V
HARVARD UNIVERSITY
fîfi
LIBRARY
OF THE
Muséum of Comparative Zoology
MUSÉUM OF COT' !VE ZOOLOGV
2a +> .
MUS. COMP. ZOOL
L1BRARY
HARVARD
T FTTl^ F UNIVERSiTY
Sur quelques poissons peu connus du Golfe de
Gènes, adressée à M. Faujas - de - saint-
Fond ( i ) ,
par m. maximilien spinola.
Gênes , 10 avril 1807.
JL/epuis votre départ, Monsieur, je me suis occupé des pois-
sons de la Méditerranée. Notre mer est très-riche : et quoique
le golfe de Gènes passe pour être peu poissonneux , en compa-
raison de l'Archipel et du canal de Constantinople , je suis l'onde
à croire que toutes les espèces de ces parages paroissent plus
ou moins souvent sur nos côtes , et y peuvent être regardées
comme indigènes. M. Viviani vous a remis un catalogue de
soixante-onze espèces : il est très-incomplet ; mais ce profes-
seur ne l'a lui-même donné que comme un aperçu des pois-
sons les plus communs dans nos marchés et sur nos tahles ,
et il n'y a point fait entrer plusieurs autres espèces un peu
plus rares, parce quepeu recherchées parles consommateurs ,
elles n'ont pas même des noms vulgaires. Je me permettrai , à
la (in de cette Lettre, d'ajouter un supplément à ce petit ca-
talogue, mais je n'aurai pas plus que le professeur Viviani ,
■ — I : j îs
( 1 ) Voyez planche 28.
I
no
la prétention d'embrasser toute l'ichthyologie du golfe: ce tra-
vail est au-dessus de mes forces, et demanderoit un temps
que je ne puis pas y employer. Je me bornerai maintenant à
vous entretenir de quelques espèces qui , si elles ne sont pas
absolument nouvelles , sont du moins trop confusément dé-
crites pour ne pas rester dans le nombre de ces espèces obs-
cures qui font le tourment des naturalistes.
Les descriptions que je vais vous donner sont desti-
nées a dissiper celte obscurité ; je souhaite qu'elles vous pa-
roissent remplir mon but : je les ai accompagnées de dessins
faits avec soin sous mes yeux , par M. Tagliafico. Vous les re-
cevrez par ce même courrier. Venons à nos poissons.
j.° Sparcs tric.uspidatus ( Spare à trois aiguillons ).
Spams squamulis tribus inter pinnas ventrales in cuspidern
productis.
Spare muni de trois écailles situées entre les nageoires du
ventre et prolongées en aiguillon.
Ce poisson a tous les caractères des spares, troisième genre
de M. de Lacépède. La nageoire de la queue est en croissant;
il pourroit former la soixante-douzième espèce du premier
sous-genre. Les trois aiguillons situés entre les nageoires
du ventre, séparent cette espèce de toutes ses congénères. Ce
caractère est à mes yeux si important, que s'il étoit répété dans
un certain nombre d'espèces, on pourroit le prendre pour un
caractère générique, avec autant de fondement que lès ai-
guillons de la queue des nageoires pectorales, etc. etc., qui ont
sulli pour séparer des chélodons les acanthures , les aean-
ihopodes , les acanthinions , etc. etc. , et pour établir plusieurs
autres genres très- naturels, nouvellement introduits par M. de
Lacépède. Chaque nageoire ventrale a dix rayons dichotomes ,
(3 )
réunis par uue membrane disposée circulairemeut , et décrois-
sant graduellement, ensorte que le rayon antérieur est le plus
allongé. Les deux nageoires sont réunies par une écaille trian-
gulaire , unissant en pointe , libre , aplatie et flexible ; du côté
extérieur de chacune des nageoires , et de leur base , part
une autre écaille libre pareillement, finissant en pointe , mais
plus allongée , et représentant un aiguillon. Notre poisson est
presque le seul à présent qui ait ce caractère singulier : sem-
blable en tout le reste à la plupart des spares , très-commun
sur les côtes de Gènes , il doit se trouver dans beaucoup de
cabinets ; peut-être même a-t-il un autre nom systématique.
Mais comment le reconnoîtredans cette nombreuse famille de
spares , sciènes , labres, perches , etc., où non-seulement les
espèces sont en général problématiques, mais où les lignes de
démarcation de chaque genre n'étoient pas exactement tracées
avant M. de Lacépède?
Les nageoires pectorales sont un peu allongées et composées
de vingt-trois rayons dichotomes: la nageoire dorsale a onze
piquanssans filets ramentacéset dix rayons flexibles. L'anale a
trois piquanset neuf rayons. La nageoire de la queue , enfin ter-
minée en croissant , est formée de dix-sept rayons multifides.
La tête courte, en pente, recouverte d'écaillés, a à peu près
les mêmes dimensions que dans les espèces congénères : la
bouche en mouvement s'avance de sept à huit lignes 5 les lèvres
un peu charnues ne sont point extensibles 5 les mâchoires sont
d'égale grandeur et garnies de dents incisives , courtes, aiguës,
droites, serrées entre elles, et disposées sur plusieurs rangs.
Point de molaires \ les yeux ronds , blanc d'argent , ont la
prunelle brun-noir. Les opercules sont couvertes d'écaillés:
chaque écaille du dos est carrée, taillée en biseau et striée à
(4 )
son bord extérieur. La ligne latérale part de la seconde pièce
des opercules , et arrive , sans interruption et sans se dévier , jus-
qu'à la nageoire de la queue ; parallèle au dos, elle en est trois
fois plus rapprochée que du ventre. Elle est couverte d'écaillés
semblables aux autres, mais beaucoup plus renflées en dessus.
Les couleurs de ce beau poisson disparoissent après sa
mort: les individus que je vous envoie ne vous présenteront
plus qu'un gris- foncé sur le dos et un blanc- jaunâtre sur le
ventre. Le spare à trois aiguillons est cependant un des plus
jolis poissons de la Méditerranée. La partie supérieure de sa
télé et son dos sont d'un beau vert de bouteille; cette couleur,
plus foncée près de la nageoire dorsale , s'éclaircit en s'en
éloignant, et vient par degrés se réunir au blanc argenté qui
fait briller le ventre de l'éclat du diamant; une tache noire
rectangulaire se fait remarquer de chaque côté, au-dessous de
l.i ligue latérale. La tête est embellie par deux bandes bleu
d'azur qui partent des opercules et passent , l'une au-dessus ,
l'autre au-dessous des yeux; les nageoires delà poitrine et du
ventre sont d'un blanc-jaunàlre. Les autres sont presque noires,
ornées de petites taches bleu d'azur, qui auroient pu faire donner
au poisson le nom à' argus-, si celui de tricuspidatus ne tenoit pas
à un caractère plus constant et plus remarquable.
Quant aux proportions respectives des différentes parties ,
les dessins vous les feront connoître mieux que mes descrip-
tions. De tous les individus que j'ai vus, le plus gros n'avoit
que neuf pouces de longueur. Nos pêcheurs en prirent beau-
coup l'année passée, au mois de juin et de juillet (les femelles
avoient déposé le frai ) ; ils le nommoient o tocco, et parois-
soient le regarder comme une espèce peu commune et qui
(5)
ne paroit pas tous les ans. Au surplus , elle a mauvais goût ,
et elle se vendoit à bas prix.
i.° Centropomus rubens ( le Centropome rouge). Centro-
pomus rubens , squamis lœvibus , pinnd dorsali anteriore, ra-
diis sex aculeatis.
Centropome rouge à écailles lisses , et six aiguillons à la
première nageoire dorsale.
Est-ce un centropome? est-ce un diptérodon ? Ces deux
genres ne sont séparés que par la dentelure des opercules.
Notre poisson pourroit , sous ce rapport, former le passage,
car il n'y a que trois ou quatre dentelures très-courtes , très-
émoussées à l'extrémité de la première pièce; en sorte que
celle-ci paroit plutôt à trois échancrures que dentelée. Les
diptérodons ont cependant un habitus différent ; leur tête est
un peu aplatie en dessus, elle reborde sur les côtés , et le front
s'avance au-delà de la mâchoire supérieure. Aucun de ces ca-
ractères ne se retrouve ici : et c'est cette considération qui m'a
décidé à faire de notre espèce un centropome.
On voit six aiguillons à la première nageoire du dos; un
aiguillon et neuf rayons dichotomes à la seconde; dix-neuf
rayons à la nageoire de la queue ; deux aiguillons et huit rayons
à celle de l'anus ; un aiguillon et cinq rayons aux ventrales, et
douze aux pectorales. Ce thoracin a le front nu , la bouche
assez grande, et dont l'ouverture un peu oblique va de bas
en haut; sa mâchoire inférieure un peu plus avancée, l'infé-
rieure légèrement échancrée; des dents en haut et en bas , très-
menues et très-serrées, disposées sans ordre sur plusieurs rangs.
Les yeux sont proportionnellement fort grands: les opercules
(6)
sont couvertes de grandes écailles. La première pièce, comme
je l'ai dit plus haut , a une espèce de dentelure à son extré-
mité j l'autre a son bord parfaitement lisse. La membrane
branchiostège est gâtée dans l'individu que je décris. Le ver-
tex est remarquable par une petite éminence osseuse qui
paroit le rudiment d'un aiguillon libre. Tout le corps est
couvert de grandes écailles plates, un peu striées à leur
bord extérieur , parfaitement lisses et douces au toucher :
elles sont imbriquées et disposées en lignes obliques et brisées;
en sorte que le sommet de l'angle est tourné vers la tête et
situé précisément sur la ligne latérale. Cette ligne part, comme
dans l'espèce précédente, de la dernière pièce des opercules,
parfaitement parallèle au dos : elle arrive aussi, sans interrup-
tion , à la nageoire de la queue. Elle est formée d'écaillés un
peu plus grosses que celles qui recouvrent le reste du corps ,
carénées longitudinalement , et dont la surface est inégale et
raboteuse. L'anus est à égale distance de la tête et de la na-
geoire de la queue.
Le centropomus rubens est très-rare sur les cotes de la
Ligurie: j'hésite même à le regarder comme une espèce indi-
gène 'f je n'en ai jamais eu qu'un individu. Les pêcheurs qui
me l'ont remis le connoissoient peu et le nommoient , je ne
sais pourquoi , castagnena rossa. Ce poisson n'a aucun rap-
port avec la castagnena ordinaire, qui est le spams chromis
des naturalistes. Aussitôt après en avoir fait l'emplette , je l'ai
remis à mon préparateur , sans observer si l'individu étoit
mâle ou femelle, et, dans ce dernier cas, s'il avoit ou
n'avoit pas déposé le frai. L'histoire de ce joli poisson laisse
donc beaucoup à désirer : il mérite qu'on l'étudié. Sa tête ,
S?
(7 )
son corps, ses nageoires sont d'un beau rouge, plus foncé sur
le dos, et plus clair sous le ventre. La teinte est à peu près
celle du spams eijtluinus. L'individu que je décris a quatre
pouces de longueur.
3.° Holocentrus argus ( l'Holocentre argus). Holocentrus
versicolor , pinnis obscuris rubro-ocellatis .
Holocentre à couleurs changeantes et à nageoires foncées,
tachetées de rouge; taches en forme d'ceil.
Pas de doute sur le genre : les dentelures de la première
pièce des opercules, les deux piquans delà seconde, la forme
du corps , la nageoire du dos unique , en font un holocentre
pour Bloch et pour M. de Lacépède.
Cepoisson, très-commun dans nos marchés, méprisé par les
consommateurs parce que sa chair n'a point un goût délicat ,
négligé pareillement par les pécheurs qui n'apprécient jamais
les poissons que par les demandes des consommateurs, paroit
avoir échappé aussi aux naturalistes, qui quelquefois ont besoin
eux-mêmes d'être avertis de ce qu'ils ont à étudier. Linné,
sans doute , en auroit fait une perche , peut-être même Gmelin
en a-t-il fait mention dans ce genre obscur et presque indé-
chiffrable : cette espèce est trop commune d'ailleurs pour qu'elle
n'ait jamais été connue. Rondelet paroît en avoir parlé et en
avoir donné une planche aussi mauvaise que sa description ,
éd. lat. lib. 6 , pag. 175, Turdorum secundwn genus,Jig. sup.
Ne seroit-ce pas aussi la phyces oxxfulaàe Salviani , /?/. 227,
p. 92 , espèce très- distincte du blennius phyces , Gmel. Hist.
nat. I , 11 79 , 7 ? Je soupçonne enfin que cette espèce est la
même que le labrus argus dont M. Viviani vous a parlé. Si
( 8 )
cela est, je serois lâché d'aller sur ses brisées; mais M. Vivia-
ni est trop mon ami et celui de la vérité pour ne pas con-
venir qu'il a vu ce poisson chez moi pour la première lois;
que c'est moi qui lui fournis alors l'occasion de l'observer ,
et que , curieux dans la suite de l'étudier et de le faire con-
noître, j'ai fait seul quelques recherches qu'il avoit crues in-
différentes.
L'holocentre argus a dix aiguillons et quinze rayons dicho-
tomes à la nageoire du dos ; quinze rayons à celle de la queue ,
qui est tronquée à son extrémité; trois aiguillons et sept rayons
à celle de l'anus : le second aiguillon est le plus épais et le
plus fort. Les ventrales finissent en pointe, et sont composées
d'un aiguillon et de cinq rayons : les pectorales , qui sont
très-allongées, ont treize rayons mous et flexibles.
La tête est grande est dénuée d'écaillés ; la bouche extensible
comme dans les spares, à grande ouverture droite; la mâ-
choire inférieure est un peu plus avancée : toutes deux sont ar-
mées de dents incisives, aiguës, disposées sur plusieurs rangs.
Dans la mâchoire d'en-haut, les dents de devant sont les plus
fortes et les plus grosses ; dans celle d'en-bas , c'est tout le
contraire : de petites dents très-courtes et très-serrées entre
elles , occupent le milieu, et d'autres dents, plus grosses du
double, presque isolées, sont disposées sur les cotés. Tout le
corps est couvert de petites écailles assez régulièrement im-
briquées. La ligne latérale , parallèle au dos , en est très rappro-
chée : elle part de la dernière pièce des opercules, et arrive ,
sans interruption, jusqu'à la nageoire de la queue; au surplus ,
elle est assez sensible.
Les couleurs les plus élégantes ornent le corps de ce beau
poisson. Les nageoires du dos , de la queue et de l'anus, sont
(9)
tantôt bleu de roi, tantôt d'un gris obscur , mais toujours par-
semées de taches rondes, rouge-orange. Les pectorales et les
ventrales sont blanchâtres. Le sommet de la tète est foncé, le
dessous du corps a l'éclat de l'argent; les côtés sont variés de
bleu , de violet et de brun. Ces couleurs, distribuées par la
nature avec art , forment des espèces de bandes transversales ,
et donnent au poisson un aspect changeant. Ce vêtement est
encore moins beau que celui dont le mâle est revêtu dans la
saison des amours: alorsle bleu , le brun et le violet prennent
une teinte plus claire ; le sommet de la tête et la partie anté-
rieure du dos deviennent rouge-vermillon , et la pierre de
Labrador est changée en rubis. Les ichthyologues auront
de la peine à croire cette métamorphose. J'ose cependant la
leur garantir: je l'ai vérifiée sur un assez grand nombre d'indi-
vidus. La femelle conserve toujours ses couleurs foncées.
Les holocentres argus sont communs dans nos marchés:
les pêcheurs les nomment bolaccio , et n'en font pas grand cas.
On les conserve avec du vinaigre et des herbes aromatiques ,
et alors ils ne déparent pas nos meilleurs scabecci.
4-° Pleuronectes citharus (le Pleuronecte guitare ). Pleu-
ronéotes oculis approximatis sinistris, carinâ intermedid ,
squamis màximis , lineâ laterali cctrinatâ.
Pleuronecte aux yeux du côté gauche rapprochés , séparés
par une ligne élevée, à écailles très-grandes : celles de la ligne
latérale carénées dans leur longueur.
Si notre citharus n'est pas précisément celui d'Aristote, qui
étoit cependant un pleuronecte, je suis bien sûr au moins que
c'est celui de Rondelet , éd. lat. 1 . Ub, 1 1 , pag. 3 1 4- La planche
( io )
est à l'inverse , et présente les yenx à droite ; d'ailleurs le dessin
est bon et l'espèce est très-reconnoissable. Tous ceux qui savent
combien elleest commune dons nos marchés, seront surpris sans
doute de ne pas la trouver dans les recueils systématiques; mais
ce n'est pas le seul exemple d'une espèce anciennement connue
et tombée ensuite dans l'oubli , parce qu'elle a été légèrement
décrite par celui qui l'avoit découverte.
Au surplus, notre pleuronectecitharus a environ soixante-
douze rayons mous et flexibles ' à la nageoire du dos, dix-sept
à celle de la queue , quarante-quatre à celle de l'anus. Les
ventrales ont chacune six rayons ; et les pectorales, égales des
deux côtés , en ont dix.
La tête est grande, ainsi que l'ouverture de la bouche. Celle-
ci est dirigée de bas en haut, presque droite. La mâchoire in-
férieure est plus avancée, finit en pointe, et est un peu renflée
sur les côtés. Les deux mâchoires sont armées de dents fortes,
aiguës et recourbées en dedans. Les yeux sont de médiocre
grandeur , très-rapprochés , séparés seulement par une ligne
carénée qui, partant de l'extrémité du museau, va en dimi-
nuant se réunir à la ligne latérale. Les opercules sont cou-
vertes de grandes écailles : la première pièce a une ligne élevée
parallèle au contour de son bord. La nageoire dorsale s'avance
au-delà des yeux , et n'est séparée de celle de la queue que par
un très-petit intervalle. Cette dernière est arrondie à son ex-
trémité! Les deux côtés sont couverts de grandes écailles. La
ligne latérale est marquée par des écailles semblables à celles
qui couvrent le reste du corps, mais carénées dans toute leur
longueur. Le côté gauche est jaune, le côté droit est blanc.
Ce poisson n'arrive guère à plus d'un pied de longueur; il
vit dans les bas-fonds, où on le pèche dans toutes les saisons.
( Il )
Sa chair est mollasse et a le goût de la vase ; aussi les pécheurs
en font-ils peu de cas et le vendent-ils toujours à has prix.
Ils le nomment indifféremment berrea ou lingua bastarda,
par allusion au pleuronectes solea , nommé ici lingua et qui
est bien plus recherché. M. Viviani a attribué le nom de lin-
gua bastarda au pleuronectes limanda; mais il s'est trompé.
Ce dernier poisson est fort rare dans le golfe de Gènes : je ne
l'ai même jamais vu; et celui que M. Viviani m'a montré, est
l'espèce même que je viens de décrire (i).
5.° Lophius budegassa ( la Lophie budegasse).
J'avois toujours regardé tous les poissons décrits et figurés
sous les noms de lophius piscatorius ,rana piscatrix , diable
de mer , baudroie , etc. comme des variétés d'une même es-
pèce , très-commune dans toutes les mers de l'Europe , lors-
qu'une note de M. Geoffroy-de-Saint-Hilaire , qui m'a été
communiquée par mon respectable ami M. Latreille , m'a fait
soupçonner que ce préjugé pouvoit bien être détruit par l'ob-
servation. J'ai alors tourné mes recherches sur des poissons
qui jusqu'alors n'avoient excité que mes dégoûts, et elles ont
été assez heureuses, puisqu'elles m'ont fourni les preuves de
| (1) Cette espèce de pleuronecte paroit la même que Bloch a figurée, pi. 190,
sous le nom de macralepidotus , sole à grandes écailles. Cependant t comme
Gmelin( Linné, Syst. natur. ) a confondu ce poisson de Bloch avec un autre très-
différent, figuré par Broussonet, dans sa Décade ichthyologique , sous le nom de
mancus, et qu'il a cité pour synonyme, d'après Bloch, le pecten de Gesner
[Icon. animal, page 97), qui est un poisson observé à Rome, et probablement le
même que décrit M. Spinola , la description que l'on trouve ici devient impor-
tante pour la science. ( Note des Professeurs du Muséum. )
( ij )
l'existence d'une espèce probablement nouvelle. Elle a pour
caractère constant l'appendice membraneux du premier ai-
guillon dorsal , qui est triangulaire et dilaté à son extrémité.
Malgré sa ressemblance avec les baudroies de Blocb, de
M. de Lacépède, et surtout avec celle de Salviani, elle en
est séparée par plusieurs caractères bien tranchés, qu'une
description détaillée feroit aisément ressortir. Mais puisque
M. Geoffroy a entrepris un travail sur les baudroies , je ne
■veux pas le prévenir.
La mer de la Ligurie fourniroit encore un grand nombre
d'espèces qui demanderoient , pour être mieux connues , une
description bien circonstanciée et de longues discussions de
synonymies. M. le professeur Viviani vous en fera connoilre
quelques-unes remarquables par la grandeur de leur taille et
le goût exquis de leur chair , telles que la sciena jigaro , le
gadus morone , etc. Les cinq espèces dont il vous avoit parlé ,
ne sont cependant pas aussi nouvelles qu'il avoit cru d'abord.
Sa trîgla pygmea n'est à mes yeux qu'une triglà hirundo qui
n'a pas encore pris son accroissement : son cyprinus gigan-
teus , en génois pesce re, est le zens lima , Lin. ap. Gmel. i.
ii25. 4 1^ chrysotosë lune de M; de Lacépède, l'opale de
Pennant , et le poisson-lune de Duhamel.
Je finirai , Monsieur , cette longue épître par un petit supplé-
ment au catalogue que vous à fourni M. Viviani. Ne croyez ce-
pendant pas qu'on puisse vous donner les noms génois de toutes
les espèces qui habitent nos mers; les pécheurs ne donnent
guère qu'un nom vague à toutes celles, qui ne sont pas recher-
chées par les consommateurs, et en revanche ils multiplient
les dénominations des autres , en tenant compte des moindres,
différences de taille et de couleur. Chaque petite plage de nos.
( i3 )
côtes a sa nomenclature qui n'est plus comprise à une demi-
lieue, et le marché de Gênes est le centre où tous les noms
viennent se confondre et désespérer celui qui veut en sur-
charger sa mémoire. Lorsqu'une espèce d'un genre nombreux
est de beaucoup supérieure à ses congénères , les vendeurs de
poissons ajoutent à son nom l'épithète de veaxe , véritable ,
et les autres ne sont plus que bastarde, bâtardes. De là Le grand
nombre de nasselli bastardi^ leccie bastarde , laxerte bas~
tarde, etc.; dénominations vagues qui conviennent à plusieurs
espèces. Si au contraire une bonne espèce présente quelques
variétés dans ses couleurs, les pêcheurs sont bien aises de faire
entendre qu'elles tiennent à une différence d'habitation ; de là
les treggie de fondo , à'alga , à'arzillo , de scheuggio , etc. ,
qui ne sont que les mullus surmuletus. Après vous avoir
prévenu, Monsieur , de cette confusion, je viens à ma petite
liste.
NOMENCLATURE
DE M. DE LACÉPEDE.
DE LINNÉ.
GÉNOISE.
Murène myrc
Murxna myrus.
Teagallo ( le serpente de
ma est le même que la
biscia de ma , et c est le
Gade sey»
Gadus VifénsY
1
mureena serpens ).
Nassello de Corso ( es-
G a de bib.
Gadus luscus.
' pèce rare ).
Gade lotéi
Gadus Iota,
Blennie pliyciS;
Blennius pbycës»
Mostela de fondo-..
Blennie lierre.
Bleunius ocellaris,
Bavoca.
.
^ H
( »4)
JBBBBJÉ9BSSBBBBBWBBCSBBBBBBBBBE3
NOMENCLATURE
DE M. DE LACEPEDE.
Blennie coquillade.
Blennie pholis.
Caranx.
Coryphène rasoir.
Marcroure berglax.
Triglelyre.
Trigle hiror
frigle grondin.
frigle hirondelle.
Chrysostose lune.
Mulle surmulet.
Mulle rouget.
Lutjan anthias.
Lutjan olivàtfie.
Lutjan lapine.
Lutjan marseillois.
Labre merle.
Labre tourd.
Labre boisé.
Spare cantbère.
Blennius galerela.
Blennius pholis.
Scomber aculeatus. Bloc.
Corypha?na novae ula.
Coryphaena rupestris.
Trigla lyra.
Trigla birundo.
Trigla cuculus.
Trigla lineala. — Gmel. i.
i548. 12. Bond, page
2y6. Mullus imberbis.
Zeus luna.
Mullus surmuletus.
Mullus barbatus.
Labrus anthias.
Labrus olivaceus.
Labrus lapina.
Labrus unimaculalus.
Labrus merula.
Labrus turdus.
Labrus tessellatus, Lacép.
Sparus cantharus.
Bavosa.
Lecceà ( espèce distincte,
confondue par les pê-
cheurs avec le scomber
glaucus ).
Rasô ( le nom de pesce
peteine est italien ).
Espèce très-rare ( je
n'en ai vuqu'un seul in-
dividu d'un pied de long)
Organo.
Cheussano.
Rubin
Rosseise.
Pesce rè.
Treggia veaie.
Cavouei.
Pesce luna.
jLaggion ( c'est sous ce
nom et souscelui encore
plus vague de pesce de
scheuggio , que nos pé-
cheurs confondent pres-
que tous les poissons de
cette tàmille nombreuse
et obscure).
Tanua.
( '•> )
NOMENCLATURE
DE M. DE I.ACÉPEDE.
DE LINNÉ.
GÉNOISE.
Spbyrène spet.
Esox sphyraena.
Lussao de ma.
Osnière saure.
Salmo saurus.
Agheu.
Lepadogastère de Gouan.
Bavosa h becco d'acca(rar.)
Syngnathe aiguille.
Syngnatlius acius.
Trombetta.
Tetrodon lune.
Tetrodon mola.
Mena.
Baliste caprisque.
Balestres capriscus.
Capron. \
Squale roussette. '
Squalus calulus.
Squalus canicula.
Gatusso ( nos pêcheurs
donnent ce nom indiffé-
remment à tous les squa-
Squale rochier.
Squalus stellaris.
4
les tachetés).
Squ;.le glauque.
Squalus glaucus.
Verdon.
Squale emissola.
Squalus mustellus.
Nissena.
Squale humantin.
Squalus centrina.
Pesce porco.
Squale ange.
Squalus squatina.
Pesce angeo.
Squale aiguillât.
Squalus acanthias.
Pesce can ( le sq. spinax
est si rare sur nos cotes,
Squale sagre.
Squalus spinal.
qu'il n'a pas de nom par-
ticulier).
Feraccia (espèces distinc-
Raie aigle.
Raja aquila.
tes, mais toujours con-
fondues parles pêcheurs,
Raie pastenaque.
Raja pastinaca. j
qui n'en font aucuu cas.
parce que les raies sont
toujours à bas pris).
Raie bâtis.
Raja bâtis.
Raza.
Raie miralet.
Raja miraletus.
Raza cappuccina.
Raie oxyrhinque.
Raja oxyrhincus.
Raza à becco.
Raie bouclée.
Raja clayata.
Raza con spine.
Tom ■ jo ■
Pl.2â.
S
S
<=
*
.?Ss