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Full text of "L'Horticulteur franais de mil huit cent cinquante et un : journal des amateurs et des intrts horticoles"

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N°  1. 


19"   Année. 


1S«9. 


LIOIMIIÏIil  FRANÇAIS 


JOURNAL  DES  ABIATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

COWTEKAHT 

LA    CULTURE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES, 

KT    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC   LK   CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS    LA     DIRECTION    DK 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CHEF. 

ATTACHÉ      «S      MCSÉDM      DU1STOIBE      NATIIHEI.I.E     HE      PARIS, 
Collaborateur     (lll     Manuel     Jet     Planta,    dpS      flgUrCS     dU    Box      JanlJmci, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  Société  d'horticulture  de  ia  Sitmè; 
Membre  -honoraire   et   correspondant  de   plusieurs   Sociétés   d'horticulture ,   etc. 


L'Horticulteur  Français  paraît  le  8  de  chaque  mois,  par  livraison  de  52  payes  de  texte 
grand  in-8.  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

S  Paris 10  iï.  par  an. 
Départements.     11  fr.      — 
Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.  D0NNAUD,  rue  Cassette,  1 . 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  noe  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  Ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  t. 
1869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette, 1,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  calaltques  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


«* 


Le  Catalogue  général  de  Graines 
potagères,  fourragères,  économi- 
ques, d'arbres  et  de  graines  de 
fleurs,  est  envoyé  franco  à  toute 
personne  qui  nous  ^n  fait  la  de- 
mande. Maison  Paul  TOLLARD, 
fondée  en  1796,  négociant  en 
graines,  20,  quai  de  la  Mégisse- 
rie, Paris. 


A  LA  CLOCHE   DES  HALLES  CENTRALES  AUX  LÉGDMES 
Rue  de  la  Cossonnerie,  3,  à  Parla. 


f^oVu1  MaS;  THIBAULT  -  PRUDEN1 

Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transféi 
pour, cause  ^expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de 
Cossonnerie.  3. 


CALENDRIER    HORTICOLE 

CALENDRIER  JACQUIN  AÎNÉ 
publié   par   JACQUIN  JEUNE 

Grainier -Fleuriste  et  Pépiniériste, 


ltt,  Quai  de  la  Mégisserie 

A  PARIS. 
ANCIENNEMENT    QUAI    NAPOLÉON,    23. 


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Prix  :  1  fr.  —  1  fr.  10  c.  par  la  poste. 


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ANCIENNEMENT  QUAI   AUX   FLEURS,  3, 

PARIS 

Graines  potagères,  fourragères,  de  Fleurs 

et  d'Arbres,  Plantes  de  serres,  de  pleine  terre, 

d'ornement,  Oignons  à  fleurs. 


ÉTABLISSEMENT  nORTICOLE,  RUE  DD  TRANSIT,  62 

COMMISSION.  PAMS-MOHTROUGE  EXPORTATION. 

Les  Catalogues  sont  envoyés  sur  demande. 


LA  MAISON  HAYARD-BEAURIEUX 

FONDÉE    EN    1789 

anciennement,  1G,  quai  de  la  Mégisserie 

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Graines  potagères,  fourragères,  forestières, 
plantes,  arbustes,  oignons  à  fleurs. 


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Chemin  des  Quatre-Maisons,  Guittotière 
LYON  (RHONE) 

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ASPERGE  HATIVE  Louis  LHÉRAULT  (D'ARGENTEUIL). 

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pour  cette  variété,  la  meilleure  de  toutes. 

LOUIS   LHÉRAULT 

HORTICULTEUR-CULTIVATEUR  d'ASPERGES,  de  FIGUIERS  et  de  VIGNES 

14,  rue  de  Calais,  à  Argenteuil  (Seine -et -Oise) 

Vente,  de  février  à  avril,  époque  la  plus  convenable  pour  la  plantation ,  de  gri 
d'ASPERGES  LOUIS  LHÉRAULT  dont  il  est  le  seul  dépositaire,  et  de  griffes  des  ASPERG 
INTERMÉDIAIRES  et  TARDIVES  D'ARGENTEUIL.  


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Catalogue  descriptif  raisonné  des  arbres  fruitiers  et  d'ornement  (18 

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L'HORTICULTEUR  FRANÇAIS 


DE  MIL  HUIT  CENT  C1NQUAM1  ET  M 


Paris.  —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donsaud,   rue  Cassette,  9. 


I>K  MIL  HUIT  CENT   CINQUANTE   ET  U.\ 


JOURNAL 


DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 


KEDIGK    PAR 


F.  UERINCQ 


ATTACHÉ    AU    MUSEUM    D  HISTOIRE    NATURELLE    DE    PARIS, 
COLLABORATEUR   DU    RÉGNE    VÉGÉTAL,  DU    NOUVEAU    JARDINIER    ILLUSTRÉ, 
DU    MANUEL    DES    PLANTES,    ANCIEN    RÉDACTEUR    DE    LA   SOCII  II 
NATIONALE   D'HORTICULTURE  DE   LA  SEINE,    ETC. 


LIBRARY 
NEW  YORK 
BOTANICAL 

UaRUBN. 


PARIS 

E.  DONNAOD,  LIBRAIRE -ÉDITEUR 

Hue   Cassette ^  S*. 


M    I)  CGC    LX.IK 


.ci 


SOMMAIKE  DES  ARTICLES  CONTENUS   DANS    CE  MJSIÉDO. 

F.  Herincq,  Chronique.  —  0.  Lescoyer,  Abricotier  IMamo  (PI.  I).  —  F.  Hfrincq 
fructification  naturelle  d'un  < 'hamœropi  excella.  —  F.  Herincq,  l'artichaut  succé- 
dané du  Cardon.  —  Charles  Baltet,  poire  Auguate  IMignard.  —  Eug.  de  Mar- 
tragnt,  sentinelle  prenez  garde  à  vous  !  l,es  chenilles.  —Ed.  Loarer,  du  climat 
de  l'Himalaya.—  X...,  petites  nouvelles.  —  Travaux  du  mois. 


CHRONIQUE 

Dix-neuvième  anniversaire  de  Y  Horticulteur  français,  ce  qu'il  a  été,  ce  qu'il 
est,  ce  qu'il  sera.  A  ses  abonnés.  Nouvelles  conditions  d'admission  au 
jardin  de  la  ville.  Election  de  la  Société  impériale  de  Paris.  Exposition 
pour  1869;  suppression  des  programmes  de  concours.  L'hiver  et  les  pelures 
d'Oignons. Belles  floraisons  des  Jasminum  nudiflorum,  et  Lonicera  Standishii 
et  fragrantissima.  Prudence,  les  froids  peuvent  venir;  ne  taillez  pas  trop  vite. 

Il  y  a  aujourd'hui  18  ans  que  la  divine  Flore  enregistrait 
sur  ses  tablettes  l'apparition,  dans  son  empire,  d'un  nouveau 
venu  :  c'était  Y  Horticulteur  français.  Né  de  parenls  pauvres  — 
car  les  braves  gens  possédaient  à  peine  de  quoi  payer  les  frais 
de  sa  naissance  —  on  ne  lui  donnait  que  quelques  mois  à  vivre. 
Il  a  vécu  cependant,  malgré  sa  pauvreté  native,  et  ce  premier 
janvier  1869,  il  entre  dans  sa  19e  année!  C'est  un  grand  et 
vaillant  gaillard,  qui  a  vu  mourir  à  ses  côtés,  sans  bron- 
cher, tous  ceux  qui  sont  entrés  après  lui  dans  la  carrière! 
mais  aussi  comme  il  a  donné  du  tintouin  à  son  pauvre  petit 
père  ! 

A  peine  né,  il  lança  son  bonnet  par-dessus  les  moulins.  De 
la  part  d'un  garçon  il  n'y  a  pas  trop  de  mal;  le  scandale  fut 
grand  néanmoins  dans  le  monde  des  satisfaits.  Ces  paisibles 
amis  des  fleurs,  habitués  depuis  longtemps  à  faire  leur  petite 
popote  sans  être  troublés,  ont  trouvé  malséant  qu'un  petit  drôle 
vint  ainsi,  tout  à  coup,  fourrer  son  nez  dans  leurs  alïaires.  Le 
fait  est  que  c'était  très-inconvenant,  et  je  reconnais  que  mon 
tendre  rejeton  n'a  pas  volé  les  mille  et  une  misères  dont  il 
a  été  abreuvé  depuis  sa  naissance  ;  je  ne  plains  donc  pas  le 
drôle  qui  n'a  jamais  voulu  écouter  les  sages  conseils  qu'on  lui 
donnait. 

Janvier   1869.  2 


—  6  — 

D'un  autre  côté,  son  caractère  indépendant  et  la  franchise 
de  ses  allures  lui  ont  gagné,  dès  le  début,  la  sympathie  des 
hommes  ennemis  de  l'intrigue  et  amis  de  la  vérité  ;  c'est  tout 
ce  qu'il  cherchait.  Il  a  marché  ainsi  entouré  de  l'estime  de 
hommes  sincèrement  dévoués  aux  intérêts  de  l'horticulture 
pendant  18  ans  ;  il  continuera  sa  marche,  durant  sa  19e  année, 
sans  rien  y  changer,  sans  dévier  de  la  droite  ligne  qu'il  suit 
depuis  le  premier  jour,  quel  que  soit  le  nombre  de  buissons 
d'épines  que  les  mécontents  pourront  planter  sur  son  che- 
min, pour  contrarier  ses  faits  et  gestes  ;  car  il  ne  craint  pas  les 
égratignures  ;  il  passera  au  milieu  sans  s'inquiéter  des  bles- 
sures qu'il  pourrait  se  faire;  il  a,  pour  les  panser  et  les  gué- 
rir, un  baume  souverain  :  la  liste  de  ses  abonnés,  dans  la- 
quelle figurent  toujours  ceux  qui  ont  assisté  à  sa  naissance,  et 
qui,  parleur  persévérant  concours,  ont  assuré  son  succès. 
Aussi  est-ce  avec  un  bonheur  mêlé  d'un  peu  d'orgueil  —  nous 
en  convenons  —  qu'il  leur  adresse  ses  remerciments,  et  qu'il 
les  prie  d'agréer  l'expression  de  sa  vive  et  profonde  recon- 
naissance. 

C'est  en  effet  dans  la  persistance  de  ses  premiers  abonnés 
qu'il  puise  sa  force  et  son  courage  pour  combattre  l'igno- 
rantisme  et  le  charlatanisme,  ces  deux  plaies  de  l'horticul- 
ture, et  pour  vaincre  les  obstacles  dont  est  hérissé  le  rude 
métier  de  pionniers  de  la  science  horticole  ;  car  tout  n'y  est 
pas  rose.  Les  roses  elles-mêmes  perdent  tout  leur  charme  et 
deviennent  souvent  mégères.  Très-nombreuses  chaque  année, 
toutes  les  nouvelles  veulent  être  les  plus  belles  ;  toutes  pré- 
tendent être  supérieures  à  leurs  aînées.  Hélas!  elles  sont 
comme  les  hommes  qui  voient  la  paille  que  vous  savez.  Les 
pauvrettes  voient  bien  les  deux  ou  trois  étamines  qui  gar- 
nissent le  cœur  de  leurs  voisines,  mais  elles  ne  s'aperçoi- 
vent pas  que  leur  cœur  est  complètement  vide.  Et  de  cette 
lâcheuse  manière  de  voir,  il  arrive  alors  que  si  XHorlicul- 


leur  français  accorde  à  l'une  d'elles  les  honneurs  de  l'illustra- 
tion, toutes  les  autres  se  lèvent  en  masse  pour  lui  lancer  l'ana- 
thème  et  pour  crier  à  la  partialité  à  la  camaraderie.  Il  en  est 
ainsi  de  la  part  de  tout  ce  qui  a  des  prétentions  à  la  beauté  ou 
à  la  nouveauté.  C'est  tout  simplement  de  l'injustice  de  leur 
part;  car  tout  le  monde  sait  que  pour  Y  Horticulteur  français  il 
n'y  a  ni  amitié,  ni  intérêt  personnel  qui  tienne.  Mais  peu  lui 
importe  ce  qui  se  dit  :  il  combattra  toujours  avec  la  même  ar- 
deur tout  ce  qui  peut  entraver  le  progrès  de  l'horticulture  ou 
nuire  aux  intérêts  des  horticulteurs  et  des  amateurs. 

On  lui  reproche  encore  trop  de  rudesse  ou  trop  d'enjouement 
dans  son  langage.  C'est  vrai,  je  ne  saurais  le  nier.  Cette 
rudesse,  il  la  tient  de  son  origine  môme.  L Horticulteur  fran- 
çais n'est  pas  un  homme  du  monde,  c'est  un  simple  jardinier. 
Il  ne  peut  donc  pas  connaître  le  beau  langage  employé  dans  les 
régions  supérieures  de  la  société  où  chacun  arrondit  sa  phrase 
pour  ne  pas  blesser  son  voisin,  même  quand  on  sait  que  ce 
voisin  est  ungredin.  Dans  le  grand  monde  on  s'empresse  même 
de  dire  à  un  chenapan  qu'il  est  honnête  homme,  et  que  l'Aca- 
démie a  commis  un  acte  d'injustice  en  ne  lui  décernant  point 
le  prix  Monthyon.  C'est  ce  qu'on  appelle  le  savoir-vivre  de  la 
haute  société.  Mais  si  ['Horticulteur  français  employait  ce 
même  langage  ;  s'il  louait  sans  réserve  la  beauté,  la  nouveauté 
de  toutes  les  plantes  nouvelles  ;  s'il  vantait  l'honnêteté  des  fri- 
pons, et  la  grande  science  de  tous  les  faux  savants,  on  s'em- 
presseraitde  qualifier  ses  assertions  de  fourberies,  et  on'aurait 
parfaitement  raison.  Aussi,  n'arrondira- t-il  jamais  sa  phrase; 
elle  sera  toujours  carrée  comme  une  planche  de  choux  ;  tant 
pis  pour  lui  s'il  heurte  quelqu'un  de  ses  angles  et  s'en  fait  un 
ennemi.  Ce  quelqu'un  ne  pourra  jamais  être  ou  qu'un  aventu- 
rier qui  se  hasarde  sur  un  terrain  qu'il  ne  connaît  pas,  ou 
qu'un  chevalier  d'industrie  qui  se  livre  à  des  expéditions  noc- 
turnes pour  tromper  et  exploiter  plus  à  son  aise  la  crédulité  pu- 


—  8  — 

blique.  Or,  il  est  plus  honorable  d'être  l'ennemi  que  l'ami  de 
pareilles  gens  ;  nous  sommes  donc  plutôt  fiers  que  désespérés 
d'avoir  beaucoup  d'ennemis  dans  ces  deux  classes  de  la  société. 

Quant  à  la  légèreté  de  ses  allures,  Y  Horticulteur  français  croit 
qu'il  est  plus  sérieux  en  disant  de  bonnes  et  saines  choses  en 
badinant  un  peu,  qu'en  débitant  des  puérilités  ou  des  inepties 
sur  la  note  grave  d'une  guimbarde,  pour  faire  croire  à  une  haute 
science,  et  pour  arriver  à  être  quelque  chose  dans  une  société 
quelconque. 

Né  libre,  il  veut  rester  libre  ;  la  livrée  lui  fait  horreur,  et  il 
n'en  veut  pas  plus  pour  les  autres  que  pour  lui.  On  a  cherché  à 
le  faire  chef  de  parti,  drapeau  d'opposition  systématique, 
brandon  de  discorde,  etc.,  etc.,  et  aux  dernières  élections  de  la 
Société  d'horticulture  de  Paris,  on  a  fait  figurer  le  nom  de  son 
rédacteur  en  chef  sur  la  liste  des  candidats  de  V opposition.  Les 
auteurs  de  tous  ces  projets  se  sont  étrangement  mépris  sur  le 
caractère  du  rédacteur  en  chef  de  Y  Horticulteur  français  : 
né  libre,  nous  le  répétons,  Y  Horticulteur  français  veut  rester 
libre;  et  l'indépendance  de  son  rédacteur  est  indispensable 
pour  juger  et  apprécier  avec  impartialité  tout  ce  qui  touche  à 
l'horticulture. 

Et  maintenant  que  nous  avons  confirmé  notre  programme, 
marchons  d'un  pied  ferme  dans  l'exposé  des  faits  accomplis, 
et  à  accomplir. 

Les.  conditions  d'admission  que  nous  avons  publiées  dans 
un  de  nos  précédents  numéros  au  sujet  de  l'Ecole  d'horticul- 
ture de  la  ville  de  Paris,  ont  subi  quelques  modifications  qui 
portent  seulement  sur  la  rémunération  du  travail.  Pour  l'année 
1869,  l'administration  alloue  aux  aspirants  : 

Pendant  les  3  premiers  mois,       60  fr. 

—  3  mois  suivants,        70  fr. 

—  3  mois  qui  suivent,  80  fr. 

Cette  période  écoulée,  l'aspirant  peut  être  admis  au  titre 


d'élève.  L'allocation  mensuelle  est  alors  portée,  suivant  ses 
aptitudes  et  ses  capacités,  à  85  fr.,  90  fr.  et  au-dessus. 

Nous  engageons  les  jeunes  jardiniers  à  passer  une  ou 
deux  saisons  jians  ce  bel  établissement  ;  il  y  a  beaucoup  à 
apprendre.  Ils  devront  adresser  leur  demande  à  M.  le  direc- 
teur de  la  voie  publique  et  des  promenades  (9,  place  de 
l'Hôtel-de- Ville,  annexe  Nord,  à  Paris),  qui  les  appellera  au 
fur  et  à  mesure  des  vacances. 

Un  autre  fait  accompli,  c'est  la  réélection  du  bureau  de  la  So- 
ciété d'horticulture  de  Paris.  Aux  termes  de  son  nouveau  règle- 
ment, elle  avait  à  élire  le  premier  vice-président,  deux  vice- 
présidents,  le  secrétaire-général-adjoint  et  deux  secrétaires. 
Le  premier  vice-président  et  le  secrétaire-général  sortants 
étaient  seuls  rééligibles;  M.  Brongniart  a  été  en  conséquence 
réélu,  à  la  presque  unanimité,  premier  vice-président,  et 
M.  Yerlot  a  été  maintenu  au  secrétariat  général  comme  adjoint. 
Les  deux  vice -présidents  sortants  étaient  MM.  Andry  et 
Pépin  ;  les  réélus  sont  MM.  Hardy  fils  et  Boisduval  ;  les 
deux  secrétaires  sont  MM.  Durand  jeune  et  Guénot.  Quant  aux 
membres  du  Conseil  d'administration,  leurs  noms  nous  étant 
à  peu  près  indifférents,  nous  jugeons  par  là  que  nos  lec- 
teurs des  départements  ne  doivent  pas  tenir  beaucoup  à  les 
connaître. 

Quelque  chose  de  plus  intéressant  est  l'avis  placé  en  tête 
du  numéro  de  novembre  1868  de  cette  Société,  et  qui  vient 
seulement  de  paraître;  il  est  conçu  en  ces  termes  : 

«  La  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de  France 
est  autorisée  à  tenir,  au  Palais  de  l'Industrie,  une  exposition 
générale  qui  durera  du  18  au  22  mai  1869  inclusivement. 
En  même  temps  la  Société  s'est  engagée  à  garnir  de  végétaux 
d'ornement  le  jardin  tracé  dans  la  grande  nef  du  Palais  de  l'In- 
dustrie pendant  toute  la  durée  de  l'Exposition  des  beaux-arts, 
c'est-à-dire  du  1er  mai  au  20  juin.  Pour  ce  motif,  elle  acceptera 


—  10  — 

les  végétaux  d'espèces  ornementales  qui  lui  seront  présentés 
et  en  raison  desquels  les  présentations  profiteront  de  l'im- 
mense publicité  que  procure  l'Exposition  des  beaux-arts. 
»  Pour  l'Exposition  de  1869,  il  n'est  pas  établi  de  concours 
spéciaux  ;  on  acceptera  donc  les  produits  horticoles  et  les 
plantes  de  toute  nature  que  la  Commission  organisatrice 
jugera  dignes  d'être  placés  sous  les  regards  du  public.  D'un 
autre  côté,  le  nombre  et  la  valeur  des  médailles  qui  pourront 
être  attribués  aux  objets  présentés  sont  laissés  entièrement 
à  la  discrétion  du  jury  qui  aura  soin  de  proportionne^  en 
toute  circonstance,  la  récompense  au  mérite.  Grâce  à  ces 
deux  dispositions,  le  Conseil  d'administration  espère  que  les 
horticulteurs  et  amateurs  auront  toute  latitude  et  que  nul 
objet  réellement  méritant  ne  sera  laissé  sans  récompense.  » 

Nous  trouvons  très-logique  la  suppression  des  programmes 
et  des  concours  spécifiés.  A  quoi  servaient-ils  en  effet,  puis- 
qu'on recevait  tout,  et  qu'on  récompensait  les  plantes  pour 
lesquelles  un  concours  spécial  n'était  pas  établi,  sous  la  ru- 
brique :  Concours  imprévus  ? 

La  Société  d'horticulture  de  Russie,  qui  se  trouve  placée 
sous  les  bienveillants  auspices  de  S.  A.  I.  le  grand-duc 
Nicolas,  a  fixé  au  5  mai  russe  1869(17  mai  français),  l'ou- 
verture de  son  Exposition  internationale  d'horticulture  et 
d'un  congrès  de  botanistes  et  d'horticulteurs.  Nous  avons 
quelques  programmes  que  nous  tenons  à  la  disposition  des 
amateurs  qui  voudraient  prendre  connaissance  des  nombreux 
concours. 

Le  comité  de  l'Exposition  internationale  de  botanique  et 
d'horticulture  de  Hambourg  nous  communique  aussi  le 
projet  de  programme  de  son  Exposition,  dans  l'espoir  que  nous 
animerons  les  nombreux  amis  de  l'horticulture  à  y  contri- 
buer chacun  dans  sa  spécialité.  Très- certainement  que  nous 
engageons  nos  lecteurs  à  aller  exposer  leurs  plantes  à  Ham- 


—  11  — 

bourg;  mais  gare  la  roulette!  Là,  ce  serait  leur  argent  qui 
serait  très-exposé. 

La  Société  des  rosiéristes  de  Brie- Comte-Robert  (Seine-et- 
Marne,  France)  annonce,  pour  les  11  et  12  juillet  1869,  sa 
quatrième  grande  Exposition  spéciale  des  Roses.  Elle  annonce, 
en  outre,  que  les  103  rosiéristes  de  la  Brie  ont  dans  leurs 
pépinières  plus  de  deux  millions  de  pieds  de  rosiers  à  vendre 
à  partir  du  l*r  novembre  1 868.  «  On  peut,  dit  la  réclame  que 
nous  venons  de  recevoir,  visiter  les  pépinières  tous  les  jours  » 
' —  même  quand  il  pleut —  :  il  y  a  toujours  au  siège  de  la 
Société  des  parapluies  à  la  disposition  des  visiteurs  ! 

On  annonce  une  exposition  à  Sceaux,  chef-lieu  d'un  arron- 
dissement du  département  de  la  Seine,  pour  la  fin  de  mai. 

Cette  ville  ne  possède  pas  cependant  de  Société  d'horticul- 
ture ;  mais  elle  est  devenue  un  centre  d'horticulture  très- 
important;  c'est  là  et  aux  environs  qu'ont  été  transférés  les 
grands  établissements  de  MM.  Thibaut  et  Keteleêr,  Croux, 
Paillet,  Mallet,  etc.  A  côté  se  trouvent  Châtillon  et  Fon- 
tenay-aux-Roses  qui  comptent  aussi  des  pépinières  remar- 
quables, et  spécialement  celles  de  M.  Armand  Gontier  fils, 
Billiard  dit  la  (i raine.  Il  y  a  là  évidemment  l'étoffe  néces- 
saire pour  constituer  une  Société;  mais  on  prétend  que  le  nom 
de  la  ville  est  un  obstacle,  qu'il  prête  trop  aux  allusions  nar- 
quoises.- Il  est  certain  que  personne  ne  voudrait  avouer  qu'il 
l'ait  partie  de  cette  Société  de  Sceaux  ;  et,  quant  à  moi,  si  la 
Société  impériale  me  faisait  l'honneur  de  me  désigner  pour  la 
représenter  dans  le  jury  appelé  à  juger  les  produits  des  Expo- 
sitions de  ce  chef-lieu  d'arrondissement,  je  me  garderais  bien 
de  dire  qu'on  m'a  nommé  juré  pour  la  ville  de  Sceaux;  les 
malins  ne  manqueraient  pas  de  me  faire  un  affreux  jeu  de  mot. 

C'est  la  Société  d'horticulture  d'Anvers  qui  ouvre,  cette  an- 
née, l'ère  des  Expositions.  Elle  en  annonce  une  pour  les  14  et 
15  mars;  Liège  vient  ensuite  :  4  et  5  avril.  Cette  fois  en- 


_  12  — 

core  celle  de  Paris  coïncide  avec  celle  de  Versailles  annoncée 
pour  les  16,  17  et  18  mai.  Etrange.  Pourquoi,  puisque  la  So- 
ciété d'horticulture  de  Paris  tient  à  donner  satisfaction  le  plus 
possible  à  tous  les  intérêts,  n'a-t-elle  pas  reculé  de  quelques 
jours  l'époque  de  son  Exposition,  pour  permettre  aux  horti- 
culteurs de  Versailles  de  concourir  avec  les  horticulteurs  pari- 
siens ?  En  reculant  on  serait  peut-être  arrivé  trop  tard  pour  la 
floraison  des  Camellia  et  des  Bhododendron.  On  pouvait  au 
moins  l'avancer  sans  craindre  d'arriver  trop  tard  ;  car  si  l'hi- 
ver continue  comme  il  a  commencé,  nous  serons  en  plein  prin- 
temps au  mois  de  mars.  Oui,  laissons  les  sociétés  de  côté  et 
parlons  un  peu  du  beau  temps  ;  c'est  le  moyen  de  le  faire 
changer. 

Si  nous  en  croyons  l'almanach,  nous  sommes  en  hiver  depuis 
le  22  décembre  ;  mais  si  nous  consultons  le  thermomètre  et  la 
végétation,  nous  devons  nous  croire  très-près  du  printemps. 
Le  premier  oscille  entre  1 0  et  18  degrés  centigrades  au-dessus 
du  zéro,  et  la  seconde  bourgeonne  que  c'est  plaisir  à  voir.  Le 
petit  Jasminum  nudiflorum  est  splendide  de  floraison  ;  jamais 
il  n'a  déployé,  en  France,  un  aussi  grand  luxe  de  fleurs,  il  en 
est  littéralement  jaune  ;  ordinairement  ses  fleurs  sont  presque 
aussitôt  flétries  qu'épanouies.  Les  LoniceraStandishnetfragran- 
tissima,  sont  aussi  admirablement  fleuris  et  parfument  les  airs 
d'une  agréable  et  douce  odeur. 

Si  l'on  en  croit  les  pelures  d'oignons,  nous^  n'avons  pas  à  re- 
douter, pour  ces  arbrisseaux  et  aussi  pour  nous,  de  grandes 
froidures.  Mais  dame  !  les  oignons  sont-ils  assez  intelligents 
pour  lire  dans  l'avenir,  et  prévoir  que  l'hiver  sera  doux  ou  ri- 
goureux, pour  endosser  une  mince  ou  une  épaisse  pelure  ?  Je 
veux  bien  leur  accorder  cette  belle  intelligence  que  n'ont  pas 
toujours  les  humains,  afin  de  ne  pas  contrarier  les  braves  cul- 
tivateurs qui  ont  la  plus  grande  foi  en  eux  ;  mais,  en  homme 
prudent,  je  ne  jetterai  pas  encore  mon  bois  par  la  fenêtre  ;  rien 


—  13  — 

ne  m'autorise  à  croire  que  l'hiver  ne  viendra  pas.  On  cite  des 
exemples  de  froids  tardifs  qui  prouvent  que  nous  pourrions 
bien  n'avoir  encore  rieri  perdu.  Ainsi,  en  1764,  la  gelée  n'a  com- 
mencé qu'à  la  fin  de  janvier,  et  pendant  plusieurs  semaines 
on  put  se  promener  en  carrosse  sur  la  Seine,  et  des  ginguettes 
s'étaient  établies  sur  la  glace  qui  n'avait  pas  moins  de  trente- 
trois  centimètres  d'épaisseur.   —  J'en  ai  le  frisson.   —  Ce 
grand  froid  tardif  s'est  reproduit  sous  la  première  République 
pendant  la  guerre  avec  la  Hollande.  L'Escaut  était  tellement 
gelé  que  les  vaisseaux  néerlandais  furent  pris  par  la  cavalerie 
française .  En  1755,  il  n'y  avait  ni  neige  ni  glace  à  la  St-Tho- 
mas,  mais  le  24  février  la  gelée  commença,  et  à  la  mi-mars  on 
passait  l'Escaut  à  pied  et  à  cheval  ;  c'est  écrit,  du  moins,  au- 
dessus  des  portes  d'Anvers. 

Ces  exemples  prouvent  que  nous  pouvons  avoir  encore  de 
grandes  gelées,  et  ils  nous  invitent  à  la  prudence.  Ne  préci- 
pitons pas  en  effet  certains  travaux  horticoles  et  spécialement 
la  taille.  Dans  un  arbre  taillé,  ce  seraient  les  yeux  combinés 
qui  pousseraient  sous  l'influence  de  cette  chaleur  douce  et  hu- 
mide. Or,  quand  surviendront  les  grands  froids,  tous  ces  yeux 
seront  développés,  et  la  gelée  les  grillera  inévitablement.  Alors 
nous  n'aurons  plus,  pour  établir  une  nouvelle  taille,  que  le» 
sous-yeux  ou  yeux  stipulaires  impropres  à  produire  de  bons 
scions  de  charpente.  Chez  les  rosiers  ce  sera  pis;  il  ne  faut  pas 
compter  sur  ces  yeux .  Ceux  qui  auront  subi  la  taille  courte 
pourront  bien  demander  un  remplaçant  pour  l'année  prochaine. 
En  laissant  les  rameaux  non  taillés,  il  n'y  a  que  les  yeux  supé- 
rieurs qui  se  développeront,  et  quand  la  gelée  aura  produit 
son  effet,  il  nous  restera  les  yeux  inférieurs  sur  lesquels  nous 
pourrons  normalement  asseoir  notre  taille.  Donc,  prudence  et 
patience.  Si  vous  ne  les  possédez  pas,  chers  lecteurs,  que  le  ciel 
daigne  vous  les  accorder;  c'est  la  grâce  que  je  vous  souhaite 
pour  commencer  Tannée.  F.  Herincq. 


__  14  — 

ABRICOTIER  MUME  (Pl.  I). 

L'abricotier  Munie  (Armeniaca  Mume  de  Siebold)  est  un  des 
arbres  les  plus  recherchés  au  Japon.  C'est  sur  lui  que  s'exerce 
l'art  de  produire  ces  petits  arbres  nains  qui  font  la  joie  et  le 
bonheur  du  bon  peuple  japonais,  et  la  richesse  des  jardiniers 
de  la  patrie  du  Camellia. 

Le  Mume  est  répandu  dans  tout  l'empire  ;  mais  il  prospère 
beaucoup  mieux  dans  le  nord.  C'est  un  arbre  qui  atteint  de 
5  à  7  mètres  de  hauteur;  il  ressemble  beaucoup  à  nos  Abri- 
cotiers. Ses  rameaux  sont  cylindriques  à  écorce  cendré  fauve, 
et  ses  bourgeons  ou  pousses  de  l'année  sont  verts  plus  ou 
moins  teintés  de  pourpre.  Les  gemmes  ou  yeux  des  rameaux 
florifères  sont  le  plus  souvent  au  nombre  de  trois  ;  dans  ce 
cas,  les  deux  latéraux  sont  des  boutons  à  fleurs,  et  celui  du  mi- 
lieu est  un  véritable  œil  à  bois.  Les  feuilles  sont  alternes  pétio- 
lées  obovales  arrondies  àlabase,  oulargement  elliptiques,  pro- 
longées au  sommet  par  une  assez  longue  languette  oblique  ; 
leurs  bords  sont  très-finement  dentés,  et  les  dents  delabase  sont 
souvent  terminées  par  une  glande  ;  les  nouvelles  feuilles  sont 
poilues  sur  les  deux  faces  ;  les  adultes  deviennent  glabres  à  la 
face  supérieure.  Les  fleurs  sont  très-précoces,  presque  sessiles, . 
un  peu  plus  petites  que  celles  de  notre  Abricotier  ;  elles  sont 
d'un  rose  pâle  tendre,  ou  de  couleur  carnée  ou  bien  blanche, 
suivant  la  variété.  Le  calice  est  glabre,  d'un  rouge  foncé,  à 
lobes  ovales  arrondis,  très-finement  ciliés.  La  corolle  est  à 
5  pétales  arrondis  entiers  ;  mais  quelquefois  elle  devient  sem  i- 
pleine.  Les  étamines  sont  au  nombre  de  35  à  40.  L'ovaire, 
renfermé  dans  le  tube  du  calice,  est  ovale,  velu,  uniloculaire, 
surmonté  d'un  style  droit,  de  la  longueur  des  étamines,  et 
terminé  par  un  stigmate  capité. 

Le  fruit  est  très-brièvement  pédoncule,  de  la  grosseur  et  de 


-  15  — 

la  forme  d'un  petit  Abricot  ordinaire  ;  il  est  très  finement  ve- 
louté, d'un  jaune  mat  très -chaudement  marbré  de  rouge  vif 
du  côté  qui  reçoit  les  rayons  du  soleil;  sa  chair  est  jaune, 
épaisse,  imprégnée  d'une  eau  acre  qui  porte  très-désagréable- 
ment à  la  gorge  ;  le  noyau  est  ovale-elliptique,  à  base  tron- 
quée, très-aiguë  au  sommet,  un  peu  comprimé,  mais  convexe 
sur  les  deux  faces  qui  sont  plus  ou  moins  profondément  creu- 
sées comme  les  noyaux  de  Pêches. 

L'Abricotier  Munie,  qui  vient  de  fructifier  pour  la  première 
fois  à  Segrez,  n'est  donc  pas  à  proprement  parler  un  arbre  frui- 
tier. Au  Japon  même,  d'après  Siebold,  ses  fruits,  qui  mûrissent 
en  juin,  ont  un  goût  acre  qui  ne  permet  pas  de  les  manger 
comme  nos  Abricots.  On  les  sale  encore  verts  comme  on  fait  en 
Europe  pour  les  concombres.  Les  Japonais  les  mangent  comme 
légumes,  avec  du  riz  et  des  poissons;  c'est  alors  un  mets  très- 
estimé  des  habitants  du  Japon,  mais  peu  recherché  des  Euro- 
péens. Et  pour  notre  compte,  nous  n'avons  pas  pu  en  manger 
un  fruit  entier;  il  est  vrai,  qu'il  n'avait  pas  séjourné  dans  la 
saumure. 

Ce  n'est  donc  que  comme  arbre  d'agrém  ent  et  pour  l'intérêt 
historique  qu'il  présente,  que  nous  publions  cet  Abricotier.  Il 
est,  en  effet,  très-ornemental  et  par  ses  fleurs,  et  par  ses  jolis 
fruits  jaunes  et  rouges. 

Au  Japon,  dans  les  années  favorables,  cet  arbre  est  tout  en 
fleurs  au  commencement  de  février  ;  en  France,  c'est  aussi  l'é- 
poque de  sa  floraison.  Les  Japonais  parent  les  autels  de  leurs 
idoles  et  leurs  demeures  avec  les  rameaux  fleuris  du  Muma, 
comme  symbole  de  l'approche  du  printemps  :  il  est  pour  eux 
ce  que  l'aubépine  fleurie  est  aux  Parisiens. 

«  Les  fleurs  des  arbres  sauvages,  dit  Siebold  dans  sa  ma- 
gnifique flore  du  Japon,  sont  blanches  ;  celles  des  arbres  cul- 
tivés varient  dans  toutes  les  nuances  entre  le  blanc  et  le  rouge, 
et  tirent  même  sur  le  vert  et  le  jaune.  Les  variétés  les  plus 


—  16  — 

recherchées  sont  celles  qui  ont  les  fleurs  doubles  et  que  l'on 
plante  comme  arbres  nains  aussi  bien  dans  les  jardins,  près 
,   des  maisons,  que  près  des  temples.  » 

Le  nombre  des  variétés  de  Mume  est  très-considérable.  La 
collection  la  plus  riche,  dont  le  nombre  de  variétés  monte 
à  plusieurs  cents,  est,  dit  Siebold,  dans  la  possession  du 
prince  de  Tsi-Kusen. 

Chacun  connaît  la  passion  incroyable  des  Japonais  pour 
les  arbres  nains  ;  c'est  une  industrie  horticole  très-lucrative 
pour  le  pays.  Le  Mume  est  un  des  arbres  sur  lesquels  s'exercent 
les  jardiniers  pour  le  réduire  à  la  dernière  limite  du  nanisme, 
et  par  la  greffe  en  approche,  qu'ils  connaissent  parfaitement, 
ils  en  obtiennent  des  petits  arbres  pleureurs.  En  1826,  on 
olfrit  au  courageux  et  intrépide  explorateur  du  Japon  plusieurs 
de  ces  arbrisseaux  nains  en  fleurs  qui  avaient  à  peine  trois 
pouces  de  haut.  «  Ce  chef-d'œuvre  de  jardinage,  dit-il,  se 
trouvait  dans  une  petite  boite  vernie  à  trois  rangs,  pareille  à 
celles  des  médicaments  que  portent  les  Japonais  dans  leur 
ceinture.  Au  rang  le  plus  élevé  se  trouvait  ledit  Mume;  au 
rang  du  milieu  un  aussi  petit  sapin,  et  au  plus  bas  un  bambou 
qui  avait  à  peine  un  pouce  et  demi  de  haut.  » 

Le  Mume  joue,  en  outre,  un  grand  rôle  dans  la  légende  des 
saints  et  dans  l'histoire  des  grands  hommes  et  des  poètes  cé- 
lèbres du  Japon  ;  il  est  même  regardé  comme  un  arbre  sacré. 
On  montre,  dans  les  pèlerinages,  de  vieux  troncs  de  Mume  sous 
lesquels  se  reposaient,  jadis,  les  princes  divinisés,  et  où  les 
prêtres,  les  poètes  allaient  s'inspirer  pour  composer  leurs 
psaumes  et  leurs  sublimes  cantiques .  Aussi  les  petits  Mûmes 
qui  proviennent  d'une  branche  de  ces  vieux  troncs  sacrés  se 
vendent-ils  au  poids  de  l'or  dans  tout  le  Japon. 

Maintenant  que  nous  connaissons  l'histoire  du  Mume , 
chacun  de  nous  voudra  certainement  en  posséder  un  pied,  si 
ce  n'est  de  trois  pouces  de  haut,  comme  ceux  qui  ont  été  offerts 


—  47  — 

à  Siebold,  du  moins  un  bel  individu  de  3  à  4  mètres,  comme 
celui  qui  a  fructifié  l'automne  dernier  dans  l'école  des  ar- 
bustes de  Segrez  et  qui  provient  de  l'établissement  de  l'intro- 
ducteur Siebold,  à  Leyde. 

0.  Lescuyek. 


FRUCTIFICATION  NATURELLE  D'UN  CHAM.EKOPS 
EXCELSA. 

Le  Chamœrops  excelsa  est  ce  magnifique  Palmier  de  la  Chine 
qui  supporte  assez  bien  en  plein  air  le  climat  de  la  France. 

Jusqu'à  présent  il  s'était  montré,  en  Europe,  parfaitement 
dioïque,  c'est-à-dire  que  les  fleurs  mâles  n'habitaient  pas  le 
même  pied  qui  porte  les  fleurs  femelles.  M .  Turrel  vient  de  si- 
gnaler un  fait  de  Monoécie  sur  un  des  deux  Chamœrops  excelsa 
mâles,  plantés  en  pleine  terre  dans  le  jardin  de  MM.  Hubert  à 
Hyères.  Cette  année,  un  de  ces  Chamœrops  porte  sur  l'un  des 
côtés  de  son  stipe  (au  nord)  des  grappes  sèches  de  fleurs  mâles  ; 
tandis  que  de  l'autre  côté  (midi)  sont  trois  grappes  portant  des 
fruits  bien  conformés  avec  albumen  et  plantule. 

Ce  fait  étonne  beaucoup  M.  Turrel,  de  Toulon,  qui  en  in- 
forme la  Société  d'acclimatation  de  Paris,  ce  Voilà  donc  un 
exemple  unique,  dit- il,  que  je  vois  de  fleurs  mâles  et  de  fleurs 
femelles  sur  un  seul  pied  de  Palmier  de  cette  espèce.  J'aurai 
soin,  ajoute-t-il,  d'étudier  moi-même  cette  inflorescence  au 
printemps  prochain.  » 

Il  n'y  a  rien  d'étonnant  dans  cette  apparition  de  fruits  sur  un 
Chamœrops  excelsa  mâle.  Cette  espèce  de  Palmier,  comme  beau- 
coup d'autres  de  cette  famille,  est  polygame- dioïque,  c'est-à- 
dire  qu'il  a  indifféremment  ou  des  fleurs  mâles,  ou  des  fleurs  fe- 
melles, ou  des  fleurs  hermaphrodites  sur  le  même  pied  ou 
sur  deux  pieds  différents.  L '  unisexualité  dans  les  végétaux, 

Janvier  1869.  2 


—  18  — 
n'est  _  chacun  sait  cela  —  que  le  résultat  de  l'avortement  à 
peu  près  constant  d'un  des  deux  organes  sexuels  (étamines  ou 
pistils).  Or,  il  arrive  fréquemment  que  les  deux  organes  d'un 
individu  soi-disant  unisexué  —  monoïque  ou  dioïque  —  se 
développent  complètement,  et  alors  les  fleurs  deviennent 
hermaphrodites  et  fertiles  sans  le  secours  d'aucune  autre.  C'est 
ce  qui  est  arrivé  aux  Chamœrops  excelsa  de  MM.  Hubert.  Si 
aussi  bien  ce  Chamœrops  eût  été  un  individu  femelle,  on  aurait 
pu  le  présenter  comme  un  nouveau  cas  de  parthénogenèse . 
M.  Turrel  peut  donc  se  dispenser  d'étudier  l'année  prochaine 
l'inflorescence  de  ce  Palmier.  Ce  qu'il  pourra  y  découvrir  était 
connu  du  temps  de  Thunberg,  qui  fit  connaître  la  polygamie 
de  cette  espèce. 

F.  Herincq. 


ARTICHAUT. 

Emploi  culinaire  de  ses  feuilles. 

Il  y  a  quelques  années,  le  chef  de  la  fameuse  maison  Chevet 
du  Palais-Royal,  émettait  cette  opinion  :  que  les  feuilles  blan- 
chies d'artichauts  devaient  pouvoir  être  mangées  comme  celles 
des  cardons.  Cette  opinion  était  fondée.  M.  Alphonse  Lavallée 
a  fait  blanchir,  cet  automne,  plusieurs  pieds  d'artichauts  épui- 
sés/et les  pétioles  des  feuilles  ont  donné  un  mets  qui  ne  le  cède 
en  rien  à  celui  du  cardon  même.  Je  dirai  plus  ;  c'est  que  le 
goût  est  plus  relevé,  et  celui  de  la  souche  rappelle  tout  à  fait  le 
fond  d'artichaut,  mais  à  un  degré  un  peu  moindre.  En  tout 
cas,  c'est  délicieux.  Par  conséquent,  à  défaut  de  cardon,  on  peut 
prendre  l'artichaut. 

Mais  a-t-on  avantage  à  détruire  un  carré  d'artichaut  pour 
faire  du  cardon  à  la  sauce?  Car  la  touffe  d'artichaut  blanchi 
est  détruite  entièrement,  puisque  pour  avoir  les  feuilles  on 


—   19  — 

coiipe  la  souche:  c'est  du  moins  ce  que  nous  avons  t'ait.  Il 
faudrait  pouvoir  enlever  seulement  les  feuilles  et  conserver  le 
pied;  mais  dans  ce  cas  on  n'a  plus  ce  cœur  fondant  qui  a  le 
goût  de  fond  d'artichaut,  et  que  pour  mon  compte  je  préfère 
à  toutes  les  autres  parties  de  la  plante.  Il  est  bien  certain  que 
si  on  pouvait  tirer  de  l'artichaut  deux  produits,  ce  serait  très- 
avantageux;  on  ferait  blanchir  les  feuilles  après  la  récolte  des 
pommes,  et  alors  le  cardon  n'aurait  plus  sa  raison  d'être. 
Peut-être  trouvera-t-on  moyen  d'utiliser  les  feuilles  sans  trop 
endommager  la  souche  ;  c'est  pour  susciter  des  expériences 
que  je  signale  ce  fait  de  la  parfaite  comestibilité  du  racliis  fo- 
liaire de  l'artichaut. 

F.  Herincq. 


POIRE  AUGUSTE  MIGNARD. 

Le  Poirier  Auguste  Mignard  est  vigoureux,  robuste  et 
fertile  ;  il  réussit  sur  franc  et  sur  cognassier,  et  fructifie  en 
plein  air  ou  en  espalier  avec  le  même  succès. 

Les  rameaux  sont  bruns,  de  grosseur  moyenne  légèrement 
coudés  avec  yeux  saillants  et  aiguës. 

Le  feuillage  est  d'un  beau  vert  ;  la  feuille  est  bien  dentée. 

Le  fruit  est  d'une  bonne  grosseur,  oblong,  un  peu  renflé,  de 
couleur  jaune  herbacé  moucheté  fauve,  et  coloré  à  l'insolation 
de  rouge  brun.  La  chair  est  faiblement  teintée,  assez  fine,  fon- 
dante, juteuse;  l'eau  abondante  est  aromatisée  d'un  goût  fort 
agréable. 

Le  temps  de  la  maturation  varie  d'octobre  en  décembre. 

Cette  variété  est  un  des  meilleurs  gains  de  M.  Grégoire  Nélis 
à  Jodoigne,  l'obtenteur  des  excellentes  poires  Zéphtrin,  Fulvie, 
Aglaé,  Iris,  Madame,  S<i>u>\  Hélène,  Hubert,  Léon,  Louis,  Henri, 
en  ajoutant  Grégoire  à  tous  ces  prénoms.;   puis  d'une  foule 


—  20  — 

d'autres  parmi  lesquelles  Souvenir  de  la  Reine  des  Belges, 
MgrSibour,  Président  Roy  er,  Beurré  Del  fosse,  D^Lenthier,  Com- 
missaire Delmotte,  du  délicieux  Avocat  Allard  à  petit  fruit;  de 
la  jolie,  colorée  et  exquise  Beurré  Ladé  que  la  maison  Baltet 
Frères,  de  Troyes,  met  en  vente  aujourd'hui  en  même  temps 
que  Y  Auguste  Mignard. 

Depuis  trois  ans  que  M.  Grégoire  nous  soumet  ces  deux  der. 
niers  gains,  leurs  précieuses  qualités  ne  se  sont  point  démen- 
ties. Cette  année  même,  nous  en  avons  récolté  dans  nos  pépi- 
nières, et  nous  n'hésitons  pas  à  les  recommander  aux  amateurs 
de  bons  fruits. 

Charles  Baltet, 

horticulteur  à  Troye. 


SENTINELLE,  PRENEZ  GARDE  A  VOUS  ! 

Les  chenilles. 

Ce  cri  :  Sentinelle,  prenez  garde  à  vous  !  est  celui  des  ve- 
dettes préposées  à  la  garde  des  armées  assiégées  ;  il  a  pour 
but  de  tenir  en  éveil  les  soldats  qui  observent  les  mouve- 
ments des  assaillants,  afin  de  prévenir  les  surprises  et  les  désas- 
treuses conséquences  de  ces  attaques  imprévues.  Nous  le  pous- 
sons, nous,  pour  qu'il  soit  entendu  de  tous  les  paisibles  sol- 
dats laboureurs,  parce  que  nous  avons  visité  les  camps  retran- 
chés de  l'ennemi  redoutable  qui  dévaste  nos  champs  et  nos 
jardins  depuis  plusieurs  années;  et  ses  bataillons  nous  parais- 
sent plus  nombreux  que  jamais.  Oui!  garde  à  vous,  impas- 
sibles cultivateurs .  Les  bataillons  de  chenilles  dont  il  s'agit 
sont  encore  dans  leurs  campements  d'hiver,  mais  ils  en  sor- 
tiront au  printemps  prochain  en  colonnes  serrées  et  se  jette 
ront  sur  vos  arbres  qui  seront  bientôt  dévastés. 

Sus!  donc  à  l'ennemi  pendant  qu'il  sommeille;  les  surprises 


—  21  — 
sont  de  bonne  guerre.  Fondons  sur  lui,  et  livrons-le  en  holo- 
causte aux  dieux  des  fournaises,  de  l'huile  lourde  et  du  pé- 
trole !  Cette  guerre  est  très-facile  pendant  tout  l'hiver  ;  d'un  seul 
coup  de  racloir  ou  de  brosse  on  détruit  des  milliers  d'individus  ; 
•  c'est  bien  autrement  expéditif,  comme  on  voit,  que  le  fusil  à 
aiguille. 


^V^ 


>^- 


Fig.  i.  —  Chenille  tîu  Bombyx  disparate. 


Les  chenilles  dont  nous  avons  à  craindre  les  dévastations 
sont  celles  du  Bombyx  processionnaire  et  particulièrement  du 
Bombyx  disparate,  espèce  de  Papillons  de  nuit. 


Fig  2.  -  Papillon  du  Bombyx  disparate.  Fig.  3.  —  Femelle  en  train  de  pondre 

Les  Processionnaires  adultes  établissent  à  la'base  des  arbres, 
des  nids  qui  ressemblent  à  des    sortes  de  bosses,  ou  nodosilés, 


—  22  — 
comme  il  en  pousse  souvent  aux  troncs  d'arbres;  ils  ont  de  40 
à  50  centimètres  de  long  sur  15  à  20  de  large,  et  les  deux  bouts 
sont  arrondis.  Les  chenilles  sortent  par  une  ouverture  supé- 
rieure, et  la  marche  s'exécute  dans  un  ordre  et  avec  un  en- 
semble qui  n'a  rien  de  comparable  à  l'ordre  et  à  l'ensemble 
avec  lesquels  la  garde  nationale   non   mobile   exécute   ses 
marches  et  contremarches.  «  Au  moment  où  elles  sortent,  dit 
le  docteur  Boisduval,  dans  son  Essai  sur  V Entomologie  horti- 
cole (1),  une  chenille  va  la  première  et  ouvre  la  marche  — 
(c'est  le  chef  de  bataillon),  les  autres  la  suivent  à  la  fde  en  for- 
mant une  espèce  de  cordon.  La  première  est  toujours  seule; 
les  autres  sont  quelquefois  deux,  trois  ou  quatre.  Elles  obser- 
vent un  alignement  si  parfait  que  la  tète  de  Tune  ne  dépasse 
pas  celle  de  l'autre»  Quand  la  conductrice  s'arrête,  la  troupe  qui 
suit  n'avance  pas  ;  elle  attend  que  celle  qui  est  à  la  tète  se  dé- 
termine à  marcher  pour  la  suivre.  C'est  dans  cet  ordre  qu'on 
les  voit  souvent  traverser  les  allées  des  bois,  ou  passer  d'un 
arbre  à  l'autre  quand  elles  ne  trouvent  plus  une  nourriture  suf- 
fisante sur  celui  qu'elles  abandonnent.  » 

Les  chenilles  processionnaires  exécutent  leurs  évolutions 
militaires  le  soir,  et  c'est  durant  la  nuit  qu'elles  se  livrent  à  la 
dévastation.  Par  conséquent,  comme  elles  rentrent  tous  les 
matins  dans  leur  domicile,  il  devient  facile  de  les  détruire  en 
détachant  les  nids  pendant  le  jour  avec  un  grattoir  emmanché 
au  bout  d'une  perche  ou  en  les  brûlant.  Le  docteur  Boisduval 
conseille  de  faire  cette  opération  au  miiieu  de  juillet,  par  un 
temps  pluvieux,  afin  que.  les  chenilles  soient  toutes  rentrées 
dans  le  nid.  M.  le  conservateur  du  bois  de  Boulogne  a  employé 
avec  succès,,  dit -il,  un  mélange  de  dix  parties  d'huile  lourde 
de  gaz,  avec  cent  parties  d'eau;  d'un  coup  de  brosse  ou  de  ba- 


(1)  Un  volume  in-8,  de  650  pages  et  125  dessins,  à  la  librairie  d'horticul- 
ture de  bonnaud,  9,  rue  Cassette,  Pans.  Prix  :  6  francs 


—  23  — 

lai  trempé  dans  le  liquide,  on  imbibe  les  nids  et  un  instant 
après  la  garnison  ne  contient  plus  que  des  cadavres. 

Mais  ce  n'est  pas  tant  la  chenille  processionnaire  que  nous 
avons  à  redouter  pour  nos  jardins;  elle  ne  s'attaque  qu'aux 
chênes.  Ce  n'est  par  conséquent  que  dans  les  parcs  qu'elle  est 
à  craindre.  La  plus  redoutable  c'est  la  chenille  du  Bombyx 
disparate  (B.  dispar)  que  les  forestiers  désignent  par  le  nom 
de  spongieuse,  et  que  le  commun  des  mortels  appelle  z igzag  : 
c'est  elle  qui  a  dévoré,  le  printemps  dernier,  toutes  les  feuilles 
des  arbres  des  jardins,  et  même  des  bois,  des  environs  de 
de  Paris  et  très -certainement  de  beaucoup  d'autres  localités. 

Nous  venons  d'explorer  quelques-unes  de  ces  contrées,  et 
nous  sommes  effrayés  des  préparatifs  qu'a  faits  la  nature  pour 
nous  donner,  au  mois  de  mai  prochain,  une  nouvelle  représen- 
tation de  cet  attristant  spectacle. 

Il  n'est  pas,  en  effet,  un  arbre  qui  ne  porte  une  douzaine  au 
moins  de  nids  d'œufs  de  cette  dévorante  chenille  barbue,  que 
les  femelles  ont  déposé  dans  la  partie  inférieure  de  son  tronc. 
On  peut  prévoir,  dès  à  présent,  qu'une  innombrable  quantité  de 
chenilles  recommencera  encore  l'année  prochaine  ses  dévasta- 
tions, si  les  jardiniers  ne  préviennent  pas  l'écloison  des  œufs 
par  la  destruction  des  nids;  cette  destruction  est  très-facile.  Les 
œufs  sont  appliqués  sur  l'écorce  et  forment  des  petites  plaques 
laineuses  saillantes,  assez  semblables,  parla  couleur  et  la  na- 
ture, à  des  morceaux  d'amadou.  Comme  ils  sont  placés  à  la  par- 
tie inférieure  des  troncs  d'arbre,  les  plus  élevés  n'étant  guère 
à  plus  de  3  mètres  du  sol,  on  peut  les  détacher  facilement  avec 
un  grattoir  et  les  brûler. 

C'est  ce  que  nous  avons  vu  faire  dans  le  parc  de  Segrez,  par 

des  enfants,  et  M.  Alphonse  La  vallée  espère  que  la  destruction 

sera  complète  avant  l'écloison,  qui  commence  dans  les  premiers 

jours  du  mois  de  mai. 

Il  est  peut-être  un  moyen  plus  prompt  encore,  ce  serait  d'en- 


'_  24  — 

lever  ces  plaques  à" œufs  avec  des  brosses  imbibées  de  pétrole 
ou  d'acide  phénique  étendue  d'eau.  C'est  ce  que  nous  nous  pro- 
posons d'expérimenter;  nous  en  ferons  connaître  le  résultat. 

Mais,  nous  le  répétons  :  Prenez  garde  à  vous  !  Détruisez, 
détruisez  le 'plus  vite  possible  les  nids  de  cette  malfaisante 
chenille  ou  alors  renoncez  à  la  récolte  de  vos  fruits. 

EUG.    DE  MaRTRAGNY. 


DU  CLIMAT  DE  L'HIMALAYA  (1). 

Les  Palmiers  sont  représentés  par  le  gracieux  Areca,  dont 
la  tige  droite,  mince,  composée  d'anneaux  d'une  régularité 
parfaite,  s'élance  à  20  mètres  et  est  surmontée   d'une  touffe 
de  feuilles  larges,  souples  et  d'un  vert  magnifique.  Plusieurs 
Chamœrops  y    atteignent  aussi  de   grandes  proportions  ;   le 
Phœnix  sylvestris  s'y  trouve  en  épais  fourrés.  Il   n'est  pas 
rare  de  voir  un  Phœnix  de  8  à  10  mètres,  sur  la  tête  duquel 
croît  un  Ficus  religiosa  dont  les  racines,  s'allongeant  graduel- 
lement vers  la  terre,  ont  entièrement  enveloppé  le  tronc  du 
Palmier,  dont  on  n'aperçoit  plus  que  la  tête  au  milieu  du 
feuillage  du  Ficus.  La  première  impression,    naturellement 
produite,  est  que  le  Palmier  est  postérieur  au  Ficus  et  qu'il 
croît  dans  un  creux  de  l'arbre  sacré,  mais  c'est  toujours  le 
contraire.  Enfin,  les  endroits  marécageux  sont  le  domaine  ex- 
clusif du  modeste  mais  utile  Palmier  sagou.  Il  semble  que  la 
Providence  ait  placé  là,  sous  la  main  de  l'homme,  le  seul  ali- 
ment qui  puisse,  avec  succès,  prévenir  et  combattre  la  dys- 
senterie,  ce  fléau  engendré  si  rapidement  par  l'air  empoisonné 
de  ces  forêts. 

Tous  ces  arbres  sont  entrelacés  par  d'innombrables  plantes 


(I)  Voir  année  4868,  pages  314  et  347. 


—  25  — 

grimpantes,  parmi  lesquelles  on  remarque  des  vignes  gigan- 
tesques, Cissus  indica,  quadrangularis,   carnosa  et  d'autres, 
dont  les   fruits  fournissent  une  nourriture  abondante  à  des 
tribus  nombreuses   et   variées  de   pigeons.   Une  autre  liane 
très-commune  dans  ces  bois  est  le  Doliehos  pruriens;  lorsque 
les  gousses  de  cette   légumineuse  approchent  de  la  maturité, 
elles  sont  couvertes  d'un  duvet  subtil  qui  s'envole  au  moindre 
choc  et  dont  chaque  particule  forme  un  dard  empoisonné  qui 
s'enfonce  dans  chaque  pore  du.  chasseur  malencontreux  et  lui 
fait  éprouver  des  tourments  que  l'on  peut  comparer  au  sup- 
plice infligé  à  Hercule  par  la  tunique  du  centaure  Nessus. 
La  plus  remarquable  de  ces  lianes  est  le  colosse  des  plantes 
grimpantes,  VHiptage  Madablçta,  qui   embrasse  de    ses  ra- 
meaux un  hectare  de  forêt,  s'élance  d'arbre  en  arbre  qu'il 
étouffe,  mais  qu'il  décore  de  son  feuillage  abondant,   rouge 
et  vert,   et  d'une  profusion  de  grappes  de  fleurs  brillantes, 
où   le  jaune  d'or  s'allie  admirablement   au  blanc   d'émail. 
Cette  liane  forme,  dans  les  cantons  de  forêts  où  elle  s'est 
établie,  des  voûtes  impénétrables  et  sombres  dont  d^immenses 
Shorea  sont  les  colonnes,    et  auprès  desquelles    même    les 
monuments  les  plus  grandioses  de  l'Inde  semblent  bien  chétifs. 
Ce  n'est  pas  seulement  cette  fraîcheur    et   cette    obscurité 
mystérieuse  dans  laquelle  on  se  trouve  soudainement  plongé, 
après  avoir,  quelques  minutes  auparavant,  été    inondé  par 
les  flots  brûlants  et  éblouissants  d'un  soleil  tropical,  qui  im- 
pressionnent l'explorateur;  c'est  que  là,  dans  ce  fouillis  obscur 
de  Palmiers,   de  Bambous   nains  et  de    Zizyphvs,   se  tapit 
peut-être  un  tigre,  qui  suit  d'un  œil  ardent  chaque  mouve- 
ment de  celui  qui  vient  troubler  sa  chasse  ou  sa  digestion. 
Chaque  bruit  produit  par  le  vent  dans  les  'feuilles,  par  la  chute 
d'une  branche  morte  ou  par  une  pierre   qui  s'écroule  sous 
l'action  lente,  mais  sûre  de  l'eau,  de  la  végétation  et  de  l'air, 
peut  aussi  bien  être  causé  par  le  passage  du  léopard,  du  chat 


—  26  — 

tigre  ou  du  boa  formidable,  que  par  le  pas  de  la  gazelle,  de 
l'outarde  ou  du  faisan  doré.  Involontairement  on  visite  les 
amorces  de  ses  armes,  bien  faibles  ressources  pour  un  homme 
seul,  qui  se  trouve  en  présence  d'un  éléphant,  d'un  tigre  ou 
d'un  rhinocéros  ! 

Les  Dhoons  (chaînes  de  montagnes  du  nord  et  du  nord-ouest) 
placées  dans  des  conditions  naturelles  exactement  analogues, 
présentent  un  tout  autre  spectacle  :  les  habitants  des  montagnes 
voisines,  d'un  naturel  doux  et  industrieux,  ont  été  de  toute  an- 
tiquité pasteurs  et  agriculteurs.  Rien  n'égale  l'ingéniosité  et  la 
patience  déployées  par  ces  montagnards  pour  utiliser  le  moin- 
dre canton  cultivable.  Partout-  où  le  roc  n'est  pas  complète- 
ment à  nu,  la  terre  végétale  est  soutenue  par  une  série  de 
terrasses,  œuvre  de  bien  des  siècles  d'un  travail  aussi  intelli- 
gent qu'opiniâtre.  Le  même  discernement,  la  même  science  se 
montrent  dans  la  distribution  et  l'aménagement  du  plus  mince 
filet  d'eau.  La  terre  manquant  sur  les  montagnes,  à  cette  po- 
pulation sans  cesse  croissante,  ils  ont  graduellement  empiété 
sur  les  forêts  des  vallées,  et  sont,  de  la  sorte,  venus  se  ren- 
contrer avec  les  habitants  des  plaines  qui,  de  leur  côté.,  en- 
couragés par  le  voisinage  de  montagnards  paisibles,  avaient 
aussi  attaqué  ces  forêts. 

Le  travail  combiné  de  ces  deux  races  si  distinctes,  a  trans- 
formé un  sol  empoisonné  en  un  immense  jardin  où  règne  un 
printemps  perpétuel,  qui  en  fait,  à  la  lettre,  une  terre  ruis- 
selante de  lait  et  de  miel.  Les  heureux  habitants  des  Dhoons 
n'ont  à  craindre  ni  ces  sécheresses,  ni  ces  inondai  ions  qui  dé- 
solent, à  des  époques  périodiques  très-fréquentes,  toutes  les 
autres  provinces  de  l'Inde  ;  l'eau  ne  leur  manque  jamais  ;  tan- 
dis que  la  pente  régulière  et  graduelle  des  terres  leur  permet 
toujours  d'en  contrôler  la  marche  et  la  distribution.  Leurs 
villages,  toujours  placés  sur  quelque  légère  éminence  quiper- 


—  27  — 
met  à  chacun  de  surveiller  les  champs  environnants,  sont  en- 
tourés d'épais  bosquets  où  les  arbres  fruitiers  des  tropiques 
se  marient  à  ceux  du  midi  de  l'Europe  et  multiplient  les  jouis- 
sances de  leurs  indolents  possesseurs. 

Dès  le  mois  d'avril,  alors  qu'en  France  les  arbres  commen- 
cent seulement  à  se  couvrir  de  fleurs,  on  cueille,  dans  les 
Dhoons,  des  Oranges,  des  Raisins,  des  Pêches,  des  Abricots, 
des  Pru  nés,  des  Frambroises,  qui  ne  demandent  que  des  soins 
plus  intelligents,  ou  l'application  de  la  greffe  pour  égaler  les 
nôtres.  Au  mois  de  juillet  et  d'août,  le  Dattier,  le  Manguier,  le 
Goyavier  et  le  Bananier  prodiguent  leurs  trésors.  Les  champs 
rendent  deux  récoltes  chaque  année,  et  cette  terre  privilégiée 
prodigue  ainsi  ses  trésors,  depuis  des  siècles,  sans  engrais, 
sans  autre  travail  que  le  labour  le  plus  superficiel,  et  semble 
n'exiger  pour  repos  qu'une  alternation  de  produits. 

Aux  mois  d'octobre  et  de  novembre  on  sème  les  céréales 
connues  en  Europe  et  d'autres  grains  affectionnant  un  climat 
comme  le  nôtre  :  Froment,  Orge,  Avoine,  de  nombreuses  légu- 
mineuses: Cicerarietinum,Dolichos,Phaseolus,  Lentilles  rouges 
et  vertes,  Pois  communs  et  le  Haricot  sabre  qui  fournit  une 
gousse  parfaitement  tendre,  de  60  à  80  centimètres  de  lon- 
gueur ;  une  grande  variété  de  cucurbitacées,  plusieurs  Melons 
très-parfumés,  et  d'excellents  Concombres.  Nous  devons  en- 
core signaler  des  racines  précieuses  :  Carottes,  Navet  rouge  et 
Raves  blanches,  etc.  En  décembre  la  récolte  commence  par  les 
racines  ;  en  février  viennent  les  premières  cucurbitacées  ;  en- 
mars  les  légumineuses;  en  avril  on  coupe  les  céréales. 

Ces  récoltes  ne  sont  pas  plutôt  enlevées  que  les  mêmes 
champs  reçoivent  un  labour  qui  en  écorche  la  surface  à  une 
profondeur  de  10  à  15  centimètres,  et  on  leur  confie  aussitôt 
des  semences  qui,  à  la  fin  du  mois  de  septembre,  donnent  une 
ample  moisson  de  plusieurs  espèces  de  T\z,Panicum,  Sorghum, 
Eleusine  coracana,  plusieurs  variétés  de  Maïs,  des  cucurbi- 


—  28  — 

tacées  d'espèces  tropicales, Gingembre,  Arrow-root,  Curcuma, 
Anis,  Coriandre,  Patates  douces,  Manioc,  Ricin  et Avachis  hy- 
pogea. 

La  Canne  à  sucre  réussit  également  bien  dans  ces  terres  ; 
une  plantation  y  dure  deux  ans  et  donne  deux  ou  trois  coupes, 
enfin  les  terres  trop  humides  pour  admettre  une  autre  culture, 
nourrissent  sans  relâche  plusieurs  aroïdées  dont  le  feuillage  et 
les  tubercules  sont  également  nutritifs. 

La  température  de  cette  région  tient  le  milieu  entre  celle 
du  nord  de  l'Algérie  et  le  midi  de  la  France  :  pendant  la  pre- 
mière quinzaine  de  juin,  le  thermomètre  y  est  fréquemment  à 
34  degrés  centigrades  ;  mais  à  cette  époque,  la  brise,  qui  cha- 
que soir  descend  des  montagnes,  y  rend  constamment  les 
nuits  et  les  matinées  délicieuses  ;  la  vue  consolante  des  pics 
neigeux  de  l'Himalaya,  la  conscience  qu'en  cinq  ou  six  heures 
on  peut  arriver  aux  régions  froides,  suffisent  pour  faire  sup- 
porter avec  patience  quelques  semaines  de  chaleurs  excessives. 

Si  l'on  traverse  les  Dhoons  en  s'éloignant  perpendiculaire- 
ment des  plaines  de  l'Inde,  on  arrive  à  une  région  couverte  de 
blocs  arrondis  de  toutes  grosseurs  et  ravagée  par  les  torrents 
de  l'Himalaya  pendant  la  saison  pluvieuse  et  qui  changent 
constamment  de  lits.  On  esl  ici  à  2,500  pieds  au-dessus  de  la 
mer  :  dans  quelques  endroits  un  torrent  s'est  creusé  un  lit  de 
plusieurs  centaines  de  pieds  de  profondeur  dans  ces  amas  de 
pierres  roulées,  et  sur  les  faces  de  ces  talus,  on  peut  compter 
jusqu'à  cent  couches  parallèles  d'alluvions  successives  dont  la 
formation  est  d'une  régularité  remarquable 

La  végétation  de  ces  terrains  est  très-pauvre,  on  n'y  ren- 
contre que  des  Agave,  des  Cactus,  des  Euphorbes,  des  Phœnix 
nains  et  des  Bambous  épineux  de  petites  dimensions,  mais  qui 
fournissent  des  tiges  solides,  sans  fcavités,  élastiques,  droites, 
longues  de  3  à  4  mètres  sur  un  diamètre  de  3  à  6  centimètres^ 


—  29  — 

et  dont  les  malfaiteurs  de  l'Inde  fabriquent  ces  lattées  (bâtons 
ferrés)  dont  ils  se  servent  avec  une  adresse  si  fatale  aux  voya- 
geurs. 

L'Himalaya  est  maintenant  devant  nous  et  présente  un  rem- 
part abrupte  d'une  élévation  presque  constante  au-dessus  de 
la  plaine  de  2,000  mètres  ;  les  flancs  de  la  montagne  revêtus 
d' un  épais  taillis  de  Bambusa  stricto,  ont  une  teinte  uniforme 
de  bistre.  Les  sommets  sont  enveloppés  d'une  végétation  aux 
couleurs  sombres,  qu'à  cette  distance  on  prendrait  pour  de  ché- 
tifs  buissons,  mais  qui  sont  des  Pins  et  des  Cèdres  gigantesques 
au  milieu  desquels  on  aperçoit  çà  et  là  quelques  points  blancs; 
ce  sont  les  maisons  des  cantonnements  de  l'armée  anglaise . 
•  »•••••••••••••••>•••••••••••   • 

La  composition  ordinaire  du  sol  de  l'Himalaya  consiste  en 
couches  de  granit,  de  gneiss  et  de  schiste,  traversées  en  tous 
sens  de'^nombreuses  veines  de  quartz.  Le  granit  est  rarement 
exposé  à  nu  en  grandes  masses;  c'est  le  gneiss  qui  domine;  on 
ne  trouve  des  couches  plus  récentes  que  dans  de  rares  localités; 
c'est  seulement  après  avoir  dépassé  les  plus  grandes  chaînes 
qu'en  descendant  vers  les  plateaux  de  laTartarie  et  duThibet, 
on  trouve  des  stratifications  régulières  de  calcaires  et  de  grès. 

A  cette  hauteur  (2,000  mètres),  on  aperçoit  fréquemment 
des  buissons  encore  timides  de  Rosiers,  deRubus,  de  Berberis, 
de  Prinsepia  utilis  et  de  Cerasus  cornuta.  Ce  dernier  est  ici  à  l'é- 
tat nain,  mais  à  4,000  mètres  d'élévation,  il  atteint  presque  les 
dimensions  d'un  arbre.  Toutes  ces  rosacées  luttent  avec  désa- 
vantage contre  les  ardeurs  de  l'été  et  les  longues  sécheresses  ; 
à  1,000  mètres  plus  haut,  on  les  trouve  dans  toute  leur  ri- 
chesse. Plusieurs  espèces  de  buissons  épineux  de  la  famille 
des  aurantiacées  embaument  l'air  et  prêtent  un  appui  frater- 
nel au  Jasminum  pubigerum,  dont  les  grappes  de  fleurs  d'un 
beau  jaune  ne  sont  pas  moins  odorantes  ;  enfin  plusieurs  es- 


—  30  — 

pèces  de  Smilax  aux  longs  sarments  ornés  de  crochets  acérés 
varient  la  végétation  par  leurs  guirlandes  de  feuilles  coriaces 
d'un  vert  sombre,  surmontées  de  leurs  fleurs  blanches  aux 
formes  vaporeuses. 

Le  voisinage  d'une  source  et  d'un  petit  espace  où  l'humus 
est  un  peu  plus  profond  est  généralement  signalé  de  loin  au 
vovageur  par   un  Ficus    ou   un   Manguier  séculaire,     psèr 
lequel  on  trouve  indubitablement  un  campement  de  muletiers 
qui  s'arrêtent  sous  son   ombre  pour  y  préparer  leur  re.pas. 
Par  sa  constitution  géologique,  l'Himalaya  n'offre  ni  pla- 
teau aux  sommets,  ni  vallées  au  pied  des  montagnes;  on  n'y 
voit  que  des  gorges  étroites,  et  la  rencontre  de  deux  chaînes 
ne  forme  jamais  qu'une  ravine  profonde,  rocheuse,  sombre 
et  tourmentée.  Les  couches  schisteuses  sont  si  friables  que 
l'eau  les  entaille  et  entraîne   les    débris    avec   facilité  ;    le 
gneiss  naturellement  fendillé  dans  tous  les  sens,  ne  résiste 
guère  mieux  à   l'effet  alternatif  des  gelées  d'hiver,  et  des 
torrents  de  l'été.  L'absence  de  plateaux,  la  pente  rapide,  la 
nature  des  terrains  où  il  n'existe  aucune  stratification,  font 
que   cette   masse   d'eau    s'écoule   immédiatement    vers   les 
plaines,  et  quelques  semaines  après  la  saison  des  pluies,  on 
ne  trouve  plus  que  quelques  maigres  filets  d'eau  qui  se  per- 
dent à  travers  les  fissures  des  gneiss. 

La  végétation  tropicale  est  déjà  loin  dans  les  profondeurs 
des  gorges;  autour  du  voyageur  est  une  épaisse  forêt  où  se 
pressent  tous  les  arbres  qui  ont  des  analogues  en  Europe  et 
d'autres  plantes  spéciales  à  cette  région  de  l'Himalaya. 
Nous  y  pénétrerons  dans  le  prochain  numéro. 

Ed.  Loarer  , 

capitaiue  au  long  coursa. 


—  31  — 

PETITES   NOUVELLES. 

Puceron  lanigère.  On  a  bien  proposé  des  substances  et  des 
procédés  pour  débarrasser  les  Pommiers  de  cet  insecte,  mais 
la  plupart  sont  souvent  plus  désastreux  que  l'animal  même. 
Ainsi  le  pétrole,  conseillé  dans  ces  derniers  temps,  détruit  tous 
les  bourgeons  à  fleurs  et  même  les  branches  charpentières  qui 
les  portent.  Le  procédé  le  plus  efficace  jusqu'à  présent,  et  le  plus 
simple,  est  de  brosser  les  parties  envahies  avec  une  brosse  ou  un 
gros  pinceauimbibé  d'esprit  de  vin  ;  ce  procédé  a  toujours  par- 
faitement réussi  à  M.  Rivière  du  Luxembourg.  Il  faut  appliquer 
le  remède  chaque  fois  que  les  insectes  apparaissent,  car  il  ne  peut 
pas  garantir  éternellement  l'arbre  de  nouvelles  invasions.  Vou- 
loir trouver  un  remède  qui  préserve  à  tout  jamais  les  Pom  - 
miers  des  Pucerons,  la  Vigne  et  la  Pomme  de  terre  de  leur  ma  - 
ladie  respective,  c'est  tout  simplement  vouloir  l'impossible  ; 
car,  chaque  année,  de  nouvelles  productions  se  forment  et  q  ui 
ne  sont  pas  et  ne  peuvent  être  enduites  de  la  substance  cura  - 
tive.  On  ne  peut  pas  raisonnablement  exiger  qu'un  remède 
agisse  sur  quelque  chose  qui  n'est  pas  encore  créé.  Les  mé  - 
dicaments  qui  guérissent  une  femme  de  la  fièvre  typhoïde,  ne 
préservent  nullement  de  la  même  maladie,  les  enfants  qu'elle 
pourra  avoir  après  sa  guérison,  et  pourtant  il  ne  vient  à  la 
pensée  de  personne  de  dire  que  ces  médicaments  ne  font  rien 
pour  combattre  cette  fièvre.  Pour  que  les  Pommiers  ne  soient 
plus  jamais  attaqués  par  le  Puceron  lanigère,  il  faudrait  arriver 
à  l'extinction  delà  race,  et  l'homme  ne  met  pas  assez  de  persé- 
vérance dans  ses  entreprises,  pour  arriver  à  ce  résultat. 

Plantes  nouvelles.  MM.  Bouchardat,  Crousse,  Rendatler, 
Lemoine,  Gaudin-Dubois,  Bruant,  etc.,  viennent  de  publier 
leur  catalogue  de  plantes  nouvelles  ;  nous  en  parlerons  dans 
le  prochain  numéro-. 


—  32  — 

Travaux  eu  moSs  de  hnmr. 


Potager.  On  doit  préparer  le  terrain  pour  semer  sur  ados  ou  côtières: 
Pois,  Fèves  de  marais,  Ail,  Échalottes,  Poireaux,  Oignons  rouges  et  pâles. 
Dans  les  planches  d'oignons,  on  peut  semer  quelques  choux,  soit  de  Vaugirard 
ou  gros  iMilan,  qu'on  repique  en  place  ensuite  vers  le  mois  de  mars,  pour 
être  bons  à  récolter  en  juin.  On  peut  encore  y  semer  un  peu  de  carottes  que 
l'on  tire  pendant  Tété;  du  Persil  qui  resté  pour  la  consommation  d'automme  : 
ces  plantes  ne  nuisent  aucunement  aux  plantsd'  oignons.  Pendant  la  gelée,  on 
couvre  ces  semis  de  litière  sèche.  Vers  la  fin  du  mois,  on  plante  les  pommes  de 
terre  hâtives,  Comice  d'Amiens  et  Marjolin.  Sur  couche  et  sous  châssis,  on 
sème  :  Poireau,  Carottes,  Tomates,  Pois  et  Haricots  nains,  Melons,  Concombres, 
Choufleurs  tendres,  Chicorée  frisée  d'Italie  ;  on  continue  les  semis  de  Laitues 
et  Romaines  hâtives,  Radis  roses,  Navets,  Cerfeuil.  On  pince  au-dessus  de  la 
quatrième  feuille  les  Pois  semés  le  mois  précédent  ;  la  transplantation  qu'on 
leur  fait  subir  en  avance  la  production.  On  chauffe  les  châssis  de  fraisiers  ea 
pots;  les  variétés  les  plus  convenables  sont:  Queen  Seedling,  Goliath,  Comte 
de  Paris,  Princesse  royale,  Crémone,  etc. 

Fruitier.  On  peut  commencer  la  taille  des  arbres,  mais  il  est  préférable 
d'attendre  la  pousse  :  on  obtient  de  meilleurs  résultats  ;  les  cicatrices  se  recou- 
vrent plus  rapidement,  et  l'on  n'a  pas  à  craindre  les  décollements  de  l'écorce  ou 
le  dessèchement  des  bourgeons  supérieurs  voisins  de  la  coupe.  On  continue  les 
travaux  de  défoncement  et  plantations  :  il  faut  se  bien  garder  de  planter  par  un 
temps  pluvieux  ou  par  la  gelée;  la  terre  doit  être  très-meuble.  On  peut  placer 
des  panneaux  vitrés  contre  les  espaliers  de  Vignes,  Cerisiers,  Pêchers,  etc.. 
pour  en  obtenir  des  fruits  précoces. 

Parterre.  Couvrir  et  découvrir  les  plantes  délicates  suivant  l'état  de  l'atmos- 
phère; il  est  bon  de  couvrir,  si  le  froid  est  vif,  les  Pensées  au  moyen  d'un  pot 
renversé  ;  préserver  aussi  de  l'humidité  les  Œillets  et  Auricules  cultivés  en 
pots.  Terreauter  les  gazons  et  bordures  de  fleurs.  Tailler  les  Rosiers  et  arbres  à 
fleurs,  excepté  les  Rosiers  thés  qu'on  ne  doit  tailler  qu'à  la  fin  de  février. 

Serres.  Maintenir  la  température  nécessaire,  la  propreté  sur  les  feuilles, 
arroser  suivant  le  besoin.  On  doit  faire  des  boutures  de  Fuchsia,  Bouvardia, 
Pelargonium,  Lantana,  Sauges,  Héliotropes,  Cuphea,  etc. 

Pour  conserver  les  Épacris  et  les  Ericas  ou  bruyères,  il  ne  faut  pas  chauffer  les 
serres  ;  il  suffit  de  couvrir  les  vitres  de  paillassons  ou  de  feuilles  pendant  les 
froids  ;  on  doit  leur  donner  le  plus  d'air  possible,  toutes  les  fois  que  le  temps  la 
permet;  ces  plantes  peuvent  supporter  quelques  deerés  de  froid  sans  souffrir. 


'Paris.  —  Imprimerie  horticole  de  Ë.  DonNàtjd  rue  Cassette.  9. 


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TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
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RÉDIGÉ   PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  GUEZOU-DUVAL,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

J.  VALSERRES,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  L.  DE   VAUGELAS,   MAGDALA,  PELLICOT,    DELAPIERRE, 

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BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  \,  A  PARIS. 


Paris.— liup.  horticole  de  E.  Donnaijd,  rue  Cassette,     1. 


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19*  Année. 


18«9. 


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JOURNAL  DES  AMAT ËUI1S  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

COHTEHAHT 

LA    COLTCRE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

KT    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRDITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'DSAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ  AVEC   LE  CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS    LA    DIRECTION    DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CHEF. 

ATTACHÉ     AD     HliSKCM      d'hISTOIRC     NATURELS*    UE     PARIS, 

Collaborateur  du    JWi    ifei    Planta,  des    figures   du  Bon    Jardinier, 

Ex-Rédacteur    principal  de  la    Socliii  (fhoniculiure  Je  la    .S«i»«  , 

Membre  honoraire  et  correspondant  de   plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


L'Horticulteur  Français  paraît  le  a  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  payes  de  texte 
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ment sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  Taris,  et  au  nom  de  M.  E.  D0NNADD,  rue  Cassette,  1 . 


Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 


la  traite  qui  leur  est  adressée. 


c  ►«■ate»  <  '  i 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


-co 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette, 1,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  calal$gues  paru»  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


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Rue  de  la  Cossonnerie,   3,  à  Paris. 


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Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transférée 
pour  cause  d'expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de  la 
Cossonnerie,  3. 


L6  Catalogue  général  de  Graii 
potagères,  Fourragères,  éconor 
ques,  d'afbres  et  de  graines 
fleurs,  est  envoyé  franco  à  toi 
personne  qui  nous  en  fait  la  « 
mande.  Maison  Paul  TOLLÀB 
fondée  en  1796,  négociant 
graines,  20,  quai  de  la  Mégis 
rie,  Paris. 


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et  d'Arbres,  Plantes  de  serres,  de  pleine  tij 

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SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herimcu,  Chronique.  —  L.  INeumann,  Le  Solanum  à  fruit  comestible  (PI.  II).  — 
L.  Cordier,  culture  du  Melon  sur  buttes.  —  F.  Hfrincq,  le  Fraisier,  sa  culture  pour 
en  obtenir  des  fruits  pendant  7  mois.  —  Charles  Baltet,  greffe  du  [loyer  cooomuu  sur 
Noyer  d'Amérique.  —  A.  Pavard,  Cranibe  maritime  (Zea  Kale  des  Anglais;.  — 
—  Cercle  des  Cultivateurs.  —  0.  Lescdyer,  Revue  des  Journaux  étrangers, 
plantes   rares  ou  nouvelles.  —   Catalogues  d'Horticulture  pour  1869.—  Travaux  du  mois. 


CHRONIQUE 

Une  victime  des  dissensions  scientifiques  :  théorie  de  M.  Morren  sur  l'iucom- 
patibilité  des  panachures  et  des  fleurs  doubles  :  M.  Lemaire  et  le  Kerria  à 
quatre  pétales  ;  le  Kerria  à  fleurs  doubles  de  l'Illustration  horticole;  erreurs 
eteolères.  L'art  de  greffer,  par  M .  lialtet  •  Les  fruits  à  cultiver,  par  M .  F .  Jamin  ; 
Ce  que  sont  les  livres  sur  les  spécialités  de  plantes  :  Les  plantes  de  serres; 
les  arbustes  et  arbrisseaux  de  plein  air;  les  Cactées.  —  Le  Nouveau  Jardinier 
illustré  pour  1869. 

Tel  que  vous  me  voyez,  chers  lecteurs,  je  suis  victime,  en 
ce  moment,  des  dissensions  scientifiques  survenues  entre  deux 
savants  —  ce  qui  n'a  rien  d'extraordinaire,  bien  au  contraire 
—  au  sujet  de  la  théorie  des  panachures  d'une  part,  et  d'in- 
nocentes erreurs  d'autre  part.  C'est  moi  qui  paye  les  pots  que 
mes  confrères  ont  cassés  ensemble.  Après  avoir  rompu  avec 
son  adversaire  quelques  traits  d'esprit  plus  ou  moins  aigres- 
doux,  le  vaincu  a  fait  tout  à  coup  volte-face,  et,  furieux  d'a- 
voir été  battu  par  l'interposition,  dans  le  débat,  d'un  article 
de  V Horticulteur  français,  il  me  tombe  dessus  à  bras  rac- 
courcis, et  avec  une  ardeur  sans  égale.  Grande  leçon,  chers 
lecteurs,  grande  leçon  qui  prouve  une  fois  de  plus  qu'entre 
deux  savants  en  querelles,  il  ne  faut  jamais  mettre  son 
doigt;  on  est  assuré  d'être  toujours  mordu.  Quoiqu'il  en 
soit,  ce  n'est  pas  fort  de  la  part  de  l'auteur  des  innocentes  er- 
reurs de  se  venger  ainsi  sur  moi,  et  d'autant  moins  fort  qu'il 
ne  fait  que  reproduire  p/iotographiquement,  non  comme  un  so- 
Février  1 869.  3 


—  34  — 
leil,  mais  comme  un  simple  plagiaire,  les  formules  employées 
par  tous  les  gens  de  la  même 'école,  chaque  fois  que  nous  leur 
donnons ,  en  passant,  une  petite  leçon  de  science  ou  de  con- 
science. 

La  question  qui  nous  a  valu  ce  fulminate  d'injurium  est  des 
plus  intéressantes.  M.  Edouard  Morren  venait  de  poser  comme 
principe  :  que  tous  les  végétaux  à  feuilles  panachées  sont  tou- 
jours à  fleurs  simples;  qu'il  y  a  incompatibilité  entre  la  pana- 
chure  et  la  duplicature  des  fleurs,  parce  que,  dit-il,  la  pana- 
chure  est  un  signe  de  faiblesse  de  l'individu,  tandis  que  la 
duplicature  annonce,  au  contraire,  un  excès  de  vigueur.  C'est 
assez  logique.   Toutefois,  cette  théorie  rencontra,  au  début, 
quelques  contradicteurs  qui  prétendirent  que  les  exceptions 
étaient  tellement  nombreuses  qu'elles  ne  pouvaient  plus  du 
tout  confirmer  la  règle;  mais  personne  n'en  montrait.  Un  jour 
cependant  —  jour  à  jamais  néfaste  —  M.  Lemaire  annonça 
radieusement,  que  le  Corchorus  ou  Kerria  japonica  venait  de 
produire  une  variété  panachée  qui  détruisait  péremptoirement 
la  théorie  Morren.  Il  en  fit  faire  une  belle  figure  pour  Vlllus- 
tratioîi  horticole,  et,  bien  que  le  sujet  panaché  ne  lui  eût  point 
montré  ses  fleurs,  on  vit  paraître,  dans  ce  journal,  la  magni- 
fique portraiture  du  Kerria  susdit,  ornementée  des  plus  jolies 
fleurs  doubles.  On  se  réjouissait  déjà  dans  le  camp  des  adversaires 
de  la  théorie  Morren  ;  mais  la  joie  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
A  quelque  temps  de  là,  un  journal  anglais  publia,  à  son  tour,  le 
Kerria  panaché,  et  cette  fois  les  fleurs  étaient  tellement  simples 
qu'elles  n'avaient  plus  que  quatre  pétales  !  Plus  tard,  on  vit 
partout  fleurir  cette  variété,  et  partout  elle  montrait  ses  fleurs 
toujours  simples,  mais  avec  5  pétales.  Jubilation,  bien  naturelle 
alors,  de  M.  Morren;  honte  et  humiliation,  plus  naturelle  en- 
core, de  M.  Lemaire;  car,  figurer  une  plante  à  fleurs  simples  en 
l'affublant  de  fleurs  doubles,  c'est  un  fait  très-grave  ;  il  donne 
le  droit,  en  effet,   de  supposer  que  dans  le  laboratoire  dudit 


-  35  — 

journal  on  embellit  la  Nature  en  même  temps  que  les  dessins. 
Aussi,  M.  Lemaire  s'empressa-t-âl 

«  D'imiter  de  Conrart  le  silence  prudent,  » 
c'est-à-dire  qu'il  ne  rectifia  point  son  embellissement. 

Malheureusement,  le  besoin  de  critiquer  les  œuvres  sé- 
rieuses des  autres  se  fait  tellement  sentir  chez  cet  illustre  sa- 
vant, qu'il  oubliala  prudence  de  Conrart.  Il  publia  un  autre  joui- 
un  articulet  pour  infiltrer,  dans  l'esprit  de  ses  lecteurs,  que 
M.  Morren  avait  commis  une  foule  de  fautes  au  sujet  du  Kerria 
à  quatre  pétales  figuré  par  le  journal  anglais  ;  mais  le  brave 
cher  homme  se  fourvoya  si  grossièrement  dans  un  dédale  d'er- 
reurs, qu'on  ne  put  l'en  faire  sortir  qu'en  lui  tendant  notre 
article  sur  les  Kerria  et  le  Rhodotypos.  De  là  sa  grande  colère; 
car,  en  reproduisant  cet  article,  M.  Morren  Ta  fait  précéder  des 
réflexions  suivantes  :  —  «  Ce  procédé  (de  M.  Lemaire)  ne  nous 
a  pas  froissé  seul;  il  a  révolté  de  loyales  consciences,  et  il  a 
valu  à  M.  Lemaire  la  verte  leçon  que  vient  de  lui  infliger 
M.  Herincq,  rédacteur  en  chef  de  Y  Horticulteur  français  (1868, 
page  241).  Nous  ne  pouvions  être  vengé  d'une  manière  plus 
éloquente  et  plus  digne  à  la  fois.  » 

Voilà  surtout  ce  qui  a  mis  le  comble  à  la  fureur  de  M.  Le- 
maire, qui  n'admet  de  loyales  consciences,  de  manière  élo- 
quente et  plus  digne,  que  pour  lui  et  ses  amis.  Qu'ils  sont  bien 
tous  les  mêmes  ces  gens  qui,  nés  pour  être  maçons,  veulent 
faire  un  autre  métier.  Présomptueux  jusqu'à  croire  —  ïnais 
très-sincèrement  —  qu'ils  ont  la  science  infuse,  ils  se  révoltent 
chaque  fois  qu'on  adresse  des  éloges  à  d'autres  qu'à  eux,  et 
%  entrent  dans  une  sainte  colère  quand  on  leur  reproche  de 
trop  bien  cultiver  les  erreurs.  Du  reste  j'aime  assez  cela; 
comme  le  Louis  XI  de  Casimir  Delavigne , 

»  Je  ne  hais  pas  les  gens  que  la  colère  enflamme; 

On  sait  mieux  et  plus  tôt  tout  ce  qu'ils  ont  dans  l'âme.  » 

Mais  où  M.  Lemaire  est  le  plus  adorable,  où  il  peint  bien 


—  36  — 

ce  caractère  présomptueux  des  gens  de  son  école,  c'est  dans  l'a- 
veu de  ses  fautes.  «  En  définitive,  dit-il,  une  boulette  a  été 
laite  au  sujet  du  malencontreux  Kerria  japonica  ;  devons-nous 
en  assumer  la  responsabilité?  » 

Ce  devons-nous  est  tout  simplement  sublime  !  Et  qui  donc 
s'il  vous  plaît?  —  Est-ce  moi  qui  ai  fait  mettre  des  fleurs 
doubles  au  dessin  de  Y  Illustration  horticole?  Est-ce  moi  qui  ai 
voulu  faire  ensuite  un  Kerria  tetrapetala  d'après  un  simple 
dessin  de  journal  très-inexact —  ce  qui  arrive  parfois,  comme 
ne  doit  pas  l'ignorer  M.  Lemaire  ? —  Est-ce  moi  enfin,  qui 
d'erreurs  en  erreurs,  suis  arrivé  jusqu'à  dire  cette  grosse  ab- 
surdité :  que  le  Kerria  à  quatre  pétales  était  le  Rhodotypos  ker- 
rioides?  Pourquoi  donc  alors  M.  Lemaire  déverse-t-ii  sur  moi 
l'écume  du  pot-pourri  qu'il  a  si  grossièrement  élaboré  tout  seul 
dans  la  cuisine  de  Y  Illustration?  Je  le  trouve  surtout  superbe 
quand  il  dit  :  «  Nous  n'opposerons  au  factum  du  journal  pari- 
sien quele  silence  du  mépris  » }  et  qu'aussitôt  il  m'inflige  la 
plus  humiliante  des  humiliations,  en  m'accusant,  tout  comme 
ses  amis,  d'être  un  jaloux,  un  envieux  «  déversant  son  fiel  sur 
tout  ce  qui  lui  est  supérieur.  » 

Qu'ai-je  donc  fait  à  Dieu  pour  qu'il  permette  qu'on  m'hu- 
milie à  ce  point?  Moi  jaloux  de  la  gloire,  de  la  renommée  de 
M.  Lemaire  !  mais  c'est  m'anéantir  tout  d'un  coup  !  c'est  réduire 
ma  valeur  scientifique  à  une  foule  de  degrés  au-dessous  de 
zéro  !  M.  Lemaire,  ne  proteste-t-il  pas  chaque  jour,  en  effet, 
contre  le  suprême  dédain  que  professent,  pour  ses  œuvres, 
tous  les  botanistes  de  l'univers,  qui,  dit-il,  n'acceptent  pas  ses 
espèces  nouvelles,  ne  les  citent  même  pas  en  synonymie;  ne 
parlent  jamais  de  ses  écrits,  etc.,  etc.  Ne  trou ve-t-on pas  toutes 
ses  plaintes,  toutes  ses  récriminations  renouvelées  dans  chaque 
numéro  de  Y  Illustration  ?  Ne  le  voit-on  pas  jusqu'à  pleurer  sur 
le  sein  de'ses  amis  de  chantier,  de  ce  silence  obstiné  des  bota- 
nistes? Et  je  suis  jaloux  d'un  homme  qui  jouit  d'une  pareille 


—  37  — 

autorité  !  Quelle  noirceur  réfléchie  !  Je  ne  croyais  vraiment  pas 
M.  Lernaire  capable  d'un  aussi  piquant  trait  d'esprit  ! . . . 

De  dépit  j'imite  le  bouillant  Achille,  après  la  |perfidie  d'Aga- 
memnon;  je  rentre  dans  mon  camp  pour  n'en  plus  sortir  et 
pour  faire  le  siège  d'un  ouvrage  troyen  :  L'art  de  greffer  les 
arbres,  par  Gh.  Baltet,  de  Troyes...  mais  en  Champagne. 

Le  livre/L'ari  de  greffer,  que  vient  d'éditer  la  librairie  Mas- 
son  et  fils,  est  un  des  rares  bons  livres  sortis  des  librairies  hor- 
ticoles depuis  quelques  années.  C'est  que  l'auteur,  pépiniériste 
instruit  et  intelligent,  n'a  pas  voulu  faire  autre  chose  qu'un 
ouvrage  pratique,  et,  praticien  distingué,  il  lui  a  été  facile  de 
décrire  simplement  et  clairement  les  opérations  de  l'art  de 
greffer  qu'il  connaît  si  bien.  M.  Baltet  n'a  pas  cherché  à  en 
imposer  aux  ignorants  et  aux  crédules  en  faisant  montre  de 
science.  Il  s'est  abstenu  de  toute  démonstration  physiolo- 
gique, et  nous  l'en  félicitons;  car  rien  n'est  plus  ridicule 
que  cette  phrase  stéréotypée,  qui  tombe  à  chaque  instant  de 
la  plume  de  tous  les  auteurs  de  livres  sur  l'arboriculture  : 
ce  d'après  les  lois  de  la  physiologie  végétale,  etc.  ;  »  et  il  est 
curieux  de  voir  faire  l'application  de  ces  lois  qui,  presque  tou- 
jours, infirment  positivement  les  faits  qu'on  prétend  affirmer. 
M.  Ballet  évitant  ce  ridicule  s'est  montré  véritablement 
sérieux  ;  aussi  en  ne  parlant  que  de  ce  qu'il  sait,  il  a  fait  un 
livre  excellent  sur  l'art  de  greffer;  nous  ne  craignons  pas  de 
le  redire .  ♦ 

Le  plan  est  bien  conçu.  Le  chapitre  I  est  consacré  à  la  dé- 
finition du  greffage  et  de  son  but.  Vient  ensuite  celui  qui  traite 
des  conditions  de  succès  du  greffage.  Ici,  nous  lui  signalerons 
une  petite  erreur  qu'il  pourra  rectifier  facilement  dans  la  se- 
conde édition.  Au  sujet  du  rapprochement  intime  des  deux 
parties  (greffon  et  sujet),  il  s'exprime  ainsi  :  «Pour  toute  sorte 
de  greffage,  il  est  indispensable  que  les  deux  parties  greffées 
aient  en  communication  intime,  non  pas  l'épicferme,   ni  la 


—  38  — 

moelle,  mais  la  couche  génératrice,  c'est-à-dire  les  couches 
nouvelles  et  vives  du  liber  ou  de  l'aubier,  dans  le  tissu  des- 
quelles afflue  le  cambium.  y>  Or,  couche  génératrice  et  cambium 
sont  tout  un.  Le  mot  cambium  est  de  Grew,  et  celui  couche  géné- 
ratrice a  été  inventé  par  M.  Trécul  pour  dépister  la  galerie 
qui  assistait  aux  luttes  entre  les  deux  chefs  d'écoles  ,  Mirbel 
et  Gaudichaud.  Pour  une  pauvre  fois  que  l'auteur  du  livre  , 
L'art  de  greffer,  se  hasarde  à  faire  une  petite  promenade  dans 
le  domaine  de  la  science,  il  n'a  pas  eu  de  chance. 

Les  outils  et  accessoires  du  greffage  font  l'objet  du  cha- 
pitre III. 

Le  choix  des  sujets  et  des  greffons  constitue  le  4e  chapitre  ; 
le  greffage  sous  verre  le  5e;  et  c'est  dans  le  6e  que  l'auteur 
traite  de  tous  les  nombreux  procédés  de  greffage,    de  toutes 
les  différentes  sortes  de  greffes;  un  septième  est  consacré  aux 
travaux  complémentaires.  Enfin,  dans  un   dernier  chapitre, 
M.  Baltet  fait  connaître  le  procédé  de  greffage  le  plus  conve- 
nable à  chaque  espèce  d'arbres,  arbrisseaux  et  arbustes,,  et  la 
nature  du  sujet  qui  leur  convient.  C'est  peut-être  le  chapitre 
le  plus  intéressant.  On  pourrait  lui  reprocher  seulement  d'être 
incomplet;  mais  l'auteur  répondra,  non  sans  raison,  qu'il  a 
fait  un  livre  sur  l'art  de  greffer  et  non  sur  la  multiplication  de 
tousdes  végétaux  ligneux.  Sur  quoi  nous  n'aurions  rien  à  ré- 
pondre. Donc  nous  accordons  notre  estampille  au  livre  de 
M.  Baltet  sur  Vart  de  greffer,  et  nous  passons  à  un  autre. 

Celui-là  est  bien  quelque  chose  d'imprimé,  mais  ce  n'est, 
dit  Fauteur,  ni  un  livre,  ni  un  traité,  ni  un  ouvrage,  ni 
même  un  opuscule  !  Ce  début  de  la  préface  m'a  de  suite  fixé 
sur  la  valeur  de  cette  chose  qui  n'est  ni  ceci,  ni  cela.  Ce  sont 
des  notes  trop  fortement  allongées  sur  Les  fruits  à  cul- 
tiver, par  un  jeune  débutant  dans  la  carrière  pomologique.  On 
consulte  un  livre  sur  les  fruits  pour  trouver  un  renseignement, 
mais  on  ne*le  lit  pas  pour  passer  agréablement  une  soirée 


—  39  — 

d'hiver  au  coin  de  son  feu.  Il  faut  donc  que  ces  sortes  de 
recueils  pomologiques  contiennent  des  notions  claires  et  nettes 
dans  le  moins  de  lignes  possible. 

Donc,  verbiage  à  part,  la  chose  de  M.  F.  Jamin  qui 
n'est  ni  un  livre,  ni  un  traité,  etc.,  est  une  bonne  chose  à 
consulter;  elle  donne  un  excellent  choix  de  Poires,  de  Pommes, 
de  Raisins,  de  tous  les  fruits  de  tables,  ainsi  que  des  conseils 
sur  la  manière  de  planter  et  de  cultiver  chacune  de  ces  es- 
pèces, que  nous  approuvons  fort. 

En  voici  maintenant  trois  qui  ont  la  prétention  d'embrasser 
chacun  une  spécialité  :  l'un  les  plantes  de  serre  chaude  et  tem- 
pérée, l'autre  les  arbrisseaux  et  arbustes  d'ornement  de  pleine 
terre ,  et  le  troisième  les  Cactées.  Eh  bien!  quand  on  a  eu  la 
bonhomie  de  les  lire  consciencieusement,  comme  je  viens  de 
le  faire...  eh  bien,  vrai!  on  n'est  plus  du  tout  fier  d'être 
Français. 

Jusqu'à  présent,  j'avais  cru  que  les  livres  sur  les  spécialités 
avaient  été  inventés  pour  pouvoir  traiter  le  sujet  très-large- 
ment, c'est-à-dire  lui  donner  plus  de  développement  que  dans 
les  ouvrages  généraux;  je  me  trompais  étrangement.  Les 
hommes  de  progrès  ont  changé  cette  manière  d'opérer  d'au- 
trefois ;  on  fait  des  livres,  aujourd'hui,  sur  des  spécialités,  pour 
n'y  mettre  seulement  que  la  vingtième  partie  et  même  moins 
de  ce  qu'on  trouve,  sur  le  même  sujet,  dans  les  livres  géné- 
raux. C'est  du  moins  le  cas  des  trois  spécialités  dont  il  est  ici 
question. 

Les  Plantes  de  serre  chaude  contiennent  des  considérations 
générales  dans  lesquelles  l'auteur  nous  apprend  que  «  pendant 
longtemps  nos  ancêtres,  pour  orner  leurs  jardins,  n'ont  employé 
que  les  fleurs  libéralement  accordées  par  la  nature  au  climat  de 
leur  pays,  parce  qu'elles  étaient  indigènes.» — (M.  delà  Palisse 
n'est  pas  mort,  car  il  vit  encore)  —  «  et  qu'ils  ne  faisaient  point 
usage  de  serre  comme  on  le  fait  depuis  la  découverte  du  Non- 


—  40  — 
veau  Monde.  »    Il  paraît  que  l'ancien  monde  ne  fournit   de 
plantes  de  serre  que  depuis  la  découverte  du  nouveau.  L'œuvre 
de  Fauteur  des  Plantes  de  serre  contient  beaucoup  de  faits  aussi 
exacts  et  aussi  intéressants.  Exemple,  page  33  :   «  Dans  les 
serres  chaudes  et  tempérées,  la  ventilation  n'a  donc  lieu  que 
dans  le  but  de  purifier  l'air,  ou  bien'pour  diminuer  la  tempéra- 
ture, si  elle  voulait  dépasser  le  maximum,  c'est-à-dire  30  ou 
32°  centigrades  pour  les  serres  chaudes  humides,  et  25  pour 
les  serres  tempérées.»  —  Ouf  î  25  degrés  dans  une  serre  tem- 
pérées !   Et  pour  garantir  les  plantes  du  courant  d'air  froid, 
voici  le  procédé  indiqué  sur  lequel  je  prie  le  lecteur  d'apporter 
toute  son  attention.  »  Pour  éviter  cet  état  de  choses  (p.  33), 
on  à  inventé  divers  procédés,  entre  autres  de  pratiquer  des  ou- 
vertures dans  le  mur,  afin  que  l'air  froid,  en  pénétrant  dans 
la  serre,  s'échauffe,  en  la  traversant,  sur  les  tuyaux  du  ther- 
mosiphon en-dessous  des  tablettes  avant  d'arriver  dans  la 
serre.  »  —  Comprenez  si  vous  pouvez,  lecteurs  :  l'air  qui  tra- 
verse une  serre  avant  d'y  arriver  !  J'en  passe  et  des  meilleurs. 
Tout  le  livre  est  ainsi  plein  de  ses  douces  naïvetés.  A  la  suite 
de   ces  préliminaires    et    considérations  sur   la   multiplica- 
tion, écrits  en  style  prétentieux,  mais  aussi  peu  clairement, 
viennent  alors  une  revue  et  une  liste  des  plantes  de  serres, 
lesquelles  ne  sont  que  de  simples  énumérations  de  500  à  600 
espèces,  sans  indication  de  culture,  de  mode  de  multiplication. 
Autant  vaut  un  simple  catalogue  et  prix  courant  d'un  horti- 
culteur. Voici  donc  un  livre  spécial,  qui  contient  moins  d'es- 
pèces de  plantes  de  serres  que  dans  les  livres  généraux,  — 
le  Nouveau  Jardinier  illustré  par  exemple,  —  et  qui,  en  outre, 
ne  dit  pas  un  mot  de  la  culture,  ni  de  leur  mode  de  multipli- 
cation. C'est  à  ne  pas  croire. 

Le  même  vice  se  retrouve  dans  le  livre  spécial  consacré 
aux  arbrisseaux .  Abrégé  très-incomplet  et  parfois  inexact  de 
ce  qui  se  trouve  dans  les  ouvrages  généraux  sur  ce  sujet, 


—   il   — 

il  cite  souvent  des  plantes  qui  n'ont  jamais  été  cultivées, 
comme  les  Anona  grandiflora  et  parviflora;  ou  bien  il  men- 
tionne -clés  espèces,  pour  faire  de  beaux  massifs,  et  dont  il 
serait  bien  difficile  de  trouver  une  demi-douzaine  d'individus 
dans  toute  l'Europe,  soit  le  Caragana  jubata  qui  n'atteint  pas 
50  centim.  de  hauteur,  ou  le  Maclara  tricuspidata  pour  faire 
des  haies,  etc.  Ici  on  trouve  quelques  renseignements  sur 
les  hauteurs  des  espepes  citées,  la  couleur  des  fleurs;  mais  il 
n'est  pas  plus  questi(Jn  de  culture  et  de  multiplication  que 
dans  le  livre  des  plantes  de  serre. 

Quant  au  troisième:  les  Cactées,  nous  y  retrouvons  M.  Le- 
maire,  se  donnant  toujours  des  airs  de  maître  d'école  comme 
dans  Y  Illustration.  Dans  ses  notions  préliminaires,  il  consacre 
16  pages  à  l'étude  des  caractères  de  la  famille ,  et  là  il  use  et 
abuse  des  caudex  subglobuleux  ou  cespiteux;  des  Podaires 
cylindracés,  des  cyrtomes,  des  tyléoles ,  des  sétules,  des  pulpes 
nidulantes,  etc.,  etc.,  que  c'est  à  ne  plus  rien  comprendre. 
Puis  apparaît  une  Revue  sommaire  des  genres,  tribus,  et  une 
liste  des  principales  espèces,  sans  description,  bien  entendu;  le 
tout  accompagné  de  notes  récriminant  comme  toujours  contre 
les  botanistes  qui  changent  ses  noms  sans  droits(!),  etc.  Au  total, 
ce  livre  sur  les  Cactées  est  beaucoup  plus  incomplet  que  ce  qui 
est  consacré  à  cette  famille  dans  le  Nawoeau  Jardinier  illustré. 

Ainsi  voilà  trois  livres  qui  coûtent  ensemble  3  fr.  75 .  En 
doublant  cette  somme  on  peut  se  procurer  un  ouvrage  général 
comme  le  Bon  ou  le  Nouveau  jardinier  illustré,  qui  contient  les 
mêmes  sujets  plus  complets  et  dans  lequel  on  trouve  :  tous  les 
arbres,  les  arbrisseaux  grimpants,  les  Magnolia,  dont  ne  parle 
pas  l'auteur  du  livre  des  arbrisseaux  de  pleine  terre;  d'excel- 
lents renseignements  sur  la  valeur,  sur  la  culture  des  Palmiers, 
des  Orchidées  dont  il  n'est  pas  dit  un  mot  dans  le  livre  des 
Plantes  de  serre.  On  a  toutes  les  plantes  annuelles  et  vivaces, 
sans  compter  toute  la  partie  des  arbres  fruitiers,  des  plantes 


—  42  — 

maraîchères,  des  notions  générales  de  botanique,  de  cul- 
ture, etc.,  etc. 

En  résumé,  les  livres  de  spécialités  comme  ceux  que  nous 
venons  d'examiner  peuvent  être  une  bonne  affaire  pour  le 
libraire,  mais  il  n'aideront  en  rien  au  progrès  de  l'horticulture, 
et  les  amateurs,  les  jardiniers  n'y  trouveront  pas  ce  qu'ils 
cherchent  :  de  bons  et  précieux  renseignements  sur  la  hauteur 
d'une  plante  donnée;  l'époque  de  sa  floraison  ;  la  couleur  de 
sa  fleur  ;  sa  culture,  son  emploi;  sa  multiplication,  etc.  Et 
nous  sommes  menacés,  dit-on,  d'un  déluge  de  livres  de  cette 
qualité  :  sur  les  Palmiers,  les  Orchidées,  les  arbres,  les  plantes 
vivaces,  les  plantes  annuelles,  les  plantes  grimpantes,  etc.,  etc. 
Soit  neuf  f lusses  spécialités  qui  coûteront  ensemble  1 1  fr. 
25  cent.  C'est  roide,  mais  peu  économique,  surtout  pour 
des  choses  des  plus  incomplètes  ;  et  pour  7  fr.  on  a  un  Nou- 
veau Jardinier  illustré  qui  parle  de  tout.  C'est  un  peu  la 
faute  des  complaisants,  qui  font  des  rapports  élogieux  sur 
toutes  ces  productions  bâtardes.  Quant  à  nous,  nous  serons 
toujours  très-sévère  pour  elles;  car  il  est  temps  de  mettre 
un  frein  à  toutes  ces  opérations  de  librairie ,  qui  finiront 
par  couvrir  de  honte  l'horticulture  de  notre  pays. 

F.  Herincq. 
P.  S.  Enfin  !....  c'est  lundi  15  février,  que  paraît  le  Nou- 
veau Jardinier  illustré  pour  1869  !  F.  H. 

SOLANUM  SISYMBRIIFOLIUM  (Pl.  II). 

A  fruit  comestible. 

Le  Solanum  que  nous  publions  dans  ce  numéro  est  très- 
intéressant  à  cause  de  ses  fruits  comestibles;  les  graines  ont 
été  envoyées  de  Rio -Janeiro  (Brésil),  à  la  Société  impériale 
zoologique  d'acclimatation  qui  m'en  a  confié  quelques-unes  ; 
et  d'après  les  plantes  qu'elles  ont  produites,  je  suis  porté  à 


—  43  — 

considérer  ce  Solanum  comme  une  des  nombreuses  variations 
du  Solanum  sisymbriifolium  de  Lamark,  qui  ont  été  figurées 
dans  divers  ouvrages  sous  des  noms  différents.  Ce  Solanum 
varie,  en  effet,  beaucoup  dans  la  forme  de  ses  feuilles  et  dans 
le  coloris  de  ses  fleurs.  Ainsi,  M.  Hooker  en  figure  dans  le 
Botanical  Magazine,  pi.  2828,  une  variété  à  fleurs  pour- 
prées, sous  le  nom  de  Solanum  Balbisii ,  var.  purpurea  et 
une  à  fleurs  blanches  ;  Balbis  en  a  publié  une  autre  sous  le 
nom  de  decurrens,  et  Vellozo,  dans  sa  Flora  fliiminensis,  a 
fait  un  Solanum  edule,  ou  à  fruit  comestible,  qui  se  rapporte 
parfaitement  à  notre  espèce. 

Cette  plante  n'est  pas  nouvelle  pour  la  culture  ;  elle  a  paru 
à  différentes  époques  dans  les  jardins  ;  mais  plantée  probable- 
ment trop  tardivement,  elle  n'a  jamais  donné  de  bons  résultats 
de  fructification,  et,  comme  elle  appartient  à  un  genre  qui 
comprend  de  nombreuses  espèces  cultivées  dont  les  fruits  sont 
plutôt  considérés  comme  dangereux,  on  n'a  fait  aucune  atten- 
tion à  celle-ci.  Cette  même  espèce  se  trouve  encore  à  Maurice, 
au  Pérou,  à  Buénos-Ayres,  à  Montevideo  ;  elle  paraît  même 
être  cultivée  dans  plusieurs  de  ces  localités,  comme  plante 
comestible.  Et  en  effet,  les  beaux  fruits  rouges  que  nous  avons 
obtenus  en  grande  quantité,  à  l'automne  dernier,  étaient  très- 
agréables  au  goût,  et  rappelaient  un  peu  la  chair  de  la  groseille 
à  maquereau  ;  nous  pouvons  garantir  qu'ils  sont  tout  à  fait 
inoflensifs. 

Dans  son  pays  originaire,  ce  Solanum  forme  un  buisson  de 
2  à  3  mètres  de  hauteur;  toutes  les  parties  de  la  plante  sont 
velues,  visqueuses  et  armées  de  longues  et  nombreuses  épines 
de  couleur  orange,  longues  de  1  à  2  centimètres.  Les  rameaux 
sont  assez  longs  et  peuvent  être  palissés  le  long  d'un  treillis  ;  les 
feuilles  longues  de  15  à  25  centimètres  sur  10  de  large,  sont 
profondément  découpées  latéralement,  en  lobes  aigus,  si- 
nueux-lobés, et  les  nervures  sont  armées  d'épines.  Les  fleurs, 


_  44  — 

généralement  blanches,  mais  variant  un  peu  dans  les  nuances 
violacées,  sont  très-grandes,  disposées  par  4,  8,  10  en  grappes 
terminales  et  latérales.  Le  calice  est  très-épineux  ;  la  corolle 
en  large  coupe  a  5  lobes.  Enfin  le  fruit  est  une  baie  globuleuse, 
delà  grosseur  d'une  prune  de  mirabelle,  ou  comme  une  grosse 
cerise,  et  d'un  rouge  orange  qui  passe  au  corail  à  la  maturité. 

Les  individus,  âgés  de  15  mois  que  nous  avons  cultivés 
l'année  dernière  étaient  très-vigoureux  et  portaient  plus  de 
1 50  fruits  chacun,  vers  la  tin  de  l'automne . 

La  culture  de  cet  intéressant  Solarium  est  des  plus  simples  ; 
c'est  la  culture  des  tomates.  L'hiver  on  devra  seulement  ren- 
trer les  pieds  enlevés  de  la  pleine  terre  et  mis  en  pots,  dans  un 
lieu  tempéré,  à  l'abri  de  l'humidité.  Nous  croyons,  d'après  les 
résultats  de  nos  expériences  de  l'été  1868,  que  des  pieds  de 
l'année,  obtenus  de  graines  semées  de  bonne  heure^  et  ensuite 
bien  exposés,  donneraient  d'excellents  résultats  dans  le  cours 
de  la  première  végétation. 

La  maison  Vilmorin  seule  en  possède  les  graines. 

Louis  Neumann. 


CULTURE  DES  MELONS  SUR  BUTTES. 

La  culture  du  Melon  est  une  des  spécialités^  comme  chacun 
sait,  des  maraîchers  de  Honneur,  qui  ne  connaissent  pas  les 
châssis,  et  ne  cultivent  que  sur  buttes. 

Pour  établir  ces  buttes,  ils  ouvrent  des  trous  dans  le  sol, 
de  15  à  20  centimètres  de  profondeur  sur  60  à  70  centimètres 
de  diamètre,  et  c'est  dans  chaque  trou  qu'ils  élèvent  un  cône 
de  fumier  bien  tassé,  qui  a  de  50  à  60  centimètres  de  hauteur. 

Ces  cônes  qui  naturellement  sont  tronqués  au  sommet,  sont 
recouverts  d'une  couche  de  terre  franche  épaisse  de  10  à 
15  centimètres  et  ensuite  d'une  couverture  de  fumier  de  8  à 
10  centimètres  qui  sert  à  conserver  la  fraîcheur  de  la  terre. 

A  la  partie  supérieure  du  cône  on  praiique  un  assez  large 


—  45  — 

poche t  qu'on  remplit  de  terre  franche  mélangée  de  terreau, 
et  on  y  sème  4  ou  5  graines  de  Melons,  ou  bien  deux  pieds 
de  la  plante  élevée  sur  couche.  Une  cloche  en  verre  ou  en 
papier  huilé  reposant  sur  des  arceaux , de  bois,  protège  cette 
plantation.  Quand  les  graines  sont  toutes  germées  et  que  les 
plants  sont  suffisamment  développés ,  on  arrache  les  plus 
faibles  pour  ne  conserver  que  le  plus  beau  ;  on  pratique  de 
même  pour  les  deux  plants  mis  ensemble  sur  la  môme  butte; 
c'estle  plus  faible  qui  est  sacrifié  au  plus  fort. 

Aussitôt  que  les  jeunes  sujets  ont  développé  de  4  à  5  feuilles 
on  les  pince  au-dessus  de  la  deuxième.  Un  second  pincement 
a  lieu  quand  les  rameaux  secondaires  ont  5  ou  6  feuilles  ;  les 
autres  pincements  se  font  à  coup  de  bêche  ;  c'est-à-dire  qu'on 
rogne  sans  attention  tout  ce  qui  dépasse  la  base  du  cône  et  qui 
s'étale  sur  le  sol. 

Les  maraîchers  de  Honfleur  arrosent  leurs  Melons  une  fois 
par  semaine  avec  de  l'engrais  liquide,  et  une  ou  deux  fois 
dans  l'intervalle  avec  l'eau  pure;  des  bassinages  légers  sont 
donnés  à  peu  près  journellement. 

La  culture  du  Melon  sur  buttes  est  très-avantageuse,  sur- 
tout dans  les  terrains  humides  qui  poussent  à  la  production 
foliaire.  Elle  favorise  la  formation  du  fruit  par  suite  du  ralen- 
tissement dans  la  marche  de  la  sève  qui  est  entravée  par  le 
renversement  des  tiges  ;  on  n'a  pas  à  craindre  l'évolution  con- 
sidérable des  rameaux,  qui  détermine  souvent  la  coulure  des 

fleurs.' 

L.  Gordier. 


LE  FRAISIER    ET    SA   CULTURE, 

MOYEN   D'EN    ORTENIR    DES    FRUITS    PENDANT    7    MOIS. 

La  Fraise  est  un  délicieux  fruit  qui,  en  outre,  à  l'avantage 
d'être  le  premier  fruit  de  la  saison  et  de  guérir  la  goutte,  — 


—  46  — 
je  ne  m'y  oppose  pas.  —  Aussi  le  Fraisier  est-il  cultivé  jusque 
dans  le  moindre  jardin  de  campagne. 

Malheureusement  les  grosses  Fraises  passent  très-vite  ; 
c'est  l'affaire  de  quelques  semaines.  Toutefois,  en  choisissant 
bien  une  demi-douzaine  de  variétés,  on  peut  s'offrir  des  Fraises 
depuis  le  commencement  d'avril  jusqu'aux  premières  gelées. 
Ces  variétés  peuvent  être  par  exemple  :  Fraises  des  Alpes  ou 
des  Quatre-Saisons  ;  Marguerite  ;  Princesse  royale  et  Keeris 
Seedling  j  Comte  de  Paris  et  Swûwktoné's  Seedling  ;  Queen 
Victoria,  Elton,  Myatfs-pro  lifte  et  Jucunda.  La  manière  de 
s'en  servir  est  des  plus  simples. 

Au  mois  de  février,  on  commence  à  forcer  le  Fraisier  des 
Quatre-Saisons  ;  chose  facile  quand  on  possède  des  bâches 
mobiles  et  du  fumier.  Donc,  étant  donnée  une  planche  de  ce 
Fraisier,  on  peut  dès  maintenant  y  déposer  les  coffres,  et  enle- 
ver la  terre  des  sentiers  de  manière  à  en  faire  des  tranchées  de 
50  centimètres  de  profondeur.  On  remplira  ces  tranchées  de 
bon  fumier  de  cheval  et  on  établira  ensuite,  tout  autour  des 
coffres,  un  réchaud  de  ce  même  fumier  qu'on  remaniera  et 
qu'on  changera  quand  il  aura  perdu  son  feu.  Les  Fraisiers,  — 
sous  la  douce  température  que  produit  cet  appareil  de  chauf- 
fage tout  primitif —  entreront  de  suite  en  végétation,  et  dès  le 
mois  d'avril,  ils  donneront  leurs  premiers  fruits  à  celui  qui 
aura  eu  soin  de  les  tenir  en  bon  état  de  propreté,  c'est-à-dire 
à  celui  qui  aura  simplement  retiré  les  feuilles  mortes.  Cette 
variété  continuera  de  lui.  donner  des  marques  de  sa  reconnais- 
sance jusqu'au  moment  où  les  Fraisiers  de  plein  air  viendront, 
vers  la  fin  de  mai,  ajouter  leurs  libéralités  aux  siennes.  Les 
premiers  qui  se  présenteront  seront  :  Marguerite,  Princesse 
royale  et  Keens  Seedling.  Pendant  douze  à   quinze  jours  ils 
ne  laisseront  pas  chômer  la  table. 

Après  eux  viendront  :  Comte  de  Paris,  Swainstone's  Seed- 
ling, et  aussitôt  que  ces  derniers  auront  épuisé  leur   trésor, 


—  47  — 
par  quinze  jours  d'offrandes  quotidiennes,  apparaîtront  Queen 
Victoria  et  Elton,  qui  prendront  l'engagement  de  garnir  les 
assiettes  à  dessert,  pendant  12  à  15  autres  jours,  de  belles 
Fraises,  qui  deviendront  bonnes  avec  beaucoup  de  sucre.  Enfin, 
Prolific  Mijatt  et  Jucunda,  s'offriront  à  prendre  leur  place 
et  à  l'occuper  eneose  quelque  temps.  Il  ne  faut  pas  refuser 
leurs  offres  ;  ce  sont  les  dernières  des  variétés  tardives. 

Aussitôt  l'apparition  des  premières  grosses  Fraises,  on  doit 
inviter  celles  des  Alpes  à  prendre  un  peu  de  repos.  A  cet  effet, 
on  débarrasse  de  coffres  et  de  réchauds  celles  qui  ont  été 
forcées  ;  on  comble  les  sentiers  ;  on  supprime  une  partie  des 
feuilles  ;  les  hampes  florales  sont  soigneusement  enlevées  ;  et, 
enfin,  pour  les  obliger  à  l'inaction  complète,  on  les  prive  d'ar- 
rosement.  Cet  état  peut  durer  pendant  les  trois  quarts  de  la 
durée  d'action  des  Fraisiers  non  remontants.  C'est  seulement 
quand  on  voit  apparaître  British  Queen  et  Prolific  Myatt  qu'on 
commence  à  mettre  cette  réserve  —  les  Fraises  des  Alpes  —  en 
activité,  en  terreautant  un  peu  le  sol  et  en  donnant  de  copieux 
arrosements.  Alors  on  peut  compter  sur  elles  jusqu'aux  pre- 
mières gelées;  le  froid  seul  les  fait  battre  en  retraite. 

Mais  pour  obtenir  ce  résultat  du  Fraisier  des  Alpes,  il  faut 
renouveler  la  plantation  tous  les  ans.  C'est  beaucoup  de  besogne 
sans  doute,  pour  un  jardinier  paresseux  ;  mais  je  ne  crois  pas 
que  la  paresse,  qui  gagne  à  peu  près  tons  les  corps  d'états — ne 
pas  confondre  avec  le  corps  de  l'État  —  ait  fait  invasion  dans 
les  jardins  ;  du  moins  je  n'ai  pas  encore  rencontré  un  seul  vrai 
jardinier  qui  soit  paresseux  !... 

Paresseux  ou  non,  le  jardinier  qui  veut  forcer  le  Fraisier  des 
quatre  saisons,  pour  en  obtenir  de  beaux  produits,  doit  renou- 
veler ses  plantes  tous  les  ans,  soit  à  l'aide  des  coulants,  soit 
par  le  semis;  et  il  doit  préférer  le  semis,  parce  que  le  Fraisier 
des  Alpes  dégénère  rapidement  lorsqu'on  le  propage  par  cou- 
lants ou  séparations  des  touffes. 


Le  semis  doit  être  fait,  ù  la  fin  de  juin,  avec  des  graines  pro- 
venant des  fruits  les  mieux  constitués  et  possédant  au  plus  haut 
degré  les  qualités  du  type.  On  sème  sur  une  terre  bien  ameu- 
blie à  l'exposition  la  plus  chaude  du  jardin;  puis  on  recouvre 
la  semence  de  2  à  trois  millimètres,  de  terreau  bien  tamisé,  et 
on  bassine  faiblement  deux  ou  trois  fois  par  jour,  afin  que  les 
graines  se  trouvent  toujours  dans  un  milieu  humide;  pour 
s'épargner  quelques  bassinages  on  peut  ombrer  le  semis;  mais 
il  faut  éviter  le  dessèchement  de  la  terre. 

En  entretenant  bien  l'humidité  du  sol,  la  germination  peut 
s'effectuer  en  quinze  jours;  deux  mois  après,  le  plant  peut 
être  repiqué  en  pépinière.  Jusqu'au  mois  d'octobre  on  supprime 
les  coulants  et  les  fleurs  qui  pourraient  se  développer  sur  les 
jeunes  plants  ;  et  vers  la  fin  de  ce  même  mois  on  met  le  plant 
en  place.  Pour  en  faciliter  la  reprise,  on  peut,  dès  ce  moment, 
poser  les  coffres  et  les  châssis  ;  mais  on  n'établira  les  réchauds 
qu'au  mois  de  février  pour  le  forçage. 

La  culture  en  pleine  terre  des  Fraisiers  à  gros  fruit  n'est  pas 
plus  difficile  ;  toutefois  pour  en  obtenir  de  bons  et  beaux  pro- 
duits, il  faut  y  apporter  quelques  soins. 

On  abandonne  trop  facilement  les  plants  de  Fraisiers  à  eux- 
mêmes  ;  aussi  arrive-t-il  qu'en  très-peu  d'années  les  plantations 
ne  produisent  plus  que  quelques  petites  Fraises  dégénérées, 
sans  goût  et  sans  arôme.  Les  personnes  mêmes  qui  soignent 
leurs  Fraisiers  se  laissent  aller  trop  souvent  au  courant  de  la 
routine,  et  sont  tout  étonnées  de  ne  pas  obtenir  toujours  les 
mêmes  résultats. 

Cet  insuccès  tient  surtout  à  l'absence  d'une  chose  à  laquelle 
on  ne  tient  pas  assez  compte  en  horticulture  :  à  V assolement. 
11  n'est  pas  rare,  en  effet,  de  voir,  dans  les  jardins,  la  même 
espèce  de  plante  occuper  toujours  la  même  place.  Or,  malgré 
les  engrais  qu'on  peut  ajouter  au  sol,  il  est  reconnu  qu'au 
bout  d'un  certain  nombre  d'années,  le  terrain  est  complètement 


—  49  - 

dépourvu  de  la  substance  qui  constitue  la  base  de  son  alimen- 
tation. Les  agriculteurs  le  savent  si  bien,  qu'ils  ne  sèment 
jamais  deux  années  de  suite  la  même  plante  sur  le  même  terrain, 
et  qu'ils  disposent  leurs  cultures  de  manière  à  ne  faire  revenir 
la  même  espèce  à  la  même  place  que  tous  les  trois,  quatre  ou 
cinq  ans.  C'est  ce  changement  annuel,  avec  retour  périodique 
de  la  même  plante  sur  le  même  terrain,  qui  constitue  ce  que 
les  agriculteurs  appellent  assolement,  -et  qui  est  à  peu  près  in- 
connue des  horticulteurs,  ou  du  moins  très-rarement  ap- 
pliqué. 

La  première  condition  pour  réussir  dans  une  culture  quel- 
conque, c'est  de  placer  la  plante  dans  un  sol  qui  lui  fournisse 
enabondancelabasede  son  alimentation,  et  cette  base,  comme 
on  sait,  n'est  pas  la  même  pour  toutes  les  plantes.  Telle  espèce, 
ia  Betterave,  par  exemple,  ne  peut  prospérer  que  dans  les  terres 
qui  contiennent  des  matières  azotées,  tandis  que  les  Pois,  les 
Haricots,  etc.,  n'éprouvent  aucunediminution  de  leurs  produits 
dans  les  terres  qui  ne  contiennent  pas  ces  matières  fertilisantes, 
pourvu  que  ces  plantes  y  trouvent  de  la  potasse,  base  de  leur 
alimentation;  les  Navets,  les  Carottes,  et  en  général  toutes  les 
plantes  à  racines,  ne  prennent  qu'un  faible  développement 
dans  un  sol  qui  ne  contient  pas,  ou  que  peu,  de  phosphate  de 
chaux,  etc.,  etc. 

Le  Fraisier,  lui,  donne  d'excellents  produits,  à  peu  près  dans 
tous  les  terrains  calcaires .  Toutes  les  variétés  ne  fournissent 
pas  cependant  un  égal  produit  dans  un  même  terrain;  les  unes 
réussissent  mieux  dans  les  terres  fortes,  d'autres  au  contraire  ne 
viennent  bien  que  dans  les  terres  légères  ;  mais  quelle  que  soit  la 
constitution  ph  ysique  du  sol,  il  faut,  pour  que  le  Fraisier  puisse  y 
prospérer,  qu'il  contienne  du  phosphate  de  chaux  et  des  ma- 
tières azotées,  comme  les  terres  à  blé  par  exemple.  Ceci  ne  suffit 
pas  encore.  Pour  obtenir  toujours  une  égale  production,  et  un 
égal  mérite  du  fruit,  il  taut  changer  de  place  les  plantations  de 

Février    1869.  4 


'  —  50  — 

Fraisiers  à  chaque  renouvellement  de  plants,  qui  doitavo.ir  lieu 
au  plus  tard  après  la  troisième  fructification.  En  général  la  pre- 
mière production,  après  la  plantation,  est  très-faible;  c'est  à  la 
seconde  année  que  le  Fraisier  est  en  plein  rapport  ;  quelquefois, 
dans  les  bons  terrains,  la  troisième  est  encore  bonne,  et  certai- 
nes variétés  parfois  encore  d'assez  bonnes  récoltes  pendant  la 
4*  et  la  5e;  mais  c'est  exceptionnellement.  Nous  le  répétons., 
lorsqu'on  tient  à  avoir  toujours  de  beaux  et  bons  fruits,  en 
suffisantes  quantités,  il  faut  que  les  plantations  de  Fraisiers 
soient  renouvelées  tous  les  trois  ans,  et,  chaque  fois,  il  faut 
les  changer  de  place  en  choisissant  l'exposition  jla  plus 
chaude,  par  conséquent  celle  du  midi. 

On  cultive  les  Fraisiers  en  bordures  et  en  carré.  Les  Frai- 
siers cultivés  en  bordure  réussissent  mieux  que  cultivés  en 
planches  ;  du  moins  nous  en  avons  toujours  obtenu  de  meil- 
leurs résultats. 

Dans  les  grands  jardins  on  peut  à  chaque  renouvellement 
de  plantation,  changer  l'emplacement  ;  les  petits  jardins 
n'offrent  pas  toujours  cette  facilité.  Dans  ce  cas  c'est  la  terre 
qu'il  faut  changer,  et  c'est  alors  que  la  culture  en  bordure 
est  avantageuse.  A  cet  effet,  après  l'arrachage  des  Fraisiers, 
on  ouvre  une  tranchée  de  la  largeur  de  la  bêche,  sur  l'empla- 
cement occupé  par  la  bordure  et  on  la  remplit  avec  de  la  terre 
prise  vers  le  milieu  de  la  planche,  dans  laquelle  n'ont  pas 
pénétré  les  racines  du  vieux  plant.  Les  nouveaux  Fraisiers 
qu'on  y  repique  trouvent  en  elle  une  sorte  de  terre  vierge, 
et  leurs  racines  y  puisent  l'agent  actif  de  la  fructification,  pen- 
dant leurs  trois  années,  d'occupation. 

Dans  la  culture  en  planches,  ce  subterfuge  n'est  guère  pos- 
sible. Il  faut  donc  trouver  un  nouvel  emplacement  et  préparer 
à  l'avance  le  terrain  par  une  bonne  fumure  et  un  bon  labour  ; 
car  ie  Fiaisier  n'aime  pas  le  contact  du  fumier  neuf;  ses  raci- 
nes prennent  facilement  le  blanc. 


—  5!   — 

Le  dressage  des  planches  varie  selon  la  nature  du  sol.  Dans 
les  terres  humides  et  froides,  on  doit  dresser  la  planche  en  dos 
d'âne;  à  plat  dans  les  terrains  légers,  et  même,  dans  les  sols 
sablonneux,  on  dans  les  provinces  méridionales,  il  est  très- 
important  que  la  surface  de  la  planche  soit  en  contre-bas  des 
sentiers,  pour  pouvoir  irriguer  ou  arroser  fortement  pendant 
les  grandes  chaleurs- 

Pour  chaque  planche  de  lm  30  de  largeur  on  trace  trois 
lignes  pour  les  espèces  à  gros  fruit  :  une  au  milieu,  et  les  deux 
autres  à  40  centimètres  ;  pour  les  Fraisiers  à  petits  fruits,  on 
plante  sur  4  rangs. 

L'époque  la  plus  convenable  pour  la  transplantation  du  Frai- 
sier, est  l'automne,  durant  le  mois  de  septembre  et  octobre. 
Au  mois  de  mars,  la  reprise  du  plant  est  tout  aussi  facile,  plus 
facile  peut-être,  mais  la  production  de  la  première  année  est 
tout-à-fait  nulle  pour  les  variétés  à  gros  fruits,  et  faible  poul- 
ies quatre  saisons;  en  plantant  à  l'automne  on  obtient  déjà 
quelques  beaux  fruits  au  printemps  suivant. 

La  transplantation  se  fait  avec  des  éclats,  mais  mieux  avec 
les  coulants  enracinés  ou  du  plant  de  semis  ;  ces  derniers  sont 
préférables  pour  les  Fraisiers  à  petits  fruils  ou  Quatre- 
Saisons  :  ils  sont  plantés  à  40  cent,  les  uns  des  autres  ;  et  les  va- 
riétés à  gros  fruits  à  50  centimètres.  On  paille  et  on  flionîïïe 
naturellement  après  la  plantation;  puis  on  attend  le  printemps 
pour  donner  des  sarclages  et  un  bon  binage  sur  lequel  on  répand 
une  couche  de  fumier  à  longues  pailles  pour  garantir  les  fruits 
du  contact  delà  terre,  qui  salit  toujours  plus  ou  moins  les 
Fraises.  Pendant  l'été  de  cette  première  végétation,  on  n'a 
qu'à  arroser  et  à  supprimer  les  coulants;  cette  dernière  opé- 
ration est  généralement  réservée  à  la  maîtresse  de  maison; 
c'est  pour  elle  une  douce  et  utile  occupation. 

Les  travaux  de  la  deuxième  année  consistent  à  nettoyer,  au 
printemps,  les  touffes  de  Fraisiers;  couper  les  feuilles  mortes 


—  52  — 

et  les  coulants  de  la  végétation  automnale  ;  puis  donner  un 
faible  labour,  en  ayant  la  précaution  de  ne  point  endommager 
les  racines;  ensuite  terreauter  et  pailler. 

Les  travaux  de  l'été  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  première 
année  :  sarclage,  arrosage,  et,  avant  tout,  suppression  des 
coulants,  opération  indispensable,  lorsqu'on  veut  obtenir  une 
troisième  récolte  l'année  suivante.  Quant  aux  arrosements, 
quoique  dise  certain  spécialiste,  nous  engageons  de  ne  point 
les  négliger  au  début  de  la  végétation,  jusqu'à  l'apparition  des 
premiers  fruits. 

La  dernière  année  de  production  exige  les  mômes  soins,  jus- 
qu'au moment  de  la  fructification.  Aussitôt  la  récolte  terminée, 
on  peut  laisser  les  coulants  se  développer  librement  ;  mais  vers 
le  mois  de  juillet  on  supprime  tous  les  coulants  mal  venus  ou 
chétifs  pour  ne  conserver  que  les  plus  beaux,  les  mieux  consti- 
tués. On  terreaute  et  arrose  pour  provoquer  l'émission  des  ra- 
cines à  chaque  rosette  de  feuilles;  au  bout  de  huit  jours  on 
peut  sevrer  les  coulants  qui  se  fortifient,  au  moyen  de  leurs 
propres  racines,  jusqu'au  moment  du  renouvellement  de  la 
plantation  du  mois  de  septembre,  ou  même  du  mois  de  mars 
suivant. 

Quelques  jardiniers  ont  l'habitude  de  supprimer  toutes  les 
feuilles  des  Fraisiers  aussitôt  après  la  récolte;  c'est  une  mau- 
vaise opération;  elle  a  pour  conséquence  une  seconde  végéta- 
tion, qui  produit  parfois  des  fruits,  à  l'automne,  c'est  vrai, 
—  c'est  ce  que  font  les  marchands  de  grosses  Fraises  dites  re- 
montantes —  mais  elle  détermine  surtout  l'allongement  delà 
souche  au-dessus  du  sol,  et  cet  allongement  nécessite  un  re- 
chaussement  de  chaque  touffe  au  printemps  suivant;  autrement 
les  souches  se  dessèchent,  durcissent,  et  la  production  estgra- 
vement  compromise. 

Le  rechaussement  que  pratiquent  les  jardiniers,  pour  prolon- 
ger pendant  4  ou  5  ans  leurs  plantations,  ne  produit  jamais  que 


—  53  — 

des  Fraises  médiocres  comme  beauté  et  qualité.  Les  nouvelles 
racines  que  font  naître  les  quelques  centimètres  de  terre  rap- 
portée ne  tardent  pas,  en  effet,  à  retrouver  l'ancien  sol  dans 
lequel  elles  ne  trouvent  plus  l'élément  actif  de  fertilisation  :  la 
végétation  alors  est  languissante,  la  production  chétive  ;  bientôt 
après  les  plantes  dégénèrent,  et  c'est  ainsi  que  d'anciens  bons 
Fraisiers  ne  donnent  plus  que  de  mauvaises  Fraises. 

Donc,  replantons  nos  Fraisiers  et  changeons-en  l'emplace- 
ment tous  les  ans  ou  tous  les  deux  ans  pour  les  Fraisiers  des 
Alpes,  et  tous  les  trois  ans  au  plus  tard  pour  les  Fraisiers  à 
gros  fruits;  nous  serons  assurés  d'avoir  toujours  de  belles  et 

d'excellentes  Fraises. 

F.  Herincq. 


GREFFE  DU  NOYER  A  FRUIT  COMESTIBLE  SUR  LE  NOYER 
D'AMÉRIQUE  (1). 

La  Société  impériale  et  centrale  d'agriculture  de  France  a 
eu  l'excellente  idée  d'encourager  la  plantation  du  Noyer  d'A- 
mfriqùe,  au  point  de  vue  de  l'emploi  de  son  bois  dans  les  arts 
et  l'industrie;  mais  en  recommandant  de  le  greffer  en  haute 
tige  avec  le  Noyer  d'Europe,  à  fruit  comestible  :  c'était  stimuler 
une  spéculation  heureuse,  puisqu'il  doit  en  résulter  un  arbre 
très-recherché  parles  industriels,  après  avoir  servi  à  l'alimen- 
tation par  son  fruit. 

Le  Noyer  ne  se  prêtant  pas  à  tous  les  modes  de  greffage, 
nous  avons  essayé  plusieurs  systèmes,  et  nous  avons  réussi  à 
réaliser  le  désir  de  la  Société  d'agriculture,  au  moyen  delà 
greffe  en  fente  sur  bifurcation  (le  Chêne,  la  Vigne,  etc.,  se 
soumettent  à  ce  procédé). 

Nous  opérons  au  printemps,  au  moment  du  réveil  de  la 
sève,  quand  les  bourgeons  du  Noyer  commencent  à  se  gonfler. 

(4)  Extr.,iJ»//.  Soc.  imp.  d'agr.  de  France. 


—  54  — 

Les  greffons  sont  des  rameaux  de  Tannée  précédente  con- 
servés vivaces,  en  les  enfouissant  dans  le  sable-gravier,  à 
l'ombre  ou  à  la  cave.  Le  sable  se  dessèche  moins  que  la  terre. 

On  évitera  d'assembler  deux  espèces  dont  l'époque  de  végé- 
tation soit  inégale.  En  tout  cas,  le  greffon  doit  être  de  race 
égale  ou  moins  précoce  en  végétation  que  le  sujet. 

Le  greffon  est  une  fraction  de  rameau  longue  de  0m  08  à 
0m  15  ;  on  le  taille  en  biseau  triangulaire,  comme  s'il  s'agissait 
d'une  greffe  en  fente  ordinaire  ;  puis  on  l'introduit  sur  le  sujet, 
en  fendant  ce  dernier  à  l'insertion  des  deux  branches  au  cœur 
d'une  bifurcation.  Ces  deux  branches  seront  écourtées  à  0m  25 
environ. 

Les  bourgeons  qui  s'y  développeront  seront  pinces  à  mesure 
que  les  yeux  de  la  greffe  pousseront.  En   conservant  leurs  ♦ 
premières  feuilles,  ils  attireront  la  sève,  sans  affamer  la  greffe. 

An  mois  d'août  suivant,  on  pourra  receper  les  deux  cornes 
du  sujet  au  ras  de  la  greffe;  la  cicatrisation  s'opérera  avant 
la  chute  des  feuilles. 

Lorsque  le  greffon  est  trop  chargé  de  moelle,  on  peut  en 
préparer  le  biseau  en  biais,  c'est-à-dire  que,  d'un  côté,  le  coup 
de  greffoir  tranche  diagonalement  la  moelle  en  biais,  tandis 
que,  de  l'autre  côté,  il  ne  fait  qu'aviver  l'écorce  jusqu'à  l'au- 
bier; alors  on  fendra  le  sujet  obliquement  et  non  verticale- 
ment. 

Un  greffon  muni  de  bois  de  deux  ans  à  la  base,  pour  le 
biseau,  n'est  pas  à  dédaigner .  S'il  n'est  composé  que  de  bois 
d'un  an,  on  tâchera  qu'il  soit  couronné  de  son  œil  terminal. 

Il  est  toujours  facile  d'obtenir  la  bifurcation  du  sujet  par  la 
taille  ou  le  pincement  de  la  flèche,  à  la  hauteur  fixée  pour  le 
greffage. 

Charles  Baltet. 


—  55  — 

CRAMBÉ  MARITIME  (ZEA  KALE  DES  ANGLAIS). 

D'où  vient  que  surtout  pour  les  plantes  potagères  on  ne 
puisse  parvenir  à  sortir  de  la  routine?  Combien  de  plantes  dont 
les  mérites  sont  incontestables  qui  cependant  ne  figurent  que 
dans  quelques  rares  jardins  d'amateur  au  lieu  d'être  répandues 
comme  elles  mériteraient  de  l'être  !  Nous  voulons  nous  occu- 
per aujourd'hui  d'une  plante  très-ancienne  déjà  recommandée 
à  plusieurs  reprises  sans  beaucoup  de  succès.  Serons-nous  plus 
heureux?  nous 'n'osons  l'espérer,  quoique  nous  puissions  citer 
des  faits  pris  chez  nous  et  des  exemples  nombreux  de  diffé- 
rentes méthodes  de  culture  employées  en  Angleterre  où  cette 
plante  est  vendue  tout  l'hiver  sur  les  marchés,  c'est-à-dire 
depuis  le  mois  de  décembre  jusqu'en  avril. 

Cette  plante,  c'est  le  Crambé  ou  Chou  marin  quel' on  trouve 
à  l'état  sauvage  dans  les  terrains  sableux  aux  environs  des 
bords  delà  mer,  et  qui  est  bien  connue  des  habitants  des  côtes, 
qui  au  printemps  vont  cueillir  les  jeunes  pousses  encore 
blanches,  c'est-à-dire  avant  qu'elles  ne  soient  complètement 
développées,  comme  dans  certains  endroits  on  va  à  la  re- 
cherche des  Morilles. 

Comme  toutes  les  plantes  fortement  herbacées  des  régions 
du  nord,  le  Crambé  aime  un  sol  riche  et  profond  où  il  végéta 
avec  une  vigueur  peu  commune. 

La  culture,  en  pleine  terre  est  des  plus  simples  ;  on  plante 
les  racines  à  40  cent,  les  unes  des  autres  par  rangs  espacés 
d'environ  50  cent.  Pour  faire  blanchir  ces  pousses  on  recouvre 
chaque  pied  d'une  butte  de  terre  légère,  terreau,  cendres  de 
charbon  ou  toute  autre  substance  terreuse  ;  puis,  lorsque  les 
feuilles  commencent  à  percer  la  surface,  on  les  coupe  avec 
précaution  le  plus  près  possible  de  la  racine  sans  l'endommager 
eton  continue  successivement  jusqu'à  ce  que  les  plantes  parais- 


-   56  - 

sent  épuisées.  On  étale  alors  les  buttes  de  terre  et  on  laisse 
pousser  les  feuilles  librement  pendant  tout  l'été,  en  ayant  soin 
de  ne  pas  les  laisser  fleurir  et  fructifier  ce  qui  épuise  beaucoup 
les  pieds.  Les  feuilles  tombent  complètement  à  l'automne,  et 
dans  le  courant  de  l'hiver  on  recommence  à  butter  comme 
l'année  précédente. 

Cette  méthode  est  la  plus  ancienne  et  ne  donne  ses  produits 
qu'assez  tard  en  saison  ;  mais  la  récolte  est  très-abondante, 
d'excellente  qualité  et  succède  aux  cultures  forcées.  Ou  em- 
ploie divers  procédés  pour  hâter  la  végétation  et  obtenir  cet 
excellent  légume  pendant  l'hiver. 

Dans  ce  but  on  se  sert  en  Angleterre  de  cloches  en  terre 
cuite  que  l'on  pose  sur  chaque  pied  de  Crambé  ;  on  remplit  les 
intervalles  des  cloches  et  jusque  par-dessus  avec  du  fumier 
en  fermentation  qui  échauffe  l'intérieur  des  cloches  et  fait 
développer  les  feuilles  des  Crambés.  Chacune  de  ces  cloches 
étant  munie  à  la  partie  supérieune  d'un  petit  couvercle,  il 
est  facile  de  visiter  les  plantes  et  de  récolter  les  feuilles 
blanches  à  mesure  qu'elles  sont  bonnes  à  être  consommées. 

Après  l'épuisement  des  pieds  on  enlève  cloche  et  fumier, 
on  laisse  les  plantes  végéter  librement  pendant  l'été,  pour  re- 
commencer l'automne  ou  l'hiver  suivant. 

De  larges  tuyaux  de  cheminée  en  terres,  recouverts  avec  une 
tuile,  peuvent,  à  défaut  de  cloches  anglaises,  remplir  le  même 
but. 

On  peut  encore  pour  forcer  sur  place  poser  sur  les  planches 
de  Crambés  des  coffres  recouverts  de  châssis  de  bois,  le  tout 
entouré  de  fumier  comme  on  le  fait  pour  chauffer  les  Asperges 
sur  place. 

Quel  que  soit  le  moyen  employé,  on  est  sûr  de  réussir; 
cette  plante  étant  loin  d'être  délicate,  il  lui  suffit  d'une  tem- 
pérature de  \  5  degrés  centigrades  pour  se  développer  avec 
toute  la  vigueur  dont  elle  est  capable.  Il  faut  avoir  soin  de  te- 


—  57  — 

nir  les  plantes  dans  l'obscurité  la  plus  complète  afin  de  faire 
blanchir  les  feuilles  qui  sans  cela  ne  seraient  pas  mangeables. 

Un  moyen  beaucoup  plus  simple  pour  forcer  le  Crambé 
consiste  à  arracher  les  racines  de  la  pleine  terre,  puis  à  les 
planter  les  unes  à  côté  des  autres  dans  un  endroit  obscur  et 
tempéré,  soit  en  mettant  plusieurs  racines  dans  de  grands 
pots  que  l'on  place  sous  le  gradin  d'une  serre,  par  exemple, 
en  ayant  soin,  par  surcroit  de  précaution,  de  les  recouvrir  avec 
des  pots  vides,  afin  que  la  lumière  ne  pénètre  pas  ,  car  nous 
le  répétons  encore,  les  feuilles  ne  sont  mangeables  qu'à  la 
condition  de  s'être  développées  dans  l'obscurité  la  plus 
complète . 

Nous  traduisons  d'un  journal  anglais  (1)  la  méthode  em- 
ployée dans  les  jardins  royaux  de  Frogmore  qui  sont  en  Angle- 
terre ce  que  le  potager  impérial  de  Versailles  est  chez  nous. 

«  Comment  sont  forcés  les  Crambés  dans  les  jardins  de 
»  Frogmore?  Très-simplement  et  en  très-grande  quantité. 
»  Derrière  une  serre  à  forcer,  adossée  à  un  muret  à  l'intérieur 
»  de  laquelle  passent  les  tuyaux  d'un  thermosiphon  se  trouve 
)>  un  petit  mur  d'un  mètre  de  hauteur  parallèle  à  celui  de  la 
»  serre,  laissant  entre  eux  un  espace  d'environ  un  mètre  de 
»  largeur.  Dans  cet  espace  on  place  environ  50  cent .  de  ter- 
»  reau  de  feuilles  ou  de  terre  légère,  dans  lequel  on  plante 
»  en  rangs  très-serrés  les  racines  de  Crambés  que  l'on  arrache 
3>  de  la  pleine  terre;  on  achève  de  remplir  avec  du  terreau, 
»  de  manière  à  ce  que  le  collet  des  racines  se  trouve  recou- 
ï>  vert  d'environ  15  cent.,  ce  qui  fait  que  le  tout  arrive  à  peu 
»  de  distance  du  sommet  du  petit  mur.  On  recouvre  le  tout 
»  avec  des  planches  légèrement  inclinées,  soutenues  d'un 
»  bout  par  des  supports  le  long  du  mur  de  la  serre,  et  venant 
»  s'appuyer  de  l'autre  sur  le  haut  du  petit  mur.  Les  planches 

(1)The  Field.  W.  Robinson. 


—  58  - 

ï>  sont  ensuite  recouvertes  de  30  cent,  de  fumier  chaud  dont 
»  on  garnit  également  la  partie  extérieure  du  mur,  de  ma- 
»  nière  à  concentrer  la  chaleur  et  à  empêcher  le  froid  de 
»  pénétrer.  La  chaleur  des  tuyaux  placés  à  l'intérieur  de  la 
î>  serre  jointe  à  celle  du  fumier  suffit  à  faire  pousser  le 
»  Crambé.  De  cette  manière  des  milliers  de  racines  sont 
»  forcées  avec  beaucoup  de  succès,  et  le  même  procédé,  en 
»  y  apportant  les  modifications  nécessaires  selon  l'emplace- 
»  ment,  est  praticable  dans  tous  les  jardins  où  l'on  possède 
»  des  serres  chaudes  ou  des  serres  à  forcer.  » 

Voulant  cette  année  essayer  la  culture  de  cette  plante,,  nous 
avons  fait  venir  des  racines  bonnes  à  forcer,  que  nous  avons 
placées  dans  différentes  situations.  Quelques-unes  ont  été 
plantées  dans  des  pots  qui  furent  rentrés  dans  une  serre  tem- 
pérée, c'est-à-dire  avec  10  à  15  degrés  de  chaleur;  au  bout 
d'un  mois  nous  avons  pu  commencer  à  couper  et  la  récolte 
parait  devoir  se  prolonger.  Plusieurs  potées  ainsi  que  des 
racines  ont  été  placées  dans  les  caves  où  on  force  à  Mon- 
treuil  la  Chicorée  sauvage  (barbe-de-capucin).  Après  vingt 
jours  nous  avons  pu  en  présenter  à  une  des  séances  de  la 
Société  impériale  et  centrale  d'horticulture. 

On  voit  que  ces  procédés,  qui  sontnouveaux  pour  nous,  sont 
plus  simples  et  plus  économiques  que  le  forçage  sur  place,  en 
ce  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  posséder  un  matériel  aussi  com- 
pliqué, puisque  l'on  peut  réunir  dans  un  petit  espace  une  plus 
grande  quantité  de  racines,  et  obtenir  sur  une  surface  égale  une 
récolte  plus  abondante. 

Lorsque  l'on  dispose  d'une  assez  grande  quantité  de  racines, 
on  peut  forcer  ainsi  plusieurs  saisons  se  succédant  depuis  dé- 
cembre jusqu'à  l'époque  à  laquelle  on  récolte  en  pleine  terre. 

Le  Crambé  est  un  légume  très-sain  et  très-agréable  qui,  de 
plus,  a  le  mérite  dej  venir  à  une  époque  où  les  autres  légumes 
sont  rares  et  peu  variés.  On  réunit  les  feuilles  de  Crambé  par 


—  59  — 

petites  bottes  que  l'on  cuit  à  l'eau  et  que  l'on  mangea  la  sauce 
blanche  ou  au  beurre  comme  les  Asperges  et  les  Choux-fleurs  ; 
elles  ont  à  peu  près  le  goût  et  la  saveur  de  ces  deux  légumes 
réunis. 

Il  est  à  souhaiter  que  tous  ces  avantages,  ainsi  que  les 
moyens  simples  de  cultures  que  nous  venons  d'indiquer,  exer- 
cent une  heureuse  influence  sur  la  culture  de  cette  plante  digne 
à  tous  égards  de  figurer  dans  tous  les  jardins  potagers;  mais 
la  routine  est  bien  puissante,  et  il  est  probable  qu'il  s'écoulera 
encore  bien  du  temps  avant  que  cette  plante  se  trouve  cou- 
ramment sur  les  marchés. 

N'en  est -il  pas  de  même  pour  toutes  les  bonnes  choses?  et  si 
je  ne  craignais  de  sortir  de  mon  sujet  et  d'abuser  de  l'espace 
qui  m'est  accordé  ici,  je  conterais  l'histoire  de  l'introduc- 
tion de  cette  plante  sur  les  marchés  de  Londres,  il  y  a  quel- 
ques jours,  par  un  M.  Curtis,  qui  pour  la  faire  adopter  fut  obligé 
d'agir  de  ruse.  Aujourd'hui  ce  légume  est  entré  dans  la  con- 
sommation générale  ;  on  le  trouve  chez  tous  les  marchands 
fruitiers,  et  il  est  coté  sur  les  marchés  de  Londres  comme  les 
Asperges  le  sont  ici. 

Quant  à  nous,  nous  attendons  encore  notre  M.  Curtis...  et  il 
suffirait  peut-être  d'un  cultivateur  intelligent  pour  que  le 
Crambé  obtînt  chez  nous  droit  de  cité  ;  mais  il  faut  1er  re- 
connaître, ce  sera  difficile.  A.  Pavard  (1). 


CERCLE   DES  CULTIVATEURS. 

Les  membres  du  Dîner  des  cultivateurs  et  plusieurs  agricul- 
teurs de  diverses  régions  de  la  France,  ont  pensé  qu'il  serait 
utile  de  fonder  à  Paris  un  Cercle  où  pourraient  se  réunir  tous 
ceux  qui  s'occupent  des  intérêts  agricoles  et  horticoles. 

Une  commission  a  été  nommée  pour  préparer  un  projet  d'or- 
ganisation, dont  voici  les  principales  dispositions  : 

I)  De  la  maison  Courtois- Gérard  et  Pavard. 


—  60  — 

Les  cultivateurs  et  horticulteurs  qui  désireront  faire  par- 
tie du  Cercle  devront  adresser  leur  demande  à  l'un  des  mem- 
bres delà  commission  (1). 

La  cotisation  annuelle  et  personnelle  sera  de  50  francs. 

Les  cultivateurs. qui  ne  viennent  qu'accidentellement  à  Pa- 
ris seront  admis  comme  visiteurs.  Ils  devront  être  présentés 
*par  un  membre  du  bureau  d'une  des  sociétés  d'agriculture  ou 
d'horticulture  de  leur  contrée.  Ils  recevront  une  carte  de  se- 
maine, moyennant  une  somme  de  2  francs. 

Les  étrangers  pourront  se  faire  admettre  à  titre  de  visiteurs, 
sur  la  présentation  de  deux  membres  du  Cercle. 

Dans  le  but  d'établir  de  bonnes  relations  avec  les  diverses 
sociétés  agricoles  et  horticoles  de  France,  deux  cartes  donnant 
droit  chacune  à  une  entrée  personnelle  seront  mises  à  la  dis  - 
position  de  ces  sociétés. 

Une  salle  spéciale  sera  affectée  à  une  exposition  permanente 
d'échantillons  des  produits  provenant  des  cultures  des  mem- 
bres titulaires.  Ces  derniers  auront  seuls  le  droit  d'exposer. 

Une  des  autres  salles  du  Cercle  sera  consacrée  à  la  lecture 
des  journaux  agricoles,  horticoles,  scientifiques,  commer- 
ciaux, industriels  et  politiques. 

Une  bibliothèque,  formée  d'ouvrages  utiles,  sera  mise  à  la 
disposition  des  membres  titulaires  et  des  visiteurs. 

Un  grand  nombre  de  cultivateurs,  dont  la  liste  ne  tardera 
pas  à  être  publiée,  ont  déjà  donné  leur  adhésion  verbale. 
Tout  donne  lieu  d'espérer  le  rapide  succès  d'une  institution 
qui  répond  aux  besoins  et  aux  intérêts  de  l'agriculture. 

On  peut  adresser  son  adhésion  à  M.  Donnaud,  éditeur  de 
Y  Horticulteur  français  et  de  Ylnsectologie  agricole,  9,  rue  Cas- 
sette. 


(!)  MM.  Chatel,   Hamet,  Hervé,    Lannau-Rolîand,  comte  Pelet  de  Lautrec, 
Vianne. 


—  61   — 

REVUE  DES  JOURNAUX   ÉTRANGERS. 

Plantes  nouvelles  ou  rares. 

Bégonia  rosœfl&rq  (Botanical  magazine,  pi.  5680).  Très-belle 
espèce  découverte  par  M.  J.  G.  Veitch  dans  les  Andes  du  Pérou, 
à  4000  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Voisine  du  B. 
Veitchii,  elle  est,  comme  elle,  dépourvue  de  tige  ;  ses  feuilles 
sont  toutes  radicales,  assez  petites,  réniformes-arrondies,  gau- 
frées, lisérées  de  rouge  sur  les  bords.  Les  hampes  très-nom- 
breuses, beaucoup  plus  hautes  que  les  feuilles,  portent  chacune 
trois  grandes  fleurs  roses.  Gomme  le  B.  Veitchii,  le  rosœflora 
est  de  simple  serre  tempérée. 

Bégonia  Çlarkii  (Bot.  mag.,  pi.  5675).  Cette  splendide  es- 
pèce originaire  des  Andes  de  Bolivie  et  du  Pérou,  est  pourvue 
de  tiges  dressées,  rougeâtres,  peu  rameuses,  garnies  de  feuilles 
en  cœur  oblique  un  peu  arrondi,  crénelées,  d'un  vert  sombre,  et 
pubescentes.  Les  pédoncules,  qui  naissent  à  l'aisselle  des  feuilles 
et  qui  sont  plus  longs  que  les  pétioles,  portent  chacun  deux 
lleurs  d'un  beau  rouge  rosé  brillant,  et  qui  ne  mesurent  pas 
moins  de  6  centimètres  de  diamètre. 

Bégonia  falcifolia  (Bot.  mag.,  pi.  5707).  Jolie  plante  décou- 
verte au  Pérou  par  M.  Pearce,  et  qui  rappelle  assez,  par  son 
port  et  son  feuillage,  le  B.  argyrostigma;  ses  tiges  hautes  de 
10  à  60  centim.  dressées,  peu  rameuses,  portent  des  feuilles 
en  fer  de  lance  arquée  en  faux,  échancrées  en  cœur  à  la  base 
et  graduellement  rétrécies  au  sommet,  inégalement  dentées, 
d'un  vert  foncé  et  ponctuées  de  blanc  en-dessus,  rouge  pourpre 
foncé  en-dessous.  Les  fleurs  roses  sont  réunies  par  6  à  10  au 
sommet  de  pédoncules  axillaires  plus  courts  que  les  feuilles. 
Cette  espèce  fleurit  abondamment  pendant  tout  l'hiver  :  depuis 
.décembre  jusqu'en  mai. 

Aristolochia  ringens  (Bot.  mag..  pi.  5700).  Cette  espèce  que 


—  62  — 

M.  Hooker  qualifie  de  Noble  plante,  est  connue  depuis  longtemps 
des  botanistes  ;  c'est  Vahl  qui  l'a  nommée  et  décrite  dans  son 
Symbolœ  Botanicœ  publié  de  1790  à  1794.  Les  jardins  d'An- 
gleterre l'ont  possédée  un  instant,  s'il  faut  en  croire  Loudon  et 
Sweet,  vers  1820;  mais  elle  a  disparu  presque  aussitôt,  et  ce 
n'est  que  dans  ces  derniers  temps  qu'elle  a  été  réintroduite 
vivante.  Elle  est  originaire  des  régions  tempérées  de  l'Amé- 
rique méridionale  ;  Humboldt  et  Bonpland  l'ont  rencon- 
trée dans  le  district  de  Caracas,  entre  15  et  1800  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer  :  M.  Triana  l'a  trouvée  dans  la 
Nouvelle-Grenade  et  M.  Linden  dans  le  Venezuela.  C'est , 
quoi  qu'on  dise,  une  plante  de  serre  chaude,  volubile,  et  très- 
envahissante.  Ses  feuilles  sont  orbiculaires  profondément 
échancrées  en  cœur.  Les  fleurs  longuement  pédicellées  sont 
très-grandes  (20  centimètres  environ  de  longueur)  d'un  jaune 
pâle  avec  un  réseau  de  couleur  brun-sombre. 

Strophanthus  capensis  (Bot.  mag.,  pi.  5713).  Bel  arbrisseau 
grimpant  appartenant  à  la  famille  de  la  Pervenche  (Apocynées), 
et  qui  est  originaire  du  cap  de  Bonne-Espérance,  où  il  croît 
dans  la  forêt  du  Mont  Kaga,  à  une  altitude  de  16  à  1 700  mètres. 
Il  fleurit  très-jeune  :  ses  feuilles  sont  verticillées  par  trois , 
oblongues  entières  ;  ses  fleurs  disposées  par  4  à  6  en  sortes  de 
cymes  terminales,  ont  une  corolle  en  cloche  à  o  lobes,  d'un 
jaune  brillant  avec  une  macule  jaune  orange  foncé  à  la  base 
de  chaque  lobe. 

Aerides  Lobbîi  (Illustr.  hort.  1868,  pi.  559).  (Orchidées). 
Une  des  plus  belles  espèces  du  genre,  à  longues  grappes  de  jolies 
et  coquettes  petites  fleurs  très-nombreuses  et  très-serrées,  d'un 
blanc  faiblement  teinté  de  rose  tendre,  lavé  de  violet,  et  ponc- 
tuées de  même  couleur.  Cet  Aerides  a  été  découvert  dans  le 
Moulmein  par  Lobbe,  voyageur  de  l'établissement  Veitch  ;  il  se 
trouve  dans  le  commerce  depuis  quelques  années. 

Camellia  Caterina  Rossi  (111.  hort.,  pi.  561).  Les  fleurs  de 


—  63  — 

cette  variété,  d'une  forme  imbriquée  parfaite,  sont  d'un  joli  rose 
tendre,  avec  des  myriades  de  slrioles  pourpres,  comme  dit 
M.  Lemaire,  d'une  ténuité  extrême  à  peine  interrompues  entre 
elles,  et  rarement  par  d'autres  un  peu  plus  grandes,  d'une 
teinte  plus  prononcée. 

PœoniaEmodi  (Bot.  mag.,  5719).  Cette  espèce  de  Pivoine 
est  très -commune  dans  les  régions  tempérées  du  Kamaon,  au 
Cachemire  et  ressemble  assez  au  P.  albiflora  duquel  elle  ne 
différerait  que  par  l'ovaire  solitaire.  Elle  a  fleuri  parfaitement  en 
plein  air,  l'année  dernière,  dans  les  jardins  de  Glasnevin.  Ses 
fleurs,  disposées  plusieurs  sur  la  môme  tige,  sont  d'un  blanc 
pur,  composées  chacune  d'une  douzaine  de  pétales  très-larges, 
en  forme  de  cuillère. 

0.  Lescuyer. 

CATALOGUES  D'HORTICULTURE  POUR  1869. 

Milliard  fils  (dit  la  Graine),  à  Fontenay-aux- Roses  (Seine).  Nouveautés 
d'arbrisseaux  obtenus  dans  l'établissement. 

Dcsfosse-Thuillier,  à  Orléans.  Catalogue  n°    20.   des  arbres    fruitiers   et 

d'ornement,  d'arbrisseaux  et  arbres  résineux. 
4.a<i<lMi-Diil)<>iH.     à   l'Hormois   près    Brissac  (Maine-et-Loire).    Catalogue, 
prix  courant  des  plantes  deserres  froide  et  tempérée. 

<;i <><•<! <-.  44,  faubourg  St-Louis,  à  Beauvais  (Oise).  Spécialité  de  Fraisiers. — 
Catalogue  raisonné  avec  figures,  des  meilleures  variétés  à  cultiver. 

Haage  vi  Schmint,  à  Erfurt  (Prusse'.  Catalogue  général  des  plantes  et 
graines,  et  catalogue  spécial  des  nouveautés  pour  4 S69. 

llavard  et  C%  -M,  rue  Auber,  Paris.  Catalogue  des  graines  de  fleurs,  d'arbres 
et  d'arbustes.  • 

Lemoine,  à  Nancy.  Catalogue  et  prix  courant  des  graines  de  fleurs  et  nou- 
veautés. 

Remilatler,  à  Nancy.  Plantes  nouvelles  de  semis  obtenues  dans  l'établis- 
sement. 

Vilmorin  et  Ce,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris.  Supplément  aux  catalo- 
gues ou  listes  des  graines  et  plantes  qui  paraissent  pour  la  première  fois  sur 
les  catalogues  de  cet  établissement. 


~-  64  — 


ivaoK 


Jardin  d'agrément .  .On  peut  commencer  à  la  fin  du  mois  les  semis  de  gazons 
et  de  plantes  annuelles  de  pleine  terre  qui  ne  supportent  pas  le  repiquage,  telles 
que  giroflée  de  Mahon,  pavot,  coquelicot,  adonis,  coreopsis,  nigelles,  pieds  d'a- 
louette, réséda,  nemophila,  clarkia,  gilia,  etc.  On  plante  en  motte  les  plantes 
vivaces  et  bisannuelles  qui  n'auraient  pu  l'être  à  l'automne,  telles  que  campa- 
nules, digitales,  coquelourdes,  œillet  de  poëte,  etc.  Les  bordures  de  pâquerettes, 
mignardises,  etc.,  peuvent  être  aussi  replantées,  si  les  gelées  ne  sont  pas  trop 
fortes.  C'est  encore  le  moment  de  semer  sur  couche  les  quarantaines,  giroflée, 
amarante,  cobéa,  verveine,  sensitive,  pétunia,  pervenche,  rose,  etc.  On  doit 
tailler  ou  éplucher  les  arbustes,  et  avancer  le  plus  possible  les  labours. 

Jardin  fruitier.  On  continue  activement  les  labours,  les  plantations  et  la 
taille.  Mais  le  groseillier  noir  ou  cassis  ne  doit  être  taillé  qu'au  moment  où  les 
feuilles  commencent  à  se  développer  ;  il  en  est  de  même  des  framboisiers.  On 
peut  commencer,  si  le  temps  le  permet,  de  mettre  la  main  aux  fraisiers  qui  ont 
dû  être  fumés  avant  l'hiver  ;  on  émiette  le  fumier,  on  débarrasse  le  cœur  des 
plantes,  et  si  le  terrain  est  préparé,  on  peut  planter  du  nouveau  plant.  Enfin, 
s'il  y  a  des  punaises  sur  le  bois  des  pêchers,  il  faut  les  détruire,  en  brossant,  par 
un  beau  temps,  toutes  les  branches  qui  en  sont  garnies. 

Potager.  On  sème  en  pleine  terre  l'oignon,  les  pois  hâtifs,  tels  que  michaux, 
nain  de  Hollande,  prince  Albert,  d'Auvergne,  des  lentilles,  des  fèves  de  ma- 
rais, etc.  Dans  laseconde  quinzaine,  ce  sont  :  salsifis,  scorsonères,  poireau,  panais, 
carotte,  épinards,  cerfeuil,  persil,  pimprenelle,  cresson  alénois,  chicorée  sauvage, 
et  des  petites  laitues  de  printemps  dans  les  planches  d'oignon.  Ces  différentes 
salades  et  fournitures  doivent  être  semées  très-serrées,  sans  quoi  les  feuilles 
deviennent  très-dures;  la  chicorée  surtout  est  très-amère.  On  repique  de  la 
romaine  verte,  oignons,  choux-pommés,  choux-fleurs,  oseille.  Vers  la  fin  du 
mois,  on  peut  semer  choux-fleurs,  gros  choux  cabus  de  Saint-Denis,  de  Milan  ; 
pomme  de  terre  Marjolin,  comice  d'Amiens,  etc. 

Les  couches  et  châssis  reçoivent  de  nouveaux  semis  de  pois,  haricots,  fèves, 
concombres,  melons,  choux  rouge,  choux-fleurs,  aubergine,  piment,  radis  roses» 
raves,  céleri.  Ou  y  repique  les  cucurbitacées  semées  le  mois  précédent,  ainsi 
que  des  laitues  pommées  et  des  romaines.  On  continue  le  forçage  des  asperges 
et  des  fraisiers. 

Serres.  Maintenir  une  chaleur  suffisante  pour  entretenir  la  vie  des  plantes, 
mais  pas  assez  élevée  pour  provoquer  la  végétation .  Donner  de  l'air  toutes  les 
fois  que  la  température  extérieure  le  permettra,  et  arroser  avec  modération  les 
plantes  qui  sont  encore  dans  leur  période  de  repos. 


"Paris. — '  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaud,  rue  Cassette    (J. 


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L'INSEGTOLOGIE  AGRICOLE 

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TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DEGATS 

ET    DES    MOYENS    PRATIQUES    DE     LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ   PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  GUEZOU-DUVAL,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

J.  VALSERRES,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  L.  DE  VAUGELAS,  MAGDALA,  PELLICOT,   DELAPJERRE, 

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JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

H    CULTURE    RAISO.NNÉE,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 
NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TESBE,    DES  FRUITS  ET  DES  LÉGUMES.  LA   DESCRIPTION 
ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAOX, 

l'LBl.JK    AVKC    LE    CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS    LA     DIRECTION    DE 

M.  F.  HERTNCQ, 

RÉDACTEUR    EN    CHEF. 

ATTACHÉ     AU      Mlbll  M      n'ulSTOIRE     NATURELLE     Ut     PARIS, 

Col lalm râleur    (lu     Slanael     Jet     Plante,    des     ligures    du   Sun     Janilnle,, 

Ex-Rédacteur    principal  de  la    Société  S  horticulture  Je   la    Seine  , 

Membre    honoraire   ei   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,   etc. 


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par  an. 


Toutes  les  demandes  d'abonnement  de vront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  I  aris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNADO,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Pans,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


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LIBRAIRIE  DE  E,   DONNÀUD,   EDITEUR 

RUE  CASSETTE.  9. 
I  800 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalouues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette^, et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  te  nom  des  catalogues  parus  dtm  le 
viois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


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Rue  de  la  Cassonnerie,  S,  k  Paris. 


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Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transférée 
pour  cause  d'expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de  la 
Cossonnerie,  3. 


Le  Catalogue  général  de  Gra 
potagères,  fourragères,  écono 
ques,  d'arbres  et  de  graines 
fleurs,  est  envoyé  franco  à  te 
personne  qui  nous  en  fait  la 
mande.  Maison  Paul  TOLLA 
fondée  en  4796,  négociant 
graines,  20,  quai  de  la  Mégi 
rie,  Paris. 


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que  Voxidation  recouvre  complètement  l'écriture  ;  pour  la  taire  reparaître  il  suffit  de  passer  dessus  son 
mouillé. 


SOMMAIRE  0£S  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique—  F'.  Hérincq,  dissertation  sur  ta  végétation  :  La  circulation 
et  le  savant  doublé  du  philosophe.  —  0.  I.esci  yer  Hibiscus  mutafoills  (PI.  III).  — 
0.  Lïscdyer,  Revue  des  Journaux  ëlranscrg.  —  Remy  (Adolphe),  De  la  Taille  du 

Rosier.  —  Ccgniére,  Conduite  des  jeunes  arbres  fruitiers  sans  taille  des  branches  de 
prolongement.—  Loareu,  du  Climat  de  l'Himalaya.—  X...  Petites  nouvelle.;. —  Expositions 
et   Catalogues  d'Horticulture  pour  1889.  —  Travaux  des  mois  de  mars  et  avril. 


CHRONIQUE 

Les  doctrines  de  Darwin  :  ses  conséquences  ;  hommes  créateurs  ;  perfection- 
nement de  plantes  sauvages.  Extinction  par  vieillesse  des  arbres  fruitiers; 
théorie  de  la  solidarité  de  la  matière;  le  nez  du  notaire  et  M.  Bouiteville; 
Les  sophistes  ou  les  savants  doublés  de  fausse  philosophie;  Une  fable.  Les 
Camellia  de  M.  le  comte  de  Gomër. 

Nous  commençons  à  récolter  les  fruits  implantés  clans  le  do- 
maine de  la  science,  par  cette  singulière  école  philosophique 
qui  n'accorde  qu'une  seule  base,  qu'un  seul  point  de  départ 
pour  tous  les  êtres  vivants.  Triste  doctrine,  qui  précipitera  les 
sciences  naturelles  dans  le  chaos,  cette  antichambre  du  néant, 
et  qui  amènera  inévitablement  la  décomposition  sociale. 

Les  doctrines  darwiniennes,  reposant  sur  l'intelligence  de  la 
matière,  conduisent,  en  effet,  tout  simplement  à  éliminer 
Dieu,  comme  étant  un  être  irrationnel,  et  à  faire  de  l'homme, 
tout  naturellement,  l'être  tout-puissant.  On  a  inventé  les 
peuples-rois  ;  Darwin  a  imaginé  mieux  :  il  a  fait  les  hommes- 
dieu!  Le  cœur  humain  lui  est  bien  connu. 

C'est,  en  effet,  en  flattant  ainsi  bassement  notre  misérable 
vanité  qu'on  trouve  des  apôtres  pour  faire  admirer  la  pro- 
fondeur du  génie  du  maître,  et  des  thuriféraires  pour  chanter 
des  sublimes  cantiques  en  l'honneur  du  principe  nouveau. 

Aujourd'hui,  les  idées- darwiniennes  ne  constituent  pas  seu- 
lement un  fait  scientifique;  elles  ont  franchi  les  barrières  de  la 
science  et  se  sont  répandues  dans  le  domaine  delà  vie  civile  : 
Mars    1869.  5 


— •  66  — 

c'est  un  fait  social.  Quiconque  actuellement  ne  proclame  pas 
hautement  les  principes  de  la  transformation  successive  des 
êtres,  est  traité,  en  effet,  coaime  un  ennemi  de  tout  progrès, 
de  toutes  libertés.  C'est  assez  triste. 

Il  faut  du  courage,  il  est  vrai,  pour  résister  à  l'entraînement 
de  ces  idées  nouvelles,  si  bien  faites  pour  porter  à  l'excès  l'or- 
gueil du  genre  humain.  «  Dieu  n'est  pas,  dit  le  prophète  de  la 
nouvelle  Église ,  l'homme  est  tout,  et  peut  tout  !  »  Comment  ne 
pas  se  laisser  aller,  après  cela,  à  cette  douce  illusion  :  qu'on  est 
véritablement  un  petit  Bon  Dieu  ?  Ceux  qui  n'ont  jamais  pu 
perfectionner  le  moindre  Pissenlit  sauvage  s'inclinent  et  ac- 
ceptent respectueusement  la  belle  position  qu'on  veut  bien  leur 
faire;  quant  aux  autres,  ceux  qui  ont  fait  venir  une  grosse 
Carotte  d'une  petite,  ou  un  gros  Navet  d'un  petit  lilet  de 
racine  de  Radis  sauvage,  ceux-là  sont  tellement  éblouis,  gri- 
sés par  cette  apparence  de  création,  qu'ils  regardent  dédaigneu- 
sement le  grand  initiateur,  et  ne  le  trouvent  même  plus  digne  de 
déboutonner  les  boutons  de  leurs  guêtres.  Et  c'est  sérieux  ce 
que  je  dis  là,  malheureusement  pour  ces  hommes  et  pour  la 
science.  Mais  la  question  est  trop  grave  pour  pouvoir  être  trai- 
tée dans  une  chronique  légère;  elle  sera  l'objet  d'un  tra- 
vail spécial,  dans  lequel  nous  dévoilerons  les  procédés  sim- 
ples et  faciles  à  l'aide  desquelles  partisans  delà  théorie  de 
la  transformation  des  êtres  parviennent  à  modifier  les  types 
sauvages  et  à  se  poser  ainsi  en  créateurs. 

Cette  question  touche  à  des  intérêts  trop  grands  pour  que 
nous  laissions  l'opinion  s'égarer  plus  longtemps  dans  ce  laby- 
rinthe d'erreurs  expérimentales,  d'où  sont  sortis  la  Carotte  et 
le  Radis  sauvages  perfectionnés,  sur  lesquels  on  vient  d'attirer 
à  nouveau  l'attention  du  monde  agricole  et  horticole.  Nous 
aurons  le  courage  de  supporter  de  nouvelles  inimitiés  ;  caries 
petits  bons  dieux  de  l'église  Darwinienne  ne  pardonnent  pas  à 
ceux  qui  ne  croient  pas  en  eux. 


—  67  — 

En  attendant,  passons  à  la  théorie  de  l'extinction  par  la  vieil- 
lesse des  arbres  à  fruits;  c'est  du  même  sac  philosophique. 

Il  existe  de  par  le  monde  horticole  des  docteurs  doublés  du 
philosophe,  qui  professent  la  singulière  doctrine  de  la  solida- 
rité de  toutes  les  parties  d'un  être  organisé,  même  lorsque  cet 
être  est  un  arbre  et  que  ces  parties  sont  séparées,  détachées  de 
l'arbre-mère,  pour  former,  par  la  greffe,  de  nouveaux  individus. 
Tous  les  sujets  provenant  de  la  même  souche,  disent  ces  doc- 
teurs, vivent  de  la  même  vie,  et  meurent  tous  ensemble,  h:  jour 
même  que  meurt  leur  maman  !  C'est  encore  une  des  sublimi- 
tés de  cette  philosophie  de  rencontre,  qui  ne  supportent  pas 
l'examen  sérieux  de  la  science,  mais  qui  malheureusement  font 
le  bonheur  des  masses,  même  intelligentes. 

J'aime  la  philosophie,  mais  non  cette  philosophie- là  qui  est 
tout  simplement  du  roman  scientifique,  roman  de  la  pire  es- 
pèce, car  il  ne  fait  qu'exalter  les  imaginations,  et  ne  sert  qu'à 
corrompre  la  raison  humaine. 

Edmond  About,  qui  s'entend  un  peu  mieux  en  roman 
qu'en  histoire  naturelle,  a,  très-spirituellement  exploité  cette 
idée  de  solidarité  de  la  matière,  dans  un  roman  intitulé,, 
le  Nez  du  notaire.  — C'est  un  brave  officier  ministériel  qui  a  eu 
le  malheur  de  perdre  sa  saillie  nasale.  La  science  lui  propose 
de  lui  en  confectionner  un  autre  avec  la  partie  charnue  d'un 
autre  individu.  Il  accepte,  et  une  fier  enfant  de  l'Auvergne 
veut  bien  en  fournir  les  matériaux.  L'opération  a  lieu.  Le  no- 
taire a  un  nouveau  nez,  qui,  ma  foi,  lui  va  très-bien  ;  mais  le 
pauvre  homme  a  compté  sans  lafameuse  solidarité  de  la  matière  : 
il  est  enchaîné  au  compatriote  de  M.  de  Morny,  par  cette  autre 
sublimité  philosophique  :  les  atomes  crochus  ;  par  leur  inter- 
médiaire il  ne  peut  échapper  à  aucune  des  fluctuations  de  la 
vie  ducessionnaire.  Quand  l'Auvergnat  se  gratte  à  la  place  des 
matériaux  concédés,  le  notaire  éprouve  aussitôt  une  affreuse 
démangeaison  au  nez;  si  l'enfant  de  la  montagne  oublie  sa 


—  68  — 

raison  au  fond  d'un  verre,  le  pauvre  officier  de  l'état  civil  voit 
aussitôt  son  nez  prendre  la  belle  teinte  rouge  de  la  Carotte 
améliorée  de  M.  Vilmorin.  Chaque  jour  est  ainsi  marqué  par 
de  nouvelles  vicissitudes.  Enfin  un  beau  matin,  le  notaire  veut, 
en  s'éveillant,  se  livrer  à  l'exercice  du  mouchoir;  mais  il 
cherche  en  vain  sa  protubérance  faciale  !...  C'est  que,  pen- 
dant la  nuit,  l'habitant  du  Puy-de-Dôme  avait  cessé  de  vivre, 
et  tout  ce  qui  était  à  lui,  subissant  l'implacable  loi  de  la  so- 
lidarité, avait  cessé  de  vivre  aussi .  Le  nez  du  notaire  reposait 
mollement  sur  l'oreiller  !... 

Voilà  la  philosophie  que  M.  Boutteville,  vice-président  de 
Ja  Société  d'Horticulture  de  Rouen,  veut  rééditer  en  faveur  de 
l'extinction  des  arbres  fruitiers,  par  vieillesse,  et  qu'il  défend 
avec  une  virulence  qui,  vraiment,  n'a  guère  sa  raison  d'être  ; 
car  les  savants  qui  ont  pu  combattre  cette  doctrine  ont  droit 
à. des  égards. 

L'honorable  M.  Duchartre,  de  l'Institut,  vivement  attaqué 
par  lui,  a  cru  devoir  répondre  à  ses  paroles  insensées;  nous 
sommes  heureux  de  lui  pouvoir  prêter  ici  l'appui  moral  de  la  re- 
production,  en  mettant  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs  la  savante 
réfutation  des  principes  de  M.  Boutteville  qu'il  vient  de  publier 
dans  le  Journal  de  la  Société  d'Horticulture  de  Paris  (1),  et  nous 
lui  viendrons  en  aide,  au  besoin,  pour  combattre  une  philoso- 
phie aussi  funeste  ;  car  s'il  existe  une  solidarité  quelque  part, 
c'est  assurément  entre  tous  les  hommes  qui  se  vouent  à  la 
défense  des  vérités  scientifiques.  Il  est  temps  enfin  qu'on 
endigue  tous  ces  sophismes,  héritage  d'un  autre  âge,  contre 
lequel  s'élèvent  chaque  jour,  cependant,  tous  nos  modernes 
philosophes. 

M.  le  D'Laguesse,  directeur  du  jardin  des  plantes  de  Dijon, 


(1)  La  longueur  de  l'article  de  M.  Duchartre  ne  nous  permet  pas  de  le  re- 
produire dans  ce  numéro;  il  paraîtra  dans  le  prochain. 


—  69   — 

ne  s'indigne-t-il  pas,  lui  aussi,  dans  le  dernier  bulletin  de  la 
Société  d'Horticulture  de  la  Côte-d'Or,  de  ce  que  nous  ne 
nageons  pas  dans  les  eaux  philosophiques  de  la  solidarité?  La 
bise  souffle  de  tout  côté,  comme  on  voit,  à  la  philosophie  ; 
mais  quelle  philosophie  !  0  Descartes,  voile-toi  bien  ! 

Comme  nous  consacrons,  plus  loin,  un  article  spécial  en 
réponse  à  M.  le  docteur  Laguesse ,  qui  nous  reproche  de 
ne  point  vouloir  «  que  le  savant  se  doublât  du  philosophe  » 
pour  faire  circuler  la  sève  des  plantes,  comme  circule  le  sang 
des  animaux,  nous  (inirons  philosophiquement  par  une  petite 
fable,  que  nous  écrirons  en  prose  cadencée  pour  plus  de 
facilité  et  de  rapidité  d'exécution;  car  je  suis  en  froid  avec 
les  vers,  depuis,  surtout,  qu'on  m'en  a  fait  manger  des 
blancs!...  Donc  : 

«  Un  bon  bourgeois,  par  testament,  avait  établi  indûment, 
que  sa  maison  était  chauffée  de  la  cave  jusqu'au  grenier,  par 
son  appartement  du  quatrième  étage.  Un  excellent  calorifère 
puisant  de  l'air  froid  dans  la  terre,  l'attirait  dedans  le  foyer  ; 
et  là,  devenu  chaud,  léger,  il  allait  cheminant  de  haut  en  bas, 
par  toute  la  maison,  porter  la  chaleur  et  la  vie  chez  tous  les 
gens  de  son  logis. 

L'héritier  ayant  cru  son  oncle  sur  parole,  répéta,  sans 
rougir,  la  même  faribole  ;  et  quiconque,  chez  lui,  d'avoir 
froid  se  plaignait,  notre  homme  courroucé  au  plaignant  ré- 
pliquait :  «  N'ètes-vous  pas  chauffé  par  mon  calorifère  ?  » 
Et  chacun  frissonnant,  aussitôt  de  se  taire. 

Mais  un  jour  cependant,  l'homme  del'entre-sol  va  le  trouver 
et  dit  : 

—  Vraiment,  mon  cher  monsieur,  vous  me  la  baillez  belle! 
J'ai  froid,  montrez  donc  la  fameuse  chandelle  qui  me  doit  tant 
chauffer  ! 

è —  La  voici, mon  ami;  c'est  mon  calorifère.  Ici  est  le  foyer 
d'où  part  le  calorique  qui  va  se  purifiant  dans  ce  tuyau  de 


—  70   — 

brique  jusqu'au  plus  haut  faîte  du  toit,  pour  descendre  après 
coup  chez  toi. 

—  Qu'il  monte,  je  le  veux,  repart  le  locataire  ;  mais  par  où 
et  comment,  pour  redescendre  à  terre,  peut-il  donc  bien  s'y 
prendre  ;  je  ne  vois  pas  d'issu,  et  les  lois  de  par  :  il  monte, 
l'empêchent  de  descendre  chez  moi. 

—  Mais  non!  cher  locataire  ;  comprenez  bien  ceci  :  de  mon 
foyer  quand  il  parvient  au  faîte,  il  redescend  chez  vous  et 
sans  difficulté. 

—  Mais  par  où?  montrez-m'en  le  conduit. 

—  Ne  l'ayant  jamais  vu,  dit  le  propriétaire,  je  ne  puis. 

—  Alors  faudrait-il  donc  en  aveugle  vous  croire? 

—  Pourquoi  non  ?  Suis-je  donc,  à  vos  yeux  de  si  mau- 
vaise foi  ? 

—  Je  ne  le  dis  point  ;  mais.. , 

—  Mais...  Vous  doutez  ! 

—  Le  doute  est  bien  permis!  Montrez- moi  seulement  le 
conduit  qui  de  votre  foyer  descend  en  ma  demeure,  je  ne  con- 
teste plus  et  j'admire  sur  l'heure,  de  votre  bon  aïeul,  le  chauf- 
fage merveilleux  ! 

—  Je  ne  puis,  je  l'ai  dit. 

—  C'est  qu'il  n'existe  pas. 

—  Si  fait. 

—  Nenni. 

—  Si  fait. 

—  Nenni. 

Et  depuis,  les  deux  ennemis  de  répéter  :  Si  fait!  Nenni! 
Aucun  n'en  veut  démordre. 

N'est-ce  pas  l'histoire  de  la  science  et  des  fausses  théories?  » 
Qu'en  pense  M.  Laguesse. 

F.  Herincq. 

P.   S.  J'arrive  de  Courcelles,  et  c'est  au  débotté  que  je 


—  71   — 

transcris  mes  impressions  de  voyage ,  non  par  crainte  de  les 
voir  trop  vite  s'effacer ,  mais  bien  pour  en  prolonger  la  douce 
et  agréable  durée. 

Courcelles  est  un  petit  hameau  situé  au  fond  de  la  Picardie, 
et  où  se  sont  réfugiés  les  Camellia,  depuis  que  les  Parisiens 
les  ont  expulsés  de  leur  brillante  citée,  sans  qu'on  ait  jamais 
pu  savoir  pourquoi. 

Que  sont-elles  devenues  ces  riches  collections  de  Roses  du> 
Japon,  des  Paillet,  des  Courtois,  des  Guérin-Modeste,  des 
Lemichez  et  de  tant  d'autres?  La  mode,  aussi  ridicule  que 
capricieuse,  les  a  tout  à  coup  anéanties  pour  ériger,  sur  leurs 
brillantes  dépouilles,  des  affreuses  touffes  de  feuilles  de  Bar- 
dane,  de  Morelle  et  de  Chiendent,  pour  lesquelles,  il  est  vrai,  je 
n'ai  jamais  eu  la  moindre  sympathie.  La  splendide  floraison 
de  Camellia,  qu'il  m'a  été  donné  d'admirer  au  château  de 
Courcelles,  chez  M.  le  comte  de  Gomer,  vice-président  de  la 
Société  d'Horticulture  de  Picaidie,  n'est  pas  faite,  non  plus, 
pour  m'amener  à  contemplation  devant  une  pauvre  chloro- 
tique  quelconque.  Non  !  je  n'aime  pas  approcher  mes  lèvres 
d'une  tasse  de  tisane;  j'aime  mieux  boire,  à  la  coupe  de  la 
volupté,  le  nectar  des  dieux  que  versent  à  pleine  corolle  les 
Belle  Jeannette,  Augustina,  Duchesse  Visconti,  Lûiza  Maggi;bt 
tant  d'autres  beautés  des  serres  à  Camellia  de  M.  le  comte  de 
Gomer;  j'y  trouve  une  plus  douce  poésie.  Devant  ces  écla- 
tantes fleurs,  mes  pensées  s'élèvent  malgré  moi  vers  l'empire 
de  la  Divinité.  Les  feuilles  sont  plus  prosaïques  ;  elles  font 
descendre  l'estomac  dans  l'ofiicine  du  cuisinier;  car  elles  ne 
portent  à  penser  qu'à  plat  d'Épinards  et  à  soupe  à  l'Oseille  :  il 
est  vrai  que  la  matérialité  est  la  poésie  du  jour  ;  les  préfé- 
rences de  la  mode  se  trouvent  par  là  justifiées. 

Ma  promenade  à  Courcelles  n'a  donc  fait  que  m'attacher 
plus  solidement  encore  au  char  fleuri  de  la  déesse  des  jardins. 

La  collection  de  Camellia  de  M.  le  comte  de  Gomer  est  très- 


—  72  — 

certainement  une  des  plus  riches  et  des  plus  belles.  On  y 
trouve  les  variétés  les  plus  nouvelles  ;  et  les  anciennes  sont 
nombreuses.  Mais  le  féerique,  c'est  l'ensemble  de  ces  grands 
et  majestueux  Camellia,  de  plus  de  6  mètres  de  hauteur, 
tout  couverts  de  fleurs!  La  magnificence  de  cette  floraison  ne 
peut  pas  se  décrire. 

F.  H. 


DISSERTATION  SUR  LA  VÉGÉTATION. 

La  circulation  et  le  savant  doublé  du  philosophe. 

Dans  le  dernier  bulletin  (n°  5, 1868)  de  la  Société  d'Horti- 
culture de  Dijon,  M.  le  docteur  Laguesse  se  livre  à  l'exercice 
des  commentaires  au  sujet  des  doctrines  que  nous  soutenons  : 
quil  n'y  a  pas  de  sève  descendante.  Il  me  traite,  très-spiri- 
tuellement, d'anarchiste,  cherchant  à  renverser  l'échafaudage 
si  laborieusement  édifié  parla  science  officielle,  pour  le  rem- 
placer, —  comme  font  tous  les  anarchistes,  —  par  le  néant  !  Et 
il  termine  en  s'écriant  plus  spirituellement  encore  :  «  Honneur 
donc  à  M.  Herincq,  à  l'infatigable  chercheur,  s'il  nous  dé- 
montre, mieux  qu'il  ne  Va  fait  jusqu'à  ce  jour,  qu'il  n'y  a  plus 
de  sève  descendante. 

S'il  ne  s'agissait  que  de  tirer  de  l'erreur  M.  le  directeur  du 
jardin  des  plantes  de  Dijon,  je  ne  reviendrais  pas  sur  cette 
question,  qui  a  été  suffisamment  traitée  dans  les  précédents 
articles  sur  la  végétation  (Hortic.  fr.  4857,  page  237  et  1868, 
p.  342);  car,  si  du  choc  des  idées  jaillit  la  lumière,  on  n'a  pas 
d'exemple  que  cette  lumière  ait  jamais  éclairé  les  gens  qui  ne 
veulent  pas  voir,  et  que  les  plus  sérieuses  discussions  aient 
jamais  modifié  la  conviction  de  ceux  qui  veulent  garder  la 
leur.  Or,  M.  le  docteur  Laguesse  me  paraît  trop  attaché  à  ce 


—  73  — 

qu'il  appelle  la  science  officielle  pour  que  je  puisse  espérer  l'en 
détacher;  quoi  que  je  dise,  quoi  que  je  fasse,  il  gardera  toujours 
sa  pieuse  admiration  pour  les  savants  doublés  de  philosophie, 
qui  ont  édifié  la  sympathique  théorie  de  la  circulation  dans  les 
végétaux.  Je  respecte  donc  sa  croyance;  mais  je  tiens  à  démon  - 
trer,  aux  personnes  qui  n'ont  aucune  attache  à  la  science  offi- 
cielle, que  les  arguments  qu'il  oppose  aux  adversaires  de  la 
circulation,  détruisent  eux-mêmes  victorieusement  la  théorie 
qu'il  prétend  défendre,  et  qui  a  été,  dit-il,  <(  laborieusement, 
consciencieusement  édifiée  sur  des  faits  obser-vés,  et  d'après  des 
expériences,  qu'on  ne  saurait  révoquer  en  doute,  de  savants 
dignes  de  foi.  » 

Et  d'abord  cette  théorie  de  la  circulation  de  la  sève  a-t-elle 
été  édifiée  avec  autant  de  labeur  que  le  prétendent  ses  parti- 
sans? Non!  elle  ne  repose  sur  aucun  fait  observé,  tout  n'est 
que  fiction.  C'est  en  effet  au  coin  du  feu,  et  dans  le  calme 
du  cabinet,  qu'un  savant  philosophe,  l'a  édifiée,  par  analogie  ; 
le  nom  de  ce  philosophe  je  l'ignore  ;  mais  les  premiers  sec- 
tateurs furent  Malpighi,  Mariotte,  de  Lahire,  Tournefort,  etc. 
.  Sans  doute  la  méthode  de  l'analogie  a  pu  rendre  service  à 
la  science  ;  c'est  par  elle  que  les  naturalistes  sont  arrivés  à 
grouper  par  familles  et  par  genres  tous  les  êtres  vivants  ré- 
pandus dans  la  nature;  mais  les  philosophes  l'ont  poussée  trop 
loin  en  voulant  l'appliquer  à  l'anatomie  et  à  la  physiologie 
végétale;  ils  n'ont  fait  que  s'égarer,  quoi  qu'en   dise  M.  le 
docteur  Laguesse,  et  ils  ont  enrayé  tput  d'un  coup  le  progrès 
scientifique  :  depuis  cette  époque  la  physiologie  est  positive- 
ment restée  stationnaire.  «   Eh  quoi!  va  me  répéter  M.  La- 
»  guesse,  l'animal  et  le  végétal  sont  deux  êtres  organisés,  vi- 
»  vants;  ils  sont  composés  tous  deux  des  mêmes  éléments 
»  atomiques^  ils  ont  tous  deux  une  structure  organique  qui 
»  suppose  l'accomplissement  de  fonctions;   tous  deux  s'ac- 
»  croissent,  tous  deux  doivent  se  nourrir;  en  un  mot,  ils  nais- 


_  74  — 

»  sent,  se  nourrissent,  se  reproduisent  et  meurent,  et  vous  ne 
»  voudriez  pas  que  le  savant  se  doublât  du  philosophe  pour 
»  étudier  cet  admirable  mécanisme  dont  la  résultante  est  la 
»  vie!  » 

J'admire  certainement  la  philosophie,  et  surtout  cette  phi- 
losophie botanique  qui  fait  de  la  fleur  la  couche  nuptiale  ;  qui 
voit  dans  le  calice  la  couchette;  dans  les  pétales  les  rideaux 
de  lit;  dans  le  réceptacle  le  matelas  sur  lequel  reposent  les 
deux  époux  :  l'étamine  ou  mari,  le  pistil  ou  la  noble  dame. 
C'est  vraiment  charmant.  Mais  quand  on  veut  retrouver  les 
gracieuses  formes  de  la  femme  dans  un  pistil  de  Pavot  ou  d'un 
Cucurbita  pepo,  il  faut  se  monter  singulièrement  l'imagina- 
tion !  Avouez-le  Monsieur  Laguesse  !  Laissons  donc  aux  bota- 
nistes à  l'eau  de  rose  cette  philosophie  de  salons ,  et  soyons 
sérieux  en  chaire. 

En  philosophie,  disent  les  maîtres,  ilne  fautadmettre  aucune 
chose  pour  vraie  qu'on  ne  soit  bien  certain  qu'elle  est  telle.  On 
ne  doit  accepter  que  ce  qui  se  présente  clairement  et  distincte- 
ment, pour  qu'on  ne  puisse  jamais  élever  le  moindre  doute.  Or, 
les  savants  qui  ont  admis  la  circulation  dans  les  végétaux, 
avaient-ils  acquis  la  certitude  que  ce  phénomène  existe  réelle- 
ment? Non!  car  jamais  ils  n'ont  pu  montrer  l'appareil  complet; 
jamais  ils  n'ont  pu  découvrir  par  où  et  comment  descendait  la 
sève  après  son  élaboration  dans  les  feuilles.  Le  savant  qui  a 
édifié  cette  belle  théorie  philosophique  était  tout  simplement 
doublé  du  faux  philosophe,  c'est-à-dire  du  romancier. 

M.  Laguesse  me  reproche  de  détruire  l'échafaudage  si  la- 
borieusement érigé  par  la  science  officielle  sans  édifier  à  la 
place. 

Évidemment  cet  illustre  savant  n'a  pas  lu  mes  différentes 
notices  sur  la  végétation  et  notamment  celles  qui  sont  insé- 
rées dans  Y  Horticulteur  français  1867,  page  237,  et  1868, 
p.  342;  il  aurait  vu ]  qu'après  avoir  renversé  l'édifice  de  la 


—  75  — 

science  officielle,  dans  lequel  on  prétend  faire  circuler  la  sève, 
j'en  ai  reconstruit  un  autre,  moins  monumental  il  est  vrai, 
mais  très-simple,  comme  tout  ce  que  fait  la  nature,  avec  des 
matériaux  solides  que  chacun  peut  voir  et  toucher,  et  dans  le- 
quel la  sève  se  trouve  logée  très  à  l'aise,  pour  se  livrer  facile- 
ment à  l'exercice  de  ses  fonctions .  C'est  un  tort  peut-être,  car 
la  science  officielle  est  généralement  ennemie  de  la  simplicité; 
elle  aime  le  complexe  enveloppé  de  vaporeux  et  de  nuageux, 
pour  pouvoir  échapper  aux  regards  indiscrets  delà  multitude. 

Certes,  je  ne  conteste  pas  au  savant  naturaliste  le  droit  de 
se  doubler  d'autant  de  mètres  de  philosophie  que  son  intelli- 
gence le  permet;  seulement,  pour  se  doubler  ainsi,  il  faut  que 
son  esprit  soit  bien  sain  pour  pouvoir  se  livrer  aux  opérations 
de  la  logique,  et  pour  discerner  très-exactement  et  les  faits  et 
la  justesse  du  raisonnement;  car,  ainsi  que  le  reconnaît  mon 
spirituel  contradicteur,  en  histoire  naturelle,  on  ne  doit  se  payer 
ni  de  mots,  ni  d'hypothétiques  spéculations.  C'est  pourtant  ce  qui 
arrive  ici  pour  la  théorie  de  la  circulation  :  pas  un  fait  maté- 
riel; elle  repose  exclusivement  sur  des  grands  mots  et  sur  de 
brillantes  et  ingénieuses  méditations  d'un  philosophe  assoupi. 

En  effet,  partant  de  ce  principe,  que  l'animal  et  le  végétal 
sont  deux  êtres  organisés  vivants,  ce  grand  philosophe  s'é- 
lança un  jour  vers  la  région  éthérée,  et  de  là,  s'appuyant  sur 
le  fameux  axiome  :  Omnia  in  omnibus  (tout  est  dans  tout),  il 
jeta  les  bases  de  la  théorie  de  la  circulation  de  la  sève,  en  s'é- 
criant  :  —  ce  Puisque  l'animal  a  un  poumon,  un  cœur,  des  ar- 
tères, des  veines  dans  lesquels  passe  et  repasse  le  sang,  le  végétal 
aussi  a  poumon,  cœur,  artères  et  veines  qui  permettent  à  la 
sève  de  monter  et  de  redescendre,  etc.  On  ne  voit  pas  du  tout 
cet  appareil  dans  les  plantes,  c'est  vrai,  mais  il  existe  de  par  le 
sublime  omnia  in  omnibus  delà  philosophie.  »  —  Et  Malpighi, 
et  de  Lahire,  et  Tournefort,  etc.,  de  proclamer  la  vérité  de 
cette  doctrine.  Quelques  autres  sectateurs  ne  voulant  pas  perdre 


—  76  — 

la  belle  occasion  de  l'analogie,  poussèrent  l'enthousiasme  phi- 
losophique jusqu'à  accorder  aux  végétaux  un  estomac  pour 
opérer  la  digestion  du  chyle;  et  une  âme....,  pour  pouvoir  mé- 
diter sans  doute  sur  la  sottise  humaine. 

Mais  à  cette  époque  déjà  plusieurs  physiciens  sensés,  c'est- 
à-dire  moins  philosophes,  comme  Dodart,  Magnol,  Haies,  Bon- 
net, etc.,  voyant  qu'on  s'égarait  en  accordant  trop  à  l'analogie, 
s'empressèrent  de  combattre  la  circulation  chez  les  végétaux; 
plus  tard  Mustel,  Dupetit-Thouars,  prirent  place  parmi  ces  pre- 
miers adversaires,  et  Turpin,  micrographe  distingué,  chercha 
en  vain,  à  l'aide  du  microscope,  les  vaisseaux  du  système  des- 
cendant. Enfin,  un  savant  dont  le  nom  fait  autorité  dans  la 
science,  a  déclaré,  dans  un  mémoire  sur  la  marche  des  fluides 
dans  le  végétal,  lu  a  l'Institut  en  1805,  que  «  l'appareil  qu'il 
»  avait  disposé,  dans  ses  expériences,  pour  recevoir  la  sève 
»  descendante  fut  inutile  :  la  partie  supérieure  de  la  blessure 

»  ne  laissant  couler  aucun  fluide Ces  observations  et  plu- 

»  sieurs  autres,  dit-il  dans  ce  même  mémoire,  dirigées  dans 
»  le  même  but,  me  prouvèrent  ce  qu'une  anatomie  très-pé- 
»  nible  et  très-délicate  m'avait  fait  soupçonner  depuis  long- 
»  temps,  savoir  :  V  qiïil  n'y  a  point  de  sève  descendante,  à 
»  moins  que,  par  abus  de  mots,  l'on  ne  donne  ce  nom  au  cam- 
»  bium  ou  à  la  sève  centrale,  lorsque,  par  suite  de  variations 
)>  de  l'atmosphère,  elle  prend,  pour  quelques  instants  seule- 
»  ment,  une  marche  rétrograde  dans  les  vaisseaux  mêmes  qui 
»  ont  servi  à  son  ascension  ;  2°  que  la  liqueur  qu'on  trouve  au 
»  printemps  et  au  mois  d'août  entre  l'aubier  et  l'écorce,  dif- 
»  fère  essentiellement  de  la  sève;  qu'elle  suinte  plutôt  qu'elle 
»  ne  coule  du  sommet  des  arbres  vers  leur  base  ;  que  cette  li- 
»  queur  est  le  suc  qui  développe  et  fortifie  le  tissu  végétal;  que 
»  c'est  en  un  mot  le  cambium  de  Duhamel,  bien  différent  des 
»  sucs  propres » 

Le  savant  qui  décrivait  si  nettement  en  1805  le  résultat  de 


—  77   — 

ses  observations  et  expériences,  qui  déclare  péremptoirement 
qu'il  n'y  a  pas  de  sève  descendante,  ce  savant  est  tout  sim- 
plement M.  deMirbel,  le  grand  chef  de  l'école  physiologique 
en  France  ! 

Je  ne  suis  donc  pas  un  novateur,  comme  se  plaît  à  me 
qualifier  M.  Laguesse,  mais  un  simple  régénérateur,  ami  de  la 
vérité,  et,  si  je  suis  un  anarchiste,  c'est  en  bonne  et  illustre 
compagnie. 

Ce  n'est  pas  toutefois  la  lecture  de  ces  différents  auteurs  qui 
m'a  poussé  dans  cette  voie  régénératrice.  Dès  mon  début  dans 
l'étude  de  la  physiologie,  je  n'acceptai  les  doctrines  de  la 
science  officielle  que  sous  bénéfice  d'inventaire,  et  j'acquis 
bientôt  la  certitude  que  le  mouvement  de  la  sève  des  végétaux 
n'avait  rien  decomparable  à  la  circulation  dusangdes  animaux; 
que  les  feuillesn'étaient  pas  l'organe  spécial,  oiliciel  île  l'élabo- 
ration; qu'il  n'y  avait  point  de  sève  descendante  ;  en  un  mot 
que  la  théorie  de  la  circulation  n'était  qu'une  pure  hypothèse 
philosophique,  qu'il  convenait  de  renverser,  au  plus  tôt,  dans 
l'intérêt  de  la  science.  Mais  je  compris  aussi  qu'avant  de  dé- 
truire cet  hypothétique  édifice,  il  fallait  faire  provision  de  ma- 
tériaux solides  pour  en  élever  un  autre  à  la  place,  avec  des  faits 
positifs.  Je  les  demandai  alors  à  l'observation  des  phénomènes 
naturels  et  aux  résultats  artificiels  d'expériences  nombreuses 
et  variées. 

Riche  de  nombreux  faits  observés,  je  fus  longtemps  irrésolu 
devant  une  entreprise  qui  devait  saper  impitoyablement  les 
principes  fondamentaux  de  la  physiologie  végétale,  et  qui 
devait  m'aliéner  la  majorité  des  savants  contemporains.  Au- 
jourd'hui que  l'âge  a  mûri  ma  raison,  je  me  sens  assez  fort 
pour  utiliser  les  matériaux  amassés  pendant  nombre  d'années, 
et  pour  exécuter  le  plan  que  mon  jeune  cerveau  avait  conçu. 
J'ai  donc  repris  l'œuvre  de  Bonnet,  Magnol,  Mustel,  Du- 
petit-Thouars,  Mirbel,  etc.,  etc.;  et  si  je  parviens  à  extirper 


—  78  — 

complètement  l'erreur  implantée  par  Malpighi  et  Tournefort 
dans  le  domaine  de  la  physiologie  végétale,  mon  ambition 
sera  satisfaite.  La  tâche  est  dure;  car  il  est  difficile  d'extirper 
l'hérésie  pour  implanter  la  vérité  à  sa  place. 

Ceci  dit,  je  suis  tout  au  savant  directeur  du  jardin  des 
plantes  de  Dijon.  Il  veut  des  faits,  j'en  ai  beaucoup  à  lui 
présenter;  mais,  avant,  je  veux  examiner  la  valeur  de  son 
argumentation  qui  me  paraît  tout  au  moins  fort  curieuse. 

«  Si  M.  Herincq  veut  consulter  les  travaux  acceptés  par  la 
science  officielle,  dit  M.  Laguesse,  il  trouvera  :  lo  que  l'eau 
absorbée  par  les  racines  doit  nécessairement,  en  vertu  des  lois 
de  l'endosmose,  passer  d'une  cellule  à  une  cellule  latérale, 
conséquemment  cheminer  latéralement  en  même  temps  qu'elle 
chemine  de  bas  en  haut;  2°  que  le  double  phénomène  de  la 
transpiration  et  de  la  respiration  a  lieu,  non-seulement  dans 
les  feuilles,  mais  encore  dans  les  organes  verts,  tiges,  fleurs, 
fruits,  etc.  » 

Je  répondrai  humblement  à  mon  illustre  contradicteur  que 
j'avais  consulté  les  travaux  acceptés  par  la  science  officielle, 
et  que  c'est  là  précisément  que  j'ai  trouvé  les  instruments  de 
destruction  de  l'édifice  circulatoire;  car,  je  le  répète,  je  n'ai 
rien  inventé  ;  tous  les  faits  sur  lesquels  repose  ma  réédifica- 
tion sont  connus  delà  science  officielle. 

Ainsi,  elle  admet  que  la  sève  puisée  par  les  racines  chemine 
latéralement,  en  même  temps  qu'elle  chemine  de  bas  en  haut. 
Donc  cette  sève  latérale  ne  peut  pas  être  élaborée  par  les  feuilles  ; 
par  conséquent  le  travail  des  cellules  latérales  qui  reçoivent  la 
sève  brute  et  l'élaborent  pour  servir  à  la  production  de  nou- 
velles cellules  latérales  de  la  tige,  démontre  très- clairement, 
ce  me  semble,  qu'il  n'y  a  pas  de  solidarité  entre  les  différents 
organes  d\me  plante,  et  que  là,  le  philosophe  peut  retrou- 
ver le  fameux  «chacun pour  soi))  delà  civilisation  moderne,  «  la 
sève  brute  pour  tous  » .  Ce  principe  est  doublement  confirmé 


—   79  — 

parles  faits  observés  de  la  science  officielle,  et  qui  prouvent  que 
la  tige  respire  et  transpire  pour  élaborer  les  nouveaux  maté- 
riaux nécessaires  à  son  accroissement;  ces  faits  établissent  donc 
.bien  qu'il  n'y  a  aucune  solidarité  entre  elle  et  les  feuilles,  ce 
fameux  laboratoire  officiel  d'élaboration,  ce  soi-disant  centre 
de  la  circulation  où  tout  doit  affluer  pour  subir  l'action  des 
agents  modificateurs. 

Les  mêmes  faits  ont  été  également  observés  par  la  science 
officielle,  dit  M.  Laguesse,  pour  les  fleurs  et  pour  les  fruits,  et 
elle  admet  que  chaque  organe  élabore  sa  sève  sur  place.  Mais 
alors  c'est  la  théorie  de  la  circulation  qui  est  en  contradition 
avec  toutes  les  lois  naturelles  !  Puisque  la  respiration  qui 
contribue  à  l'élaboration  de  la  sève  brute  a  lieu  sur  tous  les 
points.,  sur  toute  la  surface  du  végétal,  l'appareil  élaborateur 
n'est  donc  pas  concentré  dans  un  seul  organe —  les  feuilles,  — 
mais  bien  disséminé  dans  l'organisation  tout  entière ,  ce  qui 
rend  impossible  le  système  circulatoire. 

Maintenant  un  rapprochement  édifiant,  avant  de  passer  à 
rénumération  des  faits  nouveaux  qui  témoignent  contre  la 
théorie  de  la  circulation. 

M.  Laguesse  dit  dans  un  endroit  de  sa  note  :  «  Personne  ne 
le  voit  non  plus  (que  les  feuilles  soient  chargées  exclusivement 
de  ce  travail  d'élaboration),  puisqu'il  est  admis  par  tous  les 
physiolosistes  que  toutes  les  surfaces  vivantes  respirent.  » 

Et  plus  loin,  au  sujet  des  pêches  qui  mûrissent  sur  des  brin- 
dilles dépourvues  de  feuilles,  et  qui  constituent,  selon  moi,  un 
fait  concluant  contre  le  système  circulatoire,  il  ajoute:  «  Mais 
non,  Monsieur  Herincq,  ce  fait  n'est  pas  concluant;  il  ne  l'est 
pas,  parce  que  les  brindilles,  même  dépourvues  de  scions 
feuilles,  transpirent  et  respirent;  il  ne  Test  pas,  puisque  les 
fruits  respirent  et  que  personne  ne  le  conteste.  » 

Mais  alors  pourquoi  ensuite  ce  trait  d'esprit  a  contre-saison  : 
«  Ainsi  Monsieur  Herincq,  la  feuille  ne  respirerait  que  pour  elle, 


—  80- 
le  fruit  que  pour  lui,  chaque  organe  pour  son  propre  compte  ; 
chaque  cellule  élaborerait  son  liquide,  et  là,  sur  place,  forme- 
rait les  nouveaux  matériaux  d'accroissement  ;  plus  de  solida- 
rité entre  les  différents  organes  d'un  être  vivant  :  chacun  pour 
soi,  la  sève  brute  pour  tous!  Tout  cela  est  possible,  je  ne  le  nie 
pas;  mais  tout  cela  est  tout  au  moins  à  priori  invraisem- 
blable. » 

Où  le  savant  et  spirituel  docteur  avait-il  donc  déposé  sa 
raison  le  jour  où  il  a  rédigé  cette  étonnante  réfutation,  dans 
laquelle  il  se  réfute  si  admirablement  lui-même? 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  allons  essayer  de  lui  démontrer,  par 
de  nouveaux  faits,  que  cette  solidarité  complaisante  n'existe 
pas  entre  tous  les  organes  ;  que  tous  ces  organes  appliquent 
très-bien  son  spirituel  axiome  :  chacun  pour  soi,  la  sève  brute 
pour  tous. 

Mais  nous  sommes  obligé  de  remettre  la  suite  au  prochain 

numéro. 

F.  Herincq. 


HIBISCUS  MUTABILIS  (Pl.  III). 

Sous  le  nom  de  Hibiscus  mutabilis,  Linné  a  fait  connaître  un 
arbrisseau  de  l'Asie,  pouvant  atteindre  5  mètres  de  hauteur, 
et  dont  les  fleurs  passent  successivement ,  dans  la  même 
journée,  du  blanc  au  rosé,  et  du  rosé  au  rose;  elles  sont 
blanches  le  matin,  carné  tendre  à  midi,  et  rose  cerise  le  soir. 

Sous  ce  même  nom  de  Hibiscus  mutabilis,  nous  avons  reçu 
de  Siebold  un  arbrisseau  du  Japon,  à  rameaux  pubescents,  à 
feuilles  pubescentes,  en  forme  de  cœur,  plus  ou  moins  profon- 
dément découpées  en  5  lobes  allongés  ;  caractères  qui  se  rap- 
portent bien  à  Y  Hibiscus  mutabilis  de  Linné  ;  mais  ses  fleurs, 
grandes  comme  celles  de  YHibiscus  syriacus  ouKetrnie  des  jar- 
dins, sont  blanches  avec  l'onglet  des  pétales  jaune,  et  restent 


—  81  — 

blanches  toute  la  journée,  sans  jamais   prendre  la  moindre 
teinte  rosée  les  jours  suivants. 

Est-ce  la  même  plante,  est-ce  une  variété?  Mais  d'abord  en 
est-il  des  fleurs  ainsi  que  dit  Linné  :  blanches  le  matin,  carnées 
à  midi,  et  roses  le  soir? 

N'ayant  jamais  vu  fleurir  Y  Hibiscus  mutabilis,  bien  que  cette 
belle  plante  ait  été  introduite  dans  les  jardins  d'Angleterre  en 
1690  par  lord  Portland,  et  qu'on  la  signale  dès  1632,  à  Rome, 
dans  les  jardins  du  frère  Ferrari  de  la  Compagnie  de  Jésus, 
nous  ne  pouvons  jeter  aucune  lumière  sur  ce  curieux  phéno- 
mène de  mutabilité.  Les  petits  journaux  de  Paris  ont  bien 
parlé,  l'automne  dernier,  de  la  curieuse  Mauve  changeante  in- 
troduite dans  les  scfuares  de  la  ville  ;  mais  ils  ont  parfaitement 
pu  en  parler  par  entendre  dire  ;  on  ne  peut  guère  par  eux  élu- 
cider la  question. 

D'après  Siebold,  qui  Ta  réintroduite  dans  ces  dernières 
années,  YHibiscus  mutabilis  produirait  des  sujets  tantôt  à  fleurs 
blanches,  tantôt  à  fleurs  roses,  mais  sans  jamais  changer  de  teinte 
dans  le  cours  de  la  floraison.  C'est  en  effet  ce  que  nous  avons 
constaté.  Les  fleurs  de  notre  Hibiscus  étaient  blanches  avec 
l'onglet  jaune  en  épanouissant,  et  jamais  elles  n'ont  pris  la  plus 
faible  teinte  rose.  Mais,  pour  n'être  pas  à  fleurs  changeantes, 
il  n'en  est  pas  moins  un  charmant  et  magnifique  arbuste 
d'ornement. 

Livré  en  pleine  terre,  à  l'air  libre,  pendant  la  belle  saison,  il 
développe  un  ample  feuillage,  et  vers  le  mois  de  septembre, 
apparaissent  ses  belles  grandes  fleurs  qui  sont  rassemblées  par 
0  à  10  au  sommet  des  rameaux.  A  rapproche  des  froids,  on 
rabat  les  rameaux  herbacés  ;  on  enlève  les  pieds  de  la  pleine 
terre  pour  les  mettre  en  pot  et  les  faire  hiverner  en  serre 
froide  ou  en  simple  orangerie,  sans  trop  arroser. 
Au  mois  de  mai,  on  les  replace  en  pleine  terre. 

0.  Lescoyer. 

Mars  1869.  6 


—  82  — 

REVUE  DES  JOURNAUX  ÉTRANGERS. 

Scutellaria  Moci?iiana>  deBentham  (111.  hort.,  pi.  562).  Cette 
belle  Labiée  a  été  découverte  pendant  l'exploration  botanique 
de  la  Nouvelle-Espagne,  parMocino  et  Sessé,  de  1795  à  1804-  ; 
mais  elle  n'a  été  introduite  vivante  que  tout  récemment  dans 
l'établissement  Haage,  à  Erfurt,  par  M.  Wendland,  directeur 
actuel  du  jardin  botanique  de  Herrenhausen,  près  Hanovre, 
qui  l'a  retrouvée  dans  le  Costa-Ricav  à  une  altitude  de  4500 
à  2000  mètres,  dans  les  endroits  humides  et  un  peu  ombragés, 
de  la  vallée  baignée  par  le  fleuve  Sarapiqui,  entre  Desengano 
et  Cari-Blanco.  C'est  une  plante  vivace  a  tige  ligneuse  à  la 
base,  haute  de  25  à  30  centimètres,  terminée  par  un  bouquet 
de  fleurs  dressées,  longues  de  5  centimètres,  d'une  belle  couleur 
écarlate  très-vif.  Elle  est  de  serre  chaude. 

Azalea  sinensis  albiflora  (111.  hort.,  pi.  563).  Charmante 
variété  anglaise,  à  fleurs  d'un  blanc  pur,  exhalant  une  odeur 
suave. 

Agave  Ve^schaffeltii  (111.  hort.,  pi.  564).  Ce  nouvel  Agave  est 
originaire  du  Mexique  ;  son  introduction  est  due  à  Ghiesbreght, 
qui  en  envoya  un  lot  en  1861,  à  M.  Ambroise  Verschaffell. 
Cette  espèce  est  relativement  naine,  car  les  plus  forts  sujets  ne 
dépassent  pas  25  cent,  de  hauteur,  sur  15  à  18  de  diamètre. 
Ses  feuilles  ont  la  forme  à  peu  près  d'une  spatule,  bordées  et 
terminées  par  des  aiguillons  de  couleur  marron  clair.  C'est 
une  espèce  de  serre  froide. 

Camellia  Contessa  Tozzoni  (Illust.  hort.,  pi.  566).  Très-belle 
variété  obtenue  en  Italie,  et  mise  au  commerce  par  M.  Ambroise 
Verschaffelt  de  Gand.  Ses  fleurs  de  moyenne  grandeur  ont  les 
pétales  très-régulièrement  imbriqués,  arrondis,  d'un  beau  rose 
vif  à  la  base,  et  du  milieu  aux  bords  d'un  rose  passant  au  blanc 
presque  pur. 


—  83  — 

Aristolochia  floribunda  de  Lemaire  (Illust.  hort,,  pi.  568). 
Belle  et  bonne  plante  volubile,  découverte  au  Brésil  et  intro- 
duite vivante  par  M.  Baraquin,  collecteur  de  M.  Ambroise 
Verschaffelt.  Elle  croît  dans  l'immense  territoire  parcouru 
par  ce  roi  des  fleuves,  connu  sous  le  nom  de  Rivière  des  Ama- 
zones. Les  feuilles  sont  amples,  en  cœur,  etles  fleurs,  solitaires 
ou  réunies  par  2  ou  3  à  l'aisselle  des  feuilles,  sont  magnifiques 
de  coloris  :  le  tube  est  blanc  ;  le  limbe  est  marbré  de  pourpre 
vif  et  foncé  sur  fond  blanc.  La  plante  développe  à  la  fois  de 
500  à  600  fleurs  exhalant  un  arôme  puissant,  comme  l'annonce 
l'érudit  rédacteur  àeY  Illustration  horticole. 

V Aristolochia  Duchartrei  du  Gardehers  chroniclc,  est  une 
espèce  très-voisine  de  la  précédente,  et  originaire  de  la  même 
contrée.  Est-elle  réellement  distincte? 

Lœliapurpurata,  var.  Nelisii([\\.h.OTt.,  pi.  569).  Très-belle 
variété  dont  les  fleurs  offrent  trois  sépales  d'un  blanc  rosé  en 
dedans  et  d'un  riche  rose  violacé  en  dehors;  -les  deux  pétales 
sont  rosés  et  le  labelle  a  son  limbe  d'un  beau  cramoisi  velouté. 

Spirœa  palmata  de  Thunberg  (Bot.  mag.,  pi.  5726).  Cette 
espèce  est  bien  certainement.,  comme  le  dit  M.  Hooker  fils,  la 
plus  belle  qui  ait  été  introduite  jusqu'à  ce  jour.  Son  introduc- 
tion est  due  à  M.  Fortune.  C'est  un  sous-arbrisseau  dressé,  à 
rameaux  effilés  portant  de  larges  feuilles  découpées  en  3,  5  ou  7 
lobes.  Les  fleurs  très-nombreuses,  et  d'un  très-riche  coloris 
cramoisi,  sont  disposées  en  corymbes  terminaux. D'après  Thun- 
berg il  en  existerait  au  Japon  une  variété  à  fleurs  blanches. 
C^est  une  heureuse  acquisition,  car  il  est  probable  qu'elle  sup- 
portera aussi  bien  le  climat  de  la  France  que  celui  de  l'An- 
gleterre, sous  lequel  ce  Spirœa  passe  parfaitement  à  l'air 
libre. 

Miltonia  spectabilis,\ViY.  virginalis  (111.  hort.  pi.,  573).  Cette 
belle  variété  d'Orchidées,  originaire  du  Brésil,  est  très-distincte 
du  type,  par  la  blancheur  de  neige  de  ses  fleurs  qui  offrent  seu- 


—  84  — 
lement  un  large    disque  de  couleur  violette   à  la  base  du 
labelle. 

Oncidium  Marshallianum,  de  Reichenbach  fils  (Bot.  mag., 
pi.  5725).  Orchidées  à  fleurs  longues  de*7  cent,  sur  6  de  lar- 
geur, d'un  beau  jaune  d'or,  avec  des  macules  couleur  brun 
marron,  et  des  points  pourpres. 

N anodes  Medusœ  de  Reichenbach  fils  (Bot.  mag. ,  pi.  5723). 

Cette  autre  Orchidée  découverte  par  M.  Backhouse  dans  la 

république  de  l'Equateur,  a  des  fleurs  des  plus  bizarres,  par 

son    labelle   très-grand   arrondi,  profondément  frangé;   ces 

fleurs  de  couleur  pourpre  foncé  brun,  ont  de  6  à  7  centimètres 

de  diamètre. 

0.  Lescuyer. 


DE  LA  TAILLE  DU  ROSŒR  (1). 

Gomme  il  n'est  point  de  jardin  d'amateurs  qui  ne  possède 
quelques  rosiers,  je  vais  dire  un  mot  de  la  culture  de  cet  ar- 
buste intéressant. 

L'églantier,  comme  on  le  sait,  est  le  sujet  le  plus  propre  à 
recevoir  la  greffe  de  toutes  les  espèces  et  variétés  de  rosiers  : 
il  vit  dans  les  bois  à  l'état  sauvage  et  peut,  par  une  culture 
améliorée,  occuper  un  premier  rang  au  jardin  d'agrément,  car 
il  est  pour  celui-ci  ce  que  l'arbre  fruitier  est  pour  le  jardin  d'u- 
tilité. On  cultive  plusieurs  variétés  d'églantiers  :  ceux  à  écorCe 
grise  et  rougeâtre  sont  préférables,  et  doivent  avoir  trois  ou 
quatre  ans  avant  d'être  greffés. 

La  greffe  se  fait  par  écusson  à  œil  dormant,  soit  sur  la 
branche  ou  sur  la  tige  :  cette  dernière  est  préférable.  Au 
printemps  suivant,  la  jeune  greffe  sera  pincée  à  quelques  cen- 
timètres pour  la  faire  ramifier;  l'onglet  sera  rabattu  etrecou- 


K\)  Extr.  du  Bu/.  Soc.  d'Arbor.  deChaurty. 


—  85   — 

vert  de  mastic  à  greffer.  L'année  suivante,  le  sujet  sera  taillé 
sur  cinq  branches  d'une  longueur  de  10  à  12  centimètres  sur 
un  œil  en  dehors  ;  chaque  branche  doit  produire  deux  ra- 
meaux florifères,  plus  un  bourgeon  vigoureux  à  la  base  pour 
le  remplacement  à  la  taille  suivante  :  les  vieilles  branches 
seront  supprimées. pour  ne  conserver  que  les  cinq  nouvelles, 
destinées  à  cet  effet,  et  ainsi  de  suite,  d'année  en  année;  si 
une  branche  de  remplacement  faisait  défaut,  il  faudrait  se 
rapprocher  sur  une  vieille,  pour  conserver  une  tête  arrondie 
qui  doit  représenter  la  main  demi-ouverte. 

Ce  mode  de  taille,  d'une  facilité  extrême,  présente  à  l'œil 
un  aspect  gracieux.  Il  n'a  pas  l'inconvénient  des  rosiers 
taillés  courts,  remplis  de  chicots  secs  qui  empêchent  le  séca- 
teur le  plus  hardi  de  pénétrer,  et  ne  donnent,  par  cela,  que 
des  productions  faibles  et  de  floraison  imparfaite. 

La  hauteur  des  rosiers  n'étant  point  déterminée,  on  peut 
greffer  ras  de  terre  jusqu'à  un  mètre  et  plus;  celle  de  1  mètre 
est  très-convenable  sous  tous  les  rapports. 

Les  francs  de  pied  se  traitent  à  peu  près  de  la  même  ma- 
nière, en  supprimant  le  vieux  bois  et  ne  laissant  aussi  que 
5  branches  un  peu  plus  longues  sur  les  tiges,  sauf  les  variétés 
vigoureuses,  qui  ne  seront  qu'ébouquetées.  Ces  branches  se- 
ront arquées  de  façon  à  faire  développer  tous  les  yeux  supé- 
rieurs qui  seront  autant  de  productions  florales  et  seront  éga- 
lement supprimées  à  la  taille  suivante,  comme  il  est  indiqué 
plus  haut. 

Plusieurs  variétés  craignent  les  hivers  rigoureux  et  réclament 
les  soins  des  cultivateurs  :  on  peut  les  garantir  avec  de  la 
mousse  sèche.,  et  les  recouvrir  de  paille  pour  empêcher  l'hu- 
midité; ce  sont  principalement  les  thés,  noisettes  et  Ile 
Bourbon. 

Il  importe  aussi  de  transplanter  les  rosiers- tiges  au  moins 
tous  les  quatre  ou  cinq  ans  pour  raccourcir  les  racines   et 


—  86  — 

nettoyer  les  gourmands  qui  se  trouvent  aux  pieds  :  cette  opé- 
ration est  très-nécessaire,  en  ce  qu'elle  arrête  l'excès  de  vi- 
gueur et  assure  l'existence  des  sujets.  Les  engrais  décomposés 
sont  toujours  utiles,  ces  arbustes  s'en  accommodent  parfaite- 
ment; une  exposition  un  peu  ombragée  leur  est  aussi  très  - 
agréable,  les  couleurs  tendres  craignent  les  fortes  chaleurs  de 
l'été. 

Observations  essentielles  aux  Amateurs. 

Si  l'on  veut  avoir  une  floraison  prolongée,  il  faut  éviter 
de  couper  les  branches  de  rosiers  fleuries,  comme  on  le 
fait  très-souvent,  sans  se  rendre  compte  du  bien  ou  du  mal 
causé;  on  détruit  alors  pour  une  rose  beaucoup  de  boutons; 
par  cette  suppression,  les  jeunes  bourgeons  qui  naissent  près 
ctes  fleurs  et  qui  doivent  donner  la  seconde  floraison  sont 
perdus,  et  les  rameaux  vigoureux  qui  sont  ceux  de  remplace- 
ment étant  rabattus  trop  tard,  n'ont  pas  le  temps  de  refleurir 
ou  refleurissent  très-peu.  Il  faudrait  donc  se  contenter  de  net- 
toyer toutes  les  fleurs  passées  à  mesure  que  le  besoin  l'exige  ; 
par  ce  moyen  on  aura  des  rosiers  toujours  beaux  et  longtemps 

fleuris. 

Remy,  Adolphe. 


CONDUITE  DES  JEUNES  ARBRES  FRUITIERS  SANS  TAILLE 
DES  BRANCHES  DE  PROLONGEMENT. 

«  La  taille  des  arbres  fruitiers  a  toujours  été  pratiquée  jus- 
qu'ici dans  le  double  but  de  favoriser  la  végétation,  et  d'équi- 
librer les  branches  de  charpente.  Non-seulement  cette  méthode 
est  extrêmement  dangereuse  en  plaçant  dans  toutes  les  mains 
des  instruments  qui  peuvent  mutiler  les  arbres,  mais  les  opé- 
rations bien  faites  ont  encore  de  graves  inconvénients. 

»  Réduire  d'une  partie  de  leur  longueur  les  branches  laté- 


—  87  — 

raies  selon  qu'elles  sont  vigoureuses  ou  faibles,  et  cela  tous  les 
ans,  c'est  former  sur  un  sujet  une  quantité  de  cicatrices  et  de 
crossettes  nuisibles  à  sa  beauté  et  à  la  libre  circulation  delà 
sève. 

»  N'ayant  jamais  pu  me  résoudre  à  supprimer  presque  to- 
talement une  branche  forte,  je  l'ai  toujours  arquée  afin  de  dé- 
tourner momentanément  la  sève  au  profit  des  branches  plus 
faibles,  et  d'en  faire  développer  tous  les  yeux  jusqu  à  la  base. 
De  cette  façon,,  on  peut  obtenir  en  très-peu  de  temps  des  ar- 
bres en  plein  rapport,  aux  branches  droites  et  lisses  ;  les  miens 
peuvent  en  témoigner.  Depuis  sept  ans  (1860)  que  je  les  con- 
duis sans  les  tailler,  ils  sont  généralement  plus  vigoureux,  et 
me  donnent  des  récoltes  abondantes. 

»  Je  viens  de  trouver  dans  un  Bulletin ,  janvier  et  février  1 866, 
de  la  Société  d'arboriculture  de  la  Côte-d'Or,  une  note  écrite  en 
1855,  tellement  conforme  à  mon  opinion  dans  cette  matière 
que  je  me  plais  à  vous  la  citer.  » 

On  enseigne,  comme  principe  indiscutable,  qu'il  est  néces- 
saire, pour  former  les  arbres  fruitiers,  de  tailler  chaque  an- 
née les  branches  de  charpente,  c'est-à-dire  de  les  réduire  de  un 
ou  deux  tiers  de  leur  longueur,  suivant  la  forme  adoptée. 

L'expérience  démontre  que  ce  traitement  appliqué  aux  ar- 
bres fruitiers  n'est  pas  sans  inconvénient.  Il  retarde,  en  effet, 
inutilement  la  formation  des  arbres  et  produit  de  graves  per- 
turbations dans  la  végétation. 

Chaque  taille  forme  des  cicatrices  qui  entravent  la  libre  cir- 
culation de  la  sève.  Celle-ci,  arrêtée  dans  sa  marche,  reflue 
avec  violence  dans  les  boutons  inférieurs,  et  fait  développer 
à  bois  les  yeux  qui  se  seraient  développés  en  boutons  à  fruit  avec 
un  traitement  plus  judicieux.  La  mise  à  fruit  est  ainsi  retardée. 
Souvent  même,  lorsque  l'arbre  est  greffé  sur  franc  et  vigou- 
reux^ ilmeurt  sans  avoir  donné  de  fruits. 

Les  inconvénients  de  ce  mode  d'opérer  m'ont  déterminée  l'a- 


-  88  — 

bandonner  pour  en  suivre  un  autre  qui,  d'après    Fexpérience, 
donne  de  meilleurs  résultats. 

On  pince  ou  on  presse  les  productions  fruitières     dont  on 
veut  modérer  le  développement  :  on  ne  taille  plus. 

Dans  ce  système,  les  branches  de  prolongement  ou  de  char- 
pente sont  maintenues  dans  toute  leur  longueur. 

A  cette  note  sur  le  procédé  de  M.  Julien   Toué,  j'ajouterai 
les  observations  suivantes. 

«  L'ancienne  taille  est  attaquée  très-vivement  par  un  assez 
grand  nombre  d'horticulteurs  fort  habiles,  tels  que  MM.  Bous- 
casse,  Pigeaux,  Gressent,  et  surtout  M.  Grin,  dont  le  désinté- 
ressement est  une  recommandation.  M.  Grin  est  un  proprié- 
taire simplement  dévoué  aune  cause  dont  le  résultat  serait  de 
mettre  la  culture  et  la  conduite  des  arbres  fruitiers  à  la  portée 
de  tous,  pour  procurer  à  toutes  les  classes  indifféremment  des 
fruits  en  abondance  et  à  peu  de  frais. 

»  N'ayant  pas  plus  que  M.  Grin  d'intérêt  engagé  dans  cette 
matière,  et  animé  des  mêmes  intentions,  on  ne  peut  voir  dans 
ma  persistance  à  défendre  cette  méthode,  que  le  désir  de  pro- 
pager un  moyen  efficace  de  simplifier  l'arboriculture. 

»  Les  maîtres  cités  plus  haut  n'emploient  que  la  pression  et 
surtout  le  pincement  pour  équilibrer  les  arbres  et  obtenir  là 
mise  à  fruit.  Gomme  eux  je  soutiens  énergiquement  la  sup- 
pression de  la  taille,,  et  j'ai  pratiqué  jusqu'ici  le  pincement  et 
la  pression  pour  l'obtention  des  boutons  à  fruits,  mais  non 
comme  le  seul  moyen  d'équilibrer  la  sève  dans  la  formation 
de  la  charpente.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  j'ai  eu  recours 
à  l'arqure  momentanée  des  branches  fortes  pour  favoriser  les 
faibles,  parce  que  je  n'ai  pas  expérimenté  la -conduite  des  ar- 
bres pour  le  pincement  seul  des  feuilles  comme  l'indique 
M.  Grin. 

»  Ainsi,  je  demeure  convaincu  que  la  taille  des  branches  la- 
térales (il  faut  toujours  en  excepter  la  flèche  dans  les  grandes 


—  89  »~ 

formes,,  qui  doit  être  rabattue  chaque  année  pour  l'émission 
d'un  nouvel  appareil  de  branches)  est  nuisible  à  la  formation 
des  arbres;  et,  je  le  répète,  on  pince,  on  presse ,  on  courbe  s'il  est 
nécessaire,  mais  on  ne  taille  plus. 

Cugnière. 
(Ext.  Soc.  d'Arbor.  de  Chauny.) 


DU  CLIMAT  DE  L'HIMALAYA  (1). 

Nous  avons  dépassé  2000  mètres  d'élévation  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  et  nous  sommes  au  milieu  de  Pinus  longi- 
folia  et  excelsa  ;  ici  paraissent  les  premiers  Cedrus  Deodara  ; 
voici  le  Quercus  dilatata  dont  le  feuillage  toujours  vert  offre, 
pour  tous  les  herbivores,  un  aliment  abondant  et  précieux. 
Les  Cerisiers  sauvages  et  les  Abricotiers  forment  des  bosquets 
très-touffus  ;  les  singes  et  les  oiseaux  se  chargent  de  propager 
ces  utiles  arbres  ;  les  fruits  du  Cerisier  servent  à  composer 
plusieurs  liqueurs  très-agréables  ;  le  fruit  de  l'Abricotier, 
sans  approcher  des  espèces  cultivées  en  Europe,  est  encore 
assez  bon,  et  se  trouve  en  telle  abondance,  que  les  monta- 
gnards en  ramassent  les  noyaux,  dont  l'huile  suffit  à  tous 
leurs  besoins.  Cet  arbre  croit  rapidement  et  mériterait  peut- 
être  d'attirer  l'attention  des  conservateurs  de  nos  forets,  à 
cause  de  sa  propagation  rapide.  Les  Poiriers  sauvages  sont 
aussi  très-nombreux,  mais  leurs  fruits,  durs  et  acerbes,  sont 
abandonnés  aux  singes  et  aux  perruches;  cet  arbre  serait, 
avec  l'Abricotier,  très-digne  d'attention  pour  reboiser  des 
sommets  arides.  Voici  un  groupe  du  magnifique  Rhododen- 
drum  arboreum;  nous  sommes  un  peu  tard  pour  le  voir  dans 
toute  sa  splendeur,  mais  il  lui  reste   encore  quelques  fleurs 

(I)  Voir  année  1868,  pages  344  et  347-,  année  1869,  p.  24. 


—  90  — 

tardives  qui  suffisent  pour  donner  une  idée  du  spectacle 
magnifique  que  doit  présenter  une  forêt  de  ces  arbres,  à  la 
fin  du  mois  de  mars.  A  côté  des  Rhododendrum  se  trouve 
généralement  Y  Andromède/,  ovalifolia,  à  écorce  spongieuse, 
profondément  crevassée  ;  ce  géant  de  la  famille  des  Bruyères 
rivalise  par  sa  taille  avec  les  plus  beaux  Chênes  ;  les  monta- 
gnards attribuent  à  ses  feuilles  de  très-grandes  vertus  pour 
le  traitement  des  rhumatismes,  ce  qui  mérite  peut-être  d'être 
étudié  ;  une  autre  propriété  indubitable  de  cet  arbre,  c'est 
que  les  chèvres  ou  les 'moutons  qui  en  mangent  les  jeunes 
branches  sont  frappés  d'une  sorte  d'ivresse  suivie  de  paralysie 
et  de  mort. 

Beaucoup  de  ces  arbres  sont  enveloppés  par  les  immenses 
bras  du  Rosa  Brunonis,  un  pied  de  ce  Rosier  suffit  pour  cou- 
vrir et  étouffer  plusieurs  Cèdres.  Au  mois  de  mai,  le  Rosa 
Brunonis  se  couvre  d'un  nuage  de  Roses  blanches  qui  répan- 
dent, à  une  grande  distance,  un  parfum  délicieux;  enfin,  sous 
la  feuillée,  on  aperçoit  de  nombreux  buissons  de  Daphne 
mucronata  qui  montre  à  la  fois  des  bouquets  de  ses  petites 
fleurs  charnues  d'un  blanc  d'émail,  et  de  nombreuses  grappes 
de  ses  fruits  mûrs.  Cette  plante  est  très-intéressante,  car  son 
écorce  fournit  la  matière  première  d'un  papier  très-fort  et 
très-léger. 

Pour  la  première  fois,  nous  apercevo-ns  devant  nous  un 
espace  de  terrain  assez  considérable  d'une  pente  très-modérée; 
c'est  un  des  rares  vallons  de  l'Himalaya.  Au  centre  s'élève 
une  belle  maison,  évidemment  de  construction  européenne, 
et  entourée  de  bâtiments  plus  modestes.  C'est  une  plantation  de 
Thé;  on  voit  les  rangs  pressés  de  ces  arbustes  faisant  de  cette 
vallée  un  immense  échiquier,  et  au  milieu  desquels  on  a 
laissé  subsister,  comme  jalons,  quelques  Cèdres  et  quelques 
Chênes  gigantesques . 

Cette  industrie,  introduite  dans  l'Inde  il  y  a  à  peine  vingt 


—  91   — 

ans,  donne,  en  dépit  de  nombreux  obstacles,  de  si  beaux 
résultats,  que  la  France  ne  saurait,  sans  manquer  à  ses  inté- 
rêts, négliger  plus  longtemps  de  s'occuper  de  cette  question 
importante. 

Loarer. 
(Nous  donnerons  dans  un  prochain  numéro  la  culture  du  Thé.) 


PETITES  NOUVELLES 

Destruction  des  Pucerons.  M.  Testard,  jardinier  de  M.  Som- 
mier, grand  rafiineur  à  la  Villette,  se  débarrasse  momenta- 
nément —  toujours  —  des  Pucerons  qui  envahissent  ses  Me- 
lons, en  bassinant  tous  les  jours  ses  plantes  avec  un  litre 
et  demi  d'eau  environ,  au  lieu  de  les  arroser  tous  les  trois  ou 
quatre  jours.  C'est  aussi,  au  dire  de  M.  Forest,  leprocédé  em- 
ployé à  Croissy. 

Culture  hivernale  de  la  Pomme  de  terre.  M.  Bossin  conseille 
toujours  de  planter,  pour  se  garantir  de  la  maladie,  les  Pommes 
de  terre  au  mois  de  février,  et  de  choisir  les  variétés  hâtives 
ou  demi-hâtives,  la  Schaw  par  exemple. 

Chou-navet  de  la  Chine.  Cette  plante,  dit  M.  Bossin,  offre  un 
double  produit  en  hortologie  (!)  :  des  pommes  de  Chou,  et  des 
racines  comme  celles  de  notre  Chou-Navet.  Ce  n'est  pas,  paraît- 
il,,  une  précieuse  introduction.  Mangé  cru  le  Chou-navet  de 
Chine  a  le  goût  de  la  moutarde  ;  dans  le  pot-au-feu,  en  haricot 
de  mouton,  il  a  toujours  rappelé  la  moutarde,  et  M.  Bossin  ne 
serait  pas  surpris,  dit-il,  que  ce  soit  un  Sinapis.  C'est  facile  à 
voir,  puisque  ce  Chou  a  fructifié.  Si  j'ai  bonne  mémoire,  les 
siliques  de  Sinapis  ont  un  certain  petit  bec  au  sommet,  que  la 
nature  a  refusé  aux  siliques  des  Choux.  Sinapis  ou  non,  ce 
Chou  n'a  pas  pommé,  et  ses  racines  ne  feront  jamais,  paraît-il, 
que  de  mauvais  haricots  de  mouton. 


—  92  — 

Salade  de  Chine.  D'après  M.  Bossin,  cette  salade  est  tout 
simplement  quelque  chose  qui  ressemble  à  notre  Chrysan- 
thème jaune  des  moissons  (Chrysanthemum  segetum).  «  Offerte, 
dit-il,  kY  attention  et  kY  examen  de  plusieurs  convives,  les  avis 
furent  partagés.  »  Si  les  convives  en  avaient  mangé  au  lieu  de 
V examiner  avec  attention,  peut-être  auraient-ils  été  plus  à 
même  de  juger,  et  d'apprécier  la  valeur  culinaire  de  cette 
nouvelle  salade  que  M.  Bossin,  qui  en  a  goûté,  ne  trouve  pas 
désagréable  au  palais. 

Chou  deSchang-ton.  Autre  Chou  chinois,  mais  qui  a  réuni 
les  suffrages  de  plusieurs  amateurs.  S.  E.  le  maréchal  Vaillant 
en  fait  le  plus  grand  éloge.  M.  Bossin,  dans  sa  communication 
à  la  Société  d'acclimatation ,  le  regarde  comme  une  excellente 
acquisition.  Des  Choux  provenant  d'un  semis  d'août  ont  sup- 
porté victorieusement  chez  lui,  dit-il,  les  rigueurs  de  l'hiver 
€  8  à  1 0  degrés  de  froid  au-dessous  de  zéro,  et  leur  belle  venue 
n'en  a  pas  été  altérée  î  »  11  devait  en  être  ainsi,  car  autrement  ils 
n'auraient  pas  supporté  victorieusement  10  degrés  de  froid, 
surtout  au-dessous  de  zéro,  comme  a  bien  soin  de  l'ajouter 
cet  habile  écrivain,  dans  sa  note  insérée  au  bulletin  de  la  So- 
ciété d'acclimatation,  page  737  ;  on  aurait  pu  croire,  en  effet, 
qu'il  s'agissait  de  10  degrés  de  froid  au-dessus  de  zéro  ! 

Persil  bulbeux.  Ce  Persil  a  l'avantage  de  produire  à  la  fois 
et  des  feuilles  et  des  racines  comestibles.  Ces  racines  consti- 
tuent un  mets  délicieux,  préparées  à  la  manière  des  Salsifis, 
soit  frites,  soit  à  la  sauce.  M.  Loise  en  a  présenté  au  dîner  des 
cultivateurs,  et  elles  ont  été  trouvées  excellentes.  Il  y  a  donc 
avantage  à  cultiver  cette  variété. 

Grenades  de  Toulon.  Depuis  plusieurs  années  on  s'occupe, 
aux  environs  de  Toulon,  de  la  culture  du  Grenadier,  dans  le 
but  de  fournir  au  marché  parisien  des  Grenades  qui  puissent 
rivaliser  avec  celles  de  Malte,  d'Espagne  et  de  Portugal.  Cette 
culture   réussit   parfaitement.    M.   Engaurran,   président   de 


—  93   — 

la  Société  d'acclimatation  du  Var,  a  adressé  dernièrement,  à 
la  Société  d'acclimatation  de  Paris,  des  Grenades  qui,  dégus- 
tées par  une  Commission  de  laquelle  faisait  partie  M.  Chevet, 
ont  été  trouvées  de  bonne  qualité,  se  rapprochant  beaucoup 
de  celle  des  Grenades  d'Espagne.  Cette  Commission  croit 
devoir,  toutefois,  prémunir  les  habitants  du  Midi  contre  les 
trop  hautes  espérances  qu'ils  pourraient  concevoir  au  sujet 
de  la  vente  de  leurs  fruits  à  Paris.  La  Grenade,  dit-elle,  est  et 
a  toujours  été  un  fruit  de  luxe,  qui  n'est  jamais  entré  dans 
la  consommation  ordinaire,  et,  par  suite,  la  culture  de  ce 
fruit  pourrait  bien  ne  pas  être  aussi  rémunératrice  qu'on 
pourrait  l'espérer  au  premier  abord.  »  C'est  ce  qu'on  disait 
autrefois  pour  la  culture  du  Pêcher.  Avant  l'établissement  des 
chemins  de  fer,  les  Pèches  ne  couraient  pas  non  plus  les  rues  : 
c'était  un  fruit  de  luxe.  Actuellement  on  les  vend  à  la  livre  au 
pauvre  monde,  et  les  propriétaires  du  Midi,  qui  ont  établi  des 
pêcheries,  ou  si  l'on  aime  mieux  des  persicarium,  se  trouvent 
très-bien  de  n'avoir  pas  écouté   les  conseils  de  la  prudence. 

Eucalyptus  globulus.  Cette  belle  espèce,  introduite  et  pro- 
pagée par  M.  Ramel,  fait  décidément  merveille  dans  le 
Midi.  L'administration  forestière  en  essaye  quelques  groupes, 
sur  la  demande  de  M.  Turrel,  de  Toulon,  dans  le  reboise- 
ment du  Faron. 

Opuntia  Rafinesquii.  Cette  Cactée  d'introduction  assez  ré- 
récente et  originaire  du  centre  des  États-Unis,  est  très-remar- 
quable et  recommandable  par  sa  rusticité.  L'année  dernière 
elle  a  supporté  20  degrés  de  froid  dans  le  parc  royal  de 
Stuttgard.  La  plante  n'est  pas  épineuse  et  est  employée  pour 
la  nourriture  du  gros  bétail  dans  l'Amérique  du  Nord.  En 
Europe  elle  pourra  rendre  des  services  pour  l'utilisation  des 
terrains  secs  et  pierreux;  c'est  du  moins  l'opinion  de  M.  Sacc, 
membre  correspondant  de  la  Société  impériale  et  centrale 
d'agriculture  de  France.  Ce  Cactus   fleurit  abondamment  en 


—  94  — 

été  ;  il  se  couvre  de  fruits  violets,  gros  comme  le  pouce,  et 
on  pense  que  ces  fruits  pourront  entrer  dans  l'alimentation 
humaine.   C'est  à  voir. 

EXPOSITIONS  ANNONCÉES  POUR  1869. 

Mars  .    .   .  44-15 Anvers. 

Avril  ...     4-5 Liège. 

—  7-12  ...    .' Montpellier. 

—  17 Lyon. 

—  25-27 Bruxelles. 

Mai.    ...     1-5 Luxembourg  (grand-duché). 

—  9-U Lille. 

—  11-13 Caen . 

—  16-18 Versailles. 

—  4  7-31 Saint-Pétersbourg. 

—  48-22  .    , Paris. 

—  20-23 Le  Mans. 

Juin    .    .    .     4er  au  15  juillet Beauvai9. 

—  4-  6  ......    . Meaux. 

—  6-10  . Sceaux. 

—  19-25 Nancy. 

Juillet.    ..  41-12 Brie-Comte-Robert  (Roses). 

Septembre.     2-42 Hambourg. 


CATALOGUES  D'HORTICULTURE 

POUR  4  869. 

Boucharlat  aîné,  à  Cuire-lès-Lyon.  Nouveautés  :  Pelargonium,  Verbena, 

Pétunia,  etc. 
Krelage  et  fils,  à  Haarlem  (Pays-Bas).  Catalogue  spécial  de  Pivoines;  Ca- 
talogue spécial  et  descriptif  des  Fraisiers. 
Thibaut  et  Keteleer,  à  Sceaux  (Seine).    Catalogue  général  des  plantes  et 

arbustes  de  serres  et  de  pleine  terre.  Nouveautés  :  Gloxinia,  Pelargonium,  etc. 
Paul  Tullard,  grainier  fleuriste  et  pépiniériste,  20,  quai  de  la  Mégisserie, 

Paris.  Catalogue  général  de  graines. 
Henri   Delesalle,  à   Thumesnil,   près  Lille  (Nord).    Catalogue  général  de 

plantes  nouvelles. 
Rendatler,  à  Nancy.    Catalogue  des  plantes  nouvelles  de  semis,   et  Prix 

courant  pour  4  869. 
Courtois-Gérard   et    Pavard,  24,  rue  du  Pont-Neuf,   Paris.    Liste    des 

plantes  nouvelles  et  autres  recommandables. 
Torcy  et  Vannier,  à  Melun.  Catalogue  des  principales  espèces  de  graines 

de  plantes  potagères  et  ornementales. 
Verlinden,  à  Mons  (Belgique).  Catalogue  prix  courant  de  graines. 


—  95 


ravaux  do   mois  de  ifiars. 


Potager.  C'est  pendant  le  mois  de  mars  que  l'artichaut  exige  le  plus  de  soins. 
Oa  peut  commencer  vers  le  45  à  dégarnir  les  souches  de  la  terre  et  du  fumier 
entassés  à  chaque  pied  :  la  litière  sèche  doit  rester  à  portée  pour  recouvrir  si  la 
température  l'exigeait.  Aussitôt  que  le  hâle  n'est  plus  à  craindre,  il  faut  enlever 
à  chaque  souche  les  œilletons  superflus  et  ne  laisser  que  les  deux  plus  beaux  ; 
après  cette  opération,  il  faut  arroser  copieusement  les  artichauts  et  leur  donner 
une  bonne  couverture  de  fumier.  C'est  aussi  pendant  ce  mois  qu'on  sème, 
laboure  et  fume  les  asperges.  Le  fumier  de  cheval  est  le  meilleur  pour  ce  dernier 
usage;  mais,  dans  les  terrains  très-secs,  on  doit  employer  le  fumier  de  vache; 
l'un  et  l'autre  doit  être  à  moitié  décomposé.  On  plante  choux-poinmés,  choux- 
fleurs,  fraisiers,  laitues,  oignon  blanc,  oseille,  poireau,  romaines.  On  fait  les 
semis  de  carottes,  chicorée  sauvage,  choux-fleurs,  choux-cabus  de  Saint-Denis, 
de  Milan,  de  Bruxelles,  épinards,  fèves,  ciboules,  cresson  alénois,  panais, 'persil, 
poireau,  tous  les  pois,  radis  rose  et  noir,  salsifis,  scorzonères,  pommes  de  terre 
Vers  ia  fin  du  mois  :  céleri  à  couper,  cerfeuil,  choux  Quintal  et  de  Poméranie' 
toutes  les  laitues,  romaines  blondes  et  grises. 

Les  couches  et  châssis-  exigent  beaucoup  d'attention,  car,  à  cette  époque, 
les  réchauds  dont  on  entoure  les  couches  6ont  trop  forts  :  il  se  produit  des  coups 
de  chaleur  qui  détruisent  toute  la  récolte  ;  il  faut  aussi  veiller  aux  coups  de  so- 
leil, qui  produisent  le  même  effet. 

On  sème  sur  couche  :  concombres,  melons,  piments,  tomates,  raves,  salade 
et  fournitures  diverses. 

Jardin  fruitier.  Finir  la  taille,  labourer  et  pailler  les  plates-bandes. 
-Jardin  d'agrément.  Terminer  les  labours,  travaux  de  propreté,  la  taille  des 
,  arbustes  divers  et  la  plantation  des  plantes  vivaces  ;  faire  des  boutures  d'arbres 
et  d'arbrisseaux.  On  sème  en  pleine  terre  :  Giroflée  de  Mahon,  Adonis,  Coreopsis, 
Nigelles,  Réséda,  Nemophila,  Clarkia,  Gilia,  Crépis  roses,  Giroflée  jaune,  Malope, 
Œillets  de  Chine,  Pois  de  senteur,  Reines-Marguerites ,  Capucines,  Volubilis, 
Collinsia  bicolor,  Siléné  à  fleurs  roses,  Balsamines,  Belles  de  Nuit  et  Belles  de 
Jour,  Muflier,  Pétunia,  Thlaspi,  Scabieuse  ou  Fleur  des  Veuves,  Phacelia, 
Linaria  bipartia.  On  sème  sur  couche:  Célosia  Crête  de  coq,  Amarantes, 
Balsamines,  Reines-Marguerites,  Calcéolaires,  Quarantaine,  Martinia,  Cosmos. 

On  place  aussi  sur  couche  les  tubercules  de  Dahlia  pour  déterminer  la  végé- 
tation des  bourgeons*  les  séparer  ensuite  et  les  mettre  en  pot  jusqu'au  moment  de 
les  livrer  en  pleine  terre. 

Serres.  C'est  en  mars  que  les  Camellia  sont  dans  toute  leur  beauté;  il  faut 
leur  donner  des  arrosages  modérés  et  entretenir  avec  soin  la  propreté  des  feuil- 
lages. Pour  les  autres  plantes,  même  soin  que  pour  le  mois  précédent  ;  mais  on 
Veillera  pour  éviter  l'effet  des  coups  de  soleil  ;  on  blanchit  les  vitres  avec  de  la 
chaux,  ou  l'on  tend  des  toiles. 

IflijlT     il  


96 


Les  travaux  de  ce  mois  diffèrent  peu  de  ceux  du  mois  précédent. 

Potager.  On  peut  semer  maintenant  en  pleine  terre  toutes  sortes  de  légumes, 
tels  que  radis,  raves,  épinards,  laitues,  romaines,  chicorée  d'été,  céleris,  choux 
de  Milan  et  de  Bruxelles,  brocolis  violets,  navets  hâtifs,  betteraves,  haricots,  pois, 
potirons,  etc.  On  plante  les  laitues,  choux-fleurs,  concombres,  aubergines,  etc., 
élevés  sur  couche;  les  artichauts,  asperges,  fraisiers,  ,etc.  On  sème  encore  sous 
châssis  des  haricots,  melons,  choux-fleurs,  aubergines,  tomates,  pour  obtenir  des 
récoltes  à  différentes  saisons. 

Jardins  fruitiers.  On  achève  la  taille  des  arbres  vigoureux,  et,  vers  la  fin  du 
mois,  quand  les  bourgeons  ont  acquis  une  longueur  de  deux  à  trois  centimètres, 
on  supprime  ceux  qui  sont  inutiles  ou  nuisibles  au  parfait  développement  de 
l'arbre.  On  termine  les  greffes  en  fente;  on  veille  les  arbres  en  fleurs,  afin  de  les 
protéger,  par  un  abri  quelconque,  des  gelées  tardives  qui  peuvent  détruire  toute 
la  récolte. 

Jardins  d'agrément.  On  repique  en  place  les  plantes  élevées  sur  couche;  on 
continue  aussi  la  plantation  des  plantes  vivaces  ;  les  semis  de  plantes  indiquées 
au  mois  de  mars:  plus  les  Belles  de  nuit,  capucines,  haricots  d'Espagne,  lupins, 
œillets  et  roses  d'Inde,  volubilis,  etc.  Il  faut  se  hâter  de  terminer  la  plantation 
des  arbustes  d'ornement. 

Serres.  Le  soleil  commence  à  prendre  de  la  force;  on  peut  se  dispenser  de 
faire  du  feu  dans  les  serres.  11  faut  donner  de  l'air  toutes  les  fois  que  le  temps 
le  permet,  et  arroser  en  raison  de  la  chaleur  et  de  l'état  de  végétation  des  plan- 
tes. On  pratique  les  boutures  et  les  greffes  de  différentes  plantes. 


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L'INSEGTOLOGIE  AGRICOLE 

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1869. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CULTURE    RUSONNÉE,    Là    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   rLANTES , 

FI     NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    rLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET   DES  LÉGUMES,  L\   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX. 

PUBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR   EN   CHEF. 

ATTACHÉ     AU     mi  si  ru     i.'lllsiniiu:     NATSnEI.LR    DE     PARIS, 
Collaborateur     du     Manuel     Jet     Planiet,    des      figures     du    Run      Junllnltr. 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  Rorfiii  tCkoriic*it*n  rf«  la  Stine , 
Membre    honoraire    et    correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,    etc. 


L'Horticulteur  Français  paraît  le  '>  do  chaque  mois,  par  livraison  de  32  payes  de  texte 
grand  iu-8,  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin . 

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Départements.     11  fr.      — 
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Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'nn  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  l'aris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  Paris,  sonta\ertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  U.\  franc  sert  à  paver  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


ui  )  OpO'C- 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   EDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  an  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
*»«i  9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  sonnaUre  par  la  voit  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catcleguet  parut  clans  le 
mois  et  dont  n<  ut  avons  reçu  un  eiemplaiie. 


A  LA  CLOCHE   DES  HALLES  CENTRALES  AUX  LEGUMES 
Hue  de   la  Cossonnerte*   3,  à  Paris» 


tobDr:pS5,leia1MaSoc;  THIBAULT - PRUDENT, 

Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transférée 
pour  cause  d'expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de  la 
Cossonnerie,  3. 


Le  'Catalogue  général  de  G  rail 
potagères,  fourragères,  éconon 
ques,  d'arbres  et  de  graines 
fleurs,  est  envoyé  franco  à  loi 
personne  qui  nous  en  fait  la  ( 
mande.  Maison  Paul  TOLLAR 
fondée  en  1796,  négociant 
graines,  20,  quai  de  la  Mégis; 
rie,  Paris. 


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et  d'Arbres,  Plantes  de  serres,  de  pleine  le 
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écriture  du  plus  beau  noir.  —  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusieurs  années  uans  la  terre  ou  dans  I 
san«  que  l'écr  ture  subisse  une  détérioration  sensible.  —  Après  un  séjour  prolongé  dans  la  terre  il  arrive  par 
que  l'oxi  latio'i  recouvre   complètement  l'écriture  ;  pour  la  faire  reparaître  il  suffit   de  passer  dessus  son  il 


qu 
mouille. 


SOMMAIIIK  DÉS  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

K.  Hkrincc,  Chronique.  —  Al  ru.  Lavallke,  L'Akebia  qiiinala  et  >a  iïuctiikatiou 
(PI.  4.).  —  Ddcbartri,  Quelques  remarques  tur  la  Théorie  de  l'extinction  par  vieillesse 
des  variétés  de  fruits.  —  F.  Hérincq,  Des  Faits  qui  témoignent  contre  la  circulation  de 
la  sève.  —  H.  Du  Rosellë,  Les  Engrais  chimiques  Georges  Ville,  employés  dans  la 
culture  des  légumes.  —  Ern.  Bonard,  Hautes  nouvelles.  —  Travaux  du  mois  de  mai. 


CHRONIQUE 

Le  jardin  d'arboriculture  et  de  botanique  du  Havre  menacé.  Création  d'une 
nouvelle  école  de  botanique  de  la  faculté  de  médecine  de  Paris;  un  modèle  de 
serre  à  ne  pas  imiter.  Ecole  centrale  d'agriculture  au  .Muséum;  circulaire  de 
S.  E.  le  ministre  concernant  les  admissions  à  cette  école;  culture  expéri- 
mentale; encore  un  mot  sur  l'origine  des  plantes  domestiques  et  la  Carotte 
Vilmorin;  trop  de  confiance. 

Il  est  bien  vrai  queles  mauvais  exemples  sont  contagieux.  A 
peine,  M.  Haussinann  a-t-il  fait  détruire.,  pour  cause  d'utilité 
publique,  le  jardin  botanique  de  la  l'acuité  de  médecine  de 
Paris,  au  Luxembourg,  que  M.  l'administrateur  de  la  ville  du 
Havre  propose  de  déplacer,  ce  qui  veut  dire  détruire,  le  jardin 
des  plantes  et  d'arboriculture  créé  avec  tant  de  peine  et  de 
frais,,  il  y  a  peu  d'années,  parle  Cercle  pratique  de  botanique 
et  cC  horticulture  du  département  de  la  Seine-Inférieure.  Vrai- 
ment   ces  illustres  chefs  d'administrations  municipales  font 
bien  peu  cas  de  la  santé  publique;  ils  ne  se  montrent  pas  aussi 
soucieux  de  la  vie  de  leurs  concitoyens  que  Louis  XIII  de 
celle  de  ses  sujets;  il  est  vrai  qu'on  appelait  ce  roi  le  Juste 
Si,  en  effet,  ce  digne  fils  du  roi  de  la  Poule  au  pot  a  accordé  à 
Guy  de  la  Brosse  des    lettres   patentes  portant  création    du 
jardin  des  plantes  de  Paris,  c'est  parce  que,  dit-il  dans  l'é- 
dit,  »  l'on  n'enseigne  point  dans  Paris,  non  plus  qu'es  autres 
»  écoles  de  médecine  du  royaume,  les  écoliers  à  l'étude  des 
»  plantes  et  à  l'aire  les   opérations  de  pharmacie;  d'où  pro- 
»   cède  une  infinité  d'erreurs  des  médecins  en  leur  pratique  et 
Avril  18G9.  7 


—  98  — 
»  ordonnance,  et  d'abus  ordinaires  des  apothicaires,   leurs 
»  ministres  en  exécution  d'icelles,  à  la  ruine  de  la  santé  et  de 
»   la  vie  de  nos  sujets. 

Ainsi,  en  1635  on  établissait  des  jardins  botaniques  pour 
sauvegarder  la  santé  des  sujets  dn  roi  de  France  ;  en  1869,  on 
les  détruit  pour  garantir  sans  doute  l'existence  des  sujets  de 
l'Empereur  des  Français;  deux  causes  diamétralement  oppo- 
sées peuvent,  comme  on  voit,  produire  le  même  effet,  de  par 
MM.  de  Paris  et  du  Havre . 

Fort  heureusement  que  M.  le  ministre  de  l'instruction  pu- 
blique ne  partage  pas  l'opinion  de  M.  Haussmann  ;  car  il  a 
donné,  à  la  faculté  de  médecine,  un  terrain  sur  lequel  le  pro- 
fesseur Bâillon  a  pu  créer  un  nouveau  jardin  botanique  où  les 
plantes  sont  disposées,  non  plus  en  séries  linéaires  comme 
dans  tous  les  jardins  botaniques,  mais  par  groupes  rayonnants, 
ce  qui  permet  d'approcher  davantage  de  la  méthode  natu- 
relle. 

C'est  dans  ce  nouveau  jardin  que  l'architecte,  chargé  de 
l'exécution  des  travaux,  a  fait  construire,  sans  consulter  ni  le 
professeur  ni  le  jardinier,  une  serre  modèle,  que  nos  abonnés 
feront  bien  d'aller  voir,  pour  se  bien  garder  d'en  faire  con- 
struire une  pareille.  Quand  donc  MM.  les  architectes  compren- 
dront-ils qu'ils  sont  loin,  très-loin  même,  d'avoir  la  science 
infuse  !  Chaque  métier  à  son  pédantisme,  mais  je  n'en  connais 
pas  où.  l'incapacité  pousse  l'arrogance  aussi  loin  que  dans  ce- 
lui de  l'architecture.  Là  les  grandes  nullités  se  prennent  tout 
à  fait  au  sérieux,  que  c'est  vraiment  amusant  à  voir. 

Dans  l'affaire  du  jardin  du  Havre,  je  ne  serais  pas  étonné 
qu'il  y  eût  de  l'architecte  sous  roche.  Des  plantes,  ce  n'est  pas 
très-monumental,  tandis  qu'un  amas  de  pierres...  parlez-moi 
décela!  Toutefois,  en  présence  de  l'activité  que  déploie  Son 
Exe.  le  ministre  de  l'instruction  publique,  pour  élever,  en 
France,  le  niveau  des  études  horticoles  et  agricoles,  on  ne 


—  99  - 

comprend  guère  la  municipalité  du  Havre  qui  veut  détruire 
deux  jardins  d'une  aussi  incontestable  utilité  :  le  jardin  d'ar- 
boriculture, destiné  à  faire  connaître  et  à  répandre  les  meil- 
leurs fruits,  et  le  jardin  botanique,  qui  contient  plus  de  3,000 
plantes  indispensables  pour  les  études  des  élèves  en  médecine 
et  en  pharmacie.  Nous  nous  asspeions  à  tous  les  honorables 
habitants  du  Havre,  qui  ont  protesté  contre  ce  projet  insensé 
de  destruction  d'une  institution  aussi  utile,  et  nous  espérons 
que  le  conseil  municipal  y  regardera  à  deux  fois  avant  de  faire 
tomber  la  cognée  sur  les  arbres  de  l'école  d'arboriculture,  au- 
jourd'hui qu'il  doit  connaître  la  circulaire  que  S.  Exe.  le  mi- 
nistre de  l'instruction  publique  vient  d'adresser  a  tous  les  rec- 
teurs d'Académie,  au  sujet  de,la  transformation  du  Muséum  en 
Ecole  centrale  d'agriculture.  Dans  le  cas  où  cette  lettre  ne  se- 
rait pas  parvenue  jusqu'à  eux,  nous  allons  la  reproduire  ;  nos 
lecteurs1  pourront  juger,  en  même  temps,  de  la  sollicitude  de 
S.  Ex.  pour  les  intérêts  de  l'horticulture  et  de  l'agriculture  en 
France.  La  voici  : 

«  Monsieur  le  recteur,  vous  avez  lu,  au  Journal  officiel  du  46  mars, 
les  programmes  des  cours  supérieurs  d'agronomie  qui  vont  s'ouvrir  au 
Muséum  d'histoire  naturelle  (Jardin  des  plantes  de  Paris).  Cet  ensei- 
gnement s'adresse  à  beaucoup  de  personnes,  mais  particulièrement  à 
celles  qui  voudraient  se  préparer  au  professorat  agricofe.  Les  recher- 
ches faites  en  commun,  depuis  un  an,  par  les  deux  administrations  de 
l'agriculture  et  de  l'instruction  publique,  ne  m'ont  permis  jusqu'à  ce 
moment  d'instituer  qu'un  petit  nombre  de  professeurs  capables  dta 
faire,  dans  les  départements,  les  cours  d'horticulture  et  d'agriculture 
que  les  lois  du  15  mars  et  du  21  juin  1865  ont  établis  dans  les 
écoles  normales  primaires,  les  lycées  et  les  collèges,  ainsi  que  les 
conférences  aux  instituteurs  et  aux  cultivateurs  réunis  au  chef- 
lieu  de  canton,  qui  sont  demandés  par  les  conseils  généraux  et  l'en- 
quête agricole.  Les  nouveaux  cours  du  Muséum  formeraient,  pour  cet 
ordre  d'enseignement,  une  sorte  d'école  normale  supérieure,  où  toutes 
les  sciences  physiques,  chimiques  et  naturelles  seraient  étudiées  et 
interrogées  au  profit  de  l'agriculture,  où,  par  conséquent,  l'on  pren- 


—  100  — 

drait  toutes  les  connaissances  scientifiques  nécessaires  pour  seconder 
la  pratique. 

A  côté  des  jeunes  gens  qui  viendront  suivre  ces  cours  dans  des  vues 
d'instruction  scientifique,  ou  pour  se  mettre  en  état  de  diriger  mieux 
de  grandes  exploitations  rurales,  je  voudrais,  pour  le  service  général 
de  l'Université,  constituer  un  noyau  d'élèves  réguliers,  assidus,  qui  se- 
raient logés  et  nourris  dans  quelques-uns  de  nos  établissements,  ou 
dans  une  dépendance  du  Muséum  et  qui  recevraient,  en  outre,  l'in- 
demnité autorisée  par  le  décret  du  31  juillet  1868.  Ces  cours,  qui  doi- 
vent durer  deux  ans,  seraient  accompagnés  des  conférences  et  des 
manipulations,  des  expériences,  que  l'étude  de  ces  matières  exige;  ils  se 
termineraient  par  des  examens  à  la  suite  desquels  il  pourrait  être  dé- 
livré un  diplôme.  Ceux  qui  auraient  obtenu  cette  consécration  de  leur 
travail  seraient  envoyés  pendant  un  an,  avec  une  subvention  du  mi- 
nistère de  l'instruction  publique,  dans  une  école  pratique  d'agriculture 
ou  sur  un  grand  domaine  bien  dirigé,  afin  de  joindre  les  meilleurs 
procédés  de  l'art  aux  connaissances  les  plus  sûres  de  la  théorie.  A  la 
suite  de  ce  double  stage,  les  élèves  agronomes  du  Muséum  se  trouve- 
raient autorisés  à  solliciter  les  fonctions  de  professeurs  d'agriculture 
dans  nos  établissements  d'instruction,  et  celle  de  directeur  des  sta- 
tions agricoles  qu'il  importe  d'établir  dans  chacun  de  nos  89  départe- 
ments. 

Veuillez,  monsieur  le  recteur,  chercher  parmi  les  jeunes  instituteurs 
récemment  sortis  des  écoles -normales  de  votre  ressort,  ceux  qui  ayant 
vécu  de  la  vie  rurale  et  connaissant  les  travaux  des  champs,  auraient 
montré  une  aptitude  particulière  pour  les  études  d'agriculture  et  les 
travaux  scientifiques,  ou  gagné  déjà  quelque  récompense  dans  les  co- 
mices agricoles  ;  vous  formerez  par  ordre  de  mérite  une  liste  de  cinq 
ou  six  candidats  que  vous  m'adresserez  dans  le  plus  bref  délai  pos- 
sible. Les  directeurs  des  écoles  normales  fourniront  promptement  tous 
les  renseignements  nécessaires.  Votre  liste  pourra  comprendre  des 
maîtres-adjoints  actuellement  en  fonctions  dans  les  écoles  normales. 

Après  la  période  actuelle  de  première  installation,  les  places  d'élèves 
agronomes  boursiers  au  Muséum  d'histoire  naturelle  seront  données 
au  concours. 

Recevez,  monsieur  le  recteur,  etc. 

Le  ministre  de  l'instruction  publique. 
Signé  :  V.  Durut. 


—  101   — 

On  voit  par  cette  lettre  que  le  projet  de  S.  Ex.  M.  le  mi- 
nistre est  inspiré  par  un  profond  désir  d'aider  au  dévelop- 
pement et  à  l'amélioration  de  l'horticulture  et  de  l'agronomie 
en  France.  En  unissant  ainsi  la  science  purement  spéculative 
à  la  pratique;  en  cherchant  à  confirmer  par  les  recherches  ex- 
périmentales les  données  scientifiques,  c'est  montrer  qu'on 
veut  fermement  entrer  dans  la  voie  des  perfectionnements 
agricoles  ;  car  le  résultat  expérimental  viendra  faire  justice  de 
toutes  ces  théories,  de  toutes  ces  découvertes  qui  n'apportent 
que  des  déceptions  aux  cultivateurs,  et  qui  enrayent  le  mou- 
vement progressif.  En  donnant  les  moyens  de  les  contrôler, 
on  arrêtera,  dès  leur  apparition,  tous  ces  faux  systèmes,  toutes 
ces  fausses  doctrines  qui,  depuis  quelque  temps,  tendent  mal- 
heureusement à  se  propager,  et  dont  les  conséquences  sont,  si 
funestes  à  la  science  agricole.  L'idée  de  M .  le  ministre  est 
une  idée  féconde,  qui  ne  peut  produire  que  de  hons  et  grands 
résultats. 

Nous  applaudissons  surtout  aux  cultures  expérimen taies, 
qui  occupent  une  large  place  dans  le  nouveau  programme 
des  cours  du  Muséum;  parce  qu'elles  permettront  — si  dos 
expériences  sont  dirigées  sur  ce  point  si  intéressant  de  la  phy- 
siologie—  de  réduire  à  leur  juste  valeur  toutes  ces  idées  sur 
les  perfectionnements  des  types  sauvages  qu'on  remet  sur  le 
tapis,  et  qui,  en  réalité,  ne  sont  que  des  plaisantes  mystifica- 
tions, non  intentionnelles,  il  est  vrai,  de  la  part  des  auteurs, 
puisqu'ils  sont  les  premiers  mystifiés. 

N'est-il  pas  regrettahle,  en  effet,  de  voir  encore  aujourd'hui 
des  savants  sérieux,  proclamer,  comme  une  réalité,  l'amélio- 
ration de  la  Carotte  sauvage  par  M.  Vilmorin,  et  se  faire  les 
propagateurs  de  cette  théorie  du  perfectionnement  des  types 
sauvages  par  semis  successifs,  sans  d'autres  preuves  que  l'as- 
sertion d'un  auteur? 

Nous  le  disons  ici  sans  esprit  de  parti,  en  lisant  dans  le  jour- 


—   !02     - 

nal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de  France, 
que  M.  Duchartre  a  donné  de  vive  voix,  à  la  séance  du  25  fé- 
vrier dernier,  un  résumé  d'une  brochure  intitulée  :  Origine  des 
plantes  domestiques  démontrée  parla  culture  du  Radis  sauvage, 
et  qu'il  a  rapproché  les  résultats  obtenus  par  l'auteur  de  ceux 
obtenus,  a-t-il  dit,  par  M.  Vilmorin  sur  la  Carotte  sauvage,  nous 
n'avons  pu  nous  défendre  d'un  amer  regret.  Comment  peut- 
on  encore  ignorer,   que  les  Carottes  sauvages  améliorées  de 
M.  Vilmorin  ne  sont  nullement  le  résultat  de  simples  semis 
successifs,  mais  qu'elles  sont  tout  bel  et  bien  des  produits  de 
l'hybridation  de  la  Carotte  sauvage  par  la  Carotte  cultivée  ! 
C'est  un  fait  avéré,  et  M.  Vilmorin,  dans  sa  loyauté,  la  re- 
connu,  lorsque  le  savant  professeur  de  culture  du  Muséum, 
]\1 .  Decaisne.  le  lui  a  démontré  par  ses  expériences  qu'il  avait 
entreprises  à  cet  effet.  L'espace  nous  manque  pour  publier 
la  lettre  de  M.  Decaisne  au  docteur  Lindley,  touchant  cette 
question  de  la  Carotte  améliorée;  nous  la  publierons  dans  le 
prochain  numéro  ;  les  faits  qu'elle  révèle  ne  laissent   aucun 
doute  sur  l'origine  des  produits  obtenus  par  M.  Vilmorin. 

En  reproduisant,  dans  le  Journal  de  la  Société  impériale  et 
centrale  d'horticulture  de  France,  la  note  sur  YoHgine  des 
plantes  domestiques,  M.  Duchartre  va  engager  non-seulement, 
croyons-nous,  la  responsabilité  de  cette  Société,  mais  il  don- 
nera, par  ce  fait  de  reproduction-,  la  consécration  à  une  théo- 
rie ne  reposant  sur  aucun  fait  notoirement  connu,  et  qui  jettera, 
dans  l'esprit  des  agriculteurs,  les  idées  les  plus  fausses  sur 
l'origine  des  végétaux  de  notre  économie  domestique.  L'ho- 
norable secrétaire-rédacteur  de  cette  Société  aurait  dû  atten- 
dre, ce  nous  semble,  pour  appuyer  des  faits  aussi  téméraire, 
ment  avancés,  que  les  mômes  résultats  aient  été  obtenus  par 
lui  de  ses  propres  expériences.  C'est  un  sujet  trop  délicat 
pour  qu'on  puisse  l'accepter  ainsi  sur  le  simple  dire  d'un 
seul  expérimentateur.  Non  pas  que  nous  suspections  sa  bonne 


—  103   — 

foi;  mais  tout  homme  est  sujet  à  erreur,  et  M.  Vilmorin,  qui 
était  l'honnêteté,  la  bonne  foi  même,  a  cru  un  instant  à  la 
sincérité  de  ses  assertions;  il  se  trompait  cependant  avec  la 
plus  eniière  franchise.  Aussi,  lorsque  M.  Decaisne,  qui  lui 
était  sincèrement  dévoué,  lui  démontra,  par  une  série  d'ex- 
périences entreprises  au  Muséum,  que  les  faits  qu'il  avait  avan- 
cés, se  trouvaient  controuvés,  l'honorable  M.  Vilmorin  s'em- 
pressa-t-il  de  reconnaître  son  erreur  et  d'abandonner  ses 
projets  d'amélioration  des  types  sauvages  par  simples  semis 
successifs. 

Ne  lançons  donc  pas  dans  le  domaine  de  la  science  des  faits 
aussi  contestables,  qui  viennent  en  aide  à  tous  les  faiseurs  de 
théories  subversives  de  l'ordre  naturel  ;  mais  attendons,  pour 
les  mettre  en  circulation,  que  nos  propres  expériences  éta- 
blissent clairement  qu'ils  ne  peuvent  être  contestés. 

F.  Herincq. 


AKEBIA  QUINATA  (PI.  IV). 

Le  genre  Akcbia  tire  son  nom  du  mot  Akebi  par  lequel  les 
Japonais  désignent  ces  plantes;  il  a  été  créé  par  M.  Decaisne, 
et  comprend,  jusqu'à  présent,  quatre  espèces  :  les  Akcbia  qui- 
nata,  lobata,  clematifolia  et  quercifolia.  Toutes  sont  originaires 
du  Japon  où  leur  aire  de  végétation  s'étend  du  32e  au  42e  degré 
de  latitude  boréale,  à  l'Ile  de  Jezo. 

VAkebia  quinata,  qui  est  figuré  dans  ce  numéro,  croît 
dans  les  montagnes,  à  une  altitude  de  600  à  1000  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer  ,  et  particulièrement  dans 
les  terrains  de  formation  volcanique,  sur  les  penchants  du 
Wungen  et  du  Hakone.  Introduit  depuis  longtemps  déjà  en 
Europe  —  vers  1845,  par  Siebold,  —  on  l'a  presque  toujours 


—  104  — 

cultivé  commp  plante  d'orangerie.  Les  premiers  sujets  qui  ont 
fleuri  sont  ceux  du  jardin  de  Ke\v  en  Angleterre,  et  c'est  en 
1855  qu'a  eu  lieu  cette  floraison;  mais  jamais  on  n'avait  ob- 
tenu de  fruits. 

Les  fruits  représentés  dans  la  planche  IV,  ont  été  dessinés 
d'après  ceux  que  m'a  donné,  l'année  dernière ,  un  très-fort 
pied  que  je  tenais  de  M.  Siebold,  et  qui,  livré  en  pleine  terre, 
dès  l'année  1860,  fleurit  abondamment  chaque  printemps  ; 
leur  couleur  et  leur  forme  ajoutent  un  nouvel  ornement  à 
cette  jolie  espèce,  avec  laquelle  on  peut  faire  de  charmantes 
et  suaves  tonnelles. 

L'Akebiaquinata  de  Decaisne  est  la  plante  que  Thunberg 
appelle  Rajania  quinata;  les  Japonais  la  nomment  Akebi  et 
Akebi-Kadsura;  en  Chine,  où  elle  croît  également,  elle  porte 
les  noms  de  Tsûso  et  Mok'  Tsû.  C'est  un  arbrisseau  grimpant 
qui  développe  une  grande  quantité  de  branches  longues  et 
flexibles  s'enroulant  autour  des  troncs  d'arbres  et  qui  en- 
vahissent la  cime,  à  l'instar  de  notre  chèvrefeuille.  Au  Japon, 
d'après  Siebold,  les  feuilles  sont  persistantes,  c'est-à-dire 
qu'elles  restent  tout  l'hiver  et  ne  tombent  qu'au  printemps  au 
moment  de  l'apparition  des  nouvelles;  c'est  à  peu  près  ainsi 
que  la  plante  se  comporte  dans  les  orangeries;  mais  en  pleine 
terre  elle  perd  ses  feuilles  à  l'automne.  Sa  végétation  est  très- 
précoce  commeles  Forsythia  ,  Jasminum  nudiflorum,  etc.;  ses 
nombreux  bourgeons,  qui  contiennent  presque  tous  des  fleurs, 
commencent  à  se  développer  pendant  les  belles  journées  du 
•mois  de  février  et  sont  toujours  endommagés  par  les  ge- 
lées tardives.  Cette  année,  les  grappes  de  fleurs  étaient  visible? 
au  mois  de  janvier, mais  elles  ont  toutes  été  grillées  par  les  der- 
niers froids.  De  nouveaux  bourgeons  se  forment  et  produiront 
de  nouvelles  grappes  de  fleurs  qui  épanouiront  vers  la  fin 
d'avril  ou  au  commencement  de  mai. 

Les  feuilles  de  cette  espèce  sont  alternes,  composées  de  cinq 


—  105  — 

folioles  oblongues-elliptiques  ou  obovales,  échancrées  en 
cœur  au  sommet,  entières,  glabres,  molles  et  tendres  dans  le 
jeune  âge,  coriaces  et  roides  à  l'état  adulte.  Les  fleurs  odo- 
rantes, disposées  en  petites  grappes  simples,  sont  unisexuées- 
monoïques,  c'est-à-dire  que  chacune  d'elles  ne  contient  ou 
que  des  étamines  ou  que  des  pistils,  mais  qu'on  trouve  dans  la 
même  grappe  et  des  fleurs  mâles  et  des  fleurs  femelles.  Les 
fleurs  mâles,  généralement  au  nombre  de  six  à  dix  dans  chaque 
grappe,  ont  un  calice  à  trois  sépales  colorés,  pétaloïdes,  à  pré- 
floraisons  valvaires,  égaux,  un  peu  épais,  concaves,  étalés,  de 
couleur  lilacé  ;  il  n'y  a  pas  de  corolle  ;  les  étamines  fertiles 
disposées  sur  deux  rangs,  à  filet  très-court  et  à  anthères  mu- 
tiques,  sont  au  nombre  de  six,  dressées  et  rapprochées  les 
unes  contre  les  autres;  au  centre  se  trouvent  les  rudiments  de 
cinq  ou  six  ovaires.  Les  fleurs  femelles,  une  fois  plus  grandes 
que  les  fleurs  mâles,  occupent  la  partie  inférieure  de  la  grappe  ; 
le  nombre  est  réduit  à  deux  et  souvent  à  une  ;  le  calice  est  à 
trois  sépales  pétaloïdes,  épais,  concaves  ;  point  de  pétales  ; 
six  étamines  rudimentaires;  trois  à  six  ovaires  à  une  seule 
loge,  surmontés  d'un  style  très-court  qui  est  terminé  par  un 
stigmate  épaissi  entête. 

Au  moment  de  la  fructification,  plusieurs  ovaires  avortent 
généralement  ;  on  ne  trouve  plus  qu'un  ou  deux  fruits  par  chaque 
fleur .  Chaque  fruit  est  une  sorte  de  follicule  charnu -coriace  de 
forme  oblongue-cylindrique,  relevé  d'une  côte  assez  saillante 
par  où  se  fait  la  déhiscence.  D'après  Siebold  (Flora  japonica), 
la  couleur  est  une  sorte  de  marbré  violet  plus  ou  moins  fauve 
Les  fruits  que  j'ai  récoltés  étaient  d'un  gris  violacé;  mais  il 
est  vrai  de  dire  qu'au  moment  où  je  les  ai  aperçus,  leur  ma- 
turité était  complète,  ils  se  trouvaient  tous  ouverts  ;  par  consé- 
quent, la  couleur  primitive  était  sans  doute  altérée.  Quoi  qu'il 
en  soit,  c'est  quelque  chose  de  splendide  que  l'ensemble  de 
cette  fructification. 


-    106   — 

La  structure  du  fruit  de  YAkebia  est  assez  bizarre.  Avant 
sa  déhiscence,  ce  fruit  est  à  une  loge  remplie  d'une  pulpe  su- 
crée un  peu  acidulée,  dans  laquelle  sont  nichées  une  grande 
quantité  de  graines  fixées  par  un  court  funicule,  sur  toute  la 
surface  ou  paroi  interne  du  péricarpe.  Au  moment  de  la  dé- 
hiscence, ou  ouverture,  le  carpelle  se  fend  longitudinalement, 
au  milieu  de  la  grosse  suture  ventrale;  les  bords  s'écartent  et 
le  fruit  s'ouvre  comme  le  fruit  d'une  Pivoine.  Mais  ici,  les 
graines,  au  lieu  d'occuper  les  bords  du  fruit,  restent  toutes 
agglutinées  sur  le  milieu,  en  un  long  corps  qui  ressemble  à 
une  grosse  chenille  gélatineuse,  et  voici  comment.  L'écarte- 
ment  du  péricarpe  détermine  la  rupture  des  funicules  de  toutes 
les  graines  qui  occupent  les  deux  portions  marginales,  et  toute 
la  masse  est  retenue  par  les  funicules  des  graines  de  la  portion 
médiane  sur  laquelle  n'a  pu  être  exercée,  naturellement,  la 
moindre  tension,  puisque  l'écartement  n'a  pas  lieu  sur  ce 
point. 

Ce  fruit  ainsi  ouvert  est  très-curieux  ;  il  ressemble  à  une 
élégante  coque  de  chenille  ouverte,  dans  laquelle  reposerait  l'a- 
nimal endormi.  La  pulpe  est  délicieuse,  sucrée,  avec  une 
pointe  acidulée;  mais  la  coque  ou  péricarpe  est  coriace  et 
amer. 

VAkebia  quinata  a  donc  le  double  avantage  de  produire 
d'abondantes  fleurs  qui  exhalent  un  très-suave  parfum,  et  de 
beaux  et  curieux  fruits  dont  la  pulpe  est  bonne  à  manger. 

Sa  culture  est  simple.  11  aime  les  terrains  profonds,  légers, 
mais  humides  et  une  bonne  exposition  chaude.  Sa  multipli- 
cation est  facile  par  boutures  de  rameaux  et  par  éclats  de  ra- 
cines. 

Alph.  Lavallée. 


.   -    f  07   -~ 

QUELQUES  REMARQUES  SUR  LA  THÉORIE  DE  L'EXTINC- 
TION PAR  VIEILLESSE  DES  VARIÉTÉS  DE  FRUITS. 

J'aime  peu  les  discussions  et  la  polémique  ;  je  crois,  en  effet, 
qu'il  est  rare  qu'elles  portent  la  conviction  dans  les  esprits. 
Légitime  ou  non,  cette  manière  de  voir  m'a  fait  garder  le 
.silence  dans  presque  toutes  les  circonstances  où  il  s'est  agi, 
pendant  nos  séances,  de  la  prétendue  extinction  par  vieillesse 
de  nos  variétés  d'arbres  à  fruits.  Je  me  sentais  affermi  dans 
mon  silence  en  entendant  nos  praticiens  les  plus  distingués 
s'élever  presque  sans  exception  contre  cette  théorie  et  signaler 
chaque  jour  des  faits  qui  la  contredisaient.  Une  fois  cependant 
j'ai  cru  devoir  m'écarter  de  cette  ligne  de  conduite,  et  j'ai  mêlé 
à  une  assez  longue  conversation  sur  ce  sujet  quelques  mots  par 
lesquels  j'ai  essayé  de  résumer  ce  que  je  crois,  physiologique- 
ment  parlant,  être  la  vérité  à  cet  égard.  Ce  sont  ces  mots  qui 
ont  été  relevés  assez  vivement  dans  une  nouvelle  brochure  qu'a 
publiée  récemment  M.  de  BoutteVille,  de  Rouen.  Dans  cet 
écrit,  que  j'ai  lu  avec  un  vif  intérêt,  je  trouve  ces  mots  suivis 
d'une  phrase  qui  respire  presque  de  l'indignation  sur  ce  que 
des  hérésies  pareilles  à  celles  que  j'avais  énoncées  n'ont  amené 
aucune  protestation.  «  On  s'explique  difficilement,  dit  en  elfet 
M.  deBoutteville  (p.  H  de  son  article  tiré  à  part),  qu'aucune 
voix  ne  se  soit  élevée...  pour  protester  contre  la  proposition  de 
M.  Duchartre,  lorsqu'elle  a  été  émise  dans  le  sein  de  la  Société 
centrale  d'Horticulture  de  France.  » 

La  question  se  trouvant  posée  de  cette  manière,  il  ne  m'est 
plus  permis  de  «  regarder  le  champ  assis  sur  .la  barrière  »,  et 
je  me  vois  à  regret  forcé  de  descendre  dans  la  lice  pour  essayer 
de  montrer  que  mes  propositions  sont  moins  révoltantes  que 
ne  paraît  le  penser  l'honorable  Membre  de  la  Société  de  Rouen, 
et  que  nos  collègues  qui  les  ont  entendues  ont  bien  pu  se  dis- 


—  108  — 

penser  de  protester  contre  elles  sans  trahir  parleur  silence,  si 
sévèrement  blâmé,  la  cause  de  la  vérité .  Je  prie  donc  la  Société 
de  me  permettre  d'examiner  la  question  en  litige  d'un  peu  haut 
et  dans  sa  généralité 

L'idée  que  chaque  variété  fruitière,  consistant  en  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  d'arbres  qui  ont  été  obtenus  par 
division  d'un  arbre-mère,  constitue  en  réalité  un  seul  individu 
et  presque  un  seul  être  ;  que  dès  lors,  comme  tout  être  vivant, 
elle  a  une  existence  divisée  en  âges  successifs,  enfance,  ado- 
lescence, virilité.,  décrépitude,  après  lesquels  arrive  nécessai- 
rement la  mort,  cette  idée  n'est  pas  nouvelle.  Elle  a  été  sou- 
tenue depuis  assez  longtemps,  surtout  par  Knight,  célèbre 
horticulteur-physiologiste  anglais  qui,  en  1831  (1),  l'expri- 
mait de  la  manière  suivante  :  «  Le  fait  que  tous  les  arbres 
p  d'une  même  variété  de  fruits,  dont  chacun  participe  néces- 
»  sairement  à  la  vie  commune,  ont  une  manière  d'être  étroi- 
»  tement  reliée  à  celle  du  premier  arbre  qui  a  été  l'origine  de 
>  la  variété,  ce  fait  est,  je  crois,  ta  l'abri  de  toute  contestation. 
»  Aucun  de  ces  arbres  ne  peut  être  amené  à  produire  des  fleurs 
»  jusqu'à  ce  que  l'arbre-mère  soit  arrivé  à  sa  puberté;  et, 
»  multipliés  comme  ils  le  sont  ordinairement  par  greffes  et 
»  bourgeons,  tous  deviennent  sujets,  dans  un  espace  de  temps 
»  peu  considérable,  à  l'affaiblissement  et  aux  maladies  de  la 
i»  vieillesse.  » 

Bien  que  cette  idée  parut  à  Knight  à  l'abri  de  toute  contes- 
tation, les  faits  sur  lesquels  il  prétendait  l'appuyer  étaient  si 
peu  convaincants  que,  dès  l'année  suivante,  son  plus  grand 
admirateur,  l'éminent  botaniste  de  Genève,  A. -P.  De  Candolle, 
écrivait  (2)  :  Cette  identité  d'origine  dans  tous  les  pieds  d'une 
»  même  variété  a  fait  croire  à  quelques  physiologistes  que  ces 

(1)  On  the  means  of  prolonging  the  duration  of  valuable  varieties  of  fruits 
(A  sélection  from  thephysiol.  and  horticult.  papers,  p.  323-325). 

(2)  Physiol.  végét.,  <832,  II,  p.  73*. 


—  109  - 

»  variétés  ou  ces  individus  fractionnés  pouvaient  mourir  de 
»  vieillesse  ;  ainsi  on  a  remarqué,  il  y  a  quelques  années,  en 
»  Angleterre,  une  mortalité  extraordinaire  dans  la  variété  de 
»  Pommes  qu'on  y  appelle  Gold-Pippin,  et  M.  Knight  a  soup- 
»  çonné  que  cette  mortalité  était  la  tin  naturelle  de  l'individu  ; 
»  mais  il  me  semble  difficile,  sur  un  fait  aussi  isolé,  d'admettre 
>  une  opinion  contraire  à  l'ensemble  de  tous  les  autres.  ))  Il 
ajoutait  :  c  La  permanence  de  la  durée  des  variétés,  tant  que 
»  l'homme  veut  bien  les  soigner,  me  paraît  résulter  de  la  con- 
»  servation  de  plusieurs  d'entre  elles  depuis  les  temps  les  plus 
»  anciens  parmi  ceux  où  on  a  pris  la  peine  de  les  décrire  avec 
»  soin.  Mais  il  est  hors  de  doute  que  graduellement  il  doit  par 
»  négligence  en  disparaître  quelques-unes.,  comme  il  en  doit 
»  naître  d'autres  par  l'effet  du  hasard  ou  par  celui  de  l'indus- 
»  trie.  »  On  voit  donc  que  la  théorie  soutenue  par  quelques 
physiologistes  et  en  particulier  par  Knight  n'a  pas  été  «  à 
l'abri  de  toute  contestation.  » 

Maisallons  plus  loin  et  examinons  cette  théorie,  soit  relative- 
ment à  sa  base  même,  soit  quant  aux  faits  qui  la  contredisent. 

La  base  sur  laquelle  elle  repose  me  semble  bien  frêle,  si 
même  elle  existe  du  tout.  L'assimilation  de  tous  les  pieds 
sortis  par  bouture  ou  par  greffe  d'un  seul  arbre-mère  avec  un 
seul  et  unique  individu,  c'est-à-dire  avec  un  être  complet 
dans  ses  parties  et  vivant  comme  un  tout  unique  et  connexe, 
me  semble  au  moins  bien  hasardée,  je  ne  crains  même  pas 
de  dire  dépourvue  de  fondement.  Sait-on  en  effet  ce  qu'on 
doit  entendre  par  un  individu  végétal?  Beaucoup  de  physiolo- 
gistes, aujourd'hui  surtout,  n'admettent  comme  tel  que  l'élé- 
ment fondamental  de  toute  organisation  végétale,  la  cellule  ou 
ce  petit  sac  clos  et  actif,  qui  vit  par  lui-même  et  pour  lui- 
même,  qui  compose,  dans  son  état  d'isolement  complet,  un 
grand  nombre  de  végétaux  inférieurs,  et  dont  les  groupements 
plus  ou  moins  complexes,   sous  des    formes  fort  diverses, 


—  1JQ  — 

constituent  les  végétaux  supérieurs.  Il  est  certain  que,  si  l'on 
veut  comprendre  dans  une  définition  unique  de  l'individu 
végétal  l'ensemble  du  règne,  on  ne  peut  se  refuser  à  voir  cet 
individu  dans  chaque  cellule  en  particulier,  sous  peine  de 
laisser  en  dehors  de  la  définition  tous  les  végétaux  unicellulés. 
Dans  ce  cas,  chaque  plante  d'ordre  tant  soit  peu  élevé,  consi- 
dérée à  part,  n'est  pas  un  seul  individu,  mais  bien,  comme  on 
l'a  dit  très-souvent,  une  agrégation  d'un  nombre  immense 
d'individus,  l'analogue  d'un  Polypier  réunissant  de  nombreux 
Polypes  soudés  entre  eux  et  vivant  chacun  pour  soi  en  même 
temps  qu'au  profit  de  l'association  entière. 

D'autres  botanistes  négligeant  sans  motifs  bien  admissibles 
tous  les  végétaux  inférieurs  qui  sont  dépourvus  de  feuilles 
comme  de  bourgeons,  ont  pris  pour  un  individu  végétal,  soit 
chaque  feuille  avec  les  dépendances  qu'ils  lui  attribuaient, 
soit  chaque  œil  ou  bourgeon,  ensemble  déjà  complexe,  puis- 
qu'il a  pour  base  un  axe  avec  des  feuilles  en  quantité  plus  ou 
moins  considérable.  Pour  ceux-ci  encore  un  arbre  fruitier, 
par  exemple,  n'est  pas  seulement  un  individu  mais  bien  la 
réunion  d'autant  d'individus  qu'il  y  a  en  lui  soit  de  feuilles, 
soit  d'yeux  ou  bourgeons.  Bien  que  cette  manière  de  voir 
donne  prise  à  de  nombreuses  et  puissantes  objections,  elle 
n'en  a  pas  moins  eu  pour  partisans  des  hommes  dont  le  nom 
fait  autorité,  notamment  parmi  nous,  Dnpetit-Thouars^  le 
célèbre  directeur  de  la  Pépinière  du  Roule,  Gaudichaud,  Poi- 
teau,  etc. 

Enfin,  passant  sous  silence  d'autres  emplois  de  ce  même 
mot  individu,  nous  voyons  que  beaucoup  de  naturalistes  V ont 
appliqué  à  tout  être  pourvu,  quelle  que  soit  la  simplicité  ou  la 
complexité  de  son  organisation,  de  la  faculté  de  vivre  pour  son 
propre  compte  et  de  reproduire  des  êtres  semblables  à  lui. 
Dans  ce  sens,  une  herbe,  un  arbre  sont,  chacun  dans  son 
ensemble,  un  individu. 


Donnant  maintenant  une  extension  uniquement  philoso- 
'  phique  à  cette  dernière  acception  du  même  mot,  on  est  allé 
jusqu'à  dire  que  toutes  les  parties  du  végétal,  qui,  une  fois 
détachées  et  plantées,  soit  en  boutures  dans  le  sol,  soit  en 
greffes  dans  d'autres  plantes,  se  développent  de  manière  à 
devenir  finalement  un  nouvel  être  pourvu  des  caractères  du 
premier,  ne  sont  que  des  membres  du  môme  individu,  devant 
vivre  d'une  vie  commune,  grandir  de  même,  dépérir  de  môme, 
mourir  à  la  môme  époque. 

.  Donc,  en  résumé,  le  mot  individu,  dans  le  règne  végétal, 
est  bien  loin  d'avoir  une  application  unique  et  rigoureuse: 
par  conséquent  la  base  même  de  la  théorie  dont  il  s'agit  ici 
n'est  nullement  déterminée,  et  manque  dès  lors  de  toute  soli- 
dité. J'ajoute  que  l'idée  de  considérer  tous  les  arbres  issus  de 
la  multiplication  artificielle  d'un  seul  comme  formant  tous 
ensemble  un  seul  et  même  individu,  comme  animés  tous 
d'une  vie  commune,  d'après  l'expression  de  Knight,  n'est  sou- 
tenable  ni  anatomiquement  ni  physiologiquement,  et  je  ne 
crois  pas  avoir  à  redouter  d'être  contredit  par  les  physiolo- 
gistes en  répétant  ce  que  j'ai  déjà  dit  dans  la  séance  du  1  i  avril 
18G7,  c'est-à-dire  l'énoncé  contre  lequel  M.  de  Boutteville 
s'étonne  qu'il  ne  se  scit  pas  élevé  de  protestations:  des  lin- 
slantoù  une  portion  isolée  d'une  plante  et  qui  la  continue  avec 
ses  caractères,  c'est-à-dire  avec  son  port,  la  forme  de  ses  par- 
ties, etc.,  s'est  enracinée  de  manière  à  pouvoir  vivre  pour 
son  propre  compte,  grâce  à  ses  rapports  avec  le  sol  et  l'atmo- 
sphère, elle  doit  être  regardée  comme  une  plante  bien  dis- 
tincte de  la  première.  Elle  représente  le  pied-mère  dans  toute 
sa  manière  d'être,  par  la  raison  que  les  tissus  qui  la  compo- 
sent émanent  de  ceux  qui  constituaient  la  portion  de  végétal 
qu'on  avait  détachée  afin  delà  bouturer  ou  de  la  greffer;  mais 
elle  n'en  est  pas  une  dépendance  physiologique,  et  elle  accom- 
plit tous  les  phénomènes  de  sa  végétation  ainsi  que  de  sa 


—  112  — 

multiplication,  pour  son  propre  compte,  absolument  comme 
le  faisait  le  pied  qui  en  a  fourni  les  éléments  premiers.  En 
d'autres  termes,  elle  forme  un  nouvel  individu  physiologique, 
qui  végétera  vigoureusement  s'il  est  dans  de  bonnes  condi- 
tions, faiblement  si  le  contraire  a  lieu;  et  je  ne  puis  admettre 
que,  même  dans  les  meilleures  conditions  pour  végéter,  cet 
individu  soit  condamné  à  languir  et  dépérir  par  cela  seul 
que  l'arbre-mère,  qui  est  la  souche  de  tous  les  arbres  pro- 
venus de  lui  par  division,  sera  parvenu  au  terme  de  son  exis- 
tence. 

Mais  admettons  pour  un  instant  cette  étrange  théorie,  et 
voyons  si  les  conséquences  qui  en  découlent  nécessairement 
sont  d'accord  avec  les  faits.  Un  Poirier,  par  exemple,  devient, 
par  une  cause  que  je  n'ai  pas  à  rechercher,  l'origine  d'une 
nouvelle  variété.  Les  greffes  qu'on  lui  emprunte  propagent 
cette  variété,  et  en  peu  d'années,  il  existe  un  nombre  immense 
d'arbres  produisant  tous  des  fleurs,  des  fruits,  des  feuilles,  des 
rameaux,  etc.,  semblables  à  ceux  de  ce  pied-mère.  Si,  comme 
l'admet  celte  théorie,  tous  ces  arbres  sont  étroitement  reliés  à 
celui  qui  a  été  leur  souche,  s'ils  ont  avec  lui  une  vie  com- 
mune, ils  doivent  partager  son  sort,  languir  et  dépérir  avec 
lui,  mourir  avec  lui.  C'est  en  effet  ce  que  Knight  n'hésite  pas 
à  dire  :  les  arbres  d'une  même  variété  deviennent  tous  sujets, 
d'après  lui,  dans  un  espace  de  temps  peu  considérable,  à 
l'affaiblissement  et  aux  maladies  de  la  vieillesse.  Mais  d'où 
vient  alors  que,  même  pour  les  variétés  qu'on  nous  dit  tous  les 
jours  être  le  plus  tombées  en  décrépitude,  nombre  de  proprié- 
taires assurent  avoir,  dans  leurs  jardins,  des  pieds  très-vigou- 
reux, et  que  nous  en  voyons  fréquemment,  à  nos  séances,  sur 
les  tables  de  nos  Expositions,  des  fruits  d'une  rare  beauté  ?  Il 
y  aurait  donc  dans  cette  vie  commune,  dans  cette  décrépitude 
forcée,  vieillesse  avancée  d'un  côté,  adolescence  ou  virilité  de 
l'autre,   affaiblissement  extrême  ici,  là  au  contraire   vigueur 


—  113  — 

et  luxuriance  remarquables  !  Poser  cette  question,  c'est  y  ré- 
pondre. 

Allons  plus  loin  :  tous  les  arbres  d'une  variété,  après  avoir 
vieilli  avec  le  pied  mère  et  en  même  temps  que  lui,  doivent 
périr  avec  lui  ;  c'est  ce  que  n'hésitent  pas  à  dire  les  partisans 
de  la  théorie  qui  admet  l'extinction  des  variétés  par  vieillesse, 
qui  assimile  chacune  d'entre  ces  variétés  à  un  seul  être  vivant 
d'une  vie  commune  et  unique.  Or,  comment  conserver  une 
pareille  idée  en  présence  de  l'observation  de  tous  les  jours  ? 
Que  sont  devenus  les  arbres  mères  de  toutes  nos  variétés  tant 
soit  peu  anciennes  ?  Ils  ont  péri  de  vieillesse,  et  nous  possé- 
dons encore  des  représentants  extrêmement  nombreux  de  la 
variété. 

Presque  toujours  c'est  dans  les  variétés  de  Poiriers  qu'on 
cherche  des  exemples  à  l'appui  de  la  théorie  en  question. 
Mais  d'abord  je  ne  me  rappelle  pas  avoir  vu  encore  cité  un  seul 
exemple  de  Poirier  qui  ait  couiplétement  cessé  d'exister  dans 
nos  culture  par  l'effet  d'une  extinction  qu'ait  précédée  un 
affaiblissement  graduel;  pour  plusieurs  on  parle  aujourd'hui 
de  décrépitude,  de  dégénération  par  épuisement  tout  comme 
on  en  parlait  à  la  date  de  50  ans  et  plus;  et  cette  prétendue 
décrépitude  n'en  a  pas  encore  amené  la  disparition' qui  est 
toujours  annoncée  comme  prochaine.  Il  est  de  plus  incontes, 
table  que,  même  pour  les  Poiriers,  nous  cultivons  un  bon 
nombre  de  variétés  dont  la  culture  était  déjà  pratiquée  par 
les  Romains  qui  sans  doute  les  avaient  eux-mêmes  reçues  de 
populations  plus  anciennes.  Le  peu  de  mots  qu'en  disent 
Pline,,  Columelle,  etc.,  ne  peuvent  être  regardés  comme  des 
descriptions  précises  ;  cependant  Dalechamp  et  les  autres  com- 
mentateurs des  auteurs  anciens  n'hésitent  pas  à  reconnaître 
dans  \ePyrus  superba  des  Romains  la  Petite  Muscadelle,  dans 
P.  Lactea  la  Blanchette  ou  Blanquette,,  dans  P.  Favoniana  la 
Grosse  Muscadelle,  dans  P.  Dolabelliana  la  Poire  Musette, 
Avril    1869  s 


—    114  — 

dans  P.  Pompeiana  le  Bon-Chrétien,  dans  P.  Ampullacea  la 
Poire  d'Angoisse,  dans  P.  Coriolana  la  Poire  de  Jalousie, 
dans  P.  Onychma  la  Poire  Cuisse-Madame,  etc.,  etc.  Il  y  a 
donc  un  bon  nombre  de  sortes  de  Poiriers  qui  comptent  déjà 
une  longue  suite  de  siècles  d'existence,  dont  par  conséquent 
le  pied  mère  et  bien  d'autres  générations  après  lui  ont  eu  plus 
que  le  temps  d'arriver  à  la  décrépitude  et  à  la  mort,  et  qui 
non-seulement  existent  encore,  mais  qui  ne  sont  pas  plus 
décrépites  pour  cela. 

Il  en  est  de  même  pour  nos  autres  arbres  et  arbustes  frui- 
tiers. Pour  citer  seulement  quelques  exemples,  qui  pourrait 
ne  pas  reconnaître  dans  les  Vîtes  apianœ  des  Romains  nos 
Muscats,  dans  leur  Vitis  grœcula  le  Raisin  de  Corinlhe(l), 
dans  leur  Prunus  damascena  le  Prunier  de  Damas,  etc.,  etc.? 

Ainsi  les  faits  historiques,  comme  l'observation  de  tous  les 
jours,  comme  les  données  physiologiques,  tout  démontre 
surabondamment  l'inanité  de  cette  étrange  théorie  que  cer- 
taines personnes,  animées  sans  doute  d'une  conviction  pro- 
fonde et  d'une  parfaite  bonne  foi,  essayent  de  remettre  en 
vogue  sans  lui  donner  l'appui  d'un  seul  fait  précis,  d'une 
seule  observation  démonstrative.  Sans  doute  il  est  commode 
d'avoir  *à  sa  disposition  un  mot  qui  se  prête  à  tout  et  qui 
dispense  de  toute  recherche  attentive.  Dès  qu'un  végétal 
cultivé  se  montre  languissant  parce  que  les  circonstances  de 
sol,  de  climat,  de  culture  lui  sont  défavorables,  ou  lorsqu'une 
maladie  l'atteint  et  en  diminue  ou  détruit  le  produit,  le  fait 
ensuite  périr  lui-même,  il  est  facile  de  dire  qu'il  est  dégénéré, 
affaibli  par  une  trop  longue  culture  ou  parce  que  la  variété  à 
laquelle  il  appartient  approche  duterme  fatal  de  son  existence. 


(4)  Uva  tam  parva,  ut  nisi  pinguissimo  solo  colère  non  prosit  (La  grappe 
en  est  si  petite  qu'on  ne  doit  le  cultiver  que  dans  les  meilleures  terres).  Pline, 
liv.  xiv,  chap.   4. 


—  145    — 

Dans  ces  dernières  années,  plusieurs  espèces  de  la  grande  cul- 
ture et  beaucoup  de  celles  qui  peuplent  nos  jardins  ont  fourni 
matière  à  l'application  de  ces  idées  philosophiques  et  pure- 
ment philosophiques.  Une  Mucédinée  parasite  vient  causer 
d'affreux  dégâts  dans  les  plantations  de  Pommes  de  terre; 
c'est  que  la  Pomme  de  terre  est  dégénérée,  décrépite  et  qu'il 
faut  la  régénérer  en  obtenant  par  le  semis  des  variétés  nou- 
velles, c'est-à-dire  jeunes  et  vigoureuses  ;  or,  il  s'est  trouvé, 
d'un  côté,  que  des  carrés  entiers  de  plantes  issues  de  semis 
n'ont  pas  été  plus  épargnés  que  les  autres  ;  d'un  autre  côté,  que 
la  maladie  s'est  mise  à  décroître  sensiblement,  sans  influence 
connue,  dans  ces  dernières  années  I 

On  aurait  donc  dû  admettre,  dans  le  premier  cas,  que  la 
jeunesse  était  déjà  décrépite,  dans  le  second  que  la  décrépi- 
tude tendait  à  se  rajeunir!... 

Pour  la  Vigne,  une  autre  moisissure,  mais  celle-ci  toute 
extérieure,  est  venue  causer  des  pertes  immenses  en  arrêtant 
l'accroissement  des  grains  et  en  en  déterminant  la  rupture,  et 
par  conséquent  la  destruction.  On  n'a  pas  manqué  de  dire 
que  là  aussi  existait  une  cause  occulte  et  intime,  une  dégéné- 
ration ou  un  état  morbide  latent.  On  a  eu  beau  montrer 
qu'une  simple  application  de  soufre  à  la  surface  des  Vignes 
malades  non-seulement  sauvait  la  récolte  en  faisant  périr  la 
végétation  parasite,  YOïdium,  non-seulement  rendait  à  ces 
mêmes  Vignes  leur  vigueur  première,  mais  encore  semblait 
leur  communiquer  une  nouvelle  énergie  végétative;  les  par- 
tisans de  la  cause  occulte  n'en  ont  pas  moins  persisté  dans 
leur. opinion  et  fermé  les  yeux  à  la  parfaite  évidence  des 
faits  ! 

Les  Citrus,  Orangers,  Citronniers,  etc.,  fournissent  à  leur 
tour,  en  ce  moment  même,  matière  à  une  application  des 
mêmes  idées  spéculatives  ;  eux  aussi  sont  arrivés  à  la  fin  de 
l'existence  de  leurs  variétés  ;  il  n'y  a  donc  aucun  remède  au 


—  146  — 

mal  qui  en  ravage  les  plantations,  et  il  faut  en  obtenir  des  va- 
riétés nouvelles  auxquelles  leur  nouveauté  puisse  donner  toute 
la  vigueur  de  la  jeunesse  ! . .. 

Quant  aux  arguments  tirés  de  la  pratique  de  l'arboriculture 
qui  vont  également  à  rencontre  de  la  prétendue  tendance  à 
l'extinction  des  variétés  par  vieillesse,  je  laisse  à  mes  habiles 
collègues  delà  Société  d'Horticulture  le  soin  de  les  exposer;  ils 
sont  à  cet  égard  aussi  compétents  que  je  le  suis  peu  moi- 
même.  Il  ne  leur  sera  pas  bien  difficile,  j'en  suis  Certain,  de 
démontrer  qu'une  culture  bien  entendue,  sur  une  exposition 
en  rapport  avec  les  exigences  de  chaque  sorte  d'arbre,  qu'une 
multiplication  artificielle  pratiquée  non  pas  au  hasard,  comme 
presque  toujours,,  mais  avec  un  judicieux  discernement,  donne 
le  moyen  d'obtenir,  même  pour  les  variétés  prétendues  décré- 
pites, surannées,  une  végétation  satisfaisante  et  des  fruits  d'une 
rare  beauté,  pareils  en  un  mot  à  ceux  que  nous  avons  pu  ad- 
mirer, bien  des  fois,  dans  ces  derniers  temps.  Pour  ma  part,  je 
n'ai  pas  à  entrer  dans  ces  détails;  j'ai  voulu  seulement  mon- 
trer dans  cette  note  que  notre  Société  n'a  pas  été*  aussi  cou- 
pableque  le  pensel'honorable  M.  deBoutteville  en  ne  protestant 
pas  contre  ce  que  j'avais  dit  dans  la  séance  du  11  avril  1867  ; 
j'«i  voulu  aussi  expliquer  et  justifier  la  conviction  dans  la- 
quelle je  suis  que  la  théorie  relative  à  l'extinction  des  variétés 
fruitières  par  vieillesse  est  en  contradiction  avec  les  données 
de  la  physiologie  végétale,  avec  l'observation  journalière,  avec 
les  faits  historiques  ;  enfin  qu'elle  manque  même  de  base  et  ne 
procède  que  d'un  philosophisme  commode  mais  nullement  au- 
torisé. 

M.     P.    DUCHARTRE. 


—  117  — 

DISSERTATION  SUR  LA  VÉGÉTATION. 

Des  faits  qui  témoignent  contre  la  circulation  de  la  sève. 

Comme  il  est  toujours  plus  facile  de  plaider  en  faveur 
d'une  bonne  cause  que  d'en  soutenir  une  mauvaise,  nous  ne 
sommes  pas  embarrassé  de  faire  intervenir  les  faits  qui  détrui- 
sent la  théorie  de  la  circulation  de  la  sève  et  de  son  épura- 
tion par  les  feuilles.  Nous  n'avons  que  l'embarras  du  choix,,  car 
nous  ne  voulons  pas  les  appeler  tous  en  témoignage  ;  ce  serait 
abusif. 

Le  premier  que  nous  ferons  intervenir  est  celui  qui  se  ma- 
nifeste après  l'opération  du  recepage,  et  de  l'étètement  des 
arbres. 

Quand  on  rabat  un  arbre  à  fleur  de  terre  ou  au-dessous  des 
branches,  on  voit,  au  printemps  suivant,  se  produire  tout  au 
tour  delà  section,  d'abord  un  bourrelet  celluleux,  puis  de  nom- 
breux petits  mamelons  qui  s'allongent  et  qui  bientôt  se  cou- 
vrent de  feuilles.  Et  cependant,  cette  souche,  cette  tige,  était 
dépourvue  de  feuilles  pour  élaborer  la  sève  qui  a  nourri  les 
cellules  du  bourrelet  et  des  mamelons  ;  car  il  est  incontestable 
qu'il  y  a  eu  là  production  nouvelle  de  tissus.  lia  donc  fallu 
que  les  cellules  anciennes  élaborassent  la  sève  brute  puisée  et 
fournie  par  les  racines,  puisqu'il  est  impossible  de  faire  inter- 
venir ici  la  préparation  de  la  sève  par  les  feuilles,  pour  la  re- 
jeter dans  le  grand  système  de  la  circulation  de  la  sève  mon- 
tante et  descendante. 

Le  second  fait  est  le  gonflement  des  yeux  pendant  l'hiver. 
On  ne  peut  contester  que  l'oeil  d'un  arbre  est  beaucoup  plus 
petit  en  décembre  que  dans  le  mois  de  mars.  Dans  les  arbres 
à  feuilles  caduques,  il  n'y  a  pas,  par  conséquent,  ce  labora- 
toire particulier  officiel  d'élaboration,  les  feuilles,  pour  épurer 
la  sève  servant  à  nourrir  les  cellules  qui  s'ajoutent  aux  an- 


—   118  — 

ciennes  pendant  l'hiver  pour  grossir  cet  œil.  C'est  donc  encore 
dans  les  anciens  tissus  que  se  prépare  la  nourriture  des  nou- 
veaux. 

Les  Asperges,  les  Oignons,  toutes  les  plantes  vivaces à  tiges 
annuelles  nous  fournissent  un  troisième  fait.  Où  sont  les 
feuilles  qui  élaborent  la  sève  avec  laquelle  se  nourrissent  ces 
longs  turions  d'Asperges,  qui  ont  souvent  30  centimètres  de  lon- 
gueur sur  5  à  6  de  circonférence,  avant  que  leur  extrémité  supé- 
rieure parvienne  à  la  surface  du  sol?  Où  sont  donc  ces  organes 
purificateurs  de  la  sève  brute  dans  les  champignons,  et  surtout 
dans  la  truffe  qui  se  développe  sous  terre  où  elle  ne  voit  ja- 
mais le  soleil,  dont  la  présence  est,  dit-on,  nécessaire  pour  dé- 
composer l'acide  carbonique  contenu  dans  les  végétaux,  afin 
que  les  nouveaux  tissus  puissent  s'emparer  et  fixer  le  carbone 
et  se  débarrasser  de  l'oxygène  inutile?  Où  sont  en  outre,  dans 
ces  plantes  cryptogames,  tous  ces  vaisseaux  du  système  circu- 
latoire ascendant  et  descendant?  Ces  plantes  ne  sont  compo- 
sées, comme  chacun  sait,  que  de  cellules  et  n'ont  pas  de  vais- 
seaux ;  il  ne  peut  donc  pas  y  avoir  de  circulation  qui  porte  la 
sève  élaborée  sur  les  points  où  il  y  a  formation  de  nouveaux 
tissus;  la  végétation  se  fait  par  conséquent  sans  elle  et  nous 
savons  tous  avec  quelle  rapidité  se  développe  un  champignon  : 
c'est  même  proverbial. 

Je  pourrais  citer  bien  d'autres  faits;  ce  serait  oiseux. 

Mais,  diront  les  partisans  de  la  circulation  et  des  sèves  as- 
cendante et  descendante,  nous  reconnaissons  que  la  sève  brute 
ou  ascendante  est  la  nourriture  normale  des  nouveaux  tissus 
des  organes  aériens  ;  nous  prétendons  seulement  que  les 
feuilles  l'élaborent  et  la  rendent  à  la  circulation  pour  qu'elle 
descende  vers  les  racines,  qui  ne  peuvent  s'allonger  et  pro- 
duire de  nouveaux  tissus  sans  cette  sève  purifiée  par  l'organe 
officiel  d'élaboration. 

T.a  simple  observation  de  ce  qui  se  passe  dans  la  germina- 


—  119  — 

tion  montre  que  ce  principe  est  sans  fondement.    Quand  un 
,  marron,  un  haricot,  ou  toute  autre  graine  est  mis  en  terre,  et 
qu'il  y  trouve  humidité,  air  et  chaleur,  il  se  fait  aussitôt,  dans 
l'intérieur  de  son  enveloppe,  un  petit  travail  mystérieux,  qui 
a  pour  effet  de  faire  sortir,  au  bout  de  quelques  jours,  une  pe- 
tite pointe  conique  qui  s'allonge  en  se  dirigeant  vers  le  centre 
de  la  terre.  Ce  petit  corps,  qui  n'est  autre  chose  que  la  racine, 
ne  peut    s'allonger  que  par  l'adjonction  de  nouveaux  tis- 
sus, et  il  s'allonge  ainsi  pendant  plusieurs  jours,  atteignant 
parfois  10  et  20  centimètres,  sans  qu'il  paraisse  le  moindre 
organe  pourvu  de  feuilles.  Donc,  puisque  cette  racine  se  déve- 
loppe sans  recevoir  de  sève  élaborée  parles  feuilles,  c'est  qu'ap- 
paremment les  anciens  tissus, —  qui  ne  reçoivent  pas  non  plus 
l'action  du  soleil  pour  opérer  la  décomposition  de  l'acide  car- 
bonique auquel  ils  empruntent  le  carbone  pour  former  la  ma- 
tière des  nouvelles  cellules,    des  vaisseaux  ,  etc.,  etc. ,  — 
peuvent  se  passer  également  bien  du  concours  des  feuilles,  pour 
épurer  la  sève  qu'ils  puisent  directement  dans  le  sol;  ils  la 
modifient  très-bien  eux-mêmes. 

On  pourrait  encore  citer  les  boutures,  les  greffes  de  por- 
tions de  rameaux  dépourvus  de  feuilles,  et  les  boutures  de 
racines  qui  n'ont  même  pas  de  bourgeons  constitués  ;  on  pour- 
rait y  ajouter  les  résultats  des  opérations  de  la  taille,  des 
incisions  annulaires,  du  cran,  qui  témoignent  tous  contre  le 
système  ingénieux  de  la  circulation  ;  mais  nous  croyons  en 
avoir  produit  suffisamment  pour  démontrer  l'erreur  dans  la- 
quelle sont  tombés  les  partisans  de  l'analogie  et  de  la  solida- 
rité des  différents  organes  dans  les  végétaux. 

Mais,  va-t-on  dire,  le  latex  est  bien  positivement  le  produit 
de  la  sève  brute  transformée  par  les  feuilles  et  abandonnée 
ensuite  par  elle  pour  se  disperser  dans  tout  le  végétal.  Nouvelle 
erreur  mise  en  circulation  par  un  savant  allemand,  le  docteur 
Schultz,  et  acceptée  par  la  science  moderne. 


—  120  — 

Le  latex,  ou  suc  laiteux  des  plantes,  n'est  pas  plus  élaboré 
par  les  feuilles  que  la  sève  qui  sert  à  l'élongation  des  racines, 
et  il  ne  circule  pas  plus  qu'elle.  Il  se  forme  sur  place.,  comme 
la  fécule,  comme  la  gomme,  comme  la  résine,  et  reste  emma- 
gasiné dans  des  réservoirs  allongés  qui  forment  des  sortes 
de  canaux  ou  vaisseaux  ramifiés,  dont  les  ramifications  sont 
soudées  ensemble  formant  ainsi  comme  les  mailles  d'un  filet 
de  pêcheurs. 

Lorsqu'on  examine,  au  microscope,  un  organe  quelconque 
qui  contient  du  lait  ou  latex,  sans  détacher  cet  organe  de  la 
plante,  et  sans  mettre  de  l'eau  sur  le  porte-objet  de  l'instru- 
ment, on  n'aperçoit  aucun  mouvement  des  granules  de  ce  suc 
laiteux  dans  les  vaisseaux  qui  le  renferment  ;  du  moins  nous 
ne  l'avons  jamais  pu  voir.  Mais  si  l'organe  est  détaché  de  la 
plante,  ou  bien  si  ce  n'est  qu'un  fragment  infinitésimal  de  cet 
organe,  qui  en  a  été  enlevé  à  l'aide  d'un  instrument  tranchant, 
alors  le  mouvement  est  manifeste.  On  voit  parfaitement  les 
granules  circuler  dans  tous  ces  petits  canaux.  Ce  mouvement 
s'explique  facilement.  Les  canaux  se  trouvant  rompus  par  l'in- 
strument qui  a  opéré  la  séparation  du  fragment  de  l'organe, 
ils  se  vident  tout  naturellement.  De  là,  le  mouvement  des 
granules  et  la  conclusion  des  physiologistes  :  le  latex  circule 
dans  les  végétaux,  de  haut  en  bas. 

Pour  que  ce  liquide  laiteux  descende,  comme  on  le  prétend, 
quand  au  contraire  la  sève  brute  monte,  il  faut  admettre  qu'il 
existe  une  force  quelconque  qui  l'attire  vers  la  base.  Or,  cette 
force  n'existe  pas.  Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  faire  une 
simple  incision  transversale  sur  une  tige  de  Ficus  elastica  par 
exemple,  ou,  pour  plus  de  certitude,  d'enlever  un  anneau  d'é- 
corce.  On  voit  aussitôt  le  lait  s'écouler  aussi  rapidement  de  la 
lèvre  inférieure  que  de  la  lèvre  supérieure.  Puisque  le  lait  de  la 
portion  de  la  tige  située  au-dessous  de  la  décortication  re  monte, 
il  n'y  a  donc  pas  une  force  qui  l'attire  vers  la  base  pour  le  faire 


—  121   — 

descendre,  comme  il  y  en  a  une  pour  la  sève  ascendante  — 
l'aspiration  des  feuilles  —  qui  l'empêche  de  descendre  quand 
on  pratique  une  incision  dans  les  couches  de  l'aubier  ;  ici,  en 
effet,  l'écoulement  a  lieu  par  les  vaisseaux  de  la  partie  infé- 
rieure, rien  ne  découle  de  la  section  supérieure.  Ce  fait  est  assez 
concluant. 

F.  Herincq. 


LES  ENGRAIS  CHIMIQUES  GEORGES  VILLE,    EMPLOYÉS 
DANS  LA  CULTURE  DES  LÉGUMES. 

J'avais  lu  dans  les  journaux  qu'on  avait  obtenu  de  très-belles 
récoltes  de  pommes  de  terre  avec  l'engrais  chimique  Georges 
Ville. 

J'écrivis  à  M.  le  marquis  d'Havrincourt,  qui  voulut  bien  me 
répondre,  le  1er  mars  dernier,  que  les  récoltes  obtenues  avec 
ces  engrais  avaient  été  énormes. 

Je  n'hésitai  pas  alors  à  contrôler  ce  résultat,  en  opérant  par 
moi-môme. 

J'avais  une  terre  de  20  ares,  sortant  de  luzerne,  et  ayant 
rapporté  deux  récoltes  successives  d'avoine  sans  engrais. 

Je  la  choisis  de  préférence,  parce  que  cette  céréale  avait  dû 
enlever  tout  l'azote  contenu  dans  la  terre,  et  que  je  considère 
l'azote  comme  inutile,  sinon  nuisible  aux  légumes. 

Avant  de  planter,  j'épandis  sur  le  sol  : 

80  kilog.  superphosphate  de  chaux,  à  fr.  10(1)..     12  80 

60     id.     nitrate  de  potasse,  à  fr.  62.    .   .     37  20 

00     id.     sulfate  de  chaux  ou  plâtre 1   45 


Total,  fr.  51   45 


(<)  M.  le  marquis  d'Havrincourt  prétend  qu'il  y  aurait  grand  avantagea  mettre 
4  30  kilog.  de  phosphate  au  lieu  de.  80, 


—   122  — 

Notons  en  passant  que  je  n'aurais  pu  mettre  moins  de 
6,000  kilog.  de  fumier,  soit  30,000  kilog.  à  l'hectare,  ce  qui 
m'aurait  occasionné  une  dépense  de  fr.  72  (1)  au  lieu  de 
fr.  51  45. 

Cinq  jours  après  la  plantation,  je  hersai  avec  une  petite 
herse  en  fer  pour  détruire  les  plantes  parasites. 

Je  renouvelai  cette  opération  trois  fois,  jusqu'à  la  levée  du 
plant . 

Quand  le  plant  fut  bien  levé,  je  fis  donner  un  coup  de  charrue 
spéciale  à  la  main,  entre  les  raies,  et  biner  entre  les  touffes. 

Un  mois  après,  'je  fis  donner  un  second  coup  de  charrue  à 
la  main  et  un  binage. 

De  mai  à  août  nous  avons  eu  92  jours  de  sécheresse  con- 
stante. 

Malgré  cela,  j'ai  récolté  3,400  kilog.  de  tubercules. 

Voici  mes  dépenses  : 

Labour  avant  l'hiver.    ..." fr.    4  » 

Valeur  du  loyer  de  ma  terre 20  t> 

Labour  pour  planter 4  » 

Hersage  et  roulage ,  .   .  .  2  )) 

Coût  du  plant 21  » 

Trois  femmes  pour  planter  à  la  charrue..   .  .  2  25 

Trois  petits  hersages  pour  détruire  les  parasites.  5  » 

Deux  binages  à  la  charrue  à  main 2  3) 

Deux       id.      à  la  main 2  40 

Six  journées  d'hommes  et  sixjournées  de  femmes 

pour  récolter 1 9  20 

Transport  pour  rentrer  la  récolte 6  n> 

A  reporter. ...  85  85 

(1)  M.  Bella,  un  de  nos  agriculteurs  les  plus  distingués,  et  Directeur  de  l'Ecole 
modèle  de  Grigûon,  a  trouvé,  après  une  étude  qui  a  duré  cinq  années,  que. 
le  fumier  conduit  sur  les  terres  ne  pouvait  revenir  à  moins  de  fr.  4  2  les  1000  kilog. 


—   123  — 

Report 85  85 

Goût  de  l'engrais 51  45 

fr.   137  30 
3,400  kilog.  à  fr.  3  50  les  50  kilog.  ......       238     » 

Bénéfice,  loyer  de  la  terre  payé fr.  400  70 

M.  Georges  Ville  prétend  que,  dans  une  bonne  année,  j'au- 
rais dû  obtenir  de  4,500  à  5,000  kilog. 

Gette  année  j'ai  semé  du  blé  dans  cette  terre,  sans  autre 
engrais  que  60  kilog.  d'ammoniaque,  à  fr.  45,  soit  fr.  27. 

D'après  M.  Georges  Ville,  je  dois  avoir  une  très-bonne  ré- 
colte de  blé,  nous  verrons  ! 

En  tout  cas,  ma  terre  est  d'une  excessive  propreté,  et 
comme  je  considère  l'absence  du  parasite  comme  presque  aussi 
favorable  à  la  plante  que  l'engrais,  je  compte  au  moins  sur 
une  récolte  passable,  qui  ne  me  coûtera  que  fr.  27  d'engrais, 
puisque  la  récolte  de  pommes  de  terre  a  payé  le  premier  en- 
grais, en  laissant  encore  un  très-beau  bénéfice. 

Je  n'ai  pas  eu  un  tubercule  malade,  ce  que  j'attribue,  ou  à 
l'absence  de  l'azote,  ou  à  ce  que  j'ai  récolté  en  septembre, 
peut-être  aux  deux  moyens  employés. 

Tous  les  membres  de  la  Société,  qui  le  peuvent,  devraient 
contrôler  cet  essai,  en  en  faisant  un,  ne  serait-il  que  de  100 
mètres  carrés  ;  le  coût  d'engrais,  pour  cette  quantité  de  terrain, 
ne  serait  que  de  fr.  2  55;  j'offre  de  leur  céder  l'engrais  au 
prix  auquel  il  me  revient. 

Les  fumiers  sont  si  rares,  que  ce  serait  véritablement  très- 
heureux  de  trouver  des  matières  remplissant  le  même  but,  et 
on  les  trouve  facilement  dans  le  commerce. 

J'ai  essayé  les  engrais  chimiques  pour  les  petits  pois,  les 
haricots,  les  choux  et  les  navets,  ils  m'ont  donné  les  mêmes 
résultats  que  pour  les  pommes  de  terre. 

Voici,  d'après  mon  expérience,  les  légumes  qui  ne  deman- 


-~  124  — 

dent  pas  d'azote,  et  par  conséquent  auxquels  le  fumier  n'est 
pas  nécessaire  : 

Petits  pois,  haricots,  fèves,  pommes  de  terre,  choux  et  poi- 
reaux ;  le  phosphate  de  chaux,  la  potasse  et  le  plâtre  leur 
suffisent  ;  le  navet  ne  demande  que  le  phosphate. 

On  devrait  se  livrer  à  des  essais  sur  tous  les  légumes  ;  si  la 
pratique  venait  affirmer  la  théorie  de  M.  Georges  Ville,  ce  serait 
la  fortune  de  nos  hortillons  auquel  le  fumier  revient  si  cher. 

P.  S.  J'avais  terminé  cette  note,  lorsqu'un  de  mes  amis,  qui 
se  livre  aux  mêmes  essais  que  moi,  m'engage  à  ajouter  à  la 
formule  pour  les  pommes  de  terre,  un  kilog.  de  nitrate  de  soude 
par  are,  ce  qui  porterait  la  dépense  totale  d'engrais,  pour  un 
essai  de  100  mètres,  àfr.  2  90,  au  lieu  defr.  2  55  ou  fr.  3  22, 
si  on  augmente  le  phosphate  de  chaux,  comme  le  recommande 
M.  le  marquis  d'Havrincourt. 

M.  H.  Du  Roselle. 
(Soc.  d'Hort,  de  Picardie.) 


PLANTES  NOUVELLES 

Les  nouveautés  obtenues  de  semis  sont  plus  nombreuses 
que  jamais;  les  semeurs  sont  infatigables. 

Rosiers.  Avec  le  dernier  numéro  de  ce  recueil,  nos  abonnés 
ont  reçu  l'extrait  du  catalogue  de  M.  H.  Jamain,  dans  lequel 
sont  annoncés  les  nouveaux  Rosiers  que  cet  horticulteur  spé- 
cialiste suppose  être  les  meilleurs  ;  nous  n'avons  donc  pas  à 
nous  occuper  de  ce  beau  genre  qui  est  toujours  en  grande 
faveur  auprès  des  amis  de  Flore. 

Glaïeuls.  Les  Glaïeuls  jouissent  toujours  aussi  de  l'estime 
publique,  et  M.  Souchet  a  livré  son  contingent  pour  1869. 
Les  nouveaux  venus  sont  :  Argus,  Buffon,  Circé,  Homère,  Ma- 
dame Desportes,  Marie  Stuart,  Michel-Ange,  Monsieur  Le- 
gouvé,  Racine,  Romulus,  Schiller,  Thomas  Methwen  et  Virgile. 


—  125  — 

On  doit  encore  à  d'autres  producteurs  :  Antonius,  Cornélie, 
Fénelon,  Isis,  Jenny  Lind,  Madame  Dombrain,  Montaigne, 
Mont-Blanc,  Picciola,  Van  Dyek,  Vésuve,,  etc. 

Gloxinia.  L'établissement  Thibaut  et  Ketelèer,  rue  Houdan, 
à  Sceaux  (Seine),  est  en  possession  d'une  belle  série  de 
Gloxinia  obtenus  par  M .  Vallerand,  et  qui  se  distinguent  par 
des  coloris,  des  dessins  nouveaux  et  surtout  par  un  grand  per- 
fectionnement dans  la  forme  des  fleurs.  Chacun  connaît  la 
sévérité  de  ces  horticulteurs  dans  l'acceptation  des  nouveaux 
gains.  Ces  nouveautés  sont  :  Baron  d'Itajuba,  Baronne  d'Ita- 
juba.  Comte  de  Gomer,  Comtesse  du  Barrai,  Empereur  du 
Brésil,  Madame Chaverondier,  Madame  Cochin,  Madame  Gus- 
tave Ray,  M.  Gaussin,  M.  Lucy-Sédillot,  Mgr  Faria,  Vicomte 
de  Forceville. 

Le  même  établissement  met  en  vente  un  Achimenes  elegans 
flore  pleno,  et  le  Tydea  Nero,  gains  de  M.  Bosciaiid. 

Pelargonium.  Les  Pelargonium  surgissent  de  toutes  parts  : 
chez  MM.  Thibaut  et  Keteleêr  ce.  sont,  en  variétés  à  grandes 
fleurs  :  Ajax,  Clio,  Cybèle,  Jason,  Ophelia  (gains  de  M.  Malet)  ; 
—  Argus,'  Bougainville,  Cyrus,  Fortunio,  Midas  (gains  Co- 
lomb) ;  —  Dr  Hauregard,  Madame  Chivé,  Madame  Colignon, 
M .  Foucauld  et  M.  Perot,  gains  de  M .  Duval,  tous  semeurs 
émérites. 

Parmi  les  inquinans  et  zonale,  ce  sont  abbé  Roussel  et  De- 
licata,  gains  Malet. 

M.  Boucharlat  aîné,  de  Cuire-lès-Lyon  (Rhône),  offre  cette 
année,  aux  amateurs ,  deux  nouveautés  de  Pelargonium  à 
grandes  fleurs  :  Impératrice  Eugénie  et  Max  Nisson. 

Pelargonium  zonale-inquinans  à  fleurs  doubles.  M.  Lemoine, 
de  Nancy,  a  choisi  parmi  trois  cents  Pelargonium  zonale-in- 
quinans qui  ont  fleuri  doubles,  cinq  variétés  seulement  qui 
portent  les  noms  de  :  M.  Thibaut,  Merveille xle  Lorraine,  Terre 
promise,  Ville  de  Nar.cy,  V.  Lemoine. 


—  126  — 

M.  Rendatler,  de  Nancy,  annonce  :  Conseiller  Ragon,  Jeanne 
de  Saint-Maur,  Madame  Racouchot,  Tom  Pouce  cerise  et  Tom 
Pouce  rose. 

M.  Crousse,  de  la  même  ville,  dispose  de  deux  variétés  : 
Marie  Crousse  et  M.  de  Saint-Jean. 

Les  autres  nouveautés  sont  :  Madame  Debray,  Madame  Bon- 
de (gains  Alégatière  à  Montplaisir-Lyon) ,  Beauté  Poitevine 
(Bruant,  de  Poitiers),  Mademoiselle  Delasalle,  M.  de  Saint-Paul 
(gains  de  M.  Delasalle,  de  ïhumesnil,  près  Lille). 

Les  variétés  à  fleurs  simples  sont  innombrables.  Elles  dé- 
passent la  centaine  !  Nous  énumérerons  seulement  celles  des 
semeurs  les  plus  en  renom,  renvoyant  aux  catalogues  pour 
les  descriptions  :  Abbé  Roussel,  M.  Boulanger  et  Mmc  Mézard, 
variété  hors  ligne(gains  Babouillard) , —  Chanoine  W.  Moreau, 
Oflenbach,  Paul  Fournier,  Pygmée,  Valcan  (Bruant);  — 
l'Incomparable  Boule  Rose,  Madame  Marion,  M.  Malet,  xMa- 
dame-J.  Ménoreaux,  Mlle  Clémentine  Valbusat,  MUe  Éditli 
de  la  Chapelle,  oncle  Tom,  Vulcain  (gains  Boucharlat);  Bico- 
lore, M1Ie  Isabelle  Chandon  (gains  Châté ,  sentier  St-An- 
toine,  Paris); — Bellini,  Émulation,  Gabrielle,  George  Sand, 
La  Fournaise,  Mrae  Jules  Élie,  Mme  Lemoinier,  M.  Gebhard, 
surprise  (gains  Crousse)  ;  —  Illusion  ,  madame  Jules  Alde- 
bert,  floribunda  alba,  Candidat,  Pie  IX  (gains  Delesalle); 
—  Avocat  Gambetta,  docteur  W.  Neubert,  Emile  Lemoine, 
Jean  Sisley,  G.  Gœschke,  l'Avenir,  l'Aurore,  madame  Horte, 
Rafarin  (gains  Lemoine);  —  Charles  Neuner,  Cora,  Jacob 
Makoy,  M.  Bouchy,  M.  Liabaud,  Orphée,  Victor  Didier  (gains 
Rendatler),  etc.,  etc.  —  Il  est  temps  de  faire  une  croix  pour 
les  Pelargonium.  Si  nous  en  avons  oublié  d'importants,  c'est 
que  les  catalogues  ne  nous  sont  pas  parvenus.  Passons  aux 
genres  variés. 

Eleagnus  Simonii.  Cette  nouvelle  espèce  de  Chalef,  origi- 
naire de  la  Chine,  est  très-rustique.  Ses  feuilles  sont  persis- 


—   127  — 

tantes,  argentées  en  dessous,,  et  ses  fleurs  blanches  sont  très- 
odorantes.  Elle  est  positivement  de  plein  air  en  France. 

Daphne  papyracea.  Ce  daphne,  qui  fournit  aux  Japonais  un 
liber  très-résistant  avec  lequel  ils  font  du  papier,  est  aussi  de 
plein  air.  Il  est  à  feuilles  caduques  ;  sa  végétation  est  rapide. 
Ces  deux  nouveaux  arbrisseaux  sont  annoncés  par  l'établisse- 
ment Thibault  et  Keteleèr. 

Dier  villa  ou  Weigelia.  Ce  genre  s'est  enrichi  de  plusieurs 
variétés.  Le  Lavallei,  dédié  àM.  Alphonse  Lavallée,  est  un  hy- 
bride, obtenu  par  M.  Lemoine,  du  croisement  des  \Y.  arborea 
et  multiflora.  Ses  longues  grappes  flexibles  tiennent  de  l'or* 
borea,  et  la  couleur  rouge  pourpre  de  ses  belles  grandes  fleurs 
est  due  à  l'influence  du  multiflora.  C'est  un  arbrisseau  très- 
vigoureux  qui  peut  atteindre  jusqu'à  3  mètres  d'élévation  ; 
il  est  très-florifère  et  fleurit  dès  la  hauteur  de  quelques  cen- 
timètres. C'est  une  excellente  obtention  ;  et  pour  la  culture 
forcée  le  Diervilla  Lavallei  sera  très-recherché.  —  Une  autre 
nouveauté,  \eWeigclia  hortensis  floribunda  est  annoncée,  encore 
par  M.  Lemoine,  comme  une  variété  très -florifère.  —  D'un 
-autre  côté,  M.  Billiard  fils,  dit  la  Graine,  à  Fontenay-aux-Roses 
(Seine),  met  au  commerce  huit  autres  Weigelia  nouveaux  de 
semis  :  Caméléon,  madame  Billard,  madame  Couturier,  ma- 
dame Teillier,  M.  Dauvesse,  M.  Gustave  Morlet  ,  M.  Lemoine 
etvenosa. 

Sambucus  Fontenaysii,  Spirea  tenuissima  et  oblongifolia 
major ,  sont  encore  des  nouveautés  de  M.  Billiard. 

Ceanothus  gloire  de  Versailles  (Christen).  M.  Lemoine  fait  le 
plus  grand  éloge  de  ce  nouveau  Ceanothus,  qui  laisse  bien  loin 
derrière  lui,  dit  certain  écrivain,  le  Ceanothus  azureus.grandi- 
florus. 

Salix  babylonica  mascula.  Jusqu'à  ce  jour,  le  saule  pleureur 
mâle  était  inconnu  ;  M.  Rendatler  annonce  qu'il  le  possède. 

^A  continuer.) 


—   128   - 


Travaux  ûu   mois  de  fi; 


Votager.  On  continue  de  semer  en  pleine  terre  toutes  espèces  de  plantes  po- 
tagères :  pois,  fèves,  haricots,  carottes,  chicorée  d'été,  cornichons,  choux  divers, 
ehoux-nav.ets,  navets  de  Suède,  etc.,  etc.  On  met  en  place  le  plan  élevé  sur 
couche,  telles  que  tomates,  aubergines,  concombres,  choux-fleurs,  etc. 

On  établit  en  plein  air  des  meules  à  champignons  et  des  couches  tièdes  ou 
sourdes  pour  melons  d'arrière-saison  ou  pour  planter  des  patates. 

Jardin  fruitier.  C'est  le  moment  où  il  faut  visiter  assidûment  les  arbres  frui- 
tiers et  porter  son  attention  sur  le  développement  des  brauches,  afin  de  suppri- 
mer celles  qui  pourraient  nuire  au  parfait  développement  de  l'arbre,  ou  altérer 
sa  fertilité.  11  faut  veiller  surtout  à  maintenir  l'équilibre  des  espaliers,  en  dé- 
palissant et  redressant  les  membres  faibles,  en  palissant  au  contraire  très-vigou- 
reusement et  horizontalement  les  parties  vigoureuses,  ou  en  pinçant  les  bran- 
ches verticales  qui  prendraient  trop  de  développement. 

Jardin  d'agrément.  On  peut  livrer  en  pleine  iarm,  dans  la  première  quinzaine 
de  ce  mois,  les  héliotropes,  hortensias,  pelargogi^,  pétunias,  verveines.  On 
continue  les  semis  de  plantes  annuelles  du  mois  d'avril;  mais  il  est  un  peu  tard 
pour  les  balsamines,  belles-de-nuit,  malopés,  œillets,  Zinnia,  etc.  Quelques  plants 
doivent  être  déjà  bons  à  repiquer;  il  faut  y  veiller  et  ne  pas  attendre  qu'ils  soient 
trop  grands;  la  reprise  alors  est  plus  difficile. 

Serres.  Rempotage,  bouturage  et  greffes  herbacées,  sont  les  principaux 
travaux  du  mois.  Dans  la  deuxième  quinzaine  on  sort  les  plantes  d'orangerie,  et 
vers  la  fin  les  plantes  de  serres  tempérées  et  de  serres  chaudes.  Il  faut  avoir 
bien  soin  de  choisir  un  temps  couvert,  autrement  le  soleil  détruirait  les  jeunes 
pousses,  encore  trop  tendres  pour  affronter  ses  rayons  brûlants. 


Paris.—  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaud,  rue  Cassette   1). 


ii  DE  CAISSES  RONDES  A  PAROIS  MOBILES  POUR  ARBOSTES  D'ORNEMENT  ET  PLANTES  DE  SERRES 

FENOGLIO 

MEMBRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  ET  CENTRALE   D' HORTICULTURE  DE  FRANCE 

MENUISIER,     BREVETÉ    SANS    GARANTIE     DU     GOUVERNEMENT 
1,  rue  de  Kabylie  (XIXe  arrondissement) 

liriorilé  de  la  Caisse  ronde  sur  la  Caisse  carré  est  reconnue  depuis  longtemps  déjà;  l'emploi  des  bois 
ne  permettant  pas  l'adhérence  ou  l'introduction  des  racines  entre  les  fibres  ou  les  joints,  donne  à  la 
i  avantage  de  durée  incontestable  sur  l'ancien  modèle  carié.  Le  renouvellement  du  bois  dans  ces 
.'entraînant  pas  celui  du  métal,  elles  offrent  donc  solidité  et  économie, 

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Par  E.  CHATÉ  fils,  horticulteur. 

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COMPUEÎSANT 

STOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES   A  L'HORTICULTURE 

,  AVEC 

L'Indication  de»  moyen»  propre*  &  le.  éloigner  ou  a  les  détruiro  et  L'HISTOIRE  DES  INSECTE» 
ET  AUTRES  ANIMAUX  UTILES  AUX  CULTURES 

Par   le    Dr  BOISDUVAL. 

je  illustré  de  125  tigures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 
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ANNÉE  1869. 

NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTRÉ 

RÉDIGÉ   FAR 

MM.  F.  HERINCQ 
ALPH.  LAVALLÉE  —  L-  NEUMANM  —  B-  UERLOT  —  CELS  —  COURTOIS- 
GÉRARD   —  J.-B.    VERLOT   —  PAVARD  —    BUREL 
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I/INSECTOLOGIE  AGRICOLE 

JOURNAL 

TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DÉGÂTS 

ET    DES    MOYENS    PRATIQUES    DE    LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ  PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  CH.  AUBE,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALB1ANI,  PILLAIN,  MILLET,  GOUREAU,  A.  GELOT. 


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Une  livraison  de  32  pages  in-8°  avec  figures.  —  Parait  chaque  mois. 
BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  9,  A  PARIS. 


Paris  —  Iinp.  horticole  de  E.  DosstOD.  rue  Cassette,  9. 


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18G». 


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JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CUI.TUUR    RUSONNÉE,    TA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES, 

ET   NOTAMMENT  DES  ESI'ECES  HE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET    DES  LÉGUMES.  LA   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DF. 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CFIEF, 

ATTACHA     m      MOSÊCM     n'illSTOlRE     r»ATU»EI.LK    l>ï     PARIS  , 

Collaborateur    du    Mnn*el    Jet    Planta,  des    ligures    du  Bon    Jsnttultr, 

Ex-Rédactcnr    principal  île  In   Société  ithonlculmn  </«  la   Scint , 

Membre    honoraire   et   correspondant  de   plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


L'Horticulteur  Français  paraît  1»  S  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  pages  de  telle 
grand  in-8,  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plas  grand  soin. 

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Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  lion  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Taris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance (h'  DOUZE  franc>.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  lei;rest  adressée. 


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PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,  ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


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MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
tette,  9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  16  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
«w«  et  dont  nout  avons  reçu  un  exemplaire. 


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Hue  de  la  Cossonnerie,  3,  ù  l'aria. 


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Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transférée 
pour  cause  d'expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de  la 
Cossonnerie,  3. 


Le  Catalogue  général  de  Gra 
potagères,  fourragères,  écono 
ques,  d'arbres  et  de  grainei 
fleurs,  est  envoyé  Franco  à  t< 
personne  qui  nous  en  fait  la 
mande.  Maison  Paul  TOLLA 
fondée  en  1796,  négociant 
graines,  20,  quai  de  la  Mégi 
rie,  Paris. 


CALENDRIER    HORTICOLE 

CALENDRIER  JACQULN  AÎNÉ 
publié  par   JACQUIN  JEUNE 

Crainier-  fleuriste  et  Pépiniériste, 


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aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  province. 

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de  Ferdinand  GLOEDB^ ,  horticultcnr, 

à  Beauvais  (Oise). 


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Graines  potagères,  fourragères,  de  Fleu 
et  d'Arbres,  Plantes  de  serres,  de  pleine 
d'ornement,  Oignons  à  ilcurs. 

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ASPERGE  HATIVE  Louis  LHËRAULT  (D'ARGENTEUIL). 

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LOUIS   LHÉRAULT 

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Vente,  de  février  à  avril,  époque  la  plus  convenable  pour  la  plantation ,  de  g 
d' ASPERGES  LOUIS  LHÉRAULT  dont  il  est  le  seul  dépositaire,  et  de  griffes  des  ASPEP 
INTERMÉDIAIRES  et  TARDIVES  D'ARGENTEUIL. 


ENCRE  A  ÉCRIRE   SUR  LE  ZINC,   COMPOSÉE  PAR  M.  DCFOUR,  CHIMISTE-PHOTOGRAPHE,  A  DlJOJf  (CÔTE-d'Or) 

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Cette  encre  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  du  rhum,  aussitôt  son  contact  avec  le  zinc,  produi 
écriture  du  plus  beau  noir.  —  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusieurs  années  dans  la  terre  ou  dans 
sans  que  l'écriture  subisse  une  détérioration  sensible.  —  Après  un  séjour  prolongé  dans  la  terre  il  arrive  pa 
que  l'oxidation  recouvre  complètement  l'écriture  ;  pour  la  faire  reparaître  il  suffit  de  passer  dessus  son 
mouillé. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NDMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique.  —  0.  Lescuter.  Bégonia  rosœflora  (PI.  X).  —  L.  Cormer, 
nouveaux  légumes.  —  F.  Bdrvenick,  Retardement  de  la  végétation  printanière  des 
arbres  précoces.—  F.  IIerincq,  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  do- 
mestiques, et  sur  la  Carotte  améliorée  de  M.  Vilmorin.  —  F.  IIerincq,  Les  Engrais 
chimique  de  M.  Georges  Ville.  —  Petites  nouvelles. —Expositions  du  mois  de  juin.  —  Tra- 
vaux du  mois  de  mai. 


CHRONIQUE 


Exposition  de  Paris  et  de  Saint-Pétersbourg;  ce  qu'on  fait  en  Russie,  et  ce 
qu'on  ne  fait  pas  à  Paris  pour  les  membres  du  jury;  libéralité  des  chemins 
de  fer  étrangers  envers  les  savants  qui  se  rendent  au  Congrès  ;  circulaire  de 
la  Société  de  Saint-Pétersbourg  indiquant  les  précautions  à  prendre  pour  ce 
voyage,  et  celles  qui  ont  été  prises  pour  recevoir  les  jurés  aux  gares  ;  le 
nombre  des  membres  du  Congrès;  ce  qu'on  doit  y  discuter;  l'influence 
du  sujet  sur  la  greffe.  —  Pomme  hybride  de  sèves  de  M.  Behr.  —  Les 
Aubépines  roses  et  blanches  de  M.  Haiffache,  qui  prétend  confirmer  la 
théorie  de  M.  Behr;  charmantes  gauloiseries,  qui  enseignent  comment  on 
peut  établir  des  théories  avec  des  faits  dénaturés,  et  devenir  un  botaniste 
distingué.  Nouvelle  et  singulière  théorie  de  construction  des  serres,  par  un 
architecte.  Attristants  pectacle  :  40,000  vers  blancs;  prévoyance  d'un  cultiva- 
teur; le  vrai  moyen  de  se  débarrasser  des  hannetons. 


C'est  le  18  qu'ouvriront  simultanément  les  expositions 
d'horticulture  de  Paris,  et  universelle  de  Saint-Pétersbourg. 

En  lisant  la  dernière  circulaire  adressée  aux  personnes  qui 
ont  annoncé  l'intention  de  se  rendre  à  cette  dernière  exposi- 
tion, mon  cœur  a  cessé  de  battre  un  instant.  La  Société  d'hor- 
ticulture de  Saint-Pétersbourg  fait  connaître,  en  effet,  qu'elle 
a  obtenu,  pour  les  porteurs  de  carte  délivrée  par  elle,  les  réduc- 
tions suivantes  sur  le  prix  de  voyage  :  sur  les  chemins  de  fer 
russes,  30  pour  100  de  réduction  pour  les  plantes  expédiées 
par  grande  vitesse,  et  retour  gratis  pour  les  voyageurs.  Pour 
la  traversée  delà  Prusse,  le  retour  est  gratis  pour  les  voya- 
geurs, et  pour  les  objets  expédiés  par  train  de  bagage.  En 
Belgique  les  compagnies  accordent  50  pour  100  de  réduction, 

Moi    1869  9 


—  130  — 

à  l'aller  et  retour,  et  les  objets  expédiés  par  train  de  vitesse 
ne  payent  que  le  tarif  du  train  de  bagage.  Le  Wurtemberg,  l'Au- 
triche, la  Thuringe,  les  Provinces  Rhénanes,,  accordent  égale- 
ment une  réduction  de  50  pour  100  .pour  les  passagers  et  les 
plantes.  La  France,  elle,  trouve  que  les  savants  et  les  horticul- 
teurs sont  assez  riches  pour  payer  place  entière.  0  mon  beau 
pays  !  que  ne  suis-je  la  muse  Glio,  je  chanterais  tout  de  suite 
tes  libéralités  envers  les  savants  sur  l'air  de  Marlborough. ... 

Il  faut  avouer  qu'on  fait  bien  les  choses  au-delà  de  nos 
frontières  ;  il  est  vrai  que  tous  ces  peuples-là,  ne  sont  pas 
aussi  avancés  que  nous  en  civilisation. 

Ainsi,  il  n'y  a  évidemment  que  des  barbares  pour  donner  des 
renseignements  et  prendre  des  précautions  de  cette  nature  : 
((  On  fera  bien,  dit  la  circulaire,  de  se  pourvoir  d'un  paletot 
assez  chaud  et  d'un  plaid.  —  Aux  gares  des  chemins  de  fer  à 
Saint-Pétersbourg,  des  membres  de  la  Société  d'horticulture 
de  la  Russie  attendront  les  hôtes  pour  leur  indiquer  des  hôtels 
ou  des  maisons  particulières,  en  un  mot,  pour  leur  donner 
tous  les  renseignements  nécessaires,  etc.  » 

C'est  exactement  ce  que  nous  n'avons  pas  fait  en  France,  lors 
de  l'exposition  universelle.  Les  membres  étrangers  du  jury 
pour  l'horticulture  ne  trouvaient  même  personne  au  jardin  de 
l'exposition  pour  les  recevoir,  et  ils  s'introduisaient  tout  seuls 
dans  les  groupes  de  jurés;  ces  barbares  du  nord  voudraient-ils 

nous  donner  une  leçon?  Autrefois mais  autre  temps  autres 

mœurs. 

Le  nombre  des  adhérents  au  Congrès  scientifique  de  Saint- 
Pétersbourg,  dont  les  séances  auront  lieu  les  18,  1 9  et  20  mai, 
est  de  257,  sur  lesquels  on  compte  67  Allemands,  51  Belges, 
49  Russes,  15  Anglais  et  autant  de  Hollandais  ;  no's  illustres 
compatriotes  figurent  pour  le  chiffre  de  30;  mais  les  trois 
quarts  au  moins  s'abstiendront  de  s'y  rendre;  ils  ont  fait  in- 
scrire leur  nom  pour  mémoire,  afin  que  la  postérité  sache  bien 


—  131   — 

qu'en  1869,  vivaient  MM.  A.,  B.,  C,  qui  ont  dû  aller  en 
Russie  au  congrès  scientiiique.  Ça  fait  bien,  et  ça  ne  leur 
aura  coûté  que  40  cent,  d'affranchissement  de  lettre  d'adhé- 
sion. 

De  belles  et  sérieuses  questions  sont  portées  à  l'ordre  du 
jour  de  ce  Congrès.  M.  Karl  Koch  (de  Berlin),  se  propose'de 
traiter  la  question  de  l'hybridation  par  les  sèves,  autrement 
dit  :  de  l'influence  du  sujet  sur  la  greffe,  question  à  la  mode  et 
qui  se  comprend  par  ce  temps  de  spiritisme  qui  court.  Je  suis 
curieux  de  savoir  s'il  présentera  la  fameuse  Pomme  moitié 
Calville  blanc  et  moitié  Pomme  rouge. 

Vous  ne  connaissez  pas  encore,  ami  lecteur,  ce  nouvel  hy- 
bride des  sèves  ;  il  est  vraiment  bien  bon.  J'en  extrais  les  ren- 
seignements du  Journal  de  la  Société  d'horticulture  de  Pa- 
ris, année  1868,  page  G5i.  —  Parmi  les  objets  déposés 
sur  le  bureau  sont  :  «  Trois  pommes  de  Calville  blanc  colorées 
en  beau  rouge  vif  d'un  côté,  cueillies  sur  un  arbre  qui  les 
produit  toutes  colorées  de  même,  à  la  suite  de  circonstance 
que  M.  Behr  (propriétaire  prussien)  rapporte  dans  une  lettre 
de  la  manière  suivante  :  —  «  Ces  Pommes  viennent  de  chez 
l'un  de  mes  amis  qui,  ayant  dans  son  jardin  un  grand  arbre  de 
plein  vent,  dont  le  fruit  était  une  pomme  très-ordinaire,  co- 
lorée en  rouge  foncé,  prit  le  parti  d'en  rabattre  les  branches 
principales  sur  lesquelles  il  posa  des  greffes  de  Calville  blanc 
d'hiver.  Au  bout  de  quelques  années,  mon  ami  fut  bien  sur- 
pris de  voir  son  arbre  produire  de  superbes  Pommes  de  Calville 
blanc,  mais  colorées  en  incarnat  d'un  côté,  sans  doute  par 
suite  de  l'influence  du  sujet.  Un  autre  Pommier,  donnant  des 
fruits  de  mauvaise  qualité,  mais  blancs,  ayant  été  greffé  en 
même  temps  que  le  premier,  ne  porte  que  des  Pommes  de 
Calville  réellement  blanches  et  sans  coloration.  Le  fait  pré- 
senté par  le  premier  de  ces  deux  arbres,  etpour  lequel  l'exemple 
du  second    forme  en  quelque  sorte  la  contre-épreuve,    m'a 


—  132  — 

paru  assez  intéressant  pour  que  j'aie  cru  devoir  le  signaler.  Il 
semble  être  une  preuve  sensible  aux  yeux,  de  l'influence  que 
le  sujet  est  parfois  capable  d'exercer  sur  la  greffe  qu'il  a  reçue, 
et  qui  paraît,  au  moins  dans  certains  cas,  être  plus  réelle  qu'on 
n'est  généralement  disposé  à  le  penser.  » 

Cette  note  nous  a  valu  la  lettre  suivante  d'un  botaniste 
avec  lequel  nous  sommes  intimement  lié,  M.  Haiffacbe,  qui 
serait  certainement  un  botaniste  distingué  si  ses  allures  épis- 
tolaires  n'étaient  pas  aussi  super -gauloises;  car  en  France,  un 
homme  qui  se  permet  une  petite  raillerie  sur  les  pédants  perd 
immédiatement  toutes  considérations.  Voici  sa  lettre  : 

«  Monsieur  le  rédacteur,  le  Journal  de  la  Société  d'Horticul- 
ture de  Paris,  rapporte  un  fait  de  Pomme  hybride  par  la  sève  qui 
peut  paraître  étrange,  mais  qui  ne  l'est  pas.  J'ai  obtenu  deux 
faits  analogues,  mais  bien  plus  intéressants  encore,  pour  les- 
quels je  réclame  une  petite  place  dans  V Horticulteur  français, 
avant  de  la  communiquer  aux  Congrès  d'horticulture,  de  Saint- 
Pétersbourg. 

»  il  y  a  quelques  années,  ayant  dans  mon  jardin  plusieurs 
pieds  d'aubépine  à  fleurs  blanches,  j'en  greffai  un  avec  de  l'au- 
bépine à  fleurs  doubles  roses.  La  greffe  s'est  parfaitement  dé- 
veloppée, etj  depuis,  chaque  année  elle  m'offre  le  singulier 
phénomène  que  voici.  Au  moment  de  l'épanouissement  toutes 
les  fleurs  sont  d'un  très-beau  rose  uniforme;  mais  bientôt 
après,  toutes  ses  fleurs  pâlissent  ;  la  couleur  rose  foncé  passe 
au  rose  clair,  puis  au  carné  tendre,  et  enfin  les  fleurs  de- 
viennent entièrement  blanches  comme  les  fleurs  de  l'aubépine 
blanche.  . 

Devant  un  phénomène  aussi  nettement  produit,  personne 
n'osera,  je  l'espère,  contester  l'influence  du  sujet  sur  la  greffe, 
c'est-à-dire  l'action  de  sa  sève  qui  se  manifeste  graduellement, 
au  fur  et  à  mesure  que  le  liquide  séveux  du  sujet  passe  dans 
la  greffe  et  se  mélange  à  sa  propre  sève.  En  effet,  au  début  de 


—  133  — 

3a  floraison  toutes  les  fleurs  sont  du  plus  beau  rose.  Pourquoi  ? 
Parce  que  ces  fleurs  sont  nourries,  en  ce  moment,  exclusive- 
ment avec  la  sève  de  la  greffe  qui  provient  d'une  aubépine 
rose.  Plus  tard,  quand  la  greffe  a  absorbé  une  partie  de  sa 
sève,  il  se  fait  un  vide  dans  ses  tissus  qui  détermine  l'ascen- 
sion delà  sève  du  sujet  ;  il  y  a  alors  mélange  des  deux  sèves, 
et  c'est  à  ce  moment  que  la  couleur  rose  pâlit.  A  ce  mélange 
qui  est  à  son  tour  absorbé  en  partie,  pendant  la  première 
période  florale,  vient  s'ajouter  une  plus  grande  quantité  de 
sève  du  sujet,  qui  influe  davantage  sur  la  matière  colorante, 
et  c'est  quand  toute  la  sève  de  la  greffe  a  été  complètement  ab- 
sorbée, que  les  fleurs,  n'étant  plus  alimentées  que  par  la  sève 
de  l'aubépine  blanche  ou  sujet,  deviennent  blanches,  et  d'un 
blanc  virginal. 

»  Pour  être  certain  que  ce  changement  de  couleur  est  bien 
dû  à  l'action  de  la  sève,  j'ai  fait  une  contre-expérience ,  e'est- 
à  dire  que  j'ai  greffé  de  l'Épine  blanche  sur  Aubépine  rose. 
Les  mêmes  phénomènes  se  reproduisent,  mais  en  sens  inverse 
avec  la  môme  graduation  de  teinte  au  fur  et  à  mesure  que  la 
sève  du  sujet  envahit  les  tissus  de  la  greffe.  C'est  d'abord  une 
faible  teinte  carnée,  qui  annonce  le  mélange  en  très-petite 
quantité  de  la  sève  de  l'Épine  rose,  puis  intensité  graduée 
de  cette  couleur,  jusqu'au  rose  des  fleurs  du  sujet. 

v  En  présence  de  faits  aussi  concluants,  Y  Horticulteur  fran- 
çais contestera-t-il  l'influence  du  sujet  sur  la  greffe,  et  osera- 
t— il  toujours  traiter  de  mystification  les  hybrides  de  sèves? 

»  Je  vous  attends,  cher  maître,  pour  vous  montrer  mes 
preuves,  qui  sont  en  ce  moment  en  parfait  état  de  fleurai- 
son,  etc.,  etc..  » 

Je  connaissais  le  caractère  un  peu  gaulois  de  mon  excel- 
lent ami  Haiflache,  mais  je  ne  lui  savais  pas  autant  d'imagina- 
tion. Il  pourrait  rendre  des  points  aux  savants  allemands  qui 
sont  cependant  très-habiles  dans  l'art  de  falsifier  les  faits  pour 


—  134  — 

établir  les  théories  les  plus  impossibles.  Les  deux  Aubépi- 
nes qui  changent1  ainsi   de  couleurs  existent.   La  mutabilité 
des   fleurs  est  incontestable  ;   mais    elle  ne  se  produit  pas 
sous  l'action  d'un  mélange  gradué  de  la  sève  du  sujet  avec 
la  sève  de  la    greffe,  car  ce  curieux  phénomène  se  produit 
quand  les  greffes  sont  appliquées  sur  des  sujets  appartenant 
à  la  même  race  ;   c'est-à-dire  que  la  variété  à  fleurs  roses 
greffée  sur  sujet  à  fleurs  roses  voit  également  passer  ses  fleurs 
du  rose  au  blanc,  et  que  la  variété  à  fleurs  blanches  greffée 
sur  sujet  à  fleurs  blanches  voit  les  siennes  prendre  graduelle- 
ment la  coloration  rose.  Les  deux  Aubépines  qui  offrent  cet 
intéressant  phénomène   sont    des  races  distinctes   des  deux 
variétés  rose  et  blanche   à   couleur  persistante,  et  elles  pré- 
sentent toujours,  et  quand  même,  ce  changement  de  couleur, 
quel  que  soit  le  sujet  sur  lequel  on  les  greffe. 

Mais  quel  est  donc  ce  mystère?  dira-t-on.  Oui,  c'est  un  mys- 
tère ;   car    ce  changement  de  couleur  des   deux  Aubépines 
blanche  et  rose  est  un  phénomène  que  la  science  aurait  de  la 
peine  à  expliquer.  Gomment  comprendre,,  en  effet,  que,  sous 
l'action  des  mêmes  agents  :  sol,  air,  lumière,  —  les  Aubépines 
dont  nous  parlons  sont  plantées  l'une  à  côté  de  l'autre,  —  une 
fleur  blanche  produise  de  la  matière  rose,  et  qu'une  fleur  rose 
désorganise  et  fasse  disparaître  la  matière  colorante  rouge? 
Avec    un   peu   de   dépense    d'imagination,   nous    pourrions 
sans   doute   donner   une  explication    très-plausible    et    ac- 
ceptable de  ce  phénomène.  Mais  si  YHorticuUeur  français  a 
l'esprit  gaulois  et  les  allures  légères,  il  n'a  jamais  pris  et  ne 
prendra  jamais  l'esprit  et  les  allures  graves  des  mystificateurs. 
Si  nous  avions  envoyé  cependant  cette  lettre  sans  commentaire 
au  Congrès  de  Saint-Pétersbourg,  avec  des  rameaux  d'Aupé- 
pine  portant  des  fleurs  à  divers  degrés  de  coloration  et  de  dé- 
coloration, il  est    bien  certain  que  les  Russes,  et  beaucoup 
de  Français  avec  eux,  n'y  auraient  vu  que  du  feu —  pour  nous 


—  135  — 

servir  d'une  expression  populaire —  et  aux  yeux  de  ces  peuples 
barbares,  M.  Haiffache passait  d'emblée  pour  un  botaniste  très- 
distingué.  D'autres,  à  notre  place,  n'eussent  pas  manqué  une 
aussi  belle  occasion  de  montrer  des  faits  aussi  curieux,  et 
d'ajouter  une  nouvelle  mystification  aux  anciennes;  c'est  par 
de  semblables  procédés  que  les  nullités  parviennent  à  la  célé- 
brité; nous  en  aurions  de  nombreuses  exemples  à  produire. 
En  rapportant  ces  deux  faits,  nous  avons  voulu  précisément 
empêcher  ces  mystificateurs  avides  de  renommée  de  s'en 
emparer  pour  les  porter  devant  certaines  Sociétés  d'horti- 
culture où  ils  eussent  été  accueillis  comme  on  accueille  toute 
chose  ;  car  là  tout  est  huile  et  miel,  jamais  la  moindre  goutte 
de  vinaigre;  on  ne  veut  déplaire  à  personne.  Nous  avons  voulu 
montrer,  en  outre,  ce  que  peut  une  imagination  un  peu  vive, 
et  comment  il  est  facile  d'établir  des  théories  en  dénaturant 
seulement  un  peu  les  faits,  ou  en  les  expliquant  selon  le  be- 
soin de  la  cause. 

A  propos  de  théorie,  en  voici  une  toute  nouvelle  sortie  sa- 
medi dernier,  en  chemin  de  fer,  du  cerveau  de  son  auteur;  elle 
est  relative  à  la  construction  des  serres.  Ils  étaient  trois  dans 
mon  compartiment  :  deux  lisaient  le  Petit  Journal,  et  le  troi- 
sième tenait  avec  tant  d'ostentation,  sur  ses  genoux,  un  nu- 
méro^ non  encore  coupé,  delà  Revue  des  deux  Mondes,  qu'il 
est  impossible  d'admettre  que  son  intelligence  est  à  la  hau- 
teur de  la  haute  littérature  de  ce  recueil.  Voici  la  théorie  qu'il 
ne  tarda  pas  à  développer  à  ses  deux  compagnons  : 

«  Nous  pouvons  faire  quelque  chose  de  très-beau  :  nous 
avons  un  million  pour  les  serres!  Aussi  je  m'en  vais  faire 
du  nouveau.  J'ai  étudié  beaucoup  la  question  desserres,  et 
je  suis  arrivé  à  découvrir  qu'on  est  tout  à  fait  dans  l'erreur 
en  construisant  des  serres  entièrement  vitrées.  Ainsi,  pendant 
tout  l'été,  les  jardiniers  ombrent  leurs  serres  avec  des  claies, 
des  toiles,  ou  barbouillent  les  vitres  pour  empêcher  la  lumière 


—  136  — 
d'y  pénétrer.  En  hiver,  ils  couvrent  avec  des  paillassons  ou 
du  long  fumier.  De  sorte  que  les  plantes  sont  toujours  dans 
l'obscurité  en  été  comme  en  hiver.  Il  est  donc  ridicule  et  con- 
traire aux  lois  de  la  physiologie  végétale  de  faire  des  serres 
tout  en  vitres,  puisque  ça  n'a  aucune  raison  d'être.  Aussi,,  pour 
les  serres  du  château  de  X...  (1),  j'abandonne  le  vieux,  sys- 
tème. Je  vais  faire  faire  de  grandes  constructions  en  pierres 
sculptées.,  avec  quelques  ouvertures  seulement  disséminées  çà 
et  là.  Mon  système  dispensera  d'ombrer  en  été  et  de  couvrir 
de  paillassons  en  hiver.  Les  plantes  se  porteront  mieux  :  il  y 
aura  en  outre  économie  de  temps  pour  le  jardinier,  et  de  com- 
bustible pour  le  propriétaire,  parce  que  la  chaleur  s'y  conser- 
vera mieux.  » 

En  entendant  développer  une  pareille  théorie  de  construc- 
tion de  serres,  l'idée  m'est  venue  aussitôt  que  l'homme  à  la 
Revue  des  deux  Mondes,  qui  la  développait,  était  capable  d'être 
un  architecte  ;  il  en  offrait  du  reste  tous  les  caractères.  Je  me 
propose  de  visiter  l'année  prochaine  les  nouvelles  serres  du 
château  de  X. . .,  pourvoir  la  figure  qu'auront  les  plantes  et  celle 
que  fera  le  propriétaire.  Sans  être  prophète,  on  peut  prédire 
que  plantes  et  châtelain  feront  triste  mine. 

C'est  en  quittant  cet  illustre  cultivateur  de  pierres  que  le 
plus  attristant  spectacle  s'offrit  à  mes  yeux.  Le  véhicule  qui 
contenait  mon  illustre  personne  gravissait  lentement  une  petite 
côte,  et  j'étais  plongé  dans  de  lugubres  réflexions  sur  l'outre- 
cuidance de  certains  hommes.  J'en  fus  tiré  par  une  rude  se- 
cousse déterminée  par  le  recul  brusque  du  quadrupède  qui 
me  traînait.  La  pauvre  bête  avait  été  effrayée,  et  la  cause  de  son 
effroi,  bien  naturel,  était  des  milliers  de  vers  blancs  qui  gisaient 
mourants  et  grouillants,  entassés  sur  toute  la  largeur  de  la 
route .  Jamais  je  n'avais  vu  pareil  spectacle;  il  n'avait  rien  de 

(1)  Magnifique  propriété  sur  la  ligne  de  Vendôme,  nouvellement  achetée  par 
M.  plusieurs  étoiles. 


—  137  — 

réjouissant.  Approximativement  j'évalue,  sans  exagérer,  de  40 
à  50  mille  le  nombre  de  ces  larves  de  Hannetons,  qu'un  seul 
laboureur  faisait  retirer  de  son  champ,  par  des  enfants  qui  sui- 
vaient la  charrue  ;  il  n'avait  labouré,  m'a-t-il  dit,  que  de  60  à 
70  ares.  Toutes  ces  larves,  à  quelques  exceptions  près,  appar- 
tenaient a  la  ponte  de  l'année  dernière;  elles  avaient  donc  en- 
core deux  années  à  rester  en  terre  avant  leur  transformation  en 
Hannetons  ;  on  peut  apprécier  les  dégâts  qu'elles  auraient  causés 
au  propriétaire,  qui  les  prévient,  en  partie,  pour  quelques  francs 
seulement  donnés  aux  petits  ramasseurs.  Je  dis  en  partie,  car 
il  est  bien  certain  que  les  Vers  blancs  des  voisins,  qui  n'ont  pas 
eu  la  même  prévoyance,  pourront  bien  rendre  visite  à  ses  cul- 
tures ;  et  c'est  vraiment  fâcheux. 

De  tous  les  moyens  dont  il  a  été  question  pour  la  destruction 
du  Hanneton  et  du  Ver  blanc,  le  meilleur  est  certainement  celui 
de  faire  ramasser  ainsi  les  larves  durant  les  labours.  Des 
femmes,  des  enfants  surtout  peuvent  faire  ce  travail  ;  car  les 
femmes,  même  de  la  campagne,  éprouvent  une  grande  répu- 
gnance à  toucher  à  cette  engeance  dont  l'aspect  est,  il  faut  en 
convenir,  très-repoussant,  et  elles  ne  font  par  conséquent  la 
besogne  qu'à  moitié.  Le  gamin,  lui.  ne  recule  devant  rien:  il 
ne  fait  grâce  à  aucun.  La  chasse  aux  Vers  blancs  est  plus 
facile  que  Ja  chasse  aux  Hannetons.  Qu'on  édicté  une  loi  qui 
force  tous  les  propriétaires  à  faire  ramasser  ces  larves  pendant 
le  labour;  que  les  instituteurs  choisissent  ce  moment  pour 
donner  les  vacances  à  leurs  écoliers  qui  seront  enchantés  de  se 
livrer  à  cet  exercice  pour  gagner  de  quoi  payer  leurs  mois 
d'école,  et  en  peu  d'années  nous  serons  débarrassés  de  cette 
gent  maudite,  que  le  grand  Alexandre  Dumas  appelle,  dans 
un  langage  très-coloré,  «  fils  du  printemps  et  ornement  de 
la  nature  ».  Il  faut  être  poëtede  première  grandeur  pour  dire 
des  choses  aussi...  jolies  !  F.  Herincq.     . 


138  — 


BEGONIA   ROS.EFLÛRA   (PL  V). 

Magnifique  espèce,  découverte  par  M.  J.-G.  Veitch  dans  les 
Andes  du  Pérou  à  une  altitude  de  4,000  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Elle  appartient  à  la  section  des  Bégonia  sans 
tige,  comme  le  B.  rex.  Toutes  ses  feuilles  naissent  d'un  rhi- 
zome souterrain  qui  s'allonge  plus  ou  moins  en  vieillissant, 
au-dessus  du  sol;  elles  ont  un  épais  pétiole;  le  limbe  est 
arrondi-réniforme,  profondément  échancré  h  la  base  jusqu'au 
point  d'attache  du  pétiole,  et  à  bords  inégalement  et  peu  pro- 
fondément denticulés;  la  face  supérieure  est  d'un  beau  vert 
et  présente  un  liséré  rouge  au  bord  ;  la  face  inférieure  est  de 
couleur  vert  pâle  un  peu  glauque,  relevée  de  nervures  for- 
tement accentuées  qui  sont  couvertes  de  poils  comme  le  pé- 
tiole. Les  stipules  sont  molles  et  de  couleur  rose.  De  la  souche 
naissent  plusieurs  hampes  droites  et  dressées,  poilues,  4  ou  5 
fois  plus  longues  que  les  pétioles  des  feuilles,  de  couleur  rouge, 
terminées  chacune  par  trois  grandes  et  splendides  Heurs  d'un 
beau  rose  éclatant,  dont  deux  sont  mâles  et  la  troisième  fe- 
melle. Les  fleurs  mâles  sont  composées  de  deux  sépales  exté- 
rieurs largement  ovales,  et  de  deux  sépales  intérieurs  plus 
longs  et  plus  larges,  arrondis,  échancrés  au  sommet;  point  de 
corolle;  les  étamines  sont  très-nombreuses,  jaunes.  Les  fleurs 
femelles  ont  un  ovaire  infère  de  couleur  verte,  poilu,  à  trois 
angles  très-saillants  en  sortes  d'ailes,  et  inégaux  ;  cet  ovaire 
porte  un  calice  à  cinq  sépales  colorés  et  qui  simule  parfaite- 
ment une  corolle;  au  centre  de  ce  calice  est  le  style  qui  est 
deux  ou  trois  fois  bifurqué  et  dont  les  contours  stigmatiques 
sont  garnis  de  papilles  d'un  beau  jaune  d'or. 

,Le  Bégonia  rosœjlora  est  éminemment  ornemental,  par  ses 
grandes  fleurs  si  richement  colorées;  il  se  rapproche  des  Ycii- 


-    139  — 
chii  et  Clarkei,  qui  sont  comme  lui  d'introduction  encore  ré- 
cente. 

Quoique  originaire  du  Pérou,  le  Bégonia  rosœflora  est  de 
simple  serre  tempérée.  Sa  culture  est  celle  de  toutes  les  espèces 
à  feuilles  ornementales  :  peu  d'arrosement  pendant  l'hiver  qui 
est  la  période  de  repos.  On  peut  commencer  à  le  pousser  vers 
le  mois  de  mars;  il  produit  ses  fleurs  vers  le  mois  de  juillet. 

0.  Lesojyer. 


NOUVEAUX  LÉGUMES. 

L'utile  est  généralement  moins  recherché  que  l'agréable. 
Aussi  les  légumes  attirent-ils  moins  l'attention  des  semeurs, 
et  les  nouveautés  sont-elles  peu  nombreuses  chaque  année. 

Dans  les  catalogues  des  divers  établissements  des  grainiers 
que  nous  avons  reçus,  ce  printemps,  nous  trouvons  les  va- 
riétés suivantes  : 

Chou  de  Dax.  Bonne  variété  de  Chou  demi-hâtif  à  pied 
court,  très-estimée  dans  la  région  du  sud-ouest. 

Courge  verte  de  Hubbard.  Originaire  des  États-Unis  où.  elle, 
est  estimée  à  cause  de  sa  très-longue  conservation.  Elle  a  la 
forme  de  la  Courge  de  l'Ohio,  mais  à  peau  verte,  et  sa  chair 
très -ferme  sert  à  confectionner  des  croquettes  sèches  Irès-re- 
cherchées  et  excellentes. 

Haricot  cire  ou  beurre,  nu  in  . 

Haricot  beurre  blanc,  nain. 

Haricot  beurre  panaché  sans  parchemin,  nain.  Variété  naine 
très-productive,  à  cosse  blanche  très-charnue,  et  à  grain  vio- 
let marbré  gris,  mûrissant  tardivement. 

Haricot  beurre  Saint-Joseph  sans  parchemin  à  rames.  Bonne 
variété  très-précoce,  à  cosse  longue  d'environ  12  centimètres 


—  140  — 

un  peu  arquée,,  grosse,  vert  pâle  ou  de  couleur  blonde  pana- 
chée de  carmin  violacé. 

Haricot  impérial  sans  parcheînin,  à  demi-rames.  Variété  de 
précocité  moyenne,  à  cosse  de  18  cent,  de  longueur,  verte, 
teintée  parfois  de  rouge  brun;  grain  blanc.  Cette  variété  est 
très-estimée  aux  environs  de  Châtillon. 

Laitue  de  Bellegarde.  Très-voisine  de  la  L.  Gossim  mais 
plus  colorée,  moins  grosse,  plus  tendre  et  pommant  mieux. 

Laitue  grosse  blonde  paresseuse.  Belle  laitue  d'été  et  d'au- 
tomne :  excellente  acquisition . 

Oignon  rouge  de  Sollon.  Gros  comme  l'Oignon  de  Madère, 
mais  de  couleur  plus  foncée,  et  de  meilleure  garde. 

Pissenlit  amélioré  à  large  feuille  (Vilmorin).  Cette  variété 
diffère  du  Pissenlit  des  champs  par  l'ampleur  de  ses  feuilles 
qui  sont  moins  découpées. 

Pissenlit  amélioré  à  cœur  plein.  Cette  race  est  plus  vigou- 
reuse que  la  précédente,  et  ses  feuilles  plus  nombreuses,  dres- 
sées, forment  comme  une  sorte  de  pomme  au  centre. 

Pois  merveil  (ridé  à  rames).  Variété  productive,  rustique  et 
tardive. 

Pomme  de  terre  de  Norv-ége.  Excellente  variété  ronde  jaune 
.  voisine  des  Pommes  de  terre  Caillaud  et  Schaw  ;  la  chair  est 
d'un  très-bon  goût.  Un  savant  botaniste  du  Nord,  M.  le  doc- 
teur Nylander,  nous  a  donné  les  meilleurs  renseignements 
sur  cette  variété  cfu'il  connaît  de  gustu.  Nous  l'avions  engagé, 
il  y  a  quelques  années,  à  en  faire  venir  pour  en  essayer  la 
culture  ;  malheureusement,  la  provision  que  lui  envoyait ,,  sur 
sa  demande,  un  membre  de  sa  famille,  ne  parvint  pas  à  desti- 
nation ;  le  capitaine  du  navire  a  oublié  de  lui  en  faire  la  re- 
mise. Nous  avons  donc  été  heureux  de  la  voir  annoncer  par 
la  maison  Vilmorin.  Nous  la  recommandons  tout  particuliè- 
rement. 

Chicorée  de  la  Passion.  Cette  nouveauté  que  nous  avons  an- 


—   141    — 

noncée  l'année  dernière,  n'a  pas  répondu  à  notre  attente.  Elle 
a  gelé  complètement  en  plein  air,  aussi  bien  dans  les  terrains 
légers  que  dans  les  terres  fortes  :  il  est  vrai  de  dire  que  la  Lai- 
tue de  la  Passion  a  elle-même  été  détruite  dans  les  mêmes  ter- 
rains. Sous  châssis  froid,  la  Chicorée  de  la  Passion  est  magni- 
fique. 

L.  Cordier. 


RETARDEMENT  DE  LÀ  VÉGÉTATION  PR1NTANIÈRE  DES 
ARBRES  PRÉCOCES. 

Beaucoup  de  personnes  se  'trouvent  en  ce  moment  sous 
l'impression  pénible  de  la  déception  qu'elles  viennent  d'é- 
prouver quant  à  la  floraison  des  Pêchers  et  des  Abricotiers. 
Cette  occasion  nous  semble  propice  pour  appeler  l'attention 
des  amateurs  de  fruits  à  noyau  sur  un  moyen  préservatif  qu'ils 
pourront  appliquer  dans  la  suite.  Il  s'agit  de  retarder  la  végé- 
tation printanière.  Depuis  longtemps  nous  en  avons  parlé 
dans  nos  écrits  et  dans  nos  cours,  sans  trop  avoir  été  écouté. 

Les  abris  vitrés  ou  serres  mobiles,  qui  acquièrent  une  vogue 
de  plus  eu  plus  marquée  chez  les  amateurs  fortunés,  garan- 
tissent parfaitement  les  fleurs  contre  la  gelée  et  les  insectes; 
avec  ces  abris,  les  arbres  ne  sont  pas  exposés  aux  maladies  et 
ils  n'ont  rien  à  craindre  d'une  végétation  hâtive,  attendu  que 
par  ce  moyen  le  sol  et  la  terre  sont  également  échauffés.  Mais 
ceux  qui  ne  disposent  pas  de  ces  appareils  assez  coûteux, 
n'ont  rien  de  mieux  à  faire  que  de  priver  les  arbres  des  pre- 
miers et  funestes  rayons  du  soleil,  de  les  couvrir,  avant  la 
première  végétation,  nuit  et  jour,  au  moyen  d'un  abri  (natte 
ou  tissu  grossier),  de  telle  sorte  que  la  terre  au  pied  de  l'arbre 
soit  seul  exposée  au  soleil. 


_    142  — 

Vouloir  arrêter  la  croissance  d'un  arbre  quand  le  moment 
de  la  végétation  est  venu,  semble  déprime  abord  chose  con- 
traire à  la  saine  raison.  Il  n'en  est  rien.  Les  arbres  n'ont  pas 
de  date  fixe  pour  entrer  en  végétation  ;  et  il  est  certainement 
moins  rationnel  de  laisser  un  arbre  épanouir  ses  fleurs  et  déve- 
lopper ses  feuilles  quand  des  jours  d'hiver  le  menacent  en- 
core. Lorsque  l'hiver  se  prolonge  jusqu'en  mars,  les  Abrico- 
tiers se  gardent  bien  de  fleurir  en  février;  ils  attendent  les 
longs  beaux  jours  d'avril,  qai  sont  suivis,  non  par  les  gi- 
boulées de  mars,  mais  par  le  beau  temps  de  mai.  La  floraison 
ne  réussit-elle  pas  alors  ?  Tâchons  donc  de  suivre  artificielle- 
ment cette  voie  de  la  nature. 

.      Fréd.  BURVENIGK. 

(Bull.  Cercle  prof,  arbor.  en  Belgique.) 


OBSERVATIONS  CRITIQUES  SUR  L'ORIGINE  DES 
PLANTES  DOMESTIQUES. 

Nous  avons  parlé  à  plusieurs  reprises  de  la  prétendue  transfor- 
mation rapide  des  plantes  sauvages  non  comestibles  en  plantes 
alimentaires,  sous  l'influence  de  la  culture  ;  sans  vouloir  prolon- 
ger cette  discussion  qui  intéresse  à  la  fois  la  philosophie  bota- 
nique et  l'économie  domestique,  nous  croyons  utile  de  faire 
bien  connaître  cette  théorie,  et  les  bases  sur  lesquelles  .elle 
repose,  pour  démontrer  ensuite  son  peu  de  consistance  et  le 
peu  de  profit  qu'en  doit  jamais  drer  l'horticulture. 

D'après  Darwin,  toutes  nos  plantes  domestiques,  qu'on  ne 
rencontre  nulle  part  à  l'état  spontané,  sont  le  résultat  de  la 
transformation  de  types  sauvages  qui  ont  été  soumis,  par 
l'homme,  à  des  traitements  divers,  ou  qui  ont  été  élevés  sous 


—   143  — 

des  climats  et  dans  des  conditions  de  vie  différentes  de  celles 
auxquelles  les  plantes  mères  sont  exposées  à  l'état  de  nature. 
En  d'autres  termes,  ces  plantes  ont  été  modifiées  sous  l'in- 
fluence de  certains  milieux,  et  c'est  par  sélection,  c'esfc-à- 
dire  en  choisissant  les  graines,  pour  la  reproduction,  sur  les 
individus  qui  s'éloignaient  le  plus  du  type  sauvage  et  qui  se 
rapprochaient  davantage  du  type  qu'on  voulait  créer,  que 
l'homme  est  parvenu  à  fixer  ses  modifications,  à  se  procurer 
le  Blé,  les  Choux,  les  Navets,  les  Prunes,  les  Cerises,  etc.,  en 
un  mot  tous  les  produits  de  nos  potagers  et  de  nos  vergers. 

Les  partisans  de  cette  transformation  des  êtres  vivants,  ani- 
maux comme  plantes,  vont  môme  plus  loin.  Ils  prétendent  que 
primitivement  il  n'y  aurait  eu  qu'un  seul  type,  un  être  excessi- 
vement simple,  un  être  composé  d'une  seule  cellule,  dont 
quelques  individus  se  seraient  modifiés  et  perfectionnés  au  fur 
et  à  mesure  des  changements  atmosphériques  qui  se  sont  ma- 
nifestés depuis  la  création  de  ce  type  primitif,  et  qu'ainsi  tout 
ce  qui  existe  aujourd'hui  d'espèces  si  diverses  d'animaux  et  de 
végétaux  sortent  toutes  de  la  même  souche. 

Cette  théorie  a  quelque  chose  de  très-attrayant;  l'esprit 
peut  suivre  toutes  ces  transformations,  tous  ces  perfectionne- 
ments, depuis  cet  être  unicellulaire  jusqu'à  l'homme,  et  il 
assiste  ainsi,  sans  trop  de  fatigue,  à  la  création  de  la  nature 
actuelle.  Mais  si  cet  esprit  est  un  peu  sérieux,  il  ne  tarde 
pas  à  s'apercevoir  que  ce  perfectionnement  successif  de  l'être 
primitif  n'est  qu'une  décevante  utopie. 

En  effet,  si  c'est  sous  l'influence  des  changements  successifs, 
lents  et  gradués  des  climats,  que  ce  progrès  s'est  accompli, 
il  en  est  résulté,  naturellement,  que  tous  les  individus  de  l'être 
primitif  se  trouvant  placés  dans  les  mêmes  conditions  d'exis- 
tence, à  chaque  changement  climatérique.,  ont  éprouvé  le 
même  degré  de  perfectionnement  et  qu'ainsi  ce  type  d'orga- 
nisation inférieure  a  disparu  complètement  du  globe  ;  le  même 


—   144  — 

phénomène  a  dû  nécessairement  se  reproduire  à  chaque  nou- 
veau degré  de  perfectionnement.  D'après  celte  ingénieuse 
théorie,  il  ne  devrait  donc  jamais  exister  qu'une  seule  espèce 
d'être  à  la  fois,  puisque  tous  les  individus  d'une  même  trans- 
formation se  trouvant  toujours  placés  dans  le  même  milieu, 
subissent  conséquemment  les  mêmes  modifications.  Or, 
l'homme,  —  suprême  et  dernier  degré  de  perfection,  —  n'est 
pas  seul  sur  la  terre;  quand,  avec  un  microscope,  il  exa- 
mine une  goutte  d'eau,  il  y  rencontre  encore  de  ces  petits 
êtres  unicellulaires,  premières  ébauches  de  l'espèce  humaine, 
et  du  gigantesque  Séquoia  des  forêts  de  la  Californie. 

Les  partisans  d'un  seul  type  unique  primitif,  répondent, 
à  cette  objection,  en  se  retranchant  derrière  la  génération 
spontanée.  C'est  peut-être  habile,  mais  ce  n'est  pas  heureux. 
Si,  à  la  rigueur,  on  peut  admettre  cette  génération  pour  quel- 
ques monades  ,  comment  pourra-t-on  jamais  faire  accepter 
qu'une  simple  Morille  naît,  aujourd'hui,  de  rien  ? 

Si  maintenant,  nous  passons  à  l'examen  du  perfectionne- 
ment successif  de  plusieurs  types  primitifs,  comme  le  pensent 
quelques  auteurs,  nous  sommes  obligés  de  voir  dans  le  fameux 
mastodonte,  ce  géant  quadrupède  antédiluvien,  une  simple 
ébauche  de  nos  tapir  et  de  nos  porcs  ;  c'est  assez  difficile  à  con- 
firmer. Dans  le  règne  végétal,  les  Lycopodiacées  arborescentes, 
les  gigantesques  Calamités,  des  terrains  houilliers,  dont  on 
trouve  des  tiges  fossiles  de  50  à  60  centim .  de  circonférence, 
ne  seraient  aussi  que  de  simples  ébauches  de  nos  frêles  Ly- 
copodium  et  de  nos  Prestes  qui  pullulent  dans  nos  marais.  Si 
nous  voulions  fouiller  dans  la  flore  antédiluvienne ,  nous 
aurions  à  citer  bien  d'autres  plantes  dont  le  degré  de  per- 
fection montre  clairement  que  les  espèces  existantes,  aujour- 
d'hui, ne  sont  pas  des  individus  perfectionnés  de  ces  anciens 
types,  qui  ont  complètement  disparu. 


—  145  — 

Quant  à  la  métamorphose  de  certaines  plantes  sauvages  en 
plantes  comestibles,  métamorphose  opérée  dit-on,  du  jour  au 
lendemain,  par  les  soins  de  l'homme,  rien  n'est  moins  prouvé  ; 
car  le  fait  principal  —  la  Carotte  améliorée  de  M.  Vilmorin  — 
sur  lequel  s'appuient  tous  les  partisans  du  perfectionnement 
des  types  sauvages  par  simple  sélection,  est  tout  à  fait  con- 
trouvé.  On  sait,  aujourd'hui,  que  les  expériences  de  l'honorable 
M.  Vilmorin  n'ont  pas  été  faites  avec  tous  les  soins  que  réclame 
une  question  de  cette  importance,  et  que  le  résultat  attribué 
à  la  sélection  est  dû  bien  positivement  à  l'hybridation  , 
comme  nous  allons  le  faire  connaître. 

Mais,  avant  de  nous  engager  plus  avant  dans  la  controverse, 
établissons  nettement  les  faits  en  litige,  en  reproduisant  la 
partie  historique  des  expériences  de  M.  Vilmorin,  au  sujet  de 
la  création  des  variétés  alimentaires  perfectionnées. 

«  Souvent  occupé  de  cette  question,  dit  M.  Vilmorin,  j'ai 
cherché  à  m' éclairer  sur  elle  par  des  expériences;  j'en  ai  suivi 
sur  diverses  plantes  dans  la  vue  de  les  améliorer,  sur  la  Laitue 
vivace  (Lactuca  perennis),  sur  le  Tetragonia,  le  Solarium  stolo- 
niferum,  le  Brassica  orientalis.   Plusieurs  années  d'épreuves 
ne  m'ont  jusqu'ici  fait  obtenir,  de  ces  espèces,  aucune  modi- 
fication sensible.  Mais  la  Carotte  sauvage,  que  j'avais  com- 
prise dans  les  mêmes  essais,  s'est  améliorée,  au  contraire,  de 
la  manière  la  plus  prononcée,  dans  l'espace  de  trois  géné- 
rations ,  j'en  ai  obtenu  des  racines  aussi  charnues   et  aussi 
grosses  que  celles  des  Carottes  de  jardin;  j'ai  l'honneur  d'en 
adresser  à  la  Société  d'horticulture  (1)  quelques  échantillons, 
et  j'y  joins  comme  points  de  comparaison  et  pour  juger  de  la 
distance  parcourue  quelques  racines  sauvages,  provenant  des 
champs  mêmes  où  ont  été  prises  les  graines  de  mes  premiers 
semis. 

(4)  De  Londres! 

Mai  4  869.  4  0 


—  146  — 

»  Voici  l'historique  de  cette  expérience  : 
»  En  mars  18321,  je  fis  à  Verrières,  près  Paris,  dans  une 
terre  douce  et  profonde,  un  premier  semis  de  Carottes  sau- 
vages. Tout  monta;  je  n'obtins  aucune  racine  meilleure  que 
celle  des  champs. 

))  En  1833,  le  26  avril,  j'essayai  ici,  aux  Barres  (Loiret), 
où  la  terre  est  plus  forte,  un  nouveau  semis.  11  leva  fort  clair  ; 
les  plantes  devinrent  très-fortes,  mais  toutes  montèrent  encore. 
Les  racines  étaient  plus  grosses  que  celles  des  champs;  mais, 
je  dirais,  plus  mauvaises  par  leur  consistance  et  leurs  fortes  ra- 
mifications. Deux  autres  semis  faits  à  Verrières,  les  15  mai  et 
22  juin  suivants,  montèrent  aussi  en  très-grande  partie,  mais 
non  totalement.  Ils  avaient  levé  clair,  comme  le  précédent, 
mais  surtout  très-inégalement  et  successivement;  il  germa  des 
graines  pendant  tout  l'été.  Parmi  ces  plantes  tardives,  plusieurs 
ne  montèrent  pas,  et  cinq  ou  six  donnèrent  des  racines  passa- 
blement charnues,  d'environ  un  demi-pouce  de  diamètre  et 
ressemblant  à  de  fort  médiocres  Carottes  de  jardin. 

»  Ces  racines,  replantées  le  printemps  suivant,  produi- 
sirent des  graines  qui  furent  ressemées  en  1855.  Une  partie 
considérable  de  ces  semis  monta  encore;  mais  la  proportion 
en  fut  beaucoup  moindre  que  précédemment.  La  plante  avait 
déjà  subi  un  changement  notable  ;  lors  de  l'arrachage,  ce  lot 
présenta  un  cinquième  environ  d'assez  bonnes  Carottes,  petites 
et  moyennes,  peu  chevelues,  quelques-unes  même  tout  à  fait 
nettes  et  bonnes.  Cette  seconde  génération  offrit  un  bon  choix 
de  porte-graines  qui  furent  replantés  et  grainèrent  en  183  6. 
»  En  1837,  j'obtins  de  ces  graines  une  troisième  génération 
de  racines  très-sensiblement  améliorées  ;  un  bon  nombre 
étaient  fort  grosses  et  charnues,  quelques-unes  dépassèrent  le 
poids  d'un  kilogramme.  Les  plus  volumineuses  étaient,  en  gé  - 
néral,  grossières  et  défectueuses  de  formes  ;  mais  il  s'en  trouva 
d'autres  parfaitement  bonnes  à  tous  égards  et  qui  égalaient 


—  147  — 

les  meilleures  Carottes  de  jardin.  Le  rebut,  dans  ces  semis, 
fut  d'environ  un  tiers  de  racines  fourchues,  ramifiées,  etc.  ; 
mais  la  plupart  de  celles-là  étaient  charnues  et  mangeables. 
Peu  de  plantes  avaient  monté,  un  dixième  au  plus.  En  1838, 
je  fis  avec  la  même  graine  un  semis  assez  considérable  dan  s 
les  champs,  qui  m'a  donné  également  de  très-bons  prod  uits 
en  majorité. 

»  En  1839,  j'ai  élevé  la  quatrième  génération  .  Les  racines 
ont  été,  en  général,  moins  grosses  que  celles  de  1837,  parce 
qu'elles  ont  eu  beaucoup  à  souffrir  de  la  sécheresse;  mais  la 
qualité  de  l'ensemble  a  été  meilleure,  la  proportion  des  mau- 
vaises beaucoup  moindre,  celle  des  plantes  montées  presque 
nulle. 

).»  La  couleur  blanche  et  la  jaune,  ordinairement  peu  foncée, 
se  sont  montrées  simultanément  dès  la  pet.ite  récolte  de  1833  , 
et  constamment,  depuis,  dans  toutes  les  autres  la  première 
est  toujours  dans  une  proportion  plus  forte...  deux  racines 
d'un  violet  terne  se  sont  trouvées  dans  le  semis  de  183a... 
La  couleur  rouge  s'est  montrée  pour  la  première  fois,  à  la  troi- 
sième génération  en  1837,  etc.  » 

Tel  est  l'historique  des  expériences  de  M.  Vilmorin,  que 
nous  avons  trouvé  dans  une  brochure  publiée  en  1859,  sous 
le  titre  :  Notices  sur  l'amélioration  des  piaules  par  le  semis  et 
considérations  sur  l'hérédité  dans  les  végétaux,  par  M.  Louis 
Vilmorin.  «  Pour  donner  plus  d'intérêt  à  ce  recueil,  dit  l'au- 
teur dans  une  courte  préface,  j'ai  obtenu  de  mon  père  l'au- 
torisation de  le  faire  précéder  de  son  mémoire  sur  Y  Améliora- 
tion  de  la  Carotte  sauvage,  inséré  dans  les  Transactions  de  la 
Société  horticultur aie  de  Londres,  en  1840,  mais  qui  n'avait 
point  encore  ete  imprime  ex  lav;ie  française.  » 

A  la  lecture  de  ces  notices,  deux  faits  frappent  tout  particu- 
lièrement :  c'est  d'abord  la  révélation  du  recueil  dans  lequel 
M.  Vilmorin  a  publié  son  mémoire  sur  l'amélioration  de  la 


—  148  — 

Carotte:  les  Transactions  de  la  Société  d'horticulture  de  Londres. 
On  se  demande  pourquoi  M.  Vilmorin,  membre  de  la  Société 
centrale  d'agriculture  de  France,  membre  de  la  Société  d'hor- 
ticulture de  Paris,  et  président  du  Comité  des  plantes  potagères 
lors  de  la  fondation  de  cette  Société  en  1827,  etc.,  a  présenté, 
à.  une  société  d'horticulture  d'Angleterre,  les  produits  amélio- 
rés de  la  Carotte  sauvage,  et  son  mémoire  relatant  les  résultats 
extraordinaires  de  ses  expériences,  quand  la  France  avait  à 
Paris  même,  deux  sociétés  et  des  journaux  agricoles,  qui 
n'eussent  pas  refusé  d'apprécier  la  distance  parcourue  depuis 
le  type  sauvage  et  de  donner  à  la  découverte  toute  la  pu- 
blicité désirable.  Ce  n'est  que  20  ans  plus  tard,  en  1859, 
qu'il  se  décide  à  faire  imprimer  ce  mémoire  en  langue  fran- 
çaise pour  initier  ses  compatriotes  aux  détails  de  cette  créa- 
tion. C'est  tout  au  moins  assez  étrange. 

L'autre  fait  est  cet  aveu  de  M.  Vilmorin  :  «  En  1833,  le 
23  avril,  j'essayai  aux  Barres  (Loiret),  où  la  terre  est  plus 
forte,  un  nouveau  semis.  Il  leva  fort  clair,  les  plantes  devin- 
rent très-fortes,  mais  toutes  montèrent  encore.  Les  racines 
étaient  plus  grosses  que  celles  des  champs  ;  mais,  je  dirais,  plus 
mauvaises  par  leur  consistance  et  leurs  fortes  ramifications.  » 

Ainsi,  aux  Barres,  insuccès  complet;  la  Carotte  sauvage 
reste  toujours  sauvage  ;  les  plants  de  M.  Vilmorin  sont  même 
plus  mauvais.  Aussi  M.  Vilmorin  renonce-t-il  à  ses  expériences 
dans  sa  propriété  des  Barres  ;  il  les  reprend  à  Verrières,  où  le 
but  auquel  il  vise  est  atteint  en  quatre  générations  ;  mais 
elles  ne  lui  donnent  que  ce  que  nous  avions  depuis  des  siècles , 
à  savoir,  des  Carottes  blanches,  jaunes,  rouges,  violettes,  et 
rien  de  plus  ! 

M.  Vilmorin  n'a  pas  cherché  à  se  rendre  compte  des  causes 
qui  ont  déterminé  l'insuccès  d'un  côté  et  le  succès  de  l'autre  ; 
la  simple  observation  des  deux  milieux  d'opérations  l'eût  ce- 
pendant immédiatement  éclairé. 


—  140  — 

En  effet,  la  propriété  des  Barres  était  exclusivement  con- 
sacrée à  la  culture  des  arbres  forestiers.  L'expérimentateur  se 
trouvait  placé  là  dans  les  meilleures  conditions  ;  il  n'avait  pas 
à  craindre  l'influence  de  pollen  des  Carottes  cultivées.  Aussi,  il 
constate  que  la  Carotte  sauvage  n'a  pas  subi  la  moindre  mo- 
dification. 

A  Verrières,  les  jardins  sont  consacrés  à  la  culture  des 
plantes  utiles  :  industrielles,  médicinales,  fourragères  et  pota- 
gères. C'est  là  que,  sur  quelques  plantes  tardives,  cinq  ou  six 
donnèrent  des  racines  passablement  charnues  ! 

Ce  perfectionnement  est  tout  naturel.  Les  plants  d'expé- 
riences se  trouvaient  à  Verrières  non  loin  de  carrés  de  Carotte 
de  jardin  ;  le  vent  et  les  insectes  sont  venus  en  aide  à  l'ex- 
périmentateur, en  transportant  le  pollen  de  la  Carotte  cultivée 
sur  les  fleurs  de  la  Carotte  sauvage  en  expérimentation.  M.  Vil- 
morin, qui  ne  s'est  jamais  douté,  pendant  le  cours  de  ces  expé- 
riences, de  ce  concours  spontané  de  la  nature,  a  attribué  par 
conséquent  le  perfectionnement  qu'il  avait  obtenu  de  la  Ca- 
rotte, aux  soins  de  culture  et  au  choix  de  ses  semences,  en 
un  mot  à  une  habile  sélection.  Il  était  dans  l'erreur,  comme 
le  lui  a  démontré  plus  tard,  par  des  faits  irréfutables, 
Aï.  Decaisne,  professeur  de  culture  au  Muséum. 

Les  erreurs  de  ce  genre  sont  du  reste  très-nombreuses  dans 
l'histoire  de  la  philosophie  botanique.  A  Tépoque  de  la  pu- 
blication —  en  France  —  de  la  note  de  M.  Vilmorin  sur  la 
Carotte  améliorée,  M.  Buckmann  soutenait  aussi  que  certaines 
espèces  de  graminées  passaient  de  l'une  à  l'autre  sous  l'in- 
fluence de  la  culture. 

C'est  à  cette  occasion  que  le  docteur  Lindley  s'adressa  à 
M.  Decaisne  pour  avoir  des  renseignements  sur  ces  deux  cas 
de  modifications  et  que  le  savant  professeur  du  Muséum  fit 
connaître  son  opinion  sur  la  question  de  la  Carotte  améliorée, 
dans  sa  réponse  insérée    au   Gardener's  Chronicle  (17  août 


—  150  — 

1861,  page  754),  précédée  d'une  note  du  docteur  Lindley. 
Voici  la  traduction  de  cet  article  : 

«  Au  commencement  de  1860,  le  Gardeners  Chronicle,  ap- 
pela l'attention  sur  les  résultats  extraordinaires  obtenus  parle 
professeur  Buckmann  dans  la  culture  des  graminées.  Ce  savant 
croyait,  comme  il  a  cherché  à  le  démontrer,  que  le  Poa  aqua- 
tica et  le  Glyceria  fluitans,  espèces  bien  tranchées,  perdent,  par 
la  culture,  leurs  caractères  distinctifs  et  ne  tardent  pas  à  se 
confondre.  Il  ajoutait  qu'il  en  était  de  même  des  Festuca  lo- 
liacea  et  pratensis,  et  qu'enfin  le  Panais  sauvage  s'est  amé- 
lioré dans  ses  mains,  comme  la  Carotte  sauvage  dans  celle 
de  M.  Vilmorin. 

»  M.  Decaisne,  professeur  de  culture  au  Muséum  d'histoire 
naturelle  de  Paris,  expérimentateur  des  plus  sévères,  ayant 
porté  ses  recherches  dans  la  même  direction,  et  désirant  voir 
les  résultats,  à  l'état  vivant,  obtenus  par  le  professeur  Buck- 
mann  à  la  suite  de  ses  recherches,  celui-ci  consentit  à  adresser 
à  Paris  des  échantillons  intéressant  la  question  (1). 

»  Voici  l'opinion  que  nous  a  transmise  M.  Decaisne  à  ce 
sujet  : 

«  .le  vous  suis  très-obligé  de  l'envoi  des  échantillons  de 
•  Glyceria  (Poa)  aquatica  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'adresser 
de  la  part  de  M.  Bockmann.  Grâce  à  ces  données  authentiques, 
on  peut  commencer  à  reconnaître  la  valeur  des  expériences 
mentionnées  l'année  dernière  dans  le  Gardenefs  Chronicle.  De 
mon  côté,  à  la  fin  de  Tannée  dernière  également,  j'ai  recueilli 
moi-même  des  graines  des  Glyceria  /lu/tans  et  spectabilis 
(Poa  aquatica)  que  j'ai  semées.  En  ce  moment  le  G.  fluitans 
semé  dans  une  terre  sèche,  est  en  pleine  floraison,  sans  avoir 


(1)  Nous  devons  faire  connaître  que  des  occupations  nous  empêchèrent  de 
nous  cccuper  de  cette  question  à  l'époque  où  nous  eûmes  les  échantillons 
enlre  nos  mains.  (Note  du  Dr  Lindley.) 


—   151  — 

perdu  aucun  de  ses  caractères,  même  les  moindres.  Chaque 
plante  forme  une  touffe  serrée  de  laquelle  sortent  des  quantités 
de  branches  fleuries  qui  s'étendent  sur  le  sol,  absolument  de 
la  même  façon  qu'elles  le  font  dans  l'eau.  Nous  n'avons  donc 
là  de  transformation  d'aucunes  sortes. 

»  Quant  au  G.  spectabilis,  il  n'est  pas  encore  en  fleurs,  mais 
s  es  rhizomes  rampants ,  ses  rejets  d'un  vert  jaunâtre 
p  o ussant  dru  ses  larges  feuilles  avec  des  gaines  hérissées,  ne 
laissent  aucun  doute  de  sa  parfaite  identité  avec  le  type  spé- 
cifique. Mes  expériences  me  prouvent  par  conséquent  que  le 
Glyccria  fluilans  et  le  G.  spectabilis  restent  deux  espèces  par- 
faitement distinctes. 

»  11  résulte  de  mes  recherches,  au  sujet  des  curieux  faits  rap- 
portés par  M.  Buckmann,  qu'il  y  a  là  une  erreur  évidente.  Les 
deux  spécimens  qu'il  a  bien  voulu  m'envoyer  n'appartiennent 
ni  l'un  ni  l'autre  au  genre  Glyceria,  mais  rentrent  tous  deux 
dans  l'espèce  désignée  sous  le  nom  de  Poa  sudelica.  Ces  faits 
détruisent  entièrement  l'échafaudage  sur  lequel  était  basée 
cette  théorie  de  transformation  des  espèces. 

»  Si  M.  Buckmann  s'est  trompé  à  propos  du  Poa,  il  n'est 
pas  le  seul  dans  ce  cas,  et  d'autres  ont  proclamé  des  faits  ana- 
logues au  sujet  des  Carottes.  Ainsi,  il  y  a  quatre  ans,  je  me  suis 
placé  dans  des  conditions  analogues,  lorsque  M.  Vilmorin  dé- 
crivit ses  expériences,  et  il  ne  s'est  produit  aucune  modifica- 
tion. La  Carotte  sauvage  reste  la  même  malgré  tout.  Je  ne 
peux  pas  croire  que  lorsque  M.  Vilmorin  les  voit  devenir  rouges, 
jaunes  ou  pourpres,  je  ne  peux  pas  croire,  dis-je,  que  des 
variations  si  diverses  peuvent  s'être  produites  par  le  seul 
fait  de  la  sélection.  Il  faut  que  les  insectes  aient  charrié  le 
pollen  de  nos  Carottes  cultivées  sur  les  fleurs  des  Carottes 
sauvages,  et  c'est  ainsi  qu'ont  été  obtenues  les  variations 
de  couleur  qui  nous  ont  été  signalées. 

»  Puis-je  ajouter  que  je  n'ai  aucune  confiance  dans  la  dé- 
couverte d'un  Brocoli  sur  les  rochers  de  Cornwall.  Je  suis  par- 


—  152  — 

faitement  convaincu  de  son  identité  avec  l'espèce  de  Chou  qui 
croît  spontanément  sur  nos  côtes  de  France,  et  que  je  consi- 
dère comme  très-différent  {le  nos  races  cultivées.  Du  reste 
nous  le  saurons  par  la  suite,  car  j'ai  commencé  depuis  plu- 
sieurs années  une  série  d'expériences  sur  ce  sujet.  » 

C'est  après  la  publication  de  cette  lettre,  que  M.  Decaisne 
constata  l'erreur  de  M.  Vilmorin,  par  des  preuves  irréfutables. 
En  effet,  au  moment  de  la  floraison  des  Carottes  sauvages  de 
la  quatrième  génération,  et  comme  tous  les  plants  avaient 
parfaitement  conservé  leurs  caractères  typiques,  M.  Decaisne 
eut  l'idée  d'envoyer  chercher  dans  le  jardin  d'essai  de  M.  Vil- 
morin, rue  de  Reuilly,  des  tiges  de  Carottes  portant  fleurs  — 
de  nos  Carottes  cultivées  —  et  qu'il  les  suspendit  au-dessus  des 
ombelles  fleuries  de  ses  Carottes  sauvages.  L'année  suivante, 
M.  Decaisne  obtint  avec  les  graines  provenant  des  sujets  ainsi 
fécondés,  des  plantes  qui  offraient  un  changement  sensible 
non-seulement  dans  le  pivot  mais  encore  dans  la  couleur  de  la 
racine.  A  partir  de  cette  fécondation  artificielle  il  vit  se  pro- 
duire toutes  les  modifications  signalées  par  M.  Vilmorin  ;  c'est 
donc  bien  ici  le  fait  de  l'hybridation  et  non  la  sélection. 

Or,  en  se  reportant  à  l'insuccès  des  Barres,  et  au  milieu  dans 
lequel  les  Carottes  sauvages  ont  été  placées  à  Verrières,  on 
voit  très-clairement  que  c'est  aussi  le  croisement  qui  a  procuré 
à  M.  Vilmorin  des  variétés  de  Carottes  en  tout  identiques  à 
celles  que  nous  possédions  déjà. 

Ainsi  se  trouve  détruit  le  plus  solide  point  d'appui  de  la 
théorie  du  perfectionnement  rapide  des  plantes  de  notre  éco- 
nomie domestique. 

F.  Herincq. 
(A  continuer.) 


DE  L'ENGRAIS  GEORGES  VILLE. 

Toute  la  science  du  cultivateur  ne  peut  rien  en  l'absence 
des  matières  qui  fertilisent  le  sol,  c'est-à-dire  des  substances 


—   153  — 

qui  servent  à  l'alimentation  des  végétaux.  Le  premier  soin  de 
celui  qui  cultive  est  donc  de  fournir  à  la  terre  les  principes 
que  les  plantes  y  puisent  constamment,  s'il  veut  que  son  ter- 
rain conserve  sa  fertilité  ;  de  là  l'enfouissement  du  fumier, 
qui  contient,  en  effet,  tous  les  éléments  de  nutrition  des 
plantes,  et  qui,  par  sa  décomposition,  rend  au  sol  ce  que  les 
végétaux  lui  ont  enlevé  pendant  leur  développement. 

Mais  tout  le  monde  n'a  pas  de  bestiaux  pour  produire  du  fu- 
mier, et  ceux-là  mêmes  qui  en  possèdent  n'en  ont  pas  assez 
pour  fournir  aux  exigences  de  leur  culture.  De  là  aussi  la  dif- 
ficulté de  se  procurer  cet  engrais,  —  engrais  par  excellence, — 
pour  les  besoins  du  jardinage. 

Pour  obvier  à  cette  insuffisance  du  fumier,  on  s'est  mis  à 
fabriquer  des  engrais  artificiels,  basés  sur  la  substance  la  plus 
importante  de  l'élément  nutritif  :  Y  azote  !  et  chaque  jour  voit 
apparaître  de  nouvelles  panacées  agricoles  qui  le  plus  souvent 
ne  contiennent  pas  un  atome  de  cet  agent  actif  de  la  végéta- 
tion. C'est-à-dire  que  la  spéculation  s'est  portée  sur  la  fabri- 
cation des  engrais,  et  que,  par  la  falsification,  les  meilleurs 
sont  devenus  complètement  inertes. 

Le  gouvernement  français  s'est  ému  de  cet  état  de  choses  ; 
il  a  ordonné  une  enquête,  et  la  commission  n'a  pu  que  con- 
stater l'inertie  de  la  plupart  des  engrais  artificiels.  Aujour- 
d'hui que  la  question  agricole  est  la  question  palpitante  du 
moment,  les  ministres  de  l'agriculture  et  de  l'instruction  pu- 
blique appellent  l'attention  des  directeurs  d'établissements 
agricoles  sur  l'engrais  chimique  de  M.  Georges  Ville,  et  ils 
viennent  de  prescrire  la  création  de  champs  d'expériences  dans 
ces  établissements  pour  en  faire  l'essai. 

«  La  doctrine  des  engrais  chimiques,  dit  M.  le  ministre  de 
l'agriculture  dans  sa  circulaire,  occupe  une  certaine  place  dans 
les  préoccupations  du  monde  agricole.  Sans  vouloir  préconiser 
tel  système  de  culture  de  préférence  à  tel  autre,  l'État  ne  peut 


—     154  — 

ce  pendant  rester  indifférent  en  face  des  tentatives  qui  pour- 
raient amener  d'heureux  résultats  pour  le  bien  public  et  la 
prospérité  du  pays.  Sans  préjuger  en  rien  la  place  que  l'avenir 
réserve  à  la  doctrine  des  engrais  chimiques,  il  me  parait  dé- 
sirable que  les  données  fondamentales  sur  lesquelles  elle  repose 
soient  soumises  au  contrôle  de  la  pratique 

»  Il  serait  donc  utile  que  les  fermes-écoles,  sans  se  jeter  dans 
des  expérimentations  étendues,  ne  restassent  pas  cependant 
étrangères  à  un  mouvemeut  qui  préoccupe  l'opinion,  et  dont 
les  conséquences  sont  appelées  à  devenir  considérables,  si  les 
essais  auxquels  on  se  livre  de  toutes  parts  devaient  consacrer 
les  notions  nouvelles  auxquelles  ils  se  rattachent  » 

De  son  côté,  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique  a 
adressé  aux  préfets  une  circulaire  pour  leur  recommander  de 
faire  faire  des  essais  sur  l'engrais  chimique,,  dans  les  jardins 
des  instituteurs  communaux.  «  Déjà,  dit-il,  dans  toutes  les 
écoles  normales  et  dans  un  grand  nombre  d'écoles  primaires, 
les  élèves  sont  initiés  aux  connaissances  générales  de  l'agri- 
cultures Il  importe  qu'ils  ne  demeurent  pas  étrangers  à  au- 
cun progrès  et  que  les  maîtres  soient  associés  aux  expériences 
sérieuses  qui  sont  faites  pour  donner  à  l'agriculture  les  agents 

de  fertilité  les  plus  efficaces Des  expériences  considérables 

sont  poursuivies  depuis  longtemps  à  la  ferme  impériale  de 
Vincennes,  et  la  doctrine  des  engrais  chimiques,  qui  préoc- 
cupe le  monde  agricole,  y  est  née  sous  l'initiative  de  l'Empe- 
reur . 

«  Les  instituteurs  primaires  de  l'arrondissement  de  Thion- 
ville,  donnant  à  cet  égard  un  excellent  exemple,  ont  fait  sur 
les  engrais  chimiques,  continue  M.  le  ministre,  une  quaran- 
taine d'expériences  qui  ont  fixé  l'attention  du  comice  agricole 
de  cet  arrondissement.  Un  document  récent,  publié  par  les 
soins  de  ce  comice,  constate  que  1,200  kilogrammes  d'engrais 
chimiques,  du  prix  de  360  francs,  ont  produit  en  moyenne, 


—    155  — 

54,222  kilog.  de  betteraves  à  l'hectare,  alors  que  72,000  kilog. 
de  fumier  ordinaire,  estimé  aussi  360  francs,  n'en  ont  produit 
que  48,888.  » 

D'un  autre  côté  le  Journal  d'agriculture  pratique,  enregistre 
dans  son  numéro  du  8  avril,  les  résultats  de  160  expériences 
faites  par  des  cultivateurs  de  différents  départements,,  et  si  l'on 
confond  dans  une  moyenne  unique  les  résultats  obtenus,  on 
trouve  que  1,323  kilog.  d'engrais  chimique  ont  produit52,029 
kilog.  de  betteraves  à  l'hectare,  alors  que  53,145  kil.  de  fu- 
mier de  ferme  n'ont  produit  que  42,634  kil.,  soit  un  excédant 
de  10.511  kilog.  en  faveur  de  l'engrais  chimique. 

Ce  résultat  n'a  rien  qui  doive  étonner,  lorsqu'on  connaît 
la  composition  de  l'engrais  chimique.  Étant  admis  que  l'efli- 
cacité  du  fumier  est  due  à  certains  principes  qu'il  contient,  et 
plus  particulièrement  à  ce  qu'on  appelle  phosphate  de  chaux, 
potasse,  chaux  et  matière  azotée,  M.  Georges  Ville  a  emprunté 
à  la  chimie  ces  quatre  éléments  qu'il  a  mélangé  en  certaine 
proportion,  afin  de  rendre  au  sol  la  même  quantité  des  prin- 
cipes fertilisants  que  les  plantes  lui  enlèvent.  C'est  ainsi  que 
son  engrais  se  trouve  composé  de  phosphate  de  chaux,  de  ni- 
trate de  potasse,  de  sulfate  de  chaux,  et  enfin  de  nitrate  de 
soucie  qui  fournit  la  matière  azotée. 

Cet  engrais  a  un  avantage  sur  tous  les  autres  engrais  arti- 
ficiels ,  c'est  que  le  cultivateur  peut  le  composer  lui-même,  et 
en  modifier  la  composition  suivant  la  plante  qu'il  veut  cultiver 
ou  le  sol  qui  doit  être  ensemencé  ;  car  toutes  les  plantes  n'ab- 
sorbent pas  bs  môme  principes;  tous  les  terrains  ne  con- 
tiennent pas  les  mêmes  sels.  Chaque  espèce  a  une  aptitude 
particulière  pour  telle  substance,  et  une  terre  peut  en  man- 
quer alors  qu'elle  contiendra  les  trois  autres.  Le  système  de 
M.  Georges  Ville  permet  de  ne  donner  au  sol  que  la  matière 
qui  lui  manque;  on  économise  ainsi  le  prix  d( s  trois  autres 
substances  qui  entrent  dans  la  composition  de  l'engrais  complet. 


—  156  — 

Lorsqu'on  veut  cultiver,  par  exemple,  des  pommes  de 
terre,  des  haricots  ou  des  pois  qui  empruntent  particulière- 
ment au  sol  sa  potasse,  il  faut  s'assurer  si  le  terrain  qui  doit 
les  recevoir  contient  suffisamment  de  cette  substance,  et  si 
elle  manque  ou  si  elle  n'est  qu'en  faible  quantité,  on  borne 
l'engrais  chimique  au  nitrate  de  potasse.  Pour  les  navets,  les 
Rutabagas  ou  navets  de  Suède,  on  sait  qu'ils  absorbent  tout 
particulièrement  le  phosphate  ;  il  faut,  dans  ce  cas,  donner  au 
terrain  du  phosphate  de  chaux.  Les  betteraves,  les  choux 
épuisent  les  terres  en  leur  enlevant  tout  spécialement  l'azote  ; 
on  n'emploie  alors  que  la  substance  qui  doit  lui  fournir  cette 
substance,  soit  donc  du  nitrate  de  soude  ou  du  sulfate  d'am- 
moniaque. 

Mais  comment  savoir,  dira-t-on,  quand  un  terrain  contient 
ou  ne  contient  pas  ces  matières  fertilisantes  ?  C'est  une  chose 
très-simple,  Voici  l'instruction  qui  accompagne  la  circulaire 
de  M.  le  ministre  de  l'instruction  publique,  pour  l'établisse- 
ment de  champs  d'expériences  en  parcelles  de  un  are  : 

«  Lorsqu'un  champ  d'expériences,  est-il  dit,  a  pour  desti- 
nation de  traduire  les  lois  fondamentales  de  la  production  vé- 
gétale, il  doit  se  composer  d'au  moins  dix  parcelles,  auxquelles 
il  convient  de  donner  les  engrais  suivants  : 

Parcelle  n°  1 .  Fumier,  60,000  kilog.  à  l'hectare. 

—  2.  Fumier,  30,000  kilog.  à  l'hectare. 

—  3.  Engrais  complet  intensif . 

—  4.  Engrais  complet. 

—  5.  Engrais  sans  matière  azotée. 

—  6.  Engrais  sans  phosphate  de  chaux. 

—  7.  Engrais  sans  potasse. 

—  8.  Engrais  sans  chaux. 

—  9.  Engrais  sans  minéraux. 

—  10.  Terre  sans  aucun  engrais . 


—  157  — 

En  semant  ensuite  sur  toutes  ces  parcelles,  de  la  betterave 
ou  du  colza  et  des  pois  ou  des  haricots,  on  est  renseigné  par  le 
degré  de  végétation,  et  le  rendement  de  chacune  d'elles,  de 
l'état  de  la  couche  superficielle,  par  les  pois  ou  les  haricots,  et 
des  couches  profondes  par  la  betterave  et  le  Colza;  c'est-à- 
dire  qu'on  connaîtra  exactement  quels  sont  les  éléments  utiles 
de  la  végétation  qui  se  trouvent  dans  le  sol.  Dès  lors  on  saura 
s'il  faut  employer  l'engrais  complet,  ou  temporairement  l'en- 
grais incomplet,  en  ne  donnant  au  sol  que  la  substance  essen- 
tielle à  la  plante  et  que  M.  Georges  Ville  appelle  dominante. 
G'est-là,  nous  le  répétons,  un  grand  avantage,  puisqu'on  peut, 
avec  ce  système,  obtenir  de  très-beaux  produits  en  réduisant 
la  dépense. 

Nous  croyons  que  cet  engrais  peut  rendre  de  grands  ser- 
vices à  l'horticulture,  soit  comme  engrais  pour  la  fumure  des 
jardins,  soit  comme  agent  excitant,  ajouté  aux  composts,  dans 
la  culture  des  plantes  de  serres.  Mais  ces  matières  ont  une  ac- 
tion très-puissante  ;  il  faut  les  employer  à  très-faible  dose. 

Pour  composer  l'engrais  complet  à  titre  d'essai  sur  les  lé- 
gumes et  plantes  d'ornement,  voici  les  proportions  déduites 
des  formules  de  M.  Georges  Ville  : 

Phosphate  acide  de  chaux 4  kilogr. 

Nitrate  de  potasse 2 

Nitrate  de  soude 3 

Sulfate  de  chaux 3 

Brasser  parfaitement  le  tout  ;  saupoudrer  le  sol  à  raison  de 
120  grammes  par  mètre  carré,  et  herser  à  la  fourche  pour  le 
mélanger  à  la  terre. 

Du  reste  nous  engageons  les  personnes  qui  voudraient  es- 
sayer cet  engrais  à  se  munir  d'un  petit  traité  que  M.  Georges 
Ville  a  publié  sous  le  titre  :  L'École  des  engrais  chimiques. 
C'est  un  petit  volume  qui  a  été  imprimé,  par  autorisation  de 
S.  Exe.  le  garde  des  sceaux,  à  l'imprimerie  impériale  ,  et  qu'on 


—  158  — 

peut  se  procurer  a  peu  près  dans  toutes  les  librairies  agricoles. 
Il  est  tout  a  fait  pratique,  et  les  prescriptions  qu'il  contient 
résultent  des  expériences  faites  depuis  huit  ans  au  champ  d'ex- 
périences créé  sur  les  terrains  de  la  ferme  impériale  de  Vin- 
cennes. 

F.  Herincq. 


PETITES  NOUVELLES. 

Moyen  d'obtenir  des  Rosiers  francs  de  pied. — Pour  obtenir  de 
ces  Rosiers  voici  comment  opère  M.  Delaville,  jardinier-pro- 
fesseur de  la  Société  d'horticulture  de  Beauvais.  Aussitôt 
après  la  floraison  on  coupe  des  boutures  avec  talons,  s'il  est 
possible,  longues  de  10  centimètres,  et  on  les  pique  à  côté  les 
unes  des  autres  à  une  profondeur  de  2  centimètres  sur  un  petit 
ados  préparé  le  long  d'un  mur  à  Feston  au  nord.  Pour  con- 
stituer cet  ados  on  ouvre  une  tranchée  de  30  centimètres  de 
large  sur  lo  de  profondeur  et  on  la  remplit  de  sable  fin  en 
dépassant  même  de  10  centimètres  près  du  mur,  pour  don- 
ner à  cet  ados  une  petite  pente  en  avant.  Au  mois  de  mars 
suivant,  les  boutures  étant  munies  d'un  bourrelet  à  leur  base, 
sont  repiquées  en  planches  à  30  ou  40  centimètres  de  dis- 
tances les  unes  des  autres,  et  on  en  obtient  des  sujets  vigou- 

« 

reux. 

Pour  les  variétés  à  bois  dur,  qui  ne  se  prêtent  pas  à  ce  mode 
de  multiplication,  on  les  greffe  d'abord,  sur  des  sujets  rognés 
un  peu  au  dessous  du  sol,  et  l'année  suivante,  on  les  étrangle 
au  moyen  d'un  fil  de  laiton,  à  5  centimètres  au  dessus  de  la 
°refîe,  puis  on  les  butte  jusqu'à  20  centimètres  de  hauteur. 
Il  se  forme  alors  au  dessus  de  l'étranglement  un  bourrelet 
d'où  ne  tardent  pas  à  sortir  les  racines.  On  n'a  ensuite  qu'à 
sevrer  et  à  mettre  en  place. 

Moyen  tf  équilibrer  les  arbres.— M.  Simon  deCrécy,  dans  son 


—  159  — 

livre  qui  a  pour  titre  :  Formation  des  arbres  fruitiers  par 
Varqàre,  recommande  l'ablation  partielle  des  feuilles  sur  les 
bourgeons  trop  vigoureux  pour  équilibrer  la  charpente  des 
arbres  fruitiers.  Ce  procédé,  qui  d'après  M.  Simon,  est  des 
plus  simples  et  infaillible,  consiste  à  couper  avec  l'ongle  les 
2,  3,  4  et  5e  feuilles  supérieures  aux  deux  tiers  de  leur  lon- 
gueur, à  plusieurs  reprises  et  à  quelques  jours  d'intervalle, 
selon  la  vigueur  des  pousses,  sur  les  bourgeons  qui  présen- 
tent trop  de  développement  relativement  aux  bourgeons 
voisins  ou  symétriques.  On  ne  touche  pas  aux  feuilles  infé- 
rieurs. Il  en  résulte  que  la  sève  se  ralentit  dans  les  bourgeons 
ainsi  opérés,  et  qu'elle  se  porte  en  grande  abondance  vers 
les  bourgeons  trop  faibles,  et  les  rend  vigoureux.  Cette  opé- 
ration est  des  plus  rationnelle  :  en  supprimant  une  partie  des 
feuilles  on  réduit  la  surface  d'évaporation,  par  conséquent  la 
force  aspirante  ;  le  bourgeon  ne  reçoit  plus  alors  autant  de 
nourriture  séveuse,  et  naturellement  il  prend  moins  de  déve- 
loppement. Pour  les  hommes  qui  ne  reconnaissent  aux  feuilles 
que  le  simple  rôle  d'organe  aspiratoire,  l'opération  de  M.  Simon 
se  comprend  facilement . 


EXPOSITIONS  DU  MOIS  DE  JUIN. 

Voici  les  villes  qui  étaleront  au  grand  jour ,  les  produits  de 
flore  dans  le  courant  du  mois  de  juin  : 

Beauvais,  du  1er  juin  au  15  juillet. 
•  Meaux,  du  4  au  6  juin. 
Etampes,  du  4  au  7  juin. 
Strasbourg,  les  6  et  7  juin. 
Sceaux,  du  (3  au  10  juin. 
Soissons,  du  H  au  14  juin. 
Nancy,  du  19  au  25  juin. 


—  160  — 


Travaux  du  mois  de  Juin. 


Potager.  Le  jardinier  doit  toujours  penser  à  l'avenir;  si  les  légumes  abondent 
ce  mois-ci,  il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  mois  d'automne;  il  doit  continuer 
ses  semis  de  choux-fleurs,  brocolis,  choux-navets,  navets,  radis  roses  et  noirs, 
choux  à  grosses  côtes,  de  Milan,  de  Bruxelles,  chicorée,  scarole,  laitues,  hari- 
cots, pois  de  Clamart,  etc. 

Jardin  fruitier.  Le  pincement,  l'ébourgeonnage  et  le  palissage  sont  les  prin- 
cipaux travaux  du  mois.  Les  branches  nouvelles  qui  s'emportent  trop  devront 
être  pincées;  mais  il  faut  bien  se  garder  de  les  couper  trop  court;  tous  les  bour- 
geons de  la  base  se  développeraient,  et  à  la  taille  prochaine  on  se  trouverait 
très-embarrassé  par  la  présence  d'une  foule  de  faux  bourgeons.  On  doit  se  con- 
tenter de  pincer  seulement  l'extrémité,  ainsi  que  le  recommande  M.  Lepère,  et 
si  plusieurs  bourgeons  se  développant  au  sommet  faisaient  confusion,  on  les 
taille  en  vert  au-dessus  du  bourgeon  inférieur  qu'on  pourra  lui-même  pincer  si 
son  élongation  est  trop  rapide.  Pour  l'ébourgeonnement  du  pêcher,  on  peut  en- 
lever sans  inconvénient  tous  les  bourgeons  qui  se  trouvent  sur  les  branches  frui- 
tières, au-dessous  des  fruits,  et  qui  pourraient  gêner  dans  le  palissage;  le  bour- 
geon terminal  qu'on  peut  rogner  indistinctement,  suffit  pour  appeler  la  sève 
nécessaire  à  la  maturation  des  pêches. 

Jardin  d'agrément.  Les  soins  de  propreté,  placement  des  tuteurs,  palissages 
des  plantes  grimpantes,  sont  à  peu  près  ce  que  réclament  les  jardins  d'agrément. 
On  plante  les  Dahlias,  et  met  en  place  les  plantes  repiquées  en  pépinières,  et 
pendant  la  belle  saison,  telles  que  Pétunia,  Chrisanthéme  frutescent,  Pelar- 
gonium,  Eabrotamnns . 

Les  semis  de  plantes  annuelles  du  mois  dernier  peuvent  se  continuer  dans  les 
premiers  jours  du  mois  ;  mais  il  est  trop  tard  pour  les  Reines-Marguerite  et  les 
grosses  Giroflées  jaunes.  C'est  le  bon  moment  de  semer  les  espèces  vivaces  et 
bisannuelles,  telles  que  Primevères,  Ancolies,  Phlox,  Pieds  d'Aloucltes  vivaces, 
Croix  de  Jérusalem,  Roses  Tremières,  Œillet  de  Poètes,  Campanules,  Digitales, 
Coquelourdeg,  etc. 


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ET  AUTRES  ANIMAUX  UTILES  AUX  CULTURES 

Par   le   Dr  BOISDUVAL. 

Ouvrage  illustre'  de  425  figures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 

Prix  :  broché,  6  francs. 


E.  DONNAUD,  LIBRAIRE-EDITEUR, 

9,    RUE  CASSETTE,   9. 

ANNÉE  1869. 

NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTB É 

RÉDIGÉ    PAR 

MM.  F.   HERINCQ 
ALPH.  LAVALLËE  —  L.  NEUMANN  —  B-  VERLOT  —  CELS  —  COURTOIS- 
GERARD  —  J-B.    VERLOT  —  PAVARD  —    BUREL 
Avec  pins  de  aOO  dessins  intercalés  dans  le  texle, 

DE 

MM.  COURTIN,  FAGUET.    MAUBERT    ET    RIOCREUX 
GRAVÉS   PAR  M.  BISSOÎH» 

l\-1  S  JÉSUS  DE  PLUS  DE  1,800  PAG.  PRIX  BU.:  7  Fr.  CART.:  8  Fr.  DEL.:  9  Fr. 


L'INSEGTOLOGIE  AGRICOLE 

JOURNAL 

TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DÉGÂTS 

ET    DES    MOYENS    PRATIQUES    DE     LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ  PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  CH.  AUBE,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  PILLAIN,  MILLET,  GOUREAU,  A.  GELOT. 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  :    10  FRANCS  PAR  AN. 

Une  livraison  de  32  pages  in-i°  avec  figures.  —  Parait  chaque  mois. 
BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  9,  A  PARIS. 


Paris.—  Imp.  horticole  de  E.  Donnacd.  me  Cassette,  9. 


N» 


19'   Année. 


1S«»Ï». 


ULTELU  FRANÇAIS 


m  roue,  sudot  mm  (bokkpmuts  st  ota 

JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CULTURE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES, 
NOTAMMENT  DES   ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET   DES  LEGUMES,  LA   DESCRIPTION 
ET    L'USAGE    DES    INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEDRS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CHEF. 

ATTACHÉ     AD     Mrsi:ii>i     d'histoire    naturelle    ue    taris, 

Collaborateur    du    Marnel    </a    Planiet,  des    figures    du  Bon    Jardinier, 

Ex-Rédacteur   principal  de  la  SooUii  <thoiiir»imre  de  la   Seine, 

Membre   honoraire    et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,   etc. 


L'florticuUeo.r  Français  paraît  le  S  île  chaque  mois,  par  livraison  de  52  pages  de  texte 
grand  in-8,  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin . 


PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 


Paris 10  fr. 

Départements.     11  fr. 
Étranger 15  fr. 


par  an. 


Tontes  les  demandes  «l'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  on  sur  une  maison  de  l'aris,  et  au  nom  de  M.  E.  D0NNAUD,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  pnste  oïl  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance «le  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


ttS-fliMsafte»'  ( 


PARIS 


LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 


RUE  CASSETTE,  9. 
4869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  camionnes  au  bureau  du  journal, rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  fravç-ais,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


A  LA  CLOCHE  DES  HnUES  CENTBALES  AUX  LÉ60MES 
Rue  de  la  Cossonceric,  :î,  ù  i;,n!,. 


tk 


«S"^.''!.''^  THIBAULT-PRUDENT, 

Marchand  Grainier,  Fleuriste  et  Pépiniériste,  est  transférée 
pour  cause  d'expropriation  et  d'agrandissement,  rue  de  ia 
Cossonnerie,  3. 


Le  ^ue   général    de  Grai 

potagères,  fourragères,  éconoi 
ques,  d'arbres  et  de  graines 
fleurs,  est  envoyé  franco  à  to 
personne  qui  nous  en  fait  la  i 
mande.  Maison  Paul  TO'LLAF 
fondée  en  1796,  négociant 
graines,  20,  quai  de  la  Mégis 
rie,  Paris. 


CALENDRIER    HORTICOLE 

CALENDRIER  1AC0UN  AÎNÉ 
publié   par   JACQUIN  JEUNE 

Grainier  -Fleuriste  et  Pépiniériste, 


16,   Quai  de  ia  SSégisscrie 

A  pari-;. 

ANCIENNEMENT    QUAI    NAPOLÉON,    23. 


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Prix  :  1  fr.  —  1  fr 


A  L'HORTICULTEUR  FRANÇAIS 
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FONDÉE  EN  Ï789 

anciennement,  76,  quai  de  ia  Mégisserie 

EST  TRANSFÉRÉE  MÊME  QUAI,  10. 

Graines  potagères,  fourragères,  forestières, 
plantes,  arbustes,  oignons  a  fleurs. 


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MAISON 


FRAISIERS,  FRAMBOISIERS,  GRQSEILLERS 

Médaille  d'Argent  à  l'Exposition  universelle  de   1867 
50   MÉDAILLES 

aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  province. 

CULTURE   SPÉCIALE    • 

de  Ferdinand  fiîL©S3Bi>£3 ,  horticulteur, 

à  Beauvais  (Oise). 


LOÏSE-CHAUVIEHÏ 

14,   Quai  de  la  Mégisserie ,    1 

ANCIENNEMENT  QUAI  AUX  FLEURS,  3, 

P  A  R  |  S 
Graines  potagères,  fourragères,  de  Fleurs 
îtrJr'Arbres,  Plantes  de  serres,  de  pleine  tei 
d'ornement,  Oignons  à  fleurs. 


ÉTABLISSEMENT  HORTICOLE,  RUE  DU  TRANSIT,  ( 

«iniissioiv.        PARlï-MOHTP.QUGS       exportati 

Les  Catalogues  sont  envoyés  sur  demande. 


ÉTIQUETTES  DE  JARDINS. 

Rien  de  plus  commode  et  de  plus  durable  pour  les  étiquettes  de  jardins  que  l'encrt 
écrire  sur  le  zinc,  composée  par  M.  DUFOUR,  chimiste-photographe,  à  Dijon  (Côte-d'Or), 

Prix  du  flacon  :  4  franc. 

Cette  encre,  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  du  rhum,  aussitôt  son  contact  avec 
zinc,  produit  une  écriture  du  plus  beau  noir:  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusiei 
années  dans  la  terre  et  dans  l'eau,  sans  que  l'écriture  subisse  une  détérioration  sensib 

Les  nombreuses  lettres  de  félicitations  adressées  à  M.  DUFOtJR  sur  cet  excellent  pi 
duit  se  succèdent  tous  les  jours.  MM.  les  Amateurs  désireraient  pouvoir  trouver  ce 
encre  dans  toutes  les  grandes  villes,  chez  les  marchands  de  produits  horticoles  ;  ils  pré 
reraient  payer  25  cent,  et  même  50  cent,  en  plus  le  prix  du  flacon. 

MM.  les  Marchands  pourront  s'adresser,  pour  traiter,  à  M.  DUFOUR,  chimiste-photogi 
plie,  à  Dijon.  — Un  petit  flacon  d'échantillon  leur  sera  adressé  gratis  et  franco,  sur  d 
mande  affranchie. 

Des  annonces  dans  les  journaux  d'horticulture  feront  connaître  l'adresse  des  M« 
en  and  s  où  les  Amateurs  pourront  se  pourvoir. 

Une. caisse  de  flacons  d'encre  à  écrire  sur  le  zinc  vient  d'être  expédiée  à  M.  Louis  VAN  BOUT'. 
hoitiadteur,  à  Gand.  —  MM.  les  Amateurs  et  Horticulteurs  de  la  Belgique  peuvent  s'y  adresser. 


SOMMAIRE  I)£S  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique  :  Exposition  de  Paris.  —  Turel,  Orange  Chamouti  (PI.  VI). 
—  F.  Herincq,  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  domestiques  notamment 
du  Radis  amélioré  et  des  variétés  ornementales.  —  Desprfz,  Rusticité  dis  Dracœna 
australis  et  indivisa.  —  F.  Herincq,  La  Taupe  et  le  ver  blanc.  —  Ern.  Bonard,. 
EpouTantail  pour  garantir  les  semis  des  Pierrots. 


CHRONIQUE 

Cruelle  erreur  :  pour  éclairer  je  mets  la  lumière  sous  le  boisseau;  M.  Du- 
chartre  doute  de  Ja  véracité  de  mes  assertions  :  comme  quoi  son  doute  est 
mal  fondée  ;  encore  le  Radis  sauvage  amélioré;  Compte  rendu  de  l'Ex- 
position de  Paris. 

Il  est  bien  vrai  que  l'homme  ne  se  connaît  pas  lui -môme, 
qu'il  se  méprend  toujours  au  sujet  de  ses  vices  et  de  ses 
vertus.  Ainsi,  par  exemple,  jusqu'à  présent,  je  m'étais  figuré 
que  le  moindre  de  mes  défauts  était  de  toujours  soulever  le  bois- 
seau sous  lequel  les  amis  de  l'obscurité  cherchent  à  mettre  la 
lumière,  et  que  c'était  à  lui  qu'il  fallait  attribuer  toutes  les  ini- 
mitiés, voire  même  les  haines,  dont  se  trouve  émaillée  mon 
insouciante  existence.  Cruelle  erreur  !  Il  résulte  d'un  avis 
préliminaire  inséré  en  tète  d'une  jolie  histoire  sur  une  plante 
sauvage  améliorée,  qui  doit  faire  le  bonheur  des  familles,  que 
je  suis  le  plus  acharné  de  tous  les  éteignoirs  ;  que  je  suis  un 
homme  plein  de  préjugés,  repoussant  tout  ce  qui  n'est  pas  à 
ma  convenance  systématique,  et  que,  pour  moi,  la  science  n'est 
que  dans  l'exposé  des  idées  et  les  systèmes  de  MM.  tel  ou  tel  !... 
Rapportez-vous-en  donc  à  vous-même  pour  connaître  vos  dé- 
fauts! Dans  quelle  erreur,  mon  Dieu,  étais-je  tombé  !  Merci, 
ô  vous,  qui  m'ouvrez  les  yeux  ! 

Je  comprends  maintenant  ce  qu'un  tel  système  a  d'illogique. 
En  effet.,  on  ne  peut  produire  la  lumière  que  par  le  choc  des 
idées,  comme  on  ne  peut  faire  sortir  l'étincelle  d'un  caillou 
Juin  i sco.  h 


—  162  — 
de  silex  qu'en  l' entre-choquant  avec  un  autre  caillou  ;  par 
conséquent,  en  se  contentant  de  l'idée  qu'on  possède,  c'est  exac- 
tement comme  si  on  voulait  allumer  de  l'amadou  avec  un  seul 
caillou  ;  on  attendrait  longtemps  l'étincelle  sans  le  choc  d'un 
second  ou  du  briquet.   J'ai  donc  eu  tort  de  dire,  dans  une 
de  mes  précédentes  chroniques,  que  la  Société  d'horticulture 
de  Paris  s'était  a  témérairement  avancée  »,  en  reproduisant, 
dans  son  journal,  un  article  qui  avait  été  imprimé  déjà  dans 
un  recueil  périodique  ;  car,  en  effet,  comme  le  fait  remar- 
quer M.  le  secrétaire  rédacteur  de  cette  Société  d'horticulture 
—  qui  n'est  pas,  il  est  vrai,  du  même  avis  que  M.  le  Profes- 
seur de  la  faculté  des  sciences  de  Bouzy-le-Têtu  —  la  science 
horticole  a  bien  plus  à  gagner  qu'à  perdre  en  accueillant  et 
en  propageant  à  priori  les  faits   les  plus  étranges,   quand 
même  ils  seraient  faux.  Il  est  si  facile  de  déraciner  les  erreurs, 
surtout  lorsqu'elles  ont  été  propagées  par  les  recueils  quasi- 
officiels,  que  je  ne  comprends  pas  comment  j'ai  pu  voir  de 
la  témérité    dans    cette    reproduction  de    l'assertion   d'un 
auteur  qui  en  a  déjà  avancé  plusieurs  aussi  étranges,  et  que 
des  expériences  postérieures,  de  savants  distingués  et  dignes 
de  foi ,  ont  démontré  être  complètement  erronées  ;   comme 
celle  entre  autres,  du  marron  d'Inde  blanc  dont  les  graines  pro- 
duisent, dit-il,  des  individus  du  marronnier  rouge,  espèce  très- 
distincte.  Mais,  comme  dit  cet  auteur  :    Qu'est-ce  que  cela 
prouve  ?  ((  Uniquement  que  ces  savants  n'ont  pas  obtenu  les 
mêmes  résultats  que  lui;  qu'en  toute  chose  il  n'y  a  rien 
d'absolu,  si  ce  n'est  que  lui  ne  se  trompe  jamais  !  »  Heureux 
homme  !  je  ne  puis  en  dire  autant.... 

Maintenant,  un  mot  bien  senti,  en  réponse  au  Journal  de  la 
Société  impériale  et  centrale  d 'horticulture  de  France,  qui  doute 
de  ma  probité  scientifique.  M.  Duchartre,  son  secrétaire  ré- 
dacteur, après  avoir  encore  témérairement  avancé  ce  principe  : 
«  qu'un  journal  reste  toujours  indépendant  des  idées  et  des 


—  163  — 

principes  professés  par  les  auteurs  auxquels  il  a  ouvert  ses  co- 
lonnes j>,  déclare  ne  pouvoir  accepter  cette  assertion  :  —  que 
M.  Vilmorin  a  reconnu  son  erreur,  lorsque  M.  Decaisnelui  dé- 
montra par  des  expériences  entreprises  au  Muséum, —  «  parce 
que,  dit-il,  cette  phrase  n'émanant  pas  de  M.  Decaisne,  je  doute 
fort  qu'elle  reproduise  la  pensée  de  mon  savant  confrère  et  ami. 
Mon  doute  à  cet  égard,  continut-il,  est  basé  sur  ce  qu'il  est 
peu  vraisemblable  qu'un  observateur  sérieux  reconnaisse,  à 
la  première  occasion,  qu'il  s'était  trompé  et  que  les  faits  pu- 
bliés par  lui  étaient  de  simples  illusions.  3> 

Il  est  possible  qu'il  existe  des  observateurs  sérieux,  qui 
ayant  une  telle  confiance  en  eux,  se  refusent  obstinément  à  ac- 
cepter la  lumière  et  à  reconnaître  leurs  erreurs.  Mais,  M.  Vil- 
morin n'appartenait  pas  à  celte  classe  d'observateurs  qui  n'a 
jamais  fait  faire  le  moindre  pas  à  la  science,  bien  au  contraire; 
M.  Vilmorin  aimait  avant  tout  la  vérité,  et  il  s'inclinait  devant 
elle,  quand  on  le  relevait  d'une  erreur  ou  d'une  méprise. 

Quant  au  doute  si  honnêtement  formulé  et  qui  agite  si  forte- 
ment la  conscience  de  M.  le  secrétaire  rédacteur,  ce  n'est  point 
à  moi  de  fournir  la  preuve  que  ma  phrase  reproduit  bien  la 
pensée  émise,  plusieurs  fois  dans  son  cours,  par  M.  le  profes- 
seur de  culture  du  Muséum.  Dans  une  question  de  cette  im- 
portance, si  j'avais  dénaturé  la  pensée  de  l'honorable  profes- 
seur, il  n'eût  pas  manqué,  dans  l'intérêt  même  de  la  science, 
de  protester  et  d'en  demander  la  rectification.  Or,  M.  De- 
caisne, qui  lit  l 'Horticulteur  français  et  le  Journal  de  la  So- 
ciété de  Paris  n'a  pas  protesté  ;  donc  mon  assertion  est  exacte. 

Ceci  dit,  voguons  vers  les  régions  calmes  et  fleuries  du  Palais 
de  l'industrie,  où,  du  18  au  22  mai  dernier,  s'est  tenue  l'ex- 
position d'horticulture  de  Paris. 

Splendide  elle  a  été  cette  fois.  Les  horticulteurs  parisiens 
se  sont  réhabilités  auprès  des  amateurs  qui,  depuis  quelques 
années,  en  étaient  arrivés  à  regretter  leurs  vingt  sous  d'entrée. 


—   164  — 

L'exposition  dernière  les  a  amplement  dédommagés.  Ce  ré- 
sultat inespéré  est  dû,  très-certainement,  à  deux  choses  :  à  la 
courte  durée  de  l'exposition,  et  à  la  suppression  des  concours 
spéciaux.  Chacun  a  pu  ainsi  apporter  ce  qu'il  avait  de  plus 
beau,  de  plus  remarquable  et  l'exposition  a  été  des  mieux 
réussies  ;  qu'on  s'en  souvienne  ! 

M.  Lierval  s'est  placé  là  à  la  tète  des  horticulteurs  de  la 
capitale.  Son  lot,  très-considérable,  contenait  un  grand  nombre 
de  beaux  sujets  de  plantes  de  serres  à  feuillage,  qui  ne  sont 
pas  encore  très-répandues  dans  les  collections  :  Pandanus  re- 
flexa,  Aralia  dactylifolia,  Disteganthus  brasilateralis  (?)  Theo- 
phrasta  ornithocephala ,  Phœnicophorium  Sechellarum,  Areca 
Baueri,  Sabal  Blackbourneana,  et  son  Alocasia  Liervallii,  espèce 
introduite  par  l'infortuné  Porte,  enlevé  trop  tôt  à  l'horticulture 
qu'il  avait  déjà  enrichie  d'une  infinité  de  plantes  nouvelles. 

Dans  son  groupe  de  nouveautés  se  trouvaient  le  Dalecham- 
pia  Roezleana  à  belles  bractées  rouges,  Passiflora  trifasciata, 
Bégonia  boliviensis ,  Lasiandra  macrantha,  et  tant  d'autres 
qui  n'ont  pas  seulement  le  mérite  de  nouveautés,  mais  qui  sont 
encore  et  surtout  très-recommandables  au  point  de  vue  de  la 
beauté.  Toutefois  ces  beautés  s'effacent  devant  son  Coleus 
Saisonii.  Leurs  Majestés,  l'Empereur  et  l'Impératrice,  l'ont 
admiré  longtemps,  et  Elles  ont  déclaré  que  c'était  la  plante  la 
plus  remarquable  et  la  plus  admirable  de  l'exposition  ;  c'est 
en  effet  tout  simplement  une  merveille.  Le  tout  Paris  des 
connaisseurs  est  venu  le  voir  ;  son  feuillage  si  riche  de  coloris 
établit  entre  lui  et  les  plus  beaux  Coleus  anglais,  de  ridicule 
mémoire,  une  distance  qui  peut  se  chiffrer  comme  200  est  à  1 . 
Moi  l'adversaire,  l'ennemi  juré  des  panachures,  non-seulement 
je  m'incline,  je  me  prosterne  devant  lui. 

Un  Anglais,  M.  Laing,  avait  aussi  exposé  un  petit  lot  de 
nouveautés,  4  Coleus  et  4  Pelargonium  zonale.  Ces  Coleus 
Princess  royal,  Albert  Victor  et  Baronne  Rothschild,  sont  re- 


—  165  — 

marquables  par  la  netteté  de  leur  coloris  marron  ;  elles  appar- 
tiennent au  type  Veitchii;  son  Beauty  of  Widmore  offre  la 
même  coloration,  — panachure  de  couleurs  vives  —  que  le 
Coleus  Saisonii  de  Lierval  ;  mais  il  sort  du  C.  Blumei  très-pro- 
bablement. Les  Pelargonium  Brovn  Prince  et  Prima  dona 
offrent  une  belle  zone  bien  tranchée. 

Je  n'ai  pas  pu  résister  à  l'attrait  d'un  groupe  de  plantes  an- 
nuelles variées,  qui  se  trouvait  au  bout  du  jardin  ;  mon  œil  ne 
le  quittait  pas  de  vue,  et  pour  arriver  plus  vite  à  lui,  j'ai  passé 
rapidement  devant  les  plantes  de  serre  à  feuillage  de  M.  Ber- 
nard; les  médicinales  de  M.  Telotte  ;  les  plantes  vivaces  de 
MM.  Yvon  et  Bonnet;  les  Pensées  fort  belles  cependant  de 
MM.  Falaise  etBatillard. 

Après  le  Coleus  de  M.  Lierval,  merveille  de  l'exposition, 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  joli  était  bien  certainement  cette  col- 
lection de  plantes  annuelles  fleuries  de  la  maison  Vilmorin. 
La  variété  dans  la  forme  et  dans  la  couleur  des  fleurs  de  ce 
groupe  retenait  le  visiteur,  qui  prenait  plaisir  à  disséquer  pour 
ainsi  dire  ce  merveilleux  ensemble,  autrement  intéressant 
qu'un  groupe  de  deux  ou  trois  cents  Géranium,  par  exemple, 
composé  d'une  seule  variété.  J'ai  subi  l'influence  attractive 
de  cet  ensemble,  et  pendant  que  mes  yeux  admiraient  cha- 
cune des  plantes  qui  le  composaient,  mon  crayon  en  traçait  le 
nom  sur  mon  calepin.  C'est  ainsi  que  j'y  trouve  :  Agrostis  pul- 
chella,  Brachycome  iberidifolia,  Caryophyllus  dentosus,  Ca- 
pucine Lucifer  et  Lobbii  la  brillante,  Chlora  grandiflora,  Clin- 
tonia  pulchella  et  sa  variété  alba,  Collinsia  marmorata,  Crépis 
rosea  et  alba,  Fenzlia  dianthiflora,  Gypsophila  elegans,  Kaul- 
fusia  amelloides,  Leptosiphon  androsacea  et  toutes  ses  jolies 
variétés,  Linaria  bipartita  alba,  Linum  grandiflorum,  Lobelia 
erinus  et  ses  variétés  grandiflora,  marmorata,  Lindleyana, 
Nemophila  maculata,  insignis  et  sa  variété  à  fleurs  blanches, 
Lychnis  Preslii,  Nemesia  compacta  elegans,  Nycterinia  sela- 


—  166  — 

ginoides,  Oxalis  rosea,  Phlox  Drummondii  variés,  Rhodanthe 
Manglesii,  Saponaria  calabrica  alba,  Schizanthus  pinnatus, 
retusus,  et  leurs  variétés,  Trèfle  orange,  Venidium  calendula- 
ceum,  etc.,  etc.  Le  tout  bordé  de  Mimulus,  charmante  plante, 
qui  a  produit  de  belles  variétés  parmi  lesquelles  nous  citerons  : 
cupreeus  hybride  fond  blanc,  cupraeus  à  fleurs  doubles,  au- 
reus  hybridus,  Arlequin  fond  blanc  et  Arlequin  fond  jaune, 
rubinus,  cinabre.  Ce  beau  groupe  a  été  fort  admiré;  mais  la 
plupart  des  admirateurs  n'ont  pas  compris  le  mérite  particu- 
lier de  cette  collection  ;  ils  ne  savaient  pas  tout  ce  qu'il  y 
avait  de  science  et  d'habilité  horticoles  dans  cet  ensemble  de 
plantes  fleuries.  Toutes  les  espèces  qui  le  composaient  ne  fleu- 
rissent pas  à  la  même  époque  ;  pour  les  faire  fleurir  au  même 
moment,  il  a  fallu  retarder  la  floraison  des  unes,  avancer  celle 
des  autres,  et  ce  n'est  qu'en  sachant,  bien  le  temps  qui  s'écoule 
entre  le  jour  du  semis  et  celui  de  l'épanouissement  des  fleurs 
qu'on  a  pu  constituer  cet  ensemble  floral  merveilleux.  Hon- 
neur donc  au  jardinier  chef  de  la  maison  Vilmorin,  dont 
les  travaux  et  les  peines  ont  été  couronnés  d'un  si  éclatant 
succès  ! 

Un  autre  succès,  dû  au  travail  et  aux  connaissances  hor- 
ticoles, est  celui  obtenu  par  M.  Boutreux,  jeune  et  modeste  dé- 
butant qui  apparaît,  pour  la  première  fois,  dans  les  expositions 
avec  de  splendides  Azalées  de  l'Inde,  admirablement  cul- 
tivées. 

M.  Margottin  avait  exposé  une  belle  et  riche  collection  de 
cette  plante,  très-intéressante  par  le  nombre  des  variétés  qui 
étaient  toutes  des  variétés  de  choix.  —  M.  Barlou  en  avait  une 
petite  collection  remarquable  comme  culture. 

Après  les  Azalées  viennent  naturellement  les  Pelargonium. 
M.  Dufoy  est  toujours  un  des  premiers  dans  la  culture  des  va- 
riétés à  grandes  fleurs  et  fantaisies  ;  sa  variété  Surprise  des 
Dames  est  une  fantaisie  très-coquette  et  très-jolie. 


—  167  — 

EiiPelargonium  zonale  inquinans,  il  y  avait  la  collection  de 
choix  de  MM.  Thibaut-Keteleèr  composée  de  sujets  des  mieux 
cultivés;  et  celle  de  M.  Emile  Chaté  très-remarquable  en  ce 
qu'elle  comprend  à  peu  près  toutes  les  variétés  connues  :  nous 
en  avons  compté  450  ;  mais  aussi  combien  en  avons  nous  vu 
qui  ne  différaient  entre  elles  que  par  le  nom  !  En  réunissant 
et  en  exposant  ainsi  tout  ce  que  le  commerce  possède, 
M.  Emile  Chaté  a  rendu  un  grand  service  aux  amateurs, 
qui  ont  pu  s'éclairer  sur  la  valeur  de  certaines  variétés.  Quant 
à  nous,  nous  avons  jeté  notre  dévolu  sur  :  Madame  Lemoine, 
Abbé  Roussel ,  Murillo,  M.  Crousse,  King  of  White,  Amédée 
Achard,  Brillant,  Marie  Stuart,  Surpasse  Beauté  de  Suresne, 
Dame  Blanche,  Crimson  Nosegaij,  Eugène  Buenzod  et  Mademoi- 
selle Nilson. 

Le  nouveau  présenté  par  M.  Rousseau,  sons  le  nom  de  Triom- 
phe de  Vincennes,  a  les  feuilles  très-nettement  zonées. 

Une  collection  très-intéressante  aussi,  au  point  de  vue  du 
nombre  et  de  la  culture,  est  celle  de  M.  Hornet,  composée  de 
60  variétés  de  Canna  de  choix  bien  étiquetées  et  presque 
toutes  en  fleurs.  Le  jury  ne  parait  pas  avoir  bien  compris 
la  valeur  et  l'intérêt  de  cette  collection  :  c'est  la  seule  criti- 
que que  nous  puissions  faire  concernant  la  distribution  des 
récompenses.  Bien  que  la  culture  du  Canna  ne  soit  pas  diffi- 
cile, il  faut  encore  du  travail  et  posséder  des  connaissances 
pratiques  pour  obtenir  au  mois  de  mai,,  la  floraison  des  Canna 
Ferrandii,  zebrina,  nova,  Amellia,  oriflamme,  Bihorelli  splen- 
dens,  Rendatleri,  insignis,  argentine,  gain  de  1868  de  l'ex- 
posant et  de  beaucoup  d'autres.  —  M.  Emile  Chaté  a  présenté 
deux  nouveautés  à  feuilles  zébrées  pour  lesquelles  le  succès 
est  certain. 

Et  les  Caladium  de  M.  Bleu  !  Nous  pouvons  employer  pour 
eux  la  formule  des  candidats  vétérans  à  la  députation  :  «  Vous 
connaissez  M.  Bleu  par  ce  qu'il  a  fait;  c'est  un  gage  suffisant 


—  168  — 

pour  acclamer  ce  qu'il  vient  défaire  et  tout  ce  qu'il  fera  pour 

l'amélioration  du Galadium  bulbeux  !  Sa  collection  était 

la  seconde  merveille  de  l'exposition . 

Comme  plantes  fleuries,  qui  concouraient  à  la  splendeur  de 
cette  fête,  nous  citerons  encore  les  plantes  annuelles  de 
M.  Guénot  et  de  M.  Thibaut  Prudent;  les  Mimulus  de  M.  Charles 
Henri  ;  Iris  de  M., Y  von;  de  magnifiques  Chrysanthèmes  ou 
Anthémis  Comtesse  de  Chambord  de  M.  Fourtier  ;  Erica  de 
M.  Michel  fils  ;  Zinpia  double  et  Pétunia  de  M.  Falaise. 

Les  plantes  de  serres  qui  servaient  de  repoussoir  à  toutes 
ces  masses  fleuries,  appartenaient  en  première  ligne  à  M.  Cha- 
tin  :  Fougères,  Palmiers ,  Pandanées,  Cycadées  et  Dracaena 
étaient  représentés  par  les  plus  beaux  sujets.  Venaient  ensuite 
celles  de  MM.  Lierval,  Barbot,  Grimard,  Marest  fils,  Bernard, 
Havard,  Luddmann,  dont  les  collections  étaient  également 
composées,  en  grande  partie,  de  Fougères,  Palmiers,  Pan- 
danées, Marantacées,  Broméliacées,  etc.,  plantes  toujours  à 
la  mode  pour  la  garniture  et  l'ornement  des  appartements. 

Celle  de  M.  Luddmann  était  relevée  de  nombreuses  Or- 
chidées qui  montraient  leurs  bizarres  fleurs  au  public  étonné  : 
on  admirait  les  Lselia  purpurata,  iErides  Lobbii,  Dendrobium, 
densiflorum,  Cattleya  Skinneri,  Odontoglossum  citrosmum, 
Trichopilia  crispa  et  les  Cypripedium  de  plusieurs  espèces. 

M.  Pacoto  exposait  des  Dracaena  provenant  d'un  semis  de 
Dracœna  indivisa,  qui  avait  produit  presque  des  représentants 
de  l'autralis  ;  beau  sujet  de  philosophie  spécifique  pour  les  ad- 
versaires de  Y  absolu. 

Les  Cactées  étaient  représentées  parla  collection  de  M.  Pfers- 
dorff ,  la  plupart  des  individus  grefîés  et  fleuris  ;  M.  Boulet 
avait  aussi  des  Cactus  bien  cultivés,  et  M.  Courant  présentait 
des  fleurs  de  quelques  variétés  nouvelles  de  phyllant/wides  avec 
des  teintes  violacées  qui  sont  pleines  d'intérêt. 

Les  Conifères,  arbres   et  arbustes  d'ornement  ne  faisaient 


—  169  — 

peut-être  pas  assez  défaut.  Les  exposants  étaient  MM.  Honoré 
Defresne  et  Paillet,  dans  le  lot  desquels  on  remarquait 
quelques  beaux  sujets,  entre  autres  :  Abies  cilicica,  norman- 
niana,  spectabilis,  cephalonica  ;  Gephalotaxus  drupacea, 
Gupressus  macrocarpa,  Thuya  gigantea,  etc. 

M.  Paillet  avait  quelques  espèces  rares  comme  les  Pinus 
Peuce,  Koreensis,  Bujotii;  Abies  bracteata,  Pterostyrax  his- 
pida,  etc.  —  Nous  signalons  à  part  son  Laurocerasus  latifolius, 
variété  nouvelle  à  larges  feuilles  et  de  beaucoup  d'avenir. 

Ces  deux  exposants  avaient,  en  outre,  chacun  une  collection 
d'Aucuba  qui  nous  a  vivement  intéressé. 

Quant  aux  fruits,  il  y  avait  des  Oranges,  des  Pêches,  des 
Prunes,  des  Ananas,  des  Raisins,  des  Fraises,  et  les  exposants 
étaient  MM.  Entraygues,  Cremont  fils,  Bordelet. 

Parmi  les  légumes  nous  citerons  les  Asperges  toujours 
géantes  de  M.  Louis  Lhérault,  offertes  à  S.  M.  l'Impératrice, 
qui  les  a  acceptées  avec  une  grâce  charmante,  en  félicitant 
M.  Lhérault  de  la  beauté  extraordinaire  de  ses  produits  ;  deux 
collections  de  Pommes  de  terre  :  l'une  de  tubercules  con- 
servés, l'autre  de  tubercules  nouveaux  appartenant  à  M.  Da- 
gnaux,  et  enfin  des  Patates  de  M.  Gaulois. 

M.  Bernard  avait  une  ravissante  exposition  de  bouquets 
montés  ;  celui  qu'il  a  présenté  à  l'Impératrice  a  eu  un  vrai 
succès.  Sa  Majesté  n'a  pas  voulu  le  confier  à  d'autres  mains 
qu'aux  siennes  ;  Elle  l'a  porté  elle-même  dans  sa  voiture. 

Vous  attendez  maintenant,  amis  lecteurs,  la  critique,  le 
mot  delà  fin  ;  car  un  compte  rendu  sans  pointe  n'a,  dites-vous, 
aucune  saveur.  C'est  vrai;  mais  réellement  je  ne  trouve  rien. 

F.  Herincq. 


ORANGER  CHAMOUTI  (Pl.  VI.) 
Dans  le  courant  du  mois  d'avril,  M.  le  docteur  Turrel,  secré- 


—  170  — 

taire  de  la  Société  d'acclimatation  de  Toulon,  nous  a  envoyé 
une  magnifique  orange,  de  forme  ovoïde,  haute  de  12  cent, 
sur  10  cent.  1/2  de  diamètre,  qui  nous  a  paru  mériter  les 
honneurs  d'une  gravure  coloriée,  et  de  la  recommandation, 
autant  par  sa  beauté  que  par  sa  bonté;  elle  est  complète- 
ment dépourvue  de  pépins;  sa  chair,  ferme  et  juteuse,  a  un 
goût  particulier  qui  est  ma  foi  très-agréable. 

Quant  à  la  plante,  voici  les  renseignements  que,  sur  notre 
demande,  M.  le  docteur  Turrel  a  bien  voulu  nous  adresser. 

F.  H. 

«  On  cultive  à  Jafîa,  sous  le  nom  local  de  Chamouti,  un  oran- 
ger à  très-grandes  feuilles,  dont  les  fruits  affectent,  en  général, 
la  forme  d'un  cône  de  pin  ou  mieux  d'un  ananas  et  atteignent 
le  poids  de  3o0  à  400  grammes.  Ces  oranges  offrent  cette  par- 
ticularité remarquable^  qu'elles  ont  une  peau  très-épaisse  bien 
que  mûrissant  sous  un  climat  presque  tropical.  Il  semble,  en 
effet,  admis  que  les  oranges  provenant  de  latitudes  chaudes 
ont  la  peau  d'autant  plus  fine  qu'elles  subissent  l'influence 
d'une  température  plus  élevée.  Les  oranges  de  Nice,  d'Hyères 
et  d'Ollioules  comparées  à  celles  de  Mayorque,  de  Valence  et 
de  Blidah,  sembleraient  justifier  cette  loi.  Mais  l'orange  de 
Jaffa  vient  nous  mettre  en  garde  contre  la  tendance  aux  géné- 
ralisations, puisqu'elle  se  matelasse  d'une  très-épaisse  enve- 
loppe. 

»  Il  est  rare  de  rencontrer  des  pépins  dans  ce  beau  fruit. 
Ceux  qui  ont  été  dégustés  à  Toulon,  en  séance  de  notre  Société 
d'horticulture  et  d'acclimatation  du  Var,  n'en  offraient  pas  de 
traces.  Celui  que  le  bureau  de  la  Société  impériale  d'acclima- 
tation de  Paris  a  ouvert  avait  quelques  pépins,  et  aurait  été 
jugé  de  qualité  médiocre  ;  il  peut  se  faire  que  ce  fruit  fût  ef- 
fectivement moins  bon  que  ceux  qui  ont  été  goûtés  ici.  Cela 
tient-il  à  une  maturité  insuffisante?  Nous  jugerons  mieux  de 
sa  valeur  lorsque  nous  aurons  récolté  ici  quelques  fruits  des 


—  171   — 

deux  orangers  qui  m'ont  été  envoyés  de  Jaffa  cet  hiver,  et 
dont  on  commencera  la  multiplication  par  greffe  ce  prin- 
temps. Ce  qui  est  certain,  c'est  que  l'orange  Chamouti  est  très- 
estimée  dans  tout  le  Levant,  et  qu'il  m'a  été  assez  difficile  de 
m'en  procurer  deux  plants  par  l'intermédiaire  d'un  personnage 
très-influent  à  Jaffa. 

»  Vous  remarquerez  que  les  cellules  qui  contiennent  les  sucs 
si  délicats  du  fruit  sont  beaucoup  plus  grandes  que  celles  des 
oranges  ordinaires,  et  que  l'odeur  du  zeste  de  i'écorce  a 
quelque  chose  de  particulier,  de  caractéristique.  La  saveur  du 
fruit,  ainsi  que  vous  pourrez  vous  en  assurer,  est  très-douce  ;  si 
votre  échantillon  est  peu  abondant  en  eau,  n'en  accusez  pas  la 
variété,  mais  une  circonstance  de  l'époque  de  la  cueillette . 

»  Je  crois  que  cette  variété  mérite  d'être  répandue  dans  nos 

cultures  et  chez  les  amateurs  de  la  belle  famille  des  aurantia- 

cées;  notre  Société  naissante  aura  bien  mérité  de  l'horticulture 

par  cette  introduction. 

Turrel. 


OBSERVATIONS  CRITIQUES  SUR  L'ORIGINE  DES  PLANTES 
DOMESTIQUES.  —  RADIS  SAUVAGE  {Suite). 

J'ai  peine  à  comprendre  comment  un  auteur  qui  s'oc- 
cupe spécialement  d'horticulture  peut  poser  en  principe  qu'au- 
cun fait  notoirement  connu  ne  montre  l'influence  de  la  cul- 
ture venant  modifier  des  plantes  spontanées.  Serait-ce  par 
hasard  que  les  innombrables  formes  sous  lesquelles  se  montrent 
aujourd'hui  nos  espèces  et  variétés  cultivées  sont  néi's  au 
milieu  de  terres  incultes,  et  n'ont  eu  besoin,  pour  être  ce  que 
nous  les  voyons,  que  d'être  transportées  dans  les  jardins? 

(Duchartre.  Journal  Soc.  imp.  et  cent,  d'hort.  de  France, 
1869,  p.  255.) 

Si,  comme  le  dit  justement  M.  Duchartre  (1),  «  l'histoire  des 
progrès  de  l'esprit  humain,  nous  fournit  depuis  les  aérolithes 

(1)  Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d 'Horticulture  de  France,  anuée 
-1869,  n°  d'avril,  page  254. 


—   172  — 

jusqu'à  l'hybridation  ,  un  assez  bon  nombre  de  faits  déclarés 
longtemps  à  priori,  par  certaines  personnes  ou  même  par  la 
généralité  des  savants,  non-seulement  témérairement  avancés, 
mais  encore  impossibles  » ,  cette  même  histoire  nous  fournit 
aussi,  si  je  ne  me  trompe,  un  bon  nombre  de  méprises  comme 
celle  de  M.  Vilmorin  au  sujet  de  la  carotte  améliorée,  et  de 
faits  qui,  acceptés  à  priori  par  la  science,  n'étaient  que  le  pro- 
duit d'imaginations  aventureuses  et  hardies.  Je  n'entrepren- 
drai point  de  les  rechercher  pour  les  mettre  à  jour  ;  car,  telle 
est  l'inconséquence  des  hommes  ;  ils  admirent  toujours  le  no- 
vateur, —  souvent  bien  présomptueux ,  —  qui,  abusant  de 
l'autorité  de  son  nom,  ou  à  l'aide  d'une  érudition  trompeuse, 
de  raisonnements  fantastiques,  de  grandes  phrases  vides  de 
sens,  répand,  à  loisir,  l'erreur  et  la  mystification  ;  et  ils  n'ont 
jamais  que  le  blâme  à  déverser  sur  le  savant  modeste  qui, 
par  pur  amour  de  la  science,  examine,  scrute  les  profon- 
deurs de  la  nature  pour  distinguer  la  réalité  de  la  fiction, 
afin  de  dénoncer  les  fausses  doctrines  ou  les  faits  imaginaires 
qui  entravent  la  marche  du  progrès  scientifique  et  rendent 
impossible  la  connaissance  de  la  vérité. 

C'est  ainsi  que,  par  l'autorité  de  son  nom,  l'honorable  M.  Vil- 
morin a  accrédité  un  fait  qu'il  croyait  exact  et  sur  lequel 
repose  la  théorie  purement  hypothétique  de  l'amélioration  des 
plantes  sauvages  par  la  culture  et  les  semis  successifs;  et  celte 
autorité  aurait  pu  devenir  un  obstacle  au  progrès  horticole  — 
en  laissant  dans  cette  voie,  les  chercheurs  de  productions  arti- 
ficielles, —  si  M.  Vilmorin  n'avait  pas  reconnu  sa  méprise,  et 
s'il  n'avait  pas  indiqué,  aux  siens,  la  voie  nouvellement  ou- 
verte de  l'hybridation,  qui  a  fait  trouver  à  ses  successeurs  ce 
qu'il  avait  cherché  en  vain  dans  les  semis  répétés. 

Faut-il,  maintenant,  bravant  le  blâme  qu'on  ne  peut  manquer 
de  nous  infliger,  démontrer  que  la  culture  et  les  semis  succes- 
sifs, sont  impuissants  à  produire  la  déviation  des  caractères 


—  173  — 

spécifiques  d'un  type  sauvage,  mais  que  toutes  les  modifica- 
tions ou  transformations  plus  ou  moins  radicales,  qui  consti- 
tuent nos  variétés  jardinières  et  domestiques,  ont  été  obtenues 
à  la  suite  de  déviations  accidentelles  d'individus  prédestinés? 
La  tâche  est  si  simple,  si  facile,  que  nous  n'hésitons  pas  à 
l'entreprendre,  et  nous  n'aurons  pas  grand  mérite  à  l'accom- 
plir; car  la  nature  nous  prête  un  généreux  et  puissant  concours, 
en  fournissant  d'abondantes  preuves  qui  toutes  sont  incon- 
testables. 

Quelles  sont,  en  effet,  les  modifications  qui  constituent  ce 
qu'on  appelle  les  variétés  jardinières? 

Elles  se  réduisent  à  cinq  ou  six,  et  portent  sur  la  dimension 
du  tout  ou  d'un  seul  organe  de  l'individu  ;  sur  la  coloration 
des  fleurs  et  des  feuilles  ;  sur  la  forme  de  la  fleur  et  de  la 
feuille;  sur  la  précocité  ou  la  tardiveté,  etc. 

Or,  en  scrutant  un  peu  la  nature,  on  trouve  toutes  ces  mo- 
difications sur  des  individus  nés  au  milieu  de  terres  incultes, 
et  qui  n'ont  eu  besoin  pour  être  et  rester  ce  qu'ils  sont,  que 
d'avoir  été  respectés  par  la  dent  des  troupeaux,  ou  par  la  faux 
du  moissonneur,  ou  par  la  charrue  du  laboureur.  Donc,  on  ne 
peut  pas  poser  en  principe  <a  que  la  culture  est  la  cause  essen- 
tielle de  la  variation  des  végétaux,  d  Pour  convaincre  «  les 
hommes  dégagés  de  préjugés  et  de  parti  pris  3>,  ou  qui  ont  été 
égarés  en  subissant  l'influence  de  l'autorité  d'un  nom,  il  suffit 
de  citer  seulement  quelques  exemples  : 

La  dimension  de  l'individu,  —  géantisme  ou  nanisme ,  — 
n'est  pas,  à  proprement  parler,  une  modification,  une  variation; 
c'est  un  agrandissement  ou  un  rétrécissement  des  organes  de 
la  plante,  et  qui  est  produit  généralement  sous  l'influence  de 
la  nourriture  plus  ou  moins  abondante  que  reçoit  l'individu. 
Or,  il  y  a  dans  la  nature  des  géants  et  des  nains  qui  sont  des 
enfants  naturels,  c'est-à-dire  nés  sans  le  secours  de  l'homme;  le 
Ranunculus  iridcntatus,  des  lieux  incultes  de  l'Amérique,  a  des 


—  174  — 

individus  major  et  minor ,  variétés  botaniques  ;  le  Trollius 
humilis,  du  territoire  autrichien,  est  une  variété  naine  du 
Trollius  europœus  ;  le  Dianthus  carthusianorum,  des  terres  in- 
cultes et  stériles  de  toute  l'Europe,  possède  aussi  sa  petite  va- 
riété nanus  ;  le  Lotus  corniculatus  a  sa  variété  major.  Dans  les 
eaux  de  la  Finlande  à  côté  du  Nymphœa  alba  type,,  on  trouve 
l'état  minor,  etc.,  etc.  La  culture  n'est  donc  pas  la  cause 
efliciente  du  géantisme  et  du  nanisme,  puisque  les  géants 
et  les  nains  se  trouvent  à  l'état  sauvage. 

Le  changement  de  couleur  des  fleurs  se  manifeste  très-com- 
munément sur  des  individus  sauvages.  La  sauge  des  prés 
(Salvia  pratensis) ,  à  fleurs  bleues  est  rencontrée  aussi  dans 
les  champs  avec  des  fleurs  blanches  et  dans  toutes  les  nuances 
du  bleu;  VAjuga  pyramidalis  à  fleurs  normalement  bleues, 
se  présente  parfois  avec  des  fleurs  roses  ou  blanches,  et  ces 
deux  variétés,  qui  font  partie  de  notre  flore  horticole,  «  n'ont 
eu  besoin  pour  être  ce  qu'elles  sont,  que  d'avoir  été  enlevées 
des  terrains  incultes  où  elles  sont  nées,  et  transportées  dans 
les  jardins  3>  où  nous  les  admirons.  Nous  avons  trouvé  dans  le 
parc  de  Guitrancourt  (Seine-et-Oise)  un  Orchis  fusca  à  fleurs 
blanches  ;  mais  l'individu  n'a  pas  reparu  l'année  suivante;  il 
a  disparu  comme  disparaît  un  nombre  infini  de  variétés  sau- 
vages qui  n'ont  pas  l'homme  pour  les  distinguer,  les  protéger 
et  les  propager;  dans  les  eaux  du  lac  Fagertsern,  en  Suède, 
M.  Th.  Gottb.  Gjobel,  a  découvert  une  variété  de  Nymphœa 
blanc,  h  fleurs  rouges.  Cette  variété  est  certainement  aussi  inté- 
ressante et  aussi  étonnante  que  la  variété  de  Radis  sauvage 
à  racine  charnue.  Aussi  M.  Fries  ajoute-t-il,  en  note,  sur 
l'étiquette  qui  accompagne  T échantillon  des  collections  qu'il 
publie  sous  le  titre  Herbarium  normale  suecicum  :  c  Maximus 
et  speciosissimus  in  Europa  flos ,  Yictoriam  semulans.   » 

Pour  la  coloration  des  feuilles,  la  nature  en  est  prodigue. 
M.  Baraquin  nous   a   envoyé    des   provinces    sauvages  qui 


—  175  — 

bordent  la  rivière  des  Amazones,  un  assez  bon  nombre  de 
Caladium,  splendidement  colorés^  pour  que  ce  seul  exemple 
dispense  d'en  enregistrer  d'autres. 

Par  conséquent,  ici  encore,  puisque  la  nature  est  parsemée 
d'individus  qui  ont  été  modifiés,  tout  seuls,  dans  la  couleur  de 
leurs  fleurs  et  de  leurs  feuilles,  la  culture  n'est  donc  pas  la 
cause  essen  tielle  des  variations  de  couleurs  qui  se  produisent 
dans  les  jardins.  Quant  aux  faits  des  panacliures  ordinaires  ou 
décoloration,  c'est  le  contraire  de  ce  qu'on  admet  qu'il  faudrait 
soutenir  ;  car  la  culture  exerce  en  effet  sur  l'individu  panaché, 
une  influence  diamétralement  opposée  à  celle  qu'on  lui  attri- 
bue ;  elle  ramène  le  plus  souvent  au  type  tous  les  sujets  qui 
ont  dévoyé. 

Les  modifications  dans  la  forme  ont  lieu  généralement  sur 
des  individus  sauvages.  Les  Pélories  de  la  Linaire,  des  Orcliis, 
ne  sont  pas  l'œuvre  de  la  culture;  l'observateur  attentif 
qui  parcourt  les  bois,  peut  aisément  trouver  de  20  à  30  mo- 
difications de  forme  du  labelle  dans  les  Orchis  galeata,  fusca, 
militaris,  et,  bien  certainement,  ici  on  ne  peut  accuser 
la  culture  d'être  la  cause  des  variations  de  cette  partie  de  la 
fleur  de  ces  Orchidées  ;  par  conséquent,  les  variétés  dans  la 
forme  ;  qui  apparaissent  dans  les  jardins,  ne  doivent  donc 
pas  davantage  leur  existence  à  l'influence  de  la  culture. 

La  duplicature  des  fleurs,  résultat  du  dédoublement  d'un 
organe,  ou  de  la  transformation  d'un  ou  des  deux  organes 
sexuels  en  appendices  pétaloïdes,  n'est  pas  davantage  l'œuvre 
de  la  culture.  Les  Ranunculus  acris,  bulbosus  et  repens  produi- 
sent, à  l'état  sauvage,  des  fleurs  doubles  qui  constituent  la  va- 
riété connue  des  jardiniers  sous  le  nom  de  Bouton  d'or;  le 
Compagnon  blanc  et  la  Fleur  du  coucou  (Lychnis  dioica,  et  Flos 
cuculi)  sont  parfois  à  fleurs  doubles  sur  des  individus  sauvages, 
et  les  Ronces  à  fleurs  pleines  ne  sont  pas  toutes  nées  dans  les 
jardins,  car  on  en  trouve  fréquemment  dans  les  haies  et  dans 


—  176  — 

les  bois  ;  enfin  la  plupart  des  transformations  d'organes  qu'on 
qualifie  monstruosités,  et  sur  lesquelles  repose  la  théorie  mor- 
phologique du  végétal,  se  rencontre  aussi  communément  sur 
des  plantes  sauvages  que  sur  des  plantes  cultivées.  On  ne  peut 
donc  pas  davantage  attribuer  la  transformation  des  organes, 
la  duplicature  des  variétés  qui  naissent  dans  les  jardins  à  l'in- 
fluence de  la  culture. 

Nous  pourrions  multiplier  à  l'infini  les  faits  de  déviation  de 
toutes  sortes  des  caractères  typiques  sur  des  plantes  sauvages  ; 
mais  un  plus  grand  nombre  d'exemples  n'ajouterait  aucune 
force  nouvelle  aux  arguments  que  nous  opposons  aux  prin- 
cipes de  la  théorie  de  l'influence  de  la  culture  dans  la  produc- 
tion directe  des  variétés  jardinières. 

Puisque  les  plantes  à  l'état  sauvage  produisent  des  modifi- 
cations de  forme,  de  couleur,  de  grandeur,  etc.,  analogues  à 
celles  qu'on  obtient  de  certaines  plantes  cultivées,  nous  le  ré- 
pétons, la  culture  n'est  pas,  ne  peut  pas  être,  comme  on  le 
professe  «  la  cause  essentielle  de  la  variation  des  végétaux*.  Et 
puisqu'une  seule  plante  revêt,  à  l'état  sauvage,  des  formes 
différentes  de  celles  de  son  espèce  conservées  par  une  infinité 
d'individus  appartenant  au  même  type  spécifique,  et  qui  l'en- 
tourent, il  faut  bien  reconnaître,  aussi,  que  l'influence  des  mi- 
lieux n'a  pas  plus  d'action  que  l'influence  de  la  culture,  sur 
la  déviation  primitive  des  caractères  spécifiques  d'un  végétal 
quelconque. 

Si  la  culture  est  la  cause  essentielle  de  la  variation  des 
plantes,  toutes  les  espèces  cultivées  doivent  produire  des  va- 
riétés, et  les  partisans  de  cette  théorie  sont  logiques  quand, 
après  avoir  posé  ce  premier  principe,  ils  ajoutent  que  :  «  par 
cela  seul  qu'une  plante  est  cultivée,  elle  est  forcée  de  varier  ; 
c'est  par  la  culture  que  l'homme  a  pour  ainsi  dire  obligé 
les  végétaux  à  revêtir  de  nouvelles  formes  appropriées  à  ses 
besoins  ou  à  ses  caprices.  j> 


-  177   — 

Mais  les  faits  confirment- ils  que  ce  raisonnement  est  lo- 
gique et  que  le  principe  est  vrai?  Poser  la  question,  c'est  la  ré- 
soudre. 

En  effet,  si  la  culture  possédait  cette  puissance  déviatrice 
(qu'on  me  passe  ce  mot),  aucune  plante  ne  lui  résisterait, 
toutes  perdraient  leur  fixité,  et  produiraient  des  variations 
plus  ou  moins  sensibles  et  nombreuses  aussitôt  qu'elles  se- 
raient cultivées.  Or,  la  généralité  lui  résiste  ;  elle  conserve  sa 
pureté  spécifique,  et  par  sa  résistance  elle  s'inscrit  en  faux 
contre  ce  pouvoir  que  l'homme  s'attribue  :  d'obliger  les  végé- 
taux à  revêtir,  par  l'effet  de  la  culture,  de  nouvelles  formes  pour 
satisfaire  ses  besoins  et  ses  caprices. 

Le  savant  qui  s'est  le  plus  occupé  de  cette  question,  M.  Vil- 
morin père,  a  été  forcé  de  reconnaître,  par  ses  nombreux  in- 
succès, que  la  culture  seule  ne  peut,  dans  aucun  cas,  faire  dé- 
vier une  plante  du  type  originel. 

«  L'horticulture  moderne,  dit-il  dans  sa  notice  sur  la  Ca- 
rotte améliorée,  si  avancée  qu'elle  soit  à  bien  des  égards,  n'offre 
l'exemple  de  rien  de  semblable.  Quelques  légumes  nouveaux 
ont  été  introduits  dans  les  jardins,  de  nos  jours  ou  dans  le 
cours  du  siècle  dernier  ;  ils  sont  restés  tels,  ou  à  peu  de  chose 
près,  qu'ils  étaient  originairement.  On  peut  surtout  citer 
parmi  eux  le  Sea-kale  (1  );  sa  culture,  depuis  40  à  50  ans,  s'est 
généralisée  en  Angleterre;  elle  y  est  l'objet  de  beaucoup  de 
soins;  cependant  la  plante  n'a  subi,  jusqu'ici,  de  changements 
sensibles  ni  dans  ses  formes  ni  dans  ses  dimensions.  Il  en  est  de 
même  du  Tetragonia  expansa,  qui  est  aujourd'hui  ce  qu'il  était 
à  son  début,  et  des  autres  plantes  potagères  d'une  introduction 
plus  récente...  Plusieurs  années  d'épreuves  ne  m'ont  jusqu'ici 
fait  obtenir  aucune  modification  sensible  de  la  Laitue  vivace 
(Lactuca perennis) ,  du  Solanum  stoloniferum,  du  Brassica  orien- 

(4)  Sea-kale,   nom  anglais  du  Chou  marin  ou  Crambe  maritima. 

Juin  1859.  12 


—  178  — 

talis...  L'espèce  naturelle  est  essentiellement  fixe  et  stable; 
elle  ne  varie,  sauf  de  rares  exceptions,  que  dans  les  limites 
assignées  aux  différences  individuelles;  différences  qui  s'é- 
teignent et  se  renouvellent  avec  les  individus  sans  laisser  de 
traces  durables  et  donner  naissance  à  des  races  nouvelles.  » 

Après  cet  aveu,  si  sincère,  de  l'auteur  de  la  théorie  pour  l'a- 
mélioration et  le  perfectionnement  des  plantes  sauvages  par 
la  culture  et  les  semis  successifs  ;  après  tous  les  insuccès  des 
expériences  tentées  sur  les  dernières  plantes  alimentaires  in- 
troduites dans  les  cultures  européennes  :  Igname  de  Chine,  cer- 
feuil bulbeux,  Chou  Pet-saï,  etc.;  en  présence  du  nombre 
si  considérable  de  plantes  d'ornement  qui  n'ont  jamais  produit 
la  plus  légère  variation  ;  en  présence  surtout  de  ces  milliers 
de  modifications  que  présentent  des  individus  nés  au  milieu 
de  terres  incultes,  il  n'est  plus  possible  de  maintenir,  dans  l'his- 
toire des  progrès  horticoles,  les  principes  suivants  acceptés 
par  la  science  : 

))  Que  la  culture  est  la  cause  essentielle  delà  variation  des 
végétaux  ; 

»  Que  par  cela  seul  qu'une  plante  est  cultivée,  elle  est  forcée 
de  varier  ; 

»  Que  l'homme  peut,  par  la  culture,  obliger  les  végétaux  à 
revêtir  de  nouvelles  formes  appropriées  à  ses  besoins  ou  à  ses 
caprices  ; 

»  Que  c'est  la  culture  qui  a  fait  dévier  des  plantes  des  types 
spécifiques  sauvages  pour  fournir  à  l'homme  toutes  les  variétés 
qui  servent  à  son  alimentation  et  à  celle  des  animaux.  » 

Tous  ces  principes  reposent  sur  des  faits  purement  imagi- 
naires ;  aucun  fait  notoire,  incontestable,  ne  peut  affirmer  ces 
effets  merveilleux  de  la  culture  et  le  pouvoir  créateur  de 
3'homme.  Nous  avons  réduit  à  sa  juste  et  réelle  valeur,  au  dé- 
but de  cette  notice,  celui  que  M.  Vilmorin  père  croyait  avoir 
obtenu,  le  seul  sur  lequel  reposait  l'édifice.  M.  Louis  Vilmo- 


—  179  — 

rin,  qui  a  suivi  pendant  quelque  temps"  les  errements  de  son 
père,  n'a  jamais  pu  en  retrouver  un  second  ;  car  on  ne  peut 
admettre,  comme  tel,  le  perfectionnement  qu'il  a  fait  subir  à  la 
Betterave,  en  obtenant  une  race  nouvelle  plus  riche  en  matière 
sucrée.  Ce  n'est  pas  là,  une  déviation  d'un  type  sauvage ,  c'est 
une  simple  amélioration,  par  sélection,  de  race  cultivée,  ce 
qui  est  bien  différent. 

Quant  au  fait  récent  de  la  transformation  du  Radis  des 
champs,  publié  parle  Journal  d'Agriculture  pratique,  et  re- 
produit dans  le  Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'hor- 
ticulture de  France,  la  question  est  très-délicate,  au  point 
de  vue  matériel;  car  on  ne  peut  s'empêcher  de  toucher  à  la 
personne  de  l'auteur,  et  nous  voulons  la  respecter.  Nous  pas- 
serons donc  outre;  du  reste,  peu  importe  que  l'auteur  ait 
obtenu  ou  non  des  Radis  gros  comme  des  Navets  avec  des 
graines  récoltées  sur  un  pied  de  Radis  sauvage;  la  question 
est  de  savoir  si  réellement  on  obtient  ce  résultat  d'après  la 
théorie  et  les  principes  indiqués  par  lui  et  formulés  ainsi  : 

«  Les  formes  des  êtres  sont  toujours  en  rapport  avec  les  mi- 
lieux dans  lesquels  ils  se  développent.  Or,  les  propriétés  des 
plantes  étant  le  fait  de  combinaisons  particulières  qui  se  font 
sous  l'influence  des  milieux,  il  suffira  d'élever  des  plantes  ou 
d'autres  êtres  dans  les  conditions  contraires  à  celles  dans 
lesquelles  elles  croissent  naturellement,  pour  produire  dans 
leur  organisation  une  perturbation  qui,  alors,  tendra  à  se  re- 
produire d'abord  faiblement,  puis  avec  une  fixité  plus  ou 
moins  grande.  » 

Ces  principes  des  millieux,  nous  nous  empressons  de  le 
reconnaître,  ne  sont  pas  particuliers  à  l'auteur  de  la  note  sur 
le  Radis  sauvage  amélioré.  C'est  la  théorie  de  l'influence  de 
'la  culture,  exposée  en  d'autres  termes,  mais  basée  toujours 
sur  la  grande  et  immortelle  loi  de  la  transformation  des  êtres 
par  le  changement  de  condition  d'existence  posée  par  le  grand 


—   180  — 

naturaliste  Darwin.  Par  conséquent  c'est  toujours  la  même 
confusion  d'idées,  le  même  chef-d'œuvre  de  faux-sens;  on 
ne  saurait  trop  le  répéter  et  trop  le  démontrer. 

«  La  culture,  dit-on,  en  modifiant  les  milieux,  exerce  une 
influence  considérable  sur  les  produits  de  la  récolte,  ce  Cela 
est  mis  hors  de  doute  par  les  expériences  dont  nous  parlons, 
expériences  qui  ont  eu  pour  résultat  les  modifications  si  grandes 
obtenues  avec  le  Radis  sauvage,  plante  qui  existant  depuis 
un  temps  immémorial  et  en  quantité  innombrable  dans  les 
champs,  n?a  jamais  donné  autre  chose,  dit  l'auteur,  que  des 
plantes  à  racines  blanches,  grêles,  fibreuses,  sèches,  presque 
ligneuses ,  et  pourtant  en  quatre  générations,  c'est-à-dire  en 
cinq  ans  de  culture,  il  s'est  transformé  du  tout  au  tout,  au  point 
de  constituer  une  plante  économique  »  dont  les  racines  devenues 
charnues,  épaisses,  demi-longues,  rondes,  aplaties,  etc.,  etc., 
acquièrent  jusqu'à  quarante-cinq  centimètres  de  longueur,  ou 
treize  de  diamètre . 

Tel  est  le  merveilleux  effet  des  milieux,  s'il  faut  en  croire  les 
admirateurs  de  l'immortelle  loi  des  transformations,  etc.  Sans 
contester  la  longueur  et  la  largeur  de  ces  nouvelles  productions, 
examinons  si  c'est  bien  le  milieu  qui  est  la  cause  de  cette 
transformation. 

Je  le  répète,  nous  laissons  le  fait  matériel  de  côté;  nous 
voulons  seulement  établir  que  ces  nouveaux  Radis  ne  sont 
pas  le  résultat  de  la  perturbation  produite  dans  leur  orga- 
nisation, comme  on  le  déclare,  par  ce  seul  fait  que  les  graines 
de  Radis  sauvage  ont  été  semées  dans  des  conditions  con- 
traires à  celles  dans  lesquelles  elles  germent  et  croissent  natu- 
rellement. 

Il  est  regrettable,  disons-le  tout  d'abord,  que  i'auteur  de 
cette  notice  ne  parle  pas  de  la  partie  pratique  de  ses  opéra- 
tions. Il  développe  très-longuement  la  partie  théorique  exposée 
jadis  par  M.  Vilmorin  dans  sa  notice  sur  la  Carotte  ;  mais  ii 


—   181   — 

ne  dit  rien  du  résultat  obtenu  à  chacune  des  quatre  généra- 
tions ;  il  a  cru  devoir  garder  le  silence  sur  les  trois  premières 
phases  de  transformation,  et  consigner  seulement  le  résultat 
final  de  la  cinquième.  C'est  un  tort,  car  cette  manière  d'agir 
rend  impossible  tout  contrôle,  puisqu'il,  faut  attendre  cinq 
ans  pour  apprécier,  d'après  les  expériences,  la  valeur  des 
moyens  indiqués.  Quand  il  s'agit  de  jeter  les  bases  d'une 
théorie,  ou  d'apporter  des  matériaux  nouveaux  pour  en 
appuyer  une  qui  n'a  aucun  soutien,  il  faut  une  plus  grande 
précision  dans  l'exposé  des  faits. 

L'auteur  du  Radis  sauvage  amélioré  aurait  dû  sentir  que, 
dans  cette  question  d'influence  de  culture  et  des  milieux,  le 
fait  important,  capital,  c'est  le  degré  de  transformation  opéré 
sur  l'individu  ou  les  individus,  sous  l'action  de  ces  influences, 
au  moment  de  la  déviation  des  caractères  spécifiques,  c'est-à- 
dire  à  la  première  génération.  Car  très-différente  est  la  ques- 
tion quand  elle  présente  un  seul  individu,  déséquilibré,  comme 
la  souche  d'une  nouvelle  race,  ou  lorsqu'elle  établit  que  toutes 
les  graines  d'un  même  semis  ont  donné  naissance  à  autant  de 
sujets  modifiés. 

Dans  le  premier  cas,  celui  d'un  seul  individu  sur  cent  par 
exemple,  il  est  impossible  d'admettre  aucune  influence  exté- 
rieure matérielle,  puisque  les  99  autres  provenant  de  graines 
récoltées  sur  le  môme  individu  n'ont  subi  aucune  modifica- 
tion, quoique  placés  cependant  dans  les  mêmes  conditions  ; 
car  il  est  permis  de  croire  que,  sur  une  surface  de  1  mètre 
carré,  sur  laquelle  l'auteur  expérimente,  le  sol  offre  bien  la 
même  constitution  physique  partout.  Il  faut  donc  voir  dans 
cet  être  ainsi  modifié  un  être  prédestiné,  un  caprice  du  hasard, 
un  accident  comme  ceux  qui  apparaissent  dans  la  nature;  en 
un  mot  tout  ce  qu'on  voudra,  excepté  l'influence  du  milieu,  de 
la  culture,  ou  de  tous  agents  extérieurs  matériels.  Est-ce  le 
cas  du  Radis  sauvage?  L'auteur  est  muet  à  cet  égard.  Mais  si 


—  182  — 

nous  nous  reportons  à  d'autres  végétaux,  nous  voyons  que 
c'est  généralement  ainsi  qu'apparaissent  les  types  de  nouvelles 
races  de  plantes  cultivées ,  ou  qui  sont  sorties  directement 
de  plantes  sauvages.  —  Malheureusement,  en  horticulture,  il 
n'est  tenu  aucun  registre  sur  lequel  est  inscrite  l'origine  ou  la 
naissance  de  toutes  les  variétés  jardinières,  et  quand,  par  ha- 
sard, quelques  semeurs  veulent  faire  connaître  cette  origine, 
ils  enveloppent  les  détails  d'un  tel  nuage  d'obscurité  qu'il  est 
impossible  de  découvrir  le  véritable  point  de  départ  du  nou- 
veau né.  Mais  quand  les  intérêts  —  bien  naturels  —  des  obten- 
teurs  ne  sont  pas  enjeu,  la  lumière  se  fait  plus  facilement,  et 
alors  elle  montre  que  la  déviation  des  caractères  spécifiques 
n'a  lieu,  généralement,  que  sur  un  seul  individu  ;  c'est  bien 
un  cas  accidentel. 

Ainsi  est  né  le  Fraisier  Gaillon,  ou  Fraise  des  Alpes  sans 
filet.  L'historique  en  a  été  tracée  par  M.  Vilmorin  père,  et,  il 
résulte  que  ce  Fraisier  a  été  obtenu,  pour  la  première  fois,  sous 
la  forme  d'un  individu  unique,  dans  un  semis  de  Fraisiers  des 
Alpes  ordinaires  (1). 

L'Ajonc  sans  épines,  trouvé  sur  des  berges  de  fossés  semées 
en  Ajonc  ordinaire  (Ulex  européens)  s'est  présenté  sur  «  cinq  ou 
six  pieds,  dit  M.  Trochu,  parmi  des  milliers  de  l'espèce  com* 
mune.  »  Ici  déjà  moins  de  précision;  il  n'est  pas  certain  du 
nombre  :  cinq  ou  six  !  dit-il  ;  et  les  graines  de  ces  individus 
n'ont  pas  reproduit  cette  modification  malgré  l'emploi  de  se- 
mences des  2e,  3e  et  4e  génération,  d'où  il  conclut  :  «  que 
c'était  une  monstruosité  de  quelques  plants.  » 

Comment  peut-on  faire  intervenir,  dans  le  cas  du  Frai- 
sier Gaillon,  —  et  si  l'on  veut  de  l'Ajonc  sans  épines  —  l'in- 
fluence des  milieux  ou  de  la  culture,  quand  il  n'y  a  qu'un  seul 
individu,  parmi  des  centaines,  qui  a  été  modifié  ?  Il  faut  d'a- 
bord reconnaître  que  toutes  les  graines  étaient  placées  dans  le 

(1)  L.  Vilmorin  :  Notice  sur  Vamêl.  des  plantes  sauvages,  p.  48. 


—  183  — 

même  milieu,  et.  que  toutes  ont  germé  sous  l'influence  des 
mêmes  agents.  On  ne  fera  accepter  par  personne,  qu'une  même 
cause  puisse  produire  des  effets  si  différents  sur  une  substance 
homogène,  par  conséquent  sur  des  graines  d'une  même  plante 
dont  l'homogénéité  est  incontestable.  Tous  les  ce  hommes 
dégagés  de  préjugés,  de  parti  pris,  ou  qui  n'acceptent  pas  uni- 
quement que  ce  qui  est  à  leur  convenance  systématique  »  re- 
connaîtront, avec  nous,  que  l'influence  des  milieux,  comme  de 
la  culture,  n'est  pour  rien  dans  l'apparition  subite  d'une 
plante  déséquilibrée ,  au  milieu  de  milliers  d'individus  de 
la  même  espèce  qui  conservent  la  forme  spécifique.  Cette 
plante  provient  tout  simplement  d'une  graine  prédestinée,  ou 
accidentellement  mal  constituée  et  qui  a  donné  alors  naissance 
a  un  individu  difforme,  comme  le  pied-bot,  le  bossu,  le  mono- 
céphale  dans  l'espèce  humaine.  Si  donc  les  graines  de  Radis  sau- 
vage n'ont  pas  toutes  produit,  au  premier  semis,  des  plantes 
dont  la  racine  était  déjà  modifiée,  nous  sommes  pleinement 
autorisé  à  déclarer  que  \esRcidis  des  familles,  comme  on  appelle 
cette  nouvelle  race,  ne  sont  pas  nés  sous  l'influence  du  milieu 
différent  dans  lequel  les  graines  du  Radis  sauvage  ont  été  pla- 
cées. Nous  sommes  d'autant  plus  autorisé  à  nier  cette  in- 
fluence, que  l'auteur,  d'après  sa  note  du  Journal  d' 'agriculture, 
ne  s'est  pas  trouvé  placé  dans  des  conditions  très-différentes 
de  celles  dans  lesquelles  croît  spontanément  le  ftadis  sauvage. 
Ainsi,  il  dit  :  «  Lorsqu'on  veut  obtenir  un  développement  con- 
sidérable des  racines,  il  faut  semer  vers  la  quinzaine  de  sep- 
tembre, de  manière  que  les  plantes  ne  montent  pas  à  graines 
cette  même  année...  C'est  en  opérant  ainsi  que  nous  avons 
obtenu  en  quatre  générations,  par  conséquent  en  cinq  années, 
les  résultats  représentés  par  les  figures,  etc....  Ces  résultats 
doivent-ils  étonner?  Non,  dit-il,  au  contraire,  ils  sont  ce  qu'ils 
doivent  être  :  en  parfaite  concordance  avec  la  grande  loi  du 
développement  des  êtres  et  conformes  à  cette  grande  théorie 


—    184  — 

générale  et  universelle  :  les  formes  des  êtres  sont  toujours  en 
rapport  avec  les  milieux  dans  lesquels  ils  se  développent.  » 

Ceci  est  de  la  phrase  et  rien  de  plus.  En  effet,  en  semant  à 
l'automne,  on  ne  contrarie  nullement  les  habitudes  du  Radis 
sauvage. 

Les  individus  qui  vivent  dans  les  terres  incultes  se  sèment 
naturellement,  et  c'est  aussitôt  après  la  maturité  des  fruits, 
à  r automne ,  que  les  graines  se  répandent  sur  le  sol.  Les 
Radis  sauvages,  qui  croissent  dans  les  moissons,  proviennent  de 
graines  mélangées  aux  graines  des  céréales,  et  ce  n'est  pas  au 
printemps  qu'on  sème  le  blé  ;  si  je  ne  me  trompe,  c'est  bien  à 
l'automne.  Dans  cette  circonstance  il  y  a  un  commencement  de 
culture:  le  sol  a  été  fumé,  labouré,  hersé;  et  pourtant  le 
Radis  sauvage  des  moissons  conserve  les  caractères  ty- 
piques de  l'espèce  ;  ses  racines  ne  sont  pas  plus  grosses  que 
celles  des  Radis  sauvages  des  terres  incultes.  Donc  en  semant 
à  l'automne,  dans  un  jardin,  on  place  les  graines  exactement 
dans  les  mêmes  conditions  que  celles  des  plantes  sauvages, 
qui  se  sèment  seules  aussitôt  après  la  maturité.  Ce  n'est  pas, 
par  conséquent,  cette  époque  delà  semaille  qui  a  jeté  la  pertur- 
bation dans  les  graines  de  Radis  sauvage  semées  par  l'auteur 
des  Radis  de  famille.  Est-ce  l'influence  du  sol?  <a  Pour  donner  à 
notre  expérience  une  certitude  plus  grande  et  la  revêtir  d'un  cachet 
plus  fort  de  véracité,  nous  avons  expérimenté  concurremment 
dans  deux  conditions  différentes,  dit-il  :  àParis  dans  lesol  léger 
et  sec  des  pépinières  du  Muséum,  et  à  la  campagne  dans  un  ter- 
rain plus  consistant,  dans  une  terre  argilo-calcaire,  forte, 
comme  l'on  dit.  Dans  ces  deux  conditions,  les  résultats  ont  été 
ce  qu'ils  devaient  être  :  analogues,  mais  non  identiques.  A  Paris 
(terre  légère)  la  forme  longue  dominait  ;  c'était  même  à  peu 
près  la  seule  ;  à  la  campagne,  c'était  le  contraire.  » 

Ainsi  terre  légère  ou  compacte  est  indifférent,  au  développe- 
ment du  phénomène  ;  aucune  ne  s'oppose  à  l'acte  de  transfor- 


—  185  — 

mation  provoquée  par  la  perturbation  que  jette  dans  l'organi- 
sation de  la  graine  l'époque  des  semailles.  Seulement  les  ra- 
cines sont  longues  dans  les  terres  légères  et  raccourcies  dans 
les  terrains  compactes,  parce  que,  ici,  dans  l'esprit  de  l'auteur, 
l'extrémité  du  pivot  de  la  racine  a  une  résistance  à  vaincre,  et 
ne  peut  pas  pénétrer  dans  les  profondeurs  du  sol;  c'est  pour  cela 
que  le  corps  de  la  racine  se  développe  en  largeur.  Ce  fait  peut  se 
passer  ainsi,  mais  il  me  semble  que  la  résistance  est  aussi  grande 
sur  les  côtés  qu'en  profondeur,  et  j'aurais  même  mieux  compris 
le  contraire  ;  car  une  pointe  peut  plus  facilement  vaincre  la  ré- 
sistance d'une  terre  compacte  qu'une  large  surface  plane. 

Enfin,  l'auteur  dit  avoir  expérimenté  à  la  campagne,  au  mi- 
lieu des  champs,  dans  lesquels  se  succèdent,  depuis" bien  des 
siècles,  les  plants  de  Radis  sauvage.  Il  se  trouvait  placé  encore 
là  dans  les  mêmes  conditions  de  climats  que  les  Radis  sau- 
vages; il  ne  peut  pas,  par  conséquent,  évoquer  l'influence  cli- 
matérique. 

En  résumé,  l'auteur,  dans  ses  expériences,  s'est  toujours 
placé  dans  les  conditions  naturelles  de  l'existence  du  Radis 
sauvage  :  semis  d'automne  comme  dans  la  nature  ;  terre  com- 
pacte et  légère;  même  ciel  et  naturellement  mêmes  conditions 
climatériques,  en  un  mot  dans  les  mêmes  milieux  que  ceux 
des  plantes  spontanées.  Donc  ce  qu'il  présente  comme  pro- 
duction du  Radis  sauvage,  déterminée  par  la  perturbation  que 
provoque  le  changement  de  milieu,  a  besoin  d'être  prouvé 
par  de  nouvelles  séries  d'expériences  soumises  et  surveillées 
par  des  hommes  sans  préjugés. 

De  l'argumentation  de  tous  les  faits  et  assertions  enregistrés 
dans  cette  notice,  nous  croyons  pouvoir  poser  ainsi  nos  con- 
clusions : 

4°  La  culture  n'est  pas  la  cause  efficiente  de  la  variation  des 
végétaux;  elle  ne  peut  pas  déterminer  la  déviation  des  carac- 
tères spécifiques  sur  une  plante  sauvage  ; 


—  186  — 

2°  La  déviation  est  un  fait  accidentel,  que  l'homme  n'a  pas 
le  pouvoir  de  produire  par  la  culture  ;  il  ne  peut  pas  davantage 
obtenir  à  volonté  des  variétés  appropriées  à  ses  besoins  ou  à 
ses  plaisirs; 

3°  Le  changement  de  milieu  ne  transforme  pas  d'une  ma- 
nière radicale  les  individus  obtenus  de  graines  provenant 
d'une  plante  sauvage; 

4°  Tous  nos  végétaux  domestiques  ne  sont  pas  des  trans- 
formations opérées  directement  par  la  culture,  ni  sous  l'in- 
fluence des  milieux,  mais  des  descendants  d'individus  qui  ont 
dévié  accidentellement  de  types  spécifiques  et  que  la  culture 
alors,  mais  seulement  alors,  a  pu  améliorer  et  perfectionner. 

F.  Herincq. 


RUSTICITÉ  DES  DRACOENA  AUSTRALIS  ET  INDIVISA  (1). 

Je  me  bornerai  à  donner,  dans  cette  courte  notice,  l'histo- 
rique particulière  de  ces  deux  variétés  que  je  cultive  depuis 
six  ans,  et  comme  j'ai  trouvé  dans  elles  une  rusticité  qui  ne 
se  trouve  pas  dans  les  autres  variétés  que  je  cultive,  j'en  ai 
fait  le  sujet  d'une  petite  note. 

En  1862.,  en  feuilletant  un  catalogue  de  M.  Rendatlerety 
lisant  la  description  qu'il  donnait  duDracœna  australis,,  j'appris 
que,  livré  nia  pleine  terre,  ceDracœna  développerait  une  vé- 
gétation luxuriante.  Le  prix  en  était  de  5  fr.,  chiffre  modique 
quandon  est  amateur  ;  et  puis  ce  mot  «végétation  luxuriante» 
flatte  toujours  un  jardinier;  bref  j'en  demandai  un  pied  que 
je  me  promis  de  mettre  en  pleine  terre  dès  la  belle  saison 
(nous  étions  dans  le  mois  de  mars)  ;  mais  quelle  déception 
quand  je  le  reçus  !  figurez-vous  un  brin  d'avoine  levé  depuis 

(1)  Extr.  Ann.  Soc.  d'hort.    de   Meaux. 


—  187  — 

huit  jours  ;   je  restai  indécis,  et  mes  illusions  s'évanouirent 
quand  je  contemplai  un  aussi  faible  sujet. 

Enfin,  le  20  du  mois  de  mai,  je  mis  en  place  et  préparai  bien 
à  l'avance  mon  Dracœna,  qui  ne  dépassait  pas  en  hauteur  le 
gazon  naissant.  Il  commença  à  pousser  dès  la  plantation,  mais 
non  d'une  végétation  luxuriante,  comme  je  l'espérais.  J'en 
étais  néanmoins  satisfait  et  je  ne  manquais  pas  chaque  matin 
de  lui  rendre  une  petite  visite  en  me  faisant  accompagner  d'un 
arrosoir  plein  d'eau.  Enfin,  nous  arrivons  à  la  fin  de  juillet; 
mon  protégé  a  parfaitement  bien  poussé,  déjà  il  domine  le 
gazon.  Un  matin  des  premiers  jours  d'août,  je  lui  rends  donc 
ma  petite  visite  comme  à  l'habitude  ;  il  faisait  à  peine  jour,  car 
j'aimais  à  voir  ses  feuilles  perlées  par  la  rosée  de  la  nuit  ;  mais 
hélas  !  je  cherche  en  vain  mon  protégé  :  il  a  disparu.  Je  crus 
d'abord  que  je  n'étais  pas  bien  éveillé.  Je  m'approchai  en  toute 
hâte  et  je  ne  trouvai  de  mon  Dracœna  qu'un  tronçon  informe! 
Un  lièvre,  poussé  probablement  par  le  génie  du  mal,  l'avait 
broute  pendant  la  nuit. 

Mon  chagrin  un  peu  calmé,  j'examinai  ce  qui  restait  de  ma 
plante  et  je  vis  avec  un  reste  d'espoir  que  les  feuilles  du  cœur 
n'étaient  pas  mangées  jusqu'à  l'insertion.  Je  me  hâtai  de  l'en- 
lever et  de  le  rempoter.  Placé  dans  la  serre,  le  Dracœna  refit 
pendant  l'hiver  suivant  une  nouvelle  tête. 

Au  printemps,  je  préparai  un  trou  de  1  mètre  sur  tous  sens 
et  je  rapportai  de  la  terre  ainsi  composée  :  terreau  de  couche 
1/5,  terre  ordinaire  2/3  ;  le  tout  fumé  avec  du  fumier  de  vache 
entièrement  consommé,  et  dans  la  deuxième  quinzaine  de  mai, 
j'y  plaçai  mon  Dracœna.  Pour  cette  fois,  l'habile  horticulteur 
de  Nancy  n'avait  pas  menti,  car  à  la  fin  de  septembre  1863, 
la  plante  mesurait  1  mètre  50  de  hauteur;  la  tige  très-grosse 
et  les  feuilles  du  bas  touchaient  à  terre.  A  cette  époque,  je 
l'enlevai  en  motte  avec  précaution  et  la  mis  dans  un  grand 
pot;  elle  passa  l'hiver  sans  souffrir  et  végéta  très-bien  dans 


—   188  — 

les  premiers  jours  du  printemps.  Dès  le  mois  de  mai  je  la  mis 
sous  de  grands  arbres  pour  l'habituer  à  l'air  libre  ,  et  la  mis  en 
place  vers  le  15  du  même  mois.  Quelques  jours  après,  le  ther- 
momètre descendit  à  2  degrés  au-dessous  de  zéro  et  je  crus 
que  mon  précieux  arbuste  allait  être  gelé  ;  les  feuilles  étaient 
toutes  blanches  ;  mais  quand  le  soleil  fut  près  de  l'atteindre, 
je  le  seringuai  avec  de  l'eau  froide  et  l'ombrageai  avec  une 
toile  à  couvrir  le  raisin.  Le  Dracœna  fut  sauvé.  Avec  les  beaux 
jours,  la  végétation  partit  et  les  feuilles  en  furent  quittes  pour 
rougir  un  peu  ;  puis  tout  s'effaça,  et  au  mois  de  septembre, 
quand  je  l'enlevai,  il  mesurait  3 'k mètres  50  centimètres  de 
hauteur,  et  se  trouvait  par  conséquent  hors  des  atteintes  des 
lièvres,  mais  il  n'y  a  pas  de  médaille  sans  revers  ;  je  ne  le 
pouvais  plus  mettre  dans  la  serre  chaude,  il  y  tenait  trop  de 
place.  Je  me  hasardai  de  le  loger  dans  la  serre  tempérée  ;  il 
n'en  souffrit  pas.  Seulement,  je  pris,  pour  la  remise  en  place, 
les  mêmes  précautions  que  l'année  précédente.  Mais  comme, 
au  moment  du  rempotage,  il  mesurait  3  mètres  75 centimètres, 
et  qu'il  était  plus  fort,  je  me  crus  obligé  de  l'enlever  avec 
une  plus  grosse  motte  de  terre  et  de  le  mettre  dans  un  pot 
plus  grand.  Mais  en  l'enlevant,  la  motte  déterre  se  fendit  en 
deux  et  je  me  trouvai  avec  mon  Dracœna  comme  si  je  venais 
d'arracher  une  carotte.  Pour  le  coup,  les  larmes  m'en  vinrent 
aux  yeux  ;  je  maudis  ma  mauvaise  étoile,  croyant  vraiment 
qu'elle  en  était  l'auteur.  Mon  premier  mouvement  de  stupeur 
passé,  au  lieu  de  mettre  l'arbuste  dans  le  grand  pot  que 
j'avais  préparé,  je  le  remis  dans  celui  des  années  précédentes, 
et  encore  je  ne  le  fis  que  pour  acquit  de  conscience,  croyant 
bien  qu'il  ne  reprendrait  pas. 

Jugez  de  ma  surprise  ;  il  perdit  bien  quelques  feuilles  de 
plus  que  par  le  passé,  mais  je  vis  avec  plaisir  de  grosses  ra- 
cines blanches  se  montrer  à  la  surface  de  la  terre  du  pot,  ce 
qui  m'assurait  de  sa  complète  reprise. 


—   189  — 

Depuis  ce  temps,  donc,  je  ne  prends  aucune  précaution  pour 
l'enlever  de  pleine  terre,  je  l'arrache  avec  ou  sans  motte  ;  il 
passe  l'hiver  en  serre  tempérée,  et  je  le  remets  en  pleine  terre 
au  printemps,,  où  il  fait  le  principal  ornement  du  jardin.  Il 
mesure  aujourd'hui  5  mètres  35  centimètres  de  hauteur;  vous 
avez  pu,  Messieurs,  l'admirer  à  l'exposition  de  la  Ferté-sous- 
Jouarre  et  à  la  dernière  exposition  de  Meaux.  Comme  vous  le 
voyez,  il  n'est  pas  difficile  d'être  le  propriétaire  d'une  aussi 
belle  plante.,  pour  peu  qu'on  ait  une  serre  tempérée.  Vous  y 
creusez  un  trou  pour  y  enterrer  le  pot,  de  sorte  que  la  serre 
devient  toujours  assez  haute  pour  y  loger  le  sujet. 

Je  cultive  le  Dracœna  indifisa  de  la  même  manière  ;  il 
souffre  un  peu  plus  depuis  l'arrachage  jusqu'à  la  mise  en 
place  ;  mais,  une  fois  en'pleine  terre,  il  rattrape  le  temps  perdu, 
et  rien  n'est  plus  agréable  à  voir  quand  ses  feuilles  sont  légère- 
ment agitées  par  le  vent  :  elles  tremblent  sans  cesse,  ce  qui 
produit  un  effet  charmant. 

Desprez. 


LA  TAUPE  ET  LE  VER  BL\NC. 

La  taupe  détruit-elle  le  ver  blanc?  Autrefois  les  uns  disaient 
oui,  les  autres  disaient  non.  Depuis  que  S.  Exe.  le  maréchal 
Vaillant,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris,  a  dé- 
claré que  son  jardin  a  été  débarrassé  de  la  larve  du  Hanne- 
ton par  les  taupes  qui  y  vivent  en  liberté,  tout  le  monde  res- 
pecte les  taupes,  et  le  ver  blanc  continue  à  se  multiplier  d'une 
manière  effrayante,  au  milieu  des  taupinières  même.  Dans 
certaines  localités  ses  dégâts  sont  attristants  ;  mais  un  puis- 
sant personnage  a  dit  :  Les  taupes  mangent  le  ver  blanc,  res- 
pectez-les; chacun  s'est  incliné  devant  l'autorité  de  ce  nom, 
et  une  grave  erreur  a  encore  été  propagée. 


—  190  — 

Comme  tout  le  monde,  j'ai  subi  l'influence  de  cette  autorité  ; 
j'ai  recommandé  de  respecter  les  taupes,  malgré  les  observa- 
tions d'un  sage  et  prudent  ami,  dont  la  propriété  est  ravagée  à 
la  fois  par  les  taupes  et  le  ver  blanc.  En  présence  de  ces  dé- 
gâts, nous  venons  de  faire  ce  qui  aurait  dû  être  fait  au  mo- 
ment de  la  proclamation  de  S,  Exe.  M.  le  maréchal  Vaillant, 
c'est-à-dire  l'autopsie  de  toutes  les  taupes  prises  sur  ses  terres, 
et  il  en  résulte  très-clairement  que  les  taupes  mangent  bien 
les  lombrics ,  ou  vers  de  terre ,  mais  non  les  vers  blancs. 
Jamais  nous  n'avons  trouvé  la  moindre  trace  de  larve  du 
Hanneton  dans  les  organes  digestifs  de  ces  taupes. 

Nous  sommes  donc  en  droit  de  conclure  que  la  taupe  ne 
détruit  pas  le  ver  blanc,  mais  qu'elle  s'associe  seulement  à 
lui  pour  ajouter  à  ses  dégâts,  en  coupant  les  racines  des 
plantes  qui  se  trouvent  sur  son  passage  quand  elle  chemine 
souterrainement.  Donc,  après  avoir  crié  respect  aux  taupes, 
nous  crions  guerre,  extermination  de  cette  gente  souterraine, 
qui  ne  détruit  rien  de  nuisible,  qui  bouleverse  seulement  nos 
jardins  et  nos  champs. 

Mais  que  peut  le  conseil  d'un  pauvre  savant  contre  l'auto- 
rité d'un  maréchal  de  France  ?  On  nous  opposera  de  suite  ce 
simple  raisonnement  :  Pour  qu'un  militaire  proclame  qu'on  ne 
doit  pas  faire  la  guerre,  il  faut  qu'il  soit  bien  convaincu  que 
la  guerre  est  plus  nuisible  qu'utile.  Ce  à  quoi  je  réponds  caté- 
goriquement que...  mais  il  me  semble  qu'il  y  a  un  grain  de 
politique  dans  ma  réponse  ! . . .  Dans  le  doute  je  m'abstiens. 

F.  Herincq. 


ËPOUVANTAIL  POUR  GARANTIR  LES  SEMIS  DES  PIER- 

.      ROTS. 

Hardi  comme  un  pierrot,  dit-on!  et  c'est  bien  vrai.  J'enai 
vu  souvent  se  poser  effrontément  sur  le  chapeau  des  manne- 


—  191   — 

quins  placés  dans  les  Cerisiers  et...  et  manger  les  cerises  à  leur 
faux  nez  et  à  leur  fausse  barbe.  Ils  finissent  aussi  par  se  rire 
des  miroirs,  des  moulins,  des  plumes,  de  tout  ce  qui  est  vi- 
sible à  leur  œil  nu,  et  dévorer  à  leur  aise  ce  qu'on  veut  pro- 
téger. 

Mais  voici  un  épouvantail  presque  invisible  qui,  par  cela 
même,  produit  sur  ces  petits  pillards  un  effroi  qu'ils  ne  peuvent 
surmonter,  et  qui  les  tient  éloignés  de  ce  que  le  jardinier  veut 
mettre  à  l'abri  de  leur  gloutonnerie.  C'est  au  jardin  botanique 
de  l'école  de  médecine  de  Paris,  situé  rue  Cuvier,  n°  12,  que  je 
l'ai  vu  appliquer  avec  succès. 

Lejardinier  en  chef,  M.Guillaumin,  ayant,  l'année  dernière, 
semé  du  gazon  en  bordure  de  toutes  ses  corbeilles,  vit  bientôt 
tous  les  oiseaux  du  quartier  s'abattre  dans  son  jardin,  et  dé- 
vorer toutes  ses  graines.  Son  semis  fut  manqué;  il  dut  resse- 
mer une  seconde  fois.  C'est  alors  que  lui  vint  l'idée  de  tendre 
en  triangles,  au-dessus  de  ses  bordures,  des  fils  très-fins  re- 
tenus par  des  petits  piquets  à  15  ou  20  centimètres  au-dessus 
du  sol.  Les  pierrots  vinrent  à  nouveau  s'abattre  sur  ses  bor- 
dures, mais  quand  le  repas  fini,  ils  se  sentirent  arrêtés  dans  leur 
vol  par  une  chose  invisible,  grand  fut  l'effroi;  leurs  ailes,  en  ef- 
fet, s'étaient  trouvées  prises  par  les  fils,  et  aussitôt  débarras- 
sés, ils  décampèrent  en  jetant  un  regard  en  arrière  pour  voir 
ce  qui  les  avait  ainsi  arrêtés;  ne  voyant  rien,  ils  crurent  aux 
diables  et  ne  revinrent  plus.  Le  gazon  s'en  est  bien  trouvé,  et 
le  jardinier  mieux  encore. 

Depuis,  je  vois,  au  Muséum,  qu'on  tend  de  ces  fils,  deux  ou 
trois  en  long  et  parallèlement,  sur  les  planches  de  semis;  c'est 
une  preuve,  il  me  semble,  que  le  procédé  est  bon. 

ErxN.  Bonard. 


—  192  — 

Trevaox  eu  mois  die  Juillet. 


Jardin  Potager.  On  continue,  pour  les  couches,  les  opérations  du  mois  pré- 
cédent; on  veille  sur  les  Melons,  les  Patates  et  les  Aubergines  qui  les  couvrent. 

En  pleine  terre,  on  sème  Poireaux,  Ciboule,  Chicorée  de  Meaux,  Scarole  et 
Choux* fleur;  on  met  en  place  ceux  qu'on  a  semés  le  mois  dernier.  On  peut  encore 
semer  des  Navets,  Raiponces,  en  mêlant  des  Radis,  des  Carottes  demi-longuea 
pour  l'hiver,  et,  à  la  fin  du  mois,  de  la-Chicorée  blanche,  de  l'Oignon  blanc  pour 
être  repiqué  en  octobre,  et  de  la  Scorzonêre  pour  passer  l'hiver  ;  on  met  en  place 
le  Céleri  turc,  et  on  en  butte  tous  les  quinze  jours  pour  en  avoir  toujours  de  bon 
à  être  consommé;  c'est  le  meilleur  temps  pour  l'arrachage  des  Ëchalottes  et  l'Ail. 

Jardin  fruitier.  Il  faut  visiter  fréquemment  les  espaliers;  palisser,  ébour- 
geonner,  découvrir,  sans  trop  les  dégarnir,  les  fruits  dont  on  veut  avancer  la 
maturation  ;  veiller  avec  attention  à  maintenir  l'équilibre  des  arbres,  arquer  ou 
pincer  les  branches  vigoureuses;  dépalisser  et  dresser  les  faibles.  Regarnir  les 
vides  des  espaliers  ou  des  quenouilles,  par  le  procédé  de  la  greffe  par  approche 
des  rameaux  herbacés.  Dans  les  journées  très-chaudes  arroser  les  pieds  des  arbres 
nouvellement  plantés,  surtout  les  Pêchers,  et  seringuer  les  feuilles. 

Vers  la  fin  du  mois  on  greffe  en  écusson,  à  œil  dormant,  les  Cerisiers,  Pêchers, 
Abricotiers,  Poiriers,  etc.,  dont  la  sève  s'arrête  de  bonne  heure;  et  à  œil  pous- 
sant tous  les  arbres  dont  la  végétation  se  prolonge  jusqu'aux  gelées. 

Jardin  d'agrément.  Arroser,  palisser,  élaguer,  mettre  en  place  les  plantes 
d'automne,  ébourgeonner  les  Dahlias,  relever  et  mettre  sur  les  tablettes,  dans 
un  endroit  sain  et  aéré,  les  bulbes  ou  griffes  de  Jonquilles,  Narcisses,  Jacinthes, 
Tulipes,  Renoncules,  Anémones,  etc.,  aussitôt  que  les  feuilles  ou  hampes  seront 
desséchées;  marcotter  les  Œillets,  semer  les  Cinéraires  et  les  Lupins. 

Serres.  Les  plantes  restées  en  serre  ne  demandent  plus  que  des  arrosements, 
de  l'air  et  un  peu  d'ombre  quand  le  soleil  est  trop  ardent. 


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ANNÉE  4869. 

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NOUVEAU  JARDINIER 


ILLUSTR E 

RÉDIGÉ    PAK 

fflft.  F.  HERINCQ 
ftLPH.  LAVALLÉE  —  L-  NEUMANN  —  B-  VERLOT  —  CELS  —  COURTOIS- 
GÉRARD   —  J-B.    VERLOT  —  PAVARD  —    BUREL 
Arec  plus  de  300  dessins  intercalés  dans  le  texte, 

DE 

MM.   COURTIN.   FAGUET.    MA.UBERT    ET    RIOCREUX 

GRAVES   PAR  M.   B1SSON. 

n-!8JÉSUSDKPMJSftK  l, 800  PAU.  PRIX  BU.:  7  Fr.  CART.:  8  Fr.  REL.:9Fr. 


L'INSECTOLOGIE  AGRICOLE 

JOURNAL 

TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DEGATS 

ET    DES    MOYENS    PRATIQUES    DE     LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ  PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  CH.  AUBE,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  PILLAIN,  MILLET,  GOUREAU,  A.  GELOT. 


PRIX  DE  l'aBONNEMEM  :    10  FRANCS  PAR  AN. 

Une  livraison  de  32  pages  in-8°  avec  figures.  — Parait  chaque  mois. 
BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  9,  A  PARIS. 


Paris— Imp.  boriieole  de  E.  Dosnaud,  rue  Cassette,  9. 


IN«  *. 


19*  Année. 


1869. 


m  Ml  EliDQT  ©dtflT  80S)|l(D&G)7B  S?  (DE) 
JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

COHTEHAHT 

LA    CULTURE    RAISONNER,    LA   DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

ET   NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,   DES  FRDITS  ET  DES  LÉGUMES,  LA  DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PCBLIÉ   AVEC   LE  CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DR 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CtlEF. 

ATTACHÉ     10     MCSÉOM     u'ulSTOIIlB     NATURELLE    DE     PtlUS, 

Collaborateur    du     Mannel     Jet     Plumet,    des     figures    dll   Bon     Jmrdlnltr, 

Ex-Rédacteur   principal  de  la   Saciiii  a"  hn.-ilruliun  de  la    Seine, 

Membre  honoraire   et  correspondant  de  plusieurs   Sociétés  d'horticulture,  etc. 


l'IJorticultenr  Français  paraît  le  5  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  payes  de  texte 
grand  iu-8,  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  arec  le  plus  grand  soin. 

i  Paris 10  fr.  par  an. 
Départements.    11  fr.      — 
Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNADD,  rue  Cassette,  1 . 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  ai  ertis  que  nous  leur  lerons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  tram».  Cette  augmentation  de  U\  frauc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


m\ 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,  ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


cya- 


UM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal, rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


Un  jardinier,  non  marié  {Suisse),  ayant  de  bonnes  recommandations,  \ 
mande  une  place.  Il  est  employé  actuellement  dans  un  des  plus  grands  jard 
de  luxe  des  environs  de  Nice. 
Écrire  au  Bureau  du  Journal  les  initiales  L.  F. 


ÉTIQUETTES  DE  JARDINS. 

Rien  de  plus  commode  et  de  plus  durable  pour  les  étiquettes  de  jardins  que  l'enc] 
écrire  sur  le  zinc,  composée  parM.  DUFOUR,  chimiste-photographe,  a  Dijon  (Gôte-d  Oi 

Prix  du  flacon  :  1  franc. 

Cette  encre,  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  du  rhum,  aussitôt  son  contact  ave 
zinc  produit  une  écriture  du  plus  beau  noir.  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusu 
années  dans  la  terre  et  dans  l'eau,  sans  que  l'écriture  subisse  une  détérioration  sensi 

Les  nombreuses  lettres  de  félicitations  adressées  à  M.  DUFOUR  sur  cet  excellent 
duit  se  succèdent  tous  les  jours.  MM.  les  Amateurs  désireraient  pouvoir  trouver  ( 
encre  dans  toutes  les  grandes  villes,  chez  les  marchands  de  produits  horticoles  ;  ils  pi 
reraient  paver  25  cent,  et  même  50  cent,  en  plus  le  prix  du  flacon.  . 

MM.  les  Marchands  pourront  s'adresser,  pour  traiter,  à  M.  DUFOUR,  chimiste-photo 
phe,  à  Dijon.  —Un  petit  flacon  d'échantillon  leur  sera  adressé  gratis  et  franco,  sur 

maDes  annonces' dans  les  journaux  d'horticulture  feront  connaître  l'adresse  des  1 
chands  où  les  Amateurs  pourront  se  pourvoir. 

Une  caisse  de  flacons  d'encre  à  écrire  sur  le  zinc  vient  d'être  expédiée  à  M.  louis  VAN  HOU 
horticulteur,  à  Gand.  —  MM.  les  Amateurs  et  Horticulteurs  de  la  Belgique  peuvent  s'y  adresser. 


Catalogue  descriptif  raisonné  des  arbres  fruitiers  et  d'ornement  (1 

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La  supériorité  de  la  Caisse  ronde  sur  la  Caisse  carré  est  reconnue  depuis  longtemps  déjà  ;  l'emploi  d 
de  bout,  ne  permettant  pas  l'adhérence  ou  l'introduction  des  racines  entre  les  fibres  ou  les  joints  aon 
Caisse  un  avantage  de  durée  incontestable  sur  l'ancien  modèle  carré.  Le  renouvellement  du  bois  a 
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SOMMAIRE  DflS  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique.—  0.  Lescuyer.  Aristolochia  (lonbw.da  (PI.  Vil).—  Ern.  Bonarb 
Plantes  nouvelles.  —  X...  Le  Boutures  ds  Rosiers.  —  X...  Petites  nou- 
velles. —  Lodis  Camperat,  Observations  sur  la  taille  et  la  culture  de  Melons.  — 
— F.  Hérincq,  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  domestiques  (3e  article), 
de  la  sélection.  —  Van-Holle,  la  Non-taille. 


CHRONIQUE 

Le  mauvais  temps;  maladie  du  grain  de  raisins  en  Bourgogne.  Les  plantes  à 
feuillage  pendant  cette  période  de  froid  exceptionnel.  Les  Canna  et  le  jardin 
de  la  ville  de  Paris.  Exposition  d'horticulture  à  St-Pétersbourg-,  réception  des 
jurés  étrangers  ;  décorations  accordées  par  l'empereur  de  Russie;  distinction 
particulière  pour  les  jurés  français.  Causes  diverses  du  mauvais  temps  et  le 
retour  des  journées  d'été.  La  lune  :  j'enfourche  mon  dada;  erreur  de  l'in- 
fluence lunaire.  Les  fruits.  Désolante  prospérité  du  ver  blanc  ;  sa  rusti- 
cité-, un  spirituel  écrivain  au  sujet  d'une  feuille  de  chou:  le  ver  blanc  et 
l'acide  phosphoreux.  Dames  patronnesses  et  médailles  aux  expositions  d'hor- 
ticulture-, ce  qu'on  admire.  Flore  et  sa  cour  à  Montereau  :  mascarade  hor- 
ticole. 

Enfin  voici  l'été  !  mais  quel  temps  jusqu'au  3.  Les  1 6  et  18 
juin  derniers,  sous  le  ciel  parisien  et  celui  de  beaucoup  d'autres 
villes  de  France,  on  a  vu  de  la  gelée  blanche,  et  sur  plusieurs 
points  de  ce  jadis  beau  pays,  à  Villeneuve,  par  exemple,  une 
glace  épaisse  entourait  un  bateau  amarré  le  1 7  sur  les  bords  de 
l'Yonne.  Les  Bourguignons  sont  dans  la  désolation.  Sous  l'in- 
fluence de  cette  froidure  inexplicable  un  petit  ver  a  pénétré 
dans  le  grain  de  raisin  qui  s'est  racorni,  et,  sans  recourir  à 
l'ingénieux  système  des  probabilités,  tout  fait  supposer  que  ces 
grains  mûriront  mal  ;  les  vignerons  de  la  Bourgogne  seront 
donc  obligés  de  mettre,  cette  année,  plus  d'eau  qu'à  l'ordi- 
naire dans  leurs  vins,  pour  satisfaire  aux  besoins  toujours 
croissants  de  la  consommation.  Si  ce  temps  avait  continué  en- 
core quelques  jours,  nous  aurions  pu  élancher  nos  soifs,  pen1- 

Jut//eM869.  13 


—  194  — 

dant  la  canicule,  en  suçant  la  glace  de  nos  bassins  d'arrose- 
ment. 

Tous  les  jardins,  même  ceux  qui  d'habitude  sont  toujours 
des  plus  somptueux,  ont  un  aspect  triste  et  souffreteux.  Rien  n'a 
poussé  pendant  la  période  printanière.  Les  plantes  à  feuillage, 
Canna  et  Coleus,  ont  des  mines  de  déterrées.  Aussi  le  com- 
merce des  Canna  a  été  complètement  nul  chez  les  horti- 
culteurs marchands  ;  le  jardin  de  la  ville  de  Paris  a  trouvé 
moyen  cependant,  d'écouler  tous  ses  Balisiers  ;  il  ne  lui  en  reste 
plus  le  moindre  œilleton  en  magasin  !  Je  ne  lui  en  fais  pas 
mon  compliment.  Il  m'est  bien  permis  de  ne  point  être  poli  : 
l'impolitesse  n'est  pas  de  l'économie  politique  ou  sociale. 

Pour  trouver  un  printemps  aussi  laid,  il  faut  remonter,  dit- 
on,  à  l'année  1863.  Il  parait  que  les  élections  jettent  toujours 
du  froid  dans  les  hautes  régions,  et  comme  le  froid  est  plus 
lourd  que  le  chaud,  il  descend  naturellement  dans  les  régions 
basses  que  nous  habitons. 

Mais  s'il  faut  en  croire  des  gens  qui  se  disent  bien  rensei- 
gnés, cette  prolongation  du  mauvais  temps,  dans  la  saison  du 
beau,  serait  une  bienveillante  attention  de  celui  qui  gouverne 
toute  chose,  en  faveur  de  MM.  les  jurés  français  de  l'Exposition 
horticole  de  Saint-Pétersbourg;  il  aurait  ainsi  maintenu  la 
température  à  peu  près  hivernale,  en  France,  pour  épargner  à 
nos  concitoyens,  qui  sont  allés  en  Russie,  les  désagréments 
d'une  transition  trop  brusque  à  leur  arrivée  dans  le  pays  des 
czars,  où  celui  d'aujourd'hui  leur  aurait  fait  le  plus  grand  ac- 
cueil.D'après  une  lettre,qui  nous  a  été  communiquée,  SaMajesté 
Alexandre  aurait  envoyé  ses  voitures  à  la  gare,  pour  être 
mises  à  leur  disposition,  et  les  valets  de  pied,  qui  leur  ser- 
vaient en  même  temps  de  guides,  n'étaient  ni  plus  ni  moins 
que  des  généraux  et  des  maréchaux  de  l'Empire  :  que  ça 
d'honneur!  Des  fêtes  splendides  leur  ont  été  données,  écrit  l'un 
de  nos  concitoyens  à  un  de  ses  amis,  par  l'Empereur  des  co- 


—  195  — 

saques.  A  la  première  réception,  le  petit-fils  de  Pierre  le  Grand 
a  daigné  descendre  jusqu'au  pied  de  l'escalier  d'honneur  pour 
les  recevoir;  ensuite  ça  allait  tout  seul  :  chaque  matin,  une 
voiture  de  gala  était  à  leur  porte  et  ils  allaient  ou  n'allaient  pas 
sans  cérémonie  déjeuner  ou  dîner  à  la  cour.  Le  plus  modeste 
de  nos  confrères  avait  pour  guide,  paraît-il,  le  prince  Gortscha- 
koff,  qui  l'a  conduit  en  Crimée  pour  lui  demander  des  conseils 
au  sujet  du  grand  square  qu'on  veut  créer  à  Sébastopol,  etc. ,  etc. 
Bref,  les  représentants  de  l'horticulture  ont  été  reçus  comme 
des  tètes  couronnées.  Le  czar  a  tout  particulièrement  remar- 
qué MM .  les  jurés  français  ;  il  a  été  frappé  surtout  de  leurs 
connaissances  en  horticulture.  Aussi  leur  a-t-il  donné  des 
marques  non  équivoques  desajuste  appréciation  de  leur  va- 
leur scientifique,  le  jour  de  la  distribution  des  récompenses. 
Les  représentants  de  l'horticulture  de  la  Belgique,  de  la  Prusse, 
de  l'Autriche,  de  l'Italie,  etc.,  ont  été  tous  décorés  d'une  foule 
de  croix  de  deuxième  et  de  troisième  classes,  des  ordres  des 
saintes  Radegonde,  Cunégonde,  Hypocondre et  autres;  Alexan- 
dre a  fait  une  distinction  particulière  pour  les  jurés  de  la  France  ; 
il  ne  les  a  pas  décorés  du  tout  ! . . .  Le  fait  est  qu'il  doit  avoir  une 
singulière  opinion  des  savants  de  l'horticulture  de  notre  pays, 
s'il  les  juge  tous  par  les  quelques  échantillons  qui  sont  allés 
faire  montre  là-bas.  Les  pauvres  diables  sont  tellement  hon- 
teux et  confus,  de  cette  distinction  particulière  accordée  à 
leur  personne,  que  celui  qui  a  publié  le  compte  rendu  de 
cette  exposition,  dans  un  recueil  français,  n'a  pas  osé  le  signer 
de  son  nom  ;  il  a  mis  par  modestie  :  un  membre  du  junj  (!).  La 
France  horticole  ne  doit  pas  être  absolument  fière  du  succès 
de  ses  représentants.  Roide,en  effet,  est  la  leçon  ;  s'en  revenir  de 
Russie,  seuls,  gribouilles,  je  veux  dire  bredouilles,  de  la  chasse 
aux  décorations,  pas  seulement  la  moindre  croix  de  4e  classe, 
des  ordres  de  Sainte-Brigitte  ou  de  Saint»Andre,  franchement 
c'est  triste.  Enfin,  ils  sont  de  retour,  et  nous  pouvons  rassurer 


—  196  — ■ 

!nnrs  iiiîs  :  ils  n'ont  on  aucun  membre»  gelé  pendant,  leur  séjour 
,, ,  i  ;  .    |.)   •   ■  éii''  seule 

meut  1  gèremenl  frisotté  par  la   gelée  bianclie  du'  jour  des 
récompenses. 

C'est  sans  doute  pour  fêter  leur  heureuse  rentrée,  que  le 
soleil  nous  montre,  depuis  quelques  jours,  sa  face  rayonnante 
de  vieux  satisfait  ;  ce  serait  un  peu  ironique.  Mais  si  j'en  crois 
mon  voisin  de  campagne,  il  n'a  cédé  qu'aux  instances  réitérées 
de  la  lune,  car  il  tenait  à  rester  voilé  en  signe  de  deuil.  Ici 
j'enfourche  mon  dada,  et  je  cours  sus  à  celle  industrielle  noc- 
turne. 

in  grand  Orateur  a  dit  :  «  En  reproduisant,  tous  les  matins 
une  idée  fausse,  on  finit  par  la  faire  accepter  comme  une  vé- 
rité. 3)  Il  doit  en  être  de  même  pour  le  contraire  :  en  criant  tous 
les  matins,  après  déjeuner  pour  avoir  plus  de  force,  que  telle 
idée  est  fausse,  on  doit  finir  par  la  faire  reconnaître  comme  er- 
reur. Je  ne  dois  donc  pas  craindre  de  me  répéter,  au  sujet  de 
la  lune. 

Outre  le  profond  mépris  que  je  professe  pour  tout  ce  qui  tra- 
vaille dans  l'ombre,  ou  qui  ne  reflète  que  la  lumière  des 
autres,  en  se  gardant  bien  de  faire  connaître  le  foyer  de  pro- 
jection, j'ai  pour  la  lune  une  profonde  aversion,  qui  ne  peut 
s'expliquer  que  par  la  fâcheuse  influence  qu'elle  exerce  sur 
l'intelligence  de  la  majorité  de  mes  semblables.  Croire  que  la 
lune  peut  faire  la  pluie  et  le  beau,  ou  neutraliser  la  puissante 
et  incontestable  action  du  soleil,  me  paraît  le  comble  de  la 
naïveté.  Le  simple  bon  sens  suffirait  pour  détruire  cette  er- 
reur. Comment  sur  7  jours  et  quelques  heures,  qui  est  la  durée 
de  chaque  phase,  on  accorde  5  jours  d'action  :  2  avant,  2  après, 
et'le  jour  précis  !  Mais  il  faut  être  archi-obtus,  pour  ne  pas  voir 
la  ficelle  de  la  doctrine  de  l'influence  lunaire  !  Le  nombre  des 
jours  de  changements  étant  plus  considérable  que  celui  des 
non-changements.,  puisqu'il  y  en  a  5  contre  %  il  est  bien  évi- 


—  197  — 

dent  qu'il  doit  y  avoir  plus  de  changements  de  temps  en  5  jours 
qu'en  2,  et  qu'il  y  a  plus  de  chance  qu'ils  s'opèrent  pendant 
les  5  jours  que  pendant  les  2  autres.  Est-il  étonnant,  avec  un 
tel  système,  que  la  lune  paraisse  ainsi  douée  d'une  si  puis- 
sante influence? Et  voyez  la  logique  de  ce  système. 

Chaque  phase  de  la  lune  exerce,  dit-on,  son  influence  2 
jours  avant!  Acceptons  le  fait  pour  un  instant.  Elle  conserve 
cette  influence  pendants  jours.  Soit.  Dans  ce  cas,  ce  doit  être 
la  même  cause  qui  agit  depuis  le  premier  jour  jusqu'au  der- 
nier? Eh  bien,  non!  Pendant  les  premiers  jours,  une  phase 
quelconque  peut  rester  indifférente  aux  choses  d'ici-bas.  Par 
exemple,  si  la  nouvelle  lune  a  fait  pleuvoir,  le  premier  quar- 
tier peut  laisser  pleuvoir  pendant  les  4  premiers  jours  de  son 
règne,  c'est-à-dire  que  son  influence  s'exercera  en  faveur  de  la 
pluie;  mais  au   moment  de  rentrer  dans  le  néant,    c'est-à- 
dire  le  cinquième  jour,  il  peut  exercer  une  influence  contraire  ; 
se  ravisant,  il  mangera  tout  à  coup,  ou  petit  à  petit,  les  nuages 
et  permettra  ainsi  au  soleil  d'apparaître  dans  tout  son  éclat  ! 
Est-ce  assez  naïf!  Voilà  pourtant  le  rôle  absurde  que  mon 
voisin    de    campagne,    déjà  nommé,   fait  jouer,    en    plein 
XIXe  siècle,  au  dernier  quartier  delà  lune,  du  2  juillet.  Son 
influence  remonte,  en  effet,  au   30  de  juin.   Or  ce  jour-là 
statu  quo  :  toujours  ciel  couvert,  pluie,  vent,  et  si  chacun 
n'avait  point  été  retenu  par  la  honte,  on  aurait  jeté  quelques 
bonnes  bourrées  dans  la  cheminée.  Le  vendredi  2  juillet,  jour 
précis  du  dernier  quartier,  influence  nulle;  un  orage  fond  sur 
Paris  et  couche  tous  les  blés  des  environs.  Le  3,  il  ne  fait  pas 
encore  chaud  à  6  heures  du  matin,  et  le  pardessus  ne  m'a  pas 
paru  un  vain  vêtement;  le  ciel  est  toujours  couvert.  Le  di- 
manche, 5e  et  dernier  jour  de  son  influence,  le  dernier  quar- 
tier mange  les  nuages,  en  égoïste  qu'il  est,  n'en  voulant  pas 
laissera  son  héritière,  la  nouvelle  lune,  qui  n'apparaîtra  que 
le  9.  En  effet  le  lundi,  période  neutre,  sans  influence  sur  les 


—  198  — 
changements  de  temps,  il  ne  reste  plus  la  moindre  trace  de 
mauvais  jours  !  Le  soleil  circule  librement  dans  l'espace,  ainsi 
diraient  les  poètes,  et,  comme  s'il  voulait  rattraper  le  temps 
perdu,  il  nous  inonde  de  ses  rayons  qui  déterminent  pas  mal 
de  congestions  chez  les  hommes;  les  oiseaux  battent  gaiement 
des  ailes,  et  les  pauvres  plantes  hument  béatement  la  douce  et 
moite  chaleur  qui  leur  vient  à  la  fois  et  du  ciel  et  de  la  terre. 
Elles  renaissent  enfin  à  la  vie,  et  bientôt,  si  la  nouvelle  lune 
du  9  ne  vient  pas  déranger  le  soleil  dans  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions, nous  pourrons  contempler  à  notre  aise,  amis  lecteurs, 
leurs  charmants  attraits.  Cette  nouvelle  lune,  qui  paraît  clé- 
mente, nous  doit  bien  ce  dédommagement  pour  la  perte  de  nos 
Poires,  Pommes,  Abricots,  Prunes  et  Pêches,  malheureuses 
victimes  de  l'inclémence  de  ses  devancières.  Ces  fruits,  en  ef- 
fet, sont  rares  cette  année  ;  ils  manquent  à  peu  près  partout  ;  et, 
chose  étrange,  les  Cerises  abondent  de  tous  côtés  ;  ce  qui  nuit 
aux  uns  semble  être  favorable  aux  autres  :  rien  d'absolu  en  ce 
monde.  Philosophes,  vous  avez  raison! 

Mais  si  l'inclémence  des  lunes  printanières  a  été  contraire 
à  la  production  des  fruits,  elle  a  singulièrement  favorisé  la 
production  des  vers  blancs.  A  Guitrancourt  nous  en  avons 
trouvé  jusqu'à  45  au  pied  d'une  seule  plante,  et  M.  Alph.  La- 
vallée  me  inarquait  ceci  dans  une  de  ses  lettres  :  « Je  con- 
nais entin  la  cause  du  dépérissement  si  subit  de  mon  beau 
Lonicera  chrysantha.  Persuadé  que  cet  état  provenait  de  l'al- 
tération des  racines,  je  viens  de  les  visiter,  et  j'ai  peine  à 
en  croire  mes  yeux  :  deux  cent  cinquante- huit  vers  blancs  en 
ont  été  retirés;  c'est  désolant » 

C'est  tellement  désolant  qu'il  n'y  a  aucun  procédé  sérieux 
de  destruction  ;  car  ils  ont  la  vie  dure  ces  ennemis  intraita- 
bles de  l'agriculture.  Pour  s'en  débarrasser  je  ne  vois  qu'un 
moyen  :  c'est  de  faire  appel  au  déluge  universel*  Un  spi- 
rituel écrivain,  dont  le  nom  m'échappe,  s'est  beaucoup  moqué 


—  J99  — 

d'un  moyen  de  destruction  par  la  culture  des  Crucifères. 
L'auteur  de  cette  découverte  disait,  pour  appuyer  son  dire, 
qu'on  pouvait  s'en  assurer  en  plaçant  quelques  vers  blancs 
sur  une  feuille  gâtée  de  Chou  et  qu'en  moins  d'une  heure  ces 
vers  étaient  morts.  Le  susdit  spirituel  écrivain  s'écriait  à  ce 
propos  :  Mais  tout  le  monde  sait  qu'aussitôt  qu'un  ver  blanc  est 
mis  à  l'air,  il  meurt,  sans  feuille  de  Chou.  »  —  Notre  spirituel 
confrère  est  dans  l'erreur;  le  ver  blanc,  sans  feuilles  de  Chou, 
ne  meurt  pas  aussi  vite.  Un  de  nos  dessinateurs,  ayant  eu  à 
faire  le  portrait  d'un  de  ces  ravageurs  de  racines,  a  conservé 
son  modèle  pendant  plus  de  huit  jours  sur  sa  table  dans  le 
plus  parfait  état  de  santé,  et  je  viens  d'avoir  une  preuve 
que  le  ver  blanc  peut  vivre  longtemps  sans  manger;  c'est 
plus  fort  ! 

L'année  dernière  j'avais  pensé  que  les  émanations  phospho- 
riques  devaient  tuer  la  larve  du  Hanneton.  A  cet  effet  20  vers 
blancs  furent  mis,  en  septembre,  dans  de  la  terre  ordi- 
naire contenue  dans  une  caisse  longue  de  80  cent,  sur  30  de 
largeur  et  autant  de  profondeur.  Je  fichai  en  terre  des  tron- 
çons de  roseau  percés*  latéralement  de  nombreux  trous,  et 
dans  lesquels  tronçons,  hermétiquement  fermés  aux  2  extré- 
mités, j'avais  mis' des  morceaux  de  phosphore.  Au  bout  d'un 
mois  je  visitai  la  terre  pour  connaître  le  résultat  de  l'opéra- 
tion, et  je  retrouvai  mes  vers  blancs  frais  et  dispos.  J'étais  fixé 
dèslorssur  Faction  du  phosphore,  et  j'abandonnai  la  caisse  dans 
un  coin  du  laboratoire,  où  elle  passa  l'hiver.  Il  y  a  quelques 
jours,  retrouvant  cette  caisse,  je  la  fis  vider;  les  vers  étaient 
encore  vivants;  ils  avaient  doublé  de  volume.  De  quoi  ont-ils 
vécu  depuis  le  mois  de  septembre  jusqu'en  juin  dernier?  Est-ce 
que  l'acide  phosphoreux  serait  un  agent  de  nutrition  comme 
l'azote?  Dame!  on  ne  sait  pas.  Quel  immense  avantage  ce  se- 
rait pour  l'humanité  souffrante,  si  les  émanations  d'une  ciga- 
rette de  phosphore  pouvaient  nourrir  les  hommes  comme  elles 


—  200  — 

ont  nourri  mes  20  vers  blancs  !  C'est  un  beau  sujet  d'études, 
que  j'abandonne  à  ceux  qui  veulent  faire  rapidement  fortune, 
pour  venir  aider  ensuite  au  progrès  de  l'horticulture,  en 
faisant  don,  aux  sociétés,  de  quelques  médailles  d'encouragé- 
ment. 

C'est  bon  genre  aujourd'hui  de  se  faire  ainsi  protecteur  ou 
protectrice  de  l'horticulture,  et  de  délivrer  de  sa  blanche  main 
la  médaille  qu'on  a  mise  à  la  disposition  du  jury.  J'admire  cette 
noble  et  franche  protection  accordée  à  la  science  horticole  ! 
Mais  ce  qui  est  plus  admirable  et  ce  que  j'ai  admiré  toute  cette 
année,  ce  sont  les  blanches  mains  des  donatrices.  A  Paris  j'ai 
admiré  celles  de  Mme  la  duchesse  de  X...  ;  à  Meaux  j'ai  admiré 
celles  de  Mme  la  comtesse  de  Z. . .  A  Montereau  j'ai  admiré  plus 
qu'une  main  ;  là  j'ai  admiré,  dans  des  chars  peu  élégants,  de 
gracieuses  et  charmantes  jeunes  filles,  qui,  sous  les  costumes 
les  plus  frais  et  les  plus  coquets,  avaient  pris  la  forme  des  su- 
jets de  Flore  :  Myosotis,  Boutons  d'or  et  de  Rose,  Grenades,  etc. 
— (Je  copie  ici,  qu'on  le  sache  bien,  le  compte  rendu  de  l'Expo- 
sition inséré  dans  le  journal  de  Montereau).  —  «Cette  aimable 
reine  des  fleurs  et  sa  cour  arrivèrent  à  l'Exposition  accom- 
pagnées de  la  fanfare  de  la  ville.  Elles  furent  reçues  à  l'Expo- 
sition,—  ces  gracieuses  et  charmantes  jeunes  fleurs,  —  par 
M.  le  Préfet,  par  M.  le  baron  de  Beauverger,  président,  et  le 
secrétaire  de  la  Société  d'horticulture,  parle  maire  et  les  au- 
torités de  toutes  sortes.  «  M.  le  Préfet  a  complimenté  la  reine  et  sa 
suite  et  lui  a  adressé  ses  félicitations,  pour  l'heureuse  idée  de 
s'associer  si  gracieusement  à  la  fête  de  l'horticulture,  célébrée 
avec  tant  d'éclat  par  la  ville  de  Montereau.  3> 

Le  soir  j'ai  admiré  la  main  de  Flore,  se  promenant  au  bras 
d'un  membre  de  la  commission,  et  pendant  le  quadrille  «  pour 
les  fleurs  vivantes  »  dansé  à  la  lumière  des  feux  de  bengale, 
j'ai  aussi  admiré,  dans  un  jeté-battu  un  peu  risqué,  son. .  . 
pied  mignon. 


—  201  — 

Certes,  je  le  dis  sans  flatterie,  je  n'avais  encore  rien  vu 
d'aussi  joli  que  ce...  que  cette  fête.  Et,  comme  M.  le  préfet, 
je  suis  tout  disposé  à  adresser  mes  félicitations  à  la  Reine  et  à 
sa  suite  ;  mais  seulement  comme  mise  en  scène  bien  réussie  et 
non  comme  protectrice  de  l'exposition  florale.  Car  franche- 
ment ce  n'est  pas  traiter  les  sociétés  d'horticulture  en  institu- 
tions sérieuses,  que  d'associer  à  ces  luttes  du  travail  et  d'in- 
tejligence,  les  élucubrations  de  quelques  couturières  et  lavan- 
dières en  goguettes.  Si  l'on  veut  que  l'horticulture  prenne  de 
la  valeur  dans  un  pays,  il  faut  en  faire  ressortir  l'importance, 
soit  par  la  publication  des  travaux  des  membres  de  la  société 
locale,  soit  en  montrant  dans  des  Expositions,  ce  que  peut  la 
pratique  quand  elle  est  éclairée  par  les  saines  théories  scien- 
tifiques ;  mais  ce  n'est  pas  en  faisant  de  ces  Expositions  un 
accessoire  de  fêtes  champêtres,  un  prétexte  à  divertissements 
grotesques,  comme  on  vient  de  le  faire  à  Montereau,  qu'on 
parviendra  jamais  à  faire  comprendre  aux  populations,  que 
l'horticulture  est  une  science  sérieuse,  qui  possède  tous  les 
éléments  du  progrès  agricole. 

F.  Herincq. 


ARISTOLOCHIA  FLORIBUNDA  (Pl.  VII.) 

Cette  nouvelle  Aristoloche,  originaire  des  provinces  du  Bré- 
sil qui  bordent  la  rivière  des  Amarones,  a  été  découverte  par 
M.  Baraquin,  et  introduite  par  lui  dans  l'établissement  de 
M.  Ambroise  Verschaffelt,  de  Gand.  Malgré  la  couleur  brune 
qui  marbre  les  fleurs,  cette  espèce  n'exhale  pas,  pendant  sa 
floraison,  cette  odeur  nauséabonde  qui  caractérise  la  plupart  de 
ses  congénères. 

VAristolochia  floribunda  est  une  plante  volubile  glabre,  à 
ramules  nombreuses,  grêles  et  cylindriques,  pendantes,  char- 
gées parfois  de  500  à  600  fleurs,  s'il  faut  en  croire  le  rédac- 


—  202  — 

teur  du  journal  de  M.  Verschaffelt.  Les  feuilles  sont  amples,  lar- 
gement ovales,  arrondies,  échancrées  en  cœur  à  la  base,  vertes 
et  luisantes  en  dessus,  pâles  et  glaucescentes  en  dessous,  où  les 
nervures  anastomosées  sont  très-proéminentes.  Les  fleurs  so- 
litaires ou  réunies  par  3  à  l'aisselle  des  feuilles,  sont  très- 
brièvement  pédonculées.  Le  tube  est  ventru  ovoïde  à  la  base, 
arquée  redressé  ensuite,  de  couleur  jaune  pâle  ;  le  limbe  lar- 
gement oblique  et  en  forme  de  cœur  renversé,  est,  en  dessus, 
d'un  beau  jaune  élégamment  marbré  et  panaché  de  couleur 
rouge  plus  ou  moins  foncée;  en  dessous  ce  limbe  est  jaune 
clair  veiné  de  rouge. 

Cette  remarquable  et  nouvelle  plante  est  de  serre  chaude. 

0.  Lescuyer. 


[PLANTES  NOUVELLES. 

Saxifraga  crassifolia  Ingelresti  et  crassifolia  ciliaris  sont 
deux  hybrides  des  Saxifraga  crassifolia  et  ciliaris  obtenus  par 
M.  Ingelrest,  jardinier  en  chef  du  jardin  des  plantes  de  Nancy, 
et  mis  au  commerce  par  M.  Lemoine.  Leur  mérite  se  trouve 
dans  des  fleurs  de  diverses  couleurs,  grandes  comme  celles  du 
ciliaris,  et  dans  les  panicules  scorpioïdes  plus  amples,  plus 
garnies  de  fleurs,  et  dans  une  plus  grande  précocité  de  fleu- 
raison. 

Gynerium  Wesserlingii  foliis  variegatis.  CeGynerium,  trouvé 
dans  un  semis,  par  M.  Meny,  horticulteur  à  Wesserling,  est 
plus  robuste,  dit  M.  Lemoine,  que  toutes  les  autres  variétés 
panachées. 

Delphinium.  Nos  abonnés  doivent  se  rappeler  ce  beau  Del- 
phinium  de  M.  Remy,  de  Pontoise,  figuré  dans  Y  Horticulteur 
français  en  1865.  Un  accident  survenu  aux  multiplications 
n'a  pas  permis,  à  l'obtenteur,  de  le  livrer  au  commerce  à  l'é- 
poque qui  avait  été  annoncée.   C'est  seulement  cette  année 


—  203  — 

qu'il  fait  son  entrée  dans  le  monde  horticole  sous  l'égide  de 
M.  VanHoutte,  de  Gand.  Les  autres  variétés  annoncées  sont 
ranunculiflorum,  Mme  Richalet,  par  M.  Lemoine  ;  -—  Louis  Fi- 
guier et  Marie  Morel,  par  M.  Crousse. 

Echeveria.  Les  Echeveria  sont  des  plantes  grasses  que  sou- 
vent on  appelle  des  Crassula  :  ce  sont  en  effet  deux  genres 
d'une  même  famille.  M.  Rendatler  ayant  fécondé  V Echeveria 
retusa  major  par  le  macrophylla,  en  a  obtenu  trois  variétés 
hybrides  qu'il  appelle  :  retusa  tloribunda  splendens,  retusa 
miniata,  et  luteo  gigantea. 

Pentstemon.  Les  nouveaux  sont  :  Linné,  Gottlieb-Zahn, 
Henry  Demay,  Faust,  M.  Debay,  M.  Gebhard,  Prince  Jérôme, 
Rose  Rendatler,  William  nouveautés  Bull,  de  M.  de  Rendatler. 

Clématite  Jeanne-d'Arc.  Très-belle  nouveauté  rustique  ob- 
tenue par  M.  Dauvesse,  d'Orléans,  et  mise  au  commerce  par 
M.  Rendatler.  Grandes  fleurs  blanches  avec  une  faible  teinte 
azurée . 

Gymnothrix  latifolia.  Graminée  vivace  très-ornementale  de 
Montevideo,  mise  cette  année  au  commerce  par  MM.  Courtois- 
Gérard  et  Pavard .  C'est  une  plante  très-vigoureuse  qui  peut 
atteindre  3  mètres  de  hauteur  dès  la  première  année  de  végé- 
tationj  son  feuillage  est  léger.  Plante  propre  à  isoler  par 
grosses  touffes  sur  les  pelouses. 

Solarium  lanceolatum.  Livré  à  la  pleine  terre  pendant  l'été, 
il  se  couvre  bientôt  de  nombreuses  panicules  de  fleurs  bleu 
lilacé. 

Solarium  robustum  aureum.  Grande  et  vigoureuse  espèce  à 
larges  feuilles  pubescentes  à  reflet  jaune  bronzé. 

Solarium  crinitipes.  A  grandes  feuilles,  longues  de  40centim., 
blanc  d'argent  en  dessous. 

Wigandia  mexicana.  Quoique  originaire  du  Mexique,  cette 
nouvelle  espèce  a  les  feuilles  plus  dures  et  plus  résistantes  que 
celles  de  ses  congénères . 


—  204  — 

Voici  maintenant  une  petite  liste  de  quelques  bonnes  nou- 
veautés de  plantes  annuelles. 
Capucine  naine  cœrulea  rosea. 
Clarkia  pulchella  marginata  à  fleurs  doubles. 
Collinsia  verna. 

Cosmos  bipinnatus  exaristatus  atropurpureus. 
OEnothera  Drummondinain  à  fleurs  blanches. 
Linaria  alpina. 

Mimulus  cupreus  hybride  fond  bîanc. 
Mufliers  nains. 

Pourpier  à  grandes  fleurs  doubles. 
Reine-Marguerite  anémone  magenta. 

—  —       imbriquée  rouge  foncé  demi-naine. 
Salpiglossis  Maurice,  Paul  et  Philippe. 

Thlaspi  blanc  très-nain. 

—  nain  lilas  (Vilmorin). 
Whitlavia  gloxinoides. 

Zinnia  élégant  double,  rose  nuancé  saumon. 

—  —       —     blanc. 

Nous  continuerons,  dans  le  prochain  numéro,  la  Revue  des 
autres  genres. 

Ern.  Bonard. 


LES  BOUTURES  DE  ROSIERS. 

C'est  pendant  les  mois  de  juin  et  juillet  qu'il  convient  de 
faire  les  boutures  de  Rosiers.  Une  condition  indispensable  de 
réussite  est  de  ne  détacher  que  les  boutures  dont  le  bois  est 
parfaitement  mûr,  ce  qui  a  lieu  ordinairement  après  l'épa- 
nouissement de  la  fleur  qui  termine  le  rameau.  Ces  boutures 
ayant  reçu  une  grande  somme  de  lumière,  on  ne  devra  pas  les 
ombrager  complètement,  mais  légèrement,  de  manière  que 


—  205  — 

les  rayons  solaires  leur  arrivent  comme  à  travers  un  tamis. 
Trop  de  lumière  les  fait  faner,  trop  d'ombre  leur  est  également 
nuisible.  La  provision  de  boutures  devra  être  faite   le  matin 
à  la  rosée.  Si  l'on  devait  les  cueillir  pendant  la  journée,  il  fau- 
drait immédiatement  les  envelopper  d'un  linge  mouillé.  La 
coupe  de  la  base  de  la  bouture,  au  moyen  d'un  instrument 
bien  tranchant,  est  faite  transversalement,  très-près  de  l'oeil 
inférieur.  La  bouture  sera  courte  sous  les  feuilles;  les  feuilles 
seront  coupées  de  façon  qu'il  ne  leur  reste  que  la  première 
paire  de  folioles,  excepté  la  supérieure  qui  en  aura  deux.  Les 
boutures  seront  placées  en  godet  ou  en  terre  mélangée  de  ter- 
reau ;  moins  elles  seront  enterrées,  plus  vite  elles  s'enracine- 
ront. Pour  maintenir  la  bouture  en  équilibre,  la   terre  doit 
être  un  peu  humide.  —  Le  baron  d'Avène,  président  de  la 
société  de  Meaux,  plante  ses  boutures  en  pleine  terre,  mélan- 
gée de  terreau  et  en  plein  soleil  ;  elles  sont   recouvertes  de 
cloches  blanchies  intérieurement.  Au  bout  de  quinze  jours  ou 
trois  semaines,  les  boutures  sont  enracinées.  Il  profite  d'un  jour 
sombre  pour  les  bassiner  et  arracher  l'herbe  qui  peut  avoir 
poussé  ;  puis  il  les  recouvre,  pour  ne  plus  s'en  occuper  jusqu'au 
mois  de  septembre,  où  il  commence  à  aérer  par  les  temps 
sombres. 

(Société  centr.  d'agr.  dllle-et-Vilaine.) 


PETITES  NOUVELLES. 

Fumier  de  tabac.  Cet  engrais,  qui  n'est  pas  très-connu,  et 
qui  n'est  pas,  conséquemment,  à  la  disposition  de  tout  le 
monde,  possède  la  propriété  de  détruire  ou  d'éloigner  en- 
tièrement les  pucerons;  Ce  fumier  est  composé  de  tous  les 
résidus  de  feuilles  de  tabac  avariées,  de  poussier  et  de  débris 
dénaturés  au  moyen  d'agents  chimiques.   MM.  Simon  frères, 


—   206  — 

de  Metz,  en  ont  obtenu  de  très-bons  résultats;  ils  conseillent 
aux  jardiniers  qui  se  livrent  à  la  culture  des  Choux,  Choux- 
fleurs,  Radis  ou  autres  plantes  sujettes  à  être  attaquées  par  les 
pucerons,  et  qui  ne  pourraient  pas  se  procurer  de  ce  fumier 
de  tabac,  d'arroser  les  engrais  dont  ils  se  servent  habituelle- 
ment, avec  du  jus  de  tabac  qu'on  obtient  facilement  dans 
toutes  les  manufactures  de  l'État. 

Nouveau  sujet  pour  greffer  les  Rosiers.  D'après  Y  Annuaire 
de  la  Société  nantaise,  M.  Lalande  jeune  remplacerait  avan- 
tageusement l'églantier  qui  devient  rare,  par  une  espèce  de 
Rosier  multifiore  nommée  Rosier  de  la  Grifferaie.  Ce  Rosier  se 
multiplie  avec  une  extrême  facilité  par  boutures.  Vers  le  mois 
de  février  de  l'année  qui  suit  la  reprise  des  boutures,  M.  Lalande 
les  coupe  à  raz  de  terre  ;  il  sort  alors  une  multitude  de  branches  ; 
on  choisit  la  plus  belle  pour  faire  la  tige,  et  il  supprime  toutes 
les  autres.  Lorsque  cette  tige  a  atteint  à  1  mètre  de  hauteur, 
il  la  pince  pour  provoquer  le  développement  des  ramifications 
sur  lesquelles,  au  mois  de  juillet,  il  pose  ses  écussons.  Le  Ro- 
sier de  la  Grifferaie  ne  donne  pas  de  gourmands  comme 
l'églantier,  paraît-il;  sa  rusticité  est  plus  grande,  et  il  est  in- 
sensible à  la  sécheresse  et  aux  influences  atmosphériques. 


OBSERVATIONS  SUR  LA  TAILLE   ET  LA  CULTURE 
DES  MELONS. 

Dans  le  numéro  de  novembre  dernier,  dans  un  article  sur  la 
taille  du  Melon,  je  dis  qu'on  ne  doit  faire  cette  taille  qu'une 
fois  sur  la  tige  au-dessus  de  la  deuxième  feuille.  Une  faudrait 
pas  conclure  de  cela  que  je  suis  adversaire  de  la  taille.  Je 
crois  au  contraire  que  la  taille  est  nécessaire  pour  les  Melons 
de  première  saison,  semés  en  décembre  et  janvier,  parce  que 
les  variétés  cultivées  alors  ne  sont  pas  les  mêmes  que  celles 


—  207   — 

qui  sont  semées  plus  tard.  Il  est  bon  de  simplifier,  mais  il  ne 
faut  pas  abandonner  les  Melons  de  première  saison  à  eux- 
mêmes,  comme  font  certains  jardiniers  qui  éprouvent  ainsi  un 
retard  de  15  jours  dans  la  maturité,  et  qui  obtiennent  des 
fruits  moins  gros  que  ceux  provenant  de  pieds  auxquels  on  a 
appliqué  la  taille. 

Entre  les  deux  extrêmes, — ne  pas  tailler,  ou  tailler  trop, — 
il  y  a  un  juste  milieu;  c'est  lui  que  je  me  propose  de  faire 
connaître  aujourd'hui  d'après  les  avis  de  quelques-uns  de  mes 
confrères  et  les  remarques  que  j'ai  faites  en  pratiquant  toutes 
les  méthodes  préconisées. 

Mais  d'abord  quelques  mots  sur  la  culture. 

Les  premiers  semis  doivent  être  faits  en  novembre  et  dé- 
cembre; ceux  de  novembre  donnent  leurs  fruits  à  la  fin  de  mars 
et  premiers  jours  d'avril;  ceux  de  décembre  en  produisent  à 
la  fin  d'avril.  Mais  il  ne  faut  compter  sur  les  succès  des 
semis  de  novembre  qu'autant  qu'on  emploiera  un  chauffage 
autre  que  le  fumier  ;  un  appareil  comme  le  termosiphon  est 
indispensable  pour  affronter  les  mauvais  temps  des  deux  der- 
niers mois  de  Tannée. 

Les  semis  de  décembre  se  font  du  20  au  25,  sur  une  couche 
de  fumier  neuf  mélangé  avec  du  vieux  ou  des  feuilles  pour 
éviter  les  coups  de  feu,  et  haute  de  60  centimètres  ;  on  peut 
en  obtenir  une  chaleur  de  32  à  35  degrés:  Ce  n'est  qu'au 
bout  de  cinq  ou  six  jours,  quand  la  chaleur  de  la  couche  est 
descendue  à  50-  degrés,  qu'on  doit  faire  son  semis. 

On  charge  la  couche  avec  de  la  bonne  terre  de  jardin  légère 
ou  de  la  terre  de  pré  additionnée  d'un  tiers  de  bon  terreau. 

Pour  cette  première  saison,  on  choisit  préférablement  le 
Cantaloup  dit  de  vingt  jours  ;  quelques  jardiniers  préfèrent  le 
Prescott  à  fond  vert,  ou  le  petit  Prescott;  mais  je  donne  la  pré- 
férence au  Cantaloup,  qui  est  de  grosseur  moyenne  et  plus  pré- 
coce. 


—  208  — 

Pour  garantir  les  graines  de  la  voracité  des  Mulots,  on  en- 
cadre pour  ainsi  dire  ses  semis  avec  quatre  bandes  de  verre  et 
on  les  couvre  avec  un  morceau  de  carreau  de  vitre  ;  c'est  une 
précaution  qui  n'est  pas  du  tout  inutile.  Ainsi  semées  les 
graines  germent  au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours  ;  huit  ou  dix 
jours  après  la  germination,  le  plant  devra  être  levé  et  rempoté 
dans  des  pots  de  10  à  12  centimètres,  remplis  avec  de  la  terre 
du  semis  ;  on  aura  soin  d'enterrer  chaque  plant  jusqu'à  la 
naissance  des  deux  cotylédons,  et  on  le  replacera  sous  châssis 
le  plus  près  possible  des  vitres,  pour  faciliter  la  reprise  et  évi- 
ter Fétiolement;  suivant  le  besoin,  on  recouvre  avec  des  paillas- 
sons, on  remanie  les  réchauds,  ou  bien  on  place  son  plant 
sur  une  nouvelle  couche  ;  dans  tous  les  cas,  la  chaleur  de  fond 
doit  être  de  18  à  20  degrés. 

Aussitôt  que  les  plantes  ont  poussé  leur  troisième  feuille, 
on  les  pince  au-dessus  de  la  deuxième  feuille  pour  'obtenir 
deux  branches  ;  tous  les  jardiniers  sont  d'accord  sur  cette  pre- 
mière opération.  Il  y  en  a  toutefois  qui  attendent  pour.étêter, 
—  comme  on  dit  en  terme  du  métier,  —  que  les  plantes  soient 
mises  en  place,  et  quand  elles  ont  quatre  ou  cinq  feuilles  ; 
mais  alors  cette  suppression  de  deux  ou  trois  feuilles  détermine 
une  certaine  perturbation  qui  arrête  un  moment  la  végétation 
Nous  préférons  le  pincement  sur  les  sujets  en  pépinières,  à 
leur  troisième  feuille,  pour  éviter  cet  arrêt  et  pour  permettre 
à  la  plaie  de  se  cicatriser  plus  facilement. 

La  mise  en  place,  pour  le  plant  provenant  du  semis  fin  dé- 
cembre, s'effectue  du  10  au  20  février. 

La  couche  qui  doit  recevoir  le  plant  ainsi  préparé  sera  faite 
d'un  mélange  moitié  fumier  neuf,  un  quart  fumier  vieux  et  un 
quart  de  feuilles  sèches,  le  tout  bien  mélangé.  Avec  une  couche 
ainsi  composée,  haute  de  60  à  70  cent,  et  bien  foulée,  on 
obtient,  cinq  ou  six  jours  après  son  établissement,  une  chaleur 
de  30  à  32  degrés,  qui  durera  très-longtemps,  et  c'est  là  l'im- 


—  209  — 

portant.  On  place  ensuite  les  coffres  ;  on  charge  la  couche  de 
terre,  comme  pour  le  semis,  sur  une  épaisseur  de  20  cent .  C'est 
quand  cette  terre  est  échauffée  par  la  couche  que  se  fait  la 
plantation,  à  raison  de  trois  pieds  par  panneau  ;  après  le  bas- 
sinage  d'usage  pour  faciliter  la  reprise,  on  n'a  plus,  jusqu'au 
moment  de  la  deuxième  taille,  qu'à  couvrir  pour  garantir  du 
froid,  et  donner  de  l'air  par  le  beau  temps  quand  la  chaleur 
du  châssis  dépasse  30  degrés,  ou  refaire  les  réchauds  si  la 
température  de  la  couche  baisse. 

Une  autre  méthode,  plus  vicieuse  encore,  est  celle  qui  con- 
siste à  attendre  trop  longtemps  pour  faire  la  taille,  Ainsi,  par 
exemple,  certains  jardiniers  n'opèrent  la  taille  au-dessus  de  la 
4e  feuille  que  quand  la  branche  en  a  6;  c'est  épuiser  la  plante 
inutilement,  et  cette  suppression  arrête  un  instant  le  cours  ré* 
gulier  de  la  sève  qui  se  trouve  refoulée  jusqu'au  moment  où 
les  yeux  des  feuilles  supérieures  commencent  à  se  développer. 
En  pinçant  au  contraire  aussitôt  que  la  cinquième  feuille  ap- 
paraît,- les  yeux  se  développent  de  suite  et  la  marche  de  la 
sève  n'éprouve  pas,  ou  que  peu,  de  mouvement  d'arrêt. 

Mais,  dira-t-on,  quand  on  ne  taille  pas  du  tout  les  Melons, 
n'obtient-on  pas  des  fruits  aussitôt  et  aussi  gros  que  sur  les 
pieds  qui  sont  taillés?  , 

J'ai  travaillé  avec  des  maîtres  qui  ne  taillaient  pas  les  Me- 
lons de  première  saison;  j'ai  travaillé  aussi  avec  d'autres  qui 
pratiquaient  l'ancienne  méthode  de  taille  dont  je  viens  de  par- 
ler, et  enfin  j'ai  vu  pratiquer  par  quelques  autres  la  nouvelle 
méthode  que  j'ai  décrite  en  premier  lieu.  Voici  le  résultat  de 
mes  observations  : 

Les  pieds  de  Melons  qui  ne  sont  pas  taillés  après  l'étête- 
ment  mûrissent  leurs  fruits  de  1 5  jours  à  3  semaines  plus  tard , 
que  ceux  semés  à  la  même  époque  et  qui  sont  soumis  à  la  nou- 
velle taille  que  j'ai  décrite,  et  cela  se  comprend.  Sur  les  sujets 
non  taillés,  les  branches  fruitières  mettent  plus  de  temps  à  sor- 

Mllet  4  869.  44      -, 


—  210  — 

tir,  et  quand  les  fruits  commencent  à  nouer,  la  plante  est  par- 
venue aux  deux  tiers  de  sa  végétation;  sa  vigueur  est  épuisée 
en  production  inutile,  les  fruits  ne  peuvent  acquérir  qu'un  faible 
développement,  quelques-uns  cependant  deviennent  gros  et 
mûrissent  de  bonne  heure  ;  mais  ils  proviennent  de  fleurs  qui 
ont  noué  sur  les  premières  branches,  et  c'est  une  exception. 

Pour  faire  la  seconde  taille,  on  attend  que  les  2  branches 
sorties  du  premier  pincement  aient  développé  chacune  leur 
sixième  feuille;  on  taille  alors  au-dessus  de  la  cinquième. 
Aussitôt  après  cette  opération,  on  étend  du  paillis  sur  toute  la 
surface  de  la  terre  du  châssis. 

De  la  seconde  taille  sont  sorties  de  chaque  branche  4  ou  5 
nouvelles  ramifications  qui  seront  taillées  à  leur  tour  au  des- 
sus de  la  4°  feuille .  Au  fur  et  à  mesure  que  toutes  ces  branches 
s'allongent,  on  les  étale  autour  du  pied,  aussi  régulièrement 
que  possible,  pour  qu'elles  ne  se  croisent  pas,  et  ne  fassent  pas 
confusion . 

A  ce  moment,  on  voit,  sur  les  branches  de  la  seconde  taille, 
quelques  fausses  fleurs  (fleurs  mâles)  et  parfois  quelques  mailles 
(fleurs  femelles)  ;  mais  ce  n'est  que  sur  les  branches  de  la  3e 
taille  que  les  mailles  se  montrent  en  quantité  suffisante  pour 
faire  un  choix.  On  ne  laisse  d'abord  qu'une  seule  maille  sur 
chaque  pied  ;  mais  quand  son  fruit  aura  atteint  les  deux  tiers 
de  sa  grosseur,  on  pourra  en  laisser  une  seconde  en  choisissant 
celle  qui  offre  le  plus  d'avantage  pour  la  production  d'un  beau 
fruit. 

On  reconnaît  qu'une  maille  est  disposée  à  produire  un  beau 
Melon  à  la  rapidité  de  sa  croissance,  à  sa  couleur  d'un  vert 
clair  et  frais  ;  quant  à  la  forme,  si  le  bout  qui  tient  à  la  queue 
est  plus  petit  que  l'autre,  c'est  un  mauvais  signe;  au  contraire, 
lorsque  le  bout  qui  tient  à  la  queue  est  plus  gros,  on  est  assuré 
d'avoir  un  beau  Melon.  Mais  pour  arrêter  la  maille,  du  autre- 
ment dit  pour  assurer  son  développement,  une  4e  taille  est  né- 


—  211   — 

cessaire  ;  on  taille  donc  à  un  œil  au-dessus  de  la  maille  pour 
obtenir  un  rameau  d'appel  qui  assure  la  subsistance  du  nou- 
veau fruit. 

Après  cette  4e  taille,  on  laisse  pousser  librement  les  Melons, 
sans  plus  rien  pincer .  Les  seuls  soins  à  donner  sont  les  arr 
rosements  et  l'aération  chaque  fois  que  l'un  ou  l'autre  est  né- 
cessaire. 

Les  melonnières  de  la  fin  de  décembre  traitées  ainsi  doivent 
donner  leurs  premiers  fruits  —  si  ie 'temps  n'a  pas  été  trop 
mauvais  —  du  20  au  30  avril . 

La  deuxième  saison  doit  être  commencée  du  20  au  25  jan- 
vier. On  peut  prendre  cette  lois  le  Cantaloup  gros  fond  blanc, 
une  des  meilleures  variétés  pour  toute  l'année,  excepté  pour  la 
première  saison,  parce  qu'il  n'est  pas  aussi  hâtif  que  le  Canta- 
loup des  28  jours.  Les  soins  de  culture  sont  les  mûmes  que 
ceux  indiqués  pour  la  première  saison  ;  la  taille  seule  diffère. 

Après  l'étêtement  ou  la  première  taille  au-dessus  de  la 
2e  feuille,  on  pince  les  deux  premières  branches  au-dessus  de 
la  6e  feuille,  et  toutes  les  ramifications  qui  oroviennent  de  cette 
seconde  taille  sont  pincées  au-dessus  de  la  6e  ou  7e  feuille.  La 
taille  des  Melons  de  seconde  saison ,  et  de  toutes  celles  fanes 
sous  châssis  qui  peuvent  suivre,  s'arrête  lu.  Comme  cette  va- 
riété est  plus  vigoureuse  que  les  autres,  il  ne  faut  planter  que 
-deux  pieds  par  châssis;  on  arrêtera  la  maille  aussitôt  qu'on 
en  trouvera debien  conformées,  en  pinçantau-dessus,  ainsi  qu'il 
a  été  dit  plus  haut. 

Telle  est  la  meilleure  méthode  de  culture  des  Melons  cul- 
tivés sous  châssis,  et  il  est  facile  de  démontrer  sa  supériorité 
sur  toutes  les  autres . 

D'après  la  vieille  méthode,  on  pince,  après  la  4e  taille,  non- 
seulement  toutes  les  branches  fruitières  au-dessus  de  la  maille, 
mais  encore  toutes  les  branches  qui  se  développent  à  la  suite 
de  cette  taille  à  2  feuilles,  supprimant  ainsi  toutes  les  ramifica- 


—  212  

tions  sans  fruits,  qui,  dit-on,  enlèvent  une  grande  partie  de  la 
sève  au  détriment  de  la  fructification.  Mais  cette  pratique  est 
tout  à  fait  contraire  à  la  loi  de  la  nature;  car  il  est  bien  cer- 
tain que  cette  suppression  est  une  sorte  de  mutilation  qui 
jette  la  perturbation  dans  la  circulation  des  sucs  nourriciers,  et 
entrave  la  végétation;  naturellement  les  fruits  souffrent  et  ne 
peuvent  acquérir  tout  leur  développement. 

La  taille  est  donc  nécessaire  pour  les  Melons  de  première 
saison,  principalement  pour  les  variétés  Cantaloup  des  28 
jours,  Petit  Prescott,  Prescott  fond  vert,  noir  des  Carmes. 
Cantaloup  petit  fond  blanc,  etc.,  et  on  doit  les  tailler  jusqu'au 
moment  où  les  fruits  sont  noués  ;  on  peut  ensuite  les  laisser 
pousser  librement.  Et,  je  le  repète,  les  tailles  doivent  être  faites 
aussitôt  qu'on  pourra  couper  l'extrémité  des  branches,  sans 
nuire  à  la  feuille  au-dessus  de  laquelle  on  doit  tailler,  afin 
d'entraver  le  moins  possible  la  marche  régulière  de  la  végé- 
tation. 

En  résumé,  il  faut  tailler  les  premières  saisons  d'hiver  pour 
avoir  le  fruit  le  plus  tôt  possible,  et  les  laisser  pousser  librement 
aussitôt  que  les  fruits  sont  noués  ;  tailler  moins  les  2%  3e  et  48 
saisons  cultivées  sous  châssis,  parce  que,  à  l'époque  où  elles 
sont  faites,  le  soleil  est  plus  chaud,  la  lumière  plus  vive,  et 
que  les  fruits  nouent  plus  facilement  ;  laisser  pousser  libre- 
ment les  Melons  de  cloches,  ou  de  saison  d'été,  en  coupant 
seulement  à  la  bêche  les  bouts  des  branches  qui  envahissent 
les  sentiers.  Ainsi  faisant,  on  est  assuré  de  récolter  toujours 
de  beaux  et  bons  Melons. 

Louis,  dit  Camperat. 


—  213  — 

OBSERVATIONS  CRITIQUES  SUR  L'ORIGINE  DES  PLANTES 
DOMESTIQUES. 

3e  article  :  de  la  sélection. 

C'est  pour  arriver  à  ce  plus  haut  degré  de  perfectionnement 
que  le  cultivateur  a  imaginé  la  sélection  ;  opération  par  la- 
quelle on  choisit,  pour  reproducteur,  les  graines  sur  les  indivi- 
dus qui  possèdent  les  qualités  qu'on  recherche  le  plus  déve- 
loppées. Cette  sélection  est  la  conséquence  naturelle  de  ce 
principe,  qui  fait  partie  des  doctrines  de  Lamark  sur  la  transfor- 
mation de  l'espèce  :  que,  <r.  tout  ce  qui  a  été  acquis,  tracé  ou 
changé  dans  l'organisation  des  individus,  pendant  le  cours  de 
leur  vie,  est  conservé  par  la#génération  et  transmis  aux  nou- 
veaux individus  qui  proviennent  de  ceux  qui  ont  éprouvé  ces 
changements.  » 

Mais,  d'après  les  partisans  de  cette  opération,  la  sélection 
n'a  pas  seulement  pour  but  de  conserver  et  de  perpétuer  ce  qui 
a  été  changé  et  acquis  dans  l'organisation  d'un  individu,  elle 
augmenterait  encore  les  moindres  modifications  au  point  de 
produire  les  changements  les  plus  frappants  des  types  nou- 
veaux. Pour  opérer  cette  transformation,  de  Lamark  fait  tou- 
jours intervenir,  très-prudemment,  le  temps  et  un  nombre  très- 
considérable  mais  indéterminé  de  générations  ;  les  sélecteurs 
modernes  ont  la  prétention  de  produire  des  modifications  ra- 
dicales d'un  type  spécifique  sauvage  en  quatre  générations 
seulement. 

Il  est  inutile  de  faire  ressortir  les  conséquences  d'un  pareil 
principe;  chacun  voit  de  suite  ce  qu'il  y  a  d'exagéré,  de  faux 
même,  dans  cette  fameuse  doctrine  de  la  mutabilité  et  de  la 
perfectibilité  de  l'espèce  par  sélection.  C'est,  en  effet,  la  pro- 
clamation du  progrès  indéfini,  du  perfectionnement  sans  fin  : 
c'est  le   petit  Radis  rose  acquérant  le  volume  d'une  Bet- 


—  214  — 

terave  colossale;  la  douce  Cerise  prenant  les  proportions 
du  roi  des  Potirons,  et  l'humble  Pâquerette  dépassant  les 
dimensions  du  plus  gigantesque  Tournesol.  L'imagination  peut 
enfanter  toutes  ces  conceptions  ;  mais  le  simple  bon  sens  les 
range  parmi  celles  qu'on  ne  prend  même  pas  la  peine  de  com- 
battre. 

L'histoire  des  peuples  et  les  pratiques  culturales  sont  là  du 
reste  pour  démontrer  l'erreur  dans  laquelle  sont  tombés  les 
partisans  de  la  sélection  ainsi  entendue.  Tout  en  ce  monde  a 
des  limites,  aussi  bien  l'intelligence  humaine  que  le  volume 
d'une  racine  ou  d'un  fruit.  La  nature  n'a  rien  laissé  à  l'arbi- 
traire des  hommes.  En  histoire  naturelle,  elle  a  marqué  les 
deux  extrêmes  opposés  de  la  variation  de  chaque  espèce,  et 
l'homme,  avec  tout  son  génie,  ne  peut  changer  ni  son  point 
de  départ  ni  son  point  d'arrivée.  Deux  êtres  du  plus  grand 
esprit  et  d'une  extrême  beauté  pourront  s'unir  pour  créer  de 
beaux  enfants  spirituels,  et  n'obtiendront  que  des  individus  dif- 
formes et  idiots  :  le  monde  civilisé  est  plein  de  ces  exemples.  Le 
jardinier  pourra  choisir  les  graines  des  plus  volumineuses  Ca- 
rottes pour  en  obtenir  de  plus  grosses  encore,  qu'il  verra  la 
moitié  de  son  plant  retourné  au  type  sauvage,  ou  ne  lui  don- 
ner que  des  racines  de  médiocre  grosseur  ;  le  cultivateur  peut 
en  fournir  de  nombreuses  preuves. 

La  sélection  n'a  point  d'action  directe  dans  la  transforma- 
tion d'une  plante;  le  rôle  modificateur  qu'on  lui  attribue  est 
encore  une  de  ces  fictions  comme  il  y  en  a  tant  dans  les  œuvres 
philosophiques  de  Darwin. 

Dans  le  silence  du  cabinet,  l'application  de  ce  principe  est 
facile,  et  les  résultats  sont  toujours  merveilleux  ;  mais  lors- 
qu'on l'applique  au  sol  même,  l'homme  est  bientôt  obligé  de 
reconnaître  qu'il  poursuit  une  chimère.  Riem,  en  effet,  dans 
l'histoire  des  sciences  naturelles  et  agricoles  n'autorise  à  poser 
en  principe  :  que  les  êtres  nouveaux  sont  toujours  plus  parfaits 


—  215  — 

que  leurs  parents.  C'est  ce  principe  pourtant  que  les  parti- 
sans de  la  progression  sélective  établissent,  en  reconnaissant 
que,  par  sélection  et  semis  successifs,  on  parvient  à  modifier,  à 
améliorer  les  types  sauvages  pour  en  obtenir  de  belles  et 
bonnes  races  domestiques. 

L'homme  est  toujours  exagéré  dans  ses  inspirations.  Si  la 
sélection  avait  une  telle  puissance,  le  monde  ne  tarderait  pas  à 
être  bouleversé  de  fond  en  comble  ;  et,  en  horticulture,  nous 
verrions  se  produire,  en  peu  d'années,  ce  que  les  jardiniers 
cherchent  depuis  si  longtemps,  la  Rose  bleue,  le  Dahlia  bleu, 
la  Tulipe  noire,  et  tant  d'autres  chimères  sur  lesquelles  viennent 
constamment  se  briser  et  s'anéantir  toutes  les  plus  hautes  in- 
telligences horticoles.  Ceux  qui  acceptent  ce  principe   ont  dû 
certainement  se  demander  pourquoi  les  auteurs  des  Carottes  et 
des  Radis  sauvages  améliorés  se  sont  arrêtés  aux  résultats 
de  la  quatrième  génération.  En  poursuivant  leurs  recherches, 
ils  auraient  pu  obtenir  d'autres  variétés  plus  grosses  encore, 
voire  même  des  Carottes  et  des  Radis  bleus,  puisqu'ils  avaient 
l'un  et  l'autre  trouvé  des  racines  violettes;  il  suffisait  de  quel- 
ques années  seulement  pour  opérer,  par  sélection,  l'élimination 
de  la  couleur  rouge  qui  entre  dans  la  composition  de  la  cou- 
leur violette,  et  ils  parvenaient  à  en  fixer  le  bleu.  Mais  il 
semble,  d'aprèsles  récits  des  auteurs  de  ces  plantes  améliorées, 
que  la  quatrième  génération  est  le  terme  de  l'action  sélective  ; 
tous  deux  du  moins  se  sont  arrêtés  là.  Sur  la  cinquième  et 
les  suivantes,  die  n'aurait  donc  plus  rien  de  progressif;  elle 
deviendrait  purement  et  simplement  ce  qu'elle  est  en  réalité  : 
conservatrice  de  certaines  modifications  accidentelles  ou,  au- 
trement dit,  dues  au  hasard! 

Dans  la  recherche  du  mieux,  par  semis  successifs  sans  le  se- 
cours de  l'hybridation,  la  sélection  n'a  pas  d'autre  rôle  à  rem- 
plir ;  elle  ne  peut  pas  en  remplir  un  autre  :  autrement  l'homme, 
en  possession  de  cette  arme,  détruirait  aussitôt  l'harmonie  su- 


—  216  — 

blime  de  la  création,  porterait  le  trouble  dans  l'existence  des 
êtres,  et  jetterait  la  confusion  parmi  eux.  Et  il  ne  faudrait  pas 
les  milliers  de  siècles,  que  font  intervenir  les  sages  et  prudents 
partisans  de  la  transmutation,  pour  produire  ce  désordre;  quel- 
ques années  suffiraient;  chaque  génération  d'hommes  pourrait 
en  constater  les  effets,  et  ce  ne  serait  plus  à  force  d'érudition, 
par  induction,  hypothèse,  ou  sur  quelques  faits  isolés,  ex- 
ceptionnels et  accidentels,  qu'on  soutiendrait  la  théorie  de  cette 
transformation  successive  des  êtres  ;  elle  se  trouverait  appuyée 
par  de  nombreux  et  incontestables  faits  vivants.  Aujourd'hui 
si  nous  mettions  dans  les  plateaux  d'une  même  balance, 
d'un  côtelés  arguments  et  les  témoignages  en  faveur  de  cette 
théorie,  et  de  l'autre  tous  ceux  qui  conduisent  à  des  conclu- 
sions directement  opposées,  l'intervention  de  l'érudition  et  des 
hypothèses  serait  inutile  pour  décider  que  ce  sont  ces  derniers 
qui  l'emportent  ;  aussi  se  garde-t-on  de  les  mettre  en  ligne  et 
de  discuter  leur  valeur. 

Non,  la  sélection  par  les  semis,  sans  autre  artifice  que  le 
choix  des  graines,  n'est  pas  un  agent  direct  de  transformation  ; 
elle  est  simplement  l'amarre  qui  retient  plus  ou  moins  les  ca- 
ractères dominants  d'une  race  (limite  extrême  de  la  variation 
de  l'espèce)  et  qui  ne  sont  transmissibles  aux  êtres  des  géné- 
rations subséquentes  qu'à  cette  condition,  que  l'homme  s'op- 
sera  toujours  au  retour  naturel  vers  le  type  spécifique,  tant 
est  puissante  cette  force  aussi  mystérieuse  que  la  force  vitale 
et  en  vertu  de  laquelle  les  individus  nés  d'une  plante  qui  s'est 
écartée  du  type  normal  tendent  à  y  retourner,  en  reprenant  les 
caractères  des  ancêtres  antérieurs  au  père  direct,  c'est-à-dire 
les  caractères  des  individus  descendants  de  la  souche  origi- 
nelle. 

C'est  en  effet  par  la  sélection  qu'on  parvient  à  maintenir 
pures  et  à  conserver  toutes  les  races  de  végétaux  domestiques. 
Si  le  cultivateur  ne  choisissait  pas  ses  semences  sur  les  su- 


—  217  — 

jets  les  plus  parfaits,  nous  verrions  bientôt  ces  races  dis- 
paraître; car,  malgré  ces  soins,  il  se  trouve  toujours,  dans 
les  cultures,  des  individus,  en  plus  ou  moins  grand  nombre, 
qui  retournent  au  type  sauvage;  c'est  fréquent  chez  les  Ca- 
rottes, les  Choux,  etc.,  et  il  en  serait  de  même  pour  les  cé- 
réales, si  le  criblage  n'éliminait  pas  tous  les  grains  des  indi- 
vidus chétifs  et  abâtardis . 

Ce  n'est  pas  en  puisant  les  faits  dajis  les  catalogues,  souvent 
mensongers,  qu'on  peut  établir  en  histoire  naturelle  des 
théories  solides  et  durables.  Dans  une  question  aussi  abstraite 
que  celle  de  l'origine  des  races,  il  faut,  pour  l'éclairer,  puiser 
la  lumière  là  où  elle  est  réellement.  Ce  n'est  donc  pas,  comme 
font  la  plupart  des  naturalistes  philosophes,  dans  les  jardins 
et  les  basses-cours,  où  l'appât  du  gain  jette  souvent  un  voile 
épais  sur  l'origine  des  productions  qui  nous  occupent,  qu'il 
faut  l'aller  chercher;  ce  n'est  pas  davantage  dans  les  livres 
qui  ne  mentionnent  jamais  que  les  faits  à  la  convenance  des 
idées  professées  par  les  auteurs  trop  souvent  aveuglés  par  là 
passion.  C'est  dans  la  nature  qu'elle  se  trouve  ;  la  nature  seule 
peut  l'offrir  dans  toute  sa  pureté,  et  c'est  là  que  nous  la  pui- 
sons chaque  fois  que  nous  voulons  éclairer  les  esprits  sim- 
plement égarés.  Aussi  voyons-nous  toujours  les  choses  sous 
un  autre  jour  que  ceux  qui  emploient  la  lumière  artificielle, 
souvent  raffinée  et  détériorée  sous  la  puissante  action  du 
génie  humain. 

Si  Darwin,  qui  n'est  nullement  l'auteur  de  la  théorie  de  la 
transformation  des  êtres,  mais  simplement  le  promoteur, 
avait  plus  étudié  ce  grand  livre  de  la  nature  que  ceux  de  ses 
devanciers,  il  est  bien  certain  qu'il  n'aurait  pas  accepté,  aussi 
complètement,  les  idées  que  Benoit  de  Maillet  a  développées  le 
premier,  au  commencement  du  XVIII'  siècle,  dans  ses  Entretiens 
d'un  philosophe  indien,  Telliamed,  avec  un  missionnaire  fran- 
çais sur  la  diminution  de  la  mer.  Si,  au  lieu  de  s'en  rapporter 


—  218  — 

aux  hypothèses,  aux  probabilités  ou  aux  faits  avancés  par  de 
Lamark,   Etienne-Geoffroy  de  Saint-Hilaire,   Herbert,  Patrik 
Matthew,  et  tant  d'autres  écrivains  philosophes,  il  s'était  sin> 
plement  contenté  de  semer  une  planche  de  Carottes  ou  de 
Choux,  il  eût  eu  la  preuve  incontestable,  en  peu  d'années,  que 
l'espèce  existe  bien  réellement,  qu'elle  ne  se  transforme  pas, 
mais  qu'elle  est  variable  dans  des  limites  que  la  faiblesse  des 
organes  qui  régissent  notre  intelligence  ne  nous  permet  pas  de 
fixer.  Il  eût  vu,  en  semant  la  graine  d'une  Carotte  cultivée  — 
qui  s'éloigne  le  plus  dans  la  voie  du  perfectionnement  du 
type  normal  spécifique, —  que  tout  ce  qui  est  acquis  et  changé 
dans  l'organisation  des  individus,  comme  l'émet  de  Lamark 
dans  sa  Philosophie  zoologique,  ne  se  transmet  pas  toujours  aux 
nouveaux  individus  qui  proviennent  de  ceux  qui  ont  éprouvé 
ces  changements.  »  Il  eût  été  obligé  de  reconnaître,  en  voyant 
tant  d'individus  retourner  au  point  de  départ,  que  l'organi- 
sation ne  s'élève  pas  par  degré,  et  ne  se  perfectionne  pas  indéfi^- 
niment  pour  constituer  de  nouvelles  espèces,  mais  que,  bien 
au  contraire,  toutes  les  transformations  nouvelles  ou  variations 
opérées  sous  l'empire  d'agents  inconnus,  ou  d'après  la  loi  de 
la  variabilité  spécifique  déterminée  par  la  nature,  disparaissent 
à  un  moment  donné,  en  vertu  de  cette  puissance  que  nous 
appelons  hérédité,  et  qui  transmet  à  tout  individu  les  carac- 
tères plus  ou  moins  accentués  de  ses  premiers  parents,  c'est- 
à-dire  du  type  originel. 

L'action  de  la  sélection,  au  point  de  vue  de  la  déviation  et 
de  l'amélioration  des  plantes  alimentaires  et  ornementales  par 
graines  et  semis  successifs,  est  tout  à  fait  nulle;  elle  ne  joue 
aucun  rôle  dans  la  création  de  nos  races  domestiques.  Ses 
partisans  peuvent  s'en  convaincre, — s'ils  ne  sont  pas  déjà  con- 
vaincus, dans  leur  for  intérieur,  —  en  la  pratiquant  aussi  intel- 
ligemment que  possible  sur  le  Cerfeuil  bulbeux  et  sur  l'Igname 
de  la  Chine.  En  quatre  générations,  ils  devront  obtenir  du 


—  219  — 

premier,  —  relativement  à  ce  qui  a  été,  dit-on,  obtenu  de  la 
Carotte  et  du  Radis  sauvages,  —  des  racines  grosses  comme  la 
plus  grosse  Betterave.  S'ils  n'obtiennent  rien,  ils  seront  forcés 
de  se  rendre  à  l'évidence,  ou  de  recourir  à  ce  principe  échap- 
patoire des  partisans  systématiques  de  la  sélection  :  que  toutes 
les  espèces  ne  possèdent  pas  au  même  degré  le  don  de  varia- 
bilité; que  la  force  sélective  s'émousse  sur  leur  fixité  ! 

Au  point  de  vue  de  la  création  de  nouvelles  races,  par  le 
croisement  ou  hybridation,  le  rôle  de  la  sélection  est  incontes- 
table. En  vertu  du  principe  même  d'hérédité,  les  deux  parents 
choisis  pour  produire  un  nouvel  être  concourent,  par  la  con- 
vergence de  leurs  caractères  dominants,  à  créer  un  individu 
plus  parfait,  si  toutefois  la  somme  des  bonnes  qualités  ou  des 
caractères  qu'on  veut  faire  ressortir  dominent  chez  les  deux 
sujets  croisés.  Mais  ces  hybrides  sont  généralement  stériles 
quand  ils  sont  produits  par  l'accouplement  d'espèces  distinctes, 
et  alors  leur  durée  n'est  que  temporaire,  puisqu'on  ne  peut  les 
multiplier  que  par  greffe  ou  bouture;  ce  n'est  donc  pas  ce 
moyen  que  la  nature  peut  employer  pour  crééer  ces  nouvelles 
espèces  des  partisans  de  la  transmutation.  Quant  aux  croise- 
ments entre  variétés  d'une  même  espèce  et  qui  donnent  nais- 
sance à  des  individus  fertiles,  l'expérience  a  démontré  que,  chez 
ces  métis,  la  disjonction  des  caractères  dominants  des  deux 
parents  s'opère  très-rapidement  dans  la  propagation  par 
graines,  et  qu'à  la  troisième  ou  quatrième  génération  tous  les 
individus  ont  repris  les  caractères  les  uns  du  père,  les  autre» 
de  la  mère.  Ce  n'est  donc  pas  encore  par  ce  moyen  de  trans- 
mutation que  la  nature  a  pu  créer  toutes  les  espèces  végétales 
qui  ornent  aujourd'hui  notre  planète,  puisque  la  force  hérédi- 
taire poursuit  les  nouveau-nés,  et  finit  par  leur  faire  repren- 
dre les  caractères  typiques  de  l'un  ou  l'autre  des  deux  parents. 
Mais  c'est  ainsi  que  procède  le  jardinier  dans  la  création  de 
nouvelles  races.  Quand,  pour  satisfaire  à  un  besoin  ou  à  unca- 


—  220  — 

price,  il  veut  faire  produire,  à  une  espèce,  un  type  secondaire 
ou  race  quelconque,  il  choisit  deux  individus  qui  rappellent 
la  modification  qu'il  veut  réaliser,  et  les  croise  ;  parmi  les 
sujets  qui  proviennent  de  ce  premier  croisement,  il  choisit,  de 
nouveau,  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  du  type  idéal  qu'il 
a  conçu,  et  de  ce  choix,  de  ce  triage,  de  cette  sélection  enfin, 
poursuivie  pendant  un  certain  nombre  de  générations,  il  finit 
par  obtenir,  d'une  manière  plus  ou  moins  certaine,  ce  qu'il 
cherchait,  quand,  toutefois,  il  est  resté  sur  le  terrain  de  la 
flexibilité  de  variation  indiqué  par  la  nature;  car  jamais  il  ne 
modifiera,  par  exemple,  les  produits  de  la  Capucine  tubéreuse 
ou  de  YUlluco  en  croisant  ces  plantes  avec  la  Pomme  de  terre. 

Nous  nous  résumons  : 

La  sélection  n'est  pas  une  force  améliorante,  au  point  de  vue 
de  la  transformation  des  types  sauvages  par  semis  successifs  ; 
c'est,  si  l'on  veut,  un  simple  procédé  conservateur  qui  permet 
de  maintenir  les  races^  ou  variations  extrêmes  de  l'espèce,  en 
état  de  pureté,  en  éliminant,  à  chaque  génération,  tout  ce  qui 
n'offre  pas  le  caractère  dominant  de  la  race ,  ou  ce  qui  tend 
à  reprendre  les  formes  des  types  spécifiques. 

Dans  la  production  des  races  par  le  croisement,  la  sélection 
peut  être  considérée  comme  puissance  améliorante,  parce  que 
les  parents  transmettent  à  l'individu,  qui  doit  naître  de  leur 
union,  les  caractères  dominants  de  chacun  d'eux,  et,  qu'en 
conséquence,  cet  individu  peut  être  plus  parfait  que  ceux  qui 
ont  concouru  à  sa  création;  mais  cette  perfection  ne  peut  pas 
se  perpétuer  par  génération  naturelle,  c'est-à-dire  par  graine, 
puisque  la  disjonction  commence  dès  la  seconde  génération, 
et  que  la  descendance  reprend  aussitôt  la  ressemblance  des 
conjoints. 

Donc  :  la  plupart  de  nos  races  de  plantes  économiques  ne 
sont  pas  des  produits  nés  du  travail  d'homme,  et  sous  l'in- 
fluence de  la  culture.  Elles  proviennent  de  déviations  acci- 


221   — 

dentelles  d'individus  sauvages  ou  cultivés;  l'homme  n'a  fait 
que  les  fixer,  et  il  les  maintient  par  la  sélection. 

F.  Herinco. 

LA  NON-TAILLE  (1). 

Aucune  branche  de  l'horticulture  n'a  pris,  dans  ces  der- 
nières années,  un  développement  aussi  marquant  que  la  cul- 
ture des  arbres  fruitiers.  Ce  fait  s'est  produit  en  Belgique  sur- 
tout; grâce  à  la  sollicitude  du  gouvernement,  qui  est  intervenu 
pour  établir  dans  tous  le  pays  des  cours  publics  et  gratuits, 
grâce  aussi  à  l'activité  quelquefois  passionnée  déployée  par 
les  conférenciers  eux-mêmes.  Ceux-ci  ne  se  bornent  plus  à  pu- 
blier le  sommaire  de  leurs  leçons,  à  y  produire  des  idées  et 
des  pratiques  nouvelles  et  à  se  faire  ainsi  connaître  et  estimer 
même  à  l'étranger  ;  mais,  n'étant  pas  plus  que  les  médecins 
et  les  avocats  toujours  d'accord  sur  certains  points,  ils  exami- 
nent et  combattent  réciproquement  leurs  méthodes. 

Que  ces  discussions  soient  bienveillantes  ou  non,  il  est  cer- 
tain qu'en  fin  de  compte  il  en  résulte  quelque  chose  d'utile  pour 
la  science.  C'est  ce  qui  nous  engage  à  prendre  de  nouveau  la 
plume.  Nous  demeurerons  aussi  calme  que  possible,  car,  s'il 
est  vrai  de  dire  que  du  choc  des  idées  jaillit  la  lumière,  on  peut 
ajouter  que,  si  le  choc  est  trop  violent,  trop  rude,  la  lumière 
s'éteint  et  il  ne  reste  qu'une  fumée  qui  aveugle. 

Nous  allons  nous  occuper  d'une  question  de  taille.  Parlons- 
en  quelque  peu,  tandis  qu'il  en  est  encore  temps,  car  bientôt 
la  taille  sera  condamnée  à  l'oubli,  s'il  faut  en  croire  cette  nou- 
velle école  qui  se  forme  en  Belgique  et  qui  ne  rêve  que  non- 
taille.  Ce  système  étant  encore  considéré  comme  nouveau  ou 
tout  au  moins  n'étant  pas  connu  de  la  grande  majorité,  comp- 
ta Extrait  du  Bulletin  du  Cercle  prof ess .  pour  le  progrès  de  l'arboriculture 
en  Belgique. 


—  222  — 

tant  d'ailleurs  de  nombreux  adhérents,  parmi  lesquels,  nous 
le  reconnaissons,  quelques-uns  l'appliquent  avec  le  meilleur 
résultat,  nous  pensons  qu'il  ne  sera  pas  inopportun  de  nous 
y  arrêter.  Nous  dirons  d'abord  ce  qu'il  faut  entendre  par  non- 
taille;  nous  examinerons  ensuite  comment  on  l'applique  et  fina- 
lement nous  ferons  connaître  notre  opinion  sur  ce  procédé . 

Le  système  n'est  pas  nouveau  du  tout.  Il  existe  un  ouvrage 
intitulé  :  Recueil  de  mémoires  sur  la  végétation  des  arbres  frui- 
tiers, édité  à  Paris,  en  1815,  par  Dupetit-Thouars,  dans  lequel 
l'auteur  entre  dans  de  longs  développements  sur  la  non-taille 
suivie,  dès  i  806,  par  Sieulle,  jardinier  au  château  de  Praslin, 
près  de  Paris.  A  l'Exposition  universelle  de  1867  et  dans  les 
environs  de  la  capitale  de  la  France,  nous  trouvâmes  encore 
les  preuves  que  la  non-taille  y  était  connue  et  avait  été  sou- 
mise à  l'essai  depuis  longtemps.  Il n^n  était  pas  de  même  en 
Belgique.  Ici  l'attention  fut  d'abord  appelée  sur  cette  question 
par  notre  confrère  M.  Gillekens,  depuis  1867  directeur  de  l'E- 
cole d'horticulture  de  Vilvorde.  Il  fit  ses  premiers  essais  à 
Courcelles,  en  1863-64  et  65  et  obtint  les  plus  beaux  résultats. 
Encouragé  par  ceux-ci,  ii  n'a  point  cessé  depuis  lors  de  préco- 
niser la  non-taille,  dans  ses  écrits  comme  dans  ses  conféren- 
ces. Il  alla  tellement  loin,  que,  dans  son  livre  sur  la  taille, 
qui  parut  1866,  il  proposa  la  non-taille  exclusivement,  procla- 
mant ainsi  en  quelque  sorte  la  déchéance  de  l'ancien  système. 

Se  prononcer  d'une  façon  aussi  catégorique  nous  sembla 
dangereux  pour  l'avenir.  Aussi,  vers  la  fin  de  1866,  nous  écri- 
vîmes, dans  notre  Guide  arboricole,  page  249,  quelques  lignes 
sur  les  beaux  résultats  obtenus  par  la  non-taille,  tout  en  pré- 
munissant les  intéressés  contre  les  dangers  qui,  suivant  nous, 
accompagnent  ce  procédé. 

Voici  comment  nous  nous  exprimâmes. 

s....  Quant  à  la  non-taille  des  prolongements,  à  part 
les  cas  exceptionnels,  nous  n'avons  jamais  été  partisan  de  la 
taille  courte,  et  nous  ne  le  sommes  pas  encore;  mais  jamais 


—  223  — 

aussi  nous  n'aurions  osé  prescrire  la  non-taille.  Nous  ne  con- 
testions nullement  la  possibilité  de  faire  développer  les  yeux 
sur  toute  l'étendue  du  prolongement  non-taillé  ;  mais  nous  re- 
doutions qu'il  ne  fallût  des  soins  assidus  pour  y  réussir,  et 
que,  malgré  ces  soins,  les  productions  fruitières  inférieures  ne 
s'établissent  encore  trop  peu  solidement  pour  avoir  de  Pavé- 
nir.  Ce  que  nous  avons  pu  constater  chez  M.  Gillekens  est  de 
nature  à  nous  montrer  que  nos  craintes  étaient  au  moins  exa- 
gérées. Les  jeunes  arbres,  ainsi  que  les  vieux  dans  leurs  par- 
ties de  formation  récente,  ont  leurs  eoursonnes  régulièrement 
et  solidement  établies.  Reste  à  savoir  maintenant  si  cet  état  de 
choses  se  maintiendra,  car,  n'oublions  pas  de  le  dire,  nous 
avons  cru  remarquer  aussi  que  les  prolongements  diminuaient 
de  vigueur  d'année  en  année,  et  par-ci  par-là  n'étaient  guère 
plus  forts  que  les  rameaux  fruitiers  eux-mêmes,  de  sorte  que 
les  branches  charpentières  pourraient  bien  finir  par  se  couron- 
ner prématurément. 

ce  Quoi  qu'il  en  soit,  si  M.  Gillekens  a  obtenu  de  beaux 
résultats  par  ses  procédés  à  lui,  nous  pouvons  lui  montrer  des 
arbres  également  beaux  et  productifs,  formés  par  la  voie  ordi- 
naire. Continuons  donc  à  pratiquer  la  taille  rationnelle  suivie 
jusqu'ici,  et  ne  faisons  encore  que  des  essais  avec  la  non-taille. 
Si  celle-ci  est  réellement  préférable,  son  adoption  deviendra 
assez  vite  générale,  sans  qu'on  ait  besoin  de  l'imposer.  En  ar- 
boriculture, on  ne  saurait  être  absolu,  et  personne  ne  contes- 
tera qu'on  y  atteint  son  but  par  plus  d'un  moyen,  sans  qu'il 
soit  toujours  possible  de  préciser  lequel  des  deux  est  le  meil- 
leur. Dans  des  cas  pareils,  personne  n'a  donc  le  droit  de  dire  : 
&  Ce  que  vous  faites  est  mal,- ce  que  je  fais  est  seul  recomman- 
dable,  »  à  moins  que  le  pour  et  le  contre  ne  soient  démontrés 
par  une  longue  expérience  comparative.   » 

Van  Hulle. 

Jardinier  en  cliel  du  jardin  botanique  de  Gand. 

(A  continuer.) 


—    224  — 

Travaux  do  mois  d'Août* 


Potager.  Les  chaleurs  du  mois  d'août  nécessitent  de  copieux  arrosements  aux 
Choux-Fleurs,  Choux,  Cardons,  Céleri,  etc.  ;  les  Concombres,  Cornichons,  veu- 
lent aussi  des  bassinages  nombreux.  —  A  mesure  que  les  Artichauts  cessent 
de  produire,  il  faut  couper  immédiatement  les  tiges  au  niveau  du  sol,  en  fai- 
sant attention  de  ne  pas  endommager  les  œilletons  qui  commencent  à  se  déve- 
lopper. —  Toutes  les  Laitues  doivent  être  l'objet  d'une  attention  soutenue  de 
la  part  du  jardinier;  il  faut  lier  les  Laitues  et  les  Scaroles,  empailler  les  Car- 
dons et  Céleri  pour  les  faire  blanchir  selon  le  besoin  de  la  consommation; 
semer  de  la  Romaine  d'hiver,  de  la  Laitue  de  la  Passion,  qu'on  replante  sur 
rolière.  On  peut  encore  à  bonne  exposition,  semer  dans  les  premiers  jours  du 
mois,  des  Haricots  pour  récolter  en  vert,  pour  les  conserves  d'hiver;  mais  alors 
le  terreau  etles  arrosements  se  doivent  pas  manquer,  on  sème  aussi,  Radis  roses, 
Oignon  blanc,  Poireau,  Salsifis,  Scorzonères,  Épinards,  Cerfeuil,  Navet,  Mâches, 
Carottes,  Choux-Fleurs,  Choux  de  Milan,  Pommiers  hâtifs.  Si  on  veut  avoir  du 
plant  de  Fraisier  Quatre-Saisons,  il  faut,  dès  les  premiers  jours  du  mois,  laisser 
les  coulants  se  développer  librement,  on  les  paille  un  peu  pour  faciliter  l'émis- 
sion des  racines.  On  veillera  enfin  à  abattre,  avec  le  dos  d'un  râteau,  toutes  les 
tiges  d'Oignons  qui  seraient  restées  debout,  pour  que  la  sève  se  concentre  dans 
l'Oignon  et  en  augmente  le  volume. 

Jardin  fruitier.  Palisser,  ébourgeonner,  pincer,  sont  les  principaux  travaux 
à  opérer;  on  doit  avoir  soin  aussi  de  découvrir  les  fruits  qui  approchent  de  la 
maturité,  et  profiter  de  cette  opération  pour  visiter  les  branches  malades,  soit  par 
la  gomme,  le  chancre,  etc.  —  On  commence  la  greffe  à  œil  dormant,  à  mesure 
que  le  bois  sur  lequel  on  veut  pratiquer  est  parfaitement  aoûté. 

Jardin  d'agrément.  Les  travaux  de  ce  mois  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour 
l'entretien.  On  commence  à  greffer  les  Rosiers  en  écussonà  œil  dormant;  onsèvre 
les  Œillets  qu'on  aurait  marcotté  le  mois  précédent,  et  on  les  plante  dans  des 
pots  ou  en  pleine  terre.  11  faut  s'empresser  de  lever  et  mettre  en  place  les  plantes 
annuelles  d'automne  repiquées  en  pépinière,  telles  que  Reine-Marguerite  , 
Ralsamine  et  Rose  d'Inde,  etc.  On  sème  des  Quarantaines  pour  les  repi- 
quer en  pots  et  qu'on  abrite  pendant  l'hiver,  des  Giroflées  grosse  espèce,  Calcéo- 
laires,  Cinéraires,  Pensées,  Pelargonium,  Pivoines,  Renoncules,  etc. 

Serre.  Gomme  au  mois  de  juillet. 


Paris.  —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaud,  rue  Cassette,  9. 


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HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

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Par   le    Dr  BOISDUVAL. 

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LA    CULTURE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'niSTOIRE    DES    PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET   DES  LEGUMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  Mil  \  EAUX, 

PUBLIÉ   AVEC   LE   CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CHEF, 

ATTACHÉ     AU     MUSÉUM     «'HISTOIRE     NATURELLE    DE     PARIS, 

Collaborateur    dll     Manncl     des    Plantes,    des     figures    du   Bon     Jardinier, 
Ex-Rédacteur    principal   de  la    Société  £  horticulture  Je   la    Seine, 

Membre   bouoraire    et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'borticulture,   etc. 


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4869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  calnloques  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  nous  avons  reçu  un  exemplaire. 


Un  jardinier  ,  non  marié  {Suisse),  ayant  de  bonnes  recommandations  ,  de- 
mande une  place.  Il  est  employé  actuellement  dans  un  des  plus  grands  jardiru 
de  luxe  des  environs  de  Nice. 
Écrire  au  Bureau  du  Journal  les  initiales  L.  F. 


ÉTIQUETTES  DE  JARDINS. 

Rien  de  plus  commode  et  de  plus  durable  pour  les  étiquettes  de  j  ardins  que »  l'encre 
écrire  sur  le  zinc,  composée  par  M.  DUFOUR,  chimiste-photographe,  a  Dijon  (Cote-d  Or). 

Prix  du  flacon  :  1  franc. 

Cette  encre  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  du  rhum,  aussitôt  son  contact  avec  1 
rinc  irodSKécriluredu  plus  beau  noir.  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusieu 
anné's tns la  terreet  dans  lin,  sans  que  l'écriture .subisse .une  ^«^{^ 

T  pç  nombreuses  lettres  de  félicitations  adressées  a  M.  DUtUUR  sur  cet  excellent  pn 
duit  se TcSt  tins  les  jours.  MM.  les  Amateurs  désireraient  pouvoir  trouver  cet 
tl  re  dans  toutes  les  grandis  villes,  chez  les  marchands  de  produits  horticoles  ;  Us  pré* 
reraient  payer  25  cent,  et  même  50  cent,  en  plus  le  prix  du  flacon. 

MM  ta  Marchands  pourront  s'adresser,  pour  traiter,  a  M.  Dli*UUK,  cûimisie-pnoiogr 
phe àDijor! îl-uï ^peSflacon  d'échantillon  leur  sera  adressé  gratu  et  franco,  sur  d( 

^l^nces-dans  les  journaux  d'horticulture  feront  connaître  l'adresse  des  Ma: 
chands  où  les  Amateurs  pourront  se  pourvoir. 

Une  caisse  de  flacons  d'encre  à  écrire  sur  le  zinc  vient  d'être  expédiée  à  M.  Bonis  ™U101/TI 
horticulteur,  à  Gand.  -  MM.  les  Amateurs  et  Horticulteurs  de  la  Belgique  peuvent  s  y  adresser. 


DICTIONNAIRE    DE    P0M0L0GIE 

CONTENANT 

L'HISTOIRE,    LA   DESCRIPTION,   LA   FIGURE   DES   FRUITS   ANCIENS   ET   DES   FRUITS   MODERNES 

LES  PLUS   GÉNÉRALEMENT   CONNUS  ET   CULTIVÉS. 

Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France  ancien  présider 
du  CoJce  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Pans,  de  Londr  s 
des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  1  etrangei. 

2  volumes  grand  in  8° 
Tome  1er  A— C,  389  variétés, 
Tome   2e    D— Z,  526       — 

Prix:     broché,  ÎO  ffr.   le    volume, 

Soit  20  francs  pour  l'exemplaire  complet. 
L'ouvrage  est  terminé. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F-  Herinco,  Chronique.  —  Id.  €erclo  des  Agriculteurs. —  0.  Lesceyer,  Dalechampia 
Roezliana  (PI.  VIII).  —  Edg.  de  Martragny,  la  Nélaginellc  changeante.  —  Van-den- 
Noortgate,  Multiplication  du  Wigandia  caracassana.  —  F.  Hérincq,  Observations 
critique  sur  l'origine  des  variétés  :  La  Vipérine.  —  Erm.  Bonard,  fiantes  nouvelles. 
Martin  Pivemale,  le  Chou  de  Sclweinfnrlh.  —  M.  Robine,  Culture  de  l'abricotier  en 
contre-espalier.  —  Van  Hulle,  la  .\on-taillc  (suite).  —  F.  Hkrincû,  Dictionnaire 
de  Pomologie  de  André  Leroy.  —  X...  Travaux  du  mois  de  septembre. 


CHRONIQUE 

Les  petits  Pois  et  les  Roses  sous  Louis  XIV;  extrait  des  mémoires  d'Audiger, 
premier  limonadier  de  France.  Les  idées  propagées  par  les  professeurs  d'ar- 
boriculture et  les  sociétés-,  les  bonnes  Pommes  et  les  bonnes  Prunes.  Poire 
Duchesse  de  Mouchy.  Chauffage  et  architecte  en  présence  de  M.  Van  Houtte. 
Concours  d'appareils  de  chauffage  à  l'Exposition  de  1867  ;  projets  d'un  nou- 
veau concours.  La  Victoria  du  jardin  botanique  deGand;  dimension  extraor- 
dinaire de  ses  feuilles.  Expositions  des  Roses  à  Rrie-Comte-Robert,  à  Le- 
vallois,  à  Versailles  et  Sceaux.  Prix  et  primes  offerts  par  la  Société  d'hor- 
ticulture de  Hambourg  pour  son  exposition.  Un  communiqué  fantaisiste  au 
sujet  des  Canna  du  jardin  de  la  ville. 

0  progrès!  qu'as-tu  fait  depuis  le  règne  du  Roi-Soleil.  A 
chaque  instant  on  nous  parle  progrès  horticole  par -ci,  pro- 
grès horticole  par-là;  mais  franchement  je  ne  vois  pas  quel 
progrès  a  tant  fait  l'horticulture.  Quand  on  nous  offre  des  pe- 
tits Pois  au  mois  de  février,  et  des  Roses  pour  le  jour  de  l'an, 
on  nous  dit  :  «  Hein!  quel  immense  progrès,  quel  tour  de 
force!  »  Tour  de  force  pas  tant  que  ça;  il  y  a  longtemps  qu'on 
mange  des  petits  Pois  au  mois  de  janvier.  Ecoutez  plutôt  maître 
Audiger,  limonadier  de  Paris,  qui  a  écrit  ses  mémoires  comme 
l'illustre  bourgeois,  le  docteur  Verron  : 

«  En  passant  entre  Gennes  et  Florence,  dit-il,  ayant  vu  dans 
les  champs  de  fort  beaux  Pois  en  cosse,  et  approchant  de 
Gennes  en  ayant  encore  trouvé  d'incomparablement  plus 
beaux,  la  curiosité  me  porta  à  en  marchander  et  à  en  faire 
cueillir,  si  bien  que  les  paysans  à  qui  c'estoit  m'en  apportèrent 
deux  paniers  à  Gennes,  avec  quantité  de  boutons  de  Roses 

AOÙM869.  4  5 


—  2C26  — 
dont  tout  ïe  tour  de  leur  champ  estoit  garni.  Aussitôt  je  fis 
préparer  une  quaisse  et  les  y  accommoday  avec  de  certaines 
herbes  que  ces  païsans  m'avoient  apportées  pour  les  tenir  plus 
fraîchement,  et  avec  les  Roses  qui  n'estoient  pas  moins  cu- 
rieuses pour  la  saison.  Cela  fait,  je  repris  la  poste,  et  fis  ainsi 
apporter  la  quaisse  avec  moy  jusques  à  Paris,  où  f  arriva/y  le 
seizième  du  mesme  mois  de  janvier,  et  le  jeudy  ensuivant,  qui 
estoit  le  dix-huit,  j'eus  l'honneur  de  la  présenter  au  roy,  par 
le  moyen  de  monsieur  Bontemps,  premier  valet  de  chambre, 
qui,  pour  cet  effet,,  me  fit  la  grâce  de  me  mener  luy-mesme 
aux  vieux  Louvre  à  Paris.  » 

Maître  Audiger  parle  ensuite  de  la  scène  du  déballage  des 
Pois  devant  le  roi  entouré  d'une  foule  de  courtisans  et  de  Cespa- 
tementùe  tout  le  monde.  M.  le  comte  de  Soissons  alla  même 
jusqu'à  écosser  quelques  pois  devant  l'auguste  monarque. 
«  Sa  Majesté,  continue  le  limonadier,  ayant  eu  la  bonté  de 
témoigner  sa  satisfaction,  m'ordonna  de  porter  les  Pois  au 
sieur  Baudoin,  contrôleur  de  la  bouche,  et  de  luy  dire  d'en 
donner  pour  faire  un  petit  plat  pour  la  reine  mère,  un  pour 
M.  le  cardinal  Mazarin,  et  qu'on  lui  conservait  le  reste,  et  que 
Monsieur  en  mangerait  avec  elle.  )) 

A  cette  époque  Louis  XIV  veillait  comme  tous  les  monarques 
d'aujourd'hui  ,  avec  une  sollicitude  toute  particulière  sur 
l'horticulture  ;  mais  n'ayant  ni  croix  ni  médaille  à  sa  disposition, 
et  voulant  néanmoins  donner  une  preuve  non  équivoque  de  la 
'  protection  qu'il  accordait  aux  jardiniers  et  légumiers,  il  déféra 
à  maître  Audiger,  par  lettres  de  privilège,  le  titre  de  «  pre- 
mier limonadier  de  France  !  »  Si  des  sociétés  d'horticulture 
eussent  existé  à  cette  époque,  il  est  probable  que  Audiger  en 
aurait  reçu  une  médaille  en  or;  mais  il  n'en  existait  pas,  et  c'est 
peut-être  parce  que  les  sociétés  d'horticulture  n'existaient  pas 
que  les  cultivateurs  avaient  alors  des  petits  Pois  dans  leurs 
ohamps  dès  le  mois  de  janvier,  llestbien  certain  que  ces  sociétés 


ne  font  pas  toujours  la  lumière,  que  souvent  elles  propagent 
au  contraire  les  plus  graves  erreurs,  ou  tout  au  moins,  des 
renseignements  bien  naïfs.  Le  Verger,  journal  de  pomologie 
publié  par  M.  Mas,  président  de  la  Société  d'horticulture  de 
Bourges,  en  cite  un  nouveau  cas,  sous  le  titre  :  un  moment  cV at- 
tention. «  Les  bonnes  Pommes  sont  celles  qui  portent  le  nom 
de  Reinette...  .11  en  est  de  même  des  bonnes  Prunes  ;  elles  ne 
doivent  porter  d'autre  nom  que  celui  de  Reine  Claude.  s>  Ceci 
est  extrait,  dit  M.  Buchetet,  d'une  leçon  d'arboriculture  don- 
née dans  1' et  réimprimée  dans  le  journal  d'une  société. 

Que  va  dire,  ajoute-t-il,  le  Calville,  que  va  dire  hJefferson? 
et  que  vont  dire  aussi  ceux  qui  s'y  connaissent? 

Tout  le  monde  connaît  le  duc  de  Mouchy?  Il  parait  que  la 
Poire  dédiée  à  madame  la  duchesse,  sa  femme,  n'est  pas  fa- 
meuse. Voici  à  son  sujet  ce  que  dit  le  même  Verger  :  «.  Avez- 
vous  introduit  dans  votre  jardin  fruitier  quelques  pieds  du 
Poirier  Duchesse  de  Mouchy ?  —  Non.  —  En  avez- vous  du 
moins  fait  quelques  greffes  ? —  Non  plus —  allons,  tant  mieux.  » 
On  commence  donc  enfin  à  avoir  le  courage  de  son  opinion. 
Félicitations  à  M.  Buchetet. 

La  Flore  des  serres  se  permet  aussi  une  bonne  anecdote  ra- 
contée par  M.  Van  Houtte,  et  qui  nous  donne  joliment  raison 
à  l'endroit  des  architectes.  Écoutez-ceci  pour  votre  gouverne, 
amis  lecteurs  : 

«  Un  amateur,  escorté  de  son  architecte,,  dit  M.  Van  Houtte , 
vint  un  jour  nous  consulter.  Son  appareil  de  chauffage  ne 
marchait  pas.  Cet  architecte  émérite  en  déroula  le  plan  in 
extenso;  tout  le  parcours  du  tuyau  de  la  serre  y  figurait;  mais 
ce  tuyau  prenait  fin  à  l'extrémité  opposée  delà  chaudière  et  se 
terminait  là  par  un  superbe  vase  ! . .  L'eau  ne  pouvait  donc  s'en 
retourner  pour  se  réchauffer  à  la  chaudière  ;  l'appareil  ne  mar- 
chait donc  pas.  0  architecte  ! 

Boyei  plutôt  maçon,  si  c'est  votre  métier. 


—  228  — 

(r  Que  d'amateurs  confient  malheureusement  le  placement 
de  leurs  appareils  de  chauffage  à  des  massacreurs  qui  finissent 
par  les  abreuver  de  dégoûts.  »  — Bravo  aussi,  Monsieur  Van 
Houtte. 

Cet  article  me  remet  en  mémoire  le  concours  de  chauffage 
qui  a  eu  lieu  à  la  grande  Exposition  universelle  du  Champ- 
mars,  en  1867,  sous  les  auspices  de  la  Société  impériale 
et  centrale  d'horticulture  de  France  qui  avait  nommé  une 
commission.  Nous  avons  vu  fonctionner  les  appareils  et  la  com- 
mission; mais  quant  au  rapport  et  au  résultat,  les  exposants 
et  les  fabricants  sont  comme  nous  ;  ils  attendent  l'un  et  l'autre. 
Pourquoi  donc  garder  le  silence  sur  une  question  qui  intéresse 
si  vivement  l'horticulture? 

Si  nous  sommes  bien  informé  — qu'on  se  rassure  nous  n'al- 
lons pas  dire  le  pourquoi  du  silence  —  nous  voulons  dire 
seulement  que  cette  question  du  chauffage  est  revenue  encore 
sur  le  tapis  de  la  même  société.  Des  Commissions  d'horticul- 
teurs ont  été  nommées  pour  faire  un  programme  ;  des  Comités 
d'industriels  l'ont  changé  de  fond  en  comble  ;  de  nouvelles 
commissions  d'horticulteurs  ont  été  renommées  et  ont  repris 
le  premier  programme  ;  des  Comités  de  réindustriels,  l'ont  re- 
changé, et  ainsi  depuis  des  mois.  Quand  finira  ce  jeu  ?  Dans  cette 
affaire  de  chauffage,  quels  sont  les  intéressés'?  Ce  sont,  il  me 
semble^  les  horticulteurs  qui  depuis  longtemps  demandent  un 
bon  appareil,  pas  cher,  simple  et  chauffant  bien  ;  ils  savent  cer- 
tainement ce  qu'ils  demandent  et  ce  qu'il  leur  faut.  Ils  veulent 
un  appareil  pour  chauffer  les  serres,  et  non  une  chaudière  pour 
faire  chauffer  un  baquet  d'eau,  comme  le  prétend  le  Comité 
des  arts  industriels.  Mais,  en  supposant  une  entente  parfaite 
entre  commission  et  comité,  et  que  des  expériences  soient 
faites,  le  rapport  sera-t-il  lu  et  imprimé?  Cette  fois  ce  serait 
plus  que  dérisoire. 

Tous  les  journaux  reproduisent  à  l'envi  un  petit  entrefilet 


—  229  — 

du  Journal  de  Gand,  concernant  la  Victoria  regia,  de  cette 
nymphéacée  aux  feuilles  gigantesques  du  fleuve  Columbia,  et 
'  dont  la  culture  tend  à  disparaître  des  Aquariums  de  France. 
Nous  ne  pouvons  donc  nous  dispenser  de  la  reproduire  à  notre 
tour  :   La  voici  in  extenso  : 

«  Depuis  son  introduction,  la  Victoria  regia  a  toujours  pros- 
péré d'une  façon  extraordinaire  dans  notre  jardin  botanique  ; 
mais  jamais  elle  n'a  été  aussi  belle  que  cette  année -ci  et  sur- 
tout en  ce  moment  où  commence  sa  succession  de  fleurs.  En 
1867,  nous  avons  obtenu  le  premier  prix  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  Paris  avec  une  seule  fleur  et  une  seule  feuille  dé- 
tachées; cette  dernière  n'avait  cependant  que  deux  mètres 
20  centimètres  de  diamètre.  Cette  année,  cette  dimension, 
déjà  respectable,  est  de  beaucoup  surpassée.  En  effet  le  dia- 
mètre de  certaines  feuilles  a  atteint  jusqu'à  deux  mètres  76 
centimètres,  soit  une  circonférence  de  8  mètres  67  centimètres. 
Bien  des  fois  on  a  dit  que  ces  feuilles  supporteraient  le  poids 
d'un  enfant  —  on  le  prenait  pour  exagération  —  mais  leur 
résistance  est  autrement  grande  :  qu'on  en  juge.  Nous  venons 
de  déposer  des  briques  sur  une  feuille  ;  nous  avons  dû  arrêter 
le  chargement,  non  pas  quand  la  feuille  s'est  enfoncée  sous  le 
poids,  mais  quand  une  légère  déchirure  s'y  est  déclarée.  En 
faisant  peser  alors  ces  briques  nous  sommes  arrivés  à  114  ki- 
logrammes! Nous  disons  bien  cent  quatorze  kilogrammes,  d 

On  a  beaucoup  parlé,  en  effet,  du  poids  que  peut  supporter 
une  feuille  de  cette  Victoria.  La  première  fois  c'était  en  Angle- 
terre. Paxton,  fit  connaître  qu'on  avait  placé  sur  une  d'elles 
une  planche  et  qu'un  enfant  s'y  était  tenu  debout  sans 
la  faire  enfoncer.  On  trouvait  le  fait  merveilleux;  il  ne  l'était 
pas  cependant  autant  que  cela;  la  planche  seule,  sans  être  sur  la 
feuille,  aurait  tout  aussi  bien  supporté  le  jeune  Anglais.  Quant  à 
celle  de  la  Victoria  de  Gand  qui  a  2  m.  76  de  diamètre  et  qui 
a  porté  un  chargement  de  1 14  kilos,  on  ne  dit  pas  si  c'est  le 


—  230  — 

mètre  français  ou  belge.  Comme  la  Belgique  est  plus  petite  que 
la  France,  je  suppose  que  pour  les  poids  et  mesures  des  deux 
pays,  c'est  relatif  :  que  le  mètre  belge  est  plus  petit  que  le* 
mètre  français,  et  que  le  kilo  de  nos  voisins  est  tout  bonnement 
notre  livre?  Mais  les  Belges  n'avoueront  jamais  que  leur  kilo 
n'est  que  de  500  grammes.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  sommes 
heureux  de  voir  la  Victoria  prospérer  en  Belgique  ;  car  le  cli- 
mat de  la  France-  a  cessé,  dit-on,  d'être  favorable  à  son 
existence.  Après  cela,  ce  n'est  peut-être  qu'une  question 
d'antipathie;  le  Français  est  si  chauvin,  qu'il  est  bien  ca- 
pable d'anéantir  tout  ce  qui  rappelle  l'Angleterre. 

Certes,  je  ne  lui  en  fais  pas  un  crime  ;  mais  j'aimerais  autant 
qu'il  soit  moins  chauvin  et  plus  esclave  des  règles  des  con- 
venances. Dès  le  commencement  de  Tannée,  j'avais  reçu  un 
programme  fortement  détaillé  d'une  exposition  de  Roses  à 
Brie-Gomte-Robert,  pour  le  14  juillet  dernier.  Je  m'étais  fait 
alors  un  devoir  de  l'annoncer,  et  je  m'en  suis  fait  un  autre  de 
la  visiter.  Le  14  au  matin,  le  Véloce,  machine  à  vapeur  de  la 
force  de  plusieurs  centaines  de  chevaux,  me  déposait  en  effet 
sur  la  plage  de  Brunoy,  et  là  une  pauvre  haridelle,  qui  des- 
cend certainement  de  celle  que  montait  Don  Quichotte  de  la 
Manche,  me  fut  confiée  pour  parvenir  jusqu' à  Brie.  Mon  entrée 
dans  cette  ville,  patrie  de  Camille  Bernardin,  mit  toute  la  po- 
pulation en  liesse;  il  ne  manque  qu'un  Sancho  disait-on. ^Bra- 
vant néanmoins  la  joie  ironique  des  habitants  endimanchés 
de  Brie,  je  demandai  où  se  tenait  l'exposition  des  Roses. 
Une  explosion  des  plus  bruyantes  d'hilarité  fut  la  réponse. 
¥ous  voyez  çà  d'ici,  n'es't-ce  pas  :  des  paysans  qui  rient 
pour  se  moquer  de  vous!...  Ce  n'est  pas  précisément  très-spi- 
rituel, mais  c'est  ainsi  que  s'exhale  l'esprit  gaulois  chez  les 
populations  rurales  de  l'ancienne  Gaule.  Enfin,  j'ai  fini  par 
comprendre  qu'il  n'y  avait  pas  d'exposition,  parce  que  le  pré- 
sident n'était  pas  content  des  rosiéristes  ;  mais  je  n'ai  jamais 


—  231  — 

pu  savoir  le  pourquoi  du  mécontentement  du  président. 
Chaque  fois  que  je  questionnais  un  habitant  sur  ce  point,  il  me 
répondait  invariablement  :  je  ne  m'occupe  pas  de  politique. 
Ce  que  voyant,  je  fis  tourner  bride  à  Rossinante,  et  je  cour- 
rais encore,  si  la  pauvre  bête  avait  pu  courir.  Ce  qui  toutefois 
n'aurait  pas  dû  empêcher  M.  le  président  de  la  Société  des  ro- 
siéristes,  de  faire  savoir  qu'il  avait  cru  utile,  dans  l'intérêt  de 
l'iiorticulture  et  du  pays,  de  ne  pas  mettre  à  exécution  le  pro- 
gramme de  l'exposition  de  Roses  pour  le  14  juillet;  c'était 
simple  affaire  de  convenance. 

A  Le vallois -Perret,  une  exposition  était  annoncée  pour  le 
mois  de  juin;  pour  des  causes  tout  autres  que  celles  de  Brie, 
elle  n'a  pas  eu  lieu  ;  mais  au  moins  une  nouvelle  circulaire  l'a 
fait  connaître.  Cette  exposition,  qui  avait  été  renvoyée  au  mois 
de  septembre,  subira  probablement  une  nouvelle  remise;  car 
la  Société  vient  de  perdre  son  président,  M.  Rouillard,  qui 
était  en  même  temps  un  des  secrétaires  adjoints  de  la  Société 
d'horticulture  de  Paris.  M.  Rouillard  aimait  l'horticulture;  il 
a  rendu  des  services  à  la  science  horticole,  en  publiant  des 
revues  de  floriculture  dans  les  bulletins  de  cette  dernière  So- 
ciété. 

Parmi  les  autres  expositions  des  environs,  il  en  est  deux 
qui  méritent  une  mention  particulière  :  celles  de  Versailles  et 
de  Sceaux.  Notre  collaborateur  qui  s'était  chargé  du  compte 
rendu  nous  a  fait  défaut;  il  a  oublié  la  date  et  nous  le  regret- 
tons, car  il  y  avait  là  des  choses  intéressantes.  Celle  de  Sceaux 
était  magnifique  comme  coup  d'œil  ;  nous  félicitons  MM.  Thi- 
baut, Ketelèer,  Margottin.,  Jainin-Durand,  Croux,  Paillet,  Mal- 
let,  Vilmorin,  Biliiard,  etc.,  horticulteurs  delà  localité  pour 
le  succès  complet  de  cette  première  exposition.  Sceaux  est  au- 
jourd'hui un  grand  centre  horticole  ;  il  relie  Aulnay,  Plessis- 
Picquet,  Verrières,  Fontenay-aux-Roses,  Châtillon,  Châtenay, 
et  Bourg-la-Reine. 


—  232  — 

On  s'occupe  beaucoup,  actuellement,  de  la  grande  expo- 
sition universelle  d'horticulture  de  la  ville  de  Hambourg,  que 
nous  avons  confondu  un  instant  avec  Hombourg,  la  ville  à  la 
roulette.  • 

Le  comité  de  cette  Exposition  déploie  une  grande  activité  ;  il 
a  obtenu,  des  diverses  compagnies  de  chemins  de  fer,  une  réduc- 
tion considérable  pour  le  transport  des  voyageurs  et  des  plantes. 
Des  primes  de  grandes  valeurs  sont  offertes  comme  appâts  :  une 
coupe  d'argent  du  roi  Guillaume  et  une  autre  du  duc  d'Olden- 
bourg ;  2  vases  de  porcelaine  de  la  reine  de  Prusse  ;  une  ai- 
guière d'argent  d'un  grand  prix,  de  la  reine  d'Angleterre;  puis 
des  primes  de  100,  de  50,  de  25  ducats,  provenant  de  donsdù 
sénat,  des  ministres  et  de  beaucoup  de  simples  particuliers. 
Cette  exposition  aura  lieu  du  2  au  12  septembre,  pendant  la 
durée  du  Congrès  des  horticulteurs.  Nous  souhaitons  à  l'une  et 
à  l'autre  bonne  chance  et  succès. 

L'administration  du  jardin  de  la  ville  de  Paris  a  cru  devoir 
nous  adresser  le  communiqué  fantaisiste  suivant,  au  sujet  de 
notre  dernière  chronique  dans  laquelle  il  est  question  des 
Canna. 

Paris,  3  août  1869. 

Mon  cher  monsieur  Herincq, 
Si  vous  aviez  quelques  instants  à  perdre,  vous  seriez  bien  aimable 
d'honorer  le  fleuriste  de  votre  visite;  là,  vous  pourriez  constater  que, 
sauf  ceux  ayant  obtenu  des  congés  réguliers  pour  aller  passer  l'été  dans 
les  squares  et  jardins  municipaux,  il  n'y  a  pas  un  seul  déserteur  parmi 
les  milliers  de  Canna  cultivés  ici. 
En  attendant,  etc. 

Votre  tout  dévoué, 
Rafarin. 

Ce  communiqué  peut-être  très-spirituel,  mais  je  ne  le  com- 
prends pas  ;  est-ce  parce  que  il  est  trop  spirituel?  c'est  encore 
possible.  Je  n'ai  jamais  dit  qu'il  y  avait  des  déserteurs  parmi 
les  Canna  du  jardin  de  la  Muette,  et  l'aurais-je  dit  que  ma  vi- 


—  233  — 

site  ne  me  prouverait  rien  ;  car  je  ne  suppose  pas  que  chaque 
œilleton  de  Canna  ait  là  son  numéro  matricule  comme  un 
simple  garde  mobile.  Il  devient  alors  difficile  de  constater  les 
manquants,  et  il  y  a  impossibilité  matérielle  d'établir  le 
nombre  de  ceux  qui  passent  l'été,  en  vertu  d'un  congé  régulier, 
dans  les  jardins  autres  que  les  jardins  municipaux.  Je  ne  sup- 
pose pas  que  le  communiqué  de  M.  Rafarin  ait  la  prétention  de 
nier  l'échange  qui  s'opère  chaque  jour  entre  le  jardin  de  la 
ville  et  les  amateurs.  Le  catalogue  avec  prix  courant  est  là  qui 
prouve  le  contraire.  Or,  qu'est-ce  donc  que  M.  Rafarin  a  voulu 
prouver  ou  contester?  Je  me  le  demande  encore.  Nous  avons 
néanmoins  inséré  sa  lettre  rectificative,  pour  bien  établir  l'im- 
partialité avec  laquelle  Y  Horticulteur  français  traite  toute 
question. 

F.  Herincq. 


LE  CERCLE  DES  AGRICULTEURS. 

Le  2  dernier,  une  foule  calme  et  silencieuse  envahissait 
l'hôtel  de  la  marine,  sise  rue  Croix-des-Petits-champs,  n°  48; 
elle  allait  inaugurer  les  salons  du  Cercle  des  Agriculteurs. 
Qu'est-ce  que  ce  Cercle,  demandera-t-on  ?  C'est  vrai  ;  donc 
un  mot  d'explication. 

Le  Cercle  des  Agriculteurs  est  un  lieu  de  réunion  où  les  cul- 
tivateurs de  tous  les  pays,  amenés  dans  la  capitale  pour  leurs 
affaires  ou  par  les  plaisirs  abondants  et  variés  qu'on  y  trouve, 
pourront  se  rencontrer  tous  les  jours,  par  conséquent,  pour- 
ront se  voir,  s'entendre  et  causer  de  leurs  affaires  tranquille- 
ment. Il  était  étrange  que  l'Agriculture  n'eût  pas  son  cercle, 
quand  le  plus  mince  corps  d'état  a  le  sien.  Quelques  hommes 
dévoués  aux  intérêts  agricoles  et  horticoles  ont  donc  eu  l'idée 


—  254  — 

d'en  créer  un,  d'un  accès  facile  et  commode  aux  agriculteurs 
et  horticulteurs  de  toutes  les  parties  du  monde;  ils  ont  réussi. 

Le  dîner  d'inauguration  a  été  plein  de  cordialité.  Malgré  les 
chaleurs  caniculaires,  70  personnes  se  pressaient  autour  de 
la  table  admirablement  et  délicieusement  servie.  Au  milieu 
•des  agriculteurs  de  mérite  qui  ont  assisté  à  cette  inauguration, 
nous  avons  aperçu  quelques-uns  des  nôtres,  c'est-à-dire  des 
horticulteurs  :  MM.  André  Leroy  ,  Victor  Chatel,  Guénot 
fils,  etc.  A  la  fin,  pour  couronner  l'édifice,  des  toasts  chaleureux 
ont  été  portés  :  le  premier,  par  M.  Chatel,  au  président  du 
Cercle  M.  Anselme  Petetin,  et  les  autres  :  à  l'agriculture,  à 
la  presse,  à  la  conciliation  de  tous  les  agriculteurs,  et  enfin 
aux  organisateurs  du  Cercle.  Ou  ne  s'est  séparé  que  fort  tard, 
et  tout  le  monde  a  été  enchanté  de  l'entente  fraternelle  qui  n'a 
cessé  de  régner. 

Ce  Cercle  est  certainement  appelé  à  rendre  de  grands  ser- 
vices aux  cultivateurs  (agriculteurs  et  horticulteurs)  des  dé- 
partements, qui  y  trouveront  un  pied-à-terre  assuré  en  arri- 
vant à  Paris  ;  car  on  peut  déjeuner,  diner  au  cercle  et  à  très- 
bon  compte  ;  ils  trouveront  en  outre  aimable  compagnie  dans 
les  salons  de  conversation  et  de  lecture;  les  noms  les  plus  il- 
lustres figurent  déjà  sur  la  liste  de  ses  membres  :  les  comte 
de  Lautrec  (vice-président),  marquis  de  Béthisy,  etc. 

La  cotisation  annuelle  est  de  50  fr.  Mais  quand  on  .réfléchit 
qu'on  n'est  pas  assujetti,  comme  dans  les  Sociétés  agricoles  et 
horticoles,  à  entendre  lire  des  mémoires  sur  les  Léporides  et 
sur  le  perfectionnement  du  Radis  sauvage  par  la  culture,  on 
trouve  que  ce  n'est  réellement  pas  une  somme  trop  élevée  ;  car 
je  connais  des  membres  de  Sociétés  qui  donneraient,  de  grand 
cœur,  5  francs  par  séance  pour  n'être  pas  condamnés  à  écouter 
tout  ce  qu'on  y  dit  et  lit. 

F.  Heringq. 


—  23'5  — 

DALECHAMPIA  ROEZLIANA  (Pl.  VIII.) 

Le  genre  Dalechampia  appartient  à  la  famille  des  Euphor- 
biacées  ;  c'est  dire  que  les  fleurs  sont,  par  elles-mêmes,  peu 
de  chose  et  peu  ornementales.  Et  cependant  le  Dalechampia 
Roezliana  est  une  plante  ornementale  par  excellence  ;  mais  il 
est  vrai  qu'il  emprunte  cette  qualité  aux  grandes  bractées 
qui  accompagnent  les  inflorescences,  et  qui  ne  le  cèdent  en 
rien  à  celles  du  Boagaùivillea,  une  des  magnificences  florales 
du  règne  végétal. 

.  Le  Dalechampia  Roezliana  est  un  arbrisseau  dressé  de  \  m, 
à  1  m.  30  de  hauteur  ;  à  feuilles  alternes,  obovales-oblongues, 
ou  lancéolées  ou  spatulées,  longuement  acu minées,  très-en- 
tières ou  grossièrement  dentelées  dans  la  moitié  supérieure, 
d'un  beau  vert  foncé  en  dessus,  d'un  vert  jaune  en  dessous. 
Les  fleurs  sont  unisexuées,  c'est-à-dire  que  chacune  d'elle  ne 
contient  jamais  que  des  élamines  ou  un  ovaire,  mais  elles 
sont  réunies  par  trois  ou  en  plus  grand  nombre,  dans  un 
involucre  commun  porté  par  un  long  pédoncule  qui  naît  à 
l'aisselle  des  feuilles  supérieures  des  rameaux.  Cet  involucre, 
qui  est  la  partie  brillante  et  qui  fait  le  mérite  de  la  plante,  est 
composé  de  deux  grandes  bractées,  d'un  rose  brillant,  en 
forme  de  cœur,  et  finement  dentées  sur  le  bord;  c'est  entre 
ces  deux  bractées  que  sontvréunies  plusieurs  fleurs  mâles  et 
femelles,  qui  sont  dépourvues  de  corolle  mais  dont  les  organes 
tranchent  parfaitement  par  leur  belle  couleur  jaune. 

Cette  nouvelle  espèce  a  été  introduite  en  1866  dans  le 
jardin  botanique  de  Zurich.  Elle  est  originaire  du  Mexique, 
et  c'est  aux  environs  de  Yera-Cruz  qu'elle  a  été  découverte. 

Notre  dessin,  fait  d'après  un  très-jeune  sujet  qui  a  figuré  à 
la  dernière  exposition  de  Paris,  dans  le  lot  de  nouveautés  de 
M,  Lierval,  ne  peut  donner  aucune  idée  de  la  splendeur  de 


—  236  — 

cette  plante.  C'est  par  vingtaines  que  sont  groupées  au  sommet 
des  rameaux  les  inflorescences  aux  brillantes  bractées  roses, 
qui  ont  certainement  le  double  de  grandeur  de  celles  du  dessin 
C'est  une  très-superbe  plante,  une  des  plus  nobles  introduc- 
tions de  ces  dernières  années,  dit  M.  Hoocker  fils,  dans  le 
Bolanical  Magazine.  Elle  a  fleuri  pour  la  première  fois  en  Eu- 
rope dans  l'établissement  de  M.  Bull  à  Chelsea  (Angleterre), 
au  mois  de  mars  1867. 

Le  Dalechampia  Roezlianâ,  est  de  serre  chaude  ;  il  ne  de- 
mande pas  de  soins  particuliers;  sa  multiplication  se  fait  par 
bouture. 

0.  Lesctyer. 


LA  SÉLAGINELLE  CHANGEANTE 

(Selaginella  mutabilis). 

Les  Sélaginelles  sont  des  sortes  de  Lycopodes  gazonnants 
qui  forment  de  ravissants  tapis  verts  et  des  bordures  dans  les 
serres  chaudes  et  jardins  d'hiver.  Le  nombre  d'espèces  est  as- 
sez considérable. 

Les  Selaginella  les  plus  remarquables  sont  évidemment  les 
mutabilis  et  i'arborea  cœsia  aux  teintes  métalliques.  La  pre- 
mière offre  un  phénomène  très-curieux  :  pendant  toute  la  du- 
rée de  la  lumière  solaire  la  plante  est  entièrement  verte,  et  d'un 
vert  très-tendre  uniforme  ;  aussitôt  que  le  soleil  disparaît,  elle 
devient  littéralement  panachée  de  vert  et  de  blanc.  Quel  est 
ce  mystère? Est-ce  la  chlorophyle  qui  disparaît  le  soir  et  qui 
revient  le  lendemain  matin? 

Je  n'en  sais  ma  foi  rien.  C'est  à  étudier;  mais  le  phénomène 
est  singulier.  On  peut  le  produire  dans  la  journée  artificielle- 
ment. En  couvrant  la  plante  avec  un  pot  renversé,  en  moins 
d'une  heure,  cette  sélaginelle  devient  blanche;   15  à  20  mi- 


—  237  ■— 

nu  tes  après  avoir  retiré  le  pot,  elle  redevient  parfaitement  verte. 
Elle  a  fait  dire  un  bien  joli  mot  à  une  bien  jolie,  femme. 

Depuis  longtemps,  madame  la  duchesse  de  X....  me  deman- 
dait un  pied  de  ce  qu'elle  appelle  du  gazon  de  serre,  c'est-à- 
dire  de  la  sélaginelle  ordinaire  Selaginella  denticulata.  Je  lui 
portai  dernièrement,  à  sa  campagne,,  une  Selaginella  mutabilis, 
sans  lui  parler  du  phénomène  qu'elle  présente  ;  c'était  dans  la 
journée,  la  plante  était  parfaitement  verte.  Le  lendemain  ma- 
tin, madame  la  duchesse  était  allée  visiter  sa  serre,  et  je  l'y  re- 
trouvai, quelques  instants  après,  plongée  dans  une  profonde 
méditation. 

—  On  dit  que  les  plantes  n'ont  pas  d'âme,  et  qu'elles  n'é- 
prouvent pas,  comme  nous,  de  sensations,  me  cria-t-elle  en 
m'apercevant  ;  votre  plante  donne  le  démenti  le  plus  formel 
à  tous  vos  savants.  Tenez,  voyez  la  pauvrette;  elle  a  senti  que 
vous  l'abandonniez,  et  son  chagrin  est  si  profond,  qu'elle  en 
a  blanchi  dans  l'espace  d'une  nuit  !.., 

N'est-ce  pas  que  le  mot  est  joli?  et  quel  sentiment  dans  ce 
simple  mot  ! 

La  plante  était  encore  blanche  en  ce  moment.  On  alla  déjeu- 
ner, et  vers  2  heures,  voulant  faire  voir  à  ses  amis  le  chagrin 
de  la  pauvre  abandonnée,  elle  nous  conduisit  dans  la  serre. 
La  Sélaginelle  était  alors  du  plus  beau  vert.  Surprise  et  tableau  ! 
La  duchesse  me  regarda  avec  étonnement  et  son  regard  sem- 
blait dire  :  Qu'est-ce  que  cela  signifie  ? 

—  C'est  bien  simple,  dis-je,  c'est  l'effet  de  la  joie;  en  me 
revoyant  ce  matin,  ses  cheveux  ont  reverdi. 

—  Vous  n'êtes  pas  de  la  Garonne,  me  fut-il  répliqué,  mais 
vous  pourriez  bien  être  du  Tarn.  Voyons,  expliquez -nous  ce 
phénomène. 

•  J'étais  prisautrébuchet,  et  c'est  bête  devant  une  jolie  femme. 
Je  fis  alors  comme  tous  ces  illustres  savants  qui  ne  savent  pas 
un  mot  du  sujet  qu'ils  traitent:  je  pris  mon  esprit  à   deux 


—  23R  — 

mains,  et  je  barbotai  le  plus  gentiment  du  monde  dans  la 
chlorophylle,  la  chromule,  la  phyllôsbanthine  et  la  phyllocyanine 
de  M.  Fremy;  je  me  faufilai  aussi  entre  les  calottes  hémis- 
phériques de  M.  Morren,  qui  couronnent  les  cellules  de 
l'épidémie  de  certaines  plantes  aux  teintes  diverses  ou 
veloutées.  Enfin  je  fis  si  bien  intervenir  le  jeu  de  la  lu- 
mière sur  les  calottes,  que  toute  l'aimable  société,  qui  m'é- 
coutait,  m'a  pris  pour  un  grand  et  savant  physicien.  Mais  vous, 
amis  lecteurs,  n'en,  croyez  rien;  je  n'en  possède  pas  le  plus 
modeste  mot,  et  je  ne  sais  rien  de  rien,  je  le  répète,  sur  la 
cause  de  ce  changement  alternatif  de  vert,  de  blanc  et  vice  versa. 
Ce  qui  ne  doit  pas  vous  empêcher  d'acquérir  cette  étonnante  et 
curieuse  Sélaginelle  ;  car  je  n'ai  eu  d'autrebuf,  en  vous  en  par- 
lant, que  de  vous  la  recommander  chaudement. 

Eug.  de  Martragny. 


MULTIPLICATION  DU    WIGANDIA  CARACASSANA.. 

Les  fleurs  du  Wigandia;  qui  sont  d'un  bleu  pâle,  en  pa- 
nicules  scorpioïdes,  n'offrent  rien  de  remarquable  ;  mais 
confié  en  été  à  la  pleine  terre,  il  développe  son  luxuriant 
feuillage  qui'  l'a  fait  classer  parmi  les  plantes  ornementales 
de  premier  ordre. 

Des  conseils  bien  différents  ont  été  donnés  sur  le  mode  de 
multiplication  de  cette  plante.  Je  vais  en  citer  trois  qui  m'ont 
toujours  le  mieux  réussi. 

1°  Cultiver  un  pied  en  pot  pendant  toute  l'année;  le  laisser 
en  serre  tempérée  jusqu'en  février  ou  mars,  ensuite,  pour  le 
faire  pousser,  le  mettre  en  serre  chaude  et  faire  des  boutures 
avec  de  jeunes  bourgeons; 

2°  Couper  les  racines  par  tronçons  de  5  à  8  centimètres  de 
longueur,  les  piquer  à  fleur  de  terre  dans  une  terrine  ou  pot 


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rempli  moitié  de  terre  de  bruyère  et  moitié  de  terre  franche, 
mélangées  avec  un  peu  de  sable;  les  placer  ensuite  en  serre 
chaude  ou  sur  couche.  On  peut  aussi  conserver  avec  quelque 
succès  les  grosses  racines  des  vieux  pieds  qu'on  arrache  de 
la  pleine  terre  en  automne  et  que  l'on  place,  dans  du  sable 
ou  de  la  terre,  en  un  endroit  de  la  serre  tempérée,  pour  les 
mettre  en  végétation  en  février  ou  mars,  .comme  pour  les 
boutures  par  bourgeons  ; 

3°  La  multiplication  la  meilleure  et  la  plus  simple,  c'est  le 
semis  fait  au  printemps,  en  terrines,  sur  couche  ou  serre 
chaude.  Les  graines,  qui  sont  très-fines,  ne  doivent  être  que 
très -légèrement  couvertes.  Sur  la  terrine,  on  place  un  car- 
reau de  vitre.  Lorsque  le  jeune  plant  a  deux  feuilles,  on  le  re- 
pique dans  d'autres  terrines;  ensuite  on  empote  et  rempote 
suivant  le  besoin. 

Les  jeunes  plantes  peuvent  passer  l'hiver  en  bonne  serre 
froide,  et  au  printemps  suivant  (mois  de  mai),  on  les  livre  à 
la  pleine  terre. 

Si  l'on  tient  quelques  pieds  en  serre  tempérée  ou  en  serre 
chaude,  ils  fleurissent  et  donnent  de  la  graine,  si  on  a  soin 
de  les  féconder  artificiellement. 

Van-Den-Noortgate. 

Président  du  Cercle   horticole  de  Servie. 


OBSERVATIONS  CRITIQUES  SUR  L'ORIC.INE  DES  VARIÉTÉS. 

La  Vipérine  (Echium  vulgare). 

La  Vipérine  est  une  plante  bisannuelle  de  la  famille  des 
Borraginées,  et  qui  croît  très-communément  le  long  des 
chemins  dans  les  terrains  secs  et  pierreux.  Sa  tige  est  gé- 
néralement simple,  haute  de  50  à  60  centimètres,  hérissée 
de  poils  roides  et  piquants,  naissant  sur  un  petit  tubercule 


—  240  — 
noir.  Les  feuilles  sont  allongées,  hispides;  -les  unes  partant 
du  collet  forment  une  rosette  étalée,  les  autres   dispersées 
sur  la  moitié  inférieure  de  la  tige  sont  alternes.  Les  fleurs  ap- 
paraissent tout  Tété,  et  garnissent  toute  la  moitié  supérieure 
de  la  tige  ;  dans  le  type  ces  fleurs  sont  de  couleur  pourpré  au 
moment  de  leur   épanouissement  ;    elles  passent  ensuite  au 
violet-bleu.  Si  cette  plante  n'était  pas   aussi  commune  en 
Europe,   elle  serait  certainement  très-recherchée  pour  orner 
nos  jardins  ;  car  ses    longues  inflorescences,  qui  persistent 
pendant  les  mois  de  mai,  juin  et  juillet,  produisent  un  grand 
effet.  Nous  avons  trouvé,  cette  année,  dans  le  parc  de  Gui- 
trancourt,  un  coin  de  mauvaise    terre  ,   environ   un  hectare, 
abandonné  à  sa  stérilité,  et  qui  était  envahi  par  la  Vipérine  ; 
c'était  quelque  chose  de  splendide  que  cette  vaste  corbeille  de 
fleurs  bleues. 

Il  y  a  trois  ans  qu'on  a  renoncé  à  cultiver  cette  partie  du 
parc,  dans  laquelle  rien  ne  poussait,  excepté  cette  Vipérine,  et 
Ylberis  amara ,  qui  reprenaient  toujours  le  dessus  sur  les 
avoines,  orges  et  pommes  de  terre  qu'on  y  cultivait.  Cette  an- 
née la  Vipérine  s'est  propagée  tout  à  son  aise,  et  nous  a  fourni 
la  plus  brillante  preuve,  que  les  plantes  à  l'état  sauvage  peu- 
vent dévier  du  type  spécifique,  sans  le  concours  d'aucun  des 
agents  invoqués  par  les  partisans  de  la  transformation  sous 
l'influence  des  milieux  et  de  la  culture. 

Soixante  à  quatre-vingt  mille  pieds  de  Vipérine  environ 
pouvaient  couvrir  cet  hectare  de  terre  inculte,  éloignée  de 
toutes  cultures  de  plantes  ornementales,  séparée  du  fleuriste 
de  la  propriété,  et  des  jardins  du  village,  par  une  haute  fu- 
taie de  plus  d'un  kilomètre  de  largeur. 

j'établis  bien  la  situation,  afin  qu'on  ne  puisse  faire  inter- 
venir ici  l'hybridation  par  d'autres  plantes  d'ornement  pro- 
venant de  la  même  famille  cultivées  dans  les  environs  :  et  je 
déclare  que  dans  le  fleuriste  de  Guitrancourt,  qui  est  le  point 


—   241   — 

le  plus  rapproché,  il  n'y  a  pas  la  moindre  Borraginée,  si  ce 
n'est  quelques  pieds  de  bourraches  qui  croissent  çà  et  là  ;  il 
n'est  pas  probable  qu'il  en  existe  d'autres  dans  les  jardins 
des  habitants  du  village. 

Or,  sur  ces  60  à  80  mille  Vipérines,  il  n'y  en  avait  pas  un  mille 
présentant  exactement  les  caractères  typiques  de  l'espèce.  Chez 
leplusgrand  nombre,  les  fleurs  étaient  toutes  d'unbleu  très-pur, 
même  au  moment  de  l'épanouissement,  et  cette  couleur  bleue 
se  présentait  sous  toutes  .les  nuances,  depuis  le  bleu  le  plus 
foncé,  jusqu'au  blanc  bleuâtre  de  la  porcelaine  de  Chine; 
un  horticulteur  producteur  des  variétés,  dont  l'œil  exercé 
saisit  les  nuances  imperceptibles  qui  caractérisent  les  variétés 
jardinières ,  aurait  pu  certainement  établir  50  variétés  de 
Vipérine  rien  que  dans  la  coloration  bleue. 

Après  le  bleu,  la  couleur  dominante  était  le  violet ,  qui 
offrait  la  même  dégradation  de  teintes,  du  violet  foncé  au  blanc 
carné,  en  passant  par  le  rouge  brique  et  le  rose.  Chez  quel- 
ques sujets,  des  deux  fleurs  épanouies  en  même  temps  sur 
chaque  petite  grappe  scorpioïde,  l'une  était  bleue,  l'autre 
parfaitement  rouge. 

Enfin  le  géantisme  avait  des  représentants  qui  n'avaient 
pas  moins  de  lm  40  de  hauteur,  et  le  nanisme  était  repré- 
senté par  des  sujets  de  25  centimètres,  très-ramiûés  et  bien 
trapus. 

J'en  ai  recueilli  un  bouquet  du  plus  ravi  ssanteffet,  etqui 
était  composé  d'une  cinquantaine  de  variétés  les  plus  tran- 
chées; les  botanistes  qui  ont  visité  les  galeries  du  Muséum, 
au  commencement  du  mois  de  juillet,  ont  pu  le  voir  et  con- 
stater la  variabilité  naturelle  de  VEchium  vulgare . 

En  présence  de  ces  innombrables  variétés  nées  au  milieu 
de  terres  incultes,  n'est-on  pas  autorisé  à  soutenir  :  que  les 
variations  des  plantes  cultivées  n'ont  pas  pour  cause  la  cul- 
ture; mais  qu'elles  sont  des  déviations  accidentelles,  résultant 

Août  1869.        •  4  6 


—  242  — 
de  causes  inconnues  qui  agissent  de  la  même  manière  sur  les 
plantes  cultivées,  comme  sur  les  plantes  sauvages. 

F.  Herincq. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Rosiers.  M.  Guillot  fils,  horticulteur,  chemin  des  Pins  à 
Lyon,  annonce,  pour  cet  automne,  quatre  Roses  nouvelles, 
dont  une  hybride.,  Eugénie  Verdier,  d'un  superbe  rose  chair, 
reflété  de  blanc  d'argent,  et  trois  thés  :  Catherine  Mer  met, 
madame  Hypolyte  Jamain  et  unique  ;  la  première  est  d'un  beau 
rose  tendre  carné  ;  la  deuxième  a  les  pétales  de  la  circonfé- 
rence larges  et  d'un  blanc  pur  avec  les  pétales  du  centre  plus 
étroits  et  d'un  jaune  cuivre,  mais  rose  tendre  à  l'extrémité; 
enfin  la  troisième  est  à  fond  blanc  largement  bordée  de  rose 
pourpre  très-vif,  et  ressemblant  à  une  Tulipe. 

M.  Guillot  père,  horticulteur,  rue  du  Repos,  à  Lyon,  an- 
nonce de  son  côté  deux  hybrides  :  Comtesse  d'Oxford,  rouge 
carmin  vif  nuancé,  et  Elisa  Boëlle,  blanc  légèrement  rosé  pas- 
sant au  blanc  pur. 

Phlox.  M.  Lierval,  horticulteur,  rue  de  Rouvra-y,  5,  à 
Neuilly  (Seine),  n'a  pas  abandonné  les  Phlox;  il  en  a  trouvé 
dans  ses  derniers  semis,  16,  qui  lui  ont  paru  mériter  les  hon- 
neurs de  la  propagation.  Ces  16  nouveautés  sont  :  Duc  de  Mon- 
tebello,  rouge  à  centre  pourpre  saumoné  très-foncé  ;  Duc  de 
Plaisance,  larges  fleurs  roses,  à  centre  pourpre  saumoné  clair  ; 
madame  Barillet,  plante  naine,  à  fleurs  blanches  avec  œil  rose 
foncé  vif;  madame  Billy,  fond  blanc  carné  à  centre  très-pour- 
pre ;  marquise  de  Méronet,  fond  blanc  à  centre  saumoné  foncé  ; 
madame  Roempler ,  grandes  fleurs  rouge  vif  ombré  de  pourpre 
et  de  rouge  cocciné  ;  mademoiselle  Hermine  de  Turenne  rose 


-  243  - 

très-foncé  à  centre  pourpre  carminé  ;  Irénée  de  Turenne,  large 
fleur,  blanc  liiacé  et  blanc  net  avec  grand  œil  pourpre;  Mar- 
guerite de  Turenne,  fleur  blanc  saumoné  à  centre  rose,  à  lobes 
ombrés  de  rose  plus  clair;  M.  Caillard,  fleur  rouge  saumoné, 
avec  très-grand  œil  pourpre  cuivré  ;  M.  Domage,  fleur  blanche, 
avec  grand  œil  pourpre  lavé  de  pourpre  violacé  ;  M.  Gigre} 
grande  fleur  rouge  cramoisi,  avec  œil  pourpre  violacé  ;  M.  Jo- 
seph Heim,  rouge  saumon  éclatant,  avec  grand  œil  pourpre  ; 
M.  Muret  de  Bort,  rouge  violacé  ombré  de  bleu  indigo,  avec 
grand  œil  pourpre  cerise  ;  Princesse  Ghika,  grande  fleur  rouge 
lie  de  vin  saumoné  ;  Souvenir  de  Berryer ,  large  fleur  rouge  coc- 
ciné  avec  un  grand  œil  pourpre. 

Géranium.  Le  même  M.  Lierval,  considère  comme  nouveaux 
gains  sortis  de  ses  semis  les  variétés  qu'il  désigne  :  Eblouis? 
sant  à  grande  fleur  rouge  orangé,  avec  centre  blanc  ligné  de 
pourpre  ;  Fernando,  large  fleur  rouge  clairavec  centre  pourpre  ; 
Follette,  grande  fleur  rouge  saumoné  avec  centre  blanc  ligné  de 
plus  foncé  ;  Henri  Binet,  grande  fleur  blanc  rosé  à  centre  sau- 
moné. 

Alocasia  Liervalii.  C'est  une  magnifique  espèce  des  îles 
Philippines  découverte  par  l'infortuné  Porte,  et  mise  au  com- 
merce par  M.  Lierval.  Elle  est,  sans  contredit,  la  plus  belle  et 
la  plus  grande  des  Aroïdées.  Comme  port,  elle  a  quelque  res- 
semblance avec  les  Alocasia  Boryi  et  odonnn  ;  mais  elle  en  dif- 
fère surtout  parle  pétiole  des  feuilles  plus  marbré;  le  limbe 
d'une  grandeur  extraordinaire,  est  d'un  vert  luisant  clair  et 
transparent  sur  lequel  les  nervures  subdivisées  à  l'infini  for- 
ment des  dessins  bizarres  qui,  vus  par  transparence,,  sont  d'un 
effet  admirable.  Aussi  la  plante  ne  se  donne  pas.  Prix,  la  pièce, 
150  fr.! 

Dracœna  Liervalii.  Ce  Dracœna  a  tous  les  caractères  du 
Dracama  brasiliensis  :  son  port  est  le  même;  il  n'en  diffère  que 
parla  couleur  des  feuilles  qui  est  d'un  rouge  bronzé  métal- 


—  244  — 

lique  Ûammé  de  rouge  très -lui  s  an  t.  Comme  couleur,  il  se  rap- 
proche aussi  du  D.  stricta,  mais  ses  feuilles  sont  beaucoup 
plus  larges  et  sont  retombantes  comme  dans  le  D.  Cooperii. 

Ficus  Philipense.  Espèce  introduite  encore  par  M.  Porte, 
dans  l'établissement  Lierval.  Ses  feuilles  sont  grandes,  ovales, 
faiblement  ondulées,  et  d'un  beau  vert  clair;  la  nervure  mé- 
diane et  les  secondaires  sont  saillantes,  d'un  beau  blanc  d'i- 
voire. 

Coleus  Saisonii.  Magnifique  plante  dont  nous  avons  déjà 
parlé  et  dont  nous  donnerons  prochainement  la  figure;  nous 
nous  réservons  pour  ce  jour-là. 

L'établissement  d'introduction  de  M.  Linden,  de  Bruxelles, 
qui,  entre  parenthèse,  vient  de  prendre  possession  de  l'établis- 
sement Ambroise  Verschaffelt,  de  Gandnannonce  les  nouveau- 
tés suivantes  : 

Âlloplectus  bicolor.  Magnifique  espèce  qui  prime  ses  congé- 
nères par  l'éclat  de  ses  inflorescences,  et  par  la  beauté  excep- 
tionnelle de  ses  grandes  feuilles  veloutées,  d'un  vert  sombre, 
traversé  dans  la  partie  centrale  par  une  bande  argentée. 

Aristolochia  Duchartrei.  Cette  espèce  est  voisine,  paraît-il,  de 
Y Aristolochia  floribunda  publiée  dans  notre  dernier  numéro-; 
ses  fleurs,  très-nombreuses,  naissant  en  faisceaux  sur  le  vieux 
bois,  sont  contournées  en  pipe  turque,  et  le  limbe,  large  de 
6  centimètres,  orbiculaire,  échancré  à  la  base,  offre  de  larges 
marbrures  sur  fond  blanc  crémeux.  Elle  a  été  envoyée  à  M.  Lin- 
den par  son  voyageur,  M.  G.  Wallis,  qui  en  fit  la  découverte 
dans  le  haut  Amazone. 

Ananas  mordilona.  C'est  une  variété  provenant  non  pas  des 
cultures,  mais  des  régions  froides  de  la  Colombie.  Le  fruit,  qui 
acquiert  un  poids  de  5  kilogrammes,  est  connu  dans  le  pays 
sous  le  nom  de  Mordilona;  sa  couleur  est  d'un  beau  violet,  et 
le  goût  est  exquis.  Précieuse  acquisition,  M.  Linden  croit 
qu'elle  pourra  probablement  réussir  en  pleine  terre  dans  le 


—  245  — 

midi  de  la  France,  et  bien  certainement  en.  Italie  et  en  Es- 
pagne. 

Brownea  antioquensis.  Le  genre  Brownea  appartient  à  la  fa- 
mille des  Papilionacées  et  comprend  un  assez  bon  nombre  d'es- 
pèces déjà  introduites  en  Europe.  Celle-ci,  qui  est  originaire  de 
l'Etat  d'Antioquia,  dans  la  Colombie,  offre  un  feuillage  très-beau 
et  des  fleurs  d'un  rouge  vermillon  très-vif. 

Cochliostema  Jacobiamwi.  Au  moment  de  l'Exposition  univer- 
selle nous  avons  souvent  parlé  de  cette  magnifique  plante  de  la 
famille  des  Commélinées.  Elle  a  été  découverte  par  M.  Wallis 
à  l'état  d'épiphyte  dans  les  épaisses  forêts  qui  s'étendent 
entre  la  chaîne  des  Andes  et  le  littoral  de  l'océan  Pacifique,  dans 
le  royaume  de  Quito,  aujourd'hui  république  de  l'Equateur. 
Par  son  port,  elle  ressemble  à  une  Broméliacée  ou  mieux  à  un 
agave;  ses  feuilles  qui  atteignent,  paraît-il,  jusqu'à  1  m,  50  c. 
de  longueur,  sur  30  de  largeur,  sont  épaisses,  charnues,  lancéo- 
lées, engainantes,  d'un  vert  tendre  bordé  de  violet.  Les  pédon- 
cules floraux  sortant  de  l'aisselle  des  feuilles  atteignent  de  35 
à  40  cent,  de  longueur,  sont  d'un  rose  lilacé  et  portent  des 
bractées  rose  pale,  de  nombreuses  fleurs  (Tune  structure  des 
plus  bizarres,  d'une  belle  couleur  bleu  d'azur,  et  qui  répan- 
dent l'odeur  la  plus  suave. 

Cyanophylhm  spectandum.  C'est  à  M.  Linden  qu'on  doit 
l'introduction  de  presque  toutes  les  belles  plantes  de  ce  genre 
à  feuillage  remarquable  par  la  coloration  de  la  face  inférieure 
des  feuilles.  Le  C.  spectandum,  est  le  cinquième  qu'il  introduit 
et  il  ne  le  cède,  dit-il,  en  rien  au  C.  magnificum  ;  sa  colora- 
tion est  moins  métallique,  mais  plus  veloutée.  Il  est  origi- 
naire du  Pérou  oriental. 

Dieffenbachia  Wallisi.  Cette  nouvelle  Aroïdée,  si  fort  admi- 
rée à  l'Exposition  universelle  de  1867,  est  actuellement  à  la 
disposition  de  ses  admirateurs.  La  partie  centrale  de  la  feuille 
jusqu'à  la  moitié  du  limbe,  est  recouverte  d'une  couche  argen- 


—  246  — 

tée  ressortant  admirablement  sur  le  vert  gai  de  la  circonférence, 
qui  est  parsemée  de  mailles  également  argentées  :  découverte 
dans  la  province  de  Rio-Negro  par  M.  Wallis. 

Bistiacanthus  scarlatinum.  Splendide  Broméliacée  qui  a  par- 
couru, pendant  quelque  temps,  les  expositions  horticoles  sous 
le  nom  de  Bromélia  amazonica.  Elle  provient,  en  effet,  des  pro- 
vinces arrosées  par  le  fameux  fleuve  des  Amazones.  Chez  les 
individus  adultes  les  feuilles  centrales  se  colorent  entièrement 
d'un  écarlate  éblouissant. 

Ficus  dealbata.  C'est  un  des  six  vainqueurs  de  la  mémorable 
et  fameuse  lutte  suprême,  entre  MM.  Linden  et  Veitch,  dans 
le  concours  des  plantes  nouvelles  à  l'Exposition  de  1867.  C'est 
un  vaillant  figuier,  qui  verra  les  portes  de  tous  les  apparte- 
ments s'ouvrir  devant  lui,  quand  il  sera  d'un  prix  moins  élevé. 
Ses  feuilles  d'un  vert  sombre  atteignent  45  cent,  de  longueur 
sur  25  de  largeur.  Son  introduction  est  due  à  M.  Wallis  qui  lit 
sa  rencontre  sur  les  bords  du  haut  Amazone. 

Fitlonîa  gigantea.  Fittonia  et  Gymnostdchium,  c'est  à  peu 
près  tout  un.  Les  espèces  de  ces  genres  portent  tantôtl'un,  tan- 
tôt l'autre  de  ces  deux  noms,  ce  qui  ne  manque  pas  d'incon- 
vénients. Donc  le  F.  gigantea,  de  la  famille  des  Acanthes  et 
des  Justicia,  est  une  introduction  de  M.  Wallis  qui  l'a  décou- 
vert dans  les  régions  chaudes  de  la  République  de  l'Equa- 
teur. Ses  feuilles  ornées  d'un  beau  réseau  rose  vif  sur  fond 
tendre,  mesurent  25  cent,  de  longueur,  sur  15  de  largeur. 

Godoya  splendida.  C'est  une  de  ces  plantes  dont  la  structure 
déroute  les  savants  cîassificateurs  ;  ils  ne  savent  pas  précisé- 
ment dans  quelle  famille  on  peut  la  classer.  A  défaut  de  certi- 
tude on  la  rapproche  avec  doute  de  la  famille  des  Ternstrœmia- 
cées  dans  laquelle  se  trouvent  le  Camellia  en  compagnie  du 
Thé.  Ce  Godoya  splendida  est  un  magnifique  arbuste  des  régions 
tempérées-chaudes  de  la  province  de  Socarro  en  Colombie  ;  ses 
feuilles  sont  composées  comme  celles  du  Frêne;  les  fleurs  d'un 


—  ni  — 

blanc  pur  exhalent  le  plus  suave  parfum,  et  de  la  grandeur  du 
lys;  elles  sont  réunies  au  nombre  de  10  à  i5  en  une  paniculo 
de  50  à  GO  centimètres  de  hauteur.  Les  indigènes,  d'après 
M.  Linden,  regardent  cette  plante  comme  étant  la  plus  belle 
du  pays  et  la  désignent  sous  le  nom  de  «  Amcena  de  monte  » 
lis  de  la  forêt. 

Grias  Zamorcnsis.  Comme  pour  la  précédente,  embarras  de 
lui  trouver  place  dans  (es  familles  naturelles.  A  défaut  de 
mieux,  on  la  met  à  la  suite  des  Myrtacées.  Ce  Grias  est  un  bel 
arbre  des  forêts  de  Loxa;  les  feuilles  longues  de  50  cent, 
ont  une  belle  nuance  chamois  clair  au  moment  de  leur  premier 
développement. 

Iresine  Lindeni:  Comme  pour  llresine  Iîerbstii,  il  y  aura  ici 
pour  et  contre.  C'est  une  plante  à  feuillage  coloré  rouge  vif;  et 
son  mérile  ornemental  dépendra  des  soins  de  culture  qu'on  lui 
donnera.  Elle  provient  des  hautes  régions  des  Andes  de  l'E- 
quateur ;  c'est  à  5000  mètres  d'altitude  que  M.  Wallis  l'a  dé- 
couverte; elle  est  plus  rustique  que  YIresine  Herbstii. 


LE  CHOU  DE  SCHWEINFURTH. 

Vers  le  15  mai,  j'ai  semé  sur  une  vieille  couche  bien  terreau- 
tée  plusieurs  variétés  de  Choux  pommés,  au  nombre  desquels 
était  le  Chou  de  Sehweinfurth  et  le  Milan  de  Nonvége  ;  dans 
l'espace  de  quinze  jours  le  plant  a  été  bon  à  repiquer. 

Dans  un  carré  que  j'ai  défoncé  profondément  et  bien  fumé 
avec  du  fumier  de  mouton,  j'ai  transplanté  huit  variétés  de 
Choux  pommés,  savoir  :  C.  de  Sehweinfurth,  C.  Milan  de  Nor- 
wége,  C.  quintal,  C.  Milan  ordinaire,  C.  gros  cabus,  C.  petit 
cabus,  C.  d'Yorck  gros  et  C.   d'Yorek-petit. 

De  toutes  ces  variétés,  plantées  dans  les  mêmes  conditions 


—  248  — 

et  dans  le  même  carré,  le  C.  Schweinfurih  seul  a  réussi.  Tous 
les  autres  ont  été  attaqués  d'abord  par  le  ver  gris,  puis  par  les 
chenilles  vertes,  qui  ont  tout  dévoré  ;  le  Chou  de  Schweinfurih 
a  été  moins  attaqué.  Sa  végétation  a  été  rapide  et  vigoureuse 
et  il  nous  a  donné  de  magnifiques  produits.  Depuis  que  je  cul- 
tive les  Choux,  je  n'ai  rien  vu  de  pareil.  Sa  pomme  aplatie, 
ferme,  bien  serrée,  portée  sur  un  pied  court,  a  pesé  jusqu'à  16 
kilogrammes.  Je  le  mets  sans  hésiter  à  la  tête  des  Choux  pom- 
més d'été.  Non-seulement  il  a  parfaitement  résisté  à  la  séche- 
resse, mais  j'ai  remarqué  qu'il  craint  l'humidité.  Il  commence 
à  pommer  dès  qu'il  prend  sa  quatrième  feuille,  et  continue  de 
grossir  pendant  un  ou  deux  mois  ;  mais  il  faut  avoir  soin  de  le 
surveiller  dès  que  la  pomme  est  formée,  car  il  est  sujet  à  pour- 
rir parle  tronc.  Je  crois  qu'il  serait  difficile  de  le  faire  grainer 
dans  notre  climat.  J'avais  conservé  quelques  graines  que  j'ai 
semées  plus  tard,  en  vue  d'obtenir  des  semences  ;  le  plant  a 
bien  levé,  il  a  été  transplanté  à  bonne  exposition;  mais  les 
plants  ont  pourri  au  moment  de  pommer. 

J'engage  à  essayer  la  culture  de  Ce  Chou,  très-bon,  très-pro- 
ductif, et  d'une  croissance  rapide. 

Marlin  Rivemale. 
(Extr.  Ann.  Soc.  dhort.  de  V Hérault*) 


CULTURE  DE  L'ABRICOTIER  EN  CONTRE-ESPALIER. 

Il  est  assez  rare  de  récolter  de  beaux  abricots.  "Le  peu  qui 
se  récolte,  c'est  à  l'abri  des  murs  où,  généralement,  ils  sont 
pâteux  et  sans  saveur.  En  plein  vent,  c'est  à  peine  si  l'Abri- 
cotier produit  une  année  sur  six  et  ce  n'est  que  là  qu'on  peut 
espérer  quelques  fruits  de  qualité  parfaite.  La  végétation 
chez  cette  essence  étant  très-précoce.,  les  gelées  en  entravent 
la  marche  chaque  année,  l'arbre  languit  et  ne  tarde  pas  à 
périr. 


—  249  — 

Comme  pour  les  Pêchers,  je  plante  les  Abricotiers  sur 
contre-espalier  double,  à  1  m.  80  ou  2  m.  de  distance.  Les 
soins  d'établissements  de  la  charpente  consistent  dans  l'ob- 
tention de  deux  séries  débranches  latérales  opposées,,  àOm.20 
au-dessus  l'une  de  l'autre. 

Ces  branches  sont  équilibrées  au  moyen  du  pincement 
et  du  palissage;  elles  sont  palissées  horizontalement  et  ne  sont 
taillées  de  leur  extrémité  que  lorsqu'elles  se  joignent  aveccelles 
de  l'arbre  voisin.  Elles  n'ont  relativement  que  peu  d'espace 
à  parcourir  ;  aussi  est-il  nécessaire  de  pratiquer  plusieurs  fois 
le  pincement  dans  l'année.  Cette  opération  fait  naître  une 
grande  quantité  de  fleurs  près  de  la  branche  charpen- 
tière. 

Les  avantages  que  je  trouve  à  cette  forme  sont  les  suivants  : 
l'Abricotier  se  dégarnit  très-facilement  de  sa  branche  charpen- 
tière,  et  souvent  laisse  des  vides  irréparables  dans  la  pyramide 
ou  la  palmette,  ainsi  que  dans  le  candélabre,  formes  sous  les- 
quelles on  le  rencontre  généralement  dans  les  jardins.  Ici,  si 
l'une  d'elles  vient  à  périr,  celle  de  l'arbre  voisin,  par  son 
prolongement,  la  remplace  promptement,  quitte  à  la  faire 
rentrer  dans  ses  limites,  lorsque  la  branche  morte  sera  rem- 
placée sur  le  sujet,  ce  qui  arrive  assez  facilement  dans  une 
forme  restreinte.  Ensuite,  on  peut  abriter  assez  facilement, 
au  moyen  d'auvents  ou  abris  quelconques,  en  plaçant  des 
supports  entre  les  deux  lignes  du  contre-espalier.  Des  tiges 
de  Bruyères,  des  feuilles  de  Fougères,  m'ont  assez  bien  réussi 
sans  l'auvent.  Un  paillasson,  mis  le  soir  devant  le  contre- 
espalier,  lorsqu'on  craint  les  gelées,  peut  garantir  efficace- 
ment. Les  gelées  printanières  ne  sont  que  peu  ou  pas  du  tout 
à  craindre  lorsqu'il  fait  du  vent. 

Les  fruits  acquièrent,  dans  cette  disposition,  toutes  les  qua- 
lités du  plein  vent.  Je  sais  que  l'amateur  des  belles  formes 
n'y  trouvera  pas  son  compte  ,  mais  il  y  a  plus  d'amateurs  de 


—  250  — 

beaux  et  bons  fruits.    Dans    cette  essence,    il  est    d'abord 
très-rare  d'avoir  des  arbres  parfaits  pendant   longtemps. 

Le  Cerisier  et  le  Prunier  se  prêteront  parfaitement  à  cette 
forme.  D'une  plus  grande  vigueur,  ils  pourront  être  distancés 
un  peu  plus.,  selon  la  nature  du  sol  et  le  choix  des  variétés. 

H.   ROBINE. 

LA    NON- TAILLE. 

(Suite   (1). 

Personne,  nous  le  pensons,  ne  pouvait  se  sentir  blessé  par 
ce  langage.  Les  partisans  de  la  non-taille  furent  d'un  autre  avis 
et  une  critique  violente,  pour  ne  rien  dire  de  plus  grave,  en 
fut  la  conséquence.  Cela  produisit  sur  nous  une  impression 
pénible,  d'autant  plus  que  nous  aimons  à  vivre  en  paix  avec 
tout  le  monde.  Mais  n'en  parlons  plus;  tâchons  de  pardonner 
de  part  et  d'autre  et  d'oublier  si  c'est  possible.  Qu'on  soit  bien 
convaincu  que  nous  n'avons  pas  cessé  d'apprécier  à  leur  va- 
leur les  travaux  des  autres,  et  que,  si  aujourd'hui  nous  ne 
sommes  pas  encore  fascinés  par  la  non-taille,  on  n'y  voie  pas 
de  personnalité  mais  uniquement  le  vif  désir  de  voir  avancer 
l'arboriculture . 

Entretemps,  la  non-taille  avait  eu  du  retentissement.  Des 
conférences  entières  lui  furent  consacrées,  et  le  Cercle  profes- 
soral n'hésita  pas  à  inscrire  la  discussion  de  la  question  à  l'or- 
dre du  jour  de  la  séance  du  28  avril  1867.  Naguère  encore,  en 
1868,  nous  y  consacrâmes  un  long  article  dans  un  rapport  sur 
l'Exposition  universelle  à  Paris  ;  c'est  ainsi  que  chez  nous  l'at- 
tention a  été  appelée  dans  ces  derniers  temps  d'une  manière 
toute  spéciale  sur  la  non- taille. 

Ce  système  était  trop  beau,  trop  simple  en  apparence,  pour 
ne  pas  compter  immédiatement  de  nombreux  adhérents.  C'é- 

('l)^Voir  page  224. 


—  im  — 

tait  d'ailleurs  du  neuf,  et  puis,  que  de  peines  et  que  de  temps 
on  allait  épargner,  s'il  ne  fallait  pas  du  tout  tailler  les  arbres  1 
Plusieurs  avaient  compris  la  chose  de  cette  manière,  et  nous 
recevons  encore  parfois  des  lettres  démontrant  qu'il  est  des 
personnes  qui  continuent  dans  cette  croyance.  C'est  une  grave 
erreur  de  leur  part.  La  non-taille  n'embrasse  pas  les  rameaux 
de  remplacement,  les  productions  fruitières  et  autres  rameaux 
latéraux,  qui,  au  contraire,  doivent  être  taillés  plus  court  que 
dans  l'autre  système;  elle  a  en  vue  seulement  les  prolonge* 
ments  charpentiers,  qu'on  laisse  intacts,   sans    la  moindre 
taille,  au  lieu  de  les  raccourcir  plus  ou  moins  chaque  année. 
Toutefois,  pour  ceux-ci  même,  la  taille  doit  èlre  appliquée  : 
1°  quand  il  s'agit  d'arbres  non  palissés  ;  2°  pour  la  formation 
de  l'arbre  ;  3°  si  sa  croissance  est  trop  faible;  â°  pour  produire 
la  bifurcation  des  branches  charpentières  ;  o°  quand  celles-ci 
ne  sont  pas  en  équilibre  ;  6°  si  les  prolongements  n'ont  pu 
s'aoûter;  7°  s'ils  portent  trop  de  bourgeons  au  lieu  d'yeux; 
8°  s'ils  menacent  de  se  couronner  ;  9°  si  la  charpente  menace 
de  se  dénuder  à  la  base  ;  10°  enfin,  quand  les  branches  mères 
occupent  tout  remplacement  qui  leur  est  réservé.  Dans  cha- 
cun de  ces  cas,  —  et  l'on  sait  combien  de  fois  l'un  ou  l'autre 
se  produit,  —  il  faut  recourir  à  la  taille.  La  non-taille,  même 
dans  son  sens  le  plus  large,  est  donc  loin  d'être  aussi  générale 
qu'elle  semble  l'être  de  prime  abord. 

Voici  du  reste  en  peu  de  mots  ce  que  les  partisans  de  la 
non -taille  disent  de  son  application  : 

«  La  non-taille  concerne  seulement  les  branches  charpen- 
tières et  pour  autant  qu'il  s'agit  d'arbres  en  espalier;  on  ne  peut 
donc  l'appliquer  qu'aux  cordons,  palmettes  et  éventails.  Pour 
chacune  de  ces  formes  et  pour  n'importe  quelle  espèce  d'arbres 
on  taille  une  première  fois  comme  à  l'ordinaire.  Dans  la  suite, 
on  ne  taille  plus  les  cordons  de  pêchers,  poiriers  et  autres  ar- 
bres. Chez  les  palmettes,  on  raccourcit  tous  les  ans  de  0m2o  à 


—  252  — 

Om30  les  branches  mères  des  poiriers  et  autres  dont  la  distance 
entre  les  branches  charpentières  est  à  peu  près  la  même,  et 
cela  afin  de  provoquer  la  formation  de  nouvelles  branches  sous- 
mères  et  un  nouveau  prolongement  de  la  branche  mère.  Pour- 
les  pêchers,  où  la  distance  entre  les  branches  de  charpente  doit 
être  double  au  moins,  on  ne  peut  former  de  nouvelles  sous- 
mères  que  tous  les  deux  ans.  )>  Ainsi,  bien  loin  de  ne  pas  tail- 
ler du  tout,  il  faut  chaque  année  tailler  assez  court  les  branches 
mères.  Entretemps  on  conseille  <(  de  sacrifier  les  fruits  pen- 
dant les  trois  ou  quatre  premières  années,  en  rabattant  sur 
deux  ou  trois  yeux  tous  les  rameaux  latéraux,  qu'ils  soient  ou 
non  munis  de  boutons,  tout  cela  pour  avantager  les  branches 
inférieures  de  la  charpente.  Mais  toutes  les  branches  sous-mè- 
res, toutes  les  branches  charpentières  en  un  mot,  du  moment 
qu'elles  subsistent,  qu'elles  ne  doivent  plus  se  bifurquer,  on  les 
laisse  intactes,  sans  taille  aucune,  du  moins  pour  autant  qu'el- 
les sont  bien  équilibrées  et  bien  aoùtées,  qu'elles  ne  sont  pas 
couronnées,  etc.  ))  Pour  l'éventail,  il  n'est  pas  question  de  non- 
taille.  Ce  doit  être  un  oubli,  car,  pour  cette  forme  comme  pour 
les  autres,  elle  doit  être  applicable.  Mais  ce  qui  est  bien  plus 
étrange,  c'est  qu'il  semble  être  nécessaire  ce  de  tailler  les  cor- 
dons horizontaux  aussi  bien  que  les  cordons  verticaux  de  la 
Vigne  comme  à  l'ordinaire,  c'est-à-dire  de  façon  qu'ils  forment 
deux  ou  trois  nouveaux  coursons.  5>  L'auteur,  partisan  de  la 
non-taille,  ajoute  même  €  qu'on  peut  tailler  plus  long,  mais 
qu'on  s'expose  alors  à  voir  les  rameaux  inférieurs  devenir 
bientôt  stériles.  ))  Il  conseille  en  conséquence  de  «  laisser  tout 
au  plus  quatre  coursons  se  constituer  sur  de  fortes  vignes,  soit 
de  les  rabattre  annuellement  au  maximum  à  un  mètre,  et  de 
n'en  former  que  deux  sur  des  pieds  faibles,  c'est-à-dire  de 
tailler  sur  0m40  à  0m  50.  » 

Voilà  qui  est  loin  déjà  de  la  non-taille.  La  Vigne  n'est  pour- 
tant pas  tellement  différente  des  autres  arbres,  et  ce  qui  est 


—  253  — 

vrai  pour  ceux-ci  doit  aussi  lui  être  applicable.  Qu'on  la  rac- 
courcisse, nous  l'admettons,  parce  que  les  pousses  terminales 
des  sarments  s'aoûtent  parfois  d'une  manière  imparfaite  ;  mais 
qu'il  faille  tailler  tellement  court,  c'est  ce  que  en  réalité  nous 
ne  comprenons  pas,  et  cela  nous  semble  concorder  fort  peu 
avec  le  principe  de  la  non-taille,  qui  doit  être  général,  s'il  re- 
pose sur  des  bases  solides.  «  On  agit  de  la  sorte,  dit-on,  on 
taille  court,  pour  tous  les  arbres  qui,  comme  la  Vigne,  sont 
naturellement  très-fertiles.  »  Nous  considérons  un  tel  argument 
comme  un  expédient  plutôt  que  comme  une  raison. 

Et  cependant,  à  un  autre  endroit,  on  prétend  «  qu'il  importe 
peu  que  les  arbres  aient  poussé  avec  ou  sans  vigueur;  car, 
dit-on,  si  sur  un  arbre  à  végétation  faible  le  prolongement  n'a 
que  0m30,  tandis  que  sur  un  arbre  vigoureux  il  acquiert  1  mè- 
tre, le  nombre  des  yeux  qu'ils  portent  et  qu'ils  devront  nour- 
rir, est  plus  petit  sur  le  rameau  faible  et  beaucoup  plus  consi- 
dérable sur  le  fort  rameau.  »  Tout  cela  est  fort  beau  en  théorie  ; 
mais, qu'on  veuille  essayer  déformer  sans  taille  des  arbres  qui 
végètent  faiblement  et  l'on  aura  bientôt  la  conviction  que  la 
non-taille  n'est  pas  du  tout  applicable  à  de  tels  arbres  :  ils  se 
dénuderont  par  en  bas  et  se  couronneront  à  leur  sommet. 

Voyons  maintenant  ce  que  les  partisans  de  la  non-taille  font 
des  formes  de  plein  vent.  «  Il  faut  tailler  celle-ci  comme  à 
l'ordinaire,  même  les  pyramides.  »  Il  est  vrai  qu'on  prétend 
agir  ainsi,  non  pas  •  dans  la  crainte  de  voir  les  branches  de 
charpente  se  dénuder,  mais  uniquement  parce  que  sans  cela 
celles-ci  resteraient  trop  frêles,  trop  faibles,  ou  qu'elles  pren- 
draient une  mauvaise  direction.  3>  Donc  pas  de  non-taille  pour 
les  formes  de  plein  vent.  En.général,  «  la  bifurcation  des  bran- 
ches charpentières  s'obtient  par  la  taille  d'hiver  ;  ce  n'est  que 
par  exception  qu'on  a  recours  à  la  taille  d'été,  afin  de  provo- 
quer par  le  pincement  l'émission  de  faux  bourgeons  qu'on  uti- 
lise pour  établir  de  nouvelles  branches  charpentières.  Peu  im- 


—  254  — 

porte  comment  celles-ci  ont  été  obtenues,  on  les  conduit 
obliquement  dans  le  principe  pour  ne  les  incliner  vers  l'hori- 
zontale que  successivement  après  quelques  années,  à  mesure 
qu'elles  ont  acquis  un  degré  suffisant  de  vigueur,  » 

Voilà  en  peu  de  mots  comment  la  non-taille  est  entendue  en 
Belgique.  En  France,  on  s'y  prend  à  peu  près  de  la  même  façon 
avec  quelques  modifications  cependant ,  qui  nous  semblent 
tellement  importantes  que  nous  croyons  devoir  les  rapporter 
ici.  Ces  modifications  nous  les  avons  observées  non-seulement 
sur  l'immense  pêcher  apporté  à  l'Exposition  universelle  de  i  867 
par  M.  Morel,  de  Lyon;  non-seulement  dans  le  jardin  fruitier 
modèle  de  M.  Nallet,  a  Brunoy,où,  sous  la  direction  de  M.  Fo- 
res t,  le  Nestor  des  arboriculteurs,  tous  les  arbres  sont  formés  par 
la  non-taille  ;  mais  particulièrement  dans  les  jardins  de  M.  Che- 
valier, à  Montreuil,  aujourd'hui  en  France  le  plus  chaleureux 
défenseur  de  la  non-taille  et  qui  a  su  porter  ce  procédé  à  son 
plus  haut  degré  de  perfection.  Voici  en  quoi  sa  méthode  diffère 
de  celle  qui  est  suivie  en  Belgique. 

La  forme  qu'il  préfère  est  la  palmette  double  et  surtout  la 
palmette  simple.  Parfois,  alors  spécialement  que  l'écusson  part 
avec  vigueur,  il  le  pince  ou  le  recourbe  à  Om20  ou  0m25  du  sol 
afin  d'obtenir  à  cette  hauteur  les  faux  bourgeons  destinés  à 
former  par  la  suite  des  branches  charpentières.  Toutefois,  il 
laisse  d'ordinaire  la  greffe  se  développer  librement  la  première 
année,  et,  dans  ce  cas,  il  doit  naturellement  la  tailler  l'année 
suivante  pour  obtenir  les  premières  branches  mères.  Il  pratique 
cette  taille  sur  l'œil  placé  à  hauteur  voulue  ;  il  fait  en  même 
temps  sur  l'empâtement,  de  chaque  côté  de  cet  œil,  une  inci- 
sion corticale  aboutissant  aux  deux  yeux  basilaires  ou  sous- 
yeux  (voir  fig.  28).  Immédiatement  après  ou  tout  au  moins  dès 
que  l'œil  principal  se  développe  et  atteint  0m05  ou  0œ06  de 
longueur,  ce  bourgeon  est  enlevé  jusqu'à  sa  base  {voir  le  poin- 
tillé). Par  là;,  les  sous-yeux  sur  lesquels  ii  a  pratiqué  l'incision 


—  255  — 

corticale  se  développent  immanquablement,  si  déjà  leur  évolu- 
tion n'a  pas  commencé.  Si  l'œil  éborgné  reperce  ou  que  le 
bourgeon  terminal  pincé  se  développe,  il  l'arrête  au  moyen 
du  pincement  répété  ;  mais  d'ordinaire  ce  bourgeon  demeure 
inactif  pour  se  développer  seulement  l'année  suivante,  ce  qui 
vaut  infiniment  mieux. 

Il  est  sûr  d'obtenir  ainsi  les  deux  premières  branches  char- 
pentières  futures,  qui  se  trouveront  aussi  exactement  que  pos- 
sible en  face  l'une  de  l'autre.  Non-seulement  il  en  résulte  un 
aspect  plus  joli,  plus  artistique,  mais  cela  vaut  mieux  pour 

l'égale  répartition  de  la  sève. 

Van  Hulle, 

jardinier  on  chef  du  jardin  botanique  de  Cand. 

(A  continuer.) 

4 

REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Le  Dictionnaire  pomologique,  par  André  Leroy. 

Depuis  une  vingtaine  d'années  nous  assistons  à  un  assez 
curieux  spectacle  pomologique  :  celui  des  tentatives  infruc- 
tueuses de  beaucoup  d'auteurs  qui  commencent  un  ouvrage 
sur  les  fruits  et  qui  restent  en  route.  La  liste  serait  longue'  s'il 
fallait  la  donner. 

Toutes  ces  tentatives  prouvent,  au  moins,  que  le  besoin 
d'un  livre  pomologique  se  fait  depuis  longtemps  très  vive- 
ment sentir.  Mais  pareil  travail  n'est  pas  sans  difficulté,  et  la 
plus  grande,  c'est  le  manque  des  types  pour  ainsi  dire  offi- 
ciels de  tous  nos  anciens  fruits.  Sans  ces  types  on  ne  peut 
rien  ;  et  voilà  pourquoi  tous  les  auteurs,  y  compris  le  Congrès 
de  Lyon,  qui  ont  entrepris  un  pareil  travail,  n'ont  jamais 
pu  l'amener  à  bonne  fin. 

Pour  la  première  fois,  nous  avons  enfin  un  Traité  complet 
du  genre  Poirier,  dans  les  deux  premiers  volumes  du  Die* 
tionnaire  de  Pomoloyie,  publié  par  M.  André  Leroy  d'Angers, 


— ?256  — 

et  qui  viennent  d'être  mis  en  vente.  Aussi  nous  empressons- 
nous  de  l'annoncer  seulement  aujourd'hui;  car  le  temps  et 
l'espace  nous  manquent  pour  en  faire  l'analyse  et  en  donner 
un  compte  rendu. 

Donc  au  prochain  numéro. 

F.  Herincq. 


Travaux  du  mqïs  de  Septembre, 


Potager.  On  continue  de  semer  en  pleine  terre,  des  Radis,  Raves,  Carottes 
hâtives,  Pimpernelle,  Poireau,  Cerfeuil,  Chicorée  fine  d'Italie,  Laitues  diverses, 
Mâche,  Ëpinard  ;  Choux  pommés  hâtifs,  Choux-fle  ;  s,  etc.  —  On  prépare  les 
meules  à  Champignons;  on  continue  de  butter  le  Céleris  ou  on  l'arrache,  ainsi 
que  le  Cardon,  pour  le  faire  blanchir,  en  les  plantant  profondément  en  rigolles 
dans  du  terreau. 

Pépinière.  On  veille  toujours  à  l'équilibration  des  arbres  ou  espaliers;  pincer 
long,  coucher  et  palisser  les  branches  vigoureuses;  dépalisser  et  redresser  les 
ûranches  faibles;  découvrir  les  fruits  trop  ombragés. 

Jardin  d'agrément.  Récolte  des  graines,  et  semis  d'automne  (voir  page  \  44, 
4  851).  Vers  la  fin  du  mois,  oa  peut  commencer  à  planter  dans  des  pots  ou  à 
mettre  en  carafes,  pour  les  ap  artements,  les  Oignons  de  Narcisse  de  Constan- 
tinople,  grand  Primo  et  Soleils  d'or,  les  Jacinthes,  les  Crocus,  Tulipes  hâtives. 

U  faut  avoir  soin  de  choisir  des  Oignons  très-réguliers,  bien  fermes,  et  la 

couronne,  où  naissent  les  racines,  tres-saine.  On  peut  attendre  le  mois  d'oc- 
tobre pour  planter  ces  oi  nons  en  pleine  terre. 

Serres.  Les  nuits  commencent  à  devenir  fraîches;  on  doit  rentrer,  dans  la 
deuxième  quinzaine,  le~  plantes  deserres  chaudes;  rempoter,  avant,  celles  qui 
en  auraient  besoin;  les  arrosements  doivent  être  donnés  préférablement  le 
matin.  On  dispose,  vers  la  fin  du  mois,  les  panneaux  des  serres  tempérées, 
châssis,  bâches,  etc. 


Paris. —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaud,  rueCassette;  9. 


LIBRAIRIE   DE  E.   DONNAUD,   ÉDITEUR, 

nOE  CASSETTE,  9.  A  l'AMS. 


LE  CHAMPIGNON  &  SA  CULTURE 

PAR    M.    LAIZIER 
1  volume  in-32  colombier,  orné  de  gravures.  —  Prix  :  80  cent. 


CULTURE  DES  PLANTES  AQUATIQUES 

par  M.  D.  HÉLYE 

Chef  de  culture  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris 
Un  joli  volume  in-32  colombier,  orné  de  gravures.  —Prix  :  1  fr.  50. 


CULTURE  DE   L'ASPERGE 

PAR    T.    LENORMAND,   HORTICULTEUR 

Un  volume  in-16  colombier,  avec  figures  dans  le  texte  et  un  plan. 

Prix  :  1  fr.  «5. 


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SON  HISTOIRE ,   SA   CULTURE 

Suivi  d'une  monographie  des  espèces  et  des  variétés  principales 
Par  E.  CHATÉ  fils,  horticulteur. 

Un  volume  in- 16  colombier.  —  Prix  :  broché,  t  fr.  50. 


ESSA 


SUR  L'ENTOMOLOGIE  HORTICOLE 


COMPRENANT 


HISTOIRE    DES    INSECTES  NUISIBLES  A  L'HORTICULTURE 

AVEC 
.*«   le*  éloie-ero»  «les  détr-iro  et  L  HISTOIRE  DES  INSECTES 

Par   le   Dr  BOISDUVAL. 

image  illustré  de  125  figures  gravées  sur  bois,  et  orné  du  portrait  de  l'auteur  gravé  sur  acier. 

Prix  :  broché.  G  franc*. 


E.  DONNAUD,  LIBRAIRE-ÉDITEUR, 

9,    RUE  CASSETTE,   9. 


ANNÉE  1869. 

LE 


NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTRÉ 

RÉDIGÉ    PAU 

MM.  F.  HERINCQ 
ALPH.  LAVALLÉE  —  L-  NEUMANN  —  B-  UERLOT  —  CELS  —  COURTOIS- 
GÉRARD  —  J--B.    VERLOT  —  PAUARD  —    BUREL 
Avec  plus  de  oOO  dessins  intercalés  dans  le  teite, 

DE 

MM.  COURTIN.  FAGUET,    MAUBERT   ET    RIOCREUX 

GRAVÉS   PAR  M.   HISSON. 

IN-l  8  JÉSUS  DE  PLUS  DE  1,800  PAG.  PRIX  DR.:  7  Fr.CJLRT.:  8  Fr.  REL.:9Fr. 


L'INSEGTOLOGIE  AGRICOLE 

JOURNAL. 

TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 

DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DÉGÂTS 

et  des  moyens  pratiques  de   les  éviter 

RÉDIGÉ   PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  CH.  AUBE,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINCQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  PILLAIN,  MILLET,  GOUREAU,  A.  GELOT. 


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Une  livraison  de  32  pages  in-%°avec  figures.  — Parait  chaque  mois. 
BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  9/  A  PARIS. 


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19e   Année. 


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JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CULTURE    RAISONNER,    LA    DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES    PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ  *VEC    LK   CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS    LA    DIRECTION    DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR  EN   CHEF. 

ATTACHÉ     AS     MOSEDM     «HISTOIRE     NATBBEI.1.E     1>E     PARI», 

Collaborateur  du    Manuel    du   Plumes,  des    ligures  du  ff</»    Janiiuie, , 

Ex-Rédacteur    principal   de  la    Soclilé  a" horticulture  Je   la    Sei»e  , 

Membre    honoraire   et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,   etc. 


i/iiorUculteiir  Français  parait  le  S  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  pages  de  texte 
grand  in  8,  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  plus  grand  soin. 

!  Paris 10  fr.  par  an. 
DÉPARTEMENTS.      11    fr.         — 
Étranger 15  fr.      — 

Tontes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNAUD,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  nui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  ifa  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  franc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


a  >  uafle*  4  u 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,  ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
selle,  9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et.  dont  ntut  avons  reçu  un  exemplaire. 


MÉDAILLE   D'ARGENT  A   L'EXPOSITION   UNIVERSELLE   DE   1867 

50    MÉDAILLES 

aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  Province. 

CULTUHE-  SPÉCIALE 

de  Ferdinand  GLOEDE,  horticulteur,  à  Béarnais  {Oise). 


ÉTIQUETTES  DE  JARDINS. 

Rien  de  plus  commode  et  de  plus  durable  pour  les  étiquettes  de  jardins  que  l'encre 
écrire  sur  le  zinc,  composée  par  M.  DUFOUR,  chimiste-photographe,  à  Dijon  (Côte-d'Or). 

Pria)  du  flacon  :  i  franc. 

Celte  encre,  dont  la  couleur  est  à  peu  près  celle  du  rhum,  aussitôt  son  contact  avec 
zinc  produit  une  écriture  du  plus  beau  noir.  Ces  étiquettes  peuvent  séjourner  plusteu 
années  dans  la  terre  et  dans  l'eau,  sans  que  l'écriture  subisse  une  détérioration  sensibl 

Les  nombreuses  lettres  de  félicitations  adressées  à  M.  DUFOUR  sur  cet  excellent  pr< 
duit  se  succèdent  tous  les  jours.  MM.  les  Amateurs  désireraient  pouvoir  trouver  cet 
encre  dans  toutes  les  grandes  villes,  chez  les  marchands  de  produits  horticoles  ;  ils  préf< 
reraient  payer 25  cent,  et  même  50  cent,  en  plus  le  prix  du  flacon 

MM.  les  Marchands  pourront  s'adresser,  pour  traiter,  a  M.  DUFOUR,  clnmiste-photogr; 
plie,  à  Dijon.  —  Un  petit  flacon  d'échantillon  leur  sera  adressé  gratis  et  franco,  sur  d< 
mande  affranchie.  ,         ;  .  '    ,»   ,  ,      1 

Des  annonces  dans  les  journaux  d'horticulture  feront  connaître  1  adresse  des  8 
chauds  où  les  Amateurs  pourront  se  pourvoir. 

Une  caisse  de  flacons  d'encre  à  écrire  sur  le  zinc  vient  d'être .evçêdiée  à  M.  louis  VAN,  HOUT1 
horticulteur,  à  Gand.  —  MM.  les  AmaUurset  Horticulteurs  de  la  Belgique  peuvent  s 'y  adressa. 


DICTIONNAIRE    DE    P0M0L0GIE 

CONTENANT  l 

LHISTOIRK,   LA   DESCRIPTION,   U   FIGURE   DES  FRUITS  ANCIENS   ET  DES  FRUITS   MODERNES 
LES   PLUS   GÉNÉRALEMENT   CONNUS   ET   CULTIVÉS. 

Par  André  LEROY, 

PÉPINIÉRISTE, 

Chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  aémmntratenr  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  présider 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


2  volumes  grand  in  8° 
Tome  Ie'  A— G,  389  variétés, 
Tome   V    D-Z,  526       — 

Prix:     broché,  iO  fr.  le    Tolume, 

Soit  20  francs  pour  l'exemplaire  complet. 
L'ouvrage  est  termine. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 


F.  Herinco,  Chronique  :  —  0.  Lescuyer,  Bégonia  Bollvienais  (PI.  VI II).  —  Peu 
tdzes,  flls.  ÎNote  sur  la  multiplication  des  Géranium  y.onalc  à  fleurs  doubles.  — 
Delaire,  Floraison  du  Yncra  Troculeana  au  château  de  Villecante,  et  de  quelques 
autres  espèces  rares.  —  Bonard,  Plantes  nouvelles.  —  I.oms  dit  Conperat,  Conser- 
vation de  la  Chicorée  et  de  la  Scarole.  —  V.  Chatel,  Mise  en  culture  de  la 
surface  des  tas  de  fumier.  —  Ehrlen,  Encore  les  Taupes  et  les  vers  blancs.  —  Van 
Hulle,  La  Non  taille  (suite).—  X...  Travaux  du  mois  d'octobre. 


CHRONIQUE 

Première  apparition  des  colchiques  ;  réunion  des  Hirondelles.  Nouvelles  de  la 
maladie  de  la  Vigne  dans  le  Languedoc  :  un  mal  pour  un  bien;  cause  du 
mal;  remèdes.  Les  végétaux  ligneux  doivent  être  soumis  à  l'assolement 
comme  les  plantes  herbacées  ;  nouveau  traitement  et  nouvelle  méthode  à 
appliquer  à  la  Vigne  soumise  à  ce  régime.  Sécheresse.  Marché"  aux  fleurs 
couvert  de  Paris  :  singulière  vision.  Les  Nymphéacées  sous  le  climat  pari- 
sien ;  floraison  du  Nelurnbium  au  jardin  des  Plantes.  Maladie  des  Rosiers  ; 
la  Glycine  et  les  Rosiers  remontants.  Mon  opinion,  bien  arrêtée,  au  sujet  du 
Radis  de  famille.  Défi  porté  à  l'auteur. 

Hélas!  en  fleurs  est  la  Colchique;  je  l'ai  vue  dans  un  vert 
pré.  J'ai  vu  aussi  les  Hirondelles  se  réunir  sous  les  corniches 
d'un  vieux  château  voisin,  par  petits  groupes  de  trente,  de 
cinquante,  comme  aux  matins  qui  précèdent  leur  départ  pour 
des  régions  plus  chaudes,  ce  qui  annonce  le  retour  prochain 
des  frimas.  Les  beaux  jours  de  1869  seraient-ils  donc  finis? 
J'aime  à  croire  que  les  Colchiques  actuellement  fleuries  sont 
des  exaltées  qui  ont  devance"  l'époque  de  la  floraison  normale 
de  leur  espèce,  et  que  les  Hirondelles  se  réunissent  simplement 
en  petits  conciles  de  trente,  ou  de  quarante,  pour  décider  de 
la  conduite  à  tenir,  par  elles,  envers  les  pucerons  'des  pro- 
vinces méridionales,  qui  attaquent  la  Vigne  par  la  racine,  au 
lieu  de  continuer  à  la  ravager  par  les  raisins,  à  la  manière  de 
Septembre    1869.  17 


—  258  — 

l'oïdium.  Il  est  bien  certain  que  les  us  et  coutumes  des  Méri- 
dionaux doivent  donner  à  réfléchir  aux  Hirondelles,  qui  sont 
traquées,  et  impitoyablement  tuées  par  les  habitants  des  ré- 
gions maritimes;  et  je  comprends  qu'avant  d'aller  à  leur  aide, 
pour  les  débarrasser  des  pucerons  qui  dévorent  les  racines  de 
leurs  Vignes,  elles  se  demandent  si  celte  population  compren- 
dra bien  les  secours  qu'elles  sont  disposées  à  lui  porter,  et  si 
les  braconniers  respecteront  leur  liberté  et  leur  existence.  J'ap- 
prouve leur  prudence  et,  à  leur  place,  je  sais  très-bien  ce  que 
je  ferais. 

Assurément,  je  regrette  ce  nouveau  fléau  qui  vient  de  fondre 
sur  les  vignobles  des  régions  méditerranéennes;  mais  au  fond 
je  n'eu  sais  pas  fâché.  Qu'on  ne  se  méprenne  pas  sur  mes  in^ 
tentions  ;  elles  sont  pures  comme  l'enfant  qui  vient  de  naître, 
et  chacun  sait  que  je  suis  le  meilleur  garçon  du  monde  et  non 
un  méchant  homme;  ceux  qui  en  doutent  peuvent  prendre  des 
renseignements,  à  cet  égard,  auprès  de  tous  les  savants,  vice- 
savants  et  contre-savants  au  sujet  desquels  j'ai  exposé  la  vé- 
rité dans  le  costume  le  plus  antique,  même  sans  te  ceinturon  ni 
le  casque  de  pompier  des  vaillants  soldats  de  la  vieille  Grèce. 

En  effet,  je  considère  cette  calamité  —  car  c'est  une  véri- 
table calamité  —  comme  un  grand  bonheur,  1°  parce  que 
l'homme  sera  peut-être  moins  vaniteux  en  se  voyant  vaincu 
par  ces  infiniment  petits;  2°  parce  que  le  viticulteur  va  être 
enfin  obligé  d'admettre  ce  que  le  simple  bon  sens  aurait  dû 
lui  faire  reconnaître  depuis  longtemps  :  que  le  sol  ne  peut  pas 
fournir  indéfiniment,  à  la  même  espèce  de  plante,  tous  les  ma- 
tériaux nécessaires  à  son  existence  et  à  son  développement;  que 
par  conséquent  il  faut  soumettre  les  végétaux  ligneux  à  une 
sorte  d'assolement,  comme  les  végétaux  herbacés,  pour  per- 
mettre au  sol  de  reconstituer  naturellement  certains  principes 
minéraux  que  ne  lui  restitue  pas  le  fumier,  et  encore  moins 
les  engrais  artificiels  qu'on  peut  lui  donner  chaque  année.  Je 


—  259  — 

crois  donc  que  la  nouvelle  maladie  de  la  Vigne  produira  de 
bons  résultats  culturaux;  car  elle  va  forcer  les  viticulteurs  à 
modifier  leur  antique  et  vicieuse  méthode  de  plantation  tou- 
jours dans  le  même  terrain. 

Malheureusement,  dans  l'état  actuel  des  choses,  une  grande 
partie  des  Vignes  des  départements  de  l'Hérault,  du- 
Gardj  etc.,  va  disparaître.  Ce  n'est  plus  sur  quelques  hectares 
que  sévit  le  mal;  nous  connaissons  un  propriétaire  qui,  cette 
année,  a  eu  100  hectares  de  Vignes  complètement  détruites 
par  ce  fléau  nouveau.  C'est  la  ruine  complète  des  pays  vini- 
coles  ;  car,  sans  être  prophète  de  malheur,  on  peut  prédire, 
aujourd'hui,  qu'il  n'y  a  aucun  moyen  d'enrayer  la  maladie; 
qu'il  faudra  faire  comme  à  Madère  :  arracher  toutes  les  Vignes, 
et  attendre  quelques  10,  45  ou  20  ans  que  le  sol  soit  bien  re- 
posé, ou  plutôt,  que  le  sol  soit  bien  reconstitué  pour  fournir  à 
la  Vigne  les  principes  qui  lui  sont  absolument  nécessaires  et 
qui  lui  font  défaut  actuellement.  Pour  nous,  les  Vignes  sont 
malades  parce  qu'elles  ont  vécu  trop  longtemps  dans  le  môme 
terrain,  et  que  ces  terrains  sont  impropres  maintenant  à  la  cul- 
ture de  cette  essence.  Les  viticulteurs  doivent  donc,  s'ils 
veulent  enrayer  le  mal,  planter  de  suite  de  nouvelles  Vignes 
très-saines  dans  les  terrains  qui  n'ont  pas  encore  nourri  cet 
arbuste,  afin  d'avoir,  dans  2  ou  3  ans,  de  jeunes  et  vigoureux 
cépages  qui  permettront  d'arracher  les  vieux,  et  de  livrer  tous 
les  terrains  ainsi  débarrassés  à  d'autres  genres  de  cultures, 
pendant  20  ou  25  ans.  Durant  ce  laps  de  temps  le  sol  se  re- 
fera,  et  pourra  recevoir,  à  nouveau,  la  Vigne  qu'il  faudra 
alors  traiter  tout  différemment  qu'aujourd'hui  :  le  long  bois 
et  la  non-taille  seraient  avantageusement  appliqués.  La  ques- 
tion est  grave  et  mérite  qu'on  s'en  préoccupe:.  Que  deviendrait 
surtout  la  fameuse  industrie  des  fabricants  de  vins  naturels,  si 
le  Roussillon,  et  les  autres  gros  vins  du  Midi  venaient  a  faire 
défaut?  Comment  s'enrichiraient   tous    ces    honnêtes   trafi- 


—  260  — 

quants,  qui  font  fortune  en  moins  de  40  ans,  en  faisant  des 
mélanges  impossibles  que  nous  prenons  sérieusement  pour  du 
Bordeaux,  du  Mâcon,  du  Bourgogne,  etc.  ?  Ils  seraient  obligés 
d'employer  des  substances  nuisibles,  et  alors  ce  ne  serait  plus 
seulement  notre  bourse  qui  en  souffrirait,  ce  serait  encore 
notre  santé  ;  veillons  donc  au  salut  de  la  Vigne.  Engageons 
les  viticulteurs  du  Midi  à  ne  point  chasser  aussi  impitoyable- 
ment les  Hirondelles  qui  ne  vivent  que  d'insectes,  et  qui 
pourraient  peut-être  bien  devenir  d'utiles  auxiliaires  en  se 
livrant  à  la  destruction  de  ces  funestes  pucerons  :  engageons- 
les  surtout  à  changer  radicalement  leur  méthode  de  culture, 
en  établissant  une  sorte  de  rotation  dans  laquelle  la  Vigne 
ne  reviendrait  que  tous  les  20  ou  25  ans  sur  le  même  sol, 
qu'elle  occuperait  pendant  un  égal  laps  de  temps  ;  qu'ils  mo- 
difient leur  taille,  en  introduisant  quelque  chose  des  méthodes 
dites  épuisantes  ;  qu'ils  cherchent  enfin,  et  n'attendent  point, 
comme  la  plupart  des  campagnards,  que  le  remède  leur 
vienne  du  ciel  ;  car  ils  pourraient  attendre  longtemps. 

Je  ne  sais  ce  que  nous  avons  fait  à  notre  divin  maître, 
mais  il  nous  traite  bien  sèchement  depuis  le  commencement 
du  mois  de  juillet;  et  c'est  universel,  paraît-il.  J'ai  reçu 
de  la  Jamaïque  d'un  mien  ami,  des  nouvelles  des  plus  at- 
tristantes :  «  On  ne  trouve  plus  à  acheter  d'eau,  et  si  ce 
temps  continue  encore  quelques  jours,  dit-il,  nous  mourrons 
tous  de  soif.  »  Dieu  merci  nous  n'en  sommes  pas  réduits  ici  à 
cette  terrible  extrémité.  Le  canal  de  Lourcq  et  la  Seine  nous 
abreuvent  abondamment,  et  la  Dhuis  nous  distille  ses  eaux 
limpides  et  pures  goutte  à  goutte,  comme  un  marchand  d'es- 
sence de  clous  de  girofle  ;  mais  aussi  c'est  de  la  bien  bonne 
eau,  et  c'est  cher!  Je  me  suis  toujours  demandé  combien  un 
horticulteur  de  Paris,  qui  reçoit  l'eau  de  la  Dhuis,  pouvait  ar- 
roser de  plantes  par  jour?  Ces  pauvres  jardiniers  ne  sont 
gèure  favorisés  des  Neptunes  parisiens;  du  reste,  il  leur  se- 


—  261  — 

rait  difficile  de  dire  par  qui  i!s  sont  favorisés.  On  leur  a  boule- 
versé le  marché  du  quai  aux  fleurs;  celui  du  Chàteau-d'Eau  a 
été  exilé  sur  le  boulevard  du  Prince-Eugène,  et  actuellement 
il  est  revenu  s'installer  en  face  les  magasins  réunis,,  sur  une 
foule  de  petits  bouts  de  boulevards  qui  viennent  converger  à 
l'entrée  du  faubourg  du  Temple.  Exposés  à  tous  les  vents, 
sans  tentes,  les  malheureux  marchands  sont  obligés  d'appor- 
ter, chaque  matin,  les  draps  de  leur  lit  pour  se  garantir  du  so- 
leil ou  de  la  pluie.  Ah  !  monsieur  Haussmann  !  si  40  siècles  vous 
contemplent  pour  les  embellissements  que  vous  faites  dans 
Paris,  assurément  ce  n'est  pas  à  l'endroit  des  marchés  aux 
fleurs  ;  mais  leur  tour  viendra  évidemment  ;  ce  sera  le  bouquet 
de  l'édifice. 

En  attendant,  un  des  industriels  qu'ont  fait  éclore  les  dé- 
molitions et  rémolitions  haussmanniennes,  vient  de  faire  ap- 
pel aux  jardiniers  de  Paris,  et  leur  propose  des  places  dans  le 
quatrième  pavillon  du  marché  Saint-Honoré,  qu'il  n'a  pu  louer 
à  aucun  marchand  fripier.  Conditions  très-avantageuses  :  ce 
pavillon  sera  exclusivement  réservé  aux  fleurs  ;  vente  tous  les 
jours  ;  place  gratis  pendant  trois  mois.  Avis  aux  jardiniers 
sans  place.  Mais,  chose  extraordinaire.  Pendant  la  nuit  qui  a 
suivi  la  distribution  du  prospectus  de  l'ouverture  de  ce  mar- 
ché quotidien,  presque  toutes  les  marchands  ont  eu  une  vision. 
Un  joli  petit  ange  leur  apparut,  et  leur  glissa  ces  mots  à 
l'oreille  :  Si  vous  prenez  une  place  dans  ce  nouveau  marché, 
on  vous  retirera  celles  que  vous  avez  sur  ceux  de  la  ville. 
C'est  drôle  n'est-ce  pas?...  comme  un  rêve  du  reste. 

J'ai  rapporté,  dans  ma  dernière  chronique,  que  les  bruits 
couraient,  au  sujet  du  climat  de  Paris,  qu'il  n'était  plus  appro- 
prié aux  besoins  de  la  culture  des  Nymphéacées.  C'est  seulement 
paraît-d,  pour  la  Victoria  et  les  Nymphéa  de  serre  chaude,  car 
j'ai  vu  cette  semaine,  au  jardin  des  Plantes,  le  Nelumbium 
speciosum  étaler  dans  le  bassin  du  carré  creux,  une  végéta- 


—  262  — 

tion  et  une  floraison  presque  tropicales  ;  ses  feuilles  qui  étaient 
portées  sur  des  pétioles  de  \m  60  de  longueur,  mesuraient 
42  cent,  de  diamètre,  et  ses  fleurs  charmantes,  blanc  rosé  à 
50  ou  60  pétales  plus  roses  sur  les  bords,  s'élevant  au-dessus 
des  feuilles,  n'avaient  pas  moins  de  25  centimèlres  de  largeur. 
C'est  une  plante  ravissante  et  curieuse  que  ce  Nelumbium  ;  sa 
culture  est  très-simple;  nous  l'indiquerons  dans  un  prochain 
numéro. 

Je  ne  sais  si  c'est  général,  mais  à  ce  même  jardin  des  Plantes, 
les  Rosiers  sont  dans  le  plus  piteux  état  :  tout  couverts  du  blanc, 
et  naturellement  pas  de  seconde  floraison.  Est-ce  qu'il  n'au- 
rait pas  été  prudent  de  couper,  dès  l'apparition  %dumal,  toutes 
les  branches  et  rameaux  qui  en  étaient  atteints  ;  on  aurait  dé- 
truit tous  les  germes,  et  on  se  serait  garanti  pour  la  saison  nou- 
velle. Je  l'ai  fait  pour  les  Pêchers,  et  m'en  suis  parfaitement 
trouvé. 

Si  les  Rosiers  n'ont  point  remonté,  la  Glycine  de  la  Chine 
ne  s'en  est  pas  privée.  Jamais  sa  seconde  floraison  n'a  été 
aussi  abondante.  C'est  un  fait  très-curieux  que  cette  Glycine. 
Lors  de  son  introduction,  et  pendant  longtemps  après,  elle  ne 
fleurissait  qu'une  fois  l'an.  Tout  à  coup  elle  s'est  mise  à  réfleu- 
rir au  mois  de  juillet  et  non-seulement  dans  quelques  endroits, 
mais  à  peu  près  partout.  On  chercha  à  expliquer  ce  phénomène 
par  les  grandes  sécheresses  qui  surviennent  après  la  première 
floraison,  et  bientôt  suivies  des  pluies  qui  raniment  la  végéta- 
tion. Cette  année  il  est  difficile  de  faire  intervenir  le  pre- 
mier fait;  car  jusqu'à  la  fin  de  juin  nous  avons  été  dans 
l'eau  et  la  température  n'était  pas  excessive  ;  néanmoins  dès 
les  premiers  jours  de  juillet,  partout  la  Glycine  refleurissait; 
elle  est  donc  bien  positivement  remontante.  Pourquoi  les  Ro- 
siers dits  hybrides  remontants  ne  seraient-ils  pas  remontants 
de  la  même  manière?  car  l'hybridation  dans  les  Rosiers!... 
Heuh  !  heuh  !  il  faut  une  bien  bonne  volonté  pour  y  croire.  La 


—  203     - 

pauvre  hybridation  est  un  peu  comme  les  semis  successifs  et 
la  sélection  ;  on  lui  attribue  bien  des  paternités  contre  les- 
quelles elle  protesterait  si  elle  pouvait  s'inscrire  en  faux. 

Il  paraît  que  le  Radis  de  famille  est  allé  se  montrer  à  l'expo- 
sition d'Hambourg.  J'en  ai  reçu  du  midi  qui  ne  descend  pas 
du  tout  du  Radis  sauvage  Raphanus  Raphanistrum .  Les  ré- 
sultats si  fameux  de  semis  successifs  et  de  sélection  pendant 
quatre  générations  seraient  donc...  tout  ce  qu'on  voudra, 
excepté  ce  qu'on  dit  être. 

Je  ne  crains  plus  aujourd'hui,  d'après  tout  ce  que  j'ai  vu, 
de  déclarer  :  que  les  soi-disant  Radis  de  famille  ne  sont  jamais 
sortis  du  Radis  sauvage.  Je  porte  le  défi,  à  l'auteur,  de  repro- 
duire le  même  résultat  devant  une  commission  d'hommes  sé- 
rieux et  honorables.  Le  sujet  en  vaut  la  peine;  je  l'ai  pris  en 
main,  et  ne  l'abandonnerai  que  quand  la  lumière  sera  positi- 
vement et  publiquement  faite.  On  ne  se  joue  pas  aussi  facile- 
ment de  la  science  et  des  savants;  et  il  faut  qu'on  sache 
bien,  qu'il  y  a  encore  quelques  hommes  de  cœur,  qui  savent 
tout  sacrifier  à  la  vérité  scientifique. 

F.  Heringq. 


BEGONIA  BOLIVIENSIS  (PI.  IX). 

Cette  charmante  espèce  à  longues  fleurs  fuchsioïdes^  pour- 
rait-on dire,  est  voisine  de  l'ancien  Regonia  monadelpha  qui 
a  constitué  tout  seul  le  genre  Rarya,  du  célèbre  monographe 
Klotzsch,  qui  a  trouvé  moyen  de  faire  40  à  50  genres,  dans 
le  bon  vieux  genre  Bégonia  de  Linné,  cependant  si  naturel.  Ce 
R.  boliviensis  qui  fait  ainsi  la  seconde  espèce  de  ce  genre, 
diffère  toutefois  beaucoup  du  monadelpha,  par  ses  fleurs  bien 
plus  grandes  et  d'un  brillant  rouge  brique. 

Originaire  de  la  Bolivie,  on  en  doit  la  découverte  à  M.  Wed- 


—  264  — 

dell  qui  la  trouva  durant  son  voyage  de  1 845,  dans  les  ravins 
humides  des  provinces  des  Cordillières  et  d'Azero;  c'est 
beaucoup  plus  tard,  en  1866,  que  M.  Pearce,  collecteur  an- 
glais, l'introduisit  vivant  en  Angleterre,  dans  l'établissement 
de  M.  Veitch,  qui  l'a  fait  figurer,  en  1867,  dans  son  lot  de 
nouveautés  de  l'Exposition  universelle  de  Paris  où  nous  l'a- 
vons admiré.  Cette  année  nous  l'avons  revu  à  l'Exposition  de 
mai,  dans  le  lot  de  M.  Lierval  qui  a  bien  voulu  nous  permettre 
d'en  faire  le  dessin  que  nous  reproduisons  dans  ce  numéro. 

Ce  joli  Bégonia  à  fleurs,  a  un  rhizome  tubéreux  d'où  sor- 
tent des  tiges  glabres,  qui  s'élèvent  à  60  cent,  et  1  mètre  et  se 
ramifient  dans  la  portion  supérieure.  Les  feuilles,  longues  de 
8  à  13  cent,  sur  2  à  3  de  largeur  sont  étroitement  lancéolées- 
acuminées,  très- inégalement  partagées  en  deux  par  la  nervure 
médiane,  bordées  de  dents  terminées  par  une  soie,  oblique- 
ment insérées  sur  le  pétiole  et  accompagnées  de  deux  petits 
stipules  en  fer  de  lance.  Les  fleurs  qui  sont  retombantes  et 
d'un  beau  rouge  brique,  naissent  par  deux  sur  chaque  pédon- 
cule :  l'une  est  mâle,  composée  de  2  sépales  oblongs,  de  2  pé- 
tales à  peu  près  de  même  forme  et  de  même  longueur  (4  cent, 
environ),  et  d'une  colonne  d'étamines  à  anthère  jaune  ;  l'autre 
fleur   est  femelle,  pourvue    d'un  ovaire   infère  de   couleur 
verte,  à  3  angles  roses  dont  un  très-développé  en  aile  ;  d'un 
périanthe  à  5  divisions  pétaloïdes  rouge-brique^  dont  3  exté- 
rieures un  peu  plus  longues  que  les  2  intérieures  qui  n'ont  guère 
plus  de  15  millimètres  de  longueur.  Le  style  qui  occupe  le 
centre  de  la  fleur  porte  trois  stigmates  divisés  chacun  en  deux 
lobes  contournés  en  spirales. 

Le  Bégonia  boliviensis  est  une  plante  de  bonne  serre  tem- 
pérée pendant  i'hiver;  il  servira  comme  la  plupart  de  ses 
congénères  à  orner  les  conservatoires  d'automne  et  les  appar- 
tements au  commencement  de  la  mauvaise  saison.  C'est  déjà 
dès  maintenant  que  les  Bégonia  à  fleurs  jouent  un  grand  rôle 


—  265  — 
à  la  campagne,  pour  garnir  les  chaumières  et  les  serres  de 

refuge. 

0.  Lescuyer. 


NOTE  SUR  LA  MULTIPLICATION  DES  GERANIUM  ZONALE 
A  FLEURS  DOUBLES  (1). 

Parmi  les  modes  de  reproduction  de  Géranium  zonale,  il  y 
en  a  qui  sont  plus  ou  moins  faciles. 
Déjà  plusieurs  méthodes  ont  été  préconisées  par  M.  le  vicomte 
F.  du  Buysson  et  par  M,  Lierval,  horticulteur;  elles  sont  très- 
avantageuses  ;  je  les  ai  expérimentées  et  elles  m'ont  donné  de 
bons  résultats. 

Quant  au  mode  que  j'ai  employé,  il  est  différent,  et  je  crois 
qu'il  peut  encore  rendre  des  services  à  l'horticulture. 

Les  variétés  de  Géranium  à  fleurs  doubles,  encore  l'an  der- 
nier, n'étaient  pas  très-répandues,  et  surtout  les  bonnes 
plantes. 

Possédant  un  massif  de  la  variété  dite  Gloire  de  Nancy  (Le- 
moine)  ,  plante  de  premier  ordre,  vers  la  fin  de  septembre, 
j'ai  pincé  la  sommité  des  tiges  ;  dans  le  courant  du  mois  d'oc- 
tobre tous  les  bourgeons  de  la  tig'e  mère  se  sont  développés  et 
ont  atteint  une  longueur  en  moyenne  de  deux  à  trois  centimètres; 
vers  le  commencement  du  mois  de  novembre,  j'arrachai  les 
plantes  ;  chaque  tige  portait  plusieurs  pousses  ;  je  les  détachai 
de  la  tige  mère  en  conservant  trois  ou  quatre  centimètres  de 
sa  tige  adhérant  à  la  pousse  en  coupant,  avec  une  serpette,  en 
forme  de  bec  de  flûte  allongé  ;  en  procédant  ainsi,  on  peut 
avoir  autant  de  multiplicatious  qu'il  y  a  de  bourgeons  sur  la 
tige  mère. 


(4)  Ann.  Soc.  d'hort.  de  Haute-Garonne. 


—  266  — 

De  suite  après  avoir  détaché  mes  boutures  de  la  manière  et  à 
l'époque  indiquées,  je  préparai,  dans  une  serre,  l'emplacement 
pour  les  recevoir,  en  formant  un  sol  d'un  quart  de  terreau  et 
trois  quarts  sable  ordinaire  de  six  à  sept  centimètres  d'épais- 
seur ;  je  les  plantai  en  les  espaçant  de  trois  ou  quatre  centi- 
mètres et  en  les  enfonçant  jusqu'au  collet  ;  le  sable  et  le  terreau 
sont  tenus  constament  humides  au  moyen  d'un  arrosage  à  la 
pomme. 

Si  la  température  se  maintient  à  dix  degrés,  dans  l'espace  de 
quinze  jours,  les  racines  sont  formées  ;  il  s'en  développe  une 
grande  quantité  tout  autour.de  la  section  de  la  bouture  ou  talon, 
et  même  souvent  sur  le  vieux  bois  de  la  tige  mère,  qui  adhère 
à  la  bouture. 

On  procède  au  rempotage  après  que  l'on  reconnaît  que  les 
boutures  ont  bien  repris  et  on  peut,  de  suite  après,  sans  craindre 
qu'elles  ne  fondent,  les  placer  dans  n'importe  quel  genre  de 
serre. 

On  pourrait  opérer  ce  genre  de  multiplication  pendant  le 
courant  de  l'été.  Il  est  évident  que,  fait  à  cette  époque,  il  n'y 
aurait  pas  d'inconvénients  ;  je  crois  cependant  que  quand  on  a 
un  beau  massif  de  Géranium  zonale  à  fleurs  doubles,  pour  ne 
pas  le  déprécier,  l'époque  que  j'indique  est  préférable. 

Pertuzès  fils, 

horticulteur  à  Toulouse. 


FLORAISON  DU  YUCCA  TRECULEANA  ET  AUTRES  ESPÈ- 
CES AU  CHATEAU  DE  VILLECAJNTE,  A  DRY,  PRÈS 
ORLÉANS. 

Le  Yucca  Trecukana,  Ilort.,  Yucca  undulata,  Mart,  aurait 
déjà  fleuri,  d'après  les  différentes  notes  que  nous  avons  prises, 
en  1864,  chez  M.  Alphonse  Lavallée,  à  Segrez;  en  1866  au  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  Paris  et  l'année  dernière  (  26  mai) 


—  267  — 

chez  AI.  Charles  Gombault  ;  malheureusement  ce  dernier,  par 
une  fatalité  du  temps,  fut  impitoyablement  brisé,  haché  parla 
grêle  d'un  ouragan  qui  a  dévasté  une  partie  des  récoltes  sur 
son  passage,  et  cela,  quelques  jours  seulement  avant  que  la  des- 
cription ait  pu  eu être  faite;  cependant,  d'après  les  renseigne- 
ments que  m'a  donnés  M.  Charles  Gombault,  sa  floraison  dépas- 
sait en  beauté  celui  de  cette  année  ;  ses  fleurs  surtout  étaient 
d'un  plus  beau  blanc  ;  la  panicule,  ou  bourgeon  floral,  plus 
serrée  et  les  fleurs  plus  nombreuses;  tandis  que  dans  celui  Tai- 
sant le  sujet  de  celte  note,  la  panicule,  d'une  hauteur  de  I  m. 
10  c,  est  composée  de  ramifications  décroissantes  qui  lui 
donnent  la  forme  pyramidale  ;  les  fleurs  sont  d'un  blanc  jau- 
nâtre passant  à  la  teinte  soufrée  ;  les  pétales  (segments)  exté- 
rieurs sont  munis  au  sommet  d'un  mucron  rougeâtre;  les  brac- 
tées florales  marquées  d'une  large  bande  rougeâtre,  ce  qui 
laisserait  croire  que  ce  Yucca  serait  une  variété  du  Yucca 
Treculeana,  si  toutefois  ceux  décrits  jusqu'à  ce  jour  étaient 
bien  le  Yucca  Treculeana  !  Peut-être  a-t-on  confondu  le  Yucca 
eornuta,  qui  n'en  diffère  que  très-peu;  son  caractère  est  d'avoir 
étant  jeune  comme  adulte,  les  feuilles  contournées.  M.  Gom- 
bault donne  à  celui  qui  a  fleuri  l'année  dernière,  le  nom  de 
Yucca  Treculeana  rufocinctq  ;  il  est  identique  à  celui  figuré 
dans  [Horticulteur  français,  année  1864,  page  230  ;  il  a  bien, 
comme  dit  M.  Herincq,  les  feuilles  très- finement  denticulées  ; 
nous  avons  regardé  à  la  loupe  les  bords  des  feuilles  de  celui  qui 
a  fleuri  cette  année,  le  27  mai,  elles  n'étaient  nullement 
dentelées, 

En  somme  c'est  une  magnifique  plante,  formant  le  plus  bel 
effet  isolée  sur  une  pelouse  ;  les  deux  spécimens  que  possède 
M.  Gombault  sont  peut-être  uniques  comme  force.  Celui  qui 
a  fleuri  cette  année,  mesureen  diamètre,  2  m.;  en  hauteur  2  m. 
20  c,  y  compris  le  bourgeon  floral  :  ce  dernier  avait  au  tiers  de 
sa  hauteur  lm.  20  c.  de  circonférence. 


—  268  — 

Voici  la  description  aussi  exacte  que  nous  avons  pu  la 
prendre  : 

Tige  grosse  et  charnue,  diamètre  à  sa  base,  0  m,  24  c; 
hauteur,  1  m,  dépourvue  de  feuilles  jusqu'à  0  m.  20  c.  du  sol. 

Feuilles  :  dressées,  lancéolées,  épaisses,  rudes  sur  la  face 
supérieure,  rugueuses  sur  la  face  inférieure,  fortement  canali- 
culées,  terminées  par  un  mucron  fauve,  longues  de  1  m.  15  c, 
larges  de  5  à  6  c,  d'un  vert  jaunâtre  bordées  de  brun. 

Fleurs  :  panicule  pyramidale  de  1  m.  10  c,  composée  de 
ramifications  décroissantes  portant  plus  de  300  fleurs,  d'un 
blanc  jaunâtre  ;  périgone  campanule,  profondément  divisé  en 
six  segments  oblongs,  de  5  c.  de  long,  les  extérieurs  munis  au 
sommet  d'un  mucron  rougeâtre.  Etamines  6  à  filaments  allon- 
gés, renflés  au  sommet,  infléchis  et  hérissés  de  papilles 
blanches  ;  stigmates  trois,  sessiles  bilobés  au  sommet,  ne  dépas- 
sant pas  la  courbure  des  etamines  ;  bractées  florales  engainantes 
à  la  base,  plus  longues  que  les  pédicules,  et  marquées  d'une 
large  bande  rougeâtre, 

Comme  onle  voit  ci-dessus,  un  des  caractères  les  plus  tran- 
chés de  ce  Yucca,  et  qui  n'existe  ni  dans  le  Yucca  gloriosa,  ni 
dans  le  Yucca  pendula,  ni  dans  les  autres,  c'est  que  le  stigmate 
ne  dépasse  pas  la  courbure  des  etamines,  tandis  que  dans  les 
autres  il  la  dépasse  de  plus  d'un  centimètre.  Ce  caractère  pour- 
rait peut-être  servir  à  classer  le  genre  Yucca.  Il  est  bien 
regrettable  que  les  Schultes  et  plus  tard  Kunth  n'aient  pas  con- 
tinué leur  travail  sur  les  Monocotylédonées.  Ces  trois  auteurs 
ont  pris  pour  base  de  leur  classification,  la  nature  des  bords  des 
feuilles  ;  mais,  comme  dit  M.  Lemaire  (  Illustration  horticole 
t.  13),  «ce  caractère  est  assez  arbitraire  et  peu  stable;  en 
effet  d'un  bord  lisse  à  un  bord  plus  ou  moins  scabre,  plus  ou 
moins  denticulé,  il  n'y  a  pas  assez  de  différence.  »  Nous  sommes 
en  cela  de  l'avis  de  M.  Lemaire,  car  nous  avons  remaïqué  sur 
le  peu  de  sujets  que  nous  possédons,  que  les  jeunes  Yucca  ne  se 


—  269  — 

ressemblent  pas  dans  l'âge  adulte.  Ainsi  le  Yucca  Treculeana 
en  jeune  plante,  cultivé  en  pot,  a  ses  feuilles  contournées, 
comme  le  dit  M.  Carrière,  mais  dans  l'âge  adulte  elles  sont 
roides  et  dressées  ;  il  y  a  encore  d'autres  variétés  et  espèces 
qui  ne  se  caractérisent  qu'à  l'âge  adulte,  tandis  que  dans  le 
Yucca  cornuta  ou  Parmentieri  Hort.  ?  elles  sont  contournées 
jeunes  et  adultes.  Il  est  donc  à  désirer  que  l'on  fasse  la  mono- 
graphie des  Yucca,  le  genre  étant  aujourd'hui  très-nombreux. 
M.  Gombault  en  possède  actuellement  112  espèces  et  variétés, 
parmi  lesquelles  nous  avons  vu  en  fleurs,  ou  près  de  fleurir,  le 
8  juillet,  le  YuccaMeldensis,  plante  acaule,  à  feuille  filamenteuse, 
panicule  florale  rouge,  de  lm.  50c.  de  haut  ;  fleurs  longues, 
d'un  blanc  verdâtre. 

Le  Yucca  albo-spica  pendilla,  plante  acaule,  bourgeon  floral 
de  2  m.  20  c.  de  haut  ;  0  m.  13  c.  de  circonférence  à  sa  base. 

Le  Yucca  stricta  filamentosa,  plante  acaule  (gain  obtenu  par 
M.  Gombault)  panicule  de  1  m.  composée  de  rameaux  droits, 
fleur  d'un  blanc  verdâtre,   ressemblant  comme  port  au  type. 

Le  Yucca  lutescem  rapporté,  comme  le  Yucca  Treculeana, 
du  Texas,  par  M.  Trécul,  à  la  suite  du  voyage  qu'il  fit 
en  1848  et  49  dans  l'Amérique  du  nord,  est  une  plante  acaule 
comme  l'indique  M  Carrière,  à  feuilles  radicales  d'un  vertjau- 
nâtre.  Le  sujet  que  possède  M.  Gombault  va  fleurir  prochai- 
nement nous  en  rendrons  compte  ultérieurement. 

Cette  note  nous  amène  tout  naturellement  à  parler  d'un 
procédé  employé,  aveesuccès,  par  notre  collègue  M.  Th.  Grange, 
pour  la  multiplication  des  Yucca.  D'après  ce  procédé  on  peut 
bouturer  de  janvier  à  mars  tous  les  Yucca  nouveaux  ou 
rares  que  l'horticulteur  veut  multiplier  vite,  pour  mettre  au 
commerce,  ainsi  que  les  vieux  pieds  des  Yucca  arborescents,  ou 
encore  les  Yucca  malades  ou  attaqués  par  la  pourriture. 

Dans  ces  trois  cas  on  coupe  la  tête  des  Yucca,  dans  la  partie 
ayant  le  plus  de  chance  de  réussite.  On  met  ensuite  sécher  la 


—   270  — 

section  faite  à  la  bouture,  sur  une  tablette  de  la  serre  chaude 
ou  mieux  de  la  serre  à  multiplication;  puis,  huit  jours  après, 
lorsque  les  sections  sont  bien  sèches  on  lés  met  dans  un  vase 
en  terre;  ou  dans  un  verre,  dans  lequel  on  met  un  centimètre 
d'eau,  afin  d'entretenir  une  humidité  constante  sur  la  partie 
coupée  ;  il  n'est  pas  besoin  de  remplacer  cette  eau,  mais  on 
doit  en  mettre  de  temps  à  autr^pour  remplacer  celle  évaporée. 
Après  cette  opération,  on  place  ses  vases  sur  une  tablette  de  la 
serre  à  multiplication,  jusqu'au  moment  où  les  boutures  émettent 
des  racines,  ce  qui  a  lieu  quinze  jours  ou  trois  semaines  après. 
Aussitôt  que  les  racines  ont  acquis  une  longueur  d'un  demi- 
centimètre  ou  d'un  centimètre  au  plus,  on  rempote  dans  de 
petits  godets  avec  de  la  terre  de  bruyère  légère,  et  lorsque  les 
racines  emplissent  le  pot,  on  peut  sans  crainte  mettre  les 
boutures  en  serre  tempérée  ou  sous  châssis. 

On  peut  opérer  de  même  pour  les  jeunes  pousses  données 
par  les  sujets  décapités,  ainsi  que  pour  les  Agave  et  Dasylirion. 

Ce  procédé  est  peut-être .  déjà  connu,  néanmoins  nous 
cfoyons  pouvoir  être  utile  ou  agréable  en  les  communiquant 
pour  que  chacun  en  fasse  son  profit. 

Delaire, 

Jardinier  eu  chef  du  Jardin  des  Plantes  d'Orléans. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Marantai  Ce  genre  de  plantes  à  feuillage  ornemental,  com- 
prend déjà  un  certain  nombre  d'espèces  très-recherchées. 
M.  Linden  vient  d'en  mettre  encore  six  nouvelles  au  commerce., 
et  qui  ne  le  cèdent  en  rien  à  leurs  devancières . 

Le  Maranta  amabilïs,  appelé  aussi  Phrynium  omabilc,  a  des 
feuilles  étroites  d'un  vert  tendre,  avec  une  bande  s'étendant 
des  deux  côtés  de  la  nervure  médiane  ;  il  est  originaire  des 
régions  du  haut  Amazone,  et  a  été  introduit  par  M .  Wallis . 


—  271   — 

Le  Maranta  ou  Calathea  chimboraœnsis,  découvert  par  le 
môme  voyageur  dans  les  forêts  épaisses  qui  couvrent  la  base 
du  fameux  pic  Ghambôraço,  a  ses  feuilles  ovales  obliques,  à 
limbe  inégalement  entouré  d'une  bande  zonée  à  dessins  irrégu- 
liers,  d'un  vert  clair,  et  autour  de  ces  dessins  s'étendent  des 
festons  d'un  vert  obscur  bordés  de  blanc  ;  le  restant  de  limbe 
est  d'un  vert  clair  comme  le  centre. 

Le  M.  princeps,  qu'on  peut  désigner  aussi  sous  le  nom  géné- 
rique de  Phrynium  est  une  grande  espèce  qui  atteint  jusqu'à 
lm  50 de  hauteur;  ses  feuilles  sont  admirablement  ornées,  à 
la  face  supérieure,  d'une  bande  centrale  d'un  vert  foncé,  noirâ- 
tre, métallique,  rejoignant,  par  une  ligne  très-fine,  une  bande 
marginale  de  même  couleur,  tandis  que  le  restant  du  limbe 
est  d'un  jaune  paille;  la  face  inférieure  est  d'un  pourpre  foncé. 
C'est  toujours  M.  Wallis,  l'introducteur  de  cette  splendide  es- 
pèce qui  a  ses  pénates  naturelles  sur  les  bords  du  Huallaga, 
un  des  grands  affluents  péruviens  du  haut  Amazone. 

Le  Maranta  ou  Phrynium  setosa  n'offre  pas  des  dessins  sur 
son  feuillage;  mais  il  est  digne  de  prendre  place  dans  les 
collections  par  le  beau  vert  satiné  de  la  face  supérieure  des 
feuilles,  et  par  la  belle  couleur  pourpre  de  la  face  inférieure. 

Enfin  le  Maranta  virginalis  major  est  une  belle  et  majes- 
tueuse variété  du  virginalis  f  trouvée  sur  les  bords  du  Huallaga 
au  Pérou,  et  qui  se  distingue  du  type  par  ses  feuilles  plus 
grandes  à  disque  blanc  pur  plus  large  et  plus  prononcé. 

Matisia  cordata.  Bel  arbre  fruitier  des  régions  subtempérées 
enColombie:  il  appartient  à  la  famille  des  Sterculiacées. 
Son  feuillage  ressemble  un  peu  à  celui  du  Catalpa,  et  son 
fruit,  très-estimé  dans  le  pays,  sous  le  nom  de  Sapote  et  C/w- 
ehupa,  est  une  drupe  à  péricarpe  épais  et  charnu. 

Selaginella  setosa.  Très-coquette  et  intéressante  espèce  de 
la  Colombie,  à  feuilles  vert  velouté  en  dessus,  et  rose  satiné  en 
dessous. 


—  272  — 

Tillandsia  Lindeni.  Très -belle  Broméliacée  qui  a  eu  les  hon- 
neurs del'Exposition  universelle  de  1867,  où  chacun  l'admirait, 
alors  qu'elle  portait  le  nom  de  Tillandsia  cœsia.  L'ensemble  de 
ce  Tillandsia  forme  une  élégante  rosace  de  feuilles  rubanées, 
du  centre  de  laquelle  s'élève  une  hampe  de  50  cent,  de  hauteur, 
portant,  à  son  sommet,  des  spathes  imbriquées  d'un  rose  tendre 
et  vernissé,  de  l'aisselle  desquelles  sort  successivement  une 
grande  fleur  d'un  bleu  d'azur  passant  au  violet  en  vieillissant. 
Ce  Tillandsia  a  été  trouvé  à  l'état  épiphyte,  par  M.  Wallis, 
dans  les  forêts  de  Huancabamba  au  Pérou. 

Ern.  Bonard 


CONSERVATION  DE  LA  CHICORÉE  ET  DE  LA  SCAROLE. 

Tout  le  monde  sait  que  la  Chicorée  et  la  Scarole  sont  d'une 
grande  ressource  pour  l'homme,  soit  pour  être  mangées  cuites 
ou  en  salade.  Mais  ce  que  beaucoup  ne  savent  pas  assez,  c'est 
la  manière  de  les  conserver  pendant  l'hiver,  pour  en  livrera  la 
consommation  jusque  dans  le  courant  du  mois  de  mars;  pour- 
tant rien  n'est  plus  facile.  Avec  un  peu  de  soin  on  peut  en 
conserver  jusqu'au  15  mars,  aussi  fraîche  et  aussi  bonne  que 
pendant  les  mois  d'octobre  et  novembre. 

Pourquoi  ne  les  conserve-t-on  guère  au  delà  du  mois  de 
janvier?  C'est  parce  que  ordinairement  on  les  rentre  dans  une 
serre  à  légumes  ou  dans  tout  autre  local  plus  ou  moins  privé 
d'air  et  de  lumière.  Quelques  jardiniers  les  mettent  bien  sous 
châssis,  mais  une  fois  les  panneaux  vitrés  posés,  ils  les  laissent 
tout  l'hiver  sans  jamais  les  enlever.  Ceux  qui  pratiquent  cette 
méthode,  pour  la  conservation  des  Chicorées,  donnent  pour 
raison  que  les  plantes  n'étant  pas  mouillées  par  les  eaux  plu- 
viales pourrissent  moins  vite.  Je  dis,  moi,  que  c'est  le  con- 
traire qui  a   lieu.  Je   ne  prétends   pas  cependant    que  les 


—  275  — 

pluies  les  conservent  "plus  longtemps;  mais  je  soutiens,  d'a- 
près les  observations  que  j'ai  faites  pendant  plusieurs  années, 
—  en  petit  il  est  vrai  —  que  les  Chicorées  ainsi  rentrées  sous 
châssis  toujours  tenus  fermés,  pourrissent  bien  plus  vite  que 
celles  traitées  d'après  la  méthode  que  je  vais  faire  connaître. 

Quels  sont  les  agents  les  plus  utiles  à  la  conservation  des 
Chicorées?  Il  va  sans  dire  que  c'est  l'air  qui  durcit  les  tissus, 
et  la  lumière,  qui  maintient  la  matière  colorante  verte.  Sans 
air  et  sans  lumière,  voici,  en  effet,  ce  qui  arrive;  mais  quand 
je  dis  sans  air,  je  n'entends  pas  le  vide,  car  dans  cette  condi- 
tion ni  animaux  ni  végétaux  ne  peuvent  vivre.  Je  prétends 
dire  que  sans  air  renouvelé  et  dans  l'obscurité,  les  Chicorées 
deviennent  tendres,  blanchissent,  et  que  si  elles  restent  long- 
temps dans  ce  milieu,  elles  finissent  par  pourrir  inévitable- 
ment ;  celles  qui  sont  sous  châssis  et  qui  reçoivent  de  la 
lumière  ne  blanchissent  pas,  mais  le  cœur  pousse,  elles  s'at- 
tendrissent, deviennent  fades,  au  point  de  n'être  plus  man- 
geables ;  on  est  obligé  de  jeter,  pour  ce  fait,  la  moitié  de  sa  ré- 
serve; et  il  est  rare  qu'elles  se  conservent  bonnes  plus  d'un 
mois. 

Puisque  l'air  et  la  lumière  sont  nécessaires  à  la  conserva- 
des  Chicorées  et  des  Scaroles,  il  faut  donc  leur  donner  l'un  et 
l'autre  le  plus  possible.  Partant  de  là,  voici  ce  qu'il  y  a  à  faire. 

Mais,  avant  et  pour  procéder  méthodiquement,  disons 
quelques  mots  sur  les  semis  et  la  culture  de  ces  plantes  ;  car 
on  ne  peut  espérer  de  bons  résultats  si  les  choses  ne  sont  pas 
faites  à  temps  et  en  saison. 

Les  semis  destinés  à  donner  le  plant  pour  la  conservation 
d'hiver  doivent  se  faire  du  !25  à  la  fin  de  juillet. La  meilleure 
variété  pour  cette  saison  est  la  Chicorée  de  Meaux;  la  rouennaise 
aussi  réussit  assez  bien.  Pour  la  Scarole,  c'est  la  ronde  ma- 
raîchère. 

On  sème  sur  un  bout  de  planche  ou  de  plate-bande  à  mi- 

Scptembre   1869.  4  8 


—  274  — 

ombre  ;  on  arrose  pour  faciliter  la  germination  qui  a  lieu  en 
cette  saison  en  5  ou  6  jours.  On  sarcleet  on  continue  les  arro- 
sements  si  le  temps  est  sec,  afin  que  le  plant  soit  plus  vigou- 
reux et  ne  durcisse  pas.  Quand  il  est  bon  à  planter,  un 
mois  environ  après  le  semis,  soit  à  la  fin  d'août,  on  laboure 
et  dresse  sa  planche  ;  on  trace  les  lignes  qui  doivent  être  dis- 
tantes de  30  centim.  les  unes  des  autres  et  celles  des  bords 
à  15  du  sentier;  puis  on  arrose  le  semis  pour  que  la  terre 
tienne  aux  racines  au  moment  de  l'arrachage.  Deux  heures 
après  cet  arrosage,  on  lève  le  plant  avec  soin,  et  on  plante  au 
plantoir,  à  30  centimètres  de  distance  dans  chaque  ligne,  et 
en  quinconce,  de  manière  que  tous  les  pieds  soient  à  égale  dis- 
tance de  tous  les  côtés.  Enfin  on  arrose  pour  aider  à  la  re- 
prise, et  on  continue  tous  les  jours  si  le  temps  est  au  sec. 

A  cette  époque  de  l'année,  le  paillage  est  inutile  ;  le  faillis 
entretiendrait  la  terre  trop  humide.  S'il  survenait  de  la  pluie, 
qui  ferait  pousser  de  mauvaises  herbes,  on  donnerait  alors  un 
ou  deux  bons  binages  qui  les  détruiraient  et  qui  ameubliraient 
le  sol.  Tels  sont  les  soins  de  culture  à  donner  aux  Chicorées 
d'automne  destinées  à  la  conservation. 

A  la  fin  d'octobre  ou  dans  les  premiers  jours  de  novembre, 
s'il  survenait  quelques  petites  gelées  de  5  ou  4  degrés  et  que 
la  Chicorée  ne  soit  pas  trop  forte,  il  serait  inutile  de  la  couvrir; 
mais  si,  par  une  circonstance  quelconque,  elle  se  trouvait  un 
peu  avancée  ;  si  le  cœur  était  bien  garni  et  un  peu  blanc,  et 
par  conséquent  très-tendre,  alors  il  faudrait  la  couvrir  avec 
des  paillassons  ;  car,  en  cet  état,  elle  est  plus  sensible  au  froid, 
et  même,  il  faut  qu'on  le  sache,  malgré  tous  les  soins  qu'on 
pourrait  lui  donner,  elle  ne  se  conserverait  pas  aussi  long- 
temps que  dans  l'état  moins  avancé.  J'en  ai  vu,  au  mois  de 
novembre  dernier,  qui  était  dans  cette  condition,  parce  que  le 
semis  avait  été  fait  10  à  15  jours  trop  tôt,  et  elle  a  gelé  com- 
plètement par  une  gelée  de  2  degrés  seulement.  Mais  j'en  ai 


—  275  — 

eu  plusieurs  planches  au  1 5  janvier  dernier,  qui  étaient  parfai- 
tement conservées  sans  avoir  été  couvertes  une  seule  fois  ;  ce 
qui  témoigne  que  la  Chicorée  et  la  Scarole  peu  avancées  sup- 
portent très-facilement  4  ou  5  degrés  de  gelée,  puisque,  en  no- 
vembre dernier,  le  thermomètre  a  descendu  jusqu'à  6  au  des- 
sous de  zéro  ;  tandis  qu'au  contraire,  lorsqu'elles  sont  trop 
avancées,  elles  gèlent  à  deux  seulement. 

Ordinairement  les  gelées  d'octobre  et  de  novembre  sont  de 
courte  durée,  et  une  fois  passées,  on  a  presque  toujours  trois 
semaines  ou  un  mois  de  temps  doux  durant  lesquels  les  Chico- 
rées doivent  rester  en  place,  poussent  toujours  un  peu,  et  se 
durcissent  pour  mieux  résister  aux  froids  à  venir. 

Quand,  dans  la  première  quinzaine  de  décembre,  il  survient 
des  gelées  de  7  à  8  degrés,  un  simple  paillasson  suffit  pour  les 
garantir;  à  défaut  de  paillassons,  on  couvre  avec  des  feuilles 
sèches,  du  petit  foin  ou  du  fumier  bien  sec.  Presque  tous  les 
ans  les  grands  froids  ne  prennent  jamais  guère  que  vers  le 
15  décembre.  Ce  n'est  donc  qu'à  cette  époque  qu'on  doit  se 
mettre  en  mesure  de  rentrer  ses  Chicorées  et  Scaroles. 

Aussitôt  que  le  froid  devient  menaçant,  on  arrachera  toutes 
ces  plantes  en  laissant  un  petite  motte  aux  racines,  et  au  fur  à 
mesure  on  les  placera  sur  la  terre  les  unes  contre  les  au- 
tres, sur  une  largeur  de  lmH0  et  sur  une  longueur  indéter- 
minée, suivant  la  quantité  qu'on  aura  à  placer.  Quand  le  tout 
sera  ainsi  massé,  on  mettra  dessus  des  panneaux  vitrés  qui 
reposeront  sur  des  pots,  pour  que  l'air  puisse  circuler  et  se  re- 
nouveler librement  :  on  peut,  bien  entendu,  se  servir  aussi 
des  coffres,  mais  ce  n'est  pas  nécessaire.  Toutes  les  fois  que  la 
gelée  menacera,  on  couvrira  avec  des  paillassons,  et  si  le  froid 
devenait  plus  intense,  on  ferait  un  acot  tout  autour  des  châssis 
avec  du  fumier  ou  des  feuilles  sèches; mais  chaque  fois  que  le 
soleil  luira,  on  découvrira,  et  on  donnera  de  l'air  si  le  ther- 
momètre remonte  au  dessus  de  zéro.  En  un  mot,  on  s'arran- 


—  276  — 

géra  de  manière  que  les  Chicorées  ne  gèlent  pas,  et  à  conser- 
ver pendant  les  gelées,  sous  les  châssis,  une  température  qui 
ne  soit  pas  au-dessus  de  2  ou  3  degrés. 

Quand  viendra  le  dégel,  on  donnera  de  l'air  graduellement 
pour  habituer  les  Chicorées  peu  à  peu  au  grand  air,  parce  que 
ayant  été  renfermées  pendant  un  certain  temps  elles  sont 
tendres,  et  commencent  à  blanchir.  Enfin  quelques  jours  plus 
tard,  on  enlèvera  les  châssis,  et  si  on  approche  de  la  mi-jan- 
vier et  que  le  temps  soit  très-doux,  on  pourra  enlever  les  acots. 
Dans  le  cas  où  il  surviendrait  quelques  gelées  dans  le  courant 
de  février,  un  simple  paillasson  suffira  pour  garantir  la  ré- 
serve. 

Au  lieu  de  placer  simplement  ses  Chicorées  sur  le  sol  d'une 
plate-bande,  on  peut  ouvrir  une  tranchée  de  1"°  20  à  un 
lm  30  de  largeur  sur  30  à  4-0  de  profondeur,  dans  laquelle  on 
dépose  ses  plantes,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  et  on  couvre 
avec  les  panneaux  vitrés  ;  mais  par  ce  procédé  les  Chicorées  se 
conservent  moins  longtemps. 

Il  va  sans  dire  que,  pendant  tout  ce  temps,  on  en  doit  tenir 
une  certaine  quantité  de  pieds  privés  de  lumière  pour  faire 
blanchir  et  livrer  à  la  consommation. 

Je  ferai  aussi  remarquer  que  les  dates  indiquées  plus  haut 
pour  Ja  rentrée  sous  châssis  doivent  nécessairement  varier 
suivant  la  précocité  ou  la  tardiveté  de  l'hiver.  Ainsi,  par 
exemple,  l'hiver  de  1867  à  1868,  qui  a  été  assez  rigoureux,  n'a 
commencé  que  du  15  au  20  décembre  et  a  fini  du  12  au  15 
janvier.  Donc,  pour  cette  année-là,  on  a  dû  mettre  les  Chico- 
rées sous  châssis  au  15  décembre,  et  enlever  panneaux  vitrés  et 
acots  le  20  janvier.  Cette  année  il  a  suffi  de  les  mettre  le 
15  janvier  et  de  les  débarrasser  de  leur  abri  le  25  du  même 
mois,  puisqu'il  n'a  fait  que  5  jours  de  forte  gelée. 

Toutefois,  il  ne  faut  pas  se  hasarder  et  avoir  trop  confiance 
en  le  temps,  car  on  s'exposerait  à  tout  perdre.  On  doit,  par 


—  277  — 

prudence,  disposer  ses  Chicorées  en  planches,  toutes  prêtes  à 
recevoir  les  panneaux  vitrés  vers  le  15  décembre  ;  mais  on  at- 
tendra pour  couvrir,  avec  ces  derniers,  que  les  gelées  prennent 
un  peu  fort,  puisque  plus  les  Chicorées  restent  au  grand  air, 
mieux  elle  se  conservent  en  hiver. 

Louis  dit  Comperat. 


MISE  EN  CULTURE  DE  LA  SURFACE  DES  TAS  DE  FUMIER 

Souvent  les  fumiers  restent  plusieurs  mois  en  tas  sans  être 
employés,  et  il  ne  manque  pas  de  se  produire  une  forte  évapo- 
ration  des  gaz  fertilisants,  dont  la  perte  diminue  la  qualité  de 
ces  fumiers.  Ce  n'est  encore  que  le  petit  nombre  de  cultiva- 
teurs qui  ont  le  soin  de  les  couvrir  d'une  couche  de  terre  pour 
prévenir  cette  évaporation. 

La  mise  en  culture  de  la  surface  des  tas  de  fumier,  en  y  ob- 
viant, donnera  en  même  temps  des  produits  d'une  certaine 
valeur  et  ne  pourra  manquer  de  contribuer  au  développement 
delà  culture  d'un  certain  nombre  de  légumes,  parmi  les  plus 
utiles,  par  suite  de  la  production  plus  facile  et  plus  économique 
du  plant  de  choux  et  de  salade  de  toute  espèce,  et  aussi  de 
poireau,  surtout  pour  les  plantations  hâtives.  Les  petites  ca- 
rottes et  les  navets  hâtifs  et  particulièrement  les  radis,  seront 
cultivés  avec  beaucoup  de  succès. 

Après  avoir  bien  dressé  et  tassé  le  fumier,  on  recouvre  la 
surface  d'une  couche  de  bonne  terre,  ou  mieux  de  terreau,  à 
l'épaisseur  de  cinq  à  six  doigts,  et  puis  on  sème. 

En  arrosant,  le  matin  de  très-bonne  heure,  le  semis  et  en- 
suite le  jeune  plant  avec  du  purin  pas  trop  fort,  ou  mieux  avec 
des  matières  fécales  suflisamment  étendues  d'eau,  on  préserve 
les  choux  et  les  radis  des  attaques  des  altises  ou  puces  de  terre 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  assez  de  force  pour  ne  plus  les  craindre. 


—  278  — 

A'utant  qu'il  en  est  besoin,  le  plant  doit  être  sarclé  et  éclairci. 
Pour  l'obtenir  en  plus  grand  nombre  pour  la  plantation,  on 
peut,  pour  les  choux  et  les  salades,  le  repiquer  en  pépinière  à 
mesure  des  éclaircissements, 

Plusieurs  fois  j'ai  essayé  le  repiquage  des  carottes  et  des  na- 
vets, mais  généralement  avec  peu  de  succès. 

Pour  les  radis  récoltés  en  place,  on  peut  en  obtenir  en  quel- 
ques mois  plusieurs  récoltes  successives  d'excellente  qualité  ; 
mais  une  des  conditions  de  succès  est  d'éclaicir  de  bonne  heure 
le  semis. 

Pour  obtenir  une  surface  de  fumier  plus  étendue  pour  ces 
cultures,  on  peut  donner  au  tas,  qu'il  soit  primitivement  dis- 
posé en  long,  en  carré  ou  en  rond,  une  forme  convexe,  ou 
moins  d'élévation. 

L'eau  purinée  avec  laquelle  on  doit  donner  des  arrosages  aux 
plantes,  lorsque  les  puces  de  terre  ne  sont  plus  à  craindre,  rend 
à  la  couche  de  terre  et  au  fumier,  qui  d'ailleurs  se  fait  mieux 
étant  souvent  humecté,  plus  que  ces  plantes  ne  leur  ont  enlevé 
pour  leur  végétation.  On  fait  ainsi  une  véritable  culture  sur 
couche  chaude,  très-économique  et  très-productive,  et  qui 
peut  être  pratiquée  par  toute  personne  ayant  un  tas  de  fumier 
à  sa  disposition. 

V.  Chatel, 


TAUPES  ET  VERS  BLANCS. 

Nous  avons  reçu  la  lettre  suivante  qui  soutient  les  idées  que 
nous  avons  combattues  concernant  les  taupes  pour  la  destruc- 
tion des  vers  blancs  :  nous  l'insérons  par  esprit  de  justice, 
parce  que,  avant  tout,  nous  voulons  la  lumière,  et  nous  n'a- 
vons pas  la  prétention  delà  faire  nous  tout  seul.  Nous  mainte- 
nons toutefois,  qu'on  ne  trouve  jamais  de  vers  blancs  dans  les 


—  279  — 

taupes,  mais  qu'on  en  trouve  beaucoup  dans  les  terrains 
bouleversés  par  ce  prétendu  ennemi  de  la  larve  du  hanne- 
ton. 

F.  H. 

Monsieur. 

Je  vous  signale  une  expérience  que  j'ai  faite,  en  plantant,  en 
septembre  dernier,  une  bordure  de  Fraisiers  de  60  mètres  de 
longueur,  d'après  vos  conseils.  J'ai  fait  creuser  une  rigole  de 
50  cent,  de  large  sur  45  cent,  de  profondeur;  j'ai  fait  brouet- 
ter ailleurs  la  terre  qui  avait  déjà  nourri  des  Fraisiers  pendant 
trois  ans.  J'y  ai  fait  mettre  25  à  30  cent,  de  feuilles  et  tro~ 
gnons  de  choux  bien  hachés,  et  par-dessus  de  la  bonne  terre 
meuble  mélangée  de  terreau,  et  j'y  ai  planté  mes  Fraisiers  à 
0m  40  cent,  de  distance.  Ils  sont  parfaitement  venus  ;  mais, 
à  mon  grand  étonnement,  au  printemps,  presque  chaque  jour 
je  voyais  un  ou  plusieurs  pieds  se  flétrir.  Celaient  de  gros  vers 
blancs  que  je  trouvais  aux  racines  ;  le  plus  souvent  un  seul, 
parfois  deux  à  un  seul  pied.  Ces  affreuses  bètes  allaient  si  vite 
en  besogne  qu'il  me  fallut  remplacer  plus  d'un  pied.  J'en 
sauvai  toutefois  encore  à  temps. 

Mes  taupes,  qui  m'avaient  si  bien  préservé  en  1868  mes 
fraisiers,  salades,  etc.,  avaient  passé  chez  mon  voisin  au 
nord,  qui  les  détruit  toujours.  Il  m'en  revint  d'une  Vigne  au 
sud;  elles  se  mirent  à  longer  toute  ma  bordure  de  Fraises,  et 
y  prirent  si  bien  tous  les  mans  que  je  ne  perdis  plus  un  seul 
fraisier,  ni  un  seul  des  nombreux  pieds  de  salade  que  je  lis 
aussitôt  planter  dans  la  plate-bande  à  laquelle  elles  servent 
de  bordure. 

Je  suivis  patiemment  le  travail  des  taupes  en  réparant  leurs 
faibles  petits  dégâts,  et  en  regarnissant  les  pieds  dont  ils 
avaient  dégarni  trop  les  racines. 

Même  expérience  pour  des  Fraisiers  4  saisons  sans  filets.  Je 


—  280  — 

les  avais  plantés  dans  une  plaie-bande,  à  35  cent,  de  distance  ; 
sous  chaque  pied  il  y  avait  5  ou  6  poignées  de  feuilles  et 
trognons.  Gela  ne  les  empêcha  pas  d'avoir  le  même  sort  que  la 
bordure  en  question.  Des  Taupes  vinrent  ;  je  les  laissai  faire, 
malgré  les  désordres  pas  trop  grands  quelles  me  firent  dans  la 
plate-bande.  Mes  Fraisiers  restants  sont  superbes,  et,  bien 
paillés  et  arrosés,  sont  couverts  de  fruits.,  tandis  que  plusieurs 
de  mes  amis  et  voisins  ri  ont  plus  de  Fraisiers;  le  mans  les  leur 
a  détruits. 

J'ai  écarté  les  Taupes  d'un  carré,  en  l'entourant  de  mor- 
ceaux de  vieux  bas  de  laine  et  de  drap  bien  imbibés  de  pé- 
trole, àOm2c.  de  profondeur  et  40m  de  distance,  et  en' en 
fourrant  dans  les  galeries  que  l'ouvrier  a  pu  découvrir.  Ce  se- 
rait à  employer  pour  préserver  certains  semis. 

J'en  conclus  que  le  vœu  émis  par  notre  Société  est  bon  : 
Inviter  les  communes  à  supprimer  les  appointements  de  leurs 
taupiers,  et  de  consacrer  le  même  soin  à  primer  la  destruction 
des  Hannetons  ;  plus,  de  donner  des  primes  à  ceux  qui  proté- 
geront bien  les  oiseaux  insectivores,  surtout  les  étourneaux, 
les  plus  grands  destructeurs  des  mans  et  des  hannetons. 

Qu'on  cherche  les  moyens  de  préserver  certains  semis  des 
taupes  sans  les  tuer,  et  quon  les  laisse  faire  ailleurs.  N'avons- 
nous  pas  vu  des  pépiniéristes  d'Allemagne  faire  revenir  des 
taupes  pour  pouvoir  se  rendre  maîtres  des  mans,  qui  détrui- 
saient toutes  leurs  pépinières?  Et  le  succès  fut  complet. 

Dans  l'espoir  que  ces  détails  ne  seront  pas  sans  intérêt  pour 
la  science,  je  vous  salue  amicalement. 

L.  Ehrlen, 

secrétaire-adjoint  de  la  Société  départemental» 
d'agriculture  du  Haut-Rhin. 


—  281  — 

LA    NON- TAILLE. 

(Suite   (1).) 

Ces  deux  bourgeons  sont  conduits  obliquement  en  été  et 
maintenus  en  équilibre  ;  ils  deviennent  le  plus  souvent  deux 
vigoureux  rameaux.  La  deuxième  année,  ces  deux  rameaux 
charpentiers  ne  sont  pas  taillés;  on  les  conduit  d'un  coup  ho- 
rizontalement. Si  le  rameau  central  ou  prolongement  de  la 
tige  est  aussi  entré  en  végétation  dès  la  première  année, 
M.  Chevalier  le  taille  sur  l'empâtement  ou  sur  le  premier  bon 
œil  au-dessus.  S'il  ne  s'est  pas  développé,  il  fait  simplement 
une  incision  corticale  à  la  base  des  rameaux  charpentiers  exis- 
tants. De  l'une  comme  de  l'autre  manière,  il  obtient  un  solide 
bourgeon  central  ou  prolongement  de  la  tige.  Dès  que  celui-ci 
a  dépassé  de  quelque  peu  la  ligne  à  laquelle  deux  nouvelles 
branches  de  charpente  doivent  se  produire,  il  le  recourbe  et 
fait  en  même  temps  une  incision  corticale  à  la  base  du  premier 
œil  situé  sous  cette  ligne.  A  la  suite  de  cette  opération,  il  se 
produit  un  faux  bourgeon  qui,  avec  le  bourgeon  recourbé,  con- 
stitue le  deuxième  étage  de  la  charpente,  à  peu  près  comme 
pour  la  Vigne.  Pour  le  reste  de  l'été  et  les  années  suivantes,  il 
continue  à  opérer  comme  la  première  et  la  deuxième  années. 

Si  les  branches  charpentières  ne  doivent  être  espacées  que 
de  0m20  à  0m!25,  comme  c'est  le  cas  pour  les  arbres  à  fruits  à 
pépins,  et  si  les  arbres  sont  assez  vigoureux,  il  établit  deux 
étages  la  même  année.  Pour  le  Pêcher,  au  contraire,  il  n'éta- 
blit jamais  plus  d'un  étage  par  an,  et  même  un  seul  tous  les 
deux  ans,  si  la  vigueur  de  l'arbre  laisse  un  peu  à  désirer. 

Mais  de  quelque  façon  qu'il  opère,  M.  Chevalier  attache  sur- 

(1)  Voir  page  250. 


—  282   — 

tout  une  grande  importance,  et  ce  non  sans  raison,  à  établir  les 
branches  sous-mères  autant  que  possible  en  été  et  toujours 
une  année  avant  les  branches  mères  ou  prolongements.  Une 
autre  particularité  de  son  procédé,  c'est  de  conduire  directe- 
ment, d'un  coup,  les  branches  charpentières  suivant  l'horizon- 
tale. Ces  deux  points  diffèrent  sensiblement  de  ce  qui  se  fait 
en  Belgique.  Voilà  pour  la  formation. 

Quant  au  bois  à  fruit,  il  commence  par  l'espacer  très-consi- 
dérablement, éborgnant  déjà  dès  l'été  les  yeux  superflus  dont 
ce  bois  pourrait  provenir.  11  applique  largement  l'incision  cor- 
ticale sur  empâtement,  partout  où  elle  est  nécessaire;  il  fait 
rarement  ou  jamais  la  taille  en  crochet  et,  se  contentant  de  deux 
ou  trois  boutons  par  rameau  fruitier,  il  taille  celui-ci  aussi  court 
que  possible.  Puis,  lors  du  palissage,  il  incline  fortement  les 
rameaux  latéraux  dans  la  direction  delà  branche  charpentière, 
et  il  y  fait  une  incision  à  la  base  ;  tout  cela,  on  le  comprend, 
pour  assurer  l'émission  du  bois  de  remplacement. 

En  Belgique,  il  est  peu  question  d'incisions  corticales  sur 
l'empâtement,  d'espacement  considérable  des  rameaux  à  fruits 
et  de  leur  inclinaison. 

Voilà  comment  la  non-taille  est  pratiquée  dans  les  deux 
pays.  Mais  quelle  que  soit  la  manière  de  procéder,  la  non-taille 
est  basée  sur  la  théorie  suivante  : 

Les  rameaux  charpentiers  sont  toujours  les  plus  forts,  mais 
chez  eux  comme  sur  tous  les  autres  rameaux,  les  meilleurs  yeux 
se  trouvent  sur  le  tiers  moyen  de  leur  longueur.  Si  l'un  taille 
très-court,  non-seulement  les  mauvais  yeux  à  demi  borgnes  que 
Ton  conserve,  se  développent  mal,  mais  par  cela  même  on 
provoque  le  développement  du  bois  à  fruit  situé  au-dessous  et 
encore  en  voie  de  formation.  Si  l'on  taille  un  peu  plus  long, 
on  arrive  aux  bons  yeux  delà  partie  moyenne  dont  nous  avons 
parlé  toute  à  l'heure,  et  qui,  devenant  terminaux  par  suite  de 
la  taille,  s'emportent  tellement  qu'ils  empêcheront  peut-être 


2P3  

les  yeux  inférieurs  de  se  développer.  Ne  taillons  donc  pas  du 
tout,  s'est-on  dit  ;  la  sève,  devant  nourrir  tous  les  yeux  existants, 
les  fera  partir  tous  avec  plus  d'égalité,  même  les  yeux  infé- 
rieurs, car  on  ne  saurait  admettre  que  la  nature  aurait  placé  sur 
un  rameau  plus  d'yeux  qu'il  ne  pourrait  s'en  développer.  Du 
raisonnement  on  passa  aux  essais  ;  on  ne  tailla  plus  du  tout  les 
prolongements,  sauf  les  css  énoncés  plus  haut  ;  mais  on  tailla 
d'autant  plus  court  les  rameaux  latéraux.  L'expérience  a  démon- 
tré que  cette  théorie  est  fondée  dans  beaucoup  de  cas,  toutefois 
pour  autant  seulement  qu'on  aide  suffisamment  la  nature.  En 
effet,  ce  n'est  pas  seulement  en  France  que  nous  avons  vu  des 
Pêchers  qui  au  bout  de  huit  années  recouvraient  soixante  mè- 
tres de  muraille,  qui  étaient  entièrement  achevés  dans  toutes 
leurs  parties  et  qui  cependant  avaient  été  formés  par  la  non- 
taille  ;  mais  en  Belgique  aussi  nous  avons  remarqué  des  arbres 
magnifiques  formés  de  cette  manière.  Toutefois,  nous  le  répé- 
tons, on  ne  peut  atteindre  ces  beaux  résultats  que  si  l'on  aide 
suffisamment  la  nature.  Or,  cette  aide  n'est  pas  tellement  sim- 
ple qu'on  pourrait  se  l'imaginer  :  les  lignes  suivantes  peuvent 
en  donner  une  idée. 

Pour  aider  la  nature  ,  il  faut  :  Tlors  de  la  taille  d'hiver, 
éborgner  tous  les  yeux  superilus  sur  le  rameau  charpentier, 
afin  d'assurer  ainsi  le  développement  des  yeux  conservés  ; 
2°  faire,  à  la  même  époque,  des  incisions  sur  l'empâtement 
des  yeux  inférieurs  défavorablement  situés  et  des  incisions 
transversales  au-dessus  ;  3°  pratiquer  des  incisions  transver- 
sales sous  les  yeux  fortement  constitués  ou  favorablement 
placés  ;  4°  appliquer  de  même  ces  incisions  sur  les  coursonnes  ; 
5°  palisser  d'un  coup  les  rameaux  charpentiers  horizontalement; 
G0  avoir  soin,  en  été,  d'éclaircir  et  de  pincer  sévèrement  les 
bourgeons,  non-seulement  sur  les  bourgeons  latéraux,  mais 
aussi  sur  les  rameaux  fruitiers  déjà  établis  ;  7°  incliner  ou  re- 
lever à  temps,  écarter  ou  rapprocher  du  mur  les  branches  char- 


—  284  — 

pentières  et  leurs  prolongements,  suivant  que  l'exigera  le 
maintien  de  l'équilibre;  8°  faire  le  greffage  par  approche 
lorsque,  malgré  tous  les  soins,  les  branches  de  la  charpente  se 
dégarnissent  par-ci  et  par-là,  accident  qui  dans  la  non-taille  se 
produit  à  la  moindre  négligence  et  même  sans;  9°  enfin, 
donner  aux  arbres  assez  d'engrais. 

N'y  a-t-il  pas  là  de  quoi  désespérer?  Et  qu'on  ne  nous  taxe 
pas  d'exagération  :  qu'on  néglige  seulement  un  des  soins  in- 
diqués, et  l'on  en  verra  les  suites.  Un  résultat  aussi  beau  qu'il 
soit,  s'il  doit  être  obtenu  au  prix  de  tant  de  soins  et  de  peines, 
sera  certes  chèrement  payé. 

Les  partisans  de  la  non-taille  eux-mêmes  sont  d'accord  avec 
nous  pour  dire  que  la  taille  a  pour  but  d'obtenir  une  bonne  et 
régulière  récolte,  aussi  vite  et  sur  le  moindre  espace  possible. 
Ils  admettent  encore  avec  nous  qu'un  arbre  non  taillé  fructi- 
fiera plus  tôt  et  plus  abondamment  qu'un  arbre  taillé,  mais 
que,  en  même  temps,  cet  arbre  occupera  beaucoup  plus  d'es- 
pace qu'un  arbre  taillé;  que,  par  conséquent,  on  peut  laisser 
les  arbres  croître  plus  librement  dans  les  vergers  et  sur  de 
grandes  propriétés,  mais  que  les  possesseurs  de  jardins  plus 
limités  doivent  tailler  pour  gagner  de  la  place. 

Tout  plaide  donc  en  faveur  de  la  taille,  croira- t-on  ;  il  paraît 
qu'il  n'en  estrien.  ce  Une  faut  tailler,  dit-on,  que  pour  donner 
à  l'arbre  une  forme  régulière^  faciliter  ainsi  une  égale  réparti- 
tion de  la  sève  et  conséquemment  assurer  son  bien-être.  »  Mais 
l'arbre  ne  se  forme-t-il  pas  pour  ainsi  dire  tant  que  dure  sa 
vie?  et  ne  doit- il  pas  être  taillé  sa  vie  durant?  Mais  laissons 
cela  de  côté.  «  Une  fois  que  les  branches  de  charpente  sont 
établies  et  ne  doivent  plus  se  bifurquer,  il  vaut  mieux,  dit-on, 
ne  plus  les  tailler  ;  et  pourquoi?  parce  que,  laissant  subsis  - 
ter  plus  d'yeux,  ceux-ci  apporteront  plus  de  vigueur  qu'autre- 
ment à  la  partie  non  taillée.  »  C'est  une  raison,  mais  il  y  en  a 
une  plus  importante.  <(  Si  l'on  taille,  on  obtient  toujours  à  la 


—  285   — 

partie  supérieure  du  rameau  taillé  de  forts  bourgeons  qu'il 
faut  pincer,  tandis  que  très-souvent  les  yeux  inférieurs  demeu- 
rent inactifs.  Si  l'on  ne  taille  pas,  non-seulement  on  n'a  pas  à 
•redouter  cette  inégale  croissance,  mais  ce  qui  plus  est,  ce  seront 
précisément  les  yeux  inférieurs  et  moyens  qui  croîtront  avec 
le  plus  de  vigueur,  et  c'est  tout  juste  ce  qu'on  demande.))  Si  les 
faits  se  produisent  réellement  ainsi,  on  conçoit  que  la  suite 
naturelle  en  doit  être  la  production  de  rameaux  latéraux  d'égale 
force  mais  moins  vigoureux,  et  par  conséquent  une  formation 
rapide  de  boutons,  attendu  que  ceux-ci  apparaissent  toujours 
plutôt  sur  des  rameaux  faibles  que  sur  de  forts  rameaux, 
ce  Tâchons  donc,  disent  encore  les  partisans  de  la  non-taille,  de 
trouver  sur  un  même  pied  l'arbre  vigoureux  et  l'arbre  faible  : 
le  premier  dans  la  charpente,  le  second  dans  les  rameaux 
latéraux.  Ce  double  résultat  ne  peut  être  atteint  que  par  la 
non-taille  ;  car  celui  qui  taille  trop  court  obtient  toujours  des 
bourgeons  latéraux  trop  vigoureux.  »  Nous  reconnaissons  que 
cela  est  exact  ;  en  effet,  celui  qui  taille  trop  court  fait  une  faute. 
Mais  celui  qui  ne  taille  pas  ne  tombe-t-il  pas  dans  un  excès 
opposé  ? 

De  ce  qui  précède  il  résulterait  qu'on  peut  reconnaître  à  la 
non-taille  deux  avantages  principaux  :  1°  l'arbre  se  forme  plus 
vite  ;  2°  il  fructifie  plus  tôt.  Le  premier  est  plus  apparent  que 
réel;  car,  si  les  branches  charpentières  s'allongent  plus  dans 
le  principe,  elles  perdent  dans  la  suite  ce  qu'elles  ont  gagné 
auparavant.  Un  prolongement,  par  exemple,  qui,  en  comment 
çant,  acquérait  une  longueur  annuelle  d'un  mètre,  finira  à 
cause  de  la  non-taille,  à  moins  qu'on  ne  lui  administre  des 
engrais,  par  n'avoir  guère  plus  de  vigueur  qu'un  rameau  à 
fruit  et  même  menacera  de  se  couronner.  De  sorte  qu'après  dix 
ans  de  culture,  uu  arbre  rationnellement  taillé,  pourra  être 
aussi  étendu  qu'un  arbre  soumis  à  la  non-taille. 

Le  second  avantage  est  plus  sérieux.  Il  est  incontestable  que 


—  286  — 

pins  un  arbre  est  taillé  court,  plus  il  poussera  vigoureusement 
et  plus  longtemps  il  attendra  pour  se  mettre  à  fruit.  ;  certes,  il 
fructifiera  plus  tôt  par  une  taille  plus  longue  et  par  conséquent 
plus  tôt  encore  si  on  ne  le  taille  pas  du  tout.  Ne  taillons  donc 
pas  et  admettons  même  qu'on  ait  réussi  à  faire  partir  jusqu'aux 
yeux  inférieurs  ;  mais  quelque  art  qu'on  ait  déployé,  ces 
bourgeons  inférieurs  ne  sont  que  trop  souvent  tellement  fai- 
bles, que  si  on  ne  les  surveille  pas  d'une  manière  toute  parti- 
culière, ils  périssent  après  avoir  fructifié  une  ou  deux  fois. 
C'est  alors  qu'il  faut  recourir  au  greffage  par  approche 
pour  combler  les  vides.  Le  second  avantage ,  celui  d'une 
fructification  plus  prompte,  perd  donc  beaucoup  de  son 
importance,  à  cause  du  danger  de  perdre  bientôt  les  cour- 
sonnes.  Or,  si  tel  est  le  cas  pour  des  arbres  formés  par  des 
mains  habiles ,  que  sera-ce  alors  des  arbres  moins  bien  traités  ? 
C'est  ce  que  l'on  comprend  sans  peine. 

Par  la  non-taille,  on  s'expose  à  voiries  yeux  inférieurs  de- 
meurer inactifs,  ou  bien  ils  se  développent  à  peine  et  donnent 
des  faibles  productions  fruitières  directement  insérées  sur  la 
branche.  Dans  le  premier  cas,  les  vides  se  produisent  immé- 
diatement, ce  qui  n'est  ni  agréable,  ni  avantageux.  Dans  le  se- 
cond cas,  se  présente  la  question  de  savoir  si  ces  faibles  dards, 
ces  minces  brindilles,  ces  bouquets  rabougris,  seront  en  état 
de  nourrir  leurs  fruits  et,  en  cas  d'affirmative,  si  par  là  même 
ils  ne  s'épuiseront  pas,  formant  des  vides  à  leur  tour.  A  cet 
égard,  il  n'y  a  pas  de  doute  pour  nous. 

Nous  savons  qu'il  existe  des  moyens  pour  obvier  à  cet  incon- 
vénient ;  nous  savons  encore  qu'il  y  a  des  variétés  pour  les- 
quelles l'emploi  de  ces  moyens  n'est  pas  même  nécessaire  et 
qui  demeurent  néanmoins  bien  garnies  de  productions  frui- 
tières :  chacun  a  pu  constater  cela .  Plus  d'une  fois  déjà ,  prenant 
ce  fait  à  témoin,  on  a  apporté  aux  séances  de  notre  cercle  des 
pièces  pour  démontrer  que  des  "lambourdes  directement  insé- 


—  287   — 

rées  sur  "la  branche  charpentière  étaient  aussi  bonnes ,  môme 
meilleures  que  les  autres,  et  l'on  profilait  de  l'occasion  pour 
élever  une  fois  de  plus  aux  nues  la  non-taille.  Cela  se  passait 
devant  nous,  et,  connaissant  notre  opinion  à  cet  égard,  on 
nous  demanda  plus  tard,  indirectement,  comment  nous  avions 
toléré  la  chose  sans  protestation.  C'est  qu'il  y  avait  alors  des 
raisons  pour  remettre  nos  observations.  D'ailleurs,  il  n'y  avait 
pas  grand' chose  à  y  répondre ,  car  le  fait  est  extrêmement 
simple.  En  effet,  celui  qui  veut  une  pièce  à  conviction  en 
cherche  une  qui  soit  favorable  à  sa  thèse  ;  mais  n'en  trouverait- 
il  pas  autant  et  même  plus  plaidant  contre  lui?  Chacun  n'a 
qu'à  le  vérifier  dans  son  jardin. 

Nous  tenons  donc  pour  certain  que,  si  la  non-taille  donne 
une  mise  à  fruits  plus  prompte,  elle  donne  aussi  lieu  plus  tôt 
à  des  vides. 

«  Comment  se  peut-il,  nous  dit  encore  récemment  un  par- 
tisan de  la  non-taille,  que  vous  ayez  cette  opinion-là?  »  et  il 
ajouta  :  «  Qu'on  me  confie  un  jeune  arbre  d'une  seule  année 
de  greffe,  et  de  la  variété  la  plus  difficile,  je  m'engage,  à  n'im- 
porte quel  prix,  à  faire  pousser  tous  les  yeux  jusqu'à  la  base 
et  sans  aucune  taille  ;  je  m'engage  en  outre  à  avoir  les  branches 
à  fruit  qui  en  proviendront  dans  un  état  aussi  bon  que  celles 
d'un  arbre  qu'on  aurait  taillé  court.  «Nous  admettons  tout 
cela  ;  mais  qu'est-ce  que  cela  prouvera  si  ce  n'est  qu'on  a  su 
bien  soigner  son  arbre?  Examinons  ce  point. 

Van  Hulle, 

jardinier  en  chef  du  jardin  botanique  de  C.and. 

(A  continuer.) 


ravaisx  au   mois  d  ^icroore. 


Jardin  potager.  On  sème  en  place  :  Mâche,  Epinards,  Cerfeuil,  pour  récolter 
en  mars,  et  des  Laitues  crêpe  rouge,  petite  noire,  romaines  hâtives,  pour  repi- 
quer ensuite  sur  couche.  On  repique  en  place  ou  en  pépinière  :  Choux  d'York 
et  autres,  Oignons  blancs,  Oseille;  et  sur  cotières,  Laitues  de  la  Passbr, 
Choux-fleurs.  Lorsque  les  gelées  arrivent,  il  faut  couvrir  les  semis  et  ieuoes 
plants,  ainsi  que  les  planches  de  Chicorée,  Scaroles  et  Haricots  qui  pourraient 
encore  rester  dans  le  jardin. 

Jardin  fruitier.  Récolter  les  fruits  d'hiver  et  choisir  pour  cela  un  temps  bien 
sec.  Pour  que  ces  fruits  se  conservent  plus  longtemps,  il  faut  éviter  de  les 
meurtrir  et  les  laisser  ressuyer  dans  une  pièce  bien  sèche,  avant  de  les  trans- 
porter dans  le  fruitier.   C'est  le  moment  d'adresser  les  demandes  d'arbres. 

Jardin  d'agrément.  Travaux  d'entretien  et  de  propreté.  On  met  en  place  les 
Chrysanthemum.  On  peut  planter  des  Œillets  de  poète,  Mufliers,  Scabieuse, 
Campanules,  Digitales,  Polemonium  et  autres  plantes  vivaces  élevées  en  pépi- 
nières. On  fait  ses  plantations,  en  pleine  terre,  d'Oignons  de  Jacinthes,  Tulipes, 
Narcisses,  Crocus.  On  doit  relever,  pour  mettre  en  pot,  de  la  Giroflée  jaune  et  la 
rentrer  sous  un  abri  quelconque  pendant  l'hiver,  afin  de  l'avoir  de  bonne  heure 
en  fleurs  au  printemps. 

Serre.  On  doit  aérer  pendant  les  heures  les  plus  chaudes,  tant  que  la  tem- 
pérature extérieure  sera  égale  à  celle  de  la  serre  ;  mais  vers  la  fin  du  mois,  les 
nuits  commencent  à  être  froides,  il  est  alors  prudent  de  préparer  les  paillassons 
pour  en  couvrir  les  vitres.  On  ne  doit  pas  oublier  que  les  plantes  ont  besoin 
de  repos  pendant  un  certain  temps;  on  doit  donc  commencer  à  diminuer  les 
arrosements.  11  est  cependant  quelques  espèces  qui  ne  fleurissent,  sous  notre 
climat  que  pendant,  la  saison  d'hiver  ;  à  celles-là,  les  arrosements  ne  doivent 
pas  manquer,  surtout  lorsqu'elles  se  disposent  à  entrer  en  végétation. 

Si  les  plantes  d'orangerie  ne  sont  pas  encore  rentrées,  il  ne  faut  pas  tarder 
aies  hiverner;  les  nuits  commencent  à  être  froides  et  humides;  il  faut  choisir 
une  belle  journée  de  soleil  et  attendre  que  l'humidité  delà  rosée  des  nuits  soit 
disparue;  autrement  on  risquerait  de  voir  les  plantes  pourrir.  On  doit  disposer 
ces  plantes,  dans  l'orangerie,  de  manière  à  réserver  le  devant  pour  les  plantes 
délicates  ou  celles  qui  conservent  leurs  feuilles.  On  place  les  arbrisseaux  à 
feuilles  caduques  tout  à  fait  au  fond  avec  les  Orangers  et  les  Lauriers  roses. 
Règle  générale  :  toute  plante  à  feuilles  molles  et  qui  les  conserve  pendant  l'hiver, 
doit  être  rentrée  dans  un  endroit  bien  éclairé,  pour  recevoir  autant  de  lumière 
que  possible.  On  dépouille  les  Fuchsia  et  les  Géranium  zonales  de  leurs  feuilles, 
et  on  les  intercalle  entre  les  caisses  d'Orangers;  ils  n'ont  pas  besoin  de  lumière 
avant  le  mois  d'avril,  si  on  ne  les  pousse  pas  à  l'eau  ;  on  ne  doit  arroser  les 
plantes  d'orangerie  que  très-rarement,  pour  maintenir  seulement  la  vie. 


Paris. —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnaud,  rue  Cassette,  9. 


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L'INSEGTOLOGIE  AGRICOLE 

JOURNAL 

TRAITANT  DES  INSECTES  UTILES  ET  DE  LEURS  PRODUITS 
DES  INSECTES  NUISIBLES  ET  DE  LEURS  DEGATS 

ET    DES    MOYENS    PRATIQUES    DE    LES    ÉVITER 

RÉDIGÉ  PAR 

MM.   Dr  BOISDUVAL,  CH.  AUBE,  H.  HAMET, 

V.  CHATEL,   F.  HERINGQ,  DEYROLLE,  A.  DE  LAVALETTE, 

MAURICE  GIRARD,  J.  P.  MÉGNIN, 

Dr  BALBIANI,  PILLAIN,  MILLET,  GOUREAU,  A.  GELOT. 


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Une  livraison  de  32  pages  m-8°  avec  figures.  —  Parait  chaque  mois 
BUREAUX  :  RUE  CASSETTE,  9,  A  PARIS. 


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JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CULTURE    RUSONNÉE,    LA    DESCRIPTION    ET    L'niSTOIRK    DES    PLANTES, 

ET    NOTAMMENT  DES   ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FIU'ITS  ET   DES  LÉGUMES,  LA   DESCRIPTION 

ET    L'USAGE    DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC    LE   CONCOURS 

DES  AMATEORS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS    LA     DIRECTION    DE 

M.  F.  HERINCQ, 

RÉDACTEUR   EN   CIIEK. 

ATTACHÉ      AC      MOSCOU      D'HISTOIRE     NATUIlRI.I.f     DE     PARIS, 
Collaborateur     du      Manuel      des     Plantes,    (les      figures     dll    Bon      Jardinier, 

Ex-Rédacteur   principal  de  la  Socléii  tChonlculitm  <(e  la   Seine, 
Membre   honoraire    et   correspondant  de   plusieurs    Sociétés   d'horticulture,   etc. 


L'ÎIorticnltenr  Français  parait  le  3  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  pages  de  texte 
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Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  l'axis,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNADD,  rue  Cassette,  1. 

Les  Souscripteurs  des  départements  qui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  ijue  nous  leur  Ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  LA  franc  sert  à  paver  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


■^'■>rr;30eH'<      » 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  de  faire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  dwjoitrnal,  rue  Cas- 
sette, 9,  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  paye  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  le 
mois  et  dont  mus  avons  reçu  un  exempta  re. 


aÈkm 

HORTICULTEUR 

CHEMIN    DES    QUATRE-MAI  SONS,   GUILLOTIÈRE 

LYON  (RHONE). 


M 

L'an  dernier  j'annonçais  trois  nouvelles  variétés  de  Rosiers  thés,  et  j'exprimais  l'espérance 
de  pouvoir,  cette  année,'  en  offrir  d'autres,  non  moins  belles,  nouveautés  de  la  même  section, 
et  que  j'étudiais  encore  parmi  de  nombreux  gains,  tous  dus  à  des  fécondations  artificielles. 

J'ai  été  heureux  de  constater  plus  de  mérite  même  que  je  n'aurais  osé  en  espérer,  soit  dans 
la  section  des  Rosiers  thés,  soit  dans  celle  bien  voisine  des  Noisettes  et  Bengales;  et  en  offranl 
cette  année,  comme  nouveauté,  un  nombre  plus  grand  que  d'habitude,  je  puis  donc,  avec 
confiance,  offrir  à  mes  honorables  clients  ma  certitude  du  mérite  vrai  de  ces  plantes  et  ck 
leur  bien  réelle  nouveauté. 

DUCHER. 

Lyon,  le  1er  octobre  1869. 


ROSIERS  NOUVEAUX 

A.  livrer  au  commerce  le  1er  novembre  prochain 

4869. 


BENGALE  DUCHER.  Arbuste  aussi  vigoureux  que  le  rosier  Bengale,  rose  ordinaire,  et  auss 
remontant,  fleurs  moyennes,  pleines,  bien  faites,  blanc  pur,  très-belle  plante  pour  massifs 

THÉS. 

MADAME  DUCHER.  Arbuste  à  rameaux  forts  et  courts,  fleurs  moyennes,  pleines,  bien  faites 

jaune  clair,  remonte  sur  tous  les  rameaux,  issue  de  la  ROSE  GLOIRE  DE  DIJON. 
CHAMOIS.  Arbuste  vigoureux,  à  tiges  fortes  et  droites,  fleurs  moyennes,  pleines,  jauni 

chamois,  parfois  jaune  cuivré. 
JEANNE  D'ARC.  Arbuste  vigoureux,  fleurs  moyennes,  pleines,  bien  faites,  jaune  clair,  genn 

duTHÉPACTOL. 
LE  MONT  BLANC.  Arbuste  très-vigoureux,  fleurs  très-larges,  pleines,  bien  faites,    blam 

légèrement  jaunâtre. 
TOUR  BERTRAD.  Arbuste  très-vigoureux,  fleurs  très-pleines,  larges,  bien  faites,  en  coupe 

pédoncule  fort,  jaune  clair,  issue  de  GLOIRE  DE  DIJON. 
SULFUREUX.  Arbuste  vigoureux,  fleurs  moyennes,  pleines,  bien  faites,  jaune  soufre,  très 

belle. 

NOISETTES. 

LAMARQUE  JAUNE.  Arbuste  à  rameaux  forts  et  courts,  fleurs  larges,  très- pleines,  jauni 
foncé,  remonte  sur  toutes  les  tiges,  issue  de  NOISETTE  LAMARQUE, très-belle. 

RÊVE  D'OR.  Arbustes  sarmenteux,  très-vigoureux,  fleurs  larges,  pleines,  bien  faites,  jaun 
foncé,  parfois  jaune  clair,  issue  de  Mme  SHULTZ. 

MYCROPHYLLA  IMBRICATA  SARMENTEUX.  Fleurs  moyennes,  bien  imbriquées,  rose  très 
pâle,  le  plus  beau  de  la  série. 

PRIX  :  LA  PIÈGE  25  FR. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique  :  —  0.  Lescdyer,  Cypripeilium  spectahile  (PI.  X).  — 
A.  db  Talou,  Revue  des  journaux  étrangers  ;  Plantes  nouvelles.  —  Er.  Bonard, 
Culturp  du  Seliimblum.  —  Edg.  de  Martragny,  Notice  historique  sur  le  Palmier 
a  Chanvre  de  la  Chine  et  du  Japon.  —  L.  Gdilloteaux,  De  la  conservation  des  Kai- 

siim. Van-Hulle,  Non-taille  (suite).  —  \...  Catalogues   d'horticulture  pour   1869. 

—  X...  Travaux  du  mois  de  novembre. 


CHRONIQUE 

Les  plaisirs"  d'automne-,  attraits  de  la  chasse  aux  Champignons.  Un  nouveau 
livre  :  le  Guide  pour  reconnaître  les  Champignons  comestibles  et  vénéneux 
dupays  de  France,  par  M.  Krœnishfranck  ;  utilité  de  ce  Guide.  Arrêté  pré- 
fectoral concernant  la  chasse  aux  filets  des  petits  oiseaux  de  passage  ;  les 
filets  intelligents  et  la  confiance  de  MM.  les  préfets;  carte  de  résidant  dé- 
livrée aux  oiseaux  du  pays.  Nouveau  procédé  de  destruction  du  ver  blanc-, 
liquides  destructeurs  des  pucerons  de  M.  Cloës  et  du  Gardener's  Chronicle. 
Un  Soleil  monstre  et  une  inflorescence  gigantesque  d'Hydrangea  otaksa  . 
Histoire  du  Zinnia  double.  Eacore  le  Radis  de  famille. 

Décidément  on  ne  peut  plus  croire  en  qui  ni  en  quoi  que  ce 
soit.  La  Colchique  et  les  Hirondelles  nous  ont  induit  en  erreur  : 
l'heure  de  la  retraite  des  beaux  jours  n'est  pas  encore  sonnée, 
comme  elles  semblaient  l'annoncer  il  y  a  plus  d'un  mois.  Le 
soleil,  au  contraire,  nous  inonde,  plus  que  jamais,  de  sa  vive 
et  chaude  lumière  (1),  et  «  sous  la  verte  feuillée,  etc.,  etc.», 
on  peut  encore,  sjins  craindre  les  rhumatismes,   se  reposer 
mollement,  pendant  les  excursions  botaniques,  à  travers  vaux 
et  forêts,  à  la  recherche  des  Champignons  ;  car  c'est  là  le  vrai 
plaisir  de  l'automne,  et  qui  procure  les  plus  douces  jouis- 
sances. Courir  les  bois,  et  trouver  un  champignon   qu'on  ne 
connaît  pas  encore,  est  un  bonheur  qui  n'a  d'égal  que   celui 
qu'un  chasseur  éprouve  à  l'apparition  subite  d'un  gibier  qu'il 
rencontre  pour  la  première  fois,  et  qu'il...  ne  manque    pas. 
Cette  chasse  aux  Champignons  en  bonne  et  aimable  compagnie 

(1)  J'ai  parlé  trop  vite.  Au  moment  de  mettre  sous  presse,  le  vent  a  tourné 
au  nord,  et  la  température  a  subi  une  baisse  sensible  ;  l'hiver  n'est  pas  loin 
de  nous. 

Octobre  4  869.  4  9 


—  290  — 

est  quelque  chose  de  vraiment  très-amusant.  Ce  sont  des  Ah  ! 
en  voilà  un,  en  voici  deux...  Oh!  le  beau!  Monsieur  Arthur, 
monsieur  Anatole,  sont-ils  bons,  sont-ils  mauvais?  Et  M.  Ar- 
thur et  M.  Anatole  de  bondir  par-dessus  les  lianes  de  chèvre- 
feuilles qui,  de  tige  en  tige,  unissent  les  arbres  entre  eux, 
pour  voir  et  admirer  le  beau  Champignon.  xMais  M.  Anatole 
ignore  pirfois,  comme  M.  Arthur,  le  nom  et  la  qualité   de 
l'agaric  ou  du  bolet.  Alors  on  tire  de  sa  poche  son  album 
de  Gham  .ignons,  et,    assis  au  pied  du  hêtre,    on  examine 
chaque  figure  pour  trouver  celle  de  l'espèce  qu'on  veut  con- 
naître.  Et  ici  l'intérêt  red)uble.  On  approche,   on  bride  — 
comme  on  dit  au  jeu.  —  C'est  celui-ci!  non!  si!  c'est   l'O- 
ronge. Pas  du  tout;  l'Oronge  a  les  lamelles  jaunes,  et  le  nôtre 
a  les  lamelles  blanches,  c'est  la  fausse  Oronge.  Horreur  !  il  est 
vénéneux  ;  jetez-le  bien  vite  !  Et  on  recommence  à  courir. 

Je  viens  de  passer  ainsi  très-agréablement  mes  vacances,  et 
je  déclare  que  les  chasses  de  Compiègne,  auxquelles  je  n  'ai  ja- 
mais assisté,  ne  sont  pas  plus  attrayantes  et  ne  produisent  pas 
de  plus  douces  ni  de  plus  vives  émotions.  Je  dois  avouer,   pour 
être  juste,  que  ces  excursions  champignonniennes  devaient  la 
plus  grande  partie  de  leur  charme  à  la  présence,  [au  milieu  dé 
nous,  d'un  mycologue  allemand,  ou  autrement  dit,  d'un  bota- 
niste qui  connaît  les  Champignons  sur  le  bout  de  son  petit 
doigt,  et  qui  nous  disait,  sans  sourciller,  le  nom  et  la  qualité 
de  tous  ceux  qu'on  trouvait.  Aussi,  pendant  les  quatre  jours 
qu'il  a  passés  avec  nous,  j'ai  mangé  plus  de  Champignons  que 
pendant  la  longue  série  des  autres  jours  qui  complè  tent  la 
durée  de  mon  existence. 

Néanmoins,  grand  encore  était  le  plaisir,  après  son  départ . 
Cette  recherche  de  l'inconnu,  c'est-à-dire  du  nom  d'un  Cham- 
pignon, est  vraiment  une  occupation  pleine  d'intérêt;  j'ai  vu 
des  dames  se  passionner  au  point  d'en  perdre  le  sommeil  ;  pour 
elles  le  soleil  ne  se  levait  pas  assez  tôt.  Il  est  vrai  de  dire, 


—  291  — 

aussi,  que  l'attrait  de  la  nouveauté  était  bien  un  peu  pour 
quelque  chose  dans  cet  élan  passionné  de  ces    charmantes 
champignonnistes.  Notre  mycologue  allemand,  AI.  Kroenish- 
franck,  avait  eu  la  bonté  de  nous  laisser  un  exemplaire  des 
épreuves  d'un  petit  ouvrage  qu'il  a  composé  sur  les  Cham- 
pignons, et  ces  dames  avaient  hâte,  naturellement,  de  consta- 
ter la  valeur   de  son  Guide  pour  reconnaître  les  Champi- 
gnons COMESTIBLES  ET   VÉNÉNEUX,  DU   PAYS   DE  FRANCE  (1). 

Ce  Guide  pour  reconnaître  les  Champignons  est  un  petit  livre 
du  format  des  livres  de  la  bibliothèque  publiée  par  AI.  Don- 
naud.  C'est  un  album  de  dessins  coloriés  des  espèces  de 
Champignons  qu'on  rencontre  communément  en  France ,  dans 
les  bois  et  les  prés.  Ces  dessins  sont  réduits  au  tiers  ou  au  cin- 
quième de  la  grandeur  naturelle;  mais  ils  ont  été  faits  avec 
un  tel  soin,  et  les  couleurs  sont  tellement  exactes,  qu'on  re- 
connaît très-facilement  toutes  les  espèces  ainsi  reproduites. 

Ce  petit  album  est  précédé  d'un  aperçu  historique  sur  les 
plantes  de  cette  famille,  et  qui  comprend  la  structure,  la  nais- 
sance, le  mode  de  reproduction  et  de  développement  de  ces 
singuliers  végétaux,  pour  lesquels  Nées  d'Esenbeck  a  fait  un 
quatrième  règne.  On  y  trouve,  très-nettement  énoncés,  les 
caractères  d'après  lesquels  on  peut  reconnaître  les  bonnes  et 
les  mauvaises  espèces  :  les  soins  à  donner  aux  personnes  em- 
poisonnées par  les  Champignons  vénéneux.  Puis  l'auteur,  ne 
voulant  pas  s'étendre  sur  les  caractères  de  chaque  Champi- 
gnon figuré,  donne  simplement  la  description  des  familles  et  des 
principaux  genres  de  ces  végétaux  cryptogames.  Cet  aperçu, 
quoique  très-concis,  est  très-clair  et  très-intére  ssant. 

Ce  petit  livre  manquait;  et  je  félicite  M.  Kruenishfranck  de 
l'avoir  si  heureusement  exécuté.  Le  succès   lui  est  assuré. 


(i)  En  vente  actuellement  à  la  librairie  Donnaud,  9,  rue  Cassette,  Paris. 
Prix  :  5  fraucs. 


—  292  — 

Toutes  les  personnes  intelligentes,  qui  passent  l'automne  à  la 
campagne,  voudront  avoir  ce  guide,  soit  pour  se  livrer  à  l'é- 
tude si  attrayante  des  Champignons  pendant  les  soirées  qui 
commencent  à  être  longues,  soit  pour  empêcher  les  accidents 
si  communs,  qu'occasionne  cette  nourriture  cryptogamique 
chez  les  pauvres  villageois  :  car,  à  l'aide  de  cet  album,  sur  le- 
quel les  mots  bon  ou  mauvais  sont  inscrits  en  tête  ou  à  la  suite 
du  nom  de  chaque  espèce,  on  peut  prévenir  le  mal  en  inspec- 
tant la  récolte  des  chercheurs  de  Champignons,  et  en  faisan  t 
jeter  tous  ceux  qu'on  reconnaît  pour  suspects  ;  pour  un  châte- 
lain ou  une  châtelaine,  c'est  une  noble  et  utile  occupation. 

Et  puisque  nous  sommes  dans  les  bois,  restons-y.  Il  ne  s'a- 
git plus  de  Champignons;  il  est  question  de  petits  oiseaux, 
qui  sont  menacés  d'une  destruction  complète,  à  la  plus  grande 
jubilation  des  petits  maraudeurs. 

Au  moment  où  les  cultivateurs  et  les  sociétés  agricoles  et 
horticoles  demandent  des  lois  pour  protéger  leurs  industries 
contre  les  insectes  —  Chenilles  et  Vers -blancs  —  qui  dévorent 
les  biens  de  la  terre,  on  reste  stupéfait  en  lisant  cet  arrêté  de 
plusieurs  préfets  de  l'Empire  français  : 

ce  La  chasse  aux  petits  oiseaux  de  passage  est  autorisée  du 
10  au  15  octobre  prochain  inclus,  au  moyen  de  filets,  gluaux, 
chouettes,  miroir,  etc.  y>  Vraiment  sont- ce  bien  des  fonction- 
naires chargés  de  la  défense  des  intérêts  des  populations  ru- 
rales, qui  prennent  ainsi,  de  leur  chef,  des  arrêtés  si  opposés  à 
ce  que  réclament  les  habitants  des  champs?  Il  est  vrai  que 
MM.  les  préfets  n'autorisent  l'extermination^  parles  procédés 
rapides,  que  des  oiseaux  de  passage. 

Mais  comment  les  pièges,  filets,  gluaux,  chouettes,  etc.,  re- 
connaîtront-ils qu'un  oiseau  est  indigène  ou  exotique  au  pays? 
MM.  les  préfets  supposent-ils  que  ces  engins  destructeurs  sont 
aussi  intelligents  que  les  fonctionnaires  publics  chargés  de  met- 
tre la  main  sur  les  Tropmann  et  Cie?  ou  bien  feront-ils  délivrer, 


—  «293  — 

aux  oiseaux  du  pays,  des  permis  de  circuler  librement  dans 
leur  département  et  qui  les  mettront  ainsi  à  l'abri  de  la  cupi- 
dité des  pièges,  gluaux  et  chouettes?  Ce  serait  drôle  !  Enten- 
dez-vous le  tambour  du  village  annonçant  à  son  de  caisse  : 
ce  M.  le  maire  a  l'honneur  d'informer  tous  les  pierrots,  pier- 
rettes,  sansonnets,  merles  et  merluches,  etc.,  de  sa  commune, 
qu'ils  peuvent  passer  à  la  mairie  pour  retirer  leur  carte  de 
résidant,  pour  eux  s'en  servir  ce  que  de  besoin,  dans  le  ressort 
du  département.  » 

En  tout  cas,  MM.  les  préfets,  qui  ont  autorisé  cette  chasse, 
ne  doutent  pas  que  les  engins  employés,  par  les  amateurs  de 
petits  oiseaux,  ne  soient  aptes  à  reconnaître  les  nomades  des 
indigènes,  ou,  tout  au  moins,  ils  comptent  sur  l'honnêteté  de 
ces  appareils,  qui  se  feront  un  véritable  plaisir  de  relâcher  tous 
les  petits  nigauds  de  la  localité  qui,  après  s'être  laissé  prendre, 
exhiberont  leur  carte  de  sûreté.  J'avoue  que  je  n'ai  pas  autant 
de  confiance  que  ces  honorables  fonctionnaires;  l'oiseau  indi- 
gène pris,  ne  sera  pas  rendu  à  la  liberté,  <c  Tout  ce  qui  est  bon 
à  prendre,  dira  le  gluau  ou  la  chouette,  est  meilleur  à  garder.  » 
Or,  comme  le  dit  spirituellement  M.  Paul  Parfait  :  «  Quand  les 
campagnes  auront  bien  souffert  d'arrêtés  de  ce  genre;  que  la 
récolte  annuelle  appartiendra  sans  conteste  aux  Vers  blancs, 
aux  Chenilles,  et  tutti  quanti,  je  ne  sais  pas  si  les  administrés 
de  M.  le  préfet  en  seront  fiers  ;  mais  les  insectes  nuisibles  pour- 
ront à  coup  sûr  lui  voter  des  remercîments.  d 

MM.  les  préfets  comptent-ils,  par  hasard,  sur  le  procédé  de 
ce  brave  campagnard  qui  prétend  avoir  trouvé  le  moyen  de 
détruire  tous  les  Vers  blancs  de  la  terre?  Ils  comptent  alors 
sans  la  cupidité  des  paysans.  L'auteur  de  cette  importante  dé- 
couverte ne  fera  connaître  son  secret,  dit-il,  qu'en  échange- 
d'un  assez  joli  tas  de  napoléons  en  or,  qu'on  déposera  à  la  caisse 
des  dépôts  et  consignations,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  prouvé  l' effica- 
cité de  son  remède.  Il  est  au  moins  honnête  ;  mais  le  cultiva- 


—  294  — 

teur  n'est  pas  aussi  confiant.  Si  le  procédé  est  aussi  inefficace 
que  ceux  qui  l'ont  précédé,  comment  rentrera-t-il  dans  le 
montant  de  sa  cotisation  ?  Voilà  ce  qu'il  demande  avant  de 
verser,  et  ce  qui  l'empêchera  de  confier  son  argent  à  une  caisse 
qu'il  ne  connaît  que  de  ouï-dire.  Donc,  si  l'exterminateur  de 
Vers  blancs  ne  s'en  rapporte  pas  à  la  générosité  du  pays,  ce 
brave  homme  pourra  bien  emporter  son  secret  dans  la  tombe, 
—  fût-ilné  d'hier —  et  MM.  les  préfets,  qui  autorisent  la  chasse 
aux  petits  oiseaux,  à  l'aide  de  filets,  pourront  bien,  dans  quel- 
ques années,  être  voués  à  tous  les  époux  de  dame  Belzébut, 
par  les  cultivateurs  qui  les  rendront  responsables  des  dégâts. 
Et,  en  mon  âme  et  conscience,  ces  intelligents  fonctionnaires 
auront  bien  mérité  leur  sort. 

En  fait  de  procédé  destructeur  d'insectes  nuisibles,  il  pa- 
raît que  la  décoction  de  Quassia  amara  n'est  pas  un  breuvage 
très-tonique  pour  les  pucerons,  altises  et  autres  animaux  dont 
la  nuisibilité  est  aussi  incontestable.  Notre  savant  ami  et  col- 
lègue au  Muséum,  M.  Cloëz,  en  a  essayé  les  eflets  sur  des 
plantes  qui  étaient  infestées  de  ces  inutilités,  et  aussitôt  il  vit 
toute  cette  gent  infestante  mordre  la  terre  pour  ne  plus  la 
quitter.  La  préparation  de  ce  liquide  est  très-simple.  Prendre 
100  grammes  de  Quassia  amara,  en  copeaux,  et  20  grammes 
de  graines  de  Staphisaigre  que  l'on  réduit  en  poudre.  Faire 
bouillir  dans  trois  litres  d'eau  jusqu'à  réduction  de  deux 
litres.  Laisser  refroidir  et  décanter.  Ce  liquide  tue  les  insectes 
sans  nuire  aux  plantes.  En  aspergeant  à  la  pompe,  ou  à  l'ar- 
rosoir à  pomme  très-fine,  les  végétaux  attaqués  par  les  pu- 
cerons de  toutes  sortes,  et'  en  particulier  les  pucerons  noirs  et 
gris,  indestructibles  jusqu'ici,  leur  destruction  est  complète. 
On  se  procure  le  Quassia  et  la  Staphisaigre  chez  les  droguistes. 

De  son  côté  le  Gardener's  chronicle  donne  la  recette  d'un 
liquide  destructeur,  dont  l'efficacité  est  sanctionnée  par  7  an- 
nées d'expériences.  Voici  la  formule  : 


—  295  — 

Tabac  à  fumer 30  grammes. 

Savon  noir 60        — 

Fleur  de  soufre.  .  .  .  , 120        — 

Faire  bouillir  le  tout  dans  deux  litres  d'eau,  pendant  un 
temps  très-court,  en  ayant  soin  de  tenir  le  soufre  dans  un  sac 
de  mousseline;  ajouter  ensuite,  pour  l'emploi,  6 litres  d'eau. 
On  se  sert  de  ce  liquide  pour  tuer  les  araignés  rouges,  les 
thrips,  les  cochenilles,  etc.  Le  meilleur  mode  d'opération  est 
de  tremper  les  plantes  infestés  dans  le  liquide,  quand  la  chose 
est  possible,  pour  les  petites  plantes  par  exemple;  autrement 
on  asperge  à  la  seringue,  à  la  pompe  ou  à  l'arrosoir,  les  plantes 
à  feuillage  tendre  comme  les  Cinéraires,  les  Calcéo^aires,  les 
Pelargoniums,  etc.;  elles  n'éprouvent  aucun  dommage  de  l'em- 
ploi de  ce  mélange,  bien  au  contraire,  dit  le  journal  anglais, 
«  elles  n'en  croissent  que  plus  vigoureusement.  » 

Se  rait-ce  par  hasard  à  l'influence  de  ce  liquide  que  le  Soleil 
et  YHydrangea  otaksa,  de  Segrez,  doivent  la  dimension  excep- 
tionnelle de  leur  inflorescence?  Le  Soleil  avait  un  disque  qui 
mesurait  38  centimètres  de  diamètre,  et  avec  les  ligules  il  n'a- 
vait pas  moins  de  53  cent.  ;  l'inflorescence  en  boule  de  YHy- 
drangea a  96  cent,  de  circonférence  !  C'est  vraiment  splendide  ; 
je  n'ai  pas  vu  encore  d'inflorescence  aussi  grosse.  Et  pourtant, 
le  sujet  ainsi  fleuri  est  une  simple  bouture  de  l'année,  aban- 
donnée dans  un  petit  jardin  d'enfants,  qui  certes  ne  lui  ont  pas 
prodigué  de   bien  grands  soins;  c'est  peut-être  parce  que  le 
sujet  est  une  bouture?  C'est  assez  ma  conviction;  et  j'engage 
les  amateurs  à  n'avoir  jamais  que  de  jeunes  sujets  de  cet  Hy- 
drangea ,  pour  obtenir  de  ces  splendides  et  gigantesques  in- 
florescences ;  ils  pourront  ensuite  s'en  rapporter  à  dame  Na- 
ture, qui  sait  bien  faire  les  choses  quand  elle  veut,  et  quoi 
qu'en  disent  certains  présomptueux  î    Une  petite   histoire  à 
l'appui  de  cette  assertion  : 

Tout  le  monde  connaît  le  magnifique  Zinnia  double,  qui 


—  296  — 

fait  le  bonheur  des  amateurs  et  qui  troubla  pendant  vingt  ans 
le  repos  et  la  tranquillité  d'un  de  nos  plus  intelligents  jardi- 
niers ;  mais  ce  que  l'on  connaît  moins,  et  peut-être  pas  du 
tout,  c'est  son  obtention;  elle  est  très-instructive.  Ecoutez! 
écoutez! 

Depuis  longtemps  la  maison  Vilmorin  cherchait  le  Zinnia 
double;  une  prime  de  500  francs  était  même  promise  au  jar- 
dinier de  l'établissement,  qui  parviendrait  à  le  créer  par  l'ap- 
plication de  la  toute-puissante  et  infaillible  sélection.  Comme 
on  le  pense  bien,  tout  le  monde  se  mit  à  l'œuvre,  et  particu- 
lièrement le  brave  X...  du  jardin  d'expériences  de  la  rue  de 
Reuilly  :  pour  lui  c'était  une  affaire  d'honneur.  Pendant  vingt 
ans,  il  compta  toutes  les  ligules  de  chaque  capitule  de  Zinnia 
simple,  et  toutes  les  fois  qu'il  en  trouvait  quelques-unes  de 
plus  que  le  nombre  normal,  il  marquait  l'heureux  sujet  en 
voie  de  transformation,  et  il  guettait  la  maturité  des  graines, 
pour  n'en  point  perdre  une  seule. 

Hélas  !  vingt  générations  se  succédèrent  ainsi,  et  le  double 
Zinnia  s'obstina  à  ne  point  couronner  tant  d'intelligence  dé- 
pensée, tant  de  peines  et  d'inquiétudes  supportées.  C'est,  en 
effet,  dans  les  Pyrénées  qu'il  apparut  en  1858;  c'est  sur  une 
fenêtre  de  Bagnères-de-Bigorre,  et  dans  un  pot,  que  M.  Z.., 
de  la  même  maison  Vilmorin,  en  trouva  deux  pieds,  chez  un 
honorable  Pyrénéen  qui  ne  l'avait  jamais  cherché  !  L'heureux 
propriétaire  —  qui  ne  se  croyait  pas'aussi  heureux  que  ça,  — 
daigna  en  céder  la  propriété  à  M.  Z...,  en  déclarant  qu'il 
n'avait  fait,  pour  obtenir  ce  Zinnia  double,  que  de  semer  des 
graines  que  son  fils  lui  avait  envoyées  de  l'Inde,  peu  d'années 
auparavant. 

Et  voilà  comme  quoi  l'homme  peut,  par  la  sélection,  ne  pas 
obtenir  ce  que  la  nature  produit  avec  une  extrême  aisance  et 
la  plus  admirable  facilité  ! 

Pour  finir,  une  rectification. 


—  297  — 

Dans  ma  dernière  chronique,  j'ai  parlé  de  la  présence  des 
Radis  de  famille  à  l'exposition  de  Hambourg.  Un  de  nos  amis, 
botaniste  distingué,  qui  visite  en  ce  moment  les  établissements 
scientifiques  de  l'ancienne  Germanie,  m'informe  que  ce  qu'on 
a  pris  à  Hambourg  pour  des  Radis  dits  de  famille,  provenant 
du  Raphanus  raphanistrmn,  pourrait  bien  n'être  que  des  va- 
riétés très-ordinaires  du  Radis  cultivé,  Raphanus  sativus;  car, 
dit-il,  «je  viens  de  voir  à  l'exposition  de  Vienne,  dans  les  lots 
de  légumes,  des  Radis  qui  offrent  toutes  les  formes,  toutes  les 
grosseurs,  et  toutes  les  couleurs,  représentées  dans  \&  Belgique 
horticole,  comme  appartenant  exclusivement  aux  variétés  obte- 
nues du  Radis  sauvage.  Les  exposants  auxquels  je  me  suis 
adressé,  pour  avoir  des  renseignements  sur  leur  origine,  m'ont 
tous  répondu  :  que  ces  Radis  sont  des  variétés  des  Radis  culti- 
vés, et  nullement  des  produits  obtenus  par  sélection  du  Radis 
sauvage,  ou  Raphanus  raphanistrum.  L'auteur  des  Radis  de  fa- 
mille, ajoute  mon  excellent  ami,  n'aurait- il  pas  fait  confusion, 
par  hasard,  en  prenant  ses  premières  graines  sur  du  Radis  cul- 
tivé, croyant  avoir  affaire  aux  Radis  sauvage?  » 

Pour  mon  compte  je  le  croirais  assez;  les  hasards  sont  si 
grands  !  Car  enfin,  il  est  au  moins  fort  extraordinaire  qu'il  n'y  a 
que  lui  qui  obtienne,,  aussi,  des  marronniers  blancs  en  semant 
des  marronniers  rouges,  et  des  marronniers  rouges  en  semant 
des  marronniers  blancs  ;  des  Noyers  communs  (Juglans  rec/ia), 
en  semant  des  Noyers  noirs  d'Amérique  (Juglans  nigra)  et  vice 
versa;  toutesles  espèces  d'Érables, voire  mêmecelle  du  Mexique, 
en  semant  de  l'Acer  campestre;  des  groseilles  à  grappes,-  en  se- 
mant des  groseilles  à  maquereau,  et  beaucoup  d'autres  faits 
delà  même  force.  Si  l'auteur  des  Radis  de  famille  ne  fait  pas 
parfois  confusion,  il  faut  avouer,  alors,  qu'il  est  merveilleuse- 
ment favorisé  delà  terre  et  des  dieux!... 

F,  Herincq. 


—  298  — 


CYPRIPEDIUM  SPEGTABILE  (Pl.  X). 

Cette  plante  appartient  à  la  grande  famille  de  plantes  si 
bizarres  qu'on  désigne  sous  le  nom  collectif  d'Orchidées.  Le 
mot  de  Cypripedium  a  la  prétention  d'indiquer  la  forme  de  la 
fleur  :  il  est   composé   1°  de  Cypris,  mot  grec  par  lequel  les 
poètes  désignent  cette  déesse  mystérieuse  née  de  l'écume  de 
la  mer  selon  les  uns,  fille  de  Jupiter  et  de  Dioné  selon  les 
autres,  et  que  le  commun  des  mortels  appelle  tout  simplement 
Vénus;  2°  depodeion,  autre  mot  grec  qui  signifie  chausson, 
sabot,  etc.  D'où  le  nom  vulgaire  Sabot  de  Vénus  appliqué  a 
toutes  les  espèces  assez  nombreuses  du  genre  Cypripedium. 
C'est  qu'en  effet  un  des  pétales  de  la  fleur,  qu'on  nomme  la- 
belle., a  quelque  ressemblance  avec  la  babouche,  sorte  de  pan- 
toufle d'un  grand  usage  chez  les  peuples  d"Orient. 

Tous  les  Cypripedium  sont  des  plantes  terrestres,  pourvues 
d'une  tige  simple  plus  ou  moins  allongée,  garnie  de  feuilles  al- 
ternes, et  terminée  par  une  ou  plusieurs  fleurs  d'une  organi- 
sation curieuse.  L'ovaire  est  infère,  c'est-à-dire  situé  au-des- 
sous de  la  fleur,  de  laquelle  il  paraît  être  le  pédicelle.  L'enve- 
loppe florale  offre  3  divisions  externes  et  3  internes;  les 
externes,  ou  sépales,  sont  étalées,  planes,  à  peu  près  de  même 
forme,  distinctes  ou  parfois  les  deux  inférieures  soudées  et 
placées  alors  sous  le  pétale  nommé  labelle;  les  trois  divisions 
internes  n'ont  jamais  la  même  forme  :  les  deux  latérales, 
toujours  uniformes,  ressemblent  quelquefois  aux  sépales,  ou 
bien  elles  sont  plus  grandes  ou  plus  longues  ;  l'inférieure,  qui 
prend  le  nom  de  labelle,  n'est  jamais  plane,  elle  est  renflée, 
comme  vésiculeuse,  mais  avec  une  ouverture  à  la  base,  ce  qui 
lui  donne  cette  apparence  de  babouche,  ou  chaussure  orien- 
tale dont  nous  avons  parlé. 


—  299  — 

On  trouve  des  Cypripedium  dans  l'Asie  ;  mais  ces  espèces 
asiatiques  sont  de  serre  chaude  ou  de  serre  tempérée;  tels 
sont  les  C.  villosum,  barbatum,  Vcitchianum,  superbiens,  pur- 
pur  atum,  insigne,  venustum,  etc.  Les  touristes  qui  visitent  nos 
montagnes  du  Dauphiné,  rencontrent,  dans  les  bois,leC.  calceo- 
lus,  que  nous  appelons  Sabot  de  la  Vierge;  ses  fleurs  sont  d'un 
brun  pourpré  avec  le  labelle  jaune  maculé  de  pourpre  clair. 

L'espèce  que  nous  figurons,  planche  X,  appartient  à  la  flore 
de  l'Amérique  septentrionale  ;  c'est  dire  qu'elle  est  de  plein 
air  sous  notre  climat,  et  qu'elle  peut  contribuer  à  l'ornement 
de  nos  jardins,  ou  tout  au  moins  des  conservatoires  d'été,  et 
des  appartements. 

Ce  Cypripedium  speclabile  atteint  de  30  à  40  centimètres  de 
hauteur  ;  la  tige,  garnie  de  4  ou  5  feuilles  ovales  un  peu  duve- 
teuses, est  terminée  par  2  ou  3  fleurs  qui  apparaissent  pen- 
dant les  mois  de  juin  et  juillet.  Ces  fleurs  sont  d'un  blanc 
lavé  d'une  légère  teinte  de  rose,  avec  les  bords  de  l'ouverture 
et  la  base  du  labelle  d'un  magnifique  rose  carmin. 

Notre  dessin  a  été  fait  d'après  les  individus  qui  ont  fleuri 
cette  année  au  Muséum,  et  qui  font  partie  de  l'intéressante  col- 
lection de  plantes  alpines  réunies  et  cultivées  avec  tant  de  suc- 
cès par  M.  Verlot. 

La  culture  de  cette  espèce  est  très-simple.  La  culture  en  pot 
est  préférable.  Quoique  originaire  des  régions  marécageuses 
des  Etals-Unis,  ce  Cypripedium  craint  l'humidité  stagnante,  et 
il  fond  très-rapidement  pendant  nos  hivers.  Cultivé  en  pot 
bien  drainé,  et  clans  la  terre  de  bruyère  tourbeuse,  on  peut  le 
faire  hiverner  sous  châssis,  et  alors  il  pousse  admirablement 
et  fleurit  chaque  été. 

0.  Lescuyer. 


—  300  — 

REVUE  DES  JOURNAUX  ETRANGERS. 

Botanical  Magazine  et  Gardenefs  Chronicle. 

Brassia  Lawrencianavav.  longissifna  (Bot.  Mag.,  pi.  5748). 
Cette  belle  variété  d'Orchidée  originaire  de  Costa-Rica,  et  mise 
au  commerce  par  M.  Bullerd'Exeter  (Angleterre),  a  des  fleurs 
très-odorantes  d'un  beau  jaune  orange,  avec  des  sépales  laté- 
raux très-longs  (25  à  30  cent.)  et  rubanés,  marqués  à  leur  base, 
comme  les  autres  divisions  de  la  fleur,  de  larges  taches  marron 
pourpré;  lelabelle  est  jaune  paille  clair  avec  des  petites  taches 
carmin. 

Iberidella  rotundifolia  (Bot.  Mag.,  5749). Cette  petite  plante 
de  la  famille  des  Crucifères,  à  fleurs  lilas  clair,  n'est  pas  préci- 
sément une  nouveauté;  c'est  une  petite  indigène  du  mont 
Cenis,  que  Linné  a  baptisée  Iberis  rotundifolia  ;  que  Gaudin 
appelle  Thlaspi  rotundifîum  ;  que  Koch  nomme  Thlaspî  cepœfo- 
lium  ;  que Reichenbach  désigne  alternativement  sous  les  noms 
de  Noccea  cepœfolia  et  Thlaspi  corymbosum  ;  Robert  Brown  en 
fait  son  Hutchinsîa  rotundifolia;  Decandolle  l'enregistre  sous  le 
nom  de  .Hutchinsîa  cepœfolia,  et  J.  Gay  la  fait  connaître  sous 
l'épithète  de  Hutchinsîa  corymbosa  !  C'est  une  bonne  plante 
pour  garnir  les  rocailles. 

Tacsonia  eriantha  (Bot.  Mag.,  5750j.  Très-intéressante  Pas- 
siflorée  dont  nous  donnerons  plus  tard  le  dessin. 

Stapelia  hystrioc(Bot.  Mag.,  5751).  Espèce  de  plante  grasse 
de  la  famille  des  Asclépiadées,  à  tiges  comme  dentées,  et  à 
fleurs  en  étoile  de  couleur  jaune-pale,  hérissées  de  gros  poils 
et  maculées  de  carmin.  Le  genre  Stapelia  est  très-riche  en 
espèces,  mais  toutes  exhalent  une  odeur  très-désagréable  ;  ce 
sont  des  plantes  curieuses,  par  la  forme  de  la  corolle. 

Thibaudîa  acuminata  (Bot.  Mag.,  5752).  Espèce  de  la  fa- 
mille des  Ericacées,  originaire  des  Andes  de  la  Colombie,  in- 


—  301    — 

troduite  dans  l'établissement  de  M.  Veitch,  par  le  collecteur 
Pearce.  C'est  un  petit  arbrisseau  glabre,  à  feuilles  coriaces 
ovales,  et  à  fleurs  en  grappes  presque  terminales,  dont  la  co- 
rolle, longue  de  2  cent.,  est  rouge  brique  avec  les  dents  jaunes. 

Cœlogyne  Reichenbachiana.  Le  Gardener's  Ghronicle  fait 
connaître  cette  petite  Orchidée  asiatique,  originaire  des  mon- 
tagnes de  AiTacan,  et  qui  a  été  introduite  l'année  dernière 
dans  l'établissement  de  M.  Veitch.  Ses  fleurs,  qui  apparaissent 
en  novembre,  sont  grandes,  blanc  rosé  avec  le  labellum  en 
forme  de  cornes,  blanc  maculé  de  rose  sur  le  milieu. 

Delostoma  dentata  (Bot.  Mag.,  5754).  Cet  arbuste  nouveau 
qui,  par  son  port,  ressemble  à  une  Gesnériacée,  mais  qui,  par 
ses  caractères,  appartient  à  la  famille  des  Bignoniacées,,  a  été 
envoyé  à  M.  Isaac  Anderson  Henry,  d'Edimbourg,  par  le  pro- 
fesseur Jameson,  de  Quito,  qui  en  fit  la  découverte  à  Gua- 
lesca,  dans  la  république  de  l'Equateur.  Sesfeuilles  sontamples, 
oblongues,  obscurément  dentelées,  et  ses  fleurs,  disposées  en 
grappes  axillaires,  grandes  comme  celles  du  Bignonia  spe- 
ciosa,  sont  de  couleur  blanche  ou  faiblement  teintée  de  rose. 

Camptopus  Mannii  (Bot.  Mag.,  5755).  Genre  nouveau  de  la 
famille  des  Rubiacées,  section  des  Psychotriées,  a  été  créé  par 
M.  Hooker  pour  un  arbrisseau  de  Fernando-Po,  en  Afrique 
tropicale,  introduit  en  Europe  par  M.  Mann  en  1863,  qui  en 
envoya  des  graines  au  jardin  royal  de  Londres.  Cette  nouvelle 
plante  est  très-curieuse  par  son  inflorescence  qui  se  compose 
d'un  long  pédoncule  renversé,  rouge,  redressé  au  sommet,  et 
portant  un  bouquet  compacte  de  fleurs  blanches  tubuleuses,  ac- 
compagnées de  bractées  rouges  d'un  joli  effet;  les  feuilles  sont 
amples,  épaisses,  coriaces  et  de  forme  obovale. 

Oncidium  œanthodon.  Jolie  Orchidée  décrite  dans  le  Gar- 

•dener's  Chronicle,  originaire  des  Cordillières  de  la  république 

de  l'Equateur,  et   introduite  en  Angleterre  par  M.  Backouse. 

Ses  fleurs,  qui  apparaissent  au  mois  de  septembre,  sont  couleur 


—  302  — 
chocolat  clair  à  pétales  bordés  de  jaune  ;  elles    forment  de 
très-belles  grappes  flexueuses. 

Aglaonema  Mannii  (Bot.  Mag.,  5760).  Aroïdée  de  l'Afrique 
tropicale  qui  n'a  rien  d'ornemental;  elle  a  été  introduite  dans 
le  jardin  royal  de  Londres  par  M.  Gustave  Man  n . 

Amomum  sceptrum (BoL  Mag.,  5761). Très-belle  plante  de  la 
famille  des  Zingibéracées,  découverte  par  M.  Gustave  Mann 
dans  le  Gabon,  et  très-voisine  de  Y  Amomum  longiscapum.  Ses 
feuilles  sont  oblongues  lancéolées  ;  ses  fleurs,  d'un  beau  rose, 
ont  un  labelle  très-ample  relevé  sur  les  bords  et  formant  un 
large  cornet. 

Caryota  Cumingii  (Bot.  Mag.,  5762).  Très-élégant  Palmier 
introduit  de  Sincapore  par  Hugli  Guming.  Ses  feuilles  ont  deux 
mètres  environ  débogueur  et  sont  divisées  en  une  multitude 
de  petits  segments  oblongs,  dont  un  bord  est  entier  et  l'autre 
grossièrement  denté,  comme  rongé. 

Kœmpferia  Parishii  (Bot.  Mag.,  5763).  Cette  espèce, de  la 
famille  de  Scitaminées,  croit  dans  les  épaisses  forêts  de  Moal- 
mayne,  et  est  très-voisine  du  Kœmpferia    diversifolia.  Les 
fleurs  ont  les  pétales  supérieurs  blancs  et  les  inférieurs  violet- 
pourpré. 

Allamanda  nobilis  (Bot.  Mag.,  5764).  Magnifique  Apocynée 
digne,  en  effet ,  du  nom  de  nobilis,  qui  lui  a  été  donné  par 
M.  Mooredu  Gardener'sChronicle.  Originaire  du  Rio-Branco, 
sur  les  confins  du  Brésil  et  du  Venezuela,  cette  espèce,  actuel- 
lement cultivée  chez  M.  Bull,  de  Ghelsea,  est  bien  supérieure 
aux  Allamanda  Schottii,  grandiflora,  Aubletii  depuis  longtemps 
dans  le  commerce  européen.  Ses  fleurs,  d'un  beau  jaune  gutte, 
n'ont  pas  moins  de  12  à  1 5  cent,  de  diamètre; 

Richardia  melanoleaca  (Bot.  Mag.,  5765).  Tout  le  monde 
connaît  l'Arum  d'Ethiopie  ;  cette  plante  appartient  au  même 
genre,  et  diffère  de  l'espèce  que  nous  venons  de  citer  par  ses 
feuilles  maculées  de  blanc  et  par  la  spathe  qui  est  de  couleur 


—  303   - 

jaune  paille  avec  une  large  macule  pourpre  marron  à  sa  base. 
Elle  est  originaire  de  l'Afrique,  et  est  mise  au  commerce  par 
M.  Bull  de  Chelsea.  La  culture  est  celle  qu'on  applique  au 
Richardia  œthiopica . 

Dendrobium  crassinode  (Bot.  Mag.,  5766).  Cette  Orchidée  es  t 
très-remarquable  par  ses  tiges  ou  pseudo-bulbes  étranglés  de 
distance  en  distance  et  offrant  une  série  de  nœuds  superposés. 
Les  fleurs  sont  blanches  avec  le  bout  des  pétales  rose,  et  le 
fond  du  labelle  jaune.  Ce  Dendrobium  a  été  découv  ert  par  le 
révérend  Père  Parish  dans  le  royaume  de  Siam,  et  propagé  en 
Angleterre  par  M.  Veitch. 

Saccolabium  bigibbum  (Bot.  Mag.,5767).  Nouvelle  espèce 
d'Orchidée  découverte  dans  les  montagnes  de  Khasia  en  Asie, 
et  introduite  chez  MM.  Veitch  par  leur  collecteur  M.  Benson. 
Elle  est  peu  remarquable;  ses  fleurs  sont  jaunes . 

Palava  flexuosa.  Charmante  Malvacée  annuelle  décrite  dans 
le  Gardener's  Chronicle  par  M.  Masters,  introduite  chez 
M.  Veitch  par  M.  Pearce  qui  l'a  découverte  dans  la  vallée  de 
San  Lorenzo  au  Pérou . 


CULTURE  DU  NELUMBIUM. 

Les Nelumbium  sont  des  sortes  de  Nymphéa  dont  la  souche 
épaisse  et  rampante  produit  des  feuilles  en  parasol  et  de 
grandes  et  belles  fleurs  qui  s'élèvent  au-dess  us  de  l'eau  au  lieu 
de  flotter  à  sa  surface. 

Il  y  a  plusieurs  espèces  et  variétés  de  Nelumbium;  mais  la 
plus  répandue  et  la  plus  belle  est  toujours  le  N.  speciosum,  ou 
Lis  d'eau  du  Nil,  à  fleurs  odorantes,  blanc  de  crème  nuancé  de 
rose  au  bord  des  pétales,  et  qui  atteignent  jusqu'à  25  centi- 
mètres de  diamètre. 

Voici  ce  que  nous  trouvons,  dans  le  petit  livre  de  M.  Helye 


—  304  — 

—  Culture  des  plantes  aquatiques  (1)  — sur  la  culture  des  Ne-  t 
lumbium. 

ce  La  culture  des  Nelumbium  a  été  regardée,  pendant  bien 
longtemps,  comme  impossible  à  l'air  libre,  sous  le  climat  de 
la  France.  De  ce  que  ces  plantes  sont  des  pays  chauds,  on  les 
considérait  comme  plantes  de  serre  chaude.  C'était  une  er- 
reur. Non-seulement  les  Nelumbium  sont  cultivés  avec  succès 
et  fleurissent  dans  le  midi  de  la  France,  à  Montpellier,  à 
Tonneins,  mais  encore  on  les  voit  admirablement  fleurir  dans 
l'ouest,  à  Laval,  et  j'en  obtiens  d'excellents  résultats  au  Mii- 
séum,  à  Paris,  par  un  procédé  peu  dispendieux,  à  la  portée  de 
tout  le  monde,  et  que  je  vais  faire  connaître. 

))  Il  faut  établir  sa  culture  en  baquet  dans  un  endroit  qui 
reçoive  la  plus  grande  somme  possible  de  chaleur,  par  con- 
séquent à  l'exposition  du  midi.  On  enterre  les  rhizomes  à  en- 
viron 10  centimètres;  on  place  un  peu  de  gros  gravier  sur  la 
terre,  puis  on  inonde  d'une  couche  d'eau  qui,  devant  s'échauf- 
fer très- promptement,  ne  doit  pas  être  très-épaisse;  on  en 
calcule  l'épaisseur  d'après  la  température  du  milieu  ambiant  : 
15  à  25  centimètres  suffisent  généralement. 

»  Ainsi  plantés,  les  Nelumbium  se  développent  et  fleurissent 
parfaitement. 

»  Pour  la  conservation  pendant  l'hiver,  c'est  chose  simple. 
Si  les  plantes  sont  cultivées  en  pleine  terre,  dans  des  petits  ré- 
servoirs, on  en  enlève  l'eau  et  on  recouvre  d'une  couche  de 
feuilles  sèches,  pour  empêcher  la  gelée  d'atteindre  les  racines. 
Quand  la  culture  est  en  baquet  placé  dans  les  aquarium,  on  en- 
fonce .seulement  les  baquets  de  50  à  60  centimètres  au-des- 
sous de  la  surface  de  l'eau,  pour  qu'ils  ne  soient  pas  pris  par 
la  glace. 

~s>  Les  Nelumbium  peuvent   être  multipliés  par  semences. 


(1)  Donnaud,  éditeur,  rue  Cassette,  n°  9,  Paris.  Prix,  \  fr.  50. 


—  305  — 

Dans  ce  cas  on  prend  des  pots  de  5  à  6  centimètres  de  dia- 
mètre, que  l'on  remplit  de  terre  appropriée,  dans  laquelle  on 
enterre  une  graine.  Les  pots  sont  ensuite  placés  dans  une 
grande  terrine  plus  ou  moins  remplie  d'eau,  et  de  manière  à  ce 
que  la  terre  des  pots  se  trouve  à  environ  5  centimètres  delà 
surface.  Gomme  les  graines,  qui  sont  à  peu  près  delà  grosseur 
d'une  graine  de  Pin-Pignon,  ont  une  enveloppe  osseuse  très- 
résistante,  on  se  trouve  bien ,  pour  faciliter  la  germination, 
d'user  un  peu,  sur  un  grès,  le  point  où  doit  se  faire  la  sortie  de 
l'embryon  ;  on  distingue  facilement  ce  point  à  l'une  des  extré- 
mités de  la  graine. 

»  Après  la  germination,  les  jeunes  plantes  peuvent  rester 
dans  l'eau  tout  l'été;  et  si,  pendant  cette  première  période  vé- 
gétative, on  reconnaît  qu'elles  ont  besoin  d'un  rempotage,  on 
le  leur  donne,  et  on  les  replace  aussitôt  après  dans  les  mêmes 
conditions . 

))  Bien  qu'on  puisse  semer  à  différentes  époques,  j'ai  remar- 
qué que  la  meilleure,  celle  du  moins  qui  m'a  toujours  donné  de 
bons  résultats,  est  la  un  de  l'hiver,  durant  les  mois  de  janvier 
et  de  février.  Les  jeunes  plants  ont  alors  toute  la  belle  saison 
pour  prendre  force.  On  les  maintient  en  pots  jusque  vers  la 
fin  de  juin,  époque  à  Inquelle  on  les  livre  à  la  pleine  terre, 
sous  l'eau,  ainsi  qu'il  est  expliqué  plus  haut.  » 

Les  beaux  Nelumbium  dont  il  a  été  parlé  dans  le  der- 
nier numéro,  sont  cultivés  dans  un  bassin  de  lm  20  cent,  de 
profondeur.  Le  fond  est  garni  de  25  à  30  cent .  de  terre, 
dans  laquelle  sont  placés  les  rhizomes.  Pendant  l'hiver,  M.  De- 
caisne  fait  établir,  au-dessus  du  bassin,  une  sorte  de  toiture  à 
deux  versants  avec  des  panneaux  vitrésy  et  qui  reçoit  des  pail- 
lassons durant  les  gelées .  Vers  la  fin  de  mars,  on  retire  cet 
abri  pour  que  le  sol  se  pénètre  bien  des  agents  atmosphériques, 
et  dans  le  courant  de  mai,  aussitôt  que  les  rhizomes  donnent 
signe  de  vie,  on  recouvre  à  nouveau  le  bassin,  mais  cette  fois 

Octobre  1869.  20 


—  306   — 

en  plaçant  les  panneaux  vitrés  à  plat,  pour  éviter  la  déperdi- 
tion de  chaleur,  et  pour  que  le  sol  se  pénètre  bien  d'air 
chaud.  C'est  dans  cette  condition  que  les  Nelwnbium  du  Mu  - 
séumse  développent  vigoureusement,  et  produisent  leurs  ad- 
mirables fleurs. 

Pour  obtenir  un  pareil  résultat,  on  pourrait  construire  des 
sortes  d'auges  ou  des  petits  bassins  de  50  ^ent.  de  profon  - 
deur,  qu'on  couvrirait  de  panneaux  vitrés  pendant  l'hiver,  et 
durant  le  premier  développement  des  feuilles.  Gomme  c'est  à 
ce  mome.it,  seulement,  qu'il  faut  produire  delà  chaleur,  c'est- 
à-dire  ve  s  la  fin  de  mai  ou  au  commencement  de  juin,  un  ap- 
pareil piticulier  n'est  pis  nécessaire  :  le  soleil  seul  suffirait. 

Ern.  Bonnard. 


NOTICE  HISTORIQUE   SUR  LE  PALMIER  rDE   LA  CHINE 
ET  DU  JAPON. 

Ce  Palmier,  dont  la  première  introduc  tion  remonte  à  Tannée 
1830,  est  une  des  plus  précieuses  acquisitions  de  l'horticulture 
européenne;  car  c'est  le  seul  grand  Palmier  de  pleine  terre,  et, 
par  son  port  si  différent  de  nos  arbres  indigè  nés,  il  produit  un 
très-bel  effet  dans  la  décoration  de  nos  jardins  paysagers.  Au- 
jourd'hui^ il  est  positivement  acquis  à  la  culture  à  l'air  libre 
sous  les  climats  de  l'Angleterre,  du  midi  et  du  centre  de  la 
France;  à  Paris  et  plus  au  nord,  on  lui  donne  encore, un  ap- 
pareil protecteur  pendant  l'hiver.  En  a-t-il  besoin  réellement  ? 

D'après  M.  Fortune,  ce  Palmier  abonde  sur  les  montagnes 
de  la  Chine  septentrionale  et  les  collines  de  Yen-Chow-Fou, 
province  de  Ché-Kiang,  où  il  vient  admirablement  bien,  et 
M.  de  Monligny  l'a  rencontré  si  communément  dans  la  Chine 
centrale,  qu'il  pense  que  cette  espèce  paraît  être  originaire 
des  parties  moyennes  de  l'empire  du  milieu. 


—  307  — 

<L  C'est,  dit  le  zélé  voyageur  anglais,  un  arbre  précieux  pour 
les  Chinois  du  nord,  qui  lui  donnent  le  nom  de  Tsong-lin.  Ils 
tirent  habilement  parti  des  épaisses  touffes  de  fibres  brunes 
qui  se  trouvent  sur  la  tige  près  des  feuilles;  ils  en  font  des 
cordes  et  des  câbles  très-résistants  qui  durent  longtemps  même 
sous  l'eau.  Les  paysans  confectionnent,  avec  ses  feuilles,  des 
chapeaux  et  des  sortes  de  manteaux  nommés  sosés,  qui  les 
mettent  parfaitement  à  l'abri  de  la  pluie  et  du  froid.  On  fait 
encore,  avec  les  fibres,  des  som  niers  et  des  matelas  dont  se 
servent  toutes  les  classes  de  la  société,  etc.  Ces  arbres  font 
un  très-bel  effet  dans  le  paysage;  aussi,  considérant  le  degré 
de  froid  que  ce  Palmier  endure  dans  ce  pays,  j'ai  l'espoir  de  le 
voir  un  jour  décorer  les  collines  du  midi  de  l'Angleterre  et  des 
pays  de  l'Europe.  3> 

C'est  dans  ce  but  que  Robert  Fo*rtune  en  envoya  plusieurs 
exemplaires  au  jardin  de  Kew.,  en  priant  M.  William  Hooker, 
alors  directeur,  d'en  remettre  un  au  prince  Albert  pour  le 
château  d'Osborne,  dans  File  de  Wight.  Ces  Palmiers  furent 
mis  en  pleine  terre  en  1849,  et  ils  passèrent,  sans  couverture, 
l'hiver  de  18  49-1850  sans  souffrir  aucunement . 

Ces  Palmiers  de  la  Chine  étaient  les  premiers  livrés  en  plein 
air,  mais  ils  n'étaient  pas  les  premiers  inlrodu  its. 

Kœmpfer,  qui  le  premier  parla  de  ce  Palmier  en  1712,  et 
Thunbergen  1 784,  l'enregistrèrent  comme  originaire  du  Japon, 
où  il  est  connu  sous  les  noms  de  Sjuro  et  de  Sodio.  Von  Sie- 
bold,  vers  1830,  et  depuis  M.  J.  Veitch,  l'ont  aussi  rencontré 
dans  les  localités  indiquées  par  les  deux  premiers  auteurs.  Il 
a  donc  pour  patrie  à  la  fois  et  la  Chine  et  le  Japon.  Quoi  qu'il 
en  soit,  c'est  à  1830  que  remonte  l'introduction  du  Chamœ* 
rops  eoccelsa;  des  graines  furent  importées  en  Europe  par  les 
soins  de  Von  Siebold,  et  elles  produisirent  des  plants  qui, 
élevés  en  serres,  mesurent  actuellement  de  7  à  10  mètres  de 
hauteur  :  à  Kew,  un  de  ces  plants  avait,  en  1860,  9  m.  2a  de 


—  308  — 

hauteur  ;  à  Bonn,  un  autre  provenant  du  même  semis  et  con- 
sidéré comme  individu  femelle^  fleurit  et  fructifie  chaque  année 
depuis  1851  ;  c'est  qu'en  effet  cette  espèce  est  polygame,  c'est- 
à-dire  que  le  même  sujet  peut  avoir  des  fleurs  mâles  ou  des 
fleurs  femelles  et  des  fleurs  hermaphrodites  à  la  fois;  ce  qui 
explique  la  maturité  des  fruits  des  individus  regardés  comme 
portant  seulement  des  fleurs  femelles. 

Jusqu'au  moment  de  la  production  de  graines  par  le  V&U 
mier  des  serres  de  Bonn,  nul  essai  de  culture  en  plein  air  n'a- 
vait été  tenté  en  Europe  avec  les  sujets  d'origine  japonaise; 
on  considérait  positivement  cette  espèce  comme  plante  de 
serre,  et  cette  opinion  se  fortifia  encore,  à  la  suite  des  essais 
entrepris  avec  les  jeunes  plants  provenant  du  sujet  allemand, 
aucun  n'a  pu  résister  au  froid  de  l'hiver;  mais  ces  expériences 
n'eurent  lieu  que  sous  le  climat  de  l'Allemagne. 

Il  en  fut  tout  autrement  en  1849,  avec  les  graines  envoyées 
par  Robert  Fortune;  on  tint  de  suite  son  Palmier  de  Chusan, 
—  comme  on  l'appelait  alors,  —  pour  très-rustique,  et  sa  rus- 
ticité fut  confirmée  par  le  sujet  du  château  d'Osborne,  qui  a 
résisté  à  tous  les  hivers  sans  jamais  souffrir,  et  qui,  aujour- 
d'hui, a  plus  de  trois  mètres  de  hauteur. 

En  France,  on  hésita  longtemps  avant  de  risquer,  comme  on 
dit,  ce  Palmier  à  la  pleine  terre.  Le  premier  trouva  asile  dans 
les  serres  de  MM,  Thibaut-Keteleêr  ;  il  provenait  d'Angleterre, 
et  c'était  en  1850.  Aujourd'hui,  ce  même  pied  figure  dans  l'o- 
rangerie du  jardin  du  Luxembourg ,  après  avoir  fait,  pendant 
quelques  années,  l'ornement  des  serres  de  M.  le  marquis  de 
Saint-Innocent,  président  de  la  Société  autunnoise  d'horticul- 
ture., et  qui  en  avait  fait  un  arbre  de  trois  mètres  de  hauteur. 

On  peut  accorder  à  M.  deMontigny,  consul  général  français  en 
Chine,  auquel  l'horticulture  doit  de  nombreuses  introductions, 
le  titre  d'introducteur  et  propagateur  de  ce  Palmier  de  Chine 
en  France  ;  car  avant  lui,  on  n'en  possédait  que  quelques  rares 


—  309  — 

individus.  Les  graines  qu'il  répandit  à  profusion  depuis  1851, 
dans  le  commerce,  en  assura  le  succès  ;  aujourd'hui  ce  Palmier 
est  considéré  comme  une  plante  vulgaire.  Toutefois,  nous  le 
répétons,  ce  n'est  que  sous  le  climat  de  la  France  méridionale 
et  centrale  qu'on  peut  sans  crainte  le  risquer  en  plein  air.  A 
Paris,  il  faut  l'empailler  ou  le  couvrir  avec  soin  ;  autrement  on 
risque  de  voir  mourir,  soit  par  le  froid,  soit  par  l'humidité, 
ses  plus  beaux  sujets;  nous  avons  vu  perdre,  à  Segrez,  deux 
de  ce  superbe  Palmier,  qui  avaient  plus  de  1  m.  70  cent,  de 
tiges,  pendant  les  deux  derniers  hivers  et  quoique  garnis  de 
feuilles  sèches  au  pied  et  recouverts  d'une  sorte  de  serre  mo- 
bile en  planche.  Quant  aux  magnifiques  pieds  que  M.  Pépin  a 
signalés  comme  cultivés  en  plein  air  au  Jardin  des  Plantes  de 
Paris,  ils  sont  si  bien  emmaillottés,  durant  toute  la  mauvaise 
saison,  qu'on  comprend  parfaitement  qu'ils  n'ont  rien  à  re- 
douter des  hivers  parisiens.  Le  plus  rustique  paraît  être  celui 
de  M.  Hauguet,  à  Montivilliers  (Seine-Inférieure)  ;  il  a  passé 
l'hiver  de  1868  en  pleine  terre  sans  aucun  abri;\a.  neigea 
recouvert  pendant  plusieurs  jours  son  cœur  sans  lui  faire 
éprouver  aucun  mal,  et  il  était  tout  aussi  vert  et  aussi  frais 
qu'avant  l'hiver,  écrivait  M.  Hauguet  au  commencement  de 
février.  Il  serait  intéressant  de  faire  savoir  si  ce  rustique  Pal- 
mier, au  cœur  recouvert  de  neige,  est  aujourd'hui  aussi  vert, 
aussi  frais  :  c'est  fort  douteux.  A  Cherbourg,  climat  maritime 
exceptionnel,  on  comprend  le  Chamœrops  excelsa  en  pleine 
terre  et  sa  brillante  floraison  comme  à  Nice,  Montpellier,  Hyè- 
res,  Bordeaux;  mais  à  Montivilliers,  cette  assertion  a  besoin 
d'une  nouvelle  confirmation;  car  on  ne  s'aperçoit  pas  de  la 
mort  d'un  Palmier  au  lendemain  du  dégel;  c'est  au  prin- 
temps, seulement,  qu'on  constate  les  décès  dans  cette  fa- 
mille. 

La  floraison  du  Chamœrops  de  la  Chine  est  quelque  cluse  de 
vraiment  magnifique  ;  ses  longs  régimes  pendants,  aux  bran- 


—  310  — 

ches  d'un  jaune  clair  brillant,  simulent  des  touffes  de  certai- 
nes espèces  de  coraux,  qui  se  trouveraient  suspendus  au 
sommet  du  stype.  C'est  en  1867,  chez  M.  Deshours-Farel, 
qu'on  vit  fleurir,  en  France  pour  la  première  fois,  ce  beau  Pal- 
mier: depuis  il  a  fleuri  à  peu  près  partout,  dans  la  région  mé- 
diterranéenne et  à  Bordeaux;  et,  par  suite  de  la  fécondation 
artificielle,  on  a  obtenu  des  fruits  parfaitement  constitués,  qui 
servent  à  la  propagation  et  à  la  vulgarisation  de  cette  intéres- 
sante espèce  dont  on  possède  certainement  deux  variétés  : 
Tune  du  Japon,  la  première  introduite,  délicate  et  qui  de- 
mande la  serre,  est  le  Chamœrops  eœcelsa  ;  la  seconde,  origi- 
naire de  la  Chine,  rustique ,  passant  en  plein  air,  et  intro- 
duite par  Robert  Fortune,  est  désignée  généralement  sous  le 
nom  de  Chamœrops  Fortunei. 

Voici,  d'après  le  savant  directeur  du  Jardin  des  Plantes  de 
Bordeaux,  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  les  soins  à  donner  pour 
obtenir,  par  semis,  de  beaux  plants  de  ce  Palmier  ;  nous  em- 
pruntons ces  détails  aux  Annales  de  la  Société  d'horticul- 
ture de  la  Gironde. 

ce  Les  graines  doivent  être  semées  dès  qu'elles  sont  mûres,, 
ou  au  printemps  (avril-mai)  de  l'année  suivante.  On  les  place 
en  terrines  qu'on  laisse  sous  châssis,  sur  couche  tiède,  pen- 
dant la  saison  rigoureuse.  Quand  on  n'a  plus  à  craindre  les 
froids,  il  faut  néanmoins  tenir  sous  abri  convenable  la  plante 
qui  ne  lève  guère  qu'entre  trois  et  quatre  mois. 

»  On  repique  les  plants  chacun  dans  un  pot,  avant  l'appa- 
rition de  la  deuxième  feuille,  et  on  continue  de  les  tenir  à 
l'abri  en  leur  donnant  même  un  peu  de  chaleur,  pour  peu  que 
le  temps  soit  frais. 

»  On  les  rempote  successivement  dans  des  pots  de  plus  en 
plus  grands,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  développement. 

»  Après  les  avoir  accoutumés  peu  à  peu  à  l'air  libre,  on  les 
met  en  pleine  terre;  mais  cette  plantation  ne  doit  jamais  avoir 


—  311   — 

lieu  avant  que  la  plante  soit  âgée  de  trois  ans.  En  le  faisant 
.  plus  tôt,  on  s'exposerait  à  voir  périr  le  sujet. 

»  Pendant  les  hivers  de  la  première  et  de  la  deuxième  année 
de  pleine  terre,  on  les  abrite  avec  une  toile  légère,  upportée 
par  des  piquets,  pour  les  préserver  du  rayonnement. 

»  Enfin,  la  plante  est  livrée  à  elle-même  et  ne  réc'ame  que 
les  soins  ordinaires  donnés  aux  jeunes  arbres,  c'cst-è-dire 
quelques  façons  autour  du  pied. 

»  Un  sol  profond  et  frais,  mais  sans  que  l'humid;té  puisse 
rester  stagnante,  paraît  lui  convenir,  comme,  par  exemple,  un 
terrain  silico-calcaire  ouargilo-calcaire,  modifié  par  de  bon 
terreau  de  feuilles.  » 

Pour  compléter  ces  renseignements  de  culture,  nous  ajoute- 
rons que,  sous  le  climat  de  Paris,  c'est  toujours  par  le  cœur,  ou 
bourgeon  terminal,  que  périt  le  Chamœrops  Fortunei ;  l'humi- 
dité le  fait  pourrir.  Certains  auteurs  prétendent  que,  dans  ce 
cas,  un  nouveau  bourgeon  se  forme  et  se  développe.  Nous  n'en 
contestons  pas  la  possibilité,  malgré  les  lois  de  la  physiologie 
végétale  — pour  nous  servir  de  la  phrase  consacrée  —  qui  s'y 
opposent  :  «  Les  Palmiers,  disent-elles,  en  effet,  ne  se  rami- 
fient pas,  faute  de  bourgeons  latéraux.  »  Mais  c'est  encore  un 
de  ces  principes  élaborés  dans  le  silence  du  cabinet  et  que 
l'observation  directe  ne  confirme  pas  ;  car  bien  des  Palmiers 
ne  meurent  pas  toujours  pour  avoir  eu  la  tète  coupée.  Quoi 
qu'il  en  soit,  nous  n'avons  jamais  vu  les  Chamœrops  Fortimçi 
au  cœur  pourri  se  refaire  une  tête  à  l'aide  d'un  bourgeon 
latéral,  malgré  tous  les  soins  qui  leur  étaient  donnés  pour  en 
favoriser  le  développement;  nous  continuerons  donc  à  consi- 
dérer comme  mort  et  bien  mort,  tout  Palmier  de  Chine  qui 
aura  perdu  la  tète. 

EUG.    DE   1VÏARTRAGNY. 


—  312  — 


DE  LA  CONSERVATION  DES  RAISINS. 

Nous  voici  en  pleine  vendange  ;  un  mot  sur  la  conservation 
des  raisins  ne  me  paraît  pas  inopportun. 

Pas  n'est  besoin  de  ces  fruitiers  coûteux  avec  table  de 
marbre,  comme  le  recommandent  certains  écrivains,  pour  con- 
server le  raisin.  Une  simple  chambre  sans  humidité,  avec  fe- 
nêtre pourvue  de  volets  pleins,  pour  faire  l'obscurité  complète 
à  un  moment  donné,  et  un  petit  poêle  dans  un  coin  pour  chauf- 
fer un  peu  quand  la  température  menace  de  descendre  au 
dessous  de  zéro  ,  c'est  là  le  meilleur  de  tous  les  fruitiers.  Quant 
à  l'ameublement  intérieur,  il  est  subordonné  au  but  qu'on  se 
propose.  Lorsqu'on  veut  conserver  son  raisin  sans  luxe,  c'est- 
à-dire  sans  vouloir  conserver  la  fraîcheur  de  la  rafle  et  des 
grains,  rien  de  plus  simple.  D'après  le  bulletin  delà  Société 
impériale  et  centrale  d'horticulture  de  France,  l'ameublement 
du  fruitier  d'un  des  plus  habiles  spécialistes,  M.  Constant 
Charmeux,  de  Thomery,  serait  constitué  par  des  sortes  d'éta- 
gères occupant  le  centre  des  chambres  et  composées  chacune 
de  deux  rangs  de  minces  poteaux  de  support,  avec  distance 
de  lm  20  entre  les  deux  lignes.  Pour  relier  ces  poteaux,  des 
traverses,  depuis  le  bas  jusqu'en  haut,  échelonnées  à  60  cen- 
timètres l'une  de  l'autre,  les  premières  non  loin  du  sol;  sur 
les  traverses  soit  des  lattes,  soit  de  légères  planches  séparées 
par  des  intervalles,  et,  par  dessus,  une  mince  couche  de  fine 
paille  de  seigle  bien  sèche,  ou  bien  de  la  fougère.  On  a  ainsi 
4  ou  5  grands  lits  superposés  de  lm  20  de  largeur,  sur  lesquels 
on  dépose  les  raisins  avec  précaution,  écartés  ou  non,  cela  ne 
fait  rien . 

M.  Constant  Charmeux  assure  qu'aucun  inconvénient  ne  ré- 
sulte du  contact  des  grappes.  Au  début  de  la  rentrée  du  rai- 


—  313  — 

sin,  l'obscurité  n'est  pas  nécessaire  ;  d'après  ce  spécialiste,, 
elle  serait  au  contraire  nuisible.  Quand  l'atmosphère  n'est  pas 
humide,  portes  et  fenêtres  doivent  rester  ouvertes  pendant 
une  quinzaine  de  jours  environ,  jusqu'à  ce  que  les  grains  et  la 
raile  soient  bien  ressuyés.  C'est  alors  qu'on  ferme  hermétique- 
ment, de  manière  qu'il  n'y  ait  ni  lumière  ni  courant  d'air;  c'est 
la  chose  importante.  A  partir  de  ce  moment,  il  ne  reste  qu'à  vi- 
siter la  récolte  à  peu  près  tous  les  quinze  jours,  pour  enlever, 
avec  la  plus  grande  attention,  à  l'aide  de  ciseaux,  tous  les 
grains  plus  ou  moins  avariés;  car  il  faut  se  bien  garder  de 
toucher  à  la  main  les  grappes  saines;  pour  cette  opération,  il 
ne  faut  pas  non  plus  ouvrir  les  volets  ;  on  s'éclaire  d'une  lampe. 
Pendant  les  froids,  on  ne  doit  chaufffer  que  très-modérément 
et  quand  la  température  extérieure  menace  de  faire  des- 
cendre la  température  intérieure  au-dessous  de  zéro.  C'est 
ainsi  que  se  conserve  le  beau  chasselas  doré  de  Fontainebleau, 
à  rafle  sèche  qui  se  vend  en  boîte  pendant  tout  l'hiver. 

Pour  le  raisin  à  rafle  verte  et  à  grains  frais,  c'est  une  orga- 
nisation toute  différente,  et  la  cueillette  doit  se  faire  diffé- 
remment. 

Le  fruitier  dans  lequel  M.  Constant  Charmeux  conserve, 
chaque  année,  de  300  à  400  kilogrammes  de  chasselas  et  de 
Frenkental  est  ainsi  meublé. 

Le  long  des  murs,  sont  des  planchettes  avec  de  nombreuses 
encoches,  dans  lesquelles  est  passé  le  goulot  de  petites  fioles 
remplies  d'eau  qu'une  pincée  de  poudre  de  charbon  de  bois 
empêche  de  se  corrompre  ;  au-dessous  de  chaque  planchette 
à  encoche  est  une  autre  planchette,  sur  laquelle  reposent  les 
fioles  et  disposée  de  manière  à  maintenir  ces  fioles  dans  une 
position  oblique,  pour  que  les  grappes  se  trouvent  suspendues 
en  dehors  des  planchettes  sans  toucher  au  mur. 

La  cueillette  de  la  grappe  se  fait  avec  une  portion  du  sarment  : 
un  décimètre  au  moins  au-dessous,  et  environ  5  centimètres 


—  314  — 

au  -dessus  du  point  d'attache  ;  on  introduit  aussi  rapidement 
que  possible  la  portion  inférieure  du  sarment  dans  la  fiole,  et 
l'opération  est  faite.  On  laisse  le  fruitier  ouvert  pendant  quelque 
temps,  jusqu'à  ce  que  le  grain  soit  bien  ressuyé;  puis  on  ferme, 
et  il  nereste  plus  qu'à  surveiller,  pour  enlever  les  grains  altérés. 
Quant  à  l'eau  des  fioles,  l'évaporation  et  l'absorption  sont  si 
faibles  qu'il  n'est  pas  besoin  d'ajouter  de  l'eau  ni  de  la  re- 
nouveler. 

Mais  une  chose  à  observer,  c'est  la  récolte.  Le  raisin  pour  la 
conservation  doit  être  cueilli  parfaitement  mûr;  car  une  fois 
séparé  de  la  tige,  ce  n'est  pas  comme  les  autres  fruits,  il  ne 
parfait  pas  sa  maturité  ;  il  faut  qu'il  mûrisse  entièrement  sur 
l'arbre . 

L'effeuillage  influe  beaucoup  sur  la  maturation  du  raisin. 
Pour  obtenir  du  chasselas  doré  de  très-bonne  heure,  pour 
consommation  immédiate,  on  doit  effeuiller  largement  aussitôt 
le  raisin  tourné  ;  mais  pour  le  raisin  de  conservation,,  il  ne 
faut  effeuiller  que  modérément  et  tardivement,  de  manière  à 
n'obtenir  la  parfaite  maturité  que  le  plus  tard  possible.  En 
tous  les  cas,  on  peut  reculer  la  récolle  jusqu'à  la  fin  d'octobre 
ou  au  commencement  de  novembre. 

Veut-on  savoir  maintenant  l'importance  de  la  conservation 
du  beau  chasselas  doré  avec  la  rafle  verte?  Dès  le  mois  de  fé- 
vrier, ces  chasselas  sont  vendus  au  prix  de  10  et  12  francs  le 
kilo,  aux  marchands,  et  vers  la  mi-avril,  ces  mêmes  mar- 
chands n'en  livrent,  en  cet  état;  pas  à  moins  de  20  francs  la 
boîte  d'un  demi-kilo.  En  supposant  que  le  producteur  le 
vende  aux  fournisseurs  à  raison  de  10  francs,  il  tirerait  encore 
un  assez  joli  bénéfice  de  sa  treille,  s'il  en  conservait  seulement 
100  kilos. 

L.    GUILLOTEAUX. 


—   315  — 

LA  NON-TAÏLLE  (1). 

(Suite.) 

Admettons  que  tout  aille  au  mieux,  c'est-à-dire  que  tous 
les  bons  résultats  qu'on  attend  de  la  non-taille  se  réalisent. 
Reste  la  question  de  savoir  si,  en  général,  elle  offre  de  l'avan- 
tage ou  du  progrès,  en  d'autres  termes  si  la  non-taille  méri- 
terait la  préférence  sur  la  méthode  ordinaire.  Nous  n'hésitons 
pas  à  dire:  Non  !  En  effet,  nous  avons  exposé  plus  haut  ce  qu'il 
faut  de  soins  et  avec  quelle  exactitude  ils  doivent  être  appliqués 
pour  atteindre  son  but.  Ensuite  il  faut  un  savoir,  une  intelli- 
gence et  une  expérience,  qui  manquent  à  la  plupart  des  jardi- 
niers et  qu'ils  ne  posséderont  peut-être  jamais.  Mais  quelque 
apte  qu'on  soit,  il  est  certain  que,  par  la  non-taille,  les  arbres 
exigent  plus  de  soins,  plus  de  temps  et  partant  plus  de  frais. 
En  seront-ils  plus  beaux,  vivront-ils  plus  longtemps,  produi- 
ront-ils des  fruits  meilleurs,  plus  beaux  et  plus  abondants? 
Nous  croyons    pouvoir  répondre   négativement  à  toutes  ces 
questions;  voilà  pourquoi   il  nous  est  impossible  d'être  parti- 
san de  la  non-taille.  Nous  comprenons  qu'au  moyen   de  ce 
procédé  on  forme  des  arbres  égaux  ou  même  supérieurs  à 
d'autres,  qu'on  les  propose  comme  des  modèles,  des  chefs- 
d'œuvre,    des  preuves    d'habileté;   mais  qu'on  veuille  faire 
admettre   la  non-taille  comme  propre  à   être  généralement 
suivie,  c'est  là  une  autre  question.  A  nos  yeux  le  progrès  con- 
siste à  produire  plus  vite,  plus  et  mieux,  avec  moins  de  peines, 
conséquemment  à  moins  de  frais,  en  un  mot,  dans  la  sim- 
plification. La  non-taille  ne  répond  pas  à  ces  exigences,  bien 
au  contraire,  et  c'est  probablement  pour  cela  qu'elle  n'a  jamais 
eu  beaucoup  de  succès  là  où  on  l'a  connue  et  essayée  depuis 

(1)  Voir  page  281. 


—  31b  — 

longtemps ,  qu'elle  n'a  pas    été  pratiquée  sur  une  grande 
échelle. 

Un  jour,  nous  trouvant  avec  d'autres  arboriculteurs,  nous 
nous  permîmes  d'émettre  cette  pensée,  et  à  l'instant  un  par- 
tisan de  la  non- taille  nous  objecta  :  <c  Que  ce  n'était  pas  là  une 
raison  pour  ne  plus  tenter  d'essai;  que  nous  regardions  donc 
tout  progrès  futur  comme  impossible  ;  que  cependant  bien  des 
choses  sont  et  existent  de  nos  jours  qu'on  regardait,  au  siècle 
passé,  comme  impossibles.  »  Il  eût  été  inutile  alors  de  vouloir 
nous  justifier  sur  ces  points;  on  nous  considérait,  peut-être  le 
fait-on  encore  maintenant,  bien  que  ce  soit  à  tort,  comme  un 
opposant  inflexible,  entêté,  ennemi  même,  et  cela  suffisait  : 
aucune  explication  ne  pouvait  aider.  Aujourd'hui  nous  disons 
encore,  que  notre  manière  de  voir  relativement  à  la  non-taille 
s'est  peu  ou  point  modifiée.  Certes,  bien  des  choses  sont  main- 
tenant en  vogue,  qui  étaient  inconnues  au  dernier  siècle  ;  mais, 
par  contre,  combien  n'y  en  a-t-il  pas  que  dans  le  principe  on 
prônait  bien  haut,  comme  si  elles  avaient  dû  surpasser  tout  ce 
qui  existait  avant  elles,  et  qui,  hélas  !  se  sont  dissipées  en 
amères  déceptions  et  sont  tombées  d'autant  plus  bas  qu'on 
les  avait  d'abord  trop  élevées.  N'en  adviendrait-il  pas  ainsi 
de  la  non-taille  ?  C'est  ce  que  la  fin  démontrera . 

Non ,  nous  ne  considérons  aucunement  tout  progrès  comme 
impossible  ;  mais  précisément  pour  y  parvenir,  il  faut  com- 
mencer par  faire  des  expériences  réitérées,  impartiales  et  dé- 
nuées de  toute  prévention.  Alors  même  qu'on  croit  avoir 
réussi,  on  ne  doit  pas  trop  s'empresser  d'abandonner  ou  con- 
damner des  procédés  admis  depuis  longtemps  ;  car  celui  qui 
se  livre  à  des  essais  qu'il  regarde  comme  de  son  invention,  en 
est  plus  ou  moins  entiché,  cela  est  propre  à  la  nature  humaine, 
et  il  s'imagine  assez  souvent  avoir  découvert  du  nouveau  et 
par  conséquent  du  meilleur.  Mais,  encore  une  fois,  toute  nou- 
veauté n'est  pas  une  amélioration,  un  progrès.  La  mode  pour 


—  317  — 

les  vêtements,  par  exemple,  varie  tous  les  ans  et  de  nos  jours 
c'est  à  peine  si  l'on  est  encore  un  homme  comme  il  faut  si  l'on 
n'en  est  pas  plus  ou  moins  esclave.  Cependant,  il  y  a  des  habits 
qui  ne  changent  guère  ;  ce  sont  ceux  réellement  convenables, 
utiles  et  bons. 

Il  en  est  en  quelque  sorte  de  même  en  arboriculture  ;  seule- 
ment il  s'agit  ici  de  quelque  chose  de  plus  sérieux.  Néanmoins, 
on  a  voulu  y  introduire  aussi  une  sorte  de  mode  nouvelle  :  la 
non-taille.  En  France,  cette  vieille  terre  classique  de  l'arbori- 
culture, on  a  tenté  de  suivre  cette  mode,  il  y  a  plus  d'un  demi- 
siècle,  et  on  l'a  délaissée  en  disant  :  îes  vieilles  chansons  sont 
toujours  les  bonnes.  N'est-il  pas  à  prévoir,  dès  lors,  qu'en 
Belgique,  on  tiendra  le  même  langage  ?  C'est  à  craindre.  Peut 
être  même  en  est-il  déjà  parmi  nous  qui  voudraient  abandon- 
ner, condamner  la  non-taille,  s'ils  le  pouvaient  décemment, 
après  l'avoir  défendue  avec  tant  d'énergie. 

<(  Mais,  nous  réplique-t-on,  vous  qui  taillez  si  court  vos 
arbres,  voyez  quel  bois  stérile  et  sauvage  ;  et'  si  les  boutons  se 
fonttrop  longtemps  attendre,  vous  conseillez  de  tourmenter, 
de  raccourcir,  de  diminuer  les  racines.  N'est-ce  pas  de  votre 
propre  faute  si  les  arbres  végètent  avec  tant  de  vigueur  ?  Au 
lieu  d'opérer  sur  les  racines,  laissez-les  intactes  ;  et  puisqu'on 
ne  taille  pas  celles-ci.  n'est-il  pas  rationnel  dès  lors  de  laisser 
aussi  les  branches  sans  les  tailler?  » 

Voilà  ce  qui  s'appelle  supérieurement  bien  raisonner.  Seule- 
ment nous  demandons  quia  parlé  de  tailler  si  court?  Celui  qui 
taille  trop  court  commet  une  faute  grave.  Mais  si  les  arbres, 
en  dépit  d'une  taille  extrêmement  allongée  et  même  malgré. la 
non-taille,  demeurent  néanmoins  stériles,  qu'est-ce.  qui  vau- 
drait mieux  alors  :  la  taille  des  racines  combinée  avec  la  taille 
des  branches,  ou  la  non-taille  seule  ?  Voilà  la  question.  Si  la 
non-taille  et  la  taille  des  racines  ont  chacune  pour  but  la  pro- 
duction des  boutons,  nous  donnons  plutôt  la  préférence  à  la 


—  318  — 

taille  des  racines.  En  effet,  on  ne  pratique  celle-ci  que  lorsque 
la  forme  de  l'arbre  est  assurée  ,  tandis  ^que  par  la  non-taille 
on  court  le  risque  de  ne  jamais  obtenir  une  bonne  forme. 

Il  ne  s'agit  pas  d'y  faire  intervenir  la  taille  des  racines,  ni 
de  comparer  la  taille  trop  courte  avec  la  taille  longue,  comme 
on  le  fait  d'ordinaire  pour  faire  ainsi  triompher  la  non-taille; 
il  ne  s'agit  pas  non  plus  de  démontrer  que  la  non-taille  est 
praticable  et  qu'elle  peut  donner  lieu  aux  meilleurs  résultats  : 
sous  ces  points  de  vue,  il  n'y  a  pas  le  moindre  doute.  Mais  ce 
qui  restait  encore  à  examiner,  c'était  si  la  non -taille  procurait 
un  avantage  réel.  Dans  les  ligues  qui  précèdent  nous  avons 
exposé  notre  opinion  à  cet  égard.  Cependant,  nous  ne  laisson  s 
pas  d'expliquer  la  non-taille  dans  nos  cours  publics  et  d'e  n 
recommander  l'essai  comparatif  avec  la. taille  raisonnée.  Mais 
cela  ne  suffit  pas,  nous  dit-on;  «  on  admet  la  non-taille  et  a  lors 
on  doit  la  faire  passer  absolument,  exclusivement  ;  ou  bien  on 
la  condamne,  et  alors  on  doit  la  rejeter  d'una  manière  tout 
aussi  absolue.  Non  pas  l'une  et  l'autre,  mais  l'une  ou  l'autre, 
telle  doit  être  votre  ligne  de  conduite.  »  Plus  d'une  fois  nous 
avons  cherché  à  démontrer  qu'il  est  impossible  d'être  auss  i 
roidg  en  arboriculture.  Expérimenter  partout  où  nous  le  pou- 
vons, contrôler  les  essais  de  nos  collègues,  et  enfin  juger  sans 
aucune  prévention  les  résultats  obtenus,  voilà  notre  devoir  ; 
c'est  ce  que  nous  avons  fait  dans  cet  article  déjà  étendu  . 


Van  Hulle, 

jardinier  en  chef  du  jardiu  botanique  de  Gand, 


(A  continuer.) 


—  319  — 
CATALOGUES   D'HORTICULTURE  POUR  L'AUTOMNE  DE   1869. 


Bertiu  ûls,  rue  St-Symphorien,  Versailles.  Arbres  et  arbustes  de  pleiu  air  et 
de  serre.  Spécialités  de  Rhododendrum,  Azalées,  Camellia,  etc.  —  (Etablis- 
sement à  céder . ) 

Crousse,  à  Nancy.  Supplément  pour  les  plantes  nouvelles  de  serre  et  de  plein 
air. 

Duilol.  quai  de  la  Mégisserie,  n°  2,  à  Paris.  Catalogue  d'oignons  à  fleurs  et 
graines  diverses. 

Durand,  à  Bourg-la-Reine  (Seine).  Catalogue  descriptif  des  arbres  fruitiers, 
arbres  et  arbustes  d'ornement,  précédé  d'instructions  sur  la  plantation, 
la  taille,  le  pincement,  le  "tracé  et  l'exécution  ^des  parcs  et  jardins.  —  Prix  : 
2  francs, 

Gautreau  père,  à  Brie-Comte-Robert  (Seine-et-Marne).  Catalogue  ■  des  meil- 
leurs Rosiers. 

Ciloëtle,  à  Buauvais  (Oise).  Catalogue  descriptif  de  nouvelles  variétés  de 
Fraisiers  et  autres. 

Gui  ilôt  fils,  chemin  des  Pins,  à  Lyon-Guillotière.  Catalogue  et  prix  cou- 
rant des  Rosiers  de  choix. 

Ciuillot  père,  rue  du  Repos,  à  la  Guilloti ère-Lyon.  Extrait  du  Catalogue 
général  des  Rosiers  :  supplément  pour  l'automne  de  4  869  et  le  printemps  de 
4870.  —  Rosiers  nouveaux  obtenus  dans  l'établissement  :  Comtesse  d'Oxford, 
Elisa  Boële,  Louis  van-Houtte. 

Leinoine,  à  Nancy.  Supplément  au  Catalogue  général  et  plantes  nouvelles 
puur  l'automne  de  1869. 

Liiddemann,  4  8,  boulevard  d'Italie,  Paris.  Catalogue  de  plantes  de  serre 
chaude  et  deserre  tempérée.  Spécialité  d'Orchidées,  Bro  néliacées,  Epiphyllum, 
Fougères,  Palmiers,  etc. 

(«ranger,  à  Suisnes  (Seine-et-Marne).  Rose  nouvelle  :  Mme  Laurent. 

Rouçier-Chauvière,  452,  rue  de  la  Roquette,  Paris.  Catalogue  de  Pélar- 
gonium  et  autres  plantes  variées  :  nouveautés  de  4  869. 

Thibaut  et  Keteleêr,  rue  Houdan,  à  Sceaux  (Seine).  Extrait  du  Catalogue 

général,  et  supplément  pour  les  nouveautés  de   1869. 
Thibaut-Prudent,    3,  rue  de  la    Cossonnerie,    Paris.  . —    Catalogue  des 

Oignons  à  fleurs,  griffes  et  pattes . 
ToJlard  (Paul),  quai  de   la  Mégisserie,  Catalogue  d'Oignons  à  fl:ars;  dia- 
logue de  graines  fourragères,  etc. 
Verdier  (Eugène)  fils  aîné,  3,  rue  Dunois,  Paris.   Catalogue  et  prix  courants 

des  Glaïeuls  et  Pivoines  nouvelles,  Rosiers  nouveaux  et  autres  plantes. 
Verschaffelt  (Ambroise),  Gand  (Belgique).  Supplément  extrait  du  Catalogue 
général,  nouveautés. 


rave y x 


Jardin  'potager.  Le  potager  commence  à  revêtir  sa  tenue  d'hiver;  mais  le 
Poireau,  le  Céleri,  les  Choux,  la  Chicorée,  la  Scarole  et  la  Laitue  d'hiver,  etc., 
couvrent  encore  le  terrain.  Pour  prolonger  sa  jouissance  de  Fraise,  on  place 
des  châssis  sur  les  planches  ;  il  faut  songer  à  la  plantation  de  nouveaux  frai- 
siers. Lorsqu'on  craint  la  gelée,  on  arrache  une  partie  des  différents  légumes, 
pour  les  rentrer  dans  la  serre  aux  légumes,  ou  les  mettre  en  jauge  pour  les 
couvrir  de  feuilles  ou  litière  sèche,  afin  d'en  avoir  toujours  à  sa  disposition. 
On  prépare  également  la  couverture  pour  les  Artichauts,  Céleri,  Chicorée,  Sca- 
role, etc.,  restés  en  place.  On  arrache  les  Choux-fleurs  qui  commencent  à  mar- 
quer pour  les  planter  dans  la  serre  aux  légumes,  ou  dans  des  tranchées  sur 
lesquelles  on  pose  des  châssis.  A  défaut  de  serres  et  châssis,  on  peut  couper 
les  Choux-fleurs  au-dessous  de  la  tête,  en  supprimant  les  plus  grandes  feuilles, 
et  on  les  suspend  avec  une  ficelle  dans  un  cellier.  Pour  ceux  dont  la  tête  n'est 
pas  encore  formée,  il  faut  les  couvrir  pendant  la  gefée,  et  les  découvrir  dès  que 
la  température  est  radoucie.  On  butte  le  Céleri  en  place  ou  on  l'enterre  profon- 
dément dans  du  terreau  pour  le  faire  blanchir.  On  repique  encore  sur  côtière  : 
Choux  d'York,  Cabus  et  Laitues  d'hiver. 

Vers  la  fin  du  mois,  on  commence  à  forcer  les  Asperges,  soit  en  plaçant  un 
châssis,  entouré  de  réchaud,  sur  une  planche  d'Asperges  en  pleine  terre,  soit 
en  plantant  des  griffes  sur  couche  chaude  et  sous  châssis.  On  sème  encore, 
sur  de  vieilles  couches  chaudes  ou  sur  terreau  et  sous  cloches  de  la  Laitue 
crêpe  et  gotte,  Romaine,  Choux-fleurs  ;  sur  couche  tiède,  Laitue  à  couper, 
Radis  hâtifs  ;  on  repique  aussi  les  Salades  et  Choux-fleurs  semés  en  octobre. 

Jardin  fruitier.  Trois  opérations  appellent  l'attention  du  jardinier  :  le  défon- 
cement,  la  plantation  et  la  taille  des  arbres.  Pour  la  plantation,  il  n'y  a  aucun 
inconvénient  à  replanter  sur  l'emplacement  d'un  arbre  mort  ou  épuisé, 
pourvu  qu'on  fasse  un  trou  plus  grand  qu'il  ne  le  serait  dans  un  terrain^neuf,  et 
qu'on  renouvelle  la  terre.  On  ne  peut  lailler,  dans  ce  mois,  qu'un  petit  nombre 
d'arbres  fruitiers,  ce  sont  les  vieux  sujets  épuisés;  les  jeunes,  plus  vigoureux, 
peuvent  attendre  jusqu'aux  derniers  jours  de  février. 

Dès  qu'on  craint  les  gelées,  on  doit  rassembler  toutes  les  branches  des  Fi- 
guiers, à  l'aide  de  cordes,  et  les  envelopper  de  litière  sèche;  ou  bien  on  creuse 
de  petites  tranchées  au  pied  des  arbres,  dans  lesquelles  on  rabat  les  branches 
en  les  y  maintenant  avec" des  crochets  en  bois;  on  les  recouvre  ensuite  d'une 
épaisseur  de  terre  suffisante  pour  que  la  gelée  ne  les  atteigne  pas. 

Jardin  d'agrément .  On  va  encore  quelquefois  dans  son  parterre  jouir  des 
charmantes  iieurs  de  Chrysanthèmes,  et  cuntempler  tristement  les  derniers 
Asters,  ou  chercher  .^s  derniers  brins  de  Réséda.  Après  avoir  taillé  les  Rosiers 
de  Rengale,  et  couvert  de  feuilles  les  plantes  et  arbustes  qui  craignent  les 
froids,  arracher  les  Dahlias  pour  rentrer  leurs  tubercules  dans  une  pièce  bien 
sèche  et  à  l'abri  de  la  gelée,  séparer  et  planter  les  plantes  vivaces,  Tulipes, 
Jacinthes  et  Narcisses,  etc.,  on  peut  dire  adieu  pour  longtemps  au  jardin 
d'agrément. 

Serres.  Les  plantes  de  cette  température  n'exigent  que  peu  de  soins  pendant 
ce  mois  ;  il  faut  seulement  arroser  avec  discernement  ;  bassiner  de  temps  en 
temps  les  feuilles  de  Camélia  :  veiller  à  maintenir  la  température  au  degré 
nécessaire,  en  observant  que  la  température  de  la  nuit  soit  plus  basse  que  celle 
du  jour;  renouveler  l'air  toutes  les  fois  que  le  temps  le  permet;  et,  enfin,  entre- 
tenir les  planlcs  dans  un  état  parfait  de  propreté. 


Paris.—  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnacd,  rue  Cassette  9. 


LE  NUMÉROTAGE  AU  PLOMB 

a  fait  son  temps  ! 


Le  plomb  coûte  cher,  le  numérotage  est  lent,  et  les  numéros  peu  visibles  (il  arrive  souvent 
que  l'on  confond  le  3  avec  le  5). 


LE  NUMÉROTAGE  AU  ZINC 

doit  prévaloir! 


Le  zinc  coûte  peu,  le  numérotage  se  fait  à  la  plume  (c'est-à-dire  dix  fois  plus  vite),  avec 
l'Encre  à  écrire  sur  le  zinc,  composée  par  M.  Dufour,  chimiste-photographe  à  Dijon 
(Côte-d'Or).  Prix  du  flacon  :  1  fr. 

Cette  encre  n'épaissit  pas,  s'emploie  jusqu'à  la  dernière  goutte  ;  sa  couleur  est  à  peu  près 
celle  du  rhum;  aussitôt  son  contact  avec  le  zinc  produit  une  écriture  du  plus  beau  noir. 

Conditions  convenables  (c'est-à-dire  sur  du  zinc  propre)  attaché  à  un  arbre. 


DURERA.  PLUS  DE  50  ANS  ! 

Comme  il  n'y  a  encore  que  trois  ans  que  cette  encre  a  été  inventée,  on  pourrait  douter 
l'une  aussi  longue  durée. 

Eh  bien  !  pour  vous  convaincre  que  la  probabilité  d'uue  durée  de  30  ans  n'a  rien  d'exagéré, 
faites  l'expérience  suivante  qui  vous  démontrera  jusqu'à  quel  point  est  grande  son  affinité 
Dour  le  zinc. 

Expérience  :  Prenez  une  lame  de  zinc  bien  propre  —  écrivez  avec  l'encre  en  question 
—  et,  quelques  seondes  après  avoir  écrit  —  sans  attendre  que  l'écriture  soit  sèche  —  trempez 
e  coin  d'un  chiffon  dans  un  verre  d'eau  et  passez  sur  l'écriture,  opérez  comme  si  vous  vouliez 
îffacer  ce  que  vous  venez  d'écrire,  et  vous  verrez  si  cela  s'efface!... 


AVIS  AUX  MARCHANDS. 

M.  Dufour,  dont  le  genre  d'affaires  n'a  aucun  rapport  avec  l'exploitation  d'un  produit 
issentiellement  horticole,  désirerait  trouver  un  acquéreur  pour  l'exploitation  en  toute  pro- 
priété de  l'Encre  à  écrire  sur  le  zinc. 

La  fabrication  est  des  plus  faciles .  Pour  tous  renseignements^  s'adresser  à  M.  Dufour^  à  Dijon. 


VIENT  DE  PARAITRA  A  LA  LiBtuumti  ur,   jj.  uuiiimui; 

9,    KUE   CASSETTE,    9. 


ANNÉE    1870. 

LE 


NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTE É 

RÉDIGÉ    P.VI» 

MM.  F.  HEBINCQ 
ÛLPH.  LAVALLÉE  -  L-  NEUMANN  -  B    UERLOT  -  CELS  -  COURTOIS- 
GÉRARD   —  J  -B.    VEflLOT   —  PAVARD  —    BUBEl 
Avec  pins  de  HOO  dessins  intercalés  dans  le  teite, 

DE 

MM.   COURTIN.   FAGUET,    HAUBERT    ET    RIOCREUX 

GRAVÉS  PAR  M.  BISSON. 

L\-18  JÉSUS  DE  PLUS  DE  1,80»  PAG.  PRIX  DR.:  7  Fr.  CART.:  8  Fr.  DEL.:  9  Fr. 


VIENT  DE  PARAITRE 


POUR  RECOMMrFlES  CIIAMPIGNOI 

COMESTIBLES  ET  VÉNÉNEUX 

DU   PAYS  DE  FRANCE 

KRŒNISHFRANGK 

BOTANISTE  '  „ 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures  coloriées.-  Prix,  broché:  5  ir. 


L'ORTIE 

SES     PROPRIÉTÉS     ALIMENTAIRES 

MÉDICALES,  AGRICOLES  ET  INDUSTRIELLES 


PAR 


Arthur  ELOFFE        . ,;  .  . 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures.  -  Prix,  broché  :  f  Ir,  ou. 


MÉDAILLE   D'ARGENT   A   L'EXPOSITION    UNIVERSELLE   DE   1867 

50    MÉDAILLES 

aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  Province. 

CULTURE    SPÉCIALE 

de  Ferdinand  GLOEDE,  horticulteur,  à  Beauvais  (Ou? 


M.  J.  LECLAIR,  horticulteur-amateur,  Membre  de  la  Société  impériale  et  ce 
ci-devant,  89,  avenue  d'Orléans,  actuellement  45,  avenue  de  Châtillon,  Paris. 


N°  11. 


19"  Année. 


1869. 


JOURNAL  DES  AMATEURS  ET  DES  INTÉRÊTS  HORTICOLES 

CONTENANT 

LA    CULTURE    RAISONNER,    LA   DESCRIPTION    ET    L'HISTOIRE    DES   PLANTES, 

ET   NOTAMMENT  DES  ESPÈCES  DE    PLEINE  TERRE,    DES  FRUITS  ET  DES  LÉGUMES.  LA  DESCRIPTION 

ET    L'USAGE   DES   INSTRUMENTS  NOUVEAUX, 

PUBLIÉ   AVEC   LE  CONCOURS 

DES  AMATEURS  ET  DES  PRINCIPAUX  HORTICULTEURS  DE  FRANCE 

SOUS   LA    DIRECTION   DE 

M.  F.  HERINCQ, 

BÉDACTEUR  EN  CHEF, 

ATTACHÉ     AD     MD6ÉCM     UD1ST0IRE     NATURELLE    DE     PARIS, 
Collaborateur    du    Manuel     dei    Plantit,    des     figures    du   Bon     Jardinier, 

Ex-Rédacteur  principal  de  la  Société  <r horticulture  de  la  Seine , 
Membre   honoraire   et  correspondant  de  plusieurs   Sociétés  d'horticulture,   etc. 


L'Horticulteur  Français  paraît  le  5  de  chaque  mois,  par  livraison  de  32  pages  de  texte 
grand  in-8.  et  d'une  planche  gravée  et  coloriée  avec  le  pins  grand  soin. 

[  Paris 10  fr.  par  an. 

PRIX  DE  L'ABONNEMENT  :  ]    DÉPARTEMENTS.     11  fr.       — 

\  Étranger 15  fr.      — 

Toutes  les  demandes  d'abonnement  devront  être  accompagnées  d'un  bon  du  montant  de  l'abonne- 
ment sur  la  poste  ou  sur  une  maison  de  l'aris,  et  au  nom  de  M.  E.  DONNADD,  rue  Cassette,  1 . 

Les  Souscripteurs  des  départements  r[ui  n'enverraient  pas,  avec  leur  demande  d'abonnement,  un  bon 
sur  la  jmste  ou  sur  une  maison  de  Paris,  sont  avertis  que  nous  leur  ferons  présenter  une  quit- 
tance de  DOUZE  francs.  Cette  augmentation  de  UN  frauc  sert  à  payer  les  frais  de  négociation  de 
la  traite  qui  leur  est  adressée. 


PARIS 

LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD,   ÉDITEUR 

RUE  CASSETTE,  9. 
1869 


MM.  les  Horticulteurs  sont  priés  défaire  parvenir  leurs  catalogues  au  bureau  du  journal,  rue  Cas- 
scile,*),  et  de  communiquer  tout  ce  qu'ils  auraient  d'intéressant  à  faire  connaître  par  la  voie  du  journal. 

Nous  mettons  sur  la  dernière  page  de  l'Horticulteur  français,  le  nom  des  catalogues  parus  dans  te 
mois  e4  dont  ncas  avons  reçu  un  exemplaire. 


PÉPINIÈRES   DES  FRÈRES   SIMON-LOUIS 

A  METZ  (MOSELLE). 


CATALOGUES   GÉNÉRAUX,    DESCRIPTIFS  ET  RAISONNES 

PREMIÈRE   PARTIE,   DES    VARIÉTÉS   DE    FRUITS.    1    fr.  20  c. 

DEUXIÈME  PARTIE,  DES  ESPÈCES  ET  VARIÉTÉS  D'ARBRES,  D'ARBUSTES  ET  D'ARBRISSEAUX 

D'ORNEMENT  DE  PLEIN  AIR,  1  fr.  50  c. 

Composant  les  collections  de  l'Etablissement. 


Brochures  grand  in-8°  franco  par  la  Poste. 


DICTIONNAIRE    DE    POMOLOGIE 

CONTENANT 

l'histoire,  la  description,  la  figure  des  fruits  anciens  et  des  fruits  modernes 
les  plus  généralement  connus  et  cultivés, 

Par  André  LEROY, 

PKP1THÉRISTE, 

Chevalier  de   la  Légion  d'honneur,  administrateur  de  la  succursale  de  la  Banque  de  France,  ancien  président 

du  Comice  horticole  d'Angers,  membre  des  Sociétés  d'horticulture  de  Paris,  de  Londres, 

des  États-Unis,  et  de  plusieurs  autres  Sociétés  agricoles  et  savantes  de  la  France  et  de  l'étranger. 


2  volumes  grand  in-8° 
Tome  Ier  A— C,  389  variétés.;- 
Tome   2e    D— Z,  526      — 

Prix:     broché,  1©  fr.   le    volume, 

Soit  20  francs  pour  l'exemplaire  complet. 

L'.ouvrage  est  terminé. 


SOMMAIRE  DES  ARTICLES  CONTENUS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F,  Herinco,  Chronique.  —  0.  Lescuyer,    Lespedeza  bicolor  (PF.  XI).  —  Eue    de 
Martragny,  Les  Palmiers  rustiques    pour  plein  air  et  serre  froide.  —   Louis  Con- 

perat.  Le  Chou-fleur  roussi  de  Chambourcy.  —Victor  Chatel,  Culture  du  Choux. 

—  Van-Hulle,  Kon-taille  (lin).  —  Henri  Beurier,  Victoire  do  Lyon  (Pelargo- 
nium  nouveau  a  fleurs  doubles).  —  Ern.  Boyard,  Plantes  nouvelles.  —  X...  Cata- 
logues d'horticulture  pour  1869-70.  —  X...  Travaux  du  mois  de  décembre. 


CHRONIQUE 


Concours  ouvert  par  la  Société  impériale  et  centrale  de  France,  pour  les  appa- 
reils de  chauffage-  conditions  d'admission;  le  thermosiphon  est  seul  admis; 
deux  catégories;  pourquoi?  Procédé  ingénieux  pour  reconnaître  le  meilleur 
appareil;  les  baignoires  et  les  membres  du  Comité  des  arts  et  industries; 
critiques  de  MM.  Forney,  Burelet  Rivière;  singulière  réponse  du  rapporteur; 
noire  opinion  ;  un  mot  sur  les  expériences  de  1867.  Les  étiquettes  Forney. 
Encore  le  non-arrosement  des  Fraisiers.  Les  poux  des  Orangers  du  Luxem- 
bourg et  M.  Forest.  La  maladie  nouvelle  delà  Vigne;  remède;  action  de 
l'acide  carbolique  sur  le  Phylloxéra.  Les  merveilleux  produits  tirés  de  la 
houille  :  la  criocère  et  le  naphtal.  Les  Pêches  de  Montreuil  à.Constanti- 
nople,  par  M.  Lepère  :  résultats  présumés.  Exposition  de  Saint-Péters- 
bourg d'après  les  comptes  rendus  divers;  fine  fleur  de  Pois  belge  et  fleur 
ordinaire  de  Haricots  sans  parchemin  français. 


Après  une  longue  et  assez  vive  discussion,  le  programme 
d'un  concours  pour  les  appareils  de  chauffage  a  été  enfin  ar- 
rêté parla.  Société  impériale  et  centrale  d'horticulture  de  France. 
Les  conditions  en  sont  réglées  en  1 0  articles. 

Le  thermosiphon  est  seul  admis  à  ce  concours.  Ce  qui  n'im- 
plique nullement  que  la  Société  d'horticulture  de  Paris  place 
cet  appareil  au-dessus  de  tous  les  autres  'systèmes  de  chauf- 
fage ;  c'est  tout  simplement  pour  établir  le  concours  dans  des 
conditions  aussi  analogues  que  possible,  et  elle  a  choisi  cet  ap- 
pareil, parce  que  c'est  le  système  le  plus  généralement  adopté, 
celui  dont  les  horticulteurs  déclarent  être  les  plus  satisfaits. 
Naturellement,  par  ce  temps  d'internationalité  qui  court  tous 
Novembre  1869.  21 


—  322  — 

les  constructeurs  français  et  étrangers  sont  appelés  à  y  prendre 
part. 

Ce  concours  —  dit  le  programme  —  a  pour  objet  de  recher- 
cher, par  des  expériences  —  aussi  concluantes  que  possibles  — 
quelleest  la  forme,  ou  genre  d'appareil  qui  chauffe  le  plus  éco- 
nomiquement, le  plus  régulièrement,  le  plus  longtemps  et  le 
plus  rapidement,  une  quantité  d'eau  déterminée. 

Pour  obtenir  ce  résultat,  la  commission  a  cru  devoir  établir 
deux  catégories  :  une  pour  les  appareils  de  chauffage  des 
grands  établissements ,  et  une  destinée  aux  appareils  de  chauf- 
fage des  serres  de  petites  dimensions. 

Je  ne  saisis  pas  très-bien  la  nécessité  de  ces  deux  catégories, 
si  ce  n'est  qu'on  favorisera  quelques  hauts  et  puissants  fabri- 
cants qui  construiront  de  grands  appareils  impossibles  contre 
lesquels  les  petits  constructeurs  ne  pourront  pas  lutter.  Quand 
on  veut  apprécier  et  juger  la  valeur  de  plusieurs  systèmes  de 
chauffage,  ce  n'est  pas  en  établissant  des  catégories  de  ce  genre. 
Peu  importe  une  grande  ou  une  petite  pièce  à  chauffer;  c'est 
affaire  de  dimension  de  la  chaudière,  et  de  quantité  de  tuyaux 
à  poser.  Ce  qu'il  fallait  déterminer  pour  arriver  à  connaître 
quel  est  le  système  ou  forme  de  chaudière  —  puisque  le  sys- 
tème est  dans  la  forme  du  récipient  —  qui  chauffe  le  plus  rapi- 
dement et  le  plus  économiquement,  c'était  la  capacité  de  la 
chaudière  ;  il  fallait  dire  ce  les  chaudières  seront  de  même  gran- 
deur, c'est-à-dire  qu'elles  devront  contenir  la  même  quantité 
d'eau.  ))  MM.  les  membres  du  Comité  industriel  n'ont  pas  par- 
faitement compris,  ce  me  semble,  qu'en  cette  circonstance  il 
faut  qu'il  y  ait  égalée  d'eau  devant  le  feu. 

Pour  pouvoir  apprécier  —  par  l'expérience  —  le  mérite  de 
ces  appareils,  l'art.  4  porte  encore  :  ce  Les  concurrents  seront 
pourvus,  à  leurs  frais,  d'un  réservoir  couvert  en  métal  uniforme 
et  d'une  même  capacité  pour  chaque  ordre  d'expériences  ;  ces 
réservoirs  seront  mis  en  communication  avec  les  chaudières 


—  323  — 

par  des  tuyaux  d'égal  diamètre  et  d'égale  hauteur.  Pour  les 
grands  chauffages,  les  réservoirs  auront  une  capacité  de 
5,000  litres,  les  tuyaux  d'aller  et  retour  0m  10  de  diamètre  in- 
térieur; ceux-ci  auront  20  mètres  de  longueur. 

ce  Pour  les  petits  chauffages,  les  réservoirs  auront  une  capa- 
cité de  1  ,,000  litres,  les  tuyaux  d'aller  et  retour  0m  03  de  dia- 
mètre intérieur;  ceux-ci  auront  10  mètres  de  longueur.  Dans 
les  deux  cas',  les  tuyaux  seront  en  fonte  et  de  même  prove- 
nance; leur  disposition,  déterminée  par  la  commission  d'or- 
ganisation, sera  la  même  pour  tous  les  appareils  de  la  même 
catégorie.  ))  ' 

Le  procédé  proposé  pour  constater  la  supérioriié  des  appa- 
reils est  excessivement  ingénieux.  Une  fois  les  réservoirs  rem- 
plis d'une  égale  quantité  d'eau,  on  allumera  les  feux  au  même 
moment,  et  alors  les  membres  du  Comité  des  arts  et  de  l'in- 
dustrie se  plongeront  chacun  dans  un  réservoir,  comme  dans 
une  baignoire;  ils  y  resteront  aussi  longtemps  qu'ils  pourront 
supporter  la  température  de  l'eau,  et  le  premier  qui  criera  : 
«  C'est  trop  chaud,  je  ne  peux  plus  y  tenir  !  »  établira  la  supé- 
riorité de  l'appareil  de  sa  baignoire  ;  le  constructeur  sera  pro- 
clamé premier  lauréat,  et  il  recevra  une  médaille  de...  Je  me 
trompe,  pardon,  chers  lecteurs.  En  relisant  le  programme 
pour  trouver  la  valeur  des  récompenses,  je  m'aperçois  que  je 
n'ai  pas  rendu  exactement  le  fond  de  l'art.  8.  Ce  n'est  pas  un 
membre  du  Comité  des  arts  et  de  l'industrie  qui  sera  plongé  dans 
la  baignoire  ;  c'est  un  simple  thermomètre  qu'on  plongera  a  de 
demi-heure  en  demi -heure  )),  et  cela  pendant  un  jour  et  une 
nuit  :  mais  c'est,  comme  on  voit,  tout  aussi  ingénieux;  car  on 
arrivera  au  même  degré  d'inexactitude.  M.  Forney  l'a  par- 
faitement fait  remarquer,  du  reste,  dans  la  longue  discussion 
qui  a  suivi  la  lecture  de  ce  programme  à  la  séance  du  23  sep- 
tembre dernier,  présidée  par  M.  Cottu.  Cet  honorable 
membre  a  rappelé  les  difficultés  qu'éprouvent  les  physiciens 


—  324  — 

pour  constater  exactement  le  degré  de  la  chaleur  dégagée  dans 
certains  phénomènes  physiques,  et  il  a  cité  les  expériences  de 
M.  Baudrimont  faites  en  vue  de  déterminer  la  température  du 
sang,  ce  M.  Joly,  le  rapporteur  de  la  Commission  de  l'industrie, 
a  bien  reconnu  qu'il  existe  de    grandes  difficultés  dans  la 
constatation  rigoureusement  exacte    des   températures  pro- 
duites pendant  certains  phénomènes  physiques,  ))  mais  bah! 
a-t-il  dit,  dans  un  concours  de  chauffage,  on  n'y  regarde  pas 
d'aussi  près  ;  et  M.  le  président  Cottu  ne  se  dissimule  pas  que 
l'application  de  ce  système  «  pourra  bien  rencontrer  en  effet 
des  difficultés  sérieuses.  »  Aussi,  en  dehors  des  membres  du 
Comité  des  arts  et  de  l'industrie,  personne  ne  prend  pas  plus 
que  nous  ce  concours  au  sérieux;  c'est  une  parfaite  plaisante- 
rie, et  nous  la  traitons  comme  telle.  Les  horticulteurs  ne  veu- 
lent pas  s'en  rapporter  aux  baignores,  et  ils   n'ont  pas  tort, 
ce  Dans  la  pratique  horticole  où  le  thermosiphon  est  générale- 
ment employé,  on  chauffe  des  tuyaux,  a  dit  M.  Burrel,  et  non 
des  cuves;  or  les  conditions  de  la  circulation  de  l'eau  sont  fort 
dissemblables  dans  l'un  et  l'autre  cas;  en  outre  les  courbures 
de  ces  tuyaux  et  la  diversité  des  circonstances  de  leur  installa- 
tion font  naître  de  grandes  difficultés  pratiques  qu'on  a  tort 
de  supprimer  dans  le  concours  proposé.  Le  chauffeur,  ajouta- 
t-il,  qui  chauffera  facilement  une  cuve  ne  chauffera  peut-être 
pas  aussi  facilement  une  serre.  Il  s'ensuit,  pense-t-il,  que  le 
concours  institué  comme  il  l'est  pourrait  ne  pas  donner  des 
résultats  exactement  applicables  à  la  pratique,  et  ne  pas  ap- 
prendre aux  horticulteurs  ce  qu'ils  désirent  savoir.  » 

C'est  aussi  l'avis  de  M.  Rivière,  du  Luxembourg.  Dans  le 
premier  projet  de  concours,  dont  il  avait  pris  l'initiative,  et 
qui  avait  été  rédigé  par  des  horticulteurs,  il  s'agissait  d'expé- 
rimenter avec  des  tuyaux  et  non  avec  une  cuve  pleine  de  li- 
quide. «  Le  système  adopté  parla  Commission  et  ensuite  par 
le  Conseil  d'administration,  fera  naître,  dit-il,  de  nombreuses 


—  325  — 

difficultés,  »  et  nous,  nous  ajouterons  qu'il  ne  décidera  rien 
dans  l'esprit  des  praticiens;  car,  dans  l'espèce,  il  ne  s'agit  pas 
de  décider,  comme  le  prétend  M.  le  président  Cottu,  quel  est  le 
générateur  qui  produit  le  plus  de  chaleur  ;  —  ceci,  nous  le  ré- 
pétons, est  affaire  decapacité;  —  ce  que  les  horticulteurs  veu- 
lent connaître,  c'est  la  forme  ou  le  genre  de  thermosiphon  qui 
fournit  le  plus  économiquement  et  qui  maintient  ensuite  le 
plus  longtemps  la  chaleur  aux  serres.  On  ne  peut  donc  juger 
qu'avec  les  appareils  entiers,  montés  comme  ils  doivent  l'être 
dans  une  serre,  ainsi  qu'ils  l'étaient  à  l'Exposition  universelle 
de  1867,  où  des  expériences  ont  été  faites,  et  pour  lesquelles 
aucun  rapport  n'a  été  fait.  Est-ce  parce  que  les  résultats  n'ont 
pas  été  favorables  à  M.  tel  ou  tel?  Nous  aimons  à  croire  que 
c'est  pour  un  tout  autre  motif  que  le  rapport  est  retenu  dans 
les  cartons,  en  compagnie  de  plusieurs  autres...  Mais  passons. 
—  Une  autre  question  pour  le  moins  aussi  difficile  à  ré- 
soudre que  celle  des  appareils  de  chauffage,  est  celle-ci  :  Quel 
est  le  meilleur  système  d'étiquetage?  En  a-t-on  fait  de  toutes 
les  manières  et  avec  toutes  sortes  de  matières  !  Eh  bien  !  au- 
cune, jusqu'à  ce  jour,  ne  remplit  les  conditions  voulues. 
M.  Forney,  déjà  nommé,  s'est  fait  le  parrain  d'étiquettes  inal- 
térables sur  verre,  mais  qui,  au  dire  du  Comité  industriel  — 
aussi  déjà  nommé  —  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris,  ne 
seraient  pas  aussi  inaltérables  que  l'annonce  l'inventeur.  Les 
intelligents  membres  de  ce  Comité  ont  tenu  dans  l'eau,  pen- 
dant  24  heures,  les  étiquettes  susdites,  et,  en  les  retirant, 
disent-ils,  un  simple  coup  de  pouce  a  suffi  pour  enlever  les 
caractères  non  inaltérables  qu'on  y  avait  tracés.  A  cela  M.  For- 
ney répond  :  Mais,  Messieurs,  vous  êtes  vraiment  bien  bons  de 
croire  que  mes  étiquettes  sont  faites  pour  vivre  dans  l'eau 
comme  des  poissons;  je  les  propose  pour  vivre  seulement  à 
l'air,  en  votre  aimable  et  spirituelle  compagnie.  »  Ces  étiquettes 
consistent  en  lames  de  verre  ordinaire  sur  lesquelles,  d'après  le 


—  326  — 

procédé  imaginé  par  M.  Kuhlmann,  on  étend  une  couche  de 
silicate  de  potasse,  autrement  dit  du  verre  fusible.  Quand 
cette  couche  est  sèche,  on  écrit  par-dessus  avec  la  pierre  noire 
de  charpentier,  et  on  recouvre  ensuite  l'écriture  avec  une 
autre  couche  de  silicate  qui  forme  un  revêtement  inaltérable. 
Placées  sur  les  toits,  comme  je  lefais  depuis  deux  ans,  elles  ne 
subissent  aucune  altération;  il  est  bien  certain  que  si  vous  les 
mettez  dans  l'eau,  vous  pourrez  enlever  l'écriture,  mais  si 
vous  les  attachez  sur  des  arbres,  vous  les  casserez  seulement 
avec  une  extrême  facilité  !...  »  — Ce  n'est  pas  encore  ce  genre 
d'étiquette  —  je  le  vois  —  qui  fera  le  bonheur  des  amateurs 
de  collections  étiquetées. 

—  Encore  le  non-arrosement  des  Fraisiers  ;  M.  Gauthier, 
R.  R.  y  tient.  Mais  M.  Louesse  assure  qu'il  a  beaucoup  arrosé 
les  siens  cette  année,  et  qu'il  en  a  obtenu  de  magnifiques  pro- 
duits. M.  Gauthier  répond  que,  dans  son  jardin,  ce  les  Fraisiers 
qui  n'ont  pas  été  arrosés  sont  en  ce  moment  —  26  août  — 
tout  fanés  (et  je  n'ai  pas  de  peine  à  le  croire)  ;  mais  que  la  pre- 
mière pluie  leur  rendra  toute  leur  fraîcheur  !  )>  Sublime,  ce 
M.  Gauthier  R.R.,  et  les  fruits,  à  quelle  époque  la  pluie  lui 
en  enverra-t-elle  ?  —  Autre  sublimité. 

—  Au  sujet  d'une  communication  de  M.  Rivière  à  la  Société 
impériale  et  centrale  d'horticulture,  concernant  les  Orangers 
et  Lauriers  roses  du  Luxembourg,  qui  sont  tout  couverts  de 
poux  ou  coccus,  M.  Forest  recommande,  comme  procédé  cu- 
ratif,  de  faire  immerger  ces  végétaux  dans  de  l'eau  limpide 
pendant  tout  l'hiver;  au  printemps  suivant,  dit-il,  ils  seront  ra- 
dicalement guéris.  — Je  le  crois  qu'ils  seront  guéris,  et  radica- 
lement encore.  Mais  où  pourrait-on  tenir  les  Orangers  du 
Luxembourg  sous  l'eau  pendant  tout  l'hiver?  M.  Forest  ne  fait 
cependant  pas  parti  du  Couiité  des  arts  et  industries!...  Voici 
plus  sérieux  : 

—  La  maladie  de  la  Vigne  continue  ses  ravages.  Il  n'est 


__  327  — 

plus  possible  de  douter,  c'est  bien  un  petit  puceron  microsco- 
pique, le  Phylloxéra  vastatrix  de  Planohon,  qui,  en  attaquant 
les  racines  de  la  Vigne,  cause  tout  le  mal.  Il  paraîtrait,  d'après 
M.  Hortolès,  horticulteur  à  Montpellier,  qu'on  est  sur  la  piste 
d'un  remède  très-actif  et  non  moins  efficace.  Un  habitant  de 
Sorgues  (Vaucluse),  M.  Henri  Leenhardt,  aurait  découvert  que 
l'acide  carbolique  fait  périr  ce  cruel  Phylloxéra.  Cet  acide 
catholique,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  l'acide  carbo- 
nique, est  de  l'acide  phénique  impur,  qui  ne  coûte  que  1  fr. 
50  c.  le  kilogramme.  Son  action  étant  très-énergique,  onn'en 
met  que  0.5  à  1  pour  100  dans  de  l'eau.  En  répandant  environ 
10  litres  de  cette  eau  carbolisée,  en  deux  fois,  au  pied  de 
chaque  ceps,  après  un  léger  binage,  ce  liquide  arrive  jusqu'aux 
racines,  fait  périr  le  terrible  puceron,  et  la  Vigne  est  sauvée  ! 
Amen  ! 

Quelle  précieuse  chose  tout  de  môme  que  le  charbon  de 
terre!  car  c'est  à  lui  que  nous  devons  Yacide  phénique  pur  et 
impur,  qui  guérit  tous  les  maux  et  tue  tous  les  animaux  nui- 
sibles à  l'horticulture.  C'est  vraiment  la  pierre  philosophale 
que  cette  affreuse  pierre  noire.  Épurée  par  un  procédé  inconnu 
à  l'homme,  elle  devient  diamant.  A  l'état  brut,  elle  chauffe  nos 
serres;  fondue  elle  produit  le  goudron  avec  lequel  nous  cica- 
trisons les  plaies  de  nos  arbres,  et  un  gaz  qui  éclaire  bien 
autrement  que  la  chandelle  de  la  Lanterne  Rochefort  ;  distillée 
elle  donne  d'abord  la  puante  benzine  Collas;  puis  redistillce,  on 
en  tire  une  foule  de  précieux  liquides  qui  exhalent  les  odeurs  des 
plus  suaves  :  essences  de  roses  et  de  violettes;  essence  d'amande 
amère  qui  sert  aux  pâtissiers  à  parfumer  les  frangipanes,  et  le 
fameux  flanc,  si  cher  aux  gavroches  parisiens;  combinée  à  des 
réactifs  chimiques,  elle  procure  des  cristaux  de  toutes  sortes  qui 
fournissent  à  l'industrie  teinturière  toutes  les  couleurs  pos- 
sibles :  rouges,  bleues,  violets,  jaunes;  c'est  delà  qu'est  sortie 
la  fameuse  couleur  Bismark.  Que  sais-je?  mille  autres  pro- 


—  328  — 

duits  encore,  et  tous  aussi  précieux.  Le  naphtal,  par  exemple, 
avec  lequel  M.  Trouillet  guérit  les  Asperges  malades  par  l'en- 
vahissement d'un  insecte,  la  criocère;  il  projette  cette  poudre 
avec  un  soufflet,  et  aussitôt  le  mal  disparaît;  c'est  lui  qui  l'a 
dit  à  la  Société  impériale  d'horticulture,  à  l'une  des  dernières 
séances. 

Ne  mérite-t-il  pas  qu'on  lui  élève  une  statue  ?  le  charbon 
de  terre,  bien  entendu,  et  non  M.  Trouillet.  Cet  habile  arbo- 
riculteur a,  certes,  déjà  bien  pincé  et  repincé  la  Vigne,  mais 
pas  encore  assez,  cependant,  pour  espérer  un  tel  honneur  au 
milieu  de  la  place  de  Montreuil,  sa  patrie;  il  est  des  habitants 
de  ce  pays  qui  doivent  passer  avant  lui.  M.  Alexis  Lepère, 
par  exemple,  dont  le  dévouement  aux  Pêchers,  et  son  désin- 
téressement à  l'arboriculture  lui  ont  déjà  valu  la  croix  de  la 
Légion  d'honneur  et  celle  de  l'ordre  de  Léopold,  roi  des  Belges. 
Véritable  ami  du  progrès  horticole,  M.  Lepère  n'est  jamais  sa- 
tisfait des  résultats  qu'il  obtient.  Dès  qu'il  a  obtenu  une  chose, 
il  marche  à  la  recherche  d'une  autre.  Ainsi,  après  avoir  ac- 
quis la  certitude  que  les  Pèches  de  Montreuil  peuvent  être  ex- 
pédiées à  Bruxelles  sans  éprouver  d'avaries,  il  a  voulu  savoir 
comment  elles  seraient  reçues  par  le  Grand  Turc  et  s'il  ne  serait 
pas  possible  d'obtenir  un  nouveau  débouché  pour  ce  produit  des 
murs  du  pays  qui  l'a  vu  naître.  Dans  le  dernier  bulletin  des 
séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  de  France,  cette  in- 
téressante tentative  est  formulée  en  ces  termes,  à  la  page  535. 
€  M.  Lepère  dit  qu'il  vient  de  faire  un  essai  dont  il  indiquera 
le  résultat  à  la  Société  lorsqu'il  le  connaîtra  :  il  vient  d'expé- 
dier des  Pèches  à  Constantinople  pour  S.  M.  le  Sultan.  Ce  sont 
les  plus  belles  de  toute  sa  récolte  de  l'année.  Le  voyage  de 
Paris  à  Constantinople  durera  14  jours;  aussi  toutes  les  pré- 
cautions possibles  ont-elles  été  prises  afin  de  faire  supporter 
une  pareille  épreuve  à  ces  fruits  dont  tout  le  monde  sait  que 
la  conservation  offre  les  plus  grandes  difficultés.  n>  Je  fais  des 


—  329  —  » 

vœux  pour  le  succès  de  cette  tentative  dont  le  but  est  tout 
d'intérêt  général.  Mais  je  crains  que  le  Grand  Turc  —  car  ces 
Orientaux  sont  si  vaniteux  !  —  prenne  cet  envoi  comme  un 
hommage  de  haute  et  profonde  considération  de  l'expéditeur 
pour  lui,  et  qu'alors,  — sans  faire  connaître  l'état  des  Pèches 
à  leur  arrivée  sur  les  bords  du  Bosphore — il  ne  lui  en  té- 
moigne tout  simplement  sa  reconnaissance  à  la  manière  des 
souverains  étrangers.  Ce  serait  de  sa  part  méconnaître  l'esprit 
de  modestie  et  de  simplicité  qui  anime  depuis  quelques  an- 
nées tous  nos  confrères  en  général,  et  même  en  particulier. 

—  Du  Bosphore  à  Saint-Pétersbourg  il  n'y  a  qu'un  pas  ;  nous 
n'avons  qu'à  passer  le  Prout,  et  nous  sommes  sur  les  domaines 
du  czar,  où  s'est  tenue  l'Exposition  d'horticulture  de  Russie, 
sur  le  compte  de  laquelle  il  pleut,  de  tous  côtés,  les  rapports 
les  plus  élogieux. 

«  Toutes  les  nations,  —  dit  M.  le  docteur  Pigeaux,  un  des 
délégués  de  la  Société  d'horticulture  de  Paris,  —  depuis  la 
Grande-Bretagne  et  la  France  jusqu'à  la  Grèce  et  la  Perse,  ont 
apporté  le  tribut  de  leur  flore  spéciale  et  exotique;  mais  on  a 
vu  briller  d'un  éclat  incomparable  deux  nations  secondaires 
par  la  force  numérique  de  leur  population,  mais  grandes  entre 
toutes  par  la  virilité  de  leurs  libres  institutions  !  La  Belgique  et 
la  Hollande  avaient  délégué  à  l'Exposition  de  Saint-Péters- 
bourg leur  fine  fleur  de  Pois,  quand  la  France  était  à  peine  re- 
présentée par  cinq  ou  six  de  ses  enfants  »  qui  n'étaient,  parait- 
il,  <[iie  des  fleurs  très-ordinaires  de  Haricots  sans  parchemin; 
car  au  dire  du  "spirituel  rapporteur  de  la  Société  de  Paris,  ils 
n'avaient  point  dé  lettres  de  délégation  du  ministre  de  l'agri- 
culture de  France,  ce  qui  fait  qu'ils  n'ont  pas  été  reconnus  et 
décorés  comme  fines  fleurs  de  Pois.  F.  Herlncq. 

P.    S.  Le  Nouveau  jardinier  illustré  pour  1870  est  paru. 


—  330  — 
LESPEDEZA  BICOLOR  (Pl.  XI.) 

Le  genre  Lespedeza  a  été  créé  par  Claude  Richard  dans  la 
Flore  de  F  Amérique  boréale  de  Michaux,  pour  des  plantes  de  la 
famille  des  légumineuses,  qui,  à  cette  époque,  n'avaient  de  re- 
présentants que  dans  le  nouveau  monde.  Depuis,  on  en  a 
trouvé  des  espèces  dans  l'Asie,  mais  dans  cette  partie  extrême 
de  l'Asie  qui  n'est  séparée  de  l'Amérique  du  nord  que  par  le 
détroit  de  Bérhing.  C'est  en  effet  dans  la  Sibérie,  la  Mantchourie, 
le  nord  du  Japon,  par  conséquent  sous  la  même  latitude  qu'en 
Amérique,  au  delà  du  40e  degré  de  latitude,  qu'on  retrouve 
les  Lespedeza  asiatiques;  toutes  ces  plantes  pourraient  donc 
supporter  le  climat  de  toute  la  France,  dont  le  territoire  s'étend, 
comme  on  sait,  du  42e  au  51e  degré  de  latitude  septentrionale. 
Malgré  leur  rusticité  sibérienne,  on  ne  voit  point,  ou  très-peu, 
de  Lespedeza  dans  les  jardins  d'Europe,  et  pourtant  on  en  compte 
une  trentaine  d'espèces,  la  plupart  très-élégantes  et  très-or- 
nementales. 

Le  Lespedeza  bicolor,  que  nous  figurons  planche  XL,  est  ori- 
ginaire de  la  Mantchourie,  et  de  la  partie  qui  se  trouve  arrosée 
par  les  fleuves  Amour  et  Ussuri;  c'est  le  degré  de  latitude  du 
nord  de  la  France.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  de  le  voir  pros- 
pérer sous  le  climat  de  Paris,  où  il  mûrit  même  ses  graines.  On 
en  doit  la  découverte  à  M.  Maximowitz,  qui  l'a  introduit  en 
Russie  en  1840. 

En  France  nous  ne  le  connaissons,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit,  qu'à  Segrez  ;  ce  n'est  que  depuis  un  an  ou  deux  qu'on  le 
trouve  exceptionnellement  cité  dans  les  catalogues  de  quel- 
ques horticulteurs,  et  M.  Linden,  qui  établit  dans  son  ca- 
talogue pour  1869  une  section  de  ce  plantes  du  Japon ,  de  la 
Mandchourie  et  de  la  Sibérie,»  n'en  fait  aucune  mention;  c'est 
ce  qui  nous  a  décidé  à  en  donner  le  portrait  M). 


(\)  On  s'étonnera  peut-être  que  nous  parlions  à  chaque  instant  de  Segrez,  et 


—  331  — 

Ce  joli  arbrisseau  s'élève  à  plus  de  2  mètres,  et  ses  nom- 
breuses tiges  effilées  forment  des  larges  touffes  qui  simulent  la 
gerbe  des  feux  d'artifices;  elles  émettent  une  multitude  de  pe- 
tites brindilles  effilées,  flexueuses,  terminées  par  de  ravissantes 
et  légères  panicules  de  fleurs  rouge  plus  ou  moins  foncé,  de  la 
grandeur  et  de  la  forme  de  celles  de  l'Indigofera  décora.  Notre 
dessin  ne  représente  qu'une  faible  portion  de  panicule. 

C'est,  nous  le  répétons,  une  plante  très-rustique,  qui  pousse 
très-vigoureusement  dans  les  terrains  légers,  sableux  et  pro- 
fonds. Une  belle  grosse  touffe  jetée  sur  une  pelouse  n'y  serait 
pas  déplacée  ;  elle  produirait  un  magnifique  effet. 

0.  Lescuyer. 


LES  PALMIERS    RUSTIQUES, 
pour  plein  air  et  serre  froide. 

Dans  l'article  sur  le  Palmier  de  la  Chine,  publié  dans  le  der- 
nier numéro  de  l'Horticulteur  français,  nous  émettions  un 
doute  sur  la  rusticité  d'un  Palmier  de  Montivilliers  (Seine- 
Inférieure),  qui  a  passé  l'hiver  de  18G8  sans  abri^  et  qui,  au 
commencement  du  mois  de  février,  était  aussi  vert  et  aussi 
frais  qu'avant  les  gelées.  Nous  ajoutions  que  cette  assertion 
avait  besoin  d'une  nouvelle  confirmation,  parce  que,  en  gé- 
néral, ce  n'est  qu'au  printemps   qu'on  s'aperçoit  des  dégâts 

-des  collections  qui  s'y  trouvent  réunies.  Si  nous  en  parlons  si  souvent,  c'est 
que  son  propriétaire  a  mis  toutes  ses  collections  à  notre  disposition,  ei  que 
nous  pouvons  étudier  là  des  nouveautés  et  des  introductions  sérieuses  introu- 
vables dans  le  commerce  français;  ce  Lespedeza  bicolor  en  est  une  nouvelle 
preuve.  Segrez,  en  effet,  grâce  à  notre  excellent  ami  M.  Alphonse  Lavallée, 
est  devenu  en  quelque  sorte  l'école,  lejardind'expérieaces  de  Y  Horticulteur  fran- 
çais; il  serait  difficile  de  n'en  point  parler,  quand  nous  trouvons  si  souvent 
des  choses  précieuses  à  signaler,  ou  que  nous  y  observons  des  faits  qui  inté- 
ressent la  science  horticole.  * 

F.  Herincq. 


—  332  — 

causés  sur  les  végétaux  deuii-rustiques,  comme  le  Palmier  de 
Chine.  Dans  l'intérêt  de  la  science,  M.  Hauguel  et  non  Hauguet 
—  comme  il  a  été  imprimé  par  erreur  —  a  adressé  à  notre 
rédacteur  en  chef  une  lettre  confirmalive,  que  nous  sommes 
heureux  de  reproduire;  elle  lève  les  doutes  qui  s'étaient 
emparés  de  notre  esprit  à  la  vue  de  tant  de  pauvres  victimes 
des  frimais  parisiens.  Si  mon  doute  a  pu  blesser  la  suscepti- 
bilité de  notre  honorable  correspondant,  je  le  regrette  ;  car  il 
n'a  jamais  entré  dans  ma  pensée  de  mettre  en  suspicion  son 
honorabilité.  Seulement,  comme  il  avait  constaté  le  fait  au 
commencement  de  février,  je  craignais  qu'il  se  soit  hâté  trop, 
en  établissant,  à  cette  époque,  la  rusticité  de  son  Palmier. 
M.  Hauguel  confirme  le  fait;  je  le  proclame  à  mon  tour,  et, 
pour  lui-prouver  que  j'ai  la  plus  grande  confiance  en  lui,  je  le 
proclame  sans  faire  le  petit  voyage  qu'il  me  propose  ;  j'aime 
beaucoup  voyager,  —  je  ne  fais  que  cela  —  mais  par  le  beau 
temps. 

Voici  sa  lettre  : 

Monsieur  Herincq} 

En  lisant  la  notice  historique  sur  le  Palmier  de  la  Chine  dansl5 Horti- 
culteur français,  n°  de  ce  mois,  M.  de  Martragny  demande  une  nouvelle 
confirmation  de  la  rusticité  de  ce  «  Chamœrops  planté  à  Montivilliers. 
J'aurais  voulu  répondre  directement  à  M.  de  Martragny,  qui  a  oublié 
de  mettre  son  adresse,  pour  l'inviter  à  venir  me  faire  une  petite  visite 
dans  le  beau  milieu  dé  l'hiver,  car  il  peut  douter  que  je  le  couvre. 
La,  en  second  saint  Thomas,  il  pourra  voir  le  ressuscité,  qu'il  croit 
mort,  et  le  palper,  s'il  craint  une  illusion  d'optique.  Il  pourra  alors 
établir  lui-même  le  degré  de  rusticité  de  ce  Palmier  qui  a  eu  le  cœur 
couvert  de  neige  en  1868,  et  encore  cette  année.  Au  nom  de  la  science, 
je  pense  que  M.  de  Martragny  ne  manquera  pas  de  faire  ce  petit  voyage, 
et  de  tranquilliser  les  lecteurs  de  l'Horticulteur  français,  au  milieu 
desquels  il  a  jeté  l'épouvante. 

Dans  l'espoir,  Monsieur,  que  vous  donnerez  place  à  cette  lettre  dans 
votre  journal,  recevez  à  l'avance  mes  remercîments. 

Paul  Hauguel, 

jardinier  chez  Mme  veuve  Léon  Dénouette. 


—  33:i  — 

11  est  donc  bien  établi  que  le  Chamœrops  Fortunei  ou  sinen- 
sts  —  car  c'est  évidemment  l'espèce  ou  la  variété  de  la  Chine, 
et,  non  celle  du  Japon  qui  est  le  Chamœrops  excelsa,  —  il  est 
donc  bien  établi,  dis-je,  que  le  Palmier  de  Montivilliers  a  par- 
faitement résisté  à  l'hiver  de  1868.  Mais  quel  a  été  le  degré 
de  froid  qu'il  a  supporté  durant  cet  hiver?  Certes  je  n'en  veux 
pas  à  cet  intéressant  Palmier  —  je  n'ai  aucune  raison  de  lui  en 
vouloir,  et  si  j'insiste,  on  ne  peut  pas  m'accuser  d'agir  par  es- 
prit de  parti  ou  par  jalousie.  —  J'insiste,  parce  que  je  serais 
désolé  de  voir  des  amateurs  du  nord  et  du  centre  de  la  France 
confiants  en  ce  fait,  aventurer,  sans  abri,  de  beaux  Chamaerops 
qu'ils  auraient  élevés  à  la  brochette  pendant  7  ou  8  ans,  et  qui 
les  perdraient  tout  à  coup,  par  suite  de  cet  excès  de  confiance. 
Car  enfin  cette  espèce  de  Palmier  peut  parfaitement  supporter 
le  climat  de  Montivilliers,  et  souffrir  sous  un  autre.  Monti- 
villiers, si  je  ne  me  trompe,  n'est  pas  très-loin  d'Ocleviile, 
situé  sur  les  bords  de  la  mer,  —  6  à  7  kilomètres  les  séparent. 
—  Or,  ne  pourrait-on  pas  admettre  l'influence  du  climat  mari- 
time sur  le  Palmier  de  M.  Haugucl?  Il  serait  très-intéressant 
d'étudier  cette  question;  nous  la  recommandons  à  M.  Hau- 
guel;  il  pourrait  essayer  la  culture,  dans  les  mêmes  condi- 
tions, du  Camellia,  du  Thé,  du  Fuchsia,  des  Rhododendruin, 
du  Sikkim,  qui  résistent  et  fleurissent  parfaitement  comme  on 
sait  à  Cherbourg.  L'Horticulteur  français  se  fera  un  devoir 
d'enregistrer  toutes  les  observations  que  M.  Hauguel  pourrait 
avoir  à  faire  connaître  sur  cette  intéressante  question. 

Et  puisque  je  suis  revenu  sur  les  Palmiers,  profitons-en  pour 
donner  les  noms  de  quelques  espèces,  qui  jouissent,  d'après 
M.  Linden,  d'une  certaine  rusticité  pour  vivre  en  serres 
froides,  et  par  conséquent  dans  les  jardins  d'hiver. 

Nous  ajouterons  à  ces  Palmiers,  les  Cycadés  qui  jouent  le 
même  rôle. 


—   334  — 


Areca  Baueri  ou  Seaforthia 
robusta. 

—  sapida. 
Brahea  dulcis. 
Cha-maerops  arborea, 

—  excelsa  vera. 

—  Fortuneiousinensis. 

—  Ghiesbreghtii. 

—  tomentosa. 
.Cocos  australis. 

—  campestiïs. 

—  cbilensis  ou  Jubœa 
speclabilis  etMolinia 
cbilensis. 

Corypha  australis. 
Latania  borbonica. 
Phœnix  dactylifera. 

—  bumilis. 

—  leonensis. 

—  pumila. 

—  reclinata. 

—  tenuis. 


Rhapis  flabelliformis. 
Sabal  Adansoni. 

—  Mocini. 
Saribus  olivaeformis. 
Seaforthia  elegans. 
Thrinax  Martii. 

—  parviflora. 

—  tunicata. 
Cycas  revoluta. 
Zamia  Baraquini . 

—  cycadaïfolia. 

—  Ghellincki. 

—  Ghiesbreghtii. 

—  Lehmanni. 

—  Mackensi. 
— ■     Miqueliana. 

—  vernicosa. 

—  villosa. 

—  Caffra. 

—  lanuginosa, 

—  pungens. 

EUG.    DE    MARTRAGNY. 


LE  CHOU-FLEUR  ROUSSI  DE  CHAMBOURCY. 

Chambourcy  est  un  petit  village  de  Seine-et-Oise,  qui  est  à 
peu  près  inconnu  du  reste  de  la  France.  Et  pourtant,  il  jouit 
d'une  certaine  célébrité  sur  les  marchés  aux  légumes,  par  les 
beaux  et  excellents  Choux-fleurs  que  produit  son  sol. 

Depuis  longtemps  je  connaissais  la  renommée  des  Choux- 
fleurs  de  Chambourcy;  j'ai  voulu  voir  cette  culture,  et  je  suis 
encore  tout  ébloui  de  ce  que  j'ai  vu. 


-  335  — 

Chambourcy  est  situé  à  2  kilomètres  sud-ouest  de  Saint-Ger- 
main-en-Laye.  La  plaine  aux  Choux-fleurs  touche  à  la  forêt  à 
l'est  et  se  trouve  garantie  des  grands  vents  de  l'ouest  par  une 
petite  montagne. 

Chambourcy  et  Egremont,  —  autre  village  voisin  —  culti- 
vent annuellement  deux  millions  environ  de  pieds  de  Choux- 
fleurs,  et  en  tirent  un  revenu  qui  approche  de  400,000  fr.  Au 
mois  de  septembre  dernier,  80  hectares  étaient  couverts  de 
Choux-fleurs.  Les  plus  forts  cultivateurs  en  font  de  -40  à  50 
mille  pieds  par  an  ;  mais  le  plus  grand  nombre  n'en  produi- 
sent que  de  20  à  25  mille.  Les  beaux  Choux-fleurs  se 
vendent,  à  la  halle  de  Paris,  50  francs  le  cent,  soit  50  centimes 
chaque  ;  les  prix  moyens  s'ont  de  30  et  40  fr.  le  cent. 

La  terre  à  Choux-fleurs  de  Chambourcy  est  une  terre  forte, 
meuble,  mais  non  argileuse  ni  compacte  ;  elle  est  douce  au 
toucher  et  se  divise  facilement.  Elle  conserve  sa  fraîcheur  en 
été,  par  la  simple  opération  de  binages,  qui  sont  donnés  plu- 
sieurs fois  dans  le  courant  de  la  saison.  Le  sous-sol,  à  2  mètres 
de  profondeur,  est  de  la  glaise;  une  nappe  d'eau  est  à  25  ou 
30  mètres. 

Le  résultat  merveilleux  qu'obtiennent  les  cultivateurs  de 
ces  localités  ne  tient  pas  uniquement  à  ia  nature  du  sol,  il  est 
dû  en  grande  partie  —  selon  moi  —  aux  choix  des  variétés  ; 
car,  avec  une  culture  bien  entendue,  il  est  bien  certain  que  les 
cultivateurs  de  Chambourcy  n'obtiendraient  pas  des  tètes  de 
Choux-fleurs  de  30  centimètres  dé  diamètre,  s'ils  cultivaient 
le  Chou-fleur  tendre  ou  le  nain  hâtif  d'Erfurt,  ou  bien 
encore  les  durs  de  Stadlhold,  ou  de  Walcheren.  Le  Chou- 
fleur  de  Chambourcy  est  une  variété  spéciale  au  pays,  et  dont 
la  graine  ne  se  trouve  pas  encore,  paraît-il,  dans  le  commerce. 
Ceci  paraîtra  extraordinaire,  et  c'est  pourtant  ainsi.  Cette  va- 
riété est  un  gain  obtenu  par  un  maraîcher  de  Puteaux, 
M.  Chabernier,  qui  en  conserve  la  propriété,  en  ne  livrant  pas 


—  336  — 

la  graine;  il  vend  seulement  le  plant  pour  Choux-fleurs  d'au 
tomne,  et  n'en  livrerait,  pour  printemps,  à  aucun  prix  :  car 
alors,  on  en  laisserait  monter  à  graines,  et  il  cesserait  d'en 
avoir  le  monopole,  ce  à  quoi  il  tient  pour  se  faire  un  assez  joli 
revenu.  Tous  les  ans  il  en  sème  de  12  à  15  cent  mille  pieds, 
qu'il  vend  aux  cultivateurs,  et  notamment  à  ceux  de  Cham- 
bourcy,  à  raison  de  2  francs  le  cent.  On  nomme  cette  variété 
—  dans  ce  dernier  pays  —  Chou- fleur  roussi,  parce  que  l'ex- 
trémité des  feuilles  du  centre  noircit,  ou  plutôt  est  comme 
grillée,  quand  la  pomme  commence  à  se  former;  on  dirait  un 
effet  de  coup  de  soleil,  mais  ce  phénomène  se  produit  aussi  bien 
par  un  temps  sombre  que  par  un  ciel  clair. 

Le  Chou-fleur  roussi  est  une  variété  à  pomme  très-dure  et  qui 
monte  très -difficile  ment;  il  est  de  8  à  10  jours  plus  tardif  que 
le  Chou-fleur  Lenormand  pied  court.  Les  feuilles  ont  70  centim. 
de  longueur  sur  40  de  largeur,  arrondies  au  sommet  ;  elles 
sont  d' un  vert  blond,  et  celles  du  centre  ressemblent  à  celles  du 
Chou  d'York.  Ces  feuilles  sont  moins  étalées  que  dans  le  Chou- 
fleur  Lenormand;  l'ensemble  couvre  une  surface  de  lm  20  de 
diamètre  :  4  ou  5  feuilles  centrales  recouvrent  la  pomme 
complètement;  ce  qui  est  avantageux,  caria  pomme  est  quel- 
quefois grosse  comme  la  tète  d'un  enfant  et  qu'on  ne  la  voit  pas 
encore,  de  sorte  qu'elle  est  blanche  comme  de  la  neige,  sans 
exiger  beaucoup  de  temps  pour  la  couvrir.  Le  pied  est  très- 
court.  La  pomme,  à  sa  maturité,  mesure  de  80  centim.  à  un 
mètre  de  circonférence.  C'est  certainement  une  des  meilleures 
variétés  connues  jusqu'à  ce  jour. 

En  arrivant  dans  la  plaine  de  Chambourcy,  j'ai  vu  des 
plantations  de  Choux-fleurs  Lemaitre  en  rangs  alternes  avec  le 
Lenormand  pied. court;  ces  deux  variétés  donnent  une  belle 
pomme,  mais  d'un  tiers  moins  grosse  que  celle  du  Choii'fleur 
roussi.  Et  pourtant  le  Lenormand  pied  court  est  une  très-bonne 
variété;  sur  M  variétés  que  j'ai  semées  cette  annéeet  cultivées 


—  337  — 

toutes  dans  les  mêmes  conditions,  c'est  lui  qui  m'a  donné  le 
meilleur  résultat;  son  grand  défaut  est  de  ne  pas  couvrir  sa 
pomme.  On  cultive  aussi  à  Chambourcy  les  Choux- fleurs  demi- 
dur  et  le  dur  de  Paris  ;  mais  toutes  ces  variétés  ne  valent  pas 
le  Roussi. 

Il  n'est  pas  étonnant  de  voir  des  champs  qui  portent  des 
Choux-fleurs  tous  les  ans  depuis  15  à  20  ans,  et,  bien  que  la  loi 
des  assolements  ne  soit  pas  observée,  le  rapport  en  est 
toujours  très-beau.  Mais  ceci  se  comprend  facilement.  Les 
Choux-fleurs  ne  restent  que  trois  mois  sur  cette  terre,  du  com- 
mencement de  juillet  à  la  première  quinzaine  d'octobre; 
après  quoi  on  fume  et  laboure,  et  le  sol  se  repose  tout  l'hi- 
ver et  le  printemps  ;  dans  le  commencement  du  beau  temps, 
on  donne  un  ou  deux  bons  binages  à  la  charrue  pour 
ameublir  la  terre  et  détruire  les  mauvaises  herbes.  Quel- 
ques cultivateurs  font  une  récolte  de  Pommes  de  terre  qua- 
rantaines avant  la  plantation  de  Choux-fleurs;  mais  ils  sont 
assurés  de  n'avoir  que  des  produits  relativement  infé- 
rieurs; j'en  ai  vu  aussi  qui  avaient  semé  des  Epinards  entre 
chaque  rang  de  Choux- fleurs;  ici  encore  les  produits  n'étaient 
pas  les  plus  beaux.  J'en  ai  tiré  cette  conclusion  :  que  le  Chou- 
fleur  ne  donne  de  belles  grosses  pommes  qu'autant  qu'on  le 
laisse  absolument  maître  du  sol  :  il  ne  veut  ni  partage,  ni  as- 
sociation ! 

La  grande  plantation  de  Choux-fleurs  à  Chambourcy  a  lieu 
dans  tout  le  courant  de  juillet;  on  plante  au  plantoir  à  un 
mètre  en  tous  sens,  pour  le  gros  roussi.  Pour  les  autres  varié- 
tés, la  distance  à  observer  est  de  70  à  80  centimètres.  Il  va  sans 
dire  qu'on  donne  un  bon  labour  à  la  charrue  avant  la  planta- 
tion. Ces  Choux-fleurs  ne  sont  arrosés  qu'une  fois,  aussitôt 
après  la  plantation  pour  aider  à  la  reprise,  mais  on  donne  plu- 
sieurs binages  qui,  en  détruisant  les  herbes,  entretiennent  une 
douce  fraîcheur  du  sol.  Si  les  cultivateurs  de  Chambourcy  fai- 
Novembre  1869.  22 


—  338  — 

saient  leurs  plants  eux-mêmes,  ils  pourraient  s'épargner  la 
peine  d'arroser  en  plantant,  en  choisissant  un  temps  pluvieux 
pour  cette  opération  ;  mais  comme  ils  achètent  ce  plant  à  un 
seul  producteur,  ils  sont  obligés  de  planter  tous  en  même 
temps,  à  une  époque  désignée  parle  vendeur  et  qui  paraît  le 
mieux  convenir  à  ses  intérêts . 

Une  chose  en  apparence  très-simple,  mais  très-importante 
à  observer  dans  cette  culture,  c'est  la  manière  de  couvrir  les 
pommes  au  moment  de  leur  formation.  Si  l'opération  est  mal 
faite,  la  pomme  peut  perdre  un  quart  de  son  volume.  Pour  la 
faire  fructueusement,  il  faut  prendre  les  feuilles  inférieures,  — 
qu'on  détache  de  la  tige  —  et  qu'on  applique  sur  la 
pomme  avec  la  précaution  de  ne  pas  casser  les  feuilles  de  l'in- 
térieur. Bon  nombre  de  jardiniers  ont  l'habitude  de  couvrir  la 
pomme  de  leurs  Choux-fleurs  avec  ces  feuilles  du  cœur  ;  c'est 
un  tort;  il  en  résulte  une  sorte  de  mutilation  qui  nuit  considé- 
rablement au  développement  de  la  pomme;  car  ces  feuilles 
sont  les  seules  qui  sont  en  vigueur,  et  en  les  cassant,  on»  arrête 
la  végétation,  ou  tout  au  moins  on  entrave  le  mouvement  sé- 
veux  vers  le  cœur,  et  la  pomme,  ne  recevant  pas  une  abondante 
nourriture,  ne  prend  pas  tout  le  développement  qu'elle  peut 
acquérir. 

Louis    COMPERAT. 

CULTURE  DU  CHOU. 

Moyen  a" obtenir  une  récolte  très-abondante  de  rejets. 

Lorsque,  en  1851,  je  préconisai  dans  une  première  notice 
spéciale,  qui  fut  reproduite  dans  un  grand  nombre  de  jour- 
naux, la  culture  du  Chou  branchu  du  Poitou  pour  la  nourriture 
des  bestiaux,  je  recommandai  surtout  de  ne  prendre  à  la  fois, 
au  moment  de  la  cueillette  des  feuilles,  qu'une  ou  deux  des 


—  339  — 

plus  avancées  sur  chaque  pied,  et  de  les  rompre  à  2  ou  3  cen- 
timètres du  tronc  au  lieu  de  les  arracher. 

Avec  ces  précautions  il  n'y  a  jamais  déchirement  de  l'écorce 
du  tronc,  et  la  moelle,  restant  alors  préservée  du  contact  au 
moins  direct  de  la  gelée,  est  bien  moins  accessible  à  ses 
atteintes.  D'un  autre  côté,  il  n'y  a  pas  à  craindre  que  l'œil 
dormant,  qui  se  trouve  à  l'aisselle  des  feuilles  et  qui  doit 
produire  les  rejets,  soit  détruit  ou  endommagé  à  sa  base  :  au 
bout  de  peu  de  temps,  le  talon  du  pétiole  (la  queue  de  la  feuille) 
se  flétrit  et  se  détache  naturellement. 

J'ai  obtenu  chaque  année,  par  ce  moyen,  pendant  que  j'ai 
fait  valoir  une  de  mes  fermes,  d'abondantes  récoltes  de  rejets 
de  Choux  du  Poitou,  et  ces  Choux  résistaient  d'ailleurs  beau- 
coup mieux  à  la  gelée  que  ceux  de  mes  voisins  qui  ne  pre- 
naient pas  les  mômes  précautions  pour  l'effeuillage.  Aussi 
disaient-ils  que  je  ne  leur  donnais  pas  la  même  graine  que 
celle  que  je  semais. 

Ce  que  j'ai  fait  pour  le  Chou  branchu  du  Poitou,  je  l'ai  pra- 
tiqué, autant  que  possible,  depuis  un  certain  nombre  d'années 
pour  les  Choux  pommés,  et  chaque  fois  que  le  jardinier  ou  la 
cuisinière  a  voulu  suivre  mes  conseils  pour  la  précaution  à 
prendre  en  coupant  les  Choux  pommés,  une  très-abondante  et 
superbe  récolte  de  rejets  en  a  été  la  conséquence'. 

Voici  comment  il  faut  opérer  : 

Même  longtemps  avant  que  les  Choux  soient  bons  à  être 
coupés,  c'est-à-dire  assez  pommés,  on  supprime  circulaire- 
ment,  tous  les  huit  ou  quinze  jours,  avec  un  couteau,  les 
feuilles  qui  se  trouvent  à  la  partie  inférieure  et  qui  sont  souvent 
en  partie  mangées  par  les  insectes;  mais  on  ne  les  coupe  qu'à 
2  ou  3  centimètres  du  tronc.  La  sève,  qui  s'y  portait  encore, 
reflue  dans  les  feuilles  supérieures  ainsi  que  dans  la  pomme,  et 
contribue  à  leur  plus  grand  et  plus  prompt  développement. 

Lorsque  vient  le  moment  de  couper  le  Chou,  il  ne  reste 


—  340  — 

guère  que  la  pomme  el  les  feuilles  propres  à  être  mangées,  et 
alors  le  Chou  est  coupé  près  de  celles-ci,  et  non  au-dessous.  Les 
autres  feuilles,  antérieurement  supprimées,  ont  servi  succes- 
sivement à  la  nourriture  des  animaux  avant  qu'elles  aient  été 
en  partie  détruites  par  les  limaçons  et  les  chenilles,  qu'elles 
abritent  d'ailleurs.  Souvent  aussi  ces  feuilles  pourrissent  et 
étouffent  les  yeux  dormants  ou  les  rejets  qui  commençaient  à 
se  développer.  La  suppression  successive  de  ces  feuilles  infé- 
rieures rend  aussi  plus  facile  la  destruction  des  deux  insectes 
que  je  viens  de  citer. 

Par  l'emploi  de  ce  procédé  de  culture,  on  se  procure  :  l°beap- 
coup  de  bonnes  feuilles  pour  la  nourriture  des  animaux,  les- 
quelles eussent  été  généralement  perdues,  sinon  commeengrais, 
du  moins  comme  produit  fourrager;  2°  un  nombre  de  rejets 
beaucoup  plus  considérable  que  si  les  feuilles  inutiles  n'eussent 
pas  été  supprimées  à  temps,  et  surtout  des  rejets  beaucoup  plus 
vigoureux,  attendu  qu'ils  ont  reçu  dès  leur  jeune  âge  plus  d'air, 
de  lumière  et  de  soleil. 

J'affirme  que  souvent  cette  seconde  récolte  (rejets)  égale  en 
produit  la  première  (tète  pommée),  si  même  elle  ne  la  dépasse. 

Le  prix  élevé  de  20  à  40  c,  auquel  se  vendent,  sur  les  marchés 
de  mon  rayon,  les  Choux  pommés,  me  paraît  devoir  donner 
quelque  intérêt  à  l'application  et  à  la  généralisation  du  procédé 
de  culture  que  j'indique.  J'espère  qu'il  remplacera  bientôt  la 
suppression  inintelligente,  lorsqu'on  coupe  les  Choux,  delà 
totalité  ou  de  la  plus  grande  partie  de  leur  tige,  suppression 
qui,  en  détruisant  surtout  la  partie  supérieure  de  la  tige,  fait 
disparaître  en  même  temps  les  bourgeons  qui  eussent  produit 
les  rejets  que  Ton  obtient,  au  contraire,  en  abondance  par 
ma  méthode. 

Victor  Chatel. 


—  341  — 

LA  NON-TAILLE  (1). 

(Fin.) 

Bien  que  nous  ayons  écrit  ce  qui  précède  dans  l'intérêt  de 
l'arboriculture,  nous  ne  prétendons  pas  avoir  entièrement  rai- 
son :  peut-être  avons-nous  mal  compris.  Aussi  engageons-nous 
nos  lecteurs  à  ne  pas  nous  croire  aveuglément .  Qu'ils  aillent 
examiner  l'application  de  la  non-taille  dans  les  Écoles  d'horti- 
culture de  l'État  et  dans  quelques  jardins  particuliers  de  Bel- 
gique. S'ils  désirent  s'en  faire  une  idée  plus  nette  encore, 
qu'ils  aillent  à  Montreuil,  près  de  Paris,  chez  les  célèbres 
cultivateurs  de  pêchers,  MM.  Lepère  et  Chevalier.  Mais 
hâtons-nous  de  leur  dire  de  ne  pas  se  laisser  séduire  par  la 
beauté  réelle  des  arbres  de  ce  dernier.  Nous  aussi,  nous  avons 
visité  ces  lieux,  et  après  avoir  observé  le  tout  attentivement  et 
par  comparaison,  nous  avons  émis  les  considérations  suivantes, 
qu'on  peut  qualifier  comme  on  veut,  mais  cpie  nous  soumettons 
derechef  aux  froides  réflexions  des  arboriculteurs. 

«  ....  Nous  avons  vu  à  Montrcuil  deux  hommes  justement 
renommés  :M.  Lepère,  pour  la  production  de  ses  belles  et 
nombreuses  pèches;  M.  Chevalier  pour  ses  belles  formes 
d'arbres.  Au  premier,  personne  ne  contestera  ni  l'expérience, 
ni  la  capacité,  ni  l'excellence  de  ses  produits  ;  et,  bien  que  le 
nombre  de  ses  années  ne  lui  permette  pas  de  tout  recommencer, 
il  connaît  certes  assez  ses  intérêts  pour  accepter  et  mettre  en 
pratique  toute  innovation  pouvant  accroître  ses  bénéfices. 
Aussi  M.  Lepère  ne  suit-il  plus  tout  k  fait  la  vieille  école  ;  il 
taille  bien  plus  long  qu'autrefois,  mais  enfin  il  taille.  M.  Che- 
valier est  de  la  nouvelle  école  et,  franchement,  il  forme  ses 
arbres  sans  taille,  et  nous   reconnaissons  volontiers  que  ses 

(1)  Voir  page  31 5. 


—  342  — 

arbres  se  rapprochent  beaucoup  plus  de  la  perfection  que 
ceux  de  M.  Lepère.  En  admettant  que,  jeune  encore, M.  Cheva- 
lier tienne  à  faire  des  expériences  étendues  et  à  travailler  un 
peu  pour  la  gloire,  néanmoins  on  ne  peut  guère  supposer  qu'il 
le  fasse  sans  se  croire  assuré  d'y  trouver  du  bénéfice . 

»  Que  faut-il  en  conclure?  lequel  des  deux  faut-il  imiter? 
C'est  évidemment  celui  qui  produit  le  plus  avec  le  moins  de 
peine;,  le  moins  de  frais.  Est-ce  M.  Lepère  ou  M.  Chevalier? 
Tous' deux  ont  sans  doute  la  môme  prétention  sous  ce  rapport. 
Nous  pensons,  nous,  que  c'est  M.  Lepère.  Ses  arbres,  il  est  vrai, 
ont  l'air  négligé  à  côté  de  ceux  de  M.  Chevalier  ;  mais  aussi, 
on  s'en  occupe  moins,  ils  exigent  moins  de  temps  et  par  suite 
moins  de  frais.  Récolte-t-il  moins  dépêches  et  celles-ci  sont- 
elles  moins  belles  que  celles  de  son  voisin  ?  Nous  ne  le  croyons 
pas.  Il  est  hors  de  doute  que,  malgré  son  aptitude  extraordi- 
naire, M.  Chevalier  met  plus  de  temps  que  M.  Lepère  à  soigner 
ses  arbres  et  que  dès  lors  il  a  plus  de  frais  :  que  serait-ce 
alors  pour  des  hommes  moins  habiles  (1)  ? 

»  Les  beaux  résultats  obtenus  par  M.  Chevalier,  nous  les  attri- 
buons au  traitement  tout  particulièrement  attentif  et  aux  soins 
incessants  qu'il  donne  à  ses  arbres  ;  sa  volonté  énergique  et  sa 
persévérance  ne  sont  pas  étrangers  non  plus  à  sa  réussite.  En  uu 
mot  sa  manière  de  procéder  constitue  pour  ainsi  dire  un  en- 
semble d'opérations  cullurales  excellentes  en  elles-  mêmes  et 
dont  il  peut  s'honorer.  Mais  les  masses,  car  c'est  avec  elles 
qu'il  faut  compter,  auront-elles  le  goût,  la  connaissance,  le 
temps  et  la  patience  de  suivre  exactement  ce  système  ?  Et 
quand  cela  serait,  y  aurait-il  du  bénéfice  ?  C'est  ce  que  l'avenir 
apprendra.  )) 

Donc,  en  définitive,  notre  jugement  sur  la  non-taille  fut  et 


(  1  )  Excursion  arboricole  etpomologique  à  l'Exposition  universelle  et  aux  environs 
de  Paris,  par  Burvenich  et  Van  Huile;  Bail,  du  Cercle  prof.,  1868,  page  (05. 


—  343  — 

reste  plutôt  défavorable.  Mais  cela  ne  veut  pas  dire  du  tout 
que  nous  soyons  porté  pour  la  taille  courte  ;  nous  disions 
même  dans  notre  Guide  arboricole,  page  187,  ce  avoir  ob.tenu 
d'excellents  résultats  en  laissant  aux  vignes  un  prolongement 
annuel  de  trois  mètres.  On  nous  objecta  à  cette  occasion  que 
le  partisan  le  plus  absolu  de  la  taille  longue  n'aurait  pu  appor- 
ter un  exemple  plus  frappant  de  la  bonté  de  cette  méthode.  » 
De  la  longue  taille,  que  nous  avons  toujours  considérée  comme 
excellente,  nous  le  voulons  bien,  mais  non  pas  de  la  non- taille, 
que  nous  tenons  toujours  comme  impraticable. 

Deux  mots  encore  avant  de  finir.  Qu'on  veuille  bien  nous 
comprendre  :  nous  ne  voulons  blâmer  personne  d'avoir  évoqué 
la  question  de  la  non-taille,  ni  d'en  être  partisan,  loin  de  là  ; 
nous  devons,  an  contraire,  nos  meilleurs  remercîments  à  ceux 
de  nos  confrères  qui,  comme  M.  Gillekens,  tentent  île  courageux 
eiforts  en  vue  du  progrès.  Mais  qu'on  n'y  voie  pas  de  mal  non 
plus,  si  nous  sommes  descendu  de  bonne  heure  dans  l'arène 
pour  combattre  en  quelque  sorte  le  système.  Comme  nous  le 
disions  en  commençant  cet  article,  la  cause  ne  peut  que  gagner 
à  être  débattue,  et  il  doit  en  provenir  quelque  chose  de  bon. 
En  effet,  ou  bien  la  non-taille  sera  trouvée  préférable,  et  alors 
elle  deviendra  incontestablement  d'application  générale  ;  ou 
bien  la  non-taille  ne  répondra  pas  à  l'attente,  et  encore,  en  ce 
cas,  l'expérience  même  nous  démontrera  à  quelle  longueur  on 
peut  tailler  sans  péril  et  combien  on  avait  tort,  jusqu'ici,  de 
tailler  trop  court  Notre  but  est  d'en  arriver  là. 

Van  Hulle, 

Jardinier  en  chef  du  jardiu  botanique  de  Gaud. 


—  3M  - 

VICTOIRE  DE  LYON, 

*     Pelargonium  nouveau  à  fleurs  doubles. 

S'il  nous  semble  assez  naturel  de  voir  nos  habiles  hor- 
ticulteurs poursuivre  avec  persévérance  la  recherche  de 
nouveautés  florales,  n'est-il  pas  plus  naturel  encore  d'encou- 
rager, par  de  justes  éloges,  le  simple  amateur  qui,  par  un 
travail  continu  et  raisonné,  arrive  à  triompher  des  diffi- 
cultés qu'offre  la  fécondation  artificielle,  et  à  obtenir  une  véri- 
table et  précieuse  nouveauté?  Quiconque  aime  les  fleurs 
partagera,  je  crois,  cette  opinion.  C'est  pourquoi  je  viens 
aujourd'hui  encore  réclamer  une  petite  place  dans  les  colonnes 
de  l'Horticulteur  français,  autant  pour  donner  à  ses  lecteurs 
un  aperçu  de, la  nouvelle  variété  dont  il  s'agit,  que  pour  faire 
aussi  connaître  le  nom  de  l'amateur  qui  l'a  obtenue. 

A  la  dernière  exposition  horticole  de  Lyon,  de  nombreux 
groupes  de  Pelargonium  à  fleurs  doubles  se  faisaient  remarquer, 
comme  toujours,  par  la  fraîcheur  de  leurs  nuances.  Mais  un, 
entre  tous,  frappait  particulièrement  le  regard,  et  attirait  in- 
vinciblement les  connaisseurs,  désireux  de  constater  par  eux- 
mêmes  que  c'était  bien  un  Pelargonium  qu'ils  avaient  sous  les 
yeux.  C'est  qu'en  effet,  ce  Pelargonium  possède  un  coloris  telle- 
ment différent  de  celui  des  variétés  obtenues  jusqu'à  ce  jour 
que,  sans  témérité,  j'ose  affirmer  qu'on  ne  le  trouve  pas,  même 
dans  les  varités  à  fleurs  simples.  Aussi,  le  jury  d'examen, 
exact  appréciateur  d'un  si  précieux  résultai,  n'a  pas  hésité  un 
instant,  et  la  médaille  de  1"  classe  a  été  la  juste  récom- 
pense que  méritaient  les  recherches  assidues  et  la  persévé- 
rance de  l'heureux  obtenteur,  M.  Jean  Sisley,  amateur  aussi 
sérieux  qu'habile,  ainsi  que  le  prouve  suffisamment  le  Pelar- 
gonium Victoire  de  Lyon,  fruit  de  ses  recherches. 

Le  Pelargonium  zonale   à  fleurs  doubles  Victoire  de  Lyon 


—  345  — 
se  présente  bien  comme  port.  Son  feuillage  est  d'un  beau  vert 
un  peu  foncé,  imperceptiblement  zone.   Les  fleurs    sont  de 
moyenne  grandeur,  bien  doubles,  et  enfin,  point  le  plus  im- 
portant, d'une  belle  nuance  :  cramoisi  pur  et  vif! 

Comme  chacun  le  sait,  depuis  la  première  apparition  des 
Pelargonium  sonale  à  fleurs  vraiment  doubles  (création  si  heu- 
reusement perfectionnée  par  M.  V.  Lemoine,  de  Nancy,  vers 
1865),  les  nuances  de  ces  charmantes  fleurs  ont  peu  varié. 
C'est  toujours  le  rouge  vif  ou  le  rose .  Les  variétés  obtenues 
depuis  n'ont  produit  que  des  différences  de  tons  à  peine  sen- 
sibles, surtout  pour  les  amateurs  non  connaisseurs  et  la 
classe  en  est  nombreuse.  Donc,  l'obtention  d'un  Pelargonium 
d'une  nuance  bien  tranchée  avec  les  anciens,  et  cependant  très- 
riche  de  coloris,  ne  peut  qu'être  considérablement  appréciée 
de  tous  ceux  qui  s'occupent  d'horticullure,  à  quelque  titre  que 
ce  soit.  En  effet,  cette  nuance,  entièrement  nouvelle,  permet 
d'espérer  qu'horticulteurs  et  amateurs,  stimulés  par  ce  succès, 
chercheront  plus  ardemment  et  trouveront  encore  de  nou- 
velles variétés  comme  coloris  ;  et  qui  sait,  le  blanc  lui-même, 
le  blanc,  aussi  impossible  à  obtenir  dans  le  Pelargonium  à 
Heurs  doubles  que  l'introuvable  Dalhia  bleu,  le  blanc,  dis-je, 
va  peut-èlre  faire  tout  à  coup  son  apparition  ! 

M.  Jean  Sisley,  outre  ce  gain  remarquable,  a  obtenu  deux 
autres  variétés,  avec  tons  dégradés  exactement  dans  la  même 
nuance;  de  façon  que  si  deux  ou  trois  tons  intermédiaires  arri- 
vaient à  se  produire,  nous  aurions  une  gamme  parfaite  depuis 
le  cramoisi  le  plus  vif  jusqu'au  cramoisi  le  plus  tendre  ;  ce 
qui,  convenons- en,  serait  un  résultat  des  plus  riches  et  des 
plus  encourageants  pour  ceux  qui  s'occupent  de  la  féconda- 
tion artificielle. 

M.  Jean  Sisley  a  transmis  la  propriété  de  ces  trois  Pelargo- 
nium (dont  un  seul  pour  le  moment  est  baptisé)  à  M.  Alégatièrè, 
dans  le  lot  duquel  cette  nouveauté  a  été  présentée  à  l'exposi- 


—  346'  — 

tion  d'horticulture  du  mois  de  septembre  dernier.  M.  Aléga- 
tière  n'est  pas  un  inconnu  pour  le  monde  horticole  :  membre 
de  la  Société  impériale  d'horticulture  du  Rhône,  maintes  fois 
récompensé  aux  expositions  ;  diantologiste  remarquable,  tra- 
vailleur sérieux  et  persévérant,  il  honore  la  profession  qu'il  a 
embrassée  ;  et  j'espère  avoir  plus  d'une  fois  l'occasion  de 
parler,  dans  ce  recueil,  du  résultat  de  ses  études,  aussi  intelli- 
gentes qu'assidues. 

M.  Alégatière,  à  Montplaisir-Lyon,  compte  pouvoir  livrer  au 
commerce,  pour  le  printemps  prochain,  ces  trois  nouveaux  pe- 
largonium qui,  j'en  suis  sûr,  seront  extrêmement  recherchés. 

Henri  Beurier, 

propriétaire  à  Lyon. 


PLANTES  NOUVELLES. 

Les  nouveautés  abondent  toujours  dans  tous  les  genres. 
D'après  les  catalogues  des  obtenteurs  qui  nous  sont  parvenus, 
voici  ce  que  la  France  horticole  a  l'honneur  d'offrir,  pour  l'an- 
née 1870,  aux  amateurs  de  tous  les  pays  : 

Pelargonium  zonale.  M.  Eugène  Mézard,  à  Rueil  (Seine-et- 
Oise),  offre  à  ses  honorables  clients  :  Madame  Durenne,  irrépro- 
chable comme  plante  décorative,  et  à  fleur  rose. 

M.  Lemoine,  de  Nancy,  met  en  vente  le  père  Hyacinthe, 
genre  et  forme  du  docteur  Muret,  à  fleurs  plus  larges,  couleur 
mine  orange.  En  variétés  à  fleurs  doubles  ce  sont  :  Ma- 
dame Michel  Buchner,  rose  saumoné  vif  à  reflets  brillants,  et 
Madame  Rudolf  Abel,  d'un  rose  laque  foncé.  —  Vénus  de  Mé- 
dias est  une  variété  de  Pelargonium  à  grandes  fleurs  ;  elle  est 
supérieure  à  la  variété  Empereur  par  ses  fleurs  un  tiers  plus 
grandes,  ondulées,  blanc  mat  carné,  avec  les  pétales  supérieurs 
richement  maculés  de  cramoisi  foncé. 


—  347   — 

Delphinium  le  mastodonte  (Lemoine),  hybride  de  formosum 
et  probablement,  dit  l'obtenteur,  d'une  des  variétés  de  Yela- 
tum;  mais  ce  n'est  pas  plus  certain  que  cela.  Ses  fleurs  sont 
très-larges  (6  centim.),  du  bleu  de  YHendersoni,  avec  une  large 
mouche  blanc-jaunâtre  au  centre. 

Sedum  fabarium  purpureum.  Variété  obtenue  par  M.  Pas- 
sewaldt,  de  Charlottenbourg,  et  mise  au  commerce  par  M.  Le- 
moine. Ses  fleurs  sont  rose  pourpre,  plus  foncées  que  celles 
du  S.  telephium  rubrum. 

Clematis  lanuginosa  OttoFrœbel  (Lemoine).  Les  fleurs,  au  mo- 
ment de  leur  épanouissement,  mesurent  10  cent,  de  diamètre; 
elles  sont  de  couleur  lilas  tendre  avec  la  base  des  pétales  soufre, 
la  côte  médiane  blanc  mat  et  les  anthères  sont  brunes  ;  mais 
ces  fleurs  grandissent  et  atteignent  l'énorme  largeur  de  22  cen- 
timètres, en  passant  à  une  teinte  de  lilas  rosé  azuré.  —  Comme 
la  plupart  des  Clématites  obtenues  par  croisement,  dit  M.  Le- 
moine, cette  variété  refleurit  en  août-septembre.  Voilà  une 
nouvelle  théorie  qui  demande  à  être  développée,  et  à  être  ap- 
puyée de  nouveaux  faits. 

Deutzia  crenata  candidissima  plena  (Frœbel,  de  Zurich). 
Les  fleurs  plus  larges  que  celles  du  type,  et  plus  doubles,  sont 
du  blanc  le  plus  pur.  Cet  arbuste  se  force  très-facilement  et 
sera  en  hiver  d'une  ressource  égale  à  celle  du  Prunus  sinensis 
alba  plena. 

Weigelia  arborescenspurpurata  (Lemoine).  Hybride  du  W.  ar- 
borescens  versicolor  et  du  multicolor,  très-florifère,  à  très-grandes 
fleurs  carminé  foncé  violacé . 

Wisteria  macrobotrys  (Siebold).  Espèce  de  Glycine,  intro- 
duite du  Japon  par  feu  von  Siebold,  à  longues  grappes  de  fleurs, 
plus  longues  que  celles  de  la  Glycine  de  la  Chine  :  l'étendard 
est  large,  blanc  carné  avec  le  centre  jaune  ;  la  carène  est  bleu 
pourpré,  et  les  ailes  sont  d'un  bleu  d'outremer.  Très-belle 
plante  grimpante  de  plein  air. 


—  348  — 

Wigandia  imperialis  (Linden).  Espèce  très-vigoureuse  bien 
supérieure  aux  W.  Caracasana  et  Vigieri.  Ses  feuilles  ont  de 
lm  25  à  lm  40  de  longueur  sur  50  à  60  centim.  de  largeur; 
leur  surface  est  couverte  de  longs  poils  soyeux  reflétés  d'ar- 
gent; les  fleurs  sont  blanches  et  lilas  rosé.  Cette  espèce  peut 
atteindre,  en  plein  air,  2  mètres  en  une  végétation  d'été. 

MM.  Hubert,  de  Hyères  (Var),  annoncent,  dans  leur  dernier 
catalogue,  quelques  bonnes  plantes  nouvelles  ou  rares,  dont  ils 
possèdent  des  graines.  Nous  y  trouvons  entre  autres  : 

Adonis  Capaniana.  Espèce  de  Renonculacée  de  la  Sicile,  an- 
nuelle, à  feuillage  finement  découpé  et  à  fleurs  rouge  sang,  qui 
ont  l'avantage  de  s'ouvrir  dès  la  fin  de  l'hiver,  quand  on  a 
semé  les  graines  à  l'automne. 

Asperulasetosa,vdiY.  asurea.  Plante  annuelle  de  la  famille 
des  Caille-lait  (Rubiacées),  formant  des  touffes  compactes  de 
25  à  30  centim.  de  hauteur,  et  dont  tous  les  rameaux  se  ter- 
minent par  d'élégants  bouquets  de  fleurs  tubuleuses  du  bleu 
d'azur  le  plus  tendre.  Charmante  plante,  dit-on,  pour  la  cul- 
ture en  pots,  comme  garniture  de  fenêtres  et  ornementation  des 
appartements  et  des  petits  jardins. 

Canavalia  grand iflora  (Hubert).  Plante  grimpante  de  la  fa- 
mille des  Papilionacées,  atteignant,  à  Hyères,  jusqu'à  4  mètres 
de  hauteur,  à  grandes  feuilles  trifoliolées  et  à  fleurs  lilas  foncé 
ou  violet  clair,  de  la  grandeur  des  fleurs  de  Haricot  d'Espagne, 
et  disposées  en  longues  grappes  axillaires. 

Chamœmelum  serratifolium.  Plante  de  la  famille  des  Compo- 
sées qui  ressemble,  par  le  feuillage,  à  la  Santoline  ;  elle  est  vi- 
vace,  ligneuse,  haute  de  25  à  30  centimètres,  exhalant  une 
odeur  aromatique  ;  ses  fleurs  sont  jaunes,  en  capitules  dé- 
pourvus de  rayons.  Cette  plante  s'est  montrée  très-rustique  à 
Hyères  ;  elle  est  très-propre  à  la  culture  des  rocailles. 

Çineraria  acanthifolia.  Autre  espèce  de  Composées  qui  res- 
semble, par  l'ensemble,  au  Cinêrarïa  maritima;  maisles  feuilles 


—  349  — 

sont  autrement  découpées,    et  rappellent  les   feuilles  d'un 
Chêne. 

Clitoria  brasilietisis.  Légumineuse  grimpante,  annuelle,  s'é- 
levant  à  2  mètres,  à  fleurs  aussi  grandes  que  celles  du  Clitoria 
ternata,  mais  de  couleur  rose  lilas. 

Convolvulus  quinquefolius  de  Linné  ou  Baiatas  quinquèfolia 
de  Choisy.  Espèce  de  Volubilis  des  forêts  vierges  du  Brésil,  et 
qui  atteint  jusqu'à  10  mètres  et  plus  de  hauteur;  ses  feuilles 
sont  divisées  en  5  ou  7  lobes,  et  ses  fleurs  sont  blanc  pur.  Elle 
convient  pour  la  garniture  des  treillis  dans  les  jardins  d'hiver  ; 
elle  est  de  plein  air  dans  le  Midi. 

Ipomœa  Clausseniana.  Autre  espèce  de  Volubilis,  mais  qui  ne 
grimpe  pas  ;  c!est  une  sorte  d'arbuscule  de  50  cent,  de  hauteur 
à  feuilles  étroites,  et  à  fleurs  grandes  rose  vif,  avec  œil  pourpre 
foncé.  Très-jolie  pour  vases  d'appartements. 

Lobclia  ramosa,  var.  heterophylla  major.  Originaire  de  la 
Nouvelle-Hollande,  et  une  des  plus  jolies  variétés  de  cette  es- 
pèce, supérieure,  dit-on,  au  Lobclia  Eiïnus.  Elle  forme  des 
touffes  épaisses  de  25  à  30  centim.  de  hauteur,  et  qui  se  cou- 
vrent de  nombreuses  fleurs  du  plus  beau  bleu  avec  une  petite 
macule  jaune  pâle  au  fond  de  la  corolle. 

Lathyrus  Turneri.  Variété  très-probablement  du  Pois  de  sen- 
teur vivace  {Lathyrus  latifolia)  ;  elle  en  diffère  par  la  couleur 
blanc  rosé  de  ses  fleurs,  dont  l'étendard  ,est  marqué  d'une 
tache  rouge  ou  rose  vif  au  centre. 

Lophanthus  anisaius.  Plante  vivace  de  la  famille  des  Sauges 
(Labiées),  qu'on  croit  originaire  de  la  Nouvelle-Hollande,  et 
qui  exhale  une  odeur  très-prononcée  d'anis  ;  elle  n'est  pas  in- 
téressante autrement. 

Maurandia  atroviolacea.  Charmante  et  élégante  plante  grim- 
pante de  la  famille  des  Scrophularinées,  voisine  de  l'ancienne 
espèce  (M.  Barcklayana),  et  peut-être  simple  variété  ;  les  fleurs 
en  sont  au  moins  un  tiers  plus  grandes,  et  elles  en  diffèrent 


—  350  — 

surtout  par  la  couleur  bleu  violet  foncé  qui  est  presque  noir 
sur  le  contour  delà  corolle. 

Rosiers. 

M.  Gautreau  père,  à  Brie-Comte-Robert,  livre  cet  au- 
tomne au  commerce  :  Madame  Forcade  la  Roquette,  à  fleurs 
rouge  groseille  :  Souvenir  du  prince  royal  de  Belgique,  rouge 
ponceau  à  reflets  veloutés  très-foncés  ;  Exposition  du  Havre, 
rose  carminé  ;  Madame  la  générale  Decaen,  rose  vif  au  centre 
et  rose  carné  dans  le  pourtour. 

M.  Guillot  fils,  chemin  des  Pins  à  la  Guillotière-Lyon,  an- 
nonce Catherine  Mermet,  thé  à  fleur  beau,  rose  tendre;  Ma- 
dame Cœlina  Noirey,  thé  rose  tendre  saumoné  à  revers  rouge 
pourpre  ;  Madame  Hippolyte  Jamain,  thé  blanc  pur  à  centre 
jaune  cuivré;  Unique,  thé  fond  blanc  largement  bordé  de  rose 
pourpre  très-vif;  Madame  Eugene'Verdier,  hybride  remontant, 
à  fleur  rose  chair  reflété  de  blanc. 

M.  Granger,  à  Suisnes,  près  Brie-Comte-Robert,  annonce 
Madame  Laurent,  hybride  rouge  cerise  vif,  et  Comte  de  Ri- 
baucourt,  hybride  rouge  foncé  cramoisi  vif. 

M.  Faudon,  àSaint-Didier-au-Mont-d'Or,  près  Lyon  :  Ma- 
dame Richer,  hybride  rose  foncé  ;  Hippolyte  Jamain,  rose. 

M.  Eug.  Verdier,  3,  rue  Dunois,  Paris,  annonce  les  hybrides 
suivants  :  Auguste  Neumann,  ponceau  brillant,  nuancé  de  feu 
et  de  violet  ;  Ferdinand  Lesseps,  rouge  pourpre  nuancé  de  vio- 
let*; Général  Grant,  écarlate  fortement  ombré  de  cramoisi  foncé 
vif;  leîia  Tumer,  rouge  cerise  vif,  parfois  nuancé  ardoisé;  Louisa 
Wood,  rose  vif;  Susanna  Wood,  beau  rose  très-frais;  Thomas 
Melhven,  carmin  brillant. 

M.  Ducher,  de  Lyon,  en  annonce  10  variétés,  dont  on  trou- 
vera la  description  sur  la  couverture  de  notre  dernier  numéro. 

M.  Guillot  père,  rue  du  Repos,  à  la  Guillotière  :  Comtesse 
d'Oxford,  hybride  rouge  carmin  vif  nuancé;  Elisa  Boette;  hy- 


—  351   — 

bride  blanc  légèrement  rosé,  passant  au  blanc;  Louis  van 
Houtte  (Lacharme),  forme  de  cent-feuilles  rouge  feu  amarante, 
bordé  de  cramoisi  noir  et  bleuâtre,  en  forme  d' arc-en-ciel. 
Celte  variété  a  donné  lieu  à  un  acte  d'une  rare  probité,  que 
nous  sommes  heureux  d'enregistrer.  En  septembre  dernier,  à 
l'Exposition  d'horticulture,  le  jury  décernait  un  premier  prix  à 
une  rose  de  M.  Guillot  père.  Cet  honorable  semeur  ayant  en- 
tendu dire  que  M.  Lacharme  en  avait  une  en  tout  semblable 
de  coloris,  compara  les  deux  gains,  et  ayant  reconnu  que  celui 
de  M.  Lacharme  était  supérieur,  il  supprime  le  sien,  qui  cepen- 
dant a  été  primé,  pour  annoncer  et  vendre  à  sa  place  la  variété 
de  son  concurrent  qui  est  \aRose  Louis  van  Houlte.  Cette  con- 
duite de  M.  Guillot  père  se  passe  de  commentaire. 

Ern.  Bonard. 


CATALOGUES  D'HORTICULTURE  POUR  1869-1870. 

Bull  (William),  à  Chdsea  (Angleterre).  Catalogue  des  plus  belles  plantes  nou- 
velles et  iares.  . 

C'haté,  9,  rue  Sentier  Saint-Anloine,   Paris.  Catalogue  des  plantes  nouvelles  ; 
liegonia,  Canna,  Pelargonium,  Héliotrope,  Pétunia,  Verveines,  Phlox,  etc. 

Dclépine    aîné,   à  Angers.  Catalogue  des  arbres  fruitiers,   forestiers  et  d'or- 
nement. 

Groenewejjeu  et  compagnie,  à  Amsterdam  (Hollande).   Catalogue  d'oignons  à 
fleurs  de  Harlem  :  Jacinthes,  Tulipes,  etc. 

Hubert  frères,  à  Hyères  (Var).  Catalogue  général  de  graines  de  fleurs,  arbres 
et  arbustes  d'ornement  (voir  article  Plantes  nouvelles,  page  348). 

liebœuf,  à  Argenteuil.  Catalogue  général  des  Asperges,  Fraisiers,  Vignes  et 
arbres  fruitiers. 

Linden.  Etablissement  Ambroise  Verschaffelt,  à  Gand.  Supplément  et  ex- 
traits des  catalogues  généraux:  nouveautés,  etc. 

Mézard,  à  Rueil  (Seine-et-Oise).  Catalogue  de  Pelargonium  zonale. 

Rendatler,  à  Nancy.  Supplément  de  plantes  rares  et  nouvelles. 
•  Verdier  (Charles),  12,   rue  Duméril,  Paris.   Catalogue,  prix  courant  des  Gla- 
diolus  et  autres  bulbes;  Glaïeuls  nouveaux. 

Vilmoriu-Andrieux  et  compagnie,  4,  quai  de  la  Mégisserie,  Paris.  Cata- 
logue raisonné,  méthodique  et  analytique  des  céréales,  plantes  industrielles, 
fourragères  et  économiques.  Prix:  <1    fr.  50,  broché. 


ravauK  du  mois  de  Décembre. 


Il  est  essentiel  de  labourer  grossièrement  les  terres  fortes  et  argileuses,  afin  que  la 
gelée,  pénétrant  les  grosses  mottes ,  les  défrite  facilement  au  moment  des  dégels  ; 
on  doit  aussi  commencer  à  enterrer  les  engrais  et  fumiers. 

Potager.  Il  faut  avoir  soin  de  surveiller  les  plantes  qui  ont  besoin  d'être  couvertes  pen- 
dant les  gelées,  telles  que  les  Artichauts,  Céleris,  etc.;  écarter  la  couverture  quand  le 
temps  est  doux  ou  pluvieux.  On  repique  sur  couches  et  sous  duchés  ou  sous  châssis,  les 
plants  de  Concombres  semés  en  novembre,  ainsi  que  les  Laitues  crêpe  et  gotte,  Romaine, 
Choux-fleurs.  On  y  sème  la  laitue  à  couper,  les  Radis,  Laitues  et  Romaines  pour  faire 
pommer,  Carottes  de  Hollande,  Haricots  de  Hollande,  Pois  hâtifs,  Poireaux,  des  Con- 
combres et  des  Melons  en  pots,  pour.les  mettre  trois  semaines  plus  tard  sur  une  autre 
couche  neuve.  On  force  les  Asperges  plantées  en  pleine  terre,  et  on  en  prépare  sur  cou- 
ches. Toutes  ces  cultures  doivent  être  soigneusement  garanties  des  gelées. 

»  Jardin  fruitier.  Commencer  la  taille  des  vieux  arbres  chétifs:  Planter  toutes  les  fois 
qu'il  ne  gèle  pas  et  que  la  terre  sera  bien  meuble. 

Jardin  d'ornement.  Plantations  de  plantes  vivaces  toutes  les  fois  que  le  temps  le  per- 
met, défoncement,  labours. 

Serre.  Entretenir  une  température  de  40  a  20  degrés  dans  les  serres  chaudes,  et 
renouveler  l'air  autant  que  faire  se  peut  ;  arroser  les  plantes  qui  poussent,  et  très-peu 
celles  qui  restent  en  inaction  ;  déterminer  une  certaine  vapeur  par  le  seringage  ou 
l'airosement  des  sentiers,  pour  éviter  l'étiolement  des  plantes  en  végétation  ;  cette  opé- 
ration doit  se  faire  le  matin. 

Les  serres  à  forcer  exigent  une  température  aussi  élevée  que  celle  de  la  serre  chaude, 
mais  plus  régulière  ;  il  faut  consulter  souvent  les  thermomètres  placés  au  dehors  et 
au  dedans,  et  prévenir,  autant  que  possible,  les  variations  dans  la  chaleur.  Elles  doivent 
être  garnies  de  fraisiers  et  autres  plantes  qu'on  veut  forcer. 

La  serre  tempérée  et  l'orangerie  n'exigent  que  peu  de  soins:  veiller  seulement  à  ce 
que  la  température  ne  descende  pas  au-dessous  de  0° ,  chasser  l'humidité  et  renou- 
veler l'air  toutes  les  fois  que  la  température  extérieure  le  permet.  I!  faut  peu  arroser  les 
plantes  qui  ont  besoin  de  repos  pendant  tout  Phiver;  on  ne  doit  leur  donner  de  l'eau 
que  pour  empêcher  les  feuilles  de  se  dessécher;  ceci  s'entend  particulièrement  des  Pe- 
largonium  ;  toutes  les  plantes  grasses,  Grenadiers,  Lauriers-Roses,  Orangers,  n'ont  pas 
besoin  d'eau. 

Appartements.  La  plupart  des  plantes  qu'on  achète  en  fleurs  pendant  ce  m<  is,  sont 
le  produit  de  la  culture  forcée  ;  il  est  bien  difficile  de  les  conserver  longtemps  dans  les 
appartements,  car  ce  passage  brusque  d'une  température  humide  et  élevée  est  un  coup 
presque  mortel.  On  parvient  à  les  conserver  quelque  temps  encore,  en  les  plaçant 
dans  une  pièce  bien  chauffée;  le  plus  possible  de  lumière;  on  leur  donnera  un 
peu  d'air  vers  le  milieu  de  la  journée,  si  le  temps  le  permet.  Les  arroser  avec  soin 
toutes  les  fois  que  la  terre  commence  à  se  sécher ,  et  laver  ou  asperger  les  feuilles 
pour  enlever  la  poussière  qui  ne  manque  pas  de  s'y  attacher;  l'eau  doit  être  à  peu  prés 
au  même  degré  de  température  que  la  pièce  où  sont  les  plantes. 


Paris.—  Imprimerie  horticole  de  E.  Donsaud,  rue  Cassette,  9. 


LE  NUMÉROTAGE  AU  PLOMB 

a  fait  son  temps  ! 


Le  plomb  coûte  cher,  le  numérotage  est  lent,  et  les  numéros  peu  visibles  (il  arrive  souvent 
[ue  Ton  confond  le  3  avec  le  5). 


LE  NUMÉROTAGE  AU  ZINC 

doit  prévaloir  ! 


Le  zinc  coûte  peu,  le  numérotage  se  fait  à  la  plume  (c'est-à-dire  dix  fois  plus  vite),  avec 
Encre  à  écrire  sur  le  zinc,  composée  par  M.  Dufour,  chimiste-photographe  à  Dijon 
iôte-d'Or).  Prix  du  flacon  :  \  fr. 

Cette  encre  n'épaissit  pas,  s'emploie  jusqu'à  la  dernière  goutte  ;  sa  couleur  est  à  peu  près 
;lle  du  rhum;  aussitôt  son  contact  avec  le  zinc  produit  une  écriture  du  plus  beau  noir. 

Conditions  convenables  (c'est-à-dire  sur  du  zinc  propre)  attaché  à  un  arbre. 


DURERA  PLUS  DE  30  ANS  ! 

Comme  il  n'y  a  encore  que  trois  ans  que  cette  encre  a  été  inventée,  on  pourrait  douter 
une  aussi  longue  durée. 

Fh  bien  !  pour  vous  convaincre  que  la  probabilité  d'une  durée  de  30  ans  n'a  rien  d'exagéré, 
ites  l'expérience  suivante  qui  vous  démontrera  jusqu'à  quel  point  est  grande  son  affinité 
mr  le  zinc. 

Expérience  :  Prenez  une  lame  de  zinc  bien  propre  —  écrivez  avec  l'encre  en  question 
-  et,  quelques  seondes  après  avoir  écrit  —  sans  attendre  que  l'écriture  soit  sèche  —  trempez 
coin  d'un  chiffon  dans  un  verre  d'eau  et  passez  sur  l'écriture,  opérez  comme  si  vous  vouliez 
facer  ce  que  vous  venez  d'écrire,  et  vous  verrez  si  cela  s'efface!... 


AVIS  AUX  MARCHANDS. 

M.  Dufour,  dont  le  genre  d'affaires  n'a  aucun  rapport  avec  l'exploitation  d'un  produit 
sentiellement  horticole,  désirerait  trouver  un  acquéreur  pour  l'exploitation  en  toute  pro- 
jeté de  l'Encre  à  écrire  sur  le  zinc. 

La  fabrication  est  des  olus  faciles.  Pour  tous  renseignements,  s'adresser  à  M.  Dufour,  à  Dijon. 


VIENT  DE  PARAITRE  A  LA  LIBRAIRIE  DE  E.  DONNAUD. 

9,    RUE   CASSETTE,   9. 

ANNÉE    1870. 

NOUVEAU  JARDINIER 

ILLUSTR É 

BÉDIGÉ   FAR 

MM.  F.  HERINCQ 
ALPH.  LAVALLÉE  —  L.  NEUMANN  —  B-  UERLOT  —  CELS  —  COURTOIS- 
GÉRARD  —  J-B.    VERLOT  —  PAUARD  —    BUREL 
Arec  pins  de  300  dessins  intercalés  dans  le  texte, 

DE 

MM.  COURTIN,  FAGUET,    MA"BERT   ET    RIOCREUX 

IM8  JÉSUS  DE  PLUS  DE  1,800  •        R.         .  C1RT.:  8  Fr.  BEL.:  9  Fr. 


VIENT  DE  PAR^.TRE  : 


GUIDE 

POUR  RECONNAITRE  LES  CHAMPIGNONS 

COMESTIBLES  ET  VÉNÉNEUX 

DU  PAYS  DE  FRANCE 

PAR 

KRŒNISHFRANCK 

BOTANISTE 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures  coloriées.—  Prix,  broché  :  5  fr. 

L'ORTIE 

SES    PROPRIÉTÉS    ALIMENTAIRES 

MÉDICALES,  AGRICOLES  ET  INDUSTRIELLES 

PAR 

Arthur  ELOFFE 

Un  joli  volume  in-32  colombier,  avec  gravures.  —  Prix,  broché  :  \  fr.  50. 


MÉDAILLE   D'ARGENT  A   L'EXPOSITION    UNIVERSELLE   DE   1867 

50    MÉDAILLES 

aux  Expositions  de  Paris  et  de  la  Province, 

CULTURE    SPÉCIALE 

de  Ferdinand  GLOEDE,  horticulteur,  à  Beauvais  (Oise) 


SOMMAIRE  DES  ARUCLtS  CONTKNIS  DANS   CE  NUMÉRO. 

F.  Herinco,  Chronique.  —  0.  Lescuyer,  Canicllia  Contpfsa  Tozzoni  (PI.  XII).  —  Eue. 
de  Martracny,  de  la  taille  des  Magnolia.  —  A.  de  Talod,  Kevne  des  Journaux 
étranger*  :  Botanical  Magazine.  —  X...  Petites  nouvelles  :  multiplication  des 
Pelargonium  ;  destruction  des  Courtilières  ;  fécondation  des  Palmiers.  —  J.  Besnard,  Bec 
brl»e-jet  dp  M.  Raveneau  pour  seringue,  pompe  et  arrosoir. 


CHRONIQUE 

LE  DICTIONNAIRE  DE  POMOLOGIE,  par  M.  André  Leroy. 

Si,  à  l'époque  où  Linné  réformait  la  nomenclature  bota- 
nique, la  pomologie  était,  pour  le  grand  naturaliste,  «  indigne 
de  l'attention  du  plus  modesle  botaniste,  »  il  n'en  est  plus 
ainsi  aujourd'hui,  et  l'illustre  savant  suédois  modifierait  très- 
probablement  son  opinion  sur  cette  branche  de  l'horticul- 
ture, comme  le  fait  remarquer  M.  A.  Leroy,  en  rencontrant 
au  premier  rang  des  pomologues  l'auteur  du  Jardin  fruitier 
du  Muséum,  M.  Decaisne,  professeur  de  culture  au  jardin  des 
Plantes  de  Paris  et  membre  de  l'Académie  des  sciences. 

Pendant  longtemps  l'arboriculture  fruitière  a  été,  en  effet, 
tort  négligée,  et  jusqu'au  milieu  de  ce  siècle  il  est  peu  de 
savants  qui  se  soient  occupés  sérieusement  de  pomologie. 

Le  premier  ouvrage  pomologique  publié  en  France  date  de 
1667,  et  est  dû  à  Jean  Merlet,  écuyer  du  Roi.  Ce  livre,  très- 
estimé,  et  qui  eut  trois  éditions  du  vivant  de  son  auteur,  con- 
tient la  description  de  20  espèces  de  fruits  comprenant  ei 
tout  481-  variétés,  parmi  lesquelles  on  trouve  15  Cerisiers, 
19  Figuiers,  49  Vignes,  69  Pruniers,  51  Pommiers,  187  Poi- 
riers et  49  Pêchers. 

De  la  Quintinye,  chargé  de  satisfaire  le  goût  du  grand  Roi, 
publia  en  1690  ses  Instructions  pour  les  jardins  fruitiers  et  po- 
tagers, dans  lesquelles  il  décrivit  un  choix  des  principales  es- 
Décembre  I8f>9.  tM 


—  354  — 

pèces  de  fruits  :  3  Abricotiers,  6  Cerisiers,  13  Figuiers.  30  Pê- 
chers, 67  Poiriers,  23  Pommiers,  6  Pruniers  et  5  Vignes.  Le 
nombre,  comme  on  voit,  est  considérablement  réduit,  surtout 
si  l'on  se  reporte  au  simple  Catalogue  de  fruits  de  Claude 
Etienne,  qui  mentionne  700  variétés  de  Poires,  et  200  variétés 
de  Pêches. 

Duhamel  de  Monceau,  dans  son  Traité  des  arbres  fruitiers 
publié  en  1768,  ne  fait  encore  qu'un  choix  des  meilleures  va- 
riétés de  fruits  de  table,  ce  qui  réduit  la  totalité  des  variétés 
qu'il  décrit  au  chiffre  de  557,  dont  119  Poiriers,  43  Pêchers, 
41  Pommiers,  48  Pruniers,  34  Cerisiers,  17  Fraisiers,  etc.  Ce 
Traité  de  Duhamel,  est  le  premier  ouvrage  de  pomologie  qui 
ait  reproduit  la  figure  coloriée  des  fruits  ;  et  par  cela  même,  il 
s'est  trouvé  inaccessible  à  la  majorité  de  pomiculteurs. 

Le  Traité  des  jardins  ou  le  Nouveau  la  Quintinye  de  l'abbé 
Le  Berryas,  publié  en  1785,  n'est  pas  encore  un  Traité  complet 
de  pomologie,  il  s'en  faut  de  beaucoup  ;  car  il  ne  décrit  en 
tout  que  281  variétés  de  fruits,  dont  45  Cerisiers,  et  seulement 
91  Poiriers,  etc. 

Le  Jardin  fruitier  de  Louis  Noisette,  qui  a  paru  en  1821, 
est  plus  riche;  il  comprend  20  espèces  de  fruiis  et  696  va- 
riétés, dans  lesquelles  les  Poires  figurent  pour  le  chiifre  de  238  ; 
les  Groseilliers  à  maquereau,  35;  les  Pêchers,  63;  les  Ceri- 
siers, 54;  les  Abricotiers,  19,  etc. 

Enfin  parut,  en  1846,  la  Pomologie  française  de  Poiteau,  ou- 
vrage aussi  artistique  que  savant,  dans  lequel  sont  splendide- 
ment figurées  en  couleur  397  variétés  de  fruits  comestibles  ap- 
partenant à  20  espèces,  et  parmi  lesquelles  se  trouvent  96  va- 
riétés nouvelles,  ou  desquelles  aucun  auteur  n'avait  jusqu'alors 
parlé.  Encore  ici  nous  n'avons  qu'un  ouvrage  très-incom- 
plet, puisqu'il  ne  mentionne  que  107  Poiriers,  57  Pom- 
miers, 39  Pêchers,  49  Pruniers,  etc. 

Tel  était  l'état  de    la  bibliothèque  pomologique,    quand 


—  355  — 

M.  Decaisne  entreprit  la  publication  du  Jardin  fruitier  du  Mu- 
séum. Jusque-là,  tous  les  auteurs  qui  l'ont  précédé  se  sont 
bornés  à  décrire  les  fruits,  sans  chercher  à  rapporter  les  va- 
riétés   à    leurs  types    spécifiques  ;'   c'est-à-dire    qu'il  n'y  a 
rien  de  scientifique  dans  leur  œuvre.  En  entreprenant  son 
Jardin  fruitier,  M.  Decaisne  voulut  donner  à  son  livre  ce  ca- 
chet qui  manque  à  ceux  de  ses  prédécesseurs.  D'après  ses 
études  pour  ainsi  dire  préparatoires,  il  avait  cru  à  la  possibi- 
lité de  classer  scientifiquement  toutes  les  variétés  d'une  même 
espèce,  et  c'est  ce  qui  l'a  décidé  à  entreprendre  cet  ouvrage. 
Mais  bientôt,  entouré  de  milliers  de  variétés  à  peine  distinctes 
les  unes  des  autres,  il  reconnut  l'impossibilité  d'établir  une 
classification  scientifique  rationnelle  ;  il  se  contenta  de  pu- 
blier la  figure  coloriée,  avec  la  description,  l'historique ,   la 
synonymie  de  chaque  variété,  et  le  tout,  personne  ne  peut  le 
contester,  est  traité  de  main  de  maître.  Malheureusement  ici  en  - 
core,  le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ne  sera  jamais  un  livre  com- 
plet de  pomologie;  l'auteur  n'a  pas,  parait-il,  l'intention  de 
figurer  toutes  les  variétés  de  chaque  genre;  ensuite,  l'exacti- 
tude et  le  luxe  avec  lesquels  les  figures  sont  exécutées,  élèvent 
le  prix  à  un  chiffre  qui  ne  permet  qu'aux  heureux  de  la  terre 
d'en  devenir  acquéreurs  ;  mais  ce  sera  toujours  le  plus  pré- 
cieux  monument  élevé  à  la  science  pomologique,  et  auprès 
duquel  toutes  les  autres  publications  modernes,  de  ce  genre, 
ne  sont  que  de  pauvres  et  tristes  chaumières  démantelées. 

C'est  en  présence  de  cet  inventaire  des  publications  pomo- 
logiques  que  M.  André  Leroy,  d'Angers,  dont  le  nom  univer- 
sellement connu  nous  dispense  de  faire  la  biographie,  a  entre- 
pris, à  son  tour,  la  publication  d'un  ouvrage  comprenant  tous  les 
fruits  présentement  connus,  et  qui  —  chose  indispensable  — 
puisse  devenir,  par  la  modicité  de  son  prix,  accessible  au 
simple  jardinier,  <c  Répandre  à  profusion,  dit-il  dans  sa  pré- 
face, populariser  la  description  et  l'histoire  des  fruits,   c'est 


—  356  — 

l'unique  moyen  de  débarrasser  la  pomologie  d'une  plaie  dont 
elle  souffre  cruellement,  depuis  un  demi-siècle  surtout,  de  ces 
milliers  de  synonymes,  produits  de  l'ignorance  ou  de  l'erreur, 
et  quelquefois  aussi,  malheureusement,  du  plus  blâmable  es- 
prit de  mercantilisme.  » 

Placé,  depuis  cinquante  ans,  à  la  tête  des  plus  riches  pépi- 
nières de  l'Anjou,  qui  depuis  1698  appartiennent  à  sa  famille, 
M.  André  Leroy  s'est  trouvé  mieux  que  personne  en  position 
de  réunir  les  éléments  nécessaires  à  l'exécution  de  ce  projet. 
Son  Dictionnaire  de  pomologie,  en  cours  de  publication,  et  dont 
les  deux  volumes  sur  les  Poires  viennent  de  paraître,  est  le 
résultat  de  près  de  40  années  d'études  et  d'observations.  Com- 
prenant que  les  collections  sont  d'une  extrême  utilité  pour  un 
travail  de  ce  genre,  qu'elles  permettent  d'étudier  comparati- 
vement les  objets  de  même  nature,  et  de  reconnaître  les  er- 
reurs, M.  André  Leroy  s'est  appliqué  dès  J  830  —  époque  à  la- 
quelle il  conçut  le  projet  qu'il  exécute  aujourd'hui  —  à  ras- 
sembler, dans  ses  pépinières,  toutes  les  espèces  et  variétés  an- 
ciennes et  modernes  de  fruits  comestibles  ;  et  c'est  ainsi  qu'il 
possède,  actuellement,  une  collection  de  près  de  trois  mille 
variétés  fruitières,  qui  lui  permet  d'étudier  et  de  comparer 
toutes  les  nouveautés,  d'en  connaître  la  valeur,  de  pouvoir 
faire  la  description  de  l'arbre  et  du  fruit  d'après  nature,  et  de 
choisir,  pour  la  silhouette  qu'il  donne  de  chacun  de  ses  der- 
niers, la  forme  la  plus  générale.  Quant  à  la  partie  historique 
et  synonymique,  la  fortune  de  M.  André  Leroy  luia  permis  de 
se  procurer  la  presque  totalité  des  ouvrages  de  pomologie, 
publiés  dans  tous  les  pays,  depuis  la  fin  du XV9  siècle  ;  de  faire 
traduire  les  livres  en  langues  étrangères,  et  de  faire  copier  des 
manuscrits  dans  les  bibliothèques  publiques  ou  particulières. 
Sous  ce  rapport  encore,  l'auteur  possède  de  nombreux  et  pré- 
cieux matériaux.  On  comprend  que  dans  ces  conditions  l'au- 
teur ne  peut  que  faire  un  excellent  et  utile  ouvrage. 


—  357  — 

Le  Dictionnaire  de  pomologie  comprendra  5  volumes  :  les 
2  premiers  sont  consacrés  aux  Poires;  ils  sont  parus  et  con- 
tiennent 91  o  variétés.  Le  tome  3,  consacré  aux  Pommes,  est 
sous  presse  ;  le  4e  réunira  tous  les  fruits  à  noyau,  et  le  5e  les 
Raisins  et  fruits  divers. 

Dans  chaque  genre  de  fruits,  la  description  des  variétés  et 
les  noms  synonymes  sont  placés  alphabétiquement,  ce  qui 
permet  de  trouver  très -facilement  ce  qu'on  cherche.  Ainsi,  par 
exemple,  on  veut  savoir  ce  que  c'est  que  la  Poire  Bassin  ;  on 
cherche  dans  les  volumes  des  Poires,  à  la  lettre  B,  le  mot  Bas- 
sin, et  là  on  apprend  que  c'est  un  «  synonyme  de  Poire  Bel- 
lissime  d'été,  »  de  Duhamel.  On  va  alors  à  ce  nom,  et  c'est 
là  qu'on  trouve  :  la  description  de  l'arbre  ;  son  degré  de 
fertilité;  sa  culture;  la  description  et  la  ligure  du  fruit;  l'é- 
poque de  sa  maturité,  sa  qualité,  et  enfin  l'historique. 

Comme  Duhamel,  comme  Poiteau,  comme  M.  Decaisne, 
M.  André  Leroy  reconnaît  les  inconvénients  de  certains  termes 
employés  dans  la  nomenclature  des  fruits,  tels  par  exemple 
les  mots  Bergamote,  Beurré,  Doyenné,  pour  les  Poires;  Cal- 
ville et  Reinette  pour  les  Pommes;  Damas,  Reine-Claude,  pour 
les  Prunes.  c<  La  disparition  de  ces  noms  est  désirable  sans 
doute,  dit-il,  mais  peut-être  serait-il  inopportun,  aussi,  de  les 
rayer  soudain  et  systématiquement  des  catalogues  et  des  po- 
mologies.  »  Il  se  refuse  donc  de  porter  la  main  sur  cette  no- 
menclature routinière  ;  il  conserve  les  Beurrés,  le  Bon-Chré- 
tien, etc.,  mais  il  souhaite  ardemment  —  et  la  chose  est 
urgente,  dit-il  —  qu'à  l'avenir  aucun  horticulteur,  aucune 
société  d'horticulture  n'attache  au  nom  d'un  fruit  l'un  de  ces 
termes.,  prétendus  génériques,  dont  on  a  fait  jusqu'ici  l'abus 
que  chacun  sait.  » 

L'auteur  du  Dictionnaire  pomologique  a  compris  toute  l'im- 
portance- toute  futilité  de  la  synonymie;  il  la  donne  au^si 
complète  que  possible ^  et  c'est  curieux  de  voir  des  Poires  ali'u- 


.„.  358  — 

blées  de  20  et  25  noms;  nous  avons  remarqué  que  ce  sont 
toujours  les  meilleures.  Une  longue  synonymie  pourrait  donc 
servir,  à  la  rigueur,  à  désigner  les  fruits  de  première  qualité. 

€  Jaloux  de  mettre,  par  son  prix  modéré,  dit  M.  André  Le- 
roy, cet  ouvrage  à  la  portée  de  chacun,  il  n'a  pas  été  possible 
de  faire  colorier  la  figure  des  fruits  qui  y  sont  décrits;  mais  si 
l'œil  en  est  moins  flatté,  l'exactitude  de  la  reproduction  n'en 
reçoit  aucune  atteinte.  La  nature,  en  effet,  se  plaît  trop  à  di- 
versifier tes  couleurs,  les  nuances,  les  tons,  pour  que  jamais 
tous  les  fruits  d'un  même  arbre  apparaissent  avec  un  coloris, 
une  diaprure  complètement  identiques.  Tous  les  fruits  du  Dic- 
tionnaire de  pomologie  sont  représentés  de  grandeur  naturelle 
et  avec  une  variété  de  dessin  ne  laissant  rien  à  désirer.  Pour 
l'obtenir,  en  effet,  on  a  coupé  le  fruit  longitudinalement  en 
deux,  et  c'est  à  l'aide  d'une  de  ces  moitiés  appliquées  sur  le 
papier  que  les  contours  ont  été  tracés. 

Quant  à  la  partie  historique,  c'est  en  recherchant  minutieu- 
sement, dans  les  recueils  spéciaux  et  dans  les  bulletins  des  so- 
ciétés d'horticulture,  que  M.  André  Leroy  est  parvenu  à  dres- 
ser une  sorte  d'état  civil  d'une  assez  grande  quantité  de  Poires 
modernes  ;  car  pour  les  fruits  anciens,  on  est  dans  la  plus 
complète  ignorance  au  sujet  de  leur  origine. 

Les  deux  premiers  volumes  qui  viennent  de  paraître  sont 
consacrés,  comme  nous  l'avons  dit,  au  genre  Poirier.  Ils  com- 
prennent l'histoire  de  ce  genre,  depuis  les  temps  les  plus  re- 
culés ;  les  variétés  cultivées  chez  les  Grecs  et  les  Romains  ;  celles 
cultivées  en  France  depuis  Gharlemagne,  et  enfin  la  descrip- 
tion et  la  figure  au  trait  de  915  variétés  de  Poires. 

Après  l'avoir  examiné  attentivement,  nous  ne  pouvons  que 
le  recommander.  C'est  une  œuvre  parfaite,  que  tout  jardinier, 
que  tout  amateur  qui  veut  connaître  les  fruits  doit  posséder. 
Mais,  nous  devons  le  dire,  ce  livre, n'est  pas  un  livre  d'arbori- 
culture; on  y  chercherait  en  vain  des  principes  de  taille  et 


—  359  — 

d'organisation  de  jardin  fruitier.  L'auteur  le  dit  lui  même  :  «.  de 
tels  sujets  sont  du  ressort  des  Traités  de  jardinage.  3>  Mais  pour 
tout  ce  qui  regarde  la  connaissance  et  l'étude  des  fruits,  rien 
n'a  été  négligé;  M.  André  Leroy  a  parfaitement  atteint  le  but 
qu'il  s'est  proposé.  lia  réussi  à  faire  un  excellent  livre  aussi 
complet  que  possible,  à  la  portée  de  toutes  les  intelligences  et 
de  toutes  les  bourses  :  1 0  fr.  le  volume. 

F.  Herincq. 


CAMELLIA  CONTESSA  TOZZONI  (PL  XII). 

Cette  variété  est  une  nouveauté  d'origine  italienne,  comme 
à  peu  près  toutes  les  nouvelles  nouveautés  de  Camellia;  car  ce 
n'est  plus  guère  qu'en  Italie,  où  ce  merveilleux  arbuste  s'est 
réfugié,  qu'il  trouve  encore  des  admirateurs  et  des  propaga- 
teurs. 

Le  Camellia  Contessa  Tozzoni  est  un  protégé  du  grand  pro- 
tecteur des  Camellias,  de  M.  Ambroise  Verschaffelt  de  Gand  ; 
et  ce  n'est  qu'après  avoir  été  expérimenté  pendant  plusieurs 
années  dans  ce  bel  établissement  de  la  Belgique,  qu'il  a  été  li- 
vré à  la  consommation  horticole.  Il  réunit  toutes  les  qualités 
exigées  d'un  bon  Camellia.  Ses  fleurs  roses,  de  10  centimètres 
de  diamètre,  sont  composées  de  pétales  peu  nombreux,  mais 
très-larges,  arrondis,  à  peine  échancrés  au  sommet,  très-régu- 
lièrement imbriqués,  d'une  belle  couleur  rose  vif  à  la  base, 
se  dégradant  insensiblement  jusqu'aux  bords,  qui  sont  d'un 
blanc  presque  pur. 

C'est  une  variété  très-coquette  par  la  couleur  même  de  ses 
fleurs,  qui,  en  outre,  n'ont  pas  cette  plénitude  froide  des  im- 
bricata  à  fleurs  très -denses . 

0.  Lescuyer. 


—  360  — 

DE  LA  TAILLE  DES  MAGNOLIA. 

Il  est  rare  de  voir  de  beaux  Magnolia  dans  les  jardins,  en 
dehors  du  bassin  de  la  Loire,  et  notamment  de  Nantes  et  d'An- 
gers. La  cause  en  est  très-simple;  c'est  qu'on  s'imagine  que  ce 
grand  arbuste  doit  venir  naturellement  comme  le  marronnier 
ou  le  platane,  et  qu'il  suffit  simplement  de  le  planter  sans 
plus  jamais  s'inquiéter  de  lui.  Sans  doute  les  Magnolia  peu- 
vent venir  et  pousser  ainsi  ;  mais  alors  on  ne  possède  que  des 
individus  dégingandés,  à  branches  grêles  à  peu  près  dénudées 
de  feuilles. 

Voir,  comme  exemple,  les  deux  Magnolia  grandiflora  du 
Jardin  des  Plantes  de  Paris,  situés  au  pied  du  labyrinthe,  dans 
l'angle  postérieur  des  grandes  serres,  et  ceux  de  toutes  les 
promenades  publiques  de  la  capitale. 

Si  Angers  et  Nantes  possèdent  de  si  beaux  Magnolia,  c'est 
que  là  ils  sont  soumis  à  la  taille  raisonnée.  Tous  les  deux  ou 
trois  ans,  on  rabat  les  nouveaux  rameaux  sur  le  troisième  ou  le 
quatrième  œil,  suivant  la  vigueur  du  sujet.  Tous  les  yeux  se 
développent  alors  et  la  cime  se  trouve  superbement  garnie. 

Mais  cette  taille  doit  être  faite  en  dedans  ou  en  dehors,  sui- 
vant qu'on  veut  obtenir  de  larges  cimes  arrondies,  ou  des  ci- 
mes allongées  coniques.  Dans  le  premier  cas3  on  taille  en  de- 
dans, c'est-à-dire  sur  un  œil  placé  en  dehors  ;  dans  le  second 
cas,  la  taille  est  faite  en  dehors  sur  un  œil  placé  du  côté  du 
tronc.  De  cette  manière,  on  obtient  une  cime  très-ramifiée, 
très-serrée,  et  naturellement  très-florifère. 

Eugène  de  Martkagny. 


—  361   — 

REVUE  DES  JOURNAUX  ÉTRANGERS. 

Botanical  Magazine. 

Cereus  lividus  (PI.  5775).  Cette  Cactée  qu'on  rencontre  dans 
les  collections  horticoles  sous  les  noms  de  Cereas  Perottetii, 
lœtevirens,  lividus  glaucior,  eœerens  et  retrofleoous,  a  la  tige 
dressée,  généralement  simple,  d'un  vert  plombé,  composée  de 
longs  articles  relevés  de  4  à  6  côtes  aplaties,  très-saillantes, 
garnies  sur  les  crêtes,  ou  arêtes,  d'aréoles  un  peu  laineuses 
qui  sont  armées  de  6  à  10  épines  brunes,  longues  de  un  demi- 
centimètre  à  un  centimètre.  Les  fleurs  blanches  et  larges  de 
20  à  25  centimètres,  naissent  dans  la  partie  supérieure  de  la 
tige  ;  les  sépales  et  les  pétales  très-nombreux  sont  étalés  ;  au 
centre  se  dresse  une  couronne  d'étamines  au  milieu  de  laquelle 
apparaît  le  style  terminé  par  18  stigmates  jaunes.  Cette  belle 
espèce  est  originaire  du  Brésil.  Cultivée  dans  le  jardin  de  Berlin 
depuis  1836,  elle  a  fleuri  seulement  l'année  dernière  dans  les 
serres  de  Kew  en  Angleterre. 

Crocus  Orphanidis(V\.  5776).  Nouveau  safran  de  la  Grèce, 
envoyé  en  Angleterre  par  le  professeur  Orphanidès  d'Athènes 
sous  le  nom  de  Crocus  pholegandrus.  Son  bulbe  est  allongé, 
recouvert  d'une  tunique  brune  d'où  sortent  quelques  feuilles 
très -longues  et  étroites  rubanées,  et  des  fleurs  de  couleur  li- 
lacé  pâle  avec  les  stigmates  couleur  orange.  C'est  une  espèce 
automnale. 

Pelargonium  Schottii  (PI.  5777).  L'origine  de  ce  Pelargo- 
nium  est  enveloppée  d'une  certaine  obscurité;  il  est  né 
toutefois  dans  les  jardins,  et  naturellement  on  le  regarde 
comme  un  hybride .  Son  feuillage  ressemble  à  celui  du  Pe- 
largonium chœrophyllum,  autre  hybride  de  vieille  date  ;  les 
feuilles  sont,  en  eltèt,  composées  de  3  à  7  segments  latéraux 
lobés  et  crénelés  ;  les  fleurs  sont  d'un  beau  rouge  de  sang,  et 


les  pétales,  qui  ont  la  forme  des  pétales  du  P.  zonale-inqui- 
nans,  portent  une  macule  brun-noir. 

Odontoglossum  Krameri  (PI.  5778).  Cette  Orchidée  qui  a  été 
décrite  l'année  dernière  dans  le  Gardener's  Chronicle,  par 
M.  Reichenbacli  iiîs,  est  originaire  des  Cordillères  de  Costa- 
Rica  où  elle  a  été  découverte  par  M.  Kramer;  elle  a  fleuri 
chez  MM.  Veitch  et  Sons  en  Angleterre.  C'est  une  espèce  qui  a 
des  pseudo-bulbes  aplatis,  portant  une  seule  feuille  oblongue- 
lancéolée,  longue  de  30  à  40  centim.,  et  c'est  de  la  base  de 
ces  pseudo-bulbes  que  naissent  les  panicules  dressées  ou  pen- 
dantes de  jolies  fleurs  blanc-rosé,  à  labelle  rose  violacé, 
marqué,  vers  son  point  d'attache,  de  deux  bandes  semi-lu  • 
naires,  l'une  blanche  et  l'autre  rouge,  et  d'un  disque  jaune 
d'or  maculé  de  pourpre. 

Plumeria  hdea  (PI.  5779).  Très-bel  arbuste  de  la  famille  des 
Pervenches  (Apocynées),  originaire  du  Pérou  et  qui  a  fleuri 
cette  année  dans  les  serres  de  M.  Linden,  de  Bruxelles.  Les 
feuilles  sont  très-belles,  oblongues-obovales,  longues  de  40  à 
50  centimètres.  Ses  fleurs  très-agréablement  parfumées,  larges 
de  10  centim.^  sont  blanc  carné  avec  le  centre  jaune  d'or,  et 
disposées,  en  grand  nombre,  en  cymes  ombelliformes.  Cette 
variété  magnifique  est  cultivée  dans  tous  les  jardins  du  Pérou, 
où  elle  fleurit  pendant  les  mois  de  janvier,  février  et  mars.  A 
Bruxelles  la  floraison  a  eu  lieu'au  mois  de  juin.  C'est  une  belle 
acquisition  pour  les  serres  chaudes. 

Dendrobium  densiflorum  var.  albo-hiieo  (PI.  5780).  Belle 
Orchidée  qui  se  distingue  du  type  par  ses  longues  grappes  de 
fleurs  blanches  transparentes  à  labelle  jaune.  C'est  une  va- 
riété naturelle,  qui  a  été  trouvée  dans  les  forêts  de  Moulmein. 
par  le  révérend  Parish  ;  elle  ne  doit  rien  aux  effets  merveilleux 
et  transformateurs  de  la  culture. 

Vaccinium  reflexum  (Pi.  1781).  Cette  très-élégante  Érica- 
cée,    originaire  de  la  Bolivie,  et  introduite   en  Angleterre  par 


—  ;U)3  — 

M.  Veitch,  est  un  petit  sous-arbrisseau  à  rameaux  très-longs, 
réfléchis  pendants,  garnis  de  petites  feuilles  pileuses,  et  ter- 
minées par  des  petits  bouquets  de  fleurs  rouges  en  grelot  re- 
levé de  5  angles.  Sa  première  fleuraison  a  eu  lieu  en  1868,  au 
mois  de  janvier.  Ce  sera  une  jolie  petite  plante  pour  garnir 
les  rochers  et  les  suspensions  des  serres  chaudes. 

Geonoma  Ghiesbrechtiana  (PL  5782)  est  le  même  Palmier 
décrit  par  M.  Wendland,  sous  le  nom  de  Calyptrogyne  Ghies- 
brechtiana. Il  est  introduit  en  Europe  depuis  1856  environ, 
et  n'est  pas  encore  très-répandu.  C'est  une  belle  espèce  or- 
nementale, qui  a  été  introduite  du  Mexique  par  M.  Ghies- 
breght. 

Dipladenia  boliviemis  (Pi.  5783).  Arbuste  grimpant  de  la 
famille  des  Pervenches  (Apocynées)  découvert  en  Bolivie  par 
M.  Pearce,  collecteur  de  l'établissement  anglais  Veitch  et  Sons. 
C'est,  comme  dit  M.  Hooker,  une  tvbs-beantifn!  plant  de  serre 
chaude  qui  fleurit  au  mois  de  juin.  Ses  fleurs  ont  un  long  tube 
jaune  intérieurement  et  qui  porte  5  lobes  étalés  d'un  blanc 
pur  formant  un  limbe  de  5  centimètres  de  diamètre. 

Pterodiscus  luridus  (PI.  5784).  Ceci  n'est  pas  précisément 
une  beautiful  plant;  c'est  une  plante  de  la  famille  du  Marlynia 
(Pédalinées)  très-intéressante  et  curieuse  pouri'amateur.  Sa  tige 
ligneuse  très-renflée  conique  à  la  base,  se  divise  au  sommet  en. 
plusieurs  rameaux  courts  qui  portent  quelques  petites  fleurs 
jaune  fauve.  Elle  est  originaire  d'Albany .,  district  du  Cap  de 
Bonne-Espérance. 

Morœa  bulbifera  (PI.  5785).  Autre  plante  du  Cap  et  de  la 
l'ainilledes  Iridées.  Introduite  d'abord  en  1792  dans  le  jardin 
botanique  de  Vienne  (Autriche)  par  Jacquin,  elle  a  été  re- 
trouvée par  Cooper,  et  réintroduite  dans  les  cultures  par 
M.  Wilson  Saunders.  De  son  bulbe  arrondi  naît  une  tige  de 
50  centim.  à  1  mètre  de  hauteur,  qui  produit,  en  mai,  une  mul- 
titude de  jolies  fleurs  jaunes,  larges  de  5  centimètres,  et  dis- 


—  364  — 

posées  en  panicules  lâches.  C'est  une  élégante  plante  de  serre 
froide. 

Drosophyllum  lusitanicum  (PI.  5796).  Plante  sous-ligneuse 
d'Espagne  et  du  Portugal,  très-curieuse  par  les  nombreux  poils 
glanduleux  qui  couvrent  toute  la  plante,  et  jolie  par  ses  fleurs 
jaunes  larges  de  3  à  4  centim.  et  disposées  en  corymbe  au 
sommet  de  la  tige.  Celte  tige  est  haute  de  30  à  40  centim.,  et 
ses  feuilles  très-longues  sont  étroites. 

Mackaya  bella  (PI.  5797).  Belle  plante  de  la  famille  des 
Acanthes,  originaire  de  Port  Natal  en  Afrique.  C'est  un  arbris- 
seau grêle  non  épineux,  à  feuilles  sinueuses  dentées,  et  à 
grandes  fleurs  (3  centim.)  blanches  nuancées  delilacé,  dispo- 
sées en  grappes  terminales.  Elle  est  à  la  rigueur  de  serre  froide  ; 
mais  elle  se  trouve  mieux  de  la  serre  tempérée  dans  laquelle 
elle  fleurit  abondamment  pendant  le  mois  de  mai. 

Aerides  japonicum  (PI.  4  798).  Une  Orchidée  épiphyte  du 
Japon  est  chose  assez  rare.  Cet  Aerides  a  été  d'abord  introduit 
en  Belgique  par  M.  Linden  en  1862,  et  récemment  par 
MM.  Veitch,  chez  lesquels  il  a  fleuri  en  juin  dernier.  Ses  fleurs, 
disposées  en  panicules  radicales  pendantes,  sont  d'un  blanc 
verdâtre  ;  mais  le  labelle  et  les  pétales  sont  plus  ou  moins  striés 
et  ponctués  de  violet  clair.  C'est  une  bonne  acquisition  pour 
les  jardins  d'hiver. 

Bignonia  purpurea(V\.  5800).  Très-belle  espèce  originaire 
de  l'Uruguay  et  très-voisine  du  Bignonia  specioaa  dont  elle  ne 
diffère  guère  que  par  la  couleur  des  fleurs  qui  est  un  lilacé  pâle, 
mais  avec  l'intérieur  et  la  gorge  du  tube  d'un  blanc  pur.  Elle 
pourra  probablement  servira  orner  les  serres  froides  e't  jardins 
d'hiver. 

Cotylédon  Sahiuanni  (PI.  5801).  Jolie  Crassulacée d'Espagne 
propre  à  la  garniture  des  rocailles  dans  les  jardins  d'hiver  ;  ses 
tiges,  garnies  de  feuilles  cylindriques  glanduleuses  longues  de 
1  à  %  centim.,  sont  terminées  par  un  gros  bouquet  de  fleurs 


jaunes  avec  le  dos  et  la  pointe  des  lobes  de  la  corolle  —  qui 
est  monopétale  —  de  couleur  rouge  brun  ;  ces  mêmes  lobes 
sont  très-finement  ponctués  de  rouge  foncé  en  dessus.  C'est, 
d'après  le  dessin  du  journal  anglais,  une  bonne  acquisition  ; 
caria  plante  paraît  très-fleuri f ère. 

A.   de  Talou. 


PETITES  NOUVELLES. 

Multiplication  des  Pelargonicm.  —  Au  lieu  de  couper  les 
boutures  au-dessus  du  nœud  foliaire,  M.  F.  de  Buysson  (Rev. 
des  jardin,  et  des  ch.)  les  casse  proprement  dans  les  entre- 
nœuds, en  ne  conservant  qu'une  feuille  garnie  d'un  œil,  de 
sorte  qu'il  peut  faire  autant  de  boutures  que  le  rameau  a  de 
feuilles. 

11  enterre  ses  boutures  jusqu'à  cet  œil  dans  une  plate-bande 
de  sable,  en  plein  air  et  au  soleil,  en  tenant  son  sable  humide 
par  des  arrosemenls  à  la  pomme.  Quinze  jours  après  ses  bou- 
tures sont  toutes  reprises  ou  à  peu  près  ;  il  les  empote  comme  à 
l'ordinaire.  Ce  seul  œil  conservé  donne  unsujetbeaucoup  mieux 
fait  qu'avec  les  boutures  de  branches  ;  seulement  il  demeure  un 
peu  plus  longtemps  à  se  former.  M.  de  Buysson  recommande 
bien  de  ne  rien  couper  à  la  serpette  :  pour  ce  genre  de  bou- 
tures il  faut  toujours  casser. 

Les  horticulteurs  qui  emploieraient  ce  procédé  feraient  une 
grande  quantité  de  boutures  avec  peu  de  branches,  et  surtout 
avec  peu  de  soins.  Il  va  sans  dire  qu'on  ne  peut  bouturer 
dehors  que  dans  les  mois  chauds  de  l'année. 

Courtilières. —  Ce  ne  sont  pas  les  procédés  de  destruction 
qui  manquent,  c'est  l'efficacité  qui  fait  généralement  défaut. 
M.  Gouet,  sous-inspecteur  des  forêts,  proclame  un  moyen  in- 
faillible, simple  et  peu  coûteux ,  qui  lui  a  réussi  et  que  chacun 
peut  appliquer.  Le  moyen  n'exige,  comme  outillage,  qu'un  ar- 


—  366  — 

rosoir  et  quelques  paillassons  hors  de  service.  Ensuite,  par  une 
journée  chaude,  et  de  préférence  par  un  temps  de  sécheresse, 
au  coucher  du  soleil,  on  arrose  plusieurs  places  infestées  par 
les  cour tilières;  puis  on  couvre  avec  les  paillassons.  Alors  «  atti- 
rées parla  fraîcheur,  dit  M.  Gouet,  toutes  les  courtilières  du 
voisinage  viendront  le  lendemain,  aux  heures  les  plus  chaudes 
delà  journée,  s'allonger  à  l'ombre  des  paillassons,  et  rien  ne 
sera  plus  facile  que  de  les  saisir  et  de  les  détruire.  »  Cette 
chasse  doit  être  faite  dès  le  mois  de  mai,  avant  la  ponte. 

De  la  fécondation  des  Palmiers.  --Un  savant  belge,  M.  Bom- 
mer,  n'étant  pas  satisfait  de  l'usage  du  pinceau  pour  opérer 
artificiellement  la  fécondation  des  Palmiers,  a  imaginé  un  pro- 
cédé dont  il  se  loue  et  que  voici.  D'abord  pour  récolter  le  pol- 
len, il  secoue  les  inflorescences  mâles  sur  une  feuille  de  papier 
de  couleur,  et  ensuite  il  pulvérise  les  fleurs  mâles  après  les 
avoir  fait  sécher,  et  ajoute  celte  poussière  à  son  pollen  pur 
qui,  dans  cet  état  d'impureté,  se  conserve  bien  mieux  que  sans 
mélange.  Puis,  quand  un  régime  femelle  lui  paraît  arrivé  à 
point  pour  être  fécondé,  il  pose  son  pollen  sur  une  feuille  de 
papier  de  couleur  sombre;  —  cette  couleur  paraît  exercer  une 
grande  influence  dans  l'opération,  car  l'auteur  répète  toujours  — 
la  couleur  sombre  :  —  Le  pollen  ainsi  répandu  sur  la  feuille  de 
papier  —  de  couleur  sombre  —  «  un  aide  tient  la  feuille  sus- 
dite sous  le  régime  à  féconder;  puis  au  moyen  de  vigoureuses 
chiquenaudes  données  au-dessous  de  la  feuille  de  papier  —  de 
couleur  sombre  —  à  l'endroit  ouest  amassée  la  poudre  polli- 
nique,  l'opérateur  produit  des  nuages  de  poussière  qui  enve- 
loppe le  régime  et  se  répand  ensuite  sur  les  fleurs  femelles. 
Après  plusieurs  répétitions  de  ce  procédé,  dit  l'auteur,  lors- 
qu'on est  certain  que  toutes  les  fleurs  ont  été  saupoudrées,  il 
est  bon  de  secouer  le  régime  femelle  pour  faire  tomber  l'excès 
de  pollen  qui  peut  servir  à  d'autres  opérations.  » 


367  — 


BEC  BRISE-JET   DE  M.  RAVENEAU  APPLIQUÉ   A  LA  SE- 
RINGUE  DES   JARDINIERS  ET  AUX  ARROSOIRS. 

Dans  un  excellent  article  publié  par  YInsectologie 
agricole,  M.  Maurice  Girard  donne  la  description  de 
la  seringue  ou  petite  pompe  des  jardiniers.  «  Les 
modèles  varient  beaucoup,  dit -il,  nous  représen- 
tons un  des  plus  employés.  »  Puis  il  décrit  ses 
■usages. 

Nous  ajouterons  la  description  d'un  tout  autre 
modèle,  qui  nous  semble  bien  préférable  à  ceux 
précédemment  établis,  Il  s'agit  de  la  seringue  ordi- 
naire, munie  du  bec  brise-jet  de  M  .  Raveneau    (1  ). 

Le  bec  brise-jet  (fig.  2  et  3)  est  aussi  simple  que 


possible  :  un  orifice  circulaire,  en  avant  duquel  est 
une  languette  métallique,  voilà  tout  l'apareil.  Le 
liquide  va  frapper  la  languette  en  sortant  et  se  divise 
à  l'infini,  avec  la  plus  grande  régularité  :  il  suffit  de 
pousser  vivement  le  piston,  lorsque  l'orifice  est 
petit,  pour  obtenir  un  véritable  brouillard.  Rien 
de  semblable  ue  peut  être  acquis  avec  de  simples 
trous  percés  dans  un  obturateur. 

Des  becs  à  orifices  différents  et  munis  de  lan- 
guettes plus  ou  moins  courbées,  permettent  des 
effets  variés  selon  les  besoins;  un  seul  bec  suffit 
dans  la  plupart  des  cas. 


(1)  Rue  Rochcchouavt,  45,  à  Paris. 


—  568  — 

En  tournant  la  seringue  d'un  quart  de  cercle  chaque  fois,  on 
projette  alternativement  le  liquide  de  haut  en  bas,  à  droite  ou 
à  gauche,  de  bas  en  haut;  toutes  les  feuilles  du  végétal  sont 
mouillées,  sur  toutes  leurs  parties,  quelle  que  soit  leur  posi- 
tion. 

La  surface  couverte  à  la  fois  est  incomparablement  plus 
considérable  qu'avec  les  autres  seringues. 

En  nous  plaçant  au  point  de  vue  spécial  de  la  destruction 
des  insectes  sur  les  végétaux,  par  des  liquides  particuliers, 
nous  trouvons  que  la  seringue  munie  du  bec  brise-jet  est  un 
précieux  instrument,  parce  qu'il  permet  d'exécuter  le  travail 
mieux  et  plus  vite  qu'avec  tous  ceux  du  même  genre. 

Des  essais  sérieux,  faits  à  l'École  impériale  d'agriculture  de 
Grand-Jouan,  nous  autorisent  à  recommander  son  emploi  aux 
agriculteurs  et  aux  jardiniers. 

J.  Besnard, 

Répétiteur  à  Grand-Jouan. 

A  cette  note  que  nous  empruntons  à  l'intéressant  et  utile 
journal  :  Ylnsectologie  agricole,  nous  ajouterons  que  le  bec 
brise-jet  n'est  pas  exclusif  à  la  seringue-pompe,  mais  qu'il 
est  avantageusement  substitué,  depuis  quelque  temps,  à  la 
pomme  de  l'arrosoir  ;  l'eau  s'écarte  davantage,  et  est  bien 
plus  divisée  que  par  la  pomme  ;  pour  le  bassinage  des  semis 
il  est  très-précieux  ;  pour  les  arrosements  des  pelouses  et  cor- 
beilles de  plantes,  il  faut  prendre  un  bec  à  orifice  très-grand, 
afin  que  le  débit  de  l'eau  soit  plus  rapide. 

Eue  de  M. 


TABLE   DES    MATIERES. 

CONTENUES  DANS   LE  ONZIÈME  VOLUME,  IV»  SERIE. 


a  \  \  b;  a:    isti'o 


I.  —  Janvier. 

PAGE». 

F.  Heiuncq.  Chronique.  Dix-neuvième  anniversaire  de  C Horti- 
culteur français  ;  ce  qu'il  a  été,  ce  qu'il  est,  ce  qu'il  sera.  A 
ses  abonnés.  Nouvelles  conditions  d'admission  au  jardin  de  la 
ville  de  Paris.  Election  de.  la  Société  impériale  d'horticulture 
de  Paris.  Exposition  pour  1869  ;  suppression  des  programmes 
de  concours.  L'hiver  et  les  pelures  d'Oignons.  Belles  florai- 
sons des  Jasminum  nuditlorum,  Lonicera  Standishii  et  fra- 
grantissima.  Prudence  ;  les  froids  peuvent  venir  ;  ne  taillez 

pas  trop  vite 5 

0.  Lescuyer.  Abricotier  Munie  (PI.  1) 44 

F.  Heiuncq.  Fructification  naturelle  d'un  Chamaerops  excelsa.  .   .       47 

F.  Herincq.  L'Artichaut  ;  emploi  culinaire  de  ses  feuilles <|8 

Charles  Baltet.  Poire  Auguste  Mie 49 

Eue  de  Martragny.  Sentinelle,  prenez  garde  à  vous!  Les  che- 
nilles        20 

Ed.  Loarer.  Du  climat  de  l'Himalaya, 24 

X Petites  nouvelles  :  le  puceron  lanigère 3j 

X Travaux  du  mois  de  janvier 32 

II.  —  Février. 

F.  Herincq.  Chronique.  Une  victime  des  discussions  scientifiques  : 
théorie  de  M.  Morren  sur  l'incompatibilité  des  panachures  et 
des  fleurs  doubles  :  M.  Lemaire  et  le  Rerria  à  quatre  pétales  : 
le  Renia  à  fleurs  doubles  de  l'Illustration  horticole  ;  erreurs 
et  colères.  L'art  de  greffer,  par  M.  Ch.  Ballet.  Les  fruits  à  cul- 
tiver, par  M.  F.  Jamin.  Ce  que  sont  les  livres  sur  les  spécia- 
lités de  plantes  :  Les  plantes  de  serre  ;  les  arbustes  et  les 
arbrisseaux  de  plein  air  ;  les  Cactées.  Le  Nouveau  Jardinier 

illustré   pour   1869 33 

Décembre   4  869.  $4 


—  370  — 

PAGES . 

L.  NeumàNN.     Le  Solanum  sisymbriifoliuni,  à    fruit  comestible 

(PI.  II) 42 

L.  Gordier.  Culture  du  Melon  sur  buttes 44 

F.  Herincq.  Le  Fraisier,  sa  culture  pour  en  obtenir  des  fruits  pen- 
dant 7  mois , 45 

Ch.  Baltet.  Greffo  du  Noyer  à  fruit  comestible  sur  le  Noyer  d'Amé- 
rique   53 

A.  Pavard.  Crambe  maritime   ou  Zea  Kale  des  Anglais 55 

X Cercle  des  cultivateurs. 59 

0.   Lescuyer.  Revue    des  journaux  étrangers  ;  plantes  rares  ou 

nouvelles 61 

X Catalogues    d'horticulture 63 

X.   ....   .  Travaux  du  mois  de  février 64 

III.  —  Mars. 

F.  Herincq.  Chronique.  Les  doctrines  de  Darwin  et  ses  consé- 
quences ;  hommes  créateurs  :  perfectionnement  des  plantes 
sauvages.  Extinction  par  vieillesse  des  arbres  fruitiers  ; 
théorie  de  la  solidarité  de  la  matière  ;  le  nez  du  notaire  et 
M.  Boutteville.  Les  sophistes  ou  les  savants  doublés  de  fausse 
philosophie.  Une  fable.  Les   Camellia  de   M.   le  comte  de 

Gomer 65 

F.  Herincj.    Dissertation  sur  la  végétation  ;    la  circulation  et  le 

savant  doublé  du  philosophe 72 

0.  Lescuyer.  Hibiscus  mutabilis  (PI.  III) 80 

0.  Lescuyer.  Revue  des  journaux  étrangers 82 

Adolphe  Remy.  De  la  taille  du  Rosier 84 

Cugnière.  Conduite  des  jeunes  arbres  fruitiers  sans  taille  des  bran- 
ches de  remplacement 86 

Loarer.  Du  climat  de  l'Himalaya 89 

X Petites  nouvelles;  destruction  des  pucerons;  culture 

hivernale  de  la  Pomme  de  terre;  Chou-navet  de  Chine  ;  sa- 
lade de  Chine  ;  Chou  de  Schang-ton  ;  Persil  bulbeux  ;  Gre- 
nades de  Toulon.  Eucalyptus  globulus  ;  Opuntia  Rafinesquii.       91 

X Exposition  pour    1869 : 94 

X Catalogues  d'horticulture 94 

X Travaux  du  mois  de  mars  et  du  mois  d'avril.     ...      95 

IV.  —  Avril. 

P.  Herincq.  Chronique.  Le  jardin  d'arboriculture  et  de  botanique 
du   Havre  menacé.  Création   d'une  nouvelle  école  de  bota- 


—  371   — 

PAGES . 

nique  de  la  faculté  de  médecine  de  Paris  ;  un  modèle  de 
serre  à  ne  pas  imiter.  Ecole  centrale  d'agronomie  au  Mu- 
séum ;  une  circulaire  de  S.  Es.  le  ministre  concernant  les 
admissions  à  cette  école  ;  culture  expérimentale.  Encore  un 
mot    sur  l'origine  des  plantes  domestiques   et   la   Carotte 

Vilmorin  ;    trop   de   confiance •. 97 

Alph.  Lavallée.  L'Akebia  quinata  et  sa  fructification  (PI.  IV).   .     103 
Duchartre.  Quelques  remarques  sur  la  théorie  de  l'extinction  par 

vieillesse,   des  variétés  de  fruits 107 

F.  Herlvcq.  Dissertation  sur  la  végétation  :  des  faits  qui  témoi- 
gnent contre  la  circulation  de  la  sève 117 

H.   du  Roselle.    Les  engrais  chimiques  Georges  Ville,  employés 

dans  la  culture  des  légumes ^21 

Ern.   Bonard.  Plantes  nouvelles 124 

X Travaux  du  mois  de  mai 128 


V.  —  Mai. 

F.  Herincq.  Chronique.  Exposition  de  Paris  et  de  Saint-Péters- 
bourg; ce  qu'on  fait  en  Russie  et  ce  qu'on  ne  fait  pas  à 
Paris  pour  les  membres  du  Jury;  circulaire  de  la  Société 
d'horticulture  de  Saint-Pétersbourg.  Congrès.  Pomme  hybride 
des  sèves  de  M.  Behr.  Les  Aubépines  roses  et  blanches  de 
M.  Hailfache  ;  charmante  gauloiserie  ;  comment  on  peut 
devenir  un  botaniste  distingué.  Nouvelle  et  singulière  théorie 
de  la  construction  des  serres  par  un  architecte.  Attristant 
spectacle  :  40,000  vers  blancs  ;  prévoyance  d'un  cultivateur; 

le  vrai  moyen  de  se  débarrasser  des  hannelons 129 

O.  Lescuyer.   Bégonia  rosaeflora  (PI.  V) 138 

L.  Coudier.  Nouveaux  légumes-    .   .  , 139 

F.  Burvenick.  Retardement  de  la  végétation  printanière  des  arbres 

précoces 141 

F.  Herincq.  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  domes- 
tiques et  sur  la  Carotte  sauvage  améliorée  de  M.  Vilmorin.     142 

F.  Herincq.  Les  engrais  chimiques  de  M.  Georges  Ville 152 

X Petites  nouvelles  :  moyen  d'obtenirdes  Rosiers  francs 

de   pied  :  moyen   d'équilibrer  les  arbres 158 

X Exposition  du  mois  de  juin 159 

X Travaux  du  mois  de  juin 160 


—  372  — 
VI.  —  Juin. 

PAGES. 

F.  Herincq.  Chronique.  Cruelle  erreur:  pour  éclairer,  je  mets  la 
lumière  sous  le  boisseau  ;  M.  Duchartre  doute  de  la  véracité 
de  mes  assertions  ;  comme  quoi  son  doute  est  mal  fondé. 
Encore  le  Radis  sauvage  amélioré.  Compte  rendu  de  l'Expo- 
sition d'horticulture   de  Paris ' 161 

Turel.    Orange  Ghamouti  de  Jaffa,  sans  pépin   (PI.  VI) 169 

F.  Herincq.  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  domes- 
tiques,, et  notamment  du  Radis  sauvage  amélioré,  et  des  va- 
riétés ornementales 171 

Desprez.   Rusticité  des  Dracœna   australis  et  indivisa 186 

F.   Herincq.  La  taupe  et  le  ver  blanc 189 

Ern.  Bonard.  Epouvantai!  pour  garantir  les  semis  des  pierrots.  .     190 
X Travaux  du  mois  de  juillet 192 

VII.  —  Juillet. 

F.  Herincq.  Chronique.  Le  mauvais  temps;  maladie  du  grain  de 
Raisin  en  Bourgogne.  Les  plantes  à  feuillage  pendant  cette 
période  de  froid  exceptionnel.  Les  Canna  et  le  jardin  de  la 
ville  de  Paris.  Exposition  d'horticulture  à  Saint-Péters- 
bourg; réception  des  jurés  étrangers:  décorations  accordées 
par  l'empereur  de  Russie.  Causes  diverses  du  mauvais  temps. 
La  lune;  erreur  au  sujet  de  l'influence  lunaire.  Les  fruits. 
Désolante  prospérité  du  ver  blanc  ;  sa  rusticité  et  l'acide  phos- 
phoreux. Dames  patronnesses  et  médailles  aux  expositions 
d'horticulture  ;  ce  qu'on  admire.  Flore  et  sa  cour  à  Monte- 

reau  ;  mascarade  horticole 193 

0.    Lescuyer.  Aristolochia  floribunda   (PI.  VII) 201 

Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 202 

X Les  boutures  de  Rosiers.   .   , 204 

X Petites  nouvelles  :  Fumier  de  tabac;  nouveau  sujet 

pour  greffer   les  Rosiers 205 

Louis  Comperat.  Observations  sur  la  taille  et  la  culture  des  Melons.     206 
F.  Herincq.  Observations  critiques  sur  l'origine  des  plantes  domes- 
tiques (3°  article)  :  de  la   sélection 213 

Van   Hulle.  La  non-laille 221 

X Travaux  du  mois  d'août 224 

V1T1.  —  Août. 

F.  Herincq.  Chronique.  Les  Petits  Pois  et  les  Roses  sous  Louis  XIV. 
Les  idées  propagées  par  les  professeurs  d'arboriculture  et  les 


—  373  — 

PAGES. 

Sociétés.  Poire  Duchesse  de  Mouchy.  Architecte  et  chauffage 
en  présence  de  M.  Van  Houtte.  Concours  d'appareils  de  chauf- 
fage à  l'Exposition  universelle  de  1 867  ;  projets  d'un  nou- 
veau concours.  La  Victoria  du  jardin  botanique  de  Gand  ; 
dimension  extraordinaire  de  ses  feuilles.  Expositions  à  Brie- 
Comte-Robert,  Levallois, Versailles  et  Sceaux.  Les  primes  offer- 
tes par  la  Société  d'horticulture  de  Hambourg.  Un  communi- 
qué fantaisiste  au  sujet  des  Canna  du  jardin  de  la  ville  de 

Paris 225 

F.  Herincq.  Cercle  des  agriculteurs 233 

0:  Leschyek.  DalechampiaRoezliana(Pl.  VIII) 335 

Eug.de  Martragny.  La Sélanigelle  changeante 236 

Van-den-Noartgate.  Multiplication  du  Wigandia  caracassana.   .   .     238 
F.  Herincq.  Observations  critiques  sur  l'origine  des  variétés  :  la  Vi- 
périne      239 

Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 242 

Martin  Rivemale.  Le  Chou  de  Schweinfurlh 247 

M.Rorine.  Culture  de  l'Abricotier  en  contre-espalier 248 

Van-Hulle.  La  non-taille 250 

F.  Herincq.  Le  dictionnaire  pomologique  de  M.  André  Leroy.   .  .     255 
X Travaux  du  mois  de  septembre. 256 

IX.  —  Septembre. 

F.  Herincq.  Chronique.  Première  apparition  des  Colchiques  et 
réunion  des  hirondelles.  Maladie  de  la  Vigne  dans  le  Lan- 
guedoc ;  cause  du  mal  et  remèdes.  Les  végétaux  ligneux  doi- 
vent être  soumis  à  l'assolement  :  nouveau  traitement  à  appli- 
quer à  la  Vigne.  Sécheresse.  Marché  aux  fleurs  couvert  de 
Paris.  Les Nymphéacées  sous  le  climat  de  Paris  :  floraison  du 
Nelumbium  au  Jardin  des  Plantes.  Maladie  du  Rosier.  La 
Glycine  et  les  Rosiers  remontants.  Mon  opinion  bien  ar- 
rêtée au  sujet  du  Radis  de  famille:  défi  porté  à  l'auteur  .   .   .     257 

0.  Lescuyer.  Bégonia  b.oliviensis  (PI.  IX) 263 

Pertuzès  fils.  Note  sur  la  multiplication  des  Géranium  zonale  à 

fleurs  doubles 265 

Delaire.  Floraison  du  Yucca  Treculeana  et  autres  espèces  rares.   .     266 

Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 270 

Louis  Comperat.  Conservation  de  la  Chicorée  et  de  la  Scarole.   .   .  .     "^72 

V.  Chatel.  Mise  en  culture  de  la  surface  des  tas  de  fumier 277 

Ehri.en.  Encore  les  taupes  et  les  vers  blancs 278 


—  374  — 

PAGES. 

Van-Hulle.  La  non-taille 281 

X Travaux  du  mois  d'octobre 287 


X.  —  Octobre. 

F.  Herincq.  Chronique.  Les  plaisirs  d'automne  ;  attraits  de  la 
chasse  au  Champignon.  Un  nouveau  livre  :  Guide  pour  re- 
connaître les  Champignons  comestibles  et  vénéneux  du  pays 
de  France,  par  M.  Kroenishfranck.  Arrêté  préfectoral  con- 
cernant la  chasse  aux  petits  oiseaux  de  passage.  Nouveau  pro- 
cédé de  destruction  du  ver  blanc.  Liquide  destructeur  des 
pucerons  de  M.  Cloës  et  du  Gardener's  Chronicle.  Un  soleil 
monstre  et  une  inflorescence  gigantesque  d'un  Hydrangea 
otaksa.  Histoire  du  Zinnia  double.  Encore  le  Radis  de  fa- 
mille      289 

0.  Lescuyer.  Cypripedium  spectabile  (PI.  X) 298 

A.  de  Talou.  Revue  des  journaux  étrangers  5  plantes  nouvelles.  .     300 

Ern.  Bonard.  Culture  du  Nelumbium 303 

Eug.  de  Mârtragny.  Notice  historique  sur  le  Palmier  à  chanvre  de   . 

la  Chine  et  du  Japon ,.  .  .  .     306 

L.  Gutlloteaux.  De  la  conservation  des  Raisins 342 

Van-Hulle.  De  la  non-taille 315 

X Catalogues  d'horticulture  pour  l'automne  1869.  .  .     319 

X Travaux  du  mois  de  novembre 320 

XI.  —  Novembre. 

F.  Herincq.  Chronique.  Concours  ouvert  pour  les  appareils  de 
chauffage  ;  conditions  d'admission  ;  le  thermosiphon  seul 
admis;  deux  catégories;  les  baignoires;  critiques  de  MM.  For- 
ney,  Burel  et  Rivière  ;  notre  opinion.  Un  mot  sur  le  concours 
de  1867.  Les  étiquettes  Forney.  Encore  le  non  arrosemeut 
des  Fraisiers.  Les  poux  des  Orangers  du  Luxembourg  et  M.  Fo- 
rest.  La  maladie  nouvelle  de  la  Vigne  ;  le  Phylloxéra  vasta- 
trix;  remède,  l'acide  carbolique.  Les  produits  du  charbon  de 
terre.  La  Criocère  et  le  Naphtal.  Envoi  de  Pêches  de  Mon- 
treuil  àConstanlinople  par  M.  Lepère  ;  résultat  présumé.  En- 
core l'Exposition  de  Saint-Pétersbourg;  fine  fleur  de  Pois 

belge 321 

O.  Lescuyer.  Lespedeza  bicolor  (PI.  XI) ■    330 

Eug.  de  Martragny.  Les  Palmiers  rustiques  pour  plein  air  et  serre 

froide 331 


—   375     - 

PAGES. 

Louis  Comperat.  Le  Chou-fleur  roussi  de  Chambourcy 334 

V.  Chatel.  Culture  du  Chou  pour  en  obtenir  de  nombreux  jets  .  .  338 

Van-Hulle.  La  non-taille 341 

Henri  Beurier.  Victoire  de  Lyon  (Pelargonium  nouveau  à  fleurs 

doubles). 344 

Ern.  Bonard.  Plantes  nouvelles 346 

X.  .  „   .    .   .  Catalogue  d'horticulture 351 

X Travaux  du  mois  de  décembre 353 


X. 


Décembre. 


F.  Herïncq.  Le  Dictionnaire  de  pomologie,  par  M.  André  Leroy  ; 
les  œuvres  pomologiques  de  Jean  Mërïet,  de  la  Quintinye, 
de  Duhamel  du  Monceau,  de  Le  Berryas,  de  Louis  Noisette, 

de  Poiteau,  de  M.  Decaisne 353 

O.  Lescuyer.  Le  Camellia  Contessa  Tozzoni  (PI.  XII) 359 

Eue;,  de  Martragny.  De  la  taille  du  Magnolia 360 

A.  de  Talou.  Bévue  des  Journaux  étrangers;  Botanical  Magazine.     361 

X Petites   nouvelles;    multiplication  des  Pelargonium; 

destruction   des    courtillières;  fécondation  des  Palmiers.   .     365 
.1.  Besnard.  Bec  brise-jet  pour  arrosoir 367 


PLANTES  FIGURÉES. 


PAG. 

PAG. 

I. 

Abricotier  munie.  .   . 

U 

XII. 

Camellia  Contessa  Toz- 

Iï 

Solanum     sisymliriit'o 

42 

359 

III. 

Hibiscus  mutabilis.    . 

82 

Hiil'U^N  IVOIRES. 

IV. 

Akebia    quinata.   .    . 

103 

1. 

Chenille  du  Bombjxdis- 

V. 

Bégonia   rossetlora.  . 

.     138 

21 

VI. 

Orange    Chamouti    d< 

I 

II. 

Papillon   du    Bombyx 

Jaffa  sans  pépin.  . 

.     169 

disparate  .   .    .  •  .  . 

21 

vil. 

Aristolochia  floribunda 

.     201 

III. 

Papillon    du    B<  mb ,  \ 

vni. 

DalecbampiaBoezIiuna 

.     235 

disparate  femelle  en 

IX. 

Bégonia  Boliviensis  . 

.     263 

train  de  pondre.   .   . 

21 

X. 

Cypripediumspectabile 

.     298 

IV. 

Bec  brise  jet  pour  arro- 

XI 

Lespedeza   bicolor.   . 

.     330 

son 

367 

—  376  — 


TABLE  ANALYTIQUE. 


Àbies  bracteata,  169. 
Abricotier  Mume  (PI.  I.)>  44. 
Abricotiers,  89. 

—  en  contre-espalier,  248. 
Abricots,  27. 

Achimenes  elegans  flore  pleno,  425. 
Acides  carbolique  et  phénique,  327. 
Adonis  cupaniana,  348. 
Aerides  Lobbii,  62  ;  — japonicum,  364. 
Agave,  28. 

—  Verschaffeltii,  82. 

Aglaonema  Mannii,  302. 

Agriculture  :  Ecole  centrale  du  Mu- 
séum ;  chronique,  99. 

Agrostis  pulchella,  165. 

Ajonc  sans  épines,  182. 

Ajuga  pyramidalis  à  fleurs  roses  et 
à  fleurs  blanches,  474. 

Akebia  quinata  (PI.  IV.),  103. 

Akebi  kadsura  des  Japonais,  4  04. 

Allamanda  nobilis,  302. 

Alloplectus  bicolor,  244. 

Alocasia   Liervallii,  164,  243. 

Amélioration  des  plantes  sauvages; 
chronique,  401.  443,  171,  213  et 
239. 

Amomum  sceptrum,  302. 

Ananas  Mordilona,  244. 

Andromeda  ovalifolia,  90. 

Anis,  28. 

Août  :  travaux  du  mois,  224. 

Arachis  hypogea,  28 

Aralia  dactylifolia,  464. 

Arbres  :  moyen  de  les  équilibrer, 
458. 

Arbres  fruitiers  ;  leur  extinction  par 
vieillesse  ,  d'après  M.  Boute- 
ville,  107  et  chronique,  67. 

Arbres  fruitiers  sans  taille  (conduite 
des  jeunes),  86. 

Arbres  précoces  (retardement  de  la 
végétation  printanière  des),  141.  . 

Arbrisseaux  et  arbustes  d'ornement 
de  pleine  terre  (les)  ;  chronique, 
39. 

Architecte  :  théorie  curieuse  de  la 
construction  des  serres  et  d'un 
appareil  de  chauffage.  135,  227. 


Areca,  24. 

—  Baueri,  164. 

—  de  serre  froide,  324. 
Aristolochia   floribunda   (PI.   VIII). 

201,  8-,  —  Duchartrei,     8,     244; 

—  ringens,  61 . 
Armeniaca  Mume  (PI.  I.),  14. 
Arrosoir  à  bec  brise-jet,  367. 
Arrow-root,28. 

Artichaut  :  emploi  culinaire  des 
feuilles,  28. 

Asperula  selosa  azurea,  348. 

Aubépines  rose  et  blanche  hybri- 
des :  gauloiserie;  chronique,  132. 

Avril  :  travaux  du  mois,  96. 

Azalea  sinensis  albiflora,  82. 

Azalée  surprise  des  dames,  466. 

Azucena'de  Monte,  247. 

fi 

Baltet  :  L'art  de  greffer  les  arbres: 
chronique,  35. 

Bambou    nain,  25;  —  épineux,  28. 

Bambusa  stricta,  29.  ( 

Bananier,  27. 

Barya  monadelpha,  263. 

Batatas  quinquefolia,  349. 

Bec  brise-jet,  367. 

Bégonia  Boliviensis  (PI.  IX).  263  et 
464;  —  rosseflora  (PI.  V.)  138 
et  61  ;  —  falcifolia,  Clarkii,  61  ; 
—  monadelpha,  263. 

Behr  :  sa  pomme  hybride  des  sèves  : 
chronique,  131 . 

Berberis,  29. 

Berryas  (Le)  :  le  Nouveau  de  la  Quin- 
tinye,  354. 

Bignonia  purpurea,  364. 

Bombyx  disparate,  moyens  de  des 
truetion  des  chenilles,  20. 

Bouteville  :  sa  théorie  do  l'extinction 
par  la  vieillesse  des  arbres  frui- 
tiers ;  chronique,  67,  4  07. 

Bouton  d'or,  175. 

Brachycome  iberidifolia,  165. 

Brahea  de  serre  froide,  334. 

Brassia  Lawrenceanavar.  Iongissima, 
300. 

Brassica  orientalis,  145,  177. 


—  377  — 


Brie-Comte-Robert  :  Exposition  de 
roses  du  14  juillet;  chronique, 
230. 

Bromelia  scarlalina,  246. 

Brownea  antioquensis,  245. 


Cactées  :  variétés  nouvelles,  168. 
Cactées  (les),  par  M  .  Lemaire;  chro- 
nique, 41 . 
Cactus,  28. 

Caladium  de  M.  Bleu,  167. 
Calalhea.  Voir  Mararita. 
Calyplrogyne  Ghiesbreghtiana,   363. 
Camellia  con'essa  Tozzoni  (PI.  XII), 
82  et  359. 

—  caterina  Rossi,  62. 

—  de  M.  le  Comte  deGomer,  70. 
Camptopus  Mannii,  301. 
Canavalia  grandiflora,  348 

Canna  de  la  ville  de  Paris  :  un 
communiqué  à  leur  sujet:  chro- 
nique, 232. 

Canne  à  sucre,  28. 

Capucine   lucifer  et  Lobbii,  165. 

Carottes  sauvages  améliorées;  chro- 
nique, 29,  101,  143. 

Caryophyllus  dentosus,    165. 

Carvota  Cumingii,  302. 

Catalogues  d'horticulture,  31,  63, 
94,  319,  351,  384. 

Ceanothus  Gloire  de  Versailles,  127. 

Cèdres,  29. 

Cedrus  deodara,  89. 

Cerasus  cornuta,  29. 

Cercle  des  cultivateurs,  59,  233. 

Céréales  des  Dhoons,  27. 

Cereus  lividus  et  autres,  361. 

Cerfeuil  bulbeux,  178. 

Cerisiers  sauvages,  89. 

Chambourcy  :  ses  cultures  de  chou- 
fleur,  33  i. 

Chamaemelum  serratifolium,    348. 

Chamserops,  24-,  excelsa,  Forlunei, 
sinensis  :  fructitication  naturelle, 
17;  —  notice  historique,  306,  331. 

—  deserre  froide,  3)4. 
Champignons    :   Guide   pour  recon- 
naître   les      espèces     comestibles 
et  vénéneuses  du  pays  de  France, 
par  M.   Krœnislifranck,    289. 

Chasse    aux    oiseaux     de     passage  ; 

chronique,  2^2. 
Chauflage   des  serres  et  architecte  : 

chronique,  227. 


hautl'age    concours  de  l'exposition 
universelle  de  1867,  228. 
—    concours  de  la  Société  impé- 
riale   et    centrale    d'horticulture, 
321 . 

Chenilles  du  bombyx  disparate  et 
des  processionnaires  :  moyen  de 
destruction,  20. 

Chicorée;   moyen    de    la   conserver 
pendant  l'hiver,  272. 

Chicorée  de    la  passion  ;  son  degré 
de  rusticité,  140. 

Chine  (salade  de),  92. 

Chlora  grand iflora,  165. 

Chou  :  sa  culture  pour  en  obtenir 
une  récolte  très-abondante  de 
jets,  338;  —  de  Dax.  139:  — 
marin.  55,  177  ;  —  navet  de 
Chine,  91  ;  —  Pet-Sai,  178;  — 
de  Schanglon,  92  :  —  de  Schvein- 
furth,  247. 

Chou-fleur  roussi  de  Chambourcy, 
33  4. 

Chronique,  5,  33,  65,  97,  129,  161, 
193,225,  257,  289,321,  353. 

Chrysanthemum  segelum,  92. 

Cicer  arielinum,  27. 

Cineraria  acanlhifolia,  348'. 

Circulation  de  la  sève  et  M.  le  Dr 
Laguesse,  72,  117. 

Cissus  indica,  quadrangularis  et  car- 
nosa,  25. 

Clématiles  nouvelles,  203,  347. 

Climat  de  l'Himalaya,  24,  89. 

Clinlonia  pulchella  et  alba,  465. 

Clitoria  brasiliensis.  3»9. 

Coccus  des  orangers  et  laurier-rose  : 
moyen  de  s'en  débarrasser  ; 
chronique,  326. 

Cocbliostema  Jacobianum,  245. 

Cocos  de  serre  froide,  334. 

Cœlogyne  Reichenbachiana,  301  . 

Colchiques:  leur  première  apparition: 
chronique,  258. 

Coleus  Saisonii  et  autres  nouveaux, 
164,  244. 

Collinsia  marmorata,  165. 

Compagnon  blanc  à  fleurs  doubles, 
475. 

Concombres,  27. 

Concours  :  leur  suppression  dans 
les  expositions  d'horticulture  : 
chronique,  40. 

—  d'appareil  de  chaufl'age  ;  chro- 
nique, 322. 

Congrès  botanique  de  Saint-Péters- 
bourg, 130. 


378  — 


Convolvulus  quinquet'olius,  349. 
Corchorus.  Voir  kvrria. 
Coriandre,  28. 

Corypha  de  serre  froide,  334. 
Cotylédon  Salzmanni,  364. 
Courge  verte  de  Uubbard,  139 
Courlilières  (destruction   des).  365. 
Cranibé  maritime  :  sa  culture,  55. 
Crépis  rosea  et  allia,  465. 
Criocère,    moyen    de    la    détruire  : 

chronique,  328. 
Crocus  orphanidis,    361. 
Curcuma,  28; 

Cyanophyllum  spectandum,  245. 
Cycas  de  serre  froide,  334. 
Cypripedium     spectabile    (PI.    X), 
298. 

D 

Dalechampia  Roezliana  (PI.  VIII), 
235, 164. 

Daphne  mucronata,  90;—  purpurea, 
127. 

Dattier,  27. 

Darwin  :  ses  doctrines  au  sujet  du 
perfectionnement  et  de  la  transfor- 
mation des  plantes-,  chronique,  65, 
et  442. 

Decaisne  :  son  opinion  au  sujet  de 
l'amélioration  des  plantes  sauva- 
ges, 4  50  ;  —  Le  jardin  fruitier  du 
Muséum,  355. 

Décembre:  travaux  du  mois,  352. 

Delosloma  dentata,  301 . 

Deiphinium  nouveaux,  202,  347. 

Dendrobium  crassinode,  303;— den- 
sitlorum  var.  albo  luteo,  362. 

Deutzia  nouveaux,  347. 

Dhoons;  végétation  de  ces  monta- 
gnes, "26. 

Dianthus  carlhusianorum  nanus,174. 

Dictionnaire  de  pomologie.  par  M.  A. 
Leroy.  353. 

Dieffenbachia  Wallisii,  245. 

Diervilla.  Voir  Weigelia. 

Dipladenia  boliviensis,363. 

Dissertation  sur  la  Végétation  :  circu- 
lation de  la  sève,  72,  4  17. 

Disteganthus   brasilateralis  (?),   14. 

Disliacanlhus  scarlalinus,  246. 

Dolichos,  2  7  ;  — pruriens,  25. 

Dracaena  australis  et  indivisa  :  leur 
degré  de  rusticité,  'i  86. 

Dracaena  Liervallii,  2i3. 

Drosopliyllum  lusitanicum.364. 

Ouchartre  (M.)  et  le  radis  sauvage 
amélioré-,  chronique,  1 02. 


Duehartre  et  Boutte  ville  au  sujet  dfc 
la  théorie  de  l'extinction  par  vieil- 
lesse des  variétés  de  fruits,  107. 

Duhamel  du  Monceau  :  traité  des 
arbres  fruitiers,  354. 

Duplicatures  et  panachures  (théorie 
de  M.  Morren  sur  les);  chronique, 
33. 

Duruy  :  circulaire  concernant  la  créa- 
tion de  nouveaux  cours  d'agrono- 
mie, au  Jardin  des  Plantes  de  Paris; 
chronique,  99. 


E 


Echeveria  nouveaux,  203. 

Echium  vulgare  :  variétés  naturelles, 

239. 
Ecole  centrale  d'agriculture  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle  de  Paris; 

chronique,  99. 
Ecole   d'horticulture  de  la  ville  de 

Paris  :    conditions    d'admission  ; 

chronique,  8. 
Eleagnus  Simonii,  126. 
Ele usine  coracana,  27. 
Engrais  chimiques  de  Georges  Ville, 

121,  152. 
Erreur  et  présomotion  ;  chronique, 

161. 
Erreur  de  M.  Lemaire;  chronique, 

34. 
Etiquettes  Forney,  325. 
Eucalyptus  globulus,  93. 
Exposition  d'horticulture  :  Paris,  9, 

1 63  ;  —  Russie,  1 0, 1  29,  1 94,  329  ; 

—  Hambourg,  40;  —  Brie-Comte- 

Bobert,   11,  23',  —  Sceaux,  231. 
Exlinction  par  vieillesse  des  arbres 

fruitiers,   d'après  M.   Bouteville  ; 

chronique,  07,  407. 


i  Fécondation  des  Palmiers,  366. 
'Fenzlia  dianthiflora,  165. 
i  Fes-tuoa  loliaceaet  pratensis,  150. 
I  Février:  travaux  du  mois,  64. 

Ficus  dealbata,  246;  —  Philipensis, 
244;  —  religiosa,  24. 

Fittonia  gigantea,  256. 

Fleur  du  coucou  à  fleurs  doubles,  175. 

Flore  et  sa  cour  à  Montereau  ;  chro- 
nique, 200. 


379  — 


Fraises:   variétés  à  l'aide  desquelles 

on  peut  en  avoir  pendant  7  mois 

de  l'année,  46. 
Fraisier  Gaillon  ou  Fraise  des  Alpes 

sans  lilel  :  son  origine,  182. 
Fraisier  et  sa  culture,  pour  obtenir 

des  fruits  pendant  1  mois,  45. 
Fraisiers  :  arrosement  et  non-arrose- 

int'iit;  chronique,  326. 
Framboises,  27. 

Froids  tardifs;  chronique,  13,  <93. 
Fruits  à  cultiver  (les),  par  M.  J.  Ja- 

min;  chronique,  38. 
Fumier  de  tabac,  205. 
Fumier  (mise  en  culture  de  la  surface 

des  tas  de),  277. 


(i 


Gelée  du  17  juin,  193. 

Gingembre,  28. 

Géantisme,  173. 

Geonoma  Ghiesbreghtiana,  363. 

Géranium.  Voir  Pelargonium. 

Glaïeuls  nouveaux  de  M.    Souchet, 

124. 
Gloxinia  nouveaux  de  M.  Vallerand, 

125. 
Glyceria  fluitans,  150. 
Glycine   de   la   Chine   remontante; 

chronique,  262. 
Godoya  splendida,  246, 
Gomer  (comte  de);  ses   Camellia  et 

ses  serres  de  Courcelles,  70. 
Goyavier,  27. 
Grell'e   du  Noyer  à  fruit  comestible 

sur  le  Noyer  d'Amérique,  53. 
Greffer  les  arbres  (l'art  de)  par  M.  Ch. 

Ballet  ;  chronique,  35. 
Grégoire  Nélis  :  ses  Poires,  19. 
Grenades  de  Toulon,  92. 
Grias  Zamorensis,  247. 
Gymnostachium.  Voir  Filtonia. 
Gymnolrix  latifolia,  203. 
Gynerium  Wesserlingii  foliis-varie- 

gatis,  202. 
Gypsophila  elegans,  165. 

H 

Hambourg  :  exposition  d'horticul- 
ture ;  chronique,   10. 

Haricot  sabre,  27. 

Haricots  nouveaux,    139. 

Hauguel  (Paul).  Leltre  au  sujet  du 
Palmier  de  la  Chine,  332. 

Havre  :  son  jardin  botanique  menacé; 
chronique,  97. 


Hérédité.  Voir  Sélection,  213. 

Heridella  rotundifolia,  300. 

Heris  rotundifolia.  300. 

Hibiscus  mulabilis  (PI. III),  80. 

Himalaya  (du  climat  de  1'),  24,  89. 

Hiptage  madablola,  25. 

Hiver  et  pelure  d'Oignon;  chroni- 
que, 12. 

Horticulteur  français  :  son  19e  anni- 
versaire ;  ce  qu'il  a  été  et  ce  qu'il 
sera,  5. 

Hutchinsia  rotundifolia,  cepaefolia. 
corymbosa,  300. 

Hybridation  des  Rosiers  ;  Chronique 
'262. 

Hybride    de  sèves;  chronique,  131 . 

Hyd rangea  otaksa,  295. 

I 

Iberis  rotundifolia,  300. 
Iberidella  rotundifolia,  300. 
Igname  de  la  Chine,  178. 
Insectes   nuisibles  (liquide    pour  la 
destruction  des);  chronique,  294. 
Ipomrea  çlaussenUna,  349. 
Iresine  Lindeni,  247. 


Jaiiiin  (F.).  Les  fruits  à  cultiver; 
chronique,  38. 

làntier:  travaux  du  mois,  32. 

Jardin  de  la  ville  de  Paris  :  Ecole 
d'horticulture  :  condition  d'admis- 
sion   Voir  Chronique,  5. 

Jasminum  nudiflorum,  12,  —  pubi- 
gerum,  29. 

Juglans.  Voir  Noyer. 

Juillet:  travaux  du  mois,  192. 

Juin  :  travaux  du  mois,  160. 


Kaulfusia  amelloïdes,  165. 

Kerria  tetrapetala  et  panaché  à  fleurs 

doubles;  chronique,  34. 
Kœmpferia  Parishii,  302. 


I.actuca  perennis,  145,  176. 
Laguesse  :  théorie  de  la  solidarité; 

chronique,    68.    Voir  Dissertation 

sur  la  végétation,  72. 
Laitue  vivace,  145,  176. 
Laitues  nouvelles,  I40. 


380  — 


Lasiantha  macrantha,  164. 
Latania  de  serre  froide,  334. 
Latex,  ou  suc  laiteux,  419. 
Lalhyrus  Turneri,  349 
Laurier-rose  ;  moyen  de  détruire  ses 

poux  ou  coccus  ;  chronique,  326. 
Légumes    nouveaux,  139. 
Lemaire   (M.)  et   le  Kerria   panaché 

à  fleurs  doubles  ;  chronique,  34  ; 

—  les  Cactées.  Voir  chronique,  41. 
Lentilles,  27. 
Lepère  :  tentative   de    transport  des 

pêches  de  Montreuil  à  Conslanti- 

nople  ;   chronique,  328.   . 
Leptosiphon    androsacea  et  variétés, 

«63. 
Lerov  (André).  Dictionnaire  de  Pomo- 

logie,  255,  353. 
Lespedeza  bicolor  (PI.  XI),  330- 
Linaria  bipartita  ;>lba,  16b. 
Linum  grandiflorum,  165. 
Lis  d'eau  du  Nil,  303. 
Lobelia    Erinus,    grandiflora,    mar- 

morata,  Lindleyana,  465  ;  —  ra- 

mosa    var      heterophylla    major, 

349. 
Lœlia  purpurala  var.   Nelisii,  83. 
Lonicera  Stand  ishii,  fragrantissima, 

4  2. 
Lonhanlhus  anisatus,  349. 
Lotus  corniculatus  major,  474. 
Lune  :  erreur   au  sujet   de    son  in- 
fluence; chronique,  196. 
Lycbnis  dioica,et  floscuculi  à  fleurs 

doubles,  175. 
Lychnis  Preslii,  4  65. 
Lycopode  changeant,  236. 

M 

Mackoya  bella,  364. 

Magnolia  (de  la  taille  des),  300. 

Mai  j  travaux  du  mois.  128. 

Maïs,  27. 

Manguier,  27. 

Manioc,  28. 

Mura n ta  nouveaux,  270. 

Marché  aux  fleurs  couvert  de  Paris  ; 

chronique,   261  . 
Marronniers:    singulier  phénomène 

de     transformation    ;     chronique, 

162,  297. 
Mars:  travaux  du  mois,  95. 
Matisia    cordala,  271 . 
Maurandia  atro-violacea,  349, 
Melons    27  ;    —  culture    en    bultes 

44  ;  —  observations  sur  la  taille, 

la  culture  et  choix  des   variétés, 

206. 


Merlet  (Jean)  :  ouvrage  de  pomo- 
logie,  353. 

Miltonia  speetabilis  var.  virginalis, 
83. 

Mimulus  variés,  166. 

Mok'Tsu  des  Chinois,  104. 

Monlereau  :  mascarade  horticole. 
200. 

Mordilona.  244. 

Moraea  bulbifera,  363. 

Morren  :  théorie  sur  l'incompatibi- 
lité des  panachures  et  des  fleurs 
doubles;  chronique,  33. 

Muette  (jardin  de  la).  Voir  Chro- 
nique,  5. 

Munie.  Voir  Abricotier. 

Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris  :  école  centrale  d'agriculture  : 
chronique,  99. 

N 

Nanisme,    173. 

Nanodes  Medusœ,  84. 

Naphtal  et  Criocère  ;  chronique,  3?8. 

Navet  rouge,  27. 

Nelumbium  ;  sa  floraison,  264   ;  — 

sa  culture,  303. 
Nemesia  compacta  elegans,  165. 
Nemophila  maculata,  insignis,  alba, 

165. 
Noccea  cepaefolia,  300. 
Noisette  (Louis)  :  le  jardin  fruitier. 

354. 
Nouveau  Jardinier  illustré  pour  1870, 

329. 
Nouveautés.  Voir  Plantes    nouvelles. 
Nouvelles  (petites),  31,  124,  205,365. 
Novembre  :  travaux    du  mois,  320. 
Noyers  :    singulier  phénomène    de 

transformation  ;    chronique,  297. 
Noyer  :  greffe  du  Noyer  à   fruit  co- 
mestible sur  le  Noyer  d'Amérique, 

53. 
Nycterinia  selaginoides,  165. 
Nymphéacées,  261 . 
Nympliaea  alba  minor,  174; —  blanG 

h  fleurs  rouges,  474. 


0 


Octobre  :  travaux  du  mois,  288. 
Odontoglossum  krameri,  362. 
Oignons  prophètes  ;  chronique,  12  ; 

—  nouveaux,   140. 
Oiseaux  de  passage  (chasse    aux)  ; 

chronique,  292. 
Oncidium    Marshallianum,    84  ;    — 

xanthodon,  301 . 


—  381 


Opuntia  Ralinesquii,  93. 
Orange  Chamouti  (PI.  VI),  469. 
Orangers  :  moyen   de   détruire    les 

poux  ou  coccus; chronique,  326. 
Orchis  fusca  à  fleurs  blanches,  174. 
Origine    des    plantes    domestiques, 

401,  142,  171,  213,  239. 
Oxalis  rosea,  466. 


Palava  flexuosà,  303. 
Palmier  de   Chusan,    —   à   chanvre 
de  la    Chine  et   du  Japon  (notice 
historique),  306,  33! . 
Palmier  Sagou,  24. 
Palmiers  rustiques    pour  plein    air 
et  serre  froide,  331  ;  —(Féconda- 
lion  des),  366. 
Panachures  et  fleurs  doubles  (théorie 
de    M.  Morren  sur  l'incompatibi- 
lité des)  ;  chronique,  33. 
Panais  sauvage  amélioré,  150. 
Pandanus  retroflexa,  164. 
Panicum-,  27. 
Paris  :    Exposition    d'horticulture  ; 

chronique,  9,  163. 
Passiflora  trifasciata,  164, 
Patates  douces,  28. 
Pèches  de  l'Himalaya.  27  ;  «—  tenta- 
tive  de  transport  des  Pêches  de 
Montreuil  à  Constantinople  ;  chro- 
nique, 329. 
Pelargonium  Victoire  de  Lyon,  va- 
riété  nouvelle  à    fleurs    doubles, 
344  —  nouveaux,  125,  243,  346, 
36I.  —  variétés  de  choix,  167. 
Pelargonium  zonale  à  fleurs  doubles: 

leur  multiplication,  165,  365. 
Pentstemon  nouveaux,  203. 
Perfectionnement  des  plantes   sau- 
vages;chronique,65,104, 143, 171 , 
213,  239. 
Persil  bulbeux,  92. 
Pet  sai,  178. 
Phaseolus,  27-. 
Phlox  nouveaux,  242. 
Phœnicophorium  sechellarum,  164. 
Phumix  sylvestris,  24;  —  nains,  28-, 

—  de  serre  froide,  334. 
Phosphore  :  son  action    sur   le  ver 

blanc  ;  chronique,  193. 
Phrynium.  Voir  Maranta. 
Phylloxéra  vaslatrix,   puceron  de  la 
maladie  de  la  Vigne  :   moyen  de 
le  détruire  ;  chronique,  326. 
Pierrot  :  épouvantait  pouf  en  garantir 
les  semis,  190.  ■ 


Pincement,  88. 

Pinus  longifolia,  excelsa  89  ;  — 
Peuce,  Koreensis  Bujotii,  469. 

Pissenlits  nouveaux,  140. 

Plantes  annuelles  recommandées, 
465. 

Plantes  domestiques  (observations 
critiques  sur  l'origine  des),  442, 
171,  213. 

Plantes  nouvelles,  61,  82,  424,  458, 
202,  242,  270,  300,  346,  361. 

Plantes  de  serre  chaude  (les)  ;  chro- 
nique, 39. 

Plumeria  lutea,  362. 

Poa  aquatica,  150  — sudetica,  454 . 

Pœonia  Emodi,  63. 

Poire  Auguste  Mignard,  19  —  Du- 
chesse de  Mouchy,  227. 

Poire  (extinction des  variétés  de), 107. 

Poires  de  M.  Grégoire  Nelis.  Voir 
Poire  Auguste  Mignard,  19. 

Poirier  (Traité  du  genre).  Voir  Dic- 
tionnaire de  pomologie,  2c5,  353. 

Poiriers  nouveaux.  Voir  Poires. 

Poiriers  sauvages,  89. 

Pois,  27  ;  —  li ne  fleur  belge,  329  5 
—  sous  Louis  XIV,  225  :  —  nou- 
veaux, 440. 

Poiteau  :  la  Pomologie  française,  354. 

Pomme  de  terre  de  Norwége,      140. 

Pomme  de  terre  :  culture  hivernale, 

91. 

Pomme  de  terre  et  engrais  chimiques 
de  G.  Ville,  421. 

Pomme  hybride  de  sèves;  chronique, 
131. 

Pomme  (extinction  des  variétés  de), 
107. 

Pomologie  (Dictionnaire  de) ,  par 
M    André  Leroy,  255,  353. 

Poux  des  Orangers;  moyen  de  s'en 
débarrasser;  chronique,  326. 

Prinsepia  utilis,  29. 

Processionnaires.  Voir  article  Chenil- 
les, 20. 

Prunes,  27. 

Pterodiscus  luridus,  363. 

Plerostyrax  hispida,  169. 

Puceron  lanigère,  31 . 

Pucerons  :  leur  destruction,  91 . 

Pucerons  de  la  maladie  de  la  Vigne  ; 
ch  ronique,  257  ;  —  moyen  de  les  dé- 
truire, 327. 

Pyrus  superba,  lactea,  favoniana, 
dolabeUiana,  pompeiana,  ampul- 
lacea,  Gôriolaria  onychiana,  des 
Romains,  4 13. 


—  382 


Q 


(juereus  dilatata,  89. 
Quiniitiye  (de  la)  :  Inslruction  pour  les 
jardins  fruitiers  et   potagers,  353. 

R 

Kadis  sauvage  amélioré;  chronique 
102, 171,  H9,  263,  297.  —  des  fa- 
milles. Voir  Kadis  sauvage  amé- 
lioré. 

Rafarin  (M.)  :  son  communiqué  au  su- 
jet des  Canna  du  jardin  de  la  ville  , 
232. 

Raisins,  27:  de  leur  conservation, 31 2. 

Ranunculus  tridentatus  major  et  mi- 
nor,  173  -,  —  acris  bulbosus  et  re- 
pensa fleurs  doubles,  175- 

Raphanus  Raphanistrum.  Voir  Radis 
sauvage  amélioré,  et  Radis  des  la- 
milles. 

Raves  blanches,  27. 

Retardement  de  la  végétation  printa- 
nière  des  arbres  précoces,  1 41 . 

Revue  des  journaux  étrangers,  61 ,  82, 
300,  361 . 

Rhapis  de  serre  froide,  334. 

Rhodanlhe  Manglesii,  166. 

RhodoJendrum  arboreum,  89. 

Rhodolypos  et  fulminate  d'injurium 
de  M.  Lemaire-,  chronique,  34. 

Richardia  melanoleuca,  301  . 

Ricin,  28. 

Riz,  27. 

Ronces  à  fleurs  pleines,  175. 

Rosa  Rrunonis,  90 . 

Roses  (les)  sous  Louis  XIV  :  chroni- 
que, 225. 

Rosier  de  la  Grifferaie  :  nouveau 
sujet  pour  greffer,  206. 

Rosier  (de  la  taille  du),  84. 

Rosiers  de  l'Himalaya,  29  ;  —  bou- 
turage, 204  ;  —  moyen  de  les  obte- 
nir francs  de  pied,  158-,  —  maladie, 
262  ;  —  nouveaux,  242,  354. 

Rubus,  29. 

Russie  :  Exposition  d'horticulture  -, 
chronique  ;  40,  429,  4  94,329. 


Sabal  Rlackbourneana,  464  ;  —  de 

serre  froide,  334. 
Sabot   de  Vénus    et   de   la   Vierge, 

298. 
Saccolabium  bigibbum,  303. 
Sagou, 24. 


Saint-Pétersbourg:  Exposition  et  con- 
grès, 10,  429,  194,  329. 

Salade  de  Chine,  92. 

Salix.  babvlonica  mascula,  127. 

Salviapratensisà  fleurs  blanches, 174. 

Sambucus  Fontenaysii,  1 2.7 , 

Saponaria  caJabrica  alba,  166. 

Saribus  de  serre  froide,  334. 

Saxifraga  crassifolia-ingelresti,  cras- 
sifolia-ciliaris,  21)2. 

Scarole:  moyen  de  la  conserver  pen- 
dant l'hiver,  272, 

Sceaux  :  Exposition  d'horticulture  ; 
chronique,  1  ! . 

Schizan t. h  us  pinnatus,  retusus  et  varié- 
tés, 4  66. 

Scutellaria  mociniana,  82. 

Seaforlhia  de  serre  froide,  334. 

Sea-Kale  des  Anglais,  177. 

Sécheresse  de  l'été  ;  chronique,  260. 

Sedum  nouveau,  3i7. 

Segrez  (en  note),  330. 

Selaginella  setosa,  271  -,  —  mutabilis, 
236. 

Sélaginelle  changeante,  236. 

Sélection  :  observations  critiques,  21 3. 

Semis  :  moyen  de  les  garantir  des 
pierrots,  190. 

Septembre  :  travaux  du  mois,  256. 

Seringue  à  brise-jet,  367. 

Serres  :  théorie  curieuse  de  leur  con- 
struction ;  chronique,  135;  —  con- 
cours d'appareils  de  chauffage  , 
321. 

Sève:  sa  circulation  et  M.  le  docteur 
Laguesse,  72, 417.  Voir  page  69,1a 
fable  :  le  Calorifère. 

Sèves  (hybride  de)  ;  chronique,  13) . 

Shorea,  25. 

Sjuro  des  Japonais,  307. 

Sodio  des  Japonais,  307. 

Solanum  sisymbriifolium  (PI.  II)  à 
fruit  comestible,  42  ;  —  Ralbisii 
var.  purpurea  ;  —  decurrens,  edule, 
43  ;  —  lanceolatum,  crinitipes,  ro- 
bustumaureum,203;  sloloniferum, 
145, 177. 

Soleil  (hélianthe)  gigantesque;  chro- 
nique, 295. 

Sorghum,  27. 

Spiraea  palmata,  83  ;  —  tenuissima, 

oblongifolia,  127. 
Spongieuse    (chenille).   Voir  article 

Chenille,  23. 
Stapelia  hystrix,  300. 
Slrophanlhus  capensis,  62. 
Sujet  :  son  influence,  sur  la  greffe  ; 
chronique,  431 . 


—  383 


Tabac  (fumier  de),  205. 

Tacsonia  erianlha,  300. 

Taille  et  non-taille,  86,  221 ,  250,  281 , 
315,  341. 

Taille  du  Rosier,  84. 

Taupe  et  ver  blanc,  180,  278. 

Taille  et  prudence;  chronique,  13. 

Temps  (mauvais  et  changement  de)  ; 
chronique,  193. 

Te  Ira  go  nia,  145,  177. 

Theophrasta  ornithocephala,  164. 

Thermosiphon  :  concours;  chroni- 
que, 32 1 . 

Thibaudia  acuminata,  300. 

Thlaspi  rotundifolium,  cepœfolium, 
corymbosum,  300. 

Trinax  de  serre  froide,  334. 

Tillandsia  Lindeni,  caesia,  272. 

Transformation  de  l'espèce,  101,  143, 
^71,  21  J.  239. 

Travaux  des  mois.  Voir  au  nom  des 
mois. 

Trèfle  orange,  166 

Trollius  europeus  humilis,  174. 

Tsong-Lin  des  Chinois,  307. 

Tsîisô  des  Chinois,  104. 

Tydea  Nero,  125. 


Vaccinium  reflexum,  362. 
Variétés  :  observations  critiques  sur 
leur  origine,  I42,   171,  213,  239. 
Venidium  calendulaceum,  166. 
Ver  blanc,  136,  186,  198,279. 


Versailles  :  exposition  d'horticulture  ; 
chronique,  12. 

Victoria  de  Gand  ;  chronique,  229. 

Vieillesse  des  arbres  fruitiers  (Ex- 
tinclion  des  variétés  par  la);  chro- 
nique 67,  et  107  . 

Vignes  :  nouvelle  maladie,  cause  et 
remède;  chronique,  258,  326. 

Ville  (Georges)  ;  ses  engrais  chimi- 
ques, 121,  152. 

Vilmorin  :  Carotte  améliorée,  et  théo- 
rie de  la  tranformation  et  amélio- 
ration des  plantes  sauvages,  145. 

Vipérine:    variétés  naturelles,  239. 

Vilis  apiana,  grsecula,  des  Romains, 
114. 

w 

Weigelia  nouveaux,  127,  347. 

Wigandia  caracassana  :  sa  multipli- 
cation. 238;  —  imperialis,  348; 
—  Mexicana,  203. 

Wisleria  macrobolrys,  347. 


Yucca  Treculeana  et  autres  espèces 
rares  (floraison  des),  206. 


Zamia  de  serre  froide,  334. 

Zea  Kale  des  Anglais,  55. 

Zigzag  (chenille).  Voir  article  Che- 
nille, p.  23. 

Zinnia  a  fleurs  doubles  :  son  origine  ; 
chronique,  295. 


—  384  — 

CATALOGUES  D'HORTICULTURE  POUR  1869-1870. 

Baltet  frères,  à  Troyes  (Aube)  Catalogue  raisonné  des  arbres  fruitiers,  et 
arbres    forestiers    et  d'ornement  ;  arbres   nouveaux. 

Billlard  fils,  à  Fonlenay-aux-Roses  (Seine).  Arbustes  d'ornement  nouveaux, 
obtenus  dans  l'établissement. 

Chaté,  9,  rue  Libuet  (ci-devant  Sentier-Sl-Antoine  (boulevard  Picpus,  40), 
Paris.  Catalogue  des  plantes  nouvelles  :  Canna,  Bégonia,  Pelargonium, 
et  autres. 

liasse  et  Schmidt,  à  Erfurt  (Prusse),  Catalogue  d'Ognonsà  fleurs,  bulbes, 
griffes,   rhizomes,    tubercules,   etc. 

Du* al  (Hippolyte),  à  Montmorency  (Seine-et-Oise).  Catalogue  des  espèce?  et 
variétés  du  genre  Rosier. 

Eu  de  (Victor),  au  Havre.  Catalogue  des  arbres  fruitiers  et  des  Rosiers. 

diaudin-Duboig,  c\  Lomois,  près  Brissac  (Maine-et-Loire).  Extrait  du  Cata- 
logue général  d'arbres  et  arbustes  d'ornement  :  prix  courant  pour  mar- 
chands. 

■..oise-C 'hauvière.  14,  qnai  delà  Mégisserie,  Paris.  Catalogue  de  Glaïeuls; 
—  Catalogue  des  glaïeuls  nouveaux  de  4  869;  — Catalogue  des  graines  de 
choix  nouvellement  récoltées. 

JHargottin,  22,  Grande-Rue,  à  Bourg-la-Reine  (Seine).  Catalogue  des  Rosiers 
nouveaux   obtenus  dans  l'établissement. 

Ilurlet  (Gustave),  aux  Monceaux,  commune  d'Avon,  près  Fontainebleau 
(S^ine-et-Marne).  Catalogue  général  d'arbres  fruitiers,  d'arbres  et  arbustes 
d'ornement,  de  Glaïeuls,  de  plantes  propres  à  l'ornement  de  serre  tem- 
pérée et  des  appartements. 

Simon-Louis,  à  Metz  (Moselle).  Catalogue  général  descriptif  et  raisonné  des 
espèces  et  variétés  d'arbres,  d'arbustes  et  d'arbrisseaux  d'ornement  de 
plein  air. 

Quettier  père  et  fils,  à  Ussy  (Calvados).  Catalogue  prix  courant  de  jeunes 
plants  d'arbres  forestiers. 


Paris. —  Imprimerie  horticole  de  E.  Donnacd,  rue  Cassette,  9. 


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