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N° 1.
19" Année.
1S«9.
LIOIMIIÏIil FRANÇAIS
JOURNAL DES ABIATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES
COWTEKAHT
LA CULTURE RAISONNER, LA DESCRIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES,
KT NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGUMES, LA DESCRIPTION
ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX,
PUBLIÉ AVEC LK CONCOURS
DES AMATEURS ET DES PRINCIPAUX HORTICULTEURS DE FRANCE
SOUS LA DIRECTION DK
M. F. HERINCQ,
RÉDACTEUR EN CHEF.
ATTACHÉ «S MCSÉDM DU1STOIBE NATIIHEI.I.E HE PARIS,
Collaborateur (lll Manuel Jet Planta, dpS flgUrCS dU Box JanlJmci,
Ex-Rédacteur principal de la Société d'horticulture de ia Sitmè;
Membre -honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture , etc.
L'Horticulteur Français paraît le 8 de chaque mois, par livraison de 52 payes de texte
grand in-8. et d'une planche gravée et coloriée avec le plus grand soin.
S Paris 10 iï. par an.
Départements. 11 fr. —
Étranger 15 fr. —
Toutes les demandes d'abonnement devront être accompagnées d'un bon du montant de l'abonne-
ment sur la poste on sur une maison de Paris, et au nom de M. E. D0NNAUD, rue Cassette, 1 .
Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la poste ou sur noe maison de Paris, sont avertis que nous leur Ferons présenter une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à payer les frais de négociation de
la traite qui leur est adressée.
PARIS
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, t.
1869
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas-
sette, 1, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des calaltques parus dans le
mois et dont nous avons reçu un exemplaire.
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ques, d'arbres et de graines de
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JOURNAL
DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES
KEDIGK PAR
F. UERINCQ
ATTACHÉ AU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE DE PARIS,
COLLABORATEUR DU RÉGNE VÉGÉTAL, DU NOUVEAU JARDINIER ILLUSTRÉ,
DU MANUEL DES PLANTES, ANCIEN RÉDACTEUR DE LA SOCII II
NATIONALE D'HORTICULTURE DE LA SEINE, ETC.
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BOTANICAL
UaRUBN.
PARIS
E. DONNAOD, LIBRAIRE -ÉDITEUR
Hue Cassette ^ S*.
M I) CGC LX.IK
.ci
SOMMAIKE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE MJSIÉDO.
F. Herincq, Chronique. — 0. Lescoyer, Abricotier IMamo (PI. I). — F. Hfrincq
fructification naturelle d'un < 'hamœropi excella. — F. Herincq, l'artichaut succé-
dané du Cardon. — Charles Baltet, poire Auguate IMignard. — Eug. de Mar-
tragnt, sentinelle prenez garde à vous ! l,es chenilles. —Ed. Loarer, du climat
de l'Himalaya.— X..., petites nouvelles. — Travaux du mois.
CHRONIQUE
Dix-neuvième anniversaire de Y Horticulteur français, ce qu'il a été, ce qu'il
est, ce qu'il sera. A ses abonnés. Nouvelles conditions d'admission au
jardin de la ville. Election de la Société impériale de Paris. Exposition
pour 1869; suppression des programmes de concours. L'hiver et les pelures
d'Oignons. Belles floraisons des Jasminum nudiflorum, et Lonicera Standishii
et fragrantissima. Prudence, les froids peuvent venir; ne taillez pas trop vite.
Il y a aujourd'hui 18 ans que la divine Flore enregistrait
sur ses tablettes l'apparition, dans son empire, d'un nouveau
venu : c'était Y Horticulteur français. Né de parenls pauvres —
car les braves gens possédaient à peine de quoi payer les frais
de sa naissance — on ne lui donnait que quelques mois à vivre.
Il a vécu cependant, malgré sa pauvreté native, et ce premier
janvier 1869, il entre dans sa 19e année! C'est un grand et
vaillant gaillard, qui a vu mourir à ses côtés, sans bron-
cher, tous ceux qui sont entrés après lui dans la carrière!
mais aussi comme il a donné du tintouin à son pauvre petit
père !
A peine né, il lança son bonnet par-dessus les moulins. De
la part d'un garçon il n'y a pas trop de mal; le scandale fut
grand néanmoins dans le monde des satisfaits. Ces paisibles
amis des fleurs, habitués depuis longtemps à faire leur petite
popote sans être troublés, ont trouvé malséant qu'un petit drôle
vint ainsi, tout à coup, fourrer son nez dans leurs alïaires. Le
fait est que c'était très-inconvenant, et je reconnais que mon
tendre rejeton n'a pas volé les mille et une misères dont il
a été abreuvé depuis sa naissance ; je ne plains donc pas le
drôle qui n'a jamais voulu écouter les sages conseils qu'on lui
donnait.
Janvier 1869. 2
— 6 —
D'un autre côté, son caractère indépendant et la franchise
de ses allures lui ont gagné, dès le début, la sympathie des
hommes ennemis de l'intrigue et amis de la vérité ; c'est tout
ce qu'il cherchait. Il a marché ainsi entouré de l'estime de
hommes sincèrement dévoués aux intérêts de l'horticulture
pendant 18 ans ; il continuera sa marche, durant sa 19e année,
sans rien y changer, sans dévier de la droite ligne qu'il suit
depuis le premier jour, quel que soit le nombre de buissons
d'épines que les mécontents pourront planter sur son che-
min, pour contrarier ses faits et gestes ; car il ne craint pas les
égratignures ; il passera au milieu sans s'inquiéter des bles-
sures qu'il pourrait se faire; il a, pour les panser et les gué-
rir, un baume souverain : la liste de ses abonnés, dans la-
quelle figurent toujours ceux qui ont assisté à sa naissance, et
qui, parleur persévérant concours, ont assuré son succès.
Aussi est-ce avec un bonheur mêlé d'un peu d'orgueil — nous
en convenons — qu'il leur adresse ses remerciments, et qu'il
les prie d'agréer l'expression de sa vive et profonde recon-
naissance.
C'est en effet dans la persistance de ses premiers abonnés
qu'il puise sa force et son courage pour combattre l'igno-
rantisme et le charlatanisme, ces deux plaies de l'horticul-
ture, et pour vaincre les obstacles dont est hérissé le rude
métier de pionniers de la science horticole ; car tout n'y est
pas rose. Les roses elles-mêmes perdent tout leur charme et
deviennent souvent mégères. Très-nombreuses chaque année,
toutes les nouvelles veulent être les plus belles ; toutes pré-
tendent être supérieures à leurs aînées. Hélas! elles sont
comme les hommes qui voient la paille que vous savez. Les
pauvrettes voient bien les deux ou trois étamines qui gar-
nissent le cœur de leurs voisines, mais elles ne s'aperçoi-
vent pas que leur cœur est complètement vide. Et de cette
lâcheuse manière de voir, il arrive alors que si XHorlicul-
leur français accorde à l'une d'elles les honneurs de l'illustra-
tion, toutes les autres se lèvent en masse pour lui lancer l'ana-
thème et pour crier à la partialité à la camaraderie. Il en est
ainsi de la part de tout ce qui a des prétentions à la beauté ou
à la nouveauté. C'est tout simplement de l'injustice de leur
part; car tout le monde sait que pour Y Horticulteur français il
n'y a ni amitié, ni intérêt personnel qui tienne. Mais peu lui
importe ce qui se dit : il combattra toujours avec la même ar-
deur tout ce qui peut entraver le progrès de l'horticulture ou
nuire aux intérêts des horticulteurs et des amateurs.
On lui reproche encore trop de rudesse ou trop d'enjouement
dans son langage. C'est vrai, je ne saurais le nier. Cette
rudesse, il la tient de son origine môme. L Horticulteur fran-
çais n'est pas un homme du monde, c'est un simple jardinier.
Il ne peut donc pas connaître le beau langage employé dans les
régions supérieures de la société où chacun arrondit sa phrase
pour ne pas blesser son voisin, même quand on sait que ce
voisin est ungredin. Dans le grand monde on s'empresse même
de dire à un chenapan qu'il est honnête homme, et que l'Aca-
démie a commis un acte d'injustice en ne lui décernant point
le prix Monthyon. C'est ce qu'on appelle le savoir-vivre de la
haute société. Mais si ['Horticulteur français employait ce
même langage ; s'il louait sans réserve la beauté, la nouveauté
de toutes les plantes nouvelles ; s'il vantait l'honnêteté des fri-
pons, et la grande science de tous les faux savants, on s'em-
presseraitde qualifier ses assertions de fourberies, et on'aurait
parfaitement raison. Aussi, n'arrondira- t-il jamais sa phrase;
elle sera toujours carrée comme une planche de choux ; tant
pis pour lui s'il heurte quelqu'un de ses angles et s'en fait un
ennemi. Ce quelqu'un ne pourra jamais être ou qu'un aventu-
rier qui se hasarde sur un terrain qu'il ne connaît pas, ou
qu'un chevalier d'industrie qui se livre à des expéditions noc-
turnes pour tromper et exploiter plus à son aise la crédulité pu-
— 8 —
blique. Or, il est plus honorable d'être l'ennemi que l'ami de
pareilles gens ; nous sommes donc plutôt fiers que désespérés
d'avoir beaucoup d'ennemis dans ces deux classes de la société.
Quant à la légèreté de ses allures, Y Horticulteur français croit
qu'il est plus sérieux en disant de bonnes et saines choses en
badinant un peu, qu'en débitant des puérilités ou des inepties
sur la note grave d'une guimbarde, pour faire croire à une haute
science, et pour arriver à être quelque chose dans une société
quelconque.
Né libre, il veut rester libre ; la livrée lui fait horreur, et il
n'en veut pas plus pour les autres que pour lui. On a cherché à
le faire chef de parti, drapeau d'opposition systématique,
brandon de discorde, etc., etc., et aux dernières élections de la
Société d'horticulture de Paris, on a fait figurer le nom de son
rédacteur en chef sur la liste des candidats de V opposition. Les
auteurs de tous ces projets se sont étrangement mépris sur le
caractère du rédacteur en chef de Y Horticulteur français :
né libre, nous le répétons, Y Horticulteur français veut rester
libre; et l'indépendance de son rédacteur est indispensable
pour juger et apprécier avec impartialité tout ce qui touche à
l'horticulture.
Et maintenant que nous avons confirmé notre programme,
marchons d'un pied ferme dans l'exposé des faits accomplis,
et à accomplir.
Les. conditions d'admission que nous avons publiées dans
un de nos précédents numéros au sujet de l'Ecole d'horticul-
ture de la ville de Paris, ont subi quelques modifications qui
portent seulement sur la rémunération du travail. Pour l'année
1869, l'administration alloue aux aspirants :
Pendant les 3 premiers mois, 60 fr.
— 3 mois suivants, 70 fr.
— 3 mois qui suivent, 80 fr.
Cette période écoulée, l'aspirant peut être admis au titre
d'élève. L'allocation mensuelle est alors portée, suivant ses
aptitudes et ses capacités, à 85 fr., 90 fr. et au-dessus.
Nous engageons les jeunes jardiniers à passer une ou
deux saisons jians ce bel établissement ; il y a beaucoup à
apprendre. Ils devront adresser leur demande à M. le direc-
teur de la voie publique et des promenades (9, place de
l'Hôtel-de- Ville, annexe Nord, à Paris), qui les appellera au
fur et à mesure des vacances.
Un autre fait accompli, c'est la réélection du bureau de la So-
ciété d'horticulture de Paris. Aux termes de son nouveau règle-
ment, elle avait à élire le premier vice-président, deux vice-
présidents, le secrétaire-général-adjoint et deux secrétaires.
Le premier vice-président et le secrétaire-général sortants
étaient seuls rééligibles; M. Brongniart a été en conséquence
réélu, à la presque unanimité, premier vice-président, et
M. Yerlot a été maintenu au secrétariat général comme adjoint.
Les deux vice -présidents sortants étaient MM. Andry et
Pépin ; les réélus sont MM. Hardy fils et Boisduval ; les
deux secrétaires sont MM. Durand jeune et Guénot. Quant aux
membres du Conseil d'administration, leurs noms nous étant
à peu près indifférents, nous jugeons par là que nos lec-
teurs des départements ne doivent pas tenir beaucoup à les
connaître.
Quelque chose de plus intéressant est l'avis placé en tête
du numéro de novembre 1868 de cette Société, et qui vient
seulement de paraître; il est conçu en ces termes :
« La Société impériale et centrale d'horticulture de France
est autorisée à tenir, au Palais de l'Industrie, une exposition
générale qui durera du 18 au 22 mai 1869 inclusivement.
En même temps la Société s'est engagée à garnir de végétaux
d'ornement le jardin tracé dans la grande nef du Palais de l'In-
dustrie pendant toute la durée de l'Exposition des beaux-arts,
c'est-à-dire du 1er mai au 20 juin. Pour ce motif, elle acceptera
— 10 —
les végétaux d'espèces ornementales qui lui seront présentés
et en raison desquels les présentations profiteront de l'im-
mense publicité que procure l'Exposition des beaux-arts.
» Pour l'Exposition de 1869, il n'est pas établi de concours
spéciaux ; on acceptera donc les produits horticoles et les
plantes de toute nature que la Commission organisatrice
jugera dignes d'être placés sous les regards du public. D'un
autre côté, le nombre et la valeur des médailles qui pourront
être attribués aux objets présentés sont laissés entièrement
à la discrétion du jury qui aura soin de proportionne^ en
toute circonstance, la récompense au mérite. Grâce à ces
deux dispositions, le Conseil d'administration espère que les
horticulteurs et amateurs auront toute latitude et que nul
objet réellement méritant ne sera laissé sans récompense. »
Nous trouvons très-logique la suppression des programmes
et des concours spécifiés. A quoi servaient-ils en effet, puis-
qu'on recevait tout, et qu'on récompensait les plantes pour
lesquelles un concours spécial n'était pas établi, sous la ru-
brique : Concours imprévus ?
La Société d'horticulture de Russie, qui se trouve placée
sous les bienveillants auspices de S. A. I. le grand-duc
Nicolas, a fixé au 5 mai russe 1869(17 mai français), l'ou-
verture de son Exposition internationale d'horticulture et
d'un congrès de botanistes et d'horticulteurs. Nous avons
quelques programmes que nous tenons à la disposition des
amateurs qui voudraient prendre connaissance des nombreux
concours.
Le comité de l'Exposition internationale de botanique et
d'horticulture de Hambourg nous communique aussi le
projet de programme de son Exposition, dans l'espoir que nous
animerons les nombreux amis de l'horticulture à y contri-
buer chacun dans sa spécialité. Très- certainement que nous
engageons nos lecteurs à aller exposer leurs plantes à Ham-
— 11 —
bourg; mais gare la roulette! Là, ce serait leur argent qui
serait très-exposé.
La Société des rosiéristes de Brie- Comte-Robert (Seine-et-
Marne, France) annonce, pour les 11 et 12 juillet 1869, sa
quatrième grande Exposition spéciale des Roses. Elle annonce,
en outre, que les 103 rosiéristes de la Brie ont dans leurs
pépinières plus de deux millions de pieds de rosiers à vendre
à partir du l*r novembre 1 868. « On peut, dit la réclame que
nous venons de recevoir, visiter les pépinières tous les jours »
' — même quand il pleut — : il y a toujours au siège de la
Société des parapluies à la disposition des visiteurs !
On annonce une exposition à Sceaux, chef-lieu d'un arron-
dissement du département de la Seine, pour la fin de mai.
Cette ville ne possède pas cependant de Société d'horticul-
ture ; mais elle est devenue un centre d'horticulture très-
important; c'est là et aux environs qu'ont été transférés les
grands établissements de MM. Thibaut et Keteleêr, Croux,
Paillet, Mallet, etc. A côté se trouvent Châtillon et Fon-
tenay-aux-Roses qui comptent aussi des pépinières remar-
quables, et spécialement celles de M. Armand Gontier fils,
Billiard dit la (i raine. Il y a là évidemment l'étoffe néces-
saire pour constituer une Société; mais on prétend que le nom
de la ville est un obstacle, qu'il prête trop aux allusions nar-
quoises.- Il est certain que personne ne voudrait avouer qu'il
l'ait partie de cette Société de Sceaux ; et, quant à moi, si la
Société impériale me faisait l'honneur de me désigner pour la
représenter dans le jury appelé à juger les produits des Expo-
sitions de ce chef-lieu d'arrondissement, je me garderais bien
de dire qu'on m'a nommé juré pour la ville de Sceaux; les
malins ne manqueraient pas de me faire un affreux jeu de mot.
C'est la Société d'horticulture d'Anvers qui ouvre, cette an-
née, l'ère des Expositions. Elle en annonce une pour les 14 et
15 mars; Liège vient ensuite : 4 et 5 avril. Cette fois en-
_ 12 —
core celle de Paris coïncide avec celle de Versailles annoncée
pour les 16, 17 et 18 mai. Etrange. Pourquoi, puisque la So-
ciété d'horticulture de Paris tient à donner satisfaction le plus
possible à tous les intérêts, n'a-t-elle pas reculé de quelques
jours l'époque de son Exposition, pour permettre aux horti-
culteurs de Versailles de concourir avec les horticulteurs pari-
siens ? En reculant on serait peut-être arrivé trop tard pour la
floraison des Camellia et des Bhododendron. On pouvait au
moins l'avancer sans craindre d'arriver trop tard ; car si l'hi-
ver continue comme il a commencé, nous serons en plein prin-
temps au mois de mars. Oui, laissons les sociétés de côté et
parlons un peu du beau temps ; c'est le moyen de le faire
changer.
Si nous en croyons l'almanach, nous sommes en hiver depuis
le 22 décembre ; mais si nous consultons le thermomètre et la
végétation, nous devons nous croire très-près du printemps.
Le premier oscille entre 1 0 et 18 degrés centigrades au-dessus
du zéro, et la seconde bourgeonne que c'est plaisir à voir. Le
petit Jasminum nudiflorum est splendide de floraison ; jamais
il n'a déployé, en France, un aussi grand luxe de fleurs, il en
est littéralement jaune ; ordinairement ses fleurs sont presque
aussitôt flétries qu'épanouies. Les LoniceraStandishnetfragran-
tissima, sont aussi admirablement fleuris et parfument les airs
d'une agréable et douce odeur.
Si l'on en croit les pelures d'oignons, nous^ n'avons pas à re-
douter, pour ces arbrisseaux et aussi pour nous, de grandes
froidures. Mais dame ! les oignons sont-ils assez intelligents
pour lire dans l'avenir, et prévoir que l'hiver sera doux ou ri-
goureux, pour endosser une mince ou une épaisse pelure ? Je
veux bien leur accorder cette belle intelligence que n'ont pas
toujours les humains, afin de ne pas contrarier les braves cul-
tivateurs qui ont la plus grande foi en eux ; mais, en homme
prudent, je ne jetterai pas encore mon bois par la fenêtre ; rien
— 13 —
ne m'autorise à croire que l'hiver ne viendra pas. On cite des
exemples de froids tardifs qui prouvent que nous pourrions
bien n'avoir encore rieri perdu. Ainsi, en 1764, la gelée n'a com-
mencé qu'à la fin de janvier, et pendant plusieurs semaines
on put se promener en carrosse sur la Seine, et des ginguettes
s'étaient établies sur la glace qui n'avait pas moins de trente-
trois centimètres d'épaisseur. — J'en ai le frisson. — Ce
grand froid tardif s'est reproduit sous la première République
pendant la guerre avec la Hollande. L'Escaut était tellement
gelé que les vaisseaux néerlandais furent pris par la cavalerie
française . En 1755, il n'y avait ni neige ni glace à la St-Tho-
mas, mais le 24 février la gelée commença, et à la mi-mars on
passait l'Escaut à pied et à cheval ; c'est écrit, du moins, au-
dessus des portes d'Anvers.
Ces exemples prouvent que nous pouvons avoir encore de
grandes gelées, et ils nous invitent à la prudence. Ne préci-
pitons pas en effet certains travaux horticoles et spécialement
la taille. Dans un arbre taillé, ce seraient les yeux combinés
qui pousseraient sous l'influence de cette chaleur douce et hu-
mide. Or, quand surviendront les grands froids, tous ces yeux
seront développés, et la gelée les grillera inévitablement. Alors
nous n'aurons plus, pour établir une nouvelle taille, que le»
sous-yeux ou yeux stipulaires impropres à produire de bons
scions de charpente. Chez les rosiers ce sera pis; il ne faut pas
compter sur ces yeux . Ceux qui auront subi la taille courte
pourront bien demander un remplaçant pour l'année prochaine.
En laissant les rameaux non taillés, il n'y a que les yeux supé-
rieurs qui se développeront, et quand la gelée aura produit
son effet, il nous restera les yeux inférieurs sur lesquels nous
pourrons normalement asseoir notre taille. Donc, prudence et
patience. Si vous ne les possédez pas, chers lecteurs, que le ciel
daigne vous les accorder; c'est la grâce que je vous souhaite
pour commencer Tannée. F. Herincq.
__ 14 —
ABRICOTIER MUME (Pl. I).
L'abricotier Munie (Armeniaca Mume de Siebold) est un des
arbres les plus recherchés au Japon. C'est sur lui que s'exerce
l'art de produire ces petits arbres nains qui font la joie et le
bonheur du bon peuple japonais, et la richesse des jardiniers
de la patrie du Camellia.
Le Mume est répandu dans tout l'empire ; mais il prospère
beaucoup mieux dans le nord. C'est un arbre qui atteint de
5 à 7 mètres de hauteur; il ressemble beaucoup à nos Abri-
cotiers. Ses rameaux sont cylindriques à écorce cendré fauve,
et ses bourgeons ou pousses de l'année sont verts plus ou
moins teintés de pourpre. Les gemmes ou yeux des rameaux
florifères sont le plus souvent au nombre de trois ; dans ce
cas, les deux latéraux sont des boutons à fleurs, et celui du mi-
lieu est un véritable œil à bois. Les feuilles sont alternes pétio-
lées obovales arrondies àlabase, oulargement elliptiques, pro-
longées au sommet par une assez longue languette oblique ;
leurs bords sont très-finement dentés, et les dents delabase sont
souvent terminées par une glande ; les nouvelles feuilles sont
poilues sur les deux faces ; les adultes deviennent glabres à la
face supérieure. Les fleurs sont très-précoces, presque sessiles, .
un peu plus petites que celles de notre Abricotier ; elles sont
d'un rose pâle tendre, ou de couleur carnée ou bien blanche,
suivant la variété. Le calice est glabre, d'un rouge foncé, à
lobes ovales arrondis, très-finement ciliés. La corolle est à
5 pétales arrondis entiers ; mais quelquefois elle devient sem i-
pleine. Les étamines sont au nombre de 35 à 40. L'ovaire,
renfermé dans le tube du calice, est ovale, velu, uniloculaire,
surmonté d'un style droit, de la longueur des étamines, et
terminé par un stigmate capité.
Le fruit est très-brièvement pédoncule, de la grosseur et de
- 15 —
la forme d'un petit Abricot ordinaire ; il est très finement ve-
louté, d'un jaune mat très -chaudement marbré de rouge vif
du côté qui reçoit les rayons du soleil; sa chair est jaune,
épaisse, imprégnée d'une eau acre qui porte très-désagréable-
ment à la gorge ; le noyau est ovale-elliptique, à base tron-
quée, très-aiguë au sommet, un peu comprimé, mais convexe
sur les deux faces qui sont plus ou moins profondément creu-
sées comme les noyaux de Pêches.
L'Abricotier Munie, qui vient de fructifier pour la première
fois à Segrez, n'est donc pas à proprement parler un arbre frui-
tier. Au Japon même, d'après Siebold, ses fruits, qui mûrissent
en juin, ont un goût acre qui ne permet pas de les manger
comme nos Abricots. On les sale encore verts comme on fait en
Europe pour les concombres. Les Japonais les mangent comme
légumes, avec du riz et des poissons; c'est alors un mets très-
estimé des habitants du Japon, mais peu recherché des Euro-
péens. Et pour notre compte, nous n'avons pas pu en manger
un fruit entier; il est vrai, qu'il n'avait pas séjourné dans la
saumure.
Ce n'est donc que comme arbre d'agrém ent et pour l'intérêt
historique qu'il présente, que nous publions cet Abricotier. Il
est, en effet, très-ornemental et par ses fleurs, et par ses jolis
fruits jaunes et rouges.
Au Japon, dans les années favorables, cet arbre est tout en
fleurs au commencement de février ; en France, c'est aussi l'é-
poque de sa floraison. Les Japonais parent les autels de leurs
idoles et leurs demeures avec les rameaux fleuris du Muma,
comme symbole de l'approche du printemps : il est pour eux
ce que l'aubépine fleurie est aux Parisiens.
« Les fleurs des arbres sauvages, dit Siebold dans sa ma-
gnifique flore du Japon, sont blanches ; celles des arbres cul-
tivés varient dans toutes les nuances entre le blanc et le rouge,
et tirent même sur le vert et le jaune. Les variétés les plus
— 16 —
recherchées sont celles qui ont les fleurs doubles et que l'on
plante comme arbres nains aussi bien dans les jardins, près
, des maisons, que près des temples. »
Le nombre des variétés de Mume est très-considérable. La
collection la plus riche, dont le nombre de variétés monte
à plusieurs cents, est, dit Siebold, dans la possession du
prince de Tsi-Kusen.
Chacun connaît la passion incroyable des Japonais pour
les arbres nains ; c'est une industrie horticole très-lucrative
pour le pays. Le Mume est un des arbres sur lesquels s'exercent
les jardiniers pour le réduire à la dernière limite du nanisme,
et par la greffe en approche, qu'ils connaissent parfaitement,
ils en obtiennent des petits arbres pleureurs. En 1826, on
olfrit au courageux et intrépide explorateur du Japon plusieurs
de ces arbrisseaux nains en fleurs qui avaient à peine trois
pouces de haut. « Ce chef-d'œuvre de jardinage, dit-il, se
trouvait dans une petite boite vernie à trois rangs, pareille à
celles des médicaments que portent les Japonais dans leur
ceinture. Au rang le plus élevé se trouvait ledit Mume; au
rang du milieu un aussi petit sapin, et au plus bas un bambou
qui avait à peine un pouce et demi de haut. »
Le Mume joue, en outre, un grand rôle dans la légende des
saints et dans l'histoire des grands hommes et des poètes cé-
lèbres du Japon ; il est même regardé comme un arbre sacré.
On montre, dans les pèlerinages, de vieux troncs de Mume sous
lesquels se reposaient, jadis, les princes divinisés, et où les
prêtres, les poètes allaient s'inspirer pour composer leurs
psaumes et leurs sublimes cantiques . Aussi les petits Mûmes
qui proviennent d'une branche de ces vieux troncs sacrés se
vendent-ils au poids de l'or dans tout le Japon.
Maintenant que nous connaissons l'histoire du Mume ,
chacun de nous voudra certainement en posséder un pied, si
ce n'est de trois pouces de haut, comme ceux qui ont été offerts
— 47 —
à Siebold, du moins un bel individu de 3 à 4 mètres, comme
celui qui a fructifié l'automne dernier dans l'école des ar-
bustes de Segrez et qui provient de l'établissement de l'intro-
ducteur Siebold, à Leyde.
0. Lescuyek.
FRUCTIFICATION NATURELLE D'UN CHAM.EKOPS
EXCELSA.
Le Chamœrops excelsa est ce magnifique Palmier de la Chine
qui supporte assez bien en plein air le climat de la France.
Jusqu'à présent il s'était montré, en Europe, parfaitement
dioïque, c'est-à-dire que les fleurs mâles n'habitaient pas le
même pied qui porte les fleurs femelles. M . Turrel vient de si-
gnaler un fait de Monoécie sur un des deux Chamœrops excelsa
mâles, plantés en pleine terre dans le jardin de MM. Hubert à
Hyères. Cette année, un de ces Chamœrops porte sur l'un des
côtés de son stipe (au nord) des grappes sèches de fleurs mâles ;
tandis que de l'autre côté (midi) sont trois grappes portant des
fruits bien conformés avec albumen et plantule.
Ce fait étonne beaucoup M. Turrel, de Toulon, qui en in-
forme la Société d'acclimatation de Paris, ce Voilà donc un
exemple unique, dit- il, que je vois de fleurs mâles et de fleurs
femelles sur un seul pied de Palmier de cette espèce. J'aurai
soin, ajoute-t-il, d'étudier moi-même cette inflorescence au
printemps prochain. »
Il n'y a rien d'étonnant dans cette apparition de fruits sur un
Chamœrops excelsa mâle. Cette espèce de Palmier, comme beau-
coup d'autres de cette famille, est polygame- dioïque, c'est-à-
dire qu'il a indifféremment ou des fleurs mâles, ou des fleurs fe-
melles, ou des fleurs hermaphrodites sur le même pied ou
sur deux pieds différents. L ' unisexualité dans les végétaux,
Janvier 1869. 2
— 18 —
n'est _ chacun sait cela — que le résultat de l'avortement à
peu près constant d'un des deux organes sexuels (étamines ou
pistils). Or, il arrive fréquemment que les deux organes d'un
individu soi-disant unisexué — monoïque ou dioïque — se
développent complètement, et alors les fleurs deviennent
hermaphrodites et fertiles sans le secours d'aucune autre. C'est
ce qui est arrivé aux Chamœrops excelsa de MM. Hubert. Si
aussi bien ce Chamœrops eût été un individu femelle, on aurait
pu le présenter comme un nouveau cas de parthénogenèse .
M. Turrel peut donc se dispenser d'étudier l'année prochaine
l'inflorescence de ce Palmier. Ce qu'il pourra y découvrir était
connu du temps de Thunberg, qui fit connaître la polygamie
de cette espèce.
F. Herincq.
ARTICHAUT.
Emploi culinaire de ses feuilles.
Il y a quelques années, le chef de la fameuse maison Chevet
du Palais-Royal, émettait cette opinion : que les feuilles blan-
chies d'artichauts devaient pouvoir être mangées comme celles
des cardons. Cette opinion était fondée. M. Alphonse Lavallée
a fait blanchir, cet automne, plusieurs pieds d'artichauts épui-
sés/et les pétioles des feuilles ont donné un mets qui ne le cède
en rien à celui du cardon même. Je dirai plus ; c'est que le
goût est plus relevé, et celui de la souche rappelle tout à fait le
fond d'artichaut, mais à un degré un peu moindre. En tout
cas, c'est délicieux. Par conséquent, à défaut de cardon, on peut
prendre l'artichaut.
Mais a-t-on avantage à détruire un carré d'artichaut pour
faire du cardon à la sauce? Car la touffe d'artichaut blanchi
est détruite entièrement, puisque pour avoir les feuilles on
— 19 —
coiipe la souche: c'est du moins ce que nous avons t'ait. Il
faudrait pouvoir enlever seulement les feuilles et conserver le
pied; mais dans ce cas on n'a plus ce cœur fondant qui a le
goût de fond d'artichaut, et que pour mon compte je préfère
à toutes les autres parties de la plante. Il est bien certain que
si on pouvait tirer de l'artichaut deux produits, ce serait très-
avantageux; on ferait blanchir les feuilles après la récolte des
pommes, et alors le cardon n'aurait plus sa raison d'être.
Peut-être trouvera-t-on moyen d'utiliser les feuilles sans trop
endommager la souche ; c'est pour susciter des expériences
que je signale ce fait de la parfaite comestibilité du racliis fo-
liaire de l'artichaut.
F. Herincq.
POIRE AUGUSTE MIGNARD.
Le Poirier Auguste Mignard est vigoureux, robuste et
fertile ; il réussit sur franc et sur cognassier, et fructifie en
plein air ou en espalier avec le même succès.
Les rameaux sont bruns, de grosseur moyenne légèrement
coudés avec yeux saillants et aiguës.
Le feuillage est d'un beau vert ; la feuille est bien dentée.
Le fruit est d'une bonne grosseur, oblong, un peu renflé, de
couleur jaune herbacé moucheté fauve, et coloré à l'insolation
de rouge brun. La chair est faiblement teintée, assez fine, fon-
dante, juteuse; l'eau abondante est aromatisée d'un goût fort
agréable.
Le temps de la maturation varie d'octobre en décembre.
Cette variété est un des meilleurs gains de M. Grégoire Nélis
à Jodoigne, l'obtenteur des excellentes poires Zéphtrin, Fulvie,
Aglaé, Iris, Madame, S<i>u>\ Hélène, Hubert, Léon, Louis, Henri,
en ajoutant Grégoire à tous ces prénoms.; puis d'une foule
— 20 —
d'autres parmi lesquelles Souvenir de la Reine des Belges,
MgrSibour, Président Roy er, Beurré Del fosse, D^Lenthier, Com-
missaire Delmotte, du délicieux Avocat Allard à petit fruit; de
la jolie, colorée et exquise Beurré Ladé que la maison Baltet
Frères, de Troyes, met en vente aujourd'hui en même temps
que Y Auguste Mignard.
Depuis trois ans que M. Grégoire nous soumet ces deux der.
niers gains, leurs précieuses qualités ne se sont point démen-
ties. Cette année même, nous en avons récolté dans nos pépi-
nières, et nous n'hésitons pas à les recommander aux amateurs
de bons fruits.
Charles Baltet,
horticulteur à Troye.
SENTINELLE, PRENEZ GARDE A VOUS !
Les chenilles.
Ce cri : Sentinelle, prenez garde à vous ! est celui des ve-
dettes préposées à la garde des armées assiégées ; il a pour
but de tenir en éveil les soldats qui observent les mouve-
ments des assaillants, afin de prévenir les surprises et les désas-
treuses conséquences de ces attaques imprévues. Nous le pous-
sons, nous, pour qu'il soit entendu de tous les paisibles sol-
dats laboureurs, parce que nous avons visité les camps retran-
chés de l'ennemi redoutable qui dévaste nos champs et nos
jardins depuis plusieurs années; et ses bataillons nous parais-
sent plus nombreux que jamais. Oui! garde à vous, impas-
sibles cultivateurs . Les bataillons de chenilles dont il s'agit
sont encore dans leurs campements d'hiver, mais ils en sor-
tiront au printemps prochain en colonnes serrées et se jette
ront sur vos arbres qui seront bientôt dévastés.
Sus! donc à l'ennemi pendant qu'il sommeille; les surprises
— 21 —
sont de bonne guerre. Fondons sur lui, et livrons-le en holo-
causte aux dieux des fournaises, de l'huile lourde et du pé-
trole ! Cette guerre est très-facile pendant tout l'hiver ; d'un seul
coup de racloir ou de brosse on détruit des milliers d'individus ;
• c'est bien autrement expéditif, comme on voit, que le fusil à
aiguille.
^V^
>^-
Fig. i. — Chenille tîu Bombyx disparate.
Les chenilles dont nous avons à craindre les dévastations
sont celles du Bombyx processionnaire et particulièrement du
Bombyx disparate, espèce de Papillons de nuit.
Fig 2. - Papillon du Bombyx disparate. Fig. 3. — Femelle en train de pondre
Les Processionnaires adultes établissent à la'base des arbres,
des nids qui ressemblent à des sortes de bosses, ou nodosilés,
— 22 —
comme il en pousse souvent aux troncs d'arbres; ils ont de 40
à 50 centimètres de long sur 15 à 20 de large, et les deux bouts
sont arrondis. Les chenilles sortent par une ouverture supé-
rieure, et la marche s'exécute dans un ordre et avec un en-
semble qui n'a rien de comparable à l'ordre et à l'ensemble
avec lesquels la garde nationale non mobile exécute ses
marches et contremarches. « Au moment où elles sortent, dit
le docteur Boisduval, dans son Essai sur V Entomologie horti-
cole (1), une chenille va la première et ouvre la marche —
(c'est le chef de bataillon), les autres la suivent à la fde en for-
mant une espèce de cordon. La première est toujours seule;
les autres sont quelquefois deux, trois ou quatre. Elles obser-
vent un alignement si parfait que la tète de Tune ne dépasse
pas celle de l'autre» Quand la conductrice s'arrête, la troupe qui
suit n'avance pas ; elle attend que celle qui est à la tète se dé-
termine à marcher pour la suivre. C'est dans cet ordre qu'on
les voit souvent traverser les allées des bois, ou passer d'un
arbre à l'autre quand elles ne trouvent plus une nourriture suf-
fisante sur celui qu'elles abandonnent. »
Les chenilles processionnaires exécutent leurs évolutions
militaires le soir, et c'est durant la nuit qu'elles se livrent à la
dévastation. Par conséquent, comme elles rentrent tous les
matins dans leur domicile, il devient facile de les détruire en
détachant les nids pendant le jour avec un grattoir emmanché
au bout d'une perche ou en les brûlant. Le docteur Boisduval
conseille de faire cette opération au miiieu de juillet, par un
temps pluvieux, afin que. les chenilles soient toutes rentrées
dans le nid. M. le conservateur du bois de Boulogne a employé
avec succès,, dit -il, un mélange de dix parties d'huile lourde
de gaz, avec cent parties d'eau; d'un coup de brosse ou de ba-
(1) Un volume in-8, de 650 pages et 125 dessins, à la librairie d'horticul-
ture de bonnaud, 9, rue Cassette, Pans. Prix : 6 francs
— 23 —
lai trempé dans le liquide, on imbibe les nids et un instant
après la garnison ne contient plus que des cadavres.
Mais ce n'est pas tant la chenille processionnaire que nous
avons à redouter pour nos jardins; elle ne s'attaque qu'aux
chênes. Ce n'est par conséquent que dans les parcs qu'elle est
à craindre. La plus redoutable c'est la chenille du Bombyx
disparate (B. dispar) que les forestiers désignent par le nom
de spongieuse, et que le commun des mortels appelle z igzag :
c'est elle qui a dévoré, le printemps dernier, toutes les feuilles
des arbres des jardins, et même des bois, des environs de
de Paris et très -certainement de beaucoup d'autres localités.
Nous venons d'explorer quelques-unes de ces contrées, et
nous sommes effrayés des préparatifs qu'a faits la nature pour
nous donner, au mois de mai prochain, une nouvelle représen-
tation de cet attristant spectacle.
Il n'est pas, en effet, un arbre qui ne porte une douzaine au
moins de nids d'œufs de cette dévorante chenille barbue, que
les femelles ont déposé dans la partie inférieure de son tronc.
On peut prévoir, dès à présent, qu'une innombrable quantité de
chenilles recommencera encore l'année prochaine ses dévasta-
tions, si les jardiniers ne préviennent pas l'écloison des œufs
par la destruction des nids; cette destruction est très-facile. Les
œufs sont appliqués sur l'écorce et forment des petites plaques
laineuses saillantes, assez semblables, parla couleur et la na-
ture, à des morceaux d'amadou. Comme ils sont placés à la par-
tie inférieure des troncs d'arbre, les plus élevés n'étant guère
à plus de 3 mètres du sol, on peut les détacher facilement avec
un grattoir et les brûler.
C'est ce que nous avons vu faire dans le parc de Segrez, par
des enfants, et M. Alphonse La vallée espère que la destruction
sera complète avant l'écloison, qui commence dans les premiers
jours du mois de mai.
Il est peut-être un moyen plus prompt encore, ce serait d'en-
'_ 24 —
lever ces plaques à" œufs avec des brosses imbibées de pétrole
ou d'acide phénique étendue d'eau. C'est ce que nous nous pro-
posons d'expérimenter; nous en ferons connaître le résultat.
Mais, nous le répétons : Prenez garde à vous ! Détruisez,
détruisez le 'plus vite possible les nids de cette malfaisante
chenille ou alors renoncez à la récolte de vos fruits.
EUG. DE MaRTRAGNY.
DU CLIMAT DE L'HIMALAYA (1).
Les Palmiers sont représentés par le gracieux Areca, dont
la tige droite, mince, composée d'anneaux d'une régularité
parfaite, s'élance à 20 mètres et est surmontée d'une touffe
de feuilles larges, souples et d'un vert magnifique. Plusieurs
Chamœrops y atteignent aussi de grandes proportions ; le
Phœnix sylvestris s'y trouve en épais fourrés. Il n'est pas
rare de voir un Phœnix de 8 à 10 mètres, sur la tête duquel
croît un Ficus religiosa dont les racines, s'allongeant graduel-
lement vers la terre, ont entièrement enveloppé le tronc du
Palmier, dont on n'aperçoit plus que la tête au milieu du
feuillage du Ficus. La première impression, naturellement
produite, est que le Palmier est postérieur au Ficus et qu'il
croît dans un creux de l'arbre sacré, mais c'est toujours le
contraire. Enfin, les endroits marécageux sont le domaine ex-
clusif du modeste mais utile Palmier sagou. Il semble que la
Providence ait placé là, sous la main de l'homme, le seul ali-
ment qui puisse, avec succès, prévenir et combattre la dys-
senterie, ce fléau engendré si rapidement par l'air empoisonné
de ces forêts.
Tous ces arbres sont entrelacés par d'innombrables plantes
(I) Voir année 4868, pages 314 et 347.
— 25 —
grimpantes, parmi lesquelles on remarque des vignes gigan-
tesques, Cissus indica, quadrangularis, carnosa et d'autres,
dont les fruits fournissent une nourriture abondante à des
tribus nombreuses et variées de pigeons. Une autre liane
très-commune dans ces bois est le Doliehos pruriens; lorsque
les gousses de cette légumineuse approchent de la maturité,
elles sont couvertes d'un duvet subtil qui s'envole au moindre
choc et dont chaque particule forme un dard empoisonné qui
s'enfonce dans chaque pore du. chasseur malencontreux et lui
fait éprouver des tourments que l'on peut comparer au sup-
plice infligé à Hercule par la tunique du centaure Nessus.
La plus remarquable de ces lianes est le colosse des plantes
grimpantes, VHiptage Madablçta, qui embrasse de ses ra-
meaux un hectare de forêt, s'élance d'arbre en arbre qu'il
étouffe, mais qu'il décore de son feuillage abondant, rouge
et vert, et d'une profusion de grappes de fleurs brillantes,
où le jaune d'or s'allie admirablement au blanc d'émail.
Cette liane forme, dans les cantons de forêts où elle s'est
établie, des voûtes impénétrables et sombres dont d^immenses
Shorea sont les colonnes, et auprès desquelles même les
monuments les plus grandioses de l'Inde semblent bien chétifs.
Ce n'est pas seulement cette fraîcheur et cette obscurité
mystérieuse dans laquelle on se trouve soudainement plongé,
après avoir, quelques minutes auparavant, été inondé par
les flots brûlants et éblouissants d'un soleil tropical, qui im-
pressionnent l'explorateur; c'est que là, dans ce fouillis obscur
de Palmiers, de Bambous nains et de Zizyphvs, se tapit
peut-être un tigre, qui suit d'un œil ardent chaque mouve-
ment de celui qui vient troubler sa chasse ou sa digestion.
Chaque bruit produit par le vent dans les 'feuilles, par la chute
d'une branche morte ou par une pierre qui s'écroule sous
l'action lente, mais sûre de l'eau, de la végétation et de l'air,
peut aussi bien être causé par le passage du léopard, du chat
— 26 —
tigre ou du boa formidable, que par le pas de la gazelle, de
l'outarde ou du faisan doré. Involontairement on visite les
amorces de ses armes, bien faibles ressources pour un homme
seul, qui se trouve en présence d'un éléphant, d'un tigre ou
d'un rhinocéros !
Les Dhoons (chaînes de montagnes du nord et du nord-ouest)
placées dans des conditions naturelles exactement analogues,
présentent un tout autre spectacle : les habitants des montagnes
voisines, d'un naturel doux et industrieux, ont été de toute an-
tiquité pasteurs et agriculteurs. Rien n'égale l'ingéniosité et la
patience déployées par ces montagnards pour utiliser le moin-
dre canton cultivable. Partout- où le roc n'est pas complète-
ment à nu, la terre végétale est soutenue par une série de
terrasses, œuvre de bien des siècles d'un travail aussi intelli-
gent qu'opiniâtre. Le même discernement, la même science se
montrent dans la distribution et l'aménagement du plus mince
filet d'eau. La terre manquant sur les montagnes, à cette po-
pulation sans cesse croissante, ils ont graduellement empiété
sur les forêts des vallées, et sont, de la sorte, venus se ren-
contrer avec les habitants des plaines qui, de leur côté., en-
couragés par le voisinage de montagnards paisibles, avaient
aussi attaqué ces forêts.
Le travail combiné de ces deux races si distinctes, a trans-
formé un sol empoisonné en un immense jardin où règne un
printemps perpétuel, qui en fait, à la lettre, une terre ruis-
selante de lait et de miel. Les heureux habitants des Dhoons
n'ont à craindre ni ces sécheresses, ni ces inondai ions qui dé-
solent, à des époques périodiques très-fréquentes, toutes les
autres provinces de l'Inde ; l'eau ne leur manque jamais ; tan-
dis que la pente régulière et graduelle des terres leur permet
toujours d'en contrôler la marche et la distribution. Leurs
villages, toujours placés sur quelque légère éminence quiper-
— 27 —
met à chacun de surveiller les champs environnants, sont en-
tourés d'épais bosquets où les arbres fruitiers des tropiques
se marient à ceux du midi de l'Europe et multiplient les jouis-
sances de leurs indolents possesseurs.
Dès le mois d'avril, alors qu'en France les arbres commen-
cent seulement à se couvrir de fleurs, on cueille, dans les
Dhoons, des Oranges, des Raisins, des Pêches, des Abricots,
des Pru nés, des Frambroises, qui ne demandent que des soins
plus intelligents, ou l'application de la greffe pour égaler les
nôtres. Au mois de juillet et d'août, le Dattier, le Manguier, le
Goyavier et le Bananier prodiguent leurs trésors. Les champs
rendent deux récoltes chaque année, et cette terre privilégiée
prodigue ainsi ses trésors, depuis des siècles, sans engrais,
sans autre travail que le labour le plus superficiel, et semble
n'exiger pour repos qu'une alternation de produits.
Aux mois d'octobre et de novembre on sème les céréales
connues en Europe et d'autres grains affectionnant un climat
comme le nôtre : Froment, Orge, Avoine, de nombreuses légu-
mineuses: Cicerarietinum,Dolichos,Phaseolus, Lentilles rouges
et vertes, Pois communs et le Haricot sabre qui fournit une
gousse parfaitement tendre, de 60 à 80 centimètres de lon-
gueur ; une grande variété de cucurbitacées, plusieurs Melons
très-parfumés, et d'excellents Concombres. Nous devons en-
core signaler des racines précieuses : Carottes, Navet rouge et
Raves blanches, etc. En décembre la récolte commence par les
racines ; en février viennent les premières cucurbitacées ; en-
mars les légumineuses; en avril on coupe les céréales.
Ces récoltes ne sont pas plutôt enlevées que les mêmes
champs reçoivent un labour qui en écorche la surface à une
profondeur de 10 à 15 centimètres, et on leur confie aussitôt
des semences qui, à la fin du mois de septembre, donnent une
ample moisson de plusieurs espèces de T\z,Panicum, Sorghum,
Eleusine coracana, plusieurs variétés de Maïs, des cucurbi-
— 28 —
tacées d'espèces tropicales, Gingembre, Arrow-root, Curcuma,
Anis, Coriandre, Patates douces, Manioc, Ricin et Avachis hy-
pogea.
La Canne à sucre réussit également bien dans ces terres ;
une plantation y dure deux ans et donne deux ou trois coupes,
enfin les terres trop humides pour admettre une autre culture,
nourrissent sans relâche plusieurs aroïdées dont le feuillage et
les tubercules sont également nutritifs.
La température de cette région tient le milieu entre celle
du nord de l'Algérie et le midi de la France : pendant la pre-
mière quinzaine de juin, le thermomètre y est fréquemment à
34 degrés centigrades ; mais à cette époque, la brise, qui cha-
que soir descend des montagnes, y rend constamment les
nuits et les matinées délicieuses ; la vue consolante des pics
neigeux de l'Himalaya, la conscience qu'en cinq ou six heures
on peut arriver aux régions froides, suffisent pour faire sup-
porter avec patience quelques semaines de chaleurs excessives.
Si l'on traverse les Dhoons en s'éloignant perpendiculaire-
ment des plaines de l'Inde, on arrive à une région couverte de
blocs arrondis de toutes grosseurs et ravagée par les torrents
de l'Himalaya pendant la saison pluvieuse et qui changent
constamment de lits. On esl ici à 2,500 pieds au-dessus de la
mer : dans quelques endroits un torrent s'est creusé un lit de
plusieurs centaines de pieds de profondeur dans ces amas de
pierres roulées, et sur les faces de ces talus, on peut compter
jusqu'à cent couches parallèles d'alluvions successives dont la
formation est d'une régularité remarquable
La végétation de ces terrains est très-pauvre, on n'y ren-
contre que des Agave, des Cactus, des Euphorbes, des Phœnix
nains et des Bambous épineux de petites dimensions, mais qui
fournissent des tiges solides, sans fcavités, élastiques, droites,
longues de 3 à 4 mètres sur un diamètre de 3 à 6 centimètres^
— 29 —
et dont les malfaiteurs de l'Inde fabriquent ces lattées (bâtons
ferrés) dont ils se servent avec une adresse si fatale aux voya-
geurs.
L'Himalaya est maintenant devant nous et présente un rem-
part abrupte d'une élévation presque constante au-dessus de
la plaine de 2,000 mètres ; les flancs de la montagne revêtus
d' un épais taillis de Bambusa stricto, ont une teinte uniforme
de bistre. Les sommets sont enveloppés d'une végétation aux
couleurs sombres, qu'à cette distance on prendrait pour de ché-
tifs buissons, mais qui sont des Pins et des Cèdres gigantesques
au milieu desquels on aperçoit çà et là quelques points blancs;
ce sont les maisons des cantonnements de l'armée anglaise .
• »•••••••••••••••>••••••••••• •
La composition ordinaire du sol de l'Himalaya consiste en
couches de granit, de gneiss et de schiste, traversées en tous
sens de'^nombreuses veines de quartz. Le granit est rarement
exposé à nu en grandes masses; c'est le gneiss qui domine; on
ne trouve des couches plus récentes que dans de rares localités;
c'est seulement après avoir dépassé les plus grandes chaînes
qu'en descendant vers les plateaux de laTartarie et duThibet,
on trouve des stratifications régulières de calcaires et de grès.
A cette hauteur (2,000 mètres), on aperçoit fréquemment
des buissons encore timides de Rosiers, deRubus, de Berberis,
de Prinsepia utilis et de Cerasus cornuta. Ce dernier est ici à l'é-
tat nain, mais à 4,000 mètres d'élévation, il atteint presque les
dimensions d'un arbre. Toutes ces rosacées luttent avec désa-
vantage contre les ardeurs de l'été et les longues sécheresses ;
à 1,000 mètres plus haut, on les trouve dans toute leur ri-
chesse. Plusieurs espèces de buissons épineux de la famille
des aurantiacées embaument l'air et prêtent un appui frater-
nel au Jasminum pubigerum, dont les grappes de fleurs d'un
beau jaune ne sont pas moins odorantes ; enfin plusieurs es-
— 30 —
pèces de Smilax aux longs sarments ornés de crochets acérés
varient la végétation par leurs guirlandes de feuilles coriaces
d'un vert sombre, surmontées de leurs fleurs blanches aux
formes vaporeuses.
Le voisinage d'une source et d'un petit espace où l'humus
est un peu plus profond est généralement signalé de loin au
vovageur par un Ficus ou un Manguier séculaire, psèr
lequel on trouve indubitablement un campement de muletiers
qui s'arrêtent sous son ombre pour y préparer leur re.pas.
Par sa constitution géologique, l'Himalaya n'offre ni pla-
teau aux sommets, ni vallées au pied des montagnes; on n'y
voit que des gorges étroites, et la rencontre de deux chaînes
ne forme jamais qu'une ravine profonde, rocheuse, sombre
et tourmentée. Les couches schisteuses sont si friables que
l'eau les entaille et entraîne les débris avec facilité ; le
gneiss naturellement fendillé dans tous les sens, ne résiste
guère mieux à l'effet alternatif des gelées d'hiver, et des
torrents de l'été. L'absence de plateaux, la pente rapide, la
nature des terrains où il n'existe aucune stratification, font
que cette masse d'eau s'écoule immédiatement vers les
plaines, et quelques semaines après la saison des pluies, on
ne trouve plus que quelques maigres filets d'eau qui se per-
dent à travers les fissures des gneiss.
La végétation tropicale est déjà loin dans les profondeurs
des gorges; autour du voyageur est une épaisse forêt où se
pressent tous les arbres qui ont des analogues en Europe et
d'autres plantes spéciales à cette région de l'Himalaya.
Nous y pénétrerons dans le prochain numéro.
Ed. Loarer ,
capitaiue au long coursa.
— 31 —
PETITES NOUVELLES.
Puceron lanigère. On a bien proposé des substances et des
procédés pour débarrasser les Pommiers de cet insecte, mais
la plupart sont souvent plus désastreux que l'animal même.
Ainsi le pétrole, conseillé dans ces derniers temps, détruit tous
les bourgeons à fleurs et même les branches charpentières qui
les portent. Le procédé le plus efficace jusqu'à présent, et le plus
simple, est de brosser les parties envahies avec une brosse ou un
gros pinceauimbibé d'esprit de vin ; ce procédé a toujours par-
faitement réussi à M. Rivière du Luxembourg. Il faut appliquer
le remède chaque fois que les insectes apparaissent, car il ne peut
pas garantir éternellement l'arbre de nouvelles invasions. Vou-
loir trouver un remède qui préserve à tout jamais les Pom -
miers des Pucerons, la Vigne et la Pomme de terre de leur ma -
ladie respective, c'est tout simplement vouloir l'impossible ;
car, chaque année, de nouvelles productions se forment et q ui
ne sont pas et ne peuvent être enduites de la substance cura -
tive. On ne peut pas raisonnablement exiger qu'un remède
agisse sur quelque chose qui n'est pas encore créé. Les mé -
dicaments qui guérissent une femme de la fièvre typhoïde, ne
préservent nullement de la même maladie, les enfants qu'elle
pourra avoir après sa guérison, et pourtant il ne vient à la
pensée de personne de dire que ces médicaments ne font rien
pour combattre cette fièvre. Pour que les Pommiers ne soient
plus jamais attaqués par le Puceron lanigère, il faudrait arriver
à l'extinction delà race, et l'homme ne met pas assez de persé-
vérance dans ses entreprises, pour arriver à ce résultat.
Plantes nouvelles. MM. Bouchardat, Crousse, Rendatler,
Lemoine, Gaudin-Dubois, Bruant, etc., viennent de publier
leur catalogue de plantes nouvelles ; nous en parlerons dans
le prochain numéro-.
— 32 —
Travaux eu moSs de hnmr.
Potager. On doit préparer le terrain pour semer sur ados ou côtières:
Pois, Fèves de marais, Ail, Échalottes, Poireaux, Oignons rouges et pâles.
Dans les planches d'oignons, on peut semer quelques choux, soit de Vaugirard
ou gros iMilan, qu'on repique en place ensuite vers le mois de mars, pour
être bons à récolter en juin. On peut encore y semer un peu de carottes que
l'on tire pendant Tété; du Persil qui resté pour la consommation d'automme :
ces plantes ne nuisent aucunement aux plantsd' oignons. Pendant la gelée, on
couvre ces semis de litière sèche. Vers la fin du mois, on plante les pommes de
terre hâtives, Comice d'Amiens et Marjolin. Sur couche et sous châssis, on
sème : Poireau, Carottes, Tomates, Pois et Haricots nains, Melons, Concombres,
Choufleurs tendres, Chicorée frisée d'Italie ; on continue les semis de Laitues
et Romaines hâtives, Radis roses, Navets, Cerfeuil. On pince au-dessus de la
quatrième feuille les Pois semés le mois précédent ; la transplantation qu'on
leur fait subir en avance la production. On chauffe les châssis de fraisiers ea
pots; les variétés les plus convenables sont: Queen Seedling, Goliath, Comte
de Paris, Princesse royale, Crémone, etc.
Fruitier. On peut commencer la taille des arbres, mais il est préférable
d'attendre la pousse : on obtient de meilleurs résultats ; les cicatrices se recou-
vrent plus rapidement, et l'on n'a pas à craindre les décollements de l'écorce ou
le dessèchement des bourgeons supérieurs voisins de la coupe. On continue les
travaux de défoncement et plantations : il faut se bien garder de planter par un
temps pluvieux ou par la gelée; la terre doit être très-meuble. On peut placer
des panneaux vitrés contre les espaliers de Vignes, Cerisiers, Pêchers, etc..
pour en obtenir des fruits précoces.
Parterre. Couvrir et découvrir les plantes délicates suivant l'état de l'atmos-
phère; il est bon de couvrir, si le froid est vif, les Pensées au moyen d'un pot
renversé ; préserver aussi de l'humidité les Œillets et Auricules cultivés en
pots. Terreauter les gazons et bordures de fleurs. Tailler les Rosiers et arbres à
fleurs, excepté les Rosiers thés qu'on ne doit tailler qu'à la fin de février.
Serres. Maintenir la température nécessaire, la propreté sur les feuilles,
arroser suivant le besoin. On doit faire des boutures de Fuchsia, Bouvardia,
Pelargonium, Lantana, Sauges, Héliotropes, Cuphea, etc.
Pour conserver les Épacris et les Ericas ou bruyères, il ne faut pas chauffer les
serres ; il suffit de couvrir les vitres de paillassons ou de feuilles pendant les
froids ; on doit leur donner le plus d'air possible, toutes les fois que le temps la
permet; ces plantes peuvent supporter quelques deerés de froid sans souffrir.
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SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Herimcu, Chronique. — L. INeumann, Le Solanum à fruit comestible (PI. II). —
L. Cordier, culture du Melon sur buttes. — F. Hfrincq, le Fraisier, sa culture pour
en obtenir des fruits pendant 7 mois. — Charles Baltet, greffe du [loyer cooomuu sur
Noyer d'Amérique. — A. Pavard, Cranibe maritime (Zea Kale des Anglais;. —
— Cercle des Cultivateurs. — 0. Lescdyer, Revue des Journaux étrangers,
plantes rares ou nouvelles. — Catalogues d'Horticulture pour 1869.— Travaux du mois.
CHRONIQUE
Une victime des dissensions scientifiques : théorie de M. Morren sur l'iucom-
patibilité des panachures et des fleurs doubles : M. Lemaire et le Kerria à
quatre pétales ; le Kerria à fleurs doubles de l'Illustration horticole; erreurs
eteolères. L'art de greffer, par M . lialtet • Les fruits à cultiver, par M . F . Jamin ;
Ce que sont les livres sur les spécialités de plantes : Les plantes de serres;
les arbustes et arbrisseaux de plein air; les Cactées. — Le Nouveau Jardinier
illustré pour 1869.
Tel que vous me voyez, chers lecteurs, je suis victime, en
ce moment, des dissensions scientifiques survenues entre deux
savants — ce qui n'a rien d'extraordinaire, bien au contraire
— au sujet de la théorie des panachures d'une part, et d'in-
nocentes erreurs d'autre part. C'est moi qui paye les pots que
mes confrères ont cassés ensemble. Après avoir rompu avec
son adversaire quelques traits d'esprit plus ou moins aigres-
doux, le vaincu a fait tout à coup volte-face, et, furieux d'a-
voir été battu par l'interposition, dans le débat, d'un article
de V Horticulteur français, il me tombe dessus à bras rac-
courcis, et avec une ardeur sans égale. Grande leçon, chers
lecteurs, grande leçon qui prouve une fois de plus qu'entre
deux savants en querelles, il ne faut jamais mettre son
doigt; on est assuré d'être toujours mordu. Quoiqu'il en
soit, ce n'est pas fort de la part de l'auteur des innocentes er-
reurs de se venger ainsi sur moi, et d'autant moins fort qu'il
ne fait que reproduire p/iotographiquement, non comme un so-
Février 1 869. 3
— 34 —
leil, mais comme un simple plagiaire, les formules employées
par tous les gens de la même 'école, chaque fois que nous leur
donnons , en passant, une petite leçon de science ou de con-
science.
La question qui nous a valu ce fulminate d'injurium est des
plus intéressantes. M. Edouard Morren venait de poser comme
principe : que tous les végétaux à feuilles panachées sont tou-
jours à fleurs simples; qu'il y a incompatibilité entre la pana-
chure et la duplicature des fleurs, parce que, dit-il, la pana-
chure est un signe de faiblesse de l'individu, tandis que la
duplicature annonce, au contraire, un excès de vigueur. C'est
assez logique. Toutefois, cette théorie rencontra, au début,
quelques contradicteurs qui prétendirent que les exceptions
étaient tellement nombreuses qu'elles ne pouvaient plus du
tout confirmer la règle; mais personne n'en montrait. Un jour
cependant — jour à jamais néfaste — M. Lemaire annonça
radieusement, que le Corchorus ou Kerria japonica venait de
produire une variété panachée qui détruisait péremptoirement
la théorie Morren. Il en fit faire une belle figure pour Vlllus-
tratioîi horticole, et, bien que le sujet panaché ne lui eût point
montré ses fleurs, on vit paraître, dans ce journal, la magni-
fique portraiture du Kerria susdit, ornementée des plus jolies
fleurs doubles. On se réjouissait déjà dans le camp des adversaires
de la théorie Morren ; mais la joie ne fut pas de longue durée.
A quelque temps de là, un journal anglais publia, à son tour, le
Kerria panaché, et cette fois les fleurs étaient tellement simples
qu'elles n'avaient plus que quatre pétales ! Plus tard, on vit
partout fleurir cette variété, et partout elle montrait ses fleurs
toujours simples, mais avec 5 pétales. Jubilation, bien naturelle
alors, de M. Morren; honte et humiliation, plus naturelle en-
core, de M. Lemaire; car, figurer une plante à fleurs simples en
l'affublant de fleurs doubles, c'est un fait très-grave ; il donne
le droit, en effet, de supposer que dans le laboratoire dudit
- 35 —
journal on embellit la Nature en même temps que les dessins.
Aussi, M. Lemaire s'empressa-t-âl
« D'imiter de Conrart le silence prudent, »
c'est-à-dire qu'il ne rectifia point son embellissement.
Malheureusement, le besoin de critiquer les œuvres sé-
rieuses des autres se fait tellement sentir chez cet illustre sa-
vant, qu'il oubliala prudence de Conrart. Il publia un autre joui-
un articulet pour infiltrer, dans l'esprit de ses lecteurs, que
M. Morren avait commis une foule de fautes au sujet du Kerria
à quatre pétales figuré par le journal anglais ; mais le brave
cher homme se fourvoya si grossièrement dans un dédale d'er-
reurs, qu'on ne put l'en faire sortir qu'en lui tendant notre
article sur les Kerria et le Rhodotypos. De là sa grande colère;
car, en reproduisant cet article, M. Morren Ta fait précéder des
réflexions suivantes : — « Ce procédé (de M. Lemaire) ne nous
a pas froissé seul; il a révolté de loyales consciences, et il a
valu à M. Lemaire la verte leçon que vient de lui infliger
M. Herincq, rédacteur en chef de Y Horticulteur français (1868,
page 241). Nous ne pouvions être vengé d'une manière plus
éloquente et plus digne à la fois. »
Voilà surtout ce qui a mis le comble à la fureur de M. Le-
maire, qui n'admet de loyales consciences, de manière élo-
quente et plus digne, que pour lui et ses amis. Qu'ils sont bien
tous les mêmes ces gens qui, nés pour être maçons, veulent
faire un autre métier. Présomptueux jusqu'à croire — ïnais
très-sincèrement — qu'ils ont la science infuse, ils se révoltent
chaque fois qu'on adresse des éloges à d'autres qu'à eux, et
% entrent dans une sainte colère quand on leur reproche de
trop bien cultiver les erreurs. Du reste j'aime assez cela;
comme le Louis XI de Casimir Delavigne ,
» Je ne hais pas les gens que la colère enflamme;
On sait mieux et plus tôt tout ce qu'ils ont dans l'âme. »
Mais où M. Lemaire est le plus adorable, où il peint bien
— 36 —
ce caractère présomptueux des gens de son école, c'est dans l'a-
veu de ses fautes. « En définitive, dit-il, une boulette a été
laite au sujet du malencontreux Kerria japonica ; devons-nous
en assumer la responsabilité? »
Ce devons-nous est tout simplement sublime ! Et qui donc
s'il vous plaît? — Est-ce moi qui ai fait mettre des fleurs
doubles au dessin de Y Illustration horticole? Est-ce moi qui ai
voulu faire ensuite un Kerria tetrapetala d'après un simple
dessin de journal très-inexact — ce qui arrive parfois, comme
ne doit pas l'ignorer M. Lemaire ? — Est-ce moi enfin, qui
d'erreurs en erreurs, suis arrivé jusqu'à dire cette grosse ab-
surdité : que le Kerria à quatre pétales était le Rhodotypos ker-
rioides? Pourquoi donc alors M. Lemaire déverse-t-ii sur moi
l'écume du pot-pourri qu'il a si grossièrement élaboré tout seul
dans la cuisine de Y Illustration? Je le trouve surtout superbe
quand il dit : « Nous n'opposerons au factum du journal pari-
sien quele silence du mépris » } et qu'aussitôt il m'inflige la
plus humiliante des humiliations, en m'accusant, tout comme
ses amis, d'être un jaloux, un envieux « déversant son fiel sur
tout ce qui lui est supérieur. »
Qu'ai-je donc fait à Dieu pour qu'il permette qu'on m'hu-
milie à ce point? Moi jaloux de la gloire, de la renommée de
M. Lemaire ! mais c'est m'anéantir tout d'un coup ! c'est réduire
ma valeur scientifique à une foule de degrés au-dessous de
zéro ! M. Lemaire, ne proteste-t-il pas chaque jour, en effet,
contre le suprême dédain que professent, pour ses œuvres,
tous les botanistes de l'univers, qui, dit-il, n'acceptent pas ses
espèces nouvelles, ne les citent même pas en synonymie; ne
parlent jamais de ses écrits, etc., etc. Ne trou ve-t-on pas toutes
ses plaintes, toutes ses récriminations renouvelées dans chaque
numéro de Y Illustration ? Ne le voit-on pas jusqu'à pleurer sur
le sein de'ses amis de chantier, de ce silence obstiné des bota-
nistes? Et je suis jaloux d'un homme qui jouit d'une pareille
— 37 —
autorité ! Quelle noirceur réfléchie ! Je ne croyais vraiment pas
M. Lernaire capable d'un aussi piquant trait d'esprit ! . . .
De dépit j'imite le bouillant Achille, après la |perfidie d'Aga-
memnon; je rentre dans mon camp pour n'en plus sortir et
pour faire le siège d'un ouvrage troyen : L'art de greffer les
arbres, par Gh. Baltet, de Troyes... mais en Champagne.
Le livre/L'ari de greffer, que vient d'éditer la librairie Mas-
son et fils, est un des rares bons livres sortis des librairies hor-
ticoles depuis quelques années. C'est que l'auteur, pépiniériste
instruit et intelligent, n'a pas voulu faire autre chose qu'un
ouvrage pratique, et, praticien distingué, il lui a été facile de
décrire simplement et clairement les opérations de l'art de
greffer qu'il connaît si bien. M. Baltet n'a pas cherché à en
imposer aux ignorants et aux crédules en faisant montre de
science. Il s'est abstenu de toute démonstration physiolo-
gique, et nous l'en félicitons; car rien n'est plus ridicule
que cette phrase stéréotypée, qui tombe à chaque instant de
la plume de tous les auteurs de livres sur l'arboriculture :
ce d'après les lois de la physiologie végétale, etc. ; » et il est
curieux de voir faire l'application de ces lois qui, presque tou-
jours, infirment positivement les faits qu'on prétend affirmer.
M. Ballet évitant ce ridicule s'est montré véritablement
sérieux ; aussi en ne parlant que de ce qu'il sait, il a fait un
livre excellent sur l'art de greffer; nous ne craignons pas de
le redire . ♦
Le plan est bien conçu. Le chapitre I est consacré à la dé-
finition du greffage et de son but. Vient ensuite celui qui traite
des conditions de succès du greffage. Ici, nous lui signalerons
une petite erreur qu'il pourra rectifier facilement dans la se-
conde édition. Au sujet du rapprochement intime des deux
parties (greffon et sujet), il s'exprime ainsi : «Pour toute sorte
de greffage, il est indispensable que les deux parties greffées
aient en communication intime, non pas l'épicferme, ni la
— 38 —
moelle, mais la couche génératrice, c'est-à-dire les couches
nouvelles et vives du liber ou de l'aubier, dans le tissu des-
quelles afflue le cambium. y> Or, couche génératrice et cambium
sont tout un. Le mot cambium est de Grew, et celui couche géné-
ratrice a été inventé par M. Trécul pour dépister la galerie
qui assistait aux luttes entre les deux chefs d'écoles , Mirbel
et Gaudichaud. Pour une pauvre fois que l'auteur du livre ,
L'art de greffer, se hasarde à faire une petite promenade dans
le domaine de la science, il n'a pas eu de chance.
Les outils et accessoires du greffage font l'objet du cha-
pitre III.
Le choix des sujets et des greffons constitue le 4e chapitre ;
le greffage sous verre le 5e; et c'est dans le 6e que l'auteur
traite de tous les nombreux procédés de greffage, de toutes
les différentes sortes de greffes; un septième est consacré aux
travaux complémentaires. Enfin, dans un dernier chapitre,
M. Baltet fait connaître le procédé de greffage le plus conve-
nable à chaque espèce d'arbres, arbrisseaux et arbustes,, et la
nature du sujet qui leur convient. C'est peut-être le chapitre
le plus intéressant. On pourrait lui reprocher seulement d'être
incomplet; mais l'auteur répondra, non sans raison, qu'il a
fait un livre sur l'art de greffer et non sur la multiplication de
tousdes végétaux ligneux. Sur quoi nous n'aurions rien à ré-
pondre. Donc nous accordons notre estampille au livre de
M. Baltet sur Vart de greffer, et nous passons à un autre.
Celui-là est bien quelque chose d'imprimé, mais ce n'est,
dit Fauteur, ni un livre, ni un traité, ni un ouvrage, ni
même un opuscule ! Ce début de la préface m'a de suite fixé
sur la valeur de cette chose qui n'est ni ceci, ni cela. Ce sont
des notes trop fortement allongées sur Les fruits à cul-
tiver, par un jeune débutant dans la carrière pomologique. On
consulte un livre sur les fruits pour trouver un renseignement,
mais on ne*le lit pas pour passer agréablement une soirée
— 39 —
d'hiver au coin de son feu. Il faut donc que ces sortes de
recueils pomologiques contiennent des notions claires et nettes
dans le moins de lignes possible.
Donc, verbiage à part, la chose de M. F. Jamin qui
n'est ni un livre, ni un traité, etc., est une bonne chose à
consulter; elle donne un excellent choix de Poires, de Pommes,
de Raisins, de tous les fruits de tables, ainsi que des conseils
sur la manière de planter et de cultiver chacune de ces es-
pèces, que nous approuvons fort.
En voici maintenant trois qui ont la prétention d'embrasser
chacun une spécialité : l'un les plantes de serre chaude et tem-
pérée, l'autre les arbrisseaux et arbustes d'ornement de pleine
terre , et le troisième les Cactées. Eh bien! quand on a eu la
bonhomie de les lire consciencieusement, comme je viens de
le faire... eh bien, vrai! on n'est plus du tout fier d'être
Français.
Jusqu'à présent, j'avais cru que les livres sur les spécialités
avaient été inventés pour pouvoir traiter le sujet très-large-
ment, c'est-à-dire lui donner plus de développement que dans
les ouvrages généraux; je me trompais étrangement. Les
hommes de progrès ont changé cette manière d'opérer d'au-
trefois ; on fait des livres, aujourd'hui, sur des spécialités, pour
n'y mettre seulement que la vingtième partie et même moins
de ce qu'on trouve, sur le même sujet, dans les livres géné-
raux. C'est du moins le cas des trois spécialités dont il est ici
question.
Les Plantes de serre chaude contiennent des considérations
générales dans lesquelles l'auteur nous apprend que « pendant
longtemps nos ancêtres, pour orner leurs jardins, n'ont employé
que les fleurs libéralement accordées par la nature au climat de
leur pays, parce qu'elles étaient indigènes.» — (M. delà Palisse
n'est pas mort, car il vit encore) — « et qu'ils ne faisaient point
usage de serre comme on le fait depuis la découverte du Non-
— 40 —
veau Monde. » Il paraît que l'ancien monde ne fournit de
plantes de serre que depuis la découverte du nouveau. L'œuvre
de Fauteur des Plantes de serre contient beaucoup de faits aussi
exacts et aussi intéressants. Exemple, page 33 : « Dans les
serres chaudes et tempérées, la ventilation n'a donc lieu que
dans le but de purifier l'air, ou bien'pour diminuer la tempéra-
ture, si elle voulait dépasser le maximum, c'est-à-dire 30 ou
32° centigrades pour les serres chaudes humides, et 25 pour
les serres tempérées.» — Ouf î 25 degrés dans une serre tem-
pérées ! Et pour garantir les plantes du courant d'air froid,
voici le procédé indiqué sur lequel je prie le lecteur d'apporter
toute son attention. » Pour éviter cet état de choses (p. 33),
on à inventé divers procédés, entre autres de pratiquer des ou-
vertures dans le mur, afin que l'air froid, en pénétrant dans
la serre, s'échauffe, en la traversant, sur les tuyaux du ther-
mosiphon en-dessous des tablettes avant d'arriver dans la
serre. » — Comprenez si vous pouvez, lecteurs : l'air qui tra-
verse une serre avant d'y arriver ! J'en passe et des meilleurs.
Tout le livre est ainsi plein de ses douces naïvetés. A la suite
de ces préliminaires et considérations sur la multiplica-
tion, écrits en style prétentieux, mais aussi peu clairement,
viennent alors une revue et une liste des plantes de serres,
lesquelles ne sont que de simples énumérations de 500 à 600
espèces, sans indication de culture, de mode de multiplication.
Autant vaut un simple catalogue et prix courant d'un horti-
culteur. Voici donc un livre spécial, qui contient moins d'es-
pèces de plantes de serres que dans les livres généraux, —
le Nouveau Jardinier illustré par exemple, — et qui, en outre,
ne dit pas un mot de la culture, ni de leur mode de multipli-
cation. C'est à ne pas croire.
Le même vice se retrouve dans le livre spécial consacré
aux arbrisseaux . Abrégé très-incomplet et parfois inexact de
ce qui se trouve dans les ouvrages généraux sur ce sujet,
— il —
il cite souvent des plantes qui n'ont jamais été cultivées,
comme les Anona grandiflora et parviflora; ou bien il men-
tionne -clés espèces, pour faire de beaux massifs, et dont il
serait bien difficile de trouver une demi-douzaine d'individus
dans toute l'Europe, soit le Caragana jubata qui n'atteint pas
50 centim. de hauteur, ou le Maclara tricuspidata pour faire
des haies, etc. Ici on trouve quelques renseignements sur
les hauteurs des espepes citées, la couleur des fleurs; mais il
n'est pas plus questi(Jn de culture et de multiplication que
dans le livre des plantes de serre.
Quant au troisième: les Cactées, nous y retrouvons M. Le-
maire, se donnant toujours des airs de maître d'école comme
dans Y Illustration. Dans ses notions préliminaires, il consacre
16 pages à l'étude des caractères de la famille , et là il use et
abuse des caudex subglobuleux ou cespiteux; des Podaires
cylindracés, des cyrtomes, des tyléoles , des sétules, des pulpes
nidulantes, etc., etc., que c'est à ne plus rien comprendre.
Puis apparaît une Revue sommaire des genres, tribus, et une
liste des principales espèces, sans description, bien entendu; le
tout accompagné de notes récriminant comme toujours contre
les botanistes qui changent ses noms sans droits(!), etc. Au total,
ce livre sur les Cactées est beaucoup plus incomplet que ce qui
est consacré à cette famille dans le Nawoeau Jardinier illustré.
Ainsi voilà trois livres qui coûtent ensemble 3 fr. 75 . En
doublant cette somme on peut se procurer un ouvrage général
comme le Bon ou le Nouveau jardinier illustré, qui contient les
mêmes sujets plus complets et dans lequel on trouve : tous les
arbres, les arbrisseaux grimpants, les Magnolia, dont ne parle
pas l'auteur du livre des arbrisseaux de pleine terre; d'excel-
lents renseignements sur la valeur, sur la culture des Palmiers,
des Orchidées dont il n'est pas dit un mot dans le livre des
Plantes de serre. On a toutes les plantes annuelles et vivaces,
sans compter toute la partie des arbres fruitiers, des plantes
— 42 —
maraîchères, des notions générales de botanique, de cul-
ture, etc., etc.
En résumé, les livres de spécialités comme ceux que nous
venons d'examiner peuvent être une bonne affaire pour le
libraire, mais il n'aideront en rien au progrès de l'horticulture,
et les amateurs, les jardiniers n'y trouveront pas ce qu'ils
cherchent : de bons et précieux renseignements sur la hauteur
d'une plante donnée; l'époque de sa floraison ; la couleur de
sa fleur ; sa culture, son emploi; sa multiplication, etc. Et
nous sommes menacés, dit-on, d'un déluge de livres de cette
qualité : sur les Palmiers, les Orchidées, les arbres, les plantes
vivaces, les plantes annuelles, les plantes grimpantes, etc., etc.
Soit neuf f lusses spécialités qui coûteront ensemble 1 1 fr.
25 cent. C'est roide, mais peu économique, surtout pour
des choses des plus incomplètes ; et pour 7 fr. on a un Nou-
veau Jardinier illustré qui parle de tout. C'est un peu la
faute des complaisants, qui font des rapports élogieux sur
toutes ces productions bâtardes. Quant à nous, nous serons
toujours très-sévère pour elles; car il est temps de mettre
un frein à toutes ces opérations de librairie , qui finiront
par couvrir de honte l'horticulture de notre pays.
F. Herincq.
P. S. Enfin !.... c'est lundi 15 février, que paraît le Nou-
veau Jardinier illustré pour 1869 ! F. H.
SOLANUM SISYMBRIIFOLIUM (Pl. II).
A fruit comestible.
Le Solanum que nous publions dans ce numéro est très-
intéressant à cause de ses fruits comestibles; les graines ont
été envoyées de Rio -Janeiro (Brésil), à la Société impériale
zoologique d'acclimatation qui m'en a confié quelques-unes ;
et d'après les plantes qu'elles ont produites, je suis porté à
— 43 —
considérer ce Solanum comme une des nombreuses variations
du Solanum sisymbriifolium de Lamark, qui ont été figurées
dans divers ouvrages sous des noms différents. Ce Solanum
varie, en effet, beaucoup dans la forme de ses feuilles et dans
le coloris de ses fleurs. Ainsi, M. Hooker en figure dans le
Botanical Magazine, pi. 2828, une variété à fleurs pour-
prées, sous le nom de Solanum Balbisii , var. purpurea et
une à fleurs blanches ; Balbis en a publié une autre sous le
nom de decurrens, et Vellozo, dans sa Flora fliiminensis, a
fait un Solanum edule, ou à fruit comestible, qui se rapporte
parfaitement à notre espèce.
Cette plante n'est pas nouvelle pour la culture ; elle a paru
à différentes époques dans les jardins ; mais plantée probable-
ment trop tardivement, elle n'a jamais donné de bons résultats
de fructification, et, comme elle appartient à un genre qui
comprend de nombreuses espèces cultivées dont les fruits sont
plutôt considérés comme dangereux, on n'a fait aucune atten-
tion à celle-ci. Cette même espèce se trouve encore à Maurice,
au Pérou, à Buénos-Ayres, à Montevideo ; elle paraît même
être cultivée dans plusieurs de ces localités, comme plante
comestible. Et en effet, les beaux fruits rouges que nous avons
obtenus en grande quantité, à l'automne dernier, étaient très-
agréables au goût, et rappelaient un peu la chair de la groseille
à maquereau ; nous pouvons garantir qu'ils sont tout à fait
inoflensifs.
Dans son pays originaire, ce Solanum forme un buisson de
2 à 3 mètres de hauteur; toutes les parties de la plante sont
velues, visqueuses et armées de longues et nombreuses épines
de couleur orange, longues de 1 à 2 centimètres. Les rameaux
sont assez longs et peuvent être palissés le long d'un treillis ; les
feuilles longues de 15 à 25 centimètres sur 10 de large, sont
profondément découpées latéralement, en lobes aigus, si-
nueux-lobés, et les nervures sont armées d'épines. Les fleurs,
_ 44 —
généralement blanches, mais variant un peu dans les nuances
violacées, sont très-grandes, disposées par 4, 8, 10 en grappes
terminales et latérales. Le calice est très-épineux ; la corolle
en large coupe a 5 lobes. Enfin le fruit est une baie globuleuse,
delà grosseur d'une prune de mirabelle, ou comme une grosse
cerise, et d'un rouge orange qui passe au corail à la maturité.
Les individus, âgés de 15 mois que nous avons cultivés
l'année dernière étaient très-vigoureux et portaient plus de
1 50 fruits chacun, vers la tin de l'automne .
La culture de cet intéressant Solarium est des plus simples ;
c'est la culture des tomates. L'hiver on devra seulement ren-
trer les pieds enlevés de la pleine terre et mis en pots, dans un
lieu tempéré, à l'abri de l'humidité. Nous croyons, d'après les
résultats de nos expériences de l'été 1868, que des pieds de
l'année, obtenus de graines semées de bonne heure^ et ensuite
bien exposés, donneraient d'excellents résultats dans le cours
de la première végétation.
La maison Vilmorin seule en possède les graines.
Louis Neumann.
CULTURE DES MELONS SUR BUTTES.
La culture du Melon est une des spécialités^ comme chacun
sait, des maraîchers de Honneur, qui ne connaissent pas les
châssis, et ne cultivent que sur buttes.
Pour établir ces buttes, ils ouvrent des trous dans le sol,
de 15 à 20 centimètres de profondeur sur 60 à 70 centimètres
de diamètre, et c'est dans chaque trou qu'ils élèvent un cône
de fumier bien tassé, qui a de 50 à 60 centimètres de hauteur.
Ces cônes qui naturellement sont tronqués au sommet, sont
recouverts d'une couche de terre franche épaisse de 10 à
15 centimètres et ensuite d'une couverture de fumier de 8 à
10 centimètres qui sert à conserver la fraîcheur de la terre.
A la partie supérieure du cône on praiique un assez large
— 45 —
poche t qu'on remplit de terre franche mélangée de terreau,
et on y sème 4 ou 5 graines de Melons, ou bien deux pieds
de la plante élevée sur couche. Une cloche en verre ou en
papier huilé reposant sur des arceaux , de bois, protège cette
plantation. Quand les graines sont toutes germées et que les
plants sont suffisamment développés , on arrache les plus
faibles pour ne conserver que le plus beau ; on pratique de
même pour les deux plants mis ensemble sur la môme butte;
c'estle plus faible qui est sacrifié au plus fort.
Aussitôt que les jeunes sujets ont développé de 4 à 5 feuilles
on les pince au-dessus de la deuxième. Un second pincement
a lieu quand les rameaux secondaires ont 5 ou 6 feuilles ; les
autres pincements se font à coup de bêche ; c'est-à-dire qu'on
rogne sans attention tout ce qui dépasse la base du cône et qui
s'étale sur le sol.
Les maraîchers de Honfleur arrosent leurs Melons une fois
par semaine avec de l'engrais liquide, et une ou deux fois
dans l'intervalle avec l'eau pure; des bassinages légers sont
donnés à peu près journellement.
La culture du Melon sur buttes est très-avantageuse, sur-
tout dans les terrains humides qui poussent à la production
foliaire. Elle favorise la formation du fruit par suite du ralen-
tissement dans la marche de la sève qui est entravée par le
renversement des tiges ; on n'a pas à craindre l'évolution con-
sidérable des rameaux, qui détermine souvent la coulure des
fleurs.'
L. Gordier.
LE FRAISIER ET SA CULTURE,
MOYEN D'EN ORTENIR DES FRUITS PENDANT 7 MOIS.
La Fraise est un délicieux fruit qui, en outre, à l'avantage
d'être le premier fruit de la saison et de guérir la goutte, —
— 46 —
je ne m'y oppose pas. — Aussi le Fraisier est-il cultivé jusque
dans le moindre jardin de campagne.
Malheureusement les grosses Fraises passent très-vite ;
c'est l'affaire de quelques semaines. Toutefois, en choisissant
bien une demi-douzaine de variétés, on peut s'offrir des Fraises
depuis le commencement d'avril jusqu'aux premières gelées.
Ces variétés peuvent être par exemple : Fraises des Alpes ou
des Quatre-Saisons ; Marguerite ; Princesse royale et Keeris
Seedling j Comte de Paris et Swûwktoné's Seedling ; Queen
Victoria, Elton, Myatfs-pro lifte et Jucunda. La manière de
s'en servir est des plus simples.
Au mois de février, on commence à forcer le Fraisier des
Quatre-Saisons ; chose facile quand on possède des bâches
mobiles et du fumier. Donc, étant donnée une planche de ce
Fraisier, on peut dès maintenant y déposer les coffres, et enle-
ver la terre des sentiers de manière à en faire des tranchées de
50 centimètres de profondeur. On remplira ces tranchées de
bon fumier de cheval et on établira ensuite, tout autour des
coffres, un réchaud de ce même fumier qu'on remaniera et
qu'on changera quand il aura perdu son feu. Les Fraisiers, —
sous la douce température que produit cet appareil de chauf-
fage tout primitif — entreront de suite en végétation, et dès le
mois d'avril, ils donneront leurs premiers fruits à celui qui
aura eu soin de les tenir en bon état de propreté, c'est-à-dire
à celui qui aura simplement retiré les feuilles mortes. Cette
variété continuera de lui. donner des marques de sa reconnais-
sance jusqu'au moment où les Fraisiers de plein air viendront,
vers la fin de mai, ajouter leurs libéralités aux siennes. Les
premiers qui se présenteront seront : Marguerite, Princesse
royale et Keens Seedling. Pendant douze à quinze jours ils
ne laisseront pas chômer la table.
Après eux viendront : Comte de Paris, Swainstone's Seed-
ling, et aussitôt que ces derniers auront épuisé leur trésor,
— 47 —
par quinze jours d'offrandes quotidiennes, apparaîtront Queen
Victoria et Elton, qui prendront l'engagement de garnir les
assiettes à dessert, pendant 12 à 15 autres jours, de belles
Fraises, qui deviendront bonnes avec beaucoup de sucre. Enfin,
Prolific Mijatt et Jucunda, s'offriront à prendre leur place
et à l'occuper eneose quelque temps. Il ne faut pas refuser
leurs offres ; ce sont les dernières des variétés tardives.
Aussitôt l'apparition des premières grosses Fraises, on doit
inviter celles des Alpes à prendre un peu de repos. A cet effet,
on débarrasse de coffres et de réchauds celles qui ont été
forcées ; on comble les sentiers ; on supprime une partie des
feuilles ; les hampes florales sont soigneusement enlevées ; et,
enfin, pour les obliger à l'inaction complète, on les prive d'ar-
rosement. Cet état peut durer pendant les trois quarts de la
durée d'action des Fraisiers non remontants. C'est seulement
quand on voit apparaître British Queen et Prolific Myatt qu'on
commence à mettre cette réserve — les Fraises des Alpes — en
activité, en terreautant un peu le sol et en donnant de copieux
arrosements. Alors on peut compter sur elles jusqu'aux pre-
mières gelées; le froid seul les fait battre en retraite.
Mais pour obtenir ce résultat du Fraisier des Alpes, il faut
renouveler la plantation tous les ans. C'est beaucoup de besogne
sans doute, pour un jardinier paresseux ; mais je ne crois pas
que la paresse, qui gagne à peu près tons les corps d'états — ne
pas confondre avec le corps de l'État — ait fait invasion dans
les jardins ; du moins je n'ai pas encore rencontré un seul vrai
jardinier qui soit paresseux !...
Paresseux ou non, le jardinier qui veut forcer le Fraisier des
quatre saisons, pour en obtenir de beaux produits, doit renou-
veler ses plantes tous les ans, soit à l'aide des coulants, soit
par le semis; et il doit préférer le semis, parce que le Fraisier
des Alpes dégénère rapidement lorsqu'on le propage par cou-
lants ou séparations des touffes.
Le semis doit être fait, ù la fin de juin, avec des graines pro-
venant des fruits les mieux constitués et possédant au plus haut
degré les qualités du type. On sème sur une terre bien ameu-
blie à l'exposition la plus chaude du jardin; puis on recouvre
la semence de 2 à trois millimètres, de terreau bien tamisé, et
on bassine faiblement deux ou trois fois par jour, afin que les
graines se trouvent toujours dans un milieu humide; pour
s'épargner quelques bassinages on peut ombrer le semis; mais
il faut éviter le dessèchement de la terre.
En entretenant bien l'humidité du sol, la germination peut
s'effectuer en quinze jours; deux mois après, le plant peut
être repiqué en pépinière. Jusqu'au mois d'octobre on supprime
les coulants et les fleurs qui pourraient se développer sur les
jeunes plants ; et vers la fin de ce même mois on met le plant
en place. Pour en faciliter la reprise, on peut, dès ce moment,
poser les coffres et les châssis ; mais on n'établira les réchauds
qu'au mois de février pour le forçage.
La culture en pleine terre des Fraisiers à gros fruit n'est pas
plus difficile ; toutefois pour en obtenir de bons et beaux pro-
duits, il faut y apporter quelques soins.
On abandonne trop facilement les plants de Fraisiers à eux-
mêmes ; aussi arrive-t-il qu'en très-peu d'années les plantations
ne produisent plus que quelques petites Fraises dégénérées,
sans goût et sans arôme. Les personnes mêmes qui soignent
leurs Fraisiers se laissent aller trop souvent au courant de la
routine, et sont tout étonnées de ne pas obtenir toujours les
mêmes résultats.
Cet insuccès tient surtout à l'absence d'une chose à laquelle
on ne tient pas assez compte en horticulture : à V assolement.
11 n'est pas rare, en effet, de voir, dans les jardins, la même
espèce de plante occuper toujours la même place. Or, malgré
les engrais qu'on peut ajouter au sol, il est reconnu qu'au
bout d'un certain nombre d'années, le terrain est complètement
— 49 -
dépourvu de la substance qui constitue la base de son alimen-
tation. Les agriculteurs le savent si bien, qu'ils ne sèment
jamais deux années de suite la même plante sur le même terrain,
et qu'ils disposent leurs cultures de manière à ne faire revenir
la même espèce à la même place que tous les trois, quatre ou
cinq ans. C'est ce changement annuel, avec retour périodique
de la même plante sur le même terrain, qui constitue ce que
les agriculteurs appellent assolement, -et qui est à peu près in-
connue des horticulteurs, ou du moins très-rarement ap-
pliqué.
La première condition pour réussir dans une culture quel-
conque, c'est de placer la plante dans un sol qui lui fournisse
enabondancelabasede son alimentation, et cette base, comme
on sait, n'est pas la même pour toutes les plantes. Telle espèce,
ia Betterave, par exemple, ne peut prospérer que dans les terres
qui contiennent des matières azotées, tandis que les Pois, les
Haricots, etc., n'éprouvent aucunediminution de leurs produits
dans les terres qui ne contiennent pas ces matières fertilisantes,
pourvu que ces plantes y trouvent de la potasse, base de leur
alimentation; les Navets, les Carottes, et en général toutes les
plantes à racines, ne prennent qu'un faible développement
dans un sol qui ne contient pas, ou que peu, de phosphate de
chaux, etc., etc.
Le Fraisier, lui, donne d'excellents produits, à peu près dans
tous les terrains calcaires . Toutes les variétés ne fournissent
pas cependant un égal produit dans un même terrain; les unes
réussissent mieux dans les terres fortes, d'autres au contraire ne
viennent bien que dans les terres légères ; mais quelle que soit la
constitution ph ysique du sol, il faut, pour que le Fraisier puisse y
prospérer, qu'il contienne du phosphate de chaux et des ma-
tières azotées, comme les terres à blé par exemple. Ceci ne suffit
pas encore. Pour obtenir toujours une égale production, et un
égal mérite du fruit, il taut changer de place les plantations de
Février 1869. 4
' — 50 —
Fraisiers à chaque renouvellement de plants, qui doitavo.ir lieu
au plus tard après la troisième fructification. En général la pre-
mière production, après la plantation, est très-faible; c'est à la
seconde année que le Fraisier est en plein rapport ; quelquefois,
dans les bons terrains, la troisième est encore bonne, et certai-
nes variétés parfois encore d'assez bonnes récoltes pendant la
4* et la 5e; mais c'est exceptionnellement. Nous le répétons.,
lorsqu'on tient à avoir toujours de beaux et bons fruits, en
suffisantes quantités, il faut que les plantations de Fraisiers
soient renouvelées tous les trois ans, et, chaque fois, il faut
les changer de place en choisissant l'exposition jla plus
chaude, par conséquent celle du midi.
On cultive les Fraisiers en bordures et en carré. Les Frai-
siers cultivés en bordure réussissent mieux que cultivés en
planches ; du moins nous en avons toujours obtenu de meil-
leurs résultats.
Dans les grands jardins on peut à chaque renouvellement
de plantation, changer l'emplacement ; les petits jardins
n'offrent pas toujours cette facilité. Dans ce cas c'est la terre
qu'il faut changer, et c'est alors que la culture en bordure
est avantageuse. A cet effet, après l'arrachage des Fraisiers,
on ouvre une tranchée de la largeur de la bêche, sur l'empla-
cement occupé par la bordure et on la remplit avec de la terre
prise vers le milieu de la planche, dans laquelle n'ont pas
pénétré les racines du vieux plant. Les nouveaux Fraisiers
qu'on y repique trouvent en elle une sorte de terre vierge,
et leurs racines y puisent l'agent actif de la fructification, pen-
dant leurs trois années, d'occupation.
Dans la culture en planches, ce subterfuge n'est guère pos-
sible. Il faut donc trouver un nouvel emplacement et préparer
à l'avance le terrain par une bonne fumure et un bon labour ;
car ie Fiaisier n'aime pas le contact du fumier neuf; ses raci-
nes prennent facilement le blanc.
— 5! —
Le dressage des planches varie selon la nature du sol. Dans
les terres humides et froides, on doit dresser la planche en dos
d'âne; à plat dans les terrains légers, et même, dans les sols
sablonneux, on dans les provinces méridionales, il est très-
important que la surface de la planche soit en contre-bas des
sentiers, pour pouvoir irriguer ou arroser fortement pendant
les grandes chaleurs-
Pour chaque planche de lm 30 de largeur on trace trois
lignes pour les espèces à gros fruit : une au milieu, et les deux
autres à 40 centimètres ; pour les Fraisiers à petits fruits, on
plante sur 4 rangs.
L'époque la plus convenable pour la transplantation du Frai-
sier, est l'automne, durant le mois de septembre et octobre.
Au mois de mars, la reprise du plant est tout aussi facile, plus
facile peut-être, mais la production de la première année est
tout-à-fait nulle pour les variétés à gros fruits, et faible poul-
ies quatre saisons; en plantant à l'automne on obtient déjà
quelques beaux fruits au printemps suivant.
La transplantation se fait avec des éclats, mais mieux avec
les coulants enracinés ou du plant de semis ; ces derniers sont
préférables pour les Fraisiers à petits fruils ou Quatre-
Saisons : ils sont plantés à 40 cent, les uns des autres ; et les va-
riétés à gros fruits à 50 centimètres. On paille et on flionîïïe
naturellement après la plantation; puis on attend le printemps
pour donner des sarclages et un bon binage sur lequel on répand
une couche de fumier à longues pailles pour garantir les fruits
du contact delà terre, qui salit toujours plus ou moins les
Fraises. Pendant l'été de cette première végétation, on n'a
qu'à arroser et à supprimer les coulants; cette dernière opé-
ration est généralement réservée à la maîtresse de maison;
c'est pour elle une douce et utile occupation.
Les travaux de la deuxième année consistent à nettoyer, au
printemps, les touffes de Fraisiers; couper les feuilles mortes
— 52 —
et les coulants de la végétation automnale ; puis donner un
faible labour, en ayant la précaution de ne point endommager
les racines; ensuite terreauter et pailler.
Les travaux de l'été sont les mêmes que ceux de la première
année : sarclage, arrosage, et, avant tout, suppression des
coulants, opération indispensable, lorsqu'on veut obtenir une
troisième récolte l'année suivante. Quant aux arrosements,
quoique dise certain spécialiste, nous engageons de ne point
les négliger au début de la végétation, jusqu'à l'apparition des
premiers fruits.
La dernière année de production exige les mômes soins, jus-
qu'au moment de la fructification. Aussitôt la récolte terminée,
on peut laisser les coulants se développer librement ; mais vers
le mois de juillet on supprime tous les coulants mal venus ou
chétifs pour ne conserver que les plus beaux, les mieux consti-
tués. On terreaute et arrose pour provoquer l'émission des ra-
cines à chaque rosette de feuilles; au bout de huit jours on
peut sevrer les coulants qui se fortifient, au moyen de leurs
propres racines, jusqu'au moment du renouvellement de la
plantation du mois de septembre, ou même du mois de mars
suivant.
Quelques jardiniers ont l'habitude de supprimer toutes les
feuilles des Fraisiers aussitôt après la récolte; c'est une mau-
vaise opération; elle a pour conséquence une seconde végéta-
tion, qui produit parfois des fruits, à l'automne, c'est vrai,
— c'est ce que font les marchands de grosses Fraises dites re-
montantes — mais elle détermine surtout l'allongement delà
souche au-dessus du sol, et cet allongement nécessite un re-
chaussement de chaque touffe au printemps suivant; autrement
les souches se dessèchent, durcissent, et la production estgra-
vement compromise.
Le rechaussement que pratiquent les jardiniers, pour prolon-
ger pendant 4 ou 5 ans leurs plantations, ne produit jamais que
— 53 —
des Fraises médiocres comme beauté et qualité. Les nouvelles
racines que font naître les quelques centimètres de terre rap-
portée ne tardent pas, en effet, à retrouver l'ancien sol dans
lequel elles ne trouvent plus l'élément actif de fertilisation : la
végétation alors est languissante, la production chétive ; bientôt
après les plantes dégénèrent, et c'est ainsi que d'anciens bons
Fraisiers ne donnent plus que de mauvaises Fraises.
Donc, replantons nos Fraisiers et changeons-en l'emplace-
ment tous les ans ou tous les deux ans pour les Fraisiers des
Alpes, et tous les trois ans au plus tard pour les Fraisiers à
gros fruits; nous serons assurés d'avoir toujours de belles et
d'excellentes Fraises.
F. Herincq.
GREFFE DU NOYER A FRUIT COMESTIBLE SUR LE NOYER
D'AMÉRIQUE (1).
La Société impériale et centrale d'agriculture de France a
eu l'excellente idée d'encourager la plantation du Noyer d'A-
mfriqùe, au point de vue de l'emploi de son bois dans les arts
et l'industrie; mais en recommandant de le greffer en haute
tige avec le Noyer d'Europe, à fruit comestible : c'était stimuler
une spéculation heureuse, puisqu'il doit en résulter un arbre
très-recherché parles industriels, après avoir servi à l'alimen-
tation par son fruit.
Le Noyer ne se prêtant pas à tous les modes de greffage,
nous avons essayé plusieurs systèmes, et nous avons réussi à
réaliser le désir de la Société d'agriculture, au moyen delà
greffe en fente sur bifurcation (le Chêne, la Vigne, etc., se
soumettent à ce procédé).
Nous opérons au printemps, au moment du réveil de la
sève, quand les bourgeons du Noyer commencent à se gonfler.
(4) Extr.,iJ»//. Soc. imp. d'agr. de France.
— 54 —
Les greffons sont des rameaux de Tannée précédente con-
servés vivaces, en les enfouissant dans le sable-gravier, à
l'ombre ou à la cave. Le sable se dessèche moins que la terre.
On évitera d'assembler deux espèces dont l'époque de végé-
tation soit inégale. En tout cas, le greffon doit être de race
égale ou moins précoce en végétation que le sujet.
Le greffon est une fraction de rameau longue de 0m 08 à
0m 15 ; on le taille en biseau triangulaire, comme s'il s'agissait
d'une greffe en fente ordinaire ; puis on l'introduit sur le sujet,
en fendant ce dernier à l'insertion des deux branches au cœur
d'une bifurcation. Ces deux branches seront écourtées à 0m 25
environ.
Les bourgeons qui s'y développeront seront pinces à mesure
que les yeux de la greffe pousseront. En conservant leurs ♦
premières feuilles, ils attireront la sève, sans affamer la greffe.
An mois d'août suivant, on pourra receper les deux cornes
du sujet au ras de la greffe; la cicatrisation s'opérera avant
la chute des feuilles.
Lorsque le greffon est trop chargé de moelle, on peut en
préparer le biseau en biais, c'est-à-dire que, d'un côté, le coup
de greffoir tranche diagonalement la moelle en biais, tandis
que, de l'autre côté, il ne fait qu'aviver l'écorce jusqu'à l'au-
bier; alors on fendra le sujet obliquement et non verticale-
ment.
Un greffon muni de bois de deux ans à la base, pour le
biseau, n'est pas à dédaigner . S'il n'est composé que de bois
d'un an, on tâchera qu'il soit couronné de son œil terminal.
Il est toujours facile d'obtenir la bifurcation du sujet par la
taille ou le pincement de la flèche, à la hauteur fixée pour le
greffage.
Charles Baltet.
— 55 —
CRAMBÉ MARITIME (ZEA KALE DES ANGLAIS).
D'où vient que surtout pour les plantes potagères on ne
puisse parvenir à sortir de la routine? Combien de plantes dont
les mérites sont incontestables qui cependant ne figurent que
dans quelques rares jardins d'amateur au lieu d'être répandues
comme elles mériteraient de l'être ! Nous voulons nous occu-
per aujourd'hui d'une plante très-ancienne déjà recommandée
à plusieurs reprises sans beaucoup de succès. Serons-nous plus
heureux? nous 'n'osons l'espérer, quoique nous puissions citer
des faits pris chez nous et des exemples nombreux de diffé-
rentes méthodes de culture employées en Angleterre où cette
plante est vendue tout l'hiver sur les marchés, c'est-à-dire
depuis le mois de décembre jusqu'en avril.
Cette plante, c'est le Crambé ou Chou marin quel' on trouve
à l'état sauvage dans les terrains sableux aux environs des
bords delà mer, et qui est bien connue des habitants des côtes,
qui au printemps vont cueillir les jeunes pousses encore
blanches, c'est-à-dire avant qu'elles ne soient complètement
développées, comme dans certains endroits on va à la re-
cherche des Morilles.
Comme toutes les plantes fortement herbacées des régions
du nord, le Crambé aime un sol riche et profond où il végéta
avec une vigueur peu commune.
La culture, en pleine terre est des plus simples ; on plante
les racines à 40 cent, les unes des autres par rangs espacés
d'environ 50 cent. Pour faire blanchir ces pousses on recouvre
chaque pied d'une butte de terre légère, terreau, cendres de
charbon ou toute autre substance terreuse ; puis, lorsque les
feuilles commencent à percer la surface, on les coupe avec
précaution le plus près possible de la racine sans l'endommager
eton continue successivement jusqu'à ce que les plantes parais-
- 56 -
sent épuisées. On étale alors les buttes de terre et on laisse
pousser les feuilles librement pendant tout l'été, en ayant soin
de ne pas les laisser fleurir et fructifier ce qui épuise beaucoup
les pieds. Les feuilles tombent complètement à l'automne, et
dans le courant de l'hiver on recommence à butter comme
l'année précédente.
Cette méthode est la plus ancienne et ne donne ses produits
qu'assez tard en saison ; mais la récolte est très-abondante,
d'excellente qualité et succède aux cultures forcées. Ou em-
ploie divers procédés pour hâter la végétation et obtenir cet
excellent légume pendant l'hiver.
Dans ce but on se sert en Angleterre de cloches en terre
cuite que l'on pose sur chaque pied de Crambé ; on remplit les
intervalles des cloches et jusque par-dessus avec du fumier
en fermentation qui échauffe l'intérieur des cloches et fait
développer les feuilles des Crambés. Chacune de ces cloches
étant munie à la partie supérieune d'un petit couvercle, il
est facile de visiter les plantes et de récolter les feuilles
blanches à mesure qu'elles sont bonnes à être consommées.
Après l'épuisement des pieds on enlève cloche et fumier,
on laisse les plantes végéter librement pendant l'été, pour re-
commencer l'automne ou l'hiver suivant.
De larges tuyaux de cheminée en terres, recouverts avec une
tuile, peuvent, à défaut de cloches anglaises, remplir le même
but.
On peut encore pour forcer sur place poser sur les planches
de Crambés des coffres recouverts de châssis de bois, le tout
entouré de fumier comme on le fait pour chauffer les Asperges
sur place.
Quel que soit le moyen employé, on est sûr de réussir;
cette plante étant loin d'être délicate, il lui suffit d'une tem-
pérature de \ 5 degrés centigrades pour se développer avec
toute la vigueur dont elle est capable. Il faut avoir soin de te-
— 57 —
nir les plantes dans l'obscurité la plus complète afin de faire
blanchir les feuilles qui sans cela ne seraient pas mangeables.
Un moyen beaucoup plus simple pour forcer le Crambé
consiste à arracher les racines de la pleine terre, puis à les
planter les unes à côté des autres dans un endroit obscur et
tempéré, soit en mettant plusieurs racines dans de grands
pots que l'on place sous le gradin d'une serre, par exemple,
en ayant soin, par surcroit de précaution, de les recouvrir avec
des pots vides, afin que la lumière ne pénètre pas , car nous
le répétons encore, les feuilles ne sont mangeables qu'à la
condition de s'être développées dans l'obscurité la plus
complète .
Nous traduisons d'un journal anglais (1) la méthode em-
ployée dans les jardins royaux de Frogmore qui sont en Angle-
terre ce que le potager impérial de Versailles est chez nous.
« Comment sont forcés les Crambés dans les jardins de
» Frogmore? Très-simplement et en très-grande quantité.
» Derrière une serre à forcer, adossée à un muret à l'intérieur
» de laquelle passent les tuyaux d'un thermosiphon se trouve
)> un petit mur d'un mètre de hauteur parallèle à celui de la
» serre, laissant entre eux un espace d'environ un mètre de
» largeur. Dans cet espace on place environ 50 cent . de ter-
» reau de feuilles ou de terre légère, dans lequel on plante
» en rangs très-serrés les racines de Crambés que l'on arrache
3> de la pleine terre; on achève de remplir avec du terreau,
» de manière à ce que le collet des racines se trouve recou-
ï> vert d'environ 15 cent., ce qui fait que le tout arrive à peu
» de distance du sommet du petit mur. On recouvre le tout
» avec des planches légèrement inclinées, soutenues d'un
» bout par des supports le long du mur de la serre, et venant
» s'appuyer de l'autre sur le haut du petit mur. Les planches
(1)The Field. W. Robinson.
— 58 -
ï> sont ensuite recouvertes de 30 cent, de fumier chaud dont
» on garnit également la partie extérieure du mur, de ma-
» nière à concentrer la chaleur et à empêcher le froid de
» pénétrer. La chaleur des tuyaux placés à l'intérieur de la
î> serre jointe à celle du fumier suffit à faire pousser le
» Crambé. De cette manière des milliers de racines sont
» forcées avec beaucoup de succès, et le même procédé, en
» y apportant les modifications nécessaires selon l'emplace-
» ment, est praticable dans tous les jardins où l'on possède
» des serres chaudes ou des serres à forcer. »
Voulant cette année essayer la culture de cette plante,, nous
avons fait venir des racines bonnes à forcer, que nous avons
placées dans différentes situations. Quelques-unes ont été
plantées dans des pots qui furent rentrés dans une serre tem-
pérée, c'est-à-dire avec 10 à 15 degrés de chaleur; au bout
d'un mois nous avons pu commencer à couper et la récolte
parait devoir se prolonger. Plusieurs potées ainsi que des
racines ont été placées dans les caves où on force à Mon-
treuil la Chicorée sauvage (barbe-de-capucin). Après vingt
jours nous avons pu en présenter à une des séances de la
Société impériale et centrale d'horticulture.
On voit que ces procédés, qui sontnouveaux pour nous, sont
plus simples et plus économiques que le forçage sur place, en
ce qu'il n'est pas nécessaire de posséder un matériel aussi com-
pliqué, puisque l'on peut réunir dans un petit espace une plus
grande quantité de racines, et obtenir sur une surface égale une
récolte plus abondante.
Lorsque l'on dispose d'une assez grande quantité de racines,
on peut forcer ainsi plusieurs saisons se succédant depuis dé-
cembre jusqu'à l'époque à laquelle on récolte en pleine terre.
Le Crambé est un légume très-sain et très-agréable qui, de
plus, a le mérite dej venir à une époque où les autres légumes
sont rares et peu variés. On réunit les feuilles de Crambé par
— 59 —
petites bottes que l'on cuit à l'eau et que l'on mangea la sauce
blanche ou au beurre comme les Asperges et les Choux-fleurs ;
elles ont à peu près le goût et la saveur de ces deux légumes
réunis.
Il est à souhaiter que tous ces avantages, ainsi que les
moyens simples de cultures que nous venons d'indiquer, exer-
cent une heureuse influence sur la culture de cette plante digne
à tous égards de figurer dans tous les jardins potagers; mais
la routine est bien puissante, et il est probable qu'il s'écoulera
encore bien du temps avant que cette plante se trouve cou-
ramment sur les marchés.
N'en est -il pas de même pour toutes les bonnes choses? et si
je ne craignais de sortir de mon sujet et d'abuser de l'espace
qui m'est accordé ici, je conterais l'histoire de l'introduc-
tion de cette plante sur les marchés de Londres, il y a quel-
ques jours, par un M. Curtis, qui pour la faire adopter fut obligé
d'agir de ruse. Aujourd'hui ce légume est entré dans la con-
sommation générale ; on le trouve chez tous les marchands
fruitiers, et il est coté sur les marchés de Londres comme les
Asperges le sont ici.
Quant à nous, nous attendons encore notre M. Curtis... et il
suffirait peut-être d'un cultivateur intelligent pour que le
Crambé obtînt chez nous droit de cité ; mais il faut 1er re-
connaître, ce sera difficile. A. Pavard (1).
CERCLE DES CULTIVATEURS.
Les membres du Dîner des cultivateurs et plusieurs agricul-
teurs de diverses régions de la France, ont pensé qu'il serait
utile de fonder à Paris un Cercle où pourraient se réunir tous
ceux qui s'occupent des intérêts agricoles et horticoles.
Une commission a été nommée pour préparer un projet d'or-
ganisation, dont voici les principales dispositions :
I) De la maison Courtois- Gérard et Pavard.
— 60 —
Les cultivateurs et horticulteurs qui désireront faire par-
tie du Cercle devront adresser leur demande à l'un des mem-
bres delà commission (1).
La cotisation annuelle et personnelle sera de 50 francs.
Les cultivateurs. qui ne viennent qu'accidentellement à Pa-
ris seront admis comme visiteurs. Ils devront être présentés
*par un membre du bureau d'une des sociétés d'agriculture ou
d'horticulture de leur contrée. Ils recevront une carte de se-
maine, moyennant une somme de 2 francs.
Les étrangers pourront se faire admettre à titre de visiteurs,
sur la présentation de deux membres du Cercle.
Dans le but d'établir de bonnes relations avec les diverses
sociétés agricoles et horticoles de France, deux cartes donnant
droit chacune à une entrée personnelle seront mises à la dis -
position de ces sociétés.
Une salle spéciale sera affectée à une exposition permanente
d'échantillons des produits provenant des cultures des mem-
bres titulaires. Ces derniers auront seuls le droit d'exposer.
Une des autres salles du Cercle sera consacrée à la lecture
des journaux agricoles, horticoles, scientifiques, commer-
ciaux, industriels et politiques.
Une bibliothèque, formée d'ouvrages utiles, sera mise à la
disposition des membres titulaires et des visiteurs.
Un grand nombre de cultivateurs, dont la liste ne tardera
pas à être publiée, ont déjà donné leur adhésion verbale.
Tout donne lieu d'espérer le rapide succès d'une institution
qui répond aux besoins et aux intérêts de l'agriculture.
On peut adresser son adhésion à M. Donnaud, éditeur de
Y Horticulteur français et de Ylnsectologie agricole, 9, rue Cas-
sette.
(!) MM. Chatel, Hamet, Hervé, Lannau-Rolîand, comte Pelet de Lautrec,
Vianne.
— 61 —
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
Plantes nouvelles ou rares.
Bégonia rosœfl&rq (Botanical magazine, pi. 5680). Très-belle
espèce découverte par M. J. G. Veitch dans les Andes du Pérou,
à 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Voisine du B.
Veitchii, elle est, comme elle, dépourvue de tige ; ses feuilles
sont toutes radicales, assez petites, réniformes-arrondies, gau-
frées, lisérées de rouge sur les bords. Les hampes très-nom-
breuses, beaucoup plus hautes que les feuilles, portent chacune
trois grandes fleurs roses. Gomme le B. Veitchii, le rosœflora
est de simple serre tempérée.
Bégonia Çlarkii (Bot. mag., pi. 5675). Cette splendide es-
pèce originaire des Andes de Bolivie et du Pérou, est pourvue
de tiges dressées, rougeâtres, peu rameuses, garnies de feuilles
en cœur oblique un peu arrondi, crénelées, d'un vert sombre, et
pubescentes. Les pédoncules, qui naissent à l'aisselle des feuilles
et qui sont plus longs que les pétioles, portent chacun deux
lleurs d'un beau rouge rosé brillant, et qui ne mesurent pas
moins de 6 centimètres de diamètre.
Bégonia falcifolia (Bot. mag., pi. 5707). Jolie plante décou-
verte au Pérou par M. Pearce, et qui rappelle assez, par son
port et son feuillage, le B. argyrostigma; ses tiges hautes de
10 à 60 centim. dressées, peu rameuses, portent des feuilles
en fer de lance arquée en faux, échancrées en cœur à la base
et graduellement rétrécies au sommet, inégalement dentées,
d'un vert foncé et ponctuées de blanc en-dessus, rouge pourpre
foncé en-dessous. Les fleurs roses sont réunies par 6 à 10 au
sommet de pédoncules axillaires plus courts que les feuilles.
Cette espèce fleurit abondamment pendant tout l'hiver : depuis
.décembre jusqu'en mai.
Aristolochia ringens (Bot. mag.. pi. 5700). Cette espèce que
— 62 —
M. Hooker qualifie de Noble plante, est connue depuis longtemps
des botanistes ; c'est Vahl qui l'a nommée et décrite dans son
Symbolœ Botanicœ publié de 1790 à 1794. Les jardins d'An-
gleterre l'ont possédée un instant, s'il faut en croire Loudon et
Sweet, vers 1820; mais elle a disparu presque aussitôt, et ce
n'est que dans ces derniers temps qu'elle a été réintroduite
vivante. Elle est originaire des régions tempérées de l'Amé-
rique méridionale ; Humboldt et Bonpland l'ont rencon-
trée dans le district de Caracas, entre 15 et 1800 mètres au-
dessus du niveau de la mer : M. Triana l'a trouvée dans la
Nouvelle-Grenade et M. Linden dans le Venezuela. C'est ,
quoi qu'on dise, une plante de serre chaude, volubile, et très-
envahissante. Ses feuilles sont orbiculaires profondément
échancrées en cœur. Les fleurs longuement pédicellées sont
très-grandes (20 centimètres environ de longueur) d'un jaune
pâle avec un réseau de couleur brun-sombre.
Strophanthus capensis (Bot. mag., pi. 5713). Bel arbrisseau
grimpant appartenant à la famille de la Pervenche (Apocynées),
et qui est originaire du cap de Bonne-Espérance, où il croît
dans la forêt du Mont Kaga, à une altitude de 16 à 1 700 mètres.
Il fleurit très-jeune : ses feuilles sont verticillées par trois ,
oblongues entières ; ses fleurs disposées par 4 à 6 en sortes de
cymes terminales, ont une corolle en cloche à o lobes, d'un
jaune brillant avec une macule jaune orange foncé à la base
de chaque lobe.
Aerides Lobbîi (Illustr. hort. 1868, pi. 559). (Orchidées).
Une des plus belles espèces du genre, à longues grappes de jolies
et coquettes petites fleurs très-nombreuses et très-serrées, d'un
blanc faiblement teinté de rose tendre, lavé de violet, et ponc-
tuées de même couleur. Cet Aerides a été découvert dans le
Moulmein par Lobbe, voyageur de l'établissement Veitch ; il se
trouve dans le commerce depuis quelques années.
Camellia Caterina Rossi (111. hort., pi. 561). Les fleurs de
— 63 —
cette variété, d'une forme imbriquée parfaite, sont d'un joli rose
tendre, avec des myriades de slrioles pourpres, comme dit
M. Lemaire, d'une ténuité extrême à peine interrompues entre
elles, et rarement par d'autres un peu plus grandes, d'une
teinte plus prononcée.
PœoniaEmodi (Bot. mag., 5719). Cette espèce de Pivoine
est très -commune dans les régions tempérées du Kamaon, au
Cachemire et ressemble assez au P. albiflora duquel elle ne
différerait que par l'ovaire solitaire. Elle a fleuri parfaitement en
plein air, l'année dernière, dans les jardins de Glasnevin. Ses
fleurs, disposées plusieurs sur la môme tige, sont d'un blanc
pur, composées chacune d'une douzaine de pétales très-larges,
en forme de cuillère.
0. Lescuyer.
CATALOGUES D'HORTICULTURE POUR 1869.
Milliard fils (dit la Graine), à Fontenay-aux- Roses (Seine). Nouveautés
d'arbrisseaux obtenus dans l'établissement.
Dcsfosse-Thuillier, à Orléans. Catalogue n° 20. des arbres fruitiers et
d'ornement, d'arbrisseaux et arbres résineux.
4.a<i<lMi-Diil)<>iH. à l'Hormois près Brissac (Maine-et-Loire). Catalogue,
prix courant des plantes deserres froide et tempérée.
<;i <><•<! <-. 44, faubourg St-Louis, à Beauvais (Oise). Spécialité de Fraisiers. —
Catalogue raisonné avec figures, des meilleures variétés à cultiver.
Haage vi Schmint, à Erfurt (Prusse'. Catalogue général des plantes et
graines, et catalogue spécial des nouveautés pour 4 S69.
llavard et C% -M, rue Auber, Paris. Catalogue des graines de fleurs, d'arbres
et d'arbustes. •
Lemoine, à Nancy. Catalogue et prix courant des graines de fleurs et nou-
veautés.
Remilatler, à Nancy. Plantes nouvelles de semis obtenues dans l'établis-
sement.
Vilmorin et Ce, 4, quai de la Mégisserie, Paris. Supplément aux catalo-
gues ou listes des graines et plantes qui paraissent pour la première fois sur
les catalogues de cet établissement.
~- 64 —
ivaoK
Jardin d'agrément . .On peut commencer à la fin du mois les semis de gazons
et de plantes annuelles de pleine terre qui ne supportent pas le repiquage, telles
que giroflée de Mahon, pavot, coquelicot, adonis, coreopsis, nigelles, pieds d'a-
louette, réséda, nemophila, clarkia, gilia, etc. On plante en motte les plantes
vivaces et bisannuelles qui n'auraient pu l'être à l'automne, telles que campa-
nules, digitales, coquelourdes, œillet de poëte, etc. Les bordures de pâquerettes,
mignardises, etc., peuvent être aussi replantées, si les gelées ne sont pas trop
fortes. C'est encore le moment de semer sur couche les quarantaines, giroflée,
amarante, cobéa, verveine, sensitive, pétunia, pervenche, rose, etc. On doit
tailler ou éplucher les arbustes, et avancer le plus possible les labours.
Jardin fruitier. On continue activement les labours, les plantations et la
taille. Mais le groseillier noir ou cassis ne doit être taillé qu'au moment où les
feuilles commencent à se développer ; il en est de même des framboisiers. On
peut commencer, si le temps le permet, de mettre la main aux fraisiers qui ont
dû être fumés avant l'hiver ; on émiette le fumier, on débarrasse le cœur des
plantes, et si le terrain est préparé, on peut planter du nouveau plant. Enfin,
s'il y a des punaises sur le bois des pêchers, il faut les détruire, en brossant, par
un beau temps, toutes les branches qui en sont garnies.
Potager. On sème en pleine terre l'oignon, les pois hâtifs, tels que michaux,
nain de Hollande, prince Albert, d'Auvergne, des lentilles, des fèves de ma-
rais, etc. Dans laseconde quinzaine, ce sont : salsifis, scorsonères, poireau, panais,
carotte, épinards, cerfeuil, persil, pimprenelle, cresson alénois, chicorée sauvage,
et des petites laitues de printemps dans les planches d'oignon. Ces différentes
salades et fournitures doivent être semées très-serrées, sans quoi les feuilles
deviennent très-dures; la chicorée surtout est très-amère. On repique de la
romaine verte, oignons, choux-pommés, choux-fleurs, oseille. Vers la fin du
mois, on peut semer choux-fleurs, gros choux cabus de Saint-Denis, de Milan ;
pomme de terre Marjolin, comice d'Amiens, etc.
Les couches et châssis reçoivent de nouveaux semis de pois, haricots, fèves,
concombres, melons, choux rouge, choux-fleurs, aubergine, piment, radis roses»
raves, céleri. Ou y repique les cucurbitacées semées le mois précédent, ainsi
que des laitues pommées et des romaines. On continue le forçage des asperges
et des fraisiers.
Serres. Maintenir une chaleur suffisante pour entretenir la vie des plantes,
mais pas assez élevée pour provoquer la végétation . Donner de l'air toutes les
fois que la température extérieure le permettra, et arroser avec modération les
plantes qui sont encore dans leur période de repos.
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"ans que l'écriture subisse une détérioration sensible. - Après un séjour pro longé la s la teire 1 n e J
que Voxidation recouvre complètement l'écriture ; pour la taire reparaître il suffit de passer dessus son
mouillé.
SOMMAIRE 0£S ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Herinco, Chronique— F'. Hérincq, dissertation sur ta végétation : La circulation
et le savant doublé du philosophe. — 0. I.esci yer Hibiscus mutafoills (PI. III). —
0. Lïscdyer, Revue des Journaux ëlranscrg. — Remy (Adolphe), De la Taille du
Rosier. — Ccgniére, Conduite des jeunes arbres fruitiers sans taille des branches de
prolongement.— Loareu, du Climat de l'Himalaya.— X... Petites nouvelle.;. — Expositions
et Catalogues d'Horticulture pour 1889. — Travaux des mois de mars et avril.
CHRONIQUE
Les doctrines de Darwin : ses conséquences ; hommes créateurs ; perfection-
nement de plantes sauvages. Extinction par vieillesse des arbres fruitiers;
théorie de la solidarité de la matière; le nez du notaire et M. Bouiteville;
Les sophistes ou les savants doublés de fausse philosophie; Une fable. Les
Camellia de M. le comte de Gomër.
Nous commençons à récolter les fruits implantés clans le do-
maine de la science, par cette singulière école philosophique
qui n'accorde qu'une seule base, qu'un seul point de départ
pour tous les êtres vivants. Triste doctrine, qui précipitera les
sciences naturelles dans le chaos, cette antichambre du néant,
et qui amènera inévitablement la décomposition sociale.
Les doctrines darwiniennes, reposant sur l'intelligence de la
matière, conduisent, en effet, tout simplement à éliminer
Dieu, comme étant un être irrationnel, et à faire de l'homme,
tout naturellement, l'être tout-puissant. On a inventé les
peuples-rois ; Darwin a imaginé mieux : il a fait les hommes-
dieu! Le cœur humain lui est bien connu.
C'est, en effet, en flattant ainsi bassement notre misérable
vanité qu'on trouve des apôtres pour faire admirer la pro-
fondeur du génie du maître, et des thuriféraires pour chanter
des sublimes cantiques en l'honneur du principe nouveau.
Aujourd'hui, les idées- darwiniennes ne constituent pas seu-
lement un fait scientifique; elles ont franchi les barrières de la
science et se sont répandues dans le domaine delà vie civile :
Mars 1869. 5
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c'est un fait social. Quiconque actuellement ne proclame pas
hautement les principes de la transformation successive des
êtres, est traité, en effet, coaime un ennemi de tout progrès,
de toutes libertés. C'est assez triste.
Il faut du courage, il est vrai, pour résister à l'entraînement
de ces idées nouvelles, si bien faites pour porter à l'excès l'or-
gueil du genre humain. « Dieu n'est pas, dit le prophète de la
nouvelle Église , l'homme est tout, et peut tout ! » Comment ne
pas se laisser aller, après cela, à cette douce illusion : qu'on est
véritablement un petit Bon Dieu ? Ceux qui n'ont jamais pu
perfectionner le moindre Pissenlit sauvage s'inclinent et ac-
ceptent respectueusement la belle position qu'on veut bien leur
faire; quant aux autres, ceux qui ont fait venir une grosse
Carotte d'une petite, ou un gros Navet d'un petit lilet de
racine de Radis sauvage, ceux-là sont tellement éblouis, gri-
sés par cette apparence de création, qu'ils regardent dédaigneu-
sement le grand initiateur, et ne le trouvent même plus digne de
déboutonner les boutons de leurs guêtres. Et c'est sérieux ce
que je dis là, malheureusement pour ces hommes et pour la
science. Mais la question est trop grave pour pouvoir être trai-
tée dans une chronique légère; elle sera l'objet d'un tra-
vail spécial, dans lequel nous dévoilerons les procédés sim-
ples et faciles à l'aide desquelles partisans delà théorie de
la transformation des êtres parviennent à modifier les types
sauvages et à se poser ainsi en créateurs.
Cette question touche à des intérêts trop grands pour que
nous laissions l'opinion s'égarer plus longtemps dans ce laby-
rinthe d'erreurs expérimentales, d'où sont sortis la Carotte et
le Radis sauvages perfectionnés, sur lesquels on vient d'attirer
à nouveau l'attention du monde agricole et horticole. Nous
aurons le courage de supporter de nouvelles inimitiés ; caries
petits bons dieux de l'église Darwinienne ne pardonnent pas à
ceux qui ne croient pas en eux.
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En attendant, passons à la théorie de l'extinction par la vieil-
lesse des arbres à fruits; c'est du même sac philosophique.
Il existe de par le monde horticole des docteurs doublés du
philosophe, qui professent la singulière doctrine de la solida-
rité de toutes les parties d'un être organisé, même lorsque cet
être est un arbre et que ces parties sont séparées, détachées de
l'arbre-mère, pour former, par la greffe, de nouveaux individus.
Tous les sujets provenant de la même souche, disent ces doc-
teurs, vivent de la même vie, et meurent tous ensemble, h: jour
même que meurt leur maman ! C'est encore une des sublimi-
tés de cette philosophie de rencontre, qui ne supportent pas
l'examen sérieux de la science, mais qui malheureusement font
le bonheur des masses, même intelligentes.
J'aime la philosophie, mais non cette philosophie- là qui est
tout simplement du roman scientifique, roman de la pire es-
pèce, car il ne fait qu'exalter les imaginations, et ne sert qu'à
corrompre la raison humaine.
Edmond About, qui s'entend un peu mieux en roman
qu'en histoire naturelle, a, très-spirituellement exploité cette
idée de solidarité de la matière, dans un roman intitulé,,
le Nez du notaire. — C'est un brave officier ministériel qui a eu
le malheur de perdre sa saillie nasale. La science lui propose
de lui en confectionner un autre avec la partie charnue d'un
autre individu. Il accepte, et une fier enfant de l'Auvergne
veut bien en fournir les matériaux. L'opération a lieu. Le no-
taire a un nouveau nez, qui, ma foi, lui va très-bien ; mais le
pauvre homme a compté sans lafameuse solidarité de la matière :
il est enchaîné au compatriote de M. de Morny, par cette autre
sublimité philosophique : les atomes crochus ; par leur inter-
médiaire il ne peut échapper à aucune des fluctuations de la
vie ducessionnaire. Quand l'Auvergnat se gratte à la place des
matériaux concédés, le notaire éprouve aussitôt une affreuse
démangeaison au nez; si l'enfant de la montagne oublie sa
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raison au fond d'un verre, le pauvre officier de l'état civil voit
aussitôt son nez prendre la belle teinte rouge de la Carotte
améliorée de M. Vilmorin. Chaque jour est ainsi marqué par
de nouvelles vicissitudes. Enfin un beau matin, le notaire veut,
en s'éveillant, se livrer à l'exercice du mouchoir; mais il
cherche en vain sa protubérance faciale !... C'est que, pen-
dant la nuit, l'habitant du Puy-de-Dôme avait cessé de vivre,
et tout ce qui était à lui, subissant l'implacable loi de la so-
lidarité, avait cessé de vivre aussi . Le nez du notaire reposait
mollement sur l'oreiller !...
Voilà la philosophie que M. Boutteville, vice-président de
Ja Société d'Horticulture de Rouen, veut rééditer en faveur de
l'extinction des arbres fruitiers, par vieillesse, et qu'il défend
avec une virulence qui, vraiment, n'a guère sa raison d'être ;
car les savants qui ont pu combattre cette doctrine ont droit
à. des égards.
L'honorable M. Duchartre, de l'Institut, vivement attaqué
par lui, a cru devoir répondre à ses paroles insensées; nous
sommes heureux de lui pouvoir prêter ici l'appui moral de la re-
production, en mettant sous les yeux de nos lecteurs la savante
réfutation des principes de M. Boutteville qu'il vient de publier
dans le Journal de la Société d'Horticulture de Paris (1), et nous
lui viendrons en aide, au besoin, pour combattre une philoso-
phie aussi funeste ; car s'il existe une solidarité quelque part,
c'est assurément entre tous les hommes qui se vouent à la
défense des vérités scientifiques. Il est temps enfin qu'on
endigue tous ces sophismes, héritage d'un autre âge, contre
lequel s'élèvent chaque jour, cependant, tous nos modernes
philosophes.
M. le D'Laguesse, directeur du jardin des plantes de Dijon,
(1) La longueur de l'article de M. Duchartre ne nous permet pas de le re-
produire dans ce numéro; il paraîtra dans le prochain.
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ne s'indigne-t-il pas, lui aussi, dans le dernier bulletin de la
Société d'Horticulture de la Côte-d'Or, de ce que nous ne
nageons pas dans les eaux philosophiques de la solidarité? La
bise souffle de tout côté, comme on voit, à la philosophie ;
mais quelle philosophie ! 0 Descartes, voile-toi bien !
Comme nous consacrons, plus loin, un article spécial en
réponse à M. le docteur Laguesse , qui nous reproche de
ne point vouloir « que le savant se doublât du philosophe »
pour faire circuler la sève des plantes, comme circule le sang
des animaux, nous (inirons philosophiquement par une petite
fable, que nous écrirons en prose cadencée pour plus de
facilité et de rapidité d'exécution; car je suis en froid avec
les vers, depuis, surtout, qu'on m'en a fait manger des
blancs!... Donc :
« Un bon bourgeois, par testament, avait établi indûment,
que sa maison était chauffée de la cave jusqu'au grenier, par
son appartement du quatrième étage. Un excellent calorifère
puisant de l'air froid dans la terre, l'attirait dedans le foyer ;
et là, devenu chaud, léger, il allait cheminant de haut en bas,
par toute la maison, porter la chaleur et la vie chez tous les
gens de son logis.
L'héritier ayant cru son oncle sur parole, répéta, sans
rougir, la même faribole ; et quiconque, chez lui, d'avoir
froid se plaignait, notre homme courroucé au plaignant ré-
pliquait : « N'ètes-vous pas chauffé par mon calorifère ? »
Et chacun frissonnant, aussitôt de se taire.
Mais un jour cependant, l'homme del'entre-sol va le trouver
et dit :
— Vraiment, mon cher monsieur, vous me la baillez belle!
J'ai froid, montrez donc la fameuse chandelle qui me doit tant
chauffer !
è — La voici, mon ami; c'est mon calorifère. Ici est le foyer
d'où part le calorique qui va se purifiant dans ce tuyau de
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brique jusqu'au plus haut faîte du toit, pour descendre après
coup chez toi.
— Qu'il monte, je le veux, repart le locataire ; mais par où
et comment, pour redescendre à terre, peut-il donc bien s'y
prendre ; je ne vois pas d'issu, et les lois de par : il monte,
l'empêchent de descendre chez moi.
— Mais non! cher locataire ; comprenez bien ceci : de mon
foyer quand il parvient au faîte, il redescend chez vous et
sans difficulté.
— Mais par où? montrez-m'en le conduit.
— Ne l'ayant jamais vu, dit le propriétaire, je ne puis.
— Alors faudrait-il donc en aveugle vous croire?
— Pourquoi non ? Suis-je donc, à vos yeux de si mau-
vaise foi ?
— Je ne le dis point ; mais.. ,
— Mais... Vous doutez !
— Le doute est bien permis! Montrez- moi seulement le
conduit qui de votre foyer descend en ma demeure, je ne con-
teste plus et j'admire sur l'heure, de votre bon aïeul, le chauf-
fage merveilleux !
— Je ne puis, je l'ai dit.
— C'est qu'il n'existe pas.
— Si fait.
— Nenni.
— Si fait.
— Nenni.
Et depuis, les deux ennemis de répéter : Si fait! Nenni!
Aucun n'en veut démordre.
N'est-ce pas l'histoire de la science et des fausses théories? »
Qu'en pense M. Laguesse.
F. Herincq.
P. S. J'arrive de Courcelles, et c'est au débotté que je
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transcris mes impressions de voyage , non par crainte de les
voir trop vite s'effacer , mais bien pour en prolonger la douce
et agréable durée.
Courcelles est un petit hameau situé au fond de la Picardie,
et où se sont réfugiés les Camellia, depuis que les Parisiens
les ont expulsés de leur brillante citée, sans qu'on ait jamais
pu savoir pourquoi.
Que sont-elles devenues ces riches collections de Roses du>
Japon, des Paillet, des Courtois, des Guérin-Modeste, des
Lemichez et de tant d'autres? La mode, aussi ridicule que
capricieuse, les a tout à coup anéanties pour ériger, sur leurs
brillantes dépouilles, des affreuses touffes de feuilles de Bar-
dane, de Morelle et de Chiendent, pour lesquelles, il est vrai, je
n'ai jamais eu la moindre sympathie. La splendide floraison
de Camellia, qu'il m'a été donné d'admirer au château de
Courcelles, chez M. le comte de Gomer, vice-président de la
Société d'Horticulture de Picaidie, n'est pas faite, non plus,
pour m'amener à contemplation devant une pauvre chloro-
tique quelconque. Non ! je n'aime pas approcher mes lèvres
d'une tasse de tisane; j'aime mieux boire, à la coupe de la
volupté, le nectar des dieux que versent à pleine corolle les
Belle Jeannette, Augustina, Duchesse Visconti, Lûiza Maggi;bt
tant d'autres beautés des serres à Camellia de M. le comte de
Gomer; j'y trouve une plus douce poésie. Devant ces écla-
tantes fleurs, mes pensées s'élèvent malgré moi vers l'empire
de la Divinité. Les feuilles sont plus prosaïques ; elles font
descendre l'estomac dans l'ofiicine du cuisinier; car elles ne
portent à penser qu'à plat d'Épinards et à soupe à l'Oseille : il
est vrai que la matérialité est la poésie du jour ; les préfé-
rences de la mode se trouvent par là justifiées.
Ma promenade à Courcelles n'a donc fait que m'attacher
plus solidement encore au char fleuri de la déesse des jardins.
La collection de Camellia de M. le comte de Gomer est très-
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certainement une des plus riches et des plus belles. On y
trouve les variétés les plus nouvelles ; et les anciennes sont
nombreuses. Mais le féerique, c'est l'ensemble de ces grands
et majestueux Camellia, de plus de 6 mètres de hauteur,
tout couverts de fleurs! La magnificence de cette floraison ne
peut pas se décrire.
F. H.
DISSERTATION SUR LA VÉGÉTATION.
La circulation et le savant doublé du philosophe.
Dans le dernier bulletin (n° 5, 1868) de la Société d'Horti-
culture de Dijon, M. le docteur Laguesse se livre à l'exercice
des commentaires au sujet des doctrines que nous soutenons :
quil n'y a pas de sève descendante. Il me traite, très-spiri-
tuellement, d'anarchiste, cherchant à renverser l'échafaudage
si laborieusement édifié parla science officielle, pour le rem-
placer, — comme font tous les anarchistes, — par le néant ! Et
il termine en s'écriant plus spirituellement encore : « Honneur
donc à M. Herincq, à l'infatigable chercheur, s'il nous dé-
montre, mieux qu'il ne Va fait jusqu'à ce jour, qu'il n'y a plus
de sève descendante.
S'il ne s'agissait que de tirer de l'erreur M. le directeur du
jardin des plantes de Dijon, je ne reviendrais pas sur cette
question, qui a été suffisamment traitée dans les précédents
articles sur la végétation (Hortic. fr. 4857, page 237 et 1868,
p. 342); car, si du choc des idées jaillit la lumière, on n'a pas
d'exemple que cette lumière ait jamais éclairé les gens qui ne
veulent pas voir, et que les plus sérieuses discussions aient
jamais modifié la conviction de ceux qui veulent garder la
leur. Or, M. le docteur Laguesse me paraît trop attaché à ce
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qu'il appelle la science officielle pour que je puisse espérer l'en
détacher; quoi que je dise, quoi que je fasse, il gardera toujours
sa pieuse admiration pour les savants doublés de philosophie,
qui ont édifié la sympathique théorie de la circulation dans les
végétaux. Je respecte donc sa croyance; mais je tiens à démon -
trer, aux personnes qui n'ont aucune attache à la science offi-
cielle, que les arguments qu'il oppose aux adversaires de la
circulation, détruisent eux-mêmes victorieusement la théorie
qu'il prétend défendre, et qui a été, dit-il, <( laborieusement,
consciencieusement édifiée sur des faits obser-vés, et d'après des
expériences, qu'on ne saurait révoquer en doute, de savants
dignes de foi. »
Et d'abord cette théorie de la circulation de la sève a-t-elle
été édifiée avec autant de labeur que le prétendent ses parti-
sans? Non! elle ne repose sur aucun fait observé, tout n'est
que fiction. C'est en effet au coin du feu, et dans le calme
du cabinet, qu'un savant philosophe, l'a édifiée, par analogie ;
le nom de ce philosophe je l'ignore ; mais les premiers sec-
tateurs furent Malpighi, Mariotte, de Lahire, Tournefort, etc.
. Sans doute la méthode de l'analogie a pu rendre service à
la science ; c'est par elle que les naturalistes sont arrivés à
grouper par familles et par genres tous les êtres vivants ré-
pandus dans la nature; mais les philosophes l'ont poussée trop
loin en voulant l'appliquer à l'anatomie et à la physiologie
végétale; ils n'ont fait que s'égarer, quoi qu'en dise M. le
docteur Laguesse, et ils ont enrayé tput d'un coup le progrès
scientifique : depuis cette époque la physiologie est positive-
ment restée stationnaire. « Eh quoi! va me répéter M. La-
» guesse, l'animal et le végétal sont deux êtres organisés, vi-
» vants; ils sont composés tous deux des mêmes éléments
» atomiques^ ils ont tous deux une structure organique qui
» suppose l'accomplissement de fonctions; tous deux s'ac-
» croissent, tous deux doivent se nourrir; en un mot, ils nais-
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» sent, se nourrissent, se reproduisent et meurent, et vous ne
» voudriez pas que le savant se doublât du philosophe pour
» étudier cet admirable mécanisme dont la résultante est la
» vie! »
J'admire certainement la philosophie, et surtout cette phi-
losophie botanique qui fait de la fleur la couche nuptiale ; qui
voit dans le calice la couchette; dans les pétales les rideaux
de lit; dans le réceptacle le matelas sur lequel reposent les
deux époux : l'étamine ou mari, le pistil ou la noble dame.
C'est vraiment charmant. Mais quand on veut retrouver les
gracieuses formes de la femme dans un pistil de Pavot ou d'un
Cucurbita pepo, il faut se monter singulièrement l'imagina-
tion ! Avouez-le Monsieur Laguesse ! Laissons donc aux bota-
nistes à l'eau de rose cette philosophie de salons , et soyons
sérieux en chaire.
En philosophie, disent les maîtres, ilne fautadmettre aucune
chose pour vraie qu'on ne soit bien certain qu'elle est telle. On
ne doit accepter que ce qui se présente clairement et distincte-
ment, pour qu'on ne puisse jamais élever le moindre doute. Or,
les savants qui ont admis la circulation dans les végétaux,
avaient-ils acquis la certitude que ce phénomène existe réelle-
ment? Non! car jamais ils n'ont pu montrer l'appareil complet;
jamais ils n'ont pu découvrir par où et comment descendait la
sève après son élaboration dans les feuilles. Le savant qui a
édifié cette belle théorie philosophique était tout simplement
doublé du faux philosophe, c'est-à-dire du romancier.
M. Laguesse me reproche de détruire l'échafaudage si la-
borieusement érigé par la science officielle sans édifier à la
place.
Évidemment cet illustre savant n'a pas lu mes différentes
notices sur la végétation et notamment celles qui sont insé-
rées dans Y Horticulteur français 1867, page 237, et 1868,
p. 342; il aurait vu ] qu'après avoir renversé l'édifice de la
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science officielle, dans lequel on prétend faire circuler la sève,
j'en ai reconstruit un autre, moins monumental il est vrai,
mais très-simple, comme tout ce que fait la nature, avec des
matériaux solides que chacun peut voir et toucher, et dans le-
quel la sève se trouve logée très à l'aise, pour se livrer facile-
ment à l'exercice de ses fonctions . C'est un tort peut-être, car
la science officielle est généralement ennemie de la simplicité;
elle aime le complexe enveloppé de vaporeux et de nuageux,
pour pouvoir échapper aux regards indiscrets delà multitude.
Certes, je ne conteste pas au savant naturaliste le droit de
se doubler d'autant de mètres de philosophie que son intelli-
gence le permet; seulement, pour se doubler ainsi, il faut que
son esprit soit bien sain pour pouvoir se livrer aux opérations
de la logique, et pour discerner très-exactement et les faits et
la justesse du raisonnement; car, ainsi que le reconnaît mon
spirituel contradicteur, en histoire naturelle, on ne doit se payer
ni de mots, ni d'hypothétiques spéculations. C'est pourtant ce qui
arrive ici pour la théorie de la circulation : pas un fait maté-
riel; elle repose exclusivement sur des grands mots et sur de
brillantes et ingénieuses méditations d'un philosophe assoupi.
En effet, partant de ce principe, que l'animal et le végétal
sont deux êtres organisés vivants, ce grand philosophe s'é-
lança un jour vers la région éthérée, et de là, s'appuyant sur
le fameux axiome : Omnia in omnibus (tout est dans tout), il
jeta les bases de la théorie de la circulation de la sève, en s'é-
criant : — ce Puisque l'animal a un poumon, un cœur, des ar-
tères, des veines dans lesquels passe et repasse le sang, le végétal
aussi a poumon, cœur, artères et veines qui permettent à la
sève de monter et de redescendre, etc. On ne voit pas du tout
cet appareil dans les plantes, c'est vrai, mais il existe de par le
sublime omnia in omnibus delà philosophie. » — Et Malpighi,
et de Lahire, et Tournefort, etc., de proclamer la vérité de
cette doctrine. Quelques autres sectateurs ne voulant pas perdre
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la belle occasion de l'analogie, poussèrent l'enthousiasme phi-
losophique jusqu'à accorder aux végétaux un estomac pour
opérer la digestion du chyle; et une âme...., pour pouvoir mé-
diter sans doute sur la sottise humaine.
Mais à cette époque déjà plusieurs physiciens sensés, c'est-
à-dire moins philosophes, comme Dodart, Magnol, Haies, Bon-
net, etc., voyant qu'on s'égarait en accordant trop à l'analogie,
s'empressèrent de combattre la circulation chez les végétaux;
plus tard Mustel, Dupetit-Thouars, prirent place parmi ces pre-
miers adversaires, et Turpin, micrographe distingué, chercha
en vain, à l'aide du microscope, les vaisseaux du système des-
cendant. Enfin, un savant dont le nom fait autorité dans la
science, a déclaré, dans un mémoire sur la marche des fluides
dans le végétal, lu a l'Institut en 1805, que « l'appareil qu'il
» avait disposé, dans ses expériences, pour recevoir la sève
» descendante fut inutile : la partie supérieure de la blessure
» ne laissant couler aucun fluide Ces observations et plu-
» sieurs autres, dit-il dans ce même mémoire, dirigées dans
» le même but, me prouvèrent ce qu'une anatomie très-pé-
» nible et très-délicate m'avait fait soupçonner depuis long-
» temps, savoir : V qiïil n'y a point de sève descendante, à
» moins que, par abus de mots, l'on ne donne ce nom au cam-
» bium ou à la sève centrale, lorsque, par suite de variations
)> de l'atmosphère, elle prend, pour quelques instants seule-
» ment, une marche rétrograde dans les vaisseaux mêmes qui
» ont servi à son ascension ; 2° que la liqueur qu'on trouve au
» printemps et au mois d'août entre l'aubier et l'écorce, dif-
» fère essentiellement de la sève; qu'elle suinte plutôt qu'elle
» ne coule du sommet des arbres vers leur base ; que cette li-
» queur est le suc qui développe et fortifie le tissu végétal; que
» c'est en un mot le cambium de Duhamel, bien différent des
» sucs propres »
Le savant qui décrivait si nettement en 1805 le résultat de
— 77 —
ses observations et expériences, qui déclare péremptoirement
qu'il n'y a pas de sève descendante, ce savant est tout sim-
plement M. deMirbel, le grand chef de l'école physiologique
en France !
Je ne suis donc pas un novateur, comme se plaît à me
qualifier M. Laguesse, mais un simple régénérateur, ami de la
vérité, et, si je suis un anarchiste, c'est en bonne et illustre
compagnie.
Ce n'est pas toutefois la lecture de ces différents auteurs qui
m'a poussé dans cette voie régénératrice. Dès mon début dans
l'étude de la physiologie, je n'acceptai les doctrines de la
science officielle que sous bénéfice d'inventaire, et j'acquis
bientôt la certitude que le mouvement de la sève des végétaux
n'avait rien decomparable à la circulation dusangdes animaux;
que les feuillesn'étaient pas l'organe spécial, oiliciel île l'élabo-
ration; qu'il n'y avait point de sève descendante ; en un mot
que la théorie de la circulation n'était qu'une pure hypothèse
philosophique, qu'il convenait de renverser, au plus tôt, dans
l'intérêt de la science. Mais je compris aussi qu'avant de dé-
truire cet hypothétique édifice, il fallait faire provision de ma-
tériaux solides pour en élever un autre à la place, avec des faits
positifs. Je les demandai alors à l'observation des phénomènes
naturels et aux résultats artificiels d'expériences nombreuses
et variées.
Riche de nombreux faits observés, je fus longtemps irrésolu
devant une entreprise qui devait saper impitoyablement les
principes fondamentaux de la physiologie végétale, et qui
devait m'aliéner la majorité des savants contemporains. Au-
jourd'hui que l'âge a mûri ma raison, je me sens assez fort
pour utiliser les matériaux amassés pendant nombre d'années,
et pour exécuter le plan que mon jeune cerveau avait conçu.
J'ai donc repris l'œuvre de Bonnet, Magnol, Mustel, Du-
petit-Thouars, Mirbel, etc., etc.; et si je parviens à extirper
— 78 —
complètement l'erreur implantée par Malpighi et Tournefort
dans le domaine de la physiologie végétale, mon ambition
sera satisfaite. La tâche est dure; car il est difficile d'extirper
l'hérésie pour implanter la vérité à sa place.
Ceci dit, je suis tout au savant directeur du jardin des
plantes de Dijon. Il veut des faits, j'en ai beaucoup à lui
présenter; mais, avant, je veux examiner la valeur de son
argumentation qui me paraît tout au moins fort curieuse.
« Si M. Herincq veut consulter les travaux acceptés par la
science officielle, dit M. Laguesse, il trouvera : lo que l'eau
absorbée par les racines doit nécessairement, en vertu des lois
de l'endosmose, passer d'une cellule à une cellule latérale,
conséquemment cheminer latéralement en même temps qu'elle
chemine de bas en haut; 2° que le double phénomène de la
transpiration et de la respiration a lieu, non-seulement dans
les feuilles, mais encore dans les organes verts, tiges, fleurs,
fruits, etc. »
Je répondrai humblement à mon illustre contradicteur que
j'avais consulté les travaux acceptés par la science officielle,
et que c'est là précisément que j'ai trouvé les instruments de
destruction de l'édifice circulatoire; car, je le répète, je n'ai
rien inventé ; tous les faits sur lesquels repose ma réédifica-
tion sont connus delà science officielle.
Ainsi, elle admet que la sève puisée par les racines chemine
latéralement, en même temps qu'elle chemine de bas en haut.
Donc cette sève latérale ne peut pas être élaborée par les feuilles ;
par conséquent le travail des cellules latérales qui reçoivent la
sève brute et l'élaborent pour servir à la production de nou-
velles cellules latérales de la tige, démontre très- clairement,
ce me semble, qu'il n'y a pas de solidarité entre les différents
organes d\me plante, et que là, le philosophe peut retrou-
ver le fameux «chacun pour soi)) delà civilisation moderne, « la
sève brute pour tous » . Ce principe est doublement confirmé
— 79 —
parles faits observés de la science officielle, et qui prouvent que
la tige respire et transpire pour élaborer les nouveaux maté-
riaux nécessaires à son accroissement; ces faits établissent donc
.bien qu'il n'y a aucune solidarité entre elle et les feuilles, ce
fameux laboratoire officiel d'élaboration, ce soi-disant centre
de la circulation où tout doit affluer pour subir l'action des
agents modificateurs.
Les mêmes faits ont été également observés par la science
officielle, dit M. Laguesse, pour les fleurs et pour les fruits, et
elle admet que chaque organe élabore sa sève sur place. Mais
alors c'est la théorie de la circulation qui est en contradition
avec toutes les lois naturelles ! Puisque la respiration qui
contribue à l'élaboration de la sève brute a lieu sur tous les
points., sur toute la surface du végétal, l'appareil élaborateur
n'est donc pas concentré dans un seul organe — les feuilles, —
mais bien disséminé dans l'organisation tout entière , ce qui
rend impossible le système circulatoire.
Maintenant un rapprochement édifiant, avant de passer à
rénumération des faits nouveaux qui témoignent contre la
théorie de la circulation.
M. Laguesse dit dans un endroit de sa note : « Personne ne
le voit non plus (que les feuilles soient chargées exclusivement
de ce travail d'élaboration), puisqu'il est admis par tous les
physiolosistes que toutes les surfaces vivantes respirent. »
Et plus loin, au sujet des pêches qui mûrissent sur des brin-
dilles dépourvues de feuilles, et qui constituent, selon moi, un
fait concluant contre le système circulatoire, il ajoute: « Mais
non, Monsieur Herincq, ce fait n'est pas concluant; il ne l'est
pas, parce que les brindilles, même dépourvues de scions
feuilles, transpirent et respirent; il ne Test pas, puisque les
fruits respirent et que personne ne le conteste. »
Mais alors pourquoi ensuite ce trait d'esprit a contre-saison :
« Ainsi Monsieur Herincq, la feuille ne respirerait que pour elle,
— 80-
le fruit que pour lui, chaque organe pour son propre compte ;
chaque cellule élaborerait son liquide, et là, sur place, forme-
rait les nouveaux matériaux d'accroissement ; plus de solida-
rité entre les différents organes d'un être vivant : chacun pour
soi, la sève brute pour tous! Tout cela est possible, je ne le nie
pas; mais tout cela est tout au moins à priori invraisem-
blable. »
Où le savant et spirituel docteur avait-il donc déposé sa
raison le jour où il a rédigé cette étonnante réfutation, dans
laquelle il se réfute si admirablement lui-même?
Quoiqu'il en soit, nous allons essayer de lui démontrer, par
de nouveaux faits, que cette solidarité complaisante n'existe
pas entre tous les organes ; que tous ces organes appliquent
très-bien son spirituel axiome : chacun pour soi, la sève brute
pour tous.
Mais nous sommes obligé de remettre la suite au prochain
numéro.
F. Herincq.
HIBISCUS MUTABILIS (Pl. III).
Sous le nom de Hibiscus mutabilis, Linné a fait connaître un
arbrisseau de l'Asie, pouvant atteindre 5 mètres de hauteur,
et dont les fleurs passent successivement , dans la même
journée, du blanc au rosé, et du rosé au rose; elles sont
blanches le matin, carné tendre à midi, et rose cerise le soir.
Sous ce même nom de Hibiscus mutabilis, nous avons reçu
de Siebold un arbrisseau du Japon, à rameaux pubescents, à
feuilles pubescentes, en forme de cœur, plus ou moins profon-
dément découpées en 5 lobes allongés ; caractères qui se rap-
portent bien à Y Hibiscus mutabilis de Linné ; mais ses fleurs,
grandes comme celles de YHibiscus syriacus ouKetrnie des jar-
dins, sont blanches avec l'onglet des pétales jaune, et restent
— 81 —
blanches toute la journée, sans jamais prendre la moindre
teinte rosée les jours suivants.
Est-ce la même plante, est-ce une variété? Mais d'abord en
est-il des fleurs ainsi que dit Linné : blanches le matin, carnées
à midi, et roses le soir?
N'ayant jamais vu fleurir Y Hibiscus mutabilis, bien que cette
belle plante ait été introduite dans les jardins d'Angleterre en
1690 par lord Portland, et qu'on la signale dès 1632, à Rome,
dans les jardins du frère Ferrari de la Compagnie de Jésus,
nous ne pouvons jeter aucune lumière sur ce curieux phéno-
mène de mutabilité. Les petits journaux de Paris ont bien
parlé, l'automne dernier, de la curieuse Mauve changeante in-
troduite dans les scfuares de la ville ; mais ils ont parfaitement
pu en parler par entendre dire ; on ne peut guère par eux élu-
cider la question.
D'après Siebold, qui Ta réintroduite dans ces dernières
années, YHibiscus mutabilis produirait des sujets tantôt à fleurs
blanches, tantôt à fleurs roses, mais sans jamais changer de teinte
dans le cours de la floraison. C'est en effet ce que nous avons
constaté. Les fleurs de notre Hibiscus étaient blanches avec
l'onglet jaune en épanouissant, et jamais elles n'ont pris la plus
faible teinte rose. Mais, pour n'être pas à fleurs changeantes,
il n'en est pas moins un charmant et magnifique arbuste
d'ornement.
Livré en pleine terre, à l'air libre, pendant la belle saison, il
développe un ample feuillage, et vers le mois de septembre,
apparaissent ses belles grandes fleurs qui sont rassemblées par
0 à 10 au sommet des rameaux. A rapproche des froids, on
rabat les rameaux herbacés ; on enlève les pieds de la pleine
terre pour les mettre en pot et les faire hiverner en serre
froide ou en simple orangerie, sans trop arroser.
Au mois de mai, on les replace en pleine terre.
0. Lescoyer.
Mars 1869. 6
— 82 —
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
Scutellaria Moci?iiana> deBentham (111. hort., pi. 562). Cette
belle Labiée a été découverte pendant l'exploration botanique
de la Nouvelle-Espagne, parMocino et Sessé, de 1795 à 1804- ;
mais elle n'a été introduite vivante que tout récemment dans
l'établissement Haage, à Erfurt, par M. Wendland, directeur
actuel du jardin botanique de Herrenhausen, près Hanovre,
qui l'a retrouvée dans le Costa-Ricav à une altitude de 4500
à 2000 mètres, dans les endroits humides et un peu ombragés,
de la vallée baignée par le fleuve Sarapiqui, entre Desengano
et Cari-Blanco. C'est une plante vivace a tige ligneuse à la
base, haute de 25 à 30 centimètres, terminée par un bouquet
de fleurs dressées, longues de 5 centimètres, d'une belle couleur
écarlate très-vif. Elle est de serre chaude.
Azalea sinensis albiflora (111. hort., pi. 563). Charmante
variété anglaise, à fleurs d'un blanc pur, exhalant une odeur
suave.
Agave Ve^schaffeltii (111. hort., pi. 564). Ce nouvel Agave est
originaire du Mexique ; son introduction est due à Ghiesbreght,
qui en envoya un lot en 1861, à M. Ambroise Verschaffell.
Cette espèce est relativement naine, car les plus forts sujets ne
dépassent pas 25 cent, de hauteur, sur 15 à 18 de diamètre.
Ses feuilles ont la forme à peu près d'une spatule, bordées et
terminées par des aiguillons de couleur marron clair. C'est
une espèce de serre froide.
Camellia Contessa Tozzoni (Illust. hort., pi. 566). Très-belle
variété obtenue en Italie, et mise au commerce par M. Ambroise
Verschaffelt de Gand. Ses fleurs de moyenne grandeur ont les
pétales très-régulièrement imbriqués, arrondis, d'un beau rose
vif à la base, et du milieu aux bords d'un rose passant au blanc
presque pur.
— 83 —
Aristolochia floribunda de Lemaire (Illust. hort,, pi. 568).
Belle et bonne plante volubile, découverte au Brésil et intro-
duite vivante par M. Baraquin, collecteur de M. Ambroise
Verschaffelt. Elle croît dans l'immense territoire parcouru
par ce roi des fleuves, connu sous le nom de Rivière des Ama-
zones. Les feuilles sont amples, en cœur, etles fleurs, solitaires
ou réunies par 2 ou 3 à l'aisselle des feuilles, sont magnifiques
de coloris : le tube est blanc ; le limbe est marbré de pourpre
vif et foncé sur fond blanc. La plante développe à la fois de
500 à 600 fleurs exhalant un arôme puissant, comme l'annonce
l'érudit rédacteur àeY Illustration horticole.
V Aristolochia Duchartrei du Gardehers chroniclc, est une
espèce très-voisine de la précédente, et originaire de la même
contrée. Est-elle réellement distincte?
Lœliapurpurata, var. Nelisii([\\.h.OTt., pi. 569). Très-belle
variété dont les fleurs offrent trois sépales d'un blanc rosé en
dedans et d'un riche rose violacé en dehors; -les deux pétales
sont rosés et le labelle a son limbe d'un beau cramoisi velouté.
Spirœa palmata de Thunberg (Bot. mag., pi. 5726). Cette
espèce est bien certainement., comme le dit M. Hooker fils, la
plus belle qui ait été introduite jusqu'à ce jour. Son introduc-
tion est due à M. Fortune. C'est un sous-arbrisseau dressé, à
rameaux effilés portant de larges feuilles découpées en 3, 5 ou 7
lobes. Les fleurs très-nombreuses, et d'un très-riche coloris
cramoisi, sont disposées en corymbes terminaux. D'après Thun-
berg il en existerait au Japon une variété à fleurs blanches.
C^est une heureuse acquisition, car il est probable qu'elle sup-
portera aussi bien le climat de la France que celui de l'An-
gleterre, sous lequel ce Spirœa passe parfaitement à l'air
libre.
Miltonia spectabilis,\ViY. virginalis (111. hort. pi., 573). Cette
belle variété d'Orchidées, originaire du Brésil, est très-distincte
du type, par la blancheur de neige de ses fleurs qui offrent seu-
— 84 —
lement un large disque de couleur violette à la base du
labelle.
Oncidium Marshallianum, de Reichenbach fils (Bot. mag.,
pi. 5725). Orchidées à fleurs longues de*7 cent, sur 6 de lar-
geur, d'un beau jaune d'or, avec des macules couleur brun
marron, et des points pourpres.
N anodes Medusœ de Reichenbach fils (Bot. mag. , pi. 5723).
Cette autre Orchidée découverte par M. Backhouse dans la
république de l'Equateur, a des fleurs des plus bizarres, par
son labelle très-grand arrondi, profondément frangé; ces
fleurs de couleur pourpre foncé brun, ont de 6 à 7 centimètres
de diamètre.
0. Lescuyer.
DE LA TAILLE DU ROSŒR (1).
Gomme il n'est point de jardin d'amateurs qui ne possède
quelques rosiers, je vais dire un mot de la culture de cet ar-
buste intéressant.
L'églantier, comme on le sait, est le sujet le plus propre à
recevoir la greffe de toutes les espèces et variétés de rosiers :
il vit dans les bois à l'état sauvage et peut, par une culture
améliorée, occuper un premier rang au jardin d'agrément, car
il est pour celui-ci ce que l'arbre fruitier est pour le jardin d'u-
tilité. On cultive plusieurs variétés d'églantiers : ceux à écorCe
grise et rougeâtre sont préférables, et doivent avoir trois ou
quatre ans avant d'être greffés.
La greffe se fait par écusson à œil dormant, soit sur la
branche ou sur la tige : cette dernière est préférable. Au
printemps suivant, la jeune greffe sera pincée à quelques cen-
timètres pour la faire ramifier; l'onglet sera rabattu etrecou-
K\) Extr. du Bu/. Soc. d'Arbor. deChaurty.
— 85 —
vert de mastic à greffer. L'année suivante, le sujet sera taillé
sur cinq branches d'une longueur de 10 à 12 centimètres sur
un œil en dehors ; chaque branche doit produire deux ra-
meaux florifères, plus un bourgeon vigoureux à la base pour
le remplacement à la taille suivante : les vieilles branches
seront supprimées. pour ne conserver que les cinq nouvelles,
destinées à cet effet, et ainsi de suite, d'année en année; si
une branche de remplacement faisait défaut, il faudrait se
rapprocher sur une vieille, pour conserver une tête arrondie
qui doit représenter la main demi-ouverte.
Ce mode de taille, d'une facilité extrême, présente à l'œil
un aspect gracieux. Il n'a pas l'inconvénient des rosiers
taillés courts, remplis de chicots secs qui empêchent le séca-
teur le plus hardi de pénétrer, et ne donnent, par cela, que
des productions faibles et de floraison imparfaite.
La hauteur des rosiers n'étant point déterminée, on peut
greffer ras de terre jusqu'à un mètre et plus; celle de 1 mètre
est très-convenable sous tous les rapports.
Les francs de pied se traitent à peu près de la même ma-
nière, en supprimant le vieux bois et ne laissant aussi que
5 branches un peu plus longues sur les tiges, sauf les variétés
vigoureuses, qui ne seront qu'ébouquetées. Ces branches se-
ront arquées de façon à faire développer tous les yeux supé-
rieurs qui seront autant de productions florales et seront éga-
lement supprimées à la taille suivante, comme il est indiqué
plus haut.
Plusieurs variétés craignent les hivers rigoureux et réclament
les soins des cultivateurs : on peut les garantir avec de la
mousse sèche., et les recouvrir de paille pour empêcher l'hu-
midité; ce sont principalement les thés, noisettes et Ile
Bourbon.
Il importe aussi de transplanter les rosiers- tiges au moins
tous les quatre ou cinq ans pour raccourcir les racines et
— 86 —
nettoyer les gourmands qui se trouvent aux pieds : cette opé-
ration est très-nécessaire, en ce qu'elle arrête l'excès de vi-
gueur et assure l'existence des sujets. Les engrais décomposés
sont toujours utiles, ces arbustes s'en accommodent parfaite-
ment; une exposition un peu ombragée leur est aussi très -
agréable, les couleurs tendres craignent les fortes chaleurs de
l'été.
Observations essentielles aux Amateurs.
Si l'on veut avoir une floraison prolongée, il faut éviter
de couper les branches de rosiers fleuries, comme on le
fait très-souvent, sans se rendre compte du bien ou du mal
causé; on détruit alors pour une rose beaucoup de boutons;
par cette suppression, les jeunes bourgeons qui naissent près
ctes fleurs et qui doivent donner la seconde floraison sont
perdus, et les rameaux vigoureux qui sont ceux de remplace-
ment étant rabattus trop tard, n'ont pas le temps de refleurir
ou refleurissent très-peu. Il faudrait donc se contenter de net-
toyer toutes les fleurs passées à mesure que le besoin l'exige ;
par ce moyen on aura des rosiers toujours beaux et longtemps
fleuris.
Remy, Adolphe.
CONDUITE DES JEUNES ARBRES FRUITIERS SANS TAILLE
DES BRANCHES DE PROLONGEMENT.
« La taille des arbres fruitiers a toujours été pratiquée jus-
qu'ici dans le double but de favoriser la végétation, et d'équi-
librer les branches de charpente. Non-seulement cette méthode
est extrêmement dangereuse en plaçant dans toutes les mains
des instruments qui peuvent mutiler les arbres, mais les opé-
rations bien faites ont encore de graves inconvénients.
» Réduire d'une partie de leur longueur les branches laté-
— 87 —
raies selon qu'elles sont vigoureuses ou faibles, et cela tous les
ans, c'est former sur un sujet une quantité de cicatrices et de
crossettes nuisibles à sa beauté et à la libre circulation delà
sève.
» N'ayant jamais pu me résoudre à supprimer presque to-
talement une branche forte, je l'ai toujours arquée afin de dé-
tourner momentanément la sève au profit des branches plus
faibles, et d'en faire développer tous les yeux jusqu à la base.
De cette façon,, on peut obtenir en très-peu de temps des ar-
bres en plein rapport, aux branches droites et lisses ; les miens
peuvent en témoigner. Depuis sept ans (1860) que je les con-
duis sans les tailler, ils sont généralement plus vigoureux, et
me donnent des récoltes abondantes.
» Je viens de trouver dans un Bulletin , janvier et février 1 866,
de la Société d'arboriculture de la Côte-d'Or, une note écrite en
1855, tellement conforme à mon opinion dans cette matière
que je me plais à vous la citer. »
On enseigne, comme principe indiscutable, qu'il est néces-
saire, pour former les arbres fruitiers, de tailler chaque an-
née les branches de charpente, c'est-à-dire de les réduire de un
ou deux tiers de leur longueur, suivant la forme adoptée.
L'expérience démontre que ce traitement appliqué aux ar-
bres fruitiers n'est pas sans inconvénient. Il retarde, en effet,
inutilement la formation des arbres et produit de graves per-
turbations dans la végétation.
Chaque taille forme des cicatrices qui entravent la libre cir-
culation de la sève. Celle-ci, arrêtée dans sa marche, reflue
avec violence dans les boutons inférieurs, et fait développer
à bois les yeux qui se seraient développés en boutons à fruit avec
un traitement plus judicieux. La mise à fruit est ainsi retardée.
Souvent même, lorsque l'arbre est greffé sur franc et vigou-
reux^ ilmeurt sans avoir donné de fruits.
Les inconvénients de ce mode d'opérer m'ont déterminée l'a-
- 88 —
bandonner pour en suivre un autre qui, d'après Fexpérience,
donne de meilleurs résultats.
On pince ou on presse les productions fruitières dont on
veut modérer le développement : on ne taille plus.
Dans ce système, les branches de prolongement ou de char-
pente sont maintenues dans toute leur longueur.
A cette note sur le procédé de M. Julien Toué, j'ajouterai
les observations suivantes.
« L'ancienne taille est attaquée très-vivement par un assez
grand nombre d'horticulteurs fort habiles, tels que MM. Bous-
casse, Pigeaux, Gressent, et surtout M. Grin, dont le désinté-
ressement est une recommandation. M. Grin est un proprié-
taire simplement dévoué aune cause dont le résultat serait de
mettre la culture et la conduite des arbres fruitiers à la portée
de tous, pour procurer à toutes les classes indifféremment des
fruits en abondance et à peu de frais.
» N'ayant pas plus que M. Grin d'intérêt engagé dans cette
matière, et animé des mêmes intentions, on ne peut voir dans
ma persistance à défendre cette méthode, que le désir de pro-
pager un moyen efficace de simplifier l'arboriculture.
» Les maîtres cités plus haut n'emploient que la pression et
surtout le pincement pour équilibrer les arbres et obtenir là
mise à fruit. Gomme eux je soutiens énergiquement la sup-
pression de la taille,, et j'ai pratiqué jusqu'ici le pincement et
la pression pour l'obtention des boutons à fruits, mais non
comme le seul moyen d'équilibrer la sève dans la formation
de la charpente. Ainsi que je l'ai dit plus haut, j'ai eu recours
à l'arqure momentanée des branches fortes pour favoriser les
faibles, parce que je n'ai pas expérimenté la -conduite des ar-
bres pour le pincement seul des feuilles comme l'indique
M. Grin.
» Ainsi, je demeure convaincu que la taille des branches la-
térales (il faut toujours en excepter la flèche dans les grandes
— 89 »~
formes,, qui doit être rabattue chaque année pour l'émission
d'un nouvel appareil de branches) est nuisible à la formation
des arbres; et, je le répète, on pince, on presse , on courbe s'il est
nécessaire, mais on ne taille plus.
Cugnière.
(Ext. Soc. d'Arbor. de Chauny.)
DU CLIMAT DE L'HIMALAYA (1).
Nous avons dépassé 2000 mètres d'élévation au-dessus du
niveau de la mer, et nous sommes au milieu de Pinus longi-
folia et excelsa ; ici paraissent les premiers Cedrus Deodara ;
voici le Quercus dilatata dont le feuillage toujours vert offre,
pour tous les herbivores, un aliment abondant et précieux.
Les Cerisiers sauvages et les Abricotiers forment des bosquets
très-touffus ; les singes et les oiseaux se chargent de propager
ces utiles arbres ; les fruits du Cerisier servent à composer
plusieurs liqueurs très-agréables ; le fruit de l'Abricotier,
sans approcher des espèces cultivées en Europe, est encore
assez bon, et se trouve en telle abondance, que les monta-
gnards en ramassent les noyaux, dont l'huile suffit à tous
leurs besoins. Cet arbre croit rapidement et mériterait peut-
être d'attirer l'attention des conservateurs de nos forets, à
cause de sa propagation rapide. Les Poiriers sauvages sont
aussi très-nombreux, mais leurs fruits, durs et acerbes, sont
abandonnés aux singes et aux perruches; cet arbre serait,
avec l'Abricotier, très-digne d'attention pour reboiser des
sommets arides. Voici un groupe du magnifique Rhododen-
drum arboreum; nous sommes un peu tard pour le voir dans
toute sa splendeur, mais il lui reste encore quelques fleurs
(I) Voir année 1868, pages 344 et 347-, année 1869, p. 24.
— 90 —
tardives qui suffisent pour donner une idée du spectacle
magnifique que doit présenter une forêt de ces arbres, à la
fin du mois de mars. A côté des Rhododendrum se trouve
généralement Y Andromède/, ovalifolia, à écorce spongieuse,
profondément crevassée ; ce géant de la famille des Bruyères
rivalise par sa taille avec les plus beaux Chênes ; les monta-
gnards attribuent à ses feuilles de très-grandes vertus pour
le traitement des rhumatismes, ce qui mérite peut-être d'être
étudié ; une autre propriété indubitable de cet arbre, c'est
que les chèvres ou les 'moutons qui en mangent les jeunes
branches sont frappés d'une sorte d'ivresse suivie de paralysie
et de mort.
Beaucoup de ces arbres sont enveloppés par les immenses
bras du Rosa Brunonis, un pied de ce Rosier suffit pour cou-
vrir et étouffer plusieurs Cèdres. Au mois de mai, le Rosa
Brunonis se couvre d'un nuage de Roses blanches qui répan-
dent, à une grande distance, un parfum délicieux; enfin, sous
la feuillée, on aperçoit de nombreux buissons de Daphne
mucronata qui montre à la fois des bouquets de ses petites
fleurs charnues d'un blanc d'émail, et de nombreuses grappes
de ses fruits mûrs. Cette plante est très-intéressante, car son
écorce fournit la matière première d'un papier très-fort et
très-léger.
Pour la première fois, nous apercevo-ns devant nous un
espace de terrain assez considérable d'une pente très-modérée;
c'est un des rares vallons de l'Himalaya. Au centre s'élève
une belle maison, évidemment de construction européenne,
et entourée de bâtiments plus modestes. C'est une plantation de
Thé; on voit les rangs pressés de ces arbustes faisant de cette
vallée un immense échiquier, et au milieu desquels on a
laissé subsister, comme jalons, quelques Cèdres et quelques
Chênes gigantesques .
Cette industrie, introduite dans l'Inde il y a à peine vingt
— 91 —
ans, donne, en dépit de nombreux obstacles, de si beaux
résultats, que la France ne saurait, sans manquer à ses inté-
rêts, négliger plus longtemps de s'occuper de cette question
importante.
Loarer.
(Nous donnerons dans un prochain numéro la culture du Thé.)
PETITES NOUVELLES
Destruction des Pucerons. M. Testard, jardinier de M. Som-
mier, grand rafiineur à la Villette, se débarrasse momenta-
nément — toujours — des Pucerons qui envahissent ses Me-
lons, en bassinant tous les jours ses plantes avec un litre
et demi d'eau environ, au lieu de les arroser tous les trois ou
quatre jours. C'est aussi, au dire de M. Forest, leprocédé em-
ployé à Croissy.
Culture hivernale de la Pomme de terre. M. Bossin conseille
toujours de planter, pour se garantir de la maladie, les Pommes
de terre au mois de février, et de choisir les variétés hâtives
ou demi-hâtives, la Schaw par exemple.
Chou-navet de la Chine. Cette plante, dit M. Bossin, offre un
double produit en hortologie (!) : des pommes de Chou, et des
racines comme celles de notre Chou-Navet. Ce n'est pas, paraît-
il,, une précieuse introduction. Mangé cru le Chou-navet de
Chine a le goût de la moutarde ; dans le pot-au-feu, en haricot
de mouton, il a toujours rappelé la moutarde, et M. Bossin ne
serait pas surpris, dit-il, que ce soit un Sinapis. C'est facile à
voir, puisque ce Chou a fructifié. Si j'ai bonne mémoire, les
siliques de Sinapis ont un certain petit bec au sommet, que la
nature a refusé aux siliques des Choux. Sinapis ou non, ce
Chou n'a pas pommé, et ses racines ne feront jamais, paraît-il,
que de mauvais haricots de mouton.
— 92 —
Salade de Chine. D'après M. Bossin, cette salade est tout
simplement quelque chose qui ressemble à notre Chrysan-
thème jaune des moissons (Chrysanthemum segetum). « Offerte,
dit-il, kY attention et kY examen de plusieurs convives, les avis
furent partagés. » Si les convives en avaient mangé au lieu de
V examiner avec attention, peut-être auraient-ils été plus à
même de juger, et d'apprécier la valeur culinaire de cette
nouvelle salade que M. Bossin, qui en a goûté, ne trouve pas
désagréable au palais.
Chou deSchang-ton. Autre Chou chinois, mais qui a réuni
les suffrages de plusieurs amateurs. S. E. le maréchal Vaillant
en fait le plus grand éloge. M. Bossin, dans sa communication
à la Société d'acclimatation , le regarde comme une excellente
acquisition. Des Choux provenant d'un semis d'août ont sup-
porté victorieusement chez lui, dit-il, les rigueurs de l'hiver
€ 8 à 1 0 degrés de froid au-dessous de zéro, et leur belle venue
n'en a pas été altérée î » 11 devait en être ainsi, car autrement ils
n'auraient pas supporté victorieusement 10 degrés de froid,
surtout au-dessous de zéro, comme a bien soin de l'ajouter
cet habile écrivain, dans sa note insérée au bulletin de la So-
ciété d'acclimatation, page 737 ; on aurait pu croire, en effet,
qu'il s'agissait de 10 degrés de froid au-dessus de zéro !
Persil bulbeux. Ce Persil a l'avantage de produire à la fois
et des feuilles et des racines comestibles. Ces racines consti-
tuent un mets délicieux, préparées à la manière des Salsifis,
soit frites, soit à la sauce. M. Loise en a présenté au dîner des
cultivateurs, et elles ont été trouvées excellentes. Il y a donc
avantage à cultiver cette variété.
Grenades de Toulon. Depuis plusieurs années on s'occupe,
aux environs de Toulon, de la culture du Grenadier, dans le
but de fournir au marché parisien des Grenades qui puissent
rivaliser avec celles de Malte, d'Espagne et de Portugal. Cette
culture réussit parfaitement. M. Engaurran, président de
— 93 —
la Société d'acclimatation du Var, a adressé dernièrement, à
la Société d'acclimatation de Paris, des Grenades qui, dégus-
tées par une Commission de laquelle faisait partie M. Chevet,
ont été trouvées de bonne qualité, se rapprochant beaucoup
de celle des Grenades d'Espagne. Cette Commission croit
devoir, toutefois, prémunir les habitants du Midi contre les
trop hautes espérances qu'ils pourraient concevoir au sujet
de la vente de leurs fruits à Paris. La Grenade, dit-elle, est et
a toujours été un fruit de luxe, qui n'est jamais entré dans
la consommation ordinaire, et, par suite, la culture de ce
fruit pourrait bien ne pas être aussi rémunératrice qu'on
pourrait l'espérer au premier abord. » C'est ce qu'on disait
autrefois pour la culture du Pêcher. Avant l'établissement des
chemins de fer, les Pèches ne couraient pas non plus les rues :
c'était un fruit de luxe. Actuellement on les vend à la livre au
pauvre monde, et les propriétaires du Midi, qui ont établi des
pêcheries, ou si l'on aime mieux des persicarium, se trouvent
très-bien de n'avoir pas écouté les conseils de la prudence.
Eucalyptus globulus. Cette belle espèce, introduite et pro-
pagée par M. Ramel, fait décidément merveille dans le
Midi. L'administration forestière en essaye quelques groupes,
sur la demande de M. Turrel, de Toulon, dans le reboise-
ment du Faron.
Opuntia Rafinesquii. Cette Cactée d'introduction assez ré-
récente et originaire du centre des États-Unis, est très-remar-
quable et recommandable par sa rusticité. L'année dernière
elle a supporté 20 degrés de froid dans le parc royal de
Stuttgard. La plante n'est pas épineuse et est employée pour
la nourriture du gros bétail dans l'Amérique du Nord. En
Europe elle pourra rendre des services pour l'utilisation des
terrains secs et pierreux; c'est du moins l'opinion de M. Sacc,
membre correspondant de la Société impériale et centrale
d'agriculture de France. Ce Cactus fleurit abondamment en
— 94 —
été ; il se couvre de fruits violets, gros comme le pouce, et
on pense que ces fruits pourront entrer dans l'alimentation
humaine. C'est à voir.
EXPOSITIONS ANNONCÉES POUR 1869.
Mars . . . 44-15 Anvers.
Avril ... 4-5 Liège.
— 7-12 ... .' Montpellier.
— 17 Lyon.
— 25-27 Bruxelles.
Mai. ... 1-5 Luxembourg (grand-duché).
— 9-U Lille.
— 11-13 Caen .
— 16-18 Versailles.
— 4 7-31 Saint-Pétersbourg.
— 48-22 . , Paris.
— 20-23 Le Mans.
Juin . . . 4er au 15 juillet Beauvai9.
— 4- 6 ...... . Meaux.
— 6-10 . Sceaux.
— 19-25 Nancy.
Juillet. .. 41-12 Brie-Comte-Robert (Roses).
Septembre. 2-42 Hambourg.
CATALOGUES D'HORTICULTURE
POUR 4 869.
Boucharlat aîné, à Cuire-lès-Lyon. Nouveautés : Pelargonium, Verbena,
Pétunia, etc.
Krelage et fils, à Haarlem (Pays-Bas). Catalogue spécial de Pivoines; Ca-
talogue spécial et descriptif des Fraisiers.
Thibaut et Keteleer, à Sceaux (Seine). Catalogue général des plantes et
arbustes de serres et de pleine terre. Nouveautés : Gloxinia, Pelargonium, etc.
Paul Tullard, grainier fleuriste et pépiniériste, 20, quai de la Mégisserie,
Paris. Catalogue général de graines.
Henri Delesalle, à Thumesnil, près Lille (Nord). Catalogue général de
plantes nouvelles.
Rendatler, à Nancy. Catalogue des plantes nouvelles de semis, et Prix
courant pour 4 869.
Courtois-Gérard et Pavard, 24, rue du Pont-Neuf, Paris. Liste des
plantes nouvelles et autres recommandables.
Torcy et Vannier, à Melun. Catalogue des principales espèces de graines
de plantes potagères et ornementales.
Verlinden, à Mons (Belgique). Catalogue prix courant de graines.
— 95
ravaux do mois de ifiars.
Potager. C'est pendant le mois de mars que l'artichaut exige le plus de soins.
Oa peut commencer vers le 45 à dégarnir les souches de la terre et du fumier
entassés à chaque pied : la litière sèche doit rester à portée pour recouvrir si la
température l'exigeait. Aussitôt que le hâle n'est plus à craindre, il faut enlever
à chaque souche les œilletons superflus et ne laisser que les deux plus beaux ;
après cette opération, il faut arroser copieusement les artichauts et leur donner
une bonne couverture de fumier. C'est aussi pendant ce mois qu'on sème,
laboure et fume les asperges. Le fumier de cheval est le meilleur pour ce dernier
usage; mais, dans les terrains très-secs, on doit employer le fumier de vache;
l'un et l'autre doit être à moitié décomposé. On plante choux-poinmés, choux-
fleurs, fraisiers, laitues, oignon blanc, oseille, poireau, romaines. On fait les
semis de carottes, chicorée sauvage, choux-fleurs, choux-cabus de Saint-Denis,
de Milan, de Bruxelles, épinards, fèves, ciboules, cresson alénois, panais, 'persil,
poireau, tous les pois, radis rose et noir, salsifis, scorzonères, pommes de terre
Vers ia fin du mois : céleri à couper, cerfeuil, choux Quintal et de Poméranie'
toutes les laitues, romaines blondes et grises.
Les couches et châssis- exigent beaucoup d'attention, car, à cette époque,
les réchauds dont on entoure les couches 6ont trop forts : il se produit des coups
de chaleur qui détruisent toute la récolte ; il faut aussi veiller aux coups de so-
leil, qui produisent le même effet.
On sème sur couche : concombres, melons, piments, tomates, raves, salade
et fournitures diverses.
Jardin fruitier. Finir la taille, labourer et pailler les plates-bandes.
-Jardin d'agrément. Terminer les labours, travaux de propreté, la taille des
, arbustes divers et la plantation des plantes vivaces ; faire des boutures d'arbres
et d'arbrisseaux. On sème en pleine terre : Giroflée de Mahon, Adonis, Coreopsis,
Nigelles, Réséda, Nemophila, Clarkia, Gilia, Crépis roses, Giroflée jaune, Malope,
Œillets de Chine, Pois de senteur, Reines-Marguerites , Capucines, Volubilis,
Collinsia bicolor, Siléné à fleurs roses, Balsamines, Belles de Nuit et Belles de
Jour, Muflier, Pétunia, Thlaspi, Scabieuse ou Fleur des Veuves, Phacelia,
Linaria bipartia. On sème sur couche: Célosia Crête de coq, Amarantes,
Balsamines, Reines-Marguerites, Calcéolaires, Quarantaine, Martinia, Cosmos.
On place aussi sur couche les tubercules de Dahlia pour déterminer la végé-
tation des bourgeons* les séparer ensuite et les mettre en pot jusqu'au moment de
les livrer en pleine terre.
Serres. C'est en mars que les Camellia sont dans toute leur beauté; il faut
leur donner des arrosages modérés et entretenir avec soin la propreté des feuil-
lages. Pour les autres plantes, même soin que pour le mois précédent ; mais on
Veillera pour éviter l'effet des coups de soleil ; on blanchit les vitres avec de la
chaux, ou l'on tend des toiles.
IflijlT il
96
Les travaux de ce mois diffèrent peu de ceux du mois précédent.
Potager. On peut semer maintenant en pleine terre toutes sortes de légumes,
tels que radis, raves, épinards, laitues, romaines, chicorée d'été, céleris, choux
de Milan et de Bruxelles, brocolis violets, navets hâtifs, betteraves, haricots, pois,
potirons, etc. On plante les laitues, choux-fleurs, concombres, aubergines, etc.,
élevés sur couche; les artichauts, asperges, fraisiers, ,etc. On sème encore sous
châssis des haricots, melons, choux-fleurs, aubergines, tomates, pour obtenir des
récoltes à différentes saisons.
Jardins fruitiers. On achève la taille des arbres vigoureux, et, vers la fin du
mois, quand les bourgeons ont acquis une longueur de deux à trois centimètres,
on supprime ceux qui sont inutiles ou nuisibles au parfait développement de
l'arbre. On termine les greffes en fente; on veille les arbres en fleurs, afin de les
protéger, par un abri quelconque, des gelées tardives qui peuvent détruire toute
la récolte.
Jardins d'agrément. On repique en place les plantes élevées sur couche; on
continue aussi la plantation des plantes vivaces ; les semis de plantes indiquées
au mois de mars: plus les Belles de nuit, capucines, haricots d'Espagne, lupins,
œillets et roses d'Inde, volubilis, etc. Il faut se hâter de terminer la plantation
des arbustes d'ornement.
Serres. Le soleil commence à prendre de la force; on peut se dispenser de
faire du feu dans les serres. 11 faut donner de l'air toutes les fois que le temps
le permet, et arroser en raison de la chaleur et de l'état de végétation des plan-
tes. On pratique les boutures et les greffes de différentes plantes.
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PRIX ; I fr. le flacon.
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écriture du plus beau noir. — Ces étiquettes peuvent séjourner plusieurs années uans la terre ou dans I
san« que l'écr ture subisse une détérioration sensible. — Après un séjour prolongé dans la terre il arrive par
que l'oxi latio'i recouvre complètement l'écriture ; pour la faire reparaître il suffit de passer dessus son il
qu
mouille.
SOMMAIIIK DÉS ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
K. Hkrincc, Chronique. — Al ru. Lavallke, L'Akebia qiiinala et >a iïuctiikatiou
(PI. 4.). — Ddcbartri, Quelques remarques tur la Théorie de l'extinction par vieillesse
des variétés de fruits. — F. Hérincq, Des Faits qui témoignent contre la circulation de
la sève. — H. Du Rosellë, Les Engrais chimiques Georges Ville, employés dans la
culture des légumes. — Ern. Bonard, Hautes nouvelles. — Travaux du mois de mai.
CHRONIQUE
Le jardin d'arboriculture et de botanique du Havre menacé. Création d'une
nouvelle école de botanique de la faculté de médecine de Paris; un modèle de
serre à ne pas imiter. Ecole centrale d'agriculture au .Muséum; circulaire de
S. E. le ministre concernant les admissions à cette école; culture expéri-
mentale; encore un mot sur l'origine des plantes domestiques et la Carotte
Vilmorin; trop de confiance.
Il est bien vrai queles mauvais exemples sont contagieux. A
peine, M. Haussinann a-t-il fait détruire., pour cause d'utilité
publique, le jardin botanique de la l'acuité de médecine de
Paris, au Luxembourg, que M. l'administrateur de la ville du
Havre propose de déplacer, ce qui veut dire détruire, le jardin
des plantes et d'arboriculture créé avec tant de peine et de
frais,, il y a peu d'années, parle Cercle pratique de botanique
et cC horticulture du département de la Seine-Inférieure. Vrai-
ment ces illustres chefs d'administrations municipales font
bien peu cas de la santé publique; ils ne se montrent pas aussi
soucieux de la vie de leurs concitoyens que Louis XIII de
celle de ses sujets; il est vrai qu'on appelait ce roi le Juste
Si, en effet, ce digne fils du roi de la Poule au pot a accordé à
Guy de la Brosse des lettres patentes portant création du
jardin des plantes de Paris, c'est parce que, dit-il dans l'é-
dit, » l'on n'enseigne point dans Paris, non plus qu'es autres
» écoles de médecine du royaume, les écoliers à l'étude des
» plantes et à l'aire les opérations de pharmacie; d'où pro-
» cède une infinité d'erreurs des médecins en leur pratique et
Avril 18G9. 7
— 98 —
» ordonnance, et d'abus ordinaires des apothicaires, leurs
» ministres en exécution d'icelles, à la ruine de la santé et de
» la vie de nos sujets.
Ainsi, en 1635 on établissait des jardins botaniques pour
sauvegarder la santé des sujets dn roi de France ; en 1869, on
les détruit pour garantir sans doute l'existence des sujets de
l'Empereur des Français; deux causes diamétralement oppo-
sées peuvent, comme on voit, produire le même effet, de par
MM. de Paris et du Havre .
Fort heureusement que M. le ministre de l'instruction pu-
blique ne partage pas l'opinion de M. Haussmann ; car il a
donné, à la faculté de médecine, un terrain sur lequel le pro-
fesseur Bâillon a pu créer un nouveau jardin botanique où les
plantes sont disposées, non plus en séries linéaires comme
dans tous les jardins botaniques, mais par groupes rayonnants,
ce qui permet d'approcher davantage de la méthode natu-
relle.
C'est dans ce nouveau jardin que l'architecte, chargé de
l'exécution des travaux, a fait construire, sans consulter ni le
professeur ni le jardinier, une serre modèle, que nos abonnés
feront bien d'aller voir, pour se bien garder d'en faire con-
struire une pareille. Quand donc MM. les architectes compren-
dront-ils qu'ils sont loin, très-loin même, d'avoir la science
infuse ! Chaque métier à son pédantisme, mais je n'en connais
pas où. l'incapacité pousse l'arrogance aussi loin que dans ce-
lui de l'architecture. Là les grandes nullités se prennent tout
à fait au sérieux, que c'est vraiment amusant à voir.
Dans l'affaire du jardin du Havre, je ne serais pas étonné
qu'il y eût de l'architecte sous roche. Des plantes, ce n'est pas
très-monumental, tandis qu'un amas de pierres... parlez-moi
décela! Toutefois, en présence de l'activité que déploie Son
Exe. le ministre de l'instruction publique, pour élever, en
France, le niveau des études horticoles et agricoles, on ne
— 99 -
comprend guère la municipalité du Havre qui veut détruire
deux jardins d'une aussi incontestable utilité : le jardin d'ar-
boriculture, destiné à faire connaître et à répandre les meil-
leurs fruits, et le jardin botanique, qui contient plus de 3,000
plantes indispensables pour les études des élèves en médecine
et en pharmacie. Nous nous asspeions à tous les honorables
habitants du Havre, qui ont protesté contre ce projet insensé
de destruction d'une institution aussi utile, et nous espérons
que le conseil municipal y regardera à deux fois avant de faire
tomber la cognée sur les arbres de l'école d'arboriculture, au-
jourd'hui qu'il doit connaître la circulaire que S. Exe. le mi-
nistre de l'instruction publique vient d'adresser a tous les rec-
teurs d'Académie, au sujet de,la transformation du Muséum en
Ecole centrale d'agriculture. Dans le cas où cette lettre ne se-
rait pas parvenue jusqu'à eux, nous allons la reproduire ; nos
lecteurs1 pourront juger, en même temps, de la sollicitude de
S. Ex. pour les intérêts de l'horticulture et de l'agriculture en
France. La voici :
« Monsieur le recteur, vous avez lu, au Journal officiel du 46 mars,
les programmes des cours supérieurs d'agronomie qui vont s'ouvrir au
Muséum d'histoire naturelle (Jardin des plantes de Paris). Cet ensei-
gnement s'adresse à beaucoup de personnes, mais particulièrement à
celles qui voudraient se préparer au professorat agricofe. Les recher-
ches faites en commun, depuis un an, par les deux administrations de
l'agriculture et de l'instruction publique, ne m'ont permis jusqu'à ce
moment d'instituer qu'un petit nombre de professeurs capables dta
faire, dans les départements, les cours d'horticulture et d'agriculture
que les lois du 15 mars et du 21 juin 1865 ont établis dans les
écoles normales primaires, les lycées et les collèges, ainsi que les
conférences aux instituteurs et aux cultivateurs réunis au chef-
lieu de canton, qui sont demandés par les conseils généraux et l'en-
quête agricole. Les nouveaux cours du Muséum formeraient, pour cet
ordre d'enseignement, une sorte d'école normale supérieure, où toutes
les sciences physiques, chimiques et naturelles seraient étudiées et
interrogées au profit de l'agriculture, où, par conséquent, l'on pren-
— 100 —
drait toutes les connaissances scientifiques nécessaires pour seconder
la pratique.
A côté des jeunes gens qui viendront suivre ces cours dans des vues
d'instruction scientifique, ou pour se mettre en état de diriger mieux
de grandes exploitations rurales, je voudrais, pour le service général
de l'Université, constituer un noyau d'élèves réguliers, assidus, qui se-
raient logés et nourris dans quelques-uns de nos établissements, ou
dans une dépendance du Muséum et qui recevraient, en outre, l'in-
demnité autorisée par le décret du 31 juillet 1868. Ces cours, qui doi-
vent durer deux ans, seraient accompagnés des conférences et des
manipulations, des expériences, que l'étude de ces matières exige; ils se
termineraient par des examens à la suite desquels il pourrait être dé-
livré un diplôme. Ceux qui auraient obtenu cette consécration de leur
travail seraient envoyés pendant un an, avec une subvention du mi-
nistère de l'instruction publique, dans une école pratique d'agriculture
ou sur un grand domaine bien dirigé, afin de joindre les meilleurs
procédés de l'art aux connaissances les plus sûres de la théorie. A la
suite de ce double stage, les élèves agronomes du Muséum se trouve-
raient autorisés à solliciter les fonctions de professeurs d'agriculture
dans nos établissements d'instruction, et celle de directeur des sta-
tions agricoles qu'il importe d'établir dans chacun de nos 89 départe-
ments.
Veuillez, monsieur le recteur, chercher parmi les jeunes instituteurs
récemment sortis des écoles -normales de votre ressort, ceux qui ayant
vécu de la vie rurale et connaissant les travaux des champs, auraient
montré une aptitude particulière pour les études d'agriculture et les
travaux scientifiques, ou gagné déjà quelque récompense dans les co-
mices agricoles ; vous formerez par ordre de mérite une liste de cinq
ou six candidats que vous m'adresserez dans le plus bref délai pos-
sible. Les directeurs des écoles normales fourniront promptement tous
les renseignements nécessaires. Votre liste pourra comprendre des
maîtres-adjoints actuellement en fonctions dans les écoles normales.
Après la période actuelle de première installation, les places d'élèves
agronomes boursiers au Muséum d'histoire naturelle seront données
au concours.
Recevez, monsieur le recteur, etc.
Le ministre de l'instruction publique.
Signé : V. Durut.
— 101 —
On voit par cette lettre que le projet de S. Ex. M. le mi-
nistre est inspiré par un profond désir d'aider au dévelop-
pement et à l'amélioration de l'horticulture et de l'agronomie
en France. En unissant ainsi la science purement spéculative
à la pratique; en cherchant à confirmer par les recherches ex-
périmentales les données scientifiques, c'est montrer qu'on
veut fermement entrer dans la voie des perfectionnements
agricoles ; car le résultat expérimental viendra faire justice de
toutes ces théories, de toutes ces découvertes qui n'apportent
que des déceptions aux cultivateurs, et qui enrayent le mou-
vement progressif. En donnant les moyens de les contrôler,
on arrêtera, dès leur apparition, tous ces faux systèmes, toutes
ces fausses doctrines qui, depuis quelque temps, tendent mal-
heureusement à se propager, et dont les conséquences sont, si
funestes à la science agricole. L'idée de M . le ministre est
une idée féconde, qui ne peut produire que de hons et grands
résultats.
Nous applaudissons surtout aux cultures expérimen taies,
qui occupent une large place dans le nouveau programme
des cours du Muséum; parce qu'elles permettront — si dos
expériences sont dirigées sur ce point si intéressant de la phy-
siologie— de réduire à leur juste valeur toutes ces idées sur
les perfectionnements des types sauvages qu'on remet sur le
tapis, et qui, en réalité, ne sont que des plaisantes mystifica-
tions, non intentionnelles, il est vrai, de la part des auteurs,
puisqu'ils sont les premiers mystifiés.
N'est-il pas regrettahle, en effet, de voir encore aujourd'hui
des savants sérieux, proclamer, comme une réalité, l'amélio-
ration de la Carotte sauvage par M. Vilmorin, et se faire les
propagateurs de cette théorie du perfectionnement des types
sauvages par semis successifs, sans d'autres preuves que l'as-
sertion d'un auteur?
Nous le disons ici sans esprit de parti, en lisant dans le jour-
— !02 -
nal de la Société impériale et centrale d'horticulture de France,
que M. Duchartre a donné de vive voix, à la séance du 25 fé-
vrier dernier, un résumé d'une brochure intitulée : Origine des
plantes domestiques démontrée parla culture du Radis sauvage,
et qu'il a rapproché les résultats obtenus par l'auteur de ceux
obtenus, a-t-il dit, par M. Vilmorin sur la Carotte sauvage, nous
n'avons pu nous défendre d'un amer regret. Comment peut-
on encore ignorer, que les Carottes sauvages améliorées de
M. Vilmorin ne sont nullement le résultat de simples semis
successifs, mais qu'elles sont tout bel et bien des produits de
l'hybridation de la Carotte sauvage par la Carotte cultivée !
C'est un fait avéré, et M. Vilmorin, dans sa loyauté, la re-
connu, lorsque le savant professeur de culture du Muséum,
]\1 . Decaisne. le lui a démontré par ses expériences qu'il avait
entreprises à cet effet. L'espace nous manque pour publier
la lettre de M. Decaisne au docteur Lindley, touchant cette
question de la Carotte améliorée; nous la publierons dans le
prochain numéro ; les faits qu'elle révèle ne laissent aucun
doute sur l'origine des produits obtenus par M. Vilmorin.
En reproduisant, dans le Journal de la Société impériale et
centrale d'horticulture de France, la note sur YoHgine des
plantes domestiques, M. Duchartre va engager non-seulement,
croyons-nous, la responsabilité de cette Société, mais il don-
nera, par ce fait de reproduction-, la consécration à une théo-
rie ne reposant sur aucun fait notoirement connu, et qui jettera,
dans l'esprit des agriculteurs, les idées les plus fausses sur
l'origine des végétaux de notre économie domestique. L'ho-
norable secrétaire-rédacteur de cette Société aurait dû atten-
dre, ce nous semble, pour appuyer des faits aussi téméraire,
ment avancés, que les mômes résultats aient été obtenus par
lui de ses propres expériences. C'est un sujet trop délicat
pour qu'on puisse l'accepter ainsi sur le simple dire d'un
seul expérimentateur. Non pas que nous suspections sa bonne
— 103 —
foi; mais tout homme est sujet à erreur, et M. Vilmorin, qui
était l'honnêteté, la bonne foi même, a cru un instant à la
sincérité de ses assertions; il se trompait cependant avec la
plus eniière franchise. Aussi, lorsque M. Decaisne, qui lui
était sincèrement dévoué, lui démontra, par une série d'ex-
périences entreprises au Muséum, que les faits qu'il avait avan-
cés, se trouvaient controuvés, l'honorable M. Vilmorin s'em-
pressa-t-il de reconnaître son erreur et d'abandonner ses
projets d'amélioration des types sauvages par simples semis
successifs.
Ne lançons donc pas dans le domaine de la science des faits
aussi contestables, qui viennent en aide à tous les faiseurs de
théories subversives de l'ordre naturel ; mais attendons, pour
les mettre en circulation, que nos propres expériences éta-
blissent clairement qu'ils ne peuvent être contestés.
F. Herincq.
AKEBIA QUINATA (PI. IV).
Le genre Akcbia tire son nom du mot Akebi par lequel les
Japonais désignent ces plantes; il a été créé par M. Decaisne,
et comprend, jusqu'à présent, quatre espèces : les Akcbia qui-
nata, lobata, clematifolia et quercifolia. Toutes sont originaires
du Japon où leur aire de végétation s'étend du 32e au 42e degré
de latitude boréale, à l'Ile de Jezo.
VAkebia quinata, qui est figuré dans ce numéro, croît
dans les montagnes, à une altitude de 600 à 1000 mètres
au-dessus du niveau de la mer , et particulièrement dans
les terrains de formation volcanique, sur les penchants du
Wungen et du Hakone. Introduit depuis longtemps déjà en
Europe — vers 1845, par Siebold, — on l'a presque toujours
— 104 —
cultivé commp plante d'orangerie. Les premiers sujets qui ont
fleuri sont ceux du jardin de Ke\v en Angleterre, et c'est en
1855 qu'a eu lieu cette floraison; mais jamais on n'avait ob-
tenu de fruits.
Les fruits représentés dans la planche IV, ont été dessinés
d'après ceux que m'a donné, l'année dernière , un très-fort
pied que je tenais de M. Siebold, et qui, livré en pleine terre,
dès l'année 1860, fleurit abondamment chaque printemps ;
leur couleur et leur forme ajoutent un nouvel ornement à
cette jolie espèce, avec laquelle on peut faire de charmantes
et suaves tonnelles.
L'Akebiaquinata de Decaisne est la plante que Thunberg
appelle Rajania quinata; les Japonais la nomment Akebi et
Akebi-Kadsura; en Chine, où elle croît également, elle porte
les noms de Tsûso et Mok' Tsû. C'est un arbrisseau grimpant
qui développe une grande quantité de branches longues et
flexibles s'enroulant autour des troncs d'arbres et qui en-
vahissent la cime, à l'instar de notre chèvrefeuille. Au Japon,
d'après Siebold, les feuilles sont persistantes, c'est-à-dire
qu'elles restent tout l'hiver et ne tombent qu'au printemps au
moment de l'apparition des nouvelles; c'est à peu près ainsi
que la plante se comporte dans les orangeries; mais en pleine
terre elle perd ses feuilles à l'automne. Sa végétation est très-
précoce commeles Forsythia , Jasminum nudiflorum, etc.; ses
nombreux bourgeons, qui contiennent presque tous des fleurs,
commencent à se développer pendant les belles journées du
•mois de février et sont toujours endommagés par les ge-
lées tardives. Cette année, les grappes de fleurs étaient visible?
au mois de janvier, mais elles ont toutes été grillées par les der-
niers froids. De nouveaux bourgeons se forment et produiront
de nouvelles grappes de fleurs qui épanouiront vers la fin
d'avril ou au commencement de mai.
Les feuilles de cette espèce sont alternes, composées de cinq
— 105 —
folioles oblongues-elliptiques ou obovales, échancrées en
cœur au sommet, entières, glabres, molles et tendres dans le
jeune âge, coriaces et roides à l'état adulte. Les fleurs odo-
rantes, disposées en petites grappes simples, sont unisexuées-
monoïques, c'est-à-dire que chacune d'elles ne contient ou
que des étamines ou que des pistils, mais qu'on trouve dans la
même grappe et des fleurs mâles et des fleurs femelles. Les
fleurs mâles, généralement au nombre de six à dix dans chaque
grappe, ont un calice à trois sépales colorés, pétaloïdes, à pré-
floraisons valvaires, égaux, un peu épais, concaves, étalés, de
couleur lilacé ; il n'y a pas de corolle ; les étamines fertiles
disposées sur deux rangs, à filet très-court et à anthères mu-
tiques, sont au nombre de six, dressées et rapprochées les
unes contre les autres; au centre se trouvent les rudiments de
cinq ou six ovaires. Les fleurs femelles, une fois plus grandes
que les fleurs mâles, occupent la partie inférieure de la grappe ;
le nombre est réduit à deux et souvent à une ; le calice est à
trois sépales pétaloïdes, épais, concaves ; point de pétales ;
six étamines rudimentaires; trois à six ovaires à une seule
loge, surmontés d'un style très-court qui est terminé par un
stigmate épaissi entête.
Au moment de la fructification, plusieurs ovaires avortent
généralement ; on ne trouve plus qu'un ou deux fruits par chaque
fleur . Chaque fruit est une sorte de follicule charnu -coriace de
forme oblongue-cylindrique, relevé d'une côte assez saillante
par où se fait la déhiscence. D'après Siebold (Flora japonica),
la couleur est une sorte de marbré violet plus ou moins fauve
Les fruits que j'ai récoltés étaient d'un gris violacé; mais il
est vrai de dire qu'au moment où je les ai aperçus, leur ma-
turité était complète, ils se trouvaient tous ouverts ; par consé-
quent, la couleur primitive était sans doute altérée. Quoi qu'il
en soit, c'est quelque chose de splendide que l'ensemble de
cette fructification.
- 106 —
La structure du fruit de YAkebia est assez bizarre. Avant
sa déhiscence, ce fruit est à une loge remplie d'une pulpe su-
crée un peu acidulée, dans laquelle sont nichées une grande
quantité de graines fixées par un court funicule, sur toute la
surface ou paroi interne du péricarpe. Au moment de la dé-
hiscence, ou ouverture, le carpelle se fend longitudinalement,
au milieu de la grosse suture ventrale; les bords s'écartent et
le fruit s'ouvre comme le fruit d'une Pivoine. Mais ici, les
graines, au lieu d'occuper les bords du fruit, restent toutes
agglutinées sur le milieu, en un long corps qui ressemble à
une grosse chenille gélatineuse, et voici comment. L'écarte-
ment du péricarpe détermine la rupture des funicules de toutes
les graines qui occupent les deux portions marginales, et toute
la masse est retenue par les funicules des graines de la portion
médiane sur laquelle n'a pu être exercée, naturellement, la
moindre tension, puisque l'écartement n'a pas lieu sur ce
point.
Ce fruit ainsi ouvert est très-curieux ; il ressemble à une
élégante coque de chenille ouverte, dans laquelle reposerait l'a-
nimal endormi. La pulpe est délicieuse, sucrée, avec une
pointe acidulée; mais la coque ou péricarpe est coriace et
amer.
VAkebia quinata a donc le double avantage de produire
d'abondantes fleurs qui exhalent un très-suave parfum, et de
beaux et curieux fruits dont la pulpe est bonne à manger.
Sa culture est simple. 11 aime les terrains profonds, légers,
mais humides et une bonne exposition chaude. Sa multipli-
cation est facile par boutures de rameaux et par éclats de ra-
cines.
Alph. Lavallée.
. - f 07 -~
QUELQUES REMARQUES SUR LA THÉORIE DE L'EXTINC-
TION PAR VIEILLESSE DES VARIÉTÉS DE FRUITS.
J'aime peu les discussions et la polémique ; je crois, en effet,
qu'il est rare qu'elles portent la conviction dans les esprits.
Légitime ou non, cette manière de voir m'a fait garder le
.silence dans presque toutes les circonstances où il s'est agi,
pendant nos séances, de la prétendue extinction par vieillesse
de nos variétés d'arbres à fruits. Je me sentais affermi dans
mon silence en entendant nos praticiens les plus distingués
s'élever presque sans exception contre cette théorie et signaler
chaque jour des faits qui la contredisaient. Une fois cependant
j'ai cru devoir m'écarter de cette ligne de conduite, et j'ai mêlé
à une assez longue conversation sur ce sujet quelques mots par
lesquels j'ai essayé de résumer ce que je crois, physiologique-
ment parlant, être la vérité à cet égard. Ce sont ces mots qui
ont été relevés assez vivement dans une nouvelle brochure qu'a
publiée récemment M. de BoutteVille, de Rouen. Dans cet
écrit, que j'ai lu avec un vif intérêt, je trouve ces mots suivis
d'une phrase qui respire presque de l'indignation sur ce que
des hérésies pareilles à celles que j'avais énoncées n'ont amené
aucune protestation. « On s'explique difficilement, dit en elfet
M. deBoutteville (p. H de son article tiré à part), qu'aucune
voix ne se soit élevée... pour protester contre la proposition de
M. Duchartre, lorsqu'elle a été émise dans le sein de la Société
centrale d'Horticulture de France. »
La question se trouvant posée de cette manière, il ne m'est
plus permis de « regarder le champ assis sur .la barrière », et
je me vois à regret forcé de descendre dans la lice pour essayer
de montrer que mes propositions sont moins révoltantes que
ne paraît le penser l'honorable Membre de la Société de Rouen,
et que nos collègues qui les ont entendues ont bien pu se dis-
— 108 —
penser de protester contre elles sans trahir parleur silence, si
sévèrement blâmé, la cause de la vérité . Je prie donc la Société
de me permettre d'examiner la question en litige d'un peu haut
et dans sa généralité
L'idée que chaque variété fruitière, consistant en un nombre
plus ou moins considérable d'arbres qui ont été obtenus par
division d'un arbre-mère, constitue en réalité un seul individu
et presque un seul être ; que dès lors, comme tout être vivant,
elle a une existence divisée en âges successifs, enfance, ado-
lescence, virilité., décrépitude, après lesquels arrive nécessai-
rement la mort, cette idée n'est pas nouvelle. Elle a été sou-
tenue depuis assez longtemps, surtout par Knight, célèbre
horticulteur-physiologiste anglais qui, en 1831 (1), l'expri-
mait de la manière suivante : « Le fait que tous les arbres
p d'une même variété de fruits, dont chacun participe néces-
» sairement à la vie commune, ont une manière d'être étroi-
» tement reliée à celle du premier arbre qui a été l'origine de
> la variété, ce fait est, je crois, ta l'abri de toute contestation.
» Aucun de ces arbres ne peut être amené à produire des fleurs
» jusqu'à ce que l'arbre-mère soit arrivé à sa puberté; et,
» multipliés comme ils le sont ordinairement par greffes et
» bourgeons, tous deviennent sujets, dans un espace de temps
» peu considérable, à l'affaiblissement et aux maladies de la
i» vieillesse. »
Bien que cette idée parut à Knight à l'abri de toute contes-
tation, les faits sur lesquels il prétendait l'appuyer étaient si
peu convaincants que, dès l'année suivante, son plus grand
admirateur, l'éminent botaniste de Genève, A. -P. De Candolle,
écrivait (2) : Cette identité d'origine dans tous les pieds d'une
» même variété a fait croire à quelques physiologistes que ces
(1) On the means of prolonging the duration of valuable varieties of fruits
(A sélection from thephysiol. and horticult. papers, p. 323-325).
(2) Physiol. végét., <832, II, p. 73*.
— 109 -
» variétés ou ces individus fractionnés pouvaient mourir de
» vieillesse ; ainsi on a remarqué, il y a quelques années, en
» Angleterre, une mortalité extraordinaire dans la variété de
» Pommes qu'on y appelle Gold-Pippin, et M. Knight a soup-
» çonné que cette mortalité était la tin naturelle de l'individu ;
» mais il me semble difficile, sur un fait aussi isolé, d'admettre
> une opinion contraire à l'ensemble de tous les autres. )) Il
ajoutait : c La permanence de la durée des variétés, tant que
» l'homme veut bien les soigner, me paraît résulter de la con-
» servation de plusieurs d'entre elles depuis les temps les plus
» anciens parmi ceux où on a pris la peine de les décrire avec
» soin. Mais il est hors de doute que graduellement il doit par
» négligence en disparaître quelques-unes., comme il en doit
» naître d'autres par l'effet du hasard ou par celui de l'indus-
» trie. » On voit donc que la théorie soutenue par quelques
physiologistes et en particulier par Knight n'a pas été « à
l'abri de toute contestation. »
Maisallons plus loin et examinons cette théorie, soit relative-
ment à sa base même, soit quant aux faits qui la contredisent.
La base sur laquelle elle repose me semble bien frêle, si
même elle existe du tout. L'assimilation de tous les pieds
sortis par bouture ou par greffe d'un seul arbre-mère avec un
seul et unique individu, c'est-à-dire avec un être complet
dans ses parties et vivant comme un tout unique et connexe,
me semble au moins bien hasardée, je ne crains même pas
de dire dépourvue de fondement. Sait-on en effet ce qu'on
doit entendre par un individu végétal? Beaucoup de physiolo-
gistes, aujourd'hui surtout, n'admettent comme tel que l'élé-
ment fondamental de toute organisation végétale, la cellule ou
ce petit sac clos et actif, qui vit par lui-même et pour lui-
même, qui compose, dans son état d'isolement complet, un
grand nombre de végétaux inférieurs, et dont les groupements
plus ou moins complexes, sous des formes fort diverses,
— 1JQ —
constituent les végétaux supérieurs. Il est certain que, si l'on
veut comprendre dans une définition unique de l'individu
végétal l'ensemble du règne, on ne peut se refuser à voir cet
individu dans chaque cellule en particulier, sous peine de
laisser en dehors de la définition tous les végétaux unicellulés.
Dans ce cas, chaque plante d'ordre tant soit peu élevé, consi-
dérée à part, n'est pas un seul individu, mais bien, comme on
l'a dit très-souvent, une agrégation d'un nombre immense
d'individus, l'analogue d'un Polypier réunissant de nombreux
Polypes soudés entre eux et vivant chacun pour soi en même
temps qu'au profit de l'association entière.
D'autres botanistes négligeant sans motifs bien admissibles
tous les végétaux inférieurs qui sont dépourvus de feuilles
comme de bourgeons, ont pris pour un individu végétal, soit
chaque feuille avec les dépendances qu'ils lui attribuaient,
soit chaque œil ou bourgeon, ensemble déjà complexe, puis-
qu'il a pour base un axe avec des feuilles en quantité plus ou
moins considérable. Pour ceux-ci encore un arbre fruitier,
par exemple, n'est pas seulement un individu mais bien la
réunion d'autant d'individus qu'il y a en lui soit de feuilles,
soit d'yeux ou bourgeons. Bien que cette manière de voir
donne prise à de nombreuses et puissantes objections, elle
n'en a pas moins eu pour partisans des hommes dont le nom
fait autorité, notamment parmi nous, Dnpetit-Thouars^ le
célèbre directeur de la Pépinière du Roule, Gaudichaud, Poi-
teau, etc.
Enfin, passant sous silence d'autres emplois de ce même
mot individu, nous voyons que beaucoup de naturalistes V ont
appliqué à tout être pourvu, quelle que soit la simplicité ou la
complexité de son organisation, de la faculté de vivre pour son
propre compte et de reproduire des êtres semblables à lui.
Dans ce sens, une herbe, un arbre sont, chacun dans son
ensemble, un individu.
Donnant maintenant une extension uniquement philoso-
' phique à cette dernière acception du même mot, on est allé
jusqu'à dire que toutes les parties du végétal, qui, une fois
détachées et plantées, soit en boutures dans le sol, soit en
greffes dans d'autres plantes, se développent de manière à
devenir finalement un nouvel être pourvu des caractères du
premier, ne sont que des membres du môme individu, devant
vivre d'une vie commune, grandir de même, dépérir de môme,
mourir à la môme époque.
. Donc, en résumé, le mot individu, dans le règne végétal,
est bien loin d'avoir une application unique et rigoureuse:
par conséquent la base même de la théorie dont il s'agit ici
n'est nullement déterminée, et manque dès lors de toute soli-
dité. J'ajoute que l'idée de considérer tous les arbres issus de
la multiplication artificielle d'un seul comme formant tous
ensemble un seul et même individu, comme animés tous
d'une vie commune, d'après l'expression de Knight, n'est sou-
tenable ni anatomiquement ni physiologiquement, et je ne
crois pas avoir à redouter d'être contredit par les physiolo-
gistes en répétant ce que j'ai déjà dit dans la séance du 1 i avril
18G7, c'est-à-dire l'énoncé contre lequel M. de Boutteville
s'étonne qu'il ne se scit pas élevé de protestations: des lin-
slantoù une portion isolée d'une plante et qui la continue avec
ses caractères, c'est-à-dire avec son port, la forme de ses par-
ties, etc., s'est enracinée de manière à pouvoir vivre pour
son propre compte, grâce à ses rapports avec le sol et l'atmo-
sphère, elle doit être regardée comme une plante bien dis-
tincte de la première. Elle représente le pied-mère dans toute
sa manière d'être, par la raison que les tissus qui la compo-
sent émanent de ceux qui constituaient la portion de végétal
qu'on avait détachée afin delà bouturer ou de la greffer; mais
elle n'en est pas une dépendance physiologique, et elle accom-
plit tous les phénomènes de sa végétation ainsi que de sa
— 112 —
multiplication, pour son propre compte, absolument comme
le faisait le pied qui en a fourni les éléments premiers. En
d'autres termes, elle forme un nouvel individu physiologique,
qui végétera vigoureusement s'il est dans de bonnes condi-
tions, faiblement si le contraire a lieu; et je ne puis admettre
que, même dans les meilleures conditions pour végéter, cet
individu soit condamné à languir et dépérir par cela seul
que l'arbre-mère, qui est la souche de tous les arbres pro-
venus de lui par division, sera parvenu au terme de son exis-
tence.
Mais admettons pour un instant cette étrange théorie, et
voyons si les conséquences qui en découlent nécessairement
sont d'accord avec les faits. Un Poirier, par exemple, devient,
par une cause que je n'ai pas à rechercher, l'origine d'une
nouvelle variété. Les greffes qu'on lui emprunte propagent
cette variété, et en peu d'années, il existe un nombre immense
d'arbres produisant tous des fleurs, des fruits, des feuilles, des
rameaux, etc., semblables à ceux de ce pied-mère. Si, comme
l'admet celte théorie, tous ces arbres sont étroitement reliés à
celui qui a été leur souche, s'ils ont avec lui une vie com-
mune, ils doivent partager son sort, languir et dépérir avec
lui, mourir avec lui. C'est en effet ce que Knight n'hésite pas
à dire : les arbres d'une même variété deviennent tous sujets,
d'après lui, dans un espace de temps peu considérable, à
l'affaiblissement et aux maladies de la vieillesse. Mais d'où
vient alors que, même pour les variétés qu'on nous dit tous les
jours être le plus tombées en décrépitude, nombre de proprié-
taires assurent avoir, dans leurs jardins, des pieds très-vigou-
reux, et que nous en voyons fréquemment, à nos séances, sur
les tables de nos Expositions, des fruits d'une rare beauté ? Il
y aurait donc dans cette vie commune, dans cette décrépitude
forcée, vieillesse avancée d'un côté, adolescence ou virilité de
l'autre, affaiblissement extrême ici, là au contraire vigueur
— 113 —
et luxuriance remarquables ! Poser cette question, c'est y ré-
pondre.
Allons plus loin : tous les arbres d'une variété, après avoir
vieilli avec le pied mère et en même temps que lui, doivent
périr avec lui ; c'est ce que n'hésitent pas à dire les partisans
de la théorie qui admet l'extinction des variétés par vieillesse,
qui assimile chacune d'entre ces variétés à un seul être vivant
d'une vie commune et unique. Or, comment conserver une
pareille idée en présence de l'observation de tous les jours ?
Que sont devenus les arbres mères de toutes nos variétés tant
soit peu anciennes ? Ils ont péri de vieillesse, et nous possé-
dons encore des représentants extrêmement nombreux de la
variété.
Presque toujours c'est dans les variétés de Poiriers qu'on
cherche des exemples à l'appui de la théorie en question.
Mais d'abord je ne me rappelle pas avoir vu encore cité un seul
exemple de Poirier qui ait couiplétement cessé d'exister dans
nos culture par l'effet d'une extinction qu'ait précédée un
affaiblissement graduel; pour plusieurs on parle aujourd'hui
de décrépitude, de dégénération par épuisement tout comme
on en parlait à la date de 50 ans et plus; et cette prétendue
décrépitude n'en a pas encore amené la disparition' qui est
toujours annoncée comme prochaine. Il est de plus incontes,
table que, même pour les Poiriers, nous cultivons un bon
nombre de variétés dont la culture était déjà pratiquée par
les Romains qui sans doute les avaient eux-mêmes reçues de
populations plus anciennes. Le peu de mots qu'en disent
Pline,, Columelle, etc., ne peuvent être regardés comme des
descriptions précises ; cependant Dalechamp et les autres com-
mentateurs des auteurs anciens n'hésitent pas à reconnaître
dans \ePyrus superba des Romains la Petite Muscadelle, dans
P. Lactea la Blanchette ou Blanquette,, dans P. Favoniana la
Grosse Muscadelle, dans P. Dolabelliana la Poire Musette,
Avril 1869 s
— 114 —
dans P. Pompeiana le Bon-Chrétien, dans P. Ampullacea la
Poire d'Angoisse, dans P. Coriolana la Poire de Jalousie,
dans P. Onychma la Poire Cuisse-Madame, etc., etc. Il y a
donc un bon nombre de sortes de Poiriers qui comptent déjà
une longue suite de siècles d'existence, dont par conséquent
le pied mère et bien d'autres générations après lui ont eu plus
que le temps d'arriver à la décrépitude et à la mort, et qui
non-seulement existent encore, mais qui ne sont pas plus
décrépites pour cela.
Il en est de même pour nos autres arbres et arbustes frui-
tiers. Pour citer seulement quelques exemples, qui pourrait
ne pas reconnaître dans les Vîtes apianœ des Romains nos
Muscats, dans leur Vitis grœcula le Raisin de Corinlhe(l),
dans leur Prunus damascena le Prunier de Damas, etc., etc.?
Ainsi les faits historiques, comme l'observation de tous les
jours, comme les données physiologiques, tout démontre
surabondamment l'inanité de cette étrange théorie que cer-
taines personnes, animées sans doute d'une conviction pro-
fonde et d'une parfaite bonne foi, essayent de remettre en
vogue sans lui donner l'appui d'un seul fait précis, d'une
seule observation démonstrative. Sans doute il est commode
d'avoir *à sa disposition un mot qui se prête à tout et qui
dispense de toute recherche attentive. Dès qu'un végétal
cultivé se montre languissant parce que les circonstances de
sol, de climat, de culture lui sont défavorables, ou lorsqu'une
maladie l'atteint et en diminue ou détruit le produit, le fait
ensuite périr lui-même, il est facile de dire qu'il est dégénéré,
affaibli par une trop longue culture ou parce que la variété à
laquelle il appartient approche duterme fatal de son existence.
(4) Uva tam parva, ut nisi pinguissimo solo colère non prosit (La grappe
en est si petite qu'on ne doit le cultiver que dans les meilleures terres). Pline,
liv. xiv, chap. 4.
— 145 —
Dans ces dernières années, plusieurs espèces de la grande cul-
ture et beaucoup de celles qui peuplent nos jardins ont fourni
matière à l'application de ces idées philosophiques et pure-
ment philosophiques. Une Mucédinée parasite vient causer
d'affreux dégâts dans les plantations de Pommes de terre;
c'est que la Pomme de terre est dégénérée, décrépite et qu'il
faut la régénérer en obtenant par le semis des variétés nou-
velles, c'est-à-dire jeunes et vigoureuses ; or, il s'est trouvé,
d'un côté, que des carrés entiers de plantes issues de semis
n'ont pas été plus épargnés que les autres ; d'un autre côté, que
la maladie s'est mise à décroître sensiblement, sans influence
connue, dans ces dernières années I
On aurait donc dû admettre, dans le premier cas, que la
jeunesse était déjà décrépite, dans le second que la décrépi-
tude tendait à se rajeunir!...
Pour la Vigne, une autre moisissure, mais celle-ci toute
extérieure, est venue causer des pertes immenses en arrêtant
l'accroissement des grains et en en déterminant la rupture, et
par conséquent la destruction. On n'a pas manqué de dire
que là aussi existait une cause occulte et intime, une dégéné-
ration ou un état morbide latent. On a eu beau montrer
qu'une simple application de soufre à la surface des Vignes
malades non-seulement sauvait la récolte en faisant périr la
végétation parasite, YOïdium, non-seulement rendait à ces
mêmes Vignes leur vigueur première, mais encore semblait
leur communiquer une nouvelle énergie végétative; les par-
tisans de la cause occulte n'en ont pas moins persisté dans
leur. opinion et fermé les yeux à la parfaite évidence des
faits !
Les Citrus, Orangers, Citronniers, etc., fournissent à leur
tour, en ce moment même, matière à une application des
mêmes idées spéculatives ; eux aussi sont arrivés à la fin de
l'existence de leurs variétés ; il n'y a donc aucun remède au
— 146 —
mal qui en ravage les plantations, et il faut en obtenir des va-
riétés nouvelles auxquelles leur nouveauté puisse donner toute
la vigueur de la jeunesse ! . ..
Quant aux arguments tirés de la pratique de l'arboriculture
qui vont également à rencontre de la prétendue tendance à
l'extinction des variétés par vieillesse, je laisse à mes habiles
collègues delà Société d'Horticulture le soin de les exposer; ils
sont à cet égard aussi compétents que je le suis peu moi-
même. Il ne leur sera pas bien difficile, j'en suis Certain, de
démontrer qu'une culture bien entendue, sur une exposition
en rapport avec les exigences de chaque sorte d'arbre, qu'une
multiplication artificielle pratiquée non pas au hasard, comme
presque toujours,, mais avec un judicieux discernement, donne
le moyen d'obtenir, même pour les variétés prétendues décré-
pites, surannées, une végétation satisfaisante et des fruits d'une
rare beauté, pareils en un mot à ceux que nous avons pu ad-
mirer, bien des fois, dans ces derniers temps. Pour ma part, je
n'ai pas à entrer dans ces détails; j'ai voulu seulement mon-
trer dans cette note que notre Société n'a pas été* aussi cou-
pableque le pensel'honorable M. deBoutteville en ne protestant
pas contre ce que j'avais dit dans la séance du 11 avril 1867 ;
j'«i voulu aussi expliquer et justifier la conviction dans la-
quelle je suis que la théorie relative à l'extinction des variétés
fruitières par vieillesse est en contradiction avec les données
de la physiologie végétale, avec l'observation journalière, avec
les faits historiques ; enfin qu'elle manque même de base et ne
procède que d'un philosophisme commode mais nullement au-
torisé.
M. P. DUCHARTRE.
— 117 —
DISSERTATION SUR LA VÉGÉTATION.
Des faits qui témoignent contre la circulation de la sève.
Comme il est toujours plus facile de plaider en faveur
d'une bonne cause que d'en soutenir une mauvaise, nous ne
sommes pas embarrassé de faire intervenir les faits qui détrui-
sent la théorie de la circulation de la sève et de son épura-
tion par les feuilles. Nous n'avons que l'embarras du choix,, car
nous ne voulons pas les appeler tous en témoignage ; ce serait
abusif.
Le premier que nous ferons intervenir est celui qui se ma-
nifeste après l'opération du recepage, et de l'étètement des
arbres.
Quand on rabat un arbre à fleur de terre ou au-dessous des
branches, on voit, au printemps suivant, se produire tout au
tour delà section, d'abord un bourrelet celluleux, puis de nom-
breux petits mamelons qui s'allongent et qui bientôt se cou-
vrent de feuilles. Et cependant, cette souche, cette tige, était
dépourvue de feuilles pour élaborer la sève qui a nourri les
cellules du bourrelet et des mamelons ; car il est incontestable
qu'il y a eu là production nouvelle de tissus. lia donc fallu
que les cellules anciennes élaborassent la sève brute puisée et
fournie par les racines, puisqu'il est impossible de faire inter-
venir ici la préparation de la sève par les feuilles, pour la re-
jeter dans le grand système de la circulation de la sève mon-
tante et descendante.
Le second fait est le gonflement des yeux pendant l'hiver.
On ne peut contester que l'oeil d'un arbre est beaucoup plus
petit en décembre que dans le mois de mars. Dans les arbres
à feuilles caduques, il n'y a pas, par conséquent, ce labora-
toire particulier officiel d'élaboration, les feuilles, pour épurer
la sève servant à nourrir les cellules qui s'ajoutent aux an-
— 118 —
ciennes pendant l'hiver pour grossir cet œil. C'est donc encore
dans les anciens tissus que se prépare la nourriture des nou-
veaux.
Les Asperges, les Oignons, toutes les plantes vivaces à tiges
annuelles nous fournissent un troisième fait. Où sont les
feuilles qui élaborent la sève avec laquelle se nourrissent ces
longs turions d'Asperges, qui ont souvent 30 centimètres de lon-
gueur sur 5 à 6 de circonférence, avant que leur extrémité supé-
rieure parvienne à la surface du sol? Où sont donc ces organes
purificateurs de la sève brute dans les champignons, et surtout
dans la truffe qui se développe sous terre où elle ne voit ja-
mais le soleil, dont la présence est, dit-on, nécessaire pour dé-
composer l'acide carbonique contenu dans les végétaux, afin
que les nouveaux tissus puissent s'emparer et fixer le carbone
et se débarrasser de l'oxygène inutile? Où sont en outre, dans
ces plantes cryptogames, tous ces vaisseaux du système circu-
latoire ascendant et descendant? Ces plantes ne sont compo-
sées, comme chacun sait, que de cellules et n'ont pas de vais-
seaux ; il ne peut donc pas y avoir de circulation qui porte la
sève élaborée sur les points où il y a formation de nouveaux
tissus; la végétation se fait par conséquent sans elle et nous
savons tous avec quelle rapidité se développe un champignon :
c'est même proverbial.
Je pourrais citer bien d'autres faits; ce serait oiseux.
Mais, diront les partisans de la circulation et des sèves as-
cendante et descendante, nous reconnaissons que la sève brute
ou ascendante est la nourriture normale des nouveaux tissus
des organes aériens ; nous prétendons seulement que les
feuilles l'élaborent et la rendent à la circulation pour qu'elle
descende vers les racines, qui ne peuvent s'allonger et pro-
duire de nouveaux tissus sans cette sève purifiée par l'organe
officiel d'élaboration.
T.a simple observation de ce qui se passe dans la germina-
— 119 —
tion montre que ce principe est sans fondement. Quand un
, marron, un haricot, ou toute autre graine est mis en terre, et
qu'il y trouve humidité, air et chaleur, il se fait aussitôt, dans
l'intérieur de son enveloppe, un petit travail mystérieux, qui
a pour effet de faire sortir, au bout de quelques jours, une pe-
tite pointe conique qui s'allonge en se dirigeant vers le centre
de la terre. Ce petit corps, qui n'est autre chose que la racine,
ne peut s'allonger que par l'adjonction de nouveaux tis-
sus, et il s'allonge ainsi pendant plusieurs jours, atteignant
parfois 10 et 20 centimètres, sans qu'il paraisse le moindre
organe pourvu de feuilles. Donc, puisque cette racine se déve-
loppe sans recevoir de sève élaborée parles feuilles, c'est qu'ap-
paremment les anciens tissus, — qui ne reçoivent pas non plus
l'action du soleil pour opérer la décomposition de l'acide car-
bonique auquel ils empruntent le carbone pour former la ma-
tière des nouvelles cellules, des vaisseaux , etc., etc. , —
peuvent se passer également bien du concours des feuilles, pour
épurer la sève qu'ils puisent directement dans le sol; ils la
modifient très-bien eux-mêmes.
On pourrait encore citer les boutures, les greffes de por-
tions de rameaux dépourvus de feuilles, et les boutures de
racines qui n'ont même pas de bourgeons constitués ; on pour-
rait y ajouter les résultats des opérations de la taille, des
incisions annulaires, du cran, qui témoignent tous contre le
système ingénieux de la circulation ; mais nous croyons en
avoir produit suffisamment pour démontrer l'erreur dans la-
quelle sont tombés les partisans de l'analogie et de la solida-
rité des différents organes dans les végétaux.
Mais, va-t-on dire, le latex est bien positivement le produit
de la sève brute transformée par les feuilles et abandonnée
ensuite par elle pour se disperser dans tout le végétal. Nouvelle
erreur mise en circulation par un savant allemand, le docteur
Schultz, et acceptée par la science moderne.
— 120 —
Le latex, ou suc laiteux des plantes, n'est pas plus élaboré
par les feuilles que la sève qui sert à l'élongation des racines,
et il ne circule pas plus qu'elle. Il se forme sur place., comme
la fécule, comme la gomme, comme la résine, et reste emma-
gasiné dans des réservoirs allongés qui forment des sortes
de canaux ou vaisseaux ramifiés, dont les ramifications sont
soudées ensemble formant ainsi comme les mailles d'un filet
de pêcheurs.
Lorsqu'on examine, au microscope, un organe quelconque
qui contient du lait ou latex, sans détacher cet organe de la
plante, et sans mettre de l'eau sur le porte-objet de l'instru-
ment, on n'aperçoit aucun mouvement des granules de ce suc
laiteux dans les vaisseaux qui le renferment ; du moins nous
ne l'avons jamais pu voir. Mais si l'organe est détaché de la
plante, ou bien si ce n'est qu'un fragment infinitésimal de cet
organe, qui en a été enlevé à l'aide d'un instrument tranchant,
alors le mouvement est manifeste. On voit parfaitement les
granules circuler dans tous ces petits canaux. Ce mouvement
s'explique facilement. Les canaux se trouvant rompus par l'in-
strument qui a opéré la séparation du fragment de l'organe,
ils se vident tout naturellement. De là, le mouvement des
granules et la conclusion des physiologistes : le latex circule
dans les végétaux, de haut en bas.
Pour que ce liquide laiteux descende, comme on le prétend,
quand au contraire la sève brute monte, il faut admettre qu'il
existe une force quelconque qui l'attire vers la base. Or, cette
force n'existe pas. Pour s'en convaincre, il suffit de faire une
simple incision transversale sur une tige de Ficus elastica par
exemple, ou, pour plus de certitude, d'enlever un anneau d'é-
corce. On voit aussitôt le lait s'écouler aussi rapidement de la
lèvre inférieure que de la lèvre supérieure. Puisque le lait de la
portion de la tige située au-dessous de la décortication re monte,
il n'y a donc pas une force qui l'attire vers la base pour le faire
— 121 —
descendre, comme il y en a une pour la sève ascendante —
l'aspiration des feuilles — qui l'empêche de descendre quand
on pratique une incision dans les couches de l'aubier ; ici, en
effet, l'écoulement a lieu par les vaisseaux de la partie infé-
rieure, rien ne découle de la section supérieure. Ce fait est assez
concluant.
F. Herincq.
LES ENGRAIS CHIMIQUES GEORGES VILLE, EMPLOYÉS
DANS LA CULTURE DES LÉGUMES.
J'avais lu dans les journaux qu'on avait obtenu de très-belles
récoltes de pommes de terre avec l'engrais chimique Georges
Ville.
J'écrivis à M. le marquis d'Havrincourt, qui voulut bien me
répondre, le 1er mars dernier, que les récoltes obtenues avec
ces engrais avaient été énormes.
Je n'hésitai pas alors à contrôler ce résultat, en opérant par
moi-môme.
J'avais une terre de 20 ares, sortant de luzerne, et ayant
rapporté deux récoltes successives d'avoine sans engrais.
Je la choisis de préférence, parce que cette céréale avait dû
enlever tout l'azote contenu dans la terre, et que je considère
l'azote comme inutile, sinon nuisible aux légumes.
Avant de planter, j'épandis sur le sol :
80 kilog. superphosphate de chaux, à fr. 10(1).. 12 80
60 id. nitrate de potasse, à fr. 62. . . 37 20
00 id. sulfate de chaux ou plâtre 1 45
Total, fr. 51 45
(<) M. le marquis d'Havrincourt prétend qu'il y aurait grand avantagea mettre
4 30 kilog. de phosphate au lieu de. 80,
— 122 —
Notons en passant que je n'aurais pu mettre moins de
6,000 kilog. de fumier, soit 30,000 kilog. à l'hectare, ce qui
m'aurait occasionné une dépense de fr. 72 (1) au lieu de
fr. 51 45.
Cinq jours après la plantation, je hersai avec une petite
herse en fer pour détruire les plantes parasites.
Je renouvelai cette opération trois fois, jusqu'à la levée du
plant .
Quand le plant fut bien levé, je fis donner un coup de charrue
spéciale à la main, entre les raies, et biner entre les touffes.
Un mois après, 'je fis donner un second coup de charrue à
la main et un binage.
De mai à août nous avons eu 92 jours de sécheresse con-
stante.
Malgré cela, j'ai récolté 3,400 kilog. de tubercules.
Voici mes dépenses :
Labour avant l'hiver. ..." fr. 4 »
Valeur du loyer de ma terre 20 t>
Labour pour planter 4 »
Hersage et roulage , . . . 2 ))
Coût du plant 21 »
Trois femmes pour planter à la charrue.. . . 2 25
Trois petits hersages pour détruire les parasites. 5 »
Deux binages à la charrue à main 2 3)
Deux id. à la main 2 40
Six journées d'hommes et sixjournées de femmes
pour récolter 1 9 20
Transport pour rentrer la récolte 6 n>
A reporter. ... 85 85
(1) M. Bella, un de nos agriculteurs les plus distingués, et Directeur de l'Ecole
modèle de Grigûon, a trouvé, après une étude qui a duré cinq années, que.
le fumier conduit sur les terres ne pouvait revenir à moins de fr. 4 2 les 1000 kilog.
— 123 —
Report 85 85
Goût de l'engrais 51 45
fr. 137 30
3,400 kilog. à fr. 3 50 les 50 kilog. ...... 238 »
Bénéfice, loyer de la terre payé fr. 400 70
M. Georges Ville prétend que, dans une bonne année, j'au-
rais dû obtenir de 4,500 à 5,000 kilog.
Gette année j'ai semé du blé dans cette terre, sans autre
engrais que 60 kilog. d'ammoniaque, à fr. 45, soit fr. 27.
D'après M. Georges Ville, je dois avoir une très-bonne ré-
colte de blé, nous verrons !
En tout cas, ma terre est d'une excessive propreté, et
comme je considère l'absence du parasite comme presque aussi
favorable à la plante que l'engrais, je compte au moins sur
une récolte passable, qui ne me coûtera que fr. 27 d'engrais,
puisque la récolte de pommes de terre a payé le premier en-
grais, en laissant encore un très-beau bénéfice.
Je n'ai pas eu un tubercule malade, ce que j'attribue, ou à
l'absence de l'azote, ou à ce que j'ai récolté en septembre,
peut-être aux deux moyens employés.
Tous les membres de la Société, qui le peuvent, devraient
contrôler cet essai, en en faisant un, ne serait-il que de 100
mètres carrés ; le coût d'engrais, pour cette quantité de terrain,
ne serait que de fr. 2 55; j'offre de leur céder l'engrais au
prix auquel il me revient.
Les fumiers sont si rares, que ce serait véritablement très-
heureux de trouver des matières remplissant le même but, et
on les trouve facilement dans le commerce.
J'ai essayé les engrais chimiques pour les petits pois, les
haricots, les choux et les navets, ils m'ont donné les mêmes
résultats que pour les pommes de terre.
Voici, d'après mon expérience, les légumes qui ne deman-
-~ 124 —
dent pas d'azote, et par conséquent auxquels le fumier n'est
pas nécessaire :
Petits pois, haricots, fèves, pommes de terre, choux et poi-
reaux ; le phosphate de chaux, la potasse et le plâtre leur
suffisent ; le navet ne demande que le phosphate.
On devrait se livrer à des essais sur tous les légumes ; si la
pratique venait affirmer la théorie de M. Georges Ville, ce serait
la fortune de nos hortillons auquel le fumier revient si cher.
P. S. J'avais terminé cette note, lorsqu'un de mes amis, qui
se livre aux mêmes essais que moi, m'engage à ajouter à la
formule pour les pommes de terre, un kilog. de nitrate de soude
par are, ce qui porterait la dépense totale d'engrais, pour un
essai de 100 mètres, àfr. 2 90, au lieu defr. 2 55 ou fr. 3 22,
si on augmente le phosphate de chaux, comme le recommande
M. le marquis d'Havrincourt.
M. H. Du Roselle.
(Soc. d'Hort, de Picardie.)
PLANTES NOUVELLES
Les nouveautés obtenues de semis sont plus nombreuses
que jamais; les semeurs sont infatigables.
Rosiers. Avec le dernier numéro de ce recueil, nos abonnés
ont reçu l'extrait du catalogue de M. H. Jamain, dans lequel
sont annoncés les nouveaux Rosiers que cet horticulteur spé-
cialiste suppose être les meilleurs ; nous n'avons donc pas à
nous occuper de ce beau genre qui est toujours en grande
faveur auprès des amis de Flore.
Glaïeuls. Les Glaïeuls jouissent toujours aussi de l'estime
publique, et M. Souchet a livré son contingent pour 1869.
Les nouveaux venus sont : Argus, Buffon, Circé, Homère, Ma-
dame Desportes, Marie Stuart, Michel-Ange, Monsieur Le-
gouvé, Racine, Romulus, Schiller, Thomas Methwen et Virgile.
— 125 —
On doit encore à d'autres producteurs : Antonius, Cornélie,
Fénelon, Isis, Jenny Lind, Madame Dombrain, Montaigne,
Mont-Blanc, Picciola, Van Dyek, Vésuve,, etc.
Gloxinia. L'établissement Thibaut et Ketelèer, rue Houdan,
à Sceaux (Seine), est en possession d'une belle série de
Gloxinia obtenus par M . Vallerand, et qui se distinguent par
des coloris, des dessins nouveaux et surtout par un grand per-
fectionnement dans la forme des fleurs. Chacun connaît la
sévérité de ces horticulteurs dans l'acceptation des nouveaux
gains. Ces nouveautés sont : Baron d'Itajuba, Baronne d'Ita-
juba. Comte de Gomer, Comtesse du Barrai, Empereur du
Brésil, Madame Chaverondier, Madame Cochin, Madame Gus-
tave Ray, M. Gaussin, M. Lucy-Sédillot, Mgr Faria, Vicomte
de Forceville.
Le même établissement met en vente un Achimenes elegans
flore pleno, et le Tydea Nero, gains de M. Bosciaiid.
Pelargonium. Les Pelargonium surgissent de toutes parts :
chez MM. Thibaut et Keteleêr ce. sont, en variétés à grandes
fleurs : Ajax, Clio, Cybèle, Jason, Ophelia (gains de M. Malet) ;
— Argus,' Bougainville, Cyrus, Fortunio, Midas (gains Co-
lomb) ; — Dr Hauregard, Madame Chivé, Madame Colignon,
M . Foucauld et M. Perot, gains de M . Duval, tous semeurs
émérites.
Parmi les inquinans et zonale, ce sont abbé Roussel et De-
licata, gains Malet.
M. Boucharlat aîné, de Cuire-lès-Lyon (Rhône), offre cette
année, aux amateurs , deux nouveautés de Pelargonium à
grandes fleurs : Impératrice Eugénie et Max Nisson.
Pelargonium zonale-inquinans à fleurs doubles. M. Lemoine,
de Nancy, a choisi parmi trois cents Pelargonium zonale-in-
quinans qui ont fleuri doubles, cinq variétés seulement qui
portent les noms de : M. Thibaut, Merveille xle Lorraine, Terre
promise, Ville de Nar.cy, V. Lemoine.
— 126 —
M. Rendatler, de Nancy, annonce : Conseiller Ragon, Jeanne
de Saint-Maur, Madame Racouchot, Tom Pouce cerise et Tom
Pouce rose.
M. Crousse, de la même ville, dispose de deux variétés :
Marie Crousse et M. de Saint-Jean.
Les autres nouveautés sont : Madame Debray, Madame Bon-
de (gains Alégatière à Montplaisir-Lyon) , Beauté Poitevine
(Bruant, de Poitiers), Mademoiselle Delasalle, M. de Saint-Paul
(gains de M. Delasalle, de ïhumesnil, près Lille).
Les variétés à fleurs simples sont innombrables. Elles dé-
passent la centaine ! Nous énumérerons seulement celles des
semeurs les plus en renom, renvoyant aux catalogues pour
les descriptions : Abbé Roussel, M. Boulanger et Mmc Mézard,
variété hors ligne(gains Babouillard) , — Chanoine W. Moreau,
Oflenbach, Paul Fournier, Pygmée, Valcan (Bruant); —
l'Incomparable Boule Rose, Madame Marion, M. Malet, xMa-
dame-J. Ménoreaux, Mlle Clémentine Valbusat, MUe Éditli
de la Chapelle, oncle Tom, Vulcain (gains Boucharlat); Bico-
lore, M1Ie Isabelle Chandon (gains Châté , sentier St-An-
toine, Paris); — Bellini, Émulation, Gabrielle, George Sand,
La Fournaise, Mrae Jules Élie, Mme Lemoinier, M. Gebhard,
surprise (gains Crousse) ; — Illusion , madame Jules Alde-
bert, floribunda alba, Candidat, Pie IX (gains Delesalle);
— Avocat Gambetta, docteur W. Neubert, Emile Lemoine,
Jean Sisley, G. Gœschke, l'Avenir, l'Aurore, madame Horte,
Rafarin (gains Lemoine); — Charles Neuner, Cora, Jacob
Makoy, M. Bouchy, M. Liabaud, Orphée, Victor Didier (gains
Rendatler), etc., etc. — Il est temps de faire une croix pour
les Pelargonium. Si nous en avons oublié d'importants, c'est
que les catalogues ne nous sont pas parvenus. Passons aux
genres variés.
Eleagnus Simonii. Cette nouvelle espèce de Chalef, origi-
naire de la Chine, est très-rustique. Ses feuilles sont persis-
— 127 —
tantes, argentées en dessous,, et ses fleurs blanches sont très-
odorantes. Elle est positivement de plein air en France.
Daphne papyracea. Ce daphne, qui fournit aux Japonais un
liber très-résistant avec lequel ils font du papier, est aussi de
plein air. Il est à feuilles caduques ; sa végétation est rapide.
Ces deux nouveaux arbrisseaux sont annoncés par l'établisse-
ment Thibault et Keteleèr.
Dier villa ou Weigelia. Ce genre s'est enrichi de plusieurs
variétés. Le Lavallei, dédié àM. Alphonse Lavallée, est un hy-
bride, obtenu par M. Lemoine, du croisement des \Y. arborea
et multiflora. Ses longues grappes flexibles tiennent de l'or*
borea, et la couleur rouge pourpre de ses belles grandes fleurs
est due à l'influence du multiflora. C'est un arbrisseau très-
vigoureux qui peut atteindre jusqu'à 3 mètres d'élévation ;
il est très-florifère et fleurit dès la hauteur de quelques cen-
timètres. C'est une excellente obtention ; et pour la culture
forcée le Diervilla Lavallei sera très-recherché. — Une autre
nouveauté, \eWeigclia hortensis floribunda est annoncée, encore
par M. Lemoine, comme une variété très -florifère. — D'un
-autre côté, M. Billiard fils, dit la Graine, à Fontenay-aux-Roses
(Seine), met au commerce huit autres Weigelia nouveaux de
semis : Caméléon, madame Billard, madame Couturier, ma-
dame Teillier, M. Dauvesse, M. Gustave Morlet , M. Lemoine
etvenosa.
Sambucus Fontenaysii, Spirea tenuissima et oblongifolia
major , sont encore des nouveautés de M. Billiard.
Ceanothus gloire de Versailles (Christen). M. Lemoine fait le
plus grand éloge de ce nouveau Ceanothus, qui laisse bien loin
derrière lui, dit certain écrivain, le Ceanothus azureus.grandi-
florus.
Salix babylonica mascula. Jusqu'à ce jour, le saule pleureur
mâle était inconnu ; M. Rendatler annonce qu'il le possède.
^A continuer.)
— 128 -
Travaux ûu mois de fi;
Votager. On continue de semer en pleine terre toutes espèces de plantes po-
tagères : pois, fèves, haricots, carottes, chicorée d'été, cornichons, choux divers,
ehoux-nav.ets, navets de Suède, etc., etc. On met en place le plan élevé sur
couche, telles que tomates, aubergines, concombres, choux-fleurs, etc.
On établit en plein air des meules à champignons et des couches tièdes ou
sourdes pour melons d'arrière-saison ou pour planter des patates.
Jardin fruitier. C'est le moment où il faut visiter assidûment les arbres frui-
tiers et porter son attention sur le développement des brauches, afin de suppri-
mer celles qui pourraient nuire au parfait développement de l'arbre, ou altérer
sa fertilité. 11 faut veiller surtout à maintenir l'équilibre des espaliers, en dé-
palissant et redressant les membres faibles, en palissant au contraire très-vigou-
reusement et horizontalement les parties vigoureuses, ou en pinçant les bran-
ches verticales qui prendraient trop de développement.
Jardin d'agrément. On peut livrer en pleine iarm, dans la première quinzaine
de ce mois, les héliotropes, hortensias, pelargogi^, pétunias, verveines. On
continue les semis de plantes annuelles du mois d'avril; mais il est un peu tard
pour les balsamines, belles-de-nuit, malopés, œillets, Zinnia, etc. Quelques plants
doivent être déjà bons à repiquer; il faut y veiller et ne pas attendre qu'ils soient
trop grands; la reprise alors est plus difficile.
Serres. Rempotage, bouturage et greffes herbacées, sont les principaux
travaux du mois. Dans la deuxième quinzaine on sort les plantes d'orangerie, et
vers la fin les plantes de serres tempérées et de serres chaudes. Il faut avoir
bien soin de choisir un temps couvert, autrement le soleil détruirait les jeunes
pousses, encore trop tendres pour affronter ses rayons brûlants.
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ENCRE A ÉCRIRE SUR LE ZINC, COMPOSÉE PAR M. DCFOUR, CHIMISTE-PHOTOGRAPHE, A DlJOJf (CÔTE-d'Or)
PRIX ; t fr. le flacon.
Cette encre dont la couleur est à peu près celle du rhum, aussitôt son contact avec le zinc, produi
écriture du plus beau noir. — Ces étiquettes peuvent séjourner plusieurs années dans la terre ou dans
sans que l'écriture subisse une détérioration sensible. — Après un séjour prolongé dans la terre il arrive pa
que l'oxidation recouvre complètement l'écriture ; pour la faire reparaître il suffit de passer dessus son
mouillé.
SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NDMÉRO.
F. Herinco, Chronique. — 0. Lescuter. Bégonia rosœflora (PI. X). — L. Cormer,
nouveaux légumes. — F. Bdrvenick, Retardement de la végétation printanière des
arbres précoces.— F. IIerincq, Observations critiques sur l'origine des plantes do-
mestiques, et sur la Carotte améliorée de M. Vilmorin. — F. IIerincq, Les Engrais
chimique de M. Georges Ville. — Petites nouvelles. —Expositions du mois de juin. — Tra-
vaux du mois de mai.
CHRONIQUE
Exposition de Paris et de Saint-Pétersbourg; ce qu'on fait en Russie, et ce
qu'on ne fait pas à Paris pour les membres du jury; libéralité des chemins
de fer étrangers envers les savants qui se rendent au Congrès ; circulaire de
la Société de Saint-Pétersbourg indiquant les précautions à prendre pour ce
voyage, et celles qui ont été prises pour recevoir les jurés aux gares ; le
nombre des membres du Congrès; ce qu'on doit y discuter; l'influence
du sujet sur la greffe. — Pomme hybride de sèves de M. Behr. — Les
Aubépines roses et blanches de M. Haiffache, qui prétend confirmer la
théorie de M. Behr; charmantes gauloiseries, qui enseignent comment on
peut établir des théories avec des faits dénaturés, et devenir un botaniste
distingué. Nouvelle et singulière théorie de construction des serres, par un
architecte. Attristants pectacle : 40,000 vers blancs; prévoyance d'un cultiva-
teur; le vrai moyen de se débarrasser des hannetons.
C'est le 18 qu'ouvriront simultanément les expositions
d'horticulture de Paris, et universelle de Saint-Pétersbourg.
En lisant la dernière circulaire adressée aux personnes qui
ont annoncé l'intention de se rendre à cette dernière exposi-
tion, mon cœur a cessé de battre un instant. La Société d'hor-
ticulture de Saint-Pétersbourg fait connaître, en effet, qu'elle
a obtenu, pour les porteurs de carte délivrée par elle, les réduc-
tions suivantes sur le prix de voyage : sur les chemins de fer
russes, 30 pour 100 de réduction pour les plantes expédiées
par grande vitesse, et retour gratis pour les voyageurs. Pour
la traversée delà Prusse, le retour est gratis pour les voya-
geurs, et pour les objets expédiés par train de bagage. En
Belgique les compagnies accordent 50 pour 100 de réduction,
Moi 1869 9
— 130 —
à l'aller et retour, et les objets expédiés par train de vitesse
ne payent que le tarif du train de bagage. Le Wurtemberg, l'Au-
triche, la Thuringe, les Provinces Rhénanes,, accordent égale-
ment une réduction de 50 pour 100 .pour les passagers et les
plantes. La France, elle, trouve que les savants et les horticul-
teurs sont assez riches pour payer place entière. 0 mon beau
pays ! que ne suis-je la muse Glio, je chanterais tout de suite
tes libéralités envers les savants sur l'air de Marlborough. ...
Il faut avouer qu'on fait bien les choses au-delà de nos
frontières ; il est vrai que tous ces peuples-là, ne sont pas
aussi avancés que nous en civilisation.
Ainsi, il n'y a évidemment que des barbares pour donner des
renseignements et prendre des précautions de cette nature :
(( On fera bien, dit la circulaire, de se pourvoir d'un paletot
assez chaud et d'un plaid. — Aux gares des chemins de fer à
Saint-Pétersbourg, des membres de la Société d'horticulture
de la Russie attendront les hôtes pour leur indiquer des hôtels
ou des maisons particulières, en un mot, pour leur donner
tous les renseignements nécessaires, etc. »
C'est exactement ce que nous n'avons pas fait en France, lors
de l'exposition universelle. Les membres étrangers du jury
pour l'horticulture ne trouvaient même personne au jardin de
l'exposition pour les recevoir, et ils s'introduisaient tout seuls
dans les groupes de jurés; ces barbares du nord voudraient-ils
nous donner une leçon? Autrefois mais autre temps autres
mœurs.
Le nombre des adhérents au Congrès scientifique de Saint-
Pétersbourg, dont les séances auront lieu les 18, 1 9 et 20 mai,
est de 257, sur lesquels on compte 67 Allemands, 51 Belges,
49 Russes, 15 Anglais et autant de Hollandais ; no's illustres
compatriotes figurent pour le chiffre de 30; mais les trois
quarts au moins s'abstiendront de s'y rendre; ils ont fait in-
scrire leur nom pour mémoire, afin que la postérité sache bien
— 131 —
qu'en 1869, vivaient MM. A., B., C, qui ont dû aller en
Russie au congrès scientiiique. Ça fait bien, et ça ne leur
aura coûté que 40 cent, d'affranchissement de lettre d'adhé-
sion.
De belles et sérieuses questions sont portées à l'ordre du
jour de ce Congrès. M. Karl Koch (de Berlin), se propose'de
traiter la question de l'hybridation par les sèves, autrement
dit : de l'influence du sujet sur la greffe, question à la mode et
qui se comprend par ce temps de spiritisme qui court. Je suis
curieux de savoir s'il présentera la fameuse Pomme moitié
Calville blanc et moitié Pomme rouge.
Vous ne connaissez pas encore, ami lecteur, ce nouvel hy-
bride des sèves ; il est vraiment bien bon. J'en extrais les ren-
seignements du Journal de la Société d'horticulture de Pa-
ris, année 1868, page G5i. — Parmi les objets déposés
sur le bureau sont : « Trois pommes de Calville blanc colorées
en beau rouge vif d'un côté, cueillies sur un arbre qui les
produit toutes colorées de même, à la suite de circonstance
que M. Behr (propriétaire prussien) rapporte dans une lettre
de la manière suivante : — « Ces Pommes viennent de chez
l'un de mes amis qui, ayant dans son jardin un grand arbre de
plein vent, dont le fruit était une pomme très-ordinaire, co-
lorée en rouge foncé, prit le parti d'en rabattre les branches
principales sur lesquelles il posa des greffes de Calville blanc
d'hiver. Au bout de quelques années, mon ami fut bien sur-
pris de voir son arbre produire de superbes Pommes de Calville
blanc, mais colorées en incarnat d'un côté, sans doute par
suite de l'influence du sujet. Un autre Pommier, donnant des
fruits de mauvaise qualité, mais blancs, ayant été greffé en
même temps que le premier, ne porte que des Pommes de
Calville réellement blanches et sans coloration. Le fait pré-
senté par le premier de ces deux arbres, etpour lequel l'exemple
du second forme en quelque sorte la contre-épreuve, m'a
— 132 —
paru assez intéressant pour que j'aie cru devoir le signaler. Il
semble être une preuve sensible aux yeux, de l'influence que
le sujet est parfois capable d'exercer sur la greffe qu'il a reçue,
et qui paraît, au moins dans certains cas, être plus réelle qu'on
n'est généralement disposé à le penser. »
Cette note nous a valu la lettre suivante d'un botaniste
avec lequel nous sommes intimement lié, M. Haiffacbe, qui
serait certainement un botaniste distingué si ses allures épis-
tolaires n'étaient pas aussi super -gauloises; car en France, un
homme qui se permet une petite raillerie sur les pédants perd
immédiatement toutes considérations. Voici sa lettre :
« Monsieur le rédacteur, le Journal de la Société d'Horticul-
ture de Paris, rapporte un fait de Pomme hybride par la sève qui
peut paraître étrange, mais qui ne l'est pas. J'ai obtenu deux
faits analogues, mais bien plus intéressants encore, pour les-
quels je réclame une petite place dans V Horticulteur français,
avant de la communiquer aux Congrès d'horticulture, de Saint-
Pétersbourg.
» il y a quelques années, ayant dans mon jardin plusieurs
pieds d'aubépine à fleurs blanches, j'en greffai un avec de l'au-
bépine à fleurs doubles roses. La greffe s'est parfaitement dé-
veloppée, etj depuis, chaque année elle m'offre le singulier
phénomène que voici. Au moment de l'épanouissement toutes
les fleurs sont d'un très-beau rose uniforme; mais bientôt
après, toutes ses fleurs pâlissent ; la couleur rose foncé passe
au rose clair, puis au carné tendre, et enfin les fleurs de-
viennent entièrement blanches comme les fleurs de l'aubépine
blanche. .
Devant un phénomène aussi nettement produit, personne
n'osera, je l'espère, contester l'influence du sujet sur la greffe,
c'est-à-dire l'action de sa sève qui se manifeste graduellement,
au fur et à mesure que le liquide séveux du sujet passe dans
la greffe et se mélange à sa propre sève. En effet, au début de
— 133 —
3a floraison toutes les fleurs sont du plus beau rose. Pourquoi ?
Parce que ces fleurs sont nourries, en ce moment, exclusive-
ment avec la sève de la greffe qui provient d'une aubépine
rose. Plus tard, quand la greffe a absorbé une partie de sa
sève, il se fait un vide dans ses tissus qui détermine l'ascen-
sion delà sève du sujet ; il y a alors mélange des deux sèves,
et c'est à ce moment que la couleur rose pâlit. A ce mélange
qui est à son tour absorbé en partie, pendant la première
période florale, vient s'ajouter une plus grande quantité de
sève du sujet, qui influe davantage sur la matière colorante,
et c'est quand toute la sève de la greffe a été complètement ab-
sorbée, que les fleurs, n'étant plus alimentées que par la sève
de l'aubépine blanche ou sujet, deviennent blanches, et d'un
blanc virginal.
» Pour être certain que ce changement de couleur est bien
dû à l'action de la sève, j'ai fait une contre-expérience , e'est-
à dire que j'ai greffé de l'Épine blanche sur Aubépine rose.
Les mêmes phénomènes se reproduisent, mais en sens inverse
avec la môme graduation de teinte au fur et à mesure que la
sève du sujet envahit les tissus de la greffe. C'est d'abord une
faible teinte carnée, qui annonce le mélange en très-petite
quantité de la sève de l'Épine rose, puis intensité graduée
de cette couleur, jusqu'au rose des fleurs du sujet.
v En présence de faits aussi concluants, Y Horticulteur fran-
çais contestera-t-il l'influence du sujet sur la greffe, et osera-
t— il toujours traiter de mystification les hybrides de sèves?
» Je vous attends, cher maître, pour vous montrer mes
preuves, qui sont en ce moment en parfait état de fleurai-
son, etc., etc.. »
Je connaissais le caractère un peu gaulois de mon excel-
lent ami Haiflache, mais je ne lui savais pas autant d'imagina-
tion. Il pourrait rendre des points aux savants allemands qui
sont cependant très-habiles dans l'art de falsifier les faits pour
— 134 —
établir les théories les plus impossibles. Les deux Aubépi-
nes qui changent1 ainsi de couleurs existent. La mutabilité
des fleurs est incontestable ; mais elle ne se produit pas
sous l'action d'un mélange gradué de la sève du sujet avec
la sève de la greffe, car ce curieux phénomène se produit
quand les greffes sont appliquées sur des sujets appartenant
à la même race ; c'est-à-dire que la variété à fleurs roses
greffée sur sujet à fleurs roses voit également passer ses fleurs
du rose au blanc, et que la variété à fleurs blanches greffée
sur sujet à fleurs blanches voit les siennes prendre graduelle-
ment la coloration rose. Les deux Aubépines qui offrent cet
intéressant phénomène sont des races distinctes des deux
variétés rose et blanche à couleur persistante, et elles pré-
sentent toujours, et quand même, ce changement de couleur,
quel que soit le sujet sur lequel on les greffe.
Mais quel est donc ce mystère? dira-t-on. Oui, c'est un mys-
tère ; car ce changement de couleur des deux Aubépines
blanche et rose est un phénomène que la science aurait de la
peine à expliquer. Gomment comprendre,, en effet, que, sous
l'action des mêmes agents : sol, air, lumière, — les Aubépines
dont nous parlons sont plantées l'une à côté de l'autre, — une
fleur blanche produise de la matière rose, et qu'une fleur rose
désorganise et fasse disparaître la matière colorante rouge?
Avec un peu de dépense d'imagination, nous pourrions
sans doute donner une explication très-plausible et ac-
ceptable de ce phénomène. Mais si YHorticuUeur français a
l'esprit gaulois et les allures légères, il n'a jamais pris et ne
prendra jamais l'esprit et les allures graves des mystificateurs.
Si nous avions envoyé cependant cette lettre sans commentaire
au Congrès de Saint-Pétersbourg, avec des rameaux d'Aupé-
pine portant des fleurs à divers degrés de coloration et de dé-
coloration, il est bien certain que les Russes, et beaucoup
de Français avec eux, n'y auraient vu que du feu — pour nous
— 135 —
servir d'une expression populaire — et aux yeux de ces peuples
barbares, M. Haiffache passait d'emblée pour un botaniste très-
distingué. D'autres, à notre place, n'eussent pas manqué une
aussi belle occasion de montrer des faits aussi curieux, et
d'ajouter une nouvelle mystification aux anciennes; c'est par
de semblables procédés que les nullités parviennent à la célé-
brité; nous en aurions de nombreuses exemples à produire.
En rapportant ces deux faits, nous avons voulu précisément
empêcher ces mystificateurs avides de renommée de s'en
emparer pour les porter devant certaines Sociétés d'horti-
culture où ils eussent été accueillis comme on accueille toute
chose ; car là tout est huile et miel, jamais la moindre goutte
de vinaigre; on ne veut déplaire à personne. Nous avons voulu
montrer, en outre, ce que peut une imagination un peu vive,
et comment il est facile d'établir des théories en dénaturant
seulement un peu les faits, ou en les expliquant selon le be-
soin de la cause.
A propos de théorie, en voici une toute nouvelle sortie sa-
medi dernier, en chemin de fer, du cerveau de son auteur; elle
est relative à la construction des serres. Ils étaient trois dans
mon compartiment : deux lisaient le Petit Journal, et le troi-
sième tenait avec tant d'ostentation, sur ses genoux, un nu-
méro^ non encore coupé, delà Revue des deux Mondes, qu'il
est impossible d'admettre que son intelligence est à la hau-
teur de la haute littérature de ce recueil. Voici la théorie qu'il
ne tarda pas à développer à ses deux compagnons :
« Nous pouvons faire quelque chose de très-beau : nous
avons un million pour les serres! Aussi je m'en vais faire
du nouveau. J'ai étudié beaucoup la question desserres, et
je suis arrivé à découvrir qu'on est tout à fait dans l'erreur
en construisant des serres entièrement vitrées. Ainsi, pendant
tout l'été, les jardiniers ombrent leurs serres avec des claies,
des toiles, ou barbouillent les vitres pour empêcher la lumière
— 136 —
d'y pénétrer. En hiver, ils couvrent avec des paillassons ou
du long fumier. De sorte que les plantes sont toujours dans
l'obscurité en été comme en hiver. Il est donc ridicule et con-
traire aux lois de la physiologie végétale de faire des serres
tout en vitres, puisque ça n'a aucune raison d'être. Aussi,, pour
les serres du château de X... (1), j'abandonne le vieux, sys-
tème. Je vais faire faire de grandes constructions en pierres
sculptées., avec quelques ouvertures seulement disséminées çà
et là. Mon système dispensera d'ombrer en été et de couvrir
de paillassons en hiver. Les plantes se porteront mieux : il y
aura en outre économie de temps pour le jardinier, et de com-
bustible pour le propriétaire, parce que la chaleur s'y conser-
vera mieux. »
En entendant développer une pareille théorie de construc-
tion de serres, l'idée m'est venue aussitôt que l'homme à la
Revue des deux Mondes, qui la développait, était capable d'être
un architecte ; il en offrait du reste tous les caractères. Je me
propose de visiter l'année prochaine les nouvelles serres du
château de X. . ., pourvoir la figure qu'auront les plantes et celle
que fera le propriétaire. Sans être prophète, on peut prédire
que plantes et châtelain feront triste mine.
C'est en quittant cet illustre cultivateur de pierres que le
plus attristant spectacle s'offrit à mes yeux. Le véhicule qui
contenait mon illustre personne gravissait lentement une petite
côte, et j'étais plongé dans de lugubres réflexions sur l'outre-
cuidance de certains hommes. J'en fus tiré par une rude se-
cousse déterminée par le recul brusque du quadrupède qui
me traînait. La pauvre bête avait été effrayée, et la cause de son
effroi, bien naturel, était des milliers de vers blancs qui gisaient
mourants et grouillants, entassés sur toute la largeur de la
route . Jamais je n'avais vu pareil spectacle; il n'avait rien de
(1) Magnifique propriété sur la ligne de Vendôme, nouvellement achetée par
M. plusieurs étoiles.
— 137 —
réjouissant. Approximativement j'évalue, sans exagérer, de 40
à 50 mille le nombre de ces larves de Hannetons, qu'un seul
laboureur faisait retirer de son champ, par des enfants qui sui-
vaient la charrue ; il n'avait labouré, m'a-t-il dit, que de 60 à
70 ares. Toutes ces larves, à quelques exceptions près, appar-
tenaient a la ponte de l'année dernière; elles avaient donc en-
core deux années à rester en terre avant leur transformation en
Hannetons ; on peut apprécier les dégâts qu'elles auraient causés
au propriétaire, qui les prévient, en partie, pour quelques francs
seulement donnés aux petits ramasseurs. Je dis en partie, car
il est bien certain que les Vers blancs des voisins, qui n'ont pas
eu la même prévoyance, pourront bien rendre visite à ses cul-
tures ; et c'est vraiment fâcheux.
De tous les moyens dont il a été question pour la destruction
du Hanneton et du Ver blanc, le meilleur est certainement celui
de faire ramasser ainsi les larves durant les labours. Des
femmes, des enfants surtout peuvent faire ce travail ; car les
femmes, même de la campagne, éprouvent une grande répu-
gnance à toucher à cette engeance dont l'aspect est, il faut en
convenir, très-repoussant, et elles ne font par conséquent la
besogne qu'à moitié. Le gamin, lui. ne recule devant rien: il
ne fait grâce à aucun. La chasse aux Vers blancs est plus
facile que Ja chasse aux Hannetons. Qu'on édicté une loi qui
force tous les propriétaires à faire ramasser ces larves pendant
le labour; que les instituteurs choisissent ce moment pour
donner les vacances à leurs écoliers qui seront enchantés de se
livrer à cet exercice pour gagner de quoi payer leurs mois
d'école, et en peu d'années nous serons débarrassés de cette
gent maudite, que le grand Alexandre Dumas appelle, dans
un langage très-coloré, « fils du printemps et ornement de
la nature ». Il faut être poëtede première grandeur pour dire
des choses aussi... jolies ! F. Herincq. .
138 —
BEGONIA ROS.EFLÛRA (PL V).
Magnifique espèce, découverte par M. J.-G. Veitch dans les
Andes du Pérou à une altitude de 4,000 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Elle appartient à la section des Bégonia sans
tige, comme le B. rex. Toutes ses feuilles naissent d'un rhi-
zome souterrain qui s'allonge plus ou moins en vieillissant,
au-dessus du sol; elles ont un épais pétiole; le limbe est
arrondi-réniforme, profondément échancré h la base jusqu'au
point d'attache du pétiole, et à bords inégalement et peu pro-
fondément denticulés; la face supérieure est d'un beau vert
et présente un liséré rouge au bord ; la face inférieure est de
couleur vert pâle un peu glauque, relevée de nervures for-
tement accentuées qui sont couvertes de poils comme le pé-
tiole. Les stipules sont molles et de couleur rose. De la souche
naissent plusieurs hampes droites et dressées, poilues, 4 ou 5
fois plus longues que les pétioles des feuilles, de couleur rouge,
terminées chacune par trois grandes et splendides Heurs d'un
beau rose éclatant, dont deux sont mâles et la troisième fe-
melle. Les fleurs mâles sont composées de deux sépales exté-
rieurs largement ovales, et de deux sépales intérieurs plus
longs et plus larges, arrondis, échancrés au sommet; point de
corolle; les étamines sont très-nombreuses, jaunes. Les fleurs
femelles ont un ovaire infère de couleur verte, poilu, à trois
angles très-saillants en sortes d'ailes, et inégaux ; cet ovaire
porte un calice à cinq sépales colorés et qui simule parfaite-
ment une corolle; au centre de ce calice est le style qui est
deux ou trois fois bifurqué et dont les contours stigmatiques
sont garnis de papilles d'un beau jaune d'or.
,Le Bégonia rosœjlora est éminemment ornemental, par ses
grandes fleurs si richement colorées; il se rapproche des Ycii-
- 139 —
chii et Clarkei, qui sont comme lui d'introduction encore ré-
cente.
Quoique originaire du Pérou, le Bégonia rosœflora est de
simple serre tempérée. Sa culture est celle de toutes les espèces
à feuilles ornementales : peu d'arrosement pendant l'hiver qui
est la période de repos. On peut commencer à le pousser vers
le mois de mars; il produit ses fleurs vers le mois de juillet.
0. Lesojyer.
NOUVEAUX LÉGUMES.
L'utile est généralement moins recherché que l'agréable.
Aussi les légumes attirent-ils moins l'attention des semeurs,
et les nouveautés sont-elles peu nombreuses chaque année.
Dans les catalogues des divers établissements des grainiers
que nous avons reçus, ce printemps, nous trouvons les va-
riétés suivantes :
Chou de Dax. Bonne variété de Chou demi-hâtif à pied
court, très-estimée dans la région du sud-ouest.
Courge verte de Hubbard. Originaire des États-Unis où. elle,
est estimée à cause de sa très-longue conservation. Elle a la
forme de la Courge de l'Ohio, mais à peau verte, et sa chair
très -ferme sert à confectionner des croquettes sèches Irès-re-
cherchées et excellentes.
Haricot cire ou beurre, nu in .
Haricot beurre blanc, nain.
Haricot beurre panaché sans parchemin, nain. Variété naine
très-productive, à cosse blanche très-charnue, et à grain vio-
let marbré gris, mûrissant tardivement.
Haricot beurre Saint-Joseph sans parchemin à rames. Bonne
variété très-précoce, à cosse longue d'environ 12 centimètres
— 140 —
un peu arquée,, grosse, vert pâle ou de couleur blonde pana-
chée de carmin violacé.
Haricot impérial sans parcheînin, à demi-rames. Variété de
précocité moyenne, à cosse de 18 cent, de longueur, verte,
teintée parfois de rouge brun; grain blanc. Cette variété est
très-estimée aux environs de Châtillon.
Laitue de Bellegarde. Très-voisine de la L. Gossim mais
plus colorée, moins grosse, plus tendre et pommant mieux.
Laitue grosse blonde paresseuse. Belle laitue d'été et d'au-
tomne : excellente acquisition .
Oignon rouge de Sollon. Gros comme l'Oignon de Madère,
mais de couleur plus foncée, et de meilleure garde.
Pissenlit amélioré à large feuille (Vilmorin). Cette variété
diffère du Pissenlit des champs par l'ampleur de ses feuilles
qui sont moins découpées.
Pissenlit amélioré à cœur plein. Cette race est plus vigou-
reuse que la précédente, et ses feuilles plus nombreuses, dres-
sées, forment comme une sorte de pomme au centre.
Pois merveil (ridé à rames). Variété productive, rustique et
tardive.
Pomme de terre de Norv-ége. Excellente variété ronde jaune
. voisine des Pommes de terre Caillaud et Schaw ; la chair est
d'un très-bon goût. Un savant botaniste du Nord, M. le doc-
teur Nylander, nous a donné les meilleurs renseignements
sur cette variété cfu'il connaît de gustu. Nous l'avions engagé,
il y a quelques années, à en faire venir pour en essayer la
culture ; malheureusement, la provision que lui envoyait ,, sur
sa demande, un membre de sa famille, ne parvint pas à desti-
nation ; le capitaine du navire a oublié de lui en faire la re-
mise. Nous avons donc été heureux de la voir annoncer par
la maison Vilmorin. Nous la recommandons tout particuliè-
rement.
Chicorée de la Passion. Cette nouveauté que nous avons an-
— 141 —
noncée l'année dernière, n'a pas répondu à notre attente. Elle
a gelé complètement en plein air, aussi bien dans les terrains
légers que dans les terres fortes : il est vrai de dire que la Lai-
tue de la Passion a elle-même été détruite dans les mêmes ter-
rains. Sous châssis froid, la Chicorée de la Passion est magni-
fique.
L. Cordier.
RETARDEMENT DE LÀ VÉGÉTATION PR1NTANIÈRE DES
ARBRES PRÉCOCES.
Beaucoup de personnes se 'trouvent en ce moment sous
l'impression pénible de la déception qu'elles viennent d'é-
prouver quant à la floraison des Pêchers et des Abricotiers.
Cette occasion nous semble propice pour appeler l'attention
des amateurs de fruits à noyau sur un moyen préservatif qu'ils
pourront appliquer dans la suite. Il s'agit de retarder la végé-
tation printanière. Depuis longtemps nous en avons parlé
dans nos écrits et dans nos cours, sans trop avoir été écouté.
Les abris vitrés ou serres mobiles, qui acquièrent une vogue
de plus eu plus marquée chez les amateurs fortunés, garan-
tissent parfaitement les fleurs contre la gelée et les insectes;
avec ces abris, les arbres ne sont pas exposés aux maladies et
ils n'ont rien à craindre d'une végétation hâtive, attendu que
par ce moyen le sol et la terre sont également échauffés. Mais
ceux qui ne disposent pas de ces appareils assez coûteux,
n'ont rien de mieux à faire que de priver les arbres des pre-
miers et funestes rayons du soleil, de les couvrir, avant la
première végétation, nuit et jour, au moyen d'un abri (natte
ou tissu grossier), de telle sorte que la terre au pied de l'arbre
soit seul exposée au soleil.
_ 142 —
Vouloir arrêter la croissance d'un arbre quand le moment
de la végétation est venu, semble déprime abord chose con-
traire à la saine raison. Il n'en est rien. Les arbres n'ont pas
de date fixe pour entrer en végétation ; et il est certainement
moins rationnel de laisser un arbre épanouir ses fleurs et déve-
lopper ses feuilles quand des jours d'hiver le menacent en-
core. Lorsque l'hiver se prolonge jusqu'en mars, les Abrico-
tiers se gardent bien de fleurir en février; ils attendent les
longs beaux jours d'avril, qai sont suivis, non par les gi-
boulées de mars, mais par le beau temps de mai. La floraison
ne réussit-elle pas alors ? Tâchons donc de suivre artificielle-
ment cette voie de la nature.
. Fréd. BURVENIGK.
(Bull. Cercle prof, arbor. en Belgique.)
OBSERVATIONS CRITIQUES SUR L'ORIGINE DES
PLANTES DOMESTIQUES.
Nous avons parlé à plusieurs reprises de la prétendue transfor-
mation rapide des plantes sauvages non comestibles en plantes
alimentaires, sous l'influence de la culture ; sans vouloir prolon-
ger cette discussion qui intéresse à la fois la philosophie bota-
nique et l'économie domestique, nous croyons utile de faire
bien connaître cette théorie, et les bases sur lesquelles .elle
repose, pour démontrer ensuite son peu de consistance et le
peu de profit qu'en doit jamais drer l'horticulture.
D'après Darwin, toutes nos plantes domestiques, qu'on ne
rencontre nulle part à l'état spontané, sont le résultat de la
transformation de types sauvages qui ont été soumis, par
l'homme, à des traitements divers, ou qui ont été élevés sous
— 143 —
des climats et dans des conditions de vie différentes de celles
auxquelles les plantes mères sont exposées à l'état de nature.
En d'autres termes, ces plantes ont été modifiées sous l'in-
fluence de certains milieux, et c'est par sélection, c'esfc-à-
dire en choisissant les graines, pour la reproduction, sur les
individus qui s'éloignaient le plus du type sauvage et qui se
rapprochaient davantage du type qu'on voulait créer, que
l'homme est parvenu à fixer ses modifications, à se procurer
le Blé, les Choux, les Navets, les Prunes, les Cerises, etc., en
un mot tous les produits de nos potagers et de nos vergers.
Les partisans de cette transformation des êtres vivants, ani-
maux comme plantes, vont môme plus loin. Ils prétendent que
primitivement il n'y aurait eu qu'un seul type, un être excessi-
vement simple, un être composé d'une seule cellule, dont
quelques individus se seraient modifiés et perfectionnés au fur
et à mesure des changements atmosphériques qui se sont ma-
nifestés depuis la création de ce type primitif, et qu'ainsi tout
ce qui existe aujourd'hui d'espèces si diverses d'animaux et de
végétaux sortent toutes de la même souche.
Cette théorie a quelque chose de très-attrayant; l'esprit
peut suivre toutes ces transformations, tous ces perfectionne-
ments, depuis cet être unicellulaire jusqu'à l'homme, et il
assiste ainsi, sans trop de fatigue, à la création de la nature
actuelle. Mais si cet esprit est un peu sérieux, il ne tarde
pas à s'apercevoir que ce perfectionnement successif de l'être
primitif n'est qu'une décevante utopie.
En effet, si c'est sous l'influence des changements successifs,
lents et gradués des climats, que ce progrès s'est accompli,
il en est résulté, naturellement, que tous les individus de l'être
primitif se trouvant placés dans les mêmes conditions d'exis-
tence, à chaque changement climatérique., ont éprouvé le
même degré de perfectionnement et qu'ainsi ce type d'orga-
nisation inférieure a disparu complètement du globe ; le même
— 144 —
phénomène a dû nécessairement se reproduire à chaque nou-
veau degré de perfectionnement. D'après celte ingénieuse
théorie, il ne devrait donc jamais exister qu'une seule espèce
d'être à la fois, puisque tous les individus d'une même trans-
formation se trouvant toujours placés dans le même milieu,
subissent conséquemment les mêmes modifications. Or,
l'homme, — suprême et dernier degré de perfection, — n'est
pas seul sur la terre; quand, avec un microscope, il exa-
mine une goutte d'eau, il y rencontre encore de ces petits
êtres unicellulaires, premières ébauches de l'espèce humaine,
et du gigantesque Séquoia des forêts de la Californie.
Les partisans d'un seul type unique primitif, répondent,
à cette objection, en se retranchant derrière la génération
spontanée. C'est peut-être habile, mais ce n'est pas heureux.
Si, à la rigueur, on peut admettre cette génération pour quel-
ques monades , comment pourra-t-on jamais faire accepter
qu'une simple Morille naît, aujourd'hui, de rien ?
Si maintenant, nous passons à l'examen du perfectionne-
ment successif de plusieurs types primitifs, comme le pensent
quelques auteurs, nous sommes obligés de voir dans le fameux
mastodonte, ce géant quadrupède antédiluvien, une simple
ébauche de nos tapir et de nos porcs ; c'est assez difficile à con-
firmer. Dans le règne végétal, les Lycopodiacées arborescentes,
les gigantesques Calamités, des terrains houilliers, dont on
trouve des tiges fossiles de 50 à 60 centim . de circonférence,
ne seraient aussi que de simples ébauches de nos frêles Ly-
copodium et de nos Prestes qui pullulent dans nos marais. Si
nous voulions fouiller dans la flore antédiluvienne , nous
aurions à citer bien d'autres plantes dont le degré de per-
fection montre clairement que les espèces existantes, aujour-
d'hui, ne sont pas des individus perfectionnés de ces anciens
types, qui ont complètement disparu.
— 145 —
Quant à la métamorphose de certaines plantes sauvages en
plantes comestibles, métamorphose opérée dit-on, du jour au
lendemain, par les soins de l'homme, rien n'est moins prouvé ;
car le fait principal — la Carotte améliorée de M. Vilmorin —
sur lequel s'appuient tous les partisans du perfectionnement
des types sauvages par simple sélection, est tout à fait con-
trouvé. On sait, aujourd'hui, que les expériences de l'honorable
M. Vilmorin n'ont pas été faites avec tous les soins que réclame
une question de cette importance, et que le résultat attribué
à la sélection est dû bien positivement à l'hybridation ,
comme nous allons le faire connaître.
Mais, avant de nous engager plus avant dans la controverse,
établissons nettement les faits en litige, en reproduisant la
partie historique des expériences de M. Vilmorin, au sujet de
la création des variétés alimentaires perfectionnées.
« Souvent occupé de cette question, dit M. Vilmorin, j'ai
cherché à m' éclairer sur elle par des expériences; j'en ai suivi
sur diverses plantes dans la vue de les améliorer, sur la Laitue
vivace (Lactuca perennis), sur le Tetragonia, le Solarium stolo-
niferum, le Brassica orientalis. Plusieurs années d'épreuves
ne m'ont jusqu'ici fait obtenir, de ces espèces, aucune modi-
fication sensible. Mais la Carotte sauvage, que j'avais com-
prise dans les mêmes essais, s'est améliorée, au contraire, de
la manière la plus prononcée, dans l'espace de trois géné-
rations , j'en ai obtenu des racines aussi charnues et aussi
grosses que celles des Carottes de jardin; j'ai l'honneur d'en
adresser à la Société d'horticulture (1) quelques échantillons,
et j'y joins comme points de comparaison et pour juger de la
distance parcourue quelques racines sauvages, provenant des
champs mêmes où ont été prises les graines de mes premiers
semis.
(4) De Londres!
Mai 4 869. 4 0
— 146 —
» Voici l'historique de cette expérience :
» En mars 18321, je fis à Verrières, près Paris, dans une
terre douce et profonde, un premier semis de Carottes sau-
vages. Tout monta; je n'obtins aucune racine meilleure que
celle des champs.
)) En 1833, le 26 avril, j'essayai ici, aux Barres (Loiret),
où la terre est plus forte, un nouveau semis. 11 leva fort clair ;
les plantes devinrent très-fortes, mais toutes montèrent encore.
Les racines étaient plus grosses que celles des champs; mais,
je dirais, plus mauvaises par leur consistance et leurs fortes ra-
mifications. Deux autres semis faits à Verrières, les 15 mai et
22 juin suivants, montèrent aussi en très-grande partie, mais
non totalement. Ils avaient levé clair, comme le précédent,
mais surtout très-inégalement et successivement; il germa des
graines pendant tout l'été. Parmi ces plantes tardives, plusieurs
ne montèrent pas, et cinq ou six donnèrent des racines passa-
blement charnues, d'environ un demi-pouce de diamètre et
ressemblant à de fort médiocres Carottes de jardin.
» Ces racines, replantées le printemps suivant, produi-
sirent des graines qui furent ressemées en 1855. Une partie
considérable de ces semis monta encore; mais la proportion
en fut beaucoup moindre que précédemment. La plante avait
déjà subi un changement notable ; lors de l'arrachage, ce lot
présenta un cinquième environ d'assez bonnes Carottes, petites
et moyennes, peu chevelues, quelques-unes même tout à fait
nettes et bonnes. Cette seconde génération offrit un bon choix
de porte-graines qui furent replantés et grainèrent en 183 6.
» En 1837, j'obtins de ces graines une troisième génération
de racines très-sensiblement améliorées ; un bon nombre
étaient fort grosses et charnues, quelques-unes dépassèrent le
poids d'un kilogramme. Les plus volumineuses étaient, en gé -
néral, grossières et défectueuses de formes ; mais il s'en trouva
d'autres parfaitement bonnes à tous égards et qui égalaient
— 147 —
les meilleures Carottes de jardin. Le rebut, dans ces semis,
fut d'environ un tiers de racines fourchues, ramifiées, etc. ;
mais la plupart de celles-là étaient charnues et mangeables.
Peu de plantes avaient monté, un dixième au plus. En 1838,
je fis avec la même graine un semis assez considérable dan s
les champs, qui m'a donné également de très-bons prod uits
en majorité.
» En 1839, j'ai élevé la quatrième génération . Les racines
ont été, en général, moins grosses que celles de 1837, parce
qu'elles ont eu beaucoup à souffrir de la sécheresse; mais la
qualité de l'ensemble a été meilleure, la proportion des mau-
vaises beaucoup moindre, celle des plantes montées presque
nulle.
).» La couleur blanche et la jaune, ordinairement peu foncée,
se sont montrées simultanément dès la pet.ite récolte de 1833 ,
et constamment, depuis, dans toutes les autres la première
est toujours dans une proportion plus forte... deux racines
d'un violet terne se sont trouvées dans le semis de 183a...
La couleur rouge s'est montrée pour la première fois, à la troi-
sième génération en 1837, etc. »
Tel est l'historique des expériences de M. Vilmorin, que
nous avons trouvé dans une brochure publiée en 1859, sous
le titre : Notices sur l'amélioration des piaules par le semis et
considérations sur l'hérédité dans les végétaux, par M. Louis
Vilmorin. « Pour donner plus d'intérêt à ce recueil, dit l'au-
teur dans une courte préface, j'ai obtenu de mon père l'au-
torisation de le faire précéder de son mémoire sur Y Améliora-
tion de la Carotte sauvage, inséré dans les Transactions de la
Société horticultur aie de Londres, en 1840, mais qui n'avait
point encore ete imprime ex lav;ie française. »
A la lecture de ces notices, deux faits frappent tout particu-
lièrement : c'est d'abord la révélation du recueil dans lequel
M. Vilmorin a publié son mémoire sur l'amélioration de la
— 148 —
Carotte: les Transactions de la Société d'horticulture de Londres.
On se demande pourquoi M. Vilmorin, membre de la Société
centrale d'agriculture de France, membre de la Société d'hor-
ticulture de Paris, et président du Comité des plantes potagères
lors de la fondation de cette Société en 1827, etc., a présenté,
à. une société d'horticulture d'Angleterre, les produits amélio-
rés de la Carotte sauvage, et son mémoire relatant les résultats
extraordinaires de ses expériences, quand la France avait à
Paris même, deux sociétés et des journaux agricoles, qui
n'eussent pas refusé d'apprécier la distance parcourue depuis
le type sauvage et de donner à la découverte toute la pu-
blicité désirable. Ce n'est que 20 ans plus tard, en 1859,
qu'il se décide à faire imprimer ce mémoire en langue fran-
çaise pour initier ses compatriotes aux détails de cette créa-
tion. C'est tout au moins assez étrange.
L'autre fait est cet aveu de M. Vilmorin : « En 1833, le
23 avril, j'essayai aux Barres (Loiret), où la terre est plus
forte, un nouveau semis. Il leva fort clair, les plantes devin-
rent très-fortes, mais toutes montèrent encore. Les racines
étaient plus grosses que celles des champs ; mais, je dirais, plus
mauvaises par leur consistance et leurs fortes ramifications. »
Ainsi, aux Barres, insuccès complet; la Carotte sauvage
reste toujours sauvage ; les plants de M. Vilmorin sont même
plus mauvais. Aussi M. Vilmorin renonce-t-il à ses expériences
dans sa propriété des Barres ; il les reprend à Verrières, où le
but auquel il vise est atteint en quatre générations ; mais
elles ne lui donnent que ce que nous avions depuis des siècles ,
à savoir, des Carottes blanches, jaunes, rouges, violettes, et
rien de plus !
M. Vilmorin n'a pas cherché à se rendre compte des causes
qui ont déterminé l'insuccès d'un côté et le succès de l'autre ;
la simple observation des deux milieux d'opérations l'eût ce-
pendant immédiatement éclairé.
— 140 —
En effet, la propriété des Barres était exclusivement con-
sacrée à la culture des arbres forestiers. L'expérimentateur se
trouvait placé là dans les meilleures conditions ; il n'avait pas
à craindre l'influence de pollen des Carottes cultivées. Aussi, il
constate que la Carotte sauvage n'a pas subi la moindre mo-
dification.
A Verrières, les jardins sont consacrés à la culture des
plantes utiles : industrielles, médicinales, fourragères et pota-
gères. C'est là que, sur quelques plantes tardives, cinq ou six
donnèrent des racines passablement charnues !
Ce perfectionnement est tout naturel. Les plants d'expé-
riences se trouvaient à Verrières non loin de carrés de Carotte
de jardin ; le vent et les insectes sont venus en aide à l'ex-
périmentateur, en transportant le pollen de la Carotte cultivée
sur les fleurs de la Carotte sauvage en expérimentation. M. Vil-
morin, qui ne s'est jamais douté, pendant le cours de ces expé-
riences, de ce concours spontané de la nature, a attribué par
conséquent le perfectionnement qu'il avait obtenu de la Ca-
rotte, aux soins de culture et au choix de ses semences, en
un mot à une habile sélection. Il était dans l'erreur, comme
le lui a démontré plus tard, par des faits irréfutables,
Aï. Decaisne, professeur de culture au Muséum.
Les erreurs de ce genre sont du reste très-nombreuses dans
l'histoire de la philosophie botanique. A Tépoque de la pu-
blication — en France — de la note de M. Vilmorin sur la
Carotte améliorée, M. Buckmann soutenait aussi que certaines
espèces de graminées passaient de l'une à l'autre sous l'in-
fluence de la culture.
C'est à cette occasion que le docteur Lindley s'adressa à
M. Decaisne pour avoir des renseignements sur ces deux cas
de modifications et que le savant professeur du Muséum fit
connaître son opinion sur la question de la Carotte améliorée,
dans sa réponse insérée au Gardener's Chronicle (17 août
— 150 —
1861, page 754), précédée d'une note du docteur Lindley.
Voici la traduction de cet article :
« Au commencement de 1860, le Gardeners Chronicle, ap-
pela l'attention sur les résultats extraordinaires obtenus parle
professeur Buckmann dans la culture des graminées. Ce savant
croyait, comme il a cherché à le démontrer, que le Poa aqua-
tica et le Glyceria fluitans, espèces bien tranchées, perdent, par
la culture, leurs caractères distinctifs et ne tardent pas à se
confondre. Il ajoutait qu'il en était de même des Festuca lo-
liacea et pratensis, et qu'enfin le Panais sauvage s'est amé-
lioré dans ses mains, comme la Carotte sauvage dans celle
de M. Vilmorin.
» M. Decaisne, professeur de culture au Muséum d'histoire
naturelle de Paris, expérimentateur des plus sévères, ayant
porté ses recherches dans la même direction, et désirant voir
les résultats, à l'état vivant, obtenus par le professeur Buck-
mann à la suite de ses recherches, celui-ci consentit à adresser
à Paris des échantillons intéressant la question (1).
» Voici l'opinion que nous a transmise M. Decaisne à ce
sujet :
« .le vous suis très-obligé de l'envoi des échantillons de
• Glyceria (Poa) aquatica que vous avez eu la bonté de m'adresser
de la part de M. Bockmann. Grâce à ces données authentiques,
on peut commencer à reconnaître la valeur des expériences
mentionnées l'année dernière dans le Gardenefs Chronicle. De
mon côté, à la fin de Tannée dernière également, j'ai recueilli
moi-même des graines des Glyceria /lu/tans et spectabilis
(Poa aquatica) que j'ai semées. En ce moment le G. fluitans
semé dans une terre sèche, est en pleine floraison, sans avoir
(1) Nous devons faire connaître que des occupations nous empêchèrent de
nous cccuper de cette question à l'époque où nous eûmes les échantillons
enlre nos mains. (Note du Dr Lindley.)
— 151 —
perdu aucun de ses caractères, même les moindres. Chaque
plante forme une touffe serrée de laquelle sortent des quantités
de branches fleuries qui s'étendent sur le sol, absolument de
la même façon qu'elles le font dans l'eau. Nous n'avons donc
là de transformation d'aucunes sortes.
» Quant au G. spectabilis, il n'est pas encore en fleurs, mais
s es rhizomes rampants , ses rejets d'un vert jaunâtre
p o ussant dru ses larges feuilles avec des gaines hérissées, ne
laissent aucun doute de sa parfaite identité avec le type spé-
cifique. Mes expériences me prouvent par conséquent que le
Glyccria fluilans et le G. spectabilis restent deux espèces par-
faitement distinctes.
» 11 résulte de mes recherches, au sujet des curieux faits rap-
portés par M. Buckmann, qu'il y a là une erreur évidente. Les
deux spécimens qu'il a bien voulu m'envoyer n'appartiennent
ni l'un ni l'autre au genre Glyceria, mais rentrent tous deux
dans l'espèce désignée sous le nom de Poa sudelica. Ces faits
détruisent entièrement l'échafaudage sur lequel était basée
cette théorie de transformation des espèces.
» Si M. Buckmann s'est trompé à propos du Poa, il n'est
pas le seul dans ce cas, et d'autres ont proclamé des faits ana-
logues au sujet des Carottes. Ainsi, il y a quatre ans, je me suis
placé dans des conditions analogues, lorsque M. Vilmorin dé-
crivit ses expériences, et il ne s'est produit aucune modifica-
tion. La Carotte sauvage reste la même malgré tout. Je ne
peux pas croire que lorsque M. Vilmorin les voit devenir rouges,
jaunes ou pourpres, je ne peux pas croire, dis-je, que des
variations si diverses peuvent s'être produites par le seul
fait de la sélection. Il faut que les insectes aient charrié le
pollen de nos Carottes cultivées sur les fleurs des Carottes
sauvages, et c'est ainsi qu'ont été obtenues les variations
de couleur qui nous ont été signalées.
» Puis-je ajouter que je n'ai aucune confiance dans la dé-
couverte d'un Brocoli sur les rochers de Cornwall. Je suis par-
— 152 —
faitement convaincu de son identité avec l'espèce de Chou qui
croît spontanément sur nos côtes de France, et que je consi-
dère comme très-différent {le nos races cultivées. Du reste
nous le saurons par la suite, car j'ai commencé depuis plu-
sieurs années une série d'expériences sur ce sujet. »
C'est après la publication de cette lettre, que M. Decaisne
constata l'erreur de M. Vilmorin, par des preuves irréfutables.
En effet, au moment de la floraison des Carottes sauvages de
la quatrième génération, et comme tous les plants avaient
parfaitement conservé leurs caractères typiques, M. Decaisne
eut l'idée d'envoyer chercher dans le jardin d'essai de M. Vil-
morin, rue de Reuilly, des tiges de Carottes portant fleurs —
de nos Carottes cultivées — et qu'il les suspendit au-dessus des
ombelles fleuries de ses Carottes sauvages. L'année suivante,
M. Decaisne obtint avec les graines provenant des sujets ainsi
fécondés, des plantes qui offraient un changement sensible
non-seulement dans le pivot mais encore dans la couleur de la
racine. A partir de cette fécondation artificielle il vit se pro-
duire toutes les modifications signalées par M. Vilmorin ; c'est
donc bien ici le fait de l'hybridation et non la sélection.
Or, en se reportant à l'insuccès des Barres, et au milieu dans
lequel les Carottes sauvages ont été placées à Verrières, on
voit très-clairement que c'est aussi le croisement qui a procuré
à M. Vilmorin des variétés de Carottes en tout identiques à
celles que nous possédions déjà.
Ainsi se trouve détruit le plus solide point d'appui de la
théorie du perfectionnement rapide des plantes de notre éco-
nomie domestique.
F. Herincq.
(A continuer.)
DE L'ENGRAIS GEORGES VILLE.
Toute la science du cultivateur ne peut rien en l'absence
des matières qui fertilisent le sol, c'est-à-dire des substances
— 153 —
qui servent à l'alimentation des végétaux. Le premier soin de
celui qui cultive est donc de fournir à la terre les principes
que les plantes y puisent constamment, s'il veut que son ter-
rain conserve sa fertilité ; de là l'enfouissement du fumier,
qui contient, en effet, tous les éléments de nutrition des
plantes, et qui, par sa décomposition, rend au sol ce que les
végétaux lui ont enlevé pendant leur développement.
Mais tout le monde n'a pas de bestiaux pour produire du fu-
mier, et ceux-là mêmes qui en possèdent n'en ont pas assez
pour fournir aux exigences de leur culture. De là aussi la dif-
ficulté de se procurer cet engrais, — engrais par excellence, —
pour les besoins du jardinage.
Pour obvier à cette insuffisance du fumier, on s'est mis à
fabriquer des engrais artificiels, basés sur la substance la plus
importante de l'élément nutritif : Y azote ! et chaque jour voit
apparaître de nouvelles panacées agricoles qui le plus souvent
ne contiennent pas un atome de cet agent actif de la végéta-
tion. C'est-à-dire que la spéculation s'est portée sur la fabri-
cation des engrais, et que, par la falsification, les meilleurs
sont devenus complètement inertes.
Le gouvernement français s'est ému de cet état de choses ;
il a ordonné une enquête, et la commission n'a pu que con-
stater l'inertie de la plupart des engrais artificiels. Aujour-
d'hui que la question agricole est la question palpitante du
moment, les ministres de l'agriculture et de l'instruction pu-
blique appellent l'attention des directeurs d'établissements
agricoles sur l'engrais chimique de M. Georges Ville, et ils
viennent de prescrire la création de champs d'expériences dans
ces établissements pour en faire l'essai.
« La doctrine des engrais chimiques, dit M. le ministre de
l'agriculture dans sa circulaire, occupe une certaine place dans
les préoccupations du monde agricole. Sans vouloir préconiser
tel système de culture de préférence à tel autre, l'État ne peut
— 154 —
ce pendant rester indifférent en face des tentatives qui pour-
raient amener d'heureux résultats pour le bien public et la
prospérité du pays. Sans préjuger en rien la place que l'avenir
réserve à la doctrine des engrais chimiques, il me parait dé-
sirable que les données fondamentales sur lesquelles elle repose
soient soumises au contrôle de la pratique
» Il serait donc utile que les fermes-écoles, sans se jeter dans
des expérimentations étendues, ne restassent pas cependant
étrangères à un mouvemeut qui préoccupe l'opinion, et dont
les conséquences sont appelées à devenir considérables, si les
essais auxquels on se livre de toutes parts devaient consacrer
les notions nouvelles auxquelles ils se rattachent »
De son côté, M. le ministre de l'instruction publique a
adressé aux préfets une circulaire pour leur recommander de
faire faire des essais sur l'engrais chimique,, dans les jardins
des instituteurs communaux. « Déjà, dit-il, dans toutes les
écoles normales et dans un grand nombre d'écoles primaires,
les élèves sont initiés aux connaissances générales de l'agri-
cultures Il importe qu'ils ne demeurent pas étrangers à au-
cun progrès et que les maîtres soient associés aux expériences
sérieuses qui sont faites pour donner à l'agriculture les agents
de fertilité les plus efficaces Des expériences considérables
sont poursuivies depuis longtemps à la ferme impériale de
Vincennes, et la doctrine des engrais chimiques, qui préoc-
cupe le monde agricole, y est née sous l'initiative de l'Empe-
reur .
« Les instituteurs primaires de l'arrondissement de Thion-
ville, donnant à cet égard un excellent exemple, ont fait sur
les engrais chimiques, continue M. le ministre, une quaran-
taine d'expériences qui ont fixé l'attention du comice agricole
de cet arrondissement. Un document récent, publié par les
soins de ce comice, constate que 1,200 kilogrammes d'engrais
chimiques, du prix de 360 francs, ont produit en moyenne,
— 155 —
54,222 kilog. de betteraves à l'hectare, alors que 72,000 kilog.
de fumier ordinaire, estimé aussi 360 francs, n'en ont produit
que 48,888. »
D'un autre côté le Journal d'agriculture pratique, enregistre
dans son numéro du 8 avril, les résultats de 160 expériences
faites par des cultivateurs de différents départements,, et si l'on
confond dans une moyenne unique les résultats obtenus, on
trouve que 1,323 kilog. d'engrais chimique ont produit52,029
kilog. de betteraves à l'hectare, alors que 53,145 kil. de fu-
mier de ferme n'ont produit que 42,634 kil., soit un excédant
de 10.511 kilog. en faveur de l'engrais chimique.
Ce résultat n'a rien qui doive étonner, lorsqu'on connaît
la composition de l'engrais chimique. Étant admis que l'efli-
cacité du fumier est due à certains principes qu'il contient, et
plus particulièrement à ce qu'on appelle phosphate de chaux,
potasse, chaux et matière azotée, M. Georges Ville a emprunté
à la chimie ces quatre éléments qu'il a mélangé en certaine
proportion, afin de rendre au sol la même quantité des prin-
cipes fertilisants que les plantes lui enlèvent. C'est ainsi que
son engrais se trouve composé de phosphate de chaux, de ni-
trate de potasse, de sulfate de chaux, et enfin de nitrate de
soucie qui fournit la matière azotée.
Cet engrais a un avantage sur tous les autres engrais arti-
ficiels , c'est que le cultivateur peut le composer lui-même, et
en modifier la composition suivant la plante qu'il veut cultiver
ou le sol qui doit être ensemencé ; car toutes les plantes n'ab-
sorbent pas bs môme principes; tous les terrains ne con-
tiennent pas les mêmes sels. Chaque espèce a une aptitude
particulière pour telle substance, et une terre peut en man-
quer alors qu'elle contiendra les trois autres. Le système de
M. Georges Ville permet de ne donner au sol que la matière
qui lui manque; on économise ainsi le prix d( s trois autres
substances qui entrent dans la composition de l'engrais complet.
— 156 —
Lorsqu'on veut cultiver, par exemple, des pommes de
terre, des haricots ou des pois qui empruntent particulière-
ment au sol sa potasse, il faut s'assurer si le terrain qui doit
les recevoir contient suffisamment de cette substance, et si
elle manque ou si elle n'est qu'en faible quantité, on borne
l'engrais chimique au nitrate de potasse. Pour les navets, les
Rutabagas ou navets de Suède, on sait qu'ils absorbent tout
particulièrement le phosphate ; il faut, dans ce cas, donner au
terrain du phosphate de chaux. Les betteraves, les choux
épuisent les terres en leur enlevant tout spécialement l'azote ;
on n'emploie alors que la substance qui doit lui fournir cette
substance, soit donc du nitrate de soude ou du sulfate d'am-
moniaque.
Mais comment savoir, dira-t-on, quand un terrain contient
ou ne contient pas ces matières fertilisantes ? C'est une chose
très-simple, Voici l'instruction qui accompagne la circulaire
de M. le ministre de l'instruction publique, pour l'établisse-
ment de champs d'expériences en parcelles de un are :
« Lorsqu'un champ d'expériences, est-il dit, a pour desti-
nation de traduire les lois fondamentales de la production vé-
gétale, il doit se composer d'au moins dix parcelles, auxquelles
il convient de donner les engrais suivants :
Parcelle n° 1 . Fumier, 60,000 kilog. à l'hectare.
— 2. Fumier, 30,000 kilog. à l'hectare.
— 3. Engrais complet intensif .
— 4. Engrais complet.
— 5. Engrais sans matière azotée.
— 6. Engrais sans phosphate de chaux.
— 7. Engrais sans potasse.
— 8. Engrais sans chaux.
— 9. Engrais sans minéraux.
— 10. Terre sans aucun engrais .
— 157 —
En semant ensuite sur toutes ces parcelles, de la betterave
ou du colza et des pois ou des haricots, on est renseigné par le
degré de végétation, et le rendement de chacune d'elles, de
l'état de la couche superficielle, par les pois ou les haricots, et
des couches profondes par la betterave et le Colza; c'est-à-
dire qu'on connaîtra exactement quels sont les éléments utiles
de la végétation qui se trouvent dans le sol. Dès lors on saura
s'il faut employer l'engrais complet, ou temporairement l'en-
grais incomplet, en ne donnant au sol que la substance essen-
tielle à la plante et que M. Georges Ville appelle dominante.
G'est-là, nous le répétons, un grand avantage, puisqu'on peut,
avec ce système, obtenir de très-beaux produits en réduisant
la dépense.
Nous croyons que cet engrais peut rendre de grands ser-
vices à l'horticulture, soit comme engrais pour la fumure des
jardins, soit comme agent excitant, ajouté aux composts, dans
la culture des plantes de serres. Mais ces matières ont une ac-
tion très-puissante ; il faut les employer à très-faible dose.
Pour composer l'engrais complet à titre d'essai sur les lé-
gumes et plantes d'ornement, voici les proportions déduites
des formules de M. Georges Ville :
Phosphate acide de chaux 4 kilogr.
Nitrate de potasse 2
Nitrate de soude 3
Sulfate de chaux 3
Brasser parfaitement le tout ; saupoudrer le sol à raison de
120 grammes par mètre carré, et herser à la fourche pour le
mélanger à la terre.
Du reste nous engageons les personnes qui voudraient es-
sayer cet engrais à se munir d'un petit traité que M. Georges
Ville a publié sous le titre : L'École des engrais chimiques.
C'est un petit volume qui a été imprimé, par autorisation de
S. Exe. le garde des sceaux, à l'imprimerie impériale , et qu'on
— 158 —
peut se procurer a peu près dans toutes les librairies agricoles.
Il est tout a fait pratique, et les prescriptions qu'il contient
résultent des expériences faites depuis huit ans au champ d'ex-
périences créé sur les terrains de la ferme impériale de Vin-
cennes.
F. Herincq.
PETITES NOUVELLES.
Moyen d'obtenir des Rosiers francs de pied. — Pour obtenir de
ces Rosiers voici comment opère M. Delaville, jardinier-pro-
fesseur de la Société d'horticulture de Beauvais. Aussitôt
après la floraison on coupe des boutures avec talons, s'il est
possible, longues de 10 centimètres, et on les pique à côté les
unes des autres à une profondeur de 2 centimètres sur un petit
ados préparé le long d'un mur à Feston au nord. Pour con-
stituer cet ados on ouvre une tranchée de 30 centimètres de
large sur lo de profondeur et on la remplit de sable fin en
dépassant même de 10 centimètres près du mur, pour don-
ner à cet ados une petite pente en avant. Au mois de mars
suivant, les boutures étant munies d'un bourrelet à leur base,
sont repiquées en planches à 30 ou 40 centimètres de dis-
tances les unes des autres, et on en obtient des sujets vigou-
«
reux.
Pour les variétés à bois dur, qui ne se prêtent pas à ce mode
de multiplication, on les greffe d'abord, sur des sujets rognés
un peu au dessous du sol, et l'année suivante, on les étrangle
au moyen d'un fil de laiton, à 5 centimètres au dessus de la
°refîe, puis on les butte jusqu'à 20 centimètres de hauteur.
Il se forme alors au dessus de l'étranglement un bourrelet
d'où ne tardent pas à sortir les racines. On n'a ensuite qu'à
sevrer et à mettre en place.
Moyen tf équilibrer les arbres.— M. Simon deCrécy, dans son
— 159 —
livre qui a pour titre : Formation des arbres fruitiers par
Varqàre, recommande l'ablation partielle des feuilles sur les
bourgeons trop vigoureux pour équilibrer la charpente des
arbres fruitiers. Ce procédé, qui d'après M. Simon, est des
plus simples et infaillible, consiste à couper avec l'ongle les
2, 3, 4 et 5e feuilles supérieures aux deux tiers de leur lon-
gueur, à plusieurs reprises et à quelques jours d'intervalle,
selon la vigueur des pousses, sur les bourgeons qui présen-
tent trop de développement relativement aux bourgeons
voisins ou symétriques. On ne touche pas aux feuilles infé-
rieurs. Il en résulte que la sève se ralentit dans les bourgeons
ainsi opérés, et qu'elle se porte en grande abondance vers
les bourgeons trop faibles, et les rend vigoureux. Cette opé-
ration est des plus rationnelle : en supprimant une partie des
feuilles on réduit la surface d'évaporation, par conséquent la
force aspirante ; le bourgeon ne reçoit plus alors autant de
nourriture séveuse, et naturellement il prend moins de déve-
loppement. Pour les hommes qui ne reconnaissent aux feuilles
que le simple rôle d'organe aspiratoire, l'opération de M. Simon
se comprend facilement .
EXPOSITIONS DU MOIS DE JUIN.
Voici les villes qui étaleront au grand jour , les produits de
flore dans le courant du mois de juin :
Beauvais, du 1er juin au 15 juillet.
• Meaux, du 4 au 6 juin.
Etampes, du 4 au 7 juin.
Strasbourg, les 6 et 7 juin.
Sceaux, du (3 au 10 juin.
Soissons, du H au 14 juin.
Nancy, du 19 au 25 juin.
— 160 —
Travaux du mois de Juin.
Potager. Le jardinier doit toujours penser à l'avenir; si les légumes abondent
ce mois-ci, il n'en est pas de même dans les mois d'automne; il doit continuer
ses semis de choux-fleurs, brocolis, choux-navets, navets, radis roses et noirs,
choux à grosses côtes, de Milan, de Bruxelles, chicorée, scarole, laitues, hari-
cots, pois de Clamart, etc.
Jardin fruitier. Le pincement, l'ébourgeonnage et le palissage sont les prin-
cipaux travaux du mois. Les branches nouvelles qui s'emportent trop devront
être pincées; mais il faut bien se garder de les couper trop court; tous les bour-
geons de la base se développeraient, et à la taille prochaine on se trouverait
très-embarrassé par la présence d'une foule de faux bourgeons. On doit se con-
tenter de pincer seulement l'extrémité, ainsi que le recommande M. Lepère, et
si plusieurs bourgeons se développant au sommet faisaient confusion, on les
taille en vert au-dessus du bourgeon inférieur qu'on pourra lui-même pincer si
son élongation est trop rapide. Pour l'ébourgeonnement du pêcher, on peut en-
lever sans inconvénient tous les bourgeons qui se trouvent sur les branches frui-
tières, au-dessous des fruits, et qui pourraient gêner dans le palissage; le bour-
geon terminal qu'on peut rogner indistinctement, suffit pour appeler la sève
nécessaire à la maturation des pêches.
Jardin d'agrément. Les soins de propreté, placement des tuteurs, palissages
des plantes grimpantes, sont à peu près ce que réclament les jardins d'agrément.
On plante les Dahlias, et met en place les plantes repiquées en pépinières, et
pendant la belle saison, telles que Pétunia, Chrisanthéme frutescent, Pelar-
gonium, Eabrotamnns .
Les semis de plantes annuelles du mois dernier peuvent se continuer dans les
premiers jours du mois ; mais il est trop tard pour les Reines-Marguerite et les
grosses Giroflées jaunes. C'est le bon moment de semer les espèces vivaces et
bisannuelles, telles que Primevères, Ancolies, Phlox, Pieds d'Aloucltes vivaces,
Croix de Jérusalem, Roses Tremières, Œillet de Poètes, Campanules, Digitales,
Coquelourdeg, etc.
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hoitiadteur, à Gand. — MM. les Amateurs et Horticulteurs de la Belgique peuvent s'y adresser.
SOMMAIRE I)£S ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Herinco, Chronique : Exposition de Paris. — Turel, Orange Chamouti (PI. VI).
— F. Herincq, Observations critiques sur l'origine des plantes domestiques notamment
du Radis amélioré et des variétés ornementales. — Desprfz, Rusticité dis Dracœna
australis et indivisa. — F. Herincq, La Taupe et le ver blanc. — Ern. Bonard,.
EpouTantail pour garantir les semis des Pierrots.
CHRONIQUE
Cruelle erreur : pour éclairer je mets la lumière sous le boisseau; M. Du-
chartre doute de Ja véracité de mes assertions : comme quoi son doute est
mal fondée ; encore le Radis sauvage amélioré; Compte rendu de l'Ex-
position de Paris.
Il est bien vrai que l'homme ne se connaît pas lui -môme,
qu'il se méprend toujours au sujet de ses vices et de ses
vertus. Ainsi, par exemple, jusqu'à présent, je m'étais figuré
que le moindre de mes défauts était de toujours soulever le bois-
seau sous lequel les amis de l'obscurité cherchent à mettre la
lumière, et que c'était à lui qu'il fallait attribuer toutes les ini-
mitiés, voire même les haines, dont se trouve émaillée mon
insouciante existence. Cruelle erreur ! Il résulte d'un avis
préliminaire inséré en tète d'une jolie histoire sur une plante
sauvage améliorée, qui doit faire le bonheur des familles, que
je suis le plus acharné de tous les éteignoirs ; que je suis un
homme plein de préjugés, repoussant tout ce qui n'est pas à
ma convenance systématique, et que, pour moi, la science n'est
que dans l'exposé des idées et les systèmes de MM. tel ou tel !...
Rapportez-vous-en donc à vous-même pour connaître vos dé-
fauts! Dans quelle erreur, mon Dieu, étais-je tombé ! Merci,
ô vous, qui m'ouvrez les yeux !
Je comprends maintenant ce qu'un tel système a d'illogique.
En effet., on ne peut produire la lumière que par le choc des
idées, comme on ne peut faire sortir l'étincelle d'un caillou
Juin i sco. h
— 162 —
de silex qu'en l' entre-choquant avec un autre caillou ; par
conséquent, en se contentant de l'idée qu'on possède, c'est exac-
tement comme si on voulait allumer de l'amadou avec un seul
caillou ; on attendrait longtemps l'étincelle sans le choc d'un
second ou du briquet. J'ai donc eu tort de dire, dans une
de mes précédentes chroniques, que la Société d'horticulture
de Paris s'était a témérairement avancée », en reproduisant,
dans son journal, un article qui avait été imprimé déjà dans
un recueil périodique ; car, en effet, comme le fait remar-
quer M. le secrétaire rédacteur de cette Société d'horticulture
— qui n'est pas, il est vrai, du même avis que M. le Profes-
seur de la faculté des sciences de Bouzy-le-Têtu — la science
horticole a bien plus à gagner qu'à perdre en accueillant et
en propageant à priori les faits les plus étranges, quand
même ils seraient faux. Il est si facile de déraciner les erreurs,
surtout lorsqu'elles ont été propagées par les recueils quasi-
officiels, que je ne comprends pas comment j'ai pu voir de
la témérité dans cette reproduction de l'assertion d'un
auteur qui en a déjà avancé plusieurs aussi étranges, et que
des expériences postérieures, de savants distingués et dignes
de foi , ont démontré être complètement erronées ; comme
celle entre autres, du marron d'Inde blanc dont les graines pro-
duisent, dit-il, des individus du marronnier rouge, espèce très-
distincte. Mais, comme dit cet auteur : Qu'est-ce que cela
prouve ? (( Uniquement que ces savants n'ont pas obtenu les
mêmes résultats que lui; qu'en toute chose il n'y a rien
d'absolu, si ce n'est que lui ne se trompe jamais ! » Heureux
homme ! je ne puis en dire autant....
Maintenant, un mot bien senti, en réponse au Journal de la
Société impériale et centrale d 'horticulture de France, qui doute
de ma probité scientifique. M. Duchartre, son secrétaire ré-
dacteur, après avoir encore témérairement avancé ce principe :
« qu'un journal reste toujours indépendant des idées et des
— 163 —
principes professés par les auteurs auxquels il a ouvert ses co-
lonnes j>, déclare ne pouvoir accepter cette assertion : — que
M. Vilmorin a reconnu son erreur, lorsque M. Decaisnelui dé-
montra par des expériences entreprises au Muséum, — « parce
que, dit-il, cette phrase n'émanant pas de M. Decaisne, je doute
fort qu'elle reproduise la pensée de mon savant confrère et ami.
Mon doute à cet égard, continut-il, est basé sur ce qu'il est
peu vraisemblable qu'un observateur sérieux reconnaisse, à
la première occasion, qu'il s'était trompé et que les faits pu-
bliés par lui étaient de simples illusions. 3>
Il est possible qu'il existe des observateurs sérieux, qui
ayant une telle confiance en eux, se refusent obstinément à ac-
cepter la lumière et à reconnaître leurs erreurs. Mais, M. Vil-
morin n'appartenait pas à celte classe d'observateurs qui n'a
jamais fait faire le moindre pas à la science, bien au contraire;
M. Vilmorin aimait avant tout la vérité, et il s'inclinait devant
elle, quand on le relevait d'une erreur ou d'une méprise.
Quant au doute si honnêtement formulé et qui agite si forte-
ment la conscience de M. le secrétaire rédacteur, ce n'est point
à moi de fournir la preuve que ma phrase reproduit bien la
pensée émise, plusieurs fois dans son cours, par M. le profes-
seur de culture du Muséum. Dans une question de cette im-
portance, si j'avais dénaturé la pensée de l'honorable profes-
seur, il n'eût pas manqué, dans l'intérêt même de la science,
de protester et d'en demander la rectification. Or, M. De-
caisne, qui lit l 'Horticulteur français et le Journal de la So-
ciété de Paris n'a pas protesté ; donc mon assertion est exacte.
Ceci dit, voguons vers les régions calmes et fleuries du Palais
de l'industrie, où, du 18 au 22 mai dernier, s'est tenue l'ex-
position d'horticulture de Paris.
Splendide elle a été cette fois. Les horticulteurs parisiens
se sont réhabilités auprès des amateurs qui, depuis quelques
années, en étaient arrivés à regretter leurs vingt sous d'entrée.
— 164 —
L'exposition dernière les a amplement dédommagés. Ce ré-
sultat inespéré est dû, très-certainement, à deux choses : à la
courte durée de l'exposition, et à la suppression des concours
spéciaux. Chacun a pu ainsi apporter ce qu'il avait de plus
beau, de plus remarquable et l'exposition a été des mieux
réussies ; qu'on s'en souvienne !
M. Lierval s'est placé là à la tète des horticulteurs de la
capitale. Son lot, très-considérable, contenait un grand nombre
de beaux sujets de plantes de serres à feuillage, qui ne sont
pas encore très-répandues dans les collections : Pandanus re-
flexa, Aralia dactylifolia, Disteganthus brasilateralis (?) Theo-
phrasta ornithocephala , Phœnicophorium Sechellarum, Areca
Baueri, Sabal Blackbourneana, et son Alocasia Liervallii, espèce
introduite par l'infortuné Porte, enlevé trop tôt à l'horticulture
qu'il avait déjà enrichie d'une infinité de plantes nouvelles.
Dans son groupe de nouveautés se trouvaient le Dalecham-
pia Roezleana à belles bractées rouges, Passiflora trifasciata,
Bégonia boliviensis , Lasiandra macrantha, et tant d'autres
qui n'ont pas seulement le mérite de nouveautés, mais qui sont
encore et surtout très-recommandables au point de vue de la
beauté. Toutefois ces beautés s'effacent devant son Coleus
Saisonii. Leurs Majestés, l'Empereur et l'Impératrice, l'ont
admiré longtemps, et Elles ont déclaré que c'était la plante la
plus remarquable et la plus admirable de l'exposition ; c'est
en effet tout simplement une merveille. Le tout Paris des
connaisseurs est venu le voir ; son feuillage si riche de coloris
établit entre lui et les plus beaux Coleus anglais, de ridicule
mémoire, une distance qui peut se chiffrer comme 200 est à 1 .
Moi l'adversaire, l'ennemi juré des panachures, non-seulement
je m'incline, je me prosterne devant lui.
Un Anglais, M. Laing, avait aussi exposé un petit lot de
nouveautés, 4 Coleus et 4 Pelargonium zonale. Ces Coleus
Princess royal, Albert Victor et Baronne Rothschild, sont re-
— 165 —
marquables par la netteté de leur coloris marron ; elles appar-
tiennent au type Veitchii; son Beauty of Widmore offre la
même coloration, — panachure de couleurs vives — que le
Coleus Saisonii de Lierval ; mais il sort du C. Blumei très-pro-
bablement. Les Pelargonium Brovn Prince et Prima dona
offrent une belle zone bien tranchée.
Je n'ai pas pu résister à l'attrait d'un groupe de plantes an-
nuelles variées, qui se trouvait au bout du jardin ; mon œil ne
le quittait pas de vue, et pour arriver plus vite à lui, j'ai passé
rapidement devant les plantes de serre à feuillage de M. Ber-
nard; les médicinales de M. Telotte ; les plantes vivaces de
MM. Yvon et Bonnet; les Pensées fort belles cependant de
MM. Falaise etBatillard.
Après le Coleus de M. Lierval, merveille de l'exposition,
ce qu'il y avait de plus joli était bien certainement cette col-
lection de plantes annuelles fleuries de la maison Vilmorin.
La variété dans la forme et dans la couleur des fleurs de ce
groupe retenait le visiteur, qui prenait plaisir à disséquer pour
ainsi dire ce merveilleux ensemble, autrement intéressant
qu'un groupe de deux ou trois cents Géranium, par exemple,
composé d'une seule variété. J'ai subi l'influence attractive
de cet ensemble, et pendant que mes yeux admiraient cha-
cune des plantes qui le composaient, mon crayon en traçait le
nom sur mon calepin. C'est ainsi que j'y trouve : Agrostis pul-
chella, Brachycome iberidifolia, Caryophyllus dentosus, Ca-
pucine Lucifer et Lobbii la brillante, Chlora grandiflora, Clin-
tonia pulchella et sa variété alba, Collinsia marmorata, Crépis
rosea et alba, Fenzlia dianthiflora, Gypsophila elegans, Kaul-
fusia amelloides, Leptosiphon androsacea et toutes ses jolies
variétés, Linaria bipartita alba, Linum grandiflorum, Lobelia
erinus et ses variétés grandiflora, marmorata, Lindleyana,
Nemophila maculata, insignis et sa variété à fleurs blanches,
Lychnis Preslii, Nemesia compacta elegans, Nycterinia sela-
— 166 —
ginoides, Oxalis rosea, Phlox Drummondii variés, Rhodanthe
Manglesii, Saponaria calabrica alba, Schizanthus pinnatus,
retusus, et leurs variétés, Trèfle orange, Venidium calendula-
ceum, etc., etc. Le tout bordé de Mimulus, charmante plante,
qui a produit de belles variétés parmi lesquelles nous citerons :
cupreeus hybride fond blanc, cupraeus à fleurs doubles, au-
reus hybridus, Arlequin fond blanc et Arlequin fond jaune,
rubinus, cinabre. Ce beau groupe a été fort admiré; mais la
plupart des admirateurs n'ont pas compris le mérite particu-
lier de cette collection ; ils ne savaient pas tout ce qu'il y
avait de science et d'habilité horticoles dans cet ensemble de
plantes fleuries. Toutes les espèces qui le composaient ne fleu-
rissent pas à la même époque ; pour les faire fleurir au même
moment, il a fallu retarder la floraison des unes, avancer celle
des autres, et ce n'est qu'en sachant, bien le temps qui s'écoule
entre le jour du semis et celui de l'épanouissement des fleurs
qu'on a pu constituer cet ensemble floral merveilleux. Hon-
neur donc au jardinier chef de la maison Vilmorin, dont
les travaux et les peines ont été couronnés d'un si éclatant
succès !
Un autre succès, dû au travail et aux connaissances hor-
ticoles, est celui obtenu par M. Boutreux, jeune et modeste dé-
butant qui apparaît, pour la première fois, dans les expositions
avec de splendides Azalées de l'Inde, admirablement cul-
tivées.
M. Margottin avait exposé une belle et riche collection de
cette plante, très-intéressante par le nombre des variétés qui
étaient toutes des variétés de choix. — M. Barlou en avait une
petite collection remarquable comme culture.
Après les Azalées viennent naturellement les Pelargonium.
M. Dufoy est toujours un des premiers dans la culture des va-
riétés à grandes fleurs et fantaisies ; sa variété Surprise des
Dames est une fantaisie très-coquette et très-jolie.
— 167 —
EiiPelargonium zonale inquinans, il y avait la collection de
choix de MM. Thibaut-Keteleèr composée de sujets des mieux
cultivés; et celle de M. Emile Chaté très-remarquable en ce
qu'elle comprend à peu près toutes les variétés connues : nous
en avons compté 450 ; mais aussi combien en avons nous vu
qui ne différaient entre elles que par le nom ! En réunissant
et en exposant ainsi tout ce que le commerce possède,
M. Emile Chaté a rendu un grand service aux amateurs,
qui ont pu s'éclairer sur la valeur de certaines variétés. Quant
à nous, nous avons jeté notre dévolu sur : Madame Lemoine,
Abbé Roussel , Murillo, M. Crousse, King of White, Amédée
Achard, Brillant, Marie Stuart, Surpasse Beauté de Suresne,
Dame Blanche, Crimson Nosegaij, Eugène Buenzod et Mademoi-
selle Nilson.
Le nouveau présenté par M. Rousseau, sons le nom de Triom-
phe de Vincennes, a les feuilles très-nettement zonées.
Une collection très-intéressante aussi, au point de vue du
nombre et de la culture, est celle de M. Hornet, composée de
60 variétés de Canna de choix bien étiquetées et presque
toutes en fleurs. Le jury ne parait pas avoir bien compris
la valeur et l'intérêt de cette collection : c'est la seule criti-
que que nous puissions faire concernant la distribution des
récompenses. Bien que la culture du Canna ne soit pas diffi-
cile, il faut encore du travail et posséder des connaissances
pratiques pour obtenir au mois de mai,, la floraison des Canna
Ferrandii, zebrina, nova, Amellia, oriflamme, Bihorelli splen-
dens, Rendatleri, insignis, argentine, gain de 1868 de l'ex-
posant et de beaucoup d'autres. — M. Emile Chaté a présenté
deux nouveautés à feuilles zébrées pour lesquelles le succès
est certain.
Et les Caladium de M. Bleu ! Nous pouvons employer pour
eux la formule des candidats vétérans à la députation : « Vous
connaissez M. Bleu par ce qu'il a fait; c'est un gage suffisant
— 168 —
pour acclamer ce qu'il vient défaire et tout ce qu'il fera pour
l'amélioration du Galadium bulbeux ! Sa collection était
la seconde merveille de l'exposition .
Comme plantes fleuries, qui concouraient à la splendeur de
cette fête, nous citerons encore les plantes annuelles de
M. Guénot et de M. Thibaut Prudent; les Mimulus de M. Charles
Henri ; Iris de M., Y von; de magnifiques Chrysanthèmes ou
Anthémis Comtesse de Chambord de M. Fourtier ; Erica de
M. Michel fils ; Zinpia double et Pétunia de M. Falaise.
Les plantes de serres qui servaient de repoussoir à toutes
ces masses fleuries, appartenaient en première ligne à M. Cha-
tin : Fougères, Palmiers , Pandanées, Cycadées et Dracaena
étaient représentés par les plus beaux sujets. Venaient ensuite
celles de MM. Lierval, Barbot, Grimard, Marest fils, Bernard,
Havard, Luddmann, dont les collections étaient également
composées, en grande partie, de Fougères, Palmiers, Pan-
danées, Marantacées, Broméliacées, etc., plantes toujours à
la mode pour la garniture et l'ornement des appartements.
Celle de M. Luddmann était relevée de nombreuses Or-
chidées qui montraient leurs bizarres fleurs au public étonné :
on admirait les Lselia purpurata, iErides Lobbii, Dendrobium,
densiflorum, Cattleya Skinneri, Odontoglossum citrosmum,
Trichopilia crispa et les Cypripedium de plusieurs espèces.
M. Pacoto exposait des Dracaena provenant d'un semis de
Dracœna indivisa, qui avait produit presque des représentants
de l'autralis ; beau sujet de philosophie spécifique pour les ad-
versaires de Y absolu.
Les Cactées étaient représentées parla collection de M. Pfers-
dorff , la plupart des individus grefîés et fleuris ; M. Boulet
avait aussi des Cactus bien cultivés, et M. Courant présentait
des fleurs de quelques variétés nouvelles de phyllant/wides avec
des teintes violacées qui sont pleines d'intérêt.
Les Conifères, arbres et arbustes d'ornement ne faisaient
— 169 —
peut-être pas assez défaut. Les exposants étaient MM. Honoré
Defresne et Paillet, dans le lot desquels on remarquait
quelques beaux sujets, entre autres : Abies cilicica, norman-
niana, spectabilis, cephalonica ; Gephalotaxus drupacea,
Gupressus macrocarpa, Thuya gigantea, etc.
M. Paillet avait quelques espèces rares comme les Pinus
Peuce, Koreensis, Bujotii; Abies bracteata, Pterostyrax his-
pida, etc. — Nous signalons à part son Laurocerasus latifolius,
variété nouvelle à larges feuilles et de beaucoup d'avenir.
Ces deux exposants avaient, en outre, chacun une collection
d'Aucuba qui nous a vivement intéressé.
Quant aux fruits, il y avait des Oranges, des Pêches, des
Prunes, des Ananas, des Raisins, des Fraises, et les exposants
étaient MM. Entraygues, Cremont fils, Bordelet.
Parmi les légumes nous citerons les Asperges toujours
géantes de M. Louis Lhérault, offertes à S. M. l'Impératrice,
qui les a acceptées avec une grâce charmante, en félicitant
M. Lhérault de la beauté extraordinaire de ses produits ; deux
collections de Pommes de terre : l'une de tubercules con-
servés, l'autre de tubercules nouveaux appartenant à M. Da-
gnaux, et enfin des Patates de M. Gaulois.
M. Bernard avait une ravissante exposition de bouquets
montés ; celui qu'il a présenté à l'Impératrice a eu un vrai
succès. Sa Majesté n'a pas voulu le confier à d'autres mains
qu'aux siennes ; Elle l'a porté elle-même dans sa voiture.
Vous attendez maintenant, amis lecteurs, la critique, le
mot delà fin ; car un compte rendu sans pointe n'a, dites-vous,
aucune saveur. C'est vrai; mais réellement je ne trouve rien.
F. Herincq.
ORANGER CHAMOUTI (Pl. VI.)
Dans le courant du mois d'avril, M. le docteur Turrel, secré-
— 170 —
taire de la Société d'acclimatation de Toulon, nous a envoyé
une magnifique orange, de forme ovoïde, haute de 12 cent,
sur 10 cent. 1/2 de diamètre, qui nous a paru mériter les
honneurs d'une gravure coloriée, et de la recommandation,
autant par sa beauté que par sa bonté; elle est complète-
ment dépourvue de pépins; sa chair, ferme et juteuse, a un
goût particulier qui est ma foi très-agréable.
Quant à la plante, voici les renseignements que, sur notre
demande, M. le docteur Turrel a bien voulu nous adresser.
F. H.
« On cultive à Jafîa, sous le nom local de Chamouti, un oran-
ger à très-grandes feuilles, dont les fruits affectent, en général,
la forme d'un cône de pin ou mieux d'un ananas et atteignent
le poids de 3o0 à 400 grammes. Ces oranges offrent cette par-
ticularité remarquable^ qu'elles ont une peau très-épaisse bien
que mûrissant sous un climat presque tropical. Il semble, en
effet, admis que les oranges provenant de latitudes chaudes
ont la peau d'autant plus fine qu'elles subissent l'influence
d'une température plus élevée. Les oranges de Nice, d'Hyères
et d'Ollioules comparées à celles de Mayorque, de Valence et
de Blidah, sembleraient justifier cette loi. Mais l'orange de
Jaffa vient nous mettre en garde contre la tendance aux géné-
ralisations, puisqu'elle se matelasse d'une très-épaisse enve-
loppe.
» Il est rare de rencontrer des pépins dans ce beau fruit.
Ceux qui ont été dégustés à Toulon, en séance de notre Société
d'horticulture et d'acclimatation du Var, n'en offraient pas de
traces. Celui que le bureau de la Société impériale d'acclima-
tation de Paris a ouvert avait quelques pépins, et aurait été
jugé de qualité médiocre ; il peut se faire que ce fruit fût ef-
fectivement moins bon que ceux qui ont été goûtés ici. Cela
tient-il à une maturité insuffisante? Nous jugerons mieux de
sa valeur lorsque nous aurons récolté ici quelques fruits des
— 171 —
deux orangers qui m'ont été envoyés de Jaffa cet hiver, et
dont on commencera la multiplication par greffe ce prin-
temps. Ce qui est certain, c'est que l'orange Chamouti est très-
estimée dans tout le Levant, et qu'il m'a été assez difficile de
m'en procurer deux plants par l'intermédiaire d'un personnage
très-influent à Jaffa.
» Vous remarquerez que les cellules qui contiennent les sucs
si délicats du fruit sont beaucoup plus grandes que celles des
oranges ordinaires, et que l'odeur du zeste de i'écorce a
quelque chose de particulier, de caractéristique. La saveur du
fruit, ainsi que vous pourrez vous en assurer, est très-douce ; si
votre échantillon est peu abondant en eau, n'en accusez pas la
variété, mais une circonstance de l'époque de la cueillette .
» Je crois que cette variété mérite d'être répandue dans nos
cultures et chez les amateurs de la belle famille des aurantia-
cées; notre Société naissante aura bien mérité de l'horticulture
par cette introduction.
Turrel.
OBSERVATIONS CRITIQUES SUR L'ORIGINE DES PLANTES
DOMESTIQUES. — RADIS SAUVAGE {Suite).
J'ai peine à comprendre comment un auteur qui s'oc-
cupe spécialement d'horticulture peut poser en principe qu'au-
cun fait notoirement connu ne montre l'influence de la cul-
ture venant modifier des plantes spontanées. Serait-ce par
hasard que les innombrables formes sous lesquelles se montrent
aujourd'hui nos espèces et variétés cultivées sont néi's au
milieu de terres incultes, et n'ont eu besoin, pour être ce que
nous les voyons, que d'être transportées dans les jardins?
(Duchartre. Journal Soc. imp. et cent, d'hort. de France,
1869, p. 255.)
Si, comme le dit justement M. Duchartre (1), « l'histoire des
progrès de l'esprit humain, nous fournit depuis les aérolithes
(1) Journal de la Société impériale et centrale d 'Horticulture de France, anuée
-1869, n° d'avril, page 254.
— 172 —
jusqu'à l'hybridation , un assez bon nombre de faits déclarés
longtemps à priori, par certaines personnes ou même par la
généralité des savants, non-seulement témérairement avancés,
mais encore impossibles » , cette même histoire nous fournit
aussi, si je ne me trompe, un bon nombre de méprises comme
celle de M. Vilmorin au sujet de la carotte améliorée, et de
faits qui, acceptés à priori par la science, n'étaient que le pro-
duit d'imaginations aventureuses et hardies. Je n'entrepren-
drai point de les rechercher pour les mettre à jour ; car, telle
est l'inconséquence des hommes ; ils admirent toujours le no-
vateur, — souvent bien présomptueux , — qui, abusant de
l'autorité de son nom, ou à l'aide d'une érudition trompeuse,
de raisonnements fantastiques, de grandes phrases vides de
sens, répand, à loisir, l'erreur et la mystification ; et ils n'ont
jamais que le blâme à déverser sur le savant modeste qui,
par pur amour de la science, examine, scrute les profon-
deurs de la nature pour distinguer la réalité de la fiction,
afin de dénoncer les fausses doctrines ou les faits imaginaires
qui entravent la marche du progrès scientifique et rendent
impossible la connaissance de la vérité.
C'est ainsi que, par l'autorité de son nom, l'honorable M. Vil-
morin a accrédité un fait qu'il croyait exact et sur lequel
repose la théorie purement hypothétique de l'amélioration des
plantes sauvages par la culture et les semis successifs; et celte
autorité aurait pu devenir un obstacle au progrès horticole —
en laissant dans cette voie, les chercheurs de productions arti-
ficielles, — si M. Vilmorin n'avait pas reconnu sa méprise, et
s'il n'avait pas indiqué, aux siens, la voie nouvellement ou-
verte de l'hybridation, qui a fait trouver à ses successeurs ce
qu'il avait cherché en vain dans les semis répétés.
Faut-il, maintenant, bravant le blâme qu'on ne peut manquer
de nous infliger, démontrer que la culture et les semis succes-
sifs, sont impuissants à produire la déviation des caractères
— 173 —
spécifiques d'un type sauvage, mais que toutes les modifica-
tions ou transformations plus ou moins radicales, qui consti-
tuent nos variétés jardinières et domestiques, ont été obtenues
à la suite de déviations accidentelles d'individus prédestinés?
La tâche est si simple, si facile, que nous n'hésitons pas à
l'entreprendre, et nous n'aurons pas grand mérite à l'accom-
plir; car la nature nous prête un généreux et puissant concours,
en fournissant d'abondantes preuves qui toutes sont incon-
testables.
Quelles sont, en effet, les modifications qui constituent ce
qu'on appelle les variétés jardinières?
Elles se réduisent à cinq ou six, et portent sur la dimension
du tout ou d'un seul organe de l'individu ; sur la coloration
des fleurs et des feuilles ; sur la forme de la fleur et de la
feuille; sur la précocité ou la tardiveté, etc.
Or, en scrutant un peu la nature, on trouve toutes ces mo-
difications sur des individus nés au milieu de terres incultes,
et qui n'ont eu besoin pour être et rester ce qu'ils sont, que
d'avoir été respectés par la dent des troupeaux, ou par la faux
du moissonneur, ou par la charrue du laboureur. Donc, on ne
peut pas poser en principe <a que la culture est la cause essen-
tielle de la variation des végétaux, d Pour convaincre « les
hommes dégagés de préjugés et de parti pris 3>, ou qui ont été
égarés en subissant l'influence de l'autorité d'un nom, il suffit
de citer seulement quelques exemples :
La dimension de l'individu, — géantisme ou nanisme , —
n'est pas, à proprement parler, une modification, une variation;
c'est un agrandissement ou un rétrécissement des organes de
la plante, et qui est produit généralement sous l'influence de
la nourriture plus ou moins abondante que reçoit l'individu.
Or, il y a dans la nature des géants et des nains qui sont des
enfants naturels, c'est-à-dire nés sans le secours de l'homme; le
Ranunculus iridcntatus, des lieux incultes de l'Amérique, a des
— 174 —
individus major et minor , variétés botaniques ; le Trollius
humilis, du territoire autrichien, est une variété naine du
Trollius europœus ; le Dianthus carthusianorum, des terres in-
cultes et stériles de toute l'Europe, possède aussi sa petite va-
riété nanus ; le Lotus corniculatus a sa variété major. Dans les
eaux de la Finlande à côté du Nymphœa alba type,, on trouve
l'état minor, etc., etc. La culture n'est donc pas la cause
efliciente du géantisme et du nanisme, puisque les géants
et les nains se trouvent à l'état sauvage.
Le changement de couleur des fleurs se manifeste très-com-
munément sur des individus sauvages. La sauge des prés
(Salvia pratensis) , à fleurs bleues est rencontrée aussi dans
les champs avec des fleurs blanches et dans toutes les nuances
du bleu; VAjuga pyramidalis à fleurs normalement bleues,
se présente parfois avec des fleurs roses ou blanches, et ces
deux variétés, qui font partie de notre flore horticole, « n'ont
eu besoin pour être ce qu'elles sont, que d'avoir été enlevées
des terrains incultes où elles sont nées, et transportées dans
les jardins 3> où nous les admirons. Nous avons trouvé dans le
parc de Guitrancourt (Seine-et-Oise) un Orchis fusca à fleurs
blanches ; mais l'individu n'a pas reparu l'année suivante; il
a disparu comme disparaît un nombre infini de variétés sau-
vages qui n'ont pas l'homme pour les distinguer, les protéger
et les propager; dans les eaux du lac Fagertsern, en Suède,
M. Th. Gottb. Gjobel, a découvert une variété de Nymphœa
blanc, h fleurs rouges. Cette variété est certainement aussi inté-
ressante et aussi étonnante que la variété de Radis sauvage
à racine charnue. Aussi M. Fries ajoute-t-il, en note, sur
l'étiquette qui accompagne T échantillon des collections qu'il
publie sous le titre Herbarium normale suecicum : c Maximus
et speciosissimus in Europa flos , Yictoriam semulans. »
Pour la coloration des feuilles, la nature en est prodigue.
M. Baraquin nous a envoyé des provinces sauvages qui
— 175 —
bordent la rivière des Amazones, un assez bon nombre de
Caladium, splendidement colorés^ pour que ce seul exemple
dispense d'en enregistrer d'autres.
Par conséquent, ici encore, puisque la nature est parsemée
d'individus qui ont été modifiés, tout seuls, dans la couleur de
leurs fleurs et de leurs feuilles, la culture n'est donc pas la
cause essen tielle des variations de couleurs qui se produisent
dans les jardins. Quant aux faits des panacliures ordinaires ou
décoloration, c'est le contraire de ce qu'on admet qu'il faudrait
soutenir ; car la culture exerce en effet sur l'individu panaché,
une influence diamétralement opposée à celle qu'on lui attri-
bue ; elle ramène le plus souvent au type tous les sujets qui
ont dévoyé.
Les modifications dans la forme ont lieu généralement sur
des individus sauvages. Les Pélories de la Linaire, des Orcliis,
ne sont pas l'œuvre de la culture; l'observateur attentif
qui parcourt les bois, peut aisément trouver de 20 à 30 mo-
difications de forme du labelle dans les Orchis galeata, fusca,
militaris, et, bien certainement, ici on ne peut accuser
la culture d'être la cause des variations de cette partie de la
fleur de ces Orchidées ; par conséquent, les variétés dans la
forme ; qui apparaissent dans les jardins, ne doivent donc
pas davantage leur existence à l'influence de la culture.
La duplicature des fleurs, résultat du dédoublement d'un
organe, ou de la transformation d'un ou des deux organes
sexuels en appendices pétaloïdes, n'est pas davantage l'œuvre
de la culture. Les Ranunculus acris, bulbosus et repens produi-
sent, à l'état sauvage, des fleurs doubles qui constituent la va-
riété connue des jardiniers sous le nom de Bouton d'or; le
Compagnon blanc et la Fleur du coucou (Lychnis dioica, et Flos
cuculi) sont parfois à fleurs doubles sur des individus sauvages,
et les Ronces à fleurs pleines ne sont pas toutes nées dans les
jardins, car on en trouve fréquemment dans les haies et dans
— 176 —
les bois ; enfin la plupart des transformations d'organes qu'on
qualifie monstruosités, et sur lesquelles repose la théorie mor-
phologique du végétal, se rencontre aussi communément sur
des plantes sauvages que sur des plantes cultivées. On ne peut
donc pas davantage attribuer la transformation des organes,
la duplicature des variétés qui naissent dans les jardins à l'in-
fluence de la culture.
Nous pourrions multiplier à l'infini les faits de déviation de
toutes sortes des caractères typiques sur des plantes sauvages ;
mais un plus grand nombre d'exemples n'ajouterait aucune
force nouvelle aux arguments que nous opposons aux prin-
cipes de la théorie de l'influence de la culture dans la produc-
tion directe des variétés jardinières.
Puisque les plantes à l'état sauvage produisent des modifi-
cations de forme, de couleur, de grandeur, etc., analogues à
celles qu'on obtient de certaines plantes cultivées, nous le ré-
pétons, la culture n'est pas, ne peut pas être, comme on le
professe « la cause essentielle de la variation des végétaux*. Et
puisqu'une seule plante revêt, à l'état sauvage, des formes
différentes de celles de son espèce conservées par une infinité
d'individus appartenant au même type spécifique, et qui l'en-
tourent, il faut bien reconnaître, aussi, que l'influence des mi-
lieux n'a pas plus d'action que l'influence de la culture, sur
la déviation primitive des caractères spécifiques d'un végétal
quelconque.
Si la culture est la cause essentielle de la variation des
plantes, toutes les espèces cultivées doivent produire des va-
riétés, et les partisans de cette théorie sont logiques quand,
après avoir posé ce premier principe, ils ajoutent que : « par
cela seul qu'une plante est cultivée, elle est forcée de varier ;
c'est par la culture que l'homme a pour ainsi dire obligé
les végétaux à revêtir de nouvelles formes appropriées à ses
besoins ou à ses caprices. j>
- 177 —
Mais les faits confirment- ils que ce raisonnement est lo-
gique et que le principe est vrai? Poser la question, c'est la ré-
soudre.
En effet, si la culture possédait cette puissance déviatrice
(qu'on me passe ce mot), aucune plante ne lui résisterait,
toutes perdraient leur fixité, et produiraient des variations
plus ou moins sensibles et nombreuses aussitôt qu'elles se-
raient cultivées. Or, la généralité lui résiste ; elle conserve sa
pureté spécifique, et par sa résistance elle s'inscrit en faux
contre ce pouvoir que l'homme s'attribue : d'obliger les végé-
taux à revêtir, par l'effet de la culture, de nouvelles formes pour
satisfaire ses besoins et ses caprices.
Le savant qui s'est le plus occupé de cette question, M. Vil-
morin père, a été forcé de reconnaître, par ses nombreux in-
succès, que la culture seule ne peut, dans aucun cas, faire dé-
vier une plante du type originel.
« L'horticulture moderne, dit-il dans sa notice sur la Ca-
rotte améliorée, si avancée qu'elle soit à bien des égards, n'offre
l'exemple de rien de semblable. Quelques légumes nouveaux
ont été introduits dans les jardins, de nos jours ou dans le
cours du siècle dernier ; ils sont restés tels, ou à peu de chose
près, qu'ils étaient originairement. On peut surtout citer
parmi eux le Sea-kale (1 ); sa culture, depuis 40 à 50 ans, s'est
généralisée en Angleterre; elle y est l'objet de beaucoup de
soins; cependant la plante n'a subi, jusqu'ici, de changements
sensibles ni dans ses formes ni dans ses dimensions. Il en est de
même du Tetragonia expansa, qui est aujourd'hui ce qu'il était
à son début, et des autres plantes potagères d'une introduction
plus récente... Plusieurs années d'épreuves ne m'ont jusqu'ici
fait obtenir aucune modification sensible de la Laitue vivace
(Lactuca perennis) , du Solanum stoloniferum, du Brassica orien-
(4) Sea-kale, nom anglais du Chou marin ou Crambe maritima.
Juin 1859. 12
— 178 —
talis... L'espèce naturelle est essentiellement fixe et stable;
elle ne varie, sauf de rares exceptions, que dans les limites
assignées aux différences individuelles; différences qui s'é-
teignent et se renouvellent avec les individus sans laisser de
traces durables et donner naissance à des races nouvelles. »
Après cet aveu, si sincère, de l'auteur de la théorie pour l'a-
mélioration et le perfectionnement des plantes sauvages par
la culture et les semis successifs ; après tous les insuccès des
expériences tentées sur les dernières plantes alimentaires in-
troduites dans les cultures européennes : Igname de Chine, cer-
feuil bulbeux, Chou Pet-saï, etc.; en présence du nombre
si considérable de plantes d'ornement qui n'ont jamais produit
la plus légère variation ; en présence surtout de ces milliers
de modifications que présentent des individus nés au milieu
de terres incultes, il n'est plus possible de maintenir, dans l'his-
toire des progrès horticoles, les principes suivants acceptés
par la science :
)) Que la culture est la cause essentielle delà variation des
végétaux ;
» Que par cela seul qu'une plante est cultivée, elle est forcée
de varier ;
» Que l'homme peut, par la culture, obliger les végétaux à
revêtir de nouvelles formes appropriées à ses besoins ou à ses
caprices ;
» Que c'est la culture qui a fait dévier des plantes des types
spécifiques sauvages pour fournir à l'homme toutes les variétés
qui servent à son alimentation et à celle des animaux. »
Tous ces principes reposent sur des faits purement imagi-
naires ; aucun fait notoire, incontestable, ne peut affirmer ces
effets merveilleux de la culture et le pouvoir créateur de
3'homme. Nous avons réduit à sa juste et réelle valeur, au dé-
but de cette notice, celui que M. Vilmorin père croyait avoir
obtenu, le seul sur lequel reposait l'édifice. M. Louis Vilmo-
— 179 —
rin, qui a suivi pendant quelque temps" les errements de son
père, n'a jamais pu en retrouver un second ; car on ne peut
admettre, comme tel, le perfectionnement qu'il a fait subir à la
Betterave, en obtenant une race nouvelle plus riche en matière
sucrée. Ce n'est pas là, une déviation d'un type sauvage , c'est
une simple amélioration, par sélection, de race cultivée, ce
qui est bien différent.
Quant au fait récent de la transformation du Radis des
champs, publié parle Journal d'Agriculture pratique, et re-
produit dans le Journal de la Société impériale et centrale d'hor-
ticulture de France, la question est très-délicate, au point
de vue matériel; car on ne peut s'empêcher de toucher à la
personne de l'auteur, et nous voulons la respecter. Nous pas-
serons donc outre; du reste, peu importe que l'auteur ait
obtenu ou non des Radis gros comme des Navets avec des
graines récoltées sur un pied de Radis sauvage; la question
est de savoir si réellement on obtient ce résultat d'après la
théorie et les principes indiqués par lui et formulés ainsi :
« Les formes des êtres sont toujours en rapport avec les mi-
lieux dans lesquels ils se développent. Or, les propriétés des
plantes étant le fait de combinaisons particulières qui se font
sous l'influence des milieux, il suffira d'élever des plantes ou
d'autres êtres dans les conditions contraires à celles dans
lesquelles elles croissent naturellement, pour produire dans
leur organisation une perturbation qui, alors, tendra à se re-
produire d'abord faiblement, puis avec une fixité plus ou
moins grande. »
Ces principes des millieux, nous nous empressons de le
reconnaître, ne sont pas particuliers à l'auteur de la note sur
le Radis sauvage amélioré. C'est la théorie de l'influence de
'la culture, exposée en d'autres termes, mais basée toujours
sur la grande et immortelle loi de la transformation des êtres
par le changement de condition d'existence posée par le grand
— 180 —
naturaliste Darwin. Par conséquent c'est toujours la même
confusion d'idées, le même chef-d'œuvre de faux-sens; on
ne saurait trop le répéter et trop le démontrer.
« La culture, dit-on, en modifiant les milieux, exerce une
influence considérable sur les produits de la récolte, ce Cela
est mis hors de doute par les expériences dont nous parlons,
expériences qui ont eu pour résultat les modifications si grandes
obtenues avec le Radis sauvage, plante qui existant depuis
un temps immémorial et en quantité innombrable dans les
champs, n?a jamais donné autre chose, dit l'auteur, que des
plantes à racines blanches, grêles, fibreuses, sèches, presque
ligneuses , et pourtant en quatre générations, c'est-à-dire en
cinq ans de culture, il s'est transformé du tout au tout, au point
de constituer une plante économique » dont les racines devenues
charnues, épaisses, demi-longues, rondes, aplaties, etc., etc.,
acquièrent jusqu'à quarante-cinq centimètres de longueur, ou
treize de diamètre .
Tel est le merveilleux effet des milieux, s'il faut en croire les
admirateurs de l'immortelle loi des transformations, etc. Sans
contester la longueur et la largeur de ces nouvelles productions,
examinons si c'est bien le milieu qui est la cause de cette
transformation.
Je le répète, nous laissons le fait matériel de côté; nous
voulons seulement établir que ces nouveaux Radis ne sont
pas le résultat de la perturbation produite dans leur orga-
nisation, comme on le déclare, par ce seul fait que les graines
de Radis sauvage ont été semées dans des conditions con-
traires à celles dans lesquelles elles germent et croissent natu-
rellement.
Il est regrettable, disons-le tout d'abord, que i'auteur de
cette notice ne parle pas de la partie pratique de ses opéra-
tions. Il développe très-longuement la partie théorique exposée
jadis par M. Vilmorin dans sa notice sur la Carotte ; mais ii
— 181 —
ne dit rien du résultat obtenu à chacune des quatre généra-
tions ; il a cru devoir garder le silence sur les trois premières
phases de transformation, et consigner seulement le résultat
final de la cinquième. C'est un tort, car cette manière d'agir
rend impossible tout contrôle, puisqu'il, faut attendre cinq
ans pour apprécier, d'après les expériences, la valeur des
moyens indiqués. Quand il s'agit de jeter les bases d'une
théorie, ou d'apporter des matériaux nouveaux pour en
appuyer une qui n'a aucun soutien, il faut une plus grande
précision dans l'exposé des faits.
L'auteur du Radis sauvage amélioré aurait dû sentir que,
dans cette question d'influence de culture et des milieux, le
fait important, capital, c'est le degré de transformation opéré
sur l'individu ou les individus, sous l'action de ces influences,
au moment de la déviation des caractères spécifiques, c'est-à-
dire à la première génération. Car très-différente est la ques-
tion quand elle présente un seul individu, déséquilibré, comme
la souche d'une nouvelle race, ou lorsqu'elle établit que toutes
les graines d'un même semis ont donné naissance à autant de
sujets modifiés.
Dans le premier cas, celui d'un seul individu sur cent par
exemple, il est impossible d'admettre aucune influence exté-
rieure matérielle, puisque les 99 autres provenant de graines
récoltées sur le môme individu n'ont subi aucune modifica-
tion, quoique placés cependant dans les mêmes conditions ;
car il est permis de croire que, sur une surface de 1 mètre
carré, sur laquelle l'auteur expérimente, le sol offre bien la
même constitution physique partout. Il faut donc voir dans
cet être ainsi modifié un être prédestiné, un caprice du hasard,
un accident comme ceux qui apparaissent dans la nature; en
un mot tout ce qu'on voudra, excepté l'influence du milieu, de
la culture, ou de tous agents extérieurs matériels. Est-ce le
cas du Radis sauvage? L'auteur est muet à cet égard. Mais si
— 182 —
nous nous reportons à d'autres végétaux, nous voyons que
c'est généralement ainsi qu'apparaissent les types de nouvelles
races de plantes cultivées , ou qui sont sorties directement
de plantes sauvages. — Malheureusement, en horticulture, il
n'est tenu aucun registre sur lequel est inscrite l'origine ou la
naissance de toutes les variétés jardinières, et quand, par ha-
sard, quelques semeurs veulent faire connaître cette origine,
ils enveloppent les détails d'un tel nuage d'obscurité qu'il est
impossible de découvrir le véritable point de départ du nou-
veau né. Mais quand les intérêts — bien naturels — des obten-
teurs ne sont pas enjeu, la lumière se fait plus facilement, et
alors elle montre que la déviation des caractères spécifiques
n'a lieu, généralement, que sur un seul individu ; c'est bien
un cas accidentel.
Ainsi est né le Fraisier Gaillon, ou Fraise des Alpes sans
filet. L'historique en a été tracée par M. Vilmorin père, et, il
résulte que ce Fraisier a été obtenu, pour la première fois, sous
la forme d'un individu unique, dans un semis de Fraisiers des
Alpes ordinaires (1).
L'Ajonc sans épines, trouvé sur des berges de fossés semées
en Ajonc ordinaire (Ulex européens) s'est présenté sur « cinq ou
six pieds, dit M. Trochu, parmi des milliers de l'espèce com*
mune. » Ici déjà moins de précision; il n'est pas certain du
nombre : cinq ou six ! dit-il ; et les graines de ces individus
n'ont pas reproduit cette modification malgré l'emploi de se-
mences des 2e, 3e et 4e génération, d'où il conclut : « que
c'était une monstruosité de quelques plants. »
Comment peut-on faire intervenir, dans le cas du Frai-
sier Gaillon, — et si l'on veut de l'Ajonc sans épines — l'in-
fluence des milieux ou de la culture, quand il n'y a qu'un seul
individu, parmi des centaines, qui a été modifié ? Il faut d'a-
bord reconnaître que toutes les graines étaient placées dans le
(1) L. Vilmorin : Notice sur Vamêl. des plantes sauvages, p. 48.
— 183 —
même milieu, et. que toutes ont germé sous l'influence des
mêmes agents. On ne fera accepter par personne, qu'une même
cause puisse produire des effets si différents sur une substance
homogène, par conséquent sur des graines d'une même plante
dont l'homogénéité est incontestable. Tous les ce hommes
dégagés de préjugés, de parti pris, ou qui n'acceptent pas uni-
quement que ce qui est à leur convenance systématique » re-
connaîtront, avec nous, que l'influence des milieux, comme de
la culture, n'est pour rien dans l'apparition subite d'une
plante déséquilibrée , au milieu de milliers d'individus de
la même espèce qui conservent la forme spécifique. Cette
plante provient tout simplement d'une graine prédestinée, ou
accidentellement mal constituée et qui a donné alors naissance
a un individu difforme, comme le pied-bot, le bossu, le mono-
céphale dans l'espèce humaine. Si donc les graines de Radis sau-
vage n'ont pas toutes produit, au premier semis, des plantes
dont la racine était déjà modifiée, nous sommes pleinement
autorisé à déclarer que \esRcidis des familles, comme on appelle
cette nouvelle race, ne sont pas nés sous l'influence du milieu
différent dans lequel les graines du Radis sauvage ont été pla-
cées. Nous sommes d'autant plus autorisé à nier cette in-
fluence, que l'auteur, d'après sa note du Journal d' 'agriculture,
ne s'est pas trouvé placé dans des conditions très-différentes
de celles dans lesquelles croît spontanément le ftadis sauvage.
Ainsi, il dit : « Lorsqu'on veut obtenir un développement con-
sidérable des racines, il faut semer vers la quinzaine de sep-
tembre, de manière que les plantes ne montent pas à graines
cette même année... C'est en opérant ainsi que nous avons
obtenu en quatre générations, par conséquent en cinq années,
les résultats représentés par les figures, etc.... Ces résultats
doivent-ils étonner? Non, dit-il, au contraire, ils sont ce qu'ils
doivent être : en parfaite concordance avec la grande loi du
développement des êtres et conformes à cette grande théorie
— 184 —
générale et universelle : les formes des êtres sont toujours en
rapport avec les milieux dans lesquels ils se développent. »
Ceci est de la phrase et rien de plus. En effet, en semant à
l'automne, on ne contrarie nullement les habitudes du Radis
sauvage.
Les individus qui vivent dans les terres incultes se sèment
naturellement, et c'est aussitôt après la maturité des fruits,
à r automne , que les graines se répandent sur le sol. Les
Radis sauvages, qui croissent dans les moissons, proviennent de
graines mélangées aux graines des céréales, et ce n'est pas au
printemps qu'on sème le blé ; si je ne me trompe, c'est bien à
l'automne. Dans cette circonstance il y a un commencement de
culture: le sol a été fumé, labouré, hersé; et pourtant le
Radis sauvage des moissons conserve les caractères ty-
piques de l'espèce ; ses racines ne sont pas plus grosses que
celles des Radis sauvages des terres incultes. Donc en semant
à l'automne, dans un jardin, on place les graines exactement
dans les mêmes conditions que celles des plantes sauvages,
qui se sèment seules aussitôt après la maturité. Ce n'est pas,
par conséquent, cette époque delà semaille qui a jeté la pertur-
bation dans les graines de Radis sauvage semées par l'auteur
des Radis de famille. Est-ce l'influence du sol? <a Pour donner à
notre expérience une certitude plus grande et la revêtir d'un cachet
plus fort de véracité, nous avons expérimenté concurremment
dans deux conditions différentes, dit-il : àParis dans lesol léger
et sec des pépinières du Muséum, et à la campagne dans un ter-
rain plus consistant, dans une terre argilo-calcaire, forte,
comme l'on dit. Dans ces deux conditions, les résultats ont été
ce qu'ils devaient être : analogues, mais non identiques. A Paris
(terre légère) la forme longue dominait ; c'était même à peu
près la seule ; à la campagne, c'était le contraire. »
Ainsi terre légère ou compacte est indifférent, au développe-
ment du phénomène ; aucune ne s'oppose à l'acte de transfor-
— 185 —
mation provoquée par la perturbation que jette dans l'organi-
sation de la graine l'époque des semailles. Seulement les ra-
cines sont longues dans les terres légères et raccourcies dans
les terrains compactes, parce que, ici, dans l'esprit de l'auteur,
l'extrémité du pivot de la racine a une résistance à vaincre, et
ne peut pas pénétrer dans les profondeurs du sol; c'est pour cela
que le corps de la racine se développe en largeur. Ce fait peut se
passer ainsi, mais il me semble que la résistance est aussi grande
sur les côtés qu'en profondeur, et j'aurais même mieux compris
le contraire ; car une pointe peut plus facilement vaincre la ré-
sistance d'une terre compacte qu'une large surface plane.
Enfin, l'auteur dit avoir expérimenté à la campagne, au mi-
lieu des champs, dans lesquels se succèdent, depuis" bien des
siècles, les plants de Radis sauvage. Il se trouvait placé encore
là dans les mêmes conditions de climats que les Radis sau-
vages; il ne peut pas, par conséquent, évoquer l'influence cli-
matérique.
En résumé, l'auteur, dans ses expériences, s'est toujours
placé dans les conditions naturelles de l'existence du Radis
sauvage : semis d'automne comme dans la nature ; terre com-
pacte et légère; même ciel et naturellement mêmes conditions
climatériques, en un mot dans les mêmes milieux que ceux
des plantes spontanées. Donc ce qu'il présente comme pro-
duction du Radis sauvage, déterminée par la perturbation que
provoque le changement de milieu, a besoin d'être prouvé
par de nouvelles séries d'expériences soumises et surveillées
par des hommes sans préjugés.
De l'argumentation de tous les faits et assertions enregistrés
dans cette notice, nous croyons pouvoir poser ainsi nos con-
clusions :
4° La culture n'est pas la cause efficiente de la variation des
végétaux; elle ne peut pas déterminer la déviation des carac-
tères spécifiques sur une plante sauvage ;
— 186 —
2° La déviation est un fait accidentel, que l'homme n'a pas
le pouvoir de produire par la culture ; il ne peut pas davantage
obtenir à volonté des variétés appropriées à ses besoins ou à
ses plaisirs;
3° Le changement de milieu ne transforme pas d'une ma-
nière radicale les individus obtenus de graines provenant
d'une plante sauvage;
4° Tous nos végétaux domestiques ne sont pas des trans-
formations opérées directement par la culture, ni sous l'in-
fluence des milieux, mais des descendants d'individus qui ont
dévié accidentellement de types spécifiques et que la culture
alors, mais seulement alors, a pu améliorer et perfectionner.
F. Herincq.
RUSTICITÉ DES DRACOENA AUSTRALIS ET INDIVISA (1).
Je me bornerai à donner, dans cette courte notice, l'histo-
rique particulière de ces deux variétés que je cultive depuis
six ans, et comme j'ai trouvé dans elles une rusticité qui ne
se trouve pas dans les autres variétés que je cultive, j'en ai
fait le sujet d'une petite note.
En 1862., en feuilletant un catalogue de M. Rendatlerety
lisant la description qu'il donnait duDracœna australis,, j'appris
que, livré nia pleine terre, ceDracœna développerait une vé-
gétation luxuriante. Le prix en était de 5 fr., chiffre modique
quandon est amateur ; et puis ce mot «végétation luxuriante»
flatte toujours un jardinier; bref j'en demandai un pied que
je me promis de mettre en pleine terre dès la belle saison
(nous étions dans le mois de mars) ; mais quelle déception
quand je le reçus ! figurez-vous un brin d'avoine levé depuis
(1) Extr. Ann. Soc. d'hort. de Meaux.
— 187 —
huit jours ; je restai indécis, et mes illusions s'évanouirent
quand je contemplai un aussi faible sujet.
Enfin, le 20 du mois de mai, je mis en place et préparai bien
à l'avance mon Dracœna, qui ne dépassait pas en hauteur le
gazon naissant. Il commença à pousser dès la plantation, mais
non d'une végétation luxuriante, comme je l'espérais. J'en
étais néanmoins satisfait et je ne manquais pas chaque matin
de lui rendre une petite visite en me faisant accompagner d'un
arrosoir plein d'eau. Enfin, nous arrivons à la fin de juillet;
mon protégé a parfaitement bien poussé, déjà il domine le
gazon. Un matin des premiers jours d'août, je lui rends donc
ma petite visite comme à l'habitude ; il faisait à peine jour, car
j'aimais à voir ses feuilles perlées par la rosée de la nuit ; mais
hélas ! je cherche en vain mon protégé : il a disparu. Je crus
d'abord que je n'étais pas bien éveillé. Je m'approchai en toute
hâte et je ne trouvai de mon Dracœna qu'un tronçon informe!
Un lièvre, poussé probablement par le génie du mal, l'avait
broute pendant la nuit.
Mon chagrin un peu calmé, j'examinai ce qui restait de ma
plante et je vis avec un reste d'espoir que les feuilles du cœur
n'étaient pas mangées jusqu'à l'insertion. Je me hâtai de l'en-
lever et de le rempoter. Placé dans la serre, le Dracœna refit
pendant l'hiver suivant une nouvelle tête.
Au printemps, je préparai un trou de 1 mètre sur tous sens
et je rapportai de la terre ainsi composée : terreau de couche
1/5, terre ordinaire 2/3 ; le tout fumé avec du fumier de vache
entièrement consommé, et dans la deuxième quinzaine de mai,
j'y plaçai mon Dracœna. Pour cette fois, l'habile horticulteur
de Nancy n'avait pas menti, car à la fin de septembre 1863,
la plante mesurait 1 mètre 50 de hauteur; la tige très-grosse
et les feuilles du bas touchaient à terre. A cette époque, je
l'enlevai en motte avec précaution et la mis dans un grand
pot; elle passa l'hiver sans souffrir et végéta très-bien dans
— 188 —
les premiers jours du printemps. Dès le mois de mai je la mis
sous de grands arbres pour l'habituer à l'air libre , et la mis en
place vers le 15 du même mois. Quelques jours après, le ther-
momètre descendit à 2 degrés au-dessous de zéro et je crus
que mon précieux arbuste allait être gelé ; les feuilles étaient
toutes blanches ; mais quand le soleil fut près de l'atteindre,
je le seringuai avec de l'eau froide et l'ombrageai avec une
toile à couvrir le raisin. Le Dracœna fut sauvé. Avec les beaux
jours, la végétation partit et les feuilles en furent quittes pour
rougir un peu ; puis tout s'effaça, et au mois de septembre,
quand je l'enlevai, il mesurait 3 'k mètres 50 centimètres de
hauteur, et se trouvait par conséquent hors des atteintes des
lièvres, mais il n'y a pas de médaille sans revers ; je ne le
pouvais plus mettre dans la serre chaude, il y tenait trop de
place. Je me hasardai de le loger dans la serre tempérée ; il
n'en souffrit pas. Seulement, je pris, pour la remise en place,
les mêmes précautions que l'année précédente. Mais comme,
au moment du rempotage, il mesurait 3 mètres 75 centimètres,
et qu'il était plus fort, je me crus obligé de l'enlever avec
une plus grosse motte de terre et de le mettre dans un pot
plus grand. Mais en l'enlevant, la motte déterre se fendit en
deux et je me trouvai avec mon Dracœna comme si je venais
d'arracher une carotte. Pour le coup, les larmes m'en vinrent
aux yeux ; je maudis ma mauvaise étoile, croyant vraiment
qu'elle en était l'auteur. Mon premier mouvement de stupeur
passé, au lieu de mettre l'arbuste dans le grand pot que
j'avais préparé, je le remis dans celui des années précédentes,
et encore je ne le fis que pour acquit de conscience, croyant
bien qu'il ne reprendrait pas.
Jugez de ma surprise ; il perdit bien quelques feuilles de
plus que par le passé, mais je vis avec plaisir de grosses ra-
cines blanches se montrer à la surface de la terre du pot, ce
qui m'assurait de sa complète reprise.
— 189 —
Depuis ce temps, donc, je ne prends aucune précaution pour
l'enlever de pleine terre, je l'arrache avec ou sans motte ; il
passe l'hiver en serre tempérée, et je le remets en pleine terre
au printemps,, où il fait le principal ornement du jardin. Il
mesure aujourd'hui 5 mètres 35 centimètres de hauteur; vous
avez pu, Messieurs, l'admirer à l'exposition de la Ferté-sous-
Jouarre et à la dernière exposition de Meaux. Comme vous le
voyez, il n'est pas difficile d'être le propriétaire d'une aussi
belle plante., pour peu qu'on ait une serre tempérée. Vous y
creusez un trou pour y enterrer le pot, de sorte que la serre
devient toujours assez haute pour y loger le sujet.
Je cultive le Dracœna indifisa de la même manière ; il
souffre un peu plus depuis l'arrachage jusqu'à la mise en
place ; mais, une fois en'pleine terre, il rattrape le temps perdu,
et rien n'est plus agréable à voir quand ses feuilles sont légère-
ment agitées par le vent : elles tremblent sans cesse, ce qui
produit un effet charmant.
Desprez.
LA TAUPE ET LE VER BL\NC.
La taupe détruit-elle le ver blanc? Autrefois les uns disaient
oui, les autres disaient non. Depuis que S. Exe. le maréchal
Vaillant, président de la Société d'horticulture de Paris, a dé-
claré que son jardin a été débarrassé de la larve du Hanne-
ton par les taupes qui y vivent en liberté, tout le monde res-
pecte les taupes, et le ver blanc continue à se multiplier d'une
manière effrayante, au milieu des taupinières même. Dans
certaines localités ses dégâts sont attristants ; mais un puis-
sant personnage a dit : Les taupes mangent le ver blanc, res-
pectez-les; chacun s'est incliné devant l'autorité de ce nom,
et une grave erreur a encore été propagée.
— 190 —
Comme tout le monde, j'ai subi l'influence de cette autorité ;
j'ai recommandé de respecter les taupes, malgré les observa-
tions d'un sage et prudent ami, dont la propriété est ravagée à
la fois par les taupes et le ver blanc. En présence de ces dé-
gâts, nous venons de faire ce qui aurait dû être fait au mo-
ment de la proclamation de S, Exe. M. le maréchal Vaillant,
c'est-à-dire l'autopsie de toutes les taupes prises sur ses terres,
et il en résulte très-clairement que les taupes mangent bien
les lombrics , ou vers de terre , mais non les vers blancs.
Jamais nous n'avons trouvé la moindre trace de larve du
Hanneton dans les organes digestifs de ces taupes.
Nous sommes donc en droit de conclure que la taupe ne
détruit pas le ver blanc, mais qu'elle s'associe seulement à
lui pour ajouter à ses dégâts, en coupant les racines des
plantes qui se trouvent sur son passage quand elle chemine
souterrainement. Donc, après avoir crié respect aux taupes,
nous crions guerre, extermination de cette gente souterraine,
qui ne détruit rien de nuisible, qui bouleverse seulement nos
jardins et nos champs.
Mais que peut le conseil d'un pauvre savant contre l'auto-
rité d'un maréchal de France ? On nous opposera de suite ce
simple raisonnement : Pour qu'un militaire proclame qu'on ne
doit pas faire la guerre, il faut qu'il soit bien convaincu que
la guerre est plus nuisible qu'utile. Ce à quoi je réponds caté-
goriquement que... mais il me semble qu'il y a un grain de
politique dans ma réponse ! . . . Dans le doute je m'abstiens.
F. Herincq.
ËPOUVANTAIL POUR GARANTIR LES SEMIS DES PIER-
. ROTS.
Hardi comme un pierrot, dit-on! et c'est bien vrai. J'enai
vu souvent se poser effrontément sur le chapeau des manne-
— 191 —
quins placés dans les Cerisiers et... et manger les cerises à leur
faux nez et à leur fausse barbe. Ils finissent aussi par se rire
des miroirs, des moulins, des plumes, de tout ce qui est vi-
sible à leur œil nu, et dévorer à leur aise ce qu'on veut pro-
téger.
Mais voici un épouvantail presque invisible qui, par cela
même, produit sur ces petits pillards un effroi qu'ils ne peuvent
surmonter, et qui les tient éloignés de ce que le jardinier veut
mettre à l'abri de leur gloutonnerie. C'est au jardin botanique
de l'école de médecine de Paris, situé rue Cuvier, n° 12, que je
l'ai vu appliquer avec succès.
Lejardinier en chef, M.Guillaumin, ayant, l'année dernière,
semé du gazon en bordure de toutes ses corbeilles, vit bientôt
tous les oiseaux du quartier s'abattre dans son jardin, et dé-
vorer toutes ses graines. Son semis fut manqué; il dut resse-
mer une seconde fois. C'est alors que lui vint l'idée de tendre
en triangles, au-dessus de ses bordures, des fils très-fins re-
tenus par des petits piquets à 15 ou 20 centimètres au-dessus
du sol. Les pierrots vinrent à nouveau s'abattre sur ses bor-
dures, mais quand le repas fini, ils se sentirent arrêtés dans leur
vol par une chose invisible, grand fut l'effroi; leurs ailes, en ef-
fet, s'étaient trouvées prises par les fils, et aussitôt débarras-
sés, ils décampèrent en jetant un regard en arrière pour voir
ce qui les avait ainsi arrêtés; ne voyant rien, ils crurent aux
diables et ne revinrent plus. Le gazon s'en est bien trouvé, et
le jardinier mieux encore.
Depuis, je vois, au Muséum, qu'on tend de ces fils, deux ou
trois en long et parallèlement, sur les planches de semis; c'est
une preuve, il me semble, que le procédé est bon.
ErxN. Bonard.
— 192 —
Trevaox eu mois die Juillet.
Jardin Potager. On continue, pour les couches, les opérations du mois pré-
cédent; on veille sur les Melons, les Patates et les Aubergines qui les couvrent.
En pleine terre, on sème Poireaux, Ciboule, Chicorée de Meaux, Scarole et
Choux* fleur; on met en place ceux qu'on a semés le mois dernier. On peut encore
semer des Navets, Raiponces, en mêlant des Radis, des Carottes demi-longuea
pour l'hiver, et, à la fin du mois, de la-Chicorée blanche, de l'Oignon blanc pour
être repiqué en octobre, et de la Scorzonêre pour passer l'hiver ; on met en place
le Céleri turc, et on en butte tous les quinze jours pour en avoir toujours de bon
à être consommé; c'est le meilleur temps pour l'arrachage des Ëchalottes et l'Ail.
Jardin fruitier. Il faut visiter fréquemment les espaliers; palisser, ébour-
geonner, découvrir, sans trop les dégarnir, les fruits dont on veut avancer la
maturation ; veiller avec attention à maintenir l'équilibre des arbres, arquer ou
pincer les branches vigoureuses; dépalisser et dresser les faibles. Regarnir les
vides des espaliers ou des quenouilles, par le procédé de la greffe par approche
des rameaux herbacés. Dans les journées très-chaudes arroser les pieds des arbres
nouvellement plantés, surtout les Pêchers, et seringuer les feuilles.
Vers la fin du mois on greffe en écusson, à œil dormant, les Cerisiers, Pêchers,
Abricotiers, Poiriers, etc., dont la sève s'arrête de bonne heure; et à œil pous-
sant tous les arbres dont la végétation se prolonge jusqu'aux gelées.
Jardin d'agrément. Arroser, palisser, élaguer, mettre en place les plantes
d'automne, ébourgeonner les Dahlias, relever et mettre sur les tablettes, dans
un endroit sain et aéré, les bulbes ou griffes de Jonquilles, Narcisses, Jacinthes,
Tulipes, Renoncules, Anémones, etc., aussitôt que les feuilles ou hampes seront
desséchées; marcotter les Œillets, semer les Cinéraires et les Lupins.
Serres. Les plantes restées en serre ne demandent plus que des arrosements,
de l'air et un peu d'ombre quand le soleil est trop ardent.
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UM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas-
sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le
mois et dont nous avons reçu un exemplaire.
Un jardinier, non marié {Suisse), ayant de bonnes recommandations, \
mande une place. Il est employé actuellement dans un des plus grands jard
de luxe des environs de Nice.
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Plantes nouvelles. — X... Le Boutures ds Rosiers. — X... Petites nou-
velles. — Lodis Camperat, Observations sur la taille et la culture de Melons. —
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de la sélection. — Van-Holle, la Non-taille.
CHRONIQUE
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de la ville de Paris. Exposition d'horticulture à St-Pétersbourg-, réception des
jurés étrangers ; décorations accordées par l'empereur de Russie; distinction
particulière pour les jurés français. Causes diverses du mauvais temps et le
retour des journées d'été. La lune : j'enfourche mon dada; erreur de l'in-
fluence lunaire. Les fruits. Désolante prospérité du ver blanc ; sa rusti-
cité-, un spirituel écrivain au sujet d'une feuille de chou: le ver blanc et
l'acide phosphoreux. Dames patronnesses et médailles aux expositions d'hor-
ticulture-, ce qu'on admire. Flore et sa cour à Montereau : mascarade hor-
ticole.
Enfin voici l'été ! mais quel temps jusqu'au 3. Les 1 6 et 18
juin derniers, sous le ciel parisien et celui de beaucoup d'autres
villes de France, on a vu de la gelée blanche, et sur plusieurs
points de ce jadis beau pays, à Villeneuve, par exemple, une
glace épaisse entourait un bateau amarré le 1 7 sur les bords de
l'Yonne. Les Bourguignons sont dans la désolation. Sous l'in-
fluence de cette froidure inexplicable un petit ver a pénétré
dans le grain de raisin qui s'est racorni, et, sans recourir à
l'ingénieux système des probabilités, tout fait supposer que ces
grains mûriront mal ; les vignerons de la Bourgogne seront
donc obligés de mettre, cette année, plus d'eau qu'à l'ordi-
naire dans leurs vins, pour satisfaire aux besoins toujours
croissants de la consommation. Si ce temps avait continué en-
core quelques jours, nous aurions pu élancher nos soifs, pen1-
Jut//eM869. 13
— 194 —
dant la canicule, en suçant la glace de nos bassins d'arrose-
ment.
Tous les jardins, même ceux qui d'habitude sont toujours
des plus somptueux, ont un aspect triste et souffreteux. Rien n'a
poussé pendant la période printanière. Les plantes à feuillage,
Canna et Coleus, ont des mines de déterrées. Aussi le com-
merce des Canna a été complètement nul chez les horti-
culteurs marchands ; le jardin de la ville de Paris a trouvé
moyen cependant, d'écouler tous ses Balisiers ; il ne lui en reste
plus le moindre œilleton en magasin ! Je ne lui en fais pas
mon compliment. Il m'est bien permis de ne point être poli :
l'impolitesse n'est pas de l'économie politique ou sociale.
Pour trouver un printemps aussi laid, il faut remonter, dit-
on, à l'année 1863. Il parait que les élections jettent toujours
du froid dans les hautes régions, et comme le froid est plus
lourd que le chaud, il descend naturellement dans les régions
basses que nous habitons.
Mais s'il faut en croire des gens qui se disent bien rensei-
gnés, cette prolongation du mauvais temps, dans la saison du
beau, serait une bienveillante attention de celui qui gouverne
toute chose, en faveur de MM. les jurés français de l'Exposition
horticole de Saint-Pétersbourg; il aurait ainsi maintenu la
température à peu près hivernale, en France, pour épargner à
nos concitoyens, qui sont allés en Russie, les désagréments
d'une transition trop brusque à leur arrivée dans le pays des
czars, où celui d'aujourd'hui leur aurait fait le plus grand ac-
cueil.D'après une lettre,qui nous a été communiquée, SaMajesté
Alexandre aurait envoyé ses voitures à la gare, pour être
mises à leur disposition, et les valets de pied, qui leur ser-
vaient en même temps de guides, n'étaient ni plus ni moins
que des généraux et des maréchaux de l'Empire : que ça
d'honneur! Des fêtes splendides leur ont été données, écrit l'un
de nos concitoyens à un de ses amis, par l'Empereur des co-
— 195 —
saques. A la première réception, le petit-fils de Pierre le Grand
a daigné descendre jusqu'au pied de l'escalier d'honneur pour
les recevoir; ensuite ça allait tout seul : chaque matin, une
voiture de gala était à leur porte et ils allaient ou n'allaient pas
sans cérémonie déjeuner ou dîner à la cour. Le plus modeste
de nos confrères avait pour guide, paraît-il, le prince Gortscha-
koff, qui l'a conduit en Crimée pour lui demander des conseils
au sujet du grand square qu'on veut créer à Sébastopol, etc. , etc.
Bref, les représentants de l'horticulture ont été reçus comme
des tètes couronnées. Le czar a tout particulièrement remar-
qué MM . les jurés français ; il a été frappé surtout de leurs
connaissances en horticulture. Aussi leur a-t-il donné des
marques non équivoques desajuste appréciation de leur va-
leur scientifique, le jour de la distribution des récompenses.
Les représentants de l'horticulture de la Belgique, de la Prusse,
de l'Autriche, de l'Italie, etc., ont été tous décorés d'une foule
de croix de deuxième et de troisième classes, des ordres des
saintes Radegonde, Cunégonde, Hypocondre et autres; Alexan-
dre a fait une distinction particulière pour les jurés de la France ;
il ne les a pas décorés du tout ! . . . Le fait est qu'il doit avoir une
singulière opinion des savants de l'horticulture de notre pays,
s'il les juge tous par les quelques échantillons qui sont allés
faire montre là-bas. Les pauvres diables sont tellement hon-
teux et confus, de cette distinction particulière accordée à
leur personne, que celui qui a publié le compte rendu de
cette exposition, dans un recueil français, n'a pas osé le signer
de son nom ; il a mis par modestie : un membre du junj (!). La
France horticole ne doit pas être absolument fière du succès
de ses représentants. Roide,en effet, est la leçon ; s'en revenir de
Russie, seuls, gribouilles, je veux dire bredouilles, de la chasse
aux décorations, pas seulement la moindre croix de 4e classe,
des ordres de Sainte-Brigitte ou de Saint»Andre, franchement
c'est triste. Enfin, ils sont de retour, et nous pouvons rassurer
— 196 — ■
!nnrs iiiîs : ils n'ont on aucun membre» gelé pendant, leur séjour
,, , i ; . |.) • ■ éii'' seule
meut 1 gèremenl frisotté par la gelée bianclie du' jour des
récompenses.
C'est sans doute pour fêter leur heureuse rentrée, que le
soleil nous montre, depuis quelques jours, sa face rayonnante
de vieux satisfait ; ce serait un peu ironique. Mais si j'en crois
mon voisin de campagne, il n'a cédé qu'aux instances réitérées
de la lune, car il tenait à rester voilé en signe de deuil. Ici
j'enfourche mon dada, et je cours sus à celle industrielle noc-
turne.
in grand Orateur a dit : « En reproduisant, tous les matins
une idée fausse, on finit par la faire accepter comme une vé-
rité. 3) Il doit en être de même pour le contraire : en criant tous
les matins, après déjeuner pour avoir plus de force, que telle
idée est fausse, on doit finir par la faire reconnaître comme er-
reur. Je ne dois donc pas craindre de me répéter, au sujet de
la lune.
Outre le profond mépris que je professe pour tout ce qui tra-
vaille dans l'ombre, ou qui ne reflète que la lumière des
autres, en se gardant bien de faire connaître le foyer de pro-
jection, j'ai pour la lune une profonde aversion, qui ne peut
s'expliquer que par la fâcheuse influence qu'elle exerce sur
l'intelligence de la majorité de mes semblables. Croire que la
lune peut faire la pluie et le beau, ou neutraliser la puissante
et incontestable action du soleil, me paraît le comble de la
naïveté. Le simple bon sens suffirait pour détruire cette er-
reur. Comment sur 7 jours et quelques heures, qui est la durée
de chaque phase, on accorde 5 jours d'action : 2 avant, 2 après,
et'le jour précis ! Mais il faut être archi-obtus, pour ne pas voir
la ficelle de la doctrine de l'influence lunaire ! Le nombre des
jours de changements étant plus considérable que celui des
non-changements., puisqu'il y en a 5 contre % il est bien évi-
— 197 —
dent qu'il doit y avoir plus de changements de temps en 5 jours
qu'en 2, et qu'il y a plus de chance qu'ils s'opèrent pendant
les 5 jours que pendant les 2 autres. Est-il étonnant, avec un
tel système, que la lune paraisse ainsi douée d'une si puis-
sante influence? Et voyez la logique de ce système.
Chaque phase de la lune exerce, dit-on, son influence 2
jours avant! Acceptons le fait pour un instant. Elle conserve
cette influence pendants jours. Soit. Dans ce cas, ce doit être
la même cause qui agit depuis le premier jour jusqu'au der-
nier? Eh bien, non! Pendant les premiers jours, une phase
quelconque peut rester indifférente aux choses d'ici-bas. Par
exemple, si la nouvelle lune a fait pleuvoir, le premier quar-
tier peut laisser pleuvoir pendant les 4 premiers jours de son
règne, c'est-à-dire que son influence s'exercera en faveur de la
pluie; mais au moment de rentrer dans le néant, c'est-à-
dire le cinquième jour, il peut exercer une influence contraire ;
se ravisant, il mangera tout à coup, ou petit à petit, les nuages
et permettra ainsi au soleil d'apparaître dans tout son éclat !
Est-ce assez naïf! Voilà pourtant le rôle absurde que mon
voisin de campagne, déjà nommé, fait jouer, en plein
XIXe siècle, au dernier quartier delà lune, du 2 juillet. Son
influence remonte, en effet, au 30 de juin. Or ce jour-là
statu quo : toujours ciel couvert, pluie, vent, et si chacun
n'avait point été retenu par la honte, on aurait jeté quelques
bonnes bourrées dans la cheminée. Le vendredi 2 juillet, jour
précis du dernier quartier, influence nulle; un orage fond sur
Paris et couche tous les blés des environs. Le 3, il ne fait pas
encore chaud à 6 heures du matin, et le pardessus ne m'a pas
paru un vain vêtement; le ciel est toujours couvert. Le di-
manche, 5e et dernier jour de son influence, le dernier quar-
tier mange les nuages, en égoïste qu'il est, n'en voulant pas
laissera son héritière, la nouvelle lune, qui n'apparaîtra que
le 9. En effet le lundi, période neutre, sans influence sur les
— 198 —
changements de temps, il ne reste plus la moindre trace de
mauvais jours ! Le soleil circule librement dans l'espace, ainsi
diraient les poètes, et, comme s'il voulait rattraper le temps
perdu, il nous inonde de ses rayons qui déterminent pas mal
de congestions chez les hommes; les oiseaux battent gaiement
des ailes, et les pauvres plantes hument béatement la douce et
moite chaleur qui leur vient à la fois et du ciel et de la terre.
Elles renaissent enfin à la vie, et bientôt, si la nouvelle lune
du 9 ne vient pas déranger le soleil dans l'exercice de ses fonc-
tions, nous pourrons contempler à notre aise, amis lecteurs,
leurs charmants attraits. Cette nouvelle lune, qui paraît clé-
mente, nous doit bien ce dédommagement pour la perte de nos
Poires, Pommes, Abricots, Prunes et Pêches, malheureuses
victimes de l'inclémence de ses devancières. Ces fruits, en ef-
fet, sont rares cette année ; ils manquent à peu près partout ; et,
chose étrange, les Cerises abondent de tous côtés ; ce qui nuit
aux uns semble être favorable aux autres : rien d'absolu en ce
monde. Philosophes, vous avez raison!
Mais si l'inclémence des lunes printanières a été contraire
à la production des fruits, elle a singulièrement favorisé la
production des vers blancs. A Guitrancourt nous en avons
trouvé jusqu'à 45 au pied d'une seule plante, et M. Alph. La-
vallée me inarquait ceci dans une de ses lettres : « Je con-
nais entin la cause du dépérissement si subit de mon beau
Lonicera chrysantha. Persuadé que cet état provenait de l'al-
tération des racines, je viens de les visiter, et j'ai peine à
en croire mes yeux : deux cent cinquante- huit vers blancs en
ont été retirés; c'est désolant »
C'est tellement désolant qu'il n'y a aucun procédé sérieux
de destruction ; car ils ont la vie dure ces ennemis intraita-
bles de l'agriculture. Pour s'en débarrasser je ne vois qu'un
moyen : c'est de faire appel au déluge universel* Un spi-
rituel écrivain, dont le nom m'échappe, s'est beaucoup moqué
— J99 —
d'un moyen de destruction par la culture des Crucifères.
L'auteur de cette découverte disait, pour appuyer son dire,
qu'on pouvait s'en assurer en plaçant quelques vers blancs
sur une feuille gâtée de Chou et qu'en moins d'une heure ces
vers étaient morts. Le susdit spirituel écrivain s'écriait à ce
propos : Mais tout le monde sait qu'aussitôt qu'un ver blanc est
mis à l'air, il meurt, sans feuille de Chou. » — Notre spirituel
confrère est dans l'erreur; le ver blanc, sans feuilles de Chou,
ne meurt pas aussi vite. Un de nos dessinateurs, ayant eu à
faire le portrait d'un de ces ravageurs de racines, a conservé
son modèle pendant plus de huit jours sur sa table dans le
plus parfait état de santé, et je viens d'avoir une preuve
que le ver blanc peut vivre longtemps sans manger; c'est
plus fort !
L'année dernière j'avais pensé que les émanations phospho-
riques devaient tuer la larve du Hanneton. A cet effet 20 vers
blancs furent mis, en septembre, dans de la terre ordi-
naire contenue dans une caisse longue de 80 cent, sur 30 de
largeur et autant de profondeur. Je fichai en terre des tron-
çons de roseau percés* latéralement de nombreux trous, et
dans lesquels tronçons, hermétiquement fermés aux 2 extré-
mités, j'avais mis' des morceaux de phosphore. Au bout d'un
mois je visitai la terre pour connaître le résultat de l'opéra-
tion, et je retrouvai mes vers blancs frais et dispos. J'étais fixé
dèslorssur Faction du phosphore, et j'abandonnai la caisse dans
un coin du laboratoire, où elle passa l'hiver. Il y a quelques
jours, retrouvant cette caisse, je la fis vider; les vers étaient
encore vivants; ils avaient doublé de volume. De quoi ont-ils
vécu depuis le mois de septembre jusqu'en juin dernier? Est-ce
que l'acide phosphoreux serait un agent de nutrition comme
l'azote? Dame! on ne sait pas. Quel immense avantage ce se-
rait pour l'humanité souffrante, si les émanations d'une ciga-
rette de phosphore pouvaient nourrir les hommes comme elles
— 200 —
ont nourri mes 20 vers blancs ! C'est un beau sujet d'études,
que j'abandonne à ceux qui veulent faire rapidement fortune,
pour venir aider ensuite au progrès de l'horticulture, en
faisant don, aux sociétés, de quelques médailles d'encouragé-
ment.
C'est bon genre aujourd'hui de se faire ainsi protecteur ou
protectrice de l'horticulture, et de délivrer de sa blanche main
la médaille qu'on a mise à la disposition du jury. J'admire cette
noble et franche protection accordée à la science horticole !
Mais ce qui est plus admirable et ce que j'ai admiré toute cette
année, ce sont les blanches mains des donatrices. A Paris j'ai
admiré celles de Mme la duchesse de X... ; à Meaux j'ai admiré
celles de Mme la comtesse de Z. . . A Montereau j'ai admiré plus
qu'une main ; là j'ai admiré, dans des chars peu élégants, de
gracieuses et charmantes jeunes filles, qui, sous les costumes
les plus frais et les plus coquets, avaient pris la forme des su-
jets de Flore : Myosotis, Boutons d'or et de Rose, Grenades, etc.
— (Je copie ici, qu'on le sache bien, le compte rendu de l'Expo-
sition inséré dans le journal de Montereau). — «Cette aimable
reine des fleurs et sa cour arrivèrent à l'Exposition accom-
pagnées de la fanfare de la ville. Elles furent reçues à l'Expo-
sition,— ces gracieuses et charmantes jeunes fleurs, — par
M. le Préfet, par M. le baron de Beauverger, président, et le
secrétaire de la Société d'horticulture, parle maire et les au-
torités de toutes sortes. « M. le Préfet a complimenté la reine et sa
suite et lui a adressé ses félicitations, pour l'heureuse idée de
s'associer si gracieusement à la fête de l'horticulture, célébrée
avec tant d'éclat par la ville de Montereau. 3>
Le soir j'ai admiré la main de Flore, se promenant au bras
d'un membre de la commission, et pendant le quadrille « pour
les fleurs vivantes » dansé à la lumière des feux de bengale,
j'ai aussi admiré, dans un jeté-battu un peu risqué, son. . .
pied mignon.
— 201 —
Certes, je le dis sans flatterie, je n'avais encore rien vu
d'aussi joli que ce... que cette fête. Et, comme M. le préfet,
je suis tout disposé à adresser mes félicitations à la Reine et à
sa suite ; mais seulement comme mise en scène bien réussie et
non comme protectrice de l'exposition florale. Car franche-
ment ce n'est pas traiter les sociétés d'horticulture en institu-
tions sérieuses, que d'associer à ces luttes du travail et d'in-
tejligence, les élucubrations de quelques couturières et lavan-
dières en goguettes. Si l'on veut que l'horticulture prenne de
la valeur dans un pays, il faut en faire ressortir l'importance,
soit par la publication des travaux des membres de la société
locale, soit en montrant dans des Expositions, ce que peut la
pratique quand elle est éclairée par les saines théories scien-
tifiques ; mais ce n'est pas en faisant de ces Expositions un
accessoire de fêtes champêtres, un prétexte à divertissements
grotesques, comme on vient de le faire à Montereau, qu'on
parviendra jamais à faire comprendre aux populations, que
l'horticulture est une science sérieuse, qui possède tous les
éléments du progrès agricole.
F. Herincq.
ARISTOLOCHIA FLORIBUNDA (Pl. VII.)
Cette nouvelle Aristoloche, originaire des provinces du Bré-
sil qui bordent la rivière des Amarones, a été découverte par
M. Baraquin, et introduite par lui dans l'établissement de
M. Ambroise Verschaffelt, de Gand. Malgré la couleur brune
qui marbre les fleurs, cette espèce n'exhale pas, pendant sa
floraison, cette odeur nauséabonde qui caractérise la plupart de
ses congénères.
VAristolochia floribunda est une plante volubile glabre, à
ramules nombreuses, grêles et cylindriques, pendantes, char-
gées parfois de 500 à 600 fleurs, s'il faut en croire le rédac-
— 202 —
teur du journal de M. Verschaffelt. Les feuilles sont amples, lar-
gement ovales, arrondies, échancrées en cœur à la base, vertes
et luisantes en dessus, pâles et glaucescentes en dessous, où les
nervures anastomosées sont très-proéminentes. Les fleurs so-
litaires ou réunies par 3 à l'aisselle des feuilles, sont très-
brièvement pédonculées. Le tube est ventru ovoïde à la base,
arquée redressé ensuite, de couleur jaune pâle ; le limbe lar-
gement oblique et en forme de cœur renversé, est, en dessus,
d'un beau jaune élégamment marbré et panaché de couleur
rouge plus ou moins foncée; en dessous ce limbe est jaune
clair veiné de rouge.
Cette remarquable et nouvelle plante est de serre chaude.
0. Lescuyer.
[PLANTES NOUVELLES.
Saxifraga crassifolia Ingelresti et crassifolia ciliaris sont
deux hybrides des Saxifraga crassifolia et ciliaris obtenus par
M. Ingelrest, jardinier en chef du jardin des plantes de Nancy,
et mis au commerce par M. Lemoine. Leur mérite se trouve
dans des fleurs de diverses couleurs, grandes comme celles du
ciliaris, et dans les panicules scorpioïdes plus amples, plus
garnies de fleurs, et dans une plus grande précocité de fleu-
raison.
Gynerium Wesserlingii foliis variegatis. CeGynerium, trouvé
dans un semis, par M. Meny, horticulteur à Wesserling, est
plus robuste, dit M. Lemoine, que toutes les autres variétés
panachées.
Delphinium. Nos abonnés doivent se rappeler ce beau Del-
phinium de M. Remy, de Pontoise, figuré dans Y Horticulteur
français en 1865. Un accident survenu aux multiplications
n'a pas permis, à l'obtenteur, de le livrer au commerce à l'é-
poque qui avait été annoncée. C'est seulement cette année
— 203 —
qu'il fait son entrée dans le monde horticole sous l'égide de
M. VanHoutte, de Gand. Les autres variétés annoncées sont
ranunculiflorum, Mme Richalet, par M. Lemoine ; -— Louis Fi-
guier et Marie Morel, par M. Crousse.
Echeveria. Les Echeveria sont des plantes grasses que sou-
vent on appelle des Crassula : ce sont en effet deux genres
d'une même famille. M. Rendatler ayant fécondé V Echeveria
retusa major par le macrophylla, en a obtenu trois variétés
hybrides qu'il appelle : retusa tloribunda splendens, retusa
miniata, et luteo gigantea.
Pentstemon. Les nouveaux sont : Linné, Gottlieb-Zahn,
Henry Demay, Faust, M. Debay, M. Gebhard, Prince Jérôme,
Rose Rendatler, William nouveautés Bull, de M. de Rendatler.
Clématite Jeanne-d'Arc. Très-belle nouveauté rustique ob-
tenue par M. Dauvesse, d'Orléans, et mise au commerce par
M. Rendatler. Grandes fleurs blanches avec une faible teinte
azurée .
Gymnothrix latifolia. Graminée vivace très-ornementale de
Montevideo, mise cette année au commerce par MM. Courtois-
Gérard et Pavard . C'est une plante très-vigoureuse qui peut
atteindre 3 mètres de hauteur dès la première année de végé-
tationj son feuillage est léger. Plante propre à isoler par
grosses touffes sur les pelouses.
Solarium lanceolatum. Livré à la pleine terre pendant l'été,
il se couvre bientôt de nombreuses panicules de fleurs bleu
lilacé.
Solarium robustum aureum. Grande et vigoureuse espèce à
larges feuilles pubescentes à reflet jaune bronzé.
Solarium crinitipes. A grandes feuilles, longues de 40centim.,
blanc d'argent en dessous.
Wigandia mexicana. Quoique originaire du Mexique, cette
nouvelle espèce a les feuilles plus dures et plus résistantes que
celles de ses congénères .
— 204 —
Voici maintenant une petite liste de quelques bonnes nou-
veautés de plantes annuelles.
Capucine naine cœrulea rosea.
Clarkia pulchella marginata à fleurs doubles.
Collinsia verna.
Cosmos bipinnatus exaristatus atropurpureus.
OEnothera Drummondinain à fleurs blanches.
Linaria alpina.
Mimulus cupreus hybride fond bîanc.
Mufliers nains.
Pourpier à grandes fleurs doubles.
Reine-Marguerite anémone magenta.
— — imbriquée rouge foncé demi-naine.
Salpiglossis Maurice, Paul et Philippe.
Thlaspi blanc très-nain.
— nain lilas (Vilmorin).
Whitlavia gloxinoides.
Zinnia élégant double, rose nuancé saumon.
— — — blanc.
Nous continuerons, dans le prochain numéro, la Revue des
autres genres.
Ern. Bonard.
LES BOUTURES DE ROSIERS.
C'est pendant les mois de juin et juillet qu'il convient de
faire les boutures de Rosiers. Une condition indispensable de
réussite est de ne détacher que les boutures dont le bois est
parfaitement mûr, ce qui a lieu ordinairement après l'épa-
nouissement de la fleur qui termine le rameau. Ces boutures
ayant reçu une grande somme de lumière, on ne devra pas les
ombrager complètement, mais légèrement, de manière que
— 205 —
les rayons solaires leur arrivent comme à travers un tamis.
Trop de lumière les fait faner, trop d'ombre leur est également
nuisible. La provision de boutures devra être faite le matin
à la rosée. Si l'on devait les cueillir pendant la journée, il fau-
drait immédiatement les envelopper d'un linge mouillé. La
coupe de la base de la bouture, au moyen d'un instrument
bien tranchant, est faite transversalement, très-près de l'oeil
inférieur. La bouture sera courte sous les feuilles; les feuilles
seront coupées de façon qu'il ne leur reste que la première
paire de folioles, excepté la supérieure qui en aura deux. Les
boutures seront placées en godet ou en terre mélangée de ter-
reau ; moins elles seront enterrées, plus vite elles s'enracine-
ront. Pour maintenir la bouture en équilibre, la terre doit
être un peu humide. — Le baron d'Avène, président de la
société de Meaux, plante ses boutures en pleine terre, mélan-
gée de terreau et en plein soleil ; elles sont recouvertes de
cloches blanchies intérieurement. Au bout de quinze jours ou
trois semaines, les boutures sont enracinées. Il profite d'un jour
sombre pour les bassiner et arracher l'herbe qui peut avoir
poussé ; puis il les recouvre, pour ne plus s'en occuper jusqu'au
mois de septembre, où il commence à aérer par les temps
sombres.
(Société centr. d'agr. dllle-et-Vilaine.)
PETITES NOUVELLES.
Fumier de tabac. Cet engrais, qui n'est pas très-connu, et
qui n'est pas, conséquemment, à la disposition de tout le
monde, possède la propriété de détruire ou d'éloigner en-
tièrement les pucerons; Ce fumier est composé de tous les
résidus de feuilles de tabac avariées, de poussier et de débris
dénaturés au moyen d'agents chimiques. MM. Simon frères,
— 206 —
de Metz, en ont obtenu de très-bons résultats; ils conseillent
aux jardiniers qui se livrent à la culture des Choux, Choux-
fleurs, Radis ou autres plantes sujettes à être attaquées par les
pucerons, et qui ne pourraient pas se procurer de ce fumier
de tabac, d'arroser les engrais dont ils se servent habituelle-
ment, avec du jus de tabac qu'on obtient facilement dans
toutes les manufactures de l'État.
Nouveau sujet pour greffer les Rosiers. D'après Y Annuaire
de la Société nantaise, M. Lalande jeune remplacerait avan-
tageusement l'églantier qui devient rare, par une espèce de
Rosier multifiore nommée Rosier de la Grifferaie. Ce Rosier se
multiplie avec une extrême facilité par boutures. Vers le mois
de février de l'année qui suit la reprise des boutures, M. Lalande
les coupe à raz de terre ; il sort alors une multitude de branches ;
on choisit la plus belle pour faire la tige, et il supprime toutes
les autres. Lorsque cette tige a atteint à 1 mètre de hauteur,
il la pince pour provoquer le développement des ramifications
sur lesquelles, au mois de juillet, il pose ses écussons. Le Ro-
sier de la Grifferaie ne donne pas de gourmands comme
l'églantier, paraît-il; sa rusticité est plus grande, et il est in-
sensible à la sécheresse et aux influences atmosphériques.
OBSERVATIONS SUR LA TAILLE ET LA CULTURE
DES MELONS.
Dans le numéro de novembre dernier, dans un article sur la
taille du Melon, je dis qu'on ne doit faire cette taille qu'une
fois sur la tige au-dessus de la deuxième feuille. Une faudrait
pas conclure de cela que je suis adversaire de la taille. Je
crois au contraire que la taille est nécessaire pour les Melons
de première saison, semés en décembre et janvier, parce que
les variétés cultivées alors ne sont pas les mêmes que celles
— 207 —
qui sont semées plus tard. Il est bon de simplifier, mais il ne
faut pas abandonner les Melons de première saison à eux-
mêmes, comme font certains jardiniers qui éprouvent ainsi un
retard de 15 jours dans la maturité, et qui obtiennent des
fruits moins gros que ceux provenant de pieds auxquels on a
appliqué la taille.
Entre les deux extrêmes, — ne pas tailler, ou tailler trop, —
il y a un juste milieu; c'est lui que je me propose de faire
connaître aujourd'hui d'après les avis de quelques-uns de mes
confrères et les remarques que j'ai faites en pratiquant toutes
les méthodes préconisées.
Mais d'abord quelques mots sur la culture.
Les premiers semis doivent être faits en novembre et dé-
cembre; ceux de novembre donnent leurs fruits à la fin de mars
et premiers jours d'avril; ceux de décembre en produisent à
la fin d'avril. Mais il ne faut compter sur les succès des
semis de novembre qu'autant qu'on emploiera un chauffage
autre que le fumier ; un appareil comme le termosiphon est
indispensable pour affronter les mauvais temps des deux der-
niers mois de Tannée.
Les semis de décembre se font du 20 au 25, sur une couche
de fumier neuf mélangé avec du vieux ou des feuilles pour
éviter les coups de feu, et haute de 60 centimètres ; on peut
en obtenir une chaleur de 32 à 35 degrés: Ce n'est qu'au
bout de cinq ou six jours, quand la chaleur de la couche est
descendue à 50- degrés, qu'on doit faire son semis.
On charge la couche avec de la bonne terre de jardin légère
ou de la terre de pré additionnée d'un tiers de bon terreau.
Pour cette première saison, on choisit préférablement le
Cantaloup dit de vingt jours ; quelques jardiniers préfèrent le
Prescott à fond vert, ou le petit Prescott; mais je donne la pré-
férence au Cantaloup, qui est de grosseur moyenne et plus pré-
coce.
— 208 —
Pour garantir les graines de la voracité des Mulots, on en-
cadre pour ainsi dire ses semis avec quatre bandes de verre et
on les couvre avec un morceau de carreau de vitre ; c'est une
précaution qui n'est pas du tout inutile. Ainsi semées les
graines germent au bout de quatre ou cinq jours ; huit ou dix
jours après la germination, le plant devra être levé et rempoté
dans des pots de 10 à 12 centimètres, remplis avec de la terre
du semis ; on aura soin d'enterrer chaque plant jusqu'à la
naissance des deux cotylédons, et on le replacera sous châssis
le plus près possible des vitres, pour faciliter la reprise et évi-
ter Fétiolement; suivant le besoin, on recouvre avec des paillas-
sons, on remanie les réchauds, ou bien on place son plant
sur une nouvelle couche ; dans tous les cas, la chaleur de fond
doit être de 18 à 20 degrés.
Aussitôt que les plantes ont poussé leur troisième feuille,
on les pince au-dessus de la deuxième feuille pour 'obtenir
deux branches ; tous les jardiniers sont d'accord sur cette pre-
mière opération. Il y en a toutefois qui attendent pour.étêter,
— comme on dit en terme du métier, — que les plantes soient
mises en place, et quand elles ont quatre ou cinq feuilles ;
mais alors cette suppression de deux ou trois feuilles détermine
une certaine perturbation qui arrête un moment la végétation
Nous préférons le pincement sur les sujets en pépinières, à
leur troisième feuille, pour éviter cet arrêt et pour permettre
à la plaie de se cicatriser plus facilement.
La mise en place, pour le plant provenant du semis fin dé-
cembre, s'effectue du 10 au 20 février.
La couche qui doit recevoir le plant ainsi préparé sera faite
d'un mélange moitié fumier neuf, un quart fumier vieux et un
quart de feuilles sèches, le tout bien mélangé. Avec une couche
ainsi composée, haute de 60 à 70 cent, et bien foulée, on
obtient, cinq ou six jours après son établissement, une chaleur
de 30 à 32 degrés, qui durera très-longtemps, et c'est là l'im-
— 209 —
portant. On place ensuite les coffres ; on charge la couche de
terre, comme pour le semis, sur une épaisseur de 20 cent . C'est
quand cette terre est échauffée par la couche que se fait la
plantation, à raison de trois pieds par panneau ; après le bas-
sinage d'usage pour faciliter la reprise, on n'a plus, jusqu'au
moment de la deuxième taille, qu'à couvrir pour garantir du
froid, et donner de l'air par le beau temps quand la chaleur
du châssis dépasse 30 degrés, ou refaire les réchauds si la
température de la couche baisse.
Une autre méthode, plus vicieuse encore, est celle qui con-
siste à attendre trop longtemps pour faire la taille, Ainsi, par
exemple, certains jardiniers n'opèrent la taille au-dessus de la
4e feuille que quand la branche en a 6; c'est épuiser la plante
inutilement, et cette suppression arrête un instant le cours ré*
gulier de la sève qui se trouve refoulée jusqu'au moment où
les yeux des feuilles supérieures commencent à se développer.
En pinçant au contraire aussitôt que la cinquième feuille ap-
paraît,- les yeux se développent de suite et la marche de la
sève n'éprouve pas, ou que peu, de mouvement d'arrêt.
Mais, dira-t-on, quand on ne taille pas du tout les Melons,
n'obtient-on pas des fruits aussitôt et aussi gros que sur les
pieds qui sont taillés? ,
J'ai travaillé avec des maîtres qui ne taillaient pas les Me-
lons de première saison; j'ai travaillé aussi avec d'autres qui
pratiquaient l'ancienne méthode de taille dont je viens de par-
ler, et enfin j'ai vu pratiquer par quelques autres la nouvelle
méthode que j'ai décrite en premier lieu. Voici le résultat de
mes observations :
Les pieds de Melons qui ne sont pas taillés après l'étête-
ment mûrissent leurs fruits de 1 5 jours à 3 semaines plus tard ,
que ceux semés à la même époque et qui sont soumis à la nou-
velle taille que j'ai décrite, et cela se comprend. Sur les sujets
non taillés, les branches fruitières mettent plus de temps à sor-
Mllet 4 869. 44 -,
— 210 —
tir, et quand les fruits commencent à nouer, la plante est par-
venue aux deux tiers de sa végétation; sa vigueur est épuisée
en production inutile, les fruits ne peuvent acquérir qu'un faible
développement, quelques-uns cependant deviennent gros et
mûrissent de bonne heure ; mais ils proviennent de fleurs qui
ont noué sur les premières branches, et c'est une exception.
Pour faire la seconde taille, on attend que les 2 branches
sorties du premier pincement aient développé chacune leur
sixième feuille; on taille alors au-dessus de la cinquième.
Aussitôt après cette opération, on étend du paillis sur toute la
surface de la terre du châssis.
De la seconde taille sont sorties de chaque branche 4 ou 5
nouvelles ramifications qui seront taillées à leur tour au des-
sus de la 4° feuille . Au fur et à mesure que toutes ces branches
s'allongent, on les étale autour du pied, aussi régulièrement
que possible, pour qu'elles ne se croisent pas, et ne fassent pas
confusion .
A ce moment, on voit, sur les branches de la seconde taille,
quelques fausses fleurs (fleurs mâles) et parfois quelques mailles
(fleurs femelles) ; mais ce n'est que sur les branches de la 3e
taille que les mailles se montrent en quantité suffisante pour
faire un choix. On ne laisse d'abord qu'une seule maille sur
chaque pied ; mais quand son fruit aura atteint les deux tiers
de sa grosseur, on pourra en laisser une seconde en choisissant
celle qui offre le plus d'avantage pour la production d'un beau
fruit.
On reconnaît qu'une maille est disposée à produire un beau
Melon à la rapidité de sa croissance, à sa couleur d'un vert
clair et frais ; quant à la forme, si le bout qui tient à la queue
est plus petit que l'autre, c'est un mauvais signe; au contraire,
lorsque le bout qui tient à la queue est plus gros, on est assuré
d'avoir un beau Melon. Mais pour arrêter la maille, du autre-
ment dit pour assurer son développement, une 4e taille est né-
— 211 —
cessaire ; on taille donc à un œil au-dessus de la maille pour
obtenir un rameau d'appel qui assure la subsistance du nou-
veau fruit.
Après cette 4e taille, on laisse pousser librement les Melons,
sans plus rien pincer . Les seuls soins à donner sont les arr
rosements et l'aération chaque fois que l'un ou l'autre est né-
cessaire.
Les melonnières de la fin de décembre traitées ainsi doivent
donner leurs premiers fruits — si ie 'temps n'a pas été trop
mauvais — du 20 au 30 avril .
La deuxième saison doit être commencée du 20 au 25 jan-
vier. On peut prendre cette lois le Cantaloup gros fond blanc,
une des meilleures variétés pour toute l'année, excepté pour la
première saison, parce qu'il n'est pas aussi hâtif que le Canta-
loup des 28 jours. Les soins de culture sont les mûmes que
ceux indiqués pour la première saison ; la taille seule diffère.
Après l'étêtement ou la première taille au-dessus de la
2e feuille, on pince les deux premières branches au-dessus de
la 6e feuille, et toutes les ramifications qui oroviennent de cette
seconde taille sont pincées au-dessus de la 6e ou 7e feuille. La
taille des Melons de seconde saison , et de toutes celles fanes
sous châssis qui peuvent suivre, s'arrête lu. Comme cette va-
riété est plus vigoureuse que les autres, il ne faut planter que
-deux pieds par châssis; on arrêtera la maille aussitôt qu'on
en trouvera debien conformées, en pinçantau-dessus, ainsi qu'il
a été dit plus haut.
Telle est la meilleure méthode de culture des Melons cul-
tivés sous châssis, et il est facile de démontrer sa supériorité
sur toutes les autres .
D'après la vieille méthode, on pince, après la 4e taille, non-
seulement toutes les branches fruitières au-dessus de la maille,
mais encore toutes les branches qui se développent à la suite
de cette taille à 2 feuilles, supprimant ainsi toutes les ramifica-
— 212
tions sans fruits, qui, dit-on, enlèvent une grande partie de la
sève au détriment de la fructification. Mais cette pratique est
tout à fait contraire à la loi de la nature; car il est bien cer-
tain que cette suppression est une sorte de mutilation qui
jette la perturbation dans la circulation des sucs nourriciers, et
entrave la végétation; naturellement les fruits souffrent et ne
peuvent acquérir tout leur développement.
La taille est donc nécessaire pour les Melons de première
saison, principalement pour les variétés Cantaloup des 28
jours, Petit Prescott, Prescott fond vert, noir des Carmes.
Cantaloup petit fond blanc, etc., et on doit les tailler jusqu'au
moment où les fruits sont noués ; on peut ensuite les laisser
pousser librement. Et, je le repète, les tailles doivent être faites
aussitôt qu'on pourra couper l'extrémité des branches, sans
nuire à la feuille au-dessus de laquelle on doit tailler, afin
d'entraver le moins possible la marche régulière de la végé-
tation.
En résumé, il faut tailler les premières saisons d'hiver pour
avoir le fruit le plus tôt possible, et les laisser pousser librement
aussitôt que les fruits sont noués ; tailler moins les 2% 3e et 48
saisons cultivées sous châssis, parce que, à l'époque où elles
sont faites, le soleil est plus chaud, la lumière plus vive, et
que les fruits nouent plus facilement ; laisser pousser libre-
ment les Melons de cloches, ou de saison d'été, en coupant
seulement à la bêche les bouts des branches qui envahissent
les sentiers. Ainsi faisant, on est assuré de récolter toujours
de beaux et bons Melons.
Louis, dit Camperat.
— 213 —
OBSERVATIONS CRITIQUES SUR L'ORIGINE DES PLANTES
DOMESTIQUES.
3e article : de la sélection.
C'est pour arriver à ce plus haut degré de perfectionnement
que le cultivateur a imaginé la sélection ; opération par la-
quelle on choisit, pour reproducteur, les graines sur les indivi-
dus qui possèdent les qualités qu'on recherche le plus déve-
loppées. Cette sélection est la conséquence naturelle de ce
principe, qui fait partie des doctrines de Lamark sur la transfor-
mation de l'espèce : que, <r. tout ce qui a été acquis, tracé ou
changé dans l'organisation des individus, pendant le cours de
leur vie, est conservé par la#génération et transmis aux nou-
veaux individus qui proviennent de ceux qui ont éprouvé ces
changements. »
Mais, d'après les partisans de cette opération, la sélection
n'a pas seulement pour but de conserver et de perpétuer ce qui
a été changé et acquis dans l'organisation d'un individu, elle
augmenterait encore les moindres modifications au point de
produire les changements les plus frappants des types nou-
veaux. Pour opérer cette transformation, de Lamark fait tou-
jours intervenir, très-prudemment, le temps et un nombre très-
considérable mais indéterminé de générations ; les sélecteurs
modernes ont la prétention de produire des modifications ra-
dicales d'un type spécifique sauvage en quatre générations
seulement.
Il est inutile de faire ressortir les conséquences d'un pareil
principe; chacun voit de suite ce qu'il y a d'exagéré, de faux
même, dans cette fameuse doctrine de la mutabilité et de la
perfectibilité de l'espèce par sélection. C'est, en effet, la pro-
clamation du progrès indéfini, du perfectionnement sans fin :
c'est le petit Radis rose acquérant le volume d'une Bet-
— 214 —
terave colossale; la douce Cerise prenant les proportions
du roi des Potirons, et l'humble Pâquerette dépassant les
dimensions du plus gigantesque Tournesol. L'imagination peut
enfanter toutes ces conceptions ; mais le simple bon sens les
range parmi celles qu'on ne prend même pas la peine de com-
battre.
L'histoire des peuples et les pratiques culturales sont là du
reste pour démontrer l'erreur dans laquelle sont tombés les
partisans de la sélection ainsi entendue. Tout en ce monde a
des limites, aussi bien l'intelligence humaine que le volume
d'une racine ou d'un fruit. La nature n'a rien laissé à l'arbi-
traire des hommes. En histoire naturelle, elle a marqué les
deux extrêmes opposés de la variation de chaque espèce, et
l'homme, avec tout son génie, ne peut changer ni son point
de départ ni son point d'arrivée. Deux êtres du plus grand
esprit et d'une extrême beauté pourront s'unir pour créer de
beaux enfants spirituels, et n'obtiendront que des individus dif-
formes et idiots : le monde civilisé est plein de ces exemples. Le
jardinier pourra choisir les graines des plus volumineuses Ca-
rottes pour en obtenir de plus grosses encore, qu'il verra la
moitié de son plant retourné au type sauvage, ou ne lui don-
ner que des racines de médiocre grosseur ; le cultivateur peut
en fournir de nombreuses preuves.
La sélection n'a point d'action directe dans la transforma-
tion d'une plante; le rôle modificateur qu'on lui attribue est
encore une de ces fictions comme il y en a tant dans les œuvres
philosophiques de Darwin.
Dans le silence du cabinet, l'application de ce principe est
facile, et les résultats sont toujours merveilleux ; mais lors-
qu'on l'applique au sol même, l'homme est bientôt obligé de
reconnaître qu'il poursuit une chimère. Riem, en effet, dans
l'histoire des sciences naturelles et agricoles n'autorise à poser
en principe : que les êtres nouveaux sont toujours plus parfaits
— 215 —
que leurs parents. C'est ce principe pourtant que les parti-
sans de la progression sélective établissent, en reconnaissant
que, par sélection et semis successifs, on parvient à modifier, à
améliorer les types sauvages pour en obtenir de belles et
bonnes races domestiques.
L'homme est toujours exagéré dans ses inspirations. Si la
sélection avait une telle puissance, le monde ne tarderait pas à
être bouleversé de fond en comble ; et, en horticulture, nous
verrions se produire, en peu d'années, ce que les jardiniers
cherchent depuis si longtemps, la Rose bleue, le Dahlia bleu,
la Tulipe noire, et tant d'autres chimères sur lesquelles viennent
constamment se briser et s'anéantir toutes les plus hautes in-
telligences horticoles. Ceux qui acceptent ce principe ont dû
certainement se demander pourquoi les auteurs des Carottes et
des Radis sauvages améliorés se sont arrêtés aux résultats
de la quatrième génération. En poursuivant leurs recherches,
ils auraient pu obtenir d'autres variétés plus grosses encore,
voire même des Carottes et des Radis bleus, puisqu'ils avaient
l'un et l'autre trouvé des racines violettes; il suffisait de quel-
ques années seulement pour opérer, par sélection, l'élimination
de la couleur rouge qui entre dans la composition de la cou-
leur violette, et ils parvenaient à en fixer le bleu. Mais il
semble, d'aprèsles récits des auteurs de ces plantes améliorées,
que la quatrième génération est le terme de l'action sélective ;
tous deux du moins se sont arrêtés là. Sur la cinquième et
les suivantes, die n'aurait donc plus rien de progressif; elle
deviendrait purement et simplement ce qu'elle est en réalité :
conservatrice de certaines modifications accidentelles ou, au-
trement dit, dues au hasard!
Dans la recherche du mieux, par semis successifs sans le se-
cours de l'hybridation, la sélection n'a pas d'autre rôle à rem-
plir ; elle ne peut pas en remplir un autre : autrement l'homme,
en possession de cette arme, détruirait aussitôt l'harmonie su-
— 216 —
blime de la création, porterait le trouble dans l'existence des
êtres, et jetterait la confusion parmi eux. Et il ne faudrait pas
les milliers de siècles, que font intervenir les sages et prudents
partisans de la transmutation, pour produire ce désordre; quel-
ques années suffiraient; chaque génération d'hommes pourrait
en constater les effets, et ce ne serait plus à force d'érudition,
par induction, hypothèse, ou sur quelques faits isolés, ex-
ceptionnels et accidentels, qu'on soutiendrait la théorie de cette
transformation successive des êtres ; elle se trouverait appuyée
par de nombreux et incontestables faits vivants. Aujourd'hui
si nous mettions dans les plateaux d'une même balance,
d'un côtelés arguments et les témoignages en faveur de cette
théorie, et de l'autre tous ceux qui conduisent à des conclu-
sions directement opposées, l'intervention de l'érudition et des
hypothèses serait inutile pour décider que ce sont ces derniers
qui l'emportent ; aussi se garde-t-on de les mettre en ligne et
de discuter leur valeur.
Non, la sélection par les semis, sans autre artifice que le
choix des graines, n'est pas un agent direct de transformation ;
elle est simplement l'amarre qui retient plus ou moins les ca-
ractères dominants d'une race (limite extrême de la variation
de l'espèce) et qui ne sont transmissibles aux êtres des géné-
rations subséquentes qu'à cette condition, que l'homme s'op-
sera toujours au retour naturel vers le type spécifique, tant
est puissante cette force aussi mystérieuse que la force vitale
et en vertu de laquelle les individus nés d'une plante qui s'est
écartée du type normal tendent à y retourner, en reprenant les
caractères des ancêtres antérieurs au père direct, c'est-à-dire
les caractères des individus descendants de la souche origi-
nelle.
C'est en effet par la sélection qu'on parvient à maintenir
pures et à conserver toutes les races de végétaux domestiques.
Si le cultivateur ne choisissait pas ses semences sur les su-
— 217 —
jets les plus parfaits, nous verrions bientôt ces races dis-
paraître; car, malgré ces soins, il se trouve toujours, dans
les cultures, des individus, en plus ou moins grand nombre,
qui retournent au type sauvage; c'est fréquent chez les Ca-
rottes, les Choux, etc., et il en serait de même pour les cé-
réales, si le criblage n'éliminait pas tous les grains des indi-
vidus chétifs et abâtardis .
Ce n'est pas en puisant les faits dajis les catalogues, souvent
mensongers, qu'on peut établir en histoire naturelle des
théories solides et durables. Dans une question aussi abstraite
que celle de l'origine des races, il faut, pour l'éclairer, puiser
la lumière là où elle est réellement. Ce n'est donc pas, comme
font la plupart des naturalistes philosophes, dans les jardins
et les basses-cours, où l'appât du gain jette souvent un voile
épais sur l'origine des productions qui nous occupent, qu'il
faut l'aller chercher; ce n'est pas davantage dans les livres
qui ne mentionnent jamais que les faits à la convenance des
idées professées par les auteurs trop souvent aveuglés par là
passion. C'est dans la nature qu'elle se trouve ; la nature seule
peut l'offrir dans toute sa pureté, et c'est là que nous la pui-
sons chaque fois que nous voulons éclairer les esprits sim-
plement égarés. Aussi voyons-nous toujours les choses sous
un autre jour que ceux qui emploient la lumière artificielle,
souvent raffinée et détériorée sous la puissante action du
génie humain.
Si Darwin, qui n'est nullement l'auteur de la théorie de la
transformation des êtres, mais simplement le promoteur,
avait plus étudié ce grand livre de la nature que ceux de ses
devanciers, il est bien certain qu'il n'aurait pas accepté, aussi
complètement, les idées que Benoit de Maillet a développées le
premier, au commencement du XVIII' siècle, dans ses Entretiens
d'un philosophe indien, Telliamed, avec un missionnaire fran-
çais sur la diminution de la mer. Si, au lieu de s'en rapporter
— 218 —
aux hypothèses, aux probabilités ou aux faits avancés par de
Lamark, Etienne-Geoffroy de Saint-Hilaire, Herbert, Patrik
Matthew, et tant d'autres écrivains philosophes, il s'était sin>
plement contenté de semer une planche de Carottes ou de
Choux, il eût eu la preuve incontestable, en peu d'années, que
l'espèce existe bien réellement, qu'elle ne se transforme pas,
mais qu'elle est variable dans des limites que la faiblesse des
organes qui régissent notre intelligence ne nous permet pas de
fixer. Il eût vu, en semant la graine d'une Carotte cultivée —
qui s'éloigne le plus dans la voie du perfectionnement du
type normal spécifique, — que tout ce qui est acquis et changé
dans l'organisation des individus, comme l'émet de Lamark
dans sa Philosophie zoologique, ne se transmet pas toujours aux
nouveaux individus qui proviennent de ceux qui ont éprouvé
ces changements. » Il eût été obligé de reconnaître, en voyant
tant d'individus retourner au point de départ, que l'organi-
sation ne s'élève pas par degré, et ne se perfectionne pas indéfi^-
niment pour constituer de nouvelles espèces, mais que, bien
au contraire, toutes les transformations nouvelles ou variations
opérées sous l'empire d'agents inconnus, ou d'après la loi de
la variabilité spécifique déterminée par la nature, disparaissent
à un moment donné, en vertu de cette puissance que nous
appelons hérédité, et qui transmet à tout individu les carac-
tères plus ou moins accentués de ses premiers parents, c'est-
à-dire du type originel.
L'action de la sélection, au point de vue de la déviation et
de l'amélioration des plantes alimentaires et ornementales par
graines et semis successifs, est tout à fait nulle; elle ne joue
aucun rôle dans la création de nos races domestiques. Ses
partisans peuvent s'en convaincre, — s'ils ne sont pas déjà con-
vaincus, dans leur for intérieur, — en la pratiquant aussi intel-
ligemment que possible sur le Cerfeuil bulbeux et sur l'Igname
de la Chine. En quatre générations, ils devront obtenir du
— 219 —
premier, — relativement à ce qui a été, dit-on, obtenu de la
Carotte et du Radis sauvages, — des racines grosses comme la
plus grosse Betterave. S'ils n'obtiennent rien, ils seront forcés
de se rendre à l'évidence, ou de recourir à ce principe échap-
patoire des partisans systématiques de la sélection : que toutes
les espèces ne possèdent pas au même degré le don de varia-
bilité; que la force sélective s'émousse sur leur fixité !
Au point de vue de la création de nouvelles races, par le
croisement ou hybridation, le rôle de la sélection est incontes-
table. En vertu du principe même d'hérédité, les deux parents
choisis pour produire un nouvel être concourent, par la con-
vergence de leurs caractères dominants, à créer un individu
plus parfait, si toutefois la somme des bonnes qualités ou des
caractères qu'on veut faire ressortir dominent chez les deux
sujets croisés. Mais ces hybrides sont généralement stériles
quand ils sont produits par l'accouplement d'espèces distinctes,
et alors leur durée n'est que temporaire, puisqu'on ne peut les
multiplier que par greffe ou bouture; ce n'est donc pas ce
moyen que la nature peut employer pour crééer ces nouvelles
espèces des partisans de la transmutation. Quant aux croise-
ments entre variétés d'une même espèce et qui donnent nais-
sance à des individus fertiles, l'expérience a démontré que, chez
ces métis, la disjonction des caractères dominants des deux
parents s'opère très-rapidement dans la propagation par
graines, et qu'à la troisième ou quatrième génération tous les
individus ont repris les caractères les uns du père, les autre»
de la mère. Ce n'est donc pas encore par ce moyen de trans-
mutation que la nature a pu créer toutes les espèces végétales
qui ornent aujourd'hui notre planète, puisque la force hérédi-
taire poursuit les nouveau-nés, et finit par leur faire repren-
dre les caractères typiques de l'un ou l'autre des deux parents.
Mais c'est ainsi que procède le jardinier dans la création de
nouvelles races. Quand, pour satisfaire à un besoin ou à unca-
— 220 —
price, il veut faire produire, à une espèce, un type secondaire
ou race quelconque, il choisit deux individus qui rappellent
la modification qu'il veut réaliser, et les croise ; parmi les
sujets qui proviennent de ce premier croisement, il choisit, de
nouveau, ceux qui se rapprochent le plus du type idéal qu'il
a conçu, et de ce choix, de ce triage, de cette sélection enfin,
poursuivie pendant un certain nombre de générations, il finit
par obtenir, d'une manière plus ou moins certaine, ce qu'il
cherchait, quand, toutefois, il est resté sur le terrain de la
flexibilité de variation indiqué par la nature; car jamais il ne
modifiera, par exemple, les produits de la Capucine tubéreuse
ou de YUlluco en croisant ces plantes avec la Pomme de terre.
Nous nous résumons :
La sélection n'est pas une force améliorante, au point de vue
de la transformation des types sauvages par semis successifs ;
c'est, si l'on veut, un simple procédé conservateur qui permet
de maintenir les races^ ou variations extrêmes de l'espèce, en
état de pureté, en éliminant, à chaque génération, tout ce qui
n'offre pas le caractère dominant de la race , ou ce qui tend
à reprendre les formes des types spécifiques.
Dans la production des races par le croisement, la sélection
peut être considérée comme puissance améliorante, parce que
les parents transmettent à l'individu, qui doit naître de leur
union, les caractères dominants de chacun d'eux, et, qu'en
conséquence, cet individu peut être plus parfait que ceux qui
ont concouru à sa création; mais cette perfection ne peut pas
se perpétuer par génération naturelle, c'est-à-dire par graine,
puisque la disjonction commence dès la seconde génération,
et que la descendance reprend aussitôt la ressemblance des
conjoints.
Donc : la plupart de nos races de plantes économiques ne
sont pas des produits nés du travail d'homme, et sous l'in-
fluence de la culture. Elles proviennent de déviations acci-
221 —
dentelles d'individus sauvages ou cultivés; l'homme n'a fait
que les fixer, et il les maintient par la sélection.
F. Herinco.
LA NON-TAILLE (1).
Aucune branche de l'horticulture n'a pris, dans ces der-
nières années, un développement aussi marquant que la cul-
ture des arbres fruitiers. Ce fait s'est produit en Belgique sur-
tout; grâce à la sollicitude du gouvernement, qui est intervenu
pour établir dans tous le pays des cours publics et gratuits,
grâce aussi à l'activité quelquefois passionnée déployée par
les conférenciers eux-mêmes. Ceux-ci ne se bornent plus à pu-
blier le sommaire de leurs leçons, à y produire des idées et
des pratiques nouvelles et à se faire ainsi connaître et estimer
même à l'étranger ; mais, n'étant pas plus que les médecins
et les avocats toujours d'accord sur certains points, ils exami-
nent et combattent réciproquement leurs méthodes.
Que ces discussions soient bienveillantes ou non, il est cer-
tain qu'en fin de compte il en résulte quelque chose d'utile pour
la science. C'est ce qui nous engage à prendre de nouveau la
plume. Nous demeurerons aussi calme que possible, car, s'il
est vrai de dire que du choc des idées jaillit la lumière, on peut
ajouter que, si le choc est trop violent, trop rude, la lumière
s'éteint et il ne reste qu'une fumée qui aveugle.
Nous allons nous occuper d'une question de taille. Parlons-
en quelque peu, tandis qu'il en est encore temps, car bientôt
la taille sera condamnée à l'oubli, s'il faut en croire cette nou-
velle école qui se forme en Belgique et qui ne rêve que non-
taille. Ce système étant encore considéré comme nouveau ou
tout au moins n'étant pas connu de la grande majorité, comp-
ta Extrait du Bulletin du Cercle prof ess . pour le progrès de l'arboriculture
en Belgique.
— 222 —
tant d'ailleurs de nombreux adhérents, parmi lesquels, nous
le reconnaissons, quelques-uns l'appliquent avec le meilleur
résultat, nous pensons qu'il ne sera pas inopportun de nous
y arrêter. Nous dirons d'abord ce qu'il faut entendre par non-
taille; nous examinerons ensuite comment on l'applique et fina-
lement nous ferons connaître notre opinion sur ce procédé .
Le système n'est pas nouveau du tout. Il existe un ouvrage
intitulé : Recueil de mémoires sur la végétation des arbres frui-
tiers, édité à Paris, en 1815, par Dupetit-Thouars, dans lequel
l'auteur entre dans de longs développements sur la non-taille
suivie, dès i 806, par Sieulle, jardinier au château de Praslin,
près de Paris. A l'Exposition universelle de 1867 et dans les
environs de la capitale de la France, nous trouvâmes encore
les preuves que la non-taille y était connue et avait été sou-
mise à l'essai depuis longtemps. Il n^n était pas de même en
Belgique. Ici l'attention fut d'abord appelée sur cette question
par notre confrère M. Gillekens, depuis 1867 directeur de l'E-
cole d'horticulture de Vilvorde. Il fit ses premiers essais à
Courcelles, en 1863-64 et 65 et obtint les plus beaux résultats.
Encouragé par ceux-ci, ii n'a point cessé depuis lors de préco-
niser la non-taille, dans ses écrits comme dans ses conféren-
ces. Il alla tellement loin, que, dans son livre sur la taille,
qui parut 1866, il proposa la non-taille exclusivement, procla-
mant ainsi en quelque sorte la déchéance de l'ancien système.
Se prononcer d'une façon aussi catégorique nous sembla
dangereux pour l'avenir. Aussi, vers la fin de 1866, nous écri-
vîmes, dans notre Guide arboricole, page 249, quelques lignes
sur les beaux résultats obtenus par la non-taille, tout en pré-
munissant les intéressés contre les dangers qui, suivant nous,
accompagnent ce procédé.
Voici comment nous nous exprimâmes.
s.... Quant à la non-taille des prolongements, à part
les cas exceptionnels, nous n'avons jamais été partisan de la
taille courte, et nous ne le sommes pas encore; mais jamais
— 223 —
aussi nous n'aurions osé prescrire la non-taille. Nous ne con-
testions nullement la possibilité de faire développer les yeux
sur toute l'étendue du prolongement non-taillé ; mais nous re-
doutions qu'il ne fallût des soins assidus pour y réussir, et
que, malgré ces soins, les productions fruitières inférieures ne
s'établissent encore trop peu solidement pour avoir de Pavé-
nir. Ce que nous avons pu constater chez M. Gillekens est de
nature à nous montrer que nos craintes étaient au moins exa-
gérées. Les jeunes arbres, ainsi que les vieux dans leurs par-
ties de formation récente, ont leurs eoursonnes régulièrement
et solidement établies. Reste à savoir maintenant si cet état de
choses se maintiendra, car, n'oublions pas de le dire, nous
avons cru remarquer aussi que les prolongements diminuaient
de vigueur d'année en année, et par-ci par-là n'étaient guère
plus forts que les rameaux fruitiers eux-mêmes, de sorte que
les branches charpentières pourraient bien finir par se couron-
ner prématurément.
ce Quoi qu'il en soit, si M. Gillekens a obtenu de beaux
résultats par ses procédés à lui, nous pouvons lui montrer des
arbres également beaux et productifs, formés par la voie ordi-
naire. Continuons donc à pratiquer la taille rationnelle suivie
jusqu'ici, et ne faisons encore que des essais avec la non-taille.
Si celle-ci est réellement préférable, son adoption deviendra
assez vite générale, sans qu'on ait besoin de l'imposer. En ar-
boriculture, on ne saurait être absolu, et personne ne contes-
tera qu'on y atteint son but par plus d'un moyen, sans qu'il
soit toujours possible de préciser lequel des deux est le meil-
leur. Dans des cas pareils, personne n'a donc le droit de dire :
& Ce que vous faites est mal,- ce que je fais est seul recomman-
dable, » à moins que le pour et le contre ne soient démontrés
par une longue expérience comparative. »
Van Hulle.
Jardinier en cliel du jardin botanique de Gand.
(A continuer.)
— 224 —
Travaux do mois d'Août*
Potager. Les chaleurs du mois d'août nécessitent de copieux arrosements aux
Choux-Fleurs, Choux, Cardons, Céleri, etc. ; les Concombres, Cornichons, veu-
lent aussi des bassinages nombreux. — A mesure que les Artichauts cessent
de produire, il faut couper immédiatement les tiges au niveau du sol, en fai-
sant attention de ne pas endommager les œilletons qui commencent à se déve-
lopper. — Toutes les Laitues doivent être l'objet d'une attention soutenue de
la part du jardinier; il faut lier les Laitues et les Scaroles, empailler les Car-
dons et Céleri pour les faire blanchir selon le besoin de la consommation;
semer de la Romaine d'hiver, de la Laitue de la Passion, qu'on replante sur
rolière. On peut encore à bonne exposition, semer dans les premiers jours du
mois, des Haricots pour récolter en vert, pour les conserves d'hiver; mais alors
le terreau etles arrosements se doivent pas manquer, on sème aussi, Radis roses,
Oignon blanc, Poireau, Salsifis, Scorzonères, Épinards, Cerfeuil, Navet, Mâches,
Carottes, Choux-Fleurs, Choux de Milan, Pommiers hâtifs. Si on veut avoir du
plant de Fraisier Quatre-Saisons, il faut, dès les premiers jours du mois, laisser
les coulants se développer librement, on les paille un peu pour faciliter l'émis-
sion des racines. On veillera enfin à abattre, avec le dos d'un râteau, toutes les
tiges d'Oignons qui seraient restées debout, pour que la sève se concentre dans
l'Oignon et en augmente le volume.
Jardin fruitier. Palisser, ébourgeonner, pincer, sont les principaux travaux
à opérer; on doit avoir soin aussi de découvrir les fruits qui approchent de la
maturité, et profiter de cette opération pour visiter les branches malades, soit par
la gomme, le chancre, etc. — On commence la greffe à œil dormant, à mesure
que le bois sur lequel on veut pratiquer est parfaitement aoûté.
Jardin d'agrément. Les travaux de ce mois sont à peu près les mêmes pour
l'entretien. On commence à greffer les Rosiers en écussonà œil dormant; onsèvre
les Œillets qu'on aurait marcotté le mois précédent, et on les plante dans des
pots ou en pleine terre. 11 faut s'empresser de lever et mettre en place les plantes
annuelles d'automne repiquées en pépinière, telles que Reine-Marguerite ,
Ralsamine et Rose d'Inde, etc. On sème des Quarantaines pour les repi-
quer en pots et qu'on abrite pendant l'hiver, des Giroflées grosse espèce, Calcéo-
laires, Cinéraires, Pensées, Pelargonium, Pivoines, Renoncules, etc.
Serre. Gomme au mois de juillet.
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SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F- Herinco, Chronique. — Id. €erclo des Agriculteurs. — 0. Lesceyer, Dalechampia
Roezliana (PI. VIII). — Edg. de Martragny, la Nélaginellc changeante. — Van-den-
Noortgate, Multiplication du Wigandia caracassana. — F. Hérincq, Observations
critique sur l'origine des variétés : La Vipérine. — Erm. Bonard, fiantes nouvelles.
Martin Pivemale, le Chou de Sclweinfnrlh. — M. Robine, Culture de l'abricotier en
contre-espalier. — Van Hulle, la .\on-taillc (suite). — F. Hkrincû, Dictionnaire
de Pomologie de André Leroy. — X... Travaux du mois de septembre.
CHRONIQUE
Les petits Pois et les Roses sous Louis XIV; extrait des mémoires d'Audiger,
premier limonadier de France. Les idées propagées par les professeurs d'ar-
boriculture et les sociétés-, les bonnes Pommes et les bonnes Prunes. Poire
Duchesse de Mouchy. Chauffage et architecte en présence de M. Van Houtte.
Concours d'appareils de chauffage à l'Exposition de 1867 ; projets d'un nou-
veau concours. La Victoria du jardin botanique deGand; dimension extraor-
dinaire de ses feuilles. Expositions des Roses à Rrie-Comte-Robert, à Le-
vallois, à Versailles et Sceaux. Prix et primes offerts par la Société d'hor-
ticulture de Hambourg pour son exposition. Un communiqué fantaisiste au
sujet des Canna du jardin de la ville.
0 progrès! qu'as-tu fait depuis le règne du Roi-Soleil. A
chaque instant on nous parle progrès horticole par -ci, pro-
grès horticole par-là; mais franchement je ne vois pas quel
progrès a tant fait l'horticulture. Quand on nous offre des pe-
tits Pois au mois de février, et des Roses pour le jour de l'an,
on nous dit : « Hein! quel immense progrès, quel tour de
force! » Tour de force pas tant que ça; il y a longtemps qu'on
mange des petits Pois au mois de janvier. Ecoutez plutôt maître
Audiger, limonadier de Paris, qui a écrit ses mémoires comme
l'illustre bourgeois, le docteur Verron :
« En passant entre Gennes et Florence, dit-il, ayant vu dans
les champs de fort beaux Pois en cosse, et approchant de
Gennes en ayant encore trouvé d'incomparablement plus
beaux, la curiosité me porta à en marchander et à en faire
cueillir, si bien que les paysans à qui c'estoit m'en apportèrent
deux paniers à Gennes, avec quantité de boutons de Roses
AOÙM869. 4 5
— 2C26 —
dont tout ïe tour de leur champ estoit garni. Aussitôt je fis
préparer une quaisse et les y accommoday avec de certaines
herbes que ces païsans m'avoient apportées pour les tenir plus
fraîchement, et avec les Roses qui n'estoient pas moins cu-
rieuses pour la saison. Cela fait, je repris la poste, et fis ainsi
apporter la quaisse avec moy jusques à Paris, où f arriva/y le
seizième du mesme mois de janvier, et le jeudy ensuivant, qui
estoit le dix-huit, j'eus l'honneur de la présenter au roy, par
le moyen de monsieur Bontemps, premier valet de chambre,
qui, pour cet effet,, me fit la grâce de me mener luy-mesme
aux vieux Louvre à Paris. »
Maître Audiger parle ensuite de la scène du déballage des
Pois devant le roi entouré d'une foule de courtisans et de Cespa-
tementùe tout le monde. M. le comte de Soissons alla même
jusqu'à écosser quelques pois devant l'auguste monarque.
« Sa Majesté, continue le limonadier, ayant eu la bonté de
témoigner sa satisfaction, m'ordonna de porter les Pois au
sieur Baudoin, contrôleur de la bouche, et de luy dire d'en
donner pour faire un petit plat pour la reine mère, un pour
M. le cardinal Mazarin, et qu'on lui conservait le reste, et que
Monsieur en mangerait avec elle. ))
A cette époque Louis XIV veillait comme tous les monarques
d'aujourd'hui , avec une sollicitude toute particulière sur
l'horticulture ; mais n'ayant ni croix ni médaille à sa disposition,
et voulant néanmoins donner une preuve non équivoque de la
' protection qu'il accordait aux jardiniers et légumiers, il déféra
à maître Audiger, par lettres de privilège, le titre de « pre-
mier limonadier de France ! » Si des sociétés d'horticulture
eussent existé à cette époque, il est probable que Audiger en
aurait reçu une médaille en or; mais il n'en existait pas, et c'est
peut-être parce que les sociétés d'horticulture n'existaient pas
que les cultivateurs avaient alors des petits Pois dans leurs
ohamps dès le mois de janvier, llestbien certain que ces sociétés
ne font pas toujours la lumière, que souvent elles propagent
au contraire les plus graves erreurs, ou tout au moins, des
renseignements bien naïfs. Le Verger, journal de pomologie
publié par M. Mas, président de la Société d'horticulture de
Bourges, en cite un nouveau cas, sous le titre : un moment cV at-
tention. « Les bonnes Pommes sont celles qui portent le nom
de Reinette... .11 en est de même des bonnes Prunes ; elles ne
doivent porter d'autre nom que celui de Reine Claude. s> Ceci
est extrait, dit M. Buchetet, d'une leçon d'arboriculture don-
née dans 1' et réimprimée dans le journal d'une société.
Que va dire, ajoute-t-il, le Calville, que va dire hJefferson?
et que vont dire aussi ceux qui s'y connaissent?
Tout le monde connaît le duc de Mouchy? Il parait que la
Poire dédiée à madame la duchesse, sa femme, n'est pas fa-
meuse. Voici à son sujet ce que dit le même Verger : «. Avez-
vous introduit dans votre jardin fruitier quelques pieds du
Poirier Duchesse de Mouchy ? — Non. — En avez- vous du
moins fait quelques greffes ? — Non plus — allons, tant mieux. »
On commence donc enfin à avoir le courage de son opinion.
Félicitations à M. Buchetet.
La Flore des serres se permet aussi une bonne anecdote ra-
contée par M. Van Houtte, et qui nous donne joliment raison
à l'endroit des architectes. Écoutez-ceci pour votre gouverne,
amis lecteurs :
« Un amateur, escorté de son architecte,, dit M. Van Houtte ,
vint un jour nous consulter. Son appareil de chauffage ne
marchait pas. Cet architecte émérite en déroula le plan in
extenso; tout le parcours du tuyau de la serre y figurait; mais
ce tuyau prenait fin à l'extrémité opposée delà chaudière et se
terminait là par un superbe vase ! . . L'eau ne pouvait donc s'en
retourner pour se réchauffer à la chaudière ; l'appareil ne mar-
chait donc pas. 0 architecte !
Boyei plutôt maçon, si c'est votre métier.
— 228 —
(r Que d'amateurs confient malheureusement le placement
de leurs appareils de chauffage à des massacreurs qui finissent
par les abreuver de dégoûts. » — Bravo aussi, Monsieur Van
Houtte.
Cet article me remet en mémoire le concours de chauffage
qui a eu lieu à la grande Exposition universelle du Champ-
mars, en 1867, sous les auspices de la Société impériale
et centrale d'horticulture de France qui avait nommé une
commission. Nous avons vu fonctionner les appareils et la com-
mission; mais quant au rapport et au résultat, les exposants
et les fabricants sont comme nous ; ils attendent l'un et l'autre.
Pourquoi donc garder le silence sur une question qui intéresse
si vivement l'horticulture?
Si nous sommes bien informé — qu'on se rassure nous n'al-
lons pas dire le pourquoi du silence — nous voulons dire
seulement que cette question du chauffage est revenue encore
sur le tapis de la même société. Des Commissions d'horticul-
teurs ont été nommées pour faire un programme ; des Comités
d'industriels l'ont changé de fond en comble ; de nouvelles
commissions d'horticulteurs ont été renommées et ont repris
le premier programme ; des Comités de réindustriels, l'ont re-
changé, et ainsi depuis des mois. Quand finira ce jeu ? Dans cette
affaire de chauffage, quels sont les intéressés'? Ce sont, il me
semble^ les horticulteurs qui depuis longtemps demandent un
bon appareil, pas cher, simple et chauffant bien ; ils savent cer-
tainement ce qu'ils demandent et ce qu'il leur faut. Ils veulent
un appareil pour chauffer les serres, et non une chaudière pour
faire chauffer un baquet d'eau, comme le prétend le Comité
des arts industriels. Mais, en supposant une entente parfaite
entre commission et comité, et que des expériences soient
faites, le rapport sera-t-il lu et imprimé? Cette fois ce serait
plus que dérisoire.
Tous les journaux reproduisent à l'envi un petit entrefilet
— 229 —
du Journal de Gand, concernant la Victoria regia, de cette
nymphéacée aux feuilles gigantesques du fleuve Columbia, et
' dont la culture tend à disparaître des Aquariums de France.
Nous ne pouvons donc nous dispenser de la reproduire à notre
tour : La voici in extenso :
« Depuis son introduction, la Victoria regia a toujours pros-
péré d'une façon extraordinaire dans notre jardin botanique ;
mais jamais elle n'a été aussi belle que cette année -ci et sur-
tout en ce moment où commence sa succession de fleurs. En
1867, nous avons obtenu le premier prix à l'Exposition uni-
verselle de Paris avec une seule fleur et une seule feuille dé-
tachées; cette dernière n'avait cependant que deux mètres
20 centimètres de diamètre. Cette année, cette dimension,
déjà respectable, est de beaucoup surpassée. En effet le dia-
mètre de certaines feuilles a atteint jusqu'à deux mètres 76
centimètres, soit une circonférence de 8 mètres 67 centimètres.
Bien des fois on a dit que ces feuilles supporteraient le poids
d'un enfant — on le prenait pour exagération — mais leur
résistance est autrement grande : qu'on en juge. Nous venons
de déposer des briques sur une feuille ; nous avons dû arrêter
le chargement, non pas quand la feuille s'est enfoncée sous le
poids, mais quand une légère déchirure s'y est déclarée. En
faisant peser alors ces briques nous sommes arrivés à 114 ki-
logrammes! Nous disons bien cent quatorze kilogrammes, d
On a beaucoup parlé, en effet, du poids que peut supporter
une feuille de cette Victoria. La première fois c'était en Angle-
terre. Paxton, fit connaître qu'on avait placé sur une d'elles
une planche et qu'un enfant s'y était tenu debout sans
la faire enfoncer. On trouvait le fait merveilleux; il ne l'était
pas cependant autant que cela; la planche seule, sans être sur la
feuille, aurait tout aussi bien supporté le jeune Anglais. Quant à
celle de la Victoria de Gand qui a 2 m. 76 de diamètre et qui
a porté un chargement de 1 14 kilos, on ne dit pas si c'est le
— 230 —
mètre français ou belge. Comme la Belgique est plus petite que
la France, je suppose que pour les poids et mesures des deux
pays, c'est relatif : que le mètre belge est plus petit que le*
mètre français, et que le kilo de nos voisins est tout bonnement
notre livre? Mais les Belges n'avoueront jamais que leur kilo
n'est que de 500 grammes. Quoi qu'il en soit, nous sommes
heureux de voir la Victoria prospérer en Belgique ; car le cli-
mat de la France- a cessé, dit-on, d'être favorable à son
existence. Après cela, ce n'est peut-être qu'une question
d'antipathie; le Français est si chauvin, qu'il est bien ca-
pable d'anéantir tout ce qui rappelle l'Angleterre.
Certes, je ne lui en fais pas un crime ; mais j'aimerais autant
qu'il soit moins chauvin et plus esclave des règles des con-
venances. Dès le commencement de Tannée, j'avais reçu un
programme fortement détaillé d'une exposition de Roses à
Brie-Gomte-Robert, pour le 14 juillet dernier. Je m'étais fait
alors un devoir de l'annoncer, et je m'en suis fait un autre de
la visiter. Le 14 au matin, le Véloce, machine à vapeur de la
force de plusieurs centaines de chevaux, me déposait en effet
sur la plage de Brunoy, et là une pauvre haridelle, qui des-
cend certainement de celle que montait Don Quichotte de la
Manche, me fut confiée pour parvenir jusqu' à Brie. Mon entrée
dans cette ville, patrie de Camille Bernardin, mit toute la po-
pulation en liesse; il ne manque qu'un Sancho disait-on. ^Bra-
vant néanmoins la joie ironique des habitants endimanchés
de Brie, je demandai où se tenait l'exposition des Roses.
Une explosion des plus bruyantes d'hilarité fut la réponse.
¥ous voyez çà d'ici, n'es't-ce pas : des paysans qui rient
pour se moquer de vous!... Ce n'est pas précisément très-spi-
rituel, mais c'est ainsi que s'exhale l'esprit gaulois chez les
populations rurales de l'ancienne Gaule. Enfin, j'ai fini par
comprendre qu'il n'y avait pas d'exposition, parce que le pré-
sident n'était pas content des rosiéristes ; mais je n'ai jamais
— 231 —
pu savoir le pourquoi du mécontentement du président.
Chaque fois que je questionnais un habitant sur ce point, il me
répondait invariablement : je ne m'occupe pas de politique.
Ce que voyant, je fis tourner bride à Rossinante, et je cour-
rais encore, si la pauvre bête avait pu courir. Ce qui toutefois
n'aurait pas dû empêcher M. le président de la Société des ro-
siéristes, de faire savoir qu'il avait cru utile, dans l'intérêt de
l'iiorticulture et du pays, de ne pas mettre à exécution le pro-
gramme de l'exposition de Roses pour le 14 juillet; c'était
simple affaire de convenance.
A Le vallois -Perret, une exposition était annoncée pour le
mois de juin; pour des causes tout autres que celles de Brie,
elle n'a pas eu lieu ; mais au moins une nouvelle circulaire l'a
fait connaître. Cette exposition, qui avait été renvoyée au mois
de septembre, subira probablement une nouvelle remise; car
la Société vient de perdre son président, M. Rouillard, qui
était en même temps un des secrétaires adjoints de la Société
d'horticulture de Paris. M. Rouillard aimait l'horticulture; il
a rendu des services à la science horticole, en publiant des
revues de floriculture dans les bulletins de cette dernière So-
ciété.
Parmi les autres expositions des environs, il en est deux
qui méritent une mention particulière : celles de Versailles et
de Sceaux. Notre collaborateur qui s'était chargé du compte
rendu nous a fait défaut; il a oublié la date et nous le regret-
tons, car il y avait là des choses intéressantes. Celle de Sceaux
était magnifique comme coup d'œil ; nous félicitons MM. Thi-
baut, Ketelèer, Margottin., Jainin-Durand, Croux, Paillet, Mal-
let, Vilmorin, Biliiard, etc., horticulteurs delà localité pour
le succès complet de cette première exposition. Sceaux est au-
jourd'hui un grand centre horticole ; il relie Aulnay, Plessis-
Picquet, Verrières, Fontenay-aux-Roses, Châtillon, Châtenay,
et Bourg-la-Reine.
— 232 —
On s'occupe beaucoup, actuellement, de la grande expo-
sition universelle d'horticulture de la ville de Hambourg, que
nous avons confondu un instant avec Hombourg, la ville à la
roulette. •
Le comité de cette Exposition déploie une grande activité ; il
a obtenu, des diverses compagnies de chemins de fer, une réduc-
tion considérable pour le transport des voyageurs et des plantes.
Des primes de grandes valeurs sont offertes comme appâts : une
coupe d'argent du roi Guillaume et une autre du duc d'Olden-
bourg ; 2 vases de porcelaine de la reine de Prusse ; une ai-
guière d'argent d'un grand prix, de la reine d'Angleterre; puis
des primes de 100, de 50, de 25 ducats, provenant de donsdù
sénat, des ministres et de beaucoup de simples particuliers.
Cette exposition aura lieu du 2 au 12 septembre, pendant la
durée du Congrès des horticulteurs. Nous souhaitons à l'une et
à l'autre bonne chance et succès.
L'administration du jardin de la ville de Paris a cru devoir
nous adresser le communiqué fantaisiste suivant, au sujet de
notre dernière chronique dans laquelle il est question des
Canna.
Paris, 3 août 1869.
Mon cher monsieur Herincq,
Si vous aviez quelques instants à perdre, vous seriez bien aimable
d'honorer le fleuriste de votre visite; là, vous pourriez constater que,
sauf ceux ayant obtenu des congés réguliers pour aller passer l'été dans
les squares et jardins municipaux, il n'y a pas un seul déserteur parmi
les milliers de Canna cultivés ici.
En attendant, etc.
Votre tout dévoué,
Rafarin.
Ce communiqué peut-être très-spirituel, mais je ne le com-
prends pas ; est-ce parce que il est trop spirituel? c'est encore
possible. Je n'ai jamais dit qu'il y avait des déserteurs parmi
les Canna du jardin de la Muette, et l'aurais-je dit que ma vi-
— 233 —
site ne me prouverait rien ; car je ne suppose pas que chaque
œilleton de Canna ait là son numéro matricule comme un
simple garde mobile. Il devient alors difficile de constater les
manquants, et il y a impossibilité matérielle d'établir le
nombre de ceux qui passent l'été, en vertu d'un congé régulier,
dans les jardins autres que les jardins municipaux. Je ne sup-
pose pas que le communiqué de M. Rafarin ait la prétention de
nier l'échange qui s'opère chaque jour entre le jardin de la
ville et les amateurs. Le catalogue avec prix courant est là qui
prouve le contraire. Or, qu'est-ce donc que M. Rafarin a voulu
prouver ou contester? Je me le demande encore. Nous avons
néanmoins inséré sa lettre rectificative, pour bien établir l'im-
partialité avec laquelle Y Horticulteur français traite toute
question.
F. Herincq.
LE CERCLE DES AGRICULTEURS.
Le 2 dernier, une foule calme et silencieuse envahissait
l'hôtel de la marine, sise rue Croix-des-Petits-champs, n° 48;
elle allait inaugurer les salons du Cercle des Agriculteurs.
Qu'est-ce que ce Cercle, demandera-t-on ? C'est vrai ; donc
un mot d'explication.
Le Cercle des Agriculteurs est un lieu de réunion où les cul-
tivateurs de tous les pays, amenés dans la capitale pour leurs
affaires ou par les plaisirs abondants et variés qu'on y trouve,
pourront se rencontrer tous les jours, par conséquent, pour-
ront se voir, s'entendre et causer de leurs affaires tranquille-
ment. Il était étrange que l'Agriculture n'eût pas son cercle,
quand le plus mince corps d'état a le sien. Quelques hommes
dévoués aux intérêts agricoles et horticoles ont donc eu l'idée
— 254 —
d'en créer un, d'un accès facile et commode aux agriculteurs
et horticulteurs de toutes les parties du monde; ils ont réussi.
Le dîner d'inauguration a été plein de cordialité. Malgré les
chaleurs caniculaires, 70 personnes se pressaient autour de
la table admirablement et délicieusement servie. Au milieu
•des agriculteurs de mérite qui ont assisté à cette inauguration,
nous avons aperçu quelques-uns des nôtres, c'est-à-dire des
horticulteurs : MM. André Leroy , Victor Chatel, Guénot
fils, etc. A la fin, pour couronner l'édifice, des toasts chaleureux
ont été portés : le premier, par M. Chatel, au président du
Cercle M. Anselme Petetin, et les autres : à l'agriculture, à
la presse, à la conciliation de tous les agriculteurs, et enfin
aux organisateurs du Cercle. Ou ne s'est séparé que fort tard,
et tout le monde a été enchanté de l'entente fraternelle qui n'a
cessé de régner.
Ce Cercle est certainement appelé à rendre de grands ser-
vices aux cultivateurs (agriculteurs et horticulteurs) des dé-
partements, qui y trouveront un pied-à-terre assuré en arri-
vant à Paris ; car on peut déjeuner, diner au cercle et à très-
bon compte ; ils trouveront en outre aimable compagnie dans
les salons de conversation et de lecture; les noms les plus il-
lustres figurent déjà sur la liste de ses membres : les comte
de Lautrec (vice-président), marquis de Béthisy, etc.
La cotisation annuelle est de 50 fr. Mais quand on .réfléchit
qu'on n'est pas assujetti, comme dans les Sociétés agricoles et
horticoles, à entendre lire des mémoires sur les Léporides et
sur le perfectionnement du Radis sauvage par la culture, on
trouve que ce n'est réellement pas une somme trop élevée ; car
je connais des membres de Sociétés qui donneraient, de grand
cœur, 5 francs par séance pour n'être pas condamnés à écouter
tout ce qu'on y dit et lit.
F. Heringq.
— 23'5 —
DALECHAMPIA ROEZLIANA (Pl. VIII.)
Le genre Dalechampia appartient à la famille des Euphor-
biacées ; c'est dire que les fleurs sont, par elles-mêmes, peu
de chose et peu ornementales. Et cependant le Dalechampia
Roezliana est une plante ornementale par excellence ; mais il
est vrai qu'il emprunte cette qualité aux grandes bractées
qui accompagnent les inflorescences, et qui ne le cèdent en
rien à celles du Boagaùivillea, une des magnificences florales
du règne végétal.
. Le Dalechampia Roezliana est un arbrisseau dressé de \ m,
à 1 m. 30 de hauteur ; à feuilles alternes, obovales-oblongues,
ou lancéolées ou spatulées, longuement acu minées, très-en-
tières ou grossièrement dentelées dans la moitié supérieure,
d'un beau vert foncé en dessus, d'un vert jaune en dessous.
Les fleurs sont unisexuées, c'est-à-dire que chacune d'elle ne
contient jamais que des élamines ou un ovaire, mais elles
sont réunies par trois ou en plus grand nombre, dans un
involucre commun porté par un long pédoncule qui naît à
l'aisselle des feuilles supérieures des rameaux. Cet involucre,
qui est la partie brillante et qui fait le mérite de la plante, est
composé de deux grandes bractées, d'un rose brillant, en
forme de cœur, et finement dentées sur le bord; c'est entre
ces deux bractées que sontvréunies plusieurs fleurs mâles et
femelles, qui sont dépourvues de corolle mais dont les organes
tranchent parfaitement par leur belle couleur jaune.
Cette nouvelle espèce a été introduite en 1866 dans le
jardin botanique de Zurich. Elle est originaire du Mexique,
et c'est aux environs de Yera-Cruz qu'elle a été découverte.
Notre dessin, fait d'après un très-jeune sujet qui a figuré à
la dernière exposition de Paris, dans le lot de nouveautés de
M, Lierval, ne peut donner aucune idée de la splendeur de
— 236 —
cette plante. C'est par vingtaines que sont groupées au sommet
des rameaux les inflorescences aux brillantes bractées roses,
qui ont certainement le double de grandeur de celles du dessin
C'est une très-superbe plante, une des plus nobles introduc-
tions de ces dernières années, dit M. Hoocker fils, dans le
Bolanical Magazine. Elle a fleuri pour la première fois en Eu-
rope dans l'établissement de M. Bull à Chelsea (Angleterre),
au mois de mars 1867.
Le Dalechampia Roezlianâ, est de serre chaude ; il ne de-
mande pas de soins particuliers; sa multiplication se fait par
bouture.
0. Lesctyer.
LA SÉLAGINELLE CHANGEANTE
(Selaginella mutabilis).
Les Sélaginelles sont des sortes de Lycopodes gazonnants
qui forment de ravissants tapis verts et des bordures dans les
serres chaudes et jardins d'hiver. Le nombre d'espèces est as-
sez considérable.
Les Selaginella les plus remarquables sont évidemment les
mutabilis et i'arborea cœsia aux teintes métalliques. La pre-
mière offre un phénomène très-curieux : pendant toute la du-
rée de la lumière solaire la plante est entièrement verte, et d'un
vert très-tendre uniforme ; aussitôt que le soleil disparaît, elle
devient littéralement panachée de vert et de blanc. Quel est
ce mystère? Est-ce la chlorophyle qui disparaît le soir et qui
revient le lendemain matin?
Je n'en sais ma foi rien. C'est à étudier; mais le phénomène
est singulier. On peut le produire dans la journée artificielle-
ment. En couvrant la plante avec un pot renversé, en moins
d'une heure, cette sélaginelle devient blanche; 15 à 20 mi-
— 237 ■—
nu tes après avoir retiré le pot, elle redevient parfaitement verte.
Elle a fait dire un bien joli mot à une bien jolie, femme.
Depuis longtemps, madame la duchesse de X.... me deman-
dait un pied de ce qu'elle appelle du gazon de serre, c'est-à-
dire de la sélaginelle ordinaire Selaginella denticulata. Je lui
portai dernièrement, à sa campagne,, une Selaginella mutabilis,
sans lui parler du phénomène qu'elle présente ; c'était dans la
journée, la plante était parfaitement verte. Le lendemain ma-
tin, madame la duchesse était allée visiter sa serre, et je l'y re-
trouvai, quelques instants après, plongée dans une profonde
méditation.
— On dit que les plantes n'ont pas d'âme, et qu'elles n'é-
prouvent pas, comme nous, de sensations, me cria-t-elle en
m'apercevant ; votre plante donne le démenti le plus formel
à tous vos savants. Tenez, voyez la pauvrette; elle a senti que
vous l'abandonniez, et son chagrin est si profond, qu'elle en
a blanchi dans l'espace d'une nuit !..,
N'est-ce pas que le mot est joli? et quel sentiment dans ce
simple mot !
La plante était encore blanche en ce moment. On alla déjeu-
ner, et vers 2 heures, voulant faire voir à ses amis le chagrin
de la pauvre abandonnée, elle nous conduisit dans la serre.
La Sélaginelle était alors du plus beau vert. Surprise et tableau !
La duchesse me regarda avec étonnement et son regard sem-
blait dire : Qu'est-ce que cela signifie ?
— C'est bien simple, dis-je, c'est l'effet de la joie; en me
revoyant ce matin, ses cheveux ont reverdi.
— Vous n'êtes pas de la Garonne, me fut-il répliqué, mais
vous pourriez bien être du Tarn. Voyons, expliquez -nous ce
phénomène.
• J'étais prisautrébuchet, et c'est bête devant une jolie femme.
Je fis alors comme tous ces illustres savants qui ne savent pas
un mot du sujet qu'ils traitent: je pris mon esprit à deux
— 23R —
mains, et je barbotai le plus gentiment du monde dans la
chlorophylle, la chromule, la phyllôsbanthine et la phyllocyanine
de M. Fremy; je me faufilai aussi entre les calottes hémis-
phériques de M. Morren, qui couronnent les cellules de
l'épidémie de certaines plantes aux teintes diverses ou
veloutées. Enfin je fis si bien intervenir le jeu de la lu-
mière sur les calottes, que toute l'aimable société, qui m'é-
coutait, m'a pris pour un grand et savant physicien. Mais vous,
amis lecteurs, n'en, croyez rien; je n'en possède pas le plus
modeste mot, et je ne sais rien de rien, je le répète, sur la
cause de ce changement alternatif de vert, de blanc et vice versa.
Ce qui ne doit pas vous empêcher d'acquérir cette étonnante et
curieuse Sélaginelle ; car je n'ai eu d'autrebuf, en vous en par-
lant, que de vous la recommander chaudement.
Eug. de Martragny.
MULTIPLICATION DU WIGANDIA CARACASSANA..
Les fleurs du Wigandia; qui sont d'un bleu pâle, en pa-
nicules scorpioïdes, n'offrent rien de remarquable ; mais
confié en été à la pleine terre, il développe son luxuriant
feuillage qui' l'a fait classer parmi les plantes ornementales
de premier ordre.
Des conseils bien différents ont été donnés sur le mode de
multiplication de cette plante. Je vais en citer trois qui m'ont
toujours le mieux réussi.
1° Cultiver un pied en pot pendant toute l'année; le laisser
en serre tempérée jusqu'en février ou mars, ensuite, pour le
faire pousser, le mettre en serre chaude et faire des boutures
avec de jeunes bourgeons;
2° Couper les racines par tronçons de 5 à 8 centimètres de
longueur, les piquer à fleur de terre dans une terrine ou pot
— 239 —
rempli moitié de terre de bruyère et moitié de terre franche,
mélangées avec un peu de sable; les placer ensuite en serre
chaude ou sur couche. On peut aussi conserver avec quelque
succès les grosses racines des vieux pieds qu'on arrache de
la pleine terre en automne et que l'on place, dans du sable
ou de la terre, en un endroit de la serre tempérée, pour les
mettre en végétation en février ou mars, .comme pour les
boutures par bourgeons ;
3° La multiplication la meilleure et la plus simple, c'est le
semis fait au printemps, en terrines, sur couche ou serre
chaude. Les graines, qui sont très-fines, ne doivent être que
très -légèrement couvertes. Sur la terrine, on place un car-
reau de vitre. Lorsque le jeune plant a deux feuilles, on le re-
pique dans d'autres terrines; ensuite on empote et rempote
suivant le besoin.
Les jeunes plantes peuvent passer l'hiver en bonne serre
froide, et au printemps suivant (mois de mai), on les livre à
la pleine terre.
Si l'on tient quelques pieds en serre tempérée ou en serre
chaude, ils fleurissent et donnent de la graine, si on a soin
de les féconder artificiellement.
Van-Den-Noortgate.
Président du Cercle horticole de Servie.
OBSERVATIONS CRITIQUES SUR L'ORIC.INE DES VARIÉTÉS.
La Vipérine (Echium vulgare).
La Vipérine est une plante bisannuelle de la famille des
Borraginées, et qui croît très-communément le long des
chemins dans les terrains secs et pierreux. Sa tige est gé-
néralement simple, haute de 50 à 60 centimètres, hérissée
de poils roides et piquants, naissant sur un petit tubercule
— 240 —
noir. Les feuilles sont allongées, hispides; -les unes partant
du collet forment une rosette étalée, les autres dispersées
sur la moitié inférieure de la tige sont alternes. Les fleurs ap-
paraissent tout Tété, et garnissent toute la moitié supérieure
de la tige ; dans le type ces fleurs sont de couleur pourpré au
moment de leur épanouissement ; elles passent ensuite au
violet-bleu. Si cette plante n'était pas aussi commune en
Europe, elle serait certainement très-recherchée pour orner
nos jardins ; car ses longues inflorescences, qui persistent
pendant les mois de mai, juin et juillet, produisent un grand
effet. Nous avons trouvé, cette année, dans le parc de Gui-
trancourt, un coin de mauvaise terre , environ un hectare,
abandonné à sa stérilité, et qui était envahi par la Vipérine ;
c'était quelque chose de splendide que cette vaste corbeille de
fleurs bleues.
Il y a trois ans qu'on a renoncé à cultiver cette partie du
parc, dans laquelle rien ne poussait, excepté cette Vipérine, et
Ylberis amara , qui reprenaient toujours le dessus sur les
avoines, orges et pommes de terre qu'on y cultivait. Cette an-
née la Vipérine s'est propagée tout à son aise, et nous a fourni
la plus brillante preuve, que les plantes à l'état sauvage peu-
vent dévier du type spécifique, sans le concours d'aucun des
agents invoqués par les partisans de la transformation sous
l'influence des milieux et de la culture.
Soixante à quatre-vingt mille pieds de Vipérine environ
pouvaient couvrir cet hectare de terre inculte, éloignée de
toutes cultures de plantes ornementales, séparée du fleuriste
de la propriété, et des jardins du village, par une haute fu-
taie de plus d'un kilomètre de largeur.
j'établis bien la situation, afin qu'on ne puisse faire inter-
venir ici l'hybridation par d'autres plantes d'ornement pro-
venant de la même famille cultivées dans les environs : et je
déclare que dans le fleuriste de Guitrancourt, qui est le point
— 241 —
le plus rapproché, il n'y a pas la moindre Borraginée, si ce
n'est quelques pieds de bourraches qui croissent çà et là ; il
n'est pas probable qu'il en existe d'autres dans les jardins
des habitants du village.
Or, sur ces 60 à 80 mille Vipérines, il n'y en avait pas un mille
présentant exactement les caractères typiques de l'espèce. Chez
leplusgrand nombre, les fleurs étaient toutes d'unbleu très-pur,
même au moment de l'épanouissement, et cette couleur bleue
se présentait sous toutes .les nuances, depuis le bleu le plus
foncé, jusqu'au blanc bleuâtre de la porcelaine de Chine;
un horticulteur producteur des variétés, dont l'œil exercé
saisit les nuances imperceptibles qui caractérisent les variétés
jardinières , aurait pu certainement établir 50 variétés de
Vipérine rien que dans la coloration bleue.
Après le bleu, la couleur dominante était le violet , qui
offrait la même dégradation de teintes, du violet foncé au blanc
carné, en passant par le rouge brique et le rose. Chez quel-
ques sujets, des deux fleurs épanouies en même temps sur
chaque petite grappe scorpioïde, l'une était bleue, l'autre
parfaitement rouge.
Enfin le géantisme avait des représentants qui n'avaient
pas moins de lm 40 de hauteur, et le nanisme était repré-
senté par des sujets de 25 centimètres, très-ramiûés et bien
trapus.
J'en ai recueilli un bouquet du plus ravi ssanteffet, etqui
était composé d'une cinquantaine de variétés les plus tran-
chées; les botanistes qui ont visité les galeries du Muséum,
au commencement du mois de juillet, ont pu le voir et con-
stater la variabilité naturelle de VEchium vulgare .
En présence de ces innombrables variétés nées au milieu
de terres incultes, n'est-on pas autorisé à soutenir : que les
variations des plantes cultivées n'ont pas pour cause la cul-
ture; mais qu'elles sont des déviations accidentelles, résultant
Août 1869. • 4 6
— 242 —
de causes inconnues qui agissent de la même manière sur les
plantes cultivées, comme sur les plantes sauvages.
F. Herincq.
PLANTES NOUVELLES.
Rosiers. M. Guillot fils, horticulteur, chemin des Pins à
Lyon, annonce, pour cet automne, quatre Roses nouvelles,
dont une hybride., Eugénie Verdier, d'un superbe rose chair,
reflété de blanc d'argent, et trois thés : Catherine Mer met,
madame Hypolyte Jamain et unique ; la première est d'un beau
rose tendre carné ; la deuxième a les pétales de la circonfé-
rence larges et d'un blanc pur avec les pétales du centre plus
étroits et d'un jaune cuivre, mais rose tendre à l'extrémité;
enfin la troisième est à fond blanc largement bordée de rose
pourpre très-vif, et ressemblant à une Tulipe.
M. Guillot père, horticulteur, rue du Repos, à Lyon, an-
nonce de son côté deux hybrides : Comtesse d'Oxford, rouge
carmin vif nuancé, et Elisa Boëlle, blanc légèrement rosé pas-
sant au blanc pur.
Phlox. M. Lierval, horticulteur, rue de Rouvra-y, 5, à
Neuilly (Seine), n'a pas abandonné les Phlox; il en a trouvé
dans ses derniers semis, 16, qui lui ont paru mériter les hon-
neurs de la propagation. Ces 16 nouveautés sont : Duc de Mon-
tebello, rouge à centre pourpre saumoné très-foncé ; Duc de
Plaisance, larges fleurs roses, à centre pourpre saumoné clair ;
madame Barillet, plante naine, à fleurs blanches avec œil rose
foncé vif; madame Billy, fond blanc carné à centre très-pour-
pre ; marquise de Méronet, fond blanc à centre saumoné foncé ;
madame Roempler , grandes fleurs rouge vif ombré de pourpre
et de rouge cocciné ; mademoiselle Hermine de Turenne rose
- 243 -
très-foncé à centre pourpre carminé ; Irénée de Turenne, large
fleur, blanc liiacé et blanc net avec grand œil pourpre; Mar-
guerite de Turenne, fleur blanc saumoné à centre rose, à lobes
ombrés de rose plus clair; M. Caillard, fleur rouge saumoné,
avec très-grand œil pourpre cuivré ; M. Domage, fleur blanche,
avec grand œil pourpre lavé de pourpre violacé ; M. Gigre}
grande fleur rouge cramoisi, avec œil pourpre violacé ; M. Jo-
seph Heim, rouge saumon éclatant, avec grand œil pourpre ;
M. Muret de Bort, rouge violacé ombré de bleu indigo, avec
grand œil pourpre cerise ; Princesse Ghika, grande fleur rouge
lie de vin saumoné ; Souvenir de Berryer , large fleur rouge coc-
ciné avec un grand œil pourpre.
Géranium. Le même M. Lierval, considère comme nouveaux
gains sortis de ses semis les variétés qu'il désigne : Eblouis?
sant à grande fleur rouge orangé, avec centre blanc ligné de
pourpre ; Fernando, large fleur rouge clairavec centre pourpre ;
Follette, grande fleur rouge saumoné avec centre blanc ligné de
plus foncé ; Henri Binet, grande fleur blanc rosé à centre sau-
moné.
Alocasia Liervalii. C'est une magnifique espèce des îles
Philippines découverte par l'infortuné Porte, et mise au com-
merce par M. Lierval. Elle est, sans contredit, la plus belle et
la plus grande des Aroïdées. Comme port, elle a quelque res-
semblance avec les Alocasia Boryi et odonnn ; mais elle en dif-
fère surtout parle pétiole des feuilles plus marbré; le limbe
d'une grandeur extraordinaire, est d'un vert luisant clair et
transparent sur lequel les nervures subdivisées à l'infini for-
ment des dessins bizarres qui, vus par transparence,, sont d'un
effet admirable. Aussi la plante ne se donne pas. Prix, la pièce,
150 fr.!
Dracœna Liervalii. Ce Dracœna a tous les caractères du
Dracama brasiliensis : son port est le même; il n'en diffère que
parla couleur des feuilles qui est d'un rouge bronzé métal-
— 244 —
lique Ûammé de rouge très -lui s an t. Comme couleur, il se rap-
proche aussi du D. stricta, mais ses feuilles sont beaucoup
plus larges et sont retombantes comme dans le D. Cooperii.
Ficus Philipense. Espèce introduite encore par M. Porte,
dans l'établissement Lierval. Ses feuilles sont grandes, ovales,
faiblement ondulées, et d'un beau vert clair; la nervure mé-
diane et les secondaires sont saillantes, d'un beau blanc d'i-
voire.
Coleus Saisonii. Magnifique plante dont nous avons déjà
parlé et dont nous donnerons prochainement la figure; nous
nous réservons pour ce jour-là.
L'établissement d'introduction de M. Linden, de Bruxelles,
qui, entre parenthèse, vient de prendre possession de l'établis-
sement Ambroise Verschaffelt, de Gandnannonce les nouveau-
tés suivantes :
Âlloplectus bicolor. Magnifique espèce qui prime ses congé-
nères par l'éclat de ses inflorescences, et par la beauté excep-
tionnelle de ses grandes feuilles veloutées, d'un vert sombre,
traversé dans la partie centrale par une bande argentée.
Aristolochia Duchartrei. Cette espèce est voisine, paraît-il, de
Y Aristolochia floribunda publiée dans notre dernier numéro-;
ses fleurs, très-nombreuses, naissant en faisceaux sur le vieux
bois, sont contournées en pipe turque, et le limbe, large de
6 centimètres, orbiculaire, échancré à la base, offre de larges
marbrures sur fond blanc crémeux. Elle a été envoyée à M. Lin-
den par son voyageur, M. G. Wallis, qui en fit la découverte
dans le haut Amazone.
Ananas mordilona. C'est une variété provenant non pas des
cultures, mais des régions froides de la Colombie. Le fruit, qui
acquiert un poids de 5 kilogrammes, est connu dans le pays
sous le nom de Mordilona; sa couleur est d'un beau violet, et
le goût est exquis. Précieuse acquisition, M. Linden croit
qu'elle pourra probablement réussir en pleine terre dans le
— 245 —
midi de la France, et bien certainement en. Italie et en Es-
pagne.
Brownea antioquensis. Le genre Brownea appartient à la fa-
mille des Papilionacées et comprend un assez bon nombre d'es-
pèces déjà introduites en Europe. Celle-ci, qui est originaire de
l'Etat d'Antioquia, dans la Colombie, offre un feuillage très-beau
et des fleurs d'un rouge vermillon très-vif.
Cochliostema Jacobiamwi. Au moment de l'Exposition univer-
selle nous avons souvent parlé de cette magnifique plante de la
famille des Commélinées. Elle a été découverte par M. Wallis
à l'état d'épiphyte dans les épaisses forêts qui s'étendent
entre la chaîne des Andes et le littoral de l'océan Pacifique, dans
le royaume de Quito, aujourd'hui république de l'Equateur.
Par son port, elle ressemble à une Broméliacée ou mieux à un
agave; ses feuilles qui atteignent, paraît-il, jusqu'à 1 m, 50 c.
de longueur, sur 30 de largeur, sont épaisses, charnues, lancéo-
lées, engainantes, d'un vert tendre bordé de violet. Les pédon-
cules floraux sortant de l'aisselle des feuilles atteignent de 35
à 40 cent, de longueur, sont d'un rose lilacé et portent des
bractées rose pale, de nombreuses fleurs (Tune structure des
plus bizarres, d'une belle couleur bleu d'azur, et qui répan-
dent l'odeur la plus suave.
Cyanophylhm spectandum. C'est à M. Linden qu'on doit
l'introduction de presque toutes les belles plantes de ce genre
à feuillage remarquable par la coloration de la face inférieure
des feuilles. Le C. spectandum, est le cinquième qu'il introduit
et il ne le cède, dit-il, en rien au C. magnificum ; sa colora-
tion est moins métallique, mais plus veloutée. Il est origi-
naire du Pérou oriental.
Dieffenbachia Wallisi. Cette nouvelle Aroïdée, si fort admi-
rée à l'Exposition universelle de 1867, est actuellement à la
disposition de ses admirateurs. La partie centrale de la feuille
jusqu'à la moitié du limbe, est recouverte d'une couche argen-
— 246 —
tée ressortant admirablement sur le vert gai de la circonférence,
qui est parsemée de mailles également argentées : découverte
dans la province de Rio-Negro par M. Wallis.
Bistiacanthus scarlatinum. Splendide Broméliacée qui a par-
couru, pendant quelque temps, les expositions horticoles sous
le nom de Bromélia amazonica. Elle provient, en effet, des pro-
vinces arrosées par le fameux fleuve des Amazones. Chez les
individus adultes les feuilles centrales se colorent entièrement
d'un écarlate éblouissant.
Ficus dealbata. C'est un des six vainqueurs de la mémorable
et fameuse lutte suprême, entre MM. Linden et Veitch, dans
le concours des plantes nouvelles à l'Exposition de 1867. C'est
un vaillant figuier, qui verra les portes de tous les apparte-
ments s'ouvrir devant lui, quand il sera d'un prix moins élevé.
Ses feuilles d'un vert sombre atteignent 45 cent, de longueur
sur 25 de largeur. Son introduction est due à M. Wallis qui lit
sa rencontre sur les bords du haut Amazone.
Fitlonîa gigantea. Fittonia et Gymnostdchium, c'est à peu
près tout un. Les espèces de ces genres portent tantôtl'un, tan-
tôt l'autre de ces deux noms, ce qui ne manque pas d'incon-
vénients. Donc le F. gigantea, de la famille des Acanthes et
des Justicia, est une introduction de M. Wallis qui l'a décou-
vert dans les régions chaudes de la République de l'Equa-
teur. Ses feuilles ornées d'un beau réseau rose vif sur fond
tendre, mesurent 25 cent, de longueur, sur 15 de largeur.
Godoya splendida. C'est une de ces plantes dont la structure
déroute les savants cîassificateurs ; ils ne savent pas précisé-
ment dans quelle famille on peut la classer. A défaut de certi-
tude on la rapproche avec doute de la famille des Ternstrœmia-
cées dans laquelle se trouvent le Camellia en compagnie du
Thé. Ce Godoya splendida est un magnifique arbuste des régions
tempérées-chaudes de la province de Socarro en Colombie ; ses
feuilles sont composées comme celles du Frêne; les fleurs d'un
— ni —
blanc pur exhalent le plus suave parfum, et de la grandeur du
lys; elles sont réunies au nombre de 10 à i5 en une paniculo
de 50 à GO centimètres de hauteur. Les indigènes, d'après
M. Linden, regardent cette plante comme étant la plus belle
du pays et la désignent sous le nom de « Amcena de monte »
lis de la forêt.
Grias Zamorcnsis. Comme pour la précédente, embarras de
lui trouver place dans (es familles naturelles. A défaut de
mieux, on la met à la suite des Myrtacées. Ce Grias est un bel
arbre des forêts de Loxa; les feuilles longues de 50 cent,
ont une belle nuance chamois clair au moment de leur premier
développement.
Iresine Lindeni: Comme pour llresine Iîerbstii, il y aura ici
pour et contre. C'est une plante à feuillage coloré rouge vif; et
son mérile ornemental dépendra des soins de culture qu'on lui
donnera. Elle provient des hautes régions des Andes de l'E-
quateur ; c'est à 5000 mètres d'altitude que M. Wallis l'a dé-
couverte; elle est plus rustique que YIresine Herbstii.
LE CHOU DE SCHWEINFURTH.
Vers le 15 mai, j'ai semé sur une vieille couche bien terreau-
tée plusieurs variétés de Choux pommés, au nombre desquels
était le Chou de Sehweinfurth et le Milan de Nonvége ; dans
l'espace de quinze jours le plant a été bon à repiquer.
Dans un carré que j'ai défoncé profondément et bien fumé
avec du fumier de mouton, j'ai transplanté huit variétés de
Choux pommés, savoir : C. de Sehweinfurth, C. Milan de Nor-
wége, C. quintal, C. Milan ordinaire, C. gros cabus, C. petit
cabus, C. d'Yorck gros et C. d'Yorek-petit.
De toutes ces variétés, plantées dans les mêmes conditions
— 248 —
et dans le même carré, le C. Schweinfurih seul a réussi. Tous
les autres ont été attaqués d'abord par le ver gris, puis par les
chenilles vertes, qui ont tout dévoré ; le Chou de Schweinfurih
a été moins attaqué. Sa végétation a été rapide et vigoureuse
et il nous a donné de magnifiques produits. Depuis que je cul-
tive les Choux, je n'ai rien vu de pareil. Sa pomme aplatie,
ferme, bien serrée, portée sur un pied court, a pesé jusqu'à 16
kilogrammes. Je le mets sans hésiter à la tête des Choux pom-
més d'été. Non-seulement il a parfaitement résisté à la séche-
resse, mais j'ai remarqué qu'il craint l'humidité. Il commence
à pommer dès qu'il prend sa quatrième feuille, et continue de
grossir pendant un ou deux mois ; mais il faut avoir soin de le
surveiller dès que la pomme est formée, car il est sujet à pour-
rir parle tronc. Je crois qu'il serait difficile de le faire grainer
dans notre climat. J'avais conservé quelques graines que j'ai
semées plus tard, en vue d'obtenir des semences ; le plant a
bien levé, il a été transplanté à bonne exposition; mais les
plants ont pourri au moment de pommer.
J'engage à essayer la culture de Ce Chou, très-bon, très-pro-
ductif, et d'une croissance rapide.
Marlin Rivemale.
(Extr. Ann. Soc. dhort. de V Hérault*)
CULTURE DE L'ABRICOTIER EN CONTRE-ESPALIER.
Il est assez rare de récolter de beaux abricots. "Le peu qui
se récolte, c'est à l'abri des murs où, généralement, ils sont
pâteux et sans saveur. En plein vent, c'est à peine si l'Abri-
cotier produit une année sur six et ce n'est que là qu'on peut
espérer quelques fruits de qualité parfaite. La végétation
chez cette essence étant très-précoce., les gelées en entravent
la marche chaque année, l'arbre languit et ne tarde pas à
périr.
— 249 —
Comme pour les Pêchers, je plante les Abricotiers sur
contre-espalier double, à 1 m. 80 ou 2 m. de distance. Les
soins d'établissements de la charpente consistent dans l'ob-
tention de deux séries débranches latérales opposées,, àOm.20
au-dessus l'une de l'autre.
Ces branches sont équilibrées au moyen du pincement
et du palissage; elles sont palissées horizontalement et ne sont
taillées de leur extrémité que lorsqu'elles se joignent aveccelles
de l'arbre voisin. Elles n'ont relativement que peu d'espace
à parcourir ; aussi est-il nécessaire de pratiquer plusieurs fois
le pincement dans l'année. Cette opération fait naître une
grande quantité de fleurs près de la branche charpen-
tière.
Les avantages que je trouve à cette forme sont les suivants :
l'Abricotier se dégarnit très-facilement de sa branche charpen-
tière, et souvent laisse des vides irréparables dans la pyramide
ou la palmette, ainsi que dans le candélabre, formes sous les-
quelles on le rencontre généralement dans les jardins. Ici, si
l'une d'elles vient à périr, celle de l'arbre voisin, par son
prolongement, la remplace promptement, quitte à la faire
rentrer dans ses limites, lorsque la branche morte sera rem-
placée sur le sujet, ce qui arrive assez facilement dans une
forme restreinte. Ensuite, on peut abriter assez facilement,
au moyen d'auvents ou abris quelconques, en plaçant des
supports entre les deux lignes du contre-espalier. Des tiges
de Bruyères, des feuilles de Fougères, m'ont assez bien réussi
sans l'auvent. Un paillasson, mis le soir devant le contre-
espalier, lorsqu'on craint les gelées, peut garantir efficace-
ment. Les gelées printanières ne sont que peu ou pas du tout
à craindre lorsqu'il fait du vent.
Les fruits acquièrent, dans cette disposition, toutes les qua-
lités du plein vent. Je sais que l'amateur des belles formes
n'y trouvera pas son compte , mais il y a plus d'amateurs de
— 250 —
beaux et bons fruits. Dans cette essence, il est d'abord
très-rare d'avoir des arbres parfaits pendant longtemps.
Le Cerisier et le Prunier se prêteront parfaitement à cette
forme. D'une plus grande vigueur, ils pourront être distancés
un peu plus., selon la nature du sol et le choix des variétés.
H. ROBINE.
LA NON- TAILLE.
(Suite (1).
Personne, nous le pensons, ne pouvait se sentir blessé par
ce langage. Les partisans de la non-taille furent d'un autre avis
et une critique violente, pour ne rien dire de plus grave, en
fut la conséquence. Cela produisit sur nous une impression
pénible, d'autant plus que nous aimons à vivre en paix avec
tout le monde. Mais n'en parlons plus; tâchons de pardonner
de part et d'autre et d'oublier si c'est possible. Qu'on soit bien
convaincu que nous n'avons pas cessé d'apprécier à leur va-
leur les travaux des autres, et que, si aujourd'hui nous ne
sommes pas encore fascinés par la non-taille, on n'y voie pas
de personnalité mais uniquement le vif désir de voir avancer
l'arboriculture .
Entretemps, la non-taille avait eu du retentissement. Des
conférences entières lui furent consacrées, et le Cercle profes-
soral n'hésita pas à inscrire la discussion de la question à l'or-
dre du jour de la séance du 28 avril 1867. Naguère encore, en
1868, nous y consacrâmes un long article dans un rapport sur
l'Exposition universelle à Paris ; c'est ainsi que chez nous l'at-
tention a été appelée dans ces derniers temps d'une manière
toute spéciale sur la non- taille.
Ce système était trop beau, trop simple en apparence, pour
ne pas compter immédiatement de nombreux adhérents. C'é-
('l)^Voir page 224.
— im —
tait d'ailleurs du neuf, et puis, que de peines et que de temps
on allait épargner, s'il ne fallait pas du tout tailler les arbres 1
Plusieurs avaient compris la chose de cette manière, et nous
recevons encore parfois des lettres démontrant qu'il est des
personnes qui continuent dans cette croyance. C'est une grave
erreur de leur part. La non-taille n'embrasse pas les rameaux
de remplacement, les productions fruitières et autres rameaux
latéraux, qui, au contraire, doivent être taillés plus court que
dans l'autre système; elle a en vue seulement les prolonge*
ments charpentiers, qu'on laisse intacts, sans la moindre
taille, au lieu de les raccourcir plus ou moins chaque année.
Toutefois, pour ceux-ci même, la taille doit èlre appliquée :
1° quand il s'agit d'arbres non palissés ; 2° pour la formation
de l'arbre ; 3° si sa croissance est trop faible; â° pour produire
la bifurcation des branches charpentières ; o° quand celles-ci
ne sont pas en équilibre ; 6° si les prolongements n'ont pu
s'aoûter; 7° s'ils portent trop de bourgeons au lieu d'yeux;
8° s'ils menacent de se couronner ; 9° si la charpente menace
de se dénuder à la base ; 10° enfin, quand les branches mères
occupent tout remplacement qui leur est réservé. Dans cha-
cun de ces cas, — et l'on sait combien de fois l'un ou l'autre
se produit, — il faut recourir à la taille. La non-taille, même
dans son sens le plus large, est donc loin d'être aussi générale
qu'elle semble l'être de prime abord.
Voici du reste en peu de mots ce que les partisans de la
non -taille disent de son application :
« La non-taille concerne seulement les branches charpen-
tières et pour autant qu'il s'agit d'arbres en espalier; on ne peut
donc l'appliquer qu'aux cordons, palmettes et éventails. Pour
chacune de ces formes et pour n'importe quelle espèce d'arbres
on taille une première fois comme à l'ordinaire. Dans la suite,
on ne taille plus les cordons de pêchers, poiriers et autres ar-
bres. Chez les palmettes, on raccourcit tous les ans de 0m2o à
— 252 —
Om30 les branches mères des poiriers et autres dont la distance
entre les branches charpentières est à peu près la même, et
cela afin de provoquer la formation de nouvelles branches sous-
mères et un nouveau prolongement de la branche mère. Pour-
les pêchers, où la distance entre les branches de charpente doit
être double au moins, on ne peut former de nouvelles sous-
mères que tous les deux ans. )> Ainsi, bien loin de ne pas tail-
ler du tout, il faut chaque année tailler assez court les branches
mères. Entretemps on conseille <( de sacrifier les fruits pen-
dant les trois ou quatre premières années, en rabattant sur
deux ou trois yeux tous les rameaux latéraux, qu'ils soient ou
non munis de boutons, tout cela pour avantager les branches
inférieures de la charpente. Mais toutes les branches sous-mè-
res, toutes les branches charpentières en un mot, du moment
qu'elles subsistent, qu'elles ne doivent plus se bifurquer, on les
laisse intactes, sans taille aucune, du moins pour autant qu'el-
les sont bien équilibrées et bien aoùtées, qu'elles ne sont pas
couronnées, etc. )) Pour l'éventail, il n'est pas question de non-
taille. Ce doit être un oubli, car, pour cette forme comme pour
les autres, elle doit être applicable. Mais ce qui est bien plus
étrange, c'est qu'il semble être nécessaire ce de tailler les cor-
dons horizontaux aussi bien que les cordons verticaux de la
Vigne comme à l'ordinaire, c'est-à-dire de façon qu'ils forment
deux ou trois nouveaux coursons. 5> L'auteur, partisan de la
non-taille, ajoute même € qu'on peut tailler plus long, mais
qu'on s'expose alors à voir les rameaux inférieurs devenir
bientôt stériles. )) Il conseille en conséquence de « laisser tout
au plus quatre coursons se constituer sur de fortes vignes, soit
de les rabattre annuellement au maximum à un mètre, et de
n'en former que deux sur des pieds faibles, c'est-à-dire de
tailler sur 0m40 à 0m 50. »
Voilà qui est loin déjà de la non-taille. La Vigne n'est pour-
tant pas tellement différente des autres arbres, et ce qui est
— 253 —
vrai pour ceux-ci doit aussi lui être applicable. Qu'on la rac-
courcisse, nous l'admettons, parce que les pousses terminales
des sarments s'aoûtent parfois d'une manière imparfaite ; mais
qu'il faille tailler tellement court, c'est ce que en réalité nous
ne comprenons pas, et cela nous semble concorder fort peu
avec le principe de la non-taille, qui doit être général, s'il re-
pose sur des bases solides. « On agit de la sorte, dit-on, on
taille court, pour tous les arbres qui, comme la Vigne, sont
naturellement très-fertiles. » Nous considérons un tel argument
comme un expédient plutôt que comme une raison.
Et cependant, à un autre endroit, on prétend « qu'il importe
peu que les arbres aient poussé avec ou sans vigueur; car,
dit-on, si sur un arbre à végétation faible le prolongement n'a
que 0m30, tandis que sur un arbre vigoureux il acquiert 1 mè-
tre, le nombre des yeux qu'ils portent et qu'ils devront nour-
rir, est plus petit sur le rameau faible et beaucoup plus consi-
dérable sur le fort rameau. » Tout cela est fort beau en théorie ;
mais, qu'on veuille essayer déformer sans taille des arbres qui
végètent faiblement et l'on aura bientôt la conviction que la
non-taille n'est pas du tout applicable à de tels arbres : ils se
dénuderont par en bas et se couronneront à leur sommet.
Voyons maintenant ce que les partisans de la non-taille font
des formes de plein vent. « Il faut tailler celle-ci comme à
l'ordinaire, même les pyramides. » Il est vrai qu'on prétend
agir ainsi, non pas • dans la crainte de voir les branches de
charpente se dénuder, mais uniquement parce que sans cela
celles-ci resteraient trop frêles, trop faibles, ou qu'elles pren-
draient une mauvaise direction. 3> Donc pas de non-taille pour
les formes de plein vent. En.général, « la bifurcation des bran-
ches charpentières s'obtient par la taille d'hiver ; ce n'est que
par exception qu'on a recours à la taille d'été, afin de provo-
quer par le pincement l'émission de faux bourgeons qu'on uti-
lise pour établir de nouvelles branches charpentières. Peu im-
— 254 —
porte comment celles-ci ont été obtenues, on les conduit
obliquement dans le principe pour ne les incliner vers l'hori-
zontale que successivement après quelques années, à mesure
qu'elles ont acquis un degré suffisant de vigueur, »
Voilà en peu de mots comment la non-taille est entendue en
Belgique. En France, on s'y prend à peu près de la même façon
avec quelques modifications cependant , qui nous semblent
tellement importantes que nous croyons devoir les rapporter
ici. Ces modifications nous les avons observées non-seulement
sur l'immense pêcher apporté à l'Exposition universelle de i 867
par M. Morel, de Lyon; non-seulement dans le jardin fruitier
modèle de M. Nallet, a Brunoy,où, sous la direction de M. Fo-
res t, le Nestor des arboriculteurs, tous les arbres sont formés par
la non-taille ; mais particulièrement dans les jardins de M. Che-
valier, à Montreuil, aujourd'hui en France le plus chaleureux
défenseur de la non-taille et qui a su porter ce procédé à son
plus haut degré de perfection. Voici en quoi sa méthode diffère
de celle qui est suivie en Belgique.
La forme qu'il préfère est la palmette double et surtout la
palmette simple. Parfois, alors spécialement que l'écusson part
avec vigueur, il le pince ou le recourbe à Om20 ou 0m25 du sol
afin d'obtenir à cette hauteur les faux bourgeons destinés à
former par la suite des branches charpentières. Toutefois, il
laisse d'ordinaire la greffe se développer librement la première
année, et, dans ce cas, il doit naturellement la tailler l'année
suivante pour obtenir les premières branches mères. Il pratique
cette taille sur l'œil placé à hauteur voulue ; il fait en même
temps sur l'empâtement, de chaque côté de cet œil, une inci-
sion corticale aboutissant aux deux yeux basilaires ou sous-
yeux (voir fig. 28). Immédiatement après ou tout au moins dès
que l'œil principal se développe et atteint 0m05 ou 0œ06 de
longueur, ce bourgeon est enlevé jusqu'à sa base {voir le poin-
tillé). Par là;, les sous-yeux sur lesquels ii a pratiqué l'incision
— 255 —
corticale se développent immanquablement, si déjà leur évolu-
tion n'a pas commencé. Si l'œil éborgné reperce ou que le
bourgeon terminal pincé se développe, il l'arrête au moyen
du pincement répété ; mais d'ordinaire ce bourgeon demeure
inactif pour se développer seulement l'année suivante, ce qui
vaut infiniment mieux.
Il est sûr d'obtenir ainsi les deux premières branches char-
pentières futures, qui se trouveront aussi exactement que pos-
sible en face l'une de l'autre. Non-seulement il en résulte un
aspect plus joli, plus artistique, mais cela vaut mieux pour
l'égale répartition de la sève.
Van Hulle,
jardinier on chef du jardin botanique de Cand.
(A continuer.)
4
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
Le Dictionnaire pomologique, par André Leroy.
Depuis une vingtaine d'années nous assistons à un assez
curieux spectacle pomologique : celui des tentatives infruc-
tueuses de beaucoup d'auteurs qui commencent un ouvrage
sur les fruits et qui restent en route. La liste serait longue' s'il
fallait la donner.
Toutes ces tentatives prouvent, au moins, que le besoin
d'un livre pomologique se fait depuis longtemps très vive-
ment sentir. Mais pareil travail n'est pas sans difficulté, et la
plus grande, c'est le manque des types pour ainsi dire offi-
ciels de tous nos anciens fruits. Sans ces types on ne peut
rien ; et voilà pourquoi tous les auteurs, y compris le Congrès
de Lyon, qui ont entrepris un pareil travail, n'ont jamais
pu l'amener à bonne fin.
Pour la première fois, nous avons enfin un Traité complet
du genre Poirier, dans les deux premiers volumes du Die*
tionnaire de Pomoloyie, publié par M. André Leroy d'Angers,
— ?256 —
et qui viennent d'être mis en vente. Aussi nous empressons-
nous de l'annoncer seulement aujourd'hui; car le temps et
l'espace nous manquent pour en faire l'analyse et en donner
un compte rendu.
Donc au prochain numéro.
F. Herincq.
Travaux du mqïs de Septembre,
Potager. On continue de semer en pleine terre, des Radis, Raves, Carottes
hâtives, Pimpernelle, Poireau, Cerfeuil, Chicorée fine d'Italie, Laitues diverses,
Mâche, Ëpinard ; Choux pommés hâtifs, Choux-fle ; s, etc. — On prépare les
meules à Champignons; on continue de butter le Céleris ou on l'arrache, ainsi
que le Cardon, pour le faire blanchir, en les plantant profondément en rigolles
dans du terreau.
Pépinière. On veille toujours à l'équilibration des arbres ou espaliers; pincer
long, coucher et palisser les branches vigoureuses; dépalisser et redresser les
ûranches faibles; découvrir les fruits trop ombragés.
Jardin d'agrément. Récolte des graines, et semis d'automne (voir page \ 44,
4 851). Vers la fin du mois, oa peut commencer à planter dans des pots ou à
mettre en carafes, pour les ap artements, les Oignons de Narcisse de Constan-
tinople, grand Primo et Soleils d'or, les Jacinthes, les Crocus, Tulipes hâtives.
U faut avoir soin de choisir des Oignons très-réguliers, bien fermes, et la
couronne, où naissent les racines, tres-saine. On peut attendre le mois d'oc-
tobre pour planter ces oi nons en pleine terre.
Serres. Les nuits commencent à devenir fraîches; on doit rentrer, dans la
deuxième quinzaine, le~ plantes deserres chaudes; rempoter, avant, celles qui
en auraient besoin; les arrosements doivent être donnés préférablement le
matin. On dispose, vers la fin du mois, les panneaux des serres tempérées,
châssis, bâches, etc.
Paris. — Imprimerie horticole de E. Donnaud, rueCassette; 9.
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR,
nOE CASSETTE, 9. A l'AMS.
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1 volume in-32 colombier, orné de gravures. — Prix : 80 cent.
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par M. D. HÉLYE
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PAR T. LENORMAND, HORTICULTEUR
Un volume in-16 colombier, avec figures dans le texte et un plan.
Prix : 1 fr. «5.
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Suivi d'une monographie des espèces et des variétés principales
Par E. CHATÉ fils, horticulteur.
Un volume in- 16 colombier. — Prix : broché, t fr. 50.
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Ex-Rédacteur principal de la Soclilé a" horticulture Je la Sei»e ,
Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc.
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! Paris 10 fr. par an.
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Tontes les demandes d'abonnement devront être accompagnées d'un bon du montant de l'abonne-
ment sur la poste ou sur une maison de Paris, et au nom de M. E. DONNAUD, rue Cassette, 1.
Les Souscripteurs des départements nui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la poste ou sur une maison ifa Paris, sont avertis que nous leur ferons présenter une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN franc sert à payer les frais de négociation de
la traite qui leur est adressée.
a > uafle* 4 u
PARIS
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, 9.
1869
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas-
selle, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le
mois et. dont ntut avons reçu un exemplaire.
MÉDAILLE D'ARGENT A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
50 MÉDAILLES
aux Expositions de Paris et de la Province.
CULTUHE- SPÉCIALE
de Ferdinand GLOEDE, horticulteur, à Béarnais {Oise).
ÉTIQUETTES DE JARDINS.
Rien de plus commode et de plus durable pour les étiquettes de jardins que l'encre
écrire sur le zinc, composée par M. DUFOUR, chimiste-photographe, à Dijon (Côte-d'Or).
Pria) du flacon : i franc.
Celte encre, dont la couleur est à peu près celle du rhum, aussitôt son contact avec
zinc produit une écriture du plus beau noir. Ces étiquettes peuvent séjourner plusteu
années dans la terre et dans l'eau, sans que l'écriture subisse une détérioration sensibl
Les nombreuses lettres de félicitations adressées à M. DUFOUR sur cet excellent pr<
duit se succèdent tous les jours. MM. les Amateurs désireraient pouvoir trouver cet
encre dans toutes les grandes villes, chez les marchands de produits horticoles ; ils préf<
reraient payer 25 cent, et même 50 cent, en plus le prix du flacon
MM. les Marchands pourront s'adresser, pour traiter, a M. DUFOUR, clnmiste-photogr;
plie, à Dijon. — Un petit flacon d'échantillon leur sera adressé gratis et franco, sur d<
mande affranchie. , ; . ' ,» , , 1
Des annonces dans les journaux d'horticulture feront connaître 1 adresse des 8
chauds où les Amateurs pourront se pourvoir.
Une caisse de flacons d'encre à écrire sur le zinc vient d'être .evçêdiée à M. louis VAN, HOUT1
horticulteur, à Gand. — MM. les AmaUurset Horticulteurs de la Belgique peuvent s 'y adressa.
DICTIONNAIRE DE P0M0L0GIE
CONTENANT l
LHISTOIRK, LA DESCRIPTION, U FIGURE DES FRUITS ANCIENS ET DES FRUITS MODERNES
LES PLUS GÉNÉRALEMENT CONNUS ET CULTIVÉS.
Par André LEROY,
PÉPINIÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, aémmntratenr de la succursale de la Banque de France, ancien présider
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
2 volumes grand in 8°
Tome Ie' A— G, 389 variétés,
Tome V D-Z, 526 —
Prix: broché, iO fr. le Tolume,
Soit 20 francs pour l'exemplaire complet.
L'ouvrage est termine.
SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Herinco, Chronique : — 0. Lescuyer, Bégonia Bollvienais (PI. VI II). — Peu
tdzes, flls. ÎNote sur la multiplication des Géranium y.onalc à fleurs doubles. —
Delaire, Floraison du Yncra Troculeana au château de Villecante, et de quelques
autres espèces rares. — Bonard, Plantes nouvelles. — I.oms dit Conperat, Conser-
vation de la Chicorée et de la Scarole. — V. Chatel, Mise en culture de la
surface des tas de fumier. — Ehrlen, Encore les Taupes et les vers blancs. — Van
Hulle, La Non taille (suite).— X... Travaux du mois d'octobre.
CHRONIQUE
Première apparition des colchiques ; réunion des Hirondelles. Nouvelles de la
maladie de la Vigne dans le Languedoc : un mal pour un bien; cause du
mal; remèdes. Les végétaux ligneux doivent être soumis à l'assolement
comme les plantes herbacées ; nouveau traitement et nouvelle méthode à
appliquer à la Vigne soumise à ce régime. Sécheresse. Marché" aux fleurs
couvert de Paris : singulière vision. Les Nymphéacées sous le climat pari-
sien ; floraison du Nelurnbium au jardin des Plantes. Maladie des Rosiers ;
la Glycine et les Rosiers remontants. Mon opinion, bien arrêtée, au sujet du
Radis de famille. Défi porté à l'auteur.
Hélas! en fleurs est la Colchique; je l'ai vue dans un vert
pré. J'ai vu aussi les Hirondelles se réunir sous les corniches
d'un vieux château voisin, par petits groupes de trente, de
cinquante, comme aux matins qui précèdent leur départ pour
des régions plus chaudes, ce qui annonce le retour prochain
des frimas. Les beaux jours de 1869 seraient-ils donc finis?
J'aime à croire que les Colchiques actuellement fleuries sont
des exaltées qui ont devance" l'époque de la floraison normale
de leur espèce, et que les Hirondelles se réunissent simplement
en petits conciles de trente, ou de quarante, pour décider de
la conduite à tenir, par elles, envers les pucerons 'des pro-
vinces méridionales, qui attaquent la Vigne par la racine, au
lieu de continuer à la ravager par les raisins, à la manière de
Septembre 1869. 17
— 258 —
l'oïdium. Il est bien certain que les us et coutumes des Méri-
dionaux doivent donner à réfléchir aux Hirondelles, qui sont
traquées, et impitoyablement tuées par les habitants des ré-
gions maritimes; et je comprends qu'avant d'aller à leur aide,
pour les débarrasser des pucerons qui dévorent les racines de
leurs Vignes, elles se demandent si celte population compren-
dra bien les secours qu'elles sont disposées à lui porter, et si
les braconniers respecteront leur liberté et leur existence. J'ap-
prouve leur prudence et, à leur place, je sais très-bien ce que
je ferais.
Assurément, je regrette ce nouveau fléau qui vient de fondre
sur les vignobles des régions méditerranéennes; mais au fond
je n'eu sais pas fâché. Qu'on ne se méprenne pas sur mes in^
tentions ; elles sont pures comme l'enfant qui vient de naître,
et chacun sait que je suis le meilleur garçon du monde et non
un méchant homme; ceux qui en doutent peuvent prendre des
renseignements, à cet égard, auprès de tous les savants, vice-
savants et contre-savants au sujet desquels j'ai exposé la vé-
rité dans le costume le plus antique, même sans te ceinturon ni
le casque de pompier des vaillants soldats de la vieille Grèce.
En effet, je considère cette calamité — car c'est une véri-
table calamité — comme un grand bonheur, 1° parce que
l'homme sera peut-être moins vaniteux en se voyant vaincu
par ces infiniment petits; 2° parce que le viticulteur va être
enfin obligé d'admettre ce que le simple bon sens aurait dû
lui faire reconnaître depuis longtemps : que le sol ne peut pas
fournir indéfiniment, à la même espèce de plante, tous les ma-
tériaux nécessaires à son existence et à son développement; que
par conséquent il faut soumettre les végétaux ligneux à une
sorte d'assolement, comme les végétaux herbacés, pour per-
mettre au sol de reconstituer naturellement certains principes
minéraux que ne lui restitue pas le fumier, et encore moins
les engrais artificiels qu'on peut lui donner chaque année. Je
— 259 —
crois donc que la nouvelle maladie de la Vigne produira de
bons résultats culturaux; car elle va forcer les viticulteurs à
modifier leur antique et vicieuse méthode de plantation tou-
jours dans le même terrain.
Malheureusement, dans l'état actuel des choses, une grande
partie des Vignes des départements de l'Hérault, du-
Gardj etc., va disparaître. Ce n'est plus sur quelques hectares
que sévit le mal; nous connaissons un propriétaire qui, cette
année, a eu 100 hectares de Vignes complètement détruites
par ce fléau nouveau. C'est la ruine complète des pays vini-
coles ; car, sans être prophète de malheur, on peut prédire,
aujourd'hui, qu'il n'y a aucun moyen d'enrayer la maladie;
qu'il faudra faire comme à Madère : arracher toutes les Vignes,
et attendre quelques 10, 45 ou 20 ans que le sol soit bien re-
posé, ou plutôt, que le sol soit bien reconstitué pour fournir à
la Vigne les principes qui lui sont absolument nécessaires et
qui lui font défaut actuellement. Pour nous, les Vignes sont
malades parce qu'elles ont vécu trop longtemps dans le môme
terrain, et que ces terrains sont impropres maintenant à la cul-
ture de cette essence. Les viticulteurs doivent donc, s'ils
veulent enrayer le mal, planter de suite de nouvelles Vignes
très-saines dans les terrains qui n'ont pas encore nourri cet
arbuste, afin d'avoir, dans 2 ou 3 ans, de jeunes et vigoureux
cépages qui permettront d'arracher les vieux, et de livrer tous
les terrains ainsi débarrassés à d'autres genres de cultures,
pendant 20 ou 25 ans. Durant ce laps de temps le sol se re-
fera, et pourra recevoir, à nouveau, la Vigne qu'il faudra
alors traiter tout différemment qu'aujourd'hui : le long bois
et la non-taille seraient avantageusement appliqués. La ques-
tion est grave et mérite qu'on s'en préoccupe:. Que deviendrait
surtout la fameuse industrie des fabricants de vins naturels, si
le Roussillon, et les autres gros vins du Midi venaient a faire
défaut? Comment s'enrichiraient tous ces honnêtes trafi-
— 260 —
quants, qui font fortune en moins de 40 ans, en faisant des
mélanges impossibles que nous prenons sérieusement pour du
Bordeaux, du Mâcon, du Bourgogne, etc. ? Ils seraient obligés
d'employer des substances nuisibles, et alors ce ne serait plus
seulement notre bourse qui en souffrirait, ce serait encore
notre santé ; veillons donc au salut de la Vigne. Engageons
les viticulteurs du Midi à ne point chasser aussi impitoyable-
ment les Hirondelles qui ne vivent que d'insectes, et qui
pourraient peut-être bien devenir d'utiles auxiliaires en se
livrant à la destruction de ces funestes pucerons : engageons-
les surtout à changer radicalement leur méthode de culture,
en établissant une sorte de rotation dans laquelle la Vigne
ne reviendrait que tous les 20 ou 25 ans sur le même sol,
qu'elle occuperait pendant un égal laps de temps ; qu'ils mo-
difient leur taille, en introduisant quelque chose des méthodes
dites épuisantes ; qu'ils cherchent enfin, et n'attendent point,
comme la plupart des campagnards, que le remède leur
vienne du ciel ; car ils pourraient attendre longtemps.
Je ne sais ce que nous avons fait à notre divin maître,
mais il nous traite bien sèchement depuis le commencement
du mois de juillet; et c'est universel, paraît-il. J'ai reçu
de la Jamaïque d'un mien ami, des nouvelles des plus at-
tristantes : « On ne trouve plus à acheter d'eau, et si ce
temps continue encore quelques jours, dit-il, nous mourrons
tous de soif. » Dieu merci nous n'en sommes pas réduits ici à
cette terrible extrémité. Le canal de Lourcq et la Seine nous
abreuvent abondamment, et la Dhuis nous distille ses eaux
limpides et pures goutte à goutte, comme un marchand d'es-
sence de clous de girofle ; mais aussi c'est de la bien bonne
eau, et c'est cher! Je me suis toujours demandé combien un
horticulteur de Paris, qui reçoit l'eau de la Dhuis, pouvait ar-
roser de plantes par jour? Ces pauvres jardiniers ne sont
gèure favorisés des Neptunes parisiens; du reste, il leur se-
— 261 —
rait difficile de dire par qui i!s sont favorisés. On leur a boule-
versé le marché du quai aux fleurs; celui du Chàteau-d'Eau a
été exilé sur le boulevard du Prince-Eugène, et actuellement
il est revenu s'installer en face les magasins réunis,, sur une
foule de petits bouts de boulevards qui viennent converger à
l'entrée du faubourg du Temple. Exposés à tous les vents,
sans tentes, les malheureux marchands sont obligés d'appor-
ter, chaque matin, les draps de leur lit pour se garantir du so-
leil ou de la pluie. Ah ! monsieur Haussmann ! si 40 siècles vous
contemplent pour les embellissements que vous faites dans
Paris, assurément ce n'est pas à l'endroit des marchés aux
fleurs ; mais leur tour viendra évidemment ; ce sera le bouquet
de l'édifice.
En attendant, un des industriels qu'ont fait éclore les dé-
molitions et rémolitions haussmanniennes, vient de faire ap-
pel aux jardiniers de Paris, et leur propose des places dans le
quatrième pavillon du marché Saint-Honoré, qu'il n'a pu louer
à aucun marchand fripier. Conditions très-avantageuses : ce
pavillon sera exclusivement réservé aux fleurs ; vente tous les
jours ; place gratis pendant trois mois. Avis aux jardiniers
sans place. Mais, chose extraordinaire. Pendant la nuit qui a
suivi la distribution du prospectus de l'ouverture de ce mar-
ché quotidien, presque toutes les marchands ont eu une vision.
Un joli petit ange leur apparut, et leur glissa ces mots à
l'oreille : Si vous prenez une place dans ce nouveau marché,
on vous retirera celles que vous avez sur ceux de la ville.
C'est drôle n'est-ce pas?... comme un rêve du reste.
J'ai rapporté, dans ma dernière chronique, que les bruits
couraient, au sujet du climat de Paris, qu'il n'était plus appro-
prié aux besoins de la culture des Nymphéacées. C'est seulement
paraît-d, pour la Victoria et les Nymphéa de serre chaude, car
j'ai vu cette semaine, au jardin des Plantes, le Nelumbium
speciosum étaler dans le bassin du carré creux, une végéta-
— 262 —
tion et une floraison presque tropicales ; ses feuilles qui étaient
portées sur des pétioles de \m 60 de longueur, mesuraient
42 cent, de diamètre, et ses fleurs charmantes, blanc rosé à
50 ou 60 pétales plus roses sur les bords, s'élevant au-dessus
des feuilles, n'avaient pas moins de 25 centimèlres de largeur.
C'est une plante ravissante et curieuse que ce Nelumbium ; sa
culture est très-simple; nous l'indiquerons dans un prochain
numéro.
Je ne sais si c'est général, mais à ce même jardin des Plantes,
les Rosiers sont dans le plus piteux état : tout couverts du blanc,
et naturellement pas de seconde floraison. Est-ce qu'il n'au-
rait pas été prudent de couper, dès l'apparition %dumal, toutes
les branches et rameaux qui en étaient atteints ; on aurait dé-
truit tous les germes, et on se serait garanti pour la saison nou-
velle. Je l'ai fait pour les Pêchers, et m'en suis parfaitement
trouvé.
Si les Rosiers n'ont point remonté, la Glycine de la Chine
ne s'en est pas privée. Jamais sa seconde floraison n'a été
aussi abondante. C'est un fait très-curieux que cette Glycine.
Lors de son introduction, et pendant longtemps après, elle ne
fleurissait qu'une fois l'an. Tout à coup elle s'est mise à réfleu-
rir au mois de juillet et non-seulement dans quelques endroits,
mais à peu près partout. On chercha à expliquer ce phénomène
par les grandes sécheresses qui surviennent après la première
floraison, et bientôt suivies des pluies qui raniment la végéta-
tion. Cette année il est difficile de faire intervenir le pre-
mier fait; car jusqu'à la fin de juin nous avons été dans
l'eau et la température n'était pas excessive ; néanmoins dès
les premiers jours de juillet, partout la Glycine refleurissait;
elle est donc bien positivement remontante. Pourquoi les Ro-
siers dits hybrides remontants ne seraient-ils pas remontants
de la même manière? car l'hybridation dans les Rosiers!...
Heuh ! heuh ! il faut une bien bonne volonté pour y croire. La
— 203 -
pauvre hybridation est un peu comme les semis successifs et
la sélection ; on lui attribue bien des paternités contre les-
quelles elle protesterait si elle pouvait s'inscrire en faux.
Il paraît que le Radis de famille est allé se montrer à l'expo-
sition d'Hambourg. J'en ai reçu du midi qui ne descend pas
du tout du Radis sauvage Raphanus Raphanistrum . Les ré-
sultats si fameux de semis successifs et de sélection pendant
quatre générations seraient donc... tout ce qu'on voudra,
excepté ce qu'on dit être.
Je ne crains plus aujourd'hui, d'après tout ce que j'ai vu,
de déclarer : que les soi-disant Radis de famille ne sont jamais
sortis du Radis sauvage. Je porte le défi, à l'auteur, de repro-
duire le même résultat devant une commission d'hommes sé-
rieux et honorables. Le sujet en vaut la peine; je l'ai pris en
main, et ne l'abandonnerai que quand la lumière sera positi-
vement et publiquement faite. On ne se joue pas aussi facile-
ment de la science et des savants; et il faut qu'on sache
bien, qu'il y a encore quelques hommes de cœur, qui savent
tout sacrifier à la vérité scientifique.
F. Heringq.
BEGONIA BOLIVIENSIS (PI. IX).
Cette charmante espèce à longues fleurs fuchsioïdes^ pour-
rait-on dire, est voisine de l'ancien Regonia monadelpha qui
a constitué tout seul le genre Rarya, du célèbre monographe
Klotzsch, qui a trouvé moyen de faire 40 à 50 genres, dans
le bon vieux genre Bégonia de Linné, cependant si naturel. Ce
R. boliviensis qui fait ainsi la seconde espèce de ce genre,
diffère toutefois beaucoup du monadelpha, par ses fleurs bien
plus grandes et d'un brillant rouge brique.
Originaire de la Bolivie, on en doit la découverte à M. Wed-
— 264 —
dell qui la trouva durant son voyage de 1 845, dans les ravins
humides des provinces des Cordillières et d'Azero; c'est
beaucoup plus tard, en 1866, que M. Pearce, collecteur an-
glais, l'introduisit vivant en Angleterre, dans l'établissement
de M. Veitch, qui l'a fait figurer, en 1867, dans son lot de
nouveautés de l'Exposition universelle de Paris où nous l'a-
vons admiré. Cette année nous l'avons revu à l'Exposition de
mai, dans le lot de M. Lierval qui a bien voulu nous permettre
d'en faire le dessin que nous reproduisons dans ce numéro.
Ce joli Bégonia à fleurs, a un rhizome tubéreux d'où sor-
tent des tiges glabres, qui s'élèvent à 60 cent, et 1 mètre et se
ramifient dans la portion supérieure. Les feuilles, longues de
8 à 13 cent, sur 2 à 3 de largeur sont étroitement lancéolées-
acuminées, très- inégalement partagées en deux par la nervure
médiane, bordées de dents terminées par une soie, oblique-
ment insérées sur le pétiole et accompagnées de deux petits
stipules en fer de lance. Les fleurs qui sont retombantes et
d'un beau rouge brique, naissent par deux sur chaque pédon-
cule : l'une est mâle, composée de 2 sépales oblongs, de 2 pé-
tales à peu près de même forme et de même longueur (4 cent,
environ), et d'une colonne d'étamines à anthère jaune ; l'autre
fleur est femelle, pourvue d'un ovaire infère de couleur
verte, à 3 angles roses dont un très-développé en aile ; d'un
périanthe à 5 divisions pétaloïdes rouge-brique^ dont 3 exté-
rieures un peu plus longues que les 2 intérieures qui n'ont guère
plus de 15 millimètres de longueur. Le style qui occupe le
centre de la fleur porte trois stigmates divisés chacun en deux
lobes contournés en spirales.
Le Bégonia boliviensis est une plante de bonne serre tem-
pérée pendant i'hiver; il servira comme la plupart de ses
congénères à orner les conservatoires d'automne et les appar-
tements au commencement de la mauvaise saison. C'est déjà
dès maintenant que les Bégonia à fleurs jouent un grand rôle
— 265 —
à la campagne, pour garnir les chaumières et les serres de
refuge.
0. Lescuyer.
NOTE SUR LA MULTIPLICATION DES GERANIUM ZONALE
A FLEURS DOUBLES (1).
Parmi les modes de reproduction de Géranium zonale, il y
en a qui sont plus ou moins faciles.
Déjà plusieurs méthodes ont été préconisées par M. le vicomte
F. du Buysson et par M, Lierval, horticulteur; elles sont très-
avantageuses ; je les ai expérimentées et elles m'ont donné de
bons résultats.
Quant au mode que j'ai employé, il est différent, et je crois
qu'il peut encore rendre des services à l'horticulture.
Les variétés de Géranium à fleurs doubles, encore l'an der-
nier, n'étaient pas très-répandues, et surtout les bonnes
plantes.
Possédant un massif de la variété dite Gloire de Nancy (Le-
moine) , plante de premier ordre, vers la fin de septembre,
j'ai pincé la sommité des tiges ; dans le courant du mois d'oc-
tobre tous les bourgeons de la tig'e mère se sont développés et
ont atteint une longueur en moyenne de deux à trois centimètres;
vers le commencement du mois de novembre, j'arrachai les
plantes ; chaque tige portait plusieurs pousses ; je les détachai
de la tige mère en conservant trois ou quatre centimètres de
sa tige adhérant à la pousse en coupant, avec une serpette, en
forme de bec de flûte allongé ; en procédant ainsi, on peut
avoir autant de multiplicatious qu'il y a de bourgeons sur la
tige mère.
(4) Ann. Soc. d'hort. de Haute-Garonne.
— 266 —
De suite après avoir détaché mes boutures de la manière et à
l'époque indiquées, je préparai, dans une serre, l'emplacement
pour les recevoir, en formant un sol d'un quart de terreau et
trois quarts sable ordinaire de six à sept centimètres d'épais-
seur ; je les plantai en les espaçant de trois ou quatre centi-
mètres et en les enfonçant jusqu'au collet ; le sable et le terreau
sont tenus constament humides au moyen d'un arrosage à la
pomme.
Si la température se maintient à dix degrés, dans l'espace de
quinze jours, les racines sont formées ; il s'en développe une
grande quantité tout autour.de la section de la bouture ou talon,
et même souvent sur le vieux bois de la tige mère, qui adhère
à la bouture.
On procède au rempotage après que l'on reconnaît que les
boutures ont bien repris et on peut, de suite après, sans craindre
qu'elles ne fondent, les placer dans n'importe quel genre de
serre.
On pourrait opérer ce genre de multiplication pendant le
courant de l'été. Il est évident que, fait à cette époque, il n'y
aurait pas d'inconvénients ; je crois cependant que quand on a
un beau massif de Géranium zonale à fleurs doubles, pour ne
pas le déprécier, l'époque que j'indique est préférable.
Pertuzès fils,
horticulteur à Toulouse.
FLORAISON DU YUCCA TRECULEANA ET AUTRES ESPÈ-
CES AU CHATEAU DE VILLECAJNTE, A DRY, PRÈS
ORLÉANS.
Le Yucca Trecukana, Ilort., Yucca undulata, Mart, aurait
déjà fleuri, d'après les différentes notes que nous avons prises,
en 1864, chez M. Alphonse Lavallée, à Segrez; en 1866 au Mu-
séum d'histoire naturelle de Paris et l'année dernière ( 26 mai)
— 267 —
chez AI. Charles Gombault ; malheureusement ce dernier, par
une fatalité du temps, fut impitoyablement brisé, haché parla
grêle d'un ouragan qui a dévasté une partie des récoltes sur
son passage, et cela, quelques jours seulement avant que la des-
cription ait pu eu être faite; cependant, d'après les renseigne-
ments que m'a donnés M. Charles Gombault, sa floraison dépas-
sait en beauté celui de cette année ; ses fleurs surtout étaient
d'un plus beau blanc ; la panicule, ou bourgeon floral, plus
serrée et les fleurs plus nombreuses; tandis que dans celui Tai-
sant le sujet de celte note, la panicule, d'une hauteur de I m.
10 c, est composée de ramifications décroissantes qui lui
donnent la forme pyramidale ; les fleurs sont d'un blanc jau-
nâtre passant à la teinte soufrée ; les pétales (segments) exté-
rieurs sont munis au sommet d'un mucron rougeâtre; les brac-
tées florales marquées d'une large bande rougeâtre, ce qui
laisserait croire que ce Yucca serait une variété du Yucca
Treculeana, si toutefois ceux décrits jusqu'à ce jour étaient
bien le Yucca Treculeana ! Peut-être a-t-on confondu le Yucca
eornuta, qui n'en diffère que très-peu; son caractère est d'avoir
étant jeune comme adulte, les feuilles contournées. M. Gom-
bault donne à celui qui a fleuri l'année dernière, le nom de
Yucca Treculeana rufocinctq ; il est identique à celui figuré
dans [Horticulteur français, année 1864, page 230 ; il a bien,
comme dit M. Herincq, les feuilles très- finement denticulées ;
nous avons regardé à la loupe les bords des feuilles de celui qui
a fleuri cette année, le 27 mai, elles n'étaient nullement
dentelées,
En somme c'est une magnifique plante, formant le plus bel
effet isolée sur une pelouse ; les deux spécimens que possède
M. Gombault sont peut-être uniques comme force. Celui qui
a fleuri cette année, mesureen diamètre, 2 m.; en hauteur 2 m.
20 c, y compris le bourgeon floral : ce dernier avait au tiers de
sa hauteur lm. 20 c. de circonférence.
— 268 —
Voici la description aussi exacte que nous avons pu la
prendre :
Tige grosse et charnue, diamètre à sa base, 0 m, 24 c;
hauteur, 1 m, dépourvue de feuilles jusqu'à 0 m. 20 c. du sol.
Feuilles : dressées, lancéolées, épaisses, rudes sur la face
supérieure, rugueuses sur la face inférieure, fortement canali-
culées, terminées par un mucron fauve, longues de 1 m. 15 c,
larges de 5 à 6 c, d'un vert jaunâtre bordées de brun.
Fleurs : panicule pyramidale de 1 m. 10 c, composée de
ramifications décroissantes portant plus de 300 fleurs, d'un
blanc jaunâtre ; périgone campanule, profondément divisé en
six segments oblongs, de 5 c. de long, les extérieurs munis au
sommet d'un mucron rougeâtre. Etamines 6 à filaments allon-
gés, renflés au sommet, infléchis et hérissés de papilles
blanches ; stigmates trois, sessiles bilobés au sommet, ne dépas-
sant pas la courbure des etamines ; bractées florales engainantes
à la base, plus longues que les pédicules, et marquées d'une
large bande rougeâtre,
Comme onle voit ci-dessus, un des caractères les plus tran-
chés de ce Yucca, et qui n'existe ni dans le Yucca gloriosa, ni
dans le Yucca pendula, ni dans les autres, c'est que le stigmate
ne dépasse pas la courbure des etamines, tandis que dans les
autres il la dépasse de plus d'un centimètre. Ce caractère pour-
rait peut-être servir à classer le genre Yucca. Il est bien
regrettable que les Schultes et plus tard Kunth n'aient pas con-
tinué leur travail sur les Monocotylédonées. Ces trois auteurs
ont pris pour base de leur classification, la nature des bords des
feuilles ; mais, comme dit M. Lemaire ( Illustration horticole
t. 13), «ce caractère est assez arbitraire et peu stable; en
effet d'un bord lisse à un bord plus ou moins scabre, plus ou
moins denticulé, il n'y a pas assez de différence. » Nous sommes
en cela de l'avis de M. Lemaire, car nous avons remaïqué sur
le peu de sujets que nous possédons, que les jeunes Yucca ne se
— 269 —
ressemblent pas dans l'âge adulte. Ainsi le Yucca Treculeana
en jeune plante, cultivé en pot, a ses feuilles contournées,
comme le dit M. Carrière, mais dans l'âge adulte elles sont
roides et dressées ; il y a encore d'autres variétés et espèces
qui ne se caractérisent qu'à l'âge adulte, tandis que dans le
Yucca cornuta ou Parmentieri Hort. ? elles sont contournées
jeunes et adultes. Il est donc à désirer que l'on fasse la mono-
graphie des Yucca, le genre étant aujourd'hui très-nombreux.
M. Gombault en possède actuellement 112 espèces et variétés,
parmi lesquelles nous avons vu en fleurs, ou près de fleurir, le
8 juillet, le YuccaMeldensis, plante acaule, à feuille filamenteuse,
panicule florale rouge, de lm. 50c. de haut ; fleurs longues,
d'un blanc verdâtre.
Le Yucca albo-spica pendilla, plante acaule, bourgeon floral
de 2 m. 20 c. de haut ; 0 m. 13 c. de circonférence à sa base.
Le Yucca stricta filamentosa, plante acaule (gain obtenu par
M. Gombault) panicule de 1 m. composée de rameaux droits,
fleur d'un blanc verdâtre, ressemblant comme port au type.
Le Yucca lutescem rapporté, comme le Yucca Treculeana,
du Texas, par M. Trécul, à la suite du voyage qu'il fit
en 1848 et 49 dans l'Amérique du nord, est une plante acaule
comme l'indique M Carrière, à feuilles radicales d'un vertjau-
nâtre. Le sujet que possède M. Gombault va fleurir prochai-
nement nous en rendrons compte ultérieurement.
Cette note nous amène tout naturellement à parler d'un
procédé employé, aveesuccès, par notre collègue M. Th. Grange,
pour la multiplication des Yucca. D'après ce procédé on peut
bouturer de janvier à mars tous les Yucca nouveaux ou
rares que l'horticulteur veut multiplier vite, pour mettre au
commerce, ainsi que les vieux pieds des Yucca arborescents, ou
encore les Yucca malades ou attaqués par la pourriture.
Dans ces trois cas on coupe la tête des Yucca, dans la partie
ayant le plus de chance de réussite. On met ensuite sécher la
— 270 —
section faite à la bouture, sur une tablette de la serre chaude
ou mieux de la serre à multiplication; puis, huit jours après,
lorsque les sections sont bien sèches on lés met dans un vase
en terre; ou dans un verre, dans lequel on met un centimètre
d'eau, afin d'entretenir une humidité constante sur la partie
coupée ; il n'est pas besoin de remplacer cette eau, mais on
doit en mettre de temps à autr^pour remplacer celle évaporée.
Après cette opération, on place ses vases sur une tablette de la
serre à multiplication, jusqu'au moment où les boutures émettent
des racines, ce qui a lieu quinze jours ou trois semaines après.
Aussitôt que les racines ont acquis une longueur d'un demi-
centimètre ou d'un centimètre au plus, on rempote dans de
petits godets avec de la terre de bruyère légère, et lorsque les
racines emplissent le pot, on peut sans crainte mettre les
boutures en serre tempérée ou sous châssis.
On peut opérer de même pour les jeunes pousses données
par les sujets décapités, ainsi que pour les Agave et Dasylirion.
Ce procédé est peut-être . déjà connu, néanmoins nous
cfoyons pouvoir être utile ou agréable en les communiquant
pour que chacun en fasse son profit.
Delaire,
Jardinier eu chef du Jardin des Plantes d'Orléans.
PLANTES NOUVELLES.
Marantai Ce genre de plantes à feuillage ornemental, com-
prend déjà un certain nombre d'espèces très-recherchées.
M. Linden vient d'en mettre encore six nouvelles au commerce.,
et qui ne le cèdent en rien à leurs devancières .
Le Maranta amabilïs, appelé aussi Phrynium omabilc, a des
feuilles étroites d'un vert tendre, avec une bande s'étendant
des deux côtés de la nervure médiane ; il est originaire des
régions du haut Amazone, et a été introduit par M . Wallis .
— 271 —
Le Maranta ou Calathea chimboraœnsis, découvert par le
môme voyageur dans les forêts épaisses qui couvrent la base
du fameux pic Ghambôraço, a ses feuilles ovales obliques, à
limbe inégalement entouré d'une bande zonée à dessins irrégu-
liers, d'un vert clair, et autour de ces dessins s'étendent des
festons d'un vert obscur bordés de blanc ; le restant de limbe
est d'un vert clair comme le centre.
Le M. princeps, qu'on peut désigner aussi sous le nom géné-
rique de Phrynium est une grande espèce qui atteint jusqu'à
lm 50 de hauteur; ses feuilles sont admirablement ornées, à
la face supérieure, d'une bande centrale d'un vert foncé, noirâ-
tre, métallique, rejoignant, par une ligne très-fine, une bande
marginale de même couleur, tandis que le restant du limbe
est d'un jaune paille; la face inférieure est d'un pourpre foncé.
C'est toujours M. Wallis, l'introducteur de cette splendide es-
pèce qui a ses pénates naturelles sur les bords du Huallaga,
un des grands affluents péruviens du haut Amazone.
Le Maranta ou Phrynium setosa n'offre pas des dessins sur
son feuillage; mais il est digne de prendre place dans les
collections par le beau vert satiné de la face supérieure des
feuilles, et par la belle couleur pourpre de la face inférieure.
Enfin le Maranta virginalis major est une belle et majes-
tueuse variété du virginalis f trouvée sur les bords du Huallaga
au Pérou, et qui se distingue du type par ses feuilles plus
grandes à disque blanc pur plus large et plus prononcé.
Matisia cordata. Bel arbre fruitier des régions subtempérées
enColombie: il appartient à la famille des Sterculiacées.
Son feuillage ressemble un peu à celui du Catalpa, et son
fruit, très-estimé dans le pays, sous le nom de Sapote et C/w-
ehupa, est une drupe à péricarpe épais et charnu.
Selaginella setosa. Très-coquette et intéressante espèce de
la Colombie, à feuilles vert velouté en dessus, et rose satiné en
dessous.
— 272 —
Tillandsia Lindeni. Très -belle Broméliacée qui a eu les hon-
neurs del'Exposition universelle de 1867, où chacun l'admirait,
alors qu'elle portait le nom de Tillandsia cœsia. L'ensemble de
ce Tillandsia forme une élégante rosace de feuilles rubanées,
du centre de laquelle s'élève une hampe de 50 cent, de hauteur,
portant, à son sommet, des spathes imbriquées d'un rose tendre
et vernissé, de l'aisselle desquelles sort successivement une
grande fleur d'un bleu d'azur passant au violet en vieillissant.
Ce Tillandsia a été trouvé à l'état épiphyte, par M. Wallis,
dans les forêts de Huancabamba au Pérou.
Ern. Bonard
CONSERVATION DE LA CHICORÉE ET DE LA SCAROLE.
Tout le monde sait que la Chicorée et la Scarole sont d'une
grande ressource pour l'homme, soit pour être mangées cuites
ou en salade. Mais ce que beaucoup ne savent pas assez, c'est
la manière de les conserver pendant l'hiver, pour en livrera la
consommation jusque dans le courant du mois de mars; pour-
tant rien n'est plus facile. Avec un peu de soin on peut en
conserver jusqu'au 15 mars, aussi fraîche et aussi bonne que
pendant les mois d'octobre et novembre.
Pourquoi ne les conserve-t-on guère au delà du mois de
janvier? C'est parce que ordinairement on les rentre dans une
serre à légumes ou dans tout autre local plus ou moins privé
d'air et de lumière. Quelques jardiniers les mettent bien sous
châssis, mais une fois les panneaux vitrés posés, ils les laissent
tout l'hiver sans jamais les enlever. Ceux qui pratiquent cette
méthode, pour la conservation des Chicorées, donnent pour
raison que les plantes n'étant pas mouillées par les eaux plu-
viales pourrissent moins vite. Je dis, moi, que c'est le con-
traire qui a lieu. Je ne prétends pas cependant que les
— 275 —
pluies les conservent "plus longtemps; mais je soutiens, d'a-
près les observations que j'ai faites pendant plusieurs années,
— en petit il est vrai — que les Chicorées ainsi rentrées sous
châssis toujours tenus fermés, pourrissent bien plus vite que
celles traitées d'après la méthode que je vais faire connaître.
Quels sont les agents les plus utiles à la conservation des
Chicorées? Il va sans dire que c'est l'air qui durcit les tissus,
et la lumière, qui maintient la matière colorante verte. Sans
air et sans lumière, voici, en effet, ce qui arrive; mais quand
je dis sans air, je n'entends pas le vide, car dans cette condi-
tion ni animaux ni végétaux ne peuvent vivre. Je prétends
dire que sans air renouvelé et dans l'obscurité, les Chicorées
deviennent tendres, blanchissent, et que si elles restent long-
temps dans ce milieu, elles finissent par pourrir inévitable-
ment ; celles qui sont sous châssis et qui reçoivent de la
lumière ne blanchissent pas, mais le cœur pousse, elles s'at-
tendrissent, deviennent fades, au point de n'être plus man-
geables ; on est obligé de jeter, pour ce fait, la moitié de sa ré-
serve; et il est rare qu'elles se conservent bonnes plus d'un
mois.
Puisque l'air et la lumière sont nécessaires à la conserva-
des Chicorées et des Scaroles, il faut donc leur donner l'un et
l'autre le plus possible. Partant de là, voici ce qu'il y a à faire.
Mais, avant et pour procéder méthodiquement, disons
quelques mots sur les semis et la culture de ces plantes ; car
on ne peut espérer de bons résultats si les choses ne sont pas
faites à temps et en saison.
Les semis destinés à donner le plant pour la conservation
d'hiver doivent se faire du !25 à la fin de juillet. La meilleure
variété pour cette saison est la Chicorée de Meaux; la rouennaise
aussi réussit assez bien. Pour la Scarole, c'est la ronde ma-
raîchère.
On sème sur un bout de planche ou de plate-bande à mi-
Scptembre 1869. 4 8
— 274 —
ombre ; on arrose pour faciliter la germination qui a lieu en
cette saison en 5 ou 6 jours. On sarcleet on continue les arro-
sements si le temps est sec, afin que le plant soit plus vigou-
reux et ne durcisse pas. Quand il est bon à planter, un
mois environ après le semis, soit à la fin d'août, on laboure
et dresse sa planche ; on trace les lignes qui doivent être dis-
tantes de 30 centim. les unes des autres et celles des bords
à 15 du sentier; puis on arrose le semis pour que la terre
tienne aux racines au moment de l'arrachage. Deux heures
après cet arrosage, on lève le plant avec soin, et on plante au
plantoir, à 30 centimètres de distance dans chaque ligne, et
en quinconce, de manière que tous les pieds soient à égale dis-
tance de tous les côtés. Enfin on arrose pour aider à la re-
prise, et on continue tous les jours si le temps est au sec.
A cette époque de l'année, le paillage est inutile ; le faillis
entretiendrait la terre trop humide. S'il survenait de la pluie,
qui ferait pousser de mauvaises herbes, on donnerait alors un
ou deux bons binages qui les détruiraient et qui ameubliraient
le sol. Tels sont les soins de culture à donner aux Chicorées
d'automne destinées à la conservation.
A la fin d'octobre ou dans les premiers jours de novembre,
s'il survenait quelques petites gelées de 5 ou 4 degrés et que
la Chicorée ne soit pas trop forte, il serait inutile de la couvrir;
mais si, par une circonstance quelconque, elle se trouvait un
peu avancée ; si le cœur était bien garni et un peu blanc, et
par conséquent très-tendre, alors il faudrait la couvrir avec
des paillassons ; car, en cet état, elle est plus sensible au froid,
et même, il faut qu'on le sache, malgré tous les soins qu'on
pourrait lui donner, elle ne se conserverait pas aussi long-
temps que dans l'état moins avancé. J'en ai vu, au mois de
novembre dernier, qui était dans cette condition, parce que le
semis avait été fait 10 à 15 jours trop tôt, et elle a gelé com-
plètement par une gelée de 2 degrés seulement. Mais j'en ai
— 275 —
eu plusieurs planches au 1 5 janvier dernier, qui étaient parfai-
tement conservées sans avoir été couvertes une seule fois ; ce
qui témoigne que la Chicorée et la Scarole peu avancées sup-
portent très-facilement 4 ou 5 degrés de gelée, puisque, en no-
vembre dernier, le thermomètre a descendu jusqu'à 6 au des-
sous de zéro ; tandis qu'au contraire, lorsqu'elles sont trop
avancées, elles gèlent à deux seulement.
Ordinairement les gelées d'octobre et de novembre sont de
courte durée, et une fois passées, on a presque toujours trois
semaines ou un mois de temps doux durant lesquels les Chico-
rées doivent rester en place, poussent toujours un peu, et se
durcissent pour mieux résister aux froids à venir.
Quand, dans la première quinzaine de décembre, il survient
des gelées de 7 à 8 degrés, un simple paillasson suffit pour les
garantir; à défaut de paillassons, on couvre avec des feuilles
sèches, du petit foin ou du fumier bien sec. Presque tous les
ans les grands froids ne prennent jamais guère que vers le
15 décembre. Ce n'est donc qu'à cette époque qu'on doit se
mettre en mesure de rentrer ses Chicorées et Scaroles.
Aussitôt que le froid devient menaçant, on arrachera toutes
ces plantes en laissant un petite motte aux racines, et au fur à
mesure on les placera sur la terre les unes contre les au-
tres, sur une largeur de lmH0 et sur une longueur indéter-
minée, suivant la quantité qu'on aura à placer. Quand le tout
sera ainsi massé, on mettra dessus des panneaux vitrés qui
reposeront sur des pots, pour que l'air puisse circuler et se re-
nouveler librement : on peut, bien entendu, se servir aussi
des coffres, mais ce n'est pas nécessaire. Toutes les fois que la
gelée menacera, on couvrira avec des paillassons, et si le froid
devenait plus intense, on ferait un acot tout autour des châssis
avec du fumier ou des feuilles sèches; mais chaque fois que le
soleil luira, on découvrira, et on donnera de l'air si le ther-
momètre remonte au dessus de zéro. En un mot, on s'arran-
— 276 —
géra de manière que les Chicorées ne gèlent pas, et à conser-
ver pendant les gelées, sous les châssis, une température qui
ne soit pas au-dessus de 2 ou 3 degrés.
Quand viendra le dégel, on donnera de l'air graduellement
pour habituer les Chicorées peu à peu au grand air, parce que
ayant été renfermées pendant un certain temps elles sont
tendres, et commencent à blanchir. Enfin quelques jours plus
tard, on enlèvera les châssis, et si on approche de la mi-jan-
vier et que le temps soit très-doux, on pourra enlever les acots.
Dans le cas où il surviendrait quelques gelées dans le courant
de février, un simple paillasson suffira pour garantir la ré-
serve.
Au lieu de placer simplement ses Chicorées sur le sol d'une
plate-bande, on peut ouvrir une tranchée de 1"° 20 à un
lm 30 de largeur sur 30 à 4-0 de profondeur, dans laquelle on
dépose ses plantes, comme il a été dit plus haut, et on couvre
avec les panneaux vitrés ; mais par ce procédé les Chicorées se
conservent moins longtemps.
Il va sans dire que, pendant tout ce temps, on en doit tenir
une certaine quantité de pieds privés de lumière pour faire
blanchir et livrer à la consommation.
Je ferai aussi remarquer que les dates indiquées plus haut
pour Ja rentrée sous châssis doivent nécessairement varier
suivant la précocité ou la tardiveté de l'hiver. Ainsi, par
exemple, l'hiver de 1867 à 1868, qui a été assez rigoureux, n'a
commencé que du 15 au 20 décembre et a fini du 12 au 15
janvier. Donc, pour cette année-là, on a dû mettre les Chico-
rées sous châssis au 15 décembre, et enlever panneaux vitrés et
acots le 20 janvier. Cette année il a suffi de les mettre le
15 janvier et de les débarrasser de leur abri le 25 du même
mois, puisqu'il n'a fait que 5 jours de forte gelée.
Toutefois, il ne faut pas se hasarder et avoir trop confiance
en le temps, car on s'exposerait à tout perdre. On doit, par
— 277 —
prudence, disposer ses Chicorées en planches, toutes prêtes à
recevoir les panneaux vitrés vers le 15 décembre ; mais on at-
tendra pour couvrir, avec ces derniers, que les gelées prennent
un peu fort, puisque plus les Chicorées restent au grand air,
mieux elle se conservent en hiver.
Louis dit Comperat.
MISE EN CULTURE DE LA SURFACE DES TAS DE FUMIER
Souvent les fumiers restent plusieurs mois en tas sans être
employés, et il ne manque pas de se produire une forte évapo-
ration des gaz fertilisants, dont la perte diminue la qualité de
ces fumiers. Ce n'est encore que le petit nombre de cultiva-
teurs qui ont le soin de les couvrir d'une couche de terre pour
prévenir cette évaporation.
La mise en culture de la surface des tas de fumier, en y ob-
viant, donnera en même temps des produits d'une certaine
valeur et ne pourra manquer de contribuer au développement
delà culture d'un certain nombre de légumes, parmi les plus
utiles, par suite de la production plus facile et plus économique
du plant de choux et de salade de toute espèce, et aussi de
poireau, surtout pour les plantations hâtives. Les petites ca-
rottes et les navets hâtifs et particulièrement les radis, seront
cultivés avec beaucoup de succès.
Après avoir bien dressé et tassé le fumier, on recouvre la
surface d'une couche de bonne terre, ou mieux de terreau, à
l'épaisseur de cinq à six doigts, et puis on sème.
En arrosant, le matin de très-bonne heure, le semis et en-
suite le jeune plant avec du purin pas trop fort, ou mieux avec
des matières fécales suflisamment étendues d'eau, on préserve
les choux et les radis des attaques des altises ou puces de terre
jusqu'à ce qu'ils aient assez de force pour ne plus les craindre.
— 278 —
A'utant qu'il en est besoin, le plant doit être sarclé et éclairci.
Pour l'obtenir en plus grand nombre pour la plantation, on
peut, pour les choux et les salades, le repiquer en pépinière à
mesure des éclaircissements,
Plusieurs fois j'ai essayé le repiquage des carottes et des na-
vets, mais généralement avec peu de succès.
Pour les radis récoltés en place, on peut en obtenir en quel-
ques mois plusieurs récoltes successives d'excellente qualité ;
mais une des conditions de succès est d'éclaicir de bonne heure
le semis.
Pour obtenir une surface de fumier plus étendue pour ces
cultures, on peut donner au tas, qu'il soit primitivement dis-
posé en long, en carré ou en rond, une forme convexe, ou
moins d'élévation.
L'eau purinée avec laquelle on doit donner des arrosages aux
plantes, lorsque les puces de terre ne sont plus à craindre, rend
à la couche de terre et au fumier, qui d'ailleurs se fait mieux
étant souvent humecté, plus que ces plantes ne leur ont enlevé
pour leur végétation. On fait ainsi une véritable culture sur
couche chaude, très-économique et très-productive, et qui
peut être pratiquée par toute personne ayant un tas de fumier
à sa disposition.
V. Chatel,
TAUPES ET VERS BLANCS.
Nous avons reçu la lettre suivante qui soutient les idées que
nous avons combattues concernant les taupes pour la destruc-
tion des vers blancs : nous l'insérons par esprit de justice,
parce que, avant tout, nous voulons la lumière, et nous n'a-
vons pas la prétention delà faire nous tout seul. Nous mainte-
nons toutefois, qu'on ne trouve jamais de vers blancs dans les
— 279 —
taupes, mais qu'on en trouve beaucoup dans les terrains
bouleversés par ce prétendu ennemi de la larve du hanne-
ton.
F. H.
Monsieur.
Je vous signale une expérience que j'ai faite, en plantant, en
septembre dernier, une bordure de Fraisiers de 60 mètres de
longueur, d'après vos conseils. J'ai fait creuser une rigole de
50 cent, de large sur 45 cent, de profondeur; j'ai fait brouet-
ter ailleurs la terre qui avait déjà nourri des Fraisiers pendant
trois ans. J'y ai fait mettre 25 à 30 cent, de feuilles et tro~
gnons de choux bien hachés, et par-dessus de la bonne terre
meuble mélangée de terreau, et j'y ai planté mes Fraisiers à
0m 40 cent, de distance. Ils sont parfaitement venus ; mais,
à mon grand étonnement, au printemps, presque chaque jour
je voyais un ou plusieurs pieds se flétrir. Celaient de gros vers
blancs que je trouvais aux racines ; le plus souvent un seul,
parfois deux à un seul pied. Ces affreuses bètes allaient si vite
en besogne qu'il me fallut remplacer plus d'un pied. J'en
sauvai toutefois encore à temps.
Mes taupes, qui m'avaient si bien préservé en 1868 mes
fraisiers, salades, etc., avaient passé chez mon voisin au
nord, qui les détruit toujours. Il m'en revint d'une Vigne au
sud; elles se mirent à longer toute ma bordure de Fraises, et
y prirent si bien tous les mans que je ne perdis plus un seul
fraisier, ni un seul des nombreux pieds de salade que je lis
aussitôt planter dans la plate-bande à laquelle elles servent
de bordure.
Je suivis patiemment le travail des taupes en réparant leurs
faibles petits dégâts, et en regarnissant les pieds dont ils
avaient dégarni trop les racines.
Même expérience pour des Fraisiers 4 saisons sans filets. Je
— 280 —
les avais plantés dans une plaie-bande, à 35 cent, de distance ;
sous chaque pied il y avait 5 ou 6 poignées de feuilles et
trognons. Gela ne les empêcha pas d'avoir le même sort que la
bordure en question. Des Taupes vinrent ; je les laissai faire,
malgré les désordres pas trop grands quelles me firent dans la
plate-bande. Mes Fraisiers restants sont superbes, et, bien
paillés et arrosés, sont couverts de fruits., tandis que plusieurs
de mes amis et voisins ri ont plus de Fraisiers; le mans les leur
a détruits.
J'ai écarté les Taupes d'un carré, en l'entourant de mor-
ceaux de vieux bas de laine et de drap bien imbibés de pé-
trole, àOm2c. de profondeur et 40m de distance, et en' en
fourrant dans les galeries que l'ouvrier a pu découvrir. Ce se-
rait à employer pour préserver certains semis.
J'en conclus que le vœu émis par notre Société est bon :
Inviter les communes à supprimer les appointements de leurs
taupiers, et de consacrer le même soin à primer la destruction
des Hannetons ; plus, de donner des primes à ceux qui proté-
geront bien les oiseaux insectivores, surtout les étourneaux,
les plus grands destructeurs des mans et des hannetons.
Qu'on cherche les moyens de préserver certains semis des
taupes sans les tuer, et quon les laisse faire ailleurs. N'avons-
nous pas vu des pépiniéristes d'Allemagne faire revenir des
taupes pour pouvoir se rendre maîtres des mans, qui détrui-
saient toutes leurs pépinières? Et le succès fut complet.
Dans l'espoir que ces détails ne seront pas sans intérêt pour
la science, je vous salue amicalement.
L. Ehrlen,
secrétaire-adjoint de la Société départemental»
d'agriculture du Haut-Rhin.
— 281 —
LA NON- TAILLE.
(Suite (1).)
Ces deux bourgeons sont conduits obliquement en été et
maintenus en équilibre ; ils deviennent le plus souvent deux
vigoureux rameaux. La deuxième année, ces deux rameaux
charpentiers ne sont pas taillés; on les conduit d'un coup ho-
rizontalement. Si le rameau central ou prolongement de la
tige est aussi entré en végétation dès la première année,
M. Chevalier le taille sur l'empâtement ou sur le premier bon
œil au-dessus. S'il ne s'est pas développé, il fait simplement
une incision corticale à la base des rameaux charpentiers exis-
tants. De l'une comme de l'autre manière, il obtient un solide
bourgeon central ou prolongement de la tige. Dès que celui-ci
a dépassé de quelque peu la ligne à laquelle deux nouvelles
branches de charpente doivent se produire, il le recourbe et
fait en même temps une incision corticale à la base du premier
œil situé sous cette ligne. A la suite de cette opération, il se
produit un faux bourgeon qui, avec le bourgeon recourbé, con-
stitue le deuxième étage de la charpente, à peu près comme
pour la Vigne. Pour le reste de l'été et les années suivantes, il
continue à opérer comme la première et la deuxième années.
Si les branches charpentières ne doivent être espacées que
de 0m20 à 0m!25, comme c'est le cas pour les arbres à fruits à
pépins, et si les arbres sont assez vigoureux, il établit deux
étages la même année. Pour le Pêcher, au contraire, il n'éta-
blit jamais plus d'un étage par an, et même un seul tous les
deux ans, si la vigueur de l'arbre laisse un peu à désirer.
Mais de quelque façon qu'il opère, M. Chevalier attache sur-
(1) Voir page 250.
— 282 —
tout une grande importance, et ce non sans raison, à établir les
branches sous-mères autant que possible en été et toujours
une année avant les branches mères ou prolongements. Une
autre particularité de son procédé, c'est de conduire directe-
ment, d'un coup, les branches charpentières suivant l'horizon-
tale. Ces deux points diffèrent sensiblement de ce qui se fait
en Belgique. Voilà pour la formation.
Quant au bois à fruit, il commence par l'espacer très-consi-
dérablement, éborgnant déjà dès l'été les yeux superflus dont
ce bois pourrait provenir. 11 applique largement l'incision cor-
ticale sur empâtement, partout où elle est nécessaire; il fait
rarement ou jamais la taille en crochet et, se contentant de deux
ou trois boutons par rameau fruitier, il taille celui-ci aussi court
que possible. Puis, lors du palissage, il incline fortement les
rameaux latéraux dans la direction delà branche charpentière,
et il y fait une incision à la base ; tout cela, on le comprend,
pour assurer l'émission du bois de remplacement.
En Belgique, il est peu question d'incisions corticales sur
l'empâtement, d'espacement considérable des rameaux à fruits
et de leur inclinaison.
Voilà comment la non-taille est pratiquée dans les deux
pays. Mais quelle que soit la manière de procéder, la non-taille
est basée sur la théorie suivante :
Les rameaux charpentiers sont toujours les plus forts, mais
chez eux comme sur tous les autres rameaux, les meilleurs yeux
se trouvent sur le tiers moyen de leur longueur. Si l'un taille
très-court, non-seulement les mauvais yeux à demi borgnes que
Ton conserve, se développent mal, mais par cela même on
provoque le développement du bois à fruit situé au-dessous et
encore en voie de formation. Si l'on taille un peu plus long,
on arrive aux bons yeux delà partie moyenne dont nous avons
parlé toute à l'heure, et qui, devenant terminaux par suite de
la taille, s'emportent tellement qu'ils empêcheront peut-être
2P3
les yeux inférieurs de se développer. Ne taillons donc pas du
tout, s'est-on dit ; la sève, devant nourrir tous les yeux existants,
les fera partir tous avec plus d'égalité, même les yeux infé-
rieurs, car on ne saurait admettre que la nature aurait placé sur
un rameau plus d'yeux qu'il ne pourrait s'en développer. Du
raisonnement on passa aux essais ; on ne tailla plus du tout les
prolongements, sauf les css énoncés plus haut ; mais on tailla
d'autant plus court les rameaux latéraux. L'expérience a démon-
tré que cette théorie est fondée dans beaucoup de cas, toutefois
pour autant seulement qu'on aide suffisamment la nature. En
effet, ce n'est pas seulement en France que nous avons vu des
Pêchers qui au bout de huit années recouvraient soixante mè-
tres de muraille, qui étaient entièrement achevés dans toutes
leurs parties et qui cependant avaient été formés par la non-
taille ; mais en Belgique aussi nous avons remarqué des arbres
magnifiques formés de cette manière. Toutefois, nous le répé-
tons, on ne peut atteindre ces beaux résultats que si l'on aide
suffisamment la nature. Or, cette aide n'est pas tellement sim-
ple qu'on pourrait se l'imaginer : les lignes suivantes peuvent
en donner une idée.
Pour aider la nature , il faut : Tlors de la taille d'hiver,
éborgner tous les yeux superilus sur le rameau charpentier,
afin d'assurer ainsi le développement des yeux conservés ;
2° faire, à la même époque, des incisions sur l'empâtement
des yeux inférieurs défavorablement situés et des incisions
transversales au-dessus ; 3° pratiquer des incisions transver-
sales sous les yeux fortement constitués ou favorablement
placés ; 4° appliquer de même ces incisions sur les coursonnes ;
5° palisser d'un coup les rameaux charpentiers horizontalement;
G0 avoir soin, en été, d'éclaircir et de pincer sévèrement les
bourgeons, non-seulement sur les bourgeons latéraux, mais
aussi sur les rameaux fruitiers déjà établis ; 7° incliner ou re-
lever à temps, écarter ou rapprocher du mur les branches char-
— 284 —
pentières et leurs prolongements, suivant que l'exigera le
maintien de l'équilibre; 8° faire le greffage par approche
lorsque, malgré tous les soins, les branches de la charpente se
dégarnissent par-ci et par-là, accident qui dans la non-taille se
produit à la moindre négligence et même sans; 9° enfin,
donner aux arbres assez d'engrais.
N'y a-t-il pas là de quoi désespérer? Et qu'on ne nous taxe
pas d'exagération : qu'on néglige seulement un des soins in-
diqués, et l'on en verra les suites. Un résultat aussi beau qu'il
soit, s'il doit être obtenu au prix de tant de soins et de peines,
sera certes chèrement payé.
Les partisans de la non-taille eux-mêmes sont d'accord avec
nous pour dire que la taille a pour but d'obtenir une bonne et
régulière récolte, aussi vite et sur le moindre espace possible.
Ils admettent encore avec nous qu'un arbre non taillé fructi-
fiera plus tôt et plus abondamment qu'un arbre taillé, mais
que, en même temps, cet arbre occupera beaucoup plus d'es-
pace qu'un arbre taillé; que, par conséquent, on peut laisser
les arbres croître plus librement dans les vergers et sur de
grandes propriétés, mais que les possesseurs de jardins plus
limités doivent tailler pour gagner de la place.
Tout plaide donc en faveur de la taille, croira- t-on ; il paraît
qu'il n'en estrien. ce Une faut tailler, dit-on, que pour donner
à l'arbre une forme régulière^ faciliter ainsi une égale réparti-
tion de la sève et conséquemment assurer son bien-être. » Mais
l'arbre ne se forme-t-il pas pour ainsi dire tant que dure sa
vie? et ne doit- il pas être taillé sa vie durant? Mais laissons
cela de côté. « Une fois que les branches de charpente sont
établies et ne doivent plus se bifurquer, il vaut mieux, dit-on,
ne plus les tailler ; et pourquoi? parce que, laissant subsis -
ter plus d'yeux, ceux-ci apporteront plus de vigueur qu'autre-
ment à la partie non taillée. » C'est une raison, mais il y en a
une plus importante. <( Si l'on taille, on obtient toujours à la
— 285 —
partie supérieure du rameau taillé de forts bourgeons qu'il
faut pincer, tandis que très-souvent les yeux inférieurs demeu-
rent inactifs. Si l'on ne taille pas, non-seulement on n'a pas à
•redouter cette inégale croissance, mais ce qui plus est, ce seront
précisément les yeux inférieurs et moyens qui croîtront avec
le plus de vigueur, et c'est tout juste ce qu'on demande.)) Si les
faits se produisent réellement ainsi, on conçoit que la suite
naturelle en doit être la production de rameaux latéraux d'égale
force mais moins vigoureux, et par conséquent une formation
rapide de boutons, attendu que ceux-ci apparaissent toujours
plutôt sur des rameaux faibles que sur de forts rameaux,
ce Tâchons donc, disent encore les partisans de la non-taille, de
trouver sur un même pied l'arbre vigoureux et l'arbre faible :
le premier dans la charpente, le second dans les rameaux
latéraux. Ce double résultat ne peut être atteint que par la
non-taille ; car celui qui taille trop court obtient toujours des
bourgeons latéraux trop vigoureux. » Nous reconnaissons que
cela est exact ; en effet, celui qui taille trop court fait une faute.
Mais celui qui ne taille pas ne tombe-t-il pas dans un excès
opposé ?
De ce qui précède il résulterait qu'on peut reconnaître à la
non-taille deux avantages principaux : 1° l'arbre se forme plus
vite ; 2° il fructifie plus tôt. Le premier est plus apparent que
réel; car, si les branches charpentières s'allongent plus dans
le principe, elles perdent dans la suite ce qu'elles ont gagné
auparavant. Un prolongement, par exemple, qui, en comment
çant, acquérait une longueur annuelle d'un mètre, finira à
cause de la non-taille, à moins qu'on ne lui administre des
engrais, par n'avoir guère plus de vigueur qu'un rameau à
fruit et même menacera de se couronner. De sorte qu'après dix
ans de culture, uu arbre rationnellement taillé, pourra être
aussi étendu qu'un arbre soumis à la non-taille.
Le second avantage est plus sérieux. Il est incontestable que
— 286 —
pins un arbre est taillé court, plus il poussera vigoureusement
et plus longtemps il attendra pour se mettre à fruit. ; certes, il
fructifiera plus tôt par une taille plus longue et par conséquent
plus tôt encore si on ne le taille pas du tout. Ne taillons donc
pas et admettons même qu'on ait réussi à faire partir jusqu'aux
yeux inférieurs ; mais quelque art qu'on ait déployé, ces
bourgeons inférieurs ne sont que trop souvent tellement fai-
bles, que si on ne les surveille pas d'une manière toute parti-
culière, ils périssent après avoir fructifié une ou deux fois.
C'est alors qu'il faut recourir au greffage par approche
pour combler les vides. Le second avantage , celui d'une
fructification plus prompte, perd donc beaucoup de son
importance, à cause du danger de perdre bientôt les cour-
sonnes. Or, si tel est le cas pour des arbres formés par des
mains habiles , que sera-ce alors des arbres moins bien traités ?
C'est ce que l'on comprend sans peine.
Par la non-taille, on s'expose à voiries yeux inférieurs de-
meurer inactifs, ou bien ils se développent à peine et donnent
des faibles productions fruitières directement insérées sur la
branche. Dans le premier cas, les vides se produisent immé-
diatement, ce qui n'est ni agréable, ni avantageux. Dans le se-
cond cas, se présente la question de savoir si ces faibles dards,
ces minces brindilles, ces bouquets rabougris, seront en état
de nourrir leurs fruits et, en cas d'affirmative, si par là même
ils ne s'épuiseront pas, formant des vides à leur tour. A cet
égard, il n'y a pas de doute pour nous.
Nous savons qu'il existe des moyens pour obvier à cet incon-
vénient ; nous savons encore qu'il y a des variétés pour les-
quelles l'emploi de ces moyens n'est pas même nécessaire et
qui demeurent néanmoins bien garnies de productions frui-
tières : chacun a pu constater cela . Plus d'une fois déjà , prenant
ce fait à témoin, on a apporté aux séances de notre cercle des
pièces pour démontrer que des "lambourdes directement insé-
— 287 —
rées sur "la branche charpentière étaient aussi bonnes , môme
meilleures que les autres, et l'on profilait de l'occasion pour
élever une fois de plus aux nues la non-taille. Cela se passait
devant nous, et, connaissant notre opinion à cet égard, on
nous demanda plus tard, indirectement, comment nous avions
toléré la chose sans protestation. C'est qu'il y avait alors des
raisons pour remettre nos observations. D'ailleurs, il n'y avait
pas grand' chose à y répondre , car le fait est extrêmement
simple. En effet, celui qui veut une pièce à conviction en
cherche une qui soit favorable à sa thèse ; mais n'en trouverait-
il pas autant et même plus plaidant contre lui? Chacun n'a
qu'à le vérifier dans son jardin.
Nous tenons donc pour certain que, si la non-taille donne
une mise à fruits plus prompte, elle donne aussi lieu plus tôt
à des vides.
« Comment se peut-il, nous dit encore récemment un par-
tisan de la non-taille, que vous ayez cette opinion-là? » et il
ajouta : « Qu'on me confie un jeune arbre d'une seule année
de greffe, et de la variété la plus difficile, je m'engage, à n'im-
porte quel prix, à faire pousser tous les yeux jusqu'à la base
et sans aucune taille ; je m'engage en outre à avoir les branches
à fruit qui en proviendront dans un état aussi bon que celles
d'un arbre qu'on aurait taillé court. «Nous admettons tout
cela ; mais qu'est-ce que cela prouvera si ce n'est qu'on a su
bien soigner son arbre? Examinons ce point.
Van Hulle,
jardinier en chef du jardin botanique de C.and.
(A continuer.)
ravaisx au mois d ^icroore.
Jardin potager. On sème en place : Mâche, Epinards, Cerfeuil, pour récolter
en mars, et des Laitues crêpe rouge, petite noire, romaines hâtives, pour repi-
quer ensuite sur couche. On repique en place ou en pépinière : Choux d'York
et autres, Oignons blancs, Oseille; et sur cotières, Laitues de la Passbr,
Choux-fleurs. Lorsque les gelées arrivent, il faut couvrir les semis et ieuoes
plants, ainsi que les planches de Chicorée, Scaroles et Haricots qui pourraient
encore rester dans le jardin.
Jardin fruitier. Récolter les fruits d'hiver et choisir pour cela un temps bien
sec. Pour que ces fruits se conservent plus longtemps, il faut éviter de les
meurtrir et les laisser ressuyer dans une pièce bien sèche, avant de les trans-
porter dans le fruitier. C'est le moment d'adresser les demandes d'arbres.
Jardin d'agrément. Travaux d'entretien et de propreté. On met en place les
Chrysanthemum. On peut planter des Œillets de poète, Mufliers, Scabieuse,
Campanules, Digitales, Polemonium et autres plantes vivaces élevées en pépi-
nières. On fait ses plantations, en pleine terre, d'Oignons de Jacinthes, Tulipes,
Narcisses, Crocus. On doit relever, pour mettre en pot, de la Giroflée jaune et la
rentrer sous un abri quelconque pendant l'hiver, afin de l'avoir de bonne heure
en fleurs au printemps.
Serre. On doit aérer pendant les heures les plus chaudes, tant que la tem-
pérature extérieure sera égale à celle de la serre ; mais vers la fin du mois, les
nuits commencent à être froides, il est alors prudent de préparer les paillassons
pour en couvrir les vitres. On ne doit pas oublier que les plantes ont besoin
de repos pendant un certain temps; on doit donc commencer à diminuer les
arrosements. 11 est cependant quelques espèces qui ne fleurissent, sous notre
climat que pendant, la saison d'hiver ; à celles-là, les arrosements ne doivent
pas manquer, surtout lorsqu'elles se disposent à entrer en végétation.
Si les plantes d'orangerie ne sont pas encore rentrées, il ne faut pas tarder
aies hiverner; les nuits commencent à être froides et humides; il faut choisir
une belle journée de soleil et attendre que l'humidité delà rosée des nuits soit
disparue; autrement on risquerait de voir les plantes pourrir. On doit disposer
ces plantes, dans l'orangerie, de manière à réserver le devant pour les plantes
délicates ou celles qui conservent leurs feuilles. On place les arbrisseaux à
feuilles caduques tout à fait au fond avec les Orangers et les Lauriers roses.
Règle générale : toute plante à feuilles molles et qui les conserve pendant l'hiver,
doit être rentrée dans un endroit bien éclairé, pour recevoir autant de lumière
que possible. On dépouille les Fuchsia et les Géranium zonales de leurs feuilles,
et on les intercalle entre les caisses d'Orangers; ils n'ont pas besoin de lumière
avant le mois d'avril, si on ne les pousse pas à l'eau ; on ne doit arroser les
plantes d'orangerie que très-rarement, pour maintenir seulement la vie.
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SOUS LA DIRECTION DE
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RÉDACTEUR EN CIIEK.
ATTACHÉ AC MOSCOU D'HISTOIRE NATUIlRI.I.f DE PARIS,
Collaborateur du Manuel des Plantes, (les figures dll Bon Jardinier,
Ex-Rédacteur principal de la Socléii tChonlculitm <(e la Seine,
Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc.
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ment sur la poste ou sur une maison de l'axis, et au nom de M. E. DONNADD, rue Cassette, 1.
Les Souscripteurs des départements qui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la poste ou sur une maison de Paris, sont avertis ijue nous leur Ferons présenter une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation de LA franc sert à paver les frais de négociation de
la traite qui leur est adressée.
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1869
MM. les Horticulteurs sont priés de faire parvenir leurs catalogues au bureau dwjoitrnal, rue Cas-
sette, 9, et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière paye de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans le
mois et dont mus avons reçu un exempta re.
aÈkm
HORTICULTEUR
CHEMIN DES QUATRE-MAI SONS, GUILLOTIÈRE
LYON (RHONE).
M
L'an dernier j'annonçais trois nouvelles variétés de Rosiers thés, et j'exprimais l'espérance
de pouvoir, cette année,' en offrir d'autres, non moins belles, nouveautés de la même section,
et que j'étudiais encore parmi de nombreux gains, tous dus à des fécondations artificielles.
J'ai été heureux de constater plus de mérite même que je n'aurais osé en espérer, soit dans
la section des Rosiers thés, soit dans celle bien voisine des Noisettes et Bengales; et en offranl
cette année, comme nouveauté, un nombre plus grand que d'habitude, je puis donc, avec
confiance, offrir à mes honorables clients ma certitude du mérite vrai de ces plantes et ck
leur bien réelle nouveauté.
DUCHER.
Lyon, le 1er octobre 1869.
ROSIERS NOUVEAUX
A. livrer au commerce le 1er novembre prochain
4869.
BENGALE DUCHER. Arbuste aussi vigoureux que le rosier Bengale, rose ordinaire, et auss
remontant, fleurs moyennes, pleines, bien faites, blanc pur, très-belle plante pour massifs
THÉS.
MADAME DUCHER. Arbuste à rameaux forts et courts, fleurs moyennes, pleines, bien faites
jaune clair, remonte sur tous les rameaux, issue de la ROSE GLOIRE DE DIJON.
CHAMOIS. Arbuste vigoureux, à tiges fortes et droites, fleurs moyennes, pleines, jauni
chamois, parfois jaune cuivré.
JEANNE D'ARC. Arbuste vigoureux, fleurs moyennes, pleines, bien faites, jaune clair, genn
duTHÉPACTOL.
LE MONT BLANC. Arbuste très-vigoureux, fleurs très-larges, pleines, bien faites, blam
légèrement jaunâtre.
TOUR BERTRAD. Arbuste très-vigoureux, fleurs très-pleines, larges, bien faites, en coupe
pédoncule fort, jaune clair, issue de GLOIRE DE DIJON.
SULFUREUX. Arbuste vigoureux, fleurs moyennes, pleines, bien faites, jaune soufre, très
belle.
NOISETTES.
LAMARQUE JAUNE. Arbuste à rameaux forts et courts, fleurs larges, très- pleines, jauni
foncé, remonte sur toutes les tiges, issue de NOISETTE LAMARQUE, très-belle.
RÊVE D'OR. Arbustes sarmenteux, très-vigoureux, fleurs larges, pleines, bien faites, jaun
foncé, parfois jaune clair, issue de Mme SHULTZ.
MYCROPHYLLA IMBRICATA SARMENTEUX. Fleurs moyennes, bien imbriquées, rose très
pâle, le plus beau de la série.
PRIX : LA PIÈGE 25 FR.
SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F. Herinco, Chronique : — 0. Lescdyer, Cypripeilium spectahile (PI. X). —
A. db Talou, Revue des journaux étrangers ; Plantes nouvelles. — Er. Bonard,
Culturp du Seliimblum. — Edg. de Martragny, Notice historique sur le Palmier
a Chanvre de la Chine et du Japon. — L. Gdilloteaux, De la conservation des Kai-
siim. Van-Hulle, Non-taille (suite). — \... Catalogues d'horticulture pour 1869.
— X... Travaux du mois de novembre.
CHRONIQUE
Les plaisirs" d'automne-, attraits de la chasse aux Champignons. Un nouveau
livre : le Guide pour reconnaître les Champignons comestibles et vénéneux
dupays de France, par M. Krœnishfranck ; utilité de ce Guide. Arrêté pré-
fectoral concernant la chasse aux filets des petits oiseaux de passage ; les
filets intelligents et la confiance de MM. les préfets; carte de résidant dé-
livrée aux oiseaux du pays. Nouveau procédé de destruction du ver blanc-,
liquides destructeurs des pucerons de M. Cloës et du Gardener's Chronicle.
Un Soleil monstre et une inflorescence gigantesque d'Hydrangea otaksa .
Histoire du Zinnia double. Eacore le Radis de famille.
Décidément on ne peut plus croire en qui ni en quoi que ce
soit. La Colchique et les Hirondelles nous ont induit en erreur :
l'heure de la retraite des beaux jours n'est pas encore sonnée,
comme elles semblaient l'annoncer il y a plus d'un mois. Le
soleil, au contraire, nous inonde, plus que jamais, de sa vive
et chaude lumière (1), et « sous la verte feuillée, etc., etc.»,
on peut encore, sjins craindre les rhumatismes, se reposer
mollement, pendant les excursions botaniques, à travers vaux
et forêts, à la recherche des Champignons ; car c'est là le vrai
plaisir de l'automne, et qui procure les plus douces jouis-
sances. Courir les bois, et trouver un champignon qu'on ne
connaît pas encore, est un bonheur qui n'a d'égal que celui
qu'un chasseur éprouve à l'apparition subite d'un gibier qu'il
rencontre pour la première fois, et qu'il... ne manque pas.
Cette chasse aux Champignons en bonne et aimable compagnie
(1) J'ai parlé trop vite. Au moment de mettre sous presse, le vent a tourné
au nord, et la température a subi une baisse sensible ; l'hiver n'est pas loin
de nous.
Octobre 4 869. 4 9
— 290 —
est quelque chose de vraiment très-amusant. Ce sont des Ah !
en voilà un, en voici deux... Oh! le beau! Monsieur Arthur,
monsieur Anatole, sont-ils bons, sont-ils mauvais? Et M. Ar-
thur et M. Anatole de bondir par-dessus les lianes de chèvre-
feuilles qui, de tige en tige, unissent les arbres entre eux,
pour voir et admirer le beau Champignon. xMais M. Anatole
ignore pirfois, comme M. Arthur, le nom et la qualité de
l'agaric ou du bolet. Alors on tire de sa poche son album
de Gham .ignons, et, assis au pied du hêtre, on examine
chaque figure pour trouver celle de l'espèce qu'on veut con-
naître. Et ici l'intérêt red)uble. On approche, on bride —
comme on dit au jeu. — C'est celui-ci! non! si! c'est l'O-
ronge. Pas du tout; l'Oronge a les lamelles jaunes, et le nôtre
a les lamelles blanches, c'est la fausse Oronge. Horreur ! il est
vénéneux ; jetez-le bien vite ! Et on recommence à courir.
Je viens de passer ainsi très-agréablement mes vacances, et
je déclare que les chasses de Compiègne, auxquelles je n 'ai ja-
mais assisté, ne sont pas plus attrayantes et ne produisent pas
de plus douces ni de plus vives émotions. Je dois avouer, pour
être juste, que ces excursions champignonniennes devaient la
plus grande partie de leur charme à la présence, [au milieu dé
nous, d'un mycologue allemand, ou autrement dit, d'un bota-
niste qui connaît les Champignons sur le bout de son petit
doigt, et qui nous disait, sans sourciller, le nom et la qualité
de tous ceux qu'on trouvait. Aussi, pendant les quatre jours
qu'il a passés avec nous, j'ai mangé plus de Champignons que
pendant la longue série des autres jours qui complè tent la
durée de mon existence.
Néanmoins, grand encore était le plaisir, après son départ .
Cette recherche de l'inconnu, c'est-à-dire du nom d'un Cham-
pignon, est vraiment une occupation pleine d'intérêt; j'ai vu
des dames se passionner au point d'en perdre le sommeil ; pour
elles le soleil ne se levait pas assez tôt. Il est vrai de dire,
— 291 —
aussi, que l'attrait de la nouveauté était bien un peu pour
quelque chose dans cet élan passionné de ces charmantes
champignonnistes. Notre mycologue allemand, AI. Kroenish-
franck, avait eu la bonté de nous laisser un exemplaire des
épreuves d'un petit ouvrage qu'il a composé sur les Cham-
pignons, et ces dames avaient hâte, naturellement, de consta-
ter la valeur de son Guide pour reconnaître les Champi-
gnons COMESTIBLES ET VÉNÉNEUX, DU PAYS DE FRANCE (1).
Ce Guide pour reconnaître les Champignons est un petit livre
du format des livres de la bibliothèque publiée par AI. Don-
naud. C'est un album de dessins coloriés des espèces de
Champignons qu'on rencontre communément en France , dans
les bois et les prés. Ces dessins sont réduits au tiers ou au cin-
quième de la grandeur naturelle; mais ils ont été faits avec
un tel soin, et les couleurs sont tellement exactes, qu'on re-
connaît très-facilement toutes les espèces ainsi reproduites.
Ce petit album est précédé d'un aperçu historique sur les
plantes de cette famille, et qui comprend la structure, la nais-
sance, le mode de reproduction et de développement de ces
singuliers végétaux, pour lesquels Nées d'Esenbeck a fait un
quatrième règne. On y trouve, très-nettement énoncés, les
caractères d'après lesquels on peut reconnaître les bonnes et
les mauvaises espèces : les soins à donner aux personnes em-
poisonnées par les Champignons vénéneux. Puis l'auteur, ne
voulant pas s'étendre sur les caractères de chaque Champi-
gnon figuré, donne simplement la description des familles et des
principaux genres de ces végétaux cryptogames. Cet aperçu,
quoique très-concis, est très-clair et très-intére ssant.
Ce petit livre manquait; et je félicite M. Kruenishfranck de
l'avoir si heureusement exécuté. Le succès lui est assuré.
(i) En vente actuellement à la librairie Donnaud, 9, rue Cassette, Paris.
Prix : 5 fraucs.
— 292 —
Toutes les personnes intelligentes, qui passent l'automne à la
campagne, voudront avoir ce guide, soit pour se livrer à l'é-
tude si attrayante des Champignons pendant les soirées qui
commencent à être longues, soit pour empêcher les accidents
si communs, qu'occasionne cette nourriture cryptogamique
chez les pauvres villageois : car, à l'aide de cet album, sur le-
quel les mots bon ou mauvais sont inscrits en tête ou à la suite
du nom de chaque espèce, on peut prévenir le mal en inspec-
tant la récolte des chercheurs de Champignons, et en faisan t
jeter tous ceux qu'on reconnaît pour suspects ; pour un châte-
lain ou une châtelaine, c'est une noble et utile occupation.
Et puisque nous sommes dans les bois, restons-y. Il ne s'a-
git plus de Champignons; il est question de petits oiseaux,
qui sont menacés d'une destruction complète, à la plus grande
jubilation des petits maraudeurs.
Au moment où les cultivateurs et les sociétés agricoles et
horticoles demandent des lois pour protéger leurs industries
contre les insectes — Chenilles et Vers -blancs — qui dévorent
les biens de la terre, on reste stupéfait en lisant cet arrêté de
plusieurs préfets de l'Empire français :
ce La chasse aux petits oiseaux de passage est autorisée du
10 au 15 octobre prochain inclus, au moyen de filets, gluaux,
chouettes, miroir, etc. y> Vraiment sont- ce bien des fonction-
naires chargés de la défense des intérêts des populations ru-
rales, qui prennent ainsi, de leur chef, des arrêtés si opposés à
ce que réclament les habitants des champs? Il est vrai que
MM. les préfets n'autorisent l'extermination^ parles procédés
rapides, que des oiseaux de passage.
Mais comment les pièges, filets, gluaux, chouettes, etc., re-
connaîtront-ils qu'un oiseau est indigène ou exotique au pays?
MM. les préfets supposent-ils que ces engins destructeurs sont
aussi intelligents que les fonctionnaires publics chargés de met-
tre la main sur les Tropmann et Cie? ou bien feront-ils délivrer,
— «293 —
aux oiseaux du pays, des permis de circuler librement dans
leur département et qui les mettront ainsi à l'abri de la cupi-
dité des pièges, gluaux et chouettes? Ce serait drôle ! Enten-
dez-vous le tambour du village annonçant à son de caisse :
ce M. le maire a l'honneur d'informer tous les pierrots, pier-
rettes, sansonnets, merles et merluches, etc., de sa commune,
qu'ils peuvent passer à la mairie pour retirer leur carte de
résidant, pour eux s'en servir ce que de besoin, dans le ressort
du département. »
En tout cas, MM. les préfets, qui ont autorisé cette chasse,
ne doutent pas que les engins employés, par les amateurs de
petits oiseaux, ne soient aptes à reconnaître les nomades des
indigènes, ou, tout au moins, ils comptent sur l'honnêteté de
ces appareils, qui se feront un véritable plaisir de relâcher tous
les petits nigauds de la localité qui, après s'être laissé prendre,
exhiberont leur carte de sûreté. J'avoue que je n'ai pas autant
de confiance que ces honorables fonctionnaires; l'oiseau indi-
gène pris, ne sera pas rendu à la liberté, <c Tout ce qui est bon
à prendre, dira le gluau ou la chouette, est meilleur à garder. »
Or, comme le dit spirituellement M. Paul Parfait : « Quand les
campagnes auront bien souffert d'arrêtés de ce genre; que la
récolte annuelle appartiendra sans conteste aux Vers blancs,
aux Chenilles, et tutti quanti, je ne sais pas si les administrés
de M. le préfet en seront fiers ; mais les insectes nuisibles pour-
ront à coup sûr lui voter des remercîments. d
MM. les préfets comptent-ils, par hasard, sur le procédé de
ce brave campagnard qui prétend avoir trouvé le moyen de
détruire tous les Vers blancs de la terre? Ils comptent alors
sans la cupidité des paysans. L'auteur de cette importante dé-
couverte ne fera connaître son secret, dit-il, qu'en échange-
d'un assez joli tas de napoléons en or, qu'on déposera à la caisse
des dépôts et consignations, jusqu'à ce qu'il ait prouvé l' effica-
cité de son remède. Il est au moins honnête ; mais le cultiva-
— 294 —
teur n'est pas aussi confiant. Si le procédé est aussi inefficace
que ceux qui l'ont précédé, comment rentrera-t-il dans le
montant de sa cotisation ? Voilà ce qu'il demande avant de
verser, et ce qui l'empêchera de confier son argent à une caisse
qu'il ne connaît que de ouï-dire. Donc, si l'exterminateur de
Vers blancs ne s'en rapporte pas à la générosité du pays, ce
brave homme pourra bien emporter son secret dans la tombe,
— fût-ilné d'hier — et MM. les préfets, qui autorisent la chasse
aux petits oiseaux, à l'aide de filets, pourront bien, dans quel-
ques années, être voués à tous les époux de dame Belzébut,
par les cultivateurs qui les rendront responsables des dégâts.
Et, en mon âme et conscience, ces intelligents fonctionnaires
auront bien mérité leur sort.
En fait de procédé destructeur d'insectes nuisibles, il pa-
raît que la décoction de Quassia amara n'est pas un breuvage
très-tonique pour les pucerons, altises et autres animaux dont
la nuisibilité est aussi incontestable. Notre savant ami et col-
lègue au Muséum, M. Cloëz, en a essayé les eflets sur des
plantes qui étaient infestées de ces inutilités, et aussitôt il vit
toute cette gent infestante mordre la terre pour ne plus la
quitter. La préparation de ce liquide est très-simple. Prendre
100 grammes de Quassia amara, en copeaux, et 20 grammes
de graines de Staphisaigre que l'on réduit en poudre. Faire
bouillir dans trois litres d'eau jusqu'à réduction de deux
litres. Laisser refroidir et décanter. Ce liquide tue les insectes
sans nuire aux plantes. En aspergeant à la pompe, ou à l'ar-
rosoir à pomme très-fine, les végétaux attaqués par les pu-
cerons de toutes sortes, et' en particulier les pucerons noirs et
gris, indestructibles jusqu'ici, leur destruction est complète.
On se procure le Quassia et la Staphisaigre chez les droguistes.
De son côté le Gardener's chronicle donne la recette d'un
liquide destructeur, dont l'efficacité est sanctionnée par 7 an-
nées d'expériences. Voici la formule :
— 295 —
Tabac à fumer 30 grammes.
Savon noir 60 —
Fleur de soufre. . . . , 120 —
Faire bouillir le tout dans deux litres d'eau, pendant un
temps très-court, en ayant soin de tenir le soufre dans un sac
de mousseline; ajouter ensuite, pour l'emploi, 6 litres d'eau.
On se sert de ce liquide pour tuer les araignés rouges, les
thrips, les cochenilles, etc. Le meilleur mode d'opération est
de tremper les plantes infestés dans le liquide, quand la chose
est possible, pour les petites plantes par exemple; autrement
on asperge à la seringue, à la pompe ou à l'arrosoir, les plantes
à feuillage tendre comme les Cinéraires, les Calcéo^aires, les
Pelargoniums, etc.; elles n'éprouvent aucun dommage de l'em-
ploi de ce mélange, bien au contraire, dit le journal anglais,
« elles n'en croissent que plus vigoureusement. »
Se rait-ce par hasard à l'influence de ce liquide que le Soleil
et YHydrangea otaksa, de Segrez, doivent la dimension excep-
tionnelle de leur inflorescence? Le Soleil avait un disque qui
mesurait 38 centimètres de diamètre, et avec les ligules il n'a-
vait pas moins de 53 cent. ; l'inflorescence en boule de YHy-
drangea a 96 cent, de circonférence ! C'est vraiment splendide ;
je n'ai pas vu encore d'inflorescence aussi grosse. Et pourtant,
le sujet ainsi fleuri est une simple bouture de l'année, aban-
donnée dans un petit jardin d'enfants, qui certes ne lui ont pas
prodigué de bien grands soins; c'est peut-être parce que le
sujet est une bouture? C'est assez ma conviction; et j'engage
les amateurs à n'avoir jamais que de jeunes sujets de cet Hy-
drangea , pour obtenir de ces splendides et gigantesques in-
florescences ; ils pourront ensuite s'en rapporter à dame Na-
ture, qui sait bien faire les choses quand elle veut, et quoi
qu'en disent certains présomptueux î Une petite histoire à
l'appui de cette assertion :
Tout le monde connaît le magnifique Zinnia double, qui
— 296 —
fait le bonheur des amateurs et qui troubla pendant vingt ans
le repos et la tranquillité d'un de nos plus intelligents jardi-
niers ; mais ce que l'on connaît moins, et peut-être pas du
tout, c'est son obtention; elle est très-instructive. Ecoutez!
écoutez!
Depuis longtemps la maison Vilmorin cherchait le Zinnia
double; une prime de 500 francs était même promise au jar-
dinier de l'établissement, qui parviendrait à le créer par l'ap-
plication de la toute-puissante et infaillible sélection. Comme
on le pense bien, tout le monde se mit à l'œuvre, et particu-
lièrement le brave X... du jardin d'expériences de la rue de
Reuilly : pour lui c'était une affaire d'honneur. Pendant vingt
ans, il compta toutes les ligules de chaque capitule de Zinnia
simple, et toutes les fois qu'il en trouvait quelques-unes de
plus que le nombre normal, il marquait l'heureux sujet en
voie de transformation, et il guettait la maturité des graines,
pour n'en point perdre une seule.
Hélas ! vingt générations se succédèrent ainsi, et le double
Zinnia s'obstina à ne point couronner tant d'intelligence dé-
pensée, tant de peines et d'inquiétudes supportées. C'est, en
effet, dans les Pyrénées qu'il apparut en 1858; c'est sur une
fenêtre de Bagnères-de-Bigorre, et dans un pot, que M. Z..,
de la même maison Vilmorin, en trouva deux pieds, chez un
honorable Pyrénéen qui ne l'avait jamais cherché ! L'heureux
propriétaire — qui ne se croyait pas'aussi heureux que ça, —
daigna en céder la propriété à M. Z..., en déclarant qu'il
n'avait fait, pour obtenir ce Zinnia double, que de semer des
graines que son fils lui avait envoyées de l'Inde, peu d'années
auparavant.
Et voilà comme quoi l'homme peut, par la sélection, ne pas
obtenir ce que la nature produit avec une extrême aisance et
la plus admirable facilité !
Pour finir, une rectification.
— 297 —
Dans ma dernière chronique, j'ai parlé de la présence des
Radis de famille à l'exposition de Hambourg. Un de nos amis,
botaniste distingué, qui visite en ce moment les établissements
scientifiques de l'ancienne Germanie, m'informe que ce qu'on
a pris à Hambourg pour des Radis dits de famille, provenant
du Raphanus raphanistrmn, pourrait bien n'être que des va-
riétés très-ordinaires du Radis cultivé, Raphanus sativus; car,
dit-il, «je viens de voir à l'exposition de Vienne, dans les lots
de légumes, des Radis qui offrent toutes les formes, toutes les
grosseurs, et toutes les couleurs, représentées dans \& Belgique
horticole, comme appartenant exclusivement aux variétés obte-
nues du Radis sauvage. Les exposants auxquels je me suis
adressé, pour avoir des renseignements sur leur origine, m'ont
tous répondu : que ces Radis sont des variétés des Radis culti-
vés, et nullement des produits obtenus par sélection du Radis
sauvage, ou Raphanus raphanistrum. L'auteur des Radis de fa-
mille, ajoute mon excellent ami, n'aurait- il pas fait confusion,
par hasard, en prenant ses premières graines sur du Radis cul-
tivé, croyant avoir affaire aux Radis sauvage? »
Pour mon compte je le croirais assez; les hasards sont si
grands ! Car enfin, il est au moins fort extraordinaire qu'il n'y a
que lui qui obtienne,, aussi, des marronniers blancs en semant
des marronniers rouges, et des marronniers rouges en semant
des marronniers blancs ; des Noyers communs (Juglans rec/ia),
en semant des Noyers noirs d'Amérique (Juglans nigra) et vice
versa; toutesles espèces d'Érables, voire mêmecelle du Mexique,
en semant de l'Acer campestre; des groseilles à grappes,- en se-
mant des groseilles à maquereau, et beaucoup d'autres faits
delà même force. Si l'auteur des Radis de famille ne fait pas
parfois confusion, il faut avouer, alors, qu'il est merveilleuse-
ment favorisé delà terre et des dieux!...
F, Herincq.
— 298 —
CYPRIPEDIUM SPEGTABILE (Pl. X).
Cette plante appartient à la grande famille de plantes si
bizarres qu'on désigne sous le nom collectif d'Orchidées. Le
mot de Cypripedium a la prétention d'indiquer la forme de la
fleur : il est composé 1° de Cypris, mot grec par lequel les
poètes désignent cette déesse mystérieuse née de l'écume de
la mer selon les uns, fille de Jupiter et de Dioné selon les
autres, et que le commun des mortels appelle tout simplement
Vénus; 2° depodeion, autre mot grec qui signifie chausson,
sabot, etc. D'où le nom vulgaire Sabot de Vénus appliqué a
toutes les espèces assez nombreuses du genre Cypripedium.
C'est qu'en effet un des pétales de la fleur, qu'on nomme la-
belle., a quelque ressemblance avec la babouche, sorte de pan-
toufle d'un grand usage chez les peuples d"Orient.
Tous les Cypripedium sont des plantes terrestres, pourvues
d'une tige simple plus ou moins allongée, garnie de feuilles al-
ternes, et terminée par une ou plusieurs fleurs d'une organi-
sation curieuse. L'ovaire est infère, c'est-à-dire situé au-des-
sous de la fleur, de laquelle il paraît être le pédicelle. L'enve-
loppe florale offre 3 divisions externes et 3 internes; les
externes, ou sépales, sont étalées, planes, à peu près de même
forme, distinctes ou parfois les deux inférieures soudées et
placées alors sous le pétale nommé labelle; les trois divisions
internes n'ont jamais la même forme : les deux latérales,
toujours uniformes, ressemblent quelquefois aux sépales, ou
bien elles sont plus grandes ou plus longues ; l'inférieure, qui
prend le nom de labelle, n'est jamais plane, elle est renflée,
comme vésiculeuse, mais avec une ouverture à la base, ce qui
lui donne cette apparence de babouche, ou chaussure orien-
tale dont nous avons parlé.
— 299 —
On trouve des Cypripedium dans l'Asie ; mais ces espèces
asiatiques sont de serre chaude ou de serre tempérée; tels
sont les C. villosum, barbatum, Vcitchianum, superbiens, pur-
pur atum, insigne, venustum, etc. Les touristes qui visitent nos
montagnes du Dauphiné, rencontrent, dans les bois,leC. calceo-
lus, que nous appelons Sabot de la Vierge; ses fleurs sont d'un
brun pourpré avec le labelle jaune maculé de pourpre clair.
L'espèce que nous figurons, planche X, appartient à la flore
de l'Amérique septentrionale ; c'est dire qu'elle est de plein
air sous notre climat, et qu'elle peut contribuer à l'ornement
de nos jardins, ou tout au moins des conservatoires d'été, et
des appartements.
Ce Cypripedium speclabile atteint de 30 à 40 centimètres de
hauteur ; la tige, garnie de 4 ou 5 feuilles ovales un peu duve-
teuses, est terminée par 2 ou 3 fleurs qui apparaissent pen-
dant les mois de juin et juillet. Ces fleurs sont d'un blanc
lavé d'une légère teinte de rose, avec les bords de l'ouverture
et la base du labelle d'un magnifique rose carmin.
Notre dessin a été fait d'après les individus qui ont fleuri
cette année au Muséum, et qui font partie de l'intéressante col-
lection de plantes alpines réunies et cultivées avec tant de suc-
cès par M. Verlot.
La culture de cette espèce est très-simple. La culture en pot
est préférable. Quoique originaire des régions marécageuses
des Etals-Unis, ce Cypripedium craint l'humidité stagnante, et
il fond très-rapidement pendant nos hivers. Cultivé en pot
bien drainé, et clans la terre de bruyère tourbeuse, on peut le
faire hiverner sous châssis, et alors il pousse admirablement
et fleurit chaque été.
0. Lescuyer.
— 300 —
REVUE DES JOURNAUX ETRANGERS.
Botanical Magazine et Gardenefs Chronicle.
Brassia Lawrencianavav. longissifna (Bot. Mag., pi. 5748).
Cette belle variété d'Orchidée originaire de Costa-Rica, et mise
au commerce par M. Bullerd'Exeter (Angleterre), a des fleurs
très-odorantes d'un beau jaune orange, avec des sépales laté-
raux très-longs (25 à 30 cent.) et rubanés, marqués à leur base,
comme les autres divisions de la fleur, de larges taches marron
pourpré; lelabelle est jaune paille clair avec des petites taches
carmin.
Iberidella rotundifolia (Bot. Mag., 5749). Cette petite plante
de la famille des Crucifères, à fleurs lilas clair, n'est pas préci-
sément une nouveauté; c'est une petite indigène du mont
Cenis, que Linné a baptisée Iberis rotundifolia ; que Gaudin
appelle Thlaspi rotundifîum ; que Koch nomme Thlaspî cepœfo-
lium ; que Reichenbach désigne alternativement sous les noms
de Noccea cepœfolia et Thlaspi corymbosum ; Robert Brown en
fait son Hutchinsîa rotundifolia; Decandolle l'enregistre sous le
nom de .Hutchinsîa cepœfolia, et J. Gay la fait connaître sous
l'épithète de Hutchinsîa corymbosa ! C'est une bonne plante
pour garnir les rocailles.
Tacsonia eriantha (Bot. Mag., 5750j. Très-intéressante Pas-
siflorée dont nous donnerons plus tard le dessin.
Stapelia hystrioc(Bot. Mag., 5751). Espèce de plante grasse
de la famille des Asclépiadées, à tiges comme dentées, et à
fleurs en étoile de couleur jaune-pale, hérissées de gros poils
et maculées de carmin. Le genre Stapelia est très-riche en
espèces, mais toutes exhalent une odeur très-désagréable ; ce
sont des plantes curieuses, par la forme de la corolle.
Thibaudîa acuminata (Bot. Mag., 5752). Espèce de la fa-
mille des Ericacées, originaire des Andes de la Colombie, in-
— 301 —
troduite dans l'établissement de M. Veitch, par le collecteur
Pearce. C'est un petit arbrisseau glabre, à feuilles coriaces
ovales, et à fleurs en grappes presque terminales, dont la co-
rolle, longue de 2 cent., est rouge brique avec les dents jaunes.
Cœlogyne Reichenbachiana. Le Gardener's Ghronicle fait
connaître cette petite Orchidée asiatique, originaire des mon-
tagnes de AiTacan, et qui a été introduite l'année dernière
dans l'établissement de M. Veitch. Ses fleurs, qui apparaissent
en novembre, sont grandes, blanc rosé avec le labellum en
forme de cornes, blanc maculé de rose sur le milieu.
Delostoma dentata (Bot. Mag., 5754). Cet arbuste nouveau
qui, par son port, ressemble à une Gesnériacée, mais qui, par
ses caractères, appartient à la famille des Bignoniacées,, a été
envoyé à M. Isaac Anderson Henry, d'Edimbourg, par le pro-
fesseur Jameson, de Quito, qui en fit la découverte à Gua-
lesca, dans la république de l'Equateur. Sesfeuilles sontamples,
oblongues, obscurément dentelées, et ses fleurs, disposées en
grappes axillaires, grandes comme celles du Bignonia spe-
ciosa, sont de couleur blanche ou faiblement teintée de rose.
Camptopus Mannii (Bot. Mag., 5755). Genre nouveau de la
famille des Rubiacées, section des Psychotriées, a été créé par
M. Hooker pour un arbrisseau de Fernando-Po, en Afrique
tropicale, introduit en Europe par M. Mann en 1863, qui en
envoya des graines au jardin royal de Londres. Cette nouvelle
plante est très-curieuse par son inflorescence qui se compose
d'un long pédoncule renversé, rouge, redressé au sommet, et
portant un bouquet compacte de fleurs blanches tubuleuses, ac-
compagnées de bractées rouges d'un joli effet; les feuilles sont
amples, épaisses, coriaces et de forme obovale.
Oncidium œanthodon. Jolie Orchidée décrite dans le Gar-
•dener's Chronicle, originaire des Cordillières de la république
de l'Equateur, et introduite en Angleterre par M. Backouse.
Ses fleurs, qui apparaissent au mois de septembre, sont couleur
— 302 —
chocolat clair à pétales bordés de jaune ; elles forment de
très-belles grappes flexueuses.
Aglaonema Mannii (Bot. Mag., 5760). Aroïdée de l'Afrique
tropicale qui n'a rien d'ornemental; elle a été introduite dans
le jardin royal de Londres par M. Gustave Man n .
Amomum sceptrum (BoL Mag., 5761). Très-belle plante de la
famille des Zingibéracées, découverte par M. Gustave Mann
dans le Gabon, et très-voisine de Y Amomum longiscapum. Ses
feuilles sont oblongues lancéolées ; ses fleurs, d'un beau rose,
ont un labelle très-ample relevé sur les bords et formant un
large cornet.
Caryota Cumingii (Bot. Mag., 5762). Très-élégant Palmier
introduit de Sincapore par Hugli Guming. Ses feuilles ont deux
mètres environ débogueur et sont divisées en une multitude
de petits segments oblongs, dont un bord est entier et l'autre
grossièrement denté, comme rongé.
Kœmpferia Parishii (Bot. Mag., 5763). Cette espèce, de la
famille de Scitaminées, croit dans les épaisses forêts de Moal-
mayne, et est très-voisine du Kœmpferia diversifolia. Les
fleurs ont les pétales supérieurs blancs et les inférieurs violet-
pourpré.
Allamanda nobilis (Bot. Mag., 5764). Magnifique Apocynée
digne, en effet , du nom de nobilis, qui lui a été donné par
M. Mooredu Gardener'sChronicle. Originaire du Rio-Branco,
sur les confins du Brésil et du Venezuela, cette espèce, actuel-
lement cultivée chez M. Bull, de Ghelsea, est bien supérieure
aux Allamanda Schottii, grandiflora, Aubletii depuis longtemps
dans le commerce européen. Ses fleurs, d'un beau jaune gutte,
n'ont pas moins de 12 à 1 5 cent, de diamètre;
Richardia melanoleaca (Bot. Mag., 5765). Tout le monde
connaît l'Arum d'Ethiopie ; cette plante appartient au même
genre, et diffère de l'espèce que nous venons de citer par ses
feuilles maculées de blanc et par la spathe qui est de couleur
— 303 -
jaune paille avec une large macule pourpre marron à sa base.
Elle est originaire de l'Afrique, et est mise au commerce par
M. Bull de Chelsea. La culture est celle qu'on applique au
Richardia œthiopica .
Dendrobium crassinode (Bot. Mag., 5766). Cette Orchidée es t
très-remarquable par ses tiges ou pseudo-bulbes étranglés de
distance en distance et offrant une série de nœuds superposés.
Les fleurs sont blanches avec le bout des pétales rose, et le
fond du labelle jaune. Ce Dendrobium a été découv ert par le
révérend Père Parish dans le royaume de Siam, et propagé en
Angleterre par M. Veitch.
Saccolabium bigibbum (Bot. Mag.,5767). Nouvelle espèce
d'Orchidée découverte dans les montagnes de Khasia en Asie,
et introduite chez MM. Veitch par leur collecteur M. Benson.
Elle est peu remarquable; ses fleurs sont jaunes .
Palava flexuosa. Charmante Malvacée annuelle décrite dans
le Gardener's Chronicle par M. Masters, introduite chez
M. Veitch par M. Pearce qui l'a découverte dans la vallée de
San Lorenzo au Pérou .
CULTURE DU NELUMBIUM.
Les Nelumbium sont des sortes de Nymphéa dont la souche
épaisse et rampante produit des feuilles en parasol et de
grandes et belles fleurs qui s'élèvent au-dess us de l'eau au lieu
de flotter à sa surface.
Il y a plusieurs espèces et variétés de Nelumbium; mais la
plus répandue et la plus belle est toujours le N. speciosum, ou
Lis d'eau du Nil, à fleurs odorantes, blanc de crème nuancé de
rose au bord des pétales, et qui atteignent jusqu'à 25 centi-
mètres de diamètre.
Voici ce que nous trouvons, dans le petit livre de M. Helye
— 304 —
— Culture des plantes aquatiques (1) — sur la culture des Ne- t
lumbium.
ce La culture des Nelumbium a été regardée, pendant bien
longtemps, comme impossible à l'air libre, sous le climat de
la France. De ce que ces plantes sont des pays chauds, on les
considérait comme plantes de serre chaude. C'était une er-
reur. Non-seulement les Nelumbium sont cultivés avec succès
et fleurissent dans le midi de la France, à Montpellier, à
Tonneins, mais encore on les voit admirablement fleurir dans
l'ouest, à Laval, et j'en obtiens d'excellents résultats au Mii-
séum, à Paris, par un procédé peu dispendieux, à la portée de
tout le monde, et que je vais faire connaître.
)) Il faut établir sa culture en baquet dans un endroit qui
reçoive la plus grande somme possible de chaleur, par con-
séquent à l'exposition du midi. On enterre les rhizomes à en-
viron 10 centimètres; on place un peu de gros gravier sur la
terre, puis on inonde d'une couche d'eau qui, devant s'échauf-
fer très- promptement, ne doit pas être très-épaisse; on en
calcule l'épaisseur d'après la température du milieu ambiant :
15 à 25 centimètres suffisent généralement.
» Ainsi plantés, les Nelumbium se développent et fleurissent
parfaitement.
» Pour la conservation pendant l'hiver, c'est chose simple.
Si les plantes sont cultivées en pleine terre, dans des petits ré-
servoirs, on en enlève l'eau et on recouvre d'une couche de
feuilles sèches, pour empêcher la gelée d'atteindre les racines.
Quand la culture est en baquet placé dans les aquarium, on en-
fonce .seulement les baquets de 50 à 60 centimètres au-des-
sous de la surface de l'eau, pour qu'ils ne soient pas pris par
la glace.
~s> Les Nelumbium peuvent être multipliés par semences.
(1) Donnaud, éditeur, rue Cassette, n° 9, Paris. Prix, \ fr. 50.
— 305 —
Dans ce cas on prend des pots de 5 à 6 centimètres de dia-
mètre, que l'on remplit de terre appropriée, dans laquelle on
enterre une graine. Les pots sont ensuite placés dans une
grande terrine plus ou moins remplie d'eau, et de manière à ce
que la terre des pots se trouve à environ 5 centimètres delà
surface. Gomme les graines, qui sont à peu près delà grosseur
d'une graine de Pin-Pignon, ont une enveloppe osseuse très-
résistante, on se trouve bien , pour faciliter la germination,
d'user un peu, sur un grès, le point où doit se faire la sortie de
l'embryon ; on distingue facilement ce point à l'une des extré-
mités de la graine.
» Après la germination, les jeunes plantes peuvent rester
dans l'eau tout l'été; et si, pendant cette première période vé-
gétative, on reconnaît qu'elles ont besoin d'un rempotage, on
le leur donne, et on les replace aussitôt après dans les mêmes
conditions .
)) Bien qu'on puisse semer à différentes époques, j'ai remar-
qué que la meilleure, celle du moins qui m'a toujours donné de
bons résultats, est la un de l'hiver, durant les mois de janvier
et de février. Les jeunes plants ont alors toute la belle saison
pour prendre force. On les maintient en pots jusque vers la
fin de juin, époque à Inquelle on les livre à la pleine terre,
sous l'eau, ainsi qu'il est expliqué plus haut. »
Les beaux Nelumbium dont il a été parlé dans le der-
nier numéro, sont cultivés dans un bassin de lm 20 cent, de
profondeur. Le fond est garni de 25 à 30 cent . de terre,
dans laquelle sont placés les rhizomes. Pendant l'hiver, M. De-
caisne fait établir, au-dessus du bassin, une sorte de toiture à
deux versants avec des panneaux vitrésy et qui reçoit des pail-
lassons durant les gelées . Vers la fin de mars, on retire cet
abri pour que le sol se pénètre bien des agents atmosphériques,
et dans le courant de mai, aussitôt que les rhizomes donnent
signe de vie, on recouvre à nouveau le bassin, mais cette fois
Octobre 1869. 20
— 306 —
en plaçant les panneaux vitrés à plat, pour éviter la déperdi-
tion de chaleur, et pour que le sol se pénètre bien d'air
chaud. C'est dans cette condition que les Nelwnbium du Mu -
séumse développent vigoureusement, et produisent leurs ad-
mirables fleurs.
Pour obtenir un pareil résultat, on pourrait construire des
sortes d'auges ou des petits bassins de 50 ^ent. de profon -
deur, qu'on couvrirait de panneaux vitrés pendant l'hiver, et
durant le premier développement des feuilles. Gomme c'est à
ce mome.it, seulement, qu'il faut produire delà chaleur, c'est-
à-dire ve s la fin de mai ou au commencement de juin, un ap-
pareil piticulier n'est pis nécessaire : le soleil seul suffirait.
Ern. Bonnard.
NOTICE HISTORIQUE SUR LE PALMIER rDE LA CHINE
ET DU JAPON.
Ce Palmier, dont la première introduc tion remonte à Tannée
1830, est une des plus précieuses acquisitions de l'horticulture
européenne; car c'est le seul grand Palmier de pleine terre, et,
par son port si différent de nos arbres indigè nés, il produit un
très-bel effet dans la décoration de nos jardins paysagers. Au-
jourd'hui^ il est positivement acquis à la culture à l'air libre
sous les climats de l'Angleterre, du midi et du centre de la
France; à Paris et plus au nord, on lui donne encore, un ap-
pareil protecteur pendant l'hiver. En a-t-il besoin réellement ?
D'après M. Fortune, ce Palmier abonde sur les montagnes
de la Chine septentrionale et les collines de Yen-Chow-Fou,
province de Ché-Kiang, où il vient admirablement bien, et
M. de Monligny l'a rencontré si communément dans la Chine
centrale, qu'il pense que cette espèce paraît être originaire
des parties moyennes de l'empire du milieu.
— 307 —
<L C'est, dit le zélé voyageur anglais, un arbre précieux pour
les Chinois du nord, qui lui donnent le nom de Tsong-lin. Ils
tirent habilement parti des épaisses touffes de fibres brunes
qui se trouvent sur la tige près des feuilles; ils en font des
cordes et des câbles très-résistants qui durent longtemps même
sous l'eau. Les paysans confectionnent, avec ses feuilles, des
chapeaux et des sortes de manteaux nommés sosés, qui les
mettent parfaitement à l'abri de la pluie et du froid. On fait
encore, avec les fibres, des som niers et des matelas dont se
servent toutes les classes de la société, etc. Ces arbres font
un très-bel effet dans le paysage; aussi, considérant le degré
de froid que ce Palmier endure dans ce pays, j'ai l'espoir de le
voir un jour décorer les collines du midi de l'Angleterre et des
pays de l'Europe. 3>
C'est dans ce but que Robert Fo*rtune en envoya plusieurs
exemplaires au jardin de Kew., en priant M. William Hooker,
alors directeur, d'en remettre un au prince Albert pour le
château d'Osborne, dans File de Wight. Ces Palmiers furent
mis en pleine terre en 1849, et ils passèrent, sans couverture,
l'hiver de 18 49-1850 sans souffrir aucunement .
Ces Palmiers de la Chine étaient les premiers livrés en plein
air, mais ils n'étaient pas les premiers inlrodu its.
Kœmpfer, qui le premier parla de ce Palmier en 1712, et
Thunbergen 1 784, l'enregistrèrent comme originaire du Japon,
où il est connu sous les noms de Sjuro et de Sodio. Von Sie-
bold, vers 1830, et depuis M. J. Veitch, l'ont aussi rencontré
dans les localités indiquées par les deux premiers auteurs. Il
a donc pour patrie à la fois et la Chine et le Japon. Quoi qu'il
en soit, c'est à 1830 que remonte l'introduction du Chamœ*
rops eoccelsa; des graines furent importées en Europe par les
soins de Von Siebold, et elles produisirent des plants qui,
élevés en serres, mesurent actuellement de 7 à 10 mètres de
hauteur : à Kew, un de ces plants avait, en 1860, 9 m. 2a de
— 308 —
hauteur ; à Bonn, un autre provenant du même semis et con-
sidéré comme individu femelle^ fleurit et fructifie chaque année
depuis 1851 ; c'est qu'en effet cette espèce est polygame, c'est-
à-dire que le même sujet peut avoir des fleurs mâles ou des
fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites à la fois; ce qui
explique la maturité des fruits des individus regardés comme
portant seulement des fleurs femelles.
Jusqu'au moment de la production de graines par le V&U
mier des serres de Bonn, nul essai de culture en plein air n'a-
vait été tenté en Europe avec les sujets d'origine japonaise;
on considérait positivement cette espèce comme plante de
serre, et cette opinion se fortifia encore, à la suite des essais
entrepris avec les jeunes plants provenant du sujet allemand,
aucun n'a pu résister au froid de l'hiver; mais ces expériences
n'eurent lieu que sous le climat de l'Allemagne.
Il en fut tout autrement en 1849, avec les graines envoyées
par Robert Fortune; on tint de suite son Palmier de Chusan,
— comme on l'appelait alors, — pour très-rustique, et sa rus-
ticité fut confirmée par le sujet du château d'Osborne, qui a
résisté à tous les hivers sans jamais souffrir, et qui, aujour-
d'hui, a plus de trois mètres de hauteur.
En France, on hésita longtemps avant de risquer, comme on
dit, ce Palmier à la pleine terre. Le premier trouva asile dans
les serres de MM, Thibaut-Keteleêr ; il provenait d'Angleterre,
et c'était en 1850. Aujourd'hui, ce même pied figure dans l'o-
rangerie du jardin du Luxembourg , après avoir fait, pendant
quelques années, l'ornement des serres de M. le marquis de
Saint-Innocent, président de la Société autunnoise d'horticul-
ture., et qui en avait fait un arbre de trois mètres de hauteur.
On peut accorder à M. deMontigny, consul général français en
Chine, auquel l'horticulture doit de nombreuses introductions,
le titre d'introducteur et propagateur de ce Palmier de Chine
en France ; car avant lui, on n'en possédait que quelques rares
— 309 —
individus. Les graines qu'il répandit à profusion depuis 1851,
dans le commerce, en assura le succès ; aujourd'hui ce Palmier
est considéré comme une plante vulgaire. Toutefois, nous le
répétons, ce n'est que sous le climat de la France méridionale
et centrale qu'on peut sans crainte le risquer en plein air. A
Paris, il faut l'empailler ou le couvrir avec soin ; autrement on
risque de voir mourir, soit par le froid, soit par l'humidité,
ses plus beaux sujets; nous avons vu perdre, à Segrez, deux
de ce superbe Palmier, qui avaient plus de 1 m. 70 cent, de
tiges, pendant les deux derniers hivers et quoique garnis de
feuilles sèches au pied et recouverts d'une sorte de serre mo-
bile en planche. Quant aux magnifiques pieds que M. Pépin a
signalés comme cultivés en plein air au Jardin des Plantes de
Paris, ils sont si bien emmaillottés, durant toute la mauvaise
saison, qu'on comprend parfaitement qu'ils n'ont rien à re-
douter des hivers parisiens. Le plus rustique paraît être celui
de M. Hauguet, à Montivilliers (Seine-Inférieure) ; il a passé
l'hiver de 1868 en pleine terre sans aucun abri;\a. neigea
recouvert pendant plusieurs jours son cœur sans lui faire
éprouver aucun mal, et il était tout aussi vert et aussi frais
qu'avant l'hiver, écrivait M. Hauguet au commencement de
février. Il serait intéressant de faire savoir si ce rustique Pal-
mier, au cœur recouvert de neige, est aujourd'hui aussi vert,
aussi frais : c'est fort douteux. A Cherbourg, climat maritime
exceptionnel, on comprend le Chamœrops excelsa en pleine
terre et sa brillante floraison comme à Nice, Montpellier, Hyè-
res, Bordeaux; mais à Montivilliers, cette assertion a besoin
d'une nouvelle confirmation; car on ne s'aperçoit pas de la
mort d'un Palmier au lendemain du dégel; c'est au prin-
temps, seulement, qu'on constate les décès dans cette fa-
mille.
La floraison du Chamœrops de la Chine est quelque cluse de
vraiment magnifique ; ses longs régimes pendants, aux bran-
— 310 —
ches d'un jaune clair brillant, simulent des touffes de certai-
nes espèces de coraux, qui se trouveraient suspendus au
sommet du stype. C'est en 1867, chez M. Deshours-Farel,
qu'on vit fleurir, en France pour la première fois, ce beau Pal-
mier: depuis il a fleuri à peu près partout, dans la région mé-
diterranéenne et à Bordeaux; et, par suite de la fécondation
artificielle, on a obtenu des fruits parfaitement constitués, qui
servent à la propagation et à la vulgarisation de cette intéres-
sante espèce dont on possède certainement deux variétés :
Tune du Japon, la première introduite, délicate et qui de-
mande la serre, est le Chamœrops eœcelsa ; la seconde, origi-
naire de la Chine, rustique , passant en plein air, et intro-
duite par Robert Fortune, est désignée généralement sous le
nom de Chamœrops Fortunei.
Voici, d'après le savant directeur du Jardin des Plantes de
Bordeaux, M. Durieu de Maisonneuve, les soins à donner pour
obtenir, par semis, de beaux plants de ce Palmier ; nous em-
pruntons ces détails aux Annales de la Société d'horticul-
ture de la Gironde.
ce Les graines doivent être semées dès qu'elles sont mûres,,
ou au printemps (avril-mai) de l'année suivante. On les place
en terrines qu'on laisse sous châssis, sur couche tiède, pen-
dant la saison rigoureuse. Quand on n'a plus à craindre les
froids, il faut néanmoins tenir sous abri convenable la plante
qui ne lève guère qu'entre trois et quatre mois.
» On repique les plants chacun dans un pot, avant l'appa-
rition de la deuxième feuille, et on continue de les tenir à
l'abri en leur donnant même un peu de chaleur, pour peu que
le temps soit frais.
» On les rempote successivement dans des pots de plus en
plus grands, au fur et à mesure de leur développement.
» Après les avoir accoutumés peu à peu à l'air libre, on les
met en pleine terre; mais cette plantation ne doit jamais avoir
— 311 —
lieu avant que la plante soit âgée de trois ans. En le faisant
. plus tôt, on s'exposerait à voir périr le sujet.
» Pendant les hivers de la première et de la deuxième année
de pleine terre, on les abrite avec une toile légère, upportée
par des piquets, pour les préserver du rayonnement.
» Enfin, la plante est livrée à elle-même et ne réc'ame que
les soins ordinaires donnés aux jeunes arbres, c'cst-è-dire
quelques façons autour du pied.
» Un sol profond et frais, mais sans que l'humid;té puisse
rester stagnante, paraît lui convenir, comme, par exemple, un
terrain silico-calcaire ouargilo-calcaire, modifié par de bon
terreau de feuilles. »
Pour compléter ces renseignements de culture, nous ajoute-
rons que, sous le climat de Paris, c'est toujours par le cœur, ou
bourgeon terminal, que périt le Chamœrops Fortunei ; l'humi-
dité le fait pourrir. Certains auteurs prétendent que, dans ce
cas, un nouveau bourgeon se forme et se développe. Nous n'en
contestons pas la possibilité, malgré les lois de la physiologie
végétale — pour nous servir de la phrase consacrée — qui s'y
opposent : « Les Palmiers, disent-elles, en effet, ne se rami-
fient pas, faute de bourgeons latéraux. » Mais c'est encore un
de ces principes élaborés dans le silence du cabinet et que
l'observation directe ne confirme pas ; car bien des Palmiers
ne meurent pas toujours pour avoir eu la tète coupée. Quoi
qu'il en soit, nous n'avons jamais vu les Chamœrops Fortimçi
au cœur pourri se refaire une tête à l'aide d'un bourgeon
latéral, malgré tous les soins qui leur étaient donnés pour en
favoriser le développement; nous continuerons donc à consi-
dérer comme mort et bien mort, tout Palmier de Chine qui
aura perdu la tète.
EUG. DE 1VÏARTRAGNY.
— 312 —
DE LA CONSERVATION DES RAISINS.
Nous voici en pleine vendange ; un mot sur la conservation
des raisins ne me paraît pas inopportun.
Pas n'est besoin de ces fruitiers coûteux avec table de
marbre, comme le recommandent certains écrivains, pour con-
server le raisin. Une simple chambre sans humidité, avec fe-
nêtre pourvue de volets pleins, pour faire l'obscurité complète
à un moment donné, et un petit poêle dans un coin pour chauf-
fer un peu quand la température menace de descendre au
dessous de zéro , c'est là le meilleur de tous les fruitiers. Quant
à l'ameublement intérieur, il est subordonné au but qu'on se
propose. Lorsqu'on veut conserver son raisin sans luxe, c'est-
à-dire sans vouloir conserver la fraîcheur de la rafle et des
grains, rien de plus simple. D'après le bulletin delà Société
impériale et centrale d'horticulture de France, l'ameublement
du fruitier d'un des plus habiles spécialistes, M. Constant
Charmeux, de Thomery, serait constitué par des sortes d'éta-
gères occupant le centre des chambres et composées chacune
de deux rangs de minces poteaux de support, avec distance
de lm 20 entre les deux lignes. Pour relier ces poteaux, des
traverses, depuis le bas jusqu'en haut, échelonnées à 60 cen-
timètres l'une de l'autre, les premières non loin du sol; sur
les traverses soit des lattes, soit de légères planches séparées
par des intervalles, et, par dessus, une mince couche de fine
paille de seigle bien sèche, ou bien de la fougère. On a ainsi
4 ou 5 grands lits superposés de lm 20 de largeur, sur lesquels
on dépose les raisins avec précaution, écartés ou non, cela ne
fait rien .
M. Constant Charmeux assure qu'aucun inconvénient ne ré-
sulte du contact des grappes. Au début de la rentrée du rai-
— 313 —
sin, l'obscurité n'est pas nécessaire ; d'après ce spécialiste,,
elle serait au contraire nuisible. Quand l'atmosphère n'est pas
humide, portes et fenêtres doivent rester ouvertes pendant
une quinzaine de jours environ, jusqu'à ce que les grains et la
raile soient bien ressuyés. C'est alors qu'on ferme hermétique-
ment, de manière qu'il n'y ait ni lumière ni courant d'air; c'est
la chose importante. A partir de ce moment, il ne reste qu'à vi-
siter la récolte à peu près tous les quinze jours, pour enlever,
avec la plus grande attention, à l'aide de ciseaux, tous les
grains plus ou moins avariés; car il faut se bien garder de
toucher à la main les grappes saines; pour cette opération, il
ne faut pas non plus ouvrir les volets ; on s'éclaire d'une lampe.
Pendant les froids, on ne doit chaufffer que très-modérément
et quand la température extérieure menace de faire des-
cendre la température intérieure au-dessous de zéro. C'est
ainsi que se conserve le beau chasselas doré de Fontainebleau,
à rafle sèche qui se vend en boîte pendant tout l'hiver.
Pour le raisin à rafle verte et à grains frais, c'est une orga-
nisation toute différente, et la cueillette doit se faire diffé-
remment.
Le fruitier dans lequel M. Constant Charmeux conserve,
chaque année, de 300 à 400 kilogrammes de chasselas et de
Frenkental est ainsi meublé.
Le long des murs, sont des planchettes avec de nombreuses
encoches, dans lesquelles est passé le goulot de petites fioles
remplies d'eau qu'une pincée de poudre de charbon de bois
empêche de se corrompre ; au-dessous de chaque planchette
à encoche est une autre planchette, sur laquelle reposent les
fioles et disposée de manière à maintenir ces fioles dans une
position oblique, pour que les grappes se trouvent suspendues
en dehors des planchettes sans toucher au mur.
La cueillette de la grappe se fait avec une portion du sarment :
un décimètre au moins au-dessous, et environ 5 centimètres
— 314 —
au -dessus du point d'attache ; on introduit aussi rapidement
que possible la portion inférieure du sarment dans la fiole, et
l'opération est faite. On laisse le fruitier ouvert pendant quelque
temps, jusqu'à ce que le grain soit bien ressuyé; puis on ferme,
et il nereste plus qu'à surveiller, pour enlever les grains altérés.
Quant à l'eau des fioles, l'évaporation et l'absorption sont si
faibles qu'il n'est pas besoin d'ajouter de l'eau ni de la re-
nouveler.
Mais une chose à observer, c'est la récolte. Le raisin pour la
conservation doit être cueilli parfaitement mûr; car une fois
séparé de la tige, ce n'est pas comme les autres fruits, il ne
parfait pas sa maturité ; il faut qu'il mûrisse entièrement sur
l'arbre .
L'effeuillage influe beaucoup sur la maturation du raisin.
Pour obtenir du chasselas doré de très-bonne heure, pour
consommation immédiate, on doit effeuiller largement aussitôt
le raisin tourné ; mais pour le raisin de conservation,, il ne
faut effeuiller que modérément et tardivement, de manière à
n'obtenir la parfaite maturité que le plus tard possible. En
tous les cas, on peut reculer la récolle jusqu'à la fin d'octobre
ou au commencement de novembre.
Veut-on savoir maintenant l'importance de la conservation
du beau chasselas doré avec la rafle verte? Dès le mois de fé-
vrier, ces chasselas sont vendus au prix de 10 et 12 francs le
kilo, aux marchands, et vers la mi-avril, ces mêmes mar-
chands n'en livrent, en cet état; pas à moins de 20 francs la
boîte d'un demi-kilo. En supposant que le producteur le
vende aux fournisseurs à raison de 10 francs, il tirerait encore
un assez joli bénéfice de sa treille, s'il en conservait seulement
100 kilos.
L. GUILLOTEAUX.
— 315 —
LA NON-TAÏLLE (1).
(Suite.)
Admettons que tout aille au mieux, c'est-à-dire que tous
les bons résultats qu'on attend de la non-taille se réalisent.
Reste la question de savoir si, en général, elle offre de l'avan-
tage ou du progrès, en d'autres termes si la non-taille méri-
terait la préférence sur la méthode ordinaire. Nous n'hésitons
pas à dire: Non ! En effet, nous avons exposé plus haut ce qu'il
faut de soins et avec quelle exactitude ils doivent être appliqués
pour atteindre son but. Ensuite il faut un savoir, une intelli-
gence et une expérience, qui manquent à la plupart des jardi-
niers et qu'ils ne posséderont peut-être jamais. Mais quelque
apte qu'on soit, il est certain que, par la non-taille, les arbres
exigent plus de soins, plus de temps et partant plus de frais.
En seront-ils plus beaux, vivront-ils plus longtemps, produi-
ront-ils des fruits meilleurs, plus beaux et plus abondants?
Nous croyons pouvoir répondre négativement à toutes ces
questions; voilà pourquoi il nous est impossible d'être parti-
san de la non-taille. Nous comprenons qu'au moyen de ce
procédé on forme des arbres égaux ou même supérieurs à
d'autres, qu'on les propose comme des modèles, des chefs-
d'œuvre, des preuves d'habileté; mais qu'on veuille faire
admettre la non-taille comme propre à être généralement
suivie, c'est là une autre question. A nos yeux le progrès con-
siste à produire plus vite, plus et mieux, avec moins de peines,
conséquemment à moins de frais, en un mot, dans la sim-
plification. La non-taille ne répond pas à ces exigences, bien
au contraire, et c'est probablement pour cela qu'elle n'a jamais
eu beaucoup de succès là où on l'a connue et essayée depuis
(1) Voir page 281.
— 31b —
longtemps , qu'elle n'a pas été pratiquée sur une grande
échelle.
Un jour, nous trouvant avec d'autres arboriculteurs, nous
nous permîmes d'émettre cette pensée, et à l'instant un par-
tisan de la non- taille nous objecta : <c Que ce n'était pas là une
raison pour ne plus tenter d'essai; que nous regardions donc
tout progrès futur comme impossible ; que cependant bien des
choses sont et existent de nos jours qu'on regardait, au siècle
passé, comme impossibles. » Il eût été inutile alors de vouloir
nous justifier sur ces points; on nous considérait, peut-être le
fait-on encore maintenant, bien que ce soit à tort, comme un
opposant inflexible, entêté, ennemi même, et cela suffisait :
aucune explication ne pouvait aider. Aujourd'hui nous disons
encore, que notre manière de voir relativement à la non-taille
s'est peu ou point modifiée. Certes, bien des choses sont main-
tenant en vogue, qui étaient inconnues au dernier siècle ; mais,
par contre, combien n'y en a-t-il pas que dans le principe on
prônait bien haut, comme si elles avaient dû surpasser tout ce
qui existait avant elles, et qui, hélas ! se sont dissipées en
amères déceptions et sont tombées d'autant plus bas qu'on
les avait d'abord trop élevées. N'en adviendrait-il pas ainsi
de la non-taille ? C'est ce que la fin démontrera .
Non , nous ne considérons aucunement tout progrès comme
impossible ; mais précisément pour y parvenir, il faut com-
mencer par faire des expériences réitérées, impartiales et dé-
nuées de toute prévention. Alors même qu'on croit avoir
réussi, on ne doit pas trop s'empresser d'abandonner ou con-
damner des procédés admis depuis longtemps ; car celui qui
se livre à des essais qu'il regarde comme de son invention, en
est plus ou moins entiché, cela est propre à la nature humaine,
et il s'imagine assez souvent avoir découvert du nouveau et
par conséquent du meilleur. Mais, encore une fois, toute nou-
veauté n'est pas une amélioration, un progrès. La mode pour
— 317 —
les vêtements, par exemple, varie tous les ans et de nos jours
c'est à peine si l'on est encore un homme comme il faut si l'on
n'en est pas plus ou moins esclave. Cependant, il y a des habits
qui ne changent guère ; ce sont ceux réellement convenables,
utiles et bons.
Il en est en quelque sorte de même en arboriculture ; seule-
ment il s'agit ici de quelque chose de plus sérieux. Néanmoins,
on a voulu y introduire aussi une sorte de mode nouvelle : la
non-taille. En France, cette vieille terre classique de l'arbori-
culture, on a tenté de suivre cette mode, il y a plus d'un demi-
siècle, et on l'a délaissée en disant : îes vieilles chansons sont
toujours les bonnes. N'est-il pas à prévoir, dès lors, qu'en
Belgique, on tiendra le même langage ? C'est à craindre. Peut
être même en est-il déjà parmi nous qui voudraient abandon-
ner, condamner la non-taille, s'ils le pouvaient décemment,
après l'avoir défendue avec tant d'énergie.
<( Mais, nous réplique-t-on, vous qui taillez si court vos
arbres, voyez quel bois stérile et sauvage ; et' si les boutons se
fonttrop longtemps attendre, vous conseillez de tourmenter,
de raccourcir, de diminuer les racines. N'est-ce pas de votre
propre faute si les arbres végètent avec tant de vigueur ? Au
lieu d'opérer sur les racines, laissez-les intactes ; et puisqu'on
ne taille pas celles-ci. n'est-il pas rationnel dès lors de laisser
aussi les branches sans les tailler? »
Voilà ce qui s'appelle supérieurement bien raisonner. Seule-
ment nous demandons quia parlé de tailler si court? Celui qui
taille trop court commet une faute grave. Mais si les arbres,
en dépit d'une taille extrêmement allongée et même malgré. la
non-taille, demeurent néanmoins stériles, qu'est-ce. qui vau-
drait mieux alors : la taille des racines combinée avec la taille
des branches, ou la non-taille seule ? Voilà la question. Si la
non-taille et la taille des racines ont chacune pour but la pro-
duction des boutons, nous donnons plutôt la préférence à la
— 318 —
taille des racines. En effet, on ne pratique celle-ci que lorsque
la forme de l'arbre est assurée , tandis ^que par la non-taille
on court le risque de ne jamais obtenir une bonne forme.
Il ne s'agit pas d'y faire intervenir la taille des racines, ni
de comparer la taille trop courte avec la taille longue, comme
on le fait d'ordinaire pour faire ainsi triompher la non-taille;
il ne s'agit pas non plus de démontrer que la non-taille est
praticable et qu'elle peut donner lieu aux meilleurs résultats :
sous ces points de vue, il n'y a pas le moindre doute. Mais ce
qui restait encore à examiner, c'était si la non -taille procurait
un avantage réel. Dans les ligues qui précèdent nous avons
exposé notre opinion à cet égard. Cependant, nous ne laisson s
pas d'expliquer la non-taille dans nos cours publics et d'e n
recommander l'essai comparatif avec la. taille raisonnée. Mais
cela ne suffit pas, nous dit-on; « on admet la non-taille et a lors
on doit la faire passer absolument, exclusivement ; ou bien on
la condamne, et alors on doit la rejeter d'una manière tout
aussi absolue. Non pas l'une et l'autre, mais l'une ou l'autre,
telle doit être votre ligne de conduite. » Plus d'une fois nous
avons cherché à démontrer qu'il est impossible d'être auss i
roidg en arboriculture. Expérimenter partout où nous le pou-
vons, contrôler les essais de nos collègues, et enfin juger sans
aucune prévention les résultats obtenus, voilà notre devoir ;
c'est ce que nous avons fait dans cet article déjà étendu .
Van Hulle,
jardinier en chef du jardiu botanique de Gand,
(A continuer.)
— 319 —
CATALOGUES D'HORTICULTURE POUR L'AUTOMNE DE 1869.
Bertiu ûls, rue St-Symphorien, Versailles. Arbres et arbustes de pleiu air et
de serre. Spécialités de Rhododendrum, Azalées, Camellia, etc. — (Etablis-
sement à céder . )
Crousse, à Nancy. Supplément pour les plantes nouvelles de serre et de plein
air.
Duilol. quai de la Mégisserie, n° 2, à Paris. Catalogue d'oignons à fleurs et
graines diverses.
Durand, à Bourg-la-Reine (Seine). Catalogue descriptif des arbres fruitiers,
arbres et arbustes d'ornement, précédé d'instructions sur la plantation,
la taille, le pincement, le "tracé et l'exécution ^des parcs et jardins. — Prix :
2 francs,
Gautreau père, à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). Catalogue ■ des meil-
leurs Rosiers.
Ciloëtle, à Buauvais (Oise). Catalogue descriptif de nouvelles variétés de
Fraisiers et autres.
Gui ilôt fils, chemin des Pins, à Lyon-Guillotière. Catalogue et prix cou-
rant des Rosiers de choix.
Ciuillot père, rue du Repos, à la Guilloti ère-Lyon. Extrait du Catalogue
général des Rosiers : supplément pour l'automne de 4 869 et le printemps de
4870. — Rosiers nouveaux obtenus dans l'établissement : Comtesse d'Oxford,
Elisa Boële, Louis van-Houtte.
Leinoine, à Nancy. Supplément au Catalogue général et plantes nouvelles
puur l'automne de 1869.
Liiddemann, 4 8, boulevard d'Italie, Paris. Catalogue de plantes de serre
chaude et deserre tempérée. Spécialité d'Orchidées, Bro néliacées, Epiphyllum,
Fougères, Palmiers, etc.
(«ranger, à Suisnes (Seine-et-Marne). Rose nouvelle : Mme Laurent.
Rouçier-Chauvière, 452, rue de la Roquette, Paris. Catalogue de Pélar-
gonium et autres plantes variées : nouveautés de 4 869.
Thibaut et Keteleêr, rue Houdan, à Sceaux (Seine). Extrait du Catalogue
général, et supplément pour les nouveautés de 1869.
Thibaut-Prudent, 3, rue de la Cossonnerie, Paris. . — Catalogue des
Oignons à fleurs, griffes et pattes .
ToJlard (Paul), quai de la Mégisserie, Catalogue d'Oignons à fl:ars; dia-
logue de graines fourragères, etc.
Verdier (Eugène) fils aîné, 3, rue Dunois, Paris. Catalogue et prix courants
des Glaïeuls et Pivoines nouvelles, Rosiers nouveaux et autres plantes.
Verschaffelt (Ambroise), Gand (Belgique). Supplément extrait du Catalogue
général, nouveautés.
rave y x
Jardin 'potager. Le potager commence à revêtir sa tenue d'hiver; mais le
Poireau, le Céleri, les Choux, la Chicorée, la Scarole et la Laitue d'hiver, etc.,
couvrent encore le terrain. Pour prolonger sa jouissance de Fraise, on place
des châssis sur les planches ; il faut songer à la plantation de nouveaux frai-
siers. Lorsqu'on craint la gelée, on arrache une partie des différents légumes,
pour les rentrer dans la serre aux légumes, ou les mettre en jauge pour les
couvrir de feuilles ou litière sèche, afin d'en avoir toujours à sa disposition.
On prépare également la couverture pour les Artichauts, Céleri, Chicorée, Sca-
role, etc., restés en place. On arrache les Choux-fleurs qui commencent à mar-
quer pour les planter dans la serre aux légumes, ou dans des tranchées sur
lesquelles on pose des châssis. A défaut de serres et châssis, on peut couper
les Choux-fleurs au-dessous de la tête, en supprimant les plus grandes feuilles,
et on les suspend avec une ficelle dans un cellier. Pour ceux dont la tête n'est
pas encore formée, il faut les couvrir pendant la gefée, et les découvrir dès que
la température est radoucie. On butte le Céleri en place ou on l'enterre profon-
dément dans du terreau pour le faire blanchir. On repique encore sur côtière :
Choux d'York, Cabus et Laitues d'hiver.
Vers la fin du mois, on commence à forcer les Asperges, soit en plaçant un
châssis, entouré de réchaud, sur une planche d'Asperges en pleine terre, soit
en plantant des griffes sur couche chaude et sous châssis. On sème encore,
sur de vieilles couches chaudes ou sur terreau et sous cloches de la Laitue
crêpe et gotte, Romaine, Choux-fleurs ; sur couche tiède, Laitue à couper,
Radis hâtifs ; on repique aussi les Salades et Choux-fleurs semés en octobre.
Jardin fruitier. Trois opérations appellent l'attention du jardinier : le défon-
cement, la plantation et la taille des arbres. Pour la plantation, il n'y a aucun
inconvénient à replanter sur l'emplacement d'un arbre mort ou épuisé,
pourvu qu'on fasse un trou plus grand qu'il ne le serait dans un terrain^neuf, et
qu'on renouvelle la terre. On ne peut lailler, dans ce mois, qu'un petit nombre
d'arbres fruitiers, ce sont les vieux sujets épuisés; les jeunes, plus vigoureux,
peuvent attendre jusqu'aux derniers jours de février.
Dès qu'on craint les gelées, on doit rassembler toutes les branches des Fi-
guiers, à l'aide de cordes, et les envelopper de litière sèche; ou bien on creuse
de petites tranchées au pied des arbres, dans lesquelles on rabat les branches
en les y maintenant avec" des crochets en bois; on les recouvre ensuite d'une
épaisseur de terre suffisante pour que la gelée ne les atteigne pas.
Jardin d'agrément . On va encore quelquefois dans son parterre jouir des
charmantes iieurs de Chrysanthèmes, et cuntempler tristement les derniers
Asters, ou chercher .^s derniers brins de Réséda. Après avoir taillé les Rosiers
de Rengale, et couvert de feuilles les plantes et arbustes qui craignent les
froids, arracher les Dahlias pour rentrer leurs tubercules dans une pièce bien
sèche et à l'abri de la gelée, séparer et planter les plantes vivaces, Tulipes,
Jacinthes et Narcisses, etc., on peut dire adieu pour longtemps au jardin
d'agrément.
Serres. Les plantes de cette température n'exigent que peu de soins pendant
ce mois ; il faut seulement arroser avec discernement ; bassiner de temps en
temps les feuilles de Camélia : veiller à maintenir la température au degré
nécessaire, en observant que la température de la nuit soit plus basse que celle
du jour; renouveler l'air toutes les fois que le temps le permet; et, enfin, entre-
tenir les planlcs dans un état parfait de propreté.
Paris.— Imprimerie horticole de E. Donnacd, rue Cassette 9.
LE NUMÉROTAGE AU PLOMB
a fait son temps !
Le plomb coûte cher, le numérotage est lent, et les numéros peu visibles (il arrive souvent
que l'on confond le 3 avec le 5).
LE NUMÉROTAGE AU ZINC
doit prévaloir!
Le zinc coûte peu, le numérotage se fait à la plume (c'est-à-dire dix fois plus vite), avec
l'Encre à écrire sur le zinc, composée par M. Dufour, chimiste-photographe à Dijon
(Côte-d'Or). Prix du flacon : 1 fr.
Cette encre n'épaissit pas, s'emploie jusqu'à la dernière goutte ; sa couleur est à peu près
celle du rhum; aussitôt son contact avec le zinc produit une écriture du plus beau noir.
Conditions convenables (c'est-à-dire sur du zinc propre) attaché à un arbre.
DURERA. PLUS DE 50 ANS !
Comme il n'y a encore que trois ans que cette encre a été inventée, on pourrait douter
l'une aussi longue durée.
Eh bien ! pour vous convaincre que la probabilité d'uue durée de 30 ans n'a rien d'exagéré,
faites l'expérience suivante qui vous démontrera jusqu'à quel point est grande son affinité
Dour le zinc.
Expérience : Prenez une lame de zinc bien propre — écrivez avec l'encre en question
— et, quelques seondes après avoir écrit — sans attendre que l'écriture soit sèche — trempez
e coin d'un chiffon dans un verre d'eau et passez sur l'écriture, opérez comme si vous vouliez
îffacer ce que vous venez d'écrire, et vous verrez si cela s'efface!...
AVIS AUX MARCHANDS.
M. Dufour, dont le genre d'affaires n'a aucun rapport avec l'exploitation d'un produit
issentiellement horticole, désirerait trouver un acquéreur pour l'exploitation en toute pro-
priété de l'Encre à écrire sur le zinc.
La fabrication est des plus faciles . Pour tous renseignements^ s'adresser à M. Dufour^ à Dijon.
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M. J. LECLAIR, horticulteur-amateur, Membre de la Société impériale et ce
ci-devant, 89, avenue d'Orléans, actuellement 45, avenue de Châtillon, Paris.
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1869.
JOURNAL DES AMATEURS ET DES INTÉRÊTS HORTICOLES
CONTENANT
LA CULTURE RAISONNER, LA DESCRIPTION ET L'HISTOIRE DES PLANTES,
ET NOTAMMENT DES ESPÈCES DE PLEINE TERRE, DES FRUITS ET DES LÉGUMES. LA DESCRIPTION
ET L'USAGE DES INSTRUMENTS NOUVEAUX,
PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS
DES AMATEURS ET DES PRINCIPAUX HORTICULTEURS DE FRANCE
SOUS LA DIRECTION DE
M. F. HERINCQ,
BÉDACTEUR EN CHEF,
ATTACHÉ AD MD6ÉCM UD1ST0IRE NATURELLE DE PARIS,
Collaborateur du Manuel dei Plantit, des figures du Bon Jardinier,
Ex-Rédacteur principal de la Société <r horticulture de la Seine ,
Membre honoraire et correspondant de plusieurs Sociétés d'horticulture, etc.
L'Horticulteur Français paraît le 5 de chaque mois, par livraison de 32 pages de texte
grand in-8. et d'une planche gravée et coloriée avec le pins grand soin.
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ment sur la poste ou sur une maison de l'aris, et au nom de M. E. DONNADD, rue Cassette, 1 .
Les Souscripteurs des départements r[ui n'enverraient pas, avec leur demande d'abonnement, un bon
sur la jmste ou sur une maison de Paris, sont avertis que nous leur ferons présenter une quit-
tance de DOUZE francs. Cette augmentation de UN frauc sert à payer les frais de négociation de
la traite qui leur est adressée.
PARIS
LIBRAIRIE DE E. DONNAUD, ÉDITEUR
RUE CASSETTE, 9.
1869
MM. les Horticulteurs sont priés défaire parvenir leurs catalogues au bureau du journal, rue Cas-
scile,*), et de communiquer tout ce qu'ils auraient d'intéressant à faire connaître par la voie du journal.
Nous mettons sur la dernière page de l'Horticulteur français, le nom des catalogues parus dans te
mois e4 dont ncas avons reçu un exemplaire.
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DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE
CONTENANT
l'histoire, la description, la figure des fruits anciens et des fruits modernes
les plus généralement connus et cultivés,
Par André LEROY,
PKP1THÉRISTE,
Chevalier de la Légion d'honneur, administrateur de la succursale de la Banque de France, ancien président
du Comice horticole d'Angers, membre des Sociétés d'horticulture de Paris, de Londres,
des États-Unis, et de plusieurs autres Sociétés agricoles et savantes de la France et de l'étranger.
2 volumes grand in-8°
Tome Ier A— C, 389 variétés.;-
Tome 2e D— Z, 526 —
Prix: broché, 1© fr. le volume,
Soit 20 francs pour l'exemplaire complet.
L'.ouvrage est terminé.
SOMMAIRE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE NUMÉRO.
F, Herinco, Chronique. — 0. Lescuyer, Lespedeza bicolor (PF. XI). — Eue de
Martragny, Les Palmiers rustiques pour plein air et serre froide. — Louis Con-
perat. Le Chou-fleur roussi de Chambourcy. —Victor Chatel, Culture du Choux.
— Van-Hulle, Kon-taille (lin). — Henri Beurier, Victoire do Lyon (Pelargo-
nium nouveau a fleurs doubles). — Ern. Boyard, Plantes nouvelles. — X... Cata-
logues d'horticulture pour 1869-70. — X... Travaux du mois de décembre.
CHRONIQUE
Concours ouvert par la Société impériale et centrale de France, pour les appa-
reils de chauffage- conditions d'admission; le thermosiphon est seul admis;
deux catégories; pourquoi? Procédé ingénieux pour reconnaître le meilleur
appareil; les baignoires et les membres du Comité des arts et industries;
critiques de MM. Forney, Burelet Rivière; singulière réponse du rapporteur;
noire opinion ; un mot sur les expériences de 1867. Les étiquettes Forney.
Encore le non-arrosement des Fraisiers. Les poux des Orangers du Luxem-
bourg et M. Forest. La maladie nouvelle delà Vigne; remède; action de
l'acide carbolique sur le Phylloxéra. Les merveilleux produits tirés de la
houille : la criocère et le naphtal. Les Pêches de Montreuil à.Constanti-
nople, par M. Lepère : résultats présumés. Exposition de Saint-Péters-
bourg d'après les comptes rendus divers; fine fleur de Pois belge et fleur
ordinaire de Haricots sans parchemin français.
Après une longue et assez vive discussion, le programme
d'un concours pour les appareils de chauffage a été enfin ar-
rêté parla. Société impériale et centrale d'horticulture de France.
Les conditions en sont réglées en 1 0 articles.
Le thermosiphon est seul admis à ce concours. Ce qui n'im-
plique nullement que la Société d'horticulture de Paris place
cet appareil au-dessus de tous les autres 'systèmes de chauf-
fage ; c'est tout simplement pour établir le concours dans des
conditions aussi analogues que possible, et elle a choisi cet ap-
pareil, parce que c'est le système le plus généralement adopté,
celui dont les horticulteurs déclarent être les plus satisfaits.
Naturellement, par ce temps d'internationalité qui court tous
Novembre 1869. 21
— 322 —
les constructeurs français et étrangers sont appelés à y prendre
part.
Ce concours — dit le programme — a pour objet de recher-
cher, par des expériences — aussi concluantes que possibles —
quelleest la forme, ou genre d'appareil qui chauffe le plus éco-
nomiquement, le plus régulièrement, le plus longtemps et le
plus rapidement, une quantité d'eau déterminée.
Pour obtenir ce résultat, la commission a cru devoir établir
deux catégories : une pour les appareils de chauffage des
grands établissements , et une destinée aux appareils de chauf-
fage des serres de petites dimensions.
Je ne saisis pas très-bien la nécessité de ces deux catégories,
si ce n'est qu'on favorisera quelques hauts et puissants fabri-
cants qui construiront de grands appareils impossibles contre
lesquels les petits constructeurs ne pourront pas lutter. Quand
on veut apprécier et juger la valeur de plusieurs systèmes de
chauffage, ce n'est pas en établissant des catégories de ce genre.
Peu importe une grande ou une petite pièce à chauffer; c'est
affaire de dimension de la chaudière, et de quantité de tuyaux
à poser. Ce qu'il fallait déterminer pour arriver à connaître
quel est le système ou forme de chaudière — puisque le sys-
tème est dans la forme du récipient — qui chauffe le plus rapi-
dement et le plus économiquement, c'était la capacité de la
chaudière ; il fallait dire ce les chaudières seront de même gran-
deur, c'est-à-dire qu'elles devront contenir la même quantité
d'eau. )) MM. les membres du Comité industriel n'ont pas par-
faitement compris, ce me semble, qu'en cette circonstance il
faut qu'il y ait égalée d'eau devant le feu.
Pour pouvoir apprécier — par l'expérience — le mérite de
ces appareils, l'art. 4 porte encore : ce Les concurrents seront
pourvus, à leurs frais, d'un réservoir couvert en métal uniforme
et d'une même capacité pour chaque ordre d'expériences ; ces
réservoirs seront mis en communication avec les chaudières
— 323 —
par des tuyaux d'égal diamètre et d'égale hauteur. Pour les
grands chauffages, les réservoirs auront une capacité de
5,000 litres, les tuyaux d'aller et retour 0m 10 de diamètre in-
térieur; ceux-ci auront 20 mètres de longueur.
ce Pour les petits chauffages, les réservoirs auront une capa-
cité de 1 ,,000 litres, les tuyaux d'aller et retour 0m 03 de dia-
mètre intérieur; ceux-ci auront 10 mètres de longueur. Dans
les deux cas', les tuyaux seront en fonte et de même prove-
nance; leur disposition, déterminée par la commission d'or-
ganisation, sera la même pour tous les appareils de la même
catégorie. )) '
Le procédé proposé pour constater la supérioriié des appa-
reils est excessivement ingénieux. Une fois les réservoirs rem-
plis d'une égale quantité d'eau, on allumera les feux au même
moment, et alors les membres du Comité des arts et de l'in-
dustrie se plongeront chacun dans un réservoir, comme dans
une baignoire; ils y resteront aussi longtemps qu'ils pourront
supporter la température de l'eau, et le premier qui criera :
« C'est trop chaud, je ne peux plus y tenir ! » établira la supé-
riorité de l'appareil de sa baignoire ; le constructeur sera pro-
clamé premier lauréat, et il recevra une médaille de... Je me
trompe, pardon, chers lecteurs. En relisant le programme
pour trouver la valeur des récompenses, je m'aperçois que je
n'ai pas rendu exactement le fond de l'art. 8. Ce n'est pas un
membre du Comité des arts et de l'industrie qui sera plongé dans
la baignoire ; c'est un simple thermomètre qu'on plongera a de
demi-heure en demi -heure )), et cela pendant un jour et une
nuit : mais c'est, comme on voit, tout aussi ingénieux; car on
arrivera au même degré d'inexactitude. M. Forney l'a par-
faitement fait remarquer, du reste, dans la longue discussion
qui a suivi la lecture de ce programme à la séance du 23 sep-
tembre dernier, présidée par M. Cottu. Cet honorable
membre a rappelé les difficultés qu'éprouvent les physiciens
— 324 —
pour constater exactement le degré de la chaleur dégagée dans
certains phénomènes physiques, et il a cité les expériences de
M. Baudrimont faites en vue de déterminer la température du
sang, ce M. Joly, le rapporteur de la Commission de l'industrie,
a bien reconnu qu'il existe de grandes difficultés dans la
constatation rigoureusement exacte des températures pro-
duites pendant certains phénomènes physiques, )) mais bah!
a-t-il dit, dans un concours de chauffage, on n'y regarde pas
d'aussi près ; et M. le président Cottu ne se dissimule pas que
l'application de ce système « pourra bien rencontrer en effet
des difficultés sérieuses. » Aussi, en dehors des membres du
Comité des arts et de l'industrie, personne ne prend pas plus
que nous ce concours au sérieux; c'est une parfaite plaisante-
rie, et nous la traitons comme telle. Les horticulteurs ne veu-
lent pas s'en rapporter aux baignores, et ils n'ont pas tort,
ce Dans la pratique horticole où le thermosiphon est générale-
ment employé, on chauffe des tuyaux, a dit M. Burrel, et non
des cuves; or les conditions de la circulation de l'eau sont fort
dissemblables dans l'un et l'autre cas; en outre les courbures
de ces tuyaux et la diversité des circonstances de leur installa-
tion font naître de grandes difficultés pratiques qu'on a tort
de supprimer dans le concours proposé. Le chauffeur, ajouta-
t-il, qui chauffera facilement une cuve ne chauffera peut-être
pas aussi facilement une serre. Il s'ensuit, pense-t-il, que le
concours institué comme il l'est pourrait ne pas donner des
résultats exactement applicables à la pratique, et ne pas ap-
prendre aux horticulteurs ce qu'ils désirent savoir. »
C'est aussi l'avis de M. Rivière, du Luxembourg. Dans le
premier projet de concours, dont il avait pris l'initiative, et
qui avait été rédigé par des horticulteurs, il s'agissait d'expé-
rimenter avec des tuyaux et non avec une cuve pleine de li-
quide. « Le système adopté parla Commission et ensuite par
le Conseil d'administration, fera naître, dit-il, de nombreuses
— 325 —
difficultés, » et nous, nous ajouterons qu'il ne décidera rien
dans l'esprit des praticiens; car, dans l'espèce, il ne s'agit pas
de décider, comme le prétend M. le président Cottu, quel est le
générateur qui produit le plus de chaleur ; — ceci, nous le ré-
pétons, est affaire decapacité; — ce que les horticulteurs veu-
lent connaître, c'est la forme ou le genre de thermosiphon qui
fournit le plus économiquement et qui maintient ensuite le
plus longtemps la chaleur aux serres. On ne peut donc juger
qu'avec les appareils entiers, montés comme ils doivent l'être
dans une serre, ainsi qu'ils l'étaient à l'Exposition universelle
de 1867, où des expériences ont été faites, et pour lesquelles
aucun rapport n'a été fait. Est-ce parce que les résultats n'ont
pas été favorables à M. tel ou tel? Nous aimons à croire que
c'est pour un tout autre motif que le rapport est retenu dans
les cartons, en compagnie de plusieurs autres... Mais passons.
— Une autre question pour le moins aussi difficile à ré-
soudre que celle des appareils de chauffage, est celle-ci : Quel
est le meilleur système d'étiquetage? En a-t-on fait de toutes
les manières et avec toutes sortes de matières ! Eh bien ! au-
cune, jusqu'à ce jour, ne remplit les conditions voulues.
M. Forney, déjà nommé, s'est fait le parrain d'étiquettes inal-
térables sur verre, mais qui, au dire du Comité industriel —
aussi déjà nommé — de la Société d'horticulture de Paris, ne
seraient pas aussi inaltérables que l'annonce l'inventeur. Les
intelligents membres de ce Comité ont tenu dans l'eau, pen-
dant 24 heures, les étiquettes susdites, et, en les retirant,
disent-ils, un simple coup de pouce a suffi pour enlever les
caractères non inaltérables qu'on y avait tracés. A cela M. For-
ney répond : Mais, Messieurs, vous êtes vraiment bien bons de
croire que mes étiquettes sont faites pour vivre dans l'eau
comme des poissons; je les propose pour vivre seulement à
l'air, en votre aimable et spirituelle compagnie. » Ces étiquettes
consistent en lames de verre ordinaire sur lesquelles, d'après le
— 326 —
procédé imaginé par M. Kuhlmann, on étend une couche de
silicate de potasse, autrement dit du verre fusible. Quand
cette couche est sèche, on écrit par-dessus avec la pierre noire
de charpentier, et on recouvre ensuite l'écriture avec une
autre couche de silicate qui forme un revêtement inaltérable.
Placées sur les toits, comme je lefais depuis deux ans, elles ne
subissent aucune altération; il est bien certain que si vous les
mettez dans l'eau, vous pourrez enlever l'écriture, mais si
vous les attachez sur des arbres, vous les casserez seulement
avec une extrême facilité !... » — Ce n'est pas encore ce genre
d'étiquette — je le vois — qui fera le bonheur des amateurs
de collections étiquetées.
— Encore le non-arrosement des Fraisiers ; M. Gauthier,
R. R. y tient. Mais M. Louesse assure qu'il a beaucoup arrosé
les siens cette année, et qu'il en a obtenu de magnifiques pro-
duits. M. Gauthier répond que, dans son jardin, ce les Fraisiers
qui n'ont pas été arrosés sont en ce moment — 26 août —
tout fanés (et je n'ai pas de peine à le croire) ; mais que la pre-
mière pluie leur rendra toute leur fraîcheur ! )> Sublime, ce
M. Gauthier R.R., et les fruits, à quelle époque la pluie lui
en enverra-t-elle ? — Autre sublimité.
— Au sujet d'une communication de M. Rivière à la Société
impériale et centrale d'horticulture, concernant les Orangers
et Lauriers roses du Luxembourg, qui sont tout couverts de
poux ou coccus, M. Forest recommande, comme procédé cu-
ratif, de faire immerger ces végétaux dans de l'eau limpide
pendant tout l'hiver; au printemps suivant, dit-il, ils seront ra-
dicalement guéris. — Je le crois qu'ils seront guéris, et radica-
lement encore. Mais où pourrait-on tenir les Orangers du
Luxembourg sous l'eau pendant tout l'hiver? M. Forest ne fait
cependant pas parti du Couiité des arts et industries!... Voici
plus sérieux :
— La maladie de la Vigne continue ses ravages. Il n'est
__ 327 —
plus possible de douter, c'est bien un petit puceron microsco-
pique, le Phylloxéra vastatrix de Planohon, qui, en attaquant
les racines de la Vigne, cause tout le mal. Il paraîtrait, d'après
M. Hortolès, horticulteur à Montpellier, qu'on est sur la piste
d'un remède très-actif et non moins efficace. Un habitant de
Sorgues (Vaucluse), M. Henri Leenhardt, aurait découvert que
l'acide carbolique fait périr ce cruel Phylloxéra. Cet acide
catholique, qu'il ne faut pas confondre avec l'acide carbo-
nique, est de l'acide phénique impur, qui ne coûte que 1 fr.
50 c. le kilogramme. Son action étant très-énergique, onn'en
met que 0.5 à 1 pour 100 dans de l'eau. En répandant environ
10 litres de cette eau carbolisée, en deux fois, au pied de
chaque ceps, après un léger binage, ce liquide arrive jusqu'aux
racines, fait périr le terrible puceron, et la Vigne est sauvée !
Amen !
Quelle précieuse chose tout de môme que le charbon de
terre! car c'est à lui que nous devons Yacide phénique pur et
impur, qui guérit tous les maux et tue tous les animaux nui-
sibles à l'horticulture. C'est vraiment la pierre philosophale
que cette affreuse pierre noire. Épurée par un procédé inconnu
à l'homme, elle devient diamant. A l'état brut, elle chauffe nos
serres; fondue elle produit le goudron avec lequel nous cica-
trisons les plaies de nos arbres, et un gaz qui éclaire bien
autrement que la chandelle de la Lanterne Rochefort ; distillée
elle donne d'abord la puante benzine Collas; puis redistillce, on
en tire une foule de précieux liquides qui exhalent les odeurs des
plus suaves : essences de roses et de violettes; essence d'amande
amère qui sert aux pâtissiers à parfumer les frangipanes, et le
fameux flanc, si cher aux gavroches parisiens; combinée à des
réactifs chimiques, elle procure des cristaux de toutes sortes qui
fournissent à l'industrie teinturière toutes les couleurs pos-
sibles : rouges, bleues, violets, jaunes; c'est delà qu'est sortie
la fameuse couleur Bismark. Que sais-je? mille autres pro-
— 328 —
duits encore, et tous aussi précieux. Le naphtal, par exemple,
avec lequel M. Trouillet guérit les Asperges malades par l'en-
vahissement d'un insecte, la criocère; il projette cette poudre
avec un soufflet, et aussitôt le mal disparaît; c'est lui qui l'a
dit à la Société impériale d'horticulture, à l'une des dernières
séances.
Ne mérite-t-il pas qu'on lui élève une statue ? le charbon
de terre, bien entendu, et non M. Trouillet. Cet habile arbo-
riculteur a, certes, déjà bien pincé et repincé la Vigne, mais
pas encore assez, cependant, pour espérer un tel honneur au
milieu de la place de Montreuil, sa patrie; il est des habitants
de ce pays qui doivent passer avant lui. M. Alexis Lepère,
par exemple, dont le dévouement aux Pêchers, et son désin-
téressement à l'arboriculture lui ont déjà valu la croix de la
Légion d'honneur et celle de l'ordre de Léopold, roi des Belges.
Véritable ami du progrès horticole, M. Lepère n'est jamais sa-
tisfait des résultats qu'il obtient. Dès qu'il a obtenu une chose,
il marche à la recherche d'une autre. Ainsi, après avoir ac-
quis la certitude que les Pèches de Montreuil peuvent être ex-
pédiées à Bruxelles sans éprouver d'avaries, il a voulu savoir
comment elles seraient reçues par le Grand Turc et s'il ne serait
pas possible d'obtenir un nouveau débouché pour ce produit des
murs du pays qui l'a vu naître. Dans le dernier bulletin des
séances de la Société impériale et centrale de France, cette in-
téressante tentative est formulée en ces termes, à la page 535.
€ M. Lepère dit qu'il vient de faire un essai dont il indiquera
le résultat à la Société lorsqu'il le connaîtra : il vient d'expé-
dier des Pèches à Constantinople pour S. M. le Sultan. Ce sont
les plus belles de toute sa récolte de l'année. Le voyage de
Paris à Constantinople durera 14 jours; aussi toutes les pré-
cautions possibles ont-elles été prises afin de faire supporter
une pareille épreuve à ces fruits dont tout le monde sait que
la conservation offre les plus grandes difficultés. n> Je fais des
— 329 — »
vœux pour le succès de cette tentative dont le but est tout
d'intérêt général. Mais je crains que le Grand Turc — car ces
Orientaux sont si vaniteux ! — prenne cet envoi comme un
hommage de haute et profonde considération de l'expéditeur
pour lui, et qu'alors, — sans faire connaître l'état des Pèches
à leur arrivée sur les bords du Bosphore — il ne lui en té-
moigne tout simplement sa reconnaissance à la manière des
souverains étrangers. Ce serait de sa part méconnaître l'esprit
de modestie et de simplicité qui anime depuis quelques an-
nées tous nos confrères en général, et même en particulier.
— Du Bosphore à Saint-Pétersbourg il n'y a qu'un pas ; nous
n'avons qu'à passer le Prout, et nous sommes sur les domaines
du czar, où s'est tenue l'Exposition d'horticulture de Russie,
sur le compte de laquelle il pleut, de tous côtés, les rapports
les plus élogieux.
« Toutes les nations, — dit M. le docteur Pigeaux, un des
délégués de la Société d'horticulture de Paris, — depuis la
Grande-Bretagne et la France jusqu'à la Grèce et la Perse, ont
apporté le tribut de leur flore spéciale et exotique; mais on a
vu briller d'un éclat incomparable deux nations secondaires
par la force numérique de leur population, mais grandes entre
toutes par la virilité de leurs libres institutions ! La Belgique et
la Hollande avaient délégué à l'Exposition de Saint-Péters-
bourg leur fine fleur de Pois, quand la France était à peine re-
présentée par cinq ou six de ses enfants » qui n'étaient, parait-
il, <[iie des fleurs très-ordinaires de Haricots sans parchemin;
car au dire du "spirituel rapporteur de la Société de Paris, ils
n'avaient point dé lettres de délégation du ministre de l'agri-
culture de France, ce qui fait qu'ils n'ont pas été reconnus et
décorés comme fines fleurs de Pois. F. Herlncq.
P. S. Le Nouveau jardinier illustré pour 1870 est paru.
— 330 —
LESPEDEZA BICOLOR (Pl. XI.)
Le genre Lespedeza a été créé par Claude Richard dans la
Flore de F Amérique boréale de Michaux, pour des plantes de la
famille des légumineuses, qui, à cette époque, n'avaient de re-
présentants que dans le nouveau monde. Depuis, on en a
trouvé des espèces dans l'Asie, mais dans cette partie extrême
de l'Asie qui n'est séparée de l'Amérique du nord que par le
détroit de Bérhing. C'est en effet dans la Sibérie, la Mantchourie,
le nord du Japon, par conséquent sous la même latitude qu'en
Amérique, au delà du 40e degré de latitude, qu'on retrouve
les Lespedeza asiatiques; toutes ces plantes pourraient donc
supporter le climat de toute la France, dont le territoire s'étend,
comme on sait, du 42e au 51e degré de latitude septentrionale.
Malgré leur rusticité sibérienne, on ne voit point, ou très-peu,
de Lespedeza dans les jardins d'Europe, et pourtant on en compte
une trentaine d'espèces, la plupart très-élégantes et très-or-
nementales.
Le Lespedeza bicolor, que nous figurons planche XL, est ori-
ginaire de la Mantchourie, et de la partie qui se trouve arrosée
par les fleuves Amour et Ussuri; c'est le degré de latitude du
nord de la France. Il n'est donc pas étonnant de le voir pros-
pérer sous le climat de Paris, où il mûrit même ses graines. On
en doit la découverte à M. Maximowitz, qui l'a introduit en
Russie en 1840.
En France nous ne le connaissons, comme nous l'avons déjà
dit, qu'à Segrez ; ce n'est que depuis un an ou deux qu'on le
trouve exceptionnellement cité dans les catalogues de quel-
ques horticulteurs, et M. Linden, qui établit dans son ca-
talogue pour 1869 une section de ce plantes du Japon , de la
Mandchourie et de la Sibérie,» n'en fait aucune mention; c'est
ce qui nous a décidé à en donner le portrait M).
(\) On s'étonnera peut-être que nous parlions à chaque instant de Segrez, et
— 331 —
Ce joli arbrisseau s'élève à plus de 2 mètres, et ses nom-
breuses tiges effilées forment des larges touffes qui simulent la
gerbe des feux d'artifices; elles émettent une multitude de pe-
tites brindilles effilées, flexueuses, terminées par de ravissantes
et légères panicules de fleurs rouge plus ou moins foncé, de la
grandeur et de la forme de celles de l'Indigofera décora. Notre
dessin ne représente qu'une faible portion de panicule.
C'est, nous le répétons, une plante très-rustique, qui pousse
très-vigoureusement dans les terrains légers, sableux et pro-
fonds. Une belle grosse touffe jetée sur une pelouse n'y serait
pas déplacée ; elle produirait un magnifique effet.
0. Lescuyer.
LES PALMIERS RUSTIQUES,
pour plein air et serre froide.
Dans l'article sur le Palmier de la Chine, publié dans le der-
nier numéro de l'Horticulteur français, nous émettions un
doute sur la rusticité d'un Palmier de Montivilliers (Seine-
Inférieure), qui a passé l'hiver de 18G8 sans abri^ et qui, au
commencement du mois de février, était aussi vert et aussi
frais qu'avant les gelées. Nous ajoutions que cette assertion
avait besoin d'une nouvelle confirmation, parce que, en gé-
néral, ce n'est qu'au printemps qu'on s'aperçoit des dégâts
-des collections qui s'y trouvent réunies. Si nous en parlons si souvent, c'est
que son propriétaire a mis toutes ses collections à notre disposition, ei que
nous pouvons étudier là des nouveautés et des introductions sérieuses introu-
vables dans le commerce français; ce Lespedeza bicolor en est une nouvelle
preuve. Segrez, en effet, grâce à notre excellent ami M. Alphonse Lavallée,
est devenu en quelque sorte l'école, lejardind'expérieaces de Y Horticulteur fran-
çais; il serait difficile de n'en point parler, quand nous trouvons si souvent
des choses précieuses à signaler, ou que nous y observons des faits qui inté-
ressent la science horticole. *
F. Herincq.
— 332 —
causés sur les végétaux deuii-rustiques, comme le Palmier de
Chine. Dans l'intérêt de la science, M. Hauguel et non Hauguet
— comme il a été imprimé par erreur — a adressé à notre
rédacteur en chef une lettre confirmalive, que nous sommes
heureux de reproduire; elle lève les doutes qui s'étaient
emparés de notre esprit à la vue de tant de pauvres victimes
des frimais parisiens. Si mon doute a pu blesser la suscepti-
bilité de notre honorable correspondant, je le regrette ; car il
n'a jamais entré dans ma pensée de mettre en suspicion son
honorabilité. Seulement, comme il avait constaté le fait au
commencement de février, je craignais qu'il se soit hâté trop,
en établissant, à cette époque, la rusticité de son Palmier.
M. Hauguel confirme le fait; je le proclame à mon tour, et,
pour lui-prouver que j'ai la plus grande confiance en lui, je le
proclame sans faire le petit voyage qu'il me propose ; j'aime
beaucoup voyager, — je ne fais que cela — mais par le beau
temps.
Voici sa lettre :
Monsieur Herincq}
En lisant la notice historique sur le Palmier de la Chine dansl5 Horti-
culteur français, n° de ce mois, M. de Martragny demande une nouvelle
confirmation de la rusticité de ce « Chamœrops planté à Montivilliers.
J'aurais voulu répondre directement à M. de Martragny, qui a oublié
de mettre son adresse, pour l'inviter à venir me faire une petite visite
dans le beau milieu dé l'hiver, car il peut douter que je le couvre.
La, en second saint Thomas, il pourra voir le ressuscité, qu'il croit
mort, et le palper, s'il craint une illusion d'optique. Il pourra alors
établir lui-même le degré de rusticité de ce Palmier qui a eu le cœur
couvert de neige en 1868, et encore cette année. Au nom de la science,
je pense que M. de Martragny ne manquera pas de faire ce petit voyage,
et de tranquilliser les lecteurs de l'Horticulteur français, au milieu
desquels il a jeté l'épouvante.
Dans l'espoir, Monsieur, que vous donnerez place à cette lettre dans
votre journal, recevez à l'avance mes remercîments.
Paul Hauguel,
jardinier chez Mme veuve Léon Dénouette.
— 33:i —
11 est donc bien établi que le Chamœrops Fortunei ou sinen-
sts — car c'est évidemment l'espèce ou la variété de la Chine,
et, non celle du Japon qui est le Chamœrops excelsa, — il est
donc bien établi, dis-je, que le Palmier de Montivilliers a par-
faitement résisté à l'hiver de 1868. Mais quel a été le degré
de froid qu'il a supporté durant cet hiver? Certes je n'en veux
pas à cet intéressant Palmier — je n'ai aucune raison de lui en
vouloir, et si j'insiste, on ne peut pas m'accuser d'agir par es-
prit de parti ou par jalousie. — J'insiste, parce que je serais
désolé de voir des amateurs du nord et du centre de la France
confiants en ce fait, aventurer, sans abri, de beaux Chamaerops
qu'ils auraient élevés à la brochette pendant 7 ou 8 ans, et qui
les perdraient tout à coup, par suite de cet excès de confiance.
Car enfin cette espèce de Palmier peut parfaitement supporter
le climat de Montivilliers, et souffrir sous un autre. Monti-
villiers, si je ne me trompe, n'est pas très-loin d'Ocleviile,
situé sur les bords de la mer, — 6 à 7 kilomètres les séparent.
— Or, ne pourrait-on pas admettre l'influence du climat mari-
time sur le Palmier de M. Haugucl? Il serait très-intéressant
d'étudier cette question; nous la recommandons à M. Hau-
guel; il pourrait essayer la culture, dans les mêmes condi-
tions, du Camellia, du Thé, du Fuchsia, des Rhododendruin,
du Sikkim, qui résistent et fleurissent parfaitement comme on
sait à Cherbourg. L'Horticulteur français se fera un devoir
d'enregistrer toutes les observations que M. Hauguel pourrait
avoir à faire connaître sur cette intéressante question.
Et puisque je suis revenu sur les Palmiers, profitons-en pour
donner les noms de quelques espèces, qui jouissent, d'après
M. Linden, d'une certaine rusticité pour vivre en serres
froides, et par conséquent dans les jardins d'hiver.
Nous ajouterons à ces Palmiers, les Cycadés qui jouent le
même rôle.
— 334 —
Areca Baueri ou Seaforthia
robusta.
— sapida.
Brahea dulcis.
Cha-maerops arborea,
— excelsa vera.
— Fortuneiousinensis.
— Ghiesbreghtii.
— tomentosa.
.Cocos australis.
— campestiïs.
— cbilensis ou Jubœa
speclabilis etMolinia
cbilensis.
Corypha australis.
Latania borbonica.
Phœnix dactylifera.
— bumilis.
— leonensis.
— pumila.
— reclinata.
— tenuis.
Rhapis flabelliformis.
Sabal Adansoni.
— Mocini.
Saribus olivaeformis.
Seaforthia elegans.
Thrinax Martii.
— parviflora.
— tunicata.
Cycas revoluta.
Zamia Baraquini .
— cycadaïfolia.
— Ghellincki.
— Ghiesbreghtii.
— Lehmanni.
— Mackensi.
— ■ Miqueliana.
— vernicosa.
— villosa.
— Caffra.
— lanuginosa,
— pungens.
EUG. DE MARTRAGNY.
LE CHOU-FLEUR ROUSSI DE CHAMBOURCY.
Chambourcy est un petit village de Seine-et-Oise, qui est à
peu près inconnu du reste de la France. Et pourtant, il jouit
d'une certaine célébrité sur les marchés aux légumes, par les
beaux et excellents Choux-fleurs que produit son sol.
Depuis longtemps je connaissais la renommée des Choux-
fleurs de Chambourcy; j'ai voulu voir cette culture, et je suis
encore tout ébloui de ce que j'ai vu.
- 335 —
Chambourcy est situé à 2 kilomètres sud-ouest de Saint-Ger-
main-en-Laye. La plaine aux Choux-fleurs touche à la forêt à
l'est et se trouve garantie des grands vents de l'ouest par une
petite montagne.
Chambourcy et Egremont, — autre village voisin — culti-
vent annuellement deux millions environ de pieds de Choux-
fleurs, et en tirent un revenu qui approche de 400,000 fr. Au
mois de septembre dernier, 80 hectares étaient couverts de
Choux-fleurs. Les plus forts cultivateurs en font de -40 à 50
mille pieds par an ; mais le plus grand nombre n'en produi-
sent que de 20 à 25 mille. Les beaux Choux-fleurs se
vendent, à la halle de Paris, 50 francs le cent, soit 50 centimes
chaque ; les prix moyens s'ont de 30 et 40 fr. le cent.
La terre à Choux-fleurs de Chambourcy est une terre forte,
meuble, mais non argileuse ni compacte ; elle est douce au
toucher et se divise facilement. Elle conserve sa fraîcheur en
été, par la simple opération de binages, qui sont donnés plu-
sieurs fois dans le courant de la saison. Le sous-sol, à 2 mètres
de profondeur, est de la glaise; une nappe d'eau est à 25 ou
30 mètres.
Le résultat merveilleux qu'obtiennent les cultivateurs de
ces localités ne tient pas uniquement à ia nature du sol, il est
dû en grande partie — selon moi — aux choix des variétés ;
car, avec une culture bien entendue, il est bien certain que les
cultivateurs de Chambourcy n'obtiendraient pas des tètes de
Choux-fleurs de 30 centimètres dé diamètre, s'ils cultivaient
le Chou-fleur tendre ou le nain hâtif d'Erfurt, ou bien
encore les durs de Stadlhold, ou de Walcheren. Le Chou-
fleur de Chambourcy est une variété spéciale au pays, et dont
la graine ne se trouve pas encore, paraît-il, dans le commerce.
Ceci paraîtra extraordinaire, et c'est pourtant ainsi. Cette va-
riété est un gain obtenu par un maraîcher de Puteaux,
M. Chabernier, qui en conserve la propriété, en ne livrant pas
— 336 —
la graine; il vend seulement le plant pour Choux-fleurs d'au
tomne, et n'en livrerait, pour printemps, à aucun prix : car
alors, on en laisserait monter à graines, et il cesserait d'en
avoir le monopole, ce à quoi il tient pour se faire un assez joli
revenu. Tous les ans il en sème de 12 à 15 cent mille pieds,
qu'il vend aux cultivateurs, et notamment à ceux de Cham-
bourcy, à raison de 2 francs le cent. On nomme cette variété
— dans ce dernier pays — Chou- fleur roussi, parce que l'ex-
trémité des feuilles du centre noircit, ou plutôt est comme
grillée, quand la pomme commence à se former; on dirait un
effet de coup de soleil, mais ce phénomène se produit aussi bien
par un temps sombre que par un ciel clair.
Le Chou-fleur roussi est une variété à pomme très-dure et qui
monte très -difficile ment; il est de 8 à 10 jours plus tardif que
le Chou-fleur Lenormand pied court. Les feuilles ont 70 centim.
de longueur sur 40 de largeur, arrondies au sommet ; elles
sont d' un vert blond, et celles du centre ressemblent à celles du
Chou d'York. Ces feuilles sont moins étalées que dans le Chou-
fleur Lenormand; l'ensemble couvre une surface de lm 20 de
diamètre : 4 ou 5 feuilles centrales recouvrent la pomme
complètement; ce qui est avantageux, caria pomme est quel-
quefois grosse comme la tète d'un enfant et qu'on ne la voit pas
encore, de sorte qu'elle est blanche comme de la neige, sans
exiger beaucoup de temps pour la couvrir. Le pied est très-
court. La pomme, à sa maturité, mesure de 80 centim. à un
mètre de circonférence. C'est certainement une des meilleures
variétés connues jusqu'à ce jour.
En arrivant dans la plaine de Chambourcy, j'ai vu des
plantations de Choux-fleurs Lemaitre en rangs alternes avec le
Lenormand pied. court; ces deux variétés donnent une belle
pomme, mais d'un tiers moins grosse que celle du Choii'fleur
roussi. Et pourtant le Lenormand pied court est une très-bonne
variété; sur M variétés que j'ai semées cette annéeet cultivées
— 337 —
toutes dans les mêmes conditions, c'est lui qui m'a donné le
meilleur résultat; son grand défaut est de ne pas couvrir sa
pomme. On cultive aussi à Chambourcy les Choux- fleurs demi-
dur et le dur de Paris ; mais toutes ces variétés ne valent pas
le Roussi.
Il n'est pas étonnant de voir des champs qui portent des
Choux-fleurs tous les ans depuis 15 à 20 ans, et, bien que la loi
des assolements ne soit pas observée, le rapport en est
toujours très-beau. Mais ceci se comprend facilement. Les
Choux-fleurs ne restent que trois mois sur cette terre, du com-
mencement de juillet à la première quinzaine d'octobre;
après quoi on fume et laboure, et le sol se repose tout l'hi-
ver et le printemps ; dans le commencement du beau temps,
on donne un ou deux bons binages à la charrue pour
ameublir la terre et détruire les mauvaises herbes. Quel-
ques cultivateurs font une récolte de Pommes de terre qua-
rantaines avant la plantation de Choux-fleurs; mais ils sont
assurés de n'avoir que des produits relativement infé-
rieurs; j'en ai vu aussi qui avaient semé des Epinards entre
chaque rang de Choux- fleurs; ici encore les produits n'étaient
pas les plus beaux. J'en ai tiré cette conclusion : que le Chou-
fleur ne donne de belles grosses pommes qu'autant qu'on le
laisse absolument maître du sol : il ne veut ni partage, ni as-
sociation !
La grande plantation de Choux-fleurs à Chambourcy a lieu
dans tout le courant de juillet; on plante au plantoir à un
mètre en tous sens, pour le gros roussi. Pour les autres varié-
tés, la distance à observer est de 70 à 80 centimètres. Il va sans
dire qu'on donne un bon labour à la charrue avant la planta-
tion. Ces Choux-fleurs ne sont arrosés qu'une fois, aussitôt
après la plantation pour aider à la reprise, mais on donne plu-
sieurs binages qui, en détruisant les herbes, entretiennent une
douce fraîcheur du sol. Si les cultivateurs de Chambourcy fai-
Novembre 1869. 22
— 338 —
saient leurs plants eux-mêmes, ils pourraient s'épargner la
peine d'arroser en plantant, en choisissant un temps pluvieux
pour cette opération ; mais comme ils achètent ce plant à un
seul producteur, ils sont obligés de planter tous en même
temps, à une époque désignée parle vendeur et qui paraît le
mieux convenir à ses intérêts .
Une chose en apparence très-simple, mais très-importante
à observer dans cette culture, c'est la manière de couvrir les
pommes au moment de leur formation. Si l'opération est mal
faite, la pomme peut perdre un quart de son volume. Pour la
faire fructueusement, il faut prendre les feuilles inférieures, —
qu'on détache de la tige — et qu'on applique sur la
pomme avec la précaution de ne pas casser les feuilles de l'in-
térieur. Bon nombre de jardiniers ont l'habitude de couvrir la
pomme de leurs Choux-fleurs avec ces feuilles du cœur ; c'est
un tort; il en résulte une sorte de mutilation qui nuit considé-
rablement au développement de la pomme; car ces feuilles
sont les seules qui sont en vigueur, et en les cassant, on» arrête
la végétation, ou tout au moins on entrave le mouvement sé-
veux vers le cœur, et la pomme, ne recevant pas une abondante
nourriture, ne prend pas tout le développement qu'elle peut
acquérir.
Louis COMPERAT.
CULTURE DU CHOU.
Moyen a" obtenir une récolte très-abondante de rejets.
Lorsque, en 1851, je préconisai dans une première notice
spéciale, qui fut reproduite dans un grand nombre de jour-
naux, la culture du Chou branchu du Poitou pour la nourriture
des bestiaux, je recommandai surtout de ne prendre à la fois,
au moment de la cueillette des feuilles, qu'une ou deux des
— 339 —
plus avancées sur chaque pied, et de les rompre à 2 ou 3 cen-
timètres du tronc au lieu de les arracher.
Avec ces précautions il n'y a jamais déchirement de l'écorce
du tronc, et la moelle, restant alors préservée du contact au
moins direct de la gelée, est bien moins accessible à ses
atteintes. D'un autre côté, il n'y a pas à craindre que l'œil
dormant, qui se trouve à l'aisselle des feuilles et qui doit
produire les rejets, soit détruit ou endommagé à sa base : au
bout de peu de temps, le talon du pétiole (la queue de la feuille)
se flétrit et se détache naturellement.
J'ai obtenu chaque année, par ce moyen, pendant que j'ai
fait valoir une de mes fermes, d'abondantes récoltes de rejets
de Choux du Poitou, et ces Choux résistaient d'ailleurs beau-
coup mieux à la gelée que ceux de mes voisins qui ne pre-
naient pas les mômes précautions pour l'effeuillage. Aussi
disaient-ils que je ne leur donnais pas la même graine que
celle que je semais.
Ce que j'ai fait pour le Chou branchu du Poitou, je l'ai pra-
tiqué, autant que possible, depuis un certain nombre d'années
pour les Choux pommés, et chaque fois que le jardinier ou la
cuisinière a voulu suivre mes conseils pour la précaution à
prendre en coupant les Choux pommés, une très-abondante et
superbe récolte de rejets en a été la conséquence'.
Voici comment il faut opérer :
Même longtemps avant que les Choux soient bons à être
coupés, c'est-à-dire assez pommés, on supprime circulaire-
ment, tous les huit ou quinze jours, avec un couteau, les
feuilles qui se trouvent à la partie inférieure et qui sont souvent
en partie mangées par les insectes; mais on ne les coupe qu'à
2 ou 3 centimètres du tronc. La sève, qui s'y portait encore,
reflue dans les feuilles supérieures ainsi que dans la pomme, et
contribue à leur plus grand et plus prompt développement.
Lorsque vient le moment de couper le Chou, il ne reste
— 340 —
guère que la pomme el les feuilles propres à être mangées, et
alors le Chou est coupé près de celles-ci, et non au-dessous. Les
autres feuilles, antérieurement supprimées, ont servi succes-
sivement à la nourriture des animaux avant qu'elles aient été
en partie détruites par les limaçons et les chenilles, qu'elles
abritent d'ailleurs. Souvent aussi ces feuilles pourrissent et
étouffent les yeux dormants ou les rejets qui commençaient à
se développer. La suppression successive de ces feuilles infé-
rieures rend aussi plus facile la destruction des deux insectes
que je viens de citer.
Par l'emploi de ce procédé de culture, on se procure : l°beap-
coup de bonnes feuilles pour la nourriture des animaux, les-
quelles eussent été généralement perdues, sinon commeengrais,
du moins comme produit fourrager; 2° un nombre de rejets
beaucoup plus considérable que si les feuilles inutiles n'eussent
pas été supprimées à temps, et surtout des rejets beaucoup plus
vigoureux, attendu qu'ils ont reçu dès leur jeune âge plus d'air,
de lumière et de soleil.
J'affirme que souvent cette seconde récolte (rejets) égale en
produit la première (tète pommée), si même elle ne la dépasse.
Le prix élevé de 20 à 40 c, auquel se vendent, sur les marchés
de mon rayon, les Choux pommés, me paraît devoir donner
quelque intérêt à l'application et à la généralisation du procédé
de culture que j'indique. J'espère qu'il remplacera bientôt la
suppression inintelligente, lorsqu'on coupe les Choux, delà
totalité ou de la plus grande partie de leur tige, suppression
qui, en détruisant surtout la partie supérieure de la tige, fait
disparaître en même temps les bourgeons qui eussent produit
les rejets que Ton obtient, au contraire, en abondance par
ma méthode.
Victor Chatel.
— 341 —
LA NON-TAILLE (1).
(Fin.)
Bien que nous ayons écrit ce qui précède dans l'intérêt de
l'arboriculture, nous ne prétendons pas avoir entièrement rai-
son : peut-être avons-nous mal compris. Aussi engageons-nous
nos lecteurs à ne pas nous croire aveuglément . Qu'ils aillent
examiner l'application de la non-taille dans les Écoles d'horti-
culture de l'État et dans quelques jardins particuliers de Bel-
gique. S'ils désirent s'en faire une idée plus nette encore,
qu'ils aillent à Montreuil, près de Paris, chez les célèbres
cultivateurs de pêchers, MM. Lepère et Chevalier. Mais
hâtons-nous de leur dire de ne pas se laisser séduire par la
beauté réelle des arbres de ce dernier. Nous aussi, nous avons
visité ces lieux, et après avoir observé le tout attentivement et
par comparaison, nous avons émis les considérations suivantes,
qu'on peut qualifier comme on veut, mais cpie nous soumettons
derechef aux froides réflexions des arboriculteurs.
« .... Nous avons vu à Montrcuil deux hommes justement
renommés :M. Lepère, pour la production de ses belles et
nombreuses pèches; M. Chevalier pour ses belles formes
d'arbres. Au premier, personne ne contestera ni l'expérience,
ni la capacité, ni l'excellence de ses produits ; et, bien que le
nombre de ses années ne lui permette pas de tout recommencer,
il connaît certes assez ses intérêts pour accepter et mettre en
pratique toute innovation pouvant accroître ses bénéfices.
Aussi M. Lepère ne suit-il plus tout k fait la vieille école ; il
taille bien plus long qu'autrefois, mais enfin il taille. M. Che-
valier est de la nouvelle école et, franchement, il forme ses
arbres sans taille, et nous reconnaissons volontiers que ses
(1) Voir page 31 5.
— 342 —
arbres se rapprochent beaucoup plus de la perfection que
ceux de M. Lepère. En admettant que, jeune encore, M. Cheva-
lier tienne à faire des expériences étendues et à travailler un
peu pour la gloire, néanmoins on ne peut guère supposer qu'il
le fasse sans se croire assuré d'y trouver du bénéfice .
» Que faut-il en conclure? lequel des deux faut-il imiter?
C'est évidemment celui qui produit le plus avec le moins de
peine;, le moins de frais. Est-ce M. Lepère ou M. Chevalier?
Tous' deux ont sans doute la môme prétention sous ce rapport.
Nous pensons, nous, que c'est M. Lepère. Ses arbres, il est vrai,
ont l'air négligé à côté de ceux de M. Chevalier ; mais aussi,
on s'en occupe moins, ils exigent moins de temps et par suite
moins de frais. Récolte-t-il moins dépêches et celles-ci sont-
elles moins belles que celles de son voisin ? Nous ne le croyons
pas. Il est hors de doute que, malgré son aptitude extraordi-
naire, M. Chevalier met plus de temps que M. Lepère à soigner
ses arbres et que dès lors il a plus de frais : que serait-ce
alors pour des hommes moins habiles (1) ?
» Les beaux résultats obtenus par M. Chevalier, nous les attri-
buons au traitement tout particulièrement attentif et aux soins
incessants qu'il donne à ses arbres ; sa volonté énergique et sa
persévérance ne sont pas étrangers non plus à sa réussite. En uu
mot sa manière de procéder constitue pour ainsi dire un en-
semble d'opérations cullurales excellentes en elles- mêmes et
dont il peut s'honorer. Mais les masses, car c'est avec elles
qu'il faut compter, auront-elles le goût, la connaissance, le
temps et la patience de suivre exactement ce système ? Et
quand cela serait, y aurait-il du bénéfice ? C'est ce que l'avenir
apprendra. ))
Donc, en définitive, notre jugement sur la non-taille fut et
( 1 ) Excursion arboricole etpomologique à l'Exposition universelle et aux environs
de Paris, par Burvenich et Van Huile; Bail, du Cercle prof., 1868, page (05.
— 343 —
reste plutôt défavorable. Mais cela ne veut pas dire du tout
que nous soyons porté pour la taille courte ; nous disions
même dans notre Guide arboricole, page 187, ce avoir ob.tenu
d'excellents résultats en laissant aux vignes un prolongement
annuel de trois mètres. On nous objecta à cette occasion que
le partisan le plus absolu de la taille longue n'aurait pu appor-
ter un exemple plus frappant de la bonté de cette méthode. »
De la longue taille, que nous avons toujours considérée comme
excellente, nous le voulons bien, mais non pas de la non- taille,
que nous tenons toujours comme impraticable.
Deux mots encore avant de finir. Qu'on veuille bien nous
comprendre : nous ne voulons blâmer personne d'avoir évoqué
la question de la non-taille, ni d'en être partisan, loin de là ;
nous devons, an contraire, nos meilleurs remercîments à ceux
de nos confrères qui, comme M. Gillekens, tentent île courageux
eiforts en vue du progrès. Mais qu'on n'y voie pas de mal non
plus, si nous sommes descendu de bonne heure dans l'arène
pour combattre en quelque sorte le système. Comme nous le
disions en commençant cet article, la cause ne peut que gagner
à être débattue, et il doit en provenir quelque chose de bon.
En effet, ou bien la non-taille sera trouvée préférable, et alors
elle deviendra incontestablement d'application générale ; ou
bien la non-taille ne répondra pas à l'attente, et encore, en ce
cas, l'expérience même nous démontrera à quelle longueur on
peut tailler sans péril et combien on avait tort, jusqu'ici, de
tailler trop court Notre but est d'en arriver là.
Van Hulle,
Jardinier en chef du jardiu botanique de Gaud.
— 3M -
VICTOIRE DE LYON,
* Pelargonium nouveau à fleurs doubles.
S'il nous semble assez naturel de voir nos habiles hor-
ticulteurs poursuivre avec persévérance la recherche de
nouveautés florales, n'est-il pas plus naturel encore d'encou-
rager, par de justes éloges, le simple amateur qui, par un
travail continu et raisonné, arrive à triompher des diffi-
cultés qu'offre la fécondation artificielle, et à obtenir une véri-
table et précieuse nouveauté? Quiconque aime les fleurs
partagera, je crois, cette opinion. C'est pourquoi je viens
aujourd'hui encore réclamer une petite place dans les colonnes
de l'Horticulteur français, autant pour donner à ses lecteurs
un aperçu de, la nouvelle variété dont il s'agit, que pour faire
aussi connaître le nom de l'amateur qui l'a obtenue.
A la dernière exposition horticole de Lyon, de nombreux
groupes de Pelargonium à fleurs doubles se faisaient remarquer,
comme toujours, par la fraîcheur de leurs nuances. Mais un,
entre tous, frappait particulièrement le regard, et attirait in-
vinciblement les connaisseurs, désireux de constater par eux-
mêmes que c'était bien un Pelargonium qu'ils avaient sous les
yeux. C'est qu'en effet, ce Pelargonium possède un coloris telle-
ment différent de celui des variétés obtenues jusqu'à ce jour
que, sans témérité, j'ose affirmer qu'on ne le trouve pas, même
dans les varités à fleurs simples. Aussi, le jury d'examen,
exact appréciateur d'un si précieux résultai, n'a pas hésité un
instant, et la médaille de 1" classe a été la juste récom-
pense que méritaient les recherches assidues et la persévé-
rance de l'heureux obtenteur, M. Jean Sisley, amateur aussi
sérieux qu'habile, ainsi que le prouve suffisamment le Pelar-
gonium Victoire de Lyon, fruit de ses recherches.
Le Pelargonium zonale à fleurs doubles Victoire de Lyon
— 345 —
se présente bien comme port. Son feuillage est d'un beau vert
un peu foncé, imperceptiblement zone. Les fleurs sont de
moyenne grandeur, bien doubles, et enfin, point le plus im-
portant, d'une belle nuance : cramoisi pur et vif!
Comme chacun le sait, depuis la première apparition des
Pelargonium sonale à fleurs vraiment doubles (création si heu-
reusement perfectionnée par M. V. Lemoine, de Nancy, vers
1865), les nuances de ces charmantes fleurs ont peu varié.
C'est toujours le rouge vif ou le rose . Les variétés obtenues
depuis n'ont produit que des différences de tons à peine sen-
sibles, surtout pour les amateurs non connaisseurs et la
classe en est nombreuse. Donc, l'obtention d'un Pelargonium
d'une nuance bien tranchée avec les anciens, et cependant très-
riche de coloris, ne peut qu'être considérablement appréciée
de tous ceux qui s'occupent d'horticullure, à quelque titre que
ce soit. En effet, cette nuance, entièrement nouvelle, permet
d'espérer qu'horticulteurs et amateurs, stimulés par ce succès,
chercheront plus ardemment et trouveront encore de nou-
velles variétés comme coloris ; et qui sait, le blanc lui-même,
le blanc, aussi impossible à obtenir dans le Pelargonium à
Heurs doubles que l'introuvable Dalhia bleu, le blanc, dis-je,
va peut-èlre faire tout à coup son apparition !
M. Jean Sisley, outre ce gain remarquable, a obtenu deux
autres variétés, avec tons dégradés exactement dans la même
nuance; de façon que si deux ou trois tons intermédiaires arri-
vaient à se produire, nous aurions une gamme parfaite depuis
le cramoisi le plus vif jusqu'au cramoisi le plus tendre ; ce
qui, convenons- en, serait un résultat des plus riches et des
plus encourageants pour ceux qui s'occupent de la féconda-
tion artificielle.
M. Jean Sisley a transmis la propriété de ces trois Pelargo-
nium (dont un seul pour le moment est baptisé) à M. Alégatièrè,
dans le lot duquel cette nouveauté a été présentée à l'exposi-
— 346' —
tion d'horticulture du mois de septembre dernier. M. Aléga-
tière n'est pas un inconnu pour le monde horticole : membre
de la Société impériale d'horticulture du Rhône, maintes fois
récompensé aux expositions ; diantologiste remarquable, tra-
vailleur sérieux et persévérant, il honore la profession qu'il a
embrassée ; et j'espère avoir plus d'une fois l'occasion de
parler, dans ce recueil, du résultat de ses études, aussi intelli-
gentes qu'assidues.
M. Alégatière, à Montplaisir-Lyon, compte pouvoir livrer au
commerce, pour le printemps prochain, ces trois nouveaux pe-
largonium qui, j'en suis sûr, seront extrêmement recherchés.
Henri Beurier,
propriétaire à Lyon.
PLANTES NOUVELLES.
Les nouveautés abondent toujours dans tous les genres.
D'après les catalogues des obtenteurs qui nous sont parvenus,
voici ce que la France horticole a l'honneur d'offrir, pour l'an-
née 1870, aux amateurs de tous les pays :
Pelargonium zonale. M. Eugène Mézard, à Rueil (Seine-et-
Oise), offre à ses honorables clients : Madame Durenne, irrépro-
chable comme plante décorative, et à fleur rose.
M. Lemoine, de Nancy, met en vente le père Hyacinthe,
genre et forme du docteur Muret, à fleurs plus larges, couleur
mine orange. En variétés à fleurs doubles ce sont : Ma-
dame Michel Buchner, rose saumoné vif à reflets brillants, et
Madame Rudolf Abel, d'un rose laque foncé. — Vénus de Mé-
dias est une variété de Pelargonium à grandes fleurs ; elle est
supérieure à la variété Empereur par ses fleurs un tiers plus
grandes, ondulées, blanc mat carné, avec les pétales supérieurs
richement maculés de cramoisi foncé.
— 347 —
Delphinium le mastodonte (Lemoine), hybride de formosum
et probablement, dit l'obtenteur, d'une des variétés de Yela-
tum; mais ce n'est pas plus certain que cela. Ses fleurs sont
très-larges (6 centim.), du bleu de YHendersoni, avec une large
mouche blanc-jaunâtre au centre.
Sedum fabarium purpureum. Variété obtenue par M. Pas-
sewaldt, de Charlottenbourg, et mise au commerce par M. Le-
moine. Ses fleurs sont rose pourpre, plus foncées que celles
du S. telephium rubrum.
Clematis lanuginosa OttoFrœbel (Lemoine). Les fleurs, au mo-
ment de leur épanouissement, mesurent 10 cent, de diamètre;
elles sont de couleur lilas tendre avec la base des pétales soufre,
la côte médiane blanc mat et les anthères sont brunes ; mais
ces fleurs grandissent et atteignent l'énorme largeur de 22 cen-
timètres, en passant à une teinte de lilas rosé azuré. — Comme
la plupart des Clématites obtenues par croisement, dit M. Le-
moine, cette variété refleurit en août-septembre. Voilà une
nouvelle théorie qui demande à être développée, et à être ap-
puyée de nouveaux faits.
Deutzia crenata candidissima plena (Frœbel, de Zurich).
Les fleurs plus larges que celles du type, et plus doubles, sont
du blanc le plus pur. Cet arbuste se force très-facilement et
sera en hiver d'une ressource égale à celle du Prunus sinensis
alba plena.
Weigelia arborescenspurpurata (Lemoine). Hybride du W. ar-
borescens versicolor et du multicolor, très-florifère, à très-grandes
fleurs carminé foncé violacé .
Wisteria macrobotrys (Siebold). Espèce de Glycine, intro-
duite du Japon par feu von Siebold, à longues grappes de fleurs,
plus longues que celles de la Glycine de la Chine : l'étendard
est large, blanc carné avec le centre jaune ; la carène est bleu
pourpré, et les ailes sont d'un bleu d'outremer. Très-belle
plante grimpante de plein air.
— 348 —
Wigandia imperialis (Linden). Espèce très-vigoureuse bien
supérieure aux W. Caracasana et Vigieri. Ses feuilles ont de
lm 25 à lm 40 de longueur sur 50 à 60 centim. de largeur;
leur surface est couverte de longs poils soyeux reflétés d'ar-
gent; les fleurs sont blanches et lilas rosé. Cette espèce peut
atteindre, en plein air, 2 mètres en une végétation d'été.
MM. Hubert, de Hyères (Var), annoncent, dans leur dernier
catalogue, quelques bonnes plantes nouvelles ou rares, dont ils
possèdent des graines. Nous y trouvons entre autres :
Adonis Capaniana. Espèce de Renonculacée de la Sicile, an-
nuelle, à feuillage finement découpé et à fleurs rouge sang, qui
ont l'avantage de s'ouvrir dès la fin de l'hiver, quand on a
semé les graines à l'automne.
Asperulasetosa,vdiY. asurea. Plante annuelle de la famille
des Caille-lait (Rubiacées), formant des touffes compactes de
25 à 30 centim. de hauteur, et dont tous les rameaux se ter-
minent par d'élégants bouquets de fleurs tubuleuses du bleu
d'azur le plus tendre. Charmante plante, dit-on, pour la cul-
ture en pots, comme garniture de fenêtres et ornementation des
appartements et des petits jardins.
Canavalia grand iflora (Hubert). Plante grimpante de la fa-
mille des Papilionacées, atteignant, à Hyères, jusqu'à 4 mètres
de hauteur, à grandes feuilles trifoliolées et à fleurs lilas foncé
ou violet clair, de la grandeur des fleurs de Haricot d'Espagne,
et disposées en longues grappes axillaires.
Chamœmelum serratifolium. Plante de la famille des Compo-
sées qui ressemble, par le feuillage, à la Santoline ; elle est vi-
vace, ligneuse, haute de 25 à 30 centimètres, exhalant une
odeur aromatique ; ses fleurs sont jaunes, en capitules dé-
pourvus de rayons. Cette plante s'est montrée très-rustique à
Hyères ; elle est très-propre à la culture des rocailles.
Çineraria acanthifolia. Autre espèce de Composées qui res-
semble, par l'ensemble, au Cinêrarïa maritima; maisles feuilles
— 349 —
sont autrement découpées, et rappellent les feuilles d'un
Chêne.
Clitoria brasilietisis. Légumineuse grimpante, annuelle, s'é-
levant à 2 mètres, à fleurs aussi grandes que celles du Clitoria
ternata, mais de couleur rose lilas.
Convolvulus quinquefolius de Linné ou Baiatas quinquèfolia
de Choisy. Espèce de Volubilis des forêts vierges du Brésil, et
qui atteint jusqu'à 10 mètres et plus de hauteur; ses feuilles
sont divisées en 5 ou 7 lobes, et ses fleurs sont blanc pur. Elle
convient pour la garniture des treillis dans les jardins d'hiver ;
elle est de plein air dans le Midi.
Ipomœa Clausseniana. Autre espèce de Volubilis, mais qui ne
grimpe pas ; c!est une sorte d'arbuscule de 50 cent, de hauteur
à feuilles étroites, et à fleurs grandes rose vif, avec œil pourpre
foncé. Très-jolie pour vases d'appartements.
Lobclia ramosa, var. heterophylla major. Originaire de la
Nouvelle-Hollande, et une des plus jolies variétés de cette es-
pèce, supérieure, dit-on, au Lobclia Eiïnus. Elle forme des
touffes épaisses de 25 à 30 centim. de hauteur, et qui se cou-
vrent de nombreuses fleurs du plus beau bleu avec une petite
macule jaune pâle au fond de la corolle.
Lathyrus Turneri. Variété très-probablement du Pois de sen-
teur vivace {Lathyrus latifolia) ; elle en diffère par la couleur
blanc rosé de ses fleurs, dont l'étendard ,est marqué d'une
tache rouge ou rose vif au centre.
Lophanthus anisaius. Plante vivace de la famille des Sauges
(Labiées), qu'on croit originaire de la Nouvelle-Hollande, et
qui exhale une odeur très-prononcée d'anis ; elle n'est pas in-
téressante autrement.
Maurandia atroviolacea. Charmante et élégante plante grim-
pante de la famille des Scrophularinées, voisine de l'ancienne
espèce (M. Barcklayana), et peut-être simple variété ; les fleurs
en sont au moins un tiers plus grandes, et elles en diffèrent
— 350 —
surtout par la couleur bleu violet foncé qui est presque noir
sur le contour delà corolle.
Rosiers.
M. Gautreau père, à Brie-Comte-Robert, livre cet au-
tomne au commerce : Madame Forcade la Roquette, à fleurs
rouge groseille : Souvenir du prince royal de Belgique, rouge
ponceau à reflets veloutés très-foncés ; Exposition du Havre,
rose carminé ; Madame la générale Decaen, rose vif au centre
et rose carné dans le pourtour.
M. Guillot fils, chemin des Pins à la Guillotière-Lyon, an-
nonce Catherine Mermet, thé à fleur beau, rose tendre; Ma-
dame Cœlina Noirey, thé rose tendre saumoné à revers rouge
pourpre ; Madame Hippolyte Jamain, thé blanc pur à centre
jaune cuivré; Unique, thé fond blanc largement bordé de rose
pourpre très-vif; Madame Eugene'Verdier, hybride remontant,
à fleur rose chair reflété de blanc.
M. Granger, à Suisnes, près Brie-Comte-Robert, annonce
Madame Laurent, hybride rouge cerise vif, et Comte de Ri-
baucourt, hybride rouge foncé cramoisi vif.
M. Faudon, àSaint-Didier-au-Mont-d'Or, près Lyon : Ma-
dame Richer, hybride rose foncé ; Hippolyte Jamain, rose.
M. Eug. Verdier, 3, rue Dunois, Paris, annonce les hybrides
suivants : Auguste Neumann, ponceau brillant, nuancé de feu
et de violet ; Ferdinand Lesseps, rouge pourpre nuancé de vio-
let*; Général Grant, écarlate fortement ombré de cramoisi foncé
vif; leîia Tumer, rouge cerise vif, parfois nuancé ardoisé; Louisa
Wood, rose vif; Susanna Wood, beau rose très-frais; Thomas
Melhven, carmin brillant.
M. Ducher, de Lyon, en annonce 10 variétés, dont on trou-
vera la description sur la couverture de notre dernier numéro.
M. Guillot père, rue du Repos, à la Guillotière : Comtesse
d'Oxford, hybride rouge carmin vif nuancé; Elisa Boette; hy-
— 351 —
bride blanc légèrement rosé, passant au blanc; Louis van
Houtte (Lacharme), forme de cent-feuilles rouge feu amarante,
bordé de cramoisi noir et bleuâtre, en forme d' arc-en-ciel.
Celte variété a donné lieu à un acte d'une rare probité, que
nous sommes heureux d'enregistrer. En septembre dernier, à
l'Exposition d'horticulture, le jury décernait un premier prix à
une rose de M. Guillot père. Cet honorable semeur ayant en-
tendu dire que M. Lacharme en avait une en tout semblable
de coloris, compara les deux gains, et ayant reconnu que celui
de M. Lacharme était supérieur, il supprime le sien, qui cepen-
dant a été primé, pour annoncer et vendre à sa place la variété
de son concurrent qui est \aRose Louis van Houlte. Cette con-
duite de M. Guillot père se passe de commentaire.
Ern. Bonard.
CATALOGUES D'HORTICULTURE POUR 1869-1870.
Bull (William), à Chdsea (Angleterre). Catalogue des plus belles plantes nou-
velles et iares. .
C'haté, 9, rue Sentier Saint-Anloine, Paris. Catalogue des plantes nouvelles ;
liegonia, Canna, Pelargonium, Héliotrope, Pétunia, Verveines, Phlox, etc.
Dclépine aîné, à Angers. Catalogue des arbres fruitiers, forestiers et d'or-
nement.
Groenewejjeu et compagnie, à Amsterdam (Hollande). Catalogue d'oignons à
fleurs de Harlem : Jacinthes, Tulipes, etc.
Hubert frères, à Hyères (Var). Catalogue général de graines de fleurs, arbres
et arbustes d'ornement (voir article Plantes nouvelles, page 348).
liebœuf, à Argenteuil. Catalogue général des Asperges, Fraisiers, Vignes et
arbres fruitiers.
Linden. Etablissement Ambroise Verschaffelt, à Gand. Supplément et ex-
traits des catalogues généraux: nouveautés, etc.
Mézard, à Rueil (Seine-et-Oise). Catalogue de Pelargonium zonale.
Rendatler, à Nancy. Supplément de plantes rares et nouvelles.
• Verdier (Charles), 12, rue Duméril, Paris. Catalogue, prix courant des Gla-
diolus et autres bulbes; Glaïeuls nouveaux.
Vilmoriu-Andrieux et compagnie, 4, quai de la Mégisserie, Paris. Cata-
logue raisonné, méthodique et analytique des céréales, plantes industrielles,
fourragères et économiques. Prix: <1 fr. 50, broché.
ravauK du mois de Décembre.
Il est essentiel de labourer grossièrement les terres fortes et argileuses, afin que la
gelée, pénétrant les grosses mottes , les défrite facilement au moment des dégels ;
on doit aussi commencer à enterrer les engrais et fumiers.
Potager. Il faut avoir soin de surveiller les plantes qui ont besoin d'être couvertes pen-
dant les gelées, telles que les Artichauts, Céleris, etc.; écarter la couverture quand le
temps est doux ou pluvieux. On repique sur couches et sous duchés ou sous châssis, les
plants de Concombres semés en novembre, ainsi que les Laitues crêpe et gotte, Romaine,
Choux-fleurs. On y sème la laitue à couper, les Radis, Laitues et Romaines pour faire
pommer, Carottes de Hollande, Haricots de Hollande, Pois hâtifs, Poireaux, des Con-
combres et des Melons en pots, pour.les mettre trois semaines plus tard sur une autre
couche neuve. On force les Asperges plantées en pleine terre, et on en prépare sur cou-
ches. Toutes ces cultures doivent être soigneusement garanties des gelées.
» Jardin fruitier. Commencer la taille des vieux arbres chétifs: Planter toutes les fois
qu'il ne gèle pas et que la terre sera bien meuble.
Jardin d'ornement. Plantations de plantes vivaces toutes les fois que le temps le per-
met, défoncement, labours.
Serre. Entretenir une température de 40 a 20 degrés dans les serres chaudes, et
renouveler l'air autant que faire se peut ; arroser les plantes qui poussent, et très-peu
celles qui restent en inaction ; déterminer une certaine vapeur par le seringage ou
l'airosement des sentiers, pour éviter l'étiolement des plantes en végétation ; cette opé-
ration doit se faire le matin.
Les serres à forcer exigent une température aussi élevée que celle de la serre chaude,
mais plus régulière ; il faut consulter souvent les thermomètres placés au dehors et
au dedans, et prévenir, autant que possible, les variations dans la chaleur. Elles doivent
être garnies de fraisiers et autres plantes qu'on veut forcer.
La serre tempérée et l'orangerie n'exigent que peu de soins: veiller seulement à ce
que la température ne descende pas au-dessous de 0° , chasser l'humidité et renou-
veler l'air toutes les fois que la température extérieure le permet. I! faut peu arroser les
plantes qui ont besoin de repos pendant tout Phiver; on ne doit leur donner de l'eau
que pour empêcher les feuilles de se dessécher; ceci s'entend particulièrement des Pe-
largonium ; toutes les plantes grasses, Grenadiers, Lauriers-Roses, Orangers, n'ont pas
besoin d'eau.
Appartements. La plupart des plantes qu'on achète en fleurs pendant ce m< is, sont
le produit de la culture forcée ; il est bien difficile de les conserver longtemps dans les
appartements, car ce passage brusque d'une température humide et élevée est un coup
presque mortel. On parvient à les conserver quelque temps encore, en les plaçant
dans une pièce bien chauffée; le plus possible de lumière; on leur donnera un
peu d'air vers le milieu de la journée, si le temps le permet. Les arroser avec soin
toutes les fois que la terre commence à se sécher , et laver ou asperger les feuilles
pour enlever la poussière qui ne manque pas de s'y attacher; l'eau doit être à peu prés
au même degré de température que la pièce où sont les plantes.
Paris.— Imprimerie horticole de E. Donsaud, rue Cassette, 9.
LE NUMÉROTAGE AU PLOMB
a fait son temps !
Le plomb coûte cher, le numérotage est lent, et les numéros peu visibles (il arrive souvent
[ue Ton confond le 3 avec le 5).
LE NUMÉROTAGE AU ZINC
doit prévaloir !
Le zinc coûte peu, le numérotage se fait à la plume (c'est-à-dire dix fois plus vite), avec
Encre à écrire sur le zinc, composée par M. Dufour, chimiste-photographe à Dijon
iôte-d'Or). Prix du flacon : \ fr.
Cette encre n'épaissit pas, s'emploie jusqu'à la dernière goutte ; sa couleur est à peu près
;lle du rhum; aussitôt son contact avec le zinc produit une écriture du plus beau noir.
Conditions convenables (c'est-à-dire sur du zinc propre) attaché à un arbre.
DURERA PLUS DE 30 ANS !
Comme il n'y a encore que trois ans que cette encre a été inventée, on pourrait douter
une aussi longue durée.
Fh bien ! pour vous convaincre que la probabilité d'une durée de 30 ans n'a rien d'exagéré,
ites l'expérience suivante qui vous démontrera jusqu'à quel point est grande son affinité
mr le zinc.
Expérience : Prenez une lame de zinc bien propre — écrivez avec l'encre en question
- et, quelques seondes après avoir écrit — sans attendre que l'écriture soit sèche — trempez
coin d'un chiffon dans un verre d'eau et passez sur l'écriture, opérez comme si vous vouliez
facer ce que vous venez d'écrire, et vous verrez si cela s'efface!...
AVIS AUX MARCHANDS.
M. Dufour, dont le genre d'affaires n'a aucun rapport avec l'exploitation d'un produit
sentiellement horticole, désirerait trouver un acquéreur pour l'exploitation en toute pro-
jeté de l'Encre à écrire sur le zinc.
La fabrication est des olus faciles. Pour tous renseignements, s'adresser à M. Dufour, à Dijon.
VIENT DE PARAITRE A LA LIBRAIRIE DE E. DONNAUD.
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ANNÉE 1870.
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ILLUSTR É
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DE
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MÉDAILLE D'ARGENT A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1867
50 MÉDAILLES
aux Expositions de Paris et de la Province,
CULTURE SPÉCIALE
de Ferdinand GLOEDE, horticulteur, à Beauvais (Oise)
SOMMAIRE DES ARUCLtS CONTKNIS DANS CE NUMÉRO.
F. Herinco, Chronique. — 0. Lescuyer, Canicllia Contpfsa Tozzoni (PI. XII). — Eue.
de Martracny, de la taille des Magnolia. — A. de Talod, Kevne des Journaux
étranger* : Botanical Magazine. — X... Petites nouvelles : multiplication des
Pelargonium ; destruction des Courtilières ; fécondation des Palmiers. — J. Besnard, Bec
brl»e-jet dp M. Raveneau pour seringue, pompe et arrosoir.
CHRONIQUE
LE DICTIONNAIRE DE POMOLOGIE, par M. André Leroy.
Si, à l'époque où Linné réformait la nomenclature bota-
nique, la pomologie était, pour le grand naturaliste, « indigne
de l'attention du plus modesle botaniste, » il n'en est plus
ainsi aujourd'hui, et l'illustre savant suédois modifierait très-
probablement son opinion sur cette branche de l'horticul-
ture, comme le fait remarquer M. A. Leroy, en rencontrant
au premier rang des pomologues l'auteur du Jardin fruitier
du Muséum, M. Decaisne, professeur de culture au jardin des
Plantes de Paris et membre de l'Académie des sciences.
Pendant longtemps l'arboriculture fruitière a été, en effet,
tort négligée, et jusqu'au milieu de ce siècle il est peu de
savants qui se soient occupés sérieusement de pomologie.
Le premier ouvrage pomologique publié en France date de
1667, et est dû à Jean Merlet, écuyer du Roi. Ce livre, très-
estimé, et qui eut trois éditions du vivant de son auteur, con-
tient la description de 20 espèces de fruits comprenant ei
tout 481- variétés, parmi lesquelles on trouve 15 Cerisiers,
19 Figuiers, 49 Vignes, 69 Pruniers, 51 Pommiers, 187 Poi-
riers et 49 Pêchers.
De la Quintinye, chargé de satisfaire le goût du grand Roi,
publia en 1690 ses Instructions pour les jardins fruitiers et po-
tagers, dans lesquelles il décrivit un choix des principales es-
Décembre I8f>9. tM
— 354 —
pèces de fruits : 3 Abricotiers, 6 Cerisiers, 13 Figuiers. 30 Pê-
chers, 67 Poiriers, 23 Pommiers, 6 Pruniers et 5 Vignes. Le
nombre, comme on voit, est considérablement réduit, surtout
si l'on se reporte au simple Catalogue de fruits de Claude
Etienne, qui mentionne 700 variétés de Poires, et 200 variétés
de Pêches.
Duhamel de Monceau, dans son Traité des arbres fruitiers
publié en 1768, ne fait encore qu'un choix des meilleures va-
riétés de fruits de table, ce qui réduit la totalité des variétés
qu'il décrit au chiffre de 557, dont 119 Poiriers, 43 Pêchers,
41 Pommiers, 48 Pruniers, 34 Cerisiers, 17 Fraisiers, etc. Ce
Traité de Duhamel, est le premier ouvrage de pomologie qui
ait reproduit la figure coloriée des fruits ; et par cela même, il
s'est trouvé inaccessible à la majorité de pomiculteurs.
Le Traité des jardins ou le Nouveau la Quintinye de l'abbé
Le Berryas, publié en 1785, n'est pas encore un Traité complet
de pomologie, il s'en faut de beaucoup ; car il ne décrit en
tout que 281 variétés de fruits, dont 45 Cerisiers, et seulement
91 Poiriers, etc.
Le Jardin fruitier de Louis Noisette, qui a paru en 1821,
est plus riche; il comprend 20 espèces de fruiis et 696 va-
riétés, dans lesquelles les Poires figurent pour le chiifre de 238 ;
les Groseilliers à maquereau, 35; les Pêchers, 63; les Ceri-
siers, 54; les Abricotiers, 19, etc.
Enfin parut, en 1846, la Pomologie française de Poiteau, ou-
vrage aussi artistique que savant, dans lequel sont splendide-
ment figurées en couleur 397 variétés de fruits comestibles ap-
partenant à 20 espèces, et parmi lesquelles se trouvent 96 va-
riétés nouvelles, ou desquelles aucun auteur n'avait jusqu'alors
parlé. Encore ici nous n'avons qu'un ouvrage très-incom-
plet, puisqu'il ne mentionne que 107 Poiriers, 57 Pom-
miers, 39 Pêchers, 49 Pruniers, etc.
Tel était l'état de la bibliothèque pomologique, quand
— 355 —
M. Decaisne entreprit la publication du Jardin fruitier du Mu-
séum. Jusque-là, tous les auteurs qui l'ont précédé se sont
bornés à décrire les fruits, sans chercher à rapporter les va-
riétés à leurs types spécifiques ;' c'est-à-dire qu'il n'y a
rien de scientifique dans leur œuvre. En entreprenant son
Jardin fruitier, M. Decaisne voulut donner à son livre ce ca-
chet qui manque à ceux de ses prédécesseurs. D'après ses
études pour ainsi dire préparatoires, il avait cru à la possibi-
lité de classer scientifiquement toutes les variétés d'une même
espèce, et c'est ce qui l'a décidé à entreprendre cet ouvrage.
Mais bientôt, entouré de milliers de variétés à peine distinctes
les unes des autres, il reconnut l'impossibilité d'établir une
classification scientifique rationnelle ; il se contenta de pu-
blier la figure coloriée, avec la description, l'historique , la
synonymie de chaque variété, et le tout, personne ne peut le
contester, est traité de main de maître. Malheureusement ici en -
core, le Jardin fruitier du Muséum ne sera jamais un livre com-
plet de pomologie; l'auteur n'a pas, parait-il, l'intention de
figurer toutes les variétés de chaque genre; ensuite, l'exacti-
tude et le luxe avec lesquels les figures sont exécutées, élèvent
le prix à un chiffre qui ne permet qu'aux heureux de la terre
d'en devenir acquéreurs ; mais ce sera toujours le plus pré-
cieux monument élevé à la science pomologique, et auprès
duquel toutes les autres publications modernes, de ce genre,
ne sont que de pauvres et tristes chaumières démantelées.
C'est en présence de cet inventaire des publications pomo-
logiques que M. André Leroy, d'Angers, dont le nom univer-
sellement connu nous dispense de faire la biographie, a entre-
pris, à son tour, la publication d'un ouvrage comprenant tous les
fruits présentement connus, et qui — chose indispensable —
puisse devenir, par la modicité de son prix, accessible au
simple jardinier, <c Répandre à profusion, dit-il dans sa pré-
face, populariser la description et l'histoire des fruits, c'est
— 356 —
l'unique moyen de débarrasser la pomologie d'une plaie dont
elle souffre cruellement, depuis un demi-siècle surtout, de ces
milliers de synonymes, produits de l'ignorance ou de l'erreur,
et quelquefois aussi, malheureusement, du plus blâmable es-
prit de mercantilisme. »
Placé, depuis cinquante ans, à la tête des plus riches pépi-
nières de l'Anjou, qui depuis 1698 appartiennent à sa famille,
M. André Leroy s'est trouvé mieux que personne en position
de réunir les éléments nécessaires à l'exécution de ce projet.
Son Dictionnaire de pomologie, en cours de publication, et dont
les deux volumes sur les Poires viennent de paraître, est le
résultat de près de 40 années d'études et d'observations. Com-
prenant que les collections sont d'une extrême utilité pour un
travail de ce genre, qu'elles permettent d'étudier comparati-
vement les objets de même nature, et de reconnaître les er-
reurs, M. André Leroy s'est appliqué dès J 830 — époque à la-
quelle il conçut le projet qu'il exécute aujourd'hui — à ras-
sembler, dans ses pépinières, toutes les espèces et variétés an-
ciennes et modernes de fruits comestibles ; et c'est ainsi qu'il
possède, actuellement, une collection de près de trois mille
variétés fruitières, qui lui permet d'étudier et de comparer
toutes les nouveautés, d'en connaître la valeur, de pouvoir
faire la description de l'arbre et du fruit d'après nature, et de
choisir, pour la silhouette qu'il donne de chacun de ses der-
niers, la forme la plus générale. Quant à la partie historique
et synonymique, la fortune de M. André Leroy luia permis de
se procurer la presque totalité des ouvrages de pomologie,
publiés dans tous les pays, depuis la fin du XV9 siècle ; de faire
traduire les livres en langues étrangères, et de faire copier des
manuscrits dans les bibliothèques publiques ou particulières.
Sous ce rapport encore, l'auteur possède de nombreux et pré-
cieux matériaux. On comprend que dans ces conditions l'au-
teur ne peut que faire un excellent et utile ouvrage.
— 357 —
Le Dictionnaire de pomologie comprendra 5 volumes : les
2 premiers sont consacrés aux Poires; ils sont parus et con-
tiennent 91 o variétés. Le tome 3, consacré aux Pommes, est
sous presse ; le 4e réunira tous les fruits à noyau, et le 5e les
Raisins et fruits divers.
Dans chaque genre de fruits, la description des variétés et
les noms synonymes sont placés alphabétiquement, ce qui
permet de trouver très -facilement ce qu'on cherche. Ainsi, par
exemple, on veut savoir ce que c'est que la Poire Bassin ; on
cherche dans les volumes des Poires, à la lettre B, le mot Bas-
sin, et là on apprend que c'est un « synonyme de Poire Bel-
lissime d'été, » de Duhamel. On va alors à ce nom, et c'est
là qu'on trouve : la description de l'arbre ; son degré de
fertilité; sa culture; la description et la ligure du fruit; l'é-
poque de sa maturité, sa qualité, et enfin l'historique.
Comme Duhamel, comme Poiteau, comme M. Decaisne,
M. André Leroy reconnaît les inconvénients de certains termes
employés dans la nomenclature des fruits, tels par exemple
les mots Bergamote, Beurré, Doyenné, pour les Poires; Cal-
ville et Reinette pour les Pommes; Damas, Reine-Claude, pour
les Prunes. c< La disparition de ces noms est désirable sans
doute, dit-il, mais peut-être serait-il inopportun, aussi, de les
rayer soudain et systématiquement des catalogues et des po-
mologies. » Il se refuse donc de porter la main sur cette no-
menclature routinière ; il conserve les Beurrés, le Bon-Chré-
tien, etc., mais il souhaite ardemment — et la chose est
urgente, dit-il — qu'à l'avenir aucun horticulteur, aucune
société d'horticulture n'attache au nom d'un fruit l'un de ces
termes., prétendus génériques, dont on a fait jusqu'ici l'abus
que chacun sait. »
L'auteur du Dictionnaire pomologique a compris toute l'im-
portance- toute futilité de la synonymie; il la donne au^si
complète que possible ^ et c'est curieux de voir des Poires ali'u-
.„. 358 —
blées de 20 et 25 noms; nous avons remarqué que ce sont
toujours les meilleures. Une longue synonymie pourrait donc
servir, à la rigueur, à désigner les fruits de première qualité.
€ Jaloux de mettre, par son prix modéré, dit M. André Le-
roy, cet ouvrage à la portée de chacun, il n'a pas été possible
de faire colorier la figure des fruits qui y sont décrits; mais si
l'œil en est moins flatté, l'exactitude de la reproduction n'en
reçoit aucune atteinte. La nature, en effet, se plaît trop à di-
versifier tes couleurs, les nuances, les tons, pour que jamais
tous les fruits d'un même arbre apparaissent avec un coloris,
une diaprure complètement identiques. Tous les fruits du Dic-
tionnaire de pomologie sont représentés de grandeur naturelle
et avec une variété de dessin ne laissant rien à désirer. Pour
l'obtenir, en effet, on a coupé le fruit longitudinalement en
deux, et c'est à l'aide d'une de ces moitiés appliquées sur le
papier que les contours ont été tracés.
Quant à la partie historique, c'est en recherchant minutieu-
sement, dans les recueils spéciaux et dans les bulletins des so-
ciétés d'horticulture, que M. André Leroy est parvenu à dres-
ser une sorte d'état civil d'une assez grande quantité de Poires
modernes ; car pour les fruits anciens, on est dans la plus
complète ignorance au sujet de leur origine.
Les deux premiers volumes qui viennent de paraître sont
consacrés, comme nous l'avons dit, au genre Poirier. Ils com-
prennent l'histoire de ce genre, depuis les temps les plus re-
culés ; les variétés cultivées chez les Grecs et les Romains ; celles
cultivées en France depuis Gharlemagne, et enfin la descrip-
tion et la figure au trait de 915 variétés de Poires.
Après l'avoir examiné attentivement, nous ne pouvons que
le recommander. C'est une œuvre parfaite, que tout jardinier,
que tout amateur qui veut connaître les fruits doit posséder.
Mais, nous devons le dire, ce livre, n'est pas un livre d'arbori-
culture; on y chercherait en vain des principes de taille et
— 359 —
d'organisation de jardin fruitier. L'auteur le dit lui même : «. de
tels sujets sont du ressort des Traités de jardinage. 3> Mais pour
tout ce qui regarde la connaissance et l'étude des fruits, rien
n'a été négligé; M. André Leroy a parfaitement atteint le but
qu'il s'est proposé. lia réussi à faire un excellent livre aussi
complet que possible, à la portée de toutes les intelligences et
de toutes les bourses : 1 0 fr. le volume.
F. Herincq.
CAMELLIA CONTESSA TOZZONI (PL XII).
Cette variété est une nouveauté d'origine italienne, comme
à peu près toutes les nouvelles nouveautés de Camellia; car ce
n'est plus guère qu'en Italie, où ce merveilleux arbuste s'est
réfugié, qu'il trouve encore des admirateurs et des propaga-
teurs.
Le Camellia Contessa Tozzoni est un protégé du grand pro-
tecteur des Camellias, de M. Ambroise Verschaffelt de Gand ;
et ce n'est qu'après avoir été expérimenté pendant plusieurs
années dans ce bel établissement de la Belgique, qu'il a été li-
vré à la consommation horticole. Il réunit toutes les qualités
exigées d'un bon Camellia. Ses fleurs roses, de 10 centimètres
de diamètre, sont composées de pétales peu nombreux, mais
très-larges, arrondis, à peine échancrés au sommet, très-régu-
lièrement imbriqués, d'une belle couleur rose vif à la base,
se dégradant insensiblement jusqu'aux bords, qui sont d'un
blanc presque pur.
C'est une variété très-coquette par la couleur même de ses
fleurs, qui, en outre, n'ont pas cette plénitude froide des im-
bricata à fleurs très -denses .
0. Lescuyer.
— 360 —
DE LA TAILLE DES MAGNOLIA.
Il est rare de voir de beaux Magnolia dans les jardins, en
dehors du bassin de la Loire, et notamment de Nantes et d'An-
gers. La cause en est très-simple; c'est qu'on s'imagine que ce
grand arbuste doit venir naturellement comme le marronnier
ou le platane, et qu'il suffit simplement de le planter sans
plus jamais s'inquiéter de lui. Sans doute les Magnolia peu-
vent venir et pousser ainsi ; mais alors on ne possède que des
individus dégingandés, à branches grêles à peu près dénudées
de feuilles.
Voir, comme exemple, les deux Magnolia grandiflora du
Jardin des Plantes de Paris, situés au pied du labyrinthe, dans
l'angle postérieur des grandes serres, et ceux de toutes les
promenades publiques de la capitale.
Si Angers et Nantes possèdent de si beaux Magnolia, c'est
que là ils sont soumis à la taille raisonnée. Tous les deux ou
trois ans, on rabat les nouveaux rameaux sur le troisième ou le
quatrième œil, suivant la vigueur du sujet. Tous les yeux se
développent alors et la cime se trouve superbement garnie.
Mais cette taille doit être faite en dedans ou en dehors, sui-
vant qu'on veut obtenir de larges cimes arrondies, ou des ci-
mes allongées coniques. Dans le premier cas3 on taille en de-
dans, c'est-à-dire sur un œil placé en dehors ; dans le second
cas, la taille est faite en dehors sur un œil placé du côté du
tronc. De cette manière, on obtient une cime très-ramifiée,
très-serrée, et naturellement très-florifère.
Eugène de Martkagny.
— 361 —
REVUE DES JOURNAUX ÉTRANGERS.
Botanical Magazine.
Cereus lividus (PI. 5775). Cette Cactée qu'on rencontre dans
les collections horticoles sous les noms de Cereas Perottetii,
lœtevirens, lividus glaucior, eœerens et retrofleoous, a la tige
dressée, généralement simple, d'un vert plombé, composée de
longs articles relevés de 4 à 6 côtes aplaties, très-saillantes,
garnies sur les crêtes, ou arêtes, d'aréoles un peu laineuses
qui sont armées de 6 à 10 épines brunes, longues de un demi-
centimètre à un centimètre. Les fleurs blanches et larges de
20 à 25 centimètres, naissent dans la partie supérieure de la
tige ; les sépales et les pétales très-nombreux sont étalés ; au
centre se dresse une couronne d'étamines au milieu de laquelle
apparaît le style terminé par 18 stigmates jaunes. Cette belle
espèce est originaire du Brésil. Cultivée dans le jardin de Berlin
depuis 1836, elle a fleuri seulement l'année dernière dans les
serres de Kew en Angleterre.
Crocus Orphanidis(V\. 5776). Nouveau safran de la Grèce,
envoyé en Angleterre par le professeur Orphanidès d'Athènes
sous le nom de Crocus pholegandrus. Son bulbe est allongé,
recouvert d'une tunique brune d'où sortent quelques feuilles
très -longues et étroites rubanées, et des fleurs de couleur li-
lacé pâle avec les stigmates couleur orange. C'est une espèce
automnale.
Pelargonium Schottii (PI. 5777). L'origine de ce Pelargo-
nium est enveloppée d'une certaine obscurité; il est né
toutefois dans les jardins, et naturellement on le regarde
comme un hybride . Son feuillage ressemble à celui du Pe-
largonium chœrophyllum, autre hybride de vieille date ; les
feuilles sont, en eltèt, composées de 3 à 7 segments latéraux
lobés et crénelés ; les fleurs sont d'un beau rouge de sang, et
les pétales, qui ont la forme des pétales du P. zonale-inqui-
nans, portent une macule brun-noir.
Odontoglossum Krameri (PI. 5778). Cette Orchidée qui a été
décrite l'année dernière dans le Gardener's Chronicle, par
M. Reichenbacli iiîs, est originaire des Cordillères de Costa-
Rica où elle a été découverte par M. Kramer; elle a fleuri
chez MM. Veitch et Sons en Angleterre. C'est une espèce qui a
des pseudo-bulbes aplatis, portant une seule feuille oblongue-
lancéolée, longue de 30 à 40 centim., et c'est de la base de
ces pseudo-bulbes que naissent les panicules dressées ou pen-
dantes de jolies fleurs blanc-rosé, à labelle rose violacé,
marqué, vers son point d'attache, de deux bandes semi-lu •
naires, l'une blanche et l'autre rouge, et d'un disque jaune
d'or maculé de pourpre.
Plumeria hdea (PI. 5779). Très-bel arbuste de la famille des
Pervenches (Apocynées), originaire du Pérou et qui a fleuri
cette année dans les serres de M. Linden, de Bruxelles. Les
feuilles sont très-belles, oblongues-obovales, longues de 40 à
50 centimètres. Ses fleurs très-agréablement parfumées, larges
de 10 centim.^ sont blanc carné avec le centre jaune d'or, et
disposées, en grand nombre, en cymes ombelliformes. Cette
variété magnifique est cultivée dans tous les jardins du Pérou,
où elle fleurit pendant les mois de janvier, février et mars. A
Bruxelles la floraison a eu lieu'au mois de juin. C'est une belle
acquisition pour les serres chaudes.
Dendrobium densiflorum var. albo-hiieo (PI. 5780). Belle
Orchidée qui se distingue du type par ses longues grappes de
fleurs blanches transparentes à labelle jaune. C'est une va-
riété naturelle, qui a été trouvée dans les forêts de Moulmein.
par le révérend Parish ; elle ne doit rien aux effets merveilleux
et transformateurs de la culture.
Vaccinium reflexum (Pi. 1781). Cette très-élégante Érica-
cée, originaire de la Bolivie, et introduite en Angleterre par
— ;U)3 —
M. Veitch, est un petit sous-arbrisseau à rameaux très-longs,
réfléchis pendants, garnis de petites feuilles pileuses, et ter-
minées par des petits bouquets de fleurs rouges en grelot re-
levé de 5 angles. Sa première fleuraison a eu lieu en 1868, au
mois de janvier. Ce sera une jolie petite plante pour garnir
les rochers et les suspensions des serres chaudes.
Geonoma Ghiesbrechtiana (PL 5782) est le même Palmier
décrit par M. Wendland, sous le nom de Calyptrogyne Ghies-
brechtiana. Il est introduit en Europe depuis 1856 environ,
et n'est pas encore très-répandu. C'est une belle espèce or-
nementale, qui a été introduite du Mexique par M. Ghies-
breght.
Dipladenia boliviemis (Pi. 5783). Arbuste grimpant de la
famille des Pervenches (Apocynées) découvert en Bolivie par
M. Pearce, collecteur de l'établissement anglais Veitch et Sons.
C'est, comme dit M. Hooker, une tvbs-beantifn! plant de serre
chaude qui fleurit au mois de juin. Ses fleurs ont un long tube
jaune intérieurement et qui porte 5 lobes étalés d'un blanc
pur formant un limbe de 5 centimètres de diamètre.
Pterodiscus luridus (PI. 5784). Ceci n'est pas précisément
une beautiful plant; c'est une plante de la famille du Marlynia
(Pédalinées) très-intéressante et curieuse pouri'amateur. Sa tige
ligneuse très-renflée conique à la base, se divise au sommet en.
plusieurs rameaux courts qui portent quelques petites fleurs
jaune fauve. Elle est originaire d'Albany ., district du Cap de
Bonne-Espérance.
Morœa bulbifera (PI. 5785). Autre plante du Cap et de la
l'ainilledes Iridées. Introduite d'abord en 1792 dans le jardin
botanique de Vienne (Autriche) par Jacquin, elle a été re-
trouvée par Cooper, et réintroduite dans les cultures par
M. Wilson Saunders. De son bulbe arrondi naît une tige de
50 centim. à 1 mètre de hauteur, qui produit, en mai, une mul-
titude de jolies fleurs jaunes, larges de 5 centimètres, et dis-
— 364 —
posées en panicules lâches. C'est une élégante plante de serre
froide.
Drosophyllum lusitanicum (PI. 5796). Plante sous-ligneuse
d'Espagne et du Portugal, très-curieuse par les nombreux poils
glanduleux qui couvrent toute la plante, et jolie par ses fleurs
jaunes larges de 3 à 4 centim. et disposées en corymbe au
sommet de la tige. Celte tige est haute de 30 à 40 centim., et
ses feuilles très-longues sont étroites.
Mackaya bella (PI. 5797). Belle plante de la famille des
Acanthes, originaire de Port Natal en Afrique. C'est un arbris-
seau grêle non épineux, à feuilles sinueuses dentées, et à
grandes fleurs (3 centim.) blanches nuancées delilacé, dispo-
sées en grappes terminales. Elle est à la rigueur de serre froide ;
mais elle se trouve mieux de la serre tempérée dans laquelle
elle fleurit abondamment pendant le mois de mai.
Aerides japonicum (PI. 4 798). Une Orchidée épiphyte du
Japon est chose assez rare. Cet Aerides a été d'abord introduit
en Belgique par M. Linden en 1862, et récemment par
MM. Veitch, chez lesquels il a fleuri en juin dernier. Ses fleurs,
disposées en panicules radicales pendantes, sont d'un blanc
verdâtre ; mais le labelle et les pétales sont plus ou moins striés
et ponctués de violet clair. C'est une bonne acquisition pour
les jardins d'hiver.
Bignonia purpurea(V\. 5800). Très-belle espèce originaire
de l'Uruguay et très-voisine du Bignonia specioaa dont elle ne
diffère guère que par la couleur des fleurs qui est un lilacé pâle,
mais avec l'intérieur et la gorge du tube d'un blanc pur. Elle
pourra probablement servira orner les serres froides e't jardins
d'hiver.
Cotylédon Sahiuanni (PI. 5801). Jolie Crassulacée d'Espagne
propre à la garniture des rocailles dans les jardins d'hiver ; ses
tiges, garnies de feuilles cylindriques glanduleuses longues de
1 à % centim., sont terminées par un gros bouquet de fleurs
jaunes avec le dos et la pointe des lobes de la corolle — qui
est monopétale — de couleur rouge brun ; ces mêmes lobes
sont très-finement ponctués de rouge foncé en dessus. C'est,
d'après le dessin du journal anglais, une bonne acquisition ;
caria plante paraît très-fleuri f ère.
A. de Talou.
PETITES NOUVELLES.
Multiplication des Pelargonicm. — Au lieu de couper les
boutures au-dessus du nœud foliaire, M. F. de Buysson (Rev.
des jardin, et des ch.) les casse proprement dans les entre-
nœuds, en ne conservant qu'une feuille garnie d'un œil, de
sorte qu'il peut faire autant de boutures que le rameau a de
feuilles.
11 enterre ses boutures jusqu'à cet œil dans une plate-bande
de sable, en plein air et au soleil, en tenant son sable humide
par des arrosemenls à la pomme. Quinze jours après ses bou-
tures sont toutes reprises ou à peu près ; il les empote comme à
l'ordinaire. Ce seul œil conservé donne unsujetbeaucoup mieux
fait qu'avec les boutures de branches ; seulement il demeure un
peu plus longtemps à se former. M. de Buysson recommande
bien de ne rien couper à la serpette : pour ce genre de bou-
tures il faut toujours casser.
Les horticulteurs qui emploieraient ce procédé feraient une
grande quantité de boutures avec peu de branches, et surtout
avec peu de soins. Il va sans dire qu'on ne peut bouturer
dehors que dans les mois chauds de l'année.
Courtilières. — Ce ne sont pas les procédés de destruction
qui manquent, c'est l'efficacité qui fait généralement défaut.
M. Gouet, sous-inspecteur des forêts, proclame un moyen in-
faillible, simple et peu coûteux , qui lui a réussi et que chacun
peut appliquer. Le moyen n'exige, comme outillage, qu'un ar-
— 366 —
rosoir et quelques paillassons hors de service. Ensuite, par une
journée chaude, et de préférence par un temps de sécheresse,
au coucher du soleil, on arrose plusieurs places infestées par
les cour tilières; puis on couvre avec les paillassons. Alors « atti-
rées parla fraîcheur, dit M. Gouet, toutes les courtilières du
voisinage viendront le lendemain, aux heures les plus chaudes
delà journée, s'allonger à l'ombre des paillassons, et rien ne
sera plus facile que de les saisir et de les détruire. » Cette
chasse doit être faite dès le mois de mai, avant la ponte.
De la fécondation des Palmiers. --Un savant belge, M. Bom-
mer, n'étant pas satisfait de l'usage du pinceau pour opérer
artificiellement la fécondation des Palmiers, a imaginé un pro-
cédé dont il se loue et que voici. D'abord pour récolter le pol-
len, il secoue les inflorescences mâles sur une feuille de papier
de couleur, et ensuite il pulvérise les fleurs mâles après les
avoir fait sécher, et ajoute celte poussière à son pollen pur
qui, dans cet état d'impureté, se conserve bien mieux que sans
mélange. Puis, quand un régime femelle lui paraît arrivé à
point pour être fécondé, il pose son pollen sur une feuille de
papier de couleur sombre; — cette couleur paraît exercer une
grande influence dans l'opération, car l'auteur répète toujours —
la couleur sombre : — Le pollen ainsi répandu sur la feuille de
papier — de couleur sombre — « un aide tient la feuille sus-
dite sous le régime à féconder; puis au moyen de vigoureuses
chiquenaudes données au-dessous de la feuille de papier — de
couleur sombre — à l'endroit ouest amassée la poudre polli-
nique, l'opérateur produit des nuages de poussière qui enve-
loppe le régime et se répand ensuite sur les fleurs femelles.
Après plusieurs répétitions de ce procédé, dit l'auteur, lors-
qu'on est certain que toutes les fleurs ont été saupoudrées, il
est bon de secouer le régime femelle pour faire tomber l'excès
de pollen qui peut servir à d'autres opérations. »
367 —
BEC BRISE-JET DE M. RAVENEAU APPLIQUÉ A LA SE-
RINGUE DES JARDINIERS ET AUX ARROSOIRS.
Dans un excellent article publié par YInsectologie
agricole, M. Maurice Girard donne la description de
la seringue ou petite pompe des jardiniers. « Les
modèles varient beaucoup, dit -il, nous représen-
tons un des plus employés. » Puis il décrit ses
■usages.
Nous ajouterons la description d'un tout autre
modèle, qui nous semble bien préférable à ceux
précédemment établis, Il s'agit de la seringue ordi-
naire, munie du bec brise-jet de M . Raveneau (1 ).
Le bec brise-jet (fig. 2 et 3) est aussi simple que
possible : un orifice circulaire, en avant duquel est
une languette métallique, voilà tout l'apareil. Le
liquide va frapper la languette en sortant et se divise
à l'infini, avec la plus grande régularité : il suffit de
pousser vivement le piston, lorsque l'orifice est
petit, pour obtenir un véritable brouillard. Rien
de semblable ue peut être acquis avec de simples
trous percés dans un obturateur.
Des becs à orifices différents et munis de lan-
guettes plus ou moins courbées, permettent des
effets variés selon les besoins; un seul bec suffit
dans la plupart des cas.
(1) Rue Rochcchouavt, 45, à Paris.
— 568 —
En tournant la seringue d'un quart de cercle chaque fois, on
projette alternativement le liquide de haut en bas, à droite ou
à gauche, de bas en haut; toutes les feuilles du végétal sont
mouillées, sur toutes leurs parties, quelle que soit leur posi-
tion.
La surface couverte à la fois est incomparablement plus
considérable qu'avec les autres seringues.
En nous plaçant au point de vue spécial de la destruction
des insectes sur les végétaux, par des liquides particuliers,
nous trouvons que la seringue munie du bec brise-jet est un
précieux instrument, parce qu'il permet d'exécuter le travail
mieux et plus vite qu'avec tous ceux du même genre.
Des essais sérieux, faits à l'École impériale d'agriculture de
Grand-Jouan, nous autorisent à recommander son emploi aux
agriculteurs et aux jardiniers.
J. Besnard,
Répétiteur à Grand-Jouan.
A cette note que nous empruntons à l'intéressant et utile
journal : Ylnsectologie agricole, nous ajouterons que le bec
brise-jet n'est pas exclusif à la seringue-pompe, mais qu'il
est avantageusement substitué, depuis quelque temps, à la
pomme de l'arrosoir ; l'eau s'écarte davantage, et est bien
plus divisée que par la pomme ; pour le bassinage des semis
il est très-précieux ; pour les arrosements des pelouses et cor-
beilles de plantes, il faut prendre un bec à orifice très-grand,
afin que le débit de l'eau soit plus rapide.
Eue de M.
TABLE DES MATIERES.
CONTENUES DANS LE ONZIÈME VOLUME, IV» SERIE.
a \ \ b; a: isti'o
I. — Janvier.
PAGE».
F. Heiuncq. Chronique. Dix-neuvième anniversaire de C Horti-
culteur français ; ce qu'il a été, ce qu'il est, ce qu'il sera. A
ses abonnés. Nouvelles conditions d'admission au jardin de la
ville de Paris. Election de. la Société impériale d'horticulture
de Paris. Exposition pour 1869 ; suppression des programmes
de concours. L'hiver et les pelures d'Oignons. Belles florai-
sons des Jasminum nuditlorum, Lonicera Standishii et fra-
grantissima. Prudence ; les froids peuvent venir ; ne taillez
pas trop vite 5
0. Lescuyer. Abricotier Munie (PI. 1) 44
F. Heiuncq. Fructification naturelle d'un Chamaerops excelsa. . . 47
F. Herincq. L'Artichaut ; emploi culinaire de ses feuilles <|8
Charles Baltet. Poire Auguste Mie 49
Eue de Martragny. Sentinelle, prenez garde à vous! Les che-
nilles 20
Ed. Loarer. Du climat de l'Himalaya, 24
X Petites nouvelles : le puceron lanigère 3j
X Travaux du mois de janvier 32
II. — Février.
F. Herincq. Chronique. Une victime des discussions scientifiques :
théorie de M. Morren sur l'incompatibilité des panachures et
des fleurs doubles : M. Lemaire et le Rerria à quatre pétales :
le Renia à fleurs doubles de l'Illustration horticole ; erreurs
et colères. L'art de greffer, par M. Ch. Ballet. Les fruits à cul-
tiver, par M. F. Jamin. Ce que sont les livres sur les spécia-
lités de plantes : Les plantes de serre ; les arbustes et les
arbrisseaux de plein air ; les Cactées. Le Nouveau Jardinier
illustré pour 1869 33
Décembre 4 869. $4
— 370 —
PAGES .
L. NeumàNN. Le Solanum sisymbriifoliuni, à fruit comestible
(PI. II) 42
L. Gordier. Culture du Melon sur buttes 44
F. Herincq. Le Fraisier, sa culture pour en obtenir des fruits pen-
dant 7 mois , 45
Ch. Baltet. Greffo du Noyer à fruit comestible sur le Noyer d'Amé-
rique 53
A. Pavard. Crambe maritime ou Zea Kale des Anglais 55
X Cercle des cultivateurs. 59
0. Lescuyer. Revue des journaux étrangers ; plantes rares ou
nouvelles 61
X Catalogues d'horticulture 63
X. .... . Travaux du mois de février 64
III. — Mars.
F. Herincq. Chronique. Les doctrines de Darwin et ses consé-
quences ; hommes créateurs : perfectionnement des plantes
sauvages. Extinction par vieillesse des arbres fruitiers ;
théorie de la solidarité de la matière ; le nez du notaire et
M. Boutteville. Les sophistes ou les savants doublés de fausse
philosophie. Une fable. Les Camellia de M. le comte de
Gomer 65
F. Herincj. Dissertation sur la végétation ; la circulation et le
savant doublé du philosophe 72
0. Lescuyer. Hibiscus mutabilis (PI. III) 80
0. Lescuyer. Revue des journaux étrangers 82
Adolphe Remy. De la taille du Rosier 84
Cugnière. Conduite des jeunes arbres fruitiers sans taille des bran-
ches de remplacement 86
Loarer. Du climat de l'Himalaya 89
X Petites nouvelles; destruction des pucerons; culture
hivernale de la Pomme de terre; Chou-navet de Chine ; sa-
lade de Chine ; Chou de Schang-ton ; Persil bulbeux ; Gre-
nades de Toulon. Eucalyptus globulus ; Opuntia Rafinesquii. 91
X Exposition pour 1869 : 94
X Catalogues d'horticulture 94
X Travaux du mois de mars et du mois d'avril. ... 95
IV. — Avril.
P. Herincq. Chronique. Le jardin d'arboriculture et de botanique
du Havre menacé. Création d'une nouvelle école de bota-
— 371 —
PAGES .
nique de la faculté de médecine de Paris ; un modèle de
serre à ne pas imiter. Ecole centrale d'agronomie au Mu-
séum ; une circulaire de S. Es. le ministre concernant les
admissions à cette école ; culture expérimentale. Encore un
mot sur l'origine des plantes domestiques et la Carotte
Vilmorin ; trop de confiance •. 97
Alph. Lavallée. L'Akebia quinata et sa fructification (PI. IV). . 103
Duchartre. Quelques remarques sur la théorie de l'extinction par
vieillesse, des variétés de fruits 107
F. Herlvcq. Dissertation sur la végétation : des faits qui témoi-
gnent contre la circulation de la sève 117
H. du Roselle. Les engrais chimiques Georges Ville, employés
dans la culture des légumes ^21
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 124
X Travaux du mois de mai 128
V. — Mai.
F. Herincq. Chronique. Exposition de Paris et de Saint-Péters-
bourg; ce qu'on fait en Russie et ce qu'on ne fait pas à
Paris pour les membres du Jury; circulaire de la Société
d'horticulture de Saint-Pétersbourg. Congrès. Pomme hybride
des sèves de M. Behr. Les Aubépines roses et blanches de
M. Hailfache ; charmante gauloiserie ; comment on peut
devenir un botaniste distingué. Nouvelle et singulière théorie
de la construction des serres par un architecte. Attristant
spectacle : 40,000 vers blancs ; prévoyance d'un cultivateur;
le vrai moyen de se débarrasser des hannelons 129
O. Lescuyer. Bégonia rosaeflora (PI. V) 138
L. Coudier. Nouveaux légumes- . . , 139
F. Burvenick. Retardement de la végétation printanière des arbres
précoces 141
F. Herincq. Observations critiques sur l'origine des plantes domes-
tiques et sur la Carotte sauvage améliorée de M. Vilmorin. 142
F. Herincq. Les engrais chimiques de M. Georges Ville 152
X Petites nouvelles : moyen d'obtenirdes Rosiers francs
de pied : moyen d'équilibrer les arbres 158
X Exposition du mois de juin 159
X Travaux du mois de juin 160
— 372 —
VI. — Juin.
PAGES.
F. Herincq. Chronique. Cruelle erreur: pour éclairer, je mets la
lumière sous le boisseau ; M. Duchartre doute de la véracité
de mes assertions ; comme quoi son doute est mal fondé.
Encore le Radis sauvage amélioré. Compte rendu de l'Expo-
sition d'horticulture de Paris ' 161
Turel. Orange Ghamouti de Jaffa, sans pépin (PI. VI) 169
F. Herincq. Observations critiques sur l'origine des plantes domes-
tiques,, et notamment du Radis sauvage amélioré, et des va-
riétés ornementales 171
Desprez. Rusticité des Dracœna australis et indivisa 186
F. Herincq. La taupe et le ver blanc 189
Ern. Bonard. Epouvantai! pour garantir les semis des pierrots. . 190
X Travaux du mois de juillet 192
VII. — Juillet.
F. Herincq. Chronique. Le mauvais temps; maladie du grain de
Raisin en Bourgogne. Les plantes à feuillage pendant cette
période de froid exceptionnel. Les Canna et le jardin de la
ville de Paris. Exposition d'horticulture à Saint-Péters-
bourg; réception des jurés étrangers: décorations accordées
par l'empereur de Russie. Causes diverses du mauvais temps.
La lune; erreur au sujet de l'influence lunaire. Les fruits.
Désolante prospérité du ver blanc ; sa rusticité et l'acide phos-
phoreux. Dames patronnesses et médailles aux expositions
d'horticulture ; ce qu'on admire. Flore et sa cour à Monte-
reau ; mascarade horticole 193
0. Lescuyer. Aristolochia floribunda (PI. VII) 201
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 202
X Les boutures de Rosiers. . , 204
X Petites nouvelles : Fumier de tabac; nouveau sujet
pour greffer les Rosiers 205
Louis Comperat. Observations sur la taille et la culture des Melons. 206
F. Herincq. Observations critiques sur l'origine des plantes domes-
tiques (3° article) : de la sélection 213
Van Hulle. La non-laille 221
X Travaux du mois d'août 224
V1T1. — Août.
F. Herincq. Chronique. Les Petits Pois et les Roses sous Louis XIV.
Les idées propagées par les professeurs d'arboriculture et les
— 373 —
PAGES.
Sociétés. Poire Duchesse de Mouchy. Architecte et chauffage
en présence de M. Van Houtte. Concours d'appareils de chauf-
fage à l'Exposition universelle de 1 867 ; projets d'un nou-
veau concours. La Victoria du jardin botanique de Gand ;
dimension extraordinaire de ses feuilles. Expositions à Brie-
Comte-Robert, Levallois, Versailles et Sceaux. Les primes offer-
tes par la Société d'horticulture de Hambourg. Un communi-
qué fantaisiste au sujet des Canna du jardin de la ville de
Paris 225
F. Herincq. Cercle des agriculteurs 233
0: Leschyek. DalechampiaRoezliana(Pl. VIII) 335
Eug.de Martragny. La Sélanigelle changeante 236
Van-den-Noartgate. Multiplication du Wigandia caracassana. . . 238
F. Herincq. Observations critiques sur l'origine des variétés : la Vi-
périne 239
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 242
Martin Rivemale. Le Chou de Schweinfurlh 247
M.Rorine. Culture de l'Abricotier en contre-espalier 248
Van-Hulle. La non-taille 250
F. Herincq. Le dictionnaire pomologique de M. André Leroy. . . 255
X Travaux du mois de septembre. 256
IX. — Septembre.
F. Herincq. Chronique. Première apparition des Colchiques et
réunion des hirondelles. Maladie de la Vigne dans le Lan-
guedoc ; cause du mal et remèdes. Les végétaux ligneux doi-
vent être soumis à l'assolement : nouveau traitement à appli-
quer à la Vigne. Sécheresse. Marché aux fleurs couvert de
Paris. Les Nymphéacées sous le climat de Paris : floraison du
Nelumbium au Jardin des Plantes. Maladie du Rosier. La
Glycine et les Rosiers remontants. Mon opinion bien ar-
rêtée au sujet du Radis de famille: défi porté à l'auteur . . . 257
0. Lescuyer. Bégonia b.oliviensis (PI. IX) 263
Pertuzès fils. Note sur la multiplication des Géranium zonale à
fleurs doubles 265
Delaire. Floraison du Yucca Treculeana et autres espèces rares. . 266
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 270
Louis Comperat. Conservation de la Chicorée et de la Scarole. . . . "^72
V. Chatel. Mise en culture de la surface des tas de fumier 277
Ehri.en. Encore les taupes et les vers blancs 278
— 374 —
PAGES.
Van-Hulle. La non-taille 281
X Travaux du mois d'octobre 287
X. — Octobre.
F. Herincq. Chronique. Les plaisirs d'automne ; attraits de la
chasse au Champignon. Un nouveau livre : Guide pour re-
connaître les Champignons comestibles et vénéneux du pays
de France, par M. Kroenishfranck. Arrêté préfectoral con-
cernant la chasse aux petits oiseaux de passage. Nouveau pro-
cédé de destruction du ver blanc. Liquide destructeur des
pucerons de M. Cloës et du Gardener's Chronicle. Un soleil
monstre et une inflorescence gigantesque d'un Hydrangea
otaksa. Histoire du Zinnia double. Encore le Radis de fa-
mille 289
0. Lescuyer. Cypripedium spectabile (PI. X) 298
A. de Talou. Revue des journaux étrangers 5 plantes nouvelles. . 300
Ern. Bonard. Culture du Nelumbium 303
Eug. de Mârtragny. Notice historique sur le Palmier à chanvre de .
la Chine et du Japon ,. . . . 306
L. Gutlloteaux. De la conservation des Raisins 342
Van-Hulle. De la non-taille 315
X Catalogues d'horticulture pour l'automne 1869. . . 319
X Travaux du mois de novembre 320
XI. — Novembre.
F. Herincq. Chronique. Concours ouvert pour les appareils de
chauffage ; conditions d'admission ; le thermosiphon seul
admis; deux catégories; les baignoires; critiques de MM. For-
ney, Burel et Rivière ; notre opinion. Un mot sur le concours
de 1867. Les étiquettes Forney. Encore le non arrosemeut
des Fraisiers. Les poux des Orangers du Luxembourg et M. Fo-
rest. La maladie nouvelle de la Vigne ; le Phylloxéra vasta-
trix; remède, l'acide carbolique. Les produits du charbon de
terre. La Criocère et le Naphtal. Envoi de Pêches de Mon-
treuil àConstanlinople par M. Lepère ; résultat présumé. En-
core l'Exposition de Saint-Pétersbourg; fine fleur de Pois
belge 321
O. Lescuyer. Lespedeza bicolor (PI. XI) ■ 330
Eug. de Martragny. Les Palmiers rustiques pour plein air et serre
froide 331
— 375 -
PAGES.
Louis Comperat. Le Chou-fleur roussi de Chambourcy 334
V. Chatel. Culture du Chou pour en obtenir de nombreux jets . . 338
Van-Hulle. La non-taille 341
Henri Beurier. Victoire de Lyon (Pelargonium nouveau à fleurs
doubles). 344
Ern. Bonard. Plantes nouvelles 346
X. . „ . . . Catalogue d'horticulture 351
X Travaux du mois de décembre 353
X.
Décembre.
F. Herïncq. Le Dictionnaire de pomologie, par M. André Leroy ;
les œuvres pomologiques de Jean Mërïet, de la Quintinye,
de Duhamel du Monceau, de Le Berryas, de Louis Noisette,
de Poiteau, de M. Decaisne 353
O. Lescuyer. Le Camellia Contessa Tozzoni (PI. XII) 359
Eue;, de Martragny. De la taille du Magnolia 360
A. de Talou. Bévue des Journaux étrangers; Botanical Magazine. 361
X Petites nouvelles; multiplication des Pelargonium;
destruction des courtillières; fécondation des Palmiers. . 365
.1. Besnard. Bec brise-jet pour arrosoir 367
PLANTES FIGURÉES.
PAG.
PAG.
I.
Abricotier munie. . .
U
XII.
Camellia Contessa Toz-
Iï
Solanum sisymliriit'o
42
359
III.
Hibiscus mutabilis. .
82
Hiil'U^N IVOIRES.
IV.
Akebia quinata. . .
103
1.
Chenille du Bombjxdis-
V.
Bégonia rossetlora. .
. 138
21
VI.
Orange Chamouti d<
I
II.
Papillon du Bombyx
Jaffa sans pépin. .
. 169
disparate . . . • . .
21
vil.
Aristolochia floribunda
. 201
III.
Papillon du B< mb , \
vni.
DalecbampiaBoezIiuna
. 235
disparate femelle en
IX.
Bégonia Boliviensis .
. 263
train de pondre. . .
21
X.
Cypripediumspectabile
. 298
IV.
Bec brise jet pour arro-
XI
Lespedeza bicolor. .
. 330
son
367
— 376 —
TABLE ANALYTIQUE.
Àbies bracteata, 169.
Abricotier Mume (PI. I.)> 44.
Abricotiers, 89.
— en contre-espalier, 248.
Abricots, 27.
Achimenes elegans flore pleno, 425.
Acides carbolique et phénique, 327.
Adonis cupaniana, 348.
Aerides Lobbii, 62 ; — japonicum, 364.
Agave, 28.
— Verschaffeltii, 82.
Aglaonema Mannii, 302.
Agriculture : Ecole centrale du Mu-
séum ; chronique, 99.
Agrostis pulchella, 165.
Ajonc sans épines, 182.
Ajuga pyramidalis à fleurs roses et
à fleurs blanches, 474.
Akebia quinata (PI. IV.), 103.
Akebi kadsura des Japonais, 4 04.
Allamanda nobilis, 302.
Alloplectus bicolor, 244.
Alocasia Liervallii, 164, 243.
Amélioration des plantes sauvages;
chronique, 401. 443, 171, 213 et
239.
Amomum sceptrum, 302.
Ananas Mordilona, 244.
Andromeda ovalifolia, 90.
Anis, 28.
Août : travaux du mois, 224.
Arachis hypogea, 28
Aralia dactylifolia, 464.
Arbres : moyen de les équilibrer,
458.
Arbres fruitiers ; leur extinction par
vieillesse , d'après M. Boute-
ville, 107 et chronique, 67.
Arbres fruitiers sans taille (conduite
des jeunes), 86.
Arbres précoces (retardement de la
végétation printanière des), 141. .
Arbrisseaux et arbustes d'ornement
de pleine terre (les) ; chronique,
39.
Architecte : théorie curieuse de la
construction des serres et d'un
appareil de chauffage. 135, 227.
Areca, 24.
— Baueri, 164.
— de serre froide, 324.
Aristolochia floribunda (PI. VIII).
201, 8-, — Duchartrei, 8, 244;
— ringens, 61 .
Armeniaca Mume (PI. I.), 14.
Arrosoir à bec brise-jet, 367.
Arrow-root,28.
Artichaut : emploi culinaire des
feuilles, 28.
Asperula selosa azurea, 348.
Aubépines rose et blanche hybri-
des : gauloiserie; chronique, 132.
Avril : travaux du mois, 96.
Azalea sinensis albiflora, 82.
Azalée surprise des dames, 466.
Azucena'de Monte, 247.
fi
Baltet : L'art de greffer les arbres:
chronique, 35.
Bambou nain, 25; — épineux, 28.
Bambusa stricta, 29. (
Bananier, 27.
Barya monadelpha, 263.
Batatas quinquefolia, 349.
Bec brise-jet, 367.
Bégonia Boliviensis (PI. IX). 263 et
464; — rosseflora (PI. V.) 138
et 61 ; — falcifolia, Clarkii, 61 ;
— monadelpha, 263.
Behr : sa pomme hybride des sèves :
chronique, 131 .
Berberis, 29.
Berryas (Le) : le Nouveau de la Quin-
tinye, 354.
Bignonia purpurea, 364.
Bombyx disparate, moyens de des
truetion des chenilles, 20.
Bouteville : sa théorie do l'extinction
par la vieillesse des arbres frui-
tiers ; chronique, 67, 4 07.
Bouton d'or, 175.
Brachycome iberidifolia, 165.
Brahea de serre froide, 334.
Brassia Lawrenceanavar. Iongissima,
300.
Brassica orientalis, 145, 177.
— 377 —
Brie-Comte-Robert : Exposition de
roses du 14 juillet; chronique,
230.
Bromelia scarlalina, 246.
Brownea antioquensis, 245.
Cactées : variétés nouvelles, 168.
Cactées (les), par M . Lemaire; chro-
nique, 41 .
Cactus, 28.
Caladium de M. Bleu, 167.
Calalhea. Voir Mararita.
Calyplrogyne Ghiesbreghtiana, 363.
Camellia con'essa Tozzoni (PI. XII),
82 et 359.
— caterina Rossi, 62.
— de M. le Comte deGomer, 70.
Camptopus Mannii, 301.
Canavalia grandiflora, 348
Canna de la ville de Paris : un
communiqué à leur sujet: chro-
nique, 232.
Canne à sucre, 28.
Capucine lucifer et Lobbii, 165.
Carottes sauvages améliorées; chro-
nique, 29, 101, 143.
Caryophyllus dentosus, 165.
Carvota Cumingii, 302.
Catalogues d'horticulture, 31, 63,
94, 319, 351, 384.
Ceanothus Gloire de Versailles, 127.
Cèdres, 29.
Cedrus deodara, 89.
Cerasus cornuta, 29.
Cercle des cultivateurs, 59, 233.
Céréales des Dhoons, 27.
Cereus lividus et autres, 361.
Cerfeuil bulbeux, 178.
Cerisiers sauvages, 89.
Chambourcy : ses cultures de chou-
fleur, 33 i.
Chamaemelum serratifolium, 348.
Chamserops, 24-, excelsa, Forlunei,
sinensis : fructitication naturelle,
17; — notice historique, 306, 331.
— deserre froide, 3)4.
Champignons : Guide pour recon-
naître les espèces comestibles
et vénéneuses du pays de France,
par M. Krœnislifranck, 289.
Chasse aux oiseaux de passage ;
chronique, 2^2.
Chauflage des serres et architecte :
chronique, 227.
hautl'age concours de l'exposition
universelle de 1867, 228.
— concours de la Société impé-
riale et centrale d'horticulture,
321 .
Chenilles du bombyx disparate et
des processionnaires : moyen de
destruction, 20.
Chicorée; moyen de la conserver
pendant l'hiver, 272.
Chicorée de la passion ; son degré
de rusticité, 140.
Chine (salade de), 92.
Chlora grand iflora, 165.
Chou : sa culture pour en obtenir
une récolte très-abondante de
jets, 338; — de Dax. 139: —
marin. 55, 177 ; — navet de
Chine, 91 ; — Pet-Sai, 178; —
de Schanglon, 92 : — de Schvein-
furth, 247.
Chou-fleur roussi de Chambourcy,
33 4.
Chronique, 5, 33, 65, 97, 129, 161,
193,225, 257, 289,321, 353.
Chrysanthemum segelum, 92.
Cicer arielinum, 27.
Cineraria acanlhifolia, 348'.
Circulation de la sève et M. le Dr
Laguesse, 72, 117.
Cissus indica, quadrangularis et car-
nosa, 25.
Clématiles nouvelles, 203, 347.
Climat de l'Himalaya, 24, 89.
Clinlonia pulchella et alba, 465.
Clitoria brasiliensis. 3»9.
Coccus des orangers et laurier-rose :
moyen de s'en débarrasser ;
chronique, 326.
Cocbliostema Jacobianum, 245.
Cocos de serre froide, 334.
Cœlogyne Reichenbachiana, 301 .
Colchiques: leur première apparition:
chronique, 258.
Coleus Saisonii et autres nouveaux,
164, 244.
Collinsia marmorata, 165.
Compagnon blanc à fleurs doubles,
475.
Concombres, 27.
Concours : leur suppression dans
les expositions d'horticulture :
chronique, 40.
— d'appareil de chaufl'age ; chro-
nique, 322.
Congrès botanique de Saint-Péters-
bourg, 130.
378 —
Convolvulus quinquet'olius, 349.
Corchorus. Voir kvrria.
Coriandre, 28.
Corypha de serre froide, 334.
Cotylédon Salzmanni, 364.
Courge verte de Uubbard, 139
Courlilières (destruction des). 365.
Cranibé maritime : sa culture, 55.
Crépis rosea et allia, 465.
Criocère, moyen de la détruire :
chronique, 328.
Crocus orphanidis, 361.
Curcuma, 28;
Cyanophyllum spectandum, 245.
Cycas de serre froide, 334.
Cypripedium spectabile (PI. X),
298.
D
Dalechampia Roezliana (PI. VIII),
235, 164.
Daphne mucronata, 90;— purpurea,
127.
Dattier, 27.
Darwin : ses doctrines au sujet du
perfectionnement et de la transfor-
mation des plantes-, chronique, 65,
et 442.
Decaisne : son opinion au sujet de
l'amélioration des plantes sauva-
ges, 4 50 ; — Le jardin fruitier du
Muséum, 355.
Décembre: travaux du mois, 352.
Delosloma dentata, 301 .
Deiphinium nouveaux, 202, 347.
Dendrobium crassinode, 303;— den-
sitlorum var. albo luteo, 362.
Deutzia nouveaux, 347.
Dhoons; végétation de ces monta-
gnes, "26.
Dianthus carlhusianorum nanus,174.
Dictionnaire de pomologie. par M. A.
Leroy. 353.
Dieffenbachia Wallisii, 245.
Diervilla. Voir Weigelia.
Dipladenia boliviensis,363.
Dissertation sur la Végétation : circu-
lation de la sève, 72, 4 17.
Disteganthus brasilateralis (?), 14.
Disliacanlhus scarlalinus, 246.
Dolichos, 2 7 ; — pruriens, 25.
Dracaena australis et indivisa : leur
degré de rusticité, 'i 86.
Dracaena Liervallii, 2i3.
Drosopliyllum lusitanicum.364.
Ouchartre (M.) et le radis sauvage
amélioré-, chronique, 1 02.
Duehartre et Boutte ville au sujet dfc
la théorie de l'extinction par vieil-
lesse des variétés de fruits, 107.
Duhamel du Monceau : traité des
arbres fruitiers, 354.
Duplicatures et panachures (théorie
de M. Morren sur les); chronique,
33.
Duruy : circulaire concernant la créa-
tion de nouveaux cours d'agrono-
mie, au Jardin des Plantes de Paris;
chronique, 99.
E
Echeveria nouveaux, 203.
Echium vulgare : variétés naturelles,
239.
Ecole centrale d'agriculture du Mu-
séum d'histoire naturelle de Paris;
chronique, 99.
Ecole d'horticulture de la ville de
Paris : conditions d'admission ;
chronique, 8.
Eleagnus Simonii, 126.
Ele usine coracana, 27.
Engrais chimiques de Georges Ville,
121, 152.
Erreur et présomotion ; chronique,
161.
Erreur de M. Lemaire; chronique,
34.
Etiquettes Forney, 325.
Eucalyptus globulus, 93.
Exposition d'horticulture : Paris, 9,
1 63 ; — Russie, 1 0, 1 29, 1 94, 329 ;
— Hambourg, 40; — Brie-Comte-
Bobert, 11, 23', — Sceaux, 231.
Exlinction par vieillesse des arbres
fruitiers, d'après M. Bouteville ;
chronique, 07, 407.
i Fécondation des Palmiers, 366.
'Fenzlia dianthiflora, 165.
i Fes-tuoa loliaceaet pratensis, 150.
I Février: travaux du mois, 64.
Ficus dealbata, 246; — Philipensis,
244; — religiosa, 24.
Fittonia gigantea, 256.
Fleur du coucou à fleurs doubles, 175.
Flore et sa cour à Montereau ; chro-
nique, 200.
379 —
Fraises: variétés à l'aide desquelles
on peut en avoir pendant 7 mois
de l'année, 46.
Fraisier Gaillon ou Fraise des Alpes
sans lilel : son origine, 182.
Fraisier et sa culture, pour obtenir
des fruits pendant 1 mois, 45.
Fraisiers : arrosement et non-arrose-
int'iit; chronique, 326.
Framboises, 27.
Froids tardifs; chronique, 13, <93.
Fruits à cultiver (les), par M. J. Ja-
min; chronique, 38.
Fumier de tabac, 205.
Fumier (mise en culture de la surface
des tas de), 277.
(i
Gelée du 17 juin, 193.
Gingembre, 28.
Géantisme, 173.
Geonoma Ghiesbreghtiana, 363.
Géranium. Voir Pelargonium.
Glaïeuls nouveaux de M. Souchet,
124.
Gloxinia nouveaux de M. Vallerand,
125.
Glyceria fluitans, 150.
Glycine de la Chine remontante;
chronique, 262.
Godoya splendida, 246,
Gomer (comte de); ses Camellia et
ses serres de Courcelles, 70.
Goyavier, 27.
Grell'e du Noyer à fruit comestible
sur le Noyer d'Amérique, 53.
Greffer les arbres (l'art de) par M. Ch.
Ballet ; chronique, 35.
Grégoire Nélis : ses Poires, 19.
Grenades de Toulon, 92.
Grias Zamorensis, 247.
Gymnostachium. Voir Filtonia.
Gymnolrix latifolia, 203.
Gynerium Wesserlingii foliis-varie-
gatis, 202.
Gypsophila elegans, 165.
H
Hambourg : exposition d'horticul-
ture ; chronique, 10.
Haricot sabre, 27.
Haricots nouveaux, 139.
Hauguel (Paul). Leltre au sujet du
Palmier de la Chine, 332.
Havre : son jardin botanique menacé;
chronique, 97.
Hérédité. Voir Sélection, 213.
Heridella rotundifolia, 300.
Heris rotundifolia. 300.
Hibiscus mulabilis (PI. III), 80.
Himalaya (du climat de 1'), 24, 89.
Hiptage madablola, 25.
Hiver et pelure d'Oignon; chroni-
que, 12.
Horticulteur français : son 19e anni-
versaire ; ce qu'il a été et ce qu'il
sera, 5.
Hutchinsia rotundifolia, cepaefolia.
corymbosa, 300.
Hybridation des Rosiers ; Chronique
'262.
Hybride de sèves; chronique, 131 .
Hyd rangea otaksa, 295.
I
Iberis rotundifolia, 300.
Iberidella rotundifolia, 300.
Igname de la Chine, 178.
Insectes nuisibles (liquide pour la
destruction des); chronique, 294.
Ipomrea çlaussenUna, 349.
Iresine Lindeni, 247.
Jaiiiin (F.). Les fruits à cultiver;
chronique, 38.
làntier: travaux du mois, 32.
Jardin de la ville de Paris : Ecole
d'horticulture : condition d'admis-
sion Voir Chronique, 5.
Jasminum nudiflorum, 12, — pubi-
gerum, 29.
Juglans. Voir Noyer.
Juillet: travaux du mois, 192.
Juin : travaux du mois, 160.
Kaulfusia amelloïdes, 165.
Kerria tetrapetala et panaché à fleurs
doubles; chronique, 34.
Kœmpferia Parishii, 302.
I.actuca perennis, 145, 176.
Laguesse : théorie de la solidarité;
chronique, 68. Voir Dissertation
sur la végétation, 72.
Laitue vivace, 145, 176.
Laitues nouvelles, I40.
380 —
Lasiantha macrantha, 164.
Latania de serre froide, 334.
Latex, ou suc laiteux, 419.
Lalhyrus Turneri, 349
Laurier-rose ; moyen de détruire ses
poux ou coccus ; chronique, 326.
Légumes nouveaux, 139.
Lemaire (M.) et le Kerria panaché
à fleurs doubles ; chronique, 34 ;
— les Cactées. Voir chronique, 41.
Lentilles, 27.
Lepère : tentative de transport des
pêches de Montreuil à Conslanti-
nople ; chronique, 328. .
Leptosiphon androsacea et variétés,
«63.
Lerov (André). Dictionnaire de Pomo-
logie, 255, 353.
Lespedeza bicolor (PI. XI), 330-
Linaria bipartita ;>lba, 16b.
Linum grandiflorum, 165.
Lis d'eau du Nil, 303.
Lobelia Erinus, grandiflora, mar-
morata, Lindleyana, 465 ; — ra-
mosa var heterophylla major,
349.
Lœlia purpurala var. Nelisii, 83.
Lonicera Stand ishii, fragrantissima,
4 2.
Lonhanlhus anisatus, 349.
Lotus corniculatus major, 474.
Lune : erreur au sujet de son in-
fluence; chronique, 196.
Lycbnis dioica,et floscuculi à fleurs
doubles, 175.
Lychnis Preslii, 4 65.
Lycopode changeant, 236.
M
Mackoya bella, 364.
Magnolia (de la taille des), 300.
Mai j travaux du mois. 128.
Maïs, 27.
Manguier, 27.
Manioc, 28.
Mura n ta nouveaux, 270.
Marché aux fleurs couvert de Paris ;
chronique, 261 .
Marronniers: singulier phénomène
de transformation ; chronique,
162, 297.
Mars: travaux du mois, 95.
Matisia cordala, 271 .
Maurandia atro-violacea, 349,
Melons 27 ; — culture en bultes
44 ; — observations sur la taille,
la culture et choix des variétés,
206.
Merlet (Jean) : ouvrage de pomo-
logie, 353.
Miltonia speetabilis var. virginalis,
83.
Mimulus variés, 166.
Mok'Tsu des Chinois, 104.
Monlereau : mascarade horticole.
200.
Mordilona. 244.
Moraea bulbifera, 363.
Morren : théorie sur l'incompatibi-
lité des panachures et des fleurs
doubles; chronique, 33.
Muette (jardin de la). Voir Chro-
nique, 5.
Munie. Voir Abricotier.
Muséum d'histoire naturelle de
Paris : école centrale d'agriculture :
chronique, 99.
N
Nanisme, 173.
Nanodes Medusœ, 84.
Naphtal et Criocère ; chronique, 3?8.
Navet rouge, 27.
Nelumbium ; sa floraison, 264 ; —
sa culture, 303.
Nemesia compacta elegans, 165.
Nemophila maculata, insignis, alba,
165.
Noccea cepaefolia, 300.
Noisette (Louis) : le jardin fruitier.
354.
Nouveau Jardinier illustré pour 1870,
329.
Nouveautés. Voir Plantes nouvelles.
Nouvelles (petites), 31, 124, 205,365.
Novembre : travaux du mois, 320.
Noyers : singulier phénomène de
transformation ; chronique, 297.
Noyer : greffe du Noyer à fruit co-
mestible sur le Noyer d'Amérique,
53.
Nycterinia selaginoides, 165.
Nymphéacées, 261 .
Nympliaea alba minor, 174; — blanG
h fleurs rouges, 474.
0
Octobre : travaux du mois, 288.
Odontoglossum krameri, 362.
Oignons prophètes ; chronique, 12 ;
— nouveaux, 140.
Oiseaux de passage (chasse aux) ;
chronique, 292.
Oncidium Marshallianum, 84 ; —
xanthodon, 301 .
— 381
Opuntia Ralinesquii, 93.
Orange Chamouti (PI. VI), 469.
Orangers : moyen de détruire les
poux ou coccus; chronique, 326.
Orchis fusca à fleurs blanches, 174.
Origine des plantes domestiques,
401, 142, 171, 213, 239.
Oxalis rosea, 466.
Palava flexuosà, 303.
Palmier de Chusan, — à chanvre
de la Chine et du Japon (notice
historique), 306, 33! .
Palmier Sagou, 24.
Palmiers rustiques pour plein air
et serre froide, 331 ; —(Féconda-
lion des), 366.
Panachures et fleurs doubles (théorie
de M. Morren sur l'incompatibi-
lité des) ; chronique, 33.
Panais sauvage amélioré, 150.
Pandanus retroflexa, 164.
Panicum-, 27.
Paris : Exposition d'horticulture ;
chronique, 9, 163.
Passiflora trifasciata, 164,
Patates douces, 28.
Pèches de l'Himalaya. 27 ; «— tenta-
tive de transport des Pêches de
Montreuil à Constantinople ; chro-
nique, 329.
Pelargonium Victoire de Lyon, va-
riété nouvelle à fleurs doubles,
344 — nouveaux, 125, 243, 346,
36I. — variétés de choix, 167.
Pelargonium zonale à fleurs doubles:
leur multiplication, 165, 365.
Pentstemon nouveaux, 203.
Perfectionnement des plantes sau-
vages;chronique,65,104, 143, 171 ,
213, 239.
Persil bulbeux, 92.
Pet sai, 178.
Phaseolus, 27-.
Phlox nouveaux, 242.
Phœnicophorium sechellarum, 164.
Phumix sylvestris, 24; — nains, 28-,
— de serre froide, 334.
Phosphore : son action sur le ver
blanc ; chronique, 193.
Phrynium. Voir Maranta.
Phylloxéra vaslatrix, puceron de la
maladie de la Vigne : moyen de
le détruire ; chronique, 326.
Pierrot : épouvantait pouf en garantir
les semis, 190. ■
Pincement, 88.
Pinus longifolia, excelsa 89 ; —
Peuce, Koreensis Bujotii, 469.
Pissenlits nouveaux, 140.
Plantes annuelles recommandées,
465.
Plantes domestiques (observations
critiques sur l'origine des), 442,
171, 213.
Plantes nouvelles, 61, 82, 424, 458,
202, 242, 270, 300, 346, 361.
Plantes de serre chaude (les) ; chro-
nique, 39.
Plumeria lutea, 362.
Poa aquatica, 150 — sudetica, 454 .
Pœonia Emodi, 63.
Poire Auguste Mignard, 19 — Du-
chesse de Mouchy, 227.
Poire (extinction des variétés de), 107.
Poires de M. Grégoire Nelis. Voir
Poire Auguste Mignard, 19.
Poirier (Traité du genre). Voir Dic-
tionnaire de pomologie, 2c5, 353.
Poiriers nouveaux. Voir Poires.
Poiriers sauvages, 89.
Pois, 27 ; — li ne fleur belge, 329 5
— sous Louis XIV, 225 : — nou-
veaux, 440.
Poiteau : la Pomologie française, 354.
Pomme de terre de Norwége, 140.
Pomme de terre : culture hivernale,
91.
Pomme de terre et engrais chimiques
de G. Ville, 421.
Pomme hybride de sèves; chronique,
131.
Pomme (extinction des variétés de),
107.
Pomologie (Dictionnaire de) , par
M André Leroy, 255, 353.
Poux des Orangers; moyen de s'en
débarrasser; chronique, 326.
Prinsepia utilis, 29.
Processionnaires. Voir article Chenil-
les, 20.
Prunes, 27.
Pterodiscus luridus, 363.
Plerostyrax hispida, 169.
Puceron lanigère, 31 .
Pucerons : leur destruction, 91 .
Pucerons de la maladie de la Vigne ;
ch ronique, 257 ; — moyen de les dé-
truire, 327.
Pyrus superba, lactea, favoniana,
dolabeUiana, pompeiana, ampul-
lacea, Gôriolaria onychiana, des
Romains, 4 13.
— 382
Q
(juereus dilatata, 89.
Quiniitiye (de la) : Inslruction pour les
jardins fruitiers et potagers, 353.
R
Kadis sauvage amélioré; chronique
102, 171, H9, 263, 297. — des fa-
milles. Voir Kadis sauvage amé-
lioré.
Rafarin (M.) : son communiqué au su-
jet des Canna du jardin de la ville ,
232.
Raisins, 27: de leur conservation, 31 2.
Ranunculus tridentatus major et mi-
nor, 173 -, — acris bulbosus et re-
pensa fleurs doubles, 175-
Raphanus Raphanistrum. Voir Radis
sauvage amélioré, et Radis des la-
milles.
Raves blanches, 27.
Retardement de la végétation printa-
nière des arbres précoces, 1 41 .
Revue des journaux étrangers, 61 , 82,
300, 361 .
Rhapis de serre froide, 334.
Rhodanlhe Manglesii, 166.
RhodoJendrum arboreum, 89.
Rhodolypos et fulminate d'injurium
de M. Lemaire-, chronique, 34.
Richardia melanoleuca, 301 .
Ricin, 28.
Riz, 27.
Ronces à fleurs pleines, 175.
Rosa Rrunonis, 90 .
Roses (les) sous Louis XIV : chroni-
que, 225.
Rosier de la Grifferaie : nouveau
sujet pour greffer, 206.
Rosier (de la taille du), 84.
Rosiers de l'Himalaya, 29 ; — bou-
turage, 204 ; — moyen de les obte-
nir francs de pied, 158-, — maladie,
262 ; — nouveaux, 242, 354.
Rubus, 29.
Russie : Exposition d'horticulture -,
chronique ; 40, 429, 4 94,329.
Sabal Rlackbourneana, 464 ; — de
serre froide, 334.
Sabot de Vénus et de la Vierge,
298.
Saccolabium bigibbum, 303.
Sagou, 24.
Saint-Pétersbourg: Exposition et con-
grès, 10, 429, 194, 329.
Salade de Chine, 92.
Salix. babvlonica mascula, 127.
Salviapratensisà fleurs blanches, 174.
Sambucus Fontenaysii, 1 2.7 ,
Saponaria caJabrica alba, 166.
Saribus de serre froide, 334.
Saxifraga crassifolia-ingelresti, cras-
sifolia-ciliaris, 21)2.
Scarole: moyen de la conserver pen-
dant l'hiver, 272,
Sceaux : Exposition d'horticulture ;
chronique, 1 ! .
Schizan t. h us pinnatus, retusus et varié-
tés, 4 66.
Scutellaria mociniana, 82.
Seaforlhia de serre froide, 334.
Sea-Kale des Anglais, 177.
Sécheresse de l'été ; chronique, 260.
Sedum nouveau, 3i7.
Segrez (en note), 330.
Selaginella setosa, 271 -, — mutabilis,
236.
Sélaginelle changeante, 236.
Sélection : observations critiques, 21 3.
Semis : moyen de les garantir des
pierrots, 190.
Septembre : travaux du mois, 256.
Seringue à brise-jet, 367.
Serres : théorie curieuse de leur con-
struction ; chronique, 135; — con-
cours d'appareils de chauffage ,
321.
Sève: sa circulation et M. le docteur
Laguesse, 72, 417. Voir page 69,1a
fable : le Calorifère.
Sèves (hybride de) ; chronique, 13) .
Shorea, 25.
Sjuro des Japonais, 307.
Sodio des Japonais, 307.
Solanum sisymbriifolium (PI. II) à
fruit comestible, 42 ; — Ralbisii
var. purpurea ; — decurrens, edule,
43 ; — lanceolatum, crinitipes, ro-
bustumaureum,203; sloloniferum,
145, 177.
Soleil (hélianthe) gigantesque; chro-
nique, 295.
Sorghum, 27.
Spiraea palmata, 83 ; — tenuissima,
oblongifolia, 127.
Spongieuse (chenille). Voir article
Chenille, 23.
Stapelia hystrix, 300.
Slrophanlhus capensis, 62.
Sujet : son influence, sur la greffe ;
chronique, 431 .
— 383
Tabac (fumier de), 205.
Tacsonia erianlha, 300.
Taille et non-taille, 86, 221 , 250, 281 ,
315, 341.
Taille du Rosier, 84.
Taupe et ver blanc, 180, 278.
Taille et prudence; chronique, 13.
Temps (mauvais et changement de) ;
chronique, 193.
Te Ira go nia, 145, 177.
Theophrasta ornithocephala, 164.
Thermosiphon : concours; chroni-
que, 32 1 .
Thibaudia acuminata, 300.
Thlaspi rotundifolium, cepœfolium,
corymbosum, 300.
Trinax de serre froide, 334.
Tillandsia Lindeni, caesia, 272.
Transformation de l'espèce, 101, 143,
^71, 21 J. 239.
Travaux des mois. Voir au nom des
mois.
Trèfle orange, 166
Trollius europeus humilis, 174.
Tsong-Lin des Chinois, 307.
Tsîisô des Chinois, 104.
Tydea Nero, 125.
Vaccinium reflexum, 362.
Variétés : observations critiques sur
leur origine, I42, 171, 213, 239.
Venidium calendulaceum, 166.
Ver blanc, 136, 186, 198,279.
Versailles : exposition d'horticulture ;
chronique, 12.
Victoria de Gand ; chronique, 229.
Vieillesse des arbres fruitiers (Ex-
tinclion des variétés par la); chro-
nique 67, et 107 .
Vignes : nouvelle maladie, cause et
remède; chronique, 258, 326.
Ville (Georges) ; ses engrais chimi-
ques, 121, 152.
Vilmorin : Carotte améliorée, et théo-
rie de la tranformation et amélio-
ration des plantes sauvages, 145.
Vipérine: variétés naturelles, 239.
Vilis apiana, grsecula, des Romains,
114.
w
Weigelia nouveaux, 127, 347.
Wigandia caracassana : sa multipli-
cation. 238; — imperialis, 348;
— Mexicana, 203.
Wisleria macrobolrys, 347.
Yucca Treculeana et autres espèces
rares (floraison des), 206.
Zamia de serre froide, 334.
Zea Kale des Anglais, 55.
Zigzag (chenille). Voir article Che-
nille, p. 23.
Zinnia a fleurs doubles : son origine ;
chronique, 295.
— 384 —
CATALOGUES D'HORTICULTURE POUR 1869-1870.
Baltet frères, à Troyes (Aube) Catalogue raisonné des arbres fruitiers, et
arbres forestiers et d'ornement ; arbres nouveaux.
Billlard fils, à Fonlenay-aux-Roses (Seine). Arbustes d'ornement nouveaux,
obtenus dans l'établissement.
Chaté, 9, rue Libuet (ci-devant Sentier-Sl-Antoine (boulevard Picpus, 40),
Paris. Catalogue des plantes nouvelles : Canna, Bégonia, Pelargonium,
et autres.
liasse et Schmidt, à Erfurt (Prusse), Catalogue d'Ognonsà fleurs, bulbes,
griffes, rhizomes, tubercules, etc.
Du* al (Hippolyte), à Montmorency (Seine-et-Oise). Catalogue des espèce? et
variétés du genre Rosier.
Eu de (Victor), au Havre. Catalogue des arbres fruitiers et des Rosiers.
diaudin-Duboig, c\ Lomois, près Brissac (Maine-et-Loire). Extrait du Cata-
logue général d'arbres et arbustes d'ornement : prix courant pour mar-
chands.
■..oise-C 'hauvière. 14, qnai delà Mégisserie, Paris. Catalogue de Glaïeuls;
— Catalogue des glaïeuls nouveaux de 4 869; — Catalogue des graines de
choix nouvellement récoltées.
JHargottin, 22, Grande-Rue, à Bourg-la-Reine (Seine). Catalogue des Rosiers
nouveaux obtenus dans l'établissement.
Ilurlet (Gustave), aux Monceaux, commune d'Avon, près Fontainebleau
(S^ine-et-Marne). Catalogue général d'arbres fruitiers, d'arbres et arbustes
d'ornement, de Glaïeuls, de plantes propres à l'ornement de serre tem-
pérée et des appartements.
Simon-Louis, à Metz (Moselle). Catalogue général descriptif et raisonné des
espèces et variétés d'arbres, d'arbustes et d'arbrisseaux d'ornement de
plein air.
Quettier père et fils, à Ussy (Calvados). Catalogue prix courant de jeunes
plants d'arbres forestiers.
Paris. — Imprimerie horticole de E. Donnacd, rue Cassette, 9.
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