigné,  Hist.  mm .  liv.  ill ,  p.  i5o. 

2  Georges  de  Selve. 

53. 


'i20 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


lièrement  pourledirl  Sapin; cependant  jeprie 

Dieu.  Messieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  et 

digne  garde.  Du  camp  devant  Rouen  ,  ce  quin- 

ziesme  jour  d'octobre  mil  cinq  cens  soixante 

deux. 

Caterine. 

RoBERTET. 


(  1 562.  —  1  .">  octobre.) 

Aut.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  lit  ,  i    k. 

A  MA  COUSINE 

MADAME  LA   DUCHESSE   DE   GUISE'. 

Ma  cousine,  je  suis  bien  marrie  que  ne  vous 
puis  mender  la  prinse  de  Rouan  pour  encore, 
corne  je  espère  que  Dieu  me  fayra  la  grase  de 
la  vous  povoyr  mender  dans  peu  de  jours, 
mes  les  voyens  si  aupiniatre  et  se  défendre 
comeut  yl  font-,  je  ne  vous  puis  dire  quant  se 

1  Anne  d'Esté. 

1  L'ambassadeur  du  duc  de  Savoie,  le  président  de 
Monlfort,  raconte  en  ces  termes  le  rude  assaut  donné  à  la 
ville  de  Rouen  :  -Jeudi  dernier  xve  de  ce  moys,  laReyne 
m'envoya  de  bien  bon  matin  à  Ponl-de-1'Arclie  M.  de 
'Fizes  pour  me  conduire  vers  Sa  Majesté,  où  en  arri- 
vant je  ne  peu  luy  parler,  parce  que  sur  le  point  même 
se  commançoit  à  donner  l'assanlt,  pour  la  veue  duquel 
cliascun  courut  aux  fenêtres  du  fort  Saincte-Catberine 
et  les  autres  au  chemin  là  davant  d'où  l'on  pouvoit  avec 
fort  peu  de  danger  voir  le  tout  bien  aisément,  fort  piteux 
spectacle  pour  la  mort  de  plusieursbonssoldatz  et  plus  en- 
core s'en  retournant  blessés,  parmi  lesquelz  le  roy  de  Na- 
varre, lequel  reçut  une  arquebnsade  au-dessus  de  l'espaule 
gauche, joignant  le  borddu  corselet ,  plongeant  le  coup  en 
dedans  et  la  balle  est  restée  dedans;  aussi  M'de  Guise 
eut  ung  coup  de  pierre  sur  le  bras  et  le  duc  d'Atrie  sur 
une  cuisse.  La  batterie  de  xx  ou  xsvm  pièces  faisoil  une 
horrible  boucherie  de  ceulx  qui  estoient  sur  le  rempart 
tant  obstinés  qu'il/,  n'eu  changèrent  oncques  de  place.» 
(Archives  de  Turin.)  —  A  ce  récit  nous  ajouterons  celui 
qu'adressa  Roberlet  au  duc  de  iN'emours,  le  21  octobre  : 
«Ceste  canaille  de  Rouen  nous  a  longuement  aruuzez  et 
le  désir  qu'on  a  eu  de  les  saulver  nous  a  bien  faict  perdre 
du  temps.  Cependant  le  roj  de  Navarre  y  a  eu  une  bonne 


poura  aystre,  et  de  pour  que  ayés  L'alarme  de 
la  ble'seure  du  roy  de  Navarre  qui  a  heu 
anuit  heune  arquebusade  dan  l'épaule  goche 
et  ayspère  que  se  ne  sera  ryen,  je  vous  a\ 
voleu  fayre  sel  mol  pour  vous  aseurer  que 
vostre  marys'et  porte' fort  byenet,Dieu  mersi, 
n'est  poynt  blésé,  encore  qui  l'eut  près  du  roy 
de  Navarre;  ayspère  que  Dieu  nous  le  guar- 
dera,  sel  que  je  luy  suplye,  et  qui  vous  fase 
la  grase  de  byentost  acoucher  et  en  bonne  santé 
\ous  relever,  afin  que  reveniés  auprès  de 
Vostre  bonne  cousine, 

Catbrine. 


1562.  —  (Du  10  au  20  octobre.) 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15877,  '^  36o. 

A  MONSIEUR  DE  MONTPENSIER. 

Mou  cousin,  la  lettre  du  Roy  monsieur  mou 
filz  esi  si  ample  que  je  vous  feray  ceste-cy 
bien  courte  el  me  contenteray  seullement  vous 
dire  que  je  vous  envoyé  ce  gentilhomme 
exprès  pour  vous  faire  entendre  ung  propoz 
qui  est  d'importance  pour  le  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz;  en  quoy  je  vous  prie  vous 
conduyre  selon  qu'il  vous  dira,  el  y  avoir  l'œil 
ouvert  comme  vous  congnoistrez  que  ce  sera 
de  besoing.  El  je  prieray  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  le  ...  .  jour  d'oc- 
tobre i5G-j. 

harquebusade  en  lieu  fort  douloureux.  Le  pauvre  M.  de 
Randan  en  est  à  l'extrémité  et  y  attend  l'on  peu  de  vie. 
Ni. us  avons  beaucoup  de  cappkaynes  blessez  et  grande 
quantité  desoldatz.  Je  croy  qu'il  fauldra  encore  combattre 
avant  que  y  entrer.»  (Ribl.  nat.  fonds  fiançais,  ti°  3aoo, 
fol.  ib\) —  Dans  une  lettre  datée  du  19  octobre  et  sans 
signature  adressée  au  connétable  de  Montmorency  pour 
lui  annoncer  la  blessure  du  roi  de  Navarre,  nous  lisons: 
eDieu  par  sa  grâce  lui  veuille  venir  en  ayde,  s'aylant 
confessé',  ay  resu  son  créateur.»  (Bibl.  nat.  fonds  fr. 
o"  3t58,fol.  107.  1 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDIGIS. 


121 


1 562.  —  -■"  octobre 
Minuit*.  Bibi,  mil.  fonds  français-,  n    15877,  '    a^- 

A  MONSIEl  R  DE  MONLUC. 

Monsieur  de  Montluc,  encores  que  je  vous 
aye  par  Martinière  et  Concault1  respondu  à 
toutes  les  dépesches  que  j'ay  receus  de  vous, 
si  n'ay-je  voulu  faillir  de  vous  rescrire  par  ce 
porteur  particulièrement  du  faicl  dont  il  avoyl 
charge  de  me  parler  de  vostre  part,  et  vous 
asseurer  que  je  n'estoys  en  malcontentement 
de  choses  que  ayez  l'aides  par  delà,  comme 
Tou  vous  avoyt  avecques  moins  de  vérité  déjà 
prévenu;  mais  avons  receu  tant  de  satisfaction 
du  service  que  vous  avez  faict  au  Roy  monsieur 
mon  filz  que  je  tiens  une  partie  de  la  conser- 
vation de  la  Guyenne  de  vous  et  de  vostre  di- 
ligence; aussi  debvez  vous  croyre  et  estre 
certain  qu'il  ne  se  présentera  jamays  occasion 
de  le  recognoistre  envers  vous  et  les  voslres  et 
rénumérer  voz  louables  services  el  mérites  que 
je  ne  le  lace  et  n'y  tienne  la  main,  comme 
je  sçay  que  il  esi  plus  que  raisonnable,  ainsi 
que  vous  cognoistrez  plus  vous  irez  en  avant; 
et  cependant  je  vous  prierav,  Monsieur  de 
Monluc,  continuer  comme  vous  avez  très-bien 
laid  jusques  icy.  Et  je  prye  Dieu  vous  avoyr 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen  .  ce  |  w  ')  jour  d'oc- 
tobre 1  56a. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsieur  de  Monluc, 
du  xx"  jour  d'octobre  i5Ga. 

1  Concault  est  cité  dans  une  lettre  adressée  à  Cathe- 
rine, le  i3  mars  ,563,  par  Moulue  auprès  duquel  elle 
l'avait  envoyé.  (Voyez.  Comment,  de  Monluc,  édït.  'le 
Rnble,  t.  IV,  p.  n4.) 


I  .")()•_>.    -  -ni  octobre. 

Minute   Bibl.  nat.  ronds  français,  n    i  "■  S 7 7 .  P  >G8 
A  MESSIEURS 

DE  III  JilK  ET  DE  MONL1  C. 

Messieurs,  je  ne  vous  sçauroys  dire  Payse 
que  j'ay  receu  delà  bonne  et  heureuse  nou- 
velle que  m'avez  mandée  de  la  dellaicle  de 
Duras1  par  laquelle  j'espère  que  vous  aurez 
mis  lotit  le  pays  de  Guyenne  en  paix  et  en 
repoz,  et  que,  si  vous  avez  bien  commencé, 
vous  parachèverez,  de  façon  qu'il  n'y  fauldra 
plus  retourner;  vous  pouvant  asseurer  «pie  je  ne 
me  suys  jamais  moings  promis  de  vostre  valeur 
et  de  son  peu  d'expérience.  Il  failli ,  maintenait! 
tjue  vous  n'avez  plus  tant  de  besoing  de  forces 
que  nous  en  serviez,  comme  nous  en  avons 
affaire  el  nécessité  d'estre  servis  d'hommes 
d'assault,  d'aultanl  que  nous  en  avons  perdu 
devant  cesle  place  et  que  nous  n'en  pouvons 
pas  recouvrer  de  bons  d'ailleurs  que  du  lieu 
où  vous  estes,  .le  vous  prie  user  de  diligence 
de  les  nous  envoyer  cl  leur  faire  faire  si  honue 
el  si  raysonnable  journée  au  venyr  que  nous 
les  puissions  avoyr  à  temps  pour  ce  nous  en 
servir.  Ainsi  sera  fin,  prianl  Dieu.  Messieurs, 
vous  avoyr  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  ce  .  .  .jour  d'oc 
tobre  i5Ga. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Mn  de  Monluc,  du  \\' 
jour  d'octobre  tîJGa. 

'  Symphorien  de  Durfort,  sieur  de  Duras,  chef  des 
protestants  de  Guyenne,  mort  en  i563.  Catherine  fait  •il- 
lusion au  combat  de  Ver  gagné  par  Burie  el  Monluc,  le 
9  octobre  i56a.  —  Voyez  Comment,  de  Monluc,  édit.  de 
Ruhle,  1.  NI,  p.  '16  et  suiv.  et  l.  IV,  p.  1695  La  Pope- 
linière,  t.  I,  p.  367;  une  lettre  de  Charles  l\  à  M.  de 
Montpensier  pour  le  complimenter  de  la  défaite  de 
Duras  (fonds  français,  n°  15877,  '  2*>9)i  el  "'"'  lettre 
île  Burie  à  Catherine  après  sa  victoire  de  Vei  [ibid 
f°  n43). 


122 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


1562.  —  20  octobre. 
Bibl.  oat.  fou  3 1  87,  f'  3o. 

\  MONSIEUR  DE  PIENNES, 

CHEVALIER   DE   L'ORDRE    M   ROY  M0K5IEIR   MON   F1LZ  . 
CAPITALE   DE    CISQUASTS   SOMMES    DE  .-ES  OI'.DOANANCES. 

Monsieur  de  Piennes1,  vous  avez  bien  peu 
entendre  que  ce  n'a  pas  eslé  sans  tnesconten- 
tement  de  beaucoup  de  personnes  que  je  vous 
ay  accordé  la  compaignie  d'hommes  d'armes 
que  je  vous  feis  despécher  dernièrement  que 
estiez  icyj;  de  sorte  que,  pour  fermer  la 
bouche  à  toul  le  monde,  il  est  nécessaire  que 
ceubi  que  vous  recepvez  pour  eslre  de  vostre- 
dicte  compaignie  se  comportent  avec  telle 
doulceur  el  modestie  que  l'on  congnoisse plus 
tost  en  eulx  une  repentance  d'avoir  porté  les 
armes  à  la  dévotion  de  ceulx  auquels  ilz  ont 
c\  -devant  adhérez  et  une  prompte  volunté  de 
réparer  ceslc  faulle  par  leurs  bons  services, 
comme  ung  désir  de  se  vanger  de  ceulx  des- 
quelz  ilz  peuvent  avoir  esté  en  aucune  cbose 
offensez  pendant  qu'ilz  estoient  à  Orléans;  et 
esl  ce  que  vous  en  escriptz  pour  ce  que  je  suis 
advertie  qu'il  y  en  a  de  ceulx  que  vous  avez 

iuz  pour  estre  de  vojstredicle  compaignie 
(]iii  menassent  de  rentrer  aux  villes  et  y  avoir 
leurs  garnisons  pour  en  chasser  les  catholicques 
qui  ne  peuvent  supporter  de  telles  menasses, 
lesquelles, sy  elles  continuoient,  seraient  de  al- 
lumer ung  ici  feu  en  Pycardie.  qu'il  n'en  pour- 
rait advenir  que  ung  très-granl  inconvénient, 
et  pour  ce  je  vous  prie  que  vous  donnez  ordre 

la  et,  s'il  y  en  a  parmi  ras  soldai/,  qui 
soient  si  mutins  d'user  d'un  tel  langaige,  vous 

liassiez  de  voslredicle  compaignie  et  adver- 
tissez  tous  les  autres  de  ce  comporter  en  telle 
doulceur  que  l'on  n'ayt  poinct  d  occasion  d'en- 

en  dïïïicultez  d'eulx  et  de  leur  depporte- 

\  oy.  la  note  de  la  page  891. 


ment;  et  sy  tost  que  vous,  aurez  vostre  com 

paignie  assemblée,  à  quoy  vous  userez  de  toute 

la  dilligence  qu'il  sera  possible,  menez  les  à 

bonnes  et  grandes  journées  à  Bar-sur-Seine  où 

s'acbemyne  mon   cousin  le  maréchal  de   S'- 

André  pour  en  faire  le  service  que  j'espère  de 

vous  et  de  vostre  bonne  volunté.  Priant  Dieu. 

Monsieur   de  Piennes,   qu'il  vous  ayt  en    sa 

garde. 

Escript  au  camp  devant  Rouen,  le  xxc  jour 

d'octobre  i56a. 

Cateri.ne. 

BOURDIN. 


J  562.  —  (Du  20  au  2G  octobre.) 
Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  10877,  ^°  3»0- 

A  MONSIEUR  D'ALHJYE'. 

.Monsieur  d'AHuye,  je  m'asseure  qu'ayant 
receu  les  despesches  que  Monsieur  de  Saint- 
Fré'2  vous  a  portées,  vous  trouverez  si  ample- 
ment satisfaict  de  toutes  les  dillicultez  qui  vous 
avoyent  esté  proposées  que  à  ceste  heure  il 
restera  peu  de  choses,  de  façon  que  je  doibs 
croyre  que  vous  ne  serez  maintenant  plus  em- 
pesché  à  l'exécution  de  vostre  commission  qu'à 
aultre  chose  quelconque,  dont  je  désire  bien 
entendre  des  nouvelles  pour  l'empeschement 
que  nous  est  ce  retardement,  vous  priant. 
Monsieur  d'AHuye,  sur  tout  le  service  que  me 
désirez  faire  et  au  Rov  monsieur  mon  filz,  de 

1  Floriinorid  Robertet. 

-  Voy.  les  instructions  remises  à  M.  de  Saint- Fre 
allant  en  Piémont  (fonds  français,  n°  15877,  P  3i4). 
D'après  une  lettre  de  Momifier,  Saint- Fui  arriva  à 
Tmin  le  e '1  octobre  i56-j:  il  apportait  les  lettres  de 
jussion  signées  par  le  Roi,  le  uO  septembre  précédent 
(fonds  fiançais,  n  15877,  f°  3o6).  —  Voy.  une  lettre 
de  Bourdillon  à  Catlierine,  en  date  du  a5  octobre,  pour 
lui  annoncer  qu'il  a  vu  le  sr  de  Saint— F  ré  et  qu'il  va  obéii 
aux  commandements  du  Roi  [ibid.  f°  362),  et  les  lettres 
de  d'AHuye  à  la  Reine  {ibid  f"  3o7.  3i  a,  3i6  el  3!  0 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


423 


solliciter  cesl  afïayre  avec  toute  la  dilligence 
dont  vous  pouvez  adviser  ;  et,  si  vous  voyez  qu'il 
\  ayl  quelque  chose  qui  restast,  ne  craindre 
m'en  advertir  <'ii  toute  diligence  el  iln  remède 
qu'il  y  fauldra  donner  pour  y  pourveoyr  incon- 
tinent. An  demourant,j'aj  leu  ce  que  me  man- 
dez touchant  les  Génoys,  que  j'ay  trouvé  tort 
à  propoz,  et  si  \ons  pouvez  trouver  moyen 
d'en    tirer   un   ou   deux   cens    mille  escuz   à 
l'exemple  des  aultres  potentatz  de  l'Italye,  ce 
ne  serov  l  point  peu  faict,  ni  peu  de  succès  pour 
aoz  affayres;  el  par  ceste  occasion  je  vous  en- 
voyé les  lettres  de  créance  pour  la  Seigneurie 
de  Gènes,  lesquelles  nous  lui  présenterez  et 
employerez  dans  tout  ce  que  vous  cognoistrez 
à  propoz   pour  la   pouvoyr  disposer  à  cela, 
n'oubliant  la  bonne  volonté  de  tous  les  princes 
el  potentatz  de  l'Italye,  et  le  grand  gaing  que 
leur  ville  tire  ordinairement  de  ce  royaulme 
et  du   traffic  de   leur  marchandise,  lequel  se 
ruinant,  comme  il  est,  cela  tournerait  à  aul- 
tanl  de  diminution.  Si  vous  estes  si  bon  ha- 
rangueur que  \ous  en  pussiez  tirer  quelque 
chose,  je  diray  que  vous  estes  habille  homme; 
vous  advisant,  comment  que  je  sçache  bien  l'en- 
vie que  vous  avez  de  renvenyr  de  deçà ,  qu'il  est 
nécessaire  que  ne  bougiez  avant  que  ne  voyez 
les  choses  du   Piedmont  si  bien  achemynées 
qu'il  n'y  aye  plus  riens  à  redire,  car  autre- 
ment je  ne  vouldroys  que  vous  en  revinssiez. 
Quant  à  la  roques  te  que  me  faictes  pour  vous 
expédier   Lisle1,  c'est  chose  que  jà   vous  ay 
accordée,  et  j'en  escriptz  une  lectre  à  Mon- 
sieur de  Bourdillon  qu'il  vous  soyt  utile  pour 
ce  faire;  oublyant  à  vous  dire  que  nous  avons 
cuydé   perdre  mon   frère  le  roy  de  Navarre, 
d'une  harquebusade  qu'il  a    eue  dans   l'es- 

1  Voyez  la  minute  d'une  lettre  de  Charles  IX  à  Bour- 
dillon,  où  il  le  prie  de  laisser  la  compagnie  du  capitaine 
Lisle  dans   Savillan  ou  dans  Carmagnole.  (Bibl.   nal. 

fonds  français,  n"   15877,  ^  '""''■  ' 


paulle;  mais,  Dieu  mercy,  il  se  porte  bien  el 
espère  qu'il  n'en  aura  que  le  mal.  Nous  som- 

sa  présenta  avoir  Rouen,  où  il  y  a  les  plus 

opiniaslres  gens  que  je  vis  jamays  el  qui 
veullent,  en  despil  que  nous  en  ayons,  qu'on 
les  pille,  ruyne  el  saccaige,  tanl  ils  sonl  mal- 
heureux, ne  s' estant,  avant  qu'ilz  soyenl  per- 
duz,  jamavs  voulu  ranger  à  chose  quelconque 
raisonnable,  l'rianl  Dieu,   Monsieur  d'Alluye, 

vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Du  camp  devanl  Rouen,  le  .  .  .  jour  d'oc- 
tobre 1 56a. 


1562.- —  (Du  in  au  sC)  octobre  ) 

Minule.  Bibl.  nal.  fonds  fr:in<;;iis  ,  n     1  ~>  ^  7  7 ,  f    ">l1 

A  MONSIEUR  DE  MONLUC. 

Monsieur  de  Moulue,  vous  avez  si  mal  faict 
par  delà  que  vous  esles  cause  que  le  Koy 
monsieur  mon  filz  vous  désire  avoyr  auprès 
de  luy.  affin  de  luy  ayder  à  chasser  les  An- 
gloys  et  aultres  estrangers,  comme  vous  avez 
laid  les  rebelles  et  séditieux  quiestoienl  en  la 
Guyenne,  et  je  vous  prie  bien  fort  que  nous 
ameniez  le  plus  de  cavallerye  comme  de  mille 
hommes  de  gens  de  pied  que  vous  pourrez. 
Que  vous  les  congnoissez  bien,  c'est  à  ce  coup 
qu'il  fault  que  le  mal  se  termine  et  que  l'on  \ 
mette  la  main  à  si  hou  essient  qu'il  n'j  faille 
plus  retourner,  et  je  soay  combien  en  cela 
vostre  expérience  acompaignée  de  la  bonne 
volonté  que  vous  avez  nous  sera  utile  el  né- 
cessaire. Et  vous  pouvez  asseurer  que  je  tien- 
drav  la  main  de  ma  pari  à  recongnoistre  tous 
vos  services,  que  vous  ne  vous  repentirez 
d'avoyr  si  bien  faict  que  vous  avez  faicl  jusques 
icy,  qui  sera  fin,  priant  Dieu,  Monsieur  île 
Moulue,  vous  avoyr  eu  sa  saincle  el  digne 
garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  ce  .  .  .  jour  d'oc- 
tobre 1 562. 


'rl'i  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S, 

I  562. —  (Du  20  au  26  octobre.) 


Minuit'.  Iîibl.  nat.  fonds  français,  nr-  15877,  f    198. 

\   MONSIEUR  DE  MORVILLIERS, 

ÉVESQUE  D'ORLÉANS  '. 

Monsieur  d'Orléans,  auparavant  la  récep- 
tion de  vostre  dernière  lettre  il  avoyt  esté  si 
amplement  pourveu  à  tontes  les  dillicultez 
proposées  par  le  sieur  de  Bourdillon  confor- 
mément à  ce  que  m'en  mandez  que  j'espère, 
ayant  receu  les  patentes  qui  luy  ont  esté  en- 
voyées  pour  sa  descharge  par  le  sieur  Santié, 
il  n'y  fera  plus  de  difficulté  et  ne  me  semble 
rester  qu'une  chose  qui  esloyt  qu'il  désiroyt 
cest  acte  estre  signé  des  Iroys  mareschaulx  de 
France,  dont  il  n'y  en  a  qu'ung;  mais  la  cause  de 
cela  procedde  de  ce  que  l'ung,qui  estoyt  mon- 
sieur le  mareschal  de  Brissac ,  est  à  Paris,  et 
ne  seroyt  homme  à  oster  résolution  au  moings 
à  la  conclusion  et  pour  ceste  occasion  ne  le 
peult  signer;  l'a u lire  que  le  mareschal  de  Mont- 
morency, qui  y  esloit  adhérent,  quand  ledict 
acte  a  esté  envoyé,  estoyt  à  Caudebec  près  des 
Angloys,et  nousnele  povions  le  retirer,  n'ayant 
moyen  lui  envoyer  ledict  acte  seu rement  pour 
le  signer  et  povant  estre  perdu.  Je  vous  prye, 
Monsieur  d'Orléans,  comme  vous  eongnoissez 
qu'il  en  est  grand  besoing,  conseiller  audicl 
sieur  de  Bourdillon  de  se  contenter  de  ce  qui 
lin  a  esté  envoyé  sans  riens  rechercher  daven- 
tage  au  délia  pour  que  noslre  concession  leur 
prouffite,  tant  par  les  raisons  que  vous  lui 
sçaurez  très-dignement  alléguer,  que  pour  ce 

1  Jean  de  Morvillier,  fils  d'Etienne  de  Morvillier  et 
li  Marie  Gaillard,  né  à  Blois  en  i5o8,  ambassadeur  à 
\  enise  sous  François  I",  évêque  d'Orléans  en  1 552  , 
garde  des  sceaux  en  i56j),  morlle  a8  octobre  1077. — 
Voy.  la    minute  d'une  lettre    de  Catherine  de  Médicis 

'I    de  Morvillier  qui  ne  mérite  pas  d'être  reproduite 

(fonds  français,  u"   16877,  '    201.);  Lettre  de  Morvil- 

liei   .1  Catherine  !  ibid.  p.  -' ;  —  1  > .  M.  Baguenault  de  Pu- 

f  a  érrit  la  vie  de  Morvillier  (Paris,  Didier,  1870). 


qu'il  vous  adjouslera  plus  de  foy  qu'à  ung 
aullre,  l'assurant  bien  que,  de  ma  part,  je 
n'oublierai  voluntairement  ce  qu'il  en  a  faict 
pour  que  luy  satisfassions  de  ce  qu'il  a  deman- 
dé, ce  que  nous  avons  cogneu  se  povoyr  faire, 
et  qu'il  n'en  recherche  point  trop  curieuse- 
ment daventage.  Quant  au  payement  des  gens 
de  guerre,  je  trouve  ce  que  vous  m'en  eserip- 
vez  très  raisonnable  pour  la  crainte  qu'ont 
ceulx  du  pays  qu'estant  cela  ouï  par  Monsieur 
de  Savove  ilz  ayenl  loisir  passer  et  que  ce 
soyt  aultant  perdu  pour  eulx,  dont  ay  parlé 
aux  gens  de  mondict  sieur  de  Savoye  estans 
icy,  qui  ont  trouvé  bien  raisonnable  pour  l'ou- 
verture que  vous  faictes  des  marches  que  l'on 
donneroit  aux  soldatz  et  pense  qu'ilz  luy  en 
ont  escript.  Je  vous  prie,  Monsieur  d'Orléans, 
ne  vous  esloigner  de  là  que  vous  ne  voyez  les 
choses  effectuées,  car  j'ay  grant  peur  que,  si 
vous  en  estiez  party,  que  cela  allast  en  une 
telle  longueur  qu'elle  nous  porroyt  engendrer 
beaucoup  de  inconvéniens.  Au  surplus  Mon- 
fort  s'en  ira  dans  ung  jour  ou  deux  par  delà, 
qui  portera  tout  ce  qui  reste,  par  lequel  je 
vous  feray  encore  entendre  de  noz  nouvelles 
et  vous  dirav  seullement  à  présent  que  nous 
avons  cuydé  perdre  mon  frère  le  roy  de  Na- 
varre d'une  harquebusade  qu'il  a  eu  dansl'es- 
paulle ,  dont,  Dieu  mercy,  il  se  porlebien  mieulx 
qu'il  n'a  faict.  Nous  sommes  tousjours  davant 
ceste  ville,  laquelle  ceulx  de  dedans  veullent, 
en  despit  qu'on  en  ayt,  faire  saccager,  tant  il/, 
sont  opiniastres  et  desraisonnables;  vous  pou- 
vant asseurer  que  si  n'estoyt  l'envye  que  l'on 
a  eu  de  la  conserver  du  sac,  il  y  a  six  jours 
que  nous  feussions  dedans;  qui  esl  tout  ce 
que  je  vous  diray  pour  cest  heure,  priant 
Dieu,  Monsieur  d'Orléans,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

Du  camp  devant  Rouen,  ce  .  .  .  jour  d'oc- 
tobre i56a. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


425 


1562.  — (Du  ao  au  a6  octobre.) 
Minute.  Bibl.  Dat.  fonds  français,  n"  15877,  P  a8s. 

A  MONSIEUR  DE  MONTPENSIER. 

Mon  cousin,  je  vous  ay  envoyé  Concault,  il 
n  \  a  que  deux  ou  troys  jours,  pour  vous  prier 
m'envoyer  troys  mille  Françoys  et  deux  mille 
Espaignolz;  à  quoy  je  m'asseure  que  ne  faul- 
drez  de  donner  ordre  aultant  que  vous  sçavez 
en  estre  de  besoing,  el  depuis  ayant  entendu 
comme  la  Rocliefoucaull  avec  ce  que  Duras  a 
pu  recueillir  de  sa  rutte1,  s'achemine  pour  se 
venir  joindre  avec  ceulx  d'Orléans2,  il  me 
semble  qu'estans  ceul.x  là  hors  de  la  Guyenne, 
il  n'y  sera  demeuré  ny  homme  qui  puisse 
brouiller,  uy  forces  qu'on  doibve  craindre,  et 
que  pour  ceste  cause  avec  les  forces  de  gens 
de  pied  que  je  vous  ay  jà  mandé  m'envoyer, 
vous  y  pourrez  adjouster  encores  tout  le 
reste  de  la  gendarmerie  que  vous  avez  là,  re- 
tenant quatre  ou  cinq  compaignyes,  comme 
croirez  en  avoyr  besoin,  entre  lesquelles  le 
roy  de  Navarre  \eult  que  la  sienne  soyt  de 
celles  qui  demeureront,  ne  doubtant  point  que 
venant  Monsieur  de  Burie  avec  toute  ceste 
trouppe,  tant  de  gens  de  pied  que  de  cheval, 
ce  ne  nous  sera  un  beau  et  grand  renfort  et 
qui  équipollera  bien  pour  le  moins  aux  forces 

'   Huile ,  déroute. 

-  Dans  une  seconde  lettre  qui  n'est  que  la  reproduc- 
tion de  celle-ci,  elle  annonce  à  AI.  de  Monlpensier  que 
Duras  et  la  Rochefoucauld  sont  venus  à  Orléans.  (Bibl. 
nat.  fonds  franc,  u"  1 J877,  f  283.)  —  Voyez  une  lettre  de 
Charles  IX  à  M.  de  Burie  (même  volume,  f°  25g). 
Monluc,  dans  une  lettre  du  19  octobre,  prévient  Mon- 
sieur de  Monlpensier  qu'il  a  désigné  Monsieur  de  Burie 
pour  conduire  en  France  le  secours  demandé.  (Comment, 
■'t  lettre  de  Monluc,  édil.  de  Ruble,  t.  IV,  p.  17a.)  — 
Burie  ne  put  quitter  son  gouvernement,  et  à  sa  place;  ce 
lut  Sansac  qui  amena  au  Boi  les  bandes  espagnoles  et 
les  compagnies  de  Cherry.  (Voy.  une  lettre  de  Sansac  du 
■j-?.  novembre  i56a,  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15877, 
P388.) 

Cathebi.\e  de  Médicis. 1. 


qui  ln\  seronl  venues  de  la  Guyenne,  les- 
quelles forces  trouvant  à  Blois  M.  de  la  Brosse 
avec  dix  enseignes  de  lansquenetz,  quelques 
compaignyes  françoyses  cl  de  la  gendarmerye, 

auront  de  quo\  faire  bonne  teste  à  ceulx  du- 
dict  Orléans,  el  seronl  pour  les  a  n'ester  ou 
pour  venir  ici  donner  beaucoup  d'ayde  el 
force  à  mes  affayres;  vous  priant  sur  tout  ce 
que  vous  désirez  jamais  faire  pour  inov  user 
de  diligence  el  faire  en  sorte  que  leurdicl 
secours  ne  puisse  arrivera  temps,  ce  que  j'es- 
pérerai d'aullanl  plus  lost  que  je  pensera} 
ceste  dépesche  vous  trouver  bien  près  de 
partir  avec  toutes  vos  forces,  de  façon  qu'il 
vous  sera  ayzé  de  m'envoyer  ce  que  je  vous  de- 
mande. 

(Au  dos.)  Le  Ro\  et  la  Royne  à  Monsieur  de 
Monlpensier,  ce  ...   jour  d'octobre  !  562. 


1562.  —  29  octobre. 
Minute.  Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Colberl,  o°aa,  f°  81. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnord,  depuis  que  Prévosl 
voslre  secrétaire  est  icy  arrivé,  j'ay  receu  de 
vous  autres  voz  lèches  du  xxvic  de  ce  mois 
avec  celles  que  avyez  eues  de  Scipion  Sar- 
diny1,  le  contenu  èsquelles j'ay  communicqué 

1  Scipion  Sardini ,  célèbre  financier  de  l'époque,  sur 

lequel  on  fit  ce  distique  : 

Qui  modo  Sardini .  jam  nunc  sunt  grandia  cete. 
Sic  alit  italicos  Gallia  pîsçiculos, 

Ce  distique  lut  en  même  temps  traduit  ainsi  . 

Quand  ces  bougres  poltrons  en  France  sont  veuus 
Hz  estoienl  élancés,  maigres  comme  sardaines; 
Mais  par  leurs  gras  imposts  ilz  sont  tous  devenus 
Enflés  et  bien  refaits .  aussi  gros  que  baleines. 

Quelques  auteurs  lui  donnent  pour  femme  la  maîtresse 
deCondé,  la  belle  Limeuil,  veuve  de  son  premier  mari. 
Il  bâtit,  dans  le  quartier  Saint-Marcel,  au  coin  de  la 
rue  de  la  Barre  et  de  la  rue  du  Fer-à-Moulin ,  un  hôtel 
aujourd'hui  occupé  par  la  boulangerie  des  hôpitaux  el  où 

5'i 


426 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


et  fnict  entendre  tant  à  mon  frère  le  roy  de 
Navarre  que  aux  gens  du  conseil  du  roy  mon- 
sieur mon  filz  pour  adviser  ce  qui  estoit  né- 
cessaire de  l'aire  pour  effectuer  le  négoce  pour 
lequel  ledict  Sardiny  est  allé  où  il  est,  tant 
avec  mondict  frère  touchant  ses  terres  de 
Flandres,  dont  on  est  en  termes  contracter 
avec  Monsieur  le  conte  d'Aigucmont  \  comme 
sçavez,  que  pour  sa  récompense  de  sesdictes 
terres  et  assignation  de  rente  qu'il  convient 
pour  ce  constituer,  oultre  la  valeur  du  revenu 
de  sesdictes  terres.  Et  encores  que  mondict 
frère,  considérant  noz  affaires  et  pour  en  ac- 
commoder le  Roy  mondict  filz,  se  soit  volun- 
tairement  condescendu  à  bailler  sa  chastelle- 
nie  de  l'Isle  et  forest  de  Falapin,  que  ledict 
conte  d'Aigueinont  demande  au  lieu  de  Bour- 
bourg,  dont  avoil  premièrement  esté  parlé, 
avec  celles  d'Anguyen  et  de  Rodes,  et  faire 
ceste  commutation  ainsi  que  ledict  conte  d'Ai- 
guemont  la  demande,  touteffois  ledict  conseil 
avant  pensé  aux  autres  clauses  et  condicions  que 
ledict  sieur  conte  veult  estre  observées  audict 
contract  n'a  esté  d'advis  d'y  devoir  entendre, 
et  luy  a  semblé  qu'il  serait  trop  onéreux  et 
désavantaigeux  pour  le  Roy  mondict  filz,  tant  à 
l'occasion  de  ce  qu'il  ne  pourra  estre  secouru 
en  ses  affaires  de  ce  qui  proviendra  de  ladicte 
vendition,  sinon  de  cent  cinquante  mil  escuz, 
moicttié  du  prix  d'icelle,  y  faisant  entrer  pour 
l'autre  moicttié  des  debtes  de  pareille  somme, 
et  si  demeurera  chargé  de  bien  trente-sept 
mil  cinq  cens  livres  de  rente,  oultre  la  valeur 

l'on  remarque  encore  des  arcades  du  xvi°  siècle  surmon- 
tées de  médaillons  en  terre  cuite  non  émaillée.  (La- 
liorde.  Revue  nouvelle,  i°r  mars  18'iC,  p.  367).  II  vivait 
encore  en  i5t)2,  et  jouait  le  rôle  de  Mécène.  II  est 
qualifié  par  le  P.  Anselme  de  v"  de  Buzancy  et  de 
Chaumont-sur-Loire  (t.  IV,  p.  J2.r>). 

1  Lamoral,  comte  d'Egmonl,  né  en  i55a,  décapitée 
Bruxelles  le  '1  juin  i568. 


annuelle  desdictes  terres  que  on  n'estime  pou- 
voir revenir  que  à  vingt  cinq  mil  livres  de  re- 
venu par  an,  dont  les  gens  du  conseil  de  mon- 
dict frère  le  roy  de  Navarre,  entendent  que 
l'on  luy  baille  par  eschange  aultres  terres 
du  domaine  du  Roy  mondict  filz  en  duché, 
conté  et  aultres  bonnes  seigneuries  de  sem- 
blable tiltre  et  valeur;  qui  ne  sera  aisé  à  trou- 
ver, déduict  les  deux  douaires  dont  ledict  do- 
maine esta  présent  chargé,  et  si  serait  l'effect 
et  exécution  dudict  affaire  de  long  traict, 
parce  que,  avant  qu'il  puisse  sortir  effect  que 
on  en  touche  les  deniers,  sera  besoing  en  faire 
expédier  eedict  et  icelluy  faire  emologuer  es 
courlz  de  Parlement,  chambre  des  Comptes  et 
cours  des  Aydes,  ratiffier  en  oultre  le  tout  et 
y  garder  aultres  solempnitez  de  justice  qui 
pourront  tourner  en  longueur  et  estre  de  tar- 
difve  exécution,  et  cependant  ne  pourrions 
estre  aydez  desdietz  deniers,  ainsi  que  lesdietz 
affaires  le  requièrent,  comme  dictest.  Par  quoy 
sera  bon  d'en  advertir  ledict  Sardiny  pour  le 
faire  entendre  audict  sieur  conte,  et  luy  man- 
der qu'il  s'en  revienne  sans  s'en  mectre  plus 
en  peyne  pardelà.  Il  a  esté  advisé  pour  avoir 
plus  prompt  moyen  d'avoir  deniers  et  à 
moindre  charge  de  constituer  iusques  à  vingt- 
cinq  ou  vingt-six  mil  livres  de  rente  sur  les 
fouaiges  de  Bretaigne,  dont  on  espère  povoir 
recouvrer  en  peu  d'espace  de  temps  jusques  à 
trois  cens  mil  livres  qui  aprochera  bien  de  la 
somme  qui  se  pourrait  recouvrer  par  le  moien 
du  contract  dessusdict.  Quant  aux  autres  poinetz 
dont  m'avez  auparavant  escripl  par  vostredict 
secrétaire,  il  vous  y  est  satisfaict  par  autres 
mes  lettres  que  vous  envoyé  par  luy  avec  la 
présente;  qui  sera  occasion  de  ne  vous  faire 
la  présente  plus  longue,  et  pour  fin  prieray 
Dieu,  Monsieur  deGonnort,  qu'il  vous  ayten 
sa  garde.  Escript  à  Rouen,  ce  xxixc  d'octobre 
1  562. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


UTi 


1562.  —  39  octobre. 

Orig.  Bibt.  nat.  fon-l  'i63a  ,  f°  10a. 

A  MONSIEUR  DE  TUAMES, 

LIEUTENANT  GÉNÉBAI.  DU  BOT.   AL*  GOl  rURBHSfl  I    M.  BOUBCOCNE. 

Monsieur  do  Tavanues,  je  ne.  vous  dira  y 
point  l'importance  de  l'affaire  dont  vous  escripl 
le  Roy  monsieur  mon  lilz,  pource  quevousestes 
assez  pratic  et  cognoissant  en  telles  choses 
pour  le  sçavoir  bien  considérer;  mais  je  vous 
pryeray  bien ,  d'aultant  que  vous  aymez  le  bien 
de  son  service,  que  vous  satisi'aictes  à  ce  qu'il 
vous  mande  eu  toute  la  dilligence  que  faire 
se  pourra,  et  selon  l'asseurance  que  j'en  ay  eu 
vous  el  l'aHection  que  je  sçay  que  vous  portez 
au  bien  de  sou  service.  Prianl  Dieu,  Monsieur 
de  Tavanues,  qu'il  vous  ayt  en  sa  garde.  Es- 
cripl  à  Rouen,  le  xxixc  jour  d'octobre  i562. 

Caterine. 

BODBMN. 

I5G2.  —  80  octobre. 

Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n°  3a  19,  f°  io3. 

A  MONSIEUR 

LE  MARÉCHAL  DE  BRISSAC. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  la  plaiucte  que 
vous  laides  par  la  lettre  que  m'avez  escripte 
du  viugt-deuxiesine  de  ce  mois,  de  ce  que  le 
paveur  de  voslre  co,mpaignye ,  après  avoir  esté 
longuement  à  la  poursuicte  de  sesassignations, 
au  lieu  de  faire  payement  à  voslredicte  com- 
paignye  de  ce  qu'il  luy  est  deu  des  mois  passez, 
s'est  excusé  ne  le  pouvoir  faire,  parce  qu'il  n'a- 
x  oit  peu  recouvré  deniers  de  sesdictes  assigna- 
tions, et  mesmes  eslinioit  n'y  avoir  ordre  d'en 
toucher  aucune  chose  de  six  sepniaines.  J'en 
ay  parlé  au   trésorier  de  l'Espargne  du   Roy 

1  Cette  lettre  n'a  pas  de  suscription,  mais  elle  est  sans 
aucun  doute  adressée  au  maréchal  de  Brissac,  car  elle  lui 
parle  de  son  frère  de  Gonnor. 


mon  lilz,  qui  m'a  dict  luy  en  avoir  de  piéça 
baillé  bonne  et  seure  assignation,  qui  esl  ce 
qu'il  y  a  peu  faire  el  que  dernière  ment  r  estant 
à  Estampes,  au  mois  de  septembre  dernier, 
lestai  du  trésorier  des  guerres,  l'assac,  fus! 
veu  et  avoil  moien  d'y  satisffaire;  parquoj 
présentement  le  Roy  mon  lilz  luy  en  escripl 
el  mande  venir  incontinent  vers  luy  pour  en 
respondre,  ou  bien  que  Monsieur  de  Gonnort, 
voslre  frère,  et  Grantville,qui  a  autant  vers  luy 
dudicl  estât,  pendant  qu'ils  sont  par  delà,  le 
mandent  et  entendent  de  luy  à  quoy  il  tient 
qu'il  ne  satisffaict  à  voslre  compaignye  de  ce 
qui  luy  est  deu,  mestnenient  des  quartiers  de 
janvier  et  avril  derniers,  dont  il  est  chargé 
par  ledict  estai;  qui  est  ce  qu'on  y  peu  II  faire 
el  n'y  a  nulles  des  au  1res  compaigny  es  qui  soit 
mieulx  traictée,  dont  me  déplaist  bien.  Vous 
pouvez  aussi  considérer  de  vostre  part  à  quoy 
il  tient,  vous  advisant  qu'on  a  aucunement 
louché  ausdites  assignations,  mais  lousjours 
entendu  et  mandé  les  préférer  à  toutes  autres, 
ainsi  que  le  vous  feront  entendre  lesdicts  sieurs 
de  Gonnort  et  Grantville;  et  sur  ce,  mou  cou- 
sin, prye  Dieu,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escripl  à  Rouen,  le  xxxc  d'oclobre  i56a. 


1562.  —  3o  octobre. 

Copie.  Record  office,  State  papert,  France,  vol.  XXV. 

A  MESSIEURS 

LES  OFFICIERS,  ESCIIEVIÎVS, 

\IAM\S    ET  HABITANTS   DE   LA  VILLE   DE    DIEPPE  '. 

Messieurs,  je  vous  envoyé  ce  porteur  avec 

1  Les  Dieppois  avaient  voulu  venir  au  secours  de 
Rouen,  au  plus  fort  du  siège,  mais  avaient  été  défaits  le 
17  octobre. — Voy.àce  sujet  une  lettre  du  19  octobre  dans 
le  n°  3 108  du  fonds  français,  f"  io5;  et  une  dépêche  de 
Ormeaby  à  Cecil  dans  le  Calmdar  of  State  papers  (an- 
née 1062,  f  392);  Articles  offerts  à  Dieppe,  le  20  oc- 
tobre (ibid.  f  3Si). 

56. 


428 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


)62. 


Caterine. 


la  résolution  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  a 
prise  sur  le  contenu  des  articles  qu'il  luy  a 
présentez  et  les  remontrances  qu'il  luy  a 
faictes  de  vostre  part;  sur  quoy  vous  verrez 
que  sa  bonté  s'est  si  avant  estendue  que  vous 
aurez  grande  occasion  d'en  louer  Dieu  et  de 
recognoistre  par  une  promple  et  humble  obéis- 
sance la  grâce  dont  le  Roy  monsieur  mon  iîlz 
use  envers  vous  en  cest  endroict,  laquelle  par 
l'amitié  que  je  vous  porte  et  le  désir  que  j'ay 
à  vostre  conservation,  je  vous  prie  vouloir  ac- 
cepter et  ne  vous  laisser  persuader  de  ceulx 
qui  ne  cherchent  que  votre  ruyne  et  perdition, 
car  quand  la  seureté  de  ce  qui  vous  est  ac- 
cordé par  lesditz  articles,  je  la  vous  feray  ex- 
pédier telle  qu'elle  vous  sera  nécessaire  et 
jusques  à  la  vous  faire  expédier  et  homologuer 
par  la  court  de  Parlement,  ainsi  que  je  Tay 
dicta  ce  porteur.  Priant  Bien,  Messieurs,  qu'il 
vous  avt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Rouen,  le  pénultième  d'octobre 


1562.  —  3  o  octobre. 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15877,  ^  a^7- 

A  MONSIEUR  DE  CLERVAULX. 

Monsieur  de  Clervaulx,  j'ay  veu  par  deux 
de  voz  lettres  comme  vous  n'avez  poinct  faict 
publier  l'abolition  '  qui  a  esté  accordée  à  ceulx 
de  Tours,  et  encores  qu'en  cela  il  y  en  ayt 
quelques  ungs,  comme  il  advient  en  si  grand 
nombre,  qui  ne  méritent  la  grâce  que  le  Roy 
monsieur  mon  fils  leur  faict,  si  ne  faull-il 
pour  cela  que  les  bons  et  ceulx  qui  se  repen- 

'  Dans  une  lettre  à  la  Reine  mère,  datée  du  22  oc- 
tobre précédent,  Ctervaux  lui  explique  qu'il  était  présent 
lors  du  refus  de  la  publication  des  lettres  d'abolition, 
et  que  c'est  lui  qui  a  autorisé  la  forme  qui  y  a  été  suivie. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  a"  1:1877,  f  265.) 


tent  en  pâtissent,  et  pour  ceste  cause  vous  ne 
sçauriez  faire  que  de  la  faire  publier  et  joyr 
du  contenu  d'icelle  les  habitants,  desquelz, 
s'il  s'en  trouve  quelques  ungs  qui  par  leurs 
actes  ou  leurs  parolles  s'en  rendent  indignes, 
vous  sçavez  bien  qu'ils  les  en  fault  assez  pri- 
ver, et  ne  faictes  pas  de  difficulté  en  cela  de 
faire  ce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  et  moy 
vous  commande,  car  vous  sçavez  bien  que 
vous  n'avez  à  obéyr  ny  respondre  de  voz  ac- 
tions à  autres.  Et  quant  à  ce  que  ce  mavre  et 
eschevins  escrivent  que  ce  peuple  s'est  opposé 
à  ceste  publication,  elle  ne  s'entend  pas  pour 
la  généralité  de  la  ville  de  laquelle  les  bons 
n'ont  point  failly  et  pour  ceste  cause  nul  be- 
soing  de  grâce,  mais  pour  ceulx  qui  ont  faict 
chose  par  où  ils  ayent  mérité  grâce  et  aboli- 
tion l.  Et  quant  à  ce  que  il  vous  avoyt  esté 
mandé  d'envoyer  le  mayre'2  pour  respondre 
de  beaucoup  de  choses  dont  il  est  grandement 
chargé,  il  fault  que  je  vous  dye  que  vous  avez 
peu  de  raison  de  l'avoyr  retenu,  et  est  bien 
ayséà  voyrquec'estleur  mesme  fauteur  aposté; 
car  vous  estes  assez  advisé  pour  pourveoyr 
à  ce  qui  surviendra  par  delà  sans  son  conseil 
et  advis,  et  pour  ceste  cause  vous  ne  fauldrez 
de  l'envoyer  incontinent  sur  Paris,  où  il  y 
fauldra  qu'on  envoyé  quatre  archers  du  prévost 
de  l'Hostel  pour  l'amener  suyvant  la  requeste 
que  m'en  a  faicte  mon  frère  le  roy  de  Na- 
varre, auquel  je  vouldroys  bien  qu'on  eust 
porté  plus  de  respect  qu'on  n'a  faict,  ayant  le 
Roy  monsieur  mon  filz  et  luy  et  moy  escript 

1  Le  feu  avait  été  mis  aux  poudres  du  château,  et  on 
l'imputait  aux  protestants. 

2  Voy.  une  lettre  dans  laquelle  on  expliquait  la  néces- 
sité de  la  présence  du  maire,  parce  qu'on  croyait  à  une 
attaque  des  huguenots,  et  qu'on  avait  confiance  dans  son 
expérience  (fonds  franc.  n°  16877,  P-  a^7)ï  Lettre  de 
Clervaux  à  lu  reine  (ibid.  p.  263);  Justification  du  maire 
de  Poitiers  par  les  officiers  du  siège  présidial  (t'6«f. 
p.  io5). 


LETTRES  DE  CATH 

pour  Redon1  son  varlel  de  chambre,  lequel 
nonobstant  cela  on  a  condamné  ou  pour  le 
moings  approché  si  pi  es  de  cela  qu'il  ne  vaull 
guères  mieulx.  Pour  ce  faict  \ous  priant, 
Monsieur  de  Clervaulx,  de  tenyr  la  main  que 
lanl  ledicl  mayre  que  ledict  Redon  soyenl  in 
envoyez  avecques  les  charges  et  informa- 
lions  et  qu'en  cela  il  n'y  ayt  plus  de  longueur 
nv  de  difficulté,  car  ceulx  d'Orléans  ne  vous 
iront  pas  assaillyr  et  ledict  mayre  n'est  pas  si 
grand  cappytayne  que  la  ville  en  demeure 
plus  asseUrée  par  sa  présence.  Au  demeurant 
meck'z  peyne  d'estre  souvent  adverty  de  ce  que 
feront  ceulx  d'Orléans,  allin  de  advertir  de 
jour  à  aultre  Monsieur  de  Sanssac  sur  le  direct 
chemin  de  Poictiers  et  Chastellerault,  lequel 
amène  des  trouppes  de  gens,  lesquels  il  fault 
empescherque  Monsieur  le  Prince  ne  taille  en 
pièces.  Je  luy  ay  mandé  que  souvent  il  aura  de 
voz  nouvelles  par  lesquelles  vous  l'advertirez 
de  tout  ce  que  vous  entendrez,  allin  que  selon 
cela  il  dresse  et  poursuyve  son  chemin;  qui 
esl  tout  ce  que  je  vous  diray,  priant  Dieu, 
Monsieur  de  Clervaulx,  vous  avoyr  en  sa  sainte 
et  digne  garde. 

De  Rouen,  le  xxxe  jour  d'octobre  i56a. 

(Au  ilns.)  La  lloyne  à  Monsieur  de  Cler- 
vaulx. ce  xxxc  jour  d'octobre  i56a. 


ER1NE  DE  MÉDICIS.  &29 

gnie  désire  de  vous  voyr  content  et  satisfayst 
et  cornent  nous  soumes  tous  marris  dé  difi- 
coultés qu'il  a  faytes  '  et  l'ample  soulution2que 
lui  en  faysôn,  si  bien  que  je  m'aseure  ne  fayra 
plus  de  dilicoultés  et  satisfayra  au  comen- 
dement  du  Roy  mon  lils,  corne  yl  douit;  el 
pour  se  que  le  dist  Saynl-Fré  vous  au  randré 
bon  coule  du  comendement  qu'il  an  na,  je 
ne  vous  en  lavré  daventage  de  rediste;  et  le 
conèsant  afectionné  au  servise  du  Roy  mon 
fils  et  désirant  de  avoyr  votre  bonne  grase, 
tout  sela  ensemble  me  fayst  aseurer  qu'il  y 
fera  si  bien  son  devoyr  qu'i  n'i  fauldré  plus 
ranvoyer;  ausi,  mon  frère,  je  vous  prie,  pour 
l'amour  de  moy,  lui  fayre  bonne  chère  et 
l'aseurer  de  votre  bonne  grase  et  je  m'an  san- 
tiré  teneue  du  laveur  que  lui  fayrés;  y  vous 
contera  ausi  de  touttes  nous  novelles  et  l'état 
en  quoy  yl  a  laysé  touttes  chauses;  qui  sera 
cause,  après  vous  avoyr  prié  de  le  croyre  de 
set  qui  vous  dira  de  ma  part  et  que  je  vous 
auré  prié,  mes  que  ayés  acomodé  vos  afayres, 
nous  venyr  voyr,  que  je  fayré  fin ,  prient  Notre- 
Signeur  vous  donner  set  que  désirés. 

Voslre  bonne  seur, 

CaterineI 


i  I  .'j62.. —  3i  octobre.  ) 

An  t.  Arch.  île  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  vous  voyrés  par  set  que  le  sieur 
de  Saynt-Fré  ha  aporté  au  sieur  de  Rordillon 
cornent  le  Roy  mon  fils  et  toulte  sete  conpa- 

1  Pierre  Reddon,  orfèvre  et  valet  de  ebambre  du  roi  de 
Navarre. —  Voy.  une  Indre  ilu  maire  qui  déclarait  n'avoir 
pas  le  droit  de  l'amener,  et  que  cela  regardait  les  juges 
du  présidial.  |  Komis  franc.  n°  1 ÏJ87 7 .) 


(1562.  —  3 1  octobre.) 
Minute.  Bibl.  nal.  fonda  français,  o"  15877,  ^  ^62. 

A  MONSIEUR  D  ALLUYE. 

Monsieur   d'Alluye,    ceste    despêche    n'est 

1  Voy.  une  lettre  de  Courdillou  à  Charles  l\,  datée 
de  Turin  le  a5  octobre  i5G2  (Bibl.  nat.  tonds  français. 
n°  15877,  f°  302  );  e'  une  'e"''e  de  i'évéque  d'Orléans 
à  Catherine  datée  également  du  y.r>  octobre  [ibid. 
p.  3o6).  —  Une  lettre  de  notre  ambassadeur  à  Venise, 
Ilurault  de  Boistaillé,  justilie  la  résistance  énergique  de 
Bourdillon  à  la  restitution  des  places  du  Piémont  :  «Par 
cet  abandon,  écrivait-il,  la  France  perd  tout  crédit  <ti 
Italien  (Fonds  fiançais,  u°  i  5 S 7 G ,  P  353.) 
Soulution ,  solution. 


430 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


faicte  que  pour  advertyr  Monsieur  et  Madame 
de  Savoye  de  la  prinse  de  la  ville  de  Rouen1 
de  la  façon  que  vous  entendrez  par  les  lettres 
qui  leur  en  sont  escriptes,  et  Messieurs  les 
\ngloys  ont  esté  chassez,  et  espe'rons  que  nous 
aurons  bienlost  de  bon  nés  nouvelles  de  Dieppe, 
car  ilz  ont  envoyé  vers  nous  de  leurs  depputez. 
Nous  sommes  à  présent  à  pourvoyr  du  costé 
d'Orléans  où  Andelot  avecques  les  Allemans 
se  va  joindre;  qui  me  faict  désirer  plus  que 
jamays  que  vous  puissiez  envoyer  les  levées  qui 
doibvenl  venyr  de  Piedmont,  ce  que  vous 
solliciterez  d'aultant  plus  vifvement  que  sans 
cela  vous  ne  pouvez  revenyr;  qui  sera  fin, 
priant  Dieu,  Monsieur  d'Alluye,  vous  avoyr 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsieur  d'Alluye 
du  ...  jour  d'octobre  i562. 

1  La  ville  de  Rouen  fut  prise  le  26  octobre  i5()2.  A  ce 
sujet,  vov.  une  lettre  de  Charles  IX  à  Saint-Sulpice,  où 
il  fait  un  long  récit  des  opérations  du  siège  et  du  dernier 
assaut.  (La  Normandie  à  l'étranger,  Paris,  Aubry,  1873, 
in-8°,  p.  2 3).  —  Voy.  Floquet,  Histoire  du  Parlement  de 
Normandie,  t.  II,  p.  366  et  suiv.:  Castelnau,  Mémoires , 
édit.  de  Le  Laboureur,  t.  I,  p.  106  et  sniv. ;  Masse- 
\ille,  Hisl.  sommaire  île  Normandie,  t.  V,  p.  lil  et  suiv. 
Dans  une  lettre  écrite  par  le  trésorier  Moreau  à  M.  de 
Gonnor,  à  la  date  du  3o  octobre  i562,  nous  lisons  : 
rLe  sac  a  esté  bien  fort  grand  en  ceste  ville.  L'on  pansoit 
que  le  Roy  se  deust  prévalloir  de  uu'  marcs  de  vaisselle 
d'argent  qui  avoient  esté  mis  en  la  monnoie  le  jour  pré- 
ceddent  pour  forger  des  testons  pour  le  paiment  des  gens 
de  guerre  qui  estoient  en  ladicte  ville.  Toutefois,  cela  a 
esté  pillé  par  quelques  cappitaines  que  l'on  congnoisl  bien , 
comme  semblablemenl  la  chasse  Nostre-Dame,  où  il  y 
avoit  cinquante  marez  d'or  et  vu"  d'argent,  ouilregrande 
quantité  de  pierres  bien  bonnes  qui  y  estoient.  Il  y  avoit 
aussi  ung  cyboire  d'or  enrichi,  enlreautres  pierres,  d'une 
esmeraude  estimée  vin"  1.  et  davanlaige,  tellement  que 
le  Roy  n'a  amande  du  tout.  (Bibl.  nat.  fonds  français, 
n°  32i6,f  80.)  —  Voy.  une  lettre  de  Saint-Sulpice  à  la 
Reine,  où  il  lui  rend  compte  d'un  entretien  qu'il  a  eu 
avec  le  roi  d'Espagne  à  l'occasion  de  la  prise  de  Rouen. 
(Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  1^877, f  '129.) 


1562.  —  (Novembre.) 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  15877,  r'  ^99- 

A  MON  C0DS1N 

M»  LE  CARDINAL  DE  LORRAINE1. 

Mon  cousin,  encores  que  le  Roy  mousieur 
mon  filz  et  moy  vous  ayons  par  cy-devaut  es- 
cript  pour,  s'il  survenoyt  quelque  nouvelle 
difficulté  sur  le  faict  de  la  restitution,  faire 
exprès  commandement  au  sieur  de  Bour- 
dillon  de  passer  oultre,  et  que  je  m'asseure, 
les  ayant  receus,  vous  n'avez  failly  de  ce  faire, 
tant  pour  la  nécessité  que  vous  cognoissez  en 
estre  pour  toutes  lesalîayres  du  Roy  monsieur 
mon  filz  que  pour  la  volunté  particulière  et 
raison  que  vous  avez  de  faire  chose  qui  soyt 
agréable  à  Monsieur  et  Madame  de  Savoye  ;  et 
pour  ne  rien  laisser,  s'il  restoit quelque  chose, 
je  vous  prie  vous  y  employer,  de  façon  que 
nous  y  puissions  veoir  bonne  fin  avant  vostre 
partemeut  de  là.  Nous  avons  prins  Rouen 
d'assault,  à  mon  grand  regret,  où  mon  cousin 
vostre  frère2  s'est  aussi  peu  espargné  comme  il 
a  accoustumé.  Aussi  fault-il  confesser^  que  de 
luy  deppend  ceste  victoyre,  laquelle  il  eust 
bien  désiré  estre  d'aultre  façon  pour  le  regret 
qu'il  a  eu  de  voyr  saccager  ceste  belle  ville. 
Depuys,  Dieppe,  craignant  l'exemple  de  ceste 
ville,  a  envoyé  devers  moy,  et  après  leur  avoyr 
fait  entendre  mon  intention  et  l'envye  que  j'a- 
voys  de  les  faire  bien  et  favorablement  traicter 
et  ce  que  je  désire  estre  saisye  de  la  cita- 
delle, ay  envoyé  devers  le  Roy  mon  filz  pour 
y  envoyer  gens  dedans  pour  la  garde  de  la 
ville,  où  est  allé  Monsieur  le  maresclial  de 
Montmorency;  et  cela,  comme  je  croiz,a  infi- 

1  Le  cardinal  arriva  en  Piémont  le  26  octobre.  Une 
lettre  de  Morvillier  (3o  octobre  1662)  annouce  le  pas- 
sage du  cardinal  de  Lorraine  près  de  Turin.  (Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  16877,  f°332.) 

-  Le  duc  de  Guise. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


431 


aiment  despieu  à  Messieurs  les  Angloys, 
comme  je  pense,  car  ilz  v  ruydoyenl  bien 
l'aire  leur  magazin.  Jenesçay  encoreque  nous 
ferons  et  selon  que  deviendront  les  Allemans 
qui  se  vont  joindre  avecques  ceulx  d'Orléans 
nous  nous  résouldrons,  ou  d'aller  au  Havre, 
ou  d'aller  au  devant  d'eulx.  Pour  la  fin ,  je  vous 
prieray, avant  que  partir  du  Piedmont,  de  faire 
tout  ce  que  vous  pourrez  pour  mètre  fin  à  la 
restitution  des  places,  selon  ce  que  vous  sçavez 
eslre  l'intention  du  Roy  monsieur  mon  filz. 
Pliant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

(Au  dos.)  La  Royne  à  Monsieur  le  cardinal 
de  Lorraine,  du  .  .  .  jour  de  novembre  i56a. 


tés1,  que  y  vous  conteré  qui  sont  sourveneue 
d'eure  en  aullre  an  nonl  aysté  cause;  et  pour 
se  que  je  m'aseure  que  nefaysles  neule  doulte 

de  l'amitié  que  le  Roy  mon  fils  et  moy  vous 
portons  et  envye  que  avons  de  la  vous  l'ayre 
ion  les  jour  mieulx  conestre,  je  ne  vous  en 
favré  plulx  longue  letre,  me  remetenl  à  set 
que  ledist  Cocona  vous  en  dire  de  notre  part: 
seulement  vous  priré  me  fayre  tent  de  bien 
de  me  mander  sovenf  de  vos  uovelles  et  de 
selles  de  madame  de  Savoy,  léquele  je  prie 
Notre-Signeur  qui  souyt  tyeule  que  le  désire 
Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


1562.  —  (Novembre.  ) 

Aut.  Arcb.  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mou  l'rère,  je  ne  vous  fayré  pas  longue  la 
présente ,  me  remetent  à  set  que  vous  dire  de 
ma  part  le  Cocona  l,  lequel  je  vous  prie  croyre 
corne  moy-mesme  et  aussi  s'il  eut  aysté  po- 
sible  de  plulx  tôt  le  dépêcher  que  je  an  neuse 
aysté  ausi  âyse  que  vous-mesme  et  pour  se 
que  entendrés  de  lui  Taucasion  de  sa  longue 
demeure,  je  ne  vous  en  fayré  rediste;  soule- 
ment  vous  priré  ne  panser  que  s'et  faulte  de 
ne  vous  volouir  satisfayre  en  toutes  les  chauses 
que  seront  à  notre  puisance,  sachant  que  le 
Roy  mou  fils  le  veolt  ynsin,  mes  les  dificoul- 

'  Annibal  c,v  de  Coconas, alors  an  service  du  duc  de 
Savoie  et  qui  plus  lard  s'attacha  à  François  duc  d'Alençon. 
Compromis  avec  La  Mole  dans  une  conspiration  dont  ,1e 
but  était  de  placer  son  maître  sur  le  trône,  il  fut  arrêté 
le  10  avril  1 57 fi  et  exécuté  avec  son  complice  le  3o  du 
même  mois.  — Voy-  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  30727, 
p.  7:,. 


1562.  —  ■')  novembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n1  463a,  f°  io3'. 

A  MONSIEUR  DE  TAYANNES. 

LBUTKI&ai   GBKBBAL  DU   ROT   AU  GOt;ïER!IEM£\T  DE  BOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavannes,  j'ay  ceceu    vostre 

1  Elle  fait  allusion  aux  difficultés  survenues  pour  la 
restitution  des  places  du  Piémont.  Philippe  II  n'y  était 
pas  étrange;':  dans  une  lettre  du  17  juin  l56a  il  enga- 
geait son  ambassadeur  Cbantonnav  à  soutenir  toutes  les 
revendications  du  duc  de  Savoie.  (Arch.  nat.  collée!. 
Simancas,  L.  îioo,  pièce  8O7. —  Voy.  Mémoiradu 
de'Nevers,  t.  I,  et  le  n'  .".  1  ij."T>  du  fonds  frai. 
Enfin,  voici  une  lettre  que  la  duchesse  de  Savoie  écri- 
vait de  Fossan  au  connétable  à  la  date  du  T>  novembre 
i56a  :  «J'ai  voullu  vous  faire  sçavoir  combien  nous 
sentons  obligez  à  vous  pour  le  faict  de  la  restitution,  de 
laquelle,  Dieu  merry  et  \ostre  faveur,  est  bien  achemynée 
que  nous  ne  pouvons  plus  doubler  que  les  choses  ne  se 
portent  bien,  et  est  bien  vraj  qu'il  reste  encores quelque 
peu  de  difficulté,  laquelle  pour  ne  vous  enuyer  davan- 
taige,  je  donne  charge  à  Forget  mon  secrétaire  les  vous 
faire  entendre  et  fault  que  je  vous  dise,  mon  père,  que 
la  vernie  de  M.  le  cardinal  de  Lorraine  m'a  donné  beau- 
roup  de  playsir  pour  l'heur  (pie  ce  m'a  esté  de  le  um 
el  par  le  bon  chemin  auquel  il  a  mys  nos  affairesr  vous 
supliant,  mon  père.  \  vouloir  mettre  fin,  à  ce  que  nous 
n'aions  plus  à  penser  que  à  faire  service  au  Roy.*  (  Bibl. 
nat.  fonds  français,  n°36io,  f°34.) 


432 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDIC1S. 


lettre  du  xxnc  du  passé,  par  laquelle  j'ay  en- 
tendu la  difficulté  que  les  Suysses  faisoient 
de  marcher  que  l'enseigne  du  canton  d'Apen- 
tsel  ne  leur  feust  arrivée;  à  quoy  je  m'asseure 
que  vous  aurez  donné  si  bon  ordre,  saichant 
le  besoins  que  mon  cousin  le  mareschal  de 
S1  André  a  d'estre  renforcé  desditz  Suysses, 
qu'ilz  se  seront  depuys  acheminez,  et  que 
vous-mesmes,  suivant  ce  que  je  vous  ay 
escript  par  ma  dernière,  vous  serez  trouvé  au 
lieu  de  Chastillon-sur-Seine  pour  leur  faire 
faire  leur  première  monstre1,  et,  ladicte 
monstre  faicte,  les  conduire  diligemment  là 
pari  que  sera  mondict  cousin  ungst  bon  et  si 
seur  chemin,  qu'il  n'en  adviendra  aucun  in- 
convénient ;  et  pour  ce  que  j'ay  entendu  par 
vostredicte  lettre  les  remuemens  qui  se  com- 
mencent sur  ceste  venue  d'Allemans  en  plu- 
sieurs lieux  de  voslre  gouvernement,  et  la 
surprise  qui  s'est  cuydé  faire  sur  la  ville  de 
Chaalon,  et  que  je  ne  faictz  poinct  de  doubte 
que  ceulx  qui  ont  volunté  de  tumultuer  ne 
s'enhardissent  davantaige,  quant  Hz  vous  ver- 
ront absent  et  esloigné  dudict  gouvernement, 
je  suvs  d'advis  que,  après  avoir  consigné  les- 
dicles  bendes  de  Suysses  à  mondict  cousin  le 
mareschal  de  S'  André,  vous  vous  en  retour- 
nez en  vostredict  gouvernement  pour  y  con- 
tenir toutes  choses  en  l'obéissance,  en  laquelle 
vous  les  avez  conservées  jusques  à  présent;  et  si 
ceste  lettre  ne  vous  trouvoyt  encores  party  avec 
lesdictz  Suysses,  et  que  vous  eussiez  quelque 
bien  saige  et  expérimenté  cappilaine  qui  les 
sceust  seurement  conduire  à  mondict  cousin, 
vous  luy  en  pourriez  bien  bailler  la  charge, 
et  ne  bougeriez  de  vostredict  gouvernement, 
de  peur  que,  pendant  vostre  absence,  il  ne 
.s'y  face  quelque  nouveau  mouvement;  mais 
ce  que  je  vous  en  mande  est  au  cas  que  vous 

1  Voy.  une  lettre  de  Tavannes  au  sujet  de  la  montre 
des  Suisses.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  436o,  f  9.) 


ayez  telle  asseurance  de  la  suffisance  duclici 
cappilaine  ,  et  veoyez  telle  commodité  au  che- 
min qu'il  aura  à  faire  tenir  ausdictz  Suysses 
qu'il  n'y  peust  courir  aucun  péril  ny  dangier; 
ce  que  je  remectz  à  vostre  discrétion  pour  vous 
y  gouverner  selon  l'affection  que  je  sçay  que 
vous  portez  au  bien  du  service  du  Roy  mon- 
sieur mon  fdz.  Vous  avez  très  bien  faict  d'avoir 
laid  prendre  prisonniers  les  quatre  genlilz- 
hommes  de  la  compagnie  de  mon  cousin 
Monsieur  le  duc  de  Guyse  qui  ont  laissé 
aller  pour  de  l'argent  les  eschevins  dudict 
Chaalon,  qui  estoient  chargez  de  l'entreprise 
qui  se  brassoyt  sur  ladicte  ville;  et  s'iiz  ne 
vous  représentent  lesdictz  eschevins ,  ainsi 
qu'ilz  s'y  sont  soubztnis,  je  suys  d'advis  que 
vous  les  faictes  chastier,  selon  que  la  faulte 
qu'ilz  ont  faict  en  cela  se  trouvera  le  mériter. 
Je  vous  ay  faict  accorder  le  contenu  au  mé- 
moire que  Pelissier  m'a  présenté  de  vostre 
part,  et  pouvez  estre  asseuré  que,  en  toutes 
choses  qui  vous  toucheront,  je  vous  feray  tous- 
jours  cognoistre  combien  je  vous  ay  pour  recom- 
mandé. Priant  Dieu,  Monsieur  de  Tavannes, 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à 
Rouen,  ce  m'' jour  de  novembre  1  562. 

Gaterine. 
Bourdin. 

1562.  —  7  novembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  CoibtTt,  n°  3&,  f°  83. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnor,  je  viens  de  recevoir  la 
lettre  que  m'avez  escrite  du  vc  de  ce  moys, 
et  loul  aussy  tost  ay  voullu  vous  y  faire  ce 
mot  de  responce  pour  vous  prier  que  vous 
vous  teniez  tellement  préparé  pour  le  voyage 
que  vous  sçavez1,  que,  silost  que  vous  aurez 

1  C'était  pour  aller  trouver  le  prince  de  Condé  et  lui 
proposer  une  entrevue,  afin  de  Iraiter  de  la  paix.  Ce  voyage 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDIC1S. 


h:\:; 


eu  responce  tic  ceulx  devers  lesquels  vous 
avés  envoyé,  vous  soyez  presl  à  mouler  à  che- 
val pour  faire  toute  la  diliigence  qu'il  vous  sera 
possible  eu  vostredicl  voyaige,  ainsy  que  je 
sçây  que  vous  le  désirez  de  vostre  pari.  Je 
loue  la  diliigence  dont  vous  usez  à  faire  l'omo- 
logation  des  secondes  lettres  pattentes  que  je 
vous  a\  envoyées  pour  la  constitution  des  cent 
mil  livns  de  renie  du  clergé,  et  suys  bien  as- 
seurée  qu'il  ne  tiendra  à  vostre  soing  et  affec- 
tion que  nous  n'en  soyons  bien  tost  secouruz. 
Je  suys  bien  ayse  aussi  de  la  diliigence  avec 
laquelle  vous  l'aides  besongner  à  racoustrer 
le  logeis  du  boys  de  Vincennes,  et  vous  prye 
que  vous  en  chargez  bien  expressément  le 
contrerolleur  de  (aire  tellement  avancer  ce  que 
l'abbe'  de  Saint-Martin  '  yafaict  encoinmencer, 
que  je  le  trouve  du  tout  parachevé  à  nostre 
arrivée,  de  laquelle  je  ne  vous  sçauroys  man- 
der encores  le  jour,  pour  l'indisposition  de 
mon  frère  le  roy  de  Navarre;  mais  je  vous 
puvs  dire  que  ce  sera  bientost.  Priant  Dieu. 
Monsieur  de  Gonnor,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  garde.  Escriplà  Rouen,  le  vu"  jour  de 
novembre  1  5(J2. 

(De  la  main  de  la  Heine.)  h-  vous  prie  hâter 
votre  voyage  en  tout  set  que  pourrés,  car  je 
désirerès  byen  que,  set  Dieu  non  sforteunel2 
tant  que  de  prendre  le  roy  de  Navarre,  qui 

n'eut  lieu  que  te  22  novembre  suivant. — Voy.ce  qu'en  dit 
de  Thou  (Hist.  wriv.  trait,  t.  IV,  p.  668);  cf.  une  lettre 
de  l'amiral  de  Coligny  à  M.  de  Gonnor,  datée  du  8  no- 
vembre, au  sujet  de  celte  entrevue  (Bibl.  nat.  Cinq  cents 
Colbert,  n°  2/1,  p.  21 5). 

'  Suivant  Hurlant  (ait.  Vincennes)  le  capitaine  du 
château  de  Vincennes  s'appelait  Saint-Martin .-i-Voy.Fé- 
libien , Hist.  de  Paris,  1,  II,  p.  1 17 S.  Parmi  les  officiers, 
et  domestiques  de  la  maison  de  Catherine  (Bibl.  nat. 
n°  ^854)  nous  trouvons  Loys  de  Saint-Martin  qui  fut 
en  i56g  un  de  ses  éebansons  et  Melchior  de  Saint- 
Martin  qui  fut  en  15751m  de  ses  panneliers. 

:  Sforteunet,  défavorisait,  de  l'italien  sfortvnare. 

CATHEIÏI5E  DE  MÉDICIS. I. 


ayst  empiré,  que,  avent  que  sete  maleur  nous 
avint,  <|uc  lé  choses  fusset  si  bien  encom- 
mensée  qu'i  ne  se  peuse  plus  retyrer  de  ache- 
ver sel  que  au  ries  mis  en  navant,  et  ausy  que 
je  aurès  peur  que  sete  forleune  lé  lisi  tenir 
plus  baull,  par  ensi  je  vous  prie  déligenter. 

Cati  i'.im:. 

liol  RD1N. 

15G2.  —  1  "  novembre. 

On;;.   Bibl.  ii.it.   fonds  fr.inç.iis,  il'   3219,  f"  no. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOJS. 

Monsieur  de  Gonnort,  suivant  ce  que  vous 
m'avez  escript  présentement  je  vous  envoyé 
quatre  lettres  que  j'ay  faict  escripre  à  ceulx 
que  vous  pensez  qui  nous  vouldront  ayder, 
dont  j'ay  laissé  les  noms  en  blanc,  affin  que 
vous  les  laciez  remplir,  ainsi  que  vous  cong- 
noistrez  estre  à  propos,  des  noms  de  ceulx 
que  vous  jugerez  les  plus  disposez  à  entrer  en 
ladicte  obligation;  en  quoy  je  ne  vous  recom- 
manderay  poincl  davantaige  d'user  de  devoir 
et  diliigence,  pour  ce  que  je  suis  asseurée  que 
vous  n'y  oublierez  riens;  seulleinenl  je  vous 
priray  de  nous  advertir  incontinent  de  ce  que 
vous  y  aurez  faict,  et  de  ce  que  nous  en  (lève- 
rons espérer;  dont  aclendanl  devez  nouvelles, 
je  prye  Dieu,  Monsieur  de  Gonnort,  qu'il  vous 
doint  ce  que  plus  désirez. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  x"u  jour 

de  novembre  1 5  G  a . 

Catkrine. 
robertet. 


I  562.  —  1  0  novembre. 
Orig .  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colberl ,  n°  aS .  P  M. 

\  MONSIEUR ' 

Monsieur,   ayanl     le    Roy   monsieur   mon 

1  Celte  lettre  est  l'une  des  quatre  adressées  â  M.  de 
Gonnor  et  donl   il   est  question   dans  la  lettre  précé- 
j     dente. 

55 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


fils  et  uioy  envoyé  à  Paris  le  sieur  de  Gonnort, 
chevalier  de  son  ordre,  cappi laine  de  cinquante 
hommes  d'armes  et  conseiller  en  son  privé 
conseil,  tant  pour  trouver  et  empruncter  quel- 
que somme  de  deniers  dont  nous  avons 
affaire  pour  le  bien  du  service  et  affaires  du- 
dict  sieur  Roy  mon  fils,  que  pour  s'en  obliger 
en  son  propre  et  privé  nom ,  il  nous  a  depuis 
faict  entendre  qu'il  luy  estoit  impossible  de 
recouvrer  la  somme  que  nous  demandions  s'il 
n'y  avoit  encores  quelques  ungs  qui  s'en  obli- 
gassent  et  qui  ne  feussent  domiciliiez  et  habi- 
tans  en  ladicle  ville;  au  moyen  de  quoy  et 
considérant  les  moyens  et  crédict  que  vous 
avés  en  celle  et  davantaige  la  bonne  volunté 
et  affection  dont  vous  avez  tousjours  faict  dé- 
monstration envers  nous  en  tout  ce  où  nous 
vous  avons  voulu  employer,  j'ay  bien  voullu 
incontinanl  vous  escripre  la  présente  pour  vous 
prier  que,  suyvant  ce  que  ledict  sieur  de 
Gonnor  vous  dira  et  requierra  de  la  part  du- 
dict  sieur  Roy  mon  fils  et  la  mienne,  vous 
vueillez  vous  obliger  et  respondre  avec  luy  de 
ladicte  somme  qu'il  empruntera,  vous  asseu- 
rant  que  nous  donnerons  si  bon  ordre  au  rem- 
bourcement  que  vous  n'en  tomberez  en  aucun 
inconvénient,  et  que  le  service  que  vous  nous 
ferez  en  ceslendroiet  sera  bien  le  plus  grand  et 
signallé  que  nous  puissions  pour  cest  heure 
recevoir  de  vous,  et  lequel  je  n'oublieroy 
jamais  pour  m'en  revencher  où  j'auray  le 
moyen,  ainsi  que  vous  dira  ledict  sieur  de 
Gonnor,  sur  lequel  me  remectanl  et  dont  vous 
le  croyrez  comme  moy-mesmes,  je  prieray 
Dieu  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  S'-Germain-en-Laye,  le  dixiesme 
jour  de  novembre  mil  cinq  cent  soixante  deux. 

Caterine. 
robertet. 


1562.  —  i3  novembre. 

Orig.  Bibl.  lut.  fonds  français,  n'  3i85,  f°  59. 

A  MESSIEURS 

DE  GUISE  ET  DE  MONTMORENCY. 

Mes  cousins,  m'estant  enquise  depuis  la 
dépesche  que  je  vous  ay  faicte  ce  matin ,  du 
chemin  que  je  pourroys  tenir,  au  partir  de 
Ponthoise,  pour  gaigner  le  bois  de  Vincennes 
en  ung  jour,  j'ay  trouvé  que  la  traicte  est  si 
longue,  pour  y  avoir  neuf  lieues,  qu'il  fault 
nécessairement  que  j'en  face  en  deux  jours;  et 
là  dessus  me  suis  résolue,  pour  n'avoir  poinct 
d'occasion  de  demeurer  à  Sainl-Denys,  d'aller 
coucher  à  Escouan,  dont  j'ay  bien  voulu  vous 
advertir,  et  vous  asseurer  que,  si  les  affaires 
permectoient  de  m'y  venir  trouver,  je  seroys 
bien  ayse  de  vous  y  pouvoir  veoir.  Priant 
Dieu,  mes  cousins,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde.  Escript  au  boys  d'Eunemais1,  le  xnf 
jour  de   novembre    i5Ga. 

(De sa  main.)  Mon  conpère,  si  vous  ne  m'en 
chasé  et  que  veuiés,  je  suys  délybérée  d'i  de- 
meurer heun  jour  pour  léser  achever  d'acou- 
trer  le  boys  de  Vinseyne. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

(Au  dos.)  A  mes  cousins,  Messieurs  les  duez 
j    de  Guyse,  pair,  grand  maistre  et  grand  cham- 
bellan, et  de  Montmorency,  aussi  pair  et  con- 
nestable  de  France. 


1562. —  17  novembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  u°  463a  ,  f°  io5. 

A  MONSIEUR  DE  TA  VANNES, 

LIEUTENANT  GÉNÉRAL  DU  UOÏ    AU'COUVERNEMBNT   DE  BOUHGOGNB. 

Monsieur  de  Tavannes,  j'ay  receu  voz  Iroys 
1  Le  bois  d'Eneuiets  à  3  lieues  sud-ouest  de  Gisois. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


435 


lettres  des  wvif  el  dernier  du  passé,  et  com- 
manceray  à  vous  \  respondre  par  les  dernières 
qui  parlent  des  lettres  qui  onl  esté  escriptes 
an\  baillyzel  séneschaulx  de  ceroyaulmepour 
faire  publier  que  tous  ceulx  qui  oui  cy-devanl 
porté  les  armes  contre  le  Roj  monsieur  mon 
lil/.  qui  vouldronl  recognoistre  leur  faulte  et, 
pour  réparation  d'icelle,  viendront  servir  le 
\\<>\  mondicl  sieur  el  lil/.  avec  armes  el  grans 
chevaulx,  en  portant  certiffication  des  lieule- 
nans  généraulx  de  ses  armées  de  l'équippaige 
auquel  ilzseronl  comparuz  et  du  service  qu'ilz 
auront  faicl  èsdictes  armées,  seront  remis  en 
leurs  maisons  et  Liens,  selou  qu'il  est  plus  à 
plaiu  contenu  èsdictes  lettres  ;  lesquelles  je 
vous  puys  asseurer  avoir  es!é  délibérées  en 
plain  conseil,  ayant  tous  ces  seigneurs  opiné 
et  conclud  qu'il  estoyt  nécessaire  d'ainsi  le 
taire  ,  aflîn  de  retirer  à  nous  par  ceste  voye  de 
doulceur  le  plus  que  nous  pourrions  de  la 
noblesse,  el  en  affoiblir  d'aultant  noz  enne- 
mys.  El  est  toul  certain  que  si  ceuh  qui  se 
sontey-devant  oublyez  en  cela  sevoyent  déses- 
pérez d'en  pouvoir  avoir  grâce,  en  prestant 
l'obéissance  au  Roy  mondict  sieur  et  lilz  telle 
qu'ilz  la  luy  doivent,  et  luy  faisant  service  de 
leurs  personnes,  ilzse  désespéreront  et  ayme- 
ront  mieulx  mourir  les  armes  en  la  main  que 
d'estre  pu'gnyz  par  la  justice, laquelle  sans  la- 
dicte  grâce  ne  fauldra,  comme  ilz  le  sçavenl 
très-bien,  de  procéder  à  l'encontre  d'eulx  fort 
rigoreusement;  qui  sont,  MonsieurdeTavannes, 
aucunes  des  principales  occasions  de  l'expédi- 
tion desdictes  lettres  quej'ay  bien  voullu  vous 
discourir  en  peu  de  parolles,  allîn  que  vous 
saicliez  qu'il  n'a  riens  esté  faict  en  cela  que 
avec  meure  délibération.  Touteffoys  jeremeetz 
à  vous,  si  vous  voyez  que  la  publication  des- 
dictes lectres  iéust  pour  troubler  ceulx  du  gou- 
vernement de  Bourgongne,  de  la  faire  surceoir 
aullanl  que  vous  cognoislrez  qu'il  eu  sera  de 


besoing,  saichant  bien  que  vous  n'aurez  en 
.niiii ii  toutes  autres  choses  aultre con- 
sidération que  celle  qui  appartienl  au  bien  du 
sei  rice  du  Roy  mondicl  sieur  et  lilz  el  à  la  con- 
servation du  repoz  dudicl  gouvernement.  .I<' 
feray  veoir  le  mémoire  que  m'avez  envoyé  des 
affaires  de  par  delà  si  losl  que  lelConseU  sera 
rejoinct  ensemble,  d'aultant  que  de  ceste 
heure  que  nous  nous  acheminons  pour  nous 
raprocher  de  Paris,  nous  sommes  escartez  ça 
i  I  là  pour  l'incommodité  deslogeis;  mais  ce- 
pendant je  ne  laisseray  de  vous  dire  que  je  loue 
la  dilligence  dont  vous  délibérez  faire  user  au 
parachèvement  du  retranchement  de  terre 
servant  de  citadelle  à  Chaalon,  car  ce  seraung 
grand  plaisir  de  veoir  une  ville  de  telle  impor- 
tance asseurée  et  avec  beaucoup  moindre  des- 
pence que  celle  qui  s'y  faict  ordinairement. 
Les  Suysses  sont  de  ceste  heure  joinetz  avec 
mon  cousin  le  mareschal  de  S'-André,  qui 
les  est  allé  trouver  jusques  à  Meleun  pour  le 
peu  de  dilligence  qu'ilz  faisoient  de  se  rendre 
à  luy.  J'ay  faict  donner  ordre  aux  m™  tant 
livres,  qui  leurestoient  deuz  de  reste  de  leur 
premier  paiement,  el  vous  advise  que  nous 
sommes  après  à  dilligenter  le  plus  qu'il  nous 
est  possible  l'assemblée  de  nos  forces.  Cepen- 
dant nozdiciz  ennemys  se  soni  saisiz  de  Plu- 
viers el  d'Estampes1,  mais  j'espère  que  Dieu 
nous  fera  la  grâce  de  si  bien  pourveoir  au  de- 
mourant  que  ce  qu'ilz  ont  faict  en  ces  deux 
lieux  là  sera  le  plus  grand  de  tous  leurs  elTectz. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Tavannes,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  au  bois  de 
Vincennes,  le  xvhc  jour  de  novembre   10G2. 

Caterine. 
Bocrdin. 

1  V  oy .  les  détails  donnes  par  de  ïliou  sur  la  prise  de 
Pluviers  qui  eut  lieu  le  11  novembre,  (flisl.  unit),  trail. 
t.IV,p.  466.) 


55. 


136 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


1562.  —  (ao)   novembre. 
Minute.  Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n'  15877,  *""  ^8. 

A  MONSIEUR  D'ESCARS. 

Monsieur  d'Escars,  voyant  la  fortune  inter- 
venue de  la  mort  du  feu  roy  de  Navarre1  et 
qu'auparavant  iceile  il  m'a  mandé  qu'il  me 
prioit  qu'on  vous  révoquast  sans  vous  laisser 
passer  oultre  à  vostre  vovage  d'Espagne,  je 
n'av  point  voulu  faillir  de  vous  renvoyer  ce 
gentilhomme  icy  envoyé  pour  vous  enadvertir, 
affin  que,  si  vous  estiez  on  chemin,  vous  re- 
tourniez en  vostre  maison,  et  que  renvoyez 
les  coinpagnyes  de  gendarmerye  que  vous  me- 

1  Nous  n'avons  trouvé  aucune  lettre  de  Catherine  où 
elle  donne  des  détails  sur  la  mort  du  roi  de  Navarre;  mais 
une  lettre  de  Charles  IX  à  Saint-Sutpice  qu'elle  a  dû  dic- 
ter  peut  suppléer  à  ce  silence:  «Monsieur  de  Saint- 
Sulpice,  par  ma  dernière  lettre  que  je  vous  esciiviz  par 
vostre  secrétaire  je  vous  faysois  entendre  la  blessure  de 
mon  oncle  le  roy  de  Navarre,  laquele  l'a  tellement  tra- 
vaillé avec  une  si  continuelle  et  si  violente  fiebvre  que 
finalement  le  ix°  du  présent  mois,  quelques  remeddes  qui 
luy  ayenl  peu  eslre  donnez,  Nostre-Seigneur  l'a  appelé  à 
soy  avec  tant  de  cognoissance  de  luy  et  telle  repenlance 
et  résolution  qu'il  se  peull  dire  avoir  laid  la  plus  belle  et 
la  plus  saincte  mort  qu'il  est  possible.  Je  vous  laisse  à 
penser  quel  ennuy,  regret  et  desplaisir  il  me  laisse,  le 
perdant  en  une  si  turbullente  saison,  que  je  le  puys  dire 
m'eslre  failly  à  l'heure  que  sa  présence  m'estoit  le  plus 
nécessaire;  de  quoy  je  n'ay  voulu  faillir  vous  advertir, 
estimant  que  le  Roy  mon  bon  frère  et  la  Royne  ma  seur 
en  recevront  desplaisir  pour  le  service  qu'il  faisoil  à  cesle 
couronne  et  pour  la  peyne,  le  soin  el  la  vigillance  dont  il 
s'emploioit  en  lotit  ce  qui  estoit  pour  le  bien  de  mes 
affaires. n  (Minute.  Bibl.  irnpér.  de  Saint-Pétersbourg; 
inimité.  Bibl.  nal. fonds  français,  11°  1 38 77, f° 3 83.) — Voy. 
une  lettre  de  S'-Sulpice  à  Catherine  pour  lui  faire  part 
de  l'audience  qu'il  a  eue  de  Philippe  II,  à  la  suite  de  la 
mort  du  roi  de  Navarre  (Bibl.  nal.  fonds  français, 
n  15877,  f°  386);  Lettre  de  Philippe  II  à  Catherine 
sur  le  même  sujet  (  Arch.  nal.  collect.  Simancas,  K, 
i'ig6,  pièce  n°  77).  Voy.  dans  les  Mémoires  de  Condé, 
t.  IV,  p.  1  16  et  suiv.  le  récit  des  derniers  moments  du 
prince,  et  d'Aubigné,  Hitl.  wiiv.  édit.  de  îO'ali,  t.  I. 
p.  1  58. 


niez  avecques  vous,  d'aullant  qu'elles  pourront 
beaucoup  servir,  et  aussy  j'ay  faict  bailler  la 
moictié  de  la  eompagnye  de  mondicl  frère  à 
mon  filz ,  le  duc  d'Orléans,  et  l'aultre  moictié 
à  mon  filz  le  prince  de  Navarre;  et  quant  aux 
trente  harquebusiers  vous  les  ferez  casser 
semblablement  pour  ce  quilz  ne  vous  seront 
plus  nécessaires,  estant  l'occasion  deleurlevée 
eî .  entretenement  cessé  parla  mort  de  mondict 
frère;  et  quant  à  vous,  Monsieur  d'Escars,  si 
vous  croyez  pouvoir  servir  par  delà  aux  trou- 
bles qui  se  présentent,  vous  y  demeurerez; 
sinon,  si  vous  voulez  venyrde  deçà,  vous  serez 
le  très-bien  venu  et  seray  bien  ayse  de  vous 
veoyr;  ce  que  laissant  à  vostre  discrétion  ,  je 
prieray  Dieu,  Monsieur  d'Escars,  vous  avoyr 
en   sa  saincte   et    cligne  garde.  Du   boys  de 

Vincennes,  ce jourde  novembre  1 56a  '. 

(Au  dos.)  La  Reyne  à  Monsieur  d'Escars. 
du jour  de  novembre  1 56a. 


1562.  —  31    novembre. 
Orig.  Bibl.  nat.  (omis  français,  n"  3219,  f'  111. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

COSSr.ll.LBS    DU    ÏIOÏ   MO*    FILS  EN    SOS    <;0\SE1!.    PR1VB. 

Monsieur  de  Gonnor,  pour  aucune  chose 
dont  j'ay  nécessairement  affaire  de  vous,  je 
vous  prie  ne  failir  à  vous  trouver  icy  devers 
moy  de  bon  malin,  sans  différer,  encores  que 
nous  aillions  disner  à  Paris.  Priant  Dieu , 
Monsieur  de  Gonnor,  vous  donner  ce  que  dé- 
sirez. Du  logis  de  Vincennes,  le  xxi  de  no- 
vembre 1 5  G  a. 

1  Voy.  la  réponse  du  s'  d'Escars  à  la  Reine  (  Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  15877,  f°  A33)  et  le  don  fait  par 
Charles  IX  à  celui-ci  pour  le  dédommager  des  dépenses 
failes  pour  le  voyage  d'Espagne  interrompu  par  la  mort 
du  roi  de  Navarre  (ibid.  p.  4a3). —  D'Escars  fut  nommé 
en  1  .')G3  (a3  mai)  gouverneur  de  Bordeaux.  Voy.  Bibl- 
nat.  fonds  Clairambault,  n°  aST),  P  11 3. 


LETTRES  DE   CATHERINE   DE   M  El)  ICI  S. 


437 


i  De  sa  main.  •  Je  vous  prie,  soyez  ysi  à  set 
heure  el  ni  fallés,  set  l'avés  jeamès  envye  de 
fayre  ryen  pour  moy. 


Caterine. 


Di  l'Ai  bespine. 


(,'esl  pour  aller  coucher  à  Corbeii.  Par  ce 
vous  ferez  bien  d'amener  ce  qu'il  vous  fault 
pour  une  couchée. 

C'est  voire  bien  humble  serviteur, 
De  l'Ai  besimne. 


1562.  —  22  novembre. 
Ong.  Bihl.  nal.  fonds  français,  n°  aoi5y,  f  -i(j- 

A  MON  COUSIN  LE  S1EIR  DE  BOISY, 

CRàSD  ESCCÏEB  PK  FBAB 

Mon  cousin,  j'ay  sceu  par  vostre  lettre  ee 
qui  vous  a  esté  commandé  à  Paris  pour  faire 
sortir  Ions  ceulx  de  la  nouvelle  opinion  tant 
habitons  que  estrangers  que  trouverez  dedans 
Meaulx;  qui  est  chose  que  le  Roy  monsieur  mon 
fdz  ne  moy  n'avions  poinct  entendue;  à  quoy 
il  \  auroyt  peu  de  raison,  sinon  que  Ton  y 
veist  une  apparente  conspiration  de  tous  pour 
s'oubhiT  de  leur  devoir.  J'en  ay  parle  aux  sei- 
gneurs qui  estoient  icy  lors  de  la  réception  de 
vostre  lettre,  lesquelz  disent  ne  l'entendre 
ainsy;  vous  estimant  aussy  si  saige  que  vous 
sçaurez  bien  pouneoir  à  ce  qui  sera  néces- 
saire pour  la  seuretté  et  l'obéissance  que  nous 
désirons  veoir  en  ladicle  ville,  sans  en  venir 
là;  mais  seuUeinent  en  faisant  sortir  lesditz 
estrangers,  et  s'il  y  avoit  quelqu'un  desaultres 
sédieieulxet  qu'il  vous  donnast  quelque  soubs- 
peçon,  le  faire  observer  de  près  ou  luy  faire 
dire  qu'il  se  relire  pour  quelques  jours,  de 
façon  que  vous  puissiez  plus  à  vostre  ayse  v 
mettre  l'ordre  que  nous  désirons.  Je  ne  vous 
octroyé  point  d'aultre  pouvoir  que  ceiuy  que 
vous  avez,  lequel  me  semble  eslre  assez  suffi- 


sant, seullemenl  vous  envoyé  quelques  lettres 
que  le  Roy  mondicl  lilz  et  moy  escripvons 
aux  officiers  et  eschevins,  et  si  vous  ave/,  be- 
soing  de  plus  exprès  commandement,  nous 
sommes  si  près  de  vous  qui'  vous  en  serez  in- 

continanl  satisfaict.  Prianl  Dieu,  i i  cousin. 

vous  avoir  en  sa  garde.  Escript  au  bois  de  \  m 
cennes,  le  xxii'  jour  de  novembre  i56a  '. 
La  bien  vostre. 

Caterine. 


ir>(i'2. —  a3  novembre. 
Orig.  Bîbl,  nat.  fonds  français,  n    soâ5g,  f°  37. 

A  MOIN  COUSIN  LE  SIEUR  DE  BOISY, 

Mon  cousin-,  j'aj  entendu  que  le  duc  de 
Lunebourg  s'est  mis  en  chemyn  soubz  pré- 
texte de  venir  en  reste  cour  demander  raison 
de  quelques  pensions  qu'il  dictluv  estre  deues 
et  devoit  passer  par  Chaaslons;  mais  il  s'est 
escarté  et  monstre  voulloir  prendre  autre  che- 
myn, et  pour  ce  que  sa  venue  ne  peull  estre 

1  Charles  IX,  dans  une  lettre  du  25  novembre,  invite 
M.  de  Boisv  à  faire  mettre  en  liberté  Antoine  Moissy, 
Claude  Frenet,  Martin  d'Esparnay  et  Antoine  Boucher, 
habitants  delà  ville  de  Meaux,  «lesquels  furenl  dès  lors 
convaincuz  d"eslre  coulpables  de  la  rupture  des  images, 
eteondapnnez  à  la  peyne  des  gallères,  ebose  ijiii  ne  tul 
exécutée;  car  sont  toujours  depuis  démolirez  es  prisons 
de  ladicte  ville,  qui  peut  tenir  lieu  de  parlye  de  la  peyne 
qu'ilz  eussent  souffert  èsdictes  gallèresn.  En  terminant  il 
11 1  orde  un  pardon  général  à  tous  ceux  coupables  de  sem- 
blable cas,  et  il  ordonne  à  M.  de  Boisy  de  les  faire 
mettre  en  liberté.  (Bibl.  nat.  fonds  français,   n'  30?i5g, 

•  Il  avait  eu  une  querelle  avec  le  duc  1b1  Guise  ;"i 
camp  d'Amiens  et  pour  ce  fait  avait  été  mis  à  la  Bastille. 
Vvec  une  nombreuse  suite  il  venait  pour  se  joindre  au 
prince  de  Condé  et  gagner  Orléans;  mais  surpris  dans 
une  auberge  de  Ramerupt  par  Bussy  d'Amboise,  il  se  dé- 
fendit, fut  grièvement  blessé  et  porté  en  litière  à  Un- 
ions, où  il  mourut  peu  de  jours  après.  (  De  Thou,  Ihsl. 
unk.  trad.  t.  IV,  p.  27,'i.) 


A38 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


sans  suspicion  pour  quelques  querelles  parti- 
cuHières  qu'il  peull  avoir  et  qu'il  n'est  pas  rai- 
sonnable qu'il  passe  oultre  que  l'on  ne  saiche 
où  il  veull  aller,  je  vous  prie,  s'il  s'adressoit  là 
où  vous  estes,  luy  dire  doulcement  que  vous 
avez  charge  ne  laisser  passer  personne  sans 
congé  du  Roy  monsieur  mou  filz  et  faire  en 
sorte  qu'il  demoure  là  sans  le  laisser  ^enir,  ne 
passer  plus  avant  que  vous  n'ayez  sur  ce  autre 
commandement.  Pryant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  donner  ce  que  plus  désirez.  Du  boys  de 
Vincennes.le  xxiir5  jour  de  novembre  1 56a. 

La  byen  vostre, 

Catebine. 


1 562.  —  26  novembre. 

Copie.  Record  office,  State  papcrs ,  France,  toi.  XXVI. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  GUISE. 

Mon  cousin  l'ambassadeur  d'Angleterre1, 
Madame  ma  bonne  seur  dict  que  le  seigneur 
de  Throkmorton"2  qui  est  au    camp  de  mon 

1  Sir  Thomas  Smith. 

2  11  nous  semble  utile  de  placer  ici  l'extrait  d'une 
lettre  de  Tlirockmorton  à  Smith,  qui  l'avait  prié  de  lui 
indiquer  les  moyens  d'arriver  à  une  pacification  :  «Je 
vous  diray  que  depuis  le  temps  que  je  suis  en  ceste  com- 
paignie,  qui  a  esté  assez  long,  pour  avoir  souvent  moyen 
et  loisir  d'en  parler  à  Monsieur  le  Prince,  voyant  ces 
inaulx  et  troubles  tous  les  jours  non  seulement  continuer, 
mais  augmenter,  je  suis  entré  en  ce  propos  avec  luy  du 
moyen  d'y  remédier;  à  quoy  je  ne  l'ay  trouvé  jamais 
sinon  bien  disposé  el  prest  à  entendre  à  toute  pacifica- 
tion sure  et  raisonable;  qui  m'a  (ail  plus  esbahir,  vu  ce 
qui  est  contenu  en  vostre  lettre  que  vous  trouvez  ceulx  de 
deçà  fort  enclins  à  un;;  accord  raisonable,  comme  on  a 
tanct  attendu  à  le  faire,  et  comme  y  eslans  les  cœurs  ainsi 
disposés  d'une  part  et  d'autre,  ceulx  à  qui  la  désolation  de 
ce  royaume  touche  de  si  près  laissant  tant  gaigner  ce  mal 
p|  prendre  racine  si  avant.  Après  la  réception  de  vostre 
lettre,  j'en  suis  entré  encore  plus  avant  en  ce  propos  avec 
ledict  seigneur  Prince  que  je  n'avois  faict,  mais  je  vous 
puis  asseurer  que,  depuis  la  nouvelle  de  la  mort  du  roy 
de  Navarre,  je  le  troine  si  disposé  à  remettre  ce  royaume 


cousin  le  prince  de  Condé  a  ung  coffre  à  luv 
où  il  y  a  chose  d'importance  dont  ledict  ambas- 
sadeur a  affaire  et  désire  pour  ceste  cause  le 
recouvrer  et  faire  amener  seurement  à  Paris, 
dont  je  luy  ay  dict  qu'il  ne  pouvoit  avoir  plus 

en  repos,  et  si  éloigné  d'user  de  force  et  de  violence  qu'il 
diffère  d'emploier  les  forces  qu'il  a;  et  encores  qu'il  soit 
provoqué,  autant  qu'il  est  possible,  par  ceulx  qui  sont  de- 
dans Corbeil,  lesquelz  ont  refusé  ouïr  aucune  chose  de  sa 
part,  ils'ahstientd'user  d'hostilités  contreeulx,  et  m'a  dit 
que,  puisque  Dieu  l'avait  appelé  au  rang  et  degré  qu'il 
tient  à  présent,  qu'il  lui  falloit  aussitost  postposer  toutes 
choses  au  public,  et.  qu'il  se  sentirait  à  jamais  coupable 
devant  Dieu  et  les  hommes  s'il  ne  se  melloit  en  tout 
debvoir  de  faire  cesser  ces  troubles  et  calamités,  ne  pré- 
tendant employer  le  lieu  qui  lui  appartient  en  autre 
chose,  sinon  à  la  conservation  de  ce  royaume  ;  que  s'il 
plaisoit  à  la  Iieyne  s'y  emploier  selon  la  puissance  qu'elle 
en  a,  toutes  choses  seraient  bienlost  réduites  et  en  bon 
eslat,  et  quant  à  l'autorité  de  ladicle  dame,'  tant  s'en 
fault  qu'il  prétende  lui  en  rien  diminuer,  que  plustôt  il 
désire  l'augmenter  avec  ung  commandement  plus  grand 
et  plus  asseuré  qu'elle  n'a  eu  du  temps  du  feu  roy  de  Na- 
varre son  frère,  et  qu'elle  srait  bien  à  sa  conscience  que 
ce  qu'il  a  faict  n'a  esté  que  pour  le  regard  de  son  service 
et  pour  la  conservation  de  son  autorité,  et  n'a  esté  par  lu;/ 
entrepris  que  par  son  commandement;  et  pour  vous  dire 
au  vray  ce  que  j'en  pense  et  ay  cogneu  jusques  icy,  je  ne 
me  suis  trouvé  jamais  en  compaignie  plus  affectionnée  à 
Sa  Majesté  que  est  cesle-cy,  de  sorle  que  je  crois  asseu- 
rément  qu'elle  n'est  en  autre  lieu  de  ce  royaume  plus 
aimée  et  honorée;  ainsi  que,  s'il  plaisoit  à  Sa  Majesté  me 
donner  moyen,  je  lui  pourrais  faire  cognoistre  cl  entendre 
plusieurs  autres  particularités  concernant  le  bien  de  ses 
affaires  et  celui  de  ce  royaume,  dont,  je  m'asseure,  elle 
recevrait  contentement.  Au  reste,  je  vous  prie,  Monsieur 
l'ambassadeur,  obtenir  de  Sa  Majesté  que  j'aye  ung  pas- 
seport pour  m'en  retourner  voir  la  royne  ma  maistresse, 
où  j'auray  plus  de  moyen  de  faire  quelques  bons  offices 
pour  l'effect  d'une  paix  que  je  n'ay  icy,  et  en  quoy  je  me 
voudrais  emptoier  de  meilleur  cœur  et  plus  sincèrement 
qu'aucuns  n'estiment.  Je  vous  prie  aussi  d'obtenir  ung 
passeport  de  ladicte  Dame  à  ce  que  je  puisse  seurement 
vous  envoier  et  délivrer  la  vaisselle  de  la  Royne  ma  mais- 
tresse  qu'elle  m'a  commandé  vous  bailler. 

rD'Essone,  ce  xxu  novembre   l 56a.»  (Record  office, 
State  papers,  Franco,  vol.  XXVI.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


Û39 


seur  moyen  que  de  faire  accompaigner  d  ung 

trompette  celuy  qu'il  vouldra   envoyer,  vous 

priant,  mon  cousin,  lui  en  bailler  ung  pour 

cest  effet  et  luy  donner  en  cela  toute  la  seureté 

dont  il  aura besoing;  priant  Dieu, mon  cousin, 

vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Du  boys  de  \inceunes,  le  wvi'  jour  de  no- 

v<  mbre  1  5Ga. 

Caterine. 


1562.  —  27  novembre. 

Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n"  306S9,   f°  k"r 

A  MON  COUSIN  LE  SIEUR  DE  BOISY, 


CHiND  ESCl'ÏElt   DE    PBA1ICB. 


Mon  cousin,  m'aiant  Jehan  Doublet,  or- 
pbèvre  du  Roy  monsieur  mon  filz,  faict  en- 
tendre que  pendant  les  troubles  survenuz  en 
la  \ille  de  Paris,  il  se  serait  avec  sa  femme  et 
enffens  retiré  en  la  ville  de  Meaulx  et.  pour  ce 
que  à  préseul  il  a  esté  mis  garnison  en  ladicte 
ville,  il  crainct  d'estre  par  eulv  molesté  et  tra- 
vaillé; à  ceste  cause  je  vous  ay  bien  voulu  es- 
cripre  la  présente  et  [nier,  mon  cousin,  eu 
considération  de  ce  qu'il  est  officier  domes- 
ticque  du  Roy  mondict  sieur  et  lîlz,  vouloir 
tenir  la  main  qu'il  ne  luy  soil,  ue  à  sadicte 
femme  et  enffens,  meffaict  uy  mesdict  eu  leurs 
personnes  et  biens  et  faire  en  sorte  que,  pour 
l'amour  de  moy,  il  leur  soit  l'ait  le  plus  doulx 
etgratieulx  traictément  qu'il  sera  possible,  et, 
ce  faisant,  vous  me  ferez  plaisir  bien  agréable. 
Priant  le  Créateur,  mou  cousin,  qu'il  vous  ail 
en  sa  saincte  garde.  Escript  au  boys  de  Vyn- 
cennes,  ce  xxvne  jour  de  novembre  i562. 
La  byen  vostre, 

Caterink. 


I  Mil'.  —  Décembre  i 

Aut.  Arch.  de  Turin. 
A  MON  FRÈRE 

MONSIEUR   LE  DUC  DE  SAVOIE. 

Mon  frère,  le  Roy  mon  lils  vous  renvoy  le 
sieur  de  Parele  voyenl  set  que  avés  acordé 
aveques  le  sieur  de  Bourdillon  '  ;  de  quoj  yi  a 
aysté  tort  ayse  el  conet  tou  lé  jour  daventage 
l'amour  et  afeclion  que  luy  portés,  laqueleje 
vousaseure  qui  reconeslen  toultes  lé  chauses 
qui  \ous  loueberon  et  qu'il  pouré  et,  pour  se 
qu'il  a  donné  cherge  à  set  pourteur  de  vous 
dyre  byen  au  long  de  ses  novelles  el  moy 
ausi,  je  ne  vous  l'ayré  la  présante  longue  el 
vous  suplyré  souleinent  panser  lé  cbause  en 
quoy  je  vous  pourès  fayre  coneslre  l'amour 
que  je  vous  porte  et  l'aublygaslyon  en  quoy  je 
me  sant  redevable  enver  vous  de  l'amour  que 
me  portés  et  de  la  volante  en  laquele  je  \ous 
voy  \er  le  Roy  mon  l'y  Is;  car  je  ne  seré  jeamès 
à  mon  ayse  que  je  n'aye  fayst  quelque  cbause 
de  bon  pour  vous;  et  en  setpendenl  vous  priré 
panser  que,  après  Madame,  n'y  é  personne 
qui  vous  ayme  plulx  ny  désire  plulx  votre 
grendeur  et  contentement  que  fayst 
Votre  bonne  seur. 

Caterine. 

1 562.  —  Décembre. 

Minute.  BiU.  nat.  fonds  français,  □    15S77,  fJ  a3i. 

A  AIKSSU  l  i;s 

LES  DUCS  DE  GUISE,  DE  MONTMORENCY, 

CONltBSTiBLB  DE  FIUXCK  , 
ET  LE  SIEUR  DE  SAINT-ARDRÉ,   HARESCHAL. 

\ie>  cousins,  je  receuz  hier  deux  dépesches 

1   Voy.  une  lettre  de  la  duchesse  de  Sasuie  (Margue- 
rite de  France)  à  .M.  de  Uoniior  pour  la  restitution  des 
villes  du  Piémont.  (JiiM.  nat,  Cinq  cents  CouVrl,  d 
f9o.) 


4A0  LETTRES  DE  CATH 

du  sieur  de  Bouidillon  ;  l'une  du  xxviiic  du 
passé,  par  laquelle  il  m'envoye  quelques  ar- 
ticles que  luy  et  l'évesque  d'Orléans  ont  ac- 
cordez entre  ceulx  de  Piagella  et  Vaucluson  et 
les  Briariçonnoys ,  pour  les  l'aire  vivre  en  paix 
il  en  repoz  et  oster  les  querelles,  guerres  et 
inimitiez  qui  sont  entre  euh1,  le  tout  soubz  le 
bon  plaisir  du  Roy  monsieur  mon  filz,  les- 
quelles je  vous  ay  bien  voulu  envoyer  et  à 
\mis  principalement,  mon  cousin  le  duc  de 
Guyse,  qui  en  estes  gouverneur,  affin  de  avoir 
sur  ce  l'adviz  de  vous  tous,  pour  sçavoir  ce 
que  j'en  doibz  faire  et  la  responce  que  je  leur 
envoyray.  Vous  verez  par  l'aullre  dépesche 
du  u"  de  ce  moys  comme  il  faisoit  partir  lmict 
compaignies  pour  s'aller  joindre  à  mon  cou- 
sin Monsieur  de  Nemours;  de  quoy  je  suys 
bien  a\  se ,  car  ce  luy  sera  ung  beau  et  bon  ren- 
fort de  bons  hommes,  avec  lesquelz  il  pourra 
faire  quelque  chose  de  bon.  Quant  au  démou- 
lant de  mes  nouvelles,  je  ne  vous  en  puys  dire 
aultre  chose,  n'estant  riens  survenu  depuys 
vostre  partement,  que  ce  que  vous  a  esté  en- 
O]]  é  de  la  responce  du  prince  de  Coudé,  vous 

1  La  lettre  de  do  Bnurdillon  à  Charles  IX,  à  laquelle 
celle-ci  repond,  se  trouve  dans  le  n°  16877  du  fonds 
français,  p.  4 1 5  :  cite  est  datée  du  26  novembre 
1  5Ca ,  et  voici  les  détails  qu'elle  donne  sur  les  démêlés 
que  signale  la  Reine  :  tr  Depuis  les  troubles  de  vostre 
royaulme,  les  habitante  du  Briançonnoys  et  de  Piagella  se 
sont  levez  un  armes  et  couru  sus  les  ungsaux  autres  avec 
loute  forme  d'tioslitlilé ,  où  ilz  sesontfaict  réciproquement 
inliniz  niaidx  et  dommaiges  d'un  coslé  et  d'autre;  ce  qui 
n'euzl  peu  guères  continuer  que  la  tolalle  ruyne  et  désol- 
lation  desdietz  pays  et  subjeetz  n'y  feust  ensuyvi ,  dont  aussi 
viiz  subjeetz  circonvùisins  et  autres  qui  souloient  fréquen- 
ter et  Irafficquer  èsdict  pays  ont  receu  beaucoup  de  perte 
el  d'incommodité;  car  au  moyen  des  prinses  et  destrous- 
sements  c|ui  s'y  faisoient,  nul  n'y  ausoyt  plus  aller  ny 
passer,  de  sorte  que  tout  commerce  et  traflic  y  estoit 
cessé;  vos  droiclz  davantaige  se  perdoient.n  A  la  suite  de 
cet  exposé,  Bouidillon  envoie  les  articles  de  l'accord  qu'il 
a  obtenu ,  grâce  à  l'intervention  de  l'évèque  d'Orléans. 


ERINE  DE  MÉD1GIS. 

priant  pour  la  fin  me  faire  le  plus  souvent 
que  vous  pourrez  entendre  de  voz  nouvelles , 
comme  je  vous  feray  des  miennes.  Et  je  priera  y 
Dieu,  mes  cousins,  vous  avoir  en  sa  saincte 
etdigne  garde.  Du  boys  de  Vincennçs,  ce  ...  . 
jour  de  décembre   1662. 


1 562.  —  3  décembre. 

Orig.  Arch.  de  Turin. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  D'AUMALLE. 

Mon  cousin,  vous  verrez  les  advis  que  nous 
avons  d'Allemagne  et  considérerez  le  terme 
que  avez  pour  vous  acheminer  sur  la  frontière , 
eslans  au  demourant  bien  fort  conta ntz  du  bon 
ordre  que  avez  commancé  à  donner  pour  pour- 
voir aux  passages,  que  sera  le  plus  grand 
service  que  pourrez  jamais  fere  au  Rov 
monsieur  mon  filz  que  celuy-là,  qui  prierav 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  garde. 
De  Paris,  le  troisième  décembre  i5G2. 

(De  sa  main.)  Mon  cousin,  vous  voyrés  ce 
que  le  Roy  vous  envoyé  des  avys  qu'il  a  eu  deu 
conte  d'Arenberque;  je  vous  prie,  encore  qui 
n'en  soyt  besouyng,  de  le  vous  ramentevoyr  el 
de  fayre  cet  que  pourés,  afin  qu'i  nenousvye- 
gnet  menger  notre  pèys.  J'é  ayscript  à  Mon- 
sieur de  Savoye  pour  vous  envoyer  les  miles 
cbevaulx  qu'i  nous  envoyest  et  fayré  byen  de 
luy  mender  que  vous  l'ay  escript,et  lé  lieulx, 
eu1  volés  qu'i  vous  allet  trover,  car  j'é  peur  que 
notre  couryer  souit  prins,et  afin  qui  voyeque 
c'et  l'yntansion  du  Roy  mon  fils,  envoyé  li  la 
présante.  Mendé  nous  de  vos  novelles  et  de 
celés  de  nos  mauves  voysins  pour  voyr  s'il  é 
vray  qui  souynt  sy  près.  Quant  à  nous,  mon  fils 
ayst  à  Nemours  et  atant  les  Gascons  et  yncon- 

'  Eu,  ou. 


LETTRES  DE  CATB 

tinent  après  j'espère  qu  i  guardera  nosennemys 
d'aler  si  louyn  au  devenl  leur  reystre.  Dieu 
nous  en  douvnt  la  viclouyre  et  veulle  guarder 
mon  fils  el  Loutle  si  compagnye. 
\  otre  bonne  cousine . 

<  .A  i  i:lUN  !.. 


17)62.  —  5  déceiu 

I    uq  cents  Coïbert  r  n*  3go ,  f"  1 1 1  el  suiv.  Imprime1 

'. 

A  MA  SOBDB 

MADAME  LA  i)l  CIIKSSE 

MU  URIÈBE   DE  LORRAINE    . 

Ma  seur,  j'ai  ieceu  voz  lettres  el  veu  com- 
ment mius  en  allez  au  couronnement  du  roy 
de  Bohesme2,  et  l'occasion  pourquoy  n'avez 
menée  nostre  fille,  que  je  ne  puys  que  trou- 
ver bonne,  m'asseurant  que  vous  lavez  faiet 
avec  si  lionne  considération,  qu'il  est  niieulx 
que  si  l'aviez  menée,  et  ay  espérance  que 
vostre  voyaige  nous  servira  en  ce  royaulme, 
m'asseurant  que  là  où  v  ou»  trouverez  que  pour 
Paliance  qui  est  entre  nous  et  l'amitié  que  me 
portez,  que  où  l'on  parlera  de  ces  troubles  et 
de  la  façon  «pie  ceulx  qui  ont  mis  les  Angloys 
dans  ce  royaulme  veullenl  dire  qu'ilz  ont  faicl 
ce  qu'ilz. ont  laid,  que  me  ferez  ce  bien  d'en 
respondre  comme  je  vouldroys  faire  pour  vous, 
non  pour  nie  jusliffier,  pour  ne  penser  le  de- 
voir faire,  ny  e'slre  tenue  que  devant  Dieu, 
mais  pour  le  regret  que  jauroys  que  l'Empe- 
reur  et  tant  de  princes  chreslnii-.  à  qui  ilz 
oui  voullu  imprimer  le  contraire  de  ma  vo- 
lonté, émissent  que  je  leur  eusse  commandé 

prendre  les  aimes  pour  ruiner  ce  royaulme. 

:  Christine  île  Danemark,  duchesse  douairière  de 
Lorraine,  morte  le  y  décembre  l5oo. 

-  Maximilien,  roi  de  Bohême,  qui  fut  élu  roi  des  Ro- 
mains le  2 h  décembre  suivant  et  qui.  à  la  mort  de  Fer- 
dinand,  devint   empereur. 

Catherine  du  Médicis.  - 


ERINE  DE  MÉDICIS.  441 

de  qui  j'a\  receu  tanl  d'honneur,  el  de  qui 
j"a\  tant  aune  cl  honoré  les  Boys,  à  quij'aj 
tanl  d'obligation  el  de  qui  mes  ennansen  sonl 
demeurez  encores  Roys.  Pour  ceste  occasion , 
je  mois  supplye  que.  mois  trouvanl  avec  l'Em- 
pereur el  Ro\  son  lils  el  les  aultres  prince 
que,  en  venaul  à  propoz  de  ce  que  Spifame 

leur  a  dicl  de  la  pari  du  prince  de  (iondé,  el 
des  lèches  de  quo\  ilz  se  veullenl  ayder  pour 
se  jusliffier  de  ce  qu'il  a  pris  les  armes,  leur 
duc  si  j'av  escript  audict  prince,  lu\  estant  en 
ceste  ville,  alors  que  je  mimas  que  le  rn\  de 
Navarre  et  aultres  seigneurs  )  estoienl  venuz 
avec  grande  compagnie  et  contre  ma  volunté, 
allin  que  voyant  que  des  deux  costez  les  armes 
se  renforçoyent,  el  qu'ilz  s'y  opiniastroient  de 
ne  sortir  de  reste  ville  de  Paris,  et  luy  me 
mandant  qu'il  ne  demeuroit  en  ceste  ville  que 
pour  empescher  les  entreprinses  que  l'on  \oul- 
loit  faire  contre  mo\  el  mes  enffans  pour  les 
m'oster,  je  luy  escripviz  des  lettres1,  où  je  le 
mercioys  et  mectoys  peine  de  le  contanler, 
allin  de  ne  me  trouver  habandonnée  de  huis. 
voyant  que  les  aultres  n'avoient  voullu  obéyr 
à  chose  que  je  leur  eusse  mandée;  uéau- 
moings  ce  contanlementen  quoj  je  i  ayvoulleu 
retenir,  c'estoit  lousjours  en  luy  mandant  (ju  il 
sortist  de  Paris,  et  qu'il  en  feist  sortir  les  es- 
trangiers,  suivant  la  promesse  qu'il  m'avoyf 
faicle  quant  il  vint  prendre  congé  du  l!o\  mon 
lilz  pour  s'en  aller  chez  luy,  nous  estans  à 
Mouceaulx.  et  que  je  luy  priay  de  se  désac- 
compaigner  el  nous  venir  trouver  avec  sou 
train:  ce  que  s'il  ne  le  faisoyt,  qu'il  seroyt 
cause  de  l'aire  armer  les  aultres  et  mectre  un;; 
grand  trouble  en  ce  royaulme,  et  qu  il  eus! 
pilié  de  mes  enffans,  de  moj  et  du  royaulme. 
Et  me respondant  qu'il  \  iroitdeson  honneur, 
s'il  sortoyl  le  premier,  je  luy  escripviz  de  ma 

1    Voy.  les  lettres  auxquelles  elle  fail  allusion,  p.  281. 


U'rl 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


main,  ce  qu'il  n'a  pas  monstre,  que  celluy  qui 
obe'yi'oit  le  premier  seroyt  celluy  qui  aurait 
plus  d'honneur;  et  lui  envoyé  mon  maistre 
d'iioslel  Sarlan1,  lequel  feist  tant  qu'il  le  feist 
sortir  de  Paris.  Et  estant  sorty,  il  m'envoya 
Bouchavannes  son  lieutenant,  par  lequel  il 
me  manda  comme  il  m'avoil  obéy  et  qu'il  es- 
loi  t  sorty  et  qu'il  me  prioit,  puysqu'il  avoit 
obéy,  que  je  ne  trouvasse  mauvais  s'il  s'en 
aiioit  avec  ces  trouppes  chez  luy  à  la  Ferté, 
et  qu'iiz  y  demeurassent  avec  luy  ;  car  il 
avoit  entendu  que  l'on  le  voulloit  l'aire  prendre 
el  in'osler  mes  enffans,  et  qu'il  seroyt  là  pour 
se  garder  et  pour  servir  au  Roy  mon  filz  et  à 
moy.  Voyant  cela,  et  que  le  roy  de  Navarre 
ne  bougeoit  de  Paris,  et  qu'il  faisoyt  de  tous 
coslez  assembler  gens  de  guerre,  je  luy  es- 
cripviz  que  je  ne  trouvoys  poincl  mauvais 
qu'il  ne  bougeast  de  chez  luy  avec  les  armes, 
jusques  à  ce  qu'il  visl  que  les  advertissemens 
qu'il  me  mandoyt  ne  feussent  véritables;  ne 
pouvant,  ce  me  sembloyt,  devoir  reffuser  à 
ung  prince  du  sang  de  se  garder,  veu  qu'il 
disoyt  que  l'on  le  voulloyt  l'aire  mourir.  Et  le 
lendemain  le  roy  de  Navarre  partit  de  Paris, 
et  vint  avec  tous  ces  seigneurs  et  grande  com- 
pagnie trouver  le  Roy  mon  fdz  à  Fontaine- 
bleau, où  eslans  arrivez,  je  dépeschay  mon 
maistre  d'hoslel  Sarlan  vers  le  prince  de  Condé, 
I  uy  mandant  que ,  suivant  la  promesse  que  Bou- 
chavannes m'avoit  faicte  de  sa  part  de  se  dé- 
sarmer inconlinanl  que  luy  manderais,  que 
je  luy  pryroys  qu'il  eust  incontinanl  à  se  dé- 
sarmer, d'aullant  que  je  luy  asseuroys  que  les 
advertissemens  qu'il  avoit  euz  estoient  faulx, 
el  que  j'estoys  en  seureté  de  toutes  choses, 
et  de  luy  qu'il  pouvoit  estre  asseuré  que  nul 
lui  voulloit  mal  ny  mal  faire;  et  s'il  ne  se  dé- 

'  Antoine  do  Sériai)  qui  devint  premier  maître  de  l'hô- 
tel de  la  Heine  en  îîi^i.  —  Voy.  l'état  de  la  maison  de 
Catherine  de  Médicis,  fonds  français,  n"  785/1,  f°  a5. 


sarmoyt,  qu'il  serait  cause  que  ces  aultres  sei- 
gneurs demeureraient  armez,  et  de  mectre  ung 
grand  trouble  en  ce  royaulme;  quoy  voyant 
et  qu'il  ne  m'obéyst,  que  je  seray  contraincle 
de  me  mectre  contre  luy;  que  je  luy  pryé  qu'il 
ne  m'en  donnast  occasion. 

Sur  cela  il  alla  prendre  Orléans;  quoy 
voyant,  je  feiz  armer  le  Roy  mon  filz,  car 
voyant  qu'il  s'estoit  voullu  ayder  de  mon  nom 
et  amitié,  faigoant  que  ce  qu'il  faisoyt  au 
commancement  n'estoit  que  pour  se  garder, 
el  que  inconlinanl  il  ferait  ce  que  je  luy  man- 
deroys.  Et  quant  il  se  veist  fort,  il  ne  m'obéisl 
plus,  mais  a  voullu  faire  croire  le  contraire 
de  ce  que  tousjours  je  luy  ay  mandé  et  es- 
cript,  ne  monstrant  que  des  lectres  qui  ne 
portoient  que  toutes  parolles  pour  le  contenir, 
et  ne  disant  la  créance  ny  la  fin  de  beaucoup 
de  lectres  que  je  luy  ay  escriptes,  par  les- 
quelles il  appert  évidemment  que  n'ay  ja- 
mais voullu  qu'il  s'armast.  Cela  m'a  faicl  grand 
desplaisir,  et  plus  tost  en  eusse  respondu  avec 
vérité,  mais  je  ne  le  voullois  désespérer  de 
ma  bonne  grâce,  pour  tousjours  essayer  de 
le  retirer,  et  paciffier  ces  troubles.  Dieu 
mercy,  nous  sommes  en  termes  de  faire  une 
paix.  Et  encoresque  cecy  le  puisse  quelque  peu 
aigrir  de  veoir  que  je  diz  la  vérité,  et  que  l'on 
cognoistra  que  les  armes  sont  en  ce  royaulme 
maulgré  moy,  si  m'a  il  semblé  que,  estanl  par 
delà  el  voslre  filz,  que  je  ne  puys  plus  me  taire 
de  taire  cognoistre  la  vérité,  que  cela  ne  préju- 
diciasl  grandement  à  ma  réputation;  m'asseu- 
rant  que  ne  le  pourroys  faire  entendre  par 
personne  qui  le  face  plus  doulcement,  et  qui 
désire  plus  mon  contanlemenl  ;  qui  me  faicl 
vous  supplyer  de  prendre  ceste  peine,  s'il  vient 
à  propoz,  comme  desjà  je  le  vous  ay  dict,  de 
leur  en  dire  ce  que  je  vous  en  mande,  vous 
asseurant  que  c'est  la  pure  vérité;  et  vous 
supplye  m'excuser  si  je  vous  donne  ceste  peine 


LETTRES  DE  CATH 

de  lire  une  si  longue  el  fascheuse  lettre.  Et 
en  récompense  si  je  nous  puys  faire  quelque 
plaisir  ou  service,  vous  ne  trouverez  jamais 
personne  plus  à  vostre  commandement  (jue 
moy. 

De  Paris,  le  ve  décembre  1 5G2  '. 

Catebine. 


1502.  —  7  décembre. 

Orig.  Bibl.  nat.  fouils  Français,  n"  3i3g,  F  tu. 

\  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  MVERNOIS, 

l'Ain  m:  FRANCE. 

Mon  cousin,  je  ne  puis  rien  adjouster  à  la 
lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  vous 
escript,  si  n'est  de  vous  prier  bien  fort  que, 
mettant  par  vous  en  considération  l'importance 
dont  elle  est,  vous  y  veuillez  user  de  toute  la 
diligence  requise  et  nécessaire;  priant  en  cest 
endroict  le  Créateur  vous  avoir,  mon  cousin, 
en  sa  saincte  el  digne  guarde.  De  Paris,  le 
ur  jour  de  décembre  1 56a. 

(Z)«  sa  main.)  Mon  cousin,  yl    vous  fan  II 

1  Voici  la  répODse  de  la  duchesse  de  Lorraine  :  «Ma- 
dame ,  estant  sur  mon  relour  d'Alemaine ,  je  receus  ungne 
lestre  de  Y.  M.  par  laquelle  icelle  me  commandoit  que 
j'euse  à  faire  l'once,  de  sa  part,  tel  que  reqaéroit sadicte 
lestre  el  à  l'eiidroyt  de  La  Majesté  de  l'Empereur  el  du 
roy  des  Romains,  et  suis  ayté  fort  marie  que,  pour  estre 
venue  si  tart  vostre  lestre,  je  ne  pouvois  en  personne 
faire  l'otîce  requis;  néanmoins,  pour  ne  l'allir  à  ceste  oca- 
sion  à  mon  devoir,  je  dépeschis  ung  mien  confident  el 
conseiller  aucunement  serviteur  de  L'Empereur  vers  Leurs 
Majestés  aveques  nies  leslres  ensuivant  vostre  désir;  le- 
quel aytant  de  retour  m'a  raporté  par  lestre  comment 
Leurs  Majestés  ont  eu  fort  agréable  se  que  leur  ay  mandé 
de  vostre  part,  non  pour  en  avoir  quelque  doute,  mais 
pour  l'aseurance  du  sujet;  lequel  conrespont  à  l'oupimoii 
qu'il  ont  lousjour  eu  de  vostre  vertu  et  prudence,  laquelle 
bonne  oupioton  l'Empereur  a  confirmé  avant  l'arrivée  de 
mes  leslres  par  la  response  l'aile  à  Spil'ame  à  Franqueforl , 
laquelle  Vostre  Majesté  sait  miculx  que  moy.  i  (Aut. 
Bilil.  nat.  fonds  français,  n°  66o(>,  P  ■_>:!.) 


ERINE  DE  M  É  1)1  CI  S.  443 

lialler  de  alcr  trover  Mesieus  de  Guise  et  Co- 
lumlie,  m'aseurant  que  pour  le  servise  du  Rov 
vous  aceorderé  tous  ensemble,  ce  que  vous 
prie  bien  fort 

\ ostre  lionne  cousine, 

Catebine. 


1502.  —  i  a  décembre. 

Orijj.  Bibl.  nat,  fomis  français,  n°  (ifiuri .  p.  1 10. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  Francisco  de  Léon 
Castillo,  espagnol,  m'a  faict  supplier  et  requé- 
rir pour  le  désir  qu'il  a  d'estre  au  service  <ln 
Roy  catholicque  ou  en  celluy  de  la  Royne  sa 
femme,  ma  (ille,  et  estre  emploie  en  tel  estai 
en  l'une  de  leurs  maisons  qu'il  leur  plaira, 
d'en  escripre  à  la  Royne  madicte  fille,  comme 
je  feys  présentement,  et  à  vous  pour  leur  en 
faire  la  prière  et  requeste  de  ma  part.  A  reste 
cause,  Monsieur  de  Lymoges,  je  vous  pryede 
leur  en  parler  el  recommander  de  bonne  affec- 
tion ledict  Francisco,  faisant  en  cest  endroit 
pour  luy  (oui  ce  que  vous  pourrez,  de  ma- 
nière qu'il  cognoisse  que  ce  que  j'en  auray 
escript  en  sa  faveur  ne  luy  aura  esté  inulille. 
El  ce  faisant,  vous  mêlerez  plaisir  1res  agréable. 
Priant  le  Créateur,  Monsieur  de  Lymoges, 
qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  garde.  Escript  à 
S'-Germain-en-Laye,  ce  xne  jour  de  décem- 
bre i56a. 

Catebine. 
Fi  s  es. 


1 562.  —  i  a  décembre. 

Oiij;.  Bibl,  nat.  fonds  français,  n''  /iG3a ,  f"  107. 

A  MONSIEUR  DE  TAVAWES, 

LIEUTENANT    CENUIIAL    DU    ROY    US    SON   GOUVERNEMENT   DE    HOURCOCHU. 

Monsieur   de   Tavanes,  d'autant   qu'il    n'a 
poinct  esté  eucores  prins  de  résolution  sur  les 

56. 


hkU 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


articles  que  avez  cy-devant  envoyez  pour  l'en- 
trete'neinent  des  gens  de  guerre,  lesquelz  sont 
pardevers  mon  cousin  le  duc  d'Aumalle;  ce 
quej'ay  remis  après  quej'auray  eu  sur  ce  son 
advis  que  je  luv  av  mandé  m'envoyer,  et  aussi 
comme  il  trouvera  bon  que  l'on  lire  si  grande 
quantité  d'artillerye  et  munitions  de  son  gou- 
vernement, je  ne  respondray  pour  cestc  heure 
que  à  la  lettre  que  vous  m'avez  eseripte  du  vu0 
de  ce  mois  pour  le  regard  des  emprunctz  que 
vous  avez  ordonne'  estre  faictz  sur  aucuns  de 
la  ville  de  Mirebeau,  et  ayant  Considéré  le  con- 
tenu en  vostredicte  lettre,  et  qu'il  ne  seroit 
possible  rembourser  ce  que  avez  jà  despendu 
sans  lesdictz  emprunctz,  il  a  esté  trouvé  bon  au 
Conseil  du  Roy  monsieur  mon  filz  que  la 
levée  desdictz  emprunctz  se  face  et  des  autres 
que  vous  avez  aussi  coctisez1.  Au  moyen  de 
quoy  vous  ne  retarderez  aucunement  ce  que 
vous  en  aviez  commancé,  m'asseurant  que  le 
département  et  assiette  que  vous  en  avez  faicte 
a  esté  si  juste  et  esgalle  que  vous  n'avez  rien 
obmis  de  ce  qu'il  y  faull  garder  de  raison. 
Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Tavancs,  vous  don- 
ner ce  que  plus  désirez. 

Du  boys  de  Vincennes,  le  xn°  jour  de  dé- 


cembre i5Ga. 


Caterine. 


De  l'Aubespise. 


1562.  —  (Milieu  de  décembre.) 
Minute.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n*  15877,  f"  44i. 

A  MONSIEUR  DE  BOISTAILLÉ. 

Mons'  de  Boislaillé-,  je  n'adjousteray  riens 
à  la  lettre  que  le  Roy  monsieur  mon  (ilz  vous 
escript3  pour  estre  si  ample  qu'elle  est,  si  n'est 

1   Coctisez,  compris  dans  ie  rôle. 
:  Hurault,  sieur  de  Boislaillé,  ambassadeur  à  Venise. 
■   Vov.  celte  lettre  de  Charles  l\  dans  le  fonds  franc. 
n"  15877,  ^  '1'12  î  >'  s'y  '0He  ^u  secours  en  argent  qu'il 


pour  vous  dire  que  j'ay  beaucoup  travaillé 
pour  pouvoyr  estre  si  heureuse  de  remeclre  ce 
royaulme  en  paix  et  iuy  restituer  sa  première 
tranquilité,  et  encore  que  Dieu  n'aylpas  voulu 
jusques  icy  que' les  choses  se  soient  acomnio- 
dées,  sy  n'en  suys-je  pas  désespérée.  Quant  à 
ce  que  m'escrivez  de  vostre  fâict1,  asseurez-vous 
que  je  n'en  oys  jamais  parler  et  que  j'ay  trop 
bonne  opinion  de  vous  pour  en  prendre  aul- 
cune  maulvaise  impression  légèrement,  niais 
au  contraire  cognoissanl  le  service  que  vous 
faicles  au  Roy  monsieur  mon  lilz,  se  présentant 
l'occasion  de  le  recongnoistre,  je  le  feray  aiusv 
que  vous  pouvez  désirer. 

Priant  Dieu,  Monsieur  de  Boistaillé,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Du  boys  de  Vincennes,  ce  .  .  .  jour  de  dé- 
cembre 1  562. 

(1562.  —  Milieu  de  décembre.) 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3396,  f°  58. 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  j'é  reseu  vostre  letre  par  le 
mestre  d'aultel  Crené,  ay  veu  corne  Madame 
vostre  mère'2  vous  ayst  alay  veoyr,  et  encore 
que  je  l'euse  entendu  par  Monsieur  le  cardinal 
de  Guise,  je  ne  savès  pas  l'aucasion;  et  corne 
vous  dira  le  sieur  d'Oysel  présant  porteur,  yer 

a  reçu  des  Vénitiens,  et  donne  de  grands  détails  sur  la 
marche  de  l'armée  prolestante  et  sur  les  négociations  qui 
eurent  lieu  sans  succès  sous  les  murs  de  Paris.  —  Voy. 
une  lettre  aussi  de  Boislaillé  pour  le  prêt  fait  au  Roi  par 
les  Vénitiens.  (Bibl.  nal.  fonds  franc.  11°  10876,  f"  H8tt;  1 

1  Voici  à  ce  sujet  ce  que  lui  répond  Charles  IX  : 
sQuant  à  ce  que  vous  me  mandez  vous  avoir  esté  flict  de 
quelque  maulvaise  impression  qu'on  m'a  voullu  donner  en 
vous  du  coslé  de  Romme,  asseurez-vous  que  je  n'en  ay 
poinct  ouy  parler.))  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  15877, 
ptiUS.) 

-  Renée  de  Ferrare. 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


v.r, 


vl  i  annv  eu  quy  m'en  parlarel  el  à  leur  lan- 
guage  je  crov  <|ui  savet  byen  qu'ele  désiret 
Pacord1;  set  que  je  dis  que  ;m-i  fayrè-ge,  si  se 
pouvesl  fayre,  mes  je  ne  savès  cornent,  corne 
plus  au  longy]  vous  dira.  Je  croy  que  aurés  reseu 
ma  letre  par  le  jeune  Marchaumont2  qui  s'an 
naloyl  à  Paris  el  pour  se  ([ue  je  sel  corne  ie- 
dist  sieur  d'Oysel  vous  sara  rendre  bon  conle 
de  touttes  chauses,  je  nie  remet  ré  seur  luy  et 
pryré  Nostre-Signeur  vous  donner  set  que  dé- 
sirés. Je  suis  byen  ayse  que  ma  fille3  amende 
el  prie  Dieu  de  la  trover  ausi  sayne  que  la  désire 

Vostre  bonne  cousine. 

Ca.tep.ine. 


(1562.  —  Milieu  de  décembre.) 

Minute.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n'  i5aoç),  fJ  16. 

U    PRÉSIDENT  DU  FERRIER '. 

Monsieur   le    président,    ce    m'a   eslé  ung 

'  Elle  fail  allusion  aux  pourparlers  de  paix  qui  eurent 
lieu  alors.  Le  9  décembre,  Condé  écrivait  :  -Depuis  ma 
lettre  escriptej'ay  receu  des  nouvelles  qui  m'ont  lbrtdéses- 
péréde  l'espérance  quej'avoysde  la  paix,  ce  que  je  veulx 
vous  celer  pour  estre  telle  chose  de  grande  importance  : 
c'esl  quanl  la  Royne  vint  le  dernier  coup  au  inoliu  pour 
parachever  ce  qui  avoit  esté  le  jour  d'avant  accordé ,  M'  de 
Guyse  vint  trouver  la  Royne,  comme  elle  venoit,  lui  di- 
sant: «Madame,  si  je  pensois  (pie  \ous  voulussiez  accor- 
sdèr  el  tenir  les  articles  qui  vous  ont  eslé  présentés,  je 
n,  .  opposerais;. mais  je  veulx  croyre  que  le  faicles  en 
••bonne  intenlion  pouj-  séparer  leur  année;  qui  est  cause  j 
■•  que  je  vous  suppliéray  davant  ceste  compaignie  que  j'es-  j 
^time  gens  de  bien  et  qui  sont  de  vostre  conseil  qu'il 
r.  vous  plaise  nous  promectre  et  que  nous  vous  touchions 
■•à  la  main  que  ne  tiendrez  chose  que  leur  promectrez.-- 
\oilà  les  propos  qu'un  d'entr'eulx  a  dict  et  c'est  vérité 
que  la  Royne  [ne]  leur  l'eit  autre  responce  que  de  leur  tou- 
cher  à  la  main  et  les  asseurer  qu'elle  le  ferait  ;  qui  est  le  ! 
seul  nioien  qu'ilz  ont  trouvé  et  pensé  le  meilleur  pour  plus 
aisément  perdre  la  France.n  (Copie,  Bibl.  nat.  fonds 
franc,  n"  34io,  f°  75.) 

1  Pierre  Clausse,  seigneur  de  Marchaumont 

Marguerite  de  Valois,  alors  à  Amboise. 
'  Arnaud  du  Ferrier,  président  aux  enquêtes  du  Parle- 


grand  plaisir  d'entendre  l'arrivée  au  concilie 
de  mou  cousin  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine «'l  de  veoirque  sa  présence  donne  espé- 
rance à  ceulx  i|ui  voyent  cler  aux  affaires du- 
dict  concilie  d'en  faire  quelque  chose  de  bon 
el  utile  pour  le  repos  de  la  chrétienté;  qui  est 

ce  que  je  désire  le  plus  en  ce  ide  cl  qui 

esl  plus  nécessaire  pour  les  remèdes  de  noz 
maulx  comme  de  l'Estat,  desquelz  je  ne  vous 
diray  riens  par  ceste  lectre,  me  remeclant  à 
ce  que  vous  en  entendrez  de  mondict  cousin 
auquel  j'en  escripts  bien  amplement.  J'ay  com- 
mandé au  général  de  l'Espargne qu'il  von-  l'ace 
assigner  à  Venize  de  ce  qui  se  trouvera  vous 
estre  deu  de  reste  de  vos  contes  jusques  à  la 
fin  de  ceste  année,  ce  qu'il  m'a  dict  qu'il  fera  : 
mais  d'assigner  riens  sur  la  prochaine  il  ne 
peut,  parce  qu'il  sort  à  la  fin  du  moys  hors  de 
sa  «barge,  et  fauldra  que  ce  soyt  son  compa- 
gnon. Je  tiendrav  toujours  main  que  d'ung 
et  d'autre  vous  serez  bien  payez,  considérant 
que  vous  ne  pouvez  estre  au  lieu  où  si  cher 
et  si  incommode  sans  faire  grande  despense  ,■( 
estre  soigné  et  secouru  de  ce  que  vous  donne 

le  Roy  monsieur,  mon  tilz  pour  \ s  y  entre-1 

tenir. 


(1562.  —  Milieu  de  décembre.) 
Minute.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n°  i5iog,  i    1 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lansac,  je  vous  ay  faicl  une 
dépesche  du  xxvi0  octobre  pour  vous  donner 

ment  de  Toulouse,  l'un  des  ambassadeurs  de  Charles  IX 
auprès  du  concile;  il  devint  plus  tard  ambassadeur  à  Ve- 
nise—  Voy.  une  lettre  cli'  lui  à  la  Reine  (  fonds  fiançais, 
n'  15709,  f  1).  Au  Britisfa  Muséum  se  trouvent  plu- 
sieurs lettres  de  lui  à  l'évèque  de  Rennes,  datées  de 
Trente,  les  18  août,  1"  septembre  îôii'i  et  23 juin  1 563. 
(Collect.  Egerton.  Miscell.  Letters,  vol.  V.)  Le  n"  1073") 
du  fonds  français  et  le  n"  506  du  fonds  Colbert  renfer- 
ment toutes  ses  lettres  durant  son  ambassade  à  Venise. 


ItliG 


LETTRES  DE  CATH 


advis  de  la  prise  de  Rouen  et  de  la  dilligence 
que  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine faisoyt  de  se  rendre  à  Trente  au  concile, 
le  jour  de  l'assignation  de  la  dernière  cession 
qui  estoyt  au  m'  du  moys  de  novembre  et 
suivants,  et  depuis  par  la  dépesche  que  vous  1 
a  portée  le  sieur  de  Pibrac,  je  vous  ay  mandé 
quant  à  la  dispute  que  le  comte  de  Lune  vous 
prélendoit  faire  sur  la  précédence1,  que  vous 
vous  y  gouverneriez  par  l'advis  de  mondict  cou- 
sin et  par  la  résolution  que  vous  en  pren- 
driez avec  luy,  et  non  seullement  en  cela, 
mais  aussi  en  toutes  les  choses  et  occurrences 
qui  s'offriroienl  au  lieu  où  vous  estes  et  que 
vous  auriez  à  faire  pour  le  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  de  sorte,  Monsieur  de  Lan- 
sac .  que  je  pense  vous  avoir  satisfaict  quant  à 
ce  poinct.  Il  me  reste  à  ceste  heure  à  vous 
dire  que j'ay esté  merveiUeusement  ayse  d'en- 
tendre par  vostre  lectre  du  xxvin"  du  passé2 
l'arrivée  de  mondict  cousin  au  concilie  aussi 
honnorable  que  vous  me  mandez,  et  encores 
plus  que  vous  soyez  en  espérance  qu'il  prouffi- 
tera  grandement  à  le  rendre  fructueux,  car 
encores  que  telle  ayt  tousjours  esté  mon  oppi- 
uion  et  que  je  me  soys  beaucoup  promis  de 
son  \oyage,  si  m'est-ce  ung  plaisir  de  me  veoir 
confirmée  en  cela  par  ceulx  qui  sont  sur  le 
lieu  et  qui  y  doivent  veoir  cler  comme  vous. 
J'ay  faict  mectre  sa  harangue  en  François  et 
me  la  suis  faict  lire,  affin  d'en  entendre  le 
contenu  qui  est,  à  le  vous  dire  en  ung  mot, 
digne  encores  de  luy  et  de  sa  suffisance;  et  me 
semble  que  ce  que  le  président  du  Ferrier  y 

1  L'ambassadeur  d'Espagne  disputait  la  préséance  à 
I.ansac.  —  Voyez,  à  ce  sujet,  les  lettres  de  Lansac  à  M.  de 
L'Isle,  ambassadeur  à  Rome,  daDS  les  Instructions  et  actes 
concernant  le  concile  de   Trente,  p.  3ii   et 35a. 

\  oy.  une  lettre  de  Lansac  (28  novembre),  dans  les 
Instructions  et  actes  concernant  le  concile  de  Trente,  p.  3A3 , 
et  deThou,  Mut.  univ.  trad.  t.  IV,  p.  36G. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

|    a  adjousté  par  son  advis  à  esté  fort  à  propoz. 

!  Ce  qui  me  déplaist  est  que  tous  nos  prélatz 
françois  qui  ont  esté  ordonnez  et  mandez  pour 

,    se  trouver  audict  concilie  avec  mondict  cou- 

',  sin l  n'y  sont  arrivez.  Je  les  en  ay  faict  solliciter 
par  infinies  dépescbes  et  a  fallu  à  la  fin.  pour 
le  peu  de  compte  qu'ilz  ont  faict  d'y  satisfaire, 
que  le  Rov  monsieur  mon  filz  ayt  mandé  par 
tous  les  bailliages  que  l'on  saisisse  le  temporel 
des  desfaillans,  dont  je  suis  bien  dellibérée 
de  ne  leur  faire  jamais  accorder  la  main  levée 
qu'ilz  ne  facent  premièrement  apparoir  de 
leur  arrivée  audict  concilie  par  lettres  de 
mondict  cousin,  ou  de  vous,  car  je  n'en  ay 
jamais  faict  excuser  ung  seul  que  l'évesque  de 
S'  Brieu2  qui  est  tombé  perclux  et  impotent, 
et  de  veoir  que  par  leur  absence  et  négligence 
il  ne  se  perde  une  occasion  de  faire  chose  qui 
sovt  à  l'honneur  de  Dieu  et  à  la  pacification 
des  troubles  de  son  église  et  chrétienté.  C'est 
ce  qui  me  déplaist  infiniment,  en  ayant  né 
sairement  ce  royaume  le  besoin  tel  que  vous 
aurez  entendu  de  mondict  cousin,  à  son  ar- 

j  rivée  par  delà.  J'ay  veu  ce  que  me  mandiez 
de  la  mort  du  comte  Fédéric  Borromée  nepveu 
du  Pape3  et  du  cardinal  de  Médicis  '.  eJ  quant 

1  Le  cardinal  de  Lorraine. 

2  Jean  VII  du  Tillav,  évèque  du  1 3  septembre  1  553  à 
i564. 

3  II  était  frère  du  cardinal  Borromée  et  marié  à  Virgi- 
nia,  fille  du   duc   d'Lrbin.  —  Voy.   Correspondance  de 
Babou  de  la  Bourdaisiére ,  Reims,  1  869,  p.  38.  63 
107,  6  'i3. 

»  Jean  de  Médicis,  fils  du  duc  de  Florence.  Voici 
ce  que  l'ambassadeur  de  France  à  Rome,  M.  de  L'Isle, 
écrivait  le  5  décembre,  à  Charles  IX  :  r  L'occasion  de  la 
mort  du  cardinal  de  Médicis  filz  du  duc  de  Florence  s'est 
publiée  icy,  nonobstant  quelques  ministres  de  Son  Excel- 
lence s' efforçant  de  la  celer.  On  dit  que  ledict  cardinal  et 
don  Garsia ,  son  jeune  frère,  estoyent  en  différend  et  dis- 
pute de  chose  légière ,  au  retour  d'une  chasse  de  laquelle  il 
advint  que  ledict  don  Garsia  donna  ung  démenti  audict 
cardinal  son  frère,  lequel  iui  donna  un  souflet,  et  soudain 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


vr, 


à  l'indisposition  du  Pape  vous  avez  entendu 
par  ia  dépesche  que  vous  a  portée  ledict  sieur 
de  Pibrac  ce  que  Ton  a  mandé  à  mon  dict 
cousin ,  etseray  bien  ayse  que  vous  m'escripviez 
quelle  sera  en  cela  son  opinion.  Vous  sçaurez 
t'ii  quel  estât  sera  noz  affaires  par  ce  que  vous 
en  dira  mon  dict  cousin,  auquel  j'en  escripU 
bien  amplement,  et  me  gardera  de  vous  en 
faire  aultre  discours;  mais  je  vous  diray  bien 
que  j'ay  parlé  au  commis  de  l'Espargne  taut 
pour  le  payement  de  vostre  pension  de  ceslc 
année  que  pour  une  demye  année  de  vostre 
estât,  qui  est  du  dernier  quartier  d'octobre, 
novembre  et  décembre,  et  le  prochain  de  jan- 
vier. 11  m'a  asseuré  vous  avoir  assigné  de 
vostredief  estât  pour  tout  estre  payé  au  lieu 
que  vous  demandez  et  doybt  faire  bailler  pa- 
reille assignation  pour  ce  qui  vous  est  deu  du 
reste  de  vostre  pension;  mais  quant  à  l'année 
prochaine,  d'aullant  qu'il  est  à  la  fin  de  ce 
moys  hors  de  charge,  il  ne  peult  rien  assi- 
gner dessus,  et  fauldra  (pie  ce  soyl  son  com- 
pagnon. 

fut  blessé  par  ledict  don  Garsia  d'un  coup  de  dague  en 
ung  lieu  si  dangereux  de  ia  cuisse  que  cella  a  esté  cause 
de  sa  mort,  et  alors  qu'il  fut  blessé  il  donna  ung  coup  de 
forceltes  audict  don  Garsia  qui  en  a  esté  malade.  Le  faict 
m'a  esté  raconté  ainsi  dès  le  xxvu  du  moys  passé  et  depuis 
il  s'est  confirmé  de  jour  en  jour,  tant  qu'on  le  tient  pour 
certain.!  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°3g55.)  —  Dans  une 
dépècbede  Souillard,  agent  de  Catherine  à  Rome,  nous 
lisons  également  :  tt  Madame,  en  une  dépèche  du  ve  de  ce 
-  j'ay  escript  au  Roy  de  la  mort  du  cardinal  de  Médicis 
et  de  l'opinion  que  l'on  a  icy.  Il  est  venu  depuis  nouvelles 
d'autres  afflictions  survenues  en  la  maison  du  duc  de 
Florence;  car  don  Garsia,  son  autre  fils  qui  suivoil  d'âge 
ledict  cardinal ,  est  mort,  et  dit-on  que  la  duchesse  est  en 
extrémité  de  malladye  et  hors  d'espérance  de  guérison. 
Un  autre  fils  de  Son  Excellence  nommé  don  Arnaud  est 
mailade;  c'est  celluy  que  l'on  estime  devoir  estre  bientôt 
pourveu  de  la  dignité  de  cardinal.  -  (Bibl.  nat.  fonds  fran- 
çais, n°  10877,  f°46G.) 


1562. 


i  5  décembre. 


Orijj.  Bibl.  nat.  Cinq  eenls  Colberl,  na3go,  I'  '  u5el  bu 
Imprima  dans  1rs  Addition*  aux  Mémoires  ai  Cash 
par  Le  Laboureur. 

\  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  par  les  deux  lettres  que 
m'avez  escriptes  des  un  et  xni°  du  passé,  el 
depuys  par  celle  du  xxve,  j'ai  bien  au  long  en- 
tendu  quelz  ont  esté  les  propoz  que  vous  avez 
euz  avec  les  princes  électeurs  mentionez  en 
vosdictes  lettres,  et  comme  tant  plus  vous 
avez  mis  peine  de  rendre  capable  mon  cousin 
le  comte  Palatin1  delà  vérité  des  occasions  des 
troubles  et  divisions  qui  sont  aujourd'huy  en 
ce  royaulrne,  plus  il  a  monstre  se  confirmer 
en  l'opinion  qui  luy  en  a  esté  imprimée  de  la 
part  de  mon  cousin  le  prince  de  Coudé  et  de 
ceulx  d'Orléans;  de  sorte  qu'il  est  aysé  à  co- 
gnoislre  que  luy  et  les  autres  princes  protestante 
n'en  veullent  juger  qu'à  la  dévotion  de  ceuh 
dont  la  cause  leur  est  recommandée.  Touteffoys 
vous  ne  laisserez  toutes  et  quanteffoys  que 
les  choses  en  viendront  en  propoz,  de  leur  en 
parler  selon  l'instruction  que  je  vous  en  ay 
donnée  par  mes  précédentes  dépesches;  qui 
est  la  vraye  el  nue  vérité  du  faict,  ainsi  que 
vous  avez  continué  jusques  icy  saigement  et 
prudemment,  et  qu'il  se  veoyt  par  l'escript 
que  vous  en  avez  baillé  audict  conte,  que  je 
loue  grandement.  Quant  à  la  belle  harangue2 
que  Spifame  a  faicte  à  l'Empereur  monsieur 
mon  bon  frère,  elle  est  plaine  de  tant  de  men- 
songes, que  je  prendroys  plaisir  à  y  faire 
respondre  en  plaine  assemblée  des  électeurs. 

1  Frederick  III,  dit  le  Pieux,  né  en  1 5 1  5 ,  mort  en 
157O. 

2  Voy.  la  note  de  la  page  281.  François  Hotman ,  le  cé- 
lèbre jurisconsulte,  assistait  Spifame  à  la  diète  de  Franc- 
fort où  furent  lues  les  lettres  de  Catherine,  et  il  en  parle 
dans  son  livre  Defuroribus  (itillicis  (1  5^3  ,  in- 1  ■>, ,  p.  6  ). 


m 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


advis  de  la  prise  de  Rouen  et  de  la  dilligence 
que  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine faisoyl  de  se  rendre  à  Trente  au  concile, 
le  jour  de  l'assignation  de  la  dernière  cession 
qui  eslnyt  au  xnc  du  moys  de  novembre  et 
suivants,  et  depuis  par  la  dépesche  que  vous  i 
a  portée  le  sieur  de  Pibrac,  je  vous  ay  mandé 
quant  à  la  dispute  que  le  comte  de  Lune  vous 
prélendoit  faire  sur  la  précédence1,  que  vous 
vous  y  gouverneriez  par  l'advis  de  mondict  cou- 
sin et  par  la  résolution  que  vous  en  pren- 
driez avec  luy,  et  non  seullement  en  cela, 
mais  aussi  en  toutes  les  choses  et  occurrences 
qui  s'offriroient  au  lieu  où  vous  estes  et  que 
vous  auriez  à  faire  pour  le  service  du  Roy 
monsieur  mon  lilz,  de  sorte,  Monsieur  de  Lan- 
sac,  que  je  pense  vous  avoir  salisfaict  quant  à 
ce  poinci.  Il  me  reste  à  cesle  heure  à  vous 
dire  que  j'ay  esté  merveilleusement  ayse  d'en- 
tendre par  vostre  lectre  du  xxvnT  du  passé2 
l'arrivée  de  mondict  cousin  au  concilie  aussi 
honnorable  que  vous  me  mandez,  et  encores 
plus  que  vous  soyez  en  espérance  qu'il  prouffi- 
tera  grandement  à  le  rendre  fructueux,  car 
encores  (pic  telle  ayt  tousjours  esté  mon  oppi- 
nion  et  que  je  me  soys  beaucoup  promis  de 
son  \oyage,  si  m'est-ce  ung  plaisir  de  me  veoir 
confirmée  en  cela  par  ceulx  qui  sont  sur  le 
lieu  et  qui  y  doivent  veoir  cler  comme  vous. 
J'ay  faicl  mectre  sa  harangue  en  François  et 
me  la  suis  faict  lire,  allin  d'en  entendre  le 
contenu  qui  est,  à  le  vous  dire  en  ung  mot, 
digne  encores  de  luy  et  de  sa  suffisance;  et  me 
semble  que  ce  que  le  président  du  Ferrier  y 

1  L'ambassadeur  d'Espagne  disputait  la  préséance  à 
I.ansac.  —  Voyez,  à  ce  sujet,  les  lettres  de  Lansac  à  M.  de 
L'isle,  ambassadeur  à  Hume,  dans  les  Instructions  et  actes 
concernant  le  concile  île   Trente,  p.  366  et  35a. 

\  (iv.  une  lettre  de  Lansac  (  a  S  novembre),  dans  les 
lustrw  tiom  i'i  actes  concernant  le  concile  de  Trente,  p.  363  , 
et  deThou,  Hi.it.  univ.  trad.  t.  IV,  p.  366. 


a  adjousté  par  son  advis  à  esté  fort  à  propoz. 
Ce  qui  me  déplaist  est  que  tous  nos  prélatz 
François  qui  ont  esté  ordonnez  et  mandez  pour 
se  trouver  audict  concilie  avec  mondict  cou- 
sin1 n'y  sont  arrivez.  Je  les  en  ay  faict  solliciter 
par  infinies  dépesches  et  a  fallu  à  la  fin,  pour 
le  peu  de  compte  qu'ilz  ont  faict  d'y  satisfaire, 
que  le  Rov  monsieur  mon  lilz  ayt  mandé  par 
tous  les  bailliages  que  l'on  saisisse  le  temporel 
des  desfaillans,  dont  je  suis  bien  dellibérée 
de  ne  leur  faire  jamais  accorder  la  main  levée 
qu'ilz  ne  facent  premièrement  apparoir  de 
leur  arrivée  audict  concilie  par  lettres  de 
mondict  cousin,  ou  de  vous,  car  je  n'en  ay 
jamais  faict  excuser  ung  seul  que  l'évesque  de 
S1  Brieu2  qui  est  tombé  perclux  et  impotent, 
et  de  veoir  que  par  leur  absence  et  négligence 
il  ne  se  perde  une  occasion  de  faire  chose  qui 
soyt  à  l'honneur  de  Dieu  et  à  la  pacification 
des  troubles  de  son  église  et  chrétienté.  C'est 
ce  qui  me  déplaist  infiniment,  en  ayant  néces- 
sairement ce  royaume  le  besoin  tel  que  vous 
aurez  entendu  de  mondict  cousin,  à  son  ar- 
rivée par  delà.  J'ay  veu  ce  que  me  mandiez 
de  la  mort  du  comte  Fédéric  Borromée  nepveu 
du  Pape  3  et  du  cardinal  de  Médicis  \  et  quant 

1  Le  cardinal  de  Lorraine. 

-  Jean  Vil  du  Tillay,  évèque  du  i3  septembre  i  553  à 
t564. 

3  II  était  frère  du  cardinal  Borromée  et  marié  à  Virgi- 
nia, fdle  du  duc  d'L'rbin.  —  Voy.  Correspondance  de 
Babou  de  la  liourdaisière ,  Reims,  1869,  p.  38,  63.  96, 
107,  463. 

4  Jean  de  Médicis,  fils  du  duc  de  Florence.  Voici 
ce  que  l'ambassadeur  de  France  à  Rome,  M.  de  L'isle, 
écrivait  le  5  décembre,  à  Cbarles  IX  :  «L'occasion  de  la 
mort  du  cardinal  de  Médicis  filz  du  duc  de  Florence  s'est 
publiée  icy,  nonobstant  quelques  ministres  de  Son  Excel- 
lence s' efforçant  de  la  celer.  On  dit  que  ledict  cardinal  et 
don  Garsia,  son  jeune  frère,  estoyent  en  différend  et  dis- 
pute de  cboselégière,  au  retour  d'une  chasse  de  laquelle  il 
advint  que  ledict  don  Garsia  donna  ung  démenti  audict 
cardinal  son  frère,  lequel  lui  donna  un  soullet,  et  soudain 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


•u 


à  l'indisposition  du  Pape  vous  avez  entendu 
par  la  dépesche  que  vous  aportée  ledicl  sieur 
de  Pibrac  ce  que  l'on  a  mandé  à  mou  dict 
cousin,  et  seray  bien  ayse  que  vous  m'escripviez 
quelle  scia  en  cela  son  opinion.  Nous  sçaurez 
en  quel  estât  sera  noz  affaires  par  ce  que  vous 
en  dira  mon  dict  cousin,  auquel  j'en  escriptz 
bien  amplement,  el  me  gardera  de  vous  en 
taire  aultre  discours;  mais  je  vous  diray  bien 
que  j'ay  parle  au  commis  de  l'Espargne  lanl 
pour  le  payement  de  vostre  pension  de  ceste 
année  que  pour  une  demye  anne'e  de  vostre 
estât,  qui  est  du  dernier  quartier  d'octobre, 
novembre  et  décembre,  et  le  prochain  de  jan- 
vier. 11  m'a  asseuré  vous  avoir  assigné  de 
vostredict  estât  pour  tout  estre  payé  au  lieu 
que  vous  demandez  el  doybl  l'aire  bailler  pa- 
reille assignation  pour  ce  qui  vous  est  deu  du 
reste  de  vostre  pension;  mais  quant  à  l'année 
prochaine,  d'aullant  qu'il  est  à  la  fin  de  ce 
moys  hors  de  charge,  il  ne  peult  rien  assi- 
gner dessus,  et  fauldra  que  ce  soyl  son  com- 
pagnon. 

fui  blessé  par  ledict  don  Garsia  d'un  coup  de  dague  en 
ung  lieu  si  dangereux  de  la  cuisse  que  cilla  a  esté  cause 
de  sa  mort,  el  alors  qu'il  fui  blessé  il  donna  ung  coup  de 
forceltes  audict  don  Garsia  qui  en  a  esté  malade.  Le  faict 
m'a  esté  raconté  ainsi  dès  le  xxvn  du  moys  passé  et  depuis 
il  s'est  confirmé  de  jour  en  jour,  tant  qu'on  le  lient  pour 
certain,  n  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n°3g55.)  —  Dans  une 
dépêche  de  Souillard;  agent  de  Catherine  à  Rome,  nous 
lisons  également  :  -.Madame,  en  une  dépêche  du  v*  de  ce 
moys  j'ay  escript  au  Roy  de  la  mort  du  cardinal  de  Médicis 
et  de  l'opinion  que  l'on  a  icy.  Il  est  venu  depuis  nouvelle* 
d'autres  afflictions  survenues  en  la  maison  du  duc  de 
Florence;  car  don  Garsia,  son  autre  fils  qui  suivoit  d'âge 
ledict  cardinal,  est  mort,  et  dit-on  que  la  duchesse  est  en 
extrémité  de  malladye  et  hors  d'espérance  de  guérison. 
Un  autre  fils  de  Son  Excellence  nommé  don  Arnaud  est 
mallade;  c'esl  celluy  que  l'on  estime  devoir  estre  bientôt 
pourveu  de  la  dignité  de  cardinal.  -  |  Bibl.  nal.  fonds  fran- 
çais, n"  15877,  r/160.) 


1562. 


■  ■•  mbre. 


1.  Cinq  cf-nls  Colbert,  n    3tp ,  f  '  n">  el  suit. 
Imprima  '!.<r;s  II  s  Additions  m/j-  .HVmotr«  de  Ctstetnau, 
pjr  Le  L;il*jureur. 

\  MONSIE1  P.  Dl.  RENNES. 

Monsieur  de  Renés,  par  les  deux  lettres  que 
m'avez  escriptes  des  un  et  xnic  du  passé,  et 
depuys  par  celle  du  w\',  j'ai  bien  au  long  en- 
tendu quel/,  ont  esté  les  propoz  que  vous  avez 
euz  avec  les  princes  électeurs  mentionez  en 
vosdictes  lettres,  et  comme  Lanl  plus  vous 
avez  mis  peine  de  rendre  capable  mon  cousin 
le  comte  Palatin1  delà  vérité  des  occasions  des 
troubles  et  divisions  qui  sont  aujourd'huy  eu 
ce  royaulme,  plus  il  a  monstre  se  conGrmer 
en  l'opinion  qui  luy  eu  a  esté  imprimée  de  la 
part  de  mon  cousin  le  prince  de  Condé  et  de 
ceulx  d'Orléans;  de  sorte  qu'il  est  aysé  à  co- 
gnoistre  queluv  el  les  autres  princes  protestanlz 
n'en  veullent  juger  qu'à  la  dévotion  de  ceulx. 
dont  la  cause  leur  est  recommandée.  Toutelloys 
vous  ne  laisserez  toutes  et  quanteffoys  que 
les  choses  en  viendront  en  propoz,  de  leur  en 
parler  selon  l'instruction  que  je  vous  en  ay 
donnée  par  mes  précédentes  dépesebes;  qui 
est  la  vraye  et  nue  vérité  du  faict,  ainsi  que 
vous  avez  continué  jusques  icy  saigement  el 
prudemment,  et  qu'il  se  veoyt  par  l'escript 
que  vous  en  avez  baillé  audict  conte,  que  je 
loue  grandement.  Quant  à  la  belle  harangue2 
que  Spifame  a  l'aicte  à  l'Empereur  monsieur 
mon  bon  frère,  elle  est  plaine  de  tant  de  men- 
songes, que  je  prendroys  plaisir  à  y  faire 
respondre  en  plaine  assemblée  des  électeurs. 

1   Frederick  III,  dit  le  Pieux,  né  en  1 5 1  5 ,  mort  en 
1576. 

la  note  de  la  page  -281 .  François  rlotman,  le  cé- 
lèbre jurisconsulte,  assistait  Spifame  à  la  diète  de  Franc- 
fort où  furent  lues  les  lettres  de  Catherine,  et  il  en  parle 
;     dans  son  livre  Dejuroribus  (lallicis  (  1  5^3,  in-i  ■>, ,  p.  6  ). 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MED1C1S. 


poiiicl  pour  poinct,  si  c'esloit  de  la  dignité  du 
Roy  monsieur  mon  fds;  mais  je  ne  suys  pas 
d'advis,  d'aultant  que  nous  n'avons  à  rendre 
compte  de  noz  actions  à  aultre  que  à  Dieu, 
que  vous  \  laides  aultre  responce  que  celle 
que  vous  en  avez  desjà  faicte,  particulièrement 
auxditz  Empereur  et  roy  des  Romains  et  à  au- 
cuns des  princes,  que  vous  continuerez  envers 
les  aultres,  ainsi  qu'il  vous  viendra  à  propoz 
de  les  visiter.  El  touteffoys  insisterez  tousjours 
envers  les  ungs  et  les  aultres,  à  ce  que,  pour 
les  raisons  amplement  touchées  par  vostredict 
escrit,  ilz  s'abstiennent  de  favoriser  ceux  du- 
dict  Orléans. 

Rien  m'a-il  semblé  que  je  vous  devoys 
faire  sçavoir  les  occasions  pour  lesquelles 
j'av  escript  à  moudict  cousin  le  prince  de 
Condé  les  quatre  lettres  que  a  exhibées  ledict 
S  pi  famé,  alfin  qu'elles  ne  soieni  interprétées 
en  sens  contraire  à  mon  intencion,  et  que 
vous  le  faictes  dextrement  et  particulièrement 
entendre  ausdicts  Empereur,  roy  des  Romains 
et  princes;  non  pour  compte  que  je  leur  en 
doive, mais  pour  leur  faire  cognoislre  de  quelle 
e  de  mensonges,  artifices  et  impostures 
les  aultres  se  servent  ordinairement  en  leur 
l'aie;.  J'en  ay  amplement  instruict  et  adverty 
ma  seur  la  duchesse  douairière  de  Lorraine, 
par  une  lettre  que  je  lui  en  ay  escripte,  pour 
en  respondre  de  sa  part  pour  moy  en  tous  les 
lieux  où  elle  se  trouvera,  et  lui  ai  envoyé  ung 
pacquet  pour  vous,  dedans  lequel  je  vous 
adresse  une  coppie  de  ladicte  lettre,  quelle 
vous  aura  fait  bailler  incontinant,  comme  je 
masseure;  touteffoys,  je  ne  laisse  de  vous 
en  envoyer  encores  présentement  ung  duppli- 
cala  avec  ung  aposlile  que  j'av  faict  meclre  eu 
la  marge  de  chacune  desdictes  lettres  pour 
vous  esclercir  tousjours  de  plus  en  plus  du 
subject  d'icelles,  et  désirerons  bien  que  vous 
trou\i>siez  moyen  de  vous  en  faire  représenter 


les  originaulx;  d'aultant  que  je  pense  asseuré- 
ment  qu'il  y  en  a  une  ou  deux  qui  ont  esté 
tronquées  en  aucunes  choses,  qui  eussent 
grandement  servy  à  l'esclercissement  et  intel- 
ligence du  demeurant,  et  à  faire  cognoistre 
que  tout  mou  but  et  intencion,  comme  la  vé- 
rité est,  ne  tendoyt  qu'à  faire  déposer  les  armes 
à  mondict  cousin  le  prince  de  Coudé,  ainsi 
(pie  je  l'espéroys  faire  faire  aux  aultres,  pré- 
vovant  bien  ce  qui  en  naislroyt  de  malheurs  et 
calaniitez  en  tout  cest  Estât;  et  que  j'aye  tous- 
jours  procédé  de  cest  esprit  et  voluuté  en 
cest  affaire,  le  monstrent  assez  évidemment 
les  moyens  que  j'ai  continuellement  reserchez. 
et  les  ordinaires  peines  et  travaulx  que  j'ay  pris 
pour  parvenir  à  une  pacification,  laquelle  je 
pensoys  ces  jours  passez,  et  depuysque  mondicl 
cousin  le  prince  de  Condé  a  eu  aproché  Paris 
avec  son  armée,  avoir  tellement  avancée,  que 
j'en  espéroys  ung  prompt  et  louable  accord  et 
résolution;  car  ayant  par  l'advis  de  mes  cou- 
sins les  prince  de  la  Roche-sur- Yen,  duez  de 

!  Guyse,  d'Aumalle,  de  Montmorency  connec- 
table, et  des  srs  de  Saint-André  et  de  Mont- 
morency, mareschaulx  de  France,  et  de  tous 

!  ces  seigneurs,  accordé  le  faict  de  la  religion 
au  contantement  de  mondict  cousin  le  prince 
de  Condé  et  de  ceulx  de  sa  Irouppe,  j'estimoys 
qu'il  ne  se  pouvoit  plus  présenter  de  difficulté 
qui  empeschasl  ladicte  pacification,  mais  iiz 
ont  mis  de  nouveau  en  avant  certains  poinetz 
concernais  leur  particulier,  et  touteffoys  gran- 
dement importons  à  cest  Estât;  sur  lesquelz, 
encore-  qu'il  n'en  eust  point  esté  parlé  du 
commencement,  leur  a  esté  faict  par  le  com- 
mun advis  de  tous  les  dessusdielz  seigneurs 
la  responce  que  vous  verrez  par  les  deux 
escriptz  que  je  vous  envoyé,  l'un  parlant  dudict 
faict  de  religion,  et  1 aultre  de  ieurdicl  parti- 
culier. En  qiiov  je  pense  m'estre  eslendue  si 
avant  (pie-  si  ceulx  qui  sont  auprès  de  mon- 


LETTRES  DE  CATH 

dict  cousin  n'estoienl  meuz  d'aultre  passion 
que  de  celle  de  la  religion,  qui  est  le  manteau 
dont  ilz  veullent  couvrir  leurs  en  (reprises, 
toutes  choses  estoient  accordées  et  restablies  à 
leur  première  et  désirée  trancquilité;  niais 
eslans  satisfaictz  du  premier  poinct,  ([ui  est 
celluy  de  la  religion ,  et  s'estans  contentez  de  ce 
qui  leur  en  estoit  accordé,  il  a  failly  que  leur 
mauvaise  volunté  se  soit  descouverte  à  ce  der- 
nier, sur  lequel  ilz  ont  pris  argument  de  tout 
rompre  sans  aucune  raisonnable  occasion;  ce 
que  je  veulx  que  vous  faictes  bien  amplement 
entendre  ausdicts  S"  Empereur  et  roydes  Ro- 
mains et  à  tous  les  princes  de  la  Germanie,  par 
la  communication  que  vous  leur  ferez  desdicls 
escriptz ,  aflin  qu  ilz  cognoissent  de  quel  pié 
procèdent  ceulx  du  party  dudict  prince,  et 
que  jugeans  sainement  de  leurs  intenctions 
par  leurs  effectz,  ceulx  d'entre  eulx  qui  se 
sont  laissé  aysément  persuader  par  leurs  im- 
postures et  mensonges,  désistent  de  plus  les 
croyre  et  favoriser  au  préjudice  de  la  perfaicte 
et  sincère  amitié  qui  a  esté  de  si  longtemps 
continuée  et  conservée  entre  ceste  couronne  et 
eulx,  et  mesmes  en  ung  affaire  où  il  est  ques- 
tion de  la  conservation  de  l'Estat  d'un  pupille, 
qui  en  ung  tel  besoing  n'a  jamais  pensé 
pouvoir  trouver  ung  plus  seur  et  asseuré  se- 
cours que  ausdicts  princes,  qu'il  a  tenuz  et 
tient  au  ranc  de  ses  plus  chers  et  affectionnez 
aniys. 

Et  encores,  Monsieur  de  Renés,  que  je  soys 
après  à  renouer  et  ra tacher  ce  négoce,  et  que 
j'aye  délibéré  de  ne  cesser  que  je  ne  voye  la 
paix  en  ce  royaulme,  si  me  semble-il  que  l'in- 
tercession desdicls  princes  n'y  seroit  que  fort 
à  propoz,  et  qu'il  ne  la  fault  point  retarder 
pour  la  mort  intervenue  de  mon  frère  le  roy 
de  Navarre  qui  est  décédé,  comme  vous  aurez 
bien  entendu,  du  coup  d'harquebuz  qu'il  eust 
en  l'espaule  gauche  dedans  le  fossé  de  Rouen; 

Catherine  de  Médicis.  —  1. 


ERINE  DE  MÉDIGIS.  449 

car  leurdicte  intercession  servira  ou  à  faci- 
liter ladicte  pacification,  si  elle  n'est  l'aide 
avant  l'arrivée  de  leurs  ambassadeurs,  ou  bien 
sera  ung  moyen,  estans  lesdicts  ambassadeurs 

par  deçà,  de  tellement  les  esclercir  de  la  vérité 
de  toutes  choses,  que  ce  qu'il/,  en  rapporteront 
ausdicts  princes  ne  sçauroyt  que  grandement 
favoriser  et  advantaiger  les  affaires  du  Roj  mon- 
sieurmon  (ils  eu  leurendroict.  Etsi  j'estime  que 
prenans  lesdictz  princes  ladicte  intercession  en 
main,  cela  les  divertira  cependant  de  penser 
et  entendre  à  faire  aultre  chose  à  la  faveur 
dudict  prince  et  de  ceulx  de  son  parti.  El  quant 
à  la  plaincte  que  vous  a  faicte  le  duc  des  Deux- 
Pontz,  de  ce  que  celluy  qui  estoit  venu  de- 
mander le  sauf-conduicl  de  leurs  premiers 
ambassadeurs  fut  indignement  traiclé,  je  vous 
asseure  qu'il  n'en  est  riens  et  que  je  le  fis  ren- 
voyer avec  ung  honneste  présent.  Et  si  lesdicts 
ambassadeurs  ne  fuient  dèslors  admis,  il  ne 
tint  pas  à  moy,  qui  ne  désirovs  aultre  chose. 
pour  l'ayde  que  j'en  espéroys  tirer  au  faict 
d'une  bonne  réconciliation1. 

Et  pour  ce,  Monsieur  de  Renés,  que  je  me 
sens  infiniment  tenue  audict  roy  des  Romains , 
mon  bon  frère,  du  record  et  advertissement 
qu'il  vous  a  faict  sur  ce  que  nous  devons 
prendre  guarde  aux  déportemens  du  roy  d'Es- 
paigne,  mon  beau -fils,  et  à  mectre  bien  tost 
fin  aux  troubles  de  ce  royaulme,  je  désire  que 
vous  le  merciez,  tant  de  la  part  du  Roy  mon- 
dict  sieur  et  fils  que  de  la  mienne,  de  la  dé- 
monstration qu'il  nous  faict  en  cela  de  la  sin- 
cérité de  son  amitié  et  affection,  et  par  mesnie 
moyen  vous  conjoyssez  et  congratulez  avec 
luy  en  nostre  nom  de  son  élection  en  la  di- 
gnité de  roy  des  Romains,  comme  vous  ferez 
en  semblable  envers  ledicl  sieur  Empereur  mon 

1  Les  paragraphes  suivants  sont  en  chiffres  dans  l'ori- 
ginal et  nous  les  donnons  d'après  le  déchiffrement  qui 
est  joint  à  la  lettre. 

57 


430  LETTRES  DE  GATH 

bon  frère,  aimant  les  lettres  de  créance  que 
je  vous  en  envoyé,  les  asseurant  qu'il  n'y  a 
princes  en  ce  monde  qui  en  soient  plus  ayses, 
nv  qui  plus  désirent  leurgraudeur  et  contan- 
tement,  et  soient  plus  prestz  de  l'ayder  et  fa- 
voriser, que  le  Roy  monsieur  mon  iils  et  moy, 
en  tout  ce  qui  nous  sera  possible,  tant  nous 
estimons  leur  vertu  et  avons  chère  leur  amitié. 
Et  fault  que  je  vous  dyse  sur  ce  propos, 
qu'il  y  a  quelques  moys  que  le  capitaine 
Riffenberg.  qui  a  amené  des  chevaulx  pistol- 
liers  au  service  du  Roy  monsieur  mon  fils 
soubz  la  charge  du  conte  de  Roeandolf l,  feit 
entendre  à  feu  mon  frère  le  roy  de  Navarre 
et  à  moy,  que  mon  cousin  l'archevesque  de 
Trefves'2  luv  avoit  tenu  quelques  propos  du  désir 
que  mondict  frère  le  roy  des  Romains  auroit 
nu  mariage  du  Roy  monsieur  mon  filz  et  de 
l'une  de  ses  filles,  et  que  ledict  Riffemberg  s'en 
retournant  en  Allemaigne,  nous  l'avoit  bien 
voulu  faire  entendre,  pour  scavoir  si  nous  au- 
fions  quelque  chose  à  luy  commander  là  des- 
sus. Sur  quoy,  après  luv  avoir  loué  le  bon 
office  qu'il  faisoit  en  cela,  je  luy  diz  que  le 
Roy  mondict  sieur  et  fils  estoit  encores  si 
jeune,  que  je  ne  pouvois  bonnement  penser  à 
rechercherai  tost  party  de  mariage  pour  luy; 
nui  h  si  mondict  frère  le  roy  des  Romains  y  avoit 
quelque  désir  et  voiunté,  et  qu'il  me  le  feist 
entendre,  je  lui  feroys  congnoistre  en  quelle 
estime  j'av  son  alliance,  pour  estre  à  mon  ju- 
[ement  l'une  des  grandes  qui  soit  aujourd'huy 
en  la  crestienté,  comme  aussi  est  celle  du 
Roy  mondict sieuret fils,  et  qu'il  pouvoit  faire 
ceste  iesponce  à  mondict  cousin  l'évesque  de 
Trefves,  que  je  mercioys  de  tant  de  démons- 
trations qu'il  nous  faisoit  ordinairement  de  sa 
bonne  voiunté  et  affection.  Je  n'ay  poinct  eu 

1  Christophe ,  comte  de  Rockendolf  ;  c'est  pour  lui  qui; 
deux  des  iles  d'Hyèies  furent  érigées  eu  marquisat  (  1 54  g). 
'  Jean  von  d'T  I.even. 


ERINE  DE   MÉDICIS. 

despuis  aucuns  nouvelles  de  l'ung  ny  de 
l'aultre.  et  ne  sçay  si  mondict  cousin  en  aura 
mis  quelque  chose  en  avant  à  mondict  frère 
le  roy  des  Romains  durant  leur  voyaige;  et 
d'en  escripre  à  mondict  cousin,  encores  que 
l'on  die  que  c'est  aux  maris  à  rechercher  les 
femmes,  il  me  semble  que  je  ne  le  doys  faire 
aucunement.  Mais  je  désire  bien  que  vous 
vissiez  souvent  ledict  évesque  de  Trefves  pour 
entrer  avec  luy  en  discours  des  affaires  de 
France,  et  luy  faire  congnoistre  que,  pour  la 
bonne  et  affectionnée  voiunté  que  vous  sçavez 
qu'il  nous  porte,  vous  en  voulez  plus  familiè- 
rement conférer  avecques  lui  que  avec  nul 
aultre  prince  de  la  Germanie.  Et  comme  l'on 
vient  de  propos  à  l'aultre,  vous  reguardorez 
si  vous  le  pourrez  dextrement  conduire  à  vous 
parler  dudict  mariaige,  pour  sentir  de  luv  s  il 
en  a  tenu  quelque  propos  à  mondict  frère,  el 
en  quelle  voiunté  et  disposition  il  l'en  aura 
trouvé,  pour  m'en  adverlir;  car,  oultre  que 
j'estime  grandement  ladicle  alliance,  il  me 
semble  que  le  pourparler  d'ung  tel  mariaige 
ne  sçauroit  que  beaucoup  servir  à  favoriser 
noz  affaires  à  l'endroict  des  princes  de  la  Ger- 
manie, pt  à  nous  concilier  tousjours  de  plus 
en  plus  l'amitié  et  bonne  voiunté  de  mondict 
frète,  pour  en  tenir  noz  affaires  en  plus  grande 
réputation  par  toute  la  crestienté.  Cependant 
mectez  peine  de  sçavoir  s'il  sera  quelque  chose 
de  ces  retenues,  que  l'on  vous  a  dict  que 
veult  faire  le  roy  d'Espaigne,  et  si  les  Anglois 
qui  sont  par  delà  auront  charge  d'asseurer  les 
levées  pour  le  printemps,  et  quelles;  car 
voyant  ce  qu'il  y  a  de  dureté  et  obstination  en 
ceulx  d'Orléans,  et  qu'ils  sont  aujourd'huy  sur 
le  chemin  de  la  Normandie,  je  l'aietz  grand 
doubte  qu'ils  se  voysent  joindre  avec  les  An- 
gloys,  en  intention  de  faire  sur  le  renouveau 
leur  grand  effort1.  Et  pour  ce,  ayez  continuel - 
1  Charles  IX.  dans  une  lettre  à  Saint-Sulpice,  écrite 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


451 


lement  gens  après  lesditz  ingioys,  s'il  es!  pos- 
sible.  pour  descouvrir  quelle  sera  leur  charge, 
el  y  employez  toul  ce  que  nous  pourrez  avoir 
d'au! très  moyens. 

Quant  ;iu  mémoire  que  Federich  Spel  vousa 
baillé  des  levées  de  gens  de  <-lit'\;ii  cl  de  pié 
qu'il  oirre  faire  pour  amener  au  service  du 
l!"\  mondict  sieur  et  lils,  oultre  que  nous 
n'avons  que  faire  pour  ceste  heure  desdictes 
levées,  dous  eognoissous  si  bien  par  deçà  l'hu- 
meur du  personnaige  que  nous  nous  garderons 
bien  de  nous  servir  de  luj  :  et  avons,  comme 
voussça\ez,nozaultrescollonelz,que  nous  pré- 
férerions tousjours  à  gens  nouveaulx  telz  que 
cestùy-là,  et  pour  ce  vous  regarderez  de  vous 
en  deffaire  et  excuser  doulcement.  Et  d'au  1  tant 
que  vous  sçaurez  de  voslre  homme  présent 
porteur  la  provision  que  j'ay  faict  donner  à 
vostre  particulier,  je  ne  vous  eu  diray  aultre 

l'un  des  premiers  jours  de  décembre,  donne  quelques 
détails  a  ce  sujet  :  «  Pai  les  lettres  que  vous  m'avez  '-scriptes 
1  i  avili'  du  pnss':.  j'ay  vu  bien  amplement  la  response 
que  vous  a  faicte  le  duc  d'Albe  et  le  peu  d'espérance  que 
je  m'en  doibz  promettre,  continuant  la  guerre  plus  avant, 
d'avoir  faveur  de  ce  costélà  pour  les  cliosts  d'Angleterre; 
sur  quoy  je  vous  diray,  qu'encores  que  par  cy-devant  je 
vous  ave  plusieurs  fois  escript  et  mandé  de  remonslrer  au 
roy  mon  frère  le  péril  et  inconvénient  qui  se  présentait 
à  toute  la  chrétienté ,  passant  le  faict  des  rebelles  plus  avant 
en  leur  faveur,  et  combien  la  royne  d'Angleterre  en  les 
favorisant  donnerait  de  force  et  augmentation  à  la  cause 
qu'elle  favorise,  affin  qu'estant  entré  si  avant  dans  la 
danse  que  je  suis,  et  ayant  une  telle  troupe  étrangère  sur 
les  bras,  comme  j'ay,  il  considérast  que  c'estoit  chose  que. 
continuant,  je  ne  pourrais  maintenir  pour  est  re  une  partie 
de  nos  receptes  entre  les  mains  de  mes  subjeetz  qui  se 
sont  rebellez;  et  que  pour  ceste  cause  si.  estant  la  royne 
d'Angleterre  si  avant  déclairée  qu'elle  est,  il  ne  voulloit 
de  son  eosté  en  laie  de  même,  de  ma  part  je  serais  con- 
trainct  de  m'accorder  avec  mesdietz  subjeetz,  pour  ne 
voulloirveoir  l'entière  ruyne  de  mon  royaume  avec  des  con- 
ditions que  peult-estre  en  autre  saison  et  hors  la  nécessité 
je  ne  consentirais  jamais.-  (Minute.  Bibl.  de  Saint-Pé- 
tersbourg, et  fonds  français,  n"   15877,  P383.) 


chose.  Bien  nm-  assureray-je  que  j'ay  tel  con- 
tentement du  service  que  vous  l'aides  au  Ro\ 
mondict  sieur  et  lilz  au  lieu  où  vous  estes,  que 
je  tiendra^  main  à  le  vous  faire  recognoistre 
ainsi  (pie  vous  le  méritez.  Priant  Dieu.  Mon- 
sieur de  Renés,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte 
garde.  Escripl  au  boys  de  Vincennes,  ce  xv"  jour 
de  décembre  1  56a  (  i563  \. 

Caterine. 

BoiRDIV 


1562.  —  17  décembre. 

Orig.  Bilil.  Dat.  fonds  français,  n°  3i85.  f  48. 

\  MON  COMPÈRE 

M"  LE  CONNÉTABLE  DE  MONTMORENCY. 

Mon  compère,  j'ai  avecques  vostre  lettre 
particulière  d'hyer  receu  celles  que  mon  cousin 
le  prince  de  Condé  a  escriptes  aux  capitaines 
allemans  et  au  sieur  d'Esguillv  ',  et  veu  la  res- 
ponce  que  ledict sieur d'Esguilly  v  a  faille,  qui 
ne  povoit  estre  plus  sage;  par  où  je  congnoys 
île  plus  en  plus,  joinel  à  ce  ce  que  vous  aura 
dict  de  ma  pari  le  sieur  d'Oysel,  qu'il  ne  tient 
à  l'aulte  de  volunté  qu'il  n'est  mieulx  obéy  en 
ce  royaulme;  ettoutesfois  trouvé-je  assez  mal 
considérée  celle  qu'il  a  escripte  ausdietz  capi- 
taines allemans,  qui,  comme  d'eulx-mesmes, 
pourraient  luy  faire  responce  qu  ilz  ne  cog- 
noissent  poinct  d'autres  commandeurs  en 
France  que  le  Roy  monsieur  mon  lilz  el  moy 
et  scavent  qu'ilz  sont  en  son  service  (d'autant 
qu'il  a  esté  ordinairement  parmy  eulx  et  les 
paye  etentretiene)  et  estiment  que  tous  ceulx 
qui  ne  sont  poinct  avecques  luy  ne  font  riens 
pour  luy  et  pour  son  royaulme:  le  suppliant 
ne  les  admonester  poinct  de  faire  chose  que 

1  Nous  présumons  que  ce  doit  être  Guillaume  de  Cliau- 
mont  s' d'Eguilly,  marié  à  Mabaut  des  Essars,  dame  d'hou- 
neur  de  Marie  Stuart.  —  \  o\.  \es  Lettres  des  Rois  et  Reines 
de  France,  tirées  des  archives  de  Chartres,  el  publiées 
par  M.  Lucien  Merlet.  Orléans.  »855. 


452 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


gens  de  bien  de  leur  nation  ne  feraient  jamais. 
Lesdicts  capitaines  pourroieut  aussi  escrire 
aux  autres  capitaines  de  delà,  pour  la  revanche 
de  ceste  lettre,  qu'ilz  sont  bien  marriz  de  veoir 
qu'ilz  sont  trompez,  d'autant  que  l'on  les  a 
levés  pour  le  service  du  Roy,  où  ils  voyent  bien 
qu'ilz  ne  sontpoinct,  et  que  cognoissans  cela, 
ilz  les  pryent  et  admonestent  ne  demourer 
plus  en  ceste  erreur,  et  se  retirer  au  Roy,  où 
ils  seront  bien  traiclez  et  légitiment  excusez 
partout  de  ce  qu'ilz  feront,  puysqu'ilz  sont 
venuz  soubz  le  prétexte  de  son  service.  Peult- 
estre  que  cest  advis  nous  servira  de  quelque 
chose,  et,  pour  le  moins,  congnoistrout-ilz 
que  ceulx  qui  les  veuilent  desbaucher  sont 
bien  loiug  de  leur  compte.  J'ai  vu  ce  que  vous 
m'escrivez  des  légionnaires  que  je  feray  retenir 
encores  quelques  jours,  actendanl  ce  que  le 
temps  produira  et  que  demaudra  l'armée  du- 
dict  prince,  de  laquelle  je  vous  prye  me  faire 
tous  les  jours  sçavoir  des  nouvelles  et  des 
rostres  aussi.  Je  vous  ay  envoyé  le  capitaine 
Rocb  avecques  tous  ses  préparatifs,  auquel 
j'ay  faict  bailler  troys  cens  escuz,  affin  que 
rien  ne  fust  retardé  faulte  d'argeut.  Pryant 
Dieu,  mon  compère,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez.  Du  boys  de  Vincennes,  le  xvue  jour 
de  décembre  i56a. 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Mon  compère,  si  vous  trovés 
bon  mon  avys  que  les  capitayne  ayscrivet,  fête 
leur  mestre  ausi  que  y  ne  combateron  plus 
pour  la  relygion,  d'aultent  qui  leur  ha  aysté 
acordé  set  qu'il  on  demendé;  et  vous  prie  que 
je  sache  sovent  de  vos  novelles  et  aveques 
toutte  lé  seurtés  et  avantage  abréger  sete 
guère,  car  nous  n'avons  plus  moyen  de  l'anter- 
tenir  à  la  longue.  Mes  recomendation  à  Mrde 
Guise  et  au  maréchal. 

Vostre  bonne  coumère  et  amie, 

Caterixe. 


1562.  —  18  décembre. 

Orig.  Arch.  des  Médicis,  dalia  lîlza  U-J3&  ,  p.  i65. 

A  MON  COUSIN  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin,  la  dame  du  Peron  l,  l'une  des 
dames  de  ma  chambre,  m'a  fait  entendre  que 
le  seigneur  Jhérosme  de  Gondy'2,  l'un  de  mes 
gentilzhommes  servans,  est  à  Florence  à  la 
poursuitte  d'un  procès  qui  luy  touche  à  cause 
de  son  dot  et  mariage,  et  aussy  pour  la  suc- 
cession de  feu  Alexandre  de  Gondy3,  dont  les 
enfans  de  ladicte  dame  du  Peron  et  ledicl 
Jhérosme  de  Gondy  y  ont  la  meilleure  part.  Et 
pour  ce,  mon  cousin,  que  ladicte  dame  du 
Peron  et  sesdicts  enfans  sont  continuellement 
près  la  personne  du  Roy  monsieur  mon  filz  et 
de  moy  pour  nous  faire  service,  je  vous  veulx 
bien  prier,  suivant  les  lettres  que  autres  fois 
je  vous  en  ay  escriptes  eu  leur  faveur,  de  les 
avoir  pour  recommandez,  et  de  leur  faire  faire 
bonne  et  briefve  justice,  comme  j'ay  entendu 
'  que  desjà  y  avez  bien  commancé;  vous  asseu- 
j  rant,  mon  cousin,  que  ce  faisant  me  ferez  bien 
grand  plaisir,  car  je  désire  qu'ilz  se  puissent 
rescentir  de  ma  recommandacion  et  des  ser- 
vices qu'ilz  nous  font  tous  les  jours.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous  ait  en  sa  très 
saincte  et  digne  garde. 

Escript  au  boys  de  Vincennes,  ce  xvme  jour 
de  décembre  1062. 

(De  sa  main.)  Mon  cousin,  vous  aurés  asés 
entendeu  les  servises  que  Madame  du  Peron 
m'a  fayst;  qui  est  cause  que  je  vous  prie  lui 

1   Marie  de  Pierre-Vive,  femme  d'Antoine  de  Gondi. 

-'  Il  était  neveu  de  Jean-Baptiste  de  Gondi.  —  Voy.Cor- 
binelli,  Généalogie  de  la  maison  de  Gondi.  1. 1",  p.  cclvi.  Il 
est  bon  de  rappeler,  en  consultant  cette  généalogie,  que 
l'auteur  était  pensionné  par  le  cardinal  de  Retz,  qui  lui 
avait  fait  l'honneur  de  le  reconnaître  pour  son  parent. 

3  Vov.  Corbinelli ,  Généalogie  de  la  maison  de  Gondi. 
t.    1,  p.  CMKXXI. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 
fayre  tous  lé  laveur  que  pourez,  lé  reportant 


453 


corne  a  moy-mesme. 

Voslro  bonne  cousine, 


Catbhine. 


1562.  —  i  •!•'■  décembre.) 

Minute.  Bibl.  nat.  (omis  français,  n°  15877.  ^  ^aa- 

A  MONSIEUR  DE  ST  SULPICE. 

Monsr  de  S.  Sulpice,  je  ne  \ous  feray  pas 
bien  longue  lettre  d'aullant  que,  par  celle  que 
le  Roy  monsieur  mon  lîlz  vous  escript1,  vous 

1  Voici  celte  lettre  de  Charles  IX  dont  la  minute  se  trouve 
à  la  bibliothèque  de  Saint-Pétersbourg;  elle  donne  quel- 
ques détails  sur  la  bataille  de  Dreux  : 

tr  Monsieur  de  S1  Sulpice,  par  Luthaire  que  je  vous  dé- 
peschay,  il  y  a  peu  de  jours,  je  vous  advertis  comme  mon 
armée  s'étoit  mise  à  suivre  celle  de  mon  cousin  le  prince 
de  Coudé  qui  est  partie  de  davanl  cette  ville  tirant  en 
Normandie,  où  elle  alla  si  avant  qu'elle  esloit  jà  à  ÎVo- 
gent-le-Rotrou  qui  est  près  de  la  rivière  de  l'Eure  qui 
va  en  Normandie,  laquelle  gaignant  ilz  pourraient  avoir 
moyen  de  se  joindre  avec  les  Anglois  avant  que  mon 
.irmée  eut  moyen  de  les  en  empescher,  ce  que  apprenant, 
mes  cousins  les  ducs  de  Guise  et  de  Montmorency  se 
délibérèrent  de  gagner  le  passage  de  ladicte  rivière,  et 
de  f'aict  le  vendredy  six  de  ce  mois  ils  arrivèrent  à 
Mezence  en  Perche,  village  sur  ladicte  rivière,  où  estant, 
sachant  que  le  Prince  esloit  encore  à  trois  lieues,  délibé- 
rèrent passer  la  nuit  sans  sonner  trompettes  ni  tam- 
bourins, aflin  qu'ilz  puissent  estre  de  là  levés  avant  que 
les  ennemis  eussent  aulcun  advertissement  de  leur 
arrivée,  ce  qui  eut  lieu1  en  toute  diligence,  et  à  une  lieue 
de  là  ils  commencèrent  à  ouïr  les  tambourins  de  l'armée 
du  Prince  et  la  recognurent  et  marchèrent  droict  à  eulx, 
lesquelz,  après  qu'ilz  eurent  délibéré  ce  qu'ilz  feroient, 
ils  se  résolurent  à  se  mectre  en  bataille  et  marcher 
droict  à  euh  par  la  belle  plaine  pour  les  combattre  s'ils 
les  trouvoient  en  lieu  où  ils  leur  donnassent  le  moyen, 
et  comme  il  estoit  ordonné  à  chascun  des  capitaines  ce 
qu'il  y  auroit  à  faire,  ils  se  mirent  l'avant-garde  et  la 
bataille  d'un  mesme  front  et  marchèrent  les  deux  armées 
droict  l'une  à  l'aultre  où  esloit  notre  armée;  arrivées  au- 
près d'un  petit  village  ils  firent  halte  et  commencèrent 
à  tourner  pour  mettre  ce  village  à  leur  flanc.  Noslre  ar- 
lillerie  leur  tira  six  ou  sept  volées;  cela  fait  ils  firent 


verrez   la    belle  victoyre  qu'il  a  pieu  à  Dieu 
nous  envoyer,  laquelle,  j'espère,  mectra  lin 

marcher  leur  cavalerie  en  quatre  ou  cinq  gros  escadrons 
de  François  et  revinrent  droict  à  ma  bataille  où  comman- 
dent mon  cousin  le  conneslable,  lequel  ils  allaquèreiitde 
telle  furie  que  mon  cousin  y  fut  jeté  parterre,  son  cheval 
lui;,  et  lui  prins,  comme  il  y  eut  beaucoup  d'autres 
gentilzhommes  tués  en  crsle  charge  qui  fut  bien  lourde 
et  comme  ils  combattaient  avec  une  grande  obstination, 
tant  que  gendarmes  que  les  Suisses,  ilz  furent  trois  fuis 
rompus  et  trois  fois  se  rallièrent,  et  mon  cousin  le  dur 
de  Guise  s'avança  avec  l'avant-garde  et  commença  à  leur 
gaigner  le  liane  avec  sa  cavalerie  et  une  bonne  troupe 
d'barquebuziers  françois  et  espagnolz  avec  lesquels 
troupes  il  fit  une  (elle  charge  qu'il  leur  rompit  un  gros 
escadron  de  mille  ou  douze  cents  et  de  ceste  mesme  fois 
emporta  toute  la  leste  de  leurs  lansquenetz,de  làçon  que. 
s'estant  les  troupes  qui  avoient  donné  à  la  bataille  re- 
tournées sur  ces  entrefaites,  il  y  eut  un  grand  et  furieux 
combat  qui  ne  dura  pas  moins  de  trois  ou  quatre  heures, 
où  il  fut  tué  plus  de  deux  mille  reistres  et  de  sept  à 
huit  mille  hommes  de  pied  des  leurs  et  le  prince  de 
Coudé  fut  prins,  s'estant  l'amiral  et  d'Andelot  sauvés 
avec  huit  ou  neuf  cenls  chevaulx  et  mondit  cousin  le 
conneslable  qu'ilz  ont  emmené  prisonnier;  el  monstra 
bien  mon  cousin  le  duc  de  Guise  qu'il  estoit  grand  el 
expérimenté  capitaine,  car  sans  sa  prudence  la  bataille 
eut  esté  entièrement  gagnée  pour  eulx.  En  ce  combat  a 
esté  tué  mon  cousin  lé  mareschal  de  S'  André  après  avoir 
fait  une  grande  preuve  de  valeur,  qui  m'est  une  grande 
perte  pour  m'estre  un  grand  el  digne  serviteur;  il  y  esl 
mort  aussi  le  s' de  la  Brosse,  et  de  Givry  et  de  Monlbron , 
l'un  des  enfans  de  Monsieur  le  connestahle.  Maintenant 
mon  cousin  le  duc  de  Guise  est  après  à  suivre  la  victoire, 
âffin  de  regarder  tous  les  moyens  qui  seront  possibles 
pour  les  exterminer;  de  quoy  je  n'ay  voulu  faillir  vous 
advertir  en  telle  diligence  pour  en  faire  incontinent  pari 
au  Roy  mon  bon  frère  et  à  la  Royne  ma  sœur,  m'asseu- 
rant  qu'ilz  participeront  à  l'aise,  plaisir  el  contentement 
que  je  reçois  d'une  si  bonne  et  heureuse  fortune,  la- 
quelle, j'espère,  mettra  lin  à  tous  nos  maulx  et  calamité: 
de  ce  royaulme.  Le  surplus  vous  entendrez  de  ce  por- 
teur, ce  qui  m'euipescher.i  de  vous  en  dire  davantage. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  S'  Sulpice,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde.  Du  bois  de  Vincennes,  le  (a3) 
jour  de  décembre  i5tia.i 

Voy.    dans   le   t.    VII  des    Archives  des    musions,    la 
lettre  de  Coligny  à  la  reine  Elisabeth  pour  lui  annoncer  la 


/,;,',  LETTRES  DE  GATH 

aux  maulx  el  calamité?  dont  nous  avons  esté 
si  longuement  tourmentez.  Je  vous  prie  en  l'aire 
bien  au  long  le  discours  au  Roy  monsieur  mon 
beau-filz  et  à  la  Royne  ma  fille ,  m'asseurant 
qu'ilz  n'en  auront  moindre  ayse  et  plaisir  que 
nous-mesmes.  Ne  vous  volant  celer  que,  en  ce 
combat,  les  Espaignolz  ont  sy  bien  faict  qu'ilz 
en  méritent  beaucoup  de  louenge.  Quant  au 

bataille  de  Dreux  et  en  atténuer  les  résultats,  d'après  l'o- 
riginal conservé  au  Record  office;  Discours  de  la  bataille 
de  Dreux  dicté  par  feu  François  de  Lorraine  (Archive* 
furieuses,  t.  V,  p.  97)  ;  Récit  de  cette  même  bataille  par 
un  protestant,  daus  le  n°  7'iû  du  fonds  Moreau,  p.  i4i, 
el  le  même  récit  par  un  catholique  (ibid.  p.  i53);  Lettre 
du  i5  janvier  1 503  de  François  Holman  à  l'envoyé  et 
au  conseil  de  Berne  pour  dissimuler  cette  défaite  (  Archives 
de  lierne):  nous  v  lisons:  «De  prisonniers  amenez  à 
Orléans  y  en  a  infinilz,  entre  aullres  des  chevaliers  de 
l'ordre  huit  ou  dix,  du  nombre  desquels  sont  Messieurs 
le  connestable  et  Damville  son  Hz.» 

••  Le  sieur  de  Guise  ayant  pris  le  prince  de  Condé , 
craignant  que  pour  le  bruict  de  la  perte  de  la  bataille  ung 
chacun  se  révoltast  contre  lui  comme  cause  et  aultheur 
de  tout  le  mal ,  l'eist  despescher  couriers  de  tous  costez  au 
nom  du  Roy  pour  semer  nouvelles  qu'il  avoit  gaigné  la 
bataille  et  pris  le  chef." 

••Les  lansquenetz  de  Monsieur  le  Prince  ont  faict  si 
mal  leur  debvoir  et  ont  esté  si  obstinez  à  ne  point  com- 
batre  que  l'on  juge  pour  certain  qu'il  v  a  eu  de  l'intelli- 
gence practiquée  avec  quelques  ungs  de  leurs  capitaines 
du  temps  des  trêves  qui  furent  faictes  près  de  Paris.- 

••Toute  l'artillerie  du  s'  de  Guise  qui  estoit  en  grand 
nombre  a  esté  prise,  et  est  entre  les  mains  du  s'  amiral. m 

Voy. une  lettre  de  l'ambassadeurChanlonnay  où  il  parle 
île  la  blessure  du  connétable  reçue  à  Dreux  (  Arch.  nation, 
collect.  Simancas,  p.  1^99,  n°7);  Lettre  de  Charles  IX 
à  M-  de  Burie  (Bibl.  nat.  fonds  français,  0°  16877, 
I  i39); Lettre  de  l'ambassadeur  Smith  aux  membres  du 
conseil  d'Angleterre  dans  le  Calendar  of  State  papers  (an- 
née  i562,p.585);Leltredu  mèmeà  Cecil  (ibid.  p.  J89); 
La  Noue,  Mémoires,  collect.  Michaud,  1"  série,  t.  IX, 
p.  6o5;  Vieilleville,  Mémoires  (ibid.  p.  33i);  D'Aubi- 
gné,  Ilist.  univers,  t.  1,  chap.  xiv,  p.  166  ;  Mémoires  de 
Condé,  t.  IV,  p.  iS3;  Lettre  de  M.  de  Cbaulnes  (ibid. 
t.  IV,  p.  189);  Lettre  de  deux  Espagnols  (  ibid.  p.  i83); 
Lettre  de  Robertet  sur  la  même  bataille  (Bibl.  nat.  fonds 
■lis,  n"  3i8o,  P  1  7  '1  ). 


ERINE  DE  MED1CIS. 

demeurant  de  noz  nouvelles  vous  l'entendrez 
par  ce  porteur,  qui  me  gardera  de  vous  en 
riens  dire  davanlaige ,  si  n'est  que  je  prie  Dieu, 
Monsieur  de  S1  Sulpice,  vous  avoyr  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

De  Paris,  ce  .  .  .jour  de  décembre  1062. 


(1562.—  a3  décembre.)  ' 

Minute.  Bibl.  nat.  foiids  français,  n'  15609,  f'  18. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE  CARDINAL  DE  LORRAINE. 

Mon  cousin ,  nostre  dernière  dépesche  a  ijsté 

1  Le  même  jour,  Catherine  annonçait  la  victoire  de 
Dreux  à  l'évêque  de  Rennes;  nous  donnerons  les  variantes 
de  celte  seconde  lettre  qui  est  originale  et  qui  commence 
ainsi  :  «Par  la  dépesche  que  je  vous  ay  faicte  dernière- 
ment ,  je  vous  ay  bien  faict  cognoistre  qu'il  y  avoit  plus 
de  particulière  passion  et  ambition  en  l'esprit  de  cenlx 
qui  possédoient  mon  cousin  le  prince  de  Condé  que  de 
zèle  de  religion;  ce  qui  s'est  assez  démonstré  par  leurs 
continuelles  actions  et  encores  plus  par  l'introduction 
qu'ilz  ont  faicte  des  Angloys  dedans  ce  royaulme,  et  der- 
nièrement qu'ilz  s'estoient  aprochez  de  Paris  et  que  je 
m'estoys  abouchée  avec  eulx  pour  le  bien  de  la  pais,  par 
la  réception  qu'ilz  feirent  de  nostre  négociation,  après 
leur  avoir  accordé  le  faict  de  la  religion,  suivant  le  con- 
tenu en  l'escriptque  je  vous  ay  envoyé  avec  madicle  der- 
nière dépesche,  dont  ilz  avoient  déclaré  se  contenter,  et 
davantage  tellement  accommodé  leur  particulier,  que  s'ilz 
n'eussent  esté  meus  d'aultre  intention  que  du  désir  de  la- 
dicte  religion,  il  ne  restoil  plus  rien  qui  nous  pusl  em- 
pescher  de  venir  à  une  généralle  pacification  de  toutes 
choses,  qui  a  tousjours  esté  le  but  où  j'ay  tendu  depuis  le 
commencement  de  noz  troubles  et  à  quoy  je  travaille  con- 
tinuellement. Or  Dieu ,  qui  est  juge  de  tous  noz  intentions 
et  qui  ne  veult  poinct  que  nous  couvrions  noz  mauvaises 
entreprises  du  manteau  de  religion ,  a  permis  que,  s' estant 
mondict  cousin  retiré  d'auprès  de  Paris  avec  son  armée 
et  acheminé  sur  le  cheroyn  de  la  Normandye  en  délibéra- 
tion de  s'aller  joindre  avec  les  Angloys,  et  s'estant  mis  à 
les  suivre  Messieurs  les  ducs  de  Guyse  et  de  Montmorency 
connestable  de  France  et  le  feu  mareschal  de  S'  André 
avec  toutes  noz  forces,  les  deux  armées  sont  venu  à  s'entre- 
recognoistre  et  rencontrer  samedy  dernier  xix'  de  ce  moy> 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


du  xvn  de  ce  uioys  qui  esl  allée  la  voye  de 
Flandres  suyvanl  ce  que  vous  dous  en  raan- 
dastes  dernièrement.  Ceste  c\  vous  sera  portée 

par ([ne  j'envoye  exprès  devers  \ous, 

ainsi  qu'il  m'a  semblé  que  L'occasion  le  mérite 
bien,  pour  vous  advertir  <|in>  samedy  dernier 
dix  neufviesme  de  ce  moys  se  donna  la  bataille 
entre  nostrc  armée  et  celle  du  prince  de  Coudé 
en  une  tort  belle  et  grande  plaine  près  d'un 
village  appelé  le  Nuyzenian  distant  d'une  lieue 
de  Dreux,  où  du  commancement  quelques  che- 
vaulx  françois  et  à  leur  queue  deux  grosses 
trouppes  de  pistoliers  feirent  une  si  furieuse 
et  grosse  charge  à  la  cavallerye  de  la  bataille 
de  nostredicte  armée  que  conduisoyl  mondict 
cousin  le  connestable  qu'elle  l'enfonça  et  y 
fust  mondict  cousin  le  connestable  porté  par 
terre  et  pris  prisonnier  par  le  sieur  de  Bussy, 
et  de  là  donnèrent  dans  le  bataillon  de  noz 
Suysses  qu'ilz  entamèrent  jusques  aux  en- 
seignes, et  louteiïoys  lesdictz  Suysses  faisant 
ce  que  les  meilleurs  gens  de  guerre  sçauroient 
faire  se  rallièrent  jusques  à  la  troysième  fovs. 
Ceulx  qui  se  sauvèrent  de  ceste  charge,  tant 
gens  de  cheval  que  de  pié  et  autres  qui  par- 
tirent d'effroy  de  bonne  heure,  feirent  telle- 
ment courir  le  bruict  de  la  bataille  perdue 
pour  nous  que  j'en  suys  demourée  en  un 
extresme  ennuy,.  peine  et  fascherye1,  jusques  à 
cejourd'huy  malin -que  ainsi  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  lilz  et  moy  estions  à  la  messe,  le 
sr   de  Losses  nous  est  arrivé,   qui    nous  a 

en  une  lort  lielle  et  grande  plaine  près  d'un  villaige 
nommé  Nuizeman.»  (Cinq  cents Cotbert,n°  3go,f"  i33 
et  suiv.)  —  Le  récit  de  la  balaille  esl  le  même  dans  les 
deux  lettres. 

1  Variante  de  la  lettre  à  l'éve'que  de  Bennes  :  irJ'en  de- 
meura} près  de  xxiui  heures  en  img  extresme  ennuy  et 
fascherie  et  jusqu'à  ce  que  le  sr  de  Losses  arriva  par 
devers  moy,  qui  fui  hier  sur  les  neuf  heures  du  matin.» 
—  \o\.  a  ce  sujet  une  lettre  de  l'ambassadeur  Smilli 
dans  le  Calendar  of  State  papers  (année  i56s,  p.  .'i85.) 


advertys  que  mon  cousin  le  duc  de  Guyse, 
vostre  frère,  qui  estoit  à  la  teste  de  lavant- 
garde,  voyani  que  la  bataille  de  aostredicte 
armée  clinoyl  '  et  s'en  alloyt  rompue,  feil  tel 
devoir  avec  les  gens  de  bien  donl  il  estoyt  ac- 
compaigné  de  charger  le  demeuranl  des  reistres 

et  gens  de  cheval  de  noz  eni \s.  qui  mar- 

choient  pour  venir  au  combat  après  les  an  lires. 
qu'il  les  emporta,  et  de  là  donna  èsdietz  leurs 
gens  de  pié  françoys  et  lansquenetz  qu'il  miel 
en  tel  désordre  qui'  noz  gens  de  pié  n'eurent 
peine  que  d'en  exécuter  la  victoire.  Et  après 
cela  alla  encores  si  furieusement  charger  1rs 
aultres  trouppes  de  cavalerye  qui  avoient  faicl 
lasusdicte  première  charge,  qu'il  les  meit 
toutes  à  val,  gaigna  leur  artillerye,  se  feit 
maistre  du  camp,  et  prit  prisonnier  mondicl 
cousin  le  prince  de  Condé.  L'on  lient  que 
l'amiral  de  Chastillon,  le  sieur  d'Andelot,  sou 
frère,  et  les  sieurs  de  la  Roçhefoucault  et  de 
Grantmont  se  sont  sauvez2  et  qu'ils  ont  amené 
quant  et  eulx  à  Orléans  mondict  cousin  le 
connestable.  Et  de  vous  mander  les  hommes 
signalez  qu'ilz  ont  perdu z  en  ceste  bataille,  je 
ne  le  puys  faire  pour  ne  m'en  avoir  encores 
esté  riens  mandé  de  certain;  mais  je  vous 
asseureray  bien  que  leurs  reistres  et  gens  de 
pié  ont  esté  si  mal  Iraictez  qu'il  se  trouve  de 
cinq  à  six  mil  hommes  morlz  sur  le  lieu  du 
combat.  Les  principaulx  hommes  que  nous  \ 
avons  perdu  à  mon  grant  regret  sont  le  ma- 
resrhal  de  S'  André3,  qui  a  esté  tué  en  pour- 

Clinoyt ,  faiblissait. 
-  Variante  de  la  lettre  à  Vévêqw  dt  Rennes  :  -  kvsc 
quelques  reliques  des  gens  de  cheval  qui  ne  peuvent  estre 
grand  nombre,  car  il  se  recognoist de  vi  à  vin"'  hommes 
morti  tant  an  li'"  du  combat  que  sur  les  ehemyns  pai 
lesquelz  a  estépoursuivye  la  victoire,  et  comme  telles  choses 
ne  se  peuvent  exécuter  sans  perte  de  beaucoup  de  geni 
de  bien  >'t  ordinairement  des  meilleurs  cappilaines,  nous 
y  avons  perdu  à  mon  grand  regret,  etc.» 

l'ait  prisonnier  el  tué  par  le  s'  de  Baubigny,  son  en- 


456  LETTRES  DE  CATH 

suivant  la  victoire,  Monberon  ',  filz  de  mon- 
dict  compère,  les  sieurs  de  la  Brosse2,  de 
Givry3  et  des  Bordes*.  Mon  cousin  le  duc  de 
Nivernoys 5  y  a  eu  uug  coup  de  pistolet  en  la 
cuysse,  dont  Ton  crainct  l'événement,  et  Beau- 
cour  y  auroyt  este'  bien  fort  blessé;  mon  cou- 
sin le  duc  d'Aumalle,  vostre  frère,  receut  l'une 
des  premières  charges  en  laquelle  il  fut  porté 
par  terre  et  conculqué  6  par  quelques  chevaulx, 
qui  luy  ont  ung  peu  froissé  une  espaulle, 
dont  il  a  esté  pansé  chantant  et  s'en  porte 
fort  bien,  comme  aussy  faicl  mon  cousin  le 
grand  prieur7,  qui  participa  bien  avant  à  l'hon- 
neur de  ceste  victoire,  et  les  sieurs  de  Damp- 
ville  et  de  Martigues  qui  y  ont  tous  faict  le 
devoir  que  les  plus  gens  de  bien  et  vaillans 

iiemi  personnel. —  Y oy.  Brantôme,  édit.  de  L.  Lalanne 
(art.  Saint -André). 

'  Voy.  dans  le  n°  aoooS  du  fonds  français,  une 
lettre  de  la  ducliesse  de  Guise  à  la  connétable,  à  l'oc- 
casion de  la  mort  de  Monlberon  (Gabriel  de  Montmo- 
rency) :  «Y'ous  devez,  lui  dit-elle,  avoyr  grand  conso- 
lassion  de  panser  que  jeamès  jeune  sygneur  n'asquit 
plus  d'honneur  et  bonne  réputassion.i  —  Y'oy.  une 
lettre  de  Chantonnay,  où  il  parle  de  l'extrême  regret 
qu'eut  le  connétable  de  cette  perte  (Arcb.  nat.  collec- 
tion Simancas,  K,  1  i 99 ,  pièce  n°  5)  et  une  notice 
sur  Gabriel  de  Montmorency,  par  Le  Laboureur,  dans 
les  Additions  aux  Mémoires  de  Castebuw ,  l.  II,  p.  85 
et  suiv. 

:  Jacques  de  la  Brosse.  —  Voy.  l'éloge  qu'en  l'ait  Bran- 
tôme dans  son  discours  sur  le  maréchal  de  Vieilleville 
(édit.  de  L.  Lalanne)  et  une  notice  par  Le  Laboureur,  dans 
les  Additions  aux  Mémoires  de  Castelnau,  t.  II,  p.  89  et 
suiv. 

'  René  d'Anglure,  le  cinquième  fils  de  François  Sa- 
lailin  d'Anglure  et  de  Marguerite  de  Roncberolles;  il 
avait  épousé  Jeanne  Chabot,  fille  de  Guy  Chabot,  baron 
de  Jarnac. 

'  11  était  neveu  du  maréchal  de  Bourdillon  et  l'unique 
héritier  de  la  maison  de  la  Platière. 

5  François  de  Clèves,  comte  d'Eu,  duc  de  iNevers. 
Com  ulqué,  foulé. 

7  François  de  Guise,  grand  prieur  de  France,  mort 
le  6  mars  i563. 


ERINE  DE  MEDICIS. 

cappitaines  sçauroient  faire  en  ung  tel  en- 
droict.  Dieu  veuille,  mon  cousin,  que  ceste 
victoire  de  laquelle  nous  sommes  bien  tenuz 
de  le  louer  et  remercier  nous  soyt  occasion 
d'une  bonne  paix,  qui  remecte  cest  Estât  en  la 
tranquilité  que  je  désire  et  qui  y  est  nécessaire 
pour  sa  conservation;  et  que  du  lieu  où  vous 
estes  nous  puissions  veoir  sortir  une  saincte 
et  sérieuse  refformation  des  choses  qui  se 
trouvent  dépravées  en  l'église  de  Dieu  et  que 
cela  soyt  cause  d'une  générale  unyon  et  con- 
corde en  la  religion;  qui  est  chose  que  je  me 
metlroys  en  peine  de  vous  recommander  pour 
l'extresme  besoing  que  nous  en  avons  en  ce 
royaume,  si  je  ne  sçavoys  ce  que  vous  y  avez 
de  sincère  affection  '. 

1  La  lettre  de  Catherine  à  l'évèque  de  Rennes  se  ter- 
mine ainsi  :  iVous  ferez  part  de  ceste  nouvelle  à  l'Em- 
pereur monsieur  mon  bon  frère  et  au  roy  des  Bomains 
et  pareillement  à  tous  les  princes  de  la  Germanie  qui 
se  trouveront  encores  en  leur  compagnie  lors  de  la 
réceplion  de  ceste  lettre  et  aux  aultres  que  vous  aurez 
moyen  d'en  faire  advertir,  et  les  asseurerez  que  le  priu- 
cipal  fruict  que  j'espère  tirer  de  ceste  victoire  est  d'es- 
tablir  une  bonne  et  sincère  paix  en  ce  royaulme  qui 
soit  à  l'honneur  de  Dieu  et  à  la  conservation  et  paciffi- 
cation  des  subjeclz  du  Roy  mondict  sieur  et  filz,  qui 
est  le  but  où  j'ay  tousjours  tendu  et  que  je  cognois  si 
requis  et  nécessaire  pour  le  salut  de  cest  Estât  que  je 
n'ay  plus  rien  à  cueur  que  cela.  Y'ous  vous  emploierez 
aussi  envers  les  ungs  et  les  aultres  tant  par  les  saiges 
remonslrances  que  vous  leur  sçaurez  bien  faire  que  par 
tous  les  aultres  moyens  dont  vous  vous  sçaurez  bien  ad- 
viser  pour  les  garder  que,  sur  la  nouvelle  de  ceste  vic- 
toire, ilz  ne  facent,  ne  souffrent  qu'il  soit  faict  chose  à 
la  faveur  de  ceulx  du  pari  y  de  mondict  cousin  le  prince 
de  Condé  qui  soit  cause  de  les  obstiner  davantaige  en 
leur  rébellion  et  désobéissance  et  de  leur  faire  reffuser 
ce  que  je  me  délibère  leur  faire  accorder  de  bon  et 
doulx  traictement  tant  pour  la  liberté  de  leurs  con- 
sciences que  pour  la  joyssance  de  leurs  biens;  et  quant 
à  mon  cousin  le  prince  de  Condé,  vous  pouvez  asseurer 
tous  ceulx  qui  vous  en  parleront  que  le  Roy  mondict 
sieur  et  filz  n'a  aullre  entencion  que  de  le  Iraicter  comme 
prince  de  son  sang  et  son  proche  parent  bon  et  gratieu- 


1562.  —  3i  décembre. 
Bibl.Dal.fom 

\  M0NSIE1  R  DE  SOTJBISE. 

Monsieur  de  Soubize,  par  la  lettre  que  le 
Roj    monsieur  mon   Glz   vous   escript1,  vous 


sèment,  in  lui  faisant  remectro  entre  ses  mains  lès  | 
qu'il  Iny  a  occupées;  à  quoy,  puisqu'il  n'est  plus  eu  la 
puissance  de  ceulx  qui  le  possédoient,  je  m  as 
aucun  refluz  ne  difficulté.* 
\  oici  coite  lettre  : 

•Monsieur  de  Soubize,  je  nous  leis  l'aultre  jour  en- 
tendre par  mon  cousin  le  duc  de  Nemours,  la  victoire 
qu'il  avoit  pieu  à  Dieu  me  donner  ces  jours  passez,  il 
l'occasion  pourquoi  je  le  vous  mandois  estoit,  adin  que, 
cela  estant  sceu  de  vous  et  considéré  le  danger  et  péril 
•■minent  où  vous  meclriez  ma  ville  de  Lyon,  si  vous 
vous  vouliez  oppiniaslrer  à  la  tenir  encor  contre  moi, 
voulsissiez  prendre  et  choisir  le  meilleur  partj  et,  obéys- 
-ant  à  mon  commandement,  la  remissiez  entre  les  mains 

mondict  cousin  le  duc  de  Nemours  mon  lieutenant 
général  et  gouverneur  par  delà,  en  faisant  sortir  et  re- 
tirer hors  d'u  elle  tous  les  gens  de  guene  qui  la  trou- 
blent et  tienent  à  présent;  mais  depuis  avant  entendu 
de  mondict  cousin  le  duc  de  Nemours,  qu'il  semble 
que  vous  doubliez  encor  de  cesle  bataille  gaignée  et  de 
la  prinse  de  mon  cousin  le  prince  de  Condé,  et  que  ne 
faicles  aulcun  semblant  de  m'obéyr  et  accomplir  mts- 
dicts  commandemcns ,  je  vous  ay  bien  voullu  escripre 
la  présente  pour  vous  dire  que  tout  ce  que  vous  avez 
par  cv-devant  entendu  par  le  moyen  de  mondict  cousin 
le  duc  de  Nemours  est  très  véritable;  à  Quoy  encor  je 
vous  puis  adjouster  davantage  que  mondict  cousin  le 
prince  de  Condé  commence  depuys  sa  prinse  à  monstrei 
la  bonne  vok.nl. -  qu'il  me  porte,  que  j'espère  par  son 
moven  de  bien  lost  rentrer  en  repos  et  es  villes  qui  sont 
occupées  et  détenues  par  force,  et  oultre  mon  gré.  Ji 
désire  doncq  que  vous  veuillez  eslre  si  sage  et  advisé, 
que,  suivant  le  commandement  exprès  que  je  vous  fais, 
vous  remédiez  madicte  ville  de  Lyon  en  liberté  et  entre 
les  mains  de  mondict  cousin  le  duc  de  Nemours 
faire  faulte  ny  user  de  longueur  :  car'  d'aullant  que  VOUS 
vous  basterez  à  vous  monstrer  et  ceulx  de  ladicte  ville 
bons,  loyaulx  et  obévssans  subjeclz,  en  ce  faisant,  d'aul- 
lant plus  me  donnerez  vous  ociasion  de  vous  bien 
traicter.  veu  mesmes  que  je  ne  désire  rien  tant  que  la 
conservation   de  ladicte  ville,  et  de  vous  tous;  de  la- 

Cathkbike  DE  MÉDICIS. I. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS.  Û57 

verrez  les  nouvelles  qu'il  vous  mande  touchant 
ceste  bataille  gaignée,  el  le  commandemenl 
qu'il  vous  faicl  de  remectre  entre  les  mains  de 
mon  cousin  le  duc  de  Nemours,  gouverneur  el 
son  lieutenanl  général  par  delà,  sa  ville  de 
Lyon,  auquel,  pour  vous  avoir  tousjours 
cogneu  prudent  el  advisé,  el  davantage  ama- 
teur du  bien  d  repos  de  ce  royaulme,  je  me 
veulx  promectre  que  vous  serez  maintenant 
pour  satisfaire  aussytost  que  vous  aurez,  par 
la  bouche  de  mondict  cousin  1"  duc  de  Ne- 
mours, et  par  les  lettres  dudictsieur  li<>\  mon 
iilz  et  les  mienes,  entendu  nostre  intention, 


et  receu  le  commandement.  El  gardez  -nus. 
je  vous  prie,  que  maintenant  que  vous  ne 
pourrez  plus  eslre  advoué  par  mon  cousin  le 
prince  de  Coudé  des  choses  que  vous  feriez 
cy-après,  la  particulière  passion  d'aulcuns  ne 
soit  cause  de  vous  faire  perdre,  el  admener 
une  tolalle  ruyne  el  désolation  à  ceste  pauvre 
ville  là.  qui  esl  toute  certaine  et  préparée,  si 
vous  el  ceulx  qui  la  tenez  par  force  ne  vous 
recoguoissez  el  suivez  le  conseil  que  je  vous 
donne,  vous  ayant  tousjours  aymé.  lu  sur  ce, 
je  prie  Dieu.  Monsieur  de  Soubize,  qu'il  vous 
ayl  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  dernier  jour  de  dé- 
cembre i56a. 

Caterink. 
bokertet. 

quelle- je  ne  vois  pas  aultre  chose  que  la  ruyne  mani- 
feste, -i  vous  ne  vous  recognoissez  et  obéyssez  prompte- 
meiil  à  mesdicts  commandemens.  Et  par  ainsi  vous  y 
penserez  el  m'advertirez  soudain  par  le  moyen  de  mon- 
dict cousin  le  duc  de  Nemours  de  ce  qui-  vous  en  voul- 
. li .z  faire.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Soubiz.' .  qu'il 
vous  ait  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

i Escript  à  l'.uis.  ce  ixvu'jour  de  décembre  i 
I  Bibl,  nat.  fonds  franc.  !  iJ  '"j  v"). 


58 


i58 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIOIS. 


1563.  —   i"  janvier. 
Copie.  Itil)i-  nat.  inss.  collection  de  D.  Housse;ui  ,  i.  X. 

\  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE. 

Monsieur  le  comte,  après  la  bataille  donnée 
cl  l'heureuse  victoire  qu'il  a  pieu  à  Dieu  eu 
envoyer  au  Roy  monsieur  mon  fil.z,  ceulx  d'Or- 
léans se  son!  relirez,  oui  ramassé  ce  qu'il/,  ont 
peu  de  cavallerye,  et,  comme  nous  avons 
sien ,  passé  la  rivière  de  Loyre,  dont  l'occasion 
et  intention  n'est  poinct  encores  descouverte, 
et  louteslbis  y  a  il  apparence  que  ce  pourrait 
estre  pour  cheminer  de  vostre  costé,  ravager 
le  pays  et  faire  quelque  désordre;  car  de 
prandre  villes  sans  intelligences,  il  ne  leur  est 
pas  possible ,  n'ayant  aucuns  gens  de  pied  ne 
arlillerye  que  quelques  pièces  légères,  s'ilz  en 
ont;  de  quoy  je  n'ay  voullu  faillir  à  vous 
adverlir,  vous  priant  donner  le  plus  iost  que 
vous  pourrez  ordre  d'adverlir  les  villes  de 
vostre  gouvernement  de  se  tenir  sur  leurs 
gardes,  et  ies  villes  bien  fermées,  se  mectans 
eu  armes  pour  les  conserver  et  defTendre,  et 
aux  peuples  de  rompre  les  ponts  et  passages, 
ainsy  qu'ilz  entendront  qu'ilz  s'achemineront, 
affin  de  les  incommoder  de  tout  ce  qu'il  sera 
possible;  et  quanl  à  vous,  mectre  ensemble 
les  forces  que  vous  avez  ou  bien  les  départir 
aux  villes  et  lieux  importants  qui  en  auront 
besoing  pour  empeseber  qu'il  n'y  advienne 
aucun  inconvénient,  et  surtout  avoir  l'œil  ou- 
verl  sur  les  factieux  et  séditieux,  desquelz 
l'intelligence  pourrait  estre  préjudiciable,  et 
sur  laquelle  il  est  croyable  que  ceux-là  fondent 
une  partie  de  leurs  entreprises.  Priant  Dieu, 
Monsieur  le  comte,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  de  Chartres,  le  i"  jour  de  janvier 

1562(1563)». 

Gaterine. 
De  l'Aubespine. 

'   L'ambassadeur  Clianlonnay  écrivait  à  la  duchesse  de 


1563.  —  i"  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat    Cinq  renls  Colbert,  vol.  94,  fJ  5. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR , 

CHEVALIER    DE  L'ORDRE  DC   ROY    MONSIEUR   MON    FI1.Z  . 
CONSEILLER    EN    SON  CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  après  que  vous  aurez 
ouy  le  sieur  du  Rois  d'Ennebourg'.  présent 
porteur,  vous  congnoislrés  encores  mieulxque 
je  ne  désire  pas,  sans  grande  occasion,  que 
mon  cousin  le  marescbal  de  Rrissac,  vostre 
frère,  se  trouve  en  Nonnandye  le  plus  Iost 
qu'il  sera  possible;  à  quoy  je  vous  prie  tenir 
la  main  et  croyre  que  luy  ne  vous  ne  sçau- 
riez  faire  service  plus  agréable,  ne  en  occasion 
plus  à  propos  que  celle-là.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa  garde. 
Escri t  à  Chartres,  le  premier  jour  de  janvier 
i56a  (i563). 

(De  sa  main.)  Fayste  dite  à  mestre  Enri, 
lansier,  qu'il  anvoy  yneonlinenl  dose  sans 
lanses'2  et  luy  faite  ballerde  l'argent,  car  l'ons 
an  na  alayre  nésésérement.  Je  ne  se  encore 
si  nous  auront  la  pays,  mes  les  chause  son! 
en  milleui  trnvn  que  quant  ayles  parly  3.  el 
jeuques  à  set  que  se  souit  fayst  au4  fally,  vous 
n'auré  de  mes  novelles;  et  faytes  mes  recomen- 
dation  à  la  bonne  grase  du  Roy  mon  fils5  el  de 

son  frère. 

Caterine. 
De  l'Aubespink. 

Parme,  le  2  janvier  :  ctLa  Reyne  mère  s'est  arrestée 
Chartres  pour  voir  si  elle  pourra  suivre  les  négociations 
de  la  paix,  car  en  ceste  ville  (Paris)  ne  seraient  \olou- 
tiers  vus  ceulx  qui   viendroienl  de  l'aiiltie  part.-  (  Arcli. 
inip.  de  Vienne.) 

1  L'un  des  quatre  secrétaires  des  finances,  de  la  ia- 
mille  du  Bosc,  en  Normandie. 

2  Doze  sans ,  douze  cents. 

'   \ov.  une  dépêche  de  Throckmorton  à  la  rein.'  l'.h 
sahetb.  ( Cnfei»inr  of  Stalr  piijieis ,  i.")o3,  p.  20.) 
I«.  ou. 

b  Charles  IX  étail  reslé  à  Paris.  —  Vov.  une  dépèche 
de  Smith  à  Cecil.  (  Cahndar  of  State  papers ,  1 563 ,  p.  h.) 


LET1  RES  1)1.  CATHERINE  l>E  MEDIC1S. 


i  563.  —  1"  janviei 

Bî]  '      ;      ;.'    i  lolbei  i     vol.  .'  1 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR 

CHSVALUSB  PK  L'ORDBB  DU   IlOV  UO.tSlKl'R  UQ\  riLZ  . 

m  Ll:l;  ts   min    i  OKSBU  l'IUVÉ. 

VIonsieur  de  Gonnor,  je  vous  envoyé  une 
lettre  que  le  mareschal  «le  Vieilleville  et  le 
sieur  de  Villebon  '  m'escripvenl  de  la  résolu- 
lion  prinse  par  eulx  pour  recouvrer  le  rhas- 
teau  Je  Tancarville2;  en  quoj  ilz  ont  besoing 
d'estre  secouruz  de  quelque  argent  (joui-  four- 
nir aux  fraiz  qui  y  sont  plus  que  nécessaires, 
mesmemenl  pour  faire  la  réduction  des  bandes 
dont  ladicle  lettre  faict  mention;  à  quoy  je 
vous  prye  faire  tout  ce  que  vous  pourrez,  de 
façon  que  la  chose  ne  soit  aucunement  re- 
tardée; ilz  demandent  aussi  quelque  chose  de 
l'artillerie,  dont  je  vous  envoyé  lestât;  laites 
venir  à  vous  le  commissaire  la  Treille,  lieute- 
nant du  sieur  d'Estrée  à  Paris,  auquel  j'en 

iscris,  el  avecquesjuv  advisez  sommairement 
de  ce  qui  leur  faut,  que  \ous  leur  ferez  quant 
et  quant  envoyer  et  du  tout  les  advertir  par 

edicl  porteur  que  j'ay  renvoyé,  désirant  que 
cela  se  puisse  advancer,  afin  que  tant  plus  tosl 
on  puisse  s'attacher  à  Dieppe,  où  j'entends  que 
Montgominery  est  entré3.  Piyanl  Dieu,  Mon- 
sieur de  Gonnor.  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  Chartres,  le  premier  jour  de  janvier  i56a 

(t563). 

Caterink. 

(De  sa  main.)  La  pais  av  fayste,  mes  n'an 
diste  rien  et  fornisénousdesan  mitaysceu  'dau 

'  Villebon  d'Eslouteville,  bailli  de  Rouen.  —  Voy.  Ho- 
quet, Histoire  du  Parlement  de  Normandie ,  t.  Il,  p.  682. 
-  \oy.  l)e\ille.  Histoire  du  château  de  Tancarville,  et 
un   Mémoire  de  ce  qui   est  nécessaire  pour  reprendre 
Tancarville  dans  le  fonds  français,  n"  3ai6,  Pal. 

Montgommeiy  était  enlré  à  Dieppe  le  j<j  décembre. 
— .Voy.  une  dépêche  de  Warwick  à  Cecil.  (Calendar  oj 
State  papert ,  1  56a  .  p.  5g5. 1 
;  ytceu .  écus. 


troys  jours  pour  an  uanvoyer  lé  reystre 
anvoy  quérir  quatre  consellier  '  que  je  vous 
prie  dire  au  premier  présiden  qui  me  les  en  - 
voye  yncontinenl  pour  se  que  je  au  né  afayre 
pour  l'avis  que  je  veuh  d'eus  sur  quelque 
po\  n  que  je  suis  en  difficultés;  fayte  les  hasler. 

Caierini 
De  l'Aubespine. 

(De  la  main  de  V Aubespine.)  La  Royne  a 
voullu  (jue  ce  courrier  vous  portas!  ceste  lettre 
que  je  vous  envoyois  par  ung  homme  de  Nor- 
mandye  pour  l'affaire  \  contenu,  mais  il  von-. 
portera  le  demourant. 


1  563.  —  1"  janvier. 
Ong.  Record  office,  Statepapers,  France,  vol.  XXIX. 

A  MB  L'AMRASSADEUR  D'ANGLETERRE' 

Monsieur  l'ambassadeur,  pour  ce  que  je 
fais  compte  de  retourner  à  Paris  dans  deu\ 
jouis  et  que  ce  vous  seroit  fort  incommodité 
et  au  secrétaire  venu  d'Angleterre 3  de  me 
venir  trouver  en  chemin,  j'ay  pensé  que  le 
meilleur  esloit  que  vous  m'attendissiez  là  où 
je  vous  douneray  incontinent  audience,  et  si  je 
vois  que  mon  voyage  fust  aucunement  retardé 
davantaige,  je  vous  en  adverliray  pour  me  ve- 
nir trouver;  cependant  je  vous  donne  ce  pas- 
seport pour  le  courrier  que  vostre  homme  pré- 
sent porteur  m'a  dict  que  vous  vouliez  envoyer 
en  Angleterre,  auquel  est  comprins  celuy  que 

1  Ces  conseillers  étaient  mandés  à  Chartres  pour  exa- 
miner certains  articles  du  projet  de  paix  alors  débattu  el 
que  repoussaient  les  Parisiens.  —  Voy.  à  ce  sujet,  une 
dépêche  de  Throckmorton  à  la  reine  Elisabeth.  (.Calendar 
of  State  papers,  1  563 .  p.  ao,  | 

Sir  Thomas  Smith.  —  Voy.  une  lettre  de  Sorae    > 
Cecil.  (Qdeiidiir  oj  State  papers,  année  i563,  p.  2.) 

3  Sir  John  Somer;  il  était  arrivé  à  Paris  le   3o  'I 
cembre.  — Voy.  une  dépêche  de  Somer  à  Cecil.  (Calendar 
of  State  papers,  i">63,  p.  a.) 


/iGO 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


vous  distes  avoir  esté  arresté  à  Boullogne,  dont 
je  n'avois  riens  sceu  :  mais  à  ce  que  je  vois  est 
la  ta u I te  de  vostre  homme  qui  ne  fist  mettre 
que  ung  homme  dessus  ledict  passeport,  el 
vous  y  envoyez  deux;  de  quoy  j'ai  esté  bien 
marrie,  n'ayant  point  entendu  que  les  subjectz 
de  la  royne  d'Angleterre,  ma  honne  sœur, 
soient  moins  favorablement  traitez  en  ce 
royaulme  que  les  nostres  mesmes.  Priant 
Dieu ,  Monsieur  l'ambassadeur,  vous  donner 
ce  que  désirez. 

De  Chartres,  le  iCT  jour  de  janvier  1 563. 

Caterine. 
De  l'Albespine. 


1563.  —  ■>  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3aio,,  f°  ll3. 

A   MONSIEUR  DE   GONNOR, 

CBBVALIRR  DE    L'ORDRE  DD  ROT  MONSIEUR  MON   FILZ  . 

CAPITAINE  DE  CINQUANTE   HOMMES  D'ARMES.  ET  CONSEILLER 

EN  SON   CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnort,  s'en  retournant  pré- 
sentement ce  chaoux  du  Granl  Seigneur  vers 
son  maislre,  il  fault  que  vous  regardiez  à  faire 
payer  la  despense  qu'il  a  faicte  à  Paris,  car 
il  n'est  pas  raysonnable  que  Monsieur  de  la 
Garde  la  paye  et,  pour  le  regard  du  présent 
que  le  Roy  monsieur  mon  filz  luy  fera,  je 
suys  d'advis  que  soyt  une  pièce  de  toylle  d'or 
pour  luy  et  une  robbe,  et  à  ses  deux  assistans 
des  sultanes  '  de  damas  vert  et  des  robbes 
d'escarlatte,  ainsi  que  vous  adviserez  pour  le 
mieulx.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnorl , 
qu'il  vous  ayt  en  sa  garde. 

De  Chartres,  ce  nc  jour  de  janvier  1  563. 

Caterine. 
robertet. 

1  Sultane,  robe  longue. 


1563.  —  3  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  renls  Colbert ,  n"  a/i ,  f  7. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnor,  trouvant  les  choses 
en  tel  estai  que,  approchant  le  Roy  monsieur 
mon  filz  d'icy,  il  y  a  grande  apparence  que 
son  service  et  ses  affaires  se  portent  beaucoup 
mieulx,  je  luy  ecriptz  présentement  s'en  venir 
avecques  toute  sa  suytte  et  son  équipaige,  el 
pour  autant  que  le  plus  important  affaire  que 
nous  ayons,  c'est  d'avoir  argent  et  que  je  sçay 
que  vostre  présence  et  demoure  là  pour  quel- 
que temps  est  nécessaire  à  ceste  lin,  je  vous 
prie  n'en  partir  que  vous  n'y  ayez  donné  tel 
ordre  que  nous  en  ayons  secours  et  service  que 
nous  actendons  de  vostre  sage  conduicte  el 
dextérité.  Cependant  ne  laissez  à  nous  envoyer 
le  trésor  de  l'Espargne  et  ceulx  des  finances 
dont  vous  vous  pouvez  passer,  aflin  qu'ilz  nous 
puissent  satisfaire  es  choses  qui  s'offriront. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor,  vous  don- 
ner ce  que  désirez. 

De  Chartres,  ce  ni"  jour  de  janvier  i56a 
(.563). 

[De  sa  main.)  Je  vous  prie,  haté-vousde  nous 
trover  la  somme  que  vous  av  déjeà  niendée  et 
donner  aurdre  que  bien  losl  en  nayons  d'aul- 
tre;  car  au  pays  au  guère1  y  nous  fault  torse 
argent  pour  salisfayre  à  tous  nos  jeans  de 
guerre;  fayte  prier  Dieu  et  envoyé  quelques 
aumosne  au  couvans  de  famines  et  des  hommes 
et  au  prisonyer,  afin  que  Dieu  nous  aulte  de 
tous  ses  maulx. 

Caterixe. 
De  l'Aibespine. 


•f» 


jxiijx  nu  guère,  ou  paix  on  guerre. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDIGIS. 


'i(il 


1563.  —  3  janvier. 

Qrig.  Bibl.  de  l'tnstilul    collect.  Godefroj    fol    257,  f°  ao5. 
I  M'A  COUSIN 

LE  SIKl  li  DE  BORDILLON, 

■.1.11  -1  11  IL  DE  lhAV  1: 

COUVERNEIin  DE  F1UNEE  et  LISUTBItiHT  GÉNÉRAL   DU  Itoï 

U0KS1BUR  MON  FILS  EN  1MBDMONT. 

Mon  cousin,  rostre  secrétaire  Favelles, 
présent  porteur,  ne  pouvant  estre  si  tost  dé- 
pesché  tin  la  descharge  que  demandez  pour  la 
restitution  des  places  de  Pietmont  à  cause  de 
la  détention  de  mon  cousin  le  duc  de  Mont- 
morency el  le  trespas  de  feu  mon  cousin  le 
mareschal  de  Saint-André,  avec  plusieurs 
autres  nouveaultez  puis  naguères  survenues, 
joinct  que  la  plupart  des  autres  seigneurs  du 
conseil  du  Roy  monsieur  mon  (Hz  sont  absens  et 
employez  à  remedyer  à  ces  troubles  dont  nous 
sommes  travaillez,  j'ay  advise'  le  vous  ren- 
voyer bien  instruicl  de  mon  intention  qu'il 
\ uns  fera  entendre,  niesmes  que  estans  les 
affaires  où  nous  sommes  passez,  je  vous  ieray 
l'aire  et  expédyer  ladicte  descharge  telle  et  si 
ample  que  vous  aurez  occasion  d'en  estre 
content  et  demeurer  à  repoz;  vous  pryant,  au 
plus  tost  que  vous  aurez  mis  ordre  es  nouvelles 
places  que  vous  avez  soubz  vostre  charge, 
partir  pour  nous  venir  trouver  là  part  où  nous 
serons,  où  vous  serez  le  très  bien  venu  et 
agréablement  rece.u  du  Glz  cl  de  la  mère,  et 
lors  nous  adviserous  à  prendre  résolution  de 
ce  qui  sera  nécessaire  tant  pour  la  seuretté  et 
conservation  de  nozdictes  places  que  pour  les 
autres  affaires.  J'ay  veu  Testât  de  la  despense 
que  vous  m'avez  envoyé  par  le  sieur  d'AHuye; 
à  (juo\  je  donneray  ordre  que  vous  sera  au 
plus  tost  envoyé  argent  pour  les  soldatz;  mais 
est-il  besoing  aussi,  mon  cousin,  actendu  la 
despense  grande  que  nous  aurons,  comme 
sçavez,  à  supporter,  que  vous  vous  contentyez 
de  raison,  et  à  vous-mesmes  je  reniectray  à  la 


considérer  lorsque  \ous  serez  ic\ .  | r  \   estre 

au  plus  tost  pourveu,  selon  que  le  service  du 
llii\  mon  fllz  le  requyerl.  l'rianl  Dieu,  mou 
cousin,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

Escripl  à  Chartres,  le  m'  joui'  de  janvyer 
i56a  (i563). 

Mon  cousin,  j'ay  au  demeurant  bien 
agréable,  suivant  ce  que  m'avez  escripl.  que 
vous  establvssyez  pendant  vostre  absence  le 
sieur  Ludovic  de  Birague  '  pour  commander  en 
vostre  charge  comme  vous  y  faictes  à  présent. 
Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 
robertet. 


I  :"i(i:i.  —  .'i  janvier. 

Ori(j    Liilil.  n;it.   fonds  fronçais,  n"  3tgA ,  f°  3. 
A  MON  COUSIS 

MONSIEUR  DUV1LLE, 

Wllli  U.    DE    FRANCE. 

Mon  cousin,  depuys  \oslre  parlement  de  ce 
lieu,  j'ay  advisé  qu'il  est  plus  que  nécessaire 
que  vous  demeuryez  auprès  de  mou  cousin  le 
prince  de  Condé  pour  le  garder  seulement'-'; 

1  Ludovic  de  Birague ,  fils  de  César  de  Birague,  s'était 
distingué  dans  les  guerres  d'Italie,  sous  Henri  II:  plus 
laid  il  devint  gouverneur  du  marquisat  de  Saluées  el 
lieutenant  général  de  nos  possessions  au  delà  des  monts, 
et  mourut  en  1  57 2,  laissant  un  tils  naturel  qui  lu!  tué  à 
Dijon,  en  i.")8-;.  par  le  duc  de  Mayenne. 

-'  Trois  compagnies  d'hommes  d'armes  et  deux  île  gens 
de  pied  étaient  affectées  à  ce  service;  la  faction  se  faisait 
constamment  à  ta  porte  du  prince  el  dans  sa  chambre. 
On  lui  avait  laissé  le  ministre  Perucel,  pris  avec  lui  à 
Dreux  qui,  chaque  jour,  prêchait  en  sa  présence.  —  Voy. 
•  lui  d'Aumale,  Hitt.  de  lu  maison  de  Condé,  1.  I .  p.  9  1  5. 

Voici  l'ordre  qui  avait  été  donné  par  Charles  l\  el 
Catherine  pour  le  traitement  de  Condé  : 

"Le  Roy  veult  et  entend  que  les  compagnies  d'hommes 
d'armes  de  Monsieur  le  connestable,  de  Monsieur  l'amv- 
ral  de  Dampville  et  du  sieur  de  Thoré,  ensemble  celles 
des  gens  de  pied  du  cappitaine  Nancey  et  cappitaine 
Goart,  seront  eslablies  pour  la  garde  dudict  sieui 
Prince. 


163 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDIGIS. 


je  vous  prye  doncques  en  voulloyr  prendre 
la  charge  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
el  tnov  \ous  en  donnons,  el  de  croyre  que 
uns  plus  grant  service  en  ceste  sayson  ne  nous 

uryez  nous  faire  que  de  le  bien  garder  el 
de  vous  re'soudre  à  demeurer  emprès  de  luy, 
suyvanl  ce  que  je  vous  mande  cy  dessus. 
Pryant  Dieu,  mou  cousin,  qu'il  vous  doiul 
ce  que  vous  désirez. 

De  Chartres,  ce  111e  jour  de  janvier   i56a 

63). 

i  De  sa  main.)  Mon  cousin,  je  vous  prie  ne 
vous  lâcher  d'i  demeurer  et  avecque  vous  les 
sieur  d'Oysel  et  de  Cheaumeau  l,  conlineuant 
come  ave's  jeuques  ysi  fayst;  et  j'espère  qui  se 
metra  tant  à  la  rayson  qui  ne  vous  donnera 
pas  longuement sete  pouine;  de  quoy  je  sayré 

!tQu<>  la  garde  ce  fera,  tant  jour  que  nuict,  en  sa 
ihambre,  d'un  des  membres  desdictes  compagnies  de 
gensdarmes,  d'ung  cappitàine  de  gens  de  pied,  de  un 
lieutenant ,  de  deux  hommes  d'armes  el  quelquefoys 
quatre  selon  la  nécessité  des  lieux. 

-Qu'il  couschera  en  la  chambre  du  Prince  deux  de 
ses  valletz  de  chambre  ausquelz  avec  le  reste  de  ses  gens 
it  pourra  communiquer  et  parler  en  l'oreille:  que  ledict 
Prince  pourra  aller  en  sa  garde-robbe  sans  qu'aucuns 
desdictz  gardes  y  entrent. 

-Que  la  garde  ce  fera  devant  les  logis  des  domestiques 
dudict  Prince,  seullement  sans  qu'ilz  puissent  être  veuz 
en  leurs  chambres,  ne  en  leur  cuisine,  ausquelz  gardes 
seront  baillés,  quanl  allant  et  venant  ilz  seront  employez 
pour  le  service  dudict  Prince  ,  faisant  au  reste  si  bonne 
garde  tout  autour  du  logis  dudict  Prince  qu'il  n'en  puisse 
arriver  aucun  inconvénient.!!  (Orig.  signé.  Bibl.  nat. 
fonds  français,  n°  3ip/i ,  f°  a.) 

1  Jean  Pot  de  Rhodes,  qui,  ayant  recueilli  dans  la 
succession  de  sa  mère,  Ysabeau  de  Saffray,  la  terre  de 
Chemeaux,  dans  l'Orléanais,  en  avait  pris  le  nom.  Au 
sacre  de  Henri  II ,  il  fit  les  fonctions  de  maître  des  cé- 
rémonies; en  i54g,  it  fut  chargé  d'une  mission  en 
Flandre,  et  après  la  paix  du  26  mars  1  55o  il  fut  envoyé 
en  ambassade  en  Angleterre,  où  il  resta  jusqu'en  i55l. 
Ses  papiers,  d'une  certaine  importance  historique,  ont 
été  publiés  par  le  président  Hiver.  (Paris,  Aubry,  i864, 
in-8°.) 


byen  ayse;  et  ensetpandent  que  neul  ne  le 
voye,  ni  parle  à  lui  de  quelque  qualité  qui 
souil ,  si  ne  vous  aporte  letre  ayscrypte  de  ma 
mayn. 

Caterine. 


1563.  — ■  !i  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3319,  f°  1. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

<  llfcVALIKH    DE    L'OHÛDE    DU    EOï    M0\S1EIR    MON    PUS 
ET  CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  je  \ous  envoyé  une 
lettre  que  le  cappitàine  de  Toucques  en  Nor- 
mandye  m'escript,  afin  que  vous  voyez  la  né- 
cessité en  laquelle  luy  et  ses  gents  sont,  et  le 
danger  qu'il  y  a  que  ceste  place  là,  assise  eu 
lieu  pour  ceste  heure  très  important,  soit  pour 
tomber  es  mains  des  Angloys,  vous  pryanl 
donner  tout  l'ordre  que  vous  pourrez  pour 
leur  faire  bailler  quelque  argent  en  actendanl 
myeulx;  affiu  qu'elle  ne  demeure  point  desti- 
tuée de  force.  Je  vous  oy  dire  qu'il  y  avoil 
moyen  d'en  recouvrer  de  quelques  fabriques 
d'églises  de  delà;  si  cella  y  pooit  servir,  il 
seroit  très  à  propos;  maiz,  quoy  qu'il  y  ayt, 
pourvoyez  à  cest  inconvénient.  Pryant  Dieu, 
Monsieur  de  Gonnor,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez. 

De  Chartres,  ce  1111e  jour  de  janvier  i56q 
(i563). 


Caterine. 


De  l'Albespine. 


1563.  —  5  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Français,  u°  3319,  f°  U. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROÏ    MONSIEUR    MON    FILS 
ES    SOS    <;0>SE1L    PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  dictes  el  commandez 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


163 


éncoresà  \l  Henry,le  lancier1,  qu'il  envoie  au 
camp  là  pari  que  sera  mon  cousin  le  duc  de 
Guize  douze  cens  lances,  le  plus  tosl  que  faire 
se  pourra ,  doublant  pourcesl  effecl  l'esquipaige 
du  <li;Min\ .  pour  le  besoin;;  ipn-  lui  i'l  sa  eom- 
paignie  en  ont;  à  quoy  je  vous  prie  faire  faire 

toute dillig :e  possible. Priant  Dieu,  Monsieur 

de  Gonnor,  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 
De  Chartres,  le   v'  jour  de  janvier   1 56s 

(i  663). 

Catkrine. 

De   I,"  I.CBESPINE. 


1563.  —  C  janvier. 
Bibl.  oat.  Parlement,  n    S/i ,  P"  869  ef  suii 

A  MESSIEURS 

TENAIS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  estant  venue  jusque*  icy  pour 
voir  el  entendre  aux  choses  nécessaires  au 
bien  de  ce  royaume  et  repos  d'iceluy  et  pour 
essayer  de  tirer  tout  le  fruicl  qu'il  seroit  pos- 
sible de  La  victoire  qu'il  a  pieu  à  Dieu  nous 
donner,  j'ay  trouvé  qu'elle  a  porté  déjà  tant 
d'utilité  que  tout  le  pais  deçà  la  rivière  de 
Loire  se  trouve  quasi  nettoyé  de  ceulx  qui  la 
troubloient,  lesquelz  ont  passé  ladicte  rivière 
où  ils  sont  de  présent.  Davantage  je  trouve 
mon  cousin  le  prince  de  Condé  tellement  dis- 
posé de  s'accommoder  à  la  volonté  du  Roy 
monsieur  mon  lîlz  et  lu\  l'aire  service  que 
j'ay  pensé  pour  ne  perdre  ceste  occasion  que 
le  meilleur  seroit  l'aire  approcher  d'icy  mon- 
dict  fils2,  afin  qu'il  puisse  donner  plus  de  fa- 
veur a  son  armée,  laquelle  je  faits  cependant 
marcher  et  acheminer  après  les  autres  et  aussy 
d'autant  mieux  fortifier  l'intention  dudicl  Prince 

1  Voy.  plus  liant  p.  158,  coi.  3. 

1  Charles  IX  quitta  Paris  le  5  janvier.  —  Voy.  une 
dépêche  de  Tlirnckmorlnn  à  la  reine  Elisabeth.  (  Calendar 
af  State  papert .  1  563 ,  p.  20.  ) 


à  leur  confusion  ;  de  quoy  je  n  aj  voulu  faillir 

vous  advertir  el  vous  l'aire  part  de s  bonne 

intentions  dispensées  avec  le  conseil  des 
princes  el  seigneurs  que  j'av  m\  auprès  de 
iikiv  et  de  l'espérance  grande   que  j'a\  que 

Nostre-Seigneur  1 ous  a  pas  donné  ce  hou 

commencement  qu'il  ne  nous  vueille  encore 
mieux  faire;  vous  priant,  Messieurs,  suivanl 
le  zèle  el  fervente  affection  que  j'ay  tousjours 
congneu  en  vous,  tant  envers  l'bouneur  de 
Dieu  que  le  bien  du  service  «lu  Roj  mondicl 
fils,  vous  veillez  continuer  aussy  à  tenir  la 
main  de  vostre  pari  à  ce  que  toutes  choses  de 
delà  soient  contenues  en  la  tranquillité  el  es- 
pérance d'obéissance  accoustumée  avecq  es- 
pérance que  nous  ne  tarderons  guères  à  re- 
tourner vous  voir  selon  le  singulier  désir  que 
nous  avons  d'estre  souvent  auprès  de  vous, 
comme  des  meilleurs  et  plus  Gdelles  el  affec- 
tionnez sujets  que  nous  avons.  Priant  Dieu. 
Messieurs,  xous  donner  ceque  désirez. 

De  Chartres*  le  troiziesme  jour  de  janvier 
mil  cinq  cens  soixante  deux  (1 563). 

Caterine. 
De  l'Aobesihne. 


1  âG.'i.  —  (i  janvier. 
Orig.  Bibl.  liai,  l'oints  français,  n°  3aig,  u.  7. 

\  MONSIEUR  DÉ  GONNOR, 

CI1EVALIEP.    DU    l.'OUDRE    DU    HUÏ    MONSIEUR     MON     FILS  . 
COffSEILLl  1;   BN    SON    CONSEIL   PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor t,  je  vous  envoyé  ung 
mémoire  que  le  Sr~de  Tavanes  m'a  envoyé 
du  moyen  qu'il  a  pensé  de  faire  payer  se 
gens,  que  je  ne  troôveroys  pas  mauvàys,  s'il 
ne  frappoyl  en  plain  drap;  et  loutesfoys,  pour 
ce  qu'il  est  besoin;;  y  donner  quelque  provi 
sion,  je  vous  prie  v  adviser,  el  taire  en  sorti; 
que,  à  faillie  de  ce,  il  n'en  advienne  aucun 
inconvénient,  me  faisant  sçavoir  comme  vous 


'.fi'. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


aurez  pourreu,  ei  le  moyen  qu'il  \  aura, 
ilin  que  je  l'en  puisse  advertir.  Priant  Dieu, 
Monsieur  de  Gonnort.  vous  donner  ce  que  dé- 


sirez. 


De  Chartres,  le  ri  jour  de  janvier   i56a 
i563). 


Caterine. 


De  l'Ai  bespine. 


1 563.  —  6  japviei . 

Orig.  Bill.  nat.  fonds  français,  nr'  3178,  p.  6. 

A  MONSIEUR  DE  HUMIÈRES, 

THEViLlER   DE  L'OBDEE   DU   BOT  M05SIEIB  1I0>   FIL? 
ET  GOOTEBRBTJI1    DE  PBOTBXCB. 

\i  insieur  de  Hutuyères.  j'ay  receu  vostre 
lectre  du  xxvnc  du  passé  et  entendu  par  icelle 
en  quelle  transquillité  et  obéissance  \ous 
maintenez  le  peuple  de  delà  en  l'ayse  et  plaisir 
quilz  ont  receu  de  la  victoire  qu'il  a  pieu  à 
Dieu  nous  donner,  moustrant  par  là  de  plus 
en  plu-  quelle  est  leur  dévotion  et  affection 
au  bien  du  Roy  monsieur  mon  filz  et  de  son 
royaume,  vous  priant  y  taire  de  bien  en 
mieulx  et  au  demeurant  faire  prendre  garde 
sui  ceulx  qui  passeront  en  voz  quartiers,  al- 
lans  et  \enans  pour,  s  ilz  n'ont  passeport  du 
Rov  monsieur  mon  Clz  ou  de  nioy.  quelz  qu'ils 
soient,  à  pied  ou  à  cheval,  les  faire  fouiller  et 
sçavoir  ce  qu'ilz  portent,  qui  il  y  sont  et  où 
ilz  vont,  sans  touteffois  offencer  la  voisiuance 
1  bonne  paix  qui  est  entre  le  Roy  catholicque 

-  s  suhjectz  et  nous,  et  s'il  se  trouve  riens 
de  suspect  le  faire  arrester;  car  ceulx  qui 
troubleut  ce  royaume  ont  tant  de  gens  par 
pays  et  de  diverses  sortes  portans  lectres  et 
nouvelles  pour  allumer  le  feu  et  remuer  mes- 
nage  qu'il  est  nécessaire  que  chascun  gomer- 
neurel  capitaine  en  son  de^troict1  face  songueu 

Dettroict .  district 


sèment  garder  les  passaiges;  et  s'il  s  i  offroil 
trouppe  où  il  faulsist  employer  plus  de  force 
que  celle  que  \ous  avez,  ne  craindre  poincl 
de  vous  ayder  des  communes  par  tocquesaincl 
si  bien  commandées  et  conduictes.  comme  il 
appartient,  que  l'on  puisse  par  ce  moyen  en 
avoir  la  raison  et  interrompre  leurs  dessaings; 
\ous  advisant  que  je  donnera)  ordre  que  les 
soldatz  que  vous  avez  dedans  vostre  chasleau 
seront  payez,  ainsi  qu'il  est  plus  que  raison- 
nable. Priant  Dieu.  Monsieur  de  Humières. 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Chartres,  ce  vi'  jour  de  janvier  1 563. 

C.ATER1NE. 


1563.  —  G  janvier. 
Orig.  Bibl.  nal.  Cinq  ceDts  Colb«rt ,  u    j&  .   r  S. 

A  MONSIEUR  DE  GtmOR, 

CHEVAUEC    DE    L'OBDRE    Dt    BOT  SIOSSIEUB    MO*    FILZ  . 
IOSSEILLEB  ES  SOS   CONSEIL   PBITE. 

Monsieur  de  Gonnort,  je  vous  prie  adviseï 
avecques  l'ambassadeur  du  Roy  catliolique 
monsieur  mou  beau-lilz  au  moyen  que  vous 
auriez  de  faire  paierpar  deçà  les  Espaignolzel 
en  reprandreles  deniers  en  Guienne.où  il  dit 
qu'iiz  sont1;  car,  à  ce  que  j'entendz,  ilz  en 
ont  grande  nécessité,  et  le  plus  lost  sera  ie 
meilleur.  Priant  Dieu.  Monsieur  de  Gonnor, 
vous  donner  sancté. 

De  Chartres,  le  vic  de  janvier  i56a(  i563). 

(IvTERIXE. 

De  l'Albespixe. 

;   Chantonna*  écrivait  à  la  duchesse  de  Panne,  ie  a  jan- 
vier :  -Quinze  mille  escus  sont  venus  à  grand  risqu 
d"Espagne.  le   reste  est  à    BayonDe.»    i  Arch.   irup.  r)i 
Vienne,  correspond,  inédite,  i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


16 


I  563.  —  7  Jim 

Orig.   Bibl.  nnt.  fonds  franrais,  n°  3aig,  p.  S. 

\  MONSIEl  U  DE  GONNOR, 

CHBVALTBI    PB    L'ORDRB    1)1    ROI    HOItSIBtll    M<  N    F1I> 
CONSEILLER    E>    SOS    >>w:;     PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnort,  j'aj  receu  par  Ar- 
chambaull  vostre  lestre  du  jourd'huy,  ave 
mémoire  que  Monsieur  le  baron  de  la  Garde 

il  dressé  des  présens  que  le  Roj  monsieur 
mon  fils  pourra  faire  à  l'ambassadeur  de 
Turquye,  dont  ayant  trouvé  vostre  advis  bon, 
j'en  a\  osté  el  diminue  ce  que  verrez  [iar 
ledict  mémoire,  que  je  vous  renvoyé,  me 
semblant  que  cela  suffira  bien  honnestemenf 
sans  en  faire  autre  despense;  à  tant  je  prie 
Dieu,  Monsieur  de  Gonnort,  vous  maintenir 
en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  vnc  jour  de  janvier 
.563. 

Caterine. 
De  l'Aibespine. 


1503.  —  g  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  Ciuq  cenls  Colbert ,  n'  ai  ,  f5  9. 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CBE^LIER    DE    L'ORDEE    DC    ROT    MONSIEl  iR    MOH    FILS, 
C05SEILLER    8S    SON    COSSEIL    PBITÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  à  ce  que  j'ai  veu  par 
vostre  lettre  du  un0  de  ce  moys,  il  n'y  a  pas 
grande  apparence  que  le  mareschal  de  Yicil- 
leville  et  le  sr  de  Villebon  ayent  grand  se- 
cours de  vous  sur  ce  que  je  vous  avoys  escrit 
pour  l'exécution  des  entreprises  ipi'ilz  a  voient 
en  main  pour  le  regard  de  Tancarville  et 
Dieppe;  et  toutesfoys  je  reoy  que  malaisément 
y  pourront-ilz  riens  faire,  s'il/,  ne  sont  aydez 
de  vostre  couslé,  tant  pour  le  fait  de  l'équip- 
page  que  pour  payer  leurs  Françoys  et  en 
faire  réduction:  à  quoy  il  est  plus  que  néces- 

Catuebise  de  Mldicis.  —  I. 


saire  pourveoir,  el  si  vous  avez  moyen,  ou 
que  vous  le  puissiez  trouver,  je  vous  prye  que. 
pour  chose  de  telle  importance,  vous  faictes 
tout  ce  que  vous  pourrez.  Il  me  souvient  bien 
que  je  vous  [ayjescrisde  plusieurs  despenses 
el  provisions  d'argent;  mais  c'esl  selon  le  be- 
soing  que  j'en  veoy,  dont  je  vous  laisse  la 
discrétion  à  faire  qui  doyt  aller  devant  ou 
derrière;  mais  ce  son!  choses  forcées  que  vous 
congnoissez  aussi  bien  que  moy,  el  je  sçaj 
comme  vous  que  eu  cela  ne  pouvons  nous  pas 
tout  ce  que  nous  vouldrions;  néantmoins  il 
me  fault  pas  demourer  en  si  beau  chemyn; 
mais  au  contraire  que  vous  tendiez  tous  voz 
sen  pour  nous  ayder  à  sortir  de  l'abysme  où 
nous  sommes.  Vous  advisant  au  demouranl 
que  j'a\  esté'  hés  aise  d'entendre  ce  que  vous 
m'avez  escrit  par  le  trésorier  Brochet  de  la 
diligence  que  \ous  l'aides  de  faire  sortir  les 
deniers  de  Monsieur  le  Légat  et  donner  ordre 
à  ce  qui  pourra  aussi  provenir  des  cinquante 
mille  livres  du  clergé;  à  quoy  il  ne  failli  poinct 
perdre  de  temps,  ayant  advisé  d'envoyer  le- 
dict Brochet  jusques  au  camp  par  devers  mon 
cousin  le  duc  de  Guise  pour  regarder  à  la  ré- 
duction des  bandes  el  m'en  faire  sçavoir  *<\\ 
advis,  sur  lequel  j'en  feray  arrester  l'estat, 
qui  vous  sera  après  envoyé  pour  régler  nostre 
despence.  Mais  si  veoy-je  bien  qu'il  n'y  peull 
avoir  si  bon  mesnage  que  nous  n'ayons  be- 
soing  que  vous  fouilliez  bien  avant  en  beau- 
coup de  bourses;  vous  pryant,  pour  fin  de 
ma  lettre,  faire  haster  le  surplus  des  lan  ;es 
tant  qu'il  sera  possible,  car  nostre  armée  ap- 
prochant de  l'aultre  en  aura  bien  affaire. 
Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor,  vous  don- 
ner ce  que  plus  désirez. 

De  Chartres,  le  i\    jour  de  janvier   i56a 
(i563). 

Caterine,. 

De  l/AlBESPI.NL. 


466 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIG1S. 


1563.  —  9  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n'J  sofiog,  f   3. 

A  MONSIEUR  DE  DAMVILLE, 

AMIRAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoie  par  le  sénes- 
chal  d'Agenois  ',  présent  porteur,  l'argentier  de 
mon  cousin  le  prince  de  Condé  auquel  vous 
le  ferez  parler  et  trouverez  moyen  qu'il  l'ace 
le  veoyaige  d'Orléans,  suivant  ce  que  je  vous 
deiz  hier.  Ledit  séneschal  d'Agenois  s'en  re- 
tournera ayant  mis  ledict  argentier  en  voz 
mains,  lequel  vous  prendrez  en  charge  de 
faire  garder  et  conduyre  ainsy  que  vous  venez 
qu'il  sera  besoiug  et  à  propoz.  Priant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Chartres,  le  ixe  jour  de  janvier  i56a 
(»563). 

Veoyez  qu'il  ne  porte  point  de  lettres  ny 
mémoires  où  il  y  ayt  suspicion. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  9  janvier. 
Orig.  Areh.  du  Rhône. 

A  MONSIEUR  DE  MAUGIRON, 

LIEUTENANT   DU  ROY  MONSIBUR   MON   FILZ 
AU   GOUVERNEMENT   DE   DACLPHIUB. 

Monsieur  de  Maugiron,  afin  que  \ous  con- 
gnoissiez  que  je  ne  vous  ai  pas  oublyé,  comme 
je  ne  feray  jamais  ceux  desquelz  je  congnoys 
l'affection  estre  droicte  et  sincère  au  service 
du  Roy  mon  lilz,  j'ay  faict  qu'il  vous  a  ac- 
cordé et  donné  la  charge  d'une  compaignye 
de  cinquante  hommes  d'armes,  laquelle  je 
vous  prye  regarder  à  faire  dresser  et  mectre 
sus  des  meilleurs  et  plus  vaillans  hommes,  et 
le  plus  tost  que  vous  pourrez,  pour  lui  en  faire 

1  François  Raflin,  sieur  d'Azay-le-Rideau ,  dit  Pollion  ; 
en  1.569  il  était  capitaine  de  Cherbourg. 


service  aux  occasions  qui  se  présentent,  at- 
tendant les  lettres  de  provision  que  je  unis 
en  fais  dépescher.  C'est  pour  le  nombre  de 
trente  lances  fournyes,  à  quoy  sont  réduictes 
toutes  les  compaignyes  de  ceste  qualité.  Pryant 
Dieu,  Monsieur  de  Maugiron,  vous  donner  ce 
que  plus  désirez. 

De  Chartres,   le  i\'  jour  de  janvier  i56a 
(t563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1563. 


■  9  janvier. 


Copie.  Bibl.  nat.  Parlement.  D°  84,  f"  87/1. 
Imprimé.    Mémoires    de  Condé ,   t.   IV,   p.    197. 

A  MESSIEURS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  \  PARIS. 

Messieurs,  avecq  les  remèdes  desarmes  que 
nous  cerchonsàces  troubles, ainsy  que  chascuu 
void,  il  a  néanmoins  semblé  bien  à  propos 
faire  la  déclaration  '  qui  présentement  vous 
est  envoyée,  pour  essayer  de  retirer  beaucoup 
des  sujets  qui,  par  crainte,  demeurent  opi- 
niastres,  ainsy  qu'avons  entendu,  et  y  auront 
faut  plus  de  fiance  après  qu'elle  aura  passé  en 
vostre  compagnie;  qui  me  faict  vous  prier. 
avecq  ce  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  vous  en 
escrit,  procedder  à  la  vérification  et  publica- 
tion d'icelle,  le  plus  tost  que  faire  ce  pourra. 
Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  donner  ce  que 
désirez.  De  Chartres  ,  le  neufviesme  jour  de 
janvier  mil  cinq  cens  soixante  deux  (  1 563). 

Caterinb. 
De  l'Aubespine. 

1  Cet  édit  d'abolition  ,  daté  du  S  janvier,  a  été  imprimé 
dans  les  Mémoires  de  Coudé,  édit.  de  t7&3,  I.  IV,  p.  igfl. 
Chantonnay,  le  i  h  janvier,  écrivait  à  la  duchesse  de 
Parme  :  f  Je  vous  envoyé  la  copie  d'un  pardon  général 
brassé  par  le  chancelier.  Le  peuple  de  Paris  est  enragé.» 
(Arch.  imp.  de  Vienne.)  —  Voy.  à  ce  sujet  une  lettre  de 
Charles  IX.  (Bibl.  nat.  Parlement,  n°  8'i .  f  87à.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


'i67 


1  563.    —  ç(  jain 
i  opie.  Bihl.  nat.  Parlement,  n*  84,  r  873. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  CODRT  DE  PARLEMENT  K   PARIS 

Messieurs,  j'a^  entendu  que  Messire  Jean  le 
Vlaistre  '.  lils  du  premier  président  -.  a  présenté 
en  vostre  compagnie  une  lettre  d'estal  du  pré- 
sident des  Enquestes  non  scellée,  de  laquelle 
ii  se  veoll  aider  pour  entrer  en  l'exercice  du- 
dict  office,  mettant  en  avanl  que  je  le  désire 
el  que  la  difficulté  du  sceau  esl  contre  mon 
intention.  (Je  que  je  vous  prie  ne  croire .  car 
je  ne  veulx  que  ce  qui  esl  raisonnable;  qui  e-( 
l'occasion  pourquov  ladicte  lettre  n'a  esté  scel- 
lée, estimant  que  sansledicl  sceau,  qui  esl  la 
parfaicle  approbation  de  l'intcnlion  du  I!o\ 
mondicl  seigneur  lils.  vous  n'avez  passé  el  ne 
passerez  outre  à  sa  réception,  comme  aussj  iu- 
le trouverions  nous  bon,  joint  qu'il  sçait  bien 
ce  qu'il  lu\  a  esté  dit  et  promis  le  pourveoir 
d'autre  estât.  Priant  Dieu.  Messieurs,  vous 
avoir  en  sa  garde. 

Escrit  à  Chartres  ,  ce  neufviesme  joui  de 
janvier  mil  cinq  cens  soixante  deux  (  1  5 G 3  ) . 

Catfkixf. 
Dt  l'Adbespine. 


1563.  —  10  janvier. 
Orig.  Ribl.  nat.  njnJs  frauçais .  u°  3aig.  f"  100. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

IBXYIUEB    DE    L'ORDRE    DU    BOT    MON9IEIR     IION     FILS, 
COHSB2LJ.BB    ES    SOS   CONSEIL   PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  il  est  venu  à  Paris  de 

1  Jean  le  Maistre,  conseiller  an  Parlement  et  roaitrr 
des  requêtes  de  Catherine,  était  le  lits  aîné  de  Gilles  le 
Maistre,  premier  président  au  Parlement,  el  de  Mari' 
Sapin.  Il  mourut  en  novembre  i585. 

=  Gilles  le  Maistre,  nommé  premier  président  au  Parle- 
ment de  Paris  par  lettres  du  «5  mai  iô;u.  mort  le 
5  décembre  1 


l'argent  de  Caen  destiné  pour  les  garnison-  de 
Picardye  el  Champaigne;  et  pour  ce  que  ce 
gentilhomme  présent  porteur,  lieutenant  du 
sieur  de  Mailly  '  à  Monstreul,  m'est  venu  re- 
monstrer  l'extresme  pauvreté  des  soldat/,  qui 
sonl  dedansledicl  Monstreul,  ausquelsesl  deu 
sepl  ou  hoir!  moys,  et  ne  les  peult-on  plus 
retenir  dedans  ladicte  place,  qui,  à  ceste  oc- 
cassion,  courroit  ung  grand  danger,  je  vous 
prie  donner  ordre  de  leur  faire  département 
desdicts  denyers,  si  vous  voyez  ipj'ils  puissent 
avoir  de  quoy  respirer,  actendanl.  inyeulx,  el 
(pie  le  reste  de  leurs  assignations  soyentreceues 
pour  les  payer  el  satisffayre  de  tout.  ainsv 
cpi  il  est  bien  raisonnable.  Pryant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Chartres,  le  x°  jour  de  janvier 
i56a  (i563). 

Caterine. 
Uu  l'Aubespine. 


1563.  —  10  janvier. 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n*    3319,  f*  9. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROY    MONSIEUR    MON     PLU  . 
CONSEILLER    EN    SON    CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  je  vous  av  cy-devant 
parlé  du  désir  que  j'avois  que  le  sieur  de  Ba- 
zerne2  feusl  salislaicl  de  la  somme  de  dix  neul 
mille  tant  de  livres  qui  luy  sont  deubz  par  le 
Roy  monsieur  mon  lilz  d'une  consignation 
qu'il  a  faict  au  grell'e  delà  court  de  parlement 
de  Paris  de  ladicte  somme,  affin  ou  de  le 
taire  rembourser  ou  de  luy  bailler  assignation 
de  la    rante  qui   court  sur  son  doz,  que  lu\ 

1   Gilles  de  Mailly,  marié  à  Marie  de  Blanclieforl .  ;;ou- 
verneur  de  Montreuil. 

■  Philippe  de  Chastelus,  deuxième  du  nom,  s'  de  Ba 
serne,  Prégilbert  et  Saint-Palais,  enfant  d'honneur  du 
Roi  en  i53o,  marié  en  i5Gi  à  Jeanne  de  Gontlans. 


.'.68 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


■  levons ,  à  grand  préjudice;  ce  que  je  vous  prye, 

encores  ung  coup,  et  vous  le   recommande 

comme  chose  juste  et  raisonnable  et  que  j'au- 

roy  bien  agréable  de  le  veoir  satisfaict.  Priant 

Dieu,  Monsieur  de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa 

sainte  et  digne  garde. 

De  Chartres,  ce  xe  jour  de  janvier   i  56a 

(i563). 

Caterine. 

{De  sa  main.)  Je  vous  prie,   Monsieur  de 

(Jounaurt,  fayre  le  plus  tôt  que  pourés  set  que 

je  vous  mende. 

Caterine. 


1503.  —  10  janvier. 

Imprimé  daDS  les  Instructions  et  actes  concernant  le  concile 
de  Trente,  p.  365. 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lansac,  j'ay  receu  les  deux 
dépesches  que  m'avez  envoyées  des  huict  et 
dix-sept  du  passé,  et  ay  esté  bien  aise  d'en- 
tendre que  vous  ayez  si  résolument  déclaré  au 
cardinal  de  Mantoue  que  vous  n'estes  pour 
entrer  eu  aulcun  traitté  ou  composition  sur 
vostre  préceddence ,  qu'il  ait  recogneu  que  vous 
estes  par  delà  pour  y  tenir  le  mesme  rang  et 
lieu  qu'ont  faict  par  le  passé  les  autres  ambas- 
sadeurs de  France,  et  non  pour  endeurer 
qu'une  chose  si  claire  et  si  longtemps  observée 
se  l'évocque  en  controverse  et  difliculté;  lou- 
lefois  que  ce  ait  esté  avec  ung  si  honneste 
iangaige  qu'il  n'y  ait  personne  qui  s'en  puisse 
sentir  offensé  et  qui  n'ait  occasion  de  vous  en 
louer;  vous  advisant  que  le  Roy  monsieur  mon 
lils,  suivant  ce  qui  vous  en  a  esté  baillé  pour 
instruction,  et  ce  qui  vous  en  a  encore  esté 
mandé  depuis,  ne  veult,  en  quelque  sorte  que 
ce  soit,  rien  céder  de  ce  que  ses  prédécesseurs 
lui  oui  acquis  en  cella  méritoirement  l.  .l'ai 

Voy.  dans  te  n"  .'C>-  du  londs  Dupuy,  p.  aao,  la 


aussi  eu  grand  plaisir  de  voir  par  la  pre- 
mière de  vosdictes  lettres,  que,  es  décrets 
du  sacrement  de  l'ordre,  nos  prélats  françois 
ayent  si  doctement  et  religieusement  opiné 
qu'ils  en  ayent  acquis  envers  les  estrangers 
une  grande  reppulation,  et  me  desplait  gran- 
dement que  la  compagnie  ne  se  trouve  rem- 
plie de  son  nombre ,  ce  qui  ne  procède  pas 
de  dispense  que  j'aye  faict  accorder  à  ceulx 
qui  ont  été  choisis  pour  cela ,  ou  de  faulle 
qu'il  y  ayt  eu  de  les  en  avoir  sollicités,  tant 
par  lettres  que  par  les  saisies  que  j'ay  faict 
faire  du  temporel  des  défaillais,  et  vous  as- 
seure  que  si  je  sçavois  aultre  plus  fort  re- 
medde  pour  les  haster,  qui  fust  honnesle  à 
exécuter,  je  ne  l'épargnerais  eu  leur  endroict. 
Je  fais  partir  avec  cette  lettre  deux  dépesches 
qui  vont,  l'une  à  l'évesque  de  Rennes,  qui  esl 
nostre  ambassadeur  auprès  de  l'Empereur, 
l'autre  au  sieur  de  Sainct-Suplice,  nostre  am- 
bassadeur en  Espaigne,  pour  faire  instance 
envers  lesdicts  deux  princes,  à  ce  que,  suivant 
tant  d'asseurances  qu'ils  nous  ont  données  de 
la  bonne  intention  qu'ils  ont  de  rendre  le 
concile  fructueux,  ils  mandent  à  leurs  mi- 
nistres étans  audict  concile,  d'avoir  telle  cor- 
respondance avec  mon  cousin  le  cardinal  de 
Lorraine,  et  vous  aultres  ambassadeurs  et 
ministres  du  Roy  monsieur  mon  fils,  que  l'on 
\ous  voye  tous  marcher  d'un  mesme  bon  pied 
et  que,  par  ceste  mutuelle  intelligence,  ceulx 
qui  ne  se  veullent  joindre  au  faict  de  la  ref- 
formatiou  demeurent  confus;  de  quoy,  si  les 
effets  desdicls  princes  correspondent  à  leurs 
paroles,  il  se  doibt  espérer  quelque  chose  de 
bon;  mais  je  ne  vous  puis  celer  que  je  trouve 
bien  estrange  que  les  prélats  espaignols, 
après  le  Iangaige  que  nous  a  tenu  l'ambassa- 

«  Protestation  du  comte  de  Lnna,  ambassadeur  du  roj 
d'Espagne  au  concile  de  Trenle,  louchant  la  préséance. 
avec  la  response  des  ambassadeurs  du  Roy.n 


!  ETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


169 


deur  d'Espaigne  résidant  par  deçà,  couronne 
à  l'extraie!  que  je  vous  a}  c\  devant  envoyé  de 
la  lciin>  dudicl  sieur  i\r  Sainct-Suplice ,  ayent 
dict  n'avoir  aulcun  commandement  de  leur 
prince  là-dessus,  et  qu'il  j  avoil  trois  mois 
qu'ils  n'avoient  eu  lettres  de  luy;  car  il  me 
semble  que  la  chose  n'est  de  si  peu  d'impor- 
tance qu'elle  se  soit  dru  oublier  ou  négliger. 
Si  ne  faut-il  pour  cela  laisser  à  faire  ce  qui 
sera  de  nostre  debvoir,  et  je  m'asseure  que 
Dieu,  qui  sçait  nostre  bonne  et  saincte  inten- 
tion, nous  y  assistera  et  favorisera  autant  qu'il 
en  sera  de  besoing.  Je  seray  bien  aise  de  voir 
les  articles  de  refformation  que  vous  aurez 
présentés  aux  pères,  et  vous  prie,  par  vostre 
première  dépesche,  vous  m'en  envoyiez  une 
copie  et  m'advertirez  quelle  sera  la  décision 
sur  la  résidence  des  évesques,  sitosl  qu'elle 
aura  esté  déterminée;  si  les  gentilshommes 
du  duc  de  Bavière  '  font  quelque  chose  en  l'af- 
faire pour  lequel  vous  me  mandez  qu'ils  son! 
allés  à  Rome2,  je  fais  bien  mon  compte  que  je 
ne  puis  faillir  d'en  avoir  des  nouvelles,  ou  de 
la  part  du  sieur  de  l'Isle  nostre  ambassadeur, 
ou  de  la  vostre,  et  n'ay  point  encore  sceu 
par  la  voye  dudict  évesque  de  Rennes  que 
l'Empereur  ait  envoyé  à  Rome  pour  ce  mesme 
effect. 

Quant  à  la  dépesche  que  le  Pape  a  faicle 
de  l'évesque  de  Viterbe3  pour  se  tenir  auprès 

1  George-Jean ,  premier  du  nom,  mort  le  alj  mars 
1693. 

2  Lansac  répondait  le  1 3  janvier  suivant  à  Charles  IX. 
au  sujet  des  envoyés  du  duc  de  Bavière  :  tfA  ce  que 
je  puis  entendre,  ils  demandent  une  dispense  de  la  com- 
munion sous  les  deux  espèces,  et  s'adressent  de  rechef 
à  vostre  Saint-Père,  nonobstant  que  dès  l'an  passé  il 
lit  response  audicl  duc  qu'il  s'adressast  au  concilie, 
parce  que  cest  article  a  esté  remis  par  ledicl  concilie  à 
la  disposition  de  Sa  Sainteté. 1  (Bibl.  n.it.  fonds  Dupuy, 
nQ  357,  f"  189  et  igo.) 

3  Voy.  un    I  ittre  de  Lansac  à  la  Reine,  du  l3  janvier 


de  mondict  cousin,  je  la  loue  si  elle  est  pour 
l'occasion  contenue  en  vostre  lettre,  dont  je 
sera)  bien  aise  de  voir  les  effects,  comme 
aussj  ceulxdela  bonne  et  sincère  volonté  que 
ledicl  évesque  asseure  avoir  tousjours  eue  au 
bien  du  service  du  li<>\  monsieur  mondict  fils, 
et  me  porter  semblablement.  pour  après  l'avoir 
en  telle  opinion  de  fidèle  et  sincère  servicteui 

de  ceste  couron ju'il  vous  a  dit  vouloir  estre 

cogneu.  Cependant  vous  l'entretiendrez  du 
plus  honneste  langaige  qu'il  vous  sera  pos- 
sible, afin  que,  s'il  est  en  quelque  volonté  et 
disposition  de  rabillerle  passé,  il  ne  la  change 
poinct.  Je  trouve  bon  que  vous  accompaigniez 
mon  cousin  au  voyaige  qu'il  fera  à  Inspruck 
devers  l'Empereur  monsieur  mon  bon  frère; 
mais  je  désire  que  ce  soit  de  son  gré  et  con- 
sentement, et  que  sans  luy  dire  que  je  vous 
en  aye  rien  mandé  ny  escrypt,  vous  faictes 
tant  envers  luy  qu'il  l'ait  agréable,  et  luy- 
mesme,  s'il  est  possible,  vous  y  convie,  affin 
de  luy  monstrer  que  vous  n'avez  aultre  but 
que  de  vous  conformer  à  toutes  -es  intentions 
mais  de  vous  donner  congé  au  partir  de  là 
pour  nous  venir  trouver,  c'est  chose  que  je  ne 
puis  faire,  que  premièrement  les  affaires  du 
concile  ne  soient  tellement acheminéez que  l'on 
cognoisse  que  vostre  présence  n'y  sera  plus 
nécessaire,  et  que  l'on  puisse  faire  une  bien 
seur  jugement  de  tout  ce  qui  en  pourra  i éus- 
sir;  ce  que  je  ne  pense  pas,  aux  contradic- 
tions qui  se  présentent  ordinairement  en 
toutes  choses  qui  s'y  proposent,  pouvoir  estre 
encore  de  quelque  temps.  Je  ne  feray  celle-cy 
plus  longue  que  pour  prier  Dieu ,  Monsieur  de 
Lansac,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à    Chartres,  le  \l  jour  de  janvier 
1  5Ga  (iô63). 

Caterine. 

suivant,  où  il  lui  parle  de  l'évêque  de  Viterbe,  Sebas- 
tianô  Gualtieri.  1  Bibl.  nat.  fonds  Dupuy,  n°  357,  f  190.) 


I  RES  i)r.  I   \TH1  RINE  DE  MEDK  lï 


\   MOSSIE.  !!   DE  '.ONN'iIî. 

Wons  i  ave? 

,i!    vosti e  su  i  -m 

iiu   iin\    monsieur  mon  li ./ .  sur  quoy 

i  esté  prise  la  résolu I  ion  qui    .uns  vei  rez  par 

lonce  de   ciiascun  article  el  da  i 

ce    qu'il    vous    en    Hua:    les  remiers 

iiicliai  [i       cli 

illre  poui  i  illers. 

dont    les  provisions  vous  sonl  >,  vous 

pivanl  pour  le  surplus   dudicl  mémoire   vous 

laciez  faire  la  diligence  nécessaire  el  mesme- 

pour  la  parlye  du  clergé  ei  avancemenl 

iniers  nécessaii  j  er  en  ÎVorman- 

rjye  pour  ne  perdre  l'occasion  des  entreprises 

main  ceulx  qui  \  sont.  Remectanl 

li    surplus  à  voslredicl  secrétaire,  j ■  vous 

fera\   plus  longue  lettre,  pryanl  Dieu,  Mon- 
sieur de  Gonnor,  \ous  donnei  ce  que  désirez. 
De  Chartres,  le  \i    jour  de  janvier   1 56a 
-'■  i. 

i  !>r  sa   main  ' .  i  Monsicui    cl     ;  '•>  lunorl ,   j  é 

eniendeu  tout  sel  que  m'avés  inendé  par  set 

pourteur,  el  vous  aurés  la  résolution  que  avons 

prinse  sur  tout;  au  reste,  nous  soummes  en 

termes  de  asemblcr  le  prinse  de   Condé,  le 

d)le.  le  cardinal  son  frère2,  el  Monsieur 

h    Guise  en  quelque    Iveu,  el    atandons    la 

voyr  s'il  i  voldronl  léser  venir 

mestable   pour  chousir  le    lyeu.   Velà  à 

nous  en  sommes,  qui  me  semble  bon 

omensement.  Mandé  m'en  vostre  opin 

faytes  dépécher  vostre  frère  yncontinenl  qu'i 

i.,i   i|i                  i;                    |i  ;        i  i  i  ■  mu   i  mé 
Wi                         \dé,  I.  I\ ,  p. 
'  i  liai  les  de  Bourl frère  de  Condé 


Paris,  afin  qui  s  un  nalle  à  Normendie . 
ii   •-  i  perl  --i  ni  va.  el  que  ne  lu\  en- 
!  pour  les  jean  de  pié  fransoys: 
i nssi  de  san  mile  a\ scus. 
(  Iaterine. 

—    l  I   juin  ei 
: 

V  MESSIE!  RS  LES  GE.NS 

Il  VAN!    I 

ieurs,  vous  verrez  les  lettres  que  le 
liuv  monsieur  mon  fils  vous  escrit,  pai 
quelles  ii  mus  mande  qu'il  envoyé  à  ses  ad- 
vocals  el  procureur  général  les  lettres  de  dis- 
pence  de  quatre  offices  de  conseillers  clerqs 
en  la  cour  de  parlement  '  qu'il  a  faicl  expé- 
dier pour  icelles  vous  présenter,  lesquelle 
bien  voulu  accompagner  de  la  présente  poiu 
-  pi  ier  que .  suivant  le  contenu  d  i<  elles  el 
pour  les  causes  v  conti  nues,  vous  ayez  a  pro- 
céder à  vériffier  lesdictes  lettres  de  dispence 
le  plus  promptement  que  faire  ce  pourra, 
toutes  difficultez  cessans;  el  outre  ce  que  vous 
satisferez  à  son  vouloir  et  intention  vous  me 
ferez  plaisir  bien  agréable.  Priant  le  Créateur, 
Messieurs,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  etdigni 
garde:  escrit  à  Chartres,  le  unziesme  jour  de 
janvier  mil  cinq  cens  soixante  deux  |  l 563) 

Caterine. 
De  i  -\i  BESPi.M 

Les  quatre  conseillers  que  le  1  

n  i        ii  jo  janvier  suivant     étaient   \I\I.  leai 

lent  aus  requêtes,  Ba  Ihélemj  Faye,  Jacques  Violi 
el   Pierre  Grassion;  tous  les  quatre  avaient  été  mandés 

I   i   qui  désirait  avoir  leui  avis  su:  l'a il  que 

l  fa       .i    le  prince  de    Condé 
i   ume  ''ii  repos  :    et,  >\::us   plusieu 
es  qu'elle  eut  avei     ux,  elle  leur  déclara  quelle  m 
ferait  rien   sans    l'avis  du   Parlement,  i  Bibl.   nat.   Par- 
leroent.  n*  «i,   f 


LETTRES  DE  C  kTHERINE  b\i  MÉÛIC1S. 


17] 


1563.  —  1 1  janvier. 
Orig.   Bibl    nat.  Ei  is. 

\   MONSIEl  li  DE  GONNO 

Min  de  1,'onnnK  do  soi  HonsiBOi  non  pus, 

CONSEILLEE    EN    SON    CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  j'envoye d  cousin, 

le  maréchal  de  Brissac,  vostre  frère  en  Nor- 
mandie, suivant  la  résolution  que  vous  sçavez 
en  avoir  e>it:  prinse  dès  pièca;  el  pour  ce 
que  liiy  ay  promits,  en  le  despeschant,  de  le 
faire  payer  d'un  quartier  de  ses  estais  et  pen- 
sions.  ci  des  deux  mil  cinq  cens  livres  qui  luy 
son!  deubz  de  reste  pour  son  plal  '  de  lieute- 
nant général  à  Paris,  je  vous  prye  que  vous 
donnez  ordre  à  l'en  faire  satisffaire  inconti- 
nant,  el,  par  mesme  moyen,  faicles  porter  en 
toute  dilligence  au  maréchal  de  Vieilleville 
\vn'l.  suret  tant  moins  de  Testât  qu'il  vous 
a  dernièrement  envoyé,  affin  que,  avec  ceste 
somme,  il  regarde  de  procédera  la  réduction 
des  bendes  françoyses  au  tiers ,  suivant  ce  qu'il 
en  a  escript,  et  s'ayde  du  surplus  pour  les 
lia i z  de  PartiHerye  pour  lesipiels  il  demandoyt 
vml.,  et  ce,  en  attendant  que  vous  luy  puis- 
sez  faire  fournir  autre  meilleure  somme, 
ainsi  que  je  luy  escriptz;  el  je  voyz  pryer 
Dieu,  Monsieur  de  Gonnor,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincle  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  xie  jour  de  janvier 
1062  (1  563). 

Caterine. 
Bourdin. 


1563.  —  i  2  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3a  19  ,  f  i'i. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DC    LOI     KOHSIBOB     KOJ     ll'ï. 
CONSEILLER    BN    SON    CONSEIL    PRIVA. 

Monsieur  de  Gonnor,  le  trésorier  Brochel  - 

'  Plat,  frais  de  table. 

-  Voy.  à  ce  sujet,  deux  lettres  deFerey,  s1  de  Durescu, 


estant  arrivé  icy,  et  trouvant  mou  cousin  le 
(lue  de  Guyse  jà  si  esloigné  avecques  son  ar- 
mée, il  a  faicl  ung  ample  ménio\re  de  ce  qu  il 
avoit  charge  luy  dire  qu'il  a  envoyé  à  se* 
commis  près  de  luy  ;  el ,  de  ma  pari ,  je  ln\  a\ 
escript  bien  au  long,  afin  qu'il  regarde  à  la 
réduction  etespargne  qu'il  pourroit  faire  poui 
L'année  où  nous  entrerons;  etaussj  qu'il  s'ayde 

des  treille  deux  mille  livres  qui  sonl  à  Toin  ■ 
desdiez  '  pour  les  garnisons  de  Picardye  et 
Champaigne,  lesquelles  vous  ferez  rempiyi 
des  denyersqui  viendront  delà  ville  de  Paris: 
par  aiusv  la  voicture  sera  espargnée,  el  le 
hazard  des  chemyns  évité;  et  ce  sera  autant 

d'avancement  pour  le  payement  d s  gens: 

niaiz  il  est  nécessaire  que  au  plus  tosl  vous 
laciez  aussi  employer  ladicte  partye,  el  tariez 
au  demourant  toute  dilligence  d'avancer  les 
autres  payemens;  qui  est  tout  ce  que  j'ay  à 
nous  dire  pour  le  présent.  Pryanl  Dieu,  Mou 
sieur  de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa  saincte  et 
digne  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  xn   jour  de  janviei 
i56a  (i563). 

Caterink. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  1  2  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  eenls  Coîh  ri    D03ao,f"  1  ;î — 

\  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  j'ay  veu,par  les  deux 
lettres  que  m'avez  dernièrement  escriptes  des... 
et  ix  du  passé  comme  toutes  choses  s'estoient 
passées  à  Francfort 2  jusques  au  jour  du  des- 
logement de  l'Empereur  mon  bon  frère   auprès 

ambassadeur  dans  tes  Pays-Bas,  à  M.  de  Gonnor,  (tau- 
le n"  3a  1  6  du  fonds  français,  I  '  •>.">  et  28. 

1   Débitez,  destinés. 

-  Voy.  les  détails  donnés  par  de  Thou  sur  ta  diète  du 
Francfort.  {But.  tmiv.  t.  IV,  p.  354.) 


474 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


Escripl  à  Chartres,  le  xiT  jour  de  janvier 

1662  (i563). 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Monsieur  de  Gonnort,  nous 
n'avons  l'ayst  à  set  matin  que  liante  deus  che- 
valyer  de  l'aurdre,  pour  se  qui  n'i  an  n'avest 
poynt,  et  vint  capitayue  de  Jean  d'armes;  (rové 
de  1  arjent  pour  lé  peyer  ;  et  avés  vostre  creu 
de  dis1,  afin  que  ne  vous  corusiés2,  si  l'ault  de 
l'arjeant  ;  et  dites  après  que  nous  ne  feson  ryen 
ysi.  Mandé-moy  s'il  est  vray  que  les  eapitayne 
de  la  ville  de  Paris  souyst  aies  à  la  Court  fayr 
fayre  heun  ares!  à  leur  mode.  Breule'sete  letre3. 

Caterine. 
Robertet. 


1  563.  —  ia  janvier. 

Oi-ig.  AitIi.  tles  Médicis.  dalla  filza  U*;3o  ,  nuova  numerazione. 
A  MON  COUSIN 

MONSEIGNEUR  LE  DUC  DE  FLORENCE. 

Mon  cousin ,  pour  ce  que  j'ay  affaire  par  de- 
çà du  sieur  d'Elbeyue4  pour  l'employer  en 
quelques  charges  où  il  me  peult  servir,  je  luy 
mande  présentement  par  sou  filz'  qu'il  me 
vienne  incontinent  trouver.  Et  craignant  que, 
à  l'occasion  des  empeschemens  et  lascheryes 
qui  vous  sont  survenuz  puis  uaguères,  vous 
11  ,.\ez  eucores  eu  le  moyen  de  lui  parfournir 
les  lettres  de  bancque  qui  luy  sont  néces- 
saires pour  le  parachèvement  de  la  somme  de 
cent  mille  escuz,  que  vous  nous  avez  promis 
et  accordé  de  nous  prester,  je  mande  présen- 
tement audict  d'Elbeyue  qu'il  aict  à  instruire 
sondict  lilz  de  Testât  en  quoy  est  cest  affaire, 
c{  de  ce  que  reste  à  y  achever,  affin  que  en 

1   Creu  de  dis,  impôt  du  dixième. 
1    Corusiés,  courrouciez. 

3  La  partie  autographe  de  cette  lettre  a  été  seule  im- 
primée dans  les  Mémoires  de  Condé,  t.  I\,  p.  20:. 
1  Albisse  d'Rlbene. 


estant  informé  par  son  père,  et  demourant 
auprès  de  vous  pour  cesteffect,  il  puisse  soli- 
citer  le  recouvrement  du  reste  de  ladicte 
somme,  dont,  comme  vous  sçavez,  mon  cou- 
sin ,  nous  av  ons  bien  affaire  durant  ces  troubles. 
Je  vous  prie  donques,  au  plus  tost  que  vostre 
commodité  le  pourra  porter,  de  dépescher  les- 
dietz  del  Beyne,  père  et  filz,  et  de  croyre  ce 
que  l'ung  et  l'aultre  vous  diront  de  ma  part, 
en  cest  endroicl,  comme  vous  feriez  moy- 
mesme.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous 
ayl  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  xnmc  jour  de  janvier 
i562  (i5r,3). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 
Robertet. 


]  ôii.'j.  —  1  3  janvier. 

Orig.  Bibl.  nal.  Cinq  cenls  Colberl  ,  vol.  afi,  i°  i5. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROÏ     MONSIEUR    MON    FILZ  . 
CONSEILLER    EN    SON    CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonuor,  le  sieur  Dauzances 
avoyt  icy  envoyé  le  sieur  de  Boisverdun,  pré- 
sent porteur,  remonstrer  la  grande  nécessité  en 
quoy  est  la  ville  de  Metz,  tant  à  faulte  du 
payement  des  gens  de  pied  que  retardement 
des  deniers  des  ouvraiges  qui  demeurent  du 
tout  et,  comme  personne  qui  craint  ung  incon- 
vénient, remonstre  beaucoup  de  choses  que 
nous  voyons  et  considérons  bien.  D'icy  ne 
puis-je  donner  aucun  remedde,  niaiz  je  luy 
a\  dicl  qu'il  estoil  venu  quelque  argent  de 
Caen  à  Paris  pour  ladicte  place  et  qu'il  se 
retiras!  devers  vous  pour  sçavoirque  c'esloit  et 
s'en  allast  avecques  cela  en  attendant  myeulx; 
ce  que  je  vous  prie  faire  envoyer  quant  et  luy 
le  plus  tost  et  le  plus  que  faire  se  pourra;  car 
j'ay  bien  retenu  ce  que  le  trésorier  de  l'exlraor- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDICIS 
dinaire,  Brochi  l ,  m'a  dicl  :  les  trente  mil  livres 


venuz  dernièremenl  de  Caen  sonl  pour  Pi- 
cardye  et  (Ilianipai^iK1  ri  les  wmii'"  livres  que 
mou  cousin  le  duc  de  (luise  doibl  prendre  à 
Tours  des  denyers  cy-devanl  ordonnez  audict 
Brochel  el  que  \ous  devez  faire  remplir  sur  ce 
que  vous  recevrez  de  la  ville  de  Paris,  suyvant 
le  mémoyre  que  Prévosl  vostre  secrétaire  a 
rapporté,  y  sont  pareillement  destinez.  Par 
,iin>\  desdictes  deux  sommes  pourriez  wms 
a  oyer  de  quoy  aucunement  les  contenter  et 
appaiser,  chose  qui  est  plus  que  nécessaire.  H 
\  a  aussi  quelques  denyers  extraordinaires 
deubz  au  sieur  Dauzances  dont  ledict  de  Bois- 
verdùn  porte  les  parties,  de  quoy  il  fauldra 
que  vous  le  l'aides  payer  par  le  trésorier  de 
l'Espargne ,  car  il  a  peu  de  moyen  et  est, 
ainsy  qu'il  m'escript,  tous  les  jours  aux  em- 
pruntz.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor, 
vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  un'  jour  de  janvier 
i56a  (i563). 

(De sa  main.)  Monsieur  do  Gonnorl ,  sovegné- 
vo us1  de  troverle  [dus  loi  que  vous  pourés  lé 
san  mile  escus  pour  lé  reystre,  car  y  son 
d'accort  pourveu  qui  aye  neufvynt  mile  escus 
qu'i  fault  yictement  trover;  et  pour  se  que  nous 
en  volons  aler  à  la  fin  de  set  moys  au  Avre, 
l'ayte  diligense  de  nous  aproslcr  trante  canon 
et  vingt  mile  boules,  et  quatre  sans  milié  de 
pouldre,  afin  qui  n'y  aye  faulte  que  le  tout 
souit  prest  au  trenlyesme  de  set  présantmoys, 
et  si  ne  lé  povés  trover  dans  Paris  aveques 
seuls2  que  fa  y  ré  fondre,  envoyé  partout  eu  vous 
savés  qu'il  y  en  ni  é,  et  lé  fayte  mener  audisl 
Paris  pour  lé  fayre  mener  par  eau;  et  si  n'y 
laysle  la  cliligense  quy  est  requise  pour  le  byen 
et  repos  entier  de  set  ranime,  je  panseré  que 

;  Sovegné-vous ,  souvenez-vous.. 
2  Seuls,  ceux. 


u'avés  plusd  aime  de  l'y  voyr.  Monsieur  d'Eslré 
se  recomende  à  vous,  car  y  se  meurt. 

Caterine. 

I  r>6.'î.  —  i  'i  janvier. 
Orig.  Bibl.  nai.  fonds  françaÎK,  m    3-ju),  f'  5. 

V  MONSIEl  1!  DE  GONNOR, 

iliUALIER   DS    L'OBDBl    m     ROI     UONSIBUB    lion    FILS. 

MIWt.NUI       H     MIN     COÏfSBIL     l'IUVt. 

Monsieur  de  Gonnor,  le  trésorier  de  l'Es- 
pargne Bâillon  escril  pour  ne  venir  aucuns 
deniers  de  sa  charge  prestz  à  tomber  en  ses 
mains  devant  la  fin  de  février;  il  n'aura  pas 
moyen  de  fournir  aux  voïages  el  despenses 
forcées  qui  surviennent  louz  les  jours  près  du 
Boy  monsieur  mon  fils;  qui  est  la  cause  qui  le 
garde  de  venir  icy,  et,  de  faict,  nous  en 
sommes  souvent  eu  peyne;  qui  me  laid  vous 
pryer  adviser  si,  des  deniers  qui  se  recoyvent 
pour  les  affaires  de  la  guerre,  vous  luy  pour- 
riez faire  bailler  quelque  somme  comme  par 
prest  qu'il  remplira  après,  afin  qu'il  puisse 
nous  en  accomoder  et  servir  icy,  où  vous  scav  ez 
que  l'on  ne  s'en  peult  passer.  Priant  Dieu. 
Monsieur  de  Gonnor,  vous  donner  ce  que  dési- 
rez. De  Chartres,  le  khi"  jour  de  janvier  i  56a 

(1503). 

Catehine. 
De  l'Albespine, 


1563.  —  i  ."j  janvier. 
Orig.  lîibl.  nat.  Cinq  cents  Colbi  ri .  vol.  aâ  .  !      i5  el  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'OBDRB    01'    ROI      KOlfSIBlllI     MuN     HL7.  . 
CONSEILLER    EN    SON    CONSEIL    PIHVK. 

Monsieur  de  Gonnor,  avant  que  recevoir 
voslre  lettre  par  le  commis  du  trésorier  Favel. 
j'avoys  escript  à  mon  cousin  le  duc  de  Guise 
prendre  et  retenir  les  quarante  mille  livres 
que  le  trésorier  Brochet  avoit  à  Tours,  lesquelz 

00. 


476 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


estoienl  déjà  veuuzjusques  à  Cliasteaudun  où 
je  lu\  av  mandé  qu'il  les  envoya  quérir  cl 
présentement  sur  vostredicte  lettre  l'ay  adverrj 
les  soixante  mille  livres  qui  sont  à  Nantes  et 
à  Tours  provenans  des  décimes,  afin  qu'il 
donne  ordre  sur  les  pappiers  que  porte  ledicl 
commis  et  les  faire  recouvrer,  et  que  de  cela, 
avecques  les  xxwnr  livres  qu'il  a  eus  du 
Mans,  il  face  la  réduction  des  Frariçoys,  ayde 
;ut\  Suysses,  et  s'il  y  a  quelque  chose  de  reste 
l'ace  quelque  prest  aux  Espaignolz  pour  pour- 
veoir  à  leur  grande  nécessité,  ce  qui  se  rem- 
plira de  leur  argent  qui  est  à  Rayonne  que 
leur  payeur  ira  quérir  avecques  le  moyen  de 
la  seureté  que  l'on  luy  donnera.  Je  i'ay  aussi 
adverty  de  la  diligence  que  leur  faicles  aux 
pouldres,  et  qu'il  n'oublye  à  renvoyer  ce  capi- 
taine Tourtay  à  son  ailellier  à  Tours,  suyvanl 
vostre  àdvis,  le  deschargeanl  de  ses  harque- 
buziers;  vous  ad\isanl  que  j'ay  esté  très  aise 
d'entendre  l'ordre  que  vous  avez  donné  pour 
Gaen  et  Cherbourg,  aussi  pour  Metz  et  Calays 
où  il  y  a  tant  de  nécessité  que  je  ne  me  puys 
garder  vous  pryer  les  avoir  tousjours  pour 
recommandez,  afin  que  les  denyers  que  l'on 
prend  de  leurs  assignations  ne  faillent  à  estre 
rempliz  et  satisfaictz,  et  semhlablement  lesditz 
i,xm  livres  desdictes  décimes  du  rembourse- 
ment des  emprunts  de  Paris;  à  quoy  je  seroys 
bien  marrye  qu'il  y  eusl  faulte,  mais  je  veoy 
que  vous  laissez  court  le  cousté  de  Normandye, 
car  les  xxxm  livres  d'une  part  et  les  xmm  livres 
de  l'autre,  qui  y  ont  esté  envoyés,  n'est  que 
pour  les  reytres  et  Alternants,  de  façon  que  le 
maréchal  de  Vieilleville  et  Villebon  n'auront  de 
quoy  faire  marcher  les  Françoys  et  demourera 
par  là  leur  entreprise;  en  quoy  la  longueur  a 
apporté  desja  très  grand  dommage,  d'autant 
que  les  Angloys  sont  entrez  dedans  Dieppe  et 
se  renforcent  tous  les  jours.  Par  ainsi  vous 
adyiserez    s'il    y    aura    moyen    de    leur   faire 


quelque  secours  et  n'y  perdre  point  du  temps; 
considéré  l'importance  de  l'affaire,  comme 
vous  jugerez  aussi  bien  que  personne.  Quant 
à  la  partie  de  Monsieur  le  Légat,  vous  ayant 
les  lettres  patentes  esté  envoyées,  il  ne  peult 
plus  avoir  de  difficulté,  s'il  ne  veult  que  l'on 
croye  qu'il  n'en  veult  rien  faire  du  tout;  de 
quoy  il  faut  faire  toute  diligence  et  quant  à 
la  seureté  il  n'en  est  point  encores  venu  faulte 
avecques  le  bon  ordre  que  le  sieur  de  Chaulnes 
luy  en  escrivant  y  pourra  donner. 

Au  demourant,  deschargez -nous  de  ces 
Turcz  le  plus  tost  que  vous  pourrez  et  ayant 
commandé  àAlluye  vous  envoyer  leur  dépesche 
pour  les  faire  partir,  laquelle  je  pensoys  qu'ils! 
eussent  desja,  ayant  escril  à  mon  cousin  le 
duc  de  Guise  des  estametz  '  que  vous  tn'es- 
cripvez  pour  ses  soldatz,  afin  que,  s'il  en  a 
affaire,  il  vous  en  advertisse;  qui  est  tout,  ce 
que  j'ay  à  vous  dire  pour  le  présent,  sinon 
que  nous  allons  de  jour  en  jour  tousjours  en 
meilleure  espérance  de  paciffier  les  choses, 
dont  bientôt  je  vous  feray  sçavoir  plus  claires 
nouvelles  ;  mais  à  quelque  poinct  que  nous 
tombions,  il  fault  faire  de  nécessité  vertu  en 
matière  d'argent.  Priant  Dieu  ,  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Chartres,  le  xv"  jour  de  janvier  i56a 
(i563). 

{De  sa  main.)  L'on  m'a  dist  que  si  volons 
trover  secour d'arjeant  de  Paris  qui  fault  tout. 
aysterminer  et  ne  fayre  jeaniès  pays,  set  que 
je  Irove  ynposible  et  d'eune  mauvèse  volante; 
et  j'é  veu  votre  aupinion  que  je  Irove  bonne: 
mes  s'et  le  tout  de  le  povoyr  fayre  au  conten- 
tement  d'un  chequeun,  afin  que  ne  recomen- 
sasel  heunne  aullre  fouys  sete  danse  qui  nous 
coule  si  cher. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

Eitamei ,  étoffe  de  laine. 


1  563.        :  5  j  mvier. 

Orip.  lïibl.  nat.  fnnils  français,  n°  .'îaiçi,   f  iS 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR, 


i  "ORDRE    DC    BOl    UOÏISUOII   HOU    PIM, 

Monsieur  de  Gonnor,  je  vou's  avois  derniè- 
rement dit  que  fissiez  faire  une  vente  de  bois 
jusques  ;'t  la  somme  de  cinquante  mille  livres 
pour  les  bastymens  du  l!<>\  monsieur  mon  lils, 
et,  pour  ceste  occasion ,  je  vous  envoyé  ce  por- 
teur, qui  est  le  controlleur  desditz  basti- 
ments,  allin  que  par  lu\  nous  me  mandiez  ce 
que  en  aurez  faict,  car  il  est  à  ceste  lieure 
temps  pour  payer  les  ouvriers,  et  ne  laisser 
aller  tout  en  décadence,  et  qu'ilz  sachent  où 
qu'ilz  doivent  prendre  l'argent;  qui  me 
l'aict  vous  prier,  si  ne  l'avez  faict,  de  le  com- 
mander et  regarder  à  trouver  quelqu'un"  qui 
advance  argent  pour  les  quartiers,  affin  qu'ilz 
puissent  continuer  ce  qu'ilz  ont  commencé.  Je 
prie  Dieu.  Monsieur  de  Gonnor,  vous  avoir  en 
sa  saincte  garde.  De  Chartres,   <v   w    jour 

de  janvier  î  ôC i  (  î  56 3). 

Caterine. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS.  '.77 

esté  contraincl  emprunter  el  s'obliger  de  tous 
coustés;  pourveoyez-y  doncques,  je  vous  prie, 
et  nous  envoyez  incontinent1.  Priant  Dieu. 
Monsieur  de  Gonnor,  vous  donner  ce  que 
désirez.  Escript  à  ('liai  1res.  |(>  wr  jour  de 
janvier  1 56a  (î  563). 

Vous  prendrez  pour  cesl  effet  des  deniers 
de  la  ville  qui  se  rempliront  incontinent  après 
des  premiers  deniers  des  receptes  généralles. 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  16  janvier. 

Orig.  Bibï.  nat.  fonds  français,  n°  3319,  f°  20. 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE   L'ORDRE   DU   ROY   MONSIEUR    MOU    KILZ, 
CONSEILLER   ES  SON    CONSEIL   PRITK. 

Monsieur  de  Gonnor,  si  vous  ne  donnez 
moyen  au  trésorier  de  l'Espargne  de  venir  icy 
autrement  que  les  mains  pendantes,  nous 
serons  en  grande  peine,  car  les  affaires  que 
nous  avons  de  jour  à  autre,  el  qui  surviennenl 
ordinairement,  ne  peuvent  qu'il  n'y  ayt  ,icy 
ung  homme  qui  ayt  à  toute  heure  la  main  à 
la  bourse  pour  voyaiges  el  choses  forcées,  et 
pour  lesquelles  son  commis  présent  porteur  a 


1563.  —  1 6  janvier. 
Orig.  Ribl.  n.-il.  fonda  français,  n    3sig,  f    :■  1 . 

A  MONSIEI  lï  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DC    BON    MONSIEDR    «ON    FILZ  , 
CONSEILLER    EN    SON  CONSEIL   PRIVÉ. 

Mons'  de  Gonnor,  Monsieur  le  chancellier 
m'a  l'aict  veoir  la  lettre  que  luy  avez  escri 
du  xue  de  ce  moys,  suivant  laquelle  je  faietz 
une  despesche  aux  advocal  el  procureur  géné- 
ral du  Roy  monsieur  mon  fils  en  sa  court  de 
parlement  de  Paris  pour  adviser  de  meclre 
une  fin  au  procès  d'Alençon2,  affin  que  les 

1   Ln   | irie  d'argenl  était  si  grande  tju< 

écrivait,  le  i4  janvier,  au  duc  de  Nemours:  <tll  faut 
«pie  vous  entendiez,  Monseigneur,  que  nous  sommes 
aujourd'hui  si  cnurlz  el  desnuez  d'argent  qu'il  ne  se 
trouve  pas  ung  denier  pour  l'armée  de  Monseigneur  de 
(luise  où,  à  raison  de  ce,  tout  le  monde  meurt  qua 
faim.j)  (Bilil.  nat.  fonds  français,  n"  3icio,  P  '17.) 

Après  la  moi  1  du  dm  Hençon,  I"  duché 

l'Alêne 1  le  1 ité  du  Perche  avaienl  été  réunis  à  la 

onne   par  arrêl    du    Parlement   de   Rouen,   rendu 
en  i5a5;  les  deux  sœu  s  du  dur,  la  duch  a  Ven- 

dôme el  la  marquise  de  Monlferrat,  réclamèrent  contn 
ret  arrêt.  L'affaire  fut  plaidé.'  en  i5aG;  le  duché 
d'Alençon  el  I"  comté  du  Perche  furent  adjugés  au  Roi, 
mais  cet  '  1        in  à  toul  s  les  difficultés  :  les 

liérilieis  de  Francise  et  d'Anne  d'Alençon  reprirent  le 
procès,  el  demandèrent  toutes  les  terres  acquises  el 
unies  au  duché  d'Alençon  el  au  comté  du   Perche.   Ui- 


LETTRES  (JE  GATH 

i  .  Qe  démontent  plus  en  t'incertitude  en 
laquelle  elles  ont  continué  jusques  à  présent: 
m  quoy,  comme  \ous  sçavez,  le  Roy  monsieur    \ 
mon  fils  n'a  jamais  de  proufiel.  Je  leur  mande 
iussj    qu'il/,   facent  procéder   à  la  saisie  de 
:  seigneurye  de  Chasteauneuf  et  autres  terres 
comprinses  à  l'accord  qui  en  avoyt  esté  faict 
avec  feu  mon  frère  le  roy  de  Navarre1,  et  prin- 
.•ipallement  des  ventes  de  boys,  de  sorte  que 
deniers  en  tombent  es  mains  du  receveur 
ordinaire,    et    que    nous    nous    en    puissions 
ayder  et  servir  en  l'urgente  nécessité  de  noz 
affaires.  Suivant  rostre  advis,  je  n'ay  point  ouy 
parler  que  la  court  du  parlement  de  Bour- 
deaux  vueille  commander  aux  finances  du  Roy 
monsieur  mon  fils,  soyt  pour  le  retranche- 
ment   de   leurs  gaiges   ou   pour  autres  occa- 
sions; et  s'ilz  ont  depputé  quelqu'un  qui  vienne 
à  m'en  parler,  asseurez-vous    que  je  luy  en 
respondray  avec  tel  langaige  qui  luy  sera  bien 
ij  ié  de  connoistre  que  je  n'y  auray  prins  grand 
plaisir,  et  que  je  ne  suys  pour  leur  lascher 
chose   qui  appartienne  à  l'autliorité  du   Roy 
niondict  sieur  et  fils.  J'ay  commandé  l'expédi- 
tion de  l'édicl  pour  la  suppression  de  l'office 
de  général  des  finances  de  Lyon  et  unyon  à 
lestât  de  trésorier,  selon  ce  qui  en  a  esté  arresté 
par  cy-devant,  et   vous    prye,    Monsieur  de 
Gonnor,  que  suivant  ce  que  je  vous  ay  escript 
ce  matin,  vous  pensiez  ung  peu  à  ce  que  nous 
devons  en  Suisse,  alïiu  de  leur  donner  ceste 
année  le  plus  que  nous  pourrons  de  contente- 

grct  plaidait  pour  eux ,  Lizet  pour  Charles  IX.  Une 
transaction  intervint  le  2  et  le  22  février  1 563.  11  est 
de  mentionner  que,  par  lettres  du  20  dé- 
cembre 1 5 3 9 ,  François  II  avait  donné  à  Catherine  de 
Médicis,  pour  la  remplir  de  son  douaire,  le  duché 
'Alençon  et  le  comté  du  Perche. — Voy.Odolant  Desnos, 
Mém.hUl.  sur  Alençon,  I.  11,  p.  255  et  256;  Chopin, 
Trou  livres  du  domaine  de  la  couronne,  édit.  d-  161 3, 
1.  111,  p.  281. 

Antoine  de  Bourbon. 


ERINE  DE  MÉDICIS. 

'    ment.    Pryant    Dieu,    Monsieur    de   Gonnor. 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Cliartres,  le  xvic  jour  de  janvier 
i56a  (1-569). 

Vous  ferez  envoyer  cedict  édicl  à  la  chambre 
i    des  Comptes  pour  y  eslre  leu  et  enregistré. 

Caterine. 

BoiIîDIN. 


1563.  —  17  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n    32  19.  f   a3 

A  MONSIEI  I!  DE  GONNOR, 

CHEVALIER  DE   L'ORDRE  DU  BOï  MONSIEUR  MON   FILZ  , 
CONSEILLER  E\   SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  attendant  que  je 
vous  renvoyé  vostre  secrétaire,  je  vous  advise 
que  j'ay  esté  très  aise  que  vous  aiez  retiré  les 
lettres  de  la  déclaration  géuéralle  que  avions 
laide  pour  ramener  les  desvoyez  '.  Je  vous  prie 

1  Dans  une  lettre  de  Cbantonnay  à  la  ducliesse  de 
Parme,  datée  du  26  janvier,  nous  lisons  :  cCeulx  de 
Paris,  après  le  refus  du  pardon  général  présenté  par  le 
chancelier,  vonloient  faire  retberche  des  huguenots  rentrés 
en  ville,  et  ont  présenté  requeste  à  la  court  do  Parle- 
ment. Cette  rentrée  des  personnes  suspectes  donnant 
occasion  au  peuple  de  s'émouvoir  ou  de  les  assommer,  la 
couil  en  a  délibéré  et  y  eut  opinion  de  part  et  d'autre, 
car  le  président  de  Thou,  qui  de  la  main  de  la  Reine  a 
esté  faicl  premier  président  au  lieu  du  président  Lemaitre . 
qui  mourut  il  v  a  deux  mois,  n'est  pas  si  véhément  ni 
résolu  au  faicl  de  la  religion  comme  son  prédécesseur,  et 
pour  lors  se  trouvoit  en  ceste  ville  le  jadis  évesque  du 
Puy°,  chancelier  de  la  Reyne,  frère  de  mademoiselle  du 
Coguier  veuve  du  médecin  Burgensis,  laquelle  a  tout  le 
crédil  vers  la  Reyne  et  sollicitoit  de  maison  en  maison 
que  ceulï  de  Paris  n'obtinssent  les  fins  de  leur  requeste. 
Cependant  fut  apportée  une  lectre  du  Roy  très  chrétien 
seul  et  sans  secrétaire,  par  laquelle  il  comminoit  ceulx 
du  Parlement  et  commandoit  que  l'on  n' accordas!  pas  le 
contenu  en  la  requeste.  Cecy  s'entretint  quelques  jours 
1  oui  la  diversité  des  opinions,  carie  Parlement,  plusieurs 
estans  rentrés,  n'est  pas  aussi  net  comme  du  comrneii- 

1   Martin  de  Beaure. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


','/■ 


la  garder  jusqu  à  ce  que  ayez  sur  ce  autres  nou- 
velles de  in<>\  ;  espérant  que  \ostre-Seigneur 
nous  donnera  nioien  en  une  année  ou  autre 
de  veoir  le  repoz  que  je  cherche  en  ce  royaume 
pour  le  bien  d'icelluv  el  service  du  Roy  mon- 
sieur  mon  lilz.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnord,  vous  donner  ce  que  désirez. 

Escript  à  Chartres,  le  xvn°  jour  de  janvier 

i563. 

Caterine. 
De  l'Ai  bespini  . 


1563.  —   i  7  janvier. 
,Orïg.  lîibl.  nat.  Fonds  français,  n"  ">2i<),  f°  ait. 

\   MONSIEUR  DE  GO.YAOR, 

CHEVALIER   DE  L'ORDRE    DU    ROÏ  MOSSILLR   MOS    F1LZ  , 
COXSEILLER    ES    SOS  CONSEIL   PMVB. 

Monsieur  de  Gonnor,  j'ay  envoyé  meetre 
des  gens  dedans  la  Ferlé- au- Vidame,  qui 
tiennent  à  présent  ce  lieu  pour  le  Roy  mon- 
sieur mon  fils,  dont  j'advertiz  son  procureur 
général,  allin  qu'il  lace  commander  aux  com- 
missaires qui  ont  esté  commis  au  régime  el 
gouvernement  île  hulicle  terre,  d'y  taire  leur 
devoir;  et,  par  mesme  moyen,  donne  ordre 
que  les  deniers  des  ventes  de  bois  qui  se  sont 
l'aides  èsdictes  terfes.se  recouvrent  par  les 
receveurs  ordinaires  du  Roy  mondict  sieur  el 
lilz,  pour  s'en  aydçr  eu  ses  affaires.  Si  vous 
pouvez  sçavoir  qui  sont  les  marchans  achep- 
teurs  desdicts  bois,  et  les  faire  venir  par  devers 
vous  pour  sçavoir  quelz  deniers  ilz  en  doivent, 
et  adviser  quel  moyen  il  y  auroit  de  les  retirer 
d'eulx,  ce  seroil  bien  laid.  Nous  y  penserez 
ei   ferez  pour  le  service  du  Roy  mondict  sei- 

cement.  Aussi  leui  fit-on  un  pasquin  qui  dit  :  «Vos  estis 
rraundi,  seil  non  omnes.i  Nonobstant  toutes  pratiques, la 
Conrt  a  prononcé  un  arrest  confomie  à  la  demande  Je 
ceulx  de  Paris.-  (Arcli.  imp.  de  Vienne,  et  Mémoires  de 
Condé,  éàil.  ie  i543, 1. 111,  p.  ia5i) 


gneur  et  lilz  selon  ce  que  je  sçay  que  unis  \ 

a\ez   d'affection.  Priant   Dieu.    Monsi de 

Gonnor,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  gaule. 
Escript  à  Chartres,  le  xvii"  jour  de  janvier  i  56a 
(i563). 

(1  V  Il  .l'.IM 

Bot  rdin. 

I  563.  —  i  8  janvier. 
Orig.  BQ>I.  imp.  de  Saint-Pé'tfirsbourg ,  vol.  86,  i    -, 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lansac ,  j'envoye  à  mon  cousin 
Monsieur  le  cardinal  de  Lorraine  le  double 
d'une  lettre  que  le  Roy  monsieur  mou  lilz 
escript  aux  Pères  qui  sont  assemblés  à  Trente 
pour  se  conjoir  avec  eulx  de  la  victoire  qu'il  a 
pieu  à  Dieu  luy  donner  contre  ses  ennemis  el 
les  prier  et  requérir  que,  tout  ainsy  qu  il 
employé  tout  ce  que  Dieu  luy  a  mis  de  moyens 
en  mains  pour  la  manutention  et  conservation 
de  uoslre  religion  chrestienne  et  tant  de  grands 
personnaiges  oui  libéralement  sacrifié  leurs 
vies  en  ceste  bataille  et  les  aultres  la  hasardent 
tous  les  jour-  pour  ceste  mesme  occasion,  ils 
veullent,  de  leur  pari,  en  faisant  œuvre  digne 
d'eulx  el  de  leur  piété  nous  aider  par  une  très 
saincte  et  sérieuse  réforma  lion  non  seulement 
à  la  pacification  de  nos  troubles,  mais  aussy 
à  la  générale  union  el  concorde  de  toute  la 
chrestienté  en  une  mesme  religion,  el  pour 
ce  que  je  remects  ladide  lettre  au  jugement 
de  mon  cousin  pour  veoir  si  elle  sera  à  propos 
el  pour  en  faire  faire  el  différer  la  présenta- 
tion, ainsy  qu'il  advisera  pour  le  mieulx,  vous 
en    userez    selon    son    advïs   el    conseil    el,    si 

d'advanlure  mon  pacquet  vous  trôuvoil  jà 
part)  avec  lu\  pour  l'accompaigner  en  son 
voyage dTnspruck,  vous  enverriez ladicte  lettre 
à  vos  collègues  qui  seront  demeurés  à  Trente. 
si  tant  est  que  vous  jugiez  par  ensemble  qu'elle 


480 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGIS. 


se  doibve  présenter  en  voslre  absence  Il  n'est 
riens  survenen  depuis  nia  dernière  dépesche, 
qui  a  esté  du  xpde  ce  mois,  digne  de  vous;  car 
mon  cousin  le  duc  de  Guise  est  demeuré  à 
Beaugency  pour  l'incommodité  du  temps  et 
des  pluies  qui  sont  par  deçà  si  continuelles 
qu'il  n'est  possible  de  plus  ;  et  les  ennemis  qui 
sont  encores  bien  loris  de  cavalerie  se  sont 
retirez  du  costé  de  la  Sologne  et  en  Berrj 
ayant  prins  Montrichard,  Selles  et  quelques 
aultres  petites  viilettes  qu'ilz  ont  depuis  aban- 
données, ainsy  qu'ils  ont  marché  plus  avant. 
Je  suis  après  (voyant  que  les  choses  sont  en- 
cores pour  tirer  en  longueur,  et  que  cepen- 
dant les  Anglovs  s'establissent  et  fortifient  de- 
dans le  Havre  et  Dieppe  et  que  au  contraire 
ce  royaulme  diminue  tous  les  jours  de  gens 
et  d'argent)  à  l'aire  accorder  les  moyens  et 
seuretés  nécessaires  pour  faire  une  assemblée 
en  communication  entre  ses  seigneurs  et 
essayer,  si  par  quelque  gracieux  traicté  l'on 
pourra  conduire  les  choses  à  une  paix  et  pacif- 
ication, ayant  résolu  d'y  employer  mon  cousin 
le  duc  de  Guise  et  mou  cousin  le  conestable 
pour  les  principaulx  députés  de  nostre  parti; 
s'il  en  réussit  quelque  fiuict  vous  en  serez  des 
premiers  adverly,  et  cependant  pour  n'avoir 
de  quoy  vous  faire  la  présente  plus  longue ,  je 
la  finiray  en  priant  Dieu,  Monsieur  de  Lans- 
sac,  vous  avoir  en  sa  saincle  et  digne  garde. 
Escript  à  Chartres,  le  xvine  jour  de  jan- 
vier i  563. 

Caterine. 

1563.  —  18  janvier. 
Orig.  ïiibl.  nat.  fonds  français ,  ii°32jq- 

A  MONSIEUR  DE  GO.MVOR, 

CHKÏ4LIER   l>t    L'ORDRE  DU    BOT    MONSIEUR  MON   FILZ  . 
CONSEILLER  EN   SON    CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  le  sr  de  Bellefour- 


rière1  m'est  venu  trouver  pour,  entre  autres 
choses,  nie  faire  entendre  le  besoins  qu'il  v  a  à 
Corbyed'y  faire  réparer  une  biesche  du  costé 
de  l'abbaye  qu'il  a  esté  contrainct,  par  faillie 
d'argent,  de  faire  fermer  de  palyz,  pour  la- 
quelle réparation  il  demande  seullement  mil 
livres,  lesquelz  pour  la  conséquence  et  impor- 
tance de  la  place  je  vous  prye  trouver  moyen 
de  luy  faire  fournir.  II  demande  aussi  le  paie- 
ment de  son  estât  de  gentilhomme  de  la 
chambre  de  l'année  passée,  dont  il  dict  ne 
pomoir  riens  recouvrer  du  trésorier  Morin,  (■; 
pour  ce  je  désireroys  bien  que  vous  feissiez 
venir  ledicl  trésorier  pardevers  vous  pour  en 
scavoir  l'occasion  et  que  vous  luy  ordonnissiez 
qu'il  eust  à  le  jiayer  de  sondict  estât  qui  ne 
monte  que  xic  1.,  lesquelz,  s'il  n'a  encores  entiè- 
rement receu  l'argenl  de  ses  assignations,  il 
reprendra  sur  ce  qu'il  en  recevera  cy  après;  car 
estant  ledict  sr  de  Bellefourrière  ordinaire  en 
sa  place,  il  est  bien  raisonnable  qu'il  soyt 
favorisé  en  cela  et  que  l'on  ne  le  contraigne 
poinct  de  consommer  la  meilleure  partie  de  sa 
somme  à  en  envoyer  poursuivre  et  solliciter 
le  paiement.  Priant  Dieu ,  Monsieur  de  Gonnor, 
qu'il  vous  ayl  en  sa  saincte  garde.  Escript  à 
Chartres,  ce  w  m*  joui  de  janvier  1 562  (i  3  6  3  J . 

Caterine. 

BoiKDlN. 


1503.  —  18  janvier. 
Orig.  BLbl.  nat.  fonds  Colbert,  n°  390.  f    i63. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Bennes,  je  receus  hier  voslre 
lettre  du  v  de  ce  moys.  cl  seray  bien  ayse  de 
veoir  et  d'entendre  par  voslre  première  dé- 
pesche,  comme  le  roi  des  Romains,  mon  bon 
frère,  aura  eu  agréable  la  congratulation  que 

'  Cliarles  de  Bellefourrière,  promu  au  gouvernement 
de  Corbie par  lettres  du  '1  juin  1 556,  mort  en  avril  1  ■"> G ^ 


LETTRES  DE    CATHERINE   DE  MÉD1CIS. 


â  81 


trous  luy  a\i7.  faicte  do  la  part  du  Roy  mon- 
sieur mon  fils  el  de  la  mienne,  et  ce  qui  sera 
passé  entre  luy  et  vous  pendant  que  vous 
aurez  séjourné  auprès  de  luy.  el  mesme  s'il 
sera  nécessaire  de  dëpescher  homme  exprès 
pour  lui  aller  faire  une  nouvelle  congratulation, 
m'estant  advis  que  je  ne  medoys  point  haster, 
\i'u  l'office  que  vous  en  avez  desjà  la  ici,  que 
l'on  ne  voye  premièrement  comme  en  useront 
les  aultres  princes  de  la  chrestienté,  pour  nous 
y  conformer.  Je  vous  ay  donné  bien  ample 
advis  du  succès  de  la  bataille  par  la  dépesche 
qui  vous  en  a  esté  envoyée  le  \xm  du  passé. 
Je  suys  après,  voyant  que  les  choses  sont  en- 
cores  pour  aller  à  la  longue,  à  essayer  par  tous 
les  moyens  qui  me  seront  possibles  de  les  con- 
duire à  une  paix  et  pacification  '  et  espère 
d'assembler  et  aboucher  dedans  quelques  jours 
tous  ces  seigneurs  ensemble,  ayant  estimé  que 
la  faute  qu'il  y  a  eu  de  se  bien  entendre  les 
ungs  les  aultres  a  pu  causer  tout  ce  qui  s'y 
est  trouvé  de  deffiance  el  de  dureté  jusques  à 
présent.  S'il  en  succède  quelque  fruict,  je  vous 
en  feray  adverlir  incontinent. 

Au  demeurant,  j'ay  bien  considéré  ce  que 
me  mandez  touschant  le  propos  dont  je  vous 
avoys  dernièrement  escript,  et  vous  advise  que 
ce  qui  me  fit  faire  au  cappitaine  ReilTemberg, 
nepveu  du  collonel  Reiffemberg,  la  response 
telle  que  vous  l'aurez  entendeue  par  ma  lettre, 
fut  la  mesme  considération  que  vous  me  lous- 
chez  par  la  voslre,  jugeant  bien  que  celluy 
de  la  part  duquel  il  en  parloyl  n'estoit  pas 

1  Chantonnay  écrivait  à  la  duchesse  île  Parme,  le 
il  janvier  :  ^La  négociation  de  la  paix  est  très  douteuse. 
On  croit  qu'il  n'est  pas  au  pouvoir  du  prince  de  Condé  de 
remettre  toutes  les  places  au,  Roy;  il  a  demandé  à  aller 
à  Orléans  sur  sa  foi.  Le  négociateur  qui  va  et  vient  est  le 
jadis  évéquede  Troyes,  premièrement  moyne  et  abbé  de 
Sainte  ictor,  et  va  à  cesle  lieure  avec  la  cape  et  l'épée  el  se 
fait  nommer  prince  de  Melfi.»  (Arch.  imp.  de  Vienne, 
et- Mémoire*   th'  Condé;  édit.  de   1 7 43 ,  t.  II,  p.  121.) 

Catherine  dl  Médius.  —  1. 


subject  propre  pour  le  maniement  el  conduite 
d'une  affaire  si  importante.  Je  trouve  vostre 
advis  bon,  qui  est  que  vous  en  parliez  audict 
roy  des  Romains  mou  bon  frère,  comme  de 
vous  tnesmes,  pour  sçavoir  si  ce  propos  sera 
procédé  de  son  sceu  et  volonté  ou  du  mouve- 
ment de  l'archevesque  (de  Trêves).  El  si  mon 
cousin  le  cardinal  de  Lorraine  est  arrivé  au- 
près de  luy  à  la  réception  de  ce  pacquet  el 
avant  que  vous  luy  en  ayez  parlé,  il  se  pourra 
servir  de  ceste  occasion  pour  entrer  en  l'ou- 
verture de  ce  que  je  luy  en  ay  escript  derniè- 
rement. Et  quant  tout  est  dit,  sçachant  quelle 
est  mon  intention  là  dessus,  il  sçaura  bien 
choisir  les  moyens  les  plus  propres  et  les  plus 
dexlres,  sans  luy  en  rien  prescrire  cl'icy.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Rennes,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  saincte  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  xvm'  jour  de  janvier 
i563. 

Caterine. 

Boi'RDIN. 


1563.  —  ig  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n°  86 ,  P  9&5  r°. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  À  PARIS. 

Messieurs,  je  renvoyé  à  Paris  les  porteurs 
de  la  présente,  vos  confrères,  et  vous  prie  que 
les  croyez  de  ce  qu'ils  vous  diront  de  ma  part 
suivant  la  charge  que  je  leur  ay  donnée  tout 
ainsy  que  vous  feriez  moy-mesmes,  qui  prie 
Dieu,  Messieurs,  vous  avoir  en  sa  très  saincte 
et  digne   garde1.  Escrit  à    Chartres,    le  dix 

1  Avant  de  les  congédier,  la  reine  leur  fit  part  de  tout 
ce  qui  s'était  passé  au  sujet  de  l'accord  qu'elle  espérait  et 
pour  lequel  elle  les  avait  fait  venir.  Le  prince  de  Condé 
.iv.nl  d'abord  insisté  pour  sa  mise  en  liberté;  ce  qu'elle 
avait  refusé  à  tous  les  princes  du  sang.  En  outre,  elle  les 


tes 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MED1C1S. 


neul'viesme    jour  de  janvier    mil    cinq    cens 
soixante  deux  (t 563). 

Caterine. 
De  i/Aubespine. 


1563.  —  ig  janvier. 
Orig.  Bibl .  nat.  Cinq  cents  Colberl,  vol.  ai,  fJ'  18  el  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEY&LIEU    DE  L'OBDnE   DU    ROT  MONSIEUB  MON  FILZ  . 
ET   CONSEILLER   EN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  par  une  petite  lettre 
que  je  vous  escriws  hier  malin,  vous  aurez  sceu 
(pue  vous  m'aurez  faict  grand  plaisir  de  retirer 
les  lettres  du  dernier  pardon ,  puysque  la  publi- 
cation est  en  telle  dispute,  actendant  ce  que  le 
temps  apportera  de  meilleur  là  dessus.  Au  de- 
mourant  nous  avons  veu  au  conseil  l'édict  pour 
les  cent  mille  livres  de  rente  du  clergé,  qui  a 
esté  ung  peu  rabillé  et  résolu  ainsi  que  vostre 
homme  Prévost  le  vous  porte  et  les  lettres  de 
Monseigneur  le  Légat;  par  ainsi, si  vous  payez 
aussi  bien  en  argent  que  nous  vous  faisons  en 
pappier  nous  n'aurons  pas  faulte  de  ce  qui  nous 
travaille  le  plus,  encores  que,  du  cousté  du 
clergé, je  ne  puisse  croyre  que  ce  soit  chose  bien 
preste,  puisqu'il  faultque  commissaires  aillent 
sur  les  lieux ,  et  que  l'on  ayt  la  déclaration  de  la 
valeur  des  bénéfices,  où  nous  avons  expéri- 
menté combien  il  y  a  de  longueur.  Si  esse  que 
on  ne  laissera  d'en  dresser  les  lettres  pour  estre 
envoyées,  si  on  trouve  qu'il  soit  bon,  et  quant 
aux  commissaires  pour  faire  la  vente,  il  sera 
bien  faict  que  vous  en  dressiez  ung  roole  par- 
delà  de  ceulx  que  vous  jugerez  plus  propres  à 

chargea  de  dire,  en  son  nom,  à  leurs  collègues  du  Parle- 
ment qu'elle  ne  souffrirait  pas  deux  religions,  et  qu'elle 
ne  consentirait  pas  à  la  délivrance  du  prince  à  moins  que 
les  villes  occupées  par  ses  sujets  rebelles  ne  fussent  ren- 
dues et  les  Allemands  mis  hors  de  France.  (Bihl.  nat. 
Parlement,  n"  8A,  P  oà8.) 


cela  que  vous  envoyerez  icy,  afin  que  sur  iceluv 
il  y  soit  pris  une  résolution.  Quant  à  ce  que 
vous  m'escrivez  des  cent  mille  escuz  que  Mon- 
sieur de  Savoye  a  baillez  aux  bandes  qui 
estoient  aux  places  du  Piedmont,  il  estbesoing 
de  les  faire  rembourser,  et  le  plus  tost  que  vous 
y  pourrez  pourveoir  sera  le  meilleur,  et  aussi 
de  faire  fournir  à  mon  cousin  le  maréchal  de 
Brissac ,  vostre  frère ,  l'argent  de  ses  esta  tz ,  afin 
qu'il  ne  retarde  plus  son  parlement  tant  néces- 
saire, comme  vous  sçavez.  Il  n'y  a  personne  icv 
qui  sache  que  c'est  de  ces  amendes  du  parle- 
ment de  Thoulouse  et  Bordeaulx,  toutesfois  il 
a  esté  commandé  au  sieur  de  Voisinlieu  faire 
escrire  aux  trésoriers  des  charges  s'en  enquérir 
et  en  envoyer  les  estatz  sur  lesquelz  il  se  faul- 
dra  régler  pour  les  recouvrer.  Depuis  l'arrivée 
de  vostredict  secrétaire  j'ay  receu  deux  autres 
leltres  do  vous,  l'une  pour  les  lances  où  vous 
dictes  que  le  porteur  en  amenoyt  cinq  cens 
ferrées  et  garnyes  de  cuyr,  et  il  n'en  a  amené 
que  troys  cens  qui  ne  sont  seullement  que 
esbauchées,  et  ay  esté  contraincte  faire  prendre 
tous  les  ouvriers  pour  les  faire  achever  à  la 
haste.  Sachez,  je  vous  prie,  d'où  en  vient  la 
faillie,  et  hastez  le  demourant  et  veoyez-y  de 
si  près  que  l'on  ne  vous  y  trompe  plus;  car 
ceulx  du  camp  n'ont  de  rien  plus  de  nécessité  à 
ce  quilz  escrivent;  l'aultre  lettre  est  du  xvic, 
faisant  mention  de  la  diligence  que  vous  faictes 
faire  pour  les  canons  el  les  pouldres;  à  quoy 
je  vous  prye  ne  perdre  poinct  de  temps  de 
vostre  cousté,  et  de  cesluy-cy  je  feray  pour 
lesdictes  pouldres  escrire  aux  commissaires 
des  salpestres;  et  pour  le  regard  des  villes  il 
fauldroilquelecontrerolleur  del'arlylleryequi 
est  là,  ou  son  commis,  advisast  à  la  forme  qui 
s'y  est  cy-devant  tenue  et  les  depparlemens  qui 
s'en  sont  faictz,  et  sur  cela  on  dressast  les 
dépesches,  lesquelles  envoyées  icy  seront  in- 
continent expédiées,  autrement  on  y  besongne- 


LETTRES  DE  CATHERINE   D-E   MÉDIGIS. 


/i8;i 


mit  à  clos  yi'tilx.  l'otir  lin  de  ma  lettre  je  suis 
toujours  à  désirée  que  vous  ayez  une  bonne 
somme  pour  ces  imites,  car,  en  une  sorte  ou 
autre,  paix  ou  non.  cela  sera  plus  mie  néces- 
saire, et  me  ferez  service  d'\  penser  à  bon 
essieut.  Je  sçay  bien  que  vous  avez  déjà  succé 
beaucoup  de  bources,si  esse  qu'il  fault  sortir 
de  ceste  boue  à  quelque  prix  que  ce  soit.  Il  y 
a  une  aultre  despence  à  l'aire  qui  n'est  pas  trop 
lourde,  j'ai  mandé  au  capitaine  du  boys  de 
Vincennes  qu'il  l'ace  planter  deux  ou  troys 
mille  ormes  en  l'allée  où  je  me  pourmenoys 
au  boys  de  \incennes.  Ils  cousteront  deux  ou 
troys  sols  la  pièce;  faictes  luy  bailler  argent 
pour  subvenir  à  cela  et  aux  fraiz  du  plant  qui 
s'en  fera  et  continuez  à  me  faire  sçavoir  de 
vos  nouvelles,  remectaiit  le  surplus  sur  votre- 
diel  secrétaire  et  pryanl  Dieu  vous  donner, 
Monsieur  de  Gonnor,  ce  que  plus  désirez. 

De  Cbartres,  le  xixc  jour  de  janvier  i562 
(i563). 

(De  sa  main.)  Monsieur  de  Gonnort,  y  nous 
fault  trante  mile  ayscus  dan  quatre  jour 
pour  envoyer  en  nAlemagne  pour  fayre  baller1 
pour  latente  d'eune  levée  de  quatre  mile 
pistolier  et  quatre  mile  lansequenès;  car  nous 
avons  enlendeu  que  la  royne  d  Angleterre  en 
fayst  aultent  et  seulx  d'Orléans  ausi,  et  vous 
savés  ce  que  m'en  navés  tousjour  dist  que,  en 
lésant  ynsin,  aun2.  leur  ronpera  lé  leur  et  y 
ne  fault  y  perdre  temps;  au  reste  l'amiral  et 
ces  reistres  aunt  pasé  l'eau  à  Gergo3;  si  nous 
vient  asiéger,  vené  nous  securir. 

Caterine. 

Le  dix  septième  du  moys  on  n'avoit  en  Nor- 
mandie aucunes  nouvelles  des  pouldres  ni  de 
I  argent,  dont  je  m'esbahis. 
De  l'Albespi\e. 

1   Baller,  bailler. 

-  Aun,  on. 

1  Gergo,  Jargeau. 


1563.  —  i  9  janvier. 

Orip.  Bibl.  liai,  fonds  français,  nJ  3  2 1  ij  ,  f'  nG. 

A  MONSIKUR  DE  GONNOR, 

CUEVALIKll    DE  L'ORDRE    OU  ROÏ   MONSI1  IF    MON'   FILÏ  . 
CONSEILLER  EN   SON  CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  pour  ce  qu'il  esl 
raisonnable  que  ceulx  qui  ont  mis  en  avant 
la  subvention  et  ayde  des  deuyors  que  nous 
avons  des  quatre  conseillers  ausquels  le  Ro\ 
monsieur  mon  fils  accorde  la  dispense,  en 
recoyvent  la  commodité,  en  fournissant  les 
denyers,  et  que  vous  sçavez  que  le  fils  du  feu 
garde  des  sceaulx  Montliolon  \,  nepveu  du  pré- 
sident Seguier2,  et  le  filz  du  feu  procureur 
général  Leclerc,  beau-frère  du  prévost  de 
I  llostel,  en  ont  faict  les  premyères  poursuytes 
et  offres,  je  vous  prie,  à  ceste  cause,  que, 
fournissant  pareulx  les  denyers  à  quoy  les  deux 
offices  de  Sapin  et  Verjus3  ont  esté  arres tés, 
les  en  faire  despesclier  et  non  autres,  ausquels 
ils  doibvent  estre  préférés  pour  ceste  cause  et 
les  fraiz  et  travaulx  qu'ils  ont  employez  à  la 
poursuyfe,  et  la  considération  aussi  des  ser- 
vices de  leurs  pères.  Pryant  Dieu,  Monsieur 
de  Gonnor,  vous  avoir  en  sa  saincle  garde. 

Escript  à  Chartres,  le  xi\e  jour  de  janvier 
i563. 

Gaterine. 
De  l'Aubespine. 

1  François  de  Mon  thoton ,  né  à  Aulun  vers  îigo,  mort 
ie  isjuin  i563.  Nommé  avocat  général  en  i53-! ,  il  d' 
viril  successivement  président  à  mortier  en  i534  et  gardé 
des  sceaux  en  i5i3.  Son  fils  François,  dont  parle  Cathe- 
rine, fut  à  son  tour  garde  des  sceaux  depuis  i  .">SH  jusqu'à 
l'avènement  de  Henri  IV,  et  mourut  à  Tours  le  i  :i  avril 
i5qo. 

-  Pierre  Seguier,  président  à  mortier  au  Parlement  de 
Paris,  né  à  Paris  en  i5o'i  ,  morl  le  35  octobre  t'SSo. 

8  Jacques  le  Verjus,  reçu  conseiller  le  a<5  avril  i.Vifi, 
morl  en  1  566. 


61 


484 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIG1S. 


156  i.  —  «o  janvier. 

Copie.  Record  office,  State  papcrs,  France,  vol.  XXIX. 

A  MON  COUSIN 

LE  MARÉCHAL  DE  MONTMORENCY, 

LIBUTENANT  GENEBAL   DU    BOT   MONSIEUR    MON  FILZ 
EN  L'ISLE   DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  pour  ce  que  je  me  délibère 
partir  dans  ung  jour  ou  deux,  pour  aller  à 
Paris1,  j'ay  advisé  de  avertir  l'ambassadeur 
d'Angleterre  pourgaigner  les  devants;  et  d'aul- 
tant  que  je  désire  qu'il  soyt  bien  logé  et  ac- 
commodé et  qu'estant  là  il  ne  lui  soyt  faict  ni 
à  ses  gens  aulcun  oultraige  par  ce  populasse, 
je  vous  prie  y  pourveoir  de  façon  qu'il  ayt 
occasion  de  s'en  contenter,  vous  asseurant, 
mon  cousin,  que  ce  sera  chose  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz  et  moy  aurons  bien  fort 
agréable.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir 
en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De  Chartres,  ce  xx°  jour  de  janvier  i56a 
(t563). 

Vostre  bonne  cousine  , 

Catebine. 


1563.  —  ao  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3319.  f°  37. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CUEVALIEB  DE    L'ORDRE  DU   BOT    MONSIEUR   MON   FILZ  , 
CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  ayant  este  réduict  en 
l'obéissance  du  Roy  monsieur  mon  filz  le  chas- 
teau  de  Tancarville,  il  a  esté  advisé  mectre 

1  Chanlonnay  écrivait  à  la  duchesse  de  Parme,  le 
jy  janvier  :  fLa  Reyne  est  à  Chartres;  d'heure  à  heure 
on  annonce  son  retour  à  Saint-Germain,  combien  que 
Ton  parle  aussi  de  Blois.  Je  n'y  voy  pas  grande  raison, 
estons  les  affaires  de  Normandie  brouillées  comme  elles 
sont.n  (Arch.  imp.  de  Vienne,  et  Mémoires  de  Condé, 
ëdit.  de  17Î13,  t.  II,  p.  12-3.) 


dedans  le  sieur  de  Mauvissière,  présent  por- 
teur, pour  en  avoir  la  garde,  estant  personne 
qui  a  beaucoup  servy  à  la  réduction  de  ladicte 
place  et  qui  n'est  pas  sans  intelligence  et  moyen 
pardelà;  et  pour  la  seureté  d'icelle  place 
ordonne  une  enseigne  à  mectre  dedans;  qui 
ne  peultestre  sans  qu'ils  ayent  de  quoy  vivre; 
qui  me  faict  vous  pryer  donner  ordre  qu'il 
puisse  avoir  le  payement  de  ladicte  compai- 
gnye  d'un  moys  seullement,  avecques  lequel 
il  les  meclra  dedans  et  les  contiendra  avecques 
plus  grande  comodité;  autrement  il  ne  sera 
possible  les  y  faire  entrer,  et  ceste  place  là 
demourroit  en  aussi  grand  danger  qu'elle  a 
esté  par  le  passé.  Il  est  deu  audict  sieur  de 
Mauvissière  son  voiage  d'estre  venu  icy  et 
s'en  retourner  en  poste  et  quelque  autre  dont 
il  n'a  poinct  esté  payé.  Je  vous  prye  le  faire 
satisfaire  et  ne  luy  poinct  faire  perdre  le 
temps  là.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Chartres,  le  xxc  jour  de  janvier  i562 
(i563). 


Catebine. 


De  l'Aubespine. 


1563. 


33  janvier. 


Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n°  83,  f1  3g  r". 
Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Condé. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

tenans  la  court  de  parlement  a  pabis. 

Messieurs,  aflîn  que  ne  soyez  en  peine  de 
nostre  si  soubdain  parlement  de  ce  lieu  pour 
le  voyage  que  le  Roy  monsieur  mon  fils  s'en 
va  faire  à  Bloys  pour  approcher  et  favoriser  son 
armée,  il  a  bien  voulu  et  moy  aussy  vous  en 
donner  advis  avecq  asseurance  que,  quand 
verriez  les  effectz  qui,  avecq  la  grâce  de  Dieu, 
sortiront  des  occasions  qui  luy  meuvent,  vous 
en  aurez  assez  de  contentement;  et  cependant 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


485 


je  vous  prie  croire  que  loing  et  prez  nous  au- 
rons le  soin  de  la  protection  et  delTense  de 
vostre  ville,  telle  que  de  la  plus  chère  chose 
qui  soit  en  ce  royaume.  Priant  Dieu,  Mes- 
sieurs, vous  avoir  en  sa  garde.  Escript  à 
Chartres,  le  vingt  deuxiesme  jour  de  janvier 
mil  cinq  cens  soixante  deux  (i563). 

Caterine. 
De  l'Adbespinb. 


1563.  —  23  janvier. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n"  84  ,  P  88i. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TEXANS  LA  COURT   DE  PARLEMENT   A  PARIS. 

Messieurs,  outre  ce  que  vous  aurez  entendu 
de  nostre  parlement  par  ce  que  vous  en  aura 
dit  mon  cousin  le  sieur  de  Montmorency,  j'ay 
donné  charge  au  sieur  de  Mendozze,  chevalier 
de  l'ordre  et  premier  maistre  d'hoslel  du  Roy 
monsieur  mon  fils,  vous  le  dire  particulière- 
ment de  ma  part,  dont  je  vous  prie  le  croire 
tout  ainsy  que  vous  feriez  moy-mesme  '.  Priant 
Dieu,  Messieurs,  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  Chartres,  ce  vingt  deuxiesme  jour  de  jan- 
vier mil  cinq  cens  soixante  deux  (  t  5G3  ). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1563.  ' —  33  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert.  vol.  ai,  f°  20. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER   DE  L'ORPBE   OU   ROT  MONSIEUR    SION  FILS  . 
CONSEILLEE   EN  SON  CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  le  sieur  de  Granl- 

1  5  Le  sieur  do  Mendosse  exposa  au  Parlement  que  le 
voyage  du  Roy  avoit  été  fait  pour  bonnes  causes;  que,  si 
les  querelles  ne  pouvoient  se  pacifier  par  amitié,  elles 
le  seraient  par  les  armes;  et  que  si  les  ennemis  venoient 
du  cousté  de  Paris,  l'armée  du  Roy  les  suivrait  de  près  , 


ville  vous  dira  l'occasion  de  mon  parlement  de 
ce  lieu;  qui  ne  sera,  comme  j'espère,  que  pour 
le  bien  de  ce  royaume  el  nullité  du  service  du 
Roy  monsieur  mon  lilz;  vous  priant  faire  toute 
dilligence  d'avancer  en  ce  «pie  \ous  pourrez  le 
recouvrement  des  deniers,  que  voussçavez  nous 
estre  tanl  nécessaires,  et  le  croyre  au  demou- 
rant  de  ce  qu'il  vous  dira  de  ma  pari ,  tout  ainsi 
que  vous  feriez  moy-mesmes.  De  Chartres,  le 
xxn0  janvier  1Ô62  (i563). 

"  (De  sa  main.)  Je  m'aseure  que  sciés  heuu 
peu  en  colère;  mes  quant  en  tendres  que  l'ou- 
casion  pour  quoy  Monsieur  de  Guise  et  lotis 
ses  signeurs  aunt1  aysté  d'avis  aveque  moy 
que  le  Roy  mon  fils  s'aproche  de  son  armav 
pour  la  favoriser  el  ayséyer  d'achever  set  que 
samble  prendre  quelque  bon  comensemenl,  je 
m'aseure  que,  en  lyeu  de  vous  coreusé2,  que 
vous  le  fayré  trover  bon  à  tous  seulx  qui  n'an 
naret  poynt  d'envie  et  aseurés  vous  que,  sel 
yl  y  avest  danger  pour  la  vile  de  Paris,  que  je 
ne  fauldré  de  leur  ramener  le  Roy  mon  fils  et, 
vous  prie,  fayte-nous  trover  de  l'arjeant  pour 
envoyer  en  nAlemangne  pour  fayre  la  levée 
que  vous-mesme  me  (listes  avent  partir. 

Caterine. 


1563.  —  9Ô  janvier. 

Orig.  Record  office,  State  jwpers,  France,  voi.  XXIX. 

A  TRÈS  HAUTE  ET  TRÈS  EXCELLENTE  PRINCESSE 

NOSTRE  TRÈS  CHERE  ET  TRES AMBE  SEDR  ET  COUSINE 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très  haute  et  très  excellente  princesse,  nostre 
très  chère  et  très  amée  seur  el  cousine,  ce  nous 

el  qu'enfin  M'  de  Cipierre  avoit  charge  de  prier  la  ouïr  il' 
Parlement  de  maintenir  les  choses  en  tranquillité.  1  (Bibl, 
nat.  Parlement,  n"  S8,  f  883.) 

1  Aunt,  ont. 

2  De  vous  coreuté,  de  vous  courroucer. 


486 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


a  esté  nouvelle  assez  extraordinaire  d'entendre 
(jue  le  prévost  de  Paris ,  l'ung  de  noz  hostages l 

'  Antoine  Duprat  s'  de  Nanlouillet,  prévôt  de  Paris 
(19  février  1 553)  à  la  place  de  son  père,  l'un  des  otages 
envoyés  en  Angleterre  pour  l'exécution  du  traité  de  Ca- 
leau-Cambrésis.  11  était  accusé  d'avoir  promis  cent  cou- 
ronnes à  un  Italien,  nommé  Claude  Andréa,  et  de  lui 
avoir  donné  un  pistolet  pour  tuer  un  certain  capitaine 
Mazini,  et,  sur  cette  accusation,  il  avait  été  enfermé  à  la 
Tour  où  il  avait  été  interrogé  le  1  h  janvier.  —  Yoy.  à  ce 
sujet  les  instrurtions  de  la  reine  Elisabeth  à  l'ambassadeur 
Smith  dans  le  Calendar  of  State  papers  (1 563 ),  p.   73. 

La  lettre  suivante  et  sans  signature  adressée  au  prévôt 
de  Paris ,  donne  quelques  détails  sur  cette  étrange  affaire  : 
-Monseigneur,  j'ay  receu  vos  lettres,  et  pour  responce 
j'ay  dit  au  capitaine  Diaize  ce  que  me  commandez  par 
icelles.  qui  s'asseure  que  n'avez  telle  opinion  de  luy, 
comme  il  espère  vous  la  faire  cognoistre  dans  demain 
qu'il  ira  disner  avec  vous. 

••L'ambassadeur  (Paul  de  Foix)  eust  audience,  il  y  a 
huit  jours,  à  laquelle  la  Royne  luydist  que,  quanton  es- 
loit  venu  vous  interroguer,  que  vous  aviez  respondu  fort 
haultement:  tt Quant  on  veoyoitle  papier,  on  n'avoit  point 
rde  pœur;  mais  quant  on  veoyaoit  l'espée,  que  la  poeur 
rcommençoit  à  venir. n  Et  ne  croit  Sa  Majesté ,  ainsi  qu'elle 
dict  pour  faite  le  cas  plus  criminel,  que  vous  ayez  jamais 
pensé  à  faire  ung  tel  acte;  mais  que  ce  pourroit  avoir 
esté  Donville  pour  l'amour  de  vous.  Le  Gascon  et  vostie 
petit  barbier  furent  pris  cinq  ou  six  jours  après  vous, 
à  la  porte  du  Maire.  Donville  est  à  la  Tour,  malade;  je 
croy  qu'il  se  portera  bien.  Nous  attendons  N...  d'icy  à 
demain  ou  jeudy  au  plus  tard,  lequel  arrivé, je  vous  fe- 
ray  entendre  toutes  nouvelles.  Et  estadvis  M.  L.  que  vous 
confessiez  la  vérité  du  faict,  qui  vous  sera  le  meilleur; 
car  ilz  pensent  remettre  cela  sur  la  relligion,  qui  a  esté 
la  cause  de  la  rigueur  que  on  vous  a  tenue.  J'ay  sceu 
par  quelqu'ung  de  voz  serviteurs  et  de  mes  amys,  que 
Masinea  dict,  qu'il  ne  pense  que  ce  aUesté  faict  pourvous 
ressentir  du  passé,  attendu  l'accord  qu'il  dict  que  avez 
fait  ensemble.  André  a  faict  telle  variation  en  sa  deppo- 
sition,  qu'il  feil  le  jourqu'il  entra  céans  au  soir,  après  avoir 
faict  son  coup.  Et  nonobstant  cella,  il  a  tant  eu  ta  gesne 
qu'il  est  demy  rompu,  et  traicté  comme  il  le  mérite.  Tous 
messieurs  les  hostaiges"  se  recommandent  bien  fort  à  vos 
bonnes  grâces,  comme  faict  Monseigneur  vostie  frère  et 
Mons'd'Essay  qui  vous  pryent  ne  vous  ennuyer.  La  fin  ne 
sera  telle  que  le   commencement.  Et  croy  qu'ilz  voul- 

'   MM.  il..  Moy.  rie  Palaiseau  ,  de  la  Ferlé. 


près  de  vous,  ayt  esté  ainsi  durement  traité 
et  emprisonné  et  ung  sien  gentilhomme  aussi, 

droyent  que,  se  feust  à  recommencer,  ilz  ne  feroyent 
ce  qu'ilz  ont  faict.  Je  ne  vous  dyray  que,  quant  Messieurs 
les  hostaiges  ont  parlé  à  Monsieur  le  chambellan 
pour  vostre  traictement,  qu'il  en  feit  aussi  peu  de  cas 
que  riens,  et  leur  dict  qu'il  n'eust  jamais  estimé  cela,  et 
que  depuis  vingt  ans  qu'il  est  du  Conseil  ung  tel  affaire 
ne  c'esloit  présentée;  voullant  faire  le  cas  plus  grand  qu'il 
n'est.  Je  croy  et  espère  qu'à  la  fin  cette  chaulde  pour- 
suite se  refroidira,  et  tournera,  avec  l'examination  qu'ili 
prétendent  faire,  à  néant.  Hz  ont  cogneu  que  la  vérité 
du  faict  et  le  personage  à  qui  ils  avoyent  à  faire  n'estoit 
sans  ressources.  J'ay  receu  vostre  linge  et  vous  envoyé 
une  bouteille  de  vostre  vin,  vos  chausses,  mouchoirs  et 
chemises.  Vous  n'avez  pas  ven  le  papier  de  votre  boitte 
dedragés.Ti  [Record office ,  France,  vol.  XXXI.)  Pour  ne 
rien  laisser  de  côté,  voici  d'abord  la  réponse  faite  par 
Elisabeth  à  Catherine,  le  7  février  suivant:  trTrès  haute 
et  excellente  princesse,  par  vos  lettres  du  xxv"  de  ce  mois 
de  janvier  passé  présentées  à  nous  par  le  sieur  de  Foix, 
l'ambassadeur  icy  résident  près  de  nous  pour  nostre  bon 
frère  le  Roy  vostre  filz,  nous  avons  entendu  comme 
l'emprisonnement  da  prévost  de  Paris  vous  semble  nou- 
velle assez  extraordinaire  et  en  estes  grandement  es- 
bahie,  avecques  ceste  opinion  que  nous,  ayant  bien 
pensé,  nous  vouldrions  condescendre  à  telles  remons- 
trances  que  te  sr  de  Foix,  ambassadeur  de  mon  bon 
frère  le  Roy  vostre  fils,  sur  ce  nous  feroit.  Après  avoir 
leu  vostre  lestre  et  entendu  ce  qu'il  nous  a  requis: 
à  sçavoir  que  ledict  prévost  fut  envoyé  en  France  ou 
baillé  entre  ses  mains,  nous  trouvons  le  contenu  de  vos 
lettres  bien  estrenge,  et  aussi  les  requestes  telles  que  ne 
les  pouvons  pas  accorder  en  la  manière  qu'elles  sont 
faictes  et  fondées.  En  quov  nous  avons  déclaré  nostre  in- 
tention au  s'  de  Foix  et  quant  à  ce  que  vous  trouvez 
l'emprisonnement  du  prévost  de  Paris  pour  chose  ex- 
traordinaire, en  quelconque  teneur  vos  lettres  eussent 
esté  conçues  en  faveur  de  luy,  certes  nous  eussions  fait 
bien  extraordinairement  et  contrairement  à  l'office  que 
par  la  grâce  de  Dieu  nous  tenons  en  ce  nostre  royaume, 
si  le  vovant  coupable  d'un  acte  si  horrible  et  extraordi- 
naire l'eussions  permis  d'échapper.  Quant  à  son  em- 
prisonnement ,  il  a  été  si  favorablement  traité,  n'estant  en 
autre  lieu  qu'en  la  maison  d'un  des  principaux  mar- 
chands et  conseillers  de  nostre  ville  de  Londres,  que  nous 
pensions  et  attendions  plus  tost  en  estre  remerciée  que 
blasmée:  et  quant  vous,  très  chère  et  bonne  seur,  aurez 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS 

doul  eneores  (|ue  1  on  nous  ayt  dict  l'occasion, 
nous  ne  pouvons  que  grandement  nous  esbafaii 


'iS7 


bien  considéré  de  plus  près  l'indignité  de  la  chose  et  la 
charge  que  Dieu  a  donnée  à  nous  princes  de  faire  jus- 
tice, nous  sommes  assenrés  que  serez  bien  d'autre  opi- 
nion et  approuverés  ce  que  nous  avons  fait,  et  comme 
il  nous  convient  de  le  traiter  tant  par  ordre  de  justice 
que  faveur,  il  n'est  besoin  que  l'on  nous  enseigne  et  se- 
lon la  manière  qu'on  procédera  avecques  nous,  sçaurons 
bien  respondrc  et  donner  bon  compte  de  nos  actions. 
Nous  avouons,  quant  à  l'adminisliation  de  justice  sur 
quelque  acte  fait  en  nos  pays  et  dominations  par  aulcune 
personne  de  quelque  estât  ou  condition  qu'elle  soit,  que 
nous  ne  cognoissons  sus  Dieu  aucun  supérieur;  et  toutte- 
fois  en  démonstration  d'amilié  envers  un  prince  nostre 
voisin ,  estant  amicalement  requise,  nous  ne  voudrions 
estre  de  nulz  inférieure  et  pour  ceste  cause  nous  remec- 
tuns  la  déclaration  de  ce  que  avons  faict  dans  cette  af- 
faire au  rapport  que  nostre  ambassadeur  vous  en  fera; 
en  quoy  nous  vous  prions  comme  nous-mesme  croire. » 
State  papers,  France,  vol.  \\\.) 

Le  1 9  mars  suivant,  elle  écrivait  de  nouveau  à  Charles  IX  : 
■  1 1 t-s-haut  et  très-excellent  prince;  par  le  s'  de  Vaux 
présent  porteur  avons  reçu  voz  lettres  du  xxvui" du  passé 
touchant  le  fait  du  prévost  de  Paris,  l'un  de  vos  otages 
pris  de  nous,  et  pour  response  vous  voulons  bien  as- 
searer  que,  comme  nous  avons  sur  ce  point  faict  procéder 
avec  toute  faveur  doulce  et  en  amys,  eu  égard  à  l'énor- 
mité  de  l'acte  de  si  mauvais  exemple,  ainsi  n'avons  peu 
en  honneur  et  équité  passer  si  légèrement  la  vraie  co- 
gnoissance  du  faict;  ne  voulant  penser  ne  croire  que 
ledicl  prévost  fut  chargé  d'une  chose  tant  indigne  de  son 
rang;  ce  que  voulant  entendre  par  sa  response,  il  s'est  lon- 
guement tant  opiniastré  qu'il  refuse  de  répondre  à  nostre 
Conseil,  eneores  qu'on  «it  usé  en  son  endroit  de  toute 
la  faveur  et  courtoisie  qui  se  peult  user  en  cas  sem- 
blable; et  pourtant,  estant  très  marrie  que  par  ceste 
opiniaslreté  il  auroit  empesché  l'intention  qu'avions  de 
vous  gratifier  en  le  laissant  à  votre  ambassadeur,  avons 
esté  contrainte  sur  aullres  instances  dudict  ambassadeur 
de  lui  envoyer  de  rechef  aulcuns  de  nosdilcz  conseillers, 
tant  pour  en  tirer  response,  comme  aussy  permettre  que 
ledict  s'  de  \aulx  parlast  à  luy  pour,  par  tel  moyen,  luy 
retrancher  l'occasion  de  son  opiniastreté ,  ne  voulant  res- 
pondre  à  un  cas  tant  manifeste  et  clair,  et  finalement  il 
a  respondu  par  escript  en  sorte  que  par  iceluy  on  peult 
bien  voir  combien  il  a  mérité  de  réformation  et  de  chas- 
timent,  eneores  que  es  poinlz  matériels  varie  tellement 


et  vouloir  croire  que,  y  ayant  bien  pensé,  vous 
aurez  agréable,  pour  lu  respect  et  du  lieu  qu'il 
lient  et  la  personne  que  c'est,  vous  accommoder 
aux  remonslrances  que  sur  ce  vous  fera  le  sieur 
de  Foix  que  nous  vous  prions  croire  de  ton  t 
ce  qu'il  \ous  dira  de  uoslre  part  ainsi  que  nous 
feriez  uous-mesmes,  qui  prions  Dieu ,  très  haute 
el  très  excellente  princesse,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

Escript  à  Dlois,  le  xxv'jour  de  janvier  i  563. 
Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 


I  563.  —  ab'  janvier. 

Oriç.  Ribl.  nat.  Cinq  cenis  Colbert,  vol.  si.  1°'  21  '.'t  suiv. 

V  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER  DE   L'ORDRE   DU    ROT  MONSIEUR    HO\    PU! 
CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonuord,  je  vous  envoie  quel- 
ques lettres  et  estatz  que  mon  cousin  le  duc 
de  Guize  a  receu  du  conte  Ringrave;  à  quoy 

de  la  vérité  apertement  prouvée  que  de  nulle  raison  il 
mérite  la  faveur  que,  pour  l'amour  de  vous,  avons  dé- 
libéré lui  faire;  que  après  qu'il  aura  confesse  la  vérité, 
comme  elle  est  manifeste,  nous  déporterons,  pour  l'a- 
mour de  vous,  de  procéder  envers  luy  par  aulcune 
aultre  punition  que  le  remettre  entre  les  mains  de  vostre 
ambassadeur  et  eslre  par  luy  envoyé  près  de  vous  recep- 
voir  le  traitement  que  jugerez  y  appartenir,  tellement 
que  pour  y  donner  moyen  et  ouverture  avons  de  rechel 
ordonné  qu'il  sera  eneores  une  autre  l'ois  interrogé  et  la 
vérité  luy  mise  devant  les  yeux  par  bons  témoignages; 
et  lors  s'il  s'y  veull  ranger,  il  sera  incontinent  délivré, 
ou  s'd  pourra  apparoistre  qu'il  refuse  confesser  la  vérit< 
pour  crainte  de  sa  vie,  et  non  par  aulcune  volonté  obs- 
tinée, nous  en  tel  cas  serons  contents  d'user  plustost  de 
lénité  et  grâce  (eneores  que  ce  soit  contre  la  formelle 
justice)  pour  vous  gratifier  par  sa  délivrance,  que  de  le 
traiter  comme  il  mérite,  comme  avons  plus  amplement 
déclaré  à  cediet  porteur,  lequel  espérons  vous  satisfera 
de  nostre  part; en  cetendroict  ferons  fin ,  priant  Dieu ,  etc. 
En  nostre  palais  de  Westminster,  le  xxii"  de  mai  t563 
(Record  iiffice ,  France,  vol.  XXXI,  minute  orig.) 


488 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


pour  ce  qui  luy  est  deu  cl  qui  est  raisonnable, 
je  vous  prie  faire  pourveoirie  mieulx  et  ie  plus 
tost  que  vous  pourrez,  afin  que,  estant  mon 
cousin  vostre  frère  près  de  luy,  vous  le  veriez 
mieulx  suivy  et  obe'y  en  ce  qu'il  aura  à  faire 
pour  le  service  du  Roy  monsieur  mon  filz,  et 
escripvez  audict  conte  ce  que  vous  aurez  fait 
pour  luy  et  qu'il  doyt  espérer  de  vous,  afin 
que  par  ce  moyen  ses  cryeries  s'appaisent  ung 
peu  et  puisse  aussi  disposer  ses  gens  aux  termes 
des  paiementz  et  que  les  denyers  viennent. 
Vous  advisant  au  surplus  que  nous  sommes 
veuuz  gaigner  cette  rivière  de  Loyre  en  espé- 
rance que  noz  affaires  s'en  porteront  beaucoup 
mveulx,  comme  nous  commançons  à  co- 
gnoistre,  se  trouvans  les  ennemys  fort  em- 
pesebez,  réduitz  en  tout  ce  qu'ilz  peuvent  à  la 
fortification  de  leur  ville  et  à  cbercher  argent 
de  tous  coustez  pour  contanter  leurs  Allemans 
qu  ilz  ont  séparez  parmy  de  petitz  villaiges 
tirant  de  Jargueau  à  Bois-Commun  et  Lorriz, 
fort  mal  contans  et  voyans  bien  qu'ilz  ont  été 
abbusez,  de  façon  que  j'espère  avecques  l'ayde 
de  Dieu  que  toutes  choses  passeront  par  beau- 
coup meilleure  raison;  mais  je  retourne  tous- 
jours  à  ma  première  chançon,  qui  est  de  vous 
prier,  Monsieur  de  Gonnor,  faire  toute  diligence 
à  l'avancement  et  recouvrement  d'une  bonne 
somme  pour  emploier  en  ce  dont  je  vons  ai 
tant  escript,  car  le  temps  s'approclie  que  nous 
in  aurons  bien  affaire,  et  me  tenir  souvent 
adverty  de  voz  nouvelles.  Priant  Dieu,  Mon- 
sieur  de  Gonnord,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez. 

De  Bloys,  le xm"  janvier  10C2  (i563)'. 

1  Chantonna;  écrivait  de  Paris  à  la  duchesse  de  Parme, 

le  ai!  janvier  :  <*La  Reyne  est  partie  si  hastivement  de 
Chartres,  il  y  a  trois  jours,  que  le  soir,  quand  elle  se 
coucha ,  il  n'y  avoit  personne  qui  en  sceut  à  parler  et  après 
minuit  l'on  commença  à  charger  les  mulets  et  emrnena- 
l-on  le  Roy  en  grande  dilligence  à  Chasleaudun  et  de  là  ù 


(De  sa  main.)  Je  vous  prie,  fayle  provision 
de  sen  trante  mile  ayscus  que  vous  ay  mendé 
par  plusieur  fouis,  car  j'espère  que  y  seront 
si  byen  employé  que  vous  coneslré  que  mon 
voyage  ysi  étoyl  nésésère  et  sera  profitable  pour 
set  que  m'avés  tousjour  consellé  de  fayre,  si  je 
volés  que  le  Roy  mon  fils  ne  feut  achevé  de 
rouiner,  et  vous  prie  de  déligenter  de  lé  trover. 

Caterine. 
De  l'Al'bespine. 


1563.  —  «5  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3178,  f°  û. 

A  MONSIEUR  DE  HUMIÈRES. 

Monsieur  de  Humières,  vous  enteudrez  du 
baron  de  Maignac,  présent  porteur,  l'occasion 
pourquoy  le  Roy  monsieur  mon  filz  le  dé- 
pesche  par  delà,  laquelle  sceue  par  vous,  je 
m'asseure  tant  de  vostre  affection  au  bien  de 
son  service  et  repos  de  ce  royaume  que  vous 
vous  emploierez  de  tout  vostre  pouvoir  à  la 
seuretté  de  vostre  place  et  à  ce  que  vous  con- 
gnoislrez  appartenir  à  la  tranquillité  et  repos 
dudict  pays,  selon  la  fiance  que  luy  et  moy 
avons  en  vous,  qui  vous  prie  croire  ce  que 
vous  dira  sur  ce  de  ma  part  ledict  baron  de 
Maignac  tout  ainsy  que  vous  feriez  moy-mesmes. 
Priant  Dieu,  Monsieur  de  Humières,  vous  don- 
ner ce  que  désirez.  Escript  à  Bloys,  le  xxvc 
jour  de  janvier  i56a  (1 5 63 ). 

Caterine. 

Blois,  sans  ordre,  ne  accompagnement  de  pourvoyeurs, 
vivandiers,  cuisiniers,  ne  autre  chose,  pour  quelque 
avertissement  qu'elle  eut  que,  à  titre  de  venir  négocier, 
plusieurs  particuliers  arrivoient  à  Chartres  et  par  ce  moien 
l'amiral  pourrait  jeter  quelques  gens  dedans  pour  se 
saisir  des  portes,  lorsque  les  chevaux  des  rebelles  y  arri- 
veraient, lesquelz  on  disoit  avoir  passé  la  rivière  de  Loire 
à  Gergeau.»  (Arch.  imp.  de  Vienne.)  —  Voy.  une 
lettre  de  Smith  à  Elisabeth  dans  le  Calendar  qf  State 
papers  (  1 563) ,  p.  68. 


LETTRES   DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


489 


1563.  —  07  jan\  ier. 

Bibl.  nat.  fonds  français,  u"  3219.  f°  39. 

\   HOJVSIEl  li  DE  GONNOR, 

i.ordue  r,i  soi  UOKSISDS   HOU  nu  . 

'  l'W.II  1  ir    M   -un   1  1  h  s  -  ;  H     pairs. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  vous  envoyé  une 
lettre  que  le  sieur  de  Trousseboysj  gouverneur 
il<'  Vlaizières,  m'escript,  par  où  vous  verrez  la 
nécessité  qui  est  parmy  sus  gens  el  combien  il 
\  a  au-sv  qu'il  ne  fui  payé  de  ses  estatz,  qui 
-oui  choses,  quant  je  \  pense,  qui  ne  me  don- 
nent peu  île  peine  el  de  soucy,  voyant  une 
place  de  telle  importance  si  négligée.  Vous 
priant,  à  ceste  cause,  regarder  des  premiers 
deniers  qui  oui  àestre  envoyez  en  Champaigne, 
leur  en  faire  départir  telle  somme  qu'ilz  puis- 
sent avoir  de  quoy  attendre  mieulx.  Priant 
Dieu.  Monsieur  de  Gonnord,  vous  avoir  en  sa 
<[arde. 

Escripl  à  Bloys-,  le  wwf  joui1  de  janvier 
i562  (i563). 

Caterine. 

De  L'AiiBF.spnE. 


1  ."ili'i.  —  nS  janvier. 

Orig.   Bill.   Bal.  Cinq  cents  Colbert ,  vol.,9Â,  f01  39  et  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU   ROT    MONSIEUR    WON    FILS. 
CONSEILLER"  EX  SOS   CONSEIL   IT.n  ^  . 

Monsieur  de  Gonnord,  quant  ce  gentil- 
homme présent  porteur  est  arrivé,  j'estoisaprès 
a  l'aire  response  à  vostre  lettre  du  \\e  de  ce 
mois  que  je  receus  seulement  hier,  dont  je  fus 
assez  esbahye,  el  néantmoins  euz  plaisir  d'en- 
tendre que  vous  eussiez  donné  si  bon  ordre 
aux  canons,  pouldres  et  munitions;  si  est-'ce 
que  je  désire  bien  sçavoir  si  ce  seront  des 
vieulx  ou  de  la  fonte  neufve  que  vous  les  espé- 
rez avoir,  y  ayant  grant  danger  que  les  vieulx 

Catherine  de  Médius.  —  i. 


rabillés  ne  pourront  pas  porter  l'effort  que 
nous  serons  par  avanture  contrainctz  en  faire; 
et  afin  qu  il  n  \  aj  t  riensobmis,  je  vous  renvoyé 
la  commission  pour  la  couppe  des  1m>\s  du 
remontage  expédiée  comme  il  appartient,  qui 
seroil  bien  pour  faire  beaucoup  d'abbus,  si 
cil u \  auquel  elle  s'adresse  n'avoil  son  debvoir 
en  grande  recommandation. 

Par  la  lettre  que  m'a  apportée  ledict  gentil- 
homme, j'ay  sceu  que  mon  cousin  le  mares- 
dial  de  liiissar  vostre  frère  n'estoil  poincl  en- 
core parly;  de  quoy  je  suis  bien  marrye .  mais 
ayant  considéré  l'occasion  portée  par  sa  lettre 
et  la  vostre,  et  avant  veu  les  estats  que  vous 
m  avez  envoyés,  j'ay  jugé  qu'il  est  raisonnable 
qu'il  ayl,  allant  là,  moyen  de  faire  bailler  ung 
mois  aux  soldatz,  afin  qu'il  en  [misse  tirer  plus 
de  service  pour  celuv  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  et  qu'il  ne  perde  l'occasion ,  avec  l'équipage 
contenu  èsdicls  eslats,  enlreprendre  Dieppe, 
s'il  veoyl  qu'il  soit  à  propos,  trouvant  bon  que, 
pour  y  salisffaire,  vous  en  preniez  les  deniers 
surceulx  qui  doyvent  venir  de  la  ville  de  Paris 
de  la  constitution  des  cens  mille  livres  de  rente 
du  clergé;  car,  quant  aux  quarante  mille  cm  us 
du  Pape,  je  désire  que  vous  en  laissiez  en 
Flandres  vingt  cinq  en  main  seure  pour  em- 
ployer à  la  levée  des  pistolliers  et  gens  de  pied 
que  je  fais  compte  v  envoyer  faire  dedans  peu 
dé  jours,  dont  je  vous  avertira}';  et  les  quinze 
mille  reslans,  les  pourrez-vous  faire  venir  el 
employer  audicl  faict  de  Normandie;  en  quoy 
je  vous  prie  qu'il  ne  se  perde  point  de  temps. 
Je  ne  sçays  pas  touteffois  si  cela  seroit  pour 
relarder  en  riens  le  payement  de  nostre  année, 
mais  j'envoyeray  la  coppie  de  vostre  estât  à 
mon  cousin  le  duc  de  Guise,  et  après  vous  en 
feray  sçavoir  ce  que  je  sçauray  de  luy  sur  ce 
et  quelles  sommes  il  aura  reçues. 

Quant  à  la  difficulté  que  la  court  de  Parle- 
ment a  l'aide  de  la  despense  des  quatre  con- 


490 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


seillers,  j'en  parieray  à  M.  Le  chancellier  et 
après  avi$eray  à  la  dépesche  qui  s'y  devra  faire, 
pour  ne  perdre  point  le  moyen  du  secours  qui 
en  doit  venir,  et,  de  quelque  endroict  que  ce 
soit,  je  vous  prie  faire  bailler  à  voslredict  frère 
l'argent  qui  lui  fault,afin  qu'il  ne  perde  point 
de  temps  à  partir,  estant  sa  présence  là  plus 
que  nécessaire,  mesmement  pour  ceste  nou- 
velle occasion  survenue  de  la  querelle  du  ma- 
reschal  de  Vieilleville  et  du  sr  de  Villebon1, 
que  vous  aurez,  comme  je  m'assure,  entendue; 
m'esbahissant  bien  que,  s'il  a  fallu  quelque  man- 
dement de  trésorier  de  l'Espargne  pour  expédier 
vostredict  frère,  que  vous  ne  les  ayez  piéçà  faict 
expédier,  car  il  n'est  point  icy  et  ne  sçavons 
où  il  est.  Priant  Dieu  ,  Monsieur  de  Gonuor, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Bloys,  le  xxviii"  jour  de  janvier  1 563. 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Monsieurde  Gonnort,  le  sieur 
d'Eosel2  m'a  dist  que,  sel  l'on  le  volet  asiner3 
d'oultent  d'argent  cornent  il  an  prestera  de 
nouveau,  corne  l'on  feyst  à  tous  seulx  qui  en 
vole  prester  et  à  qui  on  nen  douit4  du  pasé, 
corne  l'on  luy  en  doyt  beaucoup  et  chause  si 
vésonnableque  je  vous  en  nay  voleu  ayscripre, 
afin  que  vous  reserviés  l'argent  qui  veult  de 
nouveau  prester  au  Roy  mon  fils  et  l'y  fasiés 
asiner  ensemble  parelle  some  du  vieulx  que  le 
Roy  mon  fils  lui  douit,  corne  y  vous  aparèlrn 

1  Le  -2  \  janvier  précédent,  une  altercation  s'étant  élevée 
an  manoir  abbatial  de  Saint-Ouen,  entre  le  maréchal 
de  Vieilleville  envoyé  en  Normandie  en  qualité  de  lieu- 
tenant général  de  la  province,  et  Villebon  d'Eslouteville, 
bailli  de  Rouen,  tous  deux  mirent  l'epée  à  la  main  et  du 
premier  coup  Villebon  eut  la  main  droite  coupée. —  Voyez 
le  récit  qu'en  donne  Floquet  dans  l'Histoire  du  Purle- 
ment  de  Normandie,  I.  II,  p.  I98;  Cf.  Mémoires  de  Vieilli 

.  coll.  Michaud,  série  >"',  1.  IX.  p. 

2  D'Eosel,  d'Oysel. 
',  Asinei ,  assigner. 

1   Douit .  doit. 


par  set  qui  an  net  à  la  cbembre  dé  Conte.  Au 

demeurant  je  voy  lé  ebause  qui  s'acbemine  de 

fason    que,  set  Dieu  ne  nous  veult  du  tout 

rouyner,  j'espère  que  mon  voyage  ne  sera  yneu- 

tile  pour  le  repos  de  set  pouvre  royaume  et  au 

contentement  de  tous  lesjéan  de  byen  ;  et  après 

y  nous  fault  aler  de  louttes  lé  forses  que  le  Roy 

mon  fils  poura  avoyr  contre  les  Engloys;  qui 

nie  fayst  vous  prier  de  dilygenter  l'artillerie  et 

tout  set  que  pourés  fayre  au  vous  aystes;  et  de 

set  que  me  mandés  de  la  Borgogne  et  de  Tours 

je  donneré  aurdre,  afin  que  ne  perdyon  temps, 

et  à  touttes  ayvènement  y  nous  fault  envoyer 

en  nAllemengne,  afin  que  la  royne  d'Angle- 

tere  ne  puisse  le  tenter,  set  que  Ton  dist  qu'ele 

veult.  Mendé-moy  sovent  de  touttes  novelles 

et  vostre  aupinion   lousjour  lybrement  corne 

avés  acoteumé. 

Cateiune. 


1563.  —  3i  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Gaiguières,  français.   n'  3oi3i,  f°  5a  r*. 

A  MONSIEUR  DE  MAILLY, 

CAFITJUKS  PS   CEIQUAIITB  BOBU1ES   D'AMIBS  DES  ORDONNANCES  PC  BOT 
UOKSIEUB  -VI0\   FILE.  ET  col VEUNEUn  DE  UONTr.EUIL. 

Monsieur  de  Mailly1,  vous  entendrez  du  baron 
de  Maignac,  présent  porteur,  l'occasion  pour- 
quoy  le  Roy  monsieur  mon  CIz  et  moy  le 
dépesebons  par  delà  '2.  laquelle  scène  par  vous, 
je  m'assure  tant  de  vostre  affection  au  bien  de 
son  rovaume  que  vous  vous  employrezde  tout 
vostre  pouvoir  à  la  seureté  de  voslre  place  el 
à  ce  que  vous  cognoistrez  appartenir  à  la  tran- 

1  Giles,  baron  de  Mailly,  chevalier  détordre,  vice-ami- 
ral de  France,  marié  à  Marie  de  Blanchefort. 

2  Charles  IX  écrivait,  le  3o  janvier,  à  M.  de  Mailly. 
qu'il  envoyait  M.  de  Maignac  pour  réprimer  les  assemblées 
-qui  se  commencent  en  Picanlye.-i  (Bibl.  nat.  ibid.  f°  5l.) 
—  Voy.  les  instructions  données  à  M.  de  Maignac  dans  le 
n°  31S7  du  fonds  français.  f°  8. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


191 


quiliité  el   repos  dudicl   païs,  selon  la  Gance 

que  lin  el  nni\  avons  en  vous;  qui  vous  prie 

croire  ce  que  vous  dira  de  ma  pari  ledict  baron 

de  Maignac,  tout  ainsi  que  vous  feriez  moi- 

mesmes.   Priant    Dieu,   Monsieur  de  Mailly, 

vous  avoir  en  sa  garde. 

I  Iscripl  à  lilo\  s .  le  ixxic  jour  de  janvier  1  56a 

(i563). 

Caterine. 


I<563. 


•  >i  janvier. 


Orig.  Bibl.  Dat.  foods  français,  n*  3i*|6 ,  f'  ai. 
Impri '  esdeCondéj  I.  IV,  p.  21G. 

A  mon  COUSIN 
LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY, 

; LL  DE  FBABCB  , 
r&MECR  r.T  UEITKNAM  GÉVÉHAL  DI    ROI    HOJSIBUD   MOU  rus  \  PARIS. 

.Mon  cousin,  j'ay  receu  vostre  lettre  par  ce 
porteur  et  entendu  le  désastre  advenu  aux 
pouldres1,  dont  je  suis  incroiablemeni  en- 
nuyée, vous  pryant  de  mectre  toute  la  peyne 
que    vous  pourrez,   pour  avérer2  d'où  il  est 

1  A  propos  do  l'explosion  il  -  poudres,  voici  ce  que  le 

bal  'If  Montmorency  écrivait  le  .'ii  janvier  à  la  con- 
nétable, sa  mère:  K-J'estoys  au  Bourget,  voyant  mes  oy- 
seaulx,  lorsque  ce  désastre  arrivaisl,  et  en  peu  d'espace  de 
temps  le  vent  rapporta  la  senteur  de  la  pouldie  jusques 
audict  lieu;  qui  fut  cause  île  me  faire  monter  en  diligence 
à  cheval  et  venir  droict  à  l'Arsenal  où  je  trouvay  la  com- 
mune  toute  esmuè  pour  ce  qu'elle  pensoyt  l'inconvénient 
advenu  par  malice,  combien  que  ce  fut  par  mosclief  seu- 
lement. Je  mys  ordre  de  faire  estaindre  le  feu  et  m'y 
leiz  obéyr,  avecques  grande  compassion  touttefois  de  tant 
de  personnes  mortes  et  de  plusieurs  maysons  ruynées.  Le 
Roy  n'y  a  poinct  perdu  pour  deux  mille  franez  de  pouldres 
et  d'estofles  pour  en  faire-,  car  le  salpaistre  n'a  guères 
esléendommaigé:  mais  les  granges  et  greniers  sont  ruinez. 
(Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  20507,  fol.  ii'i.  1 
—  C'est  le  28  janvier  qu'eut  lieu  l'explosion,  et  «on  eusl 
peine  d'empescher  la  sédition  du  peuple,  qui  se  yonloil 
jeter  sur  ceulx  soupçonnez  de  la  nouvelle  religion  comme 
autlieurs  de  ce  désordre. •>  (Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert, 
n°  a5a ,  f  21  1.  d'après  le  registre  de  l'Hôtel  de  Ville.) 

2  Avérer,  vérifier. 


venu  el  pourveoir  au  demourant  que  le  mal 
qui  est  en  la  Bastille  el  au  cabine!  dw  Roj 
monsieur  mon  lil/.  soil  promptement  réparé, 
au  moins  pour  éviter  qu'il  n'y  ayo  rien  perdu, 
el  pour  l'advenir  regarder  à  faire  prendre  garde 

avecq   tOUl  soin;;   à  ce  que   toutes  choses  soienl 

conduictes  eu  la  plus  grand'  tranquililé  qu'il 
sera  possible;  à  quoy  vous  devra  bien  servir 
cl  à  ceulx  île  Paris  aussi,  l'advis  que  jà  von- 
a\  donné  par  deux  diverses  dépesebes  el  gens 
exprès,  du  dessaing  que  les  ennemys  font  de 
partir  certainement  demain  pour  s'acheminer 
en  Normandie,  v  prendre  et  recevoir  les  An- 
gloys,  et  surtout  pour  faire  pourveoir  aux 
pontz,  batleaulx  et  passages  de  la  rivière  de 
Seyue,  chose  très  requise  et  en  prompte  dili- 
gence. Quant  à  lafoyre  Saint-Germain,  je  croy, 
mon  cousin,  que  vous  ne  sçauriez  mieulx  laite 
que  de  la  l'aire  retarder  et  différer  à  quelque 
autre  temps,  svnon  que  l'on  veisl  que  sans 
danger  elle  se  peust  tenir  dedans  la  ville,  mais 
estants  les  choses  au  discrime1  où  elles  sont. 
j'estime  qu'il  v  aura  peu  de  marchans.  Dési- 
rant au  surplus,  mon  cousin,  que  vous  me 
teniez  ordinairement  et  le  plus  souvent  ailvertye 
de  voz  nouvelles  el  de  ce  qui  s'offrira;  qui  est 
tout  ce  que  vous  aurez,  remectant  la  demou- 
rant audict  porteur.  Pryant  Dieu,  mon  cou- 
sin, vous  donner  ce  que  désirés.  De  Bloys,  le 
dernier  jour  de  janvier  i56a  (i5G3). 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebine. 


15G3.  —  .'i  1  janvier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Français,  n"  3i85,  1    18  r  el  v*. 

A  Mo'v  1  ODSIN 

LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY, 

CBAL    IJI:   FBA  '  i.E  . 
eOOVBBKBDS  ET   LIELTEVAM  GBNBBAL  DU  liOÏ  MOHSIBOB  MON  P1LZ    i  PAP.IS. 

Mon  cousin,  je  vous  ay  adverti  reste  nuicl 
Dwi  rime,  trouble,  danger. 

62. 


492 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


des  nouvelles  que  j'avois  de  l'armée  de  ceulx 
d'Orléans  par  courrier  exprès  que  je  vous  ay 
envoyay,  affin  que,  sçachant  qu'ilz  l'ont  leur 
compte  de  s'achemyner  en  Normandye,  vous 
donniez  ordre  et  preniez  garde  qu'ils  ne  se 
m  luisissent  pas  avancer  jusques  à  la  rivière  de 
Seyne  pour  gaigner  ung  passage;  qui  me  laid 
croyre  que,  ayant  en  cest  advis,  vous  aurez 
pourveu  à  S'  Gloud,  Poissy  et  Meullant;  car 
de  Mante  en  là  jusques  au  Pont-de-Larche  je  y 
ay  dépesclie'  le  srd'Argeuce  et  ung  gentilhomme 
sur  le  chemin  de  la  terre  de  Houdan,  Dreux, 
Evreux,  et  autres  villes  où  leur  dessaing  pour- 
royt  estre  dressé,  affin  que  de  touscoslez  il  y 
ayt  de  quoy  les  empescher  et  incomoder, 
comme  je  m'assure  que  de  voslre  part  ferez  en 
tout  ce  que  vous  congnoislrez  appartenir  au 
bien  du  service  du  Roy  monsieur  mon  lilz  et 
que,  en  ce  qui  regarde  les  passages  de  ladicle 
rivière  de  Seyne,  vous  n'oubliez  Corbeil, 
Alellun  et  le  pont  de  Samoys,  si  vous  aviez 
advis  qu'ilz  dressassent1  là;  et  pour  ce  que  je 
scay  que  leurs  dessaings  tendent  à  remuer  par- 
tout et  monstrent  bien  qu'ilz  ne  veullent  rien 
laisser  en  paix,  tumul tuant 2,  comme  ilz  font, 
la  Picardye,  j'envoye  le  baron  de  Maignac, 
présent  porteur,  jusques  là  adverlir  les  gouver- 
neurs et  cappitaines  des  places  prendre  garde, 
chacun  en  sou  endroict,  qu'il  n'y  advienne 
aucun  inconvénient,  et  au  sieur  de  Sénarpont 
pourveoir  au  repos  et  Iransquillité  du  pays, 
n'ayant  quant  el  quant  voullu  faillir  à  vous 
adverlir  que  j'entends  qu'ilz  ont  ung  certain 
dessaing  et  intelligence  à  Beauvays,  pour,  au 
retour  du  voiage  de  Normandye,  venir  fondre 
là  où  on  leur  prépare  sourdement  vivres  el 
comoditez,  chose  que  je  ne  croy  pas  aisément, 
maiz  pour  ce  que  en  telles  choses  tous  les 
umbres  du  monde  portent  argument  de  dan- 

1    Dretsir,  se  diriger. 
Tumultuer,  troubler. 


ger,  je  vous  prie  y  faire  prandre  garde,  el  y 
donner  tel  ordre  que  nous  ayons  de  ladicle 
ville  la  seuretté  que  l'importance  d'icelle  le 
requiert.  Il  se  parle  d'une  tour  de  l'évesque  qui 
facillite  leur  ac tente;  péneclrez  cela,  je  vous 
prie,  mon  cousin,  et  sur  la  liance  que  nous 
avons  en  vous  meclez-y  les  remèdes  cpie  le 
danger  mérite,  de  manière  que  nous  en  soyons 
en  repos,  croyant  au  dèmourant  ce  que  vous 
dira  de  ma  part  ledict  baron  de  Maignac, 
comme  vous  feriez  mov-mesmes.  Pryant  Dieu  , 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 
Escript  à  Bloys,  le  xxxic  jour  de  janvier  îBGa 
(i563). 

Voslre  bonne  cousine, 

Catbrink. 


1563.  —  s  février. 

Orig.  Bibl.  net.  fonds   français,  n°  3i85,   f°  si. 

A  .MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  DAMYTLLE, 

ADMIRAL  DE    FRANCE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  ce  que  le  sieur 
de  Pemiolan  m'a  dict  de  voslre  part  sur  ce 
que  mon  cousin  le  prince  de  Condé  désire  que 
les  sieurs  de  Boucart  '  et  Esternay  -,  qui 
doyvent  venir  d'Orléans,  couchent  dedans  sa 
chambre,  sans  garde.  Sur  quoy  je  luy  ay  faicl 

1  François  ou  Jacques  de  Boucart,  gentilhomme  de 
la  chambre  du  roi,  grand  maître  de  l'artillerie  de  l'armée 
protestante,  fds  d'Antoine  de  Boucart  el  d'Anne  de  l'Hô- 
pital. Ami  de  Coligny,  dévoué  à  Condé,  il  prit  part  à 
toutes  les  guerres  de  religion  et  mourut  an  mois  de  mai 
1 56g.  —  Voy.  France  protestante  (article  Boucart  ),  I.  I. 
p.  4oo. 

2  Antoine  Raguier,  s'  d'Esternay  (dép.  de  la  .Marne), 
(ils  de  Louis  Raguier  et  de  Charlotte  de  Dinteville.  Un  des 
premiers,  il  se  joignit  au  prince  de  Condé,  el  le  suivit 
dans  les  trois  guerres  civiles.  Il  mourut  de  la  pierre  eu 
1 56g.  —  Voy.  les  Mémoires  de  Claude  Haton,  t.  I ,  p.  î  o  : 
France  protestante  (article  Raguier,  I.  VIII,  p.  363  |. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGIS. 


i93 


entendre  l'intention  du    llov    m  h  msion  l-   mon 
!il/.  el  la  mienne,    ne  je  m'asseure  voussçaurez 
bien  suyvre  et  le  crôyre  de  ce  qu'il  vous  dira 
sur  ce  de  ma  part,  tout  ainsi  que  vous  fei 
moy-mesnies. 

Pryanl  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saincte  garde. 

De  lilo\s,  le  n°  jour  de  février  i569(i563). 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


I  568.  —  3  février. 

Orig.  Ril'I.  n.ii.  fonds  franco i   ,  D    'l'j.'i» .  I    90. 

.     \  MONSIEUR  DE  TA VANNES, 

LIEUTENANT  GÉNÉRAL    nu    Rov   u    COBVEROTOIEST  riE  BODRGOCHS. 

Monsieur  de  Tavànes,  il  importe  infinie- 

menl  au  bien  du  service  du  lloy  monsieur 
mon  lilz  que  mou  cousin  le  duc  de  Nemours 
soil  secouru  de  la  quantité  d'artillerye,  poul- 
dres  et  boulletz  (jue  le  Iîoy  mondict  filz  vous 
escript1  et  aussy  des  eschelles;  qui  me  faicl 
vous  prier,  cessant  toute  excuse  et  difficulté, 
ne  faillir  à  les  luy  faire  bailler  et  envoyer  le 
plus  tost  que  faire  se  pourra,  dont  si  vous  avez 
besoins  de  plus  ample  seuielé  que  la  lettre 
du  Roy  mondict  lilz  el  la  présente,  je  vous 
feray  bailler  toute.  1  lie  et  si  bonne  forme  que 
vous  l<'  sçaurez  demander.  Pryanl  Dieu,  Mon- 
sieur de  Tavanes,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  ni'  jour  de  février  1662 
(  i563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

1  Voy.  dans  le  n°  i63S  du  fonds  français,  fJ  -i ,  une 
lettre  de  Tavannes  à  M.  de  Villefrancon  au  sujet  de  1  ette 
demande  d'artillerie  faite  par  la  Reine. 


1563.  —  3  février. 

Bibl.  liai.  Parlement,  n'  Si .  [   895  r  't  v". 

\  MESSIE1  l'.S  I.KS  GEÎNS 

TENANS  LA  COI  RT  DE  PARLEMENT   \    PARIS 

Messieurs,  je  sçay  que  vous  connoissez  bien 
que  ceux  qui  troublent  ce  royaume  n'onl 
poinct  de  meilleur  moyen  de  continuer  que  la 
jouissance  de  leurs  biens;  en  quoy,  comme 
j'entens,  beaucoup  d'entr'eux  ne  sont  aucune- 
ment empesebez,  chose  à  quoy  j'estime  que 
vous  n'avez  obmis  à  pourveoir  à  l'endroict  de 
ceux  que  vous  ave/,  congneu  le  mériter;  es- 
tant plus  que  nécessaire  y  mettre  la  main 
soigneusement  cl  exactemement,  le  Iîoy  mon- 
sieur mon  lilz  a  advisé  vous  en  escrire  de- 
rechef '  el  moy  de  ma  pari;  vous  priant 
suivant  son  intention  faire  faire  diligente  in- 
quisition contre  ceulx  qui  portent  les  armes 
contre  son  service  el  qui  sont  dedans  les  villes 
où  l'obéissance  lui  est  desniée,  et  contre  eulx 
procedder  el  faire  procedder  eu  justice  comme 
il  appartient,  el  principallement  à  la  saizie  ■  ■! 
déclaration  de  leurs  biens  el  possessions-,  en 
manière  que  leur  ostant  par  là  le  moyen  de 
continuer,  ilz  sentent  la  faultequ'ilzonl  faicte, 
cl  nous  puissions  aider  des  deniers  qui  en 
proviendront,  pour  satisfaire  aux  despenses 
qu'ilz  nous  contraignent  de  faire  à  celle  oc- 
casion ;  car  plus  grand  service  ne  luy  sçauriez 
vous  faire.  Pryanl  Dieu,  Messieurs,  vous  avoir 
en  sa  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  troiziesme  jour  de  feb- 
vrier  mil  cinq  cens  soixante  deux  (i563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

1  Ils  ne  se  rendirent  auprès  de  Catherine  de  Médias 

11     ir  n,  février  suivant. 
1  Voy.  une  lellr*  de  Charles  IX  au  maréchal  Fran- 
çois de  Montmorency,  pour  lui  recommande,'  l'exécution 
des  mesures  prescrites  par  ses  lettres  patentes.  (Bibl,  nal. 


i9â 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1563.  —  3  février. 
Bibl.  uat.  fonds  français,  u   3igi  ,  fQ  16. 
A  MON  CODSIS 

LE  SIEUR  DE  DAMVILLE, 

ADJI1BAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  je  vous  envoyé  le  sieur  du 
Piessis  '  pour  vous  mener  ce  gentilhomme  qui 
vient  d'Orléans  de  la  part  de  Madame  la  Prin- 
cesse %  lequel  vous  ferez  parler  à  mon  cousin 
le  Prince,  ainsi  que  vous  avez  accoustumé  de 
taire  parler  les  aultres,  suivant  ce  que  j'ay 
donné  charge  audict  Piessis  vous  dire;  ce  qui 
sera  fin,  en  priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  sainte  et  digue  garde. 

De  Bloys,  le  m*  jour  de  février  1662  (1 563). 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  i  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  Ciuq  ceuls  Culbert ,  u°  ai  ,  f"  25  et  suit. 

A  MONSIEUR  DE  GOIVJVOR, 

/ 

CHETAL1SH    DE    L'OBOKE    DE    KOI"   MOXSIECI1    SIOX    TILS  , 
CONSEILLER  EN  buN   COXSEIL   PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnor,  Prévost3  s'en  re- 
fonds franc.  n°3i85,Pa8.) — Voy.  l'arrêt  du  Parlement 
du  10  février.  (Bibl.  nat. Parlement,  n°  8i,  f"ooo  etsuiv.) 

1  Le  Piessis  avait  été  envoyé  par  Catherine  de  Médias 
à  Orléans;  il  en  est  question  dans  quatre  lettres  non 
datées  d'Eléonore  de  lime  à  la  Reine.  (Bibl.  nat.  fonds 
français,  n"  6607.)  Dans  la  dernière,  nous  lisons  :  irMa- 
dame ,  Monsieur  le  connestable  et  mon  oncle  Dandelot 
el  mov  nous  a  semble  ne  devoir  plus  diflérer  à  nous 
renvoyer  le  Plessy,  pour,  attendant  la  réponse  de  ce  que 
nous  a  porté  la  Porte,  avertir  Vostre  Majesté  de  i'avse 
que  nous  avons  tous  receu  de  ce  que  aviez  trouvé  bon 
ce  que  le  capitaine  Larivière  vous  avoit  présenté  et  aussi 
de  la  bonne  volonté  en  quoy  continuent  tous  ceuix  qui 
sont  avec  mon  oncle  Monsieur  l'amiral  et  ceulx  qui  sont 
icy  pour  obtenir  de  Dieu,  s'il  est  possible,  bonne  paix.!) 
Eléonore  de  Roye,  mariée  à  Louis  de  Bourbon  .prince 
de  Condé,  le  2a  juin  i55i,  morte  le  28  juillet  1 564. 

■  Nicolas  Prévost ,  président  aux  enquêtes. 


tourne  avec  toutes  les  dépesches  dont  l'aviez 
chargé,  et  si  bien  iustruict  de  mon  intention 
sur  ce  qu'il  m'a  dict  de  vostre  part  que  je 
ne  vous  l'eray  pas  longue  lettre,  synon  pour 
vous  dire  que  je  congnoys  très-bien  la  peyne 
que  vous  prenez  et  les  difficuitez  que  vous 
trouvez  à  faire  ce  que  vous  congnoissez  estre 
nécessaire  pour  le  service  du  l!o\  monsieur 
mon  filz,  mesnies  en  matière  d'argent;  à 
quoy,  comme  vous  m'escrivez,  ceulx  de  la 
court  de  Parlement  ne  s'accommodent  pas 
aisément  en  ce  que  nous  espérons  avoir  pour 
les  cent  mille  livres  de  rente  du  clergé.  Si  ne 
fault-il  pas  laisser  pourtant  d'y  faire  tout  ce 
que  vous  pourrez  en  leur  faisant  quant  et 
quant  bien  entendre  que  pour  cela  le  Roy  mon- 
dict  fils  ne  moy  n'entendons  pas  que  l'on  es- 
pargne  les  biens  de  ceulx  qui  troublent  ce 
royaulme,  tiennent  les  villes  et  portent  les 
armes,  comme  il  se  peult  assez  veoir  par  tant 
de  lettres  que  en  avons  escriptes  et  envoyées 
à  laclicte  Court  et  autres  de  ce  royaulme;  en 
quoi,  s'ilz  eussent  usé  d'aussy  bonne  diligence 
que  nous  le  désirions,  ilz  n'auroient  pas  occa- 
sion d'en  murmurer  à  ceste  heure. 

Quant  à  l'inconvénient  adveneu  aux  poul- 
dres  el  au  lieu  où  on  les  faisoit,  je  trouve  bon. 
en  actendant  que  ledict  lieu  soit  reslablv  et 
mis  sus,  que  l'on  saute  des  Tournelles1  où 
vous  ad\iserez  le  lieu  plus  à  propos  et  y  ferez 
dresser  les  mollins;  et  si  ledict  lieu  est  em- 

1  Voy.  une  lettre  de  M.  de  Cipierre  à  M.  de  Gonnor, 
datée  du  camp  devant  Orléans,  le  7  janvier  1 568.  f  11 
n'a  pour  se  loger  d'autre  maison  que  les  Tournelles,  et  il 
prie  M.  de  Gonnor  de  choisir  un  autre  lien  pour  l'atelier 
des  poudres  que  l'on  pense  y  îneclre.  ■■  |  Bibl.  nat.  fonds 
français,  n°  32i6,  f"  <)3.)  —  Voy.  dans  le  n"  0219  du 
fonds  français,  p.  32,  une  lettre  de  M.  de  Boisy  à  M.  de 
Gonnor;  il  l'engage  à  faire  placer  les  poudres  dans  les 
-logis  bas.  au  dessoubz  du  logis  du  Roy,  chose  que  la 
Reine  a  trouvé  plus  raisonnable  que  de  toucher  aux 
escuries.r 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


pesehé  de  l'escurie,  vous  In  pourrez  envoyer 
au  logis  d'Angoulesme ',  qui  est  tout  devant, 
ainsi  qu'elle  a  esté  autrefoys;  j'en  parleray  à 
Monsieur  le  grand  escuyer,  afin  qu'il  en  es- 
cripve  à  ceulx  de  delà  qui  en  onl  charge.  Ce- 
pendant ledict  Prévosl  vous  dira  que  je  trouve 
bon  que  vous  regardiez  à  faire  reffaire  ledicl 
lieu  <!rs  pouldres  selon  le  portraict  qu'il  m'en 
a  monstre,  afin  de  n'y  perdre  poinct  de  temps 
et  sur  tout  avancer  la  provision  desdictes  poul- 
dres le  plus  que  vous  pourrez,  comme  chose 
plus  que  nécessaire;  j'en  escriray  au  sieur  de 
Tavannes  pour  la  Bourgongne,  mais  je  ne  puys 
penser  qu'il  y  en  ayt  si  grande  quantité  que 
vous  en  espérez,  pour  en  avoir  esté  envoyé 
jusques  à  quarante  milliers  à  M'  de  Nemours, 
et  despendu  quelque  quantité  en  ces  troubles. 
De  Tours  je  sçauray  aussi  ce  qui  y  sera  et 
ne  se  perdra  temps  à  avancer  ce  qui  s'en 
pourra  faire  ;  mais  j'ay  tousjours  opinion  que 
le  plus  grand  secours  doyt  venir  de  Paris.  Si 
n'ay-je  laissé  d'escrire  à  mon  fils  Monsieur 
de  Lorraine  adviser  s'il  nous  eu  pourrait  faire 
secourir d'Allemaigne  jusques  à  cent  milliers, 
et  faict  une  dépesche  en  Prouvence  pour  sem- 
blable quantité  de  souffres,  dont  vous  serez. 
après  adverly  de  la  responce. 

Je  vous  ay  envoyé  la  commission  pour  les 
bois  de  remontage  d'artillerie  et  respondu 
pour  ce  que  demande  Mr  de  Tavannes.,  auquel 
on  a  trouvé  bon  bailler  les  deniers  de  delà 
pour  payer  ses  gens  de  guerre,  et  me  semble 
aussi  que  pour  le  payement  des  soldatz  de  la 
Bastille  vous  ne  devez  pas  faire  difficulté  de  les 
faire  satisfaire. 

'  L'hôtel  d'Angoulême  était  situé  rue  Saint-Antoine, 
au  coin  de  la  nie  des  Égouls.  François,  comte  d'Augou- 
lême,  monlé  sur  le  trône  sons  le  nom  de  François  I  , 
le  joignit  au  palais  des  Tournelles  avec  lequel  il  fut 
vendu  par  Catherine  de  Médias  qui  l'avait  reçu  on  don. 
—  Voy.  Sauvai,  !..  Il,  p.  i.3o  et  188. 


En  vous  voulant  despescher  cedicl  porteur, 
j'ay  receu  vostre  autre  lettre  et  sceu  par  icelle 
la  résolution  que  mon  cousin  le  mareschal  de 
Brissac  avoil  prise  de  partir  dès  byer  | ■  Nor- 
mandie, pour  le  voiage  duquel  vous  avez  as- 
seuré  les  deux  cens  mil  livres  nécessaires,  après 
lesquelz  et  les  remboursemens  faietz,  il  ne 
la  11 1 1.  plus  rien  attendre  des  in™  I.  du  clergé 
et  peu  de  chose  d'ailleurs.  Si  est-il  besoing  que 
•  vous  laciez  de  nécessité  vertu,  car  en  quel- 
que sorte  que  soyons  pour  tomber,  il  faull 
avoir  de  l'argent.  Tout  le  monde  crye  la  paix 
el  la  conseille,  mais  je  ne  sçay  s'il  playsl  à 
Dieu  que  nous  l'ayons,  de  sorte  qu'il  se  faull 
préparer,  comme  si  ce  mal  avoit  à  continuer; 
à  quoy  il  y  a  [dus  d'apparence  que  autrement. 
El  pour  cestc  cause  ay  dépesche  en  Aliemaigne 
pour  faire  tenir  prest  ung  régiment  de  lans- 
quenetz  et  quatre  mille  pislolliers,  pour  l'ar- 
gent d'avance  desquelz  et  aussy  d'une  année 
de  la  pension  des  collonelz  et  cappitaines  il 
est  besoing  que  vous  donniez  ordre,  inconti- 
nent la  présente  recette,  faire  tenir  el  envoyer 
à  Metz  les  xxv™  escuz  que  avez  fait  réserver 
en  Flandres  et  Ifoys  mille  davantage,  dépes- 
chanl  pour  cest  effect  le  trésorier  de  l'extra- 
ordinaire ou  son  commis  qui  les  aille  prendre 
et  face  ces  dilligences  en  manière  que  lesdilz 
deniers  soient  audict  Metz  pour  le  plus  lard  de- 
dans la  fin  de  ce  moys,  où  j'envoieray  ung  gen- 
tilhomme en  diligence  pour  arrester  avecq  les- 
diclz  col.loncls  cl  cappitaines  ce  qu'il  fauldra 
faire  pour  ladicte  levée;  à  quoy  il  esl  be- 
soing ne  perdre  poinct  de  temps.  Tout  cela 
faict,  et  si  vous  veoyez  que  vostre  demeure  là 
ne  soit  plus  nécessaire,  pourrez  partir  pour 
nous  venir  trouver  le  plus  losl  que  vous 
pourrez. 

Remectant  le  surplus  sur  cedict  porteur  el 
pryanl  Dieu  ,  Monsieur  de  Gonnor,vousdonnei 
ce  que  désirez. 


496 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


De  Bloys,  le  un'  jour  de  février  i5C2 
(.563). 

Gateiune. 

(De  su  main.)  Monsieur  de  Gunort,  à  leure 
que  faillirai  devest  envoyer  Bucart  et  Aysterné1 
ysi  pour  parler  au  prinse  de  Condé  et  nous 
envoyons  le  sieur  d'Oysel  et  ayvesque  de  Li- 
moges pour  parler  au  conestable,  ledist  amiral 
aysl  parti  el  s'an  va  aveques  quatre  mile  che- 
vaulx  qu'il  a  en  Normendie,  si  byen  que 
nous  ne  savon  plus  au  nous  en  somes,  sinon 
que  Monsieur  de  Guise  va  demavn  au  malin 
asallyr  le  portreau  d'Orléans  et  le  pont;  si  lé 
prant,  se  que  Dieu  veulle,  je  croy  qu'il  i  an 
n'y  ara  qui  se  repautiron  d'estre  parti  et  co- 
nestron  qui  n'est  faysl  pas  bon  se  moquer  de 
son  Roy.  Je  vous  averliré  yncontinenl  de  se 
qu'il  an  avyendra,  afin  que  le  dyé2  à  seulx  de 
Paris,  que  je  vous  prie  guarder  d'estoner  si  lé 
raystre  aprocbe  de  forteune  de  se  coûté  là, 
car  y  n'ont  ni  jeari  de  pies  ny  artellerie. 

Gateiune. 
Dk  l'Aubesplne. 


1563.  —  !>  février. 

Orig.  Ilibl    nal.  fonds  Français,  u°  3i84  ,  I"  5. 

A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY, 

MAItESCHAL  DK   FRANCE,    COUVERNFXR    ET    LIEUTENANT    GENERAL  DU    ROY 
MONSIEUR  MON    F1LZ   À    PARIS   ET   1SUE  DU  FRANCE  . 
OU    À     SON     LIEUTENANT    AUDICT     GOUVERNEMENT. 

Mon  cousin,  d'autant  qu'il  est  nécessaire 
pour  le  service  du  Roy  monsieur  mon  filz 
faire  incontinant  assembler  la  gendarmerye, 
uous  avons  faicl  expédier  leclres  pour  cesl 
effecl  à  tous  les  baillyz  et  séuécbaulx  de  ce 
royaume  pour  en  faire  faire  la  proclamation 

1   Voy.  la  note  de  la  page  692. 
1  Dyé,  (liez,  disiez. 


en  leurs  bailliages  et  sénesebaussées,  el  aflin 
que  tant  plus  losl  cela  se  puisse  exécuter  nous 
avons  advisé  vous  en  envoyer  les  leclres  par- 
ticullières  pour  les  faire  tenir  aux  bailliz 
et  sénesebaulx  de  votre  gouvernement,  vous 
priant  tenir,  de  vostre  part,  main  qu'il  y  soit 
salisffaict  aveque  telle  diligence  que  nous 
puissions estresecouruz  de  ladicte  gendarmerye 
au  temps  qui  leur  est  mandé  et  ainsi  que  le 
bien  des  affaires  de  mondict  sieur  et  filz  le  re- 
quiert. Pryanl  Dieu,  mon  cousin,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  imL'jour  de  février  i56a 
(i563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Gaterine. 

.1  av.  depuis,  advisé  vous  envoyer  les  pac- 
quelz  que  vous  pourrez  plus  commodément 
faire  tenir  près  de  vous ,  et  les  autres  yront  par 
la  voye  ordinaire  de  la  poste. 


1563.  —  h  lévrier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3io4,  f°  3i  1. 

A  MON"  CODSIN 

LE  SIEUR  DE  DAMYILLE. 

ADM11UL    DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  je  viens  tout  à  cesle  heure 
d'estre  advertye  qu'il  est  passé  auprès  de  Bau- 
gency  ung  gentilhomme  qui  va  vers  mon  cousin 
le  prince  de  Gondé,  qui  ne  s'est  poincl  \ouilu 
faire  veoir  à  mon  cousin  le  duc  de  Guise  ny 
venir  icy.  Je  ne  sçay  qui  il  est,  ne  à  quelle  in- 
tention il  va;  faictes"  y  prendre  garde  et  qui 
que  soit  renvoyez  le  icy,  sans  souffrir,  ne  per- 
mettre qu'il  veoye  mondict  cousin  qu'il  n'aye 
esté  icy;  faictes  aussi  prendre  garde  aux  vil- 
laiges  et  loges  circonvoysins  de  vous,  à  ce 
que  riens  ne  s'assenble;  car  tout  est  par  pays 
el  mectez  peine  d'estre  bien  adveity  de  tout 


u;ï'[  res  de  c  viiikuim;  de  médicis. 


k\n 


ce  qui  se  réunira  près  de  vous.  Prianl  Dieu, 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez. 
De  Bloys,  le  un  février  iô(i->  i  i563). 
Vostre  bonne  cousine, 

Ca  1LIIINE. 


15C3.  —  6  févriei 

Orig.  Aivli.  de  Modàne 

\  MON  COOSIN 

MONSIEUB  LE  DUC  DE  FERRARE'. 

Mon  cousin,  le  temps  el  les  fascheux  évè- 
□emens  qui  ont  par  le  passé  esté  aux  affaires 
du  Roy  monsieur  mon  filz  seront  assez  suffi- 
sant de  nous  excuser  envers  vous,  si  plus 
souvent  non;,  ne  \ous  avons  escript,  lesquelz 
pour  estre  mainctenant  ungpeu  plus  soullagez 
que  nous  n'avons  esté  par  le  moyen  de  I  heu- 
reuse victoire  qui  nous  est  advenue,  nous 
avons  bien  voullu,  comme  au  meilleur  amy 
que  nous  ayons  poincl,  vous  faire  part  de 
Payse  et  plaisir  «pie  nous  en  avons  receu  el 
vous  advertir  comme  nous  sommes  mainc 
tenant  après  à  rendre  ladicte  victoire  autant 
fructueuse  comme  il  est  nécessaire  à  tout 
l'estat  de  ce  royaulme,  ce  que  nous  espérons 
voir  bientost  réussy,  si  Dieu  nous  l'aict  ceste 
grâce  que  nous  puissions  poursuivre  el  achever 
les  choses  comme  elles  sont  encommancées. 
El  pour  ce  que  sur  le  tout  vous  en  serez  plus 
particulièrement  informé  par  ledict  sr  Ca- 
mille-, suivant   la   charge    que   nous   lui   en 

1  Semblable  lellre  fut  écrite,  le  même  jour,  au  duc 
de  Mantoue  el  dans  les  mêmes  termes.  (  Archives  de  Alan- 
toue.) 

-'  Dans  une  lettre  de  Charles  IX  au  duc  de  Ferrare  el 
qui  accompagne  celle-ci,  le  s'  Camille  est  désigné  comme 
l'un  de  ses  écuyers  ordinaires.  Voici  la  lin  de  celle  lettre  : 

"J'ay  faict  marcher'  mon  armée  droit  I  aux 'portes 
d'Orléans  où  elle  est  à  présent,  en  estant  le  s'  de  Chas- 
lillon  sorty  pour  aller,  avec  les  reislres  qui  luy  sont 
restez,  du  costé  de  la  Normandye  en  espérance   de  se 

CATUERINE  DE  MÉDICIS    —  I. 


avons  donnée,  je  ne  vous  en  fera}  autre  plus 
long  discours;  mais  priant  Dieu,  mon  cousin, 
après  m' estre  bien  affectueusement  recom- 
mandé à  VOUS,  VOUS  donner  en  santé  ce  que 
désirez.  Escript  à  Bloys,  le  vi"  jour  de  février 
10G2  (i563). 

Votre  bonne  cousine, 

Caterine 

KoBEBTET. 


1563.  —  7  février. 

Orig.  Bill!,  nat.  fonds  français,  n"  3ip/i,  f°8. 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUH  DE  MONTMORENCY, 

il  IBESCHAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  avant  mon  cousin  le  duc  de 
Guise,  gaigné  leportereau  d'Orléans  ',  comme 

joingdre  avec  les  Angloys  ;  à  quoy  j'ay  donné  si  lion  ordre 
pour  les  en  empescher  que  je  m'asseure  qu'ilz  n'en  rap 
porteront  que  une  honte  et  leur  total  le  ruyne,  ne  lais- 
sant pour  cella  cependant  et  pour  l'envye  que  j'ay  de 
rendre  tous  mes  subgects  en  repoz  et  tranquillité,  d'es- 
sayer tous  les  moiens  que  je  pays  pour  venir  à  quelque 
bonne  paix;  à  quoy  je  trouve  mon  cousin  le  prince  de 
Coudé  si  Lien  disposé  que  je  n'en  puys  espérer  qu'une 
lionne  yssue,  dont  je  m'asseure  que  pour  l'amitié  que  vous 
me  portez  vous  en  recevrez  aultanl  de  plaisir  et  con- 
tentement que  moy-mesmes  qui  sçay  et  congnoys  combien 
vous  avez  porté  d'ennuy  et  fascherye  de  voir  mes  affaires 
réduiclz  en  termes  où  ilz  ont  esté  par  le  passé;  de  quoj 
pour  l'obligation  je  vous  puys  asseurer,  mon  cousin,  que 
vous  n'aurez  jamais  paient,  amy  et  allié,  quel  qu'il  soit, 
qui  plus  désire  faire  pour  vous  que  moy  el  dont  le! 
effeetz  vous  rendront  toujours  plus  de  tesmoignage.  ainsy 
que  j'ay  donné  charge  audict  Camille  vous  rapporter 
plus  au  long  de  ma  part;  sur  quoy  je  vous  prie  le  croire, 
comme  vous  vouldriez  taire  inoy-inesnies.  Priant  Dieu, 

h  cousin,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincle  et  digne  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  rj""  jour  de  février  i56a  (iJ63). 

ttRoBERTBT  V.l 

i  Archives  de  Modènv.  1 

\i,\.  den\  lettres  du  duc  de  Guise,  l'une  à  M'  de 
Gonnor  (Cinq  cents  Colbert,  vol.  ai,  f"  37),  et  l'auln 
à  François  de  Montmorency,  pour  lui  annoncer  la  prise 

63 


498 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIGIS. 


j'estime  que  vous  aurez  sceu,  il  veoyt  appa- 
rence de  faire  là  ung  notable  service  au  Roy 
monsieur  mon  fils  s'il  avoit  jusques  à  dix 
canons  et  leur  équippage ,  dont  j'escris  au 
sieur  de  Gonnor  faire  la  diligence  de  les  en- 
voyer jusques  à  Gien,  s'il  est  possible,  et  con- 
gnoisse  qu'il  le  puisse  faire  dedans  douze 
jours  par  les  rivières  de  Seyne  et  Loing;  à 
quoyje  vousprye  tenir  de  vostre  part  la  main 
et  pour  la  seurete'  y  employer  voslre  compai- 
gnye  et  telle  autre  force  dont  vous  jugerez 
qu'ilz  auront  besoing;  mais  pour  s'y  conduire 
seuremeut  il  fault  estre  bien  adverty  des  nou- 
velles de  ceulx  d'Orléans  qui  sont  allez  en  _Nor- 
mandye,  afin  que,  s'ilz  estoient  sur  le  chemyn 
de  leur  retour,  comme  il  semble  qu'ilz  ne 
veullent  pas  que  leur  voiage  soit  long,  il  ne 
se  mist  rien  en  danger,  et  aussi  s'ilz  revien- 
nent avecq  équippage  nous  ne  le  perdions 
poinct. 

Vous  ayant  faict  une  autre  dépesche  par  où 
vous  sçaurez  l'ordre  qui  a  esté  donné  pour 
conserver  la  rivière  de  Seyne  et  Paris  mesmes, 
à  quoy  je  me  remectray,  pryant  Dieu,  mon 
cousin,  vous  donner  ce  que  plus  désirez.  De 
Bloys,  le  vne  jour  de  février  1S62  (  1 563 ). 
Votre  bonne  cousine, 

Caterine. 

du  portereau  :  coù  il  y  avoit  deux  mille  hommes  soubs 
douze  enseignes.  Aucuns,  se  voulant  saulver,  se  sont 
naiez,  et  le  reste  s'est  retiré  dans  la  ville. ->  (Bil)l.  nat. 
n"  -iigi,  P  to  r°).  —  Voy.  une  lettre  de  Robertet  au 
duc  de  Nemours  sur  le  même  sujet  (Bibl.  nat.  n°  3 180, 
f  5)  et  une  dépêche  de  Smith  dans  le  Calendar  of  State 
papers  (  1 563 ) ,  p.  1 38.  —  Voy.  également  une  lettre  du 
duc  de  Guise  à  M.  de  Gonnor  dans  les  Mémoires  du  duc 
de  Guise,  collection  Michaud  et  Poujoulat,  1"  série, 
t.  VI,  p.  5o5. 


1563. 


7  février. 


Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3i85,  f°  18. 
Copie.  Fonds  Fontanieu,  vol.  3o5-3o6. 

A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY. 

MARESCHAL  DE   FRANCS. 

Mon  cousin,  j'ai  sceu  par  voz  lettres  du 
dernier  du  moys  passé  le  bon  ordre  que  vous 
aviez  commencé  à  donner  pour  empescher  que 
ceulx  d'Orléans  dressants  leur  chemin  en  Nor- 
mandye  ne  se  puissent  prévaloir  d'aucun  pas- 
sage sur  la  rivière  de  Seyne,  qui  est  chose  do 
telle  importance  que  je  désire  singulièrement 
qu'il  n'y  soit  riens  oublié. Depuis, et  liyerausoir 
seullement,  je  receuz  troys  de  vos  lettres  des  pre- 
mier et  111  de  ce  moys.  Par  la  première,  sceu 
l'instance  que  vous  ont  faicte  ceulx  de  Paris 
de  bailler  commission  aux  sept  chastellenyes 
principalles  de  la  Prevosté  et  Viconté  de  Paris 
d'eslire  ung  d'entre  eulx  pour  conduire  ceulx 
qu'ilz  veullent  emploier  à  empescher  les  as- 
semblées de  ceulx  de  la  nouvelle  religion;  en 
quoy  vous  avez  eu  très  sage  et  prudent  advis, 
ne  pouvant  trouver  bon  qu'ils  recherchent  ces 
façons  extraordinaires  et  encores  moins  qu'elles 
soient  suyvies,  mais  au  contraire  que  riens 
ne  se  face  que  soubz  l'auctorité  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz,  vous  pryant,  à  ceste  cause, 
mon  cousin,  y-commectre  quelques  gentilz- 
bommes  prochains  des  lieux,  les  plus  cap- 
pables,  gens  de  bien,  bons  catbolicques  el 
sans  aucune  suspicion,  ausquelz  vous  ordon- 
nerez y  faire  le  devoir  qu'il  appartient  et  aux 
peuples  de  les  suivre  et  obéyr  en  ce  qui  s'ol- 
frira  pour  le  service  du  Roy  mon  filz,  repos 
et  Iransquillité  de  leur  pays. 

Par  les  autres  de  voz  lettres  j'ay  sceu  le 
dommage  que  le  feu  des  pouldres  a  faict  à  la 
Bastille,  qui  est  moindre  que  je  ne  pensoys 
et  suis  très  ayse  que  vous  ayez  pourveu  à  ce 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


499 


que  le  cabinet  demoure  en  seureté,  mais  il 
me  déplais!  intimement  d'entendre  la  licence 
dont  la  commune  de  Paris  use,  pour  le  danger 
que  cela  pour  raamener  en  ladicte  ville,  et  re- 
garderay  aveq  le  conseil  qui  est  icv  à  ce  qui 
s'y  devra  faire  pour  en  cscripre  bien  expressé- 
ment à  la  court  de  Parlement  et  au  Prévost 
des  marchans  et  eschevins,  en  vous  donnant 
le  moyen  de  les  contenir  el  taire  qu'il  n'y  ayt 
en  cela  riens  laid  que  par  la  raison  et  justice; 
et  bientosl  aurez  sur  ce  de  uoz  nouvelles,  vous 
pryanl    cependant  y   faire   tout  ce  que  vous 
pourrez  et  aussi  à  pourveoir  et  tenir  les  pas- 
sages de   ladicte  rivière  de  Seyue    en    toute 
seureté,    ne  faisant  doubte  que  le  retour  de 
Normandye  ne  soit  beaucoup  plus  dangereux 
que  l'allée;  d'autant  qu'ilz  ne  sont  pas  allez 
là  que  en  espérance  de  venir  bientost  accom- 
paignez  d'artillerie  el  de  gens  de  pied;  vous 
aydant  pour  cest  effet  de  quelques  compai- 
gnies  que    Pasquiers  a  conduicles  par    delà 
pour  bs  faire  chemyner  le  long  de  ladicte  ri- 
vière, afin  de  les  jeter  dedans  les  places  selon 
le  besoins  qu'il  en  sera,  aveq  les  peuples  du 
dedans  pour  les  défendre,  attendant  qu'il  vous 
soyt  pour  cet  effet  donné  meilleur  moyen  d'y 
faire  service  au  Roy  mon  filz,  selon  l'affection 
grande  que  je  sçay  que  vous  y  portez.  Priant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez. 

De  Bloys,  le  vu"  jour  de  février  i562 
(  i  563). 

Mon  cousin,  voullant  signer  ceste  lettre  et 
considérant  au  besoing  qu'il  est  de  vous  donner 
plus  de  moien  de  faire  service  au  Roy  mon 
filz,  si  ceulx  qui  sont  allez  en  Normandie 
voulloient  faire  enlreprvse  à  Paris  et  sur  les 
passaiges  de  la  rivière,  j'ay  incontinent  dé- 
pesché  en  Normandie  et  mandé  au  marescbal 
de  Vieilleville  et  au  Ringrave  s'en  venir  le 
long  de  ladicte  rivière  avecques  onze  enseignes 


de  lansquenets  et  si\  de  Françoys  et  troys 
cornettes  de  reylres  pour'  deiïendre  les  lieux 
qui  en  auraient  besoing  et  les  mettre  dedans 
les  faugbourgs  de  Paris,  s'il  en  est  besoing; 
dont  je  n'ay  voullu  faillir  vous  advertir,  afin 
qu'il  y  aye  telle  intelligence  entre  vous  que 
vous  puissiez  tant  niieuh  pourveoir  au  besoing 
qui  s'offrira. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  7  f.Hrier. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3319.  f°  34. 

A  MOiNSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER     DE    L'OUDEE    DU    BOT    MONSIECR    MON    FILZ 
ET   CONSEILLEE   EN  SON   CONSEIL   PIIIVB. 

Monsieur  de  Gonnor,  je  vous  envoyé  une 
lectre  du  gouverneur  d'Ardres,  par  où  vous 
verrez  que  le  trésorier  des  réparations  de  Pi- 
cardye,  sorty  déchargé  de  dix  mille  livres 
qu'il  a  eues  pour  ladicte  place,  n'en  a  baillé 
que  huict;  qui  est  une  façon  de  faire  que  je  ne 
puis  bien  entendre  el  que  je  ne  veulx  pas 
souffrir,  nous  pryanl  le  faire  venir  à  vous  et 
vériffier  à  quoy  il  tient,  pour,  si  vous  trouvez 
que  cella  soit  demouré  en  ses  mains,  les  luy 
faire  promptemenl  vuyder  et  contraindre  qu'il 
porte  ledict  surplus  audict  Ardres ,  où  le  mectre 
es  mains  de  celluy  qui  exerce  ceste  année  pour 
le  y  faire  incontinent  tenir,  pour  y  eu  avoir 
plus  que  besoing.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escriptà  Rloys,le  vnejourde  février  i56a 
(i5G3). 

Caterine. 
De  l'Acbsspinb. 


63 . 


500 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


1563. —  8  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Colbcrt,  vol.  au,  f  28. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

OUEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROT    SIOSSIELR  MON    FILZ  , 
CONSEILLER   ES  SOS   CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  vousay  ceste  après- 
disnée  despesché  ung  courrier,  pour  vous  ad- 
vertir  que  nous  avons  besoing  de  dix  canons 
et  toute  leur  séquelle,  et  ne  me  souvenant  si 
je  vous  ay  mandé  ce  que  s'est,  j'entendz  qu'il 
y  ayt  quant  et  quant  quatre  mille  boulletz  et 
quarante  milliers  de  pouldres;  à  quoy,  je  vous 
prie  sur  tous  les  services  que  vous  me  sçauriez 
jamais  l'aire,  faire  faire  extresme  dilligence, 
et  n'y  perdre  ung  seul  quart  d'heure,  par  le 
chemyn  de  la  rivière  jusques  à  Monta rgis,  et 
mectre  tant  de  chevaulx  à  tirer  les  batteaulx 
qui  l'apporteront  nuict  et  jour,  que  l'on  les 
face  voler,  s'il  est  possible;  qui  est  tout  ce  que 
j'adjouteray  à  mon  autre  despesché,  après  vous 
avoir  asseuré  que  si  nous  avyons  lesdictz  ca- 
nons à  Orléans,  j'estimeroys  que  bien  lost  vous 
en  aurez  nouvelles  qui  vous  seroienl  fort 
agréables.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord, 
vous  avoir  en  sa  sainte  garde. 

Escriptà  Bloys,  le  viu'-'jour  de  février  1  50a 

(*563). 

Caterine. 
De  l'Aibespine. 


tenyrla  main  qu'il  soit  faicle  extresme  diligence 
et  au  demourant,  oultre  le  contenu  en  mon 
autrelectre,vou.sadvortirque,pourplusgrande 
seureté  de  la  ville  de  Paris,  je  trouveroys  bon 
que  vous  reguardassiez  si  vous  avez  moyen  de 
faire  quelques  enseignes  nouvelles  là  autour 
pour  mectre  dedans  ladicte  ville,  le  besoing 
s'offrant  de  les  arrester  et  faire  tenir  prestes 
le  plus  tost  que  vous  pourriez,  et  en  m'en 
advertissant  je  pourvoyray  à  leur  payement: 
mais  le  plus  lost  sera  le  meilleur.  Pryant  Dieu . 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez.  De 
Bloys,  ce  vni°jour  de  février  i  56a  (1 563 ). 
Voslre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1 5G3.  —  8  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français  ,  n°  32o3  ,  f"  3o. 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY, 

HilIKSCBAÏ.  DB  FRANCE. 

Mon  cousin,  aiant  nécessairement  besoing 
des  canons  dont  je  vous  ay  cejourd'hui  escrit, 
j'en  fais  encores  une  recharge  au  sr  de  Gonnor 
et  luy  mande  qu'il  fault  qu'ilz  soient  accom- 
paignez  de  quatre  mille  boulletz  et  quarante 
milliers  de  pouldre.  Ce  que  à  quoy  je  vous  prie 


1563.  —8  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  i63a  ,  f°  91. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANES, 

LIEUTENANT   GÉNÉRAL  DO  ROT    AU   GOUVERNEMENT   DE  ROCRGOGNE. 

Monsieur  de  Tavannes,  le  secrétaire  Mar- 
seille, qui  s'en  retourne  présentement  devers 
mon  cousin  le  duc  de  Nemours,  vous  dyra  au- 
cunes choses  de  la  part  du  Roy  monsieur  mon 
filz  et  de  la  myenne  coucernans  le  bien  de  son 
service,  suivant  la  charge  et  commandement 
très  exprès  qui  luy  en  a  esté  donné,  dont  je 
vous  prye  bien  fort  le  croyre,  comme  vous 
feriez  ma  propre  personne,  et  je  supplieray  le 
Créaleurvous  donner,  Monsieur  de  Tavannes, 
ce  que  désirez.  Escript  à  Bloys,  le  vine  jour 

de  février  1 56a. 

Caterine. 
Hobertet. 


1563.  — ■  9  lévrier. 
Bibl.  nal.  fonds  Colbert ,  n°  ai,  f'  ay. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

aJKVAUEïi  DE  J.-onnitE  DD  ROV   MONSIEUR  mon  FILS, 
CO.NSKILLKK  E\  SUN    COHSB2L  PBITÉ. 

Monsieur  de  Gonnort,  le  trésorier  Verdun 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


m'a  Paie)  entendre  que  vous  estyez  sur  le 
poincl  de  venyr  icy  nous  trouver,  mays  d'aul- 
tanl  que  depuys  que  vous  n'avez  eu  de  noz 
nouvelles  nous  avons  advisé  d'envoyer  mon 
cousin  le  cardinal  deGuyseà  Parys  pour  plu- 
sieurs choses  d'importance,  mes s  pour  le 

faicl  des  cent  mil  livres  de  renie  que  sçavez, 
et  qu'il  es)  nécessaire  que  vous  communicquyez 
avec  ln\  de  (oui  ce  que  vous  avez  faict;  à  cesle 
cause  je  vous  prye,  si  jà  vous  estyez  party  el 
mys  en  chemyn,  de  vous  en  voulloyr  incon- 
tinanl  retourner  audicl  Parys.  affin  de  y 
attendre  mondief  cousin  et,  si  n'estyez  party, 
vous  n'en  bougerez  qu'il  n'y  soyt  arrivé.  11  par- 
tira ccsl  après  disner  el  va  par  le  chemyn  de 
Pluvyers,  de  façon  que,  si  vous  estiez  en  che- 
myn, vous  ne  le  sçauryez  trouver  venant  par 
Chartres;  qui  est,  monsieur  de  Gonnorl,  tout 
ce  que  y  vous  diray  pour  ce  coup,  pryant 
Dieu  vous  avoyr  en  sa  garde. 

De  Bloys,  ce  ix'jour  de  février  i56a  (i563). 

Caterine. 

I  Di  sa  main.)  Je  vous  envoy  le  cardinal  de 
Guise  '  afin  de  fayre  paser  le  aydist  de  san  mile 
bans;  et  quant  à  set  que  m'avés  mendé  par 
Verdun,  je  suis  byen  ayse  de  sel  que  les  avés 
si  byen  disposés  etguardé  que  l'on  ne  lé  re- 
baille; et  quant  je  vous  voyré,  je  vous  conleré 
corne  loutles  chause  sont.  Breulé  sele  lelre  el 
ne  nie  alégué  poynt;  et  pour  fayre  la  pays, 
corne  me  mendés,  y  failli  par  nécésité  que  je 
demeure  ysi,  car  y  seurvient  san  chause  que, 
aystant  louin  de  l'armaye,  pour  l'amour  de 
Monsieur  de  Guise,  toul  sel  perderet. 

1  Louis  1"  de  Lorraine,  cardinal  de  Guise,  évèque 
de  Trpyes  et  de  Metz,  archevêque  d'Albi,  abbé  de  Saint- 
Victor  de  Paris,  né  le  i5  octobre  i5a7,  mort  à, Paris 
le  ■>'[  mars  1098. 


1563.  —  g  février. 

Copie.  Bilil.  nat.  Parlement .  n°  8/i ,  I*  9 
Imprimé  dans  les  l/emotra  de  Condért  IV,  p 

\  MESSIE!  RS  LES  GENS 

TENANS  LA  COURT  DE    PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  j'ay  faicl  loul  ce  que  j'ay  peu 
jusques  à  pré-cul  el  tenté  ions  moyens  pour 
cuider  mectre  fin  aux  troubles  de  ce  royaum 
el  u'ay  pardonné  à  chose  du  monde  pour  faire 
venir  à  la  raison  ceulx  qui  en  sonl  cause, 
comme  chascun  a  veu,  avec  le  hou  ayde,  con- 
seil, confort  et  secours  des  bons  serviteurs  du 
Roy  monsieur  mon  lils,  qui  n'y  ont  espargné 
la  vie;  mais  quelque  chose  qui  en  soit  sorty  et 
quelque  espérance  qu'il/,  ayenl  donnée  de  se 
recognoistre ,  je  y  voys  telle  et  si  peu  de  fiance 
que,  en  ne  négligeant  ce  qui  s'en  peult 
attendre,  j'ay  pensé,  comme  j'ay  tousjours 
faict,  qu'il  faull  que  le  Roy  mondict  fils  soit 
le  plus  fort;  el  pour  ceste  cause,  ay-je  pourveu 
qu'il  aura,  si  Dieu  plaist,  son  armée  si  grande 
au  dixième  mars1;  qu'il  luy  sera  a\sé  d'a- 
chever ce  qui  est  si  bien  commencé,  c'est  de 
réduire  les  choses  à  leur  bon  chemin  accous- 
tumé  à  l'honneur  de  Dieu  et  repos  de  son 
peuple;  mais  le  principal  est  que  argent  ne 
nous  faille;  en  quoy  nous  espérons  beaucoup 
du  party  que  vous  dira  mon  cousin  le  cardinal 
de  Guise  despesché  du  Roy  mondict  filz,  que 
je  vous  prie  croire  tout  ainsy  que  vous  feriez 
moy-mesmes"2.  Priant  Dieu,  Messieurs,  vous 
donner  ce  que  désirez. 

DeRloys.  le  ix°  jour  de  febvrier  1 50  2  (1 563). 

Caterine. 
De  l  Adbespine. 

'  D'après  le  cardinal  de  Guise,  l'armée  royale  devait 
compter  au  10  mars  12,000  chevaux,  22,000  hommes 
de  pied  •!  3,5oo  hommes  d'armes.  (Ibid.  p.  910.) 

'  Voy.  le  compte  rendu  de  la  séance  du  Parle ni  du 

1.3  février  et  le  discours  du  cardinal  de  Guise.  (Bibl.  nal 
Parlement,  n"  8-'i ,  p.  008  cl  suiv.) 


50:2 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1563.  —  1 1  février. 
Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3 19Ù ,  f1  a3. 

A  MESSIEDRS 

DE  MONTMORENCY, 

MARESCHAL   DE  FRANCE, 

ET 

DE  GONNOR. 

Messieurs,  encores  que  je  puisse  juger  par 
la  leclre  que  vous  m'avez  escripte  qu'il  y  a 
assez  de  difficulté  à  faire  venir  les  dix  canons, 
pouidres  et  boulletz  dont  je  vous  avois  escript, 
si  esse  que,  estans  nécessaire  pour  le  service 
du  Roy  monsieur  mon  lîlz,  j'envoie  vostrelectre 
à  mon  cousin  le  duc  de  Guyse  pour  la veoir 
et  après  vous  faire  sçavoir  ce  que  vous  devrez 
fayre,  et  ce  que  je  vous  prie  faire  en  toute 
dextérité  et  extresme  dilligence,  telle  que  vous 
aurez  veu  par  ma  seconde  lettre  que  nous  dési- 
rons. Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  donner  ce 
que  désirez.  De  Bloys,  le  ximc  febvrier  i56a 
(«563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  1 1  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  a/i5o,  p.  a5. 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  BOISY, 

CliàND  ESCUTBB  DE  FBiNCK. 

Mon  cousin,  pour  ce  que  je  désire  que  le 
chasleau  de  Chinon  soit  rendu  fort  et  en  estât 
suffizant  |iour  résister  aux  entreprinses  que  les 
séditieux  y  pourraient  faire,  je  vous  prie  comme 
celluy  qui  en  estes  cappitaine  regarder  à  ce 
qui  y  sera  de  besoing,  allin  de  faire  inconti- 
nent, mettre  la  main,  el  s'il  est  trouvé  que  pour 
la  réparation  dudict  chasteau  et  aultres  eboses 
déppendanles  de  là  il  faille  quelques  arbres, 
vous  adviserez  à  les  faire  prendre  en  la  fores t 


dudict  Chinon;  ce  que  m'asseurant  vous  n'ob- 
melerez  de  faire,  je  prie  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

Escript  à  Bloys,  le  xiejour  de  février  i  562 
(i563). 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1563.  —  12  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert ,  n°  si ,  f°  3o. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CPBTALlEr.    DE     L'OIIDBE    DC    BOÏ    MONSIEUR   SION    FILS. 
CONSEILLER  LPi   SON  CONSEIL  P1IIVB. 

Monsieur  de  Gonnord,  sur  les  entrefaictes 
du  voiage  de  mon  cousin  le  cardinal  de  Guise, 
le  général  Marras  •  est  arrivé  qui  nous  a  bien 
au  long  déclaré  ce  que  luy  avez  dict  et  donné 
charge  touchant  le  moyen  de  recouvrer  deniers, 
en  vendant  pour  cent  mille  escus  du  domaine 
de  l'Église,  et  cependant  faire  ung  autre  party 
d'autres  deux  cens  mille  livres  comme  le  pre- 
mier des  cent  mille  livres  jà  venduz,  ce  que 
nous  avons  trouvé  bon  icy;  mais  parce  que 
ledict  Malras  n'a  apporté  aucun  mémoire  de  la 
forme  de  l'édict  et  que  nous  ne  veoyons  pas 
assez  clair  en  cela,  il  m'a  semblé  que  nous 
devyons  actendre  à  nous  y  résouldre  après  que 
vous  aurez  sur  le  tout  bien  au  long  commu- 
niqué avec  moudict  cousin  le  cardinai  de 
Guise,  et  que  luy,  de  son  cousté,  vous  du 
vostre,  et  après  tous  ensemble  aurez  senty  et 
advisé  aussi  aux  moyens  qu'il  y  fauldra  tenir 
pour  sur  le  tout  faire  ung  bon  el  ample  nié-  ' 
moire  que  vous  nous  envoyerez  en  toute 
extresme  diligence,  dont  je  vous  prye  bien 
fort,  car  estant  mondiçt  cousin  le  cardinal 
party  bien  inslruict  de  nostre  intention  et  de 
ce  que  nous  désirons,  vous  pourrez  sur  le  lieu 

'   François  Rougier,  s'  de  Malras. 


LETTRES  DE  CATH 

vous  résouldre  de  ce  qui  sera  plus  faisable 
beaucoup  raieulx  que  nous  ne  ferions  icy,  et 
nous  en  advertissant,  nous  n'y  perdrons  point 
de  temps,  ny  aucune  occasion. 

Vous  m'avez  envoyé  par  ledicl  Malras  ung 
estatdela  despence  desdictz  six  cent  mille  livres 
provenans  desditz  cent  mille  livres;  mais  ledicl 
eslat  ne  contient  poinct  la  recepte,  et  je  veuix 
la  veokpar  le  menu,  pour  sçavoir  de  qui  elle 
a  esté  i'aiete  et  les  debtes  qui  y  son!  entrées, 
vous  prvant  ordonner  au  receveur  le  dresser 
et  le  m'envoyer  le  plus  tost  que  faire  se  pourra . 
trouvant  bon  aussi  que  vous  vous  aydiez  des 
escuries  des  Tournelles  pour  les  meulles  des 
pouldres,  actendanl  que  l'attelier  soit  faict, 
puisque  pour  si  peu  de  cliose  elles  se  peuvent 
après  rabiller,  et  l'ay  ainsi  dict  à  M.  le  grand 
escuyer,  et  cependant  ne  laissez  poinct  perdre 
de  temps  à  la  construction  dudict  attelier, 
puisque  vous  avez  jà  quinze  mille  franez  re- 
tenuz  pour  cela. 

Aussi  ai-je  mandé  à  mon  cousin  le  maréchal 
de  Montmorency  que  pour  la  seureté  des  places 
de  son  gouvernement  et  mesmes  de  Paris,  si 
l'ennemy  à  son  retour  de  Normandie  dresse  là , 
qu'il  lève  quelques  enseignes  oultre  les  forces 
que  l'on  luy  amènera  de  la  Normandye;  ce 
qu'il  ne  fera  que  au  besoing,  lequel  s'olliant, 
je  vous  prye  pour  chose  si  importante  ne  faire 
laulte  ne  difficulté  de  faire  fournil'  et  bailler 
les  deniers  qui- 'seront  pour  ce  nécessaires. 
comme  je  lui  escris  que  vous  ferez,  et  conti- 
nuez à  m'advertir  de  tout  ce  qui  surviendra. 

J'oublyois  à  vous  dire  qu'il  est  nécessaire 
que  vous  regardiez  au  payement  de  la  gendar- 
merie, que  j'ai  ordonné  se  trouver  auprès  de 
Sens  au  xc  de  mars,  et  principalement  de 
celuy  des  compaignyes  nouvelles  qui  lurent 
faictes  en  aoust,  qui  ont  tousjours  servy  depuis 
sans  avoir  touché  ung  Ivard,  et  qui  ne  sçau- 
roient  revenir  ni   demourer  au  camp  où  la 


ERINE  DE  MÉD1CIS. 


503 


pluspart  sont  suis  cela,  comme  m'escript  mon 
cousin  le  duc  de  Guise,  et  vous  sçavez  que 
nous  n'avons  de  riens  plus  affaire  que  de  ces 
gens  là.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnort, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Bloys.ce  su  jour  dé  îé\  rier  i  ÔGa  (i563). 
,  Caterim:. 

P.  S.  Depuis  cette  lettre  signée  et  preste  à 
partir  j'av  eu  encores  une  recharge  de  mon 
cousin  le  duc  de  Guize  pour  haster  les  dix 
canons,  pouldres  et  boullelz  dont  vous  ay  tant 
escript,  lesquelz  je  vous  prie  faire  monter 
jusques  à  Montargis  en  toute  dilligence  sans 
y  perdre  nuict  et  jour  ung  quart  d'heure;  et 
estant  là  il  donnera  ordre  que  les  chevaulx  du 
camp  les  ironL  quérir  avecques  l'aide  qui  se 
pourra  faire  de  vostre  cousté. 
De  l'Aibespine. 


1563. 


ta  février. 


Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbcrt.  n°  3go,  P  lig. 
In,|niiîi.j  dans  les  Additions  aux  Wénwira  de  ùutelnm,  t.  I,  i>.  79.5. 

\  MONSIEUR  DE  RENNES. 

Monsieur  de  Rennes,  par  vostre  lettre  du 
xn"  du  passé,  j'ay  seu  comme  l'Empereur  et 
le  roy  des  Romains  ont  pris  la  victoire  que 
vous  leur  feistes  entendre  de  nostre  part  et  la 
façon  dont  nous  avons  entendu  en  user;  qui 
m'a  esté  grand  plaisir;  et  vouldroys,  pour  grande 
satisfaction  de  mon  esprit,  que  tous  les  princes 
de  delà,  que  l'on  a  voulu  imprimer1  mal  des 
actions  dont  nous  avons  usé.  en  eussent  claire 
congnoissance;  car  ils  jugeraient  que  jamais 
roy  grand  et  puissant,  comme  cestuy  cy,  n'a 
eu  affaire  si  extraordinaire,  usé  de  plus  sage 
ne  plus  prudent  conseil,  pour  ayder  éviter  Le 
mal,  dont  il  a  pieu  à  Dieu  que  ayons  esté 
assailliz,  et  plustost  plus  faict  que  nous  ne 

1   Imprimer,  impressionner. 


r.o'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


devyons  de  doulceur  el  clémence  pour  rappeler 
ei  asseurer  cetilx  qui  se  sont  oublyez.  Dieu 
m;;i\  l  le  nombre  des  seigneurs,  gentilshommes 
et  autres  qui  sont  revenuz,  et  combien  de 
peuples,  ausquels  on  n'a  pas  dict  une  mau- 
vaise parolle;  et  depuis  la  bataille  mesme  n'a- 
vons jamais  esté  moins  pretz  de  les  embrasser 
et  réconcillier  que  auparavant.  Et  encores  que 
mon  cousin  le  prince  de  Condé  monstre  très 
bonne  volunlé  à  la  pacification  de  ce  royaume, 
et  que  pour  y  adviser  il  eust,  avec  le  congé  du 
Roy  monsieur  mon  fils,  mandé  deulx  des  prin- 
cipaulx  de  cculx  d'Orléans  pour  venir  parler 
à  luy,  comme  j'en  envoyois  deux  autres  devers 
mon  cousin  le  connestable,  i'amyrat  de  Cbas- 
tillon,  pour  rompre  ce  coup  là,  est  party  avec 
ce  qu'il  a  peu  amasser  de  cavallerie,  et  a  pris  le 
cbemyii  de  la  Normaudye,  pour  aller  quérir 
secours  des  Angloys,  etquelqu'argent,  qu'il  en 
actend  pour  le  payement  de  leurs  reytres, 
dont  je  ne  sçay  ce  qui  luy  réuscira;  mais  il  se 
peult  par  là  juger  qu'ilz  n'ont  pas  grande 
volunté  de  se  recongnoistre.  Il  es!  vray  que 
cependant  nosire  armée  n'a  pas  perdu  temps, 
ayant  forcé  le  portereau  d'Orléans  qu'ilz  avoient 
forfiffié,  el  pris  la  tour  du  bout  du  pont,  sur 
lequel  nos  gens  commencent  à  combattre  ceulx 
du  dedans,  lesquelz  sont  fort  empeschez  el  en 
dangerd'avoir  une  bonne  eslraicle  '.  Nostrcdiclc 
armée  ;i  aussi  pris  et  saisy  tous  les  ponlz  et 
passages  de  la  rivière  de  Loyre,  de  façon  que 
les  autres  n'y  peuvent  plus  retourner  et  croy 
que,  avecques  l'ayde  de  Dieu,  quelque  secours 
qu'ils  sepromectent  de  l'Angloys,  leurs  affaires 
ne  sonl  pas  pour  aller  cy  après  mieulx  qu'elles 
onl  fnicl  pour  le  passé.  Ce  sont  toutes  nos  nou- 
velles, par  où  j'ay  bien  voulu  vous  commencer 
ceste  lettre;  vous  advisant  au  surplus  que  j'ay 
receuvostre  autre  lettre  du  sxvi'dudictmoyspar 

Estraicte,  défaite. 


laquelle,  avec  ce  que  vous  m'en  touchez  en  la 
précédente,  j'ay  entendu  ce  que  vous  avez 
apprins  des  propos  du  mariage,  et  quelque 
chose  qui  se  praticqué  du  costé  d'Espaigne  au 
contraire  :  je  ne  puys  penser  que  l'eau  ne  leur 
vienne  à  la  bouche  par  delà,  désirant  bien 
que  dextrement  vous  nourissiez  cesl  espérance; 
seullement  touteffoys  au  roy  de  Bohème, 
quand  il  retournera  à  vous  parler  de  sa  fille, 
qu'il  entende  par  voz  responces  qu'elle  n'aura 
jamais  plus  d'heur,  ne  de  grandeur  que  cela, 
ne  luy  une  plus  seure  alliance;  non  pas  en 
termes  si  ouverlz,  mais  par  manière  de  devis, 
ainsi  qu'il  se  trouvera  plus  à  propos.  Cepen- 
pendanl  ce  me  sera  grand  plaisir  d'avoir  les 
pourtraietz  que  m'escrivez,  et  d'entendre 
comme  sera  prise  par  delà  la  poursuitte,  que 
y  est  allé  faire  Gusman,  de  cest  empire  nou- 
veau ]  de  quoy  je  suys  de  pieçà  advertye  et  de 
l'allée  de  Don  Loys  d'Avilla  pour  cet  effect?. 
El  là  dessuz  il  fault  que  vous  sçachez  que 
despuis  deux  jours  est  icy  arrivé  ung  gentil- 
homme, qui  dict  eslre  dépesché  de  l'Empe- 
reur3, avec  deux  lettres,  dont  vous  envoyé 
copie,  par  lesquelles,  comme  vous  verrez,  il 
demande  au  nom  des  estas  de  l'Empire,  la 
restitution  de  Metz,  Thou[l]  et  Verdun,  bien 
chaudement  et  expressément,  et  a  tellement 
conduict  son  voyage,  que  jamais  nous  n'avons 

1  Le  roi  d'Espagne  voulait  avoir  le  titre  d'empereur 
des  Indes.  —  Voy.  une  lellre  de  Souillarl,  un  de  nos 
agents  à  Rome,  à  l'évéque  de  Rennes.  (  Bibl.  nat.  Cinq 
cenls  Colbert,  n°  3o,4,  f°  aïo.) 

2  11  avait  élé  envoyé  à  cel  effet  à  Rome,  où  il  avait 
en  outre  mission  de  demander  une  dispense  pour  le  ma- 
riage du^prince  d'Espagne  avec  sa  lanle.  Le  i3  février 
il  n'était  point  encore  arrivé  à  Rome.  —  Voy.  une  lettre 
de  Lansac  du  a5  mars  1  563  dans  le  n°  3;i&  des  Cinn 
cents  Colbert,  p.  ag  i . 

3  Voy.  une  lettre  de  l'Empereur  et  la  réponse  du 
Parlement  dans  te  n°  84  du  Parlement,  p.  93  1 .  (Bibl. 
nat.) 


LETTRES   DE   CATHERINE   DE    MÉDICIS. 


505 


non  sceu,  qu'il  n'ayt  esté  à  la  porte  de  ce  chas- 
tenu,  dont  je  m'esbahys  grandement,  et  que 
cela  soil  ainsi  jia-si; .  sans  que  vous  en  ayez 
esté  adverty,  joinct  qu'il  dict  avoir  lettres  de 
pareille  substance  à  la  court  de  Parlement  de 
Paris,  que  ceuK,  qui  l'ont  dépesché  ',  esti- 
ment durant  la  minorité  du  Roy  monsieur 
mon  fils,  avoir  grand  moyen  en  cest  endroict, 
ijui  est  une  façon  de  faire  extraordinaire  et  que 
je' ne  puis  bien  concepvoir.  Pour  ce  désireré-je 
que.  avec  toute  la  peyne  et  dextérité  dont 
vous  \ous  pourrez  adviser,  vous  laciez  tout  ce 
qu'il  vous  sera  possible  pour  sçavoir  d'où  cela 
vient,  si  c'est  à  bon  essient,  et  de  par  qui  il 
est  po'ursuivy  ;  semblablement,  s'il  se  fait  aucun 
préparatifz  par  lesdicts  Estalz  pour  cesleffecl. 
comme  j'escriptz  à  mon  cousin  le  cardinal  de 
Lorraine  et  au  sieur  de  Lanssac,  que  j'estyme 
debvoir  éstre  aussi  prez  de  l'Empereur  au  temps 
mesmes  que  vous  aurez  ceste  lettre,  faire  de 
leur  pari,  afin  que  d'un  couslé  ou  d'autre  la 
vérité  en  soit    touchée  et  descouverte,  mais 

1  Dans  une  dépêche  Je  l'agent  anglais  Clough  à  Chai- 
loner,  ambassadeur  d'Angleterre  en  Espagne,  nous  lisons  : 
nLe  comte  d'Everstene  (Helfenstein),  qui  pendant  un  cer- 
tain temps  représenta  l'Empereur  en  Angleterre,  est 
maintenant  en  France  pour  demander,  au  nom  des  nobles 
de  l'Empire,  la  restitution  de  Metz,Toul  et  Verdun.  Ayant 
remis  sen  message  au  Parlement,  il  s'est  rendu  de  Paris 
à  la  cour  pour  en  obtenir  une  réponse.»  (  Calmdar  »/  State 
papers,  i563,  p.  190  et  191.)  — Voy.  les  détails  donnés 
par  Ghantonnay,  à  ce  sujet,  dans  les  Mémoires  de  Condé, 
édit.  de  1763,  t.  II,  p.  1 3a.  — De  son  coté  Smith  écrivait 
de  Blois,  le  12  février,  aux  membres  du  conseil  privé 
qu'ayant  appris  qu'un  ambassadeur  de  l'Empereur  était 
logé  tout  près  de  lui,  il  lui  avait  envoyé  un  de  ses  gens 
pour  lui  exprimer  le  désir  de  lui  présenter  ses  devoirs 
comme  à  un  ambassadeur  de  l'Empereur;  que,  touché  de 
cette  démarche,  il  lui  avait  fait  répondre  qu'il  n'était 
pas  un  ambassadeur,  mais  un  simple  envoyé;  et  que 
dans  un  long  entretien  qu'ils  avaient  eu,  il  lui  'avait 
avoué  qu'il  était  venu  pour  demander  la  restitution  de 
Metz,  Toul  et  Verdun.  (Calendar  of  State  papers,  1  563  ■ 
p.  i3g.) 

CiTHEBINE  DE  MÉDICIS. 1. 


pour  ma  particulière  satisfaction ,  je  vous  prie 
scruter  el  sonder  le  plus  profondément  que 
vous  pourrez,  pour  descouvrir  s'il  \  a  poincl 

en  cela  de  menée  secrelle,  qui  ne  soil  pas 
d'Allemaigne;  donl  vous  ne  vous  descouvrirez 
que  à  nous  mesme;  el  si  le  sieur  de  Lanssac 
esl  là,  lu\  en  pourrez  communicquer  aussy; 
d'aullant  que  je  luy  en  escripfz  semblablemenl 
et  de  ce  que  vous  pourrez  sur  le  tout  apprendre, 
m'advertirez  incontinanl  par  courrier  voilant, 
sans  perdre  une  seulle  heure  de  temps;  n'ayant 
pas  délibéré  faire  responce  audict  gentilhomme 
(jue  je  n'ay  la  vostre  el  celle  dudicl  sieur  de 
Lanssac  sur  cest  affaire.  Quant  aux  mar- 
chans  d'Ausbotirg  desquelz  m'avez  envoyé  li 
mémoire  de  ce  qui  leur  peuil  estre  deu,  je  l'ai 
f'aict  mectre  aux  mains  de  ceulx  des  finances 
pour  y  adviser,  et  pourront  estre  asseurez,  quant 
noz  affaires  le  pou  iront  porter,  ilz  seront  traictez 
et  salisi'aictz  comme  ilz  le  méritent;  pryant 
Dieu,  Monsieur  de  Hennés,  vous  donner  ce  que 
plus  désirez.  De  Bloys,  le  \n'  jour  de  fé- 
vrier 1  562  (  i563). 

Cateiune. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  il)  février. 
Orig.  BihI.  nal.  fonds  français,  u°  3ifi<V  1 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  MONTMORENCY, 

HABBSCBAL  Dfc  FRANCE. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  très  aise  d'entendre 
par  vostre  leclre  du  xiiic!,u'  le  bon  ordre  que 
vous  avez  donné  pour  Mante  et  aussi  pour 
loger  l'ambassadeur  de  l'Empereur  qui  ne 
mène  pas  si  grand  train  que  voz  fourriers  y 
soyent  empeschez.  Sur  la  dépesche  duquel  je 
désire  bien  estre  esclaircy  de  ce  que  avez 
escript  à  l'Aubespine  et  le  plus  tost  que  faire 

6S 


.Mi.; 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


se  pourra?  il  faict  tousjours  grande  instance 
d'aller  présenter  ses  lectres  à  Paris;  et  à  la 
fin,  luv  en  ilonneray  le  congé  sur  l'assurance 
que  j'av  au  préparatif  que  vous  y  avez  faict  et 
à  la  raison  qui  le  commande  ainsi;  qui  est 
tout  ce  que  j'av  à  vous  escripre,  après  vous 
avoir  prié,  mon  cousin,  faire  toute  dilligence 
pour  haster  les  canons  et  l'artillerye,  dont  je 
vous  ay  tant  escript.  Priant  Dieu,  mon  cousin, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde.  Escrip!  à  Bloys , 
le  wi"""'  jour  de  février  1  562  (t 563). 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  16  février. 

Qopie.  Reconl  office,  State  papers. 
A  TRES  H  tÙLTÈ  ET  TRÈS  EXCELLENTE  PRINCESSE 

XOSTRB  TRÈS  CHÈRE  ET  TRÈS  AMEB  SKCR  ET  COl'SINE 

LA  ROYNE  D'ANGLETERRE. 

Très-haulte  et  très-excellente  princesse, 
nostre  tiès-chère  et  très-amée  seur  et  cousine, 
salut.  Nous  avons  receu  la  lettre  de  créance 
que  nous  avez  escrite  par  le  sr  de  Somer, 
vostre  secrétaire,  présent  porteur,  retourné 
par  deçà  pour  les  mesmes  occasions  de  son 
premier  voyage,  et  entendu  ce  qu'il  nous  a 
dict  de  vostre  part.  Sur  quoy  il  remporte  du 
Roy  nostre  très-cher  seigneur  et  filz  responce 
à  votre  seconde  lettre  l,  qui  vous  fera  de  plus 
en   plus   congnoislre,    que   nous    ne    luv    en 

1   Voici  la  réponse  de  Charles  IX  : 

«Très-haulte  et  très-excellente  princesse,  nostre  très- 
chère  et  très-amée  sœur  et  cousine,  salut.  L'aultre 
voiage  que  le  sieur  de  Somer,  ung  de  vos  secrétaires, 
présent  porteur,  vint  devers  nous  sur  l'occasion  delà  pro- 
clamation faicte  à  Paris  au  mois  de  décembre  dernier, 
<jue  vous  prétendiez  contenir  publication  de  guerre  contre 
vous  et  voz  subgetz ,  nous  luv  feismes  faire  deslors  res- 
ponce que  nous  n'avions  eu  aucune  cognoissance  que 
telle  publication  èust  esté  faicte  et  ne  l'avions  jamais 
lairt  faire;  par  où  el  pu-  les  autres  desportements  dont 


dismes  lors  aultre  chose  que  la  vérité,  telle 
que  nous  avonz  estimé  que  vous  avez  deu 
croyre  d'une  princesse  qui  préfère  l'honneur 
et  sa  parolle  à  toutes  choses  du  monde  l;  qui 
nous  garde  vous  en  faire  plus  longue  lettre. 

nous  avons  tousjours  et  depuis  usé,  il  vous  est  aysé  à 
croyre  et  tout  le  monde  cognoistra  aussi  assez  que  nostre- 
dicte  responce  est  conforme  à  vostredicle  intention ,  chose 
qui  vous  devoit  tenir  plus  que  satisfaicte.  Et  toutesfois 
ayant  veu  par  la  lettre  qu'il  nous  a  présentée  de  vostre 
pari  du  x\vic  de  janvier  dernier,  que  ceste  opinion  vous 
dureencores,  et  désirez  que  vous  en  donnions  asseurance 
par  noz  lettres,  combien  que  la  parolle  d'ung  prince  tel 
que  nous  sommes ,  fortiffiée  de  celle  de  la  Royne  nostre 
très-chère  et  très-lionorée  dame  et  mère  qui  leit  de  par 
nous  ladicte  responce,  ayt  accostumée  d'estre  entre  les 
grands  princes  tenue  pour  le  plus  seur  tesmoignage 
que  l'on  en  puisse  prandre,  et  que  depuis  que  nous 
avons  commencé  à  parler,  nous  avons  apris  ,  avecq  l'ins- 
tinct des  Roys  nos  prédécesseurs  de  très-louable  mé- 
moire et  du  sang  dont  nous  sommes  sortis,  à  ne  dire  rien 
que  la  vérité,  et  rendre  nos  effects  conformes  à  nos  pa- 
rolles,  si  esse  que  voulant  mectre  toute  la  raison  de 
nostre  costé,  nous  avons  bien  voulu,  satisfaisant  au  con- 
tenu de  vostre  lettre ,  encores  vous  en  esclarcyr  et  asseurer 
que  nous  n'avons  point  faict  faire  ladicte  proclamation , 
et  telle  n'a  esté  aucunement  nostre  intention,  mais  en 
toutes  choses  chemyner  et  nous  desporter  sincèrement , 
et  comme  il  appartient  à  prince  d'honneur  et  de  vertu , 
tel  que  nous  trouveront  tous  ceulx  qui  auront  affaire  à 
nous.  Priant  à  tant  Dieu,  très-baulle  et  très-excellente 
princesse,  nostre  très-chère  el  Irès-amée  seur  el  cousine, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 

r-Escript  à  Bloys,  le  xvicjour  de  janvier  i56a  (i563). 

r'ClURLES.7) 

(Record  office,  State  papers,  France.) 

1  Le  i/i  janvier,  les  deux  envoyés,  Smith  et  Somer, 
demandèrent  à  Catherine  de  Médicis  une  explication  au 
sujet  d'une  proclamation  de  guerre  contre  les  Anglais, 
qui ,  le  1 1  décembre  dernier,  aurait  été  criée  dans  les  rues 
de  Paris.  La  reine  répondit  que  cette  proclamation  ne 
s'appliquait  qu'aux  étrangers  qui  avaient  porté  les  armes 
et  pour  les  mettre  en  demeure  de  se  retirer  hors  de 
France,  sous  peine  d'être  traités  comme  rebelles  et  en- 
nemis, et  qu'elle  n'avait  pas  connaissance  qu'aucune 
autre  proclamation  eût  été  publiée.  Somer  ayant  persisté 
à  soutenir  qu'il  y  avait  une  autre  proclamation  désignant 


LETTRES  DE  C  \ïll 

PryantDieu,  très-haulte  el  très-excellente  prin- 
cesse, aoslre  très-chère  el  très-amée  seur  el 
cousine,  vous  avoir  eu  sa  très-saincte  el  digne 
garde. 

Escripl  à  Bloys,le  xvi'jourde  février  i56a 
(t563). 

\  oslre  bonne  seur  et  cousine, 

Catf.rim:. 
De  l'Ai  bbspine. 


ÎRINE  DE   VIEDIC1S. 


50"7 


1 503.  —  1  (i  févi  ter. 

Oiig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  319^1 ,  f"  95. 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEIR  DE  DAMVILLE, 

AMIRAL    DE   FlIlM  l 

>Ioii  cousin,  présenlemenl  esl  arrivé  ce  por- 
lenr  secrétaire  de  mon  cousin  le  prince  de 
Gondé  avec  une  lectre  de  \ oslre  père  <|ue  vous 

tominativemenl  la  reine  d'Angleterre,  el  insinuant  que 
la  meilleure  satisfaction  à  donner  sérail  d'en  faire  une 
dans  un  sens  opposé,  Catherine  répliqua  que,  quant  à 
la  révocation  delà  proclamation,  elle  y  serait  disposée, 
si  Elisabeth  en  faisait  autant  de  son  coté.  —  Le  mercredi 
suivant,  dans  une  nouvelle  audience,  elle  dit  à  Smith  el 
à  Somer  que  le  Conseil  et  elle  s'étaient  assurés  qu'aucune 
proclamation  n'avait  été  faite,  el  qu'ainsi  il  n'y  avait  pas 
lieu  de  révoquer  ce  qui  n'avait  point  été  fait.  Sur  l'in- 
sistance de  Somer  à  maintenir  que  la  reine  sa  maîtresse 
était  certaine  de  la  publication  d'une  proclamation  contre 
elle  et   ses  sujets,  et  que  si  le  Roi  voulait  vraiment  la 
paix,  il  pouvait  faire  une  déclaration  dons  ce  sens  pour 
rectifier  tous  ces  bruits,  Catherine  repondit  qu'elle  ne 
pouvait  pas  dire  plus  qu'elle  n'avait  fait,  et  elle  appela 
en  témoignage  le  cardinal  de  Bourbon  el  le  duc  de  Mont- 
pensier,  qui  confirmèrent  son  dire.  Enfin  Smith,  soute- 
tenant  que  le  1 1  décembre  deux  proclamations  avaient 
été  faites,   l'une  dans  le  sens  indiqué,  l'autre  contre  la 
reine  sa    maîtresse,  la  désignant  comme  ayant   violé  sa 
loi,  Catherine,  sur  l'honneur,  déclara  qu'il   n'en  était 
rien,  ce  que  confirmèrent  le  roi,  le  duc  el  le  cardinal. 
(Dépêche  de  Smilh  et  de  Somer  à  Elisabeth,  dans  le 
Calendar  of  State  papers ,  1 563 ,  p.  62  etsuiv.) 


venez  et  par  icelle  entendrez  l'occasion  de  sa 
venue;  je  le  vous  ay  voulu  envoyer  avecques 
les  sieurs  de  Boucard  el  d'Eslernay,  affin  que 
tous  ensemble  ilz  communiqueal  avecques  le- 
dicl  prince  et  là  par  ensemble  ils  prennenl 
mu'  lionne  résolution  de  laquelle  il  retournera 
en  toute  diligence  advertir  vostredicl  père, 
estant  bien  d'advis  que  lesdicts  sieurs  de  Bou- 
card el  d'Esternaj  demeurent  là  jusques  à  ce 
(jue  il  soil  de  retour  devers  mondicl  cousin 
pour  luv  faire  entendre  ce  que  aurons  résolu 
à  Orléans.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

De    Bloys,  ce   xvi"   jour   de   lévrier   i562 
(1563)1. 


Vostre  bonne  cousine. 


Caterine. 


1   Voici  ce  qu'écrivait  Damville  à  sa  mère.  Madame  la 
connétable,  du  château  d'Onzain,à  la  date  du  i5  février  : 
rrSamedy  dernier  Sa  Mageslé  la  Royne  passa  icy  près  pour 
aller  voir  Monsieur  et  Madame  à  Amboise  où  je  fus  avec 
elle,  et  lors  me  comeuda  vous  présenter  ses  recomen- 
dalions  à   vostre  bonne  grâce  et  qu'elle  désire  autant 
la  deslivrance  et  brief  retour  de  mondict  s  ligneur  que 
vous-mesmes,  vous  pouvant  bien  lesmoigner,  Madame, 
que   despuis  qu'il    est  à    Orléans,  j'ay   cogneu   en   plu- 
sieurs  façons    plus  de  démonstrations  d'amytié  que  Sa 
Magesté  luy  porle  que  je  n'avois  faict  d'oparavant  son 
emprisonnement  et  qu'il   ne  tiendra  à  elle  qu'il  ne  soict 
bien  tost de  deçà.  Hier  au  soir  arriva  en  ce  lieu   devers 
Monsieur  le  Prince,  Bocal  et  Eslernay;  el  au  semblable 
Messieurs  d'Oisel  et  de  Limoges  arrivèrent  hier  à  Orléans 
devers   mondict  seigneur  le  connestable    pour  regarder 
tant  d'un  cousté  que  d'autre  le  moyen  de  les  fere  em- 
bouscher  et  parlementer  ensemble,  ce  qui  pourra  estre 
bien  tost  résolu,  m'estaot  advys  à  les  voir  qu'il  désirent 
la  pais.'!  En  terminant  il  demande  de  l'argent  à  la  conné- 
lable  :  r  Ne  pouvant  loucher  ung  seul  liard  de  ses  estats 
et  qu'il  luy  convyent  fere  fort  grant  despence  pour  entre- 
tenir et  tenir  maison  à  tous  ceulx  cpii  sont  icj  auprès  de 
luy  et  pour  la  garde  dudicl  Beigneur  Prince.  1  (Bibl.  nat. 
fonds  français,  n"  20.509,  f  26.)  —  Voy.  La  Borde, 
I  ie  d'Eléonore  de  Baye:  duc  d'Aumale,  Histoire  de  la  mai- 
son de  Condé. 


6!t. 


508 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


|  I  563.  —  i  7  février.) 

Aul.   Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  vol.  »4  ,  f  35. 

A  MONSIEUR  DE  GOMOR, 

CHEVALIER   DE    I  .'ORDRI    DU  ROY  MONSIEUR   MON   FILS  . 
CONSEILLER   EN  SON   CONSEIL  PRIVÉ. 

Vous  voyés  set  que  sete  letre  porte  '  ;  je  vous 
prie  y  salisfayre  promptement,  car  aultrement 
tout  demeure,  et  vous  fayré  perdre  la  plus 
belle  aucasion  tant  pour  la  vile  d'Orléans  que 
aultre  endroyt;  je  vous  prie  Tan  salisfayre  si 
byen  que  je  conèse  que  avés  reseu  la  pré- 
sante. 

Caterine. 


1 563.  —  1 7  février. 

Co]  i'     Bibl.  nat.  collect.  de  D.  Housseau,  t.  10. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDDE. 

Monsieur  le  comte,  j'entends  que  le  roy 
d'Espaigne  monsieur  mon  beau-filz  envoyé 
icy  devers  le  Roy  monsieur  mon  (Hz  le  s'  Don- 
Ernaud   filz   du  duc  d'Alve2,  personnage  de 

1  C'était  une  lettre  du  duc  de  Guise  datée  du  camp 
d'Orléans  le  1 6  février,  dans  laquelle  se  plaignant  de  la 
•  maigre  réponse  de  M'  deGonnortn,  ilexposait  à  la  Reine 
les  nécessités  de  son  armée  et  celles  de  l'armée  de  M.  da 
Brissac  en  Normandie  ,  ce  dernier  réclamant  de  l'artillerie 
pour  l'entreprise  de  Dieppe.  (Cinq  cents  Colbert,  n°  a 4  , 

3  Don  Hernando  de  Toledo,  grand  prieur  de  Castille, 
lils  naturel  du  duc  d'Albe,  envoyé  officiellement  pour 
complimenter  le  Roi  sur  la  victoire  de  Dreux,  mais  en 
réalité  pour  s'opposer  par  tous  les  moyens  à  la  paix  avec 
les  protestants  que  redoutait  Philippe  II ,  et  avec  pouvoir 
d'offrir  des  secours  de  toutes  sortes  pour  la  continuation 
de  la  guerre.  —  Voy.  les  instructions  qui  lui  furent  don- 
nées, dans  le  n°  1499  de  la  collection  Simancas(Arch.  nat.), 
pièce  i  ■!  ;  Lettre  de  l'ambassadeur  Cballoner  à  sir  John 
Mason  ( Calendar  of  State  pnpers ,  i563 ,  p.  85).  11  n'avait 
pas  encore  quitté  l'Espagne  le  1 8  février,  suivant  une 
lettre  de  Challoner  à  Cécil  (Calendar  of  State  papers. 
i563,  p.  i64).  Catherine  le  retint  longtemps  à  Bor- 
deaux, sous  prétexte  que  les  chemins  n'étaient  pas  sûrs, 


quallitle',  pour  le  visiter  ;  et  pour  ce  que  je 
désire  bien  que  par  les  lieux  où  il  passera,  il 
soit  favorablement  receu  et  recueilly,  je  vous 
prye  y  donner  de  vostre  part  l'ordre  qu'il  ap- 
partient, luy  faisant  et  faisant  faire  le  plus 
bonneste  recueil  que  vous  pourrez,  et  m'ad- 
vertir  en  toute  dilligence  du  jour  qu'il  sera 
arrivé,  les  traictes  qu'il  fera,  et  quand  il 
pourra  estre  icy,  affin  que  je  donne  ordre 
d'envoyer  quelcuu  au  devant  de  luy  pour  luy 
faire  l'honneur  qu'il  mérite  venant  de  ce  lieu 
là.  Priant  Dieu,  Monsieur  le  comte,  vous 
donner  ce  que  vous  désirez. 

De  Bloys,  le  XVIIe1  jour  de   février  1662 
(i563). 

Caterine. 
De  i.'Aubespine. 


1563.  —  17  février. 

Orig.  Dibl.  nat.  fonds  Colbert.  vol.  2/1 ,  f»  36. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DO  ROT  MONSIEUR  MON  FILS  , 
CONSELLLBR  EN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  le  sieur  de  Verdun 
présent  porteur  nous  a  rendu  fort  bon  compte 
et  par  le  menu  de  tout  ce  dont  l'aviez  chargé 
et  adverty  du  debvoir  et  dilligence  qui  se  faicl 
par  dellà  pour  le  recouvrement  et  avancement 
des  denyers  dont  nous  avons  tant  de  besoing, 
de  sorte  que  j'en  ay  eu  granteontantement;  et 
pour  ce  que  mon  cousin  le  cardinal  de  Guysc 
est  allé  par  dellà  pour  mesme  occasion  et  que 
j'attendz  de  son  voyage  une  bonne  et  utille 
résolution,  j'ay   remis  à  vous  faire  sur  telle 

et  qu'il  lui  fallait  une  escorte;  et  le  a3  février,  Chanton- 
nay  écrivait  :  k S'il  y  a  quelque  moyen  d'accord,  la  Revne 
conclura  à  ce  coup-cy,  et  peult-estre  se  hastera  avant  la 
venue  de  don  Hernando  de  Toledo,  doublant  qu'il  n'aye 
quelque  charge  du  Roy  noslre  maistre  pour  empêcher 
l'appoinctemenl.i  (Mémoires  de  Condé,  t.  II,  édit.  de 
17/1.3,  p.  i36.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


:>0'J 


chose  aucune  responce  jusques  à  ce  que  j'aye 

eu  de  voz  nouvelles  sur  celle  que  vous  porta 
de  nous  le  controlléur  générai  des  guerres, 
ayant  donné  charge  audict  sieur  de  Verdun 
vous  dire  aucunes  choses  de  ma  part  dont 
je  vous  prye  lecroyre,  comme  vous  feriez  moy- 
raesmes.  et  que  je  vous  attend/,  en  bonne  dévo- 
tion après  que  vous  aurez  donné  ordre  à  ce 
que  j'actendz  de  voslre  bonne  dextérité  el 
moyen,  avant  remis  à  vostre  arrivée  à  nous 
résouldre  sur  l'office  de  général  de  Paris. 
l'i  v  an!  Dieu ,  Monsieur  deGonnord,  vous  avoir 
en  >a  garde.  Escript  à  Bloys,  le  wu  jour  de 
février  i  562  (1 503). 

(Dr  sa  main.)  Je  n'é  pas  de  vos  novelles 
depuis  que  Maleras  est  veneu,  et  set  porteur 
nie  dicl  set  que  luy  avyés  comendé  et,  quant  à 
nos  novelles.  Monsieur  deGuise  dan  demayn  v 
fayré  belle  peur  à  Orléans.  Boucart  et  Sternaj 
sont  aveque  le  Prinse  de  Condé  et  lé  nostre 
aveque  Monsieur  le  conestable  qui  m'a,  depuis 
qu'i  sont  avequeluy,  envoyé  lesegretayredudist 
Prinse  pour  reseudre  la  veu  et  prèse  fort  Ma- 
dame la  Prinsesse  qu'ele  se  fase.  Je  croy 
qu'el  a  bêle  peur  de  nous  voyr  si  près  de  là 
san  son  congé;  mes  quant  demayn  nousauryon 
Orléans  je  sav  byen  que  pour  chaser  les  ays- 
tranger  y  nous  fault  la  pays  que  je  désire, 
mes  nous  l'aurion  bien  à  milleur  côndision 
tenant  la  ville.  Mé  recomendation  au  cardinal 
de  Guise,  nies  que  tou  deux  ayés  layst.  vené 
vous  en  ensemble;  hastés  lé  canon,  car  sela 

leur  fayra  haster. 

Catkrine. 


1563.  —  i  8  février. 
Orig.  Bibl.  uat.  Ciuq  cents  Colberl,  vol.  ai,  f'  38. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CfUHLIEF.    DE    L'OBDBE    DC    BOT    MOSSIELB    MON   FILS , 
CONSEILLEE   ES  SOS  CONSEIL  PBITE. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  pensoys  que  nous 


aurions  plus  tosl  vostre  responce  sur  ce  que 
je  vous  escrivis  par  le  contrerolleur  général 
des  guerres  pour  sçavoii-,  après  l'arrivée  par 
delà  de  mon  cousin  le  cardinal  de  Guise1,  ce 
que  auriez  peu  avancer  en  l'affaire  pour  le- 
quel il  \  esl  allé,  mais  jusques  à  cesle  heure 
il  n'en  est  poinl  de  nouvelles;  cependanl  il 
m'a  semblé  ne  devoir  tarder  renvoyer  ledicl 
sieur  de  Malras  par  delà,  pour  tousjours 
avancer  et  promouvoir  le  recouvrement  des 
deniers  qui  pourront  venir  des  deux  cens  mille 
livres  de  rente  qu'il  est  trouvé  bon  vendre: 
qui  est  si  bien  instruict  sur  cest  affaire  el  de 
mon  intention  que  je  m'en  remectray  sur  luy  . 
auquel  je  vous  prye  adjouster  foy  comme  à 
moy-mesmes.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Bloys,  le  x\me  jour  de  février    i56a 

(i563). 

Catekine. 

(De  sa  main.)  Je  vous  prie  voyr  set  que  je 
ayscrips  au  cardinal  de  Guise  et  au  premier 
Président2  et  considérer  de  combyen  ses  deus 

1  Louis  de   Lorraine,  cardinal  de  Guise    en   i 
archevêque  de  Sens  en  1 56i,  sacra  Henri  III  le  i3  fé- 
vrier 1573,  mourut  le  26  mars  1Ô78. 

-  Celle  lettre  n'a  pu  èlre  retrouvée,  mais  la  réponse 
du  président  de  Tliou  se  trouve  dans  le  n°  66 1  ô  du  fonds 
français, p.  4  ,  et  la  voici  en  partie  :  -Madame, j'ay  receu 
vostre  lettre  du  xvmc  de  ce  moys  et  entendu  par  \lr  de 
Haïras  ce  qu'il  vous  a  pieu  m'eslre  dit  de  voslre  part. 
Quant  au  premier  poinct  touchant  les  Angloys,  vous 
pourrez  estimer  pour  la  vérité  qu'il  n'y  a  personne  en  la 
compaignye  qui  ayt  pensé  que  l'on  deust  ou  peusl  mal 
prendre  ce  qui  en  est  escript  par  l'arrest,  parce  qm-  tons 
nos  registres  sont  pleins  de  pareilles  clauses,  toutes  les 
histoires  et  annales  de  France:  et  naguères  par  les  lettres 
qui  ont  esté  envoyées  en  votre  court  de  Parlement  pour 
vendre  cent  mil  livres  de  la  subvention  accordée  par  l'E- 
glise y  a  clause  pareille  à  celle  qui  est  portée  par  ledicl 
arrest,  qui  porte  par  exprès  ces  mots  (etmesmcs  1rs  ln- 
imciens  ennemys)  de  laquelle  toulefl'oys  l'on  n'a  faicl 
aucune  plainte,  combien  que  lesdictes  lettres  soient  leues, 
publiées  et  enregistrées  et  l'arrest  intervenu  sur  icelles  ayt 


510 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


poyns  que  je  luy  mende  mete  de  feu  aus  ays- 
toupes,  et  y  n'y  an  n'y  a  que  trop  d'aleumé.  Yl 
fauldret  plu  lot  chercher  de  l'aytyndre  que  de 
nu  si re  dé  tison  pour  le  mentenir,  car  y  me 
senbie  qu'i  ne  devesl  que  enseuivre  lé  letrc  pa- 
tente et  non  pas  y  ajeuté  de  ce  stile  du  procu- 
reur; car  y  ne  set  pas  bien  set  qu'i  fault  fayre 
en  matière  d'Estat.  J'en  parle  eun  peu  en  co- 
lère, car  je  ne  puis  teut  fayre  pour  ayseier  de 
mestre  le  Roy  mou  fils  et  le  reaume  en  repos, 
qui  n'y  an  n'y  é  qui  ne  me  remeue  plus  de 
ménaige  en  heun  heure  que  l'on  ne  saret  le 
rabiller  en  heun  an,  car  yl  y  a  tantost  tant 
que  nous  soumes  a  set  beau  pasetamps.  Quant 
à  moy,  je  an  sui  bien  lase,  ausi  este-vous; 
pour  se,  diste  au  premier  Président  qu'i  le 

fault  prontement  rabiller. 

Oaterine. 


1563.  —  18  février. 

Bihl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  vol.  ai,  f°  3g. 

A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  CARDINAL  DE  GUISE. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  très  aise  de  sçavoir 
par  rostre  lettre  du  xim  de  ce  moys,  que  je 
receuz  seullemeut  hyer,  que  vous  ayez  si  bien 

esté  imprimé.  Je  désireroys  fort  pour  les  causes  conte- 
nues en  vosdietes  lettres  qu'il  n'eust  esté  faict  aucune 
mention  par  l'arrestdu  \°  de  ce  moys;  touteflbys,puysque 
les  choses  sont  ainsi  advenues,  sans  y  avoir  mal  pensé  ,  ny 
avoir  eu  occasion  que  l'on  le  peust  trouver  mauvais,  l'on 
y  pourveuera  de  telle  sorte  qu'il  n'en  viendra  plus  aucune 
plaincte  ni  querelle.  Touchant  la  clause  concernant  les 
abolitions  ou  pardons,  ainsi  comme  je  vous  en  ay  escripl, 
il  a  esté  bien  amplement  discouru  et  disputé  de  ce  que 
l'on  eu  pouvoit  faire,  veu  la  calamité  du  temps  en  la- 
quelle il  a  pieu  à  Dieu  que  nous  soyons  tombez.  Nous  es- 
pérons  que,  ayant  entendu  ce  qui  vous  en  aura  esté 
récité  de  la  part  de  Monsieur  le  cardinal  de  Guise,  vous 
y  saurez  1res  bien  pourvoir  à  ce  que,  les  choses  eslans 
hors  de  difficulté  et  arrestées.il  soiteogneu  à  un  chascun 
par  où  ou  en  debvra  passer,  v 


disposé  la  court  de  Parlement  qu'elle  soit 
pour  accommoder  ce  que  nous  désirons  du 
clergé  pour  le  secours  dont  nous  avons  tant 
de  besoing.  Je  n'attendz  que  vostre  responce  à 
ce  que  je  vous  escripvis  par  le  conlrerolleur 
général  des  guerres,  les  mémoires  et  le  double 
de  l'esdicl  dernièrement  dépesché  pour  les 
cent  mille  livres  du  domayne  que  pensions 
seullement  vendre  du  revenu  de  l'Eglise  pour 
en  faire  faire  l'expédition.  Cependant  ayant 
trouvé  bon  que  l'on  se  serve  de  la  vente  en- 
cores  de  deux  cens  mille  livres  de  rente  dont 
ce  porteur  m'apporta  l'advis,  il  m'a  semblé 
bon,  pour  avancer  et  mieulx  préparer  les 
choses,  le  renvoyer  par  delà  amplement  ins- 
truicl  de  mon  intention,  dont  je  vous  prye  le 
crovre  comme  vous  feriez  moy-mesme,  qui  ay 
eu  grand  plaisir  d'entendre  que  ayez  fait  don- 
ner ordre  à  advancer  l'artillerie  et  munition 
que  nous  actendons  en  grande  dévotion. 
Quant  à  ce  que  vous  m'escrivez  estre  advenu  à 
Meaulx1,  je  n'ay  point  trouvé  dedans  vostre 
pacquet  de  lettres  de  mon  cousin  le  maréchal 
de  Montmorency,  par  où  je  devoys  sçavoir 
l'ordre  qui  y  a  esté  donné,  mais  je  vous  di- 
ray  bien  que  l'on  ne  sçauroit  trop  tost  y 
pourveoir,  avant,  pour  la  malladie  de  mon 
cousin  le  grand  prieur  vostre  frère,  envoyé 
par  l'advis  de  Monsieur  de  Guise  commission 
au  sieur  de  Pavan-  qui  est  par  delà  pour  y 
pourveoir,  ce  que,  je  croy,  lui  sera  mal-aisé, 
s'il  n'est  favorisé  de  ceulx  dudict  Paris,  et 
q'ilz  n'v  envoyent  une  bonne  trouppe  de 
leurs  gens  avec  ceulx  que  ledict  sieur  de  Pavan 

1  Vov.  l'ordonnance  du  maréchal  de  Montmorency  au 
prévôt  des  marchands  et  échevins  «sur l'avis  que  les  pro- 
lestants s'étoient  emparés  du  marché  de  Meaux  et  y 
estoyent  cantonnez,  à  ce  qu'ilz  ayent  à  faire  lever  par 
chaque  dizaine  le  plus  d'hommes  de  pied  et  de  cheval 
qui  se  pourra  pour  aller  secourir  les  habitans  de  Meaux. n 
(Bihl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  vol.  a5a,  f"  lll.) 

2  Charles  des  Coutles,  sr  de  Pavan. 


LETTRES  DE  CATH 

amassera   de  son  eousté.  Pryanl  Dieu,  mon 
cousin,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Bloys,  ce  xvnf  jour  de  febvrier  1 56a 
(i563). 

[De  sa  main.)  Mon  cousin,  j'é  veu  asteure 
l'aresl  que  la  Cour  ha  donné  sur  ié  letre  patente 
que  le  Roy  mon  (ils  leur  avesl  envoyé  pour 
sésir  lé  byens  de  seulx  qui  portet  encore  les 
armes,  mes  yl  i  ont  mis  seulx  qui  les  aunt 
portées  et  qui  aunt  heu  pardon  du  Roy  mon 
fils ,  si  ne  l'ont  ynteriné  et  présanté  à  la  Court; 
et  vous  save's  que  neul  de  seulx  qui  aunt  heu 
le  pardon  ne  leur  ay  ajouyn1  de  le  porter  à  la 
Court,  et  sete  close  serct  cause  d'en  fayre  re- 
meuer  beaucoup;  qui  est  cause  que  je  vous 
ay  voleu  ayscripre  set  mot,  afin  que  le  fasié 
rahiller,  au  par  heune  déclaration,  au  aultre- 
ment;  car  y  sambleret  que  le  Roy  mon  fils  ne 
leur  pourel  pardonner  san  le  consantement  de 
la  Court;  je  vous  prie  en  parler  au  premier 
Président  cl  qu'il  y  souit  promptement  re- 
médié. 

Vostre  lionne  cousine, 

CvTF.RINE. 


GRINE  DE  MÉDICIS. 


511 


15(53.  —  18  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  u"  3 18'.  .  I    ■'>■ 
A  MON  COUSIN 

W  LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY, 

GOUVERNEUR  BT  LIEUTENANT  GENERAL  DU  ROY  MONSIEUR  MON   FILZ 
EN   L'ISLB    DE   FRANCE. 

Mon  cousin,  encores  que  je  n'aie  point  eu 
de  voz  lectres  de  ce  qui  est  advenu  à  Meaulxel 
qui  m'a  tort  despieu,  j'estime  que,  aiant  con- 
sidéray  de  quelle  importance  cella  est,  vous  y 
aurez  incontinent  donné  ordre,  ce  que  je  vous 
prie  faire  avecques  toute  dilligence,  si  jà  n'a- 
voit  esté  fait,  afin  que  le  mal  n'empire.  J'avois 


fait  cv-devanl  expédier  une  commission  à  mon 
cousin  le  grand  prieur  pour  purger  quelques 
assemblées  que  I  on  m'avoil  escript  se  faire  en 
ces  quartiers  là,  lesquelles  ont  en  mou  advis 
produit  ces!  oraige,  et  depuis,  ayant sceu  l'ex- 
trémité de  sa  inalladie,  je  l'a  y  l'ail  addresserau 
s'de  Pavanpour  j  faire  ce  qu'il  pourra;  maiz 
j'estime  bien  que,  sans  eslre  aidé  des  forces 
de  Paris,  il  ne  luy  sera  pas  aisé,  s'ilzsonl  de- 
meurez dedans  le  marché;  qui  me  faicl  vous 
prier,  mon  cousin,  regardera  y  faire  toul  ce 
qu'il  sera  possible  à  ce  que  ceste  espine  soyl 
ostée  de  Paris;  j'en  escriptz  aux  prévosl  des 
marchans  et  eschevius  la  leclreque  je  vous  en- 
voie; faictes  y  selon  la  parfaicte  fiance  que  j'ay 
en  vous  et  si  bien  chaslier  ceulx  qui  en  soûl 
cause  que  l'exemple  contienne  les  autres. 

Au  demourant,  j'einoie  par  delà  le  s'  de 
Malras,  présent  porteur,  pour  l'occasion  qu'il 
vous  dira  et  de  mes  nouvelles,  dont  je  \oiis 
prie  le  croyre,  tout  ainsi  que  vous  feriez 
moy-mesmes.  Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous 
donner  ce  que  plus  désirez.  De  Rlois,  le  wnr 
jour  de  février  1 5 (Ï9  (  i  5G3). 

Ainsi  que  je  voullois  signer  ceste  lettre,  j'en 
ay  receu  deux  de  vous;  l'une  par  où  j'ay  veu 
l'ordre  que  vous  avez  donné  à  reprendre 
Meaulx,  dont  j'ay  eu  singulier  plaisir;  l'autre 
avecques  l'arrest  de  la  Court,  où  il  y  a  deux 
poinz  qui  m'ont  faschée,l'un  d'avoir  fait  men- 
tion des  Anglois,  et  l'autre  de  n'exceptei 
point  ceulx  qui  ont  pardon  du  Roy  monsieui 
mon  fils,  chose  que  j'enteridz  eslre  rabillée,  el 
en  escriptz  à  mon  cousin  le  cardinal  de  Guise 
el  au  premier  Président  en  parler  à  la  Court, 
comme  je  vous  prie  faire  de  vostre  pari. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


Ajouyn ,  enjoint. 


512 


LETTRES   DE   C AT II 


1563.  —  ig  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Colbert,  vol.  ai,  f°  /io. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  CARDINAL  DE  GUISE. 

Mou  cousin,  lout  à  ceste  heure  je  viens 
d'estrc  advertye  comme  hier  au  soir,  environ 
six  heures,  retournant  mon  cousin  le  duc  de 
Guise  vostre  frère  des  tranchées  el  ayant  desja 
repasse'  la  petite  rivière  de  Loyret,  pour  se 
retirer  en  son  logeis  à  cent  pas  de  là,  luy 
estant  seullement  aconipaigné  du  sieur  de 
Hostaing1,  ung  paillard  estant  derrière  une 
haie,  hien  monté,  luy  donna  ung  coup  de  pis- 
tolie  au  haut  de  l'espaulle  du  cousté  droit  qui 
a  passé  tout  à  travers2,  qui  m'est  l'extresme  et 
desplaisant  anuy  que  vous  povez  penser.  Ayant 
néantmoins  sceu  quant  et  quant  que  la  halle 
est  passée  oultre,  et,  pour  ce  premier  appareil , 
jugent  les  chirurgiens  que  le  coup  n'est  pas 
mortel,  qui  me  donne  quelque  confort,  d'au- 
tant mesmemeut  qu'il  ne  touche  point  aux  oz, 
ny  entre  dedans  le  coffre;  de  quoy  il  a  fallu 
que  je  vous  aye  adverty  pour  m'en  condoloir 
avecques  vous,  et  vous  prier,  mon  cousin,  ad- 
vertir  le  mareschal  de  Montmorency  et  le  sieur 
de  Gonnord,  aussi  tous  les  bons  serviteurs  du 
Rov  monsieur  mon  iilz,  à  ce  que,  pour  cest 
inconvénient,  il  n'adviene  là  aucun  désordre, 

1  Tristan  de  Rostaing.  —  Voy.  de  Thou,  Hist.  imiv. 
trad.  liv.  XXXIV. 

-  Voici  l'extrait  d'une  lettre  de  Robertet  au  duc  de 
Nemours,  écrite  de  Blois,  le  20  février,  où  après  lui 
avoir  annoncé  la  blessure  du  duc  de  Guise,  il  ajoute  : 
rBien  veulx-je  vous  advertir  comme  n'ayant  pas  quatre 
heures  que  je  l'ay  laissé  et  veu.  .Monsieur  Castellan  et 
M'  Vincent  m'ont  assuré  qu'il  n'en  aura  pas  le  mal  et 
qu'il  n'est  en  aucun  dangier  de  mourir.  Si  vous  le  veoyez, 
vous  ne  le  trouveriez  point  changé  de  visaige,  ny  de  sa 
constance  et  résollulion  accoustumée.»  (Bibl.  nat.  Cinq 
cents  Colbert,  n°  2a,  f°  ia.)  —  Voy.  une  lettre  de 
l'ambassadeur  Cbantonnay  dans  les  Mémoires  de  Conde, 
édit.  de  i743,  t.  II,  p.  i3i. 


ER1NE  DE  MEDIGIS. 

et  de  vostre  cousté  envoies  là,  en  toute  dilli- 

gence,  tout  le  secours  de  chirurgiens  et  autres 

aydes  que  vous  luy  pourrez  faire.  Priant  Dieu, 

mon  cousin ,  vous  donner  ce  que  désirez. 

De  Bloys,  ce  xixe  février  1662  (1 563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Mon  cousin,  encore  que  l'on 

m'aye  aseuré  que  le  coup  de  vostre  frère  n'est 

mortel,  si  ese  que  je  suis  si  troublé  que  je  ne 

se  que  je  fouys1;mès  je  vous  aseure  byen  que 

je  tneteré  tout  set  que  j'é  au  monde  et  de  cré- 

dist  et  de  puisanse  pour  m'en  vanger,  et  suis 

seure  que  Dieu  me  le  pardonnera. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  19  février. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  Colbert,  vol.  96.  f°  Ai. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHBVALIEH   DE  L'OBDBE   DU    ROY    MONSIEUR  MON    FILS  . 
CONSE1LLBB  BN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  vous  sçaurez  par  ce 
que  j'escriptz  à  mon  cousin  le  cardinal  de 
Guise  le  malheureux  inconvénient  advenu  à 
mon  cousin  le  duc  de  Guyse,  d'un  paillard  qui 
luy  a  donné  ung  coup  de  pistolle  en  passant, 
qui  est  une  meschancetté  si  exécrable  que  j'ay 
horreur  d'y  penser  el  que  j'espère  que  Nostre- 
Seigneur  en  fera  la  juste  vengeance  que  ung 
cas  si  scellera  mérite;  pour  cella  ne  dellaissez 
pas  de  haster  et  dilligenter  les  préparatifs  dont 
je  vous  av  escript  et  encores  plus  tost  les  avancer 
et  au  deiïiouran t  vous  emploier  par  delà  el 
empescher  que  cest  inconvénient  n'admène 
point  de  désordre;  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnord,  vous  donner  ce  que  désirés. 

De  Blois,  ce  xix"  février  i5G2  (1  563). 

(De  sa  main.)  Je  suis  si  faschaye  que  jenay 
1  Fouys,  fais. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDIGIS. 


,i- 


se  que  je  vous  douysdyre,  sinon  qui  me  coû- 
tera lout  sel  que  ha  le  Roy  mon  Bis  pour 
savoyr  qui  ha  faysi  fayre  sête  méchanseté  pour 
m'en  vanger,  el  s'il  anpiret  .  sel  que  Dieu  ne 
\eulle,  au  qui  ne  peu!  si  Losl  comender,  je  me 
délibère  envoyer  quérir  voslre  frère  el  léser  le 
maréchal  de  \iellevile  en  Normendie.  Pour 
l'houneur  de  Dieu,  guardé  que  sel  peuple  de 
Paris  ne  s'étone  el  fayte  haster  lé  canon.  Vous 
dirié  que  Dieu  nous  \eul\  du  lout  punir, 
car  nmis  ;i\tion  prest  à  nous  abueber1  en- 
semble. 

UvTERIiNE. 


1563.  —  iy  février. 

Bibl.  uat.  fonds  français,  n°  3iS5,  fJ  3o. 
A  MON  COUSIS 

MONSIEUR  DE  DAMVILLE, 


AMIRAL    DE   FEANCE. 


.Mon  cousin ,  je  vous  prie,  suyvant  ce  que  les 
sieurs  d'Oysel  et  évesque  de  Lymoges  vous  ont 
mandé,  ne  faillir  de  vous  en  venir  demain  à 
S'  Laurent- des-Eaulx2,  où  je  m'en  vois  disner, 
et  pour  ce  que  vous  estes  des  ostaiges  qui 
doibvent  aller  pour  vostre  père  qui  vient  icy, 
donnez  ordre  davant  à  la  surreté  du  Prince3, 
de  façon  qu'il  n'en  puisse  advenir  inconvénient. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa 
saiucte  et  digne  garde. 

De  Bloys,  le:  xixc  jour  de  février  i56a 
(i563). 

J'emmène  le  sieur  d'Oysel  avecques  moy. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1  Abucher,  aboucher. 

-  Loir-et-Cher,  arrondissement  de  Btois,  canton  de 
Bracieux.  t 

3  Le  Prince  de  Condé. 


CatHEBIMs  Lit  Mùiicis. 


1 503.  —  (  Du  i  g  au  s  !i  févi 
Aut.  Dihl.  D&l.  fond 

A  MON  COM 

MONSIEUR  LE  CONESTABLE. 

Mon  conpère,  je  vous  ranvoy  Lacoudre  pour 
l'amour  de  ma  cousine  Madame  de  Guise,  qui 
m'a  priée,  suivenl  la  requeste  que  m'a  fayste 
son  mari,  de  volouyr  donner  la  grant  mestrise 
lui  son  fils,  sel  que  n'é  voleu  fayre  que  pre- 

1   Celle  lettre  a  été  écrite  avant  la  mort  du   duc   de 
4  i  1 1  i  s  l'  - 

s  Par  lettres  du  27  février,  le  jeune  duc  obtint  le  gou- 
vernement de  Picardie,  tuais  la  grande  maîtrise  ne  lui  tut 
donnée  que  plus  tard ,  en  avril.  En  effet ,  Catherine  écrivail 
au  mois  de  mai  suivant  à  M.  de  Saint-Sulpîce.que,  sur 
la  prière  des  principaux  seigneurs  eleapi  lai  nés  de  l'armé  , 
elle  avait  accordé  la  grande  maîtrise  au  jeune  duc  de 
Cuise;  mais  que  le  connétable,  qui  était  prisonnier  à 
Orléans,  en  ayant  été  averli,  lui  avait  fait  demander  de 
la  remettre  entre  ses  mains,  s'appuyant  sur  une  promessi 
faite  du  temps  de  François  II;  qu'elle  lui  avait  répondu 
qu'elle  ne  la  ferait  dépécher  sans  eu  avoir  préalablement 
conféré  avec  lui  et  de  son  bon  gré,  qu'à  son  retour  ii 
avait  insisté,  mais  qu'elle  lui  avait  fait  entendre  qu'elli 
ne  pouvait  revenir  sur  une  parole  donnée;  ce  qu'en  ilil  la 
Reine  est  confirmé  par  une  dépèche  de  Chantonnay  à  la 
•  lin  liesse  de  Panne  du  0  avril  1  563  :  «Monsieur  le  con- 
11.  I.ilile  est  fort  mécontent  de  ce  que  la  Royne  fait  diffi- 
culté de  bailler  l'office  de  grand  maislre  au  maréchal  de 
Montmorency;  ces  Messieurs  de  Cuise  se  -nul  laissé  en- 
tendre que,  puisque  là  Royne  leur  avoit  donné  l'espoir  de 
pourveoir  les  estats  de  M.  de  Guise  à  son  filz  aisné  el  au 
second,  comme  précédamment  je  l'ay  escript,  ils  ne  se 
veulent  contenter  si  elle  ne  l'effectue,  et  le  connétable  est 
déterminé,  s'il  ne  change  d'opinion  à  partir  le  lendemain 
et  s'en  aller  à  sa  maison  pour  ne  plus  revenir.»  (  Archives 
impér.  de  Vienne.)  —  Le  1  2 ,  il  écrivait  à  la  ducb 
f  Le  ronneslable  est  parti  oujourd'hui  fort  mécontent.  La 
Royne  accorde  l'office  de  grand  maislre  à  \l.  de  Cuise, 
celui  de  chambellan  pour  son  frère,  celui  de  grand  ve- 
neur pour  M.  d'Aumale."  (Mémoires  tir  l.»»Je  édit.  de 

1763,  p.   lin,.)  —  Vov.   dépêche  de  l'ambassadeur 

colo  Tornabuoni,  dans  le  tome  III  des  Négociations 
avec  la  Toscane,  p.  âu6  .  et  une  dépèche  de  Middlemorc  à 
Cécil  dans  le  Calendar  of  Slate papers ,  l563,p.  387. 

65 


514 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


tnièrement  ne  le  vous  ay  fayst  entendre,  d'aul- 
lenl  i|ue,  à  ma  requête,  vous  en  désistés,  m'a- 
seurant  que  avinés  trop  Monsieur  de  Guise 
pour  ne  trover  bon  que  je  fase  tout  set  que  je 
pouré  pour  sesenfans,  \eu  encore  le  méchant 
hacte  que  Tons  ha  fayst  an  son  endroyt ,  aytant 
blésé  de  la  lason  et  an  faysant  servise  au  Roy 
mon  lils.  S'il  an  uavenet  forteuue,y  me  sanhle 
byeu  résonable  de  reconestre  en  ses  enfane 
ses  servise  et  scia  sera  aysample  pour  seulx  qui 
serviront  byen  le  Roy  mon  fils  et  qui  haunt1 
byen  servi  ses  pères  et  granl  pères.  Je  luy  ay 
donné  cherge  de  vous  en  parler;  je  désire  byen 
<]ii«-  se  souil  sans  témoyn,  set  que  je  m'aseure 
vous  acordera  madame  la  Prinsesse2  pour 
l'amour  de 

Voslre  bonne  counière  et  amye, 

Caterije. 


1563.  —  32  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n'J  3ao3 ,  ['  34. 

A  MON  COUSIN 

I     LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY, 

Mon  cousin,  je  croy  que  vous  ne  serez 
poinct  à  avoir  entendu  de  ceste  heure  la  mal- 
heureuse nouvelle  de  la  blessure  de  mon  cou- 
sin, Monsieur  de  Guyse,  ny  la  meschancelé  de 
iacle  qui  se  peult  dire  des  plus  malheureux 
qui  se  commist  jamais  en  France,  tant  y  a 
(jue  il  a  pieu  à  Dieu  eu  faire  savolunté,  n'y 
ayant  jamais  eu  moieu  de  le  sauiver  pour  le 
grand  coup  de  pistole  qu'il  avoit  dans  fespaulle 
droirle.  duquel  il  est  mort  dans  six  jours3;  et 

'    Haunt,  ont. 

Èléonore  de  Roye,  princesse  de  Coudé. 

\  m .  les  Lettre  do  Smith  à  la  reine  Elisabeth  (  Cakndar 
uj  State papers ,  i5G3,p.  1 56 et  i86);Lettrede  Coligny  à 
Elisabeth  pour  lui  annoncer  la  mort  du  duc  de  Guise,  dans 
le  t.  \1I  des  Archive»  de»  Missions;  Eslienne  Pasquier, 
lettre  20'  du  liv.  IV;  Complainte  du  chancelier  de  l'Hos- 


pour  ce  que  je  crains  que  cela  ayt  peu  donner 
occasion  à  ceulx  qui  ont  maulvaise  volunté  de 
la  faire  paroistre  et  s'esmouvoir,  je  vous  en  ay 
bien  voullu  en  toute  dilligence  adverlir,  altîn 
que  vous  y  pourvoiez  et  regardiez  qu'il  ne  s'en- 
trepreigne  riens  dans  vostre  gouvernement  pour 
ceste  occasion  qui  puisse  deffavoriser  lesalfaires 
du  Roy  monsieur  mon  filz;  car  je  vous  asseure 
qu'eucores  qu'il  ayt  perdu  l'un  des  plus  grands 
et  des  plus  dignes  ministres  qu'il  sçauroit  ja- 
mais avoir,  qu'il  n'a  pour  cela  perdu  riens  de 
sa  première  résolution,  ny  de  la  volunlé  qu'il 
a  tousjours  eue  de  conserver  son  auctorité  et 
obéyssauce  par  tout  son  royaume,  et  faire 
pugnir  et  chastier  ceulx  qui  la  luy  vouldront 
oster  ou  diminuer.  Et,  de  ma  part,  j'espère  que 

pilai  sur  la  mort  du  duc  de  Guise;  Brantôme  (son  article 
dans  la  Vie  des  grands  capitaines,  édit.  L.  Lalanne)  :  Rela- 
tion de  la  blessure  et  de  la  mort  du  duc  de  Guise  dans 
les  Archives  curieuses  de  Cimber  et  Danjou.  t.  V,  p.  167 
et  suiv.;  Lettre  de  Renée  de  Ferrare  à  Calvin  [Aid,  I.  V, 
p.  2 1  h  )  ;  Lettre  de  l'évèque  de  Riez  au  Roy  (  ibid.  p.  1 7 1)  ; 
de  Thou,  Hist.  unir.  t.  V,  p.  007  et  suiv.;  Le  La- 
boureur, Addit.  aux  Mémoires  de  Castelnau,  t.  II,  p.  201 
et  suiv.;  Lettre  du  cardinal  de  Lorraine  sur  la  mort  de  son 
frère  (Cinq  cents  Colberl,  n°  ai,  1"  rôg);  Lettre  du 
maréchal  de  Montmorency  à  la  Reine  sur  la  mort  du 
duc  de  Guise  (fonds  Rrienne,  n°  2o5,  f°  3iy). 

Robertet,  le  23  février,  écrivait  de  nouveau  au  duc 
de  Nemours  :  -Je  ne  sçay  par  quel  costé  je  vous  doy 
coraencer  ceste  lestie,  estant  si  affligé  que  je  ne  puys  ny 
respirer  ni  parler  ;  et  l'aueasion  vous  l'entendrez  par  ce 
porteur,  qui  vous  contera  tous  nos  maux,  et  pour  l'hon- 
neur de  Dieu,  Monseigneur,  résolvez  -  vous  à  venyr  et 
amenez  quant  et  vous  vos  forces,  car  nous  ne  savons  que 
c'est  que  ces  malheureux  icy  desseignent  de  faire,  après 
avoyr  fait  un  si  beau  coup,  dont  ilz  prennent  tant  de 
cueur  que  rien  plus;  mays  je  ne  pensera;  jamays  qu'il  y 
avt  un  Dieu,  si  je  ne  veoy  la  vengeance  de  ce  malheureux 
acte.  Vous  avez,  Monseigneur,  perdu  un  bon  amy,  des 
plus  seurs  que  vous  aurez  jamoys ,  et  moy  un  bon  maistre. 
C'est  pitié  que  de  ceste  pauvre  dame,  car  jamays  on  ne 
veyt  ung  tel  dueil,  et  a  bien  besoin  d'estre  consollée  et 
conseillée  en  ses  affaires."  (Bibl.  nal.  fonds  français, 
n°3i8o,  f°  62.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


ili 


Dieu  luy  fera  la  grâce  de  se  1  < *  conserver  avec 

l'ayde  de  tant  de  bons  et  grands  serviteurs  qui 

luy  sonl  encores  demeurez.  Vous  priant,  de 

rostre  pari  en  la  charge  que  vous  avez,  contenir 

loui  le  monde  en  bonne  volunté  el  n'obmectre 

un;;  seul  debvoir  de  ce  qui  sera  nécessaire  pour 

la  conservation  el  manutention  de  la  province 

qui  \ou-  esl  commise,  selon  la  parfaicte  fiance 

qu'il  en  a  de  vous.  Priant  Dieu,  mon  cousin. 

unis  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde1. 

Du  camp  de  Sl-Mesmyn,  ce  wncn"  jour  de 

février  i  56a  (1 563). 

\  ostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

RoBERTET. 


1563.  —  aa  février. 

Oritj.  Bilil.  nat.  fonds  français,   ii^  3196,   f°  18. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY. 

Mon  cousin,  estant  venu  au  camp  \eoir  mon 
cousin  le  duc  de  Guyse  blesse',  comme  vous 
avez  sceu  par  noz  lectres  dernières,  je  y  ay 
receu  deux  de  voz  lectres  des  xvm  et  xix  de  ce 
mois;  par  la  première  entendu  qu'il  y  aura 
moings  de  deux  canons  que  nous  n'espérions 
en  la  munition  que  nous  actendons  de  vous, 
laquelle  j'ay  esté  très  ayse  estre  jà  bien  ache- 
tnyuée  et  pour  la  recevoyr  a  esté  envoyé  à 
Montargis  et  pourveu  à  l'escorte  nécessaire. 
J'ay  aussy  sceu  que  mon  cousin  le  cardinal  de 
Guyse  a  disposé  le  Parlement  à  meilleur  che- 
myn  que  nous  ne  pensions.  Je  m'asseure  que 
vostre  moyen  et  l'affection  que  vous  portez  au 
service  du  Roy  monsieur  mon  lilz  y  ont  aussi 
bien  eeny  et  que,  en  ce  qui  le  regardera  et 
concernera,  vous  n'obmectrez  jamaiz  aucune 

1  Pareille  lettre  et  dans  les  mêmes  termes  fut  adressée 
par  la  Heine  à  M.  du  Lude,  lieutenant  général  en  Poitou. 
Voy.  cette  lettre  dans  le  n°  1  o  de  la  collection  de  D.  Ilous- 
seau  (BiM.  nat.  fonds  français,  n"  li-j^b). 


chose  de  soing,  devoir  et  vigillance,  comme 
|.i\  \  eu  aussi  par  vostre  dernière  lettré  ce  que 
vous  avez  faicl  pour  la  seurettéde  Compiègne; 
à  quo\  et  aux  autres  places  rie  vostre  gouver- 
nement, je  vous  prie,  mou  cousin,  pourveoir 
promptement  et  soigneusement  ;  car  nous 
sommes  de  présent  au  poinctque  les  autres  re- 
muent partout  pour  divertyr  et  troubler  l'ordre 
que  l'on  y  veull  mectre.  Et  pour  cesl  effect  esl 
besoing  que,  en  chasteau,  ville  el  passaige 
d'importance,  vous  mecliez  quelque  seur  et 
fidelle  gentilhomme  liors  de  toute  suspicion 
pour  y  commander,  et  selon  l'importance  du 
lieu  faire  que  les  villes  et  le  pays  \  entre- 
tiennent quelques  gens  pour  éviller  au  danger 
qui  y  pourrait  venir,  lesquelz  gentilzhommes 
se  pourront  ayder  aussi  des  peuples,  quant  il 
sera  besoing,  pour  rompre  et  empescher  les 
assemblées  et  entreprinses  des  meschans;  el  au 
demeurant,  mon  cousin,  pour  le  besoing  que 
en  pourrez  avoir,  vous  ay t  jà  escript  faire  lever 
tel  nombre  d'enseignes  que  vous  vouldrez  el 
au  sr  de  Gonnord  fournir  aux  denyers  pour  ce 
nécessaires;  qui  est  chose  qu'il  ne  l'ault  plus 
répetter,  estant  cella  remis  à  ce  que  vous  verrez 
estre  nécessaire  pour  le  service  du  Roy  mon- 
sieur mondict  fils;  et  à  ce  qu'il  n'ayt  aucun 
retardement,  j'en  escriptz  encores  audict  s'  de 
Gonnord  à  ce  qu'il  ne  facefaulte  d'y  l'aire  satis- 
faire. Pryant  Dieu,  mon  cousin,  vous  donner 
ce  que  désirez. 

Du   camp   près   Orléans,  le  xxin0  jour  de 
février  1 56a  (i 563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Cateiiine. 


1563.  —  a  3  février. 

Orig.  Bibt.   nat.    fonds  français,    n°  3ao3,  f°  aG. 
A  MON  COUSIN 

M"  LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  ce  que  ce  genlil- 

65. 


5 1 6 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDIC1S. 


homme  m'a  dicl  de  vostre  part;  à  quoy  j'ay 

l.iiri  responce  telle  que  vous  verrez  etsçaurez 

de  lu  y  ;  qui  me  gardera  vous  faire  plus  longue 

In  lie,  sinon  pour  vous  dire  que  je  congnoys 

(ous  les  jours  de  plus  en  plus  quelle  esl  l'affec- 

Ikiii  que  vous  âne  portez  et  au  bien  du  service 

du  Roy  monsieur  mon  filz,  que  je  u'oublyray 

jaraaiz.  Pryant  Dieu,  mon  cousin,  vous  donner 

ce  que   désirez.  Du   camp   près  Orléans,  le 

\\niIM"  jour  de  lévrier  i5Ô2  ( 1 5 G 3 ) . 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  ah  février. 
Bibl.  nat.  niïs.  Collect.  d"  D.  Housscau,  1. 10. 

\  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE. 

Monsieur  duLud.de;  j'ay  entendu  par  une 
lettre  que  le  sr  de  Montpezat  a  escript  à  muii 
cousin  le  duc  de  Guyse,  comme  il  a  quelques 
,id\is  qu'il  se  faict  quelques  assemblées  auBas- 
Poictou,  dont  vous  ayant  donné  adverlissement, 
je  nedoubte  point  que  vous  n'y  ayezpourveu.En 
tout  événement,  je  n'ay  voullu  faillir  de  vous 
fairece  motpour  vous  en  raffreschirla  mémoyre, 
allin  que ,  s'il  est  vray,  vous  regardiez  avec  vostre 
compaignye,  celle  dudict  sr  de  Montpezat  à  qui 
j'escrips  d'eu  adviser  avec  vous,  si  cela  con- 
tinue, quel  remedde  il  y  fauldra  tenir;  ne 
doublant  poinct  qu'avec  voz  deux  compaignics 
el  les  autres  forces  qui  sont  en  Poictou,  vous 
n'ayez  bien  le  moyen  de  les  rompre,  n'ob- 
mectre  ung  seul  debvoir  de  ce  qui  sera  néces- 
saire pour  la  conservation  et  manutention  de  la 
province  qui  vous  est  commise  selon  la  parfaicte 

li :(•  qu'il  en  a  de  vous.  Priant  Dieu,  mon 

cousin,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne  garde. 

Du  camp  de  S'-Mesmyn ,  ce  xxim0  jour  de 

février  i562  (i  563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1563.  —  a5  février. 

Aut.  Arch.  de  Turin. 
A  MADAME  MA  SEUR 

LA  DUCHESSE  DE  SAVOIE. 

Madame,  après  avoyr  heu  beaucoup  de 
fason  de  mal  et  de  pertes  et  avoyr  mis  pouine 
en  tout  set  que  je  avès  peu  d'aseurer  el  fayre 
conestre  la  vérité  de  inoy  à  ses  signeurs  et  que 
tous ,  depuis  la  mort  du  roy  de  Navarre ,  s'étoynt 
remis  avequemoy,  corne  je  lepeus  désirer  pour 
le  servise  du  Roy  mon  fils  et  pour  mon  parti- 
culier, pour  vivre  en  servant  au  Roy  mon  fils  et 
au  réaume ,  aveque  repos  de  panser  que  yl  euse 
coneu  la  vérité  et  qui  m'ayderet,  san  s'oposer 
:  à  nies  action ,  à  conserver  cet  povre  réaume  et 
à  l'apéser,  chause  que  je  avès  tousjour  désiraye 
et  que  je  conésès  aystre  nésésère  pour  le  byen 
et  repos  de  set  réaume  que  l'eussions  tous 
heunis  et  non  divisés,  corne  le  roy  de  Navarre, 
tant  qu'il  a  véqueu,  metet  pouine  de  nous 
menlenir;  et  asteure  que  je  avès  tout  remis  en 
nainityé  aveque  moy  et  qui  désiret  tous  heunne 
bonne  pays,  Dieu  m'a  voleu  encore  toucher  et 
set  povre  réaume,  en  nous  aultent  selui  là  qui 
aystoyt  demeuré  seul  et  qui  s'étoyt  du  tout  dédié 
au  Roy  mon  Glz  et  à  seuyvre  ma  volanlé,  qui 
ayst  Monsieur  de  Guise,  par  la  plus  malheu- 
reuse et  meschanle  fason  que  l'on  pourèt  inma- 
giner;  car  s'et  heun  méchant  qui  l'y  a  donné 
heun  coup  de  pistolet  par  daryère  et  il  an 
net1  mort  en  sine  jours;  et  ayenl  parlé  à  se 
malheureus  qui  l'eut  pryns,  corne  vous  contera 
Serisole  présant  porteur,  y  m'a  disl,  san  qu'il 
est  aysté  menasé,  que  l'amiral  luy  a  donné  sant 
ayeeu  pour  fayre  set  méchant  coup  et  qu'i 
n'y  volet  pas  venir,  mes  que  Bèze2  et  heun 

1  //  an  net,  il  en  est. 

-  Théodore  de  Bèze,  né  à  Vezelay  (Yonne),  le  ail  juin 
ij  19,  mort  à  Genève,  le  1 3  octobre  i6o5.  —  Voy.  son  ar- 
ticle dans  la  France  prolestante.  La  Bibliothèque  nationale 


LETTRES  DE  CATH 

au! Ire  prédicant  et  Despina  '  l'on)  prêché  et 
l'y  onl  aseuré  que  si  le  fayset  qu'il  yrel  en 
paradis;  et  que  voyant  sela  y  si'  délibéra  de 
l'esécouter2;  et  davantage  que  ledist  amiral  en 
na  dépêché  soysante  pour  teuer  ledisl  Mon- 
sieur de  Guise,  I''  (lui-  de  Monpensier,  San- 
Sipierre3  el  moy  el  que  je  fayré  byende  fayre 
guarder  mes  enfans  et  prendre  guarde  à  ma 
personne,  car  y  meaysoyl"  ynfinimenl  el  entre 
1rs  autres  \l  an  na  nomé  heun  Rousseau  qui 
depuis  ver  ha  aysté  prin  dans  la  court  du  chas- 
se i;i.>\ s.  Se  u'étoyt  plulx  pour  Monsieur 
de  Guise;  car  5  moureut  yer5  et  ne  atisi  pour 
moy,  car  je  suis  ysi  au  camp,  mes  mes  enfans 
sont  à  Bloys.  Velà,  Madame,  come  set  homme 
de  byen,  qui  dist  qui  ne  fest  ryen  que  pour  la 
relygion,   y  nous  veult   dépêcher;  néanmoyn 
sela,  jesuys  après  àreguarderde  fayreheunne 
pays,  car  je  voy  hven  que,  durant  sesy,  y  me 
leuret  à  la  fin  mes  enfans  et  nous  destiteuré 
tout  lé  jean  de  byen;  car,  y  fault  dire  la 
vérité,  nous  avons  fayst  heunne  grant  perte  en 
-et  homme,  cars'étoyt  le  plus  grant  capitayne 
qui  souyt  en  se  royaume  et  ne  se  come  nous 
affayres  yront,  sel  la  guerre  dure;  car  Monsieur 
le  conestable    ayst    dans    Orléans  et  n'avons 
homme  pour  comender  en   tele  armaye  que 

possède  plusieurs  de  ses  lettres  éparses  dans  divers  re- 
cueils. Le  Bulletin  de  la  Société  de  l'histoire  du  ■proie 
lame  en  a  imprimé  un  certain  nombre.  —  Voy.  la  réponse 
de  Coligny  aux  accusations  portées  par  Poltrol ,  et  celle  de 
de  Bèze  dans  VHist.  ecclés,  des  églises  r  lit.  de 

Lille,  iS'ii,  t.  II,  p.   179  et  1  Si,  et  dans  le  n"  2 '1 16  1 
du  fonds  français,  f°  83. 

1  Jean  de  PEspine,  un  des  ministres  qui  assistaient 
au  colloque  de  Poissy.  —  Voy.  son  article  dans  la  F 
protestante,  t.  VII,  p.  37. 

!  L'esécouter,  l'exécuter. 

3  Philibert  de  Marsilly,  s*  de  Cipierre ,  mort  à  Liège  en 
septembre  l565-;  il  fut  gouverneur  de  Charles  IX  et,  après 
la  paix  d'Arnboise,  il  commanda  à  Orléans. 

1  Aysoyt,  haïssait. 

5  Le  ai  février. 


ERINE  DE  MÉDICIS.  .">17 

le  maréchal  de  Brissac  (pie  j'é  envoyé  quérir, 
encore  qu'i  souyl  ynpotant;  et  en  setpendent 
il  fault  que  j''  comende  et  fase  le  capytaine. 
Je  vous  layse  à  panser  come  je  snys  à  monayse; 
-cl  je  ausè1  vous  suplier  encore,  je  le  fayrès 
volontier,  de  \ous  envenyr  et  Monsieur   de 
Savoye,  car  set  avons   la    pays  vous   nous   \ 
aideré   à    beaucoup  de  chause;   si  la   guère 
dure,  je  vous  layse  panser  conbyen  Monsieui 
de  Savoye  nous  sera  nécésère  el  vous  aveque 
luy  et  l'aublygalion  en  quoy  tou  deus  ni 
le  Roy  voslre  nepveu  et  tout  set  royaume  que 
à   l'eure  que  nous  soumes  délésés  el  aban- 
donnés de  tout  le  inonde,  que  vous  ayez  heun 
peu  yncomodé  mis  afayres  pour  venyr  secourir 
ses  povres  enfans.  Madame,  je  se  trop  come 
m'aymés  et  tout  sel  qui  vient  du  Roy  monsi- 
gneurvostre  frère  pour  ne  nous  volouyr  secourir 
|    de  tout  set  que  pourés  et  set  que  je  vous  prie. 
se  n'é  que  la  présanse  de  vous  deus;  car  je 
m'aseure  qu'ele  servira  de  tant  que  vous  seré 
byen  ayse  d'estre  cause  de  sauver  vostre  patrie 
el  vostre  mesme  sanc.  Je  vous  suplie,  Madami 

er  et  me  mander  sel  que  en  douj  I  i 
rer  la  plu  sforleunée  du  monde  qui  esl 

Vostre  très  humble  et  très  hobéissante 

seur, 

Caterine. 

Je  vous  suplie  que  sete  letre  souil    pour 
Monsieur  de  Savoye  ausi. 


1563.  —   2  5  février. 

Orig.  Bibl.  Dat.  fonda  français,  n°  3ao3.  f' a8. 

A   MON  COUSIN 

M"  LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY. 

Mon  cousin,  pour  ce  que  je  crains  que  la 
nouvelle  de  la  mort  de  mon  cousin  le  duc  de 
Guyse  n'admeyne  quelque  désordre  pardellà, 


Set 


je  nusr .  si  | 


518 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


j'av  advisé  en  escripre  à  eeulx  de  ia  court  de 
parlement  et  au  Pre'vost  des  niar  hans  et 
esclievyns,  ausquelz  je  vous  prye  faire  tenir 
nies  lectres  et  bien  faire  entendre  partout  le 
dolloreulx  ennuy  que  le  Roy  monsieur  mon 
filz  et  moy  sentons  d'une  telle  perte  et  tenyr 
îiKiin  qu'elle  n'ameyne  aucun  de'sordre,  les 
asseurant  que  nous  avons  résolu  de  nous  en 
resseulyr  et  avecques  l'ayde  de  Dieu  en  avoyr 
la  juste  vengeance  que  me'rile  ung  acte  si 
malheureulx  et  détestable;  ayant  receu  présen- 
tement vostre  lectre  du  xxn°  de  ce  moys,  à 
quoy  n'eschet  autre  responce.  Pryant  Dieu, 
mon  cousin,  vous  donner  ce  que  désirez.  Du 
camp  près  Orléans,  le  xxve jourde  février  1 56a 
(i563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebine. 


1563.  —  37  février. 

Bibl.  nat.  fonds  Colbert.  vol.  ai,  f,J  hh. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'OBDRE    DU    BOT    MONSIEUR    MON   FILZ, 
CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  vous  renvoie  Pré- 
vost vostre  secrétaire,  présent  porteur,  lequel 
vous  rendra  compte  de  tout  ce  que  je  vous  pour- 
rois  escripre,  n'ayant  riens  à  y  adjouster,  sinon 
vous  prier  avancer  ce  recouvrement  de  deniers 
le  plus  tost  que  vous  pourrez  et  penser  que ,  cella 
ainsi  bien  acheminé,  il  est  plus  que  nécessaire 
de  faire  nostre  estât  et  regarder  quelz  deniers 
nous  pourrons  emploier  ceste  année  aux  répa- 
rations de  noz  places  et  aussi  qu'il  soit  pourveu 
à  remplir  de  vivres  celles  dont  on  a  mangé 
les  munitions,  comme  je  l'ay  dict  à  vostredict 
secrétaire.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonuor, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

Du  camp,  le  xxvu°  de  febvrier  i56a  (1 563). 

[De  sa  main.)  Je  vous  prie  aseurer  seulx  de 


la  ville  de  Paris  que  je  ne  se  qui  veule  dire 
que  l'on  leur  a  fayst  acroyre  que  je  andeure 
que  l'on  me  die  mal  d'eulx,  car  je  n'an  n'é 
poynt  heuy  parler,  ni  veu  personne  qui  s'i 
souyt  ayseyé  et  au  contrère  vous  leur  pouré 
dire ,  et  si  me  fayré  fort  grant  plésir  de  le  fayre , 
que  je  leur  prie  de  s'aseurer  que  je  ne  désire 
rien  tant  que  leur  conservation  et  les  entertenir 
en  la  bonne  grase  du  Roy  mon  fils  comme  ses 
bons  seugés  et  que  beaucoup  leur  aunt  voleu 
fayre  acroyre  le  contrère,  mes  qu'i  coneslron 
que  y  l'ont  fayst  pour  leur  particoulier  et  que 
de  moy  je  n'an  né  que  seluy  du  Roy  mon  fils 
et  que  ausi  je  ne  veulx  poynt  que  personne 
panse  que  je  veulx  l'amityé  de  quel  qu'isouit 
que  pour  son  servise;  car  seulx  que  je  con- 
nestré  qui  ne  dépanderon  que  de  lu  y,  je  les 
aymeré,non  comme  ses  sugés,  mes  corne  mes 
enfans;  et  aussi  m'aseure  qui  m'émeront 
comme  sela  qui  ne  désire  que  le  byen  et  la 
conservation  du  royaume,  car  je  voldrès  mourir 
pour  sela.  Distes  ausi  au  premier  Président 
corne  je  l'ayme  et  aystime  et  que  je  conès  de 
combien  y  sert  au  lieu  qu'il  ha. 

CiTERUiE. 

1563.  —  27  février. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3310,,  P  5a. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE   DU  ROI    MONSIEUR  MON  FILS  , 
CONSEILLER   BN   SON  CONSEIL  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnor,  Serres1,  qui  est  icy 
auprès  de  moy  en  ce  camp  et  armée,  m'a 
remonstré  comme  le  grant  magazin  que,  de 
vostre  ordonnance  et  commandement,  il  a  faict 
construire  et  édiffier  en  la  citadelle  de  la  ville 

1  De  Serres,  commissaire  des  vivres,  surintendant  des 
fortifications,  et  qui,  d'après  Brantôme,  «avoit  vu  toutes 
les  guerres  de  son  temps  en  Piémont  et  Toscane.»  (Bran- 
tôme, édit  de  L.  Lalanne,  article  Guite.) 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


",  1 9 


de  Calais  ajà,  tout  descouverl  el  sans  combles, 
enduré  l'injure  de  deux  hyvers,  tellement  que, 
à  l'occasion  de  ce,  et  des  grandes  pluyes  qui 
sont  tombées  sur  les  ca\es  d'iceiuy,  commence 
fort  à  se  dépérir  el  gaster;  et,  qui  plus  est, 
menasse  d'une  totalle  ruyne,  si  promptement 
h  j  est  pourveu;  et  que  le  remède  en  cela  gist 
en  la  somme  de  cinq  mil  livres,  qui  n'est  pas 
grant  chose  pour  sauver  ung  oavraige  estimé 
par  tous  ceulx  qui  le  voyent  plus  de  six 
vingtz  mil  livres,  et  est  nécessaire,  au  lieu  où 
il  est  situé,  de  plus  de  deux  cens  mil,  attendu 
que  c'est  pour  mectre  tous  les  vivres  el  muni- 
tions de  Indicte  ville,  pour  la  conservation  et 
deffense  d'icelle.  Et  pour  ce,  Monsieur  de  Gon- 
nor,  que  je  désire  qu'il  y  soit  promptement  pour- 
veu  et  remédyé,  pour  obvier  à  ce  que  dessus,  je 
vous  prie  bien  tort  voulloir  l'aire  délivrer  comp- 
tant lesdictes  cinq  mil  livres  es  mains  du  tré- 
sorier des  réparations  et  advitaillement  de 
Picardye,  pour  les  convertir  et  employer  à  la 
construction  et  couverture  dudict  magazin, 
affin  que.  cest  été,  ledict  de  Serres  y  puisse 
faire  loger  tous  les  bledz^,  farines  el  vins  or- 
donnez pour  ravitaillement  et  munition  de 
ladicte  place,  car  autrement,  outre  que  ledict 
magazin  seroit  du  tout  perdu,  les  bledz  et 
farines  qui  sont  audict  Calais  logés  en  divers 
endroictz  se  dymineuroient  grandement,  à 
l'occasion  de  ce  que  la  plus  part  sont  mal 
logez,  et  si  faultq'ue  le  Roy  monsieur  mon  fils 
en  paye  le  louaige  chacune  année. 

Vous  disant  à  Dieu,  Monsieur  de  Gonnor, 
lequel  je  prie  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Du  camp  devant  Orléans,  le  xxvn"  jour  de 
février  i56a  (1 563). 


Catebink. 


De  l'Aubespine. 


1563.  —  Fin  février. 

Aut.  lîibl.  nat.  fonds  français,  n"  3aga,  I    3s. 
A  MA  COUSINE 

«ADAME  LA  DUCHESSE  DE  C\  [SE. 

Ma  cousine,  j'é  veu  vostre  lectre  que  m'a 
aporté  se!  porteur  et  vous  prie  ne  vous  donner 
pouine  de  set  que  vous  av  promis,  car  je  vous 
le  promès  encore  qu'i  n'auié  homme,  ni  per- 
sonne de  quelque  qualité  qui  puyse  aystre,  qui 
me  seut  empêcher  ay  guarder  que  vostre  lilz 
ne  l'aye,  et  vous  prie  seulement  avoyr  heun 
peu  de  pasiense  que  je  puisse  achever  sel  que 
nous  est  nésésère  pour  le  servise  du  lîoy  mon 
fils  et  repos  de  set  royaume;  car,  ma  cousine, 
vous  savés  le  besouin  que  en  navons  el  sela 
ne  empêchera  en  rien  que  je  ne  vous  tiegne 
set  que  vous  ay  promis,  et  me  donnera  moyen 
que  le  Roy  mon  fils  poura  fayre  encore  du 
byen  daventage  à  vous  et  au  voslres;  à  quo} 
je  m'anployré  tousjour  de  tous  lé  moyen  que 
je  auré.  Sele  lelre  servira  pour  vos  beaulx- 
frères,  si  vous  plaist,  et  vous  ay  >  eulx  y  troveré 
le  recomendation  de 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebink. 


1563.  —  Fin  février. 

Aut.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  329Û  ,  1°  '1/ 
A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GtJISE. 

Ma  cousine,  j'é  veu  par  vostre  leti'e  come 
désirés  envoyer  ce  porteur  ver  Monsieur  le 
cardinal  vostre  frère2,  set  que  me  senMé, 
puisque  en  volés  mon-aupinion,  plus  que  ré- 
sonable;  aysté  bien  aysc  de  set  que  l'avés 
envoyé  ysi,  afin  que,  par  lui  je  l'y  é  bien  voleu 
ayscripre;  et  touchant  la  grant  mestrise,  je 

1  Ay,  et. 

2  Charles  <le  Bourbon. 


/ 


>2fl 


LETTRES   DE  C  VTHERINE  DE   MEDICIS. 


vous  prie  miiis  aseurerde  sel  que  vous  en  né 
promis  jcusque  à  set  que  je  vous  vove;  car 
\(iii>  au ii?  peu  voyr  par  la  letre  que  vous  ay 
a\ scripte  à  sel  malin  par  Jean-Batiste,  sel  qui 
<  ii  nesl  passé  depuis  tiens  jours;  qui  sera  cause 
que  ne  miiis  en  fayré  rediste  et  Gniré  la  pré- 
saule  Mais  prient  de  vous  aseurer  de  moy, 
corne  de  sella1  qui  désire  vostre  byen  et  de  vous 
enfansaultenl  que  para  ni  el  parantequeaye  se. 
\  ostre  bonne  cousine, 

Cateri.\e. 


1563.  —  «ai     - 

A  ut.  Vrch.  n.it.  collecl    Simancas,  K.   i  ^99  ]  d°  si. 

\  M1   Mn.N  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mou  lils,  je  vous  ay  volcu  ran- 
voyer  la  Mote  présanl  porteur  pour  avertir 
Vostre  Majesté  de  la  malheureuse  forteune 
iveueue  en  la  personne  de  mon  cousin  le  dur 
de  Guise  parla  méchanseté  d'un  bomme  qui,  I 
1]  un  coup  de  pistolet  en  luy  donnant  par  da- 
rièi'e,  la  faysl  mourir  en  sine  jours,  chause 
-1  abominable  davent  Dieu  et  les  hommes  que, 
aullre  la  perle  que  le  Roy  vostre  frère  el  moy 
avons  feyste  et  sel  que  de  luy  mesme  méritet, 
j  ne  doulte  poynl  que  n  an  resantié  le  dé- 
plésir  que  l'acte  mérite;  el  comme  selui  que 
je  roués  qui  nous  aune  et  res.int  tons  nos 
lionnes  el  mavèse  forteune,  je  né  voleu  l'allir, 
\  ni  oui  inenl   la   forteune  avenue,  en  naverlir 

' Majesté  et    emsemble    l'aseurcr   que, 

encore  que  ayons  perdeu  beun  ilé  j >! u s  sages 
ei  valans  prinse  el  capitayne  de  la  crétienté, 
que  pour  sela  le  cour  ne  nous  av  eu  rien  dinii- 
neué  m  la  volante  que,  sel  \  ne  plesl  à  Dieu 
nous  donner  benne  bonne  pays  à  sa  gloyre  el 
à  la  conservation  de  sou  honneur  et  religion 

Sella,  celle-là. 

La  cote  de  la  chancellerie  espagnole  indique  que  la 
1  lire  lui  reçue  I"  a3  mars  i563. 


el  de  l'autorité  du  Iio\  mon  lils  et  de  son 
aubéisanse,  que  je  ne  soye  délibéraye  de  con- 
lineuer  par  les  armes  plus  vivement  que  n'avons 
encore  poynl  feyst,  aytanl  asistée  de  lant  de 
prinse  et  Jean  de  byen,  ayant  encore  tant  de 
grant  capitayne  que  j'espère,  que  Dieu,  qui 
conest  nostre  jouste  querèle,  n'abandonneré 
ni  la  mère  ni  les  enfans;  et  en  natendent  le 
maréchal  de  Brissac  pour  comender  à  sele 
annave,  aytant  veneue  vovr  mondist  cousin 
de  Guise,  je  me  délibère  ne  bouger  d'isi, 
corne  sel  pourteur  vous  dira  plus  au  Ion  en- 
samble  touttes  autres  chauses  que,  de  peur  de 
vous  ennuier,  je  métré  sur  sa  seufisauce,  vous 
suplyanl  le  croyre,  comme  fayrié  sela  qui  ne 
désire  rien  tent  an  sel  monde  que  d'estre  con- 
tineué  en  vostre  lionne  grâce  el  qui  suplie 
Nostre-Signeur  donner  à  Vostre  Majesté  heu- 
reuse et  longue  vie,  qui  est , 

Vostre  bonne  seur  et  afectioné  mère, 
Caterine. 


1563.  —  .'i  mars. 

1 1         •:■  bl.  11.1t.  Cinq  ci  nls  Colberl .  vol.  ah  ,  I  '  15 

A  MONSIEUR  i>E  GONNOR, 

'     DE    L'OBDRE    Dl     ROÏ    MONSII  i  i     UO  ,    i  I 
CONSEILLER   M   Si^   i  035E1L  PRU  V 

Monsieur  de  Gonnort,  j'envoye  le  commis 
du  trésorier  de  l'extraordinaire  en  toute  dilli- 
gence  de\  ers  vous  pour  vous  faire  entendre  que 
|e  me  trouve  en  la  plus  grande  peyne  qu'il  esl 
possible .  d'aultant  qu'il  n'y  a  pas  ung  sol  [tour 
satisfayre  à  cent  mille  parties  si  pressées  que 
je  ne  sçay  comment  y  satisfayre,  uy  en  venir 
à  boni  ;  car  de  s'attendre  aux  denyers  venans 
des  décimes  de  Bourges,  il  n'y  en  a  pas  en- 
cures  ung  denyt  r  levé,  el  cela  esl  si  long  que 
c'esl  une  pitié,  el  pourceste  cause  je  vous  prie 
nous  renvoyer  ce  porteur  en  loutte  dilligence 
avecques  une  lionne  somme  d'argent,  comme 


LETTRES  DE  C  ITHE 

la  chose  la  plus  nécessaire  qu'il  se  peull  faire, 
ainsi  que  ay  donné  charge  à  ce  porteur  vous 
dire  de  ma  part.  Priant  Dieu.  Monsieur  de 
Gonnort,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde. 

Du  camp  de  Saint-Mesmin,  ce  ni"  jour  de 
mars  1  ôOs  (i  563  ). 

(Dr  sa  main.)  Je  vous  prie,  envoyé-nous 
do  l'argent,  car  auïtrement  vous  fayré  de- 
sespéré vostre  frère1  qui  sera  demayn  ysi,  el 
moy  ausi,  car  nous  n'avons  pas  heun  seulx2, 
et  Ions  les  soldas  qui  ne  se  aypargne  poynt 
pour  fayre  servise  sont  en  très-grande  né- 
sésité.  \u  reste,  je  vous  veulx  byen  avertir 
i|ue  nous  soumes  au  milieu  du  pont  et  que 
vncontinent  que  l'artillerie  sera  arivave,  si 
n'avons  la  pays  que  j'espère,  enlreron  dan  la 
fille,  Dieu  aydent;  et  l'arivera  samedi,  et  di- 
meuche  mon  cousin  le  prinse  de  Condé  el  co- 
nestable  dovet  parler  ensenble  au  deseubz  du 
portreau,  dedans  beun  bateau,  au  milieu  de 
l'eau;  el  le  fayst  venir  ysi, au  yl  arivera  samedi 
bien  guardé  et  le  loge  à  Saynt-Mémin,  aconpa- 
gné  de  dis  ensegne  de  Suise3.  Set  qui  seusédera 
je  ne  fauldré  vous  en  navertir;  en  natendent 
que  mon  cousin  le  cardinal  de  Bourbon  aile  à 
Paris  pour  fayre  entendre  le  tout  à  la  Court  el 
à  la  vile,  en  setpendent  disposé  touttes  chause 
de  fason  que  l'on  trove  bon  set  que  avons  le 
plus  de  besouin  d'avoyr,  qui  ayst  la  pays.  Le 

1  Le  maréchal  de  Drissac. 

'  Heun  ieulx,  un  sol. 

1  Le  prince  arriva  à  Blois  le  'i  mars  sous  la  garde  de 
Damville,  et  il  fut  logé  dans  le  faubourg  de  Vienne*  à 
l'auberge  des  Trois-Rois.  Le  lendemain,  monté  sur  une  pe- 
tite mule?,  comme  un  prisonnier,  il  partit  pour  le  camp  de 
Saint-Mesmin.  (  Caleiidarof  State  papers,  i  r. i > 3 ,  p.  19a.) 
—  D'après  une  dépêche  de  Smith  à  Elisabeth,  ceux  qui 
le  virent  passer  lurent  frappés  de  sa  bonne  mine,  de  sa 
gaieté  el  même  de  son  embonpoint.  (  Record  office,  State 
papers .) 

Catherine  de  Médicis.  —  i. 


R1NE   DE   MEDICIS.  521 

prinse  delà  Roche-sur-Yon  lia  esté  voyr,  par 
l'aupinion  de  nous  tous,  le  prinse  de  Condé 
[à  j  Emboyse  ',  lequel  m'a  mendé  qu'il  a  tiré  de 
lu\  qu'i  se  contenteron,  pourveu  que  léjeau- 
lishommes  ayst  liberté  de  leur  consiense  en 
leur  mayson  el  seuretédeleurvye  ay  byen,el 
du  pasé  et  de  l'avenir;  si  sela  ayst  ynsin  je 
croy  que  Paris  et  teut  le  réaume  seret  con- 
tans;  mande'  m'en  vostre  aupinion. 

Catemne. 

1  Charles  de  Bourbon  écrivait  d'Amboise,  le  3  mars,  à 
Catherine:  «Si  je  me  trouvay  en  peyne,  recevant  vostre 
commandemant  [de1  venir  en  ce  lieu,encores  plus  quant 
je  m'y  suis  veu ,  estant  si  peu  instruit  comme  toutes  choses 
estoil  passées  entre  vous  et  mondict  sr  le  Prince  qu'il  a 
fallu  je  l'aye  apris  de  luy-mesme;  car  vostre  lettre  ne 
landoit  principalement  que  pour  la  déclaracion  de  la  sienne 
ambiguë  qui  m'a  montrée,  et  a  assuré  n'a  ryen  mandé  que 
de  iiicsmcs  ce  qu'il  a  escript  à  vous,  Madame,  et  à  Ma- 
dame sa  famé,  et  que  la  mort  de  Monsieur  de  Guise, 
qu'il  a  autant  pris  à  cueur  que  de  son  propre  frère,  estant 
morl  son  nmy,  et  qu'à  son  fils  il  ne  le  pardonnerait,  dési 
ranl  sa  punition  où  n'y  espargnera  sa  propre  vye  au  chas- 
limenl  de  sy  meschant  acte;  m'assurant  ladicte  mort  ne  l'a 
laid  changer  d'opinion ,  ne  moins  l'affection  qu'il  a  à  vous 
ol  :i  en  tout  ce  qui  vous  playra,  soit  pour  l'aboucher 
avecques  Monsieur  lé  connestable  ou  auïtrement  pour 
v"ai  Déminer  à  la  paix  :  mais  il  crint,  comme  il  avoit  dit  à 
Monsieur  l'admirai  qu'à  l'heure  il  apela  à  thémoin,  el 
lui  avoir  dit,  quant  l'homme  d'Orléans  arrivas!,  que 
jamays  il  ne  cortsentirest  la  sortie  dudict  connestable . 
mondict  sr  le  Prince  n'y  entrast,  et  que  ce  moyen  tyroil 
toutes  choses  en  longueur;  désirant,  tousjours  avec  toutes 
seuretés,  soit  de  son  lils,  en  ce  que  choysirés  de  pover 
parler  à  ceux  d'Orléans  qu'il  aseure  ranger  et  manier  de 
sorte  que  dedans  dix  jours  il  espère  la  paix.  Velà,  Madame. 
ce  que  j'ay  peu  tirer  de  ce  petit  homme.  Il  demande  fort  à 
vous  vovr,  si  l'avyés  agréable;  il  me  semble  que  ne  seret 
maulvays  l'onyr  parler,  mais  davant  parti/  du  Conseil  \ 
asseroit  jugemant  sur  ces  propos  et  asseurances  et  pro- 
messes, et  davant  tous  on  y  adviseroit,  et  chacun  parlerait 
pour  congnoyslre  s'il  y  a  tromperye.i  (Duc  d'Aumale , 
Histoire  des  prinas  de  ('.mule,  d'après  les  archives  de  la 
maison  de  Condé,  t.  I,  p.  399.) 


66 


522 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


1  563.  —  'i  mors. 

Oriff.  Bihl.  nat.  fonds  français,  n^oiSô,  f°  3*j. 

A  AlON  COUSIN 

LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY, 

GOUVERNEUR    ET  LIEUTENANT    GENERAL  DU    ROÏ  MON    FILZ 
EN   LMSLE-DE-FRANCE. 

Mon  cousin ,  j'ay  receu  troys  lettres  de  vous, 
el  entendeu  ce  que  Laporte  m'a  dict  de  vostre 
pari;  sur  quoy  il  vous  dira  la  responce  que  je 
luy  ay  faicte,  vous  merciant,  mon  cousin,  de 
l'affection  que  je  veoy  que  vous  continuez  à 
démonstreren  ce  qui  touche  le  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz,  qui  est  tout  ce  que  je 
cherche  jiour  mon  contentement;  aussi  estes- 
vous  asseuré  que  j'en  auray  à  jamais  souve- 
nance. Quant  à  l'abbaye  de  la  Rivoie1,  avant 
que  vous  m'en  eussiez  escrit,  ne  sachant  que 
c'estoif,  je  l'avoys  accordée  au  sieur  de  Bar- 
bezieux,  qui  m'en  avoit  adverty;  mais  ayant 
depuis  sceu  qu'elle  n'estoit  (]iie  en  garde  pour 
l'arcevesque  d'Arles,  je  ne  luy  vouldroys  pas 
l'aire  ce  lort,  et  serez  satisfaict  en  ce  désir  là  à 
la  première  occasion.  Je  ne  veulx  aussi  faillir 
vous  advertir  que  nous  sommes  sur  le  poinct 
défaire  entreveoir  Monsieur  le  prince  de  Condé 
et  Monsieur  le  connestahle  sur  ung  balteau  2, 

1  Rivoure,  abbaye  de  l'ordre  de  Citeaux,  à  deux  lieues 
de  Troyes,  fondée  en  1 1  ho  par  Hulon ,  évèque  de  Troyes. 

2  La  princesse  de  Condé  qui,  le  2  mars,  avait  eu  une 
entrevue  avec  Catherine,  s'était  chargée  de  choisir  le 
lieu  de  l'abouchement  du  prince  et  du  connétable. 
Voici  la  lettre  qu'elle  écrivit  à  ce  sujet  :  rr Madame,  ce 
matin,  les  s"  d'Oysel  et  de  Boucbavane  ont  regardé  au 
long  de  l'eau ,  entre  la  tour  S'-Laurent  et  la  Madelaine  et 
encore  plus  loing,  s'il  y  avoit  moyen  de  là  amener  les 
bateaux  pour  rassembler  Monsieur  mon  mary  et  Monsieur 
le  connestahle  ensuyvant  vostre  volonté  et  le  désyr  de 
ceste  compagnie,  et  qu'il?,  ont  trouvé  impossible  pour  les 
raisons  que  sçaitledict  s'  d'Oysel,  mays  sera  bien  aysé  et 
commode,  s'il  vous  plaist,  l'avoir  agréable  au-dessus  du 
pont,  quy  est  une  mesme  chose  autant  commode  pour 
estre  près  de  ceulx  du  porlereau  comme  de  ceste  ville; 


au  dessus  de  la  ville,  en  la  seureté  qu'il  ap- 
partient; et  verrons  par  là  quel  chemyn  se 
pourra  prendre  pour  esteindre  ce  feu,  où  lou- 
lesfois  n'avons  pas  délibéré  d'entrer  sans  le 
bon  advis  et  conseil  des  bons  serviteurs  de 
delà;  et  pour  cest  effect  mon  cousin  le  cardinal 
de  Bourbon  veult  prendre  la  peyne,  après 
qu'ilz  se  seront  veuz,  d'y  aller  faire  ung 
voiage.  Cependant,  je  vous  prye  mectre  peyne 
dextrement  à  les  bien  disposer,  afin  que  en 
une  sorte  ou  autre  qu'il  plaise  à  Dieu  tourner 
les  choses,  nous  en  ayons  le  bon  ayde  de  con- 
seil ou  secours  qui  nous  est  nécessaire.  Pryant 
Dieu,  mon  cousin,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez. 

Du  camp  près  d'Orléans,   le  mi0  joui'  de 
mars  t  56a  (î  563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Catebim:. 


1563.  —  6  mars. 
Ori(r.  Bibl.  nul.  fonds  ColbiM-t ,  vol.  2I1,  f°  6g. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE  DU    ROÏ  MONSIEUR   MON    FILS, 
ET   CONSEILLER   EN   SON  CONSEIL  FRIVË. 

Monsieur  de  Gonnord,  ceste  nouvelle  de  la 
prinse  de  l'argent1  qui  venoit  de  Flandres  m'a 

par  quoy,  Madame.il  vous  playra  nous  en  mander  vostre 
volonté  et  faire  visiter  le  lieu  où  il  se  pourra  faire,  quy 
ne  sera  jamais  si  tost  que  le  désyrons  pour  veoyr  Voz 
Majestés  de  tous  bien  servys,  et  vostre  réaunie  et  vos  sub- 
jeetz  en  repos;  ce  que  je  supplie  à  Dieu  qu'il  vous  donne 
bien  tost.  (Bibl.  nat.  fonds  français,  11°  6609,  fol.  68.)  — 
Voyez  également  dans  le  même  volume  deux  lettres  d'Eléo- 
nore  de  Roye  à  Catherine,  f"  ftp,  et  5i,  et  la  Vie  d'Eléo- 
nore  de  Roye  par  M.  le  comte  Jules  Delaborde  (Paris, 
1  876),  chapitre  îv. 

1  Dans  un  mémoire  secret  envoyé  par  le  nonce  Prosper 
de  Sainte-Croix,  nous  lisons:  «Un  convoi  d'Anvers  ap- 
portant ici  vingt-cinq  mille  écus  que  la  république  de  Ve- 
nise donnoil  à  cette  couronne  fut  rencontré  par  quelques 
cavaliers  des  ennemis  qui  les  enlevèrent,  et  on  a  reçu  avis 


t . «il  despieu  pour  beaucoup  de  raisons,  el  ne 
puys  mécontenter  de  veùir  tanl  de  négligence 
en  ceuta  que  nous  employons  et  de  malice  aux 
autres,  de  façon  qu'il  semble  que  toul  soit 
préparé  à1  nostre  ruyne,  dont  je  seroys  en 
grande  peine  sans  l'espérance  que  j;i\  que 
Nostre-Seigneur  nous  àydera,  él  à  la  lin  aura 
pitié  dé  nouz  pour  nous  mectre  Ions  de  ce 
travail  en  une  sorte  ou  autre;  mais,  quo\  qu  il 
\  ayt,  il  est  force  forcée  que  le  plus  prompte- 
nienl  qu'il  sera  possible  nous  ayons  iry  1111e  si  I. 
pour  satisfaire  à  reste  aimée,  ou  le  plus  que 
VOUS  pourrez,  pour  s'en  ayder.  en  prestz  ou 
autrement,  estant  ceste  armée  eu  telle  né- 
cessité que,  -ans  cela,  elle  ruyne  toul  el 
n'en  peull-on  avoir  service;  qui  nie  faicl  vous 
prier  v  faire  de  nécessité  vertu.  Il  est  vrai 
que  les  prestz  viennent  à  grand  dommage  au 
l!o\  monsieur  mon  fils,  et  louteffois  cela  ap- 
portera quelque  contentement. Faictes-y  dilli- 
gence,  je  vous  prie,  et  venant  iry.  que  ce  s •  » \  I 
avecques  une  bonne  somme,  estimant  que 
vous  nous  trouverez  encores  en  ce  lieu,  où 
j'actends  votre  frère  aujourd'liuy.  Priant  Dieu 
Monsieur  de  Gonnord,  vous  donner  ce  que 
désirez. 

Escript  au  camp  près  Orléans,   le  vi'  jour 

de  mars  1 56a  (i563). 

Caterine. 

(De  sa  main.)  Je  suis  bien  marrie  de  set  que 
Quans1  et  prinsyet  aurmis  cela  nos  al'ayres  ysi 

que  deux  de  ceux  qui  faisoient  conduire  cet  argent  sont 
prisonniers  à  Valenciennes,  l'un  desquels  est  le  gendre  du 
capitaine  des  gardes  de  la  porte  du  Roi  Très-Chrétien.» 
(Archives  curieuses  de  Cimber  et  Danjou,  t™  série,  t.  VI, 
p.  i35.) 

1  Quans,  Caen.  Le  2  mars,  à  six  heures  du  matin,  le 
feu  commença  contre  le  château,  et  une  brèche  fut  faite, 
mais  si  petite  que  Catherine  qui  la  vit  quelque  temps 
après,  dit  :  rqiTelle  auroit  pu  être  défendue  par  des  ser- 
vantes armées  de  leurs  quenouilles."  Voy.  de  Thon,  Ht»*. 
"mi-,  trad.   t.  IV.  p.  D10:  F.  De  Bras.   Recherches  tur 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS.  523 

;  alel  asés  byen .  car  le  prinse  de  Condé  mende 
lé  plus  bêle  parole  du  monde1.  Je  voyré  de- 
mayn  si  les  ayfaysl  seront  de  mesme  el  vous 
en  uavertirés  afin  que  le  diéàseuk  de  Paris, 
léquels  lault  que  guagnié  aultenl  pour  la  mère 
du  Roy,  qui  ne  le  veull  que  pour  mieiilx  servir 
son  fils,  corne  ylontaysté  pour  le  serviteui  '. 
Vous  savé's  corne  la  jeandermerie ayst  asinaye3 
à  fayre  monstre  générale  au  disième  de  set 
moys;  si  n'i  a  de  Paijean,au  lieu  <le  la  monstre 
qui  ayst  à  Sans,  vous  \  voyré  eraul  confeu- 
sion  el  pillerie  pour  fi'  peuple,  el  s'an  niront, 
qui  portera  domage  au  servises. 

(l.V'l  ERINE. 


Caen,  p.  17.3;  Lettre  de  l'ambassadeur  Chanti a]  d; iu- 
les Mémoires  de  Condé,  t.  II,  p.  1  38.  —  Colignyen  lit  part 
111  ces  termes  à  la  reine  Elisabeth  :  5 Madame,  ayant  en- 
tendu que  M.  le  comte  de  Warvich  dépéchoil  vers  \ .  M. 
Monsieur  de  Sommerset,  présent  porteur,  je  n'ai  voullii 
faillir  à  vous  tenir  par  luy  advertie  de  Pestai  en  quoyse 
retrouvent  toutes  choses  par  deçà,  et  mesmes  de  ce  qui 
est  succédé  quant  à  la  délivrence  de  ceste  ville  de  la  ly- 

r.' ie  et  captivité  où  elle  s'enalloit  réduire',  parla  prinse 

du  chasteau,  quia  esté  l'aide,  grâces  à  Dieu ,  avec  si  peu 
de  perte,  comme  ledict  Sommerset  vous  pourra  bien  am 
plemeot  et  particulièrement  faire  entendre,  qui  me  gar- 
dera d'ennuyer  V.  M.  de  plus  longue  lettre.  De  Caen,  ce 
m"  mars  i.")6-j  (1 563).»  (Record  office,  State  papers , 
vol.  \\\.  i  —  Voy.  une  dépêche  de  Throckmorton  à  la 
reine  Elisabeth  dans  le  Calendar  of  State  papert  i563, 
p.  178).  Il  lui  donne  de  curieux  détails  sui  la  prise  de  Caen. 

1  Le  5  mars,  Charles  de  Bourbon  rendait  compte  à 
Gonnor  de  son  entrevue  avec  Condé  :  rJ'ay  receu  voz 
lettres  au  retour  d'un  lieu  où  vous  ai  bien  soubaitté,  et 
comme  j'en  parfois,  Monsieur  de  Limoges  v  est  arrivé, 
vous  asseuranl  que  toutes  choses  sont  si  bien  acheminées 
au  point  que  désirez,  qu'elles  me  donnent  meilleure  es- 
pérance  que  jamais  du  repos  qui  nous  e  t  nécessaire, 
ayant  parlé  seul  à  seul  à  ung  petit  homme  que  a  sy  grande 
envye  deveoirune  fin  à  ces  troubles  que  s'accommodera  à 
tout,  ne  désire  rien  plus  que  de  faire  très  humble  et  lidello 
service  à  S.  M.  et  à  la  Revue  sa  mère,  de  sorte  qu'il  ne 
tiendra  poinct  à  luy  que  n'ayons  bien  lo^  une  bonne  paix,  » 
(BibLnat.  Cinq  cent» Colbert,  n°a/i,  Pû3.) 

-'  Le  duc  de  Guise  idolâtré  des  Parisiens. 
Asinaye,  assignée. 

66. 


' 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED] 


: 

\   UONSIEl  I!  DE  RENNES, 

rie  Rennes,  par  vos  letl i es  du  \\i 
■  il  cousin 
le  Lorraim  ien  commencé  auprès 

île  l'Empereur  '  s  el  la 

bonne  cher 

mais   je    m  ncti  mi/  que,  du 

ï\.'-Boni  i       >.  plus  au  long  les  par- 

licularitez,  el   que   mondicl   cousin    a 
lincl  d'avi  ilx  qu'il   a    - 

les  disi  qu  il  coi  appar- 

tenir au  bi'-n  que  nous  actendi  us  incille, 

ani  nécessaire  désirée 

de  ceulx  qui  souffrent   ce  que  nous  portons, 
qu'il  me  semble  que  je  n  en  verray  jamais  assez 
j  rye  que  par  ledicl  sieur 
de  S'-Bonuet,  s'il  estoit  eucores  la.  ou 
premiè  •  clairement 

i  au  1  i  aurez 

5.  Par  mes  dernières  vous 

le  couvn 

ées  de  là  sans  que  en 
avez  ri  'ns  sceu .  au    moins   que 
escripl  :  sur  qu  - 
dant  le  gentilhomme  est  tousjours  à  lîl 

nostre  c|  ■■  i  j  :  i  u  ée  pour  le 

ureux  el  détestable  meurdre  commis  eu 

■  I  ■  Monsieur  de  Guise,  lequel  m'a 

air  jusqu  heure 

t  ordre  à  ce  qui  - 

ami     stoil  allé  à  Pai  is  pré- 
i  i  de  Parlement  une 

■        .      .  et  une 


■    Empereur  lu-,   en  escrivoil,  la 
Ci   irt  a  renvoyée  au  Roy  mon 
sans  la  vouloir  ouvrir  ne  veoir,  el .  à  vou 
u  ri  té ,  trouve  assez   ;  ceste  façon   de 

faire.  Xous  verrons  de  faire  response  telle  qu'il/ 
en  devront  avoir  par  de  I  imenl,  en- 

cores  que  nous  avous  sceu  que  pour  le  n 

i1  desdictes  villes  il/  soienl  aprèsà  meclre 

ensemble,  ce  que  je  m'asseure  pourrez 

il  descouvrir  pour  nous  en  donn  radvis 

nanl  et  de  tout  ce  qui  s'offrira .  ayant 

bien  délibéré  le  suivre  quant  à  ce   qu 

cprès  poui 
faire  les  congratulations  de  l'élection  «lu  ro\ 
[es  Romains;  à  quoy  le  préparatif  que  vous 
avez  faicl  nous  donne  quelque  loisir,  i 

Mi  nsieur  deRennes  -  :   ani  r  ce  qui 

Du  camp  pn 

De  l'  \r :bespixe. 


1563. 


" 
\   MONSIEl  1!   DE  GONNOR. 

garda 

1     i 
taire  vous  portoit  toutes  n  luvelles  de  mou  in- 
tention sur  ce  qui  s'offroit;  el  depuis  n'avons 

ans  comm  tînmes  al 

de  tous  à  reg  irder  les  moyens  comme 

l'on  pourrait  arrester  ce  mal,  el  à  la  liu  sommes 
tct,  que  Mo  prince 

Monsieur  le  i  ible  se  verroul 

sur  un;;  batteau,  au  meillveu  de  l'eaue,  pour 
adviser  par  ensemble  par  quel  bout  on  pour- 

uime: 
en  quoy   il  semble  que  chacun  monstre  très 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


bonne  volunté;  maiz,  pour  ce  <]ue  la  chose  esl 
de  granl  poix,  comme  vous  sçavez,  avons  ré- 
solu,  avant  que  d'y  entrer  plus  avant,  après 
qu'il/,  auront  parlé  ensemble,  que  mon  cousin 
le  cardinal  de  Bourbon  ira  ung  tour  et  dilli- 
gemmeni  par  dellà  pour  rendre  ceuh  de  Paris 
capables  de  l' estai  et  de  la  disposition  îles 
choses,  et  recueillyr  d'eulx  ce  qui  s'en  pourra 
tirer  sur  l'occurrence  de  la  cbose,  à  quelque 
poinct  qu'il  plaise  à  Dieu  la  tourner;  car.  à 
la  vérité,  nous  sommes  au  but  qu'il  fauit,  à  ce 
coup,  [(rendre  une  finalle  résolution  d'en  sortir 
par  ung  chemyn  ou  par  autre;  dont  j'advertiz 
le  premier  président  et  ceulx  de  la  ville,  les- 
quelz  je  vous  prye  dexlrement  préparer,  atlin 
que,  arrivant  niondict  cousin,  il  les  trouve 
tanl  mveulx  disposez  à  ce  qui  sera  nécessaire. 
J'atend/.  demain  icy  vostre  frère,  qui  me  sera 
ung  grand  plaisir;  e1 ,  quoy  qu'il  y  ayt,  l'aictes 
provision  d'argent.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Gjonnord,  vous  donner  ce  que  désirez.  Du  camp 
de  S-Mesmyn,  près  Orléans,  ce  vm°  jour  de 
mars  i56a  (t  563). 


C.ATERJNE. 


De  l'Ai  bespine. 


de  vivre  calholiquement,  auquel  je  feray  dé- 
pescher  ung  pardon,  quand  il  le  demandera. 
Cependant  jeprieray  Dieu,  Monsieur  de  Prie, 
vous  avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde.  Du 
camp  de  Sl-Mesmin,  ce  i\"  jour  de  mars  i  56q 
(,563  . 

Le  prisonnier  s'appelle  Augustin  Frette  el 
est  prévosl  de  Gyen. 


I  '>i)'A.  —  g  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3916,  f"  /17. 

\  MONSIEUR  DE  PRYE, 

GENTILHOMME  DE  LA   CHAMBRE   DU  BOY    MONSIEUR   MON   FILZ  , 
ET  LIEUTENANT  DE  LA    COMPAIGNTE    DE    MONSIEUR    LE    COMTE  DE    VILLARS. 

Monsieur  de  Prie,j'ay  donné  charge  à  mon 
cousin  le  mareschal  de  Brissac  ,  lieutenant  gé- 
néral du  Roy  monsieur  mon  lilz  en  ceste  ar- 
mée, de  vous  faire  entendre  ce  qui'  vous  aurez 
à  faire,  auquel  vous  obéyrez  et  ferez  ce  qu'il 
vous  mandera;  et  quant  au  prisonnier  dont 
m'escrivez,  je  trouve  bon  que  le  laciez  bairler 
au  s'deVezins1,  en  promectant,  comme  il  fa  ici, 

1  Charles  de  Vezins ,  séné'  liai  "I  ;;omi'rm'ur  du  (jinir\. 


Cateri.ne. 


ROBERTET. 


1563.  —  g  mars. 

Copie.  Bibl.  nat.  Park-imiit,  11    s.'i  ,  E°  90A. 
Imprime  dans  les  Ménwiret  'te  Cimdr,  tome  1\  .  p.  a83. 

A  MESSIEURS  UES  GENS 

TEXANS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  A  PARIS. 

Messieurs,  ja\  la  \ille  de  Paris  et  sa  con- 
servation, aussy  le  contentement  de  tant  de 
notables,  digne- ri  affectionnez  subjects  que  le 
Roy  monsieur  mon  lilz  y  a,  en  telle  el  m  chère 
recommandation,  qu'il  ne  me  faudra  jamais 
prier  de  les  secourir  et  favoriser  de  tout  ce  que 
je  pourray,  et  il  n'y  a  lieu  en  ce  royaume  où 
je  désire  plus  que  nous  soyons  que  là  '  ;  mais 
estant  venue  icy  pour  l'inconvénient  advenu  à 
feu  mon  cousin  le  duc  de  Guyse  pour  l'amityé 
que  je  lu\  portois,  afïin  de  le  faire  secourir,  et, 
après  la  fortune  demeurée2,  par  l'advis  de  tous 

1  Celait  une  réponse  indirecte  à  une  lellre  que  le  pré- 
vôt des  marchands  et  les  échevins  de  la  ville  de  Paris  lui 
avaient  adressée,  le  h  mars  précédent,  et  où  nous  lisons: 
«Nous  vous  supplions  de  croyre  que,  quand  vos  affaires 
!■•  permettront  el  il  vous  plaira  de  nous  faire  veoir  en  nostre 
belle  ville  de  Paris  nnslre  Roy  el  Sa  Majesté,  êtes  seure, 
Madame,  qui  estes  nostre  mère,  vous  serez  très  bien  ve- 
duz  el  vos  forces  y  croistronl  lanl  do  bonnes  voluntés  que 
de  toutes  anlrus  cho  nécessaires  pour,  avecq  l'aide  de 
Dieu,  avoyr  la  raison  des  rebelles  el  désobéisants  à  Voz 
Vlajestez.»  (Copie,  Bibl.  nat.  fonds  français,  n 
l    i56.) 

'  Après  lu  fortune  demeurée,  c'est-à-dire  après  le  ma! 
heur  n 


526 

les  cappitaioes,  pour  donner  laveur  à  ccste 
armée  el  empescber  qu'elle  ne  se  ruynast, 
nous  sommes  entrez  si  avant  aux  termes  ou 
d'adoucir  le  mal  par  quelque  pacification,  ou 
d'avoir  telle  raison  de  ceste  \ille  que  je  ae 
puis  de  rien  plus  espérer  de  bien  et  de  fruit  à 
ce  royaume  que  de  l'issue  prochaine  que  j'at- 
tends de  l'un  ou  de  l'aultre;  chose  qui  ne  se- 
roil  raisonnable,  ne  à  propos  de  laisser  sans 
effet,  et  qui  nous  retient  par  deçà.  Avecq  ce 
que,  grâces  à  Dieu,  nous  ne  connoissons  rien 
qui  nous  presse,  ne  puisse  l'aire  tant  désirer 
nostre  présence,  pour  faillir  une  si  belle  oc- 
casion, estant  asseurée  que  vous  croiez  bien 
aussy  que,  s'il  en  estoit  besoin,  il  n'y  a  rien 
en  cedict  royaume  que  nous  ne  voulsissions 
postposer  au  bien  et  seurele'de  ladicte  ville  et 
contentemen  I  de  tant  de  notables  persounaiges , 
bons  et  loyaux  sujects  que  le  Roy  mondict  filz 
a  en  ladicte  ville,  de  laquelle  aussy  el  prez  et 
loing  nous  attendons  tout  secours  et  aide, 
mesmement  en  affaire  si  urgent  et  ne'cessairc 
que  celluv  qui  s'offre.  Priant  Dieu,  Messieurs, 
vous  donner  ce  que  de'sirez. 

Du  camp  de  S'-Mesmin  prez  Orle'ans,  le 
neufiesme  jour  de  mars  mil  cinq  cens  soixante 
deux  (1 563). 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


Caterine. 


De  l'Aubespine. 


1 563.  —  la  mais. 
Orig.  Bibl.  nal.  fomls  Colberl ,  \ol.  si,  t    5i, 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CflBTAUBB   D8    L>OBDBB    Dl*   flOl   HONSIEEE   MON  FILb. 
CONSEILLEE   ES  SON  CONSEIL  PPIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  receuz  hier  vostre 
lettre  du  \in  de  ce  moys  par  le  commis  du 
trésorier  de  l'extraordinaire,  par  laquelle  je 
sceuz  la  provision  que  vous  avez  envoyée  icy 
des  xxvi  mille  el  xvi  mille  livres  qui  doibvent 


prendre  à  Bourges1,  que  j'eslimois  estre  en 
actendant  myeulx  que  vous  me  promettiez; 
maiz,  comme  j'ay  veu  par  celle  que  m'a  ap- 
portée le  cappitaine  Valfenyère,  vous  trouvez 
voz  marchans  rel'roydiz  de  bailler  denyers.  Si 
c'est  pour  les  nouvelles  qu'ilz  ont  de  la  paix, 
Hz  ont  de  bonnes  espies,  car  je  vous  advise 
que  je  la  tiens  comme  faicte  -,  et  en  sommes 

1  Yoy.  la  lettre  du  duc  de  Guise  à  la  Rein?  du  i  (>  fé- 
vrier  dans  le  n°  si  des  Ci n f j  cents  Coibert,  f°  54. 

"  Voici  le  récit  de  cette  négociation  envoyé,  le  îomars. 
par  l'ambassadeur  Chantoruiay  à  la  duchesse  de  Panne: 
il  esl plus  complet  que  celui  qui  aétépubliedansletomell 
des  Mémoires  de  Condé.  -Le  prince  de  Condé  arriva  au 
camp  le  six  mais;  après  disner,  le  prince  et  le  connectable 
se  virent  au  lieu  désigné  où  l'on  avoit  tendu  un  pavillon 
à  cause  du  ebaud;  toullelbis  ils  n'y  demeurèrent  pas.  aussy 
parlèrent  toujours  promenant  tous  seuls  l'espace  de  trois 
grosses  heures,  et  n'y  avoit  en  l'isle  que  le  sieur  Danville, 
M.  de  Cossé  et  le  secrétaire  l'Aubespine.  La  Reyne  qui 
avait  accompagné  le  prince  jusque  à  la  barque  demeura 
avec  ceux  du  conseil  en  une  maison  au  bord  de  l'eau,  el 
s'étanl  séparés  le  prince  et  le  connestable,  le  prince  fust 
conduict  par  sa  garde  en  son  logis  et  le  connestable  ramené 
à  Orléans,  et  furent  la  Reyne etle  Conseil  bien  longtemps 
ensemble;  mais  il  ne  s'entendit  aultre  chose  de  la  négo- 
ciation, sinon  que  le  prince  et  le  connestable  y  dévoient 
retourner  le  lendemain.  Seulement  au  maintien  de  ceulx 
du  Conseil  on  cognoissoit  qu'il  y  avoit  espoir  de  paix, 
et  s'en  retourna  la  Reyne  en  son  logis,  monstrant  visage 
tort  content  et  s'en  venoit  riant  et  dansant  avec  M.  d'Au- 
male. 

rLe  huit  mars,  environ  les  sept  heures,  le  prince  el. 
connestable  se  sont  rassemblés  en  la  mesme  isle  comme 
devant,  et  la  Reyne  y  est  entrée,  sans  aucune  de  ses  d.imes. 
accompagnée  de  M.  le  cardinal  de  Bourbon,  duc  de 
Montpensier  et  l'Aubespine,  et  avant  que  le  prince  de 
Condé  y  arriva,  car  le  connestable  y  estoit  déjà,  et  estant 
venu  ledict  prince,  lequel  déjà  lors  portoit  son  épée,  ilz 
furent  tous  ensemble  jusqu'à  onze  heures  et  résolurent  que 
M.  le  connestable  demeuM-oit  au  camp  et  que  le  Prince 
iroil  à  Orléans  pour  communicquer  chasrun  avec  ceulv 
de  son  party  et  donna  le  Prince  une  signature  et  obliga- 
tion el  retourna  le  lendemain  et  attendoit-on  l'amiral 
pour  le  il  ou  12  mars;  et  s'en  vint  le  connestable  avec 
la  Reyne  disner  au  logis  du  maréchal  de  Brissac.  où  ilz 
furent  tout  l'après  disner.  el  se  ne  peut  encore  sçavoir  s'ilz 


LETTRES  DE  CATHKI'.l.NE  DE   MEUIGIS. 


527 


si  avant  <|ti'il  n'y  a  plus  de  difficulté;  maiz  c'est 
à  ceste  heure  que  nous  avons  plus  affaire  <l  ar- 
gent pour  descharger  ce  royaume  de  tant  de 
sansues  qui  le  succent  jusques  à  la  mort.  Par 
ceste  paix,  le  Roy  monsieur  mon  (ils  demoure 
le  maistre,  et  lesforcesef  lesestrangersvuydent 
son  royaume,  et  nous  haillons  le  moings  que 
nous  povons,  maiz  beaucoup  plus  que  je  ue 
vouldroys,  sans  le  besoing  el  la  nécessité  où 
nous  sommes,  et  pour  évitter  pis,  veoyant  ce 
royaume  en  danger  auquel  il  est.  Je  m'as- 
seure,  à  ce  que  je  vous  en  ay  toujours  oy 
dire,  que  vous  ne  le  trouverez  que  bon,  puisque 
le  Boy  demoure  debout,  comme  il  faict.  Or,  pour 
bien  achever  tout,  il  t'aull  de  l'argent;  qui  me 
faict  vous  prier  y  faire  toute  dilligence,  et  ne 
parlyr  poinct  de  là  que  vous  n'ayez  autres  nou- 
velles de  moy  el  en  amasser  le  plus  que  vous 
pourrez,  sans  y  perdre  une  seulle  heure  de 
temps,  et  souvent  m'en  faire  sçavoir  des  nou- 
v elles;  pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gounord, 
vous  donner  ce  que  désirez.  Du  camp  de 
S'-Mesmin  près  Orléans,  ce  xir"  jour  de  mars 
i5.6s  (i563). 

ont  conclu;  on  croit  qu'on  attendra  L'amiral.»  (Archives 
impér.  de  Vienne.  ) 

Le  la  mars,  Chantonnay  reprenait  le  récii  :  -Tout  se 
passe  en  parlementages  et  en  communications,  mais  le 
prince  de  Condé  ne  veult  conclure  ni  passer  anlcunes 
choses  jusqu'à  la  venue  de  l'amiral.  Les  rebelles  persistent 
aux  poinls  qu'ils  demandoient  toutes  les  autres  fois  que 
l'on  a  voulu  entendre  à  l'accord.  L'on  tient  communé- 
ment qu'il  se  fera  ce  coup  cy  ;  tous  les  princes  entrent  aux 
communications,  sauf  M.  d'Aumale  et  le  cardinal  de 
Guise.  M.d'Andelot  et  tous  les  autres  de  son  parti  accom- 
pagnent toujours  la  Reyne  du  pavillon  qui  est  en  l'isl,- 
jusques  à  son  bateau  et  n'y  a  faulte  de  grandes  caresses  el 
contentement  de  part  et  d'aullre.n 

Le  i3  mars,  le  connétable  de  Montmorency  écrivait 
à  M.  de  Gonnor  :  ttLa  pes  est  fayte,  que  je  suis  seur  vuus 
trouvé  très  bonne,  veu  la  povreté  de  se  réaume.  Je  vous 
:id\ise  que  tout  cryevive  France  d'icy  à  Bayonne.»  (Bibl. 
nat.  Cinq  cents  Colbert,  n°  2U,  p.  53.) 


(De  sa  main.)  Je  ne  se  corne  vous  trove-rés 
la  pays,  \eii  que  le  l!o\  demeure  le  plus  fort 

et  que  lé  villes  sonl  randeue  et  nous  promet-on 
de  chaser  les  Engloys  en  ratifient  le  trété. 
Seulement  s'et,  si  m'en  sovient  bien,  sel  que 
m'avés  tousjour  dist,  corne  \  la  falet  fayre,  el 
au  demorant  en  navoyr  le  milleur  marché  que 
l'on  poiicel,  sel  que  avon  mis  peyne,  mi's  en- 
core n'avou-nos  pas  sel  que  je  voldrès;  mes 
tout  le  Consel  dist  qu'il  an  fault  sortir,  puisque 
nous  demoron  les  mestres.  Sel  que  l'on  leur 
acorde,  s'et  en  chèque  balliage  heun  prêche; 
et  le  lloy  choysira  le  lieu  et  au  villes  qui  tienel 
ausi ,  disant  san  sela  ne  lé  pouret  fa>  re  rendre, 
el  Ions  remis  en  leur  biens,  hauneurs  el  aystas. 
Anuit  nous  nous  rasenblou  pour  aviser  dé' 
seurtés;  sela  fayst,  j'espère  que  tout  se  melra 
en  nésécousion  l,  el  comenseron  par  sele  ville 
d'Orléans  el  ranvoyer  lé  reystres  qu'il  oui. 
Mendé  m'en  vostre  aupinion,  aultrement  je 
panseré que  avés  changé  d'avis  depuis  que  ne 
vousay  veu;  ne  parlé  pas  encore  à  personne  dé 
condition,  car  j'é  tousjour  peur  qu'i  ne  nous 
Iroinpet,  encore  que  le  prinse  de  Condé  leur 
ha  décléréqufisin'aséle2  ses  condition  el  qu'i  ne 
veullè  la  pays,  qu'i  s'an  viendré  aveque  le  Roy 
mon  lils,  el  se  déclérera leur annemys,  chause 
«pie  j'é  trovée  1res  bonne.  Disposé  tousjour  seulx 
au  vous  aystes  â  la  Irover  bonne,  veu  la  nésé- 
silé  en  <pioy  vous  savés  que  nous  soumes. 

Caterine. 


(  1563.  —  i3  mars.) 

Aut.  Bibl.  08t.   T'ithIs  Colbert,  rai.    itl 
\    MON  COUSIN 

MONSIEUR   LE  MARESCHAL   DK  GOSSÉ. 

Mon  cousin  ,  quant  vous  voa  rés  les  articles3. 

1   En  néteçoviion  .  en  exécution. 
-  Si  n'asete,  s'ils  n'acceptent. 

3  Voy.  dans  le  n°  ai  des  Cinq  cents  Colberl .  page  7  A  ■ 
les  articles  de  la  paix. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 

vous  conoystrés  cju'i  ne  tient    à  nous  que  la 
pays  ne  souit   et  le  royaume  en  repos.  Dyeu 


nous  la  douynlbouue,  en  natcndent.  Puysque 
les  Gascons  sont  veneus,  ne  perdes  temps,  et 
vl  sera  plus  honnorable  pour  tout  de  sapro- 
cher,  alors  que  la  pays  se  fayra,  èl  l'on  pan- 
sera que  l'ayés  fayst  l'ayre  de  peur. 
Vostre  bonne  cousine, 

CiTERINE. 


1563.—  i3  mars. 
Orig.  Bibl.  nai.  fonds  Colbert,  vol.  24  ,  f*  5s. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHETALIEB  DE  L'ORDRE  DU  ROÏ  MOSSIEUB   MON    Fil.S 
CONSEILLER  ES  SOS  COSSE1L  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  ceste  nuict  est  parti 
ung  courrier  par  lequel  vous  aurez  esté  ad*  erty 
de  tout  ce  que  nous  avons  faict  et  va  cella 
de  bien  en  mieulx,  je  diz  pour  la  paix;  maiz 
pour  l'exécution  de  tout  ce  que  nous  faisons, 
il  fault  de  l'argent;  qui  nie  fait  vous  prier  faire 
tout  devoir  et  dilligence  d'en  recouvrer  et 
amasser  le  plus  que  vous  pourrez,  faisant  à 
ce  coup  et  en  ceste  occasion  ce  que  vous 
cognoissez  nous  eslre  nécessaire  dextremenlet 
comme  je  m'asseure  que  vous  sçaurez  bien  faire 
sans  qu'il  soyt  besoing  de  plus  longue  lettre. 
PriautDieu,  Monsieur  de  Gonnor,  vous  donner 
ce  que  plus  désirez.  Du  camp,  lexm0  de  mars 
i56a  (.563). 

(De  sa  main.)  Je  m'aseure  que  ne  vous  sarés 
mander  heune  milleure  novelle  que  s'et  que 
je  tien  prèque  aseuré  qu'é  la  pays;  et  pour  se 
que  voyré  set  que  en  nescrips  au  marichal  de 
Monmonransi  de  ma  mayn ,  ne  vous  en  fayré 
rediste,  et  seulement  vous  aseureré  que  san 
argent  lé  reytres  nous  demeuré!  sur  lé  bras  et 
oe  lé  povons  fayre  sortir  du  réaume,  je  dis  lé 
noslre  et  tout  le  reste  de  nos  forse.  Si  mal  con- 
te ni  è  le  soldas  de  voyr  la  pays,  encore  qu'i 


sou  in  1  enlerteneu,  si  ne  sont  payes,  que  je 

peur  qu'i    fase   quelque    grande    niutination 

avecque  lébonsolisileulx  qu'il  ont.  Mandé-inoy 

set  en  nanvoyré,  au  set  que  en  pouvons  ays- 

pérer,  car  sesi  achevé,  le  lloy  mon  fils  et  moy 

nous  en  nalons  à  Paris  pour  remersier  tous 

seu  de  la  Court  et  de  la  vile  de  set  qu'il  ont 

fays!  pour  luy. 

(Iateri.ne. 

1563.  —  i3  mars. 
Bihl.  nal.  fonds  français.  n°  3203,  f°  ai. 

A  MONSIEUR  DE  MONTMORENCY. 

MARESCHAL  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  puisqu'il  a  pieu  à  Dieu  nous 
tant  gratiflïer  que  soyons  lumbez  d'accord,  il 
ne  fault  pas  longue  responce  aux  lectres  que 
j'ay  receues  et  ce  que  m'a  dict  de  vostre  part  le 
sieur  de  la  Porte  présent  porteur,  d'autant  qu'il 
vous  sçaura  bien  rendre  compte  de  tout;  seul- 
ement vous    prieray,  mon  cousin,    regarder 
doulcement  à  contenir  toutes  choses  en  la  plus 
grande  transquillité  que  vous  pourrez  et  pré- 
parez le  plus  de  voz  amys  et  ceulx  que  vous 
congnoissez  avoir  moyen  à  trouver  bon  et  s'ac- 
comodder  à  ce  que  nous  aurons  accordé  pour 
le  bien  de  ce  royaume  et  repoz  du  peuple.  Le 
Roy  demeure  sur  ses  piedz,  restitué  en  toutes 
ses  places,  les  estrangers  renvoyez  chez  eulx 
et  chascun  remis  en  ses  biens  et  estatz,  moyen- 
nant que  en  chascun  bailliage  il  y  ayt  ung  lieu 
seul,  tel  que  nous  adviserons,  où  l'exercice  de 
leur  religion  se  puisse  faire  et  aux  villes  qu'ilz 
tiennent,  actendanl  la  détermination  d'un  bon 
et  saiuct  concilie;  qui  est  le  meillieur  marché 
que  en  ayons  peu  avoir,  avecques  lequel  nous 
espérons  que  toutes  choses  se  pourront  cy  après 
plus  commodément  et  facillement  conduire  et 
establirau  contantement  d'un  chascun;  et  pour 
cesl  effect,  les  articles  touz  résoluz,  envoyeray 


LETTRES  DE  G  AT  HE 

par  delà  mon  cousin  Monsieur  le  cardinal  de 
Bourbon  el  Monsieur  le  connestable  avecques 
luv,  pour  rendre  plus  capables  ceulx  de  Paris 
de  ladicte  résolution,  de  laquelle  vous  ne  ferez 
cependanl  aucun  bruit;  mais  parsoubz  main 
donnerez commancement  à  ce  que  dessus,  selon 
vostre  dextérité,  etaux  autres  choses  qui  y  pour- 
ront servir;  remectant  le  surplus  sur  ledict 
porteur,  Pryanl  Dieu,  mon  cousin  .  vous  avoyr 
en  sa  saincle  ;;arde. 

Escript  au  camp  près  Orléans,  le  xin0  jour 
de  mars  1  50-2  (  i363). 

(De  sa  main.)  Dieu  merci,  la  pays  ay  fayste 
el  aystant  déb[atu]  cpie  la  vile  de  Paris  et  tout 
la  Prévôté  ayst  aysant1  de  prêche  et  d'ami- 
nistration  dé  sacrement  que,  je  panse,  conten- 
tera bieu  fort  seulx  de  la  ville,  ausi  toutes  les 
mayson  du  Roy  mon  filz  et  la  court.  Je  vous 
prie  le  fayre  entendre  à  Monsieur  de  Gounort 
et  au  premier  Président,  et  si  vous  pansé  que, 
en  le  disant  au  provost  dé  marchant,  que 
sela  seit2  cause  de  leur  fayre  trover  milleur  la 
pays  ël  qu'i  coneuse  par  sela  corne  je  désire  lé 
contenter  en  tout  set  que  je  puis;  car,  si  s'eut 
aysté  à  ma  volonté,  je  vous  aseure  et  vous  prie 
leur  dire  que  pour  seur  y  n'i  an  neut  poynl  heu 
en  neul  lyeu;  mes  la  nécésité  du  temps3  et  lé 
grant  Ibrse  qui  leur  vyenet  m'on  contraynte, 
veu  que  tous  seulx  du  Consel,  de  quelque  qua- 
lité qu'i  souint,  hont  aysté  de  sete  aupinion 
pour  l'ayr  sortir  lès  ayslranger  et  que  le  Roy 
mon  filz  rantre  en  touttes  ses  villes  ay  l'aubéi- 
sanse  de  ses  seugès. 

\ostre  bonne  cousine. 

Caterixe. 

1   Aysant,  exempte. 

-  Seit,  soit. 

s  Le,  nonce  de  Sainte-Croix  écrivait  :  s  Le  conélable 
fait  voir  que  la  nécessité  oblige  la  Cour  de  signer'  cet 
accord  tel  qu'il  est,  niais  qu'on  y  remédiera  dans  la  suite.» 
(Mémoire  secret  dans  les  Archive*  curieuses  de  Cimber  et 
Danjou,  i™  série,  t.  VI,  p.  i3ô.) 

Catherine  de  Médicis.  —  1. 


RINE   DE  MÉDICIS. 


529 


1 563.         i  3  mars. 

Copte,  Bibl.  nat.  ross.    collect.  de  0.  Houssenu,  t.  10,  a"  A35a. 

\  MONSIEUR  LE  COMTE  1)1    LUDE. 

Monsieur  du  Ludde,  il  a  pieu  à  Dieu  l'aire 
tant  pour  nous  de  nous  donner  une  paix  (je 
le  prye  qu'elle  Suit  bonne  et  durable),  dont  je 
VOUS  aj  bien  voullu  adverlir.  alliu  que,  au  lieu 
où  von-,  estes,  vous  regardiez  de  contenir  toutes 
choses  en  paix  el  en  repos,  en  attandant  que 
nous  facions  sçavoir  par  tout  le  contenu  en 
icelle  pour  la  faire  observer,  comme  mon  cou- 
sin le  Prince1  fera  de  même  partout,  aflîn  qu'il 
ne  survienne,  ny  s'entrepreigne  plus  riens  qui 
puisse  troubler  le  repos  et  la  tranquillité  pu- 
blique. Priant  Dieu,  Monsieur  du  Ludde,  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde.  Du  camp  de 
S'-Mesniin,  ce  xiiic  jour  de  mars  1 5Ga  (  1 5G3). 

Caterixe. 

RoRERTET. 

1563.  —  i  li  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  Ciuq  cents  Cotbert,  vol.  ai.  t'J  54. 

\   MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALÏEB   DE  L'ORDRE  DU  ROT   MOKSIECR   MO»   PIES, 
CONSEILLES  BU  SOS  COSSE1L  PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  hier  au  soir  je  receuz 
vostre  lettre  par  le  courrier  que  je  vous  avoys 
envoyé;  à  quoy  je  ne  sçaurois  pour  cesle  heure 
faire  autre  responce,  sinon  que,  estant  la  paix 
faictë  et  asseurée,  tout  ce  que  nous  avons  af- 
faire, c'est  d'avoir  de  l'argent  pour  licencier  et 
contanter  noz  gens  et  faire  le  meilleur  mesnage 
que  l'on  pourra.  Pour  ce  quoy  commancer  il 
nous  sera  aysé,  si  nous  avons  de  quoy  achever 
de  payer  noz  Suisses  ce  mois  icy,  de  gaigner 
pour  le  moings  trente  mille  franez;  qui  me 
faict  vous  prier  donner  ordre,  incontinent  la 


1  Le  prince  de  Condé. 


67 


530 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1CIS. 


présente  receue,  de  in'envoyer  en  louttc  dilli- 
ence  par  ung  commis  du  trésorierde  l'extraor- 
dinaire les  cinquante  mil  fiancz  que  vous 
m'escripvez  avoir  desjà  receuz  et  plus,  s'il  est 
possible,  sans  y  perdre  une  seule  heure  de 
temps  el  faire  faire  exlicsme  dilligence  d'en 
recouvrer  tousjours  le  plus  que  vous  pourrez; 
car  vous  ne  sçauriez  nous  secourir  à  plus  grant 
beaoing.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord, 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde.  Escripl  au  camp 
de  Sl-Mesmyn,  près  Orléans,  le  xvf  jour  de 
mars  i56â  (1  563). 

(De  sa  main.)  J'é  entendeu  depuis  sete  lelre 
àyscripte  que  ave's  fayt  baller  l'argent;  de 
quov  je  suis  bien  ayse,  car  nous  en  riavons 
nécesité  ysi.  Quant  à  set  que  me  mendés  de 
mestre  jeuques  à  heun  consile,  yl  y  é  dan  la 
lettre  patente  et  me  senble  que  nous  y  avons 
faysl  tout  set  que  yl  est  posible  de  fayre  pour 
contenter  tout  le  monde,  et  vous  aseure  que  se 
n'a  pas  ayté  san  crier.  Je  vous  y  é  seuaysté1 
pour  m'ayder,  mes  puisqu'el  é  fayte  et  con 
la  trove  boune  à  Paris,  Dieu  souit  loué. 

Gaterine. 
De  l'Aebespine. 


[  prisons  du  Poiclou,  tant  pour  le  faict  de  la 
rclligion  que  pour  avoir  porté  les  armes,  sans 

i  souffrir  que  par  la  commune  il  leur  soit 
faict  aucun  mal  ny  desplaisir,  sur  peine,  là 
où  ilz  le  feraient,  de  leur  envoyer  une  grosse 
garnison  et  les  faire  bien  et  sévèrement  chastier, 
auxquelz  prisonniers  vous  ferez  bien  entendre 
la  grâce  que  le  Roy  monsieur  mon  filz  leur 
faict,  aflin  qu'ilz  regardent  de  vivre  et  se  con- 
duyre  doresnavant  si  modestement  qu'ilz  ne 
luy  donnent  occasion  de  leur  faire  mal.  Prianl 
Dieu,  Monsieur  du  Ludde,  vous  avoir  en  sa 
saincle  el  digue  garde. 

Du  camp  de  SL-Mesmin,  ce  xvnc  jour  de 
mars  i5(>2  (1 563 ). 


1563.  —  i  7  mars. 
Orig  Bibl.  uat.  mss.  collect.  de  D.  Housscau ,  t.  lu  ,  n"  63Â3. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE. 

Monsieur  du  Ludde,  pour  ce  que  par  la  paix 
que  nous  avons  faicte,  nous  avons  résolu  de 
mectre  tous  prisonniers  en  liberté  qui  ont  esté 
prins  durant  ceste  guerre,  et  que  desjà  à  Or- 
léans ilz  ont  relascbé  tous  ceulx  qu'ilz  avoienl 
prisonniers,  je  désire  que,  de  vostre  part,  il 
en  soit  faict  de  mesme;  et  pour  ceste  cause, 
vous  ferez  sortir  tous  les  prisonniers  qui  sont  ez 

1  Seuaytté,  souhaité. 


Gaterine. 


Robertet. 


i  563.  —  1 8  pars. 

Orig.  Bibl.  Dat.  fonds  français,  n°  3ao3  ,  f'  3s. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  DE  MONTMORENCY, 

MARESCUAL    DE    FRANCE. 

Mon  cousin,  j'ay  entendu  tout  ce  que  m';i 
dict  de  vostre  part  le  sieur  de  Treignal1;  sur 
quoy  à  son  retour  il  vous  rendra  compte  de 
mon  intention,  estant  allé  à  Amboise  faire  ex- 
pédier au  Roy  monsieur  mon  fdz  le  pouvoir  et 
les  lectres  de  l'ordre  pour  le  sieur  de  Méru, 
vostre  frère.  Gependanl  j'ay  advisé  vous  faire 
ceste  petite  dépesche  pour  vous  envoyer  la 
commission  pour  prendre  les  tailliz  enSenart- 
et  vous  asseurer  que  la  paix  est  bien  et  fer- 
mement faicte,  comme  vous  verrez  par  les 
lectres  qui  seront  demain  envoyées  par  dellà 
pour  publyer;  à  quoy  je  m'asseure  que  vous 

1  Ce  doit  êlre  Geoffroy,  s'  de  Pompadour,  v"  de  Carn- 
born  et  br  "  de  Treignac,  né  le  10  juin  i  5 1 3 ,  qui  en 
i  5Cg  fut  nommé  gouverneur  du  haut  et  bas  Limousin. 

2  La  forêt  de  Sénart. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


531 


sçaurez  bien  tenir  la  main.  Pryant  Dieu,  mon 

cousin,  vous  donner  ce  que  désirez. 

Du   camp  près  Orléans,  le  ivih'  jour  de 

mais  i56a  (1 503). 

Voslre  lionne  cousine, 

Catbrine. 


1563.  —  18  mars. 

Orig.  Bibl.  ont.  fonds  C.lbert,  toi.  au  ,  f°  55. 

\   MONSIEUR  DE  GONINOK, 

CHEVALIER  DE  L'ORGUE  DO  BOl   MnNSini    BIOS  EII.S  , 
CONSEILLER   EN  SON    CONSEIL    PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  par  mes  dernières 
lettres  vous  avez  este'  saLisfaict  de  tout  ce  que 
vous  désiriez,  et  depuis  j'ay  receu  les  vostres  du 
mu  de  ce  mois,  en  responce  desquelles  je  vous 
diray  que  nous  avons  dépesché  le  chevalier  de 
Seure1  à  Homme  pour  avoir  le  bref  du  Pappe 
et  le  consentement  du  clergé  pour  l'alliénation 
des  uni  mil  escuz  du  temporel  de  l'église,  et 
si  ne  sommes  pas  si  mauvaiz  mesnager  que 
n'ayons  escript  à  Metz  pour  ne  bailler  riens 
pour  la  levée  des  pislolliers  et  lansquenetz, 
sinon  la  pension  des  colonnels  et  capitaines; 
mai/,  pour  la  recrue  des  Suisses  il  n'y  a  pas 
ordre  de  l'aire  ceste  espargne,  aussi  que,  si 
nous  avons  aiïaire  de  gens,  ce  seroit  de  ceulx 
là  dont  nous  nous  soucions  le  plus;  et,  quoy- 
qu'ii  v  ayt,  asseniez- vous  que  la  chose  du 
monde  à  quoy  nous  regardons  le  plus  près  est 

1  Michel  de  Seurre,  né  à  Lumigny-en-Brie,  fut  reçu 
chevalier  de  Saint-Jean  le  fa  janvier  103g;  en  i558, 
il  lui  envové  en  mission  en  Portugal,  puis  en  Corse  en 
i55çi;  en  cette  même  année  il  remplaça  à  l'ambassade 
de  Londres  Gilles  de  Noailles;  en  i  56fl ,  il  fut  pourvu  par 
Charles  IX  de  la  grande  maîtrise  de  l'ordre  de  Saint-Lazare. 
—  Vov.  IliLil.  nat.  mss.  Hist.  de  Saint-  Lazare ,  n°  26967,  et 
dans  le  Calendarof  State papers  (1  563),  p.  200  .  une  unie 
au  sujet  de  la  mission  de  de  Seurre  à  Rome.  Cf.  une  lettre 
du  nonce  Prosper  de  Sainte-Croix  dans  les  Archives  cu- 
de  Cimber  et  Danjou ,  1™  série,  I.  V,  p   128. 


à  faire  la  moindre  despence  que  nous  pou- 
vons, si  esse  que,  ayant  à  sortyr  d'une  telle 
houe,  nous  ne  povons  que  avecques  grosse 
d'argent,  et  est  force  que,  oulliv  les  cinquante 
mil  livres  que  avez  baillez  au  trésorier  Fayet, 
VOUS  en  mecliez  en  ses  mains  le  plus  et  le  plus 
tosl  que  vous  pourrez,  car  l'aull|e|  île  colla  nous 
ne  povons  l'aire  la  monstre  des  Suisses  qui 
nous  couste  xxxv  ou  xl,  mil  franc/  de  perle 
par  mois;  qui  est  tout  ce  que  vous  aurez  poui 
le  présent,  sinon  que  vous  aurez  bien  lost  la 
lettre  de  la  paix  pour  faire  publier  par  ilellà; 
pryanl  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord,  vous 
donner  ce  que  désirez.  Du  camp  près  Orléans, 
le  xviii0  jour  de  mars  1^62  (  1 5 G  3  ) . 

Catérine. 
De  i.'Aubespine.    . 


156.'}.  —  iij  mais. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonda  français     n"  3i<)3,  f'  i 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

:iil\  \LILR  DE  L'ORDRE  DV    ROY  MOKSlEI  L  MON   PIU 
CONNEILLEI;   ES  SON    CONSEIL   PRIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  par  la  lettre  qui  va 
avecques  la  présente  vous  sçaurez  que  nous 
n'avons  pas  perdu  temps  pour  avancer  le 
moyen  de  nous  ayder  de  la  vente  des  cent 
mille  escuz  du  propre  de  l'église,  aussi  que  les 
pensions  des  colloneiz  et  cappilaines  allemans , 
qui  dévoient  venir  à  Metz,  payées,  le  surplus 
de  xxvin  m  escus  qui  y  ont  esté  envovez  esl 
dédyé  au  payement  des  deux  cornettes  des 
reystres  qui  éstoient  avecques  Monsieur  de 
Nemours,  ausquelz  il  fauldra  trois  mois  pour 
lemoings,  ayant  mandé  que  de  là  où  ilz  soûl . 
ilz  s'achemynent  droict  hors  du  royaume  el 
que  l'on  les  fera  payer  à  Strasbourg  de  ce  qu  il 
leur  sera  deu ,  dont  ledict  sieur  de  Nemours 
leur  fera  sa  promesse  après  avoir  arresté 
avecques  eulx  ce  qu'il  leur  pourra  failloyr;  et 

61- 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


532 

là-dessus  j'ay  eslé  bien  ébashye  que,  au  lieu 
des  xxviu  m  escuz  que  je  pensois  avoir  esté 
portez  audict  Metz,  il  ne  s'y  en  est  trouvé  que 
xxvn  et  cncores  en  a  le  clerc  despendu,  à  ce 
qu'il  dict,  cinq  cens,  tant  pour  le  convertisse- 
ment1  que  la  voiture,  de  manyère  qu'il  n'y  en 
reste  que  xxvi  m  cinq  cens  escus;  qui  pourrait 
estre  cause  de  nous  y  tenir  cours?,  d'autant  que 
l'on  avoit  faicl  estât  de  tout  ladicte  somme. 

Quant  à  ce  crue  vous  m'esciïpvez  du  paye- 
ment de  la  gendarmerye,  si  vous  n'y  pourvoyez 
nous  serons  en  grande  peyne  et  le  royaume 
plus  mangé  que jamaiz ,  ne  vous  excusant  poinct 
sur  Testât  général  de  ceste  année,  puisque  vous 
voyez  qu'il  n'est  poinct  et  ne  peult  encores 
estre  faict  à  cause  de  vostre  absence,  n'ayant 
pas  voulleu    ou    peu   m'envoyer   le   sieur  de 
Granlville3  jusques  icy,  pour  y  prendre  une 
seulle  résolution,  ainsy  que  je  vous  ay  cy-de- 
vant mandé; et  croy  qu'Usera  malaysé  de  sortyr 
que  ceste  paix  ne  soit  publyée  et  du  tout  passée 
à  Paris;  et  cependant  il  ne  fault  pasactendre 
à  payer  noz  gendarmes.  Au  demeurant,  il  ne 
reste  plus  pour  la  conclusion  et  seur  establis- 
sement   de    cesledicte   paix   que   nous  avons 
bastye  à  si  grande  difficulté ,  que  la  vériffication 
des  lettres  qui  en  ont  esté  dressées  et  arreslées 
de  comnmng  consentement,  laquelle  il  est  né- 
cessaire faire  incontinent  passer  et  sans  aucune 
difficulté;  et  pour  myeulx  y  préparer  les  eboses 
en  envoyé  une  coppie  et  escriptz  sur  ce  mon 
intention  à  mon  cousin  le  maresclial  de  Mont- 
morency que  vous  verrez  par  ses  lettres;  sur 
quoy  vous  adviserez  par  ensemble  à  gaigner 
et  préparer  ceulx  qui  y  peuvent,  que,  arrivant 
lesdictes   lettres   que   vous   aurez  deux  jours 
après  la  présente,  pour  le  plus  tard,  il  soit  pro- 

1  Cuurertissemenl ,  change. 

2  Cours,  court. 

3  Charles  le  Prévost  s'  de  Grandville  et  de  Brou ,  se- 
crétaire du  Roi  et  intendant  des  finances. 


ceddé  et  passé  oultre  à  la  vériffication,  son- 
dant dextrement  les  intentions  des  plusgrandz 
et  de  ceulx  qui  y  ont  moien,  en  manière  qu'il 
n'y  ayt  modiffication,  difficulté,  longueur,  ne 
autre  retardement,  autrement  se  serait  pis  que 
devant;  ce  qui  sera  bien  aysé,  si  tous  désirent 
la  paix  si  affectueusement  et  de  bon  cueur  que 
vous  m'escripvez;  et  me  renvoyez  en  toute  dil- 
ligence  ce  porteur,  m'advertissant  par  luy  de 
ce  que  j'en  devray  actendre  et  espérer;  pryant 
Dyeu,  Monsieur  de  Gonnord,  vous  donner  ce 
que  désirez.  Du  camp  près  d'Orléans,  le 
xixe  jour  de  mars  i562  (  1 563). 

(Desamain.)  Je  vous  prie,  d'aultent  que  dé- 
siré nous  voyr  aur  de  ses  troubles  et  dé  dé- 
pense, de  fayre  en  fason  aveque  le  marichal  de 
Monmoransi  que  la  court  de  Parlement  ne 
fase  dificoulté  de  paser  la  letre  patente  tout 
ynsin  cornent  ayle  ayt  arestée,  car  l'amiral1 

1   Coligny,    d'après  une  dépèche   de   l'agent  anglais 

Middlemore  à  Cécil   (Calendur  of  State  papers ,  1Ô63, 

p.  2o5),  partit  pour  Orléans  le  îG  mars.  Il  avait  reçu 

copie  des  articles  de  la  paix ,  el   le  jour   même  de  son 

départ,  il  les   avait  adressés  à  la   reine   Elisabeth    par 

du  Chastellier.  Ceci  ne  l'ait  pas  doute,  car  en  passant  à 

Brou,  le  ai  mars,  il  écrivait  à  Elisabeth  :  «J'ay  receu  ce- 

jourd'huy  unelettredeM.  le  prince  de  Condé  par  laquelle  il 

m'adverlit  cornent  toutes  choses  sont  conduites  et  arrestées 

pour  la  panification  des  troubles  de  ce  royaulme,  synon 

qu'il  reste  de  prendre  une  résolution  sur  ce  qui  touche 

vostre  faict,  puis  aussi  de  t'authorité  qu'il  aura,  et  quant 

au  contenu  des  articles  de  ce  traité,  il  ne  m'eseboit  vous 

endireaultrecbose,  Madame,  synon  qu'ils  sont  à  peu  près 

suivant  ceulx  desquelz  je  vous  ay  envoyé  une  copie  par  le 

t' du  Chastelier.  Je  n'ay  voulu  faillir  vous  faire  la  présente , 

pour  supplier  très-humblement  V.  M.  de  croire  que,  quand 

on  sera  sur  ta  délibération  de  ce  qui  touche  vostre  faict, 

laquelle  on  me  mande  avoir  esté  remise  el  différée  jusqu'à 

ce  que  je  me  trouve  au  Conseil  où  l'on  advisera  de  ce 

point,  je  ne  fauldray  point  de  m'acquitter  de  mon  debvoir, 

suivant  la  promesse  que  j'ay  faicle  à  V.  M.  (Record  office, 

State  papers).  —  Coligny  arriva  à  Orléans  le  a3  mars;  il 

avait  laissé  les  reitres  qui  l'accompagnaient,  à  six  lieues 

de  la  ville.  (Dépèche  île  Middlemore  à  Elisabeth,   Ca- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


533 


vient  vsi  aveques  sine  mile  cheveaulx,  ne  se 
volatil  désarmer,  ni  rien  ranvoyer,  ni  non-; 
mestre  dans  Orléans  que  la  letre  ne  souit  pa- 
saye  san  restrintion  ni  modification,  et  soume 
contrayns  de  retenir  tous  les  nostres  ausi,  si 
byen  que  les  r'oystres  entrel  dan  le  quatrième 
moys  dan  deus  au  troys  jours;  vous  savés  que 
sél  à  dire  el  si  ne  la  pase  tout  ynsin,  tenés 
toultes  ebause  pour  rompeue;  yl  faull  qu'i 

mode!  aul  temps. 

Catbrine. 


1563.  —  19  mars. 
Orig.  Bibl.  ual.  fonds  Colberl.  vol.  s4 ,  f°  57. 

\  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHBT1LIBB   DE  L'ORDRE  DU  BOY  MONSIEUR  MON    FILS. 
CONSEILLER  ES  SON  CONSEIL  PRIYB. 

Monsieur  de  Gonnord,  la  longueur  et  re- 
tardement de  l'argent  que  nous  attendons  de 
vous,  mesmes  des  cinquante  mille  livres  que 
je  pensois  estre  par  chemyu,  nous  tient  icy  en 
peine,  et,  vous  asseure,  comme  jà  je  vous  ay 
escript,  a  empesché,  à  ce  que  m'a  dict  .Mon- 
sieur le  connestable,  que  nous  ne  gaignons 
pour  le  moins  trente  cinq  mille  francs  sur  ce 
moys  des  Suisses;  et  j'ay  sceu  que  ce  qui  vous 
a  fait  commander  au  trésorier  de  l'extraordi- 
naire ne  les  faire  point  partir  a  esté  le  pas- 
saige  des  reytres  retournant  avecques  Monsieur 
l'aniyral ,  dont  on  ne  seut  riens  encores  en 
«este  Beauce,   combien  que  mon    cousin   le 

lendar  oj  Stute  papers,  i563,  p.  2 6 4.)  Celle  dépêche 
est  intéressante  pour  tous  les  pourparlers  qui  eurent 
lieu  entre  Coudé  et  la  Reine  mère,  depuis  l'arrivée  de 
l'amiral.  - —  Voy.  aussi  une  lettre  de  Smilli  à  d'An- 
delot,  dans  laquelle  il  lui  reproche  d'avoir  fait  la  pan 
sans  nécessité  et  lui  prédit  que  Pollrol  les  ayant  accusés 
de  complicité,  l'amiral  et  lui,  dans  le  meurtre  du  duc  de 
Guise,  un  jour  viendra  où  Coligny  et  lui  seront  assassinés 
comme  une  jusle  revanche  du  meurtre  du  duc.  {Ibid. 
p.  ao3 


prince  de  Condé  nous  eus!  dicl  qu'ils  furent 
icy  dès  hier  pour  estre  Logés  à  Boiscommun, 
Lorris  et  là  aux  enviions;  el  pour  ce  que  ces! 
argent  là  nous  faicl  grande  faulte  et  feroil 
beaucoup  d'espargne  si  nous  l'avyons.  jV  vous 
prie,  pour  ne  perdre  tant  de  temps  en  ceste 
incertitude,  regarder  à  le  nous  envoyer,  el  da- 
vanlaige  tout  ce  que  vous  pourrez  avoir  depuis 
receu,  par  le  chemyn  de  Monlargis,  jusques 
auquel  lieu  la  compaignie  de  mon  cousin  le 
mareschal  deMontmorency  le  pourra  conduire , 
et  là  \  en  a  troys  autres  qui  feronl  le  semblable 
jusques  à  Gien,d'où  le  sieur  de  Prye  qui  \  en 
a  deux  nous  l'envoyera  seuremeut  icy;  maiz. 
aflîn  qu'il  y  ayt  moins  de  danger,  plus  de  soing 
et  de  respect  que  n'auroit  un  clerc,  dont  bien 
souvent  il  est  advenu  inconvénient,  je  vous 
prie  le  faire  accompaigner  de  quelque  gentil- 
homme des  vostres,  qui  preigne  la  charge  de  la 
dilligence,  de  la  seuretté  et  de  la  vigilance  qui 
est  nécessaire,  et  sur  tout  le  service  que  vous 
désirez  me  faire,  envoyez  moi  la  meilleure 
somme  que  vous  pourrez.  Du  camp,  le  xrx'joui 
de  mars  i56a  (1  563). 

Caterine. 


1  563.  —  ao  mars. 

Orig.  Bibl.  -nat.  (omis  Colberl,  vol.  ?'i  .  !    5S. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

CHEVALIER  DE  L'OBDBB  DU   ROÏ  MONSIEUR   MOV   FILS 
CONSEILLER  EN  SON  CONSEIL  PBITS. 

Monsieur  de  Gonnord,  suyvant la dépesche 
que  je  feys  hier  a  mon  cousin  le  mareschal  de 
Montmorency  et  à  vous,  j'envoye  par  delà  le 
sieur  de  Losscs  avec  les  lettres  patentes  scellées 
el  expédiées  pour,  selon  vostre  ad  vis,  les  pré- 
senter à  la  Court1,  avec  ce  que  je  leur  enescris, 

1  Voy.  la  leltre  suivante. 


534  LETTRES  DE  CATH 

comme  vous  verrez  et  entendrez  dudict  sieur 
le  Losses  tout  ce  que  je  lui  en  ay  donné  charge 
leur  dire,  vous  pryanl  Tadvertir,  conduire, 
Iresser  et  seconder  en  cest  affaire,  comme 
vous  eongnoistrez  qu'il  sera  besoing  et  à  pro- 
pos, el  le  croyrè  tout  ainsi  que  vous  feriez  moi- 
mesmes.  Priant  Dieu.  Monsieur  de  Gonnord. 
vous  donner  ce  que  plus  désirez.  Du  camp 
près  d'Orléans,  le  xxc  jour  de  mars  i56a 
(iS63). 

(De  sa  main.)  Je  vous  prie  de  fayre  de  l'ason 
que  sesi  ne  relarde  rien,  car  je  voy.  s'il  i  a 
lificoulté  qu'ele  ne  souit  pasaye,  corne  la  pa- 
tente ayst,  san  dimineuer  ni  augmanter.  nous 
serion  ruynés;  car  leur  camps  ayst  ysi  auprès 
et,  si  la  pays  se  rompet.  l'on  metret  en  azard 
■  ■t  la  personne  du  Roy  mon  fils  et  toutte  sete 
armaye  et  la  ville  de  Paris,  au  dise1  qu'il 
vront.  si  l'on  ne  pase'2  set  que  le  Roy  et  son 
Consel  leur  ha  accordé. 

Caterine. 
De  l'Aibespine. 


ERTNE  DE   MED1CIS. 

procéder  le  plus  tost  et  en  la  plus  bfiefve  expé- 
dition que  faire  se  pourra l,  croyans  sur  ce  que 
vous  dira  de  sa  part  ledict  sieur  de  Losse,  tout 
ainsy  que  vous  feriez  moy-mesmes.  Priant 
Dieu,  Messieurs,  vous  donner  ce  que  plus  dé- 
I  sirez.  Du  camp  près  Orléans,  le  vintiesme 
jour  de  mars  mil  cinq  cens  soixante  deux 
(i5C3). 

Catebixe. 
De  l'Aibespine. 


i  563.  —  j"  mars. 

Copie.  Bib!.  uat.   Parlement.  ;.    84,   f    9S5  r\ 
Imprimé  dans  its  Mémoires  de  C 

\  MESSIEURS  LES  GENS 

INS  LA  COCR  DE  PARLEMENT    i  PARIS. 

Messieurs,  après  tant  de  caiamitez  el  maux 

dont  il  a  pieu  à  Dieu  que  ce  royaume  ait  esté  i 
visité  et  travaillé,  il  a  finalement  voulu  et 
permis  par  sa  bonté  que  nous  soyons  venus  à 
la  pacification  portée  par  les  lettres  patentes 
qui  en  ont  esté  expédiées,  et  que  je  vous  en- 
voye  présentement  parles"  de  Losses.  chevalier 
de  Tordre  du  Roy  monsieur  mon  filz.  à  la  pu- 
blication desquelles  il  est  besoin  et  vous  prie 

An  </. ..    où  ils  disent. 

-i  l'on  ne  ratifie. 


1563.  — Du  17  au  20  mars1 

Ant.  Arch.  nat.  collect.  Sitciincis,  k.  1  ir,5 ,  11    .. 

A  M'  MOIN  FILS  LE  ROY  CATOLYQUE. 

Monsieur  mon  fils  s'an  retournent  don  Fra- 
sisque3  je  n'é  voleu  falir  de  fayre  set  mot  à 
V.  M.  pour  la  suplier  de  le  croyre  de  set  qui 
lui  dira  de  ma  part  et  panser  que.  puisqu'il  a 
plu  à  Dieu  nous  donner  heune  pays,  que  l'au- 

'  Le  a3  mars,  le  Parlement  répondait  à  la  Renie  : 
g  Nous  avons  veu  les  leclres  patentes  que  le  sr  de  Losses 
nous  a  présentées  et  sur  l'heure  les  avons  communiqués 
à  vos  advocats  et  procureur  général  en  vostre  Cour  t 
pour  en  venir  ce  jourd'hui  matin  dire  ce  qu'ils  adiise- 
ronl:  à  quov  ilz  ont  satisfaict  et  en  la  présence  de  voslre 
très-bonoré  s1  le  mareschal  de  Montmorency  avons  attesté 
que  lesdirtes  lettres  patentes  seraient  publiées,  et  pour  as- 
sister à  la  publication  vous  escriprions  qu'il  estoit  très-né- 
cessaire que  deux  de  nos  très  honorés  seigneurs  princes 
de  \ostre  sang  vinssent  icv  pour  autoriser  ladicte  publica- 
tion.-' (Copie,  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  6620.  p.i  55.) 
Du  Tillet.  le  greffier  du  Parlement,  désignait  le  cardinal 
de  Bourbon  et  le  dm  de  Montpensier  comme  les  plu> 
agréables  au  Parlement.  (Ibid.  p.  i58.) 

2  Reçue  le  3o  mars. 
Don  François  de  Alava.  Voici  à  ce  propos  ce  que 
Chantonnav écrivait, le  19  mars,  à  la  duchesse  de  Parme  : 
-  Don  François  de  Alava  partit  hier  pour  retourner  en 
Espagne.  La  Royne  luy  a  donné  grand  espoir  que  tout 
cecy  se  rabilleroit  et  qu'il  falloit  reculer  pour  mieulx  sau- 
ter.- —  Voy.  une  lettre  de  Charles  IX  (Arch.  nat.  collect. 
Simancas.  K.  tAgg,  n°  90),  et  les  lettres  de  Chantonnav 
des  18  et  21  mars  (ibid.  n°'  2 '1  el 


LETTRES  DE  CATHERINE  l>K   MÉDICIS. 


,, 


bligation  nous  ayst  augmentée  en  l'androyl  de 
V.  M.  pour  le  ayde  e(  secours  qu'i  lui  lin  pieu 
nous  donner,  aystimentque  scia  nous  ha  aydé 
à  plus  tôt  nous  mestre  en  repos;  et  pour  se  qu'il 
an  pouret  aystre  mendé  à  V.  M.  yndiscreul- 
ment,  je  la  suplie  D'ajouter  fouys  à  rien  qui 
lui  en  souit  mendé  ni  dist,  que  premièrement 
û'aye  heuy  '  parler  le  sieur  d'Ouysel  que  le  Roy 
mon  fils  a  délibéré  dan  duus  jours  au  Iroys 
fayre  partir  pour  randre  conte  à  V.  M.  corne 
toulles  chause  sont  pasaye2  et  l'aucasion  qui 
nous  ba  contrayns  de  se  fayre  et  sur  tout  noslre 
yutantion  et  volante,  laquele,  m'aseurc,  tro- 
vcrés  de  princese  rraytiene,  ayment  la  conser- 
tion  de  l'hauneur  de  Dieu  et  de  l'état  de  ses 
enfans,  corne  je  m'aseure  que  Dieu  me  fayra 
la  grase  de  me  donner  le  moyen  de  le  fayre 
conestre  par  efayst,  et  en  setpendent  je  métré 
pouine  de  nous  fayre  entendre  tout  si  déce- 
rnent que  V.  M.  ne  croyré  les  aultres  chause 
que  l'on  pouret  dire  au  contraire,  sachant  mon 
vntention;  qui  me  fayst  vous  suplier  volouir 
alendre  ledist  sieur  d'Ouisei  et  contineuer  en 
vostre  bonne  grâce 

Vostre  bonne  mère  et  seur, 

Caterixe. 

1ÔG3.  —  ao  mars. 

Orig.  Bill,  nat.  fonds  français,  n"  32ia,  (J  55. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CIIEV1L1EB   DE   L'ORDIIE  DC  ROY  MONSIEUR  SION   FILS  , 
CONSEILLER  ES  SON  CONSEIL  PRIVE. 

.Monsieur  de  Gonnoi-d ,  les  collonelz  des  gens 
de  cheval  et  cappitaines  des  gens  de  pied  qui 
sont  avecques  le  Ringrave,  voyant  la  longueur 
qui  est  en  leur  payement,  ont  envoyé  devers 
moy  me  remonslrer  ce  que  vous  verrez  par  les 
deux  mémoires  que  je  vous  envoyé;  sur  quoy 
je  vous  prye  faire  vériffier  avecq  les  trésoriers 

1   Heuy,  ouï. 

8  Pasaye,  passées. 


de  l'extraordinaire  ce  qui  leurpeull  eslredeu; 

et  après  regarder  au  moyen  de  les  satisfaire 
et  rendre  contans  le  pins  tosl  el  le  mieulx  que 
vous  pourrez.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnord .  vous  donner  ee  que  désire/.  Du 
camp  près  d'Orléans,  le  ix1  jour  de  mars  i  56q 

(i563). 

Catebinb. 
De  l'Aobespine. 


I  563.  —  ao  mars. 
Orijj.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  3 1 35  ,  fJ  3li  i    - 
A  MON  COUSIN 

(LE  MARESCHAL  DE  M0NTM0RENG1 

LIEtJTESàST  GÉNÉBSL  EX   L'ISLE  DE   FUIR 

ET  A  MONSIEUR  DE  GONNORT. 

Mon  cousin,  et  vous  Monsieur  de  Gonnord, 
j'ay  receu  vostre  lettre  par  le  courrier  et  depuis 
oy  vostre  secrétaire,  par  où  j'ay  entendu  que 
une  des  principalles  delfaictes  qui  refroidisl 
ceulxde  Paris  est  que  n'est  laide  aucune  men- 
tion des  maisons  du  Roy  monsieur  mon  lilz 
el  de  sa  court'2;  ce  qu'il  a  semblé  n'estre  aucu- 
nement nécessaire  d'y  mectre,  d'autant  que 
s'est  à  nous  à  mectre  les  lieux  et  nommer  où 
se  pourrait  faire  les  presches,  comme  il  est  ar- 
resté  entre  nous,  ainsi  que  vous  pourrez  dire 
et  asseurer  partout  et  faire  très  bien  entendre 
par  de  là  ma  grande  nécessité  contenue  aux 
mémoires  baillez  au  sr  de  Losses  depuis  le  par- 
lement duquel  nous  avons  eu  advis   tain 

qu'il  y  a  trente  enseignes  de  lansquenetz  et 
quatre  mille  chevaulx  prestz  de  Metz,  qui  mar- 
chent et  tant  de  forces  debout  de  tous  coustez 
que,  s'ilz  y  font  aucune  dilliculté  ne  moddifr- 
cation,  je  veoy  la  ruyne  prochaine  el  entière 

'  Sans  suscriplion;  mais  elle  s'adresse  évidemment  au 
maréchal  île  Montmorency,  car  elle  fait  partie  d'un  recueil 
qui  ne  renferme  que  des  lettres  à  lui  adre- 

-'  Elle  explique  un  peu  plus  loin  dans  la  même  lettre 
que  l'on  ne  pourra  prêcher  à  la  cour. 


536 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


du  royaulme,  comme  vous  leur  sçaurez  bien 
dire  et  remonstrer;  et  quoy  qu'il  y  ayt,  il  fault 
iju'iJz  passent  oullre  el  que  lesdictes  lettres 
soient  publiées  sans  aucune  condicion  ne  ré- 
servation; car  desja  aussi  bien  la  paix  est  pu- 
bliée et  arrestée;  ainsi  il  n'y  fault  pas  récalci- 
trer.  s  ilz  ne  se  veullent  perdre  et  tout  le 
royaulme  quant  et  quant;  qui  est  tout  ce  que 
je  vous  en  puis  dire,  priant  Dieu  vous  donner 
ce  que  désirez.  Du  camp,  le  xx' de  mars  1062 
(i563). 

(De  sa  main.)  Je  vous  prye  tou  deus  fayre 
présanter  lé  letre  el  leur  "dire  qui  fault  qu'i  lé 
paset  et  qu'i  n'an  faset  poynt  de  dificoultés,  car 
je  heu  anuyt  novelles  de  Mes,  corne  yl  i  a 
quatre  mile  reystre  et  trante  ensegne  de  lan- 
sequenès  qui  marchet  et  devet  avoyr  aysé- 
couté  leur  entreprinse  clans  beun  moys.  Je 
vous  aseure  que  je  voy  le  réaume  rouyné,  et 
beulx  lé  premyer,  si  sesi  set  ronp  \  corne  y 
sera,  si  font  dificoulté  et  que  y  ne  se  hastet 
de  lé  paser  et  nous  renvoyer  le  sieur  de  Lose 
aveque  la  publication  faysle,  et  vous  aurez 
parler  [à]  l'homme  qui  en  né  veneu  que  je  vous 
envoyé.  Dite  à  Mesieur  de  la  Court  que  sesi 
n'et  pas  beun  prose2  ourdinâyre,  et  que  san 
l'aystresme  nésésité  y  pouvet  byen  panser  que 
nous  n'eusion  pas  fayst  tout  set  qui  ayst  dan 
la  letre;  v  n'an  .fault  (dus  favre  de  dificoulté; 
car  nous  l'avons  faiste  peublyer  anuit  ysy. 
Aseuré  lé  que  les  mayson  du  Roy  mon  filz  et 
la  court  en  sont  aysante3.  Je  vous  prie  ne  bu- 
ger,  Monsieur  de  Gounort,  et  dire  la  vérité  à 
ses  Mesieus,  car  y  seront  cause  de  nostre 
rouyne;  et  reformé  lé  prescheur,  car  y  sont 
trops  ynsolans  à  set  que  je  antans. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

'   Si  sesi  set  ronp,  si  ceci  se  rompt. 

2  Prose,  procès. 

3  Aysante,  exemptes. 


1563.  —  ai  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  u°  3219,  f°  5-. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CnEVALlEE  DB  L'ORDRE  DC  ROY   MONSIEIR  MOS  FILS. 
COSSEILLER  ES  SOS  COSSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord ,  vous  verrez ,  par  ling 
mémoire  que  je  vous  envoyé,  comme  le  tré- 
sorier Savoye  ayant  touché  vingt-cinq  mille 
livres  contant  de  noz  deniers,  dont  il  devoit 
faire  fournir  aultant  en  Piedmont  pour  les 
soldatz,  a  mis  nostre  argent  en  rentes  à  la 
ville  de  Paris,  et  ne  paye  poinct  par  delà;  qui 
est  ung  mal  à  quoy  il  fault  reinédyer,  en  luy 
faisant  sentir  la  faulte  qu'il  a  faicte.  Vous 
priant  à  ceste  cause  le  faire  venir  par  devers  vous 
pour  entendre  l'ordre  qu'il  y  aura  donné,  et, 
selon  que  vous  verrez  qu'il  vous  eu  satisffera, 
le  faire ,  s'il  est  besoing,  arrester  tant  qu'il  ayt 
rendu  lesdicts  deniers,  et,  en  tout  événement, 
faire  arrester  et  mectre  en  la  main  du  Roy 
monsieur  mon  filz  ladicte  rente  et  le  con- 
traindre par  toutes  voyes  à  faire  fournir  la- 
dicte somme  par  delà,  dedans  le  plus  bref 
temps  que  faire  se  pourra,  dont  il  ne  sera  pas 
quicte,  s'il  y  a  de  la  malice,  pour  laquelle  il 
mériterait  bien  d'estre  encores  chastyé  à  bon 
essient.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord, 
vous  donner  ce  que  désirez.  Du  camp  près 
Orléans,  le  xxicjour  de  mars  1062  (iôC3). 

Caterine. 
De  l'Aibespine. 


1563.  —  ai  mars. 

Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  3319,  fa  56. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE  I/ORDBE  M"   BOT  MONSIEUR   MON   FILS. 
CONSEILLER    EN   SOS  CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  depuis  la  dépesche 
que  je  vous  ay  faicte  par  le  sieur  de  Losses, 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


537 


j'ay  sceu  qu'il  y  a  quelque  menée  <|ui  se  f;iict 
d'icy  pour  donner  ordre  par  delà  <| ii<-  les  lettres 

que  je  y  ai  envoyées  ne  passenl  pas  si  aisé- 
ment que  je  désire  el  qu'il  est  plus  que  né- 
cessaire pour  le  bien  de  ce  royaulme,  et  y  a 
danger  qu'il  ne  se  l'ace  là  des  brigues  par 
soubz  main  pour  les  retarder  ou  y  meclre  em- 
peschement,  qui  seroit  forl  dommageable; 
dont  je  n'ay  voulu  faillir  vous  advertir  et  pryer, 
Monsieur  de  Gonnor,  comme  je  lais  mon  cou- 
sin le  sieur  de  Montmorency,  auquel  j'en 
mande  aidant,  mectre  peyne  de  pénétrer  cela 
pour  aller  au  devant  de  telz  empeschemens  ; 
et  les  ayant  descouvertz,  disposer  tellement 
les  choses  que,  pour  cela,  riens  ne  soit  re- 
tardé, y  employant  tout  ce  que  vous  aurez  de 
moyen;  car  jamais  vous  ne  ferez  chose  dont 
je  reçoyve  plus  de  contentement.  Pryant  Dieu , 
Monsieur  de  Gonnord,  vous  donner  ce  que 
plus  désirez.  Du  camp  près  Orléans,  le  xxic 
jour  de  mars  i56a  (1 563). 


Caterine. 


De  l'Aubespinb. 


1563.  —  21  mars. 
Minute.  DiM.  nat.  fonds  français,  n°  1 5G6S. 

A  MONSIEUR  LE  DUC  DE  LORRAINE. 

Mon  fdz,  j'ay  donné  charge  au  sr  de  Pas- 
quier,  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roy 
monsieur  mon  fdz,  présent  porteur,  vous  faire 
entendre  et  remonstrer  les  raisons  des  plainctes 
et  doléances  de  ceulx  de  Metz  sur  les  nouvel-* 
letez  que  font  vos  officiers;  sur  quoy  je  vous 
prie  de  y  faire  donner  la  bonne  provision  re- 
quise à  la  court  en  ce  détournement  des  pri- 
vilèges-dudict  Metz  et  des  accords  et  traités 
sur  ce  passez  par  vos  prédécesseurs  et  eulx. 
Croyez  sur  ce  ledict  Pasquier,  (oui  ainsi  que 
vous  feriez  moi-mesmes. 

(Au  dos.)  A  Monsieur  le  duc  de  Lorraine, 
du  xxie  jour  de  mars  i562  (i5G3). 

Gathebihb  Dt  MtBICIs. —  i. 


1503.  —  22  mars. 
Orig.  Ribl.  nat.  fonds  français,  n"  3igo,  f'  10. 

A  MONSIEUR  DE  MATIGNON, 

ClPITilNB  DE   CINQUANTE  HOlUtSE  DUBJI1 

Monsieur  de  Matignon,  le  sr  du  Sacé1  qui 
a  la  garde  du  Mont-S'-Michel  m'a  l'aie  l  entendre 
la  nécessité  qu'i  la  en  ladicte  place,  et  combien 
que  nous  soyons  à  présent  (grâces  à  Dieu)  en 
plain  chemyn  d'une  généralle  pacification  de 
ce  royaume,  touteffoys  pour  ne  négliger  au- 
cune chose,  mesmement  une  telle  place  qui 
est  de  l'importance  que  vous  sçavez,  je  vous 
prye,  selon  que  vous  verrez  estre  nécessaire, 
pour  la  conservation  d'icelle  et  le  service  du 
Roy  monsieur  mon  fils,  adviser  avec  le  moyen 
que  vous  avez  par  de  là  d'accomoder  el  se- 
courir ledict  sr  de  Sacé,  de  sorte  que  l'on 
puisse  eschevir2  (oui  inconvénient.  Pryant 
Dieu,  Monsieur  de  Matignon,  vous  donner 
ce  que  plus  désirez.  Du  camp  près  Orléans,  le 
xxuc  jour  de  mars  t5G2  (  1 563  ). 

Caterine, 
De  l'Albespine. 


1563.  —  ai  mars. 

Orig.  Dibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aio,,  f°  58. 

A  MONSIEUR  DE   GONNOR. 

s 

CHEVALIER  DE  L'ORDRE  DU  ROT  MONSIEUR  MON  FILS 
CONSEILLER   EN  SON  CONSEIL  l'PIVÉ. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  ne  sçay  si  je  vous 
av  escript  que  l'on  m'advertist  de  Callaiz  que 
les  grands  veus  qui  ont  couru  ces  jours  passez 
ont  laid  ung  inlîny  dommaige  aux  digues;  à 
quoy,  pour  évitter  pis,  il  est  besoing  de  pour- 
veoir  promptement;  qui  me  faicl  vous  prier  \ 
envoyer  le  plus  tost  que  vous  pourrez  jusques 
à  trois  mil  franez  des  deniers  destinez  pour  le^ 

1  C'est  peut-être  Guillaume  Vau(|uelin,  s'  de  Sacy. 
-  Eschevir,  esquiver. 

68 


538  LETTRES  DE  GATH 

fortifications  de  ceste  année;  aussi  avoir  sou- 
venance, quand  vous  envoyerez  en  Picardye 
quelques  denvers  pour  le  payement  des  soldatz, 
d'en  adverlyr  le  sieur  de  Sénarponl,  et  lui  en- 
voyer ung  estât  d'iceulx,  pour  sçavoir  comme 
ils  devront  eslre  despendus,  pour  éviter  aux 
désordres  et  desguysemenls  que  y  font  les 
clercz.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord, 
vous  donner  ce  que  désirez.  Du  camp  près 
Orléans,  le  xxnii6  jour  de  mars  i56a  (1 563). 

Caterine. 
De  l'Acbespine. 


ER1NE  DE  MÉD1G1S. 

sa  garde.  Escript  au  camp  près  Orléans,  le 
xxmi0  jour  de  mars  i56a  (  1 563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  ai  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  i63a  ,  f°  q3. 

A  MONSIEUR  DE  TAVANNES, 

LIEUTENANT  GÉNÉRAL   DU  ROY  AU  GOUVERNEMENT  DE  BOURGOGNE. 

Monsieur  de  Tavannes,  vous  avez  bien  en- 
tendu par  les  lettres  que  je  vous  ay  dernière- 
ment escriptes  la  conclusion  de  la  paix  puis  na- 
guères  faicte,  en  faveur  de  laquelle  il  a  esté 
advisé  que  tous  prisonniers  dettenuz  pour  le 
laid  de  la  religion  seront  mis  en  liberté  et  que 
toute  hostilité  cessera.  Et  néantmoings  l'on  m'a 
faicl  plaincte  que  la  court  de  Parlement  pro- 
cedde  fort  cruellement  contre  aucuns  délenuz 
pour  le  faict  de  la  religion  prisonniers  entre 
leurs  mains.  Ce  que  je  désire  et  entendz  estre 
cessé;  qui  me  faict  vous  prier  leur  faire  en- 
tendre, de  ma  part,  qu'ilz  n'ayent  à  passer  à 
l'encontre  de  ceulx  qu'ils  ont  pour  les  cas  des- 
susdietz  en  leurs  prisons,  maiz  les  leur  faire 
ouvrir,  et  les  faire  mectre  à  plaine  et  entière 
liberté,  et  de  voslre  part  faire  le  semblable  de 
ceulx  que  vous  avez  entre  voz  mains,  sans 
souffrir  ne  permeclre  qu'il  leur  soit  faict  aucun 
mal,  moleste  ne  dommage  en  leurs  personnes 
ne  biens,  car  ainsi  il  a  esté  accordé.  Priant 
Dieu.  Monsieur  de  Tavannes,  vous  avoir  en 


1563.  —  2f>  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert,  n'  ai,  p.  63. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR. 

Monsieur  de  Gonnord,  vous  sçavez  par  ce 
que  j'escriptz  à  mon  cousin  le  mareschal  de 
Montmorency  le  contantement  que  m'a  rap- 
porté le  sr  de  Losses  de  la  résolution  prise 
en  la  court  de  Parlement  sur  la  publication 
des  lettres  patentes1;  en  quoy  je  sçay  ce  que 
vous  avez  bien  faict  et  comme  j'ay  tousjours 
espéré  de  vostre  affection  droicte  et  sincère 
anvers  le  filz,  la  mère  et  le  royaume,  chose 
que  je  n'oubliray  jamaiz.  Ayant  advisé  pour 
satisffaire  ceulx  de  delà  faire  demain  au  point 
du  jour  partir  mes  cousins  le  cardinal  de  Bour- 
bon et  duc  de  Montpensier  pour  estre  ven- 
dredy  au  soir  à  Paris  et  le  lendemain  faire 
l'aire  la  publication  qu'il    vault  myeulx  estre 

1  Lettres  patentes  du  1  y  mars,  notifiant  la  paix  conclue 
avec  les  protestants.  Voy.  le  compte  rendu  de  la  séance  du 
Parlement  qui  eut  lieu  le  27  mars,  et  à  laquelle  assis- 
tèrent ie  cardinal  de  Bourbon,  le  duc  de  Montpensier,  le 
maréchal  de  Montmorency,  MM.  Odet  de  Selve  et  de 
Gonnor,  membres  du  conseil  privé.  (  Bibl.  nat.  Parlement . 
n°  84,  f"  9S9  et  suiv.)  On  y  remarquera  que  le  clerc 
du  greffe  se  borna  à  lire  seulement  le  commencement  et 
la  lin  des  lettres  patentes,  «afin  que  la  substance ouye  ne 
scandalize  l'assistance  des  avocats  et  procureurs  et  peuple.» 
Dans  sa  réponse  du  29  mars,  le  Parlement  pria  la  Beine 
••de  ne  pas  endurer  dans  sa  maison  personne  qui  ne 
soit  de  l'ancienne  religion;  la  tolérance  accordée  par  la 
pacification  ne  l'est  que  par  nécessité  et  dans  l'espérance 
de  réduire  le  tout  à  l'union  qui  estoil  auparavant  la  divi- 
sion de  religion,  mais  cette  excuse  ne  petit  s'appliquer 
à  la  maison  du  Boi  ;  ce  seroit  forcer  Leurs  Majestez 
de  se  servir  de  personnes  qui  ne  leur  seraient  fidèles. •; 


LETTRES  DE   C A-THE 

l'aide  plus  losl  aujourd'hui  que  demain  et  vous  I 
prye  tenir  toules  choses  prestes  à  cest  effect, 
trouvant  bon  que,  pour  le  contentement  des 
présidera  et  gens  du  Roy,  vous  leur  faciez 
bailler  le  quartier  de  leurs  pensions,  dont  ilz 
l'ont  instance.  J'escriptz  aussi,  suyvanl  ce  que 
le  sieur  de  Losses  m'a  dict,  à  la  Court  et  au 
premier  président,  pour  les  advertyr  de  1  allée 
desditz  princes  par  dellà.  et  si  ay  faicl  une 
lettre  particulière  à  ladicte  Cour  eu  voslre  fa- 
veur pour  nostre  entrée  et  voix  délibéralihe 
en  vostredicte  court  que  vous  pourrez  bailler, 
quant  vous  verrez  qu'il  sera  à  propoz.  Pryanl 
Dieu,  Monsieur  de  Gonnort,  vous  donner  ce 
que  désirez.  Du  camp  près  Orléans,  le  xxvc 
jour  de  mars  i562  (i5G3). 

[De  sa  main.)  Je  vous  prie  leur  dire  corne 
je  suis  contente;  quelque  nésésité  que  le  Roy 
mon  fils  ave,  que  je  veulx  qu'i  souint  péyés 
pour  voyr  le  devoyr  qui  font  à  set  quy  con- 
seille le  byen  et  repos  de  set  royaume,  et  vous 
prie  leur  dire  demayn  au  matin  ,  avent  que  ses 
prinscs  souint  aryvés,  afin  que  de  milleur  vo- 
lonté v  pase  tout.  Je  croy  qu'i  nous  fauldra 
trover  de  quoy  péyer  leur  reystre,  si  volons 
qui  sortet  du  royaume,  mes  y  n'an  faull  en- 
core dire  mot,  car  set  je  puis  je  n'an  fayré  rien. 

Caterine. 


-  1-563.  —  a5  mars. 
Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  a'  84,  f  987  r'. 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TENANS  LA  COCRT  DE  PARLEMENT  À  PARIS. 

Messieurs,  j  ay  receu  voz  lettres  par  le  sieur 
de  Losses  et  par  icelles  et  ce  qu'il  m'a  rapporté, 
entendu  en  quelle  prudente  considération  vous 
avez  mis  les  causes  et  raisons,  motives  des 
lettres  patentes  qui  vous  furent  par  luy  pré- 
sentées, et  la  résolution  par  vous  prise  de 


RINE  DE  MÉD1CIS.  539 

les  publier,  qui  nous  a  donné  grand  ronlen- 
tement,  et  pour  satisfaire  à  ce  que  vous  avez 
sagement  désiré  en  cest  endroit,  j'aj  prié  mes 
cousins  Messieurs  les  cardinal  de  Bourbon  el 
duc  de  Montpensier  prendre  la  peine  d'aller 
jusques  là,  ce  qu'ilz  ont,  comme  princes  ai- 
mans  le  bien  de  ce  royaume  et  qui  sçavent 
comme  nous  le-besoing  qu'il  en  a,  volontiers 
accordé  pour  y  estre  à  cesl  effet  vendredj  au 
soir,  dont  j'ay  bien  voulu  vous  adverlir  et  prier 
vouloir  tellement  continuer  en  la  bonne  vo- 
lonté que  vous  avez  démonstrée  en  cest  en- 
droit que  l'issue  en  soit  telle  ot  si  prompte  que 
le  besoin  le  requiert.  Priant  Dieu,  Messieurs, 
vous  donner  ce  que  plus  vous  désirez.  Escript 
au  camp  près  Orléans,  le  vingt  cinquiesme 
jour  de  mars  mil  cinq  cens  soixante  deux 
(i563). 


Caterink. 


De  l'Aubespine. 


1563.  —  25  mais. 

Minute.  Bibl.  nat.  tonds  français,  n"  10609,  fJ  33. 

A  MONSIEUR  DE  LANSAC. 

Monsieur  de  Lanssac,  puisque  vostre  der- 
nière despesebe  du  n"  de  ce  moys  apportée  par 
le  sieur  de  Sl-Bonnet  estoyt  remise  à  la  lectre 
que  m'escripvovt  mon  cousin  le  cardinal  de 
Lorraine,  je  puis  bien  remectre  doneques  ma 
response  à  celle  que  je  luy  faiz,  par  laquelle 
vous  sçaurez  la  paix  qu'il  a  pieu  à  Dieu  nous 
donner  et  en  entendrez  les  raisons  et  condi- 
cions  par  la  coppie  des  lettres  qui  en  ont  eslé 
expédiées,  ne  faisant  double  qu'elle  ne  sera 
pas  trouvée  par  delà  si  bonne  que  nous  qui 
sentons  le  mal  la  jugeons  avecques  juste  occa- 
sion ,  maiz  nostre  nécessité  et  l'apparente  ruyne 
de  ce  royaulme  nous  a  faict  prandre  ce  party, 
espérant  et  actendant  que  d'un  bon  concilie 
nous  avons  le  parfaict  remedde  à  chose  tant 

68. 


550 


nécessaire  à  l'honneur  de  Dieu  et  unyon  de 
tous  ses  peuples.  Vous  y  verrez  aussy  une 
plaincte  que  le  nunce  du  Pappe  m'a  faicte  en 
passant  des  actions  et  depporlementz  de  noz 
prélatz  et  ambassadeurs  qui  sont  lesquelz  il 
dicl  alonger  les  choses  que  son  maistre  désire 
avancer,  dont  je  croy  ce  qu'il  en  est.  Et  vous 
sçavez  combien  la  chose  que  vouz  avez  en 
vostre  instruction  est  contraire  à  cella;  maiz 
bien  que  nous  puissions  veoir  sortir  de  là  telle 
et  si  bonne  réformation  que  tout  le  monde 
veoitestre  nécessaire,  et  ne  serez  jamaiz  désad- 
voué  de  moy  de  faire  telle  instance  ne  de 
poursuivre  en  cest  endroict  ce  que  vous  avez 
si  bien  commancé;  en  quoy  je  vous  prie  ne 
perdre  une  seulle  heure  de  temps,  car  je  ne 
seray  jamaiz  ayse  ne  satisfaicte  jusques  à  ce 
que  Dieu  nous  ayt  donné  tant  d'heur  et  de 
repoz. 

Au  demouranl  quant  à  la  préceddence  que 
le  conte  de  Luna  met  en  disputte,  c'est  chose 
que  je  ne  puis  en  façon  du  inonde  souffrir,  ne 
permectre  estre  interrompue  ne  altérée  de 
quelque  condition  que  ce  soyt;  et  quoy  qu'il  y 
ayt,  veulx  et  vous  prie  la  garder,  deffendre 
de  toute  la  raison  dont  vous  n'avez  pas  de 
faillie,  n'ayant  jamaiz  esté  révocquée  en  doucte 
par  le  passé,  maiz  au  contraire  recogneue  par 
tout  et  de  ceulx  mesmes  qui  y  font  le  trouble, 
m'esbahissant  que  le  Pappe  n'y  a  mis  dès  le 
commencement  une  bonne  fin  par  sa  pater- 
nelle remonstrance  et  grandement  aussy  de  ce 
que  les  Pères  du  Concilie  disent  à  ceste  heure 
qu'ilz  ne  peuvent  en  cella  ne  aultres  choses 
temporelles  que  prier  et  cependant  laisser  aller 
avant,  chose  trop  préjudiciable  à  l'auctorilé 
du  Roy  monsieur  mon  filz,  encores  que  ceste 
ouverture  de  siège  à  part,  combien  moins 
émynent  que  celuy  où  vouz  serez,  ayt  quelque 
coulleur-,  sur  quoy  et  toute  autre  innovation  il 
est  besoing  que  vous  vous  monstriez  entier. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1C1S. 

sans    néantmoings   que  l'on    puisse   prendre 


occasion  d'aucune  altération  entre  le  roy  d'Es- 
pagne et  nous,  ne  aussi  vous  départir  et  laisser 
de  vous  y  trouver,  pour  ne  donner  argument 
d'une  interruption  au  progrez  des  choses  com- 
mencées, dont  on  rejetast  la  faulte  sur  nous; 
maiz  aprez  y  avoir  faict  tout  devoir  et  usé 
de  toutes  protestations  pertinentes  et  conve- 
nables prandre  de  ceste  innovation  telle  décla- 
ration que  à  l'avenir  elle  puisse  partout  servir 
à  la  conservation  des  droictz  du  Roy  mondict 
filz,  faisant  néantmoings  bien  entendre  aux 
Pères  que  nous  nous  devrions  ressantir  envers 
le  Pappe  de  ce  qu'il  ne  prend  de  luy  mesme 
la  protection  et  deffence  d'une  si  juste  cause 
pour  rendre  ledict  roy  d'Espagne  cappable  de 
raison  et  assopir  ce  différent.  En  quoy  vous 
pourrez  prendre  encores  le  conseil  de  mondict 
cousin  le  cardinal  de  Lorrayne  et  des  autres 
bons  serviteurs  que  le  Roy  mondict  filz  a  par 
dellà  pour  n'y  faire  chose  qui  ne  soyt  à  l'ave- 
nir repparable  et  qui  n'ayt  coulleur  de  l'avoir 
forcément  lollérée  pour  le  bien  espéré  de  la- 
dicte  assemblée. 

Quant  à  vostre  estât,  je  croiz  qu'il  vous  y  a 
esté  satisfaict,  et  retournée  que  je  seray  au- 
près du  Roy  mondict  filz,  s'il  y  restoit  quelque 
chose,  je  y  feroy  pourveoir,  et  vous  aurez  en 
telle  souvenance  que  vous  méritez.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Lansac,  vous  avoir  on  sa 
garde. 

Ecrit  à  M.  de  Lansac,  le  xxv  mars  i5Ga 
(i563). 

1563.  —  s5  mars. 

Minute.  Iiibl.  nat.  fonds  français,  n    i56og,  f°  ag. 

A  MON  COUSIN 

M"  LE  CARDINAL  DE  LORRAINE. 

Mon  cousin,  par  la  longue  lectre  que  vous 
avez  escripte  au  Roy  monsieur  mon  filz,  nous 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIUS. 


;Vil 


avons  esté  bien  particulièrement  advertiz  de 
tout  ce  que  vous  avez  faicl  en  vostre  voyage 
d'Ispruch,  ayant  eu  à  singulier  plaisir  que 
l'occasion  ayt  esté  à  propoz  tjue  vous  \  ayez 
peu  si  avant  sonder  el  cognoistre  la  bonne 
intention  el  disposition  de  l'Empereur  et  du 
roy  des  Romains,  premièrement  sur  ce  <|ui 
eoncernoit  l'honneur  de  Dion,  bien  de  la 
chreslienlé  e!  l'avancement  du  Concilie,  au- 
quel point,  à  ce  que  j'av  leu  et  conceu  par 
vostre  lectre,  vous  n'aviez  riens  obmis  à  leur 
toucher  de  ce  qui  doyt  servir  à  les  y  inviter, 
leur  descouvrant  nument  ce  que  vous  co- 
gnoissiez  de  la  suffisance  et  disposition  de  ceulx 
(]ui  manient  ceste  affaire  en  l'assemblée  qui  est 
de  présent  à  Trente;  qui  a  esté  très  bien  et  sai- 
gement  l'aict ,  affin  que  ,  encores  qu'ilz  puissent 
en  avoir  d'ailleurs  cognoissance,  ilz  sachent 
(|ue  tout  le  monde  y  veoyt  clair,  el  que  les 
choses  de  la  chrestienté  estans  au  discrime 
auquel  elles  sontel  principallement  ce  royaume 
travaillé  de  ce  mal  là  si  oultrement  qu'il  est, 
les  rcmeddes  doyvent  estre  présens  et  conve- 
nables, et  pour  lesquelz  avancer,  comme  vous 
leur  distes  à  Leurs  Magostez ,  il  est  besoin", 
mon  cousin,  que  ces  grans  princes  y  mectent 
la  main.  Comme  j'ay  cogneu  par  la  responce 
que  vous  feist  ledict  sr  Empereur  qu'il  est  en 
très  bonne  volunté,  de  quoyje  prie  Dieu  qu'il 
sorte  quelque  fruict  et  que  [son]  approchement 
de  là  serve  à  ce' qui  y  est  tant  nécessaire,  ne 
voullanl  riens  vous  dire  là  dessus,  mon  cousin, 
Sçachant  que  vous  entendez  mieulx  que  nous 
ce  dont  nous  avons  tant  de  besoing;  maiz  si 
veulx-je,  en  passant  là  dessus,  vous  advertir 
([n'estant  nostre  nécessité  telle  et  si  grande  que 
ne  la  povyons  plus  supporter,  après  avoir  faict 
et  tenté  les  moyens  de  pourveoir  à  l'inconvénient 
qui  nous  menassoit  par  aultre  voye  que  celle 
que  avons  esté  conlrainctz  prendre  comme  tout 
le  monde  a  veu  finallement  après  la  bataille 


gaignée(?)  par  feu  mon  cousin  vostre  frère  se 
tournant  en  quelque commancement de  récon- 
ciliation avecques  mon  cousin  le  prince  de 
Coudé  entrèrent  particullièremenl  si  avant  en 
propoz  qu'ilz  ou>  rirent  la  porte  par  OÙ  qous  en 
sommes sorliz  et  les  principaulx  poinetz  résoluz 
entre  eulx,  ayant  tousjours  en  oppinion  que  le 
temps  pourroyt  encores  faire  nostre  marché 
plus  avenlaigeux  pour  une  occasion  que  je  veulx 
bien  que  vous  sçachiez,  s'i  estoyl  l'espérance 
que  nous  avions  que  les  reytres  se  retireroyent, 
temporisasmes  jusques  à  venir  devant  ceste 
ville,  tenant  néanlmoins  toujours  ceste  pra- 
tique vilve  où  ce  malheureux  malheur  et  dé- 
sastre est  advenu  dont  j'ay  porté  et  porte  in- 
croyable ennuy.  Et  d'ailleurs  avons  veu  tant  de 
mal  se  préparer  à  l'entière  ru  y  ne  de  ce  royaulme 
pour  les  levées  contraires  qui  se  faisoyent  pour 
les  aultres  en  Allemaigne,  les  menasses  de 
ceulx  de  l'Empire  sur  la  restitution  de  Metz. 
dont  nous  ne  sçavons  encores  ce  qui  sortira, 
les  Angloys  estendre  si  avant  leurs  desseings 
que  jà  la  basse  Normandye  estoit  quasi  toute 
à  leur  dévotion,  mesmement  le  chastéau  de 
Caen perdu  ,aussv  pauvrement  nostre  royaume, 
eslevé  de  tous  coustez  et  encores  plus  espuisé 
comme  vous  en  povez  sçavoir  des  nouvelles 
noz  amys  si  froidz  et  desquelz  les  dessaings 
sont  aussy  à  craindre  pour  le  moins  il  ne  res- 
leroyt  que  à  comprendre,  que  tout  cella  amassé 
ensemble,  mis  en  bonne  et  profonde  considé- 
ration de  tous  les  princes  du  sang,  de  Mr  le 
connestable  et  autres  grans  seigneurs  et  no- 
taires personnaiges  du  conseil  du  Roy  mon- 
sieur mon  lilz,  il  a  esté  advisé  qu'il  \alloil 
myeulx  conserver  le  lioy  et  le  royaume  en  sou 
entier,  comme  il  demeure,  que  de  l'exposer 
en  apparent  et  véritable  dangier  par  l'intro- 
duction de  tant  d'estrangiers;  qui  a  esté  cause 
que  leur  avons  accordé  ce  que  vous  verrez  par 
li  coppie  de  la  lectre  sur  ce  expédiée,  que 


Ï42 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


j'ay  faicl  mètre  dedens  ce  pacquez;  qui  est 
beaucoup  plus  que  je  ue  vouldroys,  mais  peu 
auprès  du  dommage  grand  que  y  peudoyl , 
d'aultant  que  eu  Lant  de  pays,  villes  et  lieux 
qu'il z  occupoyent  les  gens  d'église  et  le  service 
ili\in  accoustumé  n'y  porroyt  plus  rentrer,  ny 
le  Roy  mondict  filz  avoir  aucun  commandement 
que  à  leur  niodde.  Et  par  ainsy  mes  deux 
autres  lectres  vous  satisferont,  au  demourant, 
mon  cousin,  qui  me  gardera  de  m'estendre 
plus  avant;  mais  quaut  à  ce  qui  touche  l'am- 
bassadeur d'Espaigne  et  du  lieu  qu'il  mecl  en 
disputte  pour  la  précédence,  comme  j'escriptz 
au  sr  de  Laussac,  je  n'entendz  ny  ne  veulx  que 
l'on  laisse,  en  cestendroict  ni  autre,  enjamber 
la  moindre  chose  du  monde  au  préjudice  de 
l'auctorilé  et  préhéminence  du  Roy  mondict 
filz,  qui  va  de  tout  temps  avant  tous  les  autres 
princes,  que  je  ne  me  puis  assez  esbahir  que 
l'on  y  vueille  à  ceste  heure  toucher,  et  vous 
prie,  mon  cousin,  y  employer  vostre  faveur  et 
•  voz  conseilz;  car  cognoissant  l'humeur  de 
ceubt  qui  font  jouer  ce  jeu,  quelque  desguise- 
ment  qu'il  y  ayt  à  seoir  en  ung  siège  à  part, 
je  sçay  que  l'importance  en  seroyt  trop  grande. 


1 563.  —  26  mai*. 

Orig.  Bibl.  nat.  Cinq  cents  Colbert.  vol.  3oo  .  f0'  i5g  cl  suiv. 

A  MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSEILLER  DC  BOT  MOSMEL'B  MO*  FILZ  ET   SO>    AMBASSADEUR 
PRÈS    L'EMPERBCR. 

Monsieur  de  Reunes,  avant  que  respondre 
aux  deux  lettres  que  j'ay  receues  de  vous  de 
mesine  dacte,  l'une  par  Flandres,  et  faultre 
par  le  sr  de  Sl-Bonnet,  je  veulx  vous  advertir 
que,  après  plusieurs  allées  et  venues  et  que 
nous  avons  tenté  tous  moyens  pour  sortir  hors 
des  troubles  où  uous  estions,  nous  n'avons 
sreu  mieulx  faire  pour  la  nécessité  du  temps 
et  les  dangers  grandz  etévidentz  qui  nous  uie- 


nassoieut,  telz  que  la  couronne  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  s'en  alloyt  fort  esbraulée  par  la 
venue  de  tant  d'estrangers  dont  ce  royaume 
est  si  fort  remply  desjà  que  d'aultres  que  nous 
voyons  préparez  à  y  entrer,  que  de  passer  par 
où  vous  verrez  en  la  lettre  de  la  résolution  qui 
en  a  esté  prise,  de  laquelle  je  vous  envoyé 
coppie,  aflin  que  vous  en  sçachiez  par  le  menu 
ce  qu'il  en  est;  qui  est  chose  faicte  par  l'advis 
de  tous  les  princes  du  sang,  de  Monsieur  le 
Counestable  et  de  tous  les  aultres  seigneurs  du 
Conseil,  bastie  sur  les  fondementz  que  Mon- 
sieur de  Guise  en  avoit  peu  après  la  bataille 
jà  assiz  et  projectez  avecques  Monsieur  le 
prince  de  Condé;  à  la  poursuitte  et  exécution, 
à  sa  mort,  de  quoy  il  nous  exhorta  et  admo- 
nesta fort  expressément,  comme  1  extresme  be- 
soing  et  grande  nécessité  nous  y  a  aussi  plus 
que  forcez  et  menez,  joinctle  conseil  que  tous 
nos  amys  nous  en  ont  donné  plustost  que  de 
nous  voir  perdre  et  ruiner  du  tout,  comme 
nous  en  estions  en  chemin,  et  mesmes  que  eu 
ce  faisant  nous  avons  certaine  espérance,  et 
s'il  se  peult  dire  asseurance,  que  les  Angiois  se 
retireront  et  délaisseront  ce  qu'ilz  y  ont  occupé; 
qui  est  chose  de  telle  importance  qu'elle  ne 
traine  pas  après  elle  moindre  inconvénient 
que  de  la  désolation  de  Paris  et  perte  entière 
de  toute  la  Normandye,  joinct  à  celle  aussy  la 
menasse  de  ceulx  de  l'Empire  pour  le  respect 
de  Metz ,  Tbou  [1]  et  Verdun,  ce  que  vous  pourrez 
dextremeut  faire  entendre  à  l'Empereur  et  au 
Roy  des  Romains  aussi,  leur  faisant  bien  tou- 
cher ce  qui  nous  a  amenez  là,  en  actendant 
que  Niostre-Seigneur  nous  face  la  grâce  que 
d'ung  bon  concilie  nous  soions  consolez  et 
confortez  de  ce  dont  nous  avons  tant  de  besoing. 
à  l'honneur  de  Dieu  et  repos  de  ce  royaume, 
qui  est  tout  ce  que  je  cherche,  et  pour  à  quoy 
parvenir  j'ay  faict  ce  que  jamais  mère  de- 
mourée  chargée  d'un  Roy  jeune  en  temps  si 


LETTRES  DE  CATH 

troublé  et  si  fascheux  sçauroyl  faire  sans  par- 
donner à  toute!  sorte  de  travail,  danger  et 
aullres  expédiens  nue  j'estimois  \  pouvoir 
servir,  entre  les(]ueiz  n'a  esté  espargné  celuy 
des  armes,  connue  chascun  a  veu,  dont  ce 
royaume  a  souffert  très  grand  dommaige; 
niais,  puisqu'il  a  pieu  à  Dieu,  il  a  esté  besoin;; 
s'en  contantes  et  remeclre  tout  à  sa  bonté  el 
grande  miséricorde,  qui  à  la  fin  a  eu  et  aura 
pitié  de  nous. 

Vous  advisant  au  surplus  que  j'ay  entendu 
par  vosdicles  lettres  bien  au  long  ce  que  vous 
avez  laid  et  apris  au  voiagc  de  mon  cousin  le 
cardinal  de  Lorraine  à  Ysprueli,  dont  il  m'a 
escript  bien  particulièrement,  et  la  disposition 
bonne  en  quoy  il  a  trouvé  lesdictz  sieurs  Em- 
pereur et  roy  des  Romains  au  bien  du  Con- 
cile et  affection  envers  nous  et  semblablemenl 
le  desplaisir  qu'ilz  ont  des  levées  qui  se  font 
par  de  là  au  dommage  de  ce  royaume,  les- 
quelles je  congnois  bien  qu'il/,  ne  vendent,  pas 
faire  semblant  de  c.ongnoistre  et  si  bien  ilz 
leur  desplaisent  comme  vous  dictes,  monslrent 
bien  qu'ilz  ne  veullent  pas  dosplaire  à  ceulx  de 
delà;  qui  me  faict  d'autant  plus  louer  et  re- 
mercier Dieu  du  bien  de  paix  qu'il  luy  plaist 
nous  donner,  pour  le  respect  duquel  j'ay  mandé 
à  ceulx  que  j'avois  dépêchez  pour  hoz  levées 
ne  passer  pas  oultre1,  comme  je  m'asseure 
aussy  que  ceste  nouvelle  retiendra  ceulx  qui 
se  remuoient  pour  les  aultres,  mais  je  suis 
lousjours  aux  escoules  pour  sçavoir  si  cesie  dé- 
libération prise  par  l'Empire  touchant  le  recou- 
\ renient  de  Metz,  Tlioufl]  et  Verdun  passera 
jusques  aux  effectz,  dont  on  continue  à  ne 
donner  des  alarmes,  bien  que  n'ayant  pas  en- 
core faict  response  à  ce  gentilhomme  dudict 
Empereur  qui  en  apporta  les  lettres,  ce  qui  a 

1  Dans  une  note  du  temps,  nous  lisons  :  ^Le  Roy  de 
France  a  conlremandé  les  quatre  mil  chevaux  et  les  Iroys 
régimens  de  lansquenet?,  qu'il  prétendait  tenir  si  la  guerre 


BRINE  DE  MÉDICIS.  54:j 

esté  remis  à  quant  nous  serons  de  retour  à 
Ainboise  auprès  du  Roy  mon  lilz.  vous  priant 
cependant  y  esclairer  de  près  pour  m'en  donner 
advis  et  de  toutes  nouvelles  dezdictz  Empereur 
et  ro\  i]i^  Romains,  mesmemenl  en  quelle 
délibération  il/,  continueront  pour  le  faict  du 
concilie. 

\  ce  que  j'a\  entendu  par  la  responce  de 
mondicl  cousin  le  cardinal  de  Lorraine,  il  a  mis 
bien  en  avanl  les  fers  au  feu  du  mariage  de 
madame  la  roy  ne  d'Escosse  avecques  l'archi- 
duc Caries1  tiers  lilz  de  l'Empereur  et  sembla- 
blemenl senty-ee  qu'il  a  peu  pour  celm  des 
tilles  du  roy  des  Romains  :  l'une  (la  première 
desquelles)  est  pour  l'Espagne,  comme  il  faull 
croyre,  et  de  l'aultre  nous  sera  aisé,  aynsi  que 
je  veoy,  d'en  faire  alliance  pour  le  Hoy  mon- 
diclfilz;  chose  à  quoy  nous  sommes  pour  en 
entendre  sans  monstrer  de  parler  plus  de  la 
première,  allin  de  n'irriter  personne  et  en 
choses  aussy  dont  j'estime  bien  que  ne  serions 
guères  satisffaiotz,  el  suis  pour  en  escripre  par 
la  première  dépesche  audict  sieur  cardinal 
suyvant  ce  qu'il  aclend  de  moy;  de  quoy  j'ay 
bien  voulu  vous  advertyr,  allin  que  vous  sachiez 
tout  ce  qui  se  passera  en  cela  entre  nous, 
semblablemenl  du  mariage  du  lilz  aine  du 
roy  des  Romains3  a\ecq  ma  lille,  pour  là- 
dessus  veoir  et -sentir  comme  les  choses  se  con- 
tinueront là  où  vous  estes,  el  y  l'aire  dextre- 
ment  l'office  convenable  à  chose  de  telle  im- 

eust  continué,  et  beaucoup  du  gens  malconlens,  encores 
qu'on  leur  eust  envoyé  leurs  pensions  pour  les  apaiser.» 
(Record  Office ,  State papers.) 

1  Voy.  Keitli,  //«■«.  i1  Ecosse,  t.  II,  p.  186, 197  el  198; 

I. élire  à  la  duchesse  d'Arscliott  et  fragment  d'un  mémoire 
de  Marie  Sluarl ,  Lalianolf,  Lettres  dé  Marie  Sliirut.  t.  I . 

p.  aig,  396  et  397. 

'  Senti/,  entendu. 

3  Rodolphe,  né  en  1 55a,  qui  lut  empereur  après  son 
père  Maximilien  II,  et  mourut  le  1  0  janvier  1613  sans 
avoir  été  marié. 


5  M 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


portance  .selon  les  occasions,  essayant  par  cela 
retenir  lesdictz  deux  princes  et  ce  qui  est  de 
leur  dévotion  en  aultre  devoir  et  respect  en 
nostre  endroict  et  ce  qui  louche  le  bien  de  ce 
royaume  qu'ilz  n'ont  esté  par  cy  devant,  non 
en  apparence  mais  en  effectz,  et  balancer  par 
là  toutes  aullres  intentions  qui  y  vouldroieul 
eslre  contraires,  tant  du  coslé  d'Espaigne  que 
d'ailleurs  et  semblablement  tenir  plus  la  royne 
d'Angleterre  en  branle  qui  n'aura  pas  trop 
agréable  ledict  mariage  d'Escosse;  mais  il 
fault  que  tout  d'une  main  j'en  face  encore  ung, 
s'il  est  possible,  qui  est  celuy  de  la  fille  du  duc 
de  Cièves1  avec  mon  fils  d'Orléans2,  désirant 
que,  après  vous  estre  bien  enquis  à  la  vérité 
qu'il  n'y  a  que  une  fille,  vous  regardiez  les 
moyens  d'en  faire  ouvrir,  comme  de  vous 
mesmes,  les  propoz  aux  lieux  et  ainsi  qu'il  vous 
semblera  plus  à  propoz,  ce  que  vous  en  sçau- 
riez  inieulx  faire  que  après  avoir  sceu  de  quelle 
main  ledict  duc  de  Cièves  se  laisse  manier, 
soyt  du  roy  des  Romains  ou  aultre  de  ses 
païens  et  amys,  et  en  cela  me  donnerez  quel- 
que lumière  qui  m'y  puisse  dresser  et  conduire 
au  point  que  j'y  désire,  continuant  tout  soing 
et  devoir  de  me  tenyr  adverty  et  de  ce  que  en 
aurez  apris  et  de  toutes  aultres  choses  et  sur- 
tout comme  ceste  paix,  qui  est  chose  faicte 
pour  l'extresme  nécessité  du  temps,  sera  receue 
de  Leurs  Majestez;  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Rennes,  vous  avoir  en  sa  garde.  Escript  au 
camp  près  Orléans,  le  xxvi"  jour  de  mars  1 502 

(i563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 

'  Guillaume,  duc  de  Cièves  et  de  Juliens,  qui,  eu  i546, 
avait  épousé  Marie  d'Autriche,  iille  de  l'empereur  Ferdi- 
nand, dont  il  eut  deux  filles  :  l'une  qui  épousa  Albert-Fré- 
déric de  Brandebourg,  et  l'autre  qui  épousa  Philippe- 
Louis  de  Bavière. 

2  Henri  III ,  qui  plus  lard  prit  le  titre  de  duc  d'Anjou. 


1503.  —  26  mars. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°3o45o,  f°  29. 
A  MON  COUSIN 

LE  SIEUR  DE  BOISY, 

GRAND   ESCUYER   DE  FRANCE. 

Mon  cousin ,  j  ay  receu  vostre  lettre  et  n'ay 
jamais  pensé  que  vous  estant  là  comme  capi- 
taine et  gouverneur1  n'y  faciez  vostre  office, 
aussi  ce  que  le  sieur  de  la  Bordaizière2  en  a 
faict  n'a  esté  que  en  vostre  absence,  et  à  ceste 
fin  luy  escris  vous  remectre  l'entrée  qui  y  vous 
appartient  sans  aultrement  vous  y  empescher, 
m'asseurant  aussy,  mon  cousin,  que  le  Roy 
monsieur  mon  filz,  mes  autres  enfans,  ny  la 
place  ne  sçauroient  estre  en  la  garde  d'ung 
plus  homme  de  bien,  ne  plus  digne  et  affec- 
tionné serviteur.  Quant  aux  estallons  du  haraz. 
il  y  a  trois  jours  que  j'en  parlay  à  mon  cousin 
le  prince  de  Coudé  qui  me  promet  faire  rendre 
ce  qui  en  restait  si  tost  que  Monsieur  l'amyral 
seroit  arrivé  comme  il  est,  demain  je  l'en  feray 
solliciter  et  rnoy-mesmes  luy  en  parleray  en- 
cores  pour  les  avoir  le  plus  tost  qu'il  sera  pos- 
sible. Pryant  Dieu,  mon  cousin,  vous  donner 
ce  que  plus  désirez.  Du  camp  près  d'Orléans, 
le  xxvie  jour  de  mars  i5G2  (i  563). 

La  bien  vostre, 

Caterine. 


1503.  —  26  mars. 
Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  3aoi,  f*  io,. 

A  MON  COUSIN 

LE  MARESCHAL  DE  MONTMORENCY, 

GOUVERNEUR  ET  LIEUTENANT  GENERAL  I>C  ROY   MONSI8LR  MON   FIL2 
EN   L'ISLE  DE  FRANCE. 

Mon  cousin,  le  sieur  de  Losses  m'a  baillé 

1  II  était  gouverneur  d'Aniboise. 

2  Jean  Babou,  s'  de  la  Bourdaisière,  maître  général 
de  l'artillerie  de  France,  mort  en  oclobre  1 56g. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


545 


voz  lettres  et  rendu  compte  du  bon  devoir  et 
de  la  dextérité  dont  vous  avez  usé  pour  amener 
el  conduire  les  choses  de  nostre  paix  au  [minci 
que  jiiv  sceu  par  1  n \ .  dont  j'aj  très  grande 
occasion  de  contentement,  sachant  combien 
\  a  servy  vostre  moyen  el  l'affection  que  vous 
portez  au  service  du  Roj  monsieur  mon  til/.  et 
au  bien  de  ce  royaume,  el  pour  satisffaire  à 
ce  que  ceulx  de  la  courl  de  Parlemenl  dési- 
rent, affin  qu'il  ne  tienne  pas  à  cella1,  partent 
demain  au  poinct  du  jour  mes  cousins  le  car- 
dinal de  Bourbon  et  le  duc  de  Montpensier 
(jui  ne  fauldront  à  se  rendre  vendredy  au  seoir 
à  Paris,  pour  le  lendemain  au  matin  faire  taire 
la  publication  des  lettres,  suyvant  ce  qui  a 
esté  arresté  en  la  court  de  Parlement;  à  quoy 
je  vous  prie  tenir  toutes  choses  les  plus  prestes 
et  mieulx  disposées  que  vous  pourrez,  remec- 
tant  le  surplus  au  porteur  qui  vous  dira  com- 
bien j'ay  esté  aise  d'entendre  les  bonnes  nou- 
velles que  m'avez  envoyez  par  luy.  Pryanl 
Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Escripl  au  camp  près  d'Orléans,  cewvi'jour 
de  mars  1 5 6 a  (î 563). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1563.—  2(1  mars.) 

Aul.  Bibi.  nul.  fonds  français.  n°  loaio,  f    l36. 
'       '  A  MA  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  (il  [SE. 

Ma  cousine,  je  croy  que  Jean-Batiste  vous 
aura  mendé  corne  la  marechalla  de  Saynt- 
Vndré2  m'a  envoyé  beun  jeantilhomme  par 
lequel  ayle  m'a  ayscript  et  me  prie  que  je  luy 
permète  me  venir  Irover,  s'an  volant  aler  hà 


Afin  que  cela  ne  soit   pas  cause  de  la   rupture  'le  la 


paix. 


"•rite  de  Luslrac. 
Caïhf.mnf.  de  Mémcis.  —  i. 


Paris  pour  des  afayres  grandes  qu'ele  y  a,  et 
m'  veull  paser  plus  avent  san  me  voyr.  Je  luy 
ay  mendé  que  sel  lyeu  aytoyl  mal  comode  el 
que  s'ele  volet  atendre  Emboyse,  que  j'espérès 
y  estre  byen  tôt.  ^1  m'a  dist  quel  esl  présaye1 
il  i  aler  el  que  je  ne  trove  niâmes  s'ele  vient  ysi. 
Je  lu\  aj  répondeu  set  qu'ele  voldroyl  el  vous 
ayn2  né  byen  voleu  avertir,  afin  que  vous 
aseuriés  ausi  que,  j  venant',  je  ne  fauldré  luy 
dire  corne  je  say  que  s'étoyt  la  volante  de  son 
mari  que  vostre  lils  aypousat  sa  fille3  et  qu'i 
me  la  diste;  etvoyentque  s'élovl  aussi  sella  de 
l'eu  Monsieur  de  Guise,  qu'ele  nesaroyt  avoyr 
beun  plus  grant  hauneur  et  qu'ele  ne  saroyt 
ayslre  mieuls  nourie  que  aveque  vous  et  ausi. 
puisqu'ele  douyt  ayslre  vostre  fille,  que  la  fayre 
nouii  selon  vostre  volante  et  louttes  les  aullres 
perseuasions  que  je  mepouré  aviser,  vous  aseu- 
rant  que  en  sela,  ou  aultre  chause,  je  sayré 

1  Présaye,  pressée. 
'</» ,  en. 

3  La  jeune  Bile  fut  en  effet  remise  aux  mains  il"  la 
duchesse  de  Guise,  mais  un  procès  s'engagea  à  cette  occa- 
sion et,  dans  une  lettre  du  cardinal  de  Lorraine  à  la  du- 
chesse, datée  de  Trente,  le  22  novembre  i5G3,  nous 
lisons  :  ?J'escrips  à  la  Roy ne,  el  quant  à  moy  je  lui  quitte 
la  fille  S'-Andi'é.  Je  vous  supplie,  et  vous  et  nostre  cardinal 
(de  Guise),  failles  an  autant  et  ne  pressez  la  Royne  de 
rienoultresa  voionlé.^  (lîihl.  nat.  fonds  français,  n° 3 180, 
P  112.)  Dans  un  avis  de  la  Cour  daté  du  9  novembre 
1 563  (Bihl.  nat.  fonds  français,  n"  2062 '1,  p.  5a),  nous 
lisons  :  r  Madame  de  Guise  a  remis  Mademoiselle  de  S'- 
André  entre  les  mains  de  la  Reine  et  se  continue  que  le 
mariage  d'elle  el  du  lils  du  prince  de  Condé  se  fera.»  D'a- 
près une  dépèche  de  Smith  dans  le  Calendar  ofStatepa- 
pers  (année  1  563,  p.  ."iao),  ce  fut  par  un  jugement  que 
la  maréchale  obtint  que  sa  fille  lui  fût  rendue.  L'am- 
bassadeur  vénitien  Marc  Ant.  Barbare  écrivait  à  Sa  Sei- 
gneurie, le  ->•">  mars  i563  :  nOn  dit  que  la  Reine  a  fait 
tirer  des  mains  de  la  duchesse  de  Guise  la  très-riche  de 
Saint-André  pour  la  donner  au  prince  de  Condé. ~>  (Bihl. 
nat.  Dépêches  des  ambassad.  vénitiens,  lilza  5,  p.  20  v°.) 
C'est  un  double  jeu  que  dans  ces  circonstances  jouait 
Catherine. 

69 


546 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


fousjour  byen  ayse  de  vous  fayre  coneslrc 
comme  je  désire  m'enployer  pour  vous  randre 
contente.  Je  vous  prie  fayre  mes  recomenda- 
lion  à  Monsieur  le  cardinal  de  Guise  et  luy  dire 
corne  la  court  de  Parlement  ha  donné  l'arest 
de  peublier  et  paser  la  lectre  de  la  pavs ,  pour- 
veu  qu'il  i  asisie  deus  prinse  du  sanc,  et  m'on! 
ayscript  qu'i  me  prie  y  envoyer  le  cardinal  de 
Bourbon  et  duc  de  Montpansier,  set  que  j'é 
l'ayst,  et  son  parti  à  set  matin  pour  y  aler,  si 
byen  que  j'espère  qu'i  n'i  aura  plus  de  difi- 
coultés  que  je  n'anlre  byen  tôt  à  Orléans,  car 
à  set  que  j'é  enlendeu  y  n'alendet  sinon  que 
la  peublication  souyt  fayste  à  Paris,  pour  avoir 
seurté  de  fayre  retirer  les  ayst  ranger  qui  sont 
dans  la  vile,  afin  qu'i  puise  aler  à  leur  méson 
et  ausi  ynconlinent  y  ranvoyron  les  restres.  Je 
prie  Dieu  que  ayons  plus  de  bien  que  n'avons 
heu  y  a  catre  mois. 

Vostre  bonne  cousine, 

Catemne. 

1 563.  —  a?  mars. 

Copie.  Bibl.  nat.  Parlement,  n"  8i ,  f*  99G  v\ 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TE1UNS  LA  COURT  DE  PARLEMENT  À  PARIS. 

Messieurs,  j'ay  esté  présentement  advertie 
qu'il  a  esté  meué  pardevers  vous  jusques  à 
vingt-deux  personnes  de  Meaux,  prisonniers  et 
appelans  pour  le  fait  de  la  religion,  et  d'autant 
que,  par  la  pacification  qu'il  a  pieu  à  Dieu 
nous  donner  des  troubles  dont  ce  royaume 
estoit  travaillé,  telles  poursuittes  cessent  et  se 
sont  assoupies,  je  vous  prie  donner  ordre  qu'il 
ne  soit  en  aucune  sorte  procédé  à  la  confec- 
tion de  leurs  procès,  ne  attenté  à  leurs  per- 
sonnes, mais  user  en  leurendroict  du  bénéfice 
porté  parla  déclaration  naguières passée  pour 
ladicte  pacification ,  qui  a  esté  par  vous  vériffiée, 
de  manière  que  cella  ne  puisse  rien  altérer  de 


la  tranquillité  où  je  voy  que  toutes  choses 
commencent  à  se  réduire.  Priant  Dieu,  Mes- 
sieurs, vous  donner  ce  que  plus  désirez. 

Du  camp  prez  Orléans,  le  vint-huitiesme 
jour  de  mars,  mil  cinq  cens  soixante  deux 
(i563). 

Uaterine. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  28  mars. 

Orig.  Bibl.  oat.  fonds  français,  a°  3319,  f°  &S. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    I/ORDRB    DU    ROT    MONSIEUR    MON    FIL*  - 
CONSEILLER  EN  SON   CONSEIL  PRIVE. 

Monsieur  de  Gonnord,  Prévost  vostre  secré- 
taire est  arrivé  ceste  après-disner,  qui  m'a 
rendu  fort  bon  compte  de  tout  ce  que  luy 
aviez  commandé  du  peu  de  moyen  que  vous 
avez  de  satisffaire  à  tant  de  partyes  et  sommes 
de  denyers  dont  je  vous  ay  escripl,  qui  sont 
néantmoings  nécessaires,  mesmes  au  parfaict 
de  un"1  11  1.  qu'il  fault  pour  les  deux  cor- 
nettes de  pislolliers,  lesquelles  doibvent  estre 
à  Metz  le  ix  du  moys  prochain;  et  pour  ce  que 
c'est  chose  plus  que  forcée,  si  l'on  ne  veult 
payer  ung  moys  davantaige,  et  que  le  sieur 
Prévost  m'a  dict  que  vous  avez  retenu  là  une 
partie  des  cinquante  mil  livres  venus  de  Chaas- 
lons,  de  laquelle  il  vault  mieulx  achever  de 
payer  le  parfaict,  je  vous  prye  le  faire  doncques 
prendre  là  dessus,  si  vous  n'avez  moyen  d'ail- 
leurs, et  le  faire  porter  audict  Metz,  en  telle 
diligence  qu'il  y  soyt  dedans  le  ixc  d'avril,  et 
le  surplus  de  ladicte  somme,  avecques  tout  ce 
que  vous  pourrez  avoir  receu  et  amassé  d'ail- 
leurs, nous  l'envoyer  icy  le  plus  tost  que  vous 
pourrez;  croyant  pour  chose  certaine  que  ja- 
mais vous  ne  feistes  service  au  Roy  monsieur 
mon  fils,  ni  bien  à  ce  royaulme  plus  grand  ni 
plus  à  propos  que  d'en  recouvrer  de  quelque 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


547 


lieu  que  ce  soit  le  plus  qu'il  sera  possible. 
V>u-  regarderons  à  satisfaire  à  ce  que  Prévost 
a  apporté  par  mémoyre,  et  vous  sera  inconli- 
neul  renvoyé;  qui  est  tout  ce  que  \ous  aurez 
pour  le  présent.  Priant  Dieu.  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  donnes  ce  que  désirez.  Du  camp 
près  d'Orléans,  le  sxvm'  jour  de  mais  1 562 
(i563). 


(  Iaterine. 


De  L  Al'BESPINE. 


!  en  paix  et  en  repos  les  ungs  avec  les  aultres, 
sans  troubler  le  repos  publie;  qui  sera  cbose 
que  le  Roy  monsieur  mon  filzaura  fort  agréable, 
et  en  quoy  vous  luy  pourrez  plus  faire  de  ser- 
vice  que  en  aultre  cbose  quelconque,  Prianl 
Dieu.  Monsieur  du  Ludde,  vous  avoir  en  sa 
saineh'  et  digne  garde. 

Du  camp  <li"  S-Mesmin,  ce  wviu"  jour  de- 
mars  1  f)Ga  (1  563). 

Caterihe. 

RoBEliTET. 


1563.  —  28  mars. 
Copie.  Bibl.  nat.  mss.  collect.  de  D.  Housseau ,  l.  10,  n°  4355. 

A  MONSIEUR  DU  LUDDE, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DO    ROY   MONSIEUR    NON   FILS 
ET  SOS  L1ECTENV.M   01       I 
EN    POITOC   ES    L'ABSENCE   DE   PRINCE  DE    NAVARRE. 

Monsieur  du  Lucide,  j'ay  veu  par  voz  deux 
lettres  la  publication  que  vous  a\ez  faict  faire 
de  l'abstinence  de  guerre ,  dont  j'ay  esté  fort 
ayse,  espérant  qu'elle  servira  à  contenir  tout 
le  monde  et  empeseber  les  voyes  de  faict.  Et 
pour  ce  que  vous  me  mandez  qu'il  y  a  quel- 
ques chevaulx  en  Poictou  qui  font  mille  inso- 
lences, pillent  et  saccaigenl,  j'en  ay  inconli- 
nant  adverty  mon  cousin  le  prince  de  Condé 
qui  v  enyoye  présentement  gens  pour  sçavoir 
qui  Hz  sont  et  les  faire  séparer,  et  s'ilz  ne  le 
l'ont,  taseber  à  en  faire  faire  justice,  ne  doub- 
lant poiucl  qu'après  son  commandement  et 
avoir  entendu  la  conclusion  de  la  paix,  ilz  ne 
se  retirent;  autrement  il  leur  fauldra  courir 
sus,  auquel  cas  ilz  seront  bien  foibles  et  mal 
pourveuz  de  moyen  pour  continuer  ce  mestier; 
de  quoy  je  vous  ay  bien  voullu  advertir,  allin 
que  vous  soyez  bien  adverty  de  leurs  déporte- 
métis  et  que  vous  m'en  advertissiez  à  la  vérité 
pour  s'y  conduire  selon  le  besoing  qu'il  en 
sera.  Bien  vous  prierai-je  en  cas  pareil  de  con- 
tenir tout  le  inonde  en  vostre  souverneinenl 


1563.  —  28  mars. 

Orig.  Iïibl.  nat.  fonds  français,  u°  3siç»,  f"  G',  r*\ 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROT    MONSIELR    MO*    FILS  , 
COSSEILLER   EN  SOS  CONSEIL    PRIVh. 

Monsieur  de  Gonnor,  le  commis  du  tréso- 
rier de  l'extraordinaire  de  la  guerre,  M8 Guil- 
laume Brochet,  a  présenté  son  estât  de  la 
recette  el  despense  qu'il  a  faicte  depuis  que  le 
camp  partit  de  Paris,  l'année  dernière,  lequel 
j'ay  faict  veoyr;  et  se  trouve  par  icelluy  qu'il  a 
faillie  de  fonds,  pour  satisffaire  à  ce  qu'il  doil 
en  ce  camp  de  la  somme  de  \ingt-uu  mil  tanl 
livres,  comprins  les  vivres  qu'il  a  rabaluz,  el 
qu'il  l'ault  qu'il  paye  pour  en  satisffaire  ceulx 
qui  les  ont  fourniz,  ainsi  que  la  raison  le 
veult.  Ne  le  pouvant  faire  ledict  trésorier, 
synon  avec  le  moyen  que  luy  en  pouvons 
donner  d'en  estre  payé  ou  assigné,  sachant 
'  bien  que  les  parties  qu'il  doy  l  sont  fort  pressées, 
et  que  l'on  ne  peult  reculler;  au  moien  de  quoy 
je  vous  prie  de  regarder  d'y  faire  pourveoyr. 
sovt  sur  la  maison  de  la  ville  de  Paris,  ou 
ailleurs,  ainsi  que  adviserez;  en  sorte  que  le- 
dict trésorier  Brochet  puisse  bienlost  recevoyr 
ladicte  somme  de  vingt-un  mil  tant  livres  poui 
acquicter  icelles  parties;  et  je  prieray  le  Créa- 
teur, Monsieur  de  Gonnor.  qu'il  vous  ayt  eu 

69. 


5'j8 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDIGIS. 


sa  saincte  garde.  Du  camp  près  d'Orléans,  le 
x\viiic  jour  de  mars  i56a  (  1 5 6 3 ) . 

J'ay  donne'  charge  de  vous  envoyer  le  double 
dudict  estât,  affin  que  voyez  si  ledict  Brochet 
a  autres  assignations  pour  le  camp  que  ce  qui 
y  est  contenu. 

Caterixr. 
De  l'Aibespine. 


1563.  —  ag  mars. 

Copie.  Bibl.  nat.  niss.  colleci.  de  D.  Kousseau ,  1. 10. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  DU  LUDE. 

Monsieur  du  Luddc,  je  vous  ay  escript 
comme  la  paix  a  esté  faicte,  et  le  Roy  monsieur 
mon  filz  a  envoyé  la  publication  de  l'absli- 
nence  de  guerre  pour  la  faire  publier  par  tout 
le  pays,  comme  je  m'asseure  que  vous  aurez 
f'aict .,  et  hier  j'envoyai  encores  une  lettre  à  mon 
cousin  le  prince  de  Condé  pour  envoyer  à 
ceulx  qui  se  sont  assemblez  en  Poilou,  de  la 
part  de  ceulx  de  la  relligion,  pour  se  séparer 
et  retirer  en  leurs  maisons,  lequel  pour  cest 
elfect  a  envoyé  devers  eulx,  et  pour  ce  que  j'ay 
entendu  qu'il  se  faictune  assemblée  pour  aller 
à  la  maison  du  sieur  de  la  Rocbefoucault,  où 
s'est  retiré  Sa\  ignv  ',  et  que  vous  avez  entendu 
par  la  Roche-Esnard'2  que  mondict  cousin  le 
Prince  y  a  envoyé,  la  charge  qu'il  avoit,  je 
vous  prie,  si  de  vostre  costé  vous  assemblez  les 
forces  de  Poictou  pour  cest  effecl,  superséder 
le  tout;  car  j'espère  que  ceste  compaignye  se 
dissouldra  sans  qu'il  soit  besoing  de  venir  aux 
armes.  Cependant  faictes  hardiment  publier  la 
paix,  car  elle  est  faicte,  passée  et  omologuée 

'  11  passait  pour  être  bàlard  du  feu  roi  de  Navarre.  — 
\oy.  uae  lettre  de  Mare  Ant.  Barbaro  dans  les  dépêches 
des  ambass.  ve'nit.  Bibl.  nat.  filza  5,  p.  26  v°. 

-  René  Hellies,  sieur  de  la  Roche-Esnard  cl  de  Fou- 
gery. 


en  la  court  de  Parlement  de  Paris,  qui  sera 
dans  peu  de  jours  envoyée  par  tous  les  gouver- 
nements, affin  de  la  faire  observer  et  entre- 
tenir. Priant  Dieu,  Monsieur  du  Ludde,  vous 
avoir  en  sa  saincte  el  digne  garde. 

Du   camp  de  S'-Mesmin,  ce  xxix'  jour  de 
mars  i56a  (1  5G3). 

Cvterine. 
robeiitet. 


1563.  —  2f)  mars. 
Orig.  Bibl.  ont.  fonds  français,  n"  2o/i5g,  f°  3i  r*. 

A  MON  COISIN 

LE  SIEUR  DE  ROISY. 

CrUXD  ESCUTEP  DE  FEA'iiJE. 

Monsieur  le  Grand,  ayant  esté  advertve  que 
le  sieur  Don  Fernando  filz  du  duc  d'Athe  doit 
demain  ou  après  demain  arriver1,  je  vous  ay 
bien  voulu  escrire  la  présente  pour  vous  prier 
d'aller  au  devant  de  luy  un  quart  de  lieu  hors 
la  ville,  le  mieulx  accompaigné  que  vous 
pourrez,  et  le  faire  loger  au  logis  que  je  luy  ay 
f'aict  préparer  où  j'ay  commandé  au  sr  de  Jars'2 
de  le  faire  bien  Iraicter,  vous  priant,  de  vostre 
part,  faire  tout  ce  qui  vous  sera  possible  pour 
le  bien  recevoir  et  festoyer  comme  il  mérite. 

1  Le  27  mars  Chantonnay  écrivait  à  la  duchesse  de 
Parme  :  rque  don  Hernando  avait  été  pris  en  chemin  el 
mené  dans  une  maison  du  comte  de  la  Rochefoucaull; 
le  3o  mars  il  annonçait  qu'il  avait  été  remis  en  liberté 
et  qu'on  lui  avait  rendu  ses  bardes  moins  i,5oo  écus  pris 
et  gardés.»  (Arch.  imp.  de  Vienne.)  Il  avait  été  dévalisé 
par  Savigny  dont  parle  Catherine  dans  la  lettre  du 
29  mars  à  AI.  du  Lude.  (Voy.  une  lettre  de  Marc  Ant. 
Barbaro  dans  les  dépêches  des  ambass.  vénit.  Bibl.  nat. 
filza  5,  p.  27  v°. )  Sir  Henri  Cobham  écrivait  à  Chal- 
loner,  l'ambassadeur  d'Angleterre  en  Espagne,  que  Sa- 
vigny taisait  bonne  chère  avec  l'argent  de  D.  Hernando. 
(  Calendur  of  State  papers ,  1  Ô63 ,  p.  7^3.)  —  Voy.  la  note 
de  la  page  008.) 

2  François  de  Rocbechouart,  s'  de  Jars,  mort  a  Sens, 
le  19  novembre  1570. 


LETTRES  DE  C  ITHE 

Prianl  Dieu,  Monsieur  le  Grand,  vous  avoir  en 
sa  saincte  el  digne  garde.  Du  camp  de  S'-Mes- 
niiii.  ce  xxix°  jour  de  mars  10G2  (t563). 
La  bien  vostre, 

CàTERINE. 


1503.  —  sg  mars. 

Orifj.  Bibl.  u:it.  Cinq  cents  Colbcrt,  vol.  a.'i ,  p.  6/1. 
Imprimé  dans  les  Ifemotra  <k  Cu,i<1<-. 

A  MONSÎEl  R  DE  GONNORD. 

Monsieur  de  Gonnord,  par  les  nouvelles 
qui  nous  viennentcontinuellementd' Allemagne 
confirmées  d'infiniz  lieux  et  mesmes  de  noz 
principaulx  serviteurs,  l'entreprise  que  l'Em- 
pire veult  faire  pour  le  recouvrement  de  Melz, 
Thoul  et  Verdun  est  toujours  en  termes  et 
semble  que  sourdement  on  la  trouve  preste, 
estans  les  gens  advertiz,  lesquelz  en  pou 
d'heure  on  verroyt  fondre  de  ce  costé  là  à 
['improviste;  pour  à  quoy  obvier  je  fais,  comme 
jà  je  vous  ay  escript,  acheminer  ceste  part  le 
mareschai  de  Vielleville  qui  s'i  en  va  à  grandes 
journées;  mais  il  est  bien  croyable  que,  si  les 
soldatz  qui  sont  dedans  ne  sont  aultremenl 
paiez,  qu'il  y  auroyt  danger  de  n'en  avoir  pas 
le  service,  ne  l'obéissance  nécessaire;  qui  nie 
faicl  vous  prier  regarder  au  moyen  que  vous 
aurez  d'en  envoyer  le  plus  et  le  plus  tost  que 
\ous  pourrez,  car  il  est  besoing  à  reste  heure 
regarder  ce  costé  là  entre  aiiUres  pour  le  se- 
courir, prévoiant  que  la  nuée  seroit  pour  y 
tumber.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Gonnord, 
vous  avoir  en  sa  garde. 

Escript  au  camp  près  Orléans,  le  xxixr  jour 
de  mars  i56g  (1 563). 

Caterine. 
De  e'Aubespine. 


RINE  DE   MÉDICIS.  549 

1563.      -  •">.>  mars. 
Orig.  liibl.  nal.  fomls  français,  n°  15901 
\  MESSIEURS 

LE  BAILLY  DE  VERMANDOYS5 

01     SOU    LIB<  rEK  INC    À    LAOS  , 
l.r    U'I.TIiES  OFFICIERS    lu    ROI   HOKSlSUfl   UOS    PUS   IUDIT  BAILLIAGE, 

Messieurs,  afiSn  que  vous  sachiez  mieulx  el 
plus  particullièremenl  ce  qui  a  esté  accordé 
par  le  Roy  monsieur  mon  filz  par  l'adviz  des 

princes  de  son  sang  et  gens  de  son  conseil 
pour  la  paix,  repoz  et  transquillité  de  ce 
royaume  et  de  ses  subgetz,  je  vous  envoyé  la 
coppie  des  lectres  patientes  qui  en  ont  esté 
cxpédyées,  leues  et  publyées  en  sa  court  de 
Parlement,  à  l'entreténement  et  observation 
desquelles  je  vous  prye  et  ordonne  tenir  main 
et  donner  tel  ordre  en  vostre  ressort  et  juris- 
diction  qu'il  n'y  puisse  subvenir  chose  qui 
altère  le  bien  qui  s'en  espère,  et  procedder 
contre  les  conlrevenans  de  telle  et  si  équitable 
justice  que  le  repoz  y  puisse  demeurer  Ici  (pic 
lions  le  désirons.  PryantDieu,  Messieurs,  qu'il 
vous  ayt  en  sa  garde.  Escript  du  camp  près 
d'Orléans,  le  xxx°  jour  de  mars  1 562  (  i  5(1  '■',  ). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1563.  —  3j  mars. 

Bibl.  nat.  Cinq  rcnls  Colbcrt,  vol.  si,  f   6P. 

A  MONSIEUR  DE  GOMVOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DO    ROV    HOHS1BDB     «OS    HL^, 
COïlSBILLBB   BU    *OV   COltSBIL   TRlVÉ. 

Monsr  de  Gonnord,  l'affaire  vient  à  tourner 

1  Ce  volume  n'est  pas  paginé  ;  cette  lettre  est  la  seconde 
iln  recueil.  —  Voy.  une  semblable  lettre  adressée  aux  gou- 
verneurs de  Péronne  et  de  Montdidier,  dans  le  n°  Si  -S 
du  fonds  français. 

'  Huliert  de  Bossu,  s'  de  Fierai  en  Laonnois,  tué'  dans 
l'église  de  ce  village  en  1.570.  —  Voy.  Collielte,  Un. 
nuit,  tin  Vermandois  (Cambray,  1782),  t.  II,  p.  '168. 


550 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


du  coslé  de  Metz,  ainsy  que  je  veoy,  et  pour 
ccsle  cause  tant  plus  de'siray-je  que  les  places 
de  delà  soyent  secourues  de  ce  qui  y  est  né- 
cessaire, entre  autres  que  S-Dizier,  où  il  est 
deu  quatre  moys  aux  soldatz,  soyt  payé  poul- 
ie nioiugs  d'une  parlye;  qui  me  faict  vous 
prier  derechef,  sur  tout  ce  que  désirez  me  don- 
ner contentement,  faire  que  des  denyers  que 
le  trésorier  de  l'extraordinaire  a  à  recevoir  ou 
a  en  ses  mains,  il  envoyé  le  payement  de  deux 
moys;  ce  sont  deux  cens  hommes  et  cinquante 
chevauk;  aussy  bailler  une  année  de  la  pen- 
sion du  sr  du  Mesnil  qui  en  est  gouverneur, 
auquel  il  en  est  deu  troys.  Il  a  si  bien  servy 
et  est  personnaige  qui  mérite  tant  qu'il  me 
desplaist  qu'il  soyt  ainsy  mal  traicté  qu'il  a  esté 
jusques  icy;  mais  je  vous  prye  qu'il  n'y  ayt 
point  de  faulte.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnor,  vous  donner  ce  que  désirez. 

Du  camp  près  Orléans,  le  dernier  jour  de 
mars  i56a  (1 563). 

(De  sa  main.)  Je  vous  prie  t'ayre  ynconlinent 
dépescher  set  que  je  vous  mende  ysi  desubz,  car 
por  certeyn  nous  avons  avertisement  que  l'ont 
vient  aséger  Mes.  Je  vous  layse  penser,  se!  nous 
n'eusion  heu  la  pays,  corne  nous  serion;  car, 
à  set  que  je  anten  pour  serlayn,  sele  neuaye1 
ne  vient  pas  à  la  seusilation2  de  seulx  d'Or- 
léans; mes  l'Empereur  et  l'Anpire  cant  yl  ont 
veu  que  nous  nous  balion  entre  nous,  pour  en 
navoyr  milleur  marché,  et  fault  que  j'anvoye 
de  i'arjeant  à  Mes,  afin  que  lé  soldas  n'ave  au- 
i-asion  d'estre  malconlans. 

Caterive. 
De  l'Aobespinb. 

1   Neuaye,  nuée. 
Seuritation ,  snscilalion. 


1563.  —  3i  mars. 

Qrig.  Bibl.  nat.  CiDq  cents  Colbert ,  vol.  ai,  f°  67. 

A  MONSIEUR  DE  GONNOR, 

CHEVALIER    DE    L'ORDRE    DU    ROY    MONSIEUR    MON    FILS  . 
CONSEILLER  FN  SOS  CONSEIL  FRITE. 

Monsieur  de  Gonnord,  je  vous  envoyé  la 
lettre  du  Roy  monsieur  mon  filz  et  la  myenne 
à  mon  cousin  le  prince  de  Gondé  avecques  la 
lettre  pactente  pour  luy  monstrer  et  bailler, 
afin  que  luy  et  ceulx  de  sa  trouppe  en  puissent 
prendre  tant  plus  d'asseurance,  vous  priant 
n'obmectre  riens  de  ce  dont  je  vous  ay  donné 
charge  et  faire  en  sorte  que  je  puisse  en  cest 
affaire  fascheux  veoir  le  repoz  et  le  remedde 
que  je  désire  tant  et  que  vous  sçavez  estre  si 
nécessaire  au  bien  de  ce  royaulme  et  service 
du  Roy  mon  fdz;  priant  Dieu,  Monsieur  de 
Gonnord,  vous  donner  ce  que  désirez. 

Du  Portereau ,  le   dernier  de  mars  i56a 

(i563). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1 563.  —  3 1  mars. 
Copie.  Bibl.  nal.  fomls  Moreau ,  rT  83a  ,  (°  i35 

A  MESSIEURS  LES  GENS 

TÉNANS  LA  CODRT  DE  PARLEMENT  DE  DIJON. 

Messieurs,  vous  entendrez  par  ce  que  le  Ro\ 
monsieur  mon  filz  vous  escript  et  sçaurez 
aussi  par  les  lectres  patentes  qu'il  vous  envoyé 
les  causes  qui  l'ont  meu  avecques  l'advis  et 
conseil  des  princes  de  son  sang  et  gens  de  son 
Conseil  à  accorder  le  contenu  èsdictes  lettres 
pour  le  bien  et  transquilité  de  son  royaume  et 
repoz  de  ses  pauvres  subjeetz ,  chose  qui  a  esté 
trouvée  si  à  propoz  et  nécessaire  par  tous  el 
mesmes  par  la  court  de  Parlement  et  autres 
courtz  de  Paris  que  jà  elles  y  ont  esté  publyées 
et  vériffiées;  et  grâces  à  Dieu  veoid-on  les  choses 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


551 


commencer  à  prendre  le  chenu  n  de  réconcillia- 
lion  et  pacification  que  nous  avons  tousjours 
désire'  y  veoir,  comme  il  fauit  encores  mieulx 
espérer  de  sa  bonté  et  grâce;  et  pour  ce  qu'il 
esl  nécessaire  <pii'  semblablemenl  vériffication 
se  fasse  en  vostre  compagnie,  je  vous  prie  \ 
procedder,  vacquer  et  entendre  leplusprompte- 
mentque  faire  se  pourra  sans  aucune  restrinc- 
tion  ne  modification  et  comme  il  a  esté  faiçl 
en  ladicte  court  du  Parlement  de  Paris,  ainsi 
que  vous  dira  ce  gentilhomme  présent  porteur, 
que  vous  croirez  sur  ce,  comme  vous  feriez 
înov-inesmes,  tenant  main  que  dès  lors  en 
avant  elles  soient  entretenues,  gardées  et 
observées  de  poinct  en  poinct,  de  façon  que 
par  là  soient  évitées  toutes  occasions  de  re- 
tomber au  mal  dont  nous  sommes  sortiz. 
Priant  Dieu,  Messieurs,  vous  donner  ce  que 
desirez.  Escripl  au  camp  près  Orléans,  le 
xxxie jour  de  mars  i56a  (  1 5 6 3 ). 

Catemne. 
De  l'Aubespine. 


(  1 563.  —  3 1  mars.  ) 
Minute.  Bibl.  nat.  fon-ls  franrais,  n°  15876,  f°  A72. 

A  MONSIEUR  DE  MONLUC. 

Monsieur  de  Montluc,  je  vous  feis  liier  une 
dépesche  par  l'homme  que  m'avez  envoyé  qui 
satisfaisoit  à.  tout  ce  qui  estoit  conteneu  au 
mémoire  qu'il  ni'avoit  baillé  et  ce  qu'il  m'avoit 
dict  de  vostre  part,  et  par  luy  vous  mandois 
comme  dans  ung  jour  ou  deux,  je  vous  dépes- 
cherois  homme  exprès  pour  vous  porter  la 
patente  de  la  paix,  aflin  de  la  faire  publier  et 
vériffîer  en  la  court  de  Parlement  de  Bour- 
deaulx  comme  elle  a  esté  en  celle  de  Paris. 
Pour  lequel  effect,  je  vous  envoyé  le  sieur  de 
Sle-Columbe,  gentilhomme  de  la  chambre  du 
Roy  monsieur  mon  filz,  ensemble  devers  la- 


dicte  court  de  Parlement,  à  ce  qu'il  luy  lace 
entendre  les  raisons  qui  nous  ont  meu  de  faire 
ladicte  paix,  la  nécessité  qui  nous  y  a  con- 
trainct,  el  comme  pour  le  bien,  repos  et  tran- 
quillité publicque  il  est  besoing  que  ladicte 
patente  suit  vériffiée  et  publyée  par  ladicte 
Court  sans  y  faire  aucune  restrinction  ny  mo- 
diflication,  comme  celle  de  Paris  n'a  faict,  pour 
le  malheur  que  telles  ou  semblables  choses 
pourraient  amener.  Et  faultque  ladicte  Court, 
comme  il  luy  est  mandé,  la  passe  sans  y  faire 
aucune  dilliculté.  Nous  priant  pour  ceste  occa- 
sion vous-mesnies  aller  en  ladicte  Court  et 
mener  ledict  Sle-Columbe  avecques  vous,  el 
estant  là,  oultre  ce  qu'i  leur  dira  de  la  part  du 
Roy  monsieur  mon  (îlz,  de  la  vostre  leur  faire 
bien  entendre  la  nécessité  présente  et  le  besoing 
qu'il  estqu'ilz  en  usent  de  ceste  façon,  et  faire 
en  sorte  que  cela  se  passe  selon  qu'il  est  requis 
et  nécessaire  pour  le  bien  et  service  du  Roj 
monsieur  mon  lilz;  ne  doublant  poinct  que, 
entreprenant  cela  et  y  faisant  ce  (pie  je  m'as- 
seure  et  me  promeetz  de  vous,  vous  ne  laciez 
de  poinct  en  poinct  ensuivre  l'intention  du 
Roy  mondicl  sieur  el  filz ,  dont  j'estime  dé- 
pendre le  bien  et  utillité  de  tout  ce  traité, 
attendu  que  mon  cousin  le  prince  de  Condé 
envoyé  parler  à  ceulx  de  la  religion  pour  leur 
mander,  suivant  ce  qui  a  esté  arresté,  se  dé- 
porter des  armes,  se  retirer  en  leurs  maisons, 
vivre  en  paix  et  repos  sous  l'obéissance  du  Roy 
mondict  sieur  et  lilz  et  l'autorité  de  son  gou- 
vernement, aflin  qu'ilz  puissent  aux  lieux  qui 
leur  sont  ordonnez  par  les  bai  11  âges  pour  faire 
leurs  presches  se  retirer  et  y  faire  l'exercice 
de  leur  religion ,  sans  scandai  le .  portz  d'armes . 
et  autres  telles  façons  qui  puissent  convoyer 
les  hommes  à  leur  courir  sus  et  les  tailler  en 
pièces.  Aussi  faut-il  que  les  catholicques  qui 
ont  monstre  l'obéissance  se  contiennent  ;  et  puis 
que  la  nécessité  du  temps  a  contrainct   d'ac- 


55i>  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


corder  à  ceuk  de  la  religion  ce  qui  leur  a  esté 
permis ,  les  laisser  vivre  en  paix  suivant  l'édict, 
sans  leur  courir  sus,  ni  les  tourmenter,  chose 
qui  dépend  de  \ostre  prudence  en  voslre  gou- 
vernement, bonne  et  saige  conduicte  et  de  la 
bonne  el  sévère  justice  que  je  m'asseure  vous 
ferez,  tant  d'une  part  que  d'aultre,  de  ceulx  qui 
contreviendront  à  ce  présent  accord,  et  qui, 
troublant  le  repoz  publicq,  nous  vouldront 
ramener  aux  misères  et  calamitez  dout  nous 
sortons.  En  quoy  il  est  besoing  d'observer  une 
justice  si  rigoreuse  qu'elle  puisse  establir  l'u- 
nion requise  et  l'ordre  nécessaire  pour  coupper 
la  racyne  à  toutes  querelles  et  débalz  qui  se 
pourraient  esmouvoir  entre  les  parlyés  poul- 
ies choses  passées,  comme  ledict  sr  de  Slo-Co- 
1  umbe  vous  dira,  suivant  ce  que  je  luy  eu  ay 
donné  charge.  Et  pour  ce  que  ce  qui  nous  a 
apporté  les  inaulx  que  nous  avons  a  esté  la 
division  qui  s'est  veue  entre  les  subgectz  du 
Roy  monsieur  mon  filz ,  les  partialitez  et  les 
associations  qui  se  sont  faictes1,  j'ay  en  ce  der- 
nier traicté  Tort  insisté  que  celle  de  ceulx  de 
la  nouvelle  religion  feust  toute  rompue, 
comme  vous  pourrez  entendre  par  la  lecture 
de  la  patente,  et  que  depuis  mon  cousin  le 
prince  de  Condé,  comme  je  vous  ay  mandé 

'  Elle  tait  allusion  aux  associations  qui  s'étaient  formées 
en  plusieurs  provinces  entre  les  catholiques  et,  notam- 
ment, en  Bourgogne,  sous  le  nom  de  confréries  du  Saint- 
Esprit. —  \  uy.  dans  le  n"  10876  du  fonds  français,  p.  '190, 
une  lettre  de  Candale  à  Catherine,  du  ao  mai  1 563 ,  et 
la  réponse  de  Monluc  à  la  Reine.  Voy.  dans  les  Commen- 
taires île  Monluc,  édit.  de  Ruble,  t.  IV,  p.  »oo.  Voy. 
également  dans  le  n°  i5bSj  du  fonds  français,  f°  38 1 ,  la 
lettre  de  ceux  du  clergé  de  Bordeaux  à  Catherine  de  Mé- 
dias :  5  Ce  n'étoil,  disent-ils,  qu'une  bonne  et  sainte  inlel- 
nce  entre  les  trois  estais,  pour  plus  religieusement  re- 
cognoistre  l'honneur  de  Dieu  et  de  son  église,  et  nous 
maintenir  en  l'amour,  crainte  el  obéissance  que  nous  de- 
vons à  noslre  Roi  et  rien  de  sinistre.-  Cf.  pour  les  as- 
sociations catholiques  en  Bourgogne.  Pingaud,  les  Sanlr- 
Taqam  c<  .  j>.  6  1 . 


par  ma  dernière,  a  rompu  en  plaine  assem- 
blée, s'en  déparlant  d'icelle  qui  en  a\oit  esté 
faicte  entr'eulx,  mais  ayant  remédié  à  ceste  là, 
j'ay  esté  advertye  qu'il  s'en  est  faicte  une  autre 
en  la  Guyenne  dont  est  chef  Monsieur  de  Can- 
dalle,  laquelle  encores  qu'elle  ayt  esté  faicte  à 
bonne  intention  durant  la  guerre,  si  n'est-ce 
que,  cessant  ladicte  guerre  et  se  faisant  la  paix, 
elle  n'est  plus  nécessaire  et  ne  la  peult  ung 
roy  trouver  bonne,  ny  que  ceulx  qui  veullent 
eslre  estimez  obéyssans  ne  peuvent  soustenir 
sans  encourir  le  mesme  cryme  de  rébellion 
dout  ilz  ont  accusé  leurs  adversaires.  Et  pour 
ceste  cause,  et  que  le  Roy  monsieur  mon  filz 
n'est  pas  délibéré  d'en  souffrir  plus  aucun, 
de  quelque  costé  qu'elle  procedde,  ny  per- 
mectre  plus  à  ses  subjeclz,  de  quelque  reli- 
gion qu'ilz  soient,  d'avoir  autre  associalion 
qu'a\ec  luy  et  selon  son  obéyssance,  il  fault, 
Monsieur  de  Monluc,  que,  pour  le  bien  de  son 
service,  comme  il  le  vous  commande  expressé- 
ment par  ses  lettres,  que  vous,  qui  estes  son 
lieutenant  général  par  delà,  faciez  rompre 
celle  qui  s'est  faicte  sans  permectre  qu'ilz  ayent 
aucune  force,  puissance  ou  authorité  que  celle 
que  vous  leur  baillerez,  uy  aucune  volunté 
que  d'obéyr  à  ce  que  par  vous,  pour  le  bien  du 
service  du  Roy  monsieur  mon  filz,  leur  sera 
commandé;  pour  lequel  efl'ect  j'en  escriptz, 
comme  faict  le  Roy  monsieur  mon  filz,  une 
ledre  audit  srde  Candalle  et  à  tous  ceulx  qui 
y  sont  comprins,  comme  nous  en  avons  esté 
bien  amplement  advertiz,  vous  priant  de  vostre 
part  y  tenir  la  main  et  m'envoyer  homme 
exprès  qui  vous  soit  confident  pour  m'advertir 
de  ce  que  vous  en  aurez  faict;  car  nous  ne 
voulions  plus  retumber  d'une  part  ou  d'aultre 
là  d'où   nous  venons,  ny  que   personne   ayt 

|  autre  force  que  celle  du  Roy  monsieur  mou- 
dict  sr  el  filz,  ainsi  que  j'ay  douné  charge  au- 

j    dict  sr  de  Stc-Columbe  vous  dire  plus  ample- 


LETTRES  DE  CATTI 

inciii  de  ma  part,  dont  je  vous  prye  le  croire 
comme    moy-mesmes,    el   je   prieraj    Dieu, 
Monsieur  de  Moulue,  vous  avoir  en  sasaincte 
ne  garde. 

(  1563.    -  3l  mars.) 

Aut.  Uibl.  n  il  çais,  n°  3ar|A  .  f  3o. 

\  MA  CODSINE 

MADAME   LA   DUCHESSE   DE  GUISE. 

Ma  cousine,  Jeu-Batiste  s'an  va  ver  vous, 
lequel  u'é  voleu  léser  partir  san  se  mot  pour 
vous  prier  nie  mencler  de  vos  novelles  et  vous 
aseurer  que  sel  que  vous  ay  promis  je  le  vous 


ERINE  DE  MÉD1CIS. 

tiendré1  el  que  l'on  ne  m'an  na   parlé  que 

froydement;  à  quo\   u'é  fayst  aultre  réponse, 

sinon  que  voyenl  le  servise  qu'yl2  a  faysl  et  la 

fason  comenl  yl  est  mort  au  servise  du  Roy 

mon  lils,  que  ne  pouvès  tnoyn  fayre  que  fayre 

pour  ses  enfans;  à  quoy  ne  me  répondis  rien, 

sinon  qui  mérite!  beaucop.  Je  vous   prie  ne 

vous   en   donner   pouvue   et  VOUS   aseurer  que 

ii  amés  jeainès  personne  qui  désire   pins  VOUS 

contenter  que  faysl 

Vostre  lionne  cousine, 

Cateiune, 

1  La  chargi   '1"  gi  and  mailn   |  our   on  lils  aîné. 
-  Le  duc  de  Guise. 


Catbi  RIKl    M    MéDICIS. 


APPENDICE. 


■  i33.  —  »3  septembre.  ) 

Orig.  Communiqué  par  M.  r.haravay  '. 

U    ROY. 

lo  ringratio  mollo  humilmente  la  majesta 
vostra  christianissimà  di  essersi  quella  de- 
gnala  di  scrivere  di  nuovo  alla  sua  humilis- 
sima  aacilla  et  servitrice  per  Monsignore  el 
vescovo  d'Auxerre2,  et  ancora  di  (ucte  le  pa- 
role le  quali  mi  ha  decie  per  parle  di  quella, 
credendole,  corne  mi  comanda  per  la  sua  lec- 
tera  la  Majesta  vostra,  a  piedi  délia  quale  de- 
sidero  di  condurmi  sopra  lucle  le  cose  de! 
mondo.  come  piu  a  pieno  potra  intendere  dal 
sopra  decto  Monsignore  di  Auxerre,  al  qualle 
io  mi  rimecto,  pregando  Idio  mi  l'accia  gra- 
zia  di  obedire  humilmente  tueti  i  giorni  délia 
vila  mia  aIJi  rommendamenti  délia  Majesta 
vostra  et  del  mio  signore  Monsignore  di  Or- 
i  it>n-. 

Scritta    a    Mza    a    di   xxm    di    septembre 

V    1)   XXXIII. 

Ca.ter.ine. 

1  Colleclion  de  M.  Benjamin  Fillon. 

2  François  II  de  Dinteville,  évoque  d'Auxerre  du 
'i  mai  i53o  au  27  septembre  i55'i.  Il  était  ambassadeur 
du  Roi  à  Rome. 


(Fin  de   15/i8. 1 

laScotica.  Illuslrative  collections  of  Lhe  civil  and  literary  his- 
lory  of  ScoLland,  cbicfly  from  original  Mss.  Bdinburgh  edited  l>* 
James  Maidmenl .  h  d  ccc  \1\1\. 

Communiqué  par  M.    Franciscjiu*  Michel  '  . 

MADAME  MA  SEI  R 

LA  ROYNE  D'ECOSSE. 

.Madame,  j'ay  h;»\ >t>-  byen  ayse  de  savoir 

1  N'ayant  pas  eu  sous  les  yeux  la  lettre  originale, 
nous  n'avons  pu  corriger  celte  copie  que  M.  Francisque 
Michel  a  bien  voulu  nous  communiquer  d'après  la  publi- 
cation laite  à  Edimbourg.  C'est,  au  reste,  la  même  lettre 
dont  M.  Gauthier,  dans  son  Histoire  de  Mark  Stitarl 
(Paris,  1875,  iu-8°),  t.  I,  p.  3o,  a  donné  l'analyse  sui- 
vante :  irVotre  (ille  possède  tant  de  beauté,  d'intelligence 

et  de  bonté  qu'il  est  impossible  d'en  avoir  plu-:  ell 

a  plus,  en  vérité,  qu'on  n'en  demande  à  son  à;;.-.  I  lli 
sera,  j'en  ai  la  confiance,  une  grande  bénédiction  pour 
ceux  à  qui  elle  appartient ,  et  non  seulement  pour  ceux  là  . 
mais  pour  Ions.  Et  vous  assure  que  le  Roi  est  aussi  content 
d'elle  que  vous  pouvez  désirer.  Pour  moi ,  si  je  voulais  lui 
souhaiter  quelque  chose,  je  ne  trouverais  rien  à  changei 
en  elle.»  Dans  une  lettre  postérieure,  elle  ajoutait  à  ccl 
1  loa    :  iJe  ne  puis  m'empêcher  de  vous  dire  combiei 

vous  êtes  merveilleusement  heureuse  d'avoir pareille 

fille,  si  belle,  si  sage,  si  excellente;  et  moi  aussi  di  o 
qu'il  a  plu  à  Dii-u  d'enrichir  mon  lot  d'un  tel  bonheui 
et  me  réserver  une  si  grande  consolation  pour  mes  vieux 
ans.-  —  Voy.  les  lettres  du  cardinal  de  Lorrain,  à  Marie 
de  Lorraine,  sa  sœur,  dans  Labanoff,  lettres  île  Mari: 
Stuart,  t.I,  p.  10,  11,  20,  ai    aa,  33,  34,  35. 


55G 


LETTRES  DE  CATHERIN-E  DE  MEDIGIS. 


de  vos  nouvelles,  ay  m'enneuyoyl  beaucoup 
de  haystre  [si]  louguemant  sans  an  antandre, 
coumeje  hay[st]ay;  quant  aulx  myennesayles 
ne  sauroyent  h[ayslre]  que   bonnes,  voyanl 

<jue  lays  afayres prospèrent  de  touts 

coustays;  ausy  sont  selles  de  la  Royne  votre 
tille,  quy  bayst  tant  belle,  sage  ay  ver- 
tueuse qu'il  n'est  posible  davantage,  ay  pleulx 
que  son  eage  ne  le  requiert;  ay  me  semble 
que  c'è  heung  grant  heur  à  touts  ceulx  qui 
leuy  apartiefnnent]  de  la  savoir  telle,  ay 
mesmes  à  seulx  qui  ont  a .  .  .  Je  vous  aseure 
que  le  Roy  an  na  tout  le  conlantemant  que 
vous  sauryez  désirer,  ay  de  moy,  sy  c'estoit  à 
souhaitier  je  n'y  sauroys  ry[en]  adjuster.  Je 
suys  byen  ayse  d'avoir  trouvé  ce  moyen  de 
[le]  vous  mander,  ay  le  conlantemant  que 
j'ay  de  Monsieur  le  cardinal  l.  Je  vous  sup- 
plie, Madame,  luy  escripre  qu'il  contineue 
(eutjeur  en  sayste  bonne  volunté  qu'il  me 
porte;  s'il  haystoit  aulremant,  vous  m'avez 
tant  fayst  congnoistre  l'amytyé  que  vous  me 
portés,  ay  j'ay  telle  fyense  en  vous,  Madame, 
que  je  ne  me  pourrais  garder  de  vous  en  faire 
ma  plainte;  mais  je  m'aseure  byen  quil  ne 
m'en  donnera  jamais  occasion;  je  remetz  à 
leuy  à  vous  ayscripre  tout  au  long  des  affaires 
de  deçà,  ay  loue  Dieu  avec  vous  de  ce  que 
ceulx  de  delà  vont  selon  vostre  intansyon;  car 
il  n'y  a  en  ce  monde  personne  qui  feust  pieux 
faschaye  de  vous  voir  en  quelque  peyne,  ne 
quy  désire  tant  vostre  contantemant  que  fayt, 
ay  fera  toute  sa  vye 

Vostre  bonne  seur, 

Càterine. 

1  Le  cardinal  de  Lorraine.  —  Vov.  Gauthier,  Hilt.  de 
Marie  Stuarl ,  t.  I,  p.  29  et  3o. 


(Fin  de  1548.) 

Analecta  Scotica.  Illustrative  collections  of  the  civil  and  lilcrary  bis- 
tory  of  Scotland ,  chicfiy  from  original  Mss.  Edinburgh  cdited  by 
James  Maidmenl,  m  d  ccc  xixiv. 

Communiqué  par  M.  Francisqur  Hichi 

MADAME  MA  SEDR 

LA  ROYNE  D'ECOSSE. 
Madame,  ancore  qui  n'y  é  pas  longtamps 
que  je  vous  ay  ayscript,  si  nè-je  veoleu  léser 
partyr  set  porteur  sans  vous  faire  set  mot  de 
lelre  pour  me  ramantevoyr  an  votre  bonne 
grase  toutte  lé  fouys  que  je  aurié  le  moyen, 
pour  le  plutx  grant  pleisir  que  je  pouys  avoir, 
n'ay[a]nt  setouyle  x  de  vous  povoyr  voyr  et 
parler  aveques  vous,  set  que  je  désyroies  mer- 
vylleusemant  pour  mon  contentement  et  ausy 
pour  setuyle  que  je  m'aseure  que  aryés  de 
voir  la  Royne  votre  Glle  si  belle  et  sage  et 
auneste,  cornant  aylle  ayst;  quy  ayst  heun 
grand  contentemant,  non  seulemant  pour 
vous,  mes  pour  moy  et  pour  tout  le  monde  de 
la  voyr  tyeule;  quy  ayst  cause  quy  je  ne  me 
puys  guarder  de  vous  dyre  ancore  que  ayste 
mervvlleusemant  heureuse  de  avoyr  heune 
tyeule  fille,  et  moy  ancore  plutx  de  set  que 
Dyeu  a  dysposé  léchause  de  me  la  balier2;  car 
je  peanse  que  se  sera  le  souport  de  ma  vyel- 
lese;  de  quoy  je  l'are  auecques  moy,  de  quov 
je  an  loue  Dyeu  et  le  prye  vous  voloir  donner 
an  teutte  chose  commant  sesy  autant  de  heur 
que  vous  an  désyre 

Votre  bonne  seur,  Càterine. 


(1551.  —  Septembre.) 
Analecta,  Scolica.  llluslralive  collections  of  the  civil  and  iiterary  bis- 
tory  of  Scotland ,  cbiefly  from  original  Mss.  F.diuburgb  ediled  by 
James  Maidmenl.  M  d  ccc  isxlv. 

Communiqué    par  M.  Francisque  Michel. 

MADAME  MA  SEUR 

LA  ROYNE  D'ECOSSE. 

Madame,  j'anvoye  ce  porteur  vers  vous  pour 
sçavoir  de  voz  nouvelles  que  je  panse  bien  ne 
1  Setouyle,  cettuy-là.  —  2  Balier,  bailler. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


OOi 


sçauroienl  estre  que  mauvaises,  veu  la  perte 

que  vous  avez  faicte;  de  quoy  je  porte  tant 
d'ennuv  que  je  ne  le  puis  dire  et,  s'il  pouvoil 
dymyouer  le  vostre,je  me  tiendrais  bien  fort 
heureuse,  car  le  plus  granl   regrel  que  j'ay, 
de   ne  pouvoir  vous  faire  le  service  el 
consolation  que  je  désire;  mais  quant  il  me 
souvient .  Madame,  (pie  vous  avez  esté  si  ver- 
tueuse en  toutes  \oz  adversité/.,  je  m'assure 
qu'en  ceste-cj  vous  ne  le  serez  pas  moings  et 
vous  réconforterez  en  la  Royne  voslre  fille,  de 
laquelle  an  lamps  de  venir1  vous  receverez  tant 
de  contantemant,  d'amour  et  d'obéisance  qu'elle 
récompansera  toutes  voz  infortunes.  Je  vous 
supplie,  Madame,  me  pardonner,  si  je  ne  vous 
escriptz  de  ma  main,  je  me  trouve  encores 
bien  foible  pour  n'y  avoir  que  huict  jours  que 
je  suis  acouscbe'e2  et  aussi  que  je  suis  fort 
laschée  de  ce  que  l'on  m'a  advertie  que  le 
prieur  de  Capoue  s'en  est  allé3.  Je  croy,  Ma- 
dame, que  vous  ne  l'eussiez  pas  estimé  si  fol 
de  laisser  le  Roy  en  ses  affaires.  Je  croy  qu'il 
vous  souvient  bien  de  quelques  tors  qu'on  luy 
a  faiclz  d'autres  fois;  mais  je  n'eusse  pas  pansé 
que  pour  toutes  eboses  il  eust  voulu  faire  une 
telle  follie,  mesmes  à  cesle  heure.  Je  m'en 
plaincts  à  vous,  Madame,  pour  l'amytié  que 
je  suis  certaine  \ous  me  portez  et  ausi  qu'il  me 
samble  vous  aviez  si  bonne  opinion  de  luy  que 
vous  trouverez  ceste  faulte  autant  estrange, 
comme  moy-.  Je  prie  Dieu,  Madame, qu'il  vous 
doinct  toute  la  consolation  que  vous  désire,  ce 
recommandant  de  bien   bon  cueur   à  voslre 
bonne  grâce, 

Vostre  bonne  seur, 

Caterine. 

1   De  venir,  à  venir. 

1  Elle  était  accouchée,  le  tio  septembre  i55i,  à 
Fontainebleau,  de  Edouard-Alexandre,  depuis  Henri  III. 
—  Voy.  Calendar  nf  State  papert ,  1 5 ô  1 ,  p.  187. 

3  Léon  Slrozzi.  C'est  à  la  fin  de  septembre  qu'ii  quitta 
ses  galères  et  se  réfugia  àMalte. — Voy.  la  notedela  p.  43. 


!  I  55  I .  —  Novembre.) 

Analecta  Scotica.  [llustraUve  collections  of  Ihc  civil  and  b'terarj  bis- 
tory  of  Scotlaod ,  chiefly  from  original  Mss.  Edinburgb  editcd  by 
I   1:       Mi  il  mont .  y  u  ecc  xxxiv. 

Communiqué  par  M.  Francisque  Michel. 

MADAME  MA  SEI  R 

LA  REINE  D'ECOSSE. 

Madame,  sauchant  Heumieres1  an  Pycardye 
pour  les  afayres  quy  vous  dyré,  je  n  é  ve 
fallyr  de  vous  ayscrypre  set  deus  mots,  afyn 
de  me  ramantevoyr  an  votre  bonne  grâce,  an 
laquele  vous  seuplye  que  je  demeure  ausj 
byen,  aystant  louingde  votre  présence,  corne 
je  m'aseuray  d'y  estre  quant  j'é  eu  set  byen 
d'estre  auprès  de  \ous;  et  pour  se  que  Mon- 
sieur le  cardynal2  m'a  dytquej'avès  teuttes  les 
novelles  que  sont  seurveneue  depuys  voire 
parlement,  je  ne  vos  fayré  plulx  longue  lestre, 
après  vous  avoyr  présanlé  mes  heumbles  re- 
commandation à  voire  bonne  grâce,  el  avoyr 
pryé Nostre-Seigneur  vous  daunerset  que  vous 
désyrés. 

Votre  bonne  seur, 

Gatemne. 


1 552.  —  6  juin. 

Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français .  n°  6600  ,  Pi. 

AU  ROY. 

Monseigneur,  je  vous  ay  despiéçà  escript, 
suivant  l'advis  de  voslre  Conseil ,  en  faveur 
d'ung  nommé  Jehan  de  Montagu  Florentin, 
patron  de  la  nef  nommée  Saincte-Marye- 
Sainct-Nieolas,  que  le  prieur  de  Lombardie 
a  par  ci-devant  prinse,  a  {fin  que  voslre  bon 
plaisir  fust  pourveoir  et  ordonner  ce  que  vous 
verrez  estre  à  faire  pour  le  mieulx  sur  la  re- 
monstrance  que  ledict  de  Montagu  a  faict  en 
voslredict  Conseil  de  l'oultraige  qu'il  dict  ledict 

1  Voy.  la  note  de  la  page  17. 

2  Le  cardinal  de  Lorraine. 


.158 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MED1CIS. 


prieur  luy  avoir  faict,  luy  présentant  les  lettres 
que  vous  luy  avyez  escriptes  et  aussy  pour  luy 
taire  administrer  justice  sur  la  restitution  par 
luy  requise,  tant  de  sadicte  nef  que  des  mar- 
chandises  et  aucunes  personnes  mariniers, 
Ragouzoys  et  Vénytyens,  qui  ont  esté  prins 
dessus  par  ledict  prieur,  lesquelz  sont  cncores 
par  luy  relenuz,  ainsi  que  vous  a  derreniè- 
rement  remonstré  vostre  confesseur,  comme 
il  m'a  dict  à  son  retour  par  deçà,  et  d'autant, 
Monseigneur,  que  ledict  de  Montagu  est  tous 
les  jours  à  la  poursuilte  dudict  Conseil  et  après 
moy,  pour  sçavoir  s'il  a  esté  sur  ce  par  vous  faict 
responce  et  voyant  qu'il  n'en  a  nouvelles,  il 
m'a  supplié,  pour  l'honneur  de  Dieu,  vous 
voulloir  escripre  la  présente,  dont  il  veult  estre 
porteur;  ce  que  je  ne  luy  ay  peu  desnyer,  vous 
suppliant,  Monseigneur,  vouloir  faire  bien  en- 
tendre son  affaire,  pour  luy  pourveoir,  ainsy 
qu'il  apartiendra  et  selon  la  justice,  raison  et 
équité  de  sa  cause,  dont  vous  estes  desjà  assez 
informé.  Par  quoy,  pour  ne  plus  vous  ennuyer 
de  ce  propoz,  je  m'en  voys  recommander  très 
humblement  à  vostre  bonne  grâce,  en  priant 
Dieu ,  Monseigneur,  qu'il  vous  doint  très  bonne 
et  longue  vye.  Escript  à  Chaalons,  le  vic  jour 
de  juing  i552. 

Vostre   très  humble    é   très   hobéisante 

famme , 

Caterine. 


1552.  —  6  juin. 

Orig.  Bibl.  nal.  fonds  "Français ,  n°  66o5  ,  page  6. 

AU  ROY. 

Monseigneur,  j'ai  receu  une  lettre  du  sieur 
■  Il  Villebon1,  lieutenant  au  gouvernement  de 
Picardie ,  qui  me  faict  entendre  comme  le  sieur 
de  Roeux-  avec  son  armée  qui  est  de  trois  ou 

1   Voy.  la  noie  de  ta  page  45g. 

'  Adrien  de  Croy,  premier  comte  de  Roux,  premier 


quatre  mil  hommes  de  pied  et  de  quinze  cens 
chevaulx  ayant  pris  le  chasleau  de  Frassyn1, 
a  faict  ung  aullre  logeis  tirant  à  Estaptesa  ou 
au  Monthelin3,  et  comme  luy,  pour  divertir 
l'entreprise  dudict  sieur  de  Roeux,  estoit 
entré  en  Arthois,  où  il  avoit  pris  et  bruslé 
deux  fortz  et  mis  en  pièces  ce  qu'il  avoit  trouvé 
dedans,  pour  se  contrevenger  de  ce  qu'ils 
ont  faict  du  costé  de  Guyse;  oultre  avoit  ren- 
contré quelque  charroy  chargé  de  munitions 
de  guerre  et  de  harquebutes  à  crocq  qu'il  avoit 
semblablement  pris,  ainsi  que  verrez  plus  am- 
plement par  ses  lettres  que  je  vous  envoyé. 
N'ayant,  Monseigneur,  pour  cesle  heure, 
aullre  chose  à  vous  escripre,  sinon  qu'on  con- 
tinue ordinairement  à  donner  toute  la  plus 
dilligente  et  meilleure  provision  que  faire  se 
peult  à  vous  envoyer  force  vivres,  ensemble  les 
aultres  provisions,  dont  vous  avez  escript,  me 
recommandant,  Monseigneur,  très  humble- 
ment à  vostre  bonne  grâce  et  priant  Dieu  vous 
donner  eu  parfaicte  santé  très  bonne  et  très 
longue  vie.  Escript  à  Chaalons,  le  vic  jour  de 
juing  i55a. 

Vostre   très   humble   é    très   hobéisante 

famme, 

Caterine. 

1552.  —  io  juin. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n°  66o5 ,  page  7. 

AU  ROY. 

Monseigneur,  Fumel 4  est  venu  icy,  suivant 
la  charge  que  vous  luy  avez  donnée,  pensant 
y  trouver  mon  cousin  le  prince  de  Ferrare, 

maître  d'hôtel  de  Charles  Quint;  ce  fut  lui  (jui.  en 
i55a,  emporta  Hesdin  de  vive  force. 

1  Fressin  (Pas-de-Calais). 

-  Flapies  (Pas-de-Calais). 

3  Mont-IIulin  (Pas-de-Calais). 

4  Voy.  la  note  de  la  page  260. 


LETTRES  DE  CATHE 

lequel,  à  ce  que  l'on  dict,  n'ypeult  eslreenco 
de  (juelques  jours.  Au  moyen  de  quoy  ledict 
Fumel  a  eslé  d'advis  de  ne  Pactendre  point 
pour  l'envye  qu'il  a  de  vous  aller  retrouver; 
mais  avant  que  de  partir,  je  l'a\  bien  voulu 
l'aire  comparoir  en  vostre  Conseil,  où  il  a  en- 
tendu les  raisons  de  nqj  dilligences  quanl  au 
fournissement  de  voz  vivres,  el  encores  que 
parle  fil/,  de  la  Chesnaye  j'eusse  byer  envoyé 
à  mou  cousin  le  connectable  les  responces 
faictes  à  certains  articles  qu'il  nous  avoit 
envoyez,  touttefoys  je  n'ay  voulu  laisser  de 
\ous  en  faire  tenir  autant  paF  ledicl  Fumel, 
allin  qu'il  vous  plaise  les  faire  veoir  avec  les 
estalz  qui  ont  esle'  portez  par  ledict  la  Chesnaye, 
et  parla  vous  cognoistrez  les  efiectz  desparolles 
que  nous  vous  avons  doune'es  par  toutes  noz 
lettres.  Davantaige  il  fut  accordé  le  jour  d'hyer 
un;;  antre  marché  de  vingt  mil  pains  par  jour, 
vous  ad  visant,  Monseigneur,  que  tous  ceulx 
qui  sont  venuzces  jours  passez  de  vostre  camp 
disent  avoir  trouvé  grant  nombre  de  ebarroj 
porlans  pains,  farines  et  vins  tant  des  estappes 
que  fie  marchans  voluntaires,  el  espère  bien 
que,  pour  l'ordre  que  nous  y  avons  donné,  à 
nostre  possible,  vous  aurez  cause  de  vous  con- 
tanter,  car  maintenant  toute  la  compaignye  y 
\acque  et  ne  sçauroient,  ce  me  semble,  faire 
mieulx  qu'ilz  font. 

Au  demourant,  Monseigneur,  je  nefauldray 
d'envoyer  qnérir  l'ambassadeur  de  \enize1  si 
tost  qu'il  sera  arrivé,  car  j  ay  sceu  qu'il  ne 
l'est  point  encores,  mais  s'actend  ce  jourd  huy, 
et  luy  feray  entendre  tout  ce  qu'il  vous  a  pieu 
m'eseripre  par  vostre  lectre  que  m'a  apportée 
ledict  Fumel.  y  adjoustant  les  autres  meill 
pro[ioz  dont  je  me  pourrav  àdviser,  et  vous 
advertiraj  de  tout  ce  qu'il  m'aura  dict,  remec- 
tant  le  surplus  sur  ledict  Fumel  pour  me  re- 

1  Giovanni  Capeilo. 


RINE  DE  MÉDICIS.  559 

commander  très  humblement  à  vostre  bonne 
grâce.  Priant  Dieu.  Monseigneur,  qu'il  vous 
doinct  en  saule  très  bonne  el  longue  vye. 
Escripl  à  Chaalons.  le  \'  jourdejuing  i55a. 
\  nstre  très  humble  é  1res  hobéysante 
famroe, 

M\E. 


1 552.  —  17  juin. 

;  ;.  Bibl.  nat.  fonds  français,  D°  66o5 ,  page  10. 
A  MON  COMPÈRE 

MONSIEUR  LE  CONNESTARLE. 

Mon  compère,  je  receuz  hier  bien  tard 
vostre  lettre  du  w'  de  ce  moys,  par  laquelle 
me  faictes  sçavoir  que  si  Bourran.  Pelocquin, 
Pioche  et  le  recepveur  de  Ligny  satisfaisoient 
à  ce  qu'ilz  ont  promvs.  vous  auriez  assez  vr 
sans  qu'on  s'aydast  du  marché  qu'on  a  derniè- 
rement faict  avecques  Jehan  Prévost;  par  q 
n'estoitbesoing  qu'on  en  passas!  le  marché,  Je 
vous  ad  vise,  mon  compère,  que  pour  la  crainte 
que  nous  avons  eu  que  le  Roy  eus!  limite  de 
vivres,  et  aussy  «pie  iucessammenl  ledicl  sei- 
gneur et  vous  escripviez  qu'il  vous  y  feust  dilli- 
gemment  pourveu,  a  esté  cause  qu'on  avoit 
passé  ledicl  marché.  Toutesfois  on  trouverra 
quelque  honneste  expédient  avec  ledict  Prévost 
pour  s'en  démesler  et  rompre  ledicl  marché. 
Et  quant  à  celliiy  de  Pioche  que  vous  avez 
plusieurs  fois  escripl  vous  estre  envoie,  je 
vous  asseure,  mon  compère,  que  jusques  à 
l'heure  présente  je  n'en  avois  rien  entendu,  et 
si  plus  tost  eusse  sceu  que  l'eussiez  voullu  avoir, 
il  n'y  eust  eu  faulte  que  ne  vous  y  eusse  faict 
satisfaire.  Monsieur  le  garde  des  seaulx  '  m'a 
bien  asseurémenl  promvs  qu'il  vous  sefoil 
envoyé  quanl  et  la  présente  dépesche.  Au  sur- 
plus, mon  compère,  j'ay  trouvé  merveilleuse- 

1   Bertrandi. 


500  LETTRES  DE  CATH 

niciil  i  que  de    tous   les  chevaulx  el 

i\  qui  oui  conduicl  el  porté  les  \ i\  res,  il 

ni I  venu   ung  seul  nu  camp,  ainsi  que 

.  i.i  ne  [>uis  penser  comme  lesdietz 

\  nul  donques  peu  estre  menez;  si  vous 

ay-je  bien  qui'  le  recepvcur  général  de 

reste  ville,  qui  est  Tung  des  commissaires  géné- 

raulx  des  vivres,  en  a  lemi  ordinairemenl  bon 

v.  cl  de  sçavoir  dont  ceste  faulte  esl 

'îidez,  mon  compère,  puisqu'elle 

au  ■    mp  où  lesdiclz   vivres  onl 

)  lez,  elle  se  pourra  Irop  mieulx  <i 

qu'elle  ne  fera  pas  ycy,  ^  w>us  vouliez 

bien  exi  ressémenl  ordonner  qu  i!  en  soil  in- 

formé,   el    nie    semble   que   Bourran   a    lorl 

d'avoir  dicl    a   Blesneau  qu'il  n'en  a   poincl 

aussv  \eu  de  son  cousté;  raron  a  eu  plusieurs 

lellres  de  luv  faisans  meution  comme  lesdietz 

vivres  mil  esté  conduietz  là.  lesquelz,  comme 

voussçavez,  ne  peuvent  pas  voiler.  Toutesfois, 

mon  compère,  suyvant  vostre  adviz,  je  ordon- 

nerav   que  doresnavanl  lesdiclz  vivres  soienl 

menez  el  conduiclz  par  gens  qui  en  respondent 

el  qui  les  meclenl  entre  1rs  mains  des  com- 

inissaires  des  vivres  qui  soûl  là.  donl  ilz  rap- 

porl  roui  certiffication.  Quanl    aux    trois  ou 

cens  pionniers  qui'  demandez,  le  chc- 

vaulcheur  de  Monsieur  lf  garde  il'      eaulx  que 

vous  avions  envoyé  en  a  trouvé  deux  ou  Irois 

cens  qui  alloint  an  camp,  el   pareillemenl  a 

esté  expédié  la  commission  au  sieur  de  Rare1 

dont  vi        .    e;   aussv    escript  à   Monsieur  le 

garde  des  seaulx  pour  en  lever  el  tenir  pretz 

cens.  \u  regard  des  lectres  que  le  con- 

lerolleur  de  l'artillerie  en  a  cj  devanl  escriptes, 

je  n'en  a\  i  ien  entendu. 

Mon  compère,  je  vous  mereye  bien  fort  de 

rlissemenl    que  me   donnez  de  la    liés 

bonne  sanlé  du  Roy,  ri  aussv  que  la  mygrène 

i  iphe  'I"  I..1111  y.  s'  de  Raray. 


ERINE  DE  MED1CIS. 

î    qu'il  a  rue  ne  luv  ayl   longuement  duré.  Je 

vous  prve  me  faire  ce  bien  de  contynuer  à 

a  advei  tir.  El  sur  ce,  je  prieray  le  Créateui , 

mon  compère,  vous  avoir  eu  sa  saincte  g 

i  Mil  à  Cbaalons,lexvn°jour  de  juing  1 5 ô -j . 

Vostre  bonne  coumère  el  amie. 

Caterixe. 


1  335.  -  -  6  mars,  i 
i  lopie  -  e  par  M.  le  marquis  des  Moulii 

A   MA  COCSINE 

MADAME  DE  S"-MESME'. 

Ma  cousine,  j'av  veu  ce  que  m'avez  escripl 
el  quanl  à  ce  que  je  vous  avais  mandé  d 
mon  fils  le  dm'  d'Anjou  cardinal,  il  ne  faull 
pas  qui'  vous  mettez  cela  en  vostre  opinion  el 
en  sovez  marrie  pour  ce  que  je  lav  faict  seu- 
pour  voir  ce  que  vous  m'en  diriez .  vous 
asseuranl  qui'  la  volonté  du  Roy  et  la  mienne 
[est]  qu'il  en  soil;  à  cause  de  quoy  ne  vous  en 
mettez  en  peine  cl  pensez  seulement  à  faire, 
comme  vous  avez  accouslumé,  et  île  vous 
Iraicter  bien  en  vos  couches.  J'écris  à  ia  Roma- 
nerie  cl  au  s'  de  la  Borde  pour  \<>us  faire  tout 
secours  cl  meilleur  traitement  qu'il  leur  sera 
possible,  comme  le  sieur  de  Sl-Mesme  vous 
dira  plus  amplement,  lequel  je  renvoyé  devers 
vous  uour  vous  tenir  aussj  compaignie.  Prianl 
Dieu,  ma  cousine,  qu'il  vous  ayl  en  sa 
garde.  Ile  Paris,  le  sixiesme  jour  de  mars. 

.le  retiens  vostre  man  jusques  à  ceste  heure 
pour  ce  que  je  ne  m'en  pouvois  passer,  estant 
en  celle  ville,  cl  a  ceste  heure  que  je  m'en 
vovs,  je  le  vous  envoyé,  alin  qu'il  vous  fasse 

1   Léonore  Sluart,  Glle  légitimée  de  Jean  Sluart,  du( 
d'Albanie,  cl  de  Jeanne  Vbernethil,  écossaise,  mari 
28  octobre  i5'i5,  à  Fontainebleau,  en  présence  du  Roi , 
à  Jean  'I-'  l'IIospilal,  sieur  de  Saint-Mesme,  coin!''    Ii 
Choisy-aus   l  ivernour  du  duc  d'Anjou  et  super- 

intendant de  si  maison,  mort  en  1 558. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


:,r,l 


bien  traiter,  que  vous  puissiez  retourner 
iiicuiil iiiciit  après  vos  couches  auprès  do  mou 
lils.  Lequel  je  vous  recommande  et  suis  d'opi- 
uion  que  vous  le  sevriez  à  la  fin  de  ce  mois. 
\  ostre  lionne  cousine. 

(1  vil  RIK 


1557. 


6     I     M    |  i  , 


Irchivosdu  Ministère  des  affaires  étrangères. 
(Copie  îles  dépêches  de  M.  de  Noailles.  t.  IV,  p.  389.) 

\   MONSIEUR  DE  DÀX1. 

Monsieur  l'ambassadeur,  j'ay  eu  la  Icllre 
que  vous  m'avez  escripte  par  vostre  IVère  avec 
la  paibture  delà  royne  d'Angleterre  dont  j'ay 
esté  bien  fort  aise,  et  ayant  sceu  encores  de- 
puis par  les  dernières  lettres  que  j'ay  receues 
par  Boudeville  qu'elle  désire  avoir  la  mienne, 
je  vouldrois  bien  avoir  plus  tost  sceu  sou  inten- 
cion,  car  j'en  eusse  faict  faire  expressément 
une  qui  eut  esté  inieulx  que  celle  que  présen- 
tement  je  vous  envoyé,  que  vous  luy-  présen- 
terez de  ma  pari  avec  mes  affectionnées  recom- 
mandations, l'asseurant  qu'en  cest  endroict,  et 
tout  aultre,  je  désire  bien  la  gratifier  en  tarit 
qu'il  nie  sera  possible. 


Caterine. 


De  Plaïs. 


(  1557.  —  Du  6  au  3o  mars.) 

Copie  communiquée  par  M.  le  marquis  des  Montiers  Mériuville. 

v  MA  COUSINE 

MADAME  DE  S'-MESME. 

Ma  cousine,  je  vous  envoyé  vostre  uiarv, 
car  je  sçay  que  Taise  que  vous  aurez  de  le  voir 
vous  aidera  beaucoup  à  vous  guérir;  il  vous  dira 
de  mes  nouvelles  bien  au  long,  que  me  gardera 

1  François  de  Noailles,  évêque  de  Dax  en  1  555 ;  des 
lettres  inédites  de  lui  ont  été  publiées  par  M.  Tamizej 
de  Larroque,  1 8 0 5 ,  in-8°. 

Catherine  de  Médicis.  —  i. 


v  eus  en  escripre;  mais  je  vous  prie  vous  traiter 
si  bien  que  incontinent  que,  après  que  vous 
serez  relevée,  vous  puissiez  me  venir  trover  à 
Bloisoùje  pense  estre  en  ce  temps  là.  M'as- 
seurant  que  vous  n'y  ferez  pus  faillie,  ne  vous 
en  diray  davantage,  remettant  tout  pour  ceste 
heurt!  là.  Je  prie  Dieu,  ma  cousine,  vous  don- 
ner ce  que  vous  désirez. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1558.  —  20  janvier. 
Orig.  Bibl.  uat.  fonds  français,   n    GGoo ,  f   13. 

AU  ROY. 
Monseigneur,  j'ay  receu  la  lectre  qu'il  vous 
a  pieu  m'escripre  du  win"  de  ce  mois,  par  la- 
quelle vous  me  mandez  de  faire  partir  incon- 
tinant  le  trésorier  de  l'extraordinaire  Moreau 
pour  s'en  retournera  Lyon.  Sur  quoy,  Mon- 
seigneur, je  vous  advise  que  desjà  (suivant  ce 
que  les  gens  de  vostre  Conseil  m'avoient  dit) 
je  le  luy  avois  commandé,  et  pour  ce  qu'il 
disoit.  avoir  besoin;;  de  quelzques  provisions 
avant  son  partement,  j'ordonnay  aux  gens  de 
vostredicl  Conseil  de  l'oyr  là  dessus  el  les  lu\ 
faire  promplement  dépescher;  ce  qu'il/,  feirent 
hier  après  disner,  ayant  ledicl  Moreau  promis 
de  partir  ce  jourd'huy,  vous  advisant  que  l'on 
fait  tout  ce  qud  l'on  peult  pour  recouvrer  argent 
de  ceulx  que  vous  avez  faici  mettre  au  roole 
des  emprunetz;  mais  il  s'en  treuve  beaucoup 
(et  quasi  lapluspartde  ceulx  qui  sonl  les  plus 
riches)  et  à  qui  vous  avez  faict  [dus  de  bien, 
qui  reffusent  lout  à  plat  avec  excuses  les  plus 
frivolles  qu'il  est  possible,  el  quelzques  autres 
qui,  ou  lieu  des  mil  escuz  que  l'on  leur  de- 
mande, nen  offrent  pas  le  tiers  ou  le  quart; 
sur  quoy  j'ay  advisé  avec  les  gens  de  vostredicl 
Conseil  qu'il  fauldra  user  de  telles  voyes  rigo- 
reuses  que  l'on  advisera  pour  les  faire  venir  au 
poinct,  autrement  l'on  n'en  viendra  jamais  à 

7' 


562 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


boni,  el  dès  après  disner  j'envoieray  des  gen- 
tilzhommes  en  leurs  maisons  les  semondre 
encores  une  foiz  de  faire  leur  devoir  dedans 
demain  ou  samedy  pour  le  plus  tard,  leur 
déclarant  que,  en  deffault  de  ce  faire,  je  y 
pourvoieray  selon  le  commandement  que  j'ay 
de  vous  pour  les  contraindre;  et  que  cependant 
ilz  ne  Caillent  de  venir  parler  à  moy,  vous 
povant  asseurer,  Monseigneur,  que  je  leur 
ehanleray  bien  leur  leçon.  J'ay  voulu  veoir  ce 
matin  le  roolle  de  ceulx  qui  ont  payé  depuis 
voslre  parlement,  et  se  trouve  que  dedans  ce 
jourd'huy,  comprins  ce  qui  fut  porté  quant  et 
vous,  il  y  pourra  bien  avoir  de  receu  jusques  à 
deux  cens  milles  en  tout;  ayanl  ordonné  là 
dessus  au  trésorier  de  vostre  Espargne  Moreau 
qu'il  aicl  à  vous  envoyer  ce  qu'il  peull  avoir  de 
(Omplant  en  ses  mains  desdietz  emprunetz  et 
qu'il  face  le  semblable  à  mesure  qu'il  se  trou- 
vera avoir  somme  notable,  affin  que  vous 
soyez  satisfaict  de  ce  que  vous  ordonnastes  à 
vostre  parlement. 

Monseigneur,  hyer  passoit  ung  Espaignol 
avec  ung  sauf  conduit  dépesché  de  vous  du 
iv'  de  ce  mois,  tant  pour  aller  avec  lectres  de 
la  mareschale  de  Navarre  en  la  court  du  roy 
Philippes  trouver  le  marescbal  de  Navarre  son 
mary,  que  pour  retourner  en  Espaigne  devers 
ladicte  marescbale,  et  estant  ledict  Espaignol 
à  la  poste  il  fut  arresté  et  admené  avec  sa 
valize  au  sieur  de  Bcauregard,  lequel  a\Tec 
Nicot  '  ouvrit,  toutes  les  lectres  qu'il  porloit, 
dont  ledict.  Bcauregard  vous  envoyé  l'extraict, 
par  lequel  vous  verrez  le  conlenu  desdictes 
lectres  qui  importent.  Et  ont  esté  les  gens  de 
vostre  Conseil  d'advis  eloppinion  de  ne  laisser 
passer  oullre  ledict  Espaignol,  sans  première- 
ment entendre  sur  ce  vostre  vouloir,  lequel 
il  vous  plaira  nous  faire  sçavoir.  II  n'y  a  que 
ung  propoz  dedans  lesdictes   lectres  qui  me 

1   Voy.  pour  Micot  la  note  tle  la  page  i  1  ■?.. 


mect  en  peyne,  s'il  est  véritable,  et  dont  vous 
pourrez  bien  sçavoir  ce  qui  en  est  par  les  pri- 
sonniers angloix  (qui  estoient  dedans  Kalais) 
et  mesme  par  le  debitis1,  c'est  qu'ilz  disent  que 
la  royne  d'Angleterre  -  se  trouve  grosse  de  six 
mois  et  deiny,  ce  que  je  pense  estre  une  nou- 
velle faicle  à  poste,  pour  eulx  en  servir  el 
prévaloir,  et  auront  esté  bien  aises  d'en  faire 
mention  par  les  lectres  de  ce  courrier,  pensant 
bien  qu'elles  seroienl  veues  et  visitées  de  nous. 
Au  moyen  de  quoy,  et  que  vous  povez  consi- 
dérer, Monseigneur,  combien  il  importerait 
que  cette  royne  allast  faulcement  et  indus- 
trieuseiuenl  supposer  ung  enfant,  comme  il  esl 
assez  aysé  à  faire,  si  elle  l'entreprenoit  pour 
parvenir  aux  dessaings  de  son  mary 3  et  d'elle. 
Je  seroys  bien  d'advis,  soubz  vostre  bonne  cor- 
rection, Monseigneur,  que  vous  regardissiez 
d'en  sçavoir  la  vérité,  car  cella  vous  pourra 
apprendre  chose  qui  seroit  pour  vous  servir  à 
la  conduicte  de  voz  affaires,  et  quant  ce  ne 
seroit  que  pour  adviser  à  ce  qu'il  seroit  de  faire , 
le  cas  advenant  que  cella  fust  vray. 

Monseigneur,  je  vous  supplie  me  vouloir 
excuser,  si  je  ne  vous  faiz  la  présente  de  ma 
main,  pour  ne  vous  donner  trop  de  peyne  à 
la  lyre,  et  aussi  j'ay  considéré  que  puisque  par 
icelle  je  ne  vous  parle  que  de  voz  affaires, 
mon  excuse  sera  bien  receue,  en  vous  présen- 
tant mes  très  humbles  recommandations  à 
voslre  bonne  grâce.  Et  sur  ce  je  prye  à  Dieu 
vous  donner  en  parfaicte  santé  très  bonne  el 
longue  vye.  Escript  à  Paris,  le  xx°  jour  de 
janvier  1507  (  1 558). 

Vostre  très  humble   é  très  hobéissanle 

famine, 

Cateiune. 

1   Debitis,  terme  de  chancellerie  clans  te  sens  de  com- 
mandemenl. 
-  Marie  Tuilor. 
3  Philippe  II. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


,,, 


1558.  —  2S  juillet. 

Copie.  Bitil.  de  la  ville  d'Aix ,  collerl.  Mcjanes.  n3  778. 

\  MA  COI  SINE  STROZZI'. 

Ma  cousine,  j'ay  parlé  au  Roy  monseigneur 
pour  vous  bailler  la  garde,  charge  et  tutèle  de 
la  personne  el  biens  du  sieur  Philippes  Strozzi 
rostre  lil/..  ce  que  Sa  Majesté1  m'a  accordé,  el 
ponr  ce  que  le  sieur  Jean-Baptiste  Gondy  a 
manié  presque  toutes  les  affaires  de  feu  mon 
cousin  le  mareschal  rostre  mary  et  les  entend 
mieux  que  nul  autre,  je  lu\  a\  '-'aussy  lait  mettre 
pour  vostre  ayde  et  soulagement  et  pour  ce 
que  je  m'asseure  que  \ous  l'aurez  aiosy  pour 
agréable;  et  vous  ayant  dernièrement  escrit 
plus  au  long  ce  que  le  Roy  monseigneur  à  ma 
requeste  vous  avoit  accordé,  je  ne  vous  en 
Fera}  plus  long  discours  en  la  présente  que  de 
prier  le  Créateur,  nia  cousine,  qu'il  vous  avl 
en  sa  saincle  garde.  De  Reims,  ce  wwir  jour 
de  juillet  i558. 

\  OSlre  bonne  cousine. 

Ca.teb.ine. 


1  .')Ô8.  —  20  septembre. 
Copie.  Bibl.  de  la  ville  d'Aii,  collecl.  Mejanes,  u°  578. 

A  MA  COUSINE  STROZZI. 

Ma  cousine,  j'ay  receu  deux  de  vos  lettres, 
par  lesquelles  j'ay  veu  que  vous  avez  receu 
celles  que. je  vous  avois  escriptes,  estant  bien 
ayse  de  la  volonté  en  laquelle  vous  estes  de 
venir  par  deçà,  où  vous  serez  la  bien  venue;  à 
ceste  cause,  advertissez-moy  en  quel  temps 
vous  voudrez  partir  pour  vous  l'aire  envoyer 
des  gallères  du  Rov  monseigneur  pour  vous 
mener  et  conduire  et  apporter  vos  meubles  el 

1  l.audamine  de  Médias,  mariée  à  Pierre  Strozzi',  ma- 
réchal de  France,  tué  le  20  juin  1 558  au  siège  de  Thion- 
ville.  —  Voy.  la  noie  de  la  page  lili. 

-  Je  lui  mj,  je  l'ay. 


[nés  telles  que  vous  adviserez,  estant  bien 

isque,  entre  les vostres,  vous  faictesap- 

porterles  livres1  et  armes  que  feu  mon  cousin 

'  trll avoit,  nous  dil  Brantôme,  une  très  belle  biblio- 

Je  11"  diray  pas  de  luj  comme  1"  bon 

rompu  le  roy  Louis  XI'  disoil  urne 

qui  avoit  une  très  belle  librairie  el  poit  jamais, 

qu'il  ressembloit  un  bossu,  qui  avoit  une  belle  grosse 

-ui  son  dos  et  ne  la  voyoil  pas;  mais  M.  le  ma- 
reschal visitoit,  u.\n;i  r-i  lisoil  souvanl  -  irie; 
ell1  estoit  venue  du  cardinal  Ridi  I.  be,  1 1  ai  ip  •  a  morl 
acbeptée,qu'esloit  un  très  sçavanl  prélat.  V.IV  esloil  i  stimée 
plus  de  quinze  mili'  escus.s  François  Pittou,  qui  en  lil 
plus  lard  la  prisée,  c l'estima  plus  de  quinze  mill1  si 
pour  la  rai  :\  .■!  grandz  livres  qui  j  estoient. 
Du  despuis  la  morl  di  ti  liai,  la  Reyne  mère 
relira,  avecque  promesse  d'en  récompenser  son  lilz  el  lu 
luy  payer  un  jour  ;  mais  jamais  il  n'en  a  •  u  un  si  ul  sol. 
Je  sçay  bien  qu'il  m'en  a  dicl  d'aulres  fois,  en  estant 
mal  contant.  Je  croy  qu'elle  soit  encore  à  Chi 

tome,  édil.  de  !..  Lalanne,  t.  Il ,  p.  ■■  '12  ).  Voi< 
que  le  Parlement  décida  de  la  bibli  -    ine, 

1"  12  ma  s  i5g€  :  «Ce  jour,  après  avoir  veu  par  la  Coui 
les  leltrespatenlesdu  Roy,  données  au  camp  devant  Laon, 
1"  1  i  juin  1  5g  '1 .  si;;u<;"s  par  le  Roy  et  plus  bas  Revol  et 
scellées  en  cire  jaune ,  par  lesqnell  1  el  pi  11  li  causes  j 
contenues  ledict  seigneur  déclare  qu'il  veutel  entend  que 
tous  les  anciens  exemplaires ,  tanl  hébreux,  grecs,  latins, 
ar  ibes,  que  françois  et  italiens  el  anlres  quels  qu'ils  soyent 
trouvez  entre  les  meubles  de  la  défunte  Roy  ne,  si  belle- 
mère  et  qui  ont  esté  et  sont  encore  en  la  garde  de 
ire  Jean-Baptiste  Hem  ivenni,  abbé  de  Bellebranche, 
soyent  joincls  à  sa  librairie,  auquel  est  enjoinct  m 
tous  lesdicls  livres  et  exemplaires  entre  les  mains  du 
sieur  d'Emery,  nommé  par  ledict  seigneur  pour  mai 
de  sadicte  librairie,  lequel  les  prendra  par  i  ivenlairc 
sur  celuy  estant  pour  ledicl  abbé  de  Bellebranche, 
lequel  en  demeurera  deschargé,  pour  lesdicls  exemplaires 
demeurer  joincls  et  escbeus  aux  meubles  de  la  couronne 
de  France ,  sans  en  pouvoir  à  l'advenir  estre  disd 
nv  portez  ailleurs;  requeste  à  la  licle  Co  ir  par 

les  créanciers  de  ladicte  défunte  dame  Ro  n  le  1  3  juil- 
let ensuivant,  conclusions  du  procureur  général  du  lie;. 
auquel  ladicte  requeste  aure.it  été  communiquée,  la 
matière  mise  en  délib  ration,  ladicte  Conr  a  arresté  et 
ordonné  que  lesdicles  lettres  seront  registrées  es  registres 
d'icelies,  ouy  le  procureur  général  du  Roy,  sans  |  ■■  éjudii  i 


564 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


le  mareschal  avoit,  qui  serviront  par  deçà 
pour  vostre  filz,  et  des  médailles  et  anliquilez 
et  autres  choses  belles  et  exquises,  ce  que  vous 
en  pouissez  recouvrer  pour  moy.  Quant  à  la 
charge  qui  a  esté  baillée  au  sieur  Jean-Baptiste, 
je  ne  l'ay  faict  que  pour  vous  soulager,  enten- 
dant et  voulant  touteffois  que  vous  en  ayez 
tousjours  la  première  et  principalle  charge  et 
administration  et  que  ledict  Jean-Baptiste  vous 
soulage  et  relève  de  la  peine  que  vous  eussiez 
eue  autrement,  en  tout  ce  qu'il  pourra;  qui 
est  tout  ce  que  je  vous  puis  escrire  pour  le  pré- 
sent que  de  prier  le  Créateur,  ma  cousine, 
vous  avoir  en  sa  saincle  garde.  De  Paris,  ce 
xxe  jour  de  septembre  1 558. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


15G0.  —  2  i  janvier. 

Copie.  Bibl.  d'Aix ,  eollect.  de  Mejanes. 

A  MON  COUSIN 

(LAURENT  STROZZI1). 

Mon  cousin,  ayant  esté  mon  cousin  le  sieur 

■les  hypotecques  des  créanciers  et  à  la  charge  que  lesdicts 
exemplaires  seront  à  ceste  fin  mis  en  lieu  séparé  avec  les 
autres  exemplaires  et  livres  de  la  bibliothèque  du  Roy.  » 
(Extrait  des  registres  du  Parlement,  fonds  Dupuy,  n°5ii, 
p.  1 1 6.)  En  1698,  le  5  mars,  Henri  IV  écrivait  au 
président  de Thou,  devenu,  à  Fa  mort  de  Jacques  Amyot, 
maître  de  sa  librairie  :  tcje  vous  ai  ci-devant  escrit  pour 
retirer  des  mains  du  nepveu  de  feu  l'abbé  de  Bellebranche 
la  librairie  de  la  feue  Royne,  mère  du  roy  monseigneur; 
ce  que  je  vous  prie  et  commande  encore  un  coup  de  faire 
si  jà  ne  l'aviez  faict,  comme  estant  chose  que  je  désire, 
nffin  que  rien  ne  s'en  esgare  et  que  vous  la  faciez  mettre 
avec  la  mienne."  (Berger  de  Xivry,  Recueil  des  lettres 
de  HenrilV,  t.  V,  p.  62.)  Voy.  l'article  que  M.  Leroux  de 
Lincy  a  consacré  à  celte  précieuse  collection  dans  le 
Bulletin  du  bibliophile  de  Techener,  t.  XII;  Léopold 
Delisle,  Cabinet  des  manuscrits,  t.  I,  p.  207;  l'abbé 
Chevalier,  les  Créanciei-s  de  Catherine  de  Médiats,  p.  lviii; 
Bonnafie,  Inventaire  des  meubles  de  Catherine  de  Médiat 
(Paris,  Aubry,  1576),  p.  23  et  suiv. 

!   Cette  lettre  est  sans  suscription,  mais  il  y  a  tout  lieu 


PhilippesStrozzimis  hors  de  curatelle,  espérant 
que  doresnavant  il  se  gouvernera  sagement  et 
par  le  conseil  de  ses  parens  et  amys  et  le  voulant 
emploier  au  service  du  Roy  monsieur  mou  fils 
aussy  tost  que  les  occasions  s'y  offriront  et 
mesmes  es  choses  dont  je  verray  qu'il  se  pourra 
acquitter  et  à  ce  que  cependant  son  bien  soit 
régy,  gouverné  et  administré,  j'ay  esté  d'advis 
qu'il  en  fist  sa  mère  procuratrice  et  adminis- 
tratrice généralle,  et  pour  cest  effect  je  luy  en 
ay  escrit  et  à  vous  aussy  la  présente,  pour  vous 
faire  entendre  que,  pour  la  conservation  de 
son  bien ,  je  désire  que  l'on  ne  touche  à  l'ar- 
gent ou  autres  biens  qu'il  peut  avoir  par  delà 
jusques  à  ce  qu'il  y  ait  advisé  autrement,  sui- 
vant ce  que  je  vous  dis  à  vostre  partemant,  et 
que  ledict  Strozzi  vous  a  escrit  depuis,  ainsy 
qu'il  m'a  dict;  priant  le  Créateur,  mon  cou- 
sin, vous  avoir  en  sa  très  sle  et  digne  garde. 
Escript  à  Blois,  le  xxi'jour  de  janvier  i55o, 
(1060). 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


(1560.  —Septembre.) 

Aut.  liibl.  nat.  f'e-ods  franeais,  n°  66o5,  f*  5a. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  11,  p.  5a  i. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  vous  voirés  l'aucasion  de 
sete  dépèche  par  set  que  vous  en  dire  l'enba- 
sadeur;  qui  seré  cause  que  ne  vous  en  fayré 
rediste;  soulement  vous  dire  que  Dieu  nous  ha 
bien  aydé  et  fayré  encore,  si  luy  plesl  à  nous 
ayder,  de  meslre  touttes  chauses  en  tele  ayslat 
que  n'arou  plulx  aucasion  de  panser  à  le  re- 
mersier  et  servir,  cornent  devons,  selon  la 
grase  qu'i  nous  faysl  de  nous  avoyr  tout  faysi 

de  croire  qu'elle  est  adressée  à  Laurent  Strozzi,  évèque 
de  Béziers  en  1 5  /a  8 . 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MEDICIS. 


565 


découvir,  car  \  senble  que  s'et  heun  \ra\  mi- 
racle de  la  fason  que  avons  tout  seu1  el  uous 
monstre  bien  comenl  \  uous  ayme  el  tout  sel 
royaume,  qui  vous  dest2  fayre  panser  que 
puisqu'i  veolt   mentenir  nostre  mayson  qui 

vous \  atyendré  tourjour  ausi  en  vostre  con- 

tenlemenl  el  grandeur,  mes  que  le  reconèsiés 
ci  servies  comenl  devés,  sel  que  je  vous  |>riu 
n'oublyer  jeamés.  Je  laré  set  propos  pour  vous 
dyre  que  suys  si  aybéie  que  n'avés  heu  le  jar- 
dinyer  «jue  vous  ay  envoyé,  car  le  premier  \1 
\  é  siiu]  semayne  qu'il  est  parti  et  Paultre  heun 
moys.  Je  vous  prie  me  mander  quant  y  seront 
arivés  et  si  vous  satysfayront,  car  je  l'ay  désiré 
byen  fort.  Monsieur  de  Vineulx  ayst  arivé  et 
ayslé  fort  ayse  d'antendre  par  luy  de  vos  no- 
\ elles.  Je  prie  à  Dieu  que  puisés  contyneucr 
lou  les  jour  lyeule  etmylleure,  s'il  est  possible; 
et  quant  à  set  que  me  mandez  que  le  Roy 
vostre  mari  envoy  ici  don  Antonio  de  Tolède 
et  que  s'et  heun  personayje  qu'y!  ayme,  je 
vous  aseure  que  le  Roy  vostre  frère  et  mo\  en 
sommes  byen  ayse  de  quo}  j  vient,  ayspérant 
que  en  natendent  que  je  aye  le  byen  de  vous 
voyr  lou  deus,  que  luy  feson  entendre  par  luy 
sy  byen  et  au  long  l'amytié  que  luy  portons  el 
l'anvye  que  le  Roy  mon  filz  ha  de  la  conlineuer 
et  selle  que  je  hay  qu'y  la  conlineue,  que  je 
ayspère  que  après  sela  y  ne  sert;  plulx  en  la 
puisansc  de  personne  de  l'an  melre  en  doutte; 
et  vous  prie,  nia  fille,  ma  mye,  vous  en  na- 
seurer  et  l'aseurer  ausi  à  luy-mesmes  que  nous 
n'on  seu  avovr  chause  qui  nous  hait  aporté 
plulx  de  contentement  que  de  povoyr  voyr  el 
parler  à  quelque  personne  qui  luy  l'eut  agréable 
et  an  qui  y  s'i  fiât  byen  fort,  cornent  vous 
m'aseurés  par  vostre  lette  que  setuicy  luy  a\  ^1 , 
et  luj   fayron  si  bon  Irétement  et  recoul3  que 

1  Allusion  à  la  prise  des  papiers  de  La  Safjue.  —  Voy. 
la  note  de  la  page  :  '17. 

2  Desl,  doit.  —  3  Recoul,  recueil. 


ares  aucasion  d'en  demeurer  satysfaysle.  Je  ue 
vous  puys  envoyer  encore  lé  besongne  que  vous 

l'ouys  fayre;   de  quny   je  siiys   marne;  mes  je 

y  fayré  fayre  louttes  la  diligense  qu'y  m'esl 
possible.  Je  ne  vous  fayrd  plulx  longue  letre, 

après  vous  avoyr  prié  me  tenyr  en  la  bonne 
grase  deu  iiov  vostre  mary  el  l'aseurer  qui  n'y 
tyendré  jeamès   personne  qui  l'ayme  mieulx 

après  vous  que  fayst. 

/'.  S.  {D'une  autre  main.)  re Je  r  1  ' ;  1  \  point 
voule  laiser  partir  ceste  laitre  sans  vous  faire 
mais  recomandasions  et  \011s  dire  que  je  me 
porte  bien  l.» 

(De  sa  main.)  Vous  conésés  asés  sete  mayn. 
\  ostre  lionne  mère, 

Caterine. 


(1560.) —  1"  octobre. 

Aut.  Imprimé  dans  les  Négociations  sous  Fnmrois  îî,  p.  611. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'aj  receu  vostre 
lettre  par  laquelle  me  mande/,  l'espérance  que 
que  Ton  a  que  la  Royue  ma  fille  soil  grosse. 
J'ay  grant  peur  qu'il  n'en  soit  rien,  el  en 
mande  bien  au  lonsf  mon  opinion  à  madame 
de  Clermont,  laquelle  vous  verrez;  et  vous 
prie  de  dire  au  Roy  monsieur  mon  beau- filz 
que,  pour  l'envie  qu'il  a  de  la  veoir  grosse 
qu'il  ne  laisse  pour  cela  de  commander  aux 
médecins  qu'il  ne  la  tiennent  pas  tan!  dans  le 
lict;  car,  si  elle  ne  l'est  point,  j'aurois  peur 
que  cela  la  gardas!  el  empeschast  nature  de 
faire  ce  qu'elle  doibl  ;  au>si  ,-i  elle  l'estoyt,  de 
fortune,  (die  n'en  sera  que  plus  sayne  et  son 
enfanl  s'en  portera  mieulx,  quant  elle  fera  un;; 

peu  d'exercice,   pourveu    qu'il    ne  soit  \  iollenl 
el  qu'elle  n'eu  aille  en  coche  ny  à  cheval;  pour 

1  Par  suite  de  la  vérification  (pie  j'ai  faite,  il  me  parait 
certain  que  ces  lignes  sont  de  la  main  de  François  II. 


56C  LETTRES  DE  C  \TII 

aller  en  sa  littière,  elle  ne  se  saurait  affoler1. 
Si  je  le  pensois  aultrement,  vous  pouvez  bien 
croire  que  je  ne  luy  vouldrois  pas  conseiller, 
car  la  chose  du  monde  que  je  désire  le  plus 
esl  de  luy  venir  ung  enfant;  mais  j'auroisplus- 
tosl  peur,  voyant  ce  que  le  médecin  m'en 
mande,  que  ce  feust  quelque  répleclion  d'hu- 
meurs qui  luy  baille  ce  mal  de  cœur,  ou 
qu'elle  vienne  aux  pasles  couleurs,  veu  la 
grande...2  qu'elle  a.  Je  vous  prie,  par  le 
premier  qui  viendra,  me  voulloir  mander 
comme  elle  se  trouvera,  et  luy  dire  à  elle- 
mesme  qu'elle  ne  se  laisse  pas  tant  aller  à 
son  mal  qu'elle  ne  se  contraigne  de  faire  ung 
peu  d'exercice,  et  qu'elle  m'a  veue  grosse, 
estant  si  malade  que  je  ne  pouvois  marcher, 
et  beaucoup  plus  vieille  quelle  n'est;  et  avec 
tout  cela  je  m'efforçois  encore  de  me  faire 
soustenir  à  deux  personnes  pour  ne  me  lais- 
ser acoquiner  dans  le  lict,  et  que  je  la  cognois 
bien ,  de  façon  que  du  moindre  mal  qu'elle  a, 
elle  ne  vouldroit  bouger  de  couscher,  et  que 
cela  l'affoleroit  à  la  fin.  Je  ne  vous  feray  plus 
longue  lettre,  car  vous  verrez  par  ce  que  vous 
escript  le  Roy  mon  filz  toutes  nos  nouvelles. 
Je  vous  assurerai  seulement  que  je  ne  laisse- 
ray  perdre  une  seule  occasion  de  faire  souve- 
nir le  Roy  mon  fds  de  ce  qu'il  m'a  promis 
pour  vous;  qui  sera  l'endroict  où  je  prierai  . 
Nostre-Seigneur  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
De  Sainct-Germain,  ce  1"  octobre. 

Caterine. 


1560.  —  7  novembre. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II .  [>.  7" 

A  MADAME  DE  CLERMOT. 

Ma  cousine,  j'ay  receu  vostre  lettre  et  ay 
esté  bien  ayse  de  voyr  que  la  royne  ma  fiHe 

'  Affoler,  blesser. 
Mol  illisible. 


EIUNE  DE  MED1CIS. 

se  porte  bien.  Je  vous  prie  luy  dire  de  par  moy 
qu'elle  continue  toujours  son  exercice  et  me 
mande  incontinent  que  ces  besongnes  luy 
seron!  venues.  Je  n'ay  point  receu  les  gants 
(pie  vous  me  mandés  m'envoyer  par  le  jardi- 
nier, ny  aussy  les  chausses  de  soye.  L'on  m'a 
dii  qu'il  est  demeuré  malade  par  les  chemyns; 
si  d'aventure  il  se  meurt,  il  en  faudra  envoyer 
ung  aultre  pour  avoyr  les  arbres  qu'il  estoyt 
venu  quérir.  Je  vous  prie  continuer  toujours 
à  me  mander  des  nouvelles  de  la  royne  ma 
fille,  et  vous  assurer  qu'en  vos  affaires  je  y 
feray  comme  pour  moy-mesmes  :  mais  vos 
gens  ne  m'en  ont  encores  jamais  parlé.  Je  vous 
prie  dire  à  Monsieur  de  Lymoges  que  je  luy 
prie  de  s'enquérir  à  la  vérité  si  je  doy  espérer 
de  voir  le  Roy  mon  beau-fils ,  et  en  quel  temps . 
non  pas  qu'il  en  presse  rien,  car,  encore  que 
je  le  désire  beaucoup,  les  affaires  que  nous 
avons  icv  ne  me  le  permettront  pas  aussy  bien 
d'y  pouvoir  aller,  que  ce  ne  soit  après  Pasques, 
car,  jusques  à  ce  temps-là,  je  ne  pense  pas 
que  nous  puissions  bouger  d'auprès  de  Paris. 
Mais  je  ne  laisse  pas  pour  cela  de  désirer 
savoir  à  la  vérité  ce  que  j'en  dois  espérer. 
Pour  ce,  monslrés-lui  ceste  lettre,  et  que 
personne  ne  la  voye  que  vous  et  luy,  et  la 
bruslez  après.  Et  je  prieray  Dieu,  ma  cousine  , 
vous  avoir  en  sa  saincte  garde.  D'Orléans,  ce 
vu"  novembre. 

Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 


1560.  —  6  décembre. 
Copie.  Bibi.  nat.  foods  français,  11e  17981. 

A  MOiSSIEUR  COIGNET. 

j'ay  grand  regret  qu'il  faille  vous  mander 
une  si  triste  nou\elle  que  celle  que  vous 
verrez  par  la   lettre  que  vous  escript   le  lioj 


LETTRES  DE  GATH 

monsieur  mon  filz1,  etvous  puys  bien  sseu- 
rerque  l'affliction  que  je  sens  en  cela  m'esl 
m  poignante  el  doloreuse  qu'elle  me  seroit 
du  touf  insuportable ,  si  je  ne  considérais 
que  telle  a  esté  la  voluncté  de  Dieu  .  qui  dis- 
pose de  nous  comme  il  luy  plaist,  el  si  je  ne 
veoys  les  deux  grandes  perles  quej'ay  faictes 
en  si  peu  de  temps  revivre  en  la  personne  du 
l!"\  mondict seigneur  mon  (il/,  el  ce  qu'il  pro- 
met de  boute  et  de  vertu;  qui  est  tout  ce  que 
iuvs  aujourd'huy  recepvoir  dv  consolation 

i  Voici  de  Charles  IX:  «Monsieur  Coignel, 

il  a  pieu  à  Dieu  visiter  le  feu  Roj  monseigneur  et  frère, 
que  Dieu  absolve,  d'une  longue  et  grasve  maladye  qui 
c'esl  terminée  par  la  plus  désolante  fin  qui  m'eust  sceu 
advenir,  car  estant  décédé  le  jour  d'hier  sur  les  dix  heures 
du  soir  de  ladicle  maladie,  je  me  sens  de  la  perle  d'un  si 
bon  seigneur  et  frère  plus  de  douleur  que  ne  pourra 
croyrc  celuj  qui  ne  regardera  que  mon  bas  eaige  et  qui 
ne  sçaufa  l'honneur,  révérence  et  naturel  amour  et  ail.  i  - 
lion  (pie  je  luy  porloys,  mais  ayant  este  telle  la  volonté 
de  Dieu ,  c'est  bien  raison  que-je  regarde  à  m'y  conformer, 
.'1  le  prier,  puisqu'il  m'a  voulu  appeler  si  jeune  à  cesle 
couronne,  de  me  donner  les  i  nécessaires  pour 

une  si  grande  et  importante  charge  et  administration  ,  en 
laquelle  cependant  tous  mes  amys  et  alliez  n'auront  occa- 
sion de  se  promettre  autre  chose  que  perpétuelle  obser- 
vation de  nostre  mutuelle  aruylié  et  alliance  et  la  conser- 
vation de  la  paix  et  tranquillité  généralle  et  universelle  que 
Dieu  a  donnée  à  la  chreslienlé,  car  ayant  supplyéla  Royne 
madame  ma  mère  de  prendre  en  main  la  charge  des 
affaires,  de  moy  et  de  mon  royaume  pour  le  régir  et 
administrer  par  sa  bonne  et  saige  conduitte  et  le  pru- 
dent adviz  e[  conseil'de  mon  oncle  le  roy  de  Navarre  et 
desgrans  et  notables  personnaiges  que  le  feu  Roy  mondict 
sieur  et  frère  m'a  laissez  de  son  conseil  :  en  quoy  je  veoy 
leurs  volonlez  si  vives  que  j'ay  grande  occasion  d'en 
louer  Dieu  infiniment.  L'on  se  doibt  asseurer  que  la 
Royne  madicte  dame  et  mère  ne  fera  jamais  aullres  offices 
que  ceux  qui  appartiendront  au  bien  de  ici  paix  et 
repos  de  la  chreslienlé  et  à  la  conservation  des  amytiés 
et  alliances  que  mes  prédécesseurs  m'ont  délaissées  et 
principalement  de  celle  qui  s'est  de  si  longtemps  con- 
tinuée entre  ceste  couronne  et  les  s"  des  Ligues  mes 
alliez  et  confédérez.71  (Bibliothèque  nat.  fonds  français, 
n    17981.) 


ER1NE  DE  MÉDIC1S.  56*? 

parmy  lant  de  pleurs  el  d'ennuys,  el  donl  j'aj 
grande  occasion  de  louer  el  remercier  Dieu 
infiniment,  ayant  bien  délibéré  au  jeune  eage 

auquel  il  a  pieu  à  Dieu  l'apeller  à  ceste  cou- 
ronne, le  faire  si  bien  nom  rir  el  instituer  en  la 
crainte  de  Dieu  el  en  toutes  choses  vertueuses 
et  dignes  du  lieu  qu'il  lien!  et  mesmes  en  l'ob- 
servation de  l'alliance  el  parfaicte  amityé  qui 
desi  longtemps  continuée  entre  cestedicte 
couronne  et  les  sieurs  des  Ligues  !  qu'iiz  ne 
trouvcrronl  en  luj  avecques  le  temps  que 
toules  perfections  nécessaires  pour  l'accom- 
plissement d'un  grand  el  aige  prince,  el  dès 
à  présent  les  mesmes  fruietz  de  son  amitj 
alliance  qu'iiz  ont  1  -  prédécesseurs: 

chose  dont  je  vous  prye  les  asseurer  el  que. 
ayant  pour  sou  bas  eaige  pris  en  main  l'admi- 
nistration des  affaires  de  ce  royaume,  ainsy 
que  vous  verrez  par  sa  lettre,  je  donneré 
ordre  que  à  ses  prochains  estatz  i!  se  prandra 
une  résolution  sur  le  payement  de  ce  qui  leur 
esl  deu  et  sur  le  temps  dont  je  vous  adverliray 
incontinant;  mais  pour  ce  qu'il  sera  mal  aysé 
cominr  nous  sçaurez  bien  juger,  que  sur  ceste 
soubdaine  et  triste  mutation  el  aux  néces- 
sitez où  nous  sommes  d'argent  il  ue  voyse 
plus  de  longueur  à  leur  payement  que  je  ne 
vouldroys,  vous  regarderez  de  vous  servir  de  la 
présente  occasion  el  de  toutes  les  aullres  re- 
monslrances  que  vous  leur  sçaurez  bien  faire 
pour  leur  faire  lousjours  doulcement  sup- 
porter ung  si  long  retardement  pour  l'avance- 
ment duquel  je  vous  veulx  bien  promectre 
qu'il  ne  s'oublira  rien  qiii  se  puisse  faire,  et 
que  ce  que  je  vous  en  mande  n'esl  pas  faillie 
d'affection  que  j'aye  de  veoir  le  Roy  mondict 
seigneur  el  filz  quille  de  ce  costé  là,  mais 
seullemenl  parce  que  je  y  crains  el  pn:w>\ 
des  difficultez.  Je  sçaj  quelz  services  vous  avez 
faietz  jusques  icy  en  ce  mesme  affaire  et  avecq 
quel  debvoir  vous  vous  estes  continuellement 


568 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


acquitéau  faict  de  vostre  charge;  en  quoy  je 
vousprye  continuer  et  vous  asseurer  que,  si 

en  la  mort  du  feu  Roy  mondict  seigneur  et 
iilz  vous  avez  faict  perte  d'un  bon  maistre,  je 
vous  feray  cognoistre  que  vous  en  avez  recou- 
vert une  autlre  qui  oubiira  aussy  peu  la  ré- 
munération de  voz  services  avecq  ce  que  je  nie 
délibère  de  ma  part  y  tenir  la  bonne  main, 
ainsy  que  je  sçay  que  vous  le  méritez.  Et  sur 
ce,  Monsieur  Coignet,  je  veoyz  prier  Dieu 
qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à 
Orléans,  le  vi'  jour  de  décembre  i56o. 

Catherine. 

BoiRDI.N. 


(  1500.  —  7  décembre.) 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  11 ,  p.  781. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQLE. 

Madame  ma  fille,  je  donne  eherge  à  set 
pourtour  vous  dyre  bocup  de  chauses  de  ma 
part,  qui  me  gardera  de  vous  fayre  longue 
letre,  seulement  vous  dire  ne  vous  troubler 
de  ryen  et  vous  aseurer  que  je  ne  feré  pouyne 
de  me  gouverner  de  fasou  que  Dyeu  et  le 
monde  arout  aucasion  d'eslre  contens  de  mu; \ 
car  s'et  mon  prinsypale  bout  de  avoyr  l'hen- 
neur  de  Dyeu  an  tout  devent  les  yeulx  et  con- 
zerver  mon  authorité,  non  pour  moy,  mes 
pour  servyr  à  la  couservatyon  de  set  royaume 
el  pour  le  byen  de  tous  vos  frères,  lesquels  je 
avme  corne  du  lyeu  où  vous  aytes  tous  veneus. 
Pour  se,  ma  fille  m'amye,  recomendé-vous 
byen  à  Dyeu,  car  vous  m'avés  veue  ausi  con- 
tente corne  vous,  ne  pensent  jeamès  avoyr 
aultre  tryboulatyon  que  de  n'estre  asés  ay- 
mayé  !  à  mon  gré  du  Roy  vostre  père,  qui  m'o- 

-  Aymayé,  aimée. 


noret  pluls  que  je  ne  mérités;  mais  je  l'aymé 
tant  que  je  avès  lousjour  peur,  corne  vous 
savés  fayrememant  asés;  et  Dyeu  me  l'ahaulté. 
et  ne  se  contente  de  sela,  m'a  baulté  vostre 
frère  que  j'é  aymé  coine  vous  savés ,  et  m'a 
laysée  aveque  troys  enfants  pelys,  et  en  beun 
réaume  tout  dyvysé,  n'y  ayent  beun  seul  à 
qui  je  me  puise  du  tout  fyer,  qui  n'aye  quel- 
que pasion  partycoulyère.  Pour  se,  m'amye, 
pansés  eu  moy  et  que  je  serve  d'ésanple  que 
ne  vous  fyés  tent  en  l'amour  que  vous  porte 
vostre  mari,  à  l'honneur  et  ayse  cjue  vous 
avés  asteure,  que  vous  ne  vous  recomendyés 
à  seluy  qui  vous  peult  contyneuer  \ostie  heur, 
et  ausi,  quent  y  li  pleret,  vous  mestre  en 
l'état  en  quoy  je  suys,  que  je  aymeré  myeulx 
mourir  que  vous  y  voir,  de  peur  que  ne 
puysié  porter  tent  de  inaulx  cornent  je  an  nay 
heu  et  an  nay,  que  je  m'aseure,  sans  son 
ayde,  ne  saret  porter 

Vostre  bonne  mère, 

Caterixe. 


1560.  —  19  décembre. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  11 ,  p.  791. 

A  MA  FILLE  LA  ROYNE  CATOLYQLE. 

Madame  ma  fille,  j'é  aysté  si  troublaye, 
quant  vous  ayscrivis  l'aullre  jour  de  la  perte 
que  je  avès  fayste  de  vostre  frère,  et  de  peur 
que  l'ennuy  que  je  m'aseure  an  avés  prins 
vous  fist  mal,  que  je  ne  vous  puis  ayscripre  set 
que  je  désirés  byen  que  fisiés  pour  vostre  frère, 
qui  avsl  asteure  Roy,  et  pour  set  royaume; 
qui  ayst  cause  que  je  envoy  asteure  set  porteur 
ver  l'ambasadeur  pour  vous  dyre,  ma  fille 
m'amie,  que  d'aultent  que  vous  nous  aymés, 
que  metyés  pouyne  d'enlretenyr  le  Roy,  vostre 
mari,  en  la  bonne  volonté,  laquele  y  portet  au 
feus  Roys,  voslres  père  et  frère,  et  ausy  à  moy 
partycoulyèrement;  l'aseurent  que,  tent  que 


LETTRES  DE  CATlIEIiLNE  DE  MKDICIS. 


569 


je  vivray,  qui  ne  conestra  de  oosre  coulé  que 
amytyé  el  bonne  ynteiygence  aveques  luy,  el 
qui  s'aseure  que  je  nouriré  le  Roy  mon  fils 
en  sete  volonté  el  que  d'aultenl  que  asteure 
j'é  l'autorité  et  gouvernement  en  sel  royaume, 
que  d'aultenl  pluls  sel  doyt-il  aseurer  que  y 
n'ara  neul  aucasion  de  changer  la  volante  en 

noslre  endroict.  cl  que  encore  que  je  soin  con- 

traynte  d'avoyr  le  roy  de  Navarre  auprès  de 
moy,  d'aultenl  que  lé  louys]  de  sel,  royaume 
le  porte!  ynsin,  quant  le  Roy  ayst  en  bas 
ayage,  que  les  prinse  du  sauc  souyt  auprès  de 
ta  mère;  si  ue  fault-y  qu'il  entre  en  neule 
doulte,  car  y  m'é  si  aubéysant  et  n'a  neul  co- 
mendèment  que  seluj  que  je  lu\  permès.  Par 
ensin  y  se  peut  aseurer  fie  luy  corne  de  moy; 
et  ausi  je  rapèle  auprès  de  moy  Monsieur  le 
connectable  et  tous  les  \yeul.v  servyteur  de' 
roys  vostre  grant-père  et  père,  que  tout  sel 
Consel  me  faysl  ayspérer,  l'ayent  auprès  de 
moy,  que  liiiitles  chauses  yront  sy  byen  pour 
l'iiauneur  de  Dyeu  el  pour  la  relygion  et  repos 
et  pays  de  sel  royaume,  que  luy,  corne  setuy- 
îà  que  je  ayme  et  haunore  comme  le  Roy  mon 
fyls  propre,  et  tous  les  aultres  prinse  craytyen 
aronl  aucasion  d'eslre  contens.  Ma  lille, 
m'amye,  vous  voyés  les  aflyetion  qui  plest  à 
Dyeu  m'envoyer,  qui  sont  dé  pluls  grandes  que 
yl  anvoyé  jeaniès  à  personne.  JNéanmoyns,  ave- 
ques tous  mes  malheurs,  y  me  fayst  la  grase 
de  voyr  vostre  frère  haunoré  et  aubéy,  el  moy 
ausi,  et  set  royaume  en  pays  et  heunyon;qui 
m'est  heun  grant  reconfort;  mes  le  pluls  grant 
-;i\^l'2  l'espéranse  que  je  ay  en  vous,  qui  en- 
tretyendré  le  Roy  vostre  mari  en  la  pays  en  la- 
quele  le  Roy  vostre  père  a  lèse'  set  royaume 
aveques  luy.  Et  je  m'aseure  que  ne  fauldrés 
d'y  faire  tous  les  bons  aufyses  que  pourés.et 
que  l'ambasadeur  vous  dyré  y  estre  ne'scsères, 

1  Louyt,  lois. 
Saytt,  c'est. 

CATHERINE   DE  MÉDIC1S.  I. 


comme  sete-là  qui  en  né  sortye,  el  que  de 
l'amytyé  d'entre  le  Roy  vostre  frère  el  le  Roj 
vostre  mari,  dépandera  loul  noslre  hem  el 
contentement.  Je  vous  ay  byen  voleu  mendei 
loul  sesy,  afin  que,  selon  les  aucasion.  en 
aystent  avertye,  corne  vous  serés  par  sete 
letre,  vous  ne  oublyé  à  fayre  toul  sel  que 
l'cmbasadeur  vous  dyré.  Mendé-moj  de  vous 
novelles,  car  j'é  grant  envye  d'eu  savoyr,  de 
peur  que  ne  soyés  si  sage  en  sel  aflyetyon  que 
je  le  désire  pour  vostre  santé,  laquele  je  prve 
Dyeu  vous  vouloir  guarder  et  conserver  come 
le  désire 

\  ostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1560. —  19  décembre. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  jj.  786. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  par  la  dernière  dé- 
pesche  vous  aurez  sceu  le  malheureux  incon- 
vénient qui  nous  est  survenu,  el  m'asseoie 
que  vous  aurez  assez  jugé  combien  cria 
(adjousté  âmes  aultres  ennuis)  aura  peu  aggra- 
ver mes  afflictions,  que  je  ne  pourrais,  sans 
bien  grande  grâce  de  Nostre-Seigneur,  sup- 
porter; mais  come  j'ay  pensé  etsçay  qu'il  faicl 
tout  pour  le  niieulx,  je  me  suis  résolue  de  re- 
cepvoir  de  lui  agréablement  toutes  choses,  el 
le  louer  et  remereyerde  ce  qui  luy  plaist,  re- 
gardant avecque  son  ayde  de  luy  nourrir  el 
eslever  le  jeune  roy  qu'il  m'a  laissé  le  mieulx 
que  je  pourrai,  à  son  honneur  et  gloire,  et  au 
bien  du  peuple  qu'il  a  mis  en  sa  puissance, 
puisqu'il  a  esté  trouvé  bon  par  tous  les  princes 
du  sang,  seigneurs  du  Conseil  et  aultres  grands 
personnaiges  de  ce  royaulme,  que  la  principale 
et  souveraine  auctorité  m'en  demeure;  en  quo> 
il  fault  que  je  vous  dye  que  le  roy  de  Navarre, 
qui    esl    le    premier,   et   auquel    les    lois  du 

72 


570 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


royaume  donnent  beaucoup  d'avantage,  s'est 
si  doulcenienl  et  franchement  porte'  en  mon 
endroict,  que  j'ay  grande  occasion  de  m'en 
contente)-,  s'estanl  du  tout  mis  entre  mes  mains 
i'l  despouillé  du  pouvoir  et  d'auctorité  soubz 
mon  bon  plaisir,  sans  touttefoys  oublier  que 
après  moy  il  tienne  le  premier  lieu,  comme 
il  est  raisonnable  et  a  esté  trouvé  et  jugé  bon 
de  tous  les  aultres  princes  et  seigneurs,  que 
j'ay  mis  peynaà  unir  et  accorder  d'amytié  et 
lionne  intelligence,  affin  que,  toutes  choses 
du  passé  oubliées,  ils  ne  tendent  que  au  bien 
de  mon  fils  et  de  son  royaulme,  m'estant  ré- 
solue aussi  ne  faire  riens  que  par  leurs  bons 
conseils  et  en  user  si  bien  que  j'espère,  avec 
l'avde  de  Nostre-Seigneur,  rabiller  doulcenienl 
foui  ce  que  la  malice  du  temps  peult  avoir 
gasté  en  ce  royaulme. 

Et  encores,  Monsieur  de  Lymoges,  que  je 
ne  regarde  à  aultre  chose  et  employé  tous 
moyens  pour  contenir  ung  chacun  aveques 
contentement,  ne  pardonnant  peyne,  soing, 
travail  et  tout  aultre  respect  que  une  mère 
songneuse  du  bien  de  son  enfant  et  conserva- 
lion  de  ses  bons  serviteurs  et  de  ceulx  que  je 
juge  utiles  à  maintenir  et  advancer  sa  gran- 
deur, si  est-ce  que,  considérant  combien  il 
est  malaisé  que  ceste  farce  se  joue  à  tant  de 
personnages  sans  ce  qu'il  y  en  ayt  quelqu'un 
qui  ne  face  mauvaise  myne,  et  que  la  diversité 
des  esprits  meuz  de  beaucoup  de  passions 
dont  ce  monde  est  si  plain,  est  grandement  à 
craindre,  mesmement  que  ung  si  soudain  et 
inopiné  changement  ne  se  peult,  comme  je 
doibs  craindre,  gousler  si  tost  par  tout  le 
inonde,  principalement  par  ceulz  qui  ont  der- 
nièrement tenu  les  premiers  lieulx ]  ;  et  que  je 
sçays  que  le  roy  de  Navarre  n'est  pas  trop  bien 
voullu  du  Roy  catholique  mon  bon  filz,  il  m'a 

'  Les  Guise. 


semblé,  pour  prévenir  tout  ce  que  l'on  luy 
pourrait,  par  soubs  main,  faire  imprimer, 
vous  faire  ceste  dépesche  par  ce  courrier 
exprès,  avec  laquelle  je  vous  envoyé  seullement 
une  leclre  à  la  royne  ma  fille,  que  j'advertys 
de  tout  cecy,  affin  qu'elle  en  tienne  le  roy  son 
inary  adverty  (comme  je  vous  prye  faire  de 
vostre  part)  que  le  lieu  que  ledict  roy  de 
Navarre  tient  icy  n'est  que  soubz  moy  et  mon 
auctorité,  et  que  jen'ay  riens  faict  en  son  en- 
droict ne  des  autres  princes  du  sang  qui  ont 
esté  appeliez  au  Conseil  que  par  force  et  né- 
cessité; mais  que  je  l'ay  tellement  gaigné,  que 
je  fais  et  dispose  de  luy  tout  ainsy  qu'il  me 
plaist;  l'asseurant  que  je  donneray  tel  ordre, 
tant  qu'il  plaira  à  Dieu  me  faire  vivre,  que 
ce  royaulme  et  tout  ce  quy  y  est  ne  luy  sera 
moins  dévot  et  affectionné  qu'il  a  esté,  et  plus 
qu'il  ne  fut  jamais,  y  ayant  la  puissance  que 
j'y  ay  et  i'aymant  comme  je  fais,  ayant  bien 
délibéré  de  ne  penser  à  chose  du  monde  si 
expressément  que  à  nourrir  le  Roy  mon  fils  de 
l'amour  perpétuelle  que  je  désire  veoir  entre 
eulx  et  lui  estimant  père  protecteur;  le  pryant 
ne  croire  jamais  chose  contraire  à  cela,  quel- 
que rapport  que  l'on  luy  en  face;  et  quant  il 
en  aura  quelque  doubte,  ou  qu'il  pensera  riens 
1  dont  il  veuille  estre  esclaircy,  qu'il  me  face  ce 
plaisir,  pour  nostre  parfaicle,  maternelle  et 
lîlliale  amytié,  de  m'en  escrire  privément,  se 
repposanl  sur  moy  qu'il  n'y  aura  jamais  riens 
en  ce  royaulme  dont  je  ne  luy  face  tousjours 
avoir  entier  contentement. 

Vous  sçavez  le  propos  que  je  vous  ay  der- 
nièrement faict  escripre  par  vostre  frère  du 
mariage1  qui  se  brassoit  icy.  J'ay  depuis  sceu 
qu'il  a  esté  mis  icy  en  avant.  Prenez  garde  à 
cela  pour  en  descouvrir  ce  qui  en  est,  et  em- 
ployez, Monsieur  de  Lymoges,  tous  vos  sens 

1  Le  mariage  de  Marie  Stuart  et  de  Don  Carlos. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉD1CIS. 


571 


pour  bien  imprymer  ledicl  sieur  l!ii\  catho- 
licque  du  contenu  ci-dessus,  el  empescher 
qu'il  ne  se  laisse  abbfeuver  de  mauvaise  opi- 
nvon  pour  le  nouveau  changement  forcé 
comme  dict  esl,  estimant  avoir  beaucoup 
faict  en  cest  extresme  malheur  de  m'estre  si 
fermement  establie  que  je  puis  dire  n'y  avoir 
riens  icy  qui  ne  sovl  en  ma  disposition .  estant , 
avecques  la  votante*  des  princes.  L'affection 
des  peuples  telle  envers  moy,  qu'ils  estiment 
à  grand  heur  que  Noslre-Seigneur,  ayant  voulu 
prendre  leur  prince,  m'ayt  laissé  icy  pour 
gouverner  l'autre,  quy  est  si  bien  nay  et  de  si 
bonne  nature,  qu'ils  s'en  promectent  beaucoup 
de  bien  el  de  consolation,  comme  vous  luy 
pourrez  faire  entendre.  Vins  sçavez  de  quelle 
importance  est  cecy  ;  faictes-y,  je  vous  prie 
eneores  ung  coup,  tout  le  bon  et  dextre  office 
que  vous  pourrez,  non  pas  envers  luy  seule- 
ment, mais  aussy  vers  ceulx  qui  sont  près  de 
luy,  qui  pourraient  servir  d'instrumens  con- 
traires, et  m'advertissez  incontinent  par  ledict 
porteur,  que  vous  renvoyerez  sans  autre  dé- 
pesche  que  sur  ceste-cy,  de  tout  ce  que  vous 
aurez  peu  sentir  à  ce  propos,  tenant  bien  ma- 
dicte  fille  advertie  de  l'office  aussy  qu'elle  y 
devra  faire  de  son  cousté. 

Pryant  Dieu,  Monsieur  de  Limoges,  vous 
a\oir  en  sa  saincte  garde.  D'Orléans,  ce 
xixe  jour  de  décembre  i56o. 

Cateriîse. 
De*  l'Albespine. 


1561.  —  'i  janvier. 
Copie.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n     17981. 

A  MONSIEIH  COIG.">ET. 

Vous  verrez  par  la  dépesche  du  Roy  mon- 
sieur mon  filz  l'ordre  que  je  faiclz  donner  pour 
vous  fournir  jusques  à  1111e  tant  de  mil  livres, 
affin  de  commencer  à  nous  sortir  des  debtes 


<iui  sont  deues  en  Suysse  el  donner  aux  Sei- 
gneurs de  ce  pays  là  le  plus  de  contentement 
que  nous  pouvons  ;  en  quoy  je  vous  puys  bit  u 
asseurer  que  nous  postposons  el  reculions  de 
qoz  principaux  plus  importans  affaires  el  qu'il 
s'i  faict  plus  que  le  possible,  ainsv  que.  unis 
qui  sçavez  la  nécessité  el  grandeur  de  noz 
debtes,  le  pouvez  bien  juger.  Ce  que  l'on  vous 

mande  du  ter auquel  toute  ladicte  somme 

sera  preste  est  bien  certain,  car  avant  que 
I  esci'ire  ausdicts  sieurs  des  Ligues  j'a\  voulu 
que  l'on  y  ayl  veu  si  clair  que  l'on  sovl  de- 
meuré asseuré  de  ne  trouver  aucune  faillie  à 
ce  que  le  Roy  mondict  seigneur  et  lilz  leur 
en  promect  par  sa  lettre,  sachant  combien 
cela  importe  et  que  leur  Paillant  de  parolle 
après  tant  de  remises  dont  l'on  leur  a  use 
jusques  à  présent,  ce  serait  nous  faire  perdre 
tout  noslre  crédit  et  meclre  les  affaires  de  ce 
pays  là  en  telle  combustion  que  nous  serions 
puys  après  bien  empeschez  d'y  remédier.  Le 
principal  est  que,  selon  vostre  dextérité  ac- 
coustumée,  vous  leur  faictes  doulcement  sup- 
porter ce  qu'il  y  aura  de  prolongement  jus- 
ques à  ce  premier  payement,  et  cependant 
nioyennez  la  modération  des  interestz  des  ce.'" 
escuz  à  telle  et  si  doulce  condition  que  cela 
nous  donne  le  moyen  d'en  sortir  plus  faci- 
lement, et  faictes  sur  le  surplus  du  contenu 
en  la  lettre  du  Roy  mondict  seigneur  et  lilz 
selon  la  fiance  qu'il  en  a  en  vous,  et  je  veoyz 
prier  Dieu,  Monsieur  Coiguet,  qu'il  vous  ayl 
en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Orléans,  le 
1111e  jour  de  janvier  1  56o  (  1 50 1  ). 

Catf.rine. 
Boirdin. 


572 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIG1S. 


1561 .  —  16  jauvier. 

Orijj.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  66o5 ,  f°  t8. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

.Monsieur  de  Limoges,  les  deux  lettres  par- 
ticulières que  j'ay  receues  de  vous  par  voslre 
homme  et  depuis  par  le  courier  que  je  vous 
avoys  dépesché  m'ont  fort  satisfaicle,  me 
trouvant  par  icelles  esclarcye  d'une  chose  dont 
j'estoys  lors  en  grand  double,  et  que  le  temps 
m'a  encores  depuis  plus  faiet  congnoislre  et 
mis  en  grande  peyne  pour  les  considérations 
que  vous  povez  penser,  estant  bien  délibérée, 
suyvant  aussi  vostre  advis,  de  n'obmectre  riens 
pour  rompre  ce  coup1,  et  à  l'arrivée  pardeçà 
du  sieur  Don  Joan  Manrrique2  luy  dire  ouver- 
tement la  ferme  espérance  que  j'ay  au  mariage 
de  ma  fille3  pour  sentir  et  tirer  de  luy  tout 
ce  qu'il  a  de  charge  pour  l'autre,  pour  lequel 
traverser  je  faiz  et  fera  y  tout  ce  qu'il  sera  pos- 
sible. D'une  chose  suys  plus  estonnée  que  ce- 
luv  qui  est  aucteur  et  conducteur  de  ce  faict4 
ne  m'en  a  jamais  parlé  près  ne  loing,  et  si  ay 
essayé  par  tous  moyens  de  l'y  attirer  pour 
sonder  en  quelle  opinion  il  en  estoit,  mais  il 
n'en  a  jamais  faict  aucun  semblant  mesmes  à 
ceste  heure  qu'il  sent  le  faict  esventé  et  des- 
couvert, y  chemyne  fort  froidement,  et 
monstre  lente  ceste  praticque,  peult-estre  pour 
faire  que  moins  on  y  preigne  garde,  et  de 
présent  ne  se  parle  que  de  tirer  le  personnage 
hors  de  ceste  compaignye5,  et  dedans  quelque 
temps  le  tragecter  en  ses  pays;  mais  en  cela 
j'useray  de  vostre  conseil,  et  comme  je  veoray 

1  Elle  fait  de  nouveau  allusion  au  projel  de  mariage 
de  Marie  Stuart  et  de  Don  Carlos. 

'  Envoyé   en   France   à    l'occasion    de    la    mort  de 
François  II.  —  Voy.  la  note  de  la  page  1 66 ,  a0  colonne. 
Marguerite  de  Valois. 
4  Le  cardinal  de  Lorraine. 
Marie  Stuart. 


l'affaire  le  requérir  y  applicqueray  tous  remèdes 
possibles.  Reste  que  de  voslre  part  vous  conti- 
nuez à  mectre  peyne  de  sçavoir  ordinairement 
comme  la  chose  se  manyera  pardelà,  où  vous 
n'espargnerez  riens  selon  l'affection  grande 
que  vous  démonstrezà  mon  service  et  au  bien 
de  ce  royaume,  qui  a  plus  que  besoing  d'éviter 
cest  inconvénient,  sçaichant  très-bien  le  danger 
qu'il  traynne  après  luy  ;  et  comme  la  Royne 
ma  fille  et  vous  avez  bien  commancé  (ainsi 
que  j'ay  veu  par  la  fin  de  la  lettre  que  vous 
avez  escripte  à  vostre  frère  du  ix°  de  ce  moys), 
faire  tout  ce  qu'il  sera  possible  pour  les  de- 
gouster  de  cela,  pour  lequel  empescher  il  n'y 
a  riens  que  je  ne  feisse ,  et  feusse 1  pour  m'ayder 
du  moyen  que  madicte  fille  et  vous  m'escrivez 
y  estre  propre. 

J'ay  aussi  sceu  les  propos  que  le  Roy  catho- 
licque  et  le  duc  d'Alve  vous  ont  tenuz  du  con- 
tantement  qu'il  a  du  lieu  que  je  liens  icy,  et 
la  démonstration  grande  qu'il  faict  en  mon 
endroict  pour  m'ayder  et  favoriser  en  ce  dont 
j'auroys  besoing  de  luy;  aussi  les  propos  qui 
passèrent  entre  vous  pour  le  faict  de  la  reli- 
gion. Vous  le  pourrez  asseurer  que  c'est  à  quoy 
je  travaille,  et  que  je  n'employé  les  bons  et 
grandz  serviteurs  que  j'ay,  mesmes  les  cardi- 
naulx  et  autres  prélalz,  que  à  regarder  les 
moyens  de  tenir  les  choses  au  bon  chemyn  et 
faire  cesser  tant  de  troubles  que  cela  a  apporté 
en  cedict  royaume,  actendant  ce  que  par  ung 
bon  concile  en  sera  ordonné,  dont  nous  avons 
grand  besoing,  estans  les  cerveaulx  des 
hommes  si  bigarrez  qu'ilz  sont;  et  espère  que 
Nostre-Seigneur  me  fera  tant  d'heur,  qu'il 
n'adviendra  riens  durant  mon  temps  qui  ne 
soit  à  son  honneur  et  satisfaction  de  tout  le 
monde,  car  je  n'ay  craincte  ne  envye  de  chose 
tant  que  de  ceste  là,  pour  veoir  ce  royaume 

Fume,  fût-ce. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


.',7:; 


en  repos  et  Dieu  servy  connue  il  appartient, 
m'esbahyssanl  bien  que  l'on  sesoil  tant  oublyé 
que  d'en   avoir   escripl    pardelà   autrement; 

mais,  comme  vous  dictes,  il  y  en  a  qui  voul- 
droienl  bien  que  l'on  creusl  que  riens  ne  va 
bien  sans  eulx1.  Respondez  bardyment  partout 
que  je  ne  feray  jamais  riens  que  par  bon  con- 
seil,  et  que,  avecques  l'honneur  de  Dieu,  je 
désire  singulièrement  le  contantemenf  du  Roy 
mon  lilz.  Noslre  parfaicte  mutuelle  amytié 
effacera  toutes  les  calomnyes  et  passions  d'aul- 
tiuv,  ci  l'intégrité  de  noz  réciprocques actions 
et  bons  offices,  l'un  envers  l'autre,  fera  crois!  ie. 
si  Dieu  plaist,  nostre  sincère  intelligence. 
Quant  à  la  ducbesse  qui  est  venue  icy  2  vous 
sçavez  bien  qui  la  y  a  faict  venir,  et  s'il  estoil 
loisible  de.  le  dire,  j'en  suys  bien  empeschée , 
mais  estant  du  lieu  et  ce  qu'elle  est  je  ne  la 
puis  eslongner  que  quant  il  luy  plaira.  Bien 
puys-je  asseurer  qu'elle  ne  autre  ne  gastera 
jamais  riens  en  mou  endroict.  C'est  tout  ce 
que  vous  aurez  de  moy,  reniectant  à  satisfaire 
à  la  dépesche  qui  touche  le  faict  de  Madame 
de  Clermoni  par  la  première;  en  quoy  il  me 
semble  que  vous  ne  poviez  mieulx  faire. 
puysque  les  choses  en  estaient  là.  Le  surplus 
j'ay  commandé  à  vostredict  frère  le  vous  es- 
crire  plus  au  long,  et  aussi  que  vous  preniez 
garde  de  ne  laisser  addresser  une  seulle  lettre 
de  vous  ny  autre  venant  de  là  touchant  les 
deux  affaires  susdictes  que  à  vostredict  frère. 
Pryanl  Dieu,  Monsieur  de  Limoges,  vous 
donner  ce  que  plus  désirez.  Escripl  à  Orléans, 
li'  m"  jour  de  janvier  i5(5o  (  1 56 1  ). 

Catewne. 
De  l'Aubespine. 

1  Les  Guise. 

1  Sans  aucun  doute  elle  désigne  la  duchesse  d'Ars- 
chot,  tante  de  Marie  Stuart,  qui  négociait  le  mariage 
avec  Don  Carlos. 


1 561 .  —  18  janvier. 

Orig.  Bibl.  ii.il.  fonda  français  .  nB  OOo'j  ,  la  û-j. 

A  MONSIEI  R   DE  LIMOGES 
Monsieur    l'ambassadeur,   vous    sçavez    le 

;;rand  désirqni' j'a\  lollsjoui'S  eu  que  Lhuilliei'  ' 

demourasl  sur  l'estal  de  la  Royne  ma  fille  sur 

tous  ceulx  qui  y  esloienl.  tant  pour  ce  qu'il 
est  bien  fort  nécessaire  panier  à  pour  l'adver- 
tir  ordinairement  de  ri' qui  s'y  laid,  comme 
aussy  pour  ce  (pie  j'ay  délibéré  de  m'en  servir 
pour  l'envoyer  quelquesfois  en  Espaigne,  ainsy 
que  l'occasion  s'y  présentera.  Et  pour  ce  je 
vous  prie  que,  pour  l'amour  de  moy  et  en  ma 
faveur,  vous  faictes  entièrement  ce  qui  vous 
sera  possible  et  trouvez  moyen  qu'il  soit  re- 
tenu sur  ledict  eslat  aux  mesmes  gaiges 
que  de  coustume,  pour  l'un  des  plus  grand/ 
plaisirs  que  je  puisse  recepvoir  de  vous;  vous 
pouvant  asseurer.  Monsieur  l'ambassadeur, 
que  j'estimeray  ce  bien  autant  que  si  c'esloil 
pour  moy-mesmes,cognoissant  ledict  Lbuilliei 
pour  fort  homme  de  bien,  très  dilligent,  très 
fidelle  et  très  affectionné  serviteur  de  sa  mais- 
tresse;  qui  vous  doibl  tant  plus  induire  à  me 
fayre  cognoistre  que  la  recommandation  que 
je  nous  en  fais  ne  luy  aye  point  esté  inutile, 
ainsy  que  j'espère  qu'elle  ne  sera  en  escrivant 
en  ces  mesmes  termes  à  la  Royne  ma  tille,  la- 
quelle je  vous  prie  solliciter  pour  cest  effect. 
Et  je  prieray  Dieu,  Monsieur  l'ambassadeur, 
vous  avoir  en  sa  très  sainte  et  très  digne  garde. 
A  Orléans,  ce  xvinc  janvier  i56o  (i56i). 

Caterine. 

1  Dans  «l'estal  baillé  par  la  Royne  d'Espagne  au  Koy 
son  mari,  de  ceux  qu'elle  a  amenés  de  France,  el  qu'elle 
désire  conserver  » ,  Luillier  figure  en  qualité  «d'agent 
pour  la  Royne  et  ayant  soin  de  ses  affaires  à  la  cour  de 
France.»  (Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  68'i3,  f°  91.) 
Elisabeth  d>-  Valois  demandait  également  qu'on  lui  laissât 
son  violon  et  François  Guillait,  son  joueur  de  musetti 
(lbid,p.  9a.) 


57i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1561.  —  2-3  janvier. 
Orig.  Bibl.  nat.  fouils  français,  n'  17981- 

A  MONSIEUR  COlGiNET. 

Monsieur  (ioignel,  vous  sçavez  que  nous 
avons  assemblé  en  ce  lieu  ies  estatz  généraulx 
de  ce  royaulme,  qui  a  esté  en  intention  prin- 
cipallement  d'adviser  choses  nécessaires  pour 
la  seureté,  repos  et  Irauquilité  de  tout  cest 
Estai  et  pour  ce  que  pour  y  parvenir  f-'on  a 
trouvé  que  l'une  des  premières  et  plus  impor- 
tantes provisions  qu'il  y  fault  donner  est  celle 
qui  concerne  l'obéissance  qui  est  deue  au  Roy 
monsieur  mon  filz,  en  laquelle  il  est  mal  aysé 
de  contenir  ses  subjeclz,  si  l'on  ne  faict  cesser 
entre  eulx  toutes  causes  et  occasions  de  troubles 
et  divisions ,  ce  que  l'on  cognoist  procéder  de  la 
malice  de  grand  nombre  de  prédicaus  et  dogma- 
tisans  qui ,  soubz  couleur  de  religion ,  animentel 
excilent  le  peuple  à  uue  désobéissance  et  ouverte 
sédition,  come  il  c'est  veu  et  vérifié  par  les  ef- 
léclz  en  plusieurs  endroictz  et  provinces  de  ce 
rovaume.  H  a  esté  advisé  en  la  délibération 
que  j'ay  prise  là  dessus  avec  mon  frère  le  roy 
de  Navarre  et  aultres  princes  du  sang  et  gens 
du  privé  Conseil  du  Roy  mondict  sieur  et  filz, 
d'autant  que  la  meilleure  partye  desdicts  pré- 
dicaus et  dogmatisans  viennent  et  sont  envoyez 
de  Genefve,  que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz 
escriroit  à  ceulx  de  ladicte  ville  la  lettre  dont 
vous  trouverez  une  coppie 1  enclose  dedans  ce 

1  Voici  celle  lettre  de  Charles  IX  à  Messieurs  de  Ge- 
nève, datée  d'Orléans  le  23  janvier  i56i  :  Parmi  les 
causeset  origines  des  divisions  on  a  reconnu  que  trsa  prin- 
cipalle  naissance  vient  de  la  malice  d'aucuns  prédicans  el 
dogmatisans,  la  pluspart  envoyez  par  vous  ou  les  prin- 
cipaulx  ministres  de  vostre  ville,  lesquelz  abusans  du 
nom,  liltre  et  parole  de  la  religion,  dont  ils  se  disent 
faire  profession,  ne  se  sont  pas  contentez  d'aller  de  mai- 
son en  maison  semer  diversité  d'opinions  et  de  doctrines 
en  ladicte  religion  et  d'imprimer  tacitement  et  occulte- 


pacquel,  laquelle  j'ay  bien  voulu  vous  faire 
tenir  incontinant,  affin  que,  si  ceulx  dudict 
Genefve  envoyent  ung  double  de  ladicte  lettre 
aux  cantons  des  Ligues  protestans  pour  avoir 
leur  advis  de  la  responce  qu'ilz  auront  à  faire 
là  dessus,  ou  bien  pour  la  calumuier  et  rendre 
odieuse  en  leur  endroict,  vous  sachez  ce  qu'elle 
contient  et  remonstrez  que  ce  que  mondict  sieur 
et  filz  escript  à  ceulx  duclit  Genefve  n'est  point 
pour  se  mesler  du  faict  de  leur  religion,  ne 
pour  volunté  qu'il  ayt  de  leur  courir  sus  en 
quelque  sorte  que  ce  soyt,  mais  bien  pour 
conserver  le  repoz  de  son  Estât  et  garder  que 
lesdietz  prédicans  après  tant  de  troubles  et  su- 
blévations  '  qu'ilz  ont  suscitez  en  ce  royaume 
n'ayenl  moyen  de  rallumer  le  feu  qu'ilz  y 
avoienl  si  malicieusement  préparé  qu'il  c'esl 
veu  en  l'entreprise  de  Amboyse  et  aultres  sub- 
séquentes. En  quoy  se  cognoist  assez  le  fons 
de  leur  esperit  et  intention,  et  si  ce  sont  les 
fruiclz  d'une  pureté  et  simplicité  de  religion, 
dont  ilz  se  disent  faire  profession,  que  d'ani- 
mer ung  peuple  à  prendre  ies  armes  contre 
son  prince  et  roy,  et  après  qu'il  a  faict  rece- 
voir et  retirer  en  leur  ville  les  principaulx 
chefz  et  autheurs  d'une  si  damnable  et  mal- 
heureuse conspiration ,  chose  si  eslongnée  des 
sainetz  eommandemens  de  Dieu  et  de  toute  la 
religion  chrestienne,  que  je  ne  puys  croire 
qu'il  y  ayt  prince,  potentat  ni  républicque  en 
ce  monde  qui  la  voulsist  aprouver  en  quelque 
sorte  de  gens  que  ce  soyt  et  moiugtz  recepvoir 
en  son  Estât  et  pays  les  promoteurs  et  instiga- 

ment  es  esprits  île  la  pluspart  de  nos  suLjectz  une  perni- 
cieuse el.  damnable  désobéissance,  mais  par  inlîniz  li- 
belles diffamatoires  qu'ilz  ont  composez  et  semez  partout 
et  par  presches  qu'ilz  ont  faietz  en  assemblées  de  grand 
nombre  de  nostie  peuple,  ont  bien  osé  publicquement 
animer  et  exciter  nostredict  peuple  à  une  ouverte  sédi- 
tion, comme  il  s'est  veu  en  plusieurs  endroictz.  11  (Copie, 
Bibl.  nat.  fonds  Brienne,  n°ao5,f°  io.3.) 
1  Sublévations ,  séditions. 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


575 


leurs  d'une  si  scélérée  '  entreprise,  ce  que  vous 
regarderez  de  remonstrer  saigement  cl  pru- 
demant  ausdits  cantons  protestans,  si  voyez 
qu'il  en  soyl  besoing,  allia  de  justifier  le  con- 
tenu en  la  lettre  de  mondict  sieur  et  lilz  el 
leur  faire  cognoistre  que  ce  qu'il  mande  à 
ceulx  dudicl  Genefve  n'est  pis  sans  luy  en  avoir 
donné  une  forl  grande  etjuste  occasion.  Pryant 
Dieu.  Monsieur  Goignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa 
saincte  garde.  Escripl  à  Orléans  le  xxm'jour 
de  janvier  i56o  (1  5(3 1). 


Caxerine. 


BoiJRDlN. 


1561.  —  27  janvier. 

Ong.  Bibt.  nat.  fonds  français,  n°  66o5 ,  f°  a3. 

A  MONSIEUR  LE  COMTE  D  ALVE. 

Monsieur  le  conte,  vous  m'avez  faict  fort 
grand  plaisir  de  me  mander  l'amendement 
de  la  Roy  ne  ma  fille,  car  c'est  la  plus  agréable 
nouvelle  que  je  sçauroys  avoir.  J'espère  que 
Dieu  luy  fera  la  grâce  d'achever  sa  guérison; 
le  Roy  son  niary  en  a  eu  tel  soing  et  l'a  si  bien 
"l  ^i  songneusement  faict  secourir  qu'elle  luy 
en  a  grande  obligation,  comme  je  nie  sens 
avoir  de  ma  part  et  à  tant  que  vous  estes  qui 
y  avez  faict,  à  ce  que  j'ay  esté  advertie,  tel 
devoir  et  usé  de  telle  dilligence  à  la  bien 
servir  et  secourir  que  je  m'en  sens  bien  tenue 
à  vous,  et  si  en  quelque  chose  je  le  nuys  re- 
congnoistre,  asseurez-vous,  Monsieur  le  conte, 
que  je  le  leray  d'aussy  bon  cueur  que  je  prye 
Dieu  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
D'Orléans,  ce  x\vnc  jour  de  janvier  i56o 
(i56i). 

GiTERINE. 
RoBERTET. 

1   Scélérée,  scélérate. 


1561.  —  18  jani  iei 

Orig.  Bibl.  nat.  fomls  français,  n°  G6o5  ,  f°  au. 

A  MONSIE1  R  DE  LIMOtiES. 

Monsieur  de  Lymoges,je  ne  vous  répéle- 
ray  riens  de  ce  que  le  Rov  monsieur  mon  lilz 
vous  escript;  seullement  je  vous  diray  que  je 
vous  envoyé  ce  courrier  exprès  en  toute  dilli- 
gence puur  le  désir  que  j'ay  de  sçavoir  des 
nouvelles  de  la  Royne  nia  fille  dont  j'ay  esté' 
en  grande  peyne  pour  le  long  temps  que  j'ay 
demeuré  sans  en  avoir  ;  qui  medonnoit  craincte 
qu'elle  ne  se  portas!  si  bien  que  j'ay  veu  par 
voz  lettres  du  xv",  dont  je  loue  Dieu.  Je  vous 
prye  luy  bien  dire  qu'elle  se  garde  bien  el 
qu'elle  ne  sorte  à  l'air,  comme  je  vous  ay  par 
cy-devant  mandé,  de  longtemps  après  qu'elle 
sera  guérye.  Je  luy  envoyé  du  bausme  naturel 
pour  les  plaies  qui  luy  pourraient  demeurer 
de  sa  vérolle,  comme  son  médecin  me  l'a 
mandé.  Au  demeurant,  je  ne  vous  puis  dire 
l'ayse  et  contentement  que  j'ay  de  \eoyr  l'a- 
nivlié  que  le  Roy  son  mary  monstre  et  tes- 
moingne  tant  luy  porter  par  le  soing  et  soli- 
citude  qu'il  a  prinse  de  sa  santé  et  guérison: 
qui  est  ung  redoublement  d'obligation  pour 
l'aymer  et  observer1  toute  ma  vye,  comme  ses 
vertuz  le  méritent.  Et  je  me  sens  infiniment 
tenue  pour  l'amour  qu'il  me  faict  congnoistre 
me  porter  et  à  tout  ce  qui  me  touche,  ce  qu'il 
a  monstre  et  en  cela ,  et  en  ce  qu'il  m'a  faicl 
dire  et  offrir  par  Don  Joan  Manrique,  dont 
je  vous  prie  le  remereyer  de  ma  part  autant 
affectueusement  que  vous  pourrez,  et  l'asseu- 
rer  bien  qu'il  ne  sera  jamais  trompé  de  l'a- 
mytié  qu'il  me  porte,  d'aullant  qu'elle  sera 
recongneue  de  moy  avec  tous  les  devoirs  qui 
se  peuvent  espérer  d'une  propre  mère  et  de 
le  meilleure  amye  qu'il  sçauroit  jamays  avoir. 

1   Observer,  estimer. 


576 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


Je  crois  que  ledict  Don  Joan  partira  dedans 
cinq  ou  six  jours,  comme  nous  ferons  aussi 
pour  nous  en  aller  à  Fontainebleau  pour  là  à 
loysir  pourvoir  el  donner  ordre  à  nos  affaires, 
afiiu  de suyvre le  chemyn  qu'il  nous  monstre, 
et  durant  la  minorité  du  Roy  monsieur  mon 
lilz  luy  accouslrer  si  bien  ses  affaires  que, 
quand  il  viendra  en  aage,  il  se  puisse  trouver 
à  son  ayse  avec  moyens  et  puissance  de  con- 
server honorablement  ce  (pic  ses  prédécesseurs 
luy  ont  laissé;  qui  est  tout  ce  que  vous  aurez 
de  moy  pour  ceste  heure,  sinon  que  je  vous 
prie  renvoyer  ce  porteur  incontinent  et  ne  l'ar- 
restez  guères.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Ly- 
moges ,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
D'Orléans,  ce  xxvm'  jour  de  janvier  i56o 
(i56i). 

Caterine. 

Dictes  à  Madamoiselle  de  Lacourt,  puis- 
qu'elle ne  faict  plus  riens  pardelà,  que  je 
trouve  très  bon  qu'elle  revienne  au  tamps 
qu'elle  me  le  mande  et  qu'elle  sera  la  bien 
venue  et  recongnoistray  le  service  qu'elle  a 
faict  à  la  Royne  ma  tille.     ' 


(  1561.  —  Fin  janvier.) 

Au!.  Bihl.  nal.  fonds  français,  a"  66oj,  f°   £8. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  p.  8lfl. 

A  MA  FILLE  LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  encore  que  je  n'aye  heu 
de  vos  letres  par  sel  pourleur,  si  nè-ge  voleu 
léser  de  vous  fayre  set  mot,  pour  vous  dire 
que  vous  entendre  l'aucasion  de  la  veneue  de 
set  pourtour  ysi  et  de  son  retour  par  le  évesque 
de  Limoge ,  qui  me  guarderé  vous  en  fayre  re- 
diste;  seulement  je  vous  priré  que  vous  go- 
verniés  en  set  fayst  selon  l'avis  et  consel  de 
l'ambasadeur,  et  n'an  parliés  ni  en  fasiés  san- 
blant,  sinon  aultent  qu'il  vous  dire.  Il  m'a 
mendé  que  le  Prinse  n'a  plus  la  fièvre  ;  si  cela 


lui  contineue  désire  guéri,  ne  perde  pas  1  au- 
casion  de  guarder  qui  ne  soit  marié  hà  aultiv 
femme  que  à  vostre  seur,  au  à  vostre  belle- 
seur1,  et  me  sanble  que  y  devés  mestre  tous 
vos  sin  san  2,  pour  fayre  l'eun  au  l'autre  ma- 
riage3; car  aultrement  \ous  sériés  en  danger 
d'eslre  la  plus  maleureuse  du  monde,  si  vostre 
mari  venoyt  à  mourir,  luy  étenl  Roy,  cornent 
yl  seroit,  si  n'avest  aypousé  quelque  femme 
qui  feut  heun  vous-même,  corne  seret  vostre 
seur.  Et  ausi  j'é  eutendeu  que  la  prinsese 
vous  ayme  ynfiniment,  et,  pour  y  parvenir,  y 
faull que  vous  disiés  à  ladisle  prinsese  qu'i  fault 
qu'ele  l'épouse,  au  sela  ne  se  pouret  fayre,  qui 

I  Donna  Juana,  sœur  de  Philippe  11. 
-  Sin  san ,  cinq  sens. 

3  Voici  ce  que  nous  trouvons  dans  une  lettre  de  l'am- 
bassadeur d  Espagne,  Chantonnay,  à  la  duchesse  de 
Parme  (i6  janvier  1 56 1 )  :  rChascun  a  tant  fait  de  dis- 
cours par  ceste  court  sur  le  mariaige  de  nostre  prince 
avecques  la  royne  vefve  (Marie  Stuarl),  que  la  Royne  mère 
en  a  prins  opinion  et  jalousie  doubtant  que  cecy  vient 
de  la  maison  de  Guise;  et  de  faict  en  a  parlé  à  Mr  le 
cardinal  de  Lorraine,  se  plaignant  de  ce  bruit.  Ledict 
sieur  s'en  est  démeslé  généralement,  disant  que  ce  n'es- 
toit  merveille  que  Ton  fist  discours  sur  le  mariage  d'une 
princesse,  puisqu'il  se  fait  ordinairement  de  moindres 
gens.  La  Royne  et  le  conestable  le  craignent  pour  deux 
raisons  :  l'une,  pour  ne  nous  veoir  avecques  la  cou- 
ronne d'Escosse  et  en  Angleterre,  et  ledict  sr  connestable 
ne  désireroit  ceste  alliance  avecques  ceulx  de  Guise; 
l'aultre.  pour  ce  que  tous  désirent  le  mariage  de  M'"c  Mar- 
guerite avecques  mondict  seigneur  nostre  prince.  Le 
sieur  de  Vendosme  (Antoine  de  Navarre)  convient  avec- 
ques eulx  quant  à  la  première  raison;  mais  il  se  donne 
garde  de  la  deuxiesme,  s'asseurant  beaucoup  du  mariage 
de  ladicte  dame  Marguerite  avecques  son  filz.îi 

II  ajoute  que  le  connétable  lui  a  donné  rendez- 
vous  à  Notre-Dame  pour  en  causer;  mais  comme  il  était 
averti  de  la  jalousie  que  la  Reine  mère  avait  et  de  ce 
mariage,  et  de  la  reine  veuve,  nonobstant  ies  preuves 
de  confiance  dont  le  connétable  lui  a  dit  vouloir  userenvers 
lui,  il  a  pensé  que  ce  qu'il  lui  en  disait  était  avec  commis- 
sion de  la  Reine  mère,  ou  qu'il  voulait  tirer  de  lui  ce  qu'il 
en  savait;  aussi  s'est-il  tenu  sur  ses  gardes,  et  la  conversa- 
tion en  est  restée  là.  (Arch.  de  Vienne.) 


LETTRES   DE  CATHI 

failli  qu'elle  vous  ayde  à  lui  fayre  aypouser 
■  seur,  et  que  vous  mestré  pouinede  lm 
fayre  aypouser  le  Roj  votre  frère;àquoj  vous 
pansés  bien  que  u'axiés  guière  granl  pouine, 
si  se  fesel  le  mariage  de  vostre  seur  et  du 
Prinse;  car  vous  l'aymé  tenl  que,  en  quelque 
fason  que  ce  souit,  vous  désirés  qu'ele  souyl 
vostre  seur;  encore  eun  coup,  au  que  vous  ayés 
le  bien  que  vous  ne  bougies  d'ensenble. 
Velà,  ma  Elle,  sel  que  me  senble  que  devés 
comenser  de  louin  à  bâstir,  afin  que  1  eun  au 
l'aultre  aviengne;  et  en  sel  faysant,  vous 
fayrés  ynfinisment  pour  vous  et  pour  lous  I 
nous  aultres  ysy.  Je  ne  vous  en  dire  daven- 
et  fayré  fin,  prient  Dieu  vous  donner 
aullenl  de  heur  que  je  vous  en  désire,  et  afin 
qu'i  le  vous  doint,  ne  L'aublyé  point,  et  le 
priés  el  serves  corne  devés;  et  que  les  plésirs 
ni  ayse  et  jeoye  qu'i  vous  donne  meyntenenl 
ne  soynl  cause  de  le  vous  fayre  aublyer;  et 
retournés  tourjour  à  luy,  et  reconèsés  de  luy 
et  que  san  luy  vous  ne  sériés  ne  pouryés  rven, 
afin  qu'i  ne  vous  euvoy  de  ses  verge  pour  le 
vous  fayre  reconestre,  corne  il  a  fayst  lia 

Vostre  bonne  mère, 

Catf.iune. 


RINE  DE   MEDICIS. 


,:; 


1561.  —  3i  janvier. 

Orig.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n"  66o5 ,  P  37. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  deLyrnoges,  je  vous  escriviz  der- 
nièrement si  amplement  par  le  courrier  qui 
vous  feut  envové,  el  ceatuy-cy  a  si  haste  de  par- 
tir, comme  m'a  faict  entendre  l'ambassadeur  du 
roy  d'Espaigne,  que  je  ne  vous  répéteray  riens 
de  ce  qui  vous  a  esté  mandé,  ny  ne  vous  feray 
la  présente  plus  longue,  si  n'est  pour  vous  dire 
que,  Dieu  mercy,  je  suis  venue  à  bout  de  nos 
Estai?.1  qui  ont  esté  ce  jourdhuy  terminez  de  fa- 

1  Les  élals  d'Orléans. 


çon  que,  j'espère,  il  en  reviendra  beaucoup  de 
fruicl  pour  le  bien  du  service  du  Roj  monsieur 
mon  filz  et  pour  l'adventaige  de  ses  affaires, 
el  que  par  leur  ayde  el  secours  nous  aurons 
moyen  rie  l'aquiler  entre  r\  el  quelques  an- 
nées. Vous  advisanl  au  demeurant  que  toutes 
choses  passent  en  ce  royaume,  Dieu  mercy, 
avec  telle  tranquilité  el  union  de  lous  estatz, 
tant  des  grands  que  des  petitz,  que  j'espère 
avec  son  ayde  qu'ilz  y  continueront.  El  quant 
au  faict  de  la  religion,  les  exemples  receusde 
ce  que  nous  axons  veu  devant  nos  yeux  depuys 
quelques  ans  nous  ont  monstre  et  enseigné 
qu'à  guarir  ce  mal  venu  de  longue  main  ung 
mesme  remède  n'estoyl  suffisant  de  le  guérir, 
mais  que,  selon  les  nouveaux  accidens,  il 
failloyt  aussy  changer  de  médicamenlz  jusques 
à  ce  qu'on  eust  recouvert  celluy  qui  esl  seul 
unique  pour  nous  donner  entière  guérisou. 
Nous  av  ons,  durant  vingt  ou  trente  ans .  essayé 
le  cautère  pour  cuyder  arracher  la  contagion 
de  ce  mal  d'entre  nous,  el  nous  avons  veu  par 
expérience  que  ceste  violence  n'a  servj  qu'à 
le  croistre  et  multiplier,  d'aultanl  que  par  les 
rigoureuses  pugnitions  qui  se  sont  continuel- 
lement faictes  en  ce  royaume  une  infinité  de 
pauvre  peuple  c'est  confirmé  en  ceste  oppinion 
jusques  à  avoir  esté  dict  de  beaucoup  de  per- 
sonnes de  bon  jugement  qu'il  n'y  avoit  riens 
plus  pernicieux  pour  l'abollissement  de  ces 
nouvelles  opinions  que  la  mort  publique  de 
ceulx  qui  les  tenoyent, puisqu'il  se  voyoil  que 
par  icelles  elles  estovenl  fortifiiez.  Or  les  choses 
en  sont  venues  en  telz  termes  qu'il  s'esl  veu  en 
ce  royaume  cequejamays  n'\  estoyl  advenu. 
qui  estoyl  une  sédition  manifeste  pour  ce  faicl 
seullement,  laquelle  Dieu  nousafaicl  la  grâce 
d'appaiser  el  réduire  toutes  choses  en  telle 
tranquilité  qu'i  ne  se  présente  riens  (pie  nous 
debvions  craindre.  Vray  est  qu'estant  le  Roy 
monsieur  mon  filz  en  la  minorité  qu'il  est,  et 


CATUEB1SE  DK  MÉMCIS. I. 


578  LETTRES  DE  CATH 

les  cendres  du  feu  qui  s'est  cstaint  encores  si 
chauldea  que  la  moindre  scintille1  le  flambe- 
roil  plus  grand  qu'il  n'a  jamays  esté",  j'ay 
esté  conseillée  par  tous  les  princes  du  sang  et 
aultres  princes  et  seigneurs  du  Conseil  du  Roy 
monseigneur  et  mon  iilz  d'avoir  esgard  à  la 
saison  où  nous  sommes,  où  quelquesfoys  nous 
sommes  contrainctz  de  dissimuler  beaucoup 
de  choses  que  eu  aullre  temps  l'on  n'endureroit 
pas,  et  pour  ceste  raison  de  suivre  la  voye  de 
doulceur  en  ce  faict,  affin  d'essayer  par  hon- 
nestes  remonstianees,  exhortations  et  prédica- 
tions de  réduire  ceulx  qui  se  trouveront  errer 
au  laid  de  la  foy  et  de  pugnir  sévèrement 
ceulx  qui  feront  scandales  ou  séditions,  aflîu 
que  la  sévérité  en  l'ung  et  la  doulceur  en 
l'aultre  nous  puissent  préserver  des  inconvé- 
oiens  d'où  nous  ne  faisons  que  sortir.  Ce  que 
suis  bien  ayse  que  vous  faciez  entendre  au 
Roy  mon  bon  fllz,  allin  qu'il  ne  prenne  point 
plus  mauvaise  odeur  de  mes  actions  qu'après 
les  avoir  espeluchees  avec  la  raison  il  nedoibl; 
car  il  faut  qu'il  considère  que  ce  n'est  pas  tout 
ung  de  ce  royaume  et  de  l'Espaigne,  d'aullant 
que  là  ce  mal  ne  faict  que  naistre  et,  pour  le 
purger  et  le  garder  de  croistre,  la  rigueur  est 
nécessaire,  et  il  est  icy  si  enraciné  qu'il  est 
malaisé,  voyre  impossible  de  l'oster  ou  l'arra- 
cher, qui  n'aura  le  remède  du  concile,  seul  et 
unique  remède  pour  l'union  de  la  chrestieuté 
et  la  guérison  de  tous  noz  maux.  Cependant 
vous  pouvez  asscurer  le  Roy  mon  bon  fdz  que 
je  tiendray  la  main,  comme  je  doibs,  à  l'entre- 
ténement  de  la  religion  et  foy  catholique, 
sans  permeclre  que  chose  du  moude  y  soit 
innovée,  et  mecteray  peyne  de  contenir  toutes 
choses  eu  paix  et  trauquilité  jusques  au  con- 
cile; espérant  que  là  il  se  prendra  par  la  grâce 
de  Dieu  une  si  bonne  résolution  que  nous  ne 

1  Scintille,  étincelle. 


ERINE  DE  MED1CIS. 

serons  plus  en  ces  peynes  où  nous  a\ons  \escu 
depuys  ung  long  temps  en  çà;  qui  est  ce  que 
je  puis  adjouster  à  noz  dernières  lettres.  Priant 
Dieu,  Monsieur  de  Lymoges,  vous  avoir  en  sa 
saincte  et  digne  garde. 

D'Orléans,  ce  dernier  jour  de  janvier  i56o 
(i56i). 

Catkrime. 

HoBERTET. 


1561 .  — 9  lévrier. 
Ony.  Communiqué  par  M.  le  marquis  dea  Moustiers-Mûrinvilk'. 

A  MONSIEUR  DE  STMESME , 

GBttVOiBOMItB  ORDISàIRE  DE  Li  CEHMERE  DU  ROT   MONSIEUR  *0.1  FILS  . 
ET  CGUSIBEULO   ORDIX4IRE   DB  NOS  FILS  L.B  DUC   D'ANJOU. 

Monsieur  de  Sl-Mesme,  ayant  receu  la  lettre 
que  m'avez  escripte  du  vif  de  ce  moys,  j  ay 
bien  voulu  vous  y  faire  incontinent  ce  mut 
de  responce  pour  vous  dire  que  j'ay  esté  bien 
ayse  d'entendre  (pie  le  baron  de  Polwler1  ait 
l'apporté  telle  satisfaction  de  la  Visitation 
qu'il  a  l'aide  à  mon  fils  d'Anjou  que  vous 
me  le  lesmoignez  par  vostredicte  lettre,  et  me 
ferez  plaisir  de  me  mander  de  ses  nouvelles 
le  plus  souvent  qu'il  vous  sera  possible,  en 
attendant  que  je  le  mande,  qui  ne  sera  pas 
si  tost  que  le  vous  a  dict  vostre  frère,  car  je 
ne  veulx  pas  que  vous  le  bougez  que  le  temps 
ne  soit  plus  beau  et  alongera  mieux  eschaufl'é 
que  nous  ne  l'avons  trouvé  à  nostre  arrivée,  et 
quant  tout  est  dict  jusqu'à  ce  que  vous  ayez 
autres  nouvelles  de  moy.  Cependant  je  iuy 
feray  faire  provision  d'ung  mulet,  au  lieu  du 
sien  qui  est  aveugle,  que  vous  aurez  tout  à 

1  Nicolas,  baron  de  Pohviller,  gentilhomme  de  la 
haute  Alsace,  qui  fut  grand  bailli  d'IIagnenau  pour  la 
maison  d'Autriche.  Il  s'empara  de  Constance  au  mois 
d'octobre  i5'i8,  fit  une  invasion  en  France  en  1 55 1 - 
médita  la  prise  de  Metz  en  1 565  et  mourut  après  i58/i. 
Il  est  souvent  cité  dans  les  Papiers  d'Etat  du  cardinal  de 
Granvelle. 


temps  pour  vous  en  servir,  quand  je  vous 
mandera  y;  •  |  n  i  esl  toul  ce  que  j'.u  à  vous 
dire,  après  avoir  prié  Dieu,  Monsieur  de 
S-Mesme,  qu'il  vous  ail  en  sa  garde.  Escripl 
ii  Fontainebleau,  11'  i\°  joui- de  février  mil  cinq 
cents  soixante  (i  5 6 1 ) . 

Caterinr. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S.  579 

les  princes  qui  se  Irouveronl  en  ladicte  as  em 


)  561  .   —   in  lévrier. 
Orig.  Bibl.  ii;it.  Cinq  ceuls  ColbeH,  n"  3<)o ,  i 

I    MONSIEUR  DE  RENNES, 

CONSBII  LB1       K1    Dl  i  litnlESTES  DE  L'HOSTEL  DD   !IOï  UOK8UDB  MON  FIL8  , 
'i    SOU     AMBASSADEUR  PAR    DEVERS  L'EMrtRElR. 

Monsieur  de  Hennés,  mon  auitre  dépesche 
étant  faicte  et  n'attendant  plus  que  l'arrivée 
de  l'ambassadeur  du  Roy  catholicque  mon  bon 
filz  el  frère,  résident  par  deçà,  qui  esl  de- 
meuré quelques  jours  à  Orléans  après  notre 
parlement,  pour  luy  envoyer  mon  parquet, 
atlin  d  ;  vous  le  faire  tenir  ainsi  qif  il  a  de  cous- 
lume,  j'av  recru  la  lettre  que  m'avez  escripte 
du  xmic  du  passé,  par  laquelle  j'ayvu  que  IV- 
vesque  (ionunendon'qui  estoyt  venu  de  la  part 
du  Pape  devers  l'Empereur  mon  bon  frère, 
s'estoyl  acheminé  avec  l'évesque  Delphin2  à  la 
diette  de  Nauburg3,  en  laquelle  les  ambassa- 
deurs de  mondict  bon  frère  devoyenl  compa- 
roistre  trois  jours  après  que  lesdicts  nuuces  y 
seroyent  arrivez,  pour  exhorter  et  persuader 

Jean-François  tiommendon,  né  à  Venise  le  17  mars 
i52&.  D'abord  évéque  de  Zante,  puis  nommé  cardinal 
par  Paul  IV  à  la  sollicitation  de  son  neveu  Cbarles  Bor- 
romée,  il  fui  envoyé  par  Pie  IV  en  qualité  de  nonce 
auprès  de  l'empereur  Ferdinand  I"  ;  il  mourut  à  Pa- 
.loue,  le  a.'i  décembre  i585.  Flécbier  a  traduil  en 
notre  langue  sa  vie  qu'avait  écrite  en  latin  Anlonio-Maria 
Gratiani. 

1  Zarbarie  Dclfini,  évêqne  de  Lésina,  cardinal  en 
i565,  mort  on  i!>K3. 

3  Les  princes  d'Allemagne  s'assemblèrent  n  Naum- 
bourg  le  20  janvier  i56i. 


blée  à  s'acco oder  à  l'affaire  du  concile, 

affin  d'en  pouvoirtirer  le  fruicl  el  L'utilité  qui 

est  si  nécessaire  à  la  chrestienté,  chose,  Mon- 
sieur de  Renés, que  je  désire  de  (elle  affection 
que  je  vous  puis  asseurer  qu'il  n'y  a  riens  pour 
le  présent  en  ce  monde  que  je  veisse  avec  plus 
de  satisffaction;  mais,  puni'  ce  que  l'affaire 
n'est   pas   sans  beaucoup  d'espines  el  de  diffi- 

ultez,  je  ne  scav  ce  que  je  m'en  doj  pro- 
mectre,  el  pour  ceste  cause,  je  désire  que, 
suivant  le  contenu  en  mon  aultre  lettre,  vous 
laict.es  toulcequ'ilvoussera possible  pour  sentir 
de  mondict  bon  frère  l'Empereur  ce  qu'il  sera 
délibéré  l'aire,  au  cas  que  les  princes  protes- 
tans  ne  vueillenl  accepter  la  bulle  dudicl 
concile  et  accorder  d'y  envoyer,  affin  que. 
selon  ce  que  vous  nous  en  ferez  sçavoir,  le  lio\ 
monsieur  mon  fils  se  puisse  résouldre  du 
party  qu'il  aura  à  prendre  en  cesl  ettdroict,  Et 
encores  que  je  sçache  bien  que  vous  n'oublierez 
riens  de  ce  que  vous  verrez  estre  a  l'aire  poar 
sçavoir  quelle  response  lesdicts  nunces  auront 
1  apportée  de  leur  négotiatiôfi ,  el  ce  que. 
d'aultre  part,  aura,  eslé  résolu  entre  lesdiclz 
princes  en  leurdicte  assemblée  surce  qui  y  aura 
esté  traicté  et  négolié  entre  ettlx;  si  vous  veulx- 
je  prier  que,  pour  l'importance  de  la  chose, 
vous  employez  toul  ce  que  vous  avez  de 
moyens  pour  entendre  bien  certainement  el 
particulièrement  ce  qui  en  scia,  affin  de  nous 
en  donner  le  plus  ample  advis  el  le  plus  losl 
qu'il  vous  sera  possible.  Nous  avons  sceu  que 
le  comte  Palatin  s'est  acheminé  à  ladicte 
dielle,  et  si  cestuy-là  s'y  trouve,  je  croys  que 
le  duc  de  Wirteniberg  n'y  vouldra  pas  faillir. 
J'ay  veu  ce  que  me  mandez  de  l'accord  qui 
s'est  faicl  du  mariaige  de  la  seconde  (ille  de 
mondict  bon  frère  l'Empereur  avec  le  duc  de 
Mantoue,    et   des  aullres   particularité/,    qui 

s'offrent  au  lieu  où  vous  esles,  dont  vous  me 


!■'■ 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDICIS. 


laides  plaisir  de  me  tenir  advertye,  et  ferez 
encore  plus  d'y  continuer  à  mesure  qu'il  se 
■  'iilcra  chose  qui  le  mérite,  ainsi  que  vous 
avez  toujours  faicl  fort  soigneusement;  prianl 
Dieu,  Monsieur  de  Renés,  qu'il  vous  ayt  en 
sa  sainie  garde.  Escript  à  Fontainebleau,  le 
v""-  jour  de  février  1060  (1061). 

Caterine. 

BoiRDIN. 


1 561.  —  1 3  février. 
Copio.  Bibl.  nal.  fonds  français,  n'  17981. 

A  MONSIEUR  COIG.NET. 

\011s  verrez  par  la  lettre  du  Roy  monsieur 
mon  filz :  quelle  résolution  il  a  prise  par  l'advis 
de  son  Conseil  sur  le  contenu  en  vos  deux 
lettres  des  xxv  et  xxi.y"1-  du  passé,  et  cequ'il  dé- 
sire que  vous  faictes  pour  remectre  la  déclara- 
tion de  son  intention  jusques  à  la  diette  de  la 
Sainct-Jebau  prochaine,  s'il  est  au  monde  pos- 
sible ,  affin  que  cependant  l'on  puisse  traicter 
et  accorder  avec  les  aultres  marchans  créan- 
ciers, et  que  avant  cela  nous  ne  facions  riens 
qui  nous  y  puisse  préjudicier  si  faire  se  peult. 
\  ous  sçavez  aussy  bien  que  nous  de  quelle 
importance  est  ce  négoce'2,  et  estant  bien  as- 
seurée  que  vous  n'oublirez  riens  de  ce  que 
vous  estimerez  estrc  à  faire  pour  conduire  la 
luise  au  point  qui  est  nécessaire  pour  le  bien 
du  service  du  Roy  mondict  sieur  et  lilz,  je 
ne  me  donneré  pas  grand  poyne  de  la  vous 
recommander  aultrement,  et  seulement  vous 
diray  qu'estani  ceste  dépescbe  jà  résolue  et 
laicte  pour  la  pluspart,  nous  avons  receu  la 
vostre  du  vc  de  ce  moys  et  la  précédente  du 
dernier  de  l'aultre  avec  celle  de  l'évesque  de 
Renés  donl  nous  avions  heu  auparavant  l'ori- 

1  La  lettre  de  Charles  IX  se  trouve  dans  le  même  vo- 
lume et  précède  celle  de  Catherine. 
-  Négoce,  affaire. 


ginal,  et  pour  ce  que  cestedicte  responce  vous 
esclercira  assez  sur  ce  qui  concerne  le  faicl  du 
:  compte  que  demandent  ceulx  qui  ont  argent 
au  grand  parly,  je  me  contenleray  de  vous 
advertir  que  j'escris  à  Lyou  au  sieur  de  Saviguv 
que  s'il  y  a  moyen,  sans  insérer  es  passeportz 
l'argent  que  sortent  les  marchans  Suvsses,  de 
pourveoir  aux  abbuz  qu'ilz  y  peuvent  com- 
mectre,soyt  par  les  faire  acompaigner jusques 
hors  la  porte,  quand  il  leur  aura  délivré  leurs- 
dictz  passeportz ,  ou  bien  par  aultre  expédient 
que  luy,  qui  est  sur  le  lieu ,  advisera  pour  le 
myeux,  il  le  face  et  en  accorde  avec  lesdicts 
marchans  Suvsses,  de  façon  qu'ilz  n'ayent  plus 
occasion  de  s'en  plaindre,  ne  mesmes  la  lon- 
geur  qu'ilz  dient  leur  estre  tenue  à  la  déli- 
vrance de  leursdictz  passeportz;  car  de  leur 
laisser  ce  faict  là  aussy  libre  qu'ilz  le  deman- 
dent, il  n'y  auroit  aucune  apparence,  et  vous 
prye  qu'en  attendant  le  renouvellement  de 
l'alliance  vous  pensez  à  l'ordre  qui  lors  s'i 
pourra  donner,  ainsy  que  le  Roy  mondict 
seigneur  et  filz  le  vous  escript  plus  particuliè- 
rement; qui  est  tout  ce  que  vous  aurez  de  mo\ 
pour  ceste  heure,  après  avoir  prié  Dieu.  Mon- 
sieur Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  sailli  ti 
garde.  Escript  à  Fontainebleau,  le  xnr  jour 
de  fébvrier  i56o  (i56i). 

Caterine. 
Bolrdin. 

1561.  —  Marr.. 

Aut.  Bibl.  nal,  fonds  français  .  n'  6000  ,  I 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  il,  p 

A  MADAME  HA  FILLE 

LA  ROINE  CATOLYQLE. 
Madame  ma  fille,  le  sieur  de  Coconat  '.  qui 

1  Charles  IX,  dans  une  lettr>;  du  1O  avril  à  M.  de  Li- 
moges, parle  du  passage  de  Coconas,  maître  d'hôte]  du 
duc  de  Savoie,  revenant  d'Espagne.  (Bibl.  nal.  fonds  fran- 
çais, n°  6609,  f  -22.) 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MEDIGIS. 


581 


i  mini  frère  le  duc  de  Savoy,  lequel  \l 
avest  envoyé  v-i  pour  L'aucasion  tjuo  vous  en- 
tendrés  de  luy,  s'an  vé  ver  le  U<>\  vostre  mari. 
el  n'é  voleu  perdre  sete  aucasiou  de  vousavertyr 
par  sete  lelre  cornent,  Dyeu  mersi,  je  suys  en 
repos    el    que   touttes    chauses   comensel    à 
prendre  heun  si  bon  chemin  que  j'espère  que, 
d'ysi  en  Davent,vousn'arés  que  bonnes  oovelles 
de  loui  sel  coûté,  tenl  pour  lefaysl  de  la  rely- 
gion  que  pour  la  conservatyon  de  mon  aulto- 
rité,  que,  je  m'aseure,  ayst  toul  sel  que  le  l!o\ 
-  ic  mari  et  vous  désirés.  El  pour  aystre 
d'outenl  en  repos,  je  vodrès  byen  que  tou  deus 
ue  creusiés  '  touttes  lé  menteries  que  Ton  vous 
mende  d'ysi,  et  que  vous  aseurisiés  que,  quel- 
que chause  quisourviengne,  que  je  nay  fauldré 
yncontynent  vous  en  fayre  avertyr  par  nostre 
ambasadeur,  lequel,  je  vous  aseure,  vous  dyré 
tourjour  la  vérité,  quelque  chause  qui  sour- 
viegne  au   pieuse-  avenir  ysi.  Et,  pour  se,  je 
vous  prie  le  dyre  au  Roy  vostre  mari  el  l'en 
prier  de  par  moy,  d'aultenl  qu'i  désire  d'en- 
tertenyr  l'amytyé  qui  aysl  entre  nous,  caraul- 
trement,  si  s'émeuvet  pour  touttes  ié  chause 
i[ue  l'on  luy  manderé  d'ysi,  vous  pouvés panser 
que  sous3  qui  soulet  aystre  roj  '  el  qui  nous 
aunli  ten5  enbrouilé   nous  afayres  que    s'el 
sele  soûle  aucasiou  qui  me  guarde  de  fayre 
tout  soudeyn  set  que  désirés,  meteron  tourjour 
pouyne  de  l'ayre  trover  mauvèse  mes  aclyons 
léportement,  de  peur  qu'i  souyt  coneu  leur 
faultes  el  grande  enbysions,  ausi   byen  des 
aytrenger  cornent  ayle  sont  en  sete  royaume, 
car  yl  y  sont  tenl  hays,  que  lent  que  l'on  les 
ha  veu  près  de  moy,  je  n'é  jeamès  seu  avoyr 
l'aubéy sauce  entyère,  cornent  j'é  asteure  que 

1   Creusiés,  crussiez. 
-'  Pieuse,  puisse. 
■'  Sous,  ceux. 
1  Allusion  aux  Guise. 
Ixiilt  ten,  ont  tant. 


\  s'an  son!  aies  cheus  heulx  jeuques  au  sacre 
du  l'on  mon  lils,  qui  seré  le  heunsièmede  may. 
Madame  ma  Elle,  je  vous  mende  sesi,  afin  que 
si  le  Ko\  vostre  mari  vous  en  parle,  que  vous 
lien  dysi  la  véryté,  car  je  la  vous  mende  toul 
ynsin  qu'el  est,  el  me  fasche  byen  qu'i  se  for- 
lyfie asteure  de  luy;  et,quanl  ylavesl  le  moyen, 
qu'il   étel   come  roys,  v   ne  faysé  que  mètre 
pouyne  de    fayre   trover  mauve--  touttes  ses 
actyon;  el  ne  avès  pluK  grant  pouyne  que  fayre 
conestre  au  feu  Roy  vostre  frère,  que  --i'1  qu  i 
désiré  qu'il  ahayt  le  R<>\   vostre   mari,  que 
s'etoyl  de  peur  qu'il  avel  que  y  m'émasl  trop 
de  set  que  aveques  le  temps  yl  eut  coneu  qui 
set  que  j'é  désiré  l'entertenyr  en  namytyé  en- 
sanble  lin    aytoyl   profitable.  Et  quant  à   la 
peur  que  Tons  ha  deu  roj  de  Navarre  veolle1 
nous  mètre  en  guère,  je  vous  prie  en  naseurer 
le  Roy  vostre  mari  sour  moy,  que  tenl  qu'i 
contyueuré  à  fayre  démonstratyon  de  volouyr 
nostre  amytié,  que  \  l'are  toutte  ma  vye;  car 
je  luv   en  naseure,  pour  aystre  la  chaus 
sel  monde  que  je  désire  le  plulx  que  de  la  voj  i 
contyneuer,  el  j'é  asés  de  puisanse  pour  en- 
pescher  le  contrère,  el  le  royde  Navare  le  dé- 
sire corne  moy.  M  est  vray  qu'i  désirerél  que 
l'on  lin  balla quelque  chause  pour  réconpanse 
de  son  royaume,  el  si  le  Roy  vostre  mari  veolel 
le  l'ayre,  je  vous  aseure  que  non-soulement  y 
set  pouret  aseurer  du  roy  de  Navarre,  mes  je 
me  l'oins-  forte  qu'i  luy  l'ayre  tout  le  servyse 
qu'i  pouret,  encore  que  je  feuse  morte,  qui 
sont  chause  qui  poulvet  avenyr,  et  y  seret  le 
premyer,  san  contraste3,  qui  comenderel  tenl 
que  vostre  frère  seroyl  en  ''âge;  el  aultre  sela, 
y  se  santyrel  lenl  leneu  à  moy  que  toutte  sa 
v\r\  fayret  pour  sous  qui  seret  veneu  de  moy, 
et  vivents  en  l'amytyé  en  quov   nous  soumes 

'    Veolle,  veuille. 
2  Fouys,  fais. 
'  mlra»te,  opposition. 


582 


LETTltES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


asteure,  car  aseuré  vous  qu'ele  n'ay  poynt 
faynte  de  son  coûté  eu  mon  endroyt,  et  re- 
pousé-vous-en  sour  moy.  El  quant  à  set  que 
me  mandés  du  couestable,je  le  trove  afectyoné" 
pour  le  servyse  de  vostre  frère,  et  pour  moy 
en  partycoulier;  pour  se,  je  vous  prie  ne 
croyés  sel  que  l'on  vous  meude  d'ysi,  car  les 
aultres  sont  si  fasché  de  ne  governer  plulx  qu'i 
ne  laschet  que  à  me  fayre  hayr  à  tous  sous1  qui 
panset  que  je  vos2  entertenyr  en  namylié 
aveques  mon  fils,  pansant,  se  la  guère  aytoyt, 
que  y  fauldrel  que  je  me  remyse  encore  entre 
leur  mayns,  et  que  je  m'an  servyse;  mes  je 
vous  promès  ma  foys  que  non  fayre's  jeamès, 
car  y  m'ont  aysté  trops  yngras,  et  aunt  rouyué 
set  royaume.  En  lyeu  de  panser  que  tout  aile'  en 
rouyne,  puysque  le  cardynal  n'y  ay  plus,  je 
vous  aseure  que  s'et  set  qui  me  donne  le  moyen 
de  re mètre  tout  en  bon  ayfal.  Pour  se,  ne  vous 
en  donne'  poynt  de  pouyne  et  répondés-en  sa- 
gement, cornent  je  m'aseure  que  fayrés,  mes 
que  l'on  vous  en  parle  encore,  aseurent  que  je 
suys  aveques  loutte  l'autorité  que  pouvès  dési- 
rer que  je  aye,  et  que  je  suys  crayslyene,  te- 
nanl  la  mesme  forme  de  vyvre  moy  et  mes 
enfans  que  aunt  fayst  lé  Roys  vos  pères  et 
graus  pères,  é  n'é  neule  yntantyon  de  la 
changer;  et  de  sela  aseurés-an  le  Roy  vostre 
bon  mari,  et  me  tené  tourjour  en  sa  bonne 
grase;  et  je  prie  à  Dieu  qu'i  vous  douynt  se  que 
vous  désire 

Vostre  bonne  mère, 

Cateri.ve. 


1561.  —  3  mars. 
Copie,  liibl.  nat.  fonds  français,  n° 6Go5 ,  f'  3i. 

\  MONSIEUR  LE  PRINCE  D'EVOLY. 

Monsieur  le  prince,  oultre  ce  que  j'escris  à 

Si  Ȕ  ,  ceux. 
2    Vos,  veux. 


l'évesque  de  Limoges  vous  remercyer  de  ma 
part  des  bons  offices  que  vous  avez  faictz  pen- 
dant la  maladye  de  la  Royne  ma  fille,  me 
faisant  par  là  de  plus  en  plus  congnoislre 
combien  vous  m'aymez  et  elle  aussi,  je  n'ay 
voulu  faillir  avec  l'occasion  de  ce  porteur  me 
resjouyr  avecques  vous  de  sa  santé  et  vous  ad- 
vertir  de  la  grande  satisfaction  qu'il  me  de- 
moure  du  soing  que  je  sçay  que  vous  en  avez 
eu  et  la  grande  recommandation  en  laquelle 
j'enlens  que  vous  avez  tout  ce  qui  la  touche, 
qui  m'est  tel  plaisir  que  vous  pouvez  penser; 
ce  que  je  vous  prie  continuer  et  avoir  souve- 
nance du  désir  et  de  l'espérance  que  j'ay  tous- 
jours  eue ,  comme  vous  sçavez ,  que  l'amytié 
et  alliance  commancée  entre  le  Roy  catbolicque 
monsieur  mon  bon  filz  et  nous  se  fortiffieroyt 
et  attacheroyt  encores  d'ung  second  lyen  pour 
faire  perpétuellement  durer  le  bien  et  l'heur 
qu'il  en  fault  espérer  entre  ces  deux  grandes 
maisons  et  par  conséquent  à  toute  la  Cres- 
tienté.  Vous  y  avez  tousjours  tant  monstre  de 
bonne  volunté  que  je  ne  craindray  poinl 
comme  mère  à  vous  dire  que  de  cela  j'ay 
parfaicte  liance  en  vous,  dont  l'effect  seroit  le 
comble  de  tous  mes  conlantemens,  etainsy  que 
j'escris  audict  évesque  de  Lymoges  vous  dire 
encores  plus  avant  de  ma  part,  et  vous  prye 
l'en  croyre,  comme  je  faictz  Nostre-Seigneur 
vous  avoir  en  saincte  garde.  De  Fontainebleau , 
le  nic  jour  de  mars  i56o  (i5Gi). 


1 56 1 .  —  3  mars. 
Orig.  Bji)i.  nat.  fonds  français,  n°  66o5 ,  f'  38. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  ayant  mis  en  con- 
sidération ce  que  je  veoy  par  le  mémoire  que 
vous  avez  envoyé  de  la  peine  en  laquelle  le 
Roy  catholicque  monsieur  mon  bon  filz  est 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIC1S. 


des  préparatifz  du  Grant-Seigneur  qui  re- 
gardent el  menassent  la  plus  grande  partie 
de  ses  païs,el  veoyânt  avecques  cella  la  grande 
et  excessive  despcnce  qu'il  esl  contraincl  faire 
pour  obvier  au  danger  qui  \  pend;  qui  esl 
chose,  pour  l'amour  que  je  lux  porte  et  te 
désir  que  j'a\  en  son  repoz,  grandeur  et  con- 
tantement,  que  je  sentz  el  me  poyse  comme 
le  ma]  de  l'enfant  faicl  à  la  mère,  je  voys  à 
tonte  heure  pensant  à  ce  que  je  pourroys  faire 
pour  lu)  en  cest  endroict,  el  considérant  tous 
moiens  qui  luy  pourroient  servir,  entre  les- 
quels je  me  suis  advisée  que  envoyant,  comme 
il  est  raisonnable  que  nous  lacions  bientost, 
quelque  personnaige  devers  ledict  Grant-Sei- 
gneur pour  scullement  concillier  l'amytyé  et 
intelligence  qui  a  de  longtemps  esté  entre  luy 
et  nous  et  tenir  libre  le  commerce  de  noz  sub- 
jectz  en  ses  pais,  je  pourrais,  si  mondict  bon 
tilz  ie  Irouvoyl  bon,  essayer  de  moyenner  entre 
lu\  et  ledict  Grant-Seigneur  quelque  pacifi- 
cation, et  luy  donner  par  là  moyen  de  mieulx 
pourveoir  avecques  le  temps  à  ses  affaires:  en 
quov  j'enploierois  tout  ce  que  nous  povons 
envers  luy,  ce  que  je  désire  que  vous  luy  la- 
ciez entendre  de  ma  part  bien  et  dextrement 
et  de  sorte  qu'il  conguoisse  de  quelle  inten- 
tion je  cherche  à  luy  ayder;  l'advei tissant  que, 
veoiant  l'affection  que  me  démonstre  mon  frère 
le  roy  de  Navarre,  et  comme  il  s'accomodde 
de  bon  cueur  à  ce  qui  me  plaist  et  sçayt  que 
j'ay  eh  recommandation,  dont  il  faict  une  in- 
croyable démonstration,  je  luy  ay  privément 
descouverle  ceste  même  délibération,  affiu  d'en 
prandre  son  bon  conseil  ;  en  quoy  je  le  trouve 
si  bien  disposé  de  m'ayder  et  conforter  que 
j'ay  de  plus  en  plus  cause  de  l'aymer  et  dési- 
rer pour  ceste  raison  et  beaucoup  d'autres  de 
le  veoir  avecques  occasion  d'embrasser  davan- 
tage les  choses  qui  regardent  et  touchent 
ledict  sieur  Roy  mon  bon  tîlz.  Et  si  y  a  plu- 


sieurs autres  considérations  qui  me  meuvent 
à  souhaiter  qu'il  peust  gratieusement  avoii 
quelque  raison  de  son  royaume;  en  quo)  si 
ceste  occasion  dont  je  vous  escriptz  c\  -dessus 
povoyt  servir,  je  vouldroys  el  vous  prie,  Mon- 
sieur de  Lymoges,  regarder  dextrement  d'en 
tirer  el  j  préparer  quelque  moyen,  informant 
bien  mondict  bon  lilz  de  l'amytié  grande  que 
je  reçoy  de  mondict  frère  le  roy  de  Navarre, 
ce  qu'il  laid  en  ma  considération  et  pour 
l'honneur  et.  service  du  Roy  monsieur  mon 
filz,  et  bien  de  ce  royaume,  dont  ses  effeclz 
et  sa  nayfve  dévotion  me  rendent  telle  preuve 
qu'il  faultque  je  confesse  que  je  luy  suisgran- 
dement  tenue,  et  tellement  que  je  ne  seray 
jamaiz  plus  ayse  que  quant  je  m'en  pourrays 
revancher  pour  le  rendre  d'autant  plus  affec- 
tionné en  mon  endroict.  Vous  jugerez  bien 
aussi,  Monsieur  de  Lymoges,  combien  ceste 
faveur  me  l'obligeroyt  davantaige,  et  me  ferez 
service  très  grand  et  très  agréable  de  nous 
emploier  en  ce  qui  touche  mondict  bon  frère 
de  tout  le  moyen  et  dextérité  dont  vous  vous 
pourrez  adviser,  faisant  par  cest  office  con- 
gnoistre  combien  j'ay  cher  et  recommandé  son 
contantement;  el  de  ce  que  vous  recueillerez 
en  l'un  et  l'autre  affaire  m'advertirez  inconti- 
nant  et  le  plus  dilligemmenl  que  vous  pour- 
rez, affin  que  le  temps  ne  se  perde  en  ce  que 
je  vouldroys  faire  pour  mondict  bon  filz  par 
le  veoiage  decelluy  que  j'envoyeray  en  Levant, 
lequel,  selon  l'occasion,  je  regarderais  de  choi- 
sir de  plus  forte  qualité  et  digne  de  manier 
une  telle  négoliation;  de  laquelle  je  vouldroys 
bien  qu'il  sortist  quelque  fruit  au  bien  du 
roy  de  Navarre  que  j'estime  comme  le  mien 
propre;  maiz  en  ce  cas  il  fauldroit  aussi  que 
ledict  roy  calholicque  me  feist  enrayer  mé- 
moires de  ce  qu'il  vouldroit  que  je  y  feiesse, 
et  jusqnes  où  je  me  pourrays  estandre  pour 
suivre  en  cella  son  intention  ;  qui  est  tout  ce 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDIGIS. 


que  je  cherche.   Piianl    Dieu,  Monsieur    de 

Lymoges,   vous  donner   ce  que  vous  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  111e  jour  de  mars  i56o 

(..Mil). 

Caterine. 

*  De  l'Aubespine. 


I  50 1 .  —  3  mars. 

On;..  Bibl.  nat.  fonds  français,  n^  G6o5.  f  35. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  à  ce  que  j'ay  veu 
par  vostre  dépesçhe  du  XXIIe  du  passé,  vous 
continuez  à  estre  bien   et  seurement  adverty 
de    toutes   choses ,  et  avecques  grant  plaisir 
avons  entendu  ce  que  vous  avez  bien  et  son- 
gneusement  remonstré  et  dict  au  Roy  catho- 
licque  monsieur  mon  bon  fdz  pour  le  préparer 
et  rendre  plus   capable  à  recevoir  agréable- 
ment ce  que  le  sieur  Don  Jouan    Manricque 
rapportera  de  sa  négotiation;  de  quoy  je  ne 
l'ai?,  doubte  qu'il  ne  l'ayt  jà  bien  adverty  au 
moins  des  choses  plus  pressées  et  importantes, 
tri  s  ;iyse  qu'il  se  soit  contante  de  la  façon  qui 
s'esl  observée  jusques  icy  pour  appaiser  les 
troubles  et  contenir  les  choses  en  la  transquil- 
lité  requise;  en  quoy  nous  avons  congneu  que 
la  doulceur  a  grandement  servy,  soubz  umbre 
de  laquelle  l'on  doibt  croyre  que  j'employeray 
tous  moyens  à  ce  qu'il  n'y  ayt  riens  altéré  ne 
changé  de  ce  qui  appartient  à  l'honneur  de 
Dieu  et  bien  de  ce  royaume;  à  quoy  servira 
grandement  l'espérance  que   nous  avons   en 
ung  bon  et  sainct  concile,  pour  l'avancement 
duquel  (comme  vous  verrez  par  le  mémoyre 
qui  vous  en  est  présentement  envoyé),  nous 
-.u \  vous  et  suyvrons  de  nostre  cousté  tout  le 
bon  et  droict  chemyn  que  l'on  sçauroyl  dési- 
rer, et  ayans  esté  les  premiers  à  le  chercher 
ferons  congnoistre  par  les  effeetz  que  nous 
continuons  à  en  demander  le  fruict  tant  né- 
cessaire à  toute  la  Crestienté.  Et  vous  pro- 


meetz,  quanta  moy,  Monsieur  de  Lymoges, 
qu'il  n'y  a   riens  en   ce  monde  où  j'aille  de 
plus  franche  et  sincère  volunté  et   affection, 
congnoissant  combien  sans  cella  la  Crestienté 
a  de  souffrir;  ce  que  je  vous  prie  faire   très 
bien  entendre,  de  ma  part,  au  Roy  mondietbon 
fdz,  à  ce  qu'il  ne  se  laisse  imprimer  que  nous 
ayons  autre  intention,  et  que  aussi  il  vueille 
considérer  le  besoing  qu'il  est  d'y  procedder 
sincèrement,  car  le  feu  va  croissant  et  la  lon- 
gueur empire  et  aggrave  le  mal,  comme  il  se 
veoyt  à  l'œil ,  non  pas  seullement  en  ce  royaume, 
maiz  partout.  Dieu  mercy,  il  y  a  pardeçà  telle 
unyon  parmy  les  grans  et  les  bons  serviteurs 
du  Roy  mon  filz  et  veoy  que  chacun  chemyne 
de  si  bon  pied,  en  ce  que  regarde  l'honneur  de 
Dieu  et  le  service  de  mondict  filz ,   qu'il  ne 
s'enpeult  espérer  que  tout  bien.  Et  vous  prie, 
si  on  en  escript  aultrement  pardelà ,  n'en  croyre 
riens,  et  asseurer  que  je  ne  sçauroys  deman- 
der plus  de  transquillité  en  ce  royaume  que  je 
y  en  veoy.  Le  demourant  de  ce  que  je  vous 
pourroys  escripre  des  affaires,  je  le  remectray 
audict  mémoyre,  et  feray  fin  à   la  présente, 
après  vous  avoir  asseuré  que  j'ay  eu  grant  plai- 
sir d'entendre  l'entière  garison  de  la  Royne 
ma  fille ,  à  laquelle  j'envoyeray,  à  la  première 
commodité,  les  meilleurs  hacquenées  que  je 
pourray  recouver.  Pryant  Dieu,  Monsieur  de 
Lymoges,  vous  avoir  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Fontainebleau,    le    in°  jour   de 

mars  i56o  (1 56 1). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


1561.  —  ■'!  mars. 

Orig.  Bibl.  de  Rouen,  collecl.  Leber,  n°  5731. 
Imprimé  dans  les  h'égociatioiis  sous  François  //,  p.  818. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  avecques  votre  dé- 


LETTRES   DE  CATHI 

pesche  du  xxu"  de  février,  j'ay  reçu  vos  deux 
lettres  particulières,  par  où  j'aj  entendu  ce 
que  desjà  vous  aviez  pu  sentir  du  Roy  catho- 
lique monsieur  mon  fils,  de  ce  que  Do  m  Joan 
Manrricque  lin  doibt  avoir  escripl  de  sa  négo- 
ciation ici,  et  aussi  comme  vous  avez  inslruict 
la  r.oyne  ma  fille  pour  parler  au  Roj  son  sei- 
gneur du  propos  que  je  luy  avois  tenu  de  sa 
seur,  et  la  responce  qu'il  y  afaicle.  Et  encores 
qu'elle  sait  généralle,  si  ne  me  puys-je  gardei 
de  louer  en  cela  votre  bon  conseil  et  advis, 
désirant  bien,  puysque  c'est  chose  dont  j'ay 
l'eflècl  si  à  cuenr,  qu'ils  sachent  et  entendent 
à  bon  essient  par  delà  que  je  m'y  active  et  le 
désire 'singulièrement;  au  moins  cela  servira 
pour  rompre  l'autre  coup  ',  auquel  je  donneray 
de  deçà  sourdement  tout  l'ordre  que  je  pour- 
rai. Et  jà  y  a  si  bon  commencement,  que  je 
congnoys  que  ceulxqui  ont  mis  en  avant  ceste 
menée  et  celuy  mesme  à  qui  elle  louche2,  sont 
bien  empeschez  à  couvrir  ce  qui  y  est,  et  si 
monstrent  se  refroydis  qu'ils  veuillent  faire 
croyre  qu'il  n'en  est  riens,  ou  endormir  la 
chose,  jusques  à  ce  qu'ils  y  croyent  plus  d'as- 
seurance.  L'un  des  oncles  est  party  pour 
aller  en  Champaigne,  où  elle  le  devoit  suyvre 
troys  jours  après  notre  arrivée  ici;  mais  le 
temps  lust  allongé,  et  monstre  ici  autant  d'ob- 
séquiosité envers  moy  qu'elle  Est  jamais3;  de 
l'intention  je  n'en  doubte  point,  et  suyvant 
votre  bon  advis,  y  auray  bien  l'œil,  sans  plus 
en  parler,  m'asseurant  que,  de  votre  cousté, 
vous  ferez  qu'il  n'y  sera  riens  oublvé  et  mesme 
au  retour  par  delà  de  Dom  Joan  Manrricque. 
Très-aise  que  la  mère  du  prothonotaire  y 
chemyne  de  bon  pied;  à  quoy  la  royne  ma 
fille  sçaura  bien  esciairer  de  près;  et  a  est  pas 


'  Le  projelde  mariage  de  Don  Carlos  avec  Marie  Stuart. 
-  Le  cardinal  de  Lorraine. 
'  Marie  Sluart. 

Catuemne  ije  Mébicis.  —  i.   , 


R1NE  DE  MÉDIGIS. 


mauvais  que  dexlremenl  son  marj  congnoisse 
qu'elle  ne  moj  ne  recevryons  pas  aisément 
ceste  olfense. 

Suyvant  aussi  votre  advis.  j'eserisau  prince 
d'Esvolj  la  lettre  donl  vous  verrez  le  double, 
et  ay  baillé  à  ce  porteur  ung  dyamanl  pour  sa 
femme,  que  vous  luy  présenterez  de  ma  pari 
avecquesune  petite  lettre  que  je  lin  escris  aussi, 
allin  que  cela  les  tienne  tousjours  tant  mieulx 
disposez  à  ce  que  j'en  désire  pour  le  bien  et 
service  de  madicte  fille,  et  espérai)  e  I  mitre 
affaire.  Ne  voulant  toutesfoys  oublycr  à  vous 
dire  que  j'av  ung  peu  considéré  ce  que  vous 
m'escriviez  de  la  fiance  que  vous  dictes  que 
ledict  oncle  absent  a  plus  en  luy  que  au  dui 
d'Alve,  et  qu'il  luy  a  escript  son  parlement;  à 
quoy  vous  prendrez  garde,  afin  que  nous  IM 
chemynions  point  en  ténèbres  en  cestendroict; 
à  propos  duquel  je  vous  diray  que  vous  avez 
assez  de  quoy  rabattre  les  bruicts  qui  courent 
par  delà  et  ce  que  Ton  y  escript  du  mariage 
du  fils  du  IL  D.  \. .  car  c'est  qu'il  ne  se  pour- 
ront mieulx,  et  n'en  fui  jamais  nouvelles  que 
à  ceste  condition. 

Quant  à  ce  qui  touche  madame  de  Cler- 
mont,  j'en  ay  faicl  faire  la  dépesche  suyvant 
voire  premier  advis  que  je  vous  envoyé  poui 
en  user  ainsi  que  vous  sçaurez  bien  faire,  el 
trouvant  bon  qu'elle  s'achemynast  pour  son 
retour  avecques  ma  cousine  mademoiselle  de 
Bourbon,  dont  j'ay  jà  parlé  à  ma  cousine  de 
Montpensier,  sa  mère.  Et  cependant  j'escris  à 
la  royne  ma  fille  qu'elle  achemyue  toujours 
madame  de  Vineux  à  ses  affaires,  et  qu'elle  si 
résolve  de  luy  laisser  entre  mains  la  garde  de 
ses  bagues:  ce  que  je  remects  à  vous  de  pré- 
parer et  disposer  ainsi  que  vous  jugerez  qu'il 
sna  à  propos.  Je  trouve  bon  et  raisonnable 
aussi ,  suyvanl  ce  que  vous  avez  escript  à  votre 
frère,  d'adverlir  ledict  sieur  Roy  mou  Gis  el 
madicte  fille  du  mariage  de  mon   cousin   le. 

là 


586 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE   MEDICIS. 


oonte  d'Eu  et  de  ladicle  demoiselle  '  ;  ce  que  je 
fais  présentement, afin  que,  arrivant  par  delà 
ledict  conte  d'Eu,  la  chose  soyt  plus  hono- 
rablement receue,  faisant  compte  de  le  faire 
partir  dedans  peu  de  jours  pour  aller  faire  les 
\isilations  de  ma  part  et  veoir  aussi  ladicte 
demoiselle.  Cependant, et  affin  que  vous  sachiez 
comme  toutes  choses  passent  par  deçà,  il  fault 
que  vous  entendiez  que,  depuys  notre  paie- 
ment d'Orléans,  la  doulceur  et  bonne  intelli- 
gence entre  ces  princes  icy  avoit  tousjours 
continué,  et  avoys  mis  peyne  de  les  conte- 
nir, si  bien  que  tout  estoit  transquille  et  en 
repos;  mais,  comme  les  humeurs  et  les  esprits 
se  remuent  bien  souvent  avecques  peu  d'occa- 
sions, le  roy  de  Navarre  est  entré  en  opinion 
que  Monsieur  de  Guyse  avoit  icy  plus  de  fa- 
veur et  d'autorité  qu'il  ne  devoyt,  et  que, 
estant  succédé  à  l'endroict  du  prince  de  Condé 
et  de  luy  ce  que  vous  sçavez,  dont  il  rejecte 
toute  la  coulpe  sur  ceulx  de  Guise,  s'esloil 
opiniastré  à  vouloir  qu'il  s'en  allast  de  ceste 
court;  et,  comme  il  a  veu  qu'il  ne  povoit  gai- 
gner  cela  sur  moy.  qui  ne  suys  pour  souffrir 
telles  choses  qui  ont  aparance  de  braveryes, 
il  a  voulu  s'en  aller  luy-mesme.  Et  quelques 
doulceur.  remonslrances,  prières  et  autres 
expédians  dont  j'ay  peu  user,  n'é  peuz  tant 
faire  que  jeudy  dernier  il  n'ayt  faict  venir  sea 
chevaulx  et  mulets,  troussé  son  lict,  et  ses 
gens  tous  bottés  prests  à  partir,  disant  qu'il 
ne  se  trouverait  jamais  en  lieu  où  fust  ledict 
sieur  de  Guyse,  ce  qui  a  amené  parmy  ceste 
compaignye  assez  d'enuy  et  de  peyne,  voyaut 
la  chose  passée  ainsi.  Toutesfoys,  j'ay  telle- 
ment faict  que  cela  s'est  adouley,  et ,  pour  le 
bien  et  repos  de  ce  royaulme,  tasche  par  tous 
moyens  à  les  rendre  amys  et  faire  oublyer  le 
passé,  ayant  accordé  que  ledict  prince  de 
Condé  viendrait  icy  saluer  Je  Roy  mon  fds, 
1  M"'  Anne  de  Bourbon-Montpensier. 


el  \  estant,  y  a  espérance  que  ceste  occasion 
produira  l'union  que  je  désire  y  veoir:  el 
dont  j'ay  bien  voulu  vous  advertir,  ne  faisant 
double  que  la  nouvelle  de  ceste  alarme,  qui .  à 
la  vérité,  a  esté  grande,  n'aille  bientost  par 
delà,  affin  que  vous  eu  puissiez  respondre  à  la 
vérité,  si  on  vous  en  parle,  en  la  meilleure 
forme  que  vous  pourrez,  et  de  sorte  que  l'on 
congnoisse  la  chose  encores  plus  doulce  qu'elle 
n'a  esté,  que  vous  pourrez  bien  colorir  sur  lé- 
gière  opinion  prinse  d'une  part  et  d'autre,  et 
des  rapports  que  font  bien  souvent  ceulx  qui 
sont  marriz  de  nous  veoir  en  quelque  repos. 
Pour  tout  cela,  vous  ne  laisserez  pas  d'asseu- 
rer  partout  que  riens  ne  sultirera  de  ce  que 
moudict  fils  désire  veoir  en  esdict  royaulme, 
vous  laissant  à  penser  si  je  suys  en  peyne 
d'avoir  à  dévider  toutes  ces  fusées,  dont  j'es- 
père toutesfoys  que  Notre-Seigueur  me  fera  la 
grâce  d'eschapper,  s'il  luy  plaist,  avecques  la 
pevne,  le  soing  et  bon  conseil  que  je  y  em- 
ployeray.  —  H  fault  aussi  que  vous  sachiez 
que,  depuys  cinq  ou  six  jours,  l'ambassadeur 
du  Pape  ayant  eu  audience  de  moy  pour  quel- 
ques affaires  qui  s'offraient,  entra  à  me  dire 
qu'il  entendoit  et  veoyoit  que  es  choses  de  la 
religion  on  n'alloit  pas  si  respectueusement 
que  l'on  avoit  accoustumé,  et  que  on  avoit 
dépesché  des  lettres  pour  faire  mectre  en  li- 
berté les  prisonniers  qui  estaient  pour  ce  dé- 
tenuz,  dont  le  Pape  serait  pour  se  scandaliser, 
entrant  sur  cela  plus  avant  qu'il  ne  devoit; 
si  bien  que,  voyant  qu'il  passoit  les  bornes 
de  l'office  qu'il  a  affaire,  je  ne  me  peus  gar- 
der de  luy  dire  qu'il  luy  devoit  suffire  de 
parler  des  affaires  de  son  maistre  et  ne  se 
mesler  point  de  ce  qui  se  faisoit  icy,  et  moin* 
l'interpréter  aultrement  que  bien;  et  que  je 
m'esbayssoys  plus  de  luy  encores  que  d'un 
autre,  m'estant  tenu  comme  il  est  et  sachant 
le  respect  que  j'ay  tousjours  eu  envers  sadiclr 


LETTRES   DE  CATHE 

Sainteté  el  ce  qui  concerne  l'honueur  de  Dieu 
el  bien  de  son  église,  où  je  vouldroys  bien 
<|ue  l'on  pourveisl  plus  par  effect  que  par  ap- 
parance,  voyanl  les  embaras  en  quoy  nous 
csiiniis.  ci  le  mal  que  personne  en  ce  royaulme 
ne  sentoit  plus  que  moy,  ne  qui  en  porte  plus 
de  regrets,  dont  il  se  trouva  estonné,  et  s'ex 
cusa  bien  forl  envers  moy,  me  disant  que  ce 
qu'il  en  disoit  estoit  comme  de  luy-mesme, 
pour  le  désir  et  l'affection  grande  qu'il  me 
porte  el  au  bien  de  cedicl  royaulme.  Sur  cela 
il  se  départit,  el  croy  qu'il  ne  le  cela  pas  à 
l'ambassadeur  d'Espaigne,  ou  dieu  qu'il  a  esté 
poulsé  d'ailleurs;  car  quelques  jours  après  il 
m'est  venu  trouver  et  m'a  tenu  quasy  ung 
mesme  langaige,  y  adjoustant  qu'il  n'y  avoit 
riens  au  monde  qui  peusl  tant  reffroidir  le 
Roy  catholique  son  maistre  du  mariage  que  je 
désiroys  de  ma  tille  et  de  son  fils,  que  s'il 
entendoit  que  je  permisse  que  en  ce  royaulme 
se  changeas!  ou  altérast  aucune  chose  en  la 
religion,  ne  que  tant  diminuas!  l'amyfié  qu'il 
me  portoil  ;  à  quoy-jedevoys  bien  penser.  Ma 
responce  l'usl  que  je  n'avoys  poinct  besoing 
d'estre  admonestée  de  telles  choses,  puisque, 
Dieu  mercv,  il  n'y  en  avovt  poinct  d'occasion, 
n'ayant  eu  intention  de  faire  souffrir,  ne  per- 
meclre  chose  qui  peusl  estre  justement  trouvé 
mauvais  de  Dieu,  ne  des  hommes,  quant  au 
faict  de  la  religion,  et  si  bien  la  ne'cessile'  du 
temps  m'avoit  conduite,  avecques  tout  le  plus 
sage  et  meilleur  conseil  que  j'avoyspeuprandre, 
à  m'accomnioder  à  quelque  doulceur  et  dé- 
monstration de  clémence  pour  les  choses  pas- 
sées  .  qui  n'est  que  pour  mectre  le  repos  en  ce 
royaulme  et  mieulx  establir  l'advenir,  il  ne 
lalloit  pas  interpréter  sinistrement,  estant 
l'intention  bonne  et  saincte  et  tandanl  à  l'hon- 
neur de  Dieu  el  unyon  de  son  peuple,  envers 
lequel  je  congnoissoys  que  la  doulceur  avoit 
desjà  beaucoup  vallu,  dont  il  monstra  demou- 


RINE   DE   MÉDICIS.  587 

rer  contant,  el  toutesfoys  ne  sçaj  s'il  en  es- 
cri  ra  en  la  pureté  et  sincérité  de  mon  inten- 
tion en  cesl  endroict. 

Après  tout  cela,  je  vous  diray,  Monsieur  de 
Limoges,  que  monsieur  de  Savoye  a  envoyé 
expressément  pour  le  laid  des  places  que  non;. 
avons  encores  de  luy,  mectant  en  avant  qu'il 
s'acommoderoil  aisément  à  nous  en  laisseï 
deux,  en  luy  en  rendant  Iroys,  et  que,  en  ce 
faisant .  ce  seroit  ouvrir  !e  chenivn  et  la  vo- 
lunté  au  Roy  catholique  mon  hou  lils.  de  luv 
rendre  aussi  celles  qu'il  a  de  ln\  ;  adjoustant 
à  cela  quelque  ouverture,  qui  est  assez  poui 
nous mouver,  avecques  le  désirque  nous  avons 
de  le  retenir  en  parfaite  amytié;  mais,  comme 
telles  choses  sont  d'assez  grande  importance, 
el  que  une  des  prinripalles  raisons  qu'il  laull 
considérer  en  cecy  est  de  faire  que  ledicl  sieui 
Roy  catholique  s'y  accorde  de  luy-mesme.  et 
fuvr  toutes  jalousies  qu'il  pourrait  prandre  eu 
cesl  endroict,  j'ay  esté  conseillée  d'escrire 
audict  sieur  de  Savoye  qu'il  en  doyl,  connue 
il  me  semble  aussi,  escrire  premièrement  au- 
dicl  sieur  Roy  d'Espaigne  et  lui  parler  de  la 
restitution  des  siennes,  faisant  en  sorte  que 
nous  nous  vouillons  accorder  à  luy  rendre 
par  ce  moyen  les  siennes  ou  la  plus  grande 
partie;  cela  ostera  tout  scrupule  et  sera  cause 
que  tout  s'en  portera  mieulx.  De  quoy  j'ay  bien 
voulu  vous  advertir,  non  pas  pour  en  parler  à 
personne,  mais  pour  avoir  l'œil  connue  cela 
sera  receu  par  delà;  dont  vous  ne  ferez  pas 
semblant  de  riens  sçavoir  et  m'advertirez  de 
ce  que  vous  en  aurez  découvert.  Estimanl  que 
ledicl  sieur  de  Savoye  ne  fauldra  d'en  escrire 
inconfinant  par  delà.  Pryant  Dieu,  Monsieur 
•  le  Limoges,  vous  donner  ce  que  plus  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  m  joui  de  mars 
i56o  (i56i). 

Catf.rinb. 
De  l'Aubespini  . 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


I  50  ! .        .'i  mars. 

■    ■■.....  i    3 . 

\  MADAME  LA  PRINCESSE  D'EVOLY. 

Pour  tesmoingnage  de  conlanle ni  que 

I  i\  de  la  grande  affection  et  dévotion  que  je 
sçay  que  vous  portez  à  la  Royne  catliolicque 
ma  fille  el  du  désir  que  j'ay  que  vous  conti- 
nuez, j'envoye  à  l'évesque  de  Lymoges  nostre 
unbassadeur  pardellà  une  petite  bague  pour 
vous  présenter  de  ma  part,  que  je  vous  prie 
recevoir  agréablement,  non  pour  la  valleur, 
mais  de  la  volunlé  lionne  de  laquelle  je  vous 
«  ii  faiz  présent,  que  je  désire  que  vous  gar- 
diez pour  l'amour  de  mov  et  continuez  à 
ayiner  el  la  mère  el  la  fille  autant  que  je 
m  asseure  que  faicl  Monsieur  le  prince  vostre 
bon  mary,  comme  il  m'a  tousjours  deinonstré; 
ce  que  je  n'oubliray  jamais,  ainsi  que  j'es- 
criptz  audict  évesque  de  Lymoges  vous  dire 
plus  avant  de  ma  pari,  dont  je  vous  prie  le 
cro)  ie  comme  vous  feriez  mov-mesmes.  l'rvanl 
Dieu,  Madame  la  princesse,  vous  avoir  en  sa 
sainte  el  digne  garde. 

Escript  à  Fontainebleau,  le  m  jour  de 
mars  i  5Co  (1  56i). 


I  56 1  •  —  i 

\   MADAME  l>K  CLERMONT. 

Ma  cousine,  javoys  tousjours  eu  espérance 
selon  mon  désir,  que  |  auroys  ce  bien  de  veoir 
le  Roj  catliolicque  monsieur  mon  bon  filz  en 
quelque  endroicl  de  noz  frontières,  el  que  lors 
je  prandrovs  occasion  de  '.mis  retirer  dedelà 
pour  plusieurs  misons;  el  entre  au  lires  avant 
sceu  que  Pestai  de  la  Royne  ma  fille  a  esté 
sans  avoii  aullre  égard  à  vostre  traicle- 

ni.  el  aussi  pour  osier  toute  jalouzie  dos 

li  [nolz  pendant  que  je  les  veo\  si  contans; 


maiz  le  cbangemcnl  depuis  survenu  qui  re- 
culle  du  tout  ladicte  entreveue,  aussi  le  désii 
que  j'ay  de  vous  avoir  près  de  mov  est  cause 
que  j'ay  pensé  ne  perdre  pas  l'occasion  de 
vous  rappeller,  quant  ma  cousine  de  Bourbon 
reviendra,  el  en  escriptz  ung  mot  à  la  Royne 
ma  fille,  et  à  l'évesque  de  Lymoges,  duquel 
vous  sçaurez  sur  ce  plus  avant  mon  intention. 
J'ay  receu  toutes  voz  lettres,  et  sceu  la  par- 
faicte  santé  de  madicte  fille  et  le  soing  el  tra- 
vail que  vous  v  avez  employay,  dont  j'ay  tel 
contantemenl  de  vous  que  je  désire  vous  voir 
el  mieulx  traictée  et  pin-,  contante  que  vous 
n'estes  pardelà,  sçachant  que  le  service  que 
vous  luv  avez  faict  et  l'affection  que  vous 
m'avez  tousjours  portée  le  méritent  aussi. 
Priant  Dieu,  ma  cousine,  vous  donner  ce  que 
désirez. 

De  Fontainebleau,  le  un  jour  de  mars  i  5Co 
(i56i)  '. 

Voici  la  réponse  de  Madame  de  Clermont  : 
•■  Madame,  j'a\  i  eceu  une  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'es- 
cripre  par  laquelle  me  mandez  que  je  m'en  aille  \oiis 
trouver  avecques  Mademoiselle;  J  quoyje  ne  fera;  faillie, 
encoresque  j'aye  grand  regret  de  laisser  le  service  de  ia 
Royne  vostre  fille,  je  m'eslimerois  bien  heureuse  d'avoir 
moien  de  vous  en  faire.  Je  suis  en  grand  payne  de  sçavoir 
pourquoi,  de  peur  que  l'on  vous  nit  ilil  que  j'aye  fait 
quelque  faulte;  à  quov  j'appeleraj  tousjours  pour  témoins 
le  Mov  son  «un  el  elle  et  Monsieur  l'ambassadeur  que  je 
crois  ne  vous  faillent  ce  qu'ils  cognoistroient.  Si  ne  seray- 
je  jamais  joyeuse  que  ne  soyez  certaine  en  la  vérité,  d 
quov  je  vciiis  supplie  nés  humblement,  vussi,  Madame, 
il  v  a  des  filles  de  la  Reine  vostre  fille  qui  s'en  veulent 

venir  avec  nous  | i  ce  que  leurs  pères  et  mères  les 

mandent  parce  qu'ils  les  veulent  marier;  vous  manderez, 
s'il  vous  plaist,  ce  que  vous  voulez  que  j'<  n  fasse;  ce  qui  me 
fait  vous  en  supplier  el  les  bons  services  qu'elles  ont  faictes 
,i  la  Royne  vostre  fille  el  que  cognoissanl  leur  sagesse  vous 

.•a, -7.  occasi le  vous  en  contenter,  el  v  a  jusques  à  des 

femmes  Quitinières  el  ma  niepee  de  Xoian  <  j  ni  esl 
marii  e.  Des  autres  choses,  Madame,  je  les  laisseray  peu: 
un  courrier  que  vous  doit  bientosl  dépescher  Monsieur 
l'ambassadeur  el  pour  supplier  très  humblement,   Ma- 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE   MÉDICIS. 


58'J 


61.  —  i  mars1.) 
Impur  !  II  ■  p.  839. 

A  MA  FILLE  LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  j'é  veu  par  vostre  der- 
uyère  letre  cornent  vous  conlyneués  à  vous 
byen  porler  ',  dequoyje  loue  Nostre-Signeur, 
corne  de  la  chouse  de  sel  monde  que  je  désyre 
le  pluls,  (|ue  de  vous  savoyr  (ousjour  en  ausi 
bonne  santé  que  je  vous  désire,  el  que  conty- 
noyés  eu  vostre  bonheur,  lequel  je  vous  prie 
de  vous-mesme  ausy  vous  ayder  à  le  nous 
fayre  contyneuer,  eu  vous  governenl  lent  au 
contentement  du  Roy  vostre  mari  qu'il  aye 
toute  jour  aucasion  de  vous  aymer  davantage; 
laquele  chause  devés  non  soulement  désirer 
pour  vostre  seul  contentement,  mes  pour  le 
byen  el  repos  de  toutte  la  créryenté,  qu'afyn 
que  ayés  pluls  de  moyen  d'entertenyr  l'amytyé 
qui  a\  si  eutre  luy  et  set  royaume;  qui  sera  ausi 
cause  de  vous  fayre  aymer  et  haunorer  davan- 
tage de  luy  et  de  tous  ses  sougés.  Et,  alin  que 
je  ne  puvse  jeamès  voyr  dymyneuer  rycn  de 

dame,  d'avoir  jamais  l'opinion  de  moy  que  comme  très 
humble  et  affectionnée  servante:  je  dis  plus  que  nulle  du 
monde  et  vous  supplie  d'avoir  toujours  reste  opinion 

-De  vostre  très  humble  et  très  obéissante  subjecte 
el servante, 

IfLoi  |SI    Dl    BbEI  l'.vE." 

(Orig.  Britisli  Muséum,  n°  187 '11.) 

'  La  lettre  précédente  nous  donne  la  date  de  celle-ci 
dont  elle  fait  mention;  elle  est  du  mois  de  mars «1 56 1  el 
non  3e  i56o,  ainsi  que  l'a  indiqué  M.  !..  Paris. 

Le  ao  mars  suivant,  l'évêque  de  Limoges  écrivait  à 
Catherine  :  -Le  Rov  et  la  Reine  catholique  ont  commencé 
à  se  remarier  depuis  cinq  ou  six  jours,  estant  ladicte 
Dame  en  son  naturel  et  hors  de  tout  danger,  bien  que 
je  désirasse  qu'elle  se  gouvernast  un  peu  plus  règlement 
à  son  vivre,  non  pas  qu'elle  no  soit  sobre  assez,  mais  se 
levant  à  heures  incertaines,  quelquefois  comme  elle  est 
jeune  et  de  bon  appétit  ne  se  peult  se  garder  de  manger 
(mitre  les  heures,  ainsi  que  j'ay  chargé  son  médecin  vous 
escripre.  afin  qu'il  vous  plaise  bien  dire  quelque  pelil 
mot.-     Bibl    nat.  fond?  français,  il    [5É 


sete  amylyé,  je  désire  ton  les  jour  davenlage 
le  mariageque  vous  savés;  pour  se,  n'y  perde 
heune  soûle  heure,  ny  heune  soûle  aucasion 
pour  le  povoyr  voyr  faysl.  Je  an  ayscri  à  l'am- 
basadeurtoul  sel  que  je  an  ué  aprins  ;  qui  sera 
cause  que    ne  vous  en  manderé  daventage 
Madame  ma  fylle,  voyent  comme  y  ne  m'es! 
possible  d'abandonner  le  Roj  vostre  frère,  el 
que  y  m'ect  haulté  le  moyen  de  vous  voyi  si 
tosl  que  j'espérès,  je  panse,  puisque  je  voj 
(jui  n'y  a  por  steure  la  comodylé,  qui   vault 
mieulx  que  madame  de  Clermont  s'an  vyegne 
avecque  vostre  cousine  de  Bourbon,  laquele  sa 
mère  a  accordée  en  mariage  au  conte  d  Eulx   : 
car  je  ares  peur,  si  voyé  que  ladyste  dam< 
Clermont  demeure!  encore,  qui  pensase  qu 
je  la  voleuse  lenyr  auprès  de  vous  pour  espion , 
et  que  cela  feut  cause  que  le  Roy  vostre  mari 
s'ettrangast2  de  vous.  Pour  se.  je  vous  prj  e  nan 
neslre  marrye  et  vous  aseurer  que  je  la  tréleré 
sy  byen  auprès  de  moy  que  aylle  ay  tout  le 
monde  conestra  cornent  je  ay  agréable  le  ser- 
v\se  qu'eie  vous  lia  fayst.  Je  vous  le   byen 
voleu   mender,  d'aven!  que  le   conte   d'Euh 
souyt  par  delà,  afin  que,  san  fayre  sanblanl 
que   pansyés  qu'ele  s'an  deuvesl  venyr,  que 
comandyés  à  madame  de  Vyneuix  d'antrer  an 
vos  afayres  el  luy  donnyés  la  cherge  de  vos 
bagues,  dysanl  que,  d'aullent  qu'ele  couchi 
en  voslre  chembre,  el  que  avés  coneu  cornent 
aylle  vous  ayst  fydèle,  que  vous  le  volés,  el  di 
communiqués  à  personnesesi  que  à  l'ambasa- 
deur,  qui  vous  consellera  comenl  vous  v  con- 
duvrés.  El  ausi  y  me  semble  que  (levés  dyi 
vostre  marv  cornent  Monsyeur  el  Madame  de 
Monpensier  vous  aunl  ayscript  que.  se  luy  ay 
vous  le  trové  bon.  j  doisl  acordé  le  mariage 
de  leur  fylle  audy  coule  d'Eulx;  el  pour  se  que 
Monsyeur  de  Lymoge  vous  fayra  entendre  byen 

\m.  h  note  de  la  page  171. 
S'etlranger,  s'éloigner. 


590 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MKDICIS. 


au  long  de  touttes  nous  nouvelles;  qui  sera 
cause  que  fayré  fyn,  après  vous  avoyr  priée 
de  me  coatyneuer  tousjour  en  la  bonne  grase 
deu  Roy  vostre  bon  mari ,  et  vous  asseurer  que 
n'arés  jamès  tant  de  heur  et  contentement  que 
vous  en  désire 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 

Je  vous  envoyé  heun  sotyé  '  ;  mes  vostre  bon 
frère2  vous  a  voleu  envoyer  le  chapelet  et  a 
voleu  ayscripre  dedan  le  sotyer. 

Je  ne  vos  aublyer  à  vous  dyre  que  l'amba- 
sadeur  vous  parlera  pour  le  fays  du  roy  de 
Navarre,  s'il  estoyt  posiblede  le  satysfayre  de 
quelque  chause,  se  seret  heun  grant  repos 
pour  moy.  Pour  se,  je  vous  prie,  suyvent  ce 
que  vous  en  dyra  l'évesque  de  Lymoges,  vous 
y  aniployer  de  bonne  fason. 


1561.  —  7  mars. 
Copie.  Bibi.  nat.  fonds  français,  n°  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Monsieur  Coignet,  ceste  dépesche  n'est  que 
pour  vous  advertir  que  nous  avons  receu  voz 
lettres  du  xxmc  dupasse;  à  quoy  le  Roy  mon- 
sieur mon  filz  faict  respon.se3,  qui  est  que  vous 

Sotyé,  psautier. 

Charles  IX. 

Voici  celte  lettre  de  Charles  IX  :  ttMonsieur  Coignet, 
par  vostre  lettre  du  izni'  passé,  j'ay  entendu  le  double  en 
i|Uoy  vous  estes  de  ne  pouvoir  contenter  tant  de  deman- 
deurs, et  comme  les  cappitaines  retournez  de  Piedmont 
nionstrent  ne  se  vouloir  pas  contenter  des  cinq  pour  cent 
et  si  veullent  les  escus  sol  à  xlvi  s.  pièce  et  des  fraiz  da- 
v.intaige;  à  tout  cela  et  aultres  plaintes  et  remonslrances 
portées  par  vostredicle  lettre,  je  ne  vous  réponderé  aullre 
chose,  synon  que  je  faictz  plus  que  je  ne  puys  en  baillant 
les  1111"  tant  de  mil  livres  dont  je  vous  ay  dernièrement 
escript,  au  payement  desquelz  je  donneré  ordre  qu'il  n'y 
aura  point  de  faulte;  vous  priant  regarder  et  préparer  et 


regardiez  par  le  moyen  des  1111e  tant  de  mille 
livres  qui  seront  envoyez  de  conlanter  les  plus 
fascheux,  sans  avoir  espérance  à  cause  des 
aultres  grandes  affaires  que  nous  avons  d'avoir 
aullre  chose  pour  le  présent. 

J'ay  aussy  receu  vostre  lettre  de  I'unziesme 
dudict  moys  avecques  le  pacquet  de  l'évesque 
de  Renés,  auquel  je  faictz  présenlement  res- 
ponse  que  je  vous  anvoye  pour  luy  faire  tenir 
le  plustost  que  vous  pourrez  par  la  voye  d'Aus- 
bourg,  d'où  il  escript  qu'il  vous  fera  ordinaire- 
ment tenir  ses  pacquelz  et  que  vous  payerez 
les  messagiers  qu'il  dict  ne  pouvoir  monter  à 
plus  de  troys  ou  quatre  escuz  pour  chascun 
pacquet  ainsi  qu'il  vous  mandera,  d'où  nous 
avons  grande  commodité,  d'aultant  qu'il  as- 
seure  que,  en  ce  faisant,  nous  aurons  tous  les 
xv  ou  xviti  jours  de  ses  nouvelles  et  luy  pourra 
avoir  des  nostres.  PryantDieu,  Monsieur  Coi- 
gnet, vous  donner  ce  que  plus  désirez. 

De  Fontainebleau,  le  vit0  jour  déniais  i56o 

(i56i). 

Caterine. 
De  l'Aubespine. 


(  1561 .  —  22  mars.) 

Imprime"  dans  les  Négociations  sous  François  II ,   p.  83 1 . 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  nia  fille,  vous  voyré  par  mon  aullre 
letre  comment  l'on  me  tourmente,  et  l'anvio 
que  l'ons  ha ,  encore  que  je  vive  comme  je  aco- 
teumé,  et  que  je  n'ay  changé  ni  envie  de  chan- 
ger de  religion,  de  me  fayre   heun   mauves 

disposer  les  choses  de  delà  en  sorte  que  ladicte  somme 
adoucisse  les  plus  grandz  inauW  et  me  donne  loysir  de 
prendre  aleyne  pour  achever  le  surplus  que  je  remectz  à 
vostre  dextérité  et  conduicte.  Escript  à  Fontainebleau,  le 
vu"  jour  de  mars  1060  (  i56i).-> 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


591 


luiir;  i[ui  aysl  cause,  puisque  je  \<>\  que,  subs 
la  umbre  de  la  religion,  je  ae  volet  haulter 
tous  mes  enfans  à  toulle  l'autorité  que  je  av, 
disant  au  roy  de  Navare  que  ni  governe,  que 
s'et  le  seul  moyen  pour  ravoyr  la  réconpansc 
de  son  royaume j  d'aultant  que,  ayant  tout  en 
sa  mayn,  i  lui  pouré  l'aire  comenser  touttes  les 
fouys  qu'il  voldré  la  guerre,  et  que  ayant  moy 
l'autorité  et  désirent  mcnlenir  la  pays,  que  je 
ne  permeleré  jeamès  que  la  guère  soufr  pour 
son  seul  regard,  cornent  il  est  vray,  car  je  l'an 
garderé  bien;  par  ansi,  si  vous  volés  que  je 
ay  repos  et  si  m'aymés,  m'amie,  faytes  tent 
enver  vostre  Roy  et  mari,  qui  lui  fase  quel- 
que  aseurense,  et  que  ynsin  que  seux  qui 
m'ont  voleu  aulter  vostre  [)ère,  et  depuis  di- 
vertir de  moy  le  Roy  vostre  frère,  ausi  qui 
avoit  peur,  set  je  governet  el  qui  me  demeuret 
entre  les  meyns,  que  .  .  .  pour  souvenir  quel- 
que l'oys  du  mauves  tour  qui  m'onst  et  me 
volet  encore  fayre,  qu'i  soient  trové  manteulx, 
et  que  le  Roy  vostre  mari,  si  veolt  fayre  quel- 
que ebause  pour  luy,  .  .  .  qu'i  me  le  mende 
pour  le  dire  au  roy  de  Navarre,  et  que  je  ay 
letre  de  luy  pour  luy  fayre  entendre  que  set 
qu'il  fayst  pour  luy,  s'et  pour  avoyr  entendeu 
de  moy  qu'il  ayst  bon  catolique;  et,  à  ma  re- 
queste,  lui  ba  balle  set  qu'i  lui  plaira  mender, 
et  si  ne  fayst  sela  pour  moy,  au  pour  le  moyns 
m'aseurer,  mes  que  je  le  voye,  que  contineuent 
en  la  religion  et  à  me  aymer  et  ne  faire  rien 
conlre  moy  que  me  aseure  le  satisfayre.  Et, 
ma  fdle,  il  fault  que  vous  fasié  tent  et  que 
le  persuadiés  par  touttes  les  perseuasion  que 
pourés  panser,  afin  qu'i  fase  cela  pour  moy; 
aultrement  il  me  tourmente  et  tous  seus  qui 
se  sont  jeoyns  avecques  luy,  non  pas  pour 
amour  qu'i  luy  portet,  mes  de  peur  de  moy; 

je  ne  panse 

pas  pouvoyr  vivre  longuement  en   set  tour- 
ment,  encore  que  aye  asés  de  serviteur  et 


d'amis  [tour  lé  guarder  de  me  rien  fayre.  Je 
veu  sel  que  me  mandés  du  conte  d'Albe  ! 
el  en  voy  écrire  au  duc  d'Albe  et  au  prince 
d'Evoli;  cl  yer  je  an  parles  à  l'ambassadeur 
qui  aysl  ysi,  pour  en  nescripre  au  duc  d'Albe. 
Je  luy  ayscrys  aussi ,  afin  qu'i  tiengneia  mayn, 
que  je  vous  puisse  bientôt  voyr;  car  sel  unis 
n'i  prenés  garde,  seus  qui  l'ont  des  brigues  ysi 
font  set  qu'i  peuvent  aveques  vostre  ambassa- 
deur, afin  que  je  n'aye  set  plésir,  et  le  con- 
selle  de  mander  à  son  mestrequ'i  tiegne  lotis- 
jour  en  parole,  mes  que  s'en  souyt  pas  si  tost. 
Pour  se,  asteure  que  en  serés  avertie,  fayte  de 
l'ason  qu'i  n'aye  sete  puisanse  de  l'ampescher. 
et  que  le  plus  tost  je  ay[e]  set  bien,  car  set 
tout  set  que  pour  set  [heure]  désire  en  sel 
monde 

Voslre  bonne  mère, 

Caterine. 


'  Voici  ce  qu'écrivait  la  Reine  d'Espagne  à  sa  mère  au 
sujet  de  cette  mort  :  *  Madame,  pour  la  hasle  de  ce  por- 
teur, et  je  ne  vous  dires  davantage,  sinon  que,  le  second 
jour  de  caresme,  le  comte  d'Alve  moureut,  comme  vous 
entendrés  plus  amplement  par  les  lettres  de  Monsieui 
l'ambassadeur.  En  foi  de  quoy  j'ay  beaucoup  perdu,  car  il 
commansoit  à  fort  bien  faire  son  devoir,  et  me  semble , 
Madame,  que  vous  feriez  fort  bien  d'escrire  au  dur  d'Alve 
et  a  lîtiy  Gomès,pour  afin  qu'jlz  sollissitassent  que  Beluv 
(|u'on  mettera  en  sa  place  soit  liomuie  qui  entende  ce 
qu'il  doit  faire,  combien  qu'en  sependant  le  Uoy  mon  sei- 
gneur a  commandé  audirt  duc  d'Albe  que  me  serve  di 
maior-domo  maior  tant  que  en  est  pourveu.  De  quoy  je 
suys  fort  ayse  pour  connoitre  l'afeclion  qu'il  a  en  tool 
ce  qui  vous  louche  et  à  moy  aussy.  Seroit-ce  bien  fait 
si  vous  le  trovez  bon,  lui  toueber  un  mot  du  contente- 
ment que  vous  avez  de  luy  et  du  bon  devoir  qu'i  faicl 
comme  je  le  vous  ay  mandé.  Je  prans  la  bardiesse  de  vous 
le  dire  de  sette  fasson,  m'assurant  que  vous  ne  les  trou- 
vères point  mauvais.»  (L.  Négociation»  sou»  Franco»  /). 
p.  8 1 6.) 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1501.  —  29  mars. 
Orig.  Communiqué  par  M.  le  marquis  des  MollsUers-Mc'riDïille. 

A  MONSIEUR  DE  ST-MESME, 

CIUMBELLAK   ORDINAIRE  DE  MOS  FIES   LE  DEC   DU1UOU. 

Mon  cousin  de  S'-Mesme,  j'ay  receu  vostre 
lectre  du  xxviiT  de  ce  moys  et  veu  ce  que 
mescripvez  de  l'estat,  santé  et  disposition  en 
laquelle  est  mon  fds  d'Anjou,  dont  je  suis  bien 
ayse,  et  pour  ce  que  le  Roy  mon  fds  et  moy 
partirons  bien  tost  d'icy  pour  aller  à  Reims 
au  sacre,  et  de  là  faire  son  entre'e  à  Paris,  je 
né  veulx  poinct  que  mondict  fds  vienne  par 
deçà,  ausi  qu'il  nous  attende  là  où  il  est  ',  jus- 
ques  à  ce  que  nous  soyons  audict  Paris.  Priant 
le  Créateur,  Monsieur  de  S'-Mesme,  qu'il  vous 
ayt  en  sa  saincte  garde.  Escript  à  Fontaine- 
bleau, le  xxixe  jour  de  mars  i56o  (i56i)." 

Caterine. 
Fizes. 


(1561.  —  Avril.) 

Imprimé  dans  les  négociations  sous  François  11 ,  p.  860. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROY-NE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  encore  que  je  vous  aye 
ayscrip  par  Monsieu  le  conte  d'Eulx,  si  ne 
larè-ge  pour  sela  vous  fayre  set  mot  [par] 
Montréal,  présant  pourleur,  que  Monsieur  et 
Madame  de  Monpansier  envoyé  pour  quérir 
ma  cousine  leur  fille2;  et  ancore  que  je  sache 
cornent  vous  l'avés  en  recomendatyon,  je  ne 
taré  pour  sela  à  la  vous  recomender,  d'aultent 
plus  que  l'amour  que  je  porte  à  la  mère  le 
mérite;  car  tous  les  jours  aylle  me  donne  au- 
casion  de  fémer  daventage;  car,  sans  aylle,  je 
ne  feuse  pas  encore  hen  repos  corne,  Dyeu 

1  Amboise. 

5  Anne  de  Bourbon,  fiancée  au  comte  d'Eu. 


mercy,  je  vous  puys  aseurer  d'y  estre;  car  le 
roy  de  Navarre  et  tou  les  prinses  du  sanc  et 
moy  somes  asteure  si  amys,  corne  vous  enten- 
drés  plus  au  long  par  set  que  je  an  mende  à 
l'ambassadeur1  pour  vous  le  dyre,  que  j'espère, 
aveques  l'ayde  de  Dyeu,  que  n'aurés  plus  que 
bonnes  novelles  de  set  coulé,  et  vous  prie  re- 
mersier  le  Roy  vostre  mari  desaunestes  aufres 
que  son  enbasadeur2  m'a  faystes  contyneuele- 
ment  devant  set  trouble,  lequel  j'euse  asepté 
en  ayfayst,  se  je  an  neuse  heu  besoyng;  mes, 
Dieu  mersi,  y  n'a  pas  aysté  nésesère,  et  vous 
le  pourés  aseurer  que  je  lui  en  né  la  mesme 
aublygalyon  que  se  yl  eust  ayté  besouyn  de 
mestre  les  hauneslres  paroles  qu'il  m'a  dyste 
en  aysécusion;  et  le  reconestré  toutte  ma  vye 
de  tout  set  que  je  oré  de  puyssance  de  l'am- 
ployer  pour  son  servyse.  Je  vous  veos3  byen 
dyre,  come  yl  est  la  vérité,  que  tout  set  trouble 
n'a  aysté  que  pour  la  hayne  que  tout  set 
royaume  porte  au  cardynal  de  Lourayne  et 
duc  de  Guise,  pensant  que  je  lé  voleuse  en- 
core remeltre  au  gouvernement  de  set  royaume , 
set  que  je  leur  ayseuré  que  non  ;  car  ausi  n'y 
suy-ge  pas  aublygée;  car  vous  savez  comment 
v  me  Irélet  du  temps  du  feu  Roy  vostre  frère; 
et  ancore  asteure  qui  n'ont  apuys  que  de  moy, 
vous  savés  set  qu'i  font  contre  moy  pour  le 
mariage  de  vostre  seur";  par  ensi  je  me  suys 
délybérée  de  lé  garder  que  l'ont  ne  leur  fase 
mal,  et  au  demeurant  regardera  la  conserva- 
tion de  vos  frères  et  de  moi,  et  ne  mesler  plus 
leur  quereles  aveques  les  myenes,  car  s'il  euse 
peu ,  aynsi  que  j'é  seu,  y  se  heusent  apoynté. 

1  L'évêque  de  Limoges. 

2  Perrenot  de  Cliantonnay. 

3  Veos,  veux. 

4  Marguerile  de  Valois  pour  laquelle  Catbeiine  pensait 
à  Don  Carlos,  tandis  que  de  leur  côté  les  Guise  cher- 
chaient  secrètement  à  le  marier  avec  leur  nièce  Marie 
Stnart. 


I.KTTUKS   [)K   C  ATI!  Kl!  I  NK   1>K   MKDICIS. 


593 


etm'eusenl  lésayé1  Là, corne  \  fonl  tousjourde 
tout  set  <iui  leur  peult  aporter  grandeur  el 
profit;  car  y  uni)  que  sela  dans  le  ceur.  Je 
vous  av  bven  voleu  mender  tout  sesi  byen  au 
long,  ;iliu  que  sy  mende  quelque  chause  par 
seu  moyn2  au  Roy  vostre  mari,  qui  luy  voleu- 
sent  fayre  acroyre  qu'i  feusenl  aylongné  ou 
pour  l'ayfaysl  de  la  religion  ou  pour  aultre 
aucasion,  afin  de  se  fortyfier  toujour  de  luy, 
que  \oiis  luy  en  dysiés  la  vérité  el  ne  l\  lésyé 
croyre  autre  chause.  Haunt3  ne  leur  veolt  mal 
que  pour  les  soltyse  qu'il  oui  faystes  à  tous  le 
monde,  faysant  acroyre  à  sens  qui  l'ayssoit, 
que  n'élovs  pas  bon crayliene ,  afin  de  me  mètre 
en  soupeson  de  tous,  et  que,  par  sel  moyen, 
je  ne  me  Case  pas  lia  heulx;  nie  dysant  que 
lous  me  volent  mal,  et  que,  sans  heulx,  je  ne 
demeure rès  poynt  an  la  autorité  que  je  suys, 
el  asteure  qui \oyent  que  j'é  permys  au  roy  de 
Navarre  d'estre  lyeulenant  général  du  Roy  mon 
fils  soubs  moy,  et  que  jeconè  toul  le  contrëre 
que  set  qu'i  m'avoyent  dyst,  et  que  je  n'aytoys 
hâve  que  pour  l'amour  d'eulx ,  v  sonl  aytonné. 
Pour  se,  ma  fille  m'amye,  ne  lésé  pas  croyre 
heune  menterie  au  Roy  vostre  mari,  et,  si 
vous  voyés  que  l'on  luy  en  veult  mandé  quel- 
que chause,  dite-luy  la  vérité;  el  l'aseuré  que 
je  ne  veulx  changer  en  ryen  ma  vye  et  relygion, 
et  que  set  que  je  souys  s'el  pour  conserver  vos 
frères  et  leur  royaume.  Et  pour  estre  plus 
àseurée,je  mènecoronner  vostre  frère  à  Rayns, 
lonsièmejourdemay,  et  le  vyntyème de jouyns 
à  Paris  fayre  son  entrée;  et  ayspère  aytablir 
tout  si  byen  que  vous  el  le  Roy  vostre  mari  en 
narés  contentement,  set  que  je  désire  byen  fort, 
el  que  me  conlyneuye's  en  la  bonne  grase  du 
Roy  vostre  mari.  Je  donne  charge  à  sel  pour- 
tour de  dyre  à  madame  de  C  ter  mont  de  s'an 

'    Lésayé  (lasciata),  laissée. 
J  Par  seu  moyn,  sous  main. 
3  Haunt,  on. 


venyr  aveque  ma  cousine  pour  laconpagner. 
^seuré-la  «pie  je  la  tréleré  si  byen  ysi,  que  j 
luy  fayré  connestre  comment  j'é  agréable  la 
pouv  ne  qu'el  a  prinse  à  vous  servyr,  el  mandé- 
niii\  par  aylle  byen  au  long  de  vos  novelles,  et 
m'anvoyés  ausi  heun  l\sl  de  reseuil  ',  de  même 
rlnv  que  anvoyastes  à  Monsieur  le  cardynal; 
el  ausy  dé  gans  de  mesnio  lé  dernier  que 
m'avés  envoyés,  comme  Montréal  vous  dira.  Je 
suvs  après  à  vous  envoyer  quatre  haquenées  el 
sis  gratis  lévrier,  pour  donner  au  llo\  vostre 
mari  et  à  la  princesse,  car  l'on  m'a  dyst  qu'i 
les  aymet.  Mandés-moy  s'il  y  a  aultre  chause 
en  sel  pays  qui  luy  plaise.  Je.  ne  vous  fayré 
plus  longue  letre,  prient  Dyeu  vous  donner 
set  que  vous  désyré. 

Vostre  bonne  mère, 

Caterink. 

Payste  acoleumer  madame  de  Yyneulx  à 
fayre  set  que  soulouy-  Madame  de  Clermonl . 
et  ne  permeté  pas  que  aultre  qu'elle  entre  en 
vos  afavres.  Madame  de  Courton  vous  prie 
donner  rongé  à  sa  fille  ausi  pour  se  venyr 
niarvor. 

1561.—  Avril. 

Imprime  dans  lefl  PfégocUlwna  <"».*  Franfon  //,  p.  86-i. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  RQYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  j'é  veusset  que  me  mandés 
louchant  le  mariage  de  la  Royne  vostre  scur  el 
du  Prinse,  et  voyant  que  sela  contineue.  el  qui 
senble  que  le  propos  set  réchaufet,  je  suys 
d'aupinion  que,  set  vous  croyés  que  vostre 
pettite  seur  ne  le  puyse  aypouser,  que  vous 
aidvés  à  la  prinsese  en  tout  set  que  vous 
pourrés,  afin  qu'elle  l'espose;  luy  disent  que 
la  chause  de  set  monde  que  vous  désyrés  le 

1  Reteuil,  ouvrage  de  lil  travaillé  à  joui 
Soulouy,  souloil. 


Catherine  ot  MtDicis.  —  p. 


59'i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


plus,  se  seret  qu'ele  aypousast  le  Roy  vostre 
frère,  et  vostre  seur,le  Prinse;  mes  voyenlque 
le  maryage  du  Prinse  el  de  vostre  seur  ne  se 
peut  fayre,  el  que,  par  mesme  moyen  ausi 
aylle  n'épouseret  pas  vostre  frère,  que  puysque 
vous  y  voye's  de  la  dyficoulté,  qui  n'y  a  chause 
qui  vous  en  peut  plus  réconforter  que  s'ele 
aypouset  le  Prinse;  que  pour  l'amytye'  que 
vous  luy  portés,  et  sele  que  vous  conésés  qu'elle 
vous  porte,  que  vous  désirés  qu'ele  souyt  la 
pluls  grande  qu'ele  pourayst  aystre,  et  avoyr 
quant  et  quant  set  byen  d'estre  toutte  vos  vyes 
ensemble,  et  que  vous  luy  prie's  de  vous  dyre 
ouvertement  en  set  qu'ele  panse  que  vous  luy 
puysyës  servyr  en  sela,  et  (jue  vous  luy  fayré 
conestre  cornent  vous  l'aymés  et  son  repos  et 
sa  grandeur.  Et  vous  couselle,  ma  fille,  d'aul- 
tent  que  vous  nous  aymés,  de  luy  ayder  et 
fayfe  tout  set  que  pouv es,  afin  qu'elle  l'épouse; 
car  vous  fayrés  en  sela  deus  ayfayst  :  le  un, 
si  se  douyt  fayre,  vous  l'aublygerés  à  vous  de 
fason  que  toutte  sa  vye  vous  aymera;  l'autre, 
que  en  luy  dysant  que  vous  désyrés  qu'el 
épouse  son  neveus,  vous  fayré  que  en  tout  set 
qu'ele  poura,  elle  metra  pouync  d'anpèclier 
seluy  de  vostre  beile-seur,  et  ausi  byen  je  ne 
voy  lieu  que  d'espérer  qu'il  épouse  vostre  seur 
\  n'y  a  pas  grant  fondement,  et  s'et  le  myeulx 
quy  vous  puyse avenir  et  à  nous,  que,  n'épou- 
sant vostre  seur,  yl  épose  sa  tente.  Je  ne  vous 
en  dyre  davantage,  car  je  m'aseure  que  ne 
fauldrés  à  fayre  set  que  je  vous  niende.  Je 
vous  ay  déjeà  ayscript  pour  parler  pour  avoyr 
quelque  réconpanse  pour  le  roy  de  Navarre; 
si  vostre  mary  ne  luy  veolt  rendre  son  royaume, 
et  pour  se  que  je  au  nescrips  à  Monsieur  de 
Lymoges  byen  au  long  sel  que  je  désirerès  en 
sela,  je  ne  vous  en  fayré  redyste;  mes  seule- 
ment vous  priré  que,  souyvant  set  que  je  luy 
ru  monde,  que  vous  luy  aydyés  en  tout  set  que 
pourés,  d'aulleul  que  vous  désirés  fayre  quel- 


que ebause  pour  moy;  car,  ma  fylle,  \  lauit 
qui-  je  vous  dye  que  tant  pluls  je  vaysennavent 
et  pluls  j'é  aucasion  d'estre  contente  de  luy, 
et  pour  se,  ma  fille,  que  en  set  faysant  y  seret 
content,  et  ausi  seret  beun  moyen  pour  par- 
venyr  à  sel  que  désire  vostre  mari,  que  y  faul- 
dret,  ayent  sete  réconpanse,  qu'i  s'au  alast  au 
lyeu  boù  seroyt  son  byen.  Pour  se,  ma  fille, 
considérés  en  sela  le  byen  que  vous  fayryés, 
si  vous  povyés  tant  fayre  qu'i  le  voleust;  et  je 
ares  pluls  de  moyen  de  fayre  ysi  toultes  chauses 
à  son  contentement.  Je  ne  vous  fayré  pluls 
longue  arengue,  m'aseurant  que  fayrés  par 
l'avys  de  l'ambasadeur  tout  set  que  pourés.  Si 
me  porte  byen,  ausi  faunt  tous  vos  frères  et 
seurs;  je  prie  à  Dyeu  que  ausi  fasyé-vous,  et 
que  vous  contineue  vostre  bonheur  et  conten- 
tement aussi  longuement  que  vous  le  désire 
Vostre  bonne  mère, 

CaïERINE. 


1561.  —  ie  avril. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Monsieur  Coignet,  avecques  voz  deux  der- 
nières dépêches  à  quoy  est  présentement  res- 
pondu,  j'ay  receu  les  lettres  que  vous  m'esenp- 
vez  el  ne  faietz  doubte  que  ne  soyez  infiniment 
travaillé  des  humeurs  diverses  et  avarice  grande 
des  gens  ausquelz  vous  avez  affaire  ;  mais  ayant 
les  1111e  xx  mille  livres,  dont  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  escript,  ce  vous  sera  ung  moyen 
de  faire  cesser  beaucoup  de  plaincles,  estant 
bien  d'advis  que  vous  fassiez  bien  sonner  et 
entendre  pardelà  l'iniquité  des  intérestz  et  de- 
mandes d'aucuns  si  desraisonnables,  que,  quant 
elles  seroyent  bien  considérées  par  les  sieurs 
des  Ligues ,  je  suys  seure  qu'il  seroit  aysé  de  leur 
en  rabatre  une  grande  partye;  ce  qui  est  néan- 
moingtz  remis  à  vostre  discrétion,  qui  cognois- 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉD1C1S. 


sez  quelz  gens  sont  pour  n'y  innover  riens  que 
bien  m  poinct.  Bien  suys-jed'advisquevousayez 
lionne  souvenance  de  ceulx  qui  font  si  mau- 
vais office  pour  ne  les  oublyer  pas  en  Testai 
•  pensions  de  l'année  prochaine  selon  qu'ilz 
méritent.  Présentement   j>'  vous  envoyé  ung 
[uel  pour  faire  tenir  à  l'évesque  de  Renés, 
<|ue  je  vous  prye  lu\  envoyer  le  plus  tost  ci  le 
|)lus  seurement  que  vous  pourrez,  et  continuez 
tenir  adverliz  de  ce  qui  y  surviendra. 
Prvanl  Dieu,  Monsieur  Coignet,  vous  avoir  en 
incte  garde. 
Bscript  à  Fontainebleau,  le  premier  jour 
d'apvril  t56o  (i56i). 


Caterine. 


Dk  l'Acbespine. 


1561.—  iK  avril. 

-  Végoàations  soos  '  ..  S&4. 

\  MO.NSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  la  lettre  de  ma  main 
vous  satisfera  sut  la  plus  importante  chosi  de 
la  despesche  que  je  receus  hier  par  l'un  de  vos 
vallets  de  garderobhe,  dont  vostre  frère  m'a 
faicl  \eoir  trois  lettres,  par  où,  de  celles  de  la 
royne  ma  tille,  j'ay  bien  au  long  entendu  le 
goust  que  l'on  commance  à  prandre  par  delà 
du  gentilhomme1,  chose  qui  me  desplail  tant 
que.  suivant  la  dernière  lettre  de  ma  main, 
que  Madame  ma  fille  vous  monstrera,  je  veulx 
et  désire  qu'elle  et  vous  fassiez  tout  ce  que 
m  h-  sera  possible  pour  rompre  ce  coup2,  et  le 
faire  tomber  à  latente,  si  mieulx  ne  se  peult; 
caril  n'y  arien  que  je  ne  veuille  plustost  lanter 
el  bazarder  que  de  veoir  ce  qui  me  desplairoit 
tant,  et  qui  nous  seroit,  à  elle  et  à  moy,  si 
dommageable  et  à  ce  royauhne  aussi.  Ce  qui 
me  donne  asseurance  que  vous,  le  cognoissant 

Marie  Stuart  qu'elle  désigne  ainsi. 
J  Le  mariage  de  Marie  Sluart  et  de  don  Carlos. 


comme  vous  faictes,  \  ferez  autant  que  vo 
aymez  notre  service,  comme  vous  me  l'avez 
assez  faict  cognoistre;  dont  je  ne  vous  diraj 
aultre  chose,  et  viendray  à  ce  qui  touche  le 
l'ail  de  midi  frère  le  roy  de  Navare,  auquel  je 
me  sens  tant  tenue,  pour  la   démonstration 

ide  qu'il  fait  véritablement  en  mon 
droicl  et  au  bien  et  service  du  Roj  nom  Gis. 
Vous  priant  faire  tout  ce  que  \>>us  pourrez 
envers  le  Roy  catholique  mon  bon  fils,  afin  qu'il 
se  veuille  accommoder  à  luy  faire  raison  de 
son  royaulme,  comme  semble  que  l'équité  el 
la  juslice  le  requèreiit  devant  Dieu  et  les 
hommes; et,  si  bien  lajalouziedudicf  royaulme 
le  retienne  tant  qu'il  ne  veulle  entrer  là.  qu'il 
luy  plaise  au  moins  penser  et  bien  considérer 
qu'une  si  juste  querelle  ne  demeure  jamais 
sans  scrupulle;  que,  à  la  fin,  l'ire  de  Dieu. 

qui  est  le  vray  juge, 

dont  il  soit   bon   d'eschapper,  comme    ledicl 
sieur  Roy  mondict  fils  pourroit  faire,  en  baillant 
quelque  pièce  qui  ne  luy-  est  d'importam  i 
comme  la  Sardaigne  ;  et  s  il  veoyt  qu'elle  lu\ 

soit  de  quelque  importance 

et  s'osteroit  une  grande  espine  du  pied.  Ce 
que  j'en  fais  est  pour  son  bien,  repos,  et  aussi 
pour  ce  que  je'  cherche  par  tous  moiens  de 
rendre  quelque  contentement  à  mondict  frère 
le  roy  de  Navare,  digne  de  ce  qu'il  mérite  de  sa 
bonté  et  affection  envers  le  Roy  el  moy  la 
Royne,  et  que  je  seray  bien  aise  qu'il  n'y  ayt 
jamais  occasion  sortant  d'icy  qui  puisse  trou- 
bler tost  ou  tard  le  repos  dudict  sieur  llo\ 
mondict  fils  et  de  [se]  païs,  dont  je  ne  vous  sau- 
rais tant  dire  que  j'en  ay  d'envye,  remettanl 
le  surplus  à  la  première  despesche  que  vous 
aurez  bien  lost  de  nous.  Priant  Dieu,  Monsieur 
de  Limoges,  vous  avoir  en  sa  garde.  Ëscript  de 
Fontainebleau,  le  premier  jour  de  avril  t  T. *j <.. 
(t56i). 

i  /'■  sa  main.)  Monsieur  de  Lymoges,  encore 


596 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


que  le  roy  de  Navarre  fase  bonne  myne  de  m'ay- 
mer  corne  je  panse ,  si  serei-je  bycn  ayse  qu'i  eust 
la  re'companse  de  son  royaume;  car  sela  seret 
cause  que,  si  demeure  ysi ,  y  m'en  serel  aubligé, 
et  faret  daventage  pour  moy;  s'i  s'en  volet 
aler  s'y  tenyr,  encore  myeulx,  car  y  ne  trou- 
bleret  plus  ryen  ysi;  et  aytent  là,  y  pouret 
servyr  avoyr  quelque  cbause  pour  heun  de 
mes  enfans.  Je  say  bien  que  fault  pas  dyre 
sesi  hoù  vous  aytes,  pour  leur  fayre  fayre; 
mes  je  vous  en  mende  mon  yntentyon  et  tout 
le  désayn  que  j'é  en  sella,  afin  que  plus  volon- 
tyer  vous  y  enployés  tous  vos  moyens  pour  y 

parvenyr. 

Caterine. 

1561.  —  17  avril. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n*  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Monsieur  Coignet,  nous  vous  avons  si  ample- 
ment respondu  sur  le  contenu  en  voz  dernières 
dépesches,  et  mesmes  quant  à  ce  qui  con- 
cerne le  faict  de  la  traicte  du  sel  pour  aucuns 
particuliers  du  canton  de  Berne,  qu'il  ne  me 
reste  à  vous  en  dire  aultre  chose  pour  ceste 
heure  que  ce  que  vous  en  aurez  veu  par  ce  qui 
vous  a  este  mandé  par  cy-devant.  Bien  ay-je  à 
vous  ad\erlir  pour  respondre  à  vos  lettres  du 
vnc  de  ce  moys  que  j'ay  receues  depuys  deux 
jours  en  ça ,  que  nous  avons  esté  bien  ayses  d'en- 
tendre que  vous  soyez  en  quelque  espérance 
de  faire  entrer  ceulx  dudict  Berne  et  Zurich  en 
l'alliance,  et  que,  pour  cest  effect,  vous  soyez 
allé  jusques  audict  canton  de  Zurich  et  mesme 
pour  plus  f'acillemeiil  obviera  la  praticque  dont 
vous  nous  donnez  advis,  laquelle  n'est  pas  de  si 
petite  importance  que  nous  n'en  ayons  jà  quel- 
que sentiment  d'aillieurs  et  qu'il  ne  soyt  bien 
nécessaire  que  vous  y  veillez  dextreinent  et 
soigneusement  et  mettez  peine  de  descouvrir 


ce  qui  en  sera  à  la  vérité  pour  vous  y  opposer 

et  l'empescher  par  tous  les  meilleurs  moyens 

qu'il  sera  possible,  de  sorte  que  vous  rendez 

veine  l'entreprise  de  ceulx  qui  en  vouldron! 

faire  la  menée,  et  gardez  qu'il  ne  se  face  chose 

si  préjudiciable  au   bien   des  affaires  de  ce 

royaume,  en  laquelle  il  ne  fault  pas  doubter 

que  les  aultres  ne  s'employent  jusques  au  bout. 

J'ay  faict  sçavoir  au  trésorier  de  l'Espargne  s'il 

y  aura  moyen  que  vous  puissiez  avoir  quelque 

argent  à  Lyon  pour  la  fin  de  ce  moys,  il  m'a 

asseuré  qu'il  a  depesché  partout  à  ceste  fin,  et 

espère  que  pour  la  fin  de  cedict  moys  ou  le 

commencement  du  prochain  il  se  pourra  bien 

trouver  audict  Lyon  jusques  à  cinquante  mil 

livres  dont  vous  serez  tousjours  adverty  d'heure 

à  aultre  pour  vous  en  ayder  à  ce  qui  sera  le 

plus  pressé,  en  attendant  le  surplus  de  voz 

inic xxml.,  à  quoy  vous  pouvez  bien  croyre  qu'il 

ne  se  trouverra  point  de  faulte  au  temps  qui 

vous  a  esté  escript  par  cy-devant.  Pryant  Dieu , 

Monsieur  Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  garde. 

Escript  à  Fontainebleau ,  le  xvn°  jour  d'apvril 

i56i. 

Cateri;\e. 

BoURDIN. 


1561.  —  Mai. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  I! ,  p.  855. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROINE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  le  mari  de  voslre  nourise 
s'en  va  pour  vous  voyr;  je  l'ay  byen  \oleu 
aconpagner  de  set  mot,  afin  qu'il  aye  mylleui 
moyen  de  parler  à  vous,  et  ausi  pour  le  vous 
recomender  ;  y  vous  contera  bien  au  long  de 
nous  novelles  et  de  la  santé  de  vos  frères  et 
seur,  que,  Dyeu  mersi,  set  portet  très-byen. 
Vostre  seur  de  Lorayne  me  vyendra  voyr  à 
Bayns,  au  sacre  deu  Boy  voslre  frère.  Je  ne  se 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


597 


qui  vous  a  mandé  lanl  de  menterie,  de  dyre 
,|ik'  je  ne  tenès  conte  d'elle  ny  de  son  mari; 
car  ta  ni  s'an  fault,  qu'eie  a  heu  plus  de  no- 
velles  de  moy  et  de  son  frère,  depuys  la  mort 
de  mon  lils.  que  n'ai)  navest  heu  auparavant 
en  tout  le  temps  qu'el  avesl  ayltî  toutes  les 
deus  fouyscheusayile,  et  si  son  oncle  governès; 
mes  je  suvs  sa  mère  et  la  vostre,  qui  nous  la\  ré 
tousjour  conestre  à  toulle  deus  qui  n'i  a  per- 
sonne qui  vous  ayme  tent  à  bocup  près  que  je 
fouys.  Pour  se ,  couèsés  que  Ton  ne  vous  mande 
par  delà  (pie  menterie,  pour  me  fayre  hayr, 
si  l'on  pouvet,  et  aystimer  de  mauvèse  nateure, 
afin  que  l'on  ne  se  fie  pas  len  en  moy;  pansant 
que  se  je  l'aile  à  ma  propre  fille,  quelle  seureté 
l'on  pourré  avoyr  en  moy?  Pour  se,  si  l'on 
vous  en  parle,  ne  craygné  d'en  dyre  sel  que 
je  vous  en  mende ,  car  s'et  la  vérité ,  et  m'aseure, 
si  escrivés  à  vostre  seur  de  la  vous  mender,  que 
vous  voyré  set  qu'eie   vous  aycripré,   encore 

que  je  n'ay ryen  voleu  mander,  car  je 

m'aseure  qu'eie  seret  marie  de  croyre  le  tour 
que  l'on  me  faysl;  mes  je  prans  tout  en  pasiense. 
Le  prinsipal  ayst  que,  Dyeu  mersi,  j'é  tout  le 
comendement,  et  que  je  comense  peu  à  peu 
acomoder  loutles  chause  de  l'ason  que  je  ne 

me  sousi plus  de  touttes  leur  menteries, 

qui,  aveques  l'ayde  de  Dyeu,  naront  servy  que 
à  me  fayre  conestre  leur  bonne  volunté  en  mon 
androyt.  Ne  vous  tourmenté  poynl  de  touttes 
ses  folles  chauses  que  l'on  vous  aycript  par 
delà,  et  vous  en  reposés  sour  se  que  je  an 
mande  aurdinèrement  à  l'ainbasadeur,  car  je 
ne  fauldré  de  le  tenyr  tousjour  sy  byen  avril  y 
que  vous  garés  tout,  corne  set  vous  feusiez  ysi. 
Recomendé-vous  tousjour  byen  à  Dyeu  et  le 
reconèsés  cornent  vous  devés,  et  aseuré-vous 
qui'  vous  ne  lara  '  jeamès 
Vostre  bonne  mère, 


Caterine. 


Lara,  laissera. 


I  .Mil .  —   i  'i  mai. 
Copie.  Bibl.  naL  fonda  fr pis,  n  '  17981. 

\   MONSIEUR  COIGNKT. 

J'ay  receu  les  Ici  1res  «pie  m'avez  escriples 
des  xxi,  xxvi  et  xxix  du  passé  et  un0  du  pré- 
sent, ainsy  que  nous  estions  jà  parliz  de  Fon- 
tainebleau pour  venir  au  sacre  du  Roy  monsieur 
mon  lîlz,  qui  se  fera  demain  en  ceste  ville 
avecques  la  grâce  de  Dieu,  en  grande  et  notable 
compagnye  et  avec  les  louables  céry  monyes  qui 
ont  lousjours  esté  observées  en  semblable  ras; 
et  estant  chose  qui  tient  toute  ceste  compagnie 
de  princes  et  seigneurs  grandement  occupes .  <•! 
qui  ne  permect  pas  que  nous  nous  puissions 
assembler  jusques  à  nostre  retour  à  Villiers- 
Costeretz,  où  je  faietz  compte  d'acheminer  le 
Roy  mondict  sieur  et  filz  dès  samedy  pro- 
chain, j'ay  remis  à  adviser  sur  le  faict  de  la 
traictedu  sel  dont  font  mention  vosdictes  lettre 
jusques  à  ce  que  ceulx  du  Conseil  soyent  ras- 
semblez audict  lieu,  dont  je  vous  feray  incon 
tinant  sçavoir  la  résolution  qui  y  aura  esté 
prise  que  je  hasteray  le  plus  qu'il  me  sera  pos- 
sible, ainsy  que  je  veoy  l'affaire  le  requérir. 
Cependant  ce  mot  de  despesche  ne  sera  que 
pour  vous  envoyer  ung  mémoire  que  le  tréso- 
rier de  TEspargne  me  vient  de  bailler  de 
11e  xi.vm  I.  qu'il  dict  estre  dès  à  présent  arrive/,  à 
Lyon,  la  pluspart  des  escuz  testons  et  réalles, 
sur  les  1111e  xxm  I.  qui  vous  doibvenl  estre  fourni/, 
dedans  la  Sainct-Jehau  prochaine,  allin  que 
vous  advisiez  de  vous  en  ayder  au  payement  de 
partyedeeequi  est  deu  par  delà,  selon  que  vous 
cognoistrez  estre  plus  expédient  et  nécessain 
ei  que  vous  le  m'avez  escript  Ordinairement.  Le 
surplus  sera  audict  Lyon  au  temps  qui  vous  a 
lousjours  esté  mandé,  me  l'ayant  ledicl  trésorier 

ainsy  asseuré  et  luy  ayant  bien  expressément 
commandé  d'y  donner  si  bon  ordre  qu'il  ne 
s'v  trouve  point  de  faillie.  Je  vous  ay  faict escrire 


598 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MEDIGIS. 


cy-devant  que  vous  eussiez  à  vous  trouver  à  la 
diette  assignée  à  Basle  pour  le  différend  que 
mon  frère  le  duc  de  Savoyc  a  avec  ceuix  de 
Berne,  affin  d'y  moyenner  et  faire  tout  le  meil- 
leur office  qu'il  vous  sera  possible  selon  l'as- 
seurance  que  le  Roy  mondict  sieur  et  filz 
pi  moy  en  avons  en  vostre  prudence  et  dexté- 
rité, et  estant  chose  à  quoy  nous  désirons  que 
vous  ne  faicles  point  de  faulte,  je  le  vous  ay 
bien  voulu  recorder  de  nouveau  par  la  pré- 
sente  que  je  finiray  après  vous  avoir  dicl  que 
je  remecteray,  suyvant  vostre  advis,  à  faire  res- 
pouce  aux  quatre  lettres  que  m'avez  envoyé 
des  sieurs  des  Ligues  jusques  à  ce  que  vous 
m'avez  envoyé  le  mémoire  de  ce  que  je  leur 
devray  respondre  et  adverty  du  temps  dedans 
lequel  il  sera  besoing  que  vous  ayez  mes  lettres 
pour  les  leur  présenter.  Pryant  Dieu ,  Monsieur 
Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincte  garde. 
Escript  à  Reims,  le  xnifjour  demay  1 56  j . 

Caterine. 

BoURDIN. 

1561.  —  26  mai. 
Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français,  n°  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

MunsieurCoignet,  par  la  lettre  que  je  vous  ay 
^scripte  du  xiin0  de  ce  moys,  je  vous  ay  mandé 
comme  je  ne  pouvoys  faire  résouldre  le  faict  de 
la  traicte  de  sel  que  demandent  les  Suysses  jus- 
ques àceque  nous  feussions  retournez  àVilliers- 
Costeretz  et  que  là  en  l'assemblée  de  tout  le 
Conseil  du  Roy  monsieur  mon  filz  je  y  eusse 
laid  prandre  une  bonne  résolution;  mais  pour 
ce  que  depuis  noslre  partement  de  Reims  nous 
ivons  changé  d'advis  sur  le  séjour  dudirl 
\  illiers-Costerctz  et  avons  remis  de  l'aller  faire 
au  chasteau  de  Roullongne  qui  est  près  de 
Paris,  vous  ne  pourrez  avoir  encores  ladicte 
résolution  de  quelque  temps  pour  l'advance- 


ment  de  laquelle  je  feray  faire  toutes  fovs  tout 
ce  qui  sera  possible.  Cependant  j'ay  bien  voulu 
vous  faire  tenir  la  response  que  le  Roy  mon- 
sieur mon  lîlz  faiel  aux  quatre  lettres  des  sieurs 
des  Ligues  suy\ant  la  minutie  et  le  mémoire 
que  vous-mesmes  m'en  avez  envoyé.  Suyvant 
laquelle  response,  dont  la  coppie  sera  enclose 
avec  la  présente,  vous  pourrez  advertir  les 
Suysses  qui  ont  argent  au  grand  parly  de  se 
retirer  à  Lyon  vers  l'évesque  d'Orléans J  et  le 
sieur  de  Malralz  pour  faire  compte  de  ce  qui 
leur  est  deu  de  leur  principal  et  adviser  de 
leurs  intérestz.  Et  quant  aux  cappitaines  de 
Pyedmont,  si  veoyez  qu'après  avoir  tante  tous 
moyens  vous  n'en  puissiez  eschapper  à  plus 
doulce  condition  que  de  huict  pour  cent,  il 
fauldra  que  vous  passez  oultre,  leur  faisant 
quitter  la  promesse  qu'ilz  ont  d'estre  payez  en 
escuz  xlvi  s.  pièce,  et  la  demande  qu'ilz  pour- 
roient  faire  de  quelques  fraiz.  Le  surplus  de 
ladicte  response  gist  en  la  distribution  de  voz 
1111e  xxm  1. ,  de  laquelle  le  Rov  mondict  sieur  el 
filz  et  moy  nous  reposons  sur  vous  entièrement . 
ayantz  escript  au  trésorier  des  Ligues,  auquel 
nous  faisons  délivrer  toute  ladicte  somme,  qu'il 
n'en  face  aucun  payement,  distribution  ny 
aultre chose  quelconque,  synon  ainsy  (pie  vous 
luy  commanderez  et  ordonnerés,  et  vous  advêr- 
tisse  de  jour  à  aultre  de  ce  qu'il  aura  receu  sui 
ladicte  paitye,  et  mesme  vous  en  envoyé  les 
bordereaux  pour  après  luy  mander  ce  qui! 
aura  affaire  et  nous  gaigner,  si  vous  pouvez, 
les  fraiz  du  convertissement2,  suyvant  l'espé- 
rance que  vous  nous  en  avez  donnée  et  le 
debvoir  et  la  poyne  que  je  sçay  que  vous  pren- 
drez. Et  si  ledict  trésorier  faict  faulte  à  chose 
que  vous  luy  escripvez  et  ordonnez ,  advertissez 
m'en,  et  je  vous  asseure  qu'il  le  sentira  à  bon 
essient;  il  est  vray  que  vous  ne  pourrez  pas 

1  Morvilliers. 

1  Convertissrmnil ,  change. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


599 


faire  eslat  île  toute  ladicte  partye  de  imc  \.\'"  1., 
car  il  fault  que  là  dessus  ledicl  trésorier 
preigne  ses  gaiges,  ainsy  qu'il  est  raison- 
nable, et  que  je  pense  que  vous  l'avez  tous- 
jours  bien  entendu.  Je  n'ay  pas  encore  veu 
testai  que  \ous  ave/,  dressé  pour  cesle  aimer, 
mais  si  ne  lesserai-ye  de  me  louer  du  mesnaige 
que  vous  y  avez  faict,  ainsy  «pie  j'ay  veu  par 

re  lettre  du  vm°  de  ce  moys  et  vous  prye 
croyre  que  je  ne  seray  pas  celle  qui  vous 
escrira  pour  l'augmenter  et  qui  ne  trouve  tou- 
jours bon  ce  qui  se  pourra  faire  de  diminution 
et  d'espargne,  ainsy  que  nous  en  avons  bon 
besoing  de  toutes  partz.  Je  feray  veoir,  après 
nostre  arrivée  audict  Bologne,  ce  que  vous  avez 
dressé  pour  le  renouvellement  d'alliance,  affîn 
de  vous  pouvoir  mander  ce  qui  aura  esté  advisé 
là  dessus;  mais  cependant  il  fault  que  je  vous 
die  que  je  tiens  bien  fort  bonne  la  façon  dont 
vous  avez  délibéré  procéder  pour  attirer  en 
ladicte  alliance  les  deux  principaux  quantons, 
que  je  suys  bien  d'advis  que  vous  suyviez  selon 
ce  que  vous  nous  en  discourez  par  vostredicte 
lettre,  qui  est  si  bien  et  si  saigement,  qu'il 
n'ait  possible  de  plus;  mais  que  vous  ayez  faict 
faire  la  distribution  de  vostre  argent  et  que 
vous  verrez  que  les  affaires  de  delà  pourront 
comporter  vostre  absence  pour  quelque  temps, 
je  trouverray  fort  bon  que  vous  entreprenez  le 
veoiage  que  vous  désirez  faire  en  cesle  court 
pour  nous  venir  rendre  compte  de  toutes 
choses  et  adviser  d'y  prandre  une  si  bonne  ré- 
solution que  nous  nous  puissions  veoir  en 
repoz  de  tout  ce  qui  restera  à  faire  de  ce 
costé  là. 

Je  me  trouve  en  peyne  du  faict  des  passe- 
portz,  car  j'avoys  tousjours  faict  estât  que  vous 
accorderez  avec  le  sieur  de  Savigny  de  la  façon 
qu'on  y  pourrait  tenir,  pour  garder  qu'il  ne  s'y 
face  point  d'abbuz  et  par  mesme  moyen  con- 
tenter ceulx  qui  en  foDt  instance.  J'en  escriptz 


de  nouveau  audict  sieur  de  Savigny;  et  si  cela 
ne  se  vuyde  eutre  -i  el  le  veoiage  que  vous 
ferez  par  delà,  je  vous  prye  que  vous  ne  l'aillez, 
en  passant  à  Lyon,  d'en  adviseravec  luy,  pour 
nous  raporter  ce  que  vous  en  aurez  résolu  par 
ensemble  et  sur  vostre  advis  et  résolution  re- 
garder à  nous  en  meclre  dehors.  Pryant  Dieu, 
Monsieur  Coignet,  qu'il  vous  ayt  en  sa  saincle 
el  digne  garde. 

Escript  à  Soyssons.  le  wvi  jour  de  maj 
i56i. 

ClTi.i 
BoUItDIN. 


1561.  —  2o  juin. 

Orig.  Cibl,  nat.  fonds  français,  n°  66o5  ,  ! 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

La  lectre  du  Roy  monsieur  mon  filz  est  si 
ample  qu'elle  satisfaict  à  tout  ce  que  nous 
avons  eu  de  vous  par  voz  deux  dernières  dépes- 
ches ;  sur  quoy  je  ne  vous diray rien da van taige, 
si  n'est  que  je  vous  prie,  s'ilz  parlent  par  delà 
de  l'assemblée  que  nous  faisons  et  qu  ilz  la 
voulsisscnt  autrement  interpréter  qu'elle  nVsi . 
leur  faire  bien  entendre  la  cause  qui  nous 
meut  de  ce  faire,  qui  est  si  juste  et  si  raison- 
nable que,  au  lieu  d'estre  blasmée  oucalump- 
niée,  je  m'asseure  qu'elle  sera  louée  et  ap- 
prouvée d'un  chacun.  La  nécessité  nous  press 
et  contrainct  de  façon  que  nous  ne  pouvons 
faire  moingsque  cela;  quoyqu'il  en  ayt,  il  me 
desplait  grandement  que  leur  ambassadeur  ou 
autre  leur  calumpnie  noz  actions  et  leur  face- 
l'on  par  de  là  entendre  toutes  choses  au  con- 
traire qu'elles  ne  sont  au  préjudice  de  ma  ré- 
putation; car,  Dieu  mercy,  encores  qu'il  y  ayt 
de  grandes  divisions  pour  le  faict  de  la  religion , 
qui  ne  sont  commencées  de  ce  temps,  si  est-ce 
qu'il  n'y  a  rien  eu,  depuis  que  j'ay  prins  l'ad- 
ministration et  le  gouvernement,  de  changé 


600  LETTRES  DE  GATHE 

ne  innove,  ne  s'y  estant  rien  faict  ny  ordonné 
quaultaut  que  la  nécessité  nous  v  a  forcez  et 
que  tout  le  Conseil  du  Roy  mon  filz  a  advisé. 
pour  remédier  aux  inconvéniens  qui  se  prépa- 
roient,  estre  nécessaire:  laquelle  reigle  vous 
les  pouvez  asseurer  que  je  gardernv  si  exacte- 
ment en  toutes  choses  que  rien?  ne  s'y  fera 
que  ne  soit  avec  grande  et  juste  occasion.  Pour 
la  fin  de  ma  lectre  je  vous  recommandera) 
deux  choses  :  l'une  est  le  faict  de  la  Royne  ma 
belle-fille  '  que  je  vous  prie,  Monsieur  Je  Lv- 
moges,  avoir  en  telle  recommaudation  qu'elle 
puisse  estre  gratiffiée  en  ce  qu'elle  désire:  en 
quoy  je  vous  prie  vous  emploier  et  y  faire 
tous  les  meilleurs  offices  qui  vous  seront  pos- 
sibles: l'autre  est  le  faict  de  mon  frère  le  roy 
de  Xavarre  que  je  vous  recommande  aussi  de 
pareille  affection  pour  le  plaisir  que  ce  me 
seroit.  si  par  mon  moien  il  pouvoit  recevoir 
quelque  contentement  eu  ce  qu'il  prétend  luy 
estre  justement  deu.\ous  advisant  au  demeu- 
rant que  j'ay  faict  chercher  le  livre  de  l'ordre 
de  la  Toyson"2,  mais  il  est  à  Revms  en  la  maison 
de  mon  cousin  le  cardinal  de  Lorraine  qui  l'a 
envoyé  quérir,  lequel  estant  venu  je  ne  fauldrav 
de  le  vous  faire  emoier  incontinent.  Et  sur  ce, 
Monsieur  de  Lymoges,  je  prieray  Dieu  vous 
avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 

3  -Germai n-des-Prez-lez-Paris, le xxe jour 
dejoing  i56i. 

Je  vous  prie,  Monsieur  de  Lymoges,  vous 
enquérir  à  la  vérité  de  ce  que  le  Cauconnat3 
qui  est  à  Monsieur  de  Savoye,  a  dict  par  delà 
de  noz  nouvelles;  car  il  escript  par  deçà  qu'il 
\  a  faict  le  meilleur  office  qu'il  est  possible  et 
qu  il  s'asseure  que  j'en  auray  grand  contente- 
Marie  Stnart. 

5  C'est  sans  doute  le  li>re  des  Statuts  qu'elle  désigne 
ainsi. 

3  Annibal,  comte  de  Coconnas,  cité  plus  haut,  et  que 
le  duc  de  Savoie  venait  d'envoyer  en  Espagne. 


RINE   DE  MÉDICIS. 

ment,  dont  je  me  remeclz  à  en  crovre  ce  qui 
me  ap'paroistra  estre  véritable. 

Cateiune. 

1561.—  Juillet. 

Imprimé  dans  les  .Vr^ocùftoiu  sctu  Trtnrr-û  H .  p.  85t. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQUE1. 

Madame  ma  fille,  vovent  le  repos  eu  quov 
je  me  trove  pour  l'amour  et  aubéysance  que 

1  Voici  la  réponse  de  la  reine  d'Espagne  à  sa  mère  : 
-Madame.  Monsieur  d'Osensse  est  arri>é  en  si  mo- 
vaise  heure  en  cette  court  que  j'avois  grand  peur  qu'il 
n'auroit  pas  si  bonne  odiensse,  comme  je  désirois:  car 
il  esloit  enbouché  de  tout  se  qui  s'estoit  passé  en 
France  qu'on  leur  avoit  beau  prescher  du  contraire,  car 
il  n'en  vouloit  rien  croire  de  chose  qu'on  leur  dist,  et 
esloit  si  escandalisé  de  l'assemblée  des  évesques  et  du 
congé  que  l'on  avoit  donné  aux  Lutériens  que  je  penssois 
qu'ils  denssel  ressevoir  se  porteur  avec  portes  serrées 
sans  le  vouloir  ouir;  mais  vostre  commandement  a  tant 
de  puissence  à  îendroyt  du  Roy  monseigneur  quancores 
qu'il  panssat  qu'il  vint  pluslost  annocsser  guerre  que 
paix,  il  luy  a  fait  si  bon  visage  qu'il  me  samble  estre 
bien  contant  et  avec  réson.  -  —  Puis  venant  aux  demandes 
du  rui  de  Navarre,  elle  engage  la  reine  sa  mère  à  se 
servir  de  lui  rpour  chastier  les  messhaus.-  S'ils  sont  en 
trop  grande  quantité,  -Employez-nous,  lui  dit-elle,  car 
nous  vous  baillerons  tout  notre  bien ,  nos  gens  et  se  que 
nous  avons  pour  soutenir  la  religion,  ou  si  vous  ne  les 
punisses,  vous  ne  trouvrés  point  movais  que  ceux  que  de- 
manderont secours  audict  Roymonseigneurpour  guearder 
la  foy,  il  leur  donne;  car  il  luy  est  obligé  et  davantage 
il  luy  touche  autant  qu'à  personne ,  car  estant  Fiance  luté- 
rien,  Flandres  et  Espagne  ne  sont  point  loin.-  En  termi- 
nant, elle  dit  :  -Je  ne  say  plus  que  je  dois  dire,  car  le  duc 
il'Atbe  m'a  fort  bien  dit  que  asteures  que  vous  estes  du  tout 
au  gouvernemant  que  je  ne  puis  plus  trouver  d'excoises. 
se  que  je  leur  av  promis.  Je  vous  supplie  ne  me  faire 
manteuse,  puisque  c'est  une  chose  qui  convient  au  senke 
de  Dieu,  du  Roy  mon  frère  et  de  la  crestienté  et  mesmant 
avant  plus  de  moyen  de  les  chastier  que  jamais,  vous  ofrant 
le  Roy  monseigneur  toutes  ses  forses;  et  si  vous  temporisez 
il  v  aura  tousjours  plus  de  méchans,  car  ils  savet  bien 
dire  issy  que  du  temps  du  feu  Roy  monseigneur  et   père 


LETTRES  DE  C  \  NI 

me  porte  le  roj  de  Navarre,  laquele  je  vous 
puys  aseurer  aystre  Lyeule  que,  s'il  éloyl  mon 
propre  lils,  ne  sarel  aystre  daventage,  e1  lout 
set  royaume  en  né  en  repos  et  tranquilyté; 
qui  ayst  cause  que.  en  vous  parlant  corne  à 
ma  fille,  que  je  l'ayme,  ;i\  granl  envye  de  le 
gratifier;  el  saebant  qu'i  n'y  a  chause,  quele 
qu'ele  souyt,  qui  le  puise  pluls  contenter  que 
de  conestre  que  je  désire  de  lin  voyr  avoyr, 
-.mon  son  royaume  de  Navarre,  au  moyns 
quelque  réconpanse  '.  el  ayenl  envye,  come  je 
vous  ay  déjà  dist,  de  le  contenler,  j'é  aysté 
d'aupinyon  que  le  Roj  vostre  frère  luy  aye 
acordé  d'eanvoyer  le  sieur  d'Ozanze2ver  le  Roy 
vostre  mari  et  vous,  pour  asister  à  l'évesque 
d'Ausère3,afin  que  de  par  luy  y  recomende  ses 

que  l'on  les  cbaslioit  qu'il  n'y  en  ;« v . » i t  point.»  (  \til.  Bibl. 
nat.  fondis  français,  n°  390a,  p.  76.) 

Le  3o  octobre    i56i,   l'évéque  de  Limoges  écrivait 
dans  le  même  sens  à  Catherine  de  Médias  : 

«Le Roi  d'Espagne  s'esl  tellement  persuadé  que  la  mu- 
tation de  la  religion,  qu'il  est  advisé  que  l'on  poursuit  en 
France,  tend  à  la  destruction  el  brouitlerie  de  ses  Eslatz 
qu'il  en  veult  faire  sa  propre  querelle  et  espouse  cela 
comme  ne  pouvant  diviser  son  mal,  el  pour  vous  parler 
cléremenl,  luy  et  ses  ministres  vous  ont  assez  dict  et  laid 
entendre  qu'ilz  n'ont  pas  faillie  d'avis  et  bonnes'  entelli- 
gences  partout  jusques  à  dire  à  M.  d'Ozences  ouverte- 
ment que  des  quatre  partz  ilz  en  sçavoient  les  trois.»  Et  il 
ajoute:  «Ils  sont  tout  sollicitez  d'avis  et  courriers  et 
plaintes  du  Pappe  el  de  l'Empereur  el  aussi  de  leur  pas- 
sion et  ambition  qui  les  mené  bien  aullant  que  la  religion 
que  plus  babille  que  moy  y  seroit  bien  empéclié,  encores 
'  que  je  sacbe  que  l'amitié  extrême  que  lelloy  vous  porte 
soit  pour  entièrement  remeclre  et  asseurer  ting  plus  diffi- 
cile  passaige,  avant  en  présence  de  M.  d'Ozence,  lorsqu'il 
prit  con^é,  rechargé  à  ce  que  leur  ambassadeur  ne  vous 
travaillas!  point  et  qu'il  vous  laissast  vivre  sans  se  mesler 
de  ce  dont  il  n'avoit  que  faire. 1  (Bibl.  nat.  fonds  français 
n°  3yo3,  f  88,  orjg.  )  —  Voy.  une  lettre  de  RuyGomez 
.1  Catherine  (ibid.  p.  86). 

Réconpanse,  compensation.  ' 

3  De  Montberon,  sieur  d'Ausance.   Voy.  la    note    1 
de    la  page  il  3. 

3  Philippe  II  de  Lenoncourt. 

Catuerike  de  Médicis.  —  1. 


ERINE  DE  MÉDIC1S.  COI 

afayres;  et  panse,  Madame  ma  611e,  qu'i  me 
semble  que.  en  vous  prient  de  fayre  toul  sel 
que  pourés  pour  lin .  en  I  androj  1  Au  Roj  vostre 
mari,  que  je  foys  ausi  pour  vous;  car  sel  je 
venès  à  mourir,  jevouslarès  sel  homme,  qu'è 
ledyst  roy  de  Navarre,  en  sel  royaume  pies  de 
vostre  frère,  aublygé  au  Roy  vostre  mary,  qui 
continueurel  en  toul  set  qui  pourel  à  fayre 
contyneuer  l'amytyé  qui  aysl  entre  nous  et 
vous,  comme  j'espère  de  faire,  lenl  qu'i  plein  à 
Dieu  me  layser  en  sel  monde;  au  set  je  faysl 
ryen  pour  luy,  je  ares  peur  que  v  n'eust  pas 
si  bone  volonté  en  son  endroyt  connue  je  dé- 
sire et  ausy  pour  la  conserva ty on  de  la  religion  ; 
car.  je  vous  dyré  à  vous  privément,  \l  y  an 
a  bocoup  en  set  royaume  qui  se  contyene  sou- 
letncnt  pour  son  respect;  el  s'il  étbytsatysfayst, 
sela  lé  fayret  se  contenir  lousjour  en  la  rely- 
gion ,  et  leconleneuer1  en  mon  androyst  cornent 
yl  est.  Pour  ce,  ma  fille  m'amye,  si  vous 
m'aymés  et  si  nvés  envye  de  mon  repos,  je 
vous  prie  ne  crayndre  et  ne  croyre  ny  emba- 
sadeur  ny  aultre,  et  fayre  set  que  je  vous  prie, 
qui  aysl  que,  aystant  aveques  le  Roy  vostre 
mari,  luy  dire:  »  Monsieur,  vous  ne  trouvères 
mauves  set  que  la  Royne  ma  mère  vous  ayscripl 
touebant  le  roy  de  Navarre,  et  encore  moyns 
sel  que  je  vous  en  dys;  car  aylle  m'escript  que 
je  vous  dye,  set  vous  désirés  sa  vye,  son  repos 
el  la  conservation  de  la  relygion  dans  le  réaume 
de  France,  que  vous  suplye  fayre  quelque 
cliause  pour  ledyst  roy  de  Navarre,  et  qu'ele 
seiel  byen  marrie  que  vous  pansisié  que  sel 
qu'ele  vous  mande  que  se  feul  qu'ele  désire! 
pluls  pour  ledysl  roy  de  Navarre  que  pour 
vous;  mes  que  l'amour  qu'ele  vous  porte, 
lequel  n'é  poynt  moyndre  que  au  Roy  son  fils, 
aysl  ausi  delà  perseuasion  qu'ele  vous  en  Lu  si 
av  à  moy  ausi,  conésant  que.  sel   vous  luy 

1   Çonteneuer,  continuer 


602 


LETTRÉS  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


avyés  balle  quelque  cliause  en  réconpanse  de 
son  royaume,  qui  ne  préjeudysiasl  à  voslre 
service  ni  grandeur,  qu'ele  voyt  que  sela  \ous 
a|iorteré  et  à  aylle  et  à  toutte  la  craytyenté 
la  ni  de  repos  et  tant  de  byen  pour  nostre  reli- 
gion que  sela  ayst  cause  de  la  afectyon  de 
quoy  aylle  nous  en  nescript  à  toutte  deus.  » 

Et,  ma  fille  m'amye,  faytes  tent  pour  moy 
de  gagner  le  duc  d'Albe,  Ri-Gomès,  et  Vasc[o]  ', 
et  tous  seus  qui  le  governet,  qu'i  luy  l'ase 
eonestre  cornent  yl  est  vray  que  y  feré  fort 
byen  pour  luy  et  pour  tout  le  monde  de  luy 
ballet  quelque  récompense.  Et  set  je  pansé 
que  set  t'eut  son  domage,  je  n'arès  jeamès 
soul'ert  que  le  Roy  mon  fils  y  heult  envoyé; 
mes  coneésant  ledyst  roy  de  Navarre  homme 
de  byen  et  bon,  et  tenant  set  qui  promet, 
corne  sella  qu'il  a  ayseyé  en  mon  faist,  vos  luy 
aseureré  de  ma  part  que,  sel  qui  lui  promelera 
qu'i  ne  fayra  faulte  de  le  lenyr.  Je  ne  vous  en 
dyré  davenlage  et  pour  la  fin  de  set  propos, 
je  vous  priré  de  panser  que  ne  sarié  plulx 
fayre  pour.  . .,  que  le  fayre  satisfayre. 

Vostre  bonne  mère, 

Gaterine. 


156t. 


Juillet. 


Aut.  Dritish  Muséum,  n°  2&200,  ('  a5. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  p.  854. 

A  MA  FILLE  LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  lille,  encore  qu'i  n'y  aye  que 
cinq  jours  que  vous  ay  escript  et  que  aupara- 
vant par  le  sr  d'Osance  vous  ayés  eu  byen  au 
long  de  nous  novelles,  et  veu  les  pintures  de 
res  frères  et  seur,  si  n'ay-ge  voleu  léser  partir 
set  pourteur  que  le  roy  de  Navarre  envoy  par 
delà,  san  vous  envoyer  ma  pinture,  en  atten- 
dant que  les  vous  envoy  touttes  en  tableaux, 
el  ausi  set  mot  pour  vous  dire  que  je  vous 

'  Je  n'ai  pas  eu  sous  les  yeu»  l'original  et  n'ai  pu  vé- 
rifier le  nom  ainsi  imprime. 


prie  (jue,  si  s'et  possible,  que  ledysl  r<>\  de 
Navarre  aye  quelque  salisfasion  de  set  qu'il  dé  • 
sire,  l'ambassadeur,  qui  eslysi,  luy  tyen  mil- 
leur  propos  qu'i  ne  seulet1,  qui  me  fayst  ayspé- 
rer  que  je  oré  set  plésir  de  le  veoir  contenté . 
que  je  désirerès  ynfiniment  qu'y  feult content; 
à  quoy  je  vous  prie  tenir  lannayn,  set  ayés 
jeamès  envye  de  fayre  cliause  agréable  et  de 
quoy  puisse  eslre  contente 
Voslre  bonne  mère, 

Caterike. 

1561.  —  16  juillet. 

Copie.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n11  17981. 

A  MONSIEUR  COIGNET. 

Vous  entendrez  par  ce  que  le  Roy  monsieur 
mon  lilz  vous  escript  présentement  comme  il 
désire  que  vous  faicles  instance  envers  les 
sieurs  des  Ligues  à  ce  que  pour  les  causes  que 
ledict  sieur  Roy  mon  filz  vous  mande  ilz  soyent 
contens  de  ne  permeclre  que  aucuns  des  tré- 
soriers et  receveurs  ayans  cy-devaut  manyé  les 
finances  pardeçà,  et  qui  pour  se  sentir  avoir 
malversé  en  leurs  charges  se  vouldroient  ab- 
senter'de  ce  royaulme,  afin  de  se  saulver  et 
retirer  es  terres  de  l'obéissance  desdicls  sieurs 
des  Ligues,  y  soyent  seurement  receuz;  à  quoj . 
pour  l'asseurànce  que  j'ay  que  vous  y  ferez 
l'office  nécessaire,  je  ne  vous  diray  riensdavan- 
taige,  synon  que  vous  ferez  en  cest  endroicl 
audict  seigneur  Roy  mon  filz  service  bien 
agréable,  me  remeclant  aussy  du  surplus  de 
noz  nouvelles  sur  sa  lettre.  Et  pryeDicu,  Mon- 
sieur Coignet,  qu'il  vous  ayl  en  sa  saincle  el 
digne  garde. 

Escript  à  Sainct-Germain-en-Laye,  le  ivi 
jour  de  juillet  1 56 1 . 


Gatekise. 


RoBERTET. 


1  Seulet,  sotiloit. 


LETTRES  DE  C  ITÉERINE  DE   MÉDICIS. 


603 


1  56| .  _.  3g  juillei. 
■   Bibt.  n.it.  fonds  traoçaîs,  n    17981. 

V  MONSIE1  II  COIGNET. 

Monsieur  Coignet,  j'aj  receu  voz  deux  der- 
nières lettres  des  \  e4  un  de  ce  moys,  par  les- 
quelles j'a^  bien  au  long  entendu  toul  ce  que 
vous  m'escripvez  de  noz  affaires  occurans  au 
lieu  où  vous  estes  el  les  devoir  el  dilligence 
donl  vous  y  usez  pour  le  bien  du  service  du 
l!o\  monsieur  mou  lilz;  qui  m'a  esté  forl  grand 
plaisir,  el  av  bien  notté  ce  que  vous  estes  il  ad\  is 
que  ni ui>  lacions,  tant  pour  noz  créanciers  de 
l.ucerne,  que  ceux  du  grand  parh  ;  à  quo\ 
nous  regarderons  de  pourveoirau  myeuLx  qu'il 
nous  sera  possible,  allin  d'appaiser qui  pourra 
toutes  ses  querelles  et  instances  qui  si  fréquem- 
ment nous  en  sont  fairlesdeleur  pari.  Et] 

ce  que,  ainsi  que  vous  dictes  par  vosdicles 
lettres,  vous  vous  debvez  bientosl  rendre  par- 
deçà.,  ce  que  je  désire  bien  i'orl  :  a  reste  cause 
je  nie  remerlré  à  vosfre  venue  pour  conférer 
plus  commodément  de  toutes  les  particularitez 
1  ontenues  par  vosdictes  depesthes  pour  \  don- 
ner Tordre  et  provision  qu'il  semblera  estre 
requis;  seullement  je  vousdiray  parla  présente 
que  j'a\    Irouvé  bon  que  \  ous  sov  e/  einplové  à 

favoriser  de  nostre  part  les  affaires  que  mon 
frère  Monsieur  le  duc  de  Savoye  a  pardelà  el  me 
sera  plaisir  que, avant  vostre  parlement,  vous 
eu  laides  encore  toute  l'honnesle  et  favorable 

recommendalion  et  instance  de  nostre  part  où 
besoing  sera  et  selon  que  vous  verrez  estre  à 
propos,  sans  que,  pour  ce.  vous  différez  ne 
retardez  aucunement  vostredicl  parlement, 
pour  vous  trouver  ainsy  que  vous  niVsrripvez  à 
In  journée  assignée  pour  traicler  desdictes  af- 
faires, qui  doibt  estre  au  wiin  jour  du  moys 
prochain. Et  en  cest  endroicl  je  priraj  Dieu, 
Monsieur  poignet, qu'il  vous  avi  en  sa  saincte 
et  digne  garde. 


Escripl  à  Sainct-Gerniain-eu- Lave,   le   \\n 

jour  de  juillet  i  56  i . 

Caterine. 

RoBERTKI . 


156t.  —  3o  juillet. 

i  h  ig,  l'ilii   aal    l'un.!    français .  n"  1 798*1 

\  MONSIE1  li  COIGNET. 

I  av   sceu  par  vostre  lettre  du  xviu'  de  ce 

\s  et  par  l'appoinctemenl  faicl  aveGques  les 

cappilaines  retournez  de  Pyedmont  que  m'avez 
envoyé  comme  vous  en  estes  eschappé,  dont 
j  av  esté  1res  aise',  ayànl  certaine  asseuranec 
que  toute  lu  somme  des  quatre  cens  vingt  mil 
livres  cy-devant  ordonnée  pour  vous  envoyer 
esi  passée  bu  ici  jours.  receue,el  entre  les  mains 
du  trésorier  des  Ligues;  par  ainsy  vous  aurez 
moyen  de  les  contenter,  el  avant  vostre  parle- 
ment meclre  toutes  choseseu  repoz,  vousasseu- 
rant  que  vous  n'avez  pas  faicl  peu  de  service 
au  lio\  monsieur  mon  lilz  d'accommoder  ceste 
nation  à  prendre  noz  moiinoyes;  car  le  con- 
vertissement  nous  en  revenoit  chascun  an  à 
grande  tare  '  ;  qui  est  loul  ce  que  j'ay  à  vous  dire 
pour  le  présent.  PryanJ  Dieu,MonsieurCoignet, 
vous  donner  ce  que  désirez.  De  Sainct-Germain- 
en-Laye.  le  \x\'  jour  de  juillei   i56i. 

Caterine. 
I  Ie  l'  \i  bespini  . 

1561.  —  Août. 

Imprimé  dans  les  Végoâatimu  muFran\  «1  11    p. 
V  MADAME  VU  I-II.I.E 

LA  ROÏWE  CAT0LYQ1  E. 

Madame  ma  fille,  je  vous  ranvoy  sel  pour- 
leur  afin  que  vous  soyés  averlye  par  sel  que  je 
ayscrips  à  Monsieur  de  Limoge  come  toutles 


/n- .  .  perte. 


76. 


60i 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDICIS. 


choses  sont  asteure  en  set  royaume,  et  cornent, 
Dyeu  mersis,  les  aylas  '  sont  achevés,  heu  -  je 
ayslé  aprouvée  de  tous;  asteure  nous  n'avons 
jiluls  à  désirer,  pour  nous  voyr  tous  en  repos, 
que  la  fin  de  set  que  layrons  ses  prélas3.  Dyeu 

1  Les  Etats  de  Pontoise.  Dans  une  lettre  de  Chanton- 
iiay  à  la  duchesse  de  Parme  se  trouvent  quelques  détails 
curieux  sur  cette  assemblée  :  <■. Plusieurs,  écrit-il,  parlent 
d'osier  l'autorité  à  la  Royne  et  de  la  donner  à  M.  de  \  en- 
dosine;  c'est  peut-estre  pour  rendre  la  Royne  plus  obligée 
à  M.  de  \  endosme.  "  A  la  suite  de  ces  propos  il  crut  devoir 
s'en  expliquer  avec  Catherine;  il  lui  exposa:  ttque  le 
prince  de  Coudé  étoit-enraciné  dans  la  religion,  que  tout 
se  brouilloit  par  l'amiral  et  son  frère  le  cardinal  de  Cba- 
(illon.  et  que  le  s'  de  Vendosme,  s'il  étoit  bien  inten- 
tionné ,  devoit  réprimer  ces  propos  qui  ne  tendoient  rien 
moins  qu'à  la  déposséder  de  l'autorité  :  que  si  elle  étoit 
aussi  aubéie  qu'elle  le  lui  avoit  dit  tant  de  Ibis  ou  fait  dire 
à  son  maislre  par  l'évesque  de  Limoges,  qu'elle  en  userait 
comme  elle  devoit."  —  La  réponse  de  la  reine  se  ressentit 
des  craintes  que  Chantonnay  lui  avait  inspirées;  elle  lui 
répondit  ^  qu'elle  avoit  négocié  avec  ceux  des  estats  qu'elle 
craignoit  le  plus  et  les  avoit  rapprochés;  qu'elle  haloit 
pourtant  leur  response  pour  les  enipescher  d'estre  des- 
bauchés,  et  qu'ayant  répondu,  elle  les  renverra  et  ne 


veille  que  nous  aporte  quelque  repos!  Entre 
nous,  songes,  ma  fille,  le  Roy  voslre  mari  ha 
ysi  son  enbasadeur  '  qui  se  veolt  mesler  de 
touttes  nos  alayres,  et  voy  byen  qui  l'i  convie, 
qui  l'y  font  fayre,  et  tousjour  y  dist  que  set 
par  comeudemenl  de  son  mestre.  De  chause 
que  je  n'aré  que  dyie,  corne  anuit,  demayn  y 
s'an  vicndré  me  dyre  que  le  Roy  son  mestre 
luy  a  ayscript  etcomeudé  m'en  parler,  si  byen 
que  sela  ayst  trop  ayvident  que  y  ne  parle  que 
par  la  bouche  dé  malcontenps,  et  je  m'aseme 

\ erlure  de  l'assemblée  et  il  en  donne  l'analyse  en  ces 
termes  dans  une  lettre  à  la  duchesse  de  Parme  :  --Le 
remède  est  entre  les  mains  des  prélats;  la  charité  envers 
le  prochain  et  ceux  de  la  nouvelle  religion  est  l'arme  la 
meilleure,  les  attirant  doucement  et  sans  user  de  la 
rigueur  du  feu,  comme  on  avoit  fait  autrefois,  leur  nombre 
s'en  étant  plulost  multiplié.))  Puis  Chantonnay  ajoute:  le 
chancelier  vint  à  dire  rqu'il  s'esbahissoit  qu'il  y  en  eut 
aucuns  qui  trouvassent  étrange  un  concile  national,  n'es- 
tant chose  nouvelle;  qu'ils  l'appelassent  au  besoin  assem- 
blée et  que  leur  délibération  se  pourrait  envoyer  au  con- 
cile général  et  tout  se  faire  sous  l'autorité  du  pape."  — 
Le  cardinal  de  Tournon  ayant  réclamé  cette  proposition 


retournera  jamais  eu  ces  termes;  que  l'assignation  avoit     |     par  écrit  pour  y  répondre,  le  chancelier  répliqua  -qu'il 


esté  donnée  du  temps  du  feu  Roy  François;  qu'elle  n'avoit 
lait  que  suivre.-)  Chantonnay  ajoute  en  terminant:  nCeste 
princesse  a  beaucoup  d'alarmes  et  de  travaux  et  tout  pour 
ne  pas  se  vouloir  déterminer,  et  je  vois  qu'elle  en  aura 
davantage  par  l'insolence  des  protestants,  lesquels  font 
presches  où  est  la  cour,  comme  s'il  n'y  avoit  point  d'édil  ; 


ne  le  pouvoit,  parce  que  peu  d'heures  auparavant  il  lui 
avoit  fallu  changer  les  propos  qu'il  avoit  pensé  tenir  el 
qu'il  avoit  parlé  d'improvisation."  —  Sur  de  nouvelles 
instances  des  prélats  d'avoir  par  écrit  ces  propositions, 
ce  que  le  Roy  et  la  reine  accordèrent,  le  chancelier  reprit 
-qu'il  y  avoit  en  cesle  compaignie  des  gens  tant  sçavans 


et  la  royne  va  perdant  terre  et  tous  s'attachent  au  s'  de     l     et  de  si  bonne  mémoire  qu'ilz  se  sçauroient  bien  souvenir 


Vendosme.  Sa  femme  vient  dans  peu ,  déterminée  de  faire 
du  pis  à  la  religion  et  de  reprendre  son  mari  bien  fort  de 
ce  qu'il  entend  la  messe.  La  princesse  de  Condé  est  en 
cour  avec  son  prescheur  ordinaire.  Sa  mère  est  en  ceste 
ville,  laisant  à  son  accousteumée,  et  pour  dire  vray  les 
choses  empirent  et  menacent  ruine.))  (Archives  de 
\ienne,  Correspondance  de  Chantonnât).) 

!   lieu,  où. 

]  Dans  une  lettre  de  Chantonnay  au  conseiller  Tisnacq, 
publiée  dans  les  Mémoires  de  Condé,  nous  lisons  :  «-Les 
évesques  sont  assemblés  à  Poissy,  auxquels  la  proposition 
a  esté  faite  le  premier  du  mois  passé,  sentant  bien  fort  le 
concile  national."  Ens'expriniant  ainsi,  il  faisait  allusion  à 
la  harangue  prononcée  par  le  chancelier  dei'llospitalàl'ou- 


de  ce  qu'il  avoit  dit,  qu'il  pourrait  faire  une  autre  orai- 
son, mais  qu'il  lui  serait  impossible  de  dire  les  mesmes 
choses  et  dans  le  même  ordre."  Chantonnay  en  terminant 
ajoute  -qu'il  cherchoil  un  subterfuge  pour  ne  rien  donner 
par  écrit  ,»  et  que  pourtant  à  la  suite  des  demandes  réitérées 
des  évèques,  la  reine  commanda  que  la  proposition  fût 
remise  par  écrit;  mais  qu'à  quelques  jours  de  là,  on  finit 
par  refuser,  -excusant  sur  ce  qu'il  ne  failoit  pas  s'arrêter 
aux  mots,  puisque  l'intention  du  chancelier  étoit  seule- 
ment que  l'on  pust  trouver  remède  pour  pacifier  le 
royaume.')  (Archives  de  Vienne,  Correspondance  de  Chan- 
tonnai).) 

1   Elle  lait  allusion  à  toutes  les  pratiques,  à  loul  1< 
mauvais  vouloir  de  Chantonnay. 


LETTRES  DE  CATIIE 

trop  de  l'amitié  du  Ko\  mon  bon  fils  pour  uni-    ! 
loyr  tenir  heun  enbasadeur  aupré  du  Roj  son 
frère,  pour  ue  servir  que  de  trover  toutte  mes 

action  mauvèse  el  m'en  tormanter  an  son 

san  que  \  l\  comende.  Pour  se,  Madame  ma 
lille,  trové  fason  aveques  lu\  el  seus  qui  sonl 
auprès  de  lin ,  de  le  fayre  révoquer,  el  qu'il 
an  nanvo)  beun  aultre  qui  ne  parle  <[ue  par 
son  comendement  et  non  pas  par  seus  qui 
avest  acoutumé  de  se  coureuser1  à  mo\  de 
l'amityé  que  je  luy  porte,  et  qui  trové  touttes 
ses  allions  ausi  mauvèses,  corne  y  font  encore; 
uns  que  le  dyselque  secrètement,  pour  se  qui 
se  vole!  servir  de  sa  laveur  et  souport  pour  le 
tromper  •  après  qu'il  an  naroy  fayst,  et  je  le 
sa\  ;  mes  avenl  parler  de  tout  sesi,  cotneuni- 
.  quez-ie  à  Monsieur  de  Limoge.  J'é  fayst  l'a- 
poyntemenl   du  prinse  de  Coudé  et  de  Mon- 

-i ■  de  Guise2,  pansant  que  sela  me  donneré 

quelque  repos,  et  pour  se  qui  n'i  a  que  deus 
jouis  enrore,  je  ne  vous  puys  mender  quele 
byen  \  m'aporteré  sete  apoyntement. 

J'é  veu  l'esceusequele  Royvostre  mari  vous 
lia  comendé  me  fayre  touchant  le  mariage  de 
vostre  belle-seur3;  y  ne  sont  pas  trop  fins  de 

1  Coureuser,  courroucer. 

-  Clianlonnay  en  faisant  part  de  cet  accord  au  con- 
seiller Tisnacq,  écrivait  :  «  Le  prince  de  Coudé  et  Monsieur 
de  Guise  monslrent  en  avoir  grand  contentement.  Tou- 
tesfois,  beaucoup  n'y  font  grand  fondement,  et  ne  le 
pensent  de  durée.  Quant  à  moy,  je  m'en  remeetz  à  ce  qu'il 
•   en  adviendra."  (Mémoires  de  Coudé,  t.  II,  p.  16.) 

Marie  Stuart.  Le  26  juillet,  Clianlonnay  écrivail  : 
-La  royne  Marie  est  partie  devant  hier,  nonobstant  que 
la  royne  d'Angleterre  ne  luy  a  point  voulu  donner  de 
sanf-conduict,  ne  fut  qu'elle  ne  ratifiast  le  traicté  qui  lui 
lairt  l'an  passé  en  la  frontière  d'Escosse:  qu'elle  se  démist 
de  toutes  prétentions  an  royaume  d'Angleterre,  et  qu'elle 
ne  menasf  plus  de  cent  François  avec  elle,  ce  qu'elle  n'a 
voulu  accorder,  remectant  le  tout  à  sa  venue  en  Escosse., 
el  pourtant  prend  son  chemin  par  Calais  où  elle  trouvera 
les  deux  galères  qui  doivent  la  conduire.  1  (  Mémoires  de 
Coudé,  édit.  de  1 7  'i 3 ,  t .  II,  p.  iû.) — Voyez-une  dépêche 


RINE  DE  M.ÉD1CIS.  605 

l'an  oavoyr  prié,  car  s'el  la  confirmatyon  de 

sel  que  je  me  doules.   Ele  s'et  cnbarquée  \l  J 

a  heuyt  jours,  et  sel  a  lieu  bon  vent,  ayle  esl 
en  nEscosse. 

Vola  touttes  les  uovelles  que  vous  puis  pour 
sel  heure  mender;  qui  nie  fayré  fayre  fin  après 
vous  avoyr  priée  que  ne  l'allyés  de  ra batte 
tous  les  mauves  aufises  que  l'on  fayst  fayre 
contre  moy  à  faudrait  du  Roy  vostre  mari 
et  ly  aseurés  tousjour  que,  tent  que  je  vivray, 
quelque  chause  qui  puise  avenir,  je  meteri 
pouvne  d'entertenir  l'amityé  qui  aysl  entre 
nous,  corne  selle  qui  ne  l'ayme  poynt  moyns 
que  son  propre  enfant,  et  qui  vous  seni  tous- 
jour 

Vostre  bonne  mère, 

Caterine. 


1561.  —  i     août. 
Orig.  Bibl.  nyt.  fonds  français!  D    66o5,  l    6i, 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES 

Monsieur  de  Limoges,  j'ay  veu  les  deux 
lettres  que  m'avez  escriples  par  Guibeberi  e1 
entendu  ce  que  avez  descouverl  pardelà  de 
la  ligue  dont  vosdictes  lettres  font  mention 
dont  j'avois  jà  sceu  et  senly  quelque  chose 
Toutefois,  pour  estre  chose  de  telle  impor- 
tance que  vous  povez  juger,  je  vous  prie  sur 
lotit  le  service  que  désirez  jamaiz  me  faire, 
mectre  peine  d'en  actaindre  el  sçavoir  la  vé- 
rité, estant  asseuré  que  vous  ne  m'en  ferez 
jamaiz  de  plus  agréable,  car  en  f  estai  où 
nous  sommes  il  importe  beaucoup  decognoistre 
les  humeurs  d'un  chacun;  de  quoy  vous  oe 
devez  point  craindre  de  m'escripre  clèremenl 
par  le  moien  accoustumé.  Vous  sçaurez  par 
nosire  autre  dépesche  comme   toutes  choses 

de  sir  Throckmorton  à  Cccil,  dans  le  Cakndar  <>/  State 
papas  (i56i),  p.  an;  Labanoff,  Recueil  des  lettres  d, 
Marie  Stuart ,  1. 1,  p.  g8. 


LETTRES   DE   CATHERINE   DE   MÉD1GIS. 


passeul  icy  et  ce  qui  est  sorty  de  l'assemblée 
de  Paris;  aussi  le  chemin  où  est  celle  des 
prélats,  dont  nous  espérons  quelque  utillité; 
en  quoy  vous  pourrez  asseurer  partout  qu'il 
n'y  a  riens  qui  tende  que  à  l'honneur  de  Dieu, 
service  du  Roy  monsieur  mon  fdz  et  repoz 
publicq.  Priant  Dieu,  Monsieur  de  Lymoges, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

De  S'-Germain-en-Laye,  le  premier  jour 
d'aoust  1 56 1 . 

Gàtbrihe. 


1561.  —  g  aoùl. 

Oi'ig.  Bibl.  oal.  fonds  français,  11'  6Go5 ,  f°  Gi. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  eslanl  le  Roy  mon 
filz  en  l'aage  qu'il  est  et  en  la  nécessité  où 
sont  réduictz  ses  alTayrcs  je  tasche  par  tous 
moyens  de  réduyre  sa  despance  en  tel  estât 
qu'il  puisse  s  aquiler.  Et  d'aullant  que  je  sçay 
combien  la  façon  d'Espagne  est  de  beaucoup 
plus  grand  espargne  que  la  nostre,  je  dési- 
reroys  le  plus  du  munde  de  pouvoyr  veoir 
lestât  de  la  maison  du  Roy  d'Espagne  mon 
lion  filz,  tant  des  mangeailles  que  de  ceulx 
qui  ont  vivres,  ou  sont  deffroyez  en  argent 
ou  autrement,  vous  priant,  Monsieur  de  Ly- 
moges,  faire  tant  que  vous  m'en  puissiez 
envoyer  ung  eslat  ,  ensemble  de  la  maison 
de  la  Roy  ne  ma  fille,  car  ils  me  serviront  infi- 
niment à  trouver  le  moyen  pour  parvenir  au 
but  de  mon  intention.  Si  vous  me  pouvez  avec 
cela  escrire  la  façon  qu'ilz  tiennent  en  allant 
par  pays  pour  les  trains  :  assa\oyr  ceulx  qui 
sonl  nourrie  ou  qui  ont  argent,  el  comme  ilz 
rn  usent  pour  les  loger  et  la  conduicle  des 
bagaiges,  ce  sera  encores  le  meilleur  que  je 
vous  recommande  et  vous  prie  me  l'envoyer 
par  la  première  occasion.  Priant  Dieu,  Mon- 


sieur de  Lymoges.  vous  avoiï  eu  sa  saincle  et 
digne  garde. 

De  S'-Germain-en-Lave,  le  ixc  jour  d'aousi 


ifii. 


Catep.ive. 


1561.  —  a8  août. 

Orig.  Bibl.  nat.  fonds  français ,  n"  66o5  ,  f"  66. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  le  Roy  monsieur 
mon  filz  vous  escripl  une  bien  longue  lettre 
de  tout  ce  qui  s'offre  par  deçà,  et  principalle- 
ment  de  la  responce  qui  a  esté  faicte  à  l'am- 
bassadeur du  Roy  mon  bon  filz  sur  le  dernier 
payement  qu'il  demande  du  mariaige  de  la 
Royne  ma  fille;  en  quoy  il  a  bien  fort  insisté, 
et  l'on  luy  a  faict  la  responce  que  vous  verrez, 
qui  est  telle  que  l'on  a  peu  en  la  minorité  où 
est  le  Roy  mondicl  filz  ;  là  il  c'est  excusé  que  l'on 
n'avoit  poinct  demandé  l'assignat,  el  il  ne  s'est 
pas  souvenu  que  vous  eusles  ung  pouvoir. 
Monsieur  de  Lanssac  et  vous ,  pour  le  demander 
et  qu'ilz  vous  foirent  responce  que,  d'aultaul 
que  les  terres  sur  quoy  ilz  le  vouloienl  bailler 
estaient  engaigées,  qu'ilz  bailleraient  aultanl 
de  rente, qui  n'estoit  pas  chose  raisonnable;  de 
façon  qu'on  n'en  l'eil  point  de  recharge,  espé- 
rant tousjours  qu'ilz  les  desgaigeroient  avant 
la  lin  de  1  entier  payement.  Toute  ffois,  \oianl 
qu'il  n'en  a  esté  encores  rien  faict ,  le  Conseil  a 
déclaré  qu'il  ne  se  peult  passer  oultre  ny  aller 
plus  avant  que  ce  qui  est  au  traiclé;  d'aultanl 
qu'estant  le  Roy  mon  filz  mineur, comme  il  esl . 
s'ilz  faisoient  aultrement ,  ilz  en  seroient  respon- 
sables; chose  qui  sera  besoing  que  vous  laciez 
entendre  au  Roy  mondicl  bon  filz  à  ce  qu'il 
ne  le  preigne  ny  interprète  aultrement  que 
esl  nostre  intention;  qui  est  tout  ce  que  je  puis 
adjouster  à  la  Lettre  du  Roy  mondict  filz,  qui 
me   fera   finir   la   présente,   après  avoir  prié 


LETTRES  DE  CATHERINE   DM   MÉDICIS. 


.  0 


Dieu,  Monsieur  de  Lymoges,  vous  avoir  en  .--a 
saincle  el  digne  garde. 

De    S-Gejrntain-en-Laye,   le    txviii" 
d'aousl  i  ."iii  i . 

(  .  \  I  I.IUM'.. 
ROBF.RTRT. 


lour 


1 561 .  —  l 'i  septembre  '. 

Bfbl.  nrti.  Tin.!  cents  Colbert,  a   ïgo,  t"  71. 
Imprime*  dans  les  Addit.  mu-  Mémoires  de  Cash-lmm,  p.  73j. 

\  MfOWSIEl  lt  DE  RENNES. 


Monsieur  de  Reries,  j'a\  receu  à  tnaysjsrctrs 
(nés  l'un  de  l'aullre  les  deux  lettres  que 
m'avez  escriptes  des  xn  et  xi\""  du  passé,  par 
lesquelles  jay  veu  l'advis  que  me  donnez  des 
-  choses  du  lieu  où  vous  estes,  tant  pour  ce  qui 
concerne  le  laid  du  couronnement  de  Hon- 
guerie  et  le  voyaige  de  Bohesme,  que  pour 
le  regard  du  concilie,  peur  lequel  l'Empereur, 
ainsi  que  vous  me  mandez,  vous  a  dicl  avoir 
ses  ambassadeurs  tout  prestz  et  qu'il  n'actend 
à  les  l'aire  partir  que  à  la  première  nouvelle 
qu'il  aura  du  parlement  de  noz  évesques  el  de 
ceulx  d  Kspaigne;  de  façon  que  je  ne  voy  pas, 
nous  remectans  ainsi  les  ungs  sur  les  aultres, 
qu'il  ne  coulle  eucores  beaucoup  de  temps 
avant  que  l'on  mecte  la  main  à  l'œuvre  aussi 
\i (veinent  que  le  requiert  le  bien  et  le  repoz 
de  la  chrestieuté.  Quant  à  noz  évesques,  ilz 
seront  toujours  prestz  à  partir  du  jour  au  len- 
demain; mais  de  les  l'aire  mectre  en  chemyn 
que  nous  ne  saiebions  quant  ledict  Empereur  et 
le  roy  calholicque  des  Espaignes  vouldront 
faine  partir  les  leurs,  ou  bien  que  par  ensemble 
nous  n'ayons  accordé  du  temps  qu'ilz  auront 
à  se  rendre  infaliblement  à  Trente,  il  me 
semble  qu'il  n'y  auroit  nulle  apparence,  et  que 
je  seroys  en  dangier,  les  hastans  plus  tost,  de 

\"\.  pagea38  la  lettre  du  39  octobre  ir>Gi. 


leur  faire  consommer  beaucoup  de  temps  el 
de  despence  inutilement. 

Cependant  ilz  ne  laissent  en  assembler,  ou 
ils  sont  à  Poissy,  de  prendre  advis  sur  les 
choses  qui  auront  à  eslre  proposées  audiel 
concilie  de  la  pari  de  l'église  gallicane,  qu'ilz 
consultent  el  digèrent  si  meuremenl  que  je 
m'aseure  que,  à  leur  arrivée  audid  concilie. 
I  on  cognoistra  qu'ilz  n'auront  poinct  perdu  de 
I < '  11 1 1  s.  Or,  il  faut  que  je  vous  dve  SUT  ce  pro- 
pos que  avant  esté  requise,  y  a  jà  quelques 
nio\s,  de  la  plusparl  de  la  noblesse  et  des 
gens  du  tiers  estai  de  ce  royaulme,  de  faire 
oyr  les  ministres  qui  sont  départys  en  plusieurs 
villes  de  cedyt  royaulme  sur  leur  confession 
de  loy,  je  fuz  conseillée  par  mon  frère  le  roy 
de  Navarre,  les  aultres  princes  du  sang  et  les 
gens  dû  Conseil  du  Roy  monsieur  mon  (ils. 
de  ce  faire,  ayans  ad  visé,  après  avoir  longue 
ment  el  meuremenl  délibéré  là-dessus,  que 
aux  grans  troubles  qui  sont  pour  le  présent  en 
eediot  royaulme,  par  la  diversité  des  opinions 
qui  se  trouvent  en  la  religion,  il  n  \  arroif 
meilleur  moyen  ne  plus  fructueux  pour  faire 
habandomfer  lesdiclz  ministres  et  retirer  ceulx 
qui  leur  adhèrent,  que  en  toisant  confondre 
leur  doctrine  et  en  monslrant  et  descouvranl 
ce. qu'il  v  a  d'erreur  el  d'hérésie,  ce  qui  ne  Je 
pou  voit  plus  seurement  faire,  en  aclendant  la 
célébration  dudicl  concilie  général,  que  par 
tant  de  notables  prélatz  et  docteurs  de  grand 
sçavoir  el  litérature,  qui  sont  pour  ce  jourd'bui 
assemblez  audil  Poissy,  par  devant  lesquelz 
ilz  estoienl  d' advis  que  je  les  féisse  oyir. 

Ayant  doneques, suivant  celte  délibération, 
accordé  à  ceulx  desdietz  ministres  qui  seroienl 
nez  en  France  de  comparoistre  audiel  Poissy, 
et  leur  ayant  fait  expédier  le  sauf-condiiil 
nécessaire  à  ceste  fin,  ils  sont  comparuz  en 
assez  bon  nombre,  et  ayans  esleu  jusques  à 
douze  d'entre  eulx  seulleinent  pour  faire  leurs 


(508 


LETTRES  DE   CATHERINE   DE   MED1C1S. 


remonstrances  el  confession  de  foy,  ilz  furent 
oys  en  ladicte  assemblée  le  lendemain  de  la 
\ostre-Dame,  qui  fut  mai'dy  dernier,  présentez 
el  assistez  par  les  dcpputez  de  la  pluspart  de  la 
noblesse  et  des  gens  du  tiers  estai  de  la  meil- 
leure partie  des  provinces  de  cedict  royaulme; 
de  sorte  que  par  ceste  présentation  el  assis- 
tance,  vous  pouvez  juger,  Monsieur  de  Renés, 
s'ils  ont  faulte  de  gens  et  en  grand  nombre 
qui  leur  adhèrent;  et  s'il  y  a  aussi  peu  de  diffi- 
culté de  trouver  et  applicquer  le  remède 
propre  à  la  garison  d'un  tel  mal,  que  ceulx 
qui  sont  esloignez  du  péril  et  du  dangier  le 
discourent  bien  à  leur  ayse,  selon  leurs  pas- 
sions. 

Et  pour  ce  que  j'avoys  faict  dire  auxdits 
que,  en  leurs  remonstrances,  ils  se  donnassent 
bien  garde  d'offenser  l'honneur  de  Dieu  et  la 
dignité  des  prélalz  el  aultres  notables  personnes 
devant  lesquelz  ilz  avoient  à  parler,  attendu 
mesmement  que  le  Roy  mondict  sieur  et  fils, 
accompaigné  de  mondict  frère  le  roy  de  Na- 
varre et  des  aultres  princes  de  son  sang  et 
gens  de  son  conseil  privé ,  se  trouveroyt  en 
personne  à  l'assemblée  el  moy  avec  lui  pour 
empescher  qu'il  n'y  survint  aucun  désordre  ny 
tumulte, de  Baize1,  portant  la  parolle  pour  tous 
les  aultres,  commença  et  continua  longuement 
sa  remonstrance  en  assez  doulx  termes,  se 
soulzmeclant  souvenleffoys,  si  l'on  monstioit 
par  la  saincte  escriture  qu'ilz  errassent  en  au- 
cune chose,  de  se  réduire  el  laisser  vaincre  à 
la  vérité  ;  mais  estant  enfin  tombé  sur  le  faict 
de  la  cène ,  il  s'oublia  en  une  comparaison 
si  absurde  et  tant  offensifve2  des  oreilles  de 
l'assistance,  que  peu  s'en  fallut  que  je  ne  luy 
imposasse  silence,  et  que  je  ne  les  renvoyasse 
tous,  sans  les  laisser  passer  plus  avant;  mais 
veoyant  qu'il  estoit  sur  la  fin  de  sadicte  re- 

1  Théodore  de  Beze. 

2  Offensive  des,  .  .,  offensante  pour  les.  .  . 


monstrance,  el  considérant  que,  comme  ilz  ont 
accouslumé  de  s'aventaiger  de  toutes  choses 
pour  la  confirmation  et  persuazion  de  leur 
doctrine,  ilz  eussent  plustost  faict  leur  profficl 
de  tel  commandement  que  receu  correction  el 
amendement;  et  daventaige  lel  qui  l'avoit  oy 
en  ses  raisons  s'en  feust  allé  imbu  et  persuadé 
de  sa  doctrine,  sans  oyr  ce  qui  luy  sera  res- 
pondu;  là-dessus  je  me  contins,  bien  offensée 
louteffoysde  son  propoz,  ainsi  que  vous  pourrez 
juger  par  ce  que  luy  et  ses  compaignons  m'en 
ont  depuys  baillé  par  escripl,  que  je  vous  en- 
voyé, affin  que,  si  l'on  vient  à  en  parler  au 
lieu  où  vous  estes,  vous  saichiez  comme  il  en 
va,  et  puissiez  clariffier  corne  la  chose  est 
passée  à  la  vérité.  Et  d'autant  que  sa  remons- 
trance finie,  il  n'eust  pas  esté  raisonnable  que 
les  susdits  prélats  eussent  loul  sur  l'heure  laid 
faire  responce  à  une  chose  de  si  grande  im- 
portance et  concertée  et  délibérée  de  si  long 
temps  entre  lesditz  ministres,  qui  n'ont  poinct 
faulte  de  sçavoir,  comme  chacun  sçayt,  ils  me 
prièrent,  sans  entrer  en  aulre  responce,  que 
je  feisse  prendre  leur  confession  de  foy  et  que 
je  leur  ordonnasse  de  mecttre  par  escript  leur 
remonstrance,  affin  que  ayant  veu  l'une  et 
l'aultre,  ils  peussent  faire  entendre  au  Roy 
mondict  sieur  et  fils  et  à  la  mesme  assistance 
qui  a  comparu  à  cest  acte,  combien  lesdilz 
ministres  sont  esloignez  de  la  pureté  de  la 
doctrine  évangélicque  et  apostolicque  receue 
et  observée  de  tout  temps  en  ce  royaulme,  et 
ce  qu'il  y  a  en  leurdicte  confession  de  foy, 
d'erreur  et  d'hérésies,  à  leur  entière  confu- 
sion ;  ce  qui  a  esté  fourni  par  lesditz  ministres; 
et  sont  aujourd'liuy  lesdictz  prélats  et  doc- 
teurs sur  cesle  consultation  et  délibération,  de 
laquelle  je  prye  Dieu  voulloir  faire  réussir  le 
fruyt  et  succès  qui  est  nécessaire  pour  la  con- 
futation  de  toutes  hérésies  et  pour  veoir  tous 
desvoyez  doulcement  réduiclz  et  ramenez  au 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


609 


bon  chemin;  car  d'y  procéder  à  présent  par 
la  force,  il  -\  veoil  un  si  éminent  péril,  pour 
estre  ce  mai  | >éin:t ré  si  avant,  comme  il  est, 

que  je  n'en  suys  en  sorte  du  i ide  conseillée 

par  ceulx  qui  ayment  le  repoz  de  cest  Esta!  : 
le  faict,  j'ai  esté  contraincte,  contre  ma  pre- 
mière intencion,  de  faire  surceoir  l'exécution 
du  dernier  ecdil  résolu  en  l'assemblée  de  la 
courl  de  Parlement  jusques  après  la  sépara- 
lion  de  ladicte  assemblée,  en  laquelle  toutef- 
foys  il  ne  se  prendra  aucune  résolution,  mais 
seullement  advis  sur  les  choses  qui  se  trou- 
veront avoir  besoing  de  refformation,  qui  sera 
remis  au  jugement  et  à  la  détermination  du 
Pape  et'dudict  saint  concile,  sans  laquelle  je 
tiendray  tousjours  main  qu'il  ne  se  fera  en  ce 
dict  royàulme  aucune  immutation  et  innova- 
tion contraire  à  ce  qui  s'y  est  gardé  et  observé 
sainctement  jusques  à  présent,  m'ayanl  sem- 
blé. Monsieur  de  Renés,  que  je  vous  debvoys 
faire  ce  petit  discours,  affiu  que  saichiez  corne 
toutes  le-  choses  suscricles  passent  par  deçà, 
el  si  au  lieu  où  vous  estes  l'on  les  veult  ea- 
lompnier  et  dépeindre  aultres  qu'elles  ne  sont, 
vous  en  puissiez  parler  et  respondre  à  la  vé- 
rité, et  je  voys  prier  Dieu  qu'il  vous  ayl  en 
sa  saincte  garde.  Escript  à  Sl-Germain-en- 
Laye,  le  xiin0  jour  de  septembre  1 56 1 . 

Caterine. 

RotRDIN. 

1561.  —   i3  octobre. 
Orig.  Bibl.  nal.  fonds  français:  a"  6Go5,  f'  67. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Limoges,  j'ay  commandé  à 
vostre  frère  vous  donner  ung  advis  touchant 
le  sieur  de  Chantonnay  qui  est  icy,  duquel  je 
nous  prye  mectre  peyne  d'attaindre  et  sçavoir 
la  vérité  pour  en  toute  diligence  et  le  plus  tost 
que  vous  pourrez  m'en  faire  responce,  em- 
Catherihu  de  Médicis. I. 


ployant  Ions  les  moyens  que  vous  avez  pour 

esclairer  de   près  à   telles  choses  cl  aulres  qui 

concernenl  l'entreténement  de  l'amytié  que 
vous  sçavez  que  je  désire  estre  parmy  ces  deux 
royaumes,  vous  advisanl  au  demeurant  que 
j'ay  receu  voz  lettres  faisant  mention  du 
double  en  quoy  vous  estes  que  le  roy  de  Na- 
varre ayl  opinion  que  vous  chemyniez  en  son 
affaire  autrement  que  d'affection,  laquelle  j'aj 
voulu  qu'il  ayt  veue,  encores  que  je   sache 

assez  l'asseurance  contraire  qu'il  en  a,  < me 

je  veoy  et  me  suys  bien  apperceue  qu'il  n'j 
en  a  poinct  d'occasion;  vous  pryanl  en  de- 
mourer  en  repos  et  penser  que  quelque  chose 
que  j'aye  escrile  à  la  Royne  ma  fdlc  pour  ce 
regard,  ce  a  esté  loing  de  mon  intention,  el 
hors  de  rentière  seurclé  que  j'ay  de  vous  en 
toutes  choses,  dont  je  vous  prye  vous  asseurer 
el  ne  vous  lasser  de  me  faire  service  là.  d'où 
je  vous  retireray  le  plus  tost  que  je  pourray, 
m'asseurant  bien  que  sachant  comme  vous  estes 
ulille  au  bien  du  service  du  Roy  monsieui 
mou  (ilz  et  combien  il  esl  agréablement  receu 
de  luv  et  de  moy,  vous  supporterez  tant  plus 
voluntiers  l'incommodité  que  vous  y  povez 
avoir  à  laquelle  je  pourveoiray  avant  que  I  heure 
se  passe.  Le  demourant  vous  l'entendre/,  par 
mes  autres  lettres;  qui  me  gardera  de  vous 
faire  ceste-cy  plus  longue.  Pryant  Dieu,  Mon- 
sieur de  Limoges,  vous  donner  ce  que  plus 
désirez. 

De  Sainct- Germain- en -Laye,  le  xm'  joui 
d'octobre  1  56t. 

[De  sa  main.)  Je  vous  prie  ne  vous  faschei 
de  demeurer  encore  heu  vous  aystes  pour 
achever  de  faire  servise  au  Roy  mon  fils,  le- 
quel luy  et  inoy  reconcslron  en  tout  sel  que 
pourons;  car  vous  devés  vous  aseurer  que  yn- 
conl  y  nent  que  je  voyré  tout  ses  troubles  apa  y  ses, 
je  vous  fayré  revenir  el  en  natendenlje  vmi 

77 


610 


LETTRES  DE  CATH 


prie  contineuer  à  nous  avertyr  sovent  et  tenir 
set  Roy  en  la  milleure  volante  que  pourés  en 
noutre  androyt;  car  je  say  qu'il  y  en  ny  a  qui 
l'ont  set  qui  peuvent  pour  nous  le  rendre  en- 
nemy.  Vostre  frère  désire  el  fayst  set  qui  peult, 
afin  que  je  vous  fase  revenir;  mes  je  vous  prie 
ne  le  croyre  poynt. 

Gaterine. 


EI'.INE  DE   MÉD1GIS. 

Limoges,  vous  avoir  en  sa  saincle  el  digue 
garde. 

De    Sl-Germain-en-Laye,    le   xximc  jour 
d'octobre  i56t. 

Gaterihe. 
rorkrtet. 


15 (il .  —  ai  octobre. 
Orijj.  lîibl.  nat.  fonds  français,  n°  66o5 ,  f3  68. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Après  avoir  entendu  du  srd'Ozances  la  charge 
qu'il  avoitet  le  discours  de  sa  négoliacion,  je 
n'ay  voulu  plus  longuement  retenir  l'homme 
(pie  vous  aviez  dernièrement  envoyé,  m'as- 
seuranl  bien  qu'estant  l'assemblée  de  Poissy 
séparée  vous  n'avez  pas  faulte  de  belles  nou- 
velles. Vous  en  verrez  par  la  leclre  du  Roy 
monsieur  mon  iilz  la  vraye  histoire  de  ce  qui 
s'y  est  faicl  et  passé  que  vous  ferez  entendre 
au  Roy  mon  beau-filz,  aflin  qu'il  croye  la 
vérité  de  ce  que  vous  luy  en  direz,  el  non  par 
ce  que  son  ambassadeur,  peult-estre  passionné 
d'aullres  choses,  luy  en  mandera,  lequel  je 
désirerais  bien  estre  hors  de  sa  charge;  il  est 
vray  que  je  trouve  la  condition  que  me  mandez 
si  peu  avantaigeuse  pour  le  service  du  Roy 
monsieur  mon  filz  que  je  ne  la  veulx  accepter 
encore  de  quelque  temps,  et  fauldra,  Mon- 
sieur de  Lymoges,  que  vous  ayez  palience  pour 
■•est  heure  que  le  temps  et  la  saison  ne  seront 
poinct  si  rigoreulx  comme  ilz  ont  esté  cest 
esté,  vous  asseurant  que  bienlost  j'adviseray 
au  successeur  que  je  vous  debvray  envoyer; 
et  cependant  vostre  demeure  ne  vous  retiendra 
ne  bien  ni  honneur  que  vous  pourriez,  eslant 
pardeça,  recevoir;  mais  au  contraire  augmen- 
tera le  contentement  que  j'en  ay  et  la  volunté 
de  le  recognoistre.  Priant  Dieu.  Monsieur  de 


1561.  —  -iH  novembre. 

Orig.  avec  P.  S.  aulngrnnh.' ,  Bibl.  Dat.  fonds  frauçais  ,  n'  66o5  .  f"  70. 

A  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  j'ay  esté  très  ayse 
d'entendre  que  l'affaire  de  mon  frère  le  roy  de 
Navarre  soit  au  bon  chemyn  que  vostre  mé- 
moyre  contient,  et  veulx  penser  qu'il  en  sor- 
tira quelque  effect,  puisqu'ilz  sont  entrez  si 
avant  que  dose  descouvrir  jusques  à  promettre 
récompense;  mais  y  ayant  beaucoup  de  choses 
enveloppées  là  dessoubz  et  principalement  ce 
qu'ilz  recherchent  et  demandent  déclaration 
de  Testât  des  affaires  et  de  la  relligiou,  il  fault 
que  je  vous  dye,  recueillant  ce  que  je  sça\ 
d'ailleurs  et  les  soubzpeeons  qui  s'offrent  devant 
mes  yeulx  tous  les  jours  de  la  mauvaise  volunté 
de  plusieurs,  où  il  pourrait  bien  estre  que  le 
Roy  catholicque  auroit  intelligence,  qu'il  n'est 
pas  sans  apparence  que  ceste  déclaration  ne 
soit  pour  avoir  occasion  de  prendre  pied  à 
descouvrir  ce  qu'ilz  tiennent  de  caché,  et  venir 
aux  effeetz  dont  ilz  font  tant  de  menasses,  et 
tout  soubz  prétexte  de  la  relligion1.  Veoyanl 

1  Une  lettre  de  Charles  IX  à  l'évèque  de  Limoges,  déjà 
citée  en  partie,  établit  bien  en  quels  termes  de  défiance  la 
France  se  trouvait  vis-à-vis  de  l'Espagne  :  trVotis  me  dis- 
courez bien  amplement  les  propos  que  vous  a  lenuz  le 
Roy  mon  bon  frère  sur  beaucoup  de  choses  qui  se  pré- 
sentent aujourd'huy  pour  le  faict  de  la  religion,  qui  se 
conforment  entièrement  à  la  lettre  qu'il  en  escript  de  sa 
main  à  la  Royne  madame  ma  mère,  et  me  mandez  parli- 
culfièrement  les  doubles  et  soupsons  en  quoy  il  est  de 
noz  actions  et  les  préparatifs  qu'il  faict  pour  donner 
ordre  à  ses  affaires;  sur  quoy  je  ne  vous  puys  que  répéter 


LETTRES  DE  CATHERINE   DE  MÉDICIS. 


(ili 


bieu  que  aux  termes  où  nous  en  sommes  (donl 
touteffois  le  remedde  n'est  pas  es  mains  des 

ce  nue  par  la  dernière  dépêche  que  vous  n  portée 
Monsieur  d'Auzance  vos  avez  entendu,  qui  est  le  peu 
d'occasion  qn'il  y  a  d'entrer  en  deffiance  de  noz  dépor- 
lemens  qui  sont  telz  ipie  je  les  désire  estre  aussi  clairs 
i   aussi    manifestes  au  Roy    mondicl    frère,  comme  il 

me    semble    estre    nécessaire   ] r  l'enlrelénemenl   de 

nostre  commune  amytié,  m'asseuranl  que  pour  estre 
prince  amateur  de  paii  et  de  repoz,  comme  il  est, 
les  recognoissant,  il  fermera  l'oreille  à  tous  ceulxquilcs 
luv  vouldroient  desjpiiser  ou  malicieusement  iulerpréter; 
îuriiv .  Monsieur  de  Lymoges,  il  faust  que  le  Roy  mon 
frère  considère  que  chacun  veult  este'  maistre  en  sa  mai- 
son et  se  faict  servir  à  sa  guyse  et  n'appartient  pas  au 
snbject,  quand  son  [irince  luy  commande  chose  raiso- 
nable,  de  s'en  plaindre  ou  recourir  ailleurs  pour  le  des- 
vover  de  l'obéissance  qui  luy  doibt;  car  estant  cela,  s'il  y 
en  avoit  queicun  des  miens  si  malheureulx  de  s'en 
'  plaindre  à  mes  voisins,  je  les  ferois  si  bien  cliaslier.  s'il 
venoil  à  nia  cognoissance,  que  ce  seroit  un  exemple 
ii.   i  -  aultres 

Ce  que  je  vous  diz  non  pas  pour  me  repentir  de  ce  que 

ii  i  jusques  icy,  mais  allin  qu'on  ne  vueille  pas 

donner  la  loy  i  a  i  hose  en  quoyje  ne  recongnois  que  Dieu 
seul,  qui  iveruement  de  ce  royaume  et  le  ma- 

niement de  mon  estai.  Toultesfoys  allin  de  vivre  avec 
luy  en  la  bonne  paix  et  ferme  amytié  que  je  désire  et 
lever  tous  scrupules  que  les  malyns  v  sçauroienl  semer,  je 
seray  toujours  bien  ayse  que  vous  entendiez  comme  toutes 
choses  passeront  icy,  affin  de  l'en  esclarcir  tant  et  si 
avant  que  vous  verrez  estre  bon  et  utile,  »  —  Après  lui 
avoir  rendu  compte  de  ta  mission  qu'il  a  donnée  à  MM.  de 
Buric  et  de  Crussol  pour  obvier  aux  désordres  qui  ve- 
naient de  se  produire  en  Languedoc  et  en  Guyenne,  il 
termine  ainsi  :  r  Je  ne  double  poinct  qu'estant  cela  sur- 
venu promplement  et  y  ayant  esté  promptement  re- 
médié, l'alarme  n'en  avl  esté  donnée  à  cest  ambassadeur 
(Chantonnay)  et  qu'il  ne  vous  l'ayt  baillée  de  delà  aussi 
chaulde,  qui  n'auroit  pas  f.iillv  selon  sa  bonne  constume 
de  faire  encores  le  loup  plus  grand  qu'il  n'est;  et  pour 
ceste  cause  je  vous  en  ay  bien  voulu  adverlir  à  la  vé- 
rité, affin  que  de  tout  cecy  vous  regardiez  ce  qui  sera 
bon  de  dire  au  Roy  mon  bon  frère  ou  en  taire  ce  qui 
se  devra  taire.  Ce  que  je  vous  diz  plus  pour  prévoir  les 
mauvais  olbces  de  ci  st  ambassadeur  que  par  crainte  que 

'  Ce  qui  se  rapporle  à  chose. 


hommes),  l'on  ne  leur  en  pou  1 1  dur  chose  où 
il/,  ne  puissent  s'attacher.   Par  ainsy,  il  esl 
besoing,  Monsieur  de  Lymoges,  que  vous  che 
minyez  prudemment  en  cecj  el  de  ce  qui  esl 
contenu  au  mémoire  responsif  (que  je  vous 
envoyé)  leur  déclairiez  songneusement  ce  qui 
sera  à  propoz.  Le  premier  poincl  dudicl  mé- 
moyre  est  la  pure  vérité  »'l  à  quo}   nous  en 
sommes,  et  l'autre  est  ce  dont  je  suis  recher- 
chée et   importunée,  <|ui  seroit   (quand  tou 
esl   dict),  le  seul   remedde;  maiz  je  ne  puis 
gousler  d'y  entendre,  encores  que  je  veoye 
(sans  ce  que  Ton  meele  la  main  à  arr  ster  i 
fou)  les  choses  en  danger  de  pis.  Et  pour  ci 
désiray-je avoir  advis  «lu  Roy  catholicque  nue; 
bon  filz,  comme  je  m'y  devray  conduire.  Cella 
s'entend  autre  advis  que  la  force;  car  je  ie 
veulxpas  empirer  le  marché,  ne  moings  avoii 
affaire    des  estrangiers,   maiz   eschapper   le 
temps,  s'il  est  possible,  sans  laisser  riensgaster 
irrémédiablement  actendanl  faage  de  mon  lilz. 
Ce  que  vous  considérerez  bien  et  luy  en  par- 
lerez ouvertement,  l'asseurant,  comme  devous- 
mesmes,  qu'il  esl  certain  que  personne  ne 
porte  plus  de  peine  ne  d'eiinuy  que  moy,  de 
veoir  les  choses  comme  elles  sont,  maiz  ce  mal 
procedde  de  la  volunté  de  Dieu  (comme  il  esl 
croyable).  Et  si  veoy  bien  qu'il  en  a  a  sez  qui 
seroienl  bien  marriz  que  j'eusse  plus  cfayse. 
Pour  le  moings,  je  vous  puis  asseurer  que  le 
peuple  vyt  et  se  contient  en  plus  de  modestie 
que  de  coustume,  et  estime  que  peu  de  chose 
accomoderoyt  les  ungs  et  les  autres,  si  chacun 
chemynoit  de  bon  pied,  maiz  il  faull  actendre 
cella  de  Nostre-Seigneur  et  cependant  faire  le 
myeubt  que  l'on  pourra.  Voillà  où  j'en  suis, 
qui  ne  vouldroyspas endurer  que,  soubzumbre 

j'.ive  qui  trouve  mauvais  ce  que  je  faietz,  iiy  rendre 
compte  comme  à  mon  maistre  d'escolle  de  ce  qu'il  me 
semble  avoir  raison  de  faire.  (Minute,  Bibl,  nal.  fonds 
français,  n°  15875,  f"  hkU  etsuiv.) 


612  LETTRES  DE  CATII 

de  charité,  on  nous  gardas t  quelque  mauvaise 
intention.  Ce  à  quoy  je  vous  prie  regarder  et 
tasler  bien  le  guay  devant  que  d'entrer  trop 
avant  à  vous  descouvrir.  Sachant  bien  que 
ceulx  qui  soufflent  ce  feu  non!  poinct  de  plus 
aysé  ehemyn  à  ce  qu'ilz  monstreni  que  de 
tascherà  descouvrir  ce  qu'ilz  pensent  que  nous 
avons  dedans  l'estomacli,  qui  est  touleffois 
bien  loing  de  ce  qu'ilz  estiment.  Je  me  l'ye  en 
\ostre  prudence  et  dextérité  que  vous  sçaurez 
bien  y  faire  ce  qui  est  ne'cessaire  et  tirer  de  ce 
commaucement  ce  que  je  seroys  bien  ayse  de 
veoir  :  qui  est  la  satisfaction  de  mondict 
frère  le  roy  de  Navarre,  en  laquelle,  s'ilz 
voulloient  entrer  franchement,  les  affaires  ne 
s'en  pourraient  que  myeulx  porter.  Et  aurois 
à  granl  plaisir  que,  cella  faict,  il  yeusl  entre 
le  Roy  catholicque,  ledicl  roy  de  Navarre 
et  moy  pour  toutes  choses  telle  intelligence 
(pie  nous  peussions  conduyre  le  demourant 
de  la  rhrestienté  à  nostre  volunté,  comme  il 
nous  seroit  aysé,  ce  que  je  vous  prie  l'en 
loucher,  comme  vous  verrez  qu'il  sera  à  pro- 
poz,  et  la  bonne  volunté  dudict  sieur  roy 
de  Navarre  pour  eu  faire  sorlyr  au  plustost 

quelque  fruict  ' 

Caterine. 

(De  sa  main'2.)  Monsieur  de  Limoges,  je  me 
défie  tant  de  seus  qui  sont  mal  contens  que 
j'é  peur  qu'il  ayt  mendé  pardelà  vous  fayre 
tenir  les  propos  que  vous  avés  mendé  par  set 
pourleur,  pour,  en  nos  aléchant  de  quelque 
bonne  ayspérance,  y  vinst  à  découvrir  de  quel 

:  Nous  avons  imprimé,  page  a53,  la  lin  de  celle 
letli  e d'après  une  communication  de  M.  Et.  Charavay,  qui 
n'avait  en  sa  possession  que  ce  fragment  de  la  lettre  au- 
tographe de  Catherine  qui  manque  dans  le  n°  66o5  du 
tonds  français. 

J  La  fin  de  cette  dépêche  était  de  la  main  de  Catherine  ; 
il  n'en  reste  que  la  copie  dans  le  n°  (S6o5  du  fonds  fran- 
çais, p.  7.3. 


ERINE  DE  MEDICIS. 

fason  nous  volons  vivre  et  quele  religion  nous 
volons  alla  fin  tenir;  pour  se  prenés  bien 
guarde  que  se  ne  souyt  pour  sete  occasion,  et 
pour  vous  dyre  lybrement,  je  conoys  ne  pou- 
voyr  rien  apéser  ni  ausi  que  le  Roy  mon  fils 
n'aré  jamès  l'entyère  aubéyssance,  si  nous  ne 
faysons  set  que  vous  ay  mendé  par  le  mémoire  ; 
car  je  ne  veos ,  ni  ne  suys  conselleyé  de  venir  ans 
arme,  et  ausi  je  ne  veos  pas  permetre  set  qu  est 
porté  par  set  mémoyre  que  je  n'ai  soy  aseurée 
san  fiquession'  que  set  roy  ne  le  trouve  mau- 
ves; pour  se  vous  ne  sariés  fayre  heun  plus 
granl  serviseqne  fayre  de  fason  qu'i  le  (rou\et 
bon;  qui  serel  cause  de  nous  conliiiueuer,  sans 
que  personne  nous  peut  plus  troubler,  en  l'a- 
mytyé  en  laquelle  je  désire  que  ses  deux 
royaumes  demeure  ma  vye.  Je  vous  prie  ne 
vous  ennuyer  et  vous  asseurerque  je  vous  en- 
voiré  de  l'argent. 


1561 .  —  Décembre. 

Aut.  Biht.  nat.  fonds  français,  n'  66o5 ,  y.  'iS. 
Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  11,  p.  8lfis. 

A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  encore  que  je  n'aye  heu 
de  vos  ietres  par  set  pourteur,  si  n'ège  voleu 
léser  de  \ous  fayre  set  mot,  pour  vous  dire 
que  vous  entendre  l'aucasion  de  la  veneue  de 
set  pourtour  ysi  et  de  son  retour  par  le  évesque 
de  Limoge,  qui  me  guarderé  vous  en  fayre 
rediste;  seulement  je  vous  priré  que  vousgou- 
verniés  en  set  fayst  selon  l'avis  et  consel  de 
l'ambassadeur,  et  n'an  parliés,  ni  en  fasiés 
sanblant.  sinon  aullent  qu'il  vous  dire.  Il  m'a 

1    Fiquession,  fiction. 

-  La  copie  dont  s'est  servi  M.  L.  Paris  était  très-dé- 
fectueuse; nous  avons  pu  la  corriger  à  l'aide  de  la  lettre 
autographe  de  la  Reine. 


LETTRES   DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


613 


mendé  que  le  prinse  n'a  plus  la  Gèvre1;  si 

cela  lui  contineué  d'estre  guéri,  ne  perde  pas 

l'aucasion  de  guarder  qui  ne   soil  marié  hà 

aultre  femme  que  à  vostre  sein-  ou  à  vostre 

belle-si  ur,  el  me  sanble  que  \  devés  mestre 

tous  vo   sin  san2,  pour  fayre  l'eun  ou  l'autre 

mariage;  car  aultremenl  vous  soirs  en  danger 

d'estre  la  plus  maleureuse  du  monde,  si  vostre 

mari  venoyl  à  mourir,  luy  étenf  roy,  cornent 

y]  seroit,  si  n'avesl  aypousé  quelque  femme 

qui  feut  heun  vous-même,  come  serel  vostre 

seur;etausi  j'é  entendeu  que  la  Prinsese  vous 

ayme  ynfiniment,  et  pour  y  parvenir,  y  fault 

que  vous  disi«:s  à  ladiste  Prinsese  qu'i   fault 

qu'elle  L'épouse,  au  sela  ne  se  pouret  fayre, 

qui  fault  qu'elle  vous  ayde  à  luy  fayre  aypouser 

vostre  seur,  et  que  vous  mestré  pouine  de  luy 

taire  ay|iouser  le  Roy  vostre  frère;  à  quoy  vous 

pansés  bien  que  n'ariés  guière  grant  pouine, 

si  se   l'eset  le  mariage  de  vostre  seur  et  du 

prince,  car  vous  l'aymé  (eu!  «pie,  en  quelque 

l'ason  que  se  souit,  vous  désirés  qu'ele  souyt 

vostre  seur,  encore  eun  coup,  au  que  vous  ayés 

le  Lieu  que  vous  ne  bougies  d'ensenble.  Yelà, 

ma  fille,  sel  que  me  senble  que  dors  comenser 

de  louiii  à  bastir,  afin  que  l'eun  au  l'aultre 

aviengne;  et  en  sel  faysant,  vous  fayrés  ynfi- 

ntsment  pour  vous  et  pour  tous  nous  aultres 

ysy.  Je  ne  vous  en  dire  daventage  et  fayré  fin, 

prient  Dieu  vous  donner  aultent  de  heur  que 

je  vous  en  désire,  et  afin  qu'i  le  vous  douint, 

ne  l'aublyé  point,  et  le  priés  ef  serves  come 

devés:  el  que  les  plésirs,  ni  ayse  etjeoye  qui 

vous  donne  meyntenent  ne  soynl  cause  de  le 

vous  fayre  aublyer;  et  retournés  tourjour  à  luy, 

et  reconèsés  de  luy,  et  que   san  luy  vous  ne 

sériés  ne  pouryésryen,  afin  qui  ne  vous  envoy 

1  Vov.  Gachard,  Don  Carlos  et  Philippe  Il ,  t.  1 .  p.  7IJ, 
et  les  dépêches  île  l'évèque  de  Limoges  à  Catherine  de 
Médicis,  dans  les  ùtiyicwiions  sous  Franco»  II. 

2  Vos  sin  san ,  vos  cinq  sens. 


de  ses  verge  pour   le  »ous  faire  reconestre, 
come  il  a  fa> si  hà 

Vostre  bonne  mère. 

Caterine. 


1 502.  —  8  janvier. 
1  Irig,  Bibl.  oal.  îoudt  francs    .  u   66o5  .1    ;  '>. 

\  MONSIEUR  DE  LIMOGES. 

Monsieur  de  Lymoges,  je  n'adjousteray  rien: 
à  la  lectre  du  l!n\  monsieur  mon  lilz.  qui  esl 
bien  ample,  que  deux  poinctz  :  l'ung  pour  vous 
dire  le  conlentemenl  que  de  ma  part  j  a}  recru  . 
voyant  l'asseurance  de  ce  que  je  me  suys  tous 
jours  promis  de  l'amibe  du  Roy  monsieur  mon 
beau-filz,  qui  m'a  esté  la  plus  agréable  nouvelle 
que  je  pouvoys  jamavs  entendre  tout  ainsi  que 
le  contraire  me  seroyl  le  [dus  grand  ennuy  qui 
me  sçauroyt  advenir,  vous  pouvant  asseurei 
que,  de  ma  pari,  tant  que  je  vivray,  je  mecle- 
ray   peyne  de  l'entretenir  el  conserver    pai 
tous  les  honestes  offices  el  déportemens  dont 
je  me  pourray  adviser,  de  façon  que  j'espèn 
de  noslre  coslé  il  n'\  adviendra  aulcune  romp- 
lure,  désirant  bien  aussi  (|ue  de  leur  coslé. 
comme  il z  m'en  donnent  lanl  d'asseurance,  il/. 
tuent  le  semblable;  l'aultre  poincl  esttoucbanl 
l'oppinion  en  quoy  j'ay  entendu  qu'esl  entré  le 
Roy  mon  beau-filz  de  Monsieur  l'admirai,  le- 
quel il  estime  faire  tout  ce  qu'il  peull  tant  au 
faict  de  la  navigation  que  aultremenl  pour  la 
diminution  de  noslre  commune  amityé  et  nous 

mecte,  malgré  q ions  en  ayons,  à  la  guerre  ; 

sur  quoy  je  vous  prie,  Monsieur  de  Lymogei 
particulièrement  de  ma  pari  luy  faire  entendre 
que  ledicl  sieur  admyral,  pour  lui  l'aire  cong- 
noislre  combien  ceste  impression  est  hors  d< 
toute  raison,  a  faicl  dresser  ungmémoyre  di 
la  façon  qu'il  luy  semble  qu'il  se  fault  con- 
duyreau  faict  de  la  navigation  pour  la  conser- 


61â  LETTRES  DE  CATH 

vation  du  commerce  et  ia  liberté  et  traffic  des 

subjectz  du  Roy  mon  filz  et  du  Roy  mon  beau- 
fiiz;  lequel  estant  veu  par  luy,  j'estime  luy 
debvra  satisfaire.  Et  oultre  cela  estant  l'amityé 
et  bonne  intelligence  telle  qu'elle  est  entre  nous 
et  tant  de  volluncté  de  luy  faire  service  qu'il  se 
peult  asseurer  n'y  avoir  une  seulle  personne  de 
deçà  qui  en  une  bonne  occasion  luy  en  fyst 
meilleure  preuve;  et  pour  ceste  raison  je  le 
piye  de  oster  ceste  maulvaise  oppinion  et 
croyre  que  tant  s'en  fault  que  cela  soyt  vray, 
qu'il  doibt  croyre  avecques  vérité  qu'il  faict 
tout  ce  qu'il  peult  pour  nous  maintenir  et  en- 
Ireteniren  ceste  bonne  intelligence,  comme  il 
eongnoistra  par  ses  effectz;  ce  _que  vous  luy 
rcmonslrerez  vifvement,  aflin  qu'il  ne  demeure 
en  ceste  oppinion  oùj'auroysregrect  de  le  veoir 
pour  l'amityé  que  je  porte  audict  sieur  admy- 
ral  et  la  congnoissauce  que  j'ay  du  contraire, 
pour  le  zelle  qu'il  a  au  bien  du  service  du  Roy 
mon  filz  et  à  la  tranquilité  de  ce  royaulme, 
dont  vous  me  manderez  des  nouvelles  par  la 
première  dépesche.  Priant  Dieu,  Monsieur  de 
Lymoges,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne 
garde.  De  Saint-Germain-en-Laye,  le  vin0  jour 
de  janvier  1 5 G 1  (  1 56a ). 

Caterinf.. 
robertet. 


(15G2.  —  Février.) 

Imprimé  dans  les  Négociations  sovs  François  II ,  p,  84g. 
A  MADAME  MA  FILLE 

LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille ,  je  vous  aseure  que  l'ons 
voua  lia  manti  de  set  que  l'on  vous  lia  dist  de 
vostre  frère,  car  le  cardynal  de  Tournon  m'a 
dvsi  luy-mesiue  qui  l'a  veu  à  la  mese  et  que 
l'on  a\est  inanty  de  set  que  l'ons  an  disel. 
L'op  vous  dyst  tant  de  manterie  que  je  an  suys 
marrye  pour  la  payne  que  l'on  vous  en  donne; 


ER1NE  DE  MÉDIC1S. 

mes  fayste  corne  moy,  car  je  comense  à  m'an 
en  moquer  de  toultes  leur  inéclianseté,  car 
mon  valet  ayst  plus  bomme  de  byen  que  seus 
qui  en  parle  et  je  vous  en  naseure;  mes,  pour 
se  qu'i  ne  reconè  que  moy  et  ne  dépand  de  per- 
sonne ,  yl  le  aise  '  ;  mes  s'el  de  quoy  je  l'ayme. 
L'amiral  et  cardinal  de  Cbastyllon  sont  cheus 
eulx2;  quant  y  ne  m'aront  plus  parlé  de  bra- 
verie  et  touttes  chause  yron  byen,  mes  y  me 
déplest  bien  fort  que  les  au! Ires  en  nonl 
l'honneur  san  qu'i  leur  apartienne. 


1562.  —  t6  avril. 

Imprimé  ilacs  les  Négociations  sons  François  II ,  p.  885. 
A  MADAME  MA  F1LLF. 

LA  ROYNE  CATOLYQUE. 

Madame  ma  fille,  ayent  entendeu  les  man- 
teries  que  l'ons  lia  mendée  au  Roy  voslre  mari . 
touchant  le  voyage  que  le  sieur  de  Rambuul- 
let  a  fayst3  en  nAlemagne  par  le  commande- 

1   Yl  le  aise,  ils  le  haïssent,  (les  Guise). 

!  Voy.  pour  le  départ  de  l'amiral  et  de  d'Audelol,  une 
dépêche  de  Chantonnay,  dans  les  Mémoires  de  Cimilé,  t.  II, 
p.  23. 

3  Voici  le  mémoire  rédigé  par  l'évêque  de  Limoges 
pour  rendre  compte  de  la  mission  de  Rambouillet  : 

crLe  sieur  de  Rambouillet  arriva  en  telle  conjonction  à 
Madrid  que  le  prince  d'Hespaigne  se  trouvant  extresme- 
ment  mal,  ainsi  que  le  Roy  aura  veu  par  les  dernières 
despesches,  depuis  empira  jusques  à  l'extrémité,  après 
laquelle  par  volunté  miraculeuse  de  Dieu  il  est  rentré  en 
chemin  de  garison.  Le  temps  qui  s'est  perdu  en  ce  que 
dessus  ceste  occasion  que  Sa  Majesté  Catholique,  estant 
affligée  autant  qu'un  grand  prince  et  père  peult  estre  de 
la  calamité  d'un  sien  fils  unique ,  l'a  continuellementassisté , 
et  depuis  l'avoir  abandonné  pour  mort  y  est  retourné, 
sur  la  nouvelle  de  sa  résurrection,  laquelle  continue  de  ' 
bien  en  mieulx,  ainsi  que  ledict  s'  de  Rambouillet  dira;  et 
comme  il  ne  luy  a  esté  possible  pendant  ceste  affliction 
publique  avoir  andiance,  estimant  aussi  l'évesque  de  Ly- 
moges et  luy  peu  raisounable  de  la  demander,  si  n'a  esté 
sur  l'amandement  que  Sadicte  Majesté  les  a  mandés  à 


méat  du  Roy  rostre  frère  et  de  moy,  je  l'é  byen 
voleu  envoyer  ver  luy,  afya  qu  i  luy  fasse  en- 


LETTRES  DE   CATHERINE  DE  MÉD1CIS.  615 

tendre  la  vérité;  et,  encore  que  se  ne  soail 
chause  acoteumée  de  rendre  conte  les  prin  es 


\lcala  où  esl  ledict  Prince  malade,  leur  ayant  donné  doux 

udiance  el  le  diic  d'Albeen  semblable,  i hani  les 

points  concernanl  le  voiagc  d'Allemagne,  la  récompense 
du  royde  Navarre,  comportement  des  affaires  de  France, 
équippaige  d'une  galliote  aux  ambassadeurs  de  1  .»\  an  i  et 

.lion  violente  du  conté  et  ville  de  Petillan ,  desq 
articles  après  avoir  le  s'  de  Rambouillet  bien  ei  dignement 
le  t"ut  faicl  entendre,  la  n  ponse  esl  en  somm  ',: 

-Kn  premier  lieu ,  que  Sa  Majesté  Catholique  remercie 
indûment  le  llov  son  Iwn  frère  et  la  Rovne  sa  mère  aus- 
. jih-Is  ii  feicl  réponse  par  escrit  de  t'honneste  communi- 
cation '•<    pation  qu'ils  luy  donnent  de  leurs  affaires 
.■i  comportemens  d'iceulx,  ce  qu'il  recognoist  de  leur  pure 
bonté,  amitié  el  bonnesteté,  se  délibérant,  comme  il  avoil 
toujours  proposé  user  du  semblable  en  toutes  occurances 
ments  qui  importeront  à  leurs  communs  Estais, 
royaun  jecls,  monslranl  déplaisir  de  la  peine  que 
de  Rambouillet  avoil  pour  cet  effi  et  prise,  et  le  tenant 
pour  plus  que  excusé  el  sans  aucun  lord;  adjouslanl  que  ce 
qu'il  en  avoil  dict  à  l'évesque  de  Lymoges  el  escrit  à  son 
ambassadeni  avoit  esté  sur  l'advis  qu'aucuns  lui  avoient 
donni  ,  dési  anl  comme  frère  et  amj  ne  garder  rien  sur 
son  cueur  cl  claii  plaindre  el  ouvrir  de  ce  qui 
luv  poisoil;  monstrant  au  demeurant  en  toutes  les  d  ux 
audianees  qu'il  a  donni — a  ci  qui  com  ei  ne  la  ré  :ompense 
du  roy  de  Navarre,  de  laquelle  il  fut  fort  pressé  dudict 
évesque  et  s'  du  Rambouillet , très  grande  satisfaction  d'<  D 
tendre  le  chemin  qu'il  prenoit  pour  estre  celuy  qui  luy 
donnerait  tousjours  occasion  d'accroistre  de  plus  en  plus 
la  bonne  et  vraie  affection  qu'il  a  en  son  endroict,  ainsi 
qu'il  chargeoit  ledict  sieur  de  Rambouillet  luj  dire  de  sa 
part;  se  remectant  au   reste  quant  à  ce  poimt  au   duc 
d'Albe  avec  excuse  de  ce  que  la  maladie  de  son  fds  en  cela 
et  autres  négociations  que  poursuit  l'évesque  de  Lymoges 
il  ne  s'estoit  peu  résoudre,  ne  esclaircir,  faisant  le  sem- 
blable de  ce  qui  concerne  le  faict  de  Petillan;  et  quant  à 
la   galliolte  et  autres   particularités  qu'on    lui   dict   des 
affaires  et  troubles  du  royaume  rentrant  en  toutes  les 
bonnes  et  honnestes  parolles  qu'un;;  prince  peult  donner 
pour  faire  cognoistre  combien  tels  offices  luy  estaient 
agréables  et  d'autant  plus  que  ledict  évesque  luy  avoit 
expressément  touché,  suivant  les  lettres  du  Roy,  que  le 
voyage  dud.  s'  de  Rambouillet  vers  luy  n'estoit  pas  chose 
acconstnmée  entre  princes  tenant  les  ambassadeurs  près 
les  ungs  des  autres,  si  ce  n'eust  esté  le  respect  de  ceste 
si  sincère  amitié  el  fiaternité,soubs  le  manteau  et  faveur 


de  laquelle  Sa  Maj  isté  Très  Chrétienne  el  la  Roj  le  vou- 
loient,  sans  trop  s'amuser  aux  solennités,  luj  osier  tout 
double  el  jalousie,  s'asseuranl  qu'il  y  correspondrait, 

-Kl  d'autant  que  le  s'  de  Rambouillel  après  son  au- 
dience luj  avoil  présenté  une  lettre  du  roy  de  Navi  rr< 
de  roessi  ignenrs  les  ducs  de  Guis;,  conneslable  et  ma- 
reschal  de  S1   indré,  Sa  Majesté  les  remercia,  aymant  la 
Roynesa  bonne  mère,  connue  il  faisoit ,  de  ce  qu'ils  1 
loienl  ave  telsoinget  diligence,  sachant  la  peine  et  i     iu 
qu'elle  avoit  portée  par  1"  passé  pour  les  faulles  d  w  I 
que  l'on    eusl   esté   bi  m  aise  de    luy   mectre,   el    sur 
ce  que  maintenant  par  la  malice  et  oultraiges  d'au    >■ 
estoit  claie  et  descouvert,  ce  que  d'autant  plus  prioit-il 
ladicte  dame  faire  cognoistre  à  tout  le  monde  ce  qu'il 
sçavoil  estre  plus  en  recommandation  à  Sadicte  M       I 
qu'à  antres  pour  luy  importer  et  au  Roy  davaulaige.  - 
largissant  d'un  long  discours  là  dessus  que  M.  de  Ram- 
bouillet sçaura  mieux  répéter,  par  lequel  il  assenroit  la- 
dicte dame  de  tout  ce  qui  estoit  en  son  pouvoir,  le  char- 
geant quant  et  quant  de  recommander  auxdictsseig 
son  assistance  et  obéissance  laquelle  il  tenoit  en  telle    é 

vérance  que  sa  vie  propre;  concluant  par  quelq 

velles  qu'il  disoit  avoir  de  nos  frontières  par  où  il  jugeoil 
et  comandoit  audict  s'  de  Rambouillet  dire  à  ladicte  d 
qu'il  estoit  temps  ou  jamais  d'y  remédier,  par  exi 
se  retournant  à  l'évesque  de  Limoges  pour  luv  rén  1  mo 
rer  combien  de  fois  il  luy. avoit  prédit  ce  que  l'on  veoit  1 
son  grand  regret  par  les  effects,  ainsi  que  depuis  feit  le 
duc  d'Albe,  auquel  il  remist  le  demeurant  avec 
long  discours  de  tout  le  mal  qui  est  de  nouveau  advenu 
rentrant  pour  reprendre  les  poincts  desquels  son  maistri 
l'avoit  chargé  à  dire,  qu'ils  tenoient  le  sr  de  Rambouillel 
pour  gentilhomme  si  vertueux  et  honnesle  qu'il  ne  lalloit 
pas  beaucoup  d'excuse  pour  faire  cognoistre  la  vérité  de 
ce  qu'il  disoit  du  voyage  d'Allemagne,  estant  loulesfois 
la  coustume  des  princes  amys  de  s'adverlir  les  ungs  les 
autres  de  ce  qui  les  offense  ;  et  quant  au  second  article 
dont  on  les  pressa  et  importuna  vivement,  respondit  qu'il 
ne  falloit  point  prendre  en  mal  le  long  temps  pourvu  que 
la  despechefust  bonne,  elque ceste  indisposition,  ennuys 
el  travaulx  du  père  les  avoient  tellement  désespéi  s  .1 
desbauchés  qu'ils  s'asseuroienl  eslre  en  Franc    inq 
timement  excusés  de  ne  s'estre  encores  peu  résoudre  en 
cet  affaire.  Toutesfois  que  dedans  quatre  ou  cinq  jouis 
ils  mectroient  peine  d'y  entendre  el  donner  conlantiin.nl 
au  roy  de  Navarre,  comme  véritablement  ses  bons  deppor- 


616 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MEDIC1S. 


Les  lieuus  ans  aultres.  de  set  qui  font  pour 

temens  méritoient,  en  commandant  nommément  audict 
s'  de  Rambouillet  dire  en  cet  endroit  à  la  Royne  que  Sa 
Majesté,  la  voyant  en  plus  de  liberté  et  facilité  de  mons- 
trer  sa  bonne  affection  et  inclination  qu'elle  n'avoil  peu 
par  le  passé,  auroit  égard  à  ses  prières  en  ce  qui  touchoit 
le  roy  de  Navarre  et  luv  en  manderait  des  nouvelles  si 
tosl  qu'ils  y  aur oient  peu  adviser,  répétant  en  présence 
dudicts'  de  Rambouillet  ce  qu'ils  avoient  dicta  M.  d'O- 
zence  là-dessus. 

irCela,  après  avoir  si  longtemps  attendu,  sembla  trop 
général  à  l'évesque  de  Limoges  et,  pour  ceste  cause,  sup- 
plia ledict  duc  luv  dire  s'ils  ne  vouloient  pas  despécher 
Umeida  et  dedans  quant;  ce  qu'il  asseura  estre  l'inten- 
tion de  Sa  Majesté  en  peu  de  jours  qu'elle  se  doit  retrou- 
ver en  ceste  ville  où  la  Royne  et  le  roy  de  Navarre  s'as- 
seureront,  s'il  leur  plaisl,  qu'il  n'y  sera  rien  intermis. 
Vrav  est  que  le  Portugais  commance  fort  à  se  fascher 
et  penser  qu'on  le  faicl  pour  quelque  autre  occasion;  si 
est-ce  que  l'on  ne  se  peull  plaindre  d'enlx  que  du  temps 
et  longueur,  puisque  jusques  à  présent  ils  ne  se  sont  point 
faict  entendre ,  ce  que  l'évesque  de  Lymoges  par  tous  les 
moiens  au  monde  solicitera  et  solicite  tant  qu'il  ne  les 
laisse  en  repos  ung  seul  jour,  et  dira  bien  le  s'  de  Ram- 
bouillet aussi  l'office  qu'ils  y  ont  faict  par  ensemble 
comme  en  semblable,  dedans  deux  ou  trois  jours,  que  l'é- 
vesque de  Lymoges  présentera  Monsieur  de  S'-Sulpice 
son  successeur,  fera  observer  et  continuer  pour  ne  perdre 
le  fruict  de  ceste  occasion  et  de  la  bonne  volunlé  qu'ils 
disent  avoir. 

t-Quant  à  Petillan,  le  duc  d'Aibe  respondit  que  sur  les 
lettres  roiddes  qu'il  avoit  escrittes  au  duc  de  Florence, 
par  commandement  du  Roy,  lui  ayant  faicl  sentir  le  peu 
de  contentement  de  son  maistre,  ledict  duc  avoit  des- 
peché  courrier  exprès  à  son  ambassadeur  résidant  en 
ceste  court,  par  lequel  on  luv  commandoit  dire  qu'il  avoit 
laissé  au  père  conte  de  Petillan  la  citadelle,  ville  et  pais 
librement  sans  plus  s'y  vouloir  inlermettre,  par  où  l'on 
cognoissoit  assez  qu'il  rabbatloil  de  ses  premières  inten- 
tions, et  que  toutesfois  le  Roy  Catbolique  son  maistre  le 
chargeoil  dire  audict  sr  de  Rambouillet  que  l'on  avoit  jà 

léclaré  audict  ambassadeur  que  cela  n'esloil  point  assez 
et  qu'il  falloit qu'il  passasl  oultre,  disant  ledict  duc  que, 
comme  l'on  avoit  promis  à  l'évesque  de  Lymoges  envoyer 

homme  exprès  ou  autrement  y  pourvoir,  que  incontiuant 
estant  le  Roy  en  ceste  ville  de  Madrid  s'en  résoudroit  pour 
le  faire  entendre  audict  évesque,  lequel  en   donnerait 

advis  certain  dont  l'on  pressa  en  ceste  audience  ledict  duc, 


leurs  afayres,  si  ese  que  pour  ie  désir  que  je 

comme  chose  importante  à  la  chrestienté  et  première  playe 
faite  à  ung  si  important  traicté  de  paix ,  jusques  à  luy  dire 
l'évesque  de  Lymoges,  avec  la  modestie  toutesfois  qu'il 
doit,  quec'estoit  à  luy  qui  avoit  faict  le  traicté  d'y  remé- 
dier, d'autant  plus  que  d'ailleurs  il  estoit  soupçonné  de 
favoriser  ceste   cause   au   contraire  pour  estre  de  son 
alliance  et  paranlaige.  Estimons  que  Sa  Majesté  aura  veu 
par  les  derniers  paquets  l'extraict  de  la  lettre  du  duc  de 
Florence  que  son  ambassadeur  bailla  audict  évesque  qui 
n'esl  qu'ung   deligadour  que  ledict  duc  pense  trouver 
pour  temporiser  et  fault  croire  soubs  correction  que,  s'il 
plaisoil  au  Roy  et  à  la  Royne  se  monslrer  fermes  en  cecy 
plus  que  les  ministres  de  Florence  n'escrivent  qu'ils  font, 
que  les  traictés  seront  gardés,  et  que  le  conte  de  Petillan 
rentrera  ou  sera  contante  à  son  gré;  mais  il  est  nécessaire 
de  faire  semblant  d'en  estre  encore  plus  mary  (pie  l'on 
n'en  est.  Leur  ambassadeur  a  publié  icy  ung  double  des 
lettres  que  l'ambassadeur  de  Florence  résidant  en  France 
escrit,  par  lesquelles  il  dict  que  la  Royne  se  contante  en 
quelque  sorte  que  ce  soit  moiennant  que  la  place  de- 
meure en  la  maison  des  Ursins;  dit  que  Monseigneur  le 
cardinal  de  Tournon  luy  en  avoit  parlé  de  mesmes  et 
déclaré  cucores  moindre  l'affection  du  Roy,  luy  blasmanl 
et  vitupérant  ledict  conte  Nicolas;  finissant  ceste  belle 
lettre  par  mander  que  Monseigneur  le  cardinal  de  Fer- 
rare  leur  avoit  dict  le  semblable  et  qu'il  avoit  faict  co- 
rne cire  ung  de  ses  gens  pour  aller  à  Rome  traicter  de  cet 
affaire,  afin  que  toutes  choses  y  passassent  plus  doulce- 
ment;  ce  que  je.  sçay  bien  n'estre  véritable,   ainsi  que 
j'en  ay  respondu  icy,  et  pourtant  le  Roy  commandera,  si 
luy  plaist,  cet  insolent  oullrage  estre  ung  peu  soustenu 
suivant  ce  qu'il  m'en  escrit,  car  il   n'y  a  nulle  difficulté 
que  Sa  Majesté  Catholique  ne  veuille  que  le  duc  de  Flo- 
rence en  vuide  ses  mains;  et  toute  la  difficulté  sera  es 
mains  de  qui  on  la  remectra,  ce  que  peult  estre  dényé  au- 
dict conte  Nicolas,  luy  conservant  le  traicté  sa  possession 
et  réintégrande,  ce  sera  grand  honneur  aux  affaires  du 
Roy  et  consolation  à  tous  ses  serviteurs  qu'assez  d'estran- 
gers ,  soubs  couleur  de  sa  minorité,  pensent  vilipender.  A  usm 
le  duc  d'Aibe  pria  le  sr  de  Rambouillet  luy  tesmoignei 
l'asseurance  au  demeurant  de  la  bonne  grâce  de  Sa  Ma- 
jesté  Catholique  qui  l'honorait  et   respectoit   tellement 
qu'elle  en   pouvoit  et  devoit  faire  estât  comme  de  son 
propre  fils.  Depuis  entra  à  déplorer  l'ennuy  qu'elle  avoit 
à  se  veoir  enveloppée  de  tant  de  travaulx,  troubles  et 
confusions,     exhortant     Sa    Majesté    à     s'y    monstrer. 
comme  elle  l'a  faict  jusques  à  présent  en  toutes  choses 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS. 


617 


ay  d'entretenir  sete  amityé  qui  esl  entre  ses 
deùs  roys,  el  la  conésanse  que  je  désire  qu'il 
aye  perfelte1  de  l'amytié  que  je  lin  porte,- jeluy 
ay  voleu  envoyer  ledict  sieur  de  Ramboul- 
let,  présanl  porteur,  afyn  que  de  luy-mênie 
il  antende  la  vérité  de  set  que  l'on  luy  ha 
mendé,  el  qui  conèse  que,  ni  là  ni  halleur, 
je  ne  désire  lu\  fayr  fayre  mauves  aufise, 
mes  au  conlrère  d'avoyr  des  amis  el  serviteur 

ferme   el  vertueuse    el   emploier  ce  qui  est    eu  leur 
pouvoir,   \  offrant   quant  à  soy   tout   l'humble  service 
et  dévotion  qu'ung  serviteur  affectionné  peult.  Et  à  ce 
propos  discourant  des  nouvelles  qu'ils  avoient  que  ceulx 
île  la  nouvelle  religion  approcboienl  leurs  remuemens  de 
leurs  Frontières,  entre  autres  dit  t  qu'ils  entendoient  qu'ils 
loi  tifioient  Réziers  et  que  notre  noblesse  voisine  et  proche 
île  leurs  frontières  de  tous  côtés  commençoit  à  requérir 
efsemondre  la  noblessedes  frontières  d'Hespaigne,  comme 
ils  sont  alliés  et  en  assez  de  lieux  parents  et  amys,  de  1er 
secourir  et  assister  pour  conserver  leurs  maisons,  bourgs 
et  églises,  ce  qu'ils  n'avoient  voulu  permeclre  sans  en 
advertir  l'évesque  de  Lymoges,  lequel  leur  avoit  respondu 
estre  chose  trop  importante  pour  s'en  empêcher  sans  congé 
et  charge  du  Roy  et  de  la  Royne  très  expresse,  lesquels,  avec 
l'aide  de  Nostre-Seigneur  et  des  gens  de  bien  qui  les  assis- 
tenlavoient  le  moyen  d'y  pourveoir  d'eux  mesmes,  ce  que 
toutesfois  ledict  duc  par  commandement  de  Sa  Majesté 
voulut  estre  remporté  par  ledict  sieur   de  Rambouillet, 
lequel  se  souviendra  assez  du  comportement  du  prince  et 
des  deux  ouvertures  qu'on  luy  a  faictes  soubz  chacun  des 
yeulx,  pour  vuîder  intime  matière  qui  s'estoit  là  engen- 
drée à  cause  de  l'enllure  qu'il  a  eue  au  visaige,  se  por- 
tant toujours  avec  quelque  peu  de  fièvre,  tant  exténué 
que  rien  plus,  mais  hors  de  danger  que  peuvent  prévoir 
les  hommes:  qui  est  tout  ce  que  nous  avons  de  nouveau 
uultre  le  contenu  en  mon   dernier   mémoire,  par  où  il 
s'est  veu  que  l'on  est  après  à  osier  dix  galaires  à  André 
Doria,  qui  s'en  est  senty  tellement  affligé  et  piqué  que 
par  tous  moyens  veult  se  reposer,  vendre  ses  galaires  et 
quicter  le  service  du  Roy,  si  on  luy  diminue  sa  solde 
accoustumée,  et  sur  ceste  colaire  est  venu  avec  deux  ga- 
laires volantes  jusques  à  Barcelonne  et  d'icy  là  en  poste  où 
il  est  à  ceste  poursuitle  ainsi  que  le  sr  de  Rambouillet,  qoi 
l'a  veu,  lesmoignera.  (Bibl.  imp.  de  Saint-Pétersbourg, 
vol.  n°  97,  p.  88.) 
1   Perfelte,  parfaite. 

CiTHEBISE  DE  MÉDICIS.  I. 


I i'  le  Roy  vostre  frère,  pour  servir  aultenl 

au  1 1 1 1  \  vostre  tuari,  entre  lesquels  deux  je  ne 
meteré  jeamès  de  diféranse  d'anvie  de  leur 
augmenter  leur  grandeur  en  set  que  en  auré 
le  moyen,  et  vous  prie  l'aseurer  au  Roy  voslre 
mari  de  la  pari  de 

Voslre  bonne  mère, 

Cati  rine. 

Croyés  Rambouillet  de  set  que  je  luj  donne 
charge  de  vous  dyre. 

(  Au  dos.)  Du  xvic  avril  1  56a 


(1562.  —  16  septembre.) 

Uib!.  mit.  (omis  français,  n°  102/10,  P1  i5û. 

A  SU  COUSINE 

MADAME  LA  DUCHESSE  DE  GUISE. 

Ma  cousine,  voussavéssi  au  long  de  toultes 
nous  novelles  par  sel  que  ayscripl  vostre  bon 
mari  à  son  frère  que  ne  vous  en  fayré  redyste; 
seullement  vous  dire  que  j'é  veu  Madame  la 
duchesse  de  Ferarre,  laquele  s'et  acomodée  à 
tout  set  que  j'é  voleu  quant  au  servise  des 
ayglise  dans  la  ville  l,  mes  au  ebatauh  ayle  \ 
tel  à  sa  mode,  et  le  prinse  de  Navarre-  y  est 
demeuré  avecques  la  roujole  qui  luy  sortit  le 
matin  que  partîmes.  Je  vous  prie  me  mander 
cornent  sel  porte  vostre  vantre  et  set  avés  poynl 
d'alarmes  depuis  que  aystes  arivée.  Je  prie  à 
Dycu  que  ne  soyc's  pas  plus  malade  que  feules 
à  Rloys3  et  que  fasié  heun  beaulx  (Ils. 
Vostre  bonne  cousine. 

Caterine. 

1  C'est  le  16  septembre  que  Catherine  passa  .1  Mon- 
largis;  une  lettre  d'elle  à  Bordillon  est  datée  de  cette  ville, 
ce  jour-là. 

1  Le  prince  de  Navarre  était  resté  avec  Catherine. 

3  La  duchesse  de  Guise  accoucha  le  2  5  octobre  i.'ilin 
de  Maximilien  de  Lorraine .  qui  mourut  à  Reims  en  1 56:i. 

7* 


618 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


1562. —  g  novembre. 

Copie.  Bibl.  de  la  ville  d'Aix ,  collect.  Mejnnes. 

A  MOM  COUSIN 

LAURENT  STROZZI. 

Mon  cousin  ,  j'ay  par  une  lettre  que  m'avez 
escripfe  et  ce  que  le  sindic  d'Albigeois  m'a 
remonstré  de  vostre  part  par  les  articles  qu'il 
en  a  baillez  de  la  grande  despence  que  vous 
avez  faicfe  pour  la  levée  des  gens  de  guerre 
qui  estoit  nécessaire  pour  la  garde,  deflense 
•'I  conservation  dudict  pays  et  des  deniers  que 
vous  avez  empruntez  pour  la  solde  et  enlre- 
tenemenl  d'ieeulx  dont  vous  demandez  moyen 
de  vous  en  pouvoir  acquicter  et  descharger,  ce 
qui  ne  se  peull  faire  que  premièrement  l'on 
ne  voye  Testât  de  ladicte  despence  et  comme  les 
deniers  auront  esté  employez,  quels  deniers  en 
seront  deubs  et  à  qui;  à  cette  cause  je  vous 
prie,  mon  cousin,  faire  dresser  un  estât  au 
vray,  contenant  bien  au  long  ce  que  dessus, 
ensemble  des  deniers  pour  la  solde  et  entre- 
ténementdes  forces  qui  \ous  seront  nécessaires 
audictpays,  afin  que  je  vous  y  puisse  pourveoir, 
ainsy  qu'il  sera  nécessaire  et  vous  fasse  expé- 
dier les  validations  et  autres  provisions  pour 
ce  requises  pour  vostre  descharge.  Priant  Dieu. 


mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  sainte  et  digne 
garde.  De  Rouen ,  ce  ixc  jour  de  novembre  1  562. 
Vostre  bonne  cousine, 

Caterine. 

1563.  —  g  février. 

Imprimé  daD9  les  Mémoires  du  duc  de  Xevers ,  t.  I .  p.  70. 
A  MON  COUSIN 

MONSIEUR  LE  DUC  DE  GUISE. 

Je  suis  ce  malin  revenue  d'Amboise.  où 
j'ay  veu  un  petit  moricau  ',  qui  n'est  que 
guerre  et  que  (empeste  en  son  cerveau.  Il  9e 
porte  très  bien  et  sa  sœur  aussi  2.  Pour  le 
chasteau,  je  vous  puis  asseurer  que  quiconque 
y  sera,  n'en  sortira  pas  sans  congé,  tant  pour 
estre  la  place  très  bonne  que  pour  la  fortifi- 
cation que  j'y  ay  faict  l'aire.  Je  croys  qu'il  n'y 
a  lieu  en  France  où  Monsieur  le  Prince  puisse 
estre  mieulx  ny  plus  seurement,  et  si  n'en' 
bougeray  mes  enfans,  car  cela  estant  il  y  aura 
double  garde. 

Cateiune. 

1  François  de  Valois,  alors  âgé  de  neuf  ans.  11  y  avait 
été  envoyé  avec  sa  sœur  et  élevé  en  compagnie  de  plu- 
sieurs dames  qui  s'y  étaient  retirées  dès  le  commencement 
des  troubles.  Voy.  Mémoires  dit  dur  de  Revers,  1. 1 .  p.  69. 

-  Marguerite  de  Valois. 


LETTRES  DE  CATHERINE  DE   MÉDICIS 

QLTI  N'ONT  CAS  PARU  DEVOIR  ÊTRE  IMPRIMÉES. 


DATES 

SDSCRIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

et 

LIN!    DE    LUTES. 

DBS    IETTRBS. 

ET    SOURCES. 

1529. 

îG  mars. 

Florence. 

A  François  I". 

Les  démonstrations  d'amitié  et  les  offres  qu'il  lui  a  faites  par  plusieurs  fois,  lui 
donnent  la  hardiesse  de  l'importuner,  non-seulement  pour  elle,   mais  pour 
les  siens.  Rosso  Ridoîli,  gentilhomme  florentin,  a  été  son  premier  gouver- 
neur pendant  l'espace  de  six  ans;  elle  demande  pour  son  fils  Vincent  Bi- 
dolfi  une  abbaye  ou  autre  bénéfice. 

Catalogue  de  la  collection  de  M.  de  Monligny.  (Paris.  Laverdet,  t8GJ.) 

I5/i0. 

0  avril. 
A  m  boise. 

Au  cardinal  Farnèse. 

Elle  lui  recommande  vivement  le  neveu  de  messire  Job  an-Baptiste  son  maître 
d'hôtel  ',  afin  d'obtenir  du  Saint-Père  un  des  premiers  bénéfices  venant  à  vaquer 
en  Bretagne;  elle  se  réjouit  en  même  temps  de  la  promotion  du  cardinal  à  la 
légation  d'Avignon. 

Orig.  —  Arch.  de  Modéne. 

27  septembre. 
Evreux. 

Au  duc  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  les  affaires  de  M'  Pandolfe  touchant  quelque  argent  que 
ses  frères  et  lui  prétendent  leur  être  dû  à  Florence. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis  à  Florence. 

2  7  octobre. 
Dijon. 

Idem, 

Elle  loi  recommande  le  sieur  Antoine  Melin  "  qui  va  faire  un  voyage  par  delà. 
Ibid. 

1.541. 

Idem. 

Elle  lui  recommande  le  neveu  de  M'  Tursulys.  son  aumônier. 

1 9  décembre. 
Fontainebleau. 

Ibid, 

1542. 

a3  janvier. 

Paris. 

Idem. 

Elle  lui  recommande  Bernard  Salviati  qui  a  un  procès  avec  Barthélémy  Car- 
vassegni. 

Ibid. 

Mai. 

idtm. 

Elle  lui  fait  savoir  de  ses  nouvelles  par  le  s'  Ottaviano  Acciamoli .  présent  por- 
teur   et  le  lui  recommande. 

Ibid. 

1543. 

la  décembre. 
Villers-Cotterets. 

A  Octavien  de  Médicis. 

Elle  lui  recommande  le  s'  Bernard  de  Salviati  à  l'occasion  d'un  procès  qu'il  sou- 
tient contre  Nasi  pour  une  somme  qui  lui  est  due. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis. 

1545. 

Au  dur  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  Albissc  d'Ëlbène. 

27  mai. 
Pontgon. 

Ibid. 

1  Gowti.  Voy.  la  11 

2  ÎSe  serait-ce  pas 
(Paris.  Aubry,  i863 

oie  de  la  page   1 . 

e  poète  Melin  de  Saint-Gela 

),  et  l'édition  de  Saint-Gela 

fs,  mort  en  i558î  Voy.  la  Me  de  Mdùt  de  Smnt-Gelays ,  publiée  par  Gellibert  des  Seguin? 
ys  donnée  par  M.  Blancheraain. 

78. 


620 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

SU SCRIPT  ION 

ANALYSES  DES  LETTRES. 

et 

LIEUX  DE    D*TES. 

DES    LETTRES. 

ET    SOURCES. 

1565. 

S  septembre. 

Au  duc  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  un  neveu  de  Jacques  de  Tursulys,  son  premier  aumônier, 
qui  retourna  à  Florence  pour  y  faire  désormais  sa  résidence. 

Beauvais. 

Orig.  —  Arch    des  Médicis. 

l 'i  décembre. 
Villers-CoUerels. 

Idem . 

Elle  le  prie  de  restituer  les  biens  de  Antoine  Perussy. 
Ibid. 

1546. 

20  mars. 
Blois. 

Idem . 

Elle  le  prie  de  restituer  les  biens  de  Pierre  Jaeomigny,  gentilhomme  florentin, 
lequel  lui  a  rendu  d'éminents  services. 

Ibid. 

Sjain. 

Villcneuve-le- 
Comte. 

Idem . 

Elle  lui  écrit  en  faveur  de  Loys  Alamanni  \  l'un  de  ses  maistres  d'bostel  et  elle 
ajoute  :  «les  oflïciers  de  la  communauté  de  la  ville  de  Florence  veullent  le 
molester  pour  le  gabell  ige  d'une  somme  de  six  mille  escus  qu'ils  prétendent 
par  luy  avoir  esté  reçus  pour  le  douaire  d'une  de  mes  filles  qu'il  a  épousée; 
elle  certifie  qu'il  n'en  a  rien  reçu.» 

Ibid. 

1-2  septembre, 
fiasery. 

Idem . 

Elle  lui  recommande  Nanine  de  Ridolfi,  qui  plaide  avec  Laurent  ùmibi -,  son 
parent. 

Ibid. 

1547. 

a 8  avril. 

Au  duc  de  Plaisance3. 

Elle  lui  accuse  réception  des  lettres  que  lui  a  1  émises  messire  Jehan  Francisque 
Guinisio,  gentilhomme  dudit  duc. 

Ecouen. 

Orig.   --  Arch.  de  Modéne. 

3  juillet 

Saint-Germain- 
en-Laye. 

Au  duc  de  Florence. 

Elle  lui  écrit  en  faveur  du  s'  Barthélémy  d'EIbène  \  valet  de  chambre  du  Roi, 
contre  lequel  un  nommé  Abelotti,  citoyen  de  Florence ,  a  obtenu  par  surprise 
une  sentence  de  contumace  en  cour  de  Rome,  en  vertu  de  laquelle  il  a  fait 
saisir  ses  biens  à  Florence. 

Orig.  —  Arch.  des  Médias. 

ta  août. 

Villers-Colterets. 

Au  cardinal  Farnèse. 

Elle   lui  recommande  de  nouveau  le  frère  de  M'  François   de  Vallence,  son 
niais  Ire  des  requestes,  à  telle  fin  qu'il  obtienne  un  canonicat  à  Avignon  ;  elle 
lui  témoigne  le  désir  de  voir  l'évêque  de  Béziers  (Laurent  Slrozzi)  promu 
au  cardinalat. 

Orig.  —  Arch   de  Modène. 

i5  août. 
Compiègnn. 

Au  duc  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  de  nouveau  Octaviano  Bentivoglio  5,  et  le  prie  de  le  pour- 
voir de  quelque  charge  de  justice;  c'est  le  frère  de  Frédéric  Bentivoglio,  un 
des  gentilshommes  qu'elle  a  à  son  service. 

Orig.  - —  Arch.  des  Médicis. 

2  0  septembre. 
Fontainebleau. 

Idem. 

Elle  lui  recommande  le  sr  Pallavicini  °,  lequel  a  quelque  bien  par  delà,  dont 
Lesbini  et    Bardi 7,  compagnons  banquiers,  se  sont    emparés    «quasi  par 
force.  » 

Ibul. 

1   Voy.  In  noie  de 
-   Voy.  La  Toscane 

3  Pierre-Louis  F;i 
Biné  a  Plaisance ,  le 

4  Voy.  pour  la  nia 
s  Sansovino.  Orig 
e  Voy.  in  Toscane 
1   Ibid. 

la  page  34. 

française  de  l'Hermite  de  So 
nèse  .  premier  duc  de  Parmi 
io  septembre  1567. 
ison  d'F.lbéne,  la  Toscane/ 
ini  délie  famigHe  d'Italia ,  p 
françi  ite, 

liers  (article  Cambi). 

;  il  avait  épousé  Hiéronyme  des  Ursins ,  fille  de  Louis,  comte  de  Pilîgliano;  il  fut  asas- 

-ançoisc,  et  la  note  de  la  page  37. 
58g,  et  la  note  de  la  page  i3. 

NON  IMPRIMÉES  DANS  CE  VOLUME. 


621 


D  Mis 
el 

L1SUI  Dl  MTLs. 


1548. 

i  (i  jam  iei 
v-  iini  ■'"  i  M.  .i 
■  i.  Laye. 

1 6  février. 
Pool  linebleau. 


ag  juillet. 

M.'irnrr 


i/i  décembre. 
Sainlr  Germai  ti- 
en-Lave. 

1549. 

9  avril. 

Saint-Germaia- 

en-Laye. 

i5  avril. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

7  juin. 

Saint-Cermain- 

en-Laye. 


i 8  novembre. 
Paris. 


3 1  novembre. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 


1550. 

a 8  février. 
Saint-Gerniain- 

en-Laye. 

3o  juillet. 
Saint-Gërmaîn- 

en-Laye. 

3i  juillet. 

Saint-Gerraain- 

en-Laye. 

i  septembre. 
Blois. 


si  Si  P,U'T10?< 

DtS  LETTRES. 


Au  duc  il.'  Florence. 


vu  cardinal  Famé 


Au  duc  de  Florence. 


Idem. 


ïikm. 


Idem, 


Idem. 


Idem. 


Idem. 


Idem . 


Idem 


Idem. 


Idem. 


ANALYSES  DES  l,K  t  I  RBS 

BT  SOlT.i  BS. 


'   Il  est  cité  par  l'ambassadeur  Ricasoli.  Yoy. 
a  l.'émaillcur  délia  Robbia  ,  cité  plus  baut , 


Elle  lui  recommande  de  nouveau   Intoine  Gazette,  toujours  détenu  en  prison. 
c'est  le  frère  de  1  une  de  ses  demoiselles. 

Orig.  —  Arcb.  des  .Médicis. 

Elle  lui  recommande  \l    Jules  Boccabelli,  maistre  d'hoslel  de  s ousin  le 

cardinal  de  Ferrare,  aGn  <in  il  obtienne  du  Pape  dispense  de  payer  les  droits 
d'un  prieuré  auquel  il  a  esté  promu. 

Orig.  —  Arcb.  de  Parme. 

Elle  le  prie  d'avoir  pitié  du  s'  Sartini,  demeuranl  .i  Lyon,  lequel  0  été  imposé 

à  mille  escus  d'emprunt,  ce  qu'il  ne  p ra  payer,  n  ayanl  (juères  de  bon  et 

ayant  renoncé  au  commerce;  il  est  chargé  de  femme  el  d'enfants: 

Orig.  —  Arcb.  des  Médicis. 

Elle  lui  recommande  messire Claude  Albissy,  imposé  à  quatre  mille  escus  d'em- 
prunt, qui  est  la  plus  grosse  partie  de  son  bien. 

nu. 

Elle  lui  écrit  de  nouveau  en  faveur  de  Claude  Albissy. 
Ibid. 


Elle  lui  recommande  François-Cosme  Strozzi. 
Ibid. 

Elle  lui  recommande  Julien  Buonacorsi:  il  réside  depuis  longues  années  en 
France  ,  et  n'a  rien  reçu,  ni  des  biens  provenant  de  son  père,  ni  des  autres 
biens  provenant  de  ses  offices. 


Elle  lui  recommande  son  premier  maître  d'botel ,  Baptiste  Seghizo,  natif  de 
Florence,  qui  désire  entrer  au  service  du  duc1. 

Ibid. 

Elle  lui  recommande  de  nouveau  Hierosnime  delà  Rubie'  qui  habite  depuis  plus 
de  trente  ans  en  France,  étant  employé  ans  bâtiments.  En  ce  moment  il 
a  une  difficulté  avec  le  chapitre  de  Saint-Marcel  del  Fiore. 

Ibid. 

Elle  le  prie  d'empêcher. que  Louis  Alamanni,  son  maistre  d'hoslel,  ne  soit 
imposé. 

nu. 

Elle  lui  recommande  Donato  Boldebinety,  beau-frère  de  Catherine  Gazette,  l'une 
de  ses  filles. 
Ibid. 

Elle  le  prie  de  venir  en  aide  à  Laurent  Mauvelly  pour  le  recouvrement  d  une 
somme  d'argent  que  feu  son  père  a  prêtée  à  l'hôpital  de  Sainte-Marie  de  Fb  il  en  i  le. 

Ibid. 

Elle  lui  recommande  Laurent  Tauini ,  citoyen  de  Florence. 

Ibid. 

Relations  diplomatiques  avec  la  Toscane ,  t.  111  .  p.  188. 
page  ag. 


622 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

SUSCBIPTION 

ANALYSES  DES  LETTRES 

el 

LIEDS   DB  DATES. 

DES  LETTBBS. 

ET   SOURCES. 

1550. 

Au  dur  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  Anastase  Pitti,  citoyen  de  Florence. 

3o  septembre. 
Gonipiègne. 

1551. 

27  avril. 

Idem. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis. 

Elle  lui  écrit  en  faveur  d'un  nommé  Vincent,  fils  de  Rossi  liidolfi,  banni  de 
Florence   pour  un  homicide;  il  s'est  accordé  avec  sa  partie;  elle  demande 

Amboise. 

6a  grâce. 

a5  juillet. 

Sainl-Germain- 

en-Laye. 

Idem. 

Elle  lui  écrit  en  faveur  de  Barthélémy  Greluisson ,  docteur  en  droit,  demeurant 
à  Modène,  parent  de  son  premier  maislre  d'hostel   Baptiste.  Elle  demande 
pour  lui  un  office  d'auditeur  de  rote  à  Florence. 

/ 

Orig.  —  Arch.  de  Modène. 

1552. 

â5  janvier. 

Idem. 

Elle  lui  recommande  le  protonotaire  Dey  dont  elle  a  fait  un  maître  des  requêtes, 
et  son  frère  nouvellement  marié  à  Florence. 

Blois. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis. 

1554. 

Au  duc  de  Mantoue. 

Lettre  de  compliment». 

6  septembre. 
Gonipiègne. 

Aut.  —  Arch.  de  Mantoue. 

1555. 

6  avril. 

A  la  duchesse 
de  Mantoue. 

Elle  lui  écrit  en  faveur  d'Emilio  Cavriana.  un  des  anciens  serviteurs  du  feu 
Roi. 

Villers-Cotlerets. 

Orig.  —  Arch.  de  Mantoue. 

i5  avril. 
Yillers- Cotlerets. 

Idem. 

Elle  lui  fait  faire  ses  compliments  par  Dominique  qui  s'en  va  par  delà. 

m.                                                                       • 

îô  avril. 
Villers-  Cotlerets. 

Au  duc  de  Mantoue. 

Elle  lui  envoie  de  ses  nouvelles  par  le  sieur  Dominique. 

nu. 

1556. 

12  janvier. 

Au  duc  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  le  s'  Jehan  André  Ondadey.  l'un  de  ses  gentilshommes, 
qui  va  lui  porter  ses  compliments. 

Paris. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis. 

1 8  janvier. 
Blois. 

A  la  duchesse 
de  Mantoue. 

Lettre  en  faveur  de  l'écuyer  Morel'.  frère  de  Gaspard  de  Fellic. 
Orig.  —  Arch.  de  Mantoue. 

1557. 

to  mai. 
Villers-  Cotlerets. 

Au  duc  de  Mantoue. 

Elle  lui  recommande  le  sr  Morel  écuyer  d'écurie  du  roi,  et  le  s'  de  Fultre, 
son  frère;  elle  demande  pour  eux  l'exemption  des  contributions  auxquelles 
sont  tenus  les  citoyens  de  Mantoue. 
(  Lettre  du  même  jour  à  la  duchesse.) 

mi. 

1558. 

2  février. 

Au  duc  de  Ferrare. 

Elle  lui  écrit  en  faveur  du  capitaine  de  Vernon,  Marc-Antoine  Segbizo,  l'un 
de  ses  gentilshommes  servants ,  qui  réclame  les  droits  de  sa  capitainerie. 

Paris. 

Orig.  —  Arch.  de  Modène. 

8  février. 
Paris. 

Au  grand-duc 
de  Florence. 

Elle  lui  recommande  Pierre  Paulure  dont  les  biens  ont  été  confisqués. 
Orig.  —  Arcb.  des  Médicis. 

Février. 
Marchenoir. 

Idem. 

Elle  lui  recommande  Baptiste  Marlelle.  frère  du  capitaine  Baschi,  qui  fait  or- 
dinairement service  au  Boi. 

Ibii. 

1  Par  une  lettre  c 

u  ai  janvier  1557,  Henri  U 

avait  déjà  recommandé  au  duc  de  Mantoue  le  sieur  Morel ,  chargé  du  soin  de  ses  haras. 

NON  IMPRIMEES  DANS  CE  VOLl  ME. 


623 


n  vt  b  s 


LIEUX    DE  DATES. 


I  558. 

lC  mars. 
Blois. 


an  août. 
VilIcrs-CoUcrcls. 


8  septembre. 
Villers-Cotterets. 


28  octobre. 
Reims. 


1553. 

7  janvier. 
Paris. 


1557. 


i3  octobre. 


27  octobre. 

Saint-Germnin- 

eti-Laye. 

8  novembre. 


1 559. 

18  août. 

Saint-Germain- 

en-Laye. 

3o  août. 


SUSCBIPTION 

DES   LETTRES. 


Au  grand-duc 
de  Florence. 


Idem. 


Idem, 


Au  duc  de  Guise. 


Au  duc  de  Florence. 


Au  cardinal  de  Ferrare. 


Au  doyen  de  la  Rôle. 


A  M.  de  Nouilles. 


Au  duc  de  Mantoue. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


Fil'-  le  prie  de  taire  remellre  an  s'  Gazette  une  chapelle  d'une  église  de  Florence 
dont  son  oncle  Adimari  a  lait  la  résignation. 

Orig.  —  Arch.  des  Médias. 

Elle  le  prit'  de  traiter  le  pins  doucement  possible  Nicolas  Perussi,  l'un  de  ses 
secrétaires  qui ,  à  la  suit*-  de  La  mort  de  Thomas  Strozzi ,  est  retourné  à  Flo 
rence,  où  il  veut  unir  ses  jours. 

Ibid. 

Elle  le  pne  de  remettre  en  ses  biens  ,  dont  il  a  été  dépossédé  durant  les  guerreï 
Antoine  Perussi,  frère  de  Nicolas  Perussi,  l'un  de  ses  secrétaires. 

Ibid, 

Elle  est  bien  inquiète  de  ce  que  l'armée  de  l'Empereur  est  si  près  de  lui  '  ;  elle 
craint  qu'il  ne  lui  arrive  quelque  mauvaise  fortune;  il  est  inutile  qu'elle 
le  recommande  à  la  bonne  grâce  du  Roi,  ainsi  qu'il  le  lui  demande,  car  il 
l'aime  comme  il  le  mérite;  elle  priera  Dieu  pour  lui. 

Impr.  Mémoires  du  duc  de  Guise .  collect.  Michaud  ,  t.  VI .  p.  1 1 3 . 

Elle  le  prie  de  s'employer  auprès  du  Saint-Père  en  faveur  de  du  Tîllet a,  son 
aumônier,  pourvu  par  le  cardinal  du  Bellay  de  l'évéché  de  Saint- Brienc ,  afin 
que  ses  bulies  soient  promptement  expédiées. 

Orig.  —  Arch.  de*  Médius. 

Donation  au  cardinal  de  Ferrare  de  terres  situées  en  Italie,  entre  les  villes  de 
Terracine,  Piperro  et  Se^sï. 

Minute.  —  Ribl.  nat.  fonds  français,  n"  3ig8,  î°  a5. 

Elle  le  remercie  des  soins  donnés  au  procès  qu'elle  soutenait  contre  les  héritiers 
du  cardinal  de  Médicis. 

Minute.  —  Ribl.  nat.  fonds  français,  n°  3hj8,  f°  ao. 

Révocation  du  don  ci-devant  faict  à  M.  le  cardinal  Farnèse  ". 
Minute.  —  Bibl.  nat.  fonds  français.   n°  3So,8  .  f°  106. 

crDon  fait  à  M'  Etienne  Mauguin  de  tout  ce  à  quoi  peuvent  monter  les  ïods  et 
ventes  et  autres  droits  à  elle  appartenants  en  raison  de  l'acquisition  qu'il  a 
faite  en  i55a  d'un  tiers  de  maison  sise  en  la  ville  de  Clerniont  louchant  au 
marché  au  blcd.n 

Minute.  —  Bîb.  nat.  fonds  français,  n°  38o,8 ,  fJ  19. 

Elle  a  reçu  sa  lettre  du  vi°  de  ce  mois ,  et  elle  s'en  remet  à  ce  que  le  Roi  son  fils 
lui  écrit,  le  priant  d'exécuter  et  de  faire  le  devoir  de  sa  charge. 

Copie. —  Arch.  du  Ministère  des  Affaires  étrang.  (dépêches  de  M.  de  Noailles. 
t.  IV,  p,  63). 

Elle  accrédite  le  sr  Léonard  auprès  du  duc  et  de  la  duchesse. 
Orig. —  Arch.  de  Mantoue. 

1  Leduc  de  Guise  écrivait  au  Roi ,  le  a6  octobre  :  «Je  m'attends*  de  voir  quelque  commencement  de  leur  approche."  Mémoires  1I11  <Iuc  de 
Guise,  collecl.  Michaud  .  t.  VI ,  p.  nfi. 

3  Voy.  noie  de  la  page  76. 

s  Cette  révocation  est  motivée  sur  l'ingratitude  du  cardinal  Farnèse  et  de  son  frère .  le  duc  de  Parme ,  qui  avaient  abandonné  le  service 
de  Henri  II  pour  passer  à  celui  de  l'Empereur. 


626 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 

et 

L1BUX  DE  DATES. 


SUSCRIPTION 
DES  LETTRES. 


15b9. 

3o  septembre. 


A  l'électeur  Frédéric. 


i  a  octobre. 


7  novembre. 
Blois. 


1560. 

3  mai. 
Guenon  ceaux. 


i3  mai. 

Chinon. 


A  M.  t!e  Noailles. 


Au  duc  de  Mantoue. 


Au  duc  de  Florence. 


A  l'évèque  de  Limoges. 


ai  mai. 
Loches. 


Idem 


20  juin. 
Ponlgoaîn. 


Idem . 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET    SOURCES. 


Elle  repousse  d'une  manière  absolue  supposition  de  favoriser  les  hérétiques. 
Au  point  de  vue  auquel  elle  s'est  placée,  son  fils  fait  bien,  qusnd  il  punit 
ceux  qui  se  laissent  détourner  de  la  religion  traditionnelle,  laquelle  est 
la  sainte,  la  vraie  et  la  catholique,  et  il  détourne  ainsi  par  la  crainte  les 
autres  de  telles  erreurs.  Quant  à  ceux  qui,  en  Allemagne,  lui  attribuent 
d'autres  sentiments,  ils  trompent  les  hommes,  comme  elle  veut  qu'il  soit 
déclaré  ici  par  écrit. 

Arch.  de  Stullgard. 

Elle  a  reçu  sa  lettre  du  97  septembre  que  lui  a  remise  La  Alothe,  et  entendu  ce 
qu'il  lui  avait  donné  charge  de  lui  dire.  Elle  s'en  remet  à  ce  que  le  Roi  son 
fils  lui  écrit. 

Copie.  —  Arch.  du   .Ministère  des  Affaires  étrang.  (  dépêches  de  M.  de  INoailles. 
t.IV,p,89). 

Elle  lui  recommande  le  s'  Laurent  SHvauo. 
Orig.  —  Arch.  de  MantQue. 

Elle  lui  recommande  Camille  Spamochi,  Génois,  et  ses  frères,  en  considération 
des  services  rendus  par  eux  tant  au  feu  Roy  qu'à  elle. 

Orig.  —  Arch.  des  Médicis. 

De  pauvres  femmes  de  Dieppe  et  de  la  Rochelle  sont  venues  se  plaindre  de  ce 
que  le  roi  d'Espagne  retenait  encore  sur  ses  galères  et  ailleurs  treize  cents 
prisonniers  français,  ne  faisant  aucun  compte  de  remontrances  réitérées; 
elle  invite  l'évèque  à  faire  de  nouvelles  instances  pour  obtenir  leur  liberté, 
garantie  parle  traité  de  paix  qui,  du  coté  de  la  France,  a  été  observé. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  Françcis  II,  p.  37a. 

Il  verra  par  toutes  les  dépêches  où  ils  eu  sont  avec  la  reine  d'Angleterre  :  le 
Roi,  son  fils,  ne  peut  pas  avoir  de  plus  sage  conseil  que  celui  du  roi  d'Es- 
pagne; l'évèque  fera  entendre  tout  ce  qu'a  fait  In  Roi  son  Ois  pour  ôter  tout 
.soupçon  à  la  reine  d'Angleterre  et  l'empêcher  d'entrer  en  guerre  avec  lui,  et. 
finalement,  ce  qu'il  a  fait  pour  réduire  les  Ecossais  par  voie  de  douceur, 
mais  sans  résultat  jusqu'à  ce  jour,  ce  qui  les  contraindra,  si  Monsieur  de 
Randan  '  échoue  dans  sa  négociation,  de  venir  à  la  guerre,  chose  qu'elle 
déleste,  tant  pour  son  naturel  ami  du  repos  et  de  la  paix  que  pour  le  désir 
qu'elle  a  de  maintenir  la  chrétienté  dans  la  tranquillité  que  le  t'eu  Lui  \ 
avait,  avec  tant  de  peine,  établie.  Personne  n'y  peut  plus  que  le  roi  d'Es- 
pagne, s'il  fait  en  tendre  à  la  reine  d'Angleterre  que  «si  elle  fait  plus  la  folle, 
il  aidera  à  la  chastiem.  Dès  qu'elle  aura  abandonné  les  Ecossais,  ils  s'accom- 
moderont; il  faut  user  de  vitesse,  car,  durant  ces  allées  et  venues,  elle  pour- 
rait s'emparer  du  Pelit-Leilh;  elle  recommande  vivement  cette  affaire  a 
l'évèque  et  le  prie  de  lui  envoyer  sans  relard  la  réponse  du  roi  d'Espagm 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  II ,  p.  38g. 

Elle  prie  l'évèque  de  Limoges  de  faire  de  nouvelles  instances  envers  le  roi 
d'Espagne  en  faveur  des  prisonniers  français  qu'il  retient-  Le  capil  due  de 
l'Isle  qui  a  fait  service  au  Roi,  et  a  perdu  sept  de  ses  frères  dans  les  der- 
nières guerres,  a  remontré  au  Roi  qu'il  a  quelques  parents  retenus  prisonniers 
depuis  six  ans ,  et  actuellement  sur  la  galère  du  capitaine  Labbé  à  Palamos. 

Ihid.   p.  iao. 


1  Charles  de  La  Rochefoucauld,  sieur  de  Randan,  tue  au  siège  de  Rouen,  à  l'attaque  du  fort  Sainte-Catherine.  Voy.  Portas,  StaU 
papers,  vol.  I ,  p.  3io. 


i\o.\  i\ii'Iîimi;i:s  hw.s  ck  \  m,i  vie. 


625 


DATl— 
el 

.  .. 


1560. 

Veut 


36  sept)  mbre. 
Germain 
en  Lave 


jf>  octobre 
Orléans. 


i  o  novembre. 


'i  décembre. 


Milieu  île  décemb. 


IMil 


■».)  juin. 


SI  SCRIPT10N 


A  In  reine  d'Ei 


pagne. 


A  l'évèque  de  I  imoges. 


An  duc  de  Florence. 


A  l'évèque  de  Limoges. 


Au  sieur 
de  \  itlefrancon : 


-Au  roi  de  Navarre. 


A  Ruslan  Pacha. 


Au  sieur  de  Ci  ussol. 


\>  \M  SES  DES  LETTRES 

01  IICBS. 


iii<  est   impori par  b< ip  <]    gens  qui  sollicitent  d'Ôtre  di   sa  maison 

ou  de  celle  du  roi  Bon  mari,  ne  voulant  pas  refuser  par  égard  pour  ceux 
qui  les  lui  recommandent .  elle  la  prie  de  ne  pas  tenir  compte  de  ses  lettres 
el  de  ii  «'M  faire  que  ce  qu'elle  voudra 

Imprimi  deo  ■  les  Ve^oi  i  '<>■■■■  J  ;;    ,      ;,  , 

Elle  lui  annonce  l'arrivée  de  don  Antonio  '.  On  a  tout  mie  en  œuvre  poui  lui 
faire  honneur  el  le  bien  recevoir.  Elle  espère  beaucoup  de  sa  mit    on 

IM. 


Elle  lui  recommande  le  s'  Hiéronyme  de  Turin 
Rot*:,  et  qui  a  été  jugé  sans  être  appelé. 

I  frig.        Irch  de!  Médias 


qn 


procès  à  Rom*  ,  à  la 


Elle  écrit  à  la  reine  sa  fille  et  à  Madame  de  Clermonl  qu'elle  a  appris  qui  «Ma- 
dame de  Vineux  a  voulu  entrer  aux  affaires  de  la  reine  sa  fille»;  elle  se 
plainl  à  l'évèque  de  son  silence,  el  de  ne  pas  l'en  avoir  prévenue,  afin  d'éviter 
que  les  Espagnols  no  s'en  prennent  à  son  mauvais  jugement  pour  avoir  atta- 
ché à  la  personne  de  la  reine  sa  Gll  deux  femmes  qui  ne  savent  vivre  en 
paix  ensemble;  elle  prie  l'évèque  '\>-  leur  remettre  à  chacune  d'elles  Bes  lettres 
el  de  leur  dire  qu'elle  entend  qu'ellrs  vivant  nu  bonne  intelligence,  qu'elles 
n'entreprennent  que  ce  qu'elle  leur  a  prescrit  an  moment  du  départ  Elle  ne 
vent  pas  que  Madame  de  Vi neuf  empiète  en  rien  sur  Madame  de  Glcrmont, 
ni  qu'elle  entre  aux  affaires  de  la  reine  sa  tille. 

Imprimé  dans  lea  Négociations  tous  François  II .  p.  70Û, 

Le  Roi  Bon  lit  s  depuis  quelques  jours  s'esl  trouvé  «assailli  d'un  cathare  accom- 
pagné d'une  grosse  fièvre  qui  l'a  mis  en  extresme  danger  n ,  elle  espère  que  Dieu 
le  ramènera  en  parfaite  saule,  mais  elle  en  avertit  M'  de  Villefrancon ,  le 
priant  d'avoir  l'œil  plus  ouvert  que  jamais  el  de  contenir  toutes  choses  en  repos, 
afin  que,  si  ce  regrettable  inconvénient  arrivait,  il  n'en  survienne  aucune 
nouveauté  et  que  tout  reste  sous  l'obéissance  due  à  cette  couronne.  Grâce 
à  Dieu  ,  le  royaume  n'est  pas  dépourvu  de  léjji tunes  Mic.n'ssrurs ,  dont  elle  est 
la  mère;  elle  prendra  en  ma  m  L'administration;  les  princes  el  grands  person 
nages  qui  l'entourent  font  parfaite  démonstration  de  leur  fidélité;  elle  s'assure 
aussi  de  la  sienne  et  le  prie  de  l'avertir  de  loute8  les  mi  nées  qui  pourraient 
se  produire  et  d'j  tenir  si  bien  la  main  que  force  demeure  au  Roi  Bon  fils. 

Iimi.  p.  7.30. 

Bibl.  oat.  1  mds  français,  a'  4638    f   5. 

Elle  s'applaudit  de  ce  qu'il  a  été  nomme  lieutenant  général  du  Roi  son  fils 
comme  était  Monsii  ur  de  Guise  du  feu  Roi  son  fils,  elle  ne  fera  nulle  chose 
sans  la  lui  communiquer;  il  sera  nommé  dans  toutes  les  lettres  où  elle  sera 
nommée  elle-même. 

Aut.  —  Arcb,  des  Basses-Pyrénées. 

Elle  réclame  son  intervention  auprès  du  (Jrand  Seigneur,  alin  que  leur  ambas- 
sadeur, Dolu,  obtienne  de  Sa  Hautesse  ce  qu'elle  et  le  Roi  son  fils  lui  ont 
fait  demander. 


Arcli.  mit.  COllect.  Sun. un  ,i 


i/194.  B. 


Elle  lui  recommande  l'exécution  des  ordres  de  Bon  fils  à  l'occasion  d'une  fabrique 
clandestine  de  piques  découverte  dans  une  métairie  de  Guyenne. 

Marquis  d'Aubais ,  Pièces jugitbea  de  l'histoire  de  France ,  1. 111 .  p.  87,  et  fonds  Fon- 
tanieu ,  n"'  ag*j-ajj8. 

Antonio  de  Tolède.   Voy.  au  sujet  rit  cette  mission  .  In  le!  In-  de  (  Indien  ne  ,i  l'Inique  11  .  imprime.-  p.  1  lnj  .  et  la  note  qui  l'accompagne, 

Guillaume  de  Saulx,  sieur  de  Villefrancon,  mort  le  iq  mars  i563. 


Catherine  de  Mkdicis.  —  1. 


79 


6*6 


SOMMAIRES  DES  LETTRES 


DATES 


LIEUX  DE    DATES. 


1561. 

h  août. 


Commencement 
de  septembre. 


Du  i  o  au  i5  nov, 

Saint-Germain- 

en-Laye. 


1562. 

8  janvier. 


6  mars. 
Fontainebleau. 


i  6  mars. 

Fontainebleau. 


-2 1  mors. 
Fontainebleau. 


3  avril, 
\fehin. 


5  avril. 
Fontainebleau. 


20  juin. 

Saint-Germain- 

cn-La\c. 

i-2  juin. 


SUSCRIPTION 

DES   LETTRES. 


Au  Saint-Père 


A  la  reine 
d'Espagne. 


An  roi  d'Espagne. 


A  Févêque  de  Limoges. 


Aux  nièces  de  Madame 
de  Crissé. 


ANALYSES  DES  LETTRES 

ET  SOUBCBS. 


Fragment  : 

Elle  énumère  les  moyens  de  ramener  les  dévoyés;  elle  demande  la  suppression 
d'une  partie  des  prières  dans  l'administration  du  baptême,  la  communion 
sous  les  deux  espèces,  la  psalmodie  eu  langue  vulgaire,  etc. 

De  Tliou  .  Histoire  universelle ,  Irad.  t.  IV,  p.  79. 

Encore  qu'il  n'y  ait  pas  cinq  joui  s  qu'elle  lui  3  écrit,  elle  profite  de  ce  porteur 
dépêché  par  le  roi  de  Navarre  pour  lui  envoyer  son  portrait;  elle  lui  recom- 
mande les  intérêts  du  roi  de  Navarre. 

Aul.  —  Imprimé  dans  les  Nêgoeiqliona  sous  François  II,  p.  85&. 

Elle  a  chargé  l'ambassadeur  du  Roi  son  fils  de  lui  tenir  de  sa  part  un  propos 
sur  lequel  elle  désire  connaître  son  opinion  ,  ne  voulant  pas  passer  outre  sans 
avoir  une  réponse. 

Au  t.  —  Arcli.  nat.  collect.  Simancas ,  K.  1696 ,  cot.  C. 


Au  duc  de  Florence. 


Idem. 


A  l'évèque  de  Limoges. 


Au  duc  de  Florence. 


Au  duc  de  Ferrare. 


A  l'évèque  d'Acqs\ 


Erén-  il»1  IVrre  et  de  Léon  Strozzi. 
:   François  de  Noailles. 


Elle    lui  raconte   un  entretien  qu'elle  a 
d'Espagne. 

Bibl.  nat.  fonds  français,  n"  8189.  f" 


eu  avec  Chantonuay,  l'ambassadeur 


Le  Roi  et  elle  ont  lieu  de  s'étunner  de  la  lettre  qu'elles  lui  adressent,  car  lors- 
qu'on les  a  autorisées  à  se  retirer  dans  la  maison  de  Madame  de  Clervault, 
c'est  sur  l'assurance  qu'elles  y  recevraient  un  doux  traitement.  La  dame  de 
Crissé  leur  étant  parente  si  proche,  elle  lui  écrit  de  les  remettre  en  les  mains 
de  Madame  de  Crissé  leur  tante  pour  les  ramener  en  leur  maison,  où  elles 
regarderont  à  se  comporter  sous  la  conduite  de  ladite  dame  leur  tante. 

Oriff.  —  Bibl.  nat.  fonds  français.  n°  3i33.  f"  36. 

Elle  lui  recommande  le  sieur  Scipnm  de  Piovène ,  premier  écuyer  du  Roi,  qui 
va  le  visiter  de  la  part  du  Roi  son  fils  et  de  la  sienne. 

Arch.  de  Florence. 

Elle  lui  recommande  Laurent  Pomarelly,  ingénieur  de  Sienne,  en  considération 
des  services  qu'il  a  rendus  durant  six  ans  de  séjour  en  France  ;  elle  le  prie  de 
lui  donner  moyen  de  s'entretenir. 

Ibid. 

Monsieur  de  Saint-Sulpice  lui  rendra  compte  de  l'état  des  choses  ;  elle  le  prie  de 
le  bien  l'instruire  de  tout  ce  qui  importe  au  service  du  Roi. 

Imprimé  dans  les  Négociations  sous  François  If,  p.  882. 

Elle  lui  recommande  son  cousin  Robert  Strozzi1,  que  le  duc  a  bien  voulu 
amnistier,  et  elle  le  prie  de  lui  continuer  ses  bonnes  grâces. 

Arch.  de  Florence. 

Lettre  de  condoléance  pour  la  mort  de  sa  femme. 

Orig.  —  Arch.  de  Modène. 

Elle  est  fort  aise  de  ce  qu'en  quittant  Saint-Germain ,  il  ne  se  soit  pas  éloigné  de 
la  cour,  et  de  ce  qu'il  a  séjourné  auprès  du  cardinal  de  Chatiilon;  elle  est 
encore  plus  satisfaite  des  offices  qu'il  a  faits  auprès  du  prince  de  Condé  pour 
la  pacification  de  ces  troubles;  elle  le  prie  de  continuer;  elle  en  tiendra  bon 
compte. 

Irnpr.  Vertot .  Ambassades  de  Messieurs  de  Noailles,  t.  1 ,  p.  5o. 


NON  IMPRIMÉES  DANS  CE  \oi.l  ME 


627 


LIMES 
et 

LIEUX  DE   DITES. 

SUSCRIPTlnN 

ANALYSES  DES  LETTRES 

DES  LETTRES. 

HT   SOIÏBCBS. 

1562. 

96  juin. 

r 

Elle  annonce  le  parlement  de   Messieurs   1rs  dur   de   Guis*     c table  de 

Montmorency  et  m ares chai  de  S*-André. 

Beangency. 

Imprimé  dans  les  Menu  ires  du  'lue  de  Gttist  .  1  ollei  1.  Micbaod  et  Poujoulat,  l.  VI, 

1"  série  .  p.  i>i" 
Orig. —  Bibl.  nat  1    .      français,  n*  3iq£ ,  f  5. 

3o  juin. 

An  maréchal  de  Brissac. 

Elle  lui  fait  le  récit  de  ia  conférence  qu'elle  a  eue  avec  les  chefs  protestants. 

Beaugeocy. 

Copie.  —  Bibl.  nul.  fonds  français,  n°  i633a ,  registre  coté  1  \\\\  1 
Imprimé  dans  tes  Mémoires  <le  Condé,  édiL  de  176a.  t.  III  .  p.  5i5 

2  juillet. 
Châteaudun 

Aux  gens  du  Parlement 
de  Paris. 

Elle  écrit,  au  maréchal  de  Brissac  pour  qu'il  leur  fasse  entendre  ce  qui  s'est 
passé  au  voyage  qu'elle  a  fait  par  deçà;  elle  regrette  qu'il  n'en  bt.it  pas  sorti 
le  fruit  quelle  attendait  plus  de  la  grâce  de  Dieu  que  de  la  dureté  tir  ceux 
auxquels  elle  avait  affaire;  elle  sera  justifiée  devant  Dieu  et  devant  tous,  avant 
fiiit  tout  ce  qui  lui  a  été  possible. 

Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Condé,  édil.  de  17/1.3  ,  t.  III .  p.  5iA. 

37  aoùl. 
Lazenay. 

Au  duc 
de  Wirtemberg. 

H  entendra  du  sieur  de  Rambouillet  l'occasion  pour  laquelle  le  Roi  et  elle  l'en- 
voient et  les  choses  particulières  qu'il  lui  dira  de  sa  part. 

Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Condé,  t.  III,  p.  633. 

6  octobre. 

Campdevant 

Rouen. 

Aux  gens  du  Parlement 
de  Paris. 

Elle  leur  annonce  la  prise  du  fort  Sainte-Catherine. 
Imprimé  dans  les  Mémoires  de  Condé,  t.  IV.  p.  U\. 

6  octobre. 

Camp  devant 

Rouen. 

A  Monsieur 
de  Cbanlonnay. 

Elle  lui  annonce  la  prise  du  fort  Sainte-Catherine ,  certaine  du  plaisir  qu'il  aura 
d'apprendre  cet  heureux  succès;   le  siéj;e  ne  peut  se  prolonger,  i!  touche  à 
sa  fin. 

Copie.  —  Arch.  nat.  collect.  Simancas,  k.  i5oo.  B.  17. 

a3  décembre. 
Paris. 

A  Monsieur 
deCrussoI. 

Elle  a  appris  qu'il  avait  été  élu  et  fait  chef  de  ceux  qui  ont  pris  les  armes, 
chose  qu'elle  a   trouvée  fort  mauvaise;  depuis  ils  ont  perdu  la  bataille,  le 
prince  de  Condé  est  prisonnier;  elle  l'en  prévient,  eu  égard  à  la  bonne  volonté 
qu'elle  lui  a  toujours  portée;  elle  l'engage  à  s'accommoder  et  à  remontrer  à 
ceux  qui  sont  avec  lui  le  peu  d'espérance  qui  leur  reste  et  la  ruine  qui  les 
menace;  elle  écrit  au  sieur  de  Joyeuse  de  lui  accorder  tout  ce  qui  sera 
possible  pour  la  liberté  de  conscience,  afin  que.  d'accord  avec  lui ,  il  remette 
cette  province  en  repos;  elle  lui  réserve,  ainsi  qu'à  sa  femme,  toute  sa  bonne 
volonté,  ce  qu'il  lui  facilitera  en  lui  obéissant 

Imprimé  dans  les  Pièces  fugitives  recueillies  par  M.  le  marquis  d'Aubais,  t. III.  p.  89. 

79- 


T\BLE   CHRONOLOGIQI  E 


DES 


LETTRES  CONTENUES  DANS  CE  VOLl  ME. 


NUMÉROS 

O'OBOBB. 

DATES. 

1. 

•2  septembre  i  533. 

II. 

i  a  septen)bre  1 533. 

111. 

i  'i  septembre  L  533. 

IV. 

a 3  septembre  i  533. 

V. 

3  décembre  i533. 

VI. 

(Août  1 536.) 

VII. 

ao  janvier  i.V!~. 

VIII. 

l"  août  i53g. 

I\. 

8  juin  i5'n . 

X. 

Septembre  î  .">  'i  i . 

XI. 

î  a  juin  1 54a. 

XII. 

î  a  juin  î.Via. 

xm. 

Juin  1 5i3. 

XIV. 

-  octobre  |543. 

XV. 

la  octobre  1 5  i3. 

XVI. 

Février  i5â  't. 

Wll. 

6  juillet  i5'i'i. 

XVIII. 

i"  octobre  l5  'c'i. 

XIX. 

as  décembre  i544. 

XX. 

28  février  i5'i5. 

DESTIN  ATA]  Il  ES. 


Au  duc  d'Albany 

Au  même 

A  la  ducbesse  de  Savoie 

Au  roi  François  1" 

Au  duc  d'Albany 

Au  grand  maître  Anne  de  Montmorency 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

A  l'abbesse  des  Murâtes 

Au  duc  de  Florence 

Au  connétable  de  Montmorency 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  même 

\  l'abbesse  des  Murales 

A  la  même .    

Au  duc  de  Florence 

Au  même 


PAGES. 


:t 

\  pp.  555 
3 

3 
3 
.', 


030" 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'ORDBB. 


XXI. 

XXII. 

XXIII. 

XXIV. 

XXV. 

XXVI. 
XXVII. 
XXVIII. 

XXIX. 

XXX. 

XXXI. 
XXXII. 
XXXIII. 
XXXIV. 

XXXV. 
XXXVI. 
XXXV1L 
XXXVIII. 
XXXIX. 
XL. 

XLI. 

XLII. 

XLIII. 

XLIV. 

\LV. 

XLVI. 

xLvn. 

XLVII1. 


DATES. 


9  mai  i5.'i5. 

5  mai  i545. 

16  juin  i545. 

Fin  juillet  i545. 

a  novembre  i545. 

7  décembre  i545. 

20  janvier  i546. 

19  février  1 546. 

1 1  mars  i546. 

i4  mai  i.Viii 

i5  mai  i546. 

22  mai  i546. 

i5  juin  1 546. 

2  juillet  1 566. 

12  septembre  i54G. 

28  septembre  i566. 

20  décembre  1 546. 

21  décembre  1 546. 
16  janvier  1 547. 
29  janvier  1547. 

a5  juin  1547. 
8  juillet  1547. 
3i  juillet  1547. 

23  août (1547). 

7  septembre  (1547). 
8  octobre  1547. 

24  février  1 548. 
27  mois  i548. 


DESTINATAIRES. 


Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Ferrare . 
Au  duc  de  Florence. 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Ferrare. 

Au  même 

Au  duc  de  Florence. 
Au  duc  de  Ferrare. 
Au  duc  de  Florence. 

Au  même 

Au  même 

A  M.  d'Humières  . . 

Au  même 

Au  duc  de  Florence. 

Au  même 

Au  même 

A  M.  d'Humières  . . 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Florence. 
A  M.  de  Boisv  .... 
A  M.  d'Humières  .  . 


PAGES. 


12 

i3 
i3 
i4 
i4 
i5 
i5 
i5 
16 
'7 
>7 
»7 
»7 


'9 
'9 


TAULE  CHRONOLOGIQUE. 


631 


n  i  m  i:  nos 


XL1\. 
L. 
1.1. 

LU. 

I.lll. 

LIT. 

LV. 

I.VI. 
LVII. 
LVIII. 

UX. 

IAI. 

LXII. 

IAI1I. 

LXIV. 

L\V. 

LXVI. 

LXVII. 

LWIII. 

LXIX. 

LXX. 

I..XX1. 

LXX1I. 

LXXID. 

LXX1V. 

LXW. 

LXXVI. 


I>  m:s. 


7  avril  i548. 

'i  mai  i  ">'is. 

i  mai  i  548. 

6  mai  i548. 

j.'i  mai  î i) i 8 . 

17  juin  1  5  18. 

■21  juillet  1  5  18. 

37  juillet  1  548. 

3  septembre  1   >  S    . 

1  '1  seplem  bre  1  5  '1 s . 

Septembre  1  5  18. 

icl  octobre  1  548. 

1"  octobre  1  5  18. 

8  octobre  i548. 

20  octobre  1  548. 

(Fin  de  10/18.) 

(Fin  de  1 548. ) 

1  2  mars  1 .      | 

ai  avril  liiig. 

22  mai  i54g. 

8  juin  i5i9. 
8  juillel  15/19. 
•29  août  1  54g. 
01   août  1569. 

4  mars  i55o. 
i3  mars  i55o. 
6  avril  i55o. 
1  '1  avril  îôâo. 


DESTINATAIRES. 


A  l'évéque  de  Conseraos 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  d'Humières 

An  iluc  de  Florence 

\  \l.  d'Homières 

\u  même 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Ferrarc 

A  la  reine  de  Navarre 

\n  duc  de  Florence 

\  l'abbesse  des  Morales 

A  M.  d'Homières 

An  duc  de  Florence 

A  la  reine  d'Ecosse,  Marie  de  Guise 

A  la  même 

Au  duc  de  Florence 

Au  duc  de  Mantoue 

Au  duc  de  Ferrare 

Au  duc  d'Ànmaie 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  d'Humières 

A  Ludovic  de  Gonzague 

A  XI.  d'Humières 

An  duc  de  Florence 

A  la  duchesse  de  Guise 

Au  duc  de  Florence 


i'\u  - 


- 


au 
9 

2  7 

'-'7 
28 

-s 

2  9 
App.  55o 
App.  550 

3o 
3o 
3o 
3i 
3i 

3  a 

a  a 

3  a 
33 
33 


632 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'ORDRE. 


LXXVII. 

lxxvid. 

LXXIX. 
LXXX. 
LXXXI. 
LXXXII. 
LXXXIII. 
LXXXIV. 
LXXXV. 
LXXXVI. 
LX  XXVII. 
LXXXVIII. 
LXXXIX. 

XC. 

XCI. 

xcn. 

XCIII. 
XCIV. 

xcv. 

XCVI. 
XCYII. 
XOVIll. 

c. 

CI. 

ai. 
ait. 
av. 


DATES. 


DESTINATAIRES. 


aôjuin  i55o. 

26  juillet  i55o. 

27  juillet  i55o. 

1  2  octobre  i55o. 
ait  octobre  i55o. 
29  janvier  i55i. 
20  février  1 55 1 . 

1"  avril  1 55 1 . 

18  avril  i55i 

1  "  mai  1  â  5 1 . 
7  mai  1 55 1  - 

2  1  mai  1 55 1 . 

23  mai  (i55i). 

3i  mai(i55i). 

(Fin juin  i55i.) 

(  Fin  juin  i55i.) 

27  août  i55i. 
(26  septembre  1 55 1 .) 
(26  septembre  1  55 1 .) 
(Fin  septembre  i55i.) 
(Fin  septembre  i55i.) 
i5  octobre  i55i. 
(Fin  octobre  i55i.) 
(Fin  octobre  i55i.) 
(Fin  octobre  1  55 1 .) 
(Novembre  1 55 1 .) 
-  janvier  i5Ô2. 
22  février  1 552. 


Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Ferrare 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  cardinal  Jean  du  Bellaj 

Au  duc  de  Florence 

A  la  duebesse  de  Guise 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

A  M.  d'Humières 

A  M""1  d'Humières 

A  la  même 

A  la  duebesse  de  Guise 

A  la  même 

Au  duc  de  Florence 

Au  connétable 

Au  Roi 

Au  connétable 

Au  même 

Au  duc  de  Guise 

Au  connétable 

Au  Roi 

A  la  duebesse  de  Guise 

A  la  reine  d'Ecosse,  Marie  de  Guise. 

Au  duc  de  Florence 

A  M°"  d'Humières 


PAGES. 

34 
36 
35 
36 
36 

37 

38 
38 

39 
4  c. 
60 
4o 

61 
61 

6-2 

62 
63 

66 
45 
45 
46 
66 
47 
67 
48 
App.  557 
£8 

*  9 


TABLE  CHRONOLOGlol  E. 


633 


NUMÉROS 

D'OBDBE. 


cv. 

G  VI. 

CVII. 

CVM. 

CIX. 

ex. 

CXI. 

cm 

cxiii. 
exiv. 
cxv. 

CXV1. 

cxvii. 

i.WIll. 
CXIX. 

cxx. 

CXXI. 
CXXII. 
CXXIII. 
CXX1V. 

cxxv. 

CXXVI. 
CXXVI1. 
CXXVII1. 
CXXIX. 
CXXX. 
(".XXXI. 
CXXXII. 


DATE". 


( Du  i  o  au  i  5  avril  1  .">.">  a .  ) 

16  avril  i55a. 

31  avril  1  .">.">-.'. 

29  avril  i55a. 
(Fin  avril  i55a.) 
(Fin  avril  i5j2.) 
(Fin  avril  i55a.  ) 

1"  mai  (i55a  ). 

5  mai  1 5 ."» a . 

12  mai  i55a. 
i3  mai  1D.V3. 

1 3  mai  1 55a . 
20  mai  (i5Ô2). 

20  mai  i552. 

:>'J  mai  i55s. 

a&  mai  i55a. 

ai  mai  i55a. 

aG  mai  i55a. 
(Fin  mai  i55a.) 
(Fin  mai  1 55a. ) 
'   (1"  juin  i55a.) 

1er juin  i552. 

6  juin  i55a. 
6  juin  i55a. 
9  juin  i55a. 

9  juin  i552. 
io  juin  i55a. 

10  juin  i55a. 


l'I.sïl>ATAIRES. 


Au  connétable 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon 

\u  cardinal  de  Bourbon 

Au  même 

Au  connétable 

Au  même 

Au  même 

A  Mmo  d'Humières 

A  la  même 

Au  cardinal  de  Bourbon 

Au  même 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

Au  connétable 

A  l'évëque  de  Valence 

A  M.  d'Humières 

Au  cardinal  de  Bourbon 

Aux  gens  du  Parlement 

Au  Roi 

Au  cardinal  de  Ferrare 

Au  Roi 

A  la  duebesse  de  Guise 

A  Mme  d'Humières 

Au  Roi 

Au  même 

Au  cardinal  de  Bourbon 

Au  duc  de  Guise 

Au  Roi 

A  M™*  d'Humières 


PAGES. 


59 

h 

5o 
5i 

5  a 

5  a 

53 
53 
54 
54 

55 
55 

55 
50 
57 
58 

5* 

■r»j 

60 

60 

Ci 

62 
App.  557 
App.558 

62 

03 
App.558 

03 


Cathebi>e  de  Médius. 


80 


634 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'OPDBE. 


CXXXIII. 
CXXXIV. 

cxxxv. 

CXXXVI. 
CXXXVU. 
CXXXVIII. 
CXXXIX. 
CXL. 
CXLI. 
CXLII. 
CXLUI. 
CXLIV. 
CXLV.  . 
CXLYI. 
CXLVJI. 
CXLVIII. 
CXLIX. 
CL. 
CLI. 
CLH. 
CLIII. 
CLIV. 
CLV. 
CLVI. 
CLVII. 
CLVIII. 

eux. 

CLX. 


DATES. 


DESTINATAIRES. 


i3  juin  i552. 
(Milieu  de  juin  i55a.) 
(Milieu  de  juin  lias.) 

i5  juin  i55a. 

i5  juin  i55a. 
(Du  i5  au  20  juin  i552.) 

18  juin  i55a. 
(Du  18  au  a5  juin  i552.) 
(Du  20  au  23  juin  i552.) 
(Du  20  au  23  juin  i55a.) 

23  juin  1  55a. 

1"  juillet  i552. 

(Milieu  de  juillet  i552.) 

(Du  i5  au  ao juillet  1  552.) 

20  juillet  i552. 

27  juillet  i55a. 

i3  août  (i55a). 

22  août  (i552). 
zh  septembre  i55a. 

(Octobre  i55a.) 

20  octobre  i55a. 
21  novembre  i55a. 

Décembre  i55a. 

16  janvier  1 553. 

îy  janvier  1 553. 

5  février  i553. 
(5  mai  1 5  5  3 .  ) 

6  roai-(i553). 


Au  connétable. 

A  la  duchesse  de  Guise.  . 

A  la  même 

Au  connétable 

Au  même 

A  la  connétable 

A  Mmo  d'Humières 

Au  connétable 

Au  même 

Au  même 

Au  cardinal  de  Bourbon. , 

A  Mme  d'Humières 

Au  connétable. 

Au  même 

Au  duc  de  Florence. .  .  . 

Au  duc  de  Ferrare 

A  M""  d'Humières 

A  M.  d'Humières 

Au  duc  de  Florence. .  .  . 

Au  connétable 

Au  duc  de  Florence .... 

Au  même 

A  la  duchesse  de  Guise  . 

A  la  connétable 

Au  duc  de  Florence. .  .  . 

Au  même 

A  la  duchesse  de  Guise . 

Au  connétable 


PAGES. 

64 
66 
65 
65 
App.559 

66 

66 

66 

67 
67 

6/ 
68 
68 
69 

69 
70 
70 
70 
71 
71 
72 
72 


73 
73 

74 
74 

75 

75 


TAULE  CHRONOLOGIQUE. 


63S 


K  l  M  E  R  0  S 

D'ORDRE. 


CLXI. 

cLxn. 

CLXII1. 
CLX1V. 
CLXV. 
(XXVI. 
CLXVII. 
CLXVIII. 
CLXIX. 
CLXX. 
CLXXI. 
CLXX11. 

clxxiu. 

CLXXIV. 

CLXXV. 

CLXXVI. 

CLXXVII. 

CLXXVIII. 

CLXXIX. 

CLXXX. 

CLXXXI. 

CLXXX1I. 

CLXXXIII. 

CLXXXIV. 

CLXXXV. 

CLXXXVI. 

CLXXXVII. 

CLXXXV11I. 


DATES. 


(Fin  juillet  1  jô'i.) 

(Fin  juillet  i553.) 

(Fin  juillet  i553.) 

(Commenc,  d'août  1 553.) 

(Du  i5  au  30  août  1 553.) 

(Fin  août  i553 

(Fin  août  1 5 5 3 . ) 

(Fin  août  1 5 5 3 .) 

(Fin  août  1 553.) 

3  septembre  1 553. 

3  septembre  i553. 

Du 3  au  8  septembre  1 553. 

Du  3  au  8  septembre  1 553. 

Du  3  au  8  septembre  i553. 

8  septembre  1 553. 

9  septembre  i  553. 
i5  septembre  1 553. 
ai  septembre  i553. 
23  septembre  i553. 
a  3  septembre  i553. 
28  septembre  1 553. 
Fin  septembre  1 553. 
Fin  septembre  1 553. 

2  novembre  i553. 

Novembre  i553. 

Fin  décembre  i553. 

(Mai  i55i.) 

Commenc.  de  mai  i554. 


DEST1KATAIRES. 


A  la  connétable 

Au  connétable 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

A  la  duchesse  de  Guise 

A  la  connétable 

A  la  même 

A  M.  de  Lezijjny 

Aux  capitouls  de  Toulouse 

Au  connétable 

A  la  connétable 

A  la  duchesse  de  Guise 

Au  duc  de  Ferrare 

Aux  capitouls  de  Toulouse 

Au  duc  de  Ferrare 

Au  même 

Au  connétable 

Au  duc  de  Florence 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris . 

A  la  duchesse  de  Guise 

A  la  connétable 

A  M.  de  Boisy 

Au  connétable 

A  Léon  Slrozzi 

Au  duc  de  Ferrare 

A  la  connétable 


PAGES. 

76 

76 

77 
78 

78 

71) 
80 
80 

S,, 

81 
81 
83 
82 
82 

83 
83 
86 
86 
84 
85 
85 
86 
87 
87 
87 
88 
88 
89 


80. 


636 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


M'MEROS 

D'ORDRE. 


DATES. 


CLXXXIX. 

1 1  juillet  i554. 

CXC. 

Du  io  au  i  5  juillet  i554 

CXCJ. 

Milieu  de  juillet  i554. 

CXCII. 

17  juillet  (1 554). 

CXCIII. 

28  juillet  (1 554). 

cxciv. 

3  août  i554. 

cxcv. 

Milieu  d'août  i554. 

CXCVI. 

17  août  i554. 

CXCVII. 

(17  août  i554.) 

CXCVIII. 

(Fin  août  i554.) 

CXCIX. 

(Fin  août  i554.) 

ce. 

37  septembre  1 554. 

CCI. 

6  octobre  1 556. 

(XII. 

4  novembre  1 554. 

CCIII. 

6  décembre  (1 554). 

CCIV. 

6  mars  i555. 

ccv. 

ao  février  i555. 

CCVI. 

3  mars  i555. 

CC  VII. 

24  mai  1 555. 

CCVIII. 

(Fin  mai  i555.) 

CCIX. 

(Juin  i555.) 

CCX. 

(Fin  juin  i555.) 

CCXI. 

(Fin  juin  1 555.) 

CCXII. 

16  juillet  1 555. 

CCXIII. 

5  octobre  1  555. 

CCXIV. 

a4  janvier  1 556. 

ccxv. 

3  mars  (i556). 

(XXVI. 

(17  mai  i556.) 

DESTINATAIRES. 


A  l'évêque  de  Bayonne 

Au  Roi 

Au  bailli  d'Avesnes 

Au  duc  de  Guise 

A  l'évêque  de  Bayonne 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  la  connétable 

A  l'évêque  de  Bayonne 

A  la  connétable 

A  la  même 

Au  cardinal  Farnèse 

Au  duc  de  Mantoue 

Au  maréchal  de  Brissac 

A  la  duchesse  de  Mantoue 

A  la  même 

A  Mme  de  Sainte-Mesme 

Au  maréchal  de  Brissac 

Au  maréchal  Strozzi 

A  la  duchesse  de  Mantoue 

Au  connétable 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

A  M.  de  Saint-Laurens 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon 

A  M.  du  Bouchage 

Au  cardinal  de  Ferrare 

Au  duc  de  Ferrare 


PAGES. 


89 
0° 
9° 

91 
91 
99 
92 
93 
93 
9* 
9* 
95 
95 
96 
96 
App.  56o 

96 
97 
98 
98 
98 
99 


102 

103 

io3 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


637 


.\  L  M  É  R  0  S 

D'OBDBB. 


i  i  Wll. 

ccxvin. 
ccxix. 

i.i  w. 

Cl  XXI. 

i.i.WlI. 

ccxxni. 

CCXXIV. 

ccxx\. 

CCXXVI. 

a. \x  vu. 

CCXXVIII. 

CCXXIX. 

CCXXX. 

CCXXXI. 

CCXXXII. 
CCXXX1II. 
CCXXXIV. 

ccxxxv. 

CCXXXVI. 
CCXXXVII. 
CCXXXVIII. 
CCXXXIX. 

CCXL. 

CCXLI. 

CCXLII. 

CCXLIII. 

CCXLIV. 


DATES. 


(Août  i556.) 

10  août  1 556. 

ao  octobre  i  55  G. 

(Décembre  1 556.) 

18  décembre  i  556. 

i»j  février  i  Ti  .">  — . 

•jlj  lévrier  i  ">.">-. 

Du  6  au  3o  mars  1 5 5 7 . 

(12  mars  1557.) 

ta  juin  IJ07. 

8  juillet  1557. 

(Fin  août  1507.) 

(Septembre  1557.) 

y  septembre  1  557. 

1 3  octobre  1 5  5  7 . 

i3  octobre  1 557. 

(i3  octobre  1557.) 

i3  octobre  1557. 

37  octobre  1557. 

(Novembre  1557.) 

1  h  décembre  1 557. 

(i5  décembre)  1557. 

i5  décembre  1557. 

(i5)  décembre  1557. 

i5  décembre  1557. 

i5  décembre  1557. 

3i  décembre  1657. 

20  janvier  i558. 


DESTINATAIRES. 


An  connétable 

Aux  yens  du  Parlement  de  Dijon 

A  M.  île  Saint-Laurens 

Au  duc  de  Ferrare 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon 

A  M.  de  Dax 

Au  duc  de  Ferrare 

A  M""de  Sainte-Mesme 

Au  duc  de  Ferrare 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon. 

Au  pape  Paul  IV 

Au  connétable 

A  M.  de  Caulaincourt 

Au  pape 

Au  cardinal  Strozzi 

Au  pape 

Au  comte  de  Palliano 

A  l'évêque  de  Forly 

Au  comte  de  Palliano 

A  M.  de  Selve 

A  M.  de  Boisy 

Au  pape 

Au  cardinal  du  Bellay 

A  M.  de  Saint-Ferme 

Au  cardinal  Strozzi 

Au  conservateur  de  Naples 

A  M.  de  La  Vigne 

Au  Boi 


PAGES. 


io3 


in. 

\[i|i.  56i 
io5 

App.ûOi 
106 
106 
107 
107 
108 
108 
109 
1 10 
1 10 


1 12 
1  ta 

1 13 
u3 

11/1 

n5 

116 

App.  56  : 


638 


TABLE  CHROMOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'OBDBE. 


CCXLV. 
CCXLVI. 
CCXLV  II. 
CCXLVIII. 
CCXLIX. 
CCL. 

CCLI. 

CCLII. 

CCLIII. 

CCLIV. 

CCLV. 

CCLVI. 

CCLVII. 
CCLVIII. 

CCLIX. 

CCLX. 

CCLXI. 

CCLXII. 
CCLXIII. 
CCLXIV. 

CCLXV. 

CCLXVI. 
CCLXVII. 
CCLXVIII. 

CCLXIX. 

CCLXX. 

CCLXXI. 
CCLXXII. 


DATES. 


(Fin  février  i558.) 
3  mars  1 558. 
27  mars  (1 558). 
a8  juillet  i558. 
10  août  1 558. 
(Septembre  i558.) 
20  septembre  i558. 
(Octobre  i558.) 
i5  octobre  i558. 
(Fin  octobre  1 558.) 
9  avril  1559. 
2  5  avril  i55g. 
25  avril  i55g. 
8  août  1559. 
8  août  1559. 
(8  août)  i55g. 
22  août  1559. 
27  août  (1 55g). 
(Fin  août  i55g.) 
(Septembre  i55g.) 
1 1  septembre  i55g. 
i5  septembre  i55g. 
3o  septembre  1 55g. 
(i3  octobre  i55g.) 
18  octobre  i55g. 
(Fin  octobre  i55g.) 
îi  novembre  i55g. 
Fin  novembre  i55g. 


DESTINATAIRES. 


Au  connétable 

A  M.  d'Auvilliers 

Au  connétable 

A  Laudamine  de  Médicis 

A  M.  de  La  Vigne 

A  la  connétable 

A  Laudamine  de  Médicis 

Au  connétable 

Au  maréchal  de  Brissac 

Au  connétable 

Au  duc  de  Mantoue 

Au  duc  de  Savoie 

A  Mmt  de  Brissac 

A  la  princesse  de  Portugal 

Au  prince  d'Espagne 

Au  duc  de  Florence 

Au  même 

Au  même 

Au  duc  de  Savoie 

An  connétable 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  Noailles 

Au  duc  de  Mantoue 

Au  connétable 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon  , 

Au  duc  de  Savoie 

Aux  magistrats  de  Metz 

Au  connétable 


PAGES. 

116 

117 

117 
App.  563 

118 

118 
App.  563 

118 

"9 

t»9 

120 


122 

132 

12.'"! 
123 

1  ai 

125 

1  25 
126 
126 
127 
127 
127 
128 
128 


TABLE  CHIKiNoLocioUE. 


039 


M  MÉROS 

D'ORDIB. 


CCLXXII1. 
CCLXXIV. 
CCLXjXV. 
CCLXXVI. 

i  t  IWYIl. 

<i  I AXVIII. 

CCLXX1X. 

CCLXXX. 

CCLXXXI. 

CCLXXXII. 

CCLXXXIII. 

CCLXXXIV. 

CCLXXXV. 

CCLXXXV1. 

CCLXXXVII. 

CCLXXXYIII. 

CCLXXXIX. 

CCXC. 

CCXCI. 

CCXCIL 

ccxcm. 
ccxciv. 
ccxc\ . 

CCXCVI. 
CCXCVU. 
CCXCV1II. 
CCXCIX-  . 

ccc. 


DATES. 


(Fin  de  décembre  105g.) 
3  janvier  i  56o. 
2  1  janvier  i  56o. 
(Février  i56o.) 

3  février  i5Co. 
Fin  février  îôGo. 

(  Mars  lôGo.) 

(Mars  i5Go.) 
22  mars(i56o). 

\h  mars  i56o. 
20  avril  (i56o). 
(21  avril  i5Go.) 

24  avril  i56o. 

(Fin  avril  i56o.) 

(Mai  i5Go.) 

21  mai  1060. 

22  mai  i56o. 
1"  juin  i56o. 

7  juin  i56o. 

8  juin  i56o. 
16  juin  i56o. 

(Fin  juin  i5Go.) 
(Juillet  i56o.) 
(Juillet  i56o.) 
17  juillet  îôfiii. 

28  juillet  i56o. 

29  juillet  i5Go. 
(Fin  juillet  i56o.) 


DESTINATAIRES. 


Au  duc  de  Savoie 

Au  connétable 

A  Luirent  Strozzi 

A  la  duchesse  de  Ferrare. 
A  PUilippe  11 


Au  connétable 

A  la  reine  d'Angleterre. 
A  la  duchesse  de  Guise. 
Au  duc  de  Florence..  .  . 
Au  duc  de  Ferrare.  .  .  . 

Au  même 

Au  duc  de  Savoie 

Au  duc  de  Ferrare  .... 

Au  duc  de  Savoie 

Au  connétable 

Au  duc  d'Albe 

Au  comte  de  Tende. .  .  . 

Au  duc  de  Savoie 

A  Messieurs  de  Gènes . . 
A  Pévëque  de  Limoges  . 
Au  duc  de  Florence. .  .  . 
A  la  duchesse  de  Savoie. 

Au  duc  de  Savoie 

Au  même 

Au  connétable 

A  l'évêque  de  Limoges.  , 
Au  duc  de  Florence. .  .  . 
Au  duc  de  Savoie 


PAGES. 


1 3d 
Ipp.  56  '1 
1 3  1 
i3i 
t3a 
i3a 
i33 
,33 
i33 
i3,'i 
i34 
i.35 
1 35 
i35 
i36 
.37 
.37 
i38 
i38 
160 

itiO 

t&i 

1&2 
1A2 

1A2 
i63 
16/1 


640 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMÉROS 

D'ORDRE. 


ceci. 

CCCH. 
CCCIII. 
CCCIV. 

ccev. 

CCCVI. 

CCCVII. 

CCCVIII. 

CCCIX. 

ceex. 

CCCXI. 
CCCXII. 
CCCXIII. 
CCCXIV. 
CCCXV. 
CCCXVI. 
CCCXVII. 
CCCXVIII. 
CCCXIX. 
CCCXX. 
CCCXXI. 
CCCXXII. 

cccxxm. 

CCCXXIV. 

cccxxv. 

CCCXXVI. 

CCCXWII. 
CCCXXVIII. 


DATES. 


(Août  i56o.) 

(Août  i56o.) 

(Août  i56o.) 

(Août  i56o.) 

(3  août  i56o.) 

(Septembre  i56o.) 

(Comrn.deseptemb.  i56o.) 

(Comm.deseptemb.  i56o.) 

(Comm.deseptemb.  i56o.) 

(Comm.deseptemb.  i56o.) 

Fin  septembre  1  56o. 

ier  octobre  i56o. 
Milieu  d'octobre  i56o. 
17  octobre  i56o. 
2  3  octobre  i56o. 
Fin  octobre  i56o. 
7  novembre  i56o. 

7  novembre  i56o. 

8  novembre  i56o. 
(10  novembre  i56o.) 
(i3  novembre  i56o.) 
(i3  novembre  i56o.) 

a  8  novembre  i56o. 

3o  novembre  i56o. 

(Fin  novembre  i56o.) 

5  décembre  1 56o. 

6  décembre  if>Go. 

7  décembre  i5Go. 


DESTINATAIRES. 


A  la  connétable 

Au  roi  de  Navarre 

A  M.  de  Limoges 

Au  connétable 

Au  roi  de  Navarre 

A  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

A  M.  de  Crussol 

Au  duc  de  Savoie 

A  la  reine  de  Navarre.  (Jeanne  d'Albret.) 

Au  roi  de  Navarre 

A  Philippe  II 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  Philippe  II 

Au  roi  de  Navarre 

Au  cardinal  de  Châtillon  et  au  duc  de  Montmorency. 

A  M.  de  Monlpezat 

A  M"'  de  Clermont 

A  M.  de  Limoges 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

Au  connétable 

A  la  connétable 

Au  connétable 

A  Babou,  évéque  d'Angoulême 

A  la  duchesse  de  Savoie 

Au  connétable 

A  M.  Coignet 

A  sa  fille  la  reine  d'Espagne 


PAGES. 

ilik 

i45 

i45 

1/16 

i46 
App.  564 

167 

167 

i48 

i48 

169 
App.  565 

1/19 

i5o 

i5o 

i5o 
App.  566 

i5i 

i5a 

i5a 

i53 

i53 

i53 

i54 

i54 

i55 
App.  566 
App.  567 


TABLE  CHRONOLOGIQI  I 


641 


\  I  M  Ê ROS 

D'OBPRE. 


i  i  I  XXIX. 
i  Cl  XXX. 

I I I \\\l 

l  l  CXXXII. 

I  i  i  XXXIII 

ci  i  xxxn 

Cl  i.\\\l 

i  I  l  XXXVI. 

CCCXXXVII. 

CCCXXXVUI. 

Cl  CXXX1X. 

Cl  CXL. 

CCCXLI. 

CCCXLII. 

cccxLin. 

CCCXLIV. 
CCCXLV. 
CCCXLVI. 
CCCXLVII. 
CCCXLVIII. 
CCCXLIX. 

CCCL. 

CCCLI. 

CCCLII. 

CCCL1II. 

CCCLI  V. 

CCCLV. 

CCCLV1. 


[i  ITBS, 


-  décembre  1 56o. 
(8  décembre  ;  i  56o 
i 3  décembre  1 56o. 
Milieu  de  décembr 
(19  décembre  i56o.  1 
1  g  décembi  •  1  56o. 
ai  décembre  i56o. 
ai  décembre  i56o. 
28  décembre  i56o. 

1"  janvier  1  56) . 

6  janvier  1  56 1 . 

6  janvier  1 56 1 . 

1  5  janvier  1  T>('n  . 

1  ô  janvier  1 56i. 

1  6  janvier  1  56i. 

1 7  janvier  1  56i . 

17  janvier  1 56i . 

1  8  janvier  1  ôbi . 

aa  janv  ier  1  56 1 . 

a3  janvier  1061. 

■J  'l  jail\:i']'  i56i. 

:'-  janvier  1 56i. 
28  janvier  1 50 1 . 
Fin  janvier  1 56 1 . 
Fin  janvier  i5ui . 
3i  janvier  1 56 1 . 
Commenc.  de  février  1  56 1 
3  février  1  56i . 


DESTIN  \T\  l  H  KS 


PAGES. 


Au  duc  d'Aumale 

Au  lieutenant  criminel  de  Paris  ■ 

A  l'evriju.-  de  Limoges 

\  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

\  la  même 

\  !  1  ■•  êque  de  Limoge.'- 

\  M.  de  Tavannes 

\  fêvèque  de  Hennés 

A  M.  de  Sénarpont 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. 

\  \1.  dé  Tavannes 

A  M.  Coignet 

\  l'évêque  de  Limoges 

A  Philippe  H 

\  l'évêque  de  Limoges 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  de  Tavannes 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  AI  M.  des  trois  Estais  de  l'Ecosse. 

A  M.  Coignet 

Au  duc  de  Florence 

Au  comte  d'Albe 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

A  Philippe  11 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  Philippe  II 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon.. 


'•'7 
i58 

l.'.S 

App.  568 
App.  56g 

1  5 
1  5g 
1  60 
160 
161 
App.571 
161 
>  63 


App.  5 


i6i 

App.  07  3 

h',:, 
App- 57* 

166 
App.  ■•'■< 
App.  •*>  7  A 
App.  576 

166 
App.  5  7  7 

,67 

161 


Catherine  de  Médicis. —  1. 


81 


6/i-2 


Mil. F.  CHRONOLOGIQUE. 


NO M BROS 

IfOnOBK. 


GCCLVU. 
CCCLVIII. 

CC.t.l.lY 

CCCLX. 

GCCLXI. 

i  GGLXU. 

CCCLXIII. 

CCCLXIV. 

CCCLX\ 

CCCLXVI. 
Gl  CLXVII. 
I  CCEXVIU 

ECCLXIX. 

QCCDXX. 

i  C(  I.W1 
(M  Gl  Wll. 

acci  wiii. 
1 1 1  iwn 
accLXxi 

GGGLXXVI. 

(IVI.WVII. 
(i  (  I.WVIII. 
i  GGLXX1X. 
CCCLXXX. 
I  I  l\\\l 
GGCLXXXH. 
GGCLXXXIII. 
GCCLXXXIV. 


li  ITBS 


s  février  i56i. 

g  févi  ht  i  .'ii'n  . 

i  o  Février  i56j. 

i  3  février  i  56 1 . 

i  i  révrier  i  56 1 

i5  février  i  56i . 
1 56 1 . 

i  s  février  i  56  i 

i  8  février  i  56t  . 

20  février  i  56 1 . 

as  février  i  56 1 . 

Mars  i  56 1 . 

:î  mars  i  56 1  ■ 

•'i  mars  i  56 1 

i  mars  i  56j 

i   mais  i  ."îlii 

mars  i  56i . 


7 


mars  i  56l 


i  i  mars  i  56  i . 
i  i  mais  i  56  i 
(t  \)  mars  i  56] 
i  i  mars  i  56 1 . 
i  3  |  mars  i  56 1 

i  '!  mars  1 56 1 . 

l 'i  mars  >  56 1 

(  ag  mars  ■  56 1 .) 

Sri  mars  i56i. 

:>5  mars  i  56 1  . 


DESTIN  ïïil  Kl  s 


\  M.  de  Tavannes 

A  H,  de  S'-Mesme 

\  l'évétrae  de  Hennés 

A  M.  Gaignét 

\n\  gens  do  Parlement  île  Paris. 

Aux  (jeus  iln  Parlement  de  Dijon. 

\  M.  de  Tavamies 

\  M.  d'Haurières 

An  duc  de  Ferrare 

A  la  reine  d' Ingletei  re 

«juï  gens  du  Parlement  de  Paris. 

\  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

An  prime  d'Evoly 

\  l'évéque  île  Limoges 

\  la  princesse  d'Evoly 

\  sa  fille  la  reine  d'Espagne.  . 
\  M.  Coignel 

\  l'inèipie  île  lï.'iines.  ... 

\n  sienr  Dolll 

\n  Grand-Seigneur 

A  M.  d'Étampes 

A  Rustan  Basse 

An  prince  d'Evoly 

\  la  comtesse  d'Ureigna 

\  l'évéque  de  Limoges 

A  sa  tille  la  reine  d'Espagne. 

\  l'évéque  de  Rennes 

\u\  gens  iln  Parlement  île  Paris. 


PAGES. 

i  ('17 
App.  578 
App.579 
App.58o 

16s 

16S 

168 

1 69 

169 

'7° 

'7' 
App.  58o 

App.  58-1 

Vpp.5S'i 

App.  588 
App.  589 

\|l|l.."l.|0 


'70 

lpp.590 

\pp.5t)l 

'75 
1,6 


TABLE  <;ill!<i\<n. OGIQI  I 


i'.v 


M  HEROS 

IlilllDIlK. 

CÇCLXXXV. 
i  i  CLXXXV1 
CGGLXXXVII. 

ccaxxxvni. 

CCCLXXX1X. 

I  I  cxc 

GCCXCI. 

cccxcu. 

GCCXCIII. 
I  i  CXGIV. 

cccxcv. 

.  i  CXI  VI 

cccxcvn. 

i  ii  XCVIII. 
CCÇXCIX 

cccc. 

CCGCI. 
CCGC1I. 
i  CCGIH. 
i  CCCIV. 
CCCGV. 
i  CCCVI. 
CCCC  VII. 
i  i  CCVIII. 
CCCCIX. 
CGCCX. 
CCCCX1. 
GCCCXII. 


M  ITBS 


->i.  mars  i  56  < 
an  mars  i  56  i 
■<-  mars  i  ">f>i . 
.'7  mais  i  56l  • 
ag  mars  i  56 1 
oa  rs  1 5  6 1 . 
ag  mars  i  56i , 
3o  mars  1 56i  ■ 

\vril  i56l. 

Avril    1  .r)(i  i  . 

i"  i\  i  il  1 56i  ■ 
i  avril  i  56i  - 
a  avril  î  ">tu  • 
s  avril  i  56i . 
3  avril  î  .ri(i  i . 

-  avril  i  56i . 

-  avril  i  56i . 
g  avril  î  "j(ii . 

i  o  avril  i  56 1  ■ 
i  i  avril  i  56 1 
i  i  avril  i  56i . 
1 1)  avril  i  -Mi  i 
i -  avril  i  56i 
ig  avril  i  56 1 . 
ao  avril   i  56  l 
i  a  i  avril  i  ."«G  i .) 
2'.!  avril   l56l. 
■:-  avril  i  56i 


DES  I  I  N  U  M  H  ES 


A  sa  Site  la  reine  d'Espagne. .  • 

\  l'évên I"  Limoges 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  M.  d'Etampee 

\  M.  de  Rennes 

A  M.  de  S'  Mesme 

\u\  gens  du  Parlement  de  Paris. 
A  sa  fille  la  reine  d'Espagne.  .  .  . 

A  la  même 

A  M.  Goignel 

\  l'évêque  de  Limoges   

A  M.  de  linisy 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. 

Au  '  omte  de  Tende 

\  l'évêque  de  Limoges 


\u  même 

Vux  gens  du  Parlement  de  Dijon 

Aux  mêmes 

A  l'évêque  de  Rennes 

\  M.  Goignel 

A  M.  de  Caumont 

A  M.  Coignet 

A  M.  de  Uoisy 

A  l'ambassadeur  d'Espagne 

A  l'évêque  de  Limoges • 

\  IVvéque  de  Rennes 

Au  procureur  générai,  Gilles  Bonrdin. 


i  7C) 
i  76 
179 
'79 

181 
App.5gs 

181 
App.  599 
App.  5g3 
App.  59/1 
App.5g5 

182 

182 

i83 

i&3 

188 

i85 

i85 

186 

.87 

,87 
App.  5g6 

188 

188 

188 

1  y  ■ 
,93 


81. 


64/i 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


\  l  MliROS 

D'ORDRE. 


CCGCXUI. 
CCCGXIV. 

ccccw 

CCCGXVI. 

CCCCW  IL 
CCCCXVIII. 
CCCCXIX. 
CCCCW. 
CÇCCXXI. 
CCCCXX1I. 

ccccxxm. 
ccccxxrv. 

GGCCXXV. 

CCCCW  VI. 

ccccxxvn. 

CCCCWVIII. 
GCCGXXIX. 

ccccxw. 

GGCCXXXI. 
CCCCXXX1I. 
CGGCXXXni. 
CGCCXXXIV. 

ccccxxxv. 
ccccxxxvi. 

CCCCXXXVII. 

CCCCXXXVIII. 

ÇGCCXXXIX. 

CCCCXL. 


DATES. 


28  avril   i  56 1 . 
3o  avril  i  56i. 
Mai   i56l. 
6  mai   i56t. 
i  9  mai  i56i. 
au  mai  i56i. 
30  mai  i56i . 
(ao  mai)  î  56i . 
i  a  i  mai  )  i56i. 
Du  30  au  a5  mai  i56j  . 
a'j  mai  îôfii. 
25  mai  î  56l. 
(a5  mai)  1 56i . 
(  a5  mai)  i56i . 
(37  mai)  1061. 
Fin  mai  1  56 1. 
Juin  i56i. 
Juin  1  56 1 . 
6  juin  1 56 1 . 
8  juin  i56i . 
1  i  juin  1  56 1 . 
1  7  juin  i56i. 
30  juin  1 56i. 
36  juin  i56i. 
ag  juin  i56i . 
3o  juin  i56i. 
Juillet  i56i . 
!i  juillet  1061. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  J'Humières 

Au  connétable 

Au  même 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris.  . 

A  M.  de  Boisy 

A  M.  de  Burie 

A  M.  de  Bordillon 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris .  . 

Au  duc  de  Nemours 

Au  connétable 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris .  . 

Au  connétable 

A  l'évèque  de  Limoges 

A  Philippe  II 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris.  . 

Au  duc  de  Savoie 

Au  même 

Au  connétable 

A  l'évèque  de  Bennes 

Au  duc  de  Florence 

A  M.  Coignet 

A  l'évèque  de  Rennes 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. .  . 

Aux  mêmes 

Au  comte  du  Lude 

A  l'évèque  de  Rennes 

A  sa  fille  la  reine  d'Espagne 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon 


PAGES. 

l93 

11 1  '1 

1  '.  I  '■ 
i()5 
,.,:, 
196 
196 
•97 
Mi7 
198 
198 
■99 
'99 
200 


2  02 
9 11 9 
2û3 

3  0  h 

ao5 
306 

207 
207 
308 
208 

App.  600 
210 


TABLE  <;ill'.u\nl.oi,|ol 


645 


M'MEROS 

D'OBDRE. 


i  Ci  CXLI. 
CCCI  XLH. 

CCO  M. III 

CCI  cxuv. 

Cl  CCXLV. 

MAI. 

CCCI  M. VII. 

vlAIII 

i  CI  I  M. IV 

CCCCL 
i    CLI. 

CCCCLH. 

I  i  <  CLIIL 

CCCCLIV. 

CCCI  LA 

i  ■  CCLVI. 

CCCCLVIJ 
CCI  CLVIII. 

i  i  CCLIX. 

CCCCLX. 

CCCCLM 
CCCCLXH. 
CCCCLXIII. 
Cl  i  CLXIV. 

CCCi.lW 

i  l  I  CLXVI. 
I  >  l  CLXVII. 
CCI  CLXVIII. 


H  Ml.  S 


."]  juillet  i  ">6i  • 
s  juillet  1 56i 
t)  juillet   1  ôlil  . 
i  .'i  juillet  l 56i . 
i  i  juillet  i  56i 
i  i  juillet  i  56 1 . 
1 1  'i  juillet  i 
i  li  juillet  i  56i . 
i(i  juillet  i  56  i 
i  s  juillet  i56i  . 
•  juillel  l56i 

:■  ■!    juillet    1  .">lil  . 

26  juillet  i  ôl'n . 
i  -  juillel  i  "  6 1 . 

•  S  juillet  i  .'ilii  . 

30  juillet   i  56l 

io  juillet  i  56i  - 
•i  i  juillet  iô6i 

,i  i  juillel  i  ")tii  ■ 
■'<  i  juillet  i  56 1 

3 1  juillet  i  Ô6i . 
Août  i  ")i)i  • 
\oùt  i56i. 
Août  1 56 1 . 

i"  août  1 56) . 
i"  août  i  ."un  . 
i"  août  i  .">i>  i . 
■i  août  t56». 


riNATAIRBS 


PAGES 


A.  M.  Nicot 

\  l'évêque  de  Limoges . 

A  \l.  de  Burie 

A  Philippe  II 

Au  duc  il'Albe 

\u  pi  ince  d'Evol) 

Au  duc  J'Allie 

Au  duc  de  Florence 

\  \l .  Coignet 

\  l'évêque  do  Limoges 

\  M.  Coignet 

tu  sieur  Erasso 

V  M.  de  Martigues 

A  François  de  MontmorenC) 

\u\  gens  du  Parlement  de  Paris.  . 

Aux  mêmes 

\  M.  de  Chantonna) 

\u\  gens  du  Parlement  de  Dijon. 

A  la  duchesse  de  Guise 

A  la  même 

A  la  même 

Au  connétable 

\  *.i  tille  la  reine  d'Espagne 

\  ta  même 

\  L'évêque  de  Limoges 

Au  même 

\  indré  Guillart,  sieur  de  L'M''. 
A  la  comtesse  d'Ureigna 


!  I  -I 

216 

App.tio-! 

Mil 

'  |i|i.  6o3 

3l6 

217 

..  lS 
218 
218 

.,  |  s 

lig 

"M 
aao 


lpp.6o3 

\|i|>  6oâ 
App.  tioô 


1 

2î3 


— ■- 


646 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'ORDRE. 

DATES. 

CCCCLX1X. 

a  aoùl  1 50 1 . 

CCCCLXX. 

(3  aoùl  1 56 1 .  ) 

CCCCLXXI. 

9  aoùl  i5Gi . 

CCCCLXXII. 

(î  a  août  i56r.) 

CCCCLXXI1I. 

i  h  août  i56i. 

CCCCLXXIV. 

i  6  août  i56i. 

CCCCLXXV. 

(17  août  1 56 1 .  ) 

CCCCLXXVI. 

18  août  i5Gi . 

CCCÇLXXVII. 

2 3  août  1 50 1 . 

CGCCLÏXVIII. 

a5  août  i50i. 

CCCCLXXIV 

26  août  1 56 1 . 

CCCCLXXX. 

28  août  i56i. 

CCCCLXXXI. 

29  août  i56i. 

CCCCLXXXIi. 

29  août  1  56 1. 

CCCCLXXX  III. 

Fin  août  1 56 1 . 

CCCCLXXMV. 

Comm.  de  septemb.  i56i. 

CCCCLXXXV. 

a  septembre  1 56 1. 

CCCCLXXXVI. 

8  septembre  1 5 6 1 . 

CGGCLXXXVH. 

8  septembre  1 5  6  j . 

CCCCLXXWIII. 

1  0  septembre  i56i. 

<;<;<.<;l\\\ix. 

1  0  septembre  1  56 1 . 

QCCÇXC. 

1  h  septembre  i56i. 

ccc(;\(.i. 

1  5  septembre  i56i. 

ceccxcu. 

27  septembre  i56i. 

CÇGCXCH1. 

2  octobre  1 56 1 . 

ccccxciv. 

5  octobre  i56i. 

ccccxcv. 

8  octobre  1  56 1. 

CCCCXCV1 

1  3  octobre  i56i. 

DESTINATAIRES. 


A  Mesure  Vincenze 

A  André  Guillart,  sieur  de  L'isle 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Joyeuse 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

Au  duc  de  Savoie 

Au  duc  de  Ferrare 

A  l'évêque  de  Rennes 

A  M.  de  Bordilion 

Au  même 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  M.  de  Bordilion 

A  l'évêque  de  Rennes 

Au  duc  de  Savoie 

A  Philippe  II 

Au  président  du  présidial  de  Poitiers 

Au  prévôt  des  marchands  de  Paris 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  Messieurs  les  seigneurs  de  Gênes 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  l'évêque  de  Rennes 

Au  duc  de  Savoie 

Au  comte  de  Brissac 

A  M.  de  Bordilion 

Au  connétable 

A  l'ambassadeur  d'Angleterre  (Throckmoilon) 
A  l'évêque  de  Limoges 


PAGES. 

2  23 

App.606 
226 

225 
226 
226 

227 
228 
229 

a3o 

App.  606 
a3o 

23  1 
232 

233 
233 
a36 

■iU 

335   ; 

235 
App. 607 

235 

a36 

236 

236 

237 
App.  609 


TABLE  CHRONOLOGIQUE, 


64' 


M  M  K  II  OS. 

D'ORDRE. 


C6CGXCV1I. 

CCCCXCVÏII. 

CCCCXCIX. 

1). 

1)1. 
DU. 

uni. 

di\ 

DV. 

I)\I. 
D\ll. 
DV1II. 
I)l\. 

DM 
DXII. 

Dxju. 

DX1V. 

DXY. 

DXVI. 
DXVII. 
DWIII. 

DXIX. 

DXX. 

DXXI. 

DXX1I. 
DXXI1I. 
DXX1V. 


DATES. 


i  k  octobre  i56i. 

•!  .'i  octobre  1 56 1 . 

■iS  octobre  1 56i  • 

■l 'i  octobre  i56i. 

•;4  octobre  i  r>  i  »  i . 

•'(i  octobre  i  ."><ii . 

■>.-j  octobre  i  .M'u  ■ 

27  octobre  1  ô(j  1 . 

3o  octobre  1  56  1 

Novembre  1  50 1 

Novembre  1  56  1 

Novembre  1  .">(ii . 

1"  novembre  1  56i 

3  novembre  1 56 1 . 

8  novembre  i56i. 
i  0  novembre  1  ~>li  1 . 
1  1  novembre  1  56i  • 
■i3  novembre  1 56 1 . 

•  .'I  novembre  1 56i . 
23  novembre  1  :>(>) . 
s3  novembre  1  56) . 
28  novembre  1  ."ilj  1 . 

28  novembre  1  .Vu  . 

29  novembre  1  56  J  . 
Décembre  1  56  1 
Décembre  1  56 1 . 

3  décembre  1 5  G 1 . 
0  décembre  1061. 


DESTIN  VI  A1H  KS 


A  la  duchesse  de  Ferrare 

\  l'évêque  de  Rennes 

A  l'évêque  de  Limoges 

lu  même 

Au  même 

\  M.  de  Bordillon 

A  M.  de  Polon 

A  M.  d'Étampes 

A  M.  de  Bordillon 

\u  duc  de  Savoie 

A  l'évêqm  de  Limoges 

A  Philippe  II 

A  l'évêque  de  lin s 

Au  duc  de  Savoie 

\  M.  4e  Boisj 

\  l'évêque  de  Limoges 

\n\  gens  du  Parlement  de  Paris. 

A  l'évêque  de  Limoges 

\  M.  cl<>  Bordillon •. ■ 

\n\  gens  du  Parlement  de  Paris. 

\  M.  de  Vieillevilie 

\  M.  de  Limoges 

An  même 

\  l'évêque  île  Rennes 

\  sa  fille  la  reine  d'Espagne..  .  . 

\u  duc  Bl  Hve 

Au  duc  de  Savoie 

\  M.  de  Boisy 


33c 

2 '11 

"  '1 1 

A 1 1 1  i .  610 

■i'i3 

ai  3 

9  1  '; 

■:hh 
■  Il 
3/19 


App.  61 0 

".,  > 

s53 

a53 
a53 

\pp.lii  1 

2.r)/l 
tpp.Gl 

3  56 

2r>h' 

2^7 


648 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'ORDRE. 


DATES. 


DXW. 

-  décembre  1 56i . 

DXXVI. 

i  ■>  décembre  i  5(5 1. 

DXXVH. 

î  a  décembre  i  56 1 . 

DXXVIÏÏ. 

l 'i  décembre  i  56i 

I)\\!\. 

Du  i  5  au  20  décemb.  1 56i 

DXXX. 

i  5  décembre  î  56 1 . 

DXXXI. 

in,  décembre  i56i . 

DXXXII 

s  3  décembre  i56i. 

dxxxui. 

a5  décembre  1 56 1 . 

DXXXIV. 

3o  décembre  i  50 1 . 

DXXXV. 

3o  décembre  î  56 1 . 

DXXXVI. 

Fin  décembre  i56i. 

DXXXVII. 

Janvier  i56a. 

dxxxvih. 

Comm.  de  janvier  i562. 

DXXXIX. 

Comm.  de  janvier  i56a. 

nxL. 

9  janvier  i56a. 

DXLI. 

h  janvier  1062. 

DXLII. 

7  janvier  i56a. 

DXLI1I. 

8  janvier  1  50-2. 

DXLIV. 

1  h  janvier  i56». 

DXLV. 

18  janvier  1062. 

DXLVI. 

18  janvier  i56a. 

DXLVI1. 

30  janvier  i562. 

DXLVIII. 

39  janvier  1662. 

DXL1X. 

2.3  janvier  i56a. 

DL. 

•7.3  janvier  i562. 

DLL 

■u)  janvier  1662. 

DLIl. 

Fin  janvier  i56j. 

DESTINATAIRES. 


A  M.  Séraphin 

A  M.  de  Bordiilon 

A  M.  de  Crissé 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  la  duchesse  de  Guise 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  M.  de  Boisy 

Au  connétable 

\  M"  de  Fumel 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. 

Aux  mêmes 

A  Philippe  II 

A  M.  de  Crussol 

A  la  duchesse  de  Savoie 

A  Philippe  II 

\  M .  de  Bordiilon 

A  l'évéque  de  Limoges 

Au  même 

A  M.  de  Bordiilon 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. 
A  l'ambassadeur  d'Angleterre  .  .  . 
Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

Aux  mêmes 

A  l'évéque  de  Bennes 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. . 
A  l'ambassadeur  d'Angleterre  .  .  . 

A  l'évéque  de  Rennes 

Au  duc  de  Savoie 


PAGES. 


937 
258 
258 
259 
a  5g 
aog 
260 
■!im 
a  60 
2O1 
262 
a63 
a63 
263 
366 
265 
266 
App.6i3 
267 
268 
268 

■!l>;i 
26c) 
269 
273 
373 
273 
274 


I  IBLE  CHRONOLOUIQI  E 


fi'i'j 


NUMÉROS 

D'ORDBE. 

H  \TES 

m  ni. 

Février  i  ■ 

DI.IV 

i    i  iei  i  56a. 

Ill.V. 

i  a  février  i  56a 

DI.VI. 

!  5  février  i  > 

DLV1I. 

1 1    il  i j i  i  i  ..i 

Dl. Mil. 

■>.'(  févrii  i  i  56a, 

DLIX. 

a3  février  i  562. 

DLX. 

irriei  1 56 a 

DLXI. 

3  mars  i5i   i. 

DLXII. 

'i  mar    i 

DLXIII. 

."i  niais  iûG'2. 

DLXIV. 

i  1  mais  i  56a. 

DLXV. 

lui 

i         a6 1 

DLXVI. 

Du 

16  au  26  mars  1  56a. 

DLXV1I. 

Du 

16  au  26  mai  -  1 

DLXYIII. 

Du 

1 6  au  36  1 

DLXIX. 

62 

DLXX. 

1       :-:."- 

DLXX  . 

1 

DI.XXII. 

Si  mars  i5 

DLXXDI. 

Fin  mois  1  51 

DLXXIV. 

!■  in  mai     i5    - 

DLXXV. 

'i  a\  1  il  i5l  2 

DLXXVI. 

'i  avril  1  56: 

DLXXVII. 

.'1  ai  1 H  i  56 

DLWV1I1. 

1   avi il  i56: 

DLXXIX. 

g  avril  1  51 

DLXXX. 

.  .  rii  1  51  ■'■ 

IN  ITAIRES 


A  sa  611e  la  reine  d'E  p  igm 
A  l'ambassadeur  d'Angleterre. 
1-  du  Parlemenl  de  l' iri 



Rennes. 

A  M.  Despaubt .  

A  M.  il"  Boisy. .  

A  François  de  Montmorency.  .  . 

A  l'évêque  do  Rennes 

\  \1  de  Gonnor 

!       [ue  de  i.iin  ■  ■         

\n\  gens  du  Parlemenl  de  Pai  1 

\n  pi  ince  de  1  londc 

\n  même.  

Au  même.  

me 

Aux  gens  du  Parlerai  il 

\  M.  de  Boisy 

\  M.  Goigael , 

Au  inriii' 

Au  duc  de  Savoie . 

lu  même 

\  I  •  irêque  de  Limogi  s 

A  M.  d'Humières 

A  M.  ':'-  sénai     al  

\  \1.  Coignet 

i le  Rennes 

Au  cardinal  de  Châtillon 


PAGES 

\|  p  6 1  '1 
,7', 

--'■• 
■'■11 

■'7  7 

2  80 

I 
28  I 
38a 

28:1 

■  5 

■  5 

386 
187 

. 

289 
ai  g 

289 

100 


C  LTHBI  IKE  Dl      llÉDICI 


65U 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


M  MEROS 

D'ORDBE. 


DsLXXXI. 

DLXXXU. 

DLXXXU1 

DLXXXIV. 

DLXXXV. 

DLXXXVI. 

DLXXXV1I. 

DLWWIII 

PLXXXIX. 

DXC. 

D\Ci. 

DXCII. 

DXCII1. 

dxciv. 

DXCV. 

DXGVI. 

DXCVII. 

DXCVIIL. 

DXCIX. 

DG. 

DGI. 

DCII. 

DCU1: 

DCIV. 

DCV. 

DCVI. 

DCV1I. 

DCVUI. 


DATES. 


i  I  avril  1  56s. 
i  ■'  avril  1062. 
1  ô  avril  1  56a. 
1  £  avs  il  1  .i]  ■ 
1  6  avril  1 56 
l 'i  avril  1  56a. 
1  (i  avril  1  062. 
ivril  1    6s 
avril  1  56a. 
3  1  avril  1 56'a. 
■   ivril  iJ'u. 
Fin  avril   1  ôri?. 
Fin  avril  1  56a. 
(  Mai  1  56a.) 
Mai  i56a.) 
Mai  i56a 
Mu  1  56 
Mai  1  56 
Mai   îôtja.) 
Mai  1  -tu-?.. 
i"mai  1062. 
.'!  mai  1  56a. 
.">  mai  1  56s. 

7  mai  1  ôus. 

8  mai  1  56a. 
8  mai  1  ôliiî. 
;i  mai  ?  56a. 
ç)  mai  1  562. 


Iil   s  TIN  MAIRES. 


A  l'évèque  de  Limons.  .  .  . 

Au  même 

V  M.  dTlumières 

A  l'évèque  de  Limoges.  .  .  . 
A  sa  fille  la  reine  d'Espagm 
A  MM.  Poignet  et  Pasquier. 
\  l'évêqae  de  Limoges.  .  . 

A  M.  de  Tavannes 

A  M.  de  La  Motte  Gondrin. 
A  MM.  Coignet  et  Pasquier 

A  M.  Coignet 

Au  duc  de  Savoir 

A  Philippe  II ...      

Au  duc  de  Savoie 

Aux  officiers  de  la  Hoche! I 

A  Philippe  II 

A  la  duchesse  de  Savoie . .  . 

iu  duc  de  Savoie 

Au  comte  de  Tende 

Au  comte  de  Sommeiive. 

A  M.  de  Lansac 

1  M.  de  Màugiron 

A  M.  de  Tavannes  . 

A  l'évèque  de  Limoges.  .  .  . 

Aux  capitonls  de  Toulouse  . 

A  M.  de  Burie 

A  M.  de  Marligues 

A  M .  Goignet 


PAGES. 

-',.: 
196 
296 
306 
A  pp.  61  i 

■-".17 
298 

399 
•".19 
399 
3  00 
3oi 
3oi 
3oa 
3oa 
3o3 
3o3 
3o6 
3o'i 
3oA 

3o6 

;  ,6 
3o6 
.'I07 
::„7 
3o8 
3o8 


lAISLi:  CHRONOLQGIQI  E; 


NUMÉROS 

D'OHDRE 

DATES 

DCIX. 

;(  mai  1 56  i 

DCX. 

g  mai  loi 

DCXI. 

'i  mai  i  56a. 

ht  Ail 

lai  i  56a 

DCXIII. 

i  i  mai  [56 

DCXIV. 

l 'i  mai  i  56a. 

DCXV. 

i  ii  niiii  i  56 

DCXVI. 

i  7  mai  i  56a. 

I)i  AMI. 

i  7  mai  i  56a 

DCXVIII. 

i  7  mai  î  56a. 

DCXIX. 

i  8  mai  i  56a. 

DCXX. 

i  8  mai  i5fi 

DCXXI. 

mai  i  -ii'r<. 

DCXXII. 

■■-  mai  i  56a 

DCXXIU. 

■j'-i  mai  i  36a. 

D(  \\!\. 

a3  mai  i  56a 

DCXXV. 

i  mai  i  56a. 

DCXXV1. 

■>'t  mai  1 56a. 

DCXXVIL 

.  mai  i  56  • 

DCXXVHI. 

■23  mai  i  ")()l>. 

DCXXIX. 

3 1  mai  i56 

DCXW. 

mai   i  'ii')>.  i 

DCXXXI. 

•  i  i   mai  i  56a.  i 

DCXXXI1. 

'i  juin  i  56a. 

DCXXXIU. 

g  juin  i  56a. 

DCXXXIV. 

1  :!  JUÏII    1  .")62. 

DCXXXV. 

i  ■  juin  i  jli-j. 

DCXXXVI. 

i  a  juin  i  56 

>ESTIN  kTAIBES 


Au  prince  de  Condé  ...    

A  sa  lillo  la  reine  d'Espagn 

\  l'évêque  de  Limoges.  ■    

\  M.  de  Mai  ligues 

\  M.  de  Maugiron 

An  roi  de  .Navarre 

\u  naine 

Au  même 

Au  même 

Au  connétable 

Aux  échevins  de  Rouen 

A  l'évêque  de  Limoges 

A  l'ambassadeui  d' Angleterre.  .  .  . 
\ux  gens  <lu  Parlement  de  Paris  , 

\  M.  d'Humières.  .    

le  Navarre 

lu  me 

\  M    de  Tavannes 

\  \l    de  Maogiron 

Vu  roi  'I"  Navarre 

\  M.  ù''  Tavannes 

\  la  duçhi  sse  de  Savoie 

Au  roi  de  Navarre 

\  M.  de  Tavannes 

\  M.  de  Maugiron 

\  M.  de  Fourquevaux  ...... 

1  M.  de  Maugiron 




g 

3  i  i 
3n 

3i3 

3  >  :, 
3i7 
3.7 

3*8 
3a  o 

.... 
3a  a 

3a4 

;■■:, 

Ia6 
I  16 
3a7 
Sa  7 
iaf 
3a9 


652 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NI  MÉROS 

n'oltDIlB. 

DCXXXVII. 

pcxxxvm. 

DCXXXIX. 

DCXL. 
DCXLI. 
DCXLII. 
DCXLU1. 
DCXL1V. 
DCXLV. 
DCXLVI. 
DCXLV1I. 
UC\LVIII. 
DCXL1X. 

DCL. 

DCLI. 

DCLII. 

DCL1I1. 

DCLIV. 

DCLV. 

DCLVI. 

DCLVIL 

DCL  VIII. 

DCL1X. 

DCLX. 

DCLXI. 

DCLXII. 

DCLXIII. 

DCLXIV. 


DATES. 


i3  juin  i  56a. 

(i3  juin  i56a.) 

1  li  juin  i56a. 

il)  juin  1062. 

îg  juin  15C2. 

aa  juin  1  562. 
(  33  juin  1  56a.) 

a5  juin  i56a. 
(25  juin  1562.) 

2O  juin  i56a. 

27  juin  1062. 

28  juin  i5Ô2. 
3o  juin  i562. 
3o  juin  1 56a. 
3o  juin  i56a. 
(Juillet)  i562. 
(Juillet)  i562. 
3  juillet  i562. 
ii  juiilel  1  56s. 

(  7  juillet  1 562.) 

3. juillet  10G2. 
1  1  juillet  i5Ga. 
1  1  juillet  1  5G2. 

I  1  juillet  1062. 

I I  juillet  1 56a 
i5  juillet  i5u3. 
i5  juillet  1  502. 
1  6  juillet  1 50a. 


IIESTIKATAIKES. 


A  l'évèquo  de  Limoges 

A  M.  de  Monluc 

Aux  écbevins  de  Mâcon 

A  l'évêque  de  Rennes 

A  M.  le  maréchal  de  Brissac 

A  M.  de  Gonnor 

A  M.  de  Monluc 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris.. 

A  M.  de  Montpensier 

A  M.  de  Joyeuse 

A  M.  d'Humières 

A  M.  de  Gonnor 

\  M.  de  Tavannes 

Au  même 

A  M.  de  Gonnor 

A  M.  d'Étampes 

A  Philippe  II 

Vax  gens  du  Parlement  de  Paris  .  . 

'm  'lue-  d'Aumale 

A  M.  Coignet 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris  . 

A  l'évêque  de  Rennes 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris  . 

A  M.  Coignet 

A  M.  de  Lansac 

Au  roi  de  Navarre 

Au  même 


A  M.  Coignet. 


PAGES. 

33  0 

33 1 

33a 

333 

335 

339 

339 

34o 

34i 

3/12 

3'i3 

343 

343 

344 

345 

345 

3/17 

347 

348 

348 

34g 

35o 

35 1 

353 

354 

355 

356 

357 


I  \ni.i    i        ONOLOGIQUE. 


653 


NUMEROS 

d'Oudhe. 

DCLXV. 

DCLXVI. 
DCLXVU. 
DCLXVIII. 

DCLXIX. 

I)i  LXX. 

I).  I.WI. 
DCLXXII. 
DCLXXIU. 
DCLXXIV. 

DCLXXV. 
DCLXXVI. 
DCLXXVII. 
DCLXXVIII. 
DCLXXIX. 

DCLXXX. 

BCLXXXI. 

DCLXXXII. 

DCLXXX1H. 

DCLXXXIV. 

DGLXXXV. 

DCLXXXVI. 

DCLXXWII 

DCLXXXV1II. 

DCLXXXIX. 

DCXC. 

DCXCI. 

DCXCII. 


DESTINATAIRES. 


17  juillet  1  56a. 
1  7  juillel  1 
1 1  -j  juillet  1  56a.) 
1  8  juillel  1 56a. 
ig  juillel  1  56a 
ao  juillet  1 56a. 
ai  juillet  1  56a. 
■">  juillet  1  5(3:!. 
s3  juillel  1  56a. 
1 5  1  lillel  '  1 
1 7  juillel  1  56a 
•>7  juillel  1  56a 

1  aoi'it  1  56a. 

1  aoûl  1  56a. 



oui  1  56a. 

'1  août  1  56a. 

6  auùl  1  16 

7  aoùl  1  ôii'i- 

1)  .lr>lit  1 56 
g  aoùl  |56 
1  1  aoûl  1  56a. 
1  '1  aoûl  1  56a. 
1  \    10ÛI  m   16a 
(1  '1  aoûl    1  56 
1  1  aoûl  1  i  56a. 
1  â  août  1  56a. 
1  '1  août  1  562. 


Ui  duc  de  Savoie. 

A  M.  il'll 

A  M.  de  Bordillon. 

Au  même 

\  M   d'Humières. 
\  M, 

A  la  duchesse  de  Parai 
\  1  ivê  [ue  de  Rennes. 

\  M.  de  Lansac  

\  \l.  Coignel 

V  1 1  reine  d'  Angleterre. 
1  h  de  Florence.  . 

\  la  reine  d'Angleterre 

rite  de  Sommerive 
lu  même. 
\  n\  échevins  de  la  Rochelle 

\  M.  d'Etampes 

\  M.  de  Saint-Sulpice . .  ... 

\  M.  'le  Gonnor,  .    

Au  maréchal  de  Brissac  

k   M.  de  Gonnor 

A  l'ambassadeur  d'Espagne  1  Chantonnaj  1. 

A  M.  il"  Saint-Sulpii  1     

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Janine 

A  M.  de  Monluc.  

\  M.  de  Maugiron 

A  \l.  de  Gonnor 


PAGES. 

35 

358 

36i 

36a 
363 
364 
365 

367 

368 
368 
36g 
370 

•>7> 

!7" 

373 
375 
375 

I76 

:<77 
377 


65  h 


TABLE  (iHBOlNOLOf.l'H  Y. 


M   UEROS 

D'ORDRE. 


DCXCIII. 
DCXCIV. 

DCXCV. 
DCXCVI. 
DCXCVII. 
DCXCVIII. 
DCXCIX. 
DC( 

DCC1 

DCCI1 

DCCII1. 

DCCIV. 

DCCV. 

DCCVI. 

DCCVI1. 
DCCVIII, 
DCCIY 

Dl  CX. 

D(X\!. 
Dl  CXII. 

OU  XIII. 

DCCXIV. 

I)i  .1  \\ 

DCCXM. 

D(  *  XVII. 

DCCXVIII. 

SIX. 

DCCXX. 


DATES. 


DESTINATAIRES. 


PAGES. 


(î  h  août)  i56a. 

i  7  août  î  56a. 

(17  août)  i56a. 

1 7  août  1  ■■•• 

1 8  août  i56a. 
•20  août  1  56a. 

.iOÛt  1 5<ia.  ) 
aoi  . 
:>.">  août  1  56: 
lin   i5  au  3o  août  1  .r>6s. 
3o  août  i;J6a. 
1"  septembre;  1  r>6a. 
(2  septembre  i56a.) 
■■ptembre  1    I 
2  septembre  1  .Î62. 
septembre  îôiia. 
-•ptembre  i56a. 
4  septembre  1  56a. 
.">  septembre  1  56a 
6  septembii'  1  56a. 
;i  septembre  1  56 
:  ••  septembre  îîOa. 
(12  septembre  1362.) 
1  6  septembie  1  56; 
1     septembre  i"'< 
1 6  septembre  i56a. 
1  7  septembre  1562. 
septembre  1062. 


\  .M.  d'Étampes 077 

A  \l.  de  Lansac 379 

A  M.  te  comte  de  Tende 38 1 

A  l'évêque  de  Rennes 38a 

A  M.  de  Matignon 

A  M.  de  Gonnor ■  '■ 

A  don  Diego 386 

A  M.  de  Sénarpont 

A  M.  de  Gonnor 

A  M.  d'Étampes 18 

A  M.  d'Humières. 

A  M.  de  Gonnor 387 

A  M.  de  Saint-Sulpice 388 

\  M .  de  Soubise 3oo 

A  M.  du  l.ude 3g  1 

A  M.  de  Maugiron 3ga 

A  I  évéque  de  Rennes 09s 

A   M.  de  Lansac ....    

A  1  ambassadeur  d'Angleterre  1  Throrkinorton  I 3g5 


A  M.  de  Vh\e 

A  M.  de  Soubise 

A  M.  de  Moulue 

\  \!    de  Saint-Sulpice 

V  M    de  Gouuor 

\u  même 

A  M.  de  Rordillon 

A  l'ambassadeur  d'Angl" 

\  M.  de  Clervaux.  .  .    . 


3o6 

.,.,; 

3g8 
3gg 
3gg 

'llll' 


— ,J 


i  IBLE  CHRONOLOGIQl  !.. 


t>55 


NUMBROS 

D'ORDRE. 

DCCXXI. 
DCCXXH. 
DCCXXUI. 

!"  i  \\l\. 

DCCXXV. 
DCCXXVI. 
DÇCXXV1I. 
D.CCXXVHI. 
PCCXXIX. 

PCCXXX. 

m  i  XJs  SI. 

DGCXXXII. 

DCCXXXIII. 

DÇCXXXIV 

PCCXXX\ 

DGCXXXVI, 

PCCXXXVII. 

PCCXXXVI1I. 

[>n  SXXIX. 

DCGXL. 

PCGXLI. 

DCCXLli. 

DCCXLIII 

PCCXLIV. 

DCCXLV. 

DCGXLVI. 

RCCXLVI1 
DCCXLVIII. 


dites. 


DESTIN  ITAIRBS 


20  septembre  i  56a 
i  septembre  i  56a. 

■.  i  septembi  ■■  i  ■ 
i  septembre  i  ■ 
30  septembre  i  ôtia. 
i  Fin  septembre  |  i  50a. 
Fin  septembre  i  i  -"><i-j. 
I  Fin  septembre  I  i  56a. 
:;<j  septembre  i    6 
Octobre  i 
Octobre  i  56a. 
Ictobre  i56a. 
Oclolno  i  56a. 
i  ii  lobre  : 
Octobre  i 
li  obre  i  56a 
Lobre  ;  56a 
octobre  i  56a 
^  octobi  ■    56 
s  octobre  i  i  56a. 
g  octobre  i 
i  i  i.i  tobre  i  56a. 
i  5  octobre  i  56a. 
i  .">  octobre  i  56a 
1 1  5  oclobre  i  56a. 
:Du  i  5au  i  563.) 

l'iln 

i"!'  e  i  56a. 


A  l'évéque  de  Bennes. ,  .... 

\  M.  ci,;  L'Isle 

A  la  reine  d' Angleterre 

\  M     les  Bi 
i  VI.  de  Boisy. 

V  M.  de  Bordillon  

Au  duc  de  Savoii 

\n  duc  de  Florence 

Au  pape.    

Au  duc  de  Vemours 

\u  dnc  de  Montpensier 

V  M.  de  Bouille 

\  M.  de  Lansac 

\,i\   jens  du  l'.u lemenl  de  Paris 

\  VI.  de  Bordillon 

A  VI.  de  la  Brosse 

A  M.  de  Boisj 

\  M.  de  Montpensier 

\  l'ambassadeur  d'Angleterre.    . 

Au  duc  de  Savoie 

A  l'évéque  <le  Rennes 

\   \i.  de  Janine 

\  M.  de  Matignon ■  • 

\u\  gens  d»  Ha  lemenl  d    P 

\  la  duchesse  de  Guise 

Au  duc  de  Montpensier 

A  M.  de  Monluc 

ne       


PAGl  5. 

loi 

106 
106 

'"'7 
io8 

II", 

!i  og 

'l  1  o 

'i  i  •  > 

M  I 
h« 

11- 

li3 

1 1  i 
'i  1 5 
i  ifi 

'..s 

'>  I  '.) 

\  :'.  i  I 

I! 

'l  ■!  1 


i5i 


TABLE  CHR0N0L0G1QI  E. 


NUMEROS 

D'OEDBE. 

DCCXLIX. 
DCGL. 

DCCLI. 

DCCLII. 
DCCLIÏÏ. 
DCCLIV. 
DCCLV. 
DCC.LVI. 
DCCLVII. 
DCCLVI1I. 
DCCLIV. 

DCCLX. 
DCCLXI. 
DCCLXI1. 
DCCLXUI. 
DCCLXIV. 
DCCLW 

De»  xxvi. 

DCCLXVII. 
-VIII. 
DCCLXIX. 
DCCLXX. 
DCCLXXI. 
DCCLXXU. 
DCCLW1II. 
DGCLXXIV. 
I.i  i  LXXV. 
DC(  LXXVI. 


DATES. 


:)0  octobre  i56a. 
Du  9 o a u  2 G octobre  1062.) 
'Du ao au  aOoclobre  1062.) 
(Du 20 au  26 octobre  i56a.) 
(Du  20 an  aGoctobreiâôg.) 
tobre  îôG-î. 
•tr)  octobre  1  5   2. 

■  il 

00  octobre  i56a. 

3o  octobre  i56a. 

3i  octobre  i56a. 

(3i  octobre  1062.) 

(Novembre  i56a.) 

Novembre)  1069. 

3  novembre  1ÔO2. 

-  novembre  1062. 

10  novembre  i56a. 

i3  novembre  i562. 

17  novembre  i56 

1  56a. 
!  1  novembre  i56a. 
lovembre  i56a. 
23  novi  mbre  :    I 
26  novembie  i  56a. 
■\-  novembre  1Ô62. 
a.) 
D  <   mbre  1  56a. 
3  oVc  inl.i •■  i  51 


DESTIN  VT.URES. 


A  M .  de  Piennes 

A  M.  d'AUuye 

A  M.  de  Monluc. 

A  M.  de  Morvilliers,  évèque  d'Orléans. 

\  AI.  d    Montpensier.    

A  M.  de  Gonnor 

A  AI.  de  Ta  vannes.  .  . 

Au  maréchal  de  Brissac 

Aux  échevins  de  Dieppe. 

A  M.  de  Clervaax. .  .  ...... 

Au  duc  de  Savoie 

A  M.  d'AUuye 

Au  cardinal  de  Lorraine .  .  ■ 

Au  duc  de  Savoie 

A  AI.  de  Tavannes 

A  M.  de  Gonnor. . 

Au  même 

A  AIM.  de  Guise  et  de  Montmorency  .  . 

A  M.  de  Tavannes 

A  AI.  d'Eseais.    . 

A  M.  de  Gonnoi 

de  Boisy 
Au  même 

Au  duc  de  Guise. . 

\  M.  de  Boisy 

I     duc  de  Savoie. 

Aux  ducs  de  Guise  et  de  Montmorency. 

\u  du:  d'Aumale 


PAGES. 

i22 
492 

'1  9  i  I 

Zl29 

4ag 

.'i3o 
S3i 

136 

636 

■••: 

&3, 

&38 
13g 
43g 

43g 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


057 


M  MKHOS 


DCCLXXVH. 

DCCLXXV1II. 

m  CLXXIX. 

m  CLXXX. 

lu  i  LXXXI. 

DCCLXXXH. 

DCCLXXXIH. 

DCCLXXXIV. 

DCCLXXXV. 

DCCLXXXVJ. 

DCCLXXXVN. 

l)ii  I.WWIII. 

DCCLXXXIX. 

DCCXC 

DCCXCI. 

DCCXC1I. 

DCCXCIH. 

DCCXCIV. 

DCCXCV. 

Dccxcvr. 

DGCXCVII. 

DCCXGVIII. 

DCCXCIX. 

DCCC. 

DCCCI. 

DCCCH. 

dccciii. 

DCCC1V. 


[i  \T  B  S. 


5  décembre  1 56  i 

-  décembre  i  56a. 

ia  décembre  i  56a. 
i  Milieu  dedécembre   l56 
(Milieu  de  décembre  i  56a. 
i  Milieu  de  décembre  1 56a. 

i5  décembre  i56a. 

17  décembre  106a. 

18  décembre  1  56a. 
(a3  décembre)  i5Ga. 
(a3  décembre  1  5Ga.) 

3i  décembre  i56a. 
1"  janvier  1  503. 
1"  janvier  1  503. 
1"  janvier  1  563. 
1"  janvier  i563. 
a  janvier  1  563. 
3  janvier  1 563. 
3  janvier  î  f> 6 3 . 
■4  janvier  i5G3. 

5  janvier  i  5(13. 

6  janvier  !  563. 
G  janvier  î  563. 
G  janvier  i  563. 

6  janvier  i  5G3. 

7  janvier  î  563. 
9  janvier  1 563. 
g  janvier  1 563. 


DESTIN  ATAUIES. 


A  la  duchesse  de  Lorraine 

Au  duc  de  Nivernois 

A  M.  de  Tavannes 

A  la  duebesse  de  Guise 

Au  président  du  Ferrier 

\  M.  de  Lansac 

A  l'évéque  de  Rennes 

Au  connétable 

Au  dur  de  Florence 

\  M.  de  Saint-Sulpice 

Au  cardinal  de  Lorraine 

\  AI.  de  Soubise 

Au  comte  du  Lude 

\  AL  de  Gonnor 

Au  même 

A  l'ambassadeur  d'Angleterre.    . 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même '• 

\  M.  de  Damville 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même 

Aux  (jens  du  Parlement  de  Paris  . 

A  AL  de  Gonnor 

A  M.  d'Humières 

A  AI.  de  Gonnor 

Au  même 

Au  même 

\  M.  de  Damville 


PAGES. 


Vu 

443 
643 

5  5  i 
i'i.i 
145 
m  7 
15 1 
'.:.■■ 
453 
455 
'i  5  7 
458 

'    .  M  | 

45g 

46o 

46 1 

'i  6  i 

56a 

46a 

463 

663 

164 

464 

565 

465 

466 


Catherine  ul  Médicis.  —  i. 


83 


658 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


\  ni  k  R  o  s 

D'ORDRE. 


DCCCV. 
DCCCV1. 

DCCCVII. 

DCCCVIII. 

DCCGIX. 

DCCCX. 

DCCCXI. 

DCDA  11. 

DCCCXII1. 

DCCCXI  V. 

DCCCXV. 

DCCCXVI. 

DCCCXVII. 

DCCCXVIII. 

DCCCXIX. 

DCCCXX. 

DCCCXXl. 

DCCCXXH. 

DCCCXXIII. 

DCCCXX  IV. 

DCCCXX  V. 

DCCCX  XVI. 

Dcccxxm 

DCCCXXVIll. 
DCCCXX  IX. 
DCCCXW. 
DCCCXX  XI. 
DCCCXXXII. 


DATES. 


g  janvier  1 563. 
g  janvier  i  563 
i  o  janvier  1 563. 
10  janvier  1 563. 

10  janvier  j  563. 

1 1  janvier  1 563. 
1 1  janvier  1 5 6 3 . 

1 1  janvier  1 563. 
î  a  janvier  i563. 

12  janvier  1 563. 
ta  janvier  1 563. 
î  a  janvier  i563. 
i3  janvier  i  563. 
î  4  janvier  i  563. 
i5  janvier  i563. 
î  5  janvier  i  563. 
16  janvier  1 563. 

16  janvier  1 563. 

17  janvier  1  563. 

17  janvier  1  563. 

18  janvier  1 563. 
1  S  jamier  l563. 
18  janvier  1  563. 
i  g  janvier  1  563. 
ig  janvier  1  563. 
ig  janvier  1  563. 
ao  janvier  1  563. 
30  janvier  1  563. 


DESTINATAIRES. 


A  M.  de  Maugiron 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris  . 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même 

A  M.  de  Lansac 

A  M.  de  Gonnor 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. . 

\  M.  de  Gonnor ■ 

Au  même 

A  I'évêque  de  Rennes 

A  M.  de  Gonnor.        

Au  duc  de  Florence 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même 

Au  même 

Vu  même 

\n  même 

Au  même 

Au  même 

\u  même 

A  M.  de  taasac 

A  M.  de  Gonnor 

A  I'évêque  de  Rennes 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris. 

A  M.  de  Gonnor 

\u  même 

A  François  de  Montmorency..  •  . 
A  M.  de  Gonnor 


PAGES. 

J66 

4  67 
467 

A  6  7 
468 
470 


',73 
.'17  4 
474 

47:. 

<*iK 

''77 
',77 

*77 
Û78 

''79 
''79 
'«80 
'180 
48i 
48a 
483 
484 
484 


I  \lil.K  (.IlliU.Nul.tMiKil  E. 


65y 


mm  lu  us 

U'OBDItK. 


Dl  «  CXXXIU. 
DC<  CXXXIV. 
Di  l  CXXXV. 
DCGGXXXVI. 
Dl  i  l  KXXVII. 
Dl  l  I  SXXVIII. 
DCCCXXXIX. 

DCCCXL. 

BCCCXLI. 

DCCCXJJI. 
DCCCXLUI. 
DCCCXLIV. 

DCCCXLV. 
DCi  CXLVF. 
DCCCXLVII. 
DCCCXLVffl. 
I):  CCXLIX. 
DCCCL. 
DCCCLI. 

DCI  i  LU. 

DCCCLIII. 

DCCCL1V. 

DCCCLV. 

DCCCLVI. 
DCCCLVI1. 
DCCCLVIH. 

DCCCLIX. 

UCCCLX. 


DATES. 


H  i  STINATA1RI  S 


■■  janviei 

la  janvier  1 563. 

a  j.iin  ier  i  563. 

■■.i  j.iin iei   l563 

i5  janviei  

a6  janvier  i  563. 
i-  janvier  i  563 

■s  janvier  i ôii.'i. 
.'i  i  janvier  i  563. 
.'ii  janvier  1 563. 
•i  i  janvier  1 563. 

a  févi  iei  i  563. 

.!  février  1 ôti.'i. 

fé\  rier  1 563. 

■  février  i  >6  :. 

'i  février  i  563. 

'i  février  i  563. 

\  fé\  rier  i  563. 

fi  février  i  563. 

;   lévrier  i  ">6.S. 

-  février  i  563. 

-j  février  i  563 

8  février  i  .">0.'t. 

8  février  i  563. 

8  février  i  563. 

g  février  i  .Mi-'!. 

;i  lévrier  i563. 

1 1  février  îofio1. 


«.m  gens  du  Parle ni  de  Paris 

\n\  mêmes 

\  \1 .  de  Gonnor 

A  la  reine  d'Angleterre 

\  M.  d'Humièn  s 

\  M.  de  Gonnor 

\u  même 

\n  même 

\  M.  de  Maill) 

A  François  de  Montmorency 

\n  même 

A  M.  de  Damville 

K  \1.  de  Tavannes 

\u\  gens  du  Parlemenl  de  Paris 

\  M.  de  Damville 

A  M.  de  Gonnor 

A  François  de  Montmorency 

\  M.  'le  Damville 

Au  duc  de  Ferrare 

A  François  de  Montmorency 

Au  même 

\  M.  de  Gonnor • 

Au  même 

\  François  de  Montmorency 

\  M.  de  Tavannes 

\  M.  de  Gonnor 

Aux  gens  du  Parlemenl  de  Paris 

A  MM.  François  de  Montmorency  et  de  Gonnor 


PAG1  S. 

S 
685 
'.s:, 
485 
186 
Û87 
689 
58g 

'll|U 

ftgi 

''!)' 
Ù92 
4g3 
4g3 

'Mi'l 

4g4 
ig6 
4g6 

hi 
!,'.n 

û98 
''99 


660 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


N  U  M  G  R  0  S 

D'ORDRE. 


DCCCLXI. 

DCCCLXII. 

DCCCLXIU. 

DCCCLXIV. 

DCCCLXV. 

DGCCLXVI. 

DCCCLXVII. 

DCCCLXVIII. 

DCCCLXIX. 

DCCCLXX. 

DCCCLXX1. 

DCCCLXXII. 

DCCCLXXI1I. 

DCCCLXXIV. 

DCCCLXXV. 

DCCCLXXVI. 

DCCCLXXVII. 

DCCCLXXVIIT. 

DCCCLXXIX. 

DCCCLXXX. 

DGGCLXXX1. 

DCCCLXXXII. 

DCCCLXXX1H. 

DCCCLXX  XIV. 

DCCCLXXXV. 

DCCCLXXXVI. 

DCCCLXXXVII. 

DCCCLXXXVIII. 


DATES. 


DESTINATAIRES. 


i  1  février  1 563. 
î  a  février  i563. 
î  a  février  1 563. 
i  6  février  i563. 

16  février  1 563. 
1 0  février  1 563. 

17  février  1 563. 

17  février  1 563. 
1  7  février  i563. 

1 8  février  1 563. 
18  février  i563. 
18  février  i563. 
1  g  février  1 563. 
îg  février  1 563. 
i  g  février  1 563. 

Du  îgau  26  février  1 563.) 

22  février  1  563. 

23  février  i563. 
a3  février  i563. 
2Û  février  1 563. 
■'.")  février  1 563. 
3.5  février  1  563. 
27  février  1 563. 
27  février  i563. 
Fin  février  1 563. 
Fin  février  i563. 

Mars  1  563. 
3  mars  i563. 


A  M.  de  Boisy 

A  M.  de  Gonnor 

A  l'évèque  de  Rennes 

A  François  de  Montmorency. . 

A  la  reine  d'Angleterre 

A  M.  de  DamviHe 

A  M.  de  Gonnor 

Au  comte  du  Lude 

A  M.  de  Gonnor.  .  . 

Au  même 

Au  cardinal  de  Guise 

A  François  de  Montmorency 

Au  cardinal  de  Guise 

A  M.  de  Gonnor 

A  M.  de  Damville 

Au  connétable 

A  François  de  Montmorency. 

Au  même 

Au  même 

Au  comte  du  Lude 

A  la  duchesse  de  Savoie. .  .  . 
A  François  de  MontmorenCj . 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même 

A  la  duchesse  de  Guise  .... 

A  la  même 

A  Philippe  11 

\  M.  de  Gonnor 


PAGES. 

502 
502 

5o3 
5o5 
5o6 
507 
5o8 
5o8 
5o8 
5og 
5io 
5n 

5l2 

5i  2 
5i3 
5i3 
5i4 
5i5 
5i5 
5i6 
5i  7 
517 
5)8 
5ig 
5ig 
5ig 

320 
520 


TABLE  CHRONOLOGIQl  E. 


G(il 


M  Ml   ROS 

D'ORDRE. 

DCCCLXXX1X. 

D.CCCXC. 

DCCCXCI. 
Dl  CCXCI1 
DCCCXCIII. 
I»  i  CXCIV. 

DCCCXCV. 

DGCCXCVI. 

DCCCXCVII. 

DCCCXCVIII. 

DCCCACIV 

bcccc. 

DCCCCI. 
DCCCCII. 

DCCCCI  II. 
DCCCC1V. 
DCCCCV. 
DCCCCVI. 

DCCCCVIL 

DCCCCVIII. 

DCCCCI  \. 

DCCCCX. 

DGCCCXI. 

DCCCCXII. 

DCCCCMII. 

DCCCCXIV. 

DCCCCXV. 

DCCCCXVI. 


i>  vt  i:  S 


'i  mars  i  563. 

6  mars  i  563. 

(">  mars  i  563. 

8  mars  1 563. 

g  mars  I  563. 
i  9  mars  i  563. 
(i3  mars  1 563.) 
1 3  mars  i  51 
i  3  mars  i  563. 
i3  mars  i563. 
16  mars  1 563. 
i  7  mars  1 563. 
18  mars  î  563. 
18  mars  î  563. 
îg  mars  i563. 
i  g  mars  i563. 
ao  mars  i  563. 
ao  mars  1 563. 
Du  17  au  20  mars  1  563. 
90  mars  1 563. 
9  1  mars  1 563. 
31  mars  1  563. 
2 1  mars  1  563. 
aa  mars  1  563. 
3  '1  mars  1  563. 
3  '1  mars  1  563. 
2-5  mars  1  563. 
2.5  mars  i563. 


DESTIN  ITAIRES. 


A  François  dt'  Montmorency 

A  \l.  de  Goniior 

\  l'évêque  de  Rennes 

A  M.  de  Gonnor 

\  M.  de  Prie 

\  M.  de  Gonnor 

Au  maréchal  de  Brissae 

A  M.  de  Gonnor 

A  François  de  Montmorency 

Au  comle  du  Lude 

A  M.  de  Gonnor 

Au  comte  du  Lude 

\  François  de  Montmorency 

A  M.  de  Gonnor 

Au  même 

Au  même 

Au  même 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 

A  Philippe  II. 

A  MM.  François  de  Montmorency  el  de  Gonnor. 

\  M.  de  Gonnor 

Au  même 

Au  cardinal  de  Lorraine 

A  M.  de  Matignon 

\  M.  de  Gonnor 

\  \l .  de  Tavannes 

A  M.  de  Gonnor 

Aux  gens  du  Parlement  de  Paris 


PAG]  S. 


52/i 

;,...', 
5  26 

5*7 
5a8 

5a8 
5ao 

53o 
,3o 
53i 
53j 
533 
533 
534 
535 
535 
5  16 
536 
537 
53  7 
53, 
538 
538 


a  «1 


662 


TABLE  CHRONOLOGIQUE. 


NUMEROS 

D'ORDRE. 


DCCCCXVII. 

DCCCCXV1II. 

DCCCCXIX. 

DCCCCXX. 

DGGCGXXI. 

DCCCCXXII. 

DCCCCXXIII. 

DCCCCXXIV. 

DCCCCXXV. 

DCCCCXXVI. 

DGCGGXXVII. 

DCCCCXXVIII. 

DCCCCXXIX. 

DCCCCXXX. 

DCCCCXXXI. 

DCCGCXXXH. 

DCGCCXXXIII. 

DCC<  CXXXIV. 

DCCCCXXXV. 


])  AT  E  S. 


■i  5  mars  i563. 
>(>  niais  î  563. 
26  mars  1 563. 
■>i)  mars  1 5 0 3 . 
26  mars  1 563. 
28  mars  1 5(io. 
38  mars  1 563. 
28  mars  1  563. 

28  mars  i563. 
ag  mars  1  563. 

29  mars  i563. 
■M)  mars  1  563. 

30  mais  1  563. 
3i  mars  1 563. 

31  mais  1  563. 
3i  mais  i56o. 
3i  mars  1 563. 
3i  mars  i563. 
3i  mars  1  563. 


DESTIIVATAIRES. 


Au  cardinal  de  Lorraine 

A  Pévêque  de  Rennes 

A  M.  de  Boisy 

A  la  duchesse  de  Guise 

A  François  de  Montmorencj 

Aus  gens  du  Parlement  de  Paris. 

A  \1.  de  Gonnor 

Au  comte  du  Lude 

\  M.  de  Gonnor 

Au  comte  du  Lude 

\  M.  de  Boisy 

A  M.  de  Gonnor 

Au  bailli  de  Vermandois 

\  M.  de  Gonnor 

1 11  même 

Aux  gens  du  Parlement  de  Dijon. 

A  M.  de  Monluc 

A  la  duchesse  de  Guise 

A  la  même 


PAGES. 

539 
542 
544 
544 

544 
545 

545 
546 

546 
54  7 
54  7 
548 
548 
548 
54g 
54g 
55o 
55a 
553 


TABLE   DES   PERSONNES 

\  QUI  SONT   ADRESSÉES  LES  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS. 


\ 


Albani  i  Le  duc  d'),  i,  2 ,  3. 

Albe  (Le  comle  n'),  57."). 

\LBE(Le  duc  d'),  i36,  ai'i,  a56. 

Albret  (Jeanne  d'),  i48. 

\lliye  I  D'  (i 

Angoi lème  (Marguerite  d'),  reine  de 
Yi\arre,  37. 

Aobespine  (Sébastien  de  l'),  évéque 
de  Limoges,  1  38,  1  la,  1  15  .  i5i, 
i58,  1 7 « .  179,  i83,  188,  199, 
311,  a  1 6 ,  9  2  1,  3  4 1 ,  2  4  '1 ,  ■'-  ô  0  , 
a53.  aO»', ,  3io,  3i8,  33o,  565, 
067,  57a .  '-■;.  '177.  584,  590, 
5g5,  Go5,  609 ,  610,  611,  61 3. 

Aiiiale  i  Le  duc  d'),  3o,  1Ô7.  348, 

i'ju. 
AoTILLIEBS  I  M.   D'  I,   117. 

Aïesnes  (Le  liailli  d").  90. 


B 


Baboi.  évéque  d'Angouléme,  i54. 

Bassa  (Rustan),  1  7  '1. 
Batokve  (L'évèque  de),  91,  g3. 
Beleaï  (Le  cardinal  dd),  38. 
Bocbetel.  —  Voy.  Re>>e~. 
Boisi   (M.  de  1,   33,  87,   18a,  188, 
195,  300,  260,   >77-  b85,  i37, 
.  5  '1  '1 ,  5  '1 7 . 

BoRDlLLON    (M.   DE),    I96,      I29,    230, 

286,  343,  2.r>2,  208.  a65,  367, 
35g,  4oo.  '107,  '1 1  2. 
Bories  (M.  des  .  io6. 

BOCCHAGE  (M.  DD),    103. 
BoClLLE  (M.    DE),    'Ml. 

Bocrbon  (Antoine  de), roi  de  Navarre. 


i45,  i48,3ia,  3i3,  3i4,  3i5, 
33a,  i,356. 

m    (Le  cardinal    DB),  5o  .   6a  . 

67. 
B01  udin(L''  procureur  général  Gilles), 

i93. 
Brissai  I  \l  "  de),  i  2  1 . 
Brissac  (Le  maréchal  de),  g5,  119, 

356,  335,  37a,  127. 

VI.  DE),    196,    311,    3.V 

C 

Carlos  (Don  1,  133. 

ClDMOST  1  M.   DB),    1  87. 

Cdamon.nu.  ambassadeur  d'Espagne, 

188, 
CnÂTiuON     (Le     cardinal    de),    l5o, 

390. 

Cuai  lues  (M.  de),  36a. 

Clermont  i  M     de  i.  565. 

Clervai  \  I  M.  in  1,  ioa. 

lion, net,  ambassadeur  en  Suisse.  1  87, 

;.  :ino,  3o8,  3 13, 
.  357,  365,  566,  ..71.  574, 
580,590,  5g4,  5g6,  6o3. 

Cokdé  (Le  prince  de),  281,  28" .  s83, 
3og. 

Cosme  I",  duc  de  Florence,  ■• .  1,  5, 
6,  7,  9,  10,  11,  la,  i3,  i'i. 
■  5,  17,  18,  19,  21,  a3,  -  '1 .  ag, 
3i,  3a,  33,  34,  35,  36,  3 
43,  48,  69,  71,7a,  7'i.  85,  i3i, 
ia3,  i33,  iio,  i43,  i6f>,  so4, 

S  ig,    'l."|2  ,    '17'L 

Couserans  (  L'évèque  de  1 
Cbissé  I  \l.  de), 

Cri  ssoi  '  M.  de),  i  '17. 


i> 

M.  de),   16 i     166,  4g: 
(|g5 .  507, 
Di  5pai  i  \  :  M.  1,  377. 
DiEoo(Don),384. 
Dieppe  (Les  échevins  de  1,   '1  1  ; 

;;l'hs  dn  Parlement  de), 
1g,    101,    lo4,    1  "•">.    1 06 .     137, 
167,  168,  i85,  210,  219,  549. 
Doli  (  L'ambassadeur),  172. 


E 


Ecosse  |  Messii  111  -  des  trois  États  d' i 
i65. 

,  —  VO        I  11  ISI  . 

Elisabeth,  reine  d'Angleterre,   138, 

i3a .  17".  366,  lo5,  18 
[  Elisabeth,    reine    d'Espagne,     1  ■">;'. 

i58,  176,  309,  56o 

56g,  576,  igi,  592  . 

5g3,  600,  6o3,  ijo'i. 
Erazo  (Le  secrétaire  d'Etat), 
Escars  |  M.  11'  .  136. 
Étampes   (M.  d'),   180.  345,    i6g 

377- 

Evoi.i(La  princesse  d'). 

Evoli  (Le  prince  d').  •' 1  '1 .  ..- 


Fabrese  (Le  cardinal),  94. 
Eerrare  (Laducliesse  Ren      ni 
Febrabe  i  Le  cardinal  de),  60,  10a. 
Ferrare  (Le  duc  de),   la,    1  "1 .   16, 
3o,36,70,83,84,88 
io5,  10O.  i33,  ■•■<-- 


664 

Ferrier  (Le  président  du),  465. 
Forly  (L'évêque  de),  1 10. 

Foi'RQUEVAUX  (M.  DE),   328. 

François  I",  555. 

Fi  «el  (M'"  de),  260. 


Gênes  (Messieurs  de),  1 38 ,  2.35. 

Gonnor  (M.  de),  280,  33g,  343. 
37i,  373,  377,  384,  386,  399, 
4oo,  458,  459,  46o,  46i,  463, 
464,  465,  467,  470,  471,473, 
674,  475,  Û77,  478,  479,  48a, 
483,  484,  485,  48g,  494,  499, 
5oo,  5o2,  5o8,  5og,  5ia,  5i8, 
5ao,  5a2,  524,  526,  52g,  53 1, 
533,  536,  537,  538,  545,  546, 
548,54g. 

Gonzagce  (Ludovic  de),  3a. 

Grand  Seigneur  (Le),  Soliman  11, 178. 

Goiulart  (André),  s'  de  L'Isle,  222, 
224,  396,  4o3. 

Guise  (Anne  d'Esté,  duchesse  de), 
33,3g,  4-2,  48,  61,  64,  73,  75, 
So,  82,  86,  21g,  220,  25g,  420, 
434,  438,  43g,  444,  5ig,  544, 
552, 553. 

Guise  (Le  cardinal  de),  5io. 

Gcise  (Le  duc  de),  46,  63,  93,  434, 
438,  439. 

in  i~e  1  Marie  de),  reine  d'Ecosse,  555, 
556. 

H 

Henri  II,  5g,  60,  557,  558,  56i. 
HiMiÈREs  (M"'cd'),  4i,  6g,  53,  54, 
6a,  63,  66,  68,  70. 

HlMlÈRES    (M.   D'),     17,    20,    22,    24, 

25,  26,  28,  3i,  32,  4o,  57,  70, 
169,  193,  288,  822,  343,  358, 

387,  464,  486. 


1 

Im.e.  —  Yoy.  GriLLAi; 


Jabsac  (M.  de),  37.5,  h  18. 
J"iu  se  (M.  de),  3  S 


TABLE  DES  PERSONNES 


La  Mothe-Gondrin  (M.  de),  29g. 
Lansac  (Guy  de  Saint-Gelais,  sr  de), 

3o5,  354,  364,  379,  3g3,  4ii, 

468,  479. 
La  Rocuelle  (Les  échevins  de),  3oa. 
La  Rochelle  (Les  officiers  de),  368. 
Lavigne(M.  de),  116,  118. 
Lezignï  (M.  de),  81. 
Lorraine  (La  duchesse  de),  44 i. 
Lorraine  (Le  cardinal  de),  43o,  455, 

537,  539. 
Lude  (Le  comte  du),  208,  391,  458, 

5o8,  5 1 6,  5ag,  53o,  546,  567. 

M 

Mâcon  (Les  échevins  de),  332. 

Maillï  (M.  de),  4go. 

Mantoie  (Marguerite  Paléologue,  du- 
chesse de),  g6. 

Mantoie  (François  deGonzague,  duc 
de),  3o,  g5,  120,  126. 

Marguerite.  —  Voy.  Angoulêïe.  — 
Voy.  Savoie. 

Martigues  (AI.  de),  217,  3o8,  3n. 

Matignon  (M.  de),  2a4,  375,  383, 
419,  537. 

Maugihon  (M.  de),  3o6,  3 11,  327, 
3ag,  377,  3ga  ,  466. 

Médius  (Laudamine  de),  563. 

Metz  (Les  magistrats  de),  128. 

Moni.cc  (Biaise  de),  33 1 ,  33g,  376, 
3g8,  62 1,  53o. 

MoNi.BC.  — Voy.  Valence  (Jean  de). 

Montmorency  (Anne  de),  3,  6,  45, 
46,  67,  49,  52,  53,  55,  65, 
66,  67,  68,  69,  71,  73,  75,  76, 
77,  78,  79,82,84,87,  8g,  98, 
gg,  100,  io3,  116,  117,  118, 
119,125,  127,  128,  i3o,  i32, 
i35,  i42,  i46,  1 53,  ï55,  ig4, 
198,  19g,  202,  260,  317,  439, 
43g,  45i,55g. 

Montmorency  (François  de),  i5o, 
218,  484,  4gi,  Ag6,  5oo,  5o2, 
5o5,  5 1 1 ,  5i4,  5i5,  517,  522, 
528,535,546. 


Moktpeksieb  (Le  duc  de),  34  1.  4  10. 
620. 

MoNTPEZAT    (M.  DE),    l50. 

Morvilliers  (De),  évèque  d'Orléans. 

424. 
Murâtes  (L'abbesse  des),  5,  8,  28. 

N 

Naples  (Le  conservateur  de),  1 15. 
Nejiours  (Le  duc  de),  197,610. 
Nicot  (L'ambassadeur),  210. 
NivERNois  (Le  duc  de),  443. 
Noailles   (François    de),   évèque    de 
Dax,  136,  56i. 


Palmako  (Le comte  de),  110,  111. 
Paris    (Le  lieutenant  criminel   de). 
i57. 

Paris  (Le  prévôt  des  marchands  de), 
234. 

Paris  (Les  gens  du  Parlement  de), 
55,  58,  85,  g2,  168,  171,  176, 
179,  181,  182,  ig5,  197,  198, 
201,  207,  218,  226,  235,  25g, 
261,  268,  a6g,  272,  276,  275. 
281,  320,  34o,  367,  35i,  612, 
4ig,  463,  467,  470,  48i,  534, 
53g,  545. 

Parlement.  —  Voy.  Paris. 

Parme  (La  duchesse  de),  362. 

Pasqdieb  (M.),  297. 

Paul  IV,  107,  108,  110,  112. 

Philippe  II,  1  3 1 ,  i4g,  1 63 ,  166, 
167,  300,  aia,  233,  244,  s63, 
264,  3oi,  3o3,  347,  5io,  535. 

Pie  IV,  4og. 

Piennes  (M.  de),  4aa. 

Poitiers  (Le  président  du  présidial 
de),  a33. 

Portugal  (La  princesse  de),  131. 

Poton  (M.  de),  a4a. 

Prie  (  M.  de),  525. 

R 

Rennes  (Bochetel.  évèque  de),   i5y. 





A  OUI  SONT  ADIiKSSKKS  I.KS  LETTRES  DE  CATHERINE  DE  MÉDICIS.      f»6.r> 


181,  1 86,  191,  I  ■  208  .  a3  1 . 

a38,  - 16,  "•"''' .  269,  ■>-'■•.  ■'-'■>. 
I5o      !  13,  38a,  392, 
lo3,  'mi.  V17.  18o,  5o3,  5a4, 
54a ,  607. 
Roi  bn  1  Les  échevins  de).  307. 


Saint-Ferme  i  M.  de  i,  i  i3. 
Saiht-Meshb  (M°"  de),  56o,  ô-s. 
Saikt-Mesue  (M.  de),  56i,  -'kj-. 
Saist-Laibens  (M.  de),  10 li  io5. 
Saikt-Sulpice    (M.   de)    870.    3^3, 

19    153. 
Savoie I  La  connétable,  Madeleine  de), 

-ù,  80,  8a,  87,  89,  92,  93,  'i'1 . 

118,  i53. 
Savoie  (Marguerite,  duchesse  de),  3, 

i4o,  i54,  a63,  3o3,  3a6,  r.i7. 


Satoii  i  Philibert-Emmanuel ,  duc  de), 
1^7.  i34,   i.'i.'i.   i-'!;.  1  io,   1  la  , 

1  '1  '1 .   1  '17,  "in  .    102,  ' 

35  tlih .  269,  "•'>''.  274,  3oi, 
;!,,',.  3ag,  -..7.  I08,  5i6,  129, 
43i,  i3g. 

Selvb  (  M.  de),  111 

SÉNAiipoxT  (M.  de).  160,  289,  385, 

Si  1,  u>niH  1  M.  t.  ■■'<-. 

Sommer ivi  1  Le  comte  de) .  368,  384. 

Soi  bise  (M.  de),  3go,  3<i7.  '1^7. 

Strozzi  (Laurent).  564. 

Strozzi  (Le  cardinal),  10g. 

Strozzi  (Léon),  87. 

Strozzi  (Pierre  |,  97. 


Tavanhes  (M.  de).   i5g,   161,  i64, 
1G7,  168,  299,  3o6,  3a4,  3a5, 


327,  343,  344,   127,  Vti.  134 

143    'u,::    5oo,  538. 
Tende    (Le    comte    de),    i -■! 7 .    l83, 

3o4,  38t. 
Throckmorton    (Sir),     ambassadeui 

d'Angleb  m     187,  ■■*<*■  "7': 

;   ,,     |g5    loo.  '1  ig 
T si  |  Les  1  apitouls  de),  83,  307 

I 
I  i;hi;m  i  La  comtesse  1.'  ),  1  7"'.  ■"'•'<■ 


Valence  (Jean  de  Monluc,  évêque  de 

r,ii. 
Vermandois  (Le  bailli  du),  548 
VlElUEVlLLB  (M-  Dï  ).  a53. 


Catherine  de  Médius.  — 


34 


— 


TABLE   DES    MATIÈRES. 


Ul.i.    ■      l 

iol]  (  Ottaviano),  6 1  9. 
-  1,  356 .  noie. 
Icqs    I-  évêché  d'),  1  16,  noie. 
\  1  >  1  m  \  1  l j  (  \11ll1011io  ) ,  35  .  6a3. 
Urbts  |  i..;  baron  des),  prêt  à  en  venir 
aux  mains  avec  les  troupes  du  comte 
de  Sommerive,  34j,  note. —  Ce 
1  it  de  sa  mai  1     si    roi  de  \a- 
lission, 
- 
Adviblle  (M.),  cité,  a38. 
33i,  384. 

AlGUEPERSB,   I  'l  1  . 

\l\  il.  270. 

Alamanni  (Andréa),  34. 

Uaj     st  1  Boncass 34. 

wi  (Jehan  >.  recommandé  par 
Catherine  au  maréchal  de  Brissac, 

97- 
Vlamakbi  (Loys),  note  sur  lui,  34. — 

Recommandé  par  Catherine,  ■'>- 
ï  (Nicoio),  recommandé  par 

Catherine  au  connétabl   ,  87. 

Don  François  de).,  retourne  en 

Espagne,  534 ,  noie. 
Albàki  (Jean  Slnart,  duc  d'),  oncle 

de  Catherine;  lettres  que  lui  écrit 

Catherine,  1,  2.  3.  —  Cité,  ap 

pend.  ")(io. 
Albe  (La  duchesse  d'),  ! 

Iherine  une  émeraude, 
1  Le. comte  d'),  1  7.1. 
Ai.be  (Le  duc  d'),  lettre  i[ue  lui  écrit 

1  Catherine  au  sujet  de  la  guerre  dont 

menace      la     reine     d'Angleterre, 

,36.  —Cité,   i.38,   i75.  —  Ca- 


therine  veut  le  faire  supplanter 
par  le  prince  d'Évoli,  i84.  — 
Cité,  188.  —  Catherine  lui  re- 
\l.  d'Ausance  envoyé 
en  mission  en  Espagne,  ai4. — 
Remercié  par  elle  de  ce  qu'il  fera 
pour  le  roi  de  Navarre,   21 4.  — 

lo5     5o8.  —  Approuve 
la    ligne  de   conduite   de    Cathe- 
rine, 57a.  —  Cité,  append.  .">-."> 
-  Ce  qu'il  a  dit  à  la  reine  d'Es- 
app  md.  600.       Catherine 
cherche  à  le  gagner,  append.  602, 
—  Cité,  append.  61  •">,  616. 
Albissi  (Claude),  (i->  1 . 
Alboh  (  Jacques  »'  |, s'de Saint-André, 

note  sur  lui ,  -'-i. 

Ai.iii'.i.t  (Jean  d'),  i'i-S.  note 

Albret   (Jean  17,    note.  — 

Lettre  «pu-  Catherine  lui  adresse  par 

Crussol .  1  '18.  —  Nolesur  elle,  1  i8. 

Lettre  que  lui  écrit  Burie,  i48, 

noie.  —  Réponse  qu'elle  lui  fait, 

note.       Injuriée  par  Moulue, 

Unir. 

Ali  vi.  v.  61  •">. 

Aldobbakoin   (Pierre),    recommandé 
par  Catherine,  1 54. 

h    n  1.  citi  e,  '.7  -,  note. 
'. ■  i   1  -ï    ■  Chi  1  le    d      '  ité,  '177. 
\i, bkços  1  Françoise  d'),  cité,  '177. 
1       i   -  Le  duché  d'  )   réuni   à  la 
couronne,  '177.  —  Procès  el  tran- 
ons  11  ce  sujel .   '177,  note.  — 
Donné  pour  douaire  â  Catherine, 
478 .  note 
Alger  i  Les  galèn  3  d'),  a    1 


11'    UNI      1  I.'  1         198 

fi83,  4g5,  600,  6  1  5 

Allemands  (Les)  viennent  s"  joindre 
à  ceux  d'Orléans,  il  1,  4i4. 

d  i  f  Les  1  apitaines  ).  Catherine 
voudrait  obtenir  d'eux  une  lettre. 
15a 

Alluie  (Florimond   Bobertet,       d 
cité,  3a5.         Envoyé  en  Piémont 
pour  en  rameni  1  392 

—  Chargé  d'enrôler  des  G 
'i  lu.    -  Pressé  pur  Catherine  d'en 
finir  avec  la  reddition  d 
Piémont .  iaa  .  ia3.  —  Cbai 
négoi  ier  un  emprunt  avec  les  Gé 
nois.   ')••'■'>.  —  Averti  pur  Catherine 
de  la  blessure  du  roi  de  Vavai  1 
1  i3 .  —  Chargé  de  faire  partir  les 
envoyés  turcs,  576. 

Alméida,  note  sur  sa  mû 

pagne,  a6a.  —  Revient  d'Espagne, 
Sa   no  ion   en 

Espagne,   195,  338. 

\i [se,  54  .  1 33,  5a  1    53 

r>74,  i;. s. 

Ahboise  (La  conspiration  d'),  docu- 
ments où  il  en  esl  question 

unir,  l6l. 

AuERVAL  (  Simon  b'),  i  08. 

\mi-ii     Jacqu  i  ' tl 

Akdeloi  17.  — 

Envoyé  en  mission  ,  4i  1  .île , 

.'{.'17.         \  .1  s,,  joind  ■    au»  Alle- 
mands,   'l.'i'i.  S'i  1  happe    de   la 

bataille  de  Dreux,  i53,  455,  5 27, 
note.  —  Smith  lui  reproche  la  paix 
533. 

84.       ■ 


668 

André  (Jehan),  4,  19. 
Andréa  (Claude),  accusé  d'avoir  voulu 
tuer  le  capitaine  Masini.  note.  48(>. 
\net  (Château  d'),  19. 

\nGERVILLE,   337. 

anglais  (Les),  370,  &5o,  16s,  J76, 

509,  54  o,  5  S  ■ 
Angleterre  (L'),   i59. 

'wooilème  (Le  duc  d'),  1 63.  —  Voy. 
C11  iules  IX. 

UgodlÊse  (L'hôtel  d').  'ig5,  noie. 

Am.oclême  (La  reine  de  Navarre.  Mar- 
guerite d'),  36,  note.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  de  Médias, 
à  l'occasion  du  mariage  de  Jeanne 
d'Albret,  27,  1/18,  note. 

Angcillara  (Flaminio  dell').  a  '1 , 
note. 

Anglïen  (La  chàtellenie  d'),  42<3. — 

Voy.   E^CHEIS. 

Anjou  (Evèque  d'  |,  projet  de  le  faire 
cardinal,  56o.  —  Visité  par  le  baron 
Polwiller,  578. 

Annebalt  (L'amiral  d'),  53. 

Anselme  (Le  Père),  cité,  31,  note, 
119,  note. 

Anthinorï  (Alexandre),  g. 

ANrERS,  5:22,  note. 

\ramont  (D'),  cité  44,  note. 

Ardres  (La  conférence  d'),  gg,  100, 

note. 
Ardues  (Le  gouverneur  d').  suspecté 

de  concussion,  append.  ôgg. 
Arcence  (Le  s'd'),  4ga. 
Arles  (Hippolyte  d'Esté,  archevêque 

d'),  5aa. 
Armagnac  1  Le  cardinal  d'),  lettre  où 

il  annonce  sa  venue  avec  le  roi  de 

Navarre,  1  68 ,  note. — Ses  lettres, 

33 1 ,  note. 
Ar.ne  (Le  capitaine),  instructions  qui 

lui  sont  données,  212. 
A  bras  (  Antoine  Pe.renot,  évèque  d'). 

—  Voy.  Peurenct. 
Vr.sciioTi  (La  duchesse  d'),  i83,  .">  13, 

note. 


TABLE  DES  MATIERES. 

Artenai,  100,  335, 

Artois  (L'),  558. 

Aspremont   (M.    d'),   lettre    de  lui, 

384,  note. 
Athènes  (Le  comte  d'),  envoyé  au  duc 

de  Ferrare.  1  5. 
Air  11s  (Le  marquis  d'),  cité  4i. 
Ai  rerï    (Michel),   recommandé   par 
Catherine,  an.  —  Son  vaisseau 
pris  par  les  Espagnols,  an. 
Al'bespine   (Claude  de  l'),  défend  à 
M.  de  Bordillon  de  montrer  la  dé- 
pèche l'autorisant  à  arrêter  un  cour- 
rier, 22g,  note.  —  L'invite  à  écrire 
une  lettre  pour  décharger  le  Roi  et 
la  Reine  de  l'arrestation  du  courrier, 
2.3o.  —  Throckmorton  lui  explique 
le  refus  fait  de  M.  de  Courtenay 
pour  otage,  a53.—  Ecrit  à  ce  sujet, 
a74. 
Acbespine  (Sébastien  de  l').  —  Voy. 

Limoges. 
Aibrecht  (Le  banquier  Georges),  cité, 
160.  —  Ce  qu'en  dit  Hubert  Lan- 
guet,  280,  note. 
Algsbodrg  (La  confession  d'),  172. 
Acgsbocbg    (Réclamation    des    mar- 
chands d' ) ,  S b 5 . 
Acglstiss    (L'église    des),    à    Paris 

4 19. 
Aimale  (F.  de  Lorraine,  duc  d'),  cité, 
61.  —  Catherine  réclame  ses  services 
pour  Charles  IX,  157.  —  Note  sur 
lui,  157.  —  Cité,  3i2.  —  Envoie 
en  Normandie,  3i4.  —  Sa  venue 
redoutée  par  ceux  de  Rouen ,  3 1  4  , 
note.  —  Lettre  que  lui  écrivent  ceux 
de  Rouen  le  priant  de  les  épargner, 
317.  — A  besoin  d'être  renforcé, 
317,  32.3,  note.  —  Se  retire  de  de- 
vant le  fort  Sainte-Catherine,  356. 
—  Chargé  de  pacifier  la  Norman- 
die, 38i.  —  Catherine  lui  écrit, 
384.  —  Félicité  par  elle  des  me- 
sures de  défense  qu'il  a  prises, 
44o.  —  Renseigné  par  elle  sur  la 


situation,  44o.  —  Blessé  à  Dreuv. 
.'i5G. —  Cité.  Ô21,  .">2G,  537. 
Aimo.nt  (Le  sr  d'),  en  procès  avec  le 
sr  de  Corrabeuf,  127.  —  Note  sur 
lui,  127.  —  Recommandé  par  Ca- 
therine  au   Parlement   de   Dijon. 

1  85. 

Aisance  (Jacques de  Montberon.s'  d"). 
mémoire  qu'il  adresse  sur  le  roi  de 
Navarre,  i48,  note.  —  Envoyé  en 
Espagne  pour  les  intérêts  du  roi  de 
Navarre,  8i3.  —  Recommandé  par 
Catherine  au  duc  d'Albe,  ai  4  :  — 
au  prince  d'Evoli.  21  4.  —  Recom- 
mandé de  nouveau  au  duc  d'Albe, 

2  1  5.  —  Demande  des  secours  pour 
Metz,  4t4.  —  Sa  mission  en  Espa- 
gne, append.  601,  610,  61 1. 

Alsebosc  (Le  capitaine),  cité.      17 

note. 
Ai  triche  (Anne  d'),  son  mariage  avec 

Charles  IX   désiré  par  Catherine. 

ao3,  ao4. 
Autriche  (Rarbe  d'),  projet  de  son 

mariage  avec  le  duc  de  Ferrare , 

20g. 
Actriche  (Catherine  d'),  123,  note. 
Autriche  (Don  Juan  d');  Philippe  II 

prétend   lui  faire  donner  Sienne. 

200. — Note  sur  lui.  ao5. 
Autriche  (Marie  d').  367. 
Aiserre  (Philippe  II  de  Lenoncourt. 

evèque  d');  envoyé    en    Espagne. 

2  1.3. 

Avala  (Don  Juan  d'\  envoyé  à  Rome, 
2o3. 

Aventon  (François  Auhert.  s  d). 
président  du  présidial  de  Poitiers, 
invité  par  Catherine  à  ne  pas  pu- 
blier l'édit  de  juillet.  233. —  Leltn 
de  lui  à  Catherine  à  ce  sujet,  233. 
note. 

Avisves  (  Le  bailli  d'  1 .  lettre  qu'il  reçoit 
de  Catherine,  go,  91. 

\iii.non,  10g,  note. 

Avranches,  380,  note. 


TABLE  DES  M  \T1KHES. 


669 


15 


l!(nnl      DE     LA     BOURDAISIÈRE, 

d'Angouléme,  1 1 5 ,  noie.  —  Cathe- 
rine lui  recommande  Pierre  Udo- 
brandin,  t54.  -Note  sur  lui,  i54. 
—  Remercié  par  Catherine  pour 
avoir  découvert  les  mauvais  offices 
de  l'évêque  de  Cornouailles.  337. 

l'un.nn    Le  trésorier),  cilé,  '1 7 "> . 

I!n\-  (Le  baron  de),  est  assassiné, 
—  Noie  sur  lui,  396. 

Basai  diebe  (Le  sr  de  la),  1  02. 

Barbara,  fdle  de  l'empereur  Ferdi- 
nand. 5g,  noir. 

Barbaro,  l'ambassadeur  vénitien  Marc- 
Antoine.' —  Ce  qu'il  dit  de  la  fille 
de  la  maréchale  Saint-André,  545, 
note.  —  Lettre  de  lui,  548. 

Barberocsse,  cité,  9,  note. 

Babbbzibcx  (François  de),  nouvelles 
qu'il  donne,  3 1 3.  —  Invilé  par  Ca- 
therine à  bien  garder  la  ville  de 
S'il».  355.  —  Reçoit  en  don  de 
Catherine    l'abbaye    de    Rivoure, 

523. 

Bardi.  cit';  6 

Babge  (Le  capitaine),  agent  du  duc 
de  Nemours,  a58.  —  Catherine 
donne  l'ordre  à  Bordillon  de  l'arrê- 
ter, 3  5  ■  - 

BlR-LE-DlC.    1".6. 
BaB-SOB-AdbE,   433. 

Baschet  (Armand),  cité,   19,  note. 

B^ile  (Jean),  s'empare  de  la  Mol- 
.  25g. 

Bassompiebbe  retiré  dans  les  Vosges, 
7-3 ,  note.  —  Note  sur  lui ,  -  1 . 

Bastapd  (Louis  de),  cité,  161. 

Bastille  (La),  1A7,  170.  —  Cathe- 
rine prescrit  à  Gonnor  d'y  déposer 
des  meubles  et  de  la  vaisselle,  280, 
437,  note.  —  Endommagée  par 
l'explosion  des  poudres,  4g8.  — 
Sa  garnison,  4g5. 

Batabnai  (René  de),  s' du  Bouchage; 
Catherine  lui  recommande  Jehan 
Narbonneau.  son  fourrier.  102. 


I!  u  BiOKî,  tue  à  Dreux  le  man  chai 
de  Saint-André,  455 ,  note. 

Baviïri  1  ii e  Jean .  duc  de  i.  envoi.' 

une  misi  ion  a  Rome     ■    1        Bul 
de  cette  mission,  46g,  note. 

Baïonns,  89,  38  '1 .  '171». 

i    .         lemai 
Pierre  Strozzi,  91,  107,  note. 

Bazekcoi  m  i  [sabeau  di  .  mai  iée  â 
Christophe  de  Lameth .  1 15,  note. 

Bazebpe  (Le  s'  de).  Catherine  le  l'ait 
rembourser  pour  une  consigna  - 
lion  faite  au  greffe  du  Parlement, 
I67. 

Beaucolrt,  blessé  à  Dreux,  15(5. 

Beaiifort  (Le  cliâteau  de),  270. 

Beaugencï,   3'm,    343,    35  1 
196. 

Beaujolais  (La  seigneurie  de),  208. 

Beadke  (Assemblée  des  protestants 
tenue  à),  168. 

îî e \  1  v k  (Martin  de),  évéque  du  Puy, 
favorisé  par  le  pape,  228. 

Beauregard  (Le  sr  de),  cité,    •• 

Béai  mis.  D92. 

Beadvaï  (Antoinette  de  |,  femme  de 
Pierre  d'1  rfé,  64. 

Bedfobd  (Le  comte  de),  envoyé  en 
mission  en  France,  70. 

Bellay  (Le  cardinal  Jean  di  i:  lettri 
que  lui  écril  Cathei  ine,  38.  Noie 
sur  lui,  38.  —  Lettre  qu'il  reçoit 
de  Catherine  à  l'occasion  d'un  procès 
qu'elle  avait  en  Italie,  11Ô.  - 
Sa  réponse,  il 5,  note. 

Bellay  (Louis  du),  38,  note.  Cil  . 
623. 

Belle-Foi -iuèbe  (Le  sr  de),  envoyé 
pour  surveiller  les  réparations  de 
l'abbaye  de  Corlu'e,  '180.  —  Ré- 
clame ses  gages  en  qualité  de  gentil- 
homme de  la  chambre,  48o. 

Belvois  (Le  s,r  de),  en  proeàs  avec 
M"'"  de  Monlfort,  101. 

Bbkcivenkj  (Jean-Baptiste),  gardien 
de  la  bibliothèqiii    de  Catherine, 


■    564.  —  Recom- 
mandé par  elle  au   duc  de    Flo 
rence,  74.  —  Note  sur  lui.  7  '1. 
Bi  en   (m     Domin  me  1:    Catl 

lei indi  au  duc  de  Flo    m 

i3,  i'i,  16. 

BBNC1  II  |  '|. 

Iu.m'.u.nt  (Bartholomée  de),  soutient 

procè    de  Catheri >,n 

1 117,  108. 

Bebi  11  oglio  |  Antonio),  cité,  1  3 ,  note 

Bi    rivoGi  10  1  Frédérii  |,  1  îté ,  i3    ( 

Bi 9  1  ivoglio  |  Guydo  ),  cité,  1 6 

Bi  ■ ,  ivogi  i"  1 1  Ittaviano  1,  cilé,  i3. 

Beuceb  de  Xivbry,  cilé,  564,  not  . 
dibri    1  M      de  la),  citée,  89. 
Envoyée    par   Catherine   pour 
11er  la  connétable,  1 00. 

Bbbs  ibdino  (Jehan) ,  cité,  i. 

i  r  !  M""  de),  recommandée  pai 
Catherine  au  Parlement  de  Dijon. 
i85. 

Berne,  a85 .  a86. 

BeBNE  I  Les  seigneurs  de),  to4,  324. 

Bernois  (Les),  enrôle»  pai  So 

390,    Mule. 

I!i;i.  1RAM11  (Le  chancelier),  81. 
Besançon ,  1  56. 

Béthdke  (Georges  de),  372,  note. 
Bezb  (Théodore  de),  cité,  338. 

Ses  lettres  aux  églises  réformées, 
"  2863  note.  —  Ce  qu'il  dit  des  quatre 

lettres  de  Catherine  à  Condé,  387. 

—  Ce  qu'il  dit  de  Pasquiei . 

Vccusé  de  la  mort  du  dm    di 
Guise,  "nC. 
Beziers  (L'évêque  de  I,  13.        \  1  j 
Strozzi. 

BlCMCOlIlT  (M.    DE),  93. 

IÎ111AGIJE  (Carie de),  obtient  un  suhsidi 
des  Florentins,  91.  —  Envoyé  pai 
ses  frères  en  Savoie,  i4o,  note.  — 
\  eut  quitter  le  sei  *i'  e  de  Fran 
çois  II  pour  celui  du  due  de  3 
1  io.  —  Lettre  à  ce  sujet  de  Fran- 
çois Il .  1  io,  note,  i4i,  —  1 


670 


TABLE  DES  MATIERES. 


d'une  mission  auprès  de  M.  de  Bor- 

dillon,  242. 
Birac.ee  (Françoise  de),  cilée,   i  gj  . 
Bibague  (Ludovic  de),  cité,  46l. 
Bibague  (René  de),  cité.  196. —  Sa 

lettre  pour  ie  mariage  de  Charles  I\, 

'i-3. 
Iim    .  justifié  par  Catherine  vis-à-v'is 

de  Moulue,  398.  —  Note  sur  lui, 

Blanchard,  cité,  269. 

Blanchefo et  (Marie  de),  citée,  490, 

note. 
BtANCBEHAIll  (M.),  cité,  77. 
Bléxeai  (M.  de),  cité,  56o. 
Blois,  4,  10,  38,  5 1.  53,  79,  106, 
î  27.  128,  i3i,  i32,  i38,  1/10, 
295,  34a,  354,  368,  37o,  377, 
4a5,  484,  487,  489,  490,  agi, 
497,  498,  499,  5o5,  5o6, 
."107,  5o8,  5og,  5n,  5ia,  5i3, 
.">i7,  5ai,  (517. 
Boa  (Thomas),  i4. 
Bocabelli  (Jules),  621. 
Bocbetel  (Bernardin),  sr  de  Saint- 
Laurens,  ambassadeur   en  Suisse, 
101.  — Catherine  lui  recommande 
le  La  Chambre,  loi.  —  Note 
sur  lui  ,101. 
BocnETEL  (Guillaume),  101,  note. 
Bochetel  (Marie).  168. 
Bohème  (La),  io4,  note. 
Bohême  (  La  reine  de) ,  fille  de  Charles- 
Quint,  1  o4,  note. 

b(  Maximilien,  roi  de), projet  de 
mariage  pourses  filles,  186, 187. — 
Proposé  pour  la  couronne  de  Hon- 
—  Projet  du  mariage  de  sa 
fille  aînée  avec  Charles  IX,  ao3.  — 
Sou    entretien    avec  Pévéque    de 
m  -s,  208. —  Hostile  à  la  France, 
Cité,  '78.  —  Sou  couron- 
nement différé,  35o. 
BoiLBAt  (Le  capitaine),  211. 

«Hun  (M.  de),  cité,  488,  533. 

Bois-Dauphin  (Jean  de  Laval,  sr  de), 

lio.  —  Chargé  de  veiller  sur  Paris, 

I 

Bois-Joi  bdan,  guidon  de  la  compagnie 


de  M.  de  Thermes,  3o8,  3i  1.  — 
Lieutenant  général  de  Bar-sur- 
Seine,  et  pourvu  de  l'emploi  de 
viguier  de  Toulouse.  33g. 
Boisï  (Claude-Goulfier,  sr  de),  lettre 
qu'il  reçoit  en  faveur  de  Manuel, 
21.  —  Cilé,  73.  —  Ce  qu'il  écrit 
au  maréchal  de  Brissac  à  l'occasion 
de  la  victoire  remportée  par  M.  de 
Gonnor  en  Italie,  11g,  note.  — 
Ce  qu'il  a  fait  pour  les  haras  de 
Saint-Léger  et  de  Meung  approuvé 
par  Catherine,  177.  —  Invité  par 
Catherine  à  n'envoyer  au  sacre  que 
vingt-cinq  gentilshommes  de  chaque 
compagnie,  182.  — Dispensé  d'as- 
sister au  sacre  de  Charles  IX,  188. 

—  Catherine  lui  écrit  au  sujet  des 
arquebusiers  du  Roi ,  1  gâ.  —  Au  su- 
jet des  gentilshommes  qu'il  amenait  . 
25o.  —  Ecrit  à  Catherine  pour  des 
jumenls  des  haras  demandées  par 
M.  de  Brezé,  267.  —  Prévenu  que 
Charles  IX  a  nommé  M.  du  Plessis 
gentilhomme  de  sa  chambre,  260. 

—  Mandé  par  Catherine  avec  deux 
gentilshommes,  a84.  —  Catherine 
lui  recommande  Jehan  Doublet  re- 
tiréà  Meaux,  438.  —  Reçoitl'ordre 
de  ne  pas  renvoyer  les  protestants 
de  Meaux,  437.  —  Ce  que  lui 
en  écrit  Charles  IX,  437,  note. — 
Invité  par  Catherine  à  ne  pas  laisser 
aller  le  duc  de  Lunebourg  plus  loin 
que  Chàlons,  437,  438.  —  Lettre 
de  lui  à  Gonnor  au  sujet  d'un  lo- 
cal pour  les  poudres,   4g4,  note. 

—  Chargé  de  faire  fortifier  le  châ- 
teau de  Chinon,  5oa. 

Boisiaillé  ,  abbé  du  Breuil,cité,  1 16. 

—  Note  sur  lui,  116. — Cité,2o4. 
Boistaillé    (L'ambassadeur     Huraull 

de),  approuve  la  résistance  deBor- 
dillon,  499,  note.  —  Renseigné 
par  Catherine  sur  les  tentatives  de 
paix,  444.  —  Rassuré  contre  les 
calomnies  répandues  sur  lui,  444. 

Boivix,  envoyé  en  Savoie,  3o4. 

Bologne  (Le  cercle  de),  64,  note. 


Bomface  (L'écuyer),  cilé,  ai, 
Bonkafé  i  M.),  74.  —  Cité,  564. 
IÎO!>.\ct  (M.  Jules),  cilé,  397,  note. 

BoNNRVAL,  60  1. 

Bonneval  (L'abbaye  de),  96a. 
Boni  (Jean-Baptiste  de),  recommandé 
par  Catherine  au  duc  de  Florence. 

»7- 

Bordeaux,  436,  482. 

Bordeaux  (Le  clergé  de),  sa  lettre  à 
Catherine  pour  justifier  les  ligues 
catholiques,  55 2  ,  note. 

Bordeaux  (Le  Parlement  de),  478, 
55i. 

Bordelais  (Le),  261 . 

Bordera ve,  cité,  100,  note. 

Rordillox  (M.  de);  Catherine  lui  écrit 
au  sujet  des  places  du  Piémont, 
196;  —  au  sujet  de  son  mariage, 
1  g(j.  —  Arrête  un  courrier,  1!  saisit 
ses  papiers,  22g.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  à  ce  sujet  de  l'Aubespine, 
22g.  —  Prévenu  par  Catherine  des 
plaintes  du  nonce  et  de  Chantennay 
pour  ce  fait,  2.3o.  —  Invité  par 
l'Aubespine  à  écrire  une  lettre  qui 
en  décharge  le  Roi  et  la  Reine, 
23o.  —  Rassuré  par  Catherine  sur 
la  valeur  de  ses  assignations 

—  Reçoit  l'ordre  d'arrêter  le  capi- 
taine la  Barge, agent  du  duc  de  Ne- 
mours, 258. —  Catherine  lui  écrit 
de  nouveau  au  sujet  du  capitaine 
la  Barge,  265.  —  Elle  le  prévient 
qu'elle  ne  peutaugmenterse--  - 
367.  —  Il  invite  Jean-Louis  de  Sa- 
luées à  se  retirer  en  France,  "7 

—  Reçoit  une  lettre  de  Catherine 
pour  le  payement  de  ses  troupes, 
35a;  —  pour  les  négociations  de 
la  restitution  des  places  du  Piémont. 
35g.  —  Sa  lettre  à  Charles  IX, 
:;:..,,  note.  —  Cité ,  368.  —  Chargé 
de  traiter  avec  le  duc  de  Savoie 
pour  des  vivres,  4oo.  —  Ses  re- 
montrances au  sujet  de  la  restitution 
des  places  du  Piémont,  407.  — 
Raisons  qu'en  allègue  Catherine, 
4o8.  —  Mis  par  elle  en  demeure 


i  \1!LE  DES  M  AT  [EUES. 


,71 


d'en  unir,  io8.        Pressé  de  faire 

partir  les  l'iémonlais,  4io.  —  Le 
cardinal  de  Lorraine  lui  porte  une 
jussion  pour  la  restitution  des  places 
de  Piémont,   lia.  -     Cité,  6a3. 

—  Sa  décharge,  4 a 4.  —  Ses  lettres 
à  Charles  [X,  4ag.  —  Cité,   i3o. 

—  Renforce  le  duc  de  Nemours, 
S  io.  — -  Ecrit  à  Charles  1\  au  sujet 
îles  querelles  des  Briançonnais  et 
drs  habitants  de  l'iagellaet  de  \  au- 
cluson  ,  'i  io.  —  Cité  .  156,  note, 
append.  G 17. 

Bokg]  1  1  Lucrèce  1  citée,  1  oa  .  noti . 

Bor.ROMti;  (Charles),  cité,  -"1711. 

Borbomée  (Frédéric),  sa  mort.    146. 

Bobïes  (Des),  ohtient  un  congé  pour 
maladie,  '10 li.  —  Note  sur  lui.  io6. 

BosoiET,  cite,  3 3 1,  note. 

Bosse  (Robert  db),  bailli  de  Vermati 
dois,  reçoit  la  copie  de  la  publica- 
tion de  la  paix.  Vin. 

Boixabt  1  Antoine  de),  iga  ,  note. 

Bodcabt  (Jacques  de),  envoyé  par 
Condé  auprès  de  Catherine,  337. 

—  .Note  sur  lui.  337. —  Envoyé 
d'Orléans  auprès  de  Condé,  I93, 
ig6  ,  ôe-.  —  t.ité.  009. 

BoUGBàVAKHES,    agi,  5a 

!'   i  1       i  L'historien),  cité,  a,  note. 

Bouchée  (Antoine),  437,  note, 

iioiciiER,  secrétaire  de  Catherine,  38. 

BovcriEr.  (Etienne),  abhé  de  Saint- 
Ferme,  chargé  par  Catherine  de  ses 
procès  en  Italie,  107.  —  Note  sur 
lui.  107. — Ecrit  à  Catherine,  108. 
- —  Cité,  109.  —  Reçoit  une  nou- 
velle lettre  de  Catherine,  117. 

lioiciiET  (François  du),  envoyé  par 
Catherine  en  Savoie,  3o3.  —  Vit'1 
sur  lui,  3o3.  —  Envoyé  par  le  duc 
de  Savoie,  35g.  —  Ses  mauvais 
offices,  36o. 

Iî"i  11.1.É  (lien"  de),  envoyé  en  Bre- 
tagne, .317.  —  Note  sur  lui,  317. 

—  Chargé  d'empêcher  les  assem- 
blées des  protestants  en  Bretagne, 
'11  i. 

B01  iLLOlt  1  Le  duc  de),  pris  à  Hesdin, 


77.  note.  —  Prévienl  Catherine  de 
la  prise  du  Havre,  3ia.  — Sa  ré- 
ponse a  Catherine,  3 1  a,  note.  — 
Promi  -    -  à  lui  laiii  ~  par  1 
Rouen  et  non  tenues,  3 18. 

liol  LOGNE,   385. 

B01  um.m.  1  Conférence  de) ,  100,  note. 

Boulogne    (Le    château    de).     i6o, 
598. 

Boukisï  (  Loys),  cit< 

B01  rbob  -  Mos  1  i'i  Esiin   1  Ai 01 

unie  Mie  elle,  171.  —  Son  trous- 
1  -  1 ,  note.  —  Retourne  d'I  s- 
pagne  en  France,  a33,  585. — 
Son  mariage  avec  le  comte  d'Eu, 
append.  586. 

BocRBOs  (Antoine  de),  roi  de  Navarre, 
27,  1 48.  —  Catherine  le  | 
croire  M.  de  Crussol  que  François  II 
lui  envoie,  11*.  —  Cite.  17/i,  1  <j s . 

—  On  veut  substituer  son  autorité 
à  celle  de  Catherine,  1  77.  —  S'ac- 
corde avec  elle ,  177.  —  Est  nommé 
lieutenant  général,  177.  —  Ce 
qu'en  écril  Catherine  au  duc  d'E- 
lajnpes,  180,  181.  —  Cal 
demande  à  Philippe  II  de  le  dé- 
dommager «le  la  perte  de  la  Na- 
varre, 180.  —  Voudrait  pour  lui 
Sienne,  -lui).  —  Mis  au  rang  des 
rois  par  le  pape,  a  i5.  -  Cité 
aag,  a48.  —  Ce  qu'en  dit  Cathe- 
rine a  l'évêque  de  Limoge 

—  Envoie  Almeida  .en  Espagne, 
a6a.  —  Recommandé  par  Catherine 
au  roi  d'Espagne,  262.  —  Cathe- 
rine remercie  le  duc  d'Albe  de  ce 
qu'il  fait  pour  lui,  2.50.  —  Cité, 
agi.  —  Négociations  pour  le  dé- 
dommager  de    la    Navarre,    296. 

—  Recommandé  par  Catherine  à 
l'évêque  de  Limoges,  398.  - 
Elle  lui  mande  qu'elle  fait  garder 
les  passages  des  rivières,  3i3;  — 
lui  donne  des  nouvelles  de  Metz  e| 
de  Chàlons.3i  3.  —  Prévenu  par 
elle  de  l'envoi  de  Vieilleville  et  de 
Villars  à  Orléans,  3 1  '1  ;  —  de  l'état 
des  choses  dans  le  gouvernement  du 


due  de  Montpensier,  .'i i5 ;  —  du 
manque  d'à  1  I  h 

—  du  départ  de  Si  h      :      '  alai; 

d    l'i  1  1  de  la  bassi  Nor 
mandie,3i5. —  Refuse  un  | 
port  pour  \m   des  gens  de  l'am- 
bassadeur d'Angleterre,  3ao,  note. 

i  11    envoie    li  S    <  On 
dilions  proposées  à  ceux  de  Rouen 
poui   se  soumet!  r 
Elle  lui  envo  bes  dei  tinéi  - 

à  Orléans  et  à  l'Anglelen 
3a8;  —  lui   dem 
de  ceux  de   Rouen,  328.  - 
entre'.  1  ndé  sans  résultat 

—  Renoue  la   négociation, 
333.-  -  Marche  avec  l'armée  jusqu'à 
Etampes,  337.  —  Décidé  à  réduire 
par  la  force  ceux  d'Orléans,  en  cas 
d'insuccès  de  l'entrevue  de  Thoury, 
338.  —  Cité,  346.  —  Renou     i 
négociations  avec  Condé,   35o. 
Reprend  Blois,  354.  -    l 
Catherine  de  donner  di 

lions  au  coml 

—  Cité,  370. —  Redemande  M. de 
Losses,  4i3. —  Sa  blessure. 

—  Ce  qu'en  dit  Catherine,  4ao. — 

.  en  pense  Robertel ,  '1  20,  note. 

—  Ce  qu'on  on  écrit  au  coim  tabl 
lao.'  —   Sa  compagnie,   5 
Intéressé  dans  un  échange  de  ti  rres 

le  comte  d'Egmont,  la6. — 
i  —  Sa  mort 

annoncée  à  d'Escars  par  Catherini 
43G.  —  Détails   sur  ses  dei 
moments,  436,  44g.  —  Cité,  5 1 6. 

—  Désire  le  mari  gi  e  Margue- 
rite de  Valois  avec  son  fils,  append. 
576      note.  —   Catherine  n 

1 1  reine  d'Espagne  sui  -  int 
lions,  append.  58l.  —  Son  démêlé 
avec  le  duc  François  de  Guise,  ap- 
pend. 586.  —  Consent  à  ne  pas 
quitter  la  cour,  append.  586.  — 
Recommandé  par  Catherine  à  la 
reine  d'Espagne,  append.  5gi.  — 
D'accord  avec  Catherine,  append. 

—  Compensation    sollicité 


-■■'  '— 


(572 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


pour  lui,  append,  5g5,  611.  — 
Loué  par  Catherine,  append.  601. 

—  D'Ansance  envoyé  en  Espagne 
pour  plaider  sa  cause,  append.  601. 

—  Sa  lettre  au  roi  d'Espagne,  ap- 
pend. Gi5,  note.  —  Cité,  6a5. 

Bourbon  (Antoinette  de),  duchesse  de 
Guise,  citée,  33,  63.  —  Reçoit  en 
don  ies  amendes  du  Parlement  de 
Chambéry,  4g. 

Bourbon  (Charles  de),  prince  de  la 
Roche-sur- Yon,  va  visiter  le  prince 
de  Coudé  à  Amboise,  5a  1 .  —  Lettre 
qu'il  écrit  à  ce  sujet  à  Catherine , 
5  a  1,  note. 

Bourbon  (La  maison  de),  207. 

Bourbon  (Le  cardinal  Charles  de), 
reçoit  une  lettre  de  Catherine  pour 
l'inviter  à  réprimer  les  prêcheurs  qui, 
à  Paris,  excitent  le  peuple,  5o,  5i. 

—  Note  sur  lui,  5o.  —  Reçoit  une 
lettre  de  Catherine  au  sujet  de 
l'impôt  de  vingt  livres  par  clocher, 
5i. —  Cité,  52.  —  Catherine  lui 
écrit  pour  la  création  d'un  juge  cri- 
minel dans  chaque   bailliage,  62. 

—  Elle  lui  annonce  la  prise  d'ivoy, 
67,  08. —  Nommé  lieutenant  géné- 
ral, 281.  —  Cité,  3a  1.  —  Rend 
bon  témoignage  des  services  de 
M.  d'ilumières,  384.  —  Cité,  607. 

—  Son  témoignage  invoqué,  507, 
note.  —  Cité,  5a  1 .  —  Sera  envoyé 
à  Paris,  52  5.  —  Négocie  la  paix, 
5a6,  629. —  Agréable  au  Parle- 
ment de  Paris,  534,  note.  —  Son 
départ  pour  Paris  annoncé  par  Ca- 
therine, 538,  539. —  Assiste  à  la 
séance  du  Parlement  du  27  mars  où 
sont  enregistrées  les  lettres  patentes 
du  19  mars,  338. 

Bourbon  (Louis  de),  ducde  Monlpen- 
sier,  171,  177,  233,  note. 

Bourbon  (Louise  de),  transige  avec 
François  I",  207,  208. 

BninnoN-BussET  (Isabeau  de),  io5, 
note. 

BouRBos-N'.ncY  (La  maison  de),  1 85. 

Bourbourg,  4a6. 


Bourdin  (Le  procureur  général  Gilles), 
invité  par  Catherine  à  surveiller  les 
assemblées  de  ceux  de  la  religion, 
i93. 

Bourdin  (Jacques,  sr  de  Villaines), 
168,  202,  275,  3i2,  3 1 8 ,  33g. 

Bourges,  38 1,  386,  887,  3gi,  3g2, 
397,  4oi,  691 ,  5ao. 

Bourgogne  (La),  827,  329,  344, 
617,  635,  690. — Les  ligues  catho- 
liques de  Bourgogne,  552. 

Bourras,  cité,  559,  56o. 

BoUVINES,    92. 

Brandebourg  (L'électeur  de),  232. 

Brandeboirg  (Sophie  de),  a3a. 

Brantôme  ,  cité ,  2 1 .  —  Ce  qu'il  dit  de 
Lady  Fleming,  .'iy ,  note;  —  de 
Ludovic  de  Gonzague,  y5.  — Cité, 
108,  299,  607.  —  Ce  qu'il  dit 
de  la  bibliothèque  du  maréchal 
Strozzi,  append.  5G3,  note. 

Brax  (Troubles  à),  21a. 

Brésil  (Le),  310,  ai  1. 

Bretagne  (Anne  de),  citée,  1 3 1 , 
note. 

Bretagne  (La),  3g5. 

Bretagne  (Les  louages  de),  626. 

Br.EuiL(L'abbé  du).  — Voy.  Boistaillé. 

Brezé  (Arlus  de  Maillé,  sr  de),  63, 
66.  —  Demande  à  Catherine  des 
juments  des  haras  royaux,  257. 

Briançonnais  (Les),  leur  démêlé  avec 
les  habitants  de  Piagella  et  de  Vau- 
cluson,  44o.  —  Lettre  à  ce  sujet 
de  Bordillon  à  Charles  IX,  44o, 
note 

Bricqceuault  (François  de  Beauvais, 
s'  de),  envoyé  par  Bordillon,  267. 

—  Note  sur  lui,  267. 

Brissac  (  Jeanne  d'Esquetot ,  dame 
de  )  ;  Catherine  la  charge  de  lui  faire 
envoyer  des  draps  d'or  d'Italie, 
121. 

Brissac  (Le  maréchal  de),  reçoit  une 
lettre  de  Catherine  à  l'occasion  d'une 
victoire  de  son  frère  en  Italie,  1 19. 

—  Cité,  263,  281.  —  Catherine 
l'invite  à  faire  suspendre  le  procès 
de  Luzarches,  335.  —  Instructions 


qu'il  reçoit,  35 1,  35a.  —  Écrit  à 
Catherine  en  faveur  du  s''  de  San 
Fi'é,  3Gi,  note.  —  Conseil  qu'il 
donne  à  Throckmorton,  4oi,  note. 

—  Veille  à  sa  sûreté,  4oi.  —  Cité, 
4  2  4.  —  Reçoit  une  letlrede  Catherine 
pour  le  payement  relardé  de  sa  com- 
pagnie, 427.  —  Pressé  par  Cathe- 
rine départir  pour  la  Normandie, 
48g.  — Parti  pour  la  Normandie, 
4g5.  —  Argent  envoyé  pour  son  ar- 
mée, 489,  5o8,  note.  —  Mandé 
par  Catherine  à  Blois,  5i3,  517. 

—  Attendu  à  Saint-Mesmin,  52 1. 

—  Cité,  append.  627. 
Brochet  (Le  trésorier),  4G5,  547. 
Brosse  (M.  de  la),  chargé  d'envoyer 

de6  renforts  au  maréchal  Saint- 
André  pourfaire  lète  aux  Allemands, 
4i3.  —  Opposé  à  ceux  d'Orléans, 
425.  —  Tué  à  Dreux,  453,  455. 

Bnou,  53a ,  note. 

Brunet,  éditions  citées  par  lui  du  livre 
d'Henri  VIII  contre  Luther,  287. 

Brunswick  (L'assemblée  de),  jg2. 

Bkunïa.n  (De),  partage  du  comman- 
dement de  sa  compagnie,  4oa. 

Bruxelles,  io4,  note. 

Bcchanan,  épigrammes  de  lui  sur 
Lady  Fleming,  3g,  note. 

Bude  (Le  BassaDE),  334. 

Bugmcourt  (Le  s'  de),  io3,  note. 

Buonacorti  (Julien),  G21. 

Burgensis  (Le  médecin  Louis),  65, 
70,  678. 

Burie  (Charles  de  Coucy,  s'  de),  ordre 
qu'il  reçoit  pour  le  passage  du  roi  de 
Navarre,  i48,  note.  —  Invité  par 
Catherine  à  se  rendre  à  Agen  pour 
pacifier  les  troubles,  196.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  au  sujet  des 
troubles,  311,  212.  —  Lettre  qu'il 
écrit  à  Charles  IX  au  sujet  de  la 
dévastation  de  l'église  de  Lyrolles, 
212. —  Cité,  2G1.  —  Chargé  de 
surveiller  la  Guyenne,  3o8.  — 
Obtient  de  Catherine  ce  qu'il  a  de- 
mandé à  ceux  de  Floirac,  876.  — 
Se  joint  aux  Espagnols,  388.  — 


..         _ 


rABLE  DES  M  VUKIlES 


67:ï 


Pacifie  !■   Guyenne,  -<<.i5.  — Com- 
mandement   erai    lui    est   donné, 

.'un.        l'Vliriic  pai  Catherine  de 
sa    victoire    sur    Duras,    liai.    — 


Catherine   I"  demande-, 


Envoyé  en    Guyenne,    appendici 

6m'i 
l!i  ar,  53  .  note. 


Btssi  Le  É  di  Fait  pri  lonnier  le 
connétable  è  Dreux,  455. 

lîi  ssi  i>"  Vmboi!  i  .  tue  !"  dm  de  Lune- 
bourg,  'i.V,  note 


c 


Carrières,  i  45 ,  noie. 

Cash  .  3ia.    I67  .  '17  '1  ■   '17").         Sa 
5a3,  noie.  — Ce  qu"cn  dit  ! 
1  ilherine,  5a3 .  note; 

Calais,  116,  3i5,  'mi.  43o,  5*g, 
535 . 

Calcagîii  (Le  comle  Théophile 
vové  auprès  du  duc   de  Mantone. 
120.121.  12a. 

Calvin,  ce  <|u'il  dit  du  livre  d'Henri 
VIII  centre  Luther,  a35,  note. — 
Dénonce  à  Throckmorlon  la  pré- 
lace de  Saconay  qui  accompagne  la 
réimpression  de  ce  même  livre, 
237,  noie. 

CAMBRAI.    84,   322. 

Cambbésievs  (Les  réfugiés)  à   Uont- 

didier.  .3aa. 
Camille. envoyé  par  Charles IX  auprès 

du  duc  de  Ferrare,  igg. 
Cajht,  porte  des  dépêches,  118. 
Candalle (  Henri  de  Fois,  s'de),  a4g. 

—  Chef  des  ligues  calholiqm  s  de  la 

Guyenne,  55a. 
Capello    (Giovanni),     l'ambassadeur 

vénitien,  55g. 
Cappom  (Giuliano),  ai,   noie. 
Cappom   (Luigi),  ce  qu'il  dit  de  la 

fuite  du  prieur  de  Capoue.  44,  note. 
Cabaffa  (Jean),  comte  de  Palliano, 

s'occupe  des  procès  de  Catherine 

en  Italie,  1  10. 
Caraffa  (Le  cardinal),  légat  de  Paul 

IV.   io3,  228. 
Cabcassorhe  (L'évêché  de),  aa8. 
Cabdoma   (Dias),  étranglée   par  son 

mari  le  comte  de  Palliano,  1  10, note. 
Cablos  (Don),    16,  note.   —    Lettre 

que  lui  écrit   Catherine,   pour  le 

remercier  de  ce  qu'il  lui  a  lait  dire 

par  le  marquis  de  Tanara ,  121.  — 

CatUEBINE  DE  MÉDICIS. I. 


vote  sur  lui  ;  tai.  —  Son  m 

Marguerite  de  Valois  désiré 
par  Catherine,  1  45,  867.  i  n 
danger  de  mort,  3ig,  unie.  —  Sa 
guérison,  :•'[-.  —  Note  sur  sa  ma- 
lailie.  .V17.  —  Va  plus  la  fièvre, 
append.  .">-!>.  —  Le  projet  de  son 
maria;;  avec  Marie  Stuart  inquiète 
Catherine,  535.  536,   noie. 

Carmagholes,  3fj  1 . 

Carnavalet,   e'ill. 

C  vrw  sec.m  ,  7. 

Cabbacioio  (Jean) .  prince  de  Melphe, 
27,  noie  sur  lui. 

Cvrvvjal  (  Don  Diego  de),  amène  les 
Espagnols  en  France,  38  1.  —  Note 
sur  lui.  3SSÛ.  —  Ce  qu'en  dit  Bu- 
rie,  384,  noie. 

Casal  (La  prise  de;,  gg. 

Castkll.am  (  Le  médecin) ,  5 1  2  ,  note. 

Castelsau  (sr  deMauvissière),  envoyé 
par  Matignon, 385,  386.—  Notesur 
lui,  385.  —  Gouverneur  de  Tan- 
carville,  534. 

Castel.nai  (  Marguerite  de),  1  o  1  .  noie. 

Camille  (Blanche  de),  fonde  l'abbave 
de  Maubuisson,  ia5,  note. 

Castres,  33l. 

Cateac-Camrrésis  (Le  Iraité  de),  a35, 
357,   686,  note. 

Cai  debbc,  3g,  4a4. 

Gaulajkcoobt,  remercié  par  Catherine 
de  ses  bons  services,  108.—  Note 
sur  lui .   - 1 

Cuuom  (Geoffroy,  de);  note  sur  lui. 
53.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de  Cathe- 
rine, i5o. —  Note  sur  lui,  170. 
Dispensé  du  voyage   d'Angleterre, 

■87- 
Cavalcasti  (Jehan),  rebelle  envers  le 
duc  de  Florence.  I2ii. 


Cai  vi i  1.M1  1  Lucrèce),  7. 

Catri  v\  11  Émilio),  1  '  . 

Caixi  s   i  Pierre  db  |,   '106,   note. 

Catlds  •  La  seigneurie),  ,'106.  note. 

Cecil  (Sir  William),  60,  note;  20."). 
454,  note;  45a,  noie;  ■>'■>,■<.  noie. 

Cekaiit  (Le  banquier),  i65. 
:  bdoj  (Le  1  amp  de),  3o8. 

Cébisoles  (La  bataille  de),  119,  note. 

Cbsanne,  126. 

Ghalabd  (Joacbim  di).  son  livre  sur 
les  Etats  d'Orléans,  a34,  note. 

t.n  illiiveb  1  L'ambassadeur  anglais). 
370,  5o8. 

Ch alon-sdb-Saôre ,  25,54,56,  57, 
58,  5g,  60,  6a,  63,  66,  67, 
:i(i(i.  3l3. — Sa  garnison,  dépla- 
par  Catherine,  2.55.  —  Sa 
prise  par  Montbrun ,  3a6,  DOl 
337.  —  Les  Suisses  v  sont  am  lés 
344.  —  Sa  citadelle,  435. 

Ciiàlo.vs  (Les  échevins  de),  mis  1  □ 
liberté  par  les  officiers  du  duc  de 
Guise,  43a. 

Chambbbi  (Le  Parlement  de),  4g. 

Ciivvibobt,   103. 

Chambre  I  Les  comtes  de  la  ),  dettes 
qu'ils  ont  en  Suisse,  101. 

Champagne  (La),  3g5,  4i3,  /171. 
'i75.  48g. 

Chamcel  (Pierre),  lia. 

Chantier  (Louette  de),  368. 

Ch  vmii.lv,  '1 ,  19g. 

Cdabtorrai  (Thomas  Perrenot,s'  de), 
ce  qu'il  dit  de  la  mort  du  dur  de 
Ferrare,  137,  note. —  Catherine 
et  le  cardinal  de  Lorraine  se  piai 
gnent  de  lui,  j 38. —  Note  sur 
lui.  i38.  —  Lellre  de  lui  à  la  du- 
chesse de  Parme  à  l'occasion  de 
l'envoi  en  France  de  Don  Juan  vl.m 

85 


674 


rique  de  Lara ,  1  o3.  —  Racoote  à  la 
duchesse  de  Parme  le  conflit  sur- 
venu entre  Catherine  et  le  roi  de 
Navarre,  178.  -*L  La  reine  lui  en- 
voie l'ordonnance  faite  pour  pour- 
voir aux  trouhles,  1 88.  —  Réponse 
qu'il  adresse  à  ce  sujet,  188,  note. 

—  Catherine  lui  recommande  des 
Français  pris  par  le  capitaine 
Labbé,  219.  —  Raconte  à  la  du- 
chesse de  Parme  comment  s'est 
passée  la  première  séance  de  l'as- 
semblée des  évèques  à  Poissy, 
aai,  note.  —  Ce  qu'il  dit  de  la 
grossesse  de  la  duchesse  de  Savoie, 
227,  note. —  Remet  à  Catherine 
une  lettre  de  l'empereur  Ferdinand , 
328.  —  Se  plaint  de  l'arrestation 
de  son  courrier  par  Bordillon,  a3o. 

—  Réclame  vingt  mille  livres  pour 
un  marchand  espagnol,  3a4.  — 
Prévenu  des  mesures  prises  pour 
recevoir  et  conduire  l'argent  qu'en- 
voie la  duchesse  de  Parme,  37-3. 

—  Ce  que  lui  prescrit  Philippe  II 
au  sujet  des  places  du  Piémont, 
43 1,  note.  —  Parle  de  la  bles- 
sure du  connétable  à  Dreux,  654, 
note.  —  Parle  de  la  morl  de  Mont- 
beron,  456,  note.  —  Fait  part  à  la 
duchesse  de  Parme  des  résistances 
du  Parlement  de  Paris  aux  me- 
sures de  clémence  en  faveur  des 
protestants,  478,  note.  —  Parle 
du  retour  de  Catherine  à  Paris, 
484,  note.  —  Annonce  à  la  du- 
chesse de  Parme  le  brusque  dé- 
part deCatherine  de  Chartres,  488, 
note.  —  Ce  qu'il  dit  de  Metz,  5o5, 
note.  — Ce  qu'il  écrit  à  la  duchesse 
de  Parme  au  sujet  de  la  compéti- 
tion pour  la  grande  maîtrise,  5i3, 
note;  523,  note.  —  Récit  qu'ilfait 
des  négociations  de  la  paix,  5a6, 
note;  627.  —  Sa  lettre  à  la  du- 
chesse de  Parme  sur  la  prise  de 
Don  Fernando,  548,  note.  —Parle 
desinquiéludes  causées  par  le  projet 
de  mariage  de  Marie  Stuartavec  Don 


TABLE  DES  MATIERES. 

Carlos,  576,  note.  —  Son  ejitrevue 
à  ce  sujet  avec  le  connétable,  576, 
note.  —  Donne  à  Catherine  l'espoir 
d'une  entrevue  avec  le  roi  d'Espa- 
gne, 58 1.  —  Bruits  alarmants  sur 
l'état  de  la  France  répandus  par  lui 
en  Espagne,  append.  note,  611.  — 
Charles  IX  se  plaint  vivement  à  l'é- 
vêque  de  Limoges  de  ses  mauvais 
offices,  append.  note,  611. 

Chappis  Vitelli,   279,  note. 

Charles  d'Autriche  (L'archiduc,  fils  de 
l'empereur  Ferdinand),  projet  de  son 
mariage  avec  Marie  Stuart,  543. — 
La  reine  Elisabeth  y  esthostde,  544. 

Chaules  IX,   i44,    note,  i45,  157. 

—  Sa  lettre  à  Tavannes,  168.  — 
Intercède  auprès  du  Grand-Seigneur 
pour  des  prisonniers  espagnols, 
17»,  173.  —  Écrite  Boisy  pour 
son  sacre,  1 82.  —  Enjoint  au  Par- 
lement de  Paris  de  sévir  contre  le 
prédicateur  M°  Fournier,  182.  — 
Fixation  du  jour  de  son  sacre,  189. 

'  —  Prescrit  au  Parlement  de  Paris 
d'observer  l'édit  de  Romorantin, 
193.  —  Ecrit  au  Parlement  de  Pa- 
ris au  sujet  des  pairs  devant  assister 
à  son  sacre,  194,  195.  —  Félicite 
le.  maréchal  de  Montmorency  de  ce 
que  la  Fête-Dieu  s'est  passée  sans 
troubles,  199.  —  Ecrit  au  cardi- 
nal de  Rambouillet  au  sujet  de  l'em- 
prisonnement fait  par  le  pape  du 
comte  de  Gaiazzo,  2o4.  —  Ter- 
mine le  procès  a\ec  le  duc  de  Mont- 
pensier  pour  la  succession  d'Anne 
de  France,  208.  —  Ecrità  l'évèque 
de  Limoges  à  l'occasion  de  la  mis- 
sion ded'Ausance  en  Espagne,  ai 3. 

—  Instructions  qu'il  donne  à  M.  de 
l'Isle,  222.  —  Lettre  qu'il  y  joint, 
322.  —  Donne  l'ordre  à  Joyeuse 
de  châtier  lesauleurs  des  troubles  du 
Languedoc,  22.5, note. —  L'autorise 
à  laisser  les  galères  d'Alger  se  ra\i- 
tailler,  235.  —  Sa  lettre  en  faveur 
du  roi  de  Navarre,  a  a 8.  —  Or- 
donne   l'arrestation     du    courrier 


portant  les  dépèches  du  Nonce 
et  d'Espagne.  —  Ecrit  à  M.  de  l'Isle 
pour  en  accuser  Bordillon,  a3o, 
note;  a3i.  —  Son  entrée  à  Paris, 
234,  note.  —  Remercie  Philippe  11 
de  ses  offres  de  secours,  dont  il 
n'a  nul  besoin  pour  le  moment, 
a4o.  —  N'admet  pas  que  le  roi 
d'Espagne  prèle  aucun  secours  à  ses 
sujets,  2  4o,  note.  —  Rappelle  qu'il 
a  averti  Philippe  II  de  la  conspira- 
tion tramée  contre  lui  et  révélée 
par  Mazères  à  Amboise,  2  4o.  — 
Explique  à  l'évèque  de  Limoges  les 
projets  du  duc  de  Nemours,  200, 
note. — Cité,  s56. —  Ecrit  au  Par- 
lement de  Paris  au  sujet  de  la  tenta- 
tive faite  contre  leportier  de  la  porte 
Saint-Antoine,  262.  —  Ecrit  à  l'é- 
vèque de  Limoges  qu'il  ne  laissera 
jamais  ses  sujets  recourir  à  l'étran- 
ger, 266,  note.  —  Cité, 268,  269, 
271.  —  Sa  lettre  au  Parlement  de 
Paris  pour  la  publication  de  l'édit 
des  ajournements,  a84,  note.  — 
Cité,  297. —  Ecrit  à  Philippe  11 
au  sujet  du  secours  promis.   307. 

—  Se  plaint  de  la  harangue  du  dé- 
puté du  Parlement  de  Grenoble, 
329.  —  Veut  envoyer  Tavannes  en 
Dauphiné,  329.  —  Sa  lettre  aux 
échevins  de  Màcon,  323,  note.  — 
Cité,  367.  —  Écrit  à  ceux  de  la 
Rochelle,  869.—  A  M.  de  l'Isle , 
3g6.  —  Recommande  le  médecin 
Valeran  à  M.  de  Gonnor,  ioo.  — 
Écrit  à  Bordillon  pour  une  question 
de  vivres,  600.  —  Fait  démanteler 
Saint-Lô,  4 19.  —  Mande  Moulue. 
4a3.  —  Annonce  à  Saint-Sulpice 
la  mort  du  roi  de  Navarre.  436, 
note.  —  Écrit  à  Boisy  de  mettre 
en  liberté  quelques  protestants 
de  Meaux,  437,  note.  —  Ac- 
corde un  pardon  général,  437, 
note.  —  Serend  à  Nemours,  44o. 

—  Projet  de  son  mariage  avec  une 
fille  du  roi  des  Romains,  44 1.  — 
Prie  Saint-Sulpice  d'obtenir  de  Phi- 


■  umi 


TABLE  DES  MATIERES. 


675 


lippe  11  une  déclaration  contre  la 
reine  d'Angleterre,  45 1,  noie.  — 
Sa  lettre  à  Boislaillé  pour  un  prêt  Eut 
par  les  Vénitiens,  'i  l 'i ,  note.  — 
Apprend  par  M.  de  l'Isleles  circon- 
stances de  la  mort  du  cardinal  de 
Médicis,  446.  —  Fait  à  Saint-Snl- 
pice  le  récit  de  la  bataille  de  Dri'ux , 
453. —  Invite  Soubise  à  se  sou- 
mettre et  à  rendre  Lyon,  /i57,nole. 

—  Resté  à  Paris  après  la  liataille  de 
Dieux,  458,  note.  —  Part  pour 
Chartres,  46o.  —  Règle  la  garde 
du  prince  de  Condé,  46i  ,  4Ga.  — 
Plaide  pour  le  duché  d'Alençon , 
/178,  note.  —  Congratule  le  roi  des 
Romains,  48o.  —  Sa  lettre  à  M. de 
Mailly,  4o,o,  note.  —  Prescrit  au 
maréchal  de  Montmorency  de  faire 
exécuter  les  mesures  ordonnées 
contre  les  protestants,  ftû3.  — 
Rend  compte  au  duc  de  Ferrare  de 
la  marche  de  son  armée,  497.  — 
Lui  parle  des  bonnes  dispositions  de 
Condé,  4t)7,  note.  —  Écrit  à  la 
reine  d'Angleterre  pour  désavouer 
la  proclamation  de  guerre  dont  elle 
se  plaint,  5oC>.  —  Annonce  à 
Coignet  son  avènement,  append. 
567,  note.  —  Ecrit  à  Messieurs 
de  Genève  pour  se  plaindre  de  la 
propagande  protestante  faite  par 
ceux  de  leur  ville,  append.  574. — 

—  Fait  le  récit  de  l'assemblée  de 
Poissy,  append.  609.  —  Expose  à 
l'évêque  de  Limoges  ses  défiances 
à  l'égard  de  Philippe  II,  append. 
610,  note;  611.  —  Envoie  Burie 
et  Crussol  en  Languedoc  et  en 
Guyenne,  append.  611,  note.  — 
Mis  en  avant  comme  prétendant  à  la 
main  de  Dona  Juana,  append.  61 3. 

Cbarles-Qitnt,  part  pour  Bruxelles, 

io4. 
Cbarbièbe  (M.),  44,  note;  116,  172. 
Cbabbï   (Jacques  Prévost,   s'  de),  sa 

jonction  avec  Sansac,  4i  1.  —  Note 

sur  lui,    4ii.  —  Sa  compagnie, 

425,  note. 


Chartres,  --! .'»  — .  '1Ô7  à  .'171,  '17.;,! 
48i  ,  i83  ..  185. 

Cuistres  (Le  vidame  de),  son  entre- 
vue avec  Killegrew,  i85,  note. 

<  jnsTEi.i.KT  (l)i  1,  son  procès  avec  Jac- 
ques de  Roslaing,  43. 
Ciiâtkai  i:i;iimi,     ia. 

Ciiàteai  -I) vi  rin\,  sa  garnison  ren- 
forcée, 327. 

CllÀTEACD|i\  ,    4  OO,     4l3. 

Ciiàteal-Landon,  4oa. 

CbAteau-Nbuf  (La  seigneurie  de), 
478. 

Cn  \tk\i  -TiiiEitiiv  (L'artillerie  de), 
332. 

Ciiàteh -Yieix  (  MargueriteDE),  1.37, 
note. 

Chàtelet  (Le),  46. 

Chàtellerailt,  5,  129,  429.  —  (Les 
protestants  de),  1 5 1 . 

Ciiàtillos  (Le  cardinal  Odet  de), 
lettre  de  lui,  i3i.  —  Cité,  1  36, 
i5o.  —  Catherine  lui  écrit  pour 
obtenir  le  désarmement  de  Condé, 
290.  —  Sa  réponse,  290,    291. 

—  Cité,  337.  —  Son  interven- 
tion réclamée  pour  la  paix,  4i5. 

—  Envoyé  par  Coligny  en  Angle- 
terre, 532 ,  note.  —  Retourne  en  sa 
maison,  append.  61  4. 

Chaolxes  (Françoisd'Ongnies,  s'  de), 
sa  compagnie  non  payée,  357.  — 
Note  sur  lui,  357.  —  Chargé  de 
recevoir  les  Espagnols  envoyés  par 
Philippe  II,  36a. 

Ciiemeacï.  (Jean  Pot  de  Rhodes,  s' de), 
chargé  de  la  garde  de  Condé,  4G2. 

—  Note  sur  lui,  462. 
Chevoncealx  (La  seigneurie  de),  252, 

note. 
Cuer  (Les  archives    du  département 

du  },  citées,  42,  note. 
Ciierboirc,   384,  456. 
Cheroel  (M.),  cité,  188. 
Cbesnaib  (La),  général  des  finances, 

65. 
Cbinon,  102,  5*02. 
Ciioisï-ADX-LocES,  56o,  note. 
Ciiorier  (Mcolas),  3o6,  329,  472. 


Cbrksiibii  (Ghistophle)  ,  médecin  de 
Henri  II,  a5. 

Cicada  (Le  cardinal  Jean-Baptiste). 
i56. 

Cimbbb  et  DiNjni  ,  ."1 1  '1 ,  note. 

Cii'ihuie(M.  de),  envoyé  auprès  du 
Parlement  de  l'.nis,  'iV> ,  note.  — 
Lettre  de  lui  an  sujet  des  poudres, 
696,  note;  5i6.  —  Note  sur  lui. 
T.  11.. 

CJteadi   (L'ordre  de),  ia5,  note. 

Cuibahbavli  (Le  fonds),  18,  note: 
76,  note;  79,  note;  436. 

Cladsse  (Marie),  4io,  note. 

Clément  VII,  102  ,  note. 

Clément  VIII,  228. 

Clère  (Le  capitaine),  317,  note. 

Ci.ebmdnt  (Louise  de  Bretagne,  dame 
de),  ses  démêlés  avec  M""  de  Vi- 
neux, i52,  note;  i5a,  1 53.  — 
Rentrée  d'Espagne  en  France,  a33. 

—  Citée,  372.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Catherine  au  sujet  de  la  reine 
d'Espagne  et  de  l'entrevue  qu'elle 
désire  avec  Philippe  II,  append. 
56o.  —  Mandée  d'Espagne,  ap- 
pend. 5g3. 

Ci.ermont-Lodève  (Guy  de),  a33, 
note. 

Clervadx,  sa  lettre  au  roi  de  Navarre. 
327.  —  Envoyé  pour  se  faire  re- 
niellreles  villes  du  Languedoc,  3  ia. 

—  Désigné  pour  escorter  l'argent 
envoyé  par  M.  d'Ausance,  3gi. 
. —  Note  sur  lui ,  3(ji.  —  Chargé 
du  commandement  de  la  com- 
pagnie du  s'  de  Brunian,  4oa. — 
Sa  lettre  à  Catherine,  4o2,  note. 

—  Mis  en  demeure  de  publier  l'a- 
bolition accordée  par  le  Roi  à  ceux 
de  Tours,  4a8;  —  d'envoyer  à 
Paris  le  maire  de  Tours,  4a8;  — 
d'avertir  M.  de  Sansac  des  mouve- 
ments de  ceux  d'Orléans,  429.  — 
Sa  lettre  pour  justifier  la  non-pu- 
blicalion  de  l'abolition,  '128,  note. 

Clèves  (François  de),    comte  d'Eu. 

Voy.  Eu. 
Clèves  (Guillaume  de),  267. 


676 

Clèves  (Le   duc   de),  cité,    267. — 
Sa  fille  recherchée  par  le  duc  d'Or- 
léans, 544. 
CLorGH,  agent  anglais,  sa  dépêche  an 

sujet  de  Metz,  5o5. 
CoBBAji(Henri),  sa  lettre  sur  Savigny. 

548,  note. 
Coconas  (Annibal,  comte  de),  envoyé 
par  le  duc  de  Savoie,  43 1.  —  Ce 
dont  le  charge  Catherine,  43 1 .  — 
Note  sur  lui,  43 1.  —  Va  en  Espa- 
gne, 58o.  —  Envoyé    en   Fiance 
par  le  duc  de  Savoie,  append.  600. 
(Poignet  (ambassadeur  en  Suisse),  let- 
tres que  lui  écrit  Catherine  au  sujet 
des  payements  à  faire  aux  Suisses 
et  de  la  demande  faite  par  ceux  de 
Berne,    187,  2o5,    306.  —  Fé- 
licité   par  Catherine    d'avoir   dé- 
couvert les   nioule6  de  faux   mon- 
nayeurs,   2a4,  —  Lettres  qu'elle 
lui  écrit  au  sujet  d'un  traité  passé 
avec     le    banquier    Georges    Au- 
brecht,  a85;  —  au  sujet  des  pos- 
tes,  280  ;  —  au  sujet  de  son  voyage 
à  Berne,  a85.  —  Rassuré  sur  la 
prise  d'armes,   280.  —  Catherine 
el  Charles  IX  le  prient  de  faire  une 
-levée  de  Suisses,  289.  —  Charge 
de  refuser  les  offies  de  certains  ca- 
pitaines, 3oo.  —  Sa  négociation 
avec  le  conseil  de  Berne  approu- 
vée, 3oi.  —  Invité  par  Catherine  à 
obtenir  un  délai  pour  rembourser 
ceux  de  Soleure,   3oi.  —  Beçoit 
des    obligations    pour    payer     les 
Suisses,  353.  —  Invité  par  Cathe- 
rine à  savoir  quelles  sont  les  pro- 
messes intervenues  entre  le  duc  de 
Savoie  et  cinq  cantons  suisses,  354. 

—  Félicité  par  Catherine,  354.  — 
Mendosse  lui  est  adjoint,  3Ô7. — 
Catherine  lui  écrit  au  sujet  du  paye- 
ment des  Suisses,  365,  366.  — 
A  l'occasion  de  la  mort  de  Fran- 
çois II,  567.  —  Au  sujet  du  paye- 
ment des  Suisses,   571,  590.   — 

—  Lettre  que  lui  écrit  Charles  IX, 
append.  5go.  —  Invité  à  réclamer 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

une  remise  d'intérêts,  append. 
5g5;  —  à  faire  entrer  dans  l'al- 
liance Berne  el  Zurich ,  append.  596. 

—  Instruit  de  l'itinéraire  de  Cathe- 
rine, 597.  —  Prévenu  par  elle  de 
l'arrivée  à  Lyon  des  deniers  atten- 
dus, 697.  —  Lettre  d'elle  pour  le 
payement  des  Suisses,  append. 
5g6,  597,  5g8.  —  Nouvelles  in- 
structions qu'elle  lui  donne  à  l'égard 
des  Suisses,  append.  5g8,  5gg. 

GouGit?  (Gaspard  de  Chastillon,  sei- 
gneur de),  amiral  de  France,  17, 
note.  —  Assiste  à  la  conférence  de 
Boulogne,  100.  —  Cité,  139, 
note.  —  Sa  lettre  à  Catherine , 
2  85,  note.  —  Il  est  le  seul  conseil 
de  Condé,  29 ■>.  —  Ce  que  Cathe- 
rine avait  prié   de  lui   dire,   3g i. 

—  Conduit  Throckmorton  à  Or- 
léans, 4oi  ,  note.  —  Lettre  de  lui 
à  Gonnor,  433,  note.  —  Sa  re- 
traite à  la  bataille  de  Dreux,  453, 
455.  —  Minute  Chartres,  488, 
note;  5i4,  note;  621,  note.  — 
Annonce  à  Elisabeth  la  prise  du 
château  de  Caen,  5^3  ,  note.  — 
Son  retour  à  Orléans,  53a,  note. 

—  Annonce  la  paix  à  la  reine 
d'Angleterre,  532,  noie.  —  Dé- 
fendu par  Catherine  auprès  de  Phi- 
lippe II,  append.  61 3,  61 4.  — 
Retourne  chez  lui,  append.  61 4. 

Collette  (L'hislorien),  cité,  5 '19,  note. 

Commabiec,  recommandé  par  Cathe- 
rine au  duc  de  Savoie,  357,  358. 
. —  Note  sur  lui,  35g. 

Commendon  (Le  cardinal  Jean-Fran- 
çois), envoyé  à  la  diète  de  Nam- 
bourg,  579.  —  Note  sur  lui,  57g. 

CojiriÈG>B,  20,  76,  78, gî,  9.3,  g4, 
g6,  107 ,  5i5. 

Coxdé  (Éléonore  de  Roye,  princesse 
de),  282.  —  Ses  lettres  à  Cathe- 
rine, 4g5.  —  Noie  sur  elle,  4g5. 

—  Travaille  à  la  paix,  5og.  — 
Lettre  qu'elle  écrit  à  Catherine  pour 
l'entrevue  de  son  mari  et  du  con- 
nétable, 52  2 ,  note. 


Condé  (Louis  II  de  Bourbon,  prince 
db),  161. —  Réconcilié  avec  le  duc 
de  Guise,  171,  note.  —  Prompt 
jugement  de  son  procès  demandé 
par  Catherine  au  Parlement  de 
Paris,  190,  201.  —  Envoyé  en 
Guyenne,  a63.  —  Entre  à  Or- 
léans, 280,  note.  —  Assurances 
que  lui  donne  Catherine,  282.  — 
Sa  réponse  à  la  demande  de  désar- 
mement, 290,  291 ,  note.  —  Pré- 
tend n'avoir  aucune  querelle  avec 
M-  de  Guise,  292.  —  Catherine  lui 
écrit  au  sujet  de  la  proposition  de  se 
retirer  faite  par  les  triumvirs, 3og. 

—  Refuse  les  conditions  de  paix, 
333.  —  S'abouche  avec  le  roi  de  Na- 
varre, 333.  —  Ses  remontrances  à 
l'occasion  du  procès  de  Luzarches, 
335.  —  Exprime  le  désir  de  voir 
Catherine,  337.  —  Avait  conclu  la 
paix,  34 1 ,  344.  —  Ramené  à  Or- 
léans par  les  protestants,  346.  — 
Son  entrevue  avec  Catherine,  352, 
407,  note.  —  Ce  qu'en  écrilThrock- 
morlon  à  Smith,  438.  —  Sa  ré- 
ponse à  Catherine,  44o.  —  Ce  qui 
s'esl  passé  entre  elle  et  lui  au  mo- 
ment de  sa  prise  d'armes,  44 1, 
44a.  —  Calherine  expliquée  la  du- 
chesse de  Lorraine  le  vrai  sens  des 
lettres   qu'elle  lui   a  écrites,  44 1. 

—  Lettre  qu'il  écrit  à  l'occasion 
de  ses  négociations  avec  Catherine 
sous  les  murs  de  Paris,  445,  note. 

—  Pris  à  Dreux,  453,  455.  — 
Catherine  explique  les  quatre  let- 
tres qu'elle  lui  a  écrites,  448.  — 
Sa  garde,  46i  ,  462.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine,  472.  — 
Ses  premières  conditions  pour  la 
paix,  48 1  ,  note.  —  Demande  que 
Boucart  et  Esternay  couchent  dans 
sa  chambre,  4g 2.  —  Bien  disposé 
pour  la  paix,  4g7,5o4,5o7,  note. 

—  Déplore  la  mort  du  duc  de  Guise , 
52i,  note.  —  Mesures  ordonnées 
pour  la  sûreté  de  sa  prison,  5i3.  — 
Désire  la  paix,  52 1 ,  note.  —  Con- 


TABLE  DES  MATIÈRES, 


(.:•; 


duitaucampdeSaint-Mesmin,  5a  1 . 

—  Note  sur  son  voyage,  5ai.  — 
Son  entrevue  avec  Charles  de  Bour- 
bon, 5a3,  noie.       Négocie  [a  paix, 

—  \  eu)  attendre  Coli- 
gny,  ô-!7,note.  —  Avail  déjà  traité 
de  la  paix  avec  le  duc  de  Guise, 
56a.  Son  (ils destiné  à  la  fille 
de  la  maréchale  Saint-André,  545. 

—  Prisonnier  à  Vmlioise,  append. 
6.18. 

Coudé  (Collection  dite  les  Mémoires 

de),  citée,  260,  2N3,  note. 
é,.\-ri\CE  (  Le  concile  de)  ,  3gS  ,  noie; 

558. 

I.>'\>TI\T1N0['LE,    ï6l,     'l/!!. 

Contaï  (Charles  de),  17,  note. 
Conta  y  (Françoise  de),  mariée  à  Jean 

d'Humières,    17,    note.  —    (îou- 

vernante  des  enfants  de  Catherine 

de  Médicis,   18. 
CovrnEs  (Le  canton  de),  53,  note. 
Cokbeil,  3i3,  438,  492. 
Corbie,  36,  note. 
Corbie  (L'abbaye  de),  30. 
Corbie  (L'évéquede).Voy.  La  Chambre. 
Corbihelli  ,    1,  note;    Ai.  —  Note 

sur  lui,  45a. 
CoB.xoiiAiLLEs  (  Louis  Simonela  .    réque 


de  |,  ses  mauvais  offices  découverts 
par  le  cardinal  de  la  Bourdaisière, 
227.  -  -  Note  sur  lui .  9  ■;. 

Cohuadi't  (La  damoiselle  de),  1  85> 

ConsB  (Jean-Baptiste),  assassine  par 
l'ordre  de  Léon  Strozzii  S3,  noie. 
—  Ce  qu'en  dit  Cather 15. 

Cobsi  i  La  1.  53  1  ,   note. 

Corto.ne  (L'évéque  de).  Voy.  Rica- 
soi  1. 

Cosme  1",  duc  de  Florence.  Voy.  Fuo- 

BENCE. 

Cossé  (Anne  db),  isi,  note. 

CoSSÉ  (  Al'tlllls  DB).  \  "V   (iowoR. 

Cossé  (René  de),  98,  note. 

Gosira  (Hilarion  de),  cité  26,  note. 

Cotton,  s'  de  Berthouville,  itg, 
noie. 

Colcï  (  La  forêt  de) ,  70. 

CouRTEN.ii  (François  de),  s'  de  Blé- 
neau,  153. 

Coi  i-.ienav  (Jean  de),  a68. 

Courtes*]  (Guillaume  de),  a68. 

Coirtenav  (M.  de),  refusé  comme 
olage  en  Angleterre,  373. 

Codsebans  (Renaud  de  Martres,  évo- 
que de),    !:>. 

Cousin  (Jean),  21 ,  noie. 

Coutakces  ,  .'i()Ô  ,  note. 


Coitancbs  (  Philippe  de  Cossé-Brissai  . 

évoque  de  i,   -li.  note. 

CiiAiioisv  (L'imprimeur),  a5,  note 

Ciitcv,  28 1 . 

(ini:>K,  le  maître  d'hôtel 

Gbetmeau-Joly,  cité,  i5a,  note. 

Crissé  (Jacques  deTurpio .s'  de),  .ri 
vite  à  se  préparer  à  aller  en  Angle- 
terre, a58. 

Crissé  (Madame  de),   6a6. 

Croisic  (Le),  aA4. 

Croy  (Adrien  de),  comte  de  Reux, 
menace  la  Picardie,  558, 

Crdssol  (Antoine  de),  envoyé  auprès 


du  roi  de  Navarre,  iA- 


N 


sur  lui,  1A7.  —  Ses  instrucl 

noie,    1A7.    —   Sa    nouvelle    mis- 
sion en   Languedoc,  a63.   —  Sai 
cage  Béziors,  .'1:8.  —  Anne  les  lia 

bitants  de  Montpellier,  unie. 

—  Sa  compagnie,  •>7-'. 
Cuisï  (Seine-et-Marne),  17. 
ColAnt  (Le  baron  de),  pris  à  Hi 

77 ,  note. 
Curton,  cilé,  A83. 
Ci  iiion  (M""  de),  300. 
Cïbo  (Calherine),  ■!,  note. 
Cybo  (Laurent), s* de Carrara,  1,  n  île 
Ctbo  (  Le  cardinal  ).  1 . 


D.uns  (Claude  de),  196. 

Dammarie  (M"'  de),  en  danger  de 
mort,  63.  —  Sa  place  auprès  du 
duc  d'Orléans  demandée  par  Ca- 
lherine pour  M"''de  Bleneau,  CA. 

Dammartin,  se  distingue  à  Dreux, 
A56. 

Dm «artin  (Diane  de),  328. 

Dammartin  (La  maison  de),  a68. 

Damville  (Henri  de  Monlmorencv, 
sr  de),  parle  au  connétable  de  la 
maladie  de  sa  mère,  100,  note. 
—  Cité,  38 1.  —  Se  distingue  à 
Dreux,  A56.  —  Sa  compagnie, 
A61  ,  noie.  —  Chargé  de  la  garde 
du  prince  de  Condé,  AGi ,  A62. — 


Averlit  Catherine  du  désir  du 
prince  de  Coudé  de  faire  coucher 
dans  sa  chambre  Boucart  et  F.sler- 
nay,  A92.  —  Autorisé  à  laisser  veil- 
le prince  de  Condé  par  un  gentil- 
homme envoyé  par  la  princesse, 
hi)'i.  —  Chargé'  d'empêcher  un 
gentilhomme  de  \oii    Coudé,  696. 

—  Lettre  que  lui  écrit  Catherine 
au  sujet  de  la  visite  de  Boucarl  el 
d'Esternay,  507.  —  Ce  qu'il  écrit 
à  la  connétable  sa  mère  au  sujet  des 
négociations  de  la  paix,  007,  note. 

—  Mandé  par  Calherine  à  Saint- 
Laurent-des-Eaux ,  5 1 3. 

Damvilliers,  68. 


Danemark  (Christine  de).  Voy.   Lor- 

-    RAINE,    72  .    Unie. 

Danemark  (Dorothée    de  Saxe,  reine 
de). 

Danemark  (Frédéric,  IV,  roi  de 

nonce  comme  devant  assister  .hit 
noces  du  prince  d'(  (range  ,  a3l.  — 
Renonce  à  ce  projet,  a3l.  Ne 

réussit  pas  à  marier  son  fils  a  l'une 
des  lilles  de  l'Empereur,  a3a.  — 
Songe  à  la  fille  de  l'Electeur  de 
Brandebourg,  e.'ia.  —  Hoslile  au 
roi  de  Bohème,  tôô. 

Duphiné  (Le),  63,  3oG,  .'S-.>A,  8A0, 
377  ,  38i ,  A17,  A73. 

l).upui.\É(Les  gens  du  Parlement  de), 


678 

prient  Catherine  de    révoquer  les 

ordres  donnés  à  Maugiron,  3a5, 

note. 
Davaine  (Le  conseiller),  déchargé  de 

ses  fonctions  pour  quelques  mois, 

'112. 
Davila  (L"hislorien),  a3a. 
Das.  Voy.  Acqs. 
Delisle  (Léopold),  cité,  append.  56'i, 

note. 
Delphin  (L'évéque  Zacharie),  envoyé 

à  la  diète  de  Nambourg,  579.  — 

Noie  sur  lui,  579. 
Desbordes  (Le  s'),  tué  à  Dreux,  656. 
Desme  (Le   capitaine),  343.  —   Sa 

compagnie  non  payée,  343. 
Dbspaolx,  prié  par  Catherine  de  dé- 
placer la  garnison  deChâlons,  993. 
Deville  (M.),  cité,  454,  note. 
Deï,  622. 

Dibot  (Firmin),  cité,  ai,  note. 
Dieppe,  37,  note,  38i,  385,  4i8, 

459.  — Sa  soumission,  43o,  465. 

—  Occupée  par  les  Anglais.  476. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

Dijon,  46 1 ,  note;  3oo,  3o6. 

Dijon  (Les  gens  du  Parlement  de); 
lettres  que  leur  écrit  Catherine, 
101,  106,  106.  —  Catherine  leur 
envoie  redit  de  juillet  pour  le  vé- 
rifier, 219.  —  Félicités  par  Cathe- 
rine de  leurs  bons  services,  333. 
—  Sévissentcontre  lés  protestants, 
538.  —  Mis  en  demeure  par  Ca- 
therine de  publier  la  paix,  55o. 

Dirais*  9a. 

Dinteïille  (Charlotte  de),  492,  note. 

Dimetille  (François  de),  évéque 
d'Auxerre,  553. 

Don  (Jean),  ambassadeur  eu  Tur- 
quie; lettre  que  lui  écrit  Catherine, 
17a. —  Note  sur  lui,  17a.  —  Cité, 
,74. 

Dombes  (La),  308. 

Domenc,  cité,  377. 

Doufrom,  375,  note. 

Docblet  (Jean),  retiré  à  Meaux.  re- 
commandé par  Catherine  à  Boisy. 
43q. 


Doilevant-le-Chatel,  24. 

Dbecx  (Bataille  de),  73,  note;  384. 
—  Récit  qu'en  fait  Charles  IX, 
453.  —  Autres  récits.  454.  —  Ce 
qu'en  dit  Catherine,  455,  456. 
j  Du  Bois  d'Ennebocrg,  secrétaire  des 
finances,  458. 

De  Casge,  cité,  195. 

Dcchesne  (André),  cité,  i35. 

Dcprat  (Antoine,  s'  de  Nantouillet). 
188,  note.  —  Emprisonné  pour  ac- 
cusation d'assassinat,  486.  —  Ce 
qu'en  dit  Paul  de  Fois,  486.  — 
Lettres  à  ce  sujet  de  la  reine  Elisa- 
beth, 48o,  487,  note. 

Dcbas  (Symphorien  de  Durfort.  sr 
de);  ce  qu'en  dit  Monluc.  398, 
note. —  Sa  défaite  par  Monluc. 
4a  1.  —  Note  sur  lui,  4a  1.  — 
Vient  à  Orléans,  4a5. 

DcnETAL,  6a. 

Dctbier,  58. 

Dival  (Le  trésorier),  3i3. 


E 


Éboli.  Voy.  Évoli. 

Eclaro>.  6. 

Ecosse  (Les  États  d');  lettre  que  leur 
écrit  Catherine,  i65.  —  Marie 
Stuart  leur  annonce  la  mission  de 
M.  de  Noailles,  i65. 

EcoiEN,  a4,  434. 

Edoiabd  VI,  37,  note;  4a,  60. 

Egerton  (La  collection),  ai,  note; 
43,  5o,  379. 

Egmoxt  (Le  comte  Lamoral  d'),  fait 
un  échange  de  terres  avec  Cathe- 
rine, 6a6. 

Elbène  (Albert  d'),  46. 

Elbène  (  Albisse  d'),  37,  137.  — En- 
voyé à  Florence  pour  toucher  le  re- 
liquat d'un  emprunt,  367,  673. — 
Rappelé  de  Florence,  454.  —  Cité, 
append.  619,  6ao. 

Elisabeth,  reine  d'Angleterre,  re- 
merciée par  Catherine  de  ses  let- 


tres de  condoléance  après  la  mort 
de  Henri  II,  ia5. — Citée,  25g, 
agi.  —  Propose  sa  médiation. 
3ia.  —  Remerciée  par  Catherine  de 
ses  offres.  36o. —  Explications  qui 
lui  sont  données  pour  des  Anglais 
se  disant  offensés,  367.  —  Citée, 
4oi.  — Lève  des  troupes  en  Alle- 
magne. 483.  —  Ses  lettres  à  Ca- 
therine pour  justifier  l'arrestation 
de  Duprat.  s'  de  Nantouillet,  48o, 
note,  4 87  ;  690.  —  Lettre  qu'elle 
reçoit  de  Coligny,  53a,  note. — 
Hostile  au  mariage  de  Marie  Stuart 
avec  l'archiduc  Charles,  564. 

EiiERT  (Le  bibliothécaire),  cité,  563, 
note. 

Emilio,  agent  du  comte  de  Petillan. 

■   77:i- 
Érasso  (François),  secrétaire  d'Etat . 

Catherine  lui  recommande  le  capi- 


taine Labbé,  216.  —  Note  sur  lui. 
216, 217. 

Escars  (François  de  Peyruse,  s'  d'), 
166.  —  Note  sur  lui,  1 45.  —  In- 
structions que  lui  donne  Charles  IX , 
a  1  a.  —  Chargé  de  visiter  le  duc  de 
Savoie,  226,  note.  —  Envoyé  par 
le  roi  de  Navarre  vers  le  pape,  226, 
227.  —  Obtient  la  moitié  de  la 
compagnie  de  M.  de  Thermes,  3o8. 
—  Recommandé  par  Catherine  à 
Saint-Sulpice,  39g. — Apprend  par 
Catherine  la  mort  du  roi  de  Na- 
varre, 436.  —  Son  projet  de  voyage 
en  Espagne  abandonné,  436.  — 
Ses  lettres  à  Charles  IX  et  à  Cathe- 
rine, 436.  note.  —  Nommé  gou- 
verneur de  Bordeaux,  436. 

Escaci  (L'),  84. 

Espagne  (L'),  288,  543,  544. 

Espagnols  (Soldats),  leur  arrivée  en 





_ 


Guyenne,    388.   —    Leur    solde, 
464. 

Esparmï  (Marin  d'),  Zh-j,  note. 

Espescb  (D'),  a38. 

Espine  (Le  minisire  Jean  de  l'), 
accusé  par  Poltrot ,  5  1  (i. 

E<te  (Alphonse  d'),  cité,  127.  —  Ca- 
therine lui  parle  en  termes  affec- 
tueux de  son  (ils  Louis  d'Esté,  i33. 

Este  (Hercule  p'),  sa  mort  annoncée 
par  Catherine,  137.  —  Ce  qu'en 
dit  Chantonnay,  137, 

Este  (Louis  d'),  retourne  en   Italie,  j 
i33. 

Esternaï  (Antoine  Raguier,  sr  d'), 
envoyé  d'Orléans  auprès  de  Condé, 
493,  4y6,  507.  —  Note  sur  lui, 
492.      • 

Esiie\>e  (Henri),  1  '13 ,  note. 

Estoile  (Le journal  de  L'),  cité,  48, 
note. 

EsTnÉES  (D'),  sa  pension  en  retard, 
399.  —  Cité,  45g. 

Etaples,  558. 

Etampes,  325,328,  329,  332,  337, 
338,402,435. 

Etampes  (Jean  de  Brosses,  duc  n'), 


T\i; LE  DES  MATIÈRES. 

i38. —  Note  sur  lui,  i38.  — 
Catherine  lui  écrit  au  sujet  des  Etats 
de  Bretagne,  173.  —  Lettre  qu'il 
écrit  à  Catherine  au  sujet  des  trou- 
bles de  Nantes,  217.  —  Rensei- 
gné par  Catherine  sur  l'assemblée 

des  membres  du  Parlement ,   943. 

—  Reçoit  l'ordre  de  faire  porter  à 
Nantes  les  deniers  de  la  recelte  gé- 
nérale, 347;  — d'en  garder  une 
partie  pour  ses  troupes,  34g;  — 
d'envoyer  à  Blois  les  deniers  de  la 
recette  de  Bretagne,  36g.  —  Au- 
torisé à  conserver  ses  forces,  36g. 

—  Invité  à  punir  les  émeutiers  de 
Nantes,  36g.  —  Ses  letlres  aux 
évèques  de  Bretagne,  30g,  note. 

—  Peut  maintenir  la  Bretagne 
avec  ses  seules  forces,  377.  —  Be- 
çoit  instructions  de  Catherine  pour 
le  payement  de  ses  troupes,  378.  — 
Invité  à  désarmer  les  protestants, 
378.  —  Sa  règle  de  conduite  vis- 
à  -  vis  des  protestants  tracée  par 
Catherine,  378.  —  Lettre  qu'il  en 
reçoit,  384.  —  Pouvoir  qui  lui  est 
adressé  pour  entrer  en  Normandie, 


(17!) 

386.   —   S'aidera    de    Matignon. 

386,  note.  —  Promettra  pardon  à 
ceux  qui  quitteront  Monlgommerv , 

387,  —  Fait  relâcher  des  navires 
anglais,  3g6,  4oo.  —  Prévient 
Catherine  de  l'agitation  en  Bre- 
tagne, 4 1 1. 

Évou  (La  princesse  d'),  reçoit  un^ 
bague  de  Catherine,  588. 

Evou  (Buy  Coines,  prince  d');  lettre 
que  lui  écrit  Catherine  pour  le  re- 
mercier de  sa  bonne  volonté  à  l'é- 
gardde  la  reine  d'Espagne,  178.  — 
Préféré  parCatherine  au  ducd'Albe, 
i84.  —  Cité,  188.  —  Catherine 
lui  recommande  le  s'  d'Ausance  en- 
voyé en  Espagne  pour  les  affaires 
du  roi  de  Navarre,  21  4,  31 5. — 
Complimenté  par  Catherine,  ap- 
pend.  582.  —  Favorable  au  car- 
dinal de  Lorraine,  append.  585. 

Eu  (François  de  Clèves,  comle  d'), 
171,  174,  176.  —  Rapporte  en  Es- 
pagne le  collier  de  la  Toison  d'or, 
1 83.  —  Cité,  a33.  — Son  mariage 
avec  M'k de  Bourbon,  58g.  —  Va  en 
Espagne,  append.  5g 2. 


Falaise,  1 1. 

Falapin  (La  foret  de),  426. 

Farnèse  (Alexandre),  g4  ,  note. 

FàanèsE  (Horace,  duc  de  Castro),  tué 
à  Hesdin,77. 

Farnèse  (Le  cardinal),  61g,  6a3. 

Farnèse  (  Louis),  g4,  note. 

Faïb  (Le  conseiller  Barthélémy), 
mandé  à  Chartres,  470. 

Faïet  (Le  trésorier),  53i. 

Félines  (L'abbaye  de),  sa  fondation, 
176.  —  Lettre  de  l'évèque  de  Li- 
moges au  sujet  de  cette  abbaye, 
i7S. 

Feltre  (Gaspard  de),  5aa. 

Ferdinand  (L'empereur),  note  sur 
lui,  60 ,  1  o4.  —  Projet  du  mariage 
d'une  de  ses  filles  avec  le  fils  du 


duc  deFerrare,  ao4. —  Cité,  267, 
26g.  —  Ne  peut  ou  ne  veut  em- 
pêcher l'entrée  des  Allemands  en 
France,  4o3.  — Catherine  sollicite 
l'accord,  avec  ceux  de  France,  des 
prélats  qu'il  a  envoyés  au  concile, 
468.  —  Son  entrevue  avec  le  car- 
dinal de  Lorraine,  54 1.  —  Ca- 
therine désire  savoir  quelle  ligne  de 
conduite  il  tiendra  à  la  diète  de 
Nauinbourg,  append.  57g. 

Feret,    911. 

Fernel  (Le  chirurgien  Jean),  cité,  5. 

l'Eunir.E,  35. 

Ferrare  (L'ambassadeur  de),  ao4. 

Ferrare  (Hercule  d'Esté,  duc  de), 
lettres  que  lui  écrit  Catherine  pour 
Thomas   dal   Vechio,  23;  —  pour 


Jerosme  Pepé,  36.  —  Cité,  35. — 
Lettres  que  lui  écrit  Catherine, 
36,  60.  —  Note  sur  lui,  60.  — 
■  Averti  par  Catherine  de  la  situation 
de  l'armée  de  Henri  II,  83,  84; — 
des  nomelles  de  la  cour,  88.  — 
Lettre    qu'elle    lui     écrit,     io5. 

—  Complimenté  par  elle,  106.  — 
Remercié  par  elle  de  sa  lettre  de 
condoléance  sur  la  mort  de  Fran- 
çois Il ,  169.  —  Prié  par  elle  de  ne 
pas  recevoir  les  receveurs  et  tréso- 
riers qui  auraient  malversé,  216. 

—  Cité,  append.  6a6. 
Ferrare  (Hippolyle  d'Esté,  cardinal 

de),  lettre  que  lui  écrit  le  prieur  de 
Capoue  après  sa   fuite,  44,  note. 

—  Cité,  86.  —  Envoie  Niquet  à 


(380 


TABLE  DES  MATIERES. 


Rome,  244.  —  Légat  en  France, 
sa  réception,  slfj.  —  Catherine 
sollicite  ses  facultés,  347,  360, 
268,  369.  —  Son  opinion  sur 
l'édit  de  janvier,  373.  —  Calhe- 
rine  demande  pour  lui ,  au  pape ,  la 
permission  de  retourner  à  Rome, 
409.  —  Cité,  append.  623. 

Ferrabe  (Renée  de), 39, note. — Ecrit 
au  connétable  au  sujet  du  retour  de 
son  fils,  60,  note. — Demandée  par 
Catherine,  i.3i.  ■ —  Note  sur  elle, 
i36.  —  Recommande  à  Catherine 
Michel  Aubery  dont  le  vaisseau  a 
été  pris  par  les  Espagnols ,-  ai  1.  — 
Sa  lettre  à  Calvin,  1 4,  note.  —  S'ac- 
commode à  ce  que  demande  Cathe- 
rine, append.  606. 

Ferrebas  (L'historien  Jean  de),  1  9  '1 . 
note. 

Febrier  (Arnaud  dc),  sa  lettre  à  l'évè- 
que  de  Rennes  sur  le  concile,  393. 

—  Leltreque  lui  écrit  Catherine  au 
sujet  de  l'arrivée  à  Trente  du  car- 
dinal deLorraine,  445.  —  Note  sur 
lui,  445.  —  Catherine  lui  promet 
le  payement  de  son  état,  445. 

Ferrières  (Edme  de),  compromis 
dans  la  conspiration  d'Amboise, 
161. —  Note  sur  lui,  161. 

Ferrières  (François  de),  s'  de  Mali- 
gnv.  note  sur  lui,  16 j. 

Ferrières  (Jean  de),  compromis  dans 
la    conspiration    d'Amboise,    161. 

—  Note  sur  lui,  161.  —  Tavannes 
chargé  de  l'arrêter,  167. 

Ferté-Vidame  (Les  bois  de  la  ),  77.1. 

Fiesque  (Scipion  de),  109,  note. — 
Recommandé  par  Catherine  à  Phi- 
lippe II,  i3i;  —  à  la  seigneurie 
de  Gènes,  3.35;  —  à  l'évéque  de 
Rennes.  279. 

Flandres    (Les] 
600. 

Floqdet  (M.),  cité,  43o,  490. 


186,   495.    579, 


4, 


34,   i4i, 


Florence.    1 

i84,6i6. 
Florence  (Cosme  1",  duc  de),  lettres 

qu'il  reçoit  de  Catherine,  3,  4,  5, 


6,  7,  8,  9,  10,  1 1,  13 ,  i3 ,  i4, 
i5,  16,  17,  18,  33,  34,  35,  36, 
37,  38,  4o,  43.  —  Remercié  par 
Catherine  de  l'envoi  d'une  fon- 
taine, 48.  —  Elle  lui  recommande 
Jehan  de  Montage (  marchand  flo- 
rentin dont  la  nef  a  été  prise,  69. 

—  Elle  lui  recommande  Jehan  du 
Tillet.  74  ,  70.  —  Elle  trouve  con- 
venable le  mariage  de  sa  fille  avec 
Paule  Jordan  Ursin,  85.  —  Elle 
s'offre  comme  intermédiaire  pour 
le  mariage  de  ses  autres  enfants, 
85.  —  Écrit  à  Catherine  après  In 
mort  de  Henri  II,  isa,  ia3, 
124.  —  Elle  lui  demande  une  ga- 
lère pour  le  cardinal  de  Tournon, 
l33.  —  Elle  lui  recommande  Gondi 
allantà  Florence,  i4o.  —  Elle  lui 
écrit  au  sujet  de  l'emprisonnement 
fait  par  le  pape  du  sr  de  Gaiazo, 
2o4.  —  Ses  dissentiments  avec 
Philippe  II  pour  Sienne,  2o5.  — 
Catherine  le  prie  de  ne  pas  recevoir 
les  receveurs  et  trésoriers  qui  au- 
raient malversé,  216.  —  Reçoit 
par  d'Elbène  une  lettre  de  Cathe- 
rine, 367.  ■ —  Prête  de  l'argent  à 
la  France,  47.3.  —  Catherine  lui 
envoie  Allasse  d'Elbène,  409.  — ' 
Elle  lui  redemande  d'Elbène,  464. 

—  Cité,  append.  63 5.  61C). 
Florence  (Eléonore  de  Tolède,  du- 
chesse de)  ,  reçoit  de  Catherine  une 
haquenée,  1 1 .  note,  333. 

Florence  (Nicolo  Tornabuoni,  l'am- 
bassadeur de),  338. 

Fors  (Claude  de),  23,  note. 

Foix  (Jean  de),  370. 

Fou  (Marguerite  de),  S70. 

Fois  (Paul  de),  son  intervention  en 
faveur  de  Duprat,  srde  Nantouillet. 
486,  note. 

Folembray,  90,  note. 

F11NTAINI  CF.I.K  II    .     8,     9,    l6,      21,    23, 

3'..  43,  44.  97.  98,  n3,  117, 

ll8,    121  ,    169,     173,    174,    I70, 

176.  179,  180,  181,  189,  i83, 

186, 187,  188, 192,  19.3,  194, 


380,  282,  284,  28.5,  291,  391. 
557,  S79,  58o,  58i,  582,  583, 
584,585,586,  587,588. 
FoNTANiEr  (Le  fonds),  cité,  407. 

FoNTEVBAILT,   4l. 

Forbes  (L'historien  anglais).  129. 
noie. 

Forli,  8, note. 

Forcos  (Le  cordelier  Michel),  5o. 
note. 

Focrmer  (M'),  attaque  Catherine 
dans  un  sermon ,  183,  note. 

Foiroleyaix  (Raymond  de  Pavie,  s' 
de),  203,  329.  —  Prié  par  Ca- 
therine de  s'employer  à  conserver 
l'autorité  du  Roi,  3s8.  —  Note  sur 
lui,  3s8. 

France  (Anne  de),  sa  succession,  307. 

France  (Diane  de),  mariée  au  duc  de 
Castro,  77.  —  Chagrin  qu'elle  a 
de  sa  mort  à  Hesdin,  77.  —  Citée, 
80.  —  Va  en  Lorraine,  130.  note. 

—  Sa  lettre  au  sujet  de  l'amilié  de 
Catherine  et  de  la  duchesse  de  Sa- 
voie, 138.  —  Citée,  i3o.  —  Perd 
son  fils,   i5o. 

France  (Marguerite de  ),  complimente 
la  connétable  de  l'accouchement  de 
sa  fille  la  vicomtesse  de  Turenne. 
69.  note.  —  Se  réjouit  de  ce  que 
le  comte  de  \  illars  n'a  pas  été 
tué  à  Hesdin,  76,  note.  —  Invile 
la  connétable  à  s'en  rapporter 
à  M"*  de  la  Berlandière.  Ko. 
note.  —  Séjourne  à  Amboise.  87. 

—  Citée,  130.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Catherine  au  sujet  des  Bira- 
gue,  i4o,  i4i.  —  Sa  maladie. 
1 4 1 .  —  Lettre  à  ce  sujet  de  Fran- 
çois II,  i4i.  note. —  Soins  que 
lui  donne  le  duc,  i44.  —  Cathe- 
rine lui  annonce  la  maladie  de  Fran- 
çois II.  i54,  1  .">.">. 

Francfort  (La  diète  de),  47,  283. 
4  0  4  .  471.  '1 7  2 . 

Franche-Comté  (La),  3oo. 

François  I",  cité,  1,  26.  27,  34, 
172. —  Sa  transaction  avec  Louise 
de    Bourbon    pour    la    succession 


_ 


TABLE  DES  M  ITIÈHES. 


68 1 


d'Anne  de  Fiance  el  de  Charles  de 
Bourbon,  207,  —  Cité,  270.  — 
Ce  qu'il  a  l'ait  pour  réprimer  I" 
protestantisme,  i- -  1 .  note.  — Cité. 
'i'i.'>.  append.  61g. 
Fbab<  dis  (Le  dauphin  1,  119,  note. 
il  I  "  par  Pierre  d'Urfé, 
64.  —  Cité.  i3i.  —  Se  plaint  au 
duc  de  Savoie  des  Biragues  qui 
veulent  quitter  son  service  pour 
entrer  au  sien,  i'io,  note  ;i '11. 
—  Sa  lettre  de  condoléance  au 
"i       1   .  ir  pour  la  mort  du  lils  il'' 


Diane   de   France,   i5o,  note.  — 
S.i  maladie  annoncée  p 
à  la   duchesse  de  Savoie.  1 56. 
Transige  ave  le  duc  de  Montpen- 
sier  pour  la   succession  d'Anne  de 
France  el  de  Charles  de  Bourbon, 

ÎO7,    note.     —    Donne    le     duché 

d'Alençon  pour  douaire  à  1  alberine, 

'17  V  noie. 
Frederick  III  (Le  comte  palatin), dit  le 

Pieux,  défavorable  à  Catherine,  '1  '17. 
Fri  ski  -  '  \l.  m  ),  333,  338. 
Fressis 


IL  m  '  Augustin  i ,   prévâl   de  Cleo . 

arrélé  par  ordre  de  Catherine 
FnoNSAi   '  Le  greffe  il"  |,  2  ■<.. 
Fi  bel  (  M.   de  ).  assassiné,    "(io.  — 

<  "  qu'en  éci  il  Catherine  .1  sa  veuve, 

261.  —  Envoyé  auprès  de  Henri  II. 

append.  554. 
Fi  «11  (M™1  de  |,  ce  que  lui  éci  il  '  la 

therine  au  sujel  du  meui  Ire  de  son 

mari,  et  du  bien   qu'elle   (ail  à  ses 

enfants,  260,  a6i. 

Fi  mki.  (  M""  de),   

I  1  m  1  1  I.'  château  de  .   161 


Gadagne  (Guillaume  de  i  .  sénéchal  de 
Lyon ,  chargé  de  faire  réformer  la 
préface  de  Saconay  injurieuse  pour 
la  mémoire  de  Henri  VIII.  237. 

Gadagne  ((  ilivier  de),  note  sur  lui,  3-. 

Gadagre  (Paul-Antoine  de),  37. 

Gadagne  (Thomas  di  1,  36      7-  38. 

GAiAzo(Le  comte  de),  envoyé  à  Ve- 
nise, soi.  —  Fait  prisonnier  par 
le  pape,  ao4.  —  Charles  IX  s'en 
plaint,  2o4  .  note. 

Gaillon  ,  203  ,  4o5. 

Gallards  (Le  ministre  des  i,  sa  lettre 
à  Throckmorton  au  sujet  de  la  réim- 
pression du  livre  de  Henri  VIII 
contre  Luther.  2.37. 

Gabuieb  (  Pierre  ),  73. 

G  iscoNS  (Les),  44o. 

Gaigiec.  i  M  Di  .Claude  île  Beaune, 
note  sur  elle,  g4.  —  Citée,  390. 

Gazette  (Antoine),  cité,  111.  — 
Recommandé  par  Catherine  de 
Médicis,  18. 

Gazette  (Catherine),  i<S,  35. 

Gizette  (Pierre),  35. 

Gènes  (Les  seigneurs  de),  lettre  que 
leur  écritCatherineen faveur  deS  i- 
pion  de  Fiesque,  2.35. 

Genève,  ,">7'i  ,  Ô75. 

Genevois  (Le  commandeur  de),  re- 
commandé par  Catherine  à  l'am- 
bassadeur Saint-Laurens,  Oo4. 

Catherine  di;  Médicis. —  1. 


Gévin  (M.),  éditeur  des  lettres  de 
Marguerite  d'Angouléme,  27  ,note. 

Genlis.  Vov.  Hangest. 

Gerin,  valet  de  chambre  de  Catherine, 
1  nvoyé  à  Manloue,  98. 

Germain,  valel  de  chambre  de  Fran- 
çois de  Valois,   • 

Gebmame  (Les  princes  delà),  172, 
36a .  36  S .  il  5. 

Gien,  ii3,  'm,s,  53.3. 

Givrt  (René  d'Augliire,  s' de),  tué 
à  Dreux,  156. 

Go  (Antoine),  recommandé  par  Ca- 
therine ,  a53. 

Gondi  (Albert  de),  payement  de  sa 
compagnie,  872. 

Gondi  (Alexandre  de),  sa  succession, 
45a. 

Gondi  (Antoine  de),  'i  1  . 

Gondi  I  Benedict  de),  9. 

Gondi  (Hierosuie  de),  recommandé 
par  Catherine,  45. 

Gondi  (Jean-Baptiste  de),  2,  7.  g, 
i5,  79.  —  Envoyé  à  Florence, 
i.;'i.  i'io.  —  Désigné'  comme 
tuteur  de  Philippe  Slrozzi,  ap- 
pend. .r)ii'3,  564. 

Gonnor  (Artus  de  Cossé.  s'  de),  sa 
victoire  en  Italie,  119.  —  Ce  qu'en 
écrit  Catherine,  119.  —  Ce  qu'en 
dit  Boisy,  119,  note.  —  Note  sur 
lui,    119.    —    Envoyé    auprès    du 


connétable,  221  :  —  auprès  du  1  ai 
dinal  de  Châlillon,  eg-i.  —  Invile 
par    Catherine    à     nommer    Bois- 
Jourdan  vijuierde  Toulouse,  .33g. 

—  Chargé  par  Catherine  de  payei 
la  compagnie  du  capitaine  Desme, 
3  'i.'i  ;  -  de  rembourser  le  tréi  1 
Raconys,  .385.  —  Envoyé  auprès  du 
prince  de  Coudé,  i.3a.  —  Cathe- 
rine lui  écrit  au  aujet  de  l'artillerie 
el  de  la  pension  de  M.  d'Estrées, 
399.  —  Elle  lui  recommande  le 
médecin  Valeran,  '100.  —  Elle  lui 
écrit  pour  un  emprunt,  'i33.  - 
Mandé  par  elle,  436.  —  Lettre 
que  lui  écrit  la  duchesse  de  Savoie, 
4.39,  note.  —  Prié  par  Catherine  de 
■hâter  le  départ  de  Brissac  pour  la 
Normandie,  658.  —  Elle  lui  de- 
mande de  l'argent  pour  une  entre 
prise  sur  le  château  de  Tancarville, 
459.  —  Chargé  de  payer  les 
dépenses  de  l'envoyé  du  Grand- 
Seigneur,  46o;  —  de  lui  faire  un 
présent .  '1 1 1 , .  :  —  d'envoyer  de  Par 
gent  à  Chartres,   46o.  —  I 

de  l'argent  au  capitaine  de  Touques  ■ 
462.  — Catherine  lui  demande  deux 
centslances,  463. — Priédepayerles 
Espagnols  venus  en  Guyenne,  464. 

—  Son  avis  jugé  bon  pour  le  pré- 
sent à  l'envoyé  du  Grand-Seigneur, 

86 


e>s-2 


TABLE  DES  MATIERES. 


465. —  Invité  de  nouveau  à  envoyer 
de  l'argent  pour  la  reprise  de  Tan- 
rarville,  665;  —  à  faire  voter  par 
le  Parlement  les  deniers  pour  le  Lé- 
gat, 465; — à  solder  la  garnison  de 
Montreuil,  /167.  —  Prié  de  rem- 
bourser le  sr  de  Bazerne,  667;  — 
d'envoyer  de  l'argent  à  Brissac, 
670.  —  Prévenu  de  la  réduction 
demandée  au  duc  de  Guise,  4  7 1 .  — 
Prié  d'envoyer  de  l'argent  à  Metz, 
!f]li;  —  de  remettre  une  somme 
au  trésorier  Bâillon ,  675  ;  —  d'en- 
voyer les  deniers  qui  sont  à  Nantes  et 
à  Tours,  676;  —  de  payer  les  ou- 
vriers des  bâtiments  royaux,  677. — 
Fait  partirpour  Chartres  le  trésorier 
de  l'Epargne ,  la  bourse  bien  garnie , 

477.  —  Chargé  de  mettre  fin  au 
procès  pour  le  duché  d'Alençon , 
477.478;  —  de  payer  les  Suisses, 

478.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine au  sujet  de  la  Ferté-Vidame  , 
47g.  —  Chargé  de  faire  délivrer 
les  offices  de  conseiller  au  Parle- 
ment aux  s"  le  Verjus  et  Mon- 
tholon,  483.  —  Reçoit  l'ordre  de 
payer  les  gages  du  s'deTrousseboys, 
489.  —  Reçoit  des  instructions  au 
sujet  de  l'artillerie,  489.  — 
Chargé  de  remettre  de  l'argent  au 
maréchal  de  Brissac,  48g;  —  de 
distribuer  les  deniers  à  recevoir, 
48g.  —  Nouvelles  instructions 
qu'il  reçoit  de  Catherine,  4g4, 
495.  —  Nouvelles  qu'elle  lui  donne 
de  l'armée,  496,  497,  note. 
—  Elle  lui  demande  dix  canons , 
5oa,  5o3.  —  Chargé  de  vérifier 
les  comptes  du  gouverneur  d'Ar- 
dres,  4gg;  —  de  faire  partir  l'ar- 
tillerie, 5oo.  —  Invité  par  Ca- 
therine à  rentrer  à  Paris,  5oi;  — 
à  demander  au  Parlement  la  pu- 
blication de  l'édit  de  cent  mille 
livres,  5oi.  — Pressé  de  secourir 
l'armée  d'Orléans,  5o8,  5o8,  note. 

—    Catherine    lui    parle   de     la 
mission  de  M.  de  Verdun ,  5o8  ;  — 


de  l'office  de  général  des  finances  de 
Paris ,  5o8  ;  —  de  l'assaut  que  don- 
nera le  duc  de  Guise  à  Orléans, 
5oq;  —  des  négociations  de  paix, 
5oq.  —  Prévenu  de  l'assassinat  du 
duc  deGuiseparCalherine,5ia.  — 
Chargé  de  fournir  deniers  pour  une 
levée,  5i5;  —  de  hâter  la  rentrée 
des  emprunts,  5i8;  —  de  ras- 
surer le  Parlement  de  Paris  sur 
les  dispositions  de  Catherine  à 
son  égard,  5i8;  —  d'en  obtenir 
une  somme  pour  les  réparations  de 
Calais,  5ig.  —  Lettres  que  lui 
écrit  Catherine  au  sujet  de  la  paix 
et  des  nécessités  d'argent,  536, 
537,  5a8,  529,  53i,  53a,  533. 

—  Chargé  par  elle  d'insister  au- 
près du  Parlement  pour  la  publi- 
cation de  la  paix,  535,  536.  — 
Félicité  par  elle,  538.  —  Son 
entrée  au  Parlement  demandée 
par  Catherine,  53g.  —  Chargé 
de  témoigner  au  Parlement  la  sa- 
tisfaction du  Roi,  53g.  —  Prié 
par  Catherine  de  payer  la  garnison 
de  Metz,  546;  —  de  fournir  des 
fonds  au  trésorier   Brochet,   547. 

—  Prévenu  des  attaques  méditées 
contre  Metz  ,  append.  54g  ,  55o. — 
Chargé  d'en  secourir  la  garnison, 
append.  54g ,  55o. 

Gonzaga  (Sigismond),  envoyé  du  duc 
de  Mantoue,  1  36. 

Gonzagie  (Ferdinand  de),  g3,note. 

Goszagbe  (Frédéric  IIde),  g6,  note. 

Gonzagie   (Hercule  de),   3o5. 

Gordes  (Le  sr  de),  écrit  à  François 
de  Montmorency  au  sujet  des  dé- 
mêlés du  comte  de  Tende  et  de  son 
fils  le  comte  de  Sommerive,   3o4. 

Goievrot(  Jean),  médecin  de  Henri  II, 
envoyé  auprès  de  ses  enfants,  26; 
26,    note. 

Goi'Ffier  (Charlolle  de),  g8. 

Gocrdax  (Girard  de  Mauléon,  s'  de), 
gouverneur  de  Calais,  3 1 5. 

Grasd-Seigneur  (Le),  son  envoyé, 
46o. 


Grantvili.e  (Le  trésorier),  annonce  à 
Gonnor  le  départ  de  Catherine 
pour  Blois,  485. 

Granveele  Papiers  d'Etat  du  cardi- 
nal de),  87,  note;  gg,  102,  io3. 
io4. 

Grassion(  Le  conseiller  Pierre),  mandé 
à  Chartres,  670. 

Gratiam  (Antoine),  07g. 

Gravelines,   gg. 

Greluisson  (Barthélémy),  523. 

Grenoble  (Les  gensdu  Parlement  de), 
arrêtent  la  marche  de  Maugiron 
sur  leur  ville,  3ag,  note. 

Geet  (Lord),  parle  de  la  maladie  du 
connétable,  85,  note. 

Grisons  (Les),  8g,  note. 

Gcaltieri  (Panciatichi),  cité,  1,  note. 

GtJAZZO  (Le  trésorier  Jean),  recom- 
mandé par  Catherine  à  la  Mothe- 
Gondrin,  299.  —  Nolesurlui,  299. 

Goicciardini  (Laurent),  cité,  35. 

GricciARDiM,  marchand  florentin,  26. 

Gucuenon  (L'bis'orien),  36,  137. 

GniFFKEY  (Georges),  cité,  2 4  ,  27,  4o, 
4i, 42,65,  note. 

GiiLLUT  (François),  joueur  de  mu- 
sette de  la  reine  d'Espagne,  073. 

Gullart  (André), s' de  l'Isle,  chargé 
par  Catherine  de  remettre  au  pape 
la  lettre  de  Charles  IX,  223.  — 
Note  sur  lui,  332.  —  Ses  instruc- 
tions, 322,  note.  —  Lettres  qu'y 
joint  Charles  IX,  222,  233,  s3o. 
— -  Catherine  lui  recommande  l'af- 
faire d'Annibal  Rucellai.  —  Elle  se 
plaint  à  lui  du  nonce,  338;  — 
l'invite  à  présenter  au  pape  le 
véritable  étal  des  choses,  228;  — 
le  charge  de  remercier  le  pape  de 
ce  qu'il  a  fait  pour  l'évèque  du  Pny, 
228.  —  Ce  qu'il  écrit  de  la  mala- 
die du  pape,  385,  note.  —  Ce 
que  lui  écrit  Catherine  de  la  mar- 
che du  concile,  896.  —  Représen- 
tations qu'il  doit  faire  au  pape. 
396,  397.  —  Chargé  de  lui  expli- 
quer l'occasion  de  l'envoi  au  con- 
cile du  cardinal  de  Lorraine,  4o5. 


-   -.      ~ 


. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


683 


—  Sera   payé  de   ses  états,    io5. 

—  Pi  i.>  de  recommanderai]  pape  le 
comte  de  Roussillon,  io5.  — 
Raconte  à  Charles  IX  les  circon- 
slances  de  la  mort  du  cardinal  Jean 
de  Médias,  'i  i6,  note  :  'i  '17. 

GoiLHRT(Andrë),  s'du  Mortier,  8  1  , 
note.  —  Dépéché  auprès  du  Parle- 
ment pour  les  facultés   du  Légat, 

GniLLEms,  sa  Vie  du  cardinal  de  Lor- 
raine, 10a  .  note. 

lii  msio  (Jean-Francisque),  6ai. 

Guise  (Antoinette  de),  abbesse  de 
Farmoulfer.  7  3. 

iiiisK  (Anne  d'Esté,  duchesse  de), 
Catherine  lui  écrit  au  sujet  de  sa 
maladie;  3g.  —  Elle  lui  demande 
des  nouvelles  de  son  voyage ,  4  2 .  — 
Elle  lui  écrit  au  sujet  de  la  maladie 
du  cardinal  de  Lorraine,  64,  05. 
— Reçoit  par  elle  des  nouvelles  du 
siège  de  Metz.  <]3.  —  Avertie  de 
l'arrivée  de  Catherine  à  Melun,  75. 

—  Félicitée  d'être  si  bien  avec  son 
mari,  80. —  Catherine  lui  parle 
de  l'opiniâtreté  de  la  défense  de 
Rouen,  4ao;  —  de  la  blessure  du 
roi  de  Navarre,  4ao.  —  Elle  lui  de- 
mande des  nouvelles  de  Claude  de 
Valois,  duchesse  de  Lorraine.  —  Sa 
lettre  à  la  connétable  pour  la  mort 
de  Monlheron,  456,  note.  —  De- 
mande la  grande  maîtrise  pour  son 
fils,  5 1 3.  —  Catherine  lui  en  re- 
nouvelle la   promesse,  5ig,  5ao. 

—  Chargée  de  la  garde  de  la  fille 


du  maréchal  Saint-André,  545; 
la  remet  à  la  maréchale,  545  .  note. 

—  Reçoit  nouvelle  promesse  de  la 
grande  maîtrise,  553.  Lettre 
que  bu  écrit  Catherine  au  sujet  de 
sa  mère  Renée  de  Ferrare,  append. 
617. 

Gi  1-1  1  La  ville  de),  558. 

1  1  1  (Le  duc  François  de  1.  ■ 
4a,  5i.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Catherine  pour  les  besoins  de  son 
armée,  91.  —  Envoyé  en  Italie, 
io5.  —  Lettre  de  lui  au  connétable, 
100,  note.  —  Exige  la  grand.' 
maîtrise,  129,  note.  —  Récon- 
cilié avec  Condé,  171.  —  Cité, 
îi)-.  —  Tombe  malade,  -119.  — 
Catherine  demande  de  ses  nouvelles, 
220.  —  Détails  sur  sa  maladie, 
220,  note. —  Cité,  2  46. — Retiré 
à  Joinville,  a5g.  — Offre  de  quit- 
ter l'armée,   3o8.  —  Cité,   337. 

—  Officiers  de  sa  compagnie,  punis 
par  Tavannes,  43a.  • —  Catherine 
lui    envoie    son    itinéraire,    434. 

—  Sa  querelle  avec  le  duc  de  Lu- 
nebourg,  437.  —  Cité,  443,  448, 
15a.  — Sa  conduite  à  Dreux,  453, 
454.  —  Cité.  475.  ■ —  Reçoit  avis 
du  voyage  de  Charles  IX  à  Rlois, 
485.  —  Se  prépare  à  l'attaque  du 
Portereau  d'Orléans,  496. —  An- 
nonce à  Gonnor  et  à  Montmorency 
la  prise  du  Portereau,  '197,  noir. 

—  Intérêt  que  lui  pinte  Catherine, 
5oi.  —  Expose  à  Catherine  les 
besoins  de  son  armée,  5o8,  note. 


—  Sa  blessure,  5ia.    -  Sa  morl 
5i3,  5i4,  5a5.  —  Ivait  préparé 

les  conditions  de  la  paix,  54a.  — 
Son  conflit  avec  le  roi  de  Navarre, 
append.  585.  —  Sa  lettre  au  roi 
d'Espagne,  append.  (ii 5,  note.  — 
Cité,  append.  (i-.!3,  (127. 

Guise  (François  de,  grand  prieur  de 
France),  blessé  à  mort  à  Dreux. 
456. 

Gdise  (Louis  I"  de  Lorraine,  cardi- 
nal de),  cité,  444.  —  Envoyé  en 
mission  auprès  du  Parlement  di 
Paris,  5oi,  5oa,  5oQ. —  Donne 
le  chiffre  de  l'armée  royale,  5oi  . 
note.  —  Son  discours  au  Parlement 
de  Paris,  Soi,  note. —  Compli 
menti''  par  Catherine  pour  ses  bons 
offices  auprès  du  Parlement  de  Pa- 
ris, 5oi. —  Note  sur  lui,  5 10.  — 
Catherine  lui  annonce  la  blessure 
de  son  frère,  5ia.  —  Cité,  537, 
545. 

Gi'ise  (Marie  de,  reine  d'Ecosse),  48. 

—  Lettre  qu'elle  reçoit  de  Cathe- 
rine au  sujet  de  Marie  Stuarl . 
556,  557. 

Guise  (Renée  de),  7.3. 

Guises    (Les),    Catherine  les  accuse 

d'être  les  auteurs  des  troubles,  592. 
GniTTiMÈiiK  (M"'  de),  i3g,  note. 
Gusman,   envoyé    par  Philippe    II    à 

Rome,  5o4. 
Guyenne (La) ,  212,  3o8,33a,33g, 

.  34i,   376,  417,    42.5,    464. 
Guïemve  (Les   ligues   catholiques  de 

la),  552. 


H 


Hagdekead,  54 ,  578. 

Hallwis  (Rarbe  de),  17,  note. 

Haluyin  (Jeanne  de),  4 10,  note. 

Hakgest  (François  de,  s'  de  Genlis), 
s'empare  de  Bourges ,  3  8 1 .  —  Note 
sur  lui,  38i.  —  Lettre  de  lui  à  Ca- 
therine, 38i ,  note. 

HANCEST(Jean  de),  s'  d'Ivoy,   envoyé 


par  Coudé   auprès   de    Catherine, 

182.  —  Assiégé  à   Bourges,  39a. 
Harcocrt  (Le  collège  d'),  a5i. 
Harville  (La  maison  d'),  268. 
Haton  (Claude),  son  Journal,    cité, 

197,  201 ,  2S1 . 
Hauldrï,'  recommandé  par  Catherine 

au   maréchal  Pierre  Strozzi,  97. 


Il  m  tf.-Coside  (L'abbaye  de),    i64, 

Hautefort.  Voy.  L'Esthasge. 

Havre    (La  prise    du),  3i2,    note; 

3i3,3i5,  385,  4i8,  43i,  i-5. 
IIei.fevstein,  envoyé  pour  demander 

la  restitution  de  Metz,  5o5. 
Hellies  (René),  s'de  la  Roche- Esnard , 

Vis. 

86. 


684 


TABLE  DES  MATIERES. 


Henri  II,  lettres  de  lui  à  M.  d'Hu- 
mières pour  ses  enfants,  18,  note; 
20,  ai,  26,  a5,  36.  —  Lettre 
de  lui  à  M.  de  Marillac,  a6.  — 
Annonce  son  retour  à  M.  d'Humiè- 
res,  37.  —  Lettre  de  lui  au  duc 
de  Florence,  33.  —  Cité,  34  ,  noie. 

—  Sonentréeà  Rouen, 36.  —  Cité, 

38.  — A  un  fils  de  Lady  Fleming, 

39,  note.  —  Lettre  de  lui  à  M. 
d'Humières  à  l'occasion  de  la  nour- 
rice du   duc  d'Orléans,  4o,  note. 

—  Lettres  de  lui  pour  un  accident 
de  sa  fille  Claude,  4i,  4a,  note. 

—  Mande  Pierre  Strozzi,  44  ,  note. 

—  Envoie  Morvilliers  auprès  de 
Catherine,  44,  note.  —  Lettre 
qu'il  reçoit  de  Catherine  au  sujet 
de  la  fuite  du  prieur  de  Capoue , 
44. —  Quitte  Joinville,  4g,  note. 

—  Ecrit  à  M",c  d'Humières  au  sujet 
de  ses  enfants,  53.  —  Les  envoie 
à  Amhoise,  53,  note.  —  Répond 
à  Catherine  au  sujet  de  l'ambassa- 
deur  de  Venise,  60.  —  Cité,  70. 

—  Lettre  de  lui  au  sujet  de  la 
prise  d'Hesdin,  76. —  Annoncée 
Vieilleville  une  victoire  du  conné- 
table, 7g,  note.  —  Écrit  au  cardi- 
nal de  Ferrare,  86,  note.  —  Cité, 
96. —  Visite  Calais,  1 1  6.  — •  Lettre 
de  lui  à  La  Vigne,  117,  note.  — 
Cité,  191,  note;  i43,  46a.  — Let- 
tres que  lui  écrit  Catherine,  ap- 
pend.  558,  56i ,  563. 

Henri  III,  385,  note. 

Henri  IV,  cité,  385.  —  Ce  qu'il 
décide  au  sujet  de  la  bibliothèque 
de  Catherine  de  Médicis,  append. 
56 '1 ,  note. 


Henri  VIII,  préface  injurieuse  à  sa 
mémoire,  387.  —  Réimpression 
de   son  livre  contre   Luther,  287. 

—  Catherine  en  fait  corriger  la  pré- 
face, 337. 

Henri  (fabricant  de  lances) ,  463. 

Hentzinger,  383,  note. 

Hesdin  (La  prise  d'),  76.  — -•  Ce 
qu'en  dit  Henri  II  ,  76,  78,  note. 

Hesse  (Le   maréchal  de),  3 00,  note. 

Hier  (Jehan),  employé  dans  des 
missions  secrètes,  3oo  ;  3oo, 
note. 

IIoldebinetv  (Donato),  6ai. 

Hongrie  (La),  1  o4. 

Hongrie  (La  couronne  de),  192. 

Hosius(Le  cardinal),  note  sur  lui, 
92. 

Hospital  (Jean  de  l'),  56o,  note. 

Hospitai  (Le  chancelier  Michel  de  l'), 
donne  à  Catherine  des  nouvelles  de 
la  duchesse  de  Savoie ,  1 4  1 .  — 
Note  sur  lui,  i4i.  — Cité,  177, 
263,  a6g,  490. 

IIotman  (François),  assiste  Spifame  à 
la  Diète,  443,  note.  —  Atténue 
l'effet  de  la  défaite  des  protestants 
à  la  bataille  de  Dreux,  454,  note. 

Hogueville  (  Philippe  de  Roncherolles, 
sr  de),  envoyée  Caen,  3ia. 

Huhières  (Jean  d'),  note  sur  lui,  17. 

—  Lettres  que  lui  écrit  Catherine 
pour  ses  enfants,   i8,20,aa,a4. 

—  Lettre  que  lui  adresse  Henri  11 , 
30,  note.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Catherine  à  l'occasion  de  la  s™ 
Strozzi,  s 4.  —  Soins  qu'il  est 
prié  de  donner  à  Claude  de  Va- 
lois, a4.  —  Catherine  lui  recom- 
mande les  enfants  du  comte  de  la 


Mirandole,  a5.  —  Elle  lui  écrit 
pour  les  portraits  de  ses  enfants,  a5. 

—  Lettre  qu'il  reçoit  de  Henri  II , 
26,  note.  —  Henri  II  lui  annonce- 
son  retour  du  Piémont,  a6.  — 
Catherine  lui  écrit  à  l'occasion  de 
la  mort   de   M™  de   Contay,   a8. 

—  Elle  lui  demande  des  cygnes, 
1 6g.  —  Note  sur  lui ,  16g.  —  In- 
vité par  Catherine  à  ne  pas  quitter 
son  gouvernement,  ig3;  —  à  veil- 
ler sur  ses  places,  a 88;  —  à  ren- 
voyer les  réfugiésdes Pays-Ras, 343. 

—  Renvoie  de  Montdidier  les  ré- 
fugiés des  Pays-Ras,  358.  —  Reçoit 
l'ordre  de  se  retirer  à  Péronne. 
358.  —  Chargé  de  surveiller  les 
gentilshommes  et  soldats  qui  quit- 
tent l'armée  protestante,  36 1  , 
364.  —  Loué  par  Catherine  de  ses 
bons  services,  385. 

Humières  (Mmc  d'),  chargée  des  en- 
fants de  Catherine  de  Médicis,  38. 

—  Lettres  qu'elle  reçoit  du  conné- 
table de  Montmorency,  3g,  note; 

—  de  Catherine  pour  la  nourrice 
du  duc  d'Orléans,  4o,  4i;  — 
de  Henri  II  pour  l'accident  de 
Claude  de  Valois ,  4  2  ;  —  de  Cathe- 
rine pour  la  même  cause,  49;  — 
de  Catherine  pour  le  départ  pour 
Amboise,  53.  —  Invitée  par  elle  à 
ne  donner  des  nouvelles  de  ses  en- 
fants que  par  une  seule  et  même 
lettre,  58.  —  Recommandations 
que  Catherine  lui  fait  pour  ses  en- 
fants, 63.  —  Reçoit  l'ordre  de  faire 
sevrer  le  duc  d'Orléans,  70.  —  Ca- 
therine lui  recommande  de  suivre 
les  prescriptions  de  Rurgensis,  70. 


I 


Indes  (Les),  5o4. 
Innocent  VIII,  1  ,  note. 


Isle  (Chàtellenie  de  1'),  4a6. 
Isle-Adam  (L'),  20,  88. 


Ivov  (Prise  d'),  68. 
Ivot.  Voy.  Hangest. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Jacomigny  (Pierre),  620. 

Jacques  II,  roi  d'Ecosse,  1 ,  note. 

Iacqi  bs  V,  roi  d'Ecosse,  1,  -'12,  note. 

Janvier  (Édil  de),  271,  note;  371. 
—  Ce  qu'en  écrit  Catherine  au 
Parlement  de  Paris,  ù-'j.  —  Note 
à  ce  sujet,  2 -'1. 

Jaré  (François  de  Rorhechouart,  s' 
de), 548. 

Jaugeai-,  291  ,  482,  488. 

Jarkac  (M.  Guy  Chabot,  s'de),  cité, 
107.  —  Catherine  lui  écrit  à  l'oc- 
casion du   meurtre  de  Sainle-Foy, 


son  frère,  376.  —  Chargé  d'en 
faire  les  poursuites,  37G.  — Invité 
par  Catherine  à  rester  à  la  Rochelle, 
'1 1  *  ;  —  à  obéir  à  Burie  et  au  duc 
de  Mbntpensier,  4 18.  —  Sa  lettre 
â  Catherine  pour  motiver  son  dû- 
part  ,  4 1 8 ,  note. 

Jean  III,  roi  de  Portugal  ,  121,  132, 

Jérusalem  (L'ordre  de  Saint-Jean  de), 
11  S. 

Jiivmi.i  1  .  4g,  259. 

J 01  \ MLLE  (Hemi  de  Guise,  prince  de), 
246,  321. 


Johbs  (Sir),  envoie  à  Throckmorton 
l'itinéraire  de  la  cour,  i38,  note. 

Joiei'se    (  Guillaume  de,  vicoml 
cité,  343.  — Pacifie  l<'  Lan;; 

Joana  (Dona),sœur  de  Philippe   II. 

—    Catherine  pense    à    elle    1 1 

Charles  IX,  319.  —  Catherine  prie 
sa  fille  de  favoriser  son  mariage 
avec  Don  Carlos,  61  3,  <  harles  IX 
lui  est  proposé,  6  |3. 

Jules  III,  33,  02,   98. 

Juvemrus  (Dominique  de),  7Ô. 


Keith  ,  l'historien,   543.  noie. 


Killegrew  (Henri),  sa  lettre  à  Cecil 
datée  de  Dieppe,  385,  note. 


Ivlipijfel,    338. 


Labanoff    (Le   prince),    cité,    543, 

note. 
Labbé  (Le  capitaine),  détenu  sur  les 

galères,  217. 
Laborde  (Le   comte  Jules  de),  cité, 

507 ,  note. 
La  CnAHBRE  (Amé  de),  36,  note. 
La  Cuambre  (Jean  de),  36,  note. 
Lt  Cuambre  (Sébastien  de),  évêque  de 

Corbie,  33,  note. —  Recommandé 

par  Catherine  au  duc  de  Florence, 

7'- 

La  Chessaie,  55g. 

Lacocdre,  5i3. 

Licourt  (M"c  de),  rappelée  en 
France,  556. 

La  Fère,  6g. 

La  Forest  (Jacques Bochetel,  s' de),  am- 
bassadeur aux  Pays-Bas,  36s.  — 
Note  sur  lui,  362. 

Lagabde  (Le  baron  de),  48.  —  Va 
trouver  le  roi  de  Navarre,  i45.  — 
Note  sur  lui,  i45.  —  Déchargé  de 


la  dépense  de  l'envoyé  du  Grand- 
Seigneur,  46o. 

Lagnv,  3i3,  3 1 3. 

Lalain  (La  dame  de),  prieure  de  l'ab- 
baye de  Félines,  176. 

La  Marcs  (Antoinette de),  son  accou- 
chement, 1 35. 

La  Mare  (Manuscrits  de),  cités,  1 17, 
note. 

La  Mirakdole  (Fulvie  de),  2.5,  note. 

La  Mirandole  (Sylvie  de),  20,  note. 

Li  Mole,  43 1,  note. 

La  MoiaE(ChristopheDE),  sr  de  Bou- 
chavannes ,  envoyé  parCondé  auprès 
de  Catherine,  1 65.  —  Note  sur 
lui,  i45. 

La  Mothe  au  Groing  (Le  vicomte  de), 
1 1. 

La  Mothe-Gondrin  (Biaise  de  Pardail- 
lan,s'  de),  .Catherine  lui  recom- 
commande  le  trésorier  Guazzo, 
299.  —  Tué  à  Valence,  3o6.  — 
Note  sur  lui,  3o6. 


La  Mothe-Roige,  retenu  par  Monlui 
332.  —  Note  sur  lui,  'i3;>. 

Laxgei  (Seigneurie  de),  38,  note. 

Langsdorff  (Le  baron  de),  361. 

Languedoc  (Le),  37,  note,  34i. 

Languedoc  (Les  Etats  de),  leur  don  au 
connétable,  139. 

Languedoc  (Les  troubles  du),  235. 

Lsnguet   (Hubert),   ce    qu'il   dit   du 
banquier  Aubrecht,  280,  nol 

La  Noue  (François  de),  33^ 

Lansac  (Louis  de  Saint-Gelais.  s'  de 
note  sur  lui,  71.  —  Cité,  S 
Envoyé  par  Catherine   auprès  du 
connétable,  1.V1.  — Cité,  199.  — 
Envoyé  au  concile  de  Trente.  27':. 
390.  —  Catherine  lui  recommande 
de  soigner  sa  santé,  3 1  ô.  —  Elle  le 
prie  de  hâter  son  départ,  3 0 •">  : 
l'avertit  des  difficultés  soulevées  par 
l'Espagne  pour  la  préséance 
—  Communications  que  lui  l'ont  au 
concile  les  évêques  espagnols.  :iô  1 


686 


TABLE  DES  MATIERES. 


—  Instructions  que  lui  donne  Ca- 
therine, 35 1.  —  Elle  lui  fait  part 
de  l'insuccès  de  son  entievue  avec 
Condé,  356.  —  Loué  parelle  de  sa 
conduite  vis-à-vis  du  pape,  355. — 
Prié  de  remercier  le  cardinal  de 
Mantoue  de  ses  bons  offices,  355. 

—  Le  pape  se  plaint  de  lui,  363. 

—  Invité  par  Catherine  à  agir  sur  le 
cardinal  de  Mantoue  pour  le  retenir 
à  Trente,  364,  365.  —  Catherine 
lui  annonce  le  départ  pour  Trente 
des  prélats  français,  365.  —  Sa 
lettre  à  l'évêque  de  Rennes  sur  la 
marche  du  concile,  379,  note. — 
Prévenu  par  Catherine  que  les  pré- 
lats de  France  n'arriveront  qu'en 
octobre  à  Trente,  379.  —  Chargé 
de  préparer  leurs  logis  et  celui  du 
cardinal  de  Lorraine,  38o.  — Tâ- 
chera d'obtenir  remise  de  la  session 
et  la  translation  du  concile  à  Man- 
toue, 38o.  —  Se  conformera  à  la 
conduite  des  ambassadeurs  de  l'Em- 
pire et  d'Espagne,  38o.  —  Ecrit 
au  pape,  385,  note.  —  Conduite 
que  lui  trace  Catherine,  3g4.  — 
Cité,  4o4. —  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Catherine  à  l'occasion  de  la  pré- 
séance et  de  la  tenue  du  concile, 
468,  46g.  —  Fait  connaître  le  but 
de  la  mission  envoyée  par  le  duc 
de  Bavière  à  Rome,  46g.  —  In- 
formé de  la  paix  par  Catherine 
53g.  —  Loué  de  sa  conduite  au 
concile,  54o.  —  Invité  de  nouveau 
à  défendre  le  droit  de  préséance 
sur  l'Espagne,  54o.  —  Sera  satis- 
fait pour  le  solde  de  ses  gages,  54o. 

Laon,  67. 

Lion   (Le  capitaine  de),  3 16. 

Li<>\   (Le  diocèse  de),  54. 

La   Place  (Le  président  Pierre  de), 

232. 
Lara   (Don   Juan   Manrique  de),   sa 

mission  en  France,  » 63,  166,  167. 
La  Rochefoucauld  (Charles  de),   a5, 

note. 
L'.  Rochefoucauld  (François  de),  25, 


note.  —  Vient  à  Orléans,  4a5.  — 

Se  sauve  à  Dreux,  455. 
La  Rochefoucauld   (La  maison  de), 

558. 
La  Tour  (Claudine  de),  257,  note. 
La   Tour   (François   de).    Voy.  To- 

RENNE. 

La  Tour  (Henri  de),  note  sur  lui, 
69. 

La  Tour  d'Argï  (Le  sr  de),  gentil- 
homme servant  de  Catherine,  87. 

La  Tour-Landry  (Marguerite  de),  38, 
note. 

La  Trésioille  (Louis  II,  s1  de),  otage 
en  Angleterre,  268. 

Lavagne  (Sinabaldo,  comte  de),  1 3 1 , 
note. 

Laval  (Charlotte  de),  17. 

Laval  (Le  comte  Claude  de),  22. 

Lavau,  cité,  io3. 

Lavaoz,  33 1. 

La  Vigne  (Jean  de,  s'  d'Auvilliers ,  am- 
bassadeur à  Constantinople),  lettre 
que  lui  adresse  Catherine,  116.  — 
Note  sur  lui,  1 16.  —  Désigné  sous 
le  nom  de  d'Auvilliers,  117.  —  Re- 
çoit une  lettre  de  Catherine  à  l'occa- 
sion d'un  prisonnier,  1 1 8. 

Le  Bois  d'Ennemais,  434. 

Leclerc  (Le  procureur  général) ,  483. 

Lectoure  (Troubles  à),  212,  note. 

Légat  (Le),  obtient  ses  facultés,  255, 
476. 

Le  Laroureir,  cité,  385,  note. 

Lelio  (M"),  cité,  17. 

Lemaistre  (Giles),  467,  note. 

Lemaistre  (Jean),  Catherine  lui  est 
défavorable,  667. 

Lent  (André  Provana,s'  de),  124. 

Léon  Castillo  (Francisco  de),  recom- 
mandé par  Catherine  à  l'évêque  de 
Limoges,  643. 

Léon  X,  1,  note;  79. 

Léonard  (Le  s'),  cité,  623. 

Le  Pelisse  (Francisque),  cité,  5,  6. 

Lepsï  (André),  recommandé  par  Ca- 
therine de  Médicis  au  duc  de  Flo- 
rence, 31. 

Lepsï  (Jean-Francisque),  21. 


Lepuchnaxo  (Le  duc  Alexandre),  hos- 
podar  de  la  Moldavie,  27g. 

Leroux  de  Linct,  cité,  564,  note. 

Lesirange  (Gilbert  de  Hautetort,  s' 
de),  envoyé  par  Catherine  auprès 
de  la  connétable,  i44.  —  Note  sur 
lui,  i46. 

Le  Veneur  (Jean),  cité,  1  46,  note. 

Le  Veneur  (Tanneguy),  sr  de  Car- 
rouges,  envoyé  auprès  du  roi  de 
Navarre,  147.  —  Note  sur  lui, 
1  67. 

Levis  (Françoise  de),  note,  3 10. 

Lezignï(  Charles  de  Pierre-Vive,  sr de), 
trésorier  de  France,  81.  —  Cathe- 
rine lui  mande  de  retourner  à  sa 
résidence,  81.  —  Envoyé  par  Ca- 
therine auprès  du  Parlement,  179. 

Ligne  (Robert  de),  278. 

Lignt-le-Châtei,  161. 

Lihei  iL(M"eDE),  maîtresse  de  Condé, 
425,  note. 

Limoges  (Sébastien  de  l'Aubespine, 
évèque  de),  1  10,  note.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  à  l'oc- 
casion de  la  maladie  de  sa  fille  la 
reine  d'Espagne,  161,  162.  —  Ca- 
therine lui  annonce  la  réconciliation 
du  roi  de  Navarre  et  de  M.  de  Guise , 
171.  —  Ecrit  à  Catherine  au  sujet 
du  départ  des  filles  d'honneur  de 
la  reine  d'Espagne,  200.  —  Cathe- 
rine lui  recommande  Michel  Aubery 
dont  le  vaisseau  a  été  pris  par  les 
Espagnols ,  211.  —  Chargé  par  Ca- 
therine de  faire  relâcher  des  gens 
du  Croisic  prisonniers  à  Séville, 
244.  —  Lettre  de  lui  sur  le  projet 
d'enlèvement  du  duc  d'Orléans  par 
le  duc  de -Nemours,  2  45. — -Ce  que 
lui  écrit  Catherine  sur  les  motifs  de 
la  mission  ded'Ausauce  en  Espagne, 
a5i,  252  ,  266.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Charles  IX  au  sujet  de  Fabricio 
SerbeHoni,  263,  note.  —  Ce  que 
lui  écrit  Catherine  pour  l'entrevue 
que  lui  propose  le  roi  d'Espagne, 
267;  —  en  faveur  du  roi  de  Na- 
varre, 267;  —  sur  les  craintes  que 


TABLE  DES  M  VTIÈRES. 


687 


lui  inspirent  les  Guises,  267.  — 
Remplacé  par  Saint-Sulpice,  a88. 

—  Lettre  que  lui  rnit  Calh.-i 
sujet  de  la  mission  de  Rambouillet 
en  Allemagne,  398. —  Catherine 
lui  fait  le  tableau  de  la  situation, 
3o6;  —  le  prie  de  dire  au  roi 
d'Espagne  qu'elle  accepte  le  secours 
offert,  .S07. —  Elle  lui  annonce  son 
départ  pour  Monceaux,  .3 18.  — 
Chargé  de  négocier  le  mariage  de  la 
sœur  de  Philippe  II  el  de  Charles  IV 
319.  —  Annonce  le  danger  de  mort 
où  est  Don  Carlos,  319,  note.  — 
Chargé  par  Catherine  de  prévenir  sa 
fille  du  projet  d'alliance  de  Charles  IX 
et  de  la  sœur  de  Philippe  II,  3ig. 

—  Averti  par  Catherine  des  dan- 
gers de  la  guerre  civile,  33o;  — 
des  craintes  qu'elle  a  d'une  inter- 
vention du  roi  d'Espagne  en  cas  de 
victoire  de  Condé,  33  0; —  de  la 
levée  des  Suisses,  33o.  —  Rend 
compte  à  Charles  IX  de  la  mission 
de  Rambouillet,  336,  note.  — Ca- 
therine lui  recommande  Francisco 
de  Léon  Castillo.  4  63.  —  Envoyé 
pour  la  paix  à  Orléans,  496, 
509,  note.  —  Recommandations 
que  lui  fait  Catherine  pour  les 
soins  de  la  santé  de  sa  fille  la 
reine  d'Espagne,  append.  566. — 
Elle  lui  explique  ses  projets,  sa 
ligne  de  conduite,  append.  569, 
570,  Ô72.  —  Craintes  qu'elle  lui 
témoigne  pour  le  mariage  de  Don 
Carlos  et  de  Marie  Stuart,  append. 
."'  7  1  .  5  7  •> .  —  Lettre  qu'elle  lui  écrit 
au  sujet  de  l'intervention  qu'elle 
offre  entre  l'Espagne  et  le  Grand- 
Seigneur,  append.  583.  —  Bons 
offices  qu'elle  réclame  de  lui  en  la- 
veur du  roi  de  Aavarre,  append. 
583,  585.  —  Lettre  qu'elle  lui 
écrit  pour  rompre  le  mariage  de 
Marie  Stuart  avec  Don  Carlos  el 
pour  favoriser  les  revendications  du 
roi  de  Navarre,  append.  5c)5.  — 
Elle  se  plaint  à  lui  des  calomnies  de 


Chantonnay,  append.  598.  —  Sa 
lettre  à  Catherine  sur  la  mission  de 

d'Ausance  en  Espagne,  append. 
601 .  note. —  Lettre  qu'il  reçoit  de 
Catherine  au  sujet  de  la  dot  de  la 
r^in''  d'Espagne,  append.  607.  — 
Elle  lui  fait  connaître  la  véritable 
situation  des  choses,  append.  610, 
61 1,  t ">  1 3 .  —  Il  fait  le  récit  de  la 
mission  de  Rambouillet  en  Es- 
pagne,  append.  616.  61 5,  616, 
617.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine, append.  636,  6a5,  6  16. 

Liens  (La  Corel  de),  ao5. 

M.  de),  frère  de  Monlur,  36  1  . 
note;  337.  —  Envo\é  à  Meaux, 
356. 

Lisbonne,  210. 

Lislb  (Le  capitaine),  4a3. 

Litta  (L'historien),  cité,  87,  107. 

Lizet  (L'avocat),  cité,  458,  note. 

Loches,  107,  i38. 

Loikg  (La  rivière  de),  698. 

Loire  (La),  488,  5o'i. 

Loiret  (Le),  5ia. 

Lombardie  (Le  prieuré  de  1.  557,  S58. 

Londres,  4oi,  note;  53i. 

I.onuhï  (Jacqueline  de),  duchesse  de 
Monlpensier,  1  71.  —  Sa  mort,  23a. 

Loin) aine  (Charles de),  dur  de  Mayenne, 
i5i,  note. 

Lorraine  (Charles  II,  duc  de),  32, 
note;  72.  —  Cité,  49.5.  —  Ceux 
de  Metz  se  plaignent  de  ses  officiers , 
537. 

Lorraine  (Claude  de),  33,  note. 

Lorraine  (La),  2 '19. 

Lorraine  (La  duchesse  de),  risitée  par 
la  connétable,  130,  note;  448. 

Lorraine  (Christine  de  Danemark, 
duchesse  douairière  de),  lettre  que 
lui  écrit  Catherine  pour  se  justifier 
et  expliquer  le  sens  des  lettres 
adressées  à  Condé,  661.  —  Sa  ré- 
ponse à  Catherine,  4  63,  note. 

Lorraine  (Charles  de  Guise,  cardinal 
de),  26,  note.  —  Catherine  de- 
mande de  ses  nouvelles,  61.  —  Sa 
maladie,  65. —  Catherine  s'en  in- 


forme, 65.  —  Son  rél  ! 

—  Parle  du  mauvais  étal  de 
la  santé  du  connétable,  s5.  note. 

—  Se  plaint  de  l'ambassadeui 
d'Espagne  1  Ibantonnay, 

—  Invile  L'flospital  à  venir  "n 
France,  161,  note.  —  Ecrit  à  la  vi- 
dame  de  Chartres,  1 15,  note;  1  '17. 
note.  — •  Fait  venir  des  marbres  du 
Portugal  pourMeudon,  210,  noie. 

—  Sa  maladie,  aao,  note. 

337.  —  Son  départ  | Trente 

annoncé  par  Catherine  à  l.ansac. 
365.— Attendu  à  Trente,  393  — 
Ce  qu'on  espérait  de  lui,  3g3.  — 
Parti  pour  Trente,  4o3,  616.— 
Chargé  par  Catherine  d'en  finiravec 
l.i  restitution  des  places  du  Pié- 
mont, 63o.  —  Utilité  de  sa  pré- 
sence à  Trente,  665.  —  Catherine 
lui  annonce  la  victoire  de  Dreux. 
654,  655,  456.  —  Cité.  Û68.— 
L'évéque  de  I  ilerh  attaché  à  sa 
personne,  669.  —  Part  pou  In* 
pruck,  672.  —  Va  visiter  le  roi 
des  Humains.  68l.  -  -  Ses  instruc- 
tions, 48 1.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Catherine  à  la  suite  de  son  voyage 
auprès  de  l'Empereur,  56o,  54t. 

—  Tableau  qu'elle  lui  fait  de  la 
France,  56  1. —  Invité  par  Cathe- 
rine à  soutenir  Lansac  et  à  défendre 
le  droit  de  préséance .  5  1 1 

—  Son  voyage  à  [nspruck,  543. 
. —  Letlre  de  lui  au  sujet  de  la  Bile 

de  la  maréchale  de  Sainl-  I 
545,  note.  —  Parti  pour  la  Lor- 
raine, append.  585.  —  En  posses- 
sion  du  livre  de  la  Toison   d'or, 
append.  600. 

Lorraine  (Le  duc  de),  5o5. 

Lorraine  (Marie  de.  reine  d'Ecosse), 

son  voyage  en  Franc 1  1  55 1,  62  . 

note;  4a. 

Lohb  une  (René  de),  marquis  d'Elbeuf, 
note  sur  lui,  1M7. 

Lohbis,  'iSn,  533. 

Lusses  (Jean  de),  i65.  —  Note  sur 
lui,  i65.  —  Envoyé  au  roi  de  Va- 


«88 


TABLE  DES  MATIERES. 


varie  par  Catherine,  3aa.  —  Ses 
instructions.  322,  note;  3a3.  — 
Le  roi  de  Navarre  le  redemande, 
4 1 3.  — Mémoire  qni  lui  est  adressé, 
4  i  3 ,  note.  — Sa  lettre  à  Charles  IX , 
'i  î  3 ,  note.  —  Annonce  à  Catherine 
la  victoire  de  Dreux,  455,  544.  — 
Porte  à  Paris  les  lettres  patentes 
pour  la  paix,  533,  534,  536.  — 
Revient  trouver  Catherine,  538, 
53g.  —  Cité,  544. 

Loris  XII,  i3i,  note. 

Luciu,  î. 

Lode  (Guy  de  Daillon,  comte  du), 
Catherine  lui  écrit  au  sujet  des 
trouhles  de  Poitiers,  208.  —  In- 
vité à  laisser  rentrer  les  gentils- 
hommes  protestants   qui  se  sou- 


mettront, 3<ji.  —  Enverra  à  Tours 
l'argent  qu'il  a  en  main,  3o  1.  — 
Chargé  de  maintenir  Tordre  en 
Poitou,  5 10.  —  Catherine  lui  an- 
nonce la  paix,  5ag.  —  Reçoit 
l'ordre  de  mettre  en  liberté  les  pri- 
sonniers protestants,  53o.  — 
Chargé  d'empêcher  le  pillage  du 
Poitou,  547;  —  de  faire  déposer 
les  armes  aux  protestants,  548. 

Lijgny  (La  veuve  du  s' de),  io5. 

Lena  (Le  comte  de),  dispute  la  pré- 
séance à  Lansac,  54o,  54a. 

Lunebourg  (Le  duc  de),  ne  peut  en- 
trer en  France  plus  loin  que  Chà- 
lons,  437.  —  Sa  querelle  avec  le 
duc  de  Guise,  437,  note.  —  Tué 
parBussy,  437,  note. 


Limelin  (Jérôme),  ambassadeur  de  la 

seigneurie  de  Gènes,  1 38. 
Lumigny,  53 1 ,  note. 
Lcstrac  (Antoine  de),  73,  note. 
Lustrac  (Marguerite  de),  7.3,  note. 
LiTiiAiRE,  note,  5a3. 
Lither,  son  livre  sur  les  sacrements 

réimprimé   à    Lyon,   237.  —    Ce 

qu'en  dit  Calvin,  237. 
Lixembourg  (Marie  de),  note,  33. 
Lizarches,    son    procès    arrêté    par 

crainte   de   représailles,   335.   — 

Note  à  ce  sujet,  335. 
Lyon,  g,   afi,  4a,  io3,   129,   196, 

a58,34o,36o,   38i,3go,3g5, 

435,  453,  596,598,  599. 
Lyonnais  (Le),  34o,  noie. 
Lyrou.es  (Les  troubles  de),  a  12. 


M 


Mâcon,  26,  noie. 

Mâcon  (Prise  de),  3a2,  note. 

Mâcon  (Attaques  suspendues  contre), 

344. 
Mâcon  (Les  échevins  de),  Catherine 

leur  reproche  leurs  fautes,  3aa. 
Mâcon  (Jean-Baptiste  Alamanni ,  évèque 

de),  envoyé  en  Espagne,  338,  note. 
Madon,  53. 

Madelcine  (La),  5aa,  note. 
Maignac  (Le  baron  de),  envoyé  auprès 

de  M.  d'Humières,  488. 
Mailly  (Le  jeune),  18. 
Maii.ly  (Gilles  de),  capitaine  de  Mon- 

treuil,  46.  — Note  sur  lui,  96. — 

Catherine   lui  envoie  le  baron  de 

Maignac,   4go.  —  Noie  sur  lui, 

Û90. 
Maine  (Le  marquisat  du),  33. 
Malagoule  (Jérôme) ,  neveu  de  Gondi , 

recommandé  par  Catherine  au  duc 

de  Florence,  70. 
Malassis  (Le  capitaine),  317,  note. 
Malicorne  (Jean  deChourses,  s'  de), 

envoyé  par  Catherine  au-devant  de 

Don  Diego,  384.  —  Note  sur  lui, 

384. 


Maligny  ( La  seigneurie  de),  161. 

Maligny  (Les).  Voy.  Ferrières. 

Malras  (Le  général  des  finances  Fran- 
çois Rougier,  sr  de),  5oa.  —  Envoyé 
à  Paris,  5og,   5i  1. 

Malte,  44 ,  note. 

Malvede,  marchand  espagnol,  sa  ré- 
clamation, 334. 

Manne  (François de Bellicrs,  abbé  de), 
note  sur  lui ,  71.  —  Envoyé  en  mis- 
sion, 7a,  10a,  4o4.  —  Ses  instruc- 
tions, 4o4. 

Manriqie  (Don  Juan),  envoyé  en 
France,  append.  575.  — Son  dé- 
part, append.  576,  584,  585. 

Mans  (Prise  du),  394. 

Mansfeld  (Le comte  de),  68,  noie. 

Mantoie  (La  duchesse  de),  a,  note. 

Mantobe  (Hercule  de  Gonzague,  car- 
dinal de),  félicité  par  Catherine  de 
ses  bons  offices,  354.  —  Veut 
quitter  le  concile,  364,  365.  ■ — 
Favorable  à  la  France,  468. 

MANioiiE(Le  duc  de),  reçoit  une  lettre 
de  Catherine  à  l'occasion  du  mariage 
d'Elisabeth  de  Valois,  1  20. —  Fiancé 
à  la  fille  de  l'Empereur,  579. 


Mantoue  (Ludovic  de),  vient  en 
France,  96.  —  Note  sur  lui,  g6. 

—  Ce  qu'en  dit  Brantôme,  96,  note. 

—  Avertit  Catherine  des  difficultés 
soulevées  par  l'Espagne  pour  la  pré- 
séance, 3o5.  —  Note  sur  lui. 
3o5. 

Manuel  (Laurent),  recommandé  par 
Catherine  à  M.  de  Boisy,  21. 

Marins  (L'ile  de),  268. 

Marc-Antoine,  porte  des  lettres  à  Ca- 
therine de  Médicis,  ai.  —  Chargé 
du  haras  de  Meung,  20,  note.  — 
Cité,  277. 

Marcel  (Le  pape),  98,  note.  —  Sa 
mort,  99,  note;  100. 

Marchais,  89,  note;  196,  197,  198. 

Marchand  (Hierosme),  aa. 

Marchant,  73. 

Marchai jiont  (Pierre-Claude,  s'  de), 
445. 

Marciano  ( Bataille  de),  g4. 

Marconnay  (Hilaire  de),  dame  de  la 
Berlandière,  80.  —  Note  sur  elle, 
80. 

Marienbodrg  (Prise  de),  89,  note; 
91,  a6i,  note. 


Marignan  (Le  marquis  de),  s'empare 

de  Port-Hercules,  100,  note. 
Marillac  (M.  de),  16,  note. 
Mariv  u  v  (  Le  s'  de),  envoyé  en  Picar- 
die, 36a. 
Marli:  (Guillaume  de),  prévenu  par 
Catherine  de  la  remise  de  l'entrée 
de  Charles  IX  à  Paris,  a34. 
Marlorat  (Le  ministre),  4iQ,  note. 
Marnât,  envoyé  en  Espagne,  336. 
Marot  (Clément),  ses    élrennes  aux 

dames  de  la  cour,  p,i,  note. 
Marseille,  io3,  note;  128. 
Marseille  (Le  port  de),  43,  note. 
Marseille    (Saint-Victor   de),     43, 

note. 
Marseille  (Le  secrétaire),  5oo. 
Marsillio  della   Crdce,  sa  lettre  à 
Shers  sur  la  grossesse  de  la  duchesse 
de  Savoie,  23a. 
Martelle  (Baptiste),  622. 
Mastiques  (La  vicomtesse  de),  sa. 
Martigues  (Sébastien  de  Luxembourg, 
vicomte  de),  22  ,  note.  —  Catherine 
approuve  sa  conduite  à  Nantes,  ■•  1  7 
—  Gratifié   de  la    compagnie  de 
M.  de  Thermes,  3io.  —  Se  dis- 
tingue à  Dreux,  456. 
Martres    (Menand   de),   évèque    de 
Couserans,  lettre  que  lui  écrit  Ca- 
therine en  faveur  de  llierosme  Mar- 
chand, 22. 
Masim  (Le  capitaine),  assassiné,  486, 

note. 
Mas-Latrie  (M.DB),a  publié  des  pièces 
relatives  au  meurtre  de  M.  de  F 11- 
mel,  261. 
Masone  (  Sir  John  ),  3  6 ,  note.  —  Lettre 
de  lui  sur  le  duc  d'Orléans,  39, 
note.  —  Ce  qu'il  dit  de  Lady  Fle- 
ming, 3g,  note. 
Massa  (L'héritière  de),  1,  note. 
Masseville     (L'historien    normand), 

3ia ,  note. 
Matignon  (Jacques  de  Goyon,  comte 
de),  disculpé  par  Catherine  d'accu- 
sation de  malversation,  aa4,  aa5. 
—  Note  sur  lui,  aa4.  —  Prévient 
Catherine    de    l'état   de    la   basse 

Catherine  de  Médicis   —  1. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

Normandie,  3 1 5. —  Annonce  la 
priv  d'armes  de  Montgommery, 
37.").  -  -  Reste  en  basse  Normandie, 
ii 9.  —  Reçoit  l'ordre  de  déman- 
teler Saint-Lô,  4 19;  —  de  ré 
primer  le  pillage,  '119.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  au  sujet  du 
Mont-Saint-Michel,  537. 
Maiduissox  (L'abbaye  de),  demandée 
par  Catherine  pour  la  fille  du  con- 
nétable, îaa  et  note. 

Maigihon  (Laurent  de), lieutenant  du 
duc  de  Guise  en  Dauphiné,  63.  — 
Instructions  qu'il  reçoit  de  Cathe 

rine,  3i  1.  —  Félicité  elenn. ; 

par  Catherine,  32.5.  —  Le  Parle- 
ment de  Grenoble  prie  Catherine 
de  révoquer  les  ordres  qu'elle  lui  a 
donnés,  3a5,  note.  —  Invité  par 
Catherine  à  renforcer  la  garnison  de 
Château- Dauphin,  327,  3a8.  — 
Félicité  par  elle,  029.  —  Arrête 
par  le  Parlement  de  Grenoble  dans 
sa  marche  contre  cette  ville,  3ag, 
note.  —  Doit  être  remis  dans  les 
places  du  Dauphiné,  34 1. —  Reçoit 
l'ordre  de  suspendre  les  hostilités, 
344.  —  Annonce  la  marche  des 
troupes  de  Savoie,  36o.  —  Compli- 
menté par  Catherine,  377.  —  En- 
voyé en  Piémont  pour  en  ramener 
les  bandes,  392.  —  Gratifié  d'une 
compagnie,  466. 

Madgibon  (Etienne),  62-3. 

Maivellï  (Laurent),  521. 

Macvissière.  Voy.  Castelnab. 

Maumiliev  (roi  de  Bohême),  io4, 
note.  —  Catherine  lui  fait  con- 
naître les  conditions  de  la  paix,  .".'il'. 
—  L'une  de  ses  filles  désirée  par 
Catherine  pour  Charles  IX,  543. 

Mazères  (Le  capitaine),  révèle  à  Aiu- 
boise  une  conspiration  tramée  contre 
Philippe  II,  a4o. 

Meaix  (Le  marché  de),  4i4. 

Meaix  (Les  protestants  de),  546. 

Meadi  (Les  troubles  de),  347,  5io, 
5n. 

Mecklembolrg  (Louise  de),  a55. 


689 

Médicis  (Alexandre  de),  frère  naturel 
d>'  Catherine,  3  ,  3g,  h>7,  notes. 

Médicis  (Bernard  de),  évèque  de 
Forli.  vient  en  France,  9.  —  Ecrit 
à  Cosui.-  de  Médicis,  9.  —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine,  1  10. 

Médicis  i  Catherine  de),  raconte  son 
voyage  ;»i  duc  d'  dbanie,  son  oncle. 
1.  —  Remercie  la  duchesse  de  Sa- 
voie, a.  —  S'informe  de  la  santé 
du  duc  d'Albanie,  3.  -     Compli- 
mente le  grand  maître  à  l'occasion 
de  la  naissance  de  sa    fille,  3.  — 
Recommande  André  Rinieri  à  Cosme 
de  Médicis,    3,  5.  —  Élevée  avec 
Cosme,  3,  note. —  Recommande  à 
Cosme  Jehan  Udré,  '1  ; — Amerigo 
Bency,  5;  —  Manuel  Riccio,  mar- 
chand génois,  5. —  Demande  des 
prières  à  l'ahbesse  des  Murâtes,  5. 
—  Recommande   à   Cosme   Fran- 
cisque le  Pellisse,  6.  —  Annonce  sa 
grossesse  au  grand  maître  Anne  de 
Montmorency,  6.  —  Le   remercie 
des  remèdes  qu'il  lui  a  donnés,  6, 
note.   —    Recommande   à    Cosme 
Ange  de  la  Lune,  oncle  de  Lucrèce 
Cavalcanti,  7; —  Bernard  de  Sal- 
viati  en  procès  avecNasi,  7.  —  An- 
nonce son  heureux  accouchement  à 
Cosmé,  8.  —  En  fait  part  à  l'ah- 
besse des  Murâtes,  8.  —  Lui  de- 
manda des  prières,  g.  —  Annonce 
à  Cosme   l'arrivée  de  l'évêque  de 
Forli,  9.  —  Lui  recommande  An- 
toine et  Loys  Bounisy,  9;  —  Gir- 
mondo  de  Meleto,  10.  —  Lui  an- 
nonce  la    naissance  d'Elisabeth  de 
Valois ,  10.  —  Envoie  à  la  duchesse 
de  Florence  des  haquenées  de  Bre- 
tagne,   1  1  :  —  à  Cosme  des  lévriers 
de  Bretagne,   i3.  —  Recommande 
à  Cosme  Oltaviano  Bentivoglio,  i3; 

—  Vinacent  de  Rhidolphi,  i3;  — 
Dominique  Benrivenni,  i3,  i4;  — 
le  chevalier  Millerin  Obaldini,  i4. 

—  Fait  mention  au  duc  de  Ferrare 
des  lettres  qu'il  lui  a  écrites,  i5. — 
Lui  demande  la  1  émise  de  l'amende 

87 


t>90 


d'Hercules  Seghizo,  neveu  de  son 
maître  d'hôtel ,  i5.  —  Invile  Cosme 
à    envoyer    un    gentilhomme    en 
France,    16.  —  Recommande   an 
duc  de  Ferrare  Francisque  Seghizo 
pour  un  emploi,   16; —  à   Cosme 
Jacques  de  Torsulis  pour  une  re- 
mise de  décimes,  16  ;  —  à  M.  d'Hu- 
mieres    un    peintre,    18.  —  Prie 
Cosme  de  lui  envoyer  Antoine  Ga- 
zette, 1 8.  —  Recommande  à  Cosme 
Francisco    Nigemi,    19.  —  Lettre 
d'elle  à  M.  d'Humières,  20.  —  Re- 
1  ommande  à  Cosme  Frauçois  Lepsy, 
•m;  —  à  M.  de  Roisy  Laurent  Ma- 
nuel, 2  1 .  — Lettre  d'elle  à  M.  d'Hu- 
mières pour  ses  enfants,  39.  —  Re- 
commande au  duc  de  Ferrare  Tho- 
mas del  Vechio,  son  aumônier,  23. 
—  Lettre  d'elle  à  M.  d'Humières 
pour  sa  fille  Claude,  23. —  Écrit  à 
VI.  d'Humières  de  laisser   voir  ses 
'■niants   à  la  signora    Slrozzi,   ai. 
-    Letlre   d'elle   à   l'occasion    de 
l'évéque    de    Cortone    envoyé    en 
Franco,   26.  —  Écrit  à  M.  d'Hu- 
mières pour  ses  enfants  et  leurs  por- 
traits, 20,  26.  —  Lettre  d'elle  à 
Marguerite  d' Angoulèmeà  l'occasion 
du  mariage  de  Jeanne  d'Alhrel,  27. 
Recommande  à  M.  d'Humières 
les  enfants  du  comte  de  la  Miran- 
dole,  2.5;  —  à  Cosme  Nicolas  de 
Médicis,  27.  —  Écrit  une  lettre  de 
condoléance  à  M.  d'Humières  à  l'oc- 
casion de  la  mort  de  M""  de  Contay, 
s8.  —  Recommande  à  Cosme  Renée 
de  Paule,  29:  — le  sculpteur  délia 
Robhia,    29.  —  Parle  au  duc  de 
'vlantoue  de  son  frère,  3o.  —  Re- 
mercie le  duc  de  Ferrare  d'être  son 
compère,  3o. —  Demande  une  ju- 
dicature  pour  Michel  Avogadn-,  3  1 . 
Recommande  à    Cosme   Julien 
de  Spiquio,   3i.  —   Demande    à 
M.  d'Humières  de  nouvelles  pein- 
tures de  ses  enfants,  3t.  -      Ecril 
à  Ludovic  de  Gonzague,  3a;  —  à 
M.   d'Humières  pour   la   place  de 


TABLE  DES  MATIERES. 

défunte  Fontaines,  3a.  —  Recom- 
mande à  Cosme  Agnolo  de  la  Stuffa , 
3a  ;  —  Loys  Alamanni,  33.  —  De- 
mande à  Cosme  un  jeune  lion,  35. 
—  Lui  demande  un  bénéfice  pour 
Pierre   Gazette,  35.  —   Intercède 
auprès  de  lui  en  faveur  des  reli- 
gieuses de  Saint-Nicolas,   36.  — 
Recommande  au    duc   de   Ferrare 
Hieronymo  Pepy,  36.  ■ —  Remercie 
Cosme  de  l'avancement  de  M.  de  la 
Chambre,  37.  —  Prie  Cosme  d'ai- 
der au   mariage  du  fils  de  Louis 
Alamanni,  37. —  Écrit  au  cardinal 
du  Bellay,  38;  —  à  Cosme,  38  ;  — 
à  la  duchesse  de  Guise,  3g;  —  à 
M.  d'Humières  à   l'occasion  de  la 
nourrice  du  duc  d'Orléans,  4o;  — 
à   Cosme,  4o.  —  Recommande   à 
Cosme  Porlia ,  fille  du  sr  de  Mala- 
teste,    4o.  —  Écrit  à  M™'  d'Hu- 
mières pour  la  maladie  du  duc  d'Or- 
léans, '10,  Ai  ; —  à  la  duchesse  de 
Guise  au  sujet  de  son  mari ,  42  ;  — 
à  la  même,  pour  se  plaindre  de  sa 
santé  ,4a.  —  Recommande  à  Cosme 
Jacques  de  Rostaing,  43.  —  Ecrit 
au  connétable  au  sujet  delà  fuite  du 
prieur  de  Capoue,  48,  44.  —  Ce 
qu'elle  dit  de  Jean-Baptiste  Corse, 
44;  —  du  dévouement  de  Pierre 
Strozzi,  44.  —  Sa  lettre  à  Henri  II 
au  sujet  du  prieur  de  Capoue,  44, 
45.  —  Sa  lettre  au  connétable  au 
sujet  du  prieur  de  Capoue,  45.  — 
Ce  qu'elle  dit  de  Pierre  Strozzi  au 
connétable,  46.  —  Recommande  au 
duc  de  Guise  sa  sage-femme,  46. 

—  Accouche  de  Henri  III,  46,  noie. 

—  Recommande  Pierre  Strozzi  au 
connétable,  47. — Le  recommande 
à  Henri  II,  '17.  —  Parle  de  la 
guerre  à  la  duchesse  de  Guise,  48. 

—  Regrette  le  départ  de  la  reine 
d'Ecosse,  48.  —  Remercie  Cosme 
de  l'envoi  d'une  fontaine,  48.  — 
Sa  maladie  à  Joinville,  49,  note. 

—  Écrit  à  M'"°  d'Humières  pour 
la  convalescence  de  sa  fille  Claude, 


49.    —    Complimente   la    conné- 
table, 4g.  —  Écrit  au  Parlement 
de  Dijon   pour   amendes  infligées 
à   la   duchesse  de   Guise,  49.  — 
Mande    au    cardinal    de    Bourbon 
de  réprimer  ies  prêcheurs  qui  se 
mêlent  des  affaires  de  l'Etat,   5o, 
5i.  —  Lui  écrit  au  sujet  de  l'impôt 
de  vingt  livres  par  clocher,  5i.  — 
Remercie  le  connétable  de  ses  bons 
offices  auprès  de  Henri  II,  52.  — 
Regrette  de  n'être  pas  auprès  de 
Henri  II,  52.  — Demande  des  nou- 
velles de  la  guerre,  52.  —  Parle  au 
connétable  de  son  pouvoir   comme 
régente,  52.  —  Ecrit  à  M""  d'Hu- 
mières au  sujet  de  ses  enfants  en- 
voyés à  Amboise,  53.  — Donnedes 
nouvelles  de  la  guerre  au  cardinal 
de   Bourbon,   54.  —  Le   compli- 
mente de  ce  que  ses  diocèses  ont 
satisfait  aux  emprunts,  54.  —  Lettre 
d'elle  à  M™"  d'Humières  au  sujet 
du   séjour  de  ses  enfants  à  Am- 
boise, 54.  —  Y  envoie  le  duc  d'An- 
goulême,  54.  —  Écrit  au  cardinal 
de  Bourbon  pour  la  vente  de  nou- 
veaux offices,  55.  —  Aux  gens  du 
Parlement  pour  la  vérification  des 
édits  des  aides  et  des  monnaies , 

55.  —  Au  connétable  au  sujet  des 
\ivres,  56. — Lui  parle  de  la  guerre. 

56.  —  Ecrit  à  l'évéque  de  Valence 
au  sujet  de  l'emprunt  à  lever  suc- 
son  diocèse,  56,  57;  — au  cardi- 
nal de  Bourbon  au  sujet  des  aides 
et  des  monnaies,  58  ;  —  aux  gens 
du  Parlement  de  Paris,  pour  la 
même  cause,  58.— Prie  M""  d'Hu- 
mières d'inviter  ceux  qui  sont  auprès 
de  ses  enfanls  de  n'écrire  qu'une 
seule  lettre  pour  en  donner  des 
nouvelles,  57. —  A  reçu  une  lettre 
de  la  Romanerie,  58.  —  Écrit  à 
Henri  II  au  sujet  de  la  venue  du 
prince  de  Salerne  et  des  proposi- 
tions des  Vénitiens,  5g.  —  ParL> 
de  l'envoi  du  duc  d'Orléans  à  Venise 
pour  y  être  élevé,  59.  —  Écrit  au 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


(j'.il 


duc  de  Perrare  an  sujet  de  l.i  venue 
de  son   fils  en    France,  60.  —   A 

Henri  [I  an  sujet  de  vaisseaux  an- 
glais pris  par  1rs  Bretons,  f>.r>.  (il. 

—  Demande  des  nouvelles  du  car- 
dinal de  Lorraine  à  la  duchesse  de 
Guise,  61.  —  Écrit  à  M™  d'Hu- 
mières  an  sujet  de  ses  enfants  el  du 
changement  de  la  nourrice  du  duc 
d'Orléans,  Ga.  —  Lui  demande  les 
peintures  de  ses  enfants  el  de  Marie 
Stuarl,  62.  -  La  prévient  que 
le  roi  veut  envoyer  ses  enfants 
lomorantin,  62.  -  Écrit  au 
cardinal  de  Bourbon  pour  la  créa- 
lion  d'un  juge  criminel  dans  chaque 
bailliage,  fia;  —  au  duc  de  Guise 
au  sujet  de  son  gouvernement  de 
Dauphiné,  63.— Parleà  M""  d'Hu- 
mières  de  la  nourrice  qui  a  été 
rendue  au  duc  d'Orléans,  63.  — 
Lui  demande  des  nouvelles  du 
duc  d'Angoulème.  63.  —  Demande 
au  connétable  des  nouvelles  du  Roi 
el  des  siennes.  64.  —  Parle  des 
maladies  qui  courent,  64.  —  De- 
mande des  inslruclions  pour  les  en- 
fants d'honneur,  64.  —  Écrit  à  la 
duchesse  de  Guise  au  sujet  de  la 
maladie  du  cardinal  de  Lorraine, 
li'i .  65.  —  La  félicite  de  sa  guéri- 
son,  65.  —  Demande  au  conné- 
table, en  cas  de  mort  de  M'"  de 
Dannemarie,  sa  place  auprès  du  duc 
d'Orléans  pour  la  femme  du  sr  de 
Bléneau,  63,  64.—  Béponse  que 
lui  adresse  le  connétable  à  ce  sujet, 
63,  note.  —  Ecrit  au  conné- 
table au  sujet  des  pionniers  qui  se 
retirent  du  camp.  65,  66.  —  De- 
mande à  la  connétable  de  ses  nou- 
velles,  66.  —  Prie  M""  d'Hntnières 
de  lui  envoyer  les  peintures  de  s  s 
enfants  et  de  Marie  Stuart,  66.  — 
Ecrit  au  connétable  que  sa  maladie 
tient  à  ce  qu'elle  ne  reçoit  pas  de 
nouvelles  du  Boi,  66.  —  Lui  de- 
mande de  l'eutretenir  en  la  bonne 
grâce  du  Boi,  66.  —  Attend  un  ordre 


pour  aller   à  Mézières.  lui  \i, 

nonce  au  connétable  son  arrivée  à 
Laon,  67.  —  Parle  du  dépari  de 
la  connétable  retournée  chei  elle. 
67.  —  Fait  pari  au  connétable  de 
son  itinéraire  pour  aller  rejoindre 
le  Boi,  67.  —  Plaisante  des  frayeurs 
de  M"  de  Nevers,  67.  -  Innonce 
la  prise  d'Ivoy  au  cardinal  de  Bour- 
bon. 67.  (iS.  —  Parleà  M"*d'Hu- 
mières  de  la  querelle  de  Ruffiac, 
valel  de  chambre  du  dnc  d'Angou- 
lème,  et  d'un  nommé  Lisle,  68. — 
I  tige  que  Ruffiac  demande  pardon 
à  ses  enfants,  68.  —  Ecrit  nu  con- 
nétable pour  annoncer  le  jour  de 
son  départ  de  Sedan  et  son  arrivée 
à  la  Fère,  68,  69.  —  Le  félicite  de 
l'accouchement  de  sa  fille  de  Tu 
renne,  69.  —  Recommandeà  Cosme 
Jehan  de  Montagu,  marchand  flo- 
rentin, à  l'occasion  d'une  nef,  69. 
—  Invite  M"*  d'Humières  à  (aire 
sevrer  le  duc  d'Orléans,  70. 
Bègle  le  manger  du  duc  d'Angou- 
lème, 70.  —  Inquiète  de  la  santé 
du  duc  d'Orléans,  et  s'en  prend  à 
sa  nourrice,  70.  —  Demande  à 
Cosme  une  place  à  Modène  pour 
le  neveu  de  Jean-Baptiste  Gondi . 
70.  —  Fait  visiter  Cosme  par  l'abbé 
de  Manne  qui  va  à  Borne,  70. —  Le 
prie  d'appuyer  l'évêque  de  Corbie 
qui  sollicite  le  cardinalat,  71.  — 
Écrit  au  connétable  que  Lansac  lui 
a  apporté  de  ses  nouvelles,  71.  — 
Lui  annonce  que  l'Empereur  est 
à  bout  di'  viyres,  71.  —  Bemercie 
Cosme  d'avoir  appuyé  la  demande 
du  chapeau  de  cardinal  pour  l'é- 
vêque de  Corbie,  7a.  —  Invite  le 
connétable  à  surveiller  Bassom 
pierre,  72.  —  Lui  rappelle  que  la 
maison  de  La  Chambre  est  sortie 
de  celle  de  Boulogne,  72.  —  Re- 
commande de  nouveau  à  Cosme 
Jeb.an  de  Montagu,  72.  —  Donne 
des  nouvelles  du  siège  de  Melz  à  la 
duchesse  de  Guise,  73.  —  Recom- 


mande Pierre  Gantier  à  la  conné- 
table. 7,'i:      àCosmeJean-BaptisIe 

1'..  h.  [venny,   7  '1.  —  Annonce 
duchesse  de    Cuise   son    arrivée    a 

Melun.    7.").  —    Recommandi 
Jehan  du  Tillel .  son  aumo 

nier,  qui  sollicite  du  Pape  les  expi 
ditions  de  l'évêchéde  Saint-Brieuc, 
7 '1 .  -."•..  Soutient  on  procès  à 
Rome  pian  les.  Marais  Pontins,  7.Y 
Se  réiouil  de  c  •  que  le  Roi  ne 
lail  pas  venir  ses  enfants  a  cause  de 
la  chaleur,  7").  -  Annonce  au  conné- 
lable  le  jourde  son  arrivée  a  Melun  . 
Regrette  la  prise  d'Hesdin 
76.  —  Écrit  au  connétable  au  sujet 
du  siège  de  Metz,  76,  77.  —  Lui 

annonce  la  blessure  mortelle  d'Ho- 
ice   Parnèse,  duc  de  Castro,  77 
Plaint  Diane  de  France  de  la 
douleur  qu'elle  a  de  sa  mort,  77. 
-  Fait  des  vceux   pour  l'heureux 
-m  cèsde  l'expédition  du  connétable 
78. —  Lui  demande  ce  qu'elle  doit 
répondre  à  Cosme,  78.      S'applau- 
dit des  succès  du   connétable,    -y. 
Lui  demande  des  nouvelles  de 
Henri  II,   79.  —  Désire  la  reprise 

lin,  79.  -  Se  plaint  de 
qui  ont  rendu  celle  place,  79.  — 
Souhaite  au  connétable  un  heureux 
succès  dans  la  campagne  qu'il  'en- 
treprend, 79.  --  Le  fin  aie  di 
>:<  victoire,  79.  —  Ne  voudiait 
■  pas  que  le  Boi  rejoignit  l'armée, 
Envoie  à  la  connétable  des 
nouvelles  du  connétable  et  la  prie 
de  venir,  80.  —  Demande  à  la  con- 
nétable de  ses  nouvelles,  80.—  Lui 
redemande  M"' de  la  Berlandière, 
80.  —  Annonce  à  la  dur  liesse  de 
Guise  son  départ  pour  Amboise. 
80. —  Voudrait  1  aussi  bien  avec 
son  mari  que  la  duchesse  avec  le 
sien,  80.  -  Réclame,  comme  ré- 
gente, aux  capilouls  de  Toulouse  les 
di  mers  qui  proviendront  de  l'enga- 
gement du  domaine  royal,  81.  — 
Invite!.-  trésorier  de  Lezignv  3 

87. 


692 


TABLE  DES  MATIERES. 


tourner  au  lieu  de  sa  résidence,  81. 

—  Félicite  le  connétable  de  la  re- 
traite de  l'ennemi,  82.  —  Annonce  à 
la  connétable  la  retraite  de  l'Empe- 
reur, 8a. —  Regrette  de  n'avoir  pu 
voir  la  duchesse  de  Guise,  8a.  — 
Espère  un  appointement,  83.  — 
Regrette  que  la  duchesse  de  Guise 
ne  vienne  pas  la  voir,  82.  —  Lui 
donne  des  nouvelles  de  la  guerre, 
83.  —  En  donne  au  duc  de  Fer- 
rare,  83.  —  Envoie  demander  des 
nouvelles  du  connétable,  84,  85. 

—  Parle  de  sa  fièvre ,  85.  —  Ecrit 
aux  capitouls  de  Toulouse  au  sujet 
du  rachat  des  rentes  de  Toulouse, 
85. —  Approuve  lemariage  de  la  fille 
de  CosmeavecJordanUrsin,  85.  — 
S'offre  pour  marier  les  autres  enfants 
du  duc,  85.  —  Envoie  des  lettres  à 
la  duchesse  de  Guise,  86.  —  An- 
nonce l'arrivée  du  Roi  à  Catean-Cam- 
brésis,  8(5.  —  Ecrit  aux  gens  du 
Parlement  de  Paris  pour  se  plaindre 
des  placards  apposés  à  Saint-Inno- 
cent et  à  la  porte  du  Châlelet,  8G. 

—  Donne  des  ordres  pour  la  sûreté 
de  la  ville,  86.  —  Recommande 
Xicolo  Alamanni  au  connétable, 
87.  —  Parle  de  la  santé  délicate 
de  Marguerite,  sa  fille,  87.  — 
Donne  à  la  connétable  des  nouvelles 
du  connétable  et  de  Damville,  87. 

—  Demande  à  M.  de  Boisy  de  ne  pas 
envoyer  au  camp  les  s"  de  Murât  et 
île  la  Tour  d'Argy,  ses  gentilshommes 


ordinaires,  I 


•Recommande  au 


connétable  Micolo  Alamanni,  87. 
—  Donne  des  nouvelles  de  la  cour 
du  duc  deFerrare,  88.  —  Ecrit  à 
Léon  Strozzi  qui  demande  à  ren- 
trer au  service  de  la  France,  88. — 
Lui  promet  un  évèché,  88.  — 
Donne  des  nouvelles  de  l'armée  à 
l'évéque  de  Bayonne,  8g.  —  De- 
mande de  ses  nouvelles  à  la  conné- 
table, 89.  —  Lui  annonce  que, 
grâce  au  connétable,  Pierre  Strozzi 
est  nommé   maréchal  de    France, 


89.  —  Invite  Henri  II  à  dire  au 
comte  de  Birague  qu'il  n'a  en  vue 
que  la  liberté  de  Florence,  90.^ 
Lettre  d'elle  au  duc  de  Guise  pour 
les  besoins  de  l'armée,  91.  —  Com- 
plimente la  connétable  à  l'occasion 
de  la  mort  de  M"e  de  Villars,  9a. 

—  Annonce  aux  gensdu  Parlement 
de  Paris  la  création  de  quatre  places 
de  maîtres  des  requêtes,  93.  — Re- 
commande au  maréchal  de  Brissac 
Jehan  Alamanni,  93.  —  Fait  part 
à  l'évoque  de  Bayonne  de  la  bataille 
de  Renty,  g.3,  gi.  —  Annonce  à  la 
connétable  le  retour  du  Roi  et  du 
connétable,  96. —  Répond  à  la  let- 
tre de  la  duchesse  de  Mantoue  ap- 
portée par  le  comte  Ludovic,  96. 

—  Recommande  son  secrétaire  de 
Plais  à  Pierre  Strozzi,  97.  —  Com- 
plimente la  duchesse  de  Mantoue, 
98.  —  Ecrit  au  connétable  au  sujet 
du  cuisinier  du  pape,  98.  —  Lui 
annonce  qu'elle  se  porte  mieux,  98. 

—  Inquiète  du  siège  de  Port-Her- 
cules, 98.  —  Ecrit  au  connétable 
à  l'occasion  de  la  conférence  d'Ar- 
dres,  99.  —  Envoie  M"e  de  la  Ber- 
landière  pour  soigner  la  connétable 
malade,  100.  —  Recommande  à 
M.  de  Saint-Laurens  les  comtes 
de  La  Chambre,  101. —  Recom- 
mande M"e  de  Monfort  au  Parle- 
ment de  Dijon ,  101.  —  Recom- 
mande Jehan  Narbonneau,  son  fer- 
mier, à  M.  du  Bouchage  ,  10a.  — 
Annonce  an  connétable  l'arrivée  de 
François  de  Montmorency  à  Pé- 
ronne,  io3.  —  Complimente  le  car- 
dinal de  Ferrare,  io3.  —  Recom- 
mande le  commandeur  de  Genevoys 
à  M.  de  Saint-Laurens,  1  oi.  —  An- 
nonce au  duc  de  Ferrare  le  départ 
du  duc  de  Guise  pour  l'Italie, 
io5. —  S'en  remet  à  ce  que  lui 
dira  le  comte  Théophile,  to5. — 
Recommande  la  veuve  du  s'  de 
Monlfort,  io5.  —  Complimente  le 
duc  de  Ferrare,   106.  —  Recom- 


mande Jean  de  la  Queille  au  Parle- 
ment de  Dijon,  106.  —  Écrit  au 
connétable  en  prison,  107; —  au 
pape  pour  son  procès,  108;  — 
à  Boucher  au  sujet  de  ses  pro- 
cès en  Italie,  108,  note.  —  Re- 
mercie le  s'  de  Caulincourt  de  ses 
bons  services,  108.  —  Ecrit  au 
cardinal  Strozzi  pour  ses  procès  en 
Italie,  109;  —  au  pape  pour  ses 
procès,  109.  —  Remercie  le  comte 
de  Palliano  du  soin  qu'il  donne  à 
ses  procès,  110.  —  Écrit  au 
comte  de  Palliano  pour  le  féli- 
citer de  l'accord  fait  par  le  pape 
avec  le  roi  d'Espagne ,  110.  —  Lui 
recommande  ses  affaires,  110. — 
Ecrit  à  M.  de  Selve  pour  son  pro- 
cès, 111; — au  pape  pour  la  même 
cause,  112; —  à  Saint-Ferme  pour 
la  même  cause,  1 13,  1 14,  1 15; — 
au  cardinal  Strozzi  pour  la  même 
cause ,  1 1 5 ;  —  au  conservateur  de 
Naples  pour  la  même  cause,  11 5; 
—  à  l'ambassadeur  Jean  de  la 
Vigne,  116;  —  au  connétable 
pour  savoir  des  nouvelles  de  sa 
blessure,  116,  117.  —  Donne  des 
nouvelles  du  Roi  et  de  ses  enfants 
au  connétable  encore  prisonnier. 
117,  118.  —  Lui  annonce  les 
noces  de  son  fils  avec  Marie  Stuart, 

117.  118.  —  Complimente  la  con- 
nétable, 118.  —  Recommande  à 
M.  de  la  Vigne  Antoine  de  Ser- 
man,  prisonnier  du  Grand -Sei- 
gneur, 118.  —  Envoie  l'évéque 
de  Béziers  trouver  le  connétable, 

118.  —  Écrit  au  maréchal  de  Bris- 
sac  pour  le  complimenter  d'une 
victoire  de  son  frère  de  Gonnor, 

119.  —  Écrit  au  connétable  par 
Damville,  119.  —  Ce  qu'elle  dit 
de  Diane  de  France,  120.  — 
Fait  part  au  duc  de  Mantoue  du 
mariage  de  sa  fille  Elisabeth 
avec  Philippe  II,  130.  —  An- 
nonce la  paix  au  duc  de  Savoie, 
130.  —  Le  complimente   de   son 


__-,. 


,-*-, 


TUILE  DES  MATIÈRES. 


693 


mariage  avecMargueritede  France, 
iai.  —  Prie  M  ""  de  Brissac  de 
lui  faire  envoyer  des  draps  d'or 
achetés  en  Italie,  i  -j  î .  —  Remer- 
cie la  princesse  de  Portugal  des 
lettres  de  consolation  qu'elle  lui  a 
écrites,  121.  —  Remercie  le  prince 
d'Espagne  de  l'avoir  fait  visiter  par- 
le marquis  de  Tanara,  139.  — 
Remercie  Cosme  de  ses  lettres  de 
condoléance  après  la  mort  de  Hen- 
ri II.  139. —  Le  prie  de  permettre 
i  la  mère  et  à  la  grand'mère  de  Je- 
han Cavalcanti  de  disposer  de  leurs 
biens,  \i'i.  —  Remercie  de  nou- 
veau Cosme  de  ses  lettres  de  condo- 
léance, la.'i,  1  n  '1. —  Annonce  au 
duc  de.  Savoie  l'embarquement  du 
roi  d'Espagne,  12I. —  Prévient  le 
connétable  qu'elle  a  demandé  l'ab- 
baye  de  Maubuisson  pour  sa  fi  Ile , 
195.  —  Remercie  la  reine  Elisabeth 
d'Angleterre  de  ses  lettres  de  con- 
doléance, îsô,  ia6.  —  Prie  M.  de 
Noaiiles  de  lui  acheter  des  chevaux 
en  Angleterre,  1 26.  —  Remer- 
cie le  duc  de  Manloue  de  ses 
lettres  de  condoléance,  126.  — 
Recommande  au  Parlement  de  Di- 
jon le  sr  de  Corrabceuf,  197.  — 
Annonce  au  connétable  la  mort  du 
duc  de  Ferrare,  1^7.  —  Annonce  au 
connétable  son  départ  pour  Blois, 
1  ■>.-.  —  Lui  l'ait  part  du  prochain 
départ    de  sa   fille  pour  l'Espagne, 

127.  —  Fait  demander  de  ses 
nouvelles  au  duc  de  Savoie  par 
d'Elbène,  127,  1  28.  —  Regrette 
le  départ  de  la  duchesse  de  Savoie, 

128.  —  Ecrit  aux  magistrats  de 
Metz  au  sujet  de  l'exercice  de  la 
religion  réformée  en  leur  ville, 
1 28.  —  Remercie  le  duc  de  Savoie 
des  égards  qu'il  témoigne  à  Mar- 
guerite de  France,  1  ig.  —  Annonce 
au  connétable  que  François  de  Mont- 
morency, son  fils,  est  nommé  ma- 
réchal ,  128,139.  —  Éc"' a"  s"je' 
de  la  rançon  du  connétable,  139. 


-  Part  pour  Veiienil,  129.  —  Xe 
dépassera   pas  Châtellerault,  19g 

—  Demande  à  Renée  de  Ferrarre 
de  venir  la  trouver,  i3i.  —  Re- 
commande  le  comte  de  Fiesque 
à  Philippe  II,  i.'ii.  —  Conseils 
qu'elle  adresse  à  François  de  Mont- 
morency, i3o,  i3i.  —  Annonce 
la  conspiration  d'Amboise  à  la  du- 
chesse de  Guise,  i39,  —  Donne 
de  ses  nouvelles  au  connétable, 
i.!j.  — Lui  recommande  Diane  de 
France,  182.  —  La  demande  à 
Rlois,  i3a. —  Fait  visiter  la  reine 
Elisabeth  par  l'évéque  de  Valence, 
i39.  —  Demande  une  galère  à 
Cosme  pour  le  cardinal  de  Tour- 
non,  1 33.  —  Témoigne  au  duc  de 
Ferrare  l'amitié  qu'elle  et  le  Roi 
ont  pour  son  fils  Louis  d'Esté.  1  33. 

—  Remercie  le  duc  de  Savoie  de 
ses  offres  de  service  au  moment  de 
la  conspiration  d'Amboise,  i34.  — 
Lui  annonce  que  les  choses  s'a- 
paisent,  i34.  —  Remercie  le  duc 
de  Ferrare  de  ses  bonnes  démons- 
trations, i.3'i.  —  Le  remercie 
de  faucons  qu'il   a   envoyés,  i35. 

—  Complimente  affectueusement 
le  duc  de  Savoie,  i35.  —  Ecrit 
au  connétable  à  l'occasion  de  l'ac- 
couchement de  sa  belle-fille  Dam- 
ville,  î.'i.'i.  —  Ecrit  au  duc  d'Albe 
an  sujet  de  la  guerre  avec  l'An- 
gleterre, ■  36.  —  Sollicite  son  in- 
tervention, i3G.  —  Donne  ordre 
au  comte  de  Tende  d'envoyer  des 
galères  pour  ramener  le  cardinal 
de  Tournon,  1.37.  —  Demande  au 
duc  de  Savoie  de  laisser  François 
de  Menthon  servir  comme  enseigne 
dans  la  compagnie  du  duc  d'Etam- 
pes,  1.37,  i38.  —  Remercie  MM. 
de  Gènes  de  leurs  offres,  1 38.  — 
Demande  des  renseignements  à  l'é- 
véque de  Limoges  sur  lesuicide  d'une 
des  tillesd'honneurde  la  reine  d'Es- 
pagne, 139.  —  Recommande  Gondi 
à  Cosme,  1/10.  —  Interroge  la  du- 


chesse  de  Savoie  sur  la  situation  qm 
leduc  fera  au  président  de  Birague, 

1  '10,  1  '1 1 .  —  Demande  au  duc  d< 
Savoie  des  nouvelles  de  la  duchesse, 
1  '1 1 .  —  Lui  recommande  Morette, 
163.  —  Invite  François  de  Mont- 
morency  i  venir  la    trouver,  1 '1 1 . 

—  Remercie  l'évéque  de  Limoge! 
des  non  H  qu  il  lui  envoie  de  la 
reine  sa  fille  et  des  conseils  qu'il  lui 
donne.  1  la,  1  13.  —  Lui  annonce 
son   arrivée  à  Fontainebleau,  1 63 

—  Le  prie  d'obtenir  que  son  en- 
trevae  avec  le  roi  d'Espagne  soit 
remise,  1  63.  —  Fait  témoigner  par 
l'évéque  de  Borgo  de  sa  borne  vo 
lonté  à  Cosme,  1  '1/1.  —  Remercii 
le  duc  de  Savoie  des  soins  qu'il 
donne  à  la  duchesse,  1/1/1.  —  Ma- 
nifeste à  la  connétable  le  désii 
qu'elle  a  que  le  connétable  vienne 
à  Fontainebleau ,  tll.  —  Recom- 
mande le  baron  de  Lagarde  au  roi 
de  Navarre,  1  iô.  —  Invite  le  roi 
de  Navarre  à  ne  pas  s'opiniâtrei 
Al5. —  Lui  demande  s'il  faut  en 
voyer  son  fils  à  la  messe,  i'i.'i. 
Ecrit  à  l'évéque  de  Limoges  au  sujet 
du  mariage  de  sa  fille  Margueril" 
et  de  Don  Carlos,  t45.  —  Satisfaite 
de  ce  que  le  roi  d'Espagne  a  fait 
pour  M™"  de  Vineux,  i46.  —  Prie 
le  connétable  d'amener  sa  belle 
fille,  la  maréchale  de  Montmoren 

1  46.  —  Invite  le  roi  de  Navarre  à 
venir  à  la  cour,  166,  1 '17. —  Prie 
Crussol  de  dire  au  roi  de  Navarre 
que  tout  ce  qu'elle  a  appris  de  l'en- 
treprise découverte  par  les  papiers 
de  la  Sague,  l'a  été  par  avertisse- 
ment donné  par  le  connétable,  1  16. 

—  Remercie  le  duc  de  Savoie  de 
ses  offres  de  service,  1/17,  1/18. — 
Prie  la  reine  de  Navarre  d'ajoulei 
foi  à  ce  que  Crussol  lui  dira  de  - 
part,  1/18.  —  Écrit  au  roi  il  I! 
pagne  à  l'occasion  de  la  mission 
d'Antonio  de  Tolède,  iig. —  Se 
plaint  au  roi  de  Navarre  de  ce  qu'il 


69 'i 


TABLE  DES  MATIERES. 


retarde  son  voyage,  i5o.  —  Écrit 
an  cardinal  de  Chàlillon  et  à  Fran- 
çois de  Montmorency,  i5o.  —  Se 
plaint  à  Montpezat  d'une  requête 
lue  aux  Étals  de  Poitiers,  i5o,  i5i. 
—  Satisfaite  de  ce  que  le  roi  d'Es- 
pagne est  content  des  jardiniers 
qu'elle  lui  a  envoyés.  i5i.  —  Re- 
commande le  médecin  Morange  à 
M.  de  Limoges,  i5i.  —  Ecrit  aux 
gens  du  Parlement  de  Paris  pour 
les  prier  d'approuver  l'institution  de 
la  compagnie  de  Jésus,  îûa.  — 
Écrit  à  la  reine  d'Espagne  au  sujet 
des  divisions  des  dames  de  sa  suite, 
i5a.  —  Conseils  qu'elle  lui 
donne  pourse  tenir  avec  elles,  i5a, 
1  53,  —  Invite  le  connétable  à  venir 
la  rejoindre  à  Orléans.  1 53.  — 
Ecrit  à  la  connétable  pour  y  décider 
le  connétable,  i53. —  Écrit  au  con- 
nétable à  l'occasion  du  don  qu'il  a 
reçu  des  États  du  Languedoc,  1 53, 
î  ~\  'j  :  —  à  liabou ,  évêque  d'Angou- 
lème.  en  faveur  de  Pierre  Aldo- 
brandin,  i5'i.  -«-  Annonce  à  la 
duchesse  de  Savoie  la  maladie  de 
François  II,  i5u,  i55.  —  Envoie 
Lansac  au  connétable,  î  55. —  Fait 
part  à  l'évêque  de  Rennes  de  la 
mort  de  François  II,  i55,  i56.  — 
Ce  qu'elle  écrit  à  l'évêque  de  Li- 
moges sur  le  concile  de  Trente  et 
sur  le  lieu  de  sa  réunion,  i5(i, 
i  07.  —  Invite  le  duc  d'Aumale  à 
continuer  ses  bons  services  à  Char- 
les IX,  iSy.  —  Enjoint  au  lieute- 
nant criminel  de  Paris  de  suivre  les 
ordres  du  roi,  157. —  Envoie  des 
tançons  au  roi  d'Espagne,  1 58.  — 
Invite  sa  fille,  la  reine  d'Espagne,  à 
ne  pas  s'inquiéter  d'elle,  i58. — 
Conseils  qu'elle  lui  donne,  i58. — 
Ecrit  à  Tavannes  et  compte  sur  sa 
vigilance,  109.  —  Écrit  à  l'évêque 
de  Rennes  qu'a  défaut  du  concile 
général  elle  sera  tenue  de  venir  au 
>  oncile  national ,  1 5g.  —  Dément  la 
nouvelle  qu'on  veut  fairede  Cosine  un 


roi  de  Toscane,  160. —  Parle  du  ma-  ' 
riage  de  l'un  des  fils  de  Cosme  avec 
unedesfillesde  l'Empereur,  1  60. — 
Invite  Sénarpont  à  se  montrer  ferme . 
160. —  Donne  l'ordre  à  Tavannes 
de  se  saisir  des  Maligny,  161.  — 
Ecrit  à  l'évêque  de  Limoges  à  l'oc- 
casion de  la  maladie  de  sa  fille,  la 
reine  d'Espagne,  162.  —  Lui  an- 
nonce la  conclusion  des  États  d'Or- 
léans, 162.  ■ —  Prescrit  des  mesures 
pour  le  payement  de  la  dot  de  la 
reine  d'Espagne,  i63.  —  Ecrit  à 
Philippe  II  pour  savoir  des  nouvelles 
desa  fille,  1 03.  —  Demande  au  duc 
de  Savoie  de  maintenir  le  filsded'EI- 
bène  dans  la  possession  de  l'abbaye 
de  Haute-Combe,  16/1.  —  Donne  de 
nouvelles  instructions  à  Tavannes 
pour  arrêter  les  Maligny,  i65.  — 
Écrit  aux  Étals  d'Ecosse,  i65. — 
Remercie  Cosme  de  ce  qu'il  lui  a 
fait  dire  après  la  mort  de  Fran- 
çois II,  1 60.  —  Remercie  Phi- 
Lippe  II  de  ses  offres ,  16G; — de  lui 
avoir  annoncé  la  guérison  de  sa  fille, 
167. —  Ecrit  au  Parlement  de  Dijon, 
167.  —  Écrit  de  nouveau  à  Tavannes 
au  sujet  des  Maligny,  1 68  ;  —  au 
Parlement  de  Paris,  )68;  —  au 
Parlement  de  Dijon,  168.  —  Pres- 
crit à  Tavannes  ce  qu'il  doit  faire 
pour  les  choses  de  la  religion,  168. 
—  Demande  des  cygnes  à  M.  d'Hu- 
mières,  1  lig.  —  Remercie  le  duc 
de  Ferrare  de  sa  lettre  de  condo- 
léance après  la  mort  de  François  II , 
16g.  —  Remercie  la  reine  d'An- 
gleterre de  l'envoi  du  comte  de 
Redfordet  de  ses  marques  d'amitié, 
j  70.  —  Ecrit  au  Parlement  de  Pa- 
ris, 170;  —  à  M.  de  Caumonl, 
•  70.  —  Annonce  à  M.  de  Limoges 
la  réconciliation  du  roi  de  Navarre 
et  de  M.  de  Guise ,  171.  —  Écrit  à 
l'évêque  de  Rennes  pour  presser  la 
réunion  du  concile,  171;  —  au 
duc  d'Étampes  au  sujet  des  Étals  de 
Bretagne,     1 73 ;    —    à    Ruslan- 


Bassa,  176.  —  Remercie  ic  prinev 
d'Evoli  de  sa  bonne  volonté  à  l'égard 
de  sa  fille,  176,  175.  —  Re- 
mercie également  de  ses  bons  offices 
la  comtesse  d'Ureigne,  175.  — 
Se  plaint  au  duc  d'Étampes  d'une 
l'union  tenue  à  Paris  pour  lui  6ter 
la  régence,  1  —  '1 .  —  Écrit  à  l'évêque 
de  Rennes  en  envoyant  vers  lui 
Vieilleville,  170.  —  Recommanda- 
tions qu'elle  fail  au  Parlement  de 
Paris,  1  7(1.  —  Demande  à  sa  fille  . 
la  reine  d'Espagne,  l'abbaye  de  Fé- 
lines pour  sœur  Claude  de  Montmo- 
rency, 176.  —  Écrit  à  l'évêque  de 
Limoges  pourse  plaindre  d'une  ten- 
tative sur  son  autorité  par  une  as- 
semblée des  États  tenue  à  Paris, 
177.  —  Se  réconcilie  avec  le  roi 
de  Navarre,  177.  —  Le  nomme 
lieutenant  général,  1  77.  —  Se  loue 
des  bons  offices  de  Chantonnay  dans 
son  conflit  avec  le  roi  de  Navarre. 
178. —  Prévient  le  Parlement  de 
Paris  du  jour  fixé  pour  l'entrée  de 
Charles  IX  à  Paris,  17g.  —  Revient, 
dans  une  lettre  à  l'évêque  de  Li- 
moges, sur  son  conflit  avec  le  roi 
de  Navarre,  17g.  —  Offre  sa  mé- 
diation à  Philippe  II  auprès  du 
Grand-Seigneur,  180.  —  Sollicite 
auprès  de  Philippe  II  une  récom- 
pense pour  le  roi  de  Navarre.  180. 

—  Fait  part  au  duc  d'Étampes  de 
son  conflit  avec  le  roi  de  Navarre, 
180,  181.  —  Annonce  au  Parle 
ment  de  Paris  la  nouvelle  convoca- 
I mu  des  Etals,  181.  —  Se  plaint  à 
l'évêque  de  Rennes  de  la  longueur 
de  la  convocation  du  concile,  181. 

—  Lui  fait  des  promesses  de  récom- 
pense, 181.  —  Enjoint  au  Parle- 
ment de  Paris  de  réprimer  certains 
prédicateurs,  182.  —  Écrit  à  Boisv 
de  n'envoyer  au  sacre  que  vingt- 
cinq  genlilhommes  de  chaque  com- 
pagnie, 189. —  Prévient  l'évêque 
de  Limoges  que  le  comte  d'Eu  em- 
porte le  collier  de  l'ordre  de  la  Toi- 


fABLB  DES  MATIÈRES. 


695 


son,  i83.  —  invile  le  comte  de 
Tende  à  punir  les  ailleurs  des  émo- 
lious  survenues  en  Provence,  i83, 

—  Fait  déchiffrer  la  lettre  du  reli 
gicux  que  lui  a  envoyée  l'i  vêque  de 
Limoges,  188.  —  Lui  fait  pari 
des  prétentions  de  Philippe  II  mu 
Sienne,  i84.  —  Demande  Sienne 
pour  le  roi  de  \avarre,  itSa.  — 
Veut  élever  te  prince  d'Evoli  au 
détriment  do  duc  d'Albe,  i84. 
Ecrit  an  Parlement  de  Dijon  en  l'a- 
veurde  M'"  de  Bernaull .  i85. 
Recommande  le  s'  d'Aamonl  au 
Parlement  de  Dijon,  i85.  Écril 
à  t'évéque  de  Rennes  au  sujet  d'un 
projet  de  mariage  entre  l'archiduc 
Charles  el  Marie  Stuart,  186. — 
Ecrit  à  M.  Geignet  pour  les  paye- 
ménts  à  faire  aux  Suisses.  187  :  — 
pour  le  sel  demandé  par  ceux  de 
Berne,  187:  —  à  M.  de  Caumont 
pour  l'exempler  du  voyage  d'Angle- 
terre, 1 87.  —  Dispense  M.  de  Boisy 
d'assister  au  saere  de  Charles  IX. 
186.  —  Envoie  à  l'ambassadeur 
d'Espagne  l'ordonnance  l'aile  pour 
pourvoir  aux  troubles,  188.  — 
Ecrità  l'évèque  de  Limoges  au  sujet 
delà  religion,  188,  18g.  —  L'en- 
tretient des  projets  de  mariage  de 
la  sœur  de  Philippe  II.  189. 
L'engage  à  ménager  une  entrevue 
entre  elle  et  le  roi  d'Espagne.  190. 

—  Espérances  qu'elle  cherche  à 
donner  au  roi  de.  Navarre,  190.  — 
Se  plaint  à  l'évèque  de  Rennes  des 
retards  apportés  à  la  convocation 
du  concile,  191.  —  A  défaut  du 
concile,  convoquera  une  assemblée 
des  prélats  el  grands  personnages, 
191.  —  Invite  le  procureur  général 
a  surveiller  les  assemblées  de  la  re- 
ligion, 198.  —  Invite  M.  d'Hu- 
mé res  à  ne  point  quitter  son  gou- 
vernement, ii)3.  —  Annonce  au 
connétable  son  arrivée  à  son  château 
de  la  Kère,  196.  —  Lui  l'ait  accor- 
der des  droits  de  relief,  tait.  —  Le 


remercie  de  ce  qu'il  a  fait  pour 
l'évéi  lie  de  Senlis,  1  çi'i.  L'avei  lit 
des  bruits  qui  courent  d'assemblée 
d'hommes  d'armes  à  Reims,  ig'i. 

—  Écrit  au  Parlement  de  Paris  au 
sujel  des  pairs  devant  assister  au 
sacre,  îg'i.  —  Veut  faire  repré- 
senter au  sacre  le  duché  «le  Bour- 
gogne  par  son  lils,  le  due  d  1  II 
léans,  ioJ>.  —  Ecrit  à  M,  de  Boisy 
pour  les  mandils  des  arquebusiers 
du  Roi,  ig5;  -  à  Burie  poul- 
ies irouliles  d'Agen,  196;  à 
\l.  de  Bordillon  pour  les  places 
du  Piémont,  îgti;  —  au  même 
pour  le  mariage  qu'il  vient  de 
faire,  196;  —  au  Parlement 
de  Paris  pour  presser  le  procès 
du  prince  de  Coude,  197.  —  Rap- 
pelle au  duc  de  Nemours  le  langage 
qu'il  lui  a  tenu  à   Nanteuil,   197. 

—  Approuve  le  connétable  de  l'envoi 
du  maréchal  de  .Montmorency  à 
Paris,  198.  —  Lui  annonce  son 
dépai  l  pour  Braine,  1 98.  —  Blâme 
le  Parlement  de  Paris  de  n'avoir  pas 

payé  les  gens  du  guet.  198. 
Retiendra  leur  payement  sur  huis 
iges,  1  i:i|,  —  Renie  rie  le  conné- 
table de  l'envoi  de  son  lils  à  Paris. 
199.  Lui  annonce  son  arrivée  à 
Chantilly,  199.  —  Envoie  L'Huillier 
en  Espagne.  199.  —  Ses  bons 
en   l'aviur  de    Marie  Stuart , 

190.——  Parleà  l'évèque  de  Limoges 

des  filles  d'honneur  de  la  reine 
d'Espagne,  sa  fille,  soo.  An- 

nonce l'envoi  de  L'Huinier  à  Plu- 
lippe  II,  -ioo.--  Ecrit  au  Parle- 
ment de  Paris  pour  en  finir  avec  le 
proi      du  prim  e  de  Condé,  acn . 

—  Au  duc  de  Savoie  pour  lui 
annoncer  le  relard  de  l'entrée  de 
Charles  IX  à  Paris,  nu  ;  —  au 
même  pour  le  féliciter  de  la  gros- 
sesse de  la  duchesse,  20a.  —  An- 
nonce son  itinéraire  au  connétable, 
20a.  —  Le  prie  de  donner  congé  à 
San  Pietro  Corso,  30a,-  -Se  plaint 


a  l'évèque  de  Rennes  des  difficultés 
que  rencontre  la  réunion  du  concile . 
a".'!.        Se  plaint  au  duc  de  Flo- 

le  l'emprisonnement  qu'a  fail 

le  pape  du  comte  de  Gaiazo,  ao5 

—  Pense  au  roi  de  Navarre  | 

Sienne.  •.•0.1,  noie.   -  Écrite  Coi 
gnel  à  l'occasion  de  la  traite  du  sel 
20Û,  206.   -A  l'évèque  de  Menues 
au  sujet  des  craintes  que  l'on  a  d'une 

guei  1  e  avec  l'Espagne,  :'.'>(>.  Lui 
parle  des  proposqueluia  tsnusl'em- 
percur  Ferdinand  sur  le  projet  d'un 
coni  île  national,  207.  —  Écrit  au 
Parlement  de  Paris  touchant  la  tran- 
saction faite  avec  le  dur  de  Mont 
pensier,  307,  208.  —  Approuve  les 
zens  du  Parlement  de  Paris  den'a 

voir  pas  l'ail  arrêter  deux  predican'» 
-  Ecrit  au  comte  du  I. ml- 
au  sujet  des  émotions  survenues  . 
Poitiers,  208.  —  A  l'évèque  de 
Rennes  pour  démentir  les  bruit 
qui  oui  couru  d'une  rupture  avei 
l'Espagne,  208.  —  Se  plaint  à  lui 
du  retardement  du  concile,  309; 
Parle  d'une  lettre  de  l'empereur  I  ei 

dinaiid  au    sujet   d'un    concile    n.l 
lional,  209.  —  Ecrit  au  Parlemi  ni 
de  Bourgogne  en  faveur  du  mari 
chai   de  Saint-André,  210.  —  Re- 
cuit de  Xicot  de,  herbes  merveil 
leuses,   210,  note.      -  L'invite    ■ 
quitter  le  Portugal,  210,  an. 
Recommande  a  l'évèque  de  Limoges 
Michel   AiiIhi  \  dont  le  vaisseau 
été  pris  par  les  Espagnols,  211. 
Écril  â  Burie  au  sujel  des  troubles. 
212;  — au  roi  d'Espagne  en  fa 
vent  du  roi  de  Navarre,  ■■  1  •>  .  ai 

—  A  permis  l'envoi  de    M.  d'àu- 
sanoeen  Espagne  pour  les  affaires 
du  roi  de  Navarre, ai 4.  —  Reoom 
mande  au    duc    d'Albe  le   8'   d  V 
saine.  21  â.  —  Le  recommande  a 
prince  d'Evoli,  Sl5.    —  Le  recom- 
mande de  nouveau  au  duc  d'Albe 
21 5.  —  Prie   Cosme   de   ne    ps 
rerevoir   les    receveurs    ou    trésn 


696 


TABLE  DES  MATIERES. 


riers  qui  auraient  malversé,  216. 

—  Recommande  M.  d'Ausance  à 
l'évêque  de  Limoges,  316.  —  Re- 
commande le  capilaine  Labbé  au 
sT  Erasso,  216,  217;  —  le  ca- 
pitaine Lisle  au  même,  217;  —  le 
même  au  sr  de  Chantonnay,   218. 

—  Envoie  l'édit  de  juillet  au  Parle- 
ment de  Dijon,  219.  —  Demande 
à  la  duchesse  de  Guise  des  nouvelles 
du  duc  tombé  malade,  218.  —  Fé- 
licite M.'  de  Martigues  de  l'ordre 
établi  à  Nantes,  217.  —  Lui  permet 
de  revenir  à  l'arrivée  de  M.  de 
Bouille,  217. — Invite  François  de 
Montmorency  à  venir  la  trouver, 
218.  —  Envoie  au  Parlement  de 
Paris  l'ordonnance  d'Orléans  pour 
la  vérifier,  218.  —  Envoie  l'édit  de 
juillet  au  Parlement  de  Paris  pour 
l'enregistrer,  218.  —  Réclame 
la  liberté  de  prisonniers  français 
détenus  sur  les  galères  du  capitaine 
Labbé,  217,  219.  —  Demande  de 
nouveau  à  la  duchesse  de  Guise  des 
nouvelles  de  son  mari,  220.  —  In- 
vite le  connétable  à  châtier  le  bailli 
d'Aunis,  220.  —  Annonce  au  roi 
d'Espagne  la  réunion  des  évêques  à 
Poissy,  221.  —  Explique  le  but  de 
leur  assemblée,  221.  —  Envoie 
l'édit  de  juillet  à  l'évêque  de  Li- 
moges, 23i.  —  Le  justifie,  222. 

—  Lui  parle  de  l'assemblée  des 
évèques  à  Poissy,  222.  —  Se  plaint 
de  l'intervention  de  l'ambassadeur 
du  roi  d'Espagne  à  l'occasion  de  la 
vente  du  temporel  des  biens  du 
clergé,  222. —  Prie  M.  de  l'isle  de 
remettre  au  pape  les  lettres  de 
Charles  IX,  222.  —  Remercie 
Mmo  d'Ureigne  des  soins  donnés  à 
la  reine  sa  fille,  223.  —  Remercie 
également  le  s'  Vincenze,  223.  — 
Recommande  l'affaire  du  concile  à 
M.  de  l'isle,  223.  —  Disculpe 
M.  de  Matignon  de  l'accusation  de 
malversation,  22I1.  —  Félicite 
Coignet  d'avoir  découvert  les  moules 


des  faux- monnayeurs,  2 ai.  — 
L'invite  à  faire  des  remontrances 
aux  seigneurs  de  Renie,  a  a  A. — 
Enjoint  à  M.  de  Joyeuse  de  punir 
les  révoltés    du   Languedoc,   2 2 5. 

—  L'engage  à  permettre  le  ravi- 
taillement des  galères  d'Alger, 235. 

—  Invite  le  Parlement  de  Paris 
à  empêcher  l'impression  des  mau- 
vais livres,  326.  —  Félicite  le  duc 
de  Savoie  de  ce  que  la  duchesse 
a  senti  bouger  son  enfant,  226.  — 
S'en  remet  à  M.  d'Escars  envoyé 
vers  le  pape  par  le  roi  de  Navarre, 
226.  —  Recommande  au  duc  do 
Ferrare  Lopez  Gaillo,  227. —  Re- 
mercie le  cardinal  de  la  Bourdai- 
sière  de  lui  avoir  fait  connaître  les 
mauvais  offices  de  l'évêque  de  Cor- 
nouailles,  237.  —  Recommande  à 
M.  de  l'isle  le  fait  d'Annibal  Ru- 
cellai,  338.  —  L'invite  à  faire  con- 
naître au  pape  le  véritable  état  des 
choses  de  la  religion,  228.  —  Le 
charge  de  le  remercier  de  ce  qu'il 
a  fait  pour  l'évêque  du  Puy,  228. 

—  Fait  part  à  l'évêque  de  Rennes 
d'une  lettre  de  l'empereur  Ferdi- 
nand au  sujet  de  l'assemblée  de 
Poissy,  229.  —  Lui  fait  part  éga- 
lement de  sa  réponse,  229.  —  Voit 
avec  plaisir  la  tournure  des  affaires 
de  Hongrie,  229.  —  Ecrit  à  M.  de 
Bordillon  au  sujet  d'un  courrier  ar- 
rêté par  lui  et  de  papiers  saisis,  229. 

—  Lui  défend  d'en  saisir  d'autres, 
300.  —  Lui  annonce  ce  qui  a  été 
fait  pour  le  payement  de  ses  trou- 
pes, 280.  —  Lui  fait  part  des 
plaintes  du  nonce  et  de  l'ambassa- 
deur d'Espagne  au  sujet  du  courrier 
arrêté,  23o.  —  Ecrit  à  l'évêque 
de  Rennes  à  propos  des  divisions 
entre  les  électeurs  séculiers  de 
l'Empire,  23 1.  —  Lui  parle  des 
noces  du  prince  d'Orange  et  de  l'in- 
tention du  roi  de  Danemark  de  s'y 
rendre ,  2  3 1 .  —  Le  prévient  qu'il  y 
a  renoncé,  23 1.  —  Ecrit  au  duc  de 


Savoie  au  sujet  de  la  mort  de  M°"  de 
Montpensier,  a32.  —  Craint  que 
cette  nouvelle  n'influe  sur  la  santé 
de  la  duchesse,  2  3a.  —  Remercie 
le  roi  d'Espagne  de  l'honneur  qu'il 
a  rendu  à  ses  cousines  de  Rourbon 
et  de  Clermont,  a33.  —  Invite  le 
président  du  présidial  de  Poitiers  à 
ne  pas  publier  l'édit  de  juillet,  233. 
—  Annonce  au  prévôt  des  mar- 
chandsde Paris  la  remise  de  l'entrée 
de  Charles  IX  aujourdeQuasimodo, 
a3/t. —  Invite  le  Parlement  de  Paris 
à  publier  les  cahiers  des  États  d'Or- 
léans, s34.  —  Écrit  de  nouveau  à 
M.  de  Rordillon  au  sujet  des  papiers 
saisis,  334,  2  35.  —  Recommande 
le  sr  de  Fiesque  à  ceux  de  Gênes, 
235; —  au  duc  de  Savoie  Fran- 
cisque Charamont,  a35.  —  Écrit 
au  comte  de  Brissac  au  sujet  des 
compagnies  qu'il  mène  à  Poitiers, 
236.  — .  Fait  connaître  à  M.  de 
Rordillon  la  décision  prise  sur  le 
retranchement  des  compagnies  du 
Piémont,  a36.  —  Fait  part  au  con- 
nétable des  plaintes  de  ceux  de  Lan- 
guedoc sur  l'envoi  de  quelques  com- 
pagnies de  gendarmerie,  a36.  — 
L'invite  à  conlremander  leur  départ , 
236.  —  Annonce  à  l'ambassadeur 
d'Angleterre  qu'elle  a  donné  l'ordre 
de  réformer  dans  la  préface  du  livre 
de  Henri  VIII  contre  Luther,  les 
passages  injurieux  à  la  mémoire  du 
feu  roi,  237.  —  Demande  à  la  du- 
chesse de  Ferrare  une  escorte  pour 
Nicolas  de  Nicolai,  a 37.  —  Fait 
connaître  à  l'évêque  de  Rennes  ce  qui 
s'est  passé  à  la  suite  du  colloque  de 
Poissy,  237.  —  Les  évèques  lui  ont 
apporté  les  canons  qu'ils  avaient 
rédigés,  237.  —  A  fait  rendre  au 
culte  catholique  les  églises  saisies 
par  les  protestants  à  Tours  et  à 
Blois,  237. —  Invite  l'évêque  de 
Rennes  à  se  rendre  en  Bohème,  a 38. 
—  A  remis  l'argent  de  son  traite- 
ment aux  mains  de  Gondi,  a38. — 


mm  il  h 


TABI  !■".  DES  MATIÈRES. 


69-3 


S'en  remet  à  la  lettre  écrite  par 
Charles  1\  à  l'évéque  de  Lie 

sur  le  colloque  de  l'ni~- \     ■•  1 1 . 
Prie  l'évéque  de  rester  encore  en  Es- 
■■  'i  i .      Se  plaint  de  ce  que 

l'ambassadeur  d'Espagne  offre  l'ap- 
pui du  roi  son  maître  à  tous  les  ca- 
tholiques pour  maintenir  la  religion , 

-  Annonce  à  M.  de  Bordillon 
qu'on  donne  ordre  à  Bes  assigna- 
tions, a '13.  —  L'invite  à  ne  laisser 
rien  entreprendre,  aia.  —  Engage 
M.  de  Poton  à  ne  pas  quitter  sa  sé- 
néchaussée, a  fis.  —  Annonce  nu 
ducd'Etampes  l'assemblée  des  mem 
lues  des  cours  cl"  Parlement,  243. 
—  Ordres  secrets  qu'elle  donne  à 
M.  de  .Bordillon ,  y  '1 3 .  —  Annonce 
à  Philippe  11  le  projet  du  duc  de 
Nemours  d'enlever  le  duc  d'Orléans, 
9  1  '1.  —  Remercie  le  duc  de  Savoie 
des  preuves  d'amitié  qu'il  lui  donne , 

-  Revient  sur  ce  qu'elle  lui 
a  dit  du  projet  d'enlèvement  du  duc 
d'Orléans  par  le  duc  de  Nemours. 

■  \':.  —  l'.i ni  .,  l'évéque  de  Limoges 
en  faveur  de  pauvres  gens  du  Croisic 
prisonniers  à  Séville,  s44. —  Fait 
part  à  l'évéque  de  Rennes  du  chan- 
gement d'itinéraire  des  courriers, 
ado. —  Dément  ce  qu'on  dit  d'une 
guerre  prochaine  entre  le  roi  d'Es- 
pagne et  le  Roi  son  fils ,  a  '1 7.  —  Parle 
à  l'évéque  de  la  réception  laite  au 
cardinal  de  Ferrare,  légat  du  pape, 
■•',-.  —  A  fait  accorder  au  légat  d'u- 
ser de  ses  facultés,  ai8.  —  Cerlifie 
à  l'évéque  de  Rennes  qu'elle  est  dans 
les  meilleurs  termes  avec  le  roi 
d'Espagne,  ai 8.  —  Lui  demande  à 
quelle  époque  partiront  pour  le 
concile  les  évèques  d'Allemagne, 
ai8.  —  Lui  parle  du  secours  donné 
au  Roi  par  le  clergé,  a'iS. —  Dé- 
savoue l'arrestation  faite  par  son 
ordre  d'un  courrier  du  duc  de  Sa- 
voie, a'ig.  —  Annonce  à  l'évéque 
de  Limoges  le  projet  d'enlèvement 
de  son  fi  Is  d'Orléans  par  le  duc  de  N  e- 
Catuerine  de  Medicis.  —  i. 


ii s.  g5o.  —  Rassure  M.  de  Bor- 
dillon sur  la  valeur  des  assignations 
qu'il  a  reçues,  a5a.  ■ — ■  Ce  qu'elle 
éi  i  il  du  roi  d'Espagne  à  l'évéque  de 
Limoges,    95a.  Recommande 

\I.  de  Saint-Ciergue  aux  gens  du 

Pari il  de  Paris,  a53.  —  Motifs 

qu'elle  donne  à  l'évé  > I"  Limoges 

de  la  mission  de  d' lusanec  en  Es 
pagne  ,351,35a.  —  Recommande 
.i  \1.  de  \  ieilleville  Antoine  <lo  qui 

Va  â      I  :  >3.    —    Invite     l'é- 

véque de  Limoges  à  veiller  sur  les 
projets    du    roi    d'Espagne 

-    Lui  fait  pari  des  excuses  du 
duc   de   Nemours,    354.      -    ln- 

vile  l'évêq le  Rennes  à  ne  plus 

parler  du  concile  à  l'Empereur,  954. 
Écrit  au  Parlement  de  Paris  à 
l'occasion  d'une  thèse  soutenue  à  la 
Sorbonne,  s54. —  Invite  l'évéque 
de  Rennes  à  se  lenir  sur  la  réserve 
avec  le  roi  de  Bohème,  a54.  —  Lui 
annonce  le  projet  de  voyage  du 
prince  de  Bohème  en  Espagne,  a55. 
—  Ecrit  au  duc  de  Savoie  au  sujet 
des  difficultés  survenues  pour  les 
places  du  Piémont,  ^ôô.  —  Re- 
mercie le  duc  d'Albe  de  ses  lions 
offices  pour  le  roi  de  Navarre, 
a5ii.  —  Prie  M.  de  Boisy  de  faire 
remettre  à  M.  de  Brezé  des  juments 
des  haras,  357.  —  Remercie  l'au- 
diteur de  rote  Séraphin  de  ses  bons 
offices,  307.  —  Invite  l'évéque  de 
Rennes  à  féliciter  le  roi  de  Bohème 
de  sa  promotion,  a55.  —  Donne 
l'ordre  à  M.  de  Bordillon  d'arrêter 
le  capitaine  La  Barge,  agent  du  duc 
de  Nemours,  a.")8.  —  Invite  M.  de 
Turpin-Oissé  à  se  préparer  pour 
aller  en  Angleterre,  an  8.  —  Ecrit  au 
Parlement  de  Paris  pour  l'aboli- 
tion donnée  à  Amhoise,  aôg.  — 
Le  prie  d'octroyer  les  facultés  ré- 
ées  par  le  légat,  959.  —  De- 
mande à  Ja  duchesse  de  Guise  des 
nouvelles  de  sa  fille  Claude,  du- 
chesse de  Lorraine,  a 5g.  —  Pré- 


vient H"is\  que  1  haï  les  I  \  .1  nommi 
le  s'  du  Plessis  gentilhomme  d 
chambri  -    160.        Pi  ie  le  con né- 
la]  1     di    d  1  oui  1  n    1  aul l'un 

police  affich  e .  960.  E> rit  à 
M""  de  fume)  à  l'occasion  du 
meurtre  de  son  mari,  960 .  9C 1 

-  Accord ie  pension  à  son  (ils 

aîné .  ci  l'abbaye  de  Bonneval  au 
■  adel .  96 1  •  i'  rit  de  nouveau  au 
Parlement  au  sujel  des  facultés  du 
16  1 .  Recommande  le  roi 
de  Navarre  au  roi  d'Espagne,   ■ 

Ordonne  au  Parlement  de  Paris 
de  poursuivre  les  auteurs  de  l'en- 
treprise faite  contre  le  portier  de  la 
porte  Saint-Antoine,  363.       Invite 
M.  de  Crussol  à  lui  rendre  compte 
de  sa  mission  en  Languedoc,   i63 
—  Renvoie  Le  Plessis  à  la  duchesse 
de  Savoie,   '.l>3.    —  Engage  la  du 
à  accepter  les  conditions  pro- 
posées pour  les  places  du  Piémont, 
aii't.  —  Remercie  le  roi  d'Espagne 
de  ce  qu'il  a  blâmé  le  duc  de  Ne 
mours,  a64.  —  Lui  déclare  qu'elle 
ne  permettra  jamais  aux  catholiques 
de  recourir  à  un  secours  étranger, 
a64,  360.  —  Ecrit  de  nouveau 
M. de  Bordillon  au  sujet  du  capitaine 
La  Barge,  a65,      N'a  jamais  pensé  à 
faire  remplacer  Bordillon  par  Mou 
lue  365.  — -  Ecril  à  l'évéque  de  Li- 
moges à  l'occasion  de  la  mission  de 
d'Ausance,  366.—  S'explique  sui 
le  projel  d'entrevue  que  lui  proposi 
le  roi  d'Espagne.   ••(W'i.  Bei  oui 

mande  à  l'évéque  les  affaires  du  roi 

de  Navarre,  967.-  Propose  l'entre- 
vue avec  Philippe  il  du  côté  de  l'ei 
pignan,  967.  Prévienl  M. de  Bor- 
dillon qu'on  ne  peut  augmenter  les 
forces  du  Piémont,  367.  —  Ecrit  de 
nouveau  pour  les  facultés  du  légat, 
368,  969.  I  nvoie  les  conseillers 
Miron  et  Millei  auprès  du  Parli 

ment  île  Paris,  jliij.       -  Ecril  a  |V 
vèque  de  Renies  au  sujet  des  bruits 
de  guerre,   969.  — Invile  le  Parle 


698 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


ment  de  Paris  à  vérifier  l'édit  de 
janvier,  273.  —  Écrit  à  Throck- 
morton  à  l'occasion  du  refus  fait 
du  sr  de  Courlenai  comme  otage, 
■i-]3.  —  Invite  l'évêque  de  Rennes 
à  l'avertir  de  ce  qui  se  passera  à 
la  journée  impériale,  373.  —  Fait 
visiter  le  duc  de  Savoie  par  Lansac, 
'71.  —  Donne  des  explications  à 
Throckmorton  sur  la  situation  de 
M,  de  Courtenai  refusé  comme 
otage,  276.  —  Ecrit  à  l'évêque  de 
Rennes  au  sujet  des  bruits  de  guerre, 
27Ô.  — L'engage  à  parler  au  roi  de 
Bohème  du  projet  de  ligue  pour  la 
religion,  27Ô.  —  Lui  envoie  l'édit 
de  janvier  et  l'explique,  376.  — 
A  rompu  les  conférences  sur  la  re- 
ligion, 376.  —  Prie  M.  Despaulx 
de  déplacer  la  garnison  de  (.hu- 
ions, 277.  —  Va  faire  partir  les 
évêques  pour  le  concile,  3 7 (3.  — 
Demande  à  i'evèque  de  Rennes  les 
instructions  données  aux  évèques 
d'Allemagne,  376.  —  L'invite  à 
rester  à  son  poste  ,277.  —  Approuve 
ce  qu'a  fait  Boisy  pour  les  haras  de 
Saint-Léger  et  de  Meung,  277.  — 
Prie  François  de  Montmorency  de 
venir  la  trouver  pour  lui  prescrire 
des  mesures  pour  la  tranquillité  de 
Paris,  378.  —  Ecrit  de  nouveau  à 
l'évêque  de  Rennes  au  sujet  de  la 
ligue  catholique,  278.  —  Demande 
île  nouveau  les  instructions  données 
aux  é\èques  allemands  pour  le  con- 
ole,  278.  —  Recommande  à  l'é- 
vêque de  Rennesle  comte  de  Fiesque , 
37g.  —  Lui  parle  du  droit  d'élec- 
tion laissé  au  roi  de  Bohème, 
37p.  — Lui  parle  des  troubles  de 
la  Moldavie,  379.  — ■  Le  prie  d'in- 
tervenir en  faveur  du  comte  de  Pe- 
tillan  et  du  comte  de  Fiesque,  379. 
—  Ecrit  à  M.  de  Gonnor  au  sujet 
du  conflit  élevé  entre  le  lieutenant 
du  s'de  Méru  et  l'exempt  des  gardes, 
380. —  Annonce  au  Parlement  de 
Paris  la  nomination  du  cardinal  de 


Bourbon  en  qualité  de  lieutenant 
général,  281.  —  Ecritau  prince  de 
Condé  qu'elle  compte  sur  lui,  381. 

—  Lui  envoie  Ivoy,  383. —  Invoque 
son  appui,  3  83.  —  Le  remercie  et 
l'attend  bientôt,  28.3.  —  Explica- 
tions qu'elle  donne  des  quatre  lettres 
écrites  à   Condé,  281,  383,  288. 

—  Ce  qu'elle  dit  de  ces  lettres  à 
la  duchesse  de  Lorraine  et  à  l'é- 
vêque de  Rennes,  382,  note.  — 
Ce  qu'elle  en  dit  à  Chantonuay  et 
à  Monluc,  282,  note.  —  Ecrit  au 
Parlement  de  Paris  pour  presser  la 
publication  de  l'édit  des  ajourne- 
ments ,  2  8  6 . —  1  nvite  Boisy  à  venir  la 
trouver  avec  trente  gentilshommes, 
a84  ,28  a. —  Ecrit  à  Coignet  au  sujet 
d'un  traité  passé  avec  le  banquier 
Aubrecht,  280.  —  Lui  parle  du  fait 
des  postes,  380.  —  Attend  des  nou- 
velles de  son  voyage  à  Berne,  a85. 

—  Lui  écrit  au  sujet  de  l'argent  dû 
aux  Suisses,  286,  387.  —  Écrit 
au  duc  de  Savoie  au  moment  des 
premiers  troubles,  287.  —  Lui  en- 
voie Morette  auquel  elle  s'en  remet, 
387,  288.  —  Annonce  à  l'évêque 
de  Limoges  que  Saint-Sulpice  va 
le  remplacer,  288.  —  Recommande 
à  M.  d'Humières  de  veiller  à  la 
garde  de  sa  place,  288.  —  Invite 
Sénarpont  à  bien  garder  les  places 
du  Piémont,  389. —  Écrit  à  Coignet 
pour  la  levée  des  Suisses,  389.  — 
S'applaudit  des  bonnes  dispositions 
de  l'Empereur  pour  le  concile,  290. 

—  Invile  l'évêque  de  Rennes  à  l'as- 
surer des  mêmes  intentions,  ago. 

—  Envoie  Lansac  au  concile,  ago. 

—  Écrit  au  cardinal  de  Chàtillon 
pour  obtenir  le  désarmement  de 
Condé,  390,  391,  292,  2g3.  — 
Annonce  les  troubles  et  les  progrès 
des  protestants  à  l'évêque  de  Li- 
moges, 393,  396,  390.  —  Croit 
que  Condé  est  gardé  de  force  par 
les  prolestants,  29/1.  —  Espère  que 
le  roi  de  Navarre  obtiendra  sa  ré- 


compense, agS.  —  Ne  compte  plu5 
sur  une  entrevue  avec  le  roi  d'Es- 
pagne, 290.  —  Renonce  à  aller  à 
Blois,  395.  —  Prie  l'évêque  de  Li- 
moges de  bien  renseigner  Saint- 
Sulpice,  296.  —  Fait  remettre  une 
émeraude  à  la  duchesse  d'Aibe, 
296.  —  Déclare  à  l'évêque  de  Li- 
moges qu'elle  n'a  pas  failli  à  sa  reli- 
gion, 2g6,  3g7-  —  Le  prie  d'en 
témoigner,  397.  — Écrit  à  Coignet 
pour  une  levée  de  Suisses,  ag7-  — 
Justifie  auprès  de  l'évêque  de  Li- 
moges le  voyage  de  Rambouillet  en 
Allemagne,  298.  —  Envoie  à  cet 
effet  Rambouillet  en  Espagne,  ag8. 

—  Revient  sur  la  récompense  du 
loi  de  Navarre,  2g8.  —  Recom- 
mande l'affaire  du  comte  de  Petillan. 

298.  —  Prescrit  àTavannes  ce  qu'il 
doit  faire  pour  apaiser  les  troubles. 

299.  —  Recommande  le  trésorier 
Guazzo  à  M.  de  la  Mothe-Gondrin  . 
299.  —  Écrit  à  Coignet  etPasquier 
pour  la  levée  des  Suisses,  299  ;  — 
à  Coignet  pour  refuser  l'offre  de 
certains  capitaines  suisses,  3oo.  — 
Approuve  sa  négociation  avec  le 
conseil  de  Berne,  3oi.  —  L'invite 
à  demander  un  délai  de  rembourse- 
ment à  ceux  de  Soleure,  3oi.  — 
Écrite  Philippe  II  pour  désavouer  les 
propos  prêtés  à  Rambouillet,  3oi, 
3oa.  —  Remercie  le  duc  de  Savoie 
de  ses  offres,  3os,  3o3.  —  Prie 
les  officiers  de  la  Rochelle  de  veiller 
sur  leur  ville,  3o3.  —  Annonce  à  la 
duchesse  deSavoie  que  le  l'ait  du  duc 
de  Nemours  est  accommodé,  3o3. 

—  Le  roi  de  Navarre  le  fera  rentrer 
en  France,  3o3.  —  Remercie  de 
nouveau  le  duc  de  Savoie,  00 '1.  — 
Mande  le  comte  de  Tende,  3o'i. — 
Donne  ordre  au  comte  de  Somme- 
rive  de  remplacer  son  père,  3o4. 

—  A  appris  le  départ  de  Lansac 
pour  le  concile,  3oô.  —  Presse  son 
arrivée,  3o5.  — •  Lui  fait  part  des 
difficultés  soulevées  par  l'Espagne 


**** 


:  :   - 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


69'.i 


pour  la  préséance,  3o;>.  —  L'invite 
à  n'y  laisser  rien  innover,  3o5. — 
An  nonce  à  Maugiron  qu'il  est  nommé 
lieutenant  au  gouvernement  du 
Dauphiné,  3o6.  —  Donne  l'ordre 
i  ï.iwinnes  de  se  retirer  à  Chalon- 
5aône,3ob\ —  Charge  l'évéque 
de  Limoges  de  remercier  le  roi 
d'Espagne  de  son  secours  qu'elle 
accepte,  3oG,  'ào-;.  —  Envoie  le 
s'  de  Negrepelisse  à  Toulouse .  307. 

—  Ecrit  à  Coignet  pour  presser  la 

des  Suisses,  3o8.  —  Ecrit 
au  prince  de  Condé  au  sujet  de  la 
proposition  faite  par  les   triumvirs 

retirer,  3o8. —  Invite  M.  de 
Burie  à  surveiller  la  Guyenne,  3o8. 

—  Recommande  à  M.  de  Martigues 
Buron  de  Thermes  comme  guidon 
de  sa  compagnie,  3o8.  —  Envoie 
le  duc  d'Annale  en  Normandie. 
3l  '1.  —  Répondra  à  ceux  de  Rouen 
s'ils  viennent,  3i'i.  —  Fait  partir 
Vieilleville  et  \  illars  pour  Orléans, 
3  1  1 .  —  Envoie  au  roi  de  Navarre  la 
lettre  patente  pour  les  villes  occu- 
pées, 3 1 6.  —  Ecrit  à  sa  tille  la  reine 
d'Espagne  au  sujet  des  offres  de  ser- 
vice laites  par  Philippe  il,  3oy, 
3 10.  —  Lui  explique  la  situation, 

Ji".  —  Envoie  des  instructions  à 
Maugiron;  3 1 1 . —  Donne  à  H.  de 
Martigues  la  moitié  de  la  compagnie 
du  maréchal  de  Thermes,  3 1 1 .  — 
Invile  le  roi  de  Navarre  à  surveiller 
Sydney  ,  3 1  2 .  —  Lui  annonce  la 
prise  du  Havre  par  les  Anglais,  2 1  3. 

—  L'invite  à  venir  la  trouver  à  La- 
gny,  3 12.  —  Le  prie  d'envoyer 
M.  de  Hugueville  à  Caen,  3 12.  — 
Le  prévient  qu'elle  a  fait  garder  tous 
les  passages  des  rivières,  3i3.  — 
Lui  demande  son  avis  sur  ce  qu'écrit 
Barbezieux,  3i3.  —  Le  prévient 
qu'il  faut  donner  de  l'argent  à  Sal- 
cede  pour  Metz,  3i3.  —  Regrette 
la  prise  du  Havre,  3i3.  — L'imite 
à  faire  envoyer  de  l'argent  à  Ta- 
vannes,  3)5. —  Lui  envoie  les  let- 


tres de  M'"  de  Mnntpcusier.  .">  1  ~>. 
—  L'avertit  que  Sydney  retournera 
en  Angleterre  par  Calais.  3i5. 
Envoie  pour  cette  cause  un  courrier 
à  Gourdan. —  Fait  part  an  roi  de 
\ ..•  in-e  de  ce  qu'a  fait  Matignon  el 
de  ce  qu'elle  lui  a  ordonné ,  3 1  ">.  — 
Lui  écril  que  l'indisposition  de  Men- 
dosse  l'a  empêché  d'aller  en  Suisse, 
3  1  6.  —  N'est  pas  d'avis  de  révoquer 
maintenant  Coignet,  3 16.  —  Est 
d'avis  de  le  remplacer  plus  tard  par 
Mendosse,  3i6.  —  A  envoyé  les 
ordres  nécessaires  au  capitaine  de 
Laon.oiti. —  A  donné  ordre  à  Soni- 
merive  de  lever  une  enseigne ,  3  1  (i. 

—  Invile  le  roide  Navarreàrenforcer 
le  duc  d'Aumale,  3i  7. —  Rassurée 
par  une  lettre  du  connétable,  317. 

—  Se  plaint  à  ceux  de  Rouen  des  di 
sordres commis,  317. —  Les  invite 
à  se  soumettre,  3i  8.  —  Annonce  à 
l'évéque  de  Limoges  qu'elle  a  mené 
Charles  IX  à  Monceaux,  3 18.  — 
Lui  fait  part  des  tentatives  de  paix, 
3  1  8.  —  La  maladie  de  Don  Carlos 
la  force  de  penser  à  la  sœur  de  Phi- 
lippe Il  pour  Charles  IX,  3içj.  — 
Invile  l'évéqne  de  Limoges  à  em- 
ployer pour  ce  mariage  ou  le  prince 
d'Évoli  ou  le  duc  d'Albe,  3i8.  — 
L'évéque  fera  sur  ce  connaître  ses 
instructions  à  sa  fille,  3 18.  — 
Attend  le  retour  d'Almeida  d'Espa- 
gne, 32  0.  —  Envoie  une  recette  à 
sa  fille  pour  avoir  des  enfants,  3so. 

—  Remercie  l'ambassadeur  d'An- 
gleterre de  sa  bonne  volonté,  820, 
noie;  320.  —  Charge  le  roi  de 
Navarre  de  donner  un  passeport 
pour  un  des  serviteurs  de  l'ambas- 
sadeur, 3  20. —  Demande  à. VI.  d'Hu- 
mières  quels  sont  les  propos  tenus 
par  lesCainbrésiens  réfugiés  à  Mont- 
didier,  3ai.  —  Motive  son  départ 
de  Paris  sur  la  santé  de  Charles  IX , 
3ai. —  Conditions  qu'elle  offre  à 
ceux  de  Rouen  ,  3sa,  3a3.  —  Écrit 
au  roi  de  Navarre  pour  une  récla- 


mation  d'un    marchand  espagnol. 
.  —  Autorise  Tavannes  .1  se  sei 
vir  de  l'argenterie  des  églisi  s,  3  là. 

—  Rend  compte  au  roi  de  Navarre 
de  la  situation  des  choses,  3ao.  — 
Lui  l'ail  part  du  conflit  survenu  entre 

mte  de  Tende  el  l"  comte  de 
S inerive,  3a5.  —  Ecrit  à  Ta- 
vannes au  sujet  de  la  perte  de  Cha- 
lon,  3a6.  Remeri  ie  la  duchesse 
de  Savoie  du  secours  promis,  3a0. 

—  Demande  l'avis  du  roi  de  Na- 
varre pour  deux  missions  à  Orléans 
et  en  Angleterre,  3a6,  327.  — 
Vomirait  l'appointenient  avec  ceux 
de  Rouen,  327. —  Ecrit  àTava 

au  sujet  de  sa  rentrée  à  Chalon, 
3 au.  —  L'invite  à  serrer  de  près 
Lyon,  3a3.  —  Invite  Maugiron  à 
fortifier  la  garnison  du  Château-Dau- 
phin, '■'•■<-.  3 2 H.  -  \  appris-  l'ev 
culion  l'aile  à  Toulouse,  3a8.  — 
Approuve  la  levée  faite  par  M.  de 
Joyeuse,  3s8.  —  Invite  M. de  l'om- 
quevaui  à  tout  faire  pour  conserve) 
l'autorité  du  Roi,  3a8.  —  Enlretienl 
le  duc  de  Savoie  de.  la  demande  faite 
d'un  passage  de  troupes  par  la 
Bresse,  329.  —  Félicite  Maugi- 
ron, 321).  Expose  ;'i  l'évéque  de 

Limoges  les  dangers  delà  guem 
civile  et  de  l'entrée  des  étrangei  s. 
33o.  —  Craint  l'intervention  du 
roi  d'Espagne,  en  cas  de  victoire 
de  Condé,  33o.  —  A  fail  venu 
six  mille  Suisses,  33o.  —  Félicite 
Moulue  de  la  délivrance  de  Tou- 
louse, 33i.  —  L'inviteà  se  joindre 
à  MM.  de  Terride  el  Gondrin,  33i, 
33().  —  L'autorise  à  prendre  cent 
nulle  livres  sur  la  Guyenne  et  Tou- 
louse, 33a  ,  33g.- —  Reproche  leurs 
faules  aux  échevins  de  \leaux,  33a. 
—  Enumère  à  l'évéque  de  Rennes 
ce  qu'elle  a  fait  pour  la  conciliation  , 
333.  —  Lui  annonce  qu'elle  repari 
pour  essayer  de  traiter,  333.  — 
Félicite  le  Parlement  de  Dijon  de 
ses  services,   333.  —  A  reçu   de 

88. 


700 


l'évéque  de  Rennes  les  nouvelles  île 
la  Transylvanie,  334.  —  Lui  rap- 
pelle ce  qu'elle  a  fait  pour  apaiser 
les  troubles,  334.  —  Fera  partir  , 
prochainement  les  évèques  pour  le 
concile,  334.  —  Tient  le  couron- 
nement du  roi  de  Bohème  pour 
assuré,  334.  —  Annonce  que  les 
Légats  ont  donné  la  préséance  à 
Lansac,  335.  —  Promet  gralili- 
cation  à  l'évéque  de  Rennes,  336. 
—  Invite  le  maréchal  de  Brissac 
à  ne  pas  poursuivre  le  procès  de 
Luzarches  par  crainte  de  représailles, 

335.  —  A  appris  par  l'évéque  de 
Limoges  l'extrémité  de  Don  Carlos 
et  sa  convalescence,  336.  — Lui 
rond  compte  des  tentatives  de  paix, 

336.  —  Fait  part  à  l'évéque  de 
Rennes  des  conditions  de  l'entre- 
vue de  Tlioury  avec  les  chefs  pro- 
testants, 337.  —  Ce  qu'elle  fera 
si  l'entrevue  de  Tlioury  ne  réussit 
pas,  338.  —  Rend  justice  du  bon 
vouloir  du   roi   de  Navarre,   338. 

—  Sollicite   sa   récompense,   338. 

—  Invite  l'évéque  de  Limoges  à 
suivie  l'affaire  du  comte  de  Petil- 
lan,  338.  —  Note  à  ce  sujet,  338. 

—  Accorde  1'olhce  de  viguier  de  Tou- 
louse au  sr  de  BoisjoLirdan  l'aîné, 
33g.  —  Ne  peut  rien  dire  à  Mou- 
lue des  négociations  entamées,  34o. 

—  Invite  Gonnor  à  nommer  Bois- 
jourdan  viguier  de  Toulouse,  33g. 

—  Annonce  la  paix  à  M.  de  Mont- 
pensier,  34 1.  —  L'invite  à  mettre  un 
gouverneui  à  Tours,  34a.  —  Rede- 
mande les  canons  envoyés  à  Nantes, 
34a.  —  Ne  veut  pas  de  Richelieu 
pour  commander  à  Tours,  'Mis.  — 
Annonce  la   paix  à  Joyeuse,  34-2. 

-  Envoie  Clervaux  pour  prendre 
possession  des  places  du  Langue- 
doc, 34a.  —  Invite  d'Humiè. es  à 
faire  retirer  de  son  gouvernement 
les  réfugiés  des  Pays-Bas,  343.  — 
Donne  l'ordre  à  Gonnor  de  payer  la 
compagnie    du    capitaine    Desme, 


TABLE  DES  MATIERES. 

343.  —  Invite  Tavannes à  suspendre 
son  expédition  contre  Màcon,  344. 

—  Lui  envoie  le  s' de  Montaigne, 

344.  —  Le  prie  de  garderies  Suisses 
à  Chalon,  344. —  Donne  l'ordre  à 
Maugiron  de  suspendre  les  hostili- 
tés, 344.  —  Annoncée  Tavannes  les 
conditions  de  la  pacification,  344. 

—  Par  suite  des  négociations  rom- 
pues lui  ordonne  de  laire  marcher 
les  Suisses,  344.  —  Annonce  à 
Gonnor  la  rupture  des  négociations, 

345.  —  Mande  au  Rliingrave  de 
venir,  345.  —  Demande  les  Suisses, 

346.  —  Annonce  à  M.  d'Elampes 
la  rupture  des  négociations,  346. 

—  Se  plaint  du  manque  de  parole 
des  chefs  protestants,  346.  —  Prie 
Tavannes  de  faire  porter  à  Nantes 
les  deniers  de  la  recette  générale , 
346;  —  d'en  garder  douze  mille 
pour  ses  troupes,  346.  —  Félicite 
Philippe  II  de  la  guérison  de  Don 
Carlos,  o'iy.  —  Invite  le  Parlement 
de  Paris  à  punir  les  auteurs  des 
troubles  de  Meaux,  348.  —  Y  a 
envoyé  un  gentilhomme,  348.  — 
Invite  d'Aumale  à  relâcher  des  pri- 
sonniers anglais,  348.  —  Engage 
Coignet  à  demander  délai  pour  le 
payement,  des  Suisses,  348.  —  A 
écrit  au  baron  des  Adrets  de  restituer 
l'argent  pris  à  Lyon  et  destiné  aux 
Suisses,  349.  —  Donne  l'ordre  à 
Aubrechl  de  remplacer  l'argent  pris 
par  des  Adrets,  34g. —  Enjoint  au 
Parlement  de  Paris  d'envoyer  des 
troupes  à  Meaux,  34g,  35o. —  Ra- 
conte à  l'évéque  de  Rennes  l'insuccès 
de  son  nouveau  voyage  pour  traiter 
de  la  paix,  35o.  —  Se  loue  de  la 
bonne  volonté  de  l'Empereur  pour  le 
concile,  35o.  —  A  donné  l'ordre  aux 
évéques  de  s'entendre  avec  les  siens , 
35 1. — Prie  l'évéque  de  Rennes  de 
parler  dans  ce  sens,  35 1  ;  —  d'ob- 
tenir la  présence  des  protestants  au 
concile,  35 1.  —  Ses  recomman- 
dations à  Lansac,  35t.  —  Instruc- 


tions qu'elle  donne  à  Brissac,  35 1. 

—  L'envoie  annoncer  au  Parlement 
la  rupture  des  négociations,  35a. 

—  En  fait  le  récit,  35a ,  note.  — 
Envoie  à  Coignet  des  obligations 
pour  le  payement  des  Suisses,  353. 

—  Le  prie  de  découvrir  quelles  pro- 
messes ont  été  faites  entre  les  cinq 
cantons  et  le  duc  de  Savoie,  354 .  — 
Lui  promet   de  le  protéger,  354. 

—  Lui  fait  part  de  l'insuccès  de 
ces  divers  voyages  pour  la  pacifica- 
tion, 354.  —  Lui  donne  des  nou- 
velles de  l'armée,  354.  —  Lui  en- 
joint de  ne  rien  céder  pour  la  pré- 
séance, 355.  —  Loue  sa  conduite 
vis-à-vis  du  pape,  355.  —  Le  prie 
de  remercier  le  cardinal  de  Manloue. 
355.  —  Invite  Barbezieux  à  bien 
garder  Sens,  355.  — A  faire  avancer 
les  Suisses,  356.  —  Confie  au  duc 
de  Nevers  la  défense  de  Troyes,  356. 

—  Envoie  à  Meaux  Lioux  elStrozzi. 
356. —  Annonce  au  roi  de  Navarre 
la  prise  d'Orange,  356.  —  L'invite 
à  donner  des  instructions  au  comte 
de  Sommerive,  356.  —  L'avertit  de 
la  retraite  de  d'Aumale  de  devant 
Rouen,  356.  —  Le  prie  de  faire 
payer  la  compagnie  du  s'  de  Chaul- 
nes,  35y.  —  Envoie  Mendosse 
auprès  de  Coignet  et  le  prie  de 
le  croire  de  ce   dont  il  a  charge , 

357.  —  Recommande  M.  de  Com- 
marieu    au   duc   de    Savoie,  307. 

—  Invite  M.  de  Mesvillier  à  venir 
la  trouver,  358.  —  Ordonne  à 
d'Humières  dese retirer  à  Péronne, 

358.  —  Écrit  à  M.  de  Bordillon 
pour  la  solde  de  ses  troupes,  35g. 

—  Lui  fait  part  des  négociations 
entamées  pour  la  restitution  des 
places  du  Piémont,  35g.  —  Le 
prie  de  presser  le  départ  du  se- 
cours envoyé  par  le  duc  de  Savoie, 
36o.  —  Invite  M.  d'Humières  à  sur- 
veiller les  gentilshommes  et  soldats 
qui  quittent  Rouen,  36 1.  —  En- 
voie à  Rordillon  un  mémoire  pour 


l'échange  des  places  ilu  Piémont, 
36i .  -  Désire  garder  la  terre  tle 
.San -Fié,  36t.  —  Donne  l'ordre 
à  M.  de  Chaulnes  de  recevoir  les 
Espagnols  envoyés  par  Philippe  11, 
36a.  Prie    la    duchesse    de 

Panne  de  presser  leur  marche, 
36a ,  363.  —  Espère  dans  le  bon 

vouloir  de  l'Empereur  pour  I n 

cile,  363.  --  Fail  pari  à  l'évèque 
de  Rennes  des  plaintes  (pie  le  pape 
l'ait  de  Lansac,  363.  —  Le  prie 
d'obtenir  de  l'Empereur  qu'il  décide 
les  princes  protestants  de  la  Ger- 
manie à  ne  pas  secourir  Condé, 
363  ,  3(ï'i.  —  Envoie  d'Oisel  en  Al- 
lemagne pour  détourner  les  princes 
prolestants  de  secourir  Condé,366. 

—  Invite  Lansac  à  agir  sur  le 
cardinal  de  Mantoue,  afin  qu'il 
ne  quitte  pas  le  concile,  36â  ,  365. 

—  Lui  annonce  le  départ  des  pré- 
lals  français  et  du  cardinal  de 
Lorraine  pour  Trente,  365.  — 
Écrit  à  Coignet  au  sujet  du  paye- 
ment   des    Suisses,    365,     366. 

—  Le  prie  d'empêcher  la  levée  des 
Suisses  par  le  pape,  365.  —  Re- 
mercie la  reine  d'Angleterre  de  ses 
honnes  démonstrations,  365.  — ' 
Lui  envoie  M.  de  Vieilleville,  365, 

366.  —  Profite  des  olfres  de  Cosme 
pour  lui  demander  un  prèl,   366, 

—  Envoie.  d'Elbène  à  Florence, 

367.  —  Répond  à  la  reine  d'An- 
gleterre au  sujet  des  réclamations 
laites  par  des  Anglais,  367.  — 
Fait  part  de  l'insuccès  des  négo- 
ciations à  M.  de  Sommerive,  ■'!<;-. 

—  L'invite  à  concenlrer  ses  forces 
pour  attaquer  des  Adrets,  368.  — 
Donne  l'ordre  à  M.  d'F.lampes 
de  conduire  à  Blois  les  deniers  de 
la  recette  de  Bretagne.  36o.  - 
dompte  sur  lui  pour  pacifier  la 
Bretagne,  369.  —  L'invite  à  punir 
les  auteurs  de  l'émeute  de  Nantes, 
36().  —  Lui  annonce  son  départ 
pour    l'armée,    370.     —   Avertit 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

S. nul  Sulpii  r    .1rs  soupçons   qu'elle 

a  contre  les  Anglais,  ->-n:  du 
1  iinge  que   sollicite   Throrkmorton  , 

370.  Le  prie  de  réclamer  l'in- 
tervention de  Philippe  11.  .'I70, 
371;  —  île  faire  instance  pour 
le  dépari   des  a, 000  chevaux  de 

Flandres,    .'Î71.    —    Prie    M.    île 

Gonnor  de  payer  les  lansqi is, 

371.  —  De  faire  payer  la  compa 
gniede  Strozzi  el  celle  du  jeune  du 
Perron  parles  habitants  de  M  eaux, 

.'I7  1 .  —  Ordonne  à  li.  issar  de  faire 
escortei-  l'artillerie  venanl  de  Châ- 
teau-Thierry, 37a.  —  Inquiète  de 
n'avoir  pas  reçu  l'argent  pour  solde 
des  lansquenets,  373,  37.3.  - 
Fera  conduire  en  toute  sûreté  l'ar- 
gent envoyé'  par  la  duchesse  île 
Parme,  37.3.  —  Compte  sur  la 
bonne  volonté  de  Philippe  II  pour 
arrêter  les  mauvais  desseins  des 
Anglais,  .'I7.3.  —  Fait  part  de  nou- 
veau à  Saint-Sulpice  des  craintes 
que  lui  inspirent  les  Anglais,  373. 
—  Lui  annonce  fa  marche  des  Ita- 
liens, 37'!.  —  Le  prie  de  demander 
un  secours  de  trois  mille  chevaux, 
- i 7  '1 ,  37.5.  —  Avertit  Matignon  de 
la  prise  d'armes  de  Monlgommery, 
375.  —  Accorde  à  Rurie  ce  qu'il  a 
demandé  à  ceux  de  Floirac,   376. 

—  Fait  la  même  faveur  à  Mou- 
lue, 376.  —  Annonce  le  départ 
du  duc  de  Montpensier,  376.  - 
Ecrit  à  M.  de  Jarnac  à  l'occasion 
du  meurtre  de  son  frère  Charles  de 
Sainte  Foy,  37.5.  —  Félicite  Mail 
giron  et  le  charge  d'exprimer  son 
contentement  aux  gentilshnniin  s 
de  Dauphiné,  377. —  Prie  Gonnor 
de  décharger  la  baillive  Roherlel 
de  l'emprunt  levé  sur  Paris,   '■'<--. 

—  Espère  que  le  duc  d'Etampes 
pacifiera  la  l'.retagne  avec  ses  seules 
forces,  377.  —  Lui  indique  les 
moyens  ck  payer  ses  troupes,  377, 
3-S.  —  Voudrait  qu'il  désarmât  les 
protestants,   378.  —  Lui   enjoint 


701 

de  chasser  les  ministres,  378.  — 
l 'i  ngage  .1  mettre  dans  chaque  ville 
eu  1  liel  '  atholique,  378.  Lui 
trace  sa  règle  de  conduite  vis-à-vis 
des  protestants,  378.        If  ui 

'li'   la   I ni'  marche  'lu  conrili 

■1711.  —  Ne  pourra  faire  parti  1 
qu'en  01  tobre  les  prélats  de  France . 
37g.  -     Envoie  leur    liste, 

—  Réclame  un  logis  pour  1  11]  - 
pour  le  cardinal  de  Lorraine 

—  Voudrait  la  translation  du 
concile  a  Mantoue,  38o.  -  Von 
ihail  la  prolongation  de  la   sei 

du  conrili'  jusqu'à  l'arrivée  des 
prélats  if'  France,  38o.  Pi 

1  rit  à  Lansac  de  conformer  sa  Cl 
duite   à   celle    des    ambassadeur! 
d'Espagne  et    de   l'Empire,    3f 

—  L'avertit  de  son  arrivée  au  camp 

■  ■I    de  son    dépari    pour    lii 

38o,         Marchera   sur  (t.  1  . 
38i.  Fera  soumettre  le    (< 

mandie    par  d'Aumale,    38i  ; 

la  Guyenne  par  Moulue,  38i. 
Invile  le  comte  de   Tend,    à  lais: 
le  commandement    a    son    fils 
comte  de  Sommerive,  38?. —  Lui 
permet  de  se  faire  accompagni  1   pi 
ses  amis,    3-S-!.  —  Fera  payei 
compagnie,  38a. —  S'applaudit  >!• 
la   hume'    volonté   de    l'Empere 
pour  le  concile,  38a.  —  Annon  • 
à   l'évèque    de    Rennes   l'arrivée 
Trente  des  prélats  français  poui 
mois  d'octobre,  38a.        Lui  parle 
des  canons  rédigés  sur  la  COUlmi  - 
nion  sous  les  deux  espèces,  383. 
Lui  trace  sa  conduite  dans  les  as-    1 

blées  qui  se  tiendront ,  383.       I 
vite  Gonnor  à  recouvrer  de  l'argen 

387.  —   Lui   commande   îles  bol 

lets,  388.  —  Témoigne  à  San, 

Sulpice  la  satisfaction  qu'elle  .  • 
la  bonne   volonté  de    Philippe  11. 

388.  —  Lui  annonce  l'entrée  iè 
Italiens,  388;  —  la  prise  de  MAson 
par  Ta  vannes,  388.  —  Se  plan.: 
Matignon   de  la   conduite  di    cei 


702 


TABLE  DES  MATIERES. 


laines  personnes,  386.  —  Envoie 
un  mémoire  à  Gonnor,  384. —  Lui 
demande  de  l'argent,  384.  —  Féli- 
cite Don  Diego  (le  son  arrivée,  384. 

—  Envoie  un  passeport  à  M.  de 
Sénarpont,  385.  —  Le  fait  partir 
pour  Dieppe  pour  la  garder,  385. 

—  Annonce  au  duc  d'Élampes 
qu'elle  lui  a  dépêché  le  pouvoir 
d'entrer  en  Normandie,  386.  — 
L'invite  à  s'aider  de  Matignon, 
386;  — à  promettre  pardon  à  ceux 
qui  quitteraient  Montgommery, 
■  !N-.  —  Se  vante  d'être  devenue 
femme  de  guerre  devant  Bourges , 
388. — Prie  Gonnor  de  rembourser 
le  s'de  Raconys  des  onze  mille  écus 
versés  par  lui  pour  dot  de  la  du- 
chesse de  Savoie,  386.  —  Se  loue 
du  service  de  M.  d'Humières,  387. 

—  Annonce  le  siège  de  Bourges  à 
Saint-Sulpice,  389.  —  A  sauvé  la 
ville  du  pillage,  38g.  —  Y  a  réta- 
bli le  culte  catholique,  389.  — Se 
dirigera  du  côté  d'Orléans,   389. 

—  A  barré  le  passage  aux  Alle- 
mands, 389.  —  Communiquera  au 
conseil  l'assignation  donnée  pour 
la  dot  de  sa  fille  la  reine  d'Es- 
pagne, 389.  —  A  chargé  d'Escars 
de  complimenter  le  prince  d'Es- 
pagne  de   sa  convalescence,  389. 

—  Fera  payer  Saint-Sulpice  de  ses 
gages,  3go.  —  Espère  que  le  roi 
d'Espagne  se  déclarera  contre  la 
reine  d'Angleterre,  3go.  —  Invite 
Soubise  à  se  soumettre,  3go,  391. 

—  Écrit  à  M.  du  Lude  d'amnistier 
les  protestants  qui  se  retireront, 
3qi.  —  Annonce  la  prise  de 
Bourges  à  M.  du  Lude,  3gi.  — 
Envoie  Maugiron  en  Piémont  pour 
en  ramener  dix  enseignes,  3g2.  — 
Invile  M.  de  Bennes  à  s'en  tenir  à 
ce  qui  sera  possible,  afin  d'éviter 
que  le  pape  ne  rompe  le  concile , 
3aa.  —  Bépond  aux  trois  dé- 
pêches de  Lansac,  3g3.  —  Excuse 
le    relard   du    départ  des   prélats, 


3g4.  —  Engage  Lansac  à  laisser 
passer  les  choses  doucement  jusqu'à 
l'arrivée  du  cardinal  de  Lorraine, 
3g4.  —  Lui  raconte  la  prise  de 
Bourges,  3g5.  —  Celle  de  Maçon, 
et  de  Tournus,  .'» 9 5 .  —  Ecrit  à 
Throckmoiion  au  sujet  de  navires 
anglais  pris  en  Bretagne,  3g5,  396, 
4oo.  —  Se  plaint  à  M.  de  l'Isle  de 
la  marche  du  concile,  3g0.  —  Le 
prie  de  solliciter  du  pape  la  remise 
de  la  session  jusqu'à  l'arrivée  à 
Trente  du  cardinal  de  Lorraine, 
39G.  —  Cherche  à  ramener  Sou- 
bise, 3gy.  — Justifie  Biron  auprès 
de  Monlur,  3g8.  —  Ordonne  à 
Monluc  de  ne  plus  saccager  les  mai- 
sons des  protestanls,  3g8.  —  Re- 
commande d'Escars  envoyé  en  Es- 
pagne à  M.  de  Saint-Sulpice,  89g. 

—  Recommande  le  médecin  Valeran 
à  Gonnor,  600.  — Écrit  à  Rordillon 
pour  une  question  de  vivres,  Aoo; 

—  à  Throckmorton  pour  un  paquet 
qu'il  prétendait  avoir  été  retenu, 
A 00,  A01.  — 'S'étonne  de  sa  de- 
mande d'un  sauf-conduit,  4oi.  — 
Écrit  à  Clervaux  pour  le  commande- 
ment de  l'a  compagnie  de  M.  de  Bru- 
nyan,  4  02.  —  Envoie  un  mémoire  à 
Lansac  pour  le  concile,  4o3. —  De- 
mande que  la  décision  sur  le  sacri- 
fice de  la  messe  soit  retardée,  4o3. 

—  Annonce  le  départ  du  cardinal 
de  Lorraine  pour  Trente,  4o3.  — 
Voit  bien  que  l'Empereur  ne  veut  ou 
ne  peut  pas  empêcher  l'entrée  des 
Allemands  en  France,  4o3.  — 
Espère  les  arrêter,  4o3.  —  Craint 
une  descente  des  Anglais  en  Nor- 
mandie, 4o4.  —  Engage  l'évêque 
de  Bennes  ,  par  suite  du  refus  de  la 
préséance,  à  ne  pas  aller  à  la  diète, 
4o4. —  Prie  M.  de  l'Isle  d'expli- 
quer au  pape  les  motifs  de  l'envoi 
du  cardinal  de  Lorraine  au  concile, 
hoh.  —  Lui  fera  payer  ce  qui  est 
dû  pour  son  élat,  4o5.  — L'entre- 
tient   des    affaires    du    comte    de 


Roussillon ,  h o5.  —  Fait  donner  un 
passeport  pour  l'Angleterre  à  l'en- 
voyé de  Throckmorton,  4o5.  — 
Lui  refuse  pour  lui  un  sauf-conduit 
inutile ,  4o5.  —  S'informera  de 
ses  griefs  contre  Monluc,  h 06.  — 
Donne  un  congé  à  M.  des  Bories 
malade,  4o(>.  —  Renvoie  M.  de 
Caylus  à  M.  de  Boisy,  4o6,  407. 
— Avertit  Boisy  de  l'état  des  choses , 
A06,  407.  —  Envoie  à  Bordillon 
une  seconde  jussion  pour  remettre 
les  places  du  Piémont,  407.  —  Jus- 
tifie leur  restitution,  4 07.  —  Le  met 
en  demeure  d'en  finir,  4  08.  —  Fera 
payer  la  solde  de  ses  soldats,  4o8. 
—  Envoie  à  Florence  Albisse  d'EI- 
bène,  4og. —  Écrit  au  pape  pour 
lui  demander  de  donner  congé  au 
cardinal  de  Ferrare  de  retourner 
•à  Borne,  4og.  — Envoie  de  l'ar- 
lillerie   au  duc  de  Nemours,  4 10. 

—  Lui  promet   de   l'argent,  4io. 

—  Le  prie  d'envoyer  un  courrier  en 
Piémont,  4  1  o.  —  Donne  l'ordre 
au  duc  de  Montpensier  de  faire 
partir  pour  Tours  M.  de  Sansac, 
Au.  —  Demande  an  Parlement  de 
Paris  un  congé  pour  le  conseiller 
Davaine,  4 12.  —  Prie  Bordillon 
de  s'en  rapporter  au  cardinal  de 
Lorraine  porteur  d'une  jussion 
pour  la  restitution  des  places  du 
Piémont,  4 12.  —  Invite  M.  de  la 
Brosse  à  envoyer  des  renforts  au 
maréchal  Saint-André  pour  faire 
tête  aux  Allemands,  4i3. —  An- 
nonce à  Boisy  la  prise  du  Monl 
Sainte-Catherine,  AlA. —  Le  de- 
mande, Ai  4.  —  Fait  venir  Philippe 
Slrozzi  avec  ses  forces,  21 4.  —  En- 
voie le  duc  de  Monlpensirr  à  Tou- 
louse pour  adoucir  les  rigueurs  du 
Parlement  contre  les  protestants, 
'ci").  —  Lui  annonce  la  prise  du 
Mont  Sainle-Catherine,  4i5.  — 
Refuse  de  nouveau  un  passeport  à 
Throckmorton,  4i5.  • —  Annonce  à 
l'évêque  de  Rennes  le  départ  du  car- 


^JÊÊÊ 


dinal  de  Lorraine  et  des  prélats  pour  j 
Le  i  "iii  ile,  'ii(i.  —  L'invite  à  assis- 
ter à  la  diète,  S  ii>.  —  Envoie  le 
président  de  Montforl  porter  les  der- 
nières conditions  pour  la  restitution 
des  places  du  Piémont,  4i6.  - 
Trace  à  L'évéque  de  Rennes  sa  con- 
duite à  la  dièle,  4  17.  —  Le  ren- 
;ne  sur  la  situation,  417.  — 
Lui  raconte  la  prise  du  Bfonl  Sainte- 
Catherine,  3»7.  —  Invite  Jaraac 
à  rester  à  la  Roclielle,  '1 1  .S.  —  Le 
subordonne  à  Burie  et  au  duc  de 
Monlpenaier,  h  18.  —  Doun.'  l'ordre 
à  Matignon  d'entrer  en  liasse  Nor- 
mandie, '11  g;  —  d'empêcher  le 
pillage,  '119.  —  Prévient  le  Par- 
lement de  Paris  qu'on  a  redemandé 
à  ceux  d'Orléans  le  conseiller  Sapin, 
4ig.  — Annonce  à  la  duchesse  de 
Guise  la  blessure  du  roide  Navarre, 
ûao.  —  Lui  parle  de  l'opiniâtreté 
de  ceux  de  Rouen,  4  20.  —  Envoie 
un  message  au  duc  de  Monlpensier, 
4ao.  —  Félicite  Monluc  de  ses 
bons  services,  621.  —  S'applaudit 
de  la  défaite  de  Duras,  4a  1.  — 
Demande  à  Monluc  et  à  Burie  des 
hommes  d'assaut,  4ai.  — Presse 
d'Alluie  d'en  finir  avec  la  restitution 
des  places  du  Piémont,  4a3. — 
Le  prie  de  faire  un  emprunt  aux 
Génois,  h-î'i.  —  Lui  annonce  la 
blessure  du  roi  de   Navarre,   4a3. 

—  Invite  de  Piennes  à  surveiller 
les  protestants  qu'il  a  enrôlés,  k-i-i. 

—  Ecrit  à  Monluc  que  le  Roi  le  dé- 
sire auprès  de  lui,  4a3.  —  Prie 
Morvilliers  de  faire  accepter  par 
Bordillon  la  décharge  portée  par 
San-Fré  ,  424.  —  Approuve  ce 
qu'il  a  fait  pour  la  solde  des  troupes, 
la  1.  —  Le  prie  de  rester  en  Pié- 
mont, 4i>6.  —  Lui  parle  du  siège 
de  Rouen,  4s4. —  Demande  des 
troupes  au  duc  de  Montpensier, 
ia5.  —  Désigne  celles  qu'il  gar- 
dera, 4a5.  —  Annonce  l'arrivée 
do  la  Rochefoucauld  et  de  Duras  à 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

1  Irl  ans,  ia5.  —  Ecrit  à  Gonnor 
pour  un  échange  de  terres  avec 
le  comte  d'Egmont,  !<■','<,  ia6. — 
Envoie  Sardini  en    I  landre,   S  16. 

—  Donne  une  mission   seci  èle 
Tavannes,  '137.  —  Écrit  à  Brissac 
au  sujet  du  payi  menl  de  sa  compa- 
gnie, '127.  —  Regrette  les  diffi- 
cultés soulevées  par  Bordillon,  ia8. 

—  San-Fré  chargé  de  les  aplanir 
en  rendra  bon  compte  au  duc 
de  Savoie,  iag.  —  Prie  d'Alluie 
d'annoncer  au  duc  de  Savoie  la 
prise  d>'  Rouen,  13o. —  Donne 
des  ordres  à  Tavannes  pour  la 
montre  des  Suisses,  i3a. —  L'in- 
vite à  retourner  en  son  gouverne- 
ment après  avoir  remis  les  Suisses 
au  maréchal  Saint- André,  43a. — 
L'approuve  des  mesures  de  rigueur 
qu'il  a  prises  contre  quatre  gentils- 
hommes, 43a.  —  L'assure  de  son 
bon  vouloir,  43a.  —  Invile  le  car- 
dinal de  Lorraine  à  en  finir  avec  la 
restitution  des  villes  du  Piémont, 
43o.  —  Lui  annonce  la  prise  de 
Rouen,  43o;  —  la  soumission  de 
Dieppe.  —  Indécise  sur  ce  qu'elle 
doit  faire,  43l.  —  Nouvelles  dé- 
monstrations d'amitié  qu'elle  fait  au 
duc  de  Savoie,  43 1.  —  Envoie 
Gonnor  à  Condé  pour  une  entrevue, 
432.  —  Écrit  à  Gonnor  pour  un 
emprunt,  433.  —  Lettre  circulaire 
pour  cet  emprunt,  434.  —  Pré- 
vient le  connétable  de  sa  visite  à 
Écouen,  434.  —  Fait  connaître  son 
itinéraire  au  duc  de  Guise,  434. — 
Ecrit  à  Tavannes  à  l'occasion  des 
lettres  d'amnistie  adressées  par  le 
Roi  aux  baillis  et  sénéchaux,  435. 

—  Presse  les  fortifications  de  la  cita- 
delle de  Chalon,  435.  —  Mande 
M.  de  Gonnor,  436.  —  Annonce  à 
d'EscarS  la  mort  du  roi  de  Navarre, 
436.  —  Le  prie  de  suspendre  son 
voyage  d'Espagne,  436. —   Donne 

l,i  l'iiinpagiiic  du  loi  de  ,a\arre  pai 
moitié  au  prince  son  fils  et  au  duc 


703 

d'Oi  léai  "    —  Invile  Boisv   ,1 

ne  p  1-  renvoyer  de  Meaux  les  pro- 
testants, mais  seulement  les  1 
gers,    '1  ' i  y  -       -    Donne    l'ord 
Boisy  de  ne  pas  laisser  continui 
son  chemin  au  duc  de  Lunebou  g 
i35,       Prie  le  dm  de  '  luise  d'en 
voyerâ  Paris  un  coffre  réclamé  par 
ThrockmorliMi.    i:i  • .  I; .  . .    . 

mande  à  lîoisy  l'orl  vre  I   ban  Dou 
blet  retiré  ê  Meaux,  43g.       Pi 
leste  de  son  amitié  envei  •  : 
de  Savoie  1    licite  le  dm 

d'Aumnle  d'avoir  pourvu  à  la  dé- 
fense des  passages,    i  io,        I.  n 

envoie  un  avis  reçu    du  (Oinh    A    | 

remberg,  44o.  —  A  écrit  au  duc 
de  Savoie  d  ■  lui  1  nvoyer  mille  1  u 
vaux,  l4o.  —  Ecrit  au  duc  de 
Guise  el  an  connétable  pour  inettn 
d'accord  les  habitants  de  Piagella  . 
de  Vaucluson  et  les  Briançonnois . 
'1  io.  —  Compte  sur  la  duché 
Lorraine  pour  se  justifier  aupré: 
de  l'Empereur,  44i.  —  Explique  le 
sens  des  lettres  qu'i  li    a  écrites  à 

I    nulle.        |   J]         1     !!.    Explique    Si   ! 

rapports  avec  lui  et  ses  négociations  • 
44j. —  Invile  le  duc  de  Nevers  à 
venir  la  trouver,    143.  —  Recom- 
mande Francisco  de  Léon  Caslillo  à 
l'évéque  de  Limoges,  4  i3.     -  Écrit 
à  Tavannes  an  sujet  des  impôts  qu'il 
à  levés  à  Mirebeau,  444.  —  Fait 
part  a  Boistaillé  des  efforts   I    il 
pour  la    pacification,  444.  —  M'a 
sur   lui  aucune   mauvaise    impre 
sion,  444. —  Entretient  la  duchei 
de  Guise    des  tentatives  de   négo- 
ciation, '1 '1 '1 .  445.  — Ecrit  à  du 
Ferrier  à  l'occasion  de  l'arrivi 

Trente  du    cardinal  de  Lon; 

'1  i5.  — Rappelle  à  Lansac  les  lettre 
qu'elle  lui  a  écrites,   440.  —  1 1  > 
reuse  de  l'arrivée  du   cardinal  de 
Lorraine  à  Trente,  44(i.  —  S'en 
promet  beaucoup,  446.  —  Regreth 
que  certains  prélats  ne  soient 
encore  à  Trente,  446.  -  ■  Regr<  tte 


70/i 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


cjue  le  corale  Palatin  juge  si  mal 
ce  qui  se  pass3  en  France,  kà'j.  — 
Traite  de  mensongère  la    harangue 


le  Spifaine, 


Dédaigne  d'y 


répondre,  448. —  Explique  à  l'é- 
\èque  de  Rennes  le  vrai  sens  des 
lettres  qu'elle  a  écrites  à  Condé, 
448.  —  Lui  fait  part  de  l'insuccès 
des  dernières  négociations  avec 
Condé  sous  les  murs  de  Paris,  448. 
—  Lui  annonce  la  rupture  des  négo- 
ciations, 44g.  —  Regarde  comme 
utile  une  ambassade  des  princes  al- 
lemands, 44g.  —  Le  prie  de  remer- 
cier le  roi  des  Romains  des  aver- 
tissements qu'il  a  donnés  par  rap- 
port à  l'Espagne,  44g.  —  Lui  fail 
part  de  la  proposition  de  la  main 
d'une  des  filles  du  roi  des  Romains 
pour  Charles  IX,  45o.  —  L'invite  à 
voir  souvent  l'évéque  de  Trêves, 
45o.  —  Redoute  pour  le  printemps 
une  invasion  des  Anglais,  45o.  — 
Refuse  les  offres  de  Frédéric  Spet 
pour  une  levée  d'hommes,  45 1.  — 
Fait  part  au  connétable  d'une  lettre 
écrite  par  le  prince  de  Condé  aux 
capitaines  allemands,  45i.  — 
Approuve  la  réponse  faite  à  Condé 
par  le  s'  d'Esguilly,  45 j.  —  Lui 
envoie  le  capitaiue  Roch,  45a.  — 
Recommande  à  Cosme  les  enfants 
de  Madame  du  Perron,  45a.  — 
Invite  Soubise  à  rendre  Lyon, 
'157.  —  Annonce  à  M.  du  Lude 
la  victoire  de  Dreux,  458.  — 
L'invite  à  veiller  sur  son  gouverne- 
ment, 458.  —  Prie  Gonnor  de 
presser  le  départ  de  Brissac  pour 
la  Normandie,  458.  — Fait  le  récit 
de  la  bataille  de  Dreux  au  cardi- 
nal de  Lorraine,  455;  —  à  l'é- 
véque de  Rennes,  455,  note.  — 
Remet  l'audience  de  l'ambassadeur 
Thomas  Smith,  45g.  —  Donne 
i'ordre  à  Gonnor  de  payer  la  dé- 
pense de  l'envoyé  du  Grand-Sei- 
;oeur,  46o.  —  Lui  indique  les 
présents  à  lui  faire,   46o.  — Lui 


demande  de  l'argent,  40o. —  Pro- 
met à  Bordillon  de  lui  faire  expé- 
dier la  décharge  qu'il  réclame, 
46 1.  —  Invite  d'Humières  à  sur- 
veiller ceux  qui  passent  par  son 
gouvernement,  464.  —  Ecrit  à 
Gonnor  au  sujet  du  payement  des 
Espagnols,  464.  — Le  prie  d'en- 
voyer de  l'argent  au  capitaine  de 
Touques,  46a.  —  Demande  deux 
cents  lances  à  Gonnor,  463.  — 
Explique  au  Parlement  de  Paris  les 
motifs  du  départ  du  Roi  pour  Char- 
tres, 463.  — Envoie  à  Gonnor  un 
mémoire  de  Tavannes,  463.  — 
Lui  écrit  pour  les  présents  de  l'en- 
voyé du  Grand-Seigneur,  465.  — 
Lui  réclame  de  nouveau  un  en- 
voi d'argent  pour  reprendre  le 
château  de  Tancarville,  465.  —  Le 
prie  de  fouiller  les  bourses,  afin 
de  payer  le  Légat,  465.  —  An- 
nonce à  Damville  qu'elle  lui  envoie 
l'argentier  du  prince  de  Condé, 
466.  —  Accorde  une  compagnie  à 
Maugiron,  466.  —  Invite  le  Parle- 
ment de  Paris  à  publier  un  édit  d'a- 
bolition, 466.  —  Défavorable  à 
l'enlrée  au  Parlement  du  fils  du 
président  Le  Maistre,  467.  —  In- 
vite Gonnor  à  secourir  d'argent  la 
garnison  de  Monlreuil,  467.  —  A 
rembourser  le  sr  de  Bazerne,  467. 
—  Proteste  au  duc  de  Savoie  de 
son  bon  vouloir  et  de  celui  de 
Charles  IX,  468.  — Ecrit  à  Lansac 
pour  le  maintien  de  la  préséance 
sur  l'Espagne,  468.  —  S'applau- 
dit de  l'attitude  des  prélats  français 
au  concile,  468.  —  Écrit  à  Saint- 
Sulpice  pour  obtenir  que  les  prélats 
espagnols  s'entendent  avec  ceux  de 
France,  468.  —  Ecrit  également  à 
l'évéque  de  Rennes  pour  obtenir  le 
le  même  accord  avec  les  Allemands, 
468.  —  Prie  Lansac  de  lui  envoyer 
les  articles  de  réformation  qu'il  a 
présentés  au  concile,  46g.  —  De- 
mande   un    éclaircissement   sur    la 


mission  des  envoyés  du  duc  de  Ba- 
vière à  Rome,  46g.  —  Est  satisfaite 
de  la  résidence  de  l'évéque  de  Vi- 
terbe  auprès  du  cardinal  de  Lor- 
raine, 46g.  —  Invite  Lansac  à  le 
ménager,  46g.  —  Ecrit  à  Gonnor 
pour  les  deniers  du  Légat,  et  la  dis- 
pense des  conseillers,  470.  —  Lui 
annonce  les  pourparlers  de  paix , 

470.  —  Ecrit  au  Parlement  de  Paris 
pour  la  dépense  des  conseillers  man- 
dés à  Chartres,  470.  —  Prie  Gon- 
nor d'envoyer  de  l'argent  à  Brissac. 

471.  —  Ecrit  au  duc  de  Guise  au 
sujet  de  la  réduction  de  ses  troupes, 
471  ;  —  à  l'évéque  de  Rennes  à 
l'effet  d'obtenir  communication  de 
la  réponse  faite  à  Spifame  par  les 
électeurs  de  l'Empire,  472.  — 
N'attend  rien  de  l'Empereur,  47a. 

—  Entretient  l'évéque  de  Rennes 
des   troubles  de   la  Transylvanie. 

472.  —  Charge  le  cardinal  de  Lor- 
raine de  négocier  le  mariage  de 
Charles  IX  avec  une  fille  du  roi 
des  Romains,  473.  — Annonce  à 
l'évéque  de  Rennes  la  soumission 
du  baron  des  Adrets,  473.  —  En- 
voie  d'Elbène    à    Florence,   473. 

—  Réclame  de  l'argent  à  Gonnor 
pour  le  duc  de  Nemours,  473.  — 
A  fait  trente-deux  chevaliers  de 
l'ordre,  474.  —  Ecrit  au  duc  de 
Florence  pour  le  départ  de  d'Elbène 
et  l'emprunt  attendu,  474.  —  En- 
voie M.  de  Boisverdun  à  M.  de 
Gonnor,  pour  un  secours  d'argent 
pour  la  garnison  de  Metz,  474.  — 
Prie  Gonnor  de  remettre  quelque 
argent  au  trésorier  Bâillon,   475: 

—  de  secourir  MM.  de  Yieilleville 
et  de  Villebon,  476;  —  de  payer 
les  ouvriers  employés  aux  bâtiments 
royaux,  477.  —  Supprime  l'office 
de  général  des  finances  de  Lyon , 
478.  —  Fait  donner  un  acompte 
aux  Suisses,  478.  —  Invite  Gon- 
nor à  envoyer  à  Chartres  le  tréso- 
rier de  l'Epargne,   la  bourse  bien 


,.i-*Z£=ï=*_-v.»-. 


iSm 


dii 


TABLE  DES  M  ITIERES. 


705 


'177.  —  Le  prie  d'en  finii 
avec  le  procès  pour  le  duché  d'A- 
lençon,  '177,  ^78.  —  Lui  écrit  au 
sujet  du  pardon  accordé  aux  prc 
testants,  178 ;  —  au  sujet  de  la 
vente  des  bois  de  la  Ferté-au-A  i- 

dame,   '1  —  < ) .  Envoie  au  carilinal 

de  Lorraine  la  lettre  de  Charles  l\ 


aux  nèros  du  concile,  i' 


9-' 


Prie 


Lansac  d'être  juge  si  elle  doil  ou 
non  être  remise,  '1711.  -  Lui 
donne  des  nouvelles  de  l'année, 
48o.  Parle  à  Gonnor  des  répa 
rations  de  l'abbaye  deCorbie,  18o. 
—  Renvoie  les  conseillers  du  Par- 
lement de  Paris,  48 1. —  Congra- 
tule le  roi  des  Romains,  489.  — 
Fait  part. à  Lansac  de  son  désir  de 
la  paix,  681.  — Tient  pour  sé- 
rieuses les  offres  du  capitaine  Reif- 
femherg,  Mil..  —  Revient  sur  les 
propos  de  mariage  tenus  par  l'ar- 
chevêque de  Trêves,  48 1.  —  Ap- 
prouve Gonnor  d'avoir  retiré  les 
lettres  de  pardon,  Mis.  —  Lui 
parle  de  l'emprunt  fait  au  clergé, 
48a;  —  d'un  remboursement  au 
duc  de  Savoie,  48a.  —  S'informe 
des  amendes  de  Toulouse  et  de  Bor- 
deaux, 48a. —  Réclame  des  lances, 
48a.  —  Fait  planter  des  arbres 
dans  le  bois  de  Vincennes,  483.  — 
Demande  à  Gonnor  trente  mille 
écus  pour  une  levée  en  Allemagne, 
483.  — Le  prie  de  l'aire  dépêcher  les 
lettres  pour  un  office  de  conseiller 
au  Parlement  au  fils  du  garde 
des  sceaux  Moutholon'et  au  fils  du 
procureur  général  Leclerc,  483.  — 
Prie  le  maréchal  de  Montmorency 
de  veiller  au  logement  de  l'ambas- 
sadeur d'Angleterre ,  484.  — 
Nomme  Mauvissière  gouverneur 
de  Tancarville,  484.  —  Annonce 
au  Parlement  de  Paris  le  départ  de 
Charles  IX  pour  Blois,  484.  — 
Reviendra  à  Paris,  s'il  y  a  danger, 
485.—  Se  plaint  à  la  reine  Elisa- 
beth de  l'emprisonnement  d'un  des 
Catherine  de  Médius.  —  1, 


otages,    Dupral    5*  de  Nanlouill  il 
486,    '1^7.  Écril    à   Gonnoi 

pour  le  payement  des  troupes  du 
Rhingrave,  '187.  Lui  annonce 
son  arrivée  à  Blois,  488,  Espèi 
la  paix  par  suite  du  dé  ouragemenl 
des  Allemands  ,  488.  —  Envoies 
M.  d'Humières  le  baron  deMaignac, 
488.  -  -  Invite  Gonnor  à  payer  les 
gages  du  ■'  de  Trousseboys .  189. 
-  Lui  donne  des  instructions  pour 
l'artillerie,  'i'-.i;  -  pour  le  paie 
ment  îles  troupes  de  Brissac,  489; 

—  pour  l'emploi  des  deniers  à  re- 
cevoir, 48g.  —  Lui  parle  de  la 
querelle  de  Villebon  et  de  Vieille- 
ville,  4go;  —  d'un  prêt  pro- 
posé par  d'Oisel  ,  4go.  — 
Espère  bon  succès  de  son  voyage  à 
Blois,  4<)o.  —  Écril  au  maréchal 
de  tfontmoren  au  sujet  de  l'explo- 
sion des  poudres,  4gi.  —  Lui  an- 
nonce le  départ  de  l'armée  protes- 
tante pour  la  Normandie,  4g  1,  Iga. 

—  Le  prie  de  remettre  la  foire 
Saint-Germain,  '191.  —  Craint  le 
retour  de  l'armée  protestante,  iga. 

Fait  connaître  ses  intentions  à 
Damville  au  sujet  deBoucarl  el  d'Es- 
ternay  que  Coudé  veut  faire  cou- 
cher dans  sa  chambre,  4ga. —  Prie 
Tavannes  de  secourir  le  duc,  de  Ne- 
mours d'artillerie,  4g3.  —  Invite 
le  Parlement  de  Paris  à  poursuivre 
les  rebelles  et  à  saisir  leurs  biens, 
4g3.  —  Invile  Damville  à  laisser' 
un  gentilhomme  envoyépar  la  prin- 
cesse de  Condé  parler  au  prince  de 
Condé,  4g4.  —  Engage  Gonnor  à 
obtenirpar  tous  moyens  de  l'argent , 
liait;  —  à  choisir  les  Tournedos 
pour  y  mettre  les  poudres,  4g4, 
4g5;  —  à  envoyer  des  poudres  à 
l'armée,  4gT>.  —  Lui  remet  une 
commission  pour  le  remontage  de 
l'artillerie,  4g5.  —  L'entretient 
d'une  nouvelle  levée  en  Allemagne, 
'1  <)•">.  —  Donne  l'ordre  au  maréchal 
de  Montmorency  de  faire  assembler 


i.i  gendai  m  u  ie,  'igii.       Sign 
Damville  un  gentilhomme  parti  poui 
s'introduire  auprès  de  Condé,  ûgG. 

Avertit  le  duc  de  Ferrare  de  i 
mélioration  de  la  situation,  '197. — 

\ii;'.iiii  e  ,1 are,  bal  de   Moulin.. 

rencj  la  prise  du  Portereau  d'I  h 
leans,  4g7,  Ï98.  Lui  dem 
île  faire  partir  l'artillerie,  Û98.  — 
Lui  envoie  l'ordre  de  défendre  la 
Seine,  698.  —  Lui  prescrit  des 
mesures  | e  npêcher  les  assem- 
ble, s  .1rs  protestants,  4g8.  —  Lui 
parle  des  poudres,  4g8.  —  Lui 
manifeste  ses  craintes  sur  le  retoui 
de  l'armée  prolestante,  49g.  - 

Donne  l'ordre  à  Gonnor  d'examiner 
les  comptes  du  gouverneur  d'Ar- 
dres,  4gg.  —  Lui  demande  dix  ca 
lions,  ôoo.  —  Trace  l'itinéraire 
de  l'artillerie,  5oo.  -  Envoi 
le  secrétaire  Marseille  à  Tavannes. 
5oo. —  Annonce  à  Gonnor  l'envoi 
du  cardinal  de  Guise  à  l'ais.  !>ui. 
—  Le  prie  de  bi.n  disposer  le 
Parlement,  5oj.  —  Expose  iu 
Parlement  de  Paris  les  nécessité! 
d'argent,  ,r>oi.  —  Lui  envoies  cel 
effet  le  cardinal  de  Guise,  5oj.  — 
Invite  ISoissy  à  l'aire  fortifier  le  < hi 
toau  de  Chinon,  5o2.  —  Recom- 
mande à  Gonnor  une  extrême  dili- 
gence, noa.  —  Lui  écrit  au  suji  1 
d'un  édit  d'emprunt,  boa.  —  Lui 
demande  un  étal  des  délies  pavées . 
."ne..  —  Le  prie  de  bâter  le  départ 
des  canons,  5o3.  —  Fait  part  k 
l'évéque  de  Rennes  de  son  désir  de 
conciliation  et  des  moyens  employée 
pour  y  parvenir,  5o4.  —  Indique 
à  l'évéque  de  Rennes  ce  qu'il  doit 
répondre  au  roi  de  Bohême  s'il  vient 
à  parler  de  sa  fille  pour  Ciiarles  l\  . 
5o4. — Lui  annonce  la  demande  faite 
par  l'Empereur  de  la  restitution  de 

\b iU,  de  Toul  et  Verdun,  5o4. — 
lieuent  sur  les  dangers  que  court 
Metz,  5o5.  —  En  prévient  Lansac 
et  le  cardinal  de  Lorraine,  5o5.  — 

89 


70G 


TABLE  DES  MATIERES. 


Félicite  François  de  Montmorency 
de  l'ordre  donné  à  Mantes,  5o5. — 
Lui  annonce  le  départ  pour  Paris  de 
l'ambassadeur  venu  pour  réclamer 
Metz,  5o6. — Le  prie  de  hâter  l'envoi 
des  canons,  5 06. —  Ecrit  à  la  reine 
Elisabeth  pour  désavouer  la  procla- 
mation de  guerre,  5o6.  — -  Ecrit  à 
Damvilleausujetde  la  venue  de  Bou- 
cart  et  d'Esternay,  507.  —  Presse 
Gonnor  d'envoyer  des  secours  an  duc 
de  Guise,  568. — Annonce  au  comte 
du  Lude  l'arrivée  de  Don  Hernando 
de  Tolède,  5o8.  —  Se  plaint  à 
Gonnor  des  retards  de  l'emprunt, 
509.  —  Envoie  Malras  pour  recou- 
vrement de  deniers,  509.  —  Presse 
Gonnor  d'activer  la  rentrée  de  l'em- 
prunt, 5og.  —  Le  prie  de  l'aire 
amender  un  arrêt  du  Parlement  de 
Paris,  5i  0.  —  Félicite  le  cardinal 
de  Guise  du  succès  de  sa  mission  à 
Paris,  5i  0. —  Lui  parle  des  troubles 
de  Meaux,  5 10.  —  Le  prie  de  faire 
modifier  les  termes  du  pardon  ac- 
cordé par  le  Roi ,  5 1 1 .  —  Lui  an- 
nonce la  blessure  de  son  frère,  5 12. 

—  En  prévient  M.  de  Gonnor,  5 1 2. 

—  Annonce  au  connétable  qu'elle 
a  promis  !a  grande  maîtrise  à  la 
duchesse  de  Guise,  5i2,  5i3. — 
Fait  part  au  maréchal  de  Montmo- 
rency de  la  mort  du  duc  de  Guise, 
5i3. —  Ecrit  au  connétable  à  l'occa- 
sion de  la  grande  maîtrise  promise 
au  fils  du  duc  de  Guise,  3i3.  —  En 
écrit  également  à  M.  de  Saint-Sul- 
pice ,  5 1 3 ,  note.  —  Prie  le  maréchal 
de  Montmorency  de  maintenir  l'or- 
dre, 5i4  ,  5i5.  —  Invite  du  Lude  à 
veiller  sur  le  Poitou  ,016.  —  An- 
nonce à  la  duchesse  de  Savoie  la 
mort  du  duc  de  Guise,  5 16.  —  Lui 
parle  des  révélationsde  Poltrot,  5i  6. 

—  Accuse  Coligny,  017.  —  Prie  le 
duc  et  la  duchesse  de  Savoie  de 
venir,  517.  —  Recommandations 
qu'elle  fait  au  maréchal  de  Montmo- 
rency après  la  mort  du  duc  de  Guise , 


5 18.  —  Prie  Gonnor  de  hâter  le 
recouvrement  des  deniers ,  5 1 8  ;  — 
d'assurer  le  Parlement  de  la  bonne 
volonté  qu'elle  lui  porte,  5j8;  — 
de  faire  faire  des  réparations  à  Ca- 
lais, 019.  —  Renouvelle  à  la  du- 
chesse de  Guise  la  promesse  de  la 
grande  maîtrise  pour  son  fils ,  5 1 9 , 
520.  —  Fait  part  au  roi  d'Espagne 
de  la  mort  du  duc  de  Guise,  520. 

—  Prie  Gonnor  de  lui  envoyer  de 
l'argent,  5ao.  —  Accorde  l'abbaye 
de  Rivoure  à  M.  de  Barbezieux, 
522.  —  Promet  au  connétable  de 
l'en  dédommager,  52  2.  —  Annonce 
au  maréchal  de  Montmorency  la 
prochaine  entrevue  du  connétable 
et  de  Condé,  522.  —  Parle  à  Gon- 
nor de  la  surprise  d'un  convoi  d'ar- 
gent, 022,  52.3;  —  des  nécessités 
de  l'armée,  5a3;  —  de  la  prise  de 
Caen,  5a3;  — des  bonnes  paroles 
de  Condé,  520;  —  de  la  montre 
de  la  gendarmerie,  523.  —  Parle  à 
l'évèque  de  Rennes  de  la  réception 
faite  par  l'Empereur  au  cardinal  de 
Lorraine,  5a/i  ;  —  de  la  demande 
de  restitution  de  Metz,  Toul  et 
Verdun,  5s4. —  Annonce  à  Gonnor 
les  conditions  de  l'entrevue  de 
Condé  et  du  connétable,  52  4  ,  525. 

—  Fait  arrêter  le  prévôt  de  Gien, 
52  5.  —  Explique  au  Parlement  de 
Paris  les  motifs  de  la  prolongation 
de  sou  séjour  au  camp,  025,  526. — 
Accuse  réception  â  Gonnor  de  l'ar- 
gent venu  du  Bourges,  52Ô.  — Lui 
annonce  la  paix,  527.  —  Lui  de- 
mande encore  de  l'argent,  627.  — 
Lui  fait  connaître  les  conditions  de 
la  paix,  527.  —  En  envoie  les  ar- 
ticles au  maréchal  de  Brissac,  527, 
528.  —  Demande  de  l'argent  à 
Gonnor  et  tient  la  paix  pour  as- 
surée, U28.  —  Annonce  la  paix  au 
maréchal  de  Montmorency,  528, 
529;  —  à  M.  du  Lude,  539.  — 
Demande  de  l'argent  à  Gonnor  pour 
les   Suisses,  529.  — ■   Ordonne  à 


M.  du  Lude  de  remettre  les  prison- 
niers en  liberté,  53o. —  Annonce 
au  maréchal  de  Montmorency  l'envoi 
des  lettres  pour  la  publication  de 
la  paix,  53o. —  Envoie  à  Rome  le 
chevalier  de  Seurre,  53 1.  —  L'an- 
nonce à  Gonnor,  53 1.  —  A  sus- 
pendu les  levées  des  pistoliers ,  53 1 . 

—  Attend  de  l'argent  pour  la  montre 
des  Suisses,  53 1.  — Invile  Gonnor 
et  le  maréchal  de  Montmorency  à 
insister  auprès  du  Parlement  de 
Paris  pour  la  publication  de  la 
paix,  532.  —  Envoie  par  M.  de 
Losses  les  lettres  patentes  de  la 
paix,  533.  —  Prie  Gonnor  d'in- 
sister pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  mo- 
difications, 534.  —  Presse  le  Parle- 
ment d'en  faire  la  publication,  534. 

—  Annonce  la  paix  à  Philippe  II , 
534.  —  Lui  envoie  d'Oisel,  535. 

—  Prie  Gonnor  de  faire  payer  les 
colonels  du  Rhingrave,  535.  — 
Explique  à  Gonnor  et  au  maréchal 
de  Montmorency  pourquoi  l'on  n'a 
pas  mentionné  les  maisons  du  Roi 
dans  les  conditions  de  la  paix,  535. 

—  Leur  parle  des  préparatifs  contre 
Metz,  535,  536.  —  Revient  sur  les 
nécessités  urgentes  de  la  publica- 
tion de  la  paix,  536. —  Blâme  le 
trésorier  Savoye  d'un  détournement 
de  fonds,  536.  —  Charge  Gonnor 
d'en  faire  l'information,  536.  — 
Transmet  au  duc  de  Lorraine  les 
plaintes  de  ceux  de  Metz,  537.  — 
Ecrit  à  .Matignon  au  sujet  du  Mont- 
Saint-Michel,  537;  —  â  Gonnor 
pour  les  réparations  de  Calais,  537, 
538.  —  Demande  à  Gonnor  l'état 
des  garnisons  de  Picardie,  538.  — 
Ordonne  à  Tavannes  de  faire  relâ- 
cher les  protestants  prisonniers,  538. 

—  S'applaudit  de  la  résolution  du 
Parlement  de  Paris  pour  la  publica- 
tion delà  paix,  538. — -En  félicite 
Gonnor,  538.  —  Prévient  le  Parle- 
ment du  départ  du  cardinal  de 
Bourbon  et  du  duc  de  Montpensier, 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


707 


i  ;  .  53g.  —  Annonce  la  paix  .'< 
Lansac,  53g.  —  En  explique  les  né- 
cessités, 539.  —  Loue  Lansac  de  sa 
conduite  au  concile,  5  .'10. —  L'invite 
à  continuer,  54o;  —  à  défendre  le 
droit  de  préséance  sur  l'Espagne, 
54o.  —  Le  satisfera  du  reste  de 
ses  gages,  54o.  —  Annonce  au  car- 
dinal de  Lorraine  qu'elle  a  appris 
tout  ce  qui  s'est  passé  dans  son  en- 
trevue avec  l'Empereur,  54 1.  — 
Le  prie  d'agir  auprès  de  l'Empe- 
reur pour  la  bonne  conclusion  du 
concile,  54i. —  Lui  expose  la  triste 
situation  de  la  France  et  les  néces- 
sités de  la  paix,  54i.  —  Annonce 
la  paix  à  l'évéque  de  Rennes,  542. 

—  Lui  en  explique  les  nécessités, 
5ii  2. —  S'applaudit  des  bonnes  dis- 
positions de  l'Empereur  pour  le  con- 
cile, 543.  —  Inquiète  de  l'expédi- 
tion méditée  contre  Metz,  5'i3.  — 
Parle  à  l'évéque  de  Rennes  du  ma- 
riage de  la  reine  d'Ecosse  avec  l'ar- 
cbiduc  Charles,  543. —  Lui  parle 
du  mariage  de  Charles  IX  avec  une 
des  filles  du  roi  des  Romains,  543  ; 

—  du  mariage  de  sa  fille  Marguerite 
avec  le  fils  aîné  du  roi  des  Romains, 
543.  —  Pense  à  une  princesse  de 
Clèves  pour  le  duc  d'Orléans,  544. 

—  Écrit  à  Boisy  qu'elle  compte  lui 
réserver  la  garde  d'Amboise,  544. 

—  Lui  annonce  que  Condé  rendra 
les  étalons  des  haras,  544.  ■ —  Pro- 
met à  la  duchesse  de  Guise  pour  son 
fils  la  main  de  la  fille  du  maréchal 
Saint -André,  545.  —  Parle  à  la 
duchesse  de  la  publication  de  la 
paix,  545.  —  Engage  le  Parlement 
de  Paris  à  ne  pas  poursuivre  le  pro- 
cès contre  les  protestants  de  Meaux , 
546.  —  Invite  Gonnor  à  faire  payer 
la  garnison  de  Metz,  546  ,  55o.  — 
Donne  l'ordre  au  comte  du  Lude  de 
réprimer  le  pillage  en  Poitou,  5 4 7. 

—  Prie  Gonnor  d'envoyer  de  l'ar- 
gent au  trésorier  Brochet,  j '1 7 .  — 
Envoie    au    bailli    de   Vermandois 


copie  de  la  publication  de  la  paix, 
549.  —  Donne  l'ordre  au  comte  du  ' 
Lude  de  fair  séparei  I*'*  protestants 
encore  en  armes  dans  le  Poitou, 
548.  —  Avertit  Gonnor  «pie  Melz 
esl  toujours  sous  la  menace  d'une 
attaque,  54g-55o.  \  envoie 
Vieilleville,  54g.  Prie  Gonnor 
d'en  faire  payer  la  garnison,  54g, 
55o;  de  p  tyer  la  garnison  de 
Saint-Dizier,  >.>o. —  Envoie  à  Gon- 
nor une  lettre  du  Roi,  55o.  —  Invite 
le  Parlement  de  Dijon  à  publier  la 
paix,  55o,  5.u.  -  Prie  Monlucde 
la  faire  publier  parle  Parlemenl  de 
Bordeaux,  55 1;  —  de  rompre  les 
associations  catholiques,  55a.  — 
Ecrit  à  la  duchesse  de  Guise  pour 
maintenir  la  promesse  de  la  grande 
maîtrise,  553.  —  Sa  première  lettre 
à  François  I",  append.  554.  —  Ses 
lettres  à  Marie  de  Guise,  reine 
d'Ecosse,  où  elle  lui  parle  de  Marie 
Stuarl,  append.  555  ,  556,  507. — 
Recommande  à  Henri  11  Jehan  de 
Montagu,  append.  557,  558.  — 
Donne  à  Henri  II  des  nouvelles  de 
la  guerre,  append.  558.  —  Lui 
fait  dire  par  Fumel  ce  qu'elle  a 
fait  pour  les  vivres,  append.  558, 
559. —  Ecrit  au  connétable  au  sujet 
des  vivres  de  l'armée,  append. 
55g,  56o.  —  A  M""  de  Saint- 
Mesme  au  sujet  du  projet  de  faire 
le  duc  d'Anjou  cardinal ,  append. 
56o.  —  Envoie  sa  peinture  à 
Marie  Tudor,  append.  56 1.  — 
Renvoie  M.  de  Saint-Mesme  auprès 
de  sa  femme,  append.  56i.  — 
Prévient  Henri  II  des  démarches 
faites  pour  obtenir  de  l'argent, 
append.  50 1.  —  Ne  croit  pas  à  ia 
prétendue  grossesse  de  Marie  Tu- 
dor, append.  56-j.  —  Désigne 
Jean-Baptiste  Gonds  pour  tuteur  de 
Philippe  Strozzi,  append.  563. — 
Propose  des  galères  à  la  veuve  de 
Strozzi,  append.  503.  —  La  prie 
d'apporter  la  bibliothèque  du  maré- 


chal Strozzi ,  append,  .'lO.'i.  —  Désire 

que  Philippe  Strozzi  soi I   mis  s 

la  tutelle desa  mère,  append. 564, 
note.  —  Annonce  à  sa  fille  la  reine 
d'Espagne  la  découverte  d'un  com- 
plot, append.  565.  Prescriptions 
qu'elle  ordonne  pour  les  soins  de 
la  santé  de  sa  fille  la  reine  d'Es- 
pagne, append.  163 
Parle  à  M'"°  de  Clermont  de  son 
entrevue  avec  Philippe  II,  append. 
5(>ij.  —  Recommandations  quVII. 
fait  à  sa  fille  la  reine  d'Espagne, 
append.  568.  -  Triste  tableau 
qu'elle  lui  fait  de  sa  situation,  ap- 
pend. 568.  —  Compte  sur  elle, 
append.  Ô69.  —  Annonce  à  l'é- 
véque de  Limoges  la  mort  de 
François  II,  append.  56g.  —  Lui 
expose  la  conduite  qu'elle  suivra, 
append.  570.  —  Le  prie  de  veiller 
suc  les  pratiques  faites  pour  le  ma- 
riage de  Marie  Stnart  et  de  Don 
Carlos,  append.  570.  —  Ecrit  à 
Coignel  pour  obtenir  des  Suisses  un 
prolongement  de  remboursement, 
append.  671.  —  Parle  de  nouveau 
à  l'évéque  de  Limoges  du  mariage 
de  Marie  Stuart  et  de  Don  Carlos, 
append.  57a,  "173.  —  Le  prie  de 
bien  expliquer  au  roi  d'Espagne 
et  au  duc  d'Albe  les  motifs  de  sa 
conduite,  append,  ."i->.  573.  — 
Demande  le  maintien  de  L'Huil- 
lier  su r  l'état  des  serviteurs  de  la 
reine  d'Espagne  sa  fille,  append. 
573.  —  Se  plaint  à  Coignel  de  la 
propagande  protestante  faite  par 
ceux  de  Genève,  append.  576,  575. 
—  Donne  des  conseils  à  sa  fille 
Elisabeth  pour  sa  santé  et  lui  envoie 
des  remèdes,  append.  .'17a.  — 
Remercie  le  duc  d'Albe  de  lui  avoir 
annoncé  l'amendement  de  sa  fille, 
append.  "17."). —  Fait  remercier  le 
roi  d'Espagne  de  ses  offres,  ap- 
pend. 5 7 5 .  — -  Annonce  à  l'évéque 
de  Limoges  son  départ  pour  Fon- 
tainebleau, append.  576.  —  Écrit 

89- 


708 


TABLE  DES  MATIERES. 


de  nouveau  à  la  reine  d'Espagne 
au  sujet  du  mariage  de  Don 
Carlos,  append.  -"i 7 G .  —  Recom- 
mande à  la  reine  d'Espagne  de 
suivre  les  conseils  de  l'évèque  de 
Limoges,  append.  576.  —  Annonce 
à  l'évèque  de  Limoges  la  conclu- 
sion des  Etats  d'Orléans,  append. 
.177.  —  Est  résolue  d'employer  la 
douceur  pour  ramener  les  dévoyés, 
append.  577,  578.  —  Satisfaite  de 
la  visite  faite  à  son  fils  d'Anjou  par 
le  baron  de  Polviller,  append.  578. 

—  Invite  M.  de  Saint-Mesme  à  ne 
pas  déplacer  le  duc  d'Anjou,  ap- 
pend. 578.  —  Écrit  à  l'évèque  de 
Rennes  à  l'occasion  de  la  diète  de 
Naumbourg,  append.  Ô7<).  — 
L'invite  à  pressentir  l'Empereur  sur 
sa  ligne  de  conduite,  si  les  princes 
protestants  refusent  de  se  rendre 
au  concile,  append.  U79.  —  Ecrit 
à  Coignet  au  sujet  des  marchands 
suisses,  append.  58o.  —  Donne 
certaines  instructions  pour  la  déli- 
vrance des  passeports  aux  mar- 
chands suisses,  append.  58o.  — 
Prie  sa  fille  la  reine  d'Espagne  de 
ne  pas  ajouter  foi  aux  menteries 
qu'on  fait  sur  elle,  append.  58i. 

—  La  rassure  sur  les  intentions 
du  roi  de  Navarre,  append.  58 1. 

—  Ce  qu'elle  ditdes  Guises,  append. 
58a.  —  Remercie  le  prince  d'Evoli 
de  ses  bons  offices,  append.  58a. 

—  Propose  son  intervention  auprès 
du  Grand-Seigneur  en  faveur  de 
Philippe  11,  append.  583.  —  Prie 
l'évèque  de  Limoges  d'insister  pour 
la  récompense  du  roi  de  Navarre, 
append.  583.  —  Ecrit  à  l'évèque 
de  Limoges  au  sujet  de  la  négo- 
ciation de  Don  Juan  Maurique,  ap- 
pend. 584. — Proteste  de  son  affec- 
tion pour  le  roi  d'Espagne,  append. 
584.  —  Parle  de  la  tranquillité  de 
la  France,  append.  584.  —  Prie 
l'évèque  de  Limoges  de  surveiller 
le  prince  d'Evoli,  favorable  au  car- 


dinal de  Lorraine,  append.  585. — 
Consent  au  retour  de  M'""  de  Cler- 
mont,  append.  585.  —  Parle  à 
l'évèque  de  Limoges  du  refroidis- 
sement du  mariage  de  Don  Carlos 
et  de  Marie  Stuart,  append.  585; 
— r  de  l'obséquiosité  de  Marie 
Sluart  envers  elle,  append.  585. 
—  Fait  part  à  l'évèque  du  conflit 
intervenu  entre  le  roi  de  Navarre  et 
le  duc  de  Guise,  append.  586.  — 
Empêche  le  départ  du  roi  de  Na- 
varre, append.  586.  —  Se  plaint 
du  nonce,  append.  586,  587.  — 
Annonce  à  l'évèque  de  Limoges 
que  le  duc  de  Savoie  demande  la 
restitution  des  places  du  Piémont, 
append.  0S7. — Envoie  une  bague 
à  la  princesse  d'Evoli,  5S8. —  Parle 
à  M  '"  de  Clennont  du  retard  de  son 
entrevue  avec  Philippe  II,  append. 
588.  —  La  rappelle,  append. 
588.  —  Félicite  sa  fille  la  reine 
d'Espagne  du  contentement  que  son 
mari  a  d'elle,  append.  589.  — 
Conseils  qu'elle  lui  donne,  append. 
58g.  —  La  prie  d'annoncer  au 
roi  son  mari  le  mariage  de  M"e  de 
Bourbon-Montpensier  avec  le  comte 
d'Eu ,  append.  58g.  —  La  prie  de 
donner  à  M°"  de  Vineux  la  charge 
de  ses  bagues,  append.  58g.  — 
Ecrit  à  Coignet  au  sujet  du  paye- 
ment des  Suisses,  append.  5go. — 
Recommande  à  sa  fille  le  roi  le  Na- 
varre, append.  5gi.  —  Ce  qu'elle 
dit  des  Guises,  append.  5g3.  — 
Mande  M""  de  Clermont,  append. 
5;|3.  —  La  fait  remplacer  par 
M""  de  Vineux,  append.  5g3.  — 
Ses  plaintes  contre  les  Guises,  ap- 
pend. 5g3.  —  Mènera  couronner 
François  II  à  Reims,  append.  5g3. 
— ■  Demande' des  gants  à  sa  fille, 
append.  5g3.  —  Lui  enverra  des 
haquenées.  —  L'invite  à  favoriser 
le  mariage  de  Dona  Juaua  avec  Don 
Carlos,  append.  5g3.  —  La  prie 
de  solliciter  une  récompense  pour 


le  roi  de  Navarre,  append.  5g4.  — 
Lui  donne  des  nouvelles  de  ses 
frères,  append.  5g3,  5g4.  —  Prie 
Coignet  d'obtenir  des  Suisses  la  re- 
mise des  intérêts  en  retard,  append. 
5g4.  —  Craintes  qu'elle  manifeste 
du  mariage  de  Marie  Stuart  et  de 
Don  Carlos,  append.  5g5. —  Prie 
l'évèque  de  Limoges  de  s'entendre 
avec  la  reine  d'Espagne  pour  em- 
pêcher le  mariage  de  Marie  Stuart 
et  de  Don  Carlos,  append.  5g5.  — 
Le  prie  de  poursuivre  la  récompense 
du  roi  de  Navarre,  append.  5g5. 
—  Envoie  à  Coignet  un  paquet 
pour  l'évèque  de  Rennes,  append. 
5g5.  —  L'invite  à  faire  entrer  Berne 
et  Zurich  dans  l'alliance  avec  la 
France,  append.  5g6.  —  Lui 
promet  de  l'argent  sur  la  recelte  de 
Lyon,  append.  5g6.  —  Attend  au 
sacre  le  duc  et  la  duchesse  de  Lor- 
raine, append.  5g6.  —  Est  restée 
la  même  vis-à-vis  de  sa  fille  de 
Lorraine,  append.  5g7-  —  Elle  a 
tout  le  commandement  et  ne  se 
soucie  plus  des  menteries  répan- 
dues, append.  597.  —  Prie  sa  fille 
de  toujours  bien  se  recommander  à 
Dieu,  append.  5g7-  —  Fixe  à  Coi- 
gnet l'époque  et  le  lieu  où  il  lou- 
cbera  de  l'argent  pour  les  Suisses, 
append.  397,  5g8,  5gg.  —  Fait 
connaître  à  Coignet  son  itinéraire, 


append.  5g7,  5g 


Lui  annonce 


l'arrivée  à  Lyon  des  deniers  qu'il 
attend,  append.  597,598.  —  L'in- 
vite à  se  trouver  à  Bâle,  append. 
5g8.  —  Instructions  qu'elle  lui 
donne  par  rapport  aux  Suisses, 
append.  5g8.  —  Permet  à  Coignet 
de  venir  en  France,  append.  599. 

—  Se  plaint  à  l'évèque  de  Limoges 
des  calomnies  répandues  sur  elle 
par  Cliantonnay,  append.  599.  — 
Justifie  l'assemblée  tenue  à  Saint- 
Germain-des-1'rés,    append.    5gg. 

—  Justifie  sa  conduite,  append. 
600. —  Recommande  Marie  Stuarl 


à  l'évêque  île  Limoges,  append. 
Goo.  —  Recommande  Je  nouveau 
le  fait  du  roi  de  Navarre,  append. 

600.  —  Se  loue   du  roi   de  Na- 

varre,  append.  G01.  —  Envoie  | r 

loi  d'Ausance  en  Espagne,  append. 

601,  l'i  a.  —  Adresse  à  la  reine 
d'Espagne  les  peintures  de  ses  frères 
et  sœurs,  append.  G02.  —  Fait 
demander  aux  Suisses  de  ne  pas 
recevoir  les  receveurs  infidèles  et 
fugitifs,  append.  602.  — ■  Félicite 
Coignet  de  son  règlement  avec  h- 
capitaines    suisses,   append.    6o3. 

—  Remet  de  traiter  d'affaires  à 
son  retour,  append.  6o3.  —  Prie 
sa  tille  de  faire  révoquer  l'ambas- 
sadeur Çhanlonnav,  append.   60A. 

—  Raccommode  Condé  et  le  duc  de 
Guise,  append.  6o4.  —  Ses  mé- 
fiances à  l'égard  du  mariage  de 
Marie  Stuart,  append.  Goô.  - — 
Recommandations  qu'elle  fait  à  sa 
fille  d'aider  Dona  Juana  à  épouser 
don  Carlos,  append.  60 5  ;  —  d'aider 
le  roi   de   Navarre,   append.   6o5. 

—  Prie  l'évêque  de  Limoges  de 
découvrir  ce  qu'il  pourra  d'un  projet 
de  ligue,  append.  6oô,  GoG.  — 
Justifie  auprès  de  lui  l'assemblée 
de  Paris,  append.  60G.  —  Lui 
demande  l'état  de  la  maison  du  roi 
d'Espagne ,  append  606.  —  Lui 
écrit  pour  le  payement  de  la  dot 
de  sa  fille,  append.  GoG.  — Avertit 
l'évêque  de  Rennes  que  les  évêqnes 
français  sont  préls  à  partir  pour 
Trente,  append.  60G.  —  Lui  fait 
le  récit  du  colloque  de  Poissy, 
append.  607,  608.  —  Annonce 
la  suspension  de  fedit  de  juillet 
à  l'évêque  de  Rennes,  append. 
609.  —  Fait  donner  un  avis  à 
l'évêque  de  Limoges  sur  Chan- 
lonnay,  append.  609.  —  L'assure 
que  le  roi  de  Navarre  n'a  aucun 
doute  de  lui ,  append.  609.  —  Le 
prie  de  rester  à  son  poste,  ap- 
pend. 609,  G10. —  A  reçu  le  récit 


TABLE  DES  MATIERES. 

de   la   négociation  de    d' Ausance, 
append.  610.  —  A  appris  de  l'é- 
vêque de  Limoges  la  bonne  tour 
mire  des  affaires   du  roi   de   Na- 
varre, append.   610.  —  Lui   trace 

sa  c luite,  append.  6to.  —  Lui 

expose  les  difficultés  de  sa  situation, 
append.  6  ti,  61a.  -  Insiste  auprès 
de  l'évêque  de  Limoges  pour  la 
1  compense  à  donner  au  roi  de 
Navarre,  append.  61a.  —  Invite  sa 
fille  la  reine  d'Espagne  à  s'entre- 
mettre du  mariage  de  sa  sœur  et 
de  Don  Carlos,  append.  6i3.  — 
Invile  sa  fille  la  reine  d'Espagne  à 
aider  au  mariagede  Dona  Juana  avec 
Don  Carlos  ou  avec  Charles  l\, 
append.  Gi3.  — Est  heureuse  des 
démonstrations  d'amitié  de  Phi- 
lippe II,  append.  G 10.  —  Justifie 
l'amiral  de  Coligny  auprès  de  Phi- 
lippe II,  append.  61 3,  G  lit.  — 
Repousse  les  calomnies  semées 
contre  le  jeune  Roi,  append.  61  '1. 
—  Envoie  Rambouillet  en  Espagne 
pour  donner  des  éclaircissements 
sur  sa  mission  en  Allemagne,  ap- 
pend. 61 4,  61 5,  GiG. —  Instruc- 
tions données  à  Rambouillet,  ap- 
pend. Gi.'i,  Gij,  616,  G 17.  — 
Ecrit  à  la  duchesse  de  Cuise  pour 
lui  annoncer  que  la  duchesse  de 
Ferrare  s'est  accommodée  avec  elle , 
append.  G 17.  —  Lui  souhaite  un 
fils,  append.  G 17.  —  Promet  à 
Laurent  Strozzi  de  le  récompenser 
des  avances  faites  pour  la  guerre, 
append.  618.  —  Parte  de  François 
de  \alois  à  la  duchesse  de  Guise, 
append.  618. 

Médicis  (Clarice  de),  A3,  A4,  notes. 

Médicis  (Garcia  de),  tue  son  frère  le 
cardinal  de  Médicis,  446,  note; 
S  '17. — Meurt  d'une  blessure  reçue, 
4  A  7,  noie. 

Médicis  (Isabelle  de),  tuée  par  son 
mari,  8f>,  note. 

Médicis  (Jean  dk),  le  chef  des  bandes 
noires,  2 ,  note. 


709 

M  nu,  is  |  Le  cardinal  Uippolyle  de)  ,  sa 

succession,  107,  note;  tu,  1  iu. 
Médicis  |  Le  cardinal  Jean  di 

—  Tué  par  son  frère  Garcia .  '1  '1 6  . 
note  ;  '1  '1  - . 

Médicis  (Julien  de),  7/1,  note;  107. 

Médicis  (Laudamine  nui.  désire  voir 
les  enfants  de  Catherine,  ali.  — 
Lettre  que  lui  écrit  Catherine  au 
sujet  de  la  tutelle  de  son  lils,  ap- 
pend.  563.  —  Catherine  lui  offre 
des  galères,  append.   563.  La 

piie  de  rapporter  la  bibliothèque 
du  maréchal  Slrozzi,  son  mari,  ap- 
pend. 5G3.  —  Désignée  par  Ca- 
therine comme  administratrice  des 
biens  de  son  fils  Philippe  Slrozzi , 
append.  .'iii.'i ,  note. 

Médicis  (Laurent  de),  74,  unie. 

Médicis  (Lorenzino  de),  l'assassin 
d'Alexandre  de  Médicis,  ."-î., ,  note. 

Médicis  (Lucrèce  de),  fille  de  Cosme, 
note  sur  elle,  60. 

Médicis  (Lyon  de),  vient  en  France, 
27. 

Médicis  (Madeleine  de),  109,  note. 

MÉDICIS  (Nicolas  m  i.  envoyé  par  le 
duc  de  Florence,  27-28. 

Médicis  (Les),  -\. 

Meleto  (  Gismundo  de),  recommandé 

par  Callicriiti-  au  dur  de  Florcnc, 
-  10. 
Meli\  (Antoine),  619. 
Mei.i.e  (  Le  siège  de),  968,  note. 
Mello  (Le  château  de),  9 
Meluk,   ;.">.  76,   a88,    a8g,   3o.'i, 

3o5,  435,  '192. 

\ll\ii"--l.  (Jacques  di  1.  au,,.  —Noir 
sur  lui,  200.  —  Une  indisposition 
l'empêche  de  se  rendre  en  Suisse, 
•>i  i>.  —  Proposé  par  Catherine 
pour  remplacer  plus  lard  Coignet, 
3 1  6.  —  Envoyé  en  Espagne  .  3 15. 

—  Expose  au  Parlemenl  les  mo- 
tifs du  dépari  du  Roi  pour  Blois, 
i85. 

Menthok  (François  de),  enseigne  de 
la  compagnie  du  duc  d'Etampes, 
1.37.  —  Note  sur  lui,  137. 


710 


TABLE  DES  MATIERES. 


Merindol,  i45,  note. 

Méhu.  Voy.  Ourle*  de  Montmorency. 

Mervai.  (Louis  de),  cilé,  36,  note. 

Mesmyn  (Le  capitaine),  son  vaisseau 
pris  par  les  Espagnols ,  a  1 1 . 

Mesnil  (Le  s'  du),  gouverneur  de 
Saint-Dizier,  55o. 

Mesvillier,  odieux  aux  habitants  de 
Monldidier,  3.r)8. 

\[etz,  60,  note;  73.  — (Nécessités 
de),  454. —  L'Empereur  demande 
sa  restitution,  5o4. —  Note  à  ce 
sujet,  5o4.  —  (Entreprises  proje- 
tées contre),  54a,  543.  —  Sa  gar- 
nison non  payée,  5/19,  55o. 

Metz  (Les  magistrats  de);  Catherine 
leur  écrit  au  sujet  de  l'exercice  de 
la  religion  réformée  en  leur  ville, 
128. 

Meudon,  310. 

Meilan,  492. 

Meung  (Le  haras  de),  21,  277. 

Meung-sur-Yèvre,  38i,  384. 

Mewtas  (  L'envoyé  anglais ,  Sir  Peter), 
1  a5,  367. 

MÉZIERES,  489. 

Michel  (Francisque),  cité,  1,  note: 
26. 

Michel-Ange,  74,  note. 

Middlemore,  sa  lettre  à  Ceci),  53a, 
note. 

Mi  os  et,  cité,  10  4,  note. 

Mignorati  (Pierre),  38. 

Milan,  131,  3o5. 

Milan  (Le  duché  de),  ambitionné  par 
Catherine,  3 19. 

Millet  (Jacques),  envoyé  par  Cathe- 
rine auprès  du  Parlement  de  Pa- 
ris, 369. 

Mirandole  (Le  comte  de  la),  a5, 
note;  99. 

MinoN  (Gabriel),  envoyé  par  Cathe- 
rine auprès  du  Parlement  de  Paris, 
a6g. 

Modène,  16,  70. 

Modène  (Archives  de),  2,6. 

Moisï  (André),  437,  note. 

Moldavie  (La),  spoliée  par  le  duc 
d'Alexandrie,  979. 


Monceaux,    380,   28a,    3i3,   3i5, 
3i8,  3ao,  3ai,  3aa,  3a4,  3a5, 

44i. 
Monchenu,  envoyé  par  Catherine  au- 
près de  Souhise,  897.  —  Note  sur 
lui,  397. 


Monluc,  94,   note;  i4E 


Envoyé 


par  Catherine  à  Lyrolles  et  Serignac , 
aia.  —  Chargé  de  punir  les  meur- 
triers de  M.  de  Fumel,  a6i,  note. 
—  On  parle  de  lui  pour  remplacer 
Bordillon  en  Piémont,  365.  —  Ce 
qu'il  dit  d'un  entretien  qu'il  eut 
avec  Catherine  au  sujet  des  lettres 
adressées  à  Condé,  a8a,  note.  — 
Cité,  3a8.  —  Félicité  par  Cathe- 
rine de  la  délivrance  de  Toulouse, 
33 1.  —  Invité  par  elle  à  se  réunir 
au  comte  de  Tende  et  à  la  Mothe- 
Gondrin ,  33 1 .  — Autorisé  à  prendre 
cent  mille  livres  sur  la  Guyenne  et 
Toulouse,  333.  —  Retient  Maison- 
Rouge,  33a.  —  Invité  de  nouveau 
par  Catherine  à  se  joindre  à  Gon- 
drin,  339.  —  Autorisé  à  prendre 
ce  qu'il  a  demandé  de  ceux  de  Floi- 
rac,  376.  — Chargé  de  pacifier  la 
Guyenne,  38i.  —  Se  joint  aux 
Espagnols,  388.  —  Pacifie  la 
Guyenne,  3g5.  —  Ecrit  à  Cathe- 
rine, pour  se  plaindre  de  Biron, 
3g8.  — ■  Se  justifie  des  excès  de 
pillage  qu'on  lui  impute,  3g8, 
note.  —  Throckmorton  se  plaint 
de  lui,  4o6.  —  Félicité  de  ses  ser- 
vices par  Catherine,  4si.  —  Com- 
plimenté pour  sa  victoire  sur  Duras, 
4a  1.  —  Demande  lui  est  faite 
d'hommes  d'assaut,  4a  1.  —  Chargé 
d'obtenir  du  Parlement  de  Bordeaux 
la  publication  de  la  paix,  55i;  — 
de  rompre  les  ligues  catholiques, 
55a. 

Montagne  (Jacques  de),  note  sur  lui, 
3a8. 

Montagu  (Jehan  de),  marchand  flo- 
rentin, recommandé  par  Catherine 
au  duc  de  Florence  à  l'occasion 
d'une  nef  qui  lui  a  été  prise.  69. 


—  Recommandé  par  Catherine  à 
Henri  II,  557,  558. 

Montaigne  (M.  de  la),  envoyé  par 
Catherine  à  Tavannes ,  344  . 
345. 

Montaré  (M.  de),  324.  —  Note  sur 
lui,  324. 

Montaugis,  38,  4oo,  5o3,  533.  — 
Catherine  y  passe,  append.  617, 
note. 

Montbel  (Jacqueline  de),  daine  d'En- 
tremont,  17,  note. 

Montberon.  Voy.  Montmorency. 

Montbrison  (Prise  de),  368,  note. 

Montbrun,  s'empare  de  Chalon,  32C. 
note. 

Montdidier,  3as,  358,  54g.  — 
(Troubles  à),  193,  343. 

Montejean  (Gilonne  de),  147,  note. 

Montferrat  (La  marquise  de),  39g. 
478. 

Montferrat  (Le  marquisat  de),  370. 

Montfort  (Françoise  de  La  Queille. 
dame  de),  recommandée  par  Cathe- 
rine aux  gens  du  Parlement  de 
Dijon,  101,  io4. 

Montport  (Louis  Oddinet,  s'  de),  106. 

—  Porte  au  cardinal  de  Lorraine  les 
dernières  conditions  pour  la  res- 
titution des  places  du  Piémont. 
4 1 6.  —  Chargé  de  donner  des 
nouvelles  du  siège  de  Rouen,  4 16. 

—  Assiste  à  l'assaut  donné  à  Rouen 
4ao. 

Montfort-l'Amaiht  (  Le  haras  de) ,  2 1 . 

Montgommery  (Gabriel  de),  assembk 
des  forces,  375.  —  Note  sur  lui. 
375.  —  Pardon  offert  à  ceux  qui 
le  quitteront,  387.  —  Sa  défenso 
de  Rouen ,  4 1 4 ,  note.  —  Entre 
à  Dieppe,  45g  et  note. 

Mostholon  (François  de),  recom- 
mandé pour  un  office  de  conseiller 
par  Catherine,  483.  —  Note  sur 
lui,  483. 

Montigny  (Floris  de  Montmorency. 
s*  de),  35g. —  Sa  mission  en  Es- 
pagne, 36o. 

Montmeillan,  36o. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


711 


Mostmorenct  (Anne  de),  lettres  que 
lui  adresse  Catherine  de  Médicis, 
3,  5,  notes. —  Catherine  lui  fait 
part  de  sa  grossesse,  6.  —  Lettre 
qu'il  adresse  à  M.  d'Humières,  3g, 
note.  —  Lettre  qu'il  reçoit  de  '  i 
tlierine  à  l'occasion  de  la  fuite  du 
prieur  de  Capoue,  'i3.  —  Catherine 
lui  recommande  Pierre  Strozzi,  'i.">. 

—  Nouvelle  lettre  qu'il  reçoit  de 
Catherine  au  sujet  du  prieur  de 
Capoue,  46.  —  Écrit  a  M.  d'Hu- 
mières à  l'occasion  de  la  maladie  de 
Claude  de  Valois,  4  g.  —  Lettres 
qu'il  reçoit  de  Catherine  pour  le 
remercier  de  ses  bons  offices,  5a. 

—  Catherine  lui  parle  de  son  pou- 
voir comme  régente,  5a.  —  Elle 
lui  demande  des  nouvelles  du  Roi, 
5a.  —  Lui  parle  des  larcins  des 
commissaires  des  guerres,  53.  — 
Henri  11  le  prie  d'envoyer  ses  en- 
fants à  Amhoise,  53,  note.  — 
Ecrit  à  Catherine  au  sujet  de  la  place 
qu'occupait  M"'  de  Dammarie  au- 
près du  duc  d'Orléans,  63.  —  Ca- 
therine lui  demande  des  nouvelles 
du  Roi  et  des  siennes,  64.  —  Elle 
lui  demande  des  instructions  pour 
les  enfants  d'honneur,  64. —  Écrit 
à  Catherine  pour  faire  punir  les 
pionniers  qui  se  retirent  du  camp, 
65.  —  Catherine  se  plaint  de  ce 
qu'il  ne  lui  envoie  pas  des  nouvelles 
du  Roi,  66,  67.  —  Elle  lui  annonce 
le  jour  de  son  départ  de  Sedan  et 
de  son  arrivée  à  la  Fère,  68,  69. 

—  Félicitée  par  elle  de  l'accouche- 
ment de  sa  fille  de  Turenne,  69. 

—  Va  dresser  l'armée,  7a,  note. 

—  Catherine  lui  annonce  son  arri- 
vée à  Melun,  70.  —  Elle  lui  écrit 
à  l'occasion  de  la  prise  d'Hesdin, 
76,  77,  79.  —  Mandé  par  elle,  80. 

—  Sollicité  par  Pierre  Strozzi  en  fa- 
veur  de  Léon  Strozzi,  88 ,  note.  — 
Catherine  lui  écrit  au  sujet  du  cui- 
sinier du  pape,  98;  —  au  sujet  de 
la  prise  de  Casai,  99.  —  Elle  lui 


annonce  qu'elle  envoie  M"'  de  la 
Berlandière  soigner  la  connétable, 
100.  — Elle  lui  écrit  au  sujet  de 
l'arrivée  de  son  fils  François  de 
Montmorency  à  Péronne,  io3.  — 
Encouragé  dans  sa  prison  par  Ca- 
therine, 1  07.  —  Reçoit  par  Camb) 
une  lettre  de  Catherin'',  118.  — 
Elle  lui  annonce  qu'elle  a  de- 
mande l'abbaye  de  Maubuisson  pour 
sa  fille,  ia5.  —  Nouvelles  qu'elle 
lui  donne  de  son  départ  pour  Rlois. 
1  "7;  —  du  prochain  départ  de 
sa  fille  Elisabeth,  137;  —  de 
la  mort  du  duc  de  Ferrare,  137. 

—  Sa  rançon,  139.  —  Don  que 
lui  font  les  États  de  Languedoc, 
129.  —  Catherine  lui  annonce  son 
arrivée  à  son  château  de  la  Fère, 
19'r.  —  Reçoit  d'elle  des  droits 
de  relief,  19Û.  —  Prévenu  par 
elle  de  rassemblements  d'hommes 
armés  à  Reims,  ig4. —  Ce  qu'elle 
lui  écrit  au  sujet  du  don  des  États 
du  Languedoc,  i54.  —  Note  sur 
ce  don,  i54.  —  Cité,  a8o.  — 
Propose  de  se  retirer,  3o8.  — 
Rassure  Catherine,  .'517.  — Cité, 
337.  —  Sa  lettre  au  sujet  des  trou- 
bles, 369,  note.  —  Annonce  sa  vi- 
site à  Catherine,  434.  —  Cité, 
'l 'iS.  —  Prisonnier  à  Dreux,  453. 

—  Emmené  à  Orléans,  46i.  — 
Catherine  veut  l'aboucher  avec  le 
prince  de  Condé,  '170,  48o.  — 
Ce  qu'en  écrit  Damville  à  la  con- 
nétable, 507,  note.  —  Catherine 
lui  envoie  Lacoudre  au  sujet  de  la 
grande  maîtrise,  5i3.  —  Vient  a 
Orléans,  517.  —  Cité,  5ai.  — 
Annonce  la  paix  à  Gonnor,  537, 
note.  — Y  est  favorable,  54 1,  54a. 

—  Cité,  append.  637. 
Montuoheiscy  (Charles  de),  s' de  Méru, 

note  sur  lui,  117.  —  Lettre  que 
lui  écrit  le  dauphin  François  de 
Valois,  117,  note.  —  Son  conflit 
avec  l'exempt  des  gardes,  380.  — 
\imoiice  à   Catherine  l'accouche- 


ment de  la  femme  de  son  frère 
Damville,  i35.  —  Reçoit  le  collier' 
de  l'ordre,  53o 

Montmobsnci  (Éléonore  i>e),  femme 
de  François  de  la  Tour,  elle  ac- 
couche d'un  fils,  6g. 

Montmorency  (François  de),  77,  g3, 
notes.  —  Fait  maréchal,  ia8. — 
Cité,  r  '1  '1 ,  1  S:> .  —  Envoyé  i  Paris . 
ig3.  -  Parle  de  la  maladie  du  doc 
de  Guise,  330.  —  Prisonnier  depuis 
la  pi'iseile  Terournni'  ■  1  "3.  —  Cité. 
a46.  —  Invité  par  Catherine  à  faire 

une  l'iiipiélepinir police  allicb'  e 

au  Patriarche,  3G0.  —  Sa  harangue 
au  Parlement  de  Paris, 263. —  Cité, 
3  o5.  —  Va  recevoir  la  soumission  de 
Dieppe,  43o.  —  Cité,  134,  148. 
—  Chargé  du  logement  de  l'ambas- 
sadeur d'Angleterre,  484.  —  Sa 
lettre  à  la  connétable  à  l'occasion  de 
l'explosion  des  poudres  à  l'Arsenal , 
5g  1 ,  note.  —  Cité,  4g3.  —  Reçoit 
l'ordre  de  Catherine  de  faire  assem- 
bler la  gendarmerie.  696.  —  Cité, 
497,  note.  —  Dix  canons  lui  sont 
demandés  par  Catherine,  5oa.  — 
Chargé  de  lever  de  nouvel  les  troupes , 
5o3.  —  De  rétablir  l'ordre  à  Meaux , 
5 1  o ,  5 1 1 .  —  Averti  de  la  blessure 
duduc  île  Guise,  5ia.  — N'obtient 
pas  la  charge  de  grand  maître ,  5 1 3, 
note.  —  Apprend  par  Catherine  la 
conclusion  de  la  paix  et  ses  condi- 
tions, 5a8,  5ag.  —  Chargé  par 
elle  d'insister  auprès  du  Parlement 
de  Paris  pour  la  publication  de  la 
paix,  53s  ,  535,  537.  —  Assiste  à 
la  séance  du  Parlement  de  Paris. 
538,  note. 

Montmorency  (Gabriel  DE),srde  Mont- 
heron;  lettre  qu'il  écrit  sur  la  bles- 
sure du  connétable,  1  17,  note.  — 
Tué  à  Dreux,  456.  —  Note  sur  lui. 
156. 

Montmorencv  (Henri  de).  Voy.  Dah- 
vrr.i.K. 

Monthorescv  (Louise  de),  ia5. 

Montmorency  (Marie  de),  a4g. 


712 


TABLE  DES  MATIERES. 


Montmorin  (La  maison  de),  3a4, 
note. 

Mo.nimort  (La  seigneurie  de),  i85, 
note. 

Mommort  (Le  s' de),  i85. 

Montpellier  (  Les  habitants  de  ) ,  armés 
par  Joyeuse,  3a8,  note. 

Montpensier  (La  duchesse  de),  récon- 
cilie Catherine  et  le  roi  de  Navarre, 

•77- 

Montpensier  (Le  duc  de),  transaction 
de  son  procès  avec  la  couronne, 
portée  au  Parlement,  207.  —  His- 
torique de  ce  procès,  207,  note.  — 
Fait  connaître  l'état  de  son  gou- 
vernement, 01 5.  —  Envoyé  en 
Guyenne,  376.  —  Reçoit  l'ordre  de 
faire  partir  Sansac  pour  Tours,  4i  1. 

—  Invité  à  remettre  ses  forces  à 
Sansac,  4ii. —  Envoyé  par  Cathe- 
rine à  Toulouse  pour  adoucir  les 
rigueurs  du  Parlement  contre  les 
protestants,  4i5.  —  Ses  pleins 
pouvoirs  comme  chef  d'armée,  618. 

—  Reçoit  un  message  de  Catherine, 
420.  —  Ordre  prescrit  pour  les 
troupes  que  Catherine  lui  envoie, 
425. —  Son  témoignage  invoqué, 
507,  note.  —  Cité,  517. —  Né- 
gocie la  paix,  5a6,  note. —  Assiste 
à  la  séance  du  Parlement  de  Paris, 
538,  note.  —  Agréable  au  Parle- 


ment de  Paris,  53g,  note.  —  En- 
voyé à  Paris,  545,  546.  —  Cité, 
585. —  Envoie  chercher  sa  tille  en 
Espagne,  append.  5g2. 
MoiNTI'ezat  (MelchiordesPrez,  sr  de), 
lettre  de  lui  à  Catherine,  i5o,  note. 
—  Note  sur  lui,  i5o.  — ■  Blâmé 
par  Catherine  et  François  II 
pour  avoir  laissé  lire  la  requête 
de  ceux  de  la  religion,  aux  Etats 
de  Poitiers,  i5i.  —  Transmet 
cette  requête  au  cardinal  de  Lor- 
raine, i5i  ,  note.  —  Sa  compagnie, 
5 16. 

MoNTPIPEAU,  75. 

Montréal,  envoyé  en  Espagne,  5ga. 

Montrésor,  1 38 ,  note. 

Montreuil  (La  garnison  de),  467. 

Montrond  (M.  de),  3a4.  —  Note  sur 
lui,  32  4. 

Mont  Sainte-Catherine  (Le  fort),  sa 
prise ,  4 1 4 .  —  Catherine  de  Médicis 
y.  loge,  4i5. 

Mont-Saint-Michel  (Le),  537. 

Moiieic  (Le  trésorier),  fait  le  récit  de 
la  prise  de  Rouen,  43o,  note.  — 
Envoyé  à  Lyon,  56i,  562. 

Morel  (L'écuyer),  21,  622. 

Morette  ,  envoyé  du  duc  de  Sa- 
voie, 2  44,  287.  —  Catherine  s'en 
remet  à  lui,  288.' —  Note  sur  lui, 


Morin  (Le  trésorier),  48o. 

Morvillieh  (Jean  de),  évèque  d'Or- 
léans, 4  2  4,  note  sur  lui.  —  Prié 
par  Catherine  de  faire  accepter 
par  Bordillon  la  décharge  portée 
par  San-Fré,  4a 4.  —  Catherine 
approuve  ce  qu'il  a  fait  pour  la 
solde  des  troupes  du  Piémont,  4a  4. 
—  L'invite  à  rester  en  Piémont, 
4a4. 

Morvilliers  (Louis  de  Lannoy,  s'  de), 
en  apprenant  que  l'on  a  livré  le 
Havre  aux  Anglais,  se  retire  de 
Rouen,  385. 

Morvilliers  (Marie  de),  101,  note. 

Moscovite  (Le),  en  guerre  avec  le  roi 
de  Pologne,  20 4. 

Moulins,  i48,  note;  a38,  3a4. 

Molstiers  (Jean  de),  évèque  de 
Rayonne;  note  sur  lui,  89. —  Ca- 
therine lui  annonce  la  bataille  de 
Renty,  93,  g4. 

Mocvans  (Paul  Richiend,  s'  de),  ra- 
vages qu'il  commet,  356.  —  Note 
sur  lui,  356. 

Murât  (Le  s'  de),  gentilhomme  ser- 
vant de  Catherine,  87. —  Envoyé 
par  Catherine  au  roi  de  Navarre, 
3a5.  —  Note  sur  lui,  325. 

Murâtes  (L'abbessedes),  5.  —  Lettres 
que  lui  écrit  Catherine,  8,  28. 


N 


Nançay  (Le  capitaine),  46,  note. 

Nantes,  a  10,  476. 

Nahtes  (Troubles  à),  217,  36g. 

Nanteuil,  io5. 

Nantouillet  (Duprat  de),  g3,  note. 
—  Sa  maison  saccagée,  ig3. 

Naples,  5g. 

Nassau  (Guillaume  de),  prince  d'O- 
range, g3. 

Nassau  (Jean  IV,  comte  de),  passe 
pour  mort ,  g3. 

Nasv,  7. 

Navarre  (La  maréchale  de),  56a. 


Navarre  (Le  maréchal  de),  56 1. 

Navarre  (Le  prince  Henri  de),  3a  1. 
—  Catherine  pense  pour  lui  à  la 
fille  du  roi  de  Bohème,  187. 

Navarre  (Le  royaume  de),  i84,  228. 

Naumbourg  (La  diète  de),  173,57g. 

Negrepelisse  (Louis  de  Carmain,  s' 
de),  envoyé  à  Toulouse,  307.  — 
Note  sur  lui,  307. 

Nemours  (Jacques  de  Savoie,  duc  de), 
3g,  note. —  Cité,  80.  —  Cathe- 
rine lui  écrit  pour  se  plaindre  des 
propos   qu'il  a  tenus  à  Nanteuil, 


197.  —  Il  s'en  excuse  par  une 
lettre,  1 97.  —  Note  sur  lui,  197. 
—  Accusé  d'avoir  voulu  enlever  la 
duc  d'Orléans,  a 43,  2  44,  a 45, 
a46,  a5o,  a58.  —  Ce  qu'en  écrit 
Charles  IX,  a5o.  —  Réconcilié  avec 
Catherine,  3o3.  —  Renforce  son  ar- 
mée, 3g5.  —  Reçoit  de  Bourgogne 
de  l'artillerie ,  4 1  0.  —  Catherine  lui 
promet  de  l'argent,  4 10.  —  Prié 
par  elle  de  faire  partir  un  courrier 
pour  le  Piémont,  4 10.  —  Situation 
de  son  armée,  4io,  note. — Aas 


Italiens  amenés  par  lui,  4i3.  — 

Rohertet  lui  annonce  l.i  [irise  de 
Rouen .  'i  l 'i ,  mite.  —  Renfoi 
Bordillon,  44o.  -  Annonce  à Sou- 
biseia  victoire  de  Dreux,  607,  note; 
'i-v  —  Pénurie  de  son  armée, 
'170. —  Secouru  d'artillerie,  &q3. 
—  Cité,  5oo.  —  Prévenu  par  Ro- 
hertet  de  la  mort  du  duc  de  Guise, 
5 1  4 ,  note. 

\ti:rcn  ini.  (  Les  gens  de  1,  3oo,  noie. 

Nicolai  (Le  géographe   Nicolas  de1); 

Cathfiiii"    il aiide    p •    lui    une 

escorte  à   Renée   île   I'htuv.    -.,'is. 
-  Note  sur  lui, 

Nicolas  (Les  religieuses  de  Sàiht-), 
30. 

Ni  01  im  C  L'historien),  a-'i  ,  note. 

Nicot  (L'ambassadeur  Jean  1,  note  sur 
lui.  ita.  —  Invité  par  Catherine 
à  quitti  1  le  Portugal  où  l'on  fait  peu 
de  cas  de  lui,  a»o.  —  Ses  lettres 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

conservées  à  Saint-Pétersbourg, 
aïo,  note.  —  Lettre  de  lui  à 
1  lhai  les  1\,  aïo,  note.  -     Cib 

NlCOi  (Le  président  Jean),  mandé  à 
Chartres,  '1711. 

Nioriiii  i  Francesco  1 .  apporte  à  Cathe- 
rine une  lettre  du  duc  de  Florence, 
1  a.  Recommandé  par  Catherine 
au  duc  de  Florence,  1 9. 

Niquet,  abbé  de  Saint-Gildas,  envoyé 
à  Rome  par  le  cardinal  de  Fei  rare, 
a44. 

\i-i  1  Le  1  bateau  de),  199. 

Nivbrnois  (François  de  Clèves,  duc 
de),  345.  —  Défend  Troyes,  356. 
—  Mandé  par  Catherine,  443.— 
Blessé  à  mort  à  Dreux  . 

Noailles  (Antoine  de),  ia6,  note. 

Nouli.es  (  Gilles  de),  ambassadeur  en 
Angleterre,  Catherine  I"  prie  de  lui 
acheter  des  chevaux,  126.  —  Noie 


713 

sur  lui,  1  a6.  —  Envoyé  en  Eco 
iii'i.      Ses  instructions,  1 65,  note. 
—  Cité,  53i,6a6. 
Noaiixbs ( François di  ,1  irêquedeDax), 
ia6,  cote.       Lettre  que  lui  écrit 
1  iatbei  ine  en  lui  envoyant  son  por- 
trait,  appi  nd.  56 1 .  —  Cité,  append. 
61  3,  61  '1 .  6a3  . 
loi 

N0OEHT-I.E-R0TB.OI  ,    '173,  note. 

Voci  st-sur-Sei  ■  . 

Nihkm 1  1  I  'ile  de  1. 

Normandie  (La),  317, 38 1, 3g5,  4 1 5, 

'i.'hi  ,  158 .  16a  .  '17O.  igo,  197, 

igg .  5o3  ,  5i8,  54 
Normandie  i  La   lî  v-si.  |,   au    pouvoii 

dl  S  \iij;l.iis.  54  1. 

Northampton   (Le   marquis  de);  dé- 
pêche de  lui .  V- .  note. 

NoiiVF.ii'   (René   de),  général  des   li- 
nances,  2  ■'.">. 
1  (Les'  db).  33, 


0 


'  Il  ihiosi,  N8,  noie. 

Oiboe  (Le  château  d'),  22,  note; 
4i,  note. 

Oisel  (  Henri  Clutin  s'  d'),  envoyé  au- 
près des  princes  prolestants  d'Alle- 
magne, 36-'i. —  Note  sur  lui,  364. 
—  Ses  instructions,  364  ,  noie.  — 
Cité,  444,  445.  —  Chargé  de  la 
garde  de  Condé,  452.  ■ —  Offre  de 
l'argent,  '190.  —  Envoyé  à  Orléans 
pour  la  paix,  '196,  507.  —  Cité, 
">i  3  ,  ">2  2,  noie. 

Olbadim  (Le chevalier),  recommandé 
par  Catherine  au  duc  de  Florence, 
i'i. 

Olivier  (Le chancelier),   i4i,  note. 

Ondadet  (André),  5aa. 

Okzaih  (Le  chdleau  d'),  507. 

Oran,  172. 

Orange  (Guillaume,  prince  d'),  ses 
noces,  a3t. 


Oiibitelle,  109,  note. 

Orléanais    1/  ',  46a  ,  note. 

Orléans  ,  50  ,  noie;    I  5l ,  l54,   i  55  . 

i58,  161  ,  166,  167,  168,  182, 
197,  207,  286,  3g3,  ag4,  3o8, 
317,320,321,  .'!  ■>  3 ,  3  3  5 ,  336 , 
350,361,371,371s,  3g3,  395, 
4ci ,  4o3 ,  4t  t ,  4i3  ,  'u5,  432 , 
/i 2 .">>  '129,  43o,  437,  A4i  .  4g5, 
497,  4g8,  '199  ,  507 ,  5og,  5i6, 
017,  Ô27,  52g,  533,  535,  54o. 

ORi.ÉA>s(Ceux  d'),  lèvent  des  troupes 
en  Allemagne,  483. 

Orléans  (Charles  duc  d'),  mort  à 
Forét-Moutier,  1  a  ,  27,  note. 

Orléans  (Le  camp  d'),  5a3,  545, 
546,549,  55o. 

Orléans  (Henri  de  Valois  duc  d'),  sa 
maladie,  4l.  —  Amélioration  dans 
son  état,  4l.  —  Catherine,  ordonne 
qu'il  soit,  sevré,   70.  —   Pris   de 


lièwe  et  île  rhume,  7".  Nii|;n 
par  Burgensis,  70.  —  Proposé  pour 
représenter  le  duc  de  Bourgogne  au 
sacre  de  Charles  IX,  19a.  — 
Projet  de  l'enlever  attribué  au  duc 
de'  Nemours,  a'i3,  note:  a45 
266,  a58.  —  Cité,  3a  1 ,  4oo. 

Orléans  (Le  duché  d'),  ig5,  note. 

Orléans  (Le  Portereau  d'),  menacé 
par    Guise,    4g6.    —    Sa    prisi 
5i  4. 

Orléans  (Les  Klals  d'),  '177. 

Ornano  (Vanina),  tuée  par  son  mari 
San  Pielro  Corso, aga. 

Orolant- Desnos    ( L'historien) ,    26, 
note. 

Orsin  (Chappin),   lo. 

Obsiki  (Troilo),  48,  note. 

Oi  1  uns,  'u  ,  note. 

Ozio    (Jehan-Baptiste),    évéque    de 
Rieli,  110. 


Catherine  de  Médicis. 


9° 


71' 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Padoee,  57g. 

PtLAISEAC  (M.  de),  268. 

Palatin  (Le  comte),  se  rend  à  la  diète , 

Paléolocce  (Guillaume),  marquis  de 

Montferrat,  399,  note. 
Paléoloble   (Marguerite),    duchesse 

de  Mantoue,  96. 
Pallavicini(  L'historien),  append.  620. 
Pandolphe,  prisonnier  en  France,  i5. 

—  Cité,  619. 

Parèle  (M.  de),  envoyé  du  duc  de 
Savoie,  43g. 

Pareiti  (Nicolas),  3g. 

Parestroie  (Le  s'),  96. 

Paris,  8,a5,  26,  33,  36,  76,  77, 
89,  98,  io5,  1 48,  181,  s5o, 
281,283,284,  385,391,398, 
399,  3oo,  3oi  ,  3o3,  3o5,  3o6, 
307,  3o8,  3og,  3io,  3si,  392, 
'101,  4ig,  4a8,  436,  44i,44a, 
443,  445,  474  ,  475,  Ù76, 4gi , 
4g8, Soi ,  5og,  5i 1 ,  5a5,  539, 
545,  546,  548,56-j. 

Paris  (La  facultéde),  679. 

Paris  (Le  guet  de),  198,  19g. 

Paris  (Le  Parlement  de) ,  sommé  de 
sévir  contre  les  prédicateurs,  183. 

—  Lettre  que  lui  écrit  Catherine 
au  sujet  des  pairs  devant  assister 
au  sacre  de  Charles  IX,  igô.  — 
Invité  par  Catherine  et  Charles  IX 
à  en  terminer  avec  le  procès  du 
prince  de  Condé,  197.  —  Blâmé 
par  Catherine  de  n'avoir  pas  payé 
le  guet,  198.  —  Menacé  d'une 
retenue  sur  ses  gages,  19g.  — 
Mis  de  nouveau  en  demeure  d'en 
finir  avec  le  procès  du  prince  de 
Condé,  201.  —  Félicité  par  Cathe- 
rine d'avoir  sursis  à  l'arrestation  de 
deux  prédicanls,  so8.  —  Invité 
par  Catherine  à  publier  les  cahiers 
des  Etats  d'Orléans,  a35.  —  Ca- 
therine lui  recommande  M.  de 
Sainl-Ciergues,   3-53.    —   Mis  en 


demeure  de  vérifier  l'abolition 
donnée  à  Ambroise,  25g.  —  Re- 
montrances qu'il  présente  pour 
les  facultés  du  Légat  et  pour  des 
prisonniers  anglais,  s 5g,  261.  — 
Nouvelles  instances  que  lui  fait 
Catherine  pour  les  facultés  du 
Légat,  268,  36g.  —  Chargé  de 
poursuivre  les  auteurs  de  l'attentat 
contre  le  portier  de  la  porte  Saint- 
Antoine,  263.  —  Refuse  de  véri- 
fier l'édit  de  janvier,  372.  —  Ce 
que  lui  en  écrit  Catherine,  272.  — 
Mis  en  demeure  de  vérifier  l'édit 


de  janvier,   274,  375; 


de 


pu- 


blier l'édit  des  ajournements,  986. 

—  Répond  à  Catherine  au  sujet  du 
procès  de  Luzarches.  335.  —  Ca- 
therine lui  annonce  l'accord  conclu, 
34o.  —  Sommé  de  publier  l'édit 
d'abolition,  466;  —  de  ne  pas 
admettre  le  fils  du  président  Le- 
maistre,  467.  —  Reçoit  lettres  de 
dispense  pour  quatre  conseillers, 
47o.  —  Cité,  483,  484.  —Dé- 
favorable aux  mesures  de  clémence 
en  faveur  des  protestants,  478.  — 
Averti  du  départ  du  Roi  et  de  Ca- 
therine pour  Dlois,  463,  48o,485. 

—  Refuse  de  payer  les  dépenses 
de  quatre  de  ses  membres  envoyés 
à  Chartres,  4go.  - —  Invité  à  pour- 
suivre les  rebelles,  4g3;  —  à  sai- 
sir leurs  biens,  4g3;  —  à  prendre 
des  mesures  pour  l'entretien  de 
l'armée,  5oo.  —  Recommanda- 
tions qu'il  fait  à  Catherine  pour  la 
religion,  538,  note.  —  Le  paye- 
ment de  ses  gages  est  promis,  53g. 

—  Ce  qu'il  décide  de  la  biblio- 
thèque de  Catherine  de  Médicis, 
append.  563,  note.  — -  Cité,  637. 

Paris  (Le  peuple  de),  ses  violences, 

466,  note. 
Paris  (Leséchevins  de),  leur  lettre  à 

Catherine, 5a 5,  note. 


Paris  (M.  Louis),  cité,  i43,  i5i. 

Parme  (Marguerite  d'Autriche,  du- 
chesse de),  plaide  avec  Catherine. 
1 07,  110,  119,  1 1  5,  116.  — 
Citée,  i63.  —  Demande  l'extradi- 
tion des  réfugiés,  343.  —  Pressée 
par  Catherine  de  faire  entrer  les 
Espagnols  en  France,  862.  —  Ar- 
gentqu'elle  envoie  en  France.  '.',-?>. 

—  Secours  qu'elle  envoie,  374.  — 
Ecrit  à  Philippe  II  à  l'occasion  de 
la  conduite  à  tenir  avec  les  Alle- 
mands, 3go.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Chantonnay,  678,  note. 

Pasavicis  (Tobie),  ambassadeur  de 
la  Seigneurie  de  Gènes,  1 38. 

Parquer,  chargé  par  Catherine  d'une 
levée  de  Suisses,  297.  —  Ce  qu'en 
dit  de  Bèze,  397,  note.  —  Cité. 
3i6,  4 99. 

Passerivi  (L'historien),  338. 

Paul  III,  98,    107,  note. 

Pail  IV,  98,  note.  —  Lettre  que  lui 
écrit  Catherine  au  sujet  de  ses  pro- 
cès,107.  —  Cité,  132,  928,  579. 

Pivan  (M.  de),  chargé  de  mettre 
l'ordre  à  Meaux,  5 10.  —  Note  sur 
lui,  5io  ,   5i  1. 

Pays-Bas  (Les),  37.5. 

Pays-Bas  (Les  réfugiés  desi,  343. — 
Renvoyés  de  Montdidier,  358. 

Pbcbi  (Antonio),  61. 

Pelissier,  envoyé  par  Tavannes  à 
Catherine,  339,   13s. 

Pelocqui»,  56o. 

Pepy  (Jheronymo),  35,311. 

Perat  (Dr),  porte  des  dépèches,  1 1  7. 

—  Cité  ,117,  note. 

Perche  (Le  comté  du),  478,  note. 
Péi.onne,  103,169,  193,296,37.3, 

388,  54g. 
Péro-Pelido,  10g,  note. 
Peroczk  (La),  35g. 
Perron  (Le  château  du"),  4i. 
Perron  (Le  fils  de  M.  du),  196. 
Perron  (Marie  de  Pierre-Vive,  dame 


di  ) ,  recommandée  par  Catherine 
au  duc  de  Florence,  45-j. 

Perissi  (Antoine),  Gao. 

Perissi  (Nicolas),  618. 

PïSi  wr.E  t  François  de),  chef  des  lla- 
liensvennsau  secours  de  Charles  IV 
•'Kio;  note  sur  lui .  36o. 

Pescaire  (Le  marquis  de),  ambassa- 
deur d'Espagne  au  concile  de 
Trente,  3o5. 

Pltillar  (Le  comte  de),  recommandé 
par  Catherine,  398.  —  Sa  récla- 
mation.  'i7'i.  append.  6l5,  616. 

Petba-Sari  ta  .  1 . 

Philippe  11.  10,  note. —  Sa  politique. 
109,  note.  — Quitte  les  Flandres 
pour  retourner  en  Espagne,  ta  4. 

—  Lettres  de  lui,  î.'ii.  —  Envoie 
Garcilasso  de  la  Vega  en  France, 
1  .'!<>. —  Instructionsqu'il  lui  donne. 
■  36.  —  Envoie  Don  Antonio  de 
Tolède  en  France.  1 69.  —  Sa 
lettre  à  Catherine  pour  lui  annoncer 
la  guérison  de  la  reine,  sa  lille, 
iiiù.  —  Cite,  190.  —  En  di 
ment  avec  le  dur  de  Florence  pour 
la  possession  de  Sienne,  ■>o.">.  —  Ses 
protestations  d'amitié  à  Catherine, 
208.  —  Cité,  397.  —  Remercié 
de  ses  offres  par  Catherine.  3o3. 

—  Cité.  384.  —  Ne  veut  pas  se 
brouiller  avec  les  Allemands  pour 
cause  de  religion,  3g2,  note.  — 
Favorable  à  la  restitution  des  pla- 
ces du  Piémont.  43 1,  note.  — 
Son  intervention  réclamée  contre  les 
Anglais,  A5o,  65i.  —  Désire  le 
titre  d'empereur  des  Indes.  5o4, 
note.  —  Offre  des  secours  pour  em- 
pêcher la  paix,  5o8,  note.  — ■  Dis- 
pute la  préséance,  5 '10.  —  Cité, 
5a6.  —  Content  des  agissements 
de  Catherine,  append.  572. 

Plvr.ELLA,  'l'in. 

Pibrac,  envoyé i   Trente,   '1/17. 

Picardie  (La;.  36 1 ,362,  667,  475, 

'ni".   5ig. 
Picardie  (Le  gouvernement  de),  5 1 3 . 

note. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 

Picardie  (Les  garnisons  de) .  471. 

Picardie  (Les  places  de),  -1*9. 

PiCkERisu  (SirWilliam  (.ambassadeur 
d'Angleterre,  4N,  55.  — Lettre  de 
lui,  60,  note.  —  Cité,  77. 

Pie  IV,  1  ■'.'>.  note.  Le  comte  de 
lioussillon  lui  est  recommandé  par 
Catherine,  4o5.  —  Envoie  l'évê- 
qne  Commendon  auprès  de  l'Em- 
pereur, append.  ."179. —  Catherine 
se  plaint  de  son  nonce,  append. 
586,  587. 

Pu  nom  (  Le] .   354,    S3o,  536. 

I'ii'mom  (Les  capitaines  du),  6l3. 

Piémost  (Les  places  du),  869,  'us. 

—  Ce  qu'en  pense  Robertet,  '1 1  ■• . 
note.  —  Difficultés  pour  leur  resti- 
lulion,  43i. —  Leur  restitution, 
46i. 

Pierres  (M.  de),  376,  note.  —  Se 
soumet.  391.  —  invité  à  veillersnr 
les  protestants  qu'il  a  enrôlés ,  las. 

Pierre-Vive  (Catherine  de),  gouver- 
nante des  enfants  de   France,  4i. 

Pisard,   89,  note. 

l'i\i.  w  i>  (M.),  cit''.  .'!  i  '1 ,  55a. 

Piso,  53. 

Pitti  (Anastase),  632. 

Plais  (De),  secrétaire  de  Catherine, 

97- 
Planci  .  cité,  1 1  9. 

Plessis    (Les'  di  ),    nommé   genlil- 

•  homme  de  la  chambre  de  Char- 
les IX,  3(io.  —  Cité,  423,  4p/i. 

Plessis-lès-Todrs  (Le  château  du), 
4o. 

Pliviep.s,  435. —  Sa  prise.  135, 
note;  5oi ,  note. 

Poissï,  '191 . 

Poissï  (Colloque  de),  i54.  —  Les 
évéques  s'y  réunissent,  931.  —  Ce 
qu'en  dil  Gbantonnay,  asi. —  Ce 
qu'en  dit  Charles  l\  ,  a38,  note.  — 
Livres  écrits  sur  le  colloque.  a38, 
note. 

Poitiers  (Diane  de),  19.  —  Ses 
lettres  publiées  par  M.  Guiffrey.  37. 

—  Lettres  d'elle  à  M.  d'Humières, 
39,  4o,  4i ,  note. — Recommande 


715 

au  connélablede  veillersnr  Henri  11 . 
64. —  Ecrit  à  M™"  d'Humières  au 

sujel    du   rétablissement    du   duc 

d'<  Irléans,  7 1 . 

Le     t5i,nole;48g       IMI 

par  1rs  protestants,  .V18. 

P01 Les  Etats  du  1,  i.'u  .  note 

Pou       Les  prisons  du  ! .  53o. 
Policuac    (Jeanne     de),    mariée    à 

François  de  Tournon,  77. 
Pologre  (La),  2."i'i. 
Pologre  i  Le  roi  de),  guerre  entre  lui 

el  le  Moscovite,  ao4. 
Pou  11.1.1:11   (Le  baron    de),  visite   li 

duc  d'Anjou,  append.  576. —  Noie 

sur  lui ,  append.  ~>7S. 
PoMPADOoa   (François   de),   ;.'i,  note. 
I'o-vt-de-l'Arciik  (Le),   ÛQ9. 
PoPELiRiène  (L'historien  La),  28a 
Pomrcouit  (Bertrand  de),  veut  s'era 

parer   de  la  porle  Saint-Antoine 

363. 
Popiri  'ii  rt  1  Si  dilion  à).  1  g.'i. 
Portai.  (Jean  ),  viguier  de  Toulon-,. 

décapité' .  33g 
Pobtal,     trésorier  général   de  Tou- 
louse, 81 . 
PoBTIA  .     lille    du     s'  de  Malateste. 

56. 
Porto-Eri.oi.e    (Siège  de),   100.  — 

Sa  prise.  100,  note.    —  109.  noie. 
Pobtbgil    (Jeanne,    princesse    m 

seconde  fille  de  Charles-Quint ,  1  •>  1 . 

—  Remerciée  par  Catherine  des 
lettres  qu'elle  lui  a  écrites  après  1 1 
mort  de  Henri  II,  131. 

l'or.Ti  i.al  (Le),  j  12  ,  310,  53  1  ,nole. 

Portugal   (Le  prince  de),  écrit   une 

lettre  de  condoléance  &  Catherine, 

13  1. 

Poton  (M.  de),   sénéchal  d'Agenois, 

invité  par  Catherin''  à  ne  pas  quil 

ter  sa  sénéclianss.r,  -  \:\. 
Prévost,  secrélairede  Catherine,  io5. 
Prez  (La  terre  de  |,  33. 
Prez  (Yollant  de),  33. 
Prie  (M.  de),  envoyé  à  Gien,  tit'.i. 

—  Chargé  d'arrêter  le  prévôt    'I 
Gien,  5a5.  —Cité.  533. 

go. 


716 


TABLE  DES  MATIERES. 


Protestants  (Les  chefs),  offrent  de 
se  retirer,  346. —  Ne  tiennent  pas 
leur  promesse,  346. 

Provence  (La),  1 83,  325,  34 1,  '117. 


Phovost,  secrétaire  de  M.  de  Gonnor, 

'130 ,  4^5. 
Pi'chesse  (Baguenault  de),  cité.  4a4  , 

note. 


Pcjy  (Le),  3a8,  note. 
Piï  (Le  cardinal  Jacques  du),  arche- 
vêque de  Bari ,  1 56. 


0 


Ouantin,  324,  note. 

Qceille  (Jean   de  la),  recommandé 


par   Catherine    au    Parlement   de  I  Queille (La  maison  de la),  io5,note 
Dijon,  106.  I  QiiMPEn  (L'évêché  de),  107,  note. 


R 


Rabltin  (François  de),  77,  79,  notes; 

93'99- 

Raconïs  (  François  de)  ;  Catherine  prie 
Gonnor  de  le  rembourser  de  la 
somme  qu'il  a  versée  au  duc  de 
Savoie  pour  dot  de  la  duchesse , 
386. 

Raguïeb  (François),  s'  d'Esternay, 
/192,  note. 

Rambouillet  (Le  cardinal  de),  2o4. 

Rambouillet  (M.  de),  envoyé  en  Sa- 
voie, 2  44.  —  Note  sur  lui,  a 4 4. 

—  Envoyé  en  Allemagne,  278.  — 
Sa  mission  en  Allemagne  justifiée, 
298.  —  Envoyé  en  Espagne,  298, 
3oi.  —  Ce  qu'il  écrit  de  Madrid  à 
Catherine,  3o2.  —  Note  sur  sa 
mission,  3oi,  3o2.  —  Cité, 3 10. — 
Sa  mission  en  Espagne,  336,  note. 

—  Mémoire  sur  sa  mission  rédigé 
par  l'évèque  de  Limoges,  append. 
61 4. 

Randan  (M.  de),  blessé  à  mort  devant 

Rouen,  420,  note. 
Rire    (Christophe  de   Lancy,  sr  de), 

56  0. 
Iîeddon   (L'orfèvre  Pierre),  mande  à 

Paris,  429. 
Reiffemberg  (Le  capitaine),  ses  offres 

refusées,  48 1. 
Reims,  7.3,  89,  90,  notes;  107,  1 85, 

189,  ig4,  593,  598,  600. 
Reims  (L'abbaye    Saint-Pierre    de), 

125. 

Reims  (L'académie  de),  i54,  note. 


Renard  (L'ambassadeur),  relation  qu'il 
donne  de  la  guerre  dans  le  Cam- 
brésis,  86,  note.  —  Lettre  de  lui 
sur  la  prise  de  Mariemhourg,  89, 
1  o3 ,  notes. 

Resnepo.nt  (Jean  de  Paris,  s'  de), 
268. 

Rendes  (L'évèque  de),  lettres  que  lui 
écrit  Catherine  à  l'occasion  du  con- 
cile de  Trente ,  1 56  ;  —  au  sujet  du 
concile,  1 7 1  ;  —  au  sujet  d'un  pro- 
jet de  mariage  entre  l'archiduc 
Charles  et  Marie  Stuart,  186;  — 
à  l'occasion  des  retards  apportés  à 
la  réunion  du  concile,  2û3;  — au 
sujet  des  craintes  d'une  guerre  a\ec 
l'Espagne,  206;  —  au  sujet  des 
propos  que  lui  a  tenus  l'empereur 
Ferdinand  sur  le  projet  d'un  concile 
national,  207;  —  au  sujet  des 
bruits  d'une  rupture  avec  l'Espagne , 
208.  —  Catherine  lui  fait  part  de 
la  lettre  que  lui  a  écrite  l'Empereur 
et  de  sa  réponse,  229.  —  Elle  lui 
écrit  au  sujet  des  affaires  de  la  Hon- 
grie, 229  ;  —  au  sujet  des  noces  du 
prince  d'Orange,  23i. —  Elle  l'en- 
tretient des  divisions  des  électeurs 
séculiers  de  l'Empire,  23 1  ;  —  du 
projet  du  roi  de  Danemark  d'as- 
sister aux  noces  du  prince  d'Orange, 
a3i.  —  Le  prévient  qu'il  y  a  re- 
noncé, 23 1 .  —  Invité  par  Catherine 
à  ne  plus  parler  du  concile  à  l'Empe- 
reur, 2  54  ;  —  à  se  tenir  sur  la  réserve 


avec  le  roi  de  Bohème,  a54,255; 

—  à  ne  pas  favoriser  les  prétentions 
du  roi  de  Bohème,  2.55;  —  à  l'a- 
vertir de  ce  qui  se  passera  à  la 
journée  impériale,  27.3.  —  Elle 
lui  écrit  qu'elle  a  lu  ce  qu'il  lui  a 
mandé  de  la  ligue,  278.  —  Ce 
qu'elle  lui  en  dit,  278. — Elle  lui 
demande  de  la  renseigner  sur  les 
troubles  de  la  Moldavie,  279.  — 
Elle  lui  recommande  le  comte  de  Pe- 
tillan,  279.  —  Elle  le  prie  de  voir 
l'Empereur  au  sujet  du  concile, 
290.  —  Elle  lui  expose  ce  qu'elle 
a  fait  pour  la  conciliation,  334.  — 
Elle  lui  annonce  le  prochain  départ 
des  évéques  pour  le  concile,  334. 

—  L'approuve  de  n'avoir  pas  pré- 
senté à  l'Empereur  les  lettres  pour 
le  comte  de  Fiesque,  334. —  Tient 
le  couronnement  du  roi  de  Bo- 
hème pour  assuré,  334.  —  Lui 
annonce  que  la  préséance  a  été 
rendue  par  les  légats  du  concile  à 
Lansac,  335.  —  Le  gratifiera  à  son 
retour,  335.  —  Lui  fait  le  récit  de 
la  rupture  de  sa  négociation  avec 
Condé,  35o.  —  Lui  fait  part  de  la 
mission  de  d'Oisel  auprès  des  princes 
protestants,  364.  —  Lui  parle  des 
espérances  qu'elle  a  dans  le  concile, 
364  ;  —  des  plaintes  que  le  pape 
fait  de  Lansac,  364.  —  Le  prie 
d'oblenir  l'intervention  de  l'Empe- 
reur pour  dissuader  les  princes  pro- 


TVBI.I-  DES  MATIÈRES. 


717 


testants  de  secourir  Condé,  364. 

Lettre  qu'il  reçoit  de  L.i 
379,  noie.  —  Invite  à  mode- 
réclamations  auprès  de  l'Kmpereur 
pour  les  réformes,  afin  que  le  pape 
ne  rompe  pas  le  concile,  399.  — 
Catherine  promet  de  pourvoir  à  sa 
dépense.  3g3.  Ce  qu'elle  lui  éci  il 
au  sujet  du  concile,    lo3.  —  Ce 

lui  dit  de  l'Empereur,  io3. 
Iverti  par  Catherine  de  ce  qui  se 
passe  au  concile.  io3  ;  —  de  la  ré- 
sistance qu'on  opposera  aux  Alle- 
mands à  leur  entrée  en  France, 
4o3. —  Ne  doit  pas  aller  à  la  diète, 
par  suite  du  refuspour  la  préséance, 
4n4.  —  Prévenu  du  départ  pour  le 
concile  du  cardinal  de  Lorraine, 
ii6.  —  Invité  à  se  rendre  à  la 
diète,  I16.  —  Remontrances  qu'il 
doit  présenter  aux  princes  de  la 
Germanie,  '117.  —  Renseigné  sur 
la  situation,  '117.  —  Chargé  d'ob- 
tenir  de  l'Empereur  l'accord  des 
prélats  allemands  avec  ceux  de 
France,  168.  —  Catherine  lui  de- 
mande lu  réponse  faite  à  Spifamepar 

leurs  de  l'Empire,  '172.  — 
L'enlrelienl  de  la  Transylvanie,  I72. 
—  Invité  par  elle  à  bien  instruire 
de  tout  le  cardinal  de  Lorraine, 
173.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine au  sujet  du  capitaine  Reiffenj- 
berg,  ifii;  —  au  sujet  de  l'arche- 
véqne  de  Trêves ,  h  S 1  ;  —  au  sujet 
du  cardinal  de  Lorraine,  48 J.  - — 
Parle  à  Catherine  du  bon  effet  pro- 
duit par  la  victoire  de  Dreux, 
—  Renseigné  par  elle  sur  les 
espérances  de  paii ,  5o4  ;  —  sur  les 
progrès  de  l'armée,  Jo4.  —  Ce 
qu'il  devra  répondre  au  roi  de 
Bohême  offrant  la  main  de  sa  fille 
pour  Charles  IX  ,  5o  i.  -D  m 
de  portraits  que  lui  fait  Catherine, 
.1  i'i.  —  Instruit  par  elle  de  la  de- 
mande faite  par  l'Empereur  de  la 
restitution  de  \Ielz,  Toul  et  Ver- 
dun, 5o4.  —  Lellres  que  lui  écrit 


Cathei  ine:  au  sujet  de  la  diète  de 
Naumbonrg,  append.  ."">-<>;  — à 
l'occasion  du  départ  îles  évéqnes 
français  jionr  Trente,  append.  606  ■■ 

—  à  l'occasion  du  colloq lePoissy, 

append.  607,  <>o8. 

llt.Mi  1  Bataill  note. 

bks  |  Don  Berenquier  de),  pri- 
sonnier du  Grand-Seigneur,  17:!. 

Retbkl,  68. 

Retz  (Le  cardinal  de  | ,  S5a. 

Retz  (Le  maréchal  de),  Si. 

Redhohi     M    di    .  1  il   .   1 .  5 ,  notes. 

Rbedolphi  (Vincent  de),  recommandé 
par  Catherine  au  duc  de  Florence, 
i3. 

RaïKGBAVE.  Voy.  S  u.m. 

Ridieh  (Le  recueil  de),  ôa,  note;  8G. 

Ri  '.-"il  (Jean-Baptiste) .  envo 
le  duc  de  Florence  pour  compli- 
menter Henri  11  sur  son  avènement, 
a  4. 

Ricasoli  (Leone),  ambassadeur  du 
duc  de  Florence .  1  •  1. 

Riccio  (Manuel  I,  5. 

RicuELiEi,  la  reine  ne  veut  pas  de  lui 
pour  commander  à  Tours,  34a.  — 
Vote  suc  lui,  :;  la. 

Ridoi.fi  (Louise).  I 

Ridolfi  (Rossi),  t •  1  9. 

Ridolfi  (Vincent),  619,  6aa. 

RiEDI  (Claude  de),  17,  note. 

lin  1  \    .ban  DE  ).  in  »  t  ■  -  sur  lui.  65. 

Ru      !  évéque  de; ,  "1 1  i ,  note. 

RiMF.Bi  (Andréa  1,  3. 

Robeiitet,  58.  —  Ce  qu'il  écrit  au 
duc  de  Nemours  de  M""  de  la 
Rerlandière  et  d'Hauleville,  80.  — 
Cil  .  87.  —  Lettre  de  lui .  1  5o, 
noie  —  Sa  lcllre  a  Catherine  au 
sujet  de  la  restitution  des  places  du 
Piémont,  4 12.  —  Raconte  au  duc 
de  Nemours  la  prise  du  Mont  Sainte- 
Calherineet  lesiège  de  Rouen ,  '1 1  '1 , 
note.  —  Rend  comple  au  duc  de 
X  e moui-s  de  l'assa u t  de  Rouen ,  4 a  0, 
note.  — 'Parle  au  duc  de  Nemours 
de  la  pénurie  d'argent,  '177.  —  Lui 
annonce    la   blessure  du    duc  de 


Guise.  5i  • .  note.  —  Lui  an 
sa  mort,  ôi  ô. 
Rocii  (Le  capitaine  .  15a. 
Rociii  1  ii  1,  4i8,  noti 

lliabitanLsde 
Catherine  de  leur  dévouemenl 
—  Lettre  que  leur  écrit  Charles  IX  . 
36g,  note. 

s  (Les  ulliciers  de  la),  invil  s 

â  \  allersur  leur  ville, 

3oa. 

b-Yoîi   Le  pi  ince  delà 
148. 
R0CKEXD01.F    !/•  comte  i  ■■ 

lui ,  45o. 
Rodi  -  !  I„i  châlellenie  de),  5  i 
Rodolphe  .fils  aine  du  roi  des  Romains . 

-  Dési  é  par  Catherin 

Marguerite  de  \  .lois. 
Rouan  i  Françoise  de),  séduite  par  le 

duc  de  Nemours,  1 97. 
leiu uierie    Le  médecin  La),  di 

lui,  54 ,  060. 
Rom  uns  (Le  roi  des);  sa  fille  pi 

a  1  iharles  IX,  45o. 
Rome,  35,  38,  13, 

note;    46o.    53i,    616,   append. 

ne!  ■. 
R.iMui'.Avm.  10,  6a,  i38,  note;  38 1, 

RoaoïiiMix  (L'édil  de  |,  1  i.:. 
Rom  111  iiùLLEs  (Margueri! 

note. 
Roksard,  scs  vers  sur  Lansac. 
note. 

I  Marguerite  de  la 

1      I        dossaire    de),    Ai. 

1  "Il  .     : 

Rosenberg  (Guillaume  de),  a3t>,  noie. 

Rosi  eh,  73. 

lin  m  un6  (Jacques  de),  abbé  d  iPibrac, 

recommandé  par  Catherine  au  duc 
de  Florence  pour  un  procès,  43. 
Ko -tu  m,  ,  fiislan  de),  98,  iOO,5ia. 

RoDEV,  36,  37,  11"'  1.   '11 

\-- 1  .i  donné  •> 
Rouen,  4 20.  —  Prise  de  Rouen. 

l.e  camp  devant  1.  '110,  4i3, 


718 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


4 1 5 ,  4 1 8 ,  &19,  4  9  0 ,  4ai,  £22, 
/ia3,  4s4. 

Roubn  (Ceux  de),  attendus  par  Ca- 
therine, 3i4.  —  Leurs  lettres  à 
Charles  IX,  3i4,  note; —  au  duc 
d'Aumale,  le  priant  de  les  épargner, 
317,  note.  — Conditions  que  leur 
offre  Catherine  pour  se  soumettre, 
322,  3a3. 

Roue»  (Le  Parlement  de),  478,  noie. 

Roien  (Les  échevins  de),  rassurés  par 


Catherine  sur  l'exécution  des  pro- 
messes du  Roi,  /138. 

Roussilion  (Just  de  Tournon,  comte 
de),  recommandé  par  Catherine  au 
pape,  4o5.  —  Note  sur  lui,  4o5. 

Roissillon  (Le),  a5o. 

Roussillon  (Le  comté  de),  357,  note. 

Rocville,  4i4. 

HovERE  (Jérôme  de  la),  évèque  de 
Toulon;  note  sur  lui,  142,147. 

Roville   (Guillaume),   réimprime    à 


Lyon  le  livre  de  Henri  VH1  contre 
Luther,  287,  note. 

Rlble  (M.  de),  cité,  g4,  3a8,  notes. 

Rubis  (Ilieronime  de),  621. 

Rucellai  (Annibal),  recommandé  par 
Catherine  à  M.  de  l'isle,  a  28.  — 
Note  sur  lui,  328. 

Ristan-Bassa,  lettre  que  lui  écrit  Ca- 
therine, 174,  626. 

Riy-Gomes.  Voy.  Évoli. 


Saconaf  (  Gabriel  de),  dénoncé  à  Calvin 
par  Throi  kmorton  pour  une  pré- 
face injurieuse  à  la  mémoire  de 
Henri  VIII,  337. 

Sacï  (Le  sr  de),  capitaine  du  Mont 
Saint-Michel,  537. 

Saffraï  (Isabeau  de),  462,  note. 

Sagle  (Jacques La),  papiers  saisis  sur 
lui,  147. 

Saint-Aigu  an,  i38,  note. 

Saint-André  (Jacques  d'Albon,  maré- 
chal de),  lettre  qu'il  écrit  au  sujet 
du  maréchalat  pour  François  de 
Montmorency,  1  38. —  Recommandé 
par  Catherine  au  Parlement  de 
Dijon,  310.  —  Offre  de  se  retirer, 
309.  —  Opposé  aux  Allemands  à 
leur  entrée  en  France,  4i3,  4i4. 

—  S'achemine  a  Bar-sur-Aube, 
422.  — Tavannes  doit  lui  amener 
les  Suisses,  432.  —  Se  joint  aux 
Suisses,  435. —  Traité  de  la  paix, 
448.    —    Tué    à     Dreux,    455. 

—  Cité,  46i.  —  Sa  lettre  au  roi 
d'Espagne,  append.  61 5,  note. 

Saint-André  (La  côte),  27,  note. 
Saint-André  (La  maréchale  de),  de- 
mande audience  à  Catherine,  545. 

—  Réclame  sa  Aile,  545  et  note. 
Saint-Antoine  (La  porte),  262. 
Saint-Antoine  (  Le  portier  de  la  porte), 

262. 
Saint-Antoine  (Le  faubourg),   960. 

—  Tentative  faite  contre  lui,  262. 


Saint- Barnabe  (La),  302. 

Saint-Barthélesit  (La),  375,  note. 

Sunt-Bonnet  (Le  s'  de),  542. 

Saint-Briedc  (Jean  du  Tillay,  évèque 
de),  446. 

Saint-Brieuc  (L'évêché  de),  74. 

Sainte-Catherine.  Voy.  Mont-Sainte- 
Catherine. 

Saint-Ciergue  (Bohier,  sr  de),  recom- 
mandé par  Catherine  au  Parlement 
de  Paris,  s5s. 

Saint-Cloud,  493. 

Sainte-Colombe,  443.  —  Envoyé  en 
mission  à  Bordeaux,  55i,  552. 

Sainte-Croix  (Le  nonce  Prosper  de), 
note  sur  lui,  192.  —  Ses  mauvais 
offices  à  l'égard  de  Catherine,  228. 

—  Se  plaint  de  l'arrestation  de  son 
courrier  par  M.  de  Bordillon,  23o. 

—  Parle  de  la  prise  d'un  convoi 
d'argent,  523,  note.  —  Explique 
les  nécessités  de  la  paix,  639,  note. 

—  Lettre  de  lui,  53 1,  note. 
Saint-Denis,  77,  note:  434. 
Saint-Dizier,  6. 

Saint-Dizier  (La  garnison  de),  non 
payée,  55o. 

Saint-Eustache  (Sédition  à),  ig3. 

Saint-Ferme  (L'abbé  de).  Voy.  Bou- 
cher. 

Sainte-Foï  (Charles  Chabot,  sr  de), 
assassiné,  376.  —  Note  sur  lui, 
376. 

San-Fré,  Catherine  réclame  pour  lui 


la  terre  de  ce  nom,  36 1.  —  Lettre 
écrite  par  Brissac  en  sa  faveur,  36 1 , 
note.  —  Sa  mission  en  Piémont, 
422.  —  Ses  instructions,  4s2  ,  note. 

Saint-Gelais,  22,  note. 

Saint-Gelais  (La  foire  de),  70. 

Saint-Germain  (La  forêt  de),  remise, 
491. 

Saint-Germain  (La  maison  de),  324, 
note. 

Saint-Germain-des-Prés,  307,  208, 
310,  211. 

Saixt-Germain-en-Lave,  i4 ,  i5,  20, 
35,  33,  34,  35,  36,  75,  81,82, 
83,  84,  103,  113,  116,  ia3, 
303,  316,  ss6,  237,  s3i,  s34, 
2.35,  337,  s38,  ail,  342,  243, 
25o,  s5i,  252,  253,  a56,  257, 
258,  25g,  260,  261,  263,  263, 
266,  267,  268,  269,  273,  274, 
375,  377,  378,  381,  283,  391. 
433,  434,  484,  6o3,  609. 

Saint-Gildas  (Niquet,  abbé  de),  i5g. 
—  Envoyé  à  Rome,  4 09  et  note. 

Saint-Laurent,  5a2,  note. 

Saint-Laurent  (L'abbaye  de),  101, 
note. 

Saint-Laurent-de-Florence  (  L'église  ) , 
74. 

Saint-Laurent-des-Eaux,  5 1 3. 

Saint-Léger  (Le  haras  de),  377,  372. 

Saint-Lô,  37.5,  note.  —  Son  déman- 
tèlement ordonné,  419. 

Saint-Marcel  (  Le  quartier  ),  4  2  5 ,  note. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


719 


Saint-Marcel  (Le  faubourg  i.  s6o. 

SaINT-MaRCOII.-DE-CoRBERIE,   I9O. 

Saint-Martin  (L'abbé  de),  433.  — 
Note  sur  lui,  433. 

Saint-Martin  i  Le  treillis  dr  L'église 
de),  5o. 

Saint-Martin  i  Loys  de),  433,  note. 

Saut-Mabtih  (Melcbior  de),  433, 
noie. 

Saiht-Mrsiie,  renvoyé  auprès  de  sa 
femme,  append.  56o,  note.  —  Ca- 
therioe  lui  donne  des  instructions 
pour  le  duc  d'Anjou,  append.  578. 

Siiht-Mesuc  (  Léonore  Stuarl,  daine 
de),  lettre  que  lui  écrit  Catherine 
au  sujet  du  duc  d'Anjou,  append. 
.r>6o. 

Saint-Mbshin  (Le  camp  de),  5iô, 
5ai,  5a6,  5t>7,  ."129,  53o,  53i, 
53a,  533,  534,  595,  536,  537, 
538,  547,  548. 

Saint-Michel.     Voy.    Mont    Saint- 

MlCUEL. 

Saint-Pail  (L'église),  à  Paris,  ôo. 

—  Jacobin  qui  y  prêche,  5o. 
Saint-Pétersboirg,  i4i,  noie. 
Saint-Péteissboi  ro    (La    bibliothèque 

de),possèdedcslellresdeNicoi,2  lu. 

Saint-Point,  sa  lettre  à  Tavannes, 
124,  note. 

Siint-Qlentin,  1 17. 

Saint-Qcentin  (La  bataille  de),  107, 
108. 

Saint-Régis ,  i4i,  note. 

Saint-Seine  (Saisie  de  la  terre  de), 
note. 

Saint-Simon,  34o. 

SiiNT-SiLPicE.  remplace  en  Espagne 
l'évéque  de  Limoges,  288.  —  Noie 
sur  lui ,  a  88. —  Part  pour  l'Espagne , 
296,  3io,  3a8.  —  Sa  présenta- 
lion  au  roi  d'Espagne,  536,  note. 

—  Chargé  de  réclamer  l'interven- 
tion de  Philippe  II  pour  arrêter  les 
mauvais  desseins  de  la  reine  Elisa- 
beth, 370,  371.  —  Prévenu  par 
Catherine  des  projets  des  Anglais, 
378.  —  Renseigné  sur  la  marche 
des  Italiens,  374.  —  Prié  de  sol- 


liciter le  secours  de  trois  mille  che- 
vaux, 376,375.  Catherine  lui 
recommande  M.  d'Escars,  399.  — 
Kent  à  Gonoor  au  sujet  de  l'ar- 
tillerie et  de  M.  d'Estr  1  -,  39g. 
—  S'entretient  avec  le  roi  d'Es 
pagne  de  la  prise  de  Rouen 
noie.  —  Lettre  que  lui  écrit 
Charles  1\  sur  les  derniers  1110- 
menls  du  roi  de  Navarre,  '■■ 
Chargé  de  solliciter  l'accord  des 

prélats  espagnols  avec  ceux  de 
France,  468,  46g.  —  Lettre  qu'il 
reçoit  de  Catherine  au  sujet  de  la 
grande  maîtrise  ,  5 1 3  ,  noie. 

Saint-Victor-de-la-Côte,  37,  note. 

Saint-Yincevt  (Antoine  de),  299.  — 
\ole  sur  lui ,  299. 

Salcbde,  demande  de  l'argent  pour  la 
garnison  de  Metz,  3i3. 

Saler»  i  Ferdinand  de  San-Severino, 
prince  de),  5i).  —  Noie  sur  lui, 
59. 

Salm  (Anne  de),  17,  note. 

Salm  (Le  rhingrave  Jean-Philippe  DR  |, 
envoyé  en  Allemagne,  978.  Note 
sur  lui,  27S.  — Reçoit  l'ordre  de 
venir,  3  '1 7 .  —  Etal  de  ses  troupes, 
487.  —  Payement  ordonné  pour  ses 
troupes,  4SS.  — Appelé  par  Cathe- 
rine, 4gg. 

Sauces  (Auguste  de),  270. 

Silices  (François  de),  270. 

Silices  (Gabriel  de  i,  évèque  d'Aire, 
270. 

Sallces  (Jean-Louis  de),  vient  en 
France,  26g.  —  Note  sur  lui,  270. 

Sauces  (Louis  II  dei,  270. 

Sauces  (Le  marquisat  de),  35g,  36o. 

Salviati  ([Sernard  dei,  7. 

Salviati  (François  de),  envoyéi  Cons- 
tantinople,  172. 

Salviati  (L'évéqne),  20A. 

Salviati (  Marie  on),  2  .  note;  3,  noie; 
8,  append.  617. 

Salvoison  ,  299.  —  Note  sur  lui ,  299. 

Samoïs  (Le'pontde),  3 1  3. 

Sancbe  de  Léria  (Dom,  prisonnier 
du  Grand-Seigneur,  172. 


Saidi  (Don  Alvares  de),  prisonniei 
du  Grand-Seigneur,  172. 

sur  lui ,   1  7a. 

Sa«  Pu  rio  Coaso,  Catherine  imite  le 

connélableà  lui  donner ; 

Note  sur  lui .  10a.  -  -  Lellr 
lui.  203,  ao3. 

Sahsac  lacques  Prévôt,  s  di  .  Cathe- 
rine l'i  nvoie  i  Tours  '•!  à  Etampi  - 
4 1  o.  —  Reçoit  l'ordre  de  se  joindre 
à  Charrit  pour  tenir  tête  aux  Alle- 
mands, i  1 1 ,  in,  taiène  I-  - 
bandes  es]  agi    I  1,  '1  ■.'..  noli 

—  Cité,  '■>  1  7. 

S  H-Severi»     Auiaim  de),  60. 
Sansovino,  cité,  1 . 
Santa-Criz   (Le   marquis  de". 

note. 
Sapin    (Le   conseiller),   réciami     pai 

Catherine  à  ceux  d'Orléans,   il 9. 

—  Pendu  à  Orléans ,  4 1 9 ,  note.  — 
Son  oflice,  419. 

Sardini  (Scipiou).  noie  sur  lui,  ls5. 

—  Envoyé  en  mission,   ia6. 
Sabla»  (Le  maître  d'hôtel  .  75.  — 

Envoyé   par   Catherine  aupn 

Condé ,  44a.  —  Noie  sur  lui .  ' 
Saiiriceaa  (  Le  cardinal  Jean  Mil  hi  ' 

i57. 
Sariiacosse  (Leprolonotaired. 

note. 
S viiTiN  1  Thomas),  37. 
Sartini,  62  1 . 
S u  11  (  M.  de) ,  sommé  de  rendre  la 

ville  de  Lyon,  34o,  noie. 
Saulx  (Mémoires  de),  26,  noie. 
Savigny  (Le  s'  de),  note  sur  lui,  5  4  8. 

—  Arrête  et  dévalise  Don  Hernando . 
548. 

Savilun,  36g  .  .'ilii . 

Savoie  (Béatrix  de  Portugal,  duchés* 
db),  2 ,  note. 

Savoie  (Claude  de).  Voy.  Tende. 

Savoie  (Henriette  de),  i5o,  note. 

Satoie  i  Isabeau  de),  36,  note. 

Savoie  (La),  a4g. 

S  non:  1  Le  duc  di:1.  Catherine  lui  en- 
voie M.  d'Elbèno,  127.  —  Félicite 
par  Catherine  de  la  grossesse  de  la 


720 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


duchesse,  202;  —  decequela  du- 
chesse a  senti  bouger  son  enfant, 
226.  —  Son  appui  auprès  du  pape 
sollicite  pour  le  roi  de  Navarre.  262. 

—  Catherine  lui  annonce  la  mort 
de  M°"  de  Monlpensier,  232.  — 
Klle  lui  écrit  pour  désavouer  l'arres- 
tation d'un  courrier,  269.  —  Elle 
lui  écrit  au  sujet  de  la  conférence 
tenue  à  Lyon  pour  les  places  du 
Piémont,  256.  —  Cité,  a63.  — 
Remercié  de  ses  offres  par  Cathe- 
rine, 3oi,3o3,3o4. —  Charles  IX 
lui  demande  passage  par  la  Bresse 
pour  ses  troupes,  329.  —  Cathe- 
rine lui  recommande  M.  de  Com- 
marieu,  .'iôy.  —  Négocie  pour  la 
restitution  des  places  du  Piémont, 
359.  —  Secours  qu'il  emoie  à 
Charles  IX,  060.  —  Traite  avec 
Bordillon  pour  les  vivres,  4oo.  — 
Prévenu  par  Catherine  que  le  pré- 
sident de  Montl'ort  emporte  les 
dernières  conditions  pour  la  restitu- 
tion des  places  du  Piémont,  k  16. 

—  Cité,  42/1.  —  Catherine  s'excuse 
auprès  de  lui  des  difficultés  que  fait 
Boidillon,  629.  —  San-Fré  les 
aplanira,  42g. —  Lettres  de  protes- 
tations d'amitié  que  lui  adresse  Ca- 
therine, 4  08,  439.  —  Envoie 
Coconas  en  Espagne,  append.  58 1. 

—  Cité,  append.  601,  Go3. 
Savoie  (Le  Parlement  de),  172. 
Savoie   (Le  trésorier  de),  accusé  de 

détournement,  536. 
Savoie  (Marguerite  de   France,   du- 
chesse de),    son   départ,  12g.  — 
Egards  que  le  duc  a  pour  elle,  129. 

—  Son  voyage,  129,  note.  —  Sa 
maladie ,  1 3 6 .  —  Sa  grossesse,  201. 
Sont  bouger  son  enfant,  226.  — 
Sa  grossesse  affirmée,  2  3a.  —  Ca- 
therine craint  que  la  nouvelle  de  la 
mort  de  M""  de  Monlpensier  n'influe 
sur  sa  santé,  23a.  —  Arrivée  à 
son  huitième  mois  de  grossesse, 
"'i'i.  —  Invitée  par  Catherine  à 
accepter   les  conditions   proposées 


pour  la  restitution  des  places  du 
Piémont,  263.  —  Catherine  lui 
annonce  que  le  fait  du  duc  de  Ne- 
mours est  arrangé,  3o3.  —  Citée, 
3o5.  —  Somme  versée  pour  son 
douaire,  386.  —  Citée,  4og.  — 
Ecrit  au  connétable  au  sujet  de  la 
restitution  des  places  du  Piémont, 
43i.  —  Ecrit  également  à  Gonnor, 
43g.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine pour  lui  annoncer  la  mort  du 
duc  deGuise, 516,517.  —  Mandée 
par  Catherine,  5 17. 

Savoie  (René  de),  102,  note. 

Saxe  (Anne  de),  ses  noces  avec  le 
prince  d'Orange,  2-3i. 

Save  (L'Électeur  de),  hostile  au  roi 
de  Bohème,  a55. 

Sedan,  68. 

Seghizo  (Baptiste),  620. 

Segbizo  (Francisque), jugea  Modène, 
16. 

Seguizo  (Hercule),  neveu  de  Jean- 
Baptiste  Gondi,  premier  maître 
d'hôtel  de  Catherine,  recommandé 
par  elle  au  duc  de  Ferrare  pour  re- 
mise d'une  amende,  i5,  16. 

Seghjzo(  Marc-Antoine),  5aa. 

Segm  (L'historien),  cité,  gg,  note. 

Seguer  (Pierre),  176,  483. 

SEiNE(La),  mesures  pour  en  défendre 
les  passages,  4g8,  499. 

Selim  (Le  sultan),  173. 

Selve  (De),  évéque  de  Saint-Flour; 
Catherine  lui  recommande  les  pro- 
cès qu'elle  a  en  Italie,  111,112. 

Selve  (Georges  de),  arrêté  à  Orléans, 
4 19. 

Selve  (OdetDE),  538,  note? 

Semïet  (M.  de),  260. 

Senarpost  (Jean  de  Mouchy,  s'  de), 
lettre  qu'il  reçoit  de  Catherine, 
160.  —  Note  sur  lui,  160.  —  Re- 
commandations que  lui  fait  Cathe- 
rine pour  son  gouvernement,  160. 
—  Note  sur  lui,  160.  —  Cathe- 
rine lui  recommande  de  veiller  sur 
les  places  de  Picardie,  289.  — 
Note  sur  lui,  a8q.  —  Catherine  lui 


envoie  un  passeport,  385.  —  Lui 
donne  ordre  d'aller  à  Dieppe  et  de 
la  garder,  385.  —  Ce  qu'en  dit 
Throckmorlon,  385,  note.  —  Cité, 
4g2. 

Senart  (La  forêt  de),  53o.  — (Com- 
mission donnée  pour  les  taillis  de), 
53o. 

Senecei  (Nicolas  de  Beaufremont,  sr 
de),  io5. 

Senneterre  (M.  de),  sa  mission  à 
Lyon,  34o,  note;  34i. 

Sens,  5o3,  555. 

Sens  (L'ambassadeur),  ig8. 

Sens  (Le  diocèse  de),  54. 

Sens  (Le  receveur  de),  g'i. 

Séraphin,  auditeur  de  rote,  remercié 
par  Catherine  de  ses  bons  offices, 
257. 

Serbelloni  (Fabricio),  Catherine  se 
plaint  de  lui,  a63.  —  Ce  qu'écrit 
de  lui  Charles  IX  à  l'évêque  de 
Limoges,  a63,  note. 

Serignac  (Troubles  à),  212. 

Ser isoles,  5 16. 

Serman  (Jean  de),  prisonnier  du 
Grand-Seigneur,  recommandé  par 
Catherine  à  M.  de  la  Vigne,  118. 

Serre  (De),  519.  —  Note  sur  lui, 
5i9. 

Sertas,  291,  392.    • 

Seurre  (Michel  de),  envoie  à  Rome, 
53 1 .  —  Note  sur  lui ,  53 1 . 

Séville  ,  a44. 

Sheers  (John),  i84,  23a. 

Sidnet,  envoyé  pour  proposer  la  mé- 
diation de  la  reine  d'Angleterre, 
3ii,  3 12.  —  Retourne  en  Angle- 
terre par  Calais,  3i5.  —  Note  sur 
lui,  3 1 5. 

Sienne,  88,  note. 

Sienne  (Prétentions  de  Philippe  II 
sur),  i84,  2o5.  —  Catherine  en 
voudrait  pour  le  roi  de  Navarre, 
i84. 

Silvano  (Laurent),  623. 

Siuancas  (La  collection  de),  1 4  g,  note: 
5o8. 

Simeom   (Gabriel),   donne  des  nou- 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


721 


velles  delà  cour  à  Diipral  de  Nan- 
lotiillet ,  88 ,  note.  —  Son  horoscope 
pour  le  choix  du  jour  du  sacre  de 
Charles  IX,  182. 

SlSTBBOK,  38l  . 

Sun»  (L'ambassadeur  sir  Thomas), 
cïté,  458. —  Prié  d'attendre  pour 
une  audience,  6âg.  —  Sa  dépêche  à 
Cecil,  ^7.3,  noie. —  Lettre  de  lui, 
588,  noie.  —  Dépèche  de  lui,  '198, 
note.  —  Ce  qu'il  mande  de  l'am- 
bassadeur venu  pour  réclamer  Metz , 
5o5,  note.  —  S'explique  avec  Ca- 
therine au  sujet  d'une  proclamation 
de  guerre  criée  dans  les  rues  de 
Paris,  5ol>,  5o-.  —  Ce  qu'il  écrit 
de  Condé,  5ai,  note.  —  Sa  lettre 
à  d'An'delot  pour  lui  reprocher  la 
paix,  533,  noie. —  Cité,  545. 

Soissons,  5  99. 

Solecre  (Le  comté  de),  3oi. 

Soliehs  (L'Ilermile  de),  cité,  37, 
note. 

Somman  11,  i45,  172,  note. —  Lettre 
que  lui  écrit  Catherine  pour  des 
prisonniers  espagnols,  173. 

SOMBiij  envoyé  en  France  par  la  reine 
d'Angleterre,  '109,  5o6.  —  S'ex- 
pliqua,1  ver  Catherine  au  sujet  d'une 
proclamation  de  guerre  criée  dans 
les  rues  de  Paris,  .joli,  note;  507. 

Sommerive  (Le  comte  de),  mis  par 
Catherine  à  la  place  de  son  père, 
Claude  de  Tende,  3o4. — Ses  démê- 
lés avec  son  père,  3o4  ,  note. — 
Chargé  par  Catherine  de  lever  une 
enseigne  de  gens  de  pied,  3  16,317. 

—  Prêta  en  venir  aux  mains  avec  les 
troupes  du  baron  des  Adrets,  34i, 
note.  —  Annonce  la  prise  d'Orange, 
356.  —  Catherine  lui  fait  part  de 
la  rupture  des  négociations,  368. 

—  Elle  l'invite  à  se  renforcer  des 
troupes  d'Italie  et  de  Savoie,  368. 

—  Il  écrit  à  Catherine  que  son 
père  est  aux  mains  des  protestants, 
38i,   note.  —  Invite  Catherine  à 


écrire  à  son  prie  de  se  retirer  en 
son  gouvernement .  38 1 ,  nol  ■ 

SOMMERSET,  .r>23,  note. 

Soqi  bnce  (Gruchel  reï.  iig,  note. 

SoBBONM.   |  ta),    ".">  I  . 

Somu:s,  -'7,  note. 

Soobise  (M.  de),  Catherine  l'engage 
à  faire  sa  soumission ,  3go.  -  Note 
sur  lui,  .'{90.  —  Chargé  par  Cathe- 
rine d'amener  Coligny  à  renvoyer 
ses  gens,  391,  397.  — Ce  qu'il  lui 
répond,  3517,  note.  —  Ses  mémoires, 
397,  note.  —  Invitéde  nouveau  par 
Catherine  et  Chai  les  l\  à  se  sou- 
mettre, 457. 

SouiLLARD,  sa  dépèche  à  Catherine. 
sur  la  mort  du  cardinal  de  Médicis, 
447,  note. 

SpiNOCRi  (Camille),  6a4. 

Spezzia  (La),  1 . 

SrirAsiE  (sr  de  Passy),  sa  harangue  en 
remettant  à  la  diète  les  quatre  Ici  1res 
adressées  par  Catherine  à  Condé, 
2S2,  note.  —  Ses  lettres  aux  églises 
réformées,  286,  note.  —  Ce  qu'il 
a  dit  à  l'Empereur,  44i. —  Accom- 
pagné par  Hotmail  à  la  diète,  V17, 
note;  /173.  —  Communique  les 
lettres  écrites  par  Catherine  à  Condé, 
448. 

Strasbourg,  54,  3oo. 

Strozzi  (Alphonsina),  109,  note. — 
Mariée  au  comte  de  Kiosque,  1  3 1 . 

Strozzi  (Cosme),  621. 

Strozzi  (La  s").  Voy.  Laudamine  df. 
Médicis. 

Strozzi  (Julia),  100,  note. 

Strozzi  (Le  cardinal  Laurent),  solli- 
cité par  Catherine  de  s'occuper  du 
procès  qu'elle  avait  en  Italie,  109. 

—  Note  sur  lui ,  1 09.  —  Va  trouver 
le  connétable,  118.  —  Ce  qu'en  dit 
Catherine,  119.  —  Cité,  620. 

Strozzi  (Léon),  prieur  de  Capoue, 
fait  tuer  Jean-Baptiste  Corse,  13, 
,,0le. —  Sa  fuite,  43,  44,  notes. 

—  Se  justifie,    54,  note.  —  Sa 


lettre  è  i  latherine,  55  ■  note.  I  e 
qu'écrit  de  lui  Catherine  au  ronné- 
table,   ':  i     56  Cité,    '17.  — 

Demande  à  rentrer  au  sei  vice  de 

la  France .  88,  noie.    -  Stipule  «es 
conditions,  ss.        Sa  mo  • 
note.  —  Cité,  109. 

Strozzi  (Philippe),  53,  note.  —  En- 
voyé .1  M  eaux  ,  356.  Note  sui 
lui,  356.  Payi  ment  de  sa  com- 
pagnie, 372.  —  Mandé  a\ec  ses 
forces  par  Catherine,  'n'i.  —  Câ- 
lin rine  désire  que  sa  mère  admi 
nistre  ses  biens,  append.  564. 

Strozzi  (Pierre);  noie  sur  lui,  54. 
Mandé  par  Henri  II,  44,  note.  — 
Recommande  par  Catherine  au  con- 
nétable,  '17. —  Sollicite  la  rentrée 
en  grâce  de  s:in  frère  le  prieur  de 
Capoue,    88,    note.  —   Débat   les 

conditions  de  sa  rentrée,  88,  note. 
- —  Nommé  maréchal  de  France, 
89.  —  Proposé  pour  l'évêché  de 
15.17.  is ,  91.  —  Défait  à  Marciano, 
;  'i ,  .  .à.  —  Défend  Porl  Hen  nie 
98.  —  Catherine  eu  parle  au  car- 
dinal dol'errare.  102.  —  Cité,  io3, 
107,  109. 

Strozzi  (Robert);  noie  sur  lui,  109. 

Stoart  (Marie),  26, note. —  Catherine 
fait  l'aire  son  portrait,  62.  -Citée, 
80.  —  Malade  à  Fontainebleau, 
loi. — ■  Citée,  180.  —  Projet  di 
son  mariage  avec  l'archiducChai  les, 
186.  —  Ce  que  Catherine  écrit  à  IV- 
vêquede  Limoges  de  son  projet  do 
mariage  avec  Don  Carlos,  190. 
Catherine  envoie  pour  elle.  l'Huil- 
lier  en  Espagne,  19g.  —  Ce  qu'en 
écril  Catherine  à  sa  mère  Marie 
de  Cuise,  append.  556,  557. — 
Inquiétudes  soulevées  par  son  projet 
de  mariage  avec  Don  Carlos,  575, 
576,  note.  — Son  embarquement, 
append.  lio'i.  —  Projet  de  son  ma- 
1  m  ;e  avec  Don  Carlos, append. 600. 

Syracim:  I  Le  porl  de),  54  .  note. 


Catherine  de  Médicis.  —  1. 


0' 


722 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


Taillandier  ,  cité ,  1 4 1 ,  noie. 
Talcï,  342,  344,  345. 
Tahizet  de  Larroqie,  cité,  33 1  ,  note. 
Tanara  (Le  marquis  de),  envoyé  de 
Portugal  après  la  mort  d'Henri  II, 

121. 

Tancarville  (Le  château  de),  45g  et 
note. 

Tam:arville  (Expédition  contre  le  châ- 
teau de),  465.  —  Sa  reprise,  484. 

Tanini  (Laurent),  aai. 

Tassohi  (Camille-Estence  de),  envoyé 
du  duc  de  Ferrare,  îa. 

Tavannes  (Gaspard  de  Sauh,  sr  de), 
recommandations  que  lui  fait  Ca- 
therine pour  son  gouvernement, 
109.  —  Note  sur  lui,  i5ç).  — 
Lettre  que  lui  écrit  Catherine  au 
sujet  des  Maligny,  161.  —  Reçoit 
île  nouveaux  ordres  pour  s'emparer 
des  Maligny,  i64,  160.  —  Ses 
instructions  au  sujet  des  protes- 
tants, 168,  299.  — -Manque  d'ar- 
gent, 3i5.  —  Autorisé  par  Ca- 
therine à  se  servir  de  l'argenterie 
des  églises,  3 2 4.  —  Catherine  l'en- 
gage à  conserver  les  places  de  son 
gouvernement,  320.  —  Elle  lui 
écri  t  au  sujet  de  sa  rentrée  à  Chalon , 
337.  —  Charles  IX  veut  l'envoyer 
en  Dauphiné,  3 29.  —  Reçoit  l'ordre 
de  suspendre  toute  attaque  contre 
Mâcon,  344;  —  de  garder  les 
Suisses  à  Chalon,  344;  —  de  les 
taire  marcher,  344.  — Se  replie 
sur  Dijon,  344,  note.  —  Cité,  368. 
—  S'approche  de  Lyon,  3go,  note. 
— ■  Reprend  Màron,  3g5.  —  Re- 
prend Tournus,  3gô.  —  Sa  lettre 
à  Catherine  au  sujet  de  l'artillerie 
de  Rourgogne  réclamée  par  le  duc 
île  Nemours,  h  1  0 ,  note.  —  Amène 
les  Suisses,  4  1  3.  —  Mission  secrète 
qu'il  reçoit  de  Catherine,  427. — 
Envoie  un  mémoire  à  Catherine, 
'(63. —  Invité  à  secourir  d'artillerie 


le  duc  de  Nemours,  4g3.  —  Sa 
lettre  à  M.  de  Villefrancon,  4 93, 
note.  —  Remontage  de  son  artil- 
lerie ,  4g5.  —  Payement  de  ses 
troupes,  4g5.  —  Cité,  4g5.  — 
Catherine  lui  envoie  le  secrétaire 
Marseille,  5oo. 

Telignï,  parle  de  la  réception  faite  par 
le  duc  de  Savoie  à  Marguerite  de 
France,  12g.  —  Ce  qu'en  dit  la 
duchesse  de  Savoie,  129,  note. 

Tevde  (Le  comte  de),  cité,  69.  — 
Catherine  le  prie  d'envoyer  une  ga- 
lère au  cardinal  de  Tournon,  137. 

—  Note  sur  lui,  1.37.  —  Charjé 
d'arrêter   les   Maligny,  161,   note; 

—  de  réprimer  les  troubles  de  Pro- 
vence, 1 83.  —  Catherine  lui  écrit, 
3o4.  —  Mandé  par  elle,  3o4.  —  Ses 
démêlés  avec  son  fils,  le  comte  de 
Sommerhe,  3o4,  note. —  Cathe- 
rine veut  le  joindre  à  Monluc,  33t. 

Termes  (Paul  de  Labarthe,  sr  de), 
note  sur  lui,  i5o.  —  Lettre  de  lui 
sur  le  passage  du  roi  de  Navarre  à 
Poitiers,  i5o,note. —  Cité,  281. 

—  La  moitié  de  sa  compagnie 
donnée  à  M.  de  Martigues ,  3 1 1 . 

Terride  (Antoine  de  Lomagne,s' de), 
cité,  361.  —  Invité  à  se  joindre  à 
Monluc,  339.  —  Note  sur  lui ,  33g. 

Théophile  (Le  comte),  envoyé  en 
Italie,  1  oâ. 

Tueroie>.ne  (La  prise  de),  77,  noie: 
to5. 

Trtorj  (Le  président  de),  cité,  201, 
369,260,375,399,435, 478. — 
Sa  lettre  à  Catherine  au  sujet  d'un 
arrêt,  009,  note. —  Justifie  ce  qui 
a  été  dit  des  Anglais,  5og,  note.  — 
Cil.'.  564. 

Thoiars  (Le  duché  de),  368. 

Tholrï,  337. 

Throckmorton,  ambassadeur  d'Angle- 
terre; cité,  70,  ia5. —  Lettre  de 
lui   j  Cecil,   ao5,  note.  —  Lettre 


que  lui  adresse  le  ministre  des 
Gallards  au  sujet  de  la  réimpression 
du  livre  de  Henri  VIII  par  Saconay, 
337.  —  Cité,  25g,  263.  —  Cathe- 
rine combat  les  raisons  qu'il  donne 
pour  refuser  M.  de  Courtenai  comme 
otage,  273.  —  Cité,  281,  282, 
383,  3oi,  3i  1.  —  Annonce  la  re- 
prise des  négociations  avec  Condé. 
333 ,  note.  —  Annonce  la  paix  à  la 
reine  Elisabeth,  34a,  note.  — 
Lui  rend  compte  de  deux  entre- 
vues   avec  Catherine,  366,   note. 

—  Raconte  la  démarche  faite  par 
le  connétable  pour  faire  venir  Ca- 
therine au  camp,  370,  note.  — 
Présente  ses  lellres  de  rappel,  370, 
note.  —  Dépêche  de  lui ,  3  7  6 ,  noie. 

—  Leltrcs  qu'il  reçoit  de  Catherine 
pour  des  navires  anglais  arrêtés  en 
Bretagne,  096,  3g6,  4oo.  —  Ré- 
clame un  paquet  qui  lui  a  été  retenu . 
601.  —  Ce  que  lui  en  dit  Cathe- 
rine, 4oi .  —  Un  sauf-conduit  lui 
est  refusé,  4oi,  4os.  —  Explique 
à  la  reine  Elisabeth  comment  il  a 
été  conduit  à  Orléans,  4oi,  note. 

—  Sa  lettre  à  Elisabeth,  4oi,  note. 

—  Se  plaint  à  Calherine  de  ce  que 
Monluc  a  maltraité  un  Anglais. 
4  02,  note.  —  Passeport  donné  à 
un  de  ses  gens,  4o5.  —  Sauf-con- 
duit pour  lui-même  refusé,  4o6. — 
Information  faite  de  sa  plainte  contre 
Monluc,  4o6.  —  Catherine  lui  re- 
fuse de  nouveau  un  passeport.   1 1  5. 

—  Sa  réponse  à  Catherine,  4i5, 
noie.  —  Réclame  un  cofi're  renfer- 
mant ses  papiers,  438.  —  Propose 
les  moyens  d'une  pacification,  438  . 
note. 

Th.ladet  (Le  capitaine),  cité,  261, 
note. 

Tillet  (Jehan  du),  greffier  nu  Parle- 
ment de  Paris.  74,  534,  note; 
Ou  3. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


723 


Tillet  (Jehan  du),  aumônier  de  Ca- 
therine,  recommande  par  elle  au 
duc  de  Florence  pour  l'expédition 
de  l'évêché  de  Saint-Brieuc,  7  a. 

Tolède  (  Antoine  de),  envoyé  par  Plii- 
lippe  II  en  France,  i4g,  545.  — 
Noie  sur  lui,  1  '19. 

Tolède  (Hernando  de  i,  fils  naturel  du 
duc  d'AIbe,  envoyé  en  France  pour 
empêcher  la  paix,  008  et  note.  — 
Dévalisé  par  Savigny,  ■'>  i8. 

Tor.wcioM  '  Mtous"  '1 .  i43,  note. 

Tornabi  o\!  1  Nicolo),évéquedeRorgo, 
envovt  du  dur  do  Florence,  1  1,'i. 

indré  1.   recommandé   |  ar 
Catherine  au  duc  de  Florence,  ig. 

Tobsilis  (Jacques  de),  recommandé 
par  Catherine,  16. 

Toutoret  (Le  recueil  de),  cité,  3o6. 

rosciSE  (La),  a4  ,  37. 

Toil,  5o5,  noie;  54a,  5431,  544. 

Toulouse,  i44,  note:  ai  a,  28a, 
18a. 

Tolloise  (  Délivrance  de),  33i  etnole. 

Toclocse  (Exécution  faite  à).  3a8. 

I'oiloise  1  La  recelte  de),  33s,  33g. 

Toclouse  (Les  capitouls  de),  lettre 
qu'ils  reçoivent  de  Catherine  pour 
le  rachat  des  renies  de  leur  ville, 
85.   —  Prévenus   de  l'arrivée  de 


M.  de  Négropelisse  envoyé  par  Ca- 
therine, -i"7- 

Toi  i.ns  1  Le  capitaine  ut  1.  16a. 

1    Le  châtearj  de  1,  4(ia. 

i  "i  i.m  111-  (J  'hôtel  'li'  1 .  •!  signé  p  ir 
Catherine  pour  loger  I      , 
4g4.       1  iipii  i  e  sN  oppose,  4g4, 
note.  —  Boisy  désigne  leur  place , 
'l'i  '1 ,  note.  —   \  endu   par  Gath 
rine,  ig5,  note. 

ToDRKELLEs(Les  écuriesdes),  ul  lise 
pour  logei        poudi 

Tourson  (Hélène  db),  citée,  a 57, note 

Totjrnok  (Le  cardinal  de),  cil 

77,  7S.  ''<>.  -ss-  8g,  go,   gi.  — 
Revient  en  France,   1 33,  137. 
Cité,  i33,4o5.— Voit  Charles  IXà 
la  messe, append.  61  '1. —  Cité,  616. 

Toirnov  (Le  comte  Just  de),  note  sur 
lui,  a! "17.  3o3 

Todbniis ; Tavannes  s'en  empare.  3g5 

Todbs,  agg,  34a,  ia8,  354,  '<-">. 
479,490. 

Tours  (Le  maire  de),  mandé  à  Paris, 
—  Note  sur  lui,  4aS. 

Transylvanie  (La),  472. 

Transylvanie  (Le  prince  de  la),  sa 
situation,  334.  —  Son  accord  avec 
les  Turcs,  35o.  —  Catherine  nie 
lui  avoir  écrit,  472. 


Trbignac    (Geoffroy    de    Pompadour, 
s'  de),  cité, 

Treille  (Le  lieutenant),  45g. 

Tia u.os .  note  sur  lui.  go. 

01  m    Lesr  de),i  il".  108. 

Trente.  4o3,  ■*■<>'► ,  545. 

Thème    Le  concile  de),  64,  note.  — 
Ce  qu'en  Mit  Catherine,  1  -'17.  1 5g 
1  60.        Retardé  par  le  papo 
—  Ce  qu'en  '-'ni  Catherine,  37g, 
3*0.. 

Il      llllo 

ouverture    pour     le    mariage    de 

Charles  l\.   153,   E181. 
Tretignob    (h''    capitaine),    recom- 
mandé pa;-  Catherine  au  duc  d'E 

lampes,  378. 
Troi  sseboïs,  <;ou\crneur  'I     -I     ' 

sollicite  le  payement  de  ses  étal-. 

i8g. 
Troïes,  b53. 
Ti  do;;  i  Marie),  on  parle  de  sa  j;ros- 

sesse,  56a. 

Ti  bcs  (Les  envoyés),  476. 

Tibkwe  i  Le  vicomte  de),  cité.  057. 

note. 
Ti  bis,    1  '1 1.  38l. 

Ti  iii\  I  Los  archives  de).  

Ti  sci  1.1  «,  36,  note. 


u 


Urbin  (Le  duc  d'),  446,  note. 

(Jbbin  (Le  duché  d'),  4. 

I'reigne  (La  comtesse  d'),  Catherine 
la  remercie  des  soins  qu'elle  donne 
à  la  reine  d'Espagne  sa  I il  1  •- ,  1  7 ."> . 
233.  —  Note  sur  elle.  17Ô. 

I  ki  1  |  Claude  d').  cité.  81. 


Urfé  (Pierre  d'),  lettre  qu'il  écrit  a 
Catherine  pour  la  maison  des  en- 
tants de  France,  6a,  note.  —  Note 
sur  lui .  64. 

Ursins(. Nicolas  des),  comte  do  Petillan, 
dépouillé  do  ses  Etals,  279.  —  Re- 
commandé par  Catherine  à  l'évêque 


île  Rennes,  379.  —  Ce  qu'en  écrit 
M.  de  l'Islo  à  Charles  l\,  -179, note. 

Unsms  (L'archevêque  François  des;. 
238. 

I  iisixs  1  Paul  Jordan  dis),  épouse  Isa- 
belle do  Médicis,  85.  —  La  tue, 
85,  noie. 


\  ii-sète  (Dom),  cité,  3 

Valence,  3o6. 

Valence  (Le  diocèse  de),  Ô7. 

\  ai.i.me (L'évêque de), 337, 5a3 , note. 


YalEJCIENNBS,  84. 

V  vu. minois-  (M°"  de),    34o.    Voy. 

Diane  de  Poitiers. 
VALESsiENs(Les),  390,  note. 


Vali.ence  (François  de),  recommandé 

par  Catherine,  620. 
Valois  (Claude   de),  son   an  1 
Saint-Germain,   aa    el   note.   — 


72û 


TABLE  DES  MATIERES. 


Lettre  écrite  par  Catherine  pour 
elle  à  M.  d'Humières,  23. —  Ac- 
cident qu'elle  éprouve,   Si,  note. 

—  Tailleur  envoyé  pour  ses  robes, 
S 1 ,  note.  —  Lettre  écrite  par 
Henri  II  au  sujet  de  son  accident, 
lia  ,  note.  —  Sa  maladie,  Sg,  note. 

—  Sa  guérison ,  53 , note.  —  Quitte 
la  cour,  1 25. —  Catherine  demande 
de  ses  nouvelles  à  la  duchesse  de 
Guise,  209. 

Valois  (Edouard-Alexandre  de),  S6, 
note. 

Valois  (Elisabeth  de),  10,  note;  18, 
note;  22,  note.  —  Elle  a  la  rou- 
geole ,  09 ,  note. —  Son  départ  pressé 
parPhilippelI,  12S.  —  Lettre  d'elle 
à  l'évèque  de  Limoges,  127,  note. 

—  Écrit  de  nouveau  à  l'évèque  de 
Limoges,  128,  note.  —  Son  départ 
pour  l'Espagne,  129.  —  Lettre  à  ce 
sujet,  129,  note.  —  Sa  maladie, 
162.  —  Lettre  que  lui  écrit  Cathe- 
rine au  sujet  de  l'abbaye  de  Félines, 
17(1. —  Soins  que  lui  donne  la 
comtesse  d'Lireigne,  2a3.  —  Bons 
services  que  lui  fait  M.  Vinceuze, 
aa3,  25o,  261,  297.  —  Cathe- 
rine la  prie  de  remercier  Philippe  II 
de  ses  offres,  309,  3 10.  —  Lui 
explique  les  difficultés  de  sa  si- 
tuation, 010.  — Lui  fait  paît  par 
l'évèque  de  Limoges  de  son  projet 
de  marier  Charles  IX,  avec  la  soeur 
de  Philippe  II,  3 1 9.  —  Détails  sur 
sa  santé,  5G6.  —  Lettres  qu'elle 
reçoit  de  Catherine  après  la  mort  de 
François  II,  append.  568,  56g.  — 
Demande  qu'on  lui  laisse  certains 
serviteurs,  append.  673,  note.  — 
Amendement  de  sa  santé,  append. 
575.  —  Remèdes  qu'elle  reçoit  de 
Catherine,  append.  075.  —  Con- 
seils que  lui  donne  Catherine,  au 
sujet  de  M.  Vincenze,  585,  589.  — 
Recommandation  que  lui  fait  Cathe- 
rine en  faveur  du  roi  de  Navarre, 
append.  5g  1.  —  Sa  lettre  à  sa 
mère  sur  l'état  de  la  religion  en 


France,  append.  600,  note.  —  Re- 
commandations que  lui  fait  Cathe- 
rine pour  le  mariage  de  sa  soeur  avec 
Don  Carlos,  append.  60S.  —  Ga- 
rantie de  sa  dot,  append.  607, 
625,  626. 

Valois  (François  de),  duc  d'Alençon 
18;  22,  note.  —  Ce  qu'en  écrit 
Catherine  à  la  duchesse  de  Guise, 
618. 

Valois  (Jeanne  de),  morte  en  nais- 
sant, 102 ,  note. 

Valois  (Marguerite  de),  ce  que  dit 
Catherine  de  sa  santé,  87,  2S7, 
note.  —  Son  mariage  projeté  avec 
Don  Carlos,  i45.  ■ —  Opposition 
faite  par  les  Guises  à  son  mariage, 
592. 

Valois  (Victoire  de),  morte  en  nais- 
sant, 102,  io3,  note. 

Varan  (La  seigneurie  de).  3.Î7,  note. 

Vaucluson,  SSo. 

Vaullisant( L'abbaye  de),  23,  2S. 

Veccieti  (Bernardo),  5. 

Vecuio  (Thomas  dal),  recommandé 
par  Catherine  de  Médicis  au  duc  de 
Ferrare,  23,  g5.  —  Envoyé  du 
duc  de  Ferrare,  88. 

Vega  (Garcillasso  de  la),  sa  mission 
en  France,  1 36. —  Intruclions  que 
lui  donne  Philippe  II,  i36,  note. 

Vesdôme  (François  de),  vidame  de 
Chartres,  33,  note.  —  Mis  à  la 
Bastille,  1S7.  —  Note  sur  lui, 
167,  161. 

Vendôme  (La  duchesse  de),  S78. 

Vendôme  (Louise  de),  mère  de  Jean 
de  Ferrières,  161. 

Venise,  3S  ,  note;  59,60. 

Venise  (L'ambassadeur  de),  60. 

Venise  (La  seigneurie  de),  09,  20S, 
SS5. 

Vénitiens  (Les),  558. 

Verdun,  73.  —  Sa  reslitution  de- 
mandée par  l'empereur  Ferdinand, 
Soi.  —  Sous  la  menace  d'une  in- 
vasion, 56a,"  5S3,  5S9. 

Verdun  (Le  trésorier),  5oo,  5oi. 
—  Sa  mission,  5o8,  5og.    , 


Verjds  (L'office  du  conseiller  Jacques 
le),  S83. 

Vert  (  Le  cap),  211. 

Verteuil,  12g. 

Vezim  (Le  sr  de),  52Ô. 

Vieilleville  (Le  maréchal  de),  7g, 
note.  —  Le  connélable  lui  annonce 
la  retraite  de  l'ennemi.  82,  note. 

—  Envoyé  auprès  de  l'évèque  de 
Rennes,  17U.  —  Note  sur  lui,  175. 

—  Envoyé  en  Allemagne,  2o3.  — 
Catherine  lui  recommande  un 
marchand  nommé  Antoine  Go, 
2  53.  —  Elle  s'informe  de  sa  santé, 
353,  3o5.  —  Envoyé  à  Orléans, 
317,  3ai.  —  Attendu  d'Angle- 
terre, 378.  —  Reçoit  un  sauf- 
conduit  pour  sa  mission  en  An- 
gleterre, Soi.  —  Fait  l'éloge  de 
M.  de  la  Brosse,  S56,  note.  — 
Médite  une  expédition  pour  re- 
prendre le  château  de  Tancarville, 
S5g.  —  La  met  à  exécution,  S8S. 

—  Sa  querelle  avec  Villebon,  Sgo. 

—  Appelé  par  Catherine,  Sgg.  — 
Laissé  en  Normandie,  5i3.  — En- 
voyé à  Metz,  5 S 9. 

Vienne,  1  oS,  note. 

Vienne  (Le  faubourg  de),  5s  1.  note. 

Vierzo.n,  38S. 

Vigean  (François  du  Fou,  s'  du),  se 

soumet,  091. 
Villandrt  (Jacques  le  Brethon ,  s1  de  ), 

100. 
Villars  (Anne  Lascaris,  dame  de),  sa 

mort,  92. 
Villars  (Le  comte  de),  pris  à  Hesdin, 

77,  note.  —   Envoyé   à  Orléans, 

317,  321. 
Ville  (François),    recommandé    par 

Catherine  au  duc  de  Ferrare,  106. 
Villebon   d'Estouteville  (Le  s'  de), 

bailli   de  Rouen,   veut   reprendre 

Tancarville,  'i5g,  S65. —  Manque 

d'argent  pour  cette  entreprise,  S 76. 

—  Sa  querelle  avec  Vieilleville, 
Sgo,  note. 

VlLLEFRAKCHE,  3gO. 

Villefrancos  (M.  de),  append. -628. 


I  Vlil.h  DES  MATIÈRES. 


7:25 


\ lignos  I  Le  fort  de 1,  pris  par 

les  Portugais,  ni. 
Villegjugnok  i  Nicolas  de),  envoyé  au 

l!n:sil  par  Goligny,  an.     -  .Noie 

sur  lui,  311. 
Vu  i  emi  i;  |  Le  s'  m.  i.  cité  gi . 
Viuequier  (M.  DEl.  i  ité  a  16. 

VlLLERS-CoTTERETS.     7,     I*.      I  v  .     '1  '  1  . 
71,  95,    1  198. 

Vihcbnxes  (Le  bois  de).  3a6,  33a, 
,3,  35A 
My-.  .  36g,  370,  133, 

135,  438,  15i,  15a. 


Vihcbnnes  1  Le  capitaine  du  bois  de  1 . 

chargé  de  faire  planter  des  arbres, 

483. 
Vincekse  1  M'  ).  remercié  par  Catherine 

di  s  bons  services  qu'il    rend  à  la 

reine  d'Espagne .  ia3, 
Vincent  (Le  médecin),  5ia,  note. 
Vineux  i  M.  di  1 .  rentr    en    Frani  1 

565. 
Vineix  (M™  de),  ses  démêlés   avec 

M°"de  Clermont,  1  os  el  note.  — 

Ce  qu'en   dit  Catherine,   append 


\iolle    (Guillaume),    consciil 

Parlement,  17O 
Violée  (Le  conseilli  r  Ja    [m       mandé 

.1  Chartres,  '17". 
\  iss  H   1  Inné  di  ),  citéi       ■  ■ , .  not< 
ViTELLi-i.nu'ix.    envoyé      n    Italie 

\  1  rERBE  |  L'évéque  de  1,  1  hargé  'i'-  1  1 
sider  à  Trente  auprès  du  cardinal 
de  Lorraine,   iiiy. 

\  oïsim  n      i         de),  cité,  B  1 . 


\Y 


Warwiçk  (Le  comte  de),  annonce 
à  Elisabelh  la  prise  de  Caen . 
5a3.  —  Lellre  de  lui.  'i-in. 
noie. 

WiLHEy  (Le  capitaine),  897,  note. 


Wotob  (L'ambassadeur  anglais),  8a. 
—  Annonce  dans  une  dépêche  la 
retraite  de  l'armée  impériale,  Sa, 
note.  —  Cité,  84.  —  Annonce  que 
la  reine  se  rend  à  Compiègne,  90, 


note;  ija  .  g3.         Dépêche 
9O,  103,  noie 
Wurtemberg  (Le  duc  de),  se  rend  à 
la  diète  de   Naumbourg,   append. 

"'T'.i- 


\  tl.NTO.XGB  (La).  3 


^  5B0I  no  ,  47a. 


Zante  (L'évêché  de),  379 


Zipolyn  (Jean-Sigismoml  |,   note   sur  I  Zebdi  1  La  forteresse  de),  1  10,  note. 
lui.  37g.  |  Zerci  (Le  siège  de),  17a. 


ERRATA. 


'i     il   18,  5g,  in.,  77,  8a .  s.",    m;  .  ,,,,.  ,,.. .  ,,;;,  Kalendai  .  lisez  ;  Calendai 
Page '8 9,  la  note  de  la  première  colonne  se  rapporte  à  la  lettn  du  1  1  juillet  de  la  deuxièiw   colonne 
Page  91  .  Motueigneut  de  Guist  :  liseï  :  Monsieur  de  Guisi 
Page  9a,  note,  Dinanl;  lisez  :  Dinan. 
Page  93,  pnenr  d'Orange;  lisez  :  prince  d'Orange. 
Page  '137,  noie.  Ramerut;  lisez  :  Ron 
Page  .V17.  du  I.  mltle;  lisez  :  du  Lude. 
Page  5fio      s      Wi  tm«j    lisez  :    S'-  l/.win  . 


tINDiNG  SICT.  OCT  2  8  1968 


DC 
119 
.8 
U 
1880 
t.1 


Catherine  de  Médiris,   consort 
of  Henry  II,  Ki  F  France 

Lettres 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY